ÿ tt/9++c [il ri ps = | ps Len 73 FR Dr EN + + L œil dh y 73 SE =) Es 5) DER VECTOER MASSON, LIBRAIRE DES SOCIÈTES SAVANTES PRÈS LE MINISTÈRE DE L'INST RUCTION PUBLIQUE PLACE D& L'LCOLE-DE-MEDECINE SNA ILILILLS IS 9, ETETETIIUORIAETEENTITEENNRENISISINESTENTEINELTEERAETNNITEEIE) RSS ÉIS TI ETS TR US RSS SET ES RES NT SES OP RS EUR UT RE DT PE SVT TT DETTE PO TI STE PERTE PHYSIOLOGIE DE L'ESPÉCE. HISTOIRE DE LA GENERATION DE L'HOMME PRECEDEI DE L'ÉTUDE COMPARATIVE DE CETTE FONCTION DANS LES DIVISIONS PRINCIPALES DU RÈGNE ANIMAL , PAR G. GRIMAUD DE CAUX ET G.-J. MARTIN SAINT-ANGE. Docteur en médecine de la Faculté de Paris Ne itaque pudeat necessariæ interpretationis Natura veneranda est, non erubescenda, Con- cubitum libido, non conditio fœdavit Tenruzz., Lib. de anim., cap. XI. 1 vol. in-4° de 470 pages, d’un magnifique Aulas de 12 planches gravées en taille-douce AVEC CONTRE-EPREUVES AU TRAIT POUR LA LETTRE, Prix : 9 fr. Grand papier avec planches coloriées, 18 fr. a — ——— Extrait du Rapport présenté à l’Académie des Sciences ,: par M. Bory Saint-Vincent, sur la Physiologie de l'espèce. « L'Académie a reçu l'hommage d’un livre intitulé : Histoire de la génération de l'homme. par MM. Grimaud de Caux et Martin Saint-Ange, et m'a chargé de lui en = faire un rapport verbal, Ce travail important, dont notre illustre confrère, M. Geoffroy Saint-Hilaire, a bien voulu accepter la dédicace, consiste en un volume in-4° qu’ac- compagne un magnifique atlas de vingt-quatre planches. Les auteurs sont déjà connus dans le monde savant et littéraire... » L'Académie des sciences n’a point à s'occuper du mé- rite littéraire des œuvres qui lui sont soumises ; toutefois , les secrets du style ne lui sont pas tellement étrangers qu’elle n’apprécie le mérite du coloris qu’il peut répandre sur les matières les plus graves. Marchant sur les traces des meilleurs maîtres, M. Grimaud de Caux rend avec clarté, avec élégance, mais surtout avec une convenance parfaite, les choses les plus difficiles à exprimer dans notre langue délicate et trop souvent rebelle, » Mais les planches de la Physiologie de l'espèce doivent fixer plus particulièrement votre attention. Elles contien- nent des figures nouvelles et des détails anatomiques jus- qu'à ce jour négligés où mal rendus. Ainsi la VII*, qui est consacrée à l’étude de l’organe sécréteur, la X[°, qui donne une anatomie nouvelle de la glande mammaire, et la XIT°, où sont représentés les faits les plus importants de l’embryologie, méritent de fixer l'attention de ceux de nos collègues qui sont profondément versés dans ces sortes d’études. » L'histoire de l’embryologie a été traitée avec une clarté et une précision dignes d’éloges. Sobres de théories et d'explications hypothétiques , les auteurs se sont sévère- ment tenus dans la limite des faits constalés, et quand ils ont cru nécessaire de donner quelques explications, ils lont fait avec une réserve telle que la raison du lecteur en est toujours saisie avant que son imagination soit mise en Jeu. 9 Le] » L'ouvrage est divisé en trois parties : la première par- tie comprend lanatomie et Ja physiologie de la fonction considérée dans la série animale ; la seconde partie, con- sacrée à la génération de l’homme exclusivement, con- tient l'exposition des vérités hygiéniques et médicales qui y sont relatives ; enfin, la troisième partie, sous le titre de Morale et législation appliquées, est, en quelque sorte, une conséquence physique, un corollaire des deux autres, » Nous devons dire, à la gloire des sciences physiques, qu’en traitant les questions du divorce, de la majorité et du célibat, du point de vue où ils ont su se placer, les au- teurs ont jeté les plus vives lumières sur divers points de législation jusqu'ici trop controversés. Si leur ouvrage était médité par les hommes qui sont appelés à préparer ou à faire des lois, les codes y gagneraient plus que ne le pense une certaine classe de docteurs qui semblent ne pas se douter jusqu’à quel point les règles de tout droit réel sont écrites dans le grand livre de la nature. » Un rapport verbal n’est susceptible d'aucune conclu- sion; si cependant il nous était permis d'émettre un vœu que justifie parfaitement l'importance du travail que nous sommes appelé à signaler, ce serait que la commission des prix Montyon n’oubliât pas, quand elle aura à s’occu- per des livres utiles, celui de la Génération de l’homme , qui paraît avoir, en philosophie sociale, une importance que son titre n'indique point assez. BORY SAINT-VINGENT, Adresser les demandes, sans affranchir, A VICTOR MASSON, libraire, PLACE DE L £COLE-DE-MEDECINE. Joindre a la lettre un mandat de 9 (re sur la poste. T.-HYACINTHE-ST,-MICHEL, no un “AAA TMON LECONS ‘ANATOMIE COMPARÉE DE GEORGES CUVIER , RECUEILLIES ET PUBLIÉES * }£ SEC E, KDI Er \t { EE ni 1 à, PA CORRIGÉE ET rte . Ÿ? LA TS Ÿ # TOME, PREMEER , CONTENANT LES JR L s ET LES ORGANES DU MOUVEMENT DES ANIMAUX VERTÉBRÉS, REVU PAR M. G. CUVIER. Partis, CROCHARD ET C", LIBRAIRES, RUE ET PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, 13. 1839, _—- AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS. Cette seconde édition des Lecons d_Ana- tomie comparée est le dernier ouvrage dont M. Cuvier ait été occupé, et il y travaillait avec ardeur lorsque la mort l’a surpris. Cependant il ne considérait cet ouvrage que comme lesquisse d’un monument plus étendu; comme l’analogue, pour ses travaux * anatomiques, de ce qu'avait été, pour ses tra- vaux de classification, son Tableau élémen- laire des animaux ; et comme il avait fait suc- * céder à celui-ci son grand ouvrage du RÈGNE * ANIMAL, il comptait faire succéder à celles-là » ce qu'il a si souvent appelé sa GRANDE ANATO- MIE COMPARÉE. Aussi depuis plus de trente années n’avait-il cessé d’accumuler dans son cabinet et dans ses porte-feuilles, les matériaux a, v} AVERTISSEMENT. de cette immense entreprise. Mais beaucoup de travaux préliminaires non achevés, l’époque encore éloignée où ses projets devaient se réali- ser, l’impossibilité de réimprimer , telle qu’elle était, la première édition de Anatomie compa- rée, et cependant le besoin de satisfaire à l’em- pressement du public pour cet ouvrage, la- vaient déterminé à utiliser dès à présent, dans une seconde édition, le résultat de tant d’ef- forts. Un dernier motif rendait aussi cette publica- tion nécessaire : elle devait mettre fin à beau- coup de critiques au moins mal fondées. Il sem- blait , pour plusieurs personnes, que ce livre publié à la fin du dernier siècle, alors que son auteur n'avait que des collections incomplètes, exprimat sa seule et dernière pensée. On lui en reprochait les inexactitudes et les lacunes, comme si tous ses travaux depuis lors n’avaient pas eu eux-mêmes pour objet de rectifier les unes ou de combler les autres; comme si des préparations de toute espèce, exposées au pu- blic, n'étaient pas comme une édition corrigée de son œuvre. Ïl y a plus, et il est bon de le dire, ceux-là bn adit- CC té AVERTISSEMENT. vi} même qui lui ont reproché le plus viv sens les imperfections de la première édition, c’est à Paris, dans les préparations de M. Ce sous ses auspices, pour ainsi dire, qu'ils ont recueilli les éléments de leurs critiques; c’est avec ses propres armes qu'ils l’ont attaqué. Sans doute, dans le domaine de la science, la publicité de la presse est le titre le plus sûr à la propriété, et M. Cuvier ne prétendait point disputer aux auteurs la nouveauté de leurs publications ; mais ne pouvait-il pas exiger de ceux dont il facilitait les travaux, plus de justice et d’impar- tialite ? Une édition nouvelle des Lecons d’Ana- lomie comparée était donc devenue indispen- sable, et il sera toujours à regretter que M. Cu- vier n’en ait pas rewu toutes les parties comme il a revu la première. Il en a assez écrit cependant, pour faire voir qu'il w’avait rien perdu de sa confiance dans la vérité de ses doctrines, dans la puissance des principes qui l'ont dirigé et soutenu au milieu de ses grands travaux scientifiques. S'il a combattu et repoussé la plupart des systèmes qui se sont fait jour dans ces dernières vil] AVERTISSEMENT . années, sans nier toutefois l'utilité et la nou- veauté des faits dont leurs aateursles ont accom- pagnés, on verra qu'il s’est toujours appuyé - pour cela, ou sur un nombre de faits plusgrand, ou sur une appréciation plus rigoureuse des faits connus, et, par dessus tout, sur les princi- pes d’une haute et sévère philosophie. Enfin, le plan général et les détails de cet ouvrage répondront d'eux-mêmes à un repro- che qui a été plus récemment adressé à son auteur, et quiétonnera peut-être les personnes familiarisées avec les travaux de M. Cuvier, et qui en ont apprécié la nature et le but. On a dit, qu’il n’avait cherché dans l’étude des êtres que leurs différences ,et que la science aujour- d’hui, changeant de portée et s’élevant plus haut, avait sur-tout égard aux ressemblances. Or, l’un des buts principaux de l’Anatomie comparée en général, et celui de cet ouvrage en particulier, a toujours été de rechercher aussi loin que possible, et d’établir les analo- gies des organes au milieu des transformations que la nature leur fait subir; et c’est précise- ment à cette recherche des analogies et des ressemblances que M. Cuvier a dû quelques- Le | | L _” 22 ns AVERTISSEMENT. IX unes de ses plus heureuses déterminations (4). Si ensuite le besoin des analogies na pas tellement préoccupé M. Cuvier qu'il lui ait fallu les retrouver par-tout, #il s’est arrêté lorsque l'évidence lui manquait, c’est qu’il au- rait cru, autrement , faire violence à la nature, et si, après avoir admis et décrit les ressemi- blances , il a admis et décrit les différences, il n’a fait qu'obéir à une nécessité logique à la- quelle on ne peut se soustraire dans aucune science. L’Anatomie comparée, à ses yeux, ne pouvait avoir pour but l’une de ces choses plu- tôt que l’autre , elle les embrassait également toutes deux; et le spectacle de la nature ne lui x pas paru moins grand, l’œuvre de la création moins merveilleuse ou plus obscure, parce qu'il y trouvait des plans divers et des varia- tions infinies. mt (1) On peut même dire qu’il a poussé beaucoup plus loiu que d’autres cette recherche des analogies ; car dans l’Anatomie comparée de Meckel, par exemple, et dans Bojanus, les mus- cles sont fréquemment décrits et nommés uniquement d’après leurs fonctions; de sorte que le même muscle avant souvent, selon la forme des os et la nature de l’animal, des fonctions différentes, change de nom d’un animal à l’autre, et ne se trouve point ramené à un tvpe commun. x AVERTISSEMENT. . Il nous reste à dire comment cette seconde édition doit être achevée. M. Duvernoy, que M. Cuvier s’était associé de nouveau pour cette seconde édition, métira au niveau de la science la partie de l’ouvrage à laquelle il avait coopéré dans la première : c’est un travail dont il s’oc- cupe sans relâche depuis cinq années. Toutes les généralités du premier volume et une partie des détails sur les organes du mouvement des animaux vertébrés avaient déjà été revus par M. Cuvier lui-même ; M. Laurillard y a ajouté tous ceux qui manquaient. Enfin M. Laurillard et M. F.Cuvier neveu, se sont chargés de com- pléter ce qui concerne le système nerveux et les sens; et comme il devient nécessaire de séparer les additions et corrections de ce qui appartient à la rédaction ancienne ou nouvelle de M. Cuvier, ces additions seront comprises entre deux crochets [ ]. Toutefois les matériaux de ces additions se trouveront pour la plupart, ou dans les collec- tions et les notes de M. Cuvier, ou dans les grands ouvrages et les mémoires qu’il a publiés depuis la première édition. Pour certaines par- ties où ces ressources nous manqueront, nous Ê AVERTISSEMENT , x) aurons recours à nos propres recheïches et aux travaux qui ont été publiés depuis la première édition. | Nous ferons ici une dernière remarque : c’ést que sinous n’avons pas constamment cité, comme se trouvant dans Meckel ou d’autres , beaucoup des détails que nous faisons connaître, c’est que les ouvrages de ces auteurs ont été en grande partie composés avecles préparations du cabinet de M. Cuvier, et que nous avons cru devoir les considérer comme ‘appartenant au moins autant à celui qui a dirigé et fait ces pré- parations qu’à ceux qui les ont décrites. Enfin , on ne perdra pas de vue en lisant ce livre, qu'il n’est qu’une seconde édition d’un ouvrage dont les limites sont étroites, et que ce n’est pas un répertoire où seraient réunis tous les détails de la science ; nous n’avons dü souvent y faire entrer les faits que sous une forme un peu générale, sans pouvoir multiplier les descriptions autant que le permettraient les richesses du cabinet d'anatomie, et l’infinie va- riété des formes des animaux. Toutefois , nous nous appliquerons à ne rien omettre de ce qui est susceptible d’entrer dans le cadre de l’ou- xi] AVERTISSEMENT. vrage, el à ne négliger aucune des observations sur lesquelles sont établis les principes fonda- mentaux de l'anatomie comparée; de cette science qui na pris rang parmi sciences positives , que depui ie première publication de cet ouvrage. Lu 18 Ù M ? ! 2. ta a 1? ' sd ' ñ L k LETTRE 4 DE GEORGES CUVIER, DE DT ie dE mat ae ETC., JEAN- CLAUDE rat: PROFESSEUR DE L ANATOMIE DES 1. Ji AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATI RELLEPDE EU Js e.? N _ +. + ” LE 1 Le livre que je vous adPesse vous doit son exis- L tence ; car , si mes leçons ont eu quelque intérêt, elles le tiennent sur-tout de l’usage que vous et vos _ collègues m’avez permis de faire de la belle col- lection qui est maintenant confiée à vos soins , et à la formation de laquelle vous avez tant contribué, lorsque Daubenton la créait, lorsqu'il y puisait les (1) Nous réimprimons cette Lettre sans y rien changer et sans y rien ajouter : elle servait de préface à la première partie de la première édition, mais aujourd'hui on ne pent plus la considérer que oomme une pièce historique qui montre avec quelle réserve , malgré la part qu’il avait déjà prise à la formation des collections, son auteur s’avançait dans les champs … d’une science où il a depuis imprimé une si forte trace, XIV LETTRE À J. C. MERTRUD. matériaux de la partie la plus importante d’un ou- vrage immortel (1). Aujourd’hui que cette coilection , enrichie par une administration sage et par un travail assidu , Sur- passe toutes celles qui existent dâns son genre ; au- -ourd’hui qu’elle présente , dans le plus bel ordre léveloppementy toutes les rises dans les espèces les et dans le plus parties du corps Le + à . plus éloignées , uis ce les qui s’approchent le lus de l’homme leur perfection , jusqu’à celles F 2 bd Du" à. EF 44 L J à j ou L'on n'aperco RER | ge à peine orga- nisée , la simple anatomie Cr + est presque de- L E PAL ç venue un Jeu : il suffit d’un coup d'œil pour aper- Le + | cevoir les variations , les dégradations successives de _ chaque organe; et si les EE que ces organes pro- duisent ne sont pas encore expliqués , c’est qu'il y a dans les corps vivants quelque chose de plus que ces fibres, que ces tissus qui frappent nos yeux; c’est qué la partie mécanique de l’organisation n’est, (1) Le citoyen Mertrud a été démonstrateur d'anatomie au jardin des Plantes , depuis 1750 jusqu’à l’époque de l’érection de cet établissement en école spéciale d'Histoire naturelle, qu'il fut nommé professeur d’Ana- tomie comparée; c’est lui qui a travaillé avec Daubenton à Eanatomie de la plupart des quadrupèdes décrits dans la grande Histoire naturelle. Buffon, qui l’aimait et qui l’estimait, à parlé de lui avec éloge dans plu- sieurs volumes de son immortel ouvrage. Son attachement à sa patrie lui a fait refuser des postes brillants qui lui ont été offerts par des puissances étrangères, et entre autres celui de premier chirurgien du roi de Naples, qui lui fut offert en 1750, et celui de premier chirurgien du roi d'Espagne, auquel il a été réellement nommé en 1772, Il est l’inventeur de plusieurs procédés ingénieux relatifs aux préparations anatomiques. “4 rénpediisd LETTRE A J. ©. MERTRUD. XY pour ainsi dire, que l’instrument passif de la vi- talité, et qu'entre le premier ébranlement des élé- ments impercepübles et le mouvement sensible qui en ést le dernier résullat , il se passe une multitude dé mouvements intermédiaires dont nous n'avons aucune notion. Coinbien de combinaisons, de décompositions ont eu lieu dans cet intervalle” combien d’affinités ont joué ? Et quel serait le physiologiste qui oserait seulement hasarder quelques conjectures sur le plus œrand nombre des opérations qui se passent dans cet impénétrable laboratoire ? tant la chimie humaine, malgré les heureux efforts de nos contemporains , est encore. dans l’enfance , lorsqu'on la compare à celle de la nature ! Cependant, ces ténèbres ne doivent point nous ef- frayer , c’est à l’anatomiste à y porter les premières lueurs ; c’est à lui de faire connaître au physiologiste la partie matérielle des phénomènes et les instru- ments des opérations , de décrire les canaux que les liquides parcourent , les conducteurs qui transmet- tent les fluides , d’en suivre les embranchements ét d'en reconnaitre toutes les communications , c’est à lui de mesurer la vitesse de chaque mouvement et d’en déterminer la direction. Mais , pour remplir cette tâche d’une manière sa- tisfaisante , il ne doit pas s'arrêter uniquement à ce que les phénomènes ont d’individuel; il faut qu’il FAI Xvj LETTRE À 3. C. MERTRUD. distingue sur-tout ce qui fait la condition générale et nécessaire de chacun d’eux : et pour cela, il faut qu’il les examine dans toutes les modifications que peuvent y apporter leurs CRAN avec d’au- tres phénomènes ; il faut aussi qu d'il les isole, qu’il les débarrasse de tous les accessoires qui les voilent; en un mot ,il faut qu'il ne se borne point à une seule espèce de corps vivant , mais qu’il les compare toutes , et qu'il poursuive la wie et les phénomènes dont elle se compose dans tous les êtres qui en ont reçu quelque parcelle. Ce n’est qu’à ce prix qu’il peut espérer de soulever le voile mystérieux qui en couvre l'essence. + En effet, la physiologie doit nécessairement sui- vre la même marche que toutes celles des sciences physiques que lobscurité et la complication des phénomènes n’ont point encore permis de soumettre au calcul: ne possédant aucun principe démontré , d’où les faits particuliers puissent se déduire comme des conséquences, c’est dans la série de ces faits seulement que la science consiste jusqu'ici ; et nous ne pouvons espérer de remonter à des causes géné- rales qu’autant que nous aurons classé les faits, et que nous serons parvenus à les ranger sous quelques lois communes : mais la physiologie n’a pas pour cet effet le même avantage que les sciences qui opèrent sur les substances non organiques , que la chimie et la physique expérimentale , par exemple, Gelles- “ Re tt he “LETTRE À 3, CG. MERTRUD. Ki} cipeuvent réduire à une simplicité presque indéfinie les problèmes qu’elles se proposent ; elles peuvent isoler les substances dont elles veulent reconnaître les rapports et la nature , et les combiner ou les rap- procher successivement de toutes les autres. Iln’en est pas de même de la physiolosie. Toutes les par- lies d’un corps vivant sont liées ; elles ne peuvent agir qu'autant qu’elles agissent toutes ensemble : vouloir en séparer une de la masse , c’est la repor- tér dans l’ordre des substances mortes, c’est ‘en changer entièrement l'essence. Les machines qui font l’objet de nos recherches ne peuvent être dé- montées sans être détruites ; nous ne pouvons con- naître ce qui résulterait de l’absence d’un ou de plusieurs de leurs rouages , et par conséquent nous ne pouvons savoir quelle est la part que chacun de ces rouages prend à l’effet total. Heureusement la nature semble nous avoir pré- paré elle-même des moyens de suppléer à cette im- possibilité de faire certaines expériences sur les corps vivants. Elle nous présente dans les différentes classes d'animaux, presque toutes les combinaisons possibles d'organes; elle nous les montre réunis, deux à deux, trois à trois, et dans toutes les proportions ; il n’en est, pour ainsi dire , aucun dont elle n’ait privé quel- que classe ou quelque genre ; et 1l'suffit de bien exa- miner les effets produits par ces réunions , et ceux qui résultent de ces privations , pour en déduire des I, XVii) LETTRE À J. €. MERTRUD. conclusions très vraisemblables sur la nature et l’u- sage de chaque organe et de chaque forme d’or- gane. On peut observer la même marche, pour déter- miner l'usage des diverses parties d’un organe, et pour reconnaître celles qui sont essentielles et Les distinguer de celles qui ne sont qu'accessoires. IL suflit de suivre cet organe dans toutes les classes qui l'ont reçu et d'examiner quelles sont les parties qui s'y trouvent toujours, et quel changement opère, dans les fonctions relatives à cet organe, l'absence de celles qui manquent dans certaines classes. Mais il n’est pas permis de borner ces recherches à quelques espèces : souvent une seule négligée re- cèle une exception qui détruit tout un système. Geite méthode de raisonner en physiologie ne peut devenir rigoureuse qu’autant qu’on approchera de la connaissance complète de l'anatomie desanimaux; cependant, si dans son élat actuel, cette dernière science ne peut nous conduire encore directement à des découvertes certaines, elle est déjà du moins la pierre de touche des résultats obtenus par louies les autres voies ; et il a souvent sufli d’un seul fait d’a- natomie comparée, pour détruire un échafaudage entier d’'hypothèses physiologiques. Aussi a-t-on reconnu dans tous les témps lim- portance de l’anatomie comparée ; et si l'abus qu'on en avait fait vers Ja fin du siècle dernier, en donnant LETTRE À J, C. MERTRUD. XIX trop souvent pour humaines des organisations pro- pres aux animaux , avait porté à la négliger dans la première moitié du siècle présent, on l’a reprise avec ardeur , et une multitude d'hommes recom- mandables s’y sont livrés de prélérence depuis un certain nombre d’annees, On doit au Muséum national d’histoire naturelle de Paris la justice de dire que les savants qui y ont éte employés ont contribué dans tous les temps à encourager et à propager celte étude. Les noms de Duverney, de Ferrein , de Petit sont célèbres dans les fastes de la science. £ujfjon lui donna un nouvel essor , en faisant voir son importance dans la partie caractéristique de l’histoire naturelle. Son digne col- laborateur, Daubenton, en fit , par ses immenses tra- vaux, la base désormais inébranlable de la zoologie; il encouragea , il aida de ses conseils et de la com- munication des objets confiés à sa garde, cet autre de vos élèves qui aurait porté à son faîte l’anatomie comparée , si le malheur des temps ne nous l’eût enlevé dans la force de l’âge. Écrivain élégant, phy- iolog isie ingénieux , analomisie profond, Y’icq- d'Azyr ne sera jamais remplacé; mais du moins ceux qui le for mèrent existent encore : les trésors qu'ils lui confièrent sont augmentés; leurs dépositaires trouveront, pour en faire usage , des hommes aussi dévoués et aussi reconnaissants. Les savants qui composent l'administration ac- b LJ vs XX LETTRE À J, C. MERTRUD, tuelle du Muséum étaient dignes de suivre les glo- rieux exemples de leurs prédécesseurs ; aussi ai-je recu de leur part, comme de la vôtre, tous les se- cours que je pouvais attendre d’un amour éclairé pour la science, embellis de toutes les grâces dont pouvait les orner la plus noble amitié. Rien n’a été épargné de:ce qui pouvait conduire à des décou- vertes, Ou seulement à compléter le système de nos connaïssances en anatomie comparée. Les corres- pondants du Muséum ont imité l'exemple de l’ad- ministration. Le citoyen Baïllon, sur-tout , ce na- turaliste si connu par les observations précieuses qu'il a fournies à Buffon , et par: celles qu’il continue de faire, m'a procuré, avec un empressement et une générosité sans égale, les oiseaux et les pois- sons les plus rares. Le citoyen Hombert, du Hävre, qui se livre avec le plus grand succès à l’étude des mollusques et des vers marins , m'en à communi- qué un grand nombre qui m'ont été très utiles par leur conservation parfaite; les citoyens Beauvois, Bosc et Olivier, revenus, Îes deux premiers, de V'Amérique septentrionale, le troisième, du Levant, de l'Égypte et de la Perse , ont bien voulu me don= ner quelques-uns des objets précieux qu'ils ont rap- portés; aussi je crois n’avoir aucun sujet d’envier la position où se trouvait Aristote , lorsqu'un conqué- rant , ami des sciences , et savant lui-même, lui sous mettait des hommes et lui prodiguait des millions eo on de AN LETTRE A J. C. MERTRUD, XX] pour le mettre à même d’avancer l'histoire de la na- iure. Cette assertion n’étonnera point lorsqu’on saura qu’il m'a été permis de disséquer, non-seulement les animaux qui sont morts à la Ménagerie, mais encore ceux qui avaient élé rassemblés depuis un grand nombre d'années de toutes les parties du monde, et conservés dans la liqueur; collection que le temps seul a pu porter au degré de perfection où elle est aujourd’hui, et pour laquelle aucune puissance n'aurait pu suppléer à celle du temps. En m’ouvrant vos trésors, en m’associant aux travaux nécessaires à leur arrangement et à leur augmentation, vous ne m'avez imposé qu’une Con- dition ; c’est d’en faire jouir les naturalistes, par une description digne de leur importance. Vous savez avec quelle assiduité jy travaille , mais vous savez aussi mieux que personne combien de temps un pareil ouvrage exige : les faits appellent les faits. Quelque riche qu’on en soit, on en désire toujours. Tantôt c’est une espèce que l’on voudrait comparer à celles que l’on connaît déjà ; tantôt c'est un organe sur lequel on voudrait encore tenter quelques essais pour en mieux développer la struc- ture. Dans d’autres endroits on a besoin de réflexions plus prolongées; on ne sent pas encore assez bien l'ensemble de son objet, les rapports de ses parties. C’est sur-tout en histoire naturelle qu’on est toujours Xxi} LETTRE À J. C. MERTRUD. mécontent de ce qu’on a fait, parce que la nature nous montre à Chaque pas qu’elle est inépuisable. La partie mécanique seule, comme les préparations, les dessins et les gravures, exigeront un temps qu'aucun soin, aucune dépense ne pourraient abréger. Ainsi je ne puis raisonnablement espérer de ter- miner mon ouvrage d'ici à plusieurs années. Cepen- dant je m’efforce de faire jouir, autant qu'il est en moi, les jeunes anatomistes de tout ce que les col- lections contiennent déjà de neuf et d’important ; Je leur développe Les rapports que les faits nous laissent déjà entrevoir ; et ne me bornant point à leur expo- ser dans un ordre quelconque les observations con- signées dans les ouvrages imprimés, je ne leur cache aucune de celles que j'ai eu occasion de faire , en marchant, quoique de loin, sur les traces des auteurs célèbres qui m'ont précédé. Cette confiance de ma part, et ces efforts pour rendre le corps de la science aussi complet que l’état actuel des observations le permettait, ayant attiré à mes cours quelques élèves pleins de talents et d’assiduité , ils ont pris la peine de recueillir mes lecons avec beaucoup d’exactitude, etil en est résulté divers manuscrits , qui pourraient être considérés comme des ouvrages élémentaires différents pour la marche, et, à ce que je crois, plus complets pour [a matière , que ceux qui ont paru Jusqu'ici sur l’ensemble de l'anatomie comparée ; | LETTRE A J. C. MERTRUD. XXii] et tout imparfaite que devait être leur rédaction, il en a couru des copies qui ont été employées utile- ment dans quelques autres Cours, el même dans quelques ouvrages imprimés : abus très léger, à la vérité , et qui ne m'empêchera point de continuer à faire connaître les observations qui me sont propres, à tous ceux qui pourront le désirer, mais suffisant cependant pour que je tâche de m’assurer par l’im- pression la date et la propriété de quelques-unes. Une raison d’an autre wenre a encore contribué à me déterminer à consentir à la publication d’un de ces manuscrits ; c’est le besoin réel où sont la plu- part des élèves qui suivent un cours quelconque , d'avoir un ouvrage qui contienne, dans un ordre convenable, le détail des faits qui en font l'objet ; détail qu’il est presque impossible de rendre avec exactitude dans un débit oral , où l’on se laisse tou- jours emporter davantage aux vues et aux réflexions propres à captiver l’attention des auditeurs, et où ceux-ci, d’ailleurs, ne pourraient saisir assez rapide- ment ces faits, sur-tout quand ils sontaussi nombreux et aussi variés que dans l’anatomie comparée. Enfin, J'ai pensé que cette impression pourrait encore être agréable et utile, non-seulement aux anatomistes qui ne peuvent suivre mes fecons, mais à toutes les personnes qui s'occupent de physiologie et d'histoire naturelle , et qui n’ont eu jusqu’à présent aucun livre qui contint un ensemble systématique sur l'organi- XXIV LETTRE A J. C. MERTRUD. sation interne des animaux. Quoiqu’ on ne puisse et ne doive considérer celui-ci que comme une espèce d’abrégé ou de programme de l'ouvrage auquel je travaille, il n’en est pas moins vrai qu’il contient déjà un ensemble imposant de faits, et qu'il peut servir de base à des recherches ultérieures très mul- tipliées. Peut-être donnera-t-il lieu aux personnes qui s’intéresseront à son objet, de publier les faits neufs ou isolés qui se seront présentés à elles, et qui pourront occuper une place dans le grand plan; peut-être m’indiquera-t-on des vues et des correc- tions importantes ; en un mol, je ne regretlerai point d’avoir livré à la critique un ouvrage imparfait, s'il peut en revenir, par moi ou par d’autres, quelque bien à Ja science. Ces lecons ont été rédigées, comme le titre Pin- dique, d’après mes démonstrations orales, par l’un de mes plus chers élèves et de mes meilleurs amis, le citoyen Duméril, dont les talents viennent d’être récompensés par la place importante de chef des irayaux anatomiques de l'École de médecine , qui lui a été décernée après un concours solennel. Ayant suivi mes cours pendant quaire ans, il a recueilli si exactement tout ce que j'y ai développé, qu'il aurait été difficile à moi-même de le faire mieux. Jai revu soa manuscrit avec le plus grand soin: J'ai suppléé partout les faits de détail qui n’étaieni point suscep= tibles d’être exposés dans des lecons publiques; J'ai Le LETTRE À J. C. MERTRUD. XXV réclifié les choses que j'avais pu avancer trop légè- rement; J'ai ajouté ce que mes dissections ou mes lectures m'ont appris depuis que J'ai fait les lecons auxquelles elles se rapportent, et je n’hésite point ‘aujourd’hui à reconnaître cet ouvrage comme le mien, et à avouer toules les assertions qui y sont contenues. Au reste, ce n’est point de sa plume seulement que le citoyen Duméril a contribué à cet ouvrage. Il m'a toujours secondé dans les nombreuses dissec- uons qu'il m'a fallu faire ; il en a suivi plusieurs d’a- près des vues qui lui étaient propres, et que lui suggéraient ses connaissances élendues en histoire naturelle et en physiologie ; et je dois à sa perspica- cité une multitude d’observations piquanteset de faits curieux qui m'auraient échappé. Je dois aussi beaucoup à la complaisance du ci- toyen Rousseau, votre aide-anatomiste au Muséum d'histoire naturelle. Cet homme, aussi modeste qu’in- faugable, méritera la reconnaissance de tous les ana- tomistes par les travaux pénibles qu’il a exécutés, sous vos ordres, pour la restauration et l’augmenta- tion de la collection d'anatomie; et il m'aurait été impossible, sans lui, de rendre mes lecons dignes de paraître en public. On concevra aisément la nécessité d’un tel secours, sion réfléchitcombien les dissections ont besoin d’être multüpliées pour un ouvrage du genre de celui-ci, et XXVJ LETTRE A J. C, MERTRUD. combien sont rares les occasions de faire celles de certaines espèces. Celui qui ne décrit que le corps humain, travaille tranquillement sur un objet dont il ne lui reste que quelques parcelles à découvrir, et qu’il peut retrouver chaque fois qu’il veut vérifier ou corriger ses observations. Celui qui s'occupe des ani- maux, lorsqu'il trouve l’occasion d’en disséquer un qui ne la point été, est obligé de tout décrire ; si l'espèce est rare , s’il n’a pas l'espoir de la voir plus d’une fois, ni de rien rectifier, il faut qu’il mette plus d’exactitude dans ses recherches, en même temps qu'ii en doit faire un plus grand nombre; il faut alors passer les jours et les nuits dans un travail aussi malsain que fatigant. Aussi la partie purement mécanique des études nécessaires à celui qui se livre à l'anatomie comparée, est-elle si pénible, qu’il serait impossible à un seul homme d’y suflire, s’il n’était secondé par des amis aussi zélés que lui. Ïls m'ont été d'autant plus nécessaires, que mes lecons , ainsi que les lecteurs s’en apercevront aïsé- ment, sont partout fondées sur l'observation , etque, hors quelques faits sur lesquels j’ai soigneasement alléqué mes autorités, J'ai vu par moi-même lout ce que J'avance. C'est ce qui a rendu peu nécessaire, dans l’abrégé actuel, les citations multipliées que je ne négligerai cependant point dans mon grand ou- vrage, car je reconnais qu'il est juste de consacrer # LETTRE À J C. MERTRUD. XXVi] Ja mémoire des premiers observateurs d’un fait utile. Ainsi, dans les endroits où je ne cite personne , je ne prétends nullement être regardé comme inventeur, mais je crois devoir être considéré comme une auto- _ rité à ajouter à celles qui peuvent déjà exister sur les mêmes faits. Au reste, ce défaut de citations dans les choses qu’il ma été possible de vérifier moi-même, et que j'ai le plus souvent démontrées publiquement dans mes cours, ou dont les preuves sont déposées dans la collection d'anatomie du Muséum , vient plutôt de ce que ces démonstrations et cette exposition publi- que rendaient toute autre autorité inutile, que de ma négligence à m’enquérir de ce qui avait été fait avant moi. Je ne crois pas être resté très en arrière de mes prédécesseurs; et sij’ai cru, dans beaucoup de cas, qu'il était plus aisé de recourir à la nature que de chercher à expliquer les descriptions obscures ou insuffisantes de plusieurs modernes, ou que de passer plusieurs jours pour rencontrer quelques pierres précieuses , enfouies dans les discussions de philoso- phie scolastique qui remplissent les auteurs du sei- rnème siècle , Je regarde cette méthode comme un avantage que mon heureuse position me procurait , en me dispensant d’avoir recours à la compilation, et point du tout comme un sujet de reproche. Ce qui m'a sur-tout guéri de l’envie de construire avec des matériaux étrangers, ce sont les résultats Xvii] LETTRE À J. C. MERTRUD. informes qu’ont obtenus de cette facon quelques au* teurs estimables, mais dépourvus des moyens d’ob- server. Ils n’ont pu éviter de reproduire des choses fausses, d’autres inexactes ou même contradictoires ; et comme l’aspect constant de la nature ne maîtrisait point leur imagination , ils n’ont pu s’empêcher de créer des systèmes, nide mettre de fa partialité daus leur jugement sur les faits, en choisissant de préfé- rence ceux qui favorisaient leur manière de voir. Vous devinez aisément que le plu s crand nombre de ces auteurs se trouve dans une nation qui, tout excellente qu’elle est par son génie inventif et par son infatigabie patience dans les recherches de tout genre, n’a pas toujours su contenir dans des bornes convenables son penchant à montrer de l’érudition , penchant qui ne vient peut-être que de trop de mo- destie et d’une déférence mal entendue pour les autres. | | Une autre nation non moins admirable par la hardiesse de ses vues et: la force qu’elle déploie dans les travaux relatifs aux sciences, semble avoir donné dans un excès opposé à celui que je viens de repren- dre , en méprisant un peu trop les étrangers, en n’es- timant et même en ne consultant presque que ses compatriotes. Gelte espèce d’orgueil, utile peut-être en politique, re peut, dans les sciences et sur-tout dans les sciences de faits, que rétrécir les idées, et conduire à une sécheresse qui fait le caractère de LETTRE À 5. C. MÉRTRUD. XXIX quelques-uns de ses auteurs en histoire naturelle et en anatomie comparée. ( Vous trouverez, J'espère, que j'ai fait mon pos- sible pour éviter ces deux écueils, et qu’en n’effor- cant d’observer toujours la nature, je n’ai point voulu marcher sans guide, et que j'ai étudié ceux qui pouvaient m'indiquer des sentiers nouveaux ou utiles. Je crois avoir employé les principales découvertes des auteurs modernes qui ont traité l’anatomie d’une manière physiologique. Les Stenon , les Swammer- dam , les Collin, les Duverney, les Petit, les Lyon- net, les Haller, les Monro, les Hunter, les Geoffroy, les Vicq-d’Azir, les Camper, les Blumenbach, les Scarpa, les Comparetti, les Kielmeyer, les Poli, les Harwood , les Barthez, m'ont fourni les données d’où je suis parti; et quoique j'aie revu par moi- même une grande partie de ces données, ce n’est pas moins à ces hommes célèbres que la gloire en est due, puisque, sans leurs écrits, le plus grand nombre des faits consignés dans cet ouvrage me seraient échappés. Je dois aussi reconnaître les services que m'ont rendus les naturalistes les plus récents. Depuis que l’histoire naturelle prend enfin la nature pour base de ses distributions, ses rapports avec l'anatomie sont devenus plus intimes; l’une de ces sciences ne peut faire un pas sans que l’autre en profite. Les rappro- chements que la Pre rue établit indiquent souvent XXX LETTRE A J,. C. MERTRUD. à l’autre les recherches qu’elle doit faire. Aussi, sans parler de Daubenton et de Pallas, également placés au premier rang dans l’une comme dans l’au- tre science, je suis redevable de beaucoup de vues, et sur-tout de plus de régularité dans ma marche, aux nouveaux zoologisies, parmi lesquels je dois sur-tout nommer Ray, Klein, Linné, Buffon, Lacé- pède, Lamarck, Bloch, Fabricius, Latreille, et tous ceux qui ont tenté par différentes voies de s’appro- cher de cette méthode naturelle unique, qui doitfaire le but de tous les effortsdes naturalistes, quoiqu’elle soit peut-être la pierre philosophale de leur art. Quelques-uns de ces hommes célèbres m’honorant de leur amitié, je n’ai pas moins profité de leur conversation que, de leurs écrits; et plusieurs de mes idées ont pris leur, source dans les leurs, dont je me suis tellement nourri, que j'aurais souvent peine à reconnaître ce que je dois plus particuhère- ment à chacun d'eux... . En J’ai cherché à me rapprocher un peu plus de cetie méthode naturelle, dans.les tableaux qui sont dans ce volume , que je ne l'avais fait "danses clément de zoologie : ei je croisayoir fait dans la disiribution des ani maux plusieurs changements avanlaseux , dont je dois aussi ung partie aux recherches des hommes que je viens d: nommer ; ainsi On recon- naîtra sans peine que.J ai rofité du travail du ci- toyen Lacépède sup les aa ebsur les mammi- | | LETTRE A J. C. MENTRUD. XXX)j fères , et de celui du citoyen Lamarck sur les testa- cés , et que la division des reptiles est cellequ’à pro- posée récemment le citoyen Brongniart. (1) Vous reconnaîtrez, sans doute, dans ces aveux, le désir de rendre un témoignage éclatant de re- connaissance à tous ceux dont les idées ou les tra- vaux m'ont été utiles ; mais je souhaite encore plus, que vous y voyiez celui d'encourager et d'entretenir cet esprit communicatif, si noble, si touchant, qui règne aujourd’hui parmi la plupart des naturalistes. Occupés de défricher ensemble le vaste champ de la nature , ils sont, pour ainsi dire, en communauté de travaux et de succès; et pourvu qu’une décou- verte soit faite , 1l leur importe peu qui , d’eux ou de leurs amis, y attachera son nom. Je me repose, d’ailleurs, sur le jagementdes person- nes instruites en anatomie, pour discerner les obser- vations qui me sont absolument propres ; et j'espère qu'on les trouvera assez nombreuses pour me Justi- fier d’avoir consenti à Pimpression prématurée de ces leçons. Il m'est d'autant plus permis d'exprimer cet espoir, que je n'ai d'autre mérite, à cet évard, que celui d’avoir profité d’une position favorable, Ce n’est poin tdans la partie qui concerne le corps (1) Ces ta ibleaux,glevenus inutiles par publication du Règne animal, ont élé supprimés, # " . XXXI) LETTRE A 3. C. MERTRUD. humain que j'ai pu prétendre à donner des obser- vations neuves ; je n’en ai dit que ce quiest néces- saire pour en rappeler l’idée au lecteur : et quoique mes descriptions soient faites sur le cadavre , à l’ex- ception de quelques détails de névrologie pour les- quels j'ai suivi Sabattier el Sœmmeripg, elles ne différent de celles de mes prédécesseurs que par l’expression. Le citoyen Duméril a inséré presque partout sa nouvelle nomenclature, qui est analogue à celle qu'avait proposée le citoyen Chaussier, et qu'ont modifiée, chacun à leur manière, les citovens Du- mas et Girard. Sans altacher à cet objet une grande importance , il sera cependant intéressant que les” anatomistes conyiennent de quelque fixation dans leur idiome. La physiologie n’occupe aussi qu’une place acces- soire : je n’en ai inséré quelque chose, que pour di- minuer un peu la sécheresse des détails anatomiques, et pour indiquer diverses vues que l’anatomie com- parée peut lui fournir. st C’est dans le même esprit que j'ai cité des traits qui n’appartiennent qu'à Phistoire naturelle propre- ment dite : 1l s'agissait presque toujours de rappeler au lecteur quelque fait pro re à appuyer les théo- ries anatomiques, ou d'indiquer quelques corrections que les observations d'anatomie comparée rendent nécessaires dans les distributions méthodiques. 4 LL LETTRE À 3, C. MERTRUD. XXXII) Tels sont les motifs qui m'ont dirigé dans la pu- blication de ces lecons. Il ne me reste qu'à expri- mer le désir que les naturalistes ne m’accusent point d'y avoir cédé trop tôt, et que l’ouvrage leur paraisse assez utile pour les engager à me pardonner les im. perfections qui s’y trouvent encore. Aceordez-moi en particulier l’indulgence que mé- ritent, si non l'importance de mon travail, du moins les sentiments respectueux et sincères avec lesquels vous l’offre votre disciple et votre ami. Au Jardin des Plantes, le 28 ventôse an 8, il. Fab CT ES à Fa À \ | Ph MOT La LUE W7 jé : f l té & ‘y 4 4 { rt LA E CAR! LECONS D'ANATOMIE COMPARÉE. PREMIÈRE LEÇON. CONSIDÉRATIONS PRÉLIMIN AIRES SUR L'ÉCONOMIE ANIMALE. ARTICLE I“. ESQUISSE GÉNÉRALE DES FONCTIONS QUI S’EXERCENT DANS-LE CORPS ANIMAL, L'idée de la vie est une de ces idées générales et obscures produites en nous par certaines suites de phé- nomènes que nous voyons se succéder dans un ordre constant et se tenir par des rapports mutuels. Quoi- que nous ignorions la nature du lien qui les unit, nous sentons que ce lien doit exister, et cela nous suffit pour nous les faire désigner par un nom que bientôt le vulgaire regarde comme le signe d’un principe par= ticulier, quoique en effet ce nom ne puisse jamais indi- ZI, ' € 2 T° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. quer que l’ensemble des phénomènes qui ont donné lieu à sa formation. Ainsi, notre propre corps, et plusieurs autres qui. ont avec lui des rapports de forme et de structure plus ou moins marqués, paraissant résister pendant un certain temps aux lois qui gouvernent les corps bruts, et même agir sur tout ce qui les environne, d'env manière entièrement contraire à ces lois, nous em- ployons les noms de are et de force vitale pour dési- gner ces exceptions, au moins apparentes, aux lois gé- nérales. C’est donc en déterminant exactement en quoi ces exceptions, consistent, que nous fixerous le sens de ces mots. Considérons pour cet effet les corps dont je viens de parier, dans leurs rapports actifs et passifs avec le reste de la nature. Examinons, par exemple, ie corps d’une tonne dans l’état de jeunesse et de santé : ces formes arron- dies et voluptueuses, cette souplesse gracieuse de mou- vements, cette douce chaleur, ces joues teintes des roses de la volupté, ces yeux briilants de l’étincelle de l'amour ou du feu du génie, cette physionomie égayée par les saillies de l'esprit, ou animée par le feu des passions : tout semble se réunir pour en faire uu être enchanteur. Ün instant suffit pour détruire ce pres- tige. Souvent, sans aucune cause apparente, le mou- vement et le sentiment viennent à cesser ; le corps perd sa chaleur, les muscles s’affaissent et laissent paraître les saïllies anguleuses des os ; les yeux deviennent ter nes, les joues et les lèvres livides. Ce ne sont-là que. les préludes de changements plus horribles : les chairs passent au bleu, au vert, au noir; elles attirent l’hu= midité; et pendant qu'une portion s’évapore en éma- LA ART. 1”. FONCTIONS ORGANIQUES. 3 nations infectes, uge autre s’écoule en une sanie pu- tride, qui ne tarde pas à se dissiper aussi ; en un mot, au ous d’un petit nombre de jours, il ne reste plus que quelques principes terreux ou salins; les autres éléments se sont dispersés dans les airs et dans les eaux pour entrer dans de nouvelles combinaisons. | Il est clair que cette séparation est l'effet naturel de l'action de l’air, de l'humidité , de la chaleur, en un mot, de tous les corps extérieurs sur le corps mort, et qu’elle a sa cause dans l'attraction élective de ces di- vers agents pour les éléments qui le composaient. Ce- pendant ce corps en était également entouré pendant sa vie, leurs affinités pour ses molécules étaient les - mêmes et celles-ci y eussent cédé également , si elles n'avaient pas été retenues ensemble par une force su- périeure à ces affinités, qui n’a cessé d'agir sur elle qu’à l'instant de ia mort. Voilà de tous les phénomènes dont les idées parti- culières entrent dans l’idée générale de la vie, celui qui parait d’abord en constituer lessence, puisque nous ne pouvons concevoir la vie sans lui, et qu'il existe évidemment sans interruption jusqu’à l'instant de la mort. Mais l'étude suivie d’un corps vivant quelconque nous montre bientôt que cette force qui retient en- semble les molécules malgré les forces extérieures qui tendent à les séparer, ne borne pas son activité à ce résultat tranquille , et que sa sphère s'étend au-delà des limites du corps vivant lui-même. Il ne paraît pas du moins que cette force diffère de celle qui attire de nou- velles molécules pour les intercaler entre celles qui existaient déjà ; et cette action du corps vivant pour 1, 4 1* LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. attner les molécules environnantes n’est pas moins continuelle que celle qu’il exerce pour retenir les siennes propres; car, outre que l'absorption des ma- tières alimentaires , et leur passage dans le fluide nour- ricier et par Jui à toutes les parties, ne souffrent guère d'interruption, et se continuent d’un repas à l’autre, il y a une autre absorption qui se fait continuellement à la surface extérieure, et une troisième qui a lieu par l'effet de la respiration. Ces deux dernières sont même les seules qui existent dans tous les corps vivants qui ne digèrent pas, c’est-à-dire dans toutes les plantes. Or, comme nous voyons que les corps vivants ne crois= seut pas indéfiniment, mais que la nature a assigné à chacun d’eux des limites qu’il ne peut dépasser, nous sommes obligés d’en conclure, qu’ils perdent d’un côté au moins une grande partie de ce qu'ils reçoivent de l'autre. Et en eifet, une observation attentive a appris que la transpiration et une multitude d’autres voies leur enlèvent continuellement de leur substance. Ainsi doit se modifier l’idée que nous nous étions formée d’abord du principal phénomène de la vie : au lieu d’une union constante dans les molécules, nous devons y voir une circulation continuelle du dehors au dedars , et du dedans au dehors , constamment eutre- tenue et cependant fixée entre certaines limites. Les corps vivants doivent donc être considérés comme des espèces de foyers dans lesquels les substances mortes sont portées successivement pour s’y combiner entre elles de diverses manières, pour y tenir une place et y exercer une action déterminée par la nature des com- binaisons où elles sont entrées, et pour s’en échapper un jour afin de rentrer sous les lois de la nature morte, .L' er ART. 1. FONCTIONS ORGANIQUES. à Seulement il faut observer qu'il y a une différence, dépendante de l’âge et de la santé, dans la propor- tion des parties qui entrent dans ce torrent, et de celles qui en sortent , et que la vitesse du mouvement général varie également selon les différents états de chaque corps vivant. Ï parait même que la vie s'arrête par des causes semblables à celles qui interrompent tous les autres mouvements connus, et quele durcissement des fibres et l’obstruction des vaisseaux rendraient la mort une suite nécessaire de la vie, comme le repos est celle de tout mouvement qui ne se fait pas dans le vide, quand même l'instant n’en serait pas prévenu par une mul- titude de causes étrangères au corps vivant. Ce mouvement général et commun de toutes les parties est tellement ce qui fait l'essence de la vie, que les parties que l’on sépare d’un corps vivant ne tardent pas à mourir , parce qu’elles n’ont point elles- mêmes de mouvement propre, et ne font que participer au mouvement genéral que produit leur réunion ; en sorte que selon l'expression de Kant, la raison de la manière d’être de chaque partie d’un corps vivant ré- side dans l’ensemble, tandis que, dans les corps bruts, chaque partie l’a en elie-même. Cette nature de la vie une fois bien reconnue par le plus constant de ses effets, il était naturel qu'on recherchât quelle est son origine et comment elle est communiquée aux corps qu’elle doit animer. On est remonté à l'enfance des corps vivants : on a cherché à se rapprocher le plus qu'il a été possible de lins- tant de leur formation : mais on ne les a jamais aper- çus que jouissant déjà de cette force vitale, produi- 6 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. sant déjà ce mouvement de tourbillon dont on voulait connaître la première cause. | En effet, la vie suppose l'être vivant, comme l’at- tribut suppose le sujet. Quelque faibles que soient les parties d’un fœtus ou d’une graine dans les premiers instants où il nous est possible de les apercevoir , quelque différente que soit leur première forme. de ce qu’elle doit devenir un jour, ils exercent cependant des lors une véritable vie, et ils ont déjà en eux le germe de tous les phénomènes que cette vie doit dé- velopper par la suite. Mais ce qui n’est pas moins gé- néralement constant, c’est qu’il n’est aucun de ces corps qui n'ait fait autrefois partie d’un corps sem- blable à lui, dont il s’est détaché; tous ont parti- cipé à la vie d’un autre corps avant d'exercer par eux-mêmes le mouveinent vital; et c’est même par V’effet de la force vitale des corps auxquels ils ap- partenaient alors , qu’ils se sont développés au point de devenir susceptibles d’une vie isolée : car, quoi- que plusieurs espèces aient besoin, pour produire > de l’action particulière dé l’äccouplement, il en est beaucoup qui produisent sans cela; ainsi cet accou- plement n’est qu'une circonstance particulière dans certains cas, qui ne change point la nature essen- tielle de la génération. Quélués efforts que l’on ait faits pour produire des corps vivants, ou pour prou- ver qüe la nature en produit en certaines circonstances par d’autres voies, ces efforts ont été vains, ou se soht réduits, en dernière analvse, à des hypothèses sans preuves. Le mouvément propre aux corps vivañts n’a donesréellement Son originé que dans celui de léurs parents ; c'est d'eux qu'ils out reçu Pimpul-, ART. 1%. FONCTIONS ORGANIQUES. 7 sion Vitale ; ; leur naissance n’est qu'une individuali- sation : eù un mot, dans l'état actuel des choses, la vie ne naît que de la vie, ét il n’en existe d’autre que celle qui a été transmise de corps vivants en corps vivants, par une succession non interrompue. Ne pouvant donc remonter à la première origine des corps vivants, nous n’avons de ressources pour chercher des lumières sur la vraie nature des forces qui les animeñt, que dans l’examen de la composition de ces corps, c’est-à-dire de leur tissu et du mélange de leurs éléments: car, quoiqu'il soit vrai de dire que ce tissu et ce mélange sont en quelque façon le résultat de l’action des pen vitales qui leur ont donné l’être et qui les ont maint tenus, il est clair aussi que ces forces ne peuvent avoir que là leur source et leur fon- dement; et si la première réunion de ces éléments mé- caniques et chimiques d’un corps vivant quelconque a été effectuée par la force vitale du corps duquel il descend , on doit trouver en lui une force semblable et les causes de cette force, puisqu'il exercera une action pareille en faveur des corps qui doivent des- cendre de lui. | Mais cette composition des corps vivants nous est “trop imparfaitement connue; pour que nous puis- sions en déduire clairement LÉ effets qu’ils nous pré- sentent. Nous voyons qu’en général ils sont composés de fibres, de lamelles, ou de globules qui, diversement combinés à font la base de tous leurs tissus, tant de ceux qui ont de lé épaisseur en tout sens, que de ceux qui représentent eux-mêmes des lames et des filiments. Nous avons décomposé jusqu à un certain point ces tissus dans leurs éléments organiques; nous connaissons 8 J° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE, les formes , la consistance , la position des solides qui en sont formés, les ramifications les plus considérables des vaisseaux qui les parcourent, la direction des fluides que ces vaisseaux contiennent; nous en sui vons les branches les plus délicates; mais leurs der- rières terminaisons échappent à nos instruments. De même , nous connaissons les caractères chimiques des fluides les plus apparents, ainsi que des substances concrètes ; nous en avons fait bien des analyses ; mais, non-seulement ces analyses sontirès imparfaites, puis- que nous ne pouvons recomposer les substances qui en sont l'objet; les phénomènes nous démontrent en- core qu'il doit exister plusieurs fluides qu'il nous est jusqu’à présent impossible de saisir ; et les découvertes les plus récentes sur l’électricité galvanique sont bien loin de satisfaire à toutes les questions de la science. On aurait donc tort de s'appuyer sur linutilité des efforts que les physiciens ont faits jusqu'ici, pour lier les phénomènes des corps vivants aux lois générales de la nature, et d’en conclure que ces phénomènes sont absolument d’un ordre différent. Mais , d’un autre côté, il serait téméraire d’entre- prendre de nouveau cette tâche : tant que nous n’au- rons que des connaissances si bornées des corps dans lesquels ces phénomènes se manifestent, nous ne pourrons en donner qu’une exposition empirique , et non un système raisonné ; et tous nos travaux sur l’économie organique se réduiront à en faire l’histoire. Cependant, si nos connaissances sur la composition des corps vivants ne suffisent pas pour l'explication des faits qu’ils nous présentent, nous pouvons du moins les employer pour reconnaitre ces corps, même ART, 1°. FONCTIONS ORGANIQUES. 9 hors de leur action, et pour en distinguer les débris long-temps après leur mort; car nous ne trouvons dans aucun des corps bruts ce tissu fibreux ou cellu- laire, ni cette multiplicité d'éléments volatils qui forment les caractères de l’organisation et des corps organisés, soit qu'ils vivent actuellement , soit qu’ils aient vécu. Ainsi, tandis que les solides bruts ne se composent que de molécules polyèdres qui s’atuirent par leurs fa- cettes et ne s’écartent que pour se séparer, qu'ils ne se résolvent qu’en un nombre très borné de substances élémentaires pour nos instruments, qu’ils ne se forment que de la combinaison de ces substances et de l’aggré- gation de ces molécules, qu’ils ne croissent que par la juxta-position de molécules nouvelles qui viennent envelopper par leurs couches la masse des premières, et qu'ils ne se détruisent que lorsque quelque agent mécanique vient en séparer les parties, ou que quelque agent chimique vient en altérer les combinaisons ; les corps organisés tissus de fibres, de lames et de globules dont les intervalles sont remplis de fluides, se résol- vent presque entièrement en substances volatiles, ne naissent que sur des corps semblables à eux, et ne s’en séparent que lorsqu'ils sont assez développés pour agir par leurs propres forces, altèrent continuellement les substances étrangères, et en exhalant une partie, s’as- similant l’autre, l’intercalant entre leurs propres mo- lécules, croissent par une force intérieure et périssent enfin par l’action cortinuée de cette force, par l’effet même de leur vie. L'origine par génération , l'accroissement par nutri- tion, la fin par une véritable mort, tels sont donc les 10 T° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. # caractères généraux et communs à tous les corps orga- nisés : mais si plusieurs de ces corps n’exercent que ces fonctions là et celles qui en sont les accessoires, et n’ont que les organes nécessaires à leur exercice, dl en est un grand notHbe d’autres qui remplissent des fonc- tions particulières, lesquelles non-seulement exigent des organes qui leur soient appropriés, mais encore modifient nécessairement la manière dont les fonctions générales sont exercées et les organes qui sont propres à ces fonctions. De toutes ces facultés moins générales, qui suppo- sent l’ Organisation, mais qui n’en sont pas des suites nécessaires, la faculté de sentir et celle de se mouvoir à volonté, én tout ou en partie, sont les plus remar- quables, et celles qui ont la plus grande influence dans la détérmination des autres fonctions. Nous avons la conscience que ces facultés existent en nous, et nous les attribuons, par analogie et d’après les äpparences, à un grand ABHÈSE d’autres êtres que nous nommons à cause de cela, les éfres animes , ou, d un seul mot, les arimaux. ra Ces deux facultés D être a liées. D'abord , l’idée même de mouvement volontaire contient en elle celle de sensibilité : car où ne conço point de volonté sans désir et sans sentiment de plaisir ou de peine. Il peut bien exister des corps qui, ‘quoi- que inanimés, manifestent à l'extérieur des mouve- ments dE déits par un principe interne ; mais ces mouvements sont de même nature que tous Ceux qui constituent les fonctions essentielles de la vie, et ne pêuvent mériter le nom de volontaires. D'un autre côté, la bonté avec laquelle la nature a i nn ART. I’. FONCTIONS ORGANIQUES. 11 traité toutes à ses productions, ne nous permet guère de croire qu’elle ait privé des êtres susceptibles de sensa- tions, c’est-à-dire de plaisir et de peine, du pouvoir de fuir l’une et de tendre vers l’autre jusqu” à un cer- tin point; et si, parmi les malheurs trop réels qui affligent notre espèce, un des plus touchants est celui de l'homme de cœur qu’une force supérieure retient dans l'impuissance de résister à l’oppression, les fic- tions poétiques les plus propres à exciter notre pitié sont celles qui nous représentent des êtres sensibles en- fermés dans des corps immobiles : et les pleurs de Clo- rinde, sortant avec son sang du tronc d’un cyprès, rouche. 7 ë, ‘% devaient arrêter les coups de l’homme le plus LS ê Mais, indépendamment de la chaîne qui lie ces deux facultés , et du double appareil d'organes qu ’elles exi- gent, elles entraînent encore à leur suite plusieurs mo- difications dans les facultés communes à tous les corps organisés ; et ces modifications, ln aux deux facul- tés propres, sont ce qui constitue plus particulièrement la nature des animaux. Par exemple , pour ce qui concerne la nutrition, les végétaux, qui sont attachés au sol, absorbent immé- diatément par leurs racines les parties nutritives des flaides qui l’imbibent: ces racines subdivisées à l'infini, pénètrent dans les moindres intervalles, et, vont pour ainsi dire, chercher au loin la nourriture de la plante à laquelle celles appartiennent ; leur action est tran- quille , continue, et ne s’interrompt que lorsque la sécheresse les prive des sucs qui leur sont nécessaires. Les animaux, au contraire, qui ne sont point fixés, et qui changent souvent de lieu, devaient pouvoir ÿ 'h * 12 &i LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. transporter avec eux la provision de sucs nécessaires à leur nutrition: ; aussi ont-ils reçu une cavité intérieure où ils placent les matières qui doivent leur servir d’ali- ments, et dans les parois de laquelle s'ouvrent des pores ou des vaisseaux absorbants, qui sont, selon l’expres- sion énergique de Boerhaave, de véritables racines in- térieures. La grandeur de cette cavité et de ses orifices permettait à plusieurs animaux d'y introduire des substances solides. Il leur a fallu des instruments pour les diviser, des liqueurs pour les dissoudre : en un mot, la nutrition n’a plus commencé immédiatement par Vabsorption de substances telles que le sol ou l’atmos- h les fournissait ; il a fallu qu’elle fùt précédée une multitude d'opérations préparatoires, dont l’en- semble constitue la dicestion. Ainsi, la digestion est une fonction d’un ordre se- condaire, propre aux animaux, et dont l’existence, ainsi que celle de la cavité alimentaire dans laquelle elle s'opère, est nécessitée chez eux par la faculté qu’ils ont de se mouvoir volontairement ; mais ce n’en est pas la seule conséquence. Les végétaux ayant peu de facultés, ont une orga- nisation très simple ; presque toutes leurs parties sont composées de fibres parallèles ou peu divergentes, De plus, leur position fixe permettait que le mouve- ment général de leur fluide nourricier fût entre- tenu par les simples agents extérieurs : aussi, paraît-il qu'il se porte de bas en haut, par l’effet de la succion de leur tissu spongieux ou capillaire, et de l’évaporation qui se fait à leur cime, et que son mouvement, dans ce sens, est d'autant plus rapide, que cette évaporation est plus grande, qu’il peut même devenir rétrograde ART. I”. FONCTIONS ORGANIQUES. 15 lorsqu'elle vient à cesser ou à se changer en absorption par la fraîcheur et l’humidité de l'air. Non-seulement les animaux, destinés à changer continuellement de lieu et à se trouver dans toutes sortes de situations et de températures, doivent avoir en eux-mêmes un principe actif de mouvement pour leur fluide nourricier, mais leurs facultés plus nom- breuses et plus développées, exigeant une complication d'organes beaucoup plus grande, leurs diverses parties étant très composées, souvent très divergentes, pou vant même varier leurs positions et leurs directions respectives, il fallait, pour porter ce fluide dans des détours si FE des moyens plus puissants et autrement disposés que dans les végétaux. f: Aussi, dans la plupart des animaux, est-il contenu dans des canaux innombrables, qui sont tous des rami- fications de deux troncs communiquant ensemble , de manière que l’un reçoit dans ses racines le fluide que l’autre a poussé dans ses branches, et le rapporte au centre d’ou il doit être chassé de nouveau. C’est à cet endroit où les deux grands troncs commu- niquent qu'est placé le cœur, qui n’est autre chose qu’un organe dont les contractions poussent avec violence ce fluide dans tous les rameaux du tronc artériel ; car il a, aux deux orifices du'cœur, des soupapes disposées de manière que le fluide contenu dans tout le système vas- culaire, ne peut marcher que dans le sens que nous venons d'indiquer , c’est-à-dire du cœur vers les par- ties par les artères, et des parties au cœur par les veines. C’est dans ce mouvement de rotation que consiste la circulation du sang, qui est, comme on le voit, une …* 14 T° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. autre fonction d’un ordre secondaire propre aux ani- . maux, et dont le cœur est l'agent principal et le régu= lateur : mais cette fonction est moins nécessairement liée à la faculté de sentir et de mouvoir, que ne l’est la digestion; car nous verrons que deux classes nom- breuses d'animaux sont entièrement privées de circu- lation dans des vaisseaux clos, et se nourrissent à la manière des végétaux, par la simple imbibition d’un fluide qui baigne toutes leurs parties, quels que soient d’ailleurs les mouvements imprimés à ce fluide. Dans ceux qui ont une circulation, le sang paraît n'être qu’un véhicule qui reçoit continuellement, de la cavité alimentaire, de la surface extérieure du corps et rs poumons, des substances diverses qu’il s’incorpore une manière intime, et par lesquelles il remplace celles qu’il fournit à toutes les parties pour leur conser- vation et pour leur accroissement. C’est lors de son pas- sage aux dernières extrémités des artères, que le sang opère la véritable nutrition des parties; aussi change- t-il, dans ce passage, de nature et de couleur, et ce n’est que par l’accession des diverses substances que je viens d'indiquer , que le sang veineux redevient propre à la nutrition, ou, en un seul mot, redevient du sang artériel. C'est par des vaisseaux particuliers nommés /ym- phatiques, que le sang veineux reçoit la plupart des substances que la peau et le canal alimentaire lui four- nissent ; il reçoit aussi par eux le résidu même dela nu- trition , eties molécules qui se détachent des différentes parties pour être transmises hors du corps par les diffé- rents couloirs ; mais les veines elles-mêmes rem plissent aussi à quelques égards cet office, et qui plus est, elles ART. 1°. FONÇTIONS ORGANIQUES, ‘1 paraissent en être chargées seules dans ceux des ani- maux non vertébrés , dans lesquels A existe he ciren- lation ; du moins , n’y a-t-on encore découvert rien qui D he: à des vaisseaux lymphatiques. Quant aux organes respiratoires , l'air qui y parvient exerce sur le sang veineux une action qui a de grands rapports avec la combustion, et dont. il.paraît que tous les corps organisés ont besoin pour vivre; car elle a lieu dans tous, quoique de manières fort différentes. Les végétaux et les animaux sans circulation respi- rent (c’est le nom que porte cette action de air sur le fluide nourricier ) par toute leur surface, ou par des vaisseaux qui introduisent l'air dans les divers points de l’intérieur de leur corps. Iln’ya que les animaux à circulation véritable à qui respirent par un organe parti- culier, parce que lesans venant, chezeux, d’ une source commune , qui est le cœur, et Y retournant sans cesse , les vaisseaux qui le contiennent ont pu être tel- lement disposés, qu’il ne se rendit aux autres parties, qu'après avoir passé par l'organe respiratoire; ce qui ne pouvait ayoir lieu dans ceux où ce fluide est répandu partout d’une manière uniforme, sans être contenu dans des vaisseaux. Ainsi, la respiration pulmonaire où branchiale est une fonction d’un troisième ordre , dont l'existence dé- pend de celle de la circulation , el qui est une suiteéloi- gnée des facultés qui caractérisent les animaux, Il n’est pas jusqu’à la génération, dont le mode, dans les animaux, ne soit dépendant de leurs facultés par- ticulières , du moins pour ce qui concerne la féconda- tion des germes; car la faculté qu’ils ont dese mouvoir et de se porter l’un vers l’autre, de désirer et de sentir, 16 T* LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. a permis de leur accorder toutes les jouissances de l'a- mour : et quant à la partie purement mécanique, leur fluide spermatique a pu rester à nu, et être porté im- médiatement sur les germes; tandis que les végétaux, qui n’ont par eux-mêmes aucun moyen de lancer ce fluide, il a fallu qu'il fût renfermé dans de petites cap- sules, susceptibles d’être transportées par les vents, et qui forment ce qu’on nomme la poussière des étamines, Ainsi, pendant que, pour la plupart des autres fonc- tions, les animaux ont reçu des appareils plus compli- qués , à cause des facultés qui leur sont particulières, ces mêmes facultés ont permis que celle-ci s’exerçat chez eux d’une manière plus simple que dans les végé- taux, Ces exemples montrent combien le seules facultés de sentir et de se mouvoir, que les animaux ont reçues de plus que les végétaux, ont l'influence sur les modifi- cations de celles qui sont communes à ces deux sortes d'êtres. La comparaison que nousferons dans la suite des divers ordres d’animaux, nous montrera de même que les modifications de chacune de leurs fonctions princi- palesexercentuneinfluencepareillesur touteslesautres, tant il y a de liaison entre toutes les parties d’un corps vivant quelconque, et, PF conséquent, tant ensem— ble et l'harmonie y sont nécessaires. Ainsi, l’on voit que les fonctions qui composent l'économie animale peuvent se rapporter à trois ordres. Il en est qui constituent les animaux ce qu'ils sont, qui les rendent propres à remplir le rôle que la nature leur a assigné dans l’arrangement ‘général de l'univers, en un mot, qui seraient suffisantes pour les faire exister, si leur existence ne devait être que mo- ART, 1°. FONCTIONS ORGANIQUES, 17 mentanée. Ce sont la faculté de sentir et celle de se mouvoir; celle-ci les met en état d’exécuter certaines actions, et l’autre les détermine pour telle ou telle des actions dont ils sont capables. Chacun d’eux peut être considéré comme une machine partielle, coordonnée à toutes les autres machines dont l’ensemble forme ce monde ; les organes du mouvement en sont les rouages, les leviers, en un mot toutes les parties passives ; mais le principe actif, le ressort qui donne l’impul- sion à toutes les autres parties, réside uniquement dans la faculté sensitive , sans laquelle l'animal plongé dans un sommeil continuel, serait réduit à un état purement végétatif : aussi la plante elle-même pourrait êtreappelée, comme l’a dit Buffon , un animal qui dort. Ces deux fonctions forment le premier ve u et portent le nom de fonctions animales. Mais les machines animales ont de plus que celles que nous construisons , un principe intérieur d’entre tien et de réparation : il consiste dans l’ensemble des fonctions qui servent à nourrir le corps, c’est-à- dire la digestion, Vabsorption, la circulation, la respira- tion , la transpiralion et les excretions ; elles forment le second ordre , et portent le nom de fonctions vitales. Enfin, la durée de chaque animal étant déterminée selon son espèce, la génération est une fonction d’un troisième ordre , destinée à faire remplacer les indi- vidus qui périssent par des individus nouveaux, et à maintenir l'existence de chaque espèce. Après avoir considéré ces fonctions en elles-mêmes et dans leurs rapports réciproques, examinons les organes par lesquels elles s’exercent. I. 18 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. ARTICLE IT. fDÉE GÉNÉRALE DES ORGANES DU CORPS ANIMAL ; DE LEURS ÉLÉMENTS ET DE LEUR MANIÈRE D AGIR. Aucune partie du corps animal n’est entièrement composée de molécules solides: toutes donnent des fluides par l’expression, ou en perdent par l’exsicca- tion: aussi présentent-elles toutes un tissu plus ou moins spongieux, plus ou moins aréolaire , ou sem- blable à des mailles. La division mécanique des solides conduit toujours ; en dernier résultat, à de petites lames, ou à des fila- ments, lesquels se résolvent à leur tour en globules qui en sont, en quelque sorte, les molécules élémen- taires; les derniers, les plus simples des animaux, semblent seuls ne consister qu’en une sorte de gelée remplie de globules plus opaques. Dans les animaux supérieurs , lorsque les petites lames sont écartées , et qu’elles interceptent des vides sensibles, elles for ce qu’on nomme de la cellulesité. Rotéiehnatil cette cellulosité enveloppe et pénètre les parties les plus denses, mais elle paraît presque toujours en former la base ; car les membranes ne consistent fondamentale- ment qu’en une cellulosité plus serrée , dont les lames sont plus rapprochées et plus exactement couchées les unes sur les autres, et la macération les résout en une cellulosité ordinaire.Les vaisseaux ne sont que des membranes contournées en cylindres ; et toutes les ART IL, STRUCTURÉE DES ORGANES. 16 parties molles du corps, si on en exce pte peut-êtresles fibres élémentaires et la matière m édullaire , semblent être un assemblage de vaisseeux, et ne différer entre elles que par la nature des fluides que ces vaisseaux contiennent, par leur nombre, leur direction, leurs entrelacements et la consistan ce de leurs parois. L'analyse chimique de ces substances, tant solides que fluides, nous y démontre en définitive un assez petit nombre de principes qui se trouvent presque tous dans chacune d'elles , quoique dans des propor- tions très différentes. Quelques terres, quelques sels, le phosphore, le carbone, l’azote, l'hydrogène, l’oxi- gène, un peu de soufre, un peu de fer, combinés d'un grand nombre de manières, produisent divers composés, comme la gélatine , l’albumine, la fibrine, etc., qui sont les principes immédiats des solides et des fluides animaux tels que nous les connaissons ; mais tout éloignés que nous sommes d’une analyse complète, puisque nous ne pouvons pas reproduire ces principes immédiats, nous voyons assez, non- seulement que nous altérons ces composés par nos expériences, mais encore que plusieurs de leurs élé- ments échappenttout-à-fait à nos instruments. Deplus il n’est pas même en notre pouvoir de faire prendre directement à ces substances les formes matérielles qu’elles présentent dans les organes qui er sont com- posés. De la gélatine extraite par la chimie ne devien- dra ni de la cellulosité ni de la fibre tendineuse; de la fibrine ne deviendra pas de la fibre musculaire. I] faut l'action organique non-seulement pour les produire, mais pour en mouler les particules comme elles le sont dans le corps : ce n’est pas une illusion, que l'on 2,4 LA2 920 1“ LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. a cru pouvoir former de véritables fibres par l’action de la pile gaivanique sur le sérum da sang. La substance par le moyen de laquelle s’exerce la faculté de sentir, est la substance médullaire. Dans tous les animaux où nous pouvons la distinguer, c’est une matière molle, blanche , réscluble en glo- bules ; elle forme ou des masses ou des filets qui, partant de ces masses ou y aboutissant, se distribuent au plus grand nombre des parties du corps et se lient entre eux de diverses manières, et forment souvent aux points de rencontre des nœuds et des réseaux. Ces filets sont les nerfs dans les animaux supérieurs : les masses portent les noms d’encéphale et de moelle épinière, les nœuds celui de ganglions, les réseaux celui de plexus. Le nerf touché immédiatement par un corps étran- ger, nous fait sentir de la douleur, quoique son contact avec les parties du corps qui lui sont naturellement contiguës, n'ait point d'effet sensible dans l’état de santé. Ceux des nerfs par lesquels nous avons la sen- sation des objets extérieurs , sont pourvus à leurs extré- mités d'organes disposés chacun d’une façon particu- lière, et qui sont toujours dans un rapport admirable avec Ja nature des objets que chacun de ces sens doit nous faire connaître. L'agent direct du mouvement est la fibre charnue ou musculaire. Cette fibre se contracte en se plissant, en se fronçant par lempire de la volonté; mais la volonté n’exerce ce pouvoir que par lintermède du uerf, Il n’est aucune fibre charnue qui ne reçoive un filet nerveux, et l’obéissance de la fibre cesse lorsque la communication de ce filet avec le reste du système ART. 1I. STRUCTURE DES ORGANES. 21 nerveux est interrompue. Certains agents extérieurs immédiatement appliqués sur la fibre , la font aussi se contracter, et ils £ uservent leur action sur elle-même après la section de son nerf, ou sa séparation totale du corps, pendant un temps plus ou moins long, selon les espèces d'animaux. Cette faculté de la fibre est ce que l’on nomme son irritabilité. Dépend-elle encore, après la séparation, de la portion nerveuse qui est demeurée dans la fibre et qui en fait toujours partie essentielle? ou bien l’action de la volonté elle- même n’est-elle qu’un cas particulier et l'effet d’une action irritante du nerf sur la faculté inhérente à la fibre ? Cette dernière opinion est celle de Haller et de son école ; mais chaque jour semble ajouter à la vrai- semblance de l'opinion opposée. Ce qui parait certain , d’après les expériences récentes , c’est que les nerfs ont une portion qui trans- met les ordres de la volonté, et qui, dans les ani- maux supérieurs , n’a pas la même origine que celle qui donné les sensations; il y a aussi des nerfs pure- ment sensitifs qui se renGent à des fibres irritables, mais non volontaires. Toutes les parties intérieures du corps soumises ou non à la volonté, qui doivent produire quelque compression sur les substances qu’elles con- tiennent , ont ieurs parois garnies de fibres charnues, et reçoivent des filets nerveux ; tels sont les intestins, le cœur, le diaphragme, etc. Beaucoup de phéno- mènes nous font croire que les fibres et leurs nerfs existent jusque dans le tissu de plusieurs vaisseaux. Néanmoins le principal usage des fibres charnues, c’est d'entrer dans la composition des muscles : on nomme ainsi des faisceaux de ces fibres dont une extré- re 22 F° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. mité au moins est PR à une partie mobile du corps animal ; lorsque les fibres qui composent le muscle se raccourcissent , les deux points auxquels il s’insère se rapprochent, et c'est par ce seul moyen que sont pro- duits tous les mouvements extérieurs du corps et des membres, même ceux qui sont nécessaires pour trans- porter le corps, en totalité, d’un lieu à un autre." Plusieurs animaux n’ont leurs muscles attachés qu'à divers points de leur peau, à laquelle ils impriment par ce moyen les dilatations et les contractions alter- natives, seuls mouvements qu’ils puissent émployer pour la locomotion. Mais ceux qui se meuvent par des pas, des sauts , des chocs ou des irfiexions pro- noncées ont leurs muscles attachés à des parties dures, soit intérieures, soit extérieures , qui leur servent comme de via et qui prennent les unes sur les autres des points d’ appui que l’on appelle lenrs arti- culations. Le principal mystère de l’économie animale con- siste donc dans l’agent caché qui transmet à la fibre l'excitation nerveuse, et qui est probablement le même qui, dans une autre direction, transmet aux centres nerveux les i impressions extérieures : c’est de cette action et de cette réaction que tout dépend dans Ja machine animale , locomotion, digestion, circula- tion , les sécrétions mêmes n’en sont pas exemptes; mais quel est cet agent ? comment se modifie-t-il dans ces diverses actions? comment modifie-t-1l la fibre sur laquelle ïl agit ? Voilà ce qui est encore enseveli dans les plus profondes ténèbres. Quoique les dernières découvertes sur l'électricité nous aient fait connaître un autre agent , également impondérable, qui se ma- | | | ART, I. STRUCTURE DES ORGANES. 23 — nifeste par le seul contact de corps hétérogènes et qui produit les effets physiques et chimiques les plus puis- sants : ce n'est là qu’une analopie, qu'un indice d’une partie des propriétés que l'agent nerveux pourrait avoir; mais il est évident aussi que ce dernier, non- seulement n’a pas tontes les propriétés de l’autre, mais qu’il en a de fort différentes. Les parties dures, connues sous le nom d’os et qui n’appartiennent qu'aux animaux supérieurs, sont recouvertes par les muscles : leur ensemble se nomme squelette ; mais, dans les autres animaux, ce sont les parties dures qui recouvrent les muscles , et elles pren- nent les noms de test, de coquille ou écaille, selon leur plus ou moins de consistance. Dans les deux cas, elles renferment toujours les viscères, et elles déter- minent la forme générale du corps et les proportions de ses diverses parties. R Les faces par lesquelles les parties dures, mobiles, s’articulent les unes sur les autres, ont des saillies ou des creux qui déterminent létendue et la direction des mouvements dont elles sont susceptibles, et elles sont pourvues d'autant de muscles qu’il est nécessaire pour ces différents mouvements : chacun de ces muscles entrainant los auquel il s'attache dans sa propre direction , ils peuvent être considérés comme les puis- sances motrices ; leur force, le point de leur insertion, la longueur et le poids des parties attachées au levier qu'ils doivent mouvoir, déterminent la force, la vitesse et la durée du mouvement qu’ils peuvent pro- duire. De ces diverses circonstances, dépendent la force du saut, l’étendue du vol, la rapidité de la course, l'adresse pour la préhension, qui ont été 24 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. attribués aux différentes espèces d'animaux. Mais, comme nous l'avons vu plus haut, tout cet appareil resterait immobile s’il n’était animé par le système nerveux, qui, lui-même, dans tout ce qu’il a de vo- lontaire n’est mis en jeu qu’à la suite des sensations. La substance blanche et molle qui fait l’essence de ce système , est distribuée en filets qui se rapprochent les uns des autres pour s'unir en faisceaux | qui deviennent toujours plus composés jusqu’à leur union, soit à un axe commun qui porte le nom de moelle épiniere , et dont l’extrémité antérieure aboutit au cerveau, c’est-à-dire à une masse médullaire plus ou moins volumineuse et diversement figurée, selon les espèces : soit à Givers renflements qui eux-mêmes ont constamment une communication , plus ou moins directe avec un renflement principal qui tient lieu de cerveau. Les animaux supérieurs ne s’aperçoivent de l’action des corps extérieurs sur le leur, qu’autant que les nerfs qui en sont affectés communiquent librement avec la moelle épinière, et par elle avec le cerveau, ou bien que leur communication avec le cerveau est immédiate. Une ligature ou une rupture, en interceptant la com- munication physique, détruisent aussi la sensation ; la compression, la destruction du cerveau lui-même produit le même eflet, mais à un degré différent, selon les classes, Quant aux animaux inférieurs , cette communication paraît y devenir de moins en moins nécessaire , et ilen est dont les tronçons mêmes sem- blent avoir quelque chose de très semblable à des sen- sations et à des volontés. Le senl sens qui appartienne généralement à tous ART. II STRUCTURE DES ORGANES. 29 les animaux, et qui s'exerce dans toute la.surface du corps de chacun d’eux, c’est le toucher. Il réside dans les extrémités des nerfs qui se distribuent à la peau , et il nous fait connaître la résistance des corps et leur température. Les autres sens semblent n’en être que des modifications plus exaltées , et susceptibles de percevoir des impressions plus délicates. Tout le monde sait que ces sens sont la vue qui réside dans l'œil, l’ouie qui réside dans loreille , l’odorat qui réside dans les membranes du nez, et le gott dont le siége est sur les téguments de la langue et du gosier : ils sont presque toujours situés à la même partie du corps qui contient le cerveau, et que nous appelons la tête ou le chef. La lumière, les vibrations de l’air , les émanations volatiles, flottantes dans l'atmosphère, et les parties salines ou dissolubles dans l’eau et dans la salive, sont les substances qui agissent sur ces quatre sens ; et les organes qui en transmettent l’action aux nerfs sont appropriés à ja nature de chacune d’elles. L’œil pré- sente à la lumière des lentilles transparentes qui en brisent les rayons et les concentrent sur la rétine; l'oreille offre à l'air des membranes et des fluides qui en reçoivent les ébranlements ; le nez aspire Pair qui doit aller aux poumons, ou est frappé par l’eau dans laquelle Panimal nage, et saisit au passage les vapeurs odorantes que les fluides contiennent ; enfin, la langue est garnie de papilles spongieuses qui s’imbibent des liqueurs savoureuses qu’elle doit goûter. C'est par ces moyens que nous avons le sentiment des choses qui se passent autour de nous. Mais le système nerveux nous procure aussi celui d’un grand 26 1 LYCON. ÉCONOMIE ANIMALE. nombre de phénomènes qui se passent en nous ; et imdépendamment des douleurs internes qui nous aver- tissent de quelque désordre dans notre organisation, et de l’état one où nous mettent la faim, la soif et la fatigue ; c’est par lui que neus ressentons les angoisses de la crainte, les émotions de la pitié, les désirs de l'amour. Ces dernières sortes de sensations semblent être les effets de la réaction immédiate du système nerveux sur lui-même sans l'intervention de la volonté ; elle ne paraît entrer pour rien dans le transport où nous met la présence de l’objet aimé , ni dans les larmes que nous arrache l'aspect de la nédén malheureuse : la volonté n’a d’autre pouvoir sur les passions que d’en distraire. Ces effets du système ner- veux tiennent aux communications nombreuses quedes nerfs particuliers, nommés sympathiques , établissent dans les animaux supérieurs entre divers rameaux du tronc général, et par le moyen desquels les impres- sions se transmettent plus rapidement que par le cer- veau : mais dans les animaux inférieurs les diner fonctions du sytème sont plus confondues. La faculté même de sentir, et celle de se contracter, qui, dans la plupart des animaux, sont exclusivement propres, l’une à la substance nerveuse et l’autre à la fibre charnue, paraissent être confondues et répandues également dans toutes les parties de certains animaux gélatineux, les derniers de tous quant à la complica- tion de feur organisme, et dans lesquels on n’aperçoit ni fibres ni nerfs distincts. C’est par le moyen de ces deux facultés que les ani- maux sentent, désirent et se procurent leurs besoins. Le plus irrésistible de tous est celui de la faim, qui ART, II, STRUCTURE DES ORGANES. 27 rappelle sans cesse à l’animal la nécessité de travailler constamment à accroître son corps ou à en renou- veler la substance en soumettant d’abord à la digestion les matières étrangères qui doivent fournir à cet ac- croissement et à ce renouvellement. Cette troisième fonction , la première de celles que nous appelons vitales, commence dans la bouche où les aliménts sont pris, et dans beaucoup d'espèces, mâchés et imbibés de liqueurs dissolvantes. De là , ils traversent le canal alimentaire, qui est plus ou moins long, plus ou moins contourné et dilaté, dont les parois sont composées de plusieurs tuniques continues et analogues à celles qui forment la peau extérieure du corps. Les membranes internes continues à Îa peau qui tapissent non-seulement l'intestin, mais le pou- mon, la vessie, la matrice, etc., portent le nom de muqueuses. Ces parois agissent d’une manière mécanique sur les substances qu’elles contiennent, par les contrac- tions légères des fibres qui les revètent, et d’une manière chimique, par les liqueurs qui s’y versent, mais on ne peut douter qu’elles n'aient en outre une action physiologique due à des causes plus cachées. — La première dilatation du canal alimentaire se nomme l'estomac. Il est quelquefois multiple, et ses parois produisent un suc qui réduit les aliments en une bouillie homogène pendant le séjour qu’ils y font. Le reste du canal porte plus particulièrement le nom de boyaux ou d’intestins. Yndépendamment des hu- meurs que leurs parois produisent , il y en à qui sont séparées de la masse du sang, par des organes sécré- toires et qui pénètrent dans l’intestin par des conduits 28 1” LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. particuliers. Les plus remarquables de ces organes sont le foie et le pancréas. Le premier sur-tout qui produit la bile, est toujours d’un volume considérable ; et indépendamment de l'effet de sa liqueur sur les in- testins, il en a ur autre très marqué sur le sang lui- même qu'il débarrasse par là de plusieurs principes. Le canal intestinal flotte généralement dans ‘une cavité close, et le péritoine où la membrane dite séreuse, qui tapisse cette cavité, lembrasse le plus souvent dans un de ses replis, le mesentere. Les cavités qui renferment le cœur ou le poumon, sont tapissées de même par une membrane séreuse dont le repli embrasse ces organes (le péricarde et la plevre). On a cru 1rop généralement que ces membranes formaient toujours des doubles sacs sans communication avec l'extérieur. Bichat, qui avait établi cette règle, cite lui- même l'exception Fe trompes de Fallope. Ii yena bien de plus apparentes dans divers poissons , où non- seulement le péritoine, mais le péricarde communi- quent avec le dehors. Dans les animaux inférieurs, Pappareil intestinal est souvent beaucoup plus simple, et se réduit à ur sac sans i$sue où l'entrée des aliments et la sortie des ex- créments se font par la même ouverture. C’est dans les instestins que la digestion s’achève et que les aliments sont transformés de manière à pou- voir fournir les éléments nécessaires à lPaccroissement ou au renouvellentent du corps : l’absorption , où en quelque sorte, le choix de ces éléments est faite, soit par les pores mêmes de ce canal dans les animaux qui n’ont pas de circulation ,'et dans ceux qui en ont une par des vaisseaux très déliés garnis de valvules qui les ART. II. STRUCTURE DES ORGANES, 29 portent dans le système général des vaisseaux nour- riciers. Ce sont les vaisseaux lymphatiques, qui, très distincts des veines sanguines dans les animaux voi- sins de l’homme, s’en rapprochent par degrés dans les animaux inférieurs, et ne peuvent plus en être distingués dans ceux dont le sang est blanc. Les vaisseaux lymphatiques et les veines sangui- nes ont des parois minces , sans fibres apparentes , et sont souvent garnis à l’intérieur de valvules toutes dirigées dans le sens que doit suivre le fluide qu’ils charrient , c'est-à-dire du côté du cœur. Les artères au contraire sont le plus souvent robustes et munies de fibres annulaires, mais n’ont point de valvules ; l'impulsion violente du cœur paraissant suffire pour imprimer au sang une direction constante. Mais le chyle, tel qu'il est produit par la digestion, n’est point encore en état de ramener le sang veineux à l’état de sang artériel, et pour lui rendre la faculté de nourrir les parties ; il faut qu'immédiatement après qu'il s’y est mélangé, lun et l'autre éprouvent le contact de l'air. C'est ce qui s’opère par la respiration. Les organes de cette fonction consistent en général, dans les animaux qui ont des vaisseaux sanguins, en une ramification de ces vaisseaux, qui multiplient leur surface à tel point, que presque toutes le; molé- cules du fluide ne sont séparées de l'élément ambiant, que par une pellicule assez mince pour ne pas en ar- rêter l’action. Cette ramification se fait sur les parois de certains feuillets dans les animaux aquatiques, et sur celles decertaines cellules dans les animaux aériens. Dans le premier cas, l'organe se nomme branchie ; dans le second, poumon. Lorsqu'il n’y a point de 50 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE! vaisseaux , l'air arrive dans toutes les parties du corps et agit sur le fluide nourricier à l’instant même où il se combine avec les parties du corps qu’il doit nourrir : c’est le cas des insectes où l'air pénètre par les rami- fications de vaisseaux élastiques appelés ttuchées. On sent aisément qu'il doit y avoir des organes muscu- laires appropriés à chacune de ces espèces de respira- tion pour attirer ou chasser le fluide ambiant vers l’éndroit où il doit agir sur le sang. C’est l'office des côtes, du diaphragme, des muscles du bas-ventre, des couvercles des branchies , et de plusieurs autres parties , selon les diverses espèces. L'air n’a pu être employé à la formation de la voix que dans Îles animaux qui respirent par des poumons cellulaires , parce que ce n’est que chez eux qu'il entre et sort par un tube unique et alongé. À un ou à deux endroits de ce tube se trouvent des membranes sus- ceptibles de tension, que Pair fait vibrer en passant contre elles et qui produisent alors les sons variés que nous appelons voix. Les animaux qui n’ont pas de voix proprement dite , ne sont pas pour cela tous dé : pourvus de la faculté âe produire un son; mais il a lieu chez eux par d’autres moyens. Le sang, comme nous l’avons dit, éprouve à son passage dans l'organe respiratoire, une espèce de combustion qui le débarrasse d’une partie de son car- boneen l’enlevant sous forme d’acide carbonique, et qui augmente par là la proportion de ses autres élé- ments. L'effet de cette opération sur l'air respiré est de le priver de son oxigène qui est le seul des fluides aéri- formes qui puisse servir à la respiration. Son effet sur. le sang est moins connu ; on lui attribue l'entretien a © ù ART. Il, STRUCTURE DES ORGANES. 51 de la plus grande partie de la chaleur: on sait aussi que dans les animaux à sang rouge il en rehausse la couleur , et lui donne la faculté de déterminer le cœur à se contracter. Il y a même lieu de croire que c’est cette action de lair sur le sang qui lui donne le pouvoir d'entretenir et de raviver dans les fibres chars nues leur faculté contractile. Mais le sang a besoin de pérdre encore d’autres principes : les reins qui en sé- parent l’urine et qui se trouvent dans tous les animaux àsang rouge, lui en enlèvent plusieurs par cette voie. Les différentes substances qui s’échappent par les pores de la peau , et celles qui coulent continuelle- ment par ceux du canal intestinal, et dont ‘une grande partie passe avec les excréments, le débarrasse des autres. Ces trois sortes d’excrétions se suppléent mutuellement jusqu’à un certain point , et paraissent* en cela tendre toutes à un but commun, celui de donner au sang les qualités nécessaires pour fournir à tout ce qui doit en être extrait pour la nutrition et pour les sécrétions. Tel est l’ensemble des organes qui constituent l’a- nimal considéré individuellement, et qui suffisent à son existence isolée, tant qu'il ne s’agit point de multiplier son espèce ; telle est , dis-je , leur en- semble dans les animaux d’un ordre élevé : maisil s’en faut bien qu’ils soient réunis dans tous les ani- maux. À mesure qu'on descend dans l'échelle des êtres, ils disparaissent successivement, et on finit par ne trouver dans les derniers des animaux que ce qui est nécessairement lié à l'idée d'animal , c'est-à= dire un sac sensible, mobile, et capable de digérer. En examinant bien la manière d’agir de tous ces 32 1” LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. organes , on s'aperçoit que tout ce qui se passe dans le corps animal s’opère par la combinaison et la de- composition des fluides qui y sont contenus. On donne à l’opération animale par laquelle un fluide est séparé d’un autre, ou est formé d’une partie des éléments de l’un mêlés avec une partie de ceux d’un autre , le nom de sécrétion , et on borne ordinairement ce nom à ceux de ces changements qui se font dans les diverses espèces de glandes , c’est-à-dire dans des tissus plus ou moins épais , dans lesquels les vaisseaux sanguins se subdivisent à l'infini pour laisser transsu- der de leurs extrémités, l'humeur que la glande doit séparer du sang et transporter par ces vaisseaux pro- pres au lieu de sa destination. Mais l’économie ani- male nous présente une foule d’autres transformations ou séparations d’humeurs qui méritent également ce nom. On ne peut guère concevoir que les nerfs agis- sent sur les fibres musculaires sans qu’il arrive un changement dans la nature d’un fluide qui serait con- tenu dans les uns par l’accession de celui qui trans- mettrait les autres, ni que les objets extérieurs agissent sur les nerfs autrement qu'en produisant un changement du même genre : ce fluide contenu dans le système nerveux aura dü être séparé du sang par le cerveau, et en général par tout l’organe médullaire. Le sang lui-même n'arrive à son état parfait qu'après avoir laissé une multitude de substances se séparer de lui dans les poumons, dans les reins , dans le foie, etc..et en avoir reçu d’autres qui elles mêmes avaient été séparées de la masse alimentaire par les vaisseaux lactés. Cette masse ne devient propre à fournir le chyle qu'après avoir reçu elle-même du sang des li- L] ART. 11, STRUCTURE DES ORGANES. 35 queurs diverses qui en ont été séparées par plusieurs organes , et le sang ne nourrit les parties qu’il arrose que par les molseules qui se séparent de sa masse aux extrémités des artères , dans le même temps que d’au- tres molécules se séparent des parties pour retourner à la masse du sang par les radicules des vaisseaux lymphatiques ou par celles des veines. Eu un mot, toutes les fonctions animales et vitales paraissent se réduire à des transformations de fluides ; et c’est dans la manière dont ces transformations s’opèrent que pit le véritable secret de la vie, comme c’est dans leur bon état et leur marche régulière que consiste la santé. Dans la difficulté jusqu'ici non surmontée de se faire une idée nette de ce grand phénomème ; de con- cevoir comment le foie, par exemple, extrait la bile du sang de la veine porte , comment les reins ex- traient l’urine du sang artériel, etc., on a employé des expressions figurées, on a supposé dans ces organes quelque faculté semblable à celle qui nous fait choisir nos aliments, par exemple, et c’est ce que l’on a appelé sensibilité organique ; Yon a aussi appliqué cette for- mule aux contractions des muscles involontaires, du cœur, de l'estomac, Mais il ne faut pas que l’on se fasse illusion, ces termes n’expliquent rien, ils impli- quent même contradiction : ce serait une sensibilité insensible , comme Bichat est sur le point de l'écrire sans oser achever (1), parce qu’en effet, son bon esprit (1) Anatomie générale, tp, txxxut, la contrrctilité insensible, la sensibi= lité ne MÈME NATURr. 1. J 34 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. Jui faisait sentir que ces mots trop employés depuis Bordeu, n'étaient que des mots vides de sens. S’il y a quelque espérance d'arriver jamais à la solu=. tion de ce problème, la voie eu sera sans doute indi= quée par ce grand fait Gécouvert de nos jours, que. le seul contact de deux corps hétérogènes peut ma- nifester un agent capable de changer toutes les affi- nités chimiques. Si nous napercevons pas d'une manière aussi claire l'intervention de la sécrétion, lorsque les ger- mes d'individus nouveaux se développent, sur ou dans le corps de leurs mères , on la retrouve du moins dans la manière dont se prépare la liqueur du mâle, qui, dans les espèces où l’accouplement est nécessaire, ex- cite ou occasione ce développement par sa présence; et comme ce développement lui-même se fait d’une manière semblable à l'accroissement ordinaire, il rentre dans la règle générale. Ces organes de la génération , les seuls dont il nous reste à parler , sont ceux qui préparent la liqueur pro- . lifique et la portent sur les germes, et ceux qui doivent produire ou développer les germes, les contenir et les vrotéger pendant les premiers temps de leur déve- loppement. Les premiers constituent le sexe mascu= lin, et les seconds le sexe féminin. Les testicules sont les glandes qui séparent la liqueur séminale ; plusieurs antres glandes préparent des hu- meurs qui doivent s’y mêler. La verge est traversée ar le canal de la semence : elle se gonfle par l’accu- mulation du sang qu'y produisent les nerfs excités par le désir, et devient par là en état de pénétrer dans le vagin, qui conduit à la matrice ou à l’oviduc= NS 7 ART. I1. STRUCTURE DES ORGANES. 35 les et d’y lancer le fluide qui doit réveiller les bhemes. L'opiductus , ou la trompe, reçoit l’œuf au mor où il se détache de l'ovaire, le conduit au dehors, sani- mal est ovipare , ou dans la matrice s’il est vivipare. Dans le premier cas, le petit germe se développe et tire sa nourriture d’une masse organique à laquelle il est attaché, et dont la matière s'emploie par degrés à l'accroissement de son corps, on le nomme vitellus, ou jaune de l’œuf. Dans le second cas, outre une masse semblable, mais qui dure beaucoup moins long- temps, il tire la plus grande partie de sa substance du corps de sa mère, par la succion d’un tissu considé- rable de vaisseaux qui tiennent à ceux de son propre corps : C’est le placenta. Dans lun et l’autre , le germe passe par plusieurs formes , avant d'arriver à celle qu’il doit conserver : d’abord très simple en apparence , ses diverses parties se montrent successivement, et ces métamorphoses ne sont pas toujours concentrées dans l'œuf ou dans la matrice ; les batraciens, par exemple, le plus grand nombre des insectes, en subissent de plus ou moins considérables , après être venus au jour. Mais il n’est pas vrai, comme on l’a dit, que les mé- tamorphoses des animaux supérieurs soient toujours une représentation successive des diverses classes in- férieures. Chaque animal est lui-même dès le germe, et ses caractères le classe se montrent presque dès les premiers instants où il apparaît à l’œil ; on voit les ver- tèbres , dès les premiers jours de lincubation d’un vertébré, etc. Nous ne termineros pas cet article, sans rappeler une règle qui n'est pas plus exacte que tant d’autres, quoique imaginée par un homme justement célèbre; À 36 1 LECON, ÉCONOMIE ANIMALE. celle d’après laquelle les organes des fonctions ani- males seraient toujours symétriques, tandis que ceux des fonctions vitales ou végétatives n’auraient point cette disposition. Ni l’une ni l’autre de ces lois n’est constante ; les cétacés, les pleuronectes , un grand nombre de mollusques et quelques crabes , ont des or- ganes animaux non symétriques. Plusieurs organes vi- taux, les branchies, montrent de la symétrie dans les poissons ; presque tous affectent la même disposition dans les insectes ; enfin , beaucoup d’autres articulés les ont dans une symétrie parfaite. ARTICLE IT]. TABLEAU DES PRINCIPALES DIFFÉRENCES QUE CHAQUE SYSTÈME D'ORGANES PRÉSENTE DANS LES DIVERS ANIMAUX, Déjà l’on a pu juger par l’article précédent , que ce qui est commun à chaque genre d'organes, considéré dans tous les animaux, se réduit à très peu de chose, et que les organes affectés au même emploi ne se res- semblent souvent que par l'effet qu’ils produisent. On a dû en être frappé sur-tout à l'égard de la respira- tion, qui s'opère dans les différentes classes par des organes si variés, que leur structure ne présente aucun point de ressemblance , et qu'ils n’ont de commun que le rapprochement de la molécule de Pélément ambiant avec celle du fluide nourricier. Les degrés divers de ART. III, DIFFÉRENCES DES ORGANES. 57 ces différences , dans les organes de même genre, sont précisément l’objet de l’anatomie comparée. C'est par leur appréciation qu’elle arrive, non-seu-- lement à expliquer la nature etles propriétés spéciales de chaque animal , objet des recherches qu’elle se pro- pose dans ses rapports avec l’histoire naturelle, mais encore à déterminer ce qui ne diffère point, ct par conséquent ce qui est essentiel à chaque fonction, ré- sultat définitif de ces mêmes recherches, dans ses rap- ports avec la physiologie. L'exposé rapide que nous allons faire des princi- pales de ces différences , sera donc pour ainsi dire, le plan général de ce cours. Les organes du mouvement nous présentent d’abord deux grandes différences dans leur position respective: tantôt les os forment un squelette intérieur, articulé, recouvert par les muscles; tantôt il n’y a point d’os intérieurs, mais seulement des écailles ou des coquilles qui recouvrent la peau, au dedans de la- quelle sont les muscles ; ou bien enfin il n’y a aucune partie dure qui puisse servir de levier ou de point d'appui dans les mouvements. Les animaux qui sont dans le premier cas, ont tous le corps soutenu dans son milieu, par une colonne formée de plusieurs pièces osseuses, empilées les unes sur les autres, et nommée épine du dos , ou colonne vertébrale : aussi portent-ils le nom d'animaux verté- brés : ce sont les mamnuferes, les oiseaux , les rep- Liles et les poissons. Les animaux sans vertebres, ou sont entièrement mous et sans aucune partie dure, comme les mol- lusques nus, les annelides , les vers intestinaux ; # Ê 38 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. beaucoup de zoophytes ; ou ont le corps et les mem- bres enveloppés dans des pièces écailleuses articulées les unes sur les autres, comme les crustacés, les in- sectes, et même certains zoophytes, tels queles astéries; ou bien sont enfermés dans des coquilles, comme les testacés ; ou bien enfin, ils ont une base Pierreuse ou cornée autour de laquelle ils se développent, comme les lithophytes , etc. C’est ensuite par le plus ou le moins de développe- ment de certaines parties, que les animaux de ces di- verses classes deviennent susceptibles des diverses sortes de mouvements; des surfaces étendues qui peu- vent choquer l'air , les mettent en état de voler; dés membres longs, repli” s'étendant avec vigueur et rapidité , leur donnent la faculté de sauter ; ils mar- chent sur des membres dont les flexions et ie exten- sions sont moins violentes, etc. Toutes ces différences et leurs effets, sont la partie de l'anatomie comparée qui se laisse le plus aisément rapprocher des sciences mathématiques. Les organes des sensations présentent plusieurs sortes de différences : les unes ont rapport à la par- tie interne du système nerveux, les autres aux sens extérieurs. Les premières montrent quatre modifi- cations principales : celle des animaux qui n’ont point de système nerveux apparent, et dans lesquels on ne découvre ni vaisseaux ni nerfs ou, lorsqu'on apperçoit des traces de ce système nerveux , il se trouve réduit à un simple anneau œsophagien, d’ou partent au moins deux cordons longitudinaux, sans aucun ganglion : ce sont les zoophytes où les polypes; celle des animaux dans lesquels il n’y a qu’un cerveau au-dessus du canal ART. III. DIFFÉRENCES DES ORGANES, 59 alimentaire , sans moelle épinière , et dont le reste du système nerveux consiste en ganglions et en filets diver- sement liés, mais contenus dans la même cavité que les autres viscères: cesont les nollusques; celle des animaux oùle cerveau, placé comme dans les précédents, produit deux longs filets, qui, après avoir entouré l’œsophage, marchent accolés l’un à l’autre, le long du ventre, _et s'unissent (l’espace en espace par des doubles gan- glions d’où partent les nerfs: ce sont les crustacés, les insectes , les annelides, les arachnides, en un mot, les animaux articulés ; enfin celle des animaux qui ont un cerveau et une moelle épinière du côté du dos, au-dessus du tube alimentaire, et renfermés dans un canal formé par la colonne vertébrale ; ce sont tous les animaux vertébrés. Les racines de leurs nerfs pa- raissent de deux sortes , les unes non soumises à la volonté, les autres y obéissant ; mais dans le plus grand nombre des nerfs ces deux sortes de racines se mélent, et les troncs qui en naissent sont composés des unes et des autres : les premières cependant, con- courent à la formation d’un grand nerf, qui marche de chaque côté dans la cavité des viscères, et qui est uniquement consacré aux organes des fonctions vitales. Il ne paraît pas que cette séparation des trois or- dres d'emploi du système nerveux, en volontaires, sensitifs et vitaux, ait lieu dans les trois premières mo- difications : c’est, comme toutes les autres divisions de fonctions , un indice de supériorité dans les ani- maux où elle existe. Les différences dans les sens extérieurs concernent leur nombre, ou le degré de perfection de chacun d'eux. 40 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. Tous les animaux vertébrés ont les mêmes sens que l’homme. La vue manque aux zoophytes, à la plupart des vers intestinaux , à divers annelides , à plusieurs larves d’in- sectes , aux mollusques acéphales. L’ouie, ou du moins des organes apparents d’audition , ne se retrouvent que dans un petit nombre de mollusques et dans certains crustacés ; cependant les insectes ne sont pas dépour- vus de la Roulté d’ouir. Les trois autres sens, et sur-tout le tousse et le goût, ne paraissent jamais manquer. Mais chacun de ces sens peut varier beaucoup par son énergie et par le degré de complication de ses or- ganes. La perfection du toucher, par exemple, dépend de la délicatesse des téguments extérieurs , de l’abon- dance de leurs nerfs, des appendices mobiles sur les- quels ils se prolongent, et de la division des extrémités qui exercent plus particulièrement ce sens , en s’appli- quant d’une manière plus ou moins exacte au corps que l’animal veut connaître. C’est sur-tout dans le nombre, la mobilité des doigts et la petitesse des ongles, que l’anatomiste trouve des différences im- portantes et dont il peut apprécier Îles effets. Les yeux peuvent être plus ou moins mobiles, plus ou moins couverts, plus ou moins nombreux; leur composition intérieure , le diamètre de leurs diverses parties, peuvent admettre plus ou moins de rayons de lumière, ou les rendre capables de s’adapter avec plus ou moins de précision à la vivacité de ces rayons ou à la distance des objets lumineux; des paupières, des glandes de diverses sortes, peuventleur offrir dans cer- taines espèces des protections qui leur manquent dans ARf« Ill. DIFFÉRENCES DES ORGANES. 4 d’autres. Les cavités remplies d’un liquide gélatineux où réside le sens de l’ouïe peuvent être plus ou moins nombreuses plus ou moins compliquées dans leurs cir- convolutions ; elles peuvent être enfoncées dans l’in- térieur du crâne, ou plus exposées au dehors; elles peuvent même être pourvues de cornets extérieurs mo- biles qui rassemblent et renforcent les rayons sonores. Les membranes dans lesquelles l’odorat réside , peu- vent être plus ou moins étendues d’après la complica- tion des parois qu’elles tapissent; celles qui sont le siége du goût, plus ou moins tendres et humides : mais ce n’est qu'aux articles particuliers de chacun de ces sens que nous pourrons nous étendre sur les différences qui en résultent. Les organes de la digestion offrent deux grandes dif- férences dans leur disposition générale. Dans certains animaux (la plupart des zoophytes) , les intestins for- ment un sac qui n’a qu’une seule ouverture, laquelle sert à la fois d’entrée aux aliments et d’issue aux excré- ments ; tous les autres ont pour ces usages deux ouver- tures distinctes aux deux extrémités d’un canal unique; mais les replis de ce canal peuvent être tels , que ces deux ouvertures soient plus ou moins rapprochées. Une autre différence qui influe beaucoup sur la nature des aliments appropriés à chaque espèce, c’est que dans certains animaux la bouche est armée de dents ou d’autres parties dures propres à broyer des substances solides, tandis que dans d’autres elle en est dépourvue : dans ce dernier cas, l'animal ne peut qu’avaler des corps entiers si sa bouche est large , ou seulement sucer des substances fluides si sa bouche est en forme de tube. La forme de ces dents influe elle-même beau- coup sur la nature des corps que l'animal peut sou- 42 1"* LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. mettre à sa mastication ; et le reste du canalalimentaire est aussi très différent en structure, selon les différentes matières que la bouche peut lui envoyer ; de là, la plus ou moins grande longueur de ce canal, le nombre plus ou moins grand des estomacs et des cœcums, etc. Tout ce détail doit être renvoyé aux articles particu- liers. Les liqueurs qui doivent aider à la digestion peuvent différer pour le nombre et pour la nature des organes qui les produisent. Le pancréas n’existe que dans les vertébrés , le foie, que dans les vertébrés et les moilus- ques ; ils sont remplacés dans les insectes par des vais- seaux propres, mais libres ; ils disparaissent dans les z00phytes. Le chyle, produit par l’action des organes digestifs sur les substances alimentaires , est transmis aux par- ties de deux manières différentes: on il transsude sim- plement au travers des parois du canal intestinal pour baigner tout intérieur du corps, ou bien il est absorbé par des vaisseaux particuliers qui le portent dans la masse du sang. Le premier cas est celui des zoophytes, et, selon moi, aussi celui des insectes ordi- naires, qui ne paraissent avoir aucune sorte de vais seaux propres à la circulation. Quant aux autres animaux, savoir, les mollusques et tous les animaux à vertebres qui ont des vaisseaux absorbants , ils offrent deux nouvelles différences. Les derniers ont le sang rouge, et la Iymphe et le chyle blancs; les autres ont presque tous ces deux fluides de la même couleur. Les animaux vertébrés eux-mêmes différent entre eux par la couleur du chyle, qui est blanc opaque dans les mammifères, et transparentcomme d’autre lymphe - ART. III. DICFÉRENCES DES ORGANES. 43 dans les oïseaux , les reptiles et les poissons. Aussi ces trois dernières GAssés n'ont-elles point de glandes con- globées à leurs vaisseaux chylifères » tandis qu’elles sont très nombreuses dans la première. La circulation du sang fournit dans ses orvanes des différences très importantes. D'abord il y a des ani- maux, les énsectes et les zoophrytes , où le fluide nour- ricier n’est point renfermé dans des vaisseaux clos , et quoique müû dans différents sens n’a point de vraie cir- culation. Ceux qui en ont une Pont double ou simple. Nous nommons circulation double celle ou aucune partie du sang veineux ne peut rentrer dans le tronc artériel qu'après avoir fait un circuit particulier dans l'organe de la respiration , qui doit être formé des ex- pansions de deux vaisseaux , l’an artériel, l’autre vei- neux , à peu près aussi peu chacun, quoique moins longs que les deux principaux vaisseaux du corps. Telle est la circulation de l’homme , des mammifères, des oiseaux , des poissons et de beaucoup de mollusques. Dans la circulation simple, une grande partie du sang veineux rentre dans les artères sans passer par le poumon, parce que cet organe ne reçoit qu'une expan= sion d’une branche du tronc artériel ; telle est la circu- lation des reptiles. Il y a encore d’autres différences dans l’existence et la position des cœurs ou des organes musculaires des- tinés à donner l'impulsion au sang. Dans la circulation simple, il n’y en à jamais qu'un, mais lorsqu'elle est double, il y en a quelquefois à la base de l’artère prin- cipale , et à celle de l'artère pulmonaire ; d’autres fois, il n’y en a qu’à l’une des deux seulement. Dans le premier cas, les deux cœurs ; ou plutôt les 44 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. deux ventricules, peuvent être unis en use seule masse, comme dans l’homme, les mammifères et les oiseaux ; ou bien ils peuvent être séparés, comme dans les sèches. Dans le cas où il n’y a qu’un seul ventricule il peut être placé à la base de l'artère du corps, comme dans les crustacés et la plupart des mollusques; ou à la base de l'artère pulmonaire, come dans les poissons. Les organes de la respiration sont également féconds en différences remarquables. Lorsque l’élément qui doit agir sur le sang est de l'air atmosphérique, il pé- nètre dans l’intérieur même de l'organe respiratoire ou du poumon , mais lorsque c’est de Ven , elle glisse simplement sur une surface plus ou moins multipliée, par sa répartition en feuilles, en houppes et en franges ; c’est ce qu’on nomme des branchies. On en trouve dans les poissons , dans les crustacés et dans beaucoup d’an- nelides et de mollusques. Les reptiles batraciens exercent pendant un certain temps , et même quelques-uns pendant toute leur vie, la respiration aquatique par des branchies , et la res- piration aérienne par des poumons ; mais c’est par er reur que l’on a prétendu attribuer la même faculté aux crustacés. Pour la respiration aérienne, fair pénètre dans le corps par une seule ouverture ou par plusieurs. Dans le premier cas, ou le canal qui a reçu l'air se divise et se subdivise en branches qui se terminent dans de petites cellules réunies ordinairement en deux masses, que l'animal peut comprimer ou dilater, et c’est ce qui a lieu dans les mammifères, les oiseaux et les reptiles, ou bien il n’y a qu’un orifice qui donne dans une cavité unique comme dans quelques mollusques. ART. II. DIiFFÉRENCES DES ORGANES. 45 Lorsqu'il y a plusieurs ouvertures, ou les vaisseaux qui reçoivent l'air se ramifient à l'infini pour le porter à tous les points du corps sans exception : c’est ce qu’on nomme la respiration par des trachées, et ce qui se voit dans lés insectes ; ou bien ces orifices conduisent non pas dans des trachées , mais dans des cavités que l'on peut appeler pulmonaires: c’est le propre des arachnides. 1 paraît que quelque chose de semblable a lieu aussi dans certains annelides. Enfin la plupart des zoophytes n’ont aucun organe spécial de la respiration. Dans les échinodermes, seule ment, il parait que cette fonction s’exerce, mais d’une manière assez obscure, par la pénétration de l’eau dans l'intérieur du corps. Les organes de la voix ne présentent que deux dif- férences qui puissent être regardées comme générales, elles dépendent de la position de la glotte où se forme le son. Dans les oiseaux, elle est au bas de la trachée ou du tube qui conduit l'air à l’endroit où il se divise en deux branches pour aller aux poumons: dans les quadrupèdes et les reptiles , elle est au haut de la tra- chée, à la base de la langue. Il n'ya que ces trois classes qui aient une pglotte ; mais les autres animaux produisent des sons par d’au- tres moyens. Tantôt ils y emploient le frottement de certaines parties élastiques , tantôt le battement de quelques autres parties dans l'air, ou même le mou- vement rapide de certaines portions d’air qu’ils re- tiennent en quelque endroit de leur corps. La génération nous fournit des différences de deux genres. Les unes sont relatives aux actions qui l’occa- sionent, les autres à son produit. 46 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. Dans un petit nombre d'animaux qui appartiennent presque tous à la classe des zoophytes, la génération se fait sans aucun accouplement, et le jeune animal croît sur le corps de l’adulte comme un bourgeon sur un arbre. Les autres ne produisent qu’en vertu d’une fécondation et sont par conséquent pourvus des deux sexes; mais ces deux sexes peuvent être séparés dans des individus différents, ou réunis dans le même. Ce n’est que dans des mollusques, des zoophytes et des annelides que ce dernier cas a lieu: tous les animaux à vertèbres et les insectes ont les sexes séparés. Les animaux qui sont hermaphrodites peuvent se satisfaire seuls , comme les coquillages bivalves : ou bien ils ont besoin d’un accouplement réciproque, dans lequel chacun des deux individus fasse à la fois les fonctions de mâle et de femelle; c’est ce qui arrive dans les limaçons et les autres mollusques qui rampent sur le ventre. La fécondation n’a pas tou- jours besoin d’accouplement ; elle peut se faire hors du corps de la femelle et sur des œufs qu elle a déjà pondus. Plusieurs reptiles batraciens et la plupart des poissons l'exécutent ainsi. Le produit de la génération est , ou un bourgeon qui se développe en un animal, lequel demeure quelque temps sur Île corps dont il provient, et en forme comme une branche; ou bien un fœtus qui se déve- loppe dans la matrice à laquelle il s'attache par un plexus de vaisseaux qui lui transmettent les sucs de sa mère, etqui en sort vivant ; ou enfin un fœtus enve- loppé dans une coque, avec une substance qui lui adhère par des vaisseaux , et qu'ii doit absorber avant que d’éclore. Ce sont les générations gemmipare , vivi- se ART. IN. DIFTFTÉRENCES DES ORGANES. 45 pare et ovipare, La première n’a lieu que dans quel- ques zoophytes et quelques vers articulés ; la seconde, que dans l’homme et les mammifères seulement; la troisième est commune à tous les autres animaux; et lorsque leurs petits sortent vivants de leur corps, comme cela arrive dans la vipère, c’est que les œufs sont éclos dans l’oviductus: on nomme cette forme particulière ovo-vivipare. He Enfin, si nous considérons les états par lesquels le jeune animal est obligé de passer avant de devenir lui-même propre à perpétuer son espèce , nous trou= vons encore deux principales différences : les uns ont subi leur métamorphose dans le sein de leur mère ou dans l’intérieur de l’œuf, et ont à peu près en naissant Ja forme qu'ils conserveront toujours, à quelques par= ties peu considérables près qui devront encore se développer , ou qui devront changer leurs propor- tions : les autres ont au contraire, méme après être venus au jour, une forme toute différente de leur état parfait, et doivent non-seulement produire et déve- lopper des parties nouvelles, mais encore en perdre des anciennes; ce sont les animaux qui doivent subir une métamorphose. On n’en a observé encore que parmi les insectes et parmi les reptiles batraciens , c'est-à-dire , les grenouilles et les salamandres, | Pelles sont les principales variétés que nous offrent les organes affectés à chacune des fonctions animales. Nous devons encore en observer une bien impor tante qui s'étend à plusieurs de ces fonctions : c’est celle qui concerne les organes sécrétoires. Dans les quatre classes d'animaux à vertèbres , et dans celle des mollusques , ce sont où des glandes , ou au moins des expansions de vaisseaux sanguins. 43 T° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. “ Ce nom de glandes leur est appliqué en particulier lorsqu'ils forment des corps d’une certaine épaisseur. Cest ce qui n'arrive point dans les insectes, qui n’ont pour organes sécrétoires que des tubes plus ou moins longs qui attirent, dans le tissu spongieux de leurs parois , toute la partie qu’ils doivent séparer de la masse du fluide nourricier. On connait bien peu encore les organes sécrétoires des zoophytes, si toutefois ils eu ont de particuliers. ARTICLE IV. TABLEAU DE L'INFLUENCE MUTUELLE DES VARIATIONS DANS LES DIVERS SYSTÈMES D'ORGANES. L'article précédent nous a fait connaître les prinei- pales différences dont les organes affectés à chaque fonction animale sont susceptibles, dans leur struc- ture , ou dans leur manière d'agir. Le nombre de ces différences aurait été beaucoup plus grand, si nous avions pu , comme nous le ferons par la suite, entrer dans le détail, et descendre aux choses moins impor- tantes ; cependant, telles que nous les avons énon- cées,, on voit qu’en supposant chacune de celles d’un organe unie successivement avec celle de tous les autres , On produirait un nombre très considérable de combinaisons, qui répondrait à autant de classes d'animaux ; mais ces combinaisons , qui paraissent ART. 1V. RAPPORTS DES ORGANES. 49 possibles , lorsqu'on les considère d'une manière abs- traite, n'existent pas toutes dans la nature; parce que, dans l’état de vie, les organes ne sont pas sim- plement rapprochés , mais qu'ils agissent les uns sur les autres , et concourent tous ensemble à un but commun. D’après cela les modifications de lun d'eux exercent une influence sur celles de tous les autres. Celles de ces modifications qui ne peuvent point exister ensemble , s’excluent réciproquement, tandis que d’autres s’appellent , pour ainsi dire , et cela non- seulement dans les organes qui sont entre eux dans un rapport immédiat, mais encore dans ceux qui paraissent, au premier coup d'œil, les plus éloignés et les plus indépendants. En effet , il n’est aucune fonction qui n'ait besoin de l’aide et du concours de presque toutes les autres, et qui ne se ressente plus on moins de leur degré d'énergie. "La respiration , par exemple , ne peut s’opérer qu’à laide des mouvements du sang, puis qu’elle ne consiste que dans le rapprochement de ce fluide avec l’élément environnant; or,comme c’est la circulation qui imprime les mouvements au sang, elle est, pour ainsi dire, un moyen nécessaire pour procurer la respiration. La circulation elle-même a sa cause dans l’action musculaire du cœur et des artères ; elle ne s’opère donc qu’à l’aide de l'ivritabilité. Celle-ci à son tour, tire son origine du fluide nerveux , et par conséquent de la fonction de la sensibilité , qui remonte par une espèce de cercle à la circulation , cause de toutes les sécrétions , et de celle du fluide nerveux comme des autres. 1, 4 50 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. Que serait la sensibilité, si la force musculaire ne venait à son secours jusques dans les moindres cir- constances ? À quoi servirait le toucher, si on ne pouvait porter la main vers les objets palpables ? Et comment Verrait-on , si on ne pouvait tourner la tête ou les yeux à volonté ? C’est dans cette dépendance mutueile des fonctions et dans ce secours qu’elles se prêtent réciproquement, que sont fondées les lois qui déterminent les rapports de leurs organes, et qui sont d’une nécessité égale à celle des lois métaphysiques où mathématiques : car il est évident que lharmonie eonvenable entre les organes qui agissent les uns sur Îes autres , est une condition nécessaire de l'existence de l’être auquel ils appartiennent, et que si une de ces fonctions était modifiée d’une manière incompatible avec les modi- fications des autres, cet être ne pourrait pas exister. Nous allons présenter les principaux de ces rapports en comparant deux à deux les diverses fonctions ani- males. Ainsi, pour commencer par un des plus évidents, nous venons de voir que le mode de Îa respiration est dans une dépendance constante de la manière dont se fait le mouvement du fluide nourricier. Dans les animaux qui ont un cœur et des vaisseaux, ce fluide se rassemble continuellement dans un réservoir central , d’où il est lancé avec force vers toutes les parties : c’est toujours de ce réservoir qu'il arrive, et ilretourne toujours à ce réservoir avant de revenir aux parties, Il pouvait donc être exposé dans un point quelconque de ce cercle à Paction de Pair: et i en effet, avant de se rendre par l’aorte et ses rameaux ART. IV. RAPPORTS DES ORGANES. 51 aux parties qu'il doit nourrir, il commence par faire un tour dans les poumons ou dans les branchies pour y subir cette action. Mais il n’en était pas de même dans les animaux qui, comme les insectes, n’ont ni cœur ni vaisseaux : leur fluide nourricier n’est pas renfermé dans des vaisseaux clos, il n’a point de mouvement circulatoire , il ne part point d’une source commune , et il n’était pas possible que sa prépara- tion s’opérât dans un organe séparé avant qu'il se distribuât dans le reste du corps, puisque, sorti comme une rosée des pores du canal intestinal , il baigne continuellement toutes les parties , et qu elles y puisent sans cesse les molécules qui doivent s’inter- poser entre ceiles qui ies constituent déjà. L'action de l'air ne pouvait donc s’exercer qu’au lieu et au mo- ment même de cette interposition ; et c’est ce qui arrive très parfaitement par la disposition des tra- chées, n’y ayant aucun point du corps des insectes où les fines ramifications de ces vaisseaux aériens n’abou- tissent et où l'air n’aille immédiatement exercer son action. Comme nous voyons clairement les causes de ce rapport entre les organes de ces deux fonctions, nous sommes autorisés à présumer que d’autres rap- ports également constants qui existent entre elles, sont aussi fondés sur quelques causes du même genre , quoiqu elles ne soient pas aussi évidentes pour nous. Cest ainsi que parmi les animaux qui ont des vais- Seaux , et qui jouissent d’une double circulation , ceux qui respirent l’air immédiatement en le recevant dans les cellules de leurs poumons ont touJaurs les deux troncs de leurs artères rapprochés, et armés de ventris cules musculaires unis en une seule masse, tandis que VA Le Y 52 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. ceux qui nerespirent que par l'intermède de l'eau qu'ils Û font passer entre Îles feuillets de leurs branchies, ont toujours ces deux troncs séparés, soit que lun et lau- pire soientpourvus de ventricules, commedanslessèches, soit qu'il n yen ait qu’à ad un des deux seulement, comme dans les poissons où ce ventricule est à la base - tère branchiale, et les crustacés où il est à la base de celle du co ps. q On aperçoit un peu mieux la raison des rapports qui lient l'étendue et le mode de la respiration aux diverses espèces de mouvements généraux dont chaque animal est susceptible, et qui font que l'air leur est d’autant plus nécessaire, queleur manière de se mouvoir les met à même de s’en procurer davantage , ou, ce qui revient au même, que ceux qui peuvent le plus aisément cher- cher l'air pur, sont précisément ceux qui ont le plus be- soin de le respirer. Les expériences modernes ont montré qu’un des prin- cipaux usages de la respiration est de ranimer la force musculaire, en rendant à la fibre son irritabilité épuisée; et nous voyons en effet que parmi les animaux qui res- pirent l'air immédiatement, ceux qui ont Ja circulation double; et dont chaque HA MP de sang veineux ne peut retourner aux ne awapiès avoir TT c’est- à-dire les oiseaux et les Det Lo non-seuiement 5€ tiennent toujours dans l'air mème et s’y meuvent avec plus de force que les autres animaux à sang rouge , mais encore que chacune de ces classes jouit de la faculté de se mouvoir précisément dans le degré qui correspond à la quantité de sa respiration. Les oiseaux, quisont, pour ainsi dire, toujours dans l'air, en sont autant imprégnés au dedans qu’au dehors: / AE. IV, RAPPORTS DÉS ORGANES. 3 nonsseulement la partie cellulaire de leurs poumons est fort considérable, mais ces organes ont encore des sacs ou des appendices qui se prolongent par tout le corps. Aussi lesoiseaux consomment-ils , dans un temps donné, une quantité d'air beaucoup pins grande, à proportion de leur volume, que les quadrupèdes; et c'est à sans doute ce qui donne à leurs fibres une forcei instantanée si prodigieuse; c’est ce qui a rendu leur chair propre à entrer comme puissance motrice dans des machines, qui, pour être soutenues Gans l'air par les simples vibrations des ailes, exigeaient des mouve- mens si violents. Les maromifères semblent tenir, pour la force des mouvements et pour Ja quantité de la respiration, une espèce de milieu entre les oiseaux et les reptiles, qui forment l'extrémité oppose La respiration semble n’é- tre pour ces derniers qu'une chose accessoire ; ils peu- veñtsen passer presque aussi fong-temps qu'ils veulent: leurs vaisseaux pulmonaires ne sont que des branches des grands troncs. Aussi, d’une part, leurs organes du mouvement les réduisent-1ls à rester contre terre dans les endroits obscurs et étouffés au milieu des miasmes ; leur instinct les porte à s’enfermer souvent dans des cavités où l'air ne peut se renouveler, où même à s’enfoncer sous les caux pendant une grande partie de année : et, de l’autre part, leurs mouvements sont assez généralement lents, er ils passent une partie de leur vie dans un repos complet. Et comme c’est une des conditions de l'existence de tout animal , que ses besoins soient proportionnés aux facultés qu'ilia pour les satisfaire , l'irritabilité s’épuise d'autant moins aisément que la respiration est moins \ 54 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE, efficace et moins prompte à la réparer. Cest ce qui fait qu’elle se conserve si bien dans les reptiles, et que leurs chairs palpitent silong-temps après qu’ils sont morts, tandis que celles des animaux à sang chaud perdent cette faculté en se refroidissant. Ce rapport du degré de la force motrice avec la quantité d'action de l'élément ambiant, se trouve con-. firmé par lexemple des poissons , qui, ayant le sang froid comme les reptiles, ont aussi comme eux peu de force musculaire, et une irritabilité susceptible desse conserver Pa. : il ne faut pas que la vélocité avec laquelle plusieurs d’entre eux nagent, fasse illu- sion à cet égard, parce que se trouvant dans un élément aussi pesant qu'eux , ils n’ont aucune force à employer pour se soutenir. É Au reste, si leur No à le même résaltat 4 que celle des reptiles, c’est par d’autres moyens qu’elle y arrive. Leur circulation est double, à la vérité, comme dans les animaux à sang chaud; mais comme il n°y a que Pair mêlé à l’eau qui agisse sur leur sang , le peu d'activité de l'élément a besoin d’être compensé par le prompt retour des molécules du sang dans l'organe pülmonaire : et nous trouvons encore ici un nouveau rapport entre les modifications des organes respira= toires et de ceux de la circulation; c’est que les ani- maux, de quelque classe qwils soient, qui respirent par des branchies et par lintermède de l’eau, poissons, mollustues, crustacés, ont tous la circuiation double, tandis que parmi ceux qui respirent l'air lui-même, il y en a plusieurs qui Vont simple, savoir ceux qui n'avaient pas besoin d’une irritabilité excessive : mais il paraît qu'un degré au dessous aurait été insuffisant L ART, IV. RAPPORTS DES ORGANES. 55 à l'entretien de la force musculaire, et que la réunion deces deux modesqui affaiblissent, l’un et l’autre, l'effet de la respiration , aurait empêché le renouvellement de l’énergie de la fibre. + Le système nerveux a aussi des rapports avec la respiration, relativement aux variétés qu’on observe dans l’une et l’autre de ces fonctions. Les sens exté- rieurs sont beaucoup moins énergiques, et le cerveau -beaucoup moins grand, dans les animaux à sang froid où il n’occupe souvent qu'une petite partie du crâne, que dans ceux à sang chaud où le crâne est fort grand et où il remplit toute la cavité. C’est sans doute le peu de mobilité de la bre qui exigeait ce peu d'activité dans les organes qui la mettent en jeu ; des sensations vives et des passions fortes auraient épuisé trop vite les forces musculaires : et voilà comment les modifi- cations des organes des sens se trouvent liées média- tement à celles des organes de la respiration. | La digestion elle-même n’est pas exempte de rapport avec la respiration : celle-ci étant une des fonctions qui consomment et expulsent avec le plus de rapidité une partie des substances dont notre corps est com- posé, les forces digestives sont généralement d’autant plus. puissantes que la respiration est plus complète, afin que la quantité des molécules qui arrivent soit proportionnée à celle des molécules qui s’échappent. C’est pour ainsi dire, par l’entremise de ces liaisons qui existent entre les mod Écaliène des organes de la respiration , et celles des organes de plusieurs autres fonctions, qu'une partie de ces derniers se trouvent avoir entre eux des rapports que rien ne semblait d'abord nécessiter. Voilà pourquoi les oiseaux ont en 56 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. général Pestomac le plus robuste et la digestion la plus prompte, voilà pourquoi ils répètent si souvent leurs repas ; tandis que les reptiles , qui semblent en tout point leurs antipodes parmi les animaux à sang rouge, nous étonnent par ie peu d'aliments qu’ils prennent , et la longueur des jeunes qu’ils peuvent soutenir. Ce n’est point par la nature des organes du mouvement qui caractérisent ces deux die , que ces différences dans les forces digestives sont nécessitées; mais bien par celle des organes de la respiration , dont les modi- fications sont en rapport immédiat avec celles des organes du mouvement. On sent aisément que ces deux degrés si différents de force digestive dépendent de deux dispositions éga- lement différentes dans les organes alimentaires, et que chacune de ces dispositions ne pourra coexister qu'avec celle qui Ini correspondra dans les organes respiratoires ; et celle-ci étant toujours liée avec une disposition également déterminée dans ceux du mou- vement, dans ceux des sensations, dans ceux de la circulation, ces cinq systemes d'organes sont pour ainsi dire , tous régis et gouvernés par chacun d’eux en particulier. Au reste, le système des organes digestifs a aussi des rapports immédiats avec ceux des organes du mou- vement et de la sensibilité : car la disposition du canal alimentaire détermine d’une manière absolue l’espèce d'aliments dont l’animal peut se nourrir, et on sent que s’il ne trouvait pas dans ses sens et dans ses organes du mouvement les moyens de distinguer et de se procu- rer ces sortes d'aliments, il ne pourrait subsister. Ainsi un animal qui ne peut digérer que de la chair ART, IV. KAPPORTS DES ORGANES. J7 doit, sous peine de destruction de son espèce, avoir la faculté d’apercevoir son gibier, de le poursuivre, &e le saisir, de le vaincre, de le dépecer. [ lui faut donc, de toute nécessité, une vue perçante, un odorat fin, une course rapide, de l'adresse et de la force dans les pattes et dans les mâchoires. Ainsi jamais une dent tran- chante et propre à découper la chair ne coexistera dans la même espèce avec un pied enveloppé de corne qui ne peut que soutenir l’animal, et avec lequel il ne peut saisir. De là, la règle que tout animal à sabot est herbivore ; et ces règles encore plus détaillées, qui ne sont que des corollaires de la première, que des sabots aux pieds indiquent des dents molaires à couronne plate, un canal alimentaire très long, un estomac ample et multiple , et un grand nombre de rapports du à même genre. Ces lois, qui déterminent les rapports des systèmes d'organes affectés aux différentes fonctions , exercent également leur puissance sur les différentes parties d’un même système, et en lient les variatious avec la même force. C’est sur-tout dans le système alimentaire, dont es parties sont plus nombreuses ct plus distinctes que ces règles trouvent des applications plus évidentes. La forme des dents, la longueur, les replis, les dila- tations du canal alimentaire, le nombre et labon- dance des sucs dissolvants qui s'y versent, sont toujours dans un rapport admirable entre elles et avec la nature, la dureté et la dissolubilité des matières que l'animal mange , au point que l’homme exercé, qui connaît une de ces parties, peut aisément deviner la plupart des autres, et qu'il peut même, d’après les règles précédentes, étendre ses conjectures aux organes des autres fonctions. 58 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. La même harmonie existe entre toutes les partiés du système des organe du mouvement. Comme il n’y en a aucune qui n ’apisse sur les autres et qui n° éprouve leur action, sur-tout lorsque l'animal semeut en enticr, toutes Lie formes sont en rapport. Il n’est presque aucun 05 qui varie dans ses facettes, dans ses cour- bures, dans ses proéminences, sans que les autres subissent des variations proportionnées; et on peut aussi, à la vue d’un seul d’entre eux, conclure jusqu’à un certain point celle de tout le squelette. Ces lois de coexistence que nous avons indiquées jusqu'ici, ont, pour ainsi dire, été déduites, par le raisonnement, des connaissances que nous avions de l'influence réciproque des fonctions et de l’usage de chaque organe. L'observation les ayant confirmées, nous nous trouvons en droit de suivre une marche inverse dans d’autres circonstances ; et lorsque l’obser- vation nous montre des rapports constants de forme entre certains organes, nous devons en conclure qu’ils exercent quelque action l’un sur l’autre ; nous pouvons même être menés par là à des conjectures heureuses sur les usages de l’un ou de l’autre. C’est ainsi que la grandeur plus considérable du foie dans les animaux qui respirent moins, et son absence totale, ou du moins sa conformation toute différente , dans les insectes dont la respiration est la plus complète qu’il soit possible, puisque tout leur corps est, pour ainsi dire, un poumon, ont fait penser que le foie supplée jusqu’à un certain point à ce dernier organe, en enle- vant comme lui au sang ses deux principes combus- tibles. Cest ainsi qu’on se rend raison de la blancheur et de l’opacité du chyle dans certains animaux, tandis ART. IV. RAPPORTS DES ORGANES. 59 ue dans d’autres il est aussi transparent que la lymphe, lorsqu'on sait que les premiers sont précisé- ment tous ceux qui ont des mammelles, et qui allai- tent leurs petits. C’est même principalement par l'étude approfondie de ces rapports, et par la décou- verte de ceux qui nous ont échappé jusqu’à présent que la physiologie a le plus d'espoir d'étendre ses limites : aussi doit-elle regarder l'anatomie comparée comme une des plus riches sources de son perfection- nement. Aureste, en demeurant toujours dans les Re que les conditions nécessaires de l’existence prescrivaient, la nature s’est abandonnée à toute sa fécondité, dans ce que ces conditions ne limitaient pas; et sans sortir jamais du petit nombre des combinaisons possibles, entre les modifications essentielles des organes impor- tants, elle semble s’être jouée à l’infini dans toutes les parties accessoires. Îl ne faut pas pour celles-ci qu'une forme, qu'une condition quelconque soi: nécessaire ; il onhle même souvent, qu'elle n’a pas besoin, d'être utile pour être réalisée : il suffitqu’elle soit possible $ c’est-à-dire, qu’elle ne détruise pas l’accord de l'en- semble. Aussi trouvous-nous, à mesure que nous nous éloignons des organes principaux , et que nous nous rapprochons de ceux qui le sont moins, des variétés plus multipliées ; et lorsqu'on arrive à la surface, où la nature des choses voulait que fussent D a pla- cées les parties les moins essentielles et dont la lésion est la moins dangereuse, le nombre des variétés de- vient si considérable, que tous les travaux des na- turalistes n’ont pu encore parvenir à en donner uneidée, Dans toutes ces combinaisons, il s’en trouve nécès- Co 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. sairement beaucoup qui ont des choses communes, et il y en a toujours .un certain nombre, qui ne dif- fèrent que très peu; en sorte qu’en plaçant les unes auprès des autres celles qui se ressemblent le plus, on peut en établir une espèce de suite, qui paraîtra s'éloigner comme par degrés d’un type primitif. C’est sur ces considérations que reposent les idées que cer- tains naturalistes se sont formés d’une échelle des êtres qui les rassemblerait tous en une série unique , com- mençant au plus parfait, et finissant au plus simple, à celui qui serait doué des propriétés les moins nom- breuses et les plus communes, et telle que l'esprit pas- serait de l’un à l’autre, sans presque apercevoir d’in- tervalle, et comme par nuances insensibles. En effet, en restant dans certaines limites, et sur-tout en consi- dérant chaque organe isolément , et en le suivant dans toutes Îles espèces d’une classe , on le voit se dégrader avec une uniformité singulière , on l'aperçoit même encoreen partie, et comme en vestige, dans les es- pècesiou il n’est plus d'aucun usage ; en sorte que la nature semble neŸy avoir laissé, que pour demeurer fidèle à la loi de ne point faire de saut. Mais, d’une part, les organes ne suivent pas tous le même ordre de dé- gradation : tel est à son plus haut desré de perfection dans unc espèce, et tel autre l’est dans une espèce toute différente; de manière, que si on voulait ranger les espèces , d’après chaque organe, considéré en particu- lier, il y aurait autant de séries à former , que l’on au- rait pris d'organes régulateurs , et que, pour faire une échelle générale de perfection, il faudrait calculer l'effet résultant de chaque combinaison , c’est ce qui n’est presque pas possible. ART. IV. RAPPORTS DES ORGANES, Gi À D'un autre côté , ces nuances douces et insensibles s'observent bien , tant que lon reste sous les mêmes combinaisons des organes principaux, tant que ces “grands ressorts centraux restent les mêmes. Tous les animaux chez lesquels cela a lieu, semblent formés sur un plan commun, qui sert de base à toutes les petites modifications extérieures : mais du moment où on passe à ceux qui ont d’autres combinaisons princi- pales, il n’y a plus de ressemblance que dans les éléments des organes, et dans ce qui est essentiel à l’a- nimalité, en sorte, que l’on ne peut mécounaitre l’in- tervalle ou le sant le plus marqué. C'est aussi pour s'être tenus à la comparaison des formes les plus voisines , que des naturalistes plus ré- cents ont mis en avant tant d’autres prétendues lois générales qui n’ont pas supporté d'avantage l'examen, Ainsi quelques ressemblances de proportion du cer- veau des fœtus de mammifères, avec cengies vertébrés ovipares, la multiplication des os du crâne, dans ces fœtus, analogue à quelques égards , avec ce qui a lieu dans une partie de ces mêmes ovipares , la disposition des organes de la circulation et de la respiration dans les poissons, assez semblable à ceile des lézards, des batraciens, et une analogie plus légère dans celle des embryons d'oiseaux et de mammifères avec celle des poissons, et dans leur fœtus avec celle des reptiles, quelques autres rapports de ce genre entre certains or- ganes, ont fait dire que les classes inférieures surtout, étaient en quelque sortedes fœtus des supérieures. Bien plus, l’on ne s’en est pas tenu à cet egard aux animaux vertébrés, aux reptiles et aux poissons; l'embryon dans les premiers moments, ne montrant qu’une forme G2 ‘ LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. alongée, sans membres apparents, ona cru ÿ voir un ver ou un insecte. En un mot, l’on avait étendu cette loi jusqu’au dernier des animaux: le mammi- fère devait passer par toutes les formes des autres ani- maux, avant que d'arriver à la sienne ; les classes in- fériés n'étaient que des arrêts darts le développe- ment de l’animal général ; l'animal parfait contenait tous les autres , etc. Ces idées qui s’adaptaient à des systèmes métaphy- siques, qui ont eu pendant quelque temps de la vogue en Allemagne, y ont acquis de l'empire. On a exposé avec complaisance des faits qui leur paraissaient favo- rables, et on a gardé le silence sur ceux qui lesrenver- sent, jusqu'à ce qu'enfin des hommes plus sévères. dans leurs observations, ont de nouveau fait “Es loir la vérité. : Mais quelque erronées qu’elles fussent, encore, ces idees avaientaglles quelque chose de glasble, et elles formaient un ensemble ME lié à de hautes concep- tions philosophiques. Il n’en est pas de même de celles qui ont été momentanément avancées en France, d'une prétendue unité de plan et de composition dans tous les animaux. Jamais on n’a pu obtenir une définition claire dece que ces mots voulaient dire ; la seule qui ait été donnée de l'unité de composition, Le méme nobmre de parties disposées dans le inéme ordre, a dù être retirée sur- le-champ ; elle ne se vérifiait pas même ( comme nous le verrons) d’un mammifère à l’autre, pas même sur une seule partie de leur corps, encore moins d’une classe de vertébrés à l’autre ; et elle devenait tout=à- fait absurde, appliquée aux mollusques et aux z00- phytes. LÀ ART. ave RAPPORTS DES ORGANES. 65 uant à l'identité de plan, les efforts dive ses éga- t malheureux que l’on a faits pour trôuver de l’analogie , seulement entre la disposition des parties des insectes et celle des vertébrés, analogie qui, au premier coup d'œil, semblait se présenter avec assez de faveur, prouvent de reste combien cette pensée ‘était fausse : aussi n’est-on pas allé plus loin ; on n’a pas même osé tenter un rapprochement HE pour les zoophytes; il aurait trop ar le simple bon sens. Une troisième prétendue loi, celle dei constance des connexions, aurait contraint la nature à placer les parties analogues , dans la même position relative ; mais on ne conçoit pas , Comment elle a pu être mise en avant, à tant de reprises et avec tant d’emphase, à la vue d'animaux tels que les mollusques, ou les or- ganes les plus importants, sont dans les situations les plus contraires ; où le cœur est tantôt du côté du ventre, tantôt du côté du dos , tantôt près de la tête, tantôt à l’autre extrémité du corps , etc. Toutes ces vues n’ont donc été engendrées, que par une considération superficiellede ressemblances réelles entre des ètres voisins, et par l'ignorance ou par l’ou-- bli complet de ce qui s’observe dans des êtres plus éloignés. Nous devons dire même, que ces ressem- blances entre les êtres voisins ont été fort exagérées dans exposition, et qu'on a cherché à les maltiplier par des hypothèses insoutenables. Néanmoins, les peines que l’on s’est données pour les établir, n’ont pas été tout-à-fait perdues pour la science, et on a découvert ainsi plusieurs faits intéressants, quiseraient peut-être demeurés long-temps ignorés, si l’on n’eût GA ° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE, été incité à leur recherche, par Ja passion du système. Ce qui reste de vrai, après tant d’écrits et de dis- cours, c’est ce que nous avions dit dans cet article à lorsque nous le publiâmes, il y a maintenant trente- deux ans,et avant toutes ces tentatives soi-disant philosophiques ;.que la nature inépuisable dans sa fé- condité ,et toute. puissante dans ses œuvres , si ce n’est pour ce qui implique. contraciction , n’a été arrêtée dans les! innombrables combinaisons A formes dor- ganes et de fonctions qui composent le règne animal, que par les incompatibilités phy siologiques; elle a réa- lisé toutes celles de ces combinaisons quine répugnent pas, et ce sont ces répug nances, ces incompatibilités, cette impossibilité de faire coexister telle modification avec telle autre, qui établissent entre les divers grou- pes d'êtres, ces séparations , ces hiatus qui en mar- quent les limites nécessaires, et qui constituent les embranchements, les classes, les ordres et les familles naturelles , ainsi que nous l’allons voir dans l’article D 4 suivant. ARTICLE V. DIVISION DES ANIMAUX D'APRÈS L'ENSEMBLE DE LEUR ORGANISATION. P'anatomie comparée ayant pour but d'indiquer les différences que présente chaque organe considéré dans tous les animaux, son exposition serait très lon- ART. V. DIVISION DES ANIMAUX, 65 gue et très embrouillée , si on était obliré de nommer chaque fois tous Îes animaux dans lesquels tels ou tels organes ont une structure uniforme. Îl serait beaucoup plus commode d’en indiquer la totalité sous un nom de classe ou de genre qui les comprendrait tous : mais, pour que cela se pût, il faudrait que tous les animaux qui composent un genre ou une classe eussent de la ressemblance, non pas dans un organe seulement, mais dans tous ou le plus grand nombre; autrement on se- rait obligé d'adopter des classes et des genres nouveaux et une nomenclature particulière , chaque fois que l’on traiterait d’un nouvel organe; ce qui produirait une confusion plus grande que celle qu’on voulait éviter. Cest cependant ce qui arriverait, si on prenait les ca- ractères de ses subdivisions des différents degrés dans des propriétés , dans des organes, ou dans des modifi- cations d'organes choisis au hasard et arbitrairement. Pour peu que l'organe qu’on aurait choisi se trouvât être parmi les moins importants, parmi ceux qui ont le moins d'influence sur Pensemble, il n’y aurait pas de raison pour que les autres organes se ressenblassent dans tous les animaux où celui-là se ressemblerait : ainsi, on ne pourrait rien affirmer touchant ces autres organes , qui convint à toute une des classes on à tout un des genres d'animaux que l'on aurait distingués par des caractères pris dans cet organe peu important. Supposons, par exemple, qu'on ait divisé les ani- maux en volatiles, en terrestres et en aquatiques À comme on le faisait autrefois ; il se trouverait dans la première classe, outre les oiseaux ordinaires , des mam- mifères (les chauve-souris ), des reptiles (le dragon), des poissons ( les diverses espèces de poissons volants), I. 5 66 E: LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. et une multitude d'insectes. [l en serait de même, plus ou moins, des deux autres classes. Ainsi, lorsque l’on aurait à parler d’un de leurs organes, de celui de la respiration, par exem ple, on ne trouverait pas une seule qualité qui püt lui être attribuée dans toute une classe, ni une qui füt affectée exclusivement à l’une des trois à l'exclusion des deux autres. Cet exemple est propre, par son évidence, à montrer de quelle importance il est de bien choisir les caractères de ses divisions ; car, quoiqu’on ne fasse plus aujour- d’hui , dans la formation des méthodes et des systèmes d'histoire naturelle, des fautes aussi grossières que celle-là , plusieurs naturalistes n’ont pas laissé d’adop- ter , même dans ces derniers temps, des divisions qui ont aussi, dans le détail, de ces sortes de résultats. Le but de toute bonne méthode est de réduire la science à laquelle on l'applique , à ses moindres ter- mes, , en élevant les propositions qu’elle comprend à la plus grande généralité dont elles soient susceptibles. Ainsi, pour en avoir une bonne en anatomie comparée, il faut qu’elle soit telle, que l’on puisse assigner à cha- que classe et à chacune des subdivisions, des qualités communes touchant la plus grande partie des organes. On peut arriver à ce but par deux moyens différents, qui peuvent se servir de preuve et de vérification l’un à l’autre : le premier , et celui auquel tous les hommes ont dù avoir recours naturellement, c'est de passer de l'observation des espèces à leur réunion en genres et en collections d’un ordre supérieur, Suivant séni on s'y voit conduit par l'ensemble de jeursattributs; le second ; que Ja plupart des naturalistes modernes ont employé, est de fixer d'avance certaines bases de division, d’après ART, V. DIVISION DES ANIMAUX. 67 lesquelles on range les êtres à mesure qu’on les observe. Le premier moyen ne peut tromper ; mais il n’est applicäble qu'aux êtres dont on a une connaissance parfaite. Le second est d’un usage plus général, mais il est sujet à erreur. Lorsque les bases qu’on a adoptées ne rompent point les combinaisons auxquelles l’ob- servation conduit, et lorsque ces bases sont indiquées par les résultats de lobservation , les deux moyens se trouvent d'accord, et on peut être certain que la méthode est bonne. Mais , dans le cas où il n’est pas possible d’empioyer le premier moyen, il faut calculer par le raisonnement la valeur de ses bases ; et c’est là que l’importance des organes dans lesquels on les prend est d’un grand secours. Les naturalistes n’ont pas ignoré ces principes; et c’est sur ces considérations qu'ils ont établi leurs distinctions entre les organes du premier, du second, du troisième rang , etc. Mais ils auraient dù porter plutôt leur attention sur les fonctions elles-mêmes que sur les organes : car toutes les parties, toutes les formes, toutes les qualités d’un organe du premier rang, ne sont pas éga- lement propresà fournir des caractères pour les classes supérieures ; cesont seulement celles de ces formes et de ces qualités qui modifient d’une manière importante la fonction à laquelle cet organe est affecté, celles qui lui donnent , pour ainsi dire , une autre direction et d’autres résultats. Toutes les autres considérations auxquelles un organe, de quelque rang qu’il soit, peut donner lieu , ne sont d'aucune importance tant qu'elles n'influent pas directement sur les fonctions D, G$ T° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. qu'il exerce. C'est ce qui a éraré quelques naturalistes , qui ont cru que tout était important dans un organe important ; et qui ont bouleversé sans raison des divi- sions bien faites. Au reste , ce n’est pas ici le lieu de nous apesantir sur ces principes , et encore moins de les appliquer : la formation des méthodes est l’objet de l’histoire naturelle proprement dite ; l’anatomie les reçoit pour ainsi dire, toutes faites, c’est d’elle qu’elle prend ses premières directions; mais elle ne tarde pas à leur rendre la lumière qu’elle en a reçue d’abord; elle est même la plus forte épreuve de leur bonté ; et, c’est en appliquant une méthode d’histotre naturelle à l'anatomie comparée , qu'on est bientôt en état de reconnaitre si elle s’écarte ou non de la marche de Ja nature. Nous allons donc porter nos regards sur l’ensemble du règne animal , et reconnaître ce que les familles des divers rangs qui le partagent ont chacune de com- mun dans leur organisation. Cette revue générale nous est encore nécessaire pour une autre fin : dans les descriptions que nous ferons dans la suite de ce cours, des différents organes et de leurs conformations variées , nous serons à chaque instant obligé de citer les divers genres et les diverses familles d'animaux ; il faut donc que nous en ayons au moins une connais- sance sommaire , et c’est ce que nous procurera l’exa- men que nous allons en faire. Lorsque l’on embrasse ét que l’on compare dans son ensemble la totalité du règne animal , on recon- nait qu'il existe non pas un, mais quatre plans, quatre formes générales d’après lesquelles tous les ani- maux semblent avoir été modelés , et dont les divi- ART, V. DIVISION DES ANIMAUX, 69 sions ultérieures, de quelques noms que les naturalistes les aient décorées, ne sont que des modifications fondées sur le développement ou sur l’addition de quelques parties, mais qui ne changent rien à l’es- sence du plan. L’on se rend promptement compte de cette ressemblance lorsque l’on examine le système nerveux : il est le même dans chaque forme; or, comme nous l'avons vu, le système nerveux est au fond tout l’animal; ses deux fonctions, le senti- ment et le mouvement volontaire constituent l’ani- malité; les autres systèmes ne sont là que pour le servir ou pour l’entretenir: il n’est donc pas étonnant qu'il soit l'organe régulateur, et que la disposition du corps entier soit en harmonie avec la sienne. Ces quatre grandes divisions, ou, comme je les appelle, ces quatre embranchements sont : Les animaux vertebres , qui ont un cerveau , une moelle épinière enveloppés dans le crâne et le. canai vertébral ; un nerf grand sympathique, un cœur, des poumons ou des branchies, et le sang rouge. Leur corps est symétrique à peu d’exceptions près ( les pleuronectes, quelques cétacés). Les animaux mollusques qui n’ont point de canal vertébral ni de moelle épinière ; mais où le cerveau placé en travers sur l’œæsophage, et l'entourant d’un collier, donne des filets qui se répandent dans ie corps et y produisent des ganglions épars ; leur corps mou par lui-même, mais souvent protégé par des coquilles, wa point d’articulations ni de membres articulés , et nest pas toujours symétrique ; ils ont un cœur , et quelquefois plusieurs ; des branchies on une cavité pulmonaire ; des glandes sécrétoires et excrétoires de diverses sortes. 70 J'° LECON. ÉCONOMIE. ANIMALE. Les animaux articulés qui n’ont point de canal vertébral ni de moelle épinière ; mais où le cerveau placé en travers sur l’œsophage donne deux filets qui se rapprochent en dessous pour marcher longitudina- lement le long du ventre, se renflant d’espace en es- pace en ganglions d’où partent les nerfs : leur corps symétrique est toujours divisé en sewmens transver- saux ; il a le plus souvent des membres, et même des membres articulés ; leurs organes de circulation et de respiration varient, et il y en a une classe dont le sang est rouge. La circulation manque même dans les insectes. Les animaux raÿonnés ou zo0ophytes , qui n’ont point de cerveau ni de moelle épinière, ni de ganglion, et où presque toujours les nerfs manquent évidem- ment. Leur corps a d'ordinaire des formes rayonnées; ils manquent de cœur et de circulation complète; le plus souvent, ils n’ont même aucune apparence de vaisseaux : leur respiration, quand ïls ont quelque chose d’approchant , se fait par des moyens différents de celle des autres animaux. Mais il faut observer que si nous énonçons successi- vement les noms et les caractères de ces quatre embran- chements, nous n’entendons point leur attribuer une préémiuence de rang absolue. Quoique les vertébrés soient, en général, plus complétement organisés que les autres, il serait possible que l’on trouvât l’ammocète inférieur au calmar, et quoique les animaux incontes- tablement les plus simples appartiennent à l’embran- chement des zoophytes, nous ne voudrions pas soutenir que loursin ou Pholothurie füt de tout point inférieur au ver de terre ou à la sangsue ; encore moins vou- drions nous mettre l’écrevisse au-dessous de l’huître ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. 71 ou au-dessus du calmar : en un mot, il y a une sorte de parallélisme au moins entre l'embranchement des mollusques et celui des articulés ; et les têtes de tes deux colonnes peuvent bien être comparées pour la perfection. Cette observation s'applique aux subdivisions de chaque embranchement ; il y en a dont rien ne justi- fierait la primauté sur les subdivisions voisines , et ce sont autant de preuves de l’impossibilité de ranger les animaux sur une seule ligne, d'en former une seule échelle. Les animaux du premier embranchement, les ver- tébrés, ont toujours un squelette intérieur articulé dont le principal soutien est une colonne composée d’an- neaux appelés vertèbres, dans le canal desquelles est renfermée la moelle épinière. À son extrémité anté- rieure est la tête, dont le crâne, continuation dilatée de la cavité de l’épine, renferme l’encéphale ; son ex- trémité postérieure se prolonge le plus souvent pour former la queue; les côtes qui manquent rarement, s’attachent aux deux côtés de cette colonne. Il n’y a jamais plus de quatre membres, dont il peut manquer cependant une paire , quelquefois même les deux. L’encéphale se compose toujours de masses paires, plus ou moins prononcées, dont l’ensemble est nommé plus spécialement cerveau, et d’une masse impaire appelée cervelet. La moelle alongée qui vient du cer- veau et du cervelet est le cormencement de la moelle épinière. Les sens sont toujours au nombre de cinq; dont ceux de la vue, de Podorat et du goût ont toujours leurs organes logés dans les cavités de la face, partie 72 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. deïla tête située sous le crâne: l’ouie a les siens dans les parois du crâne, ou même dans son intérieur. Les nerfs de ces quatre sens sortent immédiatement du crâne; ceux qui viennent de la moelle épinière ont deux sortes de racines , ies antérieures, soumises à la volonté, les postérieures, consacrées aux sensations ; ces dernières contribuent par des filets à la formation d’un nerf qui se distribue à la plupart des viscères et communique par ses branches supérieures avec deux des nerfs du cerveau. Les yeux sont toujours au nombre de deux et mo- biles à volonté; l'oreille a toujours au moins trois ca- naux semi-circulaires ; le sens de l’odorat réside toujours exclusivement dans des fosses creusées au-devant de la tête. La circulation se fait toujours au moins par un ven- tricule charnu, et lorsqu'il y en a deux, ils ne sont jamais séparés. Les vaisseaux iymphatiquos sont dis- tincts des veines sanguines. Les deux mâchoires sont toujours horizontales, et la bouche s’ouvre par leur écartement de haut en bas. Le canal intestinal est continu depuis la bouche jusqu’à Vanus, qui est généralement situé derrière le bassin, c'est-à-dire, derrière la ceinture osseuse qui porte les extrémités postérieures. Les intestins sont entourés d’un sac membraneux, nommé péritoine, dont un repli les embrasse etles suspend. I! y a toujours un foicetun pancréas qui y versent des liqueurs dissolvantes, et une rate dans laquelle une partie du sang, qui doit se rendreau foie, subit une préparation préalable. Ce sang, destiné à la sécrétion de la bile a toujours circulé au- paravant dans les intestins, et après avoir été recueilli ART, V. DIVISION DES ANIMAUX. 75 dans la veine porte, sorte d’artère abdominale, se dis- tribue au foie comme s’il sortait d’une artère. Il y a toujours deux reins pour la séparation de l'urine, situés aux côtés de l’épine et hors du péritoine ; sur ces reins sont toujours deux corps dont l’usage est inconnu, et qu’on a nommés capsules atrabilaires. Les testicules sont toujours au nombre de deux, et les ovaires aussi, quoiqu'ils soient confondus dans les oiseaux. Ces animaux à vertèbres se subdivisent à leur tour en deux branches; les vivipares où mammifères, et les ovipares qui comprennent les oiseaux, les reptiles et les poissons. Les mammifères et les oiseaux ont le sang chaud, et comme tels ils ont toujours deux ventricules au cœur et une circulation double. [ls respirent par des pou- mons et ne peuvent se passer de respirer. Leur cerveau remplit exactement la cavité du crâne; leurs yeux se ferment par des paupières. Leur creiile a son tympan enfoncé dans le crâne ; toutes les parties du labyrinthe sont étroitement enveloppées par les os, et on y voit toujours, outre les canaux semi-circulaires , un organe à deux loges, analogue au limaçon. Leurs narines communiquent toujours avec l’arrière-bouche, et ser- vent au passage de Fair pour la respiration. Leur tronc est toujours environné de côtes, et ils ont presque tous quatre membres. Sous d’autres rapports, les oiseaux, en qualité d’ovi- pares , ressemblent davantage aux deux classes à sang froid. Les mammifères, seuls vrais vivipares, nourrissent leurspetits, dans le premier âge, du lait fourni par leurs 74 T° LECON. ÉCONOMIE ANIMADE. mamelles ; ils ont toujours une matrice à deux cornes; les mâles ont toujours une verge qu "ils peuvent intro- duire. Leur tête est portée sur la première vertébre par deux éminences. Les vertèbres du cou ne sont jamais moins de six, ni plus de neuf. Leur sternun est toujours formé d’une suite longitudinale d’os. Leur encéphale est plus compliqué que dass les autres animaux; la prenuère et la principale de ses masses paires, ou les hémisphères du cerveau, recouvre ou enveloppe les paires suivantes : il y a des parties qu’on ne trouve point dans les autres classes, telles que le corps calieux, la vote, le pont, etc. Leurs yeux n’ont que deux paupières ; leur oreille a quatre osselets articulés et un limaçon véritablement spiral : leur lanrue est entièrement molle et charnue , leur peau est recouverte de poils dans le plus grand nombre. : Leurs poumons sont étroitement renfermés dans la poitrine, qui est séparée de l'abdomen par un dia- phragme charnu imperméable. Ils n’ont qu’un larynx, situé à la base de la langue, et recouvert par une épi- glotte lorsque l’animal avale. Leur michäil inférieure est seule mobile , et com- posée seulement de deux pièces; toutes les deux sont garnies de lèvres. Leur canal biliaire et le pancréatique s’insèrent au même point. Leurs vaisseaux lactés charrient un chyle blanc laiteux, et ils traversent une multitude de glan- des conglobées situées dans le mésentère. Une mem- brane nommée épiploon , suspendue à l’estomac et aux parties voisines recouvre les intestins par devant. La ART: V. DIVISION DES ANIMAUX. 79 rate est toujours dans le côté gauche, entre l’estomac, les côtes et le diaphragme. Les trois classes de vertébrés ovipares ont plus de rapports communs qu’il n’y en a entre les deux classes à sang chaud. Leur cerveau n’a que des hémisphères très minces qui ne sont pas réunis par un corps cal- leux; on ne leur voit pas cette protubérance appelée pont de varole : les hémisnhères de leur cerveau n’en cachent point les autres masses paires et on les voit en arrière et sur le côté. Les lames de l’intérieur de leurs narines sont beaucoup moins compliquées ; leurs orbites ne sont séparés que par une lame verticale où une membrane ; leur oreille n’a point tant d’osselets ,'et en manque entièrement dans plusieurs ; leur mâchoire iuférieure , toujours composée de pièces assez nom- breuses, s’attache à un os distinct de celui du rocher; leurs os du crâne sont généralement plus subdivisés, même que dans le fœtus des mamifères ; ainsi le frontal Vest en cinq ou six pièces, etc. Dans ceux qui ont des poumons, ces organes ne sont pas aussi complétement séparés de l’abdomen par le diaphragme ; le larynx est plus simple et manque d’épiglotte, etc. , etc. Les oiseaux, en particulier, ont des caractères tels qu’il est impossible même d'imaginer des chainons intermédiaires qui passeraient d’eux à d’autres classes. La tête ne porte sur la première vertèbre du cou que par une seule éminence. Les membres de devant ne peuvent servir qu'à voler, et l'oiseau ne marche que sur ceux de derrière. En conséquence leurs vertèbres du cou sont très nombreuses pour que leur bec puisse atteindre à terre. Leur sternum est fort large, mais jamais formé d’une suite longitudinale d’os : lomoplate 76 1" LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. sy unit par un os coracoïdien très robuste ; leur membre antérieur est alongé en aile ; leurs tarses et métatarses ne forment qu’une pièce, et tout leur membre postérieur est constitué de façon à les soutenir puissamment dans la station. Leur corps est couvert de plumes. Leurs yeux ont trois paupières. Leur oreille n’a jamais de pavillon extérieur : son tympan n’a qu'un osselet; son limaçon est en cône légèrement courbé. Leur langue à un os intérieurement. Les poumons sont attachés aux côtes, et se laissent traverser par l'air qui communique dans tout le corps. La tra- chée a un larynx à chacune de ses extrémités; leur bouche est un bec revêtu de corne , sans lèvres, ni dents, ni gencives, dont les deux mandibules sont mobiles. Le pancréas et le foie produisent chacun plusieurs canaux excréteurs , qui entrent dans l'intestin par divers points. Le chyle est transparent, et il n'ya point de glandes mésentériques ni d’épiploon. La rate est au centre du mésentère. Les uretères aboutissent dans une cavité commune aussi aux excréments solides, et nommée cloaque. [l n’y a paint de vessie, ils n’ont qu’un oviductus qui aboutit auprès de l’anus, etc. Les ovipares à sang froid, sont les reptiles et les poissons. Les reptiles différent entre eux par des points très importants, et ils n’ont pas peut-être des propriétés et des parties communes en aussi grand nombre que les autres classes. [| y en a qui marchent, d’autres qui volent, d’autres qui nagent, et leurs membres et leurs sternums varient en conséquence. Un grand nombre ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. hi ne peut que ramper et n'ont point de membres ni de sternum, ou les ont seulement en vestiges. Leurs organes des sens, et sur-tout l'oreille , varient presque autant que ceux du mouvement ; elle n’a cependant jamais de vrai limaçon. Leur peau est ou nue, ou revêtue d’écailles. Leur cerveau est toujours très petit. Leurs poumons flottent souvent dans la mème cavité que les autres viscères , mais ne se laissent point tra- verser par l'air ; les cellules en sont fort grandes, Il n°y a qu’un larynx sans épiglotte. La mâchoire supérieure n’estpas mobile. [n’y a ni épiploon, ni glandes mésen- tériques; la rate est au centre du mésentère, ou rap- prochée du pylore et du pancréas. La femelle a toujours deux ovaires et deux oviductus. Il y a une vessie. Quelques reptiles, les batraciens, dans leur premier âge, respirent l’eau par des branchies suspendues à des appendices.de leur os hyoïde, et qui s’atrophient à mesure que leurs poumons se développent. Ils forment en cela une sorte de passage aux poissons. Les poissons respirent par des organes en forme de peignes, placés aux deux côtés de leur cou, sus- pendus comme ceux des batraciens, etentre lesquels ils font passer l’eau ; ils n’ont en conséquence ni trachée, ni larynx , ni voix. Leur corps est disposé pour nager; leurs nageoires manquent quelquefois. Outre les quatre qui représentent les membres, ils en ont de verticales sur le dos, sous la queue et à son extrémité, soutenues par des rayons dont les autres classes ne montrent point de vestiges. Leurs narines, placées dans des fossettes sans issue, ne servent point à la respira- tion ; leur oreille est entièrement cachée dans le crâne ; leur peau est nue, ou recouverte d’écailles ; leur 78 r LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. langue est osseuse ; leurs deux mächoires sont mobiles ; le pancréas est souvent remplacé par des cœcums ; il y a une vessie ; les ovaires sont doubles ; il n’y a d’ovi- ductus que dans quelques chondroptérygiens. Dans les derniers des poissons, les lamproies , le squelette est réduit à une mollesse extrême, on a peine à dis- tinguer le corps des vertèbres ; il y en a même un genre, les ammocètes où tout le squelette est à peu près membraneux. Les animaux du deuxième embranchement, ou les mollusques, ont le corps charnu, mou, sans membres articulés , quoiqu'il ait quelquefois en dedans des pièces dures, et qu’il soit souvent recouvert par des écailles pierreuses. Ils ont des vaisseaux artériels ‘et veineux, dans lesquels le sang subit une véritable cir- culation et même une circulation double, celle-ci lors- qu’elle n’a qu’ un ventricule, l’a toujours à l’aboutis- sant de la veine ou des veines pulmonaires et à la base de l'artère du corps. Ils respirent l’eau par des branchies en forme de peignes , de lames, où de panaches, ou bien ils offrent à l'air une cavité pulmonaire , mais dont les parois sont seulement tapissés d’un lacis de vaisseaux ; leur cerveau est une masse distincte , de laquelle partent des nerfs, et leur œsonhage est entouré d’un collier d’ouilen part d’autres. Ces nerfs se distribuent diversement , et ilya des ganglions nerveux en divers endroits du corps. Leurs sens extérieurs varient pour le nombre, quel- ques-uns ayant des yeux et des oreilles bien marqués, tandis que d’autres paraissent réduits au goût et au toucher. Îl y en a beaucoup qui peuvent mâcher, et d’autres qui ne peuvent qu'avaler, Leurs sécrétions se ART, V. DIVISION DES ANIMAUX. 79 font par des glandes conglomérées. [ls ont un foie vo- lumineux qui fournit beaucoup de bile, mais on ne leur voit point de pancréas, et ils m'ont pas de vais- seaux lymphatiques. Leurs classes ne sont ni moins nombreuses, ni moins distinctes que celles des vertébrés. La première, ou celle des céphalopodes , a le corps en forme de sac; un crâne cartilagineux renfer- mant le cerveau et contenant des oreilles; de grands yeux , autant et plus compliqués que ceux d’aucun ver- tébré; des organes du mouvement d’une structure toute particulière , entourant la bouche, et servant éga- lement à la natation, à la marche et à la station; un bec, formé par deux mandibules cornées; un gésier charnu ; des branchies ; trois cœurs , un aortique , deux branchiaux, des sexes séparés, etc., etc. ; leur coquiile est souvent cachée dans l’épaisseur du dos. La seconde, celle des gastéropodes, rampe sur le ventre pourvu à cet effet d’un disque musculaire, et n'a qu'un cœur aortique ; sa tête , simple production de son enveloppe générale, n’a que des tentacules médiocres , et de très petits yeux ; le cerveau n’a point d’enveloppe propre: il n'y a point d'oreille; les mâ- choires , la force de l’estomac, la longueur des intes- tins , la forme et la position des branchies, varient à l'infini; quelquefois il n'y a qu'une cavité pulmo- maire ; tantôt les sexes sont séparés, tantôt ils sont réunis dans le même individu, mais avec néces- sité d’accouplement réciproque ; quelquefois enfin , chaque individu peut se féconder lui-même. À cette classe appartiennent la plupart des coquilles unival- ves, et quelques multivalves; mais beaucoup de ces genres n’ont point de coquille du tout. 80 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. La troisième , celle des acéphales, n’a point de tête saillante; sa bouche s'ouvre sous un manteau ployé en deux, et quelquefois fermé par-devant ; il ya ni enveloppe propre au cerveau , ni oreilles ; les yeux lui manquent , son cœur est hortique ; ses branchies con- sistent en quatre grands feuillets vasculaires, entre lesquels est le pied, qui est quelquefois organisé en filière et quelquefois manque tout-à-fait. Tous ces animaux se fécondent eux-mêmes ; c’est à eux qu’ap- partiennent toutes les coquilies bivalves, et la plupart des multivalves; beaucoup de leurs espèces sont fixées et condamnées à vivresans mouvement. À ces trois grandes et principales classes des mol- lusques, il s’en joint cinq moins considérables ; les ptéropodes , dont le corps, en forme de sac, nage au moyen de lames latérales; leur cerveau n’a point d’en- veloppe, ils manquent presque toujours d’yeux , et n’ont que de petits tentacules , qui manquent même quelquefois. Leurs branchies varient en position, et sont quelquefois à la surface de leurs nageoires; ils n'ont qu'un cœur aortique , et leurs sexes sont réunis; il y en a de nus, et d’autres pourvus de coquilles. Les brachiopodes , qui ont deux longs bras frangés, roulés en spirale dans l’état de repos, et dont les bran- chies sont attachées à leur manteau ; le reste de leur organisation n’est pas suffisamment connu. Les cirrhopodes , remarquables par des tentacules articulés, cornés et ciliés, et par quelque ressem- blance de leur système nerveux et de leurs organes de la manducation, avec ceux des animaux articulés, ont d’ailleurs le corps sans articulations, des branchies sur les côtés,et un cœur aortique ; ils manquent d’yeux ART. V. DIVISION DES ANIMAUX, 8. et se fécondent eux-mêmes ; on n’en connaît que munis de coquilles multivalves , et qui vivent toujours fixés, Les biphores , dont le corps nu, en forme de sac ou- vert aux deux bouts , est traversé en écharpe, par un ruban vasculaire, qui est la branchie; ils n’ont point de tête saillante ; leur cœur est aortique ; ils nagent et passent une partie de leur vie réunis en groupes de diverses sortes. (1) Les ascidies , dont le corps toujours fixé et non sy- métrique , a deux orifices; un qui donne dans un grand sac branchial au fond duquel est la bouche; Pautre qui est l'anus. Plusieurs espèces se groupent ct s'unissent en masses comparables à celles de certains zoophytes. Le troisième grand embranchement , celui des ani- maux articulés , a toujours le corps symétrique , formé d’une suite d’anneaux de consistances diverses, ou à peu près égaux, ou enflés et étranplés dans diverses proportions; en avant est la tête, quelquefois cepen- dant soudée aux anneaux suivants, et qui porte, comme dans les vertébrés, les organes des sens et ceux de la manducation où de la succion ; les màchoires, lors- qu'il y en a, sont toujours latérales et se meuvent de (1) Le Bulletin des Sciences , tome IT, page 212, annonce que M, Van Hasselt a observé à Java sur la circulation de ces animaux , un fait, qui, lorsqu'il sera complétement connu, changera quelque chose à cet énoncé, Le cœur, après avoir , pendant un certain nombre de pulsations, poussé le sang dans un sens , le pousse , pendant un temps à peu près égal , dans l'autre sens ; de sorte que ce fluide parait n’éprouver qu'un mouvement de va et vient dans un seul ordre de vaisseaux. J'ai fait la même observa- tion sur les biphores de la Méditerranée ; mais je crois que le cœur est plus compliqué et que le phénomène de changement de direction du sang est plus complexe que M. Van Hasselt nele dit; car avant de pous- ser le sang dans une nouvelle direction , ie cœur éprouve un mouve- ment violent qui change la position relative de ses parties. M. Quoy na dit avoir, dans son dernier voyage , obseryé Ie méme fait. I. É 6 82 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. dehors en dedans ou de dedans en dehors ; le cerveau, toujours sur l’œsophage, donne, comme nous l’avons dit, deux filets qui se rapprochent en dessous , et marchent le long du ventre, se renflant d'espace en espace en gan- glions qui se soudent et d’où partent les nerfs. Leurs membres, leurs organes des sens , leurs organes de la circulation et de la respiration verre beaucoup, et ont motivé leur division en quatre classes biert tranchées. Ceux de la première, les annelides, ou vers à sang rouge , ont le corps mou, toujours dcsolepa de pieds articulés ; leur sang, pédévaléinent coloré de rouge, circule dans un Une double et clos dartères et de veines, quelquefois renforcés de ventricules charnus ; des soies ou des faisceaux de soies raides tiennent lieu de pieds à plusieurs. Il y en a qui ont leurs branchies en panaches ou en lamelles répandues uniformément sur toutes leurs articulations; d’autres où elles ne sont que sur quelques-unes ; d’autres où les organes respi- ratoires restent à la surface de la peau ou s’enfoncent dans l’intérieur; leurs yeux, quand ils en ont, sont simples ; mais quelquefois assez multipliés. Les organes de la génération sont fort variés. Les crustacés, qui forment la seconde classe , ont le corps revêtu d’articulations solides, [ls ont des mem- bres articulés souvent très nombreux ; le plastron de leur tête se prolonge dans plusieurs, pour recouvrir les branchies quiadhèrent aux anneaux suivants. On leur voit des yeux composés, durs , le plus souvent mobiles, et dans plusieurs il y a des oreilles, mais très impar- faites. Ils ont, pour le toucher, des antennes et des palpes comme les insectes ; leur circulation se fait par des vaisseaux artériels et veineux, et ils ont sur les côtés ou sous la queue, des branchies pour la respira- ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. 83 tion ; leur cœur est du côté du dos et aortique , c’est-à- dire , recevant le sang des branchies. Leurs mâchoires sont latérales, fortes et par paires souvent nombreuses ; dans plusieurs l'estomac a des dents à l’intérieur ; de nombreux cœcums réunis en groupe fournissent une humeur brune qui tient lieu de bile. Le mâle a géné- ralement deux verges , la femelle deux ovaires. Les arachnides forment la troisième classe : leur cœur est sur le dos et aortique; leur respiration est aé- rienne et se fait par des orifices latéraux qui donnent dans des poches ou les vaisseaux viennent ramper; leur tête est soudée au corselet ; ils n’ont que des yeux sim- ples et manquent d'antennes , mais leurs membres sont toujours articulés, leur bouche a toujours deux paires de mâchoires. Les insectes , qui forment la quatrième classe, sont pour la plupart encore soumis à des métamorphoses après leur éclosion. À leur état parfait , ils ont, comme les crustacés, des yeux composés, des membres arti- culés et des antennes, la plupart même ont des ailes membraneuses qui leur permettent de voler, mais ils n’ont point de vaisseaux sanguins, et ne respirent que par des trachées. Un vaisseau qui règne le lon de leur dos et qui a des contractions régulières, semble être un dernier vestige de cœur. Non-seulement le foie, mais toutes les glandes sécrétoires sont remplacés chez eux par de longs tubes qui flottent dans leur abdomen. La forme de leur canal intestinal est souvent très diffé- reute dans le même individu, selon ses trois états. Le quatrième embranchement , celui des z00- phytes, présente, dans l’organisation des animaux qui le composent, des desrés plus divers qu'aucun des 6. 84 [ LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. autres. Sa classe la plus compliquée, celle des échi- nodermes, a un intestin distinct, flottant dans une grande cavité, accompagné de plusieurs autres organes pour la génération, pour la respiration , et même pour une sorte de respiration partielle. Plusieurs de ses genres ont des organes du mouvement d’une espèce sin- gulière , et semblables à des'tentacules qui peuvent se gonfler ou se contracter, etc. La classe des vers intestinaux , qui parait, au pre- mier coup d'œil, semblable‘ à lextérieur, à celle des an- nelides, dont plusieurs genres ont même le corps divisé en segments, diffère cependant de tous les articulés, en ce qu'elle n’a ni double cordon garglionaire, ni organes He de circulation et de respiration. Leurs organes sont disposés longitudinalement, mais autour d’un axe, car ils ont au moins deux RE nerveuses Où tendineuses semblables, partant d’un collier autour de leur bouche; plusieurs ont pour bouche quatre orifices autour d’une proéminence épineuse ou couronnée de filets ; en un mot, ils montrent toujours quelque trace de la disposition rayonnante. Les acalephes ou orties de mer, ont l'intestin creusé et souvent ramifié dans un corps gélatineux, dont les parties minces , parcourues par les dernières ramifi- cations nourricières, sont le seul organe de la respira- tion. Leur bouche est généralement aussi leur anus. Elles tiennent de près aux polypes, ces animaux sim- ples, dont la bouche entourée de tentacules tient le plus souvent aussi lieu d’anus, mais où l'on ne voit des ramifications nutritives peu SAR PAINEES ou qui même ne montrent qu ’une substance kc moosène autour de leur cavité alimentaire. Ces grandes classes appartenant à chaque embranche- ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. 8) ment, se subdivisent elles-mèmes en familles d’un degré inférieur et fondées sur des caractères moinsimportants. Ainsi, la classe des mammifères nous présente d’abord un ordre dont les espèces sont privées de pieds de der- rière, et ont le cou si court et la queue si épaisse, qu’on les prendrait, au premier coup d’œil, pour des poissons: aussi se tiennent-ils constamment dans l’eau, quoi- qu'ils ne puissent respirer que l'air; mais dans ï plu- part lesnarines s’ ouvrentau sommet delatète, afin qu’ils puissent inspirer cet air sans faive sortir leur museau de l’eau, et ces narines servent aussi à expulser l’eau superflue qui entre dans leur bouche chaque fois qu’ils veuient avaler leur proie. Elles sont pas là moins pro- pres à exercer le sens de l’odorat, et les nerfs olfactifs manquent mème à quelques espèces. Les cétacés, c'est le nom qu’on donne à cet ordre de mammifères, ont la peau lisse, recouvrant un lard épais; point de pavillon à l'oreille; des dents qui servent à re- tenir la proie et non à la mächer, et qui dans les ba- leines sont remplacées par des lames de corne; un estomac multiple; un caual intestinal unifoime , sans cœcum , à l'exception des baleines, où il est distingué par un cœcum en gros et petit intestin ; des reins très divisés, des poumons et un foie dont les lobes sont peu nombreux, un larynx en forme de pyramide, qui va s'ouvrir dans les arrière-narines; des testicules cachés en dedans, et des mamelles situées aux côtés de la vulve. Leurs pieds de devant sont tellement contrac- tés, Les os et les articulations en sont tellement cachés sous la peau, qu’ils représentent des espèces de rames, uniquement propres à nager. Leur queue se termine par une nageoire horizontale. Parmi les autres mammifères qui ont tous quatre ex- 86 1 LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. trémités, il y en a un assez gränd nombre qui ont les doigts tellement enveloppés de corne, que ieurs pieds ne peuvent servir qu’à les soutenir dans la course et dans la marche. Ils sont tous herbivores , et ont en conséquence des dents disposées pour broyer les substances végétales ; leurs intestins sont très longs , et rendent leur ventre gros : ils forment trois familles. Celle des ruminants , qui est la plus nombreuse , a le pied fourchu : leur mâchoire supérieure manque de dents incisives ; elles y sont remplacées par un bourre- let de substance calleuse. Leur estomac est divisé en quatre cavités, et les aliments qui ont traversé les deux premières, reviennent à la bouche pour être mâ- chés une seconde fois. Leur canal intestinal est extraor- dinairement long, ainsi que leur cœcum ; Leur graisse devient dure et cassante par le refroidissement. Leurs mamelles sont situées entre les cuisses de derrière, La verge du mâle n’a point d'os à l’intérieur. Celle des pachydermes a plus de deux doigts aux pieds, des incisives aux deux mächoires et souvent d'énormes canines. Leur estomac a quelques étrangle- ments, mais il n’est point divisé en plusieurs poches, et ces animaux ne ruminent point. Leurs mamelles s’é- iendent sous le ventre lorsqu'elles sont nombreuses. Celle des solipèdes n'a qu’un doigt apparent à cha- que pied; des incisives aux deux mâchoires ; un esto- mac simple, petit, mais de très grosintestins, etsur-tout un énorme cœcum. Leurs mamelles sont dans laine, comme celle des ruminants. Les cétacés et ïes animaux à sabot, en général, ont le foie très peu divisé. Les mammifères, dont les doigts sont distincts, et seulement armés d'ongies à leur extrémité, présentent ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. : 8; aussi plusieurs familles, auxquelles on peut assigner des caractères communs, tirés de l’ensemble de leur organisation. La moins nombreuse et la moins parfaite est celle des paresseux. Plusieurs parties de leur corps s'opposent à la facilité des mouvements; leurs pieds de devant, d’une longueur disproportionnée, gênent leur marche; leurs doigts sont réunis par la peau jusqu’à la base des ongles el ne peuvent se mouvoir séparément. Les dents inci- sives manquent aux deux mâchoires. L’estomac est qua- druple, comme dans les ruminants, mais les aliments ne reviennent point à la bouche, et le reste du canal intes- tinal est court. Les mamelles sont placées à la poitrine. Une seconde famille, qui ressemble aussi à la précé- dente par le peu de liberté des doigts et par le défaut d’incisives , est celle des édentes ; plusieurs de leurs es- pèces manquent même absolument de dents. Leur esto- mac est simple; leurs mamelles sont sous l'abdomen ; ils ont tous le museau plus ou moins alongé, et plu- sieurs sont couverts d’armes défensives, comme des écailles , des cuirasses , etc. Les rongeurs forment une troisième famille de mam- mifères onguiculés, caractérisée par deux longues inci- sives à l'extrémité de chaque mâchoire, que suit un intervalle vide, sans canines. Cette organisation les force de limer leurs aliments , ou de les réduire enpetits fragments, au lieu de les couper en morceaux, comme font ceux qui ont beaucoup d’incisives courtes. Les rongeurs se nourrissent de matières végétales ou ani- males , ou mêlent les unes aux autres, selon que leurs molaires ont des couronnes plates, ou armées de pointes, ou seulement élevées en tubercules mousses. Leurs intestins sont longs , leur estomac simple; ils ont 88 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. presque toujours un grand cœcum. Leurs pieds de der- rière, généralement plus longs que les autres, leur donnent une marche sautillante ; quelquefois même ils sont si longs, que ces animaux ne peuvent employer ceux de devant à la marche. Les carnassiers, qui ne diffèrent pas beaucoup des rongeurs par la disposition de leurs ongles, ont une denture bien plus complète ; leurs incisives sont cour- tes et fortes, leurs canines grosses et pointues , et leurs molaires dentelées et tranchantes, et ces trois sortes de dents forment ensemble une série non interrompue. Le canal alimentaire des carnassiers est court; leur estomac et leur cæœcum petits. Ce dernier n'existe même pas dans ceux d’entre eux qui marchent sur la plante entière du pied , ou dont le corps très alongé est porté sur des pieüs très courts : tous ont le ventre plus ou moins grêle , à cause de la petitesse de leurs intestins. Les rr7ammiferes amphibies forment une petite tribu semblable aux carnassiers par beaucoup de circon- stances, mais dont les membres sont si courts qu'ils ne peuvent guère s’en servir que pour nager ; ils man- quent aussi de cœcum. On doit aussi distinguer les carnassiers insectivores, dont les mâchelières sont hérissées de pointes. Il en est quelques-uns dont les canines sont plus courtes que les autres dents; leurs intestins n’ont pas de cœ- cum, cependant le galéopithèque a des intestins et un cœcum aussi lougs que ceux des rongeurs. Ces deux familles, les rongeurs et les carnassiers, ont les mamelles situées sous le ventre, et l’urètre le plus souvent enveloppé en partie dans un os. Tous les quadrupèdes dont nous avons parlé jusqu'ici ont la verge renfermée dans un étui attaché au ventre. ART. V« DIVISION DES ANIMAUX: 89 Les chauve-souris sont encore une petite tribu assez semblable aux insectivores par ses dents et ses intes- tins, mais dont les doigts très alongés, ont leurs in- tervalles remplis , ainsi que ceux des membres, par une peau fine qui les met en état de voler. Elles n’ont point de cœcum. Leurs mamelles sont sur la poitrine, et leur verge est pendante. Ces deux dernières circonstances se retrouvent dans les quadrumanes, ceux de ious les mammifères qui ressemblent le plus à l’homme. [ls ont, comme lui, le pouce des mains séparé des autres doigts, et suscep- tible de leur être opposé lorsqu'il s’agit de faire quel- que opération délicate : celui des pieds l’est de mème ; mais il est plus court que les autres doists, qui sont aussi longs que ceux des mains. Les dents ressemblent à celles de l’homme; mais les canines sont plus alon- gées que les autres. Le canal alimentaire est composé , comme dans l’homme, d’un estomac simple, de petits et de gros intestins, et d’un cœcum le plus souvent gros et court, excepté dans quelques espèces. Le foie des animaux onguiculés est divisé en lobes plus nombreux que dans l’homme et les animaux à sabots. A côté de la série ascendante dont nous venons de parler, la classe des mammifères en présente une autre, celle des narsupiaux donttous les genres se distinguent par un utérus conformé de manière que les petits ne peuvent y prendre leur développement complet, et qu'ils en sortent à l’état d'embryon pour s'attacher aux mameiles de leur mère souvent situées dans une bourse formée par la peau à l'arrière de l'abdomen. Fous ces animaux ontau bassin deux os surnuméraires attachés au pubis. [ls sont aussi tous onuguiculés, mais par rap- port à leurs dents, les uns ressemblent aux insecti- 90 1” LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. vores, d’autres aux rongeurs, et d’autres ont des carac- tères intermédiaires. On a même découvert à la Nouvelle Hollande, des quadrupèdes couverts de poils, comme les mammifères, et ayant de même une double circulation complète et le sang chaud ; mais où l'existence des mamelles n’est pas encore bien constatée , et où l'utérus est conformé de manière que quelques naturalistes les soupçonnent d'être ovipares. Ce sont les #onotrèmes. La classe des oiseaux ne présente pas autant de ca- ractères anatomiques que celle des mammifères , pour distinguer en familles les espèces qui la composent. La forme de leurs pieds ne détermine pas, comme dans les quadrupèdes, le genre de leurs aliments, parceque la faculté de voler, et celle de nager et de plonger, leur donnent d’autres moyens de poursuivre leur proie. Les oiseaux de proie proprement dits, ne sont pas les seuls qui vivent de chair. On les distingue à leur bec et à leurs ongles crochus. Leur estomac est mem- braneux ; leurs cæœcums très courts ; leur larynx infé- rieur n’a qu’un seul muscle. Les oiseaux piscivores , de la famille des oiseaux de rivage, tels que les hérons, etc., ont un grand esto- mac membraneux , et un cœcum unique et très court. D’autres piscivores, de la famille des oiseaux na- geurs, les cormorans, pélicans , etc. , et de celle des passereaux, les rnartins-pécheurs, ont aussi un estomac membraneux. Îl se retrouve tel dans des oiseaux vivant de vers, comme les pics, etc.; mais il est très muscu- leux dans la plupart des autres oiseaux, et sur-tout dans ceux qui vivent uniquement de grains. Les autres parties intérieures ne fournissent point En ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. 9L des caractères assez saillants; ou bien ces parties n’exer- çant point une grande influence sur l’ensemble, elles sont trop variables dans leur structure. En nous bornant donc à la considération des organes du mouvement, nous trouvons, outre la famille des oiseaux de proie dont nous veñons de parler, celle des oiseaux nageurs, qui ont les pieds courts, palmés, le plumage serré, huilé, et qui se tiennent sur les eaux ; celle des oiseaux de rivage qui ont des pieds longs, les jambes nues par en bas, le cou et le bec alongés, et qui marchent à gué sur le bord des eaux, où dans les ruisseaux et les marais ; celle des gallinacés, qui ont les pieds courts, le vol pesant, ou même qui ne volent pas du tout , le bec court et voüté , et qui se tiennent à terre où ils vivent de grains ; ceux-ci ont un jabot très simple, un gésier fort charnu, des intestins et sur-tout deux cœcums très longs ; leur larynx inférieur n’a point de muscle propre. Leur sternum, formé originairement de cinq pièces, tandis que dans les autres il n’en a que deux, conserve toujours de grandes échancrures. La famille des grimpeurs se distingue par ses doigts disposés deux en avant et deux en arrière, et par la faculté que cette organisation leur donne de grimper dans toutes les directions sur les troncs des arbres. Il y en a parmi eux qui ont un estomac membraneux, et manquent de cœcum, les pics; d’autres l’ont musculeux et manquent également de cœcum, les perroquets ; d’autres enfin ont des cœcums et un gésier, les cou- cous ; les uns vivent d'insectes, les autres de fruits. Les genres très nombreux d’aiseaux qui n’ont pu entrer dans les familles précédentes , sont connus sous les noms généraux de passères et de coraces par les naturalistes, Il est difficile de leur assigner des carac- 92 TI LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. tères communs ; mais on peut encore établir parmi eux des tribus d’un ordre inférieur qui forment des réu- nions assez naturelles. Telles sont : celle des petits oi- seaux à bec fin, qui vivent d'insectes et quittent nos cli- mats en hiver; celle des petits oiseaux à gros bec, qui vi- vent de graines et dévastent les champs cultivés; celle des oiseaux à bec long et épais, qui vivent de fruits, de graines et de substances animales .et dont plusieurs ne dédaignent pas même les charognes, etc. Les reptiles se prêtent beaucoup mieux que Îles oi- seaux à une division régulière ; et d’abord , on pourrait en détacher, même comme une classe à part ,les ba- traciens qui ont la peau nue, pondent des œufs mous qui s’enflent dans l’eau , et d’ou sortent des petits, d’a- bord assez semblables à des poissons et respirant comme eux par des branchies , mais qui prennent par degrés la forme de leurs parents et la respiration pul= monaire. Cette famille est, à quelques égards, plus rap= prochée des poissons que les autres reptiles. Parmi les reptiles ordinaires, il y en a qui n’ont point de pieds, les serpents;la forme du corps est très alongée, celle des viscères correspond ; dans la plupart, les mâ- choires sont mobiles l’une et l'autre , et les deux bran- ches de chacune peuvent s’écarter au point que l’animal avale des corps plus épais que lui. La langue muscu- Jeuse et fourchue rentre et sort à volonté d’une sorte degaine; quelques-uns néanmoins ont les mâchoires non dilatables et la langue courte; maïs tous ont la peau écailleuse , l’estomac alongé, membraneux , le canal alimentaire court et sans cœcum ; les poumons très inégaux. Le mâle a deux verges hérissées de pointes : Ja femelle produit des œufs revêtus d’une coque, mais qui éclosent quelquefois dans l’oviductus. 2 ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. 99 Quelques genres, avec la forme alongée des serpents, ont la tête des sauriens , et même des vestiges de membres cachés sous la peau ; tels sont les orvets , les ophisaures ; dans d’autres on voit même en dehors ou les pieds de devant , ou ceux de derrière. La plupart des sauriens ont cependant quatre pieds ; leur peau est aussi écailleuse , et ils ont , comme les serpens, deux verges ; leurs mâchoires ne se dilatent point. On peut distinguer parmi eux les crocodiles , dont la tête, construite plus solidement, a les narines prolongées jusqu’au gosier et dont la verge est unique. Les tortues ou les chéloniens ont aussi la verge unique, et diffèrent d’ailleurs de tous les animaux par leurs côtes dilatées , soudées ensemble et avec les vertèbres, pour former une voûte sous laquelle se reti- rent la tête et les membres ; un sternum composé de neuf pièces forme le plastron du dessous de leur corps. Les muscles de leurs membres et de leur cou adhèrent au-dedans de ces deux boucliers ; mais ils sont en dchors des os qu’ils ont à mouvoir, ce qui ne permet pas de les rapprocher de ceux des insectes. Les sauriens , les crocodiles et les tortues pondent des œufs revêtus d’une coque; leur cœur, sur-tout celui des deux derniers , est plus compliqué que celui des batraciens et que celui des poissons , sans permettre toutefois une circulation entièrement double. Les poissons se distinguent en deux subdivisions principales , très différentes en nombre et qui doivent être considérées comme parallèles pour le rans ; car dans celle des chondroptéry giens , les premiers genres, rales , squales , etc., ressemblent assez à certains repti- les par leur oreille renfermée dans une cavité séparée du crâne ; par les organes de la génération de la fe- re 94 1* LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. melle, qui consistent en deux oviductus très longs, aboutissant d’une part aux ovaires et de l’autre à une matrice UMR LUE que les derniers, les lam- proies, les ammocètes , ont un squelette si imparfait, que l’on a cru pouvoir les rapprocher des animaux non vertébrés. La seconde subdivision comprend tous les autres poissons, partagés en famille d’après des caractères pris des mâchoires, des branchies et des nageoires. Les classes qui se partagent l’embranchement des mollusques ne sont pas susceptibles de subdivisions _ d’une importance égale ; c’est à peine s’il y a lieu d’en établir : si ce n’est dans celle des gastéropodes, dont les uns, les pulnonés , respirent l'air et sont herma- phrodites avec accouplement réciproque; les autres, hermaphrodites aussi, mais respirant l'eau , ont tantôt les branchies nues, les pectibranches, tantôt recou- vertes de coquilles, les £ectibranches ; les troisièmes qui sont les plus nombreux les pectinibranches respirent l’eau et ont des sexes séparés. Enfin il paraît qu’il y en a qui respirent l’eau, mais qui se fécondent eux-mêmes sans accouplement ; ce sont nos {ubulibranches , nos scutibranches et nos cyclobranches. On pourrait aussi mentionner les subdivisions des acéphales , suivant que leur manteau est où non ouvert sur sa longueur et qu'ils ont un pied ou en sont dépour- vus ; mais ilen résulte peu de différences anatomiques. Dans l’embranchement des animaux articulés , la principale distinction entre les «nnelides est fondée sur leurs branchies , tantôt, comme nous l’avons déjà dit, formées de ramuscules ou de filets répartis le long du dos ou rapprochés sur lextrémité antérieure, tantôt réduites à une expansion vasculaire de la peau. L ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. OÙ Les crustacés se divisent d’après leur bouche, propre à mâcher ou seulement à sucer ; d’après la position de leurs branchies , tantôt HR péd par le test , tantôt pendantes sous l'abdomen ; d’après leurs yeux fixes ou mobiles ; enfin d’après la diversité de leurs pieds ou de leurs nageoires. Les arachnides , d'après leur tronc divisé en thorax et en abdomen , ou en thorax et en longue queue arti- culée. Quelques-unes des premières paraissent avoir des trachées incomplètes , ce qui leur donne quelque rapport avec les insectes. Mais un caractère spécial aux arachnides et qui les sépare à la fois des crustacés et des insectes , c’est l'absence des antennes. La classe immense des insectes, se divise d’abord en deux grandes ramifications , lune d’elles comprend ceux qui ne peuvent mâcher des corps solides et ne vivent qu'en suçant des liqueurs végétales ou ani- males. Les uns ( les hémiptères ) ne subissent qu’une demi-métamorphose, c’est-à-dire, que les larves ne diffèrent des insectes parfaits que parce qu’elles n’ont point encore d’ailes. Ces insectes ont un bec aigu , qui contient plusieurs soies capables d’entamer la peau. Leur estomac est simple, musculeux; leurs intestins Sont assez courts. D’autres ( /es dipteres ) subissent une métamor- phose complète. Leur larve ressemble à un ver; dans presque tous la nymphe est immobile et enveloppée de la peau du ver. L’insecte parfait n’a que deux ailes et six pieds, son suçoir est armé de soies ou de lancettes , et il y a sonvent, en outre, une trompe charnue à deux lèvres , les trachées donnent dans des sacs à air, qi occupent dans plusieurs la plus grande partie de l'abdomen. 96 1” LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. Un troisième, ordre celui des papillons ( lépidop- tères), subit aussiune métamorphose complète. Sa Jarve ( la chenille) est pourvue de fortes mâchoires, d’un canal intestinal, court , droit ; gros, très mus- culeux, de vaisseaux hépatiques très longs , et de vaisseaux propres à produire de la soie. L'insecte parfait a six pieds et quatre ailes recouvertes d’écail- les qui à l'œil semblent de la poussière ; des boyaux très minces, tortueux ; un estomac boursoufflé, des trachées garnies de vésicules , etc. ; sa bouche est un double siphon contourné en spirale. Enfin ,il ya un petit nombre des insectes de cette ramification qui n'ont point de métamorphose du tout, eine prennent jamais d’ailes ; ce sont pour la plupart des insectes parasites. L'autre ramification , celle des insectes pourvus de mâchoires , et se nourrissant de substances solides , comprend aussi plusieurs ordres. Les coléoptères ont deux ailes qui peuvent se replier sous deux étuis ; leur métamorphose est complète , leur larve a six pattes courtes, un corps en forme de ver, une tête écail- leuse , des mâchoires fortes , un intestin court et gros, quatre longs vaisseaux hépatiques , des trachées tu- buleuses , etc. ; l’insecte parfait a quatre mâchoires , dont les deux inférieures portent les palpes , et sont en partie recouvertes par la lèvre inférieure , qui en porte aussi. Son canal intestinal est souvent beaucoup pius long que celui de la larve, et ses trachées beau- coup plus vésiculaires. Les parties de la génération remplissent la plus grande partie de ’abdomen. Cet ordre pourrait être lui-même subdivisé en fa- milles dont plusieurs ont de très bons caractères ana- ART. V. DIVISION DES ANIMAUX, 0? 9 tomiques, par exemple : les scarabées ; leur larve a un canal alimentaire divisé en estomac, intestin grêle , colon et rectum; le colon est gros et bour- soufflé ; l'estomac a plusieurs couronnes de cœcum ; les trachées sont tubuleuses; l’insecte parfait a des intestins très longs, minces, sans dilatations sensibles : ses trachées sont vésiculaires ; ses testicules sont très nombreux. Les carnassiers , qui ont six palpes : leur canal intestinal , dans Pétat parfait , est tres court ; ils ont deux estomacs dont le second est velu par dehors , etc. Le second ordre des insectes à mâchoires est celui des orthoptères, Les étuis de leurs ailes sont mous; elles se replient en éventail dessous. Leurs mâchoires sont recouvertes par une pièce particulière, nommée galette. Leur estomac est quadruple, souvent même il y en a plus de quatre : leurs vaisseaux hépatiques sont extré- mement nombreux et multipliés. Ces insectes ne su- bissent qu’une demi-métamorphose; on voit même sou- vent dans leurs larves, l’ébauche des parties de Îa gé- nération. Le troisième de ces ordrescomprend les zévropteres, dont les quatre ailes sont garnies de nervures qui se croisent en forme de treillis. Il paraît peu naturel dans son ensemble , n'ayant pas beaucoup de caractères anatomiques communs ; mais il comprend quelques familles naturelles remarquables , comme les Zbelles ; leur larve atteint sa proie de loin, par l’extension subite qu’elle peut donner à la lèvre inférieure; son canal alimentaire est court, droit, et peu dilaté à l'endroit de l'estomac; le rectun est en même temps l’organe principal de la respiration, les trachées y pren- I. 7 O8 EE LECON. ÉCONOMIE ANIMALE. nent presque toutes leurs racines : les parties internes de l’insecte parfait sont plus grèles que celles de la larve, et ses trachées sont vésiculaires. Les éphémères ou agnathes : : leur larve est long-tempssans se métamor- phoser, mais l’insecte parfait périt au bout de quelques heures; il n’a que des vestiges de mâchoires, etc. Le quatrième ordre est celui des Lymenopteres, qui ont quatre ailes veinées, mais non en treillis. Ces insectes ont des rapports avec les coléoptères par la disposition de leurs mâchoires et par leur mé- tamorphose complète. Leur canal intestinal, fort gros dans l’état de larve, l’est beaucoup moirs dans lin= secte parfait, où il n’a qu'une ou deux légères dilata- tions. C’est parmi les hyménoptères que se trouvent les plusindustrieux, etnotamment les abeillesetlesguèpes. Enfin il y a un petit nombre d'insectes à mâchoires, sans ailes, dont les uns n’ont que six pieds et le corps divisé en tête, thorax et abdomen comme tous les pré- cédents, mais dont les autres ont le corps divisé après la tête en un grand nombre de segmens qui portent tous des pieds ; on les nomme les z2yriapodes. * Parmi les zoophytes, la classe des échynodermes se divise en astéries à corps divisé en branches rayonnan- tes portant des pieds sous ses branches, une bouche au centre, des intestins eux-mêmes divisés en rayons eten nombreux cœcum, mais sans anus ; en owrsins à corps enveloppé d’un test pierreux armé d’épines mobiles entre lesquelles sont des rangées de pieds; leur bou- che entourée d’un appareil masticatoire très remarqua- ble donne dans un canal intestinal simple, volumineux, contourné ; qui se termine à un anus distinct ; en Lo= lothuries, semblables à beaucoup d’égards à des oursins ART. V. DIVISION DES ANIMAUX. 99 dont le test serait simplement coriace et dépourvu d’é- pines mobiles. | Les vers intestinaux se divisent anatomiquement en cavitaires, qui ont un canal alimentaire suspendu dans une véritable cavité alimentaire, et en parenchy- mateux où le corps ne montre qu’une substance celliu laire, traversée seulement par des organes génitaux ou par des ramifications nourricières. Ceux-ci se subdivi- sent d’après des caractères moins importants. Parmi les acalephes il y a peu de distinctions im- portantes pour l'anatomie, et les polypes n’offrentguère que celles qui résultent de la substance solide qui sert d’enveloppe ou de base à ceux d’entre eux qui forment des animaux composés. Enfin on ne commence guère que depuis les décou- vertes microscopiques deM. Ehrenberg, à apercevoir les différences anatomiques des infusoires, et de long- temps elles ne pourront tenir une grande place en ana- tomie comparée. Notre ouvrage, intituléle Régne animal, donnera sur les genres et les principales espèces qui entrent dans les diverses subdivisions que nous venons de caractéri- ser, tous les détails nécessaires pour préparer à l'étude de l’anatomie comparée. Nous invitons le lecteur à y re- courir lorsqu'il voudra connaître plus particulièrement les animaux dont nous tirerons nos exemples dans les leçons qui vont suivre. Mais nous devons dire ici quel- ques mots de la constance des formes et des caractères que, malgré l'expérience des siècles, quelques natura- listes ont âttaquée dans ces derniers temps. Les uns ne considérant la question que sous le point de vue métaphysique, etse proposant seulement de con- /° 100 1° LECON. ÉCONOMIE ANIMALE, cilier la variété de la nature avec l'hypothèse de lidéa- lisme ou du panthéisme, se sont fait la besogne aisée en demeurant dans des termes abstraits ; ou lorsqu'ils ont voulu arriver au positif des êtres, ils ont eu besoin à chaque pas d'ajouter à des suppositions arbitraires , d’autres suppositions arbitraires. Les uns admettant le prétendu passage du germe et de l'embryon par les formes des classes inférieures, ont présenté l’idée de l’être, comme allant sans cesse en s’anoblissant, en secompliquant, en s’élevant en puis- sance. D’autres, appliquant à la physiologie, les lois de polarité observées dans quelques branches de la physi- que, ont prétendu déduire toute la variété du monde par des polarisations successives, en positif et en négatif, à partir de l’absolu ou du zéro, et en assimilant à du po- sitif ou à du négatif non-seulement des qualités physi- ques ou chimiques opposées, mais des différences d’or- ganisation , des différences de fonctions, des différences de position, et recourant sans cesse à des expressions figurées quand les termes propres rendraient leurs pa- ralogismes trop évidents. Examinée à la lueur d’une logique sévère , il n’est pas une de leurs propositions qui ne s'écroule à l'instant. Des naturalistes plus matériels dans leurs idées, ne se doutant même pas des abstractions philosophiques dont nous venons de parler, sont demeurés humbles sectateurs de Maillet. Voyant que le plus ou moins d'usage d’un membre en augmente ou en diminue quel- quefois la force et le volume, ils se sont imaginé que des habitudes ou des influences extérieures long-temps | continuées ont pu changer par degrés les formes des # animaux au point de les faire arriver successivement à ART, V,. DIVISION DES ANIMAUX, 101 toutes celles que montrent maintenant leurs différentes espèces ; idée peut-être la plus superficielle et la plus vaine de toutes celles que nous avons déjà eu à refuter dans cette introduction. On y considère en quelque sorte les corps organisés comme une simple masse de pâte ou d'argile qui se laisserait mouler entre les doigts : Aussi du moment où ces auteurs ont voulu en- trer dans le détail, ils sont tombés dans le ridicule. Quiconque ose avancer sérieusement qu'un poisson, à force de se tenir au sec, pourrait voir ses écailles se fen- diller et se changer en plumes, et devenir lui-même un oiseau ; ou qu'un quadrupède à force de pénétrer dans des voies étroites, de se passer à la filière, pourrait se changer en un serpent, ne fait autre chose que prouver la plus profonde ignorance de l’anatomie. Quel rapport y a-t-il entre l’organisation compliquée et admirable de la plume, ses tuniques, ses vaisseaux, ses cupules transitoires sur lesquelles se moulent ses barbes , et dont il reste une partie dans son tuyau, ses birbiles de plusieurs ordres, toujours si bien adap- tées à Ja nature de l'oiseau ; quel rapport, dis-je, y a-t-il entre tout cela et une écaille qui se fendillerait? il ya mieux, c’est que l’écaille n’est pas même d’une texture qui lui permettre de se fendre ainsi en se dessèchant ; et voilà cependant un échantillon de ce que nous pro- posent des auteurs vantés | Je n'irai pas plus loin ici : tous les chapitres de ce livre prouveront également combien sont étrangers aux connaissances anatomiques , CeuX qui peuvent croire que oiseau n’a pas été fait pour être un oiseau , le pa- pillon pour être un papillon, l'étoile de mer pour être une étoile. Toutes ces transformations aisées à imagi- 102 TI‘ LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. ner pour celui qui rêve, s’évanouissent pour celui qui dissèque. ! Il y a d’ailleurs un argument également puissant contre les deux systèmes ; c’est qu’il ne suffit pas que les parties de chaque être soient entre elles dans cette harmonie , condition nécessaire de l’existence ; il faut encore que les êtres eux-mêmes soient entre eux dans une harmonie semblable pour le maintien de l’ordre du monde. Les espèces sont mutuellement nécessaires , les unes comme proie, les autres comme destructeur et modérateur de propagation. On ne peut pas se repré- senter raisonnablement un état de choses où il y aurait des mouches sans hirondelles, et réciproquement. ART. I. DE LA FIBRE MUSCULAIRE. 103 DEUXIÈME LEÇON. DES ORGANES DU MOUVEMENT EN GÉNÉRAL. Nous allons employer la première partie de ce cours à décrire les organes dn mouvement, c’est-à-dire, les os et autres parties dures qui en sont les organes pas- sifs, les muscles qui en sont les organes actifs, et les divers organes auxiliaires propres à éviter les frotte- ments ou consacrés à d’autres usages ; mais, avant de traiter de ce qui regarde chaque os et chaque muscle en particulier, examinons la structure mécanique, la nature chimique et les fonctions organiques du sys- tème osseux et du système musculaire en général, et les variations qu’ils subissent sous ces trois rapports, dans les diverses classes d'animaux. ARTICLE I°. DE LA FIBRE MUSCULAIRE. Une portion quelconque de muscle présente , au premier coup d'œil , des filaments tantôt rouges , tantôt blanes selon l'espèce d'animal dont elle vient, qui sont rangés aux côtés les uns des autres , et semblent former des faisceaux minces , ou plutôt des filaments plus gros , qui eux-mêmes constituent le muscle par leur réunion. On voit quelques intervalles entre 104 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. les faisceaux : dans les animaux à sang rouge et les mollusques , ces intervalles sont remplis par une cel- lulosité plus fine que celle qui sépare les muscles , et moins serrée que celle qui forme leurs enveloppes. Les filaments qui composent chaque faisceau sont unis par une cellulosité encore plus fine que toutes les autres ; et lorsqu'on examine un de ces filaments au miscros- cope , on voit qu'il se divise encore en filaments plus petits , quoique semblables et réunis de ia même ma- nière. Cette division se continue aussi loin que nous pouvons la suivre, et nos instruments ne nous en montrent point le terme. Les derniers de ces filaments , ou les ñbres les plus déliées que nous puissions apercevoir , ne paraissent point creuses : on ne voit nullement qu’elles contien- nent une cavité , et il semble qu’on peut les regarder comme les réunions les plus simples des molécules essentielles de la substance charnue. En effet , elles se forment , on pourrait même dire se cristallisent à vue d’œil , lorsque le sang se fige ; car lorsqu'un muscle a été débarrassé par l’ébullition et la macération du sang , des autres humeurs , et en général, de toutes les substances étrangères à la fibre , qu'il pouvait contenir , il présente un tissu filamen- teux, blanc , insoluble même dans l’eau bouillante, et ressemblant , par toutes ses propriétés chimiques , à la substance qui reste dans le caillot du sang, après qu on en a enlevé la partie colorante par le la- vage. Cette matière a sur-tout , par l'abondance d’azote qui entre dans sa composition , un caractère d’ani- malité peut être plus marqué que les autres substances animales. Les éléments de la substance fibreuse parais- ART. 1”, DE LA FIBRE MUSCULAIRE. 105 sent donc tellement rapprochés dans le sang, qu'il suffit d’un peu de repos pour qu’ils se coagulent , et les muscles sont sans doute, dans l’état de vie, les seuls organes capables de séparer cette matière de la masse du sang, et de se l’approprier. Ce n’est pas seulement le sang rouge qui contient de la fibrine (les chimistes ont donné ce nom à la substance qui nous occupe } : le fluide blanc qui tient lieu de sang à tant d'animaux, en contient également, mais elle ne s’y prend pas en caillot, et ses filaments nagent seulement dans le sérum (1). Comme les substances dont se forme le sang ne con- tiennent, au moins dans les animaux qui senourrissent d’herbes , rien qui ressemble à cette matière fibreuse , etque, même dans ceux qui vivent de chair, elle paraît se décomposer par l’acte de la digestion, et n’est plus manifestement contenue ni dans leur chyie ni dans leur lymphe , on peut croire que c’est par la respiration que la composition du sang se trouve al- térée, de manière à le rendre propre à engendrer cette substance. Cette idée s’appuie sur la nature des opéra- tions chimiques qui constituent l’acte de la respira- tion , et sur l'effet de cette fonction dans le système organique. En effet , la respiration enlevant sur-tout au sang de l’hydrogène et du carbone, elle y augmente la proportion de l’azote ; et, comme on sait que c’est (1) Cette observation n’ayant point encore été publiée par son auteur, je dois dire qu’elle appartient au citoyen Hombert ( du Havre), chimiste très ingénieux , qui s’occupe ayec succès de la chimie animale comparée. Il paraît que M. Hombert n’a jamais pubié les recherches dont parle ici M. Cuvier. L. 106 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. elle qui entretient l’irritabilité musculaire, il est natu- rel de penser qu’elle le fait en augmentant la quantité de la substance dans laquelle seule cette irritabilité réside. Mais quoiqu'il n’y ait point d'irritabilité sans fibrine, cette propriété ne se manifeste point dans la fibrine pure , isolée et hors de l'agrégation organique ; elle ne la conserve que dans l’état de vie, et tant que subsistent ses connexions naturelles avec les nerfs et les vaisseaux , ou du moins avec leurs dernières bran- ches. En effet, il n’est point de chair distinctement telle, qui ne soit pénétrée dans tous les sens par des filets nerveux ; et quoiqu’on ne puisse suivre ces filets jusqu'aux endroits où ils se distribuent à chaque fibre en particulier , la sensibilité de toutes les por- tions, même les plus exiguës , de la substance muscu- laire , ne permet pas de douter que cette distribution n'ait lieu. Les animaux qui n’ont point de nerfs dis- tincts et séparés n’ont point non plus de fibres char- nues visibles , et , comme nous l’avons déjà vu, lir- ritabilité et la sensibilité ne paraissent point exclusi- vement attribuées chez eux à des systèmes particuliers d'organes. L'existence des vaisseaux et celle de la cel- lulosité ne sont ni aussi nécessaires ni aussi générales ; car les muscles des insectes , quoique très distincts et très puissants , ne contiennent ni les uns ni les autres. Les fibres qui composent ces muscles sont simplement contiguës et parallèles, sans être adhérentes ; et comme elles ne sont fixées que par leurs extrémités, si on coupe leurs attaches , elles s’écartent, se séparent comme les fils d’une toile dont on arrache la trame. La cellulosité est même déja très rare dans les muscles ART. I’. DE LA FIBRE MUSCULAIRE. 107 des mollusques, quoiqu’ils aient des vaisseaux assez nombreux ; mais dans tous les animaux vertébrés, les fibres musculaires sont fortement unies par le tissu cellulaire, et elles sont partout entrelacées de nombreux vaisseaux sanguins. La substance colorante du sang paraît même s’at- tacher ici avec une sorte de préférence à la substance fibreuse , comme lors de la formation du caillot, puis - que la couleur rouge paraît plus particulièrement propre à la chair musculaire, quoique d’autres es- pèces d'organes paraissent bien contenir autant de sang à proportion. Au reste, à leur couleur près, la fibre des animaux à sang blanc est absolument sem- blable à celle des animaux à sang rouge : ceux-ci présentent plusieurs nuances de rouge , certaines classes ayant en général les muscles plus pâles , savoir , les reptiles et les poissons , et les muscles eux-mêmes n'ayant pas tous la même intensité de rouge. L'irritabilité musculaire est cette propriété qu'a la fibre charnue de se raccourcir en oscillant , et en se fronçant , ou plutôt , comme on le voit dans les expé- riences de MM. Prévost et Dumas, en se plissant en zig-zag à l’occasion de certaines actions déterminées , extérieures à la fibre elle-même, et dans lesquelles on ne voit point de cause mécanique d’un tel raccourcis- sement ni d’un tel plissement. Cette propriété est bien distincte de leur élasticité qui leur est commune avec beaucoup d’autres corps naturels , et d’une autre fa- culté qui leur est commune avec beaucoup de parties du corps vivant , par laquelle elles tendent continuel- lement à se raccourcir , et le font, en effet, sitôt qu'elles sont libres: l'irritabilité n’est point conti- es 3 QU € où LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. nuelle; et , lorsqu'elle existe, elle les fait seraccourcir, malgré EN obstacles ordinaires (1). Les choses qui excitent occasionellement les Eee à s'irriter, sont de cinq ordres : la volonté ; des act.ons extérieures dirigées sur les nerfs ; des actions extérieu- res dirigées sur la fibre elle-même ; des actions mixtes dans lesquelles on opère sur le nerfet sur la fibre; et enfin certains états maladifs ou certaines passions vio- lentes. La volonté, dans l’état de santé et de veille, exerce l’empire le plus constant et le plus prompt sur ceux des muscles qui, pour cette raison , ont été nom- més volontaires. Il y en aun petit nombre qui ne lui sont pas soumis; ce sont ceux qui produisent dans l'intérieur les mouvements nécessaires à la vie , et qui ne peuvent être interrompus , comme le cœur et les intestins. [l faut remarquer que quelques-uns de ces muscles, qui sent involontaires dans l’homme et dans plusieurs animaux , obéissent à la volonté dans d’au= tres ; tel est, par exemple, l’estomac des animaux ruminants dont les mouvementsse dirigent à leur gré dans deux sens différents. Quelques autres paraissent d’une nature mixte, en ce que la volonté peut bien arrêter l’action , mais que l'habitude nous les fait mou- voir, sans même que nous y pensions , ni que nous (1) Suivant M. Straus, les fibres musculaires sont articulées et com- posées de petites plaques pliées trois fois sur elles-mêmes en forme de 4 , et il pense que chaqne fibre pourrait bien être une espèce de pile galva- nique formée de substance musculaire et de substance nerveuse. Le rac- courcissement de la fibre serait produit par l’atraction de ses deux élé- ments, chargés chacun d’une électricité contraire. Voy. Straus, Cons. générales sur l'anat. des anim. art., p. 143. L. ART. L'. DE LA FIBRE MUSCULAIRE. 109 ayons besoin de le vouloir formellement ; tels sont les muscles de la respiration. Les muscles absolument involontaires sont conti- nuellement exposés à l’action d'une cause irritante, de l’ordre des extérieures , puisque le sang veineux qui arrive à chaque diastole dune le cœur à se con- tracter, et que les aliments en font autant sur les intes- tins. On conçoit par là qu’ils n’ont pas besoin de la volonté pour agir, et que la volonté ne peut les arrêter; car un muscle exposé à nu à l’action de causes irritantes se contracterait même dans l’homme vivant , indépendamment de toute participation de la volonté. Mais ce qui donnerait une explication plus complète de l'impuissance de la volonté sur eux, e serait la remarque de M. Scarpa, que les nerfs vague et grand sympathique qui les régissent , ne se composent que de filets venus des racines sensitives des nerfs de l’épine. On doit remarquer aussi que les nerfs de ces muscles involontaires sont généralement moindres que ceux des autres muscles ; au point qu’on a douté long-temps que le cœur en eüt véritablement, et cependant l’irritabilité des premiers est plus dura- ble et plus facile à réveiller que celle des seconds ; ce qui prouve que cette faculté n’est pas entièrement en rapport avec la grandeur des nerfs, quoiqu’elle dépende , au moins en partie, de ces derniers organes. En effet, la cause irritante dont nous parlons, la volonté, n’agit que par l’intermède des nerfs; et si un nerf est coupé ou lié, les muscles auxquels il se distri- bue n’obéissent plus. On peut imiter cette action de la volonté en ébranlant, ou piquant, ou déchirant les 110 ir” LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. troncs nerveux, il en résulte sur-le-champ des convul- sions dans toutes les parties musculaires auxquelies leurs branches aboutissent, et cela a lieu même après la mort. L'irritation de la moëlle allongée après la dé- collation agite tous les muscles du visage, et celle de la partie cervicale de la moelle épinière met tout le corps en convulsion. | On pourrait jusqu’à un. Rein point regarder les passions violentes comme des actes d’une volonté for- tement excitée, et alors il se trouverait des cas où celle- ci agit même sur les muscles involontaires : les palpi- tations du cœur et des grands vaisseaux , la suspension même de leurs mouvements en sont Ac. exemples. On sait que l’on peut empêcher ces accidents en modérant par la sagesse, l’exaltation des sentiments qui les occa- sionent ; la volonté a même, dans les maladies ner- veuses qui paraissent avoir le moins de rapport avec les passions, du moins avec celles qu’on peut ressentir dans le moment, le pouvoir d’en empêcher les accès, lorsqu'on prend sur soi d’y résister avec fermeté. L'action de la volonté sur les muscles n’est donc pas immédiate; elle dépend d’une action du nerf sur la fibre, qu’il est au pouvoir du »ot de déterminer, en vertu de cet empire à jamais incompréhensible que l'ame exerce sur le système nerveux : mais si ce rapport du moi avec le nerf est au-delà des bornes fixées à nos connaissances , il n’est pas impossible qne nous décou- vrions un jour la nature du rapport du nerf avec la fibre qui ne peut être que purement physique, et de COTpS à Corps. Les expériences galvaniques rendent extrêmement probable qne cette action s’opère par un fluide invi- : ART. L'« DE LA FIBRE MUSCULAIRE. 111 sible, dont les nerfs sont les conducteurs dans le corps animal , et qui change de nature ou de quantité sur la fibre dans des circonstances déterminées. Ces expériences consistent, comme on sait, à établir entre un muscle et le tronc des nerfs qui s’y rude 5) une communication extérieure, au moyen d’une sub- stance , ou d’une suite de substances , qui s'étendent de l'une à l’autre. Les métaux ne sont pas les seuls qu’on puisse employer, et en général ces conducteurs ne sont pas exclusivement les mèmes que ceux de l'électricité. On a réussi quelquefois en laissant de l'intervalle dans la série des excitateurs (c’est le nom qu’on donne à ces substances étrangères ); ce qui prouve qu'il y a une at- mosphère qui les entoure. À l'instant où le contact a lieu, le muscle éprouve de violentes convulsions ; ces expériences réussissent sur le vivant et sur les animaux récemment morts, même sur les parties séparées du corps, absolument comme celles de lirritabilité hallérienne , sans qu'il soit nullement besoin de corps pointus, ou de liqueurs âcres, et même dans des cas où ces moyens ont perdu leur effet. Il est évident que les convulsions galvaniques ne peuvent être rapportées qu'à un changement d'état intérieur du nerf et de la fibre, à la production duquel ces deux organes concourent. On a même, dans les sensations galvaniques qui arrivent sur le vivant, lorsqu'on établit la communication excitatrice entre deux branches nerveuses , la preuve que ce change- ment d'état peut avoir lieu dans le nerf seul, soit qu'il consiste en un simple mouvement de translation ou en une décomposition chimique. La fibre serait donc e 112 13 LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. simplement passive dans ces contractions : mais il fau- drait toujours reconnaître qu'elle est la seule partie du corps constituée de manière à recevoir cette sorte d’im- pression de la part du nerf; car des nerfs se distribuent à une multitude d’autres parties sans leur communi- quer la moindre apparence d’irritabilité. Ainsi l'influence et le concours du nerf sont bien démontrés dans quatre des causes irritantes que nous avons établies plus haut; c’est-à-dire la volonté, les passions et maladies nerveuses, une action mécanique dirigée immédiatement sur le nerf, et le galvanisme, où l’on agit quelquefois sur la fibre. Il reste un cinquième ordre de causes irritantes à examiner : celles qui agissent , lorsqu'on les applique immédiatement sur la fibre, et sur la fibre seule, c’est- à-dire tous les stimulus extérieurs, comme des corps pointus, etc.; comme il n y a aucune portion muscu- laire qui ne soit pénétrée par la substance nerveuse , il est difficile de ne pas l’affecter en touchant la fibre, et il peut paraître probable que les contractions que celle- ciéprouve dans ce cas, proviennent , comme dans tous les précédents, de l'influence du nerf dont le fluide in- térieur aura changé d'état par l’action du stimulus. Un muscle arraché du corps conserve sans doute encore assez de portion nerveuse pour être quelque temps ir- ritable , et les muscles sur lesquels la volonté à perdu son empire par une paralysie ou par la ligature du nerf, peuvent également obéir aux stimulus extérieurs, parce que le nerf dans cet état conserve la faculté de produire ou de transmettre le fluide qui doit faire con- tracter la fibre ; car, comme nous ignorons absolument la manière dont la volonté agit sur les nerfs, nous ne er ART. L', DE LA FIBRE MUSCULAIRE, 119 pouvons pas prétendre que l'interruption de son action doive être constamment accompagnée de linterrnp- tion de celle que les nerfs eux-mêmes exercent sur les muscles. Au reste, tout prouve que cette action du nerf sur la fibre n’emporte pas nécessairement conscience et sensa- tion. Cela se voit par ces exemples de membres insensi- bles qui ne laissaient pas de se contracter sous l'influence des stimulus ; par ceux des viscères, qui sont dans un mouvement continuel en nous sans que nous nous en apercevions , et enfin par les expériences faites sur des fragments d'animaux: car ilparait répugner aux notions que nous avons du not, et dans l’unité de notre être, d'accorder des sensations à ces fragments, quoiqu'il faille avouer que nous avons plusieurs exemples d’ani- maux, dans chaque partie desquels il se forme, à l’ins- tant même de leur division , un centre particulier de sensations et de volonté. Cette différence de Pirritabi- lité, même de celle qui est volontaire , d'avec la sensi- bilité proprement dite , est encore mieux prouvée par les expériences d’Arnemann , dans lesquelles un nerf coupé et réuni a recouvré , au bout de quelque temps, la première de ces facultés , et non l’autre. Les nerfs et leurs fonctions ne dépendent de l'intelligence, qu’au- tant qu'ils tiennent à l'arbre général des nerfs : mais ils paraissent pouvoir exercer par leur propre substance la partie purement physique de ces fonctions ; et si elles dépendent d’un fluide, ce fluide doit pouvoir naître de tous les points de la substance médullaire, C’est l’opi- nion deReil, etelie s'appuie sur des expériences déjà an- ciennes deStenon et d’autres, dans lesquelles la lipature d’une artère paralyse les muscles auxquels elle se rend, I, > 114 11 LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. Tout ce que nous venons de dire s'applique égale- ment aux diverses classes d'animaux. Toutes sont irri- tables, et toutes celles où il y a des nerfs et des muscles distincts sont sujettes an salvanisme. M. de Humboldt en a même tiré un moyen ingénieux de distinguer dans les plus petits animaux les nerfs d’avec les artères, ou d’autres parties, en se servant d’une aiguille d’or et d’une d’argent qu'on applique l’une aux muscles, l’autre aux filets dont on veut reconnaitre la nature, et qu'on fait se toucher par leur autre extrémité. Si c’est un nerf, des contractions doivent s’en suivre. Une fois qu’on a reconnu que le concours du nerf est nécessaire pour produire la contraction de la fibre, et que de son côté la fibre charnue est seule susceptible de subir cet effet de la part du nerf, il resterait à sa- voir comment, par quel agent, par quel intermède, le nerf produit cet effet sur elle. Ce qui fait la principale difficulté de cette question, est la force prodigieuse avec laquelle les muscles se contractent, et la grandeur des poids qu'ils peuvent soulever dans l’état. de vie, tandis qu ‘immédiatement après la mort ils sont Rene rés par des poids infiniment moindres. Cela porte à croire qu'au moment de l’action , non-seulement la fibre se plisse, non-séulement les particules qui la com- posent tendent à se rapprocher dans le sens de sa lon- gueur, mais encore que leur cohésion, ou la ténacité de la fibre, devient à l'instant même beaucoup plus grande, sans quoi sa tendance à se raccourcir n’empè- cherait pas sa rupture. Or, en SUPHPIARE même, ce qui paraît au moins bien difficile , qu’on puisse imaginer des textures de fibres , telles que l’accession d’un FL ou d’une vapeur puisse lui donner cette tendance au plis- ART. I!. DE LA SUBSTANCE DES OS. 115 sement ou au raccourcissement , il faudra toujours convenir qu'il n’y a qu’un changement subit dans leur composition chimique j qui puisse en augmenter aussi vite et aussi fortement la cohésion. Nous avons déjà des exemples de la prodigieuse force avec laquelle les molécules des corps tendent à prendre une nouvelle situation, pour peu que leur mélange chimique soit changé ; et le plus connu de tous est celui que fournit l’eau qui se glace. La perte d’un peu de calorique dis- pose ses molécules à se solidifier en aiguilles ; et elles le font avec tant de force, qu’eile font éclater les vases les plus solides. La fibre vivante et contractée n’est donc plus, absolument parlant, le même corps, n’a plus le même mélange chimique que la fibre lâche, et ce sont les diverses causes irritantes qui opèrent sur elle ce changement par le moyen du nerf. Est-ce en perdant et en abandonnant au nerf quelqu'un de ses éléments , ou bien est-ce en recevant du nerf quelque élément nouveau , que la fibre change ainsi sa compo- sition ? car on ne peut choisir qu'entre ces deux partis. Quel est d’ailleurs cetélémentqui passe de l’un à l’autre? existait-il tout formé dans l’un des deux, et est-il sim- plement transmis à l’autre ? ou bien se forme-t-il à l'instant de Pirritation par composition ? ou enfin se développe-t-il par décomposition ? Voilà les questions dont il faut s’occuper : les nouvelles expériences galva- niques et celles que l’on a désignées plus anciennement sous le nom impropre de magnétiques, jointes aux dé- couvertes de la chimie moderne , et suivies avec la dé- licatesse et la précision qu'on met aujourd'hui dans la physique, nous permettent d’en espérer la solution. Mais pour engager les hommes à se livrer à ces recher- 8. 116 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT, ches il ne faut pas les habituer à rapporter chaque effet particulier à une force propre et occulte. ARTICLE II. DE LA SHBSTANCE DES OS. Les animaux vertébrés ont seuls de véritables os, dont l’organisation et la manière de croître sont toutes différentes de celles des parties dures qui en tiennent lieu dans les autres animaux ; il faut donc en traiter sé- parément. La substance des os , abstraction faite de la moelle et des autres corps étrangers dont on ne peut la débarras- ser complétement, donne à l’analyse une quantité va- riable de gelée animale ou gélatine, dissoluble dans l’eau bouillante, se prenant en gelée par Île refroidis- sement, altérable par le feu et la putréfaction, et d’une matière terreuse, dissoiuble dans les acides, que l’on a reconnue être une combinaison de chaux et d’acide phosphorique, ou un phosphate de chaux. La quantité du phosphate de chaux augmente avec l’âge dans les os : la gélatine au contraire, s’y trouve d'autant plus REA que l’on se rapproche davan- tage de l'époque de ja naissance ; et dans les premiers temps de la gestation, les os du fœtus ne sont que de simples cartilages, ou de la gélatine plus ou moins dur cie; car le cartilage se résout presque entièrement en oblstin par con de l’eau bouillante, Dans les très L AR. IL, DE LA SUBSTANCE DES 05. 117 jeunes embryons, il n’y a pas même de vrai cartilage, mais une substance qui a toute l'apparence et même la demi-fluidité de la gélatine ordinaire, mais qui est déjà figurée et enveloppée par la membrane qui doit par la suite devenir le périoste. Dans ce premier état, les os plats ont l'air de siiples membranes; ceux des os qui doivent se mouvoir les uns sur les autres ont déjà des articulations visibles, quoique le périoste passe de l’un à l’autre et les enveloppe tous dans une gaîne com- mune : mais ceux qui ne seront distingués que par des sutures, ceux du crâne, par exemple , forment un tout continu, Où rien n’annonce que ces sutures existeront un jour. C'est dans cette base gélatineuse ou cartilagineuse, et dont la forme est déjà en grande partie déterminée, que se dépose par degrés, le phosphate de chaux qui doit donner aux os leur opacité et leur consistance : mais il ne s’y dépose pas uniformément ; encore moins s'y méle-t-il de manière à former avec elle un tout homogène. IL s’y développe des grains qui dans les vertébrés in- férieurs, Les poissons cartilagineux, se distribuent assez uniformement dans la masse ; qui dans certaines par- ties du corps, comme le rocher des mammifères, la caisse de la baleine, s’accumulent et se condensent par degrés au point de prendre la consistance d’un marbre homogène, mais qui presque toujours forment des la- mes cellulaires , ou s’alignent en filets et comme en fi- bres, qui se multipliant et s'étendant en tous sens, . | finissent par donner à l'os la consistance qu’il doit avoir. La surface ou l'écorce, si l'on peut s'exprimer ainsi, € 118 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. paraît plus pénéralement forinée de fibres serrées ét rapprochées plus ou moins résulièrement, c’est-à-dire divergentes en rayons dans les os plats, et parallèles dans les os longs. Mais M. Scarpa a fait voir que leur étendue et leur parallélisme ne sont qu'apparents et que ce sont plutôt des fibres qui, s’unissant d’espace en espace, interceptent des mailles alongées ; au total, il en résulte un véritable réseau qui s’épaissit par l’acces- sion de filets nouveaux et prend aussi quelque chose de lamelleux. Pendant que la surface des os arrive, par cette accu- mulation successive de phosphate calcaire, à une con- sistance plus ou moins grande, leur intérieur reçoit aussi des lames et des fibres de cette même substance , mais qui sy rapprochent ordinairement beaucoup moins : les lames y sont jetées, pour ainsi dire, au ha- sard, comme les lames molies le sont dans letissu cel- Iulaire ordinaire ; en sorte que leur ensemble représente une véritable cellulosité durcie par laccession de la matière terreuse. À mesure que ce tissu spongieux prend de la consistance, la substance gélatineuse qui remplissait d’abord toute la solidité de l'os, semble disparaître et se concentrer dans les parties vraiment ossifiées. Il se forme par là des vides qui viennent à être occupés gradueliement par une matière grasse, appelée suc moelleux. Les choses restenttoujours ainsi dans les os plats, où cette partie Spongieuse et im- bibée de moelle, comprise entre deux surfaces com- pates , est nommée diploë. Mais dans les os longs il se forme au milieu du corps de los un vide plus considéra- ble, qui s'étend successivement vers les extrémités, en faisant disparaître la substance spongieuse; de façon ART. Il. DE LA SUBSTANCE DES OS. 119 qu’à la fin los forme un véritable tube dont les ex- trémités seulement sont remplies par une spongiosité osseuse, et dont toute la partie moyenne est occupée par une espèce de cylindre d’une moelle renfermée dans une membrane très fine, et pourvue de vaisseaux et de nerfs abondants qui y pénètrent par les trous de la sub- stance compacte de l'os. Les fibres des os, soit divergentes, soit parallèles ; naissent de certains centres que l’on nomme points d’ossification. Chaque os long en a ordinairement trois : un vers son milieu, qui l'entoure commeun anneau et dont les filets d’abord réticulés prennent plus généralement une di- rection parallèle à V’axe ; et un principal à chaque extré- mité, accompagné quelquefois de plusieurs plus petits : même lorsque les trois pièces osseuses qui résultent de l'extension successive de ces trois centres d’ossification, sont parvenues à se toucher, elles demeurent quelque temps sans se soudler, et il y a entre elles ne couche purement gélatineuse , que l’eau bouillagge ou la ma- cération peuvent détruire. Ces tibia td at tant qu’elles sont ainsi distinctes ,le nom d’épiphyses , par opposition avec le corps de l'os qui porte celui de diu- physe ; mais il y a des animaux , notamment parmi les reptiles où cette division des os longs en trois parties wa pas lieu. Dans les os plats , les centres d’ossification représen- tent, pour ainsi dire, des soleils dont les rayons sont les filets osseux que leur blancheur opaque fait ressortir à l'œil, sur le fond demi-transparent du cartilage dans lequel elles se développent. Dans les os ronds, les cen= tres ressemblent à des grains ou à des noyaux. Dans les e 120 1 LECON. ORGANES DU MOUVEMENT, os très anguleux ils ont des dispositions et des formes très varices. Lorsque les filets d’un centre sont parvenus à toucher de toutes parts ceux des centres voisins, les os ne sont plus séparés que par des sutures, qui peuvent s’effacer plus ou moins promptement. On a coutume de regarder comme des os simples ce ceux dont les parties ossifiées se soudent dès la jeunesse, comme les vertebres, los occipital, le frontal , etc., tan- dis qu’on regarde comme des os distincts ceux qui ne se soudent avec les os voisins que dans un âge très avancé, et on leur donne des noms particuliers. Ainsi le frontal, qui demeure quelquefois séparé des pariétaux jusque dans la dernière vieillesse, est regardé comme un os distinct ; mais en même temps on le regarde comme un os simple, quoique les deux parties qui le composent toujours dans les premières années, restent souvent sé- parées jusqu'à trente ou quarante ans : le sphénoïde et l’occipital se soudant dans un âge avancé, quelques anatomistegagen font qu’un os qu’ils nomment sphéno- occipital ; n, | ces distinctions sont arbitraires, et pour avoir le véritable nombre des os de chaque espèce, il faut remonter jusqu'aux premiers noyaux osseux tels qu’ils se montrent dans le fœtus. Cette étude a pris de l'intérêt dans ces derniers temps à cause des différents points de vue sous lesquels on l’a considérée: d’une part on à pensé qu’en remontant ainsi au premier point d’os- sification , on arriverait à un nombre d’os qui serait le même dans tous les vertébrés, lesquels ne différeraient que par le plus ou le moins de rapidité de la soudure de ces os ; idée ingénieuse qui s’est réalisée pour plusieurs cas, mais qui est fort éloignée de s'être élevée, comme ART, 11, DE LA SUBSTANCE DES OS, 121 on le voulait, au rang d’une règle générale: nous verrons qu’elle subit des exceptions extrèmement nombreuses ; d'autre part, on avait crn aussi pouvoir assigner à l’os- téogénie diverses lois relatives aux nombres des noyaux osseux et à leurs rapports avec les formes et la position des os. Comme, en général, Possification commence au crâne , au thorax, par lesos latéraux, on avait jugé que les os impairs situés au milieu devaient tous être formés de deux noyaux, un de chaque côté; on avait pensé qu’à l'exemple des trous inter-vertébraux, tous les trous des os devaient être entourés au moins de deux noyaux; qu’à l'exemple du canal vertébral , tous les os tubuleux devraient avoir leur tube entouré au moins de deux pièces, etc. Aucune de ces règles ne s’est trouvée cons- tante ; l’ossification se faisant toujours par un dépôt de molécules terreuses dans un cartilage préexistant à los, et qui à déjà d'avance la forme que cet os doit prendre, l’ordre et le nombre des noyaux osseux n'avaient pas d'importance et n’ont dépendu que de l'insertion des artères; les os longs commencent vraiment par des an- neaux et non par des pièces latérales ; plusieurs os im pairs commencent par un seul noyau , ou par beaucoup de grains déposés dans tous jes points de leurs cartilages; Ja matière osseuse envahit par degrés les bords de plu- sieurs trous en les circonvenant, et sans être obligée de de s’y déposer d’abord par plusieurs points: c’est ce dont nous verrons des preuves nombreuses dans la suite. I ne faut pas même croire que cette duplication, si elle ne s’observe pas dans les os doive au moins avoir lieu pour les cartilages, puisque l’embryon se forme des re- plis d'une membrane ; d’abord l’épine ne se forme point ainsi : quant aux corps des vertèbres et quant au ster- 122 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. num, C’est par un prolongement du repli antérieur et non des replis latéraux qu’il est formé, comme nous le verrons en traitant du fœtus. | L'ossification ne se fait pas avec la même rapidité dans tous les animaux, ni dans tous les os du même animal. Ainsi nous voyons que, dans l’homme et dans les autres mammifères, les os que renferme l’oreiile interne sont non-seulement ossifiés avant tous les . autres, mais encore qu’ils les surpassent tous par leur densité, et par la quantité proportionnelle de phosphate de chaux qu’ils contiennent. Los de la caisse du tym= pan, dans les cétacés, et sur-tout dans la baleine et le cachalot, devient d’une densité et d’une dureté supé- rieure à celie du marbre. Sa coupe paraît aussi homo- gène et ne laisse apercevoir aucun vestige ni de fibres, ni de tissu cellulaire, ni de vaisseaux. Il est au con- traire d’autres os qui ne prennent qu'assez tard la consistance qu'ils doivent avoir : les épiphyses, par exemple, ne s’ossifient qu’assez long-temps après le corps des os auxquels elles appartiennent. Il y a enfin des cartilages qui, dans certaines classes d'animaux, n’admettent jamais assez de phosphate calcaire pour obtenir une consistance entièrement osseuse ; tels sont ceux des côtes et du larynx : en sorte que, malgré la propension qu'a en général la gélatine à recevoir la substance calcaire, comme on le voit par l'exemple des tendons et des autres organes blancs qui s’ossi- fient plus aisément que les autres, et quoiqu'il n’y ait aucun 0$ qui n’ait été auparavant à l'état de carti- lage, il y a plusieurs cartilages qui ne se changent ja- mais en 06. Indépendamment de la rapidité de lossification et ART. II. DE LA SUBSTANCE DES OS. 123 des proportions entre les parties constituantes des os, les animaux différent entre eux par le tissu de ces os et par les cavités dedifférente nature qu’on y observe. L'homme a un tissu intérieur très fin; les lames de sa spongiosité sont minces etrapprochées ; les endroits où ce tissu approche davantage de l’apparence d’un réseau présentent des fibres longues et déliées. Les quadrupèdes ont généralement ce tissu plus grossier; les cétacés l’ont plus lâche : leurs cellules sont plus grandes, les lames qui les forment, plus larges; et il est facile de distinguer les fibres de la partie extérieure, qui, dans les mâchoires et les côtes des baleines et des cachalots, deviennent , par la macé- ration , aussi distinctes que celles d’un bois à demi- pourri, quoiqu’elles ne suivent pas à beaucoup près, pour la grandeur, la proportion des animaux auxquels elles appartiennent; la fibre osseuse ayant en général, ainsi que la musculaire, des dimensions qui paraissent dépendre plutôt de son mélange chimique que d'autres circonstances. Les os des oiseaux sont d’une substance mince, ferme, élastique, et qui semblent formés de lames collées les unes sur les autres. Les reptiles et les pois- sons montrent en général plus d’homogénéité : la matière calcaire semble plus uniformément répandue dans la gélatineuse, et cela devient d'autant plus mar- qué qu’on s'approche davantage des poissons cartila- gineux, dans lesquels la gélatime prend le dessus et semble masquer les parcelles de phosphate qui S'y mêlent. Plusieurs animaux n’ont point de grandes cavités médullaires , même dans leurs os longs. On n’en trouve 124 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. aucunes dans ceux des cétacés et des phoques. Caldesi avait remarqué cela , il y a long-temps , à l’égard dela tortue; et je l’ai observé comme lui: cependant le crocodile en a de très marquées. Ilse développe encore dans certains os d’autres cavi- tés qui ne contiennent point de moelle, et qui portent le nom de sinus; elles communiquent plus où moins immédiatement avec l'extérieur. L/homme en a dans Fos frontal, dans le sphénoïde, dans les os maxillaires qui communiquent avec la cavité nasale. Dans plusieurs mammifères, ces sinus s'étendent beaucoup plus loin; ils pénètrent dans une grande partie de l'épaisseur du crâne; ils vont jusqu’à l’oc- ciput dans le cochon; et ce sont eux qui gonflent si singulièrement le crâne de l'éléphant. Ils pénètrent jusque dans l'épaisseur des os des cornes dans les bœufs, les boucs et les moutons. Les gazelles ont seules, parmi les animaux à cornes creuses, le noyau de leur corne solide ou spongieux sans grande cavité. Nous avons d’autres sinus dans los temporal, qui communiquent avec la caisse du tympan. C’est sur-tout dans les oiseaux que ceux-ci s'étendent ; ils y occupent autant de place que le sinus du nez dans les quadru- pèdes; ils ont sur le crâne de la chouette le même effet que les autres sur celui de Péléphant. Les oiseaux ont, à cet égard, une structure fort particulière : tons leurs os, presque sans exception , sont vides à l'intérieur; mais leurs cavités ne contien- nent que de Pair, et jamais de moelle. Ce sont de véritables sinus dans leur genre, qui, au lieu de se borner à la tête, comme ceux des quadrupèdes, s'étendent à tout le squelette, et qui sont en commu ART. IL. DE LA SUBSTANCE DÉS OS. 125 nication directe avec les poumons ; l’air qu’on pousse dans la trachée artère, sortant par un trou fait à un os quelconque, et réciproquement. Cette organisation réunit dans leurs os la légèreté et la force dont ils avaient besoin pour le senre de mouvement qui leur avait été assigné; et elle les éloigne des vertébrés à sang froid dans les os desquels les cavités quelconques sont rares ou peu considérables, tandis que d’un autre côté par le nombre et les connexions de ces mêmes os, du moins à la tête, les oiseaux leur ressemblent plus qu'aux mammifères. Parmi les phénomènes les plus singuliers de l’ostéo- génie, ou du développement de la substance osseuse, l'anatomie comparée nous présente sur tout la forma tion du bois du cerf. Ce bois, dans son état parfait , est un véritable os, et par son tissu , et par ses éléments : sa partie extérieure est dure, compacte , fibreuse; l'interne est spongieuse, très solide , sans grands vides , sans cavité médullaire et sans sinus. On sait assez quelles sont ses formes extérieures , soit dans les différentes espèces , tels que l'élan, le renne, le daim, le cerf, le chevreuf#, etc., soit aux différents âges d’une même espèce. Ces objets appartiennent à l’histoire naturelle proprement dite. Sa base adhère et fait corps avec l’os frontal, de manière qu'à certaines époques on ne pourrait point déterminer dans leur tissu intérieur de limite entre l’un et l’autre : mais la peau qui recouvre le front , ne va point au-delà : un bourrelet osseux et dentelé l’arrête ; et il n’y a sur ce bourrelet et sur le reste du bois ni peau ni périoste. On y voit seulement des sillons plus où moins profonds qui sont des vestiges des vaisseaux 126 II‘ LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. qui rampaient à sa surface lorsqu'il était encore mou. Ce bois, ainsi dur et nu, ne demeure jamais qu’une année sur Ja tête du cerf : l’époque de sa chute varie selon les espèces; mais lorsqu'elle est prochaine, on voit, en le sciant longitudinalement, une marque de séparation rougeâtre entre lui et la proéminence de l'os frontal qui le porte. Cette marque devient de plus en plus forte; et les particules osseuses qui se trouvent en cet endroit finissent par perdre leur adhérence. À cette époque un choc, souvent léger, fait tomber et l’autre de ces bois, à deux ou trois jours de l’un distance au plus. La proéminence de los frontal ressemble alors à un os rompu ou scié en travers , sur lequel on aperçoit à nu le tissu spongieux. La peau du front ne tarde pas à la recouvrir ; et lorsque le bois doit repousser, on voit s'élever un tubercule, qui est et qui demeure couvert par une production de cette peau, jusqu’à ce qu'il ait acquis son parfait accroissement. Pendant tout ce temps, ce tubercule est mou et cartilagineux : sous sa peau est un véritable périoste sur lequel rampent des vaisseabx , souvent gros comme le petit doigt, qui pénètrent dans tous les sens la masse du cartilage, Celle-ci s'ossifie petit à petit comme tout autre os ; elle passe par les mêmes états qu’un os de fœtus ou d'enfant , et elle finit par devenir un os parfait. Pen- dant ce temps le bourrelet de sa base, entre les dente-= lures duquel passent les vaisseaux , se développe aussi. Ces dentelures en grossissant, resserrent les vaisseaux, et enfin les obstruent : alors la peau et Îe périoste du bois se dessèchent, meurent et tombent; et l'os se retrouvant à nu, pe tarde pas à tomber lui-même pour ART. 11. DE LA SUBSTANCE DES OS. 127 renaitre de nouveau , et toujours plus considérable. Les bois de cerf sont sujets à des maladies absolu- ment semblables à celles des os ordinaires. On en voit dans lesquels la matière calcaire s’est extravasée et a formé différentes exostoses ; et d’autres où elle s’est trouvée trop peu abondante, et qui sont restés poreux légers et sans consistance. À ces différentes remarques, toutes relatives à des vertébrés dont le squelette, quoique plus ou moins dur, est véritablement osseux, nous devons en Joindre quel- ques-unes sur certains poissons où il demeure toujours plus ou moins cartilagineux , et principalement sur ceux que l’on a nommés ne oplérygiens. Les mo- lécules terreuses de ces poissons se deposent de plu- sieurs manières, mais ne forment | jamais de filets, ni ne prennent cette densité pierreuse de quelques os des mammifères. Dans la plupart des os des raies et des squales , elles forment à la surface une couche de grains serrés, et le milieu demeure pur cartilage; ces grains se montrent uniformément partout; il n’y a point de rayons ni de centres d’ossification ; par conséquent aussi point de suture au crâne ou aux mâchoires. Dans [es os épais, comme les corps des vertèbres et certaines mâchoires, il y a aussi une lame grenue à la surface, mais l'inté- rieur du cartilage est souvent pénétré de phosphate, soit en lamelles formant une cellulosité, soit en lames plus régulières disposées diversement ; dans certains grands squales , le z2aximus, par exempie, ce sont des lames cylindriques, toutes concentriques, toutes sépa- rées par des couches d’un cartilage tendre, toutes per- cées de pores comme des cribles, en un mot d’une 128 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. régularité aûmirable. Quelquefois l'apparence totale semble homogène, quoique moins dure à l’intérieur qu'à la surface : cela est ainsi dans l’ange ( squalus squalira). Le perioste est une membrane blanche, forte, qui adhère à toute la superficie des os, excepté à leurs facettes articulaires : on lui donne le nom de péri- chondre Jorsqu’il ne recouvre que des cartilages. Cette membrane a beaucoup de vaisseaux ; c’est par elle que passent ceux qui portent le sang aux cartilages et aux os. On sait que la gélatine est contenue en nature dans le sang, et qu’elle fait une assez forte partie du sérum, ou de la portion de ce fluide qui demeure liquide lors de la formation du caillot. On sait également qu’il y a du phosphate de chaux dans le sang, et sur-tout que le lait, nourriture naturelle de l’homme et de plusieurs animaux à l’époque où leur ossification est la plus ac- tive, contient beaucoup de cette substance. Ainsi, on conçoit aisément d’où les os tirent leur nourriture ; mais on n’est pas d'accord sur la manière dont le phos- phate calcaire s’y dépose : les uns pensent qu'il trans- sude des parois des artères; d’autres, qu'il traverse simplement leurs extrémités ouvertes ; d’autres enfin , que les artères s’ossifient elles-mêmes. Il serait peut- être plus probable qu’il se combine avec la gélatine du cartilage, et que cette combinaison a lieu sur-tout à l’époque ou l’abondance du phosphate est plus con- sidérable dans le sang par le genre de nourriture que prend l'animal, ou par la disposition sénérale des or- ganes qui agissent dans la formation de son sang. On ne sait que trop qu'il y a des maladies dans lesquelles ART.III, PARTIES DURES DES INVERTÉBRÉS. 129 le phosphate calcaire se trouve enlevé aux os par des affinités plus puissantes; et d’autres où sa trop grande abondance porte la rigidité dans des organes auxquels elle est nuisible, ou produit des excroissances plus ou moins monstrueuses. Sa mauvaise proportion dans le corps vivant y cause les maladies les plus douloureuses et les plus incommodes. Nous verrons ailleurs que les dents, quoique sem- blables aux os pour la composition chimique, ne crois- sent pas de la même manière, mais par couches comme les coquilles. ARTICLE HI. DES PARTIES DURES QUI TIENNENT LIEU D'O$ AUX ANIMAUX NON VERTÉBRÉS. Les coquilles sont des enveloppes d’une substance calcaire, d’un tissu tantôt feuilleté, et tantôt aussi dense et aussi dur que le marbre : elles servent d’enve- loppe à un grand nombre d’animaux de la classe des mollusques ; et chacun sait que la variété de leurs for- mes, les nuances plus ou moins tranchées de leurs couleurs , et l’éclat de leur nacre, en font un des plus beaux ornements des cabinets des curieux. L'histoire naturelle fait suffisamment connaître leurs formes et les rapports de ces formes avec les ordres et les genres des animaux qui les habitent : il n’est question ici que de leur texture, de leur accroissement, et de la manière dont elles sont liées au reste du corps. F, 9) 130 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. Elles sont composées, comme les os, d’une matière calcaire intimement tnie à une substance gélatineuse, et qu’on peut également en séparer par le moyen des acides : mais elles sont un produit de la peau déposée sous l’épiderme, ou même quelquefois dans l’épaisseur du derme. On distingue, dans quelques espèces, des couches assez faciles à séparer et coliées les unes sur les autres, comme les feuilles de papier qui forment un carton. L'observation a appris que ces couches sont moins nombreuses dans les jeunes animaux que dans les adultes; il n’y a que les plus extérieures, qui sont en même temps les plus petites. À mesure que l'individu avance en âge, il se forme à la face interne de la coquille une couche nouvelle , sécrétée par la partie des téguments, que l’on nomme le man- teau et qui déborde toutes les couches précédentes ; en sorte que cette coquille prend à chaque fois un ac- croissement en longueur et en largeur, comme en épais- seur. Voilà des faits certains : il suffit, pour s’en assurer, de comparer des coquilles de même espèce qui aient appartenu à des individus de différents âges ; on verra toujours moins de couches à celles qui proviennent d'individus plus jeunes. Les jeunes moules, qu’on peut observer avant même qu’elles aient quitté la matrice de leur mère, n’ont alors qu’une seule couche à leur coquille , et cette coquille n’est pas pour cela molle on gélatineuse : elle a la même rigidité que la coquille adulte ; et si elle est beaucoup plus fragile, c’est qu’elle est beaucoup plus mince. Mais ces couches qui doivent snccessivement venir en augmenter l’épaisseur, sont-elles produites par déve- loppement, ou par simple juxta-position? Des vais- ART. III. PARTIES DURES DES INVERTÉBRÉS. 151 seaux nourriciers vont-ils déposer le sue calcaire dans les divers points de leur épaisseur, ou transsudent-elles seulement au travers de la peau de l'animal pour se coller aux couches précédentes. Voilà des questions sur lesquelles les physiologistes ne sont d'accord que de- puis peu de temps. Le corps des limaçons ne paraît adhérer à la coquille qu'aux surfaces d’attache des muscles seulement ; et Réaumur ayant placé entre ce corps et les endroits dela coquille qu’il avait casséeexprès, des pellicules minces, ces cassures ne se sont pointréparées, tandis que celles où aucun obstacle n'érrétait les sucs qui pouvaient y arriver de la surface de la peau, se remplissaient promptement. Ces faits prouvaient en faveur de la simple juxta- position d’une matière transsudée ; cependant comme on avait vu, d’un autre côté , que l’huiître et la moule adhèrent à la coquille, non-seulement par les muscles , mais encore par tout le bord de leur manteau,et que de plus l’huître a toujours dans l'épaisseur de sa valve convexe , entre la charnière et le muscle transverse un ou plusieurs des vides remplis d’une eau fétide et amère. Quelques naturalistes avaient cru que les vaisseaux artériels et absorbants pénétraient dans l’intérieur des couches, en déterminaient la position et en enlevaient de temps en temps les molécules. [ Mais ces vides que l’on a cru s'opposer à la forma- tion des couches juxta-posées , s’expliquent parfaite- ment en supposant que le manteau n’adhère à la surface de ja coquille que par quelques points ou peut-être même par quelques lignes concentriques; et quedans les parties Où il n’y a point d’adhérence, les nouvelles cou 9: 192 II° LECON, ORGANES DU MOUVEMENT. ches ne s’appliquent point sur les précédentes , et lais- sent des vides qui sont remplis d’eau. La structure du reste de la coquille est tout-à-fait semblable; elle se compose, au moins dans son milieu, sous le muscle, de plusieurs lames d’émail qui s’écartent et se rapprochent; maisles intervalles, au lieu d’être remplis d’eau, le sont par une substance crétacée tendre et très feuilletée. | Quelques observations semblent prouver qu'il y a des testacés qui se dépouillent entièrement de leurs coquilles à certaines époques, pour en produire de nouvelles ; mais cette reproduction pourrait bien aussi se faire par développement. comme celle des bois de cerf. Quant au mécanisme du développement des couches des coquilles qui ne tombent point, on peut le comparer à celui qui produit les ongles, les couches in- térieures des cornes creuses des bœufs, des moutons et de tant d’autres mammifères ruminants, et même à celui qui produit l’épiderme dans tous les animaux ; c’est-à-dire que ce sera un desséchement, une espèce de mort d’une membrane qui semblait avoir une sorte d'organisation tant qu’elle était restéeà l'abri du contact de l'élément extérieur , ou qu'elle n'avait pas acquis toute la solidité qui lui convenait. Il paraît que c’est là la manière dont se développent toutes les parties dures des mollusques. La sèche ordinèire (sepia officinalis) a, dans les chairs de son dos un corps ovale, convexe en avant et en arrière, blanc, ferme , friable, de substance cal- caire. Ce corps n’a point d’adhérence avec les chairs dans lesquelles ilse trouve, pour ainsi dire , comme un corps étranger qui s Y serait introduit : aucun vais- seau , aucun nerf visible ne le pénètre , et il ne donne ART, Iff. PARTIES DURES DES INVERTÉBRÉS, 193 attache à aucun tendon. Il est composé de lames min- ces parallèles, qui ne se touchent pas immédiatement , mais dans les intervalles desquelles sont une infinité de petites colonnes creuses qui vont perpendiculaire- ment d’une lame à l’autre, et qui sont disposées en quinconce très régulier. Comme les lames sont planes, et que les deux faces de l’os sont convexes, elles les coupent nécessairement. Les endroits de ces intersec- tions sont marquées sur les faces par des stries curvili- gnes très régulières. Cet os a des espèces d’ailes qui sont d’une nature moins opaque, moins cassante, et plus ressemblante à une corne mince et élastique. C'est aussi ‘à cette dernière substance que res- semblent les parties qu’on a appelées os dans les calmars; elles sont transparentes, élastiques , assez cassantes ; leur forme est tantôt celle d’une feuille, tantôt celle d’une lame d'épée. Leur connexion avec les parties molles est la même que celle de los de la seche. On trouve aussi une petite plaque , demi-cornée, demi-friable, dans l'épaisseur du lobe charnu qui re- couvre les branchies de l’aplysie, et même il yena une encore plus petite dans le manteau de la limace ; mais tous ces corps , quelqu'étrange que ceci puisse paraf- tre, ne sont quedes coquilles internes plates et plus ou moins calcaires. Les parties solides des animaux articulés sont d'une autre nature ; elles ne sont plus une produc- tion de la peau, comme les coquilles, les ongles, les cornes creuses, mais, un endurcissement , un en- croûtement de cette peau, comme on en voit des exemples dans les tatous et les crocodiles. Aussi les Le 19% II LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. espèces à test calcaire qui n’ont point acquis leur en- tier accroissement, sont-elles obligées, au moment de la croissance, de se débarrasser de cette enveloppe dure qui ne permettrait point leur développement. C’est ce qu'on remarque chez les crustacés. A l’époque de la mue , leur enveloppe se fend et se détache ; mais il s’en trouve à point nommé une autre dessous , qui se formait pendant que l’autre perdait sa connexion avec le corps , et mourait, pour ainsi dire. Cette enveloppe nouvelle est d’abord molle , sensible et même pourvue de vaisseaux ; mais une quantité de molécules cal- caires, amassées auparavant dans l’estomac, ne tardent pas à y être portées, à la durcir, à en obstruer les oreset les vaisseaux , à la rendre, en un mot, toute semblable à celle qu’elle a remplacée. Les insectes ne prennent leur dureté complète que lorsqu'ils ont acquis leur dernière forme ; et qu’ils ne doivent plus changer de peau ; mais toutes les peaux qu’ils ont rejetées auparavant , quoique plus molles , étaient mortes , et déjà remplacées par d’autres qui s'étaient développées dessous lorsqu'elles sont tom- bées. Quelques animaux invertébrés ont aussi des parties dures dans leur intérieur ; mais elles ne sont point ar- ticulées de manière à servir de base à des membres mobiles , et leur tissu diffère aussi considérablement des os ordinaires. Les plus remarquables de ces sortes de parties dures sont les dents de l'estomac des écre- visses , dont nous renvoyons la description , ainsi que celle des dents ordinaires , à l’article où nous traite- rons de la digestion. Les parties solides des zoophytes varient considéra- ART, 1V‘ PARTIES DURES DES INVERTÉBRÉS. 195 blement ; elles sont tantôt à l’extérieur, comme dans unepartie des échinodermes et les polypiers à tuyaux, tantôt à l’intérieur, comme dans les polypes'à cellules et les polypiers corticaux. Dans les astéries ou étoiles de mer , elles constituent une sorte de charpente composée d’un disque central entouré de cinq branches plus ou moins alongées et formées de pièces plus ou moins nombreuses articulées entre elles. Ces branches sont simples ou bifurquées et fournissent de très bons caractères zoologiques. Dans les oursins, c’est une enveloppe plus ou moins sphérique, calcaire, solide et souvent très dure, compo- sée de nombreuses pièces articulées par suture dentée, percée d’une foule de petits trous qui laissent passer des pieds membraneux et garnis de tubereules , sur lesquels jouent librement des pointes d’une substance analogue à celle de la coquille. Ces parties osseuses recouvertes par un épiderme et par un üssu muqueux, peuvent être considérées comme la partie dermoïque de la peau ossifiée. [ On n’a pointsuffisamment examiné commentse fait l'accroissement dans ces parties solides de l'étoile de mer et des oursins. Dans les oursins , il s’accomplit probablement à de certaines époques par les bords des pièces articulées , mais alors les parties ancien- nes doivent subir un ramollissement qui leur permette de s’étendre et de prendre la nouvelle courbe que né- cessite la plus grande longueur deleurs diamètres. On a des exemples de ce ramollissement dans les portions profondes et internes des parties solides des crustacés qui, à l’époque de la mue des parties externes, perdent leur solidité et se trouvent dans les conditions nécessai- 556 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. res pour un plus grand développement. Il n’est guère possible de comprendre autrement laccroissement de toutes les parties solides qui constituent l’enveloppe des échinodermes. | Enfin les polypes à polypiers ont les parties dures , tantôt cornées , tantôt calcaires, tantôt spongieuses, mais qui croissent par simple juxta-position, ou tout au plus par développements successifs de plusieurs couches, comme les coquilles. Ilen est dans lesquels ce développement se fait à l’extérieur et où la subs- tance sensible enveloppe les couches anciennes par des couches nouvelles qu’elle recouvre elle-même. Tels sont tous les lthophytes et les cératophrytes. Dans d’autres , les parties qui ont une fois atteint leur dureté n’augmentent plus en grosseur; mais il se forme seulement de nouvelles pousses, ou même de nouvelles branches à leurs extremités. Tels sont tous les zoophytes articulés. Toutes ces productions contiennent un mélange de matière calcaire et de gé- latine animale, comme les os et les coquilles. ARTICLE IV. DES JONCTIONS DES OS, ET DE LEURS MOUVEMENTS. On sait que les os se divisent , d’après leurs formes, en os longs, en os plats et en os dont toutes les dimen- sions sont à peu près égales. On connait les noms imposés à leurs éminences, à leurs creux , à leurs échancrures, et ceux qui désignent ART, IV. DES JONCTIONS DES OS. 197 l'état de leurs surfaces; toutes ces choses sont de simple description et auraient pu s’exprimer sans un si grand appareil de termes techniques. Nous ne nous arrêterons qu’à ce qui concerne leurs articulations, parceque ce sont elles qui déterminent les mouvements dont les os sont susceptibles; et qu’elles ont une très grande influence dans l’économie des di- vers animaux. Il y a de ces articulations qui ne permettent aucun mouvement ; d’autres laissent exécuter un mouvement obscur et très borné ; d’autres enfin sont disposées de manière que les os qui les composent se meuvent l’un sur l’autre librement , soit dans un seul , soit dans plu- sieurs sens. Non-seulement les os correspondants ne sont pas toujours articulés de la même manière dans tous les animaux, mais encore il y en a qui ne se touchant même pas dans la plupart, s’articulent ou s’engrènent les uns avec les autres dans quelques espèces : il y a même des animaux dans lesquels on observe des espè- ces d’articulations particulières qui n’existent point dans les autres. On nomme suture une sorte d’articulation sans mouvement, ou de synarthrose, qui a lieu lorsque deux os plats se touchent par leurs bords, sans intermédiaire: elle est dentée , lorsque ces bords ont des dents qui en- grènent les unes dans les autres ; harmonique lorsqu'ils se touchent simplement; et écailleuse , lorsque le bord aminci de lun recouvre celui de l’autre. Les os du crâne et de la face de l’homme présentent les exemples de ces diverses sortes de sutures : ce sont même presque les seuls qui soient unis de cette façon dans ic corps hu- 138 F1‘ LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. Main; mais on en trouve d’autres exemples dans les animaux. Les côtes de la tortue sont extrêmement élar- 5% ' g1es, et s engrènent entre elles et avec les vertèbres du dos pour former le test. Ces sutures en ont même im- posé à plusieurs naturalistes qui ont pris des tests fos- siles de tortue pour des fragments de crânes humains, Les pièces du sternum des tortues de terre et des émydes , ou plutôt de leur plastron, sont aussi unies entre elles par des sutures dentées. Il en est de même de plusieurs des os qui forment l’épaule et le bras des poissons, c’est-à-dire, la ceinture osseuse à laquelle sont altachées leurs nageoires pectorales. L'union in- férieure et mitoyenne est une suture dentée très par- faite dans les silures, et dans quelques autres genres aplatis horizontalement par devant. Nous venons de dire que les pièces des parties solides des oursins sont également articulées par cette sorte de suture; elles offrent même ici une régularité dans les dentelures qui ne se rencontre pas ailleurs. Les unions des os de la tête des mammiferes sont à peu près semblables à ce qu’on observe dans celles de l’homme, et les unes et les autres disparaissent avec l’âge par les progres de l’ossification. Les os de la tête des oiseaux et des poissons s’unissent presque tous par des sutures harmoniques et écailleuses, et chez les oiseaux ils se soudent ensemble avec plus de promp- titude que chez les quadrupèdes. On remarque dans les parties latérales de la face des poissons, et dans les couvercles de leurs branchies, une espèce particulière d’articulation qui ressemble à la suture écailleuse, en ce qu’elle consiste dans le recouvrement des bords amincis de deux os plats, mais D —— ART, IV. DES JONCTIONS DES 0S. 139 qui en diffère, parce qu'elle permet un mouvement plus ou moins étendu, par lequel ces os peuvent se plier ou glisser Pun sur l'autre. La gomphose est une seconde espèce articulation sans mouvement, dans laquelle un os entre comme un pivot dans une fosse d’un autre os, où il est contenu comme un arbre l’est dans la terre par sa racine. Les dents en sont le seul exemple dans l’homme et dans les quadrupèdes. Le poisson scie en offre un second dans les crochets qui sont enfoncés aux deux côtés de son long museau, et qui lui ont donnéle nom qu’il porte. En revanche, ses véritables dents, non plus que celles des raies et des squales , ne sont point attachées ainsi, mais tiennent seulement à la surface des os maxillaires; tandis que dans Œautres poissons, elles sont entièrement soudés aux os des mâchoires. Nous devons rapporter ici une troisième espèce d’ar- ticulation immobile, dont l’homme n'offre point d'exemple. C’est celle où un os, ou autre partie dure reçue dans une cavité, reçoit lui-même dans une cavité de sa base une éminence du fond de celle dans laquelle il est reçu. Les ongles des chats et de plusieurs autres quadrupèdes à fortes griffes, s’unissent ainsi avec les dernières phalanges des doigts. Les défenses du morse sont de même enfilées par un pivot quitien à la base de leur alvéole. Les articulations qui ne permettent qu’un demi- mouvement, ou les amphiartroses , sont telles, non par la figure des parties osseuses qui les constituent, mais par des substances cartilagineuses ou ligamen- teuses, placées entre les os qui forment les articula- tions et qui sy unissent étroitement. Les os du bassin 140 LL LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. sont tellement liés par ces sortes de cartilages inter- médiaires, que leur mouvement est presque nul, a moins d'efforts considérables. Les corps des vertèbres ont beaucoup plus de jeu les uns sur les autres, parce que la substance qui les unit est plus épaisse et plus flexible. Leur union se fait, dans les quadrupèdes et les poissons, de la même manière que dans l’homme: mais, dans le cou des oiseaux et dans toute l’étendue de l’épine des serpents, leur articulation est entièrement mobile; elle se fait par des facettes que rien ne joint ensemble, et qui ne sont retenues que par une capsule ligamenteuse 9 comme celle de nos os du bras et du pied : de là vient en partie leur grande mobilité. On pourrait encorerapporter aux articulations demi- mobiles celles du carpe et du tarse, qui, quoique pourvus de facettes articulaires, libres et lisses, sont tellement serrés dans les ligaments environnants , qu'ils ne se meuvent les uns sur les autres qu'avec beaucoup de peine, et dans un espace très petit. Mais la disposition de leurs facettes donne un caractère plus important, qui doit faire ranger ces articulations dans la troisième classe; celle des articulations libres, ou diarthroses. En effet dans les jonctions des deux classes précé- dentes , les bords ou les faces des os qui forment l'union, ou se touchent immédiatement, ou sont col- lées lune à l’autre par une substance qui s'attache elle-même à toute l'étendue de ces faces ou de ces bords; le périoste se continue d’un os à l'autre, et s'attache plus intimement encore à l’endroit de l'union qu’à tout le reste de leur superficie. , ART IV. DES JONCTIONS DES OS. 141 Au contraire, dans les articulations mobiles dont nous allons parler, les faces des os qui se regardent, sont libres et distinctes ; elles sont enduites chacune d'un cartilage lisse et poli; il y a quelquefois des car- tilages libres, appelés inter-articulaires. Les deux os sont attachés par une continuation du périoste, qui ne revêt point les cartilages articulaires, mais qui passe d’un os à l’autre, et forme ainsi une espèce de capsule dans laquelle les faces articulaires sont renfermées, de manière que rien ne peut sortir de leur intervalle ni y entrer; l'intérieur en est ta- pissé par une membrane, que des organes sécrétoires adhérents à ses parois, remplissent d’une humeur propre à faciliter les mouvements. Il y a souvent en- core d’autres ligaments , soit en dedans, soit en dehors de la capsule, qui la fortifient, ou qui bornent le mou- vement des os, plus que la capsule seule ne l'aurait pu faire. C’est du nombre et de la raideur de ces ligaments, et encore plus de la forme des creux et des éminences, des faces articulaires des os, que ‘dépendent l'étendue et la direction des mouvements. Un os qui s’articule avec un autre par une de ses extrémités, ne peut se mouvoir sur lui que de deux manières : par flexion ou par torsion. La flexion a lieu lorsque l'os mu , rapproche de l'os sur lequel il se meut celle de ses extrémités qui est opposée à l’arti- culation ; car c’est lorsque les deux os sont en ligne droite, que cette extrémité est la plus éloignée. La tor- sion a lieu, lorsque los mu tourne autour de son propre axe, ou autour d’un axe imaginaire, pris dans l'espace, et passant par l'articulation. + 142 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. On sent aisément que la torsion ne peut avoir lieu qu’autant que les faces articulaires sont planes ou sphé- riques, et qu'il n’y a que ces dernières seulement qui puissent permettre les flexions dans tous les sens. Mais pour peu que ces faces soient en portion de cylindres, ou qu’elles soient chacune, en partie convexe et en partie concave, le mouvement de flexion sera borné en un seul sens ; l'os demeurera toujours dans le même plan, tant que celui auquel il tient ne sera pas dé- placé, et il décrira un secteur de cercle, dont le cen- tre sera dans l'articulation. L’articulation qui ne permet de flexion que dans un seul sens, se nomme ginglyme ; celle qui la permet dans tous les sens, énarthrose ou arthrodie, selon que les faces sont plus ou moins convexes, et qu’elles permettent des flexions plus ou moins complètes. Lorsqu'un os tient à un autre par deux extrémités , il est réduit à tourner autour; c’est une espèce parti- culière de ginglyme, à laquelle on a donné Ie nom de rotation. La tête est attachée au tronc, la mâchoire l’est à la tête, et toutes les parties des extrémités le sont entre elles par ces différentes espèces d’articulations mobiles ; mais elles ne le sont pas toujours de la même manière : ainsi la tête des mammifères s'articule par ginglyme, celle des oiseaux par arthrodie; le radius de l’homme, s'articule par arthrodie avec l’humérus, et par rotation avec le cubitus; dans les rongeurs, les cochons , etc., il tient à l’humérus par ginglyme, et il est immobile sur le cubitus ; il s’y soude même en- tièrement dans certaines espèces. Quelques poissons présentent des modes particu- ART. IV. DES JONCTIONS DES OS. 145 liers d’articulations mobiles, dont le squelette de l’homme et es mammifères n'offre point d'exemple. Le premier, qui pourrait aussi se rapporter au pin- glyme, est l'articulation en anneau, dans lequel un os est comme enfilé par une branche, ou du moins par une proéminence cylindrique et presque détachée d’un autre os. Les premières épines des nageoires anales de quelques chétodons, celles des nageoires dor- sales des silures et de presque tous les acanthoptéry- giens sont attachées ainsi. Le second est une aïticulation qui peut devenir im- mobile, au gré de Fanimal. [’os mobile a un petit crochet ; et l’animal peut, en tordant cet os, faire entrer ce petit crochet dans une fossette de l’os im- mobile; et en lui faisant faire une légère flexion il l'y accroche, de manière que l'os ne peut plus être dérangé qu’en reprenant une marche précisément contraire à celle qui Va mis dans cet état, et que tout effort dans un autre sens est inutile. C’est ainsi que les silures et les épinockes, fixent les premières épines de leurs nageoires pectorales , lorsqu'ils veulent s’en servir pour le combat. Nous avons déjà parlé plus haut, de l'espèce d’ar- ticulation mobile, qui a eu lieu entre les bords amin- cis de deux os plats, et qui leur permet de glisser l’un sur l’autre. On trouve dans les oiseaux une autre es- pèce d’articulation qui permet aussi ce plissement, mais qui a lieu entre des facettes planes. Les arcades palatines du bec supérieur des canards en ont de telles, qui correspondent à d’autres situées à la base du crâne. Les mollusques n’ont d’articulations qu’à leurs co- quilles: celles des coquilles bivalves se réduisent en général à des ginglymes plus où moins composés, se 144 1° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. lon le nombre plus ou moins grand des dents et des fossettes qui entrent les unes dans les autres: il n’y a ni capsule ni cartilages articulaires : en dehors est un ligament élastique qui force les valves à s’ouvrir lorsque les muscles qui les tiennent ordinairement fermées se relâchent. Les coquilles multivalves ont leurs pièces attachées ensemble par une membrane cartilagineuse commune , ou bien ces pièces sont tou- tes attachées immédiatement au corps de l'animal. Dans les chitons, elles se meuvert les unes sur les autres, en faisant glisser leur bord en recouvrement, Dans les anatifes, il n’y a qu’un mouvement commun d'ouverture et de fermeture, qui a lieu par ginglyme, comme celui des bivalves. Les opercules de quelques univalves, notamment des nérites , sont aussi articu- lés par ginglyme à la coquille principale. Les crustacés et les insectes ont un système com- mun d’articulations , qui tient à la position de leurs parties dures en dehors des muscles. Ces parties du- res étant faites en étui, et les muscles remplissant leur milieu, elles ne peuvent pas s’articuler par des sur- faces simples et pleines; il ne peut donc point y avoir chez eux d'arthrodies ni d’énarthrose. 'l'outes leurs articulations mobiles se réduisent à trois. Le ginglyme est la seule dans les parties qui ont besoin d’un point d'appui solide, parce que les enve- loppes écailleuses des membres, étant tubuleuses doivent s'appuyer au moins par deux points de leur contour, ce qui détermine nécessairement le ginglyme. Quant aux parties qui n’ont pas besoin d’un appui solide, elles sont simplement suspendues par des li- gaments , OU bien elles s’articulent par emboïtement. L'emboiîtement se fait lorsqu'une partie entre, et ER PE PT FE EE ART. V. DES TENDONS ET DES MUSCLES. 149 est emboîtée dans une autre. C’est ainsi que les hanches des insectes sont emboîtées dans le thorax , et que les anneaux de leurabdomen le sontles uns dans lesautres. Comme la partie qui reçoit et celle qui est reçue sont l’une et l’autre des segments de sphéroïde , celle ci peut exécuter le mouvement de torsion: elle peut s’enfoncer plus ou moins, soit également dans tout son contour, soit plus d’un côté que de l’autre; mais elle ne peut point avoir de flexion proprement dite. Les parties des insectes qui sont articulées en gin- glyme, et qui sont principalement les différentes portions de leurs jambes , sont fortement échancrées du côté où la flexion doit être plus complète; l’inter- valle est garni d’une membrane souple, et il n’y a point d'autre ligament. Les tubercules et les fossettes articulaires sont tellement arrangés, qu’on ne peut les luxer sans les rompre ; des courbures très légères, qui en font des espèces de crochets, produisent cet effet avantageux. [ Parmi les zoophytes, les astéries et les oursins of- frent seuls des articulations mobiles ; les premières ont des bords et des surfaces contiguës qui permettent aux pièces dont leur charpente se compose un mouvement obscur, et les pointes des derniers s’articulent par ar- throdie avec les tubercules qui le sup portent. | ARTICLE V. DES TENDONS , DE LA COMPOSITION DES MUSCLES, ET DE LEUR ACTION. La forme de l'articulation détermine le nombre, l’es- 1. 10 146 n° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. pèce et la direction des mouvements que les os qui la composent peuvent exécuter. Le nombre et la direction des muscles qui sy at- tachent, déterminent ceux de ces mouvements qui s’exécutent en effet. Le muscle s’attache à Vos par le moyen du tendon. Le tendon est d’une texture fibreuse comme le mus- cle: mais ses fibres sont plus serrées, plus fermes, d’un blanc argenté ; il s’y rend moins de vaisseaux, et point de nerfs : sa substance est presque entièrement gélatineuse ; et il ne possède ni sensibilité, ni irrita- bilité : ce n’est qu’un lien passif, par lequel le muscle agit sur l'os. Il y a cependant des plans ou des intervalles tendi- neux, soit dans l’intérieur, soit à la surface de plusieurs muscles : ceux mêmes qui servent à leur insertion, pénètrent plus ou moins dans la substance charnue, et s’y mêlent ou s’y entrelacent de différentes manières. La forme des tendons varie autant que celle des mus- cles : ceux qui sont larges et minces portent le nom d’aponévroses. En qualité de gélatineux, le tendon a une grande affinité pour la substance osseuse ou le phosphate cal- caire ; il la reçoit facilement, sur-tout lorsque son action est très souvent répétée, et qu’il est employé à des mou- vements violents. Les oiseaux pesants, et qui marchent beaucoup, ont les tendons de leurs jambes ossifiés de très bonne heure. Il en est de même des perboises et des autres quadrupèdes qui sautent toujours sur les jambes de derrière. Les tendons des crustacés et des insectes, dans les muscles des cuisses et des jambes sont d’une nature ART. V. DES TENDONS EP DES MUSCLES, 147 différente de celle des tendons des animaux à sang rouge; ils sont durs , élastiques et sans fibres apparen- tes: les fibres charnues les enveloppent et s’insèrent à leur surface. Souvent le tendon s’articule lui-même avec l’étui écailleux qu’il doit mouvoir, comme un os pourrait s’articuler avec un autre ; il est joint à cet étui par un ligarnent membraneux. C'est ce qu’on peut voir sur-tout dans les grandes pattes des écrevisses. Les mollusques n’ont point de tendons apparents à leurs muscles, ce qui provient sans doute de ce que la couleur est la même dans la partie tendinense ct dans la partie charnue ; car quant à la nature chimi- que , il est certain que la macération et la coction détachent nettement les muscles des parties dures ; ce qui ne peut avoir lieu que par la dissolution de leur moyen d'union. Ce moyen n’est donc pas de la fibrine comme le reste du muscle, puisqu'il serait alors in- dissoluble. ILest probable que les fibres musculaires élémen- taires exercent toutes une force égale au moment où elles se contractent : mais la manière dont elles sont disposées dans chaque muscle , et celle dont le muscle lui-même l’est par rapport à l’os où à la partie quel- conque qu'il doit mouvoir, donnent à cette force un enplot plus ou moins avantageux. On ne peut donc pas estimer l’action d’un muscle par sa masse seule , ou par la quantité des fibres qui le composent ; il faut encore considérer ces deux autres circonstances : la composition du muscle, et son insertion. Les muscles se divisent en simples et en composés, Les simpies sont ceux dont toutes les fibres ont une disposition semblable: les plus ordinaires sont les mus- & 10: er ? ve 148 11° LECON, ORGANES DU MOUVEMENT. cles ventrus ; leurs fibres sont presque parallèles, et forment un faisceau alongé, dont le contour est ar- rondi; leur partie charnue est plus ou moins renflée dans le milieu, qui se nomme le ventre, et elle s’a- mincit vers les deux extrémités , où elle se termine dans les tendons. Une autre espèce est celle des mus- cles plats à fibres parallèles : ils forment des espèces de membranes charnues, qui, au lieu de se terminer dans des tendons amincis, finissent par des aponé- vroses ou des membranes tendineuses. Ces deux espèces peuvent avoir et ont quelquefois des tendons ou des aponévroses dans leur milieu ou dans d’autres points de leur étendue. On voit que dans l’une et dans l’autre, l’action totale est égale à la somme de toutes les actions particulières des fibres; et que s’il y a du désavantage , il vient de l’insertion générale, non de la composition. Il n’en est pas de même, dans deux autres espèces de muscles simples , les rayonnés et les penniformes. Les muscles rayonnés sont ceux dont les fibres sont disposéescomme les rayons d’un cercle,etviennentd’une base plus ou moinsétendue,se réunir à un tendon mince, en s’inclinant plus ou moins les unes vers les autres. Les penniformes sont ceux dont les fibres sont dis- posées en deux rangées, qui s'unissent dans une ligne moyenne en faisant deux à deux des angles plus ou moins ouverts, à peu près comme les barbes d’une plume. Le tendon est la continuation de cette ligne moyenne. Il est facile de voir que, dans ces deux sortes de muscles, la force totale, ou la résultante , est moindre que Ja somme totale des forces composantes, et qu’elle 4% 4 ? fe ART, Ve DES TENDONS ET DES MUSCLES. 149 , . ; à égale seulement la somme diagonale des parallélo- grammes , que l’on formerait en prenant deux à deux les fibres qui font angle ensemble. Le muscle composé est celui qui consiste dans l'assemblage de plusieurs muscles qui s'unissent en un tendon commun. Ces muscles composants peuvent être semblables; mais on en voit quelquefois de très différents, des rayonnés, des ventrus , etc. , se réunir pour former un muscle composé. L'action particulière de chacun d’eux peut s’estimer d’après les observations précédentes : on calcule ensuite leur action totale selon leur plus ou moins d’inclinaison. Il y a enfin des muscles qui n’ont qu'un seul ventre et des tendons divisés; et d’autres qui ont plusieurs parties charnues, et plusieurs tendons entrelacés en- semble de diverses manières. Cette dernière espèce peut se nommer muscles compliqués. De ces diverses dispositions résultent les forces absolues des muscles ; leur insertion détermine leur effet réel. On peut rapporter à huit les différentes espèces d'insertions musculaires. Les muscles peuvent être destinés à comprimer les parties molles contenues dans une cavité quelconque : alors ils enveloppent cette cavité dans divers sens, comme des membranes ou des rubans. Telle est la disposition des muscles de notre abdomen et de notre diaphragme ; telle est celle des muscles des limaces, et des autres mollusques et vers nus, qui peuvent se contracter en tous sens. Lorsque ces sortes de muscles agissent simultanément, c’est pour faire sortir quelque matière du corps, comme des œufs, des exeréments, etc.; mais d’ordinaire ils agissent alternativement , et alors leur effet est d'augmenter un des diamètres de la 150 LE LECON: ORGANES DU MOUVEMENT. cavité qu'ils entourent en diminuant l’autre. C'est ainsi qu’à chaque inspiration , l'abdomen grossit en se raccourcissant; et que le contraire arrive à chaque ex- piration. C'est ainsi que les limaces , les sanpsues , etc., s’alongent et se raccourcissent en faisant agir, dans le premier cas , leurs muscles transverses ou annulaires, et dans le second, leurs muscles longitudinaux. C’est aussi de cette manière qu’agissent les muscles qui doivent alonger ou raccourcir, relâcher ou raidir quelque partie molle du corps, comme la langue de l'homme et des quadrupèdes , les cornes du maçon. Le cœur, les intestins, les artères, ont aussi des muscles de cette espèce. ” D’autres muscles sont destinés à ouvrir ou à fermer quelque ouverture molle : alors les uns l’entourent comme des anneaux, on les nomme sphincters : les autres s’insèrent d’une manière plus ou moins directe aux bords de l’ouverture. Lorsqu'ils sont étendus uniformément autour, elle conserve sa figure, et se dilate ou se resserre unifor- mément. La paupière du poisson lune, l’anus du limaçon, en sont des exemples. Lorsque ces muscles ont des directions différentes et forment divers angles avec les bords qu’ils doivent écarter, la forme de l’ouverture est fort variable ; telles sont les lèvres de homme : aucun animal n’approche de lui pour la mobilité de cette partie; aussi aucun d'eux u’a-t-il une physionomie aussi expressive. Un troisième emploi des muscles est d'étendre ou de replier comme un rideau une membrane qui doit cou- vrir quelque partie, telles que les paupières del’homme, des quadrupèdes et des oiseaux. Lorsque ces muscles sout dans l’épaisseur même de la membrane, leur dis- # ?. PRO Lot 2 ART, Ve DES TENDONS ET DES MUSCLES. 151 position est pareille à celle dont nous avons parlé tout- à-l’heure; mais lorsqu'ils sont placés en dehors, il y a des dispositions de poulies assez compliquées. Nous les exposerons en parlant de l’œil des oiseaux: Un quatrième emploi des muscles peut être celui de faire tourner ou rouler une masse globuleuse, libre et appuyée de toutes parts, comme l’œil dans l'orbite; où la bouche du limaçon dans sa tête. Ils entourent alors cette partie comme des portions de cerceau , ét: elle $e tourne du côté du muscle qui se contracte le plus. Ces quatre modes d’action reviennent, au fond, tous , à celui des sphincters ou des muscles lan k ce sont toujours des portions de ceinture ou des ceiris tures entières, qui se rétrécissent ou se serrent sur les parties qu’elles ceignent. Les suivants, dans lesquels les ns à agissent sur des os ou d’autres parties dures, peuvent être com- parés à l’action des cordes au moyen desquelles on tire quelque objet résistant. La partie tirée peut l'être éga- lement dans toutes ses parties ,: de manière qu’elle demeure toujours parallèle à elle-même. | Tel est le mouvement par lequel nous élevons ou abaissons notre 05 hyoïde et. notre laryu nx, cordes qui tirent dans le sens même LU le mouvement doit se faire ; ce qui est leur emploi le plus avantageux : C’est ce que nous voyons dans les.museles slerno- Le oidien, et génio-hyoidien : ou si elles diverz gent, elles sont en égale quantité des deux côtés, et la résultante du muscle est employée de la manière,la plus avantageuse; c’est ce que nous voyons dans le mylo-hyoidien , le scapulo-hyoidien. # 152 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. Mais lorsque los tiré est articulé en un point quel- conque, il ne peut plus être tiré en masse, et 1 doit être considéré comme un levier dont le point d’ap- pui est dans l'articulation. Lorsque larticulation est entre les deux extrémités, et que les muscles sont placés à l’une d’elles, los forme un levier du premier genre. Nous en avons un exemple dans la mandibale des écrevisses. Les mus- cles qui s’attachent à l’olécrâne et au talon, nous en rournissent aussi. Le plus remarquable est le tibia des oiseaux nommés grebes et castagneux , qui porte une longue apophyse élevée au-dessus du genou, et qui lui tient lieu de rotule. Mais le cas le plus ordinaire est celui où l’articula- tion est à une des extrémités de l'os; alors la position la plus favorable pour le muscle, c’est de venir d’un autre os parallèle à celui qu'il doit mouvoir, ou ne faisant avec lui qu'un angle fort petit : tel est le cas des muscles inter-costaux , des inter-épineux, et inter- transversaires , et de ceux qui rapprochent certains os disposés en éventail, comme ceux des membranes qui couvrent les BANCHÉES des poissons, ou ceux des ailes da dragon volant; encore ces muscles ont-ils presque ujours une obliquité qui n'était point néces- sitée par la position de leurs attaches, et qui en dimi- nue considérablement la puissance. Les muscles qui ferment la bouche de l’homme et le bec des oiseaux, peuvent aussi être comparés aux précédents par leur position avantageuse relative- ment à leur peu d’obliquité; mais ils s’insèrent beau- coup plus près qu'eux du point d'appui, ce qui leur Ôte beaucoup de force. ART, V. DES TENDONS ET DES MUSCLES. 133 Le dernier mode d'insertion des muscles, et celui qui est le plus ordinaire de tous, est lorsqu'un muscle attaché à un os s’insère à un autre qui , s’articulant médiatement ou immédiatement avec le premier, peut être étendu de manière à former avec lui une ligne droite, et peut se fléchir sur lui jusqu’à former un angle souvent très petit. Ce mode est le plus désavan- tageux de tous , à cause de l’obliquité extrême de l’in- sertion , lorsque los est mobile dans l’état d'extension, et à cause de sa proximité du point d'appui. Le pre- mier de ces désavantages est en partie corrigé par ce qu’on appelle les têtes des os. Leurs extrémités articulaires sont ordinairement renflées, en sorte que les tendons des muscles, se courbant autour de cette convexité pour s’insérer au- dessous, font avec le corps ou le levier un angle plus ouvert que si ces têtes n’existaient pas; ce qui rend l'obliquité de l'insertion moindre et moins variable. Quant à la proximité du point d'appui, elle était nécessaire pour ne point rendre les membres mons- trueusement gros dans l’état de flexion , mais sur-tout pour pouvoir produire une flexion prompte et com- plète ; car la fibre musculaire ne pouvant perdre qu’ane fraction déterminée de sa longueur dans la contraction, si le muscle s'était inséré loin de l’arti- culation, los mobile ne se serait rapproché de l’autre qué d’une petite quantité angulaire; au lieu qu’en s’insérant très près du sommet de l'angle, un petit raccourcissement produit un rapprochement considé- rable. C’est aux dépens de la force musculaire que cet effet a lieu : aussi ces sortes de muscles exercent-ils un pouvoir qui surpasse l'imagination. 154 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT: i Nous trouvons cependant , en anatomie comparée ; des exemples de muscles qui s’insèrent tres loin du point d'appui. Les oiseaux en ont un qui s’étend du haut de l’épaule à l'extrémité de l’avant-bras la plus voisine du poignet; mais c’est que tout l’angle formé par le bras et lavant-bras, est rempli chez eux par une membrane destinée à augmenter la surface de l'aile. C’est aussi le peu de raccourcissement de la fibre musculaire qui a exigé que les os courts, qui doivent être entièrement fléchis, le soient par des muscles atta- chés à des os éloignés. Les vertèbres et les phalanges des doigts sont dans ce cas. Des muscles qui se seraient étendus de l’un à l’autre de ces os seulement , n’au- raient pu leur imprimer des inflexions suffisantes : ceux des phalanges auraient, de plus, beaucoup trop grossi les doigts, Ces sortes de muscles avaient besoin que leurs tendons fussent fixés sur tous les os sur les- quels ils passent , sans quoi , lorsque ces os se fléchis- sent de manière à former un arc, les muscles et leurs tendons restés en ligne droite én auraient formé comme la corde; de là les ligaments annulaires, les gaines et les perforations. Ce dernier moyen qui n’a lieu que pour les fléchisseurs des doigts, des mains et des pieds de l’homme, des quadrupèdes et des reptiles ; et pour ceux des pieds seulement des oiseaux, consiste en ce que les muscles qui doivent aller plus loin, sont placés plus près des os, et. que leurs tendons perforent ceux des muscles qui s’insèrent plus près, et qui sont placés sur les premiers. Îl n’y a qu’une seule perforation lorsqu'il n’y a que trois phalanges ; les oiseaux qui ont un doigt à quatre, et un à cinq phalanges, y ont deux ART, WI. REMARQUES SUR LE SQUELETTE. 155 perforations ; et par conséquent trois muscles, un per- foré, un perforant et un perforé-perforant. Dans les reptiles cependant où l’on rencontre éga- lement quatre et cinq phalanges, il n’y a pas de perforé perforant; le perforé se partage en deux parties, pour les 2° et 3e phalanges, et une languette du perforant se rend à la 4e. Les vertèbres qui doivent exercer de grands mou- vements, comme celles du cou des oiseaux, et celles de la queue des quadrupèdes , ont aussi des muscles très éloignés ; mais leurs longs et minces tendons sont renfermés dans des gaines, dont ils ne sortent que vis- à-vis du point où chacun d'eux doit s’insérer. ARTICLE VI. REMARQUES GÉNÉRALES SUR LE SQUELETTE. Nous avons déjà vu que le squelctte est l’assem- blage des parties dures internes qui soutiennent le corps des vertébrés, et qu’il en fait comme la charpente. Dans les animaux sans vertèbres , les céphalopodes exceptés, les parties solides, qui tiennent lieu de sque- lette, sont extérieures; et leur forme est là même que cellede l’animal, puisqu'elles en renferment toutes les parties. Dans les animaux vertébrés, les seuls qui aient de véritables os, à l’assemblage desquels on doit ré- server le nom de squeletté, il ne détermine que les proportions et les formes les plus iniportantes : aussi RO 1 LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. leur squelette ne diffère-t-:l pas autant que leur figure extérieure , et il y a même, entre toutes ces charpentes osseuses, des rapports, dont on ne se douterait point à V’aspect des parties qu’elles soutiennent. En général, les os qui composent les squelettes sont tous articulés de manière à former un ensemble dont toutes les parties sont liées ; cependant il y a des exceptions à cette règle. L’assemblage d'os qui porte la langue n’est attaché aux autres que par des parties molles , dans beaucoup de mammifères, dans les oiseaux et les reptiles, quoi- qu'il soit vraiment articulé au reste du squelette dans d’autres quadrupèdes et dans les poissons. L’extrémité antérieure tout entière , n’est attachée que par des muscles dans les quadrupèdes sans clavi- cules ; mais dans les quadrupèdes qui en ont une, elle tient au sternum par un os simple, et dans plusieurs oiseaux et plusieurs reptiles par un os double. La plu- part des poissons l’ont fortement liée à la tête par une ceinture osseuse ; dans les raies, c’est à l’épine qu’elle s'attache ainsi. Au contraire, l’extrémité postérieure de beaucoup de poissons , notamment de ceux que l’on nomme ab- dominaux , est libre et simplement suspendue dans les chairs, tandis que les autres animaux l’ont fortement attachée au reste du squelette par le moyen du bassin. Les os qui composent le squelette se rapportent à trois divisions principales ; le tronc, la tête, et les extrémités. La tête ne manque jamais; les deux paires d’extrémi- tés manquent aux serpents et à quelques poissons; l’ex- trémité postérieure manque aux poissons apodes, c’est- ART, VI. REMARQUES SUR LE SQUELETTE. 157 à-dire sans nageoires ventrales |, et aux mammifères cétacés, L’extrémité antérieure ne manque seule qu’à une espèce de lézard; mais l’une ou l’autre ne se voit quelquefois qu’en vestige sous la peau, par exemple, lantérieure dans les orvets, les ophisaures ; la posté- rieure dans les pythons, les boas, etc. Aucun animal vertébré n’en a plus de quatre. Le tronc est formé par les vertèbres, dont l’ensemble se nomme l’épine du dos, par les côtes et par le ster- num. Les vertèbres ne manquent jamais , quoique leur nombre soit extrêmement variable ; on les voit même dans la lamproie où leur corps est réduit à un état presque membraneux. Le sternum manque aux serpents et aux poissons , à moins qu'on ne veuille donner le nom de sternum à des pièces qui, dans certaines espèces de ces derniers, réunissent les extrémités inférieures de leurs côtes; les autres parties auxquelles on a voulu affecter le nom de sternum ne le méritent point. Les côtes manquent aux grenouilles et à quelques poissons ; mais elles sont aussi réduites à de simples rudiments dans divers autres reptiles et dans plusieurs poissons. Les vertèbres qui portent des côtes, se nomment vertebres dorsales ; celles qui sont entre les dorsales et la tête, se nomment cervicales; celles qui sont der- rière les dorsales, lombaires ; celles qui tiennent au bassin ou à l’extrémité postérieure, sacrées ou pel- siennes; et celles qui forment la queue, coccygiennes ou caudales. 1 n’y a que quelques mammifères en uès petit nombre (les roussettes), et le genre des grenouilles , qui n’aient point de coccyx. Très peu de 158 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. poissons peuvent être considérés comme ayant des vertèbres cervicales. On sent que, dans les animaux qui n’ont pas de côtes, la distinction entre les trois premières espèces de vertèbres n’a plus lieu, et que celle des trois dernières disparaît dans ceux qui n’ont point d’extrémités postérieures , ou chez qui elle n’est point attachée à l’épine. Il y a dans les poissons une autre distinction à faire entre les vertèbres abdomi- nales et les vertèbres caudales. Celles-ci se distinguent par des apophyses épineuses descendantes. Les côtes qui vont des vertèbres au sternum, se nomment vraies côles : celles qui n’atteignent pas jusque là se nomment fausses côtes. Ces dernières sont toujours postérieures dans les quadrupèdes. Il ÿ en a en avant et en arrière dans les oiseaux et dans certains reptiles. Cette distinction cesse d’avoir lieu dans les animaux où il n’y a point de sternum. Il faudrait établir des dénominations particulières pour les côtes qui tiennent au sternum sans aller jusqu'aux vertèbres, comme le crocodile nous en offre; ou pour celles qui viennent des vertèbres et s’unissent en avant à la côte correspondante, sans que les sternum existe entre elles, comme on en voit dans le caméléon. La tête est toujours à l’extrémité antérieure de la colonne vertébrale , à celle qui est opposée à la queue. Elle se divise en trois parties, qui peuvent être entre elles dans des proportions différentes, mais qui ne manquent jamais : ce sont le crâne, qui contient le cer- veau , et dans les parois duquel sont creusées les cavités de loreiile interne et souvent une partie de celle du nez; la face, qui contient les fosses nasales , clôt les orbites inférieurement, et se termine en bas par la ART. VI. REMARQUES SUR LE SQUELETTE. 159 mâchoire supérieure; enfin la mâchoire inférieure ; celle-ci est toujours mobile, même dans le crocodile, quoiqu'on ait dit le contraire : la supérieure est immo- bile dans l’homme , les quadrupèdes, et quelques reptiles, comme les tortues, le crocodile , etc. ; mais elle à des parties plus ou moins mobiles dans les oiseaux , les serpents et Les poissons. Les extrémités lorsqu'elles sont complètes, se divi- sent en quatre parties , qui sont , pour celies de devant, Vépaule, le bras, lavant-bras et la main; pour celles de derrière, la hanche, la cuisse, la jambe et le pied. Cette distinction n’est pas aussi apparente dans les poissons , dont les extrémités ne montrent au dehors que des osselets rayonnés , c’est-à-dire disposés en éventail; encore pourrait-on trouver quelque analogie entre les os qui portent leurs nageoires antérieures ou pectorales, et les divisions des extrémités dans les autres animaux qui en ont. Quant à ceux qui portent leurs nageoires ventrales, ils sont toujours beaucoup plus simples. d "4 L’épaule est composée d’une omoplate couchée con- tre le tronc, et d’une clavicule attachée au sternum, _qui manque à quelques quadrupèdes et aux cétacés, \ comme nous venons de le voir, mais qui dans les … oiseaux et beaucoup de reptiles, est accompagnée d’un second os, le coracoïdien. L’omoplate ne manque jamais , tant que l'extrémité existe. Le bras n’est jamais formé que par un seul os; l’avant-bras l’est presque toujours de deux : lors même qu’il n’en a qu’un , on y voitun sillon, ou quelque autre vestige de sa composi- tion la plus ordinaire. La main varie pour le nombre des os, mais ceux qui y sont forment toujours un poi- 160: 41° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. gnet ou carpe, un corps de main ou métacarpe, et des doigts. Cela a lieu même, dans les oiseaux, dont les doigts sont enveloppés dans une peau recouverte de plumes, et dans les cétacés, où toute l’extrémité anté- rieure est réduite à une Fons de rame ou de nageoire. Les parties du squelette sont généralement disposées d’une manière symétrique ; en sorte que ses deux moitiés sont les contre-épreuves l’une de l’autre. Il n’y a que le genre de poissons nommés pleuronectes , qui comprend les soles, les plies, les turbots, etc., dans lequel la tête est tellement contournée, que les deux yeux et les deux narines sont du même côté ; mais la symétrie existe dans le reste du squelette. La tête de plusieurs cétacés a aussi quelque défaut de symétrie, quoique un peu moindre. Chaque classe et chaque ordre d’animaux ont des caractères particuliers relatifs à leur squelette: ils con- sistent dans la forme générale du tronc et des extrémi- tés, dans la présence ou l’absence de celles-ci, et dans le nombre et la forme particulière des os qui com- posent ces différentes parties. Nous exposerons tout cela en détail dans les leçons suivantes : il convient seulement de remarquer ici, que lorsqu'un animal d’une classe a quelque ressem- blance avec ceux d’une autre classe par la forme de ses parties et par l’usage qu’il en fait, cette ressem- blance n’est qu’extérieure et n’affecte le squelette que dans la proportion, mais non pas dans le nombre ni dans l’arrangement des os .Ainsi, quoique les chauve- souris paraissent avoir des espèces d’ailes, ce sont de véritables mains, dont les doigts sont seulement un peu plus alongés. De même, quoique les dauphins et ART, VI. REMARQUES SUR LE SQUELETTE, 161 les autres cétacés paraissent avoir des nageoires tout d’une pièce, on trouve sous la peau tous les os qui composent l’extrémité antérieure des autres mammi- fères, raccourcis et rendus presque immobiles. Les ailes des manchots qui ressemblent aussi à des na- geoires d’une seule pièce , contiennent également à l’intérieur les mêmes os que celles des autres oiseaux. Ces faits qui s'étendent à une multitude d’autres parties sont connus depuis les premiers moments où l'on s’est occupé d'anatomie comparée. Ceux qui ont annoncé dans ces derniers temps une doctrine nouvelle sous le titre d'unité de: composition, n’ont fait autre chose que de convertir en erreur des propositions vraies , en les généralisant trop. On voit déjà sur le peu que nous venons de dire, et ou verra de plus en plus dans la suite, que toutes ces parties du squelette, dans leurs rapports mutuels et dans leurs proportions et même dans leur nombre, sont admirablement adaptées à la nature de chaque animal, et qu’elles concourent toutes à en faire ce - quil est: c’est là, selon nous, la véritable loi qui a présidé à leur disposition. Mais d’autres naturalistes , Don sur certaines ressemblances qui s’observent en effet “ extre des parties différentes du même squelette, par … exemple, entre les vertèbres , entre l’extrémité anté- rieure et la postérieure, portant encore la générali- sation bien au-delà des faits, ont prétendu établir une loi de répétition que quelques-uns ont poussée jusqu’à soutenir que toutes les parties ne sont que des répéti- tions les unes des autres. Ainsi, lun d'eux a commencé par voir dans le crâne, que l’onse représentait comme composé de trois vertè- I. 11 162 11° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. bres, une répétition de l’épine du dos, et dans la face une répétition du tronc, où le nez représenterait la poitrine; la bouche, le ventre; et les deux mâchoires, les bras et les jambes. Un second, allant plus loin, a considéré l’hyoïde comme une troisième paire d’extrémités, et il a fallu retrouver dans la face les trois paires, ce qui, au moyen d’un autre arrangement et d’autres dénominations, n’a pas souffert grande difficulté. Il n’y en a pas eu davantage pour un troisième qui, après avoir regardé les côtes et les rayons des nageoires des poissons comme partie intégrante des vertèbres dont chacune serait composée de neuf pièces, a trouvé dans la tête, la face comprise, assez de pièces pour y disposer sept vertebres , à la vérité assez disjointes , et impossibles à retrouver même aussi imparfaitement dans beaucoup d'animaux ; celui-là n’y admet point de représentation des extrémités. Un quatrième enfin ne voit que vertèbres partout; non-seulement la tête et le tronc forment une série de vertèbres de trois ordres , savoir : les primaires (les côtes ou leurs équivalents dans la face), les secon- daires (les parties annulaires et le crâne), et les ter- tiaires (les corps) ; mais les extrémités elles-mêmes sont des suites de vertèbres excentriques ou rayon- nantes ; la vertèbre est tellement de l’essence de Pani- mal, qu'il commence à y en avoir une, à la vérité non encore percée, dès l'instant où il se forme un animal microscopique , encore globuleux et sans bou- che, un volvox ou une monade; et c’est de la répéti- tion, du groupement de ces vertèbres que résultent les animaux les plus élevés; comme les cristaux et ART. VI. REMARQUES SUR LE SQUELETTE. 1063 toutes leurs formes résultent du groupement des molécules (1). Pour nous, après avoir étudié tous ces systèmes avec l’attention que réclamaient les noms de leurs auteurs, mais après avoir étudié avec plus d’attention encore : nature , il nous a été démontré jusqu’à l’évi- dence , que l’on n’y est arrivé que par des abstractions tout-à-fait arbitraires et presque toujours incomplètes dans leurs éléments, et par conséquent inexactes dans leur expression ; que même en beauconp de cas on ne s’est fait illusion à soi-même que par &es emplois de mots dans des acceptions non-seulement détournées, mais prises alternativement dans un sens ou dans un autre; permis sans doute à qui le voudra de changer la dénomination d’os, ou même celle d’enveloppe dans sonysens le plus général , en celle de vertèbre ; permis de restreindre celle-ci à tel ou-tel assemblage de pièces osseuses que l’on aura voulu choisir ; mais alors qu'aura-t-on gagné à dire que la tête ou le bras sont des composés de vertèbres, rien du tout : puisque l’on n’entendra plus ce mot dr son sens primitif, et qu'il faudra s’en faire, pour chaque système, une définition nouvelle. On étend tellement cette définition , qu’elle ne laissera plus dans l'esprit qu’une idée vague et incomplète. IL est même évident que l’on aura beau- coup perdu, si, comme nous verrons qu il n’est arrivé que trop souvent, pour éviter ou cacher les exceptions à ces propositions , on se dissimule une partie des faits ; (1) Ce système a beaucoup d’analogie avec celui de M. Dugès qui pense que les animaux se composent d'éléments simples qu’il nommezoonites, et dont la fusion ou la coaction plus où moins complète déteriminerait le plus ou moins de perfection de l'animal. LE 164 1J° LECON. ORGANES DU MOUVEMENT. mais admettons même qu'il n’y ait point d'erreur de ce genre, qu'aura-t-on encore gagné à faire abstraction des différences des choses, quand il ne résulte de cette abstraction aucune propriété générale , aucune loi générale pour les choses qu’elle réunit et confond ? bien loin d’avancer la science, c’est la faire reculer; car plus les sciences sont voisines de leur naissance, plus elles s’en tiennent aux idées générales; comme les enfants, elles n’ont alors que des genres et non des espèces. C’est de plus fermer les yeux, dans l’étude des êtres, sur ce qui en fait le plus grand charme, en même temps que c'en est la seule véritable base ; ces admi- rables coincidences, toutes ces concordances si com- pliquées et si parfaites, qui donnent à chacun ses conditions d'existence et de durée. On 2 prétendu donner par privilége à ces systèmes le titre de philosophiques, ou d’autres épithètes encore plus élevées, mais nous qui ne reconnaissons de véri- table philosophie que dans la vérité, nous n’avons pu que regretter amèrement de voir tant efforts d'esprit employés pour ramener l’anatomie à peu près à l’état où était la géologie avant que les Pallas, les de Saussure et les VVerner l’aient retirée de ses langes, et lorsque chacun imaginait des hypothèses pour rendre compte de faits qu’il ne s’était pas donné la peine de constater dans leur généralité. lil LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. 165 \ TROISIÈME LEÇON. DES OS ET DES MUSCLES DU TRONC. Nous commençons à entrer dans le détail des organes du mouvement des animaux vertébrés, et nous décri- vons d’abord la partie fondamentale de leur corps, celle qui est souvent seule; car les extrémités, ainsi que nous l'avons vu , manquent à beaucoup de genres de cet arrondissement. Cette partie fondamentale se compose du tronc et de la tête, que dans ce chapitre nous ne considérerons encore que comme une masse plus ou moins volumi- neuse, portée ou suspendue à l’extrémité antérieure du tronc; nous réservant de la considérer ailleurs, comme le noble réceptacle des principaux organes des sens, et sur-tout de l’encéphale, centre commun des sensa- tions et instrument des facultés volitives et intellec- tuelles. Nous serons aussi obligé de prendre quelque connaissance du bassin, comme donnant attache, dans beaucoup d'animaux, à plusieurs des muscles qui agis- sent sur le tronc , et non encore comme faisant partie de l'extrémité postérieure. Cependant notre objet principal consistera dans les os propres du tronc, c’est-à-dire, les vertèbres ou les os de Pépine qui est l’axe de tout le corps, et les côtes et le sternum qui forment l'entourage du thorax. ! 1 166 n° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. ARTICLE 1°. DES VERTÈBRES OU OS DE L'ÉPINE EN GÉNÉRAL. On nomme épine du dos cette suite d’os qui con- tiennent dans leur canal l’axe médullaire. On nomme ces os vertèbres, de vertere tourner: leur série se con- tinue en avant avec le crâne, cavité qui , sous quelques rapports peut m'être considérée que comme une dila- tation de l’épine ; mais dilatation autrement entourée ; en arrière cette même série se continue souvent en une prolongation appelée coccyx ou queue , dans laquelle l’axe médullaire ne s’étend pas toujours : les vertèbres qui la composent s'appellent caudales ou coccygiennes ; lorsqu'il y a un bassin attaché à l’épine et faisant la première partie de l'extrémité postérieure, il est rare que les vertèbres auxquelles il s'attache ne s'unissent pas plus fixement entre elles, leur réunion prend le nom d'os sacrum, et les vertèbres ainsi fixées se nomment vertèbres sacrées. Quant aux vertèbres de l’épine proprement dites, celles qui portent des côtes se nomment vertèbres dorsales ; celles qui se trouvent entre la tête et les dorsales et qui n’ont point de côtes, formant le cou, se nomment vertebres cervi- cales ; celles qui sont entre les côtes et le sacrum, mais qui n’ont pas de côtes, se nomment lombaires. Mais ces distinctions n'existent pas toujours, ou bien il y a, soit au cou, soit aux lombes, des rudiments de côtes qui les effacent en partie. Toute vertèbre a un corps situé du côté ventral ou intérieur et une partie annulaire située du côté dorsal. DES OS DE L'ÉPINE. 167 Les corps s’articulent de diverses manières pour former l'axe principal de fa charpente et des mouvements du corps. Les parties annulaires protégent le canal que parcourt le principal tronc nerveux, la moelle de l’é- pine, et laissent passer dans leur intervalle les paires de nerfs qui partent de cette moelle. Une vertèbre parfaite offre à sa partieannulaire, 10 une proéminence impaire du côté du dos appelée apo- physe épineuse, 20 une proéminence latérale de cha- que côté, nommée apophyse transverse, 3° et 4° une proéminence antérieure et une postérieure de chaque côté dites apophyses articulaires. Souvent il y a aussi une apophyse épineuse inférieure sous le corps; et même dans la queue des poissons, cette apophyse infé- rieure a souvent à sa naissance une partie annulaire, en sorte que ces sortes de vertèbres ont de doubles an- neaux. Dans la queue des autres animaux, l’anneau inférieur est remplacé par un os distinct ployé en che- vron, Il s’en faut bien cependant que toutes les ver- tèbres aient les différentes protminences que nous ve nons d'indiquer. Les apophyses inférieures existent rarement ; les articulaires manquent souvent; lestrans- verses manquent quelquefois : ce sont les épineuses dont l’absence est la plus rare. Il y a une certaine époque de la vie du fœtus, où la vertèbre comme tous les autres os, a déjà en cartilage à peu près les formes qu’elle doit conserver après son ossification, et c’est par le dépôt des molécules de phos- phate calcaire dans la substance de son cartilage qu’elle se change en os. Les noyaux de son ossification ne sont pas les mêmes dans tous les animaux. On à écrit qu’en qualité d'os pair, son corps se for- 168 1r1° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. mait par deux noyaux, un à droite, l’autre à gauche; c’est ce que nous n'avons jamais pu observer. Îl y a bien à la face ventrale de la plupart des vertèbres deux trous pour les artères qui Y pénètrent ; ; mais dans l’homme et dans les mammifères, à quelque époque que nous les ayons examinées , nous en avons toujours trouvé le corps uniformément occupé par des grains ou des lamelles osseuses qui ne se divisaient point en deux corps. Cette division serait même impossible dans les poissons cartilagineux où l’ossification du corps de la vertèbre se fait tantôt par des rayons qui vont du centre à la circonférence, tantôt par des lames cylindriques et concentriques séparées par des lames semblables , mais gélatineuses : mais dans la plupart des mammife- res il se forme avec l’âge à chacune des faces par les- quellesles vertèbres se joignent, une plaque épiphysaire qui demeure plus ou moins lonp-temps un os particu- lier; c’est fort gratuitement qu’on a considéré ces pla- ques inter-vertébrales comme des vertèbres avortées. La 2° cervicale a de plus un noyau qui devient son apo- physe odontoïde. Les deux côtés de la partie annulaire forment deux autres noyaux qui paraissent avant celui du corps, et c’est d’eux que partent, de chaque côté, pophysetransverse et les deux articulaires du même l’a côté. Ces noyaux latéraux s'unissent en dessus avant de se joindre au corps. Dans l’homme c’est de leur réunion que s'élève l’apophyse épireuse qui n’en est qu’une prolongation montant dans le cartilage sans avoir son noyau propre ; cette production ne devient osseuse qu'après la naissance : mais dans certains qua- drupèdes , lapophyse épineuse a un os particulier qui ne se joint aux deux latéraux qu'avec le temps; on le ART. 1. DES OS DE L'ÉPINE. 169 voit dès le fœtus. Il y en a même où l’ossification de cette apophyse se fait par plusieurs noyaux différents qui naissent dans le cartilage préexistant, en avant ou au- dessus les uns des autres; nous en avons des exemples dans le cochon et le veau. Dans certains quadrupèdes , les apophyses transver- ses de quelques vertèbres, notamment des lombaires, ont aussi dans le fœtus leur noyau à part ; dans pres- que tous , il ÿ a un âge où les sommets des apophy- ses épineuses et même ceux des transverses et des ar- ticulaires ont leur épiphyse. Ce n’est guère avant trente ans que les vertèbres de l’homme sont toutes achevées : on comprend que l’é- poque est différente pour chaque espèce; elle l’est même dans chaque espèce pour les différentes parties de l’épine. Il résulte de ces observations que dans une ver- tèbre dorsale de mammifère , il y a au moins quatorze os primitifs, le corps, les deux plaques épiphysaires de ses extrémités , les deux moitiés de sa partie annulaire, son apophyse épineuse, les épiphyses de ses huit apo- physes ; dans plusieurs de ces animaux lapophyse épineuse elle-même est formée d’abord de 2, 3, 4 et jusqu'a à noyaux distincts; le maximum des pièces irait donc à près de vingt, et cela sans compter les côtes que l’on a voulu considérer comme faisant partie de la vertèbre, et comme répondant à l’anneau et à Vapophyse épineuse inférieure des vertèbres caudales. On voit combien étaientloin de compte ces préten- dues énumérations dont on avait voulu faire le type général du système vertébral. Au reste, notre énuméra- üon, pas plus que les autres, n’a rien de général, ct il 170 III LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC, coup de vertèbres plus simples dans leur composition que celle que nous venons d'analyser. ARTICLE Il. DU NOMBRE ET DES FORMES DES OS DE LÉPINE DANS LES DIFFÉRENTS ANIMAUX. À. Dans l'homme. L’épine de l’homme a les cinq sortes de vertèbres et est divisée par conséquent en cinq régions, savoir: celle de la queue ou coccygienne ; celle du bassin, sacrée ou pelvienne; celle des LAbes, ou lombaire ; Fale du dos, ou dorsale, et enfin celle du ceu , cervicale ou trache- lienne. La région coccygienne a très peu d’étendue ; elle est composée de trois ou quatre petits corps sans partie annulaire, articulés les uns avec les autres et suspendus à la pointe du sacrum, avec lequel la première pièce se soude souvent. La région pelvienne est composée de cinq vertè- bres qui se soudent avec l’âge et ne forment qu’un seul os, qu’on nomme le sacrum. Il est parabolique, plat et mince en bas, concave en avant, convexe en arrière. Il s'articule en haut avec le corps de la dernière vertè- bre des lombes par une facette ovale, coupée oblique- ment de devant en arrière, et forme avec les lombes un angle saillant en avant, plus aigu dans la femme. Deux autres facettes dirigées en arrière , servent à sa jonction avec les os des iles. Cet os est percé de quatre ART. Il. DES OS DE L'ÉPINE. 171 paires de trous pour la sortie des nerfs. On aperçoit en arrière des éminences qui correspondent à toutes les apophyses des vertèbres qui ont formé cet os dans le jeune âge. Les apophyses épineuses, sur-tout, sont très distinctes: les deux dernières sont fourchues. Chacune des vertèbres qui le composent est elle-même subdivi- sée, d’abord en corps et en parties latérales ; et même dans les trois supérieures les apophyses transverses sont séparées de la partie annulaire, en sorte qu’elles ont chacune cinq pièces ; les deux suivantes n’en ont que trois. C’est vingt-une pièces en tout pour le sacrum du fœtus. Il y a cinq vertébres aux lombes : Leur corps est plus large que haut; leurs apophyses épineuses sont horizontaies, comprimées, et comme tronquées à leur pointe. Leurs apophyses articulaires supérieures ont leur facette tournée en dedans; les inférieures l’ont en dehors : en arrière et en dehors des supérieures est une saillie arrondie : enfin les apophyses transverses sont longues, dirigées directement sur les côtés, les supé- rieures sont aplaties Y’avant en arrière , les inférieures un peu plus rondes. Les vertèbres dorsales, au nombre de douze, vont en diminuant de grosseur depuis la dernière jusqu’à la quatrième ou cinquième, et ensuite en augmentant jusqu'à la première. Leur corps est semblable à celui des vertèbres lombaires. Leurs apophyses épineuses sont plus longues, en prisme triangulaire, et dirigées obliquement en bas ; les trois supérieures sont moins inclinées et presque horizontales. Les articulaires su- périeures ont leur facette dirigée obliquement en ar- rière, et les inférieures en avant; les tubercules qui 172 III LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. sont en dehors des facettes articulaires supérieures s’alongent et prennent le nom d’apophyses transver- ses. Ils ont en avant, c’est-à-dire à la face ventrale, une facette contre laquelle appuie le tubercule de la côte correspondante. Ces facettes regardent oblique- ment en bas dans les vertèbres supérieures, et en haut dans les inférieures. Il y a, de plus, sur le bord latéral de chaque articulation du corps des vertèbres un petit enfoncement commun aux deux vertèbres, dans lequel est reçue la tête de la côte dont le tubercule tient à l’'apophyse transverse de la postérieure des deux. Toutes ces vertèbres lombaires et dorsales n’ont dans le fœtus que trois noyaux, le corps et les deux demi-anneaux, dent l’union se prolonge en apophyse épineuse; il s’y joint plus tard les plaques épiphysaires des corps et les épiphyses des extrémités des apophyses. Des sept vertèbres cervicales les cinq inférieures sont fort semblables, quoique plus petites, à celles du dos, la septième sur-tout qui a au bord postérieur du corps une facette pour la première côte. La face superieure deleur corps est échancrée et reçoit l’inférieure de la vertèbre précédente. Le plan de ces faces est incliné en avant ; leurs apophyses articulaires, ou plutôt leurs facettes articulaires latérales, sont disposées comme dans les vertèbres du dos; et il ya entre elles, sur le côté de la vertèbre, un léger renflement qui répond au tubercule appelé apophyse transverse dans les mêmes vertèbres du dos. Ce que dans le cou on nomme apophyses trans- verses, sont des lames dirigées un peu obliquement en avant et en bas, excavées en un demi-canal, et percées d’un trou pour le passage de l’artère vertébrale. Dans le fœtus, le tour de ce trou n’est encore complété en ART. II, DES OS DE L'ÉPINE. 173 dehors que par une bande de cartilage, qui, avec l’âge s’ossifie peu à peu : à la septième ce trou est complété par un noyau à part qui est une espèce de vestige de côte, qui en prend même quelquefois le développement (1); mais je n’ai point vu de noyau semblable dans les vertèbressupérieures. Les épineuses sont fourchues, excepté les deux plus basses. La seconde vertèbre du cou nommée axts où odon- toide, diffère des autres par son apophyse épineuse qui est beaucoup plus longue et plus haute ; par le trou dont est percée son apophyse transverse , qui, au lieu de la perforer verticalement, s’y dirige d’une manière transversale, et force ainsil’artère vertébrale de prendre une direction oblique; par une apophyse pointue por- tant une facette articulaire en devant , qui s'élève de la face supérieure du corps, et forme long-temps, comme nous l'avons dit, un os particulier; enfin, parce que son articulation avec la première vertèbre se fait seulement par deux facettes latérales et aplaties qui correspondent aux apophyses articulaires des au- tres vertèbres. La première vertèbre cervicale, qu’on appelle l’atlas, est un simple anneau qui n’a presque point d’apophyse épineuse, point de corps, mais deux facettes pour l’ar- ticulation avec la seconde, et deux autres qui reçoi- vent les condyles au moyen desquels la tête porte sur elle. Ses apophyses transverses sont très longues et percées d’un trou comme celles des autres cervicales. Dans le fætus l’atlas ne montre encore que les deux moitiés de sa partie annulaire réunies en avant au (1) Honauld, Acad. des Sc. , 1740 , p. 379. 174 II° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. lieu de corps par une bande de cartilage, qui avec l’âge s’ossifie par un, et plus rarement par deux ou même trois noyaux. Si l’on considère l’ensemble des protubérances que présente l’épine du dos, ou voit qu’elles y forment cinq séries longitudinales ; savoir : une mitoyenne, celle des apophyses épineuses ; deux intermédiaires, celles des tubercules placés en dehors des facettes articulaires supérieures (1) à laquelle appartiennent les apophyses transverses des vertèbres dorsales; et deux externes, cel- les des apophyses transverses des vertèbres cervicales des côtes, et des apophyses transverses des vertèbres lombaires, Dans cette série extérieure, les côtes sont en quelque sorte les vraies apophyses transverses, mais très alongées, détachées et articulées à articulation mobile. Il faut ajouter que la dernière vertébre dorsale a en arrière de son tubercule une petite pointe qui re- paraît, mais bien diminuée dans les deux ou trois pre- mières lombaires, entre le tubercule et l’apophyse transverse, et dont nous verrons des analogues très dé- veloppés dans divers quadrupëdes. Ces remarques sont essentielles pour l’étude compa- rative de ces parties dans les autres animaux. Dans l'adulte, la longueur du cou est à peu près moitié de celle du dos et les deux tiers de celle des lombes ; mais ces proportions sont différentes aux dif- férents âges du fœtus. Lorsque l’homme se tient debout, la colonne verté- (1) Supérieures par rapport à la vertèbre à laquelle elles appartiennent; mais par rapport à l’articulation,elles sont externes dans les lombes et in- férieures dans le reste de l’épine. ART. II. DES OS DE L'ÉPINE. 175 brale a quatre courbures. La région du sacrum est con- cave en devant , celle des lombes est convexe; celle du dos est concave , et celle du cou est convexe. Les vertèbres de l’homme sont susceptibles de di- vers petits mouvements les unes sur les autres ; mais ces mouvements quoique très marqués dans la totalité de l’épine, sont très petits pour chacun des os qui la composent. Chaque vertèbre peut se porter un peu en avant en appuyant sur la partie antérieure de son corps; en arrière, en se fléchissant dans le sens des apophyses épineuses ; et enfin de côté en glissant un peu sur les apophyses articulaires. Un grand nombre de ligaments affermissent ces articulations; mais les indiquer pour une des vertèbres , c’est à peu près les faire connaître pour la totalité. Le corps de chacune des vertèbres est revêtu, tant en dessus qu’en dessous, d’une substance cartilagi- neuse élastique, dont la solidité diminue graduelle- ment du centre à la circonférence. Les apophyses obli- ques ont aussi chacune leurs capsules articulaires; mais toute la partie antérieure ou ventrale du corps des ver- tèbres est recouverte d’un surtout large de fibres ten- dineuses ou ligamenteuses, très solides, qui s'étendent de la première vertèbre à l'os sacrum. Îl y a de même en arrière au corps, dans l’intérieur du canal vertébral, une autre toile tendineuse qui s'étend depuis l’apophyse odontoide jusqu’à l'os sacrum. Chacune des apophyses, tant épineuses que transverses, a aussi un petit liga- ment qui l’unit à celle qui la précède ou qui la suit. La dernière vertèbre lombaire s’unit absolument de la même manière avec l’os sacrum. B. Dans les mammiferes. L’épine des mammifères peut différer par le nombre < 176 III‘ LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. des vertèbres , par les proportions respectives du cou, du dos , des lombes, du sacram et du coccyx, par la courbure totale et par la forme de chaque vertèbre. 19 Nombre des vertèbres des mammiferes. Les vertèbres cervicales sont toujours au nombre de sept, excepté dans le paresseux a trois doigts, qui en a neuf (1) et le /amantin qui n’en a que six. Les autres cétacés dont le cou est excessivement court, et où elles sont très minces en ont souvent deux ou plusieurs de soudées ensemble : par exemple, les deux premières, dans les dauphins et marsoutins , les six dernières dans les cachalots ; mais on en voit toujours les parties. Seulement , | ya alors ankylose, Il arrive aussi quelquefois par accident que d autres vertèbres s’ankylosent. Nous en avons vu un exemple pour celles du cou de l’hyène ; et c’est probablement un exemple semblable qui avait fait dire à quelques anciens que cet animal n’a qu’un seul os au cou. Quant aux autres vertèbres, leurs divers nombres, dans les différentes espèces, n’ont point de rapport constant avec les familles naturelles , ainsi qu’on peut le voir par la table ci-desso us. Il n’a point de rapport non plus avec la présence ou l'absence des extrémités où de tout autre organe, puis- que l’on trouve des singes à très longue queue qui ont les mêmes crganes que des singes à queue très courte, et puisque les cétacés qui manquent d’extrémités pos- RS RES (1) H paraît que M. Bell possède des squelettes d’Aï qui n’ont que sept cerviales. Mais d’un autre côté, sur quatre squelettes du cabinet d’anato- mie, trois en ont neuf et lc quairièmeen a huit, et M. Meckel dit avoir trouvé ce nombre de neuf cervicales sur dix sujets. I] se peut qu'il y ait plusieurs espèces d’Aï, dont l’une n’aurait que le nombre normal de ver- tébres cervicales, tandis que les autres espèces en auraient huit et reuf. ART, 11, DES OS DE L'ÉPINE. 177 térieures , ont souvent moins de vertèbres que le pan- golin à longue queue qui possède quatre extrémités bien formées. Dans les cétacés , il n’y à point de bassin propre- ment dit, mais seulement des rudiments suspendus dans les chairs, et par conséquent ilest difficile d'établir une distinction entre les vertèbres des lombes, celles du sacrum et celles de la queue. Il n’y a qu’un très petit nombre de mammifères qui n'aient point de vertèbres de la queue. Telle est la r'oussette. TABLEAU du nombre des vertebres dans les mammiferes (1). En tout, y compris : : , Venrtèsres à Venrèeres| Venrisnss | Ventèenes les7 cer ESPÈCES. Coccye | Rue tas dorsales, |lombaires.| sacrées. , ui ena 0» niennes q 9 = , et le La- mautin G- PONME. te. 4. à . |. « 12 4 33 Orang-outang,. . , . . . 12 5 30 su AR / Chimpanzée. !. « . .,. 4] 114 5 34 Gibbo cendré . . . h': 12 3 31 Bambugs © A: F, .[. a. 13 3 32 (1)[On sera peat-être étonné de trouver que plusicars animaux n’ont point sur les tableaux de cette seconde édition, le même nombre de vertèbres que sur ceux de la première, puisqu'il semble que rien ne soit si facile que de compter exactement les vertèbres d'un squelette , mais nous ferons re- Marquer, qu'outre les erreurs provenant de l’observateur , du copiste et de l’imprimeur , certaines d'entre elles venaient de ce qu’alors quelques squelettes étaient incomplets on mal déterminés. Ajoutons que, pour les oiseaux, par exemple, les vertèbres sacrées sont tellement soudées entre elles, qu’il est fort difficile de les compter. Aussi, malgré les soins que nous avons mis à la confection de ces tableaux, nous ne nous flattons pas de n’y avoir cowumis aucune erreur, | Fe 12 178 11° LECON. DES OS ÊT DES MUSCL. DU TRONC. En tout, a y compris VerrÈsnes | ‘les cer. |R vicales, Vrarèenes| Verrèeres| VERTÈERES ESPÈCES. | Coceg- | sauf l'A dorsales. |lombaires.| sacrées, | . quien a 9, Biennes, À @4 le La- | “ mantin 6. li | NN MER EU 7 3 25 54 CHbBmoRe. . . .:. Neicte 7 3 25 #26! "55 Pique ACC 2813 20e 6 2 25 53 DORE CUS 7 3 23 52 Emtelle.s 7. : ./-. 14-12 7 3 27 56 Cimepâye. . : : .... a 7 3 31 60 Ouanderpa, . . : . 00, 7 2 21 49 Bonnet chinois. . . . . .. y, 3 21 49 DÉCSRR ENS 0.1 ERNRÈRE 7 2 15 46 PAAAON y; à 501 05 TER 7 2 18 46 MIRDDÉS ESS bone UPS CRE 7 3 3 32 Papion sphynx. . . . . .). 6 3 24 53 Maddeill. 5. 05, 43 6 3 5 34 RER di 5. fete 7 3 8 37 AGE El: 0% LUN di) 2 29 56 Con, . : 1 Ce 5 2 31 58 Lagothr mises 5 3 31 Go Sajou à TAB ENE EMA 6 3 26 56 LIRE TUNIS RES CE 6 3 « « CRSEHLS 7. ter 80265 6 2 26 54 Æarmarin. , .. ,. AL. 6 2 29 56 Marikina. se 7 2 29 57 Maki-mococo, . . .. . .. 7 3 « « MARINA 1: 2 -leode 7 3 25 54 Maki à front blanc. . . .. 7 3 27 56 Autre MakT LS me ue 8 3 29 59 Lori paresseux. ! . . . 4. 8 5 8 44 Port Ipréle. +. #. . 9 2 9 4 Gslagdo. 5 . 4 «hot. 7 5 25 55 ÉPAFSIEr eee ec one 7 3 « Ke Roussetle. , . £... + . . 4 6(*) « 30 Molosse (de la Mana). . 6 2 II 39 Nyctinome du Sénégal. . . 6 2 9 37 BoeNRQn >.) 5 6 8 38 Phyllostome vampire... . . 4 6 « 30 Phyllostome fer de lance. . 5 6 « « Rhinolophe fer à cheval. . 6 2 11 37 Rhinolophe trident. . . . . 6 2 10 36 Taphien d'Egypte. . « .. 5 4 2 « Chauve-souris murin. . . * 5 4 10 38 (*) Sacrum tout d’une pièce, uni aux ischions, mais composé évidem- ment dé 5 à 6 vertèbres ART. II. DES 05 DE L'ÉPINEÉ. ESPÈCES. Chauve-souris noctule., , , On. AL .E . | Nycticée maron de l'Inde. Galéopithèque. . . . ; . (o>Re) RC: Hérisson ordinaire... . . Es <<. 4 he + D. andre, - .{. :.. Cladobate.. . «. .. . Musaraigne commune. . , Musaraigne d’eau. . . . .. Musaraigne de Fondichéry. Chrysochlore du Cap. . . . es .L 9. À Taupe aveugle. . Condylure.. . . Scalope JOUOWUMOUN &œO © Er Er Où Cr Er Er D 00 00 09 sobgs ‘ele cle" ce D se DE, Mrs hron. .{ .:. . L . Ours noir d'Amérique. . . . Ours jongleur Ours blanc CUIR. > Blaireau Gloutns, . 2, Lo Puatois. . * HELEUS. 4. Se. 1 Male. 45 «le... : LUE 26 RO CPS, FEES Mauffeites, . L 0,0: Ep HAlagbn à 0h ce. & : e le aa o Île «2fte Loutre sansongles.. . . . . Chien. D 9e Le: se « 6. th he os. y AT COR TRE SR 2-0 LE. . Lu Zibeth à queue annelée, . Genetlle commune.. . . . . Paradoxure JU ONNINN Um OmNOU OO Uo Uo vo Uo © Oo &0 We Oo bo Go O9 O2 O9 Lo LUE O0 © Oo Lo Eee Lo CeÛN COROOCRNT S CRT | 180 11° LECON. DÉS O$ ET DES MUSCL. DU TRONC. EEE VEnTÈgREs Eu touts Vénrèenes | Veerèpnes | VERTÈBRES Le 7 ESPÈCES . dorsales. |[lombaires.[ sacrées. Frs saut Ai gienues. Lin le La” mantin 6. Mangouste du Cap. . . . .| 13 7 3 59 Mangouste de Marias , . . 15 5 3 56 D me, Li LES 74 6 3 59 Suricate. . .. TACHE: ME 41 6 3 5o Protèle Lalande. . PEUR 4 6 2 51 Hykne rayée. |. |. £ 2): 16 4 3 : Hyène tachetée. , . . . . .| 15 5 4 46 lente . LE CET 7 3 56 Tigre. CET OLOLORTE HELENE 1: 7 3 55 Dhgnar. 1 ,|. ©. +4 RE 7 3 49 eathibrens . | 2, . EL 08 7 3 54 Ghngonars. . |. 4. . 4 21 . 53 7 3 52 Ocelot. US El. 3 7 3 482 Gauche Mi. 1.1.0. 4 13 7 3 5o Serval, PEACE. S (NE 7 3 49 Chat ordinfitel. 2. ., | da 7 3 53 Gnépards etes [rs ct 9 7 3 55 Phoque commun. . . . . .| 15 5 5 42 Phoque à croissant, . . . . 14 5 4 43 Phoque à ventre blanc. . .| 15 5 4 44 Phoque à capuchon. . . . .| 15 5 4 ? Gurs mar... - 4412115 5 2 38 Morse. fout. . LU) h4 6 4 4o Sarigue à oreilles bicolores.| 13 6 2 97 Grabiers 21. #4. CEA MA SE 6 2 57 Cayopollin. . . ... . . .. 13 6 2 66 Péramèle à museau pointu. . 13 6 3 45 Phalanger renard. . . . . . 12 7 2 58 Phalanger à front concave..| 13 6 2 56 Phalanger de Cook... . ,| 13 6 2 59 Phal. volant à longue queue.| 12 , 4 58 Kanguroo rat. . . . . . . s 12 6 2 Sr Kanguroo à cou rouge. . . .| 13 6 2 52 Kanguroo élégant. . . . .| 13 6 2 52 PFhhscolome. ; ! .%. , + .Ql 5 4 7 42 Écureuil commun.. . . . .| 12 7 3 54 * Grand Écureail des Indes.| 13 6 3 61 Palemiste ee .!, . , .0] ‘na 7 3 54 ANRT." TL ESPÈCES. Polatouche. . . . ., À.‘ Mamattent. 1.8 . d € Marmotte du canada, . . . LOLG:.. cg tn so) meme Pépoth .Ul.: | .&: .4.# Echimys didelphoïde Élobtiak. . er. 5. +. 8 Rat... he eu 5 * Sarmulotimau.il SE . d € SAATISL. Ce. » « Een tu. + 6 .: 1.2 Gerbille des Indes. . . . . Gerbille des Pyramides. . Hatnstèr. &e.° 4.4 . EM Ofdatra..*, 1 4. Il, Rafd'eup . } 5 . | À Lemming.s. + . ) Olomys du Cap. . . . « .. Gerboise alactaga, . . . , : Hélamys du Cab. à . 4. 8 Rat-taupezemui.. . . : .: Oryctère des Dunes... . Castor. Pôrc épica-c à . Le. à : Lièvre. ol « g ee de). re Dj I Mara. . Agont ur. 2e &uaute e Paca. ! +. lus +, © + Chin ETES Tatou noïr d’'Azzara. . . . Tatou encoubert. . . .... Tatoatmulet.. 4. : . .! Oryctérope du AR. Us: Tamanoir.…. Tamandua,. . : à queue en pinceau, à queue prenante. : ppp D © — ge ee DES OS DE L'ÉPINE. Venriones| Vsarènnes | Venribres lombaires. | sacrées. dorsales. DER EE... D Où WE UE U> 00 | DO OI OO ONINI Or En OO OUI QD O D OUI LI OO QUI OUI OoOUIUINI SOLE D DRE WERRER DE EE MER Do Os VenTèBres coccy- giennes. 181 En tout, sauf l'A | quien a9, et le La- mautin 6. 182 11° LÉCON. DES 05 BT DES MUSCL, DU TRONC. VBRTÈBRES RD. Verrieres | Vanrèenes| VERTÈBRES Pepe coccy-« vicales , ESPÈCES. dorsales. |lombaires.| sacrées. sauf l’Aï giennes. |At1ena9, et le La- mantin 6. Fourmilier à 2 doigts. . . .| 16 3 4o 72 | Pangolin à queue courte. | 15 5 26 57 Pangolin à longue queue, :| 33 5 46 74 Échidné épineux. . . .. | 16 2 13 A Échidné soyeux.... 4 .,| 17 3 11 41 Ornithorinque... . . 4, .| 17 2 18 4 Éléphant de Indes. . : . :| 20 3 4 27 61 Éléphant d'Afrique. . , . .| 20 3 4 25 59 Hippopotame. , .4, . « . .| 15 4 6 16 48 Satglièr. 3€ . L .\ , À. a 14 5 4 20 5o Cochon doinestique... € 5 A 23 53 Bakrobssär. À .N 4 1. 13 6 6 24. 56 Pécari tajassou. . . . 4, .| 14 5 5 ? ? Phacochaëere. | . . . . .. 13 6 4 9 39 Rhinocéros des Indes, . . . 19 3 5 22 56 ——-—— de Java. , . . . 19 3 4 23 55 ——-—— d'Afrique. . . .| 20 4 4 23 58 Daman du Cap.. . . .. 31 8 6 7 49 Tapir d'Amérique. . , . .h 20 4 4 ia 7 —-— des Indes... . 4 . .| 19 4 7° 12 49 Chévak .2e.-1:.2à : 1 18 6 se 17 53 An. 4, et À: à L 18 ! 5 5 24 56 Zire.L 38 LUE 18 6 6 19 55 Cadagon. 6 Lt .& ; 1.01 #8 6 .: 5 18 54 H! Chameau à 2 bosses. .. :| 12 7 4 17 47 No —-—— à 1 bosse. . . . . 22 : 7 4 - 18 48 LEMBat 0. Ju PAL à 7 4 |plusde 10 pins ae4o|| H! Vigogne. , ,. .. RE ER 7 - 5 12 : 43 l! Chévrotain, . à. 2... : 15 6 3 14 42 REBB: 0 |. Re © 13 6 4 plus de 7 plus de37 D Rhénne. &. 24€... À 5 4 10 43 2 or ci EE DE 13 6 4 12 42 D! Cerf commun... : . .!. 4 13 6 4 -16 17 j| Cerf de l'Inde, Vaste. . 13 6 4 14 44 | Chevreuil d'Europe. CLR 6 A 8 38 FRE OST ESS ER 14 5 4 18 48 Gazelle commune. . . . .. 13 6 4 14 44 Nilgau: . &s. |. RS ME 6 4 16 46 Algazel . get 3. D. 1. : 5 6 4 14 44 Chämôis. :& 1. à. 1 . 15 6 4 10 4o ART. II. DES OS DE L'ÉPINE. 183 VanTÈRRES En tout, 5 . à compris NT enTègres | Venrèpres J Venrèenss | V Les” 7! cavs \, cocey: vicales , ESPECES. dorsales, lombaires | sacrées. sauf l'Aï jeunes. [quien ag, 8 et le Las mantin 6, __ ARPOMUENC NET RERSEREERE M Antilope à 4 cornes. . . . . Chèvre. Mouton. . LL OA ERA Buffle., . . 5 4 6 4 6 4 6 î 6 5 | Lamantin.. . . Dugong Dauphin ordinaire Dauphin tursio. . , . , .. 64 Dauphin du Gange, . : 49 Marsouin commun 66 Cachalot. 0... 6r Baleine du Cap. . . . . .. 5a Rorqual du Cap 49 Rorqual des Basques, . . . 65 plus de1 5 plus de 40 plusde22 plusde53 78 ed ‘ii ND M 2° Proportions entre les régions de l'épine des mams= miferes. La longueur du cou ne dépend point du nombre des vertèbres cervicales, puisque ce nombre ne change presque point, comme nous l'avons vu. En général, la longueur du cou est telle, que, jointe à celle de la tête , elle égale celle du train de devant, autrement les quadrupèdes n’auraient pu ni paître, ni boire. Dans tous ceux où cette règle a lieu, la gros- seur de la tête est en raison inverse de la longueur du cou ; autrement les muscles n’eussent pu la soulever. Cette règle n’a pas lieu dans les animaux qui portent les objets vers leur bouche au moyen des mains comme les singes, ni dans l'éléphant dont un long cou n'aurait 184 11! LECON. DES OS BT RES MUSCL. DU TRONC pu supporter l'énorme tête, et qui supplée aux mains par sa trompe, ni dans les cétacés qui vivent dans l’eau même où ils prennent leur nourriture en nageant après elle. Ces derniers sont, de tous les mammifères, ceux qui ont le cou le plus court. C’est principalement de la longueur des lombes, laquelle tient au nombre des vertèbres qui les compo- sent, que pe la taille grêle ou ramassée des ani- maux, ainsi qu'on le voit dans le loris, etc. T ABLE AU de la longueur, en mètres, de la région de F eépine dans les MAIN ères. . [Sacnüm. | Queus. ——_—_—__— À | —— | ———_— | ——————— | ————— Homme... ss. Orang jeune.. . . Pongo ou Orang adulte. Cabbon bruns Na 0,035 |0,019 . Guenon patas, 4: : . . 0,046 |0,550 BavelleN rare AUS 0,054 [0,720 Maroks. fe en MTARRNte VERRE Sajou brun. . 1... . . LIFE OT NE a a 0016 |[0;:092 Lori paresseux.. .-.1. 1 0:033 [0,042 Maki à front blanc.. . . . 0037 |0,498 Roussette. . . mA as 0036 | « Rhinolophe bifers: AE. 0005 |0,041 Herisson.. 05018 [6,055 Gr. Musaraigne Hhsqués Taupe commune. Ours brnn.. . Blarreaui sit mt | PUR AU, Le Li 0:028 |0,153 HELENE gr OUT 0,010 [0,075 Danser: AE TE AE 0,042 |0,470 LOonp USM NS 0,050 [0,450 Renard. PTE 1 Civebées 214 Nec cu cr : Genetle commune., . .. 0,051 [0,450 0,024 [0,360 cu ANT. If. DES O$ DE L'ÉPINE 189 Sacrum. NOMS. 0,079 0,092 0,063 0,024 0,060 0,074 0,190 0,212 0,024 0,012 Hyène tachetée. . . . .. Pons 1 le Alors Panthère Anse dre En Chatte oi onent GuÉpardi ot che Phoque commun. . ... Phoque à ventre blanc. . . Morse: nt sut bat Sarigue crabier. . . . . , Cayopollin. . : .. . .. Marmosef£. pe te 5 l.08h 0,009 Péramèle à museau pointu. 0,028 Phalanger renard, . . .. 0,025 Phal, vol. à longue queue. 0,014 0,017 0,070 0,022 0,083 0,017 0,026 0,010 0,029 0,009 Kanguroo rat. . . . . .. Kanguroo géant, . . .. Kanguroo élégant. . , .. Phascolome,. . . ,. .. Écureuil commun. . , . Grand Écureuil des Indks. Bolatouche. ns 2: 41.4 NÉcmottes 2 fie. re | uit. Loan ne del he MEME 6,0 re, «le « 0,017 Ho 60 Br£ 0) ie 0,080 0,026 0'‘019 Mn à 0,017 0,020 0,039 0,017 0,007 0,012 117 PS ERA NE CAT RS DEC Fi fe te SNA MCE PPT lon! Ave, TPE Gerbille des les. : dre. MHémstlenu dis eURMsS Ondairañ.nl do ml HAL dead. ait del 28. Démming. ce bips) «otre Otomys du Cap. . , . .. Alactaga.. . . . : . . . .|0,257 |0,007 0,012 Hélainys.. + . «+ . . . . .|0,786 |0,030 [0,100 0,033 0,059 0,027 0,172 0,222 0,126 0,074 Oryctère des Dunes. . . .|0,430 |0,024 Masior. : «. 1. .1,%2.10,869 lo5o54 Rorcépic. . « ., ...,: [03021 [0,090 MP. 4h. LI -l0,481 0,064 Cochon d'Inde. . . . . .[0,230 |0,036 Agouti.. . . .. . . . . .|0,458 |0,068 PRE à | à Frot: MA Pete + + + 10,021 |0,100 Chinchilla. . . . . . . . .[0,324 lo,oar Aïn se se 0.1, à à « 10,526 0,223 0,147 0,183 0,102 0,067 0,044 0,019 0,097 0,072 186 111° LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC, SacRu y. # 0,558 0,062 Tatou noir d’azzara. . . .[0.313 [0,048 Oryctérope du Cap. . . . .[1,265 [0,116 Parmanpte.":", 0. 0 545 0,221 Tamandua,. , . . . . . .|o,76r [0,068 Fourmilier à deux doigts. .[0,322 [0,016 Pangolin à queue courte. . [0,915 [0,073 Pangolin à longue queue. .10,869 [0,033 Echidné épineux.. . . . .[0,314 [0,065 Ornithorinque. , . . . .[0,26r [0,037 Éléphant des Indes, . . .[3,807 [0,424 Hippopotame. 2,832 [0,532 Sanglier. . . .. . + .[15213/0,192 Babiroussa .|1,015 [0,155 Pécatgii\ "0: » [0,132 Rhinocéros des Indes.. . .13,012 |0,550 — de Sumatra. . .[1,786 |0,360 Daman. . 0,412 [0,067 Tapir d'Amérique . . . .|1,735 [0,305 Cheval 2,670 |0,720 Ane. . 1,640 |0,450 . -[2,935 [0,985 . 14 .[r,492 0,530 Chevrotain. . . . . . ! ,\a,353 |a,062 Flan. . -", «M,73r/0,{90 Cerf commun. . . .« .[r,734 0,480 Chevreuil. . , . 2065 {0,612 1,685 0,210 Canna (ant : orcas ) . . 0,612 Pygmé. 0,107 Chèvre. . : , 0,287 0,380 0,110 Dauphin turio., . . . . .|[1,981 [0,076 bl Marsouin. . 0,020 Cachalot 2; 9,110 Baleine du Cap 0,305 Rorqual du Cap ÿ 10,406 {1,6 ART. II. DES OS DE L'ÉPINE. 187 30 Forme des diverses vertèbres dans les mam- miferes. a lertèbres du cou. 1° L’atlas. L’atlas et l’axis étant en rapport immédiat avec la tête et donnant attache à ses petits muscles , ont dù donner des caractères plus marqués et plus relatifs aux familles naturelles, elles-mêmes si souvent bien carac- térisées dans les têtes. Il y a néanmoins des exceptions, mais dont la raison est généralement facile à déduire de la nature particulière de lanimal. C’est principalement dans la hauteur de Pos, dans la grandeur et la configuration des apophyses trans- verses et dans la manière dont elles sont percées que consistent les différences des atlas. Il n’est peut-être pas un genre que l’on ne puisse distinguer par là aussi bien que par toute autre partie du squelette. [L’atlas des quadrumanes est à peu près semblable au nôtre; ses apophyses transverses sont également coniques ; mais dans presque tous les autres quadru- pèdes , ces apophyses sont aplaties en lames norizon- tales. C’est dans les carnivores qu’elles ont le plus de dé- veloppement ; elles y forment comme deux larges ailes coupées obliquement, en sorte qu’elles se dirigent un peu en arrière. L’hyène est l'animal qui les a les plus grandes ; elles prennent dans la largeur totale de los plus des deux tiers; chacune d’elles est en outre aussi large que longue. Elles sont un peu moinslarges et moins obliques dans les chats ; elles sont encore assez pro- 188 ur° LECON, DES OS ET DES MUSCL+ DU TRONC. noncées dans les rongeurs : mais dans les édentés et les ruminants, elles n’ont guère en largeur que le tiers de leur longueur. Entre eux, les ruminants diffèrent par la largeur proportionnelle de leur atlas. Dans le bœuf, les ailes sont plus larges, et s’élargissent sur tout en arrière, où elles font une pointe. Dans les cerfs elles s'étendent peu en largeur et sont coupées carrément. Dans plusieurs genres, le canal artériel de l’atlas est divisé en trois portions; la première traverse le bord postérieur de l’apophyse transverse (infre, de l’homme (1) ), et débouche à sa face inférieure; la seconde tra- verse le bord antérieur de cette apophyse de bas en haut ,iet la troisième perce l’arc supérieur pour entrer dans le canal vertébral. Quelquefois, ces trois por- tions ont six ouvertures distinctes ; mais quelquelois aussi, la seconde et la troisième , ou la quatrième et la cinquième de ces ouvertures se rapprochent tellement qu’elles ne forment plus qu’une fosse commune; alors il semble n’y en avoir que quatre. Dans l’homme, la premiere portion de ce canal existe seule à l’état osseux ; mais dans les singes, quoique l’apophyse transverse soit peu aplatie, on les retrouve déjà toutes trois : il en est de même dans les chéiroptères, les insectivores, les ours, les biaireaux, les hyènes, le plus grand nombre des rongeurs, les tatous, (3) Nous devons remarquer ici, que le tronc de tons les animaux ayant une position horizontale, c’est dans cette position que nous décrirons la tète et les vertébres : ainsi ce qui était supérieur etinférieur chez l’homme devient antérieur et postérieur chez les animaux, et ce qui était antérieur et postérieur chez le premier, devient supérieur et inférieur chez les der- niers ; les membres étant verticaux chez l’un comme chez les autres iln’y a point de changement à opérer dans les positions respectives de leurs faces, ART. 11. DES OS DE L'ÉPINE. 189 les fourmiliers, les chevaux, les cochons etleschameaux. Dans les coatis, les ratons, le plus grand nombre des petits carnassiers, les chiens, les chats, les pho- ques, les phascolomes , les lièvres , lai » l'oryctérope L l'éléphant, le tapir, on ne trouve que la première et la troisième portion de ce canal; l'artère au lieu de tra- verser l’apophyse transverse, tourne autour de son bord antérieur, quelquefois dans une échancrure. Dans d’autres animaux l'artère ne traverse pas le bord postérieur de l’apophyse transverse, mais passe en dessous et ne la traverse qu’à son extrémité anté- rieure ; alors on ne trouve que la deuxième et la troi- sième portion du canal artériel. De ce nombre sont lunau , l’echydné, l’hipopotame et les ruminants, moins Les chameaux. Le midaus, les didelphes, les kanguroos, les rhi- nocéros, l’aï, les baleines, n’ont que la troisième por- tion de ce canal, alors l'artère ne traverse point du tout l’apophyse transverse , elle passe dessous et con- tourne son bord antérieur. Enfin l’ornithorinque , le lamantin, le dugong , les dauphins, le cachalot, n’ont aucun trou à leur atlas pour l'artère vertébrale. Nous remarquerons encore que quelquefois l’entrée de la première portion du canal ne se trouve pas au bord postérieur de l’apophyse transverse, mais à sa face supérieure, alors cette portion qui est ordinairement la plus longue, se trouve être beaucoup raccourcie. Cette disposition se rencontre dans les chiens, les che- vaux et les chameaux. L’arc supérieur de l’atlas des mammifères ne porte point d’apophyse épineuse, quelquefois cependant 190 TTL‘ LECON. DES OS ET DES MUSCL: DU TRONC. on y rencontre une petite pointe; mais l'arc inférieur se trouve être terminé, dans Îles lapins, par une apo- physe médiane dirigée en arrière, et dans quelques chauve- souris, ainsi que dans l’ornithorinque, par deux apophyses également dirigées en arrière qui font entre elles un angle de 45 degrés environ. M. Meckel pense que dans ce dernier animal, ce sont les racines inférieures de l’apophyse transverse; mais elles nous paraissent venir plutôt de la partie moyenne du corps de la vertebre. L'atlas se fait encore remarquer par ses facettes arti- culaires, dont les antérieures sont creusées en deux cavités, pour recevoir les condyles de l’occipital, et dont les postérieures forment le plus souvent aussi une cavité moins profonde qui reçoit les facettes con- dyloïdiennes de l’axis. ] Une particularité digne de remarque, c’est que l'éléphant a l’atlas singulièrement semblable à celui des singes, si ce n’est que son arc supérieur est bien plus épais, et que l’apophyse tranverse est plus obtuse. 2° L’axis. [ Outre l’a pophyse antérieure et prolongée du corps de l’axis appelée odontoïde , autour de laquelle tourne Varc inférieur de l’atlas et qui caractérise cette ver- tèbre , elle se distingue encore généralement des autres vertèbres du cou par une apophyse épineuse plus haute. Dans l’homme, cette apophyse est fourchue infé- rieurement, disposition qui ne se retrouve pas dans les singes où il n’y a qu’une simple épine. Dans pres- que tous les autres mammifères, l’apophyse épineuse de Paxis forme une lame verticale, haute, prolongée, = trs + ART. 11. DES OS DE L’'ÉPINE. 191 soit en avant au-dessus de l’atlas, soit en arrière au- dessus de la troisième et même de la quatrième vertè= bre, et quelquefois dans les deux sens chez le même animal. On trouve un exemple de cette dernière struc- ture dans l’ours , dont le prolongement postérieur est aplati horizontalement et forme une sorte de plafond sous lequel se trouve la troisième vertèebre ; dans le ta- manoir et le tamandua , le prolongement antérieur re- pose sur l'arc supérieur de l’atlas. Cette apophyse est presque nulle dans les chameaux, la girafe et les baleines, et peu prononcée dans les rhinocéros, les chevaux et l’hippopotame; mais elle est beaucoup plus saillante dans les autres ruminants et dans les cochons et les tapirs. né L’apophyse transverse de l'axis est généralement courte et toujours percée pour le passage de Partère. Relativement au peu de longeur de cétte apophyse, on trouve une exception chez les monotrèmes, où elle est trés large , très alongée et dirigée en arrière , recou- vrant celle de la troisième vertébre. Dans l’ornitho- rinque, cette apophyse forme un os particulier qui ne sé soude qu’assez tard au corps de la vertèbre. Les apophyses articulaires antérieures, presque confondues avec le corps de la vertèbre, sont dirigées trés obliquement d’avant en arrière, et prennent quel- quefois la forme d’un condyle, excepté dans les rumi- nants, où ces deux apophyses , réunies en dessous, se confondent en un seul plan articulaire , qui se joint et se continue à angle droit avec la surface articu= laire , demi-cylindrique , de Papophyse odontoïde : cette apophyse elle-même est creusée d’une large gouttière qui forme en ce point la moitié inférieure du canal vertébral. 192 11° LECON. DÉS OS ET DES MUSCL. DU TRONC. Quelquetois les apophyses antérieures de l’axis sont un peu moins confondues avec le corps; alors il y a pour ce corps une facette lisse entre les deux facettes circulaires, semi-condyloïdiennes dont nous avons parlé; de sorte que si l’on inclinait en arrière l’apo- physe odontoïde, cette apophyse , la base de l’axis et les apophyses articulaires présenteraient à peu près l’image du trèfle adopté pour nos cartes à jouer. On en voit un exemple dans le castor, et d'une manière beaucoup plus marquée dans l’ornithorinque. | 3° Les cinq autres cervicales. Dans les singes , elles ne diffèren tguère des nôtres, si ce n’est que leurs apophyses épineuses sont plus fortes et non fourchues, et que leurs corps empiètent plus les uns sur les autres en devant, ce qui sert à mieux soutenir la tête. C’est sur-tout dans le pongo ou orang-outang adulte, que les apophyses épineuses sont excessivement longues, sans doute à cause de la grosseur de sa tête et de la longueur de son museau. Dans les chéiroptères il n’y a point du tout d’apo- physe épineuse à ces vertèbres, excepté à la dernière. Dans les taupes et quelques autres insectivores , elles ne forment également que de simples anneaux entre lesquels ilya beaucoup de jeu ; mais dans la grande musaraigne musquée de l’Înde, ces apophyses sont aussi prononcées que dans ben de carnassiers. [Dans presque tous les autres mammifères, Papo- physe épineuse, petite à la troisième , va en augmen- tant jusqu’à la sepuème; d'abord dirigées en avant, elles se redressent de plus en plus jusqu’à la dernière ART. II. DE OS DE L'ÉPINE. | 193 qui est quelquefois verticale ou mème déjà dirigée en arrière comme celles des vertèbres dorsales, Dans les sarigues , Paxis et les trois cervicales sui- vantes ont les apophyses épineuses hautes , grosses et tronquées, qui se touchent et peuvent se souder en- semble. ] En général, dans tous les mammifères , à mesure que le col s’alonge, les apophyses épineuses diminuent: elles sont presque nulles dans les chameaux , la pi- rafe , etc. , sans cela elles auraient empéché ie cou de se ployer en arrière. [ L'apophyse transverse , est la partie la plus carac- téristique des cinq dernières cervicales : percée à sa base pour le passage de l'artère, elle semble naître dans l’homme par deux racines ; lune qui viendrait de la base des apophyses articulaires, et l'autre du corps de la vertèbre : après s'être réunies par une lame qui com- plète Le trou artériel, ces deux portions de l’apophyse transverse se séparent de nouveau pour former la gout- tiére et les deux tubercules que l’on y remarque. Dans les singes, la disposition est à peu près la même ; seulement ja portion inférieure ou trachélienne de la sixième s’aplatit déjà davantage en lame, et la septième n'est plus percée pour le passage de lartère ; disposition qu'on remarque déjà dans notre squelette de la vénus hottentote. | Dans les insectivores, les carnassiers, les rongeurs, les édentés, les ruminants et quelques pachydermes, cette portion trachélienne s'étend en une lame longue, large, dirigée un peu en bas, de manière à former une large et profonde gouttière à la face inférieure des ver- tèbres, qui sert à loger les muscles longs du cou et [. 15 194 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. grand droit antérieur de la tête. Le tubercule supérieur ou transverse de cette apophyse ne se fait guère sentir dans quelques genres, qu’à la cinquième et quelquefois même à la sixième cervicale. À la septième le tubercule supérieur, considérablement grossi, existe seul. Cette septième n’est d’ailleurs percée pour le passage de lar- tère que dans un très petit nombre d’animaux. Nous avons vu qu’elle l’est dans l’homme: je ne trouve la même disposition que dans les marmottes, les lièvres, le porc-épic et dans l’hippopotame. Dans les monotrèmes , les apophyses transverses des moyennes cervicales , sont, comme celles de laxis, larges et dirigées en arrière, de manière qu’elles s’im- briquent les unes sur les autres. Dans le dauphin du Gange, les apophyses trans- verses, à partir de la troisième et en grandissant jusqu’à la sixième, sont également doubles, mais non réunies peur former un canal artériel. Cette diposition se retrouve aussi dans les rorquals, et même dans les baleines, mais en sens contraire relativement à la gran- deur de ces apophyses. Cest l’axis qui porte les plus longues ; dans les vertèbres suivantes elles vont toujours en diminuant de manière à n'être plus, dans la sixième, qu’un tubercule à peine sensible. Le corps des dernières vertèbres cervicales pré- sente quelquefois à la partie moyenne de sa face infé- rieure une érèête assez considérable, sur-tout en arrière ; elle donne attache aux faisceaux du muscle long du cou et partage la pgouttière qui sert à loger ce muscle en deux portions. Quelques genres de digitigrades , Jes chevaux, et les ruminants, moins les chameaux, ont cette crête très marquée. | ART. 11. DES OS DE L'ÉPINE; 195 La forme des cervicales de l'éléphant rappelle un peu celle des singes ; mais elles sont plus courtes à proportion. [ Parmi les cétacés on sait que les vertèbres cervi- cales des baleines proprement dites sont soudées toutes sept ensemble ; quelquefois même la première dorsale est également soudée aux cervicales, Dans les cacha- lots, l’atlas est distinct, et les six autres vertèbres sont soudées. Dans les dauphins , l’atlas et laxis seuls sont réunis, les cinq autres vertèbres restent séparées, mais elles sont extrêmement minces. Enfin , dans les rorquals , le dauphin du Gange , le dugong, le la- mantin, elles sont toutes ou presque toutes séparées. | B. Les vertebres du dos. [ Les caractères qui distinguent les vertèbres dorsales de toutes les autres , sont d’avoir les apophyses trans- verses courtes, simples, une apophyse épineuse très élevée, et trois facettes de chaque côté pour l’artieula- tion des côtes, l’une à l'extrémité de lapophyse trans- verse, et les autres à la partie antérieure et postérieure du corps de la vertèbre ; encore dans les trois der- nières de ces vertèbres, on ne trouve plus qu’une facette antérieure au corps de la vertèbre, et souvent plus de facette à l’apophyse transverse. ] Les aponhyses épineuses des vertèbres dorsales de l’homme sont dirigées en bas, de sorte qu’elles saillent très peu sur le plan des apophyses transverses. Les vertèbres dorsales des singes , ne diffèrent pas beaucoup des nôtres, seulement les apophyses épineus ses s alongent et se redressent. 196 TI‘ LECON: DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC, Dans les autres mammifères , ces apophyses sont d'autant plus longues et plus fortes, que la tête est plus lourde ou portée sur un plus long cou; il fallait, én effet , qu’elles fournissent au ligament cervical des at- taches proportionnées à l'effort qu’il aurait à supporter. Ainsi , les ruminans et les pachydermes sont les mam- mifères chez lesquels elles sont le plus longues. C’est une erreur de croire qu’elles forment la bosse du chameau, car cette bosse n’est composée que de graisse. Cependant dans ces animaux l’extrémité de ces apo- physes est un peu plus renflée que dans les autres; et dans les dernières dorsales, et les premières lombaires, cette extrémité est aplatie, et même un peu. four- chue, [ Les apophyses épineuses des dernières vertèbres dorsales et des premières lombaires des sarigues sont, comme celles du cou , tuméfiées , aplaties à leur som- met, se touchant presque l’une l’autre, et se soudant vraisemblablement quelquefois. Les apophyses épineuses des premières dorsales qui sont les plus longues , excepté dans les cétacés , sont généralement dirigées en arrière ; à mesure qu’elles se raccourcissent elles se redressent , de sorte que l’une des dernières est verticale, et que les autres sont diri- gées en avant, comme celle des fombaires. ] Les chauve-souris n’ont point du tout d’apophyses épineuses ; celles-ci sont remplacées par de très petits tubercules, qui manquent même dans quelques espèces; de sorte que la colonne vertébrale ne présente aucune aspérité en arrière, sauf l’apophyse de la septième cervicale ou de la première dorsale dans les roussettes et les vampires; leur canal vertébral est d’un très grand diamètre dans cette région. < ART, 11, DES OS DE L'ÉPINE. 197 [ Dans les cétacés au contraire , les premières apo- physes épineuses des dorsales sont les plus courtes ; elles s’alongent toujours de plus en plus jusqu’à la dernière , qui est la plus longue. Dans les ornithorinques, les apophyses épineuses existent, mais elles sont absolument renversées en ar- rière et imbriquées les unes sur les autres. Les facettes des apophyses articulaires, aplaties ho- rizontalement dans les premières vertèbres dorsales, permettent les mouvements latéraux; mais dans les dernières, comme dans les lombaires, elles deviennent verticales, ou du moins inclinées vers la verticale, etne permettent plus guère que des mouvements dans ce sens. Le changement se fait en même temps que celui de la direction des épines, et quelquefois, comme dans les petits carnassiers, d’une manière brusque. Cette disposition existe dans tous les mamimifères , excepté dans les tatous et les fourmiliers, où il se développe aux dernières dorsales une seconde apophyse articu- laire, que nous examinerons à l’article des vertèbres lombaires. Dans les cétacés, les apophyses articulaires posté- rieures disparaissent après les premières dorsales ; il ne reste plus que les antérieures qui s’effacent bien- tôt à leur tour. | Les apophyses transverses des dorsales des cétacés ordinaires diffèrent de celles de tous les autres mammi- fères en ce qu’elles égalent en longueur lapophyse épi- neuse. Le corps de la première vertèbre dorsale offre quel- quelois une épine inférieure ; on en voit un exemple, non dans les monotrèmes en général, comme le dit M. Meckel, mais dans l’ornithorinque. 195 Ili® LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. On sait quele passage des nerfs spinaux a lieu ordi- nairement par un trou formé de deux échancrures si- tuées à la base des apophyses articulaires des deux ver- tèbres contiguës; mais dans quelques genres, ce pas- sagea lieu par deux trous. Outre l’échancrure de la base de l’apophyse postérieure, on trouve un trou percé entre l’apophyse articulaire et lapophyse transverse qui donne passage à une portion du nerf. C’est ce qui se voit dans les monotrèmes, dans les cochons pour leurs vertèbres cervicales dorsales et lombaires, et dans les chevaux, les tapirs, les bœufs et quelques grands antilopes pour les dernières dorsales et les lombaires, mais non pour les makis, comme le dit M. Meckel. (1) | y. Les vertèbres lombaires. [Les vertebres lombaires se font reconnaitre à leur volume plus considérable , à leur apophyse épineuse droite ou inclinée en avant, et à leurs apophyses trans- verses larges, aplaties et dirigées généralement d’arrière en avant. Le diamètre transversal de leur corps est ordinairement plus grand que leur diamètre vertical. Comme les apophyses épineuses de ces vertèbres donnent attache aux muscles de la queue, elles sont d'autant plus hautes et plus inclinées en avant, que la queue est plus longue et plus forte. ] Dans les quadrumanes, excepté les orangs et les lo- ris, il y a au côté extérieur de l’apophyse articulaire postérieure des dernières dorsales et des premières (1) Son erreur est venue de ce que, dans des squelettes de notre cabinet, mal préparés, il était resté dans l’échancrure très-profonde des portions de ligameut,. ART, 31. DES OS DE L'ÉPINE, 199 lombaires, une pointe dirigée en arrière, en sorte que l’apophyse articulaire antérieure de la vertèbre sui- vante est prise entre deux proéminences, ce qui gêne beaucoup le mouvement. On trouve déjà dans quelques squelettes humains cette apophyse accessoire, comme l'a remarqué Sæmmering, mais moins développée qué dans les singes. Cette pointe existe dans tous les car- nassiers, d’une manière plusou moins prononcée; mais elle prend plus de développement encore dans plusieurs genres de rongeurs, chez loutia, lhélamys, le chinchilla, le porc-épic, le paca , etc., où on la trouve à toutes les lombaires ; elle est absolument nulle dans Jes paresseux , les pachydermes et les ru- minans. [Dans les tatous, et les vrais fourmiliers, c’est-à-dire dans le tamanoir , le tamandua et le fourmilier à deux doigts, les vertèbres lombaires et les dernières dorsales offrent une particularité bien remarquable dans leurs apophyses articulaires : celles-ci sont doubles, une interne oblique formée de deux facettes placées comme à l’ordinaire à la base des apophyses épineuses , et une externe horizontale, formée de qua- tre facettes situées à la base des apophyses transverses; le tout est arrangé de manière à former entre les vertèbres un double tenon et une double mortaise s’enchässant les uns dans les autres. En examinant comment cette nouvelle apophyse se forme, on voit que c’est une sorte de dédoublement de l’apophyse or- dinaire; sa partie externe se sépare, s'agrandit, se creuse en mortaise d’une part, et s’avance en tenon de l’autre. Il résulte de cette double articulation que les mouvements latéraux seuls sont un peu permis. 200 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC- Il faut descendre jusqu'aux serpents pour trouver quelque chose d’analogue. Chez ces animaux, en effet, on trouve le même nombre de facettes articulaires, douze pour chaque vertèbre, sans compter celles du corps, disposées également en double tenon et double mortaise. Dans les tatous, on trouve une autre particularité également remarquable, c’est que l’apophysearticulaire ordinaire est prolongée en une pointe oblique aussi longue que les apophyses épineuses. Cette disposition se remarque déjà dans les lièvres, mais d’une manière moins prononcée. Les sarigues présentent une autre particularité, c’est que dans chaque vertèbre l’apophyse articulaire antérieure est jointe à la postérieure par une lame mince. Les dernières apophyses transverses, extrêmement larges, de l’hippopotame, des rhinocéros, des tapirs et des chevaux, s’articulentau moyen d’un prolengement postérieur , et souvent se soudent ensemble. Dans le cheval, par exemple, cette apophyse de ia dernière lom= baire s'articule dans presque toute sa largeur avec le sacrum par deux facettes qui égalent en hauteur le corps de la vertébre. Les apophyses transverses des lombaires, manquent tout-à-fait dans l’ornithorinque, et l’échidné soyeux; mais dans l'échidné épineux, la première lombaire en a un rudiment , manifesté par un tuhercule. Dans les lièvres, les trois premières lombaires sont munies d’une épine inférieure, comme le remarque Meckel après Coïter, mais dans nos squelettes, c’est la troisième qui est la plus longue: elle évale au moins Vapophyse épineuse supérieure ; elles coïncident avec + ART. If. DES OS DE L'ÉPINE, 201 le grand développement des psoas, et par conséquent avec la rapidité de la course de ces animaux. ] d. Les vertebr'es sacrees. On appelle sacrum, les vertèbres plus où moins nombreuses presque toujours soudées ensemble , aux- quelles viennent s’articuler les os du bassin. Le sacrum des mammifères est en général beaucoup plus étroit que celui de l’homme ; il forme avec l’épine une seule ligne droite, en sorte qu'il ne lui présente pas une base solide pour la station, comme nous le verrons mieux en traitant du bassin. Vu supérieure- ment ou inférieurement, sa forme est presque toujours un triangle alongé, dont la base est antérieure et la pointe postérieure. Dans chaque ordre, les espèces qui ont l’habitude de se tenir quelquefois debout, l'ont, proportion gardée, plus large que les autres: tels sont, les singes, les ours, les paresseux , et plusieurs ron- peurs. Les apophyses épineuses qui sont très courtes dans l’homme et les singes, s’alongent un peu dans les car- nassiers et sont tout-à-fait de la même longueur ou même plus longues que celles des lombaires, dans la plupart des rongeurs et des édentés; elles viennent à se rapprocher et à former une crête continue dans quelques rongeurs, et quelques fourmiliers, dans les rhinocéros et la plupart des ruminants, mais sur-tout dans les taupes et les müusaraignes, qui ont cette crête très longue, ainsi que los lui-même. Dans la roussette, l’os sacrum forme une longue pointe comprimée, dont l’extremité se soude avec les tubérosités des ischions sans porter de coccyx. 202 II1° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. [ L'union du sacrum avec l'os des îles se fait ordi- : nairement par une, deux, trois, quelquefois quatre vertèbres sacrées, mais dans les édentés, comme dans les chauve-souris , l’ischion se soude dans presque toute sa longueur aux première, deuxième, troisième, et même quatrième vertèbres qui suivent, et qui ont alors des apophyses transverses si larges que la lon- gueur de la vertèbre peut n'être que le quart de sa largeur, comme on en voit un exemple dans le ta- tou noir. Si l’on regarde toutes ces vertèbres comme faisant partie du sacrum , parce qu’elles sont soudées entre elles et avec lui, cet os serait alors beaucoup plus large à sa partie postérieure qu’à sa partie antérieure. Dans les cétacés ordinaires, les rudiments du bassin qui existent étant suspendus dans les chairs, il n’est pas possible de distinguer les vertèbres sacrées des lom- baires ni même des caudales, si ce n’est au moyen d’un os supplémentaire dont nous parlerons dans le paragraphe suivant. Dans ces animaux, ce sont les ver- tébres des révions lombaires et sacrées, qui ont les apophyses épineuses les plus hautes et les apophyses trnsverses les plus larges; mais alors il n’y a déjà plus d’ apophyses articulaires. Dans le lamantin, il n ‘ya que trois vertèbres entre les dorsales et celles qui portent des os en V, en sorte qu ON pourrait en compter deux lombaires et une sa- crée, et dans le dugong trois lombaires et une sacrée. ] :. Les vertèbres de la queue. Les vertèbres de la queue des mammifères sont de deux sortes ; celles qui conservent un canal pour le ART. Li. DES OS DE L'ÉPINE. 203 passage de la moelle épinière, et celles qui n’en ont plus. Ces dernières ont généralement une forme pris- matique : elles vont en diminuant de grosseur vers l’ex- trémité de la queue, elles n’ont que de légères proé- minences pour les attaches des muscles. Les autres sont les plus voisines du sacrum; elles ont des apo- physes articulaires et transverses, et des épineuses d'autant plus marquées que ces animaux meuvent leur queue plus souvent et plus fortement. Dans l’homme, les orangs et les gibbons, les vertè- bres de la queue ou coccygiennes, se réduisent au petit nombre de trois, quatre ou cinq, en sorte qu'il n’y a pas de queue extérieure. Ceux qui Pont prenante, comme les atelles et les sapajous, ont les vertèbres du bout de la queue plus courtes et même un peu aplaties. Tous les mammifères qui ont la queue longue ou mobile, ont un os surnuméraire situé à la face infé- rieure, sur l’union de chaque couple de vertèbres, pour donner attache aux muscles de la région inférieure de la queue. Cetos, en forme de V lorsqu'il est complet, est ordinairement séparé en deux branches dans les pre- mières et dernières caudales. Il existe rarement à toutes les vertèbres de la queue; mais on en trouve des exemples dans les kanguroos et dans les porcs- épics. : Le castor qui emploie sa queue, si remarquable- ment large, pour nager et, dit-on, comme une truelle pour gâcher la terre, a les apophyses transverses des vertèbres coccygiènes extrêmement larges; le corps de la vertèbre Iui-même est aplati et ses os en V très forts, 204 11i° LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. [ L’ornithorinque a la queue très plate aussi , et les apophyses transverses très larges, mais au contraire des autres mammifères, ce ne sont pas les premières qui sont les plus larges , c’est la cinquième ou la sixième ; elles diminuent ensuite lentement et deviennent tout-à-fait triangulaires. Il ne paraît pas y avoir d’os en V, mais le corps de la vertèbre lui-même fournit une crète plus saillante en devant , qui sert au même usage. Dans les cétacés, les vertèbres caudales sont nom- breuses. Les apophysesépineuses et transverses très lon- gues dans la région lombaire, se raccourcissent sensi- blement en avançant vers la queue, et s’effacent enfin tout-à-fait dans les dernières: les os en V y sont aussi nombreux et très développés.] C. Dans les oiseaux. Le nombre des vertèbres qui composent les diverses régions de l’épine, est un peu moins variable dans les oiseaux que dans les quadrupèdes, comme on peut le voir par le tableau ci=après. Le caractère essentiel de l’épine des oiseaux, est une fixité presque absolue dans ses parties dorsale et sacrée, et une extrême mobilité dans sa partie cervicale. La fixité du tronc était requise pour le vol, comme donnant aux ailes le point d’appui nécessaire ; la longueur et la mobilité du cou devait compenser cette fixité ; elle devait aussi mettre l'oiseau, qui ne pouvait stationner que sur ses extrémités postérieures, en état de saisir sa nourriture à terre sans s'y coucher. Comme dans toute la nature, nous observons ici les concordances d'organes, sans lesquels les êtres organisés n’auraient ART. II. DES OS DE L'ÉPINE. 20) pu subsister. Il y a donc beaucoup de vertèbres au cou des oiseaux, et peu à leur tronc. Le nombre des cervicales s'élève de dix à vingt-trois. Celles du dos varient de sept à onze. [l n’y a point de vertèbres lombaires proprement dites ; toutes celles qui s'étendent dépuis le thorax jusqu’à la queue se soudant avec l’âge en une seule pièce, avec les os des iles; la queue est courte et n’en a qu'un petit nombre, de sept à neuf dans les oiseaux adultes, et de neuf à douze et même quinze dans les jeunes; mais dans les espèces où cela est nécessaire les pennes suppléent à la brié- veté de cette partie coccygienne. La partie la plus variable pour sa longueur propor- tionnelle, est le cou : il est d'autant plus long que les pieds sont plus élevés, excepté dans quelques oiseaux nageurs, où il est beaucoup plus long, parce qu’ils devaient chercher leur nourriture au-dessous de la sur- face des eaux sur laquelle ils flottent. Le corps des vertèbres cervicales s'articule , non par des facettes planes, qui ne souffriraient qu'un mouvement obscur, mais par des facettes en portions de cylindre, qui permettent une flexion très grande. Les trois, quatre ou cinq vertèbres supérieures ne peuvent se fléchir qu’en avant, et les autres ne le peu- vent qu’en arrière. Cela fait ressembler le cou des oi- seaux à la lettre S ; et c’est en rendant les deux arcs qui composent cette courbure, plus convexes ou plus droits, qu’ils raccourcissent ou qu'ils alongent leur cou. Les apophyses articulaires de ces vertèbres supé- rieures, regardent en haut et en bas; les autres en avant et en arrière, Au lieu d'apophyses transverses, ces vertèbres cervi- cales d'oiseaux n’ont qu'un bourrelet plus ou moins 206 3x1 LECON. DES 03 ET DES MUSCL, DU TRONC. saillant de chaque côté de leur partie supérieure ; ce bourrelet est percé d’un trou à sa base pour le passage de l'artère vertébrale et du nerf grand sympathique ; son extrémité antérieure produit un stylet qui descend parailèlement au corps et sert à linsertion des ten- dons des muscles latéraux. Dans le jeune âge, le trou de l’apophyse transverse west ferméen dehors que par du cartilage , et le stylet récurrent forme un os séparé que lon pourrait consi- dérer comme une petite côte cervicale. Dans les vertèbres intermédiaires les bourrelets ou apophyses transverses , donnent une lame qui se replie sous la face antérieure ou inférieure du corps et forme un demi-canal on même quelquefois un anneau pour le passage des tendons des abaisseurs; en arrière elles ont pour toute apophyse épineuse une arête longi- tudinale. Les vertèbres supérieures et inférieures du cou et les premières du dos ont aussi à leurs corps , en-dessous, de fortes crêtes ou apophyses épineuses pour l’attache des tendons inférieurs des muscles fléchisseurs et abais- seurs du cou. Iln°y a que les plus inférieures et les plus supérieures qui aient des apophyses épineuses bien marquées. Toutes ces dispositions étaient nécessaires, à cause de la complication de l'appareil musculaire qui produit les mouvements si multipliés et si divers du cou des Oiseaux. L’atlas a la forme d’un petit anneau ; il ne s’articule avec Ja tête que par une seule facette semi-lunaire com plétée par la pointe de laxis , car l’axis a avec l’atlas une articulation du même genre que celle des mam- mifères. ART. II. DES OS DE L'ÉPINE. 207 Autant le cou des oiseaux est mobile, autant leur dos est fixe. Les vertèbres qui le composent ont des apophyses épineuses , comprimées , coupées carrément et qui se touchent , ou du moins se rapprochent beau- coup et sont liées ensemble par de forts ligaments. La plus grande partie de ces aponhyses est souvent soudée en une pièce unique qui règne comme une crête tout le long du dos. Les apophyses transverses, horizon- tales plates et larges, produisent par ieurs extrémités deux pointes dirigées l’une en avant, et Pautre en ar- rière, qui vont se rejoindre à celles des deux autres vertèbres, quelquefois même se soudent aussi avec elles. C'est par cette disposition que le tronc reste fixe dans les violents mouvements que le vol exige. Aussi les oi- seaux qui ne volent point, comme l’autruche et le casoar, ont-ils; conservé heaucoup plus de mobilité dans eette partie de la colonne épinière. [ Les premières vertèbres dorsales sont souvent mu- nies, comme les dernières cervicales, d’une apophyse épineuse inférieure. Cette apophyse, trèshaute, est bi- furquée à son extrémité et s'étend en deux longues ailes dans la poitrine des grèbes et des pingoins. | Les dernières vertèbres dorsales, au nombre de deux ou trois et même davantage ,; Se trouvent souvent pla- cées entre les os des îles, et se soudent avec eux et avec les vertèbres suivantes pour composer fa grande pièce des hanches ; il arrive de là que lon peut dire qu'il y a des côtes attachées à Pos sacrum, quelquefois jusqu'à deux ou trois paires. En effet, les dernières dorsales, celles qui auraient été lombaires, et celles que lon aurait pu plus exclusivement appeler sacrées, s'unissent toutes ensemble et avec l'os des îles. Leurs ovps, très distincts danse fœtns ou le très jeune oiseau, *# 208 III LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. ne forment dans l'oiseau adulte qu’un long cône où le nombre des vertèbres qui le composent ne se laisse compter que par les apophyses transverses devenues maintenant des cloisons transversales, qui divisent de chaque côté de ce cône, la voûte des os des îles en autant decavités qu’il y avait d'intervalles de vertèbres. Ou en trouve ainsi jusqu’à vingt et au-delà dans les espèces où le bassin est alongé. Vers l'arrière, une par- tie de ces cellules a dans le fond un trou qui commu- nique avec la face supérieure. Dans le nandou (au- truche d'Amérique), les dernières de ces vertêbres sa- crées sont longues , mais d’une minceur extrême et tout-à-fait semblables à celles du dos des tortues ter- restres. Les vertèbres de la queue sont plus nombreuses dans les espèces qui la meuvent avec plus de force, comme la pie, l’hirondelle. Kiles ont des apophyses épineuses en dessous comme en dessus, et des apophy- ses transverses fort longues. La dernière de toutes , à laquelle les pennes sont attachées ; est plus grande et a la forme d’un soc de charrue , ou d’un disque com- primé. Mais ce n’est que dans l’âge adulte que cette vertébre prend cette forme : dans le jeune âge, elle est évidemment composée de plusieurs vertèbres. Le casoar, qui n’a point de queue visible, a ce dernier os conique : dans le paon , au contraire , il a la figure d’une plaque ovale, située horizontalement. Une remarque générale à faire sur les vertèbres des oiseaux, c’est la rapidité avec laquelle leurs deux demi- anbeaux s'unissent entre eux et avec leurs corps. Cette soudure est déjà faite dans le cou au moment de sortir de l’œuf; les stilets ou petites côtes cervicales demeurent seuls alors des os séparés, il faut même remonter ART. il. DES OS DE L'ÉPINT. 200 beaucoup plus haut pour voir la séparation des deux demi-anneaux du côté dorsal. TABLEAU du nombre des vertèbres dans les Oiseaux. | Venriones | Venrèsres| Venrènres | VerTÈBBESs ESPÈCES. B du cou. | du dos. | sacrum. Vautour fauve., . . . « .. 1ù 7 13 6 4x D Catharte doura. . . . . . 14 7 13 6 4o Lœmmergeyer. . . . . . . 13 8 12 7 4o Hbbeéreau.. 4... PRET 8 12 8 4o HCresserelle, .. 2, [1 ra ë 12 8 4o TEFAL Ÿ 13 8 11 8 4o Aigle comman à 13 9 12 8 42 DAHHSAT AE ee ME SE Se 13 8 12 6 39 Caracara ordinaire. . . . . 13 8 12 8 4x Autour ordinaire. . . . . . 13 8 12 8 4r Épervier commun.. . . . . 13 ù 12 8 4x Milan commun. . . . . . .| 13 5 12 8 4x Buse commune. . . . . . . 13 8 12 8 4c Bnbases., Te | LUS ù) 12 8 4x | LLC TONNES SSSR RE 13 8 13 7 4x Effraye commanc. , . . . .| 15 7 12 8 4o IChat=huant. : :. : : «+ 13 7 12 8 4o HIGrand=Dhc.. 0: . 0. 15 7 12 8 4o Chevèche commune.. . . .|[ 13 7e | 12 8 4o SCOPSI- lie te la RES RENE 13 7 12 | 8 | 4o Piegrièche commune. . . .| 13 7 10 7 37 1|Cassican (des Iles Waigiou).| 13 = 11 7 38 Gobe-mouche gris. . . . . 13 7 11 7 38 DTangara jacapa.. . . . . . 13 7 II 7 38 1 Merle commun. . . . . . . 13 7 Il 7 58 al 22. CNE DRE 7 I! 7 3 DRCIe.s 0... 99 4 0. 13 7 II 7 38 Martin trisle. . . . . M US 7 11 7 38 Loriot d'Europe. . . . . . . 13 7 II 7 38 Hossignol. . 1. .,.. 1... 15 7 11 7 38 1 Bergeronneute du printemps.| 15 7 11 7 38 Eurylaime d'Horsfield.. . .| 15 7 12 7 39 Rd: | 3 7 9 5 37 Hirondelle de fenêtre. 13 7 10 7 37 Engoulevent d'Europe. 12 7 10 7 30 Alouette des champs. LAN (9 MEL en à (o 37 1. 1/ 2NO. TIT LECIN. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. Vaezrèenes | Venrèeres | Vexrksres| Verrieres ESPECES, du cou. | du dos. Me. la Me. Ter en Mésange à tête bleue. . . .|[ 13 7 11 7 38 Proye lei. . - NT Me à 7 10 7 37 Moineau ile DS EC 8 10 7 37 Bec erpisé.. . . + . «+ « . 13 7 10 7 37 Çassique noir (Or. cristatus).| 13 7 10 3 38 SLOUrNEAU, + + + « » L'AMMIOTLS 7 10 7 37 Corneille. … . + .. nt): 43 7 10 7 37 Gear En. . MEN S'UTS 13 7 10 7 37 Rollier commun. . . . . £ 13 7 10 8 38 Paradis émeraude.. - . .« .| 13 7 10 9 ? Grimpereau d'Europe... .| 15 7 10 6 36 Giscau mouche. . . . . . . 13 7 9 6 36 Huppe commune. . . , « . 13 7 9 6 35 Promerops du Cap. . . . .| 13 7 10 7 37 Guépier commun. . . . - . 13 7 10 7 37 Martin pêcheur à collier. . 13 7 12 8 4o Calao monoceros. . . . . .| 135 7 10 7 37 Moyen épeiche. . . . . . . Coucou d’ Europe SAR ME Couroucou à ventre jaune. . SI © em © I © O CSI «3 (Hanpa RU Ne Ve Perdrix rouge. . Pigeom. .. le sie pl 07 MAT MEME elle dette eue ee), (A2 7 12 37 Ramphastos aracari. . . . . 12 7 12 39 ATA rOUgÉ. - + à + + + - 12 ÿ 10 37 | HQacco mou. : 12 15.0 14 6 Paon domestique. . . . « .| 14 G Lophophore Cuvier. . . . .| 14 7 Pisdons ie bas ce coli 6 Éintade. 2e fe ect ete 14 6 LUS AS SE 6) ON ONG € 13 6 Faisan commun... . . . . .| 14 7 Grand coq debruyère. . . .| 14 6 . 6 6 8 14 7 13 7 16 7 15 7 16 8 14 7 14 7 7 8 Autruchedel’anc.continent. 9 MAO EL der ctlelée de 9 Casoar à casque.. . .- . . . 11 Casoar de la Nouv.Hollande. 10 Grande Outarde... . . . .| 13 8 15 a ha GEdicnème ordinaire, , , .| 13 s 14 8 43 Vanneau d'Europe, , . , .| 13 9 12 8 fa Oiseau trompette. , , + » ,] 16 9 16 7 Â8 PR ART. IT. DES O5 DE L'ÉPINE. 211 ESPÈCES. EU F. du cou. sacrum. |la queue. Grue couronnée RUE MM 9 14 (Q Grue commune. . . ,.. 10 15 6 Héron 6e a TS 7 14 2 Cigogne blanche, . . , :. 7 14 7 Chnhrelle, : 0 1, . 8 12 7 DR). CNE 7 14 7 Ibis du Bengale... . . .. . 7 14 7 L'ÉTÉ NE 9 13 8 Alouette de mer. ..... & 14 5 Chevalier aux pieds verts. . 9 12 8 PPUASRGS Le aùe pi 227 214 8 11 5 MADGCRE. OU EE 8 13 7 ! TRUC INNRERRENTEr : 8 14 6 Mégapade.. . . . .. 7 315 7 Râle d'eau. . ::.. 10 13 9 Done deans, 0. + 9 13 9 Perdrix de mer. : : . . .. 10 9 8 Flammant.. « . . . . . .. 7 14 8 Grébe cornu.. . . . . . . . 10 15 7 Grand plongeon... . . . .. 10 5 7 Grand guillemot, . . . . . 19 14 9 Pingouin commun. . . . 10 1 10 Gorfou sauteur. . . . . . . 9 15 8 PÉRPÉOAIET : - à 0 « à 9 11 8 Albatros. . PL Per 10 12 7 Goéland à manteau noir. . 9 12 8 SR AMEAL OL ia ae UE 10 12 8 Grande Hirondelle de mer, 9 19 8 Bec en ciseau. . . . . 9 12 8 142 15 ORAN RER 6 13 7 Cormoidni. ht sure de 8 113 8 Drépalle.Donte 4 2%. 9 13 8 Fou de Bassan.. . . , . . . 9 12 9 Paille en queue, . . . .. 10 9 8 Cigne à bec noir. . . . . . 11 16 ô Oiïe commune.. . . . . . . 10 14 8 Bernache. . . . . . CAR 9 14 7 ETS. Cr 9 16 6 Souchet.… . AG : 9 14 7 RE LD, ee . 9 14 7 D 5. 9 14 7 HAPMENE eo 0. 9 16 7 540" {11 LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. D. Dans les reptiles. Les animaux réunis dans la classe des reptiles, par- ce que bien que respirant par des poumons, leur cir- culation n’est pas double , et qu’ils ont le sang froid , se conviennent en effet par un grand nombre de rapports dans leurs organes sensitifs, nutritifs et génitaux. Mais leurs organes de mouvement, et par conséquent leur squelette, sont soumis à des diversités plus gran- des que celles que l’on observe dans aucune autre classe du règne animal ; puisque quant au tronc seulement, les uns l’ont presque inflexible, comme les tortues, et que d’autres l’ont excessivement prolongé et flexueux, comme les serpens ; puisque le nombre de leurs vertèbres varie de dix à plusieurs centaines ; puis- qu’ils peuvent avoir des centaines de côtes ou en man- quer tout-à-fait, etc.; mais au milieu de toutes ces va- riations, On retrouve cependant encore quelques ca- ractères communs, entre autres, celui que la partie annulaire des vertèbres demeure distincte du corps pendant toute la vie. Dans les tortues on compte huit vertèbres au cou, qui, excepté la première et la dernière, sont longues à proportion et très mobiles ; car c’est en repliant son co en Z que cet animal peut faire rentrer sa tête dans sa carapace. La première ou l’atias a trois pièces; deux supérieures qui couvrent le canal, donnent en arrière les apophyses articuiaires pour laxis, et concourent avec la troisième, fort petite, à former la fossette où s’ar- ticule le condyle de Pocciput ; fossette percée dans son fond, qui est occupé par un quatrième os analogue de l’odontoïde de l’axis, mais qui dans la matamata, par { ART. IE. DES OS DE L'ÉPINE. 213 exemple, se soude à Fatlas; les cervicales suivantes , l’axis compris , sont alongées prismatiques, échancrées en dessus pour se prêter à la courbure dont nous ve- nons de parler. La facette articulaire unit son corps à celui de la vertèbre qui suit, par une facette convexe qui entre dans une cavité glénoïde, et il en est de même des autres; la seconde vertèbre et celles qui viennent ensuite sont carénées en dessous et leur par- tie annulaire a une crête légère. Il n’y a point d’apo- physe épineuse , excepté à la seconde où elle se dirige en avant, et quelquefois à la troisième où elle n’est qu'un simple tubercule ; la dernière s'articule de ma- nière à former un angle droit avec la face inférieure de la carapace. La première vertèbre dorsale, quoique fixée comme les suivantes, n’a que deux petites côtes qui vont se joindre à celles de la seconde paire. Dans les vertèbres dorsales il faut distinguer : r0les partiesannulaires, qui sont des plaques engrenées par suture avec les côtes, et dont la série forme l’axe du bouclier supérieur que l’on nomme carapace; 20 les corps placés à la face in- férieure de ce même bouclier ; mais ce qui est remar- quable , les plaques aïîternent avec les corps et répon- dent à leurs jointures, circonstance que nous retrou- verons dans les chondroptérygiens: les côtes ou lames latérales'répondent, de chaque côté, aux plaques et par conséquent aux intervalles des corps, à la jonction des- quels elles tiennent en dessous par un pédicule qui se détache de leur face inférieure et qui est leur tête. ya dans la série longitudinale de dix à quinze plaques selon les sous-genres; mais il n'y a que neuf ou dix corps, et ce n’est que pour les corps que les plaques 214 YH' LECON. DES GS ET DES MUSCL, DU TRONC. cut en dessous des lames pour former la partie annu- laire. Il y a des espèces où les corps sont éloignés des plaques et n’y tiennent que par des apophyses dont les intervalles sont membraneux, le corps même a alors un tuyau pour la moelle épinière ; cela s’observe sur- tout dans les tortues terrestres très bombées, la grec- que, le coui, etc; mais dans les émides mêmes, où le corps tient à la plaque, il est toujours creusé au moins d'un demi-canal.Ïl y a toujours deux, quelquefois trois vertèbres sacrées qui ont l’os des îles suspendu à leurs apophyses transverses, ou si l’on veut à leurs petites côtes, c’est à elles qu’appartiennent les derniè- res plaques de la série longitudinale qui excèdent celles des vertèbres dorsales; la connexion ces n’a lieu que pour la première sacrée. Le nombre des vertèbres caudales et la el de leurs apophyses varient selon les espèces et n’ont rien de bien important. Le crocodile a environ soixante vertèbres, dont sept cervicales ; douze ou treize dorsales, cinq lombaires, deux sacrées, et quarante et quelques caudales, qui toutes, à compter de l’axis, ont la face postérieure du corps convexe, et l’antérieure concave ; celles du cou qui toutes portent de petites côtes , ou si l’on veut des apophyses transverses distinguées par des sutures. à l’atlas et à l’axis; ce sont des lames longues et plates. Âux cinq autres, ce sont des chevrons tenant au corps de la vertèbre par deux pédicules , et dont les angles comprimés horizontalement s’engrènent les uns avec les autres de manière à réduire beaucoup la flexibilité du cou. L'atlas a d’aiileurs quatre pièces, une inférieure! ART. II. DES OS DE L'ÉPINE. 219 deux latérales, une supérieure; l’axis, trois, le corps, l’'annulaire et l’odontoïde ; les suivantes deux, le corps etlannulaire; mais probablement celle-ci se divise dans les très jeunes embryons. Les cinq dernières cervicales et les quatre premières dorsales, ont une épineinférieure et deux apophyses pour l'articulation de la côte, la pre- mière à la partie annulaire , est l’'apophyse transverse , ja seconde tient au corps et représente la branche infé- rieure de cette apophyse dans les mammifères : dans les quatre suivantes cette seconde disparait, l'apophyse transverse s’alonge , s’élargit et fournit à la côte une facette à son extrémité et une à son bord antérieur: ensuite il n’y a plus d'attache qu'à l'extrémité. Les apophyses épineuses sont courtes et coupées carré- ment. À la queue qui est comprimée, elles alongent pendant que les transverses se raccourcissent et s’effa- cent même sur les deux tiers postérieurs. Il n’y en a que deux auxquelles s’attachent l’os des iles ; en des- sous il y a sous chaque articulation un os en V, ou mieux en Ÿ dont l’apophyse prend un développement proportionné à celui de l’apophyse épineuse supé- ricure. Dans les sauriens ordinaires, latlas et l’axis ne pa- raissent point avoir de côtes ; je n en vois pas même aux deux vertèbres suivantes; ensuite 1l y en a jusqu’au bas- sin mais qui ne vont pas également au sternum comme nous le dirons bientôt. Toutes ces vertèbres ont la face postérieure du corps transversalement oblongue, con- vexe , l’antérieure concave, Celles du cou, et les premiè- res d das ont des crêtes en dessous. Leurs apophyses épis neuses varient beaucoup pour la hauteur ; elles s'élèvent davantage dansles iguanes, dans les saléotes qui ont des 2400 a11° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC, épines sur le dos, et dans le caméléon dont le dos est tranchant. Celles de la queue s’alongent encore da- vantage dans les basilics, et les istiures où ellessoutien- nent une crête. Îl y a toujours des os en Y sous les articulations de celles de la queue, dont les apophy- ses transverses Sont aussi en rapport avec la grosseur de cette partie. Dans les vrais serpents, les vertèbres forment à elles seules presque tout le squelette; elles ont, à peu de chose près, la même figure depuis la tête jusqu’à la queue; on y distingue très bien un corps, des apophy- ses articulaires épineuses et transverses. Les corps s'unissent entre eux par une articulation en genou demi-sphérique , concave en avant et convexe en ar- rière ; le plan de la circonférence de la surface articu- laire est oblique d’avant en arrière. [ Les apophyses épineuses généralement longues et aplaties s’unissent en arrière à l’apophyse articulaire par une crête qui la couvre en partie. Les apophyses articulaires sont dou- bles; les unes extérieures , représentent les apophyses articulaires ordinaires à facettes horizontales, les se= condes intérieures sont situées à la base de lapo= physe épineuse. Ces apophyses sont agencées de ma- nière qu'il résulte, comme pour les vertèbres lom- baires de certains édentés, que deux vertèbres sont articulées entre elles par un double tenon entrant dans une double mortaise. La seule différence, c’est que les facettes du tenon et de la mortaise supérieurs sont continues et forment entre elles un angle aigu. Ces facettes , sans comprendre celles du corps, sont également au nombre de douze pour chaque vertèbre ; cet arrangement rendtrès difficile les mouvements ver- Lé ART. II. DES OS DK L'ÉPINE. 217 ticaux de l’épine tandis qu'il permet au contraire très bien les mouvements horizontaux. Les véritables apophyses transverses sont généra- lement très courtes et ne se manifestent guère que par un tubercule qui offre deux facettes à l'articulation de la côte. Mais l’apophyse articulaire externe antérieure se prolonge en une pointe assez longue qui en tient lieu. Ces apophyses transverses sont très longues et généra- lement inclinées vers le bas aux vertébres caudales, elles sont même doubles dans les quatre ou cinq premières. Presque tous les serpents montrent à la face infé- rieure du corps de la vertèbre une ligne saillante qui devient quelquefois une crête, et qui se termine fort souvent en arrière par une épine très saillante, plus ou moins inclinée vers la queue. Dans quelques genres, les crotales , par exemple, cette épine est même plus lon- gue que l’apophyse épineuse supérieure et lorsqu’ elle existe à la queue, elle est presque toujours double. La disposition des apophyses articulaires décrites ci-dessus, n’a pas lieu pour les anguis, ni pour les cécilies ; chez ces animaux, elle est semblable à celle des lézards. Dans quelques genres , les amphisbènes , les eryx et les rouleaux , il n’y a presque point de trace d’apophyses épineuses ni supérieures ni iuférieures ; mais dans les hydres, les unes et les autres sont extré- mement longues. Les batraciens offrent entre eux de bien grandes dif- férvences relativement au nombre de leurs vertèbres. Ceux qui n’ont point de queue, c’est-à-dire les gre- nouilles, ont généralement neuf vertèbres à corps con- cave en avant et convexe en arrière dans l’état adulte, toutes pourvnes, excepté l’atlas qui offre en avant deux facettes pour les deux condyles OCCIpItaUX J d'apophyses 218 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. transverses très longues, sur:tout les troisième, qua= trième etneuvième; c’est à cette dernière, dont la forme estassez semblable à un fer de hache, et qui est un véri- table sacrum, que se suspendent les os desiles. À la suite de cette vertèbre iln’ya qu’un os long et comprimé qui s'articule par deux facettes avec elle et qu’on peut con- sidérer comme une seconde vertèbre sacrée, puisqu'il ne dépasse point le bassin ; ou comme un coceyx , si l’on veut absolument que des vertèbres sacrées ne puis- sent pas être mobiles les unes sur les autres. Cet os est surmonté d’une crête cartilagineuse dans la base de la- quelle le canal vertébral se termine. Ces vertèbres intermédiairas ont des apophyses épineuses , courtes, et des articulaires presque horizontales. Dans le pipa et le dactylètre, la seconde et la troi- sième vertébre ont des apophyses transverses si longues qu’elles ressemblent à des côtes, et le sacrum si large et si évasé que son bord externe a une longueur presque double de la distance de ce bord au corps de los. Ces animaux ne portent noint de côtes, et le corps de de la vertèbre ne présente ni crête ni épine inférieure. Dans les Prataciens à queue, les uns, comme les sa- Jamandres, ont quatre extremités et de petites côtes qui se prolongent même au-delà du bassin; les autres, comme les sirènes, n’ont que deux extrémités anté- rieures et très peu de côtes. Les salamandres n’ont pour toute apophyse épinense qu'un petit tubercule en arrière , entre les apophyses articulaires. Celles-cisont larges, écartées l’ane de l’au= tre, le corps cylindrique rétréci dans son milien, a; dans le jeune âge, ses deux faces articulaires creuses comme les poissons ; la cavité qui résulte de ces creux ART, Il. DES OS DE L'ÉPINE. 219 est remplie d’une substance plus où moins solide, qui s'ossifie dans quelques salamandres terrestres, mais de manière à ne se souder qu'à la partie antérieure du corps, en sorte qu’au contraire des autres reptiles, c’est cette partie antérieure qui porte un tubercule saillant, et la postérieure une concavité. Les apophyses transverses, sont dirigées en arrière et divisées par un sillon à chacune de leur face, en sorte que leur extrémité acomme deux tubercules pour porter ceux dans lesquels se divise la base de la petite côte. Cette disposition se remarque sur-tout dans le * menobranchus lateralis. Ce qu'il y a de remarquable, c’est que la vertèbre sacrée porte une côte plus forte que les autres à laquelle s'articule le bassin. Les trois ou quatre vertèbres qui suivent, portent encore des côtes qui diminuent de plus en plus. Bientôt les apo- physes transverses disparaissent aussi. Dans le reste de la queue, qui en forme les deux tiers, les vertèbres por- tent uneapophyse épineuse supérieure assez longue, di- rigée en arrière, et une apophyseépineuse inférieure qui offre la même direction, et qui de plus, est percée à sa base pour le passage de l'artère. Dans les espèces aqua- tiques , ces apophyses sont plus longues et la vertèbre est singulièrement aplatie dans le sens vertical. Les apophyses articulaires de ces vertèbres plates ne sont plus qu’une proéminence antérieure de Panneau qui ya s’articuler à un tubercule de larête postérieure de l'apophyse épineuse supérieure. La sirène a des vertèbres distinctes de toutes celles que nous avons vues jusqu’ ici ; toutes ses apophyses se prolongent en crête, de sorte qu’elles sembient en être hérissées. Les corps ont également les faces antérieures 230 un LECON. DES CS ET DES MUSCL, DU TRONC. et postérieures creuses, leur crête épineuse sebifarque à moitié de la longueur, et ses branches vont se ter- miner sur l’apophyse articulaire postérieure. Ces apo- physes antérieures et postérieures sont elles-mêmes réunies par une crête horizontale. Les apophyses transverses se composent de deux crêtes, qui viennent se réunir postérieurement, l’une supérieure oblique naît a:-dessous de l’apophyse an- térieure , l’autre inférieure horizontale naïît des côtés du corps, en sorte que l’arête formée par toutes ces crêtes présente à peu près cette figure = Une crêterègne également à la face inférieure du corps . de la vertèbre. Les huit premières vertèbres portent seules de courtes côtes , les autres en sont absolument dépourvues, Les vertèbres de la queue, extrèmement aplaties dans le sens vertical, n’offrent plus que des ves- tiges de toutes les apophyses. Dans l’armphiuma means les vertèbres sont presque en tout semblables à celles de la sirène; l’apophyse épi- neuse se divise seulement un peu plus tard en deux arêtes ; 1] y a encore moins de côtes; je n'en vois que jusqu’à la sixième vertèbre. | TABLEAU du nombre des vertebres dans les Feptiles. Verr. Venr. VERT. Vert. ESPÈCES. des Au du cou.|du ‘dos. |lombes. |sacrum. Tortue franche. . . . . .| Trionyx du Gange, . Chélide matamata. . . . Tortue des Indes.. , .. ART, Il. DES OS DE L’'ÉPINE. 2 [Sa Vzar. Venr. | Venr. Venr, Vanr. ESPÈCES. des du | dela | Torar. du cou.|du dos. | lombes. [sacrum. | queue. — ——— ————————— Crocodile à deux arêtes...| 7 13 4 2 36 62 Crocodile du Gange. . . 7 14 3 2 36? | Ga? Caïman à mus. de brochet.| 7 12 5 2 35 64 Monitor de Java. 6 21 2 2 115 |146 Lézard vert ocellé.. . . 2 25 » 2 6o 89? Stellion du Levant, . . .| 4 20 » 3 30 57 Agame à pierreries. . . «| 4 1Q » 2 27 52 Leiolepis guttatus. . . . .| 2 19 » 2 36? | 59? Lyriocéphale. . . , . . .| 4 18 » 3 30 54 Drason..t. trie 6 15 2 2 5o 75 Iguane ardoisé. . . . . .| 4 20 » 2 72 96 DRE M 0e dell 4 19 » 2 5o 75 Marbré de la Guyane.. .| 4 22 » 2 71 99 Anolis principalis.. . 4 18 » 2 39 65 Gécko à bandes.. . . . .| 4 23 » 2 36 65? Caméléon d'Ésypte.. . 2 18 2 2 66 90 Scinque ocel!é.. . . | 4 37 » 3 32 76 Bipes lincatus.. . . . . .| 4 61 » 3 ? ? Bimane canelé. . . 3 100 » » 26 |129 Sheltopusick. . . . . . .| 3 E Ophisaure ventral. . . .| 3 Orvet.. . .. 3 2 AcDEUAS, 1... à. 2 Amphisbène enfumé. 2 Typhlops nasutus.. 2 RTERUE ee or of 2 s jai à 2 Boa devin.. Pr 3 HITIXÈDLOS àt'atal at eye 1 Pithon améthiste,. , . » Couleuvre à collier, . , . 2 Serpent à sonnettes.. . . Trigonocéphale jaune.. ,| 2 Vipère commune, . . , .| 2 Serpent à lanettes. . . .| 2 Pelamys bicolor.. . , . .| 2 Code Sal lE 55 L Ÿ Batraciens anoures, « . . » 10 Salamandre terrestre. . | 1 42 Menopoma..: . . . . .. Ü 45 Amphiuma means. . . .| 1 75 M nr 0, 19. 2 12 Menobranchus. . . . .. I 44 Proteus anguiaus. . . . .| r 58 Sirène lacertine. , . . 1 99 222 III LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. E. Dans les poissons. Les vertèbres des poissons osseux ont des corps tantôt cylindriques, tantôt anguleux, tantôt comprimés, et dont les proportions de longueur, de largeur et de hau j teur varient beaucoup; elles ne s’articulent que par leurs corps seulement. Leur partie annulaire a bien des apophyses qui répondent aux articulaires, mais elles se bornent tout au plus à se toucher ou à empiéter légèrement l’une sur l’autre sans avoir de facettes pour s’articuler entre elles ; quelque fois même il y a de ces apophyses à un bout de la vertèbre et pas à l’autre, en sorte qu’elles ne trouveraient pas où s’articuler. Une vertèbre de poisson est très facile à reconnaitre par la configuration du corps, qui présente, comme dans quelques batraciens, en devant et en arrière des cavités coniques qui, étant réunies avec de semblables enfoncements du corps de la vertèbre voisine, for- ment, dans toute la longueur de la colonne vertébrale, des cavités de la forme de deux cônes qui se join- draient par leur base. Ces cavités renferment une substance fibreuse souvent abreuvée d’une humeur muqueuse C’est sur cette partie molle sh remplit les doubles cônes inter-vertébraux, que s’exécutent les mouvements de chacune des vertèbres. Dans le plus grand nombre des poissons, il y a au milieu de chaque vertèbre un trou par lequel fes deux ointes de cônes voisins communiquent, et tous en- semble, forment ainsi une sorte de chapelet ; dans plusieurs chondroptérygiens, ces trous s’élargissent et à É e A Een À ART. 11. DES OS DE L’ÉPINE. 223 n'étranglent plus la substance molle entre chaque double cône; cette substance prend ainsi, dans tout ou partie de l’épine, l'apparence d’une corde que les corps des vertèbres entourent comme des anneaux. Cela se voit dans une partie de l’épine de l’esturgeon , du polyodon , de la chimère , et dans toute celle de la lamproye où les corps des vertèbres sont réduits à des anneaux d’une pellicule cartilagineuse 1rès mince. Il faut remarquer aussi que dans ceux des chon- droptérygiens où les vertèbres sont le mieux dévelop- pées, il y a des parties de l’épine où plusieurs vertèbres sont soudées ensemble, ou du moins l’espace où elles devraient être n’est occupé que par un tube d’une seule pièce, percé de chaque côté de plusieurs trous pour autant de paires de nerfs. Les poissons n’ont pas de cou ni de vraies vertèbres cervicales, seulement dans quelques-uns , les cyprins et lessilures, par exemple, les premières vertèbres ont Jeurs côtes détournées de l’usage ordinaire. On peut di- viser ces vertèbres en deux classes : les caudales qui ont une partie annulaire et une apophyse épineuse en dessus et en dessous, et les abdominales qui en onten dessus seulement. La partie annulaire de la pre- mière vertèbre demeure souvent distincte du corps, les autres s’y soudent de très bonne heure dans les poissons osseux, quoique dans plusieurs en les prenant jeunes on puisselesdétacher, et qu’elless’y divisenten deux parties comme dans les mammifères : celase voit entre autres aisément dans le jeune brochet. Dans les chondropue- rygiens , cette partie est faible, peu adhérente, et quel- quelois elle paraît composée de plusieurs pièces, dis- posées alternativement, en sorte que les crêtes ou # 22h 11 LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC, pointes qui représentent les apophyses épineuses sont distinctes des demi-anneaux latéraux et semblent in- termédiaires entre deux vertèbres : c’est ce que lon voit dans la raie, dans l'ange, et sur-tout dans l’es- turgeon. Les vertèbres abdominales ont ordinairement aux côtés des apophyses transverses auxquelles les côtes sont attachées. Dans quelques poissons, comme les ey- prins, les brochets, les clupes, ces apophyses demeurent séparées par des sutures. À l'arrière de l’abdomen les apophyses transverses des vertèbres des poissons , ou du moins les portions inférieures de ces apophyses divisées s’inclinent vers le bas et une traverse les unit, commençant ainsi la série des anneaux inférieurs de la queue; ce qui n’empèche pas que les premières vertèbres caudales ne conservent encore les portions supérieures de ces apophyses qui portent encore des côtes. Les apophyses épineuses, tant supérieures qu’infé- rieures,, sont très longues dans les poissons comprimés latéralement, commeles pleuronectes, les chétodons etc. Cest dans la partie annulaire supérieure qu'est creusé le canal dans lequel passe la moelle épinière; dans l’in- férieure, à la queue, en est un autre pour les vais- seaux sanguins. Les anneaux inférieurs ont, comme les supérieurs , des espèces d’apophyses articulaires qui mème sont quelque fois grandes et branchues, et {or- ment ainsi autour du canal destiné aux vaisseaux, une sorte de réseau. On observe sur-tout cette particularité dans certaines espèces du genre des thons. Les vertèbres qui approchent du bout de la queue raccourcissent graduellement leurs apophyses, leur canal se rétrécit ou s’obstrue; mais lorsqu'il y a une sr + ART. II. DES O5 DE L'ÉPINE. 295 nageoire caudale les dernières apophyses épineuses grandissent, s’aplatissent, se soudent ensemble et avec les derniers asselets inter-épineux, et forment ainsi une plaque triangulaire et verticale, au bord pos- térieur de laquelle $articulent les rayons de la na- geoire : dans les poissons à queue alongée et pointue, comme l’anguille, cette disposition n’a pas lieu. Il y a des poissons, comme la murène où quelques-unes des vertèbres abdominales ont une pointe en dessous de leur corps; mais seulement destinée à des attaches de muscles et sans partie annulaire; dans beaucoup de poissons la vertèbre à laquelle se termine l’abdomen et où commence la queue, et mème celle qui la suit, ont de grandes apophyses inférieures , auxquelles vient se joindre un grand os inter-épineux, quelquefois résul= tant de la coalition de plusieurs, qui descend jusque derrière l’anus. D’autres fois ces apophyses transverses sont larges, concaves, et forment une espèce de bassin ; c’est ainsi, et non pas par un bassin analogue à celui des mam- mifères, quese limite en arrière l'abdomen des poissons, La plupart des poissons ont à leur tronc, dans l’en- semble de leurs nageoires verticales et des os qui les supportent, un appareil qui n’a d’anaiogue dans au- cune vertèbre des autres vertebres; à la vérité, on a ima- pginé qu'il pourrait résulter d’une division verticale de Vapophyse épineuse des autres vertèbres, dont les deux parties montées l’une sur l’autre formeraient , l’une le rayon, l’autre l'os inter-épineux qui le porte, tandis que les deux demi-anncaux restés en place se seraient al- iongés pour former l'apophyse épineuse qui existe aussi dans les poissons, et qui y est même très souvent beau- 1, x 1) Fa 226 11° LECON, DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. coup plus grande que dans les autres animaux. On n’a pas besoin de dire que cette ascension d’une moitié d’os sur l’autre serait sans exemple dans la nature. Il y a des arguments plus sensibles; jamais le nombre des os en question et de leurs rayons n'est en rapport avec ceux des vertèbres ; souvent ils sont beaucoup plus nom- breux et répartis sans régularité; bien loin que ce soient deux pièces simples , comme seraient les deux moitiés d’un seul os, le rayon, lors même qu’il serait épineux, se laisse de lui-même longitudinalement en deux , et en outre lorsqu'il est mou et branchu son tronc et ses branches se divisent transversalement en une multitude de petites rouelles; enfin los qui le sup- porte et que l’on appelle inter-épineux , a lui-même deux parties; une tête à laquelle le FAOR S'artienies etune pointe ordinairement à quatre arêtes, qui s’en- fonce dans les chairs entre les deux longs nastiéé du dos ; c’est à cette pointe que s’attachent les muscles propres qui vonts’insérer au rayon et qui le meuvent. Le rayon , soit épineux, soit mou, s'articule par un #ynglyme lache sur la tête de los inter-épineux : à cet effet, la base du rayon se divise en deux petites bran- ches qui se recourbent pour insérer leurs extremités dans deux fossettes aux côtés du tubercule qui termine cette tête. Quelquefois la tête est percée d’un trou et fournit ainsi un anneau en dedans duquel les deux branches se réunissent en formant un second anneau, en sorte que la jonction se fait comme celle de deux chaïinons d’une chaîne; c’est ce qui a lieu sur-tout pour le grand rayon épineux de la dorsale des silares. Le nombre de rayons, soit épineux, soit mous, le nombre, les formes, les proportions des nageoires qu’ils ART. 11: DES OS DE L'ÉPINE. 22% soutiennent ont été indiqués avec tant de soin par les ichthyologistes, qu’il estinutile de nous en occuper ici. [ Une particularité remarquable se trouve dans le tétrapture ; les apophyses épineuses sont extréme- ment longues et minces, et forment une crête tout- à-fait comparable à celle des vertèbres lombaires des ruminants ; et la partie postérieure de cette apophyse est embrassée par les longues apophyses articulaires antérieures; les postérieures n’existent qu’en rudiment. Les vertèbres de la queue présentent les mêmes carac- tères , en sorte qu'il y a ici une apophyse articulaire inférieure ainsi qu'une supérieure. L’espadon présente quelque chose de semblable , mais ses apophyses épi- neuses sont plutôt en forme de lames de sabre, et les apophyses articulaires postérieures sont plus pronon- cées ; d’ailleurs les apophyses transverses de ce dernier poisson sont divisées en antérieures et postérieures par une profonde échancrure. Les apophyses transverses de quelques espèces du genre gade offrent aussi quelque chose d’insolite ; elles sont prolongées, demi-cylindriques, leur face inférieure concave est destinée à loger les appendices de la vessie aérienne. Les congres et les murènes présentent aussi une apo- physe transverse allongée mais elle n’est point concave et sa forme est triangulaire ; sa base naïît de toute la longueur de la vertèbre et elle se termine en pointe. Parmi les poissons les plus remarquables sous le rap- port de la conformation de leurs vertèbres aussi bien que de leur tête, nous devons citer les bouches en {lüte. Dans les fistulaires les quatre premières vertè-— bres présentent une longueur égale à celle des vingt- * 15. 228 111° LECON. DES OS ET DES MUSCI, DU TRONC. cinq suivantes et sont soudées entre elles, par des su- tures semblables à celles des os du crâne. Le tout forme un long tube percé de trous pour le passage des nerfs, et qui porte trois crètes continues, une verticale et deux horizontales; ces crêtesreprésentent l’apophyseépineuse et les apophyses transverses. Les apophyses transver- ses des vertèbres suivantes sont très longues, aplaties à leur extrémité en forme de fer de hache et ne portent point de côte; elles diminuent progressivement de longueur et de largeur, mais à l'endroit des nageoires verticales, situées comme l’on sait, très en arrière et vis- à-vis l’une de l’autre, elles s’élargissent de nouveau, et au lieu de s’incliner et de se rapprocher pour former l'arc inférieur des vertèbres caudales, c’est une produc- tion de leur base qui le constitue. Et comme s’il fallait absolument que la partie supérieure des vertèbres cau- dales *des poissons ressemblât à la partie inférieure, les neuf vertèbres qui offrent ainsi une apophyse transverse et un arc inférieur portent de chaque côté une deuxième apophyse transverse qui naît à la base de l'apophyse épineuse. Cette apophyse transverse supé- rieure se voit dans les salmones et les clupes, pour toutes ou presque toutes leurs vertèbres dorsales; elle égale même quelquefois les côtes en longueur comme dans le mégalope. Dans le centrisque le corps des quatre premières vertèbres cest renflé à chacune de ses extrémités; de sorte que vue inférieurement la colonne vertébrale pré- sente des étranglements et des boursoufflements suc- cessifs. Les apophyses transverses sont très longues et très larges, et les apophyses épineunses, excessivement hautes et dirigées en arritre, portent la nagcoire dorsale ART. II. DES OS DE L'ÉPINE, 229 à l'extrémité du corps. Dans l’amphisile les cinq pre- mières vertèbres externes allongé:s, présentent égale- ment des renflements et des rétrécissements, mais moins prononces, et les apophyses épineuses sont telie- ment renversées en arrière que la nageoire dorsale se trouve portée tout-à-fait sur la queue, qui elle même est très courte. C’est d’ailleurs un des pois- sons qui porie le plus petit nombre de vertèbres, quinze à seize en tout. Les apophyses transverses sem- blent manquer; mais peut-être la cuirasse qui recou- vre le corps de ces poissons et que l’on a prise jus- qu’à présent pour un composé d’écailles, est-elle formée par ces apophyses, comme la carapace des tortues l’est par les côtes et les apophyses épineuses des vertèbres. ] TABLEAU du nombre des vertèbres dans les Poissons. VERT. VERT ESPÈCES. tho- , Torar. raciques. caudales. Perche commune. . . . + . . 21 21 42 Bar commun. 56 -f de 12 19 25 Sandre commun. . « « « + « . 25 29 47 Apogon brun. . . . . . . . . 9 15 24 Serran écriture. . . . « + + « 10 14 24 Cexniétbran;.:. NL: . 13 13 26 Holocentrealongues nageoires. 11 16 27 Mive commune: 2: «+. II 30 41 Uranoscope vulgaire. . . . . . 10 15 25 Sphyrène spet. . : . . . . . . 12 12 24 Mopauilet. {ie de te «la e 10 14 24 din 2 1. 404 13 23 36 Malarmat.. . : …:... a 10 23 33 Chaboisseau de mer commun. 15 22 35 Platycéphale insidiateur. . . . 11 10 27 SCorpéne rouge: - . . . . . . ) 10 24 236 IIL LECON. DES 05 ET DES MUSCL. DU TRONC. ESPÈCES. (hs OMR: L'TONA raciques. caudale Épinoche. Ka): 41 AM oil 14 19 33 DATE MUR ete + vie II 13 24 CRE) LATE AMEN. 05 11 14 25 Ombrine commune. . . . . . 11 14 25 Grand Pogonias. . . . . . . . 10 14 24 Sargue Pagre Pagel HS Ordinaire. . . . . 10 14 24 Bogue Picarel Mendole Chætodon barré. . . . . . . . 10 14 24 Pimelepètre, Bosc. . . . . . . 9 16 25 Gastagmole.#..1:15,20. 445 se 14 27 4ï Anabas den A A NE CUT 10 16 26 Osphronème gourami. . . . . 12 15 30 Gphicéphale. (sx « « Gr Muge ébphale +. 4e. |. . [ns 72 12 24 Maquereau commun. . . . . . 15 16 31 Thon communs. .,::. 4 4... 13 22 40 Pilnndes Lo Nes. TIRE 25 25 50 Leprdepe. LL2f en SAR RE UT 40 70 110 Trichiurus lepturus. PAPE EC 6o 100 160 EAdon. 2%. [rat Pa 14 12 26 Tétrapture Au. 050. /e 0e 12 12 24 Puôte ‘commun! .#}. 2, 10 16 26 Liche amie.. . . DE el 10 14 24 Trachinote glauque. A AN 10 14 24 Catanx paufel MSN CETTE 10 14 24 Coryphène équiset. . . . . . : 13 20 33 Etnètre. ML. MR UE 2 48 44 92 Ruban rougeñtre. . : . . .,. 14 56 70 Blennius gattorugine. . . . . . 12 26 33 Anarrhichas lupus. . . . . . . 26 50 76 Gobius niger.. . . . D en 10 18 28 Taenioïde Honbniien! ACL 10 15 28 Clinus anguillaris.. . . . . . . | 16 41 57 ART. 1. DES OS DE L'ÉPINE. 231 : VERT. ESPÈCES. A LLC raciques. caudales. Callionyme lyre. . . . . . . . 11 17 28 Baudroye. 4. «+ . +. . . . 1) 15 30 11204 Crau RER ONE RE MORE FOR UE 10 28 38 Ce UE ARNO PRE ee 10 19 25 Crénilabre paon. . . . . .. . 14 19 33 Scarus frondosus.. . . . . . . 10 1) 25 Fistulaire. . . . «: ., He) AR 56 33 59 Gentrisque., . . . +1. .\. . . 1Ô 7 23 (LE LT RENE ENS E SENPR 20 16 36 MARNE un ee 00 EU 29 18 47 Brême commune... . . - . . . 21 22 435 LE NCE ORNE l'O AN 21 16 5 PR D d Li 40 29 62 ONE NS 4e JU ENCRE sp) 20 51 Pet olant.......A4214,017 32 15 47 Mormyre hersé. . ... .} ,., 22 25 47 vinire saluthi : 2414 - 4. : 20 52 72 Pimelodecehat. 4, : 1.0, . . 15 28 41 RE NL 2 (CL Le 24 33 57 Macroptéronote sbarmuth. . . 21 41 G2 Plotosemnoirätre. . : . . + . . 13 59 72 ARE. Ji. a DEP. Eue IT 58 69 Demenire.s"os er: AE LE 7 26 33 OR ON Te Tone 34 29 56 Truite commune... . . . . . . 34 29 56 Éperlan. & |: 2876 De A AIX UTC 35 22 57 Serra-salme citharin. 7347 EN 24 20 44 Bamus: 0 à . 52 ES FAC « « 6x Hareng commun... . . . . . . 35 19 57 dde ur ne get amet 3, 29 27 56 Anchois vulgaire.. . . . . . . 25 21 46 Mégalope. . .. . . . 4... .…. 34 23 57 Mihocentre.! . …. +: «ie ne 45 27 70 MSN TNT 49 15 67 Age EU rue PR. 2e, D 5, . TU € 19 34 53 Met.) . . ARC YR OT 2 20 35 55 LIRE AU EN EN. 26 29 54 332 111° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. Lotte commune. Carrelet. Fletan. . . Turbot. 4 SOlERtE UT Gobiésoce testard. . . . . Cycloptère lump. . Echéneis naucrates. . . . Anpuille. : \ Congre commun. . . . Serpent de mer. Murène commune. . .. Gymnote électrique. . Equille. ne Syngnathus acus. Hippocampus. Diodon mola.. Tetraodon fahaca. Balistes capriscus. . Coffre triangulaire. Petite roussette. Squale faux. . Squale nez. . Pantouflier.. Raie blanche. . caudaies. 38 31 35 O3 SES | SERA Ÿ Ho © ART, III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 233 ARTICLE IT. DE LA CAVITÉ DU TRONC TELLE QU'ELLE EST ENCEINTE PAR LES VERTÈBRES DORSALES, LES CÔTES ET LE STERNUM, La cage formée par les côtes, la portion de l'épine à laquelle elles sont attachées, et le sternum où elles aboutissent, est diversement constituée selon les or- ganes qu’elleest destinée à contenir. Dans les mammi- fères , les côtes et le sternum appartiennent principa- lement à la poitrine, cavité qui renferme le cœur et les poumons et laisse passer l’œsophage; cette cage dit- fère en mobilité, selon celle que doit avoir le corps entier de l'animal. Dans l’homme, elle a la forme d’un cône aplati dont la base est en bas et le sommet tronqué en haut : sa dilatation se fait en relevant ses côtes; son sternum est plat et a peu de mobilité. Du Sternum. Le sternum est un os ou un assemblage d’os situé à lopposite de l’épine et auquel s’attachent les côtes par leur extremité ventrale; souvent aussi le sternum donne appui à des os de l’épaule, la clavicule ou le coracoïdien, ou tous les deux. [l y a des animaux, comme les srenouilles, qui ont un sternum sans côtes et servant à l’attache des os de l'épaule seulement; il y en a, comme les serpents, qui ont des côtes sans sternum; il y en a, comme beau- 25/4 111 LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TKONC. coup de mammifères, où le sternum ne donne point d'attache à l’épaule, mais seulement aux côtes, etc. Quelques-uns ont regardé le sternum comme une répétition imparfaite de l'épine, apparemment parce que dans les mammifères ilse compose d’une suite d’os placés à la file les uns des autres; mais cette idée ne leur serait pas venue s’ils l’eussent considéré dans les autres classes où ses pièces sont autrement disposées et sans aucune ressemblance avec les vertebres. D’autres ont cru y reconnaître un nombre normal de pièces (neuf), qui seraient seulement arrangées dans des ordres différents; mais cette idée n’est pas soutenabie; le nombre des pièces varie depuis un jus- qu’à douze, et même en comptant les épiphyses, comme or le fait d'ordinaire dans ces spéculations sur V'unité de composition , il y en aurait jusqu’à vingt- sept dans Île tamanoir. On en trouverait même davan- tage si l’on prenait pour un sternum , ce qui, comme nous le verrons en tient lieu dans les poissons. D'autres enfin ont pensé, que les os du sternum de- vaient être, au moins dans le principede Possification, disposés par paires ; mais le fait ne permet pas à beau- coup près d’admettre cette règle comme générale. Quoique dans l’homme les noyaux osseux du ster- num soient souvent disposés, en partie et irrégulière- ment, sur deux rangs, dans la plupart des quadrupèdes ils forment une série très régulière d’os impairs, que je n'ai pu voir divisés en deux, même dans les plus jeunes fœtus. Le second os du sternum des mono- trêèmes et ceux des cétacés sont seuls naturellement divisés en deux et le demeurent long-temps. Dans les gallinacés qui ont cinq pièces disposées en quin- ART. ILI, DÉ LA CAVITÉ DU TRONC. 230 conce, et les tortues qui en ont neuf, l’impaireest aussi toujours simple, même dès qu’elle commence à se montrer dans les plus jeunes embryons. Je ne vois guère que les oiseaux non gallinacés qui montrent cette disposition par paires. Ils n’ont en effet le plus souvent à leur sternum que deux pièces, et encore s’en mon- tre-t-il quelquefois une troisième entre elles. À. Dans les mammifères. Le sternum de l’homme adulte ne paraît que comme un seul os aplati, alongé; son extrémité supé- rieure élargie donne à chacun de ses angles une arti- culation à une clavicule; à ses cotés se joignent les cartilages des sept vraies côtes : son extrémité posté- rieure après quelque élargissementse prolonge au delà, se retrécit et se termine par une pointe nommée Car— tilage xyphoïde ou ensiforme, parcequ’elle s’ossifie rarement. Il y a beaucoup d’irrégularité dans les éléments os- seux dont se forme le sternum humain. Dans l’em- bryon, ce n’est qu’une lame cartilagineuse dont les cartilages des côtes ne semblent que des découpures. Il s’y rencontre des grains osseux très variables pour l'ordre et le nombre, quelquefois trois ou quatre à la file, d’autres fois jusqu’à douze très inégaux , très 1r- réoulièrement distribués. Dans les enfants on y voit encore des traces de cette irrégularité ; j'en ai un où après deux grandes pièces qui se suivent, il en vient quatre placées deux à deux, mais avec un peu d’alter- nance. La septième fait la pointe. în général, cependant, lesternum finit par ne conte- 256 1r1I° LECON, DES 05 ET DES MUSCL, DU TRONC. nir que cinq pièces à la suite les unes des autres, les- quelles se soudent successivement, la supérieure de- meurant la dernière distincte; avec le xyphoïde on y compte alors trois os. Il y a souvent un trou vers le tiers postérieur. Le sternum est enveloppé par dehors et par dedans d’une toile ligamenteuse solide. Le xyphoïde est retenu en outre par un fort ligament qui, de sa face externe, se porte obliquement vers le cartilage de la dernière vrale côte. Dans les z2ammiftres onguiculés dont le tronc est en général plus flexible que celui de l’homme, le ster- num a toujours un os entre deux paires de côtes de ma- nière que chaque paire s’articule entre deux os du ster- num, et il y a de plus un os en avant, et un en arrière; ces os sont généralement simples , et je les ai trouvés tels, même dans de jeunes embryons. Quelquefois, cependant, on voit aussi une partie divisée en deux, mais irrégulierement; c’est ce que j'ai vu dans un fœtus d’ours. Le sternum du pongo et de l’orang est large. Dans tous Îles autres quadrumanes il est étroit et de sept à huit pièces. Les chauves-souris et les taupes, qui ont un égal be- soin, quoique pour des buts différents, de muscles pectoraux vigoureux, ont à leur sternum une crête saillante qui lui donne un léger rapport avec celui es oiseaux. Le premier os des chauve-souris est tou- jours élargi latéralement pour donner attache à leurs grandes clavicules. Dans les roussettes, le premier et le second os ont des crêtes verticales ; celle du premier a même deux ART, III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 237 pointes saillantes et comprimées ; le second os porte uatre. côtes. Dans les phyllostomes etles noctilions, il n’y a qu’une pointe et au premier 0s seulement. Les vespertilions n’ont qu'une crête peu élevée: Dans la taupe, c’est le premier os qui est très grand et comprimé en soc de charrue. À son extrémité anté- rieure pointue s’articulent les deux grosses et courtes clavicules; plus en arrière la première côte y a égale- ment sa jonction : à la seconde pièce, s'articule la se- conde côte; il y a ensuite trois pièces étroites de forme ordinaire dont la troisième porte deux paires de côtes ; puis une très petiteavec encore une paire, etle xyphoïde qui est étroit et alongé. Dans la chrysochlore cette première pièce également comprimée, mais moins haute, porte à sa moitié anté- rieure en dessus deux petites ailes qui la rendent con- cave et auxquelles s’articulent les deux premières côtes qui sont extrêmement larges: les clavicules longues et grèles s’attachent à sa pointe antérieure ; il y a en- suite sept pièces oblongues et un xyphoïde alongé terminé par une dilatation cartilagineuse semi-lu- naire. Dans les carnassiers, toutes les pièces sont à peu près cylindriques ; elles sont généralement au nombre de huit; mais on n’en trouve que six dans les mar- supiaux. Les rongeurs en ont six ou sept, et chez ceux qui portent une clavicule , la première pièce est plus large que les autres. Dans les paresseux, le premier os du sternum est triangulaire ; sa pointe se dirige en avant, pour porter 238 tII° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC, les clavicules ; ses angles portent les premières côtes; il est suivi de huit ou dix petites dont les derniers courts et ronds se placent assez irrégulièrement; il n’y a pas de prolongatiou xyphoïdienne. Les fourmiliers, les pangolins, les oryctéropes et les tatous, ont le premier os très large, anguleux; dans le tamanoir il est échancré en avant. Dans le tatou il est octogone, et àses angles antérieures se voient deux pe- tites apophyses où s’attache le ligament des clavicules ; viennent ensuite des nombres de petits os variables selon ceux des vraies côtes, huit ou neuf dans les four- miliers, cinq ou six dans les oryctéropes et les tatous, et toujours suivis d’un os xyphoïde plus ou moins alongé. ‘ { Dans le tamanoir etle tamandua, les pièces moyen- nes offrent ceci de particulier qu’elles ont, pour ainsi dire, deux corps superposés, l’un supérieur plus large et ressemblant presque au corps d’une vertèbre , d'autant mieux que dans le jeune âge, à chacune de ses extrémités, se trouve une plaque épiphysaire; l’autre inférieur plus petit, à surface inférieure qua- drangulaire, et pouvant, s’il était percé, représenter l’apophyse épineuse, pour ceux qui voient dans le ster- num une épine ventrale opposée à J’épine dorsale. Chacun de ces corps donne de chaque côté une facette antérieure et une postérieure, pour l’attache de la côte sternale qui offre deux têtes articulaires, comme la côte dorsale. Le xyphoïde du pangolin est remarqua- blement long et divisé longitudinalement. Celui du phatagin se bifurque à son extrémité et se termine par deux filets cartilagineux qui se prolongent jusqu’au- près du bassin. ] ‘ & ART. III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 239 Dans les monotrèmes, le premier os a la forme d’un T dont lesdeux branches vont s'appuyer à une apophyse du bord de l’omoplate ; les clavicuies se collent le long de sa traverse en avant et s’y soudent avec l’âve, en sorte que j'ai pris pendant quelque temps ce premier os lui-même pour une clavicule analogue à la four- chette des oiseaux ; mais c’est au contraire à l’os unique et également en T ou en flèche du sternum des lézards qu'il faut.le comparer; le deuxième os est très large et divisé longitudinalement en deux pendant le jeune âge, puis il en vient trois ou quatre impairs , et enfin un xyphoïde pointu. Le premier et le seconds, ont cela de particulier qu’il s’y articule des pièces apparte- nantes à la partie coracoïdienne de l’épaule, comme nous le verrons plus tard. Toutes ces dispositions montrent une tendance à se rapprocher de ce qui s’observe dans les sauriens. [ Le sternum des pachydermes est en générai com- primé antérieurement et déprimé postérieurement; et la première pièce est fort avancée au-delà de la pre- miére côte et tranchante comme le brechet dusternum des oiseaux, tandis que la dernière est large et aplatie. Les pièces intermédiaires tendent plus ou moins à se rapprocher de la forme des deux pièces extrêmes. Celui des ruminants est également aplati en arrière; mais la première pièce est cylindrique et ne dépasse pas la première cote , et la dernière se termine plus ou moins en pointe. Dans les chameaux la partie posté- rieure du sternum est extrèmement épaisse et large; elle présente une base étendue à la callosité de la poitrine. Ce sont les cétacés qui ont le sternum le plus court Il est ordinairement chez les dauphins de quatre pièces 240 III LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC, et chez les baleines d’une seule; mais ces pièces sont larges et conservent souvent les traces d’une division- latérale, sur-tout la première qui a presque toujours un angle antérieur extrèmement saillant. Cette division se remarque également sur la deuxième et la troisième pièce du dauphin du Gange. | B. Dans les oiseaux. Le sternum des oiseaux est extraordinairement grand et large, comme il convenait qu'il fut pour donner attache aux muscles qu’exige le vol. Il protége en dessous non-seulement le thorax, mais une grande partie de l'abdomen. Sa forme approche plus ou moins de celle d’un bouclier rectangulaire; il a peu d’épais- seur , sa face interne ou supérieure est concave, l’ex- terne convexe, et dans presque tous, celle-ci porte sur la ligne moyenne une crête élevée plus haute en avant, s’abaissant graduellement en arrière, comparable à une quille de navire, mais bien plus saillante et qui ne manque qu’à des oiseaux qui ne volent point au tout comme lautruche, le touyou et le casoar. Près du bord antérieur est de chaque côté une rainure un peu oblique qui reçoit l’extrémité postérieure des coracoïdiens, et entre deux une petite apophyse plus ou moinssaillante dite épi-sternale; plus en dehors, ce bord forme avec le bord latéral un angle saillant plus ou moins aigu : le bord postérieur plus mince a le plus souvent des trous ou des échancerures remplis seulement par des mem- branes; les oiseaux qui volent très bien, ou qui planent très long-temps, les aigles, les martinets, les colibris, les . si ART. III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 241 oiseaux de tempéle, sont presque les seuls qui laient tout entier. À la moitié antérieure des bords latéraux du sternum s’articulent les côtes sternales, c’est-à-dire, les os qui dans les oiseaux tiennent lieu de cartilage aux côtes vraies. Vers l’angle antérieur externe, en dehors eten arrière de l'articulation claviculaire, la surface du sternum a une région légèrement enfoncée pour le muscle cora- coïdien, et ilen part une ligne légèrement saillante qui va obliquement vers l'arrière de la quille et cerne l’at- tache du muscle dit moyen pectorai. Une chose singulière et qui renverserait à ane seule la prétendue loi de l’unité de composition, c’est que celle du sternum des oiseaux est de deux sortes très différentes. Une famille (les gallinacés) la d’abord composé de cinq os; un impair auquel appartient la crête, et dont l’ossification marche à la fois vers l’avant et vers l'arrière ; deux pairs antérieurs de forme trian- gulaire, auxquels s’articulent les côtes et dont lPossi- fication va de dehors en dedans, et deux pairs posté- rieurs , en forme de fourche, dont les deux branches s’ossifient d'avant en arrière. Ce n’est qu’assez tard que ces cinq pièces se soudent en une seule qui con- serve toujours de chaque côté deux larges et profondes échancrures. Dans les autres oiseaux, le sternum n’a leplus souvent que deux pièces, dont l'ossification com- mence vers les angles latéraux antérieurs et s’avance vers le milieu et vers l'arrière, gagne la crête, occupe, et va entourer les trous ou les échancrures du bord postérieur, lorsqu’il doit y en avoir. Dans quelques-uns cependant, il y a aussi une troisième pièce impaire qui {, 10 "N 242 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC, commence à la base de la quille, je l'ai observée dans les geais, les pies. Il faut remarquer que dans tous les oiseaux Îe ster- num a déjà en cartilage toutes les formes, les trous et les échancrures qu'il doit conserver après son ossifica- tion. [l yen a même, tels que jes cygnes, les canards, où il demeure entièrement cartilagineux assez long- temps après la naissance ,et où les deux centres d’ossi- fication ne se montrent que tard et ne l’envahissent que lentement; l'ossification y contourne par degrés les trous voisins des angles postérieurs sans y former jamais plusieurs noyaux. Pour retrouver le prétendu nombre normal de ne f pièces, et en supposant que celui de cinq existe toujours on a voulu compter l’épi- sternal pour deux, et on a pris pour les deux autres deux petites productions cartilagineuses du bord posté- rieur dans le pic; mais ces petites productions qui exis- tent sous d’autres formes dans beaucoup d’oiseaux, s’y ossifient par continuation; c’est aussi ce que fait toujours Héprsterel qui , d’ailleurs , bien que souvent fourchu, n’est jamais divisé en de La largeur du sternum , la saillie de sa crête surtout en avant, l'absence de ou et d’échancrures en arrière correspondent à une grande puissance de vol: les circon- stances contraires ; peu de largeur , de grandes échan- crures, une crête peu marquée ou nulle, marquent aussi des qualités contraires. On avait cru un moment que les caractères de cette pièce pourraient être en rapport avec les familles naturelles des oiseaux : cela ne s’est pas vé- rifñié, et néanmoins dans certains cas ils donnent des indications utiles sur lesaffinités des genres. C’est ce que l’on peut voir en détail dans la dissertation de M. Lher- ART: III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 2/45 minier rédigée en partie sur les collections que j'avais préparées depuis long-temps pour le présent article. Les oiseaux de proie diurnes ont lesternum grand, la crête saillante , l’épi-sternal petit. Tous ces caractères se remarquent'sur-tout dans nos aigles, qui de plus ont l’épi-sternal tronqué, et wi postérieur plein et sans trou, si ce n’est dans la jeunesse où l’on en voit de petits ; le læmmergeyer a le sternum plus court et plus large; mais également plein ; sa crête est moins saillante. Elle l’est encore moins dans les vautours, et leur sternum très grand, conserve à tout âge de grands trous ovales près des angles postérieurs. Les faucons, les autours et éperviers ont aussi ces trous, mais plus petits, et leur épi-sternal est pointu; leur crête est fort saillante. Je ne vois point de trous à la bondrée. Is sont très petits et s’effaçent même promptément dans les mans. Les buses et les busards en ont; leur épi-sternal est ur peu tronqué. Dans le secrétaire , le sternum est entier et se ie un peu en pointe en arrière. Sa quille s’évase en s’unissant au corps, elle est fort saillante; la fourchette s'articule au milieu de son bord antérieur par une lame comprimée. [1 n’y a point d’épi-sternal. Tous les oiseaux de proie nocturnes, très différents en cela des diurnes , ont au bord postérieur quatre échancrures obtuses qui entament d’un tiers ou d’un quart la longueur du sternum; leur épi-sterual ehjrés court. … Dans les passereaux ordinaires, ptes-grièches, mer- les, bec-fins, moineaux, corbeaux oiseaux de paradis et genres intermédiaires, le sternum a en arrière, près de chaque angle, une échancrure triangulaire plus ou 10. 244 tif LRCON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. moins grande et qui subsiste toujours, et son apophyse épi-sternale est fourchue. Les grünpereaux et souiï- mangas ont iles mêmes caractères. Le martinet n’a ni échancrure, niépi-sternal ; cer- tainsencoulevents (V'americanus, Wils.) sont de même: mais la plupart ont une échancrure peu profonde, Tous manquent d’épi-sternal. Les oiseaux mouches et les colibris ont aussi un sternum plein, rétréci en avant, arrondi en arrière et sans épi-sternal. Leur carêne est extrêmement saillante. Les huppes et promérops ont les échancrures des passereaux ; mais leur: épisternal est comprimé et pointu. Le rollier a le mème épi-sternal que les huppes, mais son sternum est plus large et a en arrière quatre échancrures, comme les chouettes. Ilen est de même dans les todiers, les martins-pé- cheurs, les guépiers, à quelques différences près dans les proportions; l'échancrure externe est la plus grande. Les calaos n’ont qu’un feston rentrant, ou échan- crure obtuse, peu profonde, et à peine une crête légère pour épi-sternal. Les différences sont plus grandes encore parmi les grimpeurs. | Dans les pics, le sternum, un peu rétréci en avant, a en arrière quatre grandes échancrures dont les inter- nes sont les plus longues; en avant le bord antérieur de sa crête est assez saillant pour se confondre avec l'épi-sternal , dont la fourche se trouve ainsi dirigée en arrière et sans pédicule. On a fait grand état d’un disque cartilagineux, demi-circulaire, qui demeure tou- jours au bord postérieur de ce sternum entre les deux ART. III, DE LA CAVITÉ DU TRONC. 245 échancrures , et on la considéré comme donnant une paire de pièces de plus; mais il n’y a jamais de noyau osseux , et au fond ce n’est que l’analogue des portions cartilagineuses qui se trouvent plus où moins long- temps dans tous Les oiseaux. Le toucan a la crête avancée du pic, mais sans four che, en sorte qu’il ne lui paraît point d’épi-sternal ; en arrière il a quatre échancrures dont les externes un peu plus longues. Le couroucou a aussi quatre échancrures, a un ster- num très élarsi en arrière; son épi-sternal petit etcom- primé se bifurque un peu du côté interne. Le coucou n’a que deux échancrures, son épi-sternal -a deux pointes, mais l’une derrière l’autre, c’est-à-dire l’une en avant, l’autre en arrière de l'articulation des coracoïdiens. Je trouve dans un coua quatre échan- crures et une seule pointe épi-sternale ; il en est de mème dans les malcohas. L'énin'a aussi que deux échancrures médiocres; son épi-st 0 est petit et tronqué. Le sernum du touraco, remarquablement petit, a quatre oc res presque égales; un épi-sternal comprimé comme celui desgallinacés, mais sa crê tseter- nale se porte aussi avant que dans les autres oiseaux. Le sternum des perroquets n’a qu'un trou ovale en arrière près de l’angle, qui s’oblitère dans plusieurs, avec l’âge; la crête prolonge son bord antérieur en dessus, c'est-à-dire vers l’intérieur, et il y est tronqué:; 1l ny a point d'autre épi-sternal, Dans les gallinacés ordinaires, les cinq pièces qui composent originairement le sternum, finissent par y laisser deux échancrures extrêmement profondes de 246 111° LECON. DES US ET DES MUSCL, DU TRONC. chaque côté, qui prennent plus des trois quarts de sa surface; l’externe entre les deux branches de la pièce en fourche; l’interne entre la branche interne de la pièce impaire ou de la auille : cette quille, loin de s’a- vancer jusque entre les coracoïdiens, n’est indiquée en avant que par deux arêtes qui se réunissent en crête en se rapprochant vers le tiers antérieur. Dans les cogs, les faisans, les paons, les cryptonyæx, les tétras, perdrix, cailles, c’est l’'échancrure interne qui se porte le plus avant. Dans les pintades, les dindons, elles sont à peu près égales. Dans les Loccos, l’interneavance moins que l’externe, leur crête est moins reculée. Tous ces oiseaux ont une grande apophyse épi-sternale, comprimée, mais non fourchue : la branche interne de leur sternum est élar- gie au bout en fer de hache. Les mégapodes (x), les pigeons, les gangas, ont quatre échancrures dont l’interne est beaucoup moins profonde et moins avancée que l’externe ; les pi- geons elle se réduit quelquefois à un trou. Le mére et le pigeon couronne, ont la branche osseuse externe extrêmement dilatée en fer de hache. La crête de ces trois genres est très saillante ; rectiligne en avant dans le panga , etcourbe concave dans les deux autres genres. L’épi-sternal des mégapodes est comprimé, celui du ganga et des pigeons a deux pointes l’une devant l’au- tre; la postérieure tronquée ou même un peu échan- + (1) D’après mes nouvelles observations, le mégapode, que dans mon ègne animal je place parmi les échassiers, doit plutôt être rapproché des £gangas Où allagens, | es A . % . : ART. Ils DE LA CAVITÉ DU TRONC. 247 crée, Le genre le plas singulier de cette famille, c'est le tinamou dont le sternum a deux échancrures qui prennent les cinq sixièmes de sa longueur et le divisent en trois lanières étroites dont la mitoyenne porte la crête. Celle-ci est assez saillante, rectiligne en avant ; le bord antérieur du sternum est échancré, et en des- sus de l’échancrure a une apophyse épi-sternale assez grande, ronde et tronquée. En combinant ces formes de sternum avec ce que nous dirons au chapitre suivant de celles de la four- chette , on voit comment elles se dégradent parmi les oiseaux terrestres depuis les forts voiliers , soit grands, soit petits , jusqu'à ceux qui ne volent presque point ; et nous verrons aussi comment les diverses dispositions sont en accord constant avec la longueur et la force de VPaile. Les contrastes à cet égard ne sont pas moins remar- quables parmi les échassiers et les oiseaux nageurs. Ils sont 5 ut excessifs dans les premiers : il y en a d’a- bord dont Vaile est si petite qu’ils ne peuvent quitter la terre, les autruches, touyous et casoars ; leur sternum n’est qu'un large bouclier bombé, sans aucune quille ; il commence constamment par deux points d’ossifica- tion aux angles latéraux qui s'étendent jusqu’à se tou- cher , et alors se confondent. Nous verrons que leur fourchette n’est pas moins singulière. Le sternum de Vautruche est aussi large que long, et chacun de ses angles postérieurs se prolonge en une production étroite et obtuse ; celui du casoar de la Nouvelle Hollande est presque circulaire; celui du casoar commun est arrondi en arrière et deux fois aussi long que large. Cette ossi- fication par deux points, aussi manifeste dans l’autruche, 248 111 LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. paraît commune à toutes les familles qui vont suivre, ‘aussi bien qu’aux oiseaux de proie. Les sternums d’échassiers les plus vigoureux, les plus opposés aux précédents, sont ceux des grues, hé- rons et cigognes. Ils sont très grands ; leur crête est très saillante ; leur bord postérieur , entier dans les grues , n'a qu’un feston rentrant dans les hérons, les bihoreaux et les crgognes. Ces deruiers, y compris les bec-ouverts, les jabirus, algalas, etc., ont le sternum fort large; il est plus étroit dans les hérons, encore plus dans les grues et surtout dans l’agani ; plusieurs espè- ces de grues ont en outre cela de remarquable, que leur trachée artère pénètre dans l’épaisseur de la quille et s’yreplie diversement selon les espèces, comme nous le dirons plus au long lorsque nous traiterons des orga- ues de la voix. Dans presque tout le grand genre ardea de Linnæus, la fourchette vient articuler sa pointe à celle de la quille du sternum, souvent même elle s’y soude entièrement : c’est ce qu’on voit dans la grue et la demoiselle de Numidie; la grue couronnée A ican royal , fait exception, sa fourchette reste libre du côté du sternum. F Les outardes, les pluviers, les vanneaux, les huitriers, les spatules, les ibis, les courls, les barges, les maube= ches, les sanderlings, les phalaropes, les tournepierres, les chevaliers, les échasses, les avocettes, ont quatre échancrures au bord postérieur de leur sternum, lin- terne est d'ordinaire plus courte , et quelquefois fort petite; elle disparait avec l’âge dans les ædicnèmes, et n'existe point dans les bécasses et les combattants. Ces sternums sont de largeur médiocre; mais leurs quilles sont assez saillantes. Leur épi-sternal n’est qu'une petite lame comprimée. ART. III. DE LA CAVIVÉ DU TRONC. 249: Dans les foulques, les poules sultanes , les räles’, les jacanas, le sternum est fort étroit, et c’est ce qui donne à leur corps cette forme comprimée qui les distingue. Il n’a que deux échancrures, mais fort larges et fort profondes, ce qui se rapporte à leur vol faible. Les palmipèdes ne différant pas moins par le vol que les échassiers, semblaient devoir offrir d’aussi grandes, différences à leurs sternums; il n’en est pas tout-à-fait ainsi, parce que dans la plupart il a ce caractère géné- ral, de se porter beaucoup en arrière; non point à cause de leur vol, mais probablement pour protéger leur ab- domen pendant leur continuelle natation. (/est ainsi qu’il est très long et assez large dans le genre entier des cygnes, des oies et des canards, où il a en arrière deux échancrures souvent fermées et changées ainsi en trous. Parmi ces espèces du grand genre anas de Linnæus, on doit remarquer le cygne chanteur, qui loge, comme les grues, un repli de sa trachée artère dans l’épaisseur de Ja quille de son sternum , mais avec cette différence que la trachée ne passe point, pour entrer dans cette quille ni pour en sortir, entre les branches de la four- chette; celle-ci se contournant en arrière autour de ce repli qu’elle forme. Ce qui semble confirmer ce rapport de la longueur du sternum avec la natation, c’est qu’il est encore plus long à proportion dans les palmipèdes à ailes courtes qui sont presque toujours sur l’eau. Les plongeons, pingouins, mRacareux et guillemots, l'ont terminé en ar- riére par une extension demi-circulaire entre deux échancrures médiocres ; quelquefois il y est percé de deux trous entre les échancrures. Dans les manchots, le lobe intermédiaire est au 250 «II LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. contraire deux fois moins long que les branches en de- hors des échancrures; dans les 2rèbes, où il est plus court et plus large que dans les précédents, les branches s’écartent et se courbent en dehors des échancrures, et le lobe intermédiaire est lui-même un peu fourchu. Tous ces oiseaux, et même les pingouins et les man= chots, qui ne peuvent nullement voler ne laissent pas que d’avoir à leur sternum une crête assez saillante. On a supposé que leurs pectoraux s’emploient pour la na- tation , leurs très petites ailes leur servant cependant de nageoires. Mais dans les palmipèdes à grandes ailes on retrouve en plein les conditions d’un vol vigoureux; on doit remarquer même que l'oiseau de tempéte, dont le transport jusque sur les plus hautes mers est si éton- nant, a le sternum entier , comme les aigles, les marti- nets et les eolibris : il est aussi très large et a une crête très saillante, derrière la pointe de laqueile vient s’ar- ticuler l'angle de la fourchette. Îl en est de même dans les autres pétrels 3 qui ont cependant quatre petites échancrures au bord postérieur ; tous ont P épissternal à lame comprimée ; l’albatros a le sternum d’une lar- geur extrême et simplement festonné en arrière ; son épi-sternal est tronqué. Les moueltes, le paille en queue, ont quatre petites échancrures et l’épi-sternal comprimé comme les pétrels ordinaires, mais leur sternum un peu plus oblong. Les quatre échancrures des Arrondelles de mer sont encore plus petites; du reste, leur sternum est fort semblable à celui des moucttes. Les stercoraires en diffèrent en ce que les échancrures internes sont beaucoup plus petites que lesexternes; elles se changent même en trous dans le pomarin. ART. III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 251 Dans les pelicans, les fous, les frégattes, ces puissants voiliers, le sternum est de nouveau large et entier, son bord postérieur n’est que légèrement festonné. Les fous l'ont alongé, surtout de-l’avant ; il l’est moins dans les cormorans, et il paraît que dans les frégattes il est plus large que long; la fourchette s'articule dans tous à la pointe de la quille, et dansla frégatte etles pélicans elle s’y soude tout-à-fait comme dans les grues. C. Dans les reptiles. On a voulu trouver au sternum des tortues des rap- ports de composition avec celui des oiseaux ; mais il ne lui ressemble que par la grandeur encore plus considé- rable à proportion; tout diffère du reste : forme, com- position, connexion. Îl est toujours composé de neuf pièces ; huit paires et une impaire. La première paire forme le bord antérieur, la quatrième le postérieur, les deux autres forment les côtés et le principal corps. La pièce impaire, peu considérable, est dans le milieu entre la première et la seconde paire. Dans les tortues de terre, les émides et les chélides, ces neuf pièces s'étendent assez pour s’articuler entre elles par suture à peu près comme nos os du crâne, et les deux paires intermédiaires reçoivent de la même manière une partie des pièces osseuses qui entourent la carapace et qui correspondent aux cartilages des côtes : dans les chélides et dans certaines émides la dernière paire s'articule de la même manière avec le pubis etl'is- hion; mais danses tortues de mer et dans lestriony x, les neuf pièces ne remplissent } jamais tout le car tilage dans lequel elles se trouvent incrustées ; il reste toujours un 292 III LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. espace au milieu, qu’elles ne garnissent point. Elles ne gagnent pas non plus les pièces costales ; leurs formes y varient beaucoup selon les espèces, mais les deux pai- res intermédiaires y sont généralement plus ou moins dentelées. On doit remarquer certaines tortues (les pis et les £errapènes) où la partie antérieure du ster- num, formée des deux premières pièces paires et de l'impaire, est jointe à la troisième paire par une char- nière mobile , et s’écarte ou se rapproche comme pour enfermer l'animal dans une boîte; dans d’autres, les deux parties du plastron sont mobiles sur une seule charnière; enfin, dans une troisième combinaison, la partie moyenne du sternum est fixe, et les deux extré- mités se meuvent chacune sur une charnière. Ce que (outre sa grandeur) le sternum des tortues a de plus remarquable, c’est qu’il porte à sa surface in- terne, ainsi que l’épine et les côtes qui forment la cara- pace du même animal, tous les muscles qui s’y attachent et qui d’ailleurs sont à peu près les mêmes que dans les animaux où ils occupent la place ordinaire; en dehors il n’a que la peau et les écailles qui la garnissent ; dans les £rionyx il n’a même que la peau. Le crocodile n’a qu’une seule pièce osseuse, longue et étroite, au milieu d’une plaque cartilagineuse rhom- boïdale , qu’elle dépasse en avant de près de moitié de sa longueur. Aux côtés antérieurs de cette plaque s'articulent les coracoïdiens, car le crocodile n’a pas de clavicules: aux côtés postérieurs les cartilages de deux côtes. De son angle postérieur part un auire cartilage oblong, fourchu en arrière, aux côtés duquel s’articulent les cartilages des côtes suivantes au nombre de six paires ; viennent ensuite les côtes abdo= ART. Til. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 253 minales qui ne remontent pas jusqu’à l’épine, et n’ont as de sternum : nous en reparlerons. La plupart des sauriens , monitors , lézards , scin- ques, etc., ont cette plaque rhomboïdale, et cette pièce osseuse alongée; mais la pièce osseuse a des branches à la partie qui sort du cartilage , et cela tantôt comme les monitors et les iguanes , à son extrémité, ce qui lui donne l'air d’un marteau ou d’un T, tantôt comme dans les lézards , les scinques , à ses côtés, ce qui en fait une croix. Ces branches , et dans la seconde sorte, la pointe de la croix servent à recevoir les clavicules ; en même temps les coracoïdiens, très développés dans ces animaux s’articulent aux bords antérieurs du rhom- boïde cartilagineux, et se croisent même quelquefois sur la partie sortante en avant de la pièce osseuse ; c'est à peine si cette partie osseuse se distingue du cartilage rhomboïdal dans les anolis et les geckos, ce sont plutôt les bords qui prennent cette consistance. Dans le caméléon , le cartilage rhomboïdal est en avant pour les coracoïdiens seulement , et se rétrécit et s’alonge en arrière pour les côtes; il n’a pas de pièce osseuse. Le sheltopusick, V'oplusaure , Vorvet , n’ont qu'un cartilage transverse à deux lobes derrière les coracoï- diens , sans prolongement postérieur , et cependant la pièce osseuse s’y montre en forme de T , mais dont les branches sont plus longues que la tige. Dans le bimiane il est tout cartilagineux. Aucun vrai serpent n’a de sternum; mais il en re- paraît un dans quelques batraciens , pour donner ap- pui aux os de l’épaule. Dans les grenouilles , la partie située entre les cla- 254 TI LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. vicules et les coracoïdiens est si mince qu’elle ressemble plutôt à un cartilage inter-articulaire qu’à une vraie pièce de sternum ; mais en avant, il y en a une osseuse pointue, terminée par un cartilage en demi-lune placé sous los, et en arrière, il y en a une autre également osseuse , large, terminée par un grand cartilage xy- phoïde à deux lobes obtus (1). Dans les crapauds, ni les pièces antérieures, ni l’in- termédiaire n'existent ; il y a à chaque épaule un car- tilage qui joint la clavicule au coracoïdien, et ces deux cartilages croisent l’un sur l’autre dans la ligne moyenne. Derrière les épaules est la pièce osseuse pos- térieure avec son disque xyphoïde. Dans le pipa, ce qui paraît la partie antérieure et moyenne du sternum appartient aussi plutôt à un os de Vépaule, et lon ne doit y rapporter que le grand triangle cartilagineux qui est en arrière (2). Cest à peine s’il en reste un vestige membraneux dans les sa/a_ mandres , et il semble même que ce qui en a l’appa- rence dans la sirène , résulte de la coalition des carti.- lages des épaules. Toutefois, dans le ménopoma on trouve des pièces cartilagineuses qui s’entrecroisent à la partie mitoyenne, dans lesquelles peut-être il se développe quelques noyaux osseux. D. Dans les poissons. Les poissons n’ont pas de sternum analogue à celui des vertébrés à poumons, c’est-à-dire, appartena à la (1) Ossem. foss. Ve vol. part. 2. pl. 24 fig. 31 et 32. (2) Ossem. foss, Ve vol. 2e. part. pl, 24. fig. 53 et 34. | Ke ART. II. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 255 poitrine ; ; ce que quelques-uns ont voulu soutenir, qu’il est entré dans la composition de ce que nous regardons comme leur os hyoïde , est si peu vraisemblable, telle- ment contraire à toutes les analogies et même à toutes les possibilités physiologiques, comme nous le montre- rons en détail lersque nous traiterons de MPiA qu'il est bien inutile de s’y arrêter ici. Dans le plus grand nombre des pos. les côtes qui garnissent les côtés de l'abdomen ne se réunissent même pas dans le bas; tout au plus pourrait-on donner le nom de sternum à une série de petites pièces qui réunissent le long du tranchant du ventre les côtes du genre culpéa (aloses, hareng’, ete.) et de quelques autres. DES CÔTES. On donne proprement ce nom à ce que l’on nomme vraies côtes , C'est-à-dire à ces arcs osseux qui encei- gnent chaque côté du thorax , s’attachant d’une part à l’épine, de l’autre au sternum ; mais on a dü l’étendre aux fausses côles qui , situées en arrière Ges autres, ne s’attachent au sternum que par l'intermédiaire de celles qui les précèdent; aux arcs incomplets, qui, dans quel- ques animaux, sont en avant des vraies, et s’attachent à des vertèbres cervicales comme dans le crocodile, ou à des dorsales comme dans les oiseaux, maissans attein- dre le sternum ; on a dù le laisser aussi à des arceaux qui se joignent de part et d'autre en dessous, sans qu’il y ait de sternum entre eux, soit qu'ils viennent des vertèbres, comme dans les caméléons, les anolis, ou qu'ilsneremontent pas jusque-là, comme les côtes ven- x 256 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. trales du crocodile, et enfin à des arceaux plus ou moins complets qui ne se joignent aucunement en dessous et ne s’attachent qu'aux vertèbres, comme les côtes des serpents et les vestiges de côtes des batraciens à queue. Tous ces animaux ayant des poumons, leurs côtes con- courent aux mouvements respiratoires. Celles destor- tues réunies ensemble et aux vertèbres par sutures , ne peuvent pas y contribuer et ne forment qu’un large bouclier inflexible : celles des poissons y demeurent aussi étrangères , mais par une autre raison; c'est qu’elles n’enceignent que la cavité abdominale, et que les organes de la respiration sont placés aux côtés de l’arrière-bouche. À. Dans l'homme. Les côtes sont au nombre de douze de chaque côté, sept dites vraies, et cinq dites fausses. Ce sont des os longs, un peu aplatis, qui sont courbés dans leur longueur, et dont la concavité regarde l'intérieur de la poitrine. Lune de leurs extrémités se termine par deux petites facettes articulaires, séparées entre elles par une ligne saillante. Elle est reçue sur les parties latérales da corps de deux ver- tèbres. Cette extrémité vertébrale de la côte se rétrécit ensuite un peu ; puis elle présente à sa face postérieure une nouvelle facette articulaire qui répand à l’apophyse transverse de la vertèbre la plus inférieure des deux, avec lesquelles la côte s'articule. La côte continue de se porter ainsi en arriere dans la même direction : mais bientôt elle présente une espèce de déviation subite pour se porter en devant. Le point où se fait ce chan- w ART. III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 25% gement diffère dans chaque côte. Dans les supérieures il est plus près de la vertèbre, mais inférieurement il en est très éloigné. On nomme ce point, qui donne attache à quelques tendons , l'angle de la côte. L'ex- trémité sternale a une petite fossette dans laquelle est reçue la portion cartilagineuse qui l’unit au sternum, et que quelques-uns nomment côte sternale. A n’y a que sept côtes qui se rendent directement au sternum par leur cartilage. On les a nommées vraies côtes ou sterno-vertébrales. Les cinq autres ont des prolonge- ments cartilagineux , par l'extrémité antérieure des- quels elles s'unissent chacune au cartilage de la côte immédiatement précédente. On les appelle fausses côtes , où simplement vertébrales. Les côtes de l’homme sont comme tordues sur leur axe , de sorte que, lorsqu'on les pose sur un plan horizontal , l’une de leurs extrémités est toujours soulevée. Les côtes n’ont qu'un mouvement borné d’élévation et d’abaissement; la première, qui est la plus courte, est aussi la moins mobile. Leurs articulations sont af- fermies par un grand nombre deligaments. Les facettes articulaires de l'extrémité vertébrale ont des capsules qui les maintiennent sur le corps des vertèbres et s#” leurs apophyses transverses. L'espace compris entre ces deux facettes est aussi maintenu fixe à l’aide de deux ligaments dont l’un se porte à l’apophyse transverse de la vertèbre supérieure , du côté interne , et l’autre à Papophyse articulaire inférieure de cette même ver- tèbre, mais du côté externe. L’extrémité sternale est aussi entourée d’une petite capsule , qui la joint à son cartilage de prolongement. Il y a en outre, dans cha- I, 17 258 11° LECON, DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. cun des espaces intercostaux, une toile ligamenteuse . . . pre , A qui unit le bord inférieur d’une côte avec le bord supérieur de celle qui la suit. La dernière côte vertébrale a un petit ligament par- ticulier, qui la fixe inférieurement aux apophyses transverses de la première et de la seconde vertèbre lombaire. B, Dans les mammifères. Le nombre et ia forme des côtes varient aussi beau- coup selon les familles. Dans les quadramanes, elles sont toujours au nombre de douze à quinze paires. Dans les carnassiers vermiformes, il y en a quelquefois jusqu’à dix-sept, ordinairement très étroites. Elles diffèrent peu en nombre dans les autres familles. Dans les herbivores, elles sont larges et épaisses. Le cheval en a NES le SEEN dix-neuf , et l'éléphant vingt. Celui ds animaux qui en a le Le est l’unau qui en a vingt-trois de chaque côté. Nous ne nous étendrons pas davantage sur le nom- bre de ces os ; on peut le voir sur le tableau que nous avons donné du nombre des vertèbres, puisque celles que l’on nomme dorsales portent toutes des côtes. Très souvent la première et mème la seconde côte sont plus larges que les suivantes : l'exemple le plus mar- qué que l’on puisse en citer se trouve dans la chry- sochlore et les tatous. Le fourmilier à deux doigts a les côtes si larges, qu’elles sont placées les unes au-dessus des autres, comme les tuiles d’un toit. Cette disposition rend solides les parois de la poitrine de cet animal. [ Les côtes du tamanoir sont très larges aussi, et à Ï À F4 | | ART. III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 299 partir de la sixième jusqu’à la treizième, elles subissent un rétrécissement vers leur tiers inférieur; les côtes sternales sont aussi ossifiées que les côtes vertébrales. On sait que les côtes des œufs, sont en général aplaties; maisil y a encore entreeux bien des différences. Dans les buffles elles sont plus larges, sur-tout à leur partie moyenne, que dans les bœufs proprement dits ; mais dans le bison et l’aurochs, elles sont étroites et même presque grêles. On trouve , comme le remarque M. Meckel, à la partie moyenne du bord antérieur de la première côte du cochon d'Inde, une petite épine qui se retrouve, mais d’une manière moins . prononcée, sur celles de quelques autres mammiferes adultes; ainsi dans les chevaux , les rhinocéros, les tapirs, etc., il y a une proéminence qui sert à l’attache du scalène. La convexité des côtes est variable dans les diffé- ren tes{ milles. La premiere cd te de l’homme est plus convexe que les suivantes; aussi la cavité de sa poitrine est, proportion gardée, la plus vaste. Les singes of- frent encore la même structure, mais à un moindre degré; dans la plupart des autres mammifères, il n’en est pas ainsi. Ce sont les premières côtes qui ont le moins de convexité, et dans quelques-uns , les pachy- dermes et les ruminants, la première et la seconde sont presque droites ; il en résulte alors que la cavité de la poitrine a la forme d’un cône allongé et comprimé la- téralement vers son sommet. Dans les cétacés elles reprennent une grande courbure. Souvent les côtes sont marquées de diverses aspé- rités qui sont des empreintes de muscles ; c’est ainsi que dans un squelette d’éléphant adulte, on peut 17 ÿ . 260 111° LECON. DES OS ÊT DES MUSCL. DU TRONC. suivre de l'œil les attaches du grand oblique et du grand dentelé. Nous pensons même qu’en géneral le sque- lette bien étudié sous ce rapport rendrait pour ainsi dire inutile la dissecticn des muscles; on les retrouve- rait tous par limspection des os. | C. Dans les oiseaux. La poitrine des oiseaux avait besoin d’être étendue et de pouvoir se dilater avec force, et il fallait que sa char- pente füt très robuste pour résister à la pression de lair extérieur, lorsque l'oiseau la soulève pour contribuer à se rendre plus léger dans le vol. En conséquence, leurs côtes vraies ou sterno-vertébrales ont leurs deux parties également osseuses et très fortes. Ces deux parties se joignent par une articulation mobile, en sorte qu’elles peuvent faire ensemble un angle plus ouvert, ce qui éloigne le sternum des vertèbres et dilate la poitrine, ou bieu un angle plus fermé, ce qui produit l'effet contraire. De plus, la plus grande partie des côtes vraies ont à leur portion vertébrale une grande apo- physe oblique qui passe sur la côte suivante, renforce ainsi la cage pectorale et fournit d’ailleurs attache à des muscles qui donnent plus de force à ses mou= vements. Ces apophyses sont, dans les jeunes oiseaux, des os séparés qui ne se soudent qu'avec lâge à la côte, en sorte que la côte a alors trois noyaux. Ordinairement la première et la dernière des vraies côtes n’a point cette apophyse. Il y a de plus, dans les oiseaux , et indépendamment des stylets que nous avons vu peuvoir être considérés ART. Hi. DE LA CAVITE DU TRONC: 201 chez eux comme des côtes cervicales, des côtes en petit nombre attachées aux premières vertèbres dorsales et ceignant les {côtés de la poitrine, mais manquant de partie sternale et aussi d'apophyse oblique. Près des vertèbres, les côtes des oiseaux, aplaties d'avant en arrière , se divisent en deux branches dont l’une externe et plus courte est leur tubercule et s’ar- ticule à l'extrémité de lapophyse transverse; l’autre, plus intérieure et plus longue , porte la tête qui s’arti- cule au corps de la même vertèbre près de son bord antéricur. Il n’y a guère que la dernière ou lavant- dernière qui s'articule sur la jonction de deux corps, comme dans les mammiferes. [ Le nombre des côtes des oiseaux est moins variable que dans les mammifères : il est ie plus souvent de 7 et def8, et ne s'élève que jusqu’à 11. La forme varie éga- lement très peu : il n'y a guère de différence que pour Ja force. | D. Dans les reptiles. Nous avons déjà vu que la plus grande variété règne à cet égard dans cette classe. Les sauriens, les crocodiles, les batraciens & queue, ont des côtes et un sternum ; les serpents vrais , des côtes et point de sternum; les grenouilles, un sternum et point de côtes; enfin les tortues , les côtes soudées entre elles et avec l’épine, et en partie avec le sternum. Une :variété non moins grande règne parmi ceux qui ont un sternum et des côtes, dans la manière dont tel ou tel nombre de côtes ou leur totalité se joignent où n£ se joignent pas à ce sternum. 262 Ii LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. 21 C’est ce que nous allons d’abord exposer. Dans le crocodile, après les sept petites côtes cervi- cales en viennent deux paires plus longues , qui ne vont cependant pas jusqu’au sternum, parce que, à l’endroit où elles pourraient s’y rendre, s’attache le coracoï- dien ; puis huit ou neuf qui s’y joignent par des cartilages ; puis deux qui n’y aboutissent pas; enfin en dessous du corps se trouvent sept paires qui ne garnissent que l'abdomen, et ne remontent pas jusqu'aux vertkbres. Chacune des côtes qui les com- posent a cependant deux parties, une plus interne, une plus externe; mais au lieu d’être bout à bout, la première a sa pointe externe obliquement derrière celle de la seconde: ces portions internes sont fort larges dans les dernières côtes. Les sauriens ordinaires n’ont jamais au cou de côtes engrenées ensemble. Leur atlas , leur axis, souvent même une ou deux des vertèbres suivantes , n’en ont pas ; ensuite en viennent trois ou quatre s’alongeant graduellement, mais qui ne vont pas jusqu’au sternum; les suivantes se joignent au sternum par des filets car- tilagineux , et varient en nombre de quatre ou cinq jusqu’à six, et même jusqu’à huit. A Ja pointe du rvhomboïde cartilagineux du sternum , sont ordinaire- ment suspendus deux filets cartilagineux qui ne tien- nent point à des côtes, ce qui n’empèche pas que les vertèbres suivantes n'aient toutes de petites côtes qui ne vont point au sternum. Îl n’y a donc proprement point de vertèbres lombaires. Il n'y en a pas davantage dans les scheltopusiks, les ophisaures et les orvets ; et comme aucune de leurs cô- tes ne va pas au sternum , elles sont toutes simplement vertébrales. ART. III. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 263 Une disposition remarquable est celle des marbres, des anolis ex des caméléons , où après cinq à six côtes qui vont au sternum, toutes les autres s’unissent en dessous par leurs filets cartilagineux , de manière à cercler entierement l'abdomen. Une autre plusremarquable encore est celle que nous présentent les dragons : leurs cinq ou six premières fausses côtes, prolongées en ligne droite, sont deux à trois fois plus longues que les vraies côtes et soutien- nentune membrane qui forme un parachute, au moyen duquel animal saute de branche en branche. Un genre de vipères, les naja, a les côtes antérieures plus larges et plus longues que les autres; elles ont la faculté de se redresser et de se porter en avant. Les porenouilles et autres batraciens sans queue n’ont de côte d'aucune sorte, quoique plusieurs aient un sternum très prononcé. Au contraire, les salamandres et autres batraciens à queue ,; ont des côtes, mais courtes , et n’enceignant pas à beaucoup près le tronc. Elles s’attachent aux apo- physes transverses des vertèbres par deux petits tuber- cules. Les salamandres, les tritons, le ménobranchus et le ménopoma en ont à toutes leurs vertèbres (latlas excepté) jusqu’au-delà du bassin, qui lui-même est suspendu à l’une des dernières paires qui est la plus forte de toutes. On en compte ainsi 17, 18 ou 19 pai- res. Les protces , les amphiuma et les strènes n’en ont pas tant. Jen trouve 8 dans les sirènes , 6 ou 7 dans les autres. Les tortues, que nous avons à dessein réservées pour la fin de cet article, ont leur carapace, c’est-à-dire jeur bouclier supérieur, formée par les dilatations de 264 111 LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. huit côtes on bandes osseuses, qui se joignent par des su- tures dentées les unes avec les autres , et avec les plaques vertébrales qui forment entre elles une série longitu- dinale dont nous avons déjà parlé. Enférieurement, il naît de chaque côte un pédicule qui est sa tête et bui va s’articuler à la jonction de deux vertèbres. Il y a en outre une première paire, laquelle n’a que ce pé- dicule et tient d’une part à la jonction de la dernière vertèbre cervicale avec la première dorsale, de Pautre s'appuie en-dessous contre la côte de la deuxième paire ou de la premiere dilatée ; la huitième paire dilatée donne attache ou même articulation à la tête des os des îles, qui de plus s'articule, par son bord interne, avec les apophyses transverses de deux ou de trois ver- tèbres sacrées, ou si l’on veut, avec de petites côtes qui tiennent à ces vertèbres. Le contour de la carapace est formé par des pièces osseuses engrenées ensemble au nombre de onze de chaque côté, ce qui, avec les deux extrèmes de la sérielongitudinale, forme un total de vingt-quatre. Dans les tortues terrestres , les émides , les chélides adultes , les côtes s’engrenent avec les pièces latérales, sans laisser de vide; mais dans le tres jeune âge , le bout externe de la côte est rétréci, et il y a entre elles des intervalles remplis seulement de cartilage. Dans les tortues de mer, ces vides ne se remplissent jamais entièrement. Dans les trionvx, les onze pièces latérales sont toutes reportées dans la moitié postérieure du bord de la carapace , etne répondent qu'aux quatre dernie- res paires des côtes. On a considéré ces pièces comme analogues aux por= tions sternales des côtes : il faut avouer au moins ART, LIT. DE LA CAVITÉ DU TRONC. 265 qu’elles ne leur répondent pas pour le nombre , et que dans les trionyx sur-tout, elles ne leur correspondent point pour la position. C'est à la troisième ou à la qua- trième que commence ieur engrenage avec les deux pièces moyennes du sternum ; il finit à la huitième : mais dans les tortues de mer cette union n’a pas lieu. E. Dans les porssons. Les poissons n’ont pas de poitrine proprement dite ; toute la cavité du tronc est occupée chez eux par les viscères de l'abdomen. Cette cavité varie beaucoup en figure et en étendue ; elle est comprimée par les côtés, aplatie horizontalement, ou à peu près arrondie. Son étendue fait une partie plus ou moins considérable de la longueur du corps, selon les espèces. En général , les poissons de l’ordre des abdominaux ont cette cavité plus longue ; mais cette regle n’est pas du tout cons- tante. La cavité est bornée en arriere par l’apophyse inférieure de la première vertebre caudale , qui a sou- vent un volume très considérable, et presque toujours une forme particuliere. Ainsi, dans les pleuronectes , elle est grosse , arrondie en avant ; et se termine en bas par une forte épine, etc. La cavité abdominale est enfermée latéralement par les côtes, lorsqu'elles existent. Les raies , les squales , les syngnathes, les tétrodons, les diodons, les cyclop= tères , les baudrotes, les fistulaires, etc., n’en ont pas. L’esturgeon , le baliste, Vanguille , Vuranoscope , les pleuronectes , Vanarrhique, les 3ées, n’en ont que de fort courtes. Les trigles , la loricaire , les colles, ont leurs côtes à peu près horizontales ; elles 266 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. embrassent presque toute la hauteur de leur cavité dans les perches , les carpes, les brochets , les chetodons , etc. Enfin elles s'unissent à des pièces que l’on peut considérer comme un steranum dans le zeus vomeér, les harengs ou clupées , le salmone rhomboiïde, etc. L’hippocampe où petit cheval marin, a des espèces de fausses côtes produites par les tubercules osseux de sa peau , qui entourent son corps comme des cein- tures. Le nombre des côtes et leur grosseur varient aussi beaucoup. Les silures , les carpes , les chetodons, les ont plus grosses à proportion. Dans le genre desharengs au contraire, elles sont fines comme les cheveux. Beau- coup de poissons les ont fourchues; d’autres les ont doubles, c’est-à-dire que deux côtes partent de la même vertèbre de chaque côté. ARTICLE IV. DES MUSCLES QUI MEUVENT LES DIVERSES PARTIES DU TRONC, ET DE CEUX QUI MEUVENT LA TÊTE SUR LE TRONC. 1. Muscles propres de l’épine. À. Dans l'homme. L’érine de l’homme, dans sa portion lombaire et dorsale , n’a, comme nous l'avons dit, qu’un mouve- ment obscur de chaque vertebre en tout sens sur sa COUR * ART. 1V. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 267 voisine , duquel il résulte cependant, au total, des in- flexions assez considérables. La portion cervicale est un peu plus mobile. En général, la colonne vertébrale peut aussi se tordre jusqu’à un certain point sur elles même. Ses muscles sont nombreux et compliqués. Pour mettre plus de clarté dansleur description ,nous croyons devoir parler d’abord des plus profonds. En arrière, il y a 1°. Les enter-épineux : ils sont disposés en deux ran- gées entre les apophyses épineuses de toutes les verte- bres : lorsqu'ils existent tous , il y en a vingt-trois de chaque côté; mais ils manquent souvent dans ie dos, et quelquefois dans les lombes ; ils peuvent courber l’épine en arrière, 2°. Les znter-transversarres, qui ont à peu près la mème forme que les précédents: ils sont placés entre une apophyse transverse et celle qui la suit. Dans le cou , ils sont sur une double rangée antérieure et pos- térieure. Dans le dos, ils sont simples et plus faibles et manquent quelquefois , sur-tout vers le haut. Dans les lombes ils ont plus de force. Lorsque ceux d’un côté agissent séparément , ils courbent l’épine de ce côté là; lorsqu'ils agissent ensemble , ils la maintiennent dans l’état de rectitude. 3”. Les épineux transversaires, qui s'étendent oblique- ment des apophyses transverses inférieures et des tu- bercules du sacrum aux apophyses épineuses supé- rieures , et forment une masse serrée qui garnit tonte l'épine, et remplit le creux qui est entre les apophyses transverses et les épincuses : on en appelle l'ensemble, le orand muscle épineux transversaire ( multifidus spignæ, ) + 268 ur‘ LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. 4°. Le demi-épineux du cou, qui s'attache aux apo- physes transverses des vertèbres dorsales, depuis Ja première jusqu’à la sixième et au-delà , de manière à ce que Îles languettes supérieures recouvrent les infé- rieures : il s’insère supéricurement aux apophyses épineuses des vertèbres du cou de la deuxième à la cinquième, par des languettes tendineuses distinctes. 5°. Le demi-épineux du dos, qui n’est guère que la continuation du précédent , s'attache d’une part aux apophyses transverses du dos, depuis la septième jusqu’à la dixième, et de l’autre il s’insère aux apo- physes épineuses des dernières vertèbres du cou et des cinq premières du dos. Ces demi-épineux recouvrent les épineux transversaires et ont à peu près le même emploi. Sur eux et dans tonte la longueur de l'épine, s'é- tendent trois muscles qui se confondent dans le bas et y sont recouverts de la même aponévrose tendineuse, et après avoir pris naissance inférieurement par des languettes adhérentes aux vertébres, se distribuent , ei montant, par d'autres languettes et même par des languettes doubles aux vertèbres ou aux côtes. On les nomme séparément : le plus interne , épr- neux du dos ; Vintermédiaire , long dorsal, et sa par- tie cervicale grand transversatre; enfin le plus externe, sacro-lombaire , et sa partie cervicale, cervical des- cendant 6u transversaire grêle : mais l’ensemble pour- rait en être appelé d’un nom commun, Île sacro-spi- r1eIL. Lorsque l’on a disséqué les muscles dans toutes leurs languettes et qu’on les écarte vers le dehors , leurs lan- guettes d’origine ont l'air de monter obliquement en w ART, IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 269 dehors, et leurs languettes d’insertion de monter obli- quement en dedans; en sorte que dans les masses in- termédiaire et externe , elles se croisent continuelle- ment ; mais dans leur position naturelle, elles suivent à peu près la même direction. L’épineux du dos naît en partie par des languettes tendineuses attachées aux apophyses épineuses des deux vertebres supérieures des lombes et aux trois dernières du dos , mais aussi en grande partie sur la portion du tendon commun qui appartient au long: dorsal, en sorte qu'on pourrait l’appeler aussi erdino- épineux, W recouvre la partie inférieure du demi-épi- neux du dos et s’insére aux apophyses épineuses des autres vertèbres du dos, depuis la huitième jusqu’à la deuxième. Le long dorsal est la bande située en dehors du pré- cédent ; il prend naissance avec la masse commune ; la portion tendineuse qui lui appartient dans cette masse, s'attache aux apophyses épineuses du sacrum et d’une partie plus ou moins considérable de celles des lombes , quelquefois de toutes, suivant le partage qu’il en fait avec l'épineux ; il monte ensuite jusqu’à lapophyse transverse de la septième vertèbre du cou, en donnant une rangée interne de languettes à toutes les apophyses transverses du dos, et une rangée ex- terne aux huit dernières côtes. Le transversaire du cou ou grand transversaire est comme une portion supérieure et intérieure du long dorsal , un peu plus distincte que le reste de sa masse. On ne fait commencer communément ses languettes d'origine qu’à la sixième vertèbre du dos; mais ily en a au-dessous , et souvent elles commencent où finissent w 270 III LECON. DES OS ET DES MUSCL+ DU TRONC-. celles du long dorsal. Souvent aussi des faisceaux de fibres vont de l’un à l’autre muscle : la plus élevée est d'ordinaire à la première vertebre du dos, mais je lui en ai vu plus haut. Ses languettes d'insertion vont aux apophyses transverses des vertèbres du cou, depuis la sixième jusqu'à la deuxième ; le grand et le petit com- plexus s’intercalent entre ces deux muscles et le demi- SE épineux. Le sacro-lombaire , placé en dehors des précédents, se confond inférieurement avec eux et dans la masse commune ; toutefois les fibres qui lui sont propres tiennent sur-tout aux parties latérales du sacrum ou à la partie supérieure et interne de l'os des îles. Il com- mence à se distinguer un peu au-dessous de la dernière côte ; il monte parallèlement au long dorsal et s’in- sère par autant de languettes tendineuses à l’angle de toutes les côtes et à l’apophyse transverse de la der- niére cervicale. Enfin, le cervical descendant ou transversaire grêle, qui est situé entre le long dorsal et le sacro-lombaire, est par rapport à celui-ci, ce que le grand transver- saire est par rapport au premier ; ses languettes d’ori- gine naissent des angles de toutes les côtes en dedans de celles d’insertion du sacro-lombaire , et en dehors de celles du long dorsal. [l monte entre deux et donne des languettes d'insertion aux apophyses transverses des quatre vertèbres cervicales qui suivent la troisième. On conçoit que tous ces muscles, agissant ensemble, doivent redresser l’épine , que ceux d’un côté peuvent la courber dans leur sens, que les languettes qui s’insèrent aux côtés peuvent avoir sur elles une action particulière , enfin que l’espèce de séparation du grand ART. IV. MUSCL. QUI MEUVE NT LE TRONC, ETC. 271 transversaire et du transversaire grêle a pour résultat de rendre le redressement du cou, et même sa flexion en arrière, plus indépe ndante des mouvements de l’épine. Nous verrons tout-à-l’heure que les grands muscles qui vont de l’épine à la tête, le petit et le grand com- _ plexus et le digastrique, qui fait partie de ce dernier, formés d’après le même plan, sont à peu près au grand transversaire, ce que celui-ci est au long dorsal. Quant % aux petits muscles de la tête, c’est avec les petits muscles profonds de l’épine qu'ils ont quelque analo- gie. Quoique le splénius soit essentiellement un muscle | de la tête, il agit aussi sur le cou pour Îe relever ou pour le tourner , puisqu'il insère une languette à l’apo- physe transverse de la première vertèbre cervicale et de plusieurs dans divers mammifere ; c’est pourquoi nous le rappelons ici IL n’y a qu’un seul des muscles situés au-devant de l’épine qui agisse exclusivement sur les vertèbres : c’est le long antérieur du cou (prédorso-atloidien), attaché » au devant des trois premières vertèbres du dos, et qui, après avoir reçu ou donné des languettes à plusieurs des cervicales, s’insère au tubercule antérieur de l’atlas; il fléchit le cou en avant; mais on peut parler ici äu carré des lombes, situé de chaque côté de l’épine, entre le bassin et la dernière côte, eten avant de la portion correspondante des autres muscles; il naît du milieu du bord supérieur et interne de l'os des iles et du ligament qui le joint à la dernière vertèbre lombaire, donne des languettes aux apophyses trans- verses des quatre dernières de ces vertèbres, et se ter- mine à la dernière côte qu'il abaisse un peu, en même i % À ! # L N w # # 272 Tr" LECON,. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. temps qu'il fléchit la partie inférieure de l’épine de son côté s’il agit seul, ou en avant quand il agit avec son sembiable. Nous pouvons encore mentionner ici les psoas, dont nous reparlerons aux muscles du fémur : comme ils vont des vertèbres à la cuisse, quand la cuisse est ferme, ils peuvent fléchir cette partie inférieure de l’épine en avant. La région de l’épine qui est au-delà du sacrum , et qui prend tant d’extension dans les animaux, est pres- que réduite à rien dans l’homme; cependant elle y jouit d’un petit mouvement en arrière et en devant, opéré par deux paires de muscles qu'on nomme: L'ischio-coccygien (ischio-caudien); 4 s'attache sur l’épine de l’ischion et s’insère aux parties latérales des os du coccyx. Lorsque ces deux muscles agissent en- semble , ils portent un peu ces 6s en arrière. Le sacro-coccygien (sacro-caudien) ; il vient de la face interne de los sacrum et s’insère à la face interne des os du coccyx qu’il relève en avant parsa contraction. B. Dans les mammiftres. Les os du tronc et particulièrement les os de l’épine des mammifères, ressemblant beaucoup à ceux de Vhomme ilétaitnaturel que la ressemblance s’étendit aux muscles de ces parties; en effet, ils sy trouvent à-peu-près les mêmes pour toute la partie antérieure les principales différences, outre le nombre des lan- au sacrum ; guettes de chacun, déterminé par celui des vertebres , tiennent à la force qu'exigeait la longueur du cou et le poids de Ja tête, et à lépaisseur que a ART. IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 273 permettaient les hautes apophyses des vertèbres du dos ; mais la portion de l’épine qui s'étend en arrière du sacrum , c’est-à-dire la queue , était presque une création nouvelle en comparaison du coccyx de l’hom- me, et elle exigeait des muscles propres, qui aussi lui ent été donnés nombreux et compliqués. Nous parlerons d’abord des muscles que les mammi- fères ont en commun avec nous. Il n’y a point de différence importante dans les singes , car je ne compte pas Ce qui tient aux propor- tions des parties, comme la longueur du carré des lombes. L’épineux y prend plus sensiblement naissance sur l’aponévrose du long dorsal ; le grand transver- saire s’y unit aussi plus intimement avec ce dernier muscle, mais je n’y vois pas de transversaire grêle ; les languettes montantes du sacro-lombaire vont seule- ment quelquefois aux dernières vertèbres cervicales : il faut excepter toutefois l’orang-outanget le coaïta, qui ont l’un et l’autre avec l’homme d’autres analogies musculaires remarquables. Le hérisson a un transversaire grêle, mais son sacro- lombaire, est extrêmement petit; il ne commence en arrière qu’à la neuvième côte. de n’ai trouvé ce trans- versaire grêle dans aucun autre animal, même dans ceux où le sacro-lombaire s'arrête à la première côte ou à la dernière vertèbre cervicale; ce qui a lieu dans les fourmiliers, les tatous, l'éléphant, le pécari, le babiroussa , le cheval. Dans le cochon et le lapin, comme dans beaucoup d’onguiculés, il s'étend aux deux dernières vertèbres cervicales, dans les ruminants à la dernière seulement. [| Daus tous les autres mammifères les tendons de f, 1 254 :111° LUCON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. r épineux prennent naissance à l'extrémité des apophy- ses épineuses, tandis que les fibres musculaires nais- sent sur l’aponévrose du long dorsal, et ses languettes d'insertion vont se fixer dans la plus grande partie de Ja largeur des apophyses épineuses des dernières cer- vicales. Le long dorsal se confond souvent avec le transversaire, alors il paraît s'étendre jusqu’à la troi- sième et quatrième vertébre du cou ; quelquefois aussi il s’étend réellement jusque là, et cache entièrement le transvérsaire. | Les mouvements de la queue, dans les mammifères, sont beaucoup plus sensibles que dans l’homme. Gœthe n’y voit qu'une indication de l'infinilé des existences organiques (1); pour moi, qui ne me paie pas de phrases métaphysiques , c’est un membre de plus que la nature leur a accordé et qu’elle a accomodé d’une manière merveilleuse aux besoins propres à chaque espèce ; car quelques-uns s’en servent pour se suspen- dre et s’accrocher aux arbres ; le plus grand nombre Vemploient comme un fouet pour chasser les insectes parasites ; d’autres , comme les cétacés, la meuvent pour diriger leur corps en nageant. Les castors l'eme ploient comme une truelle pour construire leurs habi- tations, etc. etc. On conçoit qu’il a fallu un plus grand nombre de muscles que ceux de l’homme pour opérer ces mouvements divers, et ils existent en effet avec un développement et une complication dignes d’être étu- diés et admirés. LA queue des mammifères est susceptible de trois sortes de mouvements. me (1) Morphologie, 1, 2° cahier p, 55, ART. IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 275 L’un par lequel elle se redresse ou s'élève, un autre par lequel elle se fléchit ou s’abaisse, et un troisième par lequel elle se porte sur les côtés. Cesmouvements, parleur combinaison, en produisent encore de secondaires : elle peut se tordre sur son axe, se rouler en spirale dans le même plan, ou en tire- bourre, comme les animaux à queue préhensile. Trois classes de muscles opèrent ces mouvements : infiniment plus développés que ceux de l’homme, comme nous allons le voir, ils sont formés sur le même principe que les longs muscles de l’autre partie de l’é- pine, c’est-à-dire qu'ils ont des languettes d’origine et des languettes d'insertion, mais dirigées en sens contraire, et leurs languettes d'insertion sont tendi-- neuses sur une bien plus grande longueur et serrées contre les vertèbres par des gaînes ; le tout afin de ne point trop grossir la queue. a. Ceux qui relèvent ou redressent la queue : ils sont toujours situés à la face supérieure ou spinale. 1° Le sacro-coccygien supérieur (lombo-sus-cau- dien ). Il commence sur la base des apophyses articu- laires des dernières vertébres des lombes, et quelque- fois des dernières dorsales, sur celles du sacrum et des vertébres caudales qui ont de ces apophyses, par des languettes charnues qui diminuent insensiblement de largeur. La masse commune donne des tendons grèêles opposés aux digitations charnues. Le premier de ces tendons est le plus court. Îl se porte du côté interne, et s’insère à la base de la première des vertèbres cau- 18. - 276 11° LECON. DES OS ET DES MUSCH. DU TRONC. dales, qui n’ont point d’apophyses articulaires. Le se- cond tendon-se porte à la suivante et ainsi de suite. Le nombre des tendons est déterminé par celui des vertèbres; ils sont reçus chacun dans une gouttière ligamenteuse qui leur sert de gaine. Toutes ces gaînes sont réunies par un tissu ligamenteux qui les enveloppe comme dans une espèce d’étui. Lorsque les deux muscles agissent ensemble, ils doi- vent relever la queue ou la courber en dessus. 2° Les inter-épineux supérieurs (Vépineux oblique ou lombo-sacro-coccygien de Vicq-d’Azir).Ces mus- cles sont la continuation des muscles inter-épineux de l’épine ; mais comme les apophyses épineuses de la queue sont courtes et souvent remplacées par deux tubercules qui répondent aux apophyses obliques, ils sont eux-mêmes disposés obliquement, et sont plus écartés en arrière qu'en avant. b. Les muscles qui abaissent ou plient la queue en dessou. Ceux-ci prennent tous naissance dans l’intérieur du bassin et s° prolongent plus ou moins sous la face infé- rieure de la queue. Ils forment quatre paires ou quatre séries, 1° L’iléo-sous-caudien ou iléo-coccygien de Vicq- d’Azir. Il vient de la partie interne ou pelvienne de l'os des îles, forme une portion charnue, alongée dans l'intérieur du bassin et se termine à l’un des os en forme de V placé au-dessous de la queue, quelquefois , comme dans le raton, entre le cinquième.et le sixième os, quelquefois entre le septième et le huitième, ART, IV. MUSCL. QUI MEUVÉN'Y LE TRONC, ETC. 277 comme dans le sarigue. Ce muscle doit abaisser la queue et l'appliquer fortement contre l'anus. x Le sacro-sous-caudien ou sacro-cocc;gien infe- rieur de Vicq-d’Azir. Ce muscle est l’antagoniste du Jombo-sus-caudien ; il lui ressemble absolument par sa structure. il vient de la face inférieure du sacrum et des apophyses transverses des vertèbres caudales qui en sont pourvues , par une portion charnue qui dimi- nue insensiblement de grosseur et forme autant de tendons qu’il y a de vertèbres caudales sans apophyses transverses. Ces tendons sont recus dans des gaïînes semblables à celles du lombo-sus-caudien , et s’insè- rent à la base de chacune des vertèbres en dessous, à commencer ordinairement par la septième. 3° Les sous-caudiens ou inter-epineux inférieurs (in- ter-coccygiens de Vicq-d’Azir) sont situés sous la ligne moyenne inférieure de la queue. [ls commencent sous Punion de la première avec la seconde vertèbre cau- dale, et forment une portion alongée qui s’insère d’a= bord à l’os en forme de V, des quatrième, cinquième et sixième vertèbres ; ils reçoivent en même temps de petites portions charnues qui vont toujours en dimi- nuant de grosseur, et qui se portent de plus en plus loin en s’insérant inférieurement à la base de chaque os de la queue. 4° Le pubo-sous-caudien où pubo-coccygien de Vicq- d’Azir. Ilest mince, s'attache à tout le détroit supé- rieur du bassin , comme une taile charnue qui se ter- mine en pointe et va s'insérer au-dessous de la queue sur les apophyses ou tubercules de la base des qua- trième et cinquième vertèbres ; il produit le même effet que l'iléo-sous-caudien. Ce muscle n'existe pas 278 II‘ LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. dans le raton, mais il est tres distinct dans le chien et le sarigue. c. Les muscles qui portent la queue sur les côtés. Il n’y en a que deux, qui sont : 10 L’ischio-caudien (ischio-coccygien externe de Vicq-d’Azir.) Il s'attache à la face postérieure ou interne de l’ischion , au-dessous et derrière la cavité cotyloide , et il se porte en arrière snr les apophyses transverses des vertèbres de la queue. Dans le chien il n’a qu’une languette charnue qui s’insère à la quatrième vertèbre. Dans le raton, qui n’a pas de pubo-sous-caudien, il s’insère par autant de digitations charnues aux sept vertèbres caudales qui suivent la troisième. Dans le sarigue , il se termine aux quatre premières vertèbres de la queue. 2 Les inter-transversaires (Vinter-transversal de Vicq-d’Azir). Ces muscles sont étendus en une seule bandelette musculaire et aponévrotique,entre toutes les apophyses transverses. Leurs tendons sont plus dis- tincts à la face supérieure de la queue. En résultat , il y a donchuit paires ou huit séries de muscles à la queue, deux supérieures | deux laté= rales , quatre inférieures. Pour voir ces muscles dans leur parfait développe= ment , il faut les suivre dans les animaux à queue lon- gue et forte, les sapajous ; les sarigues, le lion, mais sur-tout dans le kanguroo et le castor. Dans ces deux derniers genres, dont l’un emploie sa queue à se soutenir, et l’autre à la natation, et peut-être, ART, IV. MUSCL, QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 279 comme quelques-uns disent, à la construction de sa demeure , les lomho-coccygiens, les iléo-coccygiens, les sacro-coccygiens , reçoivent de nouvelles languettes charnues d’une grande partie des vertèbres, sur ou sous lesquelles ils passent , en même temps qu’ils leur en donnent de tendineuses , répétant ainsi en sens in- verse ce qui s’observe dans le sacro-lombaire et le long dorsal. Les inter-épineux supérieurs ne se bornent pas tous à aller de vertèbre en vertèbre; ceux de la base de la queue reçoivent des portions charnues des lombes, et donnent des languettes à plusieurs des premières vertèbres caudales. Rien n’est plus curieux que cette infinie complica- tion de cordes tendineuses, collées sur plusieurs rangs tout autour de ce chapelet de vertèbres qui forment la queue , et disposées de manière que chaque vertebre peut être mue dans tous les sens et que la queue peut prendre ainsi toutes les inflexions imaginables. Lors- qu’on les a disséquées et écartées régulièrement , elles présentent à l'œil un lacis tout-à-fait digne d’admi- ration. Dans les cétacés où la queue est , comme dans les poissons , l’instrament principal du mouvement pro- gressif, ses muscles ont atteint un volume et un déve- loppement infiniment supérieur à celui d'aucun qua- drupède; mais comme il n’y a point de bassin , ils se confondent avec ceux du dos et ne forment avec eux qu'une série. Le long dorsal étend ses tendons d’origine, adhérents aux apophyses épineuses, jusqu’au bout de la queue, et en avant il se porte jusqu’au crâne. Le sacro-lombaire vient aussi de toutes les apophyses transverses de la queue et va de même jusqu’au crâne. Ces deux mus- 200 III LECON. DES O$ ET DES MUSCL. DU TRONC. cles s’y insèrent derrière l’insertion du deltoïdo et du sterno-mastoïdien ; la portion caudale du sacro-lom- baire a son antagoniste en dessous des apophyses trans- verses des vertèbres. Il y a de plus en dessus un lombo- sus-caudien, qui naît sous le long dorsal, au-dessus des cinq ou six vertebres dorsales, se confond même avec luien avant, et demeure charnu presque jusqu’au bout de la queue, à laquelle il donne des languettes tendi- neuses qui s'unissent à celles d’origine du long dorsal. Il y a en dessous un lombo-sous-caudien qui naît de la poitrine, est d’une épaisseur énorme , demeure charnu jusqu’au tiers postérieur de la queue, et déta- che deux ordres de cordes tendineuses , les unes diri- gées vers le côté et s’insérant sousles apophyses trans- verses, les autres vers le dedans et s’insérant aux os en V ou apophyses épineuses inférieures. L’os qui tient lieu de bassin donne encore un mus- cle assez fort, qui s’insère aux os en V de la moitié inférieure de la queue , marchant entre les deux sous- caudiens. Enfin, deux muscles de l’abdomen , le grand droit et loblique ascendant , s’attachent en ar- rière aux côtés de la base de la queue, et peuvent con- courir à son mouvement. Cet ensemble de muscles est ce qui forme cette énor- me masse charnue et tendineuse de la queue des céta- cés; mais quelque épaisse, quelque forte qu’elle soit, on voit que sa distribution, sa division en lanières, est conçue d’après le même plan que dans les quadrupèdes: la continuité des muscles du dos avec ceux dela queue, y fait mieux sentir la disposition inverse des uns et des autres. Dans les quadrupèdes, ce sont deux puissances par- tant d’un point fixe et commun, la résion du sacrum ART. IV. MUSCL, QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 281 et des lombes, et se dirigeant dans deux sens différents. Dans les cétacés où il n’y a point de sacrum, les muscles antérieurs donnent appui aux postérieurs , et réciproquement. C. Dans les oiseaux. La partie dorsale de l’épine des oiseaux étant peu mobile, ses muscles sont peu développés; ceux de la queue sont aussi de peu d’étendue; mais ceux du cou prennent une complication proportionnée au nombre et à la variété des mouvements que cette partie de l’é- pine doit exécuter. Il faut se souvenir que le cou des oiseaux est, par les dispositions de ses articulations et de ses ligaments, ployé comme unS , la partie inférieure concave en ar- rière et la supérieure concave en avant : de sorte que le même muscle qui, par ses languettes supérieures, redresse la partie qui porte la tête, courbe la partie voisine du thorax, et réciproquement. Ce n’est que par l’action combinée des différentes languettes des muscles antagonistes qu’il peut se rapprocher de la ligne droite, ou se ployer encore davantage et tout-à-fait en Z. Malgré la multiplicité et la délicatesse de leurs lan- guettes cervicales , et le petit nombre des dorsales et des costales , les muscles de l’épine des oiseaux ne lais- sent pas que d'admettre une comparaison assez sensible avec une partie de ceux des quadrupèdes. Tout contre les os se trouve, dans la région dorsale, un véritable multifidus spinœ , et dans la région cer- vicale de chaque côté, une suite d’inter-transversaires qui se portent directement d'un de ces bourrelets qui remplacent les apophyses transverses au bourrelet sui. 282 t1I° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. vant ; leur nombre égale celui des intervalles de ver- tèbres; ils se laissent souvent diviser en trois ou quatre ventres plus ou moins parallèles entre eux. Le long antérieur du cou naît dans l’intérieur de la poitrine, de ces crêtes verticales qu’y portent les corps des vertèbres ; il monte tout le long du devant du cou, continuant d’attacher inférieurement ses fibres à tou- tes les vertébres du cou dontsouvent les inférieures lui présentent aussi des crêtes, donnant obliquement à chacune d’elles une languette tendineuse montante; ces languettes s'insèrent au tubercule inférieur de l’apophyse transverse et à l'os styloïde qui la termine quandil y en a. Ce musclese réunit sur la ligne moyenne à celui du côté opposé, en formant le canal dans lequel passe l’artère vertébrale. On comprend que lesdeuxlongs du cou portentlecou en avant et redressent à cet effet sa partie inférieure, et que les inter-transversaires le courbent sur le côté. Dans la région dorsale il y a un sacro-lombuire, mais qui n’insère ses languettes montantes qu’à deux ou trois côtes, n’allant pas jusqu’à la première; plus intérieurement, un long dorsal qui insère aussi les sien- nes à quelques côtes, et va, lui, jusqu’à la première; plus en dedans encore, un grand transversaire qui venant d'aussi loin en arrière que le long dorsal et le sacro- lombaire, s'étend sur presque toute la hauteur du cou; mais sa partie cervicale est divisée en faisceaux de lan- guettes fines, distr:buées de sorte qu’à chaque tubercule des apophyses articulaires inférieures s’insérent des languettes qui ont pris leur origine au moins de denx, souvent Ge trois, des apophyses articulaires supérieures des vertébres placées au dessous ; d’où il résulte aussi que chaque vertébre donne lattache inférieure à deux ART. IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC,ETC. 283 ou trois de ces languettes qui vont s’insérer plus haut à des vertèbres différentes. Lorsque tous ces petits rubans musculaires sont dis- séqués et écartés, ils présentent un lacis très singu- lier. Un long muscle, composé de même d’une multitude de rubans, nait par des languettes tendineuses sur les apophyses épineuses des quatre ou cinq premières vertèbres du dos et des deux ou trois dernières du cou; il monte tout le long de la nuque, en dedans de celui que nous venons de regarder comme composant le grand transversaire, et donne des languettes d’insertion à un certain nombre de vertèbres de la partie du cou qui est concave en arrière. Ces languettes se fixent aux mêmes points que celles du grand transversaire, c’est- àä-dire aux apophyses articulaires inférieures des ver- tèbres. Son avant-dernière languette passant sur plu- sieurs vertcbres , sans s’y insérer, monte jusqu’à celle où recommence l’inflexion du cou en avant; sa der- nière qui est très longue et tendineuse dans son milieu, et forme ainsi un muscle digastrique, va s’insérer à l’oc- ciput et représente à quelques égards le digastrique de Ja tête. Quant au reste du muscle on doit remarquer que par ses tendons d’origine il a de l’analogie avec l’épineux du dos ou avec le splénius; par ses languettes d'insertion, il en aurait davantage avec le splénius du cou, mais le splénius est toujours plus en dehors que le grand transversaire et le complexus, et le muscle dont il s’agit est plus en dedans : on pourrait Pappeler derr- épineux du cou, puisqu'il n’a que ses tendons inférieurs attachés aux DE ne épineuses : mais on eu donne- rait une idée fausse , car sa direction du dedans au de- hors en montant est l'inverse de celle du demi-épineux 284 111° LECON. DES OS ET DES MUËCL. DU TRONC. des mammifères; pour ne rien préjuger je l’appelle le long postérieur du cou. Plus en dedans encore, il ya de nouveau une succession de languettes, disposées par faisceaux comme celles du grand transversaire c’est- à-dire que deux ou trois, partant de deux'ou trois vertè- bres inférieures, mais de leurs apophyses épineuses ou des tubercules qui en tiennent lieu, se réunissent pour s’insérer à une vertebre supérieure, et ainsi de suite. Leur insertion se fait aux mêmes points que les lan- guettes du muscle précédent c'est-à-dire aux apophyses articulaires inférieures L’avant-dernière languette de ce dernier , est accompagnée, sur-tout au point où elle s’insére, de quatre, cinq ou davantage de celles dont nous parions maintenant; j'appellerai ces faisceaux les accessoires du long postérieur du cou. Cet appareil musculaire a pour objet de tirer les vertèbres vers lar- rière; ainsi son action redresse la partie supérieure du cou qui se courbe naturellement en avant; mais elle courbe davantage la partie moyenne qui se fléchit en arrière. On ne peut donc considérer ni les faisceaux inférieurs du grand transversaire, ni les languettes inférieures du long postérieur du cou, comme étant ab- solument des extenseurs du cou; c'est pourquoi j'ai préféré le nom de /ong postérieur du cou à celui de long extenseur que quelques auteurs donnent à ce grand et principal muscle de la nuque. Ces muscles antérieurs, latéraux et postérieurs du cou se retrouvent dans tous les oiseaux, mais avec des va- riétés qui dépendent dela longueur de ce cou, et du nom- breetdesproportionsdes vertèbres quilecomposentdans chaqueespèce. Ainsi, dans l’autrache, qui a dix-huit ver- tèbres cervicales, lelong postérieur du cou nait par quatre languettes tendineuses sur les apophyses épineuses des ART. IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 285 deux dernières vertèbres dorsales et des deux dernières cervicales; ces languettes donnent autant de faisceaux charnus aux quatre vertèbres inférieures du cou, et se subdivisent ensuite de manière à fournir dix longs ru- bans terminés par autant de filets tendineux qui s’insè- rentaux apophyses articulaires inférieures des dix vertè- bres supérieures; le dernier qui est le digastrique va à l’occiput. Avant son insertion, chacun de ces filets reçoit des rubans charnus venant des apophyses épineuses de quelques-unes des vertèbres inférieures à celle où ik s’insère et tout le long de la partie du cou inférieure à la dixième vertèbre; le grand transversaire a pour cha- que apophyse articulaire inférieure deux languettes, une venue de la vertèbre immédiatement au-dessous, et l’autre de la suivante ; les inter-transversaires et le long antérieur du cou y sont comme d’ordinaire,. Dans le casoar le long postérieur du cou est plus simple : né d’une grande partie du dos il donne des lan- guettes charnues à toutes îes vertèbres jusqu’à Ja sixième; sa dixième languette va s’insérer à l’axis par un long tendon qui reçoit des faisceaux accessoires des cinq ou six vertèbres suivantes; la onzième est le digas- trique. Les faisceaux du grand transversaire sont peu divisés, Cest là le type le plus commun, saufles nombres de languettes. de Le retrouve dans le zandou ou autruche d'Amérique, dans l’outarde, qui ont chacune dix lan- guettes au long postérieur, sans compter le digastrique; dans l'aigle, la buse, le perroquet, la corneille, où je: n’en trouve que six ou sept. Les faisceaux accessoires. varient aussi pour le nombre des rubans propres à cha- cun; mais cela est. de peu d'importance. 286 rii° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. Dans le héron et peut-être dans toutle grand genre ardea, il y a quelque chose d’un peu différent : les vertè- bres cervicales y sont au nombre de seize; le long pos- térieur du coup, né sur les apophyses épineuses de la seizième cervicale et de la première dorsale donne des languettes charnues aux apophyses articulaires des ver- tèbres, depuis la quinzième en montant jusqu’à la neu- vième, auxquelles se joignent des languettes accessoires au nombre de deux ou trois pour chaque apophyse; puis il sé prolonge jusque sur une demi-poulie que lui offre la base postérieure de la cinquième vertèbre, celle qui commence la flexion du cou en avant, et se change là en un long cordon tendineux qui va se fixer à la deuxième vertèbre; il reçoit en chemin des languettes des septième, huitième etneuvième vertebres; le digas- trique de la tête y manque entièrement. Le long antérieur du:cou à aussi dans ces oïseaux cela de particulier, qu’outre ses tendonsobliquesqui se déta- chentpourlesapophysesrécurrentes de chaque vertèbre, il en a qui, naissant dès le bas, se prolongent sous toute la longueur du cou. Tous ces longs et grêles cordons, soit musculaires, soit charnus, sont assujettis contre les os, d’abord par une toile aponévrotique et charnue qui les enveloppe tous, etqui est une continuation du trapèze, ensuite par des gaines celluleuses propres à chacun, enfin dans certaines espèces par des brides ligamen- teuses analogues à celles où passent ies tendons de nos fléchisseurs et de nos extenseurs des doigts. Le Léron, par exemple, a une tellebride à Parrière de sa septième vertèbre verticale. La queue des oiseaux a des muscles courts, mais très marqués et très faciles à disséquer : les uns sont destinés ART. 1V. MUSOL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 287 à la relever ou à l’abaisser; d’autres la portent sur les côtés. [ Nous décrirons ces muscles d’après an oïseau de proie, l’épervier, parce que chez les oiseaux de haut vol, ils sont plus complets que partout ailleurs. Ceux qui relèvent la queue sont : 10 Les inter-Cpineux (sacro coccygiens) ils tiennent à la partie postérieure et supérieure de l'os des îles et au sacrum, et se portent aux apophyses épineuses des six premières vertèbres caudales. Lorsque l’un d'eux agit séparément il doit porter la queue de côté: il paraît que ce muscle est confondu dans certaines espèces avec le suivant. 20 Les sacro-coccygiens (sacro-sus-caudien) viennent du même point de l'os des îles et de la base des apophyses épiñeuses des cinq premières caudales, et s’insèrent par des languettes tendineuses à la base des capsules des pennes moyennes. Ceux qui sont destinés à l’abaissement sont : 30 Les sacro-coccygiens inférieurs où abaisseurs de la queue. Ils sont placés dans l’intérieur du bassin, et viennent de l’échancrure postérieure de l'os des îles et des apophyses transverses des premières caudales; ils s’insèrent par des languettes tendineuses aux apo- physes épineuses des dernières vertébres et sur-tout à la losange saillante de la dernière et à la base des cap- sules des pennes moyennes. 4° Les 1léo-coccygiens viennent du bord postérieur des iléons et des ischions et se portent aux apophyses épineuses des vertèbres caudales; lorsque l’un des deux agit seul il porte la queue sur le côté. 50 Les pubo-coccygiens s'étendent du bord postérieur des pubis à la capsule de la penne externe. Tout en 288 ur LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. abaissant la queue ils doivent contribuer à son épa- nouissemenf. 6° Les ischio-coccygiens viennent du bord posté- rieur des os ischions et se portent au tubercule infé- rieur de la dernière caudale. Les muscles qui portent la queue sur les côtés sont : 7° Les inter-transversiens qui naissent des apophyses transverses des cinq premières vertebres et se terminent par des languettestendineuses à la capsule de la penne externe; lorsqu'un de ces muscles agit seul, il porte la queuc de côté, et lorsqu'ils agissent ensemble ils épa- nouissent la queue en écartant les penneset lui font faire ce mouvement que l’on appelle la roue dans les paons, les dindons et les faisans. L 8° Les fémoro-caudiens où cruro-coccygiens vien- nent des fémurs sur lesquels ils s’attachent postérieu- rement vers leur tiers supérieur, et ils vont s’insérer à côté du tubercule inférieur de la dernière caudale. L’està ce muscle que l’on doit attribuer cetabaissement forcé de la queue lorsque l'oiseau court. Outre ces huit paires de muscles, on en trouve une petite qui s'attache à l’angle postérieur de liléon et de Vischion et qui se porte, en embrassant les quatre der- nières paires comme dans une ceinture, à la pointe du pubis. Il est probablement destiné à faire écarter ces pointes dans le moment du passage de l’œuf; au reste, il est si faible qu’il doit avoir peu d’action. Voilà les muscles de la queue de l’épervier : le bassin des oiseaux offrant de nombreuses variétés, pour Ja longueur plus ou moins grande des ischions et des pubis et pour leur écartement, les fonctions que nens avons 7 ART, IV. MUSCL, QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 289 attribuées aux muscles quiabaissent la queue ou la por- tent sur les côtés, peuvent être remplies par d’autres; c’estainsiquelepubo-coccygien, au lieu d’être un abais- seur de la queue comme ici, est quelquefois celui qui écarte les pennes. | D. Dans les reptiles. Les muscles diffèrent autant dans les reptiles que l'épine elle-même. On conçoit aisément qu’ils ne pou- vaient être les mêmes dans les tortues, les serpents et les grenouilles, et néanmoins ils conservent dans les plus éloignés quelques traces d’analogie. Dans les tortues, le cou est composé de vertèbres lon- gues et très mobiles, faisant une courbe concave en des- sus, par la disposition des vertèbres dont les postérieures descendent verticalement , tandis que les antérieures se portent horizontalement en avant, et le dos n’est qu'un grand bouclier immobile formé de la soudure des côtes entre elles et avec les parties annulaires des vertèbres. I ne peut donc y avoir de muscles pour le dos; ceux du cou sont au contraire fort distincts ; mais l’attache qu’ils sont obligés de prendre en dessous du dos et des côtes au lieu de celles qu’ils ont ordinairement en dessus , les rend assez difficiles à rapporter à ceux des autres ani- maux, et toutefois on parvient encore à établir divers rapports entre eux et ceux des oiseaux. Ainsi il y a dansla partie horizontale, contre les os, des inter-trans- versatres , comme dans les oiseaux, divisés en deux ordres de faisceaux, les dorsaux (plus droits), les ventraux (plus obliques) (1). Il y a de plus dans cette (1) Ce sont les transversaires ohliques et les intertransyersaires de Bojanus, I. 10 290 EE LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. même partie horizontale le grand transversaire, com- posé, comme dans les oiseaux, pour chaque vertèbre, de deux languettes insérées à lapophyse transverse, et venant des apophyses transverses de deux vertèbres situées plus en arrière. Le {ong antérieur ou inférieur du cou part de la première vertèbre dorsale, suit toute la face ventrale des vertèbres dans sa courbure en recevant des fibres et leur donnant des tendons à toutes. Un autre muscle fort semblable pour la distribution au long postérieur du cou des oiseaux, mais un peu différent pour insertion | naît de la carapace, en avant de la dernière vertèbre du cou, et donne des faisceaux charnus à quatre ou cinq des vertèbres qui précédent celle-là, mais il les insère aux crêtes qui tiennent lieu d’apophyses épineuses ; aussi n’a-t-il point d’accessoire comme dans les oiseaux. Ce qui lui donne cependant un dernier trait de ressemblance, c’est que son dernier et très long faisceau va aussi à la tête où il s’insère à la face supérieure du crâne par dessus le splenius ; cependant il n’est pas digastrique comme celui des oiseaux (1). La tortue a aussi un petit completus qui ne vient que des apophyses transverses de deux ou trois vertèbres antérieures et va à la tête en dehors du splénius et du faisceau dont nous venons de parler. Ce splénius qu'elle a de plus que les oiseaux, vient, dans lestortues deterre et d’eau douce, des crêtes dorsales des quatrième, cinquième et sixième verte- bres en dedans du long postérieur du cou , et se porte (1) M. Bojanus nomme le grand muscle, épineux du cou, et sa languette à la tête, splénius de la tête, im ART, IV, MUSCZ. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC, 291 à la tête où il couvre, en se divisant en deux, la face supérieure de Pocciput (cest le digastrique de li nuque de Bojanus). Dans la tortue de mer ses divi- sions sont beaucoup plus séparées ; l’interne ne vient que des premières vertèbres , l’externe vient de dessous le bord antérieur de la carapace; elle donne ün faisceau à atlas , c’est le splénius du cou. Jusque là et même pour les petits muscles de la tête, les analogies sont assez satisfaites ; mais il tie pouvait pas en être de même pour les longs muscles venant de la partie dorsale ou lombaire de lépine; aussi ceux qui les remplacent sont-ils dans une position toute contraire. Le principal est, dans lés tortues de terre ét d’eau douce, une lame mince attachée en dedans de la carapace aux côtes des cinquième et sixième ver- tèbres dorsales , et se portant, avec son semblable, obli- quemeñt en avant ét dans l'intervalle des deux pou- mons, sur les côtés de la partie antérieure ou horizon- tale du cou où il s’insère par des languettes aux 1po- physes transverses des troisième , quatrième et cin- quième vertèbres cervicales ; il se termine par uné dernière et longue languette qui s’insère en dessous de la tête au basilaire ; il tire le cou et la tête en arrière et de côté. Un peu plus en avant et sous articulation de la quatrième et de la cinquième vertèbre dorsale, s'attache un muscle semblable que l’on pourrait même regarder Comme partie du précédent et qui va s’insérer au côté de la sixième vertèbre cervicale; il tire puis- samment le cou et la tête en arrière (1). À mon avis, le premier de ces deux muscles repond (1) Ces deux muscles sont le retrahens capius et colli de Bojanus. 14 292 111‘ LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. ù aux fonctions du sacro-lombaire et du transversaire grêle, et le second à celles du long dorsal; mais avec les nombreuses différences que réclamait la disposition si différente du squelette: Dans la tortue de mer ils sont réduits tous les deux à une seule languette allant de la troisième dorsale au basilaire et faisant fonction du long droit antérieur de la tête. Il y en a un troisième plus singulier encore, qui se glisse le long de l’épine , recevant des fibres de toutes les vertèbres , et traverse les intervalles que les têtes des côtes laissent entre elles et la carapace , et se ter- mine en avant à ja face antérieure de la huitième ver- tèbre cervicale, qu’il porte en avant , et avec elle la partie postérieure et verticale du cou (2). Sa position rappelle un peu l’épineux du dos ; mais son insertion est très différente. Une expansion charnue à fibres transverses attachées de part et d’autre aux côtés des vertèbres , enveloppe tout le côté et la partie inférieure du cou, y compris la trachée et l’œsophage, se conti- nuant en avant avec le mylo-hyoïdien, et se rejoignant en arrière aux bords intérieurs du plastron. C’est un peaucier semblable à celui qui enveloppe le cou des oiseaux. Dans les autres reptiles, les muscles de l’épine sont placés comme à l’ordinaire en dessus du dos ; mais les trois principaux différent par le plus ou moins de distinction de leurs faisceaux et de leurs filets tendi- (1) C’est celui-là que M. Bojanus appelle le long du dos; je ne sais pourquoi M. Meckel, cherchant toujours à me critiquer, prétend que jene Pai point connu; il est bien indiqué au bas de la page 194. Mais lui-même a tort de prétendre que c’est un muscle du dos, puisque, de son aveu, il ne meut que Île cou. à MEL ET L ART. IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 209 neux , selon Île plus ou moins de mobilité de l’épine à laquelle ils s’attachent. À mesure que l’é épine devient plus fixe , ils se rapprochent de ceux des poissons ; et au lieu de languettes montant ou descendant , ils ten- dent à se composer de couches transversales séparées pas des lames tendineuses ; ce rapprochement avec les poissons est déjà très sensible dans le crocodile. Son sacro-lombaire naît par un tendon étroit à la partie antérieure de l'os des îles ; il devient très large et assez épais sur les côtes , et s’y partage en tranches transverses comme le grand muscle latéral des pois- sons ; les tranches séparées par autant de lames ten- dineuses , dont chacune s’insère à la côte correspon- dante , et les fibres charnues allant d’une côte à l’autre. Il continue sur le cou derrière le trachélo-omoïdien jusqu'à ces longues côtes cervicales qui tiennent à Vaxis et à l’atlas ; dans tout son trajet cervical il cache un gros muscle aussi divisé en tranches qui commence à la base de la première côte pectorale , est couché sur les apophyses transverses et les petites côtes cervi- cales , et se termine au côté de latlas. Je ne puis y voir qu’un énorme développement des #n7ter-transver- sarres cervicaux, à moins que l’on ne veuille y voir plutôt l’analogue du transversaire grêle ou cervical descendant. Un peu en dedans et en partie au-dessus du précédent, mais toujours en dehors du long dorsal, est un muscle qui vient de l’apophyse transverse de la deuxième ou de la troisième côte thoracique, marche le long des vertèbres cervicales entre leurs apophyses transverses et les articulaires, s’y unit par des fibres et S'y termine par un tendon qui va à l'angle externe de la crête occipitale {à l'apophyse mastoïde) en dehors 194 LI" LECON. DES 0$ ET DES MUSGL, DU TRONC. LL de celui du grand complexus ; par son insertion il ré- pondrait au peut complexus , maïs par sa position il répondrait plutôt au transversaire grêle. Le long dorsal marche comme à l'ordinaire au-des- sus du sacro-lombaire : il prend naissance sur les deux apophyses transverses du sacrum ; il est dans le dos beaucoup plus étroit que le sacro-lombaire, mais est de mème divisé en tranches ; ses intersections tendi- neuses sont convexes en arrière. [l se continue sur le cou entre le précédent et le complexus , donnant des fibres aux apophyses articulaires des vertèbres et allant jusqu’au côté de l’axis sans que l’on y puisse distinguer un grand traversaire. L’épineux du dos règne entre le long dorsal et les apophyses épineuses des vertèbres du dos ; en arrière il se continue sur la queue comme nous l’allons voir ; en avant il se continue sur le cou jusque vers son milieu , en dehors du complexus et en dedans du long dorsal avec lequel il se confond plus en avant; ses fibres charnues et tendineuses forment un tissu très entremêlé ; les tendons de sa face supérieure s’insèrent en marchant obliquement en avant à toutes les verte- bres des lombes et du dos. Le complexus, ou du moins le seul muscle qui me paraisse y pouvoir répondre, nait des côtés des apophyses épineuses de deux des vertèbres du cou, Patlas excepté, marche en dedans de la portion cervi- cale de l’épineux, et s’insère par un fort tendon au côté de las face postérieure de locciput, sous l’apophyse mastoïde. Sur toute la nuque règne un long et fort muscle qui nait en partie sur l’épineux du dos , en partie sur les ART. IV. MUSCL. QUI MEUYENT LE TRONC, ETC. 299 apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales , et se termine à l’occiput par un tendon large sous le milieu de sa crête. [l a aussi des intersections tendi- neuses : c’est le seul analogue de splenius qui existe ici. L'énorme queue du crocodile a trois paires de mus- cles , dont deuxten suivent toute la longueur et sont divisées en tranches, comme celles du dos, par des lames aponévrotiques ; celle du dessus remplit et au-delà la concavité formée par les apophyses épineuses et les transverses ; celle du dessous, la concavité semblable entre les transverses et les os en V. La première est dans la partie plus voisine des apophyses épineuses une continuation manifeste de l’épineux du dos. Sa partie plus extérieure, qui ne peut toutefois sur la queue se séparer de l’autre, prend naissance par une prolonga- tion pointue qui s’avance entre l’épineux et le long du dos jusques au-dessus de la troisième ou de la quatrième côte. Ses lames aponévrotiques forment des angles dirigés en avant et des arcs dont la concavité est dirigée en arrière. Ce muscle répond aux inter-épineux et au sacro-coccygien supérieur des quadrupèdes. La seconde paire a une première attache par un fort tendon au bord supérieur postérieur de l'os des îles, à sa jonction avec l’apophyse transverse de Ja première vertèbre sacrée , une seconde inférieure à l’os pubis près de sa OR avec son semblable. [l se contin ue, de plus, en avant par une lame charnue qui lui est in- timement unie jusque sous les côtes abdominales, aux parties antérieures desquelles il s'attache par autant de faisceaux charnus, dont les plus extérieurs vont aux côtes les plus antérieures. Ses lames aponévrôtiques 206 111‘ LECON. DES O$ ET DES MUSCL. DU TRONC. forment des angles très aigus dirigés en arrière , et des arcs dont la convexité est en avant. Ce muscle répond. à l’ischio-coccygien des quadrupèdes, mais est beau- coup plus compliqué. La troisieme paire n’a point d’analogue dans les mammifères, mais elle se retrouve dans plusieurs sauriens, et nous l'avons déjà vue dansles oiseaux quoï= qu’autrement constituée (1): c’est un fémoro-péronéo- coccygien; ilestépais, conique, enveloppé dans une ca- vité de l’ischio-coccygien sur plus du tiers de la lon- gueur de la queue et s’y insère aux côtés des os en V, le dernier dans cette partie, nes’insérant en dessous qu’à leurs extrémités. Mais ce que cette troisième paire a de plus singulier, c’est son origine par un tendon court et fort, mais qui a de profondes racines dans son intérieur, au petit trochanter en avant du petit muscle analogueau carré du fémur, et de ce tendon même part une corde tendineuse, forte, qui descend parallèlement au fé- mur , se termine par une dilatation sur l'articulation du fémur avec le péroné , y donne attache au gastro- cnémien, et fournit un tendon au soléaire. Par ces connexions extraordinaires , il s’établit un rapport entre les mouvements de la queue et ceux des trois parties de l’extrémité postérieure , sans doute utile dans la natation. [ Outre ces trois grands muscles de l’épine ;. on trouve un {schio -coccygien supérieur outransversal qui vaît de l’ischion et se porte presque à la ligne moyenne inférieure du corps de la première et de la seconde ver- sem 70 ne nee me _ (1) M. Meckel la suppose analogue au pyriforme, mais le pyriforme va da sacrum aa grand trochanter, ART, IV. MUSCL, QUI MEUVENY LE TRONC, ETC. 297 tèbre caudale, embrassant comme par une ceinture le fémoro-coccygien. Dans les autres sauriens , les muscles de l’épine du dos, offrent peu de différence ; ils sont seulement plus ou moins distincts, selon le plus ou moins de mo- bilité de cette épine; mais ceux de la queue nous of- frent quelque chose de particulier dans le cameléon. Ici le fémoro-coccygien est moins prolongé sur la queue, et ne donne point d'attache au peroné. Les deux portions de lischio-coccygien sont séparées, et forment deux muscles: un supérieur qui peut être considéré comme un sacro-coccygien inférieur , qui est ici la- téral et portant la queue sur le côté; un inférieur qui est le véritable #schio-coccygien, mais qui abaisse la queue, et qui ne s'étend que jusque sur les sept ou huit premières caudales. Ce muscle est remplacé par ‘un autre qui naît de ses dernières fibres, et de deux ou trois faisceaux qui se détachent plus antérieurement du sacro-coccygien latéral, ainsi que de toute la partie inférieure de son aponévrose, et va se fixer par des ten- dons longs à ia ligne moyenne ou aux apophyses épi- neuses inférieures de toutes les autres vertèbres cau- dales. Ce muscle et le précédent, extrêmement épais dans le sens vertical, font que la queue est compri- mée latéralement , quoique les vertèbres n’offrent point de trace de cette compression. C’est un vérita- ble épineux inferieur qui enroule la queue en dessous. Lorsqu'on en a ôté la peau, qui s’enlève chez ces ani- maux avec une grande facilité, ce muscle apparaît comme deux cordes accolées à la face inférieure de la queue. À la naissance de cette queue se trouve aussi un : 298 III° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. ischio-coccygien supérieur qui embrasse également le Jemoro-coccygten. Dans lesserpents (la couleuvreacollier, parexemple), dont la colonne vertébrale est très mobile, les muscles de l’épine reprennent une disposition plus éloignée de celle des poissons : preuve nouvelle que les organes ne suivent pas, de l’homme aux invertébrés , une ligne continue de dégradation, mais qu’ils sont par-tout en rapport avec la nature de l’animal. Les trois grands muscles de l’épine y sont très dé- veloppés et faciles à distinguer. 1° L’épineux du dos : outre son origine à la face la- térale des apophyses épineuses, il reçoit des tendons qui se détachent du long dorsal et qui s’épanouissent et se perdent à sa face inférieure ; pareille chose se voit, aureste, déjà parmi les sauriens, mais seule- ment entre les aponévroses des deux muscles. Dirigé d'avant en arrière, ce muscle se divise à sa partie in- terne en faisceaux égaux en nombre à celui des vertè- bres; chaque faisceau se termine par un très long tendon contenu dans une gaine aponévrotique, et qui va s’insérer à l'extrémité de l’apophyse épineuse: 2° Le long dorsal naît par des fibres charnues de l'extrémité de la pointe de l’apophyse articulaire an- térieure qui tient lieu d’apophyse transverse. Ces lan- guettes, après s'être réunies , fournissent deux ordres de tendons, qui font entre eux un angle plus ou moins aigu; les uns montent obliquement et vont, comme nous venons de le dire, concourir à la formation de l’épineux du dos; les autres descen- dent aussi obliquement, et forment les seuls tendons d'origine du sacro-lombaire ; en sorte que ce muscle : ART. 1V, MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 299 n’a d'insertion directe aux vertèbres que par ses languettes d’origine. La partie externe et profonde de ce muscle pour- rait être distinguée, du moins dans notre couleuvre à collier et dans la couleuvre bicarénée, et former un grand transversaire composé de languettes qui naissent de la pointe de chaque apophyse transverse et du tendon d’origine du long dorsal ; ces languettes se portent, en franchissant deux de ces apophyses, à la pointe de la troisième plus en avant. 3° Le sacro-lombaire. Ce muscle dont les tendons d'origine viennent du long dorsal, se divise en lan- guettes externes, dont chacune va s’insérer par un tendon mince au bord postérieur du tiers supérie ur d’une des côtes. On pourrait même compter deux sacro-lombaires ; car sa partie externe, celle qui envoie des tendons aux côtes, se sépare de l’interne , celle qui reçoit des tendons du long dorsal, et ces deux portions ne sont unies que par des tendons qui passent de l’une à l’autre. Sous l’épineux du dos se trouve l’épineux transver- satre , et sous celui-ci l'inter-épineux. À la face inférieure des vertèbres on trouve un muscle tout-à-fait semblable au long du cou, et que l’on pour- rait nommer épineux transversaire tuférieur, puisqu'il s'étend de l’apophyse épineuse inférieure d’une vertè- bre, à l’'apophyse transverse des deuxième et troi- sième vertèbres suivantes. Ces six muscles existent depuis le bout de la queue jusqu’à la tête; leurs derniers faisceaux , ceux qui s’in- sèrent à la tête , sont seulement un peu autrement dis- posés, mais ne méritent point pour cela d’être consi- 560 rr1° LECON. DES O3 ET DES MUSCL, DU TRONC. dérés comme d’autres muscles. Le sacro-lombaire en outre , dès qu'il est arrivé à la queue, s’insère aux apo- physes transverses des verièbres caudales; à mesure que la queue diminue, ces muscles se confondent, mais on en retrouve toujours des vestiges. Comme dans les sauriens, ces muscle diffèrent dans les serpents par le plus ou moins de division des faisceaux et par la longucur plus ou moins grande des tendons , selon le degré de flexibilité de leur épine. Dans le serpent à sonnettes, les tendons sont encore longs, mais moins que dans les couleuvres; le long dorsal ne fournit point de tendon à l’épineux du dos, mais seulement à son aponévrose. Mais cet épineux reçoit en revanche un tendon de chaque apophyse transverse, de sorte que ce muscle est ici épineux trans- versaire. Le long dorsal et le sacro-lombaire ne sont point divisés en Geux parties. Dans les boas et les pythons, les tendons sont très courts ou même n'existent pas du tout; le long dorsal ne fournit de fanguettes qu’au sacro-lombaire; son aponévrose seule se réunit à celle de l’épineux du dos. Dans l’amphishène Yépineux du dos existe seul ; il est très épais et naît de toute la surface supérieure de la vertèbre, et s’insère par des fibres extrêmement grêles et d’une longueur moyenne au rudiment d’apo- physe épineuse. Le muscle externe à celui-ci et que lon pourrait prendre pour le long dorsal, puisqu'il naît des apophyses articulaires , va s’insérer à la ligne latérale de la peau. Dans l'orvet et l’ophisaure, Vépineux du dos et le long dorsal sont étroits, et le sacro-lombaire est si large qu'il embrasse la moitié supérieure de la côte. ART, III, MUSCOL, QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 504 Les batraciens sans queue ont l’épine courte et peu flexible ; il n’y a qu’un muscle assez épais, plus large à la partie moyenne qu'à ses extrémités. Dans une grande grenouille d Amérique (rana tigrina, Daud.), ce muscle s'étend de la tubérosité externe de l’occi- pital jusqu'aux deux tiers antérieurs de l'os coc- cygien , auquel il s’instre par une aponévrose qui se termine en pointe. En partant de los coccygien, il passe par-dessus l'os sacrum sans s’y attacher, et va donner des languettes aux apophyses transverses des vertèbres , trois à huit, et aux apophyses épineuses des vertèbres, une à trois, ainsi qu’à la tuberosité externe de Voccipital. Par cette disposition, le bord interne de cette portion occipitale laisse un espace triangulaire entre elle et les vertèbres, qui est occupé par des faisceaux un peu distincts du muscle précédent, et qu'on pourrait regarder comme un splénius. À sa partie moyenne ce muscle présente des intersections tendineuses, concaves en avant et convexes en arrière, comme celles des poissons. À l’extrémité de l’épine on trouve un sacro-cocey- gien, muscle triargulaire qui s'étend de tout le bord postérieur du sacrum au bord externe &e l'os coccygien. Extérieurement à ce muscle on trouve liléo-coccy gien, qui s’étend du tiers antérieur de l’os des îles , au tiers postérieur de los coccygien. Ce muscle est composé de deux plans superposés, réunis dans leur partie moyenne. [ls peuvent relever , abaisser, ou porter de côté Vos coccygien , mais faiblement, cet os étant peu mobile sur le sacrum. Dans le pipa , les apophyses transverses étant très larges , le muscle dorsal l’est aussi : il présente un plus 302 trrt° LECON. DES 05 ET DES MUSCL, DU TRONC. grand nombre d’intersections tendineuses que la gre- nouille. Les muscles coccygiens existent encore, quoi- que los coccygien soit soudé au sacrum. Dans les Datraciens à queue , les salamandres , les protées, les sirènes ; il n’y a plus qu’un muscle dorsal, coupé par autant d’intersections tendineuses qu'il y à de vertèbres. | E. Duns les poissons, Les muscles de l’épine des poissons sont très diffé- rents de ceux des autres animaux à sang rouge. Leur situation et leur action sont considérablement chan- gées. Dans la plupart des autres vertébrés, ces muscles sont situés au-devant ou en arrière des vertèbres ; dans les poissons au contraire , ils sont placés latéralement. De cette différence de position dépend celle du mou- vement produit. Chez les premiers , la colonne verté- brale se fléchit principalement en avant ou se redresse en arrière; son mouvement latéral, excepté dans les serpents, est moins sensible ; ce mouvement est le seul que la hauteur des apophyses épineuses permette à l’épine des poissons. Les fibres charnues qui déterminent le mouvement de la colonne vertébrale sont tellement entrelacées , qu’on peut les considérer comme ne faisant qu’un seul muscle qui représente Îes trois faisceaux du sacro-spinal , et qui s'étendent depuis la queue jusqu’à la tête, et depuis le sommet des inter-épineux jusqu'aux côtes. I] s’insère au crâne, aux os de l’humérus et quel- quefois même à la partie de lhumérus qui est au-des- sus de la nageoire pectorale; il est divisé par des lames ART, 1Ÿ. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 309 aponévrotiques, en nombre égal à celui des vertèbres. Ces lames aponévrotiques sont disposées plus où moins obliquement et courbées de manière à faire un dnglé ou un arc plus où moins convexe, dont la convexité est dirigée en avant. On peut diviser le muscle, dans le sens de sa longueur, en trois bandes. Si on entame la couche superficielle qui peut être considérée comme un péaucier, on trouve que la bandesupérieure se sépare aisément de la moyenne; | elle s'insère en arrière au sommet des apophyses épineuses par des fibres tendi- neuses très denses, et en avant sa partie profonde donne des tendons au sommet des apophysés épineuses. C’est sous ce muscle, où plutôt entre ce muscle et son congénère que sont logées les apophyses inter-épi- neuses. C’est cette bande que lon doit considérer comme l’épineux du dos. La bande inférieure à celle-ci ne peut que repré- senter le long dorsal, mais un long dorsal qui se con- tinue comme dans les serpents, vul’absence de bassin, jusqu’au bout de la queue, et qui par conséquent rem- plit aussi les fonctions de /ombo-sus-caudien. {s'attache à une grande partie des apophyses épineusés et à la moi- tié supérieure du corps de la vertèbre et à toute la sur- face dela membrane inter-épineuse. (est cette portion qui s’insère principalement aux os de l'épaule. . La troisième portion qui se distingue moins de la deuxième que celle-ci de la première, peut être consi- dérée comme le sacro-lombaire à sa partie antérieure, et comme le /ombo-sous-caudien à sa partie postérieure. Elle comprend tout l’espace qui règne entre la moitié inférieure du corps des vertèbres etles côtes accessoires. Il est séparé extérieurement des muscles de l'abdomen s 504 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. par un sillon qui loge un vaisseau particulier, et qui est situé sous la ligne latérale. Ce muscle s’insère en partie aux 6s de l'épaule et en partie aux os du bras, et peut à peine se distinguer des muscles des côtes. Ces muscles se terminent par des languettes aponé- vrotiques qui s’insèrent à la base des rayons de la na- geoire caudale. L’épineux du dos donne aussi quel- quefois des languettes musculaires aux rayons de la nageoire. Leur usage est évident : chacun d’eux fléchit, de son côté, tout ou partie du corps du poisson ; et c’est par l’action alternative des muscles des deux côtés, que s'exécute principalement l’action de nager , ou la progression propre au poisson. | Les ostrccions dont tout le corps, à l’exception des nageoires et des membres, est renfermé sous un test dont la solidité approche de celle de l'os, ont des muscles latéraux un peu différents. On les retrouve sous les parois de la peau. Îls ont à peu près le même vo- lume, mais ils ne s’attachent qu’à la tête et à la queue. Les attaches sur les vertèbres du corps auraient été inutiles, puisqu'il n’y a que la partie de la queue située hors du coffre, qui puisse se mouvoir. La texture de ces muscles latéraux est aussi beaucoup plus simple : leurs fibres sont presque toutes longitu- dinales. Comme les côtesetles muscles manquent, ces parties sont remplacées par une aponévrose de couleur ar- gentée brillante , qui forme les parois de l'abdomen et double ia face interne du test. La queue de ce genre de poissons a une paire de mus- éles particulière qui paraît accessoire du latéral. Leur forme est pyramidale; ils sont situés à la face abdomi- ART. IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 903 nale ou inférieure du corps, depuis environ sa partie moyenne jusqu’à la partie de la queue qui est au-dehors du test. [ls s’attachent à la face interne de la paroi ven- trale du coffre, et se terminent par de petits tendons au-dessous et sur les côtés des trois dernières vertè- bres de la queue, qu'ils doivent abaisser un peu en la portant de côté. Dans l'intervalle que laissent entre eux les deux mus- cles épineux du dos, on trouve, du côté de la carène dorsale, des muscles grêles et longs , dont lenombre varie suivant l'existence ou le nombre des nageoires dorsales. On les a nommés les muscles du dos. Il n’y en a qu’une paire dans ceux qui n’ont point de nageoires dorsales, comme quelques espèces de gym- notes. Îls viennent de la nuque et se terminent à la nageoire de la queue : ils sont formés de petits ventres charnus très courts, avec de longues intersections ten- dineuses. Dans les poissons qui n’ont qu’une seule nageoire dorsale , comme les loches, la carpe, la tanche , etc., il y a deux paires de ces muscles : la première est située dans l'intervalle de la nuque à la nageoire, et la seconde, dans celui de cette nageoire dorsale à celle de la queue. Cependant dans ceux où la nageoire commence à la nuque, comme dans la perche, il n’y en a qu’une paire. Quand il y a deux nageoires du dos, comme dans le muge, les zées, etc., on trouve trois paires de muscles : une, entre la nuque et la première nageoire; une se- conde entre les deux nageoires du dos ; et la troisième entre la seconde nageoire du dos et celle de la queue. Tous ces muscles s’attachent aux premiers rayons F, 20 “ 506 1n° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC, de chacune des nageoires, et les meuvent en les rele- yant ou les développant. [ La description faite plus haut des muscles de l’é- pine des poissons, prise de la perche, convient à la plupart des poissons osseux ; mais on conçoit qu'il y en ait quelques-uns à qui elle ne convienne qu’en par- tie. Ainsi , les poissons qui n’ont point de côtes doi- vent présenter quelques variations; ceux qui ont l’é- pine longue et de courtes apophyses épineuses, comme les anguiiles , ont des muscles plus distincts, et qui se rapprochent davantage de ceux des serpents. | Nous terminerons cet article des muscies de l’épine des poissons , par l'exposition de ceux de la rare. Ces muscles se rapprochent beaucoup de la forme de ceux que nous avons reconnus dans la queue des rep- tiles. [ On y trouve les trois grands muscles, à savoir l’épi- neux du dos, le long dorsal et le sacro-lombaire. Le premier et le dernier règnent sur toute l’épine, et le second sur le dos et une partie de la queue. [l y a en outre un muscle inférieur propre à la queue. Ces muscles sont renfermés dans une forte aponé- vrose générale, et séparés l’un de l’autre par des cloi- sons aponévrotiques, auxquelles leurs fibres s’insèrent. Si l’on fait une coupe transversale du dos d’un de ces animaux , On aperçoit d’une manière très distincte ces trois faisceaux. Il serait même possible d’enlever les fibres , sans déchirer l’aponévrose ; on aurait alors trois tubes parallèles plus ou moins prismatiques. L’épineux du dos a les mêmes attaches que celui des reptiles et des mammifères, mais comme il doit mou- voir principalement la queue, ce sont les tendons e 44 A4 (T4 . ’ D, ART. 1V. MUSCL, QUI MEUVENT LE TRONG, ETC, 507 d’origine qui sont les plus longs et ceux d'insertion les plus courts. Ces tendons d’origine naissent du milieu du bord supérieur de Papophyse épineuse ; après être remontés dans une gaine, plus ou moins loin selon qu'ils appartiennent à la queue ou au dos, ils se portent en dehors et se prolongent dans l’intérieur du muscle ; là ils reçoivent sur leurs deux côtés des fibres disposées en barbes de plumes ; celles de ces fibres qui sont externes, vont s’insérer à la cloison aponévrotique qui sépare ce muscle du long dorsal ; les autres se réu- nissent en un faisceau qui donne naissance quelquefois à de nouveaux tendons. Ces faisceaux et tendons vont s’'insérer chacun au bord postérieur d’une apophyse épineuse. Les cinq à six tendons d’origine qui précè- dent le bassin ,!et tous ceux du dos, jusqu’à l'épaule, reçoivent chacun , avant de s’enfoncer dans la masse du muscle , un tendon accessoire qui semble naître de l’aponévrose , mais qui vient réellement du long dorsal et qui S’unit intimement au premier tendon, sous un angle d'autant plus aigu, que le dos est plus étroit ; ces tendons passent nécessairement pour s’enfoncer dans le muscle sons ceux qui les précèdent , de sorte qu'ils sont à la fois perforants et perforés. Le dernier tendon d’origine de cette masse naît immédiatement derrière l’épaule ; il se prolonge en avant vers la tête, en conti- nuant toujours à donner des fibres d'insertion tout le long de l’épine jusqu'auprès de la tête où il se termine. Le long dorsal commence au tiers antérieur de la queue , naît de toute la surface des aponévroses qui le séparent de l'épineux du dos et du sacro-lombaire et se divise en deux ordres de tendons comme dans les 20. 308 111° LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC, couleuvres ; les uns remontant, traversent la première aponévrose et vont s'unir, comme nous venons de le dire, au tendon de l’épineux du dos; les autres descen- dant, vont se porter sur le sacro-lombaire. Parvenu à l'épaule, il n’y a plus que deux tendons , qui au lieu de monter et de descendre, règnent parallèlement sur toute la longueur des vertèbres du cou, et vont se fixer à la partie postérieure de la tête qu’ils relèvent. Le sacro-lombaire règne tout le long de lépine : il forme le muscle latéral de la queue; ses faisceaux nais- sent par des fibres charnues de l’aponévrose qui sépare ce muscle de l’épineux du dos etensuite du longdorsal, et se porte obliquement en avant pour s’insérer à sa propre aponévrose externe, à laquelle viennent s’atta- cher les muscles de l’abdomen, lorsqu'il a franchi le bassin. Dès que le long dorsal est né, il donne, comme nous l'avons dit, des tendons d’origine au sacro-lombaire ; ces tendons s’enfoncent dans le muscle et forment, avec les fibres qu’il reçoit, les faisceaux dont il se compose. Une partie de ce muscle externe s’attache à l’os de l'épaule ; la partie interne passe sous cetos , et va se fixer à l’apophyse transverse de la grande ver- tèbre cervicale. Le muscle fléchisseur de la queue naït de la face inférieure de l’aponévrose des muscles précédents et de la face interne de l’os du bassin , c’est évidemment le sacro-coccygien inférieur; ses tendons d’autant plus longs qu’ils approchent plus du bout de la queue, se bifurquent avant leur insertion, et chacun d’eux laisse passer dans sa bifurcation celui de la vertèbre suivante, de sorte qu’ils se servent mutuellement de gaine et qu’ils ART, V4. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 909 sont tous, excepté le dernier, perforés et perforants ; la partie interne du tendon s’attache à l'apophyse épi- neuse inférieure ou à la ligne médiane de chaque ver- tébre, la partie externe à l’aponévrose générale des mus- cles. Sur ce muscle, près de la naissance de la queue, est un gros faisceau musculaire qui lui est intimement uni, et qui se rend du bassin aux apophyses épineuses inférieures des premières vertèbres caudales, générale- ment très longues ; il devrait, si on pouvait le séparer, être regardé comme un ischio-coccygien. Cette succession non interrompue d’une même série de muscles, depuis la queue jusqu’à la tête, que nous venons de voir dans l’épine des poissons, de plusieurs reptiles, et même en partie dans celle des cétacés, mon- tre bien que cette épine est une; que sa moitié posté- rieure n’est pas la répétition de sa moitié antérieure, et qu’une nécessité d'organisation seule a voulu que lac- tion des muscles de la colonne vertébrale des mammi- fères fût dirigée en sens contraire à ses deux extrémités. Pour résister à cette action, les apophyses épineuses du dos sont inclinées en arrière, et celles de la queue et des lombes en avant, de sorte que , considérée sous ce rapport seulement, la proposition que nous combat- tons paraît être vraie; mais il y a d’autres apophyses, les articulaires , qui ne changent nullement de posi- tion ; c’est toujours la postérieure d’une vertèbre qui repose sur Pantérieure de l’autre, et l’on ne voit pas pourquoi on donne plus d'importance à une simple différence d’inclinaison d’une apophyse, qu’à la cons- tance de position d’une autre. | 510 111° LECON. DES OS ET DES MUSCI. DU TRONC. ' IT. Muscles de la tête. À. Dans l'homme. $ Les muscles qui meuvent la tête de l’homme, en agissant immédiatement sur elle, viennent, les uns des vertèbres, les autres de l’épaule; quelques-uns peu- vent remuer aussi la tête en agissant sur le larynx ou sur los hyoïde, qui eux-mêmes tiennent à la tête ou au moins à la mâchoire par d’autres muscles ; mais nous ne traiterons point ici de ces muscles d’une ac- tion médiate, dont nous renvoyons l’histoire aux ar- ticles des deux organes auxquels ils s’attachent parti- culièrement. C’est aussi à l’histoire des muscles de l'épaule que nous renvoyons ceux qui, venant de cette partie et se rendant à la tête, le trapèze et le sterno- mastoïdien , sont aussi bien des muscles de l’une que de l’autre. ; / Il ne s’agira donc ici que de compléter l’histoire des muscles de l’épine, en décrivant les muscles, qui partent des diverses vertèbres pour se rendre à la tête. Les plus profonds viennent de Patlas, les intermé- diaires de l’axis, les plus voisins de la surface des autres vertèbres cervicales. Ceux qui viennent de l’atlas sont : 10 Le petit droit postérieur (atloïido-occipitien), qui de l’apophyse épineuse de la première vertèebre se ter- mine au milieu du bord postérieur du trou occipital. IL meut la tête sur latlas et porte l’occiput directement en arrière. 20 Le petit droit antérieur (trachélo-sous-occipitien), qui s’attache à la portion antérieure de l’atlas et s’in- | ART, IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. ÔLE sère à l'apophyse basilaire. Il produit le mouvement contraire du précédent et ramène la face en devant et en bas. 3° Le petit droit latéral (atloido-mastoïdien), dont l’attache la plus fixe est sur lapophyse transverse de l’atlas , et l'insertion à la base interne de l’apophyse mastoïde du même côté. Il fléchit un peu la tête de côté en la portant vers l'épaule. 4° Le petit oblique, ou oblique supérieur (atloïdo- post-mastoïdien) , qui va de la même apophyse, en montant en dedans , vers le bord postérieur du grand trou , du côté de l’apophyse mastoïde. Ce muscle pro- duit une petite rotation de la tête sur l’atlas, en même temps qu’il la fléchit en arrière. Deux muscles seulement viennent de la seconde ver- tèbre : L'un , appelé le grand droit postérieur (axoïdo-occi- pitien), s'attache à l’apophyse épineuse de l’axis, et s’insère à l'occipital en recouvrant le petit droit pos- térieur, aux usages duquel il participe, opérant cepen- dant un mouvement en arrière beaucoup plus marqué. L'autre a été nommé le grand oblique ou oblique inférieur (axoïdo-atloïdien). [1 va de la même apophyse épineuse, en se portant en dehors vers l’apophyse transverse de latlas, où il s’insère , de sorte que c’est plutôt un muscle de l’épine que de la tête. Il fait tour- ner l’atlas sur laxis, ce qui produit le mouvèment latéral de la première vertèbre que suit la tête. Il y a cinq muscles de la tête qui viennent des autres vertèbres cervicales : 19 Le prand complexus (trachélo-occipitien) tient par des digitations aux apophyses transverses des 512 ll LECON. DES OS ET DES MUÜSCL. DU TRONC. quatre dernières vertèbres cervicales, et des trois pre- mières dorsales. IL se porte sur le derrière du cou, et va s’insérer à l’occiput au-dessus de tous les précédents. Ce muscle est manifestement un extenseur ou fléchis- seur puissant de la tête en arrière; il est intimement uni par son bord postérieur avec un autre appelé le digastrique. 2° Le digastrique du cou (dorso-occipitien), qui vient également, par des digitations des apophyses trans- verses des cinq vertèbres du dos, depuis la deuxième jusqu’à la sixième, et de l’apophyse épineuse de la première, s’insère à l’occiput sur le précédent : il a le même usage. Son milieu est étroit et tendineux , ce qui lui a fait donner le nom de digastrique. 30 Le petit complexus (trachélo-mastoïdien) placé en dehors du grand complexus, vient par des digi- tations des apophyses transverses des six dernières cervicales et des trois premières dorsales , et se porte, en montant le long du cou, à lapophyse mas- toïde. Il reçoit près de son insertion une longue digi- tation du muscle appelé le long dorsal. Il fléchit la tête en arrière en la faisant tourner un peu sur son axe, lorsqu'il agit sans celai du côté opposé; lorsqu'ils se contractent ensemble , ils maintiennent la tête droite : leur action est opposée à celle du sterno-mastoïdien. Ces trois muscles sont recouverts par : 4° Le splenius de la téte (cervico-mastoïdien), qui vient des apophyses épineuses des deux premières ver- tébres dorsales et des cinq dernières cervicales, et s’in- sère à l’arcade occipitale près de l’apophyse mastoïde : son usage diffère peu de celui du petit complexus. Il à une portion externe qui vient de la troisième et de \ x ni AS ART, IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 919 la quatrième vertèbre dorsale et qui se porte aux apo- physes transverses des deux premières cervicales ; son 4 est réservé au cou : on l’a appelée splénius du cou (dorso-trachelien). 5° Enfin, le grand droit antérieur (trachélo-sous- occipitien), qui est étendu sur toute la longueur des vertèbres cervicales en devant , depuis la sixième jus- qu’à la deuxième , et s’insère au basilaire. C’est un flé- chisseur de la tête en avant. B. Dans les mammiféres. Les petits muscles de la tête existent dans les mam- mifères comme dans l’homme, et y ont les mêmes attaches; seulement ils sont d’autant plus grands que les deux premières vertèbres le sont elles-mêmes. Ainsi, excepté dans les singes et les cétacés , le grand oblique et le grand droit postérieur sont généralement fort considérables. En général, le digastrique du cou v’est point divisé en deux ventres par un tendon intermédiaire. Dans les carnivores , à a des inscriptions tendineuses, trans- versales , etil est couché sur le grand complexus , dont il est fort distinct, en sorte que ces animaux semblent avoir trois complexus, d'autant plus que les vrais com- plexus offrent souvent aussi des inscriptions tendineu- ses; mais dans le cheval et dans quelques ruminants, le digastrique est entièrement uni au grand complexus par le haut. Le splénius s'attache au ligament cervical dans tous les animaux qui ont ce ligament très élevé au-dessus des vertèbres. [l y est toujours plas considérable que x 314 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. dans l'homme. Ce muscle n’a point de portion qui s'attache aux apophyses transverses cervicales dans les carnivores; celles de ses fibres qui vont à l'apophyse mastoïde s’y insèrent par.un tendon grêle qui leur est commun avec le petit complexus , lequel ne reçoit de languettes que de la troisième vertèbre cervicale et des deux premières dorsales. Quant au splénius , il four- nit communément trois languettes aux apophyses transverses des trois vertebres cervicales qui suivent l’atlas; quelquefois même, cette portion se sépare et forme un splénius du cou. Le tendon de la première languette lui est commun avec celui du grand trans- versaire du cou. Si le splénius existe dans le chameau, il est si faible, qu’il échappe souvent à la dissection. C. Dans les oiseaux. Les oiseaux n’ont point de splémius (x). Le seul de leurs muscles que lon pourrait appeler le digastrique du cou, est, comme nous l'avons vu, la langucite supérieure de celui que nous avons nommé long postérieur de coû ; elle est, en effet, tendineuse dans son milieu , et s’insère à l’arcade occipitale. Elle paraît manquer dans certains oiseaux à très long cou, comme le héron. Le orand complexus ne tient qu'aux apophyses ar- ticulaires et aux faces latérales de quelques vertèbres cervicales, comme à la troisième ou à la quatrième; ou bien à la seconde et à la troisième. Le petit compiexus vient des crêtes antérieures des (1) On ne concoit pas comment Tiedeman a pu prétendre que le muscle que je nomme dans les oiseaux grand compleaus, est leur splévius ; cela est tout-à-fait incompatible avec ses attaches. L ARTe IV. MUSCE. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC: 315 L trois vertèbres qui suivent la seconde, ou bien de la seconde, de la troisième et de la quatrième. I] s’atta- che à Voccipital en dehors du précédent. Ces trois paires de muscles en occupent toute l’arcade. [Le grand droit postérieur s’étend de lapophyse épi- neuse de laxis, et quelquefois mêmede la troisième et de la quatrième vertèbre, à l’arcade occipitale. L’arc de l’atlas des oiseaux étant très petit, le peut droit postérieur est réduit à un faisceau très faible, qui peut quelquefois à peine se distinguer du muscle pré- cédent. Le droit antérieur vient des apophyses épineuses in- férieures des quatre premieres vertèbres ; il s’attache par des fibres tendineuses à la partie latérale de lapo- physe basilaire. Le grand droit latéral est un muscle fort qui vient des apophyses articulaires de l’axis et des deux vertè- bres suivantes, et qui se porte à l’apophyse basilaire sous le précédent. Le petit droit latéral, à demi-caché sous le précé- dent, et descendant par son bord antérieur une ver- tèbre plus bas, se rend à l'anneau inférieur de atlas ; il w’agit ainsi qu'indirectement sur la tête. Le petit complexus et les droits latéraux sont des rotateurs de la tête. | D. Dans Les reptiles. Les muscles de la tête des tortues ne peuvent rece- 4 voir les mêmes dénominations que ceux des mammi- fères et des oiseaux, parceque le test donne attache au plus grand nombre. Nous nous contenterons donc de les indiquer par leurs attaches. 316 TI LECON. DES OS Er DES MUSCL, DU TRONC. Ainsi, le cou étant vu par derrière, on remarque : 1° au bord antérieur de la carapace, vers l'angle de la lunule, un muscle large qui se porte aux parties laté- rales et postérieures de la tête, où il s’insère; il porte la tête en arrière. 2 Au-dessous et du milieu de la lunule antérieure de la carapace, prend naïssance un autre muscle mince, arrondi, qui en s’éloignant de celui de l’autre côté, décrit une figure de V et va s’insérer au côté externe du précédent. Il a le même usage. 3° L’analogue du splénius de la téte provient des apophyses épineuses des troisième, quatrième et cin- quième vertèbres du cou, par des languettes distinctes, et s’insère sur l’arcade occipitale. C’est le releveur de la tête. 4° L’analogue du grand droit antérieur s'attache aux tubercules inférieurs des quatre vertèbres cervi- cales qui suivent la première, et s’insère par une por- tion toute charnue et plus grosse dans la fosse basilaire au-dessous du condyle. 5° Le trachélo-mastoïdien vient des tubercules in- férieurs de la seconde et de la troisième vertebre cervicale, par deux tendons minces et aponévrotiques. I! s’insère par une portion plus épaisse et toute char- nue à l’éminence qui correspond à l’apophyse mastoïde. Cest un fléchisseur latéral de la tête. 6° Enfin, à la partie supérieure de l’épine cervi- cale est un muscle court, qui, du bord inférieur du trou que forment les fosses temporales , va sur les apophyses épineuses des première, seconde, et troisième vertèbres cervicales. Le cou vu en devant, on remarque : ART. IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 517 L’analogue du sterno-mastoïdien qui s’attachesur les fortes aponévroses qui recouvrent los du bras, vers son articulation avec l’omoplate. Son tiers inférieur seul est visible lorsqu'on a enlevé la peau, les deux autres étant recouverts par un muscle à fibres transverses, qui tient lieu du mylo-hyoïdien et du peaucier. Il s’insère sous l’apophyse qui correspond à la mastoïde. Il doit tirer la tête en dedans, et relever un peu l'épaule. Le long antérieur de la tête s'attache à l’épine infé- rieure de la troisième vertèbre du dos, et s’insère, par uu tendon grêle, à l’apophyse basilaire de l’occipital. Nous avons déjà vu plus haut que dans les crocodiles on trouve un muscle que l’on peut considérer comme le complexus. Entre les deux complexus est une paire de muscles, longs, comprimés, minces, venant de la crête de toutes les apophyses épineuses, ets’insérant à la ligne moyenne de locciput'; c’est un long droit postérieur de la téte ; sa dernière languette, qui vient de latlas, représente si l’on veut le petit droit postérieur. À ses côtés est un grand droit postérieur venant de l’axis; plus laté- ralement , ily a un oblique supérieur, qui est fort grand, et vient des côtés des deux premières vertèbres cervicales, et monte pour s’insérer au côté de l’occiput en dehors du complexus. Sur toute la nuque règne un long et fort muscle, qui naît en partie sur l’épineux du dos, en partie sur les apophyses épineuses des premières vertèbres dor- sales, et se termine à l’occiput par un tendon large sous le milieu de sa crête. Il y a aussi des intersections ten- dineuses; c’est le seul analogue du splénius qui existe 1CI, 318 ri1° LECON. DES Os ET DES MUSCL, DU TRONC. [ Dans les serpents, on ne trouve qu'un muscle propre à latéte. L’épineux du dos et le long dorsal se conti= nuent jusqu’à la crête occipitale ; le sacro-lombaire va se fixer au basilaire, à côté du long du cou. Comme il quitte, à cet effet, le bord inférieur du long dorsal, il reste à cet endroit, entre ces deux muscles, un espace triangulaire qui est occupé par le muscle dont nous parlons qui se rend des apophyses articulaires des cinq ou six premières vertebres à l’apophyse mastoïde, et qui ne peut être considéré que comme un complexus. L’é- pineux transversaire se continue jusqu’à l’occipital , et remplace les muscles droits. ] Les grenouilles ont très peu de muscles de la tête, le plus grand nombre de ceux qui s’y attachent étant des moteurs de l'extrémité antérieure , ou des muscles propres à la colonne vertébrale. L’analogue de l’oblique supérieur vient de la pre- mière apophyse transverse de l’épine, et s’insère à la partie supérieure de l’occiput. Sa direction est oblique de dehors en dedans. L’analogue du petit droit antérieur est attaché sur l’a- pophyse transverse de la première vertèbre, et s’insère à la base du crâne , au-dessous du grand trou occipital. Voilà les deux seuls muscles propres à la tête. Ils sont les mêmes dans la salamandre terrestre. E. Dans les poissons. Les poissons osseux n’ont point de muscles particu- liers pour mouvoir leur tête, Les muscles latéraux du corps qui s’y insèrent lui impriment des mouvements peu sensibles ; mais les raies ont trois muscles propres destinés à cet usage, que nous croyons devoir faire \ \ ART, IV. MUSCL. QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 319 connaître ici : l’un sert à mouvoir la tête sur le tronc, et les autres à relever et à abaisser l’extrémité du mu- seau. Le premier vient de la face iniérieure de l’apo- physe transversé de la gran vertébre cervicale, et s’insère à l’os basilaire ; c’est un droit inférieur pis la léte. Des deux muscles du museau, le supérieur vient de la portion antérieure de la ceinture, qui sou- tient les ailes ou nageoires par une portion charnue courte, dont le tendon grèle et cylindrique est reçu dans une gaîne muqueuse qui se glisse au-dessus des branchies , et se porte à la base du museau où 1l s’in- sère et qu 1] relève. L’inférieur est situé au-dessous du corps et dans la cavité des branchies, où il s'attache sur les premiers cartilages de la colonne vertébrale. IL se porte oblique- ment en dehors et puis en dedans, de manière a dé- crire une courbe dont la convexité est extérieure. Il s’'insère presque tout charnu à la base du bec, qu’il flé- chit ou courbe du côté du ventre. III. Des muscles des côtes et du sternum. A. Dans l'homme. Les côtes ne servent guère qu'aux mouvements de l'inspiration et del’expiration. Les muscles quiagissent sur ces os les élèvent ou les abaissent. Les releveurs des côtes sont : Le scalène(trachélo-costien), qui naît des apophyses transverses des cinq dernières vertèbres du cou, et s’in- sere par quatre digitations à la partie postérieure des trois premières côtes. 320 II LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. Les sntercostaux internes et externes (intercostiens). Ces muscles forment deux couches, et occupent tous les intervalles compris entre les côtes. La direction de leurs fibres est oblique en sens contraire : celles de la couche externe se portent d’une côte supérieure vera le cartilage de la côte qui suit ; celles de l’interne se dirigent du cartilage de la côte inférieure jusqu’à la supérieure du côté de l’angle, ou postérieurement. Les releveurs des côtes (transverso-costiens) s’éten- dent des apophyses transverses de la dernière vertèbre du cou, et des onze premières du dos, jusqu’à l'angle des côtes. Le petit dentelé postérieur supérieur ( dorse-costien) vient des apophyses épineuses des deux dernières ver- tebres du cou, et des deux premières du dos, et s’in- sère aux troisou quatre vraies côtes supérieures, la pre- mière exceptée. Les abaisseurs des côtes sont : Le petit dentelé postérieur inférieur (lombo-costien), qui naît sur les apophyses épineuses des trois dernières vertèbres du dos et sur les deux premières des lombes, et s’insère par des digitations aux quatre dernières fausses côtes. Il les tire en bas et en dehors. Le sternum n’a qu’un muscle qui agit manifestement dans l’abaissement des côtes. On l’a nommé le 4rzan= gulaire dusternum (sterno-costien); il vient de la partie inférieure et moyenne de cet os, et monte jusqu'aux cartilages des cinq dernières vraies côtes. D’autres muscles s’attachent encore aux côtes ; mais ils ont une action moins marquée sur ces os, qui paraissent en grande partie destinés seulement à leur donner des points fixes. Ce sont le diaphragme et les ART, IV. MUSCL, QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 921 muscles de l'abdomen, qui servent à la respiration et à la formation des parois mobiles du bas-ventre. Le diaphragme est une cloison charnue et tendineuse quifsépare la cavitéde la poitrine de celle du bas-ventre. Il est situé obliquement entre l’appendice sternal et les corps des vertèbres lombaires. Ce muscle s’atta- che à l’appendice sternal, aux deux dernières vraies côtes, et au bord des cartilages de toutes les fausses côtes. [Il s’insère en arrière au corps des vertèbres lom- baires par deux colonnes charnues, qu’on nomme pr- liers. Ce muscle est tendineux dans sa partie moyenne, charnu sur ses bords. Îl est recouvert en dessus par la plèvre, en dessous parle péritoine. Nous reviendrons plus particulièrement sur ses usages en traitant de la respiration. Îlest percé de trois trous en arrière : celui qui est à droite donne passage à la veine cave; par celui qui est à gauche passe l’œsophage; enfin le postérieur laisse passer l'aorte , la veine azygo et le canal thoracique. Il ya cinq paires de muscles, qui forment les parois de l’abdomen, ce sont : L’oblique externe ou grand oblique ( costo-abdomi- nien ) ; il s'attache aux huit dernières côtes par autant de digitations, et s’insère à la ‘crête des os des iles et du pubis. Ses fibres descendent de dehors en dedans. L’oblique interne où petit oblique (iléo - abdomi- nien }, qui naît sur la crête des iléons et du pubis, et s'insère au bord de toutes les fausses côtes, et même à la dernière des sterno-vertébrales et à l’anpendice ster- nal; ses fibres descendent de dedans en dehors. Les droits du bas-ventre(sterno-pubiens ) s’atta- chent à la branche supérieure du pubis, et s’insèrent Fe 21 522 1x LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. sur les trois dernières côtes sterno-vertébrales, sur la première vertébrale et sur l’appendice sternal par quatre digitations. Dans leur trajet, ces muscles sont recouverts par une gaine apOnévrotique que produisent les muscles obliques. Ils s’y insèrent même en quelques points ; ce qui forme plusieurs lignes tendineuses trans- versales, ordinairement au nombre de quatre. Les pyramidaux (pubo-ombiliens) maissent aussi sur la branche supérieure du pubis, et se terminent, en diminuant beaucoup de largeur , dans la ligne blanche , près de l’anneau ombilical. Les transverses du bas-ventre (lombo-abdominiens ) s’attachent, d’une part, par un tendon large et mince, presque aponévrotique, aux apophyses transverses et épineuses des quatre vertebres supérieures des lombes. Ils portent leurs fibres presque transversalement à la ligne blanche. Les muscles droits et pyramidaux fléchissent le tronc en avant ; les obliques peuvent le fléchir latéralement ; enfin les transverses agissent sur les parois de l’abdo- men comme une sangle, et le compriment de toutes parts. B. Dans les mammiferes. Les muscles des côtes ne présentent pas de diffé- rences remarquables dans les mammifères. Seulement les scalènes sont divisés en deux ou trois parties et 5’é- tendent plus ou moins loin selon les espèces. Dans le paresseux tridactyle, par exemple, ils arrivent jusqu’à la huitième côte; quelquefois les petits dentelés s'éten- dent jusqu’au point de se confondre presque en un ART. IV. MUSCL, QUI MEUVENT LE TRONC, ETC. 329 seul. Ceux du bas-ventre diffèrent de ceux de l’homme dans leur iongueur proportionnelle et dans le nombre de leurs lignes tendineuses. C’est sur-tout dans les muscles droits et pyramidaux que cette différence est très sensible ; car dans les carnassiers , les droits se portent souvent jusqu’à l'extrémité antérieure du ster- num, confondant leurs attaches avec celles des sterno- costiens, et alors les pyramidaux le plus ordinairement n'existent pas. [ I était à craindre que dans l'éléphant les muscles de l’abdomen ne pussent pas résister au poids des in- testins ; la nature y a pourvu en garnissant cet abdomen d’une lame épaisse de cette substance jaune élastique qui forme le ligament cervical, et qui empèche les fibres musculaires de se rompre. Le diaphragme des mammifères qui ont un nombre plus considérable de côtes que l’homme , ne s’attache point au bord des fausses côtes; il s’en éloigne d’autant plus que la cavité du tronc est plus profonde. ] Le diaphragme des chauves-souris a deux piliers très forts qui forment une espèce de cloison charnue sur la longueur de l’épine, en dedans de l'abdomen. Nous décrirons à l’article de la génération, les muscles propres à la bourse abdominale des didelphes et autres animaux à bourse. C. Dans les oiseaux. Le scalène des oiseaux ne diffère aucunement des releveurs des côtes ; qui des apophyses transverses de chaque vertèbre se portent au tranchant antérieur de chaque côte ; les plans supérieurs sont les plus épais; ils deviennent très minces sur les dernières côtes. 2£. 524 ni° LECON. DES 9$ ET LES MUSCL. DU TRONC. Les intercostaux internes et externes ont aussi uné direction contraire dans leurs fibres ; mais ils n’oc- cupent que les intervalles compris entre les coudes des articulations et les apophyses anguleuses, à l'exception des dernières côtes où ces muscles existent en devant et en arrière, parce qu'il n’y a pas là d’apophyses. Le triangulaire du sternum vient de la partie supé- rieure et latérale de cet os, et se porte au tranchant Ge la seconde articulation de la première des côtes sterno- vertébrales. [1 part de là d’autres fibres qui se portent à la deuxième, et ainsi de suite. Ces fibres deviennent de plus en plus minces. Leur direction est presque pa- rallèle à l'axe du corps de l’oiseau. Il n’y a point de diaphragme dans les oiseaux. Leur bas-ventre est recouvert de trois couches de muscles bien distinctes, toutes transversales ; mais Er fibres ont des obliquités diverses. L’analogne de l’oblique externe a ses fibres trans- verses. Il s'attache à la crête de l'os des îles , recouvre les prolongements du sternum, et s’insère à la seconde ou à la troisième côte. Son aponévrose postérieure est très mince : celle qui l’unit à celui du côté opposé est très forte. L’analogue du petit oblique est entièrement charnu ; il est un peu moins large que le précédent. Il s’attache au tranchant postérieur de la dernière côte, et s’insère au tranchant antérieur de l'iléon. L’analogue du transverse forme la troisième couche. Ses fibres transverses sont un peu séparées entre elles, et comme par faisceaux ; il a les mêmes attaches que les précédents. Il n’y a ni muscles droits, ni pyramidaux. sa St se: ART, IV, MUSCL. QUI MEUVENT LE TRUNC, ETC. 323 D. Dans les reptiles. Dans les orenouilles , qui sont privées de côtes , et dans les tortues chez lesquelles ces os sont immobiles, les muscles qui doivent s’y attacher se portent sur d’autres parties. Ainsi, dans les tortues, dont le plastron tient lieu des muscles abdominaux , ceux-ci se portent sur le bassin qu’ils meuvent. En général, on peut faire pour ces animaux cette ob- servation très remarquable, queles formes si singulières des muscles et des os semblent être À l’une de l’autre. En effet, les muscles n’étant pas situés au- dessus des os, ne les ont pas modelés, pour ainsi dire ; et l’immobilité de ces derniers, en dénaturant la forme du tronc, a donné à ces muscles d’autres figures, d’au- tres usages. [Dans les crocodiles, n’y a point de petits dentelés, le grand oblique se termine par une aponévrose qui recouvre les muscles de l’épine; le petit oblique et le transverse existent ; les intercostaux des côtes ventrales peuvent être considérés comme le muscle droit de l'abdomen, dont les côtes neseraient que les digitations ossifiées ; le pyramidal est fort grand : mais ce que cet animal offre de particulier, c'est que l’ischio-coccygien fournit une lame musculaire large qui, va s'attacher à cinq ou six côtes ventrales par autant de digitations. Sir Everard Home a fait connaitre dans ses leçons d'anatomie comparée, les muscles des côtes d’un boa ; il en compte cinq qui portent les côtes en avant. Nous décrirons ceux de la couleuvre à collier, qui offrent , à ce qu'il parait, quelques différences. 526 rri° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. Les transversaux-costiens, qui, de Papophyse trans- verse de chaque vertèbre, se rendent à la côte suivante, au quart environ de sa longueur. Les grands intercostaux latéraux occupent le flanc du tronc; ils naissent derrière les attaches des précé- dents, passent obliquement par-dessus quatre côtes, en leur envoyant cependant quelques fibres, et s’in- sèrent à la cinquième suivante. Les grands intercostaux inférieurs prennent nais- sance au-dessous des précédents, et se comportent de même; seulement ils sont plus longitudinaux, et oc- cupent un espace moindre sur la longueur de la côte. Les petits intercostaux sont placés entre les deux précédents, et vont d’une côte à la suivante. Sous ces muscles on trouve en outre les snter-costaux ordinaires divisés en deux plans. À la face interne se trouve un transverso-costien inférieur ; il naît de l'angle du tubercule qui donne attache à la côte, se porte obliquement en avant en past par-dessus trois côtes, et $’ insère à la quatrième, à peu près sous le milieu de sa longueur. Les côtes donnent également attache à des faisceaux musculaires qui vont se fixer à la peau ; les uns nais- sent du même point que les grands intercostaux la- téraux; ils se portent d'avant en arrière et de haut en bas, et vont se fixer, en s’élargissant en éventail, à côté des plaques ventrales ; les autres partent du bas de la côte, vis-à-vis du point où se fixe le long inter= costal inférieur ; ils se portent d’arrière en avant à l’angle de la plaque ventrale, à trois côtes environ au= dessus. Ces mêmes côtes donnent intérieurement atta- che à un muscle viscéral que nous verrons plus tard. | ART, IV. MUSCL. QUI MEUVENY LE TRONC, ETC. 927 Les muscles du bas-ventre de la grenouille n’offrent aucune particularité, si ce n’est que SE peau n’est point adhérente à leur surface, et qu’au lieu de s’attacher aux côtes, il sont unis au sternum par de fortes aponé= vroses. On peut faire la même observation sur les sala- mandres. Ce qu’elles présentent de particulier est la grandeur du grand oblique dans lequel se confondent tous les autres muscles. E. Dans les poissons. [ L'espace compris entre les côtes et la ligne médiane est occupé, comme la région de l’épine, par des muscles à fibres courtes et obliques, à intersections aponévroti- ques , qui ne peuvent être séparés l'un de l’autre, non plus que de ceux de lépine, et qu’on ne distin- gue que par une très légère différence dans la direc- tion de leurs fibres; le supérieur, qui peut être con- sidéré comme le grand oblique , se termine à la pointe inférieure des côtes ; il s’attache aux os de l’é- paule: l’inférieur , qui représente sans doute le droit abdominal, est divisé par autant de raphés qu’il y a de côtes: il va se fixer à la pointe des os huméraux, tout- à-fait sous la gorge , et donne en passant des attaches à l'os furculaire, et aux os qui supportent la nageoire ventrale. Entre cette nageoire et l’anale on trouve aussi léruban musculaire que nous avons vu exister entre les nageoires dorsales; maisil doit être considéré comme un releveur des rayons de ces nageoires. | 528 IU° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. ARTICLE V. Des MOUVEMENTS DE LA TÊTE SUR L’ÉPINE, Nous devons considérer la tête sous deux aspects : 10 Comme une cavité osseuse compliquée, qui con- tient et protége le cerveau et les principaux organes des sens, qui laisse passer des nerfs et des vaisseaux, et dont les deux mâchoires font partie; c’est ce que nous ferons dans la seconde et la troisième partie de ce cours. 2° Comme une masse plus ou moins pesante, ar- ticulée avec le cou , et qui peut être mue sur lui en différents sens, qui forme ainsi une sorte de conti- nuation de l’épine, dilatée et augmentée de divers ap- pendices : c’est sous ce dernier rapport qu’elle va nous occuper ici; nous n’en traiterons que comme d’une masse pesante, mobile, et dont les mouvements dé- terminés par son articulation, limités par ses liga- ments, sont produits par divers muscles: faisant abstraction pour le moment, et de sa division en os plus ou moins nombreux selon les différents ages, et des innombrables organes que renferment les cavités, objets, qui feront par la suite, la matière de leçons importantes et étendues. À. Dans l'homme. La tête de l’homme est composée de deux parties : une boîte ovale, nommée cräne, dont le dessus et les côtés sont presque également convexes, et dont la face inférieure est pius plane, ct monte oblique- ART, V. MOUVEM. DE LA TÊTE SUR L'ÉPINE. 929 ment d’arrière en avant, le corps étant supposé ver- tical. Sous la portion antérieure de cette dernière, est située la seconde partie de la tête qu’on nomme /a face; sa forme est presque celle d’un prisme ou d’un demi-cylindre dont la base, où est le palais, serait une parabole ; elle est traversée directement d’avant en arrière par le canal des narines , et s’élargit vers le haut, en devant, pour fournir la place des cavités co- niques où sont logés les yeux, et que l’on nomme les orbites ; de chacun de ces côtés part une espèce de branche qui se porte en arrière pour se rejoindre au crâne, et qui porte le nom d'arcade z3ygomatique. C'est sous l’endroit où cette arcade s’unit au crâne qu’est articulée la mächoire inférieure, qui, avec la portion demi-cylindrique dont nous venons de parler , achève de compléter la face cu le visage. Un des carac- tères particuliers à l’homme, est que les deux mäâ- choires ne se portent que très peu plus en avant que l'extrémité supérieure et antérieure de la boîte du crâne, que nous nommons le front, Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans un plus grand détail sur les trous, les sutures , les éminences et les cavités de toutes ces parties. Nous y reviendrons dans un autre article. La partie du plan inférieur du crâne, située plus en arrière que la face, est ce qu’on nomme l'occr- put, ou plus particulièrement la base du crâne. L'oc- ciput a une convexité irrégulière d’une autre courbure que celle du reste du crâne, et en est séparé en ar- rière par une ligne saillante qui représente deux arcs de cercle qu’on nomme arcades occipitales. Les extrémités latérales de cette ligne produisent 830 111° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. chacune une grande tubérosité descendante nommée l'apophyse mastoide, qui est située derrière le trou de l'oreille, et un peu plus bas. Au côté interne de sa base est un creux nommé.la rainure mastoïdienne. Précisement entre les deux apophyses mastoïdes, est le grand frou occipital qui donne passage à la moelle de l’épine, laquelle descend verticalement du crâne dans le canal commun des vertèbres. La partie osseuse, située devant ce trou jusqu’à la base postérieure du demi-cylindre qui forme la face, se nomme apophyse basilaire. Du milieu de arcade occipitale, descend au bord postérieur du trou de même nom, une ligne sail- lante droite, nommée l’épine de l’occiput; son extré- mité postérieure forme une éminence nommée {ube- rosité occipitale. La tête est articulée sur la première vertebre, de manière que le canal de celle-ci répond au grand trou occipital. Cette articulation se fait par deux facettes saillantes, situées au bord antérieur du trou occipital, regardant un peu en avant et en dehors; on nomme ces émi= nences condyles occipitaux; elles sont reçues dans deux cavités correspondantes de Patlas, et forment avec cette première vertèbre un ginglyme qui ne per- met de mouvement bien marqué à la tête, que celui par lequel elle décrit une portion de cercle dans un plan vertical d'avant en arrière. L’atlas est articulé évalement par deux facettes la- térales et un peu antérieures avec l’axis, ces facettes étant plus planes permettent un mouvement de ro- tation de l’atlas et de la tête sur l’axis qui en a tiré son nom. ART, V. MOUVEM. DE LA TÈTE SUR L'ÉPINE. 39L La partie antérieure de cette seconde vertèbre pro- duit une apophyse qui monte derrière la partie anté- rieure de l’atlas, et s'articule avec elle par une facette; on l’a comparée à une dent, et on l’a nommée odon- toile. Le reste du mouvement rotatoire de la tête est produit par la torsion de la portion cervicale de l’é- pine. Enfin, ses mouvements d’inclinaison à droite et à gauche sont produits en partie par son articulation sur l’atlas, mais sur-tout par les cinq vertèbres cervi- cales inférieures , auxquelles leurs facettes articulaires, tournées directement en arrière, laissent beaucoup de liberté dans le sens latéral. Plusieurs ligaments affermissent cette articulation et facilitent ses mouvements : les uns unissent les arcs de l’atlas avec l’occiput, et forment là deux fortes membranes ; les autres enveloppent les condyles dans leur articulation avec l’atlas, et en font la capsule ar- ticulaire; de plus, il part du sommet de l’apophyse odontoïde un ligament qui va s’insérer au bord anté- rieur du grand trou occipital, et qui détermine l’axe du mouvement; il y en a aussi de latéraux; et pour que cette apophyse ne blesse point la moelle épinière contenue dans le canal vertébral, il y a un ligament situé transversalement dans l’intérieur de l’anneau de l'atlas qui la maintient en situation. Enfin, on aper- çoit entre les muscles de la nuque, un vestige membra- neux de ce ligament qui va des apophyses épineuses des vertèbres cervicales à l’occiput, et qui, dans les animaux , prend tant d'épaisseur et d’élasticité ; c’est ce que l’on nomme ligament cervical. La position des deux condyles sur lesquels la tête 532 11° LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. porte, est telle qu’ils partagent, à très peu près en deux parties égales, une ligne qu’on tirerait de la par- üe la plus saillante en arrière, jusqu'aux dents inci- sives. Îl en résulte que, dans la station verticale, la tête est en équilibre sur l’épine. Le plan du trou occipital est presque perpendicu- laire à celui des yeux, et parallèle à celui du palais, ce qui fait que, dans la station verticale, les yeux et la bouche sont dirigés en avant. L'homme, et même l’homme blanc, est le seul dans lequel ces deux dispositions aient lieu complétement. Les nègres ont déjà la portion antérieure de la ligne ci-dessus indiquée , plus grande que la postérieure , parce que leurs mâchoires s’alongent un peu. Nous verrons ailleurs comment de cette dispo- position et de la faiblesse du ligament cervical, il résulte que l’homme seul est destiné à marcher debout, et qu'il ne pourrait marcher autrement. Nous verrons aussi comment tout le reste de son organisation est adapté à cette première nécessité. B. Dans les mammiferes. Dans l'orang-outang , non-seulement les mâchoires s’alongent encore plus, mais le trou occipital semble se porter en arrière et remonter vers la face posté- rieure du crâne, de manière que son plan forme avec celui des orbites un angle de Go° seulement. Ce prolongement va toujours en augmentant dans les autres mammifères, à mesure qu'ils s’éloignent de l'homme. Non-seulement les mâchoires, ou plutôt la face, finissent par former plus des trois quarts de la ART. V. MOUVEM. DE LA TÈTE SUR L'ÉPINE. 3933 tête, mais encore l’apophyse basilaire s’alongeant, re- pousse graduellement le trou et la face occipitale en arrière et en haut , en sorte qu'ils finissent par être non plus dessous, mais derrière le crâne, et quele plan de ce trou, faisant toujours avec le plan commun des orbites des angles plus petits, lui devient parallèle, et finit par ne plus le croiser au-dessous, mais au- dessus de la tête. C’est ainsi que s'explique la différence de direction de Ja tête des quadrupèdes, qui est telle que, si l’épine était verticale, il faudrait, pour que la tête füt en équi- libre, que les yeux fussent dirigés en arrière et la bouche vers le ciel. Dans la station à quatre pieds, la tête des quadru- pèdes n’est point soutenue sur l’épine par son propre poids, mais seulement par les muscles et les ligaments, et sur-tout par celui que l’on nomme cervical, qui vient des apophyses épineuses des vertèbres du dos et des lombes, pour s’attacher à l’épine de l’occiput et aux vertèbres du cou, et quise compose ordinaire- ment de deux lanières plus ou moins épaisses, réu- nies à leur bord interne, d’un tissu jaune éminem- ment élastique , que nous retrouverons dans d’autres circonstances, mais toujours avec cette même couleur et cette même élasticité. Comme l’homme wa pas besoin de ce ligament dans sa position ogdinaire, il y est si faible, que plusieurs anatomistes en ont nié l'existence. Les quadrupèdes, au contraire, lont d'autant plus fort, qu'ils ont la tête plus pesante ou le cou plus long. Dans le cheval, il vient des apophyses épineuses de 334 III LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. toutes les vertèbres du dos, excepté de la première, et de toutes celles des lombes, il se prolonge même jus- qu'au sacrum, et il se porte par des lames larges à trois ou quatre des vertèbres du cou. Dans la giraffe, il s'attache également au sacrum d’unepart, et aux vertèbres du cou, à partir de la sixième, jusqu’à l’axis. Les carnivores l’ont un peu moindre; mais c’est dans léléphant qu'il est le plus fort : il y entre dans un creux particulier de loc- ciput. [ Dans la taupe, on trouve sur la ligne médiane, entre le trapèze et le splénius, un petit os alongé qui donne attache a leurs fibres, et qu’on pourrait pren- dre pour un vestige ossifié du ligament cervical. | La face occipitale du crâne faisant dans les mammi- fères, par sa position, un angle beaucoup plus aigu avec sa calotte que dans l’homme , l’arcade occipitale y est plus vive et plus aiguë; elle forme des figures différentes selon les espèces. Les apophyses mastoïdes , gardant toujours la même inclinaison avec le plan du palais, diminuent par degrés l’angle qu’elles font avec la face occipitale, et finissent par être dans le le même plan qu’elle. Dans les singes, en général, les éminences mas- toides sont presque effacées. Dans toutes les espèces qui ont le museau alongé et de fortes dents laniaires, les arcades occipitales supérieures forment une crête saillante. Tels sont particulièrement le pongo, le bon- net chinois, le macaque , le magot, le cynocéphale, le papion et le mandrill. La chauve-souris a la base du crâne comme cour- Æ ART. V. MOUVEM. DE LA TÈTE SUR L'ÉPINE. 335 bée. Le grand trou occipital se trouve absolument en arrière : les apophyses transverses de la première ver- tèbre sont aplaties sur les côtés ; les caisses de l’oreil qui sont très grosses et comme soufflées, présente une grande saillie à la base du crâne. La base du crâne et l’occiput de la £aupe n’ont au- cune apophyse saillante. Les ours, et en général les gros camnassiers, por- tent à la face postérieure de la tête des crêtes sail- lantes , et dans une direction presque perpendiculaire au trou occipital; les apophyses transverses de l’atlas sont aussi très larges. Le lion, le tigre, le loup et le renard, ont la protubérance occipitale extrêmement saillante : leur tête est presque triangulaire en arrière. Dans les rongeurs, la face, vu le petit nombre de leurs dents, est moins prolongée que dans les chiens; le crâne alongé, arrondi en dessus , plat en dessous dans certains genres, est aplati supérieurement et inférieurement dans d’autres; l'articulation est en ar- rière, l’atlas est élargi dans ses apophyses transverses. La tête du fournmuilier est arrondie, et n’a aucune apophyse saillante, quoique la face soit conique et très prolongée. L’éléphant a la tête tronquée presque verticalement en arrière, l’occiput est comme cubique, les condyles sont sur le bord postérieur. La protubérance occipi= tale externe est remplacée par un enfoncement consi- dérable dans lequel est une crête longitudinale pour l'attache du ligament cervical. Dans le cochon, la tubérosité occipitale est large, échancrée, et presque perpendiculaire aux condyles, Paca 336 rrr° LECON. DES OS ET DES MUSCL. DU TRONC. Le r'inocéros a Vocciput plus oblique, et l’atlas aussi large que la tête. Les solipèdes et les ruminans ont les apophyses transverses de l’atlas aplaties, dirigées en devant, et lapophyse mostoide alongée ; de sorte que le mouve- ment latéral et antérieur de la tête sur la première vertèbre est très borné par cette conformation. Enfin, les cétacés ont un atlas large, souvent soudé avec l’axis; ses deux fosses condyliennes correspondent aux larges condyles de locciput, qui est arrondi ; l’ar- ticulation se fait à son extrémité la plus postérieure. C. Dans les oiseaux. La tête des oiseaux est disposée de manière à exer- cer de mouvements très marqués sur la colonne ver- tébrale : elle est toujours articulée en arrière par un seul condvle ou tubercule demi-sphérique, situé au bas du grand trou occipital. Ce tubercule est reçu dans une fossette correspondante du corps de la pre- mière vertebre. 1l en résulte non-seulement que le mouvement a plus détendue dans le sens vertical, mais qu'il y a une rotation horizontale : aussi voyons-nous les oi- seaux tourner leur tête au point de placer leur bec entre les ailes lorsqu'ils veulent dormir, tandis qu'au- cun mammifere ne peut porter le museau dans cette direction. Les apophyses mastoïdes se prolongent en une crête saillante qui se porte en dessous et en avant vers la ligne moyenne , où elle se réunit avec celle de l’autre côté. ART. V. MOUVEM. DE LA TÈTE SUR L'ÉPINE. 597 L'occiput est arrondi dans ceux qui ont le bec court , il est aplati et offre quelque crête dans ceux qui l'ont alongé. Dans le cormoran , la protubérance occipitale sup" porte un os alongé, triangulaire , qui donne des points d'attache au muscle qui tient lieu de ligament cer- vical. La première vertèbre des oiseaux est ur simple an- neau osseux un peu plus épais en devant, où il s’ar- ticule en dessus avec le condyle occipital, et en dessous, par une facette plane , avec la seconde vertèbre. La seconde vertèbre des oiseaux présente aussi sur la face supérieure, une apophyse odontoïde; mais elle est très courte et proportionnée à la hauteur de l’an= neau de l'atlas. | D. Dans les reptiles. La tête des reptiles est toujours articulée très en arrière, mais les mouvements dont elle est susceptible varient beaucoup selon les espèces. Dans le crocodile, 1 n’y a qu’un seul condyle situé au-dessous du trou occipital ; l’atlas est formé de deux portions : une postérieure, qui a la forme d’un seg— ment d’anneau ; une antérieure, qui est plus épaisse, reçoit le condyle et s'articule avec la seconde ver- tèbre : il y a deux apophyses latérales, longues, apla= ties, dirigées en arrière, qui remplacent les apo- physes transverses. L'apophyse odontoïde de la seconde vertèbre est courte et grosse; elle s'articule dans une cavité du corps de l’atlas. Cette seconde vertèbre a des apophyses transverses semblables à celles de la première. I. 22 Es dé; 5358 11° LECON. DES OS ET DES MUSC. DU TRONC. Les autres lézards ont à peu près la mème conforma- tion , mais le tubercule paraît comme partagé en deux par un sillon longitudinal super ficiel. Les tortues n’ont aussi qu’un seul condyle : de celles de terre , ilest prolongé , divisé en deux, comme celui des lézards ; dans celles de mer, il présente trois facettes articulaires en forme de trèfle. Comme ce tu- bercule est très enfoncé dans la cavité correspondante de l’atlas , le mouvement de la tête sur le côté doit être extrèmement gèné. Les autres mouvements de la tête des tortues sont ceux de protraction et de rétraction : ils dépendent de la flexion et de l’extension des ver- tèbres cervicales. Nous les avons déjà décrits. [ Nous aurions dû ajouter , relativement au mouve- ment de la tête et du cou des tortues: 1° Que dans les #rionyx la nature a pris une double précaution pour empêcher le mouvement latéral de la partie postérieure du cou. D’abord les articulations de la dernière vertèbre cervicale avec la première dor- sale sont disposées en ginglyme angulaire ; les apophy- ses articulaires postérieures de la cervicale étant en demi-cylindre creux, et lapophyse antérieure de Îa dorsale en cylindres pleins : en second lieu, le corps de la huitième cervicale est terminé en avant par deux condyles reçus dans deux cavités du corps de la septième. 2° Dans la satamata, qui, au lieu de ployer son cou verticalement, le ploie sur les côtés, la dispo- sition de ces articulations est tout autre. Le corps de la huitième cervicale est comprimé latéralement et arrondi à chaque bout; celui de la septième est au-contraire creux à ses deux extrémités , N ART. V. MOUVEM. DE LA TÈTE SUR L'ÉPINE. 909 celui de la sixième arrondi postérieurement et creux antérieurement, celui de la cinquième arrondi à ses deuxextrémités, etlesautres, comme de coutume, creux à l'extrémité postérieure et arrondis à l’antérieure. Il résulte de cet arrangement combiné avec la dis- position des apophyses articulaires, que le cou peut éprouver une double courbure latérale. Il existe aussi sur toutes ces vertèbres cervicales, une apophyse trans- verse assez forte, qui donne vraisemblablement attache aux muscles rétracteurs du cou. | Les serpents ont trois facettes disposées en trèfle, rapprochées en un tubercule au-dessous du trou occi- pital. La tête n’est pas plus mobile sur latlas que les autres vertèbres ne le sont entre elles. Les grenouilles, les crapauds et les salamandres ont la tête articulée par deux condyles sur une première _vertèbre peu mobile. E. Dans les poissons. L’occiput des poissons est comme une troncature verticale du crâne. Le tubercule par lequel il s’unit aux vertèbres est unique et placé au-dessous du trou occipital. Cette union se fait à l’aide de cartilages, par des surfaces plates ou concaves , de sorte que le mou- vement doit être borné dans tous les sens. La partie supérieure de l’occiput, dans quelques espèces, pré- sente des apophyses latérales aplaties, très saillantes , et particulièrement une épine longitudinale qui se ter- mine au-dessus du grand trou de la moelle épinière. La base du crâne dans le plus grand nombre n’est 22, 340 111° LECON. DES OS ET DES MUSCL, DU TRONC. formée que par une crête longitudinale plus ou moins arrondie. Dans quelques espèces, comme le nerlan, a perche, le salmone, etc, la protubérance occipitale est très prolongée en une vive arète. Les squales et les raies ont la tête articulée avec la colonne vertébrale par deux condyles, mais cette arti- culation est peu mobile et maintenue fixement par des fibres ligamenteuses (1). [(1) Au moment où nous terminons impression de cette lecon, M, le docteur Jourdan, directeur da Muséum d'histoire naturelle de Lyon, nous communique une observation fort remarquable : il a trouvé sur une couleuvre de l’Afrique Méridionale { Coluber scaber, Merr. l Anodon typus de Smith ) une espèce d’appareil dentaire appartenant à la colonne verté- brale. Les apophyses épineuses inférieures des trente vertèbres qui suivent Paxis présentent la plupart des caractères des dents, et portent comme elles une couronne recouverte d'émail. Leurs formes distinguent naturellement ces apophyses dentaires en deux séries; les vingt-deux premières font peu de saillie ;leur couronne est tranchante, alongée parallèlement à l'axe du corps, et aplatie transversalement; les plus antérieures sont dirigées un pen obliquement en bas et en arrière, les moyennes directement en bas; les postérieures prennent une direction oblique en bas et en avant: ces der- nières et les moyennes ont perforé les tuniques de l’œsophage, et se sont fait jour dans sa cavité. La deuxième série comprend huit dents, dont la direction est très obli- que en bas et en avant; leur forme est celle de dents incisives: leur lon- gueur est de deux lignes, et leur couronne qui est libre dans l’intérieur du cana! digestif, est aplati d’arrière en avant : les membranes œsophagiennes les environnent d’un bourrelet dont la texture se rapproche de celle des gencives. Ce singulier appareil paraît destiné à briser les œufs dont l'animal se nourrit, lorsqu'ils sont assez engagés dans l’œsophage pour que leur contenu ne s’écoule point au dehors. | ART. 1% COMPARAISON DES EXTRÉMITÉS, 941 ÈS RC ETC QUATRIÈME LEÇON. DE L'EXTRÉMITÉ ANTÉRIEURE, OU MEMBRE PECTORAL. a ARTICLE PREMIER. COMPARAISON DES DEUX EXTRÉMITÉS. On a remarqué depuis long-temps que les deux ex= trémités de l’homme ont quelques rapports dans le nombre et les formes de leurs os et dans les dispositions de leurs muscles. Vicq-d’Azyr a consacré un mémoire spécial à développer ces rapports, et il n’en a pas fallu davantage pour y voir une répétition complète pour fonder même un système entier, dans lequel la répéti= tion serait le principe de la composition animale, non- seulement pour les extrémités, mais pour toutes les autres par ties. Cependant, ici comme dans toutes ses autres produc= tions, la nature s’est bornée à employer des moyens RTE pour ce que ses buts avaient de semblable, et elle n’a point hésité à les varier toutes les fois Me ses buts avaient quelque chose de différent, et confor= mément à ces différences. Ainsi, il est vrai que dans l’homme et dans la plu part des quadrupèdes, mème ovipares, chaque extré= mité est divisée en quatre parties ; l'épaule qui ré= pond au bassin, le bras qui répond à la cuisse, lavant-bras qui répond à la jambe, la main qui répond au pied; que dans la main elle-même, il ya le 342 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL, carpe qui répond au tarse, le métacarpe qui répond au métatarse, et les phalanges qui portent le mème nom dans les deux extrémités. Mais il est vrai aussi, d’abord que les deux extrémités se ploient en sens inverse, comme l'avait déjà remarqué Aristote ; aussi Vicq-d’Azyr fait-il observer que c’est la droite d’une paire qu’il faut comparer à la gauche de l’autre ; ensuite, que dans les animaux qui marchent, la paire postérieure donnant l’impulsion est attachée fixement à l’épine, tandis que l’antérieure ne l’est qu'au sternum. La composition, les articulations diffèrent aussi, et toujours d’après l’usage. Si los des îles a quelque rapport avec l’omoplate, les deux autres os du bassin sont bien mal représentés : soit que l’on prenne la clavicule pour le pubis , soït qu'on la prenne pour l’ischion, comme le voudrait la position inverse des deux extrémités; le vestige de coracoïdien pourra à peine être mis en ligne de compte. Le marsupial des animaux à bourse n’est jamais repro= duit à l'épaule, quoiqu’on l'ait dit (nous le prouverons en détail) : très souvent, la clavicule manque: le cora= coïdien est presque réduit à rien, tandis que le bassin garde ses trois os bien développés. L’articulation de la jambe sur la cuisse est très différente de cellede l’avant- bras sur le bras, parce que les mouvements devaient aussi être différents; par la même raison, le tarse r’a qu'une ressemblance très incomplète avec le carpe, et ce peu de ressemblance même s’évanouit entièrement dans les oiseaux, non-seulement entre le tarse et le carpe, mais entretout le reste de l'extrémité, parce que le mode de leur station, d’une part, et la nature de leur ART. 1°* COMPARAISON DES EXTRÉMITÉS. 2943 vol, de l’autre, exigeaient des dispositions quileurfussent propres. Que devient d’ailleurs la loi de la répétition dans les cétacés qui n’ont pour tout bassin'qu’un vestige de pubis ; dans les lamantins, les dugongs, les sirènes, les poissons apodes, où il n’en reste aucune trace. La classe tout entière des poissons se serait-elle prêtée à cette spéculation , si l’on avait commencé par elle la compa= raison ? elle, où extrémité antérieure est si compliquée, et où la postérieure est si simple , où par un arrange= ment tout contraire à celui des autres vertébrés, c’est l’antérieure qui se fixe solidement au tronc, tandis que la postérieure est si souvent simplement suspendue dans les chairs. On voit, au contraire , très bien la raison de cette disposition propre aux poissons, dans la part prépondérante que lextrémité antérieure, la na- geoire pectorale, prend dans le mouvement de la na= tation. Il ne s’agit donc nullement, dans les ressemblances des extrémités , d’une vaine loi de répétition que leurs différences réfutent suffisamment; c’est par cette fa- cilité à généraliser sans examen des propositions qui ne sont vraies que dans un cercle étroit, que l’on est ar= rivé à l’établir. Ces ressemblances et ces différences sont également déterminées, non par la loi de répétition , mais par la grande et universelle loi des concordances physiologiques et de la convenance des moyens avec Je but. 844 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. ARTICLE II. DES OS DE L'ÉPAULE. À. Dans l'homme. L’épaule de l’homme est formée de deux os , qu’on nomme l’omoplale et la clavicule. L'omoplate ou scapulum a la figure d’uu triangle presque rectangle, dont la situation dans l’état de repos est telle, qu’un des côtés est parallèle à l’épine. Ce côté est le plus long; un autre côté, d’un tiers moindre, est vers la tête : on l'appelle cervical ou supérieur ; il fait avec le précédent un angle presque droit. Le troisième côté regarde obliquement en dehors et en bas : on le nomme bord costal. L’angle supérieur , antérieur ou externe, que le bord costal fait avec le cer- vical, est tronqué par une facette articulaire , ovale, d'un tiers plus haute que large, sur laquelle se meut la tête de l’os du bras; ce qui l’a fait nommer huméral. Au-dessus de cette facette articulaire est une saillie du bord supérieur, qui se porte en devant et se recourbe un peu en bas, en forme de crochet obtus. C’est ce qu’on nomme l’apophyse coracoide ; sa longueur nor- male dans l’adulte égale la hauteur de la facette ar= ticulaire ; derrière elle , le bord cervical a une petite échancrure ronde. La face convexe ou externe de l’omoplate porte, vers son tiers supérieur, une crête qui la coupe trans- LI Le d 5 ANT, Il. DES OS DE & ÉPAULE. 54 versalement depuis le bord dorsal jusque près de l’ar- ticulation, et qu'on nomme l’épine. Cette éminence va en s’élevant, et se prolonge en une portion libre, aplatie et élargie, qui se porte au-dessus de l'angle bu- méral : c’est l’acromion. La partie de cette face externe, qui est au-dessus de l’épine, se nomme fosse sus-épi= neuse, et l’on appelle sous-épineuse celle qui est au- dessous. La face opposée est un peu concave et s’appli- que aux côtes. L’omoplate est un des os où l’ossification est assez précoce; maiselle demeure long-temps divisée en plu= sieurs pièces. Dans les jeunes sujets, l’apophyse cora- coïide forme un noyau séparé, qui ne s’unit au corps de los que vers quinze ou seize ans. Nous verrons que, dansd’autres classes, analogue de cet os coracoïdien prend beaucoup de développement, et une grande importance. L’acromion aussi demeure long-temps cartilagineux: mais il s’ossifie vers quinze ou seize ans, et forme une épiphyse qui ne se confond avec l’os qu’à vingt-deux ou vingt-trois. Il ya aussi une épiphyse moindre à l’angle posté= rieur inférieur, où le bord demeure plus long-temps cartilagineux que le reste de l’os. La clavicule est un os long et fort, à double cour- bure, appuyant l’une de ses extrémités contre le haut du sternum ; et l’autre, celle qui est aplatie, contre la concavité de l’acromion. Cette dernière extrémité suitles mouvements de l’omoplate, qui glisse en tout sens sur la partie postérieure des côtes , auxquelles : n’est point articulé, mais seulement attaché par des muscles ; chacun de ses bords ou de ses angles, peut 346 IV° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. aussi s’en écarter , ou se presser contre elles. Cet os, l’un des plus précoces du corps pour l’ossification , a cependant vers l’âge de vingt ans, une petite vs à son extrémité sternale. ‘épaule de l'homme, et par conséquent toute son extrémitésupérieure, n’est, comme on voit, articulée au reste du squelette que par le bout de la clavicule quise Joint au sternum. Quelques ligaments unissent l’omoplate à la clavi- cule , et ce dernier os au sternum. Les premiers vien= nent de son apophyse coracoïde , et se fixent à l’extré= mité acromienne de la clavicule. Les seconds sont : d'abord, l'inter-claviculaire, qui unit ensemble les deux extrémités des clavicules en arrière du sternum ; en= suite d’autres fibres qui, de la face inférieure dé la clavicule, se portent obliquement au cartilage de la première côte. Enfin, chacune des extrémités de la cla= vicule porte sa capsule articulaire, dont l’une s’attache au pourtour de la facette acromienne, et l’autre à celle du sternum. B. Dans les mamimiferes. Les épaules des mammifères différent de celles de l’homme par l’absence ou les proportions de la clavi= cule, et par la conformation de lomoplate. La clavicule existe dans tous les quadrumanes , à peu près comme dans l’homme : elle manque entière= ment dans tous les animaux à sabots ; tels que les élé= phants, les pachydermes, les ruminants, et les solipèdes. Quant aux animaux onguiculés, il n’y a rien de géné= ral. En effet, parmi les carnassiers, les chéropteres , ART, Il. DES OS DE L'ÉPAULE. 347 les pédimanes et les insectivores Yont parfaite : le reste, c’est-à-dire les carnassiers, comme chiens, chats, be- lettes, ours, coatis, ratons, loutres, phoques, etc., n’ont que des os claviculaires suspendus dans les chairs, qui ne touchent ni le sternum ni l’acromion, et ne s’y attachent que par des ligaments, et qui manquent même entièrement dans queiques individus. On a cru pouvoir concilier l'absence de clavicule avec la doctrine de l’unité de composition, parce que Von a observé dans l’omoplate du poulain un'petit grain osseux dans le haut de la facette glénoïde, en avant du tubercule analogue du coracoïdien ; mais c’est une erreur. Ce grain particulier se voit dans les jeunes su= jets de plusieurs espèces qui ont uneclavicule parfaite, notamment dans les singes; et, au contraire , il man- que à d’autres espèces qui manquent aussi de clavi- cules, comme les ruminants. La clavicule de la £aupe est sur-tout remarquable par sa briéveté et par sa grosseur qui l’emporte sur sa longueur, ce qui lui donne une forme très singulière et une connexion inusitée, car elle n’est liéeà l’acromion que par un ligament, et elle s'articule avec l’humérus par une large facette; de l’autre part elle s’attache à la partie saillante en soc de charrue du sternum. Les con= dylures et les scalopes l'ont semblable ; mais dans la chrysochlore, elle est longue et grêle comme dans les autres insectivores. Celle des chauves-souris est très grande, robuste, arquée et souvent comprimée comme un sabre. Parmi les rongeurs, la clavicule est parfaite dans les écureuils, les rats, les castors, les porcs-épics; elle 848 IV LECON. DU MEMERE PECTORAL. manque aux cabiais. Les lièvres ont la clavicule sus= pendue dans les chairs. On retrouve cet os dans beaucoup d’édentés, tels que les tatous, les fourmiliers , les paresseux ; mais la clavicule manque entièrement dans les pangolins. Les cétaces n’ont aucun vestige declavicule. On voit, par cet exposé, que la clavicule existe dans tous les animaux qui portent souvent leurs bras en avant, soit pour saisir, comme les sirges, les rongeurs; soit pour voler, comme les chauves-souris, etc. Qu’elle manque tout-à-fait dans ceux qui nese ser- vent de leurs extrémités antérieures que pour marcher, et qu'il y en a des rudiments dans ceux qui tiennent le milieu entre ces deux classes opposées. Sa forme , toute particulière dans la taupe, est en rapport avec la forme non moins extraordinaire de l’humérus et de tout le membre antérieur , calculé pour creuser la terre avec une grande puissance. En effet, la clavicule est un puissant arc-boutant qui empêche le bras de se porter trop en avant ; aussi verrons-nous dans les oiseaux cet os prendre une force plus grande en se réunissant à celui du côté opposé pour former ce qu’on appelle la fourchette. La plupart des mammifères diffèrent de l’homme, en ce que le côté spinal de leur omoplate est plus court à proportion; il est même presque toujours le plus court des trois ; cependant les chauves-souris, les pa- resseux, d’autres édentés, l'éléphant et la plupart des cétacés, font exception à cette règle. Ce caractère est très sensible dans l’omoplate des singes dont le côté spinal n’est pas plus long que le cervical, en conséquence la fosse sous-épineusene l’em- I ART. JI. DES OS DE L'ÉPAUTE. 549 porte pas autant sur l’autre en étendue. L’angle pos- térieur supérieur est aussi plus obtus, ou même tout- à-fait arrondi; leur apophyse coracoïde s’infléchit da= vantage vers le bas. On voit aisément la raison pour laquelle l'omoplatedes chauves-souris a une conforma- tion particulière et s’alonge beaucoup dans le sens spi- nal; c'était pour lui donner par ses muscles la fixité né- cessaire aux mouvements du vol; en conséquence son bord spinal dans la roussette est presque triple de son bord cervical, son acromion est très grand et dirigé vers le haut pour donner une attache suffisante à la grande clavicule, et son bec coracsïdien est plus long et plus courbé vers le bas que dans aucun animal, pour donner une plus forte attache au muscle biceps de l’'humérus. On retrouve les mêmes circonstances sauf quelques proportions dans les autres sous-genres. La taupe forme exception en sens contraire des chéi- roptères d’après la nature du mouvement que son bras doit exécuter. Son côté, dit cervical, setrouve parallèle à l’épine ct est cinq fois plus long que le spinal; l'omo- plate est donc très longue et très étroite, elle est même cylindrique vers son milieu. En avant son acromion se relève, mais faiblement parce que la clavicule ne s’y joint pas, en arrière son épine se relève aussi et se joint à l'angle postérieur inférieur et au bord inférieur qui est renflé en cet endroit. Il n’y a rien de coracoi- dien. De ces proportions il résulte que lomoplate peut aussi être très solidement fixée par les muscles. Il en est de même dans les condylures et les scalopes; mais dans le condylure, lacromion est long et grêle, et son bord spinal a une épiphyse osseuse. La chrysochlore a aussi une omoplate assez étroite, 350 1v® LECON. DU MEMBRE PECTORAL. mais comme sa clavicule est très longue, son épine saille beaucoup en avant, se recourbe vers le bas, et outre la proéminence pour l'articulation claviculaire, elle donne deux apophyses de son bord inférieur dont l’antérieure très pointue. Le galéopithèque a le bord dorsal égal au costal et d’un tiers plus long quele cervical; son acromion a une pointe recourbée en avant et en dedans pour la clavicule. Son coracoïdien en a deux; une en avant, et l’autre en arrière et fort longue, Dans les autres insectivores, tenrecs, hérissons, mu- saraignes, Vomoplate a le bord spinal environ de deux tiers de son axe; les fosses presque égales, lacromion grand, et outre sa proéminence claviculaire dirigeant une apophyse vers le bas, le coracoïdien réduit à un tubercule; ses bords antérieur et postérieur sont légé- rement concaves dans le hérisson, un peu convexes dans le tenrec, presque rectilignes dans la musaraigne. Ces deux derniers ont les angles arrondis, etc. Le bord spinal est oblique dans les hérissons et les musarai- gnes. Les carnassiers à clavicules rudimentaires ont l’acro- mion médiocrement saillant en avant, le coracoïdien réduit à un tubercule, le bord antérieur en courbe con- vexe, le postérieur droit ou un peu concave, l'angle supérieur antérieur effacé; mais malgré tous ces carac- tères communs, il n’en est pas un qui ne se laisse encore reconnaître à ses proportions et à ses courbures parti- culièeres. Dans les chats, la convexité du bord antérieur est uniforme, le postérieur est peu concave, l'angle posté- ART. II. DES OS DE L'ÉPAULE. 351 rieur presque droit; la largeur est de trois quarts de la longueur. Dans les chiens, la convexité encore uniforme est moindre, l'angle postérieur obtus, la largeur un peu plus de moitié de la longueur. Dans les ours, la plus grande convexité est au tiers du bord antérieur le plus près de la facette; il ya un angle au bord spinal au bout de Parête ; le bord pos- térieur concave est comme augmenté d’un lobe obtus sur sa moitié spinale, séparé par une arête de la fosse sous-épineuse, ce qui fait en quelque sorte une troi- sième fosse : l’ensemble formie un trapèze à angles ar- rondis, Les blaireaux, les ratons, ont lamême configuration, mais cette troisième fosse y est beaucoup plus petite; leur épine fait du côté huméral un repli et une légère saillie en arrière. L’omoplate du phoque commun a le bord antérieur si convexe, et le postérieur si concave, qu’elle repré- sente un croissant; l’épine la coupe obliquement en ligne droite en deux fosses peu différentes; sa plus grande saillie est vers l’huméral , elle n’atteint pas la face glénoïde; son crochet acromial est très court. On voit dans les jeunes que le tubercule acromial con- court à la facette. Dans le phoque à trompe Vomoplate est beaucou plus large, aussi large que longue; son bord postérieur est cependant encore assez concave ; l’épine lui est pa- rallèle, et la fosse post-épineuse quatre fois plus étroite que l’autre, qui elle-même est divisée en deux par une arête. Le crochet acromial se recourbe de manière à ne laisser qu'un trou entre lui et le col. 353 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL, L'omoplate des pédimanes a en général le bord an- térieur convexe, le postérieur droit, l’épine saillante, élargie vers le côté huméral, lacromion avancé et dé- passant la facette pour une forte clavicule. Le tuber- cule acromial prend part à la facette glénoïde par sa base; il a une pointe un peu recourbée dans le sarigue, davantage dans le phalanger ; est mousse dans le kanguroo et le phascolome; ce dernier a l’omoplate plus étroite que les autres, mais son acromion est le plus long de tous. Tous ces caractères annoncent des animaux qui font un grand usage de leurs mains. On en retrouve la plupart dans les rongeurs à clavi- cules entières. Ils ont tous une épine diiatée du côté huméral, un acromion long et avancé, un coracoïde à pointe un peu recourbée, prenant part-par sa base à l’articulation. Même dans les agoutis et les licvres, qui n’ont que des clavicules imparfaites suspendues dans les chairs, l’acromion est long et dilaté en avant où il produitune apophyse récurrente assez longue dans les Lièvres. Les plusgrandesdifférences desrongeursentreeux, tiennent au contour, à la convexité plus ou moins avancée de leur bord antérieur, à la largeur vers le dos, et à l’angle postérieur plus ou moins aigu. Les paresseux, fourmiliers et pangolins, ont à leur omoplate le bord spinal autant et plus long que l’hom- me ; cetos est aussi chez eux beaucoup plus large qu’à la plupart des quadrupèdes, léléphant excepté et le phoque éléphant ou à trompe; ce qui tient à la force qu'ils mettent à l’emploi de leurs énormes ongles. Le paresseux est celui qui a ce côté le plus long, les autres Vont plus arrondi. Dans les tatous et les oryctéropes, il ART. I. DES OS DE L'ÉPAULE. 353 est moindre; l'angle postérieur des tatoils est remar- quable par sa courbure et sa saillie aiguë. Tous ces ani- maux ont l’acromion considérable et propre à donner attache à une forte clavicule. Dansles paresseux, dans le tamanotr et letamandua,iy a au bord cervical, derrière la protubérance coracoïdienne, une forte échancrure qui se cerne avec l’âge et devient un trou rond; de plus, l’acromion s’alonge beaucoup, et dans les paresseux son extrémité va se souder à celle du coracoïdien, et c’est au bas de leur union que s'attache la clavicule. Ces deux caractères singuliers du trou et de l’union de la clavicule avec le coracoïdien se sont retrouvés dans un animal fossile le mégathérium. Le coracoïdien ne fait crochet que dans les tatous, où de plus l’acromion, tres alongé, forme pendant long-temps un os séparé du reste de l’épine de l’omoplate. Parmi les pachydermes, l'élephant a quelque chose qui le rapproche un peu des rongeurs à elavicule im- parfaite, des liévres: c’est Papophyse pointue de son épine qui se dirige en arrière en se courbant un peu vers le bas, mais elle tient au milieu de l’épine et non pas à son extrémité humérale. D'ailleurs l’omoplate de l'éléphant ne ressemble à celle d'aucun autre animal, en ce que son bord spinal, égal en longueur au bord cer- vical, estpresque double du costal, ce qui donne un triangle précisément inverse de lomoplate humaine : d’ailleurs son acromion est assez saillant, mais elle n’a qu’une petite proéminence coracoïdienne. Les autres pachydermes, rhinocéros , tapir , cochon et cheval, n’ont point de vrai acromion; leur épine s’efface au col, mais elle fait, à son tiers postérieur, un angle saillant un peu recourbé en arrière; du reste, | @ 29 354 IVe. LECON,. DU MEMBRE PÉCTORAL. le cochon et lo cheval ont Vomoplate en triangle pres- que isocèle, dont le côté spinal a moitié de la longueur des deux autres. Le rhinocéros Va oblongue ; le tapir, ovale et largement échancrée au col en avant. Leurs protubérances coracoïdiennes sont médiocres où pe- tites ; le cheval Va un peu crochue. L’hippopotame se rapproche un peu plus des zwmr- nans, en ce que son omoplate triangulaire , est de plus d’un tiers plus longue que large; que c’est à son extré- mité humérale que l’épine saille le plus; mais la pointe acromiale s’y prolonge un peu plus que le bord; de plus, le bord antérieur à vers son tiers huméral une courbure convexe; le coracoïde est fort saillant. Les ruminans ont une omoplate presque en triangle isocele jusqu’au col ; le côté dorsal fait moitié de la longueur de l'os dont la surface est très inégalement divisée , la fosse sus-épineuse n'ayant pas moitié de la largeur de lautre.L’arête va en s’élevant jusque sur le col où elle est tronquée subitement. Dans les chameaux et les lamuas, Va pointe de l’acro- mion s’alonge plus que dans les rwminans ordinaires vers l’articulation, ce qui fait en ce point un passage à Ja forme de l’Aippopotame. Dans les cétacés dont le mouvement progressif dé- pend essentiellement de l'extrémité antérieure, puis- qu'ils n’en ont point de postérieure, lomoplate reprend une grande largeur : son bord dorsal est presque dou- ble de sa hauteur; la fosse antépineuse est réduite à un léger sillon; l’épine est très peu saillante, mais il en naît subitement une très grande production acro- miale en forme de lame large, coupée cbliquement, dirigée en avant; ce qui n’empêche pas le bord cervical ART. II. DES 05 DE L'ÉPAULE. 399 d’avoir aussi, mais sur le bord même dela face gléncide une production coracoïdienne aussi en forme de lame et dirigée en avant, moindre cependant que lacro- miale. Le dauphin du Gange n’a point de fosse antépineuse ni de production coracoïdienne. L’omoplate des r'orquals d'Europe diffère peu de celle du dauphin; elle est encore plus large. Le rorqual du Cap Va très large; mais aussi sans co- racoïdien. Celle de la baleine est plus étroite; son acromial est plus petit, et elle n’a pas de coracoïdien. Dans le cachalot, Yomoplate est moins large ; elle est concave à sa face externe et convexe à sa face in- terne ; son acromion et son coracoïde sont longs , Mais plus étroits que dans les dauphins. L’épaule des #20on0trèmes n’est pas moins singulière que leur sternum et doit être décrite séparément. Nous avons vu que le premier os sternal est en forme de T. L’omoplate proprement dite a le bord antérieur droit, sauf une apophyse saillante de son tiers inférieur; le postérieur concave, le dorsal légèrement convexe; ce qui lui donne une figure irrégulière de fer de hache. Dans l’échidné, la face externe a une légère arête, mais qui n’est pas dans l’ornit/:orinque. La branche la- térale du T sternal vient s’articuler avec l’apophyse du bord antérieur. La clavicule se colle tout le long du bord de cette branche et aboutit avec elle à cette même apophyse, que nous devons en conséquence regarder comme le véritable acromion : les deux clavicules se touchent en dessous; la tête de l'omoplate ne fait que moitié de la fosse où s'articule la tête de l’humérus; l’au- 29. 356 1Y° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. tre moitié appartient à un os que, d’après l’analogieavec ce qu’offrent les oiseaux , nous devons regarder comme répondant au coracoïdien. Cet os est rhomboïdal; un de ses bords, l’antérieur externe, concourt à cette fosse articulaire ; un autre, le postérieur interne, s’articule avec le deuxième os du sternum ; un troisième, l’anté- rieur interne, s'articule avec un os plat qui lui-même va s’articuler avec le manche du premier os du sternum, et passe même en partie sur sa face supérieure. de le nomme épi-coracoidien. Ce n’est que dans les sauriens qu’il est possible de trouver quelque chose d’analogue; encore la partie correspondante à l’épi-coracoïdien demeure -t-elle cartilagineuse. On voit que l’omoplate est d'autant plus étendue, dans le sens parallèle à l’épine, que animal fait faire à ses bras des efforts plus violents, parce que cette confi-- guration fournit aux muscles qui le fixent contre le tronc, des attaches plus étendues. Aussi l’homme et les singes , mais sur-tout les chauve-souris et les taupes, approchent-ils le plus de l’extrême alongement qu’on trouvera dans les oiseaux. C. Dans les oiseaux. L’épaule des oiseaux est composée de trois os : lomo- plate, du côté du dos; la clavicule ou fourchette et le coracoidien du côté opposé. Ces deux derniers os donnent à leur aile un double appui proportionné aux efforts qu’exige le vol. On a long-temps considéré comme leur clavicule los 4 ART. II. DES OS DE L'ÉPAULE. 997 que je nomme coracoïdien. (est un os droit, large, aplati d'avant er arrière, quis’insère inférieurement par une tête large et comme tranchante dans une fossette correspondante au côté du bord antérieur du sternum, où ila peu de mouvement. il se porte en avant et un peu de côté, etson extrémité supérieure s’élargit pour se diviser en deux apophyses : l’une antérieure ou in- férieure et plus longue, prête appui à l'extrémité de la fourchette ; autre, postérieure ou supérieure et ex- terne, s’articuleavec l’omoplate, et forme avec elle une fossette dans laquelle est reçue la tête de l’humérus. La fourchette où Vos furculaire, que je nomme maintenant clavicule, est impaire el commune aux deux épaules; sa forme est celle d’un demi-cercle, d’une parabole, ou d’un V dont la pointe est dirigée en ar- rière, et sc lie quelquefois à la quille du sternum; ses branches ont en outre une courbure vers le dehors ; près de leurs extrémités elles appuient contre la face interne des têtes humérales des deux coracoïdiens, que l’élasticité de la fourchette empêche de se rapprocher dans les mouvements violents du vol; la pointe de la fourchette se prolonge un peu au-delà , pour joindre une apophyse interne de la tête de lomoplate. L’omoplate est alongée dansle sens qui est parallèle à l’épine, et très étroite dans le sens opposé, souvent pointue mais quelquefois tronquée postérieurement, toujours plate, sans épine. La tête, ou l’extrémité hu- mérale devient plus épaisse pour s’unir au coracoïdien. En dehors est la portion de la facette que ces os présen- tent en commun à la tête de l’humérus; au bord dor- sal, tout près de la tête, estune petite pointe, seul vestige d’acromion, et qui répond à l'extrémité dela fourchette; 558 1v° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. cependant ces trois os, dans leur réunion, laissent en- tre eux un petit intervalle cerné de toutes parts où nous verrons que passe un tendon remarquable. Je me suis déterminé à regarder le premier des os que je viens de décrire comme un grand développement du noyau qui devient dans les mammifères l’apophyse coracoïde, et à considérer au contraire la fourchette comme une réunion de deux clavicules, parce que le premier finit souvent par sesouder à l’omoplate, parce qu’il occupe par rapport aux deux antres la position qu’occuperait l’apophyse coracoïde, tandis que la four- chette s’attache par sa pointe au seul acromion qu’ait l’omoplate; enfin, parce que les muscles qui s’attachent à ces deux os répondent à ceux des os correspondants des mammifères ; il est certain aussi que la fourchette commence par deux noyaux osseux, un de chaque côté. Je vois au reste que cette détermination a été générale- ment adoptée. de Les différences de vigueur et de force des coracoï- diens, d’élasticité et de tension de la fourchette, ainsi que les appuis qu’elle prend à la quille du sternum, sont en rapport sensible avec la force du vol de chaque oiseau. Les oiseaux de proie diurnes ont une fourchette très forte, dont les branches sont courbées ; leur convexité est en avant, et l'angle de leur réunion est arrondi et éloigné du sternum. Elle est sur-tout remarquable dans les vautours , les aigles, les milans , les buses , où elle est en demi-cercle et très vigoureuse, principale- ment à ses extrémités. Les faucons ne l’ont qu’en demi- ovale. ART: I{ DES OS DE L'ÉPAULE. 999 Dans les oiseaux de proie nocturnes, elle est en an- gle très ouvert et assez faible. Le secrétaire V'a articulée par une lame comprimée avec le bord antérieur de la quille du sternum. Les passereaux ordinaires, pies-grièches ; merles, moineaux, corbeaux, becs fins, et mêmeles hirondelles proprement dites, l’ont parabolique et augmentée dans le bas d’une lame comprimée verticalement, qui selie plus ou moins au bord antérieur de la crête du ster- num, Les martinets, les engoulevents, les rolliers ont plus approchante du demi-cercle ; libre dans les cokbris, elle est très grêle et a une petite pointe dans le bas. La huppe n’a pas de lame inférieure; le martin-pécheur non plus; maisil y en a une grande à chaque extrémité de ses branches. Le rainate a quelque chose d’appro- chant. e coucou a l'angle inférieur articulé avec la pointe de la crête sternale. Les perroquets ont la fourchette faible : la convexité des branches est en dehors. L’angle formé par leur rencontre est obtus et distant du sternum. Les gallinacés l'ont presque parabolique, où même en V. L’angle est prolongé en une lame aplatie latéra- lement, d’où partun ligament qui va atteindre la quille du sternum, laquelle est très basse dans ces oiseaux, par conséquent assez éloisnée en arrière. Les canards, les harles, les flamants, ont une four- _chetté conformée comme celle des oiseaux de proie. Dans les hérons et le cormoran, Yangle de la four- chette s’articule avec le sommet de la quille du ster- 560 IV® LEÉCON. DU MEMBRE PECTORAL. num;ilest soudéavec cet os dans les grues, les cigognes, le jabiru et dans le pélican. Dans les autruches il n’y a point de fourchette; le nandou a la pointe acromiale plus prononcée que dans les oiseaux à clavicule. Cette pointe s'étend davantage dans les casoars ; enfin dans les autruches elle est aussi prolongée que le coracoïdien , auquel elle se soude par son extrémité inférieure en laissant entre elle et lui un grand trou. Le casoar de la Nouvelle- Hollande a couchée sur son acromion une petite clavicule, qui ne se réunit point à celle du côté opposé. On voit que la fourchette est d’autant plus libre, plus forte et plus élastique, que l'oiseau vole mieux, et que les fonctions de cetos sont plus nécessaires. Quant aux oiseaux qui ne volent point du tout, il y est à peu près réduit à rien, ou du moins il est hors d’état d’é- carter, par sa résistance, les têtes des coracoïdiens; il n'y en a plus qu’un rudiment. Le coracoïdien lui-même a , dans les oiseaux, des formes en rapport avec la vi- gueur de l'aile qu'il doit soutenir. D. Dans les reptiles. Dans l'obligation singulière où était la nature de mettre les os de l’épaule et du bassin des tortues au de- dans du tronc et d’y attacher leurs muscles, elle semble s'être efforcée cependant de s’écarter le moins possible du plan sur lequel ces parties sont construites dans les ovipares. La fossette articulaire de l’humérus est formée par deux os, l’un antérieur, qui va de l’épine à Phumé- rus, autre postérieur qui se porte obliqnement en ar- rière et dont l’extrémité demeure libre dans les chairs. Le premier a deux branches cylindriques faisant ensem- ART, Il. DES OS DE L'ÉPAULE. 361 ble un angle plus ou moins ouvert, l’une qui monte, s'attache par un ligament sous la dilatation de la deuxième côte, mais en avant du vestige de la première, dont il ne reste que la tête articulée sous la seconde comme nous l’avons dit. L'autre branche descend se fixer à la faceinterne du sternum, vers l’angle de sa pièce impaire. Le deuxièmeos s’aplatit en arrière et y est plus ou moins dilaté et différemment configuré selon les sous-genres (1): ce dernier d’après sa position et les mus- cles qui s’y attachent, est manifestement le coracoïdien ; le premier par sa branche montante, quelque singulière qu’en soit la forme, représente certainement l’omoplate; sa branche descendante est son acromion; je n'ai pas vu qu’elle soit régulièrement séparée de l’autre, ce qui me fait douter que la tortue ait une clavicule. Elle n’a pas non plus de swr-scapulaire à moinsqu’on ne veuille donner ce nom à un petit grain qui setrouve quelque- fois dans le ligament supérieur. Les autres quadrupèdes ovipares ont aussi la cavité glénoïde qui reçoit la tête de l’humérus, formée par le concours de deux os, qui sereconnaissent plus aisément pour l’omoplate et le coracoïdien. La clavicule y inter- vient quelquefois aussi, au moins par une épiphyse. L’omoplate est divisée en deux parties : une dorsale et une humérale, ordinairement rétrécie un peu avant l'articulation en une sorte de col. La partie dorsale, que j'appelle sur-scapulaire, s’ar- ticule avec l’humérale par simple harmonie , ce qui lui laisse du mouvement; elle s’ossifie en partie et con- serve elle-même une portion cartilagineuse comme (1) Voyez Ossements fossiles , V. 2° part. pl. XIT, fig. 1 à 5. 362 IVe. LECON. DU MEMBRE PECTORAL. dans beaucoup de mammifères , en sorte que c’est à tort qu’on a prétendu la donner tout entière pour l'a= nalogue de cette partie cartilagineuse. Dans les crocodiles et les sauriens, la partie humé= rale ou scapulaire s'articule seulement au coracoï- dien pour former la fossette humérale; mais les têtes de ces deux os se joignent encore sur une certaine éten- due. Le coracoïdien va de son autre extrémité s’articuler avec le côté du sternum, mais il y a dans les sauriens, entre Sa portion osseuse et le sternum, une portion cartilagineuse ou tardivement ossifiée qui en diffère autant que le sur-scapulaire, et que j'appelle ép# coracoïdien. À cette omoplate et ce coracoïdien, se joint presque toujours une clavicule qui va de la pointe antérieure du sternum à l’omoplate, sans &’unir» comme dans les oiseaux, avec celle de l’autre côté pour former une fourchette; cette clavicule elle-même prend quelquefois part à la fossette articulaire; cela se voit notamment dans les grenouilles. Les principales différences des épaules des reptiles tiennent à la largeur de l’omoplate et du coracoïdien, et à la variété des apophyses par lesquelles l’omoplate s'attache à la clavicule, et le coracoïdien à l’épi-cora- coidien. La plus simple de ces épaules est celle du crocodile; son omoplate est étroite, un peu courbée au col, etun peu dilatée en avant de la fosse humérale pour conti- nuer son union avec le coracoïdien : son sur-scapulaire, peu considérable, demeure cartilagineux et presque membraneux. Le coracoïdien est presque une contre= épreuve de lomoplate , et a vers son extrémité ster- PRES RTE 7, 07 ART, II. DES OS DE L'ÉPAULE. 363 nale a peu près la même forme qu’elle a à son côté dorsal; il va se joindre immédiatement au côté du rhomboïde cartilagineux du sternum. [Il n’y à ni clavicile, ni épi-coracoïdien. L’épaule du caméléon est tout aussi simple, mais son coracoïdien est plus court et presque carré; il s’unit de même au sternum. Le grand nombre des sauriens a l'épaule plus com- pliquée. Nous avons vu que le sternum yaenavantune pièce osseuse en forme de T, ou de flèche, ou de croix. La clavicule s'attache, dans lesdeux premiers cas(monitors, iouanes),au-devant de la branche de chaque côté; dans le troisième (lézards, scinques ) à la pointe de la croix: cette clavicule se prolonge pour attacher son extrémité externe à l’angle dorsal antérieur du scapulaire, quel- uefois même , comme dans le scinque et le lézard, jus- qu’au bord antérieur du sur-scapulaire. Quand elle ne s'attache qu’à la pointe de la croix, elle est coudée, eta sa branche sternale plus large, et quelquefois percée d’un trou. Le coracoïdien est très large, et des échancrures y forment des branches le long desquelles s’étend un épi-coracoïdien plus ou moins en figure de croissant; le scapulaire lui-même a dans l’iguane, le porte-créte, Vo- phryesse une apophyse ou branche semblable, et l’épico- racoïdien s'étend jusque-là. Ces lames épi-coracoïdien- nes s'unissent à tout le côté de la pièce osseuse, et au bord antérieur du rhomboïde cartilagineux du sternum. Sou- vent elles se croisent en partie au-dessus du sternum. Dans les scheltopusick, ophisaures et orvets , quoi= qu'il ny ait point du tout de bras, il existe une épaule 364 IV. LECON. DÙ MEMBRE PECTORAL. et un sternum sur le plan des sauriens , une clavicule courbée qui, cependant, ne s'attache pas à l'os en T du sternum , un scapulaire cartilagineux , un coracoï= dien en formedehache, avecun épi-coracoïdien, etseu= lement un trou ovale entre deux; c’est l’épi-coracoïdien qui s’attache au-devant de l’os sternal. Dans les grenouilles, crapauds, etc. (le grand genre rana, Lin.), les trois os concourent à la formation dela cavité articulaire pour l’humérus ; le scapulaire , qui a au-dessus de lui un grand sur-scapulaire très ossifié , et surmonté cependant d’une expansion cartilagineuse, après avoir fourni sa facette à la fosse, se bifurque en deux apophyses ; une inférieure ou externe plus large, qui s'articule avec la clavicule ; une supérieure ou in- terne plus étroite, qui s'articule avec le coracoïdien au bord antérieur de la facette qu’il donne à la fosse; mais la clavicule s’articule aussi à ce bord dela facette et au- dessous de l’omoplate ; c’est à cet endroit même qu’elle concourt à former la cavité. IL faut remarquer cependant que cette portion de la clavicule est séparée, dans le jeune âge, du reste de los par une suture, et M. Dugez la regarde comme analo- que au grain quise voit dans la fosse glénoïde, de l’o- moplate de certains quadrupèdes , au-dessous du cora- coïdien. Ce qui, du reste, n’est pas moins certain, c’est qu'il y a une autre épiphyse à angle antérieur de l'apophyse claviculaire de lomoplate. La clavicule est dilatée du côté de l’omoplate. Son corps va vers la lisne moyenne rencontrer celle du côté opposé. Le coracoïdien en fait autant; il marche également vers la ligne moyenne et y trouve celui de ART. II. DES OS DE L'ÉPAULE. 365 autre côté. C’est dans la manière dont se fait cette jonction que les sous-genres Giffèrent le plus. Dans le squelette , la cavité glénoïde a dans le fond un trou demeuré entre les deux apophyses de l’omo= plate. Dans les vraies grenouilles, le coracoïdien est assez dilaté vers le sternum, pour y toucher la clavicule, lais= sant ainsi entre elle et lui, dans le squelette, un grand trou ovale. Tous deux se joignent à un cartilage inter articulaire, très étroit, qui les sépare de leurs semblables de l’autre côté, et que l’on peut regarder comme la partie moyenne du sternum , ayant encore en devant et en arrière des pièces osseuses. (ette partie mince s’ossifie aussi dans les vieux individus des grandes espèces. Dans les crapauds et la plupart de leurs subdivi= sions, la clavicule et le coracoïdien ne se touchent pas vers la ligne moyenne; ils s’écartent même, parce que la clavicule est arquée, mais une lame cartilagineuse va de lune à l’autre, et cerne, de ce côté, le trou qu’ils interceptent : la lame d’un côté croise sur celle de l’autre, et remplace ainsi la partie moyenne du sternum. Dans le pipa , cette partie moyenne est en quelque sorte formée par le rapprochement et l’union de ces deux lames. L’épaule de la salamandre, pour sa partie osseuse, ne forme , dans l’adulte, qu’une seule pièce, qui reçoit dans une fossette la tête de l’humérus. On y distingue cependant la partie scapulaire, en forme de hache, et la partie cléido-coracoïdienne, en forme de demi-cercle, où il n’y a qu’un petit trou pour marquer la limite des deux os: ils sont entourés d’une large expansion car- tilagineuse qui croise sur celle de l’autre côté , comme 566 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAT.. dans les crapauds. Le sur-scapulaire est entièrement cartilagineux. La même disposition a lieu dans les autres batra= ciens urodèles, nenobranchus, menopoma,amphiuma, roteus et sirène ; les parties ossifiées s’y réduisent de plus en plus. Nora. Comme le membre pectoral des poissons ne peut être comparé qu'avec quelque doute à celui des autres animaux vertébrés, nous avons cru devoir en traiter particulièrement et dans son ensemble ; cesera l’objet d’un article à la fin de cette leçon. | ARTICLE IL. DES MUSCLES DE L'ÉPAULE. À. Dans l'homme. L’épaule de l’homme est mue par plusieurs muscles, et en reçoit quatre sortes de mouvements principaux qui souvent se combinent : elle se porte vers le de- vant de la poitrine , ou bien elle est ramenée en sens contraire, on dit alors que le corps s’efface ; ou bien les épaules sont tirées en bas et maintenues abaissées, et l’on dit que le cou est dégagé; enfin elles sont por- tées vers la tête ou relevées, c’est ce qu’on appelle vul- gairement e7290ncer. Ces muscles sont au nombre de huit, et occupent, les uns la région dorsale , les autres les côtés et le de- ART. IIT. DES MUSCLES DE L'ÉPAULE, 367 vant du cou et de la poitrine. Les six premiers ap- partiennent plus spécialement à l’omoplate, sauf le trapèze qui va aussi à la clavicule; les deux derniers m’agissent que sur la clavicule, et il y en a deux, le sixième et le huitième, dont l’action sur l'épaule est de peu d'importance. Nous allons les décrire en abrégé, en commençant par les plus profonds. 1°. Le grand dentelé (scapulo-costien) est attaché à la face interne de l’omoplate près de son bord spinal, et s’épanouit pour se fixer par des digitations à la face externe des côtes, depuis la première jusqu’à la neu- vième. Par ses digitations inférieures, ce muscle attire l'épaule en bas en même temps qu’il la ramène en de- vant; par la contraction des digitations supérieures, il la porte en haut, ou vers la tête; enfin, par l’action des digitations moyennes, il maintient fixement l’é- paule en avant. Le dentelé antérieur qu’on nomme aussi pelit pectoral (costo-coracoïdien) tient d’une part à lapo- physe coracoïde, et de l’autre s’attache er descendant par trois digitations à la face antérieure des côtes depuis la troisième jusqu’à la cinquième. L’obliquité des fibres de ce muscle détermine l’abaissement de l’angle humé- ral de l’omoplate, en même temps qu’elle attire l'é- paule en devant. 3°. Le releveur, ou l’'angulaire de l'omoplate (tra- chélo-scapulien } est attaché à l’angle postérieur supé- rieur de l’omoplate. Il se porte vers le cou , où il s'at- tache par des languettes sur les apophyses transverses des vertèbres, depuis la seconde jusqu’à la cinquième, Il relève l’omoplate en arrière , en abaissant un peu 368 1V® LECON. DU MEMBRE PECTORAL. l'angle huméral, cet os faisant alors une espèce de bas- cule. 4°.Lerhomboïde (dorso-scapulier ) s'attache aux apo- physes épineuses de la cinquième, de la sixième et de la septième vertèbre cervicale et aux trois premières dorsales; il se porte en dehors,en descendant, et se fixe sur le tranchant de l’épine de l’omoplate, qu’il porte en arrière en même temps qu’il la relève un peu. 5°. Le trapèze ou cuculaire (dorso-sus-acromien ) recouvre le précédent et plusieurs autres, car il a une grande étendue; ses attaches sont dune part à Varcade occipitale et à toutes les apophyses épineuses, tant cervicales que dorsales ; et de l’autre, sur toute la longueur de l’épine de l’omoplate et sur une partie de la clavicule. Ses fibres supérieures descendent ; les in- férieures montent obliquement, et il agit en sens op- posé dans les contractions partielles, comme le grand dentelé ; en effet, sa partie supérieure relève l’épaule, sa portion moyenne la porte en arrière, et l’inférieure l’abaisse. Quand l'épaule et Le dos sont fixés, il agit sur la tète et la porte puissamment en arrière. 6°. L’omo-hyoidien ou coraco-hyoïidien ( scapulo- hyoïdien), muscle étroit et long, s’étend du bord supé- rieur de l’omoplate près du bec coracoïde, jusqu’à la base et aux grandes cornes de l’hyoïde; il abaisse un peu los hyoïde et doit servir à ses mouvements plus qu’à ceux de l’omoplate. 7°. Le sous-clavier (costo-clavien) est situé sous la clavicule , et n’a d’étendue que l’intervalle compris entre cet os et la premiére côte, espace dans lequel il est situé obliquement. Il fixe la clavicule sur la poi- trine dans les mouvements violents de l'épaule. ART. III. DES MUSCLES DE L'ÉPAULF. 369 8°. Le sterno-cléido-mastoidien, dont nous aurions pu parler en traitant des mouvements de la tête, car il agit sur elle dans l'homme plus que sur l’épaule, des- cend de l’apophyse mastoïde en dehors des autres mus- cles du cou, obliquement vers l’extrémité claviculaire et le haut du sternum ; toute sa moitié inférieure est sensiblement divisée en deux rubans, un pour chaque os, mais ceux-cise confondent dans le haut ; il incline la tête d’un côté, et la fait tourner du côté opposé : la tête étant ferme il soulève un peu la clavicule. B. Dans les mammiferes. On trouve chez ces animaux les mêmes muscles que dans l’homme, mais avec des variations dans les pro- portions et même dans les attaches, déterminées par les proportions et les formes du squelette, ainsi que par la nature des mouvements propres à chaque espèce; l’on y trouve en outre un muscle qui leur est propre. Le grand denteléest plus étendu dansles mammifères que dans l’homme ; car, l’orang-outang excepté, il s’y attache par des digitations non-seulement aux côtes, mais encore aux apophyses transverses des vertèbres du cou. Cela était nécessaire aux animaux qui marchent sur les quatre pieds, pour empêcher plus efficacement l'omoplate d’être repoussée vers l’épine : en effet, ce muscle forme, avec son correspondant, une espèce de sangle qui soutient le thorax. Comme il a la même étendue dans les st28es, c’est une des preuves que ces animaux sont destinés à marcher à quatre pieds; leur grand dentelé donne mème des digitations à toutes les vertèbres cervicales, tandis que dans plusieurs autres mammifères il n’en donne qu’à une partie. Dans le dau Ke 24 370 1° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. phin qui ne marche point, le grand dentelé ne se fixe pointaux vertèbres du cou, et dans le kanguroo, dont le membre antérieur est très faible, il ne va que jusqu’à Ja septième côte et à la troisième cervicale; tandis que généralement il s'étend comme dans l’homme jusqu’à la neuvième côte. Le petit pectoral manque dans les carnivores , dans quelques rongeurs et dans les édentés. Le cheval et le cochon ont un muscle qui le remplace : il prend nais- sance sur les côtes par des digitations; dans léle- phantil existe aussi sur la première côte, puis il va se rendre au bord antérieur de l’omoplate ; mais il s’u- nit eu passant aux fibres du grand pectoral pour s’at- tacher en partie à l’humérus. Dans le dauphin il est remplacé par un muscie qui n'a qu’une digitation in sérée sur le sternum vers l'extrémité antérieure : elle se fixe au-dessus de la cavité humérale de Pomopiate. Ce muscle, dans les autres mammifères, ne va que jus- qu’à l'humérus et se confond avec le grand pectoral dont il ne fait plus qu’une division. Dans quelques rongeurs, le lapin, le rat-laupe, Vagoutt on trouve un muscle mince, naissant sur l’aponévrose du sus- épineux, et s’insérant à l’os claviculaire, qu’on pourrait regarder comme l’analogue du petit pectoral. Le releveur de l’'omoplate est rarement distinct du grand âentelé, dont il n’est à proprement parler que le faisceau antérieur. [l se trouve dans les sarigues , les kanguroos , l’ornithorinque, Ves cochons. Quelque- fois son insertion passe au bord supérieur externe de l’omoplate ; alors il pourrait être regardé comme un rhomboïde ‘du cou : c’est ce qu'on voit dans le pha- langer, dans la marmotte et dans l'éléphant. ART. III. DES MUSCLES DE L'ÉPAULE. 371 [ Le muscle propre aux mammifères peut s’appeler acromio-trachélien (acromio-basilaire de Vicq-d’Azyr). Il avait été confondu , dans la première édition de cet ouvrage , avec le précédent ; mais comme ils existent conjointement dans quelques espèces , dans les cochons par exemple, on doit le regarder comme un muscle distinct; son action n’est d’ailleurs pas la même que celle du précédent. Comme ilse porte de l’acromion à l’apophyse transverse de l’atlas et quelquefois des deux vertèbres suivantes, il est horizontal et doit por- ter l’omoplate directement en avant. On le trouve dans tous les mammifères, l’homme excepté, ce qui sem- blerait prouver qu’il est une des conditions de la station quadrupède. | Dans les carnivores , les rongeurs et quelques ruminans, le trapèze étant partagé , il passe entreses deux portions. Dans le chat, il a deux attaches supérieures : l’une à l’apophyse transverse de l’axis, et l’autre à l’apophyse basilaire de l’occipital. Dans le chien et dans l'ours, il ne s’attache qu’à la première vertèbre du cou. Dans le lapin, il n’a d’atta- che qu’à l’apophyse basilaire seulement. Dans le che- val il en a aux cinq premières vertèbres. [Dans les chameaux, sans doute à cause de la cour- bure du cou, il s'insère tout près de l’omoplate, à la cinquième ou sixième cervicale. ] Dans le dauphin, \ s'attache à l’apophyse transverse de la première vertèbre, mais son tendon s’épanouit sur toute la face externe de l’omoplate. [Rien ne prouve mieux que ce muscle, combien il est difficile de créer une bonne nomenclature en anato- mie comparée; nous venons de voir qu’il se fixé quel- quefois à la tête, et d’autres fois aux dernières cervi- 2 À 24 572 tv‘ LECON. DU MEMBRE PECTORAL. cales , son insertion au membre varie évalement. Dans le taptr elle se fait sur l’aponévrose du deltoïde, dans le cheval elle a lieu à la partie moyenne de lhumérus par deux tendons aponévrotiques qui laissent passer entre eux le brachial interne. ] Le trapèze, qui est à peu près dans les singes comme dans l’homme , prend une nouvelle forme dans les mammifères sans clavicules, ou dans ceux qui n’en ont que d’imparfaites. Sa portion claviculaire, se joint par un raphé à la même portion du deltoïde qu’elle ren- eontre ; il en est de même du cléido-mastoidien (qui est fort distinct du sterno-mastoidien), {| résulte de cet ensemble un seul muscle, qui agit immédiatement sur l’humérus. On pourrait l’appeler r74sto-humérien. Cest celui que les hippotomistes appeilent muscle commun de la téte, de l'encolure et du bras. Cette por- tion claviculaire du trapèze est très distincte de Ja portion scapulaire: elle en est même séparée dans plusieurs animaux par l’acromio-trachélien qui passe entre elles; elle est plus ou moins étendue , selon les espèces. Ainsi, dans le chien et dars le chat, ses fibres vien- nent en partie du ligament cervical. Dans le lapin, il n’en vient que de l’occiput. Dans l’ours , cette portion antérieure du trapèze se divise encore en deux mus- cles. Les fibres qui viennent de l’occipital, forment un tendon qui va s'attacher au sternum, au même point que le sterno-mastoidien. Dans le mouton, il ne naît de lapophyse mastoïde qu'un tendon qui se partage bientôt en deux faisceaux musculaires, dont l’un va au sternum, et l’autre qui ART. 111. DES MUS225 DE L'ÉPAULE. 373 est lanalogue du cléido mastoïdien, va se confondre dans la portion du trapèze correspondant à la clavicu- laire, à peu près vis-à-vis le milieu de la longueur du cou , et forme avec elle et avec la portion clavicu- laire du deltoïde nn seul muscle qui va jusqu’à l’hu- mérus, comme dans les espèces précédentes. Dans le cheval, il n°y a que cette portion du trapèze, que l’on nomme ascendante dans l’homme, et qui s’insère à la partie postérieure de l’épine de l’omoplate. Il y a aussi un sterno-mastoïdien ; mais au lieu du releveur, du cléido-mastoïdien et des portions clavicu- laires du trapèze et du deltoide, on ne trouve qu’un seul muscle attaché à l’apophyse mastoïde et aux apo- physes transverses de quelques vertèbres cervicales supérieures, qui passe au-devant de la tête de l’hu- mérus : ce muscle descend le long de la face interne du bras pour sy insérer inférieurement. Le dauphin va point de portion claviculaire du muscle trapèze. Ce muscle est lui-même très mince, couvre tout l’omoplate et s'insère vers son cou. Le ster- no-mastoïdien est très épais, très ventru, et il y a à son côté externe un muscle à peu près pareil qui va de lapophyse mastoïde s’insérer sous la tête de lhumérus. dE: [ Dans les marsupiaux, les rongeurs à clavicule com- plète, les monotrèmes, on retrouve à peu près la même disposition que dans l’homme et dans les singes ; c’est- à-dire que le trapèze et le cleido-mastoïdien s’ar- rêtent à la clavicule. Les fibres musculaires de la portion descendante ou dorsale du trapèze de l'homme se séparent dans les 574 IV" LECON. DU MEMBRE PECTORAL. mammifères et forment presque un second muscle, plus ou moins étendu. Très faible chez les ruminants , elle est beaucoup plus forte dans les pachydermes et les on= guiculés ; c’est dans l’ornithorinque qu’elle est le plus développée. Dans les chauves-souris, la portion posté- rieure existe seule. Le cléido-mastoidien, confondu, comme nous venons de le dire, avec le trapèze et le deltoïide dans tous les mammifères non-claviculés, fait toujours un muscle à part dans tous ceux qui portent une clavicuie par- faite; il ne s’unit point , comme dans l’homme , avec le sterno-mastoidien. | Le rhomboïde s'étend, dans les singes, jusqu’à l’oc- ciput, Ses fibres occipitales, qui y sont quelquefois séparées des autres, le sont toujours dans les carnivo- res, et elles y forment uu muscle particulier que l’on a appelé occipito-scapulaire ou grand releveur de l'omo- plate, et que je nomme simplement rhomboide de la téte. [ Dans quelques rongeurs, le surmulot, Vécurewul, le paca, cette portion cervicale du rhomboïde se trans- forme en portion trachélienne, puisqu'elle s'attache à l’apophyse transverse de l’axis. On pourrait la prendre pour le releveur de l’omoplate, si dans le castor elle n’était intimement unie avec le rhomboiïde. Dans l’élphant, le bord supérieur de l’omoplate étant très oblique, le rhomboïde est petit, faible ; il ne s'étend pas plus loin que l'angle antérieur de l’omoplate. Dans les marsupiaux et dans l’ornithorinque, le rhomboïde va jusqu’à la tête, mais la portion occipitale n'est point séparée de la cervicale. | ART, lil. DES MUSCLES DE L'ÉPAULE. 575 Dans le cheval, cette portion antérieure du rhom- boïde ne s'attache qu’au ligament cervical. C’est le releveur propre de lomoplate des hippotomistes. [ Dans les ruminans, ce muscle ne va non plus qu’au ligament cervical ; il ne va même plus au cou dans le chameau , où il est encore plus faible que dans Pélé- phant. | Le rhomboïde du dauphin a l'étendue du bord su- périeur de l’omoplate, et comme ce bord est très long il s’ensuit que le muscle a une largeur assez considé - rable. Le coraco-hyoïdien ne présente aucune particula- rité dans le singe. Il n'existe pas dans les animaux qui n’ont pas de clavicule, ni d’apophyse coracoïde, pas même dans le chien. Le sous-clavier n’a rien de remarquable dans les singes ; il n’existe point dans les mammifères non claviculés. Nous sommes obligé de décrire à part les muscles de l’épaule de la taupe , à cause de leur singularité. La portion cervicale du grand denteléest simple , ex- traordinairement épaisse, ventrue, et ne s'attache qu'aux dernières vertèbres. Il y a pour tout érapèze, deux trousseaux de fibres charnues qui viennent des lombes et qui s’insèrent auxextrémités postérieures dès omoplates. Ces deux faisceaux étant à peu près paral- lèles écarteraïent ces extrémités plutôt que de les rap- procher , si elles m’étaient pas unies par un ligament transversal très fort. L'usage de ces deux bandes mus- culaires est donc de faire faire à toute la partie anté- rieure du corps un mouvement de baseule vers le haut. Le rhomboide à presque toutes ses attaches stapu- 376 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. laires à ce même ligament transversal commun aux deux omoplates. Il s'insère à une sorte de ligament cervical ossifié qui existe entre lui et le splénius; ainsi son usage est de relever la tête avec force. Le sterno et le cléido-mastoïdien n’ont rien de parti- culier, et le releveur de l’omoplate manque. Le petit pectoral est fort grêle ; il s'attache aux parties antérieures des premières côtes et au ligament qui joint la clavicule à l’omoplate. La clavicule a deux muscles : l’un qu'on pourrait nommer sur- clavier , s'attache au premier os du sternum et à l'angle antérieur de la grosse tête de la clavicule; l’autre s'attache aussi sur le sternum, mais plus bas, et il se fixe auprès du premier. Nous décrirons aussi particulièrement les muscles de l’épaule des chauves-souris , parce qu’ils diffèrent beaucoup de ceux des autres mammifères. Le grand dentelé est situé au-devant du petit pec- toral ; il s'attache à toutes les côtes et non au cou ; il s’insère au bord externe et inférieur de lomoplate. Le sous-clavier n’est remarquable que par son volume, qui est respectivement très considérable. Le petit pectoral a trois digitations; il s’insère à l’apophyse coracoïde , qui est très forte, par un tendon large. st Le trapèze n’a point de portion claviculaire; il ne s'attache ni à l’arête occipitale ni aux apophyses cer- vicales, mais aux onze premières dorsales ; il s’insère à la facette triangulaire de l'angle cervical de l’omo- plate. Le rhomboïde ne va non plus qu’aux vertèbres dor- sales’; il ne s'étend ni sur le cou ni sur la tête; ses ART. II. DES MUSCLES DE L'ÉPAULE. 377 fibres antérieures, comme aussi celles du trapeze, ren- contrent les postérieures “ splénius. [l n’y a point de releveur de l'omoplate, mais un acromio-trachelien. Le sterno-mastoïdien ne s'attache pas non pius à la clavicule; ainsi cette clavicule n’est liée par des mus- cles ni au cou niàlatête, ce qui aurait probablement gèné les mouvements nécessaires pour le vol. C. Dans les oiseaux. L’omoplate des oiseaux est mue par quatre muscles qui sont analogues à ceux des mammifères ; mais en général , ceux de la partie supérieure sont très petits et grèles ; ils n’ont point d’attache au cou ni à la tête ; cette disposition tient probablement à la longueur et à la mobilité du cou. Le grand dentelé, ou sous-scapulaire de Vicq-d’Azyr, est partagé dans les oiseaux de proie, en trois languettes plates qui proviennent de la moitié du bord inférieur de l’omoplate vers l’extrémité libre, et qui vont s’in- sérer aux deuxième , troisième et quatrième côtes. Le costo-scapulaire de Vicq-d’Azyr est un muscle qui ressemblerait assez à un premier plan séparé du grand dentelé ; mais qui, attaché plus en devant sur le bord inférieur de l’omoplate, va en descendant s’insérer , quelquefois seulement à la première côte, mais quel- quefois aussi, comme dans l’épervier, à cinq ou six'côtes en commençant par les fausses côtes antérieures. Le trapèze est composé de deux portions : l’une est attachée aux apophyses épineuses de la dernière ver- tèbre du cou et de la première du dos : elle se porte vers la partie inférieure et interne de la branche de la 378 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. fourchette ; l’autre portion est beaucoup plus longue : elle tient aux apophyses épineuses des vertèbres du dos qui suivent la premiére, et va obliquement en devant se fixer au tranchant supérieur ou spinal de l’omo- plate. Le romboïde est recouvert en partie par le trapèze, et en partie par le grand dorsal immédiatement. Il tient aussi aux apophyses épineuses des vertèbres dor- sales : ils’attache à la partie la plus postérieure du bord spinal de l’'omoplate. [ Un muscle qui, par ses attaches, peut être considéré comme l’analogue du dentelé antérieur des mammi- fères, s’insère d’une part à angle supérieur externe du sternum et aux premières côtes sternales, et de l’autre au tiers inférieur de la face interne du coracoïde. Dans l’autruche , la partie cervicale du trapèzeest plus grande ; dans fe caosar elle couvre tout le cou et se porte jusqu’à la tête; mais comme la clavicule est extrêment petite ou nulle chez ces animaux, ses fibres inférieures $’insèrent au sternum. ] D. Dans les reptiles. [ On trouve dans l’épaule des crocodiles quelques- uns des muscles des oiseaux et quelques autres des mammifères. Le grand dentelé est fort; il se compose de huit di- gitations, dont trois viennent des côtes sternales, et cinq des côtes cervicales, Le petit dentele existe également; il est situé entre ART. IL. DES MUSCLES DE L'ÉPAULE. 379 l'angle que fait le sternum avec la première côte, et la partie interne inférieure du,coracoïde. Je ne vois point de costo-scapuluire ou de premier plan du grand dentelé; mais l’acromio=trachelien est très fort, 1l s'attache à la moitié inférieure du bord cer- vical de l’omoplate et se porte à la pointe de l’apophyse transverse de la troisième vertébre du cou, ou autre- ment à la première côte cervicale. A l'angle supérieur antérieur de l’omoplate, se trouve un muscle court qui s’insère sur l’aponévrose du long dorsal, et que l’on peut regarder comme un angulaire de l’omoplate. M. Meckel en fait un rhomboïde. Il n’ya point de rhômboïide, et le trapèze est étroit et ne s'étend que sur la moitié postérieure du cou. fl s’at- tache seulement à la partie inférieure de l’acromion. Dans les sauriens, on retrouve les mêmes muscles, mais avec des proportions différentes ; ils ont de plusun cléido-mastoïdien, qui devient dans quelques espèces, dans le caméléon, par exemple, sterno-mastoidien. ] Dans la grenouille , qui n’a pas de côtes, le muscle grand dentelé a une toute autre forme qui paraît aussi dépendre en partie de l'absence des vertèbres cervi- cales ; il forme trois muscles distincts. Le premier vient de l’occiput près du trou occipital ; il se divise en deux ventres, qui s’insèrent à l’angle spinal supérieur de l’omoplate, l’un, du côté interne, l’autre , du côté externe, Le second provient de la deuxième apophyse transe verse, et se porte sous la portion dorsale de l’omoplate vers son bord spinal, Le troisième s'attache à la troisième apophyse trans- 380 IY° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. verse, et se porte sous le précédent en s’approchant davantage du bord. Il y a de plus à lomoplate un muscle propre, situé à la face interne, entre les deux portions qui la cons- tituent et qui la représentent brisée; il doit rapprocher ces deux parties, et, par ses contractions, rendre l’angle qu’elles font ensemble plus aigu. Il n’y a point de muscle analogue au petit pectoral, Le releveur ou angulaire de l’omoplate est remplacé par un muscle très considérable qui naît de la base de Voccipital ; il diminue sensiblement en se portant vers l'épaule , et il s’insère sous le bord postérieur de la partie cartilagineuse de l’omoplate. L’omo-hyoïdien est long et grêle; il vient de la grande corne inférieure de l’os hycide, et s’insère sous le cou de l’omoplate. Le trapèze n'existe point. L’analogue du rhomboïde est très mince, il naît sur les apophkyses dorsales, et s’insère au tranchant spinal de l’omoplate. Il n’y a point de muscle sous-clavier. Le sterno-mastoïdien n’a qu’un ventre, qui est étendu obliquement, de la partie postérieure de la tête der- rière l'oreille, au cou de la partie osseuse de l’omoplate; il doit rapprocher l'épaule de la tête et la relever. Nous décrirons à part les muscles de la tortue, car ils diffèrent considérablement de ceux des autres ani- maux vertébrés; ils sont au nombre de quatre. [ 1° L'un s'attache sous le bord de la cara pace entre les vraies côtes et les pièces que l’on regarde comme les cô- tes sternales, depuis la seconde jusqu’à la cinquième. Il ART. III. DES MUSCLES DE L’ÉPAULE. 381. est très mince , et se porte au bord externe de l’os co- racoïdien. Ces insertions ne peuvent le faire considé- rer que comme le dentelé antérieur | costo-coracot- dien. 2° Le releveur de l'omoplate ou l’'acromio-trachélien s’insère à la partie moyenne interne de l’omoplate, et ils’attache par sept languettes charnues aux apophyses transverses des sept dernières vertèbres du cou. 3° Un autre petit muscle alongé est attaché sous la carapace , vers l’extrémité sternale de la première côte, et s’insère à l’extrémité dorsale du premier os de l’é- paule ; c’est probablement tout ce qui reste du grand dentelé ; car il ne faut pas oublier que les muscles comme les os sont ici dans une situation inverse. Ces muscles sont décrits d’après une tortue de mer; dans les tortues terrestres, du moins dans les émydes, selon Bojanus , le deuxième muscle est très fort , il oc- cupetoute la longueur du bord de l’omoplate. M. Boja- nus le considère comme un scalène : il a bien les usages de ce muscle, mais ses attaches en font évidemment Y’acromio-tracheélien. 4" Un muscle mince , qui se trouve dans la tortue d’eau douce et dont M. Bojanus ne parle pas, s’insère sur le bord antérieur de lacromion , se porte sur les côtés du cou, mais ne s'attache pas aux os; ilse perd sur laponévrose générale ; s’il n’est point regardé comme un peaucier , Sa position ne peut le faire envisager que comme le trapeze. On trouve même, dans les émy- des, des vestiges du peaucier dorsal qui s’insèrent à l’aponévyrose du sous-scapulaire. | 382 Iv° LECON. DU MEMBRE PECTORAL, ARTICLE IV. DE LOS DU BRAS. Le bras est formé d’un seul os nommé humnérus qui s'articule avec l’épaule et avec l’avant-bras. I! est reçu dans une facette articulaire de l’omo- plate, de figure plus ou moins ovale, et sur laquelle ses mouvements s'exercent en tous sens. À. Dans l'homme. L’os du bras de Phomme est alongé : son extrémité scapulaire se termine par une portion arrondie, convexe et oblique, qu’on nomme la £éte de l’humérus. Cette portion est distinguée du reste de los, par une petite rainure circulaire, qu’on appelle le co/. On y remar- que aussi deux apophyses peu saillantes : l’une posté- rieure, plus grosse, qu'on nomme la grosse tubérosité (trochiter) ; Yautre antérieure, plus petite, appelée la petite tubérosité (trochin). Ces éminences sont sépa- rées l’une de l’autre par uneespèce Ge canal , ou de gou- tière longitudinale, dans laquelle glisse le tendon du muscle scapulo-radien où biceps. La tête de Fhumérus est maintenue dans la fosse articulaire de l’omoplate, à l’aide d’une capsule ligamenteuse, qui, du bord os- seux et cartilagineux de la cavité, se porte au col de l'humérus. Le tendon du muscle biceps qui pénètre dans cette articulation, produit aussi l’effet d’un ligament. La partie moyenne de l'os est à peu près cylindrique. Dans l'extrémité scapulaire , il y a cependant quelques éminences pour l'insertion des muscles. L’os s'élargil et s’aplatit insensiblement vers l’extrémité cubitale par ART, IV. DE LOS DU BRAS. 583 deux lignes saillantes qui, nées de ses deux côtés, s’écartent pour finir par deux tubercules considérables nommés condyles, l’interne épétrochlée, Vexterne épi: condyle. La ligne du côté interne est plus courte; mais son condyle est plus saillant. Cette portion de l'humé- rus est donc comprimée d’avant en arrière ; la face an- térieure est convexe, la postérieure plane. Entre les condyles, le bord inférieur a deux éminences qui con- tournent ce bord. L’interne en forme de poulie, c’est-à- dire de canal circulaire légèrement concave, est un peu oblique, et son extrémité postérieure est plus large et plus en dehors ; il y a au-dessus un grand creux pour recevoir l’olécräne. La seconde éminence est simplement convexe, et finit en arrière , précisément sous le bord inférieur de los; en sorte que son circuit n’est que moitié de celui de la poulie. B. Dans les mammifères. L’humérus , dans quelques familles de mammifères, est fort différent par sa forme de celui de l’homme. Quant à sa proportion avec le reste de l’extrémité an- térieure, on remarque dans les mammifères, qu'il se raccourcit à mesure que le métacarpe s’alonge. C’est ainsi que , dans les animaux à canon , il est caché jus- qu’au coude sous la peau ; il est très alongé, propor- tionnellement à tout le corps, dans les orangs, les gibbons , les chauves-souris et les paresseux. Les guenons ont l’humérus plus arqué en arrière que l’homme. Sa partie supérieure y est en prisme triangu- Jaire , tant ses crêtes sont aiguës. La grande tubérosité s’y élève davantage au-dessus de la tête. 58/4 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. Le pong et les autres orangs l'ont comme l’homme, seulement un peu plus court ou plus long. {Dansles chauves-souris, lhumérus està peu près aussi long que le tronc : sa face antérieure devient externe, sa tubérosité interne, antérieure. La crête deltoidienne forte, a un peu plus du cinquième de la longueur de l'os; la tubérosité interne est plus saillante que lexterne ; les condyles sont peu prononcés. Mais ce qu'il y a de remarquable, c’est que l’articulation supérieure comme l'inférieure sont calculées de manière à ne produire qu’un seul mouvement, celui de ginglyme. La tête inférieure a une poulie entière au milieu, et deux de- mi-poulies sur les côtés. La tête supérieure présente une poulie en demi-cercle, et la cavité glénoïde de l’o= moplate est étroite et longue. Les carnassiers ont l’humérus arqué : sa tête sort beaucoup de l’axe et son diamètre antéro-postérieur est plus grand que l’autre. La grande tubérosité est fort large , aplatie et élevée au-dessus de la tête ; à la par- tie antérieure et supérieure existe une crête élevée pour l'insertion du muscle deltoiïde. L’articulation inférieure ressemble encore par sa poulie à celle de l'homme, mais elle se fait remarquer par la hauteur et la saillie de la crête du condyle ex- terne dans les ours, Îles blaireaux, les martes, les man- goustes , les chats , et par un grand trou percé de part en partau-dessus de la poulie articulaire, dans les chiens et les Ayenes ; au-dessus du condyle interne, la ligne âpre est aussi percée d’un trou pour le passage de l’ar- tère cubitale : ce trou se remarque déjà dans les sapa- jous, mais il manque dans les ours, les chiens et les hyènes ; et il existe dans les blaireaux, les coaus, les it « ke | ART. IV. DE LOS DU BRAS, 585 ratons, les putois , les martes, les loutres, les man- goustes , les civettes et les chats. Les phoques ont l’humérus très court , mais les crè- tes en sont très saillantes. [ Les rongeurs à clavicules ont un humérus assez semblable à celui des carnassiers par leur articulation ; mais ceux qui n'ont point de clavicules ressemblent davantage sous ce rapport aux herbivores,do nt l’ar- ticulation est en ginglyme serré. L’humérus du castor est très élargi à son extrémité cubitale; sa crête del- toïdienne forme vers le bas une pointe saillante , qui setrouve également dans les rats, les rats d'eau, l'onda- tra, les rats taupes et dans plusieurs autres genres. | L'humérus de certainsrongeurs, les lièvres, les porcs- épices, le cabiai, le paca , Vagouti est aussi percé de part en part au-dessus de sa poulie. [ Dans les paresseux Vhumérus offre un caractère particulier; il est très alongé; sa tête supérieure se dis- tingue à peine du corps de los, ses tubérosités sont peu saillantes , mais sa partie inférieure est élargie. Dans les fourmiliers la largeur de l’extrémité infé- rieure de l’humérus produite par la saillie du condyle interne est remarquablement grande. Ge condyle est, comme dans plusieurs carnassiers, percé pour le pas- sage des vaisseaux. L’os est d’ailleurs court; la crête deltoïdienne est très saillante, et occupe près de moi- té de la longueur. Dans les monotrèmes , dont les uns sont destinés à nager, les autres à fouir, on trouve un humérus quirap- pelle un peu celui de la taupe. La crète deltoïdienne, ex- trémement élevée, esttrès longue et se continue avecle condyle interne. À la partie postérieure de l'os se trouve I. 29 386 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. également une crête presque aussi haut que la crête deltoïdienne , de sorte que los parait être aplati laté- ralement : le condyle externe est également très sail- lant, et la poulie articulaire qui est ici tout-à-fait globuleuse, se trouve loin d’être placée au milieu de los; elle est au tiers externe. L'apophyse interne est percée pour le passage des vaisseaux, et son développe- ment est si grand, que la largeur entière de los d’une apophyse à l’autre, égale les deux tiers de sa lon- gueur. L’humérus de l’éléphant est facile à reconnaitre par Ja longueur de sa crête condyloïdienne externe, qui remonte à plus du tiers de sa hauteur, en se termi- nant subitement ; et par celle plus grande encore de la crête deltoidienne , qui descend plus bas que le milieu de l'os. La tubérosité externe est aussi épaisse que la tête de l’os. L’hippopotame a cette grande tubérosité très saillante en avant , très élevée et se divisant en deux lobes iné- gaux : la fosse pour l’olécrâne est très profonde. | La grande tubérosité du cochon, celles du tapir et du rhinocéros se partagent en deux. La ligne âpre de ce dernier se termine en bas par une tubérosité très saillante. On la retrouve, quoique moindre, dans le cheval, dont la petite tubérosité est aussi creasée en canal. Les ruminants en général, ont la grande tubérosité très élevée, et la ligne âpre saillante. Dans le cha- meau, la petite tubérosité est plus élevée que l’autre, et creusée en canal. À ja tête inférieure on remarque trois saillies qui répondent à autant de cavités du ra- ART. IV. DE L/OS DU BRAS. 987 dius. Les condyles sont saillants en arrière, et la fosse olécrânienne tres profonde. Dans les cétacés, Vos du bras est extrêmement court, arrondi vers le haut, avec une légère tubérosité exté- rieurement. Le plus singulier de tous les humérus des mammi- fères est celui de la taupe. Il ne s’articule pas seule- ment avec l’omoplate par une petite tête, mais encore avec une facette de la clavicule , par une autre que l’on peut regarder comme appartenant à la grande tubéro- sité. Entre celle-ci et la tête de l’os est une fosse pro- fonde. La crête de la petite tubérosité est si large, que cette partie de l’humérus représente un carré placé ver- ticalement, de manière que la ligne âpre est supérieure. Le reste du corps de l’os qui est très court se courbe vers le haut , de façon que la partie qui s'articule avec l'avant-bras regarde le ciel. Il résulte de cette disposi- tion , que le coude est en lair , au-dessus de l'épaule, et que la paume de la main regarde en dehors, ce qui était nécessaire pour le genre de vie de cet animal. [ L'humérus de la chrysochlore du Cap n’est guère moinsremarquable ; il est un peu plus long que celui de Ja taupe ; son articulation radiale est tout-à-fait en demi-sphère, et son condyle interne est tellement pro- longé et incliné en bas, que l’humérus entier est en arc dont la convexité est tournée en dehors. Ce condyle s'articule en outre avec un os du carpe, le pésiforme, qui est aussi long que le radius , de sorte que l’avant- bras est ici co mposé de trois os. C’est le premier exem- ple que nous ayons de l’humérus articulé avec les os du carpe sans intermédiaire ; nous verrons plus tard que dans les poissons c’est la règle générale. | 2h “Je 288 IV° LECON. DU MEMHRE PECTORAL, C. Dans les oiseaux. L’humérus des oiseaux s'articule à la fois avec l’omoplate et avec le coracoïdien, par une éminence en portion de roue qui est à peu près dans le plan des deux crêtes. Sous sa tête, derrière la crête interne, est une cavité profonde , par laquelle Pair s’introduit dans l'intérieur {de los. La crête externe ou supérieure est mince to fort saillante; l’interne est plus courte et plus mousse. En général, l’humérus des oiseaux est cylindrique dans sa partie moyenne, excepté dans le z7anchot , où il est singulièrement aplati de droite à gauche, de sorte qu'à l'extrémité radiale, les es de l’avant-bras s’ar- ticulent, l’un au-dessus de l’autre sur une même ligne. [ Cet os ne diffère guère dans les oiseaux que par sa longueur proportionnelle , qui est généralement en rapport avec la puissance du vol. Ainsi dans la plupart des oiseaux de proie il égale le tronc en longueur ; mais dans les passereaux , les grimpeurs , les gallinacés et plusieurs cchassiers et palmipèdes, 1 arrive à peine à la hauteur du bassin ; dans d’autres échassiers, comme les orues, les cigognes, et d'autres palmipèdes, comme les albauros, les frégates, les pélicans, son extrémité inférieure arrive au niveau des ischions où même dépasse le bout de la queue. Il y à cependant deux genres qui ont une grande puissance de vol quoique leurs humérus soient si courts, qu’ils ressemblent un peu à celui de la taupe: ce sont les martinets et les co- libris. Dans le martinet la tubérosité interne se ter- mine par un crochet recourbé en arrière, et la crête externe par deax pointes, dont une est fortement diri- ART, 1V. DE L'OS DU BRAS. 289 gée en avant : il résulte de là une épaisseur consi- dérable pour l’attache des muscles. Sa longueur est à peu près moitié de celle de Pomoplate. L’humérus des colibris ressemble presque en tout à celui des martinets ; il est peut-être encore plus court, plus large, et approche de la forme carrée. On aperçoit à son condyle externe un grain osseux qui ressemble à une épiphyse. | Quoique l’autruche ne vole point, son humérus est encore assez fort;il est courbé sur la convexité des côtes. Dans le casoar, ce n’est, pour ainsi dire, plus qu’un rudiment dont les formes sont peu précises. D. Dans les reptiles. L’humérus des tortues de mer a une forme tout-à- fait singulière : comme dans les oiseaux, il s'articule à la fois avec l’omoplate et le coracoïdien par une grosse tête de forme ovale, dont le grand diamètre est dans le sens de laplatissement de l’os. Au-dessus de cette grosse tête, s'élève une éminence considérable, qui, par sa courbure et ses fonctions, a des rapports avec l’olécrâne, apophyse qui manque ici à l’os de l’avant-bras. Au-dessous de la tête, est une autre émi- nence moins saillante, mais plus âpre, qui donne aussi attache à des muscles, et qui tient lieu de petite tubérosité. Le reste du corps de l'os est aplati, plus étroit dans la partie moyenne, de sorte que la tête inférieure, au lieu d’être transversale , est tout-à-fait longitudinale. | Les tortues terrestres et les lacustres ont l’humérus un peu autrement fait: le plus grand diamètre de la 990 IV°® LECON. DU MEMBRE PECTORAL. tête supérieure est dans le sens de la longueur de Pos, et ses tubérosités projettent en arrière deux crêtes si fortes, que la gouttière bicipitale est fort semblable à la fosse olécrânienne de Phumérus des ruminants. Au- dessous de ces crêtes l’os est arrondi, puis il s’aplatit latéralement, et se recourbe en avant, de sorte qu’il représente presque uneS. | Dans le crocodile, Vos du bras est arrondi, mais un peu courbé sur sa longueur : cet os ressemble un peu à l’humérus des oiseaux; sa tête, au lieu d’être arrondie , est plate ; et sa tubérosité, qui est unique, est antérieure , en forme de crête , un peu contournée du côté interne. Dans les autres lézards et dans les grenouilles, Vhu- mérus ne présente aucune particularité : il est en général plus droit que dans les crocodiles. Il n’y en a point dans les serpents, puisqu'ils sont privés de membres. ARTICLE V. DES MUSCLES DU BRAS. À. Dans l'homme. L’humérus de l’homme est mis en mouvement par des muscles qui s’attachent au tronc, et par d’autres qui sont fixés à l'épaule. Les premiers sont : Le orand pectoral (sterno-humérien ) ; i\ s’attache au sternum , à la portion sternale de la clavicule et aux sept premières côtes. Îl couvre le devant de la poi- ART. V. DES MUSCLES DU BRAS. 591 trine, et S’insère à cette portion de la lignée âpre de l’huméras qui fait le rebord extérieur de la gouttière bicipitale. 11 porte l'os du bras en avant et en dedañs, dans quelque position qu’il soit ; il le fait aussi tourner un peu sur son axe. Le grand dorsal (lombo-humérien) s'étend depuis Vos sacrum, la crête de los des îles, les épines des vertèbres lombaires, les sept dernières du dos, et enfin les quatre dernières côtes vertébrales , jusqu'à la partie postérieure et inférieure de la grosse tubéro- sité de l’humérus, où il insère son tendon grêle et large. Ce muscle enveloppe le tronc par derrière; il porte l’humérus en arrière et un peu en bas. Les seconds sont : 10. Ceux qui s’attachent aux faces de l’omoplate. Le sur-épineux ( sus-scapulo-trochitérien) ; il est situé dans la fosse sus-épineuse. Son tendon passe au- dessus de l'articulation , et se fixe a la grosse tubéro- sité de Vos du bras qu’il relève. Le sous- épineux ( sous-scapulo-trochitérien ), qui occupe la fosse sous-épineuse : son tendon s’insère à la face antérieure de la tête de l’humérus, qu’il tourne en dehors sur son axe. Le sous-scapulaire (scapulo-trochinien), qui est at- taché sur toute la face costale de l’omoplate, et qui insère son tendon sur la petite tuberosité de l’os du bras, qu’il fait tourner en dedans sur son axe, et qu’il rapproche contre le corps. 20, Ceux qui s’attachent aux éminences de l’omo- plate. Le deltoïde (sous-acromio-humérien) ; ce muscle est fixé à tout le bord inférieur de la clavicule, vérs sà 992 IV° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. moitié scapulaire , à l’acromion et à une portion de l’épine de l’omoplate. Il est composé de plusieurs por- tions ventrues penniformes et radiées , qui se réunis= sent en un tendon commun qui s’insère à la ligne âpre intérieure de l’humérus, vers son tiers scapulaire, en dehors du tendon du grand pectoral. C’est le plus puissant releveur du bras. Le petit rond paraît être une portion du muscle sous-épineux : il vient du tranchant inférieur de l’o- moplate, et se fixe à la face externe de la tête de l’hu- , mérus. Le grand rond (scapulo-humérien ); il vient de l’an- gle inférieur ou costal de l’omoplate, et se porte un peu au-dessous de la tête de l’humérus, à la face in- terne ; il produit, comme le précédent, la même action que le sous-épineux. Le coraco-brachial (coraco-humérien) s'étend de l’apophyse coracoïde, où il prend naissance par un tendon commun avec la tête coracoïdienne du biceps, jusqu’au milieu de l’humérus, dans la direction duquel il se porte le long de la face interne. Ce muscle relève le bras sur l'épaule, et dans quelques circonstances, peut mouvoir l’omoplate sur le bras. : B. Dans les mammiferes. Tous les muscles du bras existent dans la plupart des mammifères , avec quelques modifications cependant. Ainsi, le grand pectoral est généralement plus charnu et composé de faisceaux plus distincts. Dans les singes, sa portion claviculaire va à la ligne âpre en descendant plus bas. Les fibres de la portion sternale s’y rendent aussi dans trois directions. Il y a ART. V. DES MUSCLES DU BRAS. 595 de plus deux portions costales: une antérieure plus grande, qui va à la grande tubérosité ; une postérieure plus petite, qui se porte au col de l’os sous la tête, de sorte que ce muscle paraît composé de quatre ou cinq autres. Dans les mammifères qui n’ont point de clavicules parfaites, même dans le dauphin , il y a une première portion sternale qui va perpendiculairement à la ligne âpre, et qui forme avec la portion correspondante de l'autre côté, ce que l’on a appelé le muscle commun aux deux bras; c’est lui qui produit l’entre-croise- ment des jambes de devant. Dans les carnivores, en général, ce muscle commun se subdivise encore en plusieurs portions , dont une partie se rend vers le bas de l’humérus en se portaut très obliquement en arrière. Ce muscle commun existe aussi dans les ruminants. Le mouton a de plus un au- tre muscle commun tout différent, qui s'étend de la région sternale au cubitus, et achève ainsi d’enfermer le bras dans le tronc. Il paraît devoir se rapporter plutôt au panuicule charnu qu’au grand pectoral. Dans le cheval, c'est ce dernier muscle commun qui porte, chez les hippotomistes, le nom de muscle com- mur aux deux bras, et qui produit ce croisement des deux avant-bras, que les écayers nomment chevaller. Une seconde portion du grand pectoral, plus pro- fonde et beaucoup plus considérable que le muscle commun, se porte de toute la longueur du sternum , obliquement vers la tête de l’humérus. Elle est quelque- fois elle-même divisée en plusieurs faisceaux. Le grand dorsal des mammifères diffère peu de 394 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. celui de l’homme; mais ces animaux ont un muscle de plus, car le pannicule charnu {cutano-humérien) produit un tendon très remarquable qui s’insère à lhu- mérus tout près du grand dorsal. Celui-ci unit le sien à celui du grand rond, et donne attache à l’une des por- tions de l’extenseur du coude. Dans le dauphin.il y a un petit muscle dont la di- rection et les usages paraissent les mêmes que ceux du grand dorsal, mais qui prend ses attaches aux côtes par des dipitations. Il est tout-à-fait recouvert par la portion dorsale du pannicule charnu. Les muscles sur-épineux , sous-épineux , Sous-sca- pulaire, grand et petit ronds, ne diffèrent de ceux de l’homme que par leur proportion que détermine la figure de l’omoplate. Le sur-épineux est généralement plus grand que le sous-épineux, ce qui est le contraire de l’homme. Dans le dauphin, ces deux muscles sont à peu près égaux et petits, mais le sous-scapulaire est très grand. Nous avons déjà vu comment, dans les animaux à clavicules imparfaites , la portion claviculaire du delioïde s’unit à celle du trapèze. Il ne nous reste donc plus à traiter que de sa portion scapulaire. Cette portion scapulaire paraît elle-même divisée en deux ; celle qui vient de l’acromion, et celle qui pro- vient de l’épine et plus souvent de toute la portion sous-épineuse de l’omoplate. Elles s'unissent, s’entre- croisent, et forment un tendon commun qui se fixe à Ja ligne âpre de l’humérus. Dans le #7outon, la portion acromiale est très petite, ART. V. DES MUSCLES DU BRAS. : 999 et dans le cheval il n’y en a plus du tout. Aussi son deltoïde qui a la même direction que le sous-épineux , porte-t-il le nom de long abducteur du bras. Le coraco-brachial existe, même dans ceux qui n’ont point d’apophyse coracoïde, et s'attache là à une petite éminence du bord supérieur de l’omoplate. Son tendon est commun avec celui de la portion du biceps qui naït de l’apophyse coracoïde, dans ceux où le biceps à deux têtes, Dans les dauphins il est très court. Les singes ont le coraco-brachial divisé en deux por- tions, dont l’inférieure règne tout le long de la face postérieure et interne de l’humérus. Dans l'ours, la portion inférieure est grêle et va s’in- sérer au condyle externe. lle donne, de son milieu, une languette qui va se joindre au biceps et qui en re- présente la tête coracoïdienne. Dans les chiens , les chats , les lapins , le cheval, le biceps n’a qu’une tête , et le coraco-brachial une seule portion qui n’a rien de commun avec le biceps. Dans la taupe, le grand pectoral est d’une épaisseur extraordinaire et presque aussi grand que dans les oi- seaux. Îl est formé de six portions qui toutes s’attachent à la face antérieure de la portion carrée de Phumérus. Quatre de ces portions viennent du sternum pour s’at- tacher aux différents angles et bords de cette face. La cinquième vient de la clavicule et couvre cette face tout entière : enfin la sixième va transversalement d'un bras à l’autre. Le grand dorsal est considérable. Il est divisé en deux portions et s’insère à la face postérieure de la portion carrée de l’humérus. Le grand rond qui s’in- 396 iv” LECON. DU MEMBRE PECTORAL. sère au même endroit que lui, est d’une grosseur énorme. C’est au moyen de ces trois muscles, que l’ani- mal creuse et pousse la terre en arrière. Les autres muscles de l’humérus de la taupe ne présentent d’au- tres différences que celles qui sont déterminées par Ja figure singulière des os. Le muscle analogue au grand pectoral est formé de trois portions, ou plutôt de trois muscles bien dis- tincts dans les chauves-souris. Lun , situé au lieu ordinaire, s'étend de la ligne saillante du sternum à la tête de l’humérus qu'il re- couvre, et il s’insère à la grande tubérosité anté- rieure. Le second vient de toute la longueur de la clavicule et de la partie antérieure de Pépine du sternum, et s’insere derrière la grosse tubérosité au-dessus du pré- cédent , dont il aide l’action dans les mouvements de l'aile. Le troisième est recouvert en partie par le premier, Il s'attache aux dernières côtes près de leurs cartila- ges sternaux. Ses fibres remontent presque vertica- lement sous l’aisselle, pour s’insérer à la crête de los du bras, qui est ici très longue. Le grand dorsal n’est qu'une bandelette charnue qui vient des tubercules épineux des deux dernières vertèbres dorsales. IL a quelques connexions avec le trapèze. Il s’insère à l’humérus en unissant son tendon à celui du grand rond dans le creux de l’aisselle. Les muscles sur et sous-épineux, ainsi que le sous- scapulaire, n’offrent aucune particularité qui soit di- gne de remarque. ART. IV. DES MUSCLES DU BRAS, 397 Le deltoide ne s'attache point du tout à la clavicule, à moins qu’on ne regarde la seconde portion du grand pectoral comme en faisant partie ; il est étendu sur toute la face externe de lomoplate où il forme deux portions, dont l’une est inférieure et plus mince que l’autre. Leur tendon réuni passe au-dessus de l’articu- lation et s’insère à la crête de l’humérus. Il n’y à point de muscle petit rond. Le grand rond n'offre rien de particulier ; il unit son tendon à celui du grand dorsal. Il n’y a point de coraco-brachial. C. Dans les oiseaux. Les oiseaux ont trois muscles pectoraux, tous atta- chés à leur énorme sternum et agissant sur la tête de J’humérus. 10. Le grand, qui, à lui seul pèse plus que tous les autres muscles de l’oiseau pris ensemble, s'attache à la fourchette, à la grande crête du sternum et aux der- nières côtes ; il s’insère à la ligne âpre très saillante de leur humérus. C’est par son moyen que les oiseaux donnent les violents coups d’ailes nécessaires pour le vol. 2. Le moyen (Vicq-d’Azyr) placé dans l’angle que fait le corps du sternum avec sa crête et dans l’inter- valle de la fourchette et de los coracoïde. Son ten- don passe dans le trou formé par Punion de la four- chette, de los coracoïde et de l’omoplate, comme sur une poulie, et s'attache au-dessus de la tête de lhumérus qu'il relève. C’est au moyen de cette dispo sition de poulie, que la nature a pu placer ainsi un re- 398 1Y° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. leveur à la face inférieure du tronc et abaisser d'autant le centre de gravité, sans quoi l'oiseau aurait été ex- posé à culbuter dans l'air. 3° Le petit (Vicq-d’Azyr), attaché à l'angle latéral du sternum et à la base de los coracoïde, se porte sous la tête de l’humérus et rapproche cet os du corps. Un petit muscle attaché à la face interne du haut de los coracoïde, qui s’insère à la tubérosité interne de la tête de l’humérus, et accompagne le tendon du biceps, est évidemment le coraco-brachial : il rappro- che le bras du tronc. Le orand dorsaldes oiseaux est formé de deux parties. L’antérieure va directement s’insérer à la face pos- térieure du milieu de la ligne âpre; la postérieure va en montant obliquement s’insérer sous la tête de Vos. L'une et l’autre sont très minces. Quoiqu’ils n'aient point d’épine à leur omoplate, on y voit des muscles analogues aux sur et sous- épineux et au grand rond. Leur deltoide peut se distinguer en deux parties, une claviculaire et une scapulaire. Cette dernière n’est attachée que vers le cou de l’omoplate. Leur insertion s'étend fort bas sur l’humérus. [ Dans les oiseaux de proie, les deux parties du grand dorsal se touchent par leurs bords ; mais dans plusieurs autres oiseaux, les perroquets , V'autruche de l'ancien continent, les deux portions sont très séparées, et à leur attache à l’humérus elles se croisent et font entre elles un angle presque droit. Dans les casoars qui mont que des rudiments d'ailes, les muscies y sont extraordinairement petits. Les pectoraux, par ART. V. DES MUSCLES DU BRAS. 399 exemple, ne recouvrent tout au plus que la huitième partie de la surface du sternum, dont la moitié est occupée par une pelotte de graisse. | D. Dans les reptiles. [ L’omoplate des crocodiles et des sauriens étant plus large que celle des oiseaux, et dans une situation plus rapprochée de celle des mammifères, on y retrouve les mêmes muscles que chez ces derniers animaux. Le pectoral n’est point divisé en plusieurs plans ; il forme un grand muscle qui s'étend de la pointe du sternum aux dernières côtes sternales, et dont la forme est à peu près celle d’un éventail. Les autres muscles ne pré- sentent pas de grandes différences , non plus que dans les sauriens. ] Si les tortues ont moins de muscles de l’épaule, elles en ont peut-être plus qui s’insèrent au bras. { Pour bien concevoir les muscles de l'épaule et du bras des tortues , il faut se rappeler que le corps de leur omoplate est en forme de stylet , que l’acromion et le coracoïde sont singulièrement prolongés , et que cette omoplate tout entière avec l’humérus ont fait un quart de conversion , de sorte que l’apophyse coracoïde , au lieu d’être antérieure , comme dans les mammifères , est interne , et que l’acromion, au lieu d'être externe , est antérieur. Cette disposition est au reste plus ou moins celle de tous les ovipares. L’analogue du grand pectoral est composé de deux portions superficielles , dont l’une s'attache à une arête de la partie antérieure du plastron, et va s’insérer 400 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. à la petite tubérosité de l’os du bras ; l’autre est beau- coup plus étendue : elle s'attache à une grande partie de la face interne du plastron, et s’insère aussi par un tendon aplati à la petite tubérosité de l’humérus ; mais elle se continue par une aponévrose qui se repand en éventaii sur la face inférieure du bras et même de l’avant-bras; elle unit son tendon à la précédente. L’analogue du deltoide s'attache à l'extrémité de l’a- cromion et va s'insérer à la face externe de la petite tubérosité de l’humérus en unissant son tendon à celui du sous-épineux. Le grand dorsal s'attache sur la partie latérale de la carapace jusqu’à l'articulation de la seconde côte, et se dirige presque verticalement vers l’humérus en unis- sant son tendon à celui du grand rond, pour se fixer à une empreinte située à la base de la tubérosité interne. Le sur-épineux vient de la face postérieure de l’é- pine et va se porter à la tubérosité externe. Dans les tortues de mer , 1l reçoit une vaste portion qui vient du bord antérieur et de la face supérieure de lextré- mité du coracoïdien. Le sous-épineux nait du bord postérieur de l’épine et va unir son tendon à celui du deltoide. Dans les tortues de mer il se prolonge sur toute la face posté- rieure de Pacromion et se fixe un peu plus haut que le deltoïde. Le sous-scapulaire est le muscle le plus fort du bras ; il nait de toute la face postérieure de l’omo- plate et des trois quarts de la face supérieure du coracoïdien , et va s’attacher largement à toute la face antérieure de Ja tubérosité interne ; sa partie coracoï- . ART. V. DES MUSCLES NU BRAS. 4oi dienne décrit près d'un quart de cercle pour arriver à son attache ; elle doit être un puissant rotateur du bras, en même temps que sa portion scapulaire le porte en avant. Le grand rond vient du bord postérieur de l’omo- plate et unit son tendon à celui du grand dorsal. Dans les tortues de mer, il y a un petit rond qui vient de la partie antérieure de ce même bord posté- rieur de l’omoplate et va s’attacher auprès du deltoïde. Le coraco-brachiala deux portions comme dans quel- ques mammifères : une plus grande, qui s’insère large- ment à la face inférieure de l’os coracoïdien, et une autre plus petite qui nait entre le précédent et le bi- ceps ; toutes deux vont se fixer auprès du sous-scapu- laire à la tubérosité interne de l’humérus. On voit par cet exposé que les muscles du bras de la tortue sont fort semblables à ceux des mammifères ; seulement leurs diverses portions sont plus écartées, à cause du grand prolongement de l’acromion et du coracoïdien. ] Le muscle grand pectoral de la grenouille est formé de deux et quelquefois de trois portions placées l’une au- devant de l’autre. Elles produisent autant de tendons qui s’insèrent sur les bords de la gouttière humérale. Le orand dorsal vient de la partie moyenne du dos où il est mince. Il devient plus épais et s’adjoint au sous-épineux , réuni quelquefois lui-même au swr-épi- neux, pour former un tendon fort qui s’insère à l’hu- mérus vers son tiers supérieur interne. Le sous-scapulaire s’insère à l’humérus vers son tiers supérieur à la face interne. I. 26 #02 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. Le coraco-brachial a deux et même trois portions; la plus voisine de l’omoplate , qui est la plus forte, doit servir de puissant rotateur du bras. Le deltoïde est ici formé de trois portions. Une grêle, qui est la plus longue, vient &e la partie antérieure du sternum et de la clavicule. La seconde s’attache sur l’u- nion de la clavicule avec l’emoplate , à la face interne, se contourne sur l’os au-dessus de l'articulation et se fixe à l'extrémité scapulaire de Pos du bras. La troi- sième portion de ce deltoïde vient de l’omoplate, elle se joint à la première en passant sur le tendon du biceps; et s’insère enfin en partie à la ligne âpre, et en partie au bas de l’humérus. Il n’y a ni petit ni grand rond. Cette conformation est presque la même dans les sa= lamandres ; seulement le deltoïde et le coraco-brachial y sont divisés en moins de portions que dans les gre- nouilles. ARTICLE VI. DES OS DE L'AVANT-BRAS. L’avant-bras, comme nous l’avonsdit, est composé de deux os qui s’articulent par ginglyme avec l'humérus, et dont lun, le radius ou os du rayon, est antérieur et à Mas ART. VI. DES OS DE L'AVANT-BRAS. 403 porte en grande partie la main, et l’autre, le cubitus ou os du coude , est postérieur, et sert principalement d’ar- rèt à l'articulation de l’humérus, et quelquefois d’axe au radius : ce second os porte également une partie de la main. À. Dans l'homme. L’os du coude, plus gros vers l’humérus, a une cavité semi-circulaire, dite sygmoide , qui reçoit la poulie de l’humérus sur laquelle elle est comme moulée. Son bord postérieur est formé par l’o/écräne ; Vantérieur ; plus saillant , par l’apophyse coronoide. Le plan dans lequel se fait le mouvement est dans l’axe du cubitus, et non dans celui de l’humérus, à cause de l’obliquité de la poulie; en sorte que dans la flexion, l'extrémité inférieure du cubitus est rapprochée du corps. Cette extrémité est moins grosse que l’autre; elle a une petite tête à face plate, à bord externe rond et sail- lant, à bord interne présentant une apophyse styloïde. Los du rayon a une tête ronde, à face articulaire légèrement cave, répondant à l’apophyse externe, ou petite tête de lhumérus, et pouvant s'y mouvoir comme le cubitus sur la poulie. Mais cette tête peut encore tourner sur son centre: cela est facilité par une fossette articulaire du bord externe de l’apophyse coro- noïde du cubitus sur laquelle appuie le bord cylindri- que delatête du radius. La tête inférieure, qui est beau- coup plus large, sur-tout en dehors, a une facette sem- blable qui appuie sur le bord externe de la tête infé- rieure du cubitus; et comme le bord opposé de cette 20. 'ADA IV° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. tête inférieure du radius est plus éloigné de l'axe de mouvement, lorsque la tête supérieure tourne sur son centre, ce berd décrit un cercle autour de la petite tête du cubitus, et entraîne avec lui la main qui tourne alors sur l'os semi-lunaire , lequel pose sur cette petite tête du cubitus , comme une porte sur son gond. De là les mouvements de supination, lorsque le ra- dius fait le bord externe de l’avant-bras et que la paume de la main est tournée en avant, et de prona- tion, lorsque le radius fait le bord interne de l’avant- bras, et que la paume de la main regarde en arrière. Les ligaments qui unissent à l’humérus et entre eux les os de l’avant-bras, sont de plusieurs sortes : il y a d’abord autant de capsules articulaires que de facettes correspondantes; ensuite il y a, sur les côtés du coude, deux ligaments. L'un vient du condyle externe, et se porte à l’apophyse coronoïde; et l’autre, venant de l'épitrochlée, se fixe au ligament capsulaire du rayon. Quant aux deux os de l’avant-bras, ils sont maintenus en situation par le ligament inter-osseux, qui du bord cubital du rayon se porte au bord radial du cubitus, et par un petit ligament oblique, qui du petit tubercule de lolécrâne se porte obliquement à la tubérosité du radius. B. Dans les mammiferes. Dans les singes, les os sont arrangés de même, excepté que, dans quelques-uns, comme les z7agots, les guenons, le cynocéphale, les mandrills , Vapo- physe coronoïde du cubitus est plus étroite et sa facette radiale est plus profonde. Dans les sapajous, en géné- ART. VI. DES OS DE L'AVANT-BRAS. 405 ral, on remarque un trou dont la ligne saillante interne de l’humérus est percée. Leur cubitus est plus com- primé. L'articulation de l’avant-bras des pédimanes res- semble à celle des sapajous. Les chauves-souris et le galéopithèque n’ont paint de cubitus, où au moins, n’en ont qu’un rudiment, qui a la forme d’un filet grêle, placé au dessous du ra- dius, qui demeure distinct jusque verslequartinférieur. Il résulte de là, que ces animaux n’ont point les mouve- ments de pronation et desupination. Dans les carnivores, Volécrâne est comprimé et pro- longé plus en arrière que dans l'homme. La poulie n’est plus concave en avant , parce que la facette radiale, en grandissant avec la tête du radius, a trop entamé l’apo- physe coronoïde. ; Dans les chiens, la tête du radius a une cavité pour la petite tête de l’humérus, et une saillie pour le sillon qui la sépare de la partie antérieure de la poulie. La rotation du radius devient par-là obscure. Le bord pos- térieur de l’échancrure sigmoïde entre dans le trou, dont le fond de la cavité postérieure de l’humérus est percée. La saillie de la ligne âpre extérieure est plus considérable. L'interne a un trou comme dans les sapajous. Malgré la briéveté de ces os dans le phoque, leur ar- ticulation est la même. Il en est de même dans quelques rongeurs, comme le paca, Vagouti, le castor (ce dernier a la ligne âpre externe très saillante); dans d’autres, comme Île cabiai , le licvre, le rat, lapophyse coronoïde du cubitus est 406 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. presque effacée; et on ne voit que le radius à la partie antérieure de l'articulation. Sa tête forme ungin- glyme aussi serré que dans les ruminants, ayant une cavité pour la petite tête de l’humérus, et une saillie pour la portion antérieure de la poulie. La marmotte, \e porc-épic, etc., tiennent une espèce de milieu par la petitesse de leur apophyse coronoïde : il n’ya point de trou à la ligne âpre interne del’humérus dans le dernier de ces animaux. La 2erboise a ses apophyses comme les singes. [Dans les didelphes, Varticulation permet tres bien le mouvement de rotation, la tète du radius étant presque aussi ronde que celle des singes. [ Dans les kanguroos et les phascolomes, la tête infé- rieure de l’humérus serapproche de celle des fouisseurs; elle est très large, et son élargissemen finit subitement et setermine par une pointe dirigée en haut. Le cubitus et le radius des Æanguroos sont grêles, et d’un tiers plus longs que l’humérus; le mouvement de rotation a éga- lement lieu. L’hélamys a la tête supérieure de son radius aussi ronde que celle de l’omme; viennent ensuite Île porc- épice, Vurson, Vaye-aye, la marmotte, le castor, dans lesquels elle devient de plus en plus oblongue. Dans les paresseux, Varticulation de l’humérus est en portion de poulie pour le cubitus et en portion de sphére pour le radius ; aussi la tête supérieure de ce dernier os est tout-à-fait ronde;il n’y a presque point d’olécrâne. Dans les fourmiliers, Volécrâne, élargi à son bord in- terne par un angle saillant , est au contraire très fort ; ART. VI. DES OS DE L'AVANT-BRAS. 407 mais la tête du radius est comme celle des paresseux, presque aussi ronde que dans l’homme et dans les singes, en sorte qu'il doit pouvoir tourner complétement. Il n’en est pas de même dans les #atous et les pangolins : leur articulation s’y fait en ginglyme. C’est peut-être dans les tatous que l’olécrane est le plus saillant. Dans les mnonotremes, la conformation de l’olécrâne a beaucoup de rapport avec celle de la chrysochlore. La tête supérieure du radius de l’ornithorinque permet le mouvement de pronation, maïs non celui de supina- tion ; une saillie qu’elle porte extérieurement vient s’appuyer sur le cubitus et empêche tout mouvement dans ce sens. On retrouve encore cette saillie dans l’échidné, mais moins prononcée : elle s'articule d’ail- leurs par une facette avec le cubitus. ] Les pachydermes ( comme le rhinocéros, le cochon, le tapir) ont le radius entièrement antérieur ,et le cu- bitus postérieur; ils font ensemble un seul mouvement de ginglyme dans une poulie unique. La petite tête de lhumérus est tout-à-fait effacée par en bas; le radius est au bord interne, et le cubitus au bord externe de Vavant-bras. Quoique ces os soient distincts, il n’y plus du tout de rotation possible. | Dans l'éléphant, la partie antérieure de la cavité sigmoide , ou l’apophyse coroncide , se partage en deux saillies à facettes concaves tournant sur les bords sail- lants d’une poulie unique. Entre elles est la tête du radius : elle est petite et appuie sur la saillie externe et sur le canal moyen de cette poulie; car, comme elle est oblongue, elle ne peut y tourner. La partie inférieure du radins se porte au côté interne; ainsi le bras est toujours en pronation. La tête inférieure du cubitus est 408 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. plus grande que celle du radius; ce qui est unique parmi les mammifères. Dans les animaux qui suivent , le cubitus n’est plus qu’un appendice immobile du radius , et sa cavité sig- moïde une continuation de la facette articulaire de la tête du radius , qui ne décrit sur une poulie unique qu’un mouvement de ginglyme. Le cubitus est soudé au radius dans presque toute sa longueur, chez les ruminans. On ne l’en distingue que par un sillon qui laisse cependant une fente en haut et en bas dans la giraffe, les cerfs et quelques gazelles ; en haut seulement, dans les vaches et mou- tons; nulle part dans le chameau et le dromadaire. On voit dans les solipèdes un sillon et une fente en haut. Les pachydermes, les ruminans et les solipèdes ont la tête inférieure du radius comprimée d’avant en ar- rière , et le dos de la main toujours tourné en avant. On voit par cette série de conformations, que la ro- tation de la main devient d'autant plus difficile, que l'animal s’en sert moins pour la préhension , et qu'il emploie plus exclusivement son extrémité antérieure pour la station et la marche. En effet, ces derniers usages exigeaient une pronation constante et une fer- meté qui était incompatible avec la possibilité de la supination. C’est par une raison semblable; que les chauves-souris et les oiseaux sont privés de cette rotation. Si leur main et leur radius avaient pu tourner , la résistance de l'air aurait produit ce mouvement à chaque coup d’aile, en aurait rendu le plan vertical, et le vol eût été impossible. ant. Vi. DES ‘08 6e L'AVAN HER. 409 Voyons maintenant quelques animaux dont la struc- ture n’a pu entrer dans l’aperçu général que nous ve- nons de présenter. Dans la taupe, la position de l’humérus est telle, que sa tête inférieure est la plus élevée, en sorte que, quoique l’avant bras soit dans un état moyen entre la pronation et la supination, le coude se trouve en l'air, le radius et le pouce en dessous , et la paume tournée en dehors. Chaque condyle a une apophyse en forme de crochet regardant vers l’épaule. L’olécrâne est très prolongé , terminé par une lame transverse. Le cubi- tus est comprimé en lame longitudinale, Un ligament très fort unit l’aponévrose palmaire et le poignet au condyle interne. Le bord de la tête du radius se pro- longeant sous la petite tête de l’humérus, elle paraît ne pouvoir tourner. Le trou existe à la ligne âpre inté- rieure de l’humérus. L’olécrâne du cubitus de la chrysochlore , est plus prolongé encore, et sa lame transverse est un peu obli- que et va de dehors en dedans. Dans le phoque, le cubitus est comprimé; il y a, au lieu de la grande échancrure sigmoïde, une facette pour larticulation avec l’humérus, et une autre obli- que pour celle du radius. Celui-ci a une large tête qui frotte par son bord interne dans la poulie. Son corps est comprimé et très large par le bas. Le trou existe à la ligne âpre interne. L’olécrâne est comprimé, haut et court. Dans le /amantin et le dugong, les têtes supérieures et inférieures des deux os sont soudées, mais du reste leur forme est encore semblable à celle des-mammife- , * 41o 1Y° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. res; tandis que dans les autres cétacés ces deux os sont comprimés et plats, et paraissent unis par synchondrose avec l’humérus et le carpe; il n’y a plus qu’un rudiment d’olécrâne; courts dans les dauphins et les baleines, ils sont beaucoup plus longs dans les rorguals. [ L’avant-bras des mammifères est généralement de la même longueur que le bras, mais cette règle n’a pas lieu pour les orangs et les gibbons, qui ont le radius d’un cinquième plus long que l’humérus ; ni pour les chétropteres , les kanguroos, les gerboises , et les ror- quals , où ilest d’un tiers ; ni enfin pour la giraffe où il est des deux cinquièmes plus long. ] C. Dans les oiseaux. Le bas de l’humérus des oiseaux est à peu près comme dans l’homme. Il y a de même entre les condy- les deux apophyses articulaires dont l’externe n’est pas en portion de sphère , mais, au contraire, comme une roue; de sorte que le radius peut bien se fléchir et s’é- tendre dessus, mais non y tourner sur son centre. Celle qui répond à la poulie est toute convexe et arrondie. Le cubitus s’étend et se fléchit dessus par une cavité qu'il a, et il porte aussi sur l’apophyse externe par une autre cavité moindre. L’olécrâne est très court. Le radius, plus grêle que le cubitus, lui demeure parallèle, Sa tète inférieure est plus petite que celle du cubitus ;.elle se termine par une facette triangulaire. La tête inférieure du cubitus se termine en portion de poulie, sur laquelle le deuxième os du carpe exé- cute ses mouvements pour J’adduction et l’abduction de la main, ART, VI. DES OS DE L'AVANT-BRAS. 4x Le manchot s'éloigne un peu de cette disposition. Les os de l’aile de cet oïseau sont étendus sur un même plan en forme de nageoiïre. Le radius et le cubi- tus sont entièrement aplatis et s’articulent par ar- throdie à deux tubercules placés l’un au-dessus de l’au- tre, au bas du tranchant antérieur de l’humérus. En sorte que l’aile du manchotest à celle des autres oiseaux, ce que le membre thoracique des cétacés est à celui des autres mammifères. [ Le rapport de longueur'de l’avant-bras et du bras des oiseaux est en rapport avec la puissance du vol. Dans les Arrondelles et les martinets les os qui composent l’avant-bras ont une longueur double de celle de l’humérus ; dans les gobe-mouches, les calaos, les colibris, ilsontun tiers en sus; dans les pies-orièeches, les aras, le bec-en-ciseaux, les sternes, les pigeons, un quart; dans le moineau, la cigogne, le pélican , un cin- quième ; dans l’aigle et beaucoup d’autres oiseaux de proie, un sixième ; dans les gallinacés, les anas; ils sont égaux à l’humérus d’ailleurs très court. On les trouve également égaux dans l’albatros; mais ici lhu- mérus est lui-même démésurément long, car il est plus que le tronc et la queue pris ensemble ; enfin , dans les colymbus Vavant-bras devient d’un sixième plus court que le bras; dansle pingouin, dan tiers ; dans le casoar, de moitié; et dans l’autruche, des deux tiers. | D. Dans les reptiles. Les deux os de l’avant-bras des /ortues sont toujours dans un état forcé de pronation. Dans les chélondes , 412 1v* LECON. DU MEMBRE PECTORAL. le radius , qui est beaucoup plus long que le cubitus auquel il est uni par une substance cartilagineuse , est inférieur et s’avance jusque sous le poignet. Ces deux os se ressemblent beaucoup par leur ex- trémité humérale, formée d’une seule facette concave, reçue sur une poulie correspondante de l’os du bras. Leur articulation est telle, qu’ils peuvent se mouvoir ensemble latéralement et un peu de haut en bas pour l'action de nager. [ Dans les tortues terrestres et les émydes, les os de l'avant-bras sont aplatis latéralement et placés tous deux sur le plan de leur aplatissement , en sorte que le radius est interne et le cubitus externe ; il ne peut point y avoir de mouvement de rotation, car les extré- mités de ces deux os s’articulent par suture, et se sou dent même quelquefois ; mais l’articulation humérale se fait par un ginglyme non serré, l’olécrâne étant peu saillant. ] L’humérus du crocodile se termine par deux tubé- rosités arrondies. Sur l’externe tourne la tête un peu cave du radius. Entre deux s’appuie la tête ronde con- vexe du cubitus, sans olécrâne ni cavité sigmoïde, Elle est la plus grande ; c’est le contraire pour celle d’en bas. C’est à peu près la même disposition dans le came- léon ; mais les os y sont plus alongés , et la tête infé- rieure du radius est plus petite que celle du cubitus. [ Dans les autres sauriens les extrémités sont beau- coup plus rapprochées de celles des mammifères. Leur humérus a deux poulies complètes ; une externe pour l'articulation du radius , une moyenne pour le cubitus, et de plus une demi-poulie interne. Dans le #onmiter ART. VII. DES OS DE L'AVANT-BKAS. 415 du Nil, par exemple, la face antérieure du bas de l’hu- mérus ressemble tout-à-fait à celle de certains ron- geurs. Son bord externe est même percé pour le pas- sage des vaisseaux, comme l’interne dans plusieurs mam- miferes. Le cubitus a une facette sigmoïde et un olé- crâne qui forme épiphyse dans le jeune âge .La disposi- tion du radius et du cubitus est telle, qu’ilsse croisent. Le premier est externe près de l’humérus, et interne près du poignet. Le cubitus porte la moitié des os du carpe. | Dans la grenouille , Vos unique de l’avant-bras s’ar- ticule par une tête concave sur une grosse tubérosité ronde du bas de l’humérus entre ses deux condyles. On voit, vers le bas élargi de cet os, un sillon de chaque côté, seul vestige d’une distinction en deux os. Les deux os de l’avant-bras des salamandres sont si- tués l’un au-dessus de l’autre. Le cubitus , qui est in- férieur et qui est un peu plus long que le radius , n’a point d’olécrâne , mais il y a une espèce de rotule dans le tendon de ses muscles extenseurs. L’extrémité cubi- tale de los du bras est très élargie ; la facette articu- laire qui la termine est convexe, et permet au radius et au cubitus de tourner ensemble en tous sens. ARTICLE VIT. DEs MUSCLES DE L'AVANT-BRAS. L’avant-bras peut se mouvoir sur Le bras par un seul mouvement de flexion et d'extension , et tourner sur lui-même dans les mouvements de pronation et de su- 14 1V° LECON, DU MEMBRE PECTORAL. pination. Delà quatre sortes de muscles , léchisseurs , extenseurs\, Supinateurs et pronateurs. T° Les fléchisseurs. À. Dans l'homme. Ce sont : 10 Le biceps ou long fléchisseur de l'avant-bras (sca- pulo-radien ) qui prend son attache supérieure par deux tendons ; l’un interne, qui lui est commun avec le muscle coraco-brachial, sur l’apophyse coracoïde : il est fort court ; l’autre externe , beaucoup plus long, qui naît du bord supérieur de la cavité glénoïde de l’o- moplate, et glisse sur la tête de l’humérus, dans la gouttière qui est entre ses deux tubérosités. Inférieu- _ rement ce muscle s’insère à un tubercule de la face cubitale du radius, un peu au-dessous de son cou. Cest un puissant fléchisseur, puisqu'il agit en certains mo- ments dans la perpendiculaire de l’avant-bras. 20 Le brachialinterne ou court fléchissseur ( hume- ro-cubitien) a son attache au tiers inférieur ou cubital de la face antérieure de l’humérus , et s’insère par un tendon à une tubérosité qui est au-devant de l’apo- physe coronoïde du cubitus. B. Dans les mammiftres. Ces deux muscles sont dans les si2es comme dans l’homme ; mais le brachial interne y remonte jusques vers le col de l’humérus. Les chauve-ssouris a’ont qu’un muscle fléchisseur de lavant-bras ; il est formé supérieurement de deux ventres charnus, dont l’un s'attache au-dessus de la ca vité humérale de l’omoplate , et l’autre à l’apophyse ART. VIT. DES MUSCLES DE L'AVANT-BRAS. 41 coracoïde. Leur tendon commun commence vers le tiers supérieur de l’os du bras, et s’insère à la face an- térieure de l'extrémité humérale de los unique de Favant-bras. Dans les carnivores , le scapulo-radien ne peut plus porter le nom de biceps, attendu qu’il n’a plus qu’une seule tête attachée au bord de la cavité glénoïde de l’omoplate : cependant la tête coracoïdienne de ce muscle est représentée dans l'ours par une petite lan- guette que lui fournit Le coraco-brachial. [Quelquefois aussi le tendon de ce muscle reçoit celui du cléido-mastoïdien. C’est ce que l’on voit notamment dans l’hyène. Il arrive cependant encore, dans quel- ques ruminans que ce muscle a deux ventres l’un, ex- terne et l’autre interne. | Quant au brachial interne, s'attache à la partie postérieure et externe de l’humérus, et il est situé au côté externe du scapulo-radien ; il s’insère au cubitus comme dans l’homme. Il en est de même dans les rongeurs , les pachyder- mes, les ruminans etles solipèdes : cependant}, dans cette dernière famille, les hippotomistes ont donné à ces deux muscles les noms de long et court fléchisseur de l'avant bras. C. Dans Les oiseaux. Dans les oiseaux , le /ong fléchisseur a une attache coracoïidienne , tendineuse , longue, et une humérale très courte sous la tubérosité inférieure ; il s’insère au cubitus. Le court est extrêmement petit; il a son at- tache à la ligne âpre interne, et se porte, en s’épa- 16 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. nouissant un peu, sur la face interne de la tête du cu- bitus. Il y a de plus le profond fléchisseur &e Vicq-d’Azyr. Il est attaché au condyle externe, sous le court supi- nateur, et s'étend à tout le tiers supérieur du cubitus, où il s’insère à sa face radiale. II. Les extenseurs. À. Dans l'homme. Dans l’homme, l’avant-bras est étendu par lesriceps brachial (scapulo-olécranien) composé de trois por- tions qui se réunissent en un tendon commun inséré à l’olécrâne. On leur a donné des noms différents. La première , qui a son attache au bord de l’omoplate sous la cavité glénoïde , a été appelée le long extenseur. La seconde , le court extenseur ; elle vient de la face pos- térieure de l’humérus au-dessous de sa tête. Enfin la troisième, qu’on nomme le brachial externe , s'attache à la face latérale externe de ce même os. IL y a encore un petit trousseau de fibres charnues qui vient du con- dyle externe de l’humérus, et qui s'insère à la partie supérieure du cubitus ; il est accessoire des précédents. On l’a nommé anconé (épicondylo-cubitien ). B. Dans les mammiferes. Dans les singes, il y a de plus une quatrième portion qui a son attache au tendon commun du grand dorsal et du grand rond. En outre, le tendon supérieur du long extenseur règne sur presque tout le bord inférieur ou costal de l’omoplate. ART. VII: DES MUSCLES DB L'AVANT-BRAS. 417 [ On retrouve aussi dans presque tous les mammi- fères cette quatrième portion, et de plus, la partie qui répond au court extenseur de l’homme se subdivise en plusieurs , qui ont leurs attaches en différents points de l’humérus , en sorte que ce muscle est presque tou- jours composé de cinq et quelquefois de six portions, Il est prodigieusement développé dans la taupe, comme en général dans tous les animaux fouisseurs et dans les animaux nageurs. | Le lapin à trois portions semblables à celles de homme. Il a de plus celle qui vient du tendon com- mun du grand dorsal et du grand rond , et un faisceau qui, ayant la même origine que le long extenseur , se confond très haut vers le brachial interne. Le cheval a les trois portions de l’homme ; savoir : le long extenseur , que Bourgelat appelle 2ros exten- seur , il est triangulaire et extrêmement épais. Le bra- chial externe ou court extenseur:; et le court extenseur ou moyen extenseur de Bourgelat. Il a de plus la qua- trième portion attachée au tendon commun du grand dorsal et du grand rond, mais qui paraît tenir d’une manière plus évidente au bord &e l’omoplate, Dans le cochon, l'insertion à l’omoplate de ce quatrième extenseur est encore plus évidente. IL semble que cette grande force et cette multipli- cation des extenseurs de l’avant-bras dans les qua- drupèdes, tiennent à leur utilité dans le mouvement progressif; ils remplissent dans ces animaux, pour l'extrémité antérieure, les mêmes fonctions que les extenseurs du talon pour l’extrémité postérieure, et ils font effort pour porter en avant le corps de l'animal Fe. 27 1 18 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. quand le pied de devant a pris son point d'appui. Ces muscles n’existent pas dans les cétacés chez lesquels les deux os de l’avant-bras ne sont point mobiles sur celui du bras. On trouve le petit muscle, appelé arconé dans l’homme, chez tous les animaux ci-dessus. L’extenseur des chauves-souris est formé supérieu- rement par deux ventres , dont l’un des tendons s’atta- che derrière et sur la grosse tubérosité de l'os du bras, et l’autre au-dessus de l'angle huméral de Fomoplate. Leurs fibres se réunissent vers le tiers supérieur du bras : elles forment bientôt après un tendon , qui passe derrière l'articulation et se fixe à l’olécrâne, [ly a dans son épaisseur une espèce de rotule. C. Dans les oiseaux. Les oiseaux ont le muscle extenseur de l’avant-bras composé de deux portions ; une scapulaire, que Vicq- d'Azyr a nommée long extenseur, etuneautre humé= rale, qui forme le court extenseur de cet anatomiste. Il ya aussi un anconé, très petit dans les oiseaux de proie, mais trés grand dans les perroquets. III. Les supinateurs. Les os de l’avant-bras se portent l’un au-dessus de l'autre , et entraînent la main dans leur mouvement, de manière à ce que la paume regarde le ciel ou la terre: c’est ce qu’on appelle mouvements de supina- tion et de pronalion. ART. VII: DES MUSCLES DE L'AVANT-ERAS. 419 A. Dans l'homme. La supination s'opère dans l’homme à l'aide de deux muscles , qu’on nomme long et court supinateur. Le court (épicondylo-radien) tient au condyle ex- terne de l’humérus , et à la partie voisine de la capsule articulaire. Il va obliquement embrasser la partie su- périeure du radius , qu'il fait tourner sur son axe de dedans en dehors. Le long supinateur (huméro-sus-radien) attaché égas lement au condyle externe, mais au-dessus du précé- dent , produit un tendon grèle qui s’insère au bord ex- terne de la tête inférieure du radius , qu’il fait tourner sur celle du cubitus de dedans en dehors. B. Dans les mammiferes. Les singes ont absolument les mêmes muscles. Les chauves-souris n’ont point de muscles destinés à produire la supination. Ce mouvement les aurait pri vées de la faculté de voler. [ Ces deux muscles existent encore dans la fouine, Vours, la loutre, la genette, et les chats; mais les chiens et les hyenes, ont le court supinateur seule- ment ; le long leur manque. Les deux supinateurs existent également dans les marsupiaux ; dans les rongeurs qui se servent de leurs mains comme l'écureuil et la marmotte, dans les pares- seux et dans les fourmuiliers ; le tamandua a de plus un muscle particulier qu'on pourrait regarder comme un second long supinateur, étant situé tout le long du bord interne de celui-ci. ] 27. 420 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAT.. Le lapin, Vagouti, et probablement tous les ron- geurs sans clavicules, n’ont ni l’un ni l’autre. Ces muscles manquent également aux pachydermes, aux ruminans et aux solipèdes. C. Dans les oiseaux. [ Ces animaux n'ayant pas besoin d’un mouvement de supination prononcé, n’ont que le court supinateur, encore sa fonction principale est celle d’un fléchis- seur. | IV. Les pronateurs. A. Dans l'homme. La pronation s'effectue par deux muscles ; le rond et le carré pronateurs. Le rond (épitrochlo-radien) est placé à opposé du court supinateur. Il s'attache au condyle interne de l'humérus , et vient s’insérer à la partie supérieure in- terne du radius. Le carré (cubito-radien) est étendu directement entre les quarts inférieurs ou carpiens de os du coude et du rayon, à leur face interne. B. Dans les mammifères. Les singes , les carnassiers , les marsupiaux , ont ces deux muscles disposés de la même manière. Les chauves-souris, qui n’ont qu’un os unique à l’a- vant-bras, ou seulement un rudiment d’os du coude, sont privées de muscles pronateurs. Le lapin n’a que le rond pronateur , dont l'effet est ART, VII, DES MUSCLES DE L'AVANT-BRAS. 421 extrémement borné , vu le peu de mobilité du rayon ; mais la plupart des autres rongeurs et tous les édentés , ont ces deux muscles. Dans l’éléphant et les cochons, le rond pronateur existe, mais extrêmement faible. Les solipèdes et les ruminants n’ont aucun pronateur. Dans les éétacés , qui n’ont point l’avant-bras mobile sur le bras, il n’y a aucun des muscles propres à le mettre en pronation où en supiration. Des rudiments aponévrotiques des muscles sont seulement étendus sur toute la surface des os ct affermissent leur articulation. C. Dans les oiseaux. Les oiseaux ont deux ronds pronateurs ; mais comme le mouvement de pronation esttrès peu étendu chez ces animaux, cesmuscles paraissent servir de fléchisseurs. V. Muscles de l’avant-bras des reptiles. [ Les os du bras et de lavant-bras n'ayant point éprouvé les mêmes changements que les os de l'épaule, on conçoit que les muscles aient moins varié. Le biceps seul, venant de l’apophyse coracoïde, a dù suivre les mouvements de cet os; il naît cependant toujours de son bord antérieur et va passer dans la gouttière bici- pitale lorsqu'elle existe. Dans les tortues , il n’est charnu que vers le coracoïdien. Tout le reste du muscle est formé par un tendon qui longe Phumérus et qui va s'attacher au radius. Dans les crocodiles et les sauriens au coniraire, il est. plus charnu à sa partie inférieure, et ne s’insère que par un tendon au coracoïdien. 422 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. Dans les batraciens, c’est, comme dans les tortues , la partie supérieure ou coracoïdienne qui est charnue : son tendon a cela de particulier dans les grenouilles, qu'il passe dans un canal osseux pratiqué à lhumérus : c’est ce muscle qui, dans la première édition de cet ouvrage, avait été nommé s{erno-radien. Le brachial interne existe également dans les tortues, les sauriens et les batraciens. Le triceps-brachial est composé, dans le crocodile , de quatre portions: deux scapulaires , l’une externe et l’autre interne, et deux humérales, également interne et externe. La scapulaire interne a deux tendons qui embrassent le sous-scapulaire. L'un suit la direction du muscle et s'attache au bord inférieur du coracoï- dien près de l’omoplate ; l'autre se porte en arrière, longe le bord inférieur du sous-scapulaire et va se fixer au bord inférieur de l’omoplate. Dans les autres reptiles, il n’y a que les trois portions comme dans Vhomme; mais elles sont proportionnellement plus volumineuses, excepté chez les tortues marines qui ne paraissent point avoir de portion scapulaire. Il n'y a qu'un supinateur qui s’insère sur le poignet; il vient du condyle externe et quelquefois, comme dans les grenouilles, de la partie moyenne de l’humérus. Il manque dans les {ortues marines. Les deux pronateurs existent dans les crocodiles, les tortues de terre et d’eau douce et les sauriens. Le carré pronateur du crocodile est très fort et occupe la moitié supérieure du cubitus et presque toute l’é- tendue du radius. Dans les émydes il est au contraire petit et tout près du carpe. | ART, VIIT. DES OS DE LA MAIN, 423 ARTICLE VIII. DES OS DE LA MAIN. La main est composée d’un grand nombre d’os qui en rendent les plus petites parties très mobiles: les uns sont situés dans sa partie supérieure ou la plus voisine de l’avant-bras: on les nomme os du carpe on du poignet ; les autres suivent immédiatement ceux-ci et portent le nom d’os da métacarpe; enfin les os des doigts ou phalanges sont situés tout-à-fait à l’extré- mité, I. Des os du carpe. À. Dans l'homme. Îls sont peuts, et présentent beaucoup de facettes qui correspondent aux différents points de leur articu- lation ; ils sont disposés sur deux'rangées, composées chacune de quatre os : la première de ces rangées s’ar- ticule dans les facettes des extrémités carpiennes du radius et du cubitus. Le radius leur présente une grande facette un peu cave, tronquée vers le cubitus , et portant une pointe au côté interne. La facette du cubitus est beaucoup plus petite. Deux des petits os de la première rangée s’articulent avec la facette du radius. Onnomme l’un, le scaphoide, et l’autre, le se-lunaire. Un troisième est reçu sur Ja facette du cubitus; c’est celui qu’on appelle cunéiforme 424 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. ou pyramidal. Ce dernier porte sur sa face interne, vers son bord cubital, un petit os arrondi qui fait saillie vers la paume de la main. D’après sa forme, ou d’après sa situation , On l’a nommé pisiforme ou hors de r'ang. Les trois os de la première rangée qui s’articulent avec l’avant-bras, sont maintenus par un ligament cap= sulaire très che, qui contient intérieurement un car- tilage inter-articulaire, dont la forme est triangulaire. Il se porte aussi des fibres ligamenteuses à l’os cunéi- forme; elles viennent de l’échancrure articulaire du cubitus. On les nomme le lisament transverse externe. Il yen a deux autres à peu pres semblables du côté in- terne,qui viennent de l’apophyse styloïde du radius : l’un se fixe à l'os scaphoïde, et l’autre au tubercule de l’os semi-lunaire. Quant à la seconde rangée des os du poignet , deux sont articulés avec le scaphoïde. Ce sont , le trapèze qui supporte la première phalange du pouce; il a une éminence saillante au-dedans de la main, et le érape- zoïde, sous lequel s’articuie los métacarpien de l’index. Vient ensuite le grand os, qui s'articule tant sur le scaphoïde que sur le semi-lunaire, et qui supporte los métacarpien du doigt du milieu, et une petite portion de celui de annulaire. Enfin l’unciforme, ou os crochu , qui S’articule sur le cunéiforme , supporte le doigt annulaire et l’auriculaire ou petit doigt, et produit à la paume de Îa main une grande apophyse en forme de crochet. Le carpe se meut sur l’avant-bras en avant, en ar- rière et sur le côté; mais les mouvements de ces par- ties entre elles et avec le métacarpe sort à peine ART. VIII. DES OS DE LA MAIN. 425 sensibles, quoique très réels, afin de donner plus de douceur à ses mouvements. Leur union est telle ce- pendant, que toute la main peut être mue par un seul muscle inséré à l’un des os qui la compose. Une capsule articulaire unit la première rangée des os du carpe à la seconde, et une autre joint celle-ci aux bases articulaires des os métacarpiens. Quant anx autres ligaments du carpe, ils sont destinés à unir entre eux, de diverses manières, chacun des os, de sorte que leur figure et leur direction varient beaucoup. B. Dans les mamimiferes. Le carpe des singes a un os de plus que celui de l’homme, Il est situé entre le scaphoïde, le trapèze et le grand os et peut être cousidéré comme un démem- brement de ce dernier ; Leur os pisiforme est plus sail- lant, parce que sa forme est beaucoup plus alongée, et qu'il sert, pour ainsi dire, de talon à la main. Il y a de plus, presque toujours , quelques points ossifiés dans les tendons des muscles; on les regarde ordinairement comme des osselets surnuméraires. I] yen a deux, parexemple, dans le gbbon et le magot : Vun dans le tendon du cubital externe, sur le joint du pisiforme avec le cunéiforme; l’autre, hors de rang , sur le bord du scaphoïde et du trapèze : le premier manque dans les sapajous. Dans les roussettes , il y a deux os au premier rang : savoir, un grand au bord radial, et un très petit à celui qui répond au cubital ; on retrouve les quatre os ordi- naires du second rang : le troisième, celui qui correspond 426 IV° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. au second doigt, a une très grande face au dedans de la main. Dans les carnivores, en général, mais particulière- ment dans les /outres, les chiens , les chats , les héris- sons, les musaraignes , les ours et les phoques , le sca- phoïde et le semi-lnnaire ne forment par leur réunion, qu'un grand os. Dans les loutres et les chats, il y a sur le bord interne-du carpe un petit os surnumé= raire, semblable au pisiforme de l’homme, mais situé au bord opposé. Le pisiforme des carnivores est tort alongé et fournit une espèce de talon aux pattes anté- rieures. Cette dernière particularité n’a pas lieu dans le phoque. L'os qui répond à celui qu’on nomme le grand os dans l’homme, est fort petit du côté du dos dela main. Ceux qui n’ont qu’un vestige de pouce, comme la hyène, ont le trapèze très petit. Le glouton est dans le même cas ; aussi a-t-il un appendice stihforme de plus au carpe; ilest situé sous Vos scaphoïde. Dans la taupe chaque rangée est composée de cinq os, comme le dit M. Meckel, et ii y a de plus un grand os semblable à un fer de faux qui garnit le bord radial de la main dans toute sa longueur, et lui donne cette largeur et cette figure de pelle qui la rend propre au genre de vie de l'animal. La taupe à enéore eeci de singulier, que ses doigts sont très courts , recouverts par la peau, et qu’il n’y a que ses grands ongles qui soient visibles au-dehors. [Dans la chuysochlore, où le troisièmeetle quatrièmé ART. VIII. DES OS DE LA MAIN. 427 doigt réunis par unseul ongle prennent undéveloppe- ment extraordinaire, tandis que le cinquième est réduit à un rudiment à peine perceptible, les os du carpe sont placés dans un plan courbe, en sorte que le cin- quième doigt touche presque au premier, par son bord externe. Lepisiforme extrêmement alongé, au lieu de se porter en arrière et de former talon comme dans les autres animaux, monte dans la direction de l’avant- bras , et va s’articuler avec le condyle interne de l’'humérus. ] Parmi les rongeurs, le lièvre a les os comme les singes; mais le castor, la marmotte, Vécureuil, les rats et les agoutis ont, comme les carnivores, un os unique pour le scaphoïde et le semi-lunaire, Los sur- numéraire est aussi grand que le pisiforme ordinaire, et souvent beaucoup plus. Il porte même quelquefois un second os surnumé- raire, comme dans la serboise et la marmotte ; en sorte qu'il y a de chaque côté un os hors de rang d’égale grosseur. En général, dans les rongeurs , le grand os est di- visé en deux, comme dans les singes. Le porc-épic n’en diffère qu’en ce que cet os n’y est point divisé et qu'il y a un os surnuméraire entre le pisiforme et los méta- carpien du cinquième doigt; il est attaché sur los crochu. Dans les cabiais, le scaphoïde et le semi-lunaire n’en font qu'un, sans os surnuméraire. Îl y en à ce- pendant un petit dans le cochon d'Inde. Le paca, l’'agouti et le cabiai, ont le grand os divisé ainsi que le cochon Fnde. Ces trois animaux ont, pour tout ru 4258 IV° LECON, DU MEMBRE PECTORAL. diment du pouce, un petit os situé sur le trapèze avec lequel il est articulé. Dans la #7armotte et les agoulis, ce rudiment est composé de trois osselets et il y a de plus un os surnuméraire interne. Le paresseux à trois doigts n’a que six os au carpe : trois à la première rangée, parce qu'il n’y a point de pisilorme , et trois à la seconde. [ L’unau , quoiqu'il ait un doigt de moins, a un os de plus au carpe, c’est-à-dire sept, parce qu’il a un pisiforme. Le carpe des fourmiliers a huit os comme celui de l’homme, mais un de ces os se rapproche un peu par sa forme de ceux des ruminans. Dans les pango- lins il n’y en a que sept, parce que le scaphaïde et le semi-lunaire sont réunis en un seul. Le {atou géant, qui a le troisième et le quatrieme doigt extrémement développés , a les os du carpe larges et coniposés de onze os ; le cinquième doigt au lieu d’être suspendu au tra- pèze, l'est à un os supplémentairequi en portelui-même encore un autre à sa face postérieure ; il y a en outre un os énorme à la face interne du carpe porté par une large facette du semi-lunaire et qui préserve les fléchis- seurs du grand doigi. | Le fourmilier didactyle a quatre os au premier rang du carpe : deux radiaux , un cubital et un long pisiforme ou hors de rang. Il n'y a que deux os à la seconde rangée; ils correspondent a second et au troisième doigt. Sur le bord radial du premier, est un vestige de pouce, formé d’une seule pièce. ju" lex- trémité cubitale de l'autre , est un vestige bi-arti- culé du doigt annulaire ou quatrième doigt, et un ART. VIIT. DES OS DE LA MAIN. 429 beaucoup plus petit , d’une seule pièce , rudiment du cinquième doigt. L’eléphant a huit os au carpe , comme l’homme ; mais ils ont une autre configuration, Le pisiforme est alongé ; ies autres sont en forme de coins. Le cochon, Vhippopotame, le taptr, le rhinocéros le daman , ont huit os au carpe, mais les pécaris n’en ont que sept et les phacochæres six. Quoique le rinocéros n’ait que trois doigts, comme le pyramidal, le grand os et l’'unciforme appartiennent chacun à un des trois , il ne manque que le trapèze ; mais il y a un os surnuméraire sur le bord du scaphoïde et sur celui de lunciforme, comme dans le porc-épic. Les ruminans ont les quatre os ordinaires à la pre- mière rangée, mais plus étroits, à proportion de leur hauteur. La plupart en ont deux à la seconde: le cha- meau cependant en à trois. Les solipèdes en ont quatre à la première rangée, et trois à la seconde. Les os du carpe des dauphins et des autres cétacés sont extrêmement aplatis, presque tous de figure hexagone, formant comme un pavé par leur réunion. Les dauphins onttrois os à la première rangée, et deux seulement à la seconde; mais dans les baleines il y en a un de plus à chaque rangée. IL. Os du métacarpe. Chacun des doigts de la main est supporté à sa base par un os alongé , qui est uni avec les pareils des autres doigts , de manière à ne faire sur eux que des mouve- ments obscurs. On l'appelle os du métacarpe. 450 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. A. Dans l’homme. Le pouce, qui n’a que deux phalanges, est le seul doigt dont l'os äu métacarpe puisse s’écarter et se rapprocher des autres d’une manière sensible; aussi est-il opposable aux autres doigts. Fous les autres ne peuvent s’écarter au-delà de l'étendue que leur fixent les ligaments situés dans les espaces qui sont entre eux et qu'on nomme inter-métacarpiens. Ces os sont en outre retenus sur la seconde rangée de ceux du poignet, par des ligaments articulaires qui sont en grand nom- bre. On les distingue en palmaires, en sus-palmaires , et en latéraux. Les os du métacarpe présentent à leur extrémité digitale un tubercule arrondi , sur lequel est reçue la première phalange de chaque doigt. À lenr extrémité carpienne on remarque plusieurs facettes: la principale correspond aux os du carpe, et les autres, plus petites et latérales, aux os métacarpiens voisins. Ces os sont à peu près droits dans l’homme. B. Dans les mammiferes. Les mammifères ont généralement autant d’os du métacarpe qu'ils ont de doigts : à l’exception des rumi- nans , dans lesquels ces deux os se soudent dès la pre- mière jeunesse en un seul , qu’on nomme l’os du canon. Ces os du métacarpe s’alongent d’autant plus, que les animaux marchent davantage sur l'extrémité des doigts , et qu'ils se servent moins de la main pour sai- sir, ou que ces os contribuent avec les phalanges à for- mer des ailes, comme dans les chauve-souris. Tout le métacarpe est relevé, et forme ce que l’on { ART, VIII. DES OS DE LA MAIN. 451 nomme vulgairement la jambe de devant dans les car- nassiers digitigrades , et ce qu'on nomme canon dans les chevaux , les moutons et les bæufs. Dans le paresseux à trois doigts , les trois os du mé- tacarpe sont soudés entre eux par leur base , et avec le rudiment d’un quatrième doigt, au moins dans l’in- dividu adalte qu'on conserve au muséum. [ Dans quelques animaux fouisseurs les os du méta- carpe sont extrèmement inégaux. Dans la chrysochlore les deux premiers os sont d’une . longueur ordinaire, mais dans le doigt suivant, qui est composé, à ce qu'il paraît, de deux os réunis, le métacarpe est plus court qu’un os du carpe. Dans le fatou géant, c’est à peu près la même chose; le métacarpien des deux grands doigts, mais sur-tout du médian est beaucoup plus large que long. Il y a généralement dans les cétacés cinq os du méta- carpe entièrement aplatis et ne présentant aucune différence de forme d’avec les phalanges. | LIL. Os des doigts. Les doigts sont les avances libres et mobiles qui ter- minent la main. À. Dans l'homme. [ls sont au nombre de cinq. Chacun d’eux, à l’ex- ception du pouce, est composé de trois phalanges ou articles , dont le premier , ou celui qui est reçu sur los du métacarpe, est le plus long. Le plus petit est celui qui termine le doigt et qui porte l’ongle (onguéal). I est 1 459 IV LECON, DU MEMBRE PECTORAL. facile de reconnaître ces phalanges les unes des autres. La première porte à sa base une facette articulaire con- cave , arrondie , qui correspond à l'extrémité digitale du métacarpe. La seconde porte à sa base une facette articulaire, formée par deux petites fosses | séparées l'une de l’autre , an moyen d’une petite ligne saillante; et la dernière enfin est terminée par une surface rabo- teuse et non articulaire. Ces trois os vont en diminuant insensiblement de grosseur , et ils sont à peu près droits dans toute leur longueur. Ils portent à chacune de leurs extrémités une capsule articulaire et des ligaments latéraux : beaucoup de fibres et de gaïnes ligamenteuses main- tiennent en outre en situation les tendons des muscles de la main qui s’y insèrent. B. Dans les mammifcres. En comptant les rudiments imparfaits et souvent cachés sous la peau, il n’y a jamais moins de trois doigts, ni plus de cinq dans les mammifères. Les solipèdes en ont deux imparfaits et un parfait, en tout trois. Le rinocéros , trois parfaits. Les ruminans, deux imparfaits, deux parfaits, en tout quatre. Le tapir et l’hippopotame , quatre parfaits. Tous les animaux onguiculés en ont cinq, tant par- faits qu'imparfaits ; excepté peut-être l’unau où l’on n’en voit que deux parfaits et deux imparfaits. Chez quelques-uns cependant, le pouce, qui est le premier doigt qui disparaisse, est si rudimentaire qu’ilne se com- ART. VIII. DES OS DE LA MAIN. Â33 pose plus que d’un petit métacarpien stiloïde, sans phalanges ; tels sont, parmi les carnassiers, les Lyènes et les suricates. Tout doigt parfait a trois phalanges, excepté le pre- . mier du côté radial , ou le pouce, qui n’en a jamais que deux. Elles peuvent se fléchir tout-à-fait, mais non s'étendre au-delà de la ligne droite, excepté la première phalange , et quelquefois les dernières , dans quelques genres. Les quadrumanes ont, comme l’homme, le pouce séparé et opposable aux autres doigts. C’est ce qui forme le véritable caractère de la main ; mais le pouce est toujours plus long dans l’homme, à proportion des autres doigts, que dans les os: dont la main n égale rs à cet égard la perfection de la nôtre. Il est même oblitéré et caché sous la peau dans le coaita (simia paniscus, Linn. ). La dernière phalange, ou celle qui porte l’ongle, est moins aplatie et plus pointue que celle de hommes Les os du métacarpe et les premières phalanges sont aussi beaucoup plus courbés du côté de la paume de la main. Les roussettes et les chauves-souris ont les phalan- ges excessivement alongées , principalement les der- nières qui sont très pointues , et qui ne portent point d'ongles : le pouce ne participe point à ces change- ments. [l est court et onguiculé. Dans les carnivores, le pouce reste parallèle aux autres doigts ; aussi ces animaux sont-ils privés de la faculté de pincer ou de saisir les petits objets. Dans le phoque, le pouce est ‘plus long que les autres doigts. I. 23 134 IV LECON. DU MEMBRE PECTORAL. Il leur est presque égal en iongueur dans les ours, les blaireaux , les ratons, les coulis. Les sarigues Vont de très peu plus court. Il est manifestement plus court dans les belettes, les civeltes , les chats et les chiens. Il est oblitéré et réduit à une seule phalange dans la hyène. La forme des dernières phalanges et des secondes est très remarquable dans la famille des chats, animaux qui ont la faculté de relever leurs ongles, PT qu'ils ne s’émoussent pas en appuyant sur le sol dans la marche. La seconde phalange est triangulaire. Deux de ses faces sont latérales , et la troisième plantaire, ou infé- rieure. Du côté interne ou de celui qui regarde le pouce, la face latérale présente une espèce de torsion telle, que la partie moyenne est oblique et comme échancrée. La troisième phalange, ou celle qui porte l’ongie, est plus singulière encore par sa forme, ses articula- tions et ses mouvements. La figure de cette phalange est celle d’un crochet fait de deux parties : l’une dirigée en avant, courbée, tranchante et pointue, reçoit l’ongle, dont la forme est à peu près la même: la base de cette première por- tion fait une espèce de capuchon osseux dans lequel est reçue la base de l’ongle comine dans une pgaîne, mais de manière à ne pouvoir ètre repoussée en ar- rière. La seconde partie du crochet est placéeen arrière: elle s'élève presque verticalement, et n’est articulée qu’à sa portion la plus inférieure : elle se prolonge au- dessous de Partieulation en deux appendices, qui don : ART. VIII. DES OS DE LA MAIN. 455 nent attache aux muscles propres à faire saïllir Pongle, ou à fléchir la phalange, ce qui revient au même ; Varticulation de cet os est en effet disposée de manière que, dans son extension qui se fait beaucoup au-delà de la ligne droite, il éprouve un véritable renverse- ment en dessus et en arrière sur la seconde phalange du coté interne ou radial, de sorte que l’échancrure latérale de la seconde phalange sert alors à loger la troisième, et que, dans cet état, la pointe de l’ongle bien loin de toucher le sol , regarde le ciel. Cette position renversée est celle du repos. La pha- lange y est maintenue par deux sortes de ligaments : savoir, la capsule articulaire et des ligaments laté- raux qui viennent de la seconde phalange. Dans l’ordre des rongeurs , il y a un pouce parfait, mais plus court dans les Lèvres, les castors, les ger- boïses : un pouce oblitéré de deux phalanges dans les écureuils, les rats, les porcs-épics, le paca, agouti, etc. enfin un pouce oblitéré d’une seule pièce dans le cabiar, le cochon d'Inde, la marmotte, etc. En général, les der- nières phalanges sont très étroites, alongées, presque droites et pointues. Îl faut en excepter cependant le grand cabiai, dont les dernières phalanges sont trian- gulaires et enveloppées dans un véritable sabot corné. Les édentés offrent beaucoup de variation dans le nombre des doigts du pied de devant. En effet le t4ma- noir et le fournulier à quatre doigts ou tamandua , ont le pouce très petit. Il est aussi oblitéré, de même que le cinquième doigt, dansle paresseux tridactyle ou l'ai, qui présente beaucoup d’autres particularités très re_ marquables, car ses trois doigts parfaits se soudent 28 436 IV° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. quelquefois entre eux par les bases des os métacarpiens, ce qui gène considérablement leurs mouvements ; ensuite chacun de ces doigts n'est composé que de deux phalanges articulées par des poulies à rainures étroites et profondes. L’extrémité du métacarpien, ter- minée par une rainure au lieu de l’être par une facette saillante, indique qu'ici la première phalange s’est . soudée avec cet os. Il résulte de ces dispositions, que les mouvements latéraux sont absolument impos- sibles. Enfin la dernière phalange est beaucoup plus longue que la première : elle présente aussi à sa base une espèce de gaïîne osseuse ou de capuchon, qui est beaucoup plus profond en dessous qu’en dessus. [Dans l’unau les trois phalanges existent, mais la première, qui ordinairement est la plus longue, n’a pas ici le quart de la longueur de la seconde. Dans le tamanotr et le tamandua la première pha- lange du doigt médian est également beaucoup plus courte que la seconde , environ le tiers ; dans les doigts externes du éatou-géant il n’y a que deux phalanges ; une courte et Hs et la phalange onguéale, qui, au médius , est monstrueusement longue , tranchant, en forme de fer de faux et portant à sa base une gaine pour l’ongle. C’est peut-être dans le tamanoir que cette gaine est la plus longue. | Le pouce, le deuxième et le cinquième doigt , sont oblitérés dans le fourmuilier didactyle et le paresseux à deux doigts où unau. L’éléphant a cinq doigts parfaits, mais tous les cinq sont presque entièrement cachés sous la peau épaisse qui enveloppe le pied. ART. VIII. DES OS DE LA MAIN. 457 Dans les animaux à sabots qui ont quatre doipts, comme le cochon, le tapir et l'hippopotame, on voit aussi un petit os qui est le rudiment du pouce. Le cochon ases deux doigts de côté plus courts, et ne touchant point à terre : ils sont cependant parfaits quant au nombre des os qui les composent. Dans ces animaux , la dernière phalange est moulée dans l’inté- rieur de la corne qui termine le pied. Les ruminans n’ont, comme nousl'avons vu , qu'un seul os du métacarpe qui supporte les deux doigts, qui forment ce que l’on nomme le pied fourchu. Plu- sieurs espèces ont encore à la racine des deux doigts parfaits deux petils os , souvent revêtus d’onglets, qui représentent deux autres doigts. La dernière pha- lange de chaque doigt est toujours de forme triangu- laire. Deux des faces sont latérales ; celle qui regarde le doigt voisin est plane ; l’autre est convexe. Dans le chevaletles autres solipèdes, il n’y a pour ves- tige des'doigts latéraux que deux stylets placésaux deux côtés de los du canon. Les trois phalanges du doigt unique qui existé portent le nom de paturon, de cou- ronne et des du petit-pied. Cette dernière phalange a la forme du sabot ; elle est arrondie, plate eu dessous convexe en dessus. Les cétacés ont toutes les phalanges aplaties, réunies en nageoire et souvent cartilagineuses. Tels sont, en particulier, le marsouin, le dauphin, le cachalot ; mais ces phalanges augmentent beaucoup en nombre. IV. Des os de la main dans les oiseaux. Il n’y à qu’une seule rangée au carpe des oiseaux , 438 IV LECON. DU MEMBRE PECTORAL. Ja seconde paraissant soudée à la partie qui représente le métacarpe. Cette rangée n’est formée que de deux os. Un radial de figure rhomboïde, qui empêche le métacarpe de trop s'étendre, et un cubital, en forme de chevron , dans l'angle rentrant duquel s’emboîte le bord cubital de los du métacarpe. Il a souvent un tubercule qui répond au pisiforme des mammifères. L’os du métacarpe est fait de deux branches de gros- seur inégale, soudées lpar les extrémités. La radiale est toujours plus forte que la cubitale. Il porte, au côté radial de sa base , sur une apophyse particulière, ou même sur un petit os séparé, un os styloïde, qui tient lieu de pouce. Sur l'extrémité de cet os du métacarpe, il y a un long doigt, composé de deux phalanges. La première est presque rectangulaire, comprimée comme un couteau; elle est évidemment composée de deux os soudés ensemble ; la seconde est styloïde. Il y a aussi un doigt court , d’une seule pha- lange , qui a la figure d’un stilet. Le pouce porte les pennes bâtardes ; le grand doigt et le métacarpe, les pennes primaires. Le petit doigt n’en porte aucune ; il est caché sous la peau. [ L'aile des jeunes oiseaux nous montre que les deux branches du métacarpien sont deux os séparés et que l’'apophyse radiale elle-même est un court métacar- pien qui se soude promptement avec son voisin. D’a- près cela, l'aile d’un oiseau est toujours composée de trois doigts, excepté dans les casoars qui n’en ont qu'un , terminé même par un ongle crochu. | TouS les :os de la main ou de l’aile des manchots, sont aplatis comme des lames minces. ART. VIII. DES OS DE LA MAIN. 439 [ La longueur de la main est, dans les oiseaux-mou ches, triple, dans les martinets , double ; de celle de l’a- vant-bras ; dans les faucons, les pies-grièches, les gobez mouches, les aras, les goélands, les hirondelles de mer, les oies , les canards , ces parties sont égales ; dans les autours , les buses, les milans , les chouettes, la main n’a plus que les quatre cinquièmes, et dans les aigles, que les trois quarts de l’avant-bras. ] V. Des os de la main dans les reptiles. [ La main des tortues de mer est longue et aplatie en forme de nageoire et portée presque entièrement par le cubitus. Il y a , au premier rang du carpe, dans le caret et la caouanne deux grands os cubitaux qui des- cendent au! niveau de l’extrémité du tadius. Quatre os petits et arrondis correspondent à l’interne et trois plus grands et plats, dont un hors derang , représen- tant le pisiforme, correspondent à externe. Les méta- carpiens, longs , arrondis , un peu renflés à leurs deux bouts, excepté celui du pouce quiest courtet plat, sont portés chacun sur un os du carpe. Le nombre des pha- langes est de deux pour les doigts interne et externe et de trois pour les trois autres doigts. La seconde pha- lange des troisième et quatrième doigts , est beaucoup plus longue que la première; les phalanges onguéales sont plates, à l'exception de celle du pouce qui porte un ongle arrondi. Dans la fortue franche, À ÿ a un os de plus qui correspond au radius. La main des tortues terrestres est, au-contraire, toute rabougrie. Le carpe se compose de trois os au premier rang, un radial et deux cubitaux ; de quatre au second 4ho 1v° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. rang et de deux à un troisième rang du côté rédial seulement. Les métacarpiens se distinguent difcile- ment des os du carpe, dont ils ont la forme et la lon- gueur ; il n’y a que deux phalanges aux cinq doigts ; une première, courte, et une seconde , onguéale, assez forte et conique. Les émydes et autres tortues d’eau douce, se rappro- chent plus ou moins de ces deux types, selon qu’elles sont plusou moins aquatiques. Ainsi les trionyæx ont les métacarpiens assez longs ; les trois doigts qui portent des ongles sont plus forts que les deux autres; le nom- bre des phalanges,en commençant par le pouce , est de deux, trois , quatre , cinq et quatre. La matamata a également ses doigts distincts, mais elle n’a que trois phalanges au quatrième doigt et quatre au quatrième. Les crocodiles sont de tous les reptiles ceux qui ont le carpe le moins complet : la première rangée est for- mée de deux os longs parallèles , un radial et un cubi- tal; le premier est beaucoup plus grand que l’autre, mais ce dernier a entre lui et le cubitus un peu en dehors, situé comme le pisiforme, un os arrondi, et à son autre extrémité un second os autour duquel sont placés à une certaine distance , les cinq os métacarpiens; mais l’intervalie qui les sépare est rempli par du cartilage. ] Le crocodile a la main arrondie; on lui compte deux phalanges au pouce, trois au second doigt, qua- tre au doigt du milieu et au quatrième, et trois seu- lement au cinquième. [ Dans les autres sauriens, le carpe est plus complet. Il est composé de neuf os dans les z7onitors ; deux rangées correspondent au cubitus et trois au radius. Le pisiforme est placé comme dans les mammifères. _ ART. VIII. DES OS DE LA MAIN. AA: Les métacarpiens interne et externesontgros etcourts, les {trois autres longs et plus minces. Le nombre des Ù L2 phalanges dans les sauriens est généralement, en com- mençant par le pouce, de deux, trois, quatre, cinq et quatre. La phalange onguéale est chez presque tous _ comprimée et porte un ongle très aigu et crochu. ] Le caméléon a trois dobts d’un côté, et deux de l’autre, qui forment, avec les trois qui leur sont op- posés , une espèce de tenaille. Le nombre des phalan- ges est le même que dans le crocodile, La grenouille, le crapaud et la salamandre ont le carpe formé de trois rangées: la première rangéeest faite de deux os, un radial et un cubital; la seconde de trois dont le plus grand porte un rudiment de pouce à deux articles ; la troisième rangée est aussi composée de trois os; le second doigt porte sur le premier de ces os ; le quatrième doigt est articulé sur le second os; le doigt du milieu sur l’un et l’autre; le petit doigt sur Île troi- sième os : la première rangée touche la troisième en dessous, parce que la deuxième est cunéiforme. Il n’y a point d’os hors de rang. La salamandre a le cinquième doigt oblitéré et son pouce n’a que deux phalanges. La grenouille w’a qu’une seule phalange au pouce, qui est oblitéré; elle en a deux seulement aux deux doigts qui suivent , et trois aux deux autres. h42 IV® LECON. DU MEMBRE PECTORAL. ARTICÉE IX. DES MUSCLES DE LA MAIN. T. Muscles du carpe et du métacarpe. À. Dans l'homme. Les muscles qui agissent sur le carpe et le métacarpe, autres que le palmaire gréle omis à tort dans la première édition, prennent les noms de radiaux et de cubitaux, selon le bord de l’avant-bras le lons duquel ils sont étendus; et ceux d’internes et d’externes, d’après le condyle de l’humérus auquel ils s’attachent. I nya, parmi les os du carpe, que los prsiforme qui donne insertion à un de ces muscles : c’est le cu- bital interne (épitrochlo-carpien) qui a son attache fixe au condyle interne de l’humérns , et à la face pos- térieure du cubitus, et s'étend le long du bord cubital de l’avant-bras. Le palmaire gréle (épitrochlo-palmaire), assez sem- blable au précédent, s'attache à la tubérosité interne de Phumérus, et fournit un tendon mince qui se perd dans le ligament annulaire du carpe et dans l’apoué- vrose palmaire. Le cubital externe (cubito-sus-métacarpien) attaché à l’autre condyle, et marchant en dehors du muscle précédent se porte à la base externe de l'os métacar- pien du petit doigt. Le radial interne (épitrochlo-métacarpien) venant ART, IX. DES MUSCLES DE LA MAIN, 443 du condyle interne de l’humérus, donne un tendon qui passe sous le crochet de los unciforme pour aller s'attacher à la base de l’os métacarpien de l'index. Il y a deux radiaux externes venant du condyle ex- terne , marchant au-dessus l’un de l’autre au côté ex- ternc du radius, et allant s’insérer : le premier (hu- méro-sus-métacarpien) à la base externe de l’os mé- tacarpien de l'index, le second (épicondylo-sus-méta- carpien) à celle du médius. B. Dans les mamnuferes. Les singes ont ces six muscles comme l’homme, ainsi que les carnassiers, et en général tous les digités. Dans quelques-uns cependant les radiaux ex- ternes se confondent vers le condyle, et leurs tendons seuls sont distincts; tels sont le chien, lhyène, le lapin, les édentés; mais dans les pachydermes et les rumt- nans 1] n’y a plus qu’un radial : l'éléphant fait cepen- dant exception à la règle. J’en trouve également deux dans le kanguroo, maigré lassertion de M. Meckel, qui ne lui en donne qu’un. Dans tous les animaux multidigités, les muscles ex- ternes approchent , en agissant de concert, le dos de la main de celui de l’avant-bras. Les internes produisent le mouvement contraire. Les cubitaux , en agissant de concert, portent la main en dehors vers le bord cubital de l’avant-bras, et les radiaux opèrent le mouvement contraire. Dans les animaux à canon, chez lesquels la main ne peut que sefléchir et s’étendre, le radialexterne (ex- tenseur droit antérieur du canon, Bourgelat) s'attache A 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. à la base antérieure du métacarpe ou canon, et l’étend. Le radial interne ( fléchisseur interne, Bourgelat) s'insère à sa base postérieure, Le cubital interne ( fle- chisseur oblique, Bourgelat) s’insère à l'os analogue au pisiforme:; et le cubital externe ( fléchisseur externe, Bourgelat) à ce même os, et se prolonge sous ceux du carpe. Ce dernier existe chez tous les mammifères. Tous ces muscles sont autant de fléchisseurs. [ Le cubital interne existe généralement et il offre ceci de particulier que dans l'ours noir d'Amérique, le blaireau, le chien, il est double, l’un venant du condyle interne et l’autre de l’olécrâne, et que dans plusieurs autres animaux, notamment dans la fouine, la marmotte, les fourmiliers, il est divisé seulement à ses attaches supérieures. | Les muscles qui meuvent la main ou le poignet de la chauve-souris sont en petit nombre, mais ils sont très remarquables. L’analogue du cubital externe s'attache à l’humérus et à la convexité du radius jusqu’à sa moitié. Son ten- don s'insère à la partie supérieure et interne du carpe, qu’il étend par un mouvement d’abduction. L’analogue du cubital interne vient d’une portion charnue commune à tous les muscles de l’avant-bras ; il s’insère à los pisiforme, C’est un fléchisseur ou adducteur du carpe. L’analogue de l’adducteur du pouce vient aussi de la portion charnue commune; il porte obliquement son tendon par la face supérieure de l’avant-bras, en croisant le tendon du cubital externe. Il se fixe au côté interne du carpe, à la base du pouce. [Le palmaire gréle existe à peu près chez tous les ART. IX. DES MUSCLES DE LA MAIN. 445 onguiculés, mais il paraît se réunir au fléchisseur su- blime dans les pachydermes et les ruminans; ce qu'il fait au reste déjà dans quelques carnassiers, notamment dans l’ours, le blaireau et le chien. Non-seulement il existe dans les sarigues, quoique M. Meckel dise le contraire, mais il se termine par deux tendons, qui se rendent aux deux côtés du Héamant Mulaire. Dans les fourmiliers on trouve un muscle particu- lier très fort, inséré au bas du deltoïde, au-dessus du long supinateur, et terminé par un tendon qui va s'attacher au ligament annulaire près du pouce et par ses côtés à l’aponévrose générale. C’est un puissant fléchisseur et supinateur. Je ne vois point de palmaire grèle dans l'aï, le muscle que M. Meckel regarde comme tel est plutôt le fléchisseur du pouce.| \ C. Dans les oiseaux. Le métacarpe des oiseaux ne peut ni se fléchir , ou se rapprocher de la face interne, ni s’étendre ou se rapprocher de la face externe de l’avant-bras. Il ne peut exécuter que l’adduction en se rapprochant du radius, et l’abduction en se rapprochant du cubi- tus. Mais comme il n’y a que ces deux mouvements, on pourrait leur donner les noms d’extension et de flexion, comme l’a fait Vicq-d’Azyr : néanmoins, pour qu’il soit plus aisé de les comparer à ceux de l’homme, nous leur laisserons les premiers noms. Le cubital interne a la même position que dans les mammifères. [l s’attache de même au condyle interne, et va s’insérer au tubercule de los en forme de che- 46 IV LECON. DU MEMBRE PECTORAT.. vron. Îl y a un petit muscle sous le précédent , auquel il est parallèle ; il produit un long tendon, qui donne des languettes à toutes les pénnes secondaires , et qui s’insère au bord postérieur du métacarpe. Le cubital externe est placé sur la face postérieure du cubitus. Son tendon passe entre la première penne secondaire et la dernière primaire, pour s’insérer au bord interne de la base de los du métacarpe. Les radiaux externes sont, comme dans la plupart des mammifères, au nombre de deux, tout-à-fait parallèles. Leurs tendons s’insèrent au tubercule du métacarpe qui porte le pouce : c’est quelquefois un osselet séparé, comme nous l’avons vu. D. Dans les reptiles. [ Dans les tortues de mer, qui ont le carpe aplati et propre à nager, les muscles sont minces et termi- nées par des fibres aponévrotiques; mais on y recon- nait encor la plupart de ceux dont nous nous occupons. Les deux radiaux externes existent, mais d’après la position de la main, ils sont antérieurs; l’un se rend au premier os du carpe, l’autre au premier métacarpien; ce dernier en écartant le pouce sert à élargir la main. L’attache supérieure du cubital interne se fait, non à la tuberosité, mais à la partie moyenne de l'os ; une partie de ses fibres seulement s'arrête à los pisi- forme , l’autre se perd dans Paponévrose palmaire. Le cubital externe est un fort muscle triangulaire, visible comme le précédent, aux deux faces de lPavant-bras, et qui remplit toute l’excavation qui se trouve entre le bord interne du cubitus et le supérieur du pisiforme. ART. IX. DES MUSCLES DE LA MAIN, 447 Il s’insère à la partie postérieure de la tuberosité in- terne de l’humérus. Ces quatre muscles existent également danswl tortues de terre, dans les sauriens et dans les aroco dl dans ces derniers le cubital externe ne va pas jusqu’au carpe : il se porte du condyle externe de lhumérus à tout le bord antérieur du cubitus et sert à la pronation. Des deux radiaux, le second seul atteint le carpe, le premier s'arrête au bord interne de la tête mférieure du radius, et pourrait être considéré comme un long supi- naleur. Dans les grenouilles 1 n’y a point de cubital interne. | IT. Muscles des doigts. Les muscles des doigts sont des extenseurs, des fle- chisseurs, des adducteurs , des abducteurs : ils sont communs ou propres, et longs ou courts, c’est-à-dire, ou situés le long de lavant-bras, ou provenant seu- lement du carpe et du métacarpe. | À. Dans l'homme et les marnmiferes. Les muscles longs des doigts. 1° Les extenseurs : ils sont tous situés à la face externe. L’extenseur commun ( épicondylo sus-phalangettien commun vient du condyle externe de l’humérus. Il donne des languettes à tous les doigts, excepté au pouce. On le trouve dans tous les quadrupèdes. Le nombre de ses languettes égale celui des doigts, sans compter le pouce : quatre dans la plupart ; deux dans 448 1 V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL, les ruminans , un dans les solipèdes. C’est l’extenseur antérieur de Bourselét, et l'extenseur du pied de La- fosse. L'extenseur propre du petit doigt ( épicondylo-sus- phalangettien du petit doigt) placé du côté cubital du précédent, a les mêmes attaches. Dans l’homme, il ne donne de tendon qu’au petit doigt. Dans les singes, dans l’hyène, dansles marsupiaux , dansles rongeurs et quel- ques édentes , il en donne un aussi au quatrième. Dans les chiens et ie ours étla plupart des carnassiers digiti- grades , il en donne un troisième au médius. ue les chats , il en donne un quatrième qui va se réunir à celui de l’extenseur de l'index. [Dans l'aïet le fourmilier, 1 ne va qu'au doigt ex- terne. Dans les pachydermes , ce muscle ne suit point de règle générale : il fournit un tendon au troisième doigt de la main de l’éléphant ; dans les cochons et les tapirs aux deux doigts externes. ] Dans le cheval , il y a deux muscles : un plus éloigné de l’extenseur antérieur analogue de lextenseur com- mun. Îl a été nommé l’extenseur latéral par Bour- gelat , et l’'extenseur du paturon par Lafosse. Son ten- don va au côté de la première phalange du doigt unique. Un second, placé entre deux , dont le tendon après être passé au devant du carpe, va s’unir obli- quement à celui du précédent. Les hippotomistes cités regardent ce tendon comme une digitation de l’exten- seur antérieur. [Dans les ruminans on trouve également Ceux dis- positions pour ce muscle: chez les cerfs doutles doigts | 4 , ART. IX, DES MUSCLES DE LA MAIN, 149 rudimentaires jouissent de mouvements propres, il fournit deux tendons#pour les deux doigts externes. Chez les bœufs , les chèvres , les moutons, 1es anti- lopes , son tendon fournit également deux attaches!; lune à la face postérieure du doigt externe et l’autre tendon de l’extenseur commun. L'extenseur propre de l'index (cubito-sus-phalan- gettien de cree est situé profondément contre la partie inférieure externe des os de l’avant-bras dans l’homme. Il ne donne de tendon qu'à l’index ; mais il est quelquefois accompagné d’un extenseur propre du médius. Dans les singes, dans quelques rongeurs clavicu- lés et dans les fourmiliers , À donne un tendon à l’in- dex et au médius, ou plutôt il existe un extenseur propre du médius. Dans le chien, l’hyene ; et le chat ; il est comme dans l’homme, mais il s’étend jusqu’à la dernière ar- ticulation. [ Dans l'ours, il est réuni à l'extenseur du pouce, et dans le phoque il ne fait qu’un muscle‘avee l’extenseur du petit doigt. Ainsi réunis , ces deux muscles four nissent quatre tendons pour les quatre doigts externes. Dans l'éléphant , son tendon se réunit à celui de l’extenseur commun ; dans dés cochons et les cerfs il se rend aux deux premiers doigts; dans les autres ruminants au doigt interne seulement}: Le pouce a deux extenseurs propres Le long (cubito-sus-phalangettien )#placé au-dessus de l’extenseur de Vindex, passant sous le. ligament annulaire externe, et étendant son tendon jusqu’à la première phalange. [. 29. 450 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAN,. Le court(cubito-sus-phalan gien) placé au bord radial du précédent, dont le tendon accompagne celui de l’abducteur , et s’étend jusqu’à la deuxième phalange. + Dans les singes, le dernier unit intimement son Mon à celui de labducteur , ou manque tout-à-fait. {Après les singes, le pouce n’a plus d’extenseur propre que dans l'ours, le phoque, les marsupiaux et les rongeurs à clavicule ; encore est-il déjà réuni su- périeurement à celui de l'index. Commeauxiliaires des extenseurs, nous devons, dans les carnassiers à ongles rétractiles, signaler les liga- ments jaunes élastiques, cause de cette rétractihté. Ainsi, dans le on, trois de ces ligaments existent pour éhaque phalange onguéale ; lun s'attache à la tubéro- sité inférieure externe de la deuxième phalange et s’in- sère à l’anglé postérieur du dos de la gaine de l’ongle ; les deux dutres viennent des côtés de la deuxième phalange et mème de la première, et s’insèrent à la ‘base du tubercule inférieur de cette mème gaine. Par ce mécanisme, lorsque les fléchisseurs n’agissent pas ,cés ligaments -retiennent la phalange @npuéale “couchée sur lé côté externe de la deuxième phalange im peu térdue à.cec effet comme nous l’avons vu. ] 20 Les abducteurs des doigts. Le long abducteuridu pouce (cubito-sus-metacar- pien ) placé aû-dessus'et,du côté radial des précédents; il croise les tendons des radiaux sur la tête inférieure du radius et se porte au côté radial de l’os métacar- ‘pien du pouce: nr | - Ce muscle existe dans tous les mammifères , même dans le cheval et dans les ruminans, où il s'attache au côté’interne de la base de los métacarpién unique, ART. IX. DES MUSCLES DE LA MAIN. 451 et devient l'extenseur oblique du canon de Nu 30 Les fléchisseurs > 7 dorots ; ils sont tous à la interne. Le Jrechiss eur Sublime ( épitroch lo-phalan ginien) Lt un composé de plusieurs museles distincts , qui s’u- nissent de différentes manières, et finissent par fournir des languettes tendineuses ue aux doigts qui suivent le pouce. Le lon fléclusseur du pouce (radio-sous-ong quien.) paraît ve être uni d’une RO PREE fort intime. Îl est à son côté radial; il s’étend jusqu’à la deuxième pha- lange. Le fléchisseur profond (cubito=sous-onguien ) placé contre les os, donne des languettes. perforantes aux quatre doigts qui suivent le pouce. Telles. sont;les choses dans l’homme. VF . [I n’y a déjà plus, même dans lessinges, defléchisseur propre du pouce; mais le fléchisseur profond. a ordi nairement un ventre radial qui le remplace. Ce dernier muscle. e: est composé de plusieurs ventres ; ilen reçoit souvent un ou deux de la tubérosité interne de lhù- mérus et un du fléchisseur sublime, et il se PAayagR en autant de tendons qu'il y a de doigts. | of Le fléchisseur sublime existe chez presque toss'lesh mammifères où il se comporte comme:dans/}homme!; c’est-à-dire qu'il donne des tendons perforés à tous lès doigts , excepté au pouce. Dans l'ai ce muscle est intimementuni au fléchisseur proisidis on serait même'tenté de-croire qu'ils ne font qu’un, Si, arrivés à la deuxième phalange, les tendons" ue se renflaient et ne présentaient à leur face inférieure 29. A52 1Y° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. un sillon longitudinal, vestige de la division du perforé, pour laisser passer le perforant. Ces deux tendons réunis présentent aussi dans cet animal ceci de parti- culier , qu’au moment où ils se renflent , ils abandon- nent la seconde phalange , et vont s'attacher au bas et en avant de la gaine de l’ongle , de telle manière qu’é- tant , entre leur issue de la gaine et leur insertion, plus courts que Ja portion des phalanges comprise entre ces deux points, ils maintiennent Ja troisième phalange toujours fléchie dans l’état de repos , et forment la base d’un triangle, dont la deuxieme phalange et la gaine osseuse de la troisième font les autres côtés. III. Muscles courts des doigts. La main de l’homme a encore un grand nombre de muscles courts qui viennent des os du carpe ou du mé- tacarpe , et qui se terminent aux doigts. L'un est superficiel , placé sous la peau de la paume de la main sa liquelle il est attaché d’une part , et de l’autre, aux aponévroses palmaires. On le nomme la chair carrée , le palmaire cutané ( pulmo-cutien. ) - Des autres muscles, les uns appartiennent au pouce; tels sont : | Le court abducteur ( carpo-sus-phalangien) ; 1 vient de l'os trapèze et s’insère au bord externe des deux phalanges du pouce. Le court fléchisseur (carpo-phalangien ) ; il naît de presque toute la face inférieue des os du carpe, et se termine à la première phalange. L’opposant ( carpo-metacarpien ); il vient du liga- ment du carpe et de los trapèze , et s’insère à los du métacarpe qui soutient le pouce. ART. IX, DES MUSCLES DE LA MAIN. 45 L'adducteur (métacarpo-phalangien) ; \ s'étend du premier et du second os du métacarpe à la première phalange du pouce. Le petit doigt a aussi deux petits muscles propres , qu’on nomme : l’un, Le court fléchisseur ou opposant ( bebe pien ) ; il s'attache à l'os crochu , et s’insère à l'os du métacarpe du côté interne ; il rend concave la paume de la main, et fléchit le petit doigt. L'autre , l’abducteur (carpo-phalangien ) ; i naît aussi sur l’os crochu , et s'attache au bord externe de la première phalange. Enfin , il est de petits muscles de la main communs à tous les doigts ; ce sont : Les lombricaux ( palmo-phalangiens ) ; s sont au nombre de quatre; ils s’attachent sur les tendons du muscle fléchisseur profond , et s’insèrent aux côtés in- ternes des premières phalanges des doigts, excepté le pouce. Ils sont auxiliaires du muscle fléchisseur pro- fond. Les inter-osseux inférieurs ou internés, et les supé- rieurs où externes ( mélacai po- -sus-phalangiens ) qui occupent les intervalles compris entre les os métacar- piens , et qui s’insèrent aux deux côtés et au-dessus de la première phalange de chaque doigt. Les chauves-souris n’ont qu’un seul extenseur, mais elles ont deux fléchisseurs des doigts. L’extenseur des doigts est un petit muscle qui vient du condyle externe de l’humérus , passe sur le carpe, et produit un tendon extrêmement fin qui se porte sur la convexité de chacune des phalanges , et se termine à la dernière. 454 1v* LECON. DU MEMBRE PECTORAL. Le jlcchisseur commun vient de la masse charnue.du bord interne de lavant-bras ; il produit un tendon grèle qui passe sous le carpe, où il se partage en cinq petites languettes qui vont s'unir au fléchisseur pro- pre de chacun des doigts. Enfin les fléchisseurs propres , qui sont au nombre de quatre , prennent naissance sur le carpe, à la base des premières phalanges, où ils forment un petit corps charnu qui reçoit le tendon du fléchisseur commun, et il se, continue avec lui jusqu’à l’extrémité du doigt dont il fléchit les phalanges les unes sur les autres. Le pouce paraît avoir aussi de petits muscles parti- culiers , dont les fibres courtes viennent de toutela face palmairedu carpe, et forment une petite pyramide dont le sommet se fixe à la base de ia première phalange. [ Les petits muscles courts des doigts que nous avons décrits dans l’homme, existent tous dans les singes et dans tous les mammifères qui portent cinq doigts à la main; mais dans ceux qui ne peuvent plus saisir, l’opposant et l’adducteur du pouce sont réduits pres- que à rien ou,même n'existent pas du tout. Les courts fléchisseurs et les lombricaux se retrouvent partout, excepté dans le cheval et dans les ruminans.]| Dans les cétacés , les muscles des doigts ne sont que de simples bandelettes aponévrotiques, propres à af- fermir les rudiments des os qui ne sont plus mobiles les uns sur les autres. B. Dans les oiseaux. Les doigts des oiseaux ne pouvant exécuter que l’ad- duction etlabduction , les muscles précédentsont chan- gé d'usage chez ces animaux ; et ces deux fonctions ont LÉ ART, IX. LES MUSCLES DE LA MAIN. 455 été réparties entre les musci es,sansra pportconstantavec la face de l’avant-bras à laquelle ils adhèrent ; en sorte que si l’on donnait à Padduction le nom d'extension , et à l’abduction celui de flexion , comme on le pour- rait , les fléchisseurs ne seraient pas tous à la face in- terne , n1 les extenseurs tous à l’externe. Les fléchis- seurs de l’homme seraient niême devenus extenseurs. 1° Les adducteurs. ( Extenseurs de Vicq-d’Azyr. ) L’adducteur de la première phalange répond au fle- chisseur sublime. I est attaché au condyle interne; son long tendon marche au-dessus du cubital interne, passe sur la face interne de l'os en chevron, le long du dos du métacarpe en s’unissant, du moins dans l'aigle, au tendon du fléchisseur profond, et s’insère à la base de la première phalange du grand doigt. L’adducteur interne de la deuxième phalange ré- pond au /échisseur profond. [1 marche le long de la face interne du cubitus » Pa arallèlement au précédent. Son tendon s'étant rapproché de celui-ci va plu loin, jusqu’à la base de la deuxième phalange ; il n°y a pas de perforation. L'adducteur du pouce répond au long fléchisseur du pouce ; ilest placé entre le précédent et le cubitus. Son tendon va à la base du bord radial de l’os du pouce. L’adducteur externe de la deuxième phalange vé- pond à l’extenseur propre de l'index ; il est attaché au conclyle externe , et situé le long de la face externe du radius, Son tendon s'étend sur le dos du métacarpe, ef va jusqu’à la base radiale de la deuxième phalange du grand doigt. 2° Les abducteurs. ( Fléchisseurs de Vicq-d’Azyr.} p: 456 IV° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. L’abducteur commun qui répond à l'extenseur com- mun de l’homme. Il s'attache au condyle externe, mar- che en dehors du précédent le long de la face externe du radius. Son tendon , parvenu vis-à-vis le carpe, se divise en deux : un pour la base cubitale de l'os du pouce , l’autre pour celle de la première phalange du grand doigt. | [A ces muscles, il faut ajouter : 10 le enseur de la membrane antérieure du vol, décrit par MM. Meckel et Lauth, formé de deux faisceaux musculaires, dont l’un se détache du grand pectoral et l’autre vient de la fourchette; le premier se termine par un long ligament jeune élastique qui soutient le bord libre de la mem- brane du vol et va se fixer à l’os radio-carpien ; le se- cond se porte par un long tendon sur le muscle radial externe et sur le cubitus. \ 2° Trois courts abducteurs et un adducteur du pouce. 3° Un abducteur de l'index, et un du petit doigt, dont une portion va aux pennes. 4° Enfin , deux inter-osseux dont l’un est adduc- teur du petit doist et Vautre abducteur du médian. ] C. Dans les reptiles. [ Les muscles des doigts des tortues de mer sont en petit nombre: cette main étant, comme nous l’avons dit, aplatie en forme de nageoire ou de rame, n’avait plus besoin d’extenseurs ni de fléchisseurs des doigts ; aussi l’analogue de l’extenseur commun se perd dans l'aponévrose générale ; le fléchisseur est un peu plus distinct, mais on trouve des inter-osseux et des ab- RS Re ee ART, IX, DES MUSCLES DE LA MAIN. 457 ducteurs et adducteurs de pouce et du cinquième doigt, qui servent à élargir ou à retrécir cette rame. Malgré ie raccourcissement extrême de la main des tortues terrestres, on trouve l’extenseur commun, l’ex- tenseur et le long abducteur du pouce, les fléchisseurs sublime et profond, l’adducteur du pouce et les abduc- teurs du petit doigt, ainsi que les inter-osseux. Dans le crocodile, Yextenseur commun donne un tendon à chacun des trois doigts médians ; l’extenseur de l’index est aussi celui du pouce; et il y a en outre de courts extenseurs qui naissent du carpe, et un long abducteur du pouce: le petit doigt n’a qu’un court ex- tenseur. Le fléchisseur sublime ne fournit qu’un ten- don qui se réunit à celui du fléchisseur profond : le véritable fléchisseur sublime , ou du moins celui qui en tient lieu, naît du pisiforme et se partage en quatre languettes pour le pouce, l'index, le medius et l’annulaire, perforées pour les deux derniers seu- lement. Le tendon du fléchisseur profond du mé- dius et de l’annulaire, lesquels ont quatre phalanges, se divise pour donner une attache à la troisième. La pree mière phalange de ces mèmes deux doigts reçoit un faisceau musculaire qui naît sous le tendon du flé- chisseur profond. Il y a un abducteur du petit doigt qui vient de la tubérosité interne du radius. Cette mème tubérosité donne insertion à un adducteur du pouce. Dans les sauriens on trouve à peu près les mêmes muscles, mais avec des dispositions un peu différentes. Daas le basilic à crête, par exemple, le long extenseur n’a également que trois tendons pour les premières phalanges des trois doigts médians. Les courts exten- seurs venant du carpe se portent sur les autres phalan- 458 1Y° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. ges. Les fléchisseurs sublimes se partagent en cinq fais- ceaux, un pour chaque doigt ; chacun des faisceaux qui vont aux trois doigts médians, se partage en trois portions ; les deux extrêmes, après s’être réunis de nouveau, donnent un tendon qui se fixe à l’antépé- nultième phalange; celle du milieu est percée pour le passage du fléchisseur profond et s’insère à la pénul- tième phalange. La première phalange de chaque doigt reçoit un petit faisceau musculaire qui naît sous chaque _ division du fléchisseur commun. Dans une grande grenouille d'Amérique l’extenseur commun ne va qu’à la première phalange des trois der- niers doigts. Les courts extenseurs fournissent jour chaque doigt deux tendons qui s’insèrent un peu sur les côtés des phalanses; de sorte qu'ils servent en même temps d’adducteurs et d’abducteurs, Il y a un long abducteur du pouce très fort. Î! n’y a point de fléchisseur sublime ; le profond ne donne de tendons qu'aux trois doigts externes : de chacun de ces tendons nait sous la paume de la main deux forts faisceaux mus- culaires, l’un antérieur et l’autre postérieur. Le premier donneun tendon à la pénultième phalange , et le second s’insère par des fibres charnues à l’anté-pénultième. Le pouce et l’index étant réunis ont de courts extenseurs et adducteurs très forts, qui naissent des os du carpe. Je vois dans une rainette trois courts extenseurs pour chaque doigt, un sur le dos de la première pha- ‘Jange , les deux autres un peu sur les côtés des autres phalanges. Le long abducteur du pouce est énorme, quoique ce pouce soit lui-même à peine visible. Dans les salamandres, on trouve à peu près la même disposition des muscles des doigts. | ART. X, DE L'EXT. ANTÉRIEURE DES POISSONS. 439 ARTICLE X. DE L'EXTRÉMITÉ ANTÉRIEURE DES POISSONS. 19 es os. 4 w L’extrémité antérieure des poissons est leur na- geoire pectorale. Elle est composée, comme toutes leurs nageoires, d’un grand nombre de rayons ou de fila- ments osseux ; formés chacun d’une multitude d’arti- culations, et soutenant une membrane commune. Il y a quelquefois un ou deux de ces rayons qui sont d’une seule pièce osseuse. On les nomme épineux. : Dans la plupart des poissons, cette nageoire se meut dans un plan horizontal qui est à peu près perpendi- culaire à son propre plan; c’est-à-dire que dans l'état du repos, elle est collée contre le côté du corps, et qu’elle peut s’en écarter plus ou moins jusqu’à faire avec lui un angle droit ou plus que droit. Mais dans quelques-uns, comme les raies, les squales, etc. ; les deux nageoires sont dansun même plan hori- zontal , et lorsqu'elles se meuvent, elles frappent de haut en bas, ou de bas en haut, suivant une direc- tion verticale. La nageoire pectorale ne manque qu’à un petit nombre de poissons , comme les murènes , les aptérichtes , etc. Dans ceux qui l'ont, elle est généralement articulée et attachée fixement avec la tête dans les poissons osseux , ou avec l’épine dans les raies , etc. hd LA <- 460 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL. [ Dans les poissons osseux, les nageoires pectorales sont attachées à une ceinture osseuse qui entoure le corps derrière les branchies , limite leur orifice en ar- rière et forme une espèce de chambranle sur lequel vient battre lopercule quand ilse ferme. Cette ceinture , lorsqu'elle est complète, se compose de trois os de HUE côté, réunis par suture écailleuse, ou plutôt par imbrication , articulés à l'angle pos- térieur supérieur du crâne , et descendant sous Ja gorge pour s'unir le plus souvent, au moyen d'un li- gament et quelquefois par une suture, avec ceux du côté opposé. Ces os peuvent être regardés comme ceux de lépaule. En arrière et en bas, il leur en adhère deux ou trois autres tenant lieu de bras et d’avant-bras et portant la nageoire pectorale, laquelle représente la main. L’os qui forme la partie supérieure de la ceinture est ordinairement fourchu ; il s'appuie par ses deux apophyses sur les crêtes de loccipital externe et du mastoïdien. Cet os a quelquefois une troisième apo- physe qui s'appuie sur les parois du crâne dans l’in- tervalle des deux crêtes. Le deuxième os est toujours simple ; il manque quelquefois ou se soude avec le pré- cédent. Le troisième est celui qui porte la nageoire; il est toujours plus ou moins arqué; il est le plus grand ets’unit avec son semblable sous la gorge ; ila souvent une lame interne qui porte le premier os du bras et qui forme , avec la lame externe, un sillon dans lequel vient aboutir ie faisceau inférieur du grand muscle la- téral du corps. Si nous considérons que dans tous les ovipares les os PRE mr ART. X.IDE L'EXT. ANTÉRIEURE DES POISSONS. 461 coracoïdiens viennent se toucher, en tout ou en partie, sur la ligne moyenne inférieure , ou ne sont séparés quelquefois que par une très mince lame cartilagineuse, nous regarderons cette troisième pièce comme l’analo- gue du coracoïdien , la seconde comme l’omoplate, et la première comme 1 sur-scapulaire. La lame interne du coracoïdien donne attache ou au moins appui aux deux extrémités d’un os impair, qui porte immédiatement ou médiatement tous les au- tres os de la nageoire, et que nous croyons être l’analo= gue de l’humérus , dont il conserve la forme générale dans quelques genres, et notamment dans les salmo. À la moitié externe de l’extrémité supérieure de cet humérus ( car ici comme dans quelques mammifères et presque tous les sauriens , la tête de cet os est dirigée en bas et les tubérosités en haut) correspond un os, le plus souvent en forme d’éventail, qui s'appuie éga- lement contre le coracoïdien et qui est échancré pro- fondément ou percé d’un trou. Ce dernier porte un, deux ou trois os du carpe, et en outre sur une tête articulaire plusou moins arrondie , située plus en de- hors , le rayon antérieur ou supérieur de la nageoire ; s Et que l’on peut regarder comme le doigt interne ou le pouce ; c’est cet os que nous appellerons radius. Dans les salmo , les clupées, les cyprins et les silures , on trouve un troisième os articulé en arrière sur le condyle interne de l’humérus , sur une saillie du ra- . dius, et sur le coracoïdien; cet os qui sert d’arc-boutant aux deux premiers, est pour nous le cubitus. Les os du carpe, où mieux du métacarpe (car l’exem- ple «des oiseaux nous montre que le carpe et le tarse h62 1V* LECON. DU MEMBRE PECTORAL. disparaissent avant le métacarpe et le métatarse) le plus ordinairement alongés , excepté le premier , sont au nombre de quatre; mais nous venons de dire que le adius n’en porte quelquefois que deux, où même qu'un seul; les autres s'articulent directement avec lhumérus, comme nous avons vu que fait le pisi- forme dans la chrysocklore. Cette rangée de quatre os du métacarpe porte ; avec le radius , les rayons qui constituent la nagcoire. Ces rayons , analogues aux doigts des autres verté- brés mais bien plus nombreux , sont divisés en un nombre considérable d’articulations ou de plialanges. Ils se divisent aussi longitudinalement chacun en deux moitiés , luné antérieure et l’autre postérieure; à leur Be se trouve un talon recourbé, PS apophy- ses pour l’aättache des muscles. Le cubitus n'existe pas toujours; il manqué au plus grand nombre des poissons. L'humérus descend quelquefois jusqu’à la ligne mé- diane et prend , aussi bien que le coracoïdien , comme dans le chrysostose lune , dans la castagnole ‘et les chétodons des dimensions extraordinaires. Ces 05 constituent dans ces animaux une carène protectrice des viscères , nécessitée par la grande élévation de leur Corps. Dans les anguilles où épaule est très petite, il n’y à d’osseux que le coracoïde , plongé dans les chaïrs et libre de toute adhérence avéc le crâne ou avecles ver- tèbres ; les autres Ôs sont presque cartilagineux, mais existent cependant. Les os du métacarpe, au lieu d’être alongés,sontquel- . ART. X+ DE L’EXT. ANTÉRIEURE DES POISSONS. 465 quefois très aplatis et pleins (les trigles) ; d’autres, aplatis et retrécis dans leur milieu, de maniere à Hisiaÿ un trou rond ou oblong entre eux (les synancées); d'au: tres enfin formés de deux triangles réunis par leur sommet ( les clnus. ) Queiquefois, au contraire, les os du métacarpe sont tellement alongés, qu'ils ont été pris pour les os du bras. On voit des exemples de cette structuré dans les baudroies où il n’y a que deux os; däris les bdtraciens où ilyena cinq, et dans les polyptères où il y en a trois. L’humérus et le radius sont très peu développés dans les deux premiers genres. | Lorsque le premier rayon dé la nageoire pectorale est épineux, comme dans la loricaire, quelques silu- res, etc., il s'articule immédiatement avec le coracoï- dien. Cette articulation est remarquable dans quélques silures et quelques épinochès, qui peuvent 4 volonté tenir cêt aiguilon couché contre le corps ; ou perpen- diculaire et fixément arrêté ; ce qui édr sert d’un très bon moyen de défense. . Le coracoïdien a pour cét objet un tubercule en forme de cylindre , en avant duquel ést un trou. L’é- pine de la nageoire s'articule sur ce cylindre par un creux , en avant ct en arrière ducpuel est une apophyse saillante. Lorsque cette épiné est: dans état d'extension , l’apophyse antérieure qui est en forme de crochet, éntre dans Le trou que ñous venons d'indiquér ; èt l’épine se tourñant ün peu sur son axe, cetté apophyse s'accroche contré le bord du trou, de manière que l’épine ne peut plus être fléchie à moins que de refaire sur son axe un tour en $ens contraire du 3 AA 1V° LECON. DU MEMBRE PECTORAL, premier. Cette épine est armée de dentelures qui font partie de la substance même de los. Il y en a de di- rections opposées sur les deux côtés de l’épine de plu- sieurs silures , et d'un seul côté sur celle de plusieurs autres. Les nageoires pectorales sont excessivement longues et servent à voler dans les #rigla hirundo , volitans et evolans; scorpæna volitans, exocætus volitans, et quel- ques autres poissons. Leur situation varie suivant les espèces : elles sont très près des branchies dans les exocets; elles en sont au contraire éloignées dans les 4/ennies, et dans ceux qui les ont pédiculées ou fixées à de longs os métacar- piens, c’est-à-dire, dans les baudroies et les batra- « et presque per- pendiculaire au col. Dans les espèces moindres, elle devient de plus en plus étroite, et oblique en dehors et en avant. Les chameaux , les giraffes et les lamas l'ont arrondie. C’est la face externe de los qui est con- cave dans ces animaux. Le détroit antérieur forme, avec l’épine du dos, un grand angle; ce qui donne bien plus d’ampleur au ventre. [Dans les cerfs, chèvres, moutons, antilopes , on trouve au-dessus de la cavité Lit un enfonce- ment qui sert à l’insertion du muscle droit ns 0 de la cuisse. Dans les chevrotains Vischion , par l’intermé- diaire d’un ligament ossifié , se soude au sacrum, et l'aponévrose générale des muscles fessiers, s’ossifie et présente un vaste bouclier osseux qui s'étend de l’épine de Piléon jusqu’à la tubérosité ischiatique. Parmi les cétacés, les dauphins n’ont pour bassin que deux petits os oblong suspendus dans les chairs aux deux côtés de l'anus; dans certaines baleines , à ces deux os placés verticalement qu’on peut regarder comme des iléons , s’en articule un troisième en forme de croissant, dont la convexité est externe, qui est un pubis ou un ischion, car il n’est pas à croire, comme quelques auteurs le pensent, que ces vestiges soient des jambes. L'exemple de quelques serpents nous montre que les membres disparaissent avant l'épaule et le bassin. Le larantin et le dueone o ont probablement des os plus caractérisés et s’écartant moins que ceux des dauphins et des baleines, de la forme du bassin des autres mammifères. ] ART. L‘ DES OS DU BASSIN. AS: C. Dans les oiseaux. Les os du bassin ne font avec les vertèbres des lom- bes et le sacrum qu’un seul os dans les oiseaux, mais dans le jeune âge l’os coxal est composé de trois parties comme dans les mammifères. Malgré le changement de formeet de direction de chacune de ces parties, on recon- nait cependant , en général, le trou ovalaire. Comme la portion ischiale est presque toujours soudée par son extrémité au prolongement postérieur de l’iléon qui se porte souvent en arrière aussi loin que l’ischior, l’é- chancrure ischiatique devient un trou. Le pubis, au lieu d’aller rejoindre son correspondant , se porte di- rectement en arrière sous la forme d’un stylet , et les ischions s’écartent au lieu de se rapprocher. {On a voulu dans ces derniers temps comparer ces 08 pubis aux os marsupiaux de certains mammifères ; mais leur position au-devant des ischions, et leur concours pour former avec eux et les iléons les cavités coty- loïdes ne permettent point d'adopter cette proposi- tion. Le fond de la cavité cotyloïde est, comme dans les échidnés, largement ouvert; aussi cettil cavité n'offre point d’échancrure. Le bassin des oiseaux est une des parties de leur squelette qui varie le plus dans ses proportions ; tantôt large , tantôt étroit, tantôt long , tantôt court, il an- nonce en général le genre de marche ou de station de l'oiseau. Nous allons donc suivre l’ordre des fa- milles, et examiner les différences qu’elles nous présen- tent à cet égard, ç I. 91 482 v° LECON DE L’EXT. POST. OU MEME. ABDOMINAL. Dans les oiseaux de proie, le trou ovalaire est petit, et le pubis très grêle, alongé, souvent accolé tout le long de la portion ischiale. La partie postérieure libre de ce pubis se recourbe ver$ son semblable auquel ibest à par un ligament. Les cavités cotyloïdes sont éloignées l’une de l’autre , de telle sorte que la largeur du bassin a plus de moitié de sa longueur. Dans les passereaux, le trou ovalaire s’alonge beau- coup et devient même plus grand que Vischiatique. Il y a fort souvent deux trousovalaires; l’un antérieur plus pe- tit, par lequel passe le tendon de l’abducteur interne, . l'autre plus alongé, ordinairement fermé par une mem- brane aponévrotique. Du reste, le bassin est, dans plu- sieurs genres , encore plus large que dans les oiseaux de proie. Îl est même aussi large que long dans les co- libris et les martuins-pécheurs. Parmi les grimpeurs, il faut remarquer les coucous, Vani et le touraco, qui ont le bassin presque aussi large que long, et dont la portion de l’iléon qui longe le trou ischiatique se prolonge sur les côtés et forme même une apophyse plus ou moins aiguë. Dans le touraco, cette même portion de l’iléon se termine en arrière par une forte pointe. Une autre apophyse se trouve égale- ment en avant de la cavité cotyloïde au point de jonc- tion de l’iléon avec le pubis. On peut la regarder comme l’analogue de l’apophyse iléo-pectinée. Cette même apophyse se remarque dans plusieurs gallinacés, et souvent il existe à sa base une fosse particulière; elle est très prolongée dans les franco- lins et dans les lophophores , chez lesquels on retrouve les mêmes apophyses que dans le touraco ; mais elle est ART, l' DES OS DU BASSIN. 483 . très petite dans les Loccos et presque nulle dans lescogs de bruyère. Du reste, le bassia est d'autant plus large ‘dans cette famille d’oiseaux qu'ils volent moins. , Les pigeons et les gangas, quoique volant très bien, ont cependant le bassin presque aussi large que long ; mais on sait que ces oiseaux ne marchent pas moins bien qu’ils ne volent. Chez tous les gallinacésfet les pi- geons, il n’y a, comme dans les oiseaux de proie, qu'un petit trou ovalaire. Les autruches et les casoars, destinés uniquement à Ja marche, ont cependant le bassin étroit , mais sa lon- gueur compense ici sa largeur; et d’ailleurs ces oiseaux se couchent comme les palmipèdes. Dans les premières, la partie postérieure de l’iléon est double en longueur de la partie antérieure; elle ne s’unit pas à l’ischion, | en sorte qu'il ny a plus qu'une échancrure ischia- tique. Le bas du pubis s’élargit beaucoup, se ns | s’unit à son correspondant et forme une symphys y a en outre deux trous ovalaires. Dans le zandou ou l'autruche d'Amérique, Viléon se prolonge moins en arrière que l’ischion , et il se soude avec ce dernier os ; mais les pubis ne s’ unissent point entre eux; dans le casoar, ces derniers os ne s’unissent point aux ischions , desorte qu'il n’y a point de trou, mais une échancrure ovalaire, rétrécie cependant par une saillie de l’ischion à l’endroit où chez les autres oiseaux il y a partage en deux trous. Dans les échassiers, le bassin est généralement large, Ja parti esupérieure et postérieure de l’iléon , est aplatie et se termine latéralement par une apophyse souvent assez prolongée, » Généralement parlant, le bassin des palmipèdes est VA 11: 8/, v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. ( C \ étroit, mais celui des plongeons estle plus étroit de tous, à cause du grand prolongement de sa partie postérieure qui est plus de deux fois pluslongue que sa partie an- térieure, Les pubis sont très gréles; ils se rejoignent en s’élargissant beaucoup, mais ils ne sont complé- tement soudés ni entre eux, ni avec les ischions qu'ils touchent C’est ce qu’on remarque, en général, dans tous les oiseaux d’eau. Aprèsles col/ymbus, ce sont les fous de bassan et les cygnes qui ont le bassin le plus alongé. Les goëlands , \es mouettes , les paille-en-queue , se rap- prochent à cet égard des échassiers. | D. Dans les reptiles. Dans les tortues de mer, c’est la partie de Pos coxal qui correspond au pubis, qui estla plus considé- rable . Elle vient de la cavité cotyloïde, par une portion épaisse qui se porte en avant et s’élargit en une lame plate et mince divisée en deux parties ; l’une qui se porte vers la ligne moyenne , par laquelle les deux os correspondants se joignent ; l’autre est libre et se dirige du côté externe. La portion qui est analo- gue à l’iléon est courte, étroite et épaisse ; elle appuie sur le test, et se joint au sacrum ; enfin la partie qui correspond à l’ischion se porte en arrière et en bas, et forme le véritable cercle osseux du bassin. Comme cet ischion ne se réunit point en avant au pubis et que cependant les pubis se rejoignent entre eux, il s'ensuit que les deux trous ovalaires n’en forment plus qu’un seul. Cette conformation est si singulière, que le bassin de ces tortues, vu hors de sa situation naturelle, ART, 1 DES OS DU BASSIN. 455 pourrait très aisément être confondu dans ses parties ; car les pubis ressemblent aux iléons, les ischions aux pubis, et les iléons aux ischions. Il ya de plus une particularité très remarquable dans le bassin des tortues ; c’est que l’iléon, et par con= séquent la masse entière du bassin auquel cet os est soudé, est mobile sur la colonne vertébrale. [Dans les tortues terrestres, c’est la même disposition générale; seulement les pubis sont moins prolongés en avant, et leur angle externe est très saillant et sous forme de longue apophyse. La tubérosité des ischions est plus forte, et comme ces os se réunissent avec les pubis, il y a deux trous ovalaires. L’extrémité de l’ischion qui s'articule avec les vertèbres est un peu plus large que dans les tortues de mer.] Dans la matamata et la testudo scabra , les iléons au lieu d’être mobiles, sent fortement articulés avec la der- nière paire de côtes; les pubis le sont également par leur angle externe, et les ischions par leurs tubérosités, avec la dernière paire de pieces du sterrum. Dans les #rionyx on retrouve la même disposition que dans les tortues de mer ; mais les émydes se rap- prochent davantage des tortues terrestres ; dans quel- ques-unes de celles-ci, Pémys centrata , par exemple, les iléons sont plus larges à leur extrémité vertébrale. Dans les crocodiles , Viléon est plus évasé, mais il n’y a presque point de partie antérieure, tout son déve- loppement. se portant en arrière de la cavité cotyloïde; celle-ci est très large, formée seulement par l’iléon et Vischion, et percée non à son fond , mais à sa partie antérieure. Les deux os qui la forment ayant chacun à cet endroit une échancrure , donnent un trou par leur 486 v° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL: réunion. Le pubis, articulé avec le bord antérieur et externe de Pischion, prolonge en avant, comme dans les tortues de mer, une lame plate qui donne appui par son angle externe à la dernière paire des côtes ventrales. La symphyse est formée par les seuls ischions. Dans les sauriens ce n’est plus la même disposition. Les trois os contribuent à former la cavité cotyloïde. Le pubis a, comme dans lestortues, un angle externeet un autre interne par lequel il touche à son semblable. Son col, percé d’un trou moins évasé que dans les crocodiles, a toujours au-dessus de la cavité coty- Joïide une apophyse saillante. Les ischions très larges, formentune longue symphyse qui seréunitau moins par un ligament à l'angle interne du pubis , de sorte qu'il y a deux trous ovalaires. Le caméléon seul s'éloigne un peu de cette structure générale des sauriens : l'iléon est plus plat sur-tout à sa partie supérieure, et il ne présente pas l’apophyse dont nous venons de parler; les pubis presque cylindriques n’ont point d’angle ex- terne. Dans les orvets et les sheltopusicks il y a pour tout bassin, un petit iléon suspendu aux vertèbres. ] Dans la grenouille, le pipa et le crapaud, les iléons sont très alongés postérieurement, et tout-à-fait paral- lèies à l’épine ; les pubis et lies ischions sont courts et soudés en une seule pièce solide, dont la symphyse forme une crète plus ou moins arrondie , sans trou ovalaire. [ Les ailes des os des isles du pipasont applaties hori- zontalement, et sont attachées sous les larges apophyses transverses de l’os sacrum. ] Dans la salamandre et dans l’axoloti les iléons son ART. 1° DES OS DU BASSIN, 487 étroits et presque cylindriques, et les pubis soudés en- tièrement aux ischions ne forment qu’une plaque OS— seuse sans aucun trou. [ Dansle menopoma, V'amphiuma, la sirène et le protce, l'iléon et l’ischion seuls sont osseux ; le pubis reste car- tilagineux, ou du moins ne devient osseux que très tard, car dans nos squelettes , qui sont adultes où près de l'être , cet os n’est point ossifié. | ARTICLE IT. . DES MUSCLES DU BASSIN. À. Dans l'homme. Les muscles du bassin de l’homme sont en petit nombre : 1° le carré des lombes (iléo-costien) oc- cupe l'intervalle compris entre los des iles auquel il s'attache, et la derniére fausse côte à laquelle il donne une de ses insertions , les autres se portant aux apo- physes transverses des quatre premières vertèbres lom- baires. Il agit ici plus manifestement sur lépine que sur le bassin. 2° Le petit psoas ( prœlombo-pubien ) nait sur le corps de la dernière vertèbre dorsale , et forme un ten- don plat et mince qui s'attache à léminence iléo-pec- tinée : il fléchit le bassin sur l’épine. B. Dans les mammifcres. Dans presque tous les mammifères, ces muscles 488 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB, ABDOMINAL: ont les mêmes attaches; ils ne diffèrent que par les proportions qui dépendent du nombre des vertèbres lombaires. Le petit psoas manque dans le rat. Dans les chauve-souris, il n’y a point de carré des lombes ; maïs le petit psoas est très fort et son apo- névrose fort large. [ Le carré des lombes monte quelquefois fort avant dans la poitrine : ainsi, dans le buffle il donne des languettes aux quatre dernières côtes, ou plutôt aux quatre dernières vertèbres dorsales, car l'insertion «le ses faisceaux antérieurs se fait au corps même de la vertèbre. Dans le même animal les fibres qui naissent de l'extrémité des apophyses transverses des cinq der- nières vertèbres lombaires , se réunissent pour former un tendon qui se dirige obliquement de dehors en de- dans et qui va s’insérer à l'angle interne de l’iléon. Il semble au premier coup d’œil que le grand psoas soit au milieu de deux petits psoas. ] C. Dans les oiseaux. Le bassin des oiseaux remontant jusques aux vertè bres dorsales , qui , elles-mêmes n’ont qu’un mouve - ment très borné, il ne pouvait y avoir , et il n’y a en effet chez eux, ni petit psoas, ni carré des lombes. D. Dans les reptiles. Dans la tortue, le muscle analogue au carré des lombes s’épanouit sous la carapace entre les deuxavant- dernières côtes , et il s'attache à l’iléon vers l’articula- tion de cet os avec le sacrum , cette articulation étant ici mobile. ART. II. DES MUSCLES DU BASSIN. 489 Cette même mobilité du bassin est aidée par l’ana- logue du muscle droit du bas-ventre , qui, comme nous l'avons vu, au lieu de s'étendre sous le ventre, s'attache sous l'extrémité postérieure du plastron par deux ventres charnus , l’un en devant , l’autre en ar- rière , qui viennent s’insérer tous deux au bord anté- rieur de la branche externe du pubis. [ Dans les crocodiles et les sauriens, le carré des lom- bes est très fort, mais il est très difficile de le sépater des muscles supérieurs de lépine. Il donne un fais- ceau au corps de chaque vertèbre lombaire. ] Il n’y a pas de petit psoas dans les grenouilles. Le carré des lombes s'étend de la longue apophyse trans- verse de la troisième vertèbre jusqu’à l’origine du long os du bassin qui répond à l’iléon ; il s’insère sur cet os qu'il porte vers la tête , parce qu’il est mobile comme dans les tortues. N. B. Nous ne traiterons de l'extrémité posté- rieure , ou de la nageoire ventrale des poissons ; qu’à la fin de cette leçon. ARTICLE Ill: DE LOS DE LA CUISSE. À. Dans l'homme. Le fémur est l'os le plus long du squelette ; il est presque cylindrique, légèrement arqué en dedans et 490 v° LEGON. DE L’EXT. POST. OU MEMB, ABDOMINAL. en arrière. Son extrémité supérieure est élargie et a deux apophyses : une, presque dans la direction de l'axe, nommée le orand trochanter; et une autre qui rentre en dedans , ct fait avec l’axe un angle obtus par en bas; on la nomme col du fémur; elle se ter- mine par une tubérosité sphérique, qui joue en tout sens dans la cavité cotyloïde , et qui s’appelle la £éte du fémur. Cette articulation est maintenue par un liga- ment capsulaire qui vient de tout le pourtour de la ca- vité, et qui s'insère autour du col et de la tête du fé- mur. Îl y a en outre dans l'articulation un ligament rond qui naît dans la petite fossette de la cavité coty- loïde , et qui s'attache dans un enfoncement de la partie moyenne de la tête de los de la cuisse. Sous le col , un peu en arrière, est un petit tubercule , nom- mé petit trochanter ou trocantin , et le long de la face postérieure règne une ligne saillante , bifurquée à ses deux extrémités, nommée ligne âpre du fémur. La face postérieure du grand trochanter présente un en- foncement qu’on nomme fosse du grand trochanter. Le fémur devient plus épais à son extrémité tibiale. Il forme là deux éminences qui sortent de l’axe de l'os; on les nomme condyles du fémur (intra et extra con- dyles). {is portent chacun une facette articulaire en portion de roue, qui correspond à celle du tibia , l’un des os de la jambe. Ils sont aussi comme séparés en de- vant par une large rainure ou enfoncement articulaire dans lequel glisse la rotule, petit os situé sur le genou. Derrière ces condyles est un enfoncement qu’on nomme la fosse poplitée. Les deux condyles du fémur sont inégaux ; de sorte ET ART, III, DE L/0S DE LA CUISSE. 4gt que si on élève le fémur en les appuyant sur un plan horizontal , l'axe de los penche en dehors. Cette observation est digne de remarque ; car dans beaucoup de mammifères la coupe des condyles est horizontale, et les axes des deux fémurs sont paral- lèles dans l’état de repos; tandis que dans les oiseaux et les reptiles la coupe oblique des condyles est telle, que les extrémités coxales et tout l’axe de l’os se re- portent vers la ligne moyenne en sens contraire de ce- lui de l’homme. B. Dans les mammiferes. L’os de la cuisse est toujours unique dans toutes les classes d'animaux. Sa forme varie peu ; mais sa pro- portion avec les autres parties du membre abdominal , dépend en général de celle du métatarse. Dans les quadrumanes, le fémur est absolument cy- lindrique , et n’a, pour ainsi dire, point de ligne âpre. [ Mais il est encore arqué comme celui de l’homme, dans les singes de l'ancien continent ; dans ceux du nouveau , ainsi que dans les Loris et les makis, il est tout-à-fait droit. Dans ces derniers on remarque à la base du grand trochanter une saillie qu’on peut regar- der comme un vestige du troisième trochanter, qui se trouve dans la taupe, dansla chrysochlore , et dans plusieurs autres mammifères. La poulie rotulienne du fémur continue, dans l’homme et les singes , avec les facettes articulaires des condyles , commence à s’en séparer dans quelques carnassiers (les chiens, par exemple), et finit dans quelques rongeurs ( les castors ), et dans les solipédes et 492 v' LECON DE L'EXY. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. les ruminans, par former une facette articulaire à part. Cette poulie est en général plus symétrique dans les mammifères que dans l’homme où son bord externe est plus élevé que l’interne. [Dans ceux où elle n’est pas symétrique, dans les hippopotames, les rhinocéros, les chevaux et les grands ruminans ; c’est au contraire le bord interne qui s’élève plus que lexterne. | Le fémur de lours ressemble encore beaucoup à celui de l’homme, mais les autres carnassiers ont la tête inférieure plus longue d’arrière en avant en pro- portion de sa largeur, le col plus court, et le grand tro- chanter au niveau de la tête. Dans le chien le corps est encore arqué, mais dans les chats il est absolument droit ; la fosse trochantérienne est grande, et la crête qui la borde extérieurement commence à se prolon- ger vers le petit trochanter qui devient tout-à-fait pos- térieur, Le fémur du phoque est si court , que ses deux ex- trémités articulaires font plus de la moitié de sa lon- gueur. Le condyle interne descend plus bas que l’ex- terne, en sorte qu’appuyé sur un plan horizontal l’axe de los penche en dehors, plus encore que celui de l’homme. Le milieu du corps du fémur ne fait que le tiers de la largeur de son extrémité inférieure; il n’y a point de petit trochanter. Les marsupiaux offrent ceci de particulier, que le petit trochanter est très fort dans les sarigues, et que le condyle interne est de moitié plus petit que l’externe. Dans les kanguroos, le grand trochanter est très haut et terminé en pointe; une éminence existe au bord postérieur du condyle externe. + ART. IIS. DE L'OS DE LA QUISSE. 495 Dans le castor, le fémur large, aplati d'avant en arrière , a, à son bord externe, une crête tranchante qui tient lieu de ligne Âpre et qui se prolonge vers son milieu en une apophyse à laquelle on donne le nom de troisieme trochanter. Ce troisième trochanter existe encore dans d’autres rongeurs , tels que les ondatras. Dans les Lèvres il est placé si haut , qu’il semble être une dépendance du grand trochanter. Dans d’autres, les rats d'eau , les rats, les écureuils, les marmottes , 1 n’y a plus qu’une crête ou ligne âpre externe. Les rongeurs ont généralement le grand trochanter très élevé et le col beaucoup plus étroit que la tête. Dans l’hélamys le col est court ; le grand trochanter égale en hauteur le diamètre de la tête qui est fort grande. La crête inter - trechantérienne très élevée , dirigée de dehors en dedans, couvre une partie de la facette articulaire de la tête, qui se prolonge pos- térieurement en pointe, presque jusqu’au fond de la fosse trochantérienne. Dans l’ornithorinque , le fémur est court, large et aplati à ses extrémités, cylindrique et étroit à son milieu. Les trochanters également aplatis, à peu près de mème forme et d’égale grandeur, n’ont aucune fosse à leurs faces postérieures. Le fémur de l’échidné est aussi aplati à ses extrémités , mais il est plus semblable à celui des fourmiliers qu’à celui de l'ornithorinque. Le fémur de l'éléphant est aplati d'avant en arrière, sur-tout inférieurement. Peu renflé à ses extrémités, il est presque d’une venue. Le grand trochanter est peu saillant; le petit est presque nul; les deux diamètres de 494 Y° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. la tête inférieure sont presque égaux , et la poulie ro- tulienne n’occupe guère que le tiers de la largeur de l'extrémité inférieure. s Le fût du fémur de l’hippopotame est régulièrement cylindrique en avant ; son grand trochanter ne dé- passe pas la hauteur de la tête: le condyle interne est d'un tiers plus grand que l’externe, et le bord in- terne de sa poulie rotulienne s’élève plus que l’autre. Le fémur du rhinocéros, aplati supérieurement d’a- vant en arrière, a le troisieme trochanter recourbé en avant et remontant pour toucher au crochet des- cendant du grand trochanter ; de manière qu'il reste entre ces deux apophyses un trou ovale. Le bord in- terne de la poulie rotulienne est beaucoup plus sail- lant et monte plus haut que l’externe. Les édentés noffrent pas moins de variété que les rongeurs , relativement à l’os qui nous occupe. Dans les paresseux , il est aplati dans toute sa lon- gueur ; les extrémités ne sont gutres plus larges que le corps de los ; le col est très court, la tête large ; le grand trochanter, plus bas que la tête, manque de fosse à sa face interne. Le diamètre antéro - postérieur des condyles n’a que la moitié du diamètre transverse. Le fémur des atous est remarquable par la gran- deur et la hauteur du grand trochanter, par l’absence de fosse trochantérienne, et par la grandeur du troi- sième trochanter. Le fémur du £amanoir est caractérisé par une crête externe qui règne dans toute la longueur de los; par le peu de saillie du grand trochanter ; par l’absence du petit et de la fosse trochantérienne, et par une dépres- ART. III. DE L’05 DE LA CUISSE. 495 sion qui se trouve au-dessus de la poulie rotulienne. La même dépression existe dans le fémur du cheval, chez lequel on trouve aussi un troisième trochanter , et dont le grand a en outre une pointe saillante en arrière. Le fémur du tapir ne se distingue guères de celui . du cheval, que parce que sa poulie rotulienne a ses bords à peu près égau Le fémur des ruminans se distingue par la grande dimension d'avant en arrière de sa tête inférieure, Dans les grandes espèces il y a une forte saillie au bord interne de la poulie rotulienne, mais dansles petites les deux bords de cette poulie sont à peu près éga ux comme dans le cochon et le tapir. # Le fémur des mammiferes se développe par quatre points d’ossification: le corps ou le füt de los, la téte, le grand trochanter et l'extrémité inférieure ou les condryles. ] Dans les ruminans et les solipèdes, il est si court, qu’il est comme caché contre l’abdomen par les chairs. C'est ce qui a fait qu'on nomme vulgairement cuisse dans ces animaux, la partie qui correspond réellement à la jambe. [Il est également court dans les singes à longs bras, les orangs et les gibbons , et dans les chauve-souris.] C. Dans les oiseaux. L'os de la cuisse des oiseaux n’a qu’un seul tro- chanter. [l est toujours très-court, en proportion des os de la jambe. Sa forme est cylindrique. [l est pres- 496 v° LECON. DE L'EXF. POST. OU MEME. APDOMINAL. que toujours droit, rarement arqué , comme dans le cormoran , le plongeon , le castagneux. [La tête, petite et fortement creusée par l'insertion du ligament rond , est unie au corps de l’os sous un angle droit. La facette articulaire de la tête se continue sur la partie supérieure du col. Il n’y a point de fosse tro- chantérienne. Le condyle externe, plus fort que l’in- terne, appuie par son bord sur le peroné , puis il se transforme en une poulie très saillante , qui s’insinue entre le tibia et le péroné. La facette tibiale du con- dyle interne se joint à la facette rotulienne sous un angle obtus et mousse. La gorge rotulienne est large et bordée de deux crêtes saillantes; la fosse poplitée est généralement petite. La forme du fémur des oiseaux varie peu ; ses pro- portions relatives offrent seules quelques di fférenes ; ainsi , le plus petit diamètre de son corps est, dans les autruches, les casoars , les vautours , les cigognes, compris huit fois dans la longueur de l’os; dans l'aigle, le balbuzard, neuf fois ; dansles pigeons, dix; dansle cigne, onze; dans les ducs et les cogs, douze fois. | Dans l’autruche, Vos de la cuisse est très gros en comparaison de celui du bras. Îl en a près de quatre fois le diamètre. Ses deux extrémités sont plus grosses que Sa partie moyenne qui est presque trlangu- laire. D. Dans les repüles. L’os de la cuisse des quadrupèdes ovipares n’a point de fosse trochantérienne ni de fosse poplitée, et la tête ART, IV. DES MUSCLES DE LA CUISSE. 499 À. Dans l'homme. La couche la plus voisine des os'est composée des suivants : 1°. Le petit fessier (iliistrochantérien ) qui s’attache à la partie antérieure et inférieure de l'os des îles , et qui s’insère par un tendon mince au bord antérieur et supérieur du grand trochanter ; ; il relève directement la cuisse de côté. : 2°. Le pyramidal (sacro-trochantérien ) qui vient Vintérieur du bassin où il s’attache à la partie su- érieure du bord latéral de l'os sacrum, et qui s’in- re par un tendon grêle au haut d dela cavité du grand trochanter , derrière le a ei il fait tourner la cuisse sur son axe de dedans en dehors. 3°. Les muscles /umeaux (ischii-trochantériens) pren nent leurs attaches au bord postérieur de l’ischion , et s’insèrent , le supérieur, au haut de la face interne du grand trochanter, derrière le précédent, et l’'inférieur, dans la cavité du grand trochanter; aussi produisent-ils à peu près le même effet que le pyramidal. 4°. L’oblurateur interne (sous-pubio-trochantérien) dont l’attache est à la face interne du rebord et de la membrane du trou ovalaire ou sous-pubien, et qui s’in- sère , par un tendon grêle qui se contourne autour du bord postérieur de l’ischion, dans la cavité du grand trochanter , entre les deux jumeaux qui lui forment une espèce de gaine. Îl agit comme eux , mais avec beaucoup plus de force , à l’aide de la poulie dérivative sur Has il glisse, . L’obturateur externe (sous-pubio-trochanterier 52 500 v° LECON. DE L’EXT, POST. OU MEMB. ABDOMINAL. externe ) couvre le trou ovale et s’insere derrière ct dans la cavité du grand trochanter ; il fait tourner la cuisse sur son axe de dehors,en dedans. 6°. Le carré de la cuisse (ischio-trochantérien ) qui s'attache à la tubérosité de l’ischion, et s’insère au bord postérieur du grand trochanter sous les précédents. C’est un rotateur de la cuisse, qu’il porte de dedans en dehors. 7°. Sur le petit fessier et le pyramidal est couché le moyen fessier (ilio-trochanterien). I] s'attache à toute la grande circonférence de los des îles, et ramasse ses fibres pour les insérer au grand trochanter. Il relève la cuisse , et la porte en dehors, comme le fait le petit, fessier. 8°. Enfin le grand fessier (sacro-fémorien) recouvre une partie des précédents et tous les petits muscles ci- dessus. Il vient du bord postérieur de l’osdesiles et même du sacrum, etil s’attache à la face postérieure du fémur, plus bas que le grand trochanter. C’est un muscle très fort, qui redresse puissamment le tronc sur la cuisse, porte la cuisse en arrière, et est un de ceux qui agissent le plus puissamment dans les mouvements du membre abdominal. B. Dans les mammifères. Dans les singes , l'alongement de l’os des îles rend le moyen et le petit fessier plus considérables ; l’analo gue du grand fessier est le plus petit des trois. Mais, comme son attache au fémur se prolonge presque jus- ques au bas de cet os, son action est peut-être aussi forte que dans l’homme. = ART, TI. DE L'OS DE LA CUISSE. 497 ne conserve aucune empreinte de l’attache du Lean rond. - Celui des tortues terrestres a quelque ressemblance avec l’humérus des mammifères ; il est arqué , sa tête est ovale. Les trochanters sont réunis en une crête transyersale, séparée de la tête par un enfoncement semi-circulaire. Le corps de los est aminci , comprimé latéralement, l’extrémité inférieure comprimée d’avant en arrière. Les condyles ne sont séparés l’un de l’au= tre que par un léger enfoncement de la facette tibiale : au condyle externe est une facette péronienne qui fait avec la tibiale un angle obtus ; il n’y a point de gorge rotulienne. Dans les tortues d'eau douce, les tr onyx, par exem- ple , les deux trochanters sont séparés et forment deux ailes presque comme dans l’ornithorinque; la tête est plus oblongue, mais les condyles sont moins séparés. Dans les tortues de mer , les trochanters sont réunis comme dans les tortues terrestres : la tête est arrondie; l'os est court et droit, plus étroit dans son milieu; l'extrémité inférieure arrondie, plus épaisse au milieu que sur les bords, et il n’y a plus de distinction pos- sible entre les trochanters. Dans les crocodiles, le fémur a une double cour- bure; l’extrémité supérieure est comprimée diagonale- ment sur le plan antéro-postérieur et le plan transver- sal ; la tête est une portion de poulie un peu renflée vers le milieu de son bord interne. Vers le tiers supé- rieur de sa face interne existe une éminence mousse qui est son seul trochanter; l'extrémité inférieure est large dans le sens transversal ; les deux condyles sont un peu divisés, mais il n’y a point de gorge rotulienne. I, J2 498 v° LECON. DE L’EXT. POST, OU MEMB. ABDOMINAL. Dans les sauriens , le fémur est plus droit , le tro- chanter plus haut et plus saillant , les condyles encore plus séparés ; l’externe fournit une poulie saillante qui s'articule avec le tibia et le péroné : il ya une gorge rotulienne ; en sorte que par lextrémité inférieure du fémur les sauriens ressemblent un peu aux oiseaux. Dans les batraciens anoures, le fémur prend une lé- gère double courbure; il est alongé et cylindrique et n’a pour trochanter qu’une crête longitudinale. L’extrémité inférieure un peu dilatée et rugueuse, ne présente, pour l’articulation des os de la jambe, qu’une facette presque plate, Le fémur des salamandres est plus semblable è à celui des sauriens. | ARTICLE IV. DES MUSCLES DE LA CUISSE. I. Muscles du grand trochanter. Les muscles qui se portent au grand trochanter du fémur, font tourner cet os sur SON axe dans la cavité ERA TE soit en portant la pointe du pied de dedans, en dehors, soit en opérant le mouvement contraire : ils peuvent aussi éloigner un peu la cuisse de la direc- tion de lépine , ou , ce qui revient au même, l’écar- ter de l’autre cuisse, " ART, IV. DES MUSCLES DE LA CUISSE. 505 mé pyramidal par Vicq-d’Azyr. Le petit qui est attaché au tranchant antérieur de l’os des îles , estson laque. [ Immédiatement derrière le moyen fessier et occu- pant environ le quart de la fosse iliaque, est un mus- cle qui vient insérer son tendon à la face externe du trochanter au-devant de celui du carré , et qu’on ne peut considérer que comme un pyramidal. Le carré occupant toute la face éxterñe de lischion est fort grand, sur-tout dans les oiseaux qui ont le bas- sin très prolongé en arrière, commeles autruches et les casoars. L’obturateur interne, au lieu de passer par le trou qui correspond à l’échancrure ischiatique, passe par le haut de celui qui est analogue à l’ovalaire. Il y a même dans quelques oiseaux une traverse ossifiée qui lui forme un trou particulier , lorsque cet ovalaire se prolonge dans toute la longueur &e l’ischion. Sur les bords mêmes de ce trou ovalaire, il nait quelques fibres musculaires qui vont s'implanter aux deux côtés du tendon de ce muscle ; ce sont de très petits jumeaux. Dans le casoar, par ce même trou duquel sort le tendon de l’obturateur interne, vient celui d’un autre muscle qui tapisse toute la face interne de l’aponévrose ischiatique. On peut le considérer comme un second obturateur interne. I n’y a point d'obturateur externe, excepté dans l'autruche où l’on en trouve un très petit qui s’insère au bord de Pischion et sur laponévrose ischiatique, et qui va fixer son tendon au-dessous de celui de l'obtu rateur interne. Dans cette même autruche , au bord antérieur du Do4 v° LECON. L'E L’EXT. POST, OU MEMB. ABDOMINAL, carré et s’attachant comme lui à l’ischion et au bord postérieur du fémur, se trouve un muscle dont les deux extrémités charnues sont réunies par un tendon, ce qui en fait un véritable digastrique. | II. Muscles du petit trochanter et de la face interne de la cuisse. Les muscles qui vont au petit trochanter et à la face interne de la cuisse, la fléchissent ou la rapprochent de l’autre. Ce sont : A. Dans l'homme. 1. Le psoas (prélombo-trocantinien) qui s'attache supérieurement aux côtés des vertèbres lombaires et des dernières dorsales , ets’insère par un tendon grêle au petit trochanter ; il relève la cuisse ou la porte en devant. 2. L’iliaque (ilio-trocantinien) qui s'attache supé- rieurement à la face interne de l'os des îles, dont l’in- sertion au petit trochanter est commune avec le psoas et produit le même effet que lui. 3. Le pectiné (pubo-fémorien) qui s'attache au bord supérieur du pubis, et s’insère par un tendon grêle au-dessous du petit trochanter. Il aide un peu l’action des muscles précédents. 4. Les trois adducteurs (sous - pubo, sous - pub, ischü-fémoriens) , ou triceps adducteur , qui prennent leurs attaches : savoir , le premier au-dessus de la sym- physe du pubis ; le second, sur sa branche descen- dante ; le troisième, sur la tubérosité de lischion , et qui s'étendent à la ligne âpre du fémur, où le second ART, LV. DES MUSCLES DE LA CUISSE. JT Le carré est proportionné à la grosseur de la tu- bérosité de l’ischion. | Les chauve-souris ont un petit fessier qui descend presque verticalement de liléon sur la cuisse; elles n’ont point de pyramidal , de jumeaux , d’obturateur interne, ni de carré. Dans les carnivores et les rongeurs, on retrouve la même petitesse proportionnelle du grandifessier que dans les singes. [Mais dans la plupart de ces derniers animaux ainsi que dans les £atous et les fourmiliers, il descend plusbas surle fémur, ets’attache au troisième trochanter toutes les fois qu’il y en a un ; ce qui lui donne beau- coup de force. Ilest quelquefois fort difficile de distinguer ce muscle d’un autre que nous verrons ci-après, le biceps, car ily a souvent entre ces deux muscles un faisceau qui s’atta- che tantôt au fémur, comme dans plusieurs carnassiers, tantôtau tibia, comme dans le porc-épic: on peut le consi- dérer dansle premier cas comme un accessoire du grand fessier, et dans le second comme un accessoiredu biceps. Dans le kanguroo géant, cette portion accessoire ou du fessier ou du biceps est divisée en deux faisceaux dont les tendons se réunissent pour en former un seul qui va se fixer aux côtés de la rotule. Le moyen fessier est toujours beaucoup plus épais que le graud. ] Dans le cheval, l'analogue du grand fessier (nommé par Bourgelat petit fessier) est un muscle mince : outre le ventre ordinaire, il en reçoit un long et grêle, dont l'attache supérieure est au sommet de los desiles. Son attache inférieure se fait au troisième trochanter. 502 v° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. Le fessier moyen est très considérable, s’attachant au sacrum, à l’aponévrose des muscles du dos et à toute la membrane qui est entre cet os, celui des îles et l’ischion. C’est principalement ce muscle qui produit les ruades; il s’attache au grand trochanter et par un faisceau postérieur, comme le remarque M. Meckel, à la partie inférieure du fémur. Les autres petits muscles du grand trochanter sont dans ia plupart des mammifères comme dans l’homme. [ Mais dans plusieurs on trouve quelques particu- larités. Ainsi dans Pours, le petit fessier forme deux muscles qui ont chacun leur tendon; la portion anté- rieure s’insère à la face externe du grand trochanter et la portion postérieure à la face interne. Dans les kanguroos, le pyramidal est également séparé en deux portions, tandis qu’il ne paraît pas y en avoir dans le cheval. Dans le chien, Vhyène et la panthere, sous le petit fessier existe un autre petit muscle court qui s'attache au bord de la cavité cotyloïde, et qui va s’im- planter à la face antérieure du fémur, immédiatement au-dessous du col. Enfin dans les animaux qui ont lischion soudé au sacrum, comme le tamandua, À y a un muscle ve- nant de la face externe de l’ischion, qui tient lieu d’ob- turateur interne et de jurneaux.]| C. Dans les oiseaux. Les trois fessiers ont les mêmes proportions que dans les quadrupèdes. L'analogue du grand fessier, toujours réuni antérieu- rement avec le muscle du fascia lata , est le muscle nom- ART. IV. DES MUSCLES DE LA CUISSE. 507 supérieurement, forment une masse qui naît de toute la face externe de l’iléon , de son bord antérieur , un peu de sa face interne, et même de la face inférieure de la septième côte: ce muscle se divise en deux tendons, dont l’un, celui du moyen fessier, s’insère au trochan- ter ; l’autre, celui du petit fessier, un peu plus bas au corps du fémur. L’obturateur interne est un muscle très fort qui s’insère à la face supérieure de la branche interne du pubis et qui contourne, comme chez les mammifères, Vischion pour s’insérer au grand trochanter. Le carré existe , mais je ne vois point de jumeaux ni de pyramidal. Il n’y a point de psoas , mais l’iliaque est assez fort et vient de la partie supérieure de la face interne de Viléon , et confond son bord antérieur avec celui du moyen fessier. L’obturateur externe ( adducteur de Bojanus ) naît par deux portions , l’une qui vient du pubis et l’autre de l’ischion ; ces deux tendons se réu- nissent pour former un large tendon qui s’insère aux deux trochanters. Les adducteurs n’ont plus d’attache au pubis, mais à la portion ischiale de la symphyse. Un muscle dont l’analogie avec ceux des mammifères peut être difficilement reconnue { diaque interne de Bojanus ) s’attache à la face supérieure du pubis , au dehors de l’obturateur interne, passe par dessus la branche externe de cet os, et va s’insérer par un fort tendon à côté de liliaque. M. Cuvier l'avait nommé sur ses dessins sur-pubien, nom que nous lui conser- verons., Dans les ortues marines, je ne trouve point d’ilia- 508 v° LÉCON, DE L’EXT, POST. OU MEMB. ABDOMINAL. que et le sur-pubien se divise en deux faisceaux, dont le plus externe se porte au genou et sert de droit an- térieur de la cuisse. Dans les crocodiles, le grand fessier est un muscle grêle qui descend fort souvent jusqu’à la rotule. Le moyen fessier descend également très bas , et le petit fessier qui s’insère au trochanter est anomal , en ce qu’il s’attache sous l’épine. L’obturateur interne est faible et ne vient que de la face interne de Pischion. L’iliaque et le psoas, vu la position de l’iléon,sont obli- gés de décrire un demi-cercle pour arriver au fémur. Los pubis fournit deux muscles, l’un venant de sa face interne, le sur-pubien, et l’autre de sa face externe qui n’est qu’un démembrement de l’obturateur externe ; aussi son tendon va-t-il s’insérer tout auprès de celui de ce muscle. Au bord inférieur du carré, se trouve un muscle qui vient de la face inférieure de la queue, et qu’on peut regarder comme un accessoire de ce carré ou du f&- moro-coccygien dont nous avons déjà parlé. Le pec- tiné et les obturateurs au nombre de deux, ne s’atta- chent qu’à la symphyse de Pischion. Dans les sauriens, ou du moins dans les sauvegardes, on trouve encore quelques différences qui tiennent à la forme du bassin. IL n’y a point de grand fessier, et le petit, qui ne se reconnait plus que par son attache au fémur, occupe la place de l’obturateur interne qui manque. Par-dessus ce petit fessier se trouvent deux sur-pubiens ; l’un, externe, s’insère au trochanter, et l’autre, interne, au bord antérieur du fémur.On pour- rait peut-être considérer l’externe comme un pectiné , Li LI % | 5 # ART, 1V. DES MUSCLES DE LA CUISSE. 205 s’insère entre les deux autres ë un peu plus haut qu'eux; ils portent la cuisse en dedans > Ou les ra pprochent l’une de l’autre. B. Dans les mammiferes. Dans les mammifères, en général, le psoas et l'ilia- que sont beaucoup plus kits que dans l’homme. Le péctiné de la taupe, de l'ours , du chien, des tatous ; des Jourreers est ventru , et prolonge son tendon inférieur ; jusqu’au bas du fémur ; cela n’est pas ainsi dans les autres mammifères. Mais dans les 7na- gots, les papions, les mandrills, les chats, les rats, les écureuils, la marmotte, le cabiai, le paresseux tridac- tyle, ce muscle est séparé en deux portions ; alors la deuxième portion prolonge également son tendon jus- qu'au milieu ou même jusqu'au bas du fémur. ] Les chauve - souris n’ont ni psoas, ni iliaque. Leur pectiné est long et grêle; ainsi que Pobturateur ex- terne. Elles n’ont qu’un adducteur de la cuisse qui vient de la symphyse du pubis, et qui s’insère à la par- tie du fémur qui répond à son tiers coxal ou supérieur. Les cétacés r’ont aucun muscle de la cuisse. Ceux qui s'insèrent à leur rudiment de bassin, sont des muscles de l’abdomen , de la queue et de anus. C. Dans les oiseaux. [ Les oiseaux ont, comme M. Meckel l’a reconnu, un très petit iliaque situé au bord inférieur de l’iléon ethbordant la grande fosse des reins. Il va s’insérer à la partie interne du fémur au lieu même que devrait occuper le petit trochanter. Mais il n’y a point de # 506 v° LECON. DE L 'EXTe POST. ou MEME. ABDOMINAL. psoas. Îls ont deux ET Ne places ordinaires. Nous ne pouvons pas souscrire au jugement de M.Mec- kel qui regarde notre obturateur interne comme un troisième adducteur. [l serait plus juste d'appeler ainsi le fémoro-coccygien, dont nous avons parlé à l’article des muscles de la queue, puisqu'il s’insère pe à la ligne âpre. Il y a, dans ie lieu qu’ occupe le pectiné d mifères , un petit muscle grêle, qui se Re qu’au genou. Son tendon passe SR 54 et se glisse derrière la jambe pour su nir au fléchis- seur perforé du second et du cinquième doigt. Nous en parlerons par la suite. : IT. Muscles de la cuisse des SRE { Le bassin des reptiles a subi , comme eut épaule , un changement de position. Flan, au lieu d’être pa- rallèle à l’épine ou peu incliné surælle, lui est per- pendiculaire , excepté toutefois chez les grenouilles. Ï} résulte de là un changement de fonctions des mus- cles qui satgachent à cet os, et même quelque difficulté Pour les reconnaître. Cependant on es retrouve pres- que tous. Dans les tortues terrestres et d’eau douce , quoique Vos des iles soit très peu large, les muscles ont cepen- dant beaucoup d'épaisseur vers leur milieu. Legrand fessier que l'on pourrait presque prendre pour le Gin midal , n’insère qu’une petite portion de ses fibres l'iléon ; le reste vient des apophyses transverses des premières vertébres caudales, Les moyen et petit fessiers confondus ensemble # DR EL FR « ART. V. DES OS DE LA JAMPE. SLL : L ment de rotation l’un sur l’autre, comme le sont ceux de Vayant-bras. Trois sortes de ligaments Érobe le péroné au ip. L'un est une capsule qui unit la facette de l’extrémité supérieure à celle de la tête du tibia. Le second est une membrane ligamenteuse qui remplit out l’espace co is entre les deux os et s'attache aux deux angles #rérardent. La troisième sorte est produite par Miles qui viennent obliquement du tibia et se tent à la malléole externe en devant et en arrière. Sur ‘articulation du fémur avec le tibia , entre les condyles du premier , est placé un petit os presque circulaire, un peu pointu vers le bas, convexe et rude en avant, ayant en arrière deux facettes qui COrres— pondent à celles du fémur. Il est suspendu à cet en- droit par EPL US et des muscles, et empêche le tibia de :s ’étendre au-delà de la ligne droite ; on le nomme la rotule. C'est cet os qui ent fe du genou. #4 L’articulation des quatre os qui forment le genou est affermie par un grand nombre de ligaments. Il y a d’abord une capsule qui vient du pourtour des con- dyles du fémur, et qui s’attache aux bords de la ro- tule et du tibia. Des trousseaux ligamenteux se por- tent ensuite dans diverses directions. Les uns naissent sur le condyle externe du fémur , et se fixent au côté interne de la tête du tibia. Un autre venant du con- dyle interne s’attache au côté externe de los de la jambe, et même an péroné. Dans l’intérieur même de l'articulation sont situés deux ligaments placés en sau- toir l’un au-dessus de l’autre : on les nomme les Hg ments croisés ; As viennent de la partie postérieure ou " ‘4 , 8 552 V° LECON. DE L’EXT, POST. OU MEMFP. ABDOMINAL. des condyles du fémur , et se portent au milieu de la ligne saillante qui sépare les deux fossettes articulaires de la tête du tibia. Deux ligaments #nter-articularres, de figure semi-lunaire , sont aussi interposés entre le tibia et le fémur ; ils sont maintenus en situation par de petits trousseaux de fibres ligamenteuses qui vien- nent de différents points de la capsule. Enfin Ja rotule a un ligament particulier très fort , qui de sa pointe se porte à l’épine du tibia. I paraît être de mature en- dineuse et produit par la terminaison _du tendon des muscles extenseurs dans l’épaisseur desquels se développerait cet os sur-articulaire, Le tibia et le péroné se développent chacun par trois points d’ossification ; le corps et les extrémités supérieures et inférieures. Bs Dans les mammiferes. "M, Les os de la jambe sont généralement les mêmes dans les mammifères que dans l’homme. Dans les singes la crête antérieure du tibia est peu marquée. Dans la chauve-souris Ve péroné est extrêmement grêle ; et comme les fémurs sont tournés en arrière, il arrive que les jambes se regardent par leur côté péro- nien. . Dans les taupes etles musaraignes le péroné se soude au tibia vers son tiers inférieur. Le tibia de l'ours est un peu arqué en devant : la tu- bérosité de son arête antérieure est très saillante , et les faces articulaires très en arrière. [Les chiens ont le péroné appliqué contre le bia ART, IV. DES MUSCLES DE LA CUISSE. 509 car avant son insertion au fémur, il donne attache à des adducteurs. Le basilic à créte offre la même disposition de mus- cles, mais dans le cameleon où la du bassin est un peu différente, on trouve un obturateur in- terne et un seul sur-pubien, et le petit fessier s’insère comme à l’ordinaire à l’iléon. Dans les grenouilles, qui, comme l’on sait, ont les cuisses plus fortes et plus arrondies que celles des au- tres reptiles, et même que celles de beaucoup de mam- mifères , il y a un grand fessier , à la vérité peu déve- loppé, mais avec un accessoire coccygien ; un moyen fessier assez fort ; un petit fessier et un iliaque réunis par leurs bords; un obturateur externe de forme demi- circulaire , un carré en deux muscles superposés ; mais il n’y a point d’obturateur interne, la disposition des os du bassin ne le permettant pas. On trouve éga- lement chez ces animaux deux pectinés et quatre ad- ducteurs. Il y a dans les salamandres à peu près la même dis- position que dans les sauriens ; la seule différence, c’est que le sur-pubien et l’obturateur externe , ne s’atta- chent qu’au cartilage avancé du pubis. | ARTICLE V. DES OS DE LA JAMBE. À. Dans l'homme. La jambe est formée de deux 05; l’un plus gros, appelé CA 510 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. tibia, autre plus grêle, attaché au côté externe du précédent , nommé le péroné. Le tibia s’articule avec le fémur par une large face qui présente deux légers enfoncements one aux condyles du tes L’extrémité fémorale de cet os est beaucoup plus large que la partie moyenne , et a trois arêtes longitudinales qui se continuent sur près des trois quarts de sa longueur. Celle qui est anté- rieure se nomme créle Fe tibia ; elle s’äplanit dans le haut en une large face triangulaire rude. Celle du coté externe regarde le péroné, et sert d'attache à une membrane qui remplit lintervalle de ces deux os et qu’ on nommc li9 oamentinterosseux. La troisiéme arête est interne et un pet postérieure. L'extrémité supérieure du péroné est vu sous une avance de celle du tibia à son angle externe et pos- térieur ; et comme le corps de l’un et de l’autre s’a- mincit , il y a entre eux un intervalle plus large vers le haut, qui se rétrécit vers le bas. Le péroné a aussi trois arêtes longitudinales. Le tibia redevient rond vers le bas, où il s’évase sensiblement ; il est tronqué par une face articulaire plate. Dans ie milieu , est une légère élévation allant d'avant en arrière. Au côté interne , est une produc- tion descendante, qui forme la rnalléole interne. Contre la face externe de cette tête inférieure du tibia, il y a une facette qui y est creusée et sur laquelle appuie los péroné , dont l'extrémité se prolonge plus bas , pour former la #alléole externe plus longue que l’interne. Entre les deux malléoles est creusée la face concave qui reçoit la tête de l’un des os du pied. Les deux os ne sont pas susceptibles d’un mouve- ART. V. DES 05 DE LA JAMBE. 515 dans la moitié inférieure de leur longueur. Leur arête antérieure est également très saillante, ainsi que dans les chats et les hyènes, mais particulièçement dans ces dernières. dupe Dans les sarigues, les phalangers et les phascolomes, le tibia est comprimé latéralement et un peu arqué ; le péroné est fort, sa tête supérieure très large fournit une facette pour le condyle externe du fémur, et plus en dehors elle porte un petit os sarnuméraire. Le dasyure a son tibia courbé en S et son péroné comme dans les sarigues. Les kanguroos, dont la longueur de la jambe est presque double de celle de la cuisse , ont larête anté- rieure du tibia très saillante et ployée en dehors, de manière à faire avec son bord externe une fosse pro- fonde pour lattache du tibial antérieur; le péroné s'articule aussi avec le tibia et s’applique exactement dans ses deux tiers inférieurs contre cet os. Les rongeurs ont le péroné tout-à-fait en arrière, Dans les rats, les campagnols , les gerboises , les rats- taupes , le castor, l'helamys et le lapin, il se soude au tibia vers le tiers inférieur. fl forme un grand espace triangulaire vide dans le haut. [ La crête antérieure de tous ces genres est très sail- lante et ployée en dehors comme dans les kanguroos ; le bord interne offre la mème disposition et la face postérieure présente également une crête saillante. 11 résulte de cette structure que, vu par derrière , le‘tibia montre , dans sa moitié supérieure , deux fosses pro- fondes pour l’attache du tibial postérieur et du flé- chisseur propre du pouce. C’est particulièrement dans l'ondatra que cette structure est la plus marquée. Fr. 993 514 v° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMP. ARDOMINAL. Dans le castor , le péroné donne à sa tête supérieure une forte apophyse récurrente dirigée un peu en de- hors. Un nouveau genre , le mara , a le péroné très grêle et n atteignant pas la partie inférieure du tibia. Dans les paresseux , le tibia est déprimé inférieu- rement , courbé en dedans , tandis que le péroné l’est en dehors. Ii résulte de là un espace vide très consi- dérable entre ces deux os. Cette disposition est la même dans les tatous et Voryctérope , chez lesquels les deux os se soudent par leurs deux bouts. Dans les t4- tous le péroné est très large à son tiers supérieur, et l'élargissement cesse tout-à-coup. Le tibia de Porye- térope présente un peu la disposition que nous avons remarquée dans l’ondatra. Dans l’ornithorinque 11 n’y a presque point de crête ; le tibia est arqué en dehors. Le péroné , après avoir fourni une apophyse interne qui s'articule avec la tête du tibia et le condyie interne du fémur, s’é- lève fort au-dessus de cette tête en une lame large qui doit donner une insertion fort étendue aux muscles. Dans l’échidné ce n’est plus une lame , mais une apo- physe également très élevée. ] Dans l'éléphant , le rhinoceros et le cochon, le péroné est aplati et peu distant du tibia. Dans l’Aippopotame et le tapir , il est plus écarté. Dans le cheval, le péroné n’est plus qu’un rüudiment styloïde suspendu à la tête supérieure du tibia et il atteint à peine la moitié de la longueur de cet os. Dans les ruminans il n’y en a plus du tout, Cet os parait remplacé par une petite pièce osseuse placée sur ART. V, DES OS DE LA JAMBE. 515 le bord externe de l’astragale au-dessous du tibia , et formant la malléole externe. [ Les chevrotains présentent à cet égard une distinc- tion : chez eux , il ya , comme «lans le cheval, uni os styloïde appliqué contre le tibia dans presque toute sa longueur, et l’os malléolien des autres ruminans se soude avec le tibia. Quelques cerfs, entre autres l'élan, ont supérieure- ment un très petit os pointu comme vestige du péroné, et la plupart des autres espèces de ce genre ont , au bord externe de la tête du tibia , un crochet qui paraît être produit par un os semblable qui s’y serait soudé. | C. Dans les oiseaux. Les oiseaux , comme nous l'avons vu, ont le con- dyle externe du fémur disposé pour recevoir la tête su- périeure du péroné. | Leur jambe est aussi formée par le tibia, le péronw et la rotule. Letibia diffère de celui des mammifères par son ex- trémité inférieure, qui se termine par deux condyles articulaires et par une poulie qui la font ressembler à la tête inférieure du fémur d’un mammifére , dont les condylés $eraient en avant et la poulie en arrière ; il en différe encore par la tubérosité antérieure et supé- rieure qui a presque toujours deux crêtes saillantes. Le péroné se soude toujours avec le tibia , et ne par- vient jamais jusqu’à l'extrémité inférieure. { Comme le remarque M. Meckel , on trouve le plus souvent au-dessus de l’enfoncement de la poulie infé- 53. 516 v° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEME. ABDOMINAL- rieure une sorte de pont osseux oblique, sous lequel passe le tendon de l’extenseur commun. ] Le plongeon et le castagneux ont le tibia prolongé vers le haut en avant de son articulation avec le fémur. Cette avance a trois faces et trois crêtes. Elle remplace la rotule et donne attache aux muscles. Dans le manchot, cette prolongation du tibia se fait déjà remarquer, ainsi que dans les pétrels, les procella- ria, les goëlands , les pélicans ; mais si l’avance qu’elle forme s’élève moins au-dessus du genou, elle saille da- vantage en avant. [ La rotule des manchots et des cormorans est plus grande que celle des autres oiseaux. S'il y a une rotule dans les plongeons, comme le dit M. Meckel, elle doit être réduite à un petit grain osseux qui est au devant du condyle externe du fémur, car le tibia forme, chez ces animaux , une articulation gynglimoïdale serrée avec le fémur, qui ne permettrait pas la présence d’une rotule. Le tibia est en général beaucoup plus long que le fémur ; mais c’est dans les échassiers que la diffé- rence qui existe entre la longueur de cés deux os est la plus marquée. Dans la frégatte, les cogs de bruyère, les pigeons, le tibia ne dépasse le fémur que d’un cin- quième, tandis que dans le jabiru et l'échasse il a plus de trois fois et dans le //amant près de quatre fois la longueur de cet os. ] D. Dans les reptiles. Les quadrupèdes ovipares ont le tibia et le péroné distincts et séparés Van de l’autre dans tonte leur trie ANT. V. DES OS DE LA JAMBE, 817 étendue. Ce sont deux os à peu près d’égale grosseur dans les tortues , et c'est le péroné qui porte la plus grande partie des os du tarse. [ Dans les crocodiles et les sauriens, le tibia est plus gros ; sa tête supérieure est en triangle comme à l'or dinaire , et l’inférieure est oblongue transversale ment. Dans le caméléon, le péroné au lieu d’être, comme dans les autres sauriens , aplati inférieurement , est ar- rondi, et son corps est fortement arqué en dehors. La jambe des grenouilles est composée de deux os sou- dés ensemble dans toute leur longueur , et quine sont plus distingués l’un de l’autre que par un sillon de leur face antérieure et postérieure, et par le double canal médullaire dont leur intérieur est creusé. Dans les salamandres, il y a deux os à la jambe à peu près d’égale grosseur , et de même forme. Eu général, le péroné s'articule dans les reptiles, comme dans les oiseaux, immédiatement avec le fémur, et la rotule est extrèmement petite et souvent tout-à- fait cartilagineuse. | ARTICLE VI. DES MUSCLES DE LA JAMBE. À. Dans l'homme. Les extenseurs de la jambe se terminent tous par un tendon commun qui s'attache à la rotule, et se 518 v’ LECON, DE L'EXT. POST, OU MEMB. ABDOMINAL. continue jusqu’à la tubérosité antérieure du tibia. Ces muscles sont au nombre de quatre , dont les trois pre- miers, savoir : le vaste interne , le vaste externe et le crural, sont regardés par plusieurs comme un seul muscle qu'ils nomment {riceps de la cuisse ( trifémoro- rotulien). Le crural est attaché à tonte la face anté- rieure du fémur ; le vaste externe vient de la région du grand trochanter , et l’interne de celle du petit. Le quatrième extenseur est le gréle ou droit anté- rieur (iléo-rotulien ). I] tient à lépine de Pos des îles , et s'étend tout Île long du devant de la cuisse. Les fléchisseurs de la jambe s’attachent au côté in- terne de la tête du tibia , excepté un seul qui s’attache au péroné: c’est le biceps (ischio-péronien) qui reçoit une partie de ses fibres de la tubérosité de l’ischion, et une autre du milieu de la ligne âpre du fémur. Ces deux portions s'unissent en un tendon grêle qui s’in- sère à la téte du péroné. De la même tubérosité de l’ischion , viennent deux muscles placés derrière le biceps. Le demi-membraneux (ischio-sous-tibien) et le demi- nerveux (ischio-pretibien ). Le premier s’insère au ti- bia par un tendon plat et mince, et le second un peu plus bas, par un tendon grêle et rond. Sous le demi- nerveux s’insère le couturier (iléo-prétibien ), qui vient de l’épine de l'os des iles , et passe en écharpe sur le devant et le dedans de la cuisse; et un peu plus bas le gréle où droit interne (pubio - prétibien) qui vient du bas de la symphyse du pubis, et descend droit le long de la face interne de la cuisse. Enfin , le poplité ( poplito-tibien ) est un petit mus- cle situé derrière le genou, et qui va du condyle ex- a LADE TE “niet ART. VI, DES MUSCLES DE LA JAMBE. 919 terne du fémur obliquement à la tète interne du tibia. Tous ces muscles forment , conjointement avec les adducteurs du fémur , etc., cette masse longue et ar- rondie qui entoure cet os et que nous appelons /& cuisse. Ils sont tous renfermés dans une gaine aponé- vrotique nommée fascia-lata, qu est pourvue d’un muscie particulier (i/é0-fascien ), dont les fibres sont recouvertes entièrement par les aponévroses. B. Dans les mamnufères. Les singes ont la cuisse un peu moins ronde que l’homme ; leurs muscles different peu des siens, ex- cepté le biceps. Dans les mammifères en général, la cuisse étant pressée contre le flanc, la masse charnue qui la forme est comprimée. C’est le couturier et le droit antérieur qui en forment le tranchant antérieur dans les carni- vores et les rongeurs , et les demi-membraneux et de- mi-nerveux ; le tranchant postérieur. Dans le cheval, le couturier devient plus considéra- ble , et porte le nom de long adducteur , par opposi- tion avec le grêle interne , qui s’y nomme le court ad- ducteur. [ Le couturier est tout-à-fait confondu dansle castor avec les pectinés. [1 s’insère au fémur dans l'ai, comme le remarque M. Meckel , mais il vient de l’iléon , et nullement , comme cet anatomiste le dit, de l’aponé- vrose du grand oblique de l'abdomen : évidemment M. Meckel a pris ici un faisceau du peaucier pour le couturier. | | 520 v‘ LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB ABDOMINAL: Dans presque tous les mammifères et même dans les singes, excepté dans le coaita, le muscle analogue du biceps de l’homme n’a qu’une seule tête à l’os ischion; il couvre une grande partie de la face externe de la cuisse, et donne non-seulement iles fibres au péroné, mais encore à toute la longueur de laponévrose fascia lata ; ensorte qu’il fait aussi l’office d’extenseur de la cuisse. C’est lui que Bourgelat nomme long-vaste dans le chien et le cheval. [ Dans l’oranp-outanps, il y a une portion fémorale, mais elle constitue un muscle distinct qui s’insère à Ja moitié moyenne du bord externe du fémur et descend sur l’aponévrose jambière en passant obliquement sous Ja portion ischiale. L’aï présente la même particularité, et dans le four= milier didactyle où ce muscle accessone du biceps existe aussi , il s’insère à la moitié inférieure du bord externe du fémur, et descend par un long tendon jus- qu’à la portion inférieure du péroné. Dans un grand nombre de mammifères, le biceps a une seconde tête à la partie latérale antérieure du coc- cyx. Il y a en outre souvent sous lui, un muscle extrè- mement étroit, mais très long, qui s’insère également au cocCyx ou au ligament sacro-sciatiqite et qui vient se perdre sur la face latérale de la jambe; on peut re- garder ce muscle comme un accessoire du biceps. On le trouve dans l’hyène, la loutre, le lion, le phoque, et dans beaucoup de rongeurs et d'édentés.(Quelquefois, comme dans la fouine et la genetle, cet accessoire du biceps ne va qu’au fémur , il devient alors presque le fémoro-coccygien des ovipares ; enfin, comme dans ART. VI. DES MUSCLES DE LA JAMBE. 521 l’hyène et les chats, le long accessoire et le court exis- tent ensemble. Le biceps , dans la plupart des mammifères, recou- vre une grande partie de la jambe ; dans les £atous et loryctérope, il descend jusqu’au calcanéum. Dans le cheval et dans les ruminans , il ÿ a une portion supé- rieure qui vient de l’aponévrose sacro-sciatique dont les fibres dirigées obliquement d’avant en arrière , for- ment un espèce de raphé avec les fibres de la portion ischiatique qui descendent presque verticalement. Dans tous les mammifères, le fascia lata a un mus= cle assez fort qui se sépare difficilement du grand fes- sier. | Le grêle interne s’élargit dans les mammifères , et sur-tout dans ceux qui ont le fémur court. Aussi forme-t-il , sur-tout dans les animaux à sabots, un muscle très considérable ; c’est lui que Bourgelat nomme court adducteur, tandis qu'il donne le nom de gréle interne à Vanalogue du demi-nerveux. [Ce muscle présente dans les loris, ceci de remar- quable , qu’il a trois faisceaux d’origine bien séparés , lesquels se réunissent pour former un tendon grêle qui s’insère un peu au-dessus de celui du couturier. L'un vient du pubis, les autres de l’ischion, et ceux-ci semblent se détacher du demi- membraneux et du demi-nerveux. | Le demi-membraneux et le demi-nerveux se trou- vent dans tous les mammifères comme dans l’homme ; mais ils s’insèrent l’un et l’autre au tibia par une apo- névrose large. Il faut remarquer aussi que leur inser- tion s’y fait beaucoup plus bas que dans l’homme, ce qui retient toujours la jambe dans un état de demi- 522 V°LECON. DE L'EXT. POST. OU MEME. ABDOMINAL. flexion , qui est une des causes qui empêchent les qua- drupèdes de marcher debout. Les singes ont aussi cette insertion très bas. {Ces deux muscles, ou quelquefois seulement le demi- membraneux, reçoivent une portion accessoire coccy- gienne. (est principalement dans les rongeurs et les édentés que l’on trouve cette disposition. ] Les extenseurs, c’est-à-dire le droit antérieur et le triceps, se retrouvent dans tous les mammifères comme dans l’homme, à quelques différences près dans les pro- portions. Les chauve-souris , dont les extrémités postérieures paraissent retournées de manière qu’elles se fléchissent en devant, n’ont que deux muscles propres à la jambe, Vun qui remplace le couturier , le gréle interne , le demi-membraneux et le demi-nerveux ; À naît par deux ventres charnus séparés entre eux, et entre lesquels passe l’adducteur de la cuisse. Le premier vient de la partie antérieure de liléon , et l’autre en partie du pu- bis et de l’ischion. Ils forment un tendon commun qui se porte à Ja partie antérieure de la jambe (qui devrait être la postérieure ), et il s’insère sur le tibia au-des- sous de son articulation avec le fémur. C’est le fléchis- seur de la jambe. L’extenseur de la jambe s’attache par un seul ven- tre charnu sur l’extrémité supérieure du fémur. Son tendon est grêle et s’insère à l’extrémité postérieure de la jambe qui, nous le répétons, est ici comme retournée. C. Dans les oiseaux. { Dans les oiseaux, les extenseurs de la jambe sont ART. VI. DES MUSCLES DE LA JAMBE. 523 formés du triceps crural; celui qu'on peut regarder comme le droit antérieur, passant par dessus le genou et servant de fléchisseur des doigts. Dans les autruches et les casoars , le crural est externe, et comme son tendon s’insère à la tête du tibia, il est plutôt rotateur qu’extenseur de la jambe ; à cet extenseur on peut ajouter le muscle du fascia lata, assez fort chez les oiseaux , et qui s’unit, comme dans les mammifères, au grand fessier. Dans le casoar de la Nouvelle- Hollande, le crural est divisé en deux couches; la plus profonde de ces couches se partage en trois portions, dont l’une vient du bord antérieur du pubis un peu au-dessous de sa tubérosité, la deuxième de la partie supérieure de la ligne âpre, et la troisième du tiers inférieur de toute la face interne et antérieure du fémur. Ces trois portions se réunissent pour former un fort tendon qui s’insère à la tubérosité interne du tibia. La seconde couche est formée de deux muscles qui viennent des parties supérieure et moyenne du fémur , et qui vontinsérer leur tendon, l un à la capsule articu- laire, l’autre à la tubérosité interne de l’é épine tibiale. | ae fléchisseurs sont au nombre de trois. Le plus externe paraît l’analogue du biceps de l’homme. Il tient à toute la crète postérieure de l'iléon, et donne un tendon rond, qui passe par une poulie ligamenteuse sôus l'articulation du genou , et s’insère au péroné. Le plus interne est analogue du demi-membraneux. Il vient de l’extrémité ischiatique, et va s’insérer au côté interne de la tête du tibia. Le troisième, qui est intermédiaire, manque dans 524 V° LECON. DE L'EXT, POST. OU MEMB. ABDOMINAL. plusieurs oiseaux, notamment dans les oiseaux de proie : il vient de cette même crête ischiatique. Son tendon reçoit du bas du fémur un second paquet de fibres charnues ; il passe entre les gastrocnémiens, et s’insère à la face postérieure du tibia. [Il porte, sur les dessins de l’autruche laissés par M. Cuvier, le nom de demi-nerveux. | Le couturier forme le tranchant antérieur et supé- rieur de la cuisse , mais inférieurement il est plus à la face interne. D. Dans les reptiles. [ Dans les reptiles les muscles de la jambe ne pré- sentent pas autant de diflicultés que ceux de la cuisse. Le triceps crural existe dans les tortues terrestres; le couturier est divisé en deux portions. Le demi-ner- veux a un grand accessoire coccypien. Le droit anté- rieur est devenu un peu interne; il s’insère à la branche externe du pubis et à la capsule articulaire du genou. Le grèle interne est confondu par son attache ischiale avec les adducteurs de la cuisse, mais ils’en sépare , et s'attache assez loin de la tête du tibia. Dans les tortues de mer, les muscles sont moins épais qne dansles tortues terrestres. La position avan- cée du pubis donne au droit antérieur une grande force pour l'extension de la cuisse et de la jambe, car il s’insère presque à angle droit sur le genou. Le biceps et le demi-membraneux, viennent seulement de la région coccygienne. Dans les crocodiles, on trouve deux muscles qui s’attachent tous deux au bassin , l’un à la face externe ART, VI. DES MUSCLES DE LA JAMBE. 525 et l’autre au bord antérieur de l’iléon et qui vont im- planter, en les croisant, leurs tendons sur le crural. Le premier se portant à la face interne de la cuisse doit être regardé comme l’analogue du couturier; le se- cond comme le droit antérieur. Le tendon d’un troi- sième muscle qui vient éyalement de Piléon, passe sur le genou comme le long fléchisseur des oiseaux; c’est un démembrement du muscle précédent ou du cou- turier. Le muscle du fascia lata est très large, mais le biceps , le demi-nerveux et le demi - membraneux sont petits et viennent de la partie postérieure de l’i- léon. Le grêle interne et le demi-nerveux ont chacun un accessoire COCCYgien. Dans les sauriens le droit antérieur et le couturier reprennent leur position ordinaire; ceux qui n’avaient point varié , comme les vastes, le crural, le demi- nerveux et le demi-tendineux ont , à plus forte raison, conservé la leur. Il faut considérer dans les sauriens , les crocodiles, et les tortues , le fémoro-coccygien comme un fléchis- seur de la jambe, car il fournit un tendon qui descend parallèlement au fémur et qui s’insère à la face posté- rieure de la tête du tibia.] La grenouille a les cuisses arrondies comme l’homme, et les muscles de la jambe très prononcés. Le triceps fémoral n’est formé que de deux portions bien distinctes. Le vaste externe et le crural ne forment manifestement qu’une seule portion, Il n’y a point de droit antérieur. Le biceps de la jambe n’a qu’un seul ventre. Il vient de la partie postérieure inférieure de liléon , et 526 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL.. descend à la face externe de los unique de la jambe. Le demi-membraneux est comme dans l’homme ; mais le demi-nerveux est formé de deux ventres, dont l'un s'attache à la symphvse du pubis, et l’autre à celle de lischion. Le counturier est situé directement au-devant de la cuisse , sans se contourner. [l unit son bord à celui du muscle du fascia lata. Le grêleinterne n'offre aucune différence. Îl n’y a point de poplité distinct. [ Dans les salamandres on trouve à peu près les mêmes muscles ; mais le grêle interne et le demi- nerveux couvrent la moitié supérieure de la jambe. ] ARTICLE VIT. DES OS DU COUDE-PIED OU DU TARSE, ET DE CEUX DU MÉTATARSE. À. Dans l'homme. Entre les deux malléoles , et sous la face articulaire i 2 du tibia, est contenue la portion en poulie, ou demi- . . , $ . cylindrique de l’astragale , premier os du coude-pied, ou du £arse. Il se meut librement en pinglyme, en faisant faire au pied un mouvement de bascule; mais comme l'articulation est lâche, il a encore un mouvement borné sur les côtés. Outre sa portion articulaire, lastragale à deux pro- ART. VII. DES OS DU COUDE-PIED. 527 ductions courtes et grosses ; une qui descend en avant et qui se porte un peu en dedans, l’autre en arrière , et en dehors. La première reçoit l'os scaphoide sur son bord digital, et appuie, par une facette, de sa face in- férieure, sur une apophyse particulière du calcanéum; l'autre porte sur le corps même du calcancum. Ce second os du tarse a, outre l’apophyse de sa face interne sur laqueile appuie la production antérieure de l’astragale , une production en avant , qui se dirige un peu en dehors et est parallèle au côté de celle de l'astragale, et plus bas, sans le dépasser , autre se porte en arrière , et s’y termine par une grosse tubéro- sité qui saillit en bas et forme le talon. La production antérieure du calcanéum porte l’os cuboide, qui soutient les deux os métatarsiens des deux derniers doigts. Ceux des trois premiers portent sur les trois os cunéiformes, qui sont placés au-devant de Vos scaphoïde. Plusieurs ligaments affermissent l’articulation des os de la jambe avec ceux du coude-pied. Les uns vien- nent de la malléole externe ou de l’extrémité tarsienne du péroné , et se portent à l’astragale et au ce 'canéum. Un autre naît sur la malléole interne ou tibiale, et se porte à l’astragale et au pourtour de l'os naviculaire ; sa figure cest triangulaire. Enfin , une capsule articu- laire unit la cavité articulaire du tibia au pourtour de Ja facette ou de la poulie de l’astragale. ” Les os métatarsiens sont parallèles et de longueur. presque égale, et mainteuus par des ligaments analo= ques à ceux du métacarpe, [A leurs bases ou à leurs extrémités postérieures, ces 05 sont unis entre eux et avec les os dn tarse » par des 528 v° LECON, DE L’EXT. POST. OU MEMB, ABDOMINAL.- facettes qui leur permettent un léger mouvement. Le corps des métatarsiens est plus mince que les extré- mitée, celui du pouce a près de trois fois le diamètre de celui du second doigt; ceux des second , deuxième et troisième doigts sont comprimés latéralement et très minces avant le renflement de leur tête. Le cinquième est le plus gros après le premier, et il porte à sa face externe une tubérosité saillante en dehors. ] B. Dans les mammiferes. Les mammifères digités ont presque tous les os du tarse tort semblables à ceux de l’homme. Voici les prin- cipales différences. Dans les singes : La facette de l’astragale qui regarde le péroné est presque verticale : celle qui regarde la malléole tibiale est au contraire fort oblique, et la production anté- rieure de cet os est plus dirigée en dedans. Il en ré- sulte que le pied appuie plus sur le bord externe que sur la plante. Le calcanéum n’a pas cette grosse tubérosité dutalon. Son extrémité postérieure est au contraire recourbée vers le haut (excepté dans les orangs qui l’ont comme l’homme.) Sa face inférieure est élargie aux dépens de sa face externe, ce‘qui favorise, dans ces animaux, la station sur le bord externe du pied. Le premier cunéiforme est plus court que dans l'homme , et a un sillon marqué pour les muscles pro- pres aü pouce. ART, VIT. DES OS DU COUDE-PIED, 529 L’os métatarsien du pouce est de moitié plus court que les autres , et s’en écarte librement. Le tarsier et le galago ont la grande apophyse du calcanéum et le scaphoïde excessivement alongés, ce qui rend toute leur extrémité postérieure dispropor- tionnée, et ce qui pourrait faire regarder le pied d’un de ces animaux comme une main avec son avant-bras. [Le cuboïde est aussi très long, et la facette pollicienne du grand cunéiforme est, ainsi que dans les Loris, tout- à-fait interne, ce qui fait que le pouce est extrêmes ment écarté. | Les chauve-souris ordinaires ont un os styloïde con- sidérablement alongé, qui s'articule avec la tubérosité du calcanéum et qui est caché dans l'épaisseur des mem- branes de l'aile qu’il soutient ; mais dans la roussette, la tubérosité du calcanéum se reporte au-dessous du pied ; elle est recourbée comme celle de l’os cunéiforme du carpe de l’homme. Dans les carnivores, la face supérieure de l’astra- gale est creusée en poulie; la saillie moyenne de la face inférieure du tibia est plus forte, et le ginglyme plus prononcé que dans l’homme, Les mouvements latéraux y sont plus obscurs. Le premier cunéiforme est moins grand à proportion des autres, Le talon est plus prolongé; il se termine tout droit dans ceux qui ne marchent que sur les doigts. Il a un. léger tubercule dans ceux qui marchent sur la plante entière. La face postérieure se creuse en sillon pour le passage du tendon du long fléchisseur du pouce. Ceux qui n’ont que quatre doigts ont le premier cunéiforme plus petit. Z/ Fr, J 4 350 y‘ LECON. DE L’EXT. POST. OU MEM£. ABDOMINAL. [Les phoques se font remarquer, et parce que la tu- bérosité du calcanéum ne dépasse point l’astragale en arrière etparce que la facette de l’astragale qui regardele péroné est aussi grande que la tibiale, et que celle- ci n’est point creusée en poulie. ] Les pédimanes, dont le péroné égale en grosseur le tibia par en bas, ont l’astragale fort petit, articulé à peu près également entre deux ; leur calcanéum est court : le premier cunéiforme fort grand, et de forme semi-lunaire. Le sarigue a un petit os surnuméraire sur le bord du premier cunéiforme. [Dans les phalangers les os du métatarse, à l'excep- tion de ceux de l'index et du médian, sont gros et courts. Dans les £anguroos la tubérosité du calcanéum est très alongée et cet os porte une facette pour l’articula- tion du péroné. Le cuboïde, très développé comme les deux doigts qu'il porte, a sa facette calcanienne brisée à angle droit; le scaphoïde et les cunéiformes sont petits. Le pouce manque; l’os métatarsien du deuxième et du troisième doigt, sont réduits à deux os styloïdes qui portent cependant chacun trois phalanges. Les deux métatarsiens externes, maissur-tout celui du quatrième doigt, sont très forts et trés alongés: Le tarse des insectivores et des rongeurs was les- quels le péroné est soudé au tibia , brille s’articuler seulement avec ce dernier os; mais en éxaminaænt de jeunes individus de ces animaux, on voit que l'apa- physe externe de sa tête inférieure appartient au péroné. | ART. VII. DES OS DU COUDE-PIED, 5351 Les rongeurs ont le calcanéum très alongé en arrière. Parmi ceux d’entre eux qui ont cinq doigts parfaits, on remarque ce qui suit : Dans le castor, l'os scaphoïde se divise en deux par- tics; une placée au-devant de lastragale, et por- tant le deuxième et le troisième cunéiforme, et une en dedans de l’astragale, portant le Cunéiforme du pouce, et un os surnuméraire aplati, posé le long du bord interne du tarse. C’est la même disposition dans le rat-taupe, les capromys, la marmotte , les écureuils, les pores-épics; mais dans ces quatre derniers genres, l'os surnuméraire est plus petit. Les rats et le paca ont le scaphoïde divisé ; mais l’os surnuméraire n'existe pas dans ces animaux. Dans tous, le scaphoïde forme un tubercule sous la plante : celui du paca est alongé. Parmi ceux qui n’ont que quatre doigts, la gerboise du Cap ou lhélamys, qui a le pied très alongé, a le tubercule inférieur du scaphoïde alonpé et fort saillant. Sur le bord interne du tarse sont des os plats alongés, qui sont des rudiments de pouce. [ Dans les gerboises proprèment dites , le métatar- sien interne et l’externe sont extrêmement petits, et les trois autres sont soudés en un seul os, qui porte trois têtes inférieures pour larticulation des pha- langes. | Dans le lapin et le lièvre, animaux qui ressemblent à la gerboise par le tubercule du scaphoïde , les rudi- ments du pouce se soudent de bonne heure avec le métatarsien du second doigt. Dans le cabiai,le cochon d'Inde, le mara etVagouti 9 / } 2/4 532 v° LECON: DE L’EXT. POST, OU MEMB, ABDOMINAT. qui n’ont que crois doigts, il y a cette partie interne du scaphoïde, qui porte un seul os servant de premier cunéiforme et de rudiment de pouce en dehors ; sur le cuboïde est un petit os servant de rudiment de petit doigt, Parmi les édentés , le tarse du paresseux à trois doigts est très remarquable par son articulation et par sa forme. Il n’est composé que de quatre os : l’astra- gale, le calcanéum et les deux cunéiformes. L’astra- gale s’articule avec le péroné, le calcanéum et le grand cunéiforme. Son articulation avec le péroné a lieu au moyen d’une fossette conique dont est creusée sa face supérieure, et dans laquelle est reçue l’extrémité de l'os dont la figure correspond en relief à celle en creux de l’astragale. Sur la partie latérale interne, il y a une facette articulaire convexe, qui roule sur la portion externe de l’extrémité tarsienne du tibia. Il résulte de ce mode d’articulation , que le pied du paresseux ne peut s’élever et s’abaisser, mais seulement décrire les mouvements latéraux d’adduction et d’abduction , au moyen desquels il acquiert la faculté d’embrasser le tronc des arbres et d’y grimper , mais qui lui rendent l'action de marcher extrêmement pénible. La facette articulaire du calcanéum est un simple tubercule reçu dans une fossette de l’astragale, ce qui aide encore les mouvements dont nous venons de parler. Sa tubérosité ou le talon , est très alongée et forme plus des deux tiers de cet os. Les deux cunéiformes ne présentent aucune par- ticularité. L’interne s’articule avec l’astragale ; l’ex- terne avec le calcanéum. [Dans les monotrèmes, les os du tarse se rapprochent ARY, VII, DES OS DU COUDE-PIED,. 533 un peu de ceux des reptiles ; l’astragale est beaucoup plus grand que le calcanéum. Celui-ci a sa tubérosité dirigée extérieurement : outre le scaphoïde et le cu- boïde , il y a trois os cunéiformes et deux os surnumé- raires, l’un en dessous et l’autre sur l’astragale. C’est celui-ci qui porte l’éperon venimeux du mâle de ces animaux. | L’éléphant a le tarse et le métatarse très courts. Du reste, ces parties n’ont rien de particulier , si ce n’est que le cuboïde s’avance en dedans jusqu’au-devant du scaphoide et que la facette tibiale de l'astragale n’est point creusée en poulie, tandis que dans les autres pachydermes elle l’est fortement , et qu'au côté externe de la facette scaphoïdienne s’en trouve une autre qui fait avec elle un angle plus ou moins aigu pour une partie plus ou moins grande du cuboïde. C'est dans le cochon que cette seconde facette est la plus grande, et dans le cheval et le duman qu'elle est la plus petite. L’astragale de ce dernier animal a sa partie tibiale déjetée en dehors plus que dans aucun autre. Dans le cochon, il y a sur le scaphoïde les trois cu- néiformes ordinaires, et un dessous le premier qui paraît un rudiment de pouce. Le tapir et le rhinocéros n’ont que deux cunéiformes. Il faut remarquer que tous les animaux dont on a parlé jusqu'ici, excepté les gerboïses , ont autant d’os méta- tarsiens que de doigts. Les ruminans ont le cuboïde et le scaphoïde soudés, excepté dans le chameau où ils sont distincts. Il y a au côté externe de la poulie de Pastragale un os qui paraît représenter la tête inférieure du péroné. Il s'articule sur le haut du calcanéum. 534 v° LECON. DE L’EXT, POST: OU MEMB. ABDOMINAL: 1] n’y a que deux cunéiformes ; le moyen et le petit étant réunis en un seul; ils sont soudés dans la gi- raffe. Les deux os métatarsiens, extrèmementalongés , se soudent toujours en un canon , comme ceux du mé- tacarpe. [Ce que nous avons vu dans les kanguroos nous au- torise à penser que les deux doigts qui restent dans les ruminanssontle troisième et le quatrième: ainsi la règle serait que les mammifères perdent d’abord le pouce, puis le petit doigt , puis le deuxième, enfin lorsqu'il n’y en à plus qu’un parfait, comme dans le cheval, ce serait celui du milieu. | Dans les solipèdes, il y a deux cunéiformes, et le scaphoïde est distinct du cuboïde. L’osselet péronien manque , ainsi que la facette du calcanéum qui le re- çoit. L’os du métatarse est aussi unique, et est appelé le canon de derrière. À chacun de ses côtés est un petit stylet osseux , vestise des deuxième et troisième doigts. C. Dans Les oiseaux. Dans les oiseaux, en général, le péroné se termine en se soudant au milieu du tibia. Celui-ci finit par deux condyles en roue, entre lesquels est une espèce de pou- lie. L’os unique qui représente le tarse et le métatarse, a à sa tête une saillie moyenne ét deux enfoncements latéraux ; 11 se meut par conséquent en gingiyme, en se fléchissant en avant, mais en s'étendant jusqu’a la ligne droite seulement. [ Cet os par s2 tête supérieure ressemble singulièrement à un tibia Ge mammifère qui ART, VII. DES OS DU COUDE-PIED. 535 serait retourné d’arrière en avant: à la crête postérieure se trouve même attaché par un ligament un os qui fait fonction de rotule postérieure. Cet os est très grand dans quelques espèces , particulièrement dans les calaos. ] | La longueur proportionnelle de l'os métatarsien varie et égale presque celle du tibia ; elle est excessive dans les oiseaux de rivage, qu’on a appelés, pour cette raison , échassiers. Paren bas, cet osse termine par trois apophyses , en forme de poulies , pour les trois doigts antérieurs. Il y a au bord interne un osselet qui supporte le pouce. Dans les hibous , Vapophyse du doigt externe a sa courbure dirigée en dehors , et seulement convexe, ce qui permet à ce doigt de tourner horizontalement dessus. Elle est tout-à-fait dirigée en arrière dans plusieurs passereaux. Dans les grimpeurs, non-seulement cedoigt externe est dirigé en arrière , mais l’interne l’est aussi. De là la facilité que ces oiseaux ont de saisir les objets pour les porter à leur bouche. L’osselet manque dans ceux qui n’ont pas de pouce, L’autruche n’a que deux apophyses articulaires qui correspondent à ses deux doigts. Le manchot a les trois os qui représentent le tarse et le métatarse séparés les uns des autres dans leur partie moyenne ; mais ils sont réunis par leurs deux extrémités, dont l’une reçoit le &bia, et l’autre les trois doigts. 536 v° LECOX. DE L'EXT, POST. OU MÉMB: ABDOMINIL. D. Lans les reptiles. L’astragale s'articule principalement avec le tibia, et le calcanéum avec le péroné , dans tous les reptiles. Le tarse du crocodile a cinq os, un astragale , un calcanéum, deux cunéiformes qui répondent aux deux métatarsiens moyens, et un hors de rang qui répond au métatarsien externe. IL y a quatre os du métatarse. [ L’astragale a une forme plus éloignée que le cal- canéum de celle des mammifères : il est volumineux et s'articule par une ceinture de facettes avec le tibia , le péroné , le calcanéum, le cunéiforme interne et |le métatarsien du doigt interne. La tubérosité du calca- néum est courte et la face postérieure de cette tubé- rosité est devenue inférieure, comme dans lornitho- runque. Dans les tortues terrestres V’astragale est très gros , et le calcanéum si petit qu’il ressemble à un cunéi- forme. Ces deux os forment un premier rang ; au se- cond rang se trouvent quatre os qui supportent cha- cun un doigt. L’externe de ce second rang qui est le plus gros des quatre, porte le vestige du cinquième doigt. Dans les tortues marines on compte le même nom- bre d’os au second rang du tarse, mais l’externe est très aplati et porte un cinquième doigt dont le métatar- sien, aussi bien que celui du pouce, est court et plat. Dans les émydes et les trionyx, le métatarsien du cinquième doigt se dirige tout-à-fait en dehors, et ce n’est plus à son extrémité que les phalanges s’articu- ART. Vil, DES OS DU COUDE-PIED. 537 leut, mais à son bord antérieur qui représente l’in- terne. Dans les sauriens Vastragale et le calcanéum se sou- dent souvent en un seul os. Au second rang il n’y a que trois os ; le plus grand porte les deux doigts externes, les deux autres portent chacun un doigt, et le pouce est porté par l’astragale. Dans les cameleons les os du métatarse sont plats, et tellement disposés, que les deux premiers doigts sont dirigés en arrière et peuvent être opposés aux autres. Dans les {ritons il y a huit os au tarse , tous aplatis et à peu près de même grandeur et de même forme ; les deux métatarsiens internes sont portés par un seul os , les deux externes aussi; il n’y a que celui du milieu qui ait un os à part. Dans les salamandres terrestres, le ménopoma, le ménobranche , le tarse reste peut-être constamment cartilagineux. ] Dans les grenouilles , V'astragale et le calcanéum sont fort alongés, et pourraient être pris au premier coup d'œil pour le tibia et le péroné , s'ils ne for- maient pas la troisième articulation de l’extrémité pos- térieure. Il y a au-devant quatre petits cunéiformes, cinq 0s du métatarse , et un très petit qui forme cro- chet. Il en est de même dans le pipa et le crapaud. 538 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL: ARTICLE VIIT. DES MUSCLES DU COUDE-PIED OU DU TARSE, ET DE CEUX DU MÉTATARSE. Les muscles qui agissent sur le pied, sont : À. Dans l’homme, les mammifères et les oiseaux : 1o Ceux qui agissent sur le talon par le moyen du tendon d'Achille ; ils étendent le pied, et sont les principaux agents de la marche et du saut. 20 Ceux qui le fléchissent. 3° Ceux qui en relèvent l’un ou l’autre bord. Le tendon d'Achille qui s'insère à la tête du calca- néum, a trois ventres musculaires, les deux gastro- cnémiens , l’interne et lexterne(bi-fémoro-calcanien), qui ont leurs attaches aux deux condyles du fémur , et qui composent le gras de lu jambe , et le soléaire ( u- bio-calcanien) placé au-devant d’eux , attaché dans l’homme, où il est fort considérable, à la face posté- rieure de la partie supérieure du péroné et du tibia. Ces muscles sont très considérables dans l’homme qui a les gras de jambe plus forts que la plupart des quadrupèdes. Ces trois muscles se rencontrent presque toujours : le soléaire est moins considérable dans les mammifères que dans l’homme; il s'attache ordinairement à la face externe de la tête PRpPhene du péroné ; ; quelquefois cependant il descend jusqu’à la partie moyenne, comme dans l’aï et l'éléphant. Il est sur-tout très grêle ART, VIII. DES MUSCLES DU COUDE-PIED, 999. dans les ruminans et les solipèdes. M, Duvernoy ne l’a pas trouvé dans le phoque, ni Meckel dans l’hyène et les kanguroos. [Le gastrocnémien interne est presque toujours un peu plus fort que l’externe .Quelquefois, comme dans les kanguroos.ils’unit de bonne heure au gastrocnémien externe, lequel a une seconde attache à la capsule arti- culaire du genou.] Dans l’homme, le plantaire gréle (fémori-calea- nien ) laisse épanouir son tendon sur le bord externe du tendon d'Achille, et n’a guères d'autre usage que d’en soulever la capsule ; aussi est-il très petit. Dans les singes, il se continue manifestement avec laponévrose plantaire. Nous verrons plus loin que, dans les autres mammifères, il tient lieu de fléchis- seur perforé. Dans les oiseaux, les tendons des gastrocneémiens restent séparés jusques tont près du talon. Le so/éaire est porté du côté interne, et s’y attache le long d’une ligne âpre qui appartient au tibia, [Il est proportion- nellement plus considérable que dans les mammifères. [Le gastrocnémien interne des autruches, des casoars et des outardes, s'attache à toute la face latérale et an- térieure de la capsule du genou. On trouve également, comme le remarque M. Mec- kel , un plantaire dont il n’a point été parlé dans la première édition; ce muscle est petit dans ie plus grand nombre des oiseaux, et il manque même dans les oi- seaux de proie. ] Le pied est fléchi sur la jambe, et la jambe sur le pied par le 4bial ou jambier antérieur ( tbio-sus-tur- sien ) qui est attaché à la face antérieure du tibia, Son 54O V. LECON. DE L’'EXT, POST, OU MEMB, ABDOMINAL, tendon, après avoir passé dans le ligament annulaire de la jambe, se porte au bord interne du pied, et s’'insère au premier cunéiforme et au métatarsien du pouce. Dans les animaux qui n’ont pas de pouce (le chien , le Zapin), il s’insère au métatarsien du deuxième doigt, qui est chez eux le premier. I] doit toujours y relever un peu le bord interne du pied. [IL a souvent deux faisceaux d’origine entre lesquels passe l’extenseur commun. Dans le paresseux aï, l'un des faisceaux s'attache à toute la longueur du bord du péroné. Dans les cochons, ces deux faisceaux, dont l’un vient par un fort tendon du condyle externe du fémur et enveloppe l’extenseur commun, nese réunissent point en un seul muscle, de sorte que ces animaux ont deux jambiers lantérieurs parallèles. Dans l’hippopotame , où il y a également deux jam- biers , le plus interne s’attache à la rotule , et l’externe qui naît également par un tendon du condyle externe du fémur s’élargit beaucoup en descendant. Arrivé au coude-pied, il se partage en un faisceau interne épais qui insère son tendon auprès de celui du jambier in- terne au métatarsien interne, et en un faisceau externe, aplati, qui fournit deux tendons qui vont se fixer aux métatarsiens interne et externe en formant une anse qui donne une languette au ligament annulaire. ] Dans les bisulques et solipèdes, le jambier antérieur s’insère à la face antérieure de la base de los du canon. Il en est de même dans les oiseaux. ART, VIII. DES MUSCLES DU COUDH-PIRD. 941 Outre l’action du tibial antérieur, le bord interne du pied est encore relevé par le tibial postérieur où jambier postérieur (tibio-sous-tarsien ) attaché à la face postérieure du tibia et du péroné. Son tendon se glisse derrière la malléole interne, et va s’insérer sous la plupart de s osu tarse. Son tendon contient, dans les sirges , un os sésa- moïde considérable , placé sous l’os scaphoïde. Dans les animaux sans pouce, tels que le chien, le tendon du tibial postérieur s’insère au bord externe de la base de l’os métatarsien du premier doigt , et même dans le Zapin , il s'étend jusqu’à la première phalange ; en sorte qu'il sert d’abducteur à ce doigt là. Il manque tout-à-fait dans les cochons, les mammi- fères à canon et dans les oiseaux. Le bord externe du pied est relevé par les muscles péroniers. L’homme en a trois, qui sont attachés à l’os péroné , et dont les tendons passent derrière la mal- léole externe. Le long péronier (péronéo-sous-tarsien) s'engagesous l'os cuboïde , et traverse la plante du pied pour s’insé- rer à l’os métatarsien du pouce, et au premier cunéi- forme. Le court (péronéi-sus-métatarsien) va droit s’insé- rer à la base externe de l’os métatarsien du petit doigt. Le moyen (péronéo-sus-métatarsien) va jusqu’à celle de sa première phalange , et sert à écarter ce doigt des autres. Le long péronier a , dans les singes , l'office essen- tiel de rapprocher le pouce des autres doigts. Dans les animaux qui n’ont point de pouce, il va s’insérer à l'os métatarsien du premier doigt. 542 v* LECON. DE L'EXT. POST, OU MEME. ABDOMINAL. Dans les animaux ruminans , il traverse de même sous la jointure du canon, et va s’insérer au premier cunéiforme. Les deux autres péroniers sont , dans les sirges et dans les onguiculés, comme dans l’homme, excepté que, dans les TOREUFS ; le moyen donne aussi un ten- don à la première phalange du pénultième doigt, en sorte qu'il y fait les fonctions d’abducteur des Fa doigts externes. Dans les ruminans, il en donne aux deux doigts. Le court y manque. [Dans lai, il n’y a point de long péronier; le court est un large muscle qui s’insère dans toute la longueur du péroné et sur le tendon de l’extenseur commun, qui vient lui-même du condyle du fémur ; le moyen, qui ne vient que de la partie inférieure du péroné , sert d’extenseur des deux doigts externes. | Le cheval n’a qu’un seul péronier qui unit son ten- don à celui del’extenseur du doigt, sur le milieu de la face antérieure du canon. Dans les oiseaux , il y a le court péronier qui s’in- sère à la base externe de l’os du métatarse, et un mus- cle qui paraît être analogue du moyen péronier (Fac- eéssoire des fléchisseurs des doigts, Vicq-d’Azyr ). Son tendon se bifurque ; une des lanières se porte en arrière et s'attache à la face postérieure de la tête du méta- tarse ; l’autre descend le long de la face externe de cet os, et va s'unir à celui du fléchisseur perforé du doigt moyen. [ Le court péronier n'existe point dans les autruches, les casoars et les outardes. M. Meckel dit qu’il n “existe, pas non plus dans les Lérons et les cigognes. ] PR ART: VIII, DES MUSCLES DU COUDE-PIED. 543. B. Dans les reptiles. [Dans les tortues terrestres, les mouvements «lu pied sur la jambe, et des diverses parties du pied les unes sur les autres, sont très bornés; aussi les muscles qui les exécutent sont-ils peu distincts. Il n’y a qu’un péronier, qui se confond par un de ses bords avec l’extenseur commun, et qui s’insère au cal- canéum et au cuboïde. I n’y a que le gastrocnémien externe qui s'attache au fémur, l’interne s'attache au tibia et s’unit avec le soléaire. Celui- ci est divisé en trois portions , une ex- terne , une moyenne et une interne; ces muscles réu- nis aux deux péronters et au long fléchisseur , forment sous le piedune masse tendineuse épaisse, étendent le pied sur la jambe et fléchissent celle-ci sur la cuisse, mais il n’est presque plus possible d’en distinguer les différentes portions. Le tibial antérieur est distinct. Danslestortues marines, où le piedest, comme lainain, aplati en forme de rame, les gastrocnémiens se com- portent comme dans les tortues terrestres ; le soléaire est également très fort. On trouve un plantaire grêle qui s’insère à la tubérosité externe du fémur , par un tendon long, arrondi, et qui setermine en s’élargissant beaucoup, en partie au calcanéum et en partie sur l’am ponévrose plantaire. Par sa position ce muscle est ad- ducteur du pied, Le tibial antérieur conserve ses inser- tions ordinaires, mais le postérieur se porte de dehors en dedans et va se perdre sur l’aponévrose plantaire, Dans les crocodiles les muscles sont plus distincts, 544 v° LECON. DE L'EXT. POST, OU MEME. ABDOMINAL. Le gastrocnémien interne ne s’attache également qu’au tibia; l’externe unit son tendon avec celui du fémoro- coccygien, que nous avons vu descendre jusqu’au con- dyle; le plantaire grèle naît en grande partie sur le ten- don du droit antérieur lequel passe obliquement de de- dans en dehors sur le genou et va s'attacher au calca- néum ; ce qui peut le faire comparer à l'accessoire du Jong fléchisseur des oiseaux. Les deux jambiers exis- tent : on ne trouve que deux péroniers, l’un, très fort’, s'attache sur presque toute la longueur du péroné, l’autre, petit , ne yient que de l'extrémité inférieure de cet 05. Dans les sauriens, du moins dans le sauvegarde, le gastrocnémien externe s’insère en partie au fémur et en partie au tendon du demi-membraneux ; il est en outre intimement uni par son bord au tibial posté- rieur. Un seul muscle à deux têtes, l’une allant au condyle externe du fémur et l’autre au péroné, est évi- demment la réunion du plantaire et du soléaire. Il n’y a qu'un péronier ; le tibial antérieur fournit deux tendons qui s’insèrent aux métacarpiens des troisième et quatrième doigts. Dans la grenouille, le gastrocnémien externe existe seul ; il a cependant un petit tendon par lequel il s’in- sèrelà la capsule articulaire. Son tendon inférieur se porte sur le talon, y glisse sur l’articulation inférieure du ti_ bia, et s’épanouit sous le pied pour former l’aponé- vrose plantaire. C’est ce muscle extrêmement épais qui donne à la jambe cette forme voisine de celle de la jambe humaine, forme qui n’est point cachée, comme dans les autres reptiles et dans les mammifères, par les muscles biceps, demi-membraneux et demi-nerveux, ART, VIII. DES MUSCLES DU COUDE-PIED.. 45 attendu que ces muscles,'comme dans l’homme, s’insè- rent ici très près de l'articulation du tibia. | Il ny a ni soléaire , ni plantaire gréle. Le jambier antérieur vient de la partie inférieure du fémur par un fort tendon. Vers le milieu du tibia il se divise en deux ventres , dont l’un envoie son tendon à la base tibiale de l’os interne du tarse, et l’autre à la mème base de l’os externe. Un accessoirede ce muscle naïîtégalement par un ten- don de la tête inférieure du fémur, et s’insère aux trois quarts inférieurs de la face antérieure du tibia jusqu'au- près de la tête articulaire inférieure. M. Cuvier Pa nommé , sur ses dessins , cruro-tibial. ] Le TR postérieur est comme dans l’homme ; ; mais il ne se fixe qu’à un seul os du tarse ( celui qui est du côté interne. ) Il n’y a qu’un seul muscle auquel la désignation de péronier puisse convenir. Il naît d’un tendon grèle attaché au condyle externe du fémur , et de toute la longueur de la face externe de los de la jambe, et il s’insère à la base du tibia, du côté externe, par deux portions tendineuses , dont l’une s'étend jusqu’à l'os du tarse. Il agit comme extenseur de la jambe sur la cuisse , ou plutôt de la cuisse sur la jambe. Oitre ces muscles , qui se portent de la jambe sur le tarse , il y en a un autre qui vient du bord externe de l'extrémité tarsienne du tibia ; il passe entre les deux ventres du fjambier antérieur , et va très oblique- ment se fixer à l’extrémité digitale de l’os interne du tarse, en donnant un petit faisceau externe qui sert de long extenseur commun pour les trois doigts médians, Fe pe ES JY 5AG v‘. LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL, - I fléchit le pied sur la jambe et lui fait éprouver uu mouvement de torsion de dedans en dehors. ARTICLE IX. DES OS DES DOIGTS DU PIED ET DE LEURS MOUVEMENTS, À. Dans l'homme. Les doigts du pied ont trois phalanges, excepté le pouce qui n’en a que deux; il est, dans l’homme, le plus long et le plus gros : les autres vont en diminuant jusqu’au cinquième ; ils sont courts , et demeurent pa- rallèles entre eux; leurs ligaments sont les mêmes que ceux des doigts de la main. B. Dans les mammiferes. Les quadrumanes et les pédimanes ont les doigts du pied plus longs que ceux de l’homme ; mais le pouce est plus court que les autres doigts, et son os du mé- tatarse peut s’écarter et s’opposer, comme dans le pouce de la main. L’aie-aie, parmi les rongeurs, paraît jouir de la même faculté. À | | { Dans les orargs , les gibbons , les semnopithèques et les atèles, les premières phalanges, et même un peu les secondes , sont élargies et arquées ; disposition qui permet à ces animaux , essentiellement grimpeurs, de saisir les branches avec force pour s’y suspendre. ] Parmi les carnivores, le pouce demenre toujours ART. IX, DES OS DES DOIGTS DU PIED. 547 uni et parallèle aux autres doigts. Les ours, les couts, les civettes, les blaireaux , les ratons et les taupes , Vont presque égal aux autres doigts. Les belettes et les mu- saraignes Vont de très peu plus court. Dans les chats et les chiens il est absolument oblitéré. Parmi les rongeurs , le castor a le pouce presque égal aux autres doigts ; la marmotte , le porc-épic et les rats l'ont plus court. Le paca l’a presque oblitéré ; il l'est tout-à-fait et réduit à un seul os dans la ger- boise du Cap. Les Lèvres n’en ont pas même un rudi- ment. Dans les cabiais, l'agouti et le cochor d'Inde , le pouce et le petit doigt sont réduits chacun à un seul os, Le gerboa (mus jaculus) et V'alactaga (mus sagitta), ont leurs trois os métatarsiens moyens soudés en un seul canon. Les deux doigts latéraux sont distincts, mais plus courts dans le gerboa. [ls sont oblitérés dans lalactaga. Parmi les édentés, les fourmiliers, Voryctérope, les pangolins et les tatous ont cinq doigts. Le pouce est le plus court de tous. Le petit doigt l’est aussi dans les latous. [Dans les pangolins, comme M. Duméril l’a montré, les phalanges onguéales des trois doigts médians de la main, aussi bien que celles du pied, sont bifurquées dans toute la hauteur de los et jusqu’au milieu de sa lon- gueur. ] Dans le paresseux aï, le pouce et le petit doigt sont réduits à un seul os très petit. Les autres os du méta- tarse sont soudés par leur base. Il n’y a que deux pha- langes aux orteils , la première étant soudée aux os du 35 5A8 v° LECCN. DK L’EXT. POST. OU MEMB, ABDOMINAL. | métatarse: celle qui porte longle est beaucoup plus grosse que l’autre. [ Les phalanges du pied du paresseux unau sont complètes , mais la première est très courte. L’arti- culation des phalanges de ces paresseux est en gin- glyme serré, aussi bien que dans la main, et la troi- sième pnalange est aussi pourvue d’une gaine pour l'ongle. ] Dans les familles d'animaux qui suivent , les os du métatarse méritent une considération toute particu- lière. Dans l’éléphant et les pachydermes , leur extré- mité tarsienne porte une surface plate, et celle qui ré- pond aux phalanges est un tubercule convexe, qui porte en dessous une ligne saillante longitudinale au milieu de los. Dans les solipèdes , cette ligne existe en dessus et en dessous, Dans les rumirans , dont le ca- non est formé des deux os du métatarse, on distingue toujours par une ligne enfoncée , qui ressemble à un trait de scie, la réunion de ces deux os. Cette disposi- tion est la même dans les membres pectoraux. L’éléphant a cinq doigts parfaits. Le cochon, quatre. Le tapir et le rhinocéros, trois. Les ruminans ont deux doigts parfaits sur un seul os métatarsien , et deux petits attachés derrière le bas de ce mème os, qui a quelquefois de chaque côté un os en forme de stylet. Les solipèdes ont un doigt parfait et deux imparfaits, réduits à un seul os en forme de stylet. “er see a F À ART. IX. DES OS DES DOIGTS PU PIED, 549 C. Dans les oiseaux. Dans les oiseaux, le nombre des phalanges va en augmentant à partir du pouce, en allant au quatrième doigt qui en a toujours le plus. Tous ceux qui ont quatre doigts ont le nombre des phalanges disposé ainsi qu’il suit : PP ANUS 108 Parmi ceux qui n'ont que trois doigts, y compris le casoar et le nandou , il est composé ainsi : 3, 4, 5. L’autruche ; qui n’en a que deux, a quatre et cinq phalanges (1). | [Ces nombres, comparés avec ceux des lézards, sem- blent indiquer que dans les oiseaux c’est le cinquième doigt qui manque, puis vient le pouce, puis le deuxième doigt ; en sorte que c’est sur le troisième et le quatrième doigt que marchent les autruches aussi bien que les ru- minans , quoique dans les mammifères ce soit le pouce qui manque le premier , comme nous l’avons vu.] Ceux qui ont quatre doigts les ont, ou tous les qua- tre en avant ( les #artinets , la frégatte ), où trois en avant, un en arrière (la plupart), ou deux en avant, deux en arrière, les grimpeurs ( perroquets, loucans, barbus , coucous , couroucous , pics ). Ceux qui n’ont que trois doigts les ont tous en avant. (1) Ces nombres avaient été mal indiqués dans la première édition de ce livre , d’après des squelettes mal montés; mais dans la première édition du Règne animal, publiée en 1817, M. Cuvier avait rectilié cette erreur; ce qui n’a pas empêché M, Meckel de la relever plusieurs années après, 550 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL, - Ce sont : l’outarde , le casoar , les pluviers , huitrier, l’eéchasse. Parmi les palmipèdes, lalbatros, les pétrels et, les pingouins ont le pouce oblitéré. [ Les phalanges des oiseaux sont généralement cylin- driques , un peu renflées à leurs extrémités et d’une forme régulière ; elles s’articulent par gyngline entre elles ; et celles du deuxième et du troisième doigt s’articulent de même avec Île métatarsien. Les trois premières phalanges du doigt externe sont courtes, car, quoiqu'il porte cinq phalanges , il n’est pas le plus long des doigts. FAR Chaque phalange est pourvue à sa face supérieure, près de sa facette articulaire métatarsienne, d’une saillie qui empêche qu’elle ne puisse se renverser: en dessus. Dans tous les oiseaux de proie, les passereaux et les grüimpeurs , la phalange onguéale est arquée et aiguë comme l’ongle qu’elle porte. Dans les orseaux de rivage et les palmipèdes, elle est mousse et quelquefois toute droite. La phalange du troisième doigt est dentelée à son bord interne dans les efjrayes, les engoulevents et les cormorans. Dans les oiseaux de proie, la première phalange du deuxième doigt est extrêmement courte. | D. Dans les reptiles. Le nombre des doigts varie beaucoup dans les rep- tiles. En voici le tableau : nd tr: ART, IX, DES OS DES DOIGTS DU PIED, 551 Nombre des phalanges des doists du pied des reptiles, sans compter les métatarsiens, en commençant par le pouce ou le doigt interne. Tortue franche. . . 2. 4 03 Le Porte terrestre 2,548 +: 124 230 :1@ Bortue molles:ch.:es té ire8: 63001 1016: ds rh Émydes. r ed os ist et ob Sins nbcodiles à uses ur 'éhiheraT horrdi 6: Lézards de toutes les espèces. 2. 3. 4, 5. 4. Baméléonti se He Nate ant Res Vu 41 Seps /tétradactyle :. 54 shiloihasl ac id. 9. Seps tridactyles! 0 aug cnobtet 9.4 Grenouilles , crapauds et rai- 0 1 ia ne Die ÉCART C PEN ARR 2 Le] a D U9 D ARTICLE X. DES MUSCLES DES DOIGTS DU PIED. Les doigts du pied, comme ceux de la main, ont des muscles extenseurs, fléchisseurs, abducteurs , ad- ducteurs ; communs où propres , longs ou courts, I. Muscles extenseurs. 55% v° LECON. DE L'EXT, POST. OU MEMB, ABDOMINAL, À. Dans l'homme. Le long extenseur commun ( péronéo -sus- on- guien.), Le long exlenseur du pouce ( péronéi-sus- on - guten), Sont placés à la face antérieure de la jambe , der- rière le tibial antérieur ; leurs tendons passent sous le ligament annulaire de la jambe. Le second envoie le sien au pouce ; le premier , aux quatre autres doigts. Ils s'étendent jusqu’à leur extrémité. Le court extenseur commun ou pédieux ( calea- néo-sus-onguien), étendu sur la face supérieure du pied , donne des tendons aux cinq doigts. B. Duns les mummiféres . Les singes ont ces trois muscles comme l’homme. Il y a de plus chez eux, au côté interne du long exten- seur du pouce, un long abducteur du pouce, qui man- que dans l’homme. Les autres digités n’ont que les trois muscles de l’homme ; l’extenseur du pouce manque dans ceux qui n’ont point de pouce, comme le chien et le lapin. Quelquefois ce muscle envoie un tendon au deuxième doigt , comme dans Île castor. Les mammifères à canon ont des fibres charnues, venant du canon , et allant s’insérer au tendon du long extenseur et de l’extenseur du pouce; elles représen- tent le pédieux. ART. X. DES MUSCLES DES DOIGTS DU PIED. 33 Dans les bisulques, le doigt interne a un extenseur propre qui représente celui du pouce , et le doigt ex- terne a un long péronier qui lui sert aussi d’extenseur propre. [Il y a même, dans les ruminans, un iong abducteur du pouce qui insère son tendon à côté de celui du ti- bial antérieur. Le long extenseur commun, naït fort souvent, comme le dit M. Meckel, par un tendon du condyle ex- terne du fémur ; il en est ainsi dans les ours, les chiens, les hyènes , les chats, dans plusieurs rongeurs et plu- sieurs édentés, dans Les chevaux et les ruminans. L’ai a ceci de particulier, que son extenseur commun ne s’insère , comme dans les reptiles , qu’au métatar- sien. | C. Dans les oiseaux. Les oiseaux ont /e long extenseur des trois doigts an- térieurs, répondant à notre long exlenseur commun. Il n’y en a pas de long pour le pouce. [Cet extenseur arrivé à l'articulation tibio-tarsienne, passe sous un arc osseux, pratiqué à cet effet à la base du tibia , dans le plus grand nombre des espèces. ] . Au lieu de pédieux , la face antérieure du métatarse porte quatre muscles distincts. 1° L’extenseur propre du pouce , 2° L’extenseur propre du médius, 3° L'abducteur du second doigt, 4° L'adducteur du quatrième doigt. [ Dans les oiseaux de proie, le premier de ces mus- cles naît par trois ventres. 554 V° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. Dans les casoars , les adducteurs sont de petits mus- cles très courts, mais l'extenseur propre du médius nait par deux faisceaux dont l’un vient de la partie in- férieure du tibia, et l’autre de la partie supérieure du métatarsien. Ces deux faisceaux forment ua tendon grêle qui cô- toye celui de l’extenseur commun. Dans l'autruche, il nait de la capsule articulaire, tibiale etimétatarsienne. | IT. Les fléchisseurs des doigts sont : À. Dans l’homme. Le long flechisseur du pouce (tarso-phalangien) , et le long fléchisseur des quatre autres doigts ( tibio=sous- onguien). Placés à la face postérieure de la jambe , au- devant des muscles du tenden d'Achille, ils donnent des languettes qui s'étendent aux dernières phalanges des doigts. Celles du second perforent celles du court flechisseur commun ane tn se ) Ce troisieme fléchisseur est placé sous la plante du pied ; il a son attache au calcanéum , et donne des lan= gucttes perforées aux quatre doigts. Le long fléchisseur du pouce donne une languette tendineuse qui va se souder au tendon du long fléchis-= seur commun. Ce tendon a de plus une masse charnue Na , placée au-dessus du court fléchisseur ommuz, et venant comme lui du calcanéum,, mais allant s’insérer au tendon du long fléchisseur commun. C’est ce qu’on nomme la chair carrée. Le pouce et le petit doigt ont de plus pr un ART, X. DES MUSCLES DES DOIGTS DU PIED. bb court fléchisseur propre (tarso-phalangien du pouce et du petit orteil) , mais non perforé. Ils s’insèrent à la base de leurs premières phalanges. Les lombricaux ( planti- sous - phalangiens } se comportent comme ceux de la main, c’est-à-dire qu'ils s’inserent d’une part aux tendonsdes fléchisseurs, et de l’autre au côté interne de la base de la première phalange des quatre derniers doigts. L’aponévrose plantaire ne tient point au muscle plantaire grèle. Elle est fixée d’une part au calcanéum, de l'autre aux têtes inférieures des os du métatarse , et aux bases des premières phalanges, Elle n’est l'organe d’aucun mouvement volontaire. B. Dans les mammiferes. Dans les singes, les fléchisseurs sont autrement dis- posés : 1° Le plantaire gréle se continue manifeste- ment avec l’aponévrose plantaire, et lui communique son action. 2° Les deux longs fléchisseurs et le court sont mêlés ensemble d’une façon fort compliquée , que VOICI : a. La partie du court fléchisseur qui va au deuxième doigt est seule attachée au calcanéum. Elle donne à ce doigt une languette perforée. b. Le long fleéchisseur du pouce (du moins lana- logue de celui qui mérite ce nom dans Phomme ) donne une Janguette au pouce, comme à l’ordinaire , et deux languettes perforantes aux troisième et quatrième doipts. 556 v° LECON. DE L’EXT. POST, OU MEMB, ABDOMINAL.- c. Le long fléchisseur commun donne deux lan- puettes perforantes au deuxième et au cinquième doigt. d. Les trois languettes perforées des troisième , qua- trième et cinquième doigts ne viennent pas du calca- néum , comme dans l’homme ; mais leurs fibres char- nues sont attachées aux tendons des longs fléchisseurs que nous venons de décrire. e. Les tendons de ces deux longs muscles sont forte- ment unis. f. La chair carrée s'attache par une aponévrose mince au tendon du long fléchisseur du pouce, et en- voie une bande tendineuse forte à celui du long fléchis- seur commun. Les courts fléchisseurs propres du pouce et du petit doigt sont comme dans l’homme. Telle est l’organisa- tion du »»andrill en particulier, et d’un grand nombre de singes. Dans d’autres, cependant, cela n’est pas toujours tout-à-fait de même ; mais l’essentiel est constant. { Ainsi, dans le coaïta, les tendons des deux longs flé- chisseurs seréunissent : puis du tendon commun, nais- sent les cinq tendons perforants ; le court fléchisseur commun venant du calcanéum , donne des languettes perforées aux deuxième, troisième et quatrième doigts. Le perforé du cinquièmedoigt naît du tendon des longs fléchisseurs, ainsi que quatre languettes qui servent d’abducteurs des quatre longs doigts. ] Dans plusieurs autres mammifères , le court fléchis- seur commun manque tout-à-fait; mais le plantaire ART. X. DES MUSCLES DES DOIGTS DU PIED, 557 gréle , devenu plus gros que dans l’homme et les singes, y remplit l'office de f/échisseur commun per- foré. [ Mais dans les carnassiers , dans quelques rongeurs et quelques édentés, le court fléchisseur existe, mais confond ses tendons avec celui du plantaire grèle, Quelquefois même, comme dans le Zion , les fibres charnues du court fléchisseur ne paraissent qu’à la face supérieure du plantaire.| Le long fléchisseur commun y est, comme à l’ordi- naire, perforant. L’us et l’autre fournissent autant de languettes que le nombre des doigts l'exige ; quatre dans le chien et le lapin , deux dans les ruminans, une dans les soli- pèdes. Quoique le chien, les ruminans et les solipèdes n'aient point de pouce, le {ong fléchisseur du pouce n’y existe pas moins; il soude son tendon à celui du ÿé- chisseur commun perforant. [Dans le lapin, ces deux fléchisseurs sont superposés etl'on ne peut les séparer que dans une petite partie de leurtrajet , comme le remarque M. Meckel. Mais dans les kanguroos il n’y a plus qu'un muscle dont le large se divise en trois languettes : une moyenne plus large tendon et deux latérales; l’interne arrivée près des pha- langes des deux petits doigts se divise et leur envoie à chacun un tendon.] C. Dans les oiseaux. Les longs fléchisseurs des oiseaux sont divisés en trois masses : deux placées au-devant des muscles du 558 v° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB, ABDOMINAL. tendon d'Achille ; une au-devant de celles-ci et tout contre les os. La première est composée de cinq portions, dont trois peuvent être regardées comme formant un seul muscle //échisseur commun perforé. Il naît par deux ventres , dont lun vient du con- dyle externe du fémur , l’autre de sa face postérieure. Celui-ci forme directement le tendon perforé du mé- dius , qui reçoit l’un de ceux du péronier. Le second ventre donne ceux de l'index et du quatrième doigt. C’est dans ce muscle que se perd laccessoire fémoral des fléchisseurs , qui est un muscle situé à la face in- terne de la cuisse, dont le tendon passe par dessus le genou , et dont l'action sur les doigts est d'autant plus forte que le senou se ploie davantage, disposition qui permet à l'oiseau de dormir sur les branches, parce que plus son corps pèse sur ses jambes , plus les doigts ser- rent la branche sur laquelle l’animal est perché. Ces muscles sont unis par des fibres qui vont de lun à l'autre, et leurs tendons s’insèrent aux troisièmes pha- langes. Les deux autres muscles de cette première masse sont les fléchisseurs à la fois perforants et perforés. Ïls naissent au-dessous des précédents, et vont, Jun à l'index, et Vautre au médius , en perforant deux des tendons précédents, Ils s’insèrent à leurs pénul- tièmes phalanges. Les deux autres masses sont les /echisseurs perfo- rants : ils fournissent les tendons qui vont aux der- nières phalanges. L'une est pour les trois doigts anté- rieurs ; l’autre pour le pouce, et donne une languette qui s’unit à la languette perforante de lindex. ART. X. DES MUSCLES DES DOIGTS DU PIED. 509 Il y a un court fléchisseur du pouce placé à la face postérieure du tarse. [Tous les tendons des fléchisseurs arrivés à l’articu- lation tibio-métatarsienne, passent par des canaux creusés dans une substance fibro-cartilagineuse, à la- quelle viennent aboutir les gastrocnémiens et le so= léaire. Dans les casoars et les autruches , où les doigts ne sont qu'au nombre de trois et de deux, les ventres sont moins nombreux. Le doigt interne, dans l’autruche, reçoit seul trois tendons, l’externe n’a qu’un perforé qui se divise en trois paires de languettes pour les première , deuxième et troisième phalanges ; c’est entre ces languettes que passe le tendon du fléchisseur perforant.] IIE, Abducteurs et adducteurs. À. Dans l’homme. [La plupart des animaux ayant toujours leur main dans un état forcé de pronation , il devenait néces- saire , en anatomie comparée, de fixer autrement qu'on ne le fait eu anatomie humaine, le sens de ces mots abducteurs et adducteurs des doigts ; nous prévenons donc que nous appelons abducteurs tous les muscles qui éloignent les doigts de celui du mi- lieu , et adducteurs tous ceux qui les en rapprochent, aussi bien dans le pied que dans la main. Ces muscles sont : 560 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. L’abducteur du pouce ( adducteur du gros orteil des anthropotomistes | calcanéo-sous-phalangien du premier orteil), qui s'attache à la partie inférieure, in- terne et postérieure du calcanéum , et s’insère en dedans de la base de la première phalange de ce doigt. L’adducteur oblique du pouce ( abducteur oblique des anthropotomistes , métatarso-phalangien du pre- mier orteil), qui s’insère à la face inférieure du cuboïde, à la gaîne ligamenteuse du long péronier et aux têtes des troisième et quatrième métatarsiens et se fixe au côté externe de la tête de la première pha- lange. L’adducteur transverse du pouce ( abducteur trans- verse des anthropotomistes; métatarso-sous-phalangien transversal du premier orteil ). Ce muscle mince et large s'attache sous les têtes phalangiennes des quatre derniers métatarsiens, et comme le précé- dent, au côté externe de la tête de la première pha- lange. L’abducteur du petit doigt( calcanéo-sous-phalan- gien du petit orteil) se rend de la face inférieure du calcanéum et de l’aponévrose plantaire, au côté externe de la tête de la première phalange. Les interosseux ( métatarso-phalangiens-latéraux ) sedivisent, comme ceux de la main, en inférieurs ou in- ternes au nombre de trois, eten supérieurs ou externes, au nombre de quatre ; ils occupent aussi l'intervalle compris entre les métatarsiens, et s’insèrent aux deux côtés de la première phalange des trois doigts du mi- ART, X. DES MUSCLES DES DOICTS DU PIED. DO1 lieu et au côté interne de celle du cinquième doigt, le pouce en étant dépourvu. B. Dans les mammiferes. Dans les guadrumanes où les doigts des pieds sont flexibles comme ceux de la main et où le pouce est opposable aux autres doigts , tous ces muscles se re- trouvent et y sont même plus séparés et plus forts que dans l’homme ; ladducteur oblique y est très grand. L’adducteur transverse s’insère à presque toute l'étendue du côté interne du métatarse du deuxième doigt et au côté externe de la première phalange du pouce. Il oppose fortement le pouce aux autres doigts. Dans le coaita, ce muscle s’insère aux métatarsiens des troisième et quatrième doigts. On trouve dans les singes , du moins dans le ma- got et les cynocéphales , deux opposants où adduc- teurs propres des quatrième et cinquième doigts , qui naissent sous les moyen et petit cunéiformes, et se portent sur le côté interne de la tête de la première phalange de ces doigts, en passant obliquement sous les interosseux. Îls contribuent puissamment à rap- procher ces doigts du pouce. Après les quadrumanes, ce sont les pédimanes ou les sarigues et les phalangers qui ont ces muscles les plus développés. En effet, on trouve dans ces animaux l’adductear et l’adducteur transverse du pouce. Dans le reste des carnassiers, à plus forte raison dans les rongeurs et les édentés où le pouce n’est point 4, 36 562 v° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL opposable et où même il a disparu, ce muscle n'existe pas, et les autres se réduisent aux inter- osseux, tandis que l’adducteur du petit doigt augmente de grosseur , principalement dans les plantigrades. Enfin, les interosseux eux-mêmes sont réduits à quel- ques fibres dans les ruminans et manquent tout-à-fait dans les solipèdes. Ces muscles n’existent point dans les oiseaux.| IV. Muscles des doigts dans les reptiles. [ Les doigts du pied des tortues n'ayant pas plus de flexibilité que ceux de leur main , les muscles y sont aussi confus. Le long extenseur commun des tor- tues terrestres , comme celui de tous les reptiles, ne va qu'aux os du métatarse. Le pédieux ou court extenseur atteint seul les phalanges. El y a cependant un exten- seur propre du pouce qui vient de l’extrémité infé- rieure du péroné , un abducteur du petit doigt, et des interosseux qui sont, comme ceux des mammifères , adducteurs et abducteurs. Dans les tortues marines , Vextenseur commun s’é- largit à mesure qu'il se porte vers les doigts et forme une large aponévrose qui recouvre tout le pied. Un long extenseur et abducteur du doigt interne, nait de l’extrémité inférieure du péroné et s’insère à l'os du métatarse qui porte ce doigt , ainsi qu’à la pre- mière et à la deuxième phalange. Un autre muscle qui naît également du bord externe de l'extrémité inférieure du péroné, se porte sur toute ART. X. DES MUSCLES DES DOIGTS DU PIED. 63 la longueur du métatarsien du cinquième doigt et sur sa première phalange; 1l est à la fois extenseur et ad- ducteur de ce doigt. Le pédieux donne une languette à chacun des trois doigts médians. Dans les crocodiles il y a deux sortes de pé- dieux: les uns naissent par des tendons des os du tarse, et se terminent par des tendons aux dernières phalanges des quatre doigts ; les autres viennent par des fibres charnues des os du métatarse et se fixent à la dernière phalange. Un abducteur du pouce s’insère au bord interne de l’astragale et se porte très obliquement à la base du métacarpien de ce doigt. La même chose a lieu dans le basilic à créte et dans les sauvegardes ; mais comme ces animaux ont cinq doigts, il y a un extenseur propre du cinquième doigt, qui vient de la partie inférieure du péroné.| : Dans les grenouilles il n’y a point d’extenseur propre du pouce. Le long extenseur commun, qui vient de l'extrémité tarsienne du tibia, ne donne de tendons qu'aux trois doigts médians. Le court extenseur com- mun est fort distinct. Il s'attache à toute la longueur du long os externe du tarse, et se partage en six lan- guettes; une interne et une externe très fortes qui s’at- tachent aux métacarpiens du pouce et du cinquième doigt , etquatre moyennes plus petites qui se portent sur les phalanges des quatre derniers doigts, après s’é- tre unies avec des languettes d’un second pédieux plus court qui en envoieaussi une au pouce. Il y a un abduc- teur du cinquième doigt, un abducteur du pouce, et même un abducteur de los en crochet qui se trouve à la base du métacarpien du pouce.] 56 564 v° LECOX. DE L'EXT, POST. OU MEMB. ABDOMINAL. Il y a des muscles interosseux supérieurs et inférieurs. Ilssont très apparents et au nombre de dix ; leur direc- tion est très oblique. [ Dans les tortues terrestres à n°4 a plus qu’un long fléchisseur analogue à celui du pouce, qui ne va mème point jusqu'aux phalanges ; il s’arrête au métatarsien des deux premiers doigts. Le court fléchisseur est un muscle large, divisé en autant de languettes qu’il y a de doigts : sous lui se trouve une seconde couche de mus- cles, probablement analogues aux interosseux, quisont devenus fléchisseurs pour les quatre derniers doigts et adducteurs pour le pouce. Il y a aussi un adducteur propre du pouce, et un du petit doigt. Dans les tortues marines, le long fléchisseur commun et le long fléchisseur du pouce, séparés par en haut, se confondent bientôt ensemble et avec l’aponévrose plantaire ; puis ils se divisent pour les quatre doigts internes. Î]l n’y a point d’autres courts fléchisseurs que la chair carrée. Le doigt externe a un fort abducteur ; les interosseux sont très developpés, sur-tout celui qui sert d’abducteur du deuxième doigt. Celui qui sert d’adducteur du pouce est faible. Ces muscles servent à écarter les doigts pour en faire une rame. Dans les crocodiles, l'aponévrose plantaire donne une languctte tendineuse au doigt interne et deux à chacun des autres doigts pour les première er deuxième pha- langes. Le court fléchisseur, perforé au troisième doigt seulement, va à la deuxième phalange du premier doigt, à la deuxième du second, à la troisième du troisième, et à la deuxième du quatrième doigt. On trouve aussi chez ces animaux un abducteur du doist externe et un du ART. X. DES MUSCLES DES DOIGES DU #IED. 90% doigt interne, et des interosseux. Les longs fléchis- seur commun et du pouce se réunissent aussi bien que dans les sauriens. Dans ces derniers animaux, l’aponévrose plantaire ne donne de languettes tendineuses qu'aux trois doigts externes; celle du quatrième doigtest perforée, et ce n’est qu'après sa perforation qu’elle donne un tendon pres- que transverse au troisième doigt. Le court fléchisseur donne des tendons simples aux cinq doigts et en outre des tendons perforés aux quatre premiers. Pour les doigts interne et externe, ce muscle sert autant d’ad- ducteur que de fléchisseur. Les interosseux existent comme à l'ordinaire. Dans les grenouilles, laponévrose plantaire, à laquelle se joint un faisceau musculaire qui nait de la capsule tibio-métatarsienne, parvenue sur les petits os dutarse, donne naissance, 10 à un fort muscle qui s’insère sur presque toute la longueur du métatarsien interne; 2° aux tendons du long fléchisseur des deux premiers doigts; 3° à six faisceaux musculaires qui forment cou- lisse pour les tendons fléchisseurs ; deux appartien- nent au quatrième et un à chacun des autres doigts ; 4° enfin à trois autres faisceaux , dont deux pour le doigt externe et un pour le quatrième doigt. Le long fléchisseur commun nait également de cette capsule tibio-métatarsienne et ne donne de tendon qu'aux trois doigts externes. Il résulte de là ‘qu'avec les interosseux et le dédoublement des tendons à coulisses dont nous avons parlé, 1 y a un tendon fléchisseur pour les der- nières phalanges et deux pour chacune des autres phalanges. A toute la face interne de l'os tarsien externe s’in- 566 v° LECON. DE L’EXT. POST, OU MFMB. ABDOMINAL. sère un muscle dont le tendon s'attache au petit os tarsien qui porte le pouce. C’est unftrès fort abducteur de ce doigt. ] ARTICLE XI. DE L'EXIRÉMITÉ POSTÉRIEURE DANS LES POISSONS. 1° Des os. Les nageoires ventrales des poissons leur tiennent lieu de membres abdominaux. La situation et la forme de ces nageoires varient beaucoup; elles manquent même tout-à-fait dans la famille des poissons apodes, comme les anguilles, les gyimnotes , les anarrhiques, etc., et dans quelques genres des chondroptérygiens et des plectognathes : tels sont les /amprotes , les syng- nathes , quelques balistes, les ‘ostracions , les tétro- dons , etc. Tantôt ces nageoires sont placées sous la gorge , au- dessous de l’ouverture des branchies et en avant des nageoires pectorales. Les poissons ainsi formés ont reçu le nom de jugulaires. Tantôt elles sont situées un peu en arrière et en des- sous des nageoires pectorales. On a nommé ces pois- sons thorachiques. Eofin , elles sont dans la situation qui paraît la plus analogue à celle des autres animaux, c’est-à-dire, sous ART, XI. DE LA NAGEOIRE VENTRALE. 967 le ventre et plus rapprochées de l’anus que des nageoi- res pectorales. Tels sont les poissons nommés abdomi- naux. Les nageoires ventralessont composées de deux par- ties principales : l’une, qui est formée de rayons re- couverts par une double membrane, parait toujours au-dehors , et fait la nageoire proprement dite ; l'autre est interne, elle représente les jambes ou les cuisses : elle s'articule souvent avec d’autres os du tronc, et reçoit toujours les rayons de la nageoire qui se meuvent sur elle. Les 6s qui composent ces jambes sont ordinairement aplatis et de figure diverse; ils se touchent par leur bord interne. La situation du plan de ces os sur les parois de l’ab- domen varie et suit les formes du corps. Dans les pois- sons aplatis ils sont tournés obliquement et forment la carêne du ventre par leur bord interne. Dans les poissons à abdomen large ou cylindrique, ils forment une plaque plus ou moins horizontale. Dans les poissons jugulaires et thorachiques , ils sont toujours articulés avec le bas de la ceinture qui soutient les nageoires pectorales. Leur figure et leur situation respective varient beaucoup, comme nous allons le voir. [ Cependant on peut dire que la forme la plus géné- rale qu’affectent ces os est la triangulaire; qu'ils se réunissent ou se soudent par le grand côté du triangle, qui est le bord interne , et que leur surface est plus ou moins compliquée d’apophyses ou de lames saillantes. ] Dans la vive et l'uranoscope, ces deux os'sont soudés ensemble par leur bord interne ; leurs faces inférieures 568 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB. APPOMINAL. se regardent et laissent entre elles un espace ovalaire. L’angle de leur réunion fait saillie dans la cavité de l'abdomen. Dans les cottes , les sciènes , les chétodons, les per- ches , les os des jambes sont aussi soudés entre eux par leur bord interne ; ils sont aplatis , alongés , et leurs bords externes se portent en dessous, de manière à for- mer une fosse. Dans le rigla-cuculus ou rouget , ces os ne sont réu- nis que par l’extrémité postérieure de leur bord in- terne ; ils sont très larges , aplatis, et forment un bouclier ovale, dont la partie moyenne est échancrée, et l’extrémité postérieure très prolongée en pointe. Les os des jambes des pleuronectes portent les na- geoires à leur extrémité la plus antérieure ; ils sont soudés en une pyramide quadrangulaire dont la pointe est en arrière et en haut , et la base en devant. Dans quelques gastérostées , les os des jambes sont séparés , extrêmement alongés, et reçoivent à peu près dans leur milieu une épine mobile qui tient lieu de nageoire. Dans la dorée (zeus faber, Lin.), ces os sont triangulaires, aplatis; ils se touchent dans toute leur face , qui devrait être inférieure. Leur angle antérieur est arrondi et reçoit la nageoire; les deux autres sont très alongés en pointe, l’un en dedans de l’abdomen, l’autre en dehors sur les côtés des petits os qui tiennent lieu de sternum. Dans le zeus vomer , ces os sont très petits et cylindriques. Dans les poissons abdominaux, ils ne s’articulent jamais avec ceux de l’épaule , ou avec la ceinture des nageoires pectorales. [ls sont situés dans la partie ART. XI. DE LA NAGEOIRE VENTRALE. 969 moyenne et inférieure du ventre , plus ou moins rap- prochés de l’anus. Le plus ordinairement ces deux os sont séparés l’un de l’autre, et maintenus en situation par des liga- ments. Dans les carpes, ils sont alongés et ne se tou- chent que vers leur tiers postérieur et vers leur pointe antérieure, en laissant un espace triangulaire entre eux. Dans les harengs , ils sont très petits, rappro- chés , et font suite aux petits os du sternum. [ Dans le gobiésoce testar (cyclopterus nudus, Lin.), ces os ont une forme extrêmement compliquée; et l’os- sification dechacun d’eux, plus compacte dans trois de ses régions, semble annoncer que ces os sont la réunion du fémur, du tibia et d’un os qui représenterait le tarse.]| Ceux du brochet ordinaire sont larges, triangulaires, rapprochés par leur pointe antérieure, écartés par leur extrémité postérieure, qui est plus large et qui reçoit la nageoire. Dans lanableps, ils sont très écartés et portent à leur bord externe une épine très alongée, qui remonte vers la colonne vertébrale et se courbe dans la direc- tion des côtes. Dans les silures , les os des jambes sont soudés en- tre eux ; ils forment un écusson arrondi dans sa partie moyenne et souvent épineux en devant ; ils portent les nageoires à leur bord externe et postérieur. Dans la loricaire , les os des jambes sont soudés en une seule pièce, dont l’échancrure postérieure forme l'ouverture de l'anus. Les nageoires sont articulées à son bord externe. 570 V° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL, [ Enfin , dans les Lalistes, bien que ces poissons manquent de ventrales à l'extérieur , les os des jambes sont très alongés et soudés aussi en une seule pièce qui forme une sorte de carène à la partie antérieure du ven- tre. Cet os porte à son extrémité la base de quelques rayons, qui sont des vestiges de nageoires. ] La nageoire proprement dite est composée , dans les poissons ordinaires, d’un certain nombre de rayons osseux simples ou fourchus, supportés par les os des jambes. Les rayons qui forment cette nageoire se meu- vent sur ces os, de manière à s’éloigner ou à se rappro- cher les uns des autres, comme les bâtons d’un éven- tail: c’est ce mouvement qui produit l'expansion ou le plissement de la nageoire ; mais ils se meuvent encore en totalité sur les os des jambes, de manière à éloigner Ou à rapprocher la nageoire du corps. Les rayons des nageoires ventrales sont ordinaire- ment plus courts que ceux des nageoires pectorales. [ Leur base est toujours plus compacte que le reste de leur longueur, et ils se divisent de même que ceux des autres nageoires longitudinalement en deux moi- tés. Les nageoires ventrales ont été de tout temps consi- dérées avec raison comme les membres abdominaux des poissons, et l’on a regardé l'os triangulaire qui sup- porte ces nageoires, et que nous appelonsla cuisse ou la jambe, comme représentant à la fois les os propres du bassin , de la cuisse, de la jambe et du tarse de ces animaux. Mais si l’on considère que les cétacés et les serpents perdent le membre postérieur avant les os du bassin auquel ces membres s’attachent , on sera ART. XI. DE LA NAGEOÏRE VENTRALE, 971 porté à penser que puisque ce membre existe chez la plupart des poissons, les os du bassin doivent exister aussi, Si l’on considère en outre que divers os de ces derniers animaux tendent à se séparer les uns des au- tres, et que, comme plusieurs de leursorganes, le mem- bre abdominal est tellement porté en avant , qu’il se. trouve souvent sous la gorge et adhérent à l’os cora- coïdien, on cherchera ces os du bassin à la partie anté- rieure du corps. D'après cela, nous avons cherché dans le squelette des. poissons quels pouvaient être les os analogues aux os innominés des autres vertébrés , et nous avons cru les apercevoir dans ceux que l’on a d’abord comparés à la fourchette des oiseaux, puis à l’os coracoïdien. Adhérants à la face interne de notre coracoïdien, ils descendent le long des côtés du corps et se pro- longent plus ou moins dans les chairs ; il arrive même quelquefois, comme dans les sidjans , les séserins et les amphacanthes , qu'us s'étendent jusqu’auprès de Panus ,et que ceux d’un côté se rejoignent à ceux de l'autre : ilarriveaussi, comme dans les Latrachus, qu ’ils s’articulent avec la premiére vertèbre. Tous ces faits nous avaient conduit à penser qu'on pourrait peut-être regarder ces os comme des vestiges des os du bassin, quand quelques observations qui nous sont propres, nous ont tout-à-fait déterminé à les considérer comme tels. C’est que dans la bécasse ( centriscus scolopax ), les petits os qui portent les très petites nageoires ventrales , sont articulés dans toute leur longueur avec ces os très prolongés dans cette espèce, et se trouvent serrés entre leurs deux bran- ches, 572 v° LECON. DE L’EXT. POST. OU MEMB, ABDOMINAL. De plus, dans le gobiésoce testar, les os des jam- bes doat les pointes sont dirigées en arrière, s’ar- ticulent par ces pointes avec les osen question, qui ne vont plus, dans cette espèce, s’articuler avecle coracoï- dien, mais adhèrent faiblernent à la base des rayons de la nageoire pectorale , et portent eux-mêmes des rayons à leur bord postérieur. Par conséquent ici l'extrémité postérieure se trouve avec le bassin dans des rapports plus voisins de ceux des autres vertébrés, rapports qui n’ont sans doute été ainsi changés dans la plupart des poissons que par le besoin qu’ont en général ces animaux d’avoir le corps flexible et propre aux mouvements de la natation. Nous avons trouvé quelques autres poissons où l’ex- trémité postérieure est en connexion avec ces 05, que nous regardons comme ceux du bassin. Dans les mu- ges, par exemple, où la nageoire ventrale est portée un peu en arrière des pectorales, les os des jambes s’articulent au moyen d’une petite saillie qui existe au quart inférieur de leur base externe avec ces os. Nous sommes porté à croire qu’il en est ainsi dans quelques chétodons et même dans quelques sparoïdes; mais dans les squelettes les relations de ces os sont toujours détruites. Ces os sont, comme nous l’avons dit dans la leçon précédente , généralement au nombre de deux de cha- que côté : l’un supérieur aplati et suspendu à Ja face interne du coracoïdien sera pour nous l'os iléon , et l’autre, le plus souvent styloïde, articulé par son extrémité supérieure avec le premier et se perdant dans les muscles ou s’articulant par son extrémité méme ps ART. XI. DE LA NAGROIRE VENTRALE. 579 inférieure avec l'os de la jambe, sera l’ischion ; car l'exemple du crocodile nous prouve que des trois par- ties de l'os innominé, c’est le pubis qui disparaît le premier. Ces os varient en grandeur dans les différentes fa- milles de poissons ; dans les cyprins , ils sont réduits à un os grêle d’une seule pièce , et ils manquent tout- à-fait dans les silures, les anarrhiques et les anguilles. Dansles chondroptérygiens et sur-tout dansles rates, la partie qui supporte la nageoire ventrale, a une ana- logie très grande avec le bassin des reptiles ; elle est formée ( dans la race bouclée qui nous sert d'exemple } d’uneforte barre transversale inférieure, laquelle, après avoir donné une longue apophyseantérieure se recourbe pour produire une partie montante qui tient par des ligaments aux apophyses transverses et aux apophyses épineuses des dernières vertèbres dorsales. Get os tient évidemment lieu des os innominés ; on pourrait même y voir dans la partie montante l’iléon, dans l’apophyse antérieure le pubis , et dans la barre transverse l’ischion. À l'endroit où cet os se recourbe pour former cein- ture, il produit deux apophyses , sur lesquelles s’arti- cule , en avant, un premier os long qui a la forme géné- rale d’un fémur, etqui ne porte que deux ou trois rayons, et en arrière, un autre os également long, qui faitavec le premier un angle aigu; cet os ressemble un peu à un tibia et porte par son extrémité et par son bord anté- rieur une vingtaine de rayons qui constituent la na- geoire, bien plus petite que la nageoire pectorale. C'est à ce dernier os long que s'articule de chaque côté dans 574 %° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. les mâles, Pos dela verge, qui prend la place du rayon interne. L’os du bassin n’est pas aussi développé chez tous les poissons cartilagineux. Dans les squales, lapophyse antérieure et la partie montante sont petites. Dans les chimeres , cet os est divisé en deux; il forme ainsi deux pièces plates alongées, situées sur les côtés des muscles de l’épine , et qui portent la nageoire. ] 2, Îes muscles. Les nageoires ventrales se meuvent de haut en bas et de dedans en dehors. Les muscles qui les portent de haut en bas ou les abaissent , sont situés à la face externe ou inférieure des os des jambes ; ceux qui les élèvent sont couchés sur leur face supérieure ou abdo- minale. { Deux couches de muscles à chaque face opèrent ces mouvements : un peu croisées l’une sur l’autre, comme aux nageoires pectorales, elles se divisent en autant de Janguettes qu’il y a de rayons ; les languettes des rayons interne et exferne sont plus fortes que les au- tres; c’est par elles que la nageoire se dilate en écar- tant l’un de Pautre ces deux rayons. Dans certaines espèces , les carpes , par exemple, où le bord externe de los de la jambe est creusé en sillon, on trouve dans ‘ ce sillon un muscle qui sert d’abducteur du rayon ex- terne. Dans les gobies, les deux nageoires n’en forment qu’une seule placée au devant de l'anus. Dans les cycloptères ; les porte-écuelles , les gobié- soces, les nageoïres ventrales sont unies l’une à l’autre à laide d’une membrane, et font avec les nageoires ART. XI. DE LA NAGEOIRE VENTRALE. 575 pectorales , une espèce de disque concave, que ces poissons emploient comme une ventouse, pour se fixer avec une très grande force et une extrême promptitude aux rochers lorsqu'ils veulent demeurer immobiles, ou bien aux autres poissons et aux corps flottants , lors- qu'ils veulent se faire transporter au loin. Dansles chondroptérygiens, Vos du bassin donne atta- che aux muscles de l’abdomen et au sacro-coccygien , et reçoit deux muscles de l’aponévrose générale qui re- couvre les muscles de l’épine ; l’un, antérieur , s’insère au bord externe de la branche qui représente l'iléon et porte le bassin en avant; l’autre, postérieur, s'attache au bord externe de cette même branche et tire le bassin en arrière. De toute la face externe dela branche naît un fort muscle extenseur qui s’épanouit en éventail sur les deux os longs qui s’articulent au bassin et sur tous les rayons de la nageoire. De l’angle externe que forme le bassin à sa courbure, naît un fort faisceau musculaire qui s’insère tout le long de la face externe de los que nous avons comparé au fémur ; il sert d’abducteur et écarte les rayons de cette nageoire. De la face inférieure du bassin naît un fléchisseur, aussi en éventail, qui s’épanouit sur toute la face infé- rieure de la nageoire, et qui donne même un faisceau, dans les mâles, à los de la verge. Cet os fournit éga- lement des muscles qui meuvent les différentes lames dont il est pourvu.] Des muscles des nageoires verlica les. [ Pour compléter la description des muscles des na- 576 v° LECON. DE L'EXT. POST. OU MEMB. ABDOMINAL. geoires des poissons , nous donnons ici celle des na- geoires dorsales , anale et caudale dont nous n’avons point encore parlé. Ces muscles sont très simples et disposés uniformé- ment pour les nageoires dorsales et anales. Chaque rayon en a six, deux profonds et un superficiel de chaque côté, Le superficiel s’insère au côté de la base du rayon; il est couché transversalement sur les grands muscles du corps et adhère à la peau. Les profonds, cachés en partie par les muscles du corps, naissent sur toute la longueur de l’osselet in- terépineux , un en avant et l’autre en arrière ; sépa- rés l’un de l’autre par l’arête mitoyenne de cet osselet, ils vont s’insérer, l’un antérieurement et l’autre posté- rieurement, à la base du rayon qu’ils élèvent ou abais- sent. Les muscles de la nageoire caudale sont de trois sortes : Les uns superficiels adhèrent à laponévrose qui ter- mine le grand muscle latéral du corps; disposés en éventail, ils vont s’insérer obliquement à quelques-uns des rayons et servent à réunir la nageoire. Les profonds, situés sous le grand muscle latéral du corps, s’attachent à la vertèbre comprimée en triangle qui termine l’épine, et donnent une lan- guette pour la base de chaque rayon. Ces muscles se divisent quelquefois en deux couches qui se croisent un peu ; ils portent la queue de côté. Enfin, il y a des petits muscles qui vont d’un rayon à l’autre. Placés entre les bases des rayons ils s’insérent L./ | MINE “ ART. XI. DE LA NAGFOIRE VENTRALE. 57e plus en arrière que les précédents; leurs fibres externes vont se réunir au milieu de la vertèbre en triangle. Ces muscles servent à rétrécir la na- geoire. NOTE. On sera peut-êire surpris que nous donnions| dans cet ouvrage, qui porte le nem de M. Cuvier , une autre détermination des os de l’épaule et du bassin des poissons, que celle qui se trouve dans son ichthyologie; mais s’il fallait justifier cette espèce detémérité nous dirions que peu detemps avant sa mort, ayant communique nos idées sur ce sujet à M. Cuvier, ilnous répondit, aprèsavoir considéré dans tous les sens et pendant plus d’un quart d'heure, un squelette de poisson , vous pourriez bien avoir raison , for- mule ordinaire , par laquelle il donnait son assentiment à une idée dont on lui faisait part. Au reste, nous n'aurions pas eu cette grande autorité, que nous eussions encore agi de même; car ce serait peu comprendre M. Cuyier, et mal honorer sa mémoire, que de taire une vérité parce qu’elle ne lui aurait pas appartenu ; il appelait lui-même sur beaucoup de points des lun ières nouvelles, et nous l'avons souvent entendu signaler l'anatomie des pois- sons comme pouvant conduire à d'importants résultats. FIN DU YRFMIER VOLUME, HE à Dre. ds ee ET RE) Se El AE PA L'AUTRE ion Exit IAE CAL er #1 nr: PAL 16 5 ils A T 4) ATEN eu A b ca Me Et iSs D CNP dd r: PAT A TO Ha ES iN (2 int J: 1 à [or APTE AN DURS LOFT 12 vf: al 4 4° M On Ta 1 hist tn à ; TA (Er ‘PE » à CEE En 19 HT es Dg'hat ra ÿ- ls J ; * 4 + TABLE DES MATIFRES. CONTENUES DANS CE PREMIER VOLUME. LU Pages, AVERTISSEMENT. v LETTRE à J, C. Menraun. xUL PREMIÈRE LEÇON. Considérations préliminaires sur l’économie animale. i ARTICLE I. Esquisse générale des fonctions qui s’exer- cent dans le corps animal. ibid, Anrieue IL. Idée générale des organes du corps ani- mal, de leurs éléments et de leur manière d’agir. 18 ARTICLE III. Tableau des principales différences que chaque système d'organes présente dans les divers añimaux. 56 AnvicLe IV. Tableau de l’influence mutuelle des va- riations dans les divers systèmes d’organcs. 48 Amricre V. Division des animaux d’après l’ensemble de leur organisation. 64 580 TABLE Pages. DEUXIÈME LEÇON. Des organes du mouvement en général. à 103 Auricce I. De la fibre musculaire. ibid. ARTICLE [T. De la substance des os. 116 ARTICLE HIT. Des parties dures qui tiennent lieu d’os aux animaux non vertébrés. 129 ARTICLE IV. Des jonctions des os et de leurs mouve- ments. 136 ARTICLE V. Des tendons, de la composition des mus- cles et de leur action. 145 ARTICLE VI. Remarques générales sur le squelette. 155 TROISIÈME LECON. Des os et des muscles du tronc. ibid. ARTICLE 1. Des vertèbres ou os de l’épine en gé- néral. 166 ARTICLE Il. Du nombre et des formes des os de l’é- pine dans les différents animaux. 170 A. Dans l’homme. ibid. B. Dans les mammifères. 175 1° Nombre des vertèbres des mammifères. 176 Tableau du nombre dés vertèbres dans les mammi- fères. 277) 22 Proportions entre les régions &e l’épine des mammifères. 183 Tableau de la longueur en mètres, de la région de l’'épine dans les mammifères. 184 3° Formes des diverses vertèbres dans les mam- miières. 187 «. Vertèbres du cou. ibid. 1° L’atlas. ibid. pres où Ex Tabl D. DES MATIÈRES. 2° L'axis, 3° Les cinq autres cervicales. 8. Les vertèbres du dos. 7. Les vertèbres lombaires. à Les vertèbres sacrées. &. Les vertèbres de la queue. Dans les oiseaux. eau du nombre des vertèbres dans les oiseaux. Dans les reptiles. Tableau du nombre des vertèbres dans les reptiles. : F ds, Dans les poissons. Tableau du nombre des vertèbres dans les poissons. ARTICL ceint stern O0 OS »> A. B. E III. De la cavité du tronc telle qu’elle est en- e par les vertèbres dorsales, les côtes et le um. Du sternum. Dans les mammifères. Dans les oiseaux. Dans les reptiles. Daws les poissons. Des côtes. Dans l'honime. Dansles mammifères. C. Dans les oiseaux. D E ARTICL . Daus les reptiles. . Dans les poissons. E IV. Des muscles qui meuveut les diverses par- ties du tronc, et de ceux qui meuvent la tête sur ie tronc. 1. Muscle prapre de l’épine. 233 ibid. 235 ibid. Loue (es) Los] TABLE A. Dans l’honime. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. E. Dans les poissons. ET. Muscles de la tête. A. Dans l’homme, B. Dans les mammifères, C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. E. Dans les poissons. IIT. Des muscles des côtes et du sternuim. A. Dans l’homme. B. Dans les mammifères, C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles, E, Dans les poissons. ARTICLE V, Des mouvements de la tête sur l’épine. A. Dans l’homme. B, Dans les mammiftres. C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. E. Dans les poissons. QUATRIÈME LEÇON. De l'extrémité antérieure, ou membre pectoral. ARTICLE Ier, Comparaison &es deux extrémités. ARTICLE Il. Des os de l’épaule. A. Dans l’homme. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. DES MATIÈRES. AnrTicee HI. Des muscles de l'épaule. A. Dans l’homme. B. Dans les mammilères. C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. ARTICLE IV. De l'os du bras, A. Dans l'homme. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. D. Dans îes reptiles. ARTICLE V. Des muscles du bras. A. Dans l'homme. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. AnyicLe VI, Des os de l’avant-bras. A, Dans l'homme, B. Dans les mammifères, C, Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. £nTicLE VII. Des muscles de l’avant-bras. I. Les fléchisseurs. A. Dans l’homme, B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. II. Les extenseurs. A. Dans l’homme. B. Dans iles mammifères. C. Dass les oiseaux. HI. Les supinateurs. A, Dans l’homme. 584 TABLE Pages: - B. Dans les mammifères. 419 C. Dans les oiseaux. 420 IV. Les pronateurs ibid. A. Dans l’homme. tbid. B. Dans les mammifères. 420 C. Dans les oiseaux. L21 V. Muscles de l’avant-bras des reptiles. ibid. ARTICLE VIII. Des os de la main. 423 I. Des os du carpe. ibid. À. Dans l’homme. ibid. B. Dars les mammifères. 425 IL. Des os du métacarpe. _ 429 A. Dans l’homme. 430 B. Dans les mammifères. ibid. III. Os des doigts. 43x A. Dans l’homme. ibid. B. Dans les mammriferes. 432 IV. Des os de la main dans les oiseaux. 437 V. Des os de la main dans les reptiles. 439 ARTICLE EX. Des muscles de la main. 442 I. Muscles du carpe et du métacarpe. chid. A. Dans l’homme. ibid. B. Dans les mammuféres. 443 C. Dans les oiseaux. 445 D. Dans les reptiles. 446 IL. Muscles des doigts. 447 A. Dans l’homme et les \ Muscles longs. ibid. mammifères. | Muscles couris. 452 B. Dans les oiseaux. 454 €. Dans les reptiles. 456 ARTICLE X. De l'extrémité antérieure des poissons. 459 DES MATIÈRES. 1° Des os. 2° Des muscles. CINQUIÈME LEÇON. De l'extrémité postérieure ou membre abdominal. ARTICLE [#. Des os du bassin. A. Dans l’homme. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. Armcze II. Des muscles du bassin. A. Dans l’homme. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. D. Dan: les reptiles. ARTicLE III. De l'os de la cuisse. * A. Dans l’homme. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. D. Dans les reptiles. ARTICLE IV. Des muscles de la cuisse. L. Muscles du grand trochanter. A. Dans l'homme. B. Daws les mammifères. C. Dans les oiseaux. Il. Muscles du petit trochanter et de la face in- terne de la cuisse. A. Dans l’homme. B. Dans les mammifères. C. Dans les oiseaux. 585 Pages, 459 466 469 470 ibid, 473 481 484 487 ibid. ibid. 488 ibid. 489 ibid. 49x 495 496 498 ibid. 499 500 5o2 504. ibid. 505 tbid, 586 TABLE ul Pages LIT. Muscles de la cuisse des reptiles. 506 Agricce V. Des os de la jambe. 5o9 A, Dans l’homme. is ibid, B. Dans les mammifères. b12 C. Dans les oiseaux. 515 D. Dans les reptiles. 516 AnicLE VI. Des muscles de Ia jambe. | big A. Dans l'homme. ibid. B. Dans les mammifères. 519 C. Dans les oiseaux. Das D. Dans les reptiles. 524 AnTicce VII. Des os du coude-pied ou du tarse , et de ceux du métatarse. " 526 A. Dans l’homme. ibid. B. Dans les mammifères, 528 €, Dans les oiseaux. 534 B. Dans les reptiles. 536 Anricze VIE. Des muscles du coude-pieë ou du tarse, et de ceux du métatarse. 538 A. Dans l'homme, les mammifères et les oiseaux, 2brd. B. Dans les reptiles. 543 ARTICLE IX. Des os des doigts du pied et de leurs mouvements. 546 A. Dans l’homme. ibid. B. Dans les mammifères cbid. C. Dans les oiseaux. 549 D. Dans les reptiles. SE AnrTicze X. Des muscles des doigts du pied. ibid. I. Muscles extenseurs des doigts. ibid. 4 à Lar mess 5e Dans l’homme . & 4 B. Dans les mammifères. PL ..148 263540 : 18 E GC. Dans les oiseaux. a 7. But, 1 Pr | Dr 4 és Sat. Courts ahdimenrs, et adducteurs des doigts. 559 LT _ A. Danslhomme. “abid. Le | B. Dans les mammifères. 560 Re \ FR. Muscles des doigts dans les reptiles. Ga HEURES ; Annece XI. De l'extrémité postérieure dans les pois- va A É l UE " ru : HASoDs.. : }, 566 is 1 in 1° Des os. de RE M 14 4 > Des muscles. + cit rh F | Li de d a A 3° Muscles des nageoires verticales.” 553 # ER Le LE «v à 14 4 DE . | FIN DE LA TAPLE, LME A sax ! Ç % E . } +: L LI r “ rs : | "+ CT Ê ' vé “ y 4 À * JA 1 Éd 104, 2 . L î 1 A D, * Fi A L h . ; # R tr \ 4 M 474 un Tes ‘+ we W. # * ru “ Pages, 19 140 145 152 163 168 169 1796 180 218 254 255 272 286 345 368 541 55n et ERRATA. Lignes Au lieu de dernière, ce n’est pas, 2 a moins, 25 qui ke, 10 rournissent, note nommez oonites, 2 pophyse, 24 jusqu'a à, 29 cerviales, 2 marias, 13 intermédiairas, dernière, appartena, 13 culpea, Lisez : ce n’est que par à moins qui les fournissent nomme zoonites l'apophyse jusqu’à 5 cervicales marais intermédiaires appartenant clupea Transposez les deux premiere mots de la ligne 28 et portez-les au commencement de la ligne 27, afin de lire la partie antérieure au sacrum; les principales, etc. 4 du coup, 30 ï, 3: as attaché, 3 dorso-scapulier, 6 os u tarse, du cou elle articulées attachée dorso-scapulien os du tarse T ransposez le premier mot de la ligne 25 et portez-le au commen eement de la ligne 24, afin de lire, dont le large tendon se divise, etc. LE ! { AC - | £ + | Lena" à add? ii Li à nn 4 Lure # " ‘he, LAMPE CE 2e EL D D A 7 Aer. ed LT A er he dd 2 As