;ê ]^ s ^^. c ATSATOMIE COMPARÉE. TOME III. rAPis. — nirniMEniE de no^«^,o^.^K kt mabti>'ET, rue ,ïaroli, 3o. irtfw^wyrf'^ D'ANATOMIE COMPAREE DE GEORGES CUVIER, RECUEILLIES ET PUBLIÉES PAR M. DUMÉHIL, SECONDE ÉDITION, Corrigée et augmentée. TOME TROISIÈME, # COi\TEWAl\T LE SYSTÈME NERVEUX ET LES ORGANES DES SENS. REVU PAR MM. F. G. CUVIER ET LAURILLARD. |3rïriô: FORTIN, MASSON ET C'S LIBRAIRES-ÉDITEURS 1, PLACE DE l'école-de-médecine; MÊME MAISON, CHEZ L. MiCfiELSEN , A LEIPZIG. 18/10. *•>' f ^//^^<^A^<^<^/ A^'^ AVERTISSEMENT. Nous donnons après un grand inter\ aile le troisième volume des Leçons d^ anatomie com- parée. Dans le cours de ce long et pénible tra- vail nous nous sommes trouvés pressés entre deux grandes difficultés : nous avions à pré- senter dans l'étroit espace d'un volume le résumé du nombre immense de travaux dont le système nerveux et les organes des sens ont été l'objet depuis trente années; nous avions, d'un autre côté, à conserver aussi intégrale-^^ ment que cela était possible le cadre et le texte de la première édition. Sur le premier point , c'est au public à juger de quelle manière nous avons rempli notre tâche. Nous ne voulons faire qu'une seule observation : c'est que ne nous étant pas bornés au rôle de compilateurs , mais ayant , autant qu'il a été en nous , vérifié les faits et contrôlé les doctrines par nos propres observations , nous n'avons pu , en raison du peu d'espace dont no!is disposions, rendre raison, dans des notes développées , des motifs qui nous ont déterminés à ne point donner place dans nos additions à certaines opinions qui nous ont semblé mal fondées, ou à omettre des faits dont l'exactitude nous a paru contes- table. C'est donc sciemment , et par nécessité. H AVERTISSEMENT. que nous nous exposons au reproche d'avoir laissé des lacunes dans notre travail. On y trou- vera notamment peu de détails sur l'anatomie microscopique ; mais nous prions que l'on con- sidère que i étude microscopique des organes constitue une science à peu près nouvelle, de- vant laquelle s'ouvre, nous le croyons, un bril- lant avenir, mais qui, aujourd'hui, cherche encore ses voies ; qui a besoin pour se faire en- tendre d'une langue toute spécialequi n'est pas faite; et dont les résultats enfin, nés d'hier, se ressentent encore un peu trop du désordre et de l'ardeur du travail qui les a produits. Il fallait donc , ou demeurer dans une concision qui eût été obscure , ou donner des dévelop- pements que l'espace nous interdisait. Com- ment, sans de longues explications, faire comprendre la composition des parties élé- mentaires ou cellules de l'épiderme ou du pigment, par exemple, avec leur nucleus ou cystobla te ^ sur celui-ci, les nucléoles^ et la cellule plongée ei le -même dans le cystohlas- teme y etc.? Une telle tâche n'entrait pas dans notre plan. >5ur le second point , nous nous sommes guidés d'après ce principe, que nous avions à toucher à un livre auquel , outre son intérêt scientifique, îe nom de son auteur donne une valeur histo- rique, et que, par conséquent, en complétant par de nombreuses additions les leçons de ce volume, nous devions les respecter scrupu- leusement dans leurs divisions et dans leur AVERTISSEMENT. llf texte. A cet égard, notre travail a été tout autre, et beaucoup plus difficile que pour le tome second. Pour Tostéologie de la tête , nous avions trouvé le travail en grande partie re- fait de la main même de M. Guvier; nous n'avions eu qu'à suivre la voie tracée par lui_, sans nous arrêter à un texte ancien que M. Cuvier lui-même avait changé. Ici , nous nous sommes étudiés à conserver aux leçons leurs uivisions essentielles , au texte son inté- grité , et à intercaler nos additions de. telle sorte qu'en mettant le lecteur au courant de la situation actuelle de la science, elles lui permissent en même temps de retrouver l'en- semble de l'œuvre que M. Cuvier avait conçu et exécuté. Nous n'avons donc fait de suppressions con- sidérables dans le texte que quand elles nous étaient pour ainsi dire commandées par les écrits postérieurs de M. Cuvier; pour ce qui concerne le cerveau des oiseaux , par exemple. Dans tous ces cas, nous avons indiqué en note la nature et ie motif des suppressions. Les changements dans le texte sont peu nombreux. Dans la X^ leçon, les progrès de Tanatomie humaine ont nécessité, dans l'indi- cation delà distribution des filets nerveux, quelques corrections que nous n'avons pas toujours pu indiquer. De plus, on remarquera partout certains changements de moîs scien- tifiques qui nous étaient imposés par les tra- vaux de i\l. Cuvier. Ainsi, nous avons habi- ÎV AVERTISSEMENT. luellement changé les mots de vers^ à' animaux à sang blanc ^ (V animaux sans vertèbres , op- posés systématiquement aux animaux ver- tébrés, etc., pour y substituer les expressions plus scientifiques qui, depuis la publication du Règne animal de M. Guvier, ont prévalu dans la science. Du reste, nos additions sont comprises, comme dans les volumes précédents, entre deux crochets [ ]. Certains changements dans les divisions des leçons nous étaient commandés par les mêmes motifs que ceux du texte; ce sont les change- ments qui résultent des progrès de la classi- fication méthodique des animaux : nous avons ramené au rang qui lui appartient , par- tout où cela était nécessaire, la division fon- damentale du règne animal en quatre em- branchements, c'est-à-dire en animaux ^ver- tébrés , en animaux mollusques , en animaux articulés et en zoophytes ; et qu'il nous soit permis de le dire en terminant, le résultat de notre travail a été de nous convaincre encore davantage combien cette division , fondée sur l'ensemble de l'organisation des animaux^ rend facile la classification des faits et con- duit à de grandes et fécondes généralités. Fréd. Guvier. — Laurillard. LEÇONS D'ANATOMIE COMPARÉE. NEUVXÈXaE LEÇON. DU CERVKAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. ARTICLE PREMIER. DE l'ORGAMSATION DU SYSTÈME ]\P:RVEUX EK GÉNÉRAL. Les nei'fs et le tronc commun auquel ils aboutissent tous, c'est-à-dire la moelle de Tépine et rencéphale, sont l'organe commun et intérieur des sensations et de la volonté. [ Ils ont aussi sous leur dépendance l'action intime des organes pour la nutrition et pour les fonctions qui s'y rapportent. Les sensations ont pour agent un certain nombre de nerfs spécialement conducteurs de la sensibilité , et doués d'une action qui va de la circonférence au cen- tre. La volonté transmet ses déterminations par un certain nombre de nerfs spécialement conducteurs diî mouvement , et doués d'une action qui va du centre à la circonférence. Les appareils de la vie végétative 3. 1 2 IX* LEÇOÎS. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBBÉS. sont pourvus de nerfs é^o^alement spéciaux qui, en tant que conducteurs de mouvement, ne sont pas sou- mis à l'empire de la volonté, et en tant que conduc- teurs de sensibilité ne transmettent de sensation au centre des perceptions que dans des circonstances particulières. . Ces trois ordres de nerfs sont unis entre eux de la manière que nous indiquerons dans la suite. ] Quelque action que les corps extérieurs exercent sur le nôtre, nous n'en avons le sentiment qu'autant que les nerfs qui se terminent à la partie qui reçoit cette action remontent librement jusqu'à la moelle de l'épine , et par suite au cerveau. Si on lie ces nerfs, ou qu'on les coupe, toutes les parties auxquelles ils se rendent deviennent insen- sibles , quelque voisine que soit du cerveau la ligature ou la section. Ainsi, si on lie ou qu'on coupe la moelle elle-même dans le cou , tout le corps devient paralytique et in- sensible, quoique les viscères puissent conserver quel- que temps leurs mouvements, à cause qu'ils reçoivent une grande partie de leurs nerfs immédiatement du cerveau; enfin une compression générale du cerveau supprime sur-le-champ toute espèce de sensation. Ces observations ont fait naître l'idée àwsensorium commun , ou d'un centre auquel aboutissent les im- pressions de tous les nerfs , et qu'on suppose dans le cerveau. Mais il y a plusieurs animaux dans lesquels cette union d une branche de nerfs avec leur tronc commun n'est pas nécessaire pour produire le sentiment : on peut, par exemple, enlever entièrement le cerveau ABT, I. OKGAISISATION DO SYSTÈME KKRVEÎIX. $ d'une tortue , d'une jjrenouille , sans que ces animaux cessent de montrer par leurs n\ouvements qu iis ont encore des sensations et une volonté. [Cependant, d'après les belles expériences de M. Flourens, pour que la vie se conserve un peu long- temps dans le corps des animaux décapités , il faut que le nerf pneumo-gastrique ait été conservé dans le tronc de la moelle épinière , car c'est à l'origine de la huitièiiie paire qu'est situé le nœud de la vie animale. D'ailleurs quelques auteurs ne pensent pas que, dans ce cas, 1 animal ait véritablement conscience de l'action des corps extérieurs , et que les mouvements qui suivent celte action soient commandés par la vo- lonté. Ils se fondent sur l'existence de deux ordres de nerfs doués de fonctions distinctes, et sur l'exemple de beaucoup de mouvements qui ont lieu dans un animal sain à la suite de certaines impressions sensitives et sans aucune intervention de sa volonté, et ils admet- tent dans l'économie animale un certain ordre de mouvements qui s'opèrent en vertu d'une relation nécessaire, d'une sorte de réflexion de l'action ner- veuse , établie entre le nerf sensitif qui a reçu l'ir- ritation, et le nerf moteur qui détermine le mou- vement. C'est ce que l'on a appelé les mouvements réflcciifs (i). On remarque, en effet, que les reptiles privés de leur cerveau demeurent immobiles, et que les mouvements d'ensemble qu'on observe encore en eux ne se produisent plus qu'à la suite d'irritations extérieures. ] (l) Prochaska. — Marshal Haîi. -~ J- Mvxlier. 4 !X^ LEÇON. CERVEAU DES AKIMAUX VEKTÉBRÉS. Il y a des animaux invertébrés qui , étant coupes en deux ou en plusieurs morceaux , forment à l'instant même deux ou plusieurs individus qui ont chacun leur système de sensation et leur volonté propre : ce n'est que dans des animaux plus parfaits que lassemblage des diverses parties du système nerveux , et surtout la présence de ses parties centrales , est absolument nécessaire pour que les fonctions de ce système aient lieu. Cette nécessité est d'autant plus grande que les par- ties centrales sont plus volumineuses, proportionnelle- ïnent aux ramifications : plus la masse de matière mé- dullaire est également répartie , moins le rôle des parties centrales est essentiel. Les animaux dans les- quels la partie centrale disparaît peuvent être divi- sés, pour ainsi dire, à l'infini, et chacun de leurs fragments devient un individu doué de son moi par^ ticulier. On pourrait penser, d'après cela, qu'au fond toutes les parties du système nerveux sont homogènes, et susceptibles d'un certain nombre de fonctions sembla- bles , à peu près comme les fragments d'un grand aimant que l'on brise deviennent chacun un aimant plus petit qui a ses pôles et son courant [et tel semble être le cas de ces animaux inférieurs dont nous ve- nons de parler. Mais dans les animaux très élevés on ne peut plus admettre qu'il en soit ainsi , et que ce soient des circonstances accessoires seulement, et la complication des fonctions que ces parties ont à rem- plir, qui rendent leur concours nécessaire, et qui fassent que chacune d'elles a une destination particulière. En effet, il est bien vrai que pour certains nerfs qui ART. T. ORGANISATION DU S\STÈME jNERVF.L'X. 5 ne nous procurent que des sensations déterminées , comme celles du tact et du .goût , ceia est dû à la na- ture des organes extérieurs dans lesquels ils se termi- nent, plutôt qu'à leur nature intime: mais il est égale- ment vrai que pour les nerfs des sensations de la vue, de Todorat, de Touïe , et pour les fonctions particulières de certains autres, comme ceux qui con- duisent le mouvement ou la sensibilité, ni la structure de l'oroane où ils aboutissent, ni la quantité de vais- seaux sanguins qu'ils reçoivent , ni d'autres circon- stances accessoires ne rendent compte des phénomènes, et on doit en chercher la raison dans la nature intime des nerfs. ] Il faut néanmoins examiner d'une» manière f{éné- raie la (Ustrihution du système nerveux, sa texture et sa substance. A. Distribution. Quant à la distribution.^ on remarque que dans tous les animaux qui ont des nerfs distincts, ces nerfs nais- sent d'une masse commune, qui, le plus souvent, se prolonge en une espèce de queue, nommée moelle épinière. L'extrémité antérieuic de cette queue est toujours plus ou moins renflée en plusieurs tubercules ou éminences qui , dans les animaux à vertèbres, sont situés dans la tête, et portent le nom commun d'en- céphale. 11 y a des animaux (les mollusques et certains zoo- phytes) dans lesquels il n'y a qu'une masse sans pro- longement. Parmi les autres animaux sans vertèbres, il n'y a que les aiticulés qui aient une espèce de moelle épi- 6 IX* LEÇON. CEBVEAU DES AKIMAUX VEETÈBRÉS. nière ; elle est formée d'un double cordon médullaire réuni d'espace en espace par desganp^lions; on pour- rait, peut-être la regarder plutôt comme un nerf grand sympathique ( i ). Les nerfs naissent par paires de ce tronc commun ou de la masse qui en tient lieu , et ils se ramifient comme les branches d'un arbre pour se rendre aux parties qu ils doivent animer. Quelques uns de ces nerfs ont une origine simple ; mais la plupart naissent ou sortent du tronc par plu- sieurs filets, qui se réunissent ensuite pour former un faisceau commun. Les branches principales de nerfs ne vont pas tou- jours en se subdivisant : il arrive au contraire très sou- vent que plusieurs branches, soit du même nerf, soit de nerfs très différents , se réunissent et se séparent de différentes manières pour former des plexus d'où naissent de nouveaux troncs de nerfs. [Quand il n'y a pas réunion de plusieurs branches, mais simplement une communication du rameau d'un nerf avec un rameau d'un autre nerf, on nomme cela une anastomose. Dans ces deux cas , on se demande si les filets partis des différents troncs nerveux s'entremêlent sans se con- fondre, ou bien s'il y a entre eux une union plus intime, une confusion de leur matière médullaire même. Scar- pa (2) inclinait vers cette dernière opinion. Bichat (3) croyait pouvoir établir, sous ce rapport, une différence (1) Voyez sur cette question la xi* leçon. (a) Scarpa , De nervorum gancjlils et ptexubus. Mutmœ^ i jjg. (B) BJcibat , ÂnAtùmie générale. ARÏ, I. ORGANISATION DU SYSTÈME NERVEUX. 7 entre les plexus du système nerveux animal et ceux du système organique. Dans les premiers, selon lui, il y a juxtaposition, et on peut suivre jusqu'à sa sortie uu filet nerveux que Ton prend à son entrée dans le plexus; dans les seconds, il y a confusion, "non seulement dune- vrilème, mais de lamatière nerveuse médullaire. Quand on examine à Fœil nu la distribution des filets nerveux dans les plexus , on les voit se diviser et se subdiviser, passer dîme maille à Fautre du réseau , s'entrelacer d'une façon inextricable , et arriver à un dep.ré de té- nuité qui ne permet plus de suivre leur trajet. Mais en appliquant à ce point d'anatomie les connaissances que le microscope nous donne sur la texture des nerfs, on a tout lieu de penser qu'il n'y a dans les anasto- moses et dans les plexus qu'un entrelacement, un échange de filets entre différents troncs nerveux , sans interruption dans leur continuité, et par conséquent sans mélange de la substance nerveuse qu'ils contien- nent; de sorte que, de leur origine à leur terminaison, les fibres nerveuses peuvent être considérées comme isolées et indépendantes (i). Les expériences sur les animaux vivants confirment cette induction. L'énergie moirice du nerf d'un muscle est la même avant ou après sa réunion avec les racines postérieures qui président à la sensibilité, et les nerfs conservent à leur sortie des plexus les propriétés spé- ciales dont ils étaient doués à leur sortie de la moelle épinière (2). Il y a donc lieu de croire que les réseaux nerveux sont destinés , soit à amener et à concentrer (i) C'est aussi l'opinion de M. J. Mulier, Pliys. du sjst. nerv.^ u I. (2) Van Deen, De differeniia etnexu hiter nervos vitœ animalis clvitae vrganicœ- Lugdurti Batav , i834« 8 IX* LEÇON. CKBVEAU DES AKIMAtiX TEBTEBRE9. en plus grande abondance le fluide nerveux sur une par- tie chargée d'un travail considérable, mais discontinu, comme l'estomac , soit k mêler intimement des nerfs d'origine différente, et à faciliter ainsi Tharmonie et la coordination des mouvements dans une partie où s'exé- cutent des mouvements délicats et compliqués, comme la face.] Les rameaux des nerfs ne vont pas toujours en di- minuant de grosseur à mesure qu'ils se divisent ; très souvent un rameau se trouve plus gros que la branche dont il part. Il est même facile de voir que les nerfs doivent al- ler en grossissant vers les extrémités; car la peau qui est sensible partout, et qui a par conséquent des nerfs partout , est plusieurs centaines de fois plus grande en surface que toutes les racines des nerfs prises en- semble. Il y a des cordons nerveux qui établissent une com- munication entre une multitude de nerfs très différents, en se rendant de l'un à l'autre. Presque toujours il y a, à l'endroit de ces communications un renflement, ou une petite masse de matière* médullaire, qui sem- ble n'être qu'un plexus plus resserré, et qu'on nomme gajiglion. [La nature différente des filets qui entrent dans leur composition doit y faire établir plusieurs classes. ] Tantôt des filets venant de plusieurs nerfs se réunis- sent dans un pareil ganglion, comme on le voit pour l'opiithalmique , le spliénopalatin , etc., et il en sort d'autres filets qui vont se rendre à diverses parties. [Il y a dans ces ganglions une triple origine, c'est-à- ART. 1. ORGANISATION DU SYSTÈME NERVEUX. 9 dire des filets moteurs, des filets seiisitifs et des filets du grand sympathique. ] Tantôt un nerf simple se lenfle pour former un gan- glion, et se rétrécit ensuite. [C'est ce qui se voit aux racines postérieures des nerfs de la moelle épinière; et il paraît que ce renflement d'un nerf simple avant son union avec d'autres est un caractère particulier des nerfs de la sensibilité.] D'après cette description sommaire , on voit que la comparaison du système nerveux à un tronc et à des branches n'est pas parfaitement exacte. On doit plutôt le considérer comme un réseau compliqué, dont la plupart des fils communiquent les uns avec les autres, et où se trouvent en différents endroits des masses ou des renflements plus ou moins marqués, qui peu- vent être regardés comme les centres de ces commu- nications. Cependant la partie moyenne de ce réseau conserve toujours une grandeur plus considérable, une con- nexion plus immédiate et une influence plus forte sur toutes les autres parties. Mais les degrés de cette influence varient autant que ceux de sa grandeur proportionnelle. D^is les animaux d'un ordre élevé, la moelle épinière est incomparablement plus grosse que les nerfs qui en sortent, et l'encéphale surpasse encore beaucoup la moelle épinière en grosseur. Ces deux circonstances sont plus remarquables dans l'homme que dans tout autre animal. Son^erveau est le plus gros de tous à pro- portion du reste du système nerveux. Dans les autres animaux à sang chaud, le cerveau dim.inue de volume à proportion que la moelle allongée et épinière grossit. 10 IX' LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. Dans les animaux à sang froid, et surtout dans quelques poissons, l'encéphale surpasse à peine la moelle allong[ée en grosseur. Dans les mollusques, il ny a qu'un cer- veau j d'où les nerfs partent comme des rayons pour aller souvent former des ganglions épars presque aussi gros que le cerveau lui-même. Dans les insectes, le cer- veau n'est guère plus gros que chacun des nombreux renflements de la moelle épinière, et il produit ses nerfs de la même manière que ces renflements produisent les leurs. A mesure que l'on descend dans l'échelle des animaux, on trouve donc la substance médullaire moins concentrée dans une région particulière du sys- tème, et plus également distribuée entre toutes ses parties. B. texture, La texture du système nerveux peut être considérée dans le cerveau, dans la moelle allongée et épinière, dans les nerfs et dans les ganglions. Le cerveau des animaux à sang rouge et à vertèbres présente une masse plus ou moins épaisse, plus ou moins molle, facile à couper et à écraser, légèrement gluante, et d.-ms laquelle on remarque deux substances principales, la corticale et la médullaire^ et trois autres moindres en étendue, la jaune ^ la molle et la noire. Le cerveau des animaux à sang froid est plus mou que celui des animaux à sang chaud : il y a des poissons qui l'ont presque fluide. La substance corticale est rougeâtre et demi-trans- parente ; elle paraît homogène à 1 œil. Cependant les injections y pénètrent jusqu'à un certain point, et mon- trent qu elle est en grande partie composée de vaisseaux AfiT. I. ORGANISATION DU SYSTÈME NERVEUX. 11 sanguins. Sa position, relativement à la substance mé- dullaire, varie selon les divers endroits du cerveau;' mais, dans le pourtour des hémisphères et du cervelet, elle est à l'extérieur : de là son nom. La limite entre ces deux substances est tranchée : elles ne se chan(>ent point par degrés lune dans l'autre [mais elles sont sé- parées en plusieurs endroits par la substance jaune: quelquefois même certaines circonvolutions antérieures laissent voir trois ou quatre couches de substance grise et jaune, emboîtées les unes dans les autres, mais la plus externe est toujours grise]. La substance corticale n'a point de sensibilité ; sa quantité proportionnelle va en diminuant dans les animaux à sang froid : il y en â plus à proportion dans l'homme que dans les autres animaux. La substance médullaire est blanche, opaque , plus ferme que la corticale ; elle paraît à l'œil composée de fibres très fines dont les directions varient. On n'y dis- tingue que peu de vaisseaux, et les injections ne pénè- trent poiot dans son tissu intime. Elle occupe la plus grande partie de l'intérieur du cerveau, et la moelle allongée et épinière en sont des prolongements. Leur texture est toute semblable à celle de la partie médul- laire du cerveau. On y remarque de même des appa- rences de fibres, et il s'y mêle dans l'intérieur quelque peu de substance grise. [Mais la quantité de cette substance n'est pas égale partout, et quelques auteurs ont décrit et représenté avec beaucoup de détails les figures que donne la coupe de la matière cendrée dans Taxe de la moelle en dif- '^ férents points de son trajet. Ainsi, au-dessous des py- ramides antérieures elle représente un fera cheval ;auif 12 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VEllTEBRÉS. endroits doù sortent les nerfs des extrémités, deux demi-lunes adossées: dans Ja région dorsale, une es- pèce de croix, etc. La distribution de cette substance grise autour et dans l'intérieur du cerveau et de la moelle épinière, ainsi que ses rapports avec la sub- tance blanche, ont surtout de Fimportance lorsqu'on la considère comme Félément producteur des nerfs (i).] La substance molle est grisâtre , demi-transparente , presque fluide ; elle tapisse en quelques endroits la surface du cerveau. La substance noire ou noirâtre teint la substance médullaire en deux endroits. [Elle serait composée, selon Pui'kinje, de corpuscules par- ticuliers, renflés au centre, et se terminant par un ou plusieurs prolongements irréguliers. Quant à la masse générale du cerveau , des globules agglutinés et disposés en séries linéaires étaient regar- dés, il y a quelques années, comme formant la structure intime de ses deux substances ; mais de nouvelles re- cherches microscopiques tendent â faire prévaloir l'o- pinion que le système nerveux est en grande partie composé de fibres. Il n'est point dans notre plan d'en- trer dans de nombreux détails à ce sujet; d'ailleurs, malheureusement dans les travaux de cette nature, l'observation , si savante qu'elle soit , laisse trop de prise au doute ; et les découvertes de M. Ehrenberg (2), qui ont jeté une lumière si nouvelle sur la structure du (i) C'est ce que Gall avait tente' d'établir* au commencement de ce siècle; c'est ce que MM. Wallach et Stilling cherclient à démontrer de nouveau par de récentes recherches. ( Untersuchunyeu iiber die textur des rûchenmarkes ^ Leip-zif^, 1842 , in-^ avec planches ) ^ (2) Beobachtioii^ elner auffallenden atructur der $eelenorijanATlOi\ DU SYSTEME NEHTEUX. 13 système nerveux, n'ont point toutes été accueillies sans contestation. Pour nous, ce que nous croyons pouvoir admettre , après avoir multiplié les expériences mi- croscopiques, c'est la nature fibreuse de la substance médullaire cérébrale. Nous avons retrouvé cette structure dans toutes les parties de la substance blanche que nous avons examinées, et nous Favons vue d'autant plus apparente que cette substance était déjà formée en cordons plus distincts : ainsi dans les rayons qui traversent le corps strié et dans les cordons de la moelle épinière. Nous avons aussi observé cette apparence noueuse ou vari- queuse des fibres cérébrales , décrite pour la première fois par M. Ehrenber^y ; mais ces renflements ou ces nodosités des fibres ne se sont jamais présentées à nous avec cette régularité et cette uniformité que semble- raient indiquer les figures qui en ont été données. Presque constamment nous avons rencontré à la fois des fibres parfaitement rectiiignes , d'autres à bords légèrement ondulés , d'autres où les renflements vari- queux étaient assez réguliers , d'autres où ils étaient à des distances inégales, d'autres enfin où le renfle- ment n'existait que d'un côté, tandis que l'autre côté était parfaitement droit : de sorte qu'il n'est pas certaiti que ces renflements ne tiennent pas, ainsi que plusieurs auteurs l'ont pensé , soit à l'inégale rétraction de la gaine de la fibre , soit à l'effet de la compression que subit la substance cérébrale clans la préparation même qui en démontre la structure. Entre ces fibres, et surtout à l'extrémité et autour de celles qui sont rompues, on distingue des corpus- cules irréguliers, tantôt isolés, tantôt réunis dans une Î4 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTEBRES. masse grumeleuse , et que l'on considère avec raison comme provenant de Tintérieur des fibres cérébrales. Nous ne pouvons donc aujourd'hui re[>arder comme suffisamment démontrés que ces deux points, savoir: que la substance blanche du cerveau et de la moelle est composée de fibres excessivement ténues , percées d'un canal à leur centre, et dont la paroi est fortement rétractile , et que leur canal contient une substance transparente , qui s'épanche facilement par la rupture de la gaine fibreuse , et se coagule aussitôt. Quant à la substance corticale, nous n'y avons pas reconnu une véritable structure fibreuse ; le micros- cope n'y montre qu une substance d'un aspect granulé, mêlée de corpuscules de formes très variables et travers sée pai' de nombreux vaisseaux sanguins. On y aper- çoit aussi quelques fragments isolés de fibres de la' substance blanche. D'après Valentin , les fibres blan- ches se termineraient en anses dans la substance grise (i). On sait le rôle que l'on a généralement attribué aux deux substances du cerveau. Aux yeux du grand ■ i yj- (i) Les auteurs qui ont écrit sur la structure microscopique du cerveau ont encore décrit sous les noms de globes, globules, cellules, etc., des apparences qui se produisent avec une certaine constance dans les diverses préparations de la substance cérébrale, mais cependant qui n'ont rien d'assez défini pour que nous puissions les regarder comme indiquant des éléments essentiels de la substance du cerveau. Nos doutes à cet e'gard se sont trouvés confirmés par les travaux de MM. Wallacli et Siilling (ouv. cit. ), qui nient l'existence de globules ganglionnaires dans la sub- stance grise des moelles allongée et épinière , et nous les conservons, quoique ces auteurs aient depuis annoncé dans un autre travail (uber die textur und function der viedulla ohlongata. Erlangen, iB/p) avoir re- connu qu'il existe dans la moelle des globules , mais d'une espèce particu" Hère et diftérent.s de ceux qu'on y avait décrits. ABT. I. OKQAJNiSATIOK DU SYSTÈME NERVEUX, 15 nombre des anatomistes , la quantité d'artères qui se rendent dans la matière [jrise ne peut guère avoir d'objet qu'une sécrétion abondante, et on s'est presque toujours accordé à la regarder comme un organe sé- crétoire, et les fibres de la matière médullaire comme des organes excréteurs de la substance que la pre- mière sépare (i). La structure que le microscope dé- montre, dans cbacune de ces substances, semblerait justifier cette ancienne opinion des anatomistes et des physiologistes; et l'on comprendrait, en effet, que les fibres nerveuses, pleines d'une matière fluide et transparente, vinssent la recueillir dans cette masse pa- rencbymateuse où elle serait séparée.] Le^ substances médullaire et corticale des animaux autres que les vertébrés ne présentent point de diffé- rence dans leur couleur, et on a même assez de peine à en observer dans leur consistance. [ ïi' faut cependant en excepter plusieurs genres de moliusques, où la substance* nerveuse a des aspects tout particuliers. Ainsi, dans le cloris lacera , la masse du cerveau est composée de petits globules brunâtres, dans Xaplysie ^ le cerveau et tous les ganglions sont d'une substance rougeâtre et grenue , très différente de celle des nerfs qui est blanche et homogène ; la même chose s'observe dans le hulirne des marais et d'autres gastéropodes; dans YoncJiidie ^ les tubercules du cerveau sont d'un brun jaune (q). ] (i) Voy. Cnyïer^ Bapport à la classe des sciences physiques sur un mé- moire de MM. Gall et Spurzhcim relatif à l'anatomie du cerveau^ in-4 , 1808. (2) Cuvier, //natomie f/e5 mo//u<.i) On flecrit encore tlaus les nerts de.-» fibres grises, distinctes des biaiiclies par leur aspect plus transparent et par une ténuité plus grande. Elles seraient les fibres propres du système {janj^lionnaire. Remak, Observ. anat, et mici'osc. de syst. ncrv. structura y i838, MuUer, Physiologie. 3. 2 18 ÎX LEÇOIN. CERVEAU DES ANIMAUX VERTEBRES. vent l'acoustique , c'est-à-dire à compter de la paire vague. Il est probable que tous les nerfs pénètrent dans la substance du cerveau et de la moelle , plus profon- dément que les yeux ne peuvent les y suivre. On a même cru qu'ils s y croisent, de manière que ceux qui s'y rendent du côté gauche du corps viennent du côté droit du cerveau , et réciproquement. 11 est certain que des blessures faites à un côté du cerveau ont souvent produit une paralysie au côté opposé du corps. On voit aussi clairement la croisure des nerfs optiques des poissons, et on la conclut dans les autres animaux, de ce que l'un des deux est souvent plus petit au-des- sus et au-dessous de l'endroit où ils se confondent en se croisant. I^es fibres qui composent la moelle de l'é- pine semblent aussi se croiser dans le sillon qui la divise. P^ns les animaux sans vertèbres^ les nerfs sortent simples du cerveau ou des autres ganglions qui leur donnent naissance ; mais ils ne sortent jamais immé- diatement de la moelle de l'épine. [A l'aide du microscope et d'une faible compression, on reconnaît , dans les cordons de communication de la cbaîne ganglionnaire et dans les nerfs latéraux des ganglions, une apparence fibreuse ; mais nous n'y avons trouvé aucune apparence de fibres variqueuses. On distingue bien aussi, dans l'épaisseur du ganglion, les trousseaux fibreux transversaux qui vont former les nerfs latéraux ; mais on ne voit pas les fibres des cor- dons de communication se diriger obliquement dans l'épaisseur du ganglion pour venir former ou contri- buer à former les filets latéraux. ] ART. I. ORGAJNISATlOiN DU SYSTEME NERVEUX. 19 La terminaison des nerfs est différente selon les parties auxquelles ils se rendent. Ceux qui se distri- buent dans Fintérieur sont accompagnés par le névri- lème jusqu'à leurs extrémités les plus imperceptibles. Le nerf optique se termine par une expansion nerveuse qui tapisse Fintérieur de l'œil ; l'acoustique, par des filets qui nagent dans une pulpe gélatineuse. Les nei^fs du goût se dilatent dans les papilles de la langue , ceux du toucher se terminent dans celles de la peau, etc. [Dans la peau et dans les muscles, les filets nerveux ne se terminent pas en s'épanouissant , ou en se per- dant par un amincissement continu; mais les rameaux, après s'être subdivisés en ramuscules nombreux, se réu- nissent les uns aux autres pour former de grands plexus terminaux, d'où les fibres primitives se détachent, viennent former une anse terminale , et regagnent à travers le plexus le tronc qui les a fournies (i). J Les ganglions des animaux vertébrés ne paraissent différer des plexus nen'eux que parce que les filets qui les composent sont plus serrés et plus intimement unis ; même les ganglions simples , c'est-à-dire formés par un seul nerf , se résolvent dans la macération en plusieurs filets qui s'anastomosent ensemble. Il paraît qu'il en est de même dans les mollusques ; mais dans les crustacés, les insectes et les annélides, les ganglions ne sont que des renflements homogènes du cordon médullaire auquel ils tiennent. La nature chimique de la substance médullaire du (i) Voy. Prévost et Dumas , Joîiru«^ de Pfiys. expér. deMagendie^ t. III , Paris , 1 823 ; Valentin , iiher den Verlauf der letztén Enden der Ner- ven. i836. Ern, Burdach, Jnn, des scienc, nat. i838. 20 TX'^ LECO.N. CERVKAU DES ANIMAUX VEKTÉBSÉS. cerveau n'est pas encore entièrement connue. Ce- pendant on voit déjà qu'elle diffère essentiellement des autres matières animales. [Son caractère particulier est de renfermer, dans denx substances grasses spéciales, du phosphore qui n'y est ni à l'état de sel, ni à l'état d'acide, mais comme un des éléments de la matière animale. On trouve à l'analyse (i) : Eau 80 » centièmes. Matière grasse blanche (stéarine cé- rébrale de M. lîerzélius). . . . 4> 5- Matière grasse rougeâtre (oléine cé- , rébrale de M. Berzélius). ... » 70 Albumine 1 '"* Osmazôme i, 12 Phosphore 1, 5o Phosphates de potasse, de chaux, de magnésie, sel marin, soufre. 5, i5 100 La matière blanche grasse est concrète ; elle a un toucher gras et glutineux, un aspect brillant et satiné; elle tache les papiers à la manière des huiles; elle ne se dissout pas dans la potasse comme les graisses ordi- naires, elle prend en fondant une couleur foncée, et elle est combinée avec du phosphore, qui se dissout en même temps qu'elle dans l'alcool. La matière grasse rougeâtre paraît, dans son essence, fort semblable à la précédente; elle a une consistance moins grande, une odeur semblable à celle du cer- veau , mais plus forte ; sa saveur est celle d'une graisse rance ; elle contient une matière animale putrescible, et est également combinée avec du phosphore. (i) VAUQuraiN, ^finales du N usé mu, t. XVIIij p. 23 1. ART. IT. SYSTÈME NEBYEÎJX CONSIDÉRÉ EN ACTION. 21 D'après des recherches plus récentes et, qui ont eu pour résuhat de mieux séparer, dans ces matières grasses, les principes immédiats du cerveau, cet or- gane contiendrait : i° de l'acide cérébrique, blanc, cris- tallin, et qui se gonfle comme l'auiidon dans l'eau bouillante ; 2° de la cholestérine : 3" un acide gras par- ticulier, appelé oléo-phosphoriqiie ; tf de l'oléine cé- rébrale , un peu d'acide oléique et d'acide margari([ue. La moelle allongée et la moelle épinière contiennent plus de matière grasse, et moins d'albumine, d'osma- zôme et d eau cpie le cerveau, ce qui leur donne une consistance plus grande. Les nerfs, au contraire, con- tiennent beaucoup moins de matière grasse et beau- coup plus d'albumine, et en outre de la graisse ordi- naire,] ARTICLE IL DU SYSTÈME NERVEUX CONSIDÉRÉ EN ACTION. Le système nerveux est susceptible d'une action re- lative à notre faculté sensitive, et. d'une autre qui ne concerne que nos fonctions vitales et végétatives. A la première de ces actions se rapportent les sensations et les mouvements volontaires; à la seconde tient Fin- fluence des nerfs sur la digestion, la circulation et les sécrétions. Les sympathies et les changements physi- ques, qui sont la suite de certaines idées ou de cer- taines passions , semblent participer de ces deux espè- ces d'actions. Les sensations se divisent en externes^ internes et spontanées. Les premières sont produites par les corps extérieurs qui viennent frapper nos sens; les secondes^ 22 TX* LEÇON. CERVEAU DES ANHIAÙX VEBTÉBRÉS. par des chaogenients d état qui arrivent dans les par- ties intérieures du corps où les nerfs se rendent. Les troisièmes ressemblent aux unes et aux autres, quant à l'effet; mais elles ont pour cause un changement qui arrive dans les nerfs ou dans le cerveau même, sans être provoqué extérieurement. Les sensations que nous avons dans les songes ressemblent absolument à celles que produisent les corps extérieurs : cependant elles ne doivent leur origine qu'à des mouvements qui nais- sent dans le cerveau par des causes intérieures, et elles peuvent être excitées ou calmées par certains médicaments. Des hommes qui ont perdu les yeux rêvent sou- vent qu'ils voient ; ceux qui ont perdu le bras croient quelquefois, même étant éveillés, y ressentir des dou- leurs, etc. Ces sortes de sensations contribuent à éclaircir la marche des autres ; elles confirment ce que les sections et les ligatures des nerfs avaient déjà appris, que ce n est pas dans les organes extérieurs que nous sentons, mais seulement dans le centre du système nerveux, et que les organes extérieurs ne servent qu'à recevoir l'action des corps et à la transmettre aux nerfs qui la propagent plus loin. Elles nous montrent de plus que cette propagation n'est pas due à quelque substance ou à quelque ébran- lement que les corps extérieurs pourraient seuls com- muniquer, mais à un changement d état qui peut naître de causes internes. Ce changement peut aussi être produit par des cau- ses externes toutes différentes de celles qui l'occasion- nent ordinairement. Un coup sur l'œil , le contact de ART. ÎI. SYSTÈME NERVEUX CONSIDÉRÉ EN \CTTON. 23 deux métaux différents, dont on place l'un sous la lèvre supérieure, Fautre sous la langue, nous font voir un éclair, tout comme si la lumière avait vraiment frappé notre œil. Gela ne peut s être fait qu'en établis- sant dans le nerf optique un changement semblable à celui que produit la lumière. D'autres phénomènes fournissent quelques notions de plus sur la nature de ce changement d'état. Il sem- ble, par exemple, que la faculté de sentir se consomme ou s'épuise, non seulement en général dans un corps fatigué de sensations trop vives et trop soutenues, mais aussi dans chaque organe en particulier. Des sensations faibles ne se font presque pas apercevoir lorsqu'elles succèdent à dçs sensations beaucoup plus fortes. La même sensation s'affaiblit par la durée , quoique les corps extérieurs qui la causent restent les mêmes. Par exemple si , après avoir regardé fixement le ciel lors du crépuscule, dans un point où quelque corps obscur se projette sur le fond bleu , on détourne la vue sur une autre partie du ciel, on verra toujours la figure de ce corps obscur; mais elle sera plus éclai- rée que le reste du ciel. C'est que la partie de la rétine sur laquelle l'ombre tombait sent plus vivement la lumière que le reste de cette membrane, qui était déjà exposé à la lumière lorsque cette partie-là se reposait. C'est la raison contraire qui fait que les yeux qui ont fixé un corps très lumineux voient pendant quelque temps une tache obscure de même contour que ce corps, qui les suit partout où ils se portent. Les autres sens présentent des exemples pareils , mais un peu moins évidents, parce qu'on a l'avantage de comparer ici deux parties d'un même organe éga- 24 IX' LEÇOA. CKRYE.MI DES A.MMAUX YEBTÉBKÉS lemeut frappées , mais doiU rime lest depuis plus lonp,- lemps que l'autre. Cette expérience montre que les nerfs ne servent pas simplement d'une manière passive dans les sensa- tions; quils ne sont pas seulement les conducteurs d'une matière fournie par les corps extérieurs , ni même les réservoirs d'une matière qui ne serait qu'é- branlée par ces corps, mais que la substance qui produit les sensations est sujette à se consommer ou à perdre de son activité par l'usage. 11 y a des pliénomènes qui montrent que la suscep- tibilité générale des nerfs pour les sensations peut varier par des causes extérieures aux nerfs eux-mêmes , qui ne peuvent guère agir qu'en altérant leur sub- stance. Certains remèdes affaiblissent ou raniment cette susceptibilité; une inflammation l'exalte souvent à un point excessif ; est-ce en augmentant la sécrétion de cette matière nerveuse ? Le changement le plus remar- quable qui arrive dans cette susceptibilité , c'est le som- meil. On est porté à penser qu'il est dû à l'épuisement momentané de la substance essentiellement sensitive. Mais comment dépend-il jusqu'à un certain point de la volonté? et comment les réveils arrivent-ils subite- ment , ou par des causes qui ne paraissent point pro- pres à faire renaître cette substance? Pourquoi le froid produit-il le sommeil? Cet état ne serait-il pas plutôt, d'après ces observations, un changement dans la na- ture chimique de la substance nerveuse? Au reste , qu'une substance quelconque , contenue dan.^ les nerl>> , soit consommée par les sensations , ou qu'elle reçoive seulement quelque altération dans son mélange chimique, et soit, pour ainsi dire, neutralisée, ART. il. SYSTÈME NERVEUX CONSIDÉRÉ EX ACTION. 25 il faut toujours quelle soit retenue dans leuerf tout le long de son cours, sans pouvoir en sortir qu a ses deux extrémités. Elle n'y est pas retenue^ elle ne s'y meut pas comme le sang dans les vaisseaux. Rien ne prouve que les nerfs soient tubuleux (i) ; aucun phénomène n'in- dique qu'ils se vident lorsqu'ils sont coupés; d'ailleurs, quels vaisseaux auraient les parois assez compactes pour retenir un fluide aussi subtil que doit l'être celui-là? Il est bien |)lus vraisemblable qu'elle est retenue dans les nerfs , comme la matièi'e électrique l'est dans les corps électriques par communication et isolés, et que le système nerveux est son seul conducteur, tandis que toutes les autres parties du corps animal sont pour elle des corps cohibants (a). De quelque manière que se transmette l'action reçue ^ il faut , du moins dans les animaux très élevés , qu elle se propage jusqu'au cerveau. Mais quelle est la parue du cerveau qui est particulièrement destinée à en recevoir l'impression? On a perdu dans des blessures de grandes portions de ce viscère, sans éprouver d'affaiblissement dans la faculté sensitive. ! lorsque les blessures ont pé- (i; Les recherches les plus récentes démontrent que les nerfs sont tubuleux, et qu'ils contiennent une substance particulière. Mais ces ob- servations anatoniiques n'ont point éclairai la question qui s'agite ici , et cette substance nerveuse contenue dans les tubes n'est peut-être elle- même que conductrice de la véritable cause d'action du nerf, c'est-à-dire du principe nerveux. (2) On pourrait peut-être, en s'appuyant des découvertes modernes sur la distribution et la terminaison des filets nerveux, pousser encore plus loin cette comparaison entre les propriétés du fluide nerveux et celles du fluide électrique, et aller jusqu'à attribuer la sensation à la po- larisation du fluide nerveux par les aj;ents extérieurs, et le mouvement à sa neutralisation dans les muscles. 26 IX^ LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBBÉS. nétré plus avant , elles ont causé des douleurs et des convulsions qui altéraient trop le résultat de l'expé- rience ; ces moyens ne sont donc pas propres à résou- dre la question. On a cherché à établir des conjec- tures fondées sur la structure des parties; on a cru que ce sensorium commun devait se trouver dans quel- que partie centrale à laquelle on pourrait supposer que tous les nerfs aboutissent. Les uns ont choisi la glande pinéale; d'autres le corps calleux; mais ce dernier ne se trouve que dans les mammifères, la glande pinéale que dans les animaux vertébrés ; encore n'est-elle pas très visible dans tous les poissons. Le cervelet est la seule partie de l'encéphale qui existe constamment dans tous les animaux : à ce titre il avait des droits. Mais M. Sœm- mering a pensé qu une partie solide n'était point assez mobile, ni assez promptement altérable pour admettre les impressions des nerfs avec la rapidité que l'on observe en effet. Ayant remarqué en outre que les nerfs paraissent aboutir médiatement ou immédiate- ment aux parois des ventricules , et que ces ventricules contiennent toujours une certaine quantité d'humeur^ il a prétendu que c'est précisément cette humeur qui satisfait à toutes les conditions du problème , et que c'est elle qui doit être regardée comme le centre des sensations. L'anatomiste aura rempli sa tâche lorsqu'il aura conduit l'ébranlement nerveux jusqu'à son centre , et lorsqu'il sera venu à bout d'établir avec certitude ce que nous n'avons avancé jusqu'ici que comme des conjectures plus ou moins probables. [ Cette tâche a été poursuivie avec une infatigable ar- deur depuis la première publication de cet article; et ART. II. SYSTÈME NERVEUX CONSIDERE EN ACTION, 27 si la solution du problème n'a pas été entièrement ob- tenue , on peut dire qu'au moins l'on a découvert quel- ques unes des lois qui y conduisent. Il est certain, aujourd'hui, que la masse nerveuse centrale n'est pas partout uniformément chargée des mêmes fonctions; mais qu'au contraire ses diffé- rentes parties ont chacune une action propre ou spé- ciale. Ainsi, il yen aune qui reçoit et transmet exclusi- vement les impressions sensitives : ce sont les cordons postérieurs de la moelle épinière et de la moelle al- longée; une autre qui excite exclusivement la contrac- tion musculaire : ce sont les cordons antérieurs ; dans une autre partie sont perçues les impressions sensitives, et siègent la mémoire, le jugement, la volonté: ce sont les lobes ou hémisphères cérébraux ; une qua- trième partie est exclusivement chargée de régler les mouvements de locomotion , et de les coordonner de manière à faire accomplir aux organes Faction prescrite par la volonté : c'est le cervelet. On peut , sans compromettre immédiatement la vie , abolir sé- parément, par la section ou l'ablation de la substance cérébrale, l'une ou l'autre de ces facultés; priver un animal, soit du mouvement, soit de la sensibilité, soit de la volonté , soit de l'équilibre de ses mouvements ; et on les abolit d'autant plus complètement qu'on se rapproche davantage du haut de la moelle allongée , vers l'endroit où les tubercules quadrijumeaux lui adhèrent. C'est là que cesse la faculté de produire des irritations sur le système musculaire; que s'arrête la sensation des excitations portées sur le système nerveux ; c'est là au moins que doivent arriver les sensations pour être perçues , c'est de là au 28 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. moins que doivent partir les ordres de la volonté (i). Mais ce n'est pas tout , et il y a entre ces diverses parties, chargées chacune d'une action spéciale , une autre différence, quant à la direction selon laquelle cette action a lieu , c'est-à-dire que tantôt cette action s'exerce sur les organes situés du même côté que la partie agissante du système nerveux, et tantôt sur le côté opposé; c'est ce qu'on appelle dans le premier cas action directe j dans le second, action, croisée à}x centre nerveux. Dans la moelle épinière , Faction est directe ; dans la partie antérieure de la moelle allon- gée, dans le cervelet, et dans les hémisphères, l'action est croisée. ] Mais comment, à l'instant même du changement arrivé dans le sytème nerveux, par l'action d'une sen- sation , se forme-t-il en nous une idée , une image dont nous avons la conscience? Gomment ces idées s'accumuîent-elles dans notre mémoire? Comment pou- vons-nous les reproduire par notre imagination , les combiner par notre jugement, en tirer des conclusions, en abstraire les points communs? Les effets de l'habi- tude, ceux de l'attention : ce sont là les objets que la métaphysique peut établir historiquement , mais que la physiologie ne peut expliquer. Cependant la physiologie nous montre qu'il y a un certain ordre de mouvements corporels qui correspond (i) Voyez, pour ce qui concerne la iTioelle épinièie, les travaux des expérimentateurs depuis Charles Bell; et pour l'encéphale, les observa- tions de M. Flourens dans ses Fiecheiches expérimentales sur tes propriétés et les fondions du système nerveux dnns les animaux vertéhr/'S^ in-8 , Paris, 18 fi. ART. II. SiSTÈ3IE INKllVEUX CO?;SIDi:«É E!N ACT50N. 29 exactement à ces mouvements, à ces combinaisons d'idées. Une méditation trop prolon[]^ée produit dans le cerveau un sentiment de fatigue; certains états ma- ladifs changent Tordre natnrcl des idées, en snppri- ment ou en présentent sans cesse d'un certain genre , les brouillent, les confondent; Tâge les affaiblit; le vin, l'opium, y produisent des changements fort con- sidérables. D'autres aliments ou d'autres remèdes y en produisent de moindres, chacun selon son espèce et selon la disposition du sujet. D'ailleurs l'imagination et la volonté ont des effets physiques sur le corps, qui semblent pour ainsi dire une répercussion des effets que les changements physiques du corps ont sur elles. Ces effets de la volonté et de l'imagination consti- tuent deux autres ordres d'actions animales du système nerveux. L'ordre qui comprend les mouvements volon- taires a déjà été exposé dans le premier volume , en traitant de la fibre musculaire. Nous y avons vu qu'il est certain que les nerfs sont l'organe par lequel la vo- lonté contracte les muscles, et qu'il est probable que cette contraction a lieu par im changemeiU chimique que Je nerf occasionne dans la fibre. Mais la matière qui produit ce changement est-elle la même que celle qui noL: donne des sensations, et est-elle transmise par la même portion du nerf? Gomment, dans certaines ma- ladies , conservons-nous le libre mouvement de nos membres, en y perdant tout sentiment? Gela arrive- t-il par une altération qui n'affecte que l'organe exté- rieur du toucher et non le nerfi' Pourquoi, dans le cauchemar, la forte volonté que nous avons d'échapper à l'être imaginaire qui nous oppresse reste-t-elle sans 30 I.X* LEÇO». CEE VEAU DES ANIMAUX VERTÉBEÉS. effet, et ne peut-elle mouvoir le moins du monde notre corps? Pourquoi, lorsqu'un nerf est coupé et ensuite ressoudé, ne rétablit-il que les mouvements et non les sensations ? [A plusieurs de ces questions, toutes également ob- scures à l'époque où elles étaient faites , les progrès de la science ont aujourd'iiui donné une réponse. Bien que nous ignorions encore quelle est la matière qui produit le changement chimique que le nerf occasionne dans la fibre, et si elle est la même que celle qui nous donne des sensations , nous savons du moins que cette matière est transmise par des filets nerveux différents , les uns servant exclusivement à la sensibilité , les autres au mouvement ; que c'est en raison de l'attribution d'une portion spéciale de la moelle épinière à chacune de ces fonctions que nous pouvons, dans certaines maladies, conserver le libre mouvement de nos mem- bres, en y perdant tout sentiment, et réciproquement; enfin , que dans ce cas l'altération affecte le centre nerveux, et non pas l'organe extérieur (i). ] Il y a des effets qui tiennent à l'imagination , comme le mouvement volontaire tient à la volonté. Ils se ré- duisent presque à une augmentation subite de certaines sécrétions, ou à l'accumulation du sang dans certaines parties; et il faut, avant d'en chercher l'explica- (i)On lisait dans la première édition : (( Quelques persoîines ont pensé que les enveloppes des nerfs étaient le conducteur de leur force motrice, et leur partie médullaire celui de leur sensibilité. On pourrait ajouter aux raisons qu'elles en ont données que les enveloppes des nerfs commu- niquent avec les ventricules par le moyen des plexus choroïdes qui sont des continuations de la pie-mère. Cependant il faut avouer que cette idée est encore trop hypothétique. » ART. II. SYSTÈME KERVEUX CONSIDÉRÉ EN ACTION. 31 tion , examiner la part que le système nerveux peut avoir dans les fonctions purement végétatives de notre corps. Cette part n'est pas douteuse : on sait que Finfluence des nerfs sur les organes vitaux , et de ceux-ci sur les nerfs, est réciproque. Le chagrin, Fexcès dans l'appli- cation de l'esprit , altèrent la digestion , diminuent la sécrétion du suc gastrique^ celle de la semence; d'un autre côté , un estomac trop chargé émousse la sensi- bilité , appelle le sommeil. Si on répète trop souvent ce genre d'excès, on s'appesantit l'esprit. Une dépense excessive de fluide spermatique détruit la mémoire , éteint l'imagination , rend sensible et craintif à l'excès; les remèdes propres à raviver la faculté de penser donnent aussi de l'énergie et de la vigueur aux organes vitaux. Les maladies qui abattent le plus la faculté de sentir et de penser font aussi tomber le corps dans un état d'inertie dont une prompte dissolution est bientôt la suite; celles qui exaltent cette faculté jusqu'à la fureur sont ordinairement accompagnées de cha- leur, d'irritation et d'une augmentation de vitesse dans tous les mouvements vitaux. Si on y fait attention, on verra que la part que les nerfs prennent à toutes ces fonctions peut se réduire à leur inflnence sur l'irritabilité des artères. C'est en mainte- nant cette irritabilité que les nerfs propagent la circu- lation jusqu'aux dernières extrémités des vaisseaux, et qu'ils entretiennent toutes les sécrétions; c'est en l'exal^ tant qu'ils augmentent ces sécrétions. Or tous les changements physiques qui ont lieu dans le corps , par suite des images qui occupent notre es- prit, rentrent dans le même ordre d'action. Dans l'état 32 IX* LEÇOIS. CERVEAlj DES AlMMAUX VEKTÉBBES. ordinaire, notre âme n'a aucun empire sur les organes de la circulation; la volonté ne peut en arrêter le jeu; mais lorsque des images vives exaltent tout ou partie du système nerveux , leur influence s étend jusqu'à cette partie des fibres musculaires qui président à la circulation : ainsi Fespoir d'un événement très désiré fait palpiter le cœur; des idées voluptueuses portent le sang dans les cellules des corps caverneux et produi- sent Férection; la colère, la honte, leportent à la peau du visage , d'où il est repousse ensuite par la réaction des vaisseaux : c'est pourquoi ces passions font rougir et pâlir; une (erreur subite augmente sur-le-champ la sécrétion des sucs intestinaux et cause une diarrhée ; l'aspect d'un bon repas fait jaillir la salive d'un affamé; il lui suffit même d'en entendre parler, pour que Veau lui en vienne à la bouche ^ comme il suffit à un homme délicat d'entendre parler de choses dégoûtantes pour que son estomac se soulève. La tristesse et la joie, portées à l'excès , augmentent tellement la sécrétion des larmes , qu'elles ne peuvent s'écouler par les points lacrymaux, et qu'elles tombent sur la joue. Dans d'autres circonstances, Faction de Fimagina- tion ne sort pas du système nerveux. Elle se borne à produire des sensations dans certaines parties du corps, indépendamment de toute impression extérieure; la crainte, Fespérance qui en est toujours mêlée, produi- sent une sensation singulière dans la région précor- diale. Cette sensation ;, qui a lieu sans doute dans les plexus de cette région, est d'ordinaire le précurseur du relâchement de ventre qu'excitent les nerfs qui sor- tent de ces plexus : comme, par une marche con- traire, Faccumu.lation du sang dans les corps cavcr- ARlf. II. SVSTÈME ISERVEUX CONSIDÉRÉ EIV ACTION. 33 neux est le précurseur Je cette sensation si vive qui est portée à son comble à l'instant de l'éjaculation. Des ef- forts pour se rappeler à la mémoire certains états dou- loureux que Ton a éprouvés ramènent quelquefois ces états eux-mêmes. La susceptibilité du système nerveux, pour être ainsi gouverné par Fimap^ination , peut varier encore plus que celle pour éprouver des sensations extérieures. L'âge de Tindividu , son sexe , sa santé , la manière dont il a été élevé corporellement et moralement, Tempire que sa raison a sur son imagination, Tétat momentané de son âme, produisent à cet égard des différences étonnantes, et comparables à celles que les maladies, le sommeil, les drogues, etc., peuvent apporter à la susceptibilité pour les sensations. Il se manifeste encore dans le système nerveux cer- tains phénomènes qui dépendent de l'union de divers nerfs entre eux, soit par des cordons qui les unissent, soit par Fintermède du cerveau. Ces phénomènes se nomment sympathies. Us consistent en mouvements involontaires, qui même ne sont point dus à des con- tractions musculaires, ou bien en sensations qui ont lieu dans des endroits difféj-ents de ceux qui sont affec- tés , et cela sans que la volonté ni l'imagination y en- trent pour rien , souvent même sans que nous soyons avertis du véritable endroit affecté ou du mouvement qui a lieu. Un exemple de sympathie due à l'union des nerfs entre eux est Féternument qui suit les irritations des narines; ceux des nerfs des narines qui viennent de la branche ophthalmique de la cinquième paire tiennent par le moyen du grand sympathique aux nerfs du 3. 3 diaphragme, et c'est par cette voie que l'ébranlement se conniiuniqne. L'éternument qui a lieu lorsqu'on regarde une vive kimière est dû à l'union des nerfs ciliaires avec le nerf de la cinquièine paire. L'irrita- tion se communique au nez^ et delàaudiaphrag^me (i). Un autre exemple de même genre consiste dans les grands cbangeinents que les yeux présentent dans les diverses maladies de l'intérieur du corps. Ces chan- gements, si importants pour le médecin, sont presque tous dus à l'union du nerf grand sympathique avec celui de la cinquième paire, et par lui avec les ci- liaires. Des sympathies ont lieu encore plus fréquemment , lorsque différentes parties du corps reçoivent des bran* ches d'un même nerf, qui peuvent communiquer l'irritation. Telles sont les larmes qu'excite une odeur forte : elles viennent de ce que le nerf ophthalmique donne en même temps des branches aux narines et à la glande lacrymale. Le vomissement que produit un doigt enfoncé dans la gorge est dû à ce que la huitième paire se distribue au pharynx et à l'estomac, etc.. Cette huitième paire ou ce nerf vague, et le grand intercostal ou trisplanchnique sont précisément les nerfs qui produisent le plus de ces sortes de phéno- mènes, parce qu'ils se distribuent à un grand nombre de parties , et qu'ils contractent des unions avec beau- (i)J. Millier a conU^sté cette explication de> sympathies. Voy. sa Phy- $rologie du /système nerveu^H , t. i. ART. tt7 ??YSTÊMH NÉRVEUi"'CO'^^'^!.biRé F.r^ ÂCTIOIV. 35 cdJip d'autres iiëris : aussi ont-ils été hortihiês s^^rand et moyen sympathique. Pour terminet' ce tableau rapide de l'action du sys- tème nerveux , il faudrait indiquer aussi l'actiouqué les systèmes nerveux de deux individits différents peuvent exercer l'un sur l'autre. L'abus qu'en ont fait des char- latans, et l'exagération avec laquelle ils ènf ont parlé, l'ont tellement décriée, qu'il est presque interdit aux philosophes d'en parler. Il faut avouer qu'il est trè^ difficile, dans les expé- riences qui l'ont pddr objet, de dîsfîngitéf' l'effet de l'imagination de la personne mise en expérience d'avec l'effet physique produit par la personne qui agit sur elle, et le problème se trouve souvent très compliqué. Cependant les effets obtenus sur des personnes déjà safts connaissance avant que l'opération commençât, ceux qui ont lieu sur les antres personnes après c^^ ropération même leur a fait perdre connaissance , et ceux que présentent les animaux, ne permettent guère de douter que la proximité de deux corps animés, dans certaines positions' et avec certains mouvements , n'ait ùfï effet réel, indépendant de toute participation de l'imagination d'une des deux. Il paraît assez claire- ment aussi que ces effets sont dus aune communication quelconque qui s'établit entre leurs systèmes nerveux. Il faudrait enfm pouvoir comparer faction du sys- tème nerveux dans les divers ordres d'animaux , comme nous y comparerons sa structure' et sa distribution. Mais cet examen présente des difficultés insurmonta- bles, parce que nous ne pouvons connaître les affec- tions des animaux que par des signes éqtiivoques. Les mouvements volontaires et les sensations di- 36 IX* LEÇOK. CERVEAU DES AKIMAUX \ERTÉBHÉS. rectes ont lieu, dans tous les animaux qui ont des nerfs, par les mêmes moyens que dans l'homme. Les diffé- rences dcuis leurs mouvements dépendent en partie de la mobilité intrinsèque de leurs fibres, et en partie de la disposition de leurs muscles et des parties auxquelles ils s'attachent. Nous avons exposé ces différences dans toute la première partie de cet ouvrage. Les différences dans leurs sensations dépendent du nombre de leurs sens et de la perfection des organes affectés à chacun d'eux. Les animaux voisins de nous ont le même nombre de seiîs que nous. Quelques uns de ces sens sont même dans certaines espèces plus par- faits parla structure de leurs organes, et susceptibles d'impressions plus vives et plus délicates que les nôtres. A mesure que les espèces s'éloignent de nous, elles perdent en nombre de sens et en perfection de cer- tains organes; mais peut-être quelques unes d'elles ont- elles aussi des sens dont nous n'avons nulle idée. Nous examinerons spécialement ces objets dans cette seconde partie. Nous ignorons s'il y a des différences dans la sensi- bilité intrinsèque du système nerveux des différents animaux, c'est-à-dire si une impression égale, appli- quée à un organe également parfait, affecterait tout animal avec la même force, et il est évident que nous ne pourrons jamais le savoir. Les animaux voisins de nous ont, comme nous, des sensations spontanées; il s'excite eu eux des images, sans que des objets extérieurs aient besoin de les frapper. Les chiens et les perroquets rêvent. Nous igno- rons si les espèces très inférieures éprouvent quelque diose de semblable. ART. III. SYSTÈME NERVEUX CONSIDERE EN ACTION. 37 r^s passions produisent dans ies animaux des effets pareils à ceux qu'elles produisent chez nous. L'amour se manifeste de la même manière dans toutes les classes. La terreur lâche le ventre aux quadrupèdes et aux oi- seaux; la peur les fait trembler; elle rend bien des insectes immobiles : mais les animaux présentent moins que nous de ces sortes de phénomènes, parce qu'ils ne sont pas maîtres de leur iip-agination, qu'ils ne peuvent pas la diriger vers certains objets , et se donner des passions factices. Nous ignorons même s'ils peuvent exalter assez leur imagination pour entrer comme nous en colère, en désir, en crainte sur de simples idées ou de simples souvenirs, et s'il ne faut pas la présence réelle de l'objet qui cause ces passions pour les exciter en eux. On sait cependant que les animaux voisins de nous, les mammifères et les oiseaux, ont des regrets, et qu'ils manifestent par des signes évidents la tristesse que leur cause l'absence ou la perte d'une compagne , d'un ami ou d'un bienfaiteur, tout comme iis savent leur témoigner leur attachement par les caresses les plus vives, sans aucun besoin du moment. Ces mêmes animaux donnent des preuves multipliées d'une mémoire souvent très parfaite. Il y en a même quelques uns qui paraissent montrer un certain degré de jugement. Mais existe-t-il quelque chose de semblable dans les classes inférieures, et surtout dans les dernières? C'est ce que nous ignorerons probablement toujours. Pourquoi, avec tant de ressemblance dans la struc- ture du sysîème nerveux, dans le mode de son action, dans ie nombre et la structure des principaux organes extérieurs, y a-t-il une différence si énorme quant 38 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VEBTÉBRÉS. au résultai total entre rhomme et Fariimai le plus parfait? Cela tient-il à une meilleure proportion entre les perfections des org^anes extérieurs, ei^ sorte que l'un remporte moins sur lautre? ou bien Forgane intérieur, dans lequel se passent toutes les opérations intermé- diaires entre la sensation reçue et le mouvement exécuté, c'est-à-dire ror(^ane de la perception, de la mémoire, du jugement, a-t-il des différences plus grandes que celles qu'on y remarque? ou bien enfin, la substance dopt ces diverses opérations sont des mo- difications est-elle d'une nature différente? Ce ne sont plus là des questions anatomiques. Les sympathies ou les effets qui résultent des con- nexions des nerfs entre eux , et Finfluence des nerfs sur les fonctions végétales ou végétatives, sont soumises aux mêmes lois dans les animaux que dans Fhomme. ARTICLE III. COMPARAISON GÉNÉRALE DES DIFFÉRENTS SYSTÈMES NERVEUX. En comparant ensemble tous les systèmes nerveux, on trouve quils n'ont qu'une seule partie commune [c'est une masse plus volumineuse que le reste du sys- tème,placée le plus ordinairement à sa partie antérieure, et qu'on appelle le cerveau (i). (i) Dans la première édition, M. Cavier avait comparé cette partie commune exclusivement au cervelet; mais depuis lon(^teinps il avait COMPAR. &ÉfvÉR. DES DIFFÉRENTS N>STÈi\tES NERVEUX. 39 Le système nerveux se présente d'aiiieurs, eomme on l'a vu dans la première leçon, sons quatre formes principales propres à chacun des quatre grands em- branchements du règne animai (i). Nous ajouterons seulement ici quelques détails aux caractères généraux qui en ont été déjà donnés]. Le cerveau des animaux vertébrés forme toujours une masse composée de plusieurs paires de tuber- cules , et qui se termine en arrière par un long cor- don médullaire. Ces tubercules présentent dans les diverses classes beaucoup de variétés , que nous expli- querons dans les articles suivants. Dans les animaux sans vertèbres , il y a bien aussi des tubercules en avant de la partie correspondante au cerveau; mais ces tubercules sont beaucoup plus petits , et ne tiennent au cerveau que par des filets nerveux et séparés. Les filets latéraux du cerveau laissent entre eux un grand intervalle , dans leqisel passe Fœsophage comme dans un collier. F^a longue production de Feneéphale, nommée moelle allongée et épinière ^ reste dans les animaux vertébrés du côté du dos y au-dessus du canal intestinal j elle est enfermée dans le canal des vertèbres. Les deux faisceaux qui la forment sont intimement unis, et on n'aperçoit de trace de leur distinction qu'un sillon lon- gitudinal en avant et en arrière. Dans les animaux non vertébrés, lorsque cette production existe, elle ne se forme qu'au-dessous de l'oesophage par la réunion des âeiix cordons latéraux du cerveau. Ses deux faisceaux (i.) Votyv %. l, jK 3^8. 40 I\* LEÇON. CERVEAU DES ANIVFAUX VERTÉBRÉS. restent ordinairement distincts dans la plus f^rande partie de leur longueur, et ne s unissent que d'espace en espace par le moyen des nœuds d'où partent les nerfs ; mais très souvent aussi cette production n'existe pas. Dans ceux des animaux invertébrés qui n'ont pas de production médullaire, c'est-à-dire dans les mollus- ques, les troncs nerveux partis du cerveau se renflent souvent en ganglions, ou se réunissent deux ou trois pour former un ganglion commun , et c'est alors de ces ganglions que partent, du moins pour l'ordi- naire, les filets qui se rendent aux parties. Dans les animaux invertébrés qui ont une produc- tion médullaire double et noueuse, c'est-à-dire les articulés, les nerfs naissent tous des nœuds ou gan- glions de la moelle, ou de quelqu'un des ganglions antérieurs au cerveau. Dans les animaux vertébrés, les nerfs de l'épine naissent de la moelle épinière par deux paquets de filets médullaires qui se réunissent après que le paquet postérieur a formé un ganglion. Us se séparent ensuite en deux troncs, dont l'antérieur communique avec le nerf grand sympathique pat' un ou deux filets, et il y a encore un ganglion à l'endroit de cette réunion (i). [Les nerfs de l'encéphale ne présentent point tous une pareille disposition ; la 3^^ la 4% la 6^ et la Y' p^iii'e n'ont qu'un ordre de racines; les nerfs des sens de To- dorat, de la vue et de l'ouïe paraissent être dans le même cas ; mais d'autres, tels que la 5^ paire, ont deux racines, Tune simple et l'autre ganglionnaire. S'- (i) On lisait ici dans la première édition : «Les différents tuberctdes COMPAR. GÉNÉK. DES DIFFÉRENTS SYSTÈMES NERVEUX. 41 Les nerfs des animaux vertébrés président à des fonc- tions très différentes. Les uns sont exclusivement con- ducteurs de sensation : ce sont ceux qui naissent de la partie supérieure de la moelle, et à leur origine se renflent en ganglions; les autres, qui naissent de la par- tie inférieure, sont exclusivement conducteurs d'irrita- , tion pour la fibre musculaire. Il paraîtrait y avoir dans les animaux articulés , ou du moins dans plusieurs d'en- tre eux , une disposition analogue , c'est-à-dire une double origine pour les nerfs de la moelle , et une fonction différente pour chacune de ces origines. Dans ces animaux , la chaîne gauglionnaire ventrale serait composée de deux cordons superposés : l'un infé- rieur, auquel appartiendraient exclusivement les gan- glions ; un supérieur plus fin , qui ne serait pas noueux, et qui donnerait seulement au niveau de chaque ganglion des filets nerveux qui se joindraient aux filets nés du ganglion lui-même. On n'a point ob- servé de double origine aux nerfs des mollusques ; mais dans le bras du poulpe, doué à la fois de beaucoup d'agilité et de sensibilité , le cordon nerveux qui le pé- nètre se partage en deux parties accolées , l'une lisse , l'autre renflée ou noueuse d'espace en espace. ] (jui forment l'encéphale semblent eux-mêmes servir de ganglions, du moins à plusieurs nerf'* qui en sortent : cela est évident pour le corps cannelé, à l'égard du nerf olfactif ; pour la couche optique, à légard du nerf du même nom. Le nerf de la cinquième paire a un tubercule particu- lier, très marqué dans les poissons. Celui de la huitième paraît avoir le sien dans l'cminence olivaire dans les mammifères. Celui de la troisième et celui de la quatrième n'en ont pas de si évidents, à moins que les testes ne passent pour tels à l'c'gard de ce dernier. » — On sait que cette manière de considérer le cerveau sert encore de base à plusieurs des systèmes établis sur cet organe. 42 IX' LEÇON. CERVEAÏJ DES AP^ÏMAIX VERTÉBRÉS. Le nerf grand sympathique, qui se trouve con- stamment dans tous les animaux vertébrés , existe- t-ii séparément dans les animaux invertébrés , ou bien faut-il regarder connue tels les deux filets ner- veux qui réunissent tous les ganglions , et que nous avons nommés moelle épinière dans les articulés? Alors ces animaux-là n'auraient pas non plus de moelle épinière , et l'absence de cette production médullaire serait le caractère commun de tous les animaux inver- tébrés. [ Mais il n'y a rien à changer à la première détermina- tion, et il existe aussi dans ces animaux un système de nerfs particuliers qui se rendent exclusivement aux viscères; que les auteurs qui récemment les ont fait mieux connaître ont appelés nerfs stomato-gastri^ ques ^ et qui, en raison de leur distribution tout-à- fait spéciale, peuvent être à juste titre assimilés au nerf grand sympathique des animaux vertébrés. Nous les décriroqs dans une des leçons suivantes. ] ARTICLE IV. DESCRIPTION DU CERVEAU DE L HOMME. A. Cerveau de V homme ^ vu à sa face supérieure, 11 présente , lorsqu'on a enlevé la calotte du crâne et la dure mère, un ovale dont la longueur est à la largeur à peu près comme 4 à 3. Cet ovale est un peu plus étroit par devant; sa convexité est assez uniforme, et telle que la hauteur est à peu près moitié de la tar- f?eur. ABï. l\. DESCIUPTIOIN DU CERVEAU DE ï/hOMMK. 43 Un siiioii profond, dans lequel entre ia faux, par- tage longitudinalement cet ovale en deux parties à peu près égales qu'on nomme hémisphères. On ne voit point le cervelet à cette face supérieure , parce qu'il y est entièrement recouvert par le cer- veau. Les sillons sont très nombreux et très profonds. Il y en a qui ont jusqu'à o"\()'i i de profondeur; ils se con- tournent de cent manières différentes. Leurs inter- valles ont la partie visible au-dehors , large d'environ o'",oi , plus ou moins: ces intervalles ont laspect dïm paquet de petits boyaux. On les connaît sous le nom 4^ çiixom'oliitions. En comptant les sillons qui touchent à Ja ligne de séparation des deux hémisphères, ou en trouve dix- huit ou vingt ; en comptant dans une direction trans- verse , on en trouve dix ou douze; iT:iais ces nombres dépendent des lignes sur lesquelles on compte. La face par laquelle les hémisphères se regardent est plane : on y vpit des sillons comme à leur face con- vexe. Cette face a o",o4 de hauteur. La faux n'étant pas aussi haute ne sépare pas entièrement ces faces , et les hémisphères s'unissent au-dessous de la faux par ^es vaisseaux et de la cellulosité. En écartant les hémisphères lim de l'autre, on voit qu'il y a au fond du vallon qui les sépare une espèce de pont de substance médullaire qui va de l'un à l'autre, en s'enfonçant sous eux. Il n'occupe pas toute la longueur de ce vallon , mais laisse en avant un espace égal au tiers de sa propre longueur, et en arrière un autre double du premier. Il ne fait donc lui-même que woitié de ia longueur (les. hémisphères : on voit 44 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX TKRTÉBRÉS. qu'il se replie sous lui-même à ses deux extrémités. R. Verveau de ïhointne ^ vu par le côté. Il présente à son contour supérieur une ligne courbe, assez semblable à une moitié d'ellipse; mais son con- tour inférieur est très irrégulier. Il y a d'abord une ligne concave , qui règne de l'extrémité postérieure en descendant jusqu'au milieu de la longueur totale, qui est aussi le point le plus bas. C'est sous cette ligue con- cave qu'est le cervelet, qui est entièrement situé sous le cerveau. Le contour du cervelet , considéré ainsi de profil, équivaut à peine en aire au huitième de celui du cer- veau. La partie du cerveau située au-dessus du cervelet est ce qu on nomme le lobe postérieur du cerveau. Cette partie saillante vers le bas, qui termine la ligne concavedontnousvenonsdeparler, est ce qu'on nomme le lobe moyen. Cette lione se recourbe en avant: et après y avoir continué a être convexe , se termine par un sillon profond dirigé en arrière , qui se dessine sur la face latérale du cerveau , et qui achève de dis- tinguer le lobe moyen de Tantérieur. Celui-ci occupe, en avant de ce sillon , à peu près un quart de la lon- gueur totale du cerveau; mais en dessus, et vers la ligne moyenne , il se prolonge en arrière au côté in- terne du lobe moyen , jusqu'à l'enfoncement où est la glande pitui taire. Cette face latérale du cerveau présente des sillons aussi nombreux et aussi irréguliers que la face supé- rieure. [Quand on soulève les deux bords du sillon qui sé- pare les loi)es antérieur et moyer?, on voit qu'ils re- AUX. IV. DESCHIPTIO^ DU CERVEAU DE l'hOxMxME. 45 couvrent, comme deux lèvres, une portion du cerveau plus profonde, marquée de sillons rayonnants de bas en haut , et à laquelle Keil a donné le nom àUle ou diinsula. ] G. Ceivenu de ï homme , %ni par sa hase. Il présente quatre éminences ou monticules qui cor- respondent aux fosses de la base du crâne. L'un de ces monticules est situe en arrière, et comprend la face inférieure du cervelet , la moelle allongée et le pont de Varole. Les deux monticules latéraux et intermé- diaires forment ce que Ion nomme les lobes moyens du cerveau : ie monticule antérieur comprend ce que Ion appelle les lobes antérieurs. Entre ces quatre monticules est un endroit très en- foncé, qui contient l'entonnoir, les tubercules mamil- laires et l'origine des nerfs optiques, et au-dessus du- quel, dans cette position renversée, se voit la glande pituitaire. Le monticule postérieur est un ovale irréguiier dont le diamètre transverse est au longitudinal à peu près comme 4 ^i 3. Cet ovale est fortement échancré en ar*- rière, à caiise de la division du cervelet ; en avant, au contraire, le pont de Varole forme une saillie arrondie vers l'enfoncement du milieu de la base du crâne. Les deux lobes du ceivelet ont leur contour exté- rieur arrondi, leur surface médiocrement convexe, assez égale , n'ayant que deux éminences remarqua- bles, savoir : une arrondie de chaque côté, un peu en dehors et en arrière de l'endroit où ie pont de Varole s'enfonce dans ia substance; et une autre plus grande et ovale à la partie antérieure de la ligne par laquelle 46 IX' LEÇOrs. CEBVEAU DES ANIMAUX VERTEBRES. les deux lobes du cervelet se touchent. Tonte leur surface est marquée de sillons peu profonds et assez ré(>uiièrement parallèles, environ à une ligne de dis- tance. Leur direction est presque parallèle au bord des lobes . excepté vers l'antérieur, qu'ils coupent obliquement. \jdi protubérance annulaire y ou \e pont de f-^arole , représente une espèce de croissant. Son bord antérieur est convexe et presque demi-circulaire; son bord pos- térieur est concave. Sa surface présente une substance médullaire , dont les fibres sont parallèles entre elles et aux deux bords; elles se rapprochent en dehors pour former les deux cornes de cette espèce de croissant , lesquelles s'enfon- cent dans le cervelet sous ou plutôt sur sa petite émi- nence arrondie. Gette protubérance annulaire corres- pond à la fosse basilaire de l'os occipital; sa plus grande largeur est double de sa longueur. La moelle allongée se montre immédiatement der- rière le pont de Varole, qui a Fair de lui avoir formé une sorte de collier, et de Tavoir comme étreinte. Sa base est plus large , et elle se rétrécit par degrés , de manière à représenter une espèce de bulbe. On voit un sillon longitudinal dans son milieu, et un autre vers chacun de ses côtés. En dedans du sillon latéral est une légère éminence ovale , que l'on nomme olivaïre. Entre t'éminence olivaire et le sillon du milieu sont les fibres longitudinales, que ion appelle éminences pyramidales. [Mais, en ouvrant doucement le sillon, on voit qu'à dix lignes environ du pont de Varole, il est interrompu dans un espace de deux ou trois lignes de long. lia les fibres de Téminence pyramidale d'un ART. W. DESClllPTiOlV Ll CERVKAU DE l'hOMMS. 4/ côté formeiil trois ou quatre filets, qui se croisent par-dessus le sillon avec les filets opposés, comme le feraient les brins d'une natte.] Il y a un petit creux triangulaire entre les bases des éminences pyrami- dales et le bord postérieur du pont de Yarole. Un autre enfoncement transverse se fait aussi remarquer entre les éminences olivaires, et les sépare de ce même bord. Les fibres de la portion de la moelle allongée, qui est située en dehors de chaque éminence olivaire, se diri- gent obliquement en dehors et en avant. Les deux monticules latéraux ou les lobes moyens du cerveau ont un contour à peu près triangulaire; ils présentent des sillons irréguliers, comme tout le reste de la surface du cerveau. [Cependant il faut remar- quer, au bord interne de ces monticules , une cir- convolution constante, allongée d'avant en arrière, adhérente par sa base à la masse centrale du cerveau, et séparée par un sillon profond du reste des circon- volutions du lobe moyen, qui la débordent. Elle est désignée sous le nom de saillie en crochet de la tubéro- sité temporale , ou sous celui de lobule d hippocampe. Nous verrons cette poition du lobe moyen prendre dans les mammifères un grand développement.] Les monticules latéraux sont séparés de Fantérieur par un sillon nommé scissure de Si/lvius ^ et dans lequel est reçu le bord postérieur des petites ailes du sphénoïde. [En dedans de ce sillon, entre le point d'insertion de la circonvolution la plus interne du lobe moyen, celui des circonvolutions du lobe antérieur, et en dehors de l'entrecroisement des nerfs optiques , on voit une sur- face lisse, blanche, percée de trous vasculaires nom- breux, dont quelques uns sont très rapprochés \e.)!' uns 48 ixe LEÇON. CERVEAU DES ANIMALX VERTÉBRÉS. des autres , à la façon criin crible. Cette région est dé- signée par Vicq-d'Azyr sous le nom de région onde quadrilatère perforé. ] Tout ce qui est au-devant des deux monticules laté- raux appartient aux lobes antérieurs du cerveau. Ils sont beaucoup moins convexes et moins saillants; ils présentent également des sillons irréguliers, et les nerfs olfactifs sont couchés sur eux dans cette position renversée parallèlement à la ligne moyenne qui les sépare. Pour distinguer ce qui se trouve dans renfoncement situé entre ces quatre monticules, il faut presser le cervelet et le pont de Varole en arrière, et les lobes moyens sur les côtés: alors on aperçoit \es jambes du cerveau, qui sont deux cylindres médullaires qui pa- raissent à Toeil être la continuation de la moelle allon- gée après son passage sur le pont de Varole. Ils se tou- chent par leur bord interne, et se dirigent en avant , en se portant un peu en dehors, où ils s'enfoncent, chacun de son côté , dans la masse du cerveau , entre ses lobes antérieurs et moyens. Il sont là, croisés chacun par un des nerfs optiques qui sortent de ce même enfonce- ment, et se dirigent en avant et obliquement en dedans pour venir s'unir dans la ligne moyenne. Il reste entre les jambes du cerveau et les nerfs optiques un espace en losange, à la partie moyenne duquel on voit deux tubercules blancs arrondis, appelés tnamillaires, [L'es- pace intercepté en arrière entre ces tubercules et les jambes s'appelle \ espace cendré perforé-^ le reste, en avant, est occupé par un cône de substance cendrée nommée \ entonnoir c)^\ adhère par une lamelle fibreuse à l'union des nerfs optiques , se prolonge en une tige ABT. IV. DESCRIPTION DU CKIWEAU DE l'hOMiUG. 49 mince et se terniiiie clans la glande pituitcu're, [xlite masse arrondie, cVnn (jris rongeâtre, maintenue dans la selle tnrciqne par des replis de la dure-mère. ] D. Développement du ceiveau. Pour bien connaître les parties intérieures dn cer- veau , il faut couper ses jambes immédiatement au-de- vant du cervelet et du pont de Varole : on voit alors que le cerveau proprement dit ne tient au reste de l'encéphale que par un croissant d'environ o,o3 de lar- geur, qui forme précisément la coupe des jambes du cerveau, et qui occupe à peu près le milieu de la face inférieure du cerveau ainsi séparé. Sur son bord supérieur est une solution de conti- nuité qui est la coupe de l'aqueduc de Sylvius, dont nous parlerons par la suite; et en écartant un peu les jambes du cerveau qui est au-dessus, on voit qu'il y a sur cet aqueduc une espèce de pont médullaire, dont la face supérieure présente quatre éminences arrondies, que l'on nomme les tubercules quadri jumeaux . Les supérieurs et antérieurs, nommés nates , sont un peu plus grands et de forme ovale. Les inférieurs et postérieurs, nommés testes ^ sont arrondis et un peu plus petits; mais ils se prolongent obliquement au côté externe des nates. A l'endroit où ce prolongement vient à rencontrer la racine du nerf optique qui, comme nous l'avons dit en décrivant la base du cerveau , contouine la jambe en remontant obliquement en arrière, on remai'que une autre petite éiDinence qui pourrait être rqjardée comme appartenant à une troisième paire de tuber- 3. 4 50 IX^ LEÇON. CERVEAU D]iS ANIMAUX VEKTÉBKBS. cules (i). [C'est le corps ^euouillé interne.^ Entre les testes , en arrière , est un petit frein triangulaire gri- sâtre , assez dur. Le nerf optique, un peu avant d'être remonté jus- qu'à l'ëminence latérale du testis ^ s'éiargit, se partage par un petit sillon en deux parties, dont la plus exté- rieure, après avoir formé an petit tubercule ovale [qui est le corps genouillé exteime^^ semble s'épanouir sur la partie postérieure d'une grosse éminence ap- pelée couche optique. Les deux couches optiques représentent ensemble par leur face supérieure, qui est cachée sous le cer- veau, un espace triangulaire échancré par derrière. ( C'est dans cette échancrure que sont les tubercules quadrijumeaux, ) Les côtés de cet espace sont bombés , le milieu en est enfoncé longitudinalement ; et lors- qu'on écarte l'une de l'autre les deux couches optiques, on voit qu'il y a entre elles une solution de continuité qui porte le nom de troisième ventricule. Cette solu- tion de continuité n'est pas complète; il passe d'une de ses faces à l'autre une production de substance pul- peuse presque fluide , appelée la commissure molle des couches optiques. Ce ventricule communique par Xaqueduc de Syl- vius^ qui passe sous les tubeicules quadrijumeaux, avec un autre qui est sous le cervelet, et qu'on nomme quatrième ventricule. La partie antérieure du troisième s'enfonce entre les tubercules mamillaires et l'union des nerfs optiques, (i) VJcq-d'Azyr, pi. XVl, n" 54- ART.! IV. DESCRJPÏIOJN DU i^EKVEAU DE 1/ HOMME. 51 pour y former celte espèce crentoiiQoir de siibstauce pulpeuse , appelé iafaiidibalum , dont nous avons parlé. Les bords supérieurs de ce troisième ventricule sont marqués chacun d\me ligne blanche , qui se prolonge en arrière pour former le pédoncule de la glande pi- néale ^ petit Corps ovale, cendré, suspendu au-dessus des tubercules quadrijumeaux. Cette même ligne blanche se prolonge en avant vers le bas, et se re- courbe subitement pour s'unir à un gros cordon mé- dullaire qui forme Tune des moitiés du pilier antérieur de la voûte. Un peu en avant de cet endroit est une poutre médullaire transverse qui passe d'un côté du cerveau à l'autre , et qui se nomme la cominissure antérieure àix cerveau. Il y a une autre commissure presque semblable sur rentrée de l'aqueduc dé Sylvius, et sous les pédon- cules delà glande pinéale; on Fa appelée commissure postérieure. L'entrée de Taqueduc a été appelée Vcuius. Entre la commissure antérieure et Funion des nerfs optiques est un espace qui n'est fermé que par la mem- brane pie-mère , et par une couche très mince de cette substance pulpeuse qui revêt tout l'intérieur du troi- sième ventricule : on Fa nommé la vulve. En dehors et en avant des couches optiques, sont deux autres monticules également cachés sous le cer- veau , que l'on nomme corps cannelés ou striés , à cause de leur texture interne, que nous décrirons ailleurs. Ces corps cannelés sont larges en avant , et s'y rap- prochent de la ligne moyenne; ils se rétrécissent ea arrière, et s'y écartent Fun de l'autre pour faire place 5-2 J\*^ LECOiN. CERVEAU DES AMMAUX VERTÉBBÉS. aux conciles optiques ; ils se terminent par une queue qui suit exactement le contour de la couche optique et de la racine du nerF du même nom , et ils se terminent en dessous par un petit élargissement obtus, en sorte Cjue chaque corps cannelé représente un fer-à-cheval, dont Tune des branches serait beaucoup plus (grosse que l'autre. Dans la position naturelle du cerveau, ce fer- à-cheval est placé de champ, de manière que la grosse branche est en haut, et un peu plus en avant et en dedans qiie l'autre. Dans le sillon qui sépare le corps cannelé de la cou- che optique , du même côté, est un ruban de substance médullaire qui suit le même contour, et que l'on nomme bail delette semi- circulaire. Toute la partie du cerveau proprement dit qui est visible à Fextérieur est en quelque sorte un appendice des corps cannelés, mais un appendice qui les surpasse infiniment en volume dans l'homme. Cette masse de chaque hémisphère tient à tout le bord externe des corps cannelés ;[ elle en sort en plusieurs couches membraneuses distinctes, et suivant des lois que nous exposerons plus loin ; mais on peut ne la considérer pour un moment que comme une couche membra- neuse unique , afin de saisir l'ensemble de son trajet. ] Après s'être portée en bas et en dehors, elle se re- courbe en haut et en dedans pour s'adossera celle du côté opposé et s'imir au corps calleux. La portion de cette masse qui tient à la queue recourbée du corps cannelé forme ce que Ton nomme le lobe moyeu. La partie postérieure à^^ hémisphères et du corps calleux lui-même se reploie en dessous, et leur repli pénètre sous eux, en recouvrant les tubercules quadri«^ ABT. IV. DESCRIPTION IMI CKRVEAII DK L'nOlMMn. 53 jumeaux et les couches optiques : il arrive aiusi, en se rétrécissant toujours, jusques au-dessus de la commis- sure aulérieure du cerveau, où ii se termine par deux cordons médullaires qui pénètrent dans la substance de cîiaque couche optique : ce reph porte le nom de voûte (i trois piliers. En arrière, il est uni immédiate- ment à la lace inférieure du corps calleux; en avant, cette union se fait par deux lames de substance médul- laire qui forment une cloison très mince, nommée le septiun lucidnm. Les bords de la voûte se prolon.oent en arrière en s'écartant Fuu de l'autre, de manière à former un lrian{>le membraneux, [maïqué de quelques sti'ies qui lui oui fait donner le nom de hjre\ ils des- cendent dans riiitérieur du lobe moyen en suivant à peu près la même courbure que les queues des corps cannelés. Derrière chacun de ces bords est un renlle- ment de la largeur du doigt qui suit encore la uîème courbure , et que l'on nomme corne cV Ammon ou pied de cheval marin. Sous ce même bord est une bande- lette p;risatre et serpentante, et comme festonnée, qne l'on nomme le corps frange. La surface inférieure de la voûte ])résente une ou deux stries longitudinales sous son milieu et en devant. En arrière, se voient les fibres Iransverses qui sont la suite de celles du corps calleux. Les différents replis dont les hémisphères sont composés ne s'unissent point l'un à l'autre par leur face interne, ils intercej)- tent une grande cavité dans chacjue hémisphère : ces deux cavités se nomment les ventricules antérieurs du cerveau. Ellis peuvent être comparées, par la forme , à la lettre J^inajeure italique couchée ^'-s. La voûte de leur l)ranche supéri<^ure est foi'nié(^ par le corps cal- 54 ÏX*^ LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. leux , et son plancher par ie corps cannelé. La branche descendante contient la queue du corps cannelé en devant , et la corne d'Ammon en arrière. L'angle de réunion de ces deux branches pénètre en arrière dans la portion de l'hémisphère qui est au-dessus du cerve- let, et y forme un cul-de-sac qui se contourne en dedans, appelé cauité digitale, A sa face interne est une petite éminence nommée ergot, [La voûte et le ventricule latéral ne tiennent pas, comme on le voit, directement aux couches optiques; la V oûte les recouvre à cause de la grande étendue des expansions des corps cannelés Mais si l'on supposait par la pensée ceux-ci séparés des couches optiques par un pédicule, les premiers entiaîneraient avec eux, sans rien changer aux rapports essentiels des par- ties , toute la masse des lobes cérébraux. Cette considé- ration est importante pour bien concevoir le cerveau des oiseaux et des reptiles. Les couches optiques ne sont donc encore qu'un ren- flement intermédiaire entre la moelle épinière et les hémisphères proprement dits. Mais comment la moelle arrive-t-elleà travers le noyau cérébral jusqu'à la partie antérieure du système nerveux? Dans quel ordre en sort-elle sous la forme d'appendices du corps cannelé? Suivant fjuelles lois ces appendices se plissent-ils en cir- convolutions? Ces questions et beaucoup d'autres sont aujourd'hui l'objet des efforts de tous les anatomistes; mais leur solution rencontre des difficultés presque insurmontables dans rentrelacement et dans l'adhé- rence des parties, et dans la nécessité de les séparer par le moyen de sections ou de tractions qui, entamant ART. IV. DESCRIPTION DU CERVEAU DE l'hOMME. 55 la substance cérébrale , laissent toujoîu's beaucoup Je place au doute sur le résultat. Nous ne toucherons que quelques uns des points les mieux établis , ou ceux qui, en même temps qu'ils donnent une idée plus complète de Fensemble du cerveau de riiomme , doi^ vent faciliter la connaissance de celui des autres mam- mifères. Les cordons antérieurs de la moelle allongée s'entre- croisent, non seulement à l'origine des petits faisceaux des pyramides, mais dans tout leur trajet jusqu'à la sortie du pont de Varole, de façon que les fibres du cordon droit passent dacs le gauche , et réciproque- ment. Ces cordons se renflent une première fois par un mélange de matière grise dans le pont de Varole, puis ils se séparent; mais en sortant de la protubé- rance, ils reçoivent le fort trousseau fibreux, connu sous le uoYïiàe pj'ocessus cerebelU ad testes , et qui est sans doute le prolongement des cordons postéiieui's de la moelle, après que ceux-ci ont contribué à la forma- tion du cervelet. Ainsi accrues, les jambes du cerveau se renflent une auti'c fois par un nouveau mélange de matière grise pour former les couches optiques; puis une troisième fois pour former les corps cannelés. C'est dans le noyau central résultant de ces renfle- ments que les fibres nerveuses se mêlent, s'entrelacent , et composent bientôt ce merveilleux tissu, où des fibres, qui en y entrant ne nous avaient montré que des fa- cultés sensitives et motrices, les changent coiitre cette étonnante propriété d'être le siège de la mémoire , du jugement et de la volonté. Étudions maintenant comment ces fibres se coin- 56 I\^ LKÇON. CF.RVlv\I! DES AI\ÏMA[IX VF.KTÉBRÉS. portent en sortant dn noyau central pour l'envelopper et former les hémisphères (i). Ce noyau central ne se montre lihrenieat en dehors que dans un espace très circonscrit , à la face inférieure du cerveau, entre les lohes antérieurs et moyens, pré- cisément dans la partie dési[jnée sous le nom dW- jj ace perforé [p^. C'est du contour de cet espace que partent une partie dcsfihres; une autre partie sort plus haut du ])ord externe du corps cannelé, vers le point où s arrêtent les fibres rayonnantes de Xinsula (3). Enfin la face supérieure du noyau ne produit pas de fibres; elle est i^ecouverte par les hémiï>phères , et contenue dans le ventricule. Les fibres nerveuses peuvent être considérées comme sortant du noyau central sous forme de membranes, et sous forme d'anses ou de cordons. Les anses semblent destinées, soit à brider les faisceaux de fibres avant leur expansion, comme la bandelette demi-circulaire, soit à les rassembler à la façon d'une lisière après leur ex- pansion en njembranes, comme celle qui forme tout le bord lilire de la voûte. Elles réunissent leurs extré- mités vers l'espace perforé, et embrassent le noyau cérébral d'avant en arrière et en dehors; les mem- branes fîbn.'uses , de grandeurs très différentes et con- (i) On doit rnniiultcr pour plus de (L-velopppuienfs sur ce point tl'ana- toiuie les reclicrclies tiès injrf'nieuses de M. Foville sur le terveaii de riiomme. ( Traité complet de l'anntomie^ de la physiolocjie et de lapatlw- logie du système nerveux cérébro-spinal, \ vol. in-8 , |844?='^'<^^ atlas in-4. ) Nos !>lj3ervatioi;s sur le t-erveau des aninuuiv le> ont o()nhrrn('es pour nous sur plusieurs points. (2) Foville, ouv. rit., .'ulas, pi. i8 cl •>(). (3) llrm, pi. 7, 1 G. 17, 19. AKT. IV. DESCRIPTION DU CER\IÎAU DE L'riOMME. 57 stitiiant par lcm\s replis la masse des hémisphères, eiiveloppeiil ce noyau latéralement et en dessus. Une des anses les plus importantes à connaître est celle qui, née comme les précédentes de la répion perforée, suit en-dessus le contour du corps calleux, qu'elle touche sans y adhérer. Elle semble être aussi la lisière dune couche fibreuse superficielle qui, rejoi- gnant, vers le bord postérieur du corps calleux, la couche profonde qui forme la voûte , s'unit et s'enroule avec celle-ci , pom^ former dans le ventricule ce qu'on nommait autrefois assez justement le bourrelet, roulé [\). De la face externe du noyau cérébral s'épanouissent les couches membraneuses qui l'enveloppent. Tout-à- fait en bas, près de la rép^ion perforée, rayonnent comme un éventail les libres qui constituent Yinsula ; plus haut, vers le sommet de Vi/isuJa^ sort presque hoi'izontalement une grande couche membraneuse (2), qui fournit une partie des circonvolutions supérieures et latérales; plus profondément monte, en partie cachée par la précédente , la couche épaisse de fibres qui va rejoindre celle du côté opposé pour former le corps calleux. Mais cette couche avant sa réunion fournit de chacune de ses faces une couche secondaire: Tune, supé- rieure, pour une partie des circonvolutions , l'autre, inférieure ou profonde, pour le septum et la voûte. Ainsi la uiasse de chaque hémisphère, dans sa con- ception la plus simple , serait l'extrémité du pédoncule cérébral coiffée par ses fibres recourbées , et épanouies (1) M. Foville C()in|K)fo î'aiise . 2. 58 IX*^ LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX \EETÉBRÉS. en plusieurs membranes ou feuiilets, dont les uns , pro- pres à chaque côté, formeraient les plis de la surface, et dont les autres , s'entrecroisant avec celles du côté opposé, formeraieat les commissures des deux parties du cerveau. On comprend qu'à mesure que quelques uns de ces feuillets perdront de leur épaisseur ou de leur étendue, ou même disparaîtront tout-à-fait, on aura les hémi- sphères de plus en plus simples des mammifères et des oiseaux. Mais remarque-t-on quelque loi constante dans le plissement qui se fait à la surface du cerveau ? En s'aidant de la grande différence de profondeur des sillons qui séparent les circonvolutions, on peut établir entre elles quelques divisions principales et con- stantes. Il faut d'abord reconnaître une première circonvolution fondamentale , qui commence et finit au quadrilatère perforé, en suivant d'avant en arrière, au fond de la scissure médiane, d abord le contour du corps calleux, puis celui de la grande fente cérébrale. Nous la désignerons, avec plusieurs anatomistes, sous le nom de circonvolution du corps calleux (i). Si l'on écaite ensuite avec soin les circonvolutions sur la face latérale des hémisphères, on peut suivre bientôt, à la grande profondeur de son sillon , une circonvolution qui , née à peu près des mêmes points que la circonvo- lution du corps calleux , contourne la scissure de Syl- vius, en s étendant plus ou moins sur les lobes antérieur et postérieur. Nous l'appellerons circonvolution Syl- vie une. (i) M. Foville l'appelle là circonvolution de \ ourlet. ART. IV. DESCRIPTION DU CERVEAU DE l'hOMME. 69 Si maintenant on écarte les circonvolutions à la face interne ou médiane des hémisphères, on trouve également deux scissures plus profondes. L'une se voit en arrière, au niveau de Fextrémité du corps calleux; elle descend vers la grande fente céréhrale , et sépare une circonvolution qui forme en partie le lobe posté- rieur, et qui s'unit en dedans avec la circonvolution du corps calleux, tandis que sur la face externe de l'hémi- sphère, elle s'unit par quelques replis secondaires avec la circonvolution sylvienne. L'autre scissure de la face interne des hémisphères est plus en avant, de façon que la circonvolution du corps calleux vient , entre ces deux scissures , se montrer au bord supérieur de l'hé- misphère (i). Ce dernier sillon marche en avant paral- lèlement au corps calleux, et sépare en dessus une cir- convolution qui, après avoir contribué à former le lobe antérieur, s'unit en avant à celle du corps calleux , et en dehors à la circonvolution sylvienne. La dernière circonvolution que nous venons d( décrire paraît être, plus que les précédentes, une dépendance de la cir- convolution du corps calleux, et tenir dans l'homme au plus grand développement de ses lobes antérieurs. Le sillon qui la limite est moins profond : aussi est-elle moins constante , et disparaît-elle fréquemment dans les animaux. Nous appellerons les deux dernières cir- convolutions, Tune la circonvolution postéro-supé^ rieure ^ et l'autre la circonvolution antérieure. Quand on a suivi avec soin ces grands replis princi- (i) Vicq-d'Azyr et Rolande ont fait remarquer cette disposition. M, Foville a fidèlement représenté ces scissures plus profondes dans la figure 1 de sa planche 8. 60 I\'= LT-ÇON. CERVEAU DES AMMATIK VERTÉBRÉS. paiix des héiiiispljères, on voit en premier lieu qu'ils se rattachent l'im à rauti'o,soit près de leur ori^}ine com- nume, soit dans le cours de leur trajet, par de petits replis de communication 5 et en second lieu, que ces p^rands replis forment des replis secondaires qui, eux- mêmes, forment des sillons superficiels. T^'inégalité de profondeur des sillons permettrait donc d'y distin(>uer plusieurs classes; en effet, tandis que nous avons trouvé le sillon entre la circonvolution sylvienne et la postéro- suj)érieure ayant 0,027 de profondeur, les sillons se- condaires formés par les plis de la circonvolution syl- vienne ne nous or^t donné que o,0'io , d'autres enfin, moins profonds encore, 0,012, 0,008, etc. Cette divi- sion des circonvolutions, qui, dans le cerveau de l'homme , à raison de leur volume et de leur amplitude, est difficile à saisir, deviendra bien plus manifeste dans le cerveau des mammifères (1). ] Les deux ventricules des hémisphères ne sont sé- parés fim de l'autre dans leur partie antérieure qne par le seplwn Jucidiun^ et ils communiqueraient l'un avec l'autre sous hi voûte sans une production de la pie- mère, qne nous décrirons dans la suite sous le nom de plexus choroïde, et qui ne leur laisse de communica- tion qu'un petit trou près du pilier antérieur appelé trou de Wlonro. C'est par ce même endroit qu'ils com- muniquent avec le troisième ventricule, et par lui avec (1; MM. L(,Miret {Anai. camp, du ayst. nerv., in-8" avec atlas in-fol., 1839) (4 Fovilie ont (lou!i(' ciiacim (les circonvolutions ccrchrales une classification qui ne nous a pas senîl)lc conciliahle ilans toutes ses parues avec ce fju'on ol)serve (ians les animaux. * ART. iV. DESCRIPTION DU CKRVKAU \)K l'hO^IME. 01 le quatrième; en sorte que ces quatre cavités n'en font à proprement parler, qu'une seule. 11 y en a une cinquième entre les deux lames du septuni lucidum^ mais qui n'a point de communica- tion à rextérieur : c'est le cinquième ventricule. Le cervelet tient au reste de Fencépiiale par deux troncs médullaires, l'un à droite et l'autre à gauche, qui semblent prendre racine dans son intérieur pour entrecroiser leurs fibres avec celles de la moelle al- longée. Les fibres du plan inférieur de chacun de ces troncs se continuent pour former le pont de Varole, et pour s'unir ensemble sur la ligne moyenne. Celles du plan supérieur forment un faisceau plus mince, qui se dirige vers les éminences testes, et qui est joint au faisceau, du côté opposé, par une lame très mince de substance médullaire , appelée valvule du ceiveau. Le bord postérieur de cette valvule s'unit à la masse du cervelet. Le cervelet ne touche point à la partie supérieure de la moelle allongée; mais il est placé sur elle comme un pont. La solution de continuité qui existe entre eux se nomme le quatrième ventricule. Cette cavité commnnique avec le troisième par l'a- queduc de Sylvuis. Sur le fond de ce ventricule est une empreinte angulaire, womvyxée plume à écrire, [L'extrémité de ce ventricule occupe la face supérieure delà moelle allongée. Les deux cordons postérieurs de la moelle épinière, jusque là accolés, s écartent pour former les bords de \3. plume à écrire et prennent le nom de corps resti formes. Ils vont s'enfoncei' dans le cervcieL Un petit cordon fibreux , qui sort du sillon de la moelle, bord(- le cor|)s îestiloraie précisément à 62 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTEBRES. la pointe du calamiis, et qui s'y renfle en un petit ma- melon, a reçu le nom de pyramide postérieure. Dans l'espace triangulaire que limitent les faisceaux de la moelle , on distingue quelques stries blanches transver- sales qui semblent aller au nerf auditif. ] Le cervelet lui-même est divisé en trois parties : deux latérales beaucoup plus grandes, appelées Ses lobes ; et une moyenne beaucoup plus petite, cachée dans le sillon qui sépare les deux autres , qu'on nomme protu- bérance veriniforme, E. Coupes du cerveau. On peut faire dans la masse du cerveau plusieurs coupes propres à en faire connaître la structure : les unes se font dans le sens vertical; d'autres dans le sens horizontal et oblique. 1** Coupes verticales. La plus essentielle des coupes verticales est celle qui partage le cerveau en deux parties égales, -en laissant les deux hémisphères intacts , ainsi que les corps can- nelés et les couches optiques , et en coupant par le mi- lieu le corps calleux, la votite, les trois commissures, la glande pinéale, les tubercules quadrijumeaux, le cervelet, le pont de Varole et la moelle allongée. Cette coupe montre, i** que le corps calleux a une courbe presque parallèle à celle de la voûte du crâne; qu'il se reploie en avant et en arrière sous loi-même; oP que la voûte est une continuation de son repli pos- térieur; 3*^ que \e septuîii lucidum est un espace trian- gulaire renfermé entre le corps calleux , son repli an- térieur et ia voûte; 4" que la commissure antérieure , ART. IV. DESCEIPTIO?^ DU CERVEAU DE l'hOMME. 63 rurtioii des nerfs optiques et le tubercule mammillaire font ensemble un triangle à peu près équilatéral. Cette coupe montre bien aussi le grand vide du milieu du crâne, qui commence en avant à l'entonnoir, puis forme le troisième ventricule, Faqueduc de Sylvius et le quatrième ventricule. La coupe de ce dernier est triangulaire; celle de Faqueduc est longue et étroite; celle du troisième ventricule à peu près demi-circu- laire, et sa partie qui descend vers 1 entonnoir presque carrée. La partie coupée de la moelle allongée et du pont de Varole montre des fibres croisées, plus ou moins remarquables. On en voit quelquefois un fais- ceau qui vient des environs du quatrième ventricule , et se recourbe pour donner naissance à la troisième paire de nerfs. La coupe du cervelet montre des linéaments médul- laires qui représentent un arbre à cinq branches prin- cipales, subdivisées deux fois de suite en branches plus petites : on 1 appelle «r^/'^ de vie. Toutes les coupes pa- rallèles à celles-là, mais plus sur le côté, présentent la même figure. En pénétrant dans cette coupe verticale , et en s'ap- prochant toujours du côté extérieur, on découvre plu- sieurs choses remarquables : i'' que le pédoncule du pi- lier antérieur de la voûte s'enfonce dans la substance de la couche optique pour se terminer au tubercule mamillaire; 2° que de ce même tubercule part un autre faisceau médullaire qui remonte également dans la substance de la couche optique jusque vers sa face su- périeure ; 3° que les fibres des jambes du cerveau se continuent au travers de la couche optique jusque dans le corps cannelé, et au travers du pont de Varole jus- 64 IX"' LEÇON. CEKVEAU DES ANIMAUX VERTÈBRES. que dans la moelle allongée ; 4° qiie réminence olivaire présente clans son intérieur un linéament grisâtre qui en fait tout le tour en serpentant. Comme ce linéament se montre de quelque manière quel on coupe l'éminence, on voit qu elle doit contenir un corps dont la surface est très inégale et enduite d'unecouche mince de substance grise dont les coupes forment ces linéaments. 2° Coupes horizontales. Les coupes horizontales peuvent commencer par la face supérieure ou par l'inférieure. Lorsque Ton coupe supérieurement les deux hémi- sphères au niveau du corps calleux, on découvre le plus grand espace médullaire qui puisse être démontré dans le cerveau : il n'y a alors que les bords où Ton voie de la substance grise ; tout le reste est blanc, et porte le nom de centre ovale de Vieiissens» Si Ton pénètre plus bas, les deux ventricules anté- rieurs se découvrent aussitôt. On voit de cette manière que leurs cornes antérieures sont rapprochées lune de l'autre, tandis que les postérieures s'écartent. En enlevant tout-à-fait le corps calleux, on met à découvert la voûte à trois piliers, et Ion voit bien sa forme triangulaire; on pénètre aussi dans le cinquième ventricule, en écartant les deux cloisons qui forment le sepluni lucidum. Coupant alors le pilier antérieur de la voûte , et rejetant la voûte elle-même en arrière, on met entièrement à découvert la face supérieure des couches o})tiques, l'ouverture du troisième ventricule, les trois commissures et les trois tubercules quadri- jumeaux; l'ccil peut même plonger jusque dans lV/^~ Jundilnikun. ARf. IV. Di:6CUlPT10A DL LKiiVEAL' i>E l'hOMME. 65 Eo faisant clc iiouveiles coupes plus profondes , ou voit que Tintérieur des corps cannelés est rempli de stries blanches qui semblent venir des couches opti- ques^ et par elles des jambes du cerveau. Ce sont ces stries blanches , séparées par des stries cendrées , qui leur ont valu le nom de corps cannelés ou striés. En pénétrant davantage encore, on voit que la com- missure antérieure du cerveau se prolonge de chaque côté dans la substance des couches optiques , sous forme d'un trait blanc assez semblable à un arc à tirer des flèches. La commissure postérieure se perd presque aussitôt après avoir pénétré dans la substance des cou- ches optiques. Les corps ou tubercules quadrijumeaux coupés ho- rizontalement présentent une substance grisâtre et à peu près uniforme. Les coupes horizontales du cervelet montrent des lignes blanches dont la direction est de droite à gau- che, et qui sont précisément les mêmes dont les coupes verticales forment Farbre de vie. Les coupes horizontales de la moelle allongée et du pont de Varole montrent les mêmes directions de fibres que nous avons déjà décrites. Celles des jambes du cerveau présentent dans- leur intérieur une tache d'un brun noirâtre. Par des coupes horizontales faites à la face infé- rieure, on peut mettre à découveit plusieurs choses in- téressantes. Premièrement , le repli postérieur du corps calleux qui forme en dessous un gros bourrelet en ar- rière de la voûte proprement dite ; deuxièmement, les deux corps frangés qui partent chacun de lune des extrémités de ce bourrelet, et se portent sous les piliers 3. 5 6G IX'' LIi(;o?v. 'V.KKVEAU DES ANIMAUX VERTÉBBÉS. postérieurs de la voûte, dont ils suivent exactement la courbure; troisièmement, la coupe des jambes du cer- veau, dans laquelle on voit la tache noire qui forme dans ce sens une espèce de demi-cercle ; quatrième- ment, de cette manière on montre en situation la face inférieure de la voûte et la lyre; enfin, en enlevant la Voûte , oti met à découvert la face inférieure du corps calleux, c'est-à-dire le plafond des ventricules supé- rieurs, à la partie moyenne duquel tient le septum lu- cîdum par les deux lames qui le forment. F. D enveloppement du cerveau dans le fœtus, [Dans les différents périodes de la vie du fœtus, le cerveau est loin d être semblable à ce que nous venons de le voir dans l'adulte. Il importe de l'étudier som- mairement sous ce rapport. Lorsque le centre nerveux commence à être accessible à nos instruments , c'est-à- dire vers la septième semaine , on trouve dans le rachis et le crâne : une petite tige médullaire qui représente la moelle , puis deux lamelles latérales, rudiments du cer- velet; deux autres lamelles, rudiments des tubercules quadrijumeaux ; deux éminences , qui sont les couches optiques; deux autres éminences, qui sont les corps cannelés , puis enfin tout à Fextiémité deux produc- tions membraneuses qui deviendront les hémisphères. Un canal ouvert en arrière dans tout son trajet règne de l'extrémité de la moelle à la partie antérieure du cerveau. De la neuvième à la onzième semaine , les hémi- sphères demeurent très petits, et ne recouvrent encore ni les couches optique^, ni les tubercules quadriju- ART. IV. UEbCHlPTÎON DU CELWiUU DE l/ HOMME. 07 111 eau X , qui sont reiativenieut plus volumineux. lies iiéniisphères sont à peine réunis en avant par un petit rudiment de corps calleux, A quatre mois , les hémisphères se sont accrus et recouvrent les couches optiques; le corps calleux et la voûte sont formés ; les lames latérales qui représen- taient le cervelet et les tubercules quadrijumeaux se sont soudées sur ia ligne médiane; le cervelet est encore très petit et lisse, mais la protubérance annulaire pa- raît, les tubercules quadrijumeaux sont creux, le canal de la moelle et du cerveau, en se fermant sur différents points de son trajet, constitue les divers ventricules; le ventricule latéral se continue en avant avec la cavité du nerf olfactif. A cinq et à six mois, se montrent successivement la division du cervelet en lobes latéraux, et leur subdi- vision en lobules par des sillons nombreux; les hémi- sphères prennent un volume prépondérant, et com- mencent à recouvrir les tubercules auadriiumeaux; ils sont encore lisses; les tubercules quadrijumeaux ne sont encore qu'agi nombre de deux, séparés par un sillon lonoitudical; leur cavité diminue notablement par Fépaississement de leurs parois ; enhn , à partir du septième mois, le cerveau prend pt^u à peu la forme qu'il doit conserver : les hémisphères dépassent le cer- velet en arrière , les circonvolutions apparaissent , un sillon transversal partage en une double paire les tu- bercules quadrijumeaux; leur cavité s'oblltèie, ainsi que le canal de la moelle et le conduit de communi- cation du nerf olfactif avec le ventricule latéral. Le cerveau de l'homme montre donc, dans le cour^ de son développemeiiï et d'une faron transitoire : un êH 1X'= S.liÇO?,. CJ'1Î*EAU I>ES AJNIMALX VlvllTÉJÎKKS. canal central de ia moelle épinière, un ventricule dans ses tnbercnles quadrijumeaux , une communication entre le nerf olfactif et le ventricule latéral, une seule paire de tubercules quadrijumeaux, des hémisphères qui ne recouvrent point les couches optiques, les tuber- cules quadrijumeaux et le cervelet ;, toutes choses que nous allons retrouver, combinées diversement et per- manentes, dans les centres nerveux de plusieurs classes d'animaux. Mais il faut se garder de conclure de ces faits que le cerveau de l'homme passe successivement , et à mesure de son développement, par la forme du cerveau des poissons , des reptiles , des oiseaux et des mammi- fères inférieurs; à tous les périodes de son développe- ment , le cerveau de riiomme ne cesse pas d'avoir ses caractères particuliers; il offre, comme nous venons de le dire, certaines ressemblances de détail, tantôt avec les uns, tantôt avec les autres, mais en même temps il a toujours un ensemble qui lui est propre, et qui ne constitue à aucun moment donné le cerveau dîme autre classe d'animaux. ] G. De r origine des nerfs, [Les nerfs qui sortent du cerveau, à la base du crâne, ne prennent pas toujours leur origine de la partie môme du cerveau d'où ils se détachent; et il est diffi- cile, pour (juelques uns d'entre eux, de poursuivre leurs racines du lieu de leur origine apparente à celui de leur ori.oine réelle. *j Cependant les uns, qui sont: la portion ganglionnaire du trijumeau , le giosso-pliaiyngien et le pneumo- gastrique, naissent manifestement de la continuation ART. IV. DESCRIPTION Dï, CRRSE\L DE l'hOMME, 69 du cordon postérieur de la moelle épinière; d'autres, qui sont: le moteur oculaire commun, le moteur ocu- laire externe, le spinal et le grand hypoglosse, naissent clairement de la continuation du cordon antérieur et latéral. La même origine appartient sans doute aussi au pathétique, à la petite branche du trijumeau et au facial, mais elle est plus évidente dans les animaux que dans l'homme. Les fonctions de ces nerfs suivent la loi de leur origine : les uns sont des nerfs de la sensi- bilité, les autres des nerfs du mouvement. Quant aux nerfs de sensation spéciale, qui sont : l'ol- factif, loptique et l'auditif, ils ont chacun dans leur structure quelque chose de particulier; leurs relations avec les faisceaux de la moelle ne sont pas aussi appa- rentes, et quelques anatomistes les regardent comme étant avec les hémisphères en connexion plus intime et plus directe que les autres nerfs. ] 1*^ Du nerf olfactif. Le nerf olfactif est couché sous les lobes antérieurs du cerveau dansain sillon voisin et parallèle à la ligne moyenne. Il est en prisme triangulaire. L'extrémité antérieure, qui appuie sur la lame cri- bleuse de l'os ethmoide , est de substance grise [et cette substance se continue surtout à la face profonde du nerf, jusqu'à une petite éminence pyramidale grisâtre placée à sa base, que Ton ne voit bien qu'en soulevant le nerf, et que depuis Sœmmering on appelle sa racine grise]. Le reste de la longueur du nerf est blanc; sa base s'élargir et se divise en trois racines marquées par autant de tiiets blancs qui se perdent dans la substance grise du cerveau. Tj'une, extérieure, se porte en de- 70 ÏX* LEÇO?;. CEP.YEAU DES ANIMAUX YF-RTÉBRÉS. lior.> jusque dans la scissure de Sylviiis , où elle se perd à rextrémité du lobule d'hippocampe; la deuxième, intérieure , remonte à la face interne de l'hémisphère jusque vers le corps calleux [et communique, selon quelques auteurs, avec l'a commissure antérieure]; la troisième, moyenne, est beaucoup plus courte que les deux autres^ et manque même quelquefois. i s"* Du nerf optique. Le nerf optique semble prendre naissance par des fibres qui se voient à la partie supérieure des couches du même nom [mais ces fibres ne font seulement que les coiffer, et elles se rassemblent en un ruban qui vient s'unira la paire antérieure des tubercules quadriju- meaux (i) , qu'il faut regarder comme le principal point d'origine du nerf optique]. Ce nerf descend en dehors, en entourant les jambes du cerveau , dont il est séparé par son bord interne, mais en s'y unissant par le bord externe. [Il rencontre dans ce trajet les deux corps ge- nouillés ; lexterne semble le partager en deux branches inégales, dont la postérieure, plus petite, peut quel- quefois être suivie jusqu'à la paire postérieure des tuber- cules quadrijumeaux.] il se rapproche enfin delà ligne moyenne au-devant de l'entonnoir, où il s'unit intime- ment à son correspondant, de manière que ni l'œil ni le scalpel ne peuvent discerner s'ils se croisent ou s'ils ne font que se réunir. Après ce point de réunion , ils s'écar- tent de nouveau pour sortir du crâne par les trous optiques. La portion qui est en avant de leur réunion (i) Cuvier, Rapport sur le mémoire de G ail et Spurzheim^ p. 3o , ef ART. IV. DESCRIPTION DU CERVEAU DE l'kOMME. 71 est cylindrique. [Ce cbiasma des nerfs optiques est uni en arrière par une lamelle de substance grise au tuber- cule cendré de l'entonnoir, et en avant il reçoit aussi des filets que lui envoie la lame cendrée qui ferme le ventricule moyen. ] 3° Du nerf oculo'inusculaire , ou moteur oculaire commun. Ce nerf naît à peu près du milieu de la jambe du cerveau, un peu en avant àw pont de Varole ; mais on peut suivre son origine dans Fintérieur de cette jambe. [ Il touche Fespace cendré perforé intercepté entre les deux pédoncules du cerveau et les tubercules mamillaires. Ses racines sont rangées sur une ligne qui suit presque la direction des pédoncules , et les posté- rieures sont les plus longues. On peut en suivre la plus grande partie jusque sous le pont de Varole; il en naît une partie autour de la tache noire des pédoncules (i).] On a cru mal à propos que ce nerf se rendait au tu- bercule mamillaire. Il se porte un peu sur le côté pour sortir du crâne par la fente sphéno-orbitaire, après avoir traversé Fépaisseur de la dure-mère. 4° Du nerf pathétique. 11 naît par quelques filets derrière les éminences testes au côté du petit frein. On voit derrière lui , sur la valvule du cerveau, quelques fibres blanches, dont les unes vont gagner le pont de Varole, et dont les au- tres ont une direction plus ou moins divergente avec les premières. Ces fibres paraissent quelquefois contri (t) Caivier, rapport cité. «î^/t/fmj dessins inéfli|tSi, 72 IX« LEÇON. CFHYEAU DFS A?«nrArX YF.RTÉBRKS. biier à sa luniuitioi]. [Suivant queiques auteurs, les racines du pathétique sont en rapport avec un faisceau fibreux du cordon antérieur de la moelle, oui, en sor- tant du pont de Varole , se recourbe en haut et en de- dans sous les tubercules qnadrijumeanx (i). Nous ver- rons que cette disposition est dn moins évidente dans certains animaux. ] Ce nerf se glisse entre le lobe moyen du cerveau et la partie adjacente du pont de Varole et de la jambe; et après avoir parcouru un fort long trajet, il sort du crâne par la fente sphéno-orbitaire derrière les apophyses clinoïdes postérieures. Ô^ Des nerfs trijumeaux. Le nerf de la cinquième paire vient de la partie de la jambe du cervelet qui forme le pont de Varole, très près de sa sortie hors du cervelet. [ On y distingue deux faisceaux de volume très différent: l'un, considérable _, et que l'on suit sous une partie du pont en arrière, jus- que entre les éminences olivaires et les corps resti- formes, avec lesquels il semble se confondre (9,). Un autre petit faisceau , situé en haut, en arrière du précé- dent, ne peut guère être suivi au-delà de son point d'origine , et naît sans doute de la portion àw cordon antérieur de la moelle, qui passe en dedans de lui.] Le nerf trijumeau est très mou à son origine, mais il devient bientôt fort dur, et se divise en une multi- tude de filets disposés en un ruban aplati, qui passe ()) Voy. Tiedemaniij Anat. du cerv. , tra(\. fr. , p. loi. — Lon.f;et, Anat. et physiol. au .■iyst. nerv. , in-8", t. II, p. 392. (2) Cuvier, rnpp. rit. — /r/p7)i , f]f<;sins in»'fHt8. ART. ÏV. DËSCRTPTfON DU CERVEAU DE L'hOMME. 73 sur une dépression du rocljer. (Je ruban se partage en trois faisceaux qui ont valu à ce nerf le nom qu'il porte de trijumeau ou trifacial, et qui eux-mêmes portent le nom de nerf ophtbaliMique , maxillaire supé- rieur et maxillaire inférieur. [ f^es deux premiers ré- sultent de lentrelacement des fibres fournies par le jïTos faisceau d'origine , et qui ont formé un renfle- ment gris-jaunâtre , appelé ganglion semi-lunaire ou ganglion de Casser. Le troisième, qui est la continua- tion du petit faisceau d'origine , s'accole au ganglion sans lui donner ni en recevoir de filet. La première branche sort du crâne par la fente spbénoïdale; la deuxième par le trou grand rond; la troisième, par le trou ovale. ] &" Du nerf abducteur ou moteur oculaire externe, La sixième paire de nerfs commence sur le bord ^ postérieur du pont de Varole par quelques filets qui viennent du sillon (jui sépare le pont d'avec les émi- nences pyramidales. Quelques uns des filets paraissent venir du pont lui-même; ces nerfs se portent directe- ment sous le pont de Varole , en avant vers la pointe du rocher, où ils pénètrent dans les sinus caverneux pour se porter ensuite dans l'orbite, comme nous l'indi- querons. 7° Du nei'f facial, ou de la portion dure de la sep- tième paire. 11 tire son origine du sillon qui sépare le pont de Va- role de la moelle allongée, un peu plus en dehors que les éminences olivaires [ et dans un enfoncement que Vicq-d'Azyr appelle /ay.?^ r/. tracA. anat. VindnV»nn«î, t779i Jn-8", p. i i8,tab. HT. ABT. IV. DESGRTPTÎON DU CERVEAU DE L'hOMME. 75 f>oiittière dont il est creusé. Il se rend dans l'intérieur de l'oreille, où nous suivrons sa distribution à l'article du sens de Fouïe. [Le nerf auditif est ^Généralement reconnu aujourdhui comme formant une paire dis- tincte, la huitième (î).] g'* Des nerfs glosso-phanjngieji, vague et spinal^ vulgairement nommés nerfs de la huitième paire , Le nerf glosso-pharyngien et le vague naissent dans le sillon qui borne extérieurement réminence olivaire [ et sur une ligne que l'on peut regarder comme la con- tinuation de celle sur laquelle naissent le long de la moelle les racines postérieures de ses nerfs ]. Le glosso- pharyngien est plus antérieur, et est formé par trois, quatre ou cinq filets [qui se réunissent bientôt en deux faisceaux d'inégale grosseur, pour s'engager isolément dans un petit canal de la dure-mère]. Le nerf vague est formé par un nombre beaucoup plus considérable de filets qui occupent tout le reste du sillon. [ On l'ap- pelle aujourd'hui avec plus de précision nerf pneumo- gastrique. ] Le spinal vient de plusieurs filets qui naissent de la moelle de l'épine sur ses côtés, en descendant jusqu'aux racines des quatrième, cinquième, sixième et quelque- (i) M. Flomens {Ouv.cit., p. 492) pense que le nerf acoustique se com- pose lui-même de deux nerfs distincts, le nerf du limaçon et le neif des canaux semi-circulaires. Le premier serait le ve'ritable nerf auditif dont nous venons de décrire l'origine; l'autre, qui formerait une paire nou- velle, naîtrait par trois racines, du pont de Varole, des pe'doncules cére'- braux et des corps restiformes. M. Flourens annonce la publication dé- taillée de ces faits dans un ouvrage qu'il prépare sur la structule du Cfirveau, 76 IX* I.ECON. CERVEAU DES ANIMATIK VERTEBRES. fois septième paires cervicaies. [ Les fibres sortent de la moelle entre les racines postérieures et le ligament den- telé, et appartiennent à la portion latérale du cordon antérieur. Le nerf, grossi par ses racines successives, remonte dans le crâne] se rapproche du nerf vague, et sort avec lui et le glosso-pharyngien par le trou déchiré postérieur. [Ces trois nerfs ont été longtemps décrits comme les trois divisions d'une même paire, la huitième de Willis. Aujourd'hui, dans la classification numérique générale ment adoptée, ils forment trois paires distinctes, savoir: le glosso-pharyngien, la neuvième paire; le vague ou pneumo-gastrique, la dixième, et le spinal ou V accessoire de TVillis^ la onzième. ] 1 0* Du ne? f grand hypoglosse. Ce nerf, qui forme la douzième paire, quoiqu'il soit nommé vulgairement la neuvième, prend naissance sur la moelle allongée, un peu au-dessous et entre les éminences olivaires et pyramidales, par un grand nombre de filets grêles formant une sorte de cercle. Ces filets se réunissent bientôt en deux ou trois fais- ceaux qui se portent vers le trou unique ou double qui traverse Tos occipital au-devant de son condyle. ARTICLE V. DU CERVEAU DES MAMMIFÈRES. Le cerveau des mammifères contient absolument les mêmes parUes que le cerveau de Thomme, dispo- sées à peu près dans le même ordre; mais il varie par ART. V. CERVEAU DEs MAMMlFliRKS. 77 ses proportions avec le reste du corps, par ses propor- tions avec le cervelet et la moelle allongée , par sa forme générale, par ses circonvolutions, par son déve- loppement intérieur, enfin par les différences que pré- sentent la base et Torigine des nerfs. 1" Proportion de la masse du cerveau avec le reste du corps. Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, d établir cette proportion d'une manière comparative, parce que le poids du cerveau reste à peu près Je même pendant que celui du corps varie considérable- ment, et qiielquefois du simple au double, selon qu'il est plus maigre ou plus gras : c'est ainsi que cette pro- portion a été indiquée dans le chat, comme i à 1 56 par un auteur, et comme i à 82 par un autre • dans le chien, comme 1 à 3o5, et comme 1 à 47, etc. Voici cependant une table de ces proportions re- cueillies de différents auteurs et de nos propres obser- vations. On verra que, toutes choses égales, les petits animaux ont le cerveau plus grand à proportion ; que Fhomme n'est surpassé que par un petit nombre d'ani- maux, tous maigres et peu charnus, comme les mulots, les petits oiseaux , etc. ; que , parmi les mammifères, les rongeurs ont assez généralement le plus grand cerveau, et les pachydermes le plus petit; que les animaux à sang froid Font énormément plus petit que ceux à sang chaud, etc. ♦ Jlomnio, . . , I : 22, 1 : 20, I '• 3o, 1 : 35. Selon qu'il est jeune ou vieux. QUADiU MAM.3. Gibbon, .,,,,,,,... J : -i^. 78 IX'' LEÇON. CEKVEAU DES ANIMAUX VEETÉBRÉS. Saïmiii Saï ...é..,.,k... Ouistiti. Coaïta . , . , , , . Malbrouck jeune Callitriclie et Patas , Mone Mangabey, Macaque Magot . Papion . . ,, Mococo jeune, Vari. . , CARNASSIERS. Noctule. Taupe. . Hérisson, Ours Chien, i : 47, i : 5o, i : Sy, i : i54, i : i6i, Kenafcl Loup. , Chat. . Panthère Marte. . Furet. . l: 82, I : 94, MARSUPIAUX. Dasyure oursin . Woinbat . Kanjjuroo ge'ant RONGEURS. Castor Lièvre . , Lapin ......... i : 140, Lapin de quatre jours . . , i : 3ï, i : 35, Ondatra Rat Surmulot , . . , Souris, Mulot 22. 25. 28. 4i. 24. 41. 44. 48. 96. io5. 104. 61. 84. (^6. 36. 168. 265. 3o5. 2o5. 23o. i56. 247. 365. i38. 520. 614. 800. 290. 228. l52. 52. 124. 76. i3o. 43. 3i. ART. V. CEE VEAU DES MAMMIFERES. 79 EDENTKS. Ornithorhynque. Eehidné soyeux . PACHYDERMES. Eléphant f Sanglier, Cochons, < Verrat i:5i2, f de Siam Cheval Âne Dauphin Marsouin RUMINANTS, Cerf Chevreuil jeune Brebis * . . . . i : 35i, Boeuf. Veau CETACKS, . 1 : 25 , ! : 36, 1 : 66, i3o. 5o. 5oo. 672. 412, 4oo, 254. 290, 94. 192. 860. 219. 102. 93 (l). (i) Pour ne pas revenir ;i cet objet dans les articles où nous traiterons du cerveau des autres classes, nous jajoutons ici une table de la propor- tion du cerveau au reste du corps dans quehjues oiseaux, reptiles et ser- pents; elle est prise en partie de Haller [en partie de M. Leuret], et en partie de nos propres observations. OISEAUX. Ai^>!e . . . Faucon , Merle . •. . Alouette. . Mésange à tête bleue Mésange nonette Moineau , Serin , Tarin Pinçon , Chardonneret . 160. 102. 68. 56. 12. 16. 25. i4- a3. 2J. 80 iX" LîiCOiN. CERVEAU DE6 A.MMAUv SEiVTÉBRES. 2° Proportion du cerveau avec le cervelet et la moelle allongée. Il est facile crobteuir avec justesse la proportion du poids du cerveau avec celui du cervelet, parce qu'au Linotte . . Roujje-gorge Pie temelle Geai, Pie mâle Choucas Perruche. Perroquet Pigeon . Coq. Autruche Vanneau Pluvier , Canard, Oie . Sarcelle , Tortue tle terre , Tortue tle mer Siéxard vert . . Couleuvre à collier Grenouille . • . Salamandre. . REPTILES. l'OISSOiSS, Ri:quln , Chien de mer (squale-roussette) Thon Brochet Carpe » Silure-glanib ..•*•• Anguille . 24. 32. 37. 28. 44. 48. 28. 45. 25. 1200 70. 122. 20 /• 36o. 74. 2240. 5688. 160. 792- 172. 38o. 24q6. .344. 17440. i3o5. 5 60. 1887. ï366. ART. V. CERVEAU DES MA3ÎMIFÈBES. Si Cime variation dans la santé, ia graisse des indi- vidus , etc. , ne peut avoir d'influence ici. Cette proportion est plus considérable dans rhomme que dans presque tous les autres mammifères, ainsi qu'on le verra par la table ci-jointe. Les rongeurs sont ceux qui ont le cervelet le plus grand , à proportion du cerveau. Dans J'homme, le cervelet est au cerveau comme i : q. Saïmiri l : l4- Saï 1:6. Magot 1:7. Papion I : y, Mone. 1:8. Chien 1:8. Chat 1:6. Taupe i:4ï» Castor. 1:3. Rat I : 3 i. Souris I : 2. Lièvre. i:6. Sanglier 1:7. Bœuf. , . , I : g. Mouton I : 5. Cheval 1:7. Dauphin 1:5. La proportion du cerveau avec la moelle allongée s'estime par la mesure de leurs diamètres. M. Sœm- mering et M. Ebel ont fait voir que cette proportion est plus à l'avantage du cerveau dans l'homme que dans tous les autres animaux, et qu'elle est un très bon in- dicateur de la perfection de l'intelligence, parce que c'est le meilleur indice de la prééminence que l'organe de la réflexion conserve sur ceux des sens extérieurs. Cependant il v a aussi fjueîques pxeeptions à coile ;]. 6 82 IX* LEÇOiS. CEKrKAl] ^ES AISÏMAt^X VRRTÉBEÉS. règle : le dauphin en est une preuve remarquable. Voici un tabieau des proportions entre la largeur de la nioeile allongée à sa base, et la plus grande largeur du cerveau dans quelques animaux. Dans l'homiTie, la largeur de la moelle allongée, après le pont de Varole , est à celle du cerveau comme 1:7, Dans le singe bonnet chinois. . , i : 4* Dans le macaque à queue courte, .1:5. Cîiien 6:11. ou, 3:8. Chat ^ : II, Lapin 3:8. ou. . I : 3. Cochon 5 : 7, Bélier. 5 : y. Cerf. 2:5. Chevreuil i : 3. Bœuf. 5 : i3. Veau 2:5. Cheval, 8:21. Dauphin i : i3 (i). [Nous ajouterons à ce tableau les espèces suivantes:] Orang-outang , comme. . . . . I . 6. Patas . . 3 : 1 1. Maimon. . . . i3 ■ 58. Magot . . i5 : 57. Hamadryas . . 17 64. Mandrill . . 18 : 65. (i ) Nous ajouterons ici un tahleau de la proportion de ces mêmes parties dans quelques oiseaux. Faucon. . . . i3 34. Chouette. . 14 35. Canard. . 10 : 27. Dindon. . . '. . . 4 • II. Moineau. , • 7 18. ART.. V. CKRVEAU DES MAMMIFERES. Sdï à {^orge blanclic. . . . l4 : 49- Mai'ikina ... 9 : 25. Maki vari ... 3 : 8. Ours d'Amérique. . . . • . . 2 7- Coati ... 5 : l3. Fouine , ... 7 : 17. Loutre . . . i5 • 49- Genette commune. . . . . i5 : 3l Mangouste du Cap. ... 9 : 25. Hyène rayée . 23 : 58. Lionne jeune . . . lo : 29. Cougouar ... 23 : 62. Lynx . , . 20 : 53. Tigre royal. . . . i3 : 38. Phoque. ... 27 : 73. Sarigue . . . II : l8. Kanguroo géant. . . . . . 1 1 : 24. Marmotte , . . i5 : 29. Caproniys . . . i3 : 24. Rat d'eau ... 3 7- Castor ... 3 8. Porc -épie ... 8 : 21. Agouti ... 5 I I. Paca . 20 : 43. Sanglier . . . l3 : 32. Pécari. . . . 19 : 49- Daman . . . 2 : 5. Gazelle . . . 22 : 57. Daim . . . . 18 : 73. Lifma . . . 29 : 69. Chameau. ... 39 : 101. 8S 30 Fon?îe générale. a. Ce/veau. Les différences dans la forme générale du cerveau dépendent principalement du plus ou moins de volume et de développement de ces deux appendices des corps cannelés, que nous nommons les hémispbèreh. Ces parties sont plus épaisses en tous sens dansTlioninu} 84 IX' LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VEETEBEÉS. que dans aucun antre animal. C'est ce qui produit ia rondeur de son cerveau ( i). J.es singes commencent à lavoir plus aplati. Leurs hémisphères se prolongent aussi , en arrière, comme dans l'homme, pour y former les lobes postérieurs qui posent sur le cervelet; mais dans tous les autres mammifères, à commencer par les carnassiers, non seulement les hémisphères sont minces, et par conùé- q lient le sillon qui les sépare peu profond et le cer- veau aplati en dessus, mais encore les lobes moyens sont beaucoup moins bombés vers le bas, et les pos- térieurs n'existent point du tout. Le cervelet se voit à découvert en arrière du cerveau. [Cette sor?e de dénudation du cervelet na pas lieu cependant d'une façon pro^jressive à mesure que l'on s'éloigne de l'homme. Les variations , à cet égard, sont considérables d'un genre à l'autre. Ainsi, parmi les quacirumanes, les ouislit/s ont le cervelet aussi l'ecou- vert que dans les singes ^ mais les makis manquent en- tièrement de lobe postérieur, et ils laissent voir en arrière la plus grande partie du cervelet. Cela est moins marqué dans le galago. Mêmes différences dans les carnivores; le cervelet est presque entièrement recouvert par les hémisphères (i) [Voici un tableau des trois principales mesures des lobes cere- Jbrnux de plusieurs espèces. La hautesar a été prise de la pointe de la tu- l>érosité îemporale à la surface du cerveau, à i'endroit où cette hauteur est ia plus grande. La lanceur est c'galeinenî prise au point où !c dia- njèfre transverse est le plus grand. Il f.uulrait, pour qu'on put se faire MDO idée cornpléleîiient exacte du volume des hémisphères, qu'on eût aussi leur moindre hauteur et leur moindre laigeur, puisque le plus fré- quemment ili perdent de leur épaiàseur et de leur largeur en avant. Mai» ABT. V. CEUYEAi; DES MAMMIFERES. S5 dans le phoque et la loutre; il ne l'est qu'en parlie dans le coati., \di fouine^ la man<^oiisLe ^ la hjeiie ^ le faute (l'un point de repère constant, nous n'avons pu prendre ces me- sures : Cran}» jeune. Patas. . Caiiitrich^ . Mil caque. . Magoî. Hiimadryas. ♦ , Mand.ill . . S aï à {T[orge blan Marikina. . Maki va ri . Ours d'Amérique Coati brun. Fouine . Loutre . Manf^ouste du Gap IJyèue rayée. . Lionne jeune, . Cou,;;oaar. . Lynx. . . . Ti{i;re royal. , Pho(|ue commun Sarigue Kanguioo géant Marmotte. CapromyS. Castor. . Porc-é|iir. Ar^ouii. . Sanglier. Pecaii. . Daman , . , Elé(diant d'Afr. Gazelle . Ceif. . . . Daim. . s,ar.ia, Cil a m eau. Dauphin. ^^ lie non (Il LONGUEUR de?; hémisphères. te. m. 0,095 0,072 o,o65 0,066 0,065 0,080 0,067 0,034 0,042 0,087 o,o5o 0,04 o 0,057 o,o32 o, 0,097 LAr.GEUR (les hémisphères. m. 0,090 o,o55 o,o5o o,o55 0,057 0,064 o,o65 0,049 0,025 0,040 0,090 0,039 o,o/)4 o,o5i 0,025 o,n58 o,o58 0,062 o o53 0,760 0,090 0,018 0,048 0,029 0,024 0,048 0,042 o,o33 0,064 0.049 0,025 0,240 0,057 0,082 0,073 0,069 0,101 0,143 HAUTEUR des hénùspisères. il). 0,067 O,o52 o,o38 0,040 o,o5o o,o5o 0,006 0,045 0,020 o,o3 1 0,054 o,o3o 0,024 o,o34 0,020 0,045 o,o5o 0,0 5o 0,045 o,o65 o,o56 0,0 li 0,039 0,0 i^j 0,028 0,022 0,024 0,04 1 0,042 0,023 0,154 0,037 0,060 o,o5o o,o54 0,0 5 8 o,o83 I S6 IX* LEÇOIN. CERVEAU DES ÀNIlIAtJX YERTEBfiÉS. lioti , ie îlgre; il est très découvert dans Xours et dans la geîiette. Dans les rongeurs et les édentés, le cervelet se voit presque en entier. Il se montre également en grande partie dans le daman ^ les cochons ^ les chevaux^ ainsi que dans tous les ruminants. Dans le dauphin , le cer- velet est recouvert dans une assez forte proportion. Enfin , il y a des animaux , comme certaines chaiwes- souris^ comme lesaiigue et le dasyure oursin parmi les marsupiaux, où les hémisphères deviennent si petits qu'ils laissent voir non seiilement le cervelet, mais les tubercules quadrijumeaux eux-mêmes. Quant au contour, il faut l'étudier à la face supé- rieure et à la face latérrde du cerveau. Le contour supérieur du cerveau des mammifères offre trois formes principales : l'une est presque circu- laire , comme, par exemple , dans Y orang-outang, le phoque; la deuxième est un ovale phis ou moins allongé, mais aussi large ou presque aussi large en avant qu'en arrière, comme on le voit^ par exemple, dans le lion , dans le castor, dans le mouton. La troisième forme est triangulaire ou en cœur : alors la partie antérieure des hémisphères est remarquablement plus étroite que la postérieure, comme on le voit dans le furet, à^iXis le sarigue^ dans le lièvre. Ces formes n'ont aucune relation nécessaire avec les divers ordres de mammifères, comme le montrent les exemples que nous en citons , et comme le montreront les détails où nous allons entrer. ] Les cerveaux des simies sont assez semblables à celui de l'homme ])ar leur forme ovale; [cependant, dans \orang-outang jeune la proportion du petit dia- ART. V. CEBVEAU DES SÏAMMIFÈEES. 87 mètre au grand est bien plus considérable que dans l'homme. Le rapport des deux diamètres étant dans rhomme d'environ comme 2 est à 3 , il est dans Torang comme g à lo , ce qui rend le cerveau presque circu- laire. Dans tous les autres quadrumanes^ les différences sont trop peu sensibles pour s y arrêter (i).]Dans beaucoup de carnassiers, les cerveaux sont propor- tionnellement plus étroits en avant et se rapprochent davantage de la forme triangulaire. Gela se voit surtout dans le chien et le sarigue. [ Cela est aussi très marqué dans la taupe ^ dans \ç, furet ^ mais ensuite par des in- termédiaires successifs, comme en offrent les cerveaux de la mangouste , de \3. fouine^ de la genette ^ on arrive à des cerveaux où l'ovale est presque aussi large en avant qu'en arrière, comme ceux du lion , dncougouar^ de la hi/ènCj et jusqu'au phoque, qui a le contour supé- rieur du cerveau presque circulaire. Tous les cerveaux de marsupiaux , le sarigue, le da- syure oursin^ le kangurooAe womùat, ont la forme triangulaire très marquée. ] Quelques rongeurs, comme le lièi^re ^ le lapin, le surmulot, \ agouti, \e paca, ont aussi cette forme; mais d'autres, tels que le castor, le porc-epic, le capromys , ont le contour du cerveau presque circulaire, [et ici , comme parmi les carnassiers, on arrive d'une de ces formes à Tautre par des intermédiaires tels que les cerveaux de ï écureuil, de la marmotte, du rat d'eau, etc. Parmi les édentés , Vunau a le contour du cerveau presque en forme de quadrilatère allongé; les tatous^ (i) Voy. Tiedemann, Icônes cerebri simia^'um, etc., Heidelberg 1821 , in-f. 88 IX' LEÇCM. CEIWEAL DEi AjSIMAUX VEETÉEEES. le fourmilier didacfyle, l'ont îriaii^julaire; \ ornitho- rynque et XécJiidné également. Dans le daman ^ le cochon, le pécari, le cheval^ parmi les pachydermes; dans le lama^ le chameau^ le Cf?//, la gazelle^ le bœuf , le mouton^ parmi les ruminants, le cerveau forme généralement un ovale plus large par derrière que par devant. J Le cerveau du dauphin est d une forme très extra- ordinaire : ses liémisphères sont fort épais; il recouvre le cervelet par-dess!is; il est arrondi de toutes parts, et presque du double plus large que long. [Le cerveau des mammifères, vu de côté, ne tarde pas à prendre un aspect tout différent de ce que l'on voit dans Thomme. Dans les singes, en effet, on re- marque cet aplatissement des hémisphères dont nous avons parlé, et qui est porté très loin dans les rongeurs. Il est surtout sensible à la partie antérieure; et comme en même temps, dans beaucoup de genres et d'espèces, les lobes antérieurs s évident fortement de dedans en dehors et en dessous, le cerveau présente en avant lui angle quelquefois fort aigu Gela est déjà sensible dans les guenons ^ plus sensible encore dans le Âan- guroo^ et porté à Textrême dans le sarigue. Dans un prapd nombre d'animaux, néanmoins, tels que les carnivores, les pachydermes, les ruminants, le lobe antérieur du cerveau a conservé une gi-ande épais- seur, qui donne à la face latérale une forme d'un ovale allongé. Notons, comme une suite de la forme tout excep- tionnelle du cerveau du dauphin , qu'en raison de la grande hauteur des hémisphères en avant, cet organe^ ART. V. CERVEAU DtS MAMlttiFÈBES. 89 VU de côté, a la forme d'un triangle obtus dont la pointe est en arrière. Mais ce qu'il faut surtout remarquer, c'est la pré- pondérance que prend, à partir des carnassiers, la ca- roncule olfactive, et la ligne de démarcation très pré- cise qui s'établit entre la partie du cerveau qui paraît être plus directement en rapport avec celte caroncule, et ce qui constitue plus spécialement les hémisphères. Que l'on prenne , en effet, un cerveau de carnassier, de ruminant, de pachyderme ou de rongeur, on voit partir du bord postérieur de l'hémisphère, à une hau- teur variable, une ligne presque horizontale dont l'ex- trémité antérieure vient aboutir au bord supérieur de la caroncule olfactive, et la scissure de Sylvius, qui, dans riiomme et les singes, descend jusqu'au bas de la face latérale du cerveau, ne descend dans les ani- maux dont nous parlons que jusqu'à cette ligne hori- zontale, ïl n'y a plus qu'une petite impression vascu- laire entre la partie antérieure du cerveau et cette tubérosité descendante du lobe moyen , que l'on dé- signe indifféremment par les noms de tubérosité tem- porale ^ tubérosité de la corne ^Atninon ou de lobule de Xhjppocampe. Nous parlerons plus particulière- ment de cette partie en nous occupant de la base du cerveau et de l'origine des nerfs. Dans les cerveaux sans circonvolutions, la face latérale des hémisphères ne montre que cette ligne horizontale et la scissure de Sylvius qui s'unit à elle sous un angle plus ou moins aigu. Dans les cerveaux à circonvolutions, on voit les siilons et les contours de ces circonvolutions venir aboutir et s'arrêter à cette ligne , et la scissure de Syl- vius respecter aussi cette limite des hémisphères pro- % 90 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX YEBTÉBBÉS. prement dits. Dans le phoque^ dont le nerf olfactif présente une disposition particulière^ la scissure hori- zontale qui nous occupe n'existe pas , et ceile de Sylvius descend jusqu'au bord inférieur de la face latérale , comme dans Thomme. Nous décrirons plus loin la face inférieure du cer- veau avec l'origine des nerfs. ] p. Cervelet. Le cervelet de l'homme, ayant son lobe moyen caché sous les deux autres, semble au premier coup d'oeil n'en avoir que deux, dont le contour est à peu près arrondi. Dans les autres animaux, et même dans les sinpes , ce lobe moyen est pins grand à proportion, et est visible au dehors. Il égale même les deux autres lobes dans les rongeurs ; mais on le retrouve dans le dauphin propor- tionnellement plus petit que dans les singes. [ Dans les chauves -souris et dans le tatou , le cervelet est peu épais, et ses lobes latéraux, ramenés en avant, for- ment une concavité qui embrasse les tubercules qua- drijumeaux, IjC lobe latéral du cervelet se termine en bas par un petit lobule quelquefois très saillant, et qui, dans beau- coup d'animaux, se loge dans une cavité particulière du rocher. La forme générale de cet organe varie d'ailleurs beaucoup ; mais ces variations ne sont dans aucun rap- port avec les divisions naturelles des animaux , et ne demandent pas que nous nous y arrêtions.] 4° Circonvolutions. OL. Cerveau. Le cerveau de l'homme est celui de tous qui a les cir- ART. V. CERVEAU DES MÂMMIFÈBES. 91 convolotioiisles plus profondes, et il y a peu d'animaux qui les aient aussi nombreuses. [ Aussi va-t-iî nous être facile de retrouver, réduites à un état de simplicité bien plus grand, ces quatre grands replis, ou ces quatre cir- convolutions que nous avons décrites dans l'homme, se is les noms de circonvolution du corps calleux, de circonvolution sylvienne, de circonvolution postéro- supérieure et de circonvolution antérieure, et qui sont caractérisées par l'étendue, par la continuité ou par la profondeur de leurs sillons. L'antérieure est la moins constante, et la circonvolution fondamentale que nous avons appelée circonvolution du corps calleux forme elle seule la portion la plus avancée du lobe antérieur, dans les animaux où ce lobe est fort réduit; les deux au- tres existent toujours dans les cerveaux qui ont des circonvolutions; dans les cerveaux qui n'en ont pas, la circonvolution du corps calleux est le seul repli super- ficiel qui subsiste. Nous ne parlerons donc plus de celle-ci, qui est constante, et nous ne nous occuperons dans la suite de cet article que des variations des trois autres. Mais disons d'abord, d'une manière géné- rale, que l'absence des circonvolutions dans le cer- veau ne se manifeste pas par dégradation succes- sive à mesure que l'on s'éloigne de l'homme; à cet égard les variations sont considérables; des animaux très rapprochés de l'homme par l'ensemble de leur or- ganisation en ont déjà peu ou point, comme les singes et les ouistitis^ tandis que d'autres, qui en sont très éloignés sous beaucoup de rapports, s'en rapprochent parle nombre, par le volume et par l'étendue de leurs circonvolutions, comme V éléphant et le dau- phin. ] 9^ IX.* LEÇON. CEfiVEAC DKS AKIMAUX VERTÉBKÉS. Les singes ont beaucoup moins de circonvolutions que l'homme, surtout les sapa fous. Le lobe postérieur n'en a même presque aucune, excepté clans \ejocko (le ckimpansé, S. troglodytes^ et \ç, gibbon^ chez lesquels ce lobe est séparé en avant du reste par un sillon traus- verse très marqué. [Dans \ orang-outang jeune, les circonvolutions sont encore très sinueuses, très arrondies et très voi- sines de celles de i homme; mais si nous examinons le cerveau d'un autre ûn^e^a wwe giienon^ïS! wnniacaaiie y d'un cynocéphale ^ nous y verrons les trois grandes circonvolutions affecter ime disposition constante. Les sillons qui les limitent ou qui marquent leur ori- gine viennent converger ou se toucher à la partie la plus élevée de l'hémisphère. Le sillon de la grande circonvolution sylvienne monte jusqu'au bord supé- rieur du cerveau, où il s'unit au sillon de la cir- convolution postéro-supérieure, lequel forme ce sillon transverse dont il vient d'être parlé. Un peu en avant de ce point de rencontre, on voit commencer le sillon de la circonvolution antérieure qui règne le long de la face médiane de Thémisphère (i). Chacune de ces cir- convolutions ne forme plus elle-même qu'un ou deux replis secondaires dont on suit facilement à la surface du cerveau les sillons courts et peu profonds. ^ Les ouistitis ont un cerveau entièrement lisse , et où Ton ne voit que la scissure deSylvius; dans les makis ^ il y a des circonvolutions, mais moins nombreuses que (i) Voy. Tiedeiuann , Icônes cerehri simiaruin , etc. La disposition dont nous parlons^est bien reprc'sfnîée, p!. i , %. 3. — Mais, en général, les allas dns figures de cerveaux d'animaux rendent d'une manière très incor- recte les véritables rapports des circonvolution». ART. V. CERVEAU 1>ES IMAMMÏi-ÈRES. 93 dans les singes; le galago du Sénégal n'en a point. Il faut aussi classer parmi les cerveaux lisses , ceux des chauves-souris el des insectivores ; mais dans les carnas- siers proprement dits, lessillons sontassez nombreux. Il y a cependant de grandes différences du cerveau des ge- nettes et des mangoustes^ qui n'ont que deux circonvolu- tions longitudinales , à celui des coatis^ àe^ fouines ^ et surtout à celui deschats, des chiens^ des loutres^ àtsours^ àe^ phoques^ qui ont des circonvolutions nombreuses, et souvent très sinueuses.] On peut reconnaître néan- moins queles sillons observent un cerlainordre qui se re- trouve le même dans la plupart des espèces. On en voit en arrière deux de chaque côté , parallèles à la ligue du milieu, et en avant un court qui la traverse en croix. [Ge sillon crucial, qui est très remarquable dans certaines espèces, comme les chats ^ est la terminaison du grand repli postéro-supérieur, qui , dans les carnas- siers, vient beaucoup plus en avant que dans les singes, le long de la face médiane de Ihémisphère. L'es- pace compris entre ce sillon et celui de la circonvolu- tion sylvienne est occupé par une ou deux circonvo- lutions secondaires qui forment, avec le sillon principal de la circonvolution sylvienne, deux ou trois lignes con- centriques très régulières. Cette disposition est surtout très évidente dans la genette et la mangouste-^ elle est également bien marquée dans le chat^ dans le renar(l\\)^ (i) C'est cette re(;u!arite des circonvolutions de riiémisplicre de quel- ciues carnassiers qui semble avoir séduit M. Leuret, et l'a porté à prendre pour type de sa elassificaiion des circonvolutions celles du cerveau iln renard. Mais, outre que celte reguîai'itc' disparaît dans d'autres espèces, il est tacile de, voir, eu consultaut ia profondeur des sillons, que ics replis qu'ils limitent ne sauraient être de même ordre. Aia.-i, dans nu roa/i, la 94 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX yEKTE33RÉS. n dans Voiirs et dans la plupart des carnassiers; mais dans ceux qui ont des circonvolutions très nombreuses, comme la loutre et les phoques^ on retrouve toute Firrégularité et toute l'inconstance qui caractérisent le trajet des circonvolutions secondaires. La circonvolu- tion sylvienne est, en général, petite et étroite dans les carnassiers; la circonvolution antérieure n'existe pas dans la plupart , et c'est la circonvolution du corps calleux qui vient se montrer en avant du sillon crucial dont nous avons parlé plus haut. Dans le phoque^ où le lobe antérieur est volumineux , on retrouve la circonvolution antérieure , et elle naît même fort en arrière. Parmi les marsupiaux , le cerveau des kanguroos et du woinbat a quelques circonvolutions peu nom- breuses ; celui des sarigues et celui du dasyure oursin n'en ont pas, et, en général, leurs hémisphères sont très remarquablement petits. J Les rongeurs , en général, n'ont presque aucune cir- convolution sensible. Leurs hémisphères sont presque entièrement lisses , ou ne montrent que quelques lignes peu enfoncées ; [ il en est de même dans les tatous et \e?> fourmiliers parmi les édentés. Ijunau seulement paraît en avoir quelques unes ; il y en a d'assez nom- breuses dans Véchidné et aucune dans VoriiithojjJi^ que; ] mais on retrouve beaucoup de circonvolutions dans les pachydermes et dans les ruminants. [La circon- profondeur d'un sillon de premier ordre étant 0,008, celle d'un sillon de second ordre était o,oo5 ; dans une loutre , le sillon du contour de la cir- convolution sylvienne ayant 0,0 lo de profondeui, celle d'un autre sillon était de o,oo5, sans parler des autres sillons plus superficiels encore. ART. V. CERVEAU DES MAMMIFÈRES. 95 voliition sylvienne y est plus considérable que dans lès carnassiers; dans les ruminants notamment, elle occupe presque toute la moitié inférieure de rbémisphère d'arrière en avant. La postéro-supérieure et l'antérieure sont unies entre elles par un petit repli secondaire à la face médiane de l'hémisphère dans le ce//, le mou- ton^ le bœuf, \linsula est très sinueuse, et n'est pas recouverte par les deux lèvres de la scissure de Sylvius.] Le dauphin a des circonvolutions nombreuses et profondes. [A cet égard, aucun animal ne peut lui être comparé; mais ces circonvolutions sont très peu épaisses, extrêmement sinueuses, serrées, et comme engrenées les unes avec les autres. Les trois grands re- plis se retrouvent aisément au milieu des nombreuses sinuosités des sillons de tous les ordres. C'est une chose remarquable que les animaux qui vivent en grandes troupes, comme le phoque^ \élé' phanl^ le cheval, le renne, le bœuf ^ le mouton^ le dauphin^ sont précisément ceux dont le cerveau a les circonvolutions les plus nomJ^reuses et les plus contournées. ] p. Cervelet. Tous les mammifères ont la surface du cervelet marquée de sillons transversaux, parallèles et rappro- chés comme dans l'homme ; mais ils diffèrent entre eux par d'autres sillons qui le divisent en lobules , et qui semblent y former des circonvolutions analogues à celles du cerveau. Ils sont assez nombreux dans les carnassiers , les ru- minants et les solipèdes. On en voit moins dans les autres ordres. [Il semble, au premier abord, presque €6 IX* LEÇON. CERVEAU DES AÏNIMAIJX VERTEBRES. impossible de se rendre compte de la disposition de ces loJDules, et dy observer un ordre régulier. Cepen- dant, quand on a examiné ie cervelet dans un très grand nombre de genres et d espèces, on parvient à se faire une idée plus nette de la disposition des replis de cet organe. On remarque d'abord que dans un certain nombre d'animaux, et notamment le Ijiix^ le Icnna^ le pécari, etc., une partie des lobules, sur la ligne médiane, sont produits par des sinuosités du lobe médian qui , étant fort développé, se replie plusieurs fois sur Ini-méme ; mais dans beaucoup d'au- tres animaux, plusieurs carnassiers, comme le coati ^ ]a. fouine , les marsupiaux, la plupart des rongeurs et les édentés, le lobe médian est droit, et ne forme à la face postérieure du cervelet aucune sinuosité. Ouan? aux lobes latéraux, leur degré de complica- tion est très variable. Les plus simples de tous sont ceux du sarigue^ qui forment aux deux côtés d'un lobe médian volumineux deux segments de spbère mar- qués de sillons verticaux comme la surface d'un me- lon ; au-dessous d'eux se glisse une lamelle née de la partie inférieure du lobe médian, et qui vient se ter- miner en dehors en un petit lobule conique. Dans le kan<^uroo et dans le wombat, il y a de chaque côté du lobe médian une bandelette fibreuse blanche (i) entre ses sillons et ceux des lobes latéraux : c'est le noyau fibreux du cervelet qui se montre à l'extérieur, et d'où l'on voit naître les lamelles des lobes latéraux. Parmi les animaux qui ont les lobes latéraux plus com- (i) Voy. Pliilosophical tra^tsactions.) i837;Ovven, On the structure of-the hrain in mamupiat anhnals^ ]A. 5 . fifj. 3 p» j. ART. V. CERVEAU DES MA3IMIFÈKE&. 97 piiqiiés que les précédents, il y a quelques petits carnas- siers, co m me les coaiis ^U'.s /7iafles\\ts loutres ^oi\ la cir- convoiiitioii qui forme ce lobe affecte iioe disposition particulièrement régulière. Eiie naît du lobe médian à la partie supérieure; elle se dirige en dehoi's, puis se replie sur elle-même et successivement, de dehors en dedans, de haut en bas et de dedans en dehors , formant sur le noyau du cervelet des contours comparables aux sinuosités régulières d'une route tracée sur le flanc d'une montagne. Quand on a suivi attentivement cette dispo- sition du lobe latéral, on peut retrouver une disposition analogue dans les lobules du cervelet de plusieurs animaux, où ils semblent, au premier abord, très irré- gulièrement distribués , et où leur développement plus grand ne permet pas un plissement aussi simple et aussi régulier. Mais il y a d'autres animaux où tout i-approchement avec cette disposition devient im- possible,] 5° Développement, des parties intérieures du cer- veau dans les mammifères, [Cest surtout des parties intérieures du cerveau des mammifères qu'il est exact de dire qu'elles sont sem-» blables à ce que montre le cerveau de l'homme ; à la surface, nous avons remarqué de grandes différences, soit dans la forme générale, soit dans l'absence ou dans la présence des circonvolutions, soit dans l'étendue et le nombre de ces circonvolutions elles mêmes; à la face inférieure, nous verrons encore quelques différences assez notables; mais pour les parties profondes, ce ne sont guère que leurs proportions relatives qui varient. A part quelques exceptions en rieuses, cette règle est 3. 7 9S IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTEBSÉS. constante , et nous dispense d'entrer dans des détails sans intérêt. ] a. Tubercules qaadrijumeaux. Les tubercules quadrijumeaux augmentent de gran- deur proportionnelle dans les animaux qui s'éloignent de l'homme, et sont fort considérables clans les herbi- vores, tant rongeurs que ruminants, pachydermes et solipèdes. Ces herbivores ont tous les nates arrondis et beaucoup pins grands que les testes ; ce qui fait pen- ser que c'est parmi eux que les anciens ont vu et nommé ces tubercules. [ Les kan^iiroos ressemblent tout-à-fait aux herbi- vores sous ce rapport. ] Dans les singes . la proportion respective des tuber- cules est à peu près la même que dans l'homme ; mais dans les carnassiers, les testes sont généralement plus grands que les nates. Dans le dauphin , ils ont au moins le triple du volume. _ [ Dans les tatous , les tubercules antérieurs , très petits, sont comme nichés dans une concavité que leur offrent les postérieurs, qui sont très éievés d'arrière en avant. Dans Véchidné et dans \ ornithorynque ^ les nates sont beaucoup plus grands que les testes; le sillon longitudinal qui sépare les premiers est très superficiel, et il manque entre les seconds, qui sont ainsi confondus en un seul tubercule. Au surplus, ces rapports des tubercules quadriju- meaux entre eux, qui sont vrais pour l'ensemble des grandes familles, rencontrent cependant dans ces fa- milles mêmes quelques exceptions. Ainsi , dans quel- ÀBT. V. CERVEAU DES MAMMIFÈRES. 99 ques petits carnassiers, les coatis, le raton, Vàgenette^ les tubercules antérieurs sont au moins égaux aux pos- térieurs. Ce qu'on peut remarquer de plus général , c'est que les tubercules antérieurs sont toujours rapprochés l'un de Fautre sur la ligne médiane; tandis que dans cer- taines espèces, les postérieurs sont si fortement portés en dehors , qu ils ne sont plus réunis l'un à l'autre que par une mince cloison verticale adossée à la paire antérieure. J p. Corps genouillés. Les tubercules que nous avons indiqués dans l'homme , comme formant une troisième paire sous le nom de corps genouillés internes, deviennent, dans les makis ^ dans les chiens et dans les autres carnassiers, aussi gros que ceux des autres paires^ mais ils ne sont que peu ou point sensibles dans les ruminants. [Ils sont très volumineux dans le cheval ^ et toujours unis aux testes par un fort foisceau fibreux qui semble passer sous le nerf optique, et se rendre dans les couches optiques. Dans les singes^ notamment dans Xouan- derouj elle /)apion haniadryas ^ on voit le corps ge- nouillé interne recevoir aussi un faisceau des nates, et donner une racine qui vient assez bas se réunir au cordon principal du nerf optique (i). Le corps genouiilé externe est beaucoup moins conj- stant que l'interne, et sa saillie, déjà très effacée dans les singes, ne se distingue plus dans les autres classes ^î) Cnvier, rapport riti», p. 5o »< dessins inédit». 100 IX* LEÇON. CEBVEAU DES ANIMAUX TERTEBBÉS. du relief de la couche optique sous le ruban du nerf qui la coiffe. y. Couches optiques et glande pinéale. Le volume des couches optiques paraît être en rap- port assez direct avec Je volume des replis des hémi- sphères. Cela est surtout remarquable dans le dauphin , où les hémisphères ont une épaisseur et une largeur si considérables. La glande pinéale ne présente pas de différence re- marquable. Elle est tantôt allongée en cylindre, comme dans le bœuf o\\\e phoque ^ tantôt triangu^îaire , pris- matique ou cordilorme, comme dans le mouton, dans le cheval ^ ou conique, comme dans les singes; elle est généralement petite dans les carnassiers. On suit distinctement ses faisceaux d'origine à la face su- périeure des couches optiques jnsqu'à la commissure antérieure. Dans le sarimie ^ le faisceau d'origine de la glande est volumineux, et forme saillie au bord supé- rieur de la couche optique. Plusieurs anatomistes affir- ment n'avoir rencontré dans aucun animal de petites concrétions analogues à celles qu'on observe dans la glande pinéale de Thomme. ] S. Corps canjielés ou striés. Les corps cannelés ne diffèrent guère que par un peu plus ou un peu moins de largeur. [Ils sont, dans tous les mammifères, séparés des couches optiques par un sillon très marqué, et quelquefois très profond, qui loge la bandelette semi-ciiculaire et le pilier de la voûte, et leur volume est, en général, assez semblable à celui des couches optiques. Dans le dauphin , cepen- AKT. V. GEBVEAL' DES MAMMIFÈRES. 101 dant, la disproporlion est considérabie; îe corps strié est beaiiconp iiioins saillant et moins volnmiiieiix que la couche optique. ] e. Corps calleux^ voûte et corne {rAmmon. Comme les corps cannelés, le corps calleux et la voûte ne diffèrent guère que par un peu plus ou un peu moins de largeur. Les cornes d'Ammon sont généralement plus grandesà proportion dans les mammifères. Leur surface ne présente pas de boursouflure comme dans l'homme. [Le corps calleux semblerait être en rapport de déve- loppement avec le corps strié, si l'on constatait dans d'autres animaux ce que montre déjà le cerveau du dauphin^ qui a des héîuisphères volumineux , un corps calleux proportionnellement petit et peu épais, et un corps strié très médiocre. Mais il y a, dans les mar- supiaux, une disposition remarquable de Fappareil de commissure formé par la votîte et le corps cal- leux. Cet appareil y est réduit à ce point, que l'on a pu dire avec quelque vérité que le corps calleux n'existe pas; en effet, si dans le kangurao ^ par exemple, on enlève la calotte à(^'i hémisphèies, on ap- perçoit les piliers postérieurs de la voûte qui viennent se rejoindre en avant sur la ligne médiane, en forsnant ensemble un arc dont la concavité est en arrière, et en laissant les couches optiques découvertes. A leur point de contact, les deux piliers sont unis par un trousseau de fibres transversales, au-dessous duquel on voit de ciiaque côté le trou de Monro , et immédia- tement les piliers anlérieurs plongent au-devant de la couche optique. Il n'y a donc plus ici cette commissure si étendue et si complète dans les autres mammi- 10'2 IX* LEÇOÏI. cEâVEAlJ DES A?*IMAl.'X ^Sft'fiBIlÉS. ières : plus de septiun lucidu/n, plos de cette large membrane qui unit les hémisphères au fond de la scissure médiane^ en recouvrant la voûte et ses pihers ; toutes les fibres transversales de la voûte et tout le corps calleux sont réduits à ce faisceau d union au-dessus et en avant des corps striés (i). Mais en même temps que la commissure du corps calleux di- minue, la commissure antérieure acquiert un volume énorme; elle est, dans le cerveau du /iajiguroo ^ quatre fois plus grosse que la commissure antérieure dans le cerveau du bœuf, tandis que le volume du cerveau lui-même est quatre fois plus petit. Cette dispari- tion presque totale du corps calleux ne se lie pas à un développement moindre du cerveau. Les hémi- sphères sont, avec la masse totale de Fencéphale. dans leurs rapports ordinaires , et rien au premier aspect ne ferait soupçonner la disposition de la voûte. Les mêmes particularités de structure s'observent dans le cerveau du wombat ^ des -pliai an gers ^ des da- si/ures^ des sarigues; le cerveau de Xéclûdné et de \ ornithorynque ^ parmi les monotrèmes, les montre également, et elles forment ainsi une remarquable coïncidence avec le développement particulier du fœtus de ces animaux , et l'absence de tout appareil placentaire dans le cours de leur vie utérine. ] (i) L'observation de M. Owen sur cette disposition du cerveau deS marsupiaux a été repousse'e à tort comme erronée. Il ne nie pas l'exis- tence du corps calleux dans les marsupiaux, comme on l'a supposé ; il déclare formellement qu'on peut voir, si on le veut, dans ce qui reste de la commissure, le rudiment d'un corps calleux; mais il relève avec raison l'absence dans les marsupiaux d'un corps calleux comparable à celui de» «utres mammifères. Ovv^n, raém. cit. ART. V. CERVEAU DES MAMMIFÈRES. 103 Ç. Ventricules. Les ventricules antérieurs ou latéraux n'ont de ca- vité digitale que dans Diomme et dans les singes. Cette partie n'existe dans aucun autre mammifère. Sa pré- sence dépend de celle des lobes postérieurs [Seulement dans les phoques et les dauphins ^ où la partie posté- rieure des hémisphères est considérable , le ventricule latéral, au moment où il descend dans la tubérosité temporale, se coude un peu en arrière, montrant ainsi comme un vestige de la cavité digitale du cerveau de riiomme. Ce ventricule se continue en avant dans beau- coup de mammifères avec le tube creux de la caroncule olfactive. ] Le troisième et le quatrième ventricule ne présentent pas de différences remarquables. [ Mais à la pointe du calanuis^ à Fendroit où le sillon postérieur de la moelle s'ouvre dans le ventricule, on observe souvent de chaque côté un petit tubercule. Nous l'avons vu même très développé dans \e porc-épic et Y agouti,] 6° De la base du cerveau et de l'origine des nerfs, La base du cerveau présente beaucoup moins d'iné- galité dans les mammifères que dans l'homme. La partie de l'entonnoir est beaucoup moins enfoncée; les lobes moyens et le pont de Varole sont moins saillants. [En avant du pont de Varole, ce qui frappe surtout, à partir des uiakis , c'est la disparition des circonvolu- tions, et la liaison intime et continue qui s'établit entre le lobe de l'hippocampe et le nerf, ou plutôt le lobe ol- factif. Nous avons déjà indiqué, dans la description de la face latérale du cerveau, la distinction qui s'opère 104 IX* LtÇOiN. CJiBV£AL iH:.'} AiNïMAi:.\ VEfcTÉBRÊS. entre la partie supérieure des hémisphères, qui se phsse en circonvolntioos, et la partie inférieure qui se eon- tinue d'arrière en avant, en un grand traetus qu'on pourrait appeler le traetus olfactif. A la face inférieure, ces deux traetus forment une saillie en forme de cœur, qiu occupe la base du cerveau presque tout entière dans les carnassiers, les rongeurs, les ruminants. La pointe du lobe de 1 h:ppocampe n'est plus séparée du quadri- latère perforé que par un faible sillon vascrdaire. Quand on compare cette disposition à celle du cerveau de rhomnie, on voit cjue le même effet se produirait dans ce dernier, si les circonvolutions externes du lobe moyen disparaissaient, si le quadrilatère perforé re- montait au niveau de la circonvolution eu crochet: du même lobe, et si le nerf olfactif s'unissait à ce quadri- latère par un cordon plus large et plus saillant. Le cerveau des mammifères ne présente donc à sa base en avant d'autre différence avec celui de l'homme que dans la proportion de ses parties. Plusieurs anato- mistes sont portés à considérer 1 apparition de cette saillie cordiforme, à la base du cerveau, comme se rattachant au développenjenl plus grand du sens de l'olfaction chez les animaux où on l'observe; et ce qui semble confirnîcr cette opinion, c'est que dans le dau- phin, qui n'a pas dolfaction, on ne retrouve plus rien de senjbîable, mais, au coniraire, une scissure de Syl- vius profonde qui sépare le^i deux lobes cérébraux. Ceux-ci sont couverts de circonvolutions , et un petit espace quadrilatère perforé se voit au-devant du chiasma des nerfs optiques. Le tu/jer ciiiereum suit l'aplatissement de la face in- férieure du cerveau , et les tubercules mamillaires , ART. V. CEiUKAL' DES MAlMM! t ÈïlES. Ï05 souvent bien dislincMs, comme dans le callitrichc ^ Je Uoii^ le lyrix^%ii confondent le pins fréquemment en un seul , comme on îe remarque dans le (himan , dans le ce?'/, dans le lama , etc. La diminution de la saillie du pont de Varole est en relation directe avec îe moindre développement des lobes du cervelet. immédiatement en arrière à\\ ]>ont de Varole, la face inférieure de îa moelle allongée montre une dis- position qui ne se voit point dans l'homme : c'est une petite bandelette fibreuse qui s'étend, parallèlement au bord postérieur du pont de Varole, depuis la py- ramide antérieure jusqu'au point où le nerf auditif se sépare de la moelle. Cette bandelette a été nommée corpus Irapezoïdeuni y ou simplement trapèze. On la voit déjà dans les singes, Yorang-oulam:; excepté, et on la retrouve dans tous les animaux , même le dauphin , où îa protubérance annulaire est si développée. Elle paraît liée à Fori^^ine du nerf iacial. ] Les éminences pyramidales se prolongent plus en arrière dans \e^ mammifères que dans l'homme. [ Les olives sont encore bien distinctes des pyramides dans \ç.s singes ; mais déjà dans certains carnassiers, (^omme Yours ^ elles ne sont bien marquées qu'en avant; dans d'autres, comme le lynx ^ le mêlas .^Xç. phoque, etc., leur bord interne se confond dans toute sa lon.gueur avec le bord externe des pyramides, et on ne les dis- tingue plus de celles-ci que par îa ligne d'origine des filets nerveux de la douzième paire. ] Quant aux nerfs, il n'y a que l'olfactif qui présente des différences remarquables. Les singes seuls [et les phoques parmi les carnassiers ] l'ont, comme l'homme, 106 IX* LECOîS. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. détaché jusqu'à la base de la masse du cerveau, et en forme de filet médullaire. Dans les autres, il y a une grosse éminence cendrée qui remplit la fosse ethmoï- dale, et dont Tintérieur contient une cavité qui com- munique avec le ventricule antérieur. C'est cette émi- nence que les anciens avaient appelée caroncule mamil' laire. [Dans certains animaux, comme la taupe ^ le sarigue^ elle se place au-devant des hémisphères, et peut être regardée comme formant au-devant des masses cérébrales une première paire de tubercules. Cette caroncule mamillaire et son pédicule sont dans une relation de développement intime avec cette por- tion saillante de la base du cerveau dont nous avons parlé. A la surface de ce tractus olfactif, les fibres blanches du nerf naissent par deux racines, l'une, externe, large et forte, que l'on suit jusqu'à la pointe du lobe d'hippocampe; l'autre, interne, qui s'enfonce dans la scissure médiane. Dans les phoques ^ le nerf, au lieu d'être appliqué sur un sillon, comme dans l'homme, est enfoncé dans ce sillon, dont les deux bords se rap- prochent sur lui, et lui forment une sorte de gaine étroite. ] Les dauphins n'ont point du tout de nerfs olfactifs, ni rien qui les remplace (i). [Il en est sans doute de même des autres cétacés voisins; mais les haleines paraissent avoir quelques filets olfactifs, car leur crâne présente une fosse ethmoïdale percée de quelques trous. Quant aux cétacés herbivores, les lamantins ^ les dugongs et le stellère^ ils ont un organe de l'olfac- (i) Guvier, Hègne animal , î® édit., 1829,1 I» p. 285 et 296. > «sî:- i.fiï. V. CERVEAU DES MAMMIFÈRES. 107 tion complet , et par conséquent un nerf olfactif comme les autres mammifères. Dans tous les mammifères, le faisceau principal du nerf optique vient des nates au corpus geniculatum externuin , après avoir coiffé l'extrémité de la couche optique, de manière à faire croire que c'est de cette couche que descendent les fibres nerveuses. Le nerf optique existe chez tous les mammifères. Il a une ténuité extrême dans la taupe; on l'y trouve pourtant très distinctement. Après avoir soulevé le cer- veau avec précaution, nous avons pu voir, même à Fœil nu , et sans aucun doute possible , le nerf s'enfoncer dans le trou optique (i). Le nerf ocuio-moteur naît des pédoncules cérébraux à une distance plus ou moins grande du pont de Va- role. Dans les ruminants et les solipèdes^ on les voit assez loin du pont, entre cet organe et le tubercule mamiliaire. L'abducteur naît à l'angle de réunion des pyramides et du pont par des filets plus longs en arrière qu'en avant , et dans la ligne qui sépare la pyramide du tra- pèze. Dans quelques animaux , comme la marmotte et le pécari ^ on voit clairement que leur sillon d'origine est la suite du sillon d'où sortent les filets de la dou- zième paire. Les nerfs oculo-moteur, pathétique et abducteur se retrouvent dans la taupe à leur point d'origine ordi- (i) En 1824, flans les leçons par lesquelles M, Cuvier ouvrit, au Mu- séum , le cours d'anatomie comparée, i! annonçait déjà que le nerf op- tique, dont le mémoire couronné de M. Serres mettait alors l'existence en doute dans la taupe , y existait positivement. 108 IX* LEÇON. CERVEAU UES AMMAC\ VEHTÉEllÉS. iinire, et aussi îéniis que loptique. lies deux dernières paires sont remarquabîeineDt fines dans ie castor. Le nerf trijumeau acquiert: dans quelques animaux, comme le castor parmi les ronfleurs (i) , le lama, et le chameoM parmi les ruminants , un volume très consi- dérable, comparé à celui des autres nerfs. Dans la plupart des cerveaux, les deux parties qui ie compo- sent sont très distinctes dès son origine, et toujours extrêmement inégales; la [)lus petite est en dedans. Il nous a semblé, et cela nous a surtout frappé dans les cer- veaux àwlynx. du mêlas ^ au porc-épic ^ de Y agouti^ du pécari.^ du. cochon^ que le faisceau d'origine de la grosse portion du trijumeau venait se montrer à la face supérieure de la moelle allongée, en dehors du calamus. entre les fibres du cordon postérieur au'il écarte (2). Lorsqu'il est arrivé sur le côté de la moelle, on distingue encore sa saillie sous une couche de fibres transverses qui le croise, et qui semble continuer en arrière le pont de Varole. Cette couche, quelquefois très forte, comme dans ]a.genette^ se remarque à la face latérale de la moelle allongée de la plupart des mammifères, et elle va se confondre avec le corps restiforme sur le bord du quatrième ventricule. C'est entre ses fibres que sortent les filets des nerfs glosso- pharyngien et pneumogastrique, quisend^lent fournis par ce niême faisceau iibreux de la cinquième paire. Le nerf facial se détache obliquement du trapèze de (ij Le nerf optique du castor ayant, par exemple, o,ooi de iar(jcur, le trijutiieau a o,oo5. (2) C'est cette pariie que M. Serres a décrite comme un tubercule do matière (i;rise interposé entre les cordons antérieurs et postérieurs de la moelle allongée. Anat. comp. du cerveau y i. ÎI, p. aoo. ARÏ. V. CERVEAU DES MAMMIFÈBES. 109 la moeMe allongée, dont il semble être la continuation. Il naîtrait ainsi des cordons antérieurs de la moelle, vers la ligne médiane , et sous les pyramides. L'origine du nerf acoustique se confond avec le corps restiforme sur le pédoncule postérieur du cer- velet. Ce nerf contourne le pédoncule sons la forme d'une bandelette saillante, et devient libre à l'extrémité du trapèze , où il rencontre le nerf facial. Dans le dauphin , le nerf auditif est logé dans un profond sillon du cervelet, et il acquiert un volume très grand. 11 a plus du double de la septième paire, et est presque d'un tiers plus grand que la cinquième (i). Les neuvième, dixième et douzième paires ne pré- sentent rien de particulier dans leur oriaine. La onzième, ou le spinal, existe dans tous les mam- mifères. Dans les petites espèces, comme la belette^ la taupe ^ le ixit ^ le nmscardin ^ ce nerf commence vers la racine de la troisième paire cervicale; dans les espèces plus grandes, comme le chien ^ le renard^ le chat^ le cochon^ le vcaa^ le bouc^ il commence vers la racine des septième , sixième ou cinquième paires (2). ] Résumé sur le cerveau des mammifères, 11 résulte de ces observations que le caractère propre du cerveau de l'homme et des siii'ges consiste dans l'existence du lobe postérieur et de la cavité di- gitale ; celui du cerveau des carnassiers, dans la peti- (i) Lar^jeur de la cinquième paire du dauphin ordinaire, 0,005. — - septième — — o,oo3. — huitième (nerf auditif) — 0,007. (a) Bischoff, Neroi accessorii wiliisii amatomia et physiologiu ^ >"-4 ? Darmstadt, ï832. 110 IX* LEÇON. CEBVEAU DES ANIMAUX VEBTÉBEÉS. tesse des nates relativement aux testes ; celui du cerveau des rongeurs, dans la grandeur des nates ^ et dans l'ab- sence ou le peu de profondeur des circonvolutions; celui du cerveau des animaux à sabots , dans la .gran- deur des liâtes^ jointes à des circonvolutions nom- breuses, profondes; celui du cerveau des cétacés, dans sa grande hauteur et sa grande largeur, et pour plu- sieurs genres dans l'absence totale des nerfs olfactifs. On voit aussi que les herbivores ont tous les nates plus grands que les testes ^ et que c'est le contraire dans les carnivores. ARTICLE VI. DU CERVEA.U DES OISEAUX. A. Encéphale. Le cerveau des oiseaux se distingue au premier coup d'oeil, parce qu'il eè>t formé de six masses ou tubercules, tous visibles à l'extérieur, savoir : deux hé- misphères, deux tubercules jumeaux, analogues des tubercules quadrijumeaux des mammifères (i); un cervelet et une moelle allongée. [Les couches optiques (i) Il y avait dans ia première édition ces mots : deux couches op~ tiques. C'était la délermination de Haller. Mais, dès 1808, M. Cuvier, adoptant la détermination de Gall, reconnaissait dans les tubercules dont il s'ag-t les véritables analogues des tubercules quadrijumeaux. « Nous avons vérifié, dit-il. cette remarque importante; elle ne souffre pas de réplique. Il est d'autant plus du devoir du rapporteur de le re- connaître, qu'il avait adopté l'erreur commune dans ses ouvrages. » Cu- vier, rapport cité, p. 33. — Nous avons donc substitué, dans tout 1 ancien texte de cet article , les mots de tubercules bijumeaux h ceux de couches opticjues. ART. M. CERVEAU DES OISEAUX. Ul sont situées profondément, et entièrement cachées par la partie postérieure des hémisphères. Le cerveau des oiseaux, dans toutes les classes, offre une remarquable uniformité dans sa forme, dans la disposition de ses parties, dans leur développement, de sorte que ce que Ton dit d'une espèce est en quelque sorte vrai de toutes les autres. ] Les deux hémisphères représentent une figure de cœur très bombée, dont la pointe est en avant. [Ils n'offrent aucune circonvolution; mais, vers le mi- lieu de leur face latérale , une forte impression vascu- laire semble la séparer en deux lobes, et marquer le dernier vestige de la scissure de Syîvius.] Les tubercules bijumeaux sont arrondis, lisses, placés en arrière, sous les hémisphères, mais sans en être enveloppés. Le cervelet n'a qu'un seul lobe comprimé latéralement, analogue du lobe médian des mammifères, et de cha- que côté un petit appendice conoïde qui s'engage dans une anfractuosité du temporal, il a des stries transverses, parallèles, serrées, [et qui marquent autant de sillons qui le partagent en lobules. Ces sil- lons, comme ceux des mammifères, se divisent en plusieurs ordres , suivant leur degré de profondeur. Ceux du premier ordre, ou les plus profonds, par- viennent jusque sur les jambes du cervelet; ils sont peu nombreux dans ï autruche; il n'y en a que deux , qui partagent le cervelet en trois lobules principaux : l'un postérieur et inférieur, généralement petit; l'autre supérieur et moyen, beaucoup plus considérable; le troisième antérieur. Chacun de ces lobules est divisé en lobules secondaires par des sillons de second ordre, qui convergent vers les jambes du cervelet, 112 IX* LEÇON. CERVEAU DES AiMMAUX VERTEBKES. niais sans arriver jusque près de la moelle. Enfin d'autres sillons , moins profonds encore, subdivisent les lobules secondaires en d'autres lobules plus petits. Cette distribution des sillons du cervelet est, en pié- néral, à peu près la même dans les autres cervelets que nous avons pu examiner. ] l/arbre du cervelet , tel que le montre une section longitudinale, est moins composé cpie dans les mammifères. Le centre du cer- velet est creusé d'un enfoncement qui conirauniaue i 1 avec le quatrième ventricule. La moelle allongée n a ni éminences pyramidales et olivaires distinctes, ni pont de Varole, ni corps trapézoïde; elle représente une large surface unie. Les jambes du cervelet y pénè- trent immédiatement , ou sV confondent avec les corps restiformes sans former de saillie. [Cependant , comme la moelle allongée se renfle manifestement à sa nais- sance, on devait présumer que les pyramides et les olives existent, et on retrouve, en effet, les premières soiis cette espèce de membrane unie cjui semble envelopper la moelle d'un côté à l'autre , à sa face inférieure. Dans le perroquet^ leur saillie est même assez distincte. Elles s'entrecroisent d'ailleurs à leur naissance. M. Serres a figuré cet entrecroisement dans \ autruche et le casoar. î^ous lavons directement observé à la loupe dans le cerveau du moineau. Quant aux olives, leur contour se confond sans doute , comme dans beaucoup de mammi- fères, avec celui des pyramides ( i). A la face supérieure de la moelle se voient, comme à l'ordinaire, les pyra- (i) M. Serres décrit deux cordons qui occupent, selon !ui,la place des olives, et qui sVpanouissent dans les tubercules bijumeaux. Ouv. cit., t. II, p. 19^. Nous ne les avons pas clairement aperçus. AllT. VI. CEfxVEAU DES OISEAUX. 113 mides postérieures et les corps restiformes. Ces coi- dons, après avoir formé le cervelet, traversent la couche optique, et pénètrent dans le corps strié en même temps que les cordons antérieurs de la moelle. ] Le corps cannelé ou strié forme à lui seul presque tout l'hémisphère; il ne présente pas dans son intérieur de stries alternatives blanches et grises, est de la forme d'un rein , et n'a point de queue : aussi les ventricules antérieurs ne se recourbent-ils point en dessous, comme dans les mammifères , et il n'y a point par con- séquent de corne d'Ammon. [Cependant la paroi membraneuse qui ferme le ventricule en arrière et en bas rappelle bien la disposition analogue , mais plus compliquée, du cerveau des mammifères. ] Les oiseaux n'ont point de corps calleux, ni de voûte, ni de cloison transparente. Lorsque Ton écarte les deux hémisphères , on voit qu'ils sont séparés selon toute leur hauteur, et qu'ils ne s'unissent l'un à l'autre qu'en ar- rière , vers la commissure antérieure du cerveau. La face par laquelle ils se touchent présente des lignes rayonnantes blanches qui semblent venir de cette com- missure, [mais qui, en réalité, naissent d'un bourrelet fibreux qui fait saillie à la face interne du corps strié, en avant de la commissure. Ce bourrelet est plus arrondi et plus saillant dans \ autruche que dans les autres oi- seaux, et y forme comme un tubercule ( i ).] Cette surface (i) C'est ce bourrelet qui constitue la première pairt; de tubercules dont il est question dans le passage suivant de la première e'dition qui terminait la description du cerveau des oiseaux, et que nous n'avons pas pu conserver : «Entre les corps cannelés et les couches optiques sont quatre émi- nences arrondies qui se voient mieux dans l'autruche que dans les autres oiseaux. Les premières sont situées en avrint de la commissure anté- 3. 8 114 i:^'' LliÇOK. CiiHVEAU L>ES AWIMAUX VEKTÉBKÉS. est formée par une cloison mince qui sert de paroi aux ventricules antérieurs. (Jette cloison est, comme à l'or- dinaire, un repli de l'appendice du corps cannelé , [ou plutôt c'est une membrane fibreuse qui naît de la face supérieure de ce corps, et descend à la face interne des hémisphères, en embrassant le pédoncule cérébral par ses piliers d'attache antérieur et postérieur. En arrière, elle Umite une fente, par laquelle les ventricules laté- raux communiqueraient ensemble et avec le troisième, si le plexus choroïde ne s'y opposait. Ce repli, par ses attaches et par son trajet, semble être Fanalogue du grand repli ou de la circonvolution que nous avons nommée dans les mammifères circonvolution du corps calleux. ] La commissure antérieure se prolonge de chaque côté dans la substance des hémisphères , comme cela a lieu dans l'homme et dans les mammifères. [Les couches optiques sont également, comme dans I ceux-ci , placées en arrière de celte commissure , sépa- rieure,dans les ventricules antérieurs mêmes; les autres sont en arrière de cette commissure, et font saillie dans le troisième ventricule, à peu près au lieu où se trouve la commissure molle des mammifères. Ces tu- bercules n'ont point d'analogues dans le cerveau de l'homme ; mais nous leur en trouverons dans celui des poissons. » Les deux autres èminences dont il est question dans ce passage sont les couches optiques elles-mêmes, méconnues alors par M. Cuvier. Quant à ce bourrelet d'origine ou de convergence d'une partie des fibres de la mem- brane raYonnée,M. Serres (ouv. cit., p. 47?) l'assimile au pilier anté- rieur de la voûte, qui s'attacherait au-devant de la commissure, et non plus en arrière comme dans les mammifères. Mais il faudrait supposer ici une transposition que rien n'annonce. C'est précisément cette différence dans l'attache antérieure qui nous empêche d'assimiler à la voûte la cloi- son interne de l'hémisphère des oiseaux. ABT. VI, CRRVEAU ï>ESy OiSKAUX. Ho rées des corps striés par le cercle fibreux de l'orifice ventricidaire, et recouvertes par les hémisphères. Leur volume est fort petit, comparé à cekii du corps strié. Une commissure postérieure, sous la forme d'une ban- delette blanche, unit les couches 'optiques en avant de la large membrane qui s'étend au-dessus de l'aqueduc de Sylvius, d'un tubercule bijumeau à l'autre. ] Le troisième ventricule est situé entre les couches optiques (i). Les lignes blanches qui les bordent supé- rieurement se prolongent, comme à l'ordinaire, pour servir de pédicule à la glande pinéale : il est borné en avant et en arrière par les commissures. he fond du troisième ventricule communique dans l'entonnoir. Sa partie postérieure communique aussi avec le quatrième ventricule; mais la voûte placée sur cette espèce d'aqueduc n'est point surmontée par les tubercules quadri jumeaux. C'est une simple lame mince , qui n'est autre chose que la valvule du cer- veau prolongée davantage en avant, [et qui imit les tubercules bijumeaux. Quant à ces tubercules eux- mêmes , placés, dans les premiers temps de la for- mation de l'embryon des oiseaux, à la face supé- rieure de l'encéphale , ils subissent peu à peu , à me- sure du développement de l'organe, un mouvement de dedans en dehors qui les écarte l'un de l'autre, et (i) Il est étonnant qu'ayant , clans ce passage de la première édition, si bien déterminé les couches optiques des oiseaux, MM. Guvier etDumeril leur aient rattaché encore deux parties aussi distinctes que les tu- bercules bijumeaux. Ils considéraient donc les couches opli(iues comme i-ormées de deux parties,: l'une, interne ventriculaire; l'autre, externe, plus spe'cialement en rapport avec les nerfs optiques. C'est une opinion que M. Treviranus a reproduite depuis la diéterminatiou de Gali. 116 IX* LEÇON. CEHVEAL DES AJNIMAUX VEKTÉBRÉS. qui les fait comme pivoter autour de Taxe nerveux , pour venir se placer, dans l'animal adulte , presqu a la base du cerveau et sous les hémisphères, ainsi que nous l'avons dit plus haut.] Le quatrième vefttricule est semblable à celui des mammifères , et contient aussi l'impression longitudi- nale appelée plume à écrire. Les tubercules bijumeaux contiennent chacun un ventricule qui communique avec les autres dans Ta- queduc de Sylvius. il n'y a point d'éminences ou tubercules mamillaires. [FjCS oiseaux ont tous, comme les mammifères, le tuber cinereum et une tige pituitaire. ]; B. Origine des nerfs. [Les nerfs olfactifs se détachent de la pointe des hé- misphères, en dessous, et on voit à la base du cerveau des traits blancs qui leur servent de racines, et qui se dirigent en dehors vers le lobe postérieur de l'hémi- sphère, le long de l'espace perforé. Le nerf se termine, comme dans les mammifères , par un lobule creux, et qui communique par un canal avec le ventricule anté- rieur, ainsi qu'on le voit dans les vautours ^ dans ïau- triiche, dans le goëland. Les nerfs optiques naissent du volumineux tubercule bijumeau et ils forment immédiatement leur chiasma. La troisième paire sort de la moelle allongée, ou des pédoncules du cerveau, au moment ou iis s'enfoncent sous les tubercules bijumeaux. La quatrième vient, comme à l'ordinaire, delà valvule du cerveau, et la sixième naît à la partie médiane delà face inférieure de la moelle allongée, laissant entre ses racines et celles de ART. Vil. CERVEAU DES REPTILES. 117 la troisième l'espace occupé dans les mammifères par le pont de Varole. Les autres nerfs de TencépLale ne pré» sentent point de différence dans leur origine; seule- ment, en raison de la forme bombée qu'a prise la face inférieure de la moelle, il faut chercher plus haut, sur sa face latérale, les filets d'origine des nerfs, à l'excep- tion de ceux de l'hypoglosse. Le nerf spinal naît à peu près à la hauteur de la troisième vertèbre cervicale, et comme dans les mammifères, du cordon latéral de la moelle, au-dessous des racines supérieures des nerfs vertébraux (i). ] ARTICLE VIL DU CERVEAU DES REPTILES (2). A. Encéphale, [Le cerveau des reptiles, en général, ressemble au cerveau des mammifères par la position relative des (i) M. Serres dit n'avoir trouvé ce nerf que dans l'autruche, le casoar et la cigogne blanche; mais il existenlans tous les oiseaux. Nous l'avons vu dans l'aigle, le dindon et le canard. M. BischofF (ouv. cit., p. 89) l'a Hguré avec soin dans six espèces de genres différents ; mais ce dernier auteur décrit le spinal comme naissant dans les oiseaux et dans les rep- tiles par des fdets implantés au-dessus des racines supérieures des nerfs vertébraux. Son observation l'a évidemment trompé. {2) Dans la première édition, les déterminations des diverses parties du cerveau des oiseaux étaient appliquées aux parties analogues du cerveau des reptiles: ainsi, MM. Cuvier et Dimieril y appelaient couches op- ticjues les tubercules quadrijumeaux ; ils décrivaient le cerveau des reptiles comme manquant de ces tubercules, et ils méconnaissaient les véritables coucnes optiques. Nous avons dû rétablir dans cet article les détermina- tions, telles que M. Cuvier les avait reconnues et adoptées, depuis son rapport sur l'ouvrage de Ga!l. Cela a nécessairement entraîné la suppres» sion d'une partie notable de la description de la première édition. 118 )X'= LEÇON. CERVEAU DES A?«fMAlIX VERTÉBBÉS. hémisphères, des tubercules quadri jumeaux et du cer- velet ; à celui des oiseaux par la petitesse des couches optiques: à celui des poissons par la longueur de leurs lobes olfactifs et la continuité de ces lobes avec la partie antérieure des hémisphères ; mais l'ensemble du cerveau est bien moins volumineux qu'on ne Fa vu dans les oiseaux. Il rempHt encore exactement cepen- dant la cavité du crâne.] Toutes les parties du cerveau des reptiles sont lisses et sans circonvolutions. [La cavité du lobe olfactif est en communication avec le ventricule dont Thémisphère est creusé. Cet hémi- sphère est, comme dans les oiseaux, composé d'un noyau ou corps strié, dont le volume varie suivant les ordres, et d'une membrane ^ui ferme le ventricule en haut et en dedans, et vient, par deux piliers, l'un an- térieur, l'autre postérieur, embrasser le pédoncule du cerveau dans une anse par où passent les plexus cho- roïdes. Les couches optiques sont aussi, comme dans les oiseaux, très petites, limitant le troisième ventricule; les tubercules quadri jumeaux, placés au-dessus de Faqueduc, sont arrondis, {généralement au nombre de deux, séparant les hémisphères d'avec le cervelet, et creusés, comme dans tous les oiseaux, d'un ventri- cule qui communique avec le troisième.] On voit aux deux extrémités de celui-ci les commissures antérieure et postérieure, mais il n'y a point de commissure molle. [Le cervelet est généralement petit^et quelque- fois réduit à une simple lamelle transversale. Il ne re- couvre pas tout le quatrième ventricule, qui est ter- miné, comme à l'ordinaire , en pointe par Fécarte- ment des cordons postérieurs de la moelle. La face inférieure du cerveau est presque unie , n'y ART. VII. CERVEAU DES REPTILES. 1 19 ayant d'antre saillie que celle du chiasma des nerfs optiques et du tuher cinereum^ et le pont de Varole n'existant point du tout. Gomme dans les oiseaux, une impression vasculaire, qui semble une trace de la scis- sure de Sylvius, partage Thémisphère en deux lobes, dont le postérieur est creusé par l'extrémité du ven- tricule latéral. La glande pinéale et la pituitaire existent dans tous les reptiles.] Dans les tortues ^ les hémisphères forment un ovale dont la partie antérieure , séparée de la postérieure par un sillon transverse, représente une espèce de bulbe qui sert comme de racine aux nerfs olfactifs. Ce bulbe est trois fois moindre que l'hémisphère propre- ment dit. [ Les hémisphères laissent voir, par leur écartement en arrière, la glande pinéale et les couches optiques qui lui donnent naissance. ] Leur intérieur est creusé comme à l'ordinaire par un ventricule , et contient un corps analogue au cannelé , qui ressemble assez pour la forme à celui des oiseaux. [Mais il est beaucoup moins volumineux , et par conséquent la cavité du ventricule beaucoup moins remplie. Il offre aussi dans sa forma- tion une disposition nouvelle. Les jambes du cerveau, parvenues dans le lobe hémisphérique, ne s'y renflent pas immédiatement en un gros noyau , comme dans les mammifères et les oiseaux, mais elles se recourbent d'abord d'avant en arrière, et de bas en haut , avant de se renfler en un tubercule qui est le corps strié (i), et elles forment ainsi une sorte de circonvolution à (i) Voy. Bojanus, Anat. test, europ.^ pi. ai , fiff. S.'ï , où cette dispo- > sition est bien représentée. 120 ÏX« LKÇON. CEr.YEAU DES ANIMAUX VERTEBRES. rintérieur du ventricule. Les couches optiques sont fort petites , et surmontées d'une glande pinéale assez grosse. ] Les tubercules bijumeaux ne sont pas plus grands que les bulbes des nerfs olfactifs. Leur forme est ar- rondie. [Mais au lieu d'être seulement distingués Fun de l'autre par un sillon superficiel , comme dans les mammifères , ils sont séparés par un sillon profond , qui descend jusqu'au plafond de l'aqueduc et dans lequel pénètre un repli de la pie-mère. ] Le cervelet est à peu près hémisphérique. [C'est une simple lame bombée , d'égale épaisseur dans toute son étendue, et couvrant 'comme d'une calotte une partie du quatrième ventricule. Le reste de cette ca- vité est recouvert par un plexus vasculaire, qui s'é- lève de chaque côté de la moelle allongée en formant une espèce de valve , et complète , en s'unissant au bord du cervelet, le plafond du quatrième ventri- cule (i). Ce ventricule est très grand et très allongé d'avant en arrière. Sur son plancher, vers la ligne médiane , les deux cordons antérieurs de la moelle font une saillie marquée en se dirigeant vers les parties anté- rieures du cerveau. Les crocodiles et les autres sauriens ont le biiibe olfactif moins rapproché de l'hémisphère que dans les tortues, et le pédicule qui réunit ces deux parties est quelque- fois très fin, comme dans le caimanà museau de bro- chet ; mais il est toujours creusé d'un canal. Les deux (i) P.ojanus, loc. cit.^ a figuré et décrit ce plexus sous le nom de tegmen vasculosum. , ventrîculo (juarto supertensuni. ART. VÏI. CERVEAU DES REPTILES. 121 hémisphères réunis ont une forme de cœur plus ou moins allongée, mais ils ne laissent pas voir en arrière les couches optiques par leur écartement. Le corps strié est plus grand que dans les tortues , et il remplit l'hémisphère presque comme dans les oiseaux. Les tu- hercules jumeaux sont au nombre de deux, et ceux du caïman sont remarquables, en ce que le sillon qui les sépare n'est pas aussi profond que dans la tortue, et qu'ils renferment chacun dans leur cavité un tuber- cule qui est contenu dans l'aqueduc de Sylvius. Le cer- velet, dans le càiman ^ est plus saillant que les tuber- cules bijumeaux. C'est une membrane creusée en forme de cloche , et rabattue d'avant en arrière sur le quatrième ventricule. Dans les autres sauriens nous ne retrouvons pas le tubercule contenu dans Tintérieur des bijumeaux : le sillon qui sépare ceux-ci est plus profond. Le cervelet, très réduit , est une simple petite lame transversale. ] Dans les serpents , les deux hémisphères forment ensemble une masse plus large que longue. [Le bulbe olfactif qui les précède est quelquefois très grand, comme dans \e python. Le corps strié est bien plus petit que dans les sauriens : il est, dans le python^ partagé en deux lobules qu'enveloppe , en formant un large ventricule, la membrane de l'hémisphère, qui se détache en partie de leur face externe. ] Les tuber- cules bijumeaux sont presque globuleux dans beau- coup d'ophidiens , et beaucoup plus petits que les hé- misphères, en arrière desquels ils sont situés. [Mais dans le python^ ils sont remarquables, en ce qu'ils sont véritablement au nombre de quatre, et très sembla- bles à ce que l'on voit dans les mammifères. ] 122 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VEBTÉBEÉS. Le cervelet, dans les serpents, est extrêmement petit, aplati j et il a la forme , ou d'an segment de cercle, on d'une lame quadrilatère mince , qui couvre la partie antérieure du quatrième ventricule. [ Dans \es> grenouilles ^ les rainettes, les crapauds^ les pipas ^ les hémisphères sont plus allongés et plus étroits que dans les tortues; le lobe olfactif se continue avec leur extrémité antérieure. A l'intérieur de leur ven- tricule se voit un corps strié assez petit. Les tubercules bi jumeaux sont plus grands que dans la tortue à proportion des hémisphères. C'est le con- traire dans les salamandres et les tritons^ dont les tu- bercules bijumeaux sont petits, et dont les hémisphères sont presque cylindriques, et aussi larges en avant qu'en arrière, j Le cervelet de ces deux genres de reptiles est aplati , triangulaire, et couché en arrière sur la moelle allon- gée , mais sans couvrir la totalité du quatrième ven- tricule. B. Origine des nerfs. Les nerfs ou plutôt les bulbes olfactifs proviennent , comme dans les oiseaux, de l'extrémité antérieure des hémisphères; [sur le bulbe, quelques traits blancs marquent les racines du nerf. Dans la tortue , il y a deux racines de chaque côté : l'une externe, et qui devient bientôt supérieure, l'autre interne, et qui passe sous la précédente pour gagner les narines. ] . Les nerfs optiques semblent tirer leur origine d'une éminence commune située sous le milieu des hémi- sphères, [et qui n'est autre chose que le tuher cine- reutn; mais en poursuivant leur racine latéralement ART. \U, CERVEAU DES REPTILES. 123 en arrière du chiasma , on voit que les nerfs optiques sont, comme dans les deux classes précédentes, la terminaison d'un ruban qui descend de la face supé- rieure des tubercules quadrijumeaux , en croisant les jambes du cerveau. L'oculo-moteur, le pathétique et l'abducteur ne présentent pas de particularité quant à leur origine; mais dans un cerveau de tortue franche^ nous avons pu voir de la manière la plus manifeste un faisceau fibreux qui, parti de la partie inférieure de la moelle allongée et parvenu en avant du point où le corps res- tiforme constitue le cervelet, se recourbe en haut et en dedans , et s'engage entre le cervelet et les tuber- cules quadrijumeaux. Cette disposition fait comprendre clairement comment le nerf pathétique, bien que naissant de la portion supérieure du prolongement cérébral, émane cependant de la portion motrice de la moelle (i). Dans les crapauds et les grenouilles ^ la sixième paire s'accole dès son origine à la cinquième paire (2). Le trijumeau paraît , dans les tortues , composé d'un grand nombre de filets, aussitôt qu'il se détache de la moelle : dans le pipa , ce nerf a également deux racines bien distinctes , l'une plus forte que l'autre (3). (i) M. Fiacher {Amphibionim nudorum neviologiœ spécimen primum^ Berolini, i843, in-4°) n'a pas trouvé la quatrième paire dans les sala- mandres, et croit qu'un filet du rameau nasal du trijumeau en lait les fonctions. (2) M. Fischer, op. cit.j croit avoir observé que dans les grenouilles , non seulement le nerf abducteur s'accole au trijumeau , mais qu'il pé- nètre dans son ganglion. (3) Voy. Fischer, op. cit., pi. II, fig. i. 124 ÏX" LEÇON. CERVE4L' DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. Les rapports des septième et huitièiiie paires sont les mêmes dans les tortues que dans les maimiiifères. Dans les grenouilles et les salamandres , ces deux nerfs paraissent naître d'un tronc commun; dans le ^/^t^c/, cependant, M. Fischer a trouvé un filet distinct pour je facial. Peu après sa naissance , le facial quitte l'acoustique, et s'accole ou même s'unit au triju- meau (i) , avec lequel il sort du crâne. Le glosso-pharyngien est bien distinct dans les tor- tues ; dans les batraciens , il paraît confondu avec 1 o- rigine du pneumo-gastrique, et les filets qui le consti- tuent ne se montrent qu'après leur sortie du ganglion du nerf vague. Celui-ci naît par un nombre variable de racines , et il s'accroît, comme dans les deux classes précédentes, d'un nerf accessoire, ou du spinal. Ce nerf naît , dans les reptiles , vers la première ou la se- conde paire des nerfs cervicaux , par des racines nom- breuses dans les tortues^ moins nombreuses dans les crocodiles ^ dans les iguanes^ dans Xaniphisbène^ dans les lézards où il a été observé (2). La longueur du quatrième ventricule, et par consé- quent de la moelle allongée, fait que les racines du nerf vague sont loin de la partie postérieure de l'encé- phale, ce qui explique comment des reptiles décapités peuvent vivre encore pendant longtemps, parce que la section n'a pas intéressé l'origine de ces nerfs. L'hypoglosse naît , comme à l'ordinaire , en arrière et au-dessous du nerf vague. ] (i) M, Fischer dit que dans les greïioiiilles le facial s'unit en entier au trijumeau, tandis que dans les salamandres il ne lui envoie qu'un Hlet de communication . (2) Bisrlioff , op. cit.., pi. V. ART. YlII. CERVEAU DES POISSONS. 125 ARTICLE VIII. DU CERVEAU DES POISSCDNS (l). Les différents lobes et tubercules qui composent le cerveau des poissons sont placés à la file les uns des au- tres , de manière que l'ensemble ne présente point une masse commune plus ou moins approchante de la forme ovale, mais une espèce de double chapelet. Cette comparaison est d'autant plus juste que dans la plupart des espèces, ces tubercules sont plus nombreux que dans les animaux dont nous avons parlé jusqu'à présent. [ Mais il y a trop de différences entre le cerveau des poissons osseux et celui des poissons cartilagineux pour qu'il ne soit pas nécesssaire d'en traiter séparé- ment. Nous commencerons par A. Les poissons osseux. Si dans le cerveau des oiseaux et des reptiles on re- trouve assez aisément les parties analogues du cerveau (i) Dans la première édition, M. Cuvier n'avait pas donné les raisons des analogies qu'il établissait entre les parties du cerveau des poissons et celles du cerveau des autres classe-. Il appelait hémisphères ce qu'il a de- puis appelé lobes creux, et couches optiques ce qu'il a appelé les lobes infé- rieurs. Dans son Histoire naturelle des poissons, il a au fond assez peu changé sa première détermination des parties, mais il l'a discutée, et trouvant toutes les analogies plus o\\ moins contestables, il a préféré se servir des noms nouveaux de lobes creux et de lobes inférieurs. Nous substituerons ces mots dans tous les passages de la première édition que nous avons conservés. 126 IX^ LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VEBTÉBRÉS. des mammifères, il n'en est pas de même du cerveau des poissons osseux; et lorsqu'on voit la discordance des anatomistes sur cette question, on demeure con- vaincu que la poursuite des analogies n'est possible que dans des limites assez étroites , et que le cerveau des poissons a subi dans son développement ou dans la position relative de ses parties des modifications pro- fondes. Les variations d'un genre à l'autre sont aussi beau- coup plus grandes que dans les trois premières classes. Mais avant d'entrer dans le détail de ces différences, il convient de faire connaître d'une manière générale les parties constituantes du cerveau des poissons. 11 y a une partie dont le caractère est incontes- table (i), et qui peut servir de point fixe pour recher- cher les analogues des autres parties : c'est le cervelet, qui, placé en travers sur le haut de la moelle , en joint les deux côtés comme ferait un pont. ] Le cervelet est toujours impair; il est plus grand à proportion que dans les animaux à sang chaud ; il sur- passe même souvent en volume les hémisphères ou les lobes qu'on peut leur comparer. [ Immédiatement au-devant du cervelet, il y a une paire de lobes dont l'existence est constante; ils sont généralement de forme ovale , sans circonvolution ap- parente, et contiennent chacun un ventricule commu- niquant avec son congénère, et dont le plancher pré- (i) Cependant Weber l'a méconnue, et a pris pour le cervelet les lobes placés derrière le lobe impair. Celui-ci, qui e«t notre cervelet, représente pour lui les tubercules quadrijumcaux. (^Ànat, comp. nervi sjmpath.. Leipzig, 1817.) ABT. Vlll. CERVEAU DES POISSONS. 127 sente une saillie analogue aux corps cannelés (i). Ils sont formés de deux couches membraneuses, l'une extérieure grise, dont les fibres aboutissent pour la plupart au nerf optique; l'autre intérieure, blanche, dont les fibres dirigées transversalement semblent sortir des corps cannelés. Sous la voûte commune de ces lobes creux^il y a tantôt deux, tantôt quatre tubercules, qui varient pour la figure et pour les proportions, et qui présentent une analogie frappante avec les tubercules quadrijumeaux. Le plafond de ce ventricule commun est formé par l'union des deux lobes creux sur la ligne médiane (2). Quelquefois il ne recouvre pas en entier les tubercules de leur cavité, comme on le voit dans la carpe ^ par exemple, où ces tubercules sont très volumineux. L'union des deux lobes est marquée sur la ligne mé- diane par des stries transversales très apparentes dans certaines espèces , et qui, dans les harengs^ par exem- ple, forment en arrière un triangle très marqué; mais dans aucun poisson cette commissure transversale n'est aussi apparente que dans la caipe^ où elle remplit en avant un large espace triangulaire. On la retrouve moins étendue dans d'autres cyprins. Cette commissure (i) M. Gottsche, médecin à Altona , auquel on doit un grand travail sur le cerveau des poissons osseux, considère ce bourrelet saillant comme l'analogue des co.uches optiques et non des corps striés, l'erîjleichende anatomie des gehirns der grntenfische. Dans Arcliiv. fur Physiologie ^ etc., de J. Muller. i835, p. 244- (2)M.Gottsche, ^oc.c'it.p. 264, appelle ces lobes creux les lobes opticjueSf et il considère leur ventricule comme re'unissant à la lois les deux ven- tricules late'raux et le troisième ventricule. Mais cela ne peut être, puis- qu'on trouve sur le plancher de ce ventricule l'ouverture du troi- sième , comme nous le dirons plus bas. 128 IX^ LEÇOIN. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. a quelque chose de comparable au corps calleux ^ et M. Gottsche lui donne, en effet, ce nom (i). Sous cette espèce de corps calleux est une arête saillante, qui a aussi quelque chose de comparable à la voûte, et. qui, née au devant de la commissure antérieure par deux petits piliers contigus , va s'at- tacher, soit en arrière des tubercules intraventricu- laires, soit à ces tubercules eux-mêmes (q). Y^orphie nous Ta présentée bien développée ; on la retrouve dans les autres brochets^ dans les cyprins^ les du- pe s , etc. Sur le plancher du ventricule des lobes creux, il y a une commissure qui les unit à leur partie antérieure. Entre cette comiV|issure et les tubercules contenus dans leur cavité, on voit l'ouverture du troisième ventricule, qui conduit, comme à l'ordinaire, à l'infundibulum et à la glande pituitaire. Plusieurs anatomistes (3) prennent les lobes creux pour les hémisphères du cerveau, d'autres (4) pour les (i) Cuvier, Hist. nat. des poissoiis, p. 421 ; Gottsche, mém. cit.^ p, 263, fij]. 20, 29 , 54 et 55. (2) Cuviei-, ouv. cit., p. 424- — Gottsche, loc. cit. — M. Gottschen'hé- site pas à appeler cet appareil la voûte, fornix^ comme il appelle la com- missure au-ilessus corps calleux. ~ On ne peut se dissimuler cependant que ces noms communs, donnés à des parties dont les rapports d'orifjlne et de situation ne sont pas les mêmes dans le cerveau des quatre classes , et ces assimilations darrs le détail, quand Tassinjilation dans l'ensemble n'est pas certaine, ne soient propres à produire de la confusion ; mais il y a lieu, en même temps, de s'étonner que M. Gottsche n'ait pas adopte' le nom S hémisphères pour désigner les lobes creux, lui qui n'hésite pas à y reconnaître un corps calleux , une voûte et des couches optiques. (3) Camper, Ebel, MM. Cuvier et Duméril, 1'^ édition, MM. Weber et Fenner. (4) Arsaliy, M. Serres, Desmoulins. ART. Vin. CEUVEAL DES POISSONS. 129 tubercules bijiimeaux des oiseaux et des reptiles. Il y a de fortes raisons pour et contre chacune de ces dé- terminations. Les lobes creux donnent naissance par leur surface à une partie des fibres du nerf optique, et la glande pinéale, lorsqu'elle existe, s'élève au-de- vant d'eux. Cela porterait à les regarder comme les analogues des tubercules quadrijumeaux ; mais dans cette hypothèse , le troisième ventricule et Tinfun- dibulum subiraient une grave transposition, et se- raient reportés en arrière. Que sont aussi dans cette opinion tous ces organes compliqués que contient le ventricule des lobes creux? Pour l'assimilation aux hémisphères , on peut s'ap- puyer sur la complication de la structure de ces lobes; .sur l'existence, à leur intérieur, d'un corps cannelé d'où part une membrane fibreuse ; sur la position de la commissure antérieure, et sur l'ouverture du troisième ventricule , en arrière de cette commissure ; sur la position des lobes olfactifs au-devant des lobes creux, comme dans les reptiles; enfin sur les tubercules de leur intérieur, c;iii ressemblent, soit par leur rapport avec le cervelet, soit par leur position au-dessus de l'aqueduc de Sylvius , et même par leur ligure, aux tubercules quadrijumeaux des mammifères et à ceux du python parmi les reptiles. Mais dans cette hypothèse la glande piuéale serait portée en avant , entre les hémisphères et les lobes olfactifs, ce qui constituerait une transposition des connexions non moins grave que dans l'hypothèse précédente (i). (i) M. Nat, Guillot, dans un intéressant ouvrage qu'il vient de publier {Exp. nnat. de l'orqanis. du. centre nerv. dans ie> fjuntre rlassf's d'anim. 3. 9 J30 IX* LEÇON. CKilNKAL Dbt> AiMMAlJV VERTÉBRÉS. A quelque détermination que l'on s'arrête, les lobes que nous étudions présenteront donc toujours des ca- ractères particuliers qui rendront l'analogie dou- teuse , et il semble dès lors préférable de les désigner simplement par le nom de lobes creux (i). ] En avant de ces lobes , les nerfs olfactifs forment vert, , in-4" avec pi., i844) -, lend compte de cette position variée de la glande pinëale à l'aide d'une supposition ingénieuse. Il croit pouvoir admettre que la lamelle cérébrale qui recouvre i'aqueduc de Sylvius, et qui porte les tubercules quadrijumeaux et la glande pinéale, a pour son extrémité antérieure un point d'attache qui varie selon les classes d'ani- maux : ainsi cette lame s'attacherait tantôt à l'une, tantôt à l'autre des trois masses de matière grise qui, selon l'auteur, représentent dans tous les cerveaux les hémisphères , les corps striés et les couches optiques; et ces variations du point d'attache expliqueraient les changements de rap- ports qui s'observent dans les parties iondamentales du cerveau des di- verses classes. (i) Cette impossibilité d'établir une détermination qui ne soit pas contestable par de très bonnes raisons a fini par frapper les anato- mistes ; et sans poursuivre davantage, quant à présent , des analogies qui nous échappent, ils sont rentrés dans la voie patiente de l'observation. C'est ce qu'a fait M. Gottsche dans le grand travail que nous avons déjà cité. Cet habilfî anatomiste préfère , comme M. Cuvier, attribuer aux lobes qui nous occupent un nom pariiculier, et qui ne décide pas de leur analogie avec des parties du cerveau des autres classes : seulement il n'adopte pas le nom de lobes creux , par la raison que ce nom n'est pas suffisamment précis, puisque le cervelet est aussi un lobe creux; il préfère donc le nom de lobes optiques. Mais il y a une bien plus grave objection contre ce dernier nom , c'est qu'il a déjà été appliqué aux mêmes parties par d autres anatomistes et avec un autre sens: ainsi M. Serres, qui ap- pelle lobes optiques les tubercules quadrijumeaux des mammifères et les tubercules bijumeaux des oiseaux et des reptiles, appelle également /o6<55 optiques les lobes creux des poissons , parce que pour lui ces lobes creux sont les analogues des tubercules quadrijumeaux ou bijumeaux. Mais il est à craindre qu'en adoptant le nom sans adopter l'analogie, comme le font M. Gottsche et quelques auteurs après lui, on n'amène dans la des- cription du cerveau des vertébrés une canfusiou très fâcheuse. ART. Vlil. CEliVEAU DES POlSSOiNS. î31 des renflements ou des nœuds dont le nombre varie, et qui sont souvent si volumineux que plusieurs au- teurs les ont pris pour le véritable cerveau. [La surface de ces lobes est quelquefois marquée de dépressions qui y forment comme des circonvolutions confuses. Ils communiquent généralement lun avec l'autre par une commissure placée à leur partie posté- rieure (i). Quelquefois il y en a une autre plus anté- rieure ; quelquefois enfin les deux lobes sont entiè- ment soudés Fun à l'autre. Mais les lobes placés en avant de ceux-ci dans quelques genres , au nombre de une ou deux paires , n'ont jamais de commissure. Les anatomistes qui re[>ardeiit les lobes creux comme représentant les tubercules quadrijumeaux, prennent la première paire des lobes antérieurs pour les véritables hémisphères, et les lobes olfactifs ne seraient que les paires placées au-devant de celles-ci. Par conséquent, les lobes olfactifs n'existeraient pas toujours, ou du moins ils seraient reportés à l'extrémité du nerf, et ne se trou- veraient plus à son origine. On voit que dans cette hypothèse la glande pinéale occuperait sa place régu- lière; mais les hémisphères seraient des masses solides et sans ventricule, ce qu'on n'a vu encore dans aucune classe.] En arrière du cervelet sont presque toujours des tu- bercules qui paraissent donner naissance à plusieurs paires de nerîs , et qui sont souvent aussi considérables que les lobes creux. 11 y a quelquefois entre eux un tu- bercule impair qui forme comme un second cervelet. . [Ces lobes, que l'on peut appeller lohes postérieurs ^ (i) Cuvier, Hist. nat. des poissons , 1. 1, p. 426, pi. VI, fig« IX. 132 IX* LECOIV. CEFv^EAU DES ArilMALX \ ERTÉBEES. clilTèrent par le nombre et la confi/;>uraîioiJ, comme on le verra plus loin. Les classes supérieures n'en offri- raient tout au plus que des vestiges, si Ton voulait adopter Fopinion de ceux qui les ont comparés au tœ nia grise a des frères Wenzel, ou à un cordon mé- dullaire qui borde le^quatrième ventricule derrière le cervelet; mais ils en seraient dans ce cas un développe- ment prodigieux (i). Ils paraissent surtout en rapport avec le volume du nerf vague. k. la face inférieure du cerveau Aq^ poissons on voit les nerfs olfactifs et les lobes antérieurs auxquels ils tiennent; rentrelacement des nerfs optiques; derrière ceux-ci Finfundibulum, qui s'étend en pointe plus ou moins allongée entre les deux lobes inférieurs (2). Il est partagé en deux lèvres par une fente longitudinale qui communique dans le troisième ventricule. Aux côtés de Finfundibulum et en arrière, sont les deux lobes inférieurs ^ généralement assez grands , en forme d'ovale ou de rein, et séparés de la moelle allongée par un sillon quelquefois profond, lis fournissent des fibres au nerf optique; ils sont le plus souvent pleins , et quelquefois creusés d'un ventricule qui conununique avec le troisième, et avec le ventricule commun des lobes creux. Ces tubercules paraissent propres aux poissons. (1) Guvier. Hist. nat. des poissons, 1. 1, 433. La plupart des anatomistcs ont l'egardé les lobes postérieurs comme propres aux poissons. Weber seulement, comme nous l'avons dit, les a piis pour le cervelet. (2) Cette partie, que M. Cnvier appelle rj»/u»f/j6u/um, M. Gottsclic la de'crit {loc. cit., p. "98 ) sous le nom de irigonum fissiim. Il la regarde avec raison comme l'analogue du ixiher cinerewn et àeXespace criblé dans le cerveau de l'homme. ART. VIÎI. CERVEAU DES POISSONS. l33 bieu que quelques anaîomistes les aient assimilés aux éminences mamillaires de Tbomme (i). Les lobes inférieurs s'étendent un peu sous la partie antérieure de la moelle allongée; quand on les sou- lève, on trouve au fond de leur an^^le d'union avec la , moelle une commissure particulière, que M. Gottscbe a décrite sous le nom de coinmissura ansidata : elle paraît, en effet, composée de trois anses fibreuses, se touchant par leur sommet sur la ligne médiane. L'une de ces anses est longitudinale; elle semble la terminaison élargie du sillon antérieur delà moelle, et est formée par les deux faisceaux blancs ou les py- ramides qui longent le sillon. I^es deux autres anses solit transversales ; elles sont formées, de chaque côté , par un petit cordon fibreux replié sur lui-même, et dont les deux chefs, après avoir embrassé dans leur concavité, près de la ligne médiane, le nerf oculaire connnun, pénètrent dans l'épaisseur du lobe creux en croisant son pédoncule (2). Lne autre commissure, placée en avant de l'infun- (1) Dans la i'* édition, MM. Cuvier et Dumëril nommaient ces lobes les couches optiques, et disaient : «Les couches optiques sont constam- ment situées, comme dans les oiseaux, au-dessous des Iiéraisplitres. Elles sont plus petites qu'eux, et contiennent aussi chacune un ventri- cule, n — Dans son Histoire naturelle des poissons^ t. I, p. 43i , M. Cuvier n'insiste pas sur cette déteiminalion de la première édition; mais il re- pouss'e la comparaison avec les e'minences mamillaires qui manquent dans les oiseaux et dans les reptiles, et qui reparaîtraient ainsi dans les poissons plus grandes que dans les mammifères. «J'ai peu vu, dit-il, dans la série des êtres, de ces résurrections d'orpanes se remontrant subi- lement dans une ciasse, après avoir disparu dans une ou deux de celles qui la précèdent dans l'échelle, » (2) Tout ce petit appareil de commissure est très distinct. Les re- cherohfs doivent être fnites sur le cerveau frais, avec une f;rande atten- 134 ÏX* LEÇOIN. CERYF.AU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. dibuluni, unit i un à i'aiitre les neris optiques, et aussi les lobes inférieurs. M. Gottsche la nomme commis- sure transversale de Haller (i). La moelle allongée présente avec une remarquable constance les mêmes parties que la moelle des autres classes. A la face supérieure, deux cordons voisins du sillon médian, ou les pyramides supérieures; plus en debors , les corps restiformes : dans le maquereau ^ des fibres transverses bien visibles unissent en arrière les deux pyramides postérieures. A la face inférieure, l'o- rigine de la moelle allongée est marquée par l'ap- parition, dans son épaisseur, d'une forte proportion de substance grise qui se montre au debors. On voit sur la ligne médiane les pyramides antérieures, et en dehors de celles-ci un ruban blanc qui occupe la place des olives (2), et qui se recourbe bientôt en dessus, entre le cervelet et le lobe creux, comme nous tion , et sous l'eau. C'est le seul moyen d'obtenir que les parties extrême- ment pulpeuses de l'encéphale obéissent aux directions du scalpel. Il faut beaucoup de soin pour ne pas de'tacher l'origine extrêmement molle de l'oculo-moteur. M. Gottsche considère cette commissure comme un vé- ritable font de Varole^ 11 "y a quelque ressemblance de position, à la vérité, mais les cordons qui forment cette commissure ne nous ont paru avoir aucune espèce de relation avec le cervelet. (i) Loc. cit.^ p. 442- ^t. Gottsche signale L'oubli où, depuis Haller, les anatomistes ont laissé cette commissure importante. Il remarque , avec raison , que M. Cuvier n'en parle pas dans son Histoire naturelle des poisso7is. Nous la trouvons cependant très bien représentée dans plu- sieurs figures du cerveau de la morue, des-inées de la main de M. Cuvier. M. Gottsche décrit encore, sous le nom de fascia lateralis , un faisceau fibreux qui irait de la cominissura ansulata à la commissura transversa Halleri. Nous îi'avons pu voir ce faisceau sous le tronc des nerfs oculo- moteur et pathétique qui passent entre le lobe inférieur et le lobe creux. (2) Mecîfel f't M. Gbtt?rhe nomment ce faisceau ruhan Je Reil. 4.RT. VIII. CERVEAU DES POISSONS. 135 avons déjà vu un faisceau analogue le faire dans la tortue franche. A la naissance de la moelle allongée en dessous, on voit, notamment dans* le maquereau , dans le chaboisseau (^cottus scorpius) et le dorsch [gâchis callarias) ^ des fibres blanches transversales qui se réunissent en un faisceau qui va s'unir au nerf tri- jumeau (i). Le plancher du quatrième ventricule laisse voir des sillons longitudinaux qui marquent la division des fais- ceaux de la moelle ; les externes se rendent dans les lobes creux , et en forment la lame interne en s épa- nouissant dans le corps cannelé ; les faisceaux internes ou médians se rendent dans les lobes antérieurs. Le quatrième ventricule est quelquefois recouvert, et ses bords sont souvent garnis par les lobes particuliers qui se développent derrière le cervelet, et dont nous parle- rons en détail plus loin ; de sorte qu'il peut y avoir au- dessus de ce ventricule deux voûtes superposées , lune fournie par le cervelet , et l'autre par les lobes posté* rieurs; quelquefois encore, comme dans le chaboisseau^ à défaut de ces lobes, il y a derrière le cervelet une lame de substance grise qui forme une commissure au-dessus du quatrième ventricule. La glande pinéale existe dans tous les poissons (2) sous la forme d'un petit globe de matière grise, très distinct dans Y anguille et le congre , moins apparent dans d'autres espèces, et inséré entre les lobes creux et les lobes antérieurs, par deux petits cordons médul- (i) M. Gottsche croit que quelques tilets vont aussi s'unir au nerf vague, iSous ne l'avons pu voir distinctement. (2) Cuvier, ouv. cit., Gottsclte. Mém. cit.., p. 4'>5. 136 IX* LEÇO??. CERVEAU DES ANIMAUX YERTÉBEÉS. laires , soit vasciiiaires, soit membraneux. Souvent, au point d'insertion de ces filets , il y a un petit renfle- ment tuberculeux. La glande pituitaire est également constante, et, en général, plus grande relativement à l'encépbale que dans les autres classes. Elle est tantôt allongée , comme dans la morue et les antres gades ; tantôt ar- rondie, comme à^u^^les poissons plats; quelquefois, comme dans la baudroie , Finfundibulum se prolonge en un filet grêle, et la glande pituitaire est fort loin en avant (i). Souvent, enfin, la glande pituitaire est accompagnée, et notamment dans les raies , les gades, les pieuronectes , le a/c/optère , les caranx j les tri- gles ^ les murènes^ les gobies ^ d'appendices membra- neux et vasculaires que quelques auteurs ont pris pour une seconde glande (2). ] . Le cerveau des poissons est toujours très petit à pro- portion de leur corps , il ne remplit jamais eniièrement la cavité du crâne. Mais ce vide entre le crâne et le cerveau est beaucoup moindre dans les jeunes sujets que dans les adultes, ce qui prouve que le cerveau ne croît pas dans la même proportion que le reste de leur corps ;3). \ La description générale que nous venons de donner (i) M. Cuvier {Hist. nat. des po'iss.^ l. I, p. 4^4) attribue la même disposition à ['aigrefin^ pout-être d'oprès M. Serres , qui représente, eu effet (oiiv. cit., atlas, fig. i8i , i84) , le cerveau de raigrefin avec un in- funilibulum plu? long encore que dans la baudroie. M. Goltsche affirme cependant fniem. cit., p. 434) q«(- î>i i'aigreîin ni aucun autre gade ne lui ont offert un semblable pédicule à la {{lande pituitaire. (?.) M. Gottsche décrit cet appendice sous le nom de saccus vasculosm. (3) Cuvior. Hist. nat. îles poisfi.^ t. I, p. ^7n. ART. VIII. CERVEAU DES POISSOiNS. l37 de i'encépbaîe des poissons, et qui s'applique princi- palement aux poissons osseux , n en fait encore con- naître que les parties constitiiantes, et Ton n'en aurait pas une idée complète , si nous n'y ajoutions le détail des différences qu'on observe fréquemment d'un genre à Tautre. Mais nous avons auparavant à dire quelques mots B. Des poissons cartilagineux. Leur cerveau , si l'on en excepte les cy clos tomes .^ qui offrent une structure parliculièrcv présente beaucoup moins de difficultés pour être rapprocbé de celui des reptiles. La paire de lobes qui est en avant du cervelet , ou les lobes creux, sont simplement creusés d'un ven- tricule communiquant avec Faqueduc de Sylvius, et n'ont plus ia structure compliquée des lobes creux des poissons osseux. Devant ces lobes ,1e cerveau offre im étranglement, et laisse voir non recouverte l'ouverture de Finfundibulum et de l'aqueduc; plus en avant en- core est une paire de lobes , presque en entier sou- dés en un seul , mais cependant creusés d'un petit ven- tricule où pénètre de chaque côté un petit plexus choroïde , et qui communique par un canal avec les lobuies olfactifs placés plus en avant sur leur côté. On voit donc qu'à part la forme souvent étrange de ces lobules olfactifs, à part surtout la soudure des deux lobes antérieurs, on aurait ici, dans les mêmes rela- tions et dans la même position que dans les reptiles, un cervelet, des tubercules quadrijumeaux creux et surmontant l'aqueduc, des couches optiques rudimen- taires formant Xaditiis ad infundibuluni , des hémi- sphères creux , et dont ia cavité se continue dans les *r- 138 IX' LEÇON. CEETEAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. lobules olfactifs; mais on voit en même temps, et sans que nous ayons besoin d y insister , quelles dif- férences il y a entre un cerveau de cartilagineux et un cerveau de poisson osseux, et combien il est diffi- cile d'en comparer sans contestation les différentes parties. Si l'on voulait absolument rapprocher les cer- veaux de ces deux classes , on pourrait dire que le cerveau d'un cartilagineux est un cerveau de poisson osseux, auquel il manque la membrane externe des lobes creux , et qui, par suite, montre à découvert l'in- fundibulum et les tubercules quadrijumeaux de son intérieur (i). Quoi qu'il en soit, et pour mettre de la clarté dans l'exposé qu'il nous reste à faire des différences de forme, de proportion et de nombre qu'offrent les par- ties de l'encéphale des poissons, nous désignerons uni- formément par le nom de lobes creux ^ dans les deux séries de poissons, les lobes placés au-devant du cer- velet, et par celui de lobes olfactifs ^ les paires placées plus en avant. ] Les cerveaux des différentes espèces de poissons peuvent différer entre eux : premièrement , par le (i) M. le professeur Stannius, dans wn travail sur le cerveau de l'es- turgeon {Archives de J. Mïiller, 1 843* p. 36 ) , compare , comme nous ve- nons de le faire, les lobes creux des cartilagineux, qu'il appelle lobes opti- ques^ aux lobes optiques des oiseaux et des reptiles , c'est-à-dire aux tuber- cules quadrijumeaux; mais il les croit différents' des lobes optiques des poissons osseux. Ce rapprochement doit faire sentir l'inconvénient de donner le même nom de lobes optiques à des parties que l'on regarde comme différentes, non seulement d'une classe à l'autre, mais dans la même classe, et on comprendra qu'à défaut du nom iV hémisphères ^ au- quel on peut reprocher d'être l'expression d'une théoiie contestable , nous préféri(3ns celui de lobes creux^ qui n'expose à aucune équivoque. ART. VIII. CERVEAU DES POISSONS. 139 iioiiîbre et la forme des nœuds du nerf olfacti/; deuxiè- mement, par le nombre et la forme des éminences contenues dans rintérienr des lobes creux; troisième- ment, parla forme du cervelet; quatrièmement, par les tubercules situés en arrière du cervelet; l' cinquiè- mement, par le volume , la forme et la structure des lobes inférieurs.] Nous allons les examiner sous ces différents rapports. i"" Loô es olfactifs, [Leur surface est quelquefois sillonnée de circon- volutions, comme dans Y anguille, dans le surmulet, et surtout dans la morue. ] ^ Dans les raies et les squales , ces nœuds sont soudés ensemble en une seule masse , généralement plus large que longue , et qui surpasse du double les lobes creux en grandeur. [Cette proportion est plus forte encore dans le requin {Sq. carcharias), où les deux lobes for- ment mie masse globuleuse très considérable. ] Leur intérieur est entièrement formé d'une substance mé- dullaire homogène, avec une petite cavité à sa partie inférieure. De chacune de ses parties latérales dans \es7mes ^ dans le requin., dans d'autres squales, ou de son extrémité antérieure dans la leiche , part le nerî olfactif [qni, après s'être plus ou moins aminci, et après un trajet plus ou moins long , se renfle encore avant de sortir du crâne , en un tubercule de volume et de forme variable , communément éloigné de son congénère. Dans la leiche., ce second tubercule est ovoïde et séparé du premier par un pédicule court. Dans la grande r^oussetle , qui a le museau obtus, c'est un ganglion semi-luiiaire , qui est placé sur le côté même 140 TX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX YEIITT^.BEÉS. de la première paire de lobes, et qui s'en détache à leur parîic postérieure, de sorte que le lobe olfactif paraît composé de trois lobes ;, un médian et deux latéraux ; chacun des latéraux entre en se bifurquant dans la narine, dont il n'est séparé que par une cloison mem- braneuse. ] Dans Vesiurgeon , les lobes olfactifs sont allongés , étroits. [Il y a une paire de nœuds ou tubercules au- devant de la paire principale. Il y a également deux paires 'de lobes, mais plus larges que longs, dans la î72{/xiue glutinosa et le bdellostoma hexatrema (i).]Les jobes olfactifs sont simples , ovales et plus petits que les creux dans le cydopûre et le tétrodoii lune. Le genre gade^ c'est-à-dire les morues^ les merlans^ les a simples, arrondis. Ils sont même dans la morue presque aussi grands que les lobes creux. Les labres et tout le genre cyprin , c'est-à-dire les carpes., les barbeaux ^ les tan-' ches , etc., les ont aussi simples et arrondis ; mais on y voit un sillon léger qui leur donne la forme d'un rein. Dans \es pleuronectes ., les harengs ^ les brochets^ les perches ^ et tout le genre des saumons ., qui comprend les truites et [es éperlaiis ^ [dans ïuranoscope , le spet^ le surn2u/et,\es chabots^ les scorpenès^ les éphtoches^ les spares^le thon , V espadon , les centronotes^ïes caranx., les zeus,\e?> coryphènes , les rubans , le îuuge , la blennie vii^'ipare^les goùies^ les cejitrisques^ les exocets, Veche- neis, Véqudle, les syngnathes ,] il y a deux paires de nœuds dont Fantérieure est plus petite que l'au- tre, mais qui n'égalentpointle volume des lobes creux; * (i) J. Millier. Uber den bau des geliôrorganes bei den cyclostomen. Berlin, in-P, i838, pV 2. ART. Vlir. CEKVEAU DES POISSONS. l4l enfin , dans le genre des anguilles , il y a trois paires de ces nœuds, qui vont en diminuant de grosseur à com- mencer près des lobes creux : ce qui fait que leur cer- veau présente en tout dix tubercules en avant du cer- velet, dont huit supérieurs et deux inférieurs. [La première paire des lobes olfactifs est plus grande dans \ anguille que les lobes creux. Mais il n'en est pas de même dans la vice et le maquereau, qui ont aussi deux autres paires de nœuds ou tubercules de grandeur dé- croissante, en avant de la première. ] 2" Emi/iences de r intérieur des lobes creux ou hémisphères. a. Les corps cannelés ne sont pas sensibles dans les poissons cartilagineux, où Tintérieur du ventricule ne présente aucune éminence. Dans la plupart des autres poissons ils représentent deux arcs de cercle, dont la concavité est dirigée en dedans, et du bord convexe desquels partent des stries méduilaires très fines, fjui se prolongent transversalement sur les parois internes du ventricîiie. Ces corps cannelés sont plus ou moins larges selon les espèces. Ils forment deux ovales saillants dsins\e merlan. Leur extrémité antérieure se rapproche davantage de la ligne moyenne que la postérieure. Un peu plus en avant qu'eux est la commissure an- térieure du cerveau. Entre eux est un sillon qui con- duit dans le troisième ventricule. La portion supérieure de chaque hémisphère n'est , comme dans les autres animaux vertébrés, qu'un appendice de ces corps can- nelés, qui se recourbe en dessus pour former une voûte. * h. Les tubercules senjblables aux quadrijumeaux 142 IX'^ LEÇON. CERVEAU DES ANÎ5ÏAUX VERTÉBRÉS. n'existent pas dans les poissons cartilagineux. Dans les anguilles , dans le congre , dans les gades , il n'y en a qu'une seule paire qui forme une éniinence demi- ovale en avant du cervelet entre les extrémités posté- rieures des corps cannelés. Mais le très grand nombre des poissons osseux, notamment les Z^/'oc/^É'/i^, les truites et saumons^ \es perches , \e?> clapées ^ les tétrodon ^ les ^/Yij^/^j', en ont deux paires, qui forment quatre petits tubercules arrondis, dont les postérieurs sont un peu plus gros. Dans le genre des carpes il y a aussi quatre tuber- cules, mais très inégaux : les postérieurs sont petits et arrondis ; les antérieurs sont extrêmement allongés en forme de cylindres , et se recourbent en dehors et en arrière pour suivre la courbure des ventricules latéraux dont ils remplissent toute la capacité. Leur face pos- térieure est marquée d'un sillon longitudinal. [Dans le maquereau^ c'est la paire postérieure qui est la plus grande; elle se courbe en avant , et est marquée d'une ligne longitudinale qui lui donne Faspect d'une anse intestinale. Cetaspecl est bien plus marqué encore dans le thon ^ où, au lieu de tubercules, on voit une masse divisée en trois lobes, qui eux-mêmes ont chacun un sillon, en sorte qu'elle représente un cylindre qui aurait six replis (i ) . ] 3° Cervelet. Le cervelet des poissons ne recouvre pas seulement (i) Cette disposition est représentée dans une figure du cerveau du thon, publiée par M. J. Miiller dans son Mémoire sur les cyclostoraes , d'après un dessin de la ra«iia de M. Cuvier. AKT. Vlll. CERVEAU DES POISSONS. l43 le quatrième ventriciiie : cette cavité s'élève aussi dans sa substance. li est tantôt arrondi, et tantôt plus ou moins approchant de la forme conique. Dans ce cas, on voit, comme dans la perche^ la. mo/'ue ^ la carpe ^ sa pointe se recourber un peu en arrière, et lui donner la forme d\ui bonneli phrygien; [d'autres fois comme dans le maquereau y le silurus glajiis ^Vecheneisy le thon, le sommet du cervelet se recourbe en avant, et recouvre tout ou partie des lobes creux. Dans le thon, son développement est si considérable, qu'il se porte en avant sur les lobes creux et les lobes ol- factifs jusqu'à l'extrémité antérieure de ceux-ci. Sa lar- geur est un peu moindre aue la moitié de sa longueur. Dans les cartilagineux, le cervelet prend àes formes et des volumes très différents. Il est grand et semblable à un cervelet d'oiseau dans le requui; ovoïde dans la roussette et la leichc ; ovale, lobé et aussi très volumineux dans les raies ; d'autres fois , comme dans les esturgeons et le^ latnproies^'A est réduit à une barre transversale. Le plus ordinairement le cervelet des poissons est lisse. Cependant celui du requin carcharias est partagé par des sillons transversaux rapprochés et de profon- deur inégale tout-à-fait comparables à ceux des oiseaux. Il y a aussi dessillons transversaux dans le cervelet du thon^ mais bien moins nombreux et moins profonds. On \xe voit dans l'intérieur du cervelet d'autres vestiges d'arbre de vie que quelques lignes blanchâtres, four- nies par un axe médullaire qui envoie des ramuscules de même nature dans la matière corticale(i). (i) Cuvier. Jîhl. nat. des poissoua^ t. I, p. 423. 144 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 4" TuhevQides situés en arrière du cervelet. Ces tuiDercules sont propres aux poissons , à moins qu'on ne les regarde comme tenant la place des émi- nences olivaires (i). [Les variétés de leurs formes, de leurs proportions et de leurs connexions sont très nombreuses. Dans les raies ^ les squales , Vesturgeon^ ce sont des cordons qui prolongent de chaque coté le bord libre du cervelet, en se repliant sur eux-mêmes d'avant en arrière, pour * border le quatrième ventricule. Dans la plupart des poissons, ce sont deux tubercules ou renflements des côtés de la moelle derrière le cer- velet, lesquels se touchent par quelque point ou s'u- nissent par une commissure, et forment ainsi sous le cer- velet une seconde voûte pour le quatrième ventricide. j Lac^i/peles a aussi grands que les lobes creux, en forme de reins , et entre eux un gros tubercule arrondi qu'on pourrait nommer second cervelet, mais qui tient im- médiatement à la partie dorsale de la moelle allongée , et qui ne renferme aucun ventricule. [On y distingue deux bosselures en avant^, et leurs parties latérales sont striées transversalement. Dans \Qsurniulety les lobes postérieurs sont aussi très grands , et leur surface est sillonnée par des circonvo- lutions. ] Dans le merlan et la inorue, ils sont ovales, placés tout-à-fait au-dessus de la moelle; il en est à peu près de même dans Y anguille et le congre. Ces parties sont peu sensibles dans les brochets ., les (î) Voyez ci-dessus, p. i3i. w ART. VIII. CEHVEAU DES POISSONS. 145 truites ^ les saumons et les perches [mais dans les irigles ^ le nombre des renflements va jusqu'à cinq de chaque côté, et ils forment comme un chapelet de tubercules arrondis, qui égale presque en longueur le reste de lencéphale. La deuxième paire de nerfs spi- naux sort du dernier de ces tubercules (i). ] 5° Lobes inférieurs. [Ces lobes paraissent propres aux poissons; ils existent dans tous. Ils sont assez grands, en forme d'o- vale ou de rein; tantôt pleins, comme dans la vive ^ Xuranoscope ^ la scorpène, Y espadon ^ la môle-, tantôt creusés d'un ventricule, comme dans les perches ^ le surmulet , le thon , le maquereau ^ les trigles , les ca-^ ranx ^ les gobies , les cyprins^ les saumons ^ les p/eu- ronectes, les syngnathes ^ les raies, et les squales. Ce ventricule communique avec le troisième, et par son intermédiaire avec le ventricule commun des lobes creux. Quelquefois, comme dans le surmulet et le re- quin, les lobes inférieurs ont leur surface sillonnée ou lobée. Dans {'esturgeon , ils paraissent réunis en un seul (2).] 6^ Origine des nerfs. Dans les poissons , les nerfs olfactifs ne sont que la continuation des nœuds placés en avant des lobes creux. [Ils sortent de la partie inférieure du lobe ol- factif, et sont en relation avec la commissure trans- verse de ces lobes. Ils varient pour leur grosseur et leur (1) Cuvier Hist. nat. des poissons ^ t. I, p. 4^2. (i) 8tannius. Mém. cit., p. 3^. 3. 10 146 IX* LEÇOIN. CEUVEAU DES AiNlMAUX VERTEBRES. composition ; quelquefois très frns et comme capillaires; d'autres fois très f>ros, et en même temps nci formant qu im seul cordon; d autres fois, enfin, composés de filets réunis en deux , trois faisceaux ou plus.Quands ils ne se renflent pas à leur sortie du lobe olfactif, ils offrent, comme dans la carpe ^ un renflement ganglionnaire à leur extrémité , avant de percer la membrane pitui- taire.] Le trajet qu'ils parcourent avant d'arriver aux narines est souvent très long. Les nerfs optiques naissent par plusieurs origines. La principale est formée par les fibres de la couche extérieure clés lobes creux. Ils en reçoivent aussi du lobe inférieur (i) ; d'autres de la moelle allongée; d'autres enfin du lobe antérieur, comme on le voit dans les raies (2).] Ces nerfs sont très gros, et composés, tantôt de plusieurs filets distincts , tantôt d'un seul ru- ban aplati , qui est quelquefois plissé longitudinalement sur lui-même pour remplir le tube que lui donne la dure- mère. Ils se croisent sans se confondre, en sorte qu'on voit clairement [dans la plupart des poissons] que celui du côté gaucbe se rend à l'œil droit, et récipro- quement. [Mais dans les raies ^ les nerfs optiques sont unis au point que leur croisement est aussi probléma- tique que dans les mammifères (3). Dans le hareng , le jQcrf optique gaucbe traverse le droit dans son épais- seur pour le croiser. '•*4^ (i) M. Gottscbe met en doute cette communication du nerf optique avec les lobes inférieurs, qu'il n'a pu ubserver. INous la trouvons i-eprë- sentée de la façon la plus évidente dans des dessins du cerveau de la morue, faiis de la main de M. (^uvier. (2) Cuvier. Hist. nat. des poisi., f. 1, p. 423. (3) Cuvier. IJist. naU des poissons ■) (. I, p. 435. . i. AfiT. MU. CEliVEAL DliS POISSOINS. 147 Nous avons déjà parlé de la sortie de la troisième paire, dausFanse de la commissura ansulata^ près de la ligne médiane , et au point d'union de la moelle al- longée avec le lobe inférieur; la f|uatrième paire naît entre le cervelet et les lobes creux, quelquefois un peu sur le côté. Nous avons indiqué le faisceau inférieur de la moelle , qui remonte vers cette origine. Ces deux paires, ainsi que la sixième , manquent en- tièrement dans les myxindides , selon M. J . Millier. ] Le nerf de la cinquième paire a son origine si près de celle du nerf acoustique, qu'il semble n'en former qu'un seul avec lui. [Il naît sur le côté du quatrième ventricule , tout près de la partie antérieure des lobes postérieurs. Dans les squales ^ les deux branches d'o- rigine, l'une supérieure, lautre inférieure, sont re- marquablement distinctes; dans la leiche surtout, où Je quatrième ventricule est très allongé, et les origines des nerfs très écartées l'une de l'autre, la racine supé- rieure du trijumeau sort sous la forme d'iuie grosse branche arrondie du cordon supérieur de la moelle. Nous avons déjà parlé du petit trousseau de fibres transverses que reçoit ce nerf de la face inférieure de la moelle allongée. La sixième paire , fort grêle, naît, comme à l'ordi- naire, à la face inférieure de la moelle allongée, près 4e la ligne médiane, et à peu près entré les racines de la cincpiièrae. Nous avons dit que la huitième paire , ou l'acous- tique, naît si près de la cinquième, que ces nerfs semblent n'avoir qu'une origine commune. Dans l'animal frais, cependant, on distingue les cordons propres à chacun d'eux. La division de laçoustique en deux branche;^. 148 IX« LEÇOiV. CERVEAU DES AîNIMÂUX VERTÉBRÉS. au moment de son origine, comme on le voit dans la morue ^ a fait admettre par plusieurs auteurs tin nerf accessoire de l'auditif. ] Le facial est en revanche très distinct du nerf acous- tique (i). [ li est très fin à son origine. On le voit, dans la morue ^ naître à la face inférieure de la moelle, et plus loin, en arrière, que l'acoustique. On le reconnaît à son trajet à travers l'oreille , et à sa sortie sur la joue pour s'unira la cinquième paire. Dans les squales^ son origine est également tj.'ès distincte entre l'acoustique et le vague. ] Le nerf vague est très gros. [Il naît des côtés de la moelle par plusieurs filets sortant sur une ligne longitudinale sous les lobes de derrière le cervelet, et qui s'unissent bientôt en un ganglion avant de se sub- diviser. Souvent, comme dans la morue ^ le filet le plus an- térieur est un peu plus en avant et un peu plus haut que les autres, auxquels il s'unit après un court trajet. C'est l'analogue du glosso-pharyngien. Dans la leiche , parmi les squales , le même filet se distingue , par son volume, de tous ceux qui le suivent et qui forment par leur réu- (i) M. Cuvier, qui s'exprimait ainsi, et avec raison, clans la première édition de cet ouvrage, ne parle cependant pas du facial dans le chap. V de son Histoire naturelle des poissons , t. I, p. 436. Mais à la poge f\^o du même volume, il en fait remplir les fonctions par une branclie de la cin- quième paire, qu'il appelle branche operculaire. Diîchner, dans son Mé- moire sur le sytème nerveux du barbeau; Mém. de la soc. d'hisl. nat. de Stras- bourg ., t. Il, ne dit rien non plus du facial. M. Cottscîie, mem. cit., p. 477, dit qu'il n'existe jtas. il nous paraît cependant en faire mention, mais ne pas le distinguer du glosso-pharvngicn. L'extrême rapproche- ment des trijumeau et vague à leur origine, dans beaucoup de poissons osseux, fait que le facùal ne se distingue pas aisément de l'un ou de J'autre, et explique cette divergence dans les opinions des anatomistcs. ART. ÏX. CERVEAU DES QUATRE CLASSES. H9 nion le ijerf va.oue proprement dit. Enfin, derrière ce- lui-ci, nn filet très distinct dans Va/ige et dans la ieiche, et qui naît de la moelie par sept ou huit radicules, dont la dernière et la plus longue se recourbe en anse, vient s'accoler au nerf vague pour sortir avec lui du crâne. Il représente clairement l'accessoire de Wil- lis (i). Nous avons retrouvé le même filet, mais plus grêle, dans la grande roussette. Le dernier des nerfs du crâne, ou l'hypoglosse, naît de la moelle allongée par deux racines (2); l'une supérieure plus grêle, Tautre inférieure, et il sort, comme à l'ordinaire, par un trou de l'occipital. ] ARTICLE IX. RÉSUMÉ DES CARACTÈRES PROPRES AUX CERVEAUX DES QUATRE CLASSES d'aNIMAUX VERTÉBRÉS (3). De l'examen que nous venons de faire , il résulte : i*" Que le caractère qui distiugue le cerveau des mammifères d'avec celui des autres animaux vertébrés consiste : (i) M. Cuvier ne parle pas fie l'acressoiie. M^I. Weber {de aiire et oiiditu^ et Bisclioff ( liUMii. cit., p. 5i ) l'ont méconnu, lis décrivent C(jmme l*acce:îSoire un nerf qui ne mérite évidemment pas ce nom, car ils lui donnent des origines toutes différentes de celles de l'accessoire dans les autres classes, et le font venir, entre autres, de la cinquième et de la liuitième paire, et même de l'acoustique. (2) BLichner, ^lém. cit., p. 28. (3) Nous croyons devoir leproduire en note les anciens paragrapnes de cet article qui n'ont pu être conservés dans le texte, puisqu'ils étaient fondés sur des déterminations eironées.Ces paragraphes ont encore au- jourd'Jiui une valeur historique, en faisant connaître l'étal de la science à l'époque où parut la ])remière édition. 150 IX* LEÇON. CER\^AU DES ANÏMAÎ^X VERTEBRES. a. Dans l'existence du corps calleux, de la voûte , des cornes d'Ammon et du pont de Varole ; b. (i) Dans les lignes alternativement grises et blan- ches de l'intérieur des corps cannelés ; c. Dans Tabsence de tout ventricule aux tubercules quadrijumeaux; cl. [Dans l'existence de lobes latéraux au cervelet.] ^f Le caractère propre du cerveau des oiseaux consiste : a. Dans la cloison mince et rayonnante qui ferme chaque ventriciile antérieur du côté interne; b. [Dans la position des tubercules quadrijumeaux sous la base du cerveau ; c. Dans la grande uniformité de sa structure dans les différents ordres. ] 3° Le caractère propre du cerveau des reptiles con- siste : a. (2) Dans la position des tubercules quadrijumeaux derrière les hémisphères; b. [ Dans la petitesse du cervelet. 4° Le caractère propre du cerveau des poissons cartilagineux consiste : a. Dans la soudure de la première paire de lobes olfactifs; h. Dans Tabsence de tubercules à l'intérieur des lobes creux.] (i) Première édition, b. Dans la position des tubercules cjuadrijumeaux sur l'aqueduc de Sylvius. c. Dans l'absence de tout ventricule aux couches optiques^ et dans la position de ces couches en dedans des hémisphh'es. (2) Première édition, a. Dans la position des couches optiques der- rière^ etc. ABT. IX. CET\VE4U DES QUATRE CLASSES. 151 5° Le caractère propre dîî cerveau des poissons osseux consiste : [Si l'on assimile les lobes creux aux tubercules qua- drijumeaux : <2. Dans des hémisphères sans ventricule ; h. Dans des tubercules quadrijumeaux d'une struc- ture très compliquée ; c. Dans la position de Yaditus ad infiindibidum à l'intérieur delà cavité des tubercules quadrijumeaux Si l'on assimile les lobes creux aux hémisphères (i) a. Dans la position de la glande pinéale , en avant des hémisphères; b. Dans la position des tubercules quadrijumeaux à l'intérieur du ventricule commun des hémisphères. Quelle que soit l'assimilation que l'on adopte, le cer veau des poissons se distinguera toujours : a. Parla paire de lobes de la face inférieure ;] b. Par les nœuds du nerf olfactif et les tubercules situés en arrière du cervelet ; c. [Parles grandes diversités de structure qu'il pré- sente d'une famille à l'autre.] 6° Les trois dernières classes ont en commun les ca- ractères suivants, par lesquels elles se distinguent de la première : a. Ni corps calleux (2), ni voûte, ni leurs dépen- dances ; (i) C'est cette dernière assimilation quenous adopterons pour la suite du résumé qui nous occupe. {'î) Cela n'est exact que dans l'hypoîlièse où l'on appelle h&misplières dans les poissons osseux les premiers lobes olfactifs. Dans l'autre hypo- thèse au contraire les poissons ont leurs hémisphères unis sur la ligne 152 IX* LEÇON. CERCEAU DES ANIMA.UX YEBTFBRÉS. b. (i) Des ventricules dans les tubercules quadri- jumeaux ; c. L'absence de tout pont de Varole. 7° (2) [Les oiseaux et les reptiles ont certains carac- tères communs : a. La petitesse de leurs couches optiques ; b. L'absence de protubérances mamillaiies à la base du cerveau et de tout or^^ane qui les remplace. ] 8° Les poissons et les reptiles ont en commun, pour caractère qui les distin^jue des deux premières classes, l'absence de l'arbre de vie dans le cervelet (3). 9° Tous les animaux vertébrés ont en commun les choses suivantes : a. La division principale en hémisphères, couches optiques, tubercules quadrijumeaux, et cervelet ; b. Les deux ventricules antérieurs pairs, le troisième et le quatrième impairs, l'aqueduc de Sylvius, Fin- fundibulnm, la communication ouverte entre toutes ces cavités; médiane par une commissure romparal)le au rorps ealleu\. Voy. ri-dessus p. 127. (1) Première édition, h. Des tuhftcuh.s />lus ou nwinz.s- , les cottes , elle est ponctuée de noir ; dans d'autres , comme les brocliets ^ \ orphie^ la perche^ elle a un brillant métallique.] h. La membrane <:7r<267z/zoïf/e a été nommée ainsi par rapport à sa texture extrêmement délicate et transpa- rente, qui l'a fait comparer aune toile d'araignée. [Elle est de la nature des membrane s séreuses, et par consé- quent toujours en contact avec elle-même par l'une de ses faces , tandis que par l'autre elle est en contact avec la dure et la pie-mère. De son feuillet externe, elle tapisse toute la cavité de la dure-mère et ses replis, et lui donne cet aspect lisse et brillant dont il est question plus haut; de son feuillet interne] elle enveloppe la pie-mère; mais elle ne s'enfonce pas avec elle dans les ART. X. ENVELOPPES »U CERVEAU. 157 sillons du cerveau ; elle est tendue au-dessus de ces en- foncements ç et forme là comme un pont, à l'exception cependant des endroits dans lesquels se prolonge la membrane interne de la dure-mere; elle forme un vaste entonnoir dans lequel est reçue la moelle épi- nière. Ce sac paraît naître dans l'homme immédiate- ment au-dessous de l'origine des nerfs optiques. Dans les vertébrés à sang froid, chez lesquels, comme nous l'avons déjà dit, le cerveau ne remplit pas toute la cavité du crâne, à beaucoup près, rarachnoïde est remplacée par une cellulosité lâche qui occupe tout l'espace compris entre la dure et la pie-mère, et elle est ordinairement abreuvée d'une humeur de consistance dégelée, comme dans les poissons cartilagineux, et quelquefois sanguinolente. Dans Xb. carpe ^ et dans le muge et le saumon , cette humeur ressemble à une écume huileuse. [Dans Vesturgeon et le thon, c'est une graisse assez compacte.] c. La /y/e-zr/èA"^ est la membrane qui enveloppe im- médiatement la substance du cerveau; elle s'enfonce dans tous les sillons qui sont tracés sur sa surface et qui en forment les circonvolutions. Elle paraît com- posée de vaisseaux sanguins; mais cependant les ar- tères et les veines ne font que la pénétrer. On a remar- qué qu'elle est beaucoup plus solide, et qu'elle a un plus grand nombre de vaisseaux sur les endroits où elle ne recouvre que la substance grise du cerveau, que dans ceux où elle enveloppe la substance médullaire et les nerfs : elle suit aussi la moelle vertébrale, qu'elle enveloppe; elle |)énètre dans plusieurs ventricules, mais elle ue s'attache point à leurs parois; iclïe Hotte dans leur intérieur en y supportant les vaisseaux: on 158 IX* LEÇON. CERVEAU DES ANiMAUX VEÔTÉBRÉS. nomme les prolongemeiits qu'elle y forme plexus cho- roidiens. Les replis de la pie-mère, qui pénètrent dans les cir- convolutions, SOUL attachés à la substance du cerveau par une celkiiosité fine qui paraît être produite par des vaisseaux sanguins d'une ténuité extrême. Le plus grand des prolongements de la pie-mère se trouve, chez les mammifères, dans la partie des ventri- cules antérieurs qui correspond au-dessous de la voûte et au dessus des couches optiques. C'est une toile vas- culeuse repliée sur elle-même , et formant une espèce de cordon. Lorsqu elle est étendue, on lui trouve une forme à peu près triangulaire. Les vaisseaux qui la pénètrent sont entrelacés d'une manière bien plus serrée sur les bords de cette toile : ce sont eux qu'on désigne plus particulièrement sous le nom de plexus choroïdes. Il y a encore un plexus à peu près semblable au milieu de la face inférieure de cette toile, et positivement sur Touverture du troisième ventricule. Dans les oiseaux, il y a deux bandes étroites qui pénètrent dans les ventricules et qui en occupent toute la longueur. Il y a bien une disposition analogue dansles poissons; mais là le plexus adhère aux parois des ventricules et n'y flotte point. [Dans les tortues, les plexus choroïdes sont assez volumineux, et lorsqu'on les développe , iis ont l'appa;- rence de folioles à l'extrémité de leurs ramnscuîes ( i ),] On trouve deux autres prolongements de la pie-mère dans le quatrième ventricule situé sous le cervelet, un (i) Vay. Bojanus, Anat. test, europ.^ pi, XXI, Hg. 91. ABT. XI. VAISSEAUX DU CEflVEAU. 159 pour chaque côté. Ils sont libres et sans adhérence bien marquée : il n'y en a pas dans les oiseaux [ mais ils sont extrêmement considérables dans les tortues, où ils conq)lètentle plafond du quatrième ventricule, comme nous l'avons dit plus haut. Dans quelques reptiles, la pie-mère a une coloration brunâtre; dans le muge^ parmi les poissons, elle est d une couleur orangée. Il y a toujours entre la pie-mère et l'arachuoïde , dans la cavité du crâne et dans celle du rachis , un li- quide que l'on nomme liquide cérébro-spinal, et dont nous parlerons à l'article de la moelle épinière, ] ARTICLE Xï. DES VAISSEAUX DU CERVEAU. Dans l'homme, six artères principales se rendent dans le crâne , trois de chaque côté; l'une se distribue dans la dure-mère, on la nomme artère sphéno-épineuse ; les deux autres se divisent dans le cerveau , on les dési- gne sous le nom de carotides internes et de vertébrale. L'artère sphéno-épineuse ou méningée moyenne est une branche de la maxillaire interne qui pénètre dans le crâne par le trou épineux de l'os sphénoïde. Parve- nue dans l'intérieur du crâne , elle monte vers la face interne de l'os pariétal ; elle se divise là dans l'épaisseur de la dure^mère , en un grand nombre de ramifications qui s'anastomosent entre elles, et que l'on a comparées, dans l'homme , aux nervures d'une feuille de figuier. Cette disposition est la même dans tous les autres mammifères. La carotide interne sort du conduit osseux de 1 os 160 IX* LEÇON. CEJiVEÀU DES AîNIMAUX VERTEBHÉS. temporal, rampe quelque temps dans lepaisseur delà dnre-iîière, où elle baigne dans le sang veineux con- tenu dans le sinus caverneux ; elle pénètre enfin dans le crâne, derrière les apophyses clinoïdes antérieures : on la nomme alors artère cérébrale. Elle donne là plusieurs ramuscuîes qui se distribuent aux parties voisines, et toujours en arrière un gros rameau qui va s'unir au tronc des artères vertébrales, et quon nomme artère communicante. Deux petits rameaux qui vont se rendre au plexus cboroïde naissent ordinairement de l'artère cérébrale lorsqu'elle a fourni la communicante, f^e tronc se bi- furque ensuite. L'une des branches se porte en devant au-dessus du corps calleux , ce qui la fait appeler artère calleuse ; elle fournit ^ ainsi que toutes les autres bran- ches , beaucoup de ramuscuîes aux parties voisines. L'autre branche est un peu plus grosse que l'antérieure ; elle se porte en dehors à la surface des hémisphères dans l'épaisseur de la pie-mère et dans la scissure de Sylvius , où elle se divise et se subdivise à l'infini pour pénétrer par des artérioles extrêmement délicates dans la substance même du cerveau. Les artères vertébrales ^ après de nombreuses in- flexions dans le canal formé par les trous dont sont per- cées les apophyses transverses des cinq vertèbres inter- médiaires du col, arrivent dans le crâne par le grand trou occipital; elles se portent en devant dans la fosse basilaire de l'os occipital; elles s'unissent là pour ne former qu'un tronc commun, nommé artère basilaire; mais elles donnent auparavant deux branches de chaque côté au pont de Varole: celles-ci se ramifient à ia face inférieure du cervelet. L une des ramifications Ara. \J. VAISSEAUX ni c£BV?;ai:. 16i porte le nom Aq spinale postérieure . parce qu'elle pé- nètre dans le quatrième ventricule, et qu'elle suit en arrière la moelle épinière jusqu'à la hauteur des vertè- bres lombaires. Des mêmes artères vertébrales provien- nent les spinales antérieuj es ^ qui se réunissent vers les nerfs grands hypoglosses en un tronc unique, lequel descend dans le canal vertébral au-devant de la moelle épinière jusqu'au sacrum , en donnant beaucoup de pe- tites branches qui s anastomosent avec d'autres artères. Le tronc basiiaire se bifurque de nouveau pourpro- duire les artères supérieures du cervelet situées entre le cerveau et le cervelet, et de plus les artères cornnium, cantes , qui, comme nous l'avons vu , s'unissent aux carotides. Les veines du cerveau ne forment point de gros tronc ; elles débouchent dans des conduits d'une structure particulière, nommés sinus. Ils sont formés par des duplicatures de la dure-mère, collés aux os par une cellulosité épaisse, et munis dans leur intérieur de tissu cellulaire et de brides ligamenteuses. Les veines s'y insèrent d'une manière contraire au cours du sang. Tje but de cette organisation paraît être d'empêcher le rellux du sang veineux, qui pourrait comprimer le cerveau Tous les sinus dégorgent le sang qu'ils contiennent, soit directement , soit médiatement, dans une sorte de dilatation, qu'on nomme ^o^ des jugulaires. Ce golfe est situé au-dessus du trou déchiré postérieur, par le- quel la veine sort du crâne. IjCS sinus de l'homme ^ouiIq longitudinal postérieur^ qui règne le long du bord convexe de la faux ; le longitu- dinal inférieur^ûiwé sur son bord concave; le droite qui 3. 11 }&1 ix'^ !,K(:Oi\. i!èhveaHî ohs animaux vektéhkés. de l'extrémité postérieure du précédent va s'aboucher avec l'un ou l'autre des sinus latéraux. Géux-ci se distin- piient en droit et en pauche ; l'un reçoit ordinairement à lui seul le sang du sinus lon^^itudinal supérieur; Tautre reçoit aussi le plus ordinairemiérit celui qui est contenu dans le sinus droit. Ils suivent chacun de leur côté le sillon tracé entre le cei'veau etle cervelet à la base du rocher; ils descendent' et suivent son bord postérieiir jusqu'au goKe des pigulaires. Jie sinus circulaire de la selle sphéno'idale entoure la glande pituitaire; il se décharge dans deux grands réservoirs situés sur ies côtés de Ja selle, uov[\\x\é^ sïiius caveriieux\ au milieu desquels baignent dans le sang l'artère carotide et plusieurs paires de nerfs. On ^oi\\\x\^ pétreux inférieur ièih conduit veineux qiii v,a du sinus caverneux au golfe des jiigitlaires; enfin, Ton a désigné, sous le nom de sinus j^étreux supérieur., uu^ autre petit conduit qui suit l'angle saillant du rocher et qui débouche dans le sinus droit. Les vaisseaux sanguins de l'intérieur du crâné des mamniiferes ne diffèrent de ceux de l'homme que par leur jiosition. Nous avons indîqifë',da'n's la huitième leçon , les cavités de l'intérieui- du crâne et les sillons qui y sont tracés. Ces sillons étant les traces des vaisseaux indiquent jusqu'à un certain point leur position. Ainsi, d'après la description du canal carôtidien, dirfrôii épi- neux et du trou vertébral^ on voit les points desquels par*tent les artères. Quant à celles du cerveau, elles' sont à peu près disposées comnife celles de l'homme , mais elles suivent d'autres cotirbu^éV détéNiiîiieès par les formes des lobe.''-. ,,Gcpeiidaiit il' estr un / ,; . ; vDans les oiseaux, la carotide, aussitôt qu'elle, a pé^-, Rétré dai3s îe. crâne, se;. partage en deux branches, l'une antérieure, l'autre postérieure., , L'antérie'jre croise le oer£optique.au pointouiUp dé- gage du tubercule bi jumeau; puis elle donne une bran- che qui remonte entre ce tubercule et Thémisphère; en- suite elle fournit l'artère opbthalmique, qui vient, en se (r) Voy. encore ifc- t.VÎ, j». ! 36 , de cette eujtiou , -ÏU d^;](-t , ou de phi grec ma- jeur^ accompagné de deux moitiés de cercle accolées en sens opposé o(l>c. Le rameau continue encore de se porter en avant à la hauteur des nerfs de la liuitième paire; il s'en détache là de nouveau deux troncs qui, venant à se rejoindre, font le commencement du vais- seau moyen, dont nous avons parlé plusieurs lois, et qui finit par former l'artère spinale en suivant ainsi toute la ligne inférieure du cerveau. Le rameau anté- rieur, continuant de se porter en avant, fournit beau- coup de petites artérioles au cerveau ; il passe sous l'origine du nerf de la cinquième paire; et, enfin, ar- rivé sous le tubercule olfactif, il s'y épanouit en patte d'oie et l'environne de toutes parts. Tels sont les rameaux principaux de l'encéphale des poissons, fiCs vaisseaux veineux sont aus^i fort nonir 168 1\' LrÇOIS. CERVEAU DES AMMAIX VEllTÉSRÉS. breux, et ranipejit dans la graisse ou la liqueur mu- queuse dont est enveloppé le cerveau. « ARTICf.E XII. DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. Le prolongement de l'encéphale , qui sort du crâne par le grand trou occipital, a été nommé la moelle épi- nicre. Elle paraît produite, ainsi que nous l'avons vu, par l'union des appendices médullaires du cerveau et du cervelet (i). Ce prolongement médullaire est pres- que cylindrique , un peu comprimé; il semble formé de deux cordons séparés entre eux par deux sillons médians, Tun du côté du corps de la vertèbre, et l'autre du côté de son apophyse épineuse. La grosseur de la moelle vertébrale varie dans les différents points du canal qu'elle parcourt. En général^ le canal des vertèbres est d'un plus grand diamètre dans la partie inférieure du col; c'est aussi dans cet endroit que la moelle épiaière est plus grosse [à (i) Aujourd'hui les anatomistes if^^ardent conjmunément l'eucépliale comme résultant du dt'veloppement de la moelle ('piniére. C'est le cas de rappeler ici ces paroL'S de M. Guvier : « Il y a dans toutes ces discussions beaucoup de diHicultés qui nai&sent de l'abus des expressions figurées. Ainsi , lorsOjU on a dit que le cerveau est une production , une etflorrscence de la moelle, ou la moelle une continuation du cerveau, on s'est exposé à être facilement réi'uté par ceux qui prennent ces termes au pied de la lettre. Je devrais dire même qu'en les prenant ainsi, on s'est donne' pour les ri'l'uter vme peine très inutile. Les auteurs ne voulaiei.t exprimer que i\e$ rapports de iiaiîiun , de connexion, et non pas d'extraction. Ainsi , lorsqu'on dit que les artères naissent ou sortent du coiur, on ne pn''- tend pas que primitivement elles aient été' dans 1(^ cœur, qu'il les ail émises, etc. f> (' Rapport sur les travaux A. Dans ïhomme. Sortie du crâne par le trou rond de Fos sphénoïde, cette branche fournit presque aussitôt un petit filet , le rameau orbitaire , qui entre dans l'orbite par la fente inférieure de cette fosse. Ce filet s'unit avec un autre qui appartient au nerf lacrymal, puis il fournit des ramuscules qui se rendent à la glande lacrymale et à l'angle interne de la paupière supérieure; d'autres pas- sent, ainsi que nous l'avons indiqué, dans un petit canal de l'os de la pommette pour s'épanouir sur la joue , en s'anastomosant avec le nerf facial et le sous-orbitaire , et en arrière avec des filets temporaux du maxillaire inférieur. J^a branche uiaxiiiaire supérieure arnvéedans Tinter- ART. IV. NERFS DE LA CJNQUlî^ME PAIRE. 195 valle qui existe entre la base des apophyses ptérygoïdes et la partie supérieure de la tubérosité malaire , il s en détache un ou deux rameaux qui, dans ce dernier cas, se réunissent presque aussitôt et forment un gmiglion ou renflement rougeâtre, de forme et de volume variable, qui se trouve situé au-devant du trou sphéno-palatin , et qui porte le nom de ganglion s phéno- palatin ou de meckel. Il part de ce ganglion beaucoup de filaments qui se portent dans des directions diverses, et qui forment des nerfs très remarquables : ils sont sujets à varier dans leur nombre, mais rarement dans leur distribution. Il en part d'abord, du côté interne, quatre ou cinq filets qui, entrant par le trou sphéno-palatin dans les fosses nasales, se divisent en sphéno-palatins externes qui se distribuent dans la membrane olfactive , et en sphéno-palatin interne. [ Ce dernier est plus volu- mineux; il se porte sur la cloison, descend oblique- ment, puis marche vers le canal palatin antérieur, en distribuant des filets à la membrane muqueuse des na- rines. Il traverse le canal, et se termine par de nombreux ^ filets dans la partie antérieure de la voûte palatine. ] En arrière du ganglion sphéno-palatin naît un filet qui^ s'engageant dans le canal de la base de l'apophyse ptérygoïde ou vidien, se porte en arrière vers la pointe du rocher. On a nommé ce nerf vidien , d'après l'auteur qui a le premier fait connaître sa distribution. A sa sortie du canal, le nerf se bifurque. L'une des branches rentre dans le crâne, passe par une petite rainure du rocher qui aboutit au canal de Falîope, où il s'unit au nerf fa- cial. L'autre branche de la bifurcation du nerf vidien , molle et de couleur grisâtre, pénètre dans le canal de rartère carotide, et s'anastomose avec le rameau 196 X* LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. carotidien externe du ganglion cervical supérieur. Enfin, de la partie inférieure du ganglion sort le plus gros filet nerveux, qui paraît être la continuation du tronc. Il s'engage dans le canal ptérygo-palatin en grande partie. Il se divise là en plusieurs filaments qui traversent de petits canaux osseux. Les uns se portent dans la membrane olfactive, et d'autres, en arrière^ se perdent dans la membrane du pharynx près de l'orifice de la trompe d'Eustache. Le tronc, qui porte le nom de nerï palatin , sort par le trou palatin posté- rieur, et se portant en devant, il se divise en plusieurs rameaux sur la voûte du palais. Après avoir donné les deux filets qui produisent le ganglion sphéno-palatin , la branche maxillaire se porte vers l'ouverture du canal sous-orbitaire ; mais avant d y entrer, elle fournit un petit rameau, appelé alvéolaire ^ qui se divise souvent en deux autres: l'un rétrograde, pénètre dansie sinus maxillaire, où ils' anastomose avec les nerfs dentaires; l'autre se porte sur les alvéoles de la canine et des incisives, dans lesquelles il pénètre : il donne aussi beaucoup de filaments aux gencives. Engagée dans le canal sous-orbitaire , la branche prend alors le nom de sa position. Il s'en détache un rameau assez considérable qui se porte dans l'épaisseur de l'os , pénètre dans le sinus et se distribue dans les 'racines de presque toutes les dents. Le tronc sort de l'os par le trou sous-orbitaire; parvenu sur la face, il se fait un épanouissement de tous ses filets qui se per- dent dans la paupière inférieure, dans la lèvre supé- rieure , dans la peau , dans la membrane muqueuse de l'aile du nez, et dont un grand nombre s'unissent aux ramifications du nerf facial. AUT. IV. ÎNERFS DE LA r.ïNQlIlÈ^îR PATRE. 197 B. Dans les mammifères , Nous avons déjà dit que les nerfs maxillaires sortent du crâne, dans le plus grand nombre de ces animaux, par un même trou situé dans la fosse moyenne au-de- vant de la pointe du rocher. Parvenu au dehors du crâne , le tronc unique s'élargit beaucoup , et les filets qui le composent semblent s'entrecroiser de manière que, des deux rameaux qu'ils forment bientôt après, le postérieur ou sous-maxillaire paraît produit par les filets antérieurs, et le rameau antérieur ou sus-maxillaire par les filets postérieurs. Cette disposition est très remarquable dans les chiens , elle l'est beaucoup moins dans les ruminants. La branche maxillaire supérieure se porte presque horizontalement de derrière en devant. Parvenue à la partie antérieure et inférieure de la fosse temporale , elle se divise en un grand nombre de filets ; Fun des trousseaux , composé de quatre ou cinq filets considé- rables, se porte vers le trou sphéno -palatin. Là le trousseau se partage en deux. L'une des branches se porte dans la cavité des narines , et fournit un très gros rameau qui va s'épanouir dans le tissu charnu du palais. Quelquefois, comme dans les ruminants, ce rameau se sépare du tronc, même avant qu'il entre dans le trou sphéno-palatin. L'autre branche du nerf sus-maxillaire, qui entre par le trou sphéno-palatin , se glisse dans l'épaisseur de l'os de la mâchoire supérieure, envoie des ramuscules à toutes les dents, et sort par le trou sous-orbitaire pour s'épanouir en patte d'oie sur la face, et s'anasto- moser avec le nerf facial. 198 X' LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. Mais, outre ces deux nerfs principaux produits par la branche maxillaire supérieure , il est d'autres filets très remarquables qui s'en détachent presque aussitôt après sa sortie du crâne. Il s'en sépare d'abord un petit filet très grêle qui , après s'être anastomosé avec un ganglion, dont nous allons parler, se porte dans l'épaisseur du muscle tem- poral , qu'il traverse ; il perce ensuite la partie infé- rieure de l'orbite, et pénètre dans le nez. Un autre filet beaucoup plus remarquable vient de la branche sphéno-palatine. Elle forme le ganglion sphé no-palatin , auquel aboutissent plusieurs autres filets, et entre autres celui dont nous venons déparier. Il s'en sépare ensuite un nerf plat qui , quoique beau- coup plus gros, paraît être la continuité du filet qui nous occupe ; il se glisse dans l'épaisseur des os entre le palatin et la convexité de l'apophyse ptérygoïde ; il fournit là plusieurs filets, dont un très distinct descend sur le plancher des narines, et se porte jusqu'au canal palatin antérieur. Telle est la distribution générale du nerf susmaxil-» laire dans les mammifères. On peut voir sur cette des-^ cription succincte, prise d'après le chien^ \e lapin, le mouton , et le veau , qu'il n'y a ici de différence avec l'homme que celle que devait nécessairement en- traîner la conformation de la face. [Ainsi quelques animaux ont les lèvres très protac- tiles et douées d'une grande sensibilité ; d'autres gar- nies de fortes moustaches; quelques uns ont le nez allongé en museau ou en trompe ; dans tous ces cas , les nerfs qui se rendent à ces parties sont considérables. Dans X éléphant , par exemple, l'ophthalmique et le, ART. lY. NERFS DE LA CINQUIÈME PAIRE. 199 maxillaire supérieur ont de très grandes propor- tions. ] III. Du nerf maxillaire inférieur^ troisième branche de la cinquième paire ^ dans F homme et dans les mam- mijhres. A . Dans F homme. Celle-ci est la plus grosse des trois branches que fournit le nerf trifacial ; elle sort, comme nous Tavons vu , par le trou ovale du sphénoïde ; elle paraît à la base du crâne, sur le rebord qui sépare la fosse tempo- rale de la gutturale en dedans du muscle ptérygoïdien externe. Elle se divise pre^sque aussitôt en deux troncs principaux; l'un supérieur, [formé par la petite racine du nerf 4rijumeau ou racine motrice]; Fautre infé- rieur, [provenant de la grosse racine sensitive, ou du ganglion de Casser.] Le premier se subdivise en cinq rameaux, et le second en trois, en sorte que le nerf se trouve divisé en huit. 1 . Le premier rameau, ou masseterin , envoie quel- ques filets à l'articulation de la mâciioire et au crota- phite ; puis se portant au-dessus de l'échancrure qui existe entre les deux apophyses , il pénètre dans l'é- paisseur du muscle-raasseter, dans lequel il se distribue. 2. Le second rameau se sous- divise en temporal profond postérieur^ qui se porte dans la partie posté- rieure et profonde du muscle crotapliite^ et dont quel- ques filets percent l'aponévrose et s anastomosent avec le facial, et en temporal prof ond antérieur^ qui se porte aussi dans la même direction , mais un peu plus anté- rieurement; il s'aoasiomose souvent avec un filei du nerf lacrymal , comme nous l'avons indiqué. '200 X*" LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTEBRES. 3. Le troisième rameau , ou. buccal^ passe entre les deux muscles ptérygoïdiens, auxquels il donne quelques petits filets; puis se portant au-deliors du muscle buc- cinateur, il se divise en un grand nombre de tilets, dont les uns se portent dans ce muscle , ainsi que dans ceux des lèvres en général, et les autres s unissent au nerf facial. 4. [Le quatrième rameau, on myloliî/oïdien ^ accolé d'abord au nerf dentaire inférieur, se glisse entre Fos maxillaire et le muscle ptérygoïdien interne, puisse distribue au muscle mylohyoidien, et au ventre anté- rieur du digastrique. ] 5. Le cinquième rameau, ou ptérygoïdien interne y est un des plus petits; il se porte dans le muscle pté- rygoïdien interne et dans ceux du voile du palais. 6. Le sixième rameau ou dentaire inférieur^ [ qui commence les filets dépendant de la racine sensitive ,] paraît être le tronc du nerf lui-même : aussi lui a-t-ou lon^emp§ conservé le nom de uevï maxillaire inférieur proprement dit. 11 se glisse entre les deux muscles pté- rygoïdiens, et se dirige vers le canal dentaire de la mâ- choire inférieure ; mais avant d'y pénétrer il s'anasto- mose avec le nerf lingual, et donne quelques filets aux glandes sous-maxillaires. Lorsqu'il est entré dans le canal, il se distribue dans les racines de chacune des dents et se continue en un filettjui sort par le trou mentonnier, et qui se clivi^ dans la lèvre inférieure en s'anastomo- sant avec les filets du nerf facial. -j. Le septième rameau, ou lingual^ est destiné à la lao/^ue; il se porte avec le précédent entre les muscles ptérygoïdiens. Il s'accole là à un petit filet qui provient du nerf facial , et qui a été nommé la corde du tympan : ART. ly. WEBFS DE L\ CINQUIÈME PATRE. 20! il se dirige vers la langue. Arrivé vers Torigine du muscle stylo-glosse , au-dessus de la glande maxillaire, il produit quelques filets qui souvent se réimissent et forment, avec une division de la corde du tympan, un petit ganglion appelé maxillaire^ duquel partent des filets qui percent cette glande, après quoi le nerf s'anastomose en arcade avec le nerf hypoglosse et se gl-isse entre le muscle hyoglosse et la glande sublin- guale. Il pénètre dans l'épaisseur de la langue, et se dis- tribue aux gencives et à la membrane muqueuse, ainsi qu'aux papilles de cet organe. [ Le ganglion maxillaire communique avec le grand sympathique au moyen de filets qui rampent sur l'ar- tère faciale. ] 8. Enfin le huitième rameau est celui qui est le plus postérieur : il naît souvent de deux racines entre les- quelles passe l'artère méningée moyenne. Le tronc unique marche derrière le condyle de la mâchoire , au-devant du conduit auditif; il donne beaucoup de ramuscules qui se portent sur les parties voisines. Il se subdivise en une grande quantité de filets dont beau- coup s'unissent au nerf facial sur la partie externe du muscle temporal, ce qui lui a fait donner le nom de temporal superfîcieL [Outre le ganglion maxillaire, la troisième branche du trijumeau en fournit un autre appelé ganglion oii- que. Celui-ci est situé au côté interne du nerf, au-dessus de l'origine du temporal superficiel, et appliqué contre le dentaire inférieur; il est communément ovale et rougeâtre , et son plus grand diamètre est de 4 à 5 millimètres. îl a pour racine sensitive des filet du glosso- pharyngien et du maxillaire inférieur; pour racine motrice, un filet du facial , et un autre provenant de la 202 X' LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. petite racine du trijumeau , et pour racine sympathiaue un ou deux fiiets du rameau carotidien externe du ganglion cervical supérieur. Du ganglion otique sor- tent des ramuscules qui se rendent à la membrane muqueuse du tympan et de la trompe d'Eustache, et un filet moteur pour le muscle interne du marteau et pour le muscle tenseur de la caisse du tympan. B. Dans les mammifères , Nous avons indiqué la disposition de cette branche dans les mammifères à sa sortie du crâne par le trou ovale. Elle fournit presque aussitôt après sa séparation un rameau assez gros , qui se porte dans les glandes parotide et maxillaire. Il s'en sépare ensuite deux autres : Tune interne, qui se divise et qui se perd dans les téguments de la langue ; Fautre externe , qui donne beaucoup de ramifications aux lèvres, qu'elles tra- versent, et à la peau de la face, où elles s'unissent aux filets du nerf sous-orbitaire et à ceux du nerf facial. Le plus gros filet, ou la continuation de la branche elle-même, pénètre dans le canal dentaire, s'y distri- bue aux dents , et se termine dans la lèvre en formant une patte d'oie qui vient du trou menlonnier. Les autres petits filets se retrouvent à peu près comme dans rhomme. Dans le veau , aussitôt après sa sortie du crâne , le nerf maxillaire inférieur se divise en quatre portions principales. La plus postérieure, qui est la troisième en grosseur, se porte derrière et sous le condyle de la mâchoire, où elle se divise en deux rameaux : lun grêle , qui pénètre dans la glande parotide , où il Se divise en beaucoup de filets qui s'unissent à ceux du ART. IV. NERFS DE LA CINQUIÈME PAIRE. â03 nert facial; l'autre rameau suit le contour de la mâ- choire, et se porte au-devant du mufle ; il s'unit en pas- sant sur la joue avec la branche moyenne du nerf fa- cial, dont il avait reçu déjà auparavant plusieurs filets anastomotiques. La branche suivante du maxillaire inférieur est la plus grêle des quatre. Elle est très longue, suit la branche de la mâchoire , et va se perdre dans les muscles buccinateurs et dans les glandes buccales. La troisième branche pénètre dans le canal dentaire, et s'y distribue , comme nous l'avons indiqué pour les mammifères en général. Enfin la quatrième branche est la linguale : c'est la plus grosse et la plus antérieure. Elle est aplatie et forme un ruban large ; elle se termine en éventail par des rayons qui se terminent dans les papilles de la lan- gue et dans les parois de la bouche. [ Les ganglions sous-maxillaire et o tique existent comme dans l'homme. Le premier est d'un volume considérable dans les carnassiers et les ruminants. Le second, d'après M. Arnold, est double dans le tapi/\le cochon et le chacal ^ et c'est le postérieur qui envoie un filet au muscle tenseur de la membrane du tympan.] IV. Du nerf de la cinquième paire dans les oiseaux. La cinquième paire des oiseaux pre'sente à peu près la même distribution que dans les mammifères. Le nerf ophthalmique sort du crâne par un troupar** ticulier de l'orbite en dehors du nerf optique. Il rampe quelque temps dans l'épaisseur de l'os, avant de parve- nir au-dehors. Il est gros et décrit une courbe qui suit la voûte de l'orbite. 11 ne commence à se diviser qu'au- 204 X* LEÇON, NERFS DANS LES ANIMAUX YERTÉBBÉS. delà de la fosse ; il pénètre ordinairement dans l'épais- seur des os de la face au-dessus des sinuosités nasales. II se divise en trois branches : la supérieure est la plus petite , elle va se perdre dans la membrane pituitaire ; la seconde branche est la plus grosse des trois et la plus longue , elle est reçue dans un canal osseux , passe au- dessus des narines et vient se terminer à l'extrémité du bec en un grand nombre de divisions ; la troisième branche paraît se perdre entièrement dans la peau qui enveloppe le pourtour de l'ouverture des narines. [M. Sclilemm décrit un iîlet récurrent qui naît, dans le dindon^ de l'ophthalmique^ au moment où ce nerf va quitter l'orbite, et qui se porte en arrière à la ren- contre du nerf facial avec lequel il s'anastomose. Ce nerf est considéré par cet anatomiste comme le nerf vidien. Le ganglion ophthalmique des oiseaux est situé, comme dans les mammifères , au côté externe du nerf optique , il résulte également de l'union du nerf de la troisième paire et du nerf nasal (i). Nous n'avons rencontré dans les oiseaux ni le gan- glion otique (-2) ni le ganglion sphéno-palatin.] Le nerf maxillaire supérieur sort par le même trou que linférieur, précisément au-dessus de l'os carré. Il se porte de derrière en devant à la partie inférieure de Forbite ; il donne dans ce trajet deux filets, l'un qui (i) Muckl'a décrit dans une ou plusieurs espèces de chaque ordre de la classe des oiseaux. {Dissert. anat. de ganglio-ophtlialmico et nervis ci- //nn6us a?iima/mm. Landisliuti, i8i5. In-4") (2) M. Arnold, a qui nu doit la connaissance de ce {;anf5lion , assure, en effet, qu'il n'existe pas dans les oiseaux. ART. IV. NEBFS DE LA CIlNQUlÈMi: PAIRE. 205 s'unit à des ramifications du nerf ophthalmique, l'autre qui remonte vers le côté interne dans la menibïane muqueuse de la bouche. Il pénètre dans lepaisseur des os maxillaires pour se perdre sur les parties laté- rales du bec. Dans les canards ^ la distribution en est très remarquable. Chacun des crans dont est marqué le bec paraît recevoir quatre ou cinq filets. Le nerf maxillaire inférieur se sépare du supérieur, et se dirige obliquement en en-bas ; il donne d'abord des rameaux aux muscles ptérygoïdiens et au muscle nomuié quadrangulaire, que nous ferons connaître en traitant de la mastication. Le tronc descend ensuite en dehors ; et arrivé à la mâchoire inférieure, il se divise en deux branches: une interne, et une externe. L'in- terne, qui est la continuation du tronc, pénètre dans le canal maxillaire, et se rend ainsi jusqu'à l'extrémité antérieure de cette mandibule. Dans les oiseaux qui ont des dentelures, comme les canards ^ chaque dent reçoit des filets de ce nerf. La branche exierne se dé- tache de la précédente en perçant l'os delà mandibule, et se répand en dehors sous la peau ou la substance cornée qui revêt le bec jusqu'à son extrémité. V. Du nerf de la cinquième paire dans les reptiles. Les reptiles ont les trois branches de la cinquième paire. Dans les tortues de mer ^ l'ophthalmique glisse quelque temps dans l'épaisseur de la dure-mère avant de pénétrer dans l'orbite. Il donne des filets à la fosse nasale, et surtout aux deux glandes lacrymales. La branche maxillaire supérieure est la plus grosse des trois : elle est unie à l'inférieure dans son origine ; mais, parvenue dans l'intérieur de l'orbite, elle s'en sépare 206 X* LEÇON. NEBFS DANS LES ANIMAUX VEliTÉBBÉS. pour prendre une autre direction; elle se glisse sur le plancher de Torbite en décrivant une courbe très mar- quée 5 dont la convexité est extérieure. Delà concavité de lu courbe, ou du côté interne, partent une infinité de ramuscules qui vont se perdre dans la glande lacry- male. Le tronc se divise ensuite en deux rameaux : un interne , qui répond au nerf sphéno-palatin et au sous- orbitaire. Il fournit des filets au palais, aux narines ; et, arrivé à la partie antérieure de l'orbite , il se porte en dehors et vient s'épanouir sur la face. L'autre rameau du tronc principal est extérieur ; il glisse aussi sur le plancher de l'orbite, aux os duquel il donne plusieurs filets ; il vient enfin s'épanouir sur la face à la partie inférieure de l'orbite, et s'anastomoser avec les autres nerfs faciaux. La branche maxillaire inférieure se porte presque verticalement en en-bas à la partie postérieure de l'orbite , au-devant de l'apophyse pierreuse et arti- culaire du temporal. Elle donne, dans son trajet jus- qu'à la mâchoire inférieure, plusieurs filaments qui se perdent dans les muscles temporaux et ptérygoïdiens, entre lesquels elle se glisse. Parvenue à la mâchoire inférieure au-devant de la facette articulaire , elle pé- nètre dans l'ouverture oblongue qui y est tracée, et se divise dans l'intérieur de l'os. Elle fournit en dedans de la mâchoire plusieurs filets qui se perdent dans les muscles de la langue , et en dehors ( juelques autres qui se ramifient sous la peau. [Le ganglion ophthalmique existe dans les tortues ^ et nous croyons l'avoir aussi aperçu dans le crocodile. On assure que le nerf ophthalmique des sauriens , des ophidiens et des batraciens ne donne point de ra- ABT. IV. WEHtS DE LA CINQUIÈME PAIRE. *207 meaux ciliaires (i), et que dans la grenouille les deux maxillaires ne se séparent que vers le milieu de l'orbite ; l'inférieur donne des ramuscules aux muscles masseter et ptérygoïdiens. Dans les batraciens sans queue, une portion du fa- cial semble fournie par la cinquième paire, sous la forme d'une quatrième branche sortant du ganglion semi-lunaire (2). ] VI. Du nerj de la cinquième paire dans les poissons. On retrouve aussi dans la cinquième paire des pois- sons les trois branches qui s'observent dans Fliomme. [Mais la racine inférieure de ce nerf, qui est très forte et souvent plus considérable que la supé- rieure, s'unit dans les parois du crâne si intimement avec cette dernière, qu il est impossible de l'en séparer : aussi est-il vraisemblable que chacune des trois branches reçoit un certain nombre de filets moteurs. La cinquième paire sort du crâne par un trou de la grande aile , qui est souvent divisé en deux par un filet osseux. ] La branche ophthalmique ou la plus supérieure s'é- lève dans le crâne , et se porte obliquement en dehors et en avant vers la partie postérieure de l'orbite , dans lequel elle pénètre. Arrivée là , elle présente quelques variations, selon les espèces , dans la manière dont elle (i) .Tacobson, De quinto nervorum pari animalium. Regiomonti, 1818. In-40. (2) J.-G» Fischer, ouv, cit. 208 X« LEÇON. ISERFS DANS LES ANIMAUX VEUTÉBRÉS. se subdivise. Ordinairement elle fournit trois rameaux principaux, comme dans la carpe , le saumon , la mo- rue, et probablement dans les autres poissons osseux; mais , dans les raies et les squales ^ cette division a lieu beaucoup plus tard et au-delà de rorbite , comme nous le verrons en décrivant ces rameaux. Le premier rameau est le plus grêle et le plus in- terne ; il va se terminer au pourtour de la cavité des narines. Dans la raie , la branche passe au-delà de l'orbite sans se diviser. Bientôt après , il s'en détache deux filets; l'un, plus gros, traverse au-dessus de la narine, lui donne plusieurs ramuscules , et passe au-delà pour se perdre dans la partie latérale du bec. Dans le squa/e^scie , la partie de la branche ophthalmique qui se rend aux narines est peu remarquable : ce sont de simples filets qui se détachent de la branche que nous allons examiner. ^ Le second rameau du nerf opbthalmique du côté interne dans les poissons osseux est le plus considérable des trois. Il se divise en deux, dont l'un se ramifie dans les parties charnues de la lèvre supérieure , où elles s'unissent avec les filets du nerf maxillaire supé- rieur; l'autre va se distribuer aux parties molles voi- sines de l'angle de la bouche : il en est au moins ainsi dans le saumon et dans la carpe. Dans les raies , c'est la continuation du tronc qui tient lieu de ce rameau. Il se dirige en avant vers l'extrémité du bec , où il se termine. Dans le squale-scie ^ le rameau qui nous oc- cupe se porte au-dessus des muscles du bidbe de l'œil, et se dirige en avant dans une rainure pratiquée au- dessus du bec ; il se divise là, du côté externe, en une infinité de filaments en forme de treillis , dont les ra- ABT. IV. NERFS DE LA CINQUIÈME PAIRE. 209 mifications paraissent se porter aux dents ou crochets qui arment ce bec. Le troisième rameau de l'oplithalmique se porte sur les parties latérales de la face, et se distribue aux mus- cles des mâchoires dans les poissons osseux. Ce rameau n'existe point dans la raie ; mais dans le squale-scie il est très distinct et très gros ; il se glisse dans l'orbite au-dessous des deux muscles supérieurs de Tœil , en donnant quelques filets qui vont se porter dans le bulbe, puis il se dirige en avant pour se confondre avec le précédent. Nous ne devons pas omettre ici une particularité très remarquable, sur laquelle nous reviendrons ce- pendant par la suite, à l'article des sécrétions: c'est que les deux branches du nerf ophihalmique, dont nous venons de parler, paraissent changer de nature à l'endroit de leur réunion. Elles prennent là une cou- leur noire et une consistance particulière. Nous avons eu occasion de faire la même observation sur cette couleur noire du nerf dans \ç, squale-mil andre , où elle est encore plus marquée, et où la distribution du nerf est surtout 1res importante. Dans cette espèce de pois- son, toute la partie avancée de la tête au-devant de la bouche est percée de pores nombreux par lesquels suinte, par la moindre compression , une humeur géla- tineuse. Lorsque la peau est enlevée, on voit que cette humeur est contenue dans des espèces de cellules for- mées par un tissu fibreux blanc très serré. Sur les pa- rois de ces cellules aboutissent en grand nombre les extrémités du nerf qui nous occu[)e. Nous reviendrons par la suite aux usages présumés de cette licpieur : nous ne voulons ici qu'indiquer l'observation. 3. 14 210 X* LEÇOIN. NEiiFti DAA^ I.ES ANIMAUX VERTEBRES. [Il n'y a point, clans les poissons, de ganglion opb- thalmiqiie; mais néanmoins nne des branches du nerf opbthalmique donne un filet au globe de lœil, après s'être anastomosée avec la troisième paire (i).] La seconde branche delà cinquième paire, qui rer- présente le nerf maxillaire supérieur, est intermtdiaire, Elle se glisse au-dessous du nerf optique vers la partie moyenne et inféiieure du crâne. Parvenue au-dessous des narines, elle se divise en deux, trois ou plusieurs rameaux, dont les uns se portent vers l'angle de la bouche, et se terminent dans les barbillons lorsque ces appendices existent; les autres se portent vers la partie moyenne, où ils se distribuent dans l'épaisseur des lè^- \res. 11 en est au moins ainsi dans les poissons osseux que nous avons eu occasion d'observer. [Un de ces ra- meaux se porte vers la narine et s'anastomose avec la branche ptérygo -palatine. ] Le squale-scie et la raie présentent des observations différentes. Dans le premier de ces poissons, le maxil- laire supérieur se divise presque aussitôt après sa sortie du crâne, au-dessous de Forbite, en trois branches principales. La première^ qui se porte en avant, est très (grosse , et passe au-dessous des muscles de l'œil. Jl s'en détache un rameau qui se porte dans le bulbe jdèrceii, puis elle passe à la face inférieure de la ra- cine du bec, donne quelques filaments au pourtour des narines, et [)énètre enfin dans le canal longitudinal du bec qui reçoit rophthaîmique. La branche moyenne est composée de plusieurs filaments qui se distribuent aux muscles de la bouche; enfin, la dernière branche (i ) Biuhner a ibi^u constaté cette disposition , mén. cit. ^RT. IV. NERFS DE LA CINQUIÈME PAIKE. 211 se porte aussi en [;rai]cle partie dans |es iiuiseles de la bouehe, et principalemeni vers Taji^^le , où elie se perd dans la peau tpîi ioi'nie les lèvres. Dans la raie bouclée^ la disposition est à peu })rès la même; mais on remar- que que les fiiets, qui dans Je squale-seie paraissent se terminer aux crochets du bec, se terminent dans les boucles ou aiguillons dont sont armées diverses espèces de raies. La troisième brancbe de la cinquième paire, ou la maxillaire inférieure, ne présente aucupe particularité. Arrivée vers l'angle de la mâchoire [après avoir donné des nerfs à ses muscles] , elle se perd dans les os qui la forment par des filets déliés dont le nombre vai'ie. [ C'est celte troisième branche qui, dans les poissons cartilagineux, se distribue à des tubes remplis de mu- cus, qui s'étendent sur presque tout le corps, à partir d'un intervalle situé entre l'angle des mâchoii'es et les branchies. Ce même nerf fournit aussi une branche considérable à la partie antérieure de I organe élec- trique de la torpille. Outre les trois branches analogues à celles des autres veitébrés, la cinqujèine paii'c des poissons Osseux donne un rameau très remarquable qui remonte le plus sou- vent vers le haut de la cavité du crâne , s'y unit avec une branche de la huitième paire, sort par un trou du pa- riétal et de l'interpariétal , et pai'couit le dos dans toute sa longueur à la base des nageoires dorsales. Dans ce trajet il reçoit des filets de tous les intercostaux, et en donne aux muscles et aux rayons de ces nageoires. D'abord superficiel, il plonge à la naissance de,> nageoires sous les muscles externes des rayons. Un rameau détaché du précédent et également superficiel descend aux mus- 212 X* LEÇON. NERFS DANS LES AMMAtX VERTÉBRÉS. c}es du tronc situés au-dessus de la nageoii'e pectorale, contourne le bord infériei7r de cette na[>eoire, donne un filet à ses muscles adducteurs; puis, dans les pois- sons jugulaires et thoraciques, vient se perdre dans la nageoire ventrale. Enfin, d'auties filets marchent en diagonale vers la nageoire anale, où ils forment, le long du ventre, un nerf longitudinal semblable à celui du dos. Ce nerf a été décrit pour la première fois parWeber dans le silure commun et dans la loie. Mais il n'a pas toujours la double origine que nous avons indiquée, et que Ton observe en effet dans la morue ^ dans les per- ches ^ etc. Quelquefois, comme dans le silure, il ne vient (jue de la cinquième paire; d'autres fois seulement de la huitième (i). Dans la carpe et les autres cyprins ^ la cinquième paire donne encore un nerf qui paraît proj)re à ce genre de poissons, et que Ton appelle le récurrent [i), 11 se com[)ose de àçux branches qui se détachent de la cinquième paire au moment même de son origine, passent au-dessous de Faudilif et se dirigent en arrière, Tune au-dessus, Fautre au-dessous du nerf vague , qu'elles embi'assent dans une anse elliptique. La branche supérieure ou externe s'miit au vague vers son tiers postérieur, et donne avec lui deux rameaux , (i) W'ebrr croyait que le nerf lonjjiludinal supc'rieur venait ext:lu.si- vement de la cinf|uièiiie p.ùre, mais la !iuit;ème y ronhihue le plus sou- vent. D'un autre côté, dans son Histoire des poissons^ M. Cuvier dit <]iie, dans la carjie, ce neif vient du nerf va^ouf^ si ulement; niais nous croyons qu'il vient aussi du tilel récurrent du trijumeau. (2) \Vel)er, Je aure et auditu liowinis et animalium. Leip/.ines avant de sortir par le trou stylo-mastoïdien, appelé la corde du tympan. Ce nerf s'en(^ap^e dans un petit canal osseux qui le con- duit d;;nsla caisse du tambour; il passe sous renclume sur le tendon du muscle interne du marteau, et sort par un petit trou pratiqué à la base de la caisse pour communiquer avec le rameau liu(^iial de la troisième branche du nerf trifacial [auquel il s'accole pendant Un trajet assez court, et duquel il se sépare ensuite pour se rendre au ganglion soiis-maxillaire. Le facial, avant de sortir du crâne, s'anastomose avec le ganglion de la huitième paire, et avec le glosso-pharyngien ]. Soi'ti de la base du crâne, le tronc du nerf facial se divise en plusieurs rameaux dont le nombre varie, mais s'élève souvent a ceUii de quatorze ou de quinze. Le plus postérieur a été nommé occipital ou auricii- Uùre postérieur, il se porte derrière Fapophyse inastoïde^ ART. V. NERF ï'ACTA.L. 2î5 s'unit à un rameau d'une paire cervicale supérieure , et se divise ensuite en deux raniuscuîes, dont l'un se perd dans les muscles de l'oreille , et l'autre dans le muscle occipital. Le facial fournit ensuite, i°le rameau s f/lo-k/oïdieny qui communique d'abord par un ou deux filets avec la partie supérieure du [ganglion cervical du nerf grand sympathique; il se termine dans le muscle stylo- hyoïdien. 2° Le rameau digastriqiie ou sous-mastoïdien ^ qui se porte dans le muscle digastrique [où il se distribue en pai'tie, l'autre pcutie traverse ce muscle, et s'anastomose par un filet avec le glosso-pharyngien, et par un autre avec le rameau laryngé supérieur du pneumo-gas- trique]. Le tronc du nerf facial se plisse ensuite dans la glande paiolide, qu'il traverse [et se divise en branches tempo rO' faciale et ceivico-faciale. La première et la plus forte se porte vers le col du condyle de la mâchoire, où elle s'anastomose avec le temporal superficiel du maxillaire supérieur, puis fournit : i° les rameaux temporaux ^ qui, après avoir traversé l'arcade zygomatique, se rendent aux muscles auricidaires antérieur et supérieur, et au muscle oc- cipito-frontai ; 2° les rameaux malaires ou fionto-or~ ùitaires ^ qui , après avoir croisé obliquement l'os de la pommette, se dirigent vers la région orbitaire , et se distribuent à la partie inférieure du muscle frontal et au muscle orbiculaire des paupières; 3° les ra- meaux uasaux ou sous-orbilaires ^ qui, dirigés presque horizontalement , fournissent des filets aux muscles zygomatiques , au muscle canin et aux muscles de 216 X* LEÇOiN. NEBFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. l'aile du nez; 4° les rameaux buccaux^ qui passent sur le masséter, et donnent des filets aux muscles buccinateur, orbiculaii-e des lèvres, et releveur de la lèvre supérieure; ils s'anastomosent avec la branche cervico-laciale et avec le rameau buccal du maxillaire inféiieur. La seconde branche du facial, ou la cen'ico'faciale, descend dans fépaisseur de la (^lande paroi ide, et, ar- rivée à fanple de la mâchoire inférieure, elle se divise, 1° en rameaux cervicaux, qui se terminent dans le peau- cier, en s'anastomosant avec le cutané moyen du cou , fourni par le troisième cervical : quelques filets se di- rigent en avant vers les muscles du menton; q° en ra- meaux menUmniers ^ qui, au nombre de deux , longent la branche horizontale de la mâchoire inférieure, et donnent des filets aux muscles de fangle de la bouche: ils forment avec le rameau mentonnier du maxillaire in- férieur une sorte de plexus ; 3° en rameaux buccaux^ qui s'avancent vers le menton, s'anastomosent avec des ra- meaux de la branche temporo-faciale, et se dispersent dans le muscle buccinateur et dans les muscles abais- seurs de la lèvre inférieure (i).] Il résulte de cette distribution du nerf facial qu'il recouvre tout le visage, les tempes, les oreilles et une portion de l'occiput et du col, et qu'il communique avec un grand nombre de nerfs; ce qui lui a fait donner le nom de petit sympathique par Winslow. (i) Les nombreuses recherches dont le nerf facial a été l'ohjpt ont montré que ses ramifications étaient trop variables pour que sa description par rameaux isolés fût suffisamim nt claire et exacte : c'est ce qui nous a détei minés à substituer une description par groupes de rameaux à celle de la première édition. ABT. V. ÎSËBF FACIAI., 21 7 B . Dans les m a m m if ère s . On retrouve presque toutes ces brandies dans les mammiières: les clifférences tiennent seulement aux formes diverses desparlies auxfjueiles elles se rendent et à retendue des muscles. Dans les animaux dont la conque de l'oreille est très longue, par exemple, le rameau qui s'unit à la première paire cervicale ou Tau- riculaii'e postérieur est beaucoup plus gros et peut êtie suivi fort aisément sur la surface des cartilages, où il accompagne les vaisseaux sanguins , de même dans les carnassiers, les rameaux qui se portent sur le muscle crotapliite sont beaucoup plus gros. On peut remarquer en général que les filets qui forment le ré- seau facial sont très flexueux. Gomme nous avons fait des recherches particulières sur ce nerf, dans le veau , nous croyons utile d'en pré- senter ici une espèce de monographie succincte. Il sort du crâne par la scissure pratiquée à la base de l'apophyse mastoïde; il traverse la glande parotide, dans l'épaisseur de laquelle il donne beaucoup de filets ; il s'en détache surtout une branche très remar- quable, laquelle s'unit à une autre du maxillaire infé- rieur, comme nous l'avons indiqué plus haut. A sa sortie de la glande paiotide, le nerf facial se partage en quaire rameaux : deux remontent au-devant de l'oreille, et se portent dans les parties supérieures, latérales et postérieures de la face; les deux autres se poi'tent sur ses parties antérieures. Le plus inférieur de ces rameaux se divise, se subdivise et s'anastomose en tous sens avec les filets du nerf mentonnier; le su- périeur reçoit un gros filet du maxillaire inférieur qui 218 X* LEÇON, NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. passe derrière le coiidyle de la mâchoire : ainsi unis en un seul tronc, ils forment une (jurande patte d'oie qui s'anastomose avec le sous-orbitaii'e. Ce nerf facial présente une particularité très remar- quable à son origine. 11 a deux racines: Fune, qui est la portion dure du nerf auditif, et qui est engagée dans l'intcrieur du conduit, dont elle sort par la scissure de Glaser ou par le trou stylo-mastoïdien, qui sont ici la même ouverture; Fautre l'acine paraît provenir d'un ganglion considéi'able de la partie postérieure du nerf vague. Ce ganglion est logé dans im enfoncement par- ticulier de la face inférieure de Fos de la caisse : il pa- raît aussi s'imir là avec le nerf grand sympathique, qui prend une consistance presque cartilagineuse. Deux ou trois courts filets concourent à la formation de la racine dunei'f qui nous occupe; il devient de suite assez gros et pénètre dans la scissure, où il rencontre Fautre racine du nerf facial; il Im donne un filet, et continue de se porter en dehors au-devant et au-dessous de l'oreille ( i ). Dans les lapins^ le nerf facial sort immédiatement au-dessous du cartilage de l'oreille et du trou auditif externe, dont il n'est même séparé que par une petite saillie osseuse» [La trompe de Xéléphant reçoit une très grosse bran- che du nerf facial qui se distribue dans ses muscles et à l'appareil valvulaire de sa partie supérieure. Dans le marsouin commun^ le facial , à partir du trou stylo-hyoïdien, marche en avant, contourne le globe de Fœil jusqu'à la commissure des lèvres, en donnant (i) Cette seconde origine du nerf f.icial rappelle le nerf intermédiaire dé Wà-isbêrg, dont nous avons parlé plus haut* ART. V. NERF FACIAL. 2l9 quelques petits filets à rorbiciilaire des paupières et aux muscles des lèvres. Arrivé à l'angle orbifaire anté- rieur, le nerf passe sous uu trousseau de fibres lif^a- menteuses, puis se replie sur lui-même à an^jle aigu * pour distribuer de nombreuses brancbes dans les mus- cles de lèvent.] G. Dans les oiseaux et dans les reptiles. Ce nerf facial existe; mais il est grêle, parce que ces animaux n'ayant point de lèvres, et leur bouche, ainsi que la plus giande partie de leur face, étant recouverte par une substance cornée ou écailleuse, il doit y avoir peu de mobilité et de sensibilité. Cepen- dant on trouve quelques uns des rameaux: ils sont difficiles à poursuivre par la dissection, à la vérité; mais leur tronc existe constamment. [Dans les oiseaux, il se distribue aux muscles des mâchoires et aux petits muscles qui redressent les plumes de la tête. Dans Jes sauriens et les ophidiens, il donne une bran- che au nerf vague, et en reçoit une de la deuxième branche du trijumeau \ il se distribue ensuite dans les muscles delà mâchoire inférieure et delà peau delà face. Dans les batraciens sans queue, on croit avoir ob- servé qu'une branche de la huiiième paire, en se ren- dant au trijumeau, rencontre une autre branche sortie du ganglion semi-lunaire, et que ces deux branches réunies constituent le facial, tandis que dans les sala- mandres ce nerf s'allie bien avec la même branche du nerf vague , mais se sépare directement de l'acoustique et non du trij u meau ( i ) . ] (i) J.-G. Fischer» ouv, cit. 220 X* LEÇON. NEKFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. D. Dans les poissons. Le nerf facial est très considérable clans 1rs poissons carfilapincLix 11 se sépare du cerveau par un seul tronc, quelquefois très distinct du neif auditif; mais bientôt après, et dans la cavité même du crâne, il se sépare en deux rameaux iTun, qui remonte en dessus, et qui perce le crâne par un trou particulier pour se distribuer sous la peau ; l'autre, plus (}ros, qui se porte horizontalement vers la cavité de i'ort ille , dans laquelle il pénètre par un trou particulier. Parvenu dans celte cavité, il se porte sous la vésicule qui contient la ma- tière calcaire amylacée de l'oreille, où il s'accole au nerf auditif; il perce ensuite la cavité de l'oreille pour se porter au-debors et se distribuer par un grand nombre de ramifications aux muscles qui meuvent les mâchoires. [Dans les poissons osseux, il constitue le nerf que M. Cuvier désijjne comme une branche operculaire de la cinquième paire ( i ) ; iî traverse la cavité de l'oreille et l'os temporal , donne des rameaux au crotaphite et aux muscles de 1 opercule , puis s enfonce et se joint en avant au nerf maxillaire inférieur en donnant des filets ré- tro^jradesà la membrane branchiostègc. Dans la haii' droie et la morue ^ il s'anastomose en dedans du crâne avec le nerf va^jue , et au-dehors du crâne avec le [jrand sympathique; et dans cette dernière espèce, au moment où il soit (lu crâne par un trou du rocher, il se renfle en un ganglion assez gros.] (i) Uht. nat. des poissons^ 1. 1, p, 44°; ^oy. plus haut ix*= leçon, p. i48. ABT. VI. NEBF ACOUSTIQUE. 221 ARTICLE VI. DU NERF ACOUSTIQUE, OU PORTION MOLLE DU NERF AUDITIF. A l'article de Fori^ine des nerfs dans chacnne des classes d'animaux, nous avons vu de quelle manièi'c se sépare l'acoustique. Gomme il est très court, et qu'il pénètre dans l'or^jane presque aussitôt après sa nais- sance, nous ne ferons, pour ainsi dire, qu'indiquer ici ses rapports avec le facial ou la portion dure dans la cavité cérébrale. Dans Fhonnne et dans les mammifères, il pénètre avec le facial dans le cul-de-sac que forme le conduit auditif interne du temporal, et il cntie dans le laby- rinthe par plusieurs trous, dont le nombre et la gi-an- deur sont sujets à varier. Nous indicpierons, à Tarlicle de l'oreille, sa distiibution uitéiieure dans cet orr;ane; il est ti'ès ujou, et on n'y reconnaît point de fibres, comme on en voit dans tous les autres nerfs, l'olfactif excepté ( i ). Dans les oiseaux, les deux nerfs sont à peu près dans le même rapport. L'acoustique est tiès [jros, mou et roufieâîre : il est reçu dans un conduit profond de la face interne du crâne, d'où il pénètre dans le laby- rinthe par plusieurs petits trous. Dans les reptiles, il en est à peu près de même que dans les oiseaux. (i) Cette observation ne s'applit]Me pas à l'élude micioscopique du nerf auditif; celle e'iude y démontre, comme dans tous les aut»es nerfs , des fibres tubuleuses, mais plus petites, selon IM. Treviranus. 222 X*' LEÇON. NEBFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. Mais dans les poissons, il se ra[)procbe tellement de rori[;ine de la cinquième paire, qu'on a pu l'en regarder comme une branche. Dans les cartila^^^ineux, comme les /aies , il pénètre dans la cavité de Toreille par un trou particulier et non par une lame criblée , comme dans les autres classes. Dans les poissons os- seux , comme loreille se trouve libre et dans la même cavité que le cerveau , il se distribue directement dans cet organe. ARTICLE VIL DU NERF VAGUE APPELÉ VULGAIREMENT LA HUITIÈME PAIRE, OU PNEUMO-GAtSTRIQUE. A. Dans /'homme. Les filets nombreux qui composent ce nerf à sa sé- paration de la masse cérébrale se iapprocbent en un cylindre aplati, et sortent de la cavité du crâne par une ouverture oblongue de la dure-mère, placée à la partie antérieure du trou déchiré postérieur. [ Pendant ce trajet, ils forment un ganf^lion oblong, rougeâtre, quicommimique par des filets avec le gîin- glion cervical su[)érieur, avec le [ganglion du giosso- pharyngien , et avec le nerf facial.] Un autre nerf qui remonte du canal de Tépine, ou il se détache par plusieurs filets delà moelle épinière, sort par le même trou : on Fa nommé, pour cette rai- son, Yaccessoire du nerf Vc'^gue [ et maintenant on le nomme plus communément le nerf spinal\ Parvenus à la base du ( râne, les deux nerfs prennent AET. VIT. NEUF VAGUE. 223 une destination différente. Le nerf vagne pioprement dit se distribue aux poumons et à Festomae. L'aeces- soii'e va se porter vers les muselés de l'épaule [mais avant cela, il donne quelques filets anastomotiques au plexus gan^>liforme que présente le nerf va[>ue à sa soiiie du trou déchiré postéiieur, puis il se partage en une branche externe pour les muscles sterno et cléido- mastoïdien et trapèze; et eu une branche interne qui donne deux rameaux : un rameau pharyngien et un autre qui descend avec le nerf vague jusqu^au nerf laryngé inférieur]. Le tronc principal du nerf vague communique d'a- bord avec le graud hypoglosse , avec le grand sympa- thique, les paires cervicales supérieures et le glosso- pharyngien. Il descend ensuite presque verticalement au-devant du col, près de Tartere carotide et du grand sympa- thique jusqu à la poitrine; mais dans son trajet il four- nit aux parties voisines beaucoup de filets que nous allons indiquer. L'un se rend au rameau pharyngien du spinal ; un autre est destiné au larynx, et se distribue aux mus- cles (je cette partie [ c'est le nerf laryngé snpérieur^ qui s'anastomose par une branche interne avec le nerf lé- current , et par une branche externe avec le gangiion cervical supéiieur]. Un troisième filet se détache du vague vers la partie moyenne du col; et formant une arcade en dedans, il remonte vers le nerf grand bypo- glosse. Delà convexité de cette arcade se détachent quel- ques filaments qui descendent dans la poitrine , où ils se portent sur le péricarde , dans l'épaisseur duquel ils se distribuent en formant, avec les rameaux cardiaques 224 X« LEÇON. NERFS BANS LES ANIMAUX YERTÉBBÉS. des ganglions cervicaux du grand sympathique, un plexus qu'on nomme cardiaque supérieur. Parvenu à la hauteur des clavicules, le nerf vague du côté gauche donne en devant des filets qui vont s'unir aux plexus que nous venons d'indiquer. Les filets analogues de Taulre côlé sont produits par le nerf récurient; après quoi , le tronc se portant en de- dans pénètre dans la poitrine entre les veines et les artères. Il se partage bientôt en deux grosses bran- ches, l'une plus externe, qui est la continuation du tronc, et l'autre interne, appelée ne.vî récurrent ^ parce qu'elle remonte et ressort en partie de la poitrine. Cette branche récurrente forme un contour, ou une anse autour de l'aorte du côté gauche , et de l'artère sous-claviere du côté droit. [Les récurrents donnent de la convexité de leur anse des nlets, qui , s'unissant à quelques autres, pro- duits par le grand sympathique et par le tronc du nerf vague, forment les^j>A^r;/.9 pulmonaires antérieurs qui donnent à la face antérieure des bronches, puis ils se distribuent au cœur, après avoir pénétré dans le péricarde, en produisant autour de l'aorte, de la veine cave, de l'artère et de la veine pulmonaires, les plexus ccu iliaques inJérieurs.]\iQS branches récui-rentes pai'venues vers la trachée-artère, se divisent en fila- ments qui pénètrent dans l'œsophage et dans la tra- cliée, et enfin elles remontent jusqu'au larynx et se distribuent aux petits muscles de cet organe, sous le nom de nerfs laryn<^cs inférieurs. Le tronc du nerf vague, après avoir fourni les ré- curi'ents, passe derrière les vaisseaux pulmonaires, et donne beaucoup de filets qui, se contournant autour ÂBT. Vil. JNEKt' VAGUE. • 2'i5 des bronches , produisent à leur face postérieure un plexus désigné sous le nom de pulmonaire postérieur^ qui reçoit un filet du nerf grand sympathique, [et qui communique avec celui du côté opposé par de nom- breuses anastomoses.] Ils continuent de descendre ensuite dans la poitrine le long de l'œsophage, auquel ils donnent beaucoup de filets , l'un en devant , l'autre en arrière. Ils arrivent ainsi tous deux dans le bas-ventre, où ils forment un plexus considérable sous l'enveloppe de Festomac, produite par le péritoine. Ils fournissent aussi quel- ques filets aux plexus hépatique , splénique et solaire , comme nous le verrons en traitant du grand sympa- thique, i B. Dans les mammifères. Cette distribution du nerf vague et de l'accessoire était à peu près la même dans plusieurs espèces de mammifères, sur lesquels nous avons fait des recherches à cet égard. Les anastomoses avec le grand sympa- thique, les nerfs récurrents, les plexus cardiaque et pulmonaire, ne nous ont présenté de différence que dans le nombre des filets, ce qui peut dépendre de l'adresse du prosecteur. Les espèces que nous avons dissi'quées sont le magot , le chien , le raton, le tigre , le phoque^ le porc-épic^ le cochon^ le mouton^ le veau et le marsouin. G. Dans les oiseaux et les reptiles. Nous n'avons également rien de remarquable à dire sur le nerf vague des oiseaux et des reptiles, quoique nous ayons fait la préparation de ce nerf dans plusieurs espèces. On voit évidemment qu'il se distribue aux 3. 15 226 X* LEÇON. INEEFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. polluions, au cœur , à l'œsophage et à l'estomac, et qu'il forme des plexus sur ces organes, comme en produit le nerf grand sympathique autour de toutes les artères du tronc. A sa sortie du crâne , le nerf vague s'entrecroise avec le lingual et le glosso-pliaryngien; ils se séparent ensuite : le glosso-pharyngien est en arrière, le vague au milieu et le lingual en devant. Le nerf vague ne sort pas toujours par un trou unique. Il est formé de deux ou trois filets, qui se rejoignent en- suite en recevant un filet de communication du glosso- pharyngien et un peu plus bas du lingual ; puis le nerf, augmentant un peu de diamètre , descend dans la poi- trine. [L'accessoire s'unit intimement au ganglion du nerf vague, et ne peut plus en être séparé; mais, aussitôt que le tronc commun est sorti du crâne, il donne pour les muscles du cou un rameau postérieur qui corres- pond évidemment au rameau externe de l'accessoire des mammifères. Il fournit ensuite un fort rameau interne qui s'anastomose avec le glosso-pharyngien.Le nerf récurrent donne de nombreux filets à la partie inférieure du jabot, après quoi il remonte tout le long de la trachée- artère , pour se terminer dans les mus- cles du larynx. L'accessoire se trouve dans tous les ordres de reptiles, et il s'y comporte comme dans les oiseaux. Il fournit également une branche postérieure pour les muscles du cou. Du ganglion du nerf vague des grenouilles part un nerf pour les muscles des mâchoires et un autre pour la langue. D'après M. Bischoff, l'accessoire de Xamphisbène ne se confond pas tout entier avec le vague; il s'accole AKT. VII. NERF VAGUE. 227 bien à lui , et sort par le même trou du crâne; mais il se sépare ensuite, et n'envoie qu'un très petit fijet au vague. Il se rend aux muscles du cou en s'anastomosant avec les deux premières paires cervicales.] D. Dans les poissons. Le nerf vague présente une disposition toute parti- culière dans les poissons, et cette différence tient à celle des organes de la respiration, auxquels ce nerf paraît le plus spécialement destiné. En effet , les bran- chies, ces poumons des poissons, se trouvent situées immédiatement au-dessous du crâne, de sorte que le trajet des nerfs est très court; de plus, comme la dis- tribution du nerf se fait presque aussitôt après sa sortie du crâne, il n y a, pour ainsi dire, point de tronc commun. Nous allons décrire d'une manière générale ce qui est commun dans la disposition de ce nerf : nous en ferons connaître ensuite les particularités dans les espèces. [Le nerf sort du crâne par un trou de l'occipital la- téral. Quelijuefois, comme dans la carpe .^ il se renfle , tout près de son origine; d'autres fois, comme dans \3. perche^ à une certaine distance, en un ganglion d'où sortent les différentes branches que le nerf fournit. ] Les branches du nerf vague se distrilment à trois parties distinctes; les unes, qui sont antérieures, plus grosses, et ordinairement au nombre de quatre de chaque côté, sont destinées aux branchies; elles repré- sentent le nerf vague des mammifères. Les secondes, qui sont beaucoup plus grêles , au nombre de deux ou 528 X* LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTEBRES. trois de chaque côté, se distribuent aux muscles qui meuvent la langue, dans la base des dents branchiales et à la surface de l'œsopha^je. Enfin , les troisièmes sont uniques de chaque côté; elles forment un très gros nerf qui parcourt toute la longueur du corps du pois- son, immédiatement au-dessous de cette ligne qu'on nomme latérale. Les nerfs branchiaux se portent, en s'éloignant les uns des autres, vers chacune des branchies. Avant d'y arriver, ils se bifurquent. La branche postérieure va se glisser dans la gouttière qui règne le long de la con- vexité de Fos qui soutient la branchie , et dans son trajet, elle fournit une quantité considérable de petits rameaux aux replis en forme de peigne. La branche antérieure se porte dans la gouttière semblable pratiquée dans la concavité du même osse- let, et s'y divise de la même manière. Les branches moyennes du nerf vague, que nous en avons distinguées par rapport à leur distribution, nais- sent quelquefois du même tronc que le dernier bran- chial, et se divisent ensuite en deux ou trois rameaux; mais, le plus ordinairement, ce sont autant de bran- ches distinctes qui sortent du crâne par le trou com- mun. L'une de ces branches donne des ramifications aux muscles qui meuvent les branchies et à ceux qui agissent sur les dents du palais. Une autre beaucoup plus grosse se porte le long de l'œsophage, auquel elle se distribue , de manière à pouvoir être suivie jusque sur l'estomac. Enfin , la dernière branche du nerf vague, qui pa- rait particulière aux poissons, est ce long nerf longi- tudinal de la ligne latérale du corps. Nous l'avons AUT. VU. NEKF VAGUE. 229 constamment rencontré clans tous les poissons, et sa distriJDution est à peu près la même dans tous. Quand on remonte à son origine, il est très facile de recon- naître que c'est la branche la plus postérieure du nerf vague, qui , au lieu de descendre vers la gorge , se porte presque horizontalement en arrière et au-dehors, de manière à devenir presque superficielle. Il n'est recou- vert que par la peau , et maintenu par un tissu cellu- laire lâche qui lui permet quelques sinuosités. Ce nerf est à peu près d'une grosseur égale dans toute sa lon- gueur, de sorte qu'on pourrait le confondre très facile- ment avec un tendon. [ïl reçoit de tous les nerfs de l'épine des filetsparticuliers différents des intercostaux, et il donne des filets à la peau et à l'espèce de glande qui existe sous la ligne latérale , à travers les inter- valles des couches musculaires.] Arrivé vers la queue, il se termine par une irradiation de filets très menus qui se distribuent sur les rayons de la nageoire. [ Outre cette branche , le vague en fournit encore une autre qui s'unit dans le crâne ^ comme nous l'a- vons dit, à un rameau de la cinquième paire, pour constituer le nerf dorsal de Weber. Jusqu'à présent, on n'a rien trouvé d'analogue au nerf dorsal dans les rep- tiles ; cependant les pariétaux des saui^ens sont percés d'un trou comme ceux des poissons. ] Telle est en général la disposition du nerf vague dans les poissons. Les variétés qu'il offre tiennent à la conformation des espèces : ainsi, dans les poissons chondro-ptérygiens , comme les raies^les squales , etc., ce nerf est beaucoup plus allongé, et tous ses rameaux proviennent d'un tronc unique qui ne se divise que lorsqu'il est arrivé vers l'organe auquel il doit se dis- 230 X* LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. tribiier. Dans ces mêmes poissons, les deux nerfs Ion- giUidinanx se trouvent aussitôt situés du côté du dos et plus rapprocbés. Les autres différences ne sont point assez remar- quables pour que nous les décrivions en particulier. [ Disons seulement que dans les poissons électriques, le nerf va{];ue fournit les rameaux qui se rendent à l'or- gane spécial dont ces animaux sont pourvus» Dans la torpille^ comme nous l'avons dit, le maxillaire inférieur y concourt aussi. ] ARTICLE VIIL •ï. DU NERF GLOSSO-PHARYNGIEN. Nous avorns indiqué de quelle manière se séparent de l'encéphale les filets qui forment ce nerf, et les motifs qui ont engagé les anatomistes modernes à le considérer comme une paire particulière : nous allons le suivre maintenant dans sa distribution. Il sort du crâne par un trou différent de celui de la buitième paire, pratiqué dans l'épaisseur de la dure- mère. Le trou jugulaire dans lequel passe la veine du même nom sépare ces deux nerfs. Encore enveloppé parla dure-mère, il éprouve un petit renflement appelé ganglion pétreux ou d Andersh ^ duquel il sedétacbe deux filets: l'un se porte en arrière [dans la cavité du tympan; il est connu sous le nom de rameau anaslonio- tique de Jacobson^ se distribue aux parties environ- nantes, et communirtue avec les panaiions cervical supérieur, otique et spbéno-paiatin.] Le second filet, ptrloraut la dure-mète , va s'unii' à la paire vague. ART. yill. NERF GLOSSO-PHÀRYKGIEN. 231 Parvenu à la base du crâne , Je glosso-pharyngien reçoit des filets du nerf facial et du nerf vague ; il se divise ensuite en plusieurs rameaux , dont l'un se dis- tribue en partie aux muscles qui s'attachent à Fapo- physe styloïde et va se terminer dans les muscles de la langue. Un autre rameau s'unit au nerf grand hypo- glosse; d'autres, enfin, se distribuent aux muscles du pharynx avec quelques filets du nerf grand sympathi- que, et forment un plexus qui enveloppe les artères carotides ; mais la principale destination donnée à ce nerf est pour la membrane muqueuse et pour les pa- pilles de la base de la langue et du pharynx. Telle est la distribution de ce nerf dans i'hommé. Les mammifères, les oiseaux et les reptiles ne nous ont présenté aucune différence remarquable à cet égard. Nous n'avons pas, à la vérité , poussé nos recherches aussi loin qu'on l'a fait dans l'homme ; cependant nous avons reconnu que ce nerf se portait et se terminait dans la langue , après avoir fourni des filets aux mus- cles qui la meuvent. Dans la cigogne^ par exemple, il sort de la base du crâne, par le trou situé au-dessous de l'oreille , et qui correspond au déchiré postérieur. Il naît là par deux filets qui se réunissent presque aussitôt, et forment un ganglion quadrangulaire al- longé, qui envoie un petit filet interne au-devant des muscles du coi; une petite branche en arrière, qui s'u- nit à la huitième paire , et line gix)sse branche en bas au-devant du cou. Celle-ci est la continuation du nert lai-même ; elle descend le long de l'œsophage, et se divise en deux principales : l'une qui remonte au- devant du col , et qui se distribue aux muscles de l'os hyoïde qui l'embrassent eu fornie de cornets; l'autre 232 X* LEÇON. JNERFS DANS LES ANIMAUX VERTÈBRES. qui descend sur les parois latérales de Fœsophage, et qui fournit une branche au nerf lingual avec lequel elle s'anastomose. Le reste du nerf continue de se por- ter sur l'œsophage. On voit par cet exemple, que la distribution du glosso-pharyngien est à peu près la même que dans l'homme , [et ce qui est dit ici du glosso- pharyngien de la cigogne se retrouve dans les autres oiseaux (i). ] Dans les poissons, le nerf qui tient lieu du glosso- pharyngien est évidemment une division du nerf vague qui se sépare du premier rameau branchial, de sorte qu'ici le glosso-pharyngien est la plus antérieure des branches du nerf vague. 11 se divise en un grand nom- bre de filets qui pénètrent les muscles de la langue , dans lesquels ils se subdivisent, l^e tronc lui-même vient se perdre sous la partie inférieure de la gorge au- devant et entre les branchies. ARTICLE IX. DU NERF HYPOGLOSSE, OU' DE LA DOUZIÈME PAIRE. Ces nerfs sortent, comme nous l'avons vu, par le trou condylien antérieur. Parvenus hors du crâne, ils sont cylindriques et communiquent aussitôt par quelques filets avec les branches du nerf vague, avec celles des deux premières paires cervicales ;, et principalement (i) M. Rischoff a représenté ce nerf dan-s la cigogne, l'oie, la buse, le scopSjle ramier et la poule, (il/e'm.ctï.). Selon cet auteur, le glosso-pharyn- gien n'existerait pas dans les crocodiles, non plus que l'hypoglosse. Ceô deux nerfs seraient fournis par le vague et l'accessoire réunis; mais dans l'iguane ils seraient de nouveau distincts. ART. LX. NERF HYPOGLOSSE. 5!33 avec le (janglion cervical supérieur du nerf grand sympathique. Après quoi, ils se portent en devant et un peu en dehors jusque derrière les muscles sterno- mastoïdiens. Il s'en détache là une forte branche qui suit la veine jugulaire jusqu'à peu près au milieu du col, où elle forme un arc qui remonte au-devant du col, où il se termine en s'unissant à quelques filets qui vien- nent des premières paires cervicales. De la convexité de cet arc partent quelques ramus- t cules qui se terminent dans les muscles de la partie antérieure du cou. A deux travers de doigt de cette première branche , les nerfs hypoglosses en donnent une autre qui se dis- tribue tout entière dans le muscle thyro-hyoïdien. Enfin, les troncs s'engagent entre les muscles hyo- glosses et mylo-hyoïdiens, en recevant quelques filets du rameau lingual de la branche maxillaire inférieure; ils s'enfoncent enfin dans l'épaisseur des muscles de la langue en se distribuant dans leur substance. Dans les mammifères, ce nerf présente la même disposition que dans Fhomme. Dans le veau , sa couleur est bleuâtre, et il pourrait être pris facilement pour une veine ; il reste ainsi coloré jusqu'à ce qu'il soit ar- rivé près et en dedans de la branche de la mâchoire inférieure ; il se distribue dans les muscles et dans l'é- paisseur même de la langue vers sa partie moyenne. [Son volume est d'autant plus considérable que la langue est plus mobile ou plus extensible. Ainsi ce nerf est plus gros dans les carnassiers que dans les rongeurs et les ruminants. Dans la girafe^ où la langue a des i mouvements très étendus, les rameaux du nerf sont très flexueux.] 234 X' LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. Dans les oiseaux, ie nerf hypoglosse sort aussi du crâne parie trou condylien en arrière de la paire vague. Il est très grêle à son origine ; il se porte au-devant de la paire vague qu'il croise en sautoir, et avec laquelle il s'unit en partie ; il s'en détache là un petit filet qui se porte vers la poitrine en suivant la veine jugulaire. En continuant de se porter en devant, le tronc de l'hypoglosse vient croiser le glosso-pharyngien : alors il passe sous la corne de Tos hyoïde, et se porte vers le larynx supérieur, où il se termine après s'être divisé auparavant en deux rameaux , dont l'inférieur se porte en devant et au-dessous de la langue, et le supérieur au- dessus et en dedans de la langue. [Dans les reptiles, il y a des différences ^elon les ordres. Le nerf hypoglosse de la tortue d Europe sort du crâne par deux trous condyUens ; après la réunion de ses deux parties en un seul tronc, il donne un filet de communication au ganglion du nerf vague , puis se par- tage en branche antérieure pour les muscles de la langue, en branche postérieure pour les muscles de l'hyoïde , et en branche descendante pour le moscle omo-hyoïdien. Cette dernière accompagne le vague jusqu'à la cin- quième vertèbre, et s'anastomose avec la troisième et la quatrième paire cervicale. Dans les sauriens et les ophidiens , il en est à peu près de même que dans les tortues (i). Dans les poissons, le nerf qu'on peut considérer comme le grand hypoglosse , puisqu'il sort du crâne (i) Nous avons déjà dit que d'après M. Bisclioff , il n'y aurait pas d'hypoglosse dans les crocodiles, et que c'est un rameau du nerf vague qui en ferait l'oftice. Nous n'avons pas été à même de vérifier ce fait. ART. X. NERFS CERVICAUX. 235 par un trou de Foccipital , naît par deux ou trois ra- cines des cordons inférieurs de la moelle allongée im- médiatement après le nerf va^^ue ; il donne d'abord un rameau à la vessie natatoire, puis il se divise en deux branches; Fantérieure se rend aux muscles coraco- hyoïdiens et aux muscles de l'hyoïde eux-mêmes ; la postérieure s'anastomose avec le premier nerf spinal, et fournit les filets de la peau et des muscles de la face externe de la nap^eoire pectoi^ale (i).] ARTICLE X. DES NERFS CERVICAUX (2). [La première paire des nerfs cervicaux sort entre l'occipital et l'atlas , et la dernière entre la première vertèbre dorsale et la dernière vertèbre cervicale. Il en résulte que le nombre des nerfs cervicaux est égal à celui des vertèbres du cou, plus un; ainsi, dans l'homme et le plus grand nombre des mammifères, on compte huit paires de nerfs cervicaux.] A. Dans rhomme. Le tronc formé par la réunion des deux racines de (1) Dahs Je premier volume de l'Histoire des poissons^ M. Cuvier dé- crit ce nerf, mais sans lui donner le nom d'hypoglosse, et en le désignant seulement comme le dernier des nerfs du crâne sortant de la moelle allongée après le nerf vague. (2) Dans la première édition, la première paire cervicale était décrite sous le nom distinct de nerf sous-occipital ^ et les paires cervicales n'é- taient numérotées qu'à partir de la seconde ; il nous a paru plus conforme aux usages actuels de considérer le sous-occipital comme la première paire cervicale. Cela explique les changements de nombre que contient l'ancien texte dans cette nouvelle édition. 236 X** LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VEIITÉBRÉS. \b, première paire cervicale ou nerf sous-occipital, perce la dure-mère au-dessous de la courbure de l'artère vertébrale. Il glisse quelque temps dans l'épaisseur de cette membrane, et en sort sur le bord du trou occi' pital en arrière des condyles. Il se dirige alors vers l'écbancrure de l'apophyse articulaire de la première vertèbre , où il passe au-dessous de l'artère verté- brale : après quoi il forme un ganglion par lequel sont produits de petits filets qui se distribuent dans les mus- cles droit et oblique de la tête. Le tronc se contourne ensuite au-devant de l'apopbyse transverse ; il commu- nique par un rameau antérieur avec le grand sympa- thique,la paire vague, l'hypoglosse, la branche descen- dante du glosso-pharyngien , et avec la seconde paire cervicale par un rameau postérieur. Il se dirige vers l'in- tervalle triangulaire des petits muscles de la tête , et se distribue à presque tous les muscles qui s'attachent àl'os occipital dans leur partie supérieure. La seconde paire cervicale naît de la même manière que la précédente. Sortie par l echancrnre pratiquée entre la première et la seconde vertèbres cervicales, cette paire de nerfs, plus grosse que la première, four- nit deux rameaux principaux : l'un antérieur, qui com- munique avec la branche inférieure du nerf sous-oc- cipital, le grand sympathique, l'hypoglosse et la paire cervicale suivante ; l'autre , postérieur, plus considé- rable , dont quelques filets s'unissent à la branche pos- térieure du sous-occipital, et à celle de la paire cer- vicale suivante; le reste du nerf se distribue dans les muscles de la partie postérieure du col , sous le nom de grand nerf occipital. Un des filets se porte en avant, communique avec l'hypoglosse, et se perd ABT. X. NERFS CERVICAUX. 237 dans quelques uns des muscles de Fos hyoïde et dans les fflandes du larynx. La troisième paire cervicale se divise comme toutes les autres en deux rameaux : l'antérieur est le plus gros. Il communique en haut et en bas avec les deux paires cervicales voisines , avec le sympathique et l'hypo- glosse, enfin avec le rameau de la paire ou des paires cervicales suivantes qui produisent le diaphragmatique; après quoi, elle se divise en plusieurs branches. Lune, le petit nerf occipital , se porte en arrière dans les muscles du cou ; une autre en devant et de côté sur les parties latérales de l'oreille , où elle com- munique avec un rameau du nerf facial , c'est le grand auriculaire postérieur; une troisième, le cutané moyen du cou , se porte vers la branche ascendante de la mâchoire , se distribue en partie dans la glande pa- rotide, et en partie sur les téguments de l'oreille; une quatrième , le cutané inférieur du cou , se perd au-de-> vaut du cou dans le muscle peaucier. Toutes les autres branches se réunissent entre elles, et avec le nerf ac- cessoire de la huitième paire , en formant ainsi uii plexus, nommé ley;/^;r^/^ cervical^ qui produit un grand nombre de filets sur les parties latérales du col, dont quelques uns communiquent avec le grand sympa- thique. Quant à la division postérieure du tronc de ce nerf elle s'unit avec les nerfs cervicaux voisins , et se perd dans les muscles splénius, complexus , long dorsal et transverse des vertèbres, ainsi que dans les téguments de la nuque. La quatrième paire cervicale se divise, comme toutes les autres, en deux rameaux. 238 X* LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. L antérieur se partage en deux : le premier reçoit le filet de ]a paire précédente , puis se distribue dans le muscle angulaire de Fomoplate et dans le sterno-mas- toïdien; le second se bifurque. L'un de ses filets s'unit à la paire suivante , en donne quelques uns qui se joi- gnent au facial , et un autre plu^s marqué , qui consti- tue le nerf diaphragmadque OMphrénique; l'autre filet de la bifurcation se joint à la quatrième paire, et sïuiit en partie au nerf grand sympathique. Le rameau postérieur se distribue dans les tégu- ments et les muscles du cou en arrière. La cinquième paire se partage en deux, comme tous les autres nerfs vertébraux , à la sortie du canal. Le postérieur se perd en partie dans les muscles du dos. L'antérieur, qui est le plus gros, communique avec la branche de la paire précédente qui forme le nerf dîaphragmatique; elle communique aussi avec le grand sympathique , et se divise en trois branches. Deux s'unissent à la paire suivante , et commencent la formation du plexus brachial; la troisième se porte vers Fomoplate, et se distribue vers les muscles de l'épaule. La sixième, la septième et la huitième paires de nerfs cervicaux peuvent être considérées en commun. Elles communiquent toutes avec les parties voisines et avec le nerf grand sympathique. La sixième paire donne des filets aux muscles postérieurs du cou, à ceux de la partie antérieure de la poitrine : quelquefois elle con- court par un filet à la formation du diaphragmatique ; enfin , elle se porte dans le plexus brachial. La sep- tième se porte principalement par deux gros troncs dans le plexus brachial : le premier reçoit celui de la m ART. X. NERFS CERVICAUX. 239 paire précédente , et donne des filets au muscle grand dorsal; le second donne aussi un filet au muscle jo^rand pectoral. La huitième, enfin , produit de même deux gros troncs pour le plexus brachial , qui s unissent plus tôt ou plus tard à celui de la septième. Le cordon infé- rieure fournit un ou deux filets pour les muscles sous- clavier et petit dentelé antérieur. B. Dans les mammillres . Les nerfs cervicaux ne présentent pas de différences remarquables. Ils naissent de la même manière que dans rhomme. La grosseur et Fétendue des filets ner- veux qu'ils produisent tient àlaugmentation ou à la di- minution respective et est relative au volume des or- p-anes auxauels ils sont destinés. Tous ont le même nombre de nerfs , à l'exception du paresseux à trois doigts, qui doit en avoir deux paires de plus, puisque , comme nous l'avons vu dans la troisième leçon , cet animal a neuf vertèbres cervicales, [et à rexception aussi des lamantins , qui doivent en avoir une paire de moins, puisqu'ils n'ont que six vertèbres du cou. ] C. Dajis les oiseaux. Les nerfs cervicaux varient beaucoup en nombre , les extrêmes connus du nombre des vertèbres étant de dix à vingt- trois. Leur disposition est analogue à celle qu'on observe dans les mammifères. Cependant ces nerfs sont respectivement beaucoup plus gros; ils sont très flexueux; ils se perdent en grande partie sous la peau du cou , où on peut les suivre très facilement. Il n'y a que la dernière , ou très rarement les deux der- 240 X* LEÇON. KEKFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. o nières paires cervicales qui concourent à la formation du plexus brachial. D. Dans les reptiles. Les tortues ont neuf paires de nerfs cervicaux. Ils se distribuent à peu près comme dans îesmammifères.Les trois dernières paires concourent à la formation du plexus brachial. [Les crocodiles ont le même nombre de nerfs cer- vicaux que les mammifères , et il u y a que les deux dernières paires qui forment, conjointement avec les deux premières paires dorsales , le plexus brachial.] Dans le lézard vert^ il y a quatre paires de nerfs cervi- caux ; mais les deux dernières seulement entrent dans la composition du plexus. [ Dans les serpents , il n'y a quelquefois point de vertèbres du cou, et alors il n'y a qu'une paire cervicale; d'autres fois il y a une, deux ou trois vertèbres cervicales, entre lesquelles sortent des nerfs poiu^ les parties adjacentes.] Dans les salamandres ^ et dans les 'grenouilles ^ on ne peut pas distinguer véritablement les nerfs cervi- caux d'avec les dorsaux, puisqu'il n'y a point de côtes. Entre la première et la seconde vertèbres , sort une paire de nerfs qui se portent aux muscles de la partie inférieure de la gorge et sous la peau qui les recouvre; ils donnent aussi quelques filets à l'épaule. D'après cette manière de se distribuer , on peut regarder ces nerfs comme de véritables cervicaux. Dans les grenoidlles , il n'y a véritablement que d-^ux paires qui entrent dans la composition du plexus bra^ hial; dans la salamandre^ il y en a très distinctement quc re. ART. XI. KERF DIAPHRAGMATIQUK, 241 E, Dans les poissons. Gomme on ne peut pas distirijouer d'une manière positive les vertèbres cervicales d'avec les doisales, il est très difficile de pouvoir faire connaître la distribu- tion des nerfs cervicaux. 11 n'y en a jamais plus de quatre qui puissent mériter ce nom, et souvent il n'y en a pas du tout. Quand ces nerfs existent, ils se dis- tribuent aux parties qui avoisinent la {^orge, [=et pren- nent quelquefois, comme dans les /n^/e.y, uuu volume très remarquable, ou bien ils se portent vers la na- geoire pectorale, sur laquelle ils s'épanouissent, ainsi que nous l'indiquerons en traitant des nerfs brachiaux.] ARTICLE XI. DU NERF DUPHRAGMATIQUE. C'est principalement delà quatrième paire des nerfs de la moelle épinière que vient ce nerf; mais il reçoit aussi, comme nous avons eu le soin de lindiquer, un filet cousidéi'able de la paire suivante, quelquefois même un troisième plus grêle de la sixième paire, et en outre, très ordinairement, un ramuscule qui provient de la convexité de l'arcade que forme au devant du cou le nerf grand hypoglosse. Ce nerf, composé par les rameaux que nous venons de faire connaître , descend au-devant du cou en un tronc grêle, auquel s'unissent quelques filets des deux dernières paires cervicales et du ganglion cervical du nerf grand sympathique. Il donne quelques fibrilles aux muscles scalènes et à la glande thymique lorsqu'elle existe, après quoi il passe dans la poitrine entre la veine 16 242 K' LEÇON. iNEKFS l>ArsS LES ANIMAUX VEETEBKÉS. et 1 artère sons-clavières , se colle au repli moyeu de la plèvre, passe au-devant des vaisseaux pulmonaires, puis sur les parties latérales du péricarde jusqu'au diaphragme. C'est là que se termine ce nerf; il se distribue, comme par une irradiation , dans Fépaisseur du muscle. Quelques uns des filets passent cependant à la face abdominale, et communiquent avec le plexus sous- gastricf>ie du nerf grand sympathique. Le nmî diapbragmatique des mammifères est en tout semblable à celui de l'homme. Quant à sa racine pre- mière, elle est sujette à varier, ainsi que cela s'observe même dans Thomme. [Dans quelques uns, comme le mouton, il vient des trois dernières paires cervicales; dans d'autres, comme le marsouin , il vient des deux dernières.] Cependant le plus ordinairement ce nerf provient de la quatrième paire cervicale et des deux suivantes. Il reçoit aussi le filet du nerf hypoglosse et du grand intercostal. Au reste, sa description ne mérite pas de détails parîiculiers. Dans les oiseaux, nous n'avons pas reconnu de nerf diaphragmatique, puisqu'ils n'ont pas de véritable diaphragme. [Cependant les nmscles qui s'attachent aux poumons et qui forment sur leur surface une si grande aponévrose, reçoivent quelques filets nerveux des premières paires dorsales. Dans les tortues , où il se trouve , conmie dans les oiseaux, une cloison musculaire qui sépare en partie la poitrine de l'abdomen, les nerfs qui animent ces muscles viennent des trois premières paires dorsales; mais dans les autyes repiiles, il u'y a plus, à l'exception du /jip a , di muscle ^euililable, et par conséquent plus de nerf. ] ai ÀRI- XII. NEUFS DOiiSAlL\ ET LOMBAIKES. 243 Dans les poissons qm $out privés de poujuoiîs, il ja y a point de nerf diaplirajjina tique proprement dit : cependant on trouve quelque analop^ie dans la fonction présumée, et surtout dans la distribution d'uWiÇ branche de la première paire vertébrale qui se porte à la paroi musculeuse qui sépare la cavité des branchies d'avec celle du bas-ventre. Ce nerf est surtout très remarqua- ble dans la raie et dans la carpe, ARTICLE XII. DES NERFS DORSAUX ET LOMBAiaES. A. Dans l homme. Les nerfs dorsaux sortent du canal de la moelle épi- mère par les trous que forment les échaocrur€8 corres- pondantes des deux vertèbres qui se touchent. La première paire sort entre la première et la se- conde vertèbre dorsale, et la dernière entre la dou- zième du dos et la première des lombes. Tous, à leur sortie du trou intervertébral, se parta- gent en deux branches : une postérieure, plus petite , qui pénètre dans les muscles du dos et qui s'y distribu-e ainsi qu'aux té(]uinents de cette partie; la branche antérieure, plus gi'osse , qui commimique par un ou deux filets avec le nerf {];rand sympathique , et qui en- voie quelques ramu^cuîes aux muscles intercostaux et à ceux du devant de !a poitrine et de rabdomen, se glisse ensuite dans Fintervalle compris entre deux côtes pour se porter vers le sternum. La première paire le^ nerfs dorsaux est très remar- 244 X* LEÇOil. iNERFS DANS LES ANIMAUX VERlÊBKES. qiia])le, en ce qu'elle contribue à la formation du plexus brachial, en s'unissant à la dernière paire cer- vicale. Les deux paires suivantes ont quelques ramuscules qui percent les parties latérales de la poitrine, et qui se portent de dedans en dehors sur les té^juments du bras du côté interne. [Toutes les autres paires donnent une branche pos- térieure dorsale, et une branche antérieure inter- costale. C'est de la première à la cinquième' paire que viennent les nerfs de la [>lande mammaire. ] La douzième paire se distribue en partie dans les muscles du bas-ventre et sous les té(]^uments; en partie dans les muscles carrés des lombes, []^rand dorsal, petit dentelé inférieur, et sous la peau des fesses. Les nerfs lombaires vaiient pour le nombre à peu près comme les vertèbres. I!s sont ordinairement au nombre de cinq, quelquefois de quatre, rarement de six. Us sont d'autant plus gros qu'ils proviennent d'une vertèbre plus inférieure, de sorte que le cinquième est ordinairement le plus volumineux. A leur sortie des trous intervei'tébraux, ils se parta- gent comme tous les autres nerfs rachidiens en deux branches, l'une antérieure et Fautre postérieure. La première brandie envoie un nombre de filets indé- terminés, qui s'unissent à chacun des ganglions lom- baires du nerf grand sympathique, et avec chacune des paires précédente et suivante; elle en donne aussi quelques uns aux muscles du bas-ventre, carré des lombes, iliaque et à la peau. Ordinairement ces der- nières ramifications sont flexueuses, afin de pouvoir suivre les parties dans leur extension. AiVr. Xïi. NEKFS DOllSAUX ET LOMBAÏREii. *245 Quant à Ja bianche postérieure, elle se perd dans les muscles delà partie inléiieuie de l'épine. Le nom- bre des rameaux et leurs divisions varient beaucoup. [\jCS principales branches de chacun deâ trois pre- miers nerfs lombaires s'unissent enîre eiles , et forment \e plexus lombaire ou crural^ recouvert par le muscle psoas. Ce plexus fournit : x^'X^nerJ inguinal supérieur^ qui vient principalement de la première paire lom- baire, et dont une branche traverse Tanneau in^^uinal pour se perdre dans les téguments du scrotum ou des grandes lèvres; 2° Le nerf inguinal moyen ^ fourni principalement par la première et la deuxième paire lombaire, et qui se distribue dans le muscle iliaque, dans les muscles du bas-ventre et dans la partie supérieure du scrotum; 3" Le nerf inguinal inférieur^ qui vient des deuxième et troisième paires lombaires, passe entre les épines supéiieure et inférieure de l'iléon, et se distribue par une branche externe dans la peau de la partie supé- rieure et postérieure de la cuisse, et par une branche interne dans la partie antérieure et externe de la cuisse jusqu'au genou; [\ \^e nerf honteux externe ^ç\mnés pour ihdiquer le nombre des vertèbres, afin de faire connaître celui des nerfs auxquels leurs écbancruri's donnent issue. Quant à leur distribution, elle est ià même que dans les autres animaux. ART. XÏU. NEBFS PELVIQUES ET CAUDAUX. 547 [Dans la tortue cV Europe ^ les septième, Iniitième et neuvième paires dorsales fournissent chacune une branche descendante pour le plexus crural. La réu- nion de ces nerfs ne s'opère qu'au niveau de la cavité cotyloïde. Dans les crocodiles ^ quoiqu'il y ait de trois à cinq vertèbres lombaires ,1e plexus crural n'est formé que de deux paires de nerfs, il en est de môme dans les autres sauriens ; mais dans les greiiouil/es il Test de trois paires. ] D. Dans les poissons . Il n'y a point de différences distinctes entre les nerfs de la colonne vertébrale : tous se distribuent dans les espaces intercostaux et interépineux, [et ne présentent d'autres paiticularités que celles que nous avons déjà indiquées, c'est-à-dire que chaque branche supérieure fournit un filet au nerf dorsal de Weber, et chaque branche inférieure nn fiiet au nerf latéral et au nerf de la nageoire anale. Dans les poissons thora* ciques et jugulaires, c'est de la quatrième paire spinale que les nageoires ventrales tirent leurs nerfs. Dans les poissons abdominaux et dans les chondroptérygiens, les ventrales reçoivent leurs nerfs de paires plus reculées. Ce sont les septième et huitième paires spinales qui les fournissent dans la carpe. ^^ ARTICLE XIII. DES NERFS PELVIQUES ET CAUDAUX. IjCs nerh pelviques ou sacrés sortent du canal ver- tébral par les trous appelés vulgairement ^^ac/^i", ordiry 248 \* LEÇON. AEKFS DA.\.S LES ASIMAUX VEETÉBEÉS. nairenient au Dombre de cinq, quelquefois plus, quel- quefois moins. La brandie postérieure qui sort par lestions postérieurs est la moins considérable ; elle s'u- nit à sa sortie avecles biancbes postérieures des nerfs situés inmiédiatement au-dessus et au-dessous; elle se distribueparbeaucoup de filaments dans les muscles et la peau des fesses et dans les parties latérales de l anus. La brancbe antérieure est celle qui produit les nerfs sacrés ou pelviques proprement dits. [En s'nnissant entre elles, ces brancbes contribuent à former un plexus nommé plexus sacré ou sciatiqae ^ qui se com- pose des bi'ancbes antérieures des deux derniers nerfs lombaires et des trois ou quatre premiers sacrés, et qui est situé au-devant du muscle pyramidal, dci'rière les vaisseaux bypogastriques, le rectum et la vessie.] La première paire se porte vers Fécliancrure iscbia- tique dans l'intérieur du bassin. Après avoir fourni quelques filets aux p^aup^lions inférieurs du grand nerf sympatbique, elle s'unit et se confond avec la paire sacrée qui suit. Puis, un peu plus loin, elle reçoit le gros ti'onc formé par la quatrième et la cinquième paire des lombes; elle donne en outre un rameau qui, se séparant du cordon iscbiatique, lorsqu'il passe dans récbancrure, va se distribuer dans l'épaisseur du muscle moyen fessier. La seconde paire fournit des rameaux qui se distri- buent à peu près de la même manière que ceux de la première; mais elle se partage dans l'intérieur du bassin en deux portions , dont la supérieure s'unit au tronc de la première paire, comme nous l'avons vu, et dont la seconde va se confondre avec la troisième paire pour former le nerf ischiatique. Deux filets, sous ART. Xni. iSERFS PELVIQLES ET CAUDAUX. 2^9 le nom de petit sciatique ^ se détachent de la partie postérieure de cette paire et la suivent dans Féchan- criire; mais ils s'en séparent au-delà. Lïm se perd dans le muscle grand fessier; l'autre s'unit à un rameau de la paire suivante, forme un petit tronc unique, et se re- sépare ensuite pour se distribuer à la partie posté- rieure de la cuisse et de la jambe au-dessous de la peau, et aux tégumens delà fesse, de Tanus et du pénis ou de la vulve. La troisième paire s'unit, ainsi que nous l'avons indiqué, au cordon inférieur de la deuxième. Elle est beaucoup plus petite, donne d'abord des filets pour le grand sympathique, ensuite elle en fournit un grand nombre qui se distribuent dans lintérieur à\\ bassin sur le col de la vessie, et jusque sur les parties latérales du vagin dans la femme , et constituent les nerfs vési- eaux inférieurs ; ils forment là un plexus très considé- rable, en s'unissant à desfilersdunerf grand intei'cos- tal, et donnent les neifs hémorrhoïdaux moyens. Cette paire fournit encore beaucoup de rameaux, dont les uns se portent à la partie postérieure delà cuisse, et d'autres sous la peau des fesses. I^a quatrième paire des nerfs sacrés se distribue à peu près de la même manière que la précédente. Elle donne en outre quelques filets aux muscles de l'anus, et un gros rameau qui s'unit à d'autres qui viennent du nerf sciatique pour former un tronc très remarquable, Vhé/norrhoïfiai i/iféricur.^ qui p' supinateur et le brachial antérieur. Il produit encore le rameau cutané externe moyen, qui suit la veine céphalique jusque sous le poignet, et plusieurs autres pour les muscles radiaux et «upinateurs. Au-dessus de l'articulation du rayon avec l'os du bras , le tronc du nerf radial traverse le court supinateur et continue de se porter à la face externe de l'avant-bras : il donne là beaucoup de filets aux muscles; il se divise ensuite en deux bianches, r dont l'une, superficielle, passe entre les supinateurs, puis entre le long supinateur et le premier radial ex- terne , et, arrivée près du carpe, se divise en rameaux externe et interne : le premier donne des filets aux muscles du pouce et aux interosseux , s'anastomose avec le cutané, et donne le nerf radio- dorsal du pouce; le second donne les nerfs radio et cubito- dorsal de l'indicateur et le radio-dorsal du médius. Tous ces ra- meaux forment, avec ceux du nerf cubital, les arcades dorsales. L'autre branche, profonde , et qui est la plus grosse, donne des filets au long supinateur et aux ra- diaux externes, au cubital externe, aux extenseurs communs du pouce et de l'index, à l'abducteur du pouce, traverse le court supinateur, et se continue ART. XIV. PLEXUS BliACHIAL. 257 comme nevï interosseux externe ^suv la face postérieure du ligament interosseux, perce ce ligament par uu filet qui s'anastomose avec Finterosseux interne, et se perd dans les parties molles de l'articulation du carpe.] 4° Du nerf axillaire ou circonflexe. On a encore nommé ce nerf articulaire : il n'est sou- vent qu'une branche du radial. Couvert du deltoïde, sous lequel il se glisse , il lui donne quelques filets, ainsi qu'aux autres muscles qui avoisinent l'articulation de riîumérus, comme le grand rond, ie grand dorsal, le grand dentelé et le sous-scapulaire. Plusieurs de ses rameaux se perdent dans la capsule articulaire de l'hu- mérus. [Il donne une branche qui accompagne Fartère sous-scapulaire , contourne la partie postérieure de l'humérus , et fournit le nerf cutané supérieur externe^ b"* Des nerfs thoraciques et scapulaires. Les nerfs thoraciques naissent quelquefois séparé- ment du plexus brachial; ils se distribuent principale- ment dans les muscles pectoraux, et se perdent dans les glandes mammaires et dans la peau qui les re- couvre. Il y a souvent un rameau postérieur qui se dis- tribue dans l'épaisseur du muscle long du dos {lonibo- humérieny Le nerf sus-scapulaire se glisse derrière Féchaucrure de Fapophyse coracoïde, et donne des filets aux mus- cles sous et sus-épioeux. [Les nerfs sous -scapulaires ^ généralement au nombre de deux, se perdent dans les muscles sous-scapulaires , grand rond et petit rond. ] 6° Du- nerf cutané externe , ou musculo cutané. Celui-ci perfore le muscle coraco-brachial ; et, situé 3. 17 ^58 X*' LEÇON. NEUFS DAiNS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. ensuite entre les muscles biceps et brachial interne, il leur fournit des iilets nombreux. Parvenu vers la partie moyenne du bras, il se divise en deux branches : Fune superficielle , l'autre profonde. La superficielle est plus [grosse ; elle descend avec la veine céphalique au-dessus du tendon du muscle biceps au devant du pli de lavant-bras, où elle se divise en beaucoup de ramuscules qui se perdent dans la peau du pli du bras , où ils s'anastomosent avec d'autres filets du nerf radial ; d'autres ramuscules descendent jusque sur la main , en se divisant et se subdivisant dans la peau, et en s anastomosant avec le cutané interne. La branche profonde du musculo-cutané se perd presque en entier dans le muscle brachial interne. L'un des filets pénètre , avec l'artère huméraire proprement dite , dans la cavité médullaire de l'os. 7° Du nerf cutané interne. Ce nerf provient quelquefois du cubital ; il suit le bord postérieur et interne de l'os du bras entre la peau et les muscles. Arrivé sur Tavant-bras , il se partage en beaucoup de rameaux qui se perdent dans la peau de la partie interne du bras et de F avant-bras. On peut suivre leurs ramifications jusque sur la main. [Ces rameaux s'a- nastomosent entre eux et avec des rameaux du mus- culo-cutané.] B. ./).a7^5• les mammifères. Le plexus brachial est produit par les trois ou quatre dernières paires cervicales et par la première du dos. Le nerf axillaire est essentiellement formé par la ciiiquieiue paire oervicale dans le lapin , et il n'y a que ART. XIV. PLEXUS BRACHIAL. 25|9 l'un de ses filets qui entre danslacomposiUoudu plexus. Les nerfs thoraciques se détachent de Fentrelace- ment, et se distribuent à tous les muscles de l'aisselle; on retrouve aussi des nerfs analogues aux scapalaires ^ liCS nerfs cutanés interne et externe ne sont point des cordons distincts , mais seulement des branches des trois cordons principaux qui représentent les nerfs médian , cubital et radial. Le médian produit à la partie moyenne du bras un filet qui, se distribuant aux muscles et à la peau , peut être regardé comme un musculo-cutané . Parvenu au-devant du pli de l'avant-bras, il s'en détache beau- coup de filets qui pénètrent profondément avec le tendon du biceps, et qui se distribuent aux muscles. Le tronc continue de suivre les muscles de la face palmaire de lavant-bras. Il se partage en deux rameaux qui passent par deux coulisses particulières des ligaments du carpe, et qui se distribuent à chacun des doigts , à peu près comme dans l'homme. Le nerf cubital est le plus externe et le plus grêle des trois. Vers la partie moyenne du bras, il s'en détache un filet pour les muscles extenseurs du coude et pour la peau. Ce filet paraît tenir lieu du nevî cutané externe» Le tronc du cubital, arrivé au-devant de l'articulation du bras, perce les aponévroses des muscles qui s'insè- rent au condyle externe. Il glisse le long de l'os du coude sur le ligament interosseux , donne des filets aux muscles fléchisseurs des doigts, et se termine par deux autres fort longs, dont l'un se porte à la face externe de la patte où il se perd dans la peau ; Fautre suit la face palmaire , et se distribue à peu près comme dans l'homme. 260 X« LEÇON. INERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. Le nerf radial est aussi le plus .o^ros des trois cordons, li tourne autour de l'humérus en fournissant des ra- meaux aux muscles extenseurs du coude. Parvenu à la partie externe du bras , et glissant entre les muscles biceps et triceps brachiaux, il se partage en plusieurs rameaux : l'un devient externe et se porte au-devant du pli du bras sous la peau ; les autres se perdent dans les muscles de la partie antérieure de Favant-bras. Enfin , le tronc lui-même, après avoir fourni aux muscles , se partage en plusieurs filets qui se perdent dans la peau qui recouvre la convexité des doigts. [Tout ce qui est dit ici des nerfs du bras du lapin peut se dire, en général, de tous les mammifères. Les trois prands nerfs, à savoir, le médian, le radial et le cubital, ne manquent jamais; mais leur distribution terminale se simplifie à mesure que le nombre des doigts diminue. Dans les mammifères à clavicules , les nerfs thoraci- ques et scapulaires sont tout-à-fait comme dans l'homme; jnais dans les mammifères sans clavicules, ces nerfs sont plus ou moins confondus avec les longs nerfs que nous venons de citer, et n'en sont souvent que des rameaux.] G. Dans les oiseaux. Le plexus brachial des oiseaux est essentiellement formé par la dernière paire cervicale et les deux pre- mières dorsales. Cet entrelacement ne forme qu un seul faisceau , duquel partent tous les nerfs du bras. Les premiers cordons qui sortent du plexus sont destinés aux muscles grand et moyen pectoraux, ainsi qu'au souS'clavier; ils sont gros et au nombre de quatre. ART. XIV. PLEXUS BRACHIAL. 26.1 Il s'en détache ensuite un petit (iîet qui tient lien du nerf axiilaire, et qui se distribue aux muscles qui en- tourent la tête de riiumérus et à sa capsule articulaire. Viennent ensuite deux gros cordons principaux qui sont destinés à l'aile. L'un, antérieur, se porte sous la lace interne ou infé- rieure de l'aile. Il donne d'abord des filets aux muscles biceps et deltoïde ; puis , suivant le bord interne du bi- ceps, il arrive au pli de Favant-bras sans donner de rameaux remarquables. Parvenu au-dessus de l'arti- culation de l'avant-bras, immédiatement sous la peau , il se divise en trois branches. L'externe est la plus grêle; elle se perd en partie dans les muscles radiaux et dans la peau qui recouvre le pouce ou l'aile bâtarde. La moyenne se glisse profondément au-dessus des muscles pronateurs , puis entre les adducteurs, auxquels elle .se distribue; un des filets perce le ligament interosseux et passe à la face supérieure. Enfin, la troisième branche ou l'interne passe comme le nerf cubital sur le condyle interne de l'humérus, dans les tendons des muscles qui s y insèrent; elle se partage là en beaucoup de filets : l'un se porte sur la capsule articulaire de lavant- bras avec le bras et dans la peau qui recouvre le coude; quelques uns sont destinés aux muscles adducteurs du métacarpe; deux autres, enfin, plus remarquables et plus longs, suivent le bord inférieur de l'aile sous la peau, et viennent se perdre dans celle qui recouvre les doigts à leur face interne, ainsi que dans les muscles interosseux. Il paraît que ce nerf tient lieu en même temps de médian^ de cubital ei de mus culo -cutané. L'autre cordon principal du plexus brachial , ou le postérieur, secontourneautourde l'humérus, et vient se 265 X* LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. porter à sa face supérieure, en donnant d'abord des filets très sensibles pour les muscles extenseurs du coude, puis deux autres très remarquables encore, qui se distribuent comme une espèce de patte d'oie sous la peau et les membranes situées entre le bras et l'àvant-bras. Ces branches paraissent tenir lieu du nerf cufané interne. Le tronc du nerf continuant de descendre le long du bras, et parvenu à l'articulation de l'avant-bras, se trouve placé à la face interne, mais vers le bord radial de lavant-bras. Il perce le tendon du muscle radial externe; et arrivé à la face externe ou supérieure, il se divise en deux branches : l'une , courte^ qui se perd sous la peau qui recouvre la face externe du cubitus; l'autre, plus longue, située entre les deux os de lavant-bras sur la membrane interos- seuse. Lorsqu'elle est parvenue à l'articulation du poi- gnet, elle passe par une coulisse particulière, et se divise bientôt après en trois filets : l'un court pour le pouce, et deux autres pour chacun des doigts, à la face externe de chacun desquels ils se portent sous la peau jusqu'à leur dernière articulation , où l'on en aperçoit encore des traces. 11 est évident que ce cordon tient lieu du nerf radial^ et que, par Tune de ses branches, il remplace le cutané interne. Cette description est faite d'après le canard et la cigogne ; nous présumons qu'il n'y a pas de diffé- rences dans les autres oiseaux. [Nous nous sommes assuré, en effets qu'elle con- vient à Wiigle , au corbeau , à la poule : seulement , dansées trois espèces, le plexus brachial est fourni , comme dans les mammifères, par les trois derniers lierfs cervicaux et par le premier dorsal. Nous re*- ART. XtV. PLEXUS BRACHIAL. . 563 marquons aussi que les nerfs cutanés sont très con- sidérables, et proportionnés au grand volume des plumes de cette partie. ] D. Dans les reptiles. [ Dans la tortue d'Europe , le plexus brachial , situé à la face interne de l'omoplate , est formé par les sixième, septième , huitième et nenvièuie paires cervicales. De celles-ci, les trois premières forment seules un réseau; la quatrième, qui est la plus forte, et qui fournit le nerf médian ne communique avec le plexus que par une branche. De ce plexus sortent iMe cubital, qui donne d abord des nerfs cutanés et un rameau au grand rond , puis passe à la face externe de 1 omoplate, et, arrivé au-de- vant du premier tiers de l'humérus, se partage en quatre rameaux: un rameau cutané dorsal de la main, qui fournit des filets à toute ia peau du bras et de T avant- bras; un rameau pour les muscles extenseur commun} extenseur propre du pouce, et cubital externe; un rameau pour les muscles profonds de la main qui s'a- nastomose avec le précédent; un rameau pour le triceps brachial; s"* Le nerf radial^ qui passe à la face externe de l'o- moplaîe, à peu près vers son milieu, descend au-devant de son articulation avec l'humérus , en donnant des filets au deltoïde et au grand dorsal, marche le long de la face interne de l'humérus , et se répand dans les muscles extenseurs de la main. Le nerf médian est le plus gros; il descend le long du bord postérieur de l'omoplate, donne des rameaux au grand pectoral, au grand l'ood , à l'articulation ^264 X* LEÇON. JNEliFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. scapulo-liumérale et à la peau; passe entre les tube- rosités de riiumérus, donne des filets au triceps et au brachial interne , puis se partage i ° en branche externe qui passe entre les muscles rond pronateur et radial interne, et se distribue aux muscles fléchisseurs de la main , et 2° en branche interne , qui court entre le radial et le cubitus, contourne le premier, se voit un moment à la face interne auprès du cubital profond , retourne en arrière, et forme les arcs de la paume de la main. Dans le caïman à lunettes, le plexus brachial est com- posé des deux dernières paires cervicales et des deux premières dorsales. Les nerfs médian , cubital et radial se distribuent à peu près comme dans les mammifères. Les nerfs axillaires et thoraciques sont très développés, mais les nerfs musculo-cutanés ne sont représentés que par de minces filets. ] Le plexus brachial du lézard est îormé par les deux premières paires dorsales, et par les deux dernières cervicales comme dans les crocodiles. L'avant-dernière cervicale ne fournit qu'une de ses branches au plexus, l'autre se porte sur le col. [Du reste, la distribution des nerfs ressemble tout-à-fait à celle du caïman à lunettes ; on remarque seulement que les nerfs radial et cubital sont très fjréles comparativement au nerf médian. Il en est de même dans les saui>egardes ^ et probablement dans tous les autres sauriens. ] Dans la grenouille, les nerfs qui doivent se distribuer au brasproviennentd'un très gros cordon qui sort entre la seconde et la troisième vertèbre : c'est le plus gros cordon nerveux de tout le corps; il reçoit peu après un filet nerveux de la paire suivante, avec lequel il ART. XIV. PLEXUS BRACHIAL. 265 s'unit intiniemeîit. Ce cordon se dirigée vers l'aisselle; il s'en détache une branche qui va au-dessus de le- paule , et qui se perd dans les muscles de cette partie. Le tronc continue de se porter vers le bras; bientôt après il se bifurque. Mais, outre les deux rameaux principaux qu il forme, il s'en détache quelques filets qui se rendent aux muscles extenseurs de l'avant-bras et à la capsule articulaire de la tête de Fhumérus. Des deux cordons nerveux, l'un se porte au-devant de l'os du bras et représente le nerf médian ; il s'en dé- tache quelques filets pour les muscles et la peau. Ar- rivé au pli de l'avant-bras, le nerf plon(>e dans l'épais- seur des muscles avec le tendon du muscle s lemo-radieii^ qui tient lieu du biceps. Il se divise ensuite en deux ra- meaux placés l'un au-dessus de l'autre : le plus prèle , entre les muscles fléchisseurs des doigts; le plus gros, sur le sillon qui indique la réunion des deux os de l'avant-bras. Ils passent sous les ligaments du carpe ; et, parvenus à la paume de la main, le superficiel se perd dans la peau qui la recouvre, et le profond se partage à chacun des doigts, à peu près comme cela a lieu dans l'homme ; il donne aussi quelques filets aux muscles de la main. L'autre cordon nerveux représente le nerf radial; il se contourne autour de rhumérus. Il fournit d'abord au muscle extenseur de l'avant-bras; continuant de des- cendre autour de l'humérus, i-l arrive au-devant de son articulation avec Fos unique de l'avant-bras, du côté radial. Il pénètre là dans l'épaisseur des muscles, puis il repasse à la face externe de l'avant-bras : il se partage ensuite. L'un des rameaux se perd sous la peau ; l'autre passe sur le dos de la main , où il se peid ^66 X« LEÇON. NEBFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBBÉS. sur la convexité des doigts. On voit , d'après cette des- cription , que les nerfs du bras de la grenouille res- semblent beaucoup à ceux de l'aile des oiseaux. Dans la salamandre ^\e?> nerfs du bras se distribuent comme dans la grenouille; mais leur plexus est formé par deux paires cervicales et par deux dorsales, si l'on peut regarder comme vertèbres du dos celles qui por- tent des rudiments de côtes. Il n'y a pas de nerfs bracbiaux dans les serpents. E. Dans les poissons. Les nerfs de la nageoire pectorale des poissons os- seux proviennent des deux premières paires verté- brales. Ces deux nerfs naissent à une assez grande dis- tance l'un de l'autre, et traversent le premier muscle qui se porte de l'épine sur la première côte, et qui paraît tenir lieu de scdlène. [Le premier reçoit, comme nous l'avons vu, une branche du grand hypoglosse, et donne les nerfs externes de la nageoire pectorale et ceux de la membrane qui sépare la cavité branchiale de la cavité abdominale et qui fait l'office d'un dia- phragme. La deuxième paire est destinée à la face in- terne de la nageoire pectorale. Ainsi , la première paire, donnant les nerfs des muscles abducteurs de la na- geoire qui sont analogues aux extenseurs dans les autres vertébrés ^ peut être considérée comme fournissant les nerfs radial et cubital, et la deuxième paire, donnant des nerfs aux muscles adducteurs qui sont analogues aux fléchisseurs dans les autres vertébrés, peut être considérée comme formant le nerf médian. Dans les trigles , le p.erf de la deuxième paire verté- brale est remarquable par la grosseur qu'il prend en ART. XÎV. PLEXUS BBACHIAL. 267 sortant du canal de l'épine , et par les grosses branches qu'il donne aux rayons libres placés sous la nageoire pectorale, et qui paraissent être des organes du tact. ] Dans les poissons cartilagineux , comme les ?mes , la distribution des nerfs brachiaux, ainsi que leur nombre, sont bien différents. Les vingt premières paires vertébrales sont reçues dans un canal cartilagi- neux derrière la cavité des branchies ; elles s'unissent là, et forment un gros cordon unique qui se porte vers la partie moyenne de la nageoire en traversant la barre cartilagineuse sur laquelle s'articulent les rayons. Ce premier cordon continue de se porter en avant le long de la barre cartilagineuse , en décrivant un arc dont la concavité est antérieure. De ce gros cordon se séparent autant de filets qu'il y a de rayons de la na- geoire : tous ces filets se perdent dans les muscles et peuvent être suivis jusqu'aux bords de l'aile. Les quatre ou cinq paires vertébrales qui suivent les vingt premières se réunissent de même en un gros cordon , qui se subdivise ensuite en sept ou huit filets pour les rayons moyens de l'aile : ceux-là sont presque perpendiculaires à la moelle nerveuse que contient le canal vertébral. Les paires de nerfs vertébraux , qui suivent jusqu'à environ la quarante-quatrième, s'unissent deux à deux, ^'et forment un cordon qui va percer la barre cartilagi- neuse de la partie postérieure de l'aile ; ils se divisent dans les muscles de la même manière que les précédents, de sorte que la préparation des nerfs de laile de la raie présente une disposition très singulière; [mais on re- trouve encore ici les trois divisions principales des nerfs de l'extrémité antérieure : le premier cordon re- 268 X* LEÇON. KERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. présente probablement le radial, le deuxième le cu- bital, et le troisième le médian. ] ARTICLE XV. DES iSERFS DU MEMBRE x\BDOMlNAL. A. Dajis l'homme. En faisant la description des nerfs lombaires et sacrés, nous avons indiqué déjà de quelle manière sont formés les principaux troncs des nerfs qui se distribuent dans l'extrémité inférieure ; nous allons maintenant les suivre en particulier. 1° Du neif sous -pubien^ ou obturateur. Ce nerf provient du plexus des paires lombaires. La bauteur à laquelle il s'en détache n'est pas constante ; il se porte vers le petit bassin en suivant le côté interne du tendon du muscle psoas , et il se dirige vers le trou sous-pubien. 11 fournit quelques filets au muscle obtu- rateur interne, passe par le trou de la membrane obturatrice, et produit de nouveaux filets qui se perdent dans l'obturateur externe, après quoi il se partage en deux branches : Time aniérieure, l'autre postérieure. La première se perd dans les muscles pectine , grêle interne et adducteurs , [ et dans la peau de la partie in- terne de la cuisse, et de i aiticulation du genou. Les rameaux des adducteurs s'anastomosent avec le nerf saphène interne. ] La branche postérieure, située plus profondément, se distribue à iohîjnateur externe et aux abducteurs. ART. XV. NERFS DU MEMBRE ABDOMINAL. 269 2° Du nerf fémoral antérieur ou crural. C'est ordinairement par le plexus cies quatre pre- mières paires des nerfs lombaires qu'est formé ce cor- don. Il suit l'artère fémorale dans son trajet .sur la pe- tite rainure que laissent entre eux les muscles iliaque et psoas, auxquels il donne quelques filets. iVrrivé sous l'arcade inguinale , il se divise en un nombre considé- rable de rameaux [dont les uns se portent à la peau, les antres aux muscles et à la gaine des vaisseaux fé- moraux.] Il y en a ordinairement un pour le muscle droit an- térieur; quatre ou cinq pour le triceps fémoral; quel- ques uns pour le couturier, dont plusieurs se portent ensuite sous la peau ; il en est pour le fascia lata^ le pectine, le vaste interne, le grêle interne et le demi- tendineux. Les deux filets les plus longs se portent sous la peau de la cuisse du côté interne : l'un , le nerf cutané in- terne du genou ^ suivant à peu près la direction de l'artère fémorale , s'épanouit à la hauteur du genou ; l'autre , le nerf saphène interne, est beaucoup plus gros; il descend jusque sur le pied , en suivant à peu près la veine saphène^ dont il emprunte le nom; il re- çoit souvent un rameau du nerf sous-pubien vers le milieu de la cuisse; il se distribue principalement à la peau de la partie interne et postérieure de la cuisse et de la jambe. 3** Du nerf ischiadique ou sciatiqué. C'est le plus gros des nerfs du corps. Il est ordinai- rement produit par les deux dernières paires des 270 X* LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. lombes et les trois premières du sacrum; il sort du bassin entre les muscles jumeaux et pyramidal par l'é- chancrure ischiatique. Il donne là quelques filets pour les muscles obturateur interne , jumeaux et carrés de la cuisse. Situé ainsi à la partie postérieure, il descend de la tubérosité ischiatique vers le trochanter. Parvenu à la partie moyenne de la cuisse, ou plus bas vers le genou , il se partage en deux cordons qui continuent de descendre et qui passent sous le jarret ; ils prennent alors le nom : l'un , de poplité interne ou tibial; et l'autre, de poplité externe ou péronier. Dans son trajet le long de la cuisse, le nerf sciatique fournit en outre de petites branches aux muscles demi- nerveux , demi-membraneux, au biceps, aux abduc- teurs de la cuisse. Sous le jarret , il en donne d'autres aux muscles po- plité, demi-tendineux, biceps et gastro-cnémiens. Il produit là souvent aussi un rameau , qui quelque- fois naît plus bas du nerf péronier. Ce rameau, se por- tant sous les muscles du tendon d'Achille, du côté du péroné, se distribue à la hauteur du pied , dans la peau qui recouvre cette partie; il se continue même sur le dos du pied jusqu'aux extrémités des orteils. 4** Du nerj tibial ou poplité interne. C'est la division interne du tronc du nerf sciatique. Le cordon qu'il forme suit à peu près la longueur du muscle plantaire grêle dans la partie moyenne des muscles gastro-cnémiens, auxquels il donne beaucoup de rameaux ; il en fournit aussi au muscle poplité , dont quelques filaments accompagnent l'artère tibiaire pro- prement dite , ou celle q^ui entre dans l'os ; il en donne ABT. XV. NERFS DU MEMBRE ABDOMINAL. 'Ï7i encore aux muscles tibial postérieur, long fléchisseur du gros orteil et fléchisseur commun des orteils. En continuant de descendre, le tronc se porte vers la malléole interne, li passe là dans la rainure pratiquée entre le tibia et le calcanéum avec les tendons des flé- chisseurs. Parvenu sous la plante du pied, il se divise en deux branches : le nerf plantaire interne et le nerf plantaire externe. Le premier donne quelques filets aux petits muscles court fléchisseur des doigts, au transverse des orteils , aux courts abducteur et adduc- teur du gros orteil; il se partage ensuite en quatre branches qui se distribuent aux muscles lombricaux, inter-métatarsiens et à la peau des quatre premiers or- teils auxquels il donne des branches collatérales externes et internes , qui se distribuent à peu près comme le nerf médian à la main , en formant aussi une arcade qui se joint au nerf ponlité externe, ainsi que nous Findiquerons. [Le n^rî plantaire externe^ plus petit que le précédent, se porte en avant entre Taccessoire du grand fléchisseur et le petit fléchisseur, et se divise en branche superficielle et en branche profonde. La pre- mière donne des ramuscules au petit fléchisseur du petit orteil, auxîombricaux, et fournit ensuite les nerfs collatéraux externe et interne du petit orteil et Fexterne du quatrième orteil. La branche profonde se perd dans Fadducteur du gros orteil, dans le fléchisseur du petit, et dans les interosseux des premier et deuxième méta- tarsiens. Au-dessus du condyle inteine du fémur, le nerf ti- bial donne le saphene externe. Ce nerf descend sur la face postérieure des jumeaux et vers le tiers in- 272 X» LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VEBTÉBRÉS. férieur de la jambe; il s'anastomose avec une branche du poplité externe. Il longe le bord externe du tendon d'Achille , passe sous la malléole externe, suit le bord externe du pied, se porte sur sa face dorsale, et donne les deux collatéraux dorsaux du petit orteil et le colla- téral externe du quatrième. ] 5° Da nerf ijéronier ou poplité externe. [Il fournit d'abord une branche qui se distribue à l'articulation du genou , puis une autre qui se perd à la partie inférieure de la jambe, à la malléole externe et au talon , en s'anastomosant par un filet avec le sa- phène externe. Il donne ensuite le nerf cutané pé- ronier^ qui descend le long du gastro-cnémien externe, et se distribue à la partie externe et antérieure de la jambe.] Il se glisse ensuite le long du péroné, en four- nissant des rameaux pour le muscle jambier antérieur, et se contournant vers le tiers supérieur de cet os; il se divise là en deux branches : le nerf mus culo-cutané et le nerf tibial antérieur. [Le premier et le plus externe descend entre les muscles péroniers et l'extenseur commun, auquel il donne des filets ; devient sous-cutané à la partie infé- rieure de la jambe; se partage au niveau de l'articula- tion du pied en deux branches, qui fournissent, l'une les nerfs collatéraux dorsaux externe et interne du gros orteil et l'interne du second, l'autre les nerfs collatéraux dorsaux du troisième et du quatrième orteil, l'externe du second et l'interne du cinquième; le collatéral ex- terne de ce dernier provient du saphène externe. Le nerf tibial antérieur ou interosseux descend ART. \v. i\'[iius DU :m>:mj3i\e abdominal. 273 entre les muscles jambier antérieur et extenseur com- mun , passe dans la gaine de Textenseur propre du gros orteil, et se divise également en branches interne et externe qui donnent à l'articulation du tarse, aux interosseux et au pédieux.] B. Dans les mammifères. Les nerfs lombaires et pclviques, qui sont destinés au membre abdominal , forment deux plexus avant de se distribuer à ces parties. En général, ils sont les uîémes que dansFbomme, ou les différences sont peu essentielles. Les cordons nerveux sont généralement en même nombre , et se divisent de la même manière. Le nerf fémoral antérieur naît le plus ordinairement avant le sous-pubicn. Dans le pli de Faine il produit une irradiation de filets musculaires : Fun d'eux , très remarquable , se porte sous la peau en suivant la veine snpbène : on peut le suivre jusque sur le pied. Le nerf sous-pubien passe aussi par le trou ovale avec le tendon du muscle obturateur interne. Il se dis- tribue aux muscles de la cuisse. Le nerf sciatique est aussi produit par les paires sa- crées ; il reçoit ordinairement les filets anastomotiques des paires caudales. Il n'offre au reste aucune diffé- rence essentielle d'avec Fliomme. [Les branches ter- minciles des nerfs offrent seules des différences dans les mammifères qui ont un moindre nombre de doigts aux pieds; mais, dans tous, le nerf péronier fournit les nerfs des u^uscles extenseurs^ et le tibial les nerfs des muscles fléchisseurs des doigts, ] G. Dans les oiseaux. Le nerf <9^^«/v//e^/r provient aussi du plexus formé 3. 18 274 \« LEÇOi\. AERFS DAÏNS LES AINIMAUX VERTÈBRES. par les paires lombaires. 11 passe par le trou sous-pu- bien avec le teudoii de Fobturateur interne, et se di- vise aussitôt après sa sortie du bassin en un grand nombre de rameaux qui se terminent dans les muscles qui enveloppent Fos de la cuisse , et principalement dans ceux qui entourent son articulation et dans les muscles adducteurs. Le fémoral est évidemment formé par les trois der- nières paires de nerfs lombaires qui forment un plexus au-dessus du bassin , et duquel se détache le nerf ob- turateur. Parvenu dans l'aine, le nerf crural se partage en trois branches principales , lesquelles se divisent et se subdivisent dans les différents muscles de la face antérieure et interne de la cuisse ; beaucoup se termi- nent à la peau, sur laquelle on les suit très facilement. Le nerï sciatique est produit dans les oiseaux prin- cipalement par les quatre paires pelviennes supé- rieures; il se porte vers Péchancrure ischiatique du bassin , derrière la cavité cotyîoïde. Sorti du bassin, il se divise en deux portions principales : l'une postérieure, qui est un faisceau composé de sept ou huit branches qui se perdent dans les muscles fessiers et adducteurs de la cuisse ; l'autre portion est un cordon simple, très gros, qui paraît être le tronc du nerf. Il suit la direc- tion du fémur , donne quelques branches grêles qui se portent dans les muscles fléchisseurs de la jambe. Ar- rivé vers la partie moyenne et postérieure de l'os de la cuisse, le tronc se divise en deux nerfs : Fun, qui est le plus rapproché des os, et qui parait être \e poplité ex- terne ; l'autre, qui est le plus gros et qui tient lieu du tihifiL Ce dernier, arrivé à la hauteur du jarret, se divise •0- AfiT. XV. INEi'.IS iU) UEjIBHE ABDOAliiXAL. 275 en deux branches. La plus grosse des deux se pailage en six ou sept rameaux destinés aux muscles de la partie postérieure de la jambe, et principalement aux jumeaux et ausoiéaire: l'autre branche continue de se portej: derrière les os de la jambe. Arrivée sous le talon , elle passe dans une coulisse , et continue de se porter sous les os du métatarse; parvenue vers leur extrémité digitale, elle se partage en quatre, ou trois, ou deux portions, selon le nombre des doigts de Toiseau. Ces filets se portent sur le bord péronier de chacun des doigts. Le nerf poplité externe , ou ia seconde branche principale du sciatique, est, comme nous l'avons dit , celle qui est le plus près des os. Arrivée sous le jarret , elle se porte vers le bord péronier de la jambe, et se partage en beaucoup de filets qui se perdent dans les muscles de la partie antérieure de la jambe. Deux des filets, beaucoup plus gros et plus longs, suivent les os de la jambe : l'un sur le bord péronier, l'autre sur le tibial. Ils passent ainsi au-dessus de 1 articulation du tarse dans deux coulisses qui leur sont particulières; ils se rapprochent ensuite , et se trouvent situés dans la gouttière antérieure des os du métatarse , après quoi ils se séparent de nouveau. î.a branche tihiale se porte entre le second et le troisième doigt, et la péronière entre le troisième et le quatrième , quand il existe; elles en suivent les bords, et s'y terminent sous la peau , près de l'ongle. On voit par cette description, faite d'après la cigogne spécialement , quoique nous ayons fait des recherches à cet égard dans plusieurs autres oiseaux, que les nerfs du membre abdominal sont à peu près les mêmes que dans les uiammifères. 276 X« LEÇON. rsEKFS DAiNS LKS AJSlMAUX VEBTEBBES. [ I2 aigle , la corneille et la poule nous ont montré exactement les mêmes dispositions, et il y a tout lieu de croire qu'il en est de même dans tous les oiseaux.] D. Dans les reptiles, / [Du plexus crural delà tortue cï Europe ^ ow plutôt de la patte d'oie formée par la réunion des septième, huitième et neuvième paires dorsales, sortent d'abord un filet pour le muscle droit abdominal , vc\ autre pour Toblique, un troisième pour Filiaque, un quatrième pour le psoas et le (»rand fessier; le plexus fournit en- suite lenerf crural^ qui se distribue comme àfordinaire. Le nerf obturateur ne sort pas du plexus; il est formé par la branche moyenne de la neuvième paire, dont la branche antérieure va au plexus, et la postérieure à la dixième paire. Le nerf sciatique donne quelques ramuscules au moyen fessier, à Tobturateur externe, et se continue en un gros nerf qui ne se ramifie plus qu'à la hauteur du jarret. Il donne les nerfs pérooier et tibia! . Ce dernier se divise immédiatement en deux rameaux: 1^ un in- terne , qui se distribue dans les muscles profonds de la jambe, de la face plantaire du pied, et pour lequel seul M. Bojanus réserve le nom de nerf popliié ; 1" un externe, le tibial proprement dit, qui donne des filets aux muscles externes et à la peau des mêmes parties.] Dans les lézards ^ i^ Y ^^ ^'^^^ petit filet nerveux qui provient du nerf fémoral, et qui tient lieu du \\ç,vî sous- pubien. Le nerf /cV7?o/Y^/ lui-même est formé des deux dernières paires lombaires, et passe au-dessus des os du bassin pour se distribuer aux muscles de la partie antérieure de la cuisse. Le nerf sciatique est produit ART. XV. NERFS OU MEMBRE ABDOWIiSAL. 277 par les trofs paires de nerfs qui suivent et qui re(^oi- vent aussi un filet de la dernière paire lombaire. Le cordon unique qu'elles forment suit le bord interne de la cuisse; et en se subdivisant dans les muscles, il se porte jusqu'aux doigts du pied, La distribution des nerfs du membre abdominal est à peu près la même dans la salaimuidre. il n'y a de différences que dajis la manière dont le plexus est formé. Ici le nerf fémoral est produit par une seule paire lombaire qui envoie une brancije au plexus scia- tique qui est formé par les deux paires suivantes. Dans la grenouille^ trois paires de nerfs entrent dans la composition du plexus fémoral; elles parcourent toute la longueur des os iléons , qui sont ici fort étendus , avant de se réunir pour former le plexus. A la hauteur de la cuisse il s'en sépare un nerf qui tient lieu àe fémoral antérieur^ qui se distribue, comme par une irradiation, aux muscles de lapartie antérieure de la cuisse. Le reste du plexus se porte dans le bassin, et forme un gros cordon qui se porte à la partie posté- rieure de la cuisse, qu'on peut regarder comme le nerf sciatique. Il s'en détache de suite un grand nombre de filets pour les nniscles de la cuisse. Vers la partie moyenne et postérieure , il se partage en deux branches qui passent sous le jarret et qui représentent les deux nerfs poplités interne et externe, qui se distribuent ensuite à la patte de derrière à peu près de la même manière que dans le pied de l'homme. ^ E. Dans les poissons. La nageoire ventrale, qui représente le pied de derrière, reçoit de-^ nerfs qui proviennent des paires vertébrales. 278 Y*" LEÇON. NERFS DANS LES \NTMAIÎX VERTÉBRÉS. Dans les poissons cartilagineux, comme la raie ^ huit ou neuf paires se portent directement en dehors vers la nageoire ventrale. Les quatre ou cinq premières se réunissent en un seul tronc qui passe par un trou particulier dont est percé le cartilage qui soutient les rayons; les autres paires se portent directement au- dessus des rayons. Tous ces nerfs se distribuent sur les muscles, absolument de la même manière que dans la nageoire pectorale. Dans les poissons osseux, comme les silures^ les paires vertébrales qui se distribuent dans les muscles intercostaux envoient des filets qui vont se perdre dans les muscles propres à mouvoir la nageoire. Quelques uns des filaments peuvent être manifestement suivis jusque sur la membrane qui recouvre les rayons. ARTICLE XVL DU NERF GRAND SYMPATHIQUE, APPELÉ ENCORE GRAND INTERCOSTAL OU TRI-SPLANCHJNIQUE. A. Dans ï homme. Ce nerf ne peut point être considéré comme prove- nant immédiatement du cerveau (i). Il est en communi- cation d'une manière toute particulière avec plusieurs paires encéphaliques, et avec les trente paires des nerfs vertébraux. [Chaque nerf vertébral, après la réunion de ses racines sensitives et motrices en un gan- (i) Cependant quelrpes a;iatomistes (Hirzel, Untet^sucliungen ûber die Verbindunqen des sympathischen Nervens mil den Hinineiuen. In-4"'5 Heidelberg, liJaS. — Razin,<1u Système nerveux de la vie animale et de la vie végétative ^etc.P.xri'^ ■, 1 841, in-4"')5 décrivent des (ilets nerveux qui, se rendant du plexus caverneux à la glande pituitaire, établiraient une commnnicaîion directe eiKre le grand sympathique et le cerveau. AET. XVI. NERF GRAND SYMPATHIQUE. 279 galion d'où sortent les nerfs qui viennent de nous oc- cuper, donne un filet probablementcomposé des mêmes éléments, et qui se porte sur le côté de la vertèbre; là, au point de rencontre avec le sympathique, il se produit un autre ganglion. Chacun de ces ganglions commu- nique par des filets avec celui qui le précède et avec celui qui le suit, en sorte qu'il résulte de leur ensemble un cordon noueux étendu depuis la tête jusqu'au bassin. Le cordon d'un côté communique avec celui du côté opposé , dans le crâne et dans le coccyx , formant ainsi une sorte de chapelet de ganglions, d'où émanent les nombreux filets qui accompagnent les artères du tronc, et ceux qui se rendent aux glandes et aux muscles in- volontaires des viscères. ] La portion du nerf grand sympathique qui est la plus voisine du cerveau s'observe dans le canal ca- rotidien de l'os temporal , où elle forme un plexus au- tour de 1 artère carotide. Nous avons indiqué déjà les filets qui l'unissent à la troisième, à la cinquième et à la sixième paire, [au glossopharyngien , au pneumo- gastrique et à l'hypoglosse, ainsi que ses communica- tions avec les ganglions ophthalmique, sphénopalatin, otiqne et sous-maxillaire.] Les filets nerveux qui produisent le plexus caroti- dien se rassemblent à la base du crâne en un seul tronc qui forme un renflement allongé, de couleur gris-rougeâtre, qui s'étend jusqu'à la troisième ver- tèbre , et qu'on nomme ganglion cervical supérieur. Ce ganglion reçoit des filets dès son origine de la pre- mière et de la seconde paire cervicale, quelquefois de la troisième et delà quatrième ; il est toujours uni avec le nerf vague, ainsi quavec l'artère carotide, par une 280 \' J.EÇON. NEUFS PASS LES AMMAUX VERTÉBBÉS. Toile ceîluleiise très serrée. Sa figure est oblougue, ovale , plus pointue inlerieurement. Aprèsavoirsubi ce renflement, le tronc du nerf, qui est alors assez grêle, descend le long et derrière Tarière carotide jusqu'à la partie inférieure du col , où il forme un nouveau ganglion nommé cejvical inférieur. Dans ce trajet, il reçoit ou donne des filets à chacune des branches cervicales par sa partie postérieure. Il s'en détache d'autres de sa partie antérieure pour le pharynx et pour les glandes, dont les filaments, en s'unissant entre eux, produisent autour des artères cai'otidcs des plexus très grêles. Les muscles de la lace antérieure du col en reçoivent aussi un grand nombre. Enfin, parmi les autres filaments qui, par leur ténuité , échap- pent aux recherches, on en remarque quelques uns qui, s'unissant aux filets de la paire vague , pénètrent dans la poitrine et vont former le plexus cardiaque in- férieui*, ainsi que nous lavons indiqué en décrivant le nerf vague. Le ganglion cervical inférieur est aplati. Sa figure varie; elle est oblongue , triangulaire ou carrée, selon les individus. U est ordinairement situé au-devant de l'apophyse trans verse de la septième vertèbre du col , et se confond quelquefois avec le premier ganglion thoracique. ïl reçoit ordinairement des filets des quatre dernières paires cervicales, rarement des paiies dor- sales. Il paraît en produire d autres qui , se portant du côté interne , vont se joindre au récurrent de la paire vague, au nerf diaphragmatique , aux nerfs qui pro- duisent les plexus cardiaques supérieur et inférieur. [Il reçoit ou donne un filet qui accompagne l'artère ver- tébrale dans le canal des apophyses transver.>es cervi- \hT. \VT. ISFRF GRAND S\ MPATHIQUE. ^281 cales , et qui s'anastomose avec les sixième , cinquième , quatrième et troisième paires vertébrales, en formant de petits renflements semblables à ceux qui existent sur le rameau caroticlien du gan(>lion cervical supé- rieur. 11 arrive assez souvent au'il existe à la hauteur de la cinquième ou de la sixième vertèbre cervicale, un ganglion intermédiaire, de volume et déforme varia- bles^ qu'on appelle cenncal moyen ou thyroïdien^ et qui donne des lameaux à l'artère thyroïdienne , au nerf cardiaque, et une anastomose avec le nerf récurrent. Ces rameaux sont fournis par le cordon qui fait com- muniquer les ganglions cervicaux supérieur et infé- rieur, lorsque le gauplion cervical moyen manque.] Le tronc du nerf sympathiipie , situé derrière far- tère vertébrale, entre dans la poitrine; et parvenu au- dessus ou un peu au-dessous de la tête de la première côte, encore recouvert par l'artère sous-clavière, il éprouve un nouveau renflement qu'on a nommé gan- glion thorncique supérieur. A ce ganglion viennent se rendre des filets nerveux des paires cervicales infé- rieures, de la première paire dorsale, et quelquefois même un autre de la seconde paire. 11 produit trois ordres de filaments : les uns vont s'miir au plexus car- diaque; les seconds forment un plexus autour des ar- tères sous-clavière et vertéb4'ale; les autres se perdent dans les muscles scalène et long du col. [Ainsi que tous les autres ganglions thoraciques, il lc)urnit, de sa partie interne, un filet qui traverse le ligament verté- bral antérieur et pénètre dans la vertèbre.] La suite du nerf grand sympathique dans la cavité de la poitrine est un peu pins grosse que sur le col ; elle 282 X^ LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTEBRES. est collée au-dessous delà plèvre, et passe par-dessus les têtes des côtes. Dans son trajet jusqu'au diaphragme, elle reçoit les filets des paires dorsales à angle aigu. A chacun des points d'union , il se forme un renflement ou ganglion qu'on désigne par des dénominations nu- mériques. Leur forme varie ainsi que leur grosseur. A la hauteur du sixième ganglion , il se détache or- dinairement des ganglions suivants cinq ou six bran- ches qui se portent en bas et en dedans, vers le corps des vertèbres. Elles s'unissent là , et il en résulte un cordon particulier, qui pénètre dans le bas-ventre par une ouverture du diaphragme, muscle auquel il donne quelques filets : on nomme ce cordon grand nerf splaiichnique. x\rrivé dans le bas- ventre , le cordon dont nous ve- nons de parler s'aplatit presque aussitôt, et forme une espèce de lunule nerveuse au-devant de l'aorte. Sa forme l'a fait désigner sous le nom de ganglion semi- lunaire, Inférieurement , il se joint à celui du côté op- posé, il en sort un grand nombre de filaments : les uns sont pour le diaphragme, beaucoup d'autres sepor- tent, sous forme de plexus, autour de l'aorte et des ar- tères rénale, cœliaque et mésentérique supérieure. On nomme en particulier plexus solaire celui qui enveloppe F artère cœliaque , et qui reçoit beaucoup de filets de la paire vague. Les autres plexus ont tiré aussi leur nom de leur situation sur les artères coro- naire stomachique ^splénique^ hépatique et mésenté- rique supérieure. Quant :iu tronc même du grand sympathique, que nous avons laissé clans la poitrine , il continue de des- cendre jusqu'au diaphragme ; mais des deux ou trois ART. XVÏ. NERF GRAND SYMPATHIQUE. 283 derniers ganglions thoraciques , il se détache un filet appelé petit nerf splanchnique ^ qui s'approche du grand, lors de son passage au travers du diaphragme, [et qui se porte dans le plexus solaire et dans le plexus rénal. ] La manière d'être du grand sympathique dans l'in- rieur du bas-ventre est à peu près la même que dans la poitrine. Il éprouve sur chaque vertèbre lombaire un renflement auquel viennent se rendre deux ou trois filets de chacune des paires lombaires. Il s'en détache aussi beaucoup de filets qui vont se joindre aux plexus que nous avons fait connaître. Ils en forment un par- ticulier awXoMv Ae\a\:\.hye mésentérique inférieure^ des artères spermatiques et hypogastriques , dont ils pren- nent les noms. Le dernier plexus donne des filets à toutes les artères voisines, au colon et au rectum, aux uretères , à la vessie et aux parties de la génération. Parvenu dans le bassin, le grand sympathique con- tinue de se porter sur l'os sacrum; arrivé vers les ver- tèbres caudales, les deux troncs devenus très grêles s'unissent et forment à leur point d'union un dernier ganglion. Dans ce trajet, il y a autant de renflements que de nerfs sacrés : il arrive cependant quelquefois qu'il n'y a point du tout de ganglion terminal. Ainsi se termine le nerf grand sympathique dans riiomme. B. Dans les mammifères. Le nerf grand sympathique des mammifères est à peu près semblable à celui de l'homme. Nous allons en présenter une description faite d'après des recherches >"*)* 284 X*" LEÇON. NERFS DA^S LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. exactes dans le loup , le raton. \e porc-épic ^ le mouton et le veau. Le g^rand sympathique s'unit inanifestement dans l'intérieur du crâne et dans l'épaisseur de la dure-mère avec la cinquième et la sixième paire de nerfs : cette anastomose est très remarquable. A son entrée dans le crâne par le trou déchiré, il est très distinct du nerf vague, mais très adhérent au pé- lioste de l'os de la caisse. Lorsqu'on tend le cordon qu'il forme, en le tiiant à soi , on voit qu'il se divise en six ou sept filets qui forment entre eux un réseau à mailles très serrées. A deux ou trois lignes de là, se- lon la grosseur de l'animal, tous ces filaments se ser- rent entre eux et s'unissent si intimement de nouveau^ que le ganglion qu'ils forment paraît comme cartilagi- neux dans sa coupe. De ce ganglion partent des filets ex- trêmement nombreux dont les uns, très courts, vont se porter dans le nerf de la cinquième paire , et dont les autres, ])lus longs et plus grêles, forment une espèce de réseau de rouleur rougeâtre, entremêlé de vaisseaux sanguins C'est ce réseau que Willis a regardé comme un petit releadmirahile. Il paraît que la communication avec la sixième paire se fait à l'aide de ce réseau qui enveloppe le nerf de toutes parts, et dont il est très difficile de le dégager. Au reste, nous n'avons pas re- marqué de branche particulière d'anastomose dans le veau et dans le hclier. Dans son trajet au travers du trou déchiré, le nerf grand sympathique donne un filet nerveux qui entre dans la caisse du tempoi-al; il s'unit aussi là d'une ma- nière intime avec la huitième paire, dont il se détache à la base du crâne pour former un gros cordon. *Hî ABT. XVI. MERf GKAlND SVMPATHIQIJE. 'iSÔ A quelques lignes de distance de sa sortie du crâne, le grand sympathique se renfle en un gros ganglion rougeâtre, de forme allongée et ovale ,* c'est le gan- glion cervical supérieur, La manière dont il s'unit aux nerfs voisins est analogue à ce qu'on observe dans l'homme. Après avoir donné ou reçu les différentes anasto- moses avec les nerfs voisins, le ganglion cervical supé- rieur se termine en un filet grêle qui se porte à la partie antérieure du col au-devant du muscle long du col jusqu'à la septième vertèbre. Dans ce trajet il reçoit des filets nerveux très grêles de toutes les paires cervi- cales- Au-devant de la dernière vertèbre du col il forme une anse qui se porte de dedans en dehors vers la pre- mière côte , sur la tête de laquelle il s'unit au pre- mier ganglion thoracique. De la convexité de Tanse partent plusieurs filets qui, parvenus dans la poitrnie, glissent le long du médias- tin sur le péricarde où ils se perdent. D'autres forment un plexus autour de l'artère sous-ciavière. Le premier ganglion thoracique est de figure seini- lunaire plus ou moins allongée, selon ranima!. Sa concavité est interne. Par son bord convexe , il reçoit ou donne quatre ou cinq filets nerveux. Le plus supé- rieur se glisse le long de Tartère vertébrale, et pénètre avec elle dans le canal en formant autour d'elle un plexus qu'on suit très haut, et qui probablement entre dans le crâne avec l'artère. Les autres filets s'unissent à la dernière paire cervicale et aux deux premières dorsales. De la concavité , ou du bord supérieur et ititerne de 286 X« LEÇON. INERFS BAJNS LES ANIMAUX VEllTEBRÉS. ce premier ganglion thoracique, partent un, deux ou trois filets qui se portent transversalement ou oblique- ment en en-bas vers les artères pulmonaires à leur entrée dans le poumon \ ils s'unissent là au nerf vague pour former \t^ plexus pulmonaire et cardiaque infé- rieur. Le tronc du nerf grand sympathique continue de descendre dans la poitrine jusqu'au diaphragme, en formant au-dessus de la tète de chaque côte un ganglion qui reçoit un filet nerveux de chacune des paires ver- tébrales; enfin, il traverse le diaphragme, en formant un cordon unique qui est le véritable nerf splanch- nique. Parvenu dans la cavité abdominale, le nerf splanch- nique se porte vers ia ligne moyenne au-dessous de l'estomac; il se divise souvent là en deux cordons qui se réunissent ensuite. De cette sorte d'anneau ner- veux sort un tronc principal ou quatre à cinq filets, qui se réunissant entre eux auprès de l artère cœliaque forment un ganglion souvent de figure semi-lunaire. Des bords de ce ganglion partent beaucoup de filets qui enveloppent les artères stomachiques, splénique et hépatique, et qui tiennent lieu du plexus solaire. D'autres filets enveloppent l'artère rénale, autour de laquelle ils forment aussi un plexus. Le tronc du nerf grand sympathique continue de descendre dans la cavité abdominale sur les parties latérales du corps des vertèbres. Chacun de ses gan- glions est à peu près de forme quadrangulaire allongée. Des deux angles supérieurs, l'un reçoit la continuation du tronc, 1 autre la paire vertébrale. Des deux infé- rieurs linterne donue une branche qui va se porter sur • ART. XVI. NEKF GliAiVD S\ MPATHiyUK. *287 l'aorte, et eoncourir à quelques uns des plexiis qui en- tourent chacune des artères qui en proviennent ; l'autre produit la continuation du tronc. Au reste le nerf (^rand sympathique se comporte , à ce qu'il paraît, dans tous les mammifères comme dans rhommejil produit les mêmes plexus, avec quelques différences dans le nombre des filets et dans les figures que forment les ganglions ; mais ces dispositions sont mêmes sujettes à varier dans 1 homme. [Les différences les plus essentielles se trouvent dans la région cervicale. Elles consistent dans Tabsence pres- que constante du ganglion cervical inférieur et du gan- glion cervical moyen: en outre, dans beaucoup de carnassiers, de pachydermes et de ruminants, le grand sympathique est renfermé le long du cou, dans la même gaine que le nerf vague, et il devient, dans quelques espèces, très difficile de séparer ces deux nerfs. Nous avons trouvé dans le magot nu grand sympatliique tout- à-fait semblable à celui de Ftiomme, et on doit pré- sumer qu'il en est de même dans les autres singes. Le iièi>re et le lapin ont ce nerf séparé du vague dans la région cervicale, ainsi que le castor^ \e parx^épic ^ le marsouin et le phoque, il y a, dans ce dernier animal, un second ganglion cervical situé sur la carotide primi- tive, à environ vingt millimètres du ganglion cervical supérieur; le nerf passe ensuite par-dessoUs Fartèi'e , croise le nerf vague, et descend tout le long du reste du col au côté externe de la carotide , tandis que le vague est au côlé interne. Dans le chat ^ selon M. Weber, la réunion des deux chaînes ganglionnaires a lieu par une anastomose de l'une des branches du premier ganglion sacré avec 288 X* I;EÇOi\. AEIÎFS DAISS LEîs AMMAUX \Ei\TÉBRES. celui du cMé opposé, et à la lin du coccyx par un ganglion allongé.] G. Dans les oiseau j^. Le nerf grand sympathique a beaucoup de rapports avec celui des mammifères. Il entre dans le crâne par la même ouverture que celle par laquelle sortent le nerf vague et le glosso-pharyngien; il s'unit aussi avec la cinquième et la sixième paire. Le premier ganglion, ou celui qui tient lieu de cervical supérieur, est de forme lenticulaire; il est situé immédiatement sous le crâne ; il communique presque aussitôt avec la neu- vième paire, et surtout avec la huitième, avec laquelle il a Tapparence de se confondre entièrement. [Mais il s'en sépare bientôt après , pour descendie tout le long du col, dans le canal où se trouve l'artère vertébrale. Au milieu de chacune des vertèbres, il forme un petit ganglion qui reçoit les filets des paires cervicales , et d'où partent des fiiets qui s'épanouissent sur l'artère. C'est là véritablement la portion cervicale du grand sympathique, comme M. Weber Fa constaté sur plu- sieurs oiseaux , et particulièrement sur Yoie^ et comme nous l'avons également reconnu sur Vautruche et sur le paon[\).] C'est au premier ganglion thoracique que le grand sympathique des oiseaux commence à devenir vérita- blement remarquable et très apparent. (l) M. Cuvier disait, dans Ja première édition, que l'on lie retrouvait aucune trace du grand sympathique sur Je col des oiseaux, et il ne dé- crivait le cordon noueux que nous venons d'indiquer que comme un filet récurrent, parti du premier ganglion thoracique. A1\T. \'\l. [\EEi GWAAD bVMJPATHJQUt . 289 Ce premier [janglion nerveux devient comme un centre duquel partent en divergeant huit filets nerveux différents : l'un va s'unir au plexus des nerfs brachiaux; le second remonte le long du col par le canal verté- bral avec l'artère , et se continue jusqu'au gangUon cervical supérieur, comme nous venons de le dire. Le troisième filet va se confondre avec le plexus cardiaque formé par la paire vague. Les trois filets suivants se portent du côté interne et vers l'avance que forment les corps des vertèbres, pour produire un cordon par- ticulier sur lequel nous reviendrons. Enfin , le septième et le huitième filet servent à unir ce ganglion avec le suivant : Tun passe au-dessous de la tête, et l'autre au- dessus, de manière à former une anse de figure losan- gique dans laquelle la tête de la côte est reçue. Chacun des ganglions qui suivent forme ainsi une irradiation nerveuse , composée de cinq , six ou sept filets, dont deux supérieurs et deux inférieurs servent d'union au ganglion qui précède ou qui suit; un ou deux à la formation d'un cordon nerveux qui tient lieu du nerf splanchnique, et un dernier qui va s'unir avec la paire de nerfs dorsaux située au-dessous. Le cordon qui est formé par toutes les branches internes du nerf grand intercostal , et qui tient lieu de nerf splanchnique, suit l'artère aorte de l'un et de l'autre côté. Parvenus à la naissance du trépied de la cœliaque , les filets nerveux qui proviennent des gan- glions thoraciques produisent en s'unissant avec lui un, deux ou trois renflements, desquels partent une infinité de filets qui enveloppent les artères de toutes parts. Les ganglions remplacent ici sensiblement ceux qu'on désigne par le nom de semi-lunaires dans 3. 19 290 X* LEÇON. NEiiFS UAIVS LES ANIMAUX VERTEBRES. 1 homme, et les fiiets qui en proviemient tiennent lieu du plexus solaire. Il se forme encore d'autres plexus sur les artères rénale et mésentérique inférieure. Le tronc du nerf continue de suivre le corps des vertèbres ; mais les gan(];lions deviennent moins sen- sibles lorsqu'il n'y a plus de côtes, et on ne s'aperçoit plus alors que d'un petit renflement au point où s'unit la paire vertébrale» Mais il part du côté interne de chacun de ces petits renflements deux ou trois filets qui viennent former un plexus sur l'artère aorte, en s'unis- saiit avec ceux du côté opposé ';î On voit évidemment la continuation du nerf grand sympathique jusque sur les dernières vertèbres de la queue. 11 est très facile de les suivre dans le cygne. [Mais les ganglions terminaux ne se réunissent pas en un seul , comme dans les mammifères. Selon M. Weber (i), dans quelques oiseaux , le pic- vert ^ par exemple, tous les ganglions thoraciques ne contribuent pas à former le nerf splanchnique; ce nerf ne commence qu'au quatrième ganglion.] D. Dans les reptiles. Le nerf grand sympathique de la tortue bourbeuse {Etnys europœa) n'est bien distinct que dans l'intérieur de la carapace, il y a bien une disposition analogue à celle du premier ganglion cervical ; cependant le nerf vague lui est tellement adhérent qu'on ne peut l'en sé- parer. Sur le col nous n'avons vu aucun filet qu'on puisse regarder comme le tronc du nerf. (l) Anal. coTnp. nervi sytnpatli.L\p>ïXy i8i7,in-8°. AKT. XVI. JNEIU (,>R4ND SYMPATHIQlii;. 291 On voit très bien sur le péritoine et sor le corps des vertèbres des ganglions nerveux qui sont manifestement produits par le grand intercostal. Les ganglions sont absolument semblables à ceux des oiseaux; ils ont deux Filets supérieurs et deux infé- rieurs qui passent sous Fapopliyse transverse de la ver- tèbre qui s'unit à la carapace. Du bord interne de cha- cun d'eux part un nerf splancbnique qui va former des plexus autour de chacune des artères que produit l'aorte ; il en part un aussi qui concourt à la formation du plexus pulmonaire. On suit très bien ce nerf jusque su ries parties latérales des premières vertèbres de la queue. [Bojanus,qui a donné une figure du grand sympathi- que de la même espèce", le représente accompagnant dans le crâne l'artère carotide et vs'unissant au nerf vi- dien et au nerf facial. A sa sortie du crâne, ce nerf est accolé au vague et au glosso-pharyngien, en sorte qu'il est difficile de dire s'il y a un ganglion cervical supé- rieur; et comme les vertèbres cervicales manquent de canal vertébral , le nerf est également accolé au vague dans presque toute la longueur du coi. Au-dessous de la sixième vertèbre cervicale , peu après la séparation du sympathique de la gaine du nerf vague, il existe un ganglion cervical moyen , duquel partent des filets qui se rendent à l'aorte, au plexus cardiaque et au plexus cœliâque. Entre les septième et huitième ver- tèbres cervicales se trouve le ganglion cervical infé- rieur, qui n'est guère qu'un renflement allongé du nerf j viennent ensuite deux ganglions dorsaux; puis, vers le milieu du dos, un troisième et dernier ganglion qui fournit les nerfs spîanchniques. Le reste du grand 292 \' LEÇON. NEUFS DANS LES ANIMAUX VEBTEBllÉS. sympathique est formé par un ou deux cordons qui ioui'nissent à la région sacrée un grand nombre de rameaux dont les divisions forment les plexus rénal, hypogastrique et sacré. Dans la tortue franche ^ le grand sympathique long- temps accolé au nerf vague, lui envoie, peu après s'en être séparé, un rameau considérable. Le premier gan- glion thoracique est allongé; ses filets externes forment un plexus axillaire ; les internes se rendent au cœur, aux poumons et à Faorte. Les ganglions suivants sont plus petits, et unis les uns aux autres par deux et même trois filets. Les nerfs splanchniques sont nombreux, et donnent des plexus considérables autour des artères. D'après M. Sw^an (i),dans le caret le sympathique est libre et distinct le long du cou , mais il envoie au nerf vague des filets de communication. Une de ses branches passe avec une division de l'artère carotide dans un canal de la base du crâne, donne un filament au facial, et communique avec le second rameau de la cinquième paire. Dans les crocodiles , il y a un grand sympathique tout'à-fait régulier. Les ganglions sont en même nom- bre que les vertèbres , aussi bien à la région cervicale qu à la région dorsale et à la région lombaire, Au col, le nerf passe entre les deux têtes des côtes cervicales. Le ganglion de la huitième vertèbre dorsale, et ceux des quatre vertèbres suivantes donnent plusieurs filets chacun , qui s'enlacent entre eux , et fournissent des rameaux à l'estomac et aux artères cœliaque et mé- (i) Illustrations of the comparative anatcmy of thc nervous systsm. By Jos. Swan. London, 1837. ART. XVI. NERF GRAND SYMPATHIQUE. 293 ' seiîtérique. Les f^angiions des vertèJDres lombaires et sacrées donnent les plexus rénal, liypog^astriqiie et sa- cré; les nerfs des ganglions coccygiens accompagnent l'artère sacrée moyenne et ses diverses branches. Dans les sauriens , il n'existe qu\in petit nombre de ganglions. Le ganglion cervical supérieur; un autre à la région du cœur pour les plexus pulmonaire et car- diaque ; deux ou trois vers les dernières vertèbres dor- sales pour le nerf splanchnique, le plexus rénal et le plexus spermatique, et enfin un ganglion à la région sacrée pour le plexus anal et les artères de la queue; mais le nerf n'en reçoit pas moins des filets de toutes les paires spinales (i). Dans les ophidiens on a longtemps douté de l'exis- tence du grand sympathique. Nous l'avons observé dans lui pithon et dans une couleuvre à collier^ où il est d'une ténuité extrême. Les ganglions de la partie an- térieure du tronc étaient très visibles dans le premier, et difficilement apercevables dans la seconde. On doit remarquer qu'ils ne sont point appliqués contre la tête des côtes, mais qu'ils se trouvent dans l'épais- seur de la membrane cellulaire qui attache l'œsophage et la trachée artère au corps des vertèbres et aux côtes , et que leurs filets de communication avec les ganglions intervertébraux sont très allongés. Dans l'une et l'autre espèce, dès qu'il a fourni les nerfs cardiaques, le sym- pathique s'approche de l'aorte, et finit par s'y accoler tellement, qu'il devient presque impossible de laper- (i) M. Giltay a décrit le nerf grand sympalliique dans l'iguane à col nu. (I^e nervo sympathico Lugduni Batav. i834-) H »'y a pas de diffe'- rence notable avec les autres sauriens. 294 X* LEÇON. NERFS DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. cevoir autrement que dans 1 animai frais. M. Swan l'a étudié et li(»uré dans le boa constrîctor. Sa description s'accorde avec nos observations sur le python : seule- ment il n'a pas aperçu d'autre ganglion que le cervical supérieur. De ce ganglion serrent deux rameaux qui longent le crâne , et vont s'anastomoser avec des ra- meaux de la seconde branche de la cinquième paire, en formant un petit renflement à chaque point d'union. On pourrait assimiler au ganglion sphéno-palatin un de ces renflements qui donne un filet à la membrane du nez. Le grand sympathique existe également dans les ba- traciens, et M. Weber assure que son dernier ganglion, qui est assez gros, communique par deux rameaux avec le nerf ischiatique, mais qu'il ne se réunit point au nerf sympathique du côté opposé. ] E. Dans les poissons. Le nerf sympathique des poissons est extrêmement grêle : c'est un simple filet nerveux qui se trouve situé de l'un et de l'autre côté de la colonne vertébrale. On reconnaît manifestement qu'il fournit des filets au pé- ritoine, et que ces filets se prolongent autour des ar- tères des intestins; on voit aussi qu'il y a, comme à l'ordinaire, des filets de communication pour chacune des paires vertébrales. Au point où s'opère l'union , les ganglions sont généralement peu sensibles: [cependant on les trouve assez grands dans quelques espèces, entre autres dans le poisson-lune et dans la loie. On peut suivre le sympathique dans la tê!e jusqu'au nerf de la cinquième paire , aussi bien dans les poissons osseux que dans les cartilagineux, quoiqu'on ait nié qu'il • AKT. XVÏ. NERF GRAND SYMPATHIQUE. 295 existât dans les derniers. On ne Fa point encore vu dans les lamproies ^ et l'on suppose cpiH y est remplacé par le nerf vap,ue qui va jusqua l'anus; mais il nous paraît vraisemblable que, dans des individus très frais, on parviendra à le découvrir (i).] (i) M. Swan a donné une fi{>ure du grand sympathique dans la roie haùs. M. Giltay ne i'a pas trouve' dans le gymnote électrique. 296 XT* LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VEBTÈBRES. ONZIESfflE LEÇON. ^ DESCRIPTION DES SYSTÈMES NERVEUX DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. Pour les nerfs, comme pour les muscles, les ani- maux sans vertèbres ne sont point tous formés sur uu plan commun, et ils présentent de si grandes dispa- rités , que nous sommes obligé d'adopter une marche différente de celle que nous avons suivie dans les trois dernières leçons. Il faut que nous procédions ici comme nous l'avons fait en traitant des organes du mouvement de ces mêmes animaux; il faut, dis-je, que nous considérions le système nerveux dans leurs différentes classes et dans leurs principaux genres. Ce qui est commun à quelques unes de ces classes se réduisant à peu de chose , ce cjue nous en avons dit aux articles III et V de la i"" leçon , et à i'articîe îil de la IX^ suffira, et nous allons de suite entrer dans les détails. ARTICLE PREMIER. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQUES. A. Céphalopodes. Dans les poidper ^ les seiches et les calmars., le sys- tème nerveux paraît se rapprocher à quelques égards de celui des animaux vertébrés. Le cerveau est ren- fermé dans une cavité parliculière creusée dans le car- A ET. ï. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQUES. 297 tila^je de la tête , lequel est percé de différents trous qui donnent passage aux nerfs. Ce cartilage de la tête a la forme d'un anneau creux et irrégulier. Sa partie supérieure contient le cerveau; sa partie inférieure renferme les oreilles et un canal demi-ciï'culaire qui communique de chaque côté avec la cavité du cerveau , et qui contient le collier médul- laire. L'œsophage traverse le centre de cet anneau cartilagineux, et se trouve par conséquent entouré par le cordon médullaire comme dans tous les autres ani- maux invertéhrés. Les parties latérales de Tanneau cartilagineux ont des proéminences qui forment de chaque côté une espèce d'orbite. Le cerveau au. poulpe se divise en deux parties dis- tinctes : [une postérieure, plus grise , à peu près glo- buleuse; et une antérieure, plus blanche, plus plate, plus carrée. On pourrait comparer la première au cervelet, l'autre au cerveau.] Le collier médullaire sort des parties latérales de ces deux portions : c'est une masse aplatie en forme de lame, dont la partie antérieure produit quatre gros nerfs qui, avec les quatre pareils de l'autre côté, vont se rendre en devant dans les huit pieds qui couron- nent la tête : nous reviendrons sur leur distribution. En dessous, ces lames se joignent et complètent ainsi le tour de l'œsophage. [ De leur partie postérieure nais- sent deux gros nerfs qui se rendent à la base des piliers de la bourse, où ils se renflent en un fort gangHon appelé le ganglion étoile. De ce ganglion sortent une multitude de nerfs disposés en rayons qui se distri- buent aux muscles du sac] De chaque côté de l'origine du collier, au point où il 298 XT*- LEÇON. SYST. NESV. DES ANIMAUX SANS VERTEBRES. sort du cervelet, naît le nerf optique : il se rend directe- ment dans ToriDite. Après y avoir fait un trajet très court, il s'y dilate en un gan(]lion plus gros que le cerveau, et qui a la forme d'un rein, dont le côté concave est du côté du cerveau. La substance de ce gan.ojlion paraît la même que celle du cerveau. Sa convexité produit plusieurs centaines de petits nerfs fins comme des che- veux, qui traversent la sclérotique et la choroïde par autant de petits trous pour aller former la rétine. [Avant son renflement, le nerf optique porte à sa face supérieure un petit tubercule sphérique, semblable à une verrue; disposition singulière à laquelle nous n'a- vons rien trouvé de comparable dans les systèmes nerveux que nous avons jusqu'ici examinés. La partie antérieure du cerveau donne trois paires de nerfs. Les deux plus internes se partagent en plu- sieurs filets qui s'irradient dans les téguments de la bouche et des pieds. L'externe contourne de chaque côté l'œsophage^ va former à la base de la masse buc- cale un ganglion bilobé, et complète ainsi en avant du grand collier œsophagien un demi-collier antérieur, que nous retrouverons dans un grand nombre de mol- lusques. Du ganglion bilobé sous-buccal partent anté- rieurement et latéralement des filets pour la bouche, et postérieurement deux paires de nerfs : l'une qui se perd dans l'œsophage, l'autre qui suit cet organe, traverse avec lui le collier cérébral et se rend à l'es- tomac. ] La partie inférieure du collier donne encore nais- sance à deux paires de nerfs. La première paire est celle des nerfs acoustiques : ils sont très courts, at- tendu qu'ils ne font que traverser une lame cartila- ART. I. CERVEAU ET NERFS DES 3I0LLUSQUES. 299 gineuse pour pénétrer dans l'oreille et s'y épanouir, La seconde paire sort du cartilage par deux trous très rapprochés, et situés au-dessous des oreilles. Les deux nerfs qui la composent descendent en dedans du péritoine vers le fond du sac. Arrivés à peu près à la hauteur du cœur, ils forment un plexus assez compli- qué, dont sortent tous les nerfs qui se rendent aux or- ganes de la circulation et de la respiration. Chaque pied a un nerf qui le traverse d'une extré- mité à l'autre comme un axe , et qui est situé dans un canal que nous avons déjà décrit en traitant des mus- cles de ces pieds. Ce nerf est renflé d'espace en espace par de nombreux ganglions qui le rendent comme tu- berculeux , et de chacun desquels partent dix ou do«uze filets nerveux. Ces filets percent en divergeant les muscles de l'intérieur du pied auxquels ils fournissent, mais ils se rendent principalement aux ventouses. [Ce nerf se divise en deux parties fort distinctes, et aux- quelles l'alcool donne une couleur différente. La partie la plus rapprochée des ventouses prend une teinte jaune, et elle se renfle en ganglions; l'autre partie est blanche et d'un calibre uniforme , et elle communique par des filets avec la première; en sorte qu'ici, comme dans les animaux vertébrés , les nerfs semblent avoir deux racines, une ganglionnaire, et l'autre non gan- glionnaire, il est vraisemblable que leurs fonctions sonf en rapport avec cette différence de structure. Le système nerveux central de la seiche se compose d'un large anneau médullaire qui entoure l'œsophage, et que nous appellerons indifféremment collier œso- phagien , collier on anneau cérébraL La portion supé- rieure ou dorsale de ce collier, ou le cerveau, est formée .100 XI* LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS YERT^.BRES. de (rois parties, étagées d'avant en arrière, et distin- .o^Liées l'une de l'autre par des lif^iies transversales ainsi que par leur couleur. I^a plus antérieure, qui est en même temps la plus inférieure, est petite, globuleuse, et lég^èresir.mt bilobée: au-dessus est la partie moyenne, large et j^late, et au-dessus de celle-ci, la troisième partie , plus blancbe que les précédentes , et de la forme d'une masse globuleuse, assez grosse et un peu bilobée. Cette dernière partie ne produit pas de nerf ; elle n'ad- bère pas par tout son contour , mais seulement par son bord postérieur, au ruban moyen sur lequel elle repose; elle est légèrement creuse et bombée, et par conséquent elle offre une disposition très comparable à celle du cervelet de quelques reptiles et poissons. Quant aux deux autres subdivisions du cerveau , elles donnent des nerfs très intéressants à étudier. La petite masse globuleuse antérieure donne des filets latéraux qui se rendent au cou, et des filets anté- rieurs qui, réunis en un seul trousseau sur la ligne mé- diane , vont après un court trajet se renfler, à la base de la masse buccale, en un petit ganglion également bilobé , et que nous appellerons gcuiglion sus- buccal. De ce ganglion partent : 1° En arrière, de chaque côté, un filet récurrent, qui vient rejoindre sur les côtés du cou les nerfs laté- raux sortis de la petite masse globuleuse antérieure du cerveau ; 2° En avant, des filets rayonnants qui se rendent aux tuniques de la bouche et des pieds ; 3^ Latéralement, un cordon de chaque côté qui contourne l'œsophage, s'unit sous cet organe à celui du côté opposé, en foimant de nouveau nu gros gan- ART. 1. CERVKAU ET iNERFS DES MOLLUSQUES. 301 glion que nous appellerons sous-buccal ^ et qui com- plète ainsi, au-devant du grand collier œsophagien, un autre collier plus petit. De ce ganglion sous-buccal partent en avant des filets qui s'irradient en grand nombre dans la masse de la bouclie. En arrière , il s'en détache deux troncs ner- veux qui, appliqués contre l'œsophage, passent avec lui à travers Fanneau œsophagien ; puis arrivés à 2 centimètres de Festomac, ils se réunissent en un seul tronc, et se renflent bientôt en un gros ganglion pyri- forme d'où émanent les nerfs qui se distribuent aux intestins. *" Quant à la portion moyenne du cerveau, en forme de ruban plat , c'est celle qui paraît plus particulière- ment constituer les côtés du collier ; mais elle donne aussi supérieurement, à droite et à gauche, un nerf large et court, qui est le nerf optique ; ce nerf se renfle presque aussitôt en un énorme ganglion à deux lobes, d'où secliappe en gerbes serrées une multitude de filets nerveux qui vont s'implanter à toute la partie postérieure de Fœil. Ce neri porte avant son renfle- ment, comme celui du poulpe, un petit tubercule sphérique. La portion inférieure du collier cérébral est plus large que la supérieure, mais aplatie, et formant une sorte d'écusson ou de plastron. Deux scissures trans- versales incomplètes la partagent en trois parties, dont les deux dernières sont de couleur grise , et l'antérieure de couleur blanche. La partie moyenne ne donne pas de nerfs ; elle est proprement la continuation des deux cordons latéraux du collier; mais il sort des nerfs des parties antérieure et postérieure. L'antérieure donne 302 Xr LEÇON. SYST. «ERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. les dix grands nerfs des pieds, La postérieure donne de sa face inférieure : i "^ le nerf acoustique qui entre immédiatement dans la cavité des oreilles creusée dans la portion du cartilage située sous l'œsophage ; 2^ un petit filet qui traverse le cartilage et en sort en arrière, en passant sous la cavité de Foreille pour aller se perdre dans le cou. Enfin le bord postérieur du plastron médullaire du collier donne trois nerfs de chaque côté. 1. L'un, placé à l'angle externe, se rend à Tenveloppe du cou. 2. L'autre j plus gros et situé en dedans, se rend à un ganglion volumineux, nommé ganglion étoile^ situé sur le côté du corps; mais avant d'y arriver, il fournit un rameau interne qui, après avoir reçu une anastomose du ganglion, perce l'enveloppe du corps, et se porte en partie à la nageoire et en partie à la membrane de l'os. Du ganglion étoile rayonnent quatorze ou quinze filets nerveux qui se répandent dans les parties environnantes. 3. Enfin le troisième nerf, placé sur la ligne médiane, est accolé à son con- génère dans un trajet de 3 à 4 centinsètres; puis il s'en sépare, et chacun d'eux se partage en deux branches dont l'externe va au pilier de l'entonnoir, et Tinterne aux branchies, au cœur et aux organes delà génération. Le système nerveux de ïargoîuiute a beaucoup de rapports avec celui de la seiche (1). Même division de la partie supérieure du collier œsophagien; même existence d'un petit collier antérieur ou buccal; mêmes (1) il a été décrit et H^uré avec beaucoup de soin par M. Van Benc- den. Exercices zootomi(fU€S^fascic. i. BiuxeUes, 183^, in-4''. ÀR'X. 1. CKJâVEAU KT iNEliFS DES SiOLLUSQUES. 303 nerfs qui s'en détachent. Les nerfs des yeux ne se ren- flent pas aussitôt que dans la seiche , et les faisceaux qui en naissent sont beaucoup plus courts ; de plus, ce n'est pas sur le nerf qu'est implanté le petit tubercule verruqueux, mais sur le ganglion optique lui-même. Les nerfs des bras sont , comme ceux du poulpe , composés de deux filets : Tun qui se renfle en ganglion vis-à-vis de chaque suçoir; Tautre lisse, et qui envoie d'espace en espace des faisceaux nerveux au précédent. Les nerfs de l'estomac, venus du ganglion sous-buccal, se renflent en un ganglion stomacal, et ceux des bran- chies en un ganglion près de loviducte. Dans le nautile flambé {iiautilus pompilius^ Lam.) ( i ), espèce de céphalopode à quatre branchies et à nom- breux tentacules rétractiles, le système nerveux cen- tral n'est point contenu dans un cartilage et le cer- veau n offre point de divisions ; il est formé d une simple bande nerveuse placée transversalement sur l'œsophage , et qui donne naissance à un collier, double inférieurement, et y offrant de chaque côté un ren- flement aplati. La partie supérieure du collier ou le cerveau donne de son bord antérieur des nerfs à la langue et aux muscles de la bouche ; de sa partie pos- térieure, il fournit, en partant de la ligne médiane, les nerfs des tentacules oculaires postérieurs , les nerfs ou plutôt les ganglions optiques, puis ceux de l'organe de l'odorat, et sous ceux-ci, au nombre de trois de cha{|ue côté, les nerfs de l'oreille qui s'enfoncent dans la corne du cartilage qui soutient les muscles de •v...f (i) Rich. Owen, Meinoir on the pearly nautilus. London, iBSa, in-4. ttî — Valenciennes, même sujet, Archives du Muséum^ iSSg, 304 Xl* LEC03N. SYST. l\£HV . DES ANIMAUX SAINS VERTÈBKES. Fentonnoir : puis enfin les nerfs des tentacules oculaires antérieurs. Inférieurement;, la partie antérieure du collier donne en avant les nerfs pour Fentonnoir, pour les tentacules et pour les organes lamellaires de la base des bras qui portent ces tentacules. La partie postérieure de ce collier fournit en arrière les nerfs des muscles du corps , lesquels ne forment point de ganglion étoile; piiis de sa face inférieure et élargie il se détache une paire de nerfs rapprochés de la ligne médiane, et qui, après un trajet d'environ 5 centimètres, forment chacun un ganglion, d'où partent du côté externe les nerfs de la circulation et de la respiration, et du côté interne ceux des organes de la digestion.] B. Ptéropodes. [Dans les ptéropodes et les gastéropodes il n y a plus, comme dans la seiche, un collier antérieur ou buccal complet, mais seulement, comme dans le poulpe, un demi-colUer, ou plutôt un ganglion sous-œsophagien simple ou double, uni au cerveau par deux filets, et dont nous parlerons plus bas. Quant au système ner- veux central, on y retrouve au milieu de certaines variations secondaires, une division fondamentale et très remarquable. Il est formé par trois ordres de gan- glions qui complètent, au moyen des cordons qui les unissent, un collier autour de l'œsophage (i). (i) Nous avons constate l'exaclitude de cftle intéressante observation que M. Souleyet a fait connaître en résume dans les Comptes -rendus des séances de l'Académie des sciences, i843, et dont il a donné de très beaux dessins , dans la partie zoologique du Voyage de la Bonite. ART. I. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQUES. 305 J.es ganglions supérieurs constituent: le cerveau pro- prement dit : iis sont le plus souvent réunis sur la ligne médiane au-dessus de Toesophage, mais quelquefois séparés par un cordon plus ou moins long , de telle sorte qu'ils peuvent se trouver reportés sur les côtés. Ces ganglions fournissent les nerfs des tentacules , des yeux et de la bouche. Les deux autres ordres de ganglions sont inférieurs. Une première paire est formée de deux ganglions, quel- quefois confondus en un seul, ou bien unis par une com- missure, et qui fournissent les nerfs aux organes de la locomotion et de la sensibilité générale. On y remarque en outre une petite poche que Ton croit être Torgane de Faudition. Une seconde paire est, comme la précédente, tantôt confondue en une masse unique et médiane, tantôt formée de deux ganglions liés par une commissure; elle donne des nerfs aux branchies et aux viscères. Cette seconde paire est plus ou moins intimement unie en avant avec la première, de manière à former à la partie inférieure du collier, suivant les combinai- sons qui ont lieu dans les divers genres, tantôt un gan- glion bilobé de chaque côté, tantôt un ganglion mé- dian unique et trilobé. Quelquefois encore , quand les ganglions supérieurs s écartent l'un de l'autre et se rap- prochent des inférieurs, il peut y avoir de chaque côté un ganglion à trois lobes. Fréquemment , le cordon médullaire qui lie le cer- veau aux ganglions inférieurs est formé de deux cor- dons bien distincts qui se rendent dans chacun de ces derniers. Enfin , outre ces trois paires de ganglions, les nerfs 3. 20 306 Xl'' LEÇON. SYST. i\EKV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBBES. que le cerveau donne eu avant à Ja masse buccale se réunissent sous l'œsophage, et forment un ou deux ganglions qui fournissent des nerfs à la bouche, et, par deux hlets récurrents , à Toesophage , ce qui les a fait désigner sous le nom, maintenant fort répandu, de nerfs stoniato-gastriques , De ces dispositions il résulte que, lorsque les deux paires inférieures de l'anneau cérébral sont séparées, le collier se trouve être composé de trois parties abou- tissant supérieuiement dans les ganglions cérébraux, comme serait une bague dont le chaton réunirait trois anneaux. Les n rfs qui viennent de la seconde paire de gan- glions inférieurs éprouvent aussi quelquefois, avant de se distribuer aux parties, des renflements ganglion- naires. On trouvera, dans le détail que nous allons mainte- nant donner du système nerveux de divers genres de ptéropodes et de gastéropodes, des exemples des combinaisons variées que peut offrir la disposition de ses parties constituantes. Dans les hyales^les gaaglions cérébraux sont placés sur les côtés de l'œsophage, la commissure qui les réunit est un cordon aplati ; les ganglions des nerfs lo- comoteurs sont pyriformes et se touchent par leur gros bout; les ganglions viscéraux sont réunis en une masse impaire , et placés derrière et entre les premiers; les ganglions sous-buccaux sont réunis en un petit disque, oblong transversalement et très rapproché des précédents (i). (i) Voy. la partie zoologique du Voyage de la Bonite ^ 4Mi\Taison des mollusques, pi. 9. ART. l. CERVEAU Eï NERFS DES MOLLUSQUES. 307 Dans les pjieuinodermes ^\e cerveau est à deux lobes, et chacune des deux paires de ganglions inférieurs forme aussi un ganglion bilobé; entre celles-ci, de chaque côté, il y a un petit ganglion qui les fait com- muniquer l'une avec lautre. Ces ganglions inférieurs sont réunis au cerveau par deux cordons bien séparés. Les filets nerveux qui se rendent au ganglion sous- buccal sont très déliés, et les rameaux antérieurs que fournit ce ganglion éprouvent également de petits ren- flements. Dans Xeuribie y le cerveau est composé de huit gan- glions presque contigus , réunis entre eux par un large cordon aplati; deux supérieurs, deux inférieurs, qua- tre latéraux, l'un ii^terne et l'autre externe de chaque côté. Dans les cléo dores ^ le système nerveux l'essemble entièrement à celui des hyales. ] G. Gastéropodes , Dans Y escargot {Jielix poinatia) ^ le cerveau se trouve placé sur l'œsophage, derrière une masse ovale de muscles qui enveloppe la bouche et le pharynx, et que nous décrirons à l'article delà mastication. [Il est de forme oblongue, transverse, un pen rétréci au mi- lieu. Les angles postérieurs se prolongent de chaque côté en un cordon qui entoure l'œsophage et qui forme en s'unissant avec un gros ganglion placé au-dessous un anneau assez large pour que la masse chaioue de la bouche y passe tout entière lorsqu'elle se retire forte- ment en dedans. Tous les nerfs partent de Fune ou de l'autre de ces deux masses. Ceux que fournit le cerveau , sortent de son bord antérieur et de son bord latéral. Il y 308 Xl» LEÇON. 8\ST. NERV. DES ANIMAUX SAKS YERÏEBRES. eu a d'abord deux pour la masse charuue de la bouche. Le troisième et le quatrième sont des filets ténus qui vont à la peau voisine de la bouche; le cinquième se distribue à la tunique externe du tentacule supérieur. Le sixième est le nerf du tentacule optique; il est ^ros, et sa gaine est teinte de noirâtre. Après avoir fait une multitude de replis dans la partie creuse du muscle de ce tentacule, il se termine dans la papille de son extré- mité, après avoir donné un filet au globe de l'œil. Au-dessus de ce nerf du côté droit, naît un nerf im- pair pour la verge; celui-ci se divise en trois bran- ches, dont deux, après avoir formé un petit plexus, se rendent dans la gaine de la verge ; Fautre suit le canal déférent, et pénètre avec lui dans le corps de la verge. Immédiatement sous le nerf du tentacule optfque, naît de chaque côté un petit nerf qui se rend sous l'ori- gine de l'œsophage , et forme avec son congénère un petit ganglion qui fournit les nerfs de la bouche, de l'œsophage et de l'estomac, et forme ainsi un demi- collier antérieur. Vient ensuite de chaque côté le cordon du colher cérébral. Les nerfs du ganglion sous-œsojShagien , qui est ar- rondi et presque égal en volume au cerveau, partent, les uns de sa face supérieure et de son bord postérieur, les autres de toute sa face inférieure. s. Parmi les premiers, on distingue : i*> Un nerf impair qui suit la grande artère de la tête et du pied ; Q° LTn nerf du côté droit qui va se distribuer aux environs de l'orifice de la respiration ; 3° Un second du même côté , mais plus interne, qui A HT. I. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQUES. 309 pénètre dans l'enveloppe générale un peu plus bas; 4° Du côté gauche, il y en a deux qui se rendent à la jonction du corps avec le bourrelet charnu par où rentre la tète, et se distribuent tant à ce bourrelet qu'au poumon et au diaphragme. Les nerfs qui naissent de la partie inférieure du ganglion, et qui sont très nombreux, se rendent tous dans le pied, en passant entre les diverses languettes de son muscle rétracteur; il y en a qui vont en avant jusqu'aux lèvres (i). Dans la limace {^llmax rufus^ le cerveau forme comme un ruban étroit, situé entravers de l'œsophage, et qui s'élargit et se renfle à ses parties latérales. Le ganglion formé par la réunion des cordons latéraux est plus considérable que le cerveau; il est composé de deux parties superposées et qui se touchent seulement par leurs extrémités : les cordons d'union avec le cer- veau sont courts, et les deux masses ont l'air de n'en former qu'une en forme d'anneau. De la partie in- férieure du ganglion sous-œsophagien partent deux troncs principaux qui se portent en ligne droite , tout le long du dessous du corps, en conservant une di- rection à peu près parallèle , et en donnant de leur bord externe les nerfs du pied et de l'enveloppe gé- nérale, excepté ceux des côtés de la tête, qui par- tent immédiatement du ganglion lui-même, (icux du diaphragme et de la cavité pulmonaire sortent du même ganglion. Ija partie supérieure de ce ganglion donne deux (i)Cuvier, Mémoire sur la limace et le colimaçon ^ anat, des mollus- ques, in "4, 1817. M 310 XI^ LEÇON. SYST. NERY. DES ANIMAUX SANS VEBTÈBRES. nerfs, de chaque côté, qui se rendent aux viscères, eu suivant la distribution des artères. ] Quant au cerveau proprement dit, il donne d'abord de chaque côté un nerf pour la masse charnue de la bouche , puis deux pour cbacune des grandes cornes, l'un desquels va à l'œil, et tient lieu de nerf optique : plus en dehors, viennent les nerfs des petites cornes ; [enfin deux petits filets se rendent sous la bouche, for- ment là deux petits ganglions réunis par une commis- sure transversale, et d'où partent de petits filets pour la bouche et l'œsophage. On voit que dans ces deux exemples les deux paires de ganglions inférieurs sont réunies en un seul ganglion médian. Dans la limnée glutineuse , le système nerveux cen- tral est composé de douze ganglions qui entourent en dessous l'œsophage de trois colliers. Les ganglions cé- rébraux, séparés par une commissure, fournissent les nerfs des tentacules et des yeux; celui du côté droit, qui est trilobé et plus gros que celui du côté gauche, donne le nerf de la verge ; puis ils donnent antérieurement chacun le filet qui va former le demi-collier antérieur ou sous-buccal, et postérieurement le filet destiné au demi-anneau postérieur. Le premier est composé de trois petits ganglions, un médian et deux latéraux. Il en part, comme à l'ordinaire, les nerfs de la bouche et de l'œsophage. Le second est formé de deux ganglions de chaque côté , assez distants l'un de l'autre , qui donnent des nerfs aux glandes salivaires et aux parties voisines; et d'un ganglion impair médian qui com- plète ce collier et donne deux longs filets à l'estomac, au foie, et aux parties postérieures de la génération. 4b: ART. I. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQUES, 311 Le collier moyen est composé seulement de deux gan- glions qui donnent les nerfs du pied et cpelques filets aux organes de la génération (i). Dans la tritonie de Hombei^g , la portion supérieure du collier cérébral offre quatre ganglions. Les deux in- termédiaires sont oblongs, les deux latéraux arrondis et plus petits. Des ganglions moyens naissent la pre- mière et la deuxième paire de nerfs qui vont aux tégu- ments de la bouche ; la troisième qui va aux tentacules^ et la quatrième aux yeux ; les nerfs des ganglions latéraux vont aux muscles des mâchoires et aux parties latérales de Tenveloppe générale et musculeuse du corps et aux parties delà génération. Les nerfs des viscères viennent de deux petits ganglions situés sous l'œsophage , et qui forment , au moyen des deux filets qui les unissent au cerveau, le demi-collier antérieur ordinaire. Le collier cérébral est complété en dessous par un simple cordon, parce que, ici, les ganglions inférieurs sont contigus aux ganglions cérébraux, et qu'ils sont séparés par une longue commissure. Le cerveau , dans \s.phylliclie à trois bandes et dans \e pleuwbranche de Péron^ forme un gros ganglion qui fournit les nerfs des yeux et de l'enveloppe générale, et à droite ceux de la génération. Les nerfs des viscères prennent naissance du ganglion sous- œsophagien. Dans Xaplysie bordée^ le cerveau est un ganglion carré ayant à son centre une masse rougeâtre grenue. Les cordons qui l'unissent aux ganglions sous-œsopha- giens sont divisés en trois filets courts, de sorte que ces ganglions sont placés aux côtés de l'œsophage, et que (i) Van Beneden, Exercices zootomiq.^i^i'i'^. 312 xr LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS YEETÈBRES. le filet qui achève le collier en dessous est très allongé. Ces ganglions sont à trois lobes, et ils donnent un second filet qui les réunit encore par une seconde com- missure en embrassant le grand tronc artériel , que Ton voit aller le long de Fœsopbage du cœur à la boucbe. La première paire de nerfs que le cerveau fournit va former, comme à l'ordinaire, sous la masse charnue de la bouche, un ganglion à deux lobes qui donne les nerfs de la bouche et de l'oesophage; le cerveau fournit ensuite des nerfs aux tentacules , à la verge et aux téguments environnants. Les ganglions latéraux donnent , de leur partie inférieure, douze ou treize filets qui se rendent à toutes les parties musculaires de Tenveloppe du corps, et de leur partie supérieure mamelonnée, un long filet qui va former avec son correspondant un ganglion près de l'origine du tronc artériel; de celui-ci sortent les nerfs du cœur, des branchies et des tégu- ments de la coquille. Les trois filets du cordon qui joint le cerveau aux ganglions latéraux , les trois lobes qui composent ces ganglions et les deux commissures inférieures qui les réunissent, montrent ici à la fois distinctes et très inti- mement unies les deux paires de ganglions inférieurs( i ). Dans la carinaire^ le cerveau est divisé en quatre lobules placés par paires l'un au-devant de l'autre. Les postérieurs donnent les nerfs des yeux, et les antérieurs les nerfs de la trompe ou masse buccale ; deux de ceux-ci se renflent en un ganglion bilobé.Des lobes postérieurs partent deux longs filets qui vont former deux paires de ganglions sous-intestinaux vis-à-vis de la naissance de (i) Cuvier, Mém. sur le genre apljsia^ ouv. cit. ART. I. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQUES. 313 la nageoire et des branchies, et qui donnent des nerfs au cœur, aux branchies, à la nageoire et à la queue (i). Dans la fîrole à crête ^ le cerveau se compose d'un disque elliptique superposé à quatre ganglions, placés deux à deux les uns au-devant des autres, et réunis en dessous de l'œsophage par un cordon très ténu; du disque sortent les nerfs optiques et ceuxdel'enveloppe de la tête. Les deux ganglions antérieurs donnent chacun un nerf pour la trompe, et deux ou trois filets presque imper- ceptibles pour l'œil correspondant; les deux posté- rieurs chacun un long filet d'où partent divers ramus- cules le long du corps , et qui viennent se rendre à un ganglion sous-intestinal situé à la hauteur delà naissance de la nageoire, comme dans la carinaire. Ce ganglion fournit des nerfs à la nageoire et aux parties environ- nantes en s'irradiant ; puis, comme le cœur et les bran- chies sont encore très éloignés, un long cordon, qui sort de sa partie postérieure, longe le canal intestinal, va se rendre près dunucléus, et là, si notre obser- vation ne nous a pas trompé , forme encore un petit ganglion qui donne au cœur, aux branchies et à la queue , des nerfs comparables par leur finesse à des fils d'araignée. Dans \di phasianelle ^ le cerveau se compose, comme dans la plupart des pectinibranches, de deux ganglions fort écartés l'un de l'autre, et réunis par un cordon transversal qui passe sur l'œsophage, et par un autre qui passe dessous. En avant, ces ganglions donnent les nerfs des tentacules et des lèvres, et les deux filets or- dinaires qui vont former, sous la naissance de Tœso- (i) Cuvier, Mém. sur l'haliotide , la ptérotrachée^ etc., ouv. cit. 314 Xl" LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. pliage, un petit ganglion double d'où sortent les nerfs particuliers du canal intestinal; en arrière partent les autres nerfs du corps. Dans le buccin àe no?> co\.es> [buccinum undatum)^ le cerveau, placé sous la trompe, est allon.oé d'avant en arrière, et surmonté d'nn tubercule qui fournit les nerfs des tentacLdes. La partie antérieure de ce ganglion donne les nerfs du pied, et sa partie postérieure ceux des muscles de la trompe et du corps. Nous n'avons point aperçu le demi-anneau antérieur sur des indivi- dus conservés dans l'alcool, mais nous avons trouvé le ganglion sous-œsophagien du collier cérébral formé de trois renflements, un médian plus grand et deux laté- raux plus petits. Ces derniers fournissent chacun un gros nerf qui s'unit promptement à son congénère, et s'en sépare ensuite ; tous deux suivent la courbure de l'œsophage, et se rendent probablement à la trompe; le ganglion médian et un peu postérieur donne un nerf à droite pour la verge, et un nerf médian qui suit l'œ- sophage et descend vers l'estomac. Dans le murex tvitonis^ le cerveau est une masse tri- lobée dont la partie centrale plus épaisse semble super- posée ( du moins dans des individus conservés dans l'al- cool) , à trois ganglions réunis, un antérieur et deux postérieurs. De hi partie centrale sortent les nerfs des tentacules et des glandes de la bouche; du ganglion antérieur , les nerfs des muscles de la trompe et du pied ; des gangUons postérieurs, les nerfs des organes de la gé- nération, ceux des muscles du corps, du cœur et des branchies. Au bord droit de Tœsophage le cordon qui forme le colHer passe sous l'artère en s' enfonçant sous une bride musculaire du plancher de Fœsophage et ART. T. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQtfES. 31 5 de la trompe, et, dans ce trajet, il fournit un nerf la- téral , puis un gros nerf longitudinal qui reçoit une ana- stomose du précédent. Ces deux nerfs se portent dans les muscles du côté droit du col du pied. Dn côté gau- che, il n'y a qu'un nerf longitudinal qui sort du collier près du cerveau, et s'enfonce au côté gauche du col du pied. Du cordon du collier se détachent encore an- térieurement des filets qui nous ont paru se rendre à un petit ganglion situé à la base de la trompe , duquel partent des filets antérieurs pour la trompe, et des filets postérieurs pour l'œsophage. ç^ Le vermetus muricatus a, selon délie Chiaje(i), un cerveau composé de deux ganglions latéraux, et d'où partent deux colliers sous-œsophagiens; uii premier qui se renfle en dessous en deux petits ganglions, un second qui n'est formé que par un simple cordon. Du ganglion cérébral droit naît un nerf particulier qui forme, près de l'œsophage, un ganghon d'où sortent les nerfs des viscères. Le cerveau de Xhaliotide commune est formé de deux ganglions latéraux, réunis par un cordon trans- verse , qui donne quatre filets nerveux pour les par- ties antérieures de la tête et pour la trompe. Les nerfs des tentacules et des yeux sortent des ganglions eux- mêmes. En arrière, ces ganglions donnent chacun deux cordons qui complètent le collier autour de l'œso- phage , et qui s'unissent en un ganglion un peu enfoncé dans la face antérieure du muscle principal. De ce ganglion sortent les nerfs des viscères , des parties la- (i) Instituzioni di anatomia comparata. Napoli, 2 vol. in-8, avec planches. 316 XI* LEÇON. SYST. NERY. DES ANIMAUX SANS VERTEBRES. térales de Feuveloppe et ceux du pied. Ces derniers, au nombre de quatre, deux de chaque côté, traversent le muscle d attache à la coquille, et régnent jusque vers Textrémité du pied, en donnant des filets latéralement. Les deux cordons qui sortent du cerveau pour al- ler rejoindre le ganglion sous-œsophagien annoncent que l'on doit considérer ce ganglion comme formé des deux paires inférieures réunies en une seule masse nerveuse. Le système nerveux de Xd^ patelle commune est fort semblable à celuiderhaliotide(i).LTncordontransverse se renfle de chaque côté de la bouche en un ganglion qui fournit les nerfs des yeux et des tentacules. Le col- lier est formé de deux cordons de chaque côté , qui se rendent sous Fœsophage à un ganglion trans verse , d'où partent les nerfs du pied, du muscle circulaire et des viscères; les deux extrémités de ce ganglion sont unies par un cordon ou commissure transversale , ce quLsemble indiquer qu'il est composé de deux parties contiguës seulement par leurs extrémités, comme nous lavons vu dans la limace. ] D. Acéphales, , a. Acéphales testacés. Le cerveau des mollusques acéphales testacés est formé sur un plan beaucoup plus uniforme que celui des gastéropodes. Dans tous , depuis V huître jusqu'à ]r pholade et au trjjet, il ne présente aucune différence essentielle. [ On n'y retrouve plus le demi-collier anté- rieur ou sous-buccal, et les deux paires de ganglions (i) Cuvier, Mém. inrVhalJotuJej ete.-, oiiv. cifé. Akt. I. CERVEAU ET NERFS DES MOLLUSQUES. 317 que nous avons vues former la partie inférieure du col- lier cérébral, et fréquemment réunies dans les mollus- ques précédents, demeurent toujours séparées dans ceux-ci, et complètent deux colliers de grandeur sou- vent très inégale.] Dans les anodontes , dans les bucardes , les venus , les mactres , et, en général , dans toutes les bivalves qui ont deux muscles cylindriques, un à chaque extrémité de leurs valves, destinés à les rapprocher, la bouche est placée auprès d'un de ces muscles, et Fanus auprès de l'autre; le pied sort vers le mi- ^ lieu du bord de la coquille, et les tubes des excré- ments et de la respiration, lorsqu'ils existent, sortent par le bout de cette coquille opposé à celui où est la bouche. Le cerveau est composé de deux ganglions écartés, situés de chaque côté de la bouche et réunis par un cordon qui en suit le bord supérieur. Il four- nit deux cordons eu avant qui se portent dans le muscle voisin, et qui, en se détournant chacun de son côté , entrent dans les lobes du manteau et rampent chacun tout le long du bord du lobe dans lequel il a pénétré. Le cerveau fournit de chaque côté quelques filets aux tentacules et aux lèvres. En outre , ses .«^«^an- .glions donnent chacun deux cordons pour les collieis. i"" Un cordon externe qui rampe sous la couche musculaire qui enveloppe le foie et les autres viscères, et qui se continue en s'épaississant pour former le ^'pied, qui est souvent une filière. Arrivés au muscle ad- ducteur postérieur qui ferme les valves, les deux cor- dons se rapprochent l'im de l'autre, et s'unissent, en se renllanl, pour former un ganglion bilobé (le ganglion branchial); il est au moins aussi gros que le cerveau, et toujours beaucoup plus facile à distinguer. 11 318 XI^ LEÇON. SYSÏ. NËRV. DES ANIMAUX SANS VERTEBRES. donne deux nerfs principaux de chaque côté, et les quatre ensemble représentent une espèce de sautoir; les deux antérieurs vont en remontant un peu du côté de la bouche, et, après avoir décrit un arc , pénètrent dans les branchies ; les deux postérieurs passent sur le muscle adducteur, et après lui avoir donné quelques filets , se rendent dans le manteau ^ dont ils suivent le bord jusqu'à ce quils se joignent à ceux du cerveau, ce qui en fait un cercle continu. Entre ces deux-ci, le ganglion donne aussi des nerfs pour le muscle adduc- teur, et entre les cordons latéraux et les nerfs bran- chiaux, il fournit quelques filets aux viscères ; [ 2° Un cordon interne qui s'enfonce dans le pied , et, arrivé vers le milieu de sa base, forme avec son congénère un ganglion bilobé (le ganglion pédieux) qui donne des nerfs au pied et à l'organe de Touïe.] Dans les acéphales testacés, dont le pied sort par une extrémité toujours ouverte de la coquille, et les tuyaux par l'extrémité opposée, c'est-à-dire dans les /n/es^ïes soleils et les pholades , la bouche est moins proche d'une extrémité, et le cerveau par conséquent. Les nerfs qui sortent de celui-ci font donc un trajet beau- coup plus long eivant de diverger pour aboutir au man- teau. En revanche , les cordons du collier branchial en font un bien plus court avant des unir. H y a un assez grand espace, surtout dans les solens . entre la masse des viscères situés dans la base du pied. et le muscle postérieur. C'est dans le milieu de cet espace, entre les branchies de l'un et de l'autre côté , qu'est situé le ganglion branchial. Il est rond, et beaucoup plus vi- sible que dans les auties espèces. Lesnerfs qu'il donne sont au reste absolument les mêmes. Dans Vhuitre^ qui n'a point de muscle adducteur % ART. I. CERYEAU ET NEUFS DES MOLLUSQUES. 319 la partie antérieure, le cerveau se trouve, ainsi que la bouche , sous Fespèce de capuchon que le manteau forme vers la charnière ; le ganglion branchial est situé sur la face antérieure du muscle adducteur unique, im- médiatement derrière la masse des viscères. [Comme il n'y a point de pied dans l'huître, le ganghon pédieux n'existe point , et les deux cordons internes des gan- glions cérébraux, très déliés, envoient quelques fila- ments à Tendroit qu'occupe le pied dans les espèces pourvues de cet organe. Cette structure se retrouve, à peu de différences près, dans les divers genres d'acéphales testacés ( i ) : seule- ment, lorsque les branchies sont réunies en arrière sur la ligne médiane, comme oans les mactres^ les myes ,ies solens , le ganglion branchial est toujours simple , quoique bilobé; mais lorsque , comme dans les mo- clioles , les avicules ^ les lithodomes ^ les arches^ les branchies sont éloignées, il y a deux ganglions bran- chiaux plus ou moins écartés, et réunis par une com- missure. Dans Yoiiguliue, M. Duvernoy a trouvé de chaque côté du ganglion branchial un tiès petit ganglion sphérique. Dans le pecteii rnaximus , le ganglion branchial fournit d abord les nerfs bi'anchiaux , qui donnent, avant de se recourber, des nerfs aux oreillettes du coeur, puis quatre ou cinq gros nerfs de chaque côté, qui vont en rayonnant et en se bifurquant successivement jus- qu'au bord du manteau, où ils aboutissent à un cordon circulaire fourni par le cerveau j celui-ci donne un (i) Garner, On the nervous System of molluscous animais. Trans. Linn., t. XVII, 1837. — Duvernoy, dessins inédits. 320 Xl^ LEÇON. SVST. NEHV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. filet à chacun des nomJDreux tentacules qui bordent le manteau, et dont quelques uns sont regardés comme des tentacules oculaires. Nous voyons donc que, dans les acéphales testacés, il y a, comme dans les {gastéropodes et les ptéropodes, mi collier nerveux , simple à sa partie supérieure ou dorsale , et le plus souvent double à sa partie inférieure ou ventrale; que les ganglions cérébraux sont toujours écartés l'un de l'autre ; que ceux du collier inférieur et antérieur, ou collier pcdieux, sont réunis en un seul, et qu'il en est souvent de même des ganglions du collier inférieur et postérieur ou collier branchial; que de plus ces derniers se trouvant fort éloignés de la bouche , ce second anneau occupe un espace beau- coup plus grand, puisque le pied, lorsqu'il existe, et toujours l estomac et le foie, passent dans l'intervalle de ses cordons.] p. Acéphales sans coquille. Ce que l'on connaît jusqu'à présent du système ner- veux dans les ascidies consiste en un ganglion oblong, placé dans l'épaisseur de la tunique propre , entre la production qui donne entrée aux branchies et celle où répond l'anus. Parmi les branches qu'il donne, on en distingue deux qui remontent vers l'œsophage et l'entourent d'un anneau qui représente l'anneau céré- bral ou œsophagien. Le ganglion répond à celui qu'on trouve dans les bivalves, entre les branchies, et vers l'origine du tube qui amène l'eau (i). E. Brachiopodes, 1 . 11 n'a été possible d'apercevoir dans le seul indi- À (i) Cuvier, Mèm. sur Its ascidies et sur leur aiiat.^ p. i5, ouv. cit. AilT. 1. CEiiVEAU ET KERFS DES MOLLL'SQl-ES. 3*21 vidu de ia luigule disséqué par M. Giivier (i) que quel- ques gauglions vers l'étrauglement situé à la base des bras. 2. Dans une orbicule^ M. Owen (2) a vu sur les côtés de l'œsophage, près de la valvule perforée, deux petits ganglions d'où partent deux filets qni accompagnent l'œsophage à travers ia paroi membraneuse , puis di- vergent ;, passent des muscles externes aux muscles antérieurs de ia coquille et suivent les artères près du cœur. Du côté opposé de Festomac se trouve un seul petit ganglion, que M. Owen suppose être le cerveau.] F. Cirrhopodes. Dans les tritons de Linnaeus , c'est-à-dire dans les anafifères et les glands de mer ou balanites (Jepas , Lin.) qui sont peut-être plus voisins des crustacés et sur- tout des monocles, que des mollusques, le système nerveux tient une sorte de milieu entre celui des mol- lusques et celui des crustacés et des insectes. Le cerveau de Xanatije {lepas (inati/era) se com- pose de quatre petits lobes placés en travers sur la bouche , qui donnent quatre principaux nerfs pour les muscles et pour les viscères. Les deux cordons latéraux qui forment un collier autour de l'œsophage donnent chacun un nerf qui paraît se rendre aux branchies, puis ils se réunissent par le moyen de deux ganglions qui fournissent les nerfs de la première paire de pieds ; (i) Cuvier, Mém. sur ranimai de la lingule. Onv. cit. (2) R. Owen, On the anatomy of the brachiopodn of Cuvier and more especially of the gênera terebratula and orbicula. Dans. Trans. zool. vol. I in-4. 3. 21 322 XP LEÇON. SYST. NEHV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. ils marcheot ensuite parallèlement le long du ventre, entre les bases des pieds, se renflant en doubles gan- glions vis-à-vis de l'origine de chaque paire de pieds, à laquelle ils donnent des nerfs (i). [ Il résulte de ce qui précède que le système nerveux des mollusques consiste en un cerveau placé sur rœso- pbage ou à ses côlés , et en un nombre variable de gan- glions tantôt très rapprochés du cerveau , tantôt sé- parés de lui par des commissures plus ou moins lon- gues, qui forment un, deux ou même trois colliers autour de l'œsophage; que les nerfs qui sortent de ces ganglions centraux se renflent souvent en d'autres ganglions avant de donner des filets aux différentes parties du corps; enfin, qu'il n'y a aucune partie qui puisse être comparée à la moelle allongée et épinière, mais que, cependant, comme dans les animaux verté- brés, chacune des parties principales du système ner- veux central paraît présider à des fonctions détermi- nées , et que les organes analogues dans les différents ordres de mollusques reçoivent leurs nerfs des mêmes parties nerveuses.] ARTICLE IL CERVEAU ET INERFS DES AJXIMAUX ARTICULÉS. A. AnnéUdes, Les annélides présentent un système nerveux très (i) Cuvier, Mém. sw les animaux des anatifes et des halanes, ouv. cit. Plusieurs naturalistes ont accueilli l'indication donne'e dès la première édition par M. Cuvier, et placent les ciriliopodes parmi les animaux arti- culés. M. Cuvier, tout en tes maintenant parmi les mollusques, recon- naît dans son mémoire qu ils établissent une sorte d'intermédiaire entre ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 323 simple, et or(janisé à peu près comme celui des crus- tacés et des insectes ; [il rèone le loug de la ligne mé- diane ventrale, et consiste en une chaîne de ganglions plus ou moins séparés en double série, dont le nombre égale celui des anneaux du corps, et en u:î ganglion sus-œsophagien ou cérébral lié à la chaîne ou aux chaînes intestinales par deux cordons latéraux.] 1°. D ans Vaphro dite hérissée, on voit immédiatement derrière les tentacules, placés au-dessus de la bouche, un gros ganglion nerveux qui est le cerveau ; il a la forme d'un cœur, dont la partie la plus large et bilobée regarde en arrière; de la partie pointue et antérieure partent deux petits filets pour les tentacules ; et des parties latérales, quelques autres beaucoup plus grêles encore pour les parois de la bouche. Ce ganglion est situé immédiatement au-dessus de l'origine de l'œso- phage. Les deux cordons qui naissent du cerveau et qui forment le collier sont très grêles : ils sont aussi fort longs; ils augmentent sensiblement de grosseur en s'approchant du point de leur réunion : c'est alorsqu'ils donnent naissance l'un et l'autre à un gros filet nerveux que nous appellerons récurrent. Ces nerfs sont très distincts; ils se portent en devant vers le point où l'œsophage, qui est très court, se joint à l'estoniac. On les suit facilement à l'œil nu sur les parties latérales les uns et les autres. Mais comme leur corps n'est point articulé, comme leur coquille semble modelée sur celle de plusieurs bivalves , et comme leurs cirrlies ne sont que les analogues des battants articules de certains tatets qui appartiennent sans contestation aux naolînsques acé- phales, c'est encore avec les mollusques qu'il leur a trouve *le plus de rapport , et c'est parmi eux qu'il l«s a classes. 324 XI* LEÇON. S\ST. NERV. DES ANIMAUX SAiNS YERTEBEES. de ce viscère, qui est long et très musculeux. Avant de parvenir aux intestins qui font suite à Festomac , ils se renfleut en un ganglion, duquel partent une infinité de fibrilles nerveuses (i). Les deux nerfs du collier produisent par leur réu- nion un très gros ganglion , qui est bifurqué en devant et qui se trouve placé immédiatement derrière la bouche et au-dessous de Fœsophage : c'est Fextrémité antérieure du cordon nerveux. On n'en voit pas sortir de filets. A ce premier ganglion en succède un autre ^ qui n'en est distinct que par un petit étranglement. De celui-ci partent deux filets nerveux qui se portent un peu en devant dans les muscles du ventre; vient en- suite une série de ganglions beaucoup plus espacés, qui produisent chacun six nerfs, trois de chaque côté; ils se perdent dans les muscles. Ces ganglions sont en- viron au nombre de vingt-cinq. Le cordon nerveux qui fait suite, et qui occupe le quart postérieur du corps, ne présente plus de renfle- ment sensible; mais il en part encore, d'espace en espace, des paires de nerfs; enfin, on peut suivre ce cordon jusqu'à Fextrémité du corps. [Examiné avec attention, le cordon se montre com- posé de deux filets accolés Fun à l'autre sur la ligne médiane. Des trois paires de nerfs que fournit chaque ganglion, la plus grosse est la plus inférieure ; les deux (i) On trouve ici très bien indiquc's les nerfs particuliers qui se ren- dent aux intestins, et que parmi les anatomistes les uns appelent main- (Cnant stomato-gastriques, les autres nerfs sympathiques, mais auxquels M. Cuvier n'avait point donne de nom. L'on ignore encore si le nerf impair que l'on rencontre dans la plupart des insectes, comme nous allons le voir, existe dans les annélides. AKT. Tî. CERVEAU ET WERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 325 autres prennent leur ori[>ine au-clessns de celle-ci; elles sont probablement destinées aux muscles, tandis que la première l'est à la peau. ] 2°. Dans les sangsues , Le système nerveux est un cordon lon(^itudinal composé de vinj^t-trois ganglions. Le premier est situé au-dessus de ToesopLage; il est grêle et arrondi ; il fournit en devant deux filets ténus, qui se portent au-dessus du disque de la bouche. De ses parties latérales naît une grosse paire de nerfs , qui forme un collier autour de l'œsophage en se portant en dessous pour s'unir au second ganglion. Celui-ci est de figure triangulaire ; -il paraît formé de la réunion de deux tubercules. Deux de ses angles sont antérieurs et latéraux: ils reçoivent les nerfs qui proviennent du premier ganglion; Fautre est posté- rieur : il se prolonge en un nerf d'une demi-ligne de longueur au plus qui produit le troisième ganglion. Par la partie antérieure du ganglion triangulaire que nous décrivons, sont produits deux petits nerfs qui se per- dent sur l'œsophage autour de la bouche. Les dix-neuf ganglions qui suivent ont absolument la même forme et produisent chacun deux paires de nerfs ; ils ne diffèrent que par le plus ou le moins de dislance qui existe entre chacun d'eux. Le troisième est très raproché du deuxième, ainsi que nous l'avons indiqué. Les trois suivants sont à peu près à une ligne et demie de distance; mais ceux qui sui- vent , depuis le septième jusqu'au vingtième, sont dis- tants de'trois ou quatre lignes; enfin, les trois derniers sont très rapprochés. 326 XI* LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRE». Tous ces ganglions sont situés au-dessous delà lon- gueur du (anal intestinal , auquel ils donnent par leur face supérieure beaucoup de filaments nerveux; ils produisent de chaque côté deux nerfs qui pénètrent sous les muscles longitudinaux et transverses, dans l'épaisseur desquels ils se perdent. Ces nerfs sont op- posés dans leur direction, de manière qu'ils représen- tent une sorte d'X. La tunique de ces nerfs est noirâtre et très solide, ce qui fait qu'avant que la pièce ait séjourné dans l'alcool, le système nerveux ressemble à celui des vaisseaux. 3°. Dans le lombric terrestre^ Le cordon nerveux tire son origine d'un ganglion situé au-dessus de l'œsophage. Ce ganglion est formé de deux tubercules rapprochés, mais très distincts : il en part une paire de petits nerfs pour les parois de la bouche, et deux très gros cordons qui embrassent l'œso- phage en forme de collier pour se réunir au cordon, dont l'origine paraît ainsi bifurquée. Trois paires de petits nerfs naissent de cette origine : l'une vient du cordon même, et les autres de ses parties laté- rales ; elles se portent toutes dans les muscles de la bouche. La tige nerveuse se continue jusqu'à l'anus, en sui- vant la partie inférieure de l'intestin. Sa grosseur ne diminue pas sensiblement, et les étranglements ne sont pas très remarquables : de sorte qu'il n'y a point ici de ganglions bien distincts. Il sort une paire de nerfs entre chacun des anneaux du corps. Ces nerfs se glissent sous les muscles longitu- dinaux , où ils disparaissent en se plongeant entre eux et la peau. ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 327 Lorsque le cordon nerveux est arrivé à l'anus, il se termine en formant un plexus qui se perd sur les parois de cette ouverture. 4°. Dans le dragonneau {gardais argdlaceus^ Lin. ) , il n'y a qu'un seul cordon nerveux semblable à celui du lombric terrestre, mais dont les étranglements sont encore moins sensibles. 5*. Dans les néréides et les awphinomes , On trouve sous la peau du ventre le cordon ner- veux longitudinal; on y voit autant d'étranglements qu'il y a d'anneaux au corps : nous n'avons remarqué aucun filet nerveux sortant de ce cordon. 6°. Dans le ver qu'on appelle lombric marin ( lom^ hricus mariniis , Lin. ), qui, par ses caractères exté- rieurs, est plus voisin des néréides que des lombrics, le système nerveux est le même que dans les néréides; mais il va en grossissant vers la partie moyenne du corps , où il est beaucoup plus distinct. B. Crustacés. Les crustacés, qui ressemblent tant aux insectes par leurs organes du mouvement, quoiqu'ils en diffèrent beaucoup par ceux de la circulation et de la respiration, ont aussi un système nerveux semblable à celui des in- sectes, du moins quant aux parties essentielles. [Le cer- veau est, dans le plus gr^d nombre, rassemblé en un seul ganglion.] Dans les décapodes à longue queue , la partie moyenne du système est un cordon noueux qui se pro- longe d'une extrémité du corps à l'autre; dans ceux à 3^8 XI* LEÇON. SYST. NEIW. DES Ai\I?>ÎAUX SANS VEETÈBRES. courte queue, vuî^oairemeut nommés crabes, il y a au milieu de i'abclomen un anneau ou un disque mé- dullaire d'où les nerfs du corps partent comme des rayons. ,{ Dans ces divers animaux , le cerveau est placé à l'ex- trémité antérieure du museau, et par conséquent assez loin de la bouche, qui s'ouvre sous le corselet : c'est ce qui fait que les cordons du collier de l'œsophage sont plus allongés que dans d'autres espèces. 1. Le cerveau de Técrevisse ordinaire {^astacus flu- viaùlis ^ Fab. ) est une masse plus large que longue, dont la face supérieure est assez distinctement divisée en quatre lobes arrondis. Les lobes moyens produisent de leur bord antérieur chacun un nerf qui est l'optique. 11 se rend directement dans le tubercule mobile qui porte l'œil, et il s'y dilate et s'y divise en une multitude de filets qui forment un pinceau, et aboutissent à tous les petits tubercules de l'œil. De la face inférieure du cerveau naissent quatre autres nerfs qui vont aux quatre antennes et qui donnent quelques filets aux parties voisines. Les cordons qui forment le collier naissent du bord postérieur du cer- veau; ils donnent chacun vers le milieu de leur lon- gueur un gros nerf qui va aux mandibules et à leurs muscles; après avoir communiqué entre eux par un cordon transversal, ils se réunissent sous l'estomac , en un ganglion oblong qui fournit des nerfs aux diverses paires de mâchoires. A partir de cet endroit, les deux cordons restent rapprochés dans toute la longueur du corselet, et y forment cinq ganglions successifs, placés entre les articulations des cinq paires de pattes. Chaque ART. lï. CERVEAU ET NERFS DES ÂNIMALiX ARTICULÉS. 329 patte reçoit un nerf du [janglion qui lui correspond , et ce nerf pénètre jusqu'à son extrémité : c'est celui de la serre qui est le plus gros. Les cordons médullaires arrivés dans la queue s'y unissent si intimement, qu'il n'est plus possible de les distinguer. Ils y forment six ganglions, dont les ciuq premiers fournissent chacun deux paires de nerfs. Le dernier en produit quatre, qui se distribuent en rayons aux nageoires écailleuses qui terminent la queue. [Outre le gros nerf des mandibules, le milieu du cordon du collier cérébral , renflé en une sorte de gan- glion triangulaire, donne deux autres nerfs qui se por- tent sur l'estomac et qui vont se réunir à un nerf impair venu de la partie médiane du bord postérieur du cerveau. Ce nerf impair contourne l'estomac en se renflant d'abord en un ganglion oblong, puis en un ganglion triangulaire, et se perd dans l'estomac et le foie. Ce système de nerfs est celui des nerfs istomato- gastriques (i). Le système nerveux du homard est presque en tout semblable à celui de Fécrevisse : seulement on trouve une branche de la dernière paire du ganglion cépha- lique, qui se rend à l'appareil de l'ouïe, et les cordons longitudinaux qui unissent entre eux les quatre der- niers ganglions thoraciques sont déjà séparés et non plus rapprochés comme dans l'écrevisse.] \^e bernard lliermite [Paguras ^¥^hi\) dont la queue n'est point recouverte d écailles articulées, paraît avoir (i) Audouin et M. Milne Edwards. Mém. pour servir à l'hiat. des cnis- tacés. In-S", i8ag. 330 XI* LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTèBBES beaucoup moins de ganglions que Técrevisse : on ne lui en voit que cinq. Dans les mantes de mer (^sqiiilla^ Fabr.), il y a dix ganglions, sans compter le cerveau. Celui qui est à la réunion des deux cordons qui ont formé le collier donne aux deux serres et aux trois paires de pattes qui les suivent immédiatement , et qui , dans ces animaux, sont presque rangées sur une même ligne transversale : aussi ce ganglion est-il le plus long de tons. Chacune des trois paires suivantes a son ganglion particulier. Il y en a ensuite six dans la longueur de la queue , qui distribuent leurs filets aux muscles épais de cette partie. Le cerveau donne immédiatement quatre troncs de chaque côté , savoir, Foptique , ceux des deux antennes et le cordon qui forme le collier. Gomme les antennes sont placées ici plus en arrière que le cerveau, leurs nerfs se dirigent en arrière pour s'y rendre. 2. Dans le crabe ordùiaire [cancer mœnas ^ 1^-)' ^^ cerveau ressemble à celui de lecrevisse par sa forme et sa situation ; il fournit aussi des nerfs analogues, mais qui se dirigent plus sur les côtés à cause de la situation des yeux et des antennes. Les cordons médullaires qui forment le collier donnent aussi chacun un nerf aux mandibules; mais les cordons se prolongent beaucoup plus en arrière que dans Técrevisse, sans se réunir : ils ne le font que dans le milieu du thorax, après avoir cependant communiqué entre eux par un cordon trans- versal , et là commence une masse médullaire , figurée en anneau ovale, évidée dans son milieu et huit fois plus grande que le cerveau. C'est du pourtour de cet anneau que naissent les nerfs qui vont aux diverses parties ; il fournit six nerfs de chaque côté pour les ART. ÎI. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 331 mâchoires et les cinq pattes, et il y en a un onzième ou impair qui vient de la partie postérieure et se rend dans la queue. [ Le nerf stomato-gastrique se retrouve ici comme dans les décapodes à longue queue, et comme proba- blement il existe dans tous les crustacés. Dans le maja le ganglion tboracique unique est tout- à-fait |>lein; c'est un disque qui ne présente plus de trace d une division longitudinale comme dans le crabe.] 3. Dans le cloporte (oniscus asellus ) les deux cor- dons qui composent la partie moyenne du système nerveux ne sont pas entièrement rapprochés. On les distingue bien dans toute leur étendue. H y a neuf ganglions sans compter le cerveau ; mais les deux pre- miers et les deux derniers sont si rapprochés qu'on pourrait les réduire à sept. [Dans le thalitre le système nerveux est formé de deux chaînes de treize ganglions réunis par des com- missures transversales entre chaque paire de gan- glions ; le cerveau fournit comme à l'ordinaire les nerfs des yeux et des antennes.] 4. Le cerveau de Vapus [jnonociilus apus , Lin.) est un petit globule presque transparent, situé sous Fin- tervalle des yeux, f^e cordon médullaire est double et a un renflement à chacune des nombreuses articulations du corps; mais le tout est si mince et si transparent qu'on a peine à s'assurer de la véritable nature de cet organe. [Ces exemples suffisent pour nous montrer que dans les crustacés, et, nous pouvons le dire d'avance, en général , dans tous les autres articulés , lorsque le corps est formé de segments semblables , ou du moins repré- 332 XI* LEÇON. SYST. NEEY. DES ANIMAUX SANS VERTÈBEES. sentes encore par des pièces sternales, on trouve à ia moelle épinière autant de ganglions ou de paires de ganglions qu'il y a de segments; c'est ce qui a lieu dans Yécrevisse ^ le thalitre et le cloporte. Lorsque les seg- ments du corps sont immobiles les uns sur les autres et les pièces sternales réunies , les ganglions thora- ciques n'en forment plus qu'un, comme dans la lan- gouste; lorsque le corps est ramassé et l'abdomen très peu développé, tous les ganglions, ceux du thorax et ceux de l'abdomen sont réunis en un seul, formant soit nn anneau comme dans le crabe , soit un disque comme dans le maja. Nous voyons encore que , de même que les ganglions se rapprochent dans le sens de la lon- gueur pour n'en former plus qu'un, ils se rapprochent aussi dans le sens transversal pour ne plus composer Qu'une chaîne noueuse au lieu de deux. On conçoit que, dans ces dispositions, il y ait plusieurs degrés; ainsi , pour ce qui est du rapprochement longitudinal, on voit, dans \e paie 7120 ii ^\e^ trois dernières paires de ganglions thoraciques ne former plus qu'un ganglion allongé, divisé sur la ligne médiane par une petite fente; dans la langouste , tous les ganglions du thorax sont soudés ensemble en une masse allongée J percée sur la ligne médiane pour laisser passer l'artère ster- iiale, tandis que les ganglions de l'abdomen restent sé- parés comme dans Yécrevisse et le homard. Quant au rapprochement transversal, il y en a un exemple très remarquable ( i). Dans \e phi/llosome , les trois premiers ganglions thoraciques se rejoignent sur la ligne médiane, les six suivants sont séparés et ne (i) Audouin et M. Milne Edwards. Mém. cit. Afiï. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 333 communiquent que par des commissures transver- sales, puis ceux de l'abdomen, au nombre de six très petits, se touchent sur la ligne médiane. il y a deux ordres de nerfs dans le système gan- plionnaire sous-intestinal des crustacés et des in- sectes ( 1 ). fjc filet le plus inférieur de la chaîne ventrale est seul renflé d'espace en espace, et un autre filet ner- veux sans renflements, appliqué exactement sur le premier, donne seul des nerfs aux muscles. Le pre- mier filet doit être considéré comme affecté à la sensi- bilité, et le second comme affecté au mouvement. Tous deux contribuent souvent à la formation d'un même rameau nerveux , qui naît alors par deux ra- cines, comme les nerfs de la moelle épinière des ani- maux vertébrés. ] C. Arachnides. [Le système nerveux des arachnides est, comme celui de tous les articulés, formé d'un cerveau sus-œsopha- gien , et d'une double chaîne ganglionnaire ventrale , réunis par des cordons qui entourent l'œsophage. Dans les scorpions , le cerveau et le premier gan- glion sous-œsophagien, placés l'un an-dessons de l'autre, sont séparés par des cordons latéraux très courts, en sorte que le tout a l'air de faire une seule masse perforée dans son centre pour le passage de l'œso- phage; ce premier ganglion sous-intestinal, qui est le seul que renferme le céphalo-thorax , fournit les nerfs (i) Cette intéressante observation est due à M. Ncrport. Trans. phiL, années i832 et i834. 334 XI* LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. des pattes; le reste de la chaîne se compose de sept gaiip^lions, dont les trois premiers sont logés dans lab- domen propre , et les quatre derniers dans la portion rétrécie de cet abdomen, qu'on appelle la queue. Les cordons longitudinaux qui réunissent les trois premiers de ces ganglions abdominaux sont doubles, et Ton aperçoit entre eux un filet médian qui indique Fexis- tence d'un nerf particulier dont nous parlerons à la fin de Tarticle des insectes. Dans les aranéides , la chaîne ventrale est réduite à deux ganglions; le premier, situé dans le céphalo-tho- rax, est une grosse masse arrondie, présentant de chaque côté qnatre cônes réunis par leur base, et qui semble indiquer la fusion de quatre ganglions en un seul. Du sommet de chacun de ces cônes s'échap- pent les nerfs de la patte correspondante. La double corde longitudinale qui part de ce ganglion thoracique se rend dans labdomen, où elle forme un renflement terminal j d'où sortent un grand nombre de nerfs pour tous les organes qui y sont contenus. On croit y avoir aperçu les nerfs stomato-gastri- ques , mais il n'y a point encore de certitude à cet égard.] D. Laives cV insectes, a. Coléoptères, 1°. Larve de ï oryctes nasiconie ( scarabeus nasi- cornis ). Nous décrirons en particulier les nerfs de cette larve, parce qu'ils diffèrent essentiellement, par leur distri- ART. £1. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 335 bution , de ce qu'on observe dans les autres coléop- tères. Le cerveau est situé sous la grande écgille qui re- couvre la tête immédiatement au-dessus de Torigine de Foesophage. Il est formé de deux lobes rapprochés qui sont très distincts en devant et en arrière. De la partie antérieure partent quatre nerfs , deux de chaque côté, qui vont se perdre dans les barbilions et dans les parois de la bouche. Des parties latérales et un peu postérieures de ce cer- veau sort une paire de nerfs qui , embrassant l'œso- phapc, se reporte en dessous pour former le cordon nerveux que nous décrirons tout-à-Flieure. De la face inférieure du cerveau, ou de celle qui appuie sur l'œsophage , naît une autre paire de nerfs, qui se portent d'abord en devant, puis se recourbent en dedans et au-dessus de la ligne moyenne et supé- rieure de l'œsophage, en s'approchant Fun de l'autre. Lorsqu'ils sont en contact, ils se réunissent et forment un petit ganglion qui produit un nerf unique, lequel, continuant de se porter en arrière, passe au-dessous du cerveau, suit Fœsophage jusqu'à Festomac; arrivé là, lise renfle de nouveau en un ganglion qui produit quelques petits nerfs destinés à l'estomac , et un plus considérable qui continue de suivre la longueur du ca- nal intestinal. On en voit sortir d'espace en espace des filets latéraux qui se perdent dans les tuniques de ce tube. Ce nerf est analogue à celui que Lyonnet a dé- crit sous le nom de récurrent dans la chenille du cos- sus Ugniperda. La moelle épinière, que nous avons vu être produite par la paire de nerfs postérieurs du cerveau , est fort 336 Xr LEÇON. S\ST. NEIW. DES ANI3IAUX SANS V£1\TÈBBES. grosse à son origine; elle ioniie un gros ganglion fiisi- fornie qui peut avoir 5 millimètres de longueur sur un demi-millimètre de largeur. On remarque dans sa partie antérieure des étranglements, mais si rapprochés qu'ils ne paraissent que comme des sillons transversaux [qui indiquent huit ganglions intimement unis entre eux.] La partie postérieure de ce ganglion est lisse. Des parties latérales de ce gros ganglion, qui dé- passe de très peu le troisième anneau du corps, par- tent en divergeant un très grand nombre de filets ner- veux. Ceux qui sont près de la tête remontent un peu; ceux qui viennent ensuite sont presque transverses; en- fin, ceux qui suivent se portent de plus en plus en ar- rière. La longueur de chacun d'eux est en raison de leur distance de la partie antérieure de ce ganglion , de sorte que les deux filets les plus postérieurs sont aussi les plus longs. 2". Les nerfs de la larve du cerf-volant (Jucanus cer- vus) sont très différents de ceux de la larve du scara- bée nasicorne, quoique ces insectes soient très rappro- chés par leur genre. Le cerveau est composé de deux lobes contigus presque sphériques; ils produisent quatre nerfs en avant pour les antennes et les parois de la bouche. Deux en dessous, qui se portent en devant pour re- tourner ensuite en arrière , passent de nouveau sous le cerveau, et forment le nerf qu'on désigne sous le nom de réciirrejit; enfin, deux nerfs en arrière, qui forment un collier autour de l'œsophage, et se rejoignent en dessous pour produire le cordon nerveux du corps. Ce cordon est formé de neuf ganglions qui s'éten- dent jusqu'au septième anneau du corps. Ces ganglions AET. H. CEllVEAU ET INEKFS DES AKIMAUX AUTICULÉS. 337 sont à des distances différentes les uns des antres; ils sont joints entre eux par des cordons nerveux très grêles et rapprochés. Le premier ganglion du côté de la tête est très gros, presque sphérique; le deuxième est suivi presque im- médiatement du troisième, qui est de moitié plus petit, et qui n'en est distinct que par une espèce d'é- tranglement. Du premier partent de chaque côté quatre paires de nerfs : l'une remonte dans la tête; les trois autres se perdent en divergeant dans les muscles du ventre et dans ceux qui meuvent la tête. Le second ganglion, outre les deux nerfs cpii l'unissent à celui qui suit, en produit deux autres qui se portent aussi en arrière , et qui se perdent dans les muscles du qua- trième anneau. Le troisième ganglion et les suivants jusqu'au hui- tième sont semhlables au second , avec cette différence qu'ils sont beaucoup plus distants les uns des autres , et que plus ils descendent, plus les filets qu'ils produi- sent deviennent longs; enfin, le huitième et le neu- vième voanplioQ sont moins distants , et ce dernier est évidemment formé de deux ganglions tellement rap- prochés qu'ils semblent n'en faire qu'un seul , dans la partie moyenne duquel on n'aperçoit qu'un petit étran- glement. Il sort de ce double ganglion trois paires de nerfs qui sont très allongés et qui se portent jusqu'aux environs de l'anus. [Ainsi la chaîne ventrale est formée en réalité de dix ganglions de même que dans l'insecte parfait, comme nous le verrons par la suite. ] S**. Les nerfs des larves de capricornes , à' hydro- philes , de carabes et de staphyliiis étant à peu près les mêmes , nous ne les faisons connaître que pour l'une 3. 22 338 Xl" LEÇON. SYST. NEBY. DES ANIMAUX SAKS VERTÈBRES. d'elles, et nous prenons pour exemple celle du grand hydrophile ( liydropldlus piceus), \>e cerveau se trouve placé dans la tête au-dessus de l'origine de Toesophage : il est formé de deux lobes très rapprochés. De sa partie antérieure il donne des filets aux palpes , aux antennes et aux parois de la bouche. De ses parties latérales partent deux cordons qui entourent l'oesophage, et qui sont iorigine du cordon nerveux situé au-dessous. Il naît aussi de sa partie inférieure des nerfs récurrents. Le cordon nerveux est composé de onze ganglions qui produisent chacun trois paires de nerfs, lesquels vont se perdre dans les muscles sans donner distincte- ment aux intestins. Le premier ganglion est assez gros ; il se prolonge en arrière par deux filets nerveux assez distants l'un de l'autre. Le second est à peu près semblable; mais le troisième est le plus gros, et il est très rapproché du quatrième, qui ne donne qu'un seul filet en arrière. Tous les autres, jusquau dixième, n'offrent aucune particularité. Celui-ci n'est séparé du onzième que par un étranglement; du dixième sort de chaque côté un filet unique , et du onzième trois paires. La dernière paire est destinée aux rudiments des parties de la gé- nération, qui sont très distinctes dans ces larves, lors- qu'elles approchent de leur dernier terme d'accrois- sement. [ Les cordons sont séparés dans toute la lon- gueur de la cliaîue ventrale. ] 4^. Le cerveau de la larve du dyûsque bordé ( dy- tiscus marginalis^lj.) est presque sphérique , composé d'un seul lobe. De sa partie antérieure partent quel- ques filets nerveux pour les parties de la bouche, et .*v ART. II. CERVEAU ET NEBFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 339 de ses parties latérales, deux nerfs qui sont les opti- ques. Ceux-ci sont composés de deux parties très dis- tinctes par la forme. La première portion, ou celle oui tient au cerveau , est de forme ovale , plus pointue par l'extrémité qui tient au cerveau. L'autre extrémité, qui est arrondie , produit un nerf grêle , lequel se rend directement à l'œil. Il est à peu près de même grosseur dans toute son étendue; mais il se renfle , à son extré- mité libre , en un bulbe d'où partent les filets nerveux de l'œil. Les deux cordons qui embrassent l'œsophage sont courts et gros ; ils viennent de la face inférieure du cer- veau, et se réunissent immédiatemenr au-dessous de l'œsophage en un gros gangUon , de figure carrée , qui produit en devant les nerfs des mandibules , et en ar- rière deux cordons qui se portent de la tête dans le corselet. C'est entre ce premier ganglion de la moelle ner- veuse et le deuxième qu'est la plus grande distance ; elle est plus que double de celle qui existe entre les deux suivants. Le deuxième ganglion est arrondi; il produit latéralement deux paires de nerfs : l'antérieure, pour les muscles qui agissent sur la tête; la postérieure, pour ceux qui meuvent les pattes antérieures. En ar* rière sont deux cordons qui se portent dans la poitrine. Le tipisième ganglion est en tout semblable au deuxième ; il fournit des nerfs à la paire de pattes intermédiaires. Le quatrième ganglion est aussi produit parles deux cordons qui viennent du précédent; il est situé sur l'union de Tabdomen avec la poitrine; il est plus large que long ; il produit latéralement deux paires de nerfs à40 XI" LEÇON. SVST. NERV. DES ANIMAUX SANS -VERTÈBRES. qui, parallèlement transversales, se perdent dans les muscles. t- Les sept autres ganglions sont groupés les uns à la suite des autres, et laissent entre eux un si petit inter- valle qu'à peine peut-on y apercevoir les deux filets nerveux qui les unissent. Ils vont aussi en décroissant de grosseur sans diminuer de largeur à mesure qu'ils se portent en arrière. Tous fournissent latéralement une paire de nerfs très longue et flottante dans l'ab- domen, qui, pour la plupart, se terminent dans les muscles qui meuvent les anneaux. On en voit cepen- dant une paire se porter dans les parties qui sont les rudiments de celles de la génération. p. Orthoptères et hémiptères. Les nerfs des larves d'insectes orthoptères et hémi- ptères ne présentent point de différence sensible avec ce qu'on observe dans leurs insectes parfaits : nous ne les ferons donc connaître qu'en décrivant ceux-ci. y. Hyménoptères . Dans la larve d'une mouche à scie {tenthredo , Lin.), dont la tête est grosse, large et munie d'yeux , le cer- veau est très large et court; il semble formé de quatre bulbes presque sphériques et d'égale grosseur. Les deux extérieurs servent de base aux nerfs optiques ,tqui sont grêles et qui se renflent peu à leur autre extrémité. Le premier ganglion est produit par deux très petits nerfs qui viennent de la partie inférieure du cerveau , et qui, après avoir embrassé l'œsophage, se r; unissent sur le premier anneau du corps \ il fournit aux muscles des pattes, et se termine en arrière par deux autres ART. ir. CEBVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 341 nerfs qui, à une ligne de distance, produisent un second ganglion, et ainsi de suite. Le cordon nerveux est ainsi formé de onze ganglions sans compter le cerveau. Plus les ganglions s'éloignent de la tête , plus ils dimi- nuent de grosseur : ils sont tous à peu près de forme arrondie. ^. Névroptères, Dans la larve du fourmi-lion ( inyrmeleon formica- rium ) , le système nerveux a quelques rapports avec celui des larves des diptères, que nous décrirons par la suite. Il y a un cerveau situé dans la tête; il produit les nerfs analogues à ceux que nous avons déjà fait con- naître pour les autres insectes. La moelle nerveuse est composée d'abord de deux ganglions, composés eux-mêmes de deux lobes rappro- chés. Ces deux premiers ganglions sont séparés des autres et contenus dans la partie qui correspond aux pattes ou dans le thorax. Le reste de la moelle épinière se trouve renfermé dans l'abdomen : c'est une suite de huit ganglions ex- trêmement rapprochés , formés chacun de deux lobes : le premier est de près- du double plus gros que les sept autres. Cette série de ganglions ressemble, à l'œil, à l'extrémité de la queue du serpent à sonnettes. Le dernier est arrondi et non didyme ; les autres sont plus larges que longs. Tous ces ganglions fournissent des nerfs aux muscles. Il est probable que cette disposition et ce rapprochement des ganglions sont dus aux chan- gements qui doivent arriver à l'insecte au moment de 3^2 XT* LEÇON. SYST. NEEV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBBES. sa métamorphose, parce qn alors son abdomen occupe six fois plus cFespace que dans l'état de larve. En effet, dans les névroptères, dont la larve est à peu près aussi allongée que l'insecte parfait, les gan- glions sont séparés comme à l'ordinaire. La larve de \ éphémère en a onze, sans compter le cerveau, qui donne deux gros nerfs optiques. Trois ganglions sont dans le thorax et sept dans l'abdomen. Les six premiers de tous donnent plus de nerfs que les cinq derniers. Les larves de demoiselles ont un petit cerveau bilobé qui produit des nerfs optiques pins ou moins grands selon les espèces. Le genre des aësnes est celui qui les a les plus grands. Le reste du système consiste en une suite de ganglions de grandeurs inégales. Dans les aësnes ^ le corselet en contient six, dont les deux der- niers sont les plus gros de tous. Il y en a sept petits et égaux entre eux dans l'abdomen. £. Lépidoptères. Le système nerveux des chenilles consiste en une suite de treize ganglions principaux qui fournissent des filets à toutes les autres parties du corps. Le premier de ces treize ganglions est situé dans la cavité de la tête. Il est couché au-dessus de l'œsophage et tient lieu de cerveau. Il paraît formé en dessus par la réunion de deux tubercules arrondis; en dessous, il est concave et correspond à la convexité de l'œso- phage. Ce ganglion communique avec le reste du cordon nerveux par deux gros filets qui embrassent l'œsophage, et qui vont s'unir en dessous à la partie antérieure et ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 343 latérale du (ganglion suivant ; il produit en outre huit paires de nerfs. La première s'unit en partie à d'autres filets, en produit quelques uns pour l'œsophage, et forme au- dessous de la lèvre supérieure plusieurs ganplions très remarquables. Le plus gros, et le plus postérieur, que Lyonet a nommé premier ganglion frontal^ se pro- longe en arrière en un gros nerf récurrent qui suit toute la longueur du corps du côté du dos. Ce nerf récurrent donne des filets à l'œsophage et à ses muscles. Il pénètre dans le vaisseau dorsal , et en ressort ensuite pour ghsser le long de lœsophage jusqu'à l'estomac. Ce nerf produit, de distance en distance;, des filets très solides qui maintiennent l'œsophage attaché à la peau du dos. Outre le nerf récurrent dont cous venons de parler, il sort du ganglion frontal postérieur plusieurs filets pour les muscles de l'œsophage , et deux pour le se- cond ganglion frontal^ duquel partent encore plu- sieurs filaments pour l'œsophage, et surtout un très remarquable, qui, par son renflement presque subit, constitue le troisième ganglion frontal qui fournit en- core plusieurs filets à l'œsophage. La seconde paire de nerfs du cerveau paraît prin- cipalement destinée à l'antenne, quoiqu'elle fournisse à plusieurs autres parties voisines. La troisième paire se termine spécialement dans l'antenne et dans les muscles qui la meuvent. La quatrième paire est propre à l'œil de chaque côté; elle suit la bronche qui s'y rend, et se partage en six branches qui pénètrent dans chacun des six yeux qui, par leur réunion , forment celui de la chenille. 344 \V LEÇON. SYST. NEBV. DES ANIMAUX SANS TEKTÈBRES. La cinquième vSe porte un peu en arrière , où elle se partage en deux branches : l'une, postérieure, pour les muscles adducteurs de la mâchoire; Fautre, anté- rieiu'e, qui se perd dans les membranes qui recouvrent les écailles du front. La sixième et la septième paire se réunissent pour former un ganglion, duquel partent beaucoup de filets pour Foesophage et ses muscles. Enfin, la dernière paire du cerveau se perd entière- ment sur une bronche. Mais , outre ces nerfs produits par le premier gan- glion nerveux, il en naît plusieurs autres que nous ne ferons qu'indiquer. D'abord on voit qu'il produit beau- coup de filaments pour le canal dorsal; ensuite un filet assez long qui se termine sur les bronches, entre le second et le troisième ganglion ; enfin, un anneau ner- veux qui embrasse Foesophage en dessous , comme une sangle, en lui donnant beaucoup de filets. Le second ganglion est iistimement uni avec le troisième, et n'en est distingué que par un étrangle- ment. Les nerfs qui proviennent de la partie antérieure paraissent produits par le premier ganglion, comme ceux qui sont produits par la partie postérieure sem- blent naître du troisième. Outi e les deux filets qui font le collier autour de Foesophage, et qui unissent le premier ganglion avec le second , celui- ci a quatre paires de nerfs très distincts. La plus antérieure se dirige en devant jusqu'à la bouche; mais dans son trajet, elle se partage en deux branches : l'une, qui se termine dans la langue et dans les parties voisines; l'autre, qui se porte sur les parties ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 345 latérales, où elle se subdivise pour donner des filets à la mandibule, à la mâchoire, à la lèvre supérieure, en communiquant avec le premier ganglion et avec le second du front. La seconde paire se porte à la mâchoire ; mais il s'en détache beaucoup de filets pour les muscles et les parties voisines. La troisième paire est destinée à la filière et à ses muscles. Elle fournit dans son trajet beaucoup de filets aux vaisseaux soyeux et aux muscles de la tête. La quatrième paire naît près de l'étranglement qui indique la réunion des deux ganglions entre la tête et le premier anneau. Elle se perd en partie dans la peau du col et dans les muscles qui s'insèrent à la tête. Le troisième ganglion , qui , comme nous l'avons in- diqué, est uni au second, ne produit que trois paires de nerfs, dont l'une , la postérieure, n'est que la con- tinuation du cordon nerveux des deux autres paires; l'antérieure se perd entièrement dans les muscles et dans la peau. La paire intermédiaire se distribue aussi à cette partie; mais elle dorme principalement aux muscles qui meuvent les articulations de la jambe. Nous avons déjà dit que chacun des ganglions com- munique avec celui qui pi'écède ou qui suit par deux filets qui sont distincts dès leur origine, ou qui sont la bifurcation d'un tronc unique. Du milieu de cette bifurcation, depuis le troisième ganglion jusqu'au onzième, il naît un autre petit nerf, que Lyonet a nommé bride épiniere. Ce nerf impair est situé dans la ligne moyenne ; il se partage bientôt en deux bran- ches qui suivent les divisions des bronches, et pé- 346 XI» LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBEES. nètrent avec quelques unes d'elles tlaiis le vaisseau lon- gitudinal. Le quatrième et le cinquième ganglion produisent un même nombre de nerfs dont la distribution est aussi à peu près semblable. Leur paire antérieure fournit aux muscles et à la peau des anneaux auxquels elle corres- pond. L'intermédiaire donne aux muscles de la jambe plus particulièrement. Le sixième ganglion, qui correspond au quatrième anneau du corps , donne aussi deux paires de nerfs qui se distribuent aux muscles et à la peau. Les cinq ganglions suivants se distribuent à peu près de la même manière. Le douzième ganglion et le treizième, qui est la ter- minaison du cordon nerveux , sont très rapprochés Tun deFautre, quoique distincts. La distribution des nerfs que produit le premier n'offre rien de remar- quable; mais ceux que fournit le second sont très al- longés, parce qu'ils sont destinés aux derniers anneaux, dans la peau et les muscles desquels la première paire se perd en partie. La seconde paire ne se subdivise que lorsqu'elle est parvenue dans le dernier anneau ; elle produit là un plexus dont beaucoup de filets se portent sur le gros intestin. Le tronc paraît se terminer sur les parois du rectum vers sa terminaison. » 6. Diptères. Les nerfs de la larve du stratyomys ont quelques rapports avec ceux de la larve de l'oryctes nasicorne. Le cerveau est formé de deux lobes rapprochés presque sphériques; il est situé au-dessus de l'œso- phage, à la hauteur du second anneau du corps. De sa ART. ÏI. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 347 partie antérieure sortent beaucoup de petits filets ner- veux qui se distribuent aux parois de la bouche, aux mandibules et à toutes les parties voisines. Ces nerfs sont très distincts, surtout ceux qui s'écartent davan- ta^^e de la ligne moyenne. De la partie postérieure de ces deux lobes qui for- ment le cerveau, naissent deux très gros cordons qui embrassent Fœsophage, et qui sont l'origine de la moelle nerveuse. Ce cordon nerveux est très court, et d'un diamètre de près de moitié moindre que celui du cerveau ; il est formé de onze ganglions très rapprochés , qui produi- sent chacun une paire de nerfs. Ces nerfs se portent directement en arrière. C'est à tort que Swammerdam a représenté ce cordon con- tourné en queue de scorpion, et ne produisant des nerfs que du côté gauche seulement. Il est vrai que ceux qui naissent du côté droit sont parallèles au cordon, tan- dis que ceux du côté gauche s'en écartent davantage. Les ganglions ainsi rapprochés sont au nombre de onze, et dans une direction droite. Les nerfs qu'ils produisent sont très allongés; ils se perdent dans les muscles. Les nerfs du ver du fromage [jnusca putris ^ Lin. ) sont fort curieux quant à la manière dont ils se dis- tribuent. Le cerveau est placé immédiatement au-dessus de l'origine de l'œsophage, derrière la tête. Il est très gros en proportion du reste du corps; il est arrondi en arrière etéchancré en devant, comme s'il était formé de deux lobes. Delà partie antérieure sort une paire de nerfs qui se 348 XI« LEÇON. S\ST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. porte en avant pour se distribuer aux parties de la bouche, et aux parois mêmes de cette cavité. Il est à remarquer que ces nerfs éprouvent un renflement très sensible avant de se distribuer aux parties. De l'origine de la moelle nerveuse sortent deux paires de nerfs qui se reportent en avant, et qui se distribuent principalement aux viscères et à quelques uns des muscles des anneaux antérieurs. La troisième paire de nerfs que produit cette moelle est la plus remarquable; elle provient de la partie qui correspond à peu près au troisième ganglion. Nous di- sons à peu près, parce que, dans ces insectes, les gan- glions sont tellement rapprochés les uns des autres , que la moelle ne semble en faire qu'un seul, à la sur- face duquel on aperçoit seulement douze rides trans- versales qui indiquent le nombre des ganglions. Cette troisième paire s'étend presque transversalement. A quelque distance de sa séparation, elle se renfle en un ganglion, et puisse partage en plusieurs filets : ce sont ces ganglions que Swammerdam présume être desti- nés aux muscles des ailes, quand elles existeront dans l'insecte. De chacun des autres étranglements part une autre paire de nerfs destinés aux muscles du corps. Ces nerfs ne présentent au reste rien de particulier. E. Insectes parfaits. OL. Coléoptères. 1 °, Dans le cerf -volant ( lucanus cervus ) , on trouve, comme dans sa larve, un cerveau composé de deux lobes sphériques rapprochés, situé au-dessus del'œso- ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 349 phage. De sa partie aoténeare naissent deux petits nerfs qui se terminent dans les palpes et autres parties de la bouche , [et deux filets qui sont les racines du nerf ré~ current^ ou du moins du petit ganglion qui le produit; de ce ganglion sortent en avant des nerfs pour les pa- rois de la bouche , et en arrière le nerf impair qui , après avoir formé un second ganglion au moment où 1 œsophage va passer dans le prothorax, et avoir reçu là des filets de deux ganglions latéraux , parcourt à peu près la moitié de la longueur de l'œsophage; là il se divise en deux branches qui se rendent au gésier, au- quel elles donnent quelques filets en formant chacune un petit ganglion , et vont se perdre sur l'estomac. Les ganglions latéraux viennent d'un ou deux gros nerfs qui naissent de la partie postérieure du cerveau. Ces gan- glions donnent quelques rameaux à Tœsophage, puis envoient chacun, comme nous venons de le dire, un filet de communication au second ganglion du nerf récurrent.] Sur les parties latérales du cerveau se voient deux ganglions presque aussi gros que chacun des lobes; ils ont la forme d'une poire, et sont appuyés par leur base sur le cerveau; ils se prolongent presque trans- versalement en un gros nerf destiné en grande partie pour l'œil. Parvenu à cet organe, le nerf se renfle de nouveau en un bulbe, duquel partent une infinité de petits nerfs que nous décrirons en traitant de l'œil. Avant qu'il y arrive , il paraît s'en détacher d'abord un filet grêle qui entre dans la grande mandibule; puis, plus extérieurement, un autre filet un peu plus gros, qui pénètre dans la cavité de l'antenne, [mais ce n'est là qu'une apparence. Ces filets de la mandibule et de 350 XI* LEÇON. SYST. NERY. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. laiitenne ne viennent pas dn nerf optique, mais de deux protubérances inférieures des lobes cérébraux qui donnent en arrière les cordons du collier, en sorte que le cerveau pourrait être considéré comme composé de quatre ganglions superposés deux à deux. Les cordons du collier sont longs et grêles. Le pre- mier ganglion sous-œsophagien, situé au point d'union de la tête avec le tborax , immédiatement au-dessus du condyle articulaire, est allongé, ovale, et fournit les nerfs des mandibules et de la tête ; le deuxième ganglion, de figure carrée, très fortement échancré en arrière, est situé au milieu du protborax ; il fournit les nerfs de la première paire de pattes; le troisième est le plus gros; il est logé dans le mésotborax, et il donne des nerfs à la deuxième paire de pattes et aux ailes. Immédiatement après lui vient le quatrième ganglion, un peu moins grand; puis un cinquième,, allongé, qui n'est séparé du précédent que par un léger étranglement. Ces deux derniers sont logés dans le métatborax. Le quatrième fournit les nerfs de la troisième paire de pattes; le cinquième en donne à l'abdomen. Enfin, dans l'abdomen , on trouve cinq ganglions dont les quatre premiers sont allongés et également espacés. Le dernier, plus arrondi, plus gros et plus rapprocbé du quatrième , donne trois paires de nerfs; les quatre autres une paire seulement. Ainsi dans linsecte parfait on trouve dix ganglions à la cbaîne ventrale, comme dans la larve; mais deux de ces ganglions se sont rapprochés dans l'insecte, pour se loger dans le métatborax, tandis que dans la larve ils étaient assez écartés.] 2". Uoryctère monocéros (^scarabœus nasicornis^ ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 351 Lin.) diffère sous letat parfait de ce que nous avons observé dans sa larve par rapport aux nerfs. Les nerfs optiques, qui sont ici fort distincts et assez gros, se rendent à Fœil, dans lequel on les voit péné- trer par une infinité de filets quand on fait une coupe horizontale de cet organe. Le cordon nerveux offre une variation bien sensible. Dans la larve, il n'y ava*t qu'un seul ganeJion ; ici il y en a plusieurs de très distincts. Le premier est situé au-dessus du condyle; il pro- vient des deux filets postérieurs du cerveau, et donne aux muscles qui meuvent la tête sur le corselet. De sa partie postérieure partent deux filets qui se portent dans la poitrine, s'y réunissent vers la partie moyenne et forment un ganglion trian(>ulaire. De ses bords laté- raux naissent trois paires de nerfs qui se distribuent dans les muscles. De son angle postérieur partent deux nerfs parallèles qui se portent dans la poitrine pour former un troisième et un quatrième ganglion très rapprochés Fun de l'autre, et qui paraissent divisés en deux lobules qu'indique un sillon longitudinal. C'est de ces deux ganglions que partent tous les autres nerfs du corps par irradiation , absolument de la même ma- nière que dans la larve. 3° et 4°. Le système nerveux est eïitièrement sem- blable dans les dytisqaes et dans les carabes. Le cerveau est formé de deux gros hémisphères séparés entre eux par un sillon longitudinal. De la partie antérieure soi*- tent les nerfs de la bouche , et des parties latérales ceux des yeux et des antennes. Ceux des yeux sont courts et diffèrent beaucoup de ceux des lucanes : ils sont de forme pyramidale. Leur base correspond à l'oeil , et 352 XI* LEÇON. SVST. INEilV. DES ANIMAUX SANS VEBTÈBRES. leur sommet au cerveau. Nous n avons pas vu de nerfs récurrents. Les deux filets qui produisent le cordon nerveux partent du cerveau, non en arrière, mais en dessous à côté des nerfs optiques. Ils sont très courts, parce qu'ils se portent directement au-dessous de Fœsopliage. Ils donnent quelques filets aux muscles et à Fœsophage. Le premier ganglion qu'ils forment est situé sous une espèce de pont de matière cornée (rentocéphale), situé dans la partie moyenne de la tête , et qui donne attache aux muscles des mâchoires; il est de forme allongée et quadrangulaire ; il occupe à peu près tout l'espace qui correspond au condyle , au-dessus duquel il est situé. îl se termine en arrière par deux filets qui marchent parallèlement, et qui viennent former un second gan- glion dans la partie moyenne du corselet. Celui-ci fournit des nerfs aux muscles des pattes antérieures : on les voit entrer dans la cavité des hanches. Le troisième ganglion est comme bilohé, ou formé de deux bulbes ovalaires, dont lunion se distingue par un sillon longitudinal. Ce ganglion est situé iongitudi- nalement au-dessus du bord antérieur inférieur de la poitrine; il fournit aux muscles des pattes intermé- diaires. ^ Le quatrième ganglion est très près du précédent; il est de forme arrondie , et fournit aux muscles des pattes postérieures et des ailes. Le cinquième et le sixième ganglion sont à très peu d intervalle l'un de l'autre ; ils sont de forme ar- rondie; ils fournissent aux muscles qui meuvent l'ab- domen siu' la poitrine. AilT. II. CERVEAU ET JNEUFS DES AINIMAUX ARTICULES. 353 Le reste de la moelle épinière est nue suite de cinq ganglions, tellement rapprochés les :uns des autres qu'ils semblent n'en former qn un seul à la simple vne ; mais à la loupe on les reconnaît très distinctement : on aperçoit même les deux filets que chacun d'eux pro- duit pour former le suivant. Le cinquième ganglion présente un sillon transversal qui semble indiquer la réunion de deux. Cette fin de la moelle épinière est comme flottante dans la cavité abdominale, mais au- dessous des intestins. 5". Dans \e grand hycbvphile [hydrophilus piceus ^ Lin.\ le cerveau est composé de deux bulbes splié- riques accolés. Des parties latérales partent les nerfs optiques qui se prolongent jusqu'aux yeux sans changer de diamètre, mais qui se terminent là par un bulbe triangulaire qui produit extérieurement une infinité de filets. De la partie antérieure du cerveau on voit sortir quelques filets destinés aux parties de la bouche ; on y remarque aussi un petit ganglion sphérique qui paraît appartenir au nerf récarrent qui suit rœsophage. Inférieurement naissent deux filets qui doivent pro- duire le cordon médullaire. Ils embrassent l'œsophage dans leur écartement , et se réunissent immédiatement au-dessous, et encore dans la cavité de la tête , pour former un petit ganglion, duquel partent les nerfs qui sont destinés aux muscles des mandibules et des palpes. Deux cordons nerveux proviennent de la partie pos- térif*' e de ce premier ganglion ; ils se glissent , presque aussitôt après leur naissance , sous un arc corné qui est produit par la face interne de la ganache (l'entocé- 3 23 354 XI^ LEÇON. SYST. WERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. phale ) : on les voit reparaître par derrière et se porter dans le corselet. Ils produisent un second ganglion positivement dans sa partie moyenne; il est de figure quadrangulaire. Aux angles antérieur et postérieur sont les nerfs de la moelle, et par les latéraux sont produits ceux destinés aux muscles des pattes antérieures. L'intervalle compris entre le second et le troisième ganglion de la moelle , non compris le cerveau, est très grand. Ce troisième ganglion correspond à l'inser- tion des pattes intermédiaires. Il est gros et de forme arrondie ; il fournit des nerfs aux ailes et à la paire de pattes intermédiaires. En arrière , il produit deux cor- dons qui, à une demi-ligne au plus de distance , se ren- flent et forment un quatrième ganglion presque aussi gros que le précédent, qui fournit de sa partie infé- rieure beaucoup de filets nerveux pour les gros mus- cles des pattes postérieures qui sont spécialement des- tinées à nager. Deux autres cordons très courts^ pro- duits par la partie postérieure , de ce ganglion , se renflent en un cinquième, moitié moindre, duquel part un cordon unique. Celui-ci se glisse dans une es- pèce de gouttière longitudinale pratiquée au-dessus de l'appendice corné (fentothorax) qui donne attache aux muscles des hanches et que nous avons décrit dans le second vokmie. A la partie postérieure et évasée de cet appendice paraît un sixième ganglion; puis, à quelque distance, et positiv ement au-dessus de l'union de l'abdomen avec la poitrine , un septième. De ces deux ganglions il ne part qu'une seule paire de nerfs qui sont destinés aux muscles. M ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 355 Il n'y a que deux ganglions dans l'abdomen : l'un correspond à la partie moyenne du second anneau; l'autre, qui est le dernier et le neuvième , est situé au- dessus de Funion de ce second segment avec le troi- sième. L'avant-dernier ganglion est en tout semblable aux deux précédents ; mais le neuvième est de moitié plus gros et produit en arrière quatre paires de nerfs , qui se portent et vont se distribuer de l'un et de l'autre côté dans les parties de la génération. 6°. [Dans le hanneton^ le cerveau est très grand. Le nerf optique, aussi très gros, semble en être une con- tinuation latérale , et n'en est séparé que par un léger étranglement. Les nerfs des antennes , en sortant du cerveau , forment un renflement ganglionnaire. La première paire de ganglions de la chaîne ven- trale est réunie en une seule masse triangulaire d où partent trois paires de nerfs pour les mandibules. La seconde paire est logée dans le protborax; elle est de même forme que la précédente , et elle fournit les nerfs de la première paire de pattes. La troisième est très rapprochée de la seconde; elle forme une masse ovale percée à son milieu d'une petite ouverture qui annonce quelle est le résultat de la réunion de deux paires de ganglions, celle du mésothorax et celle du métathorax. Elle fournit les nerfs des ailes, ceux des seconde et troisième paires de pattes et ceux du premier arceau de l'abdomen. A la suite de ce ganglion, en existe un autre qui n'en est séparé que par un léger étranglement; il est logé dans le métathorax et donne : i°de ses côtés, cinq paires de nerfs qui se portent dans les différents segments abdo- minaux: et 2° de sa partie postérieure , deux très fortes 355 XI^ LEÇON. SYSÏ. KEilV. BES AINiMAUX SANS VERTÈBEES. branches placées à côté ruiie de l'autre, qui se dirigent en arrière sans produire de ganglion et se distribuent aux trois derniers segments et aux organes de la géné- ration (i). ] p. Orthoptères. Dans la blatte d Amérique (hlatta Americaiia) , le cerveau est composé de deux lobes séparés par une échancriire très distincte en devant. Les nerfs optiques naissent snr les côtés, et sa partie antérieure donne quelques filets aux parois de la bouche et aux instru- ments de la manducation. IjCS cordons nerveux qui produisent la moelle vien- nent de sa face inférieure; ils se portent directement en dessous en embrassant étroitement Fœsophage; ils se portent ensuite parallèlement, mais très distincts Fun de l'autre, vers le corselet. Quand ils sont arrivés à sa partie moyenne, ils forment un ganglion très gros, duquel partent trois paires de nerfs latéraux et une pos- térieure. Des latéraux, les premiers remontent obli- quement vers la tète pour fournir aux muscles qui la meuvent sur le thorax et qui agissent sur les antennes et sur les parties de la bouche. Les autres donnent aux muscles de la première paire de pattes. Les nerfs postérieurs se portent parallèlement en arrière, ilu milieu de la poitrine ils produisent un gan- glion plus considérable encore que le second. Celui-là fournit latéralement les nerfs des pattes intermédiaires et postérieures, ainsi qu'aux muscles des ailes ; il pro- (i) Voy. Straus-Durcklieim , Consul, rjén. sur l'anat. conip. des anim. art. y auxquelles on a joint l'anat. descript. du hanneton. Paris, in-4? 1828. ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 357 duit aussi en arrière deux cordons qui, par leur réu- nion sur la jonction de l'abdonien avec la poitrine, forment un quatrième p^anglion qui est couclié sur une avance de substance cornée (l'entotborax) qui donne attache aux muscles des hanches. x^près ce quatrième ganglion il n'y a plus qu'un seul nerf qui, d'espace en espace, produit quelques petits renflements : on en compte cinq. Chacun d'eux produit une paire de nerfs pour les muscles des anneaux de l'abdomen. Le cinquième est le plus gros ; il produit en outre deux nerfs qui se ramifient dans les parties voi- sines de l'anus. Dans la sauterelle à sabre (locusta viridissiina^ Lin.), le cerveau est formé de deux lobes qui ont la forme de poires; ils sont accolés parleur base, et se prolon- gent par leur sommet en un nerf optique qui va se rendre dans l'œil de l'un et de l'autre côté. De la partie antérieure partent encore deux nerfs, de forme pyramidale , dont la base pose sur le cerveau. De la pointe naissent quelques filets qui se perdent dans la mandibule , la mâchoire et sa galette , ainsi que dans la lèvre supérieure. Entre ces deux nerfs antérieurs , on voit un petit ganglion qui provient de la réunion de deux filets de la face inférieure du cerveau : c'est le nerf récurrent , qui suit le canal intestinal. En arrière , et un peu au-dessous , naissent les deux cordons qui sont l'origine de la moelle nerveuse ; ils embrassent l'œsophage , au-dessous duquel ils se por- tent directement et forment un ganglion. Ce premier ganglion est protégé et recouvert d'une espèce de pont de substance cornée (l'entocéphale) , 358 XI^ LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. de couleur rougeâtre; il fournit aux muscles de la tête, dans laquelle il est encore renfermé, ainsi qu'à ceux de la bouche. En arrière, il produit deux longs cordons nerveux qui pénètrent dans le corselet. Environ vers la partie moyenne du thorax, et au- devant de l'appendice qui donne attache aux muscles des hanches de la paire des pattes antérieures, ces deux cordons s'unissent et forment un e^ros oranglion, composé de deux lobes et irrégulièrement quadran- gulaire , dont les côtés produisent plusieurs fdets pour les muscles des pattes de devant. De la partie postérieure de ce second ganglion de la moelle naissent deux filets qui pénètrent dans la poi- trine. Entre ces deux filets passent des appendices so- lides des hanches qui donnent insertion aux muscles. Ces filets forment un troisième ganglion qui correspond à l'intervalle moyen compris entre les pattes intermé- diaires. Ce ganglion donne aux muscles des ailes et des pattes. Le quatrième ganglion est aussi contenu dans la poitrine, situé au-devant et entre la paire de pattes postérieures ; il est produit par deux cordons nerveux du ganglion précédent, et donne en arrière deux autres cordons si rapprochés qu'ils paraissent à la vue simple n'en former cju'un seul. Ce nerf est reçu et caché dans une espèce de gouttière longitudinale, pratiquée au- dessus de la pièce triangulaire qui donne attache aux muscles des pattes. Les autres ganglions, qui sont tous situés dans l'ab- domen , sont au nombre de six. Ils sont tous, à l'excep- tion du dernier , de même grosseur et de même forme , à égale distance , <-t produits par deux cordons sem- ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 359 blables, très l'approchés entre eux. Us donnent chacun deux paires de nerfs pour les muscles des anneaux du ventre. Le dernier ganglion de la moelle , ou le dixième , est de moitié plus gros que les cinq précédents; il est situé au-dessous des parties de la génération, aux- quelles il se distribue par quatre paires de filets. Dans îa courtilUère [acheta giyUo-talpa ), le cerveau est aussi formé de deux lobes arrondis et surtout très distincts en arrière. On en voit sortir visiblement le nerf des palpes , des antennes, des yeiix lisses et des yeux proprement dits. En général, les nerfs de la moelle épinière sont semblables à ceux de la blatte. Les deux premiers gan- glions sont produits par deux nerfs : le premier, qui est dans le corselet, fournit aux muscles de la tête, de la poitrine et des pattes antérieures; le second, qui est plus gros et dans la poitrine, donne à ceux des ailes et des pattes intermédiaires et postérieures. Il fournit encore deux nerfs en arrière qui produisent le premier ganglion abdominal ; mais dès lors le cordon est unique, aplati comme un ruban , sur la longueur duquel on ne compte que quatre ganglions, situés à des distances différentes les unes des autres. Chacun d'eux produit deux paires de nerfs qui se portent en arrière pour se distribuer dans les muscles : le premier correspond à la partie moyenne du premier anneau du ventre; le se- cond, au troisième; le troisième, au cinquième; enfin, le dernier, au neuvième. Ce dernier ganglion est le plus remarquable de tous; il est ovale, et de toute sa circonférence partent des nei'fs qui vont se distribuer dans les parties voisines. 360 Xl'^ LEÇON. SYST. NERV. DES ANI3IAUX SANS VERTEBRES. Deux, plus gros que les autres, se portent eu diver- geant eu arrière , et représentent ainsi une bifurcation de la moelle épinière. Les nerfs qui en résultent sont destinés aux organes de la génération. y. Hémiptères, Dans le scorpion aquatique à corps ovale ( nepa ci- nerea ^ Lin. ), le système nerveux consiste essentielle- ment en trois ganglions. Le cerveau est formé de deux lobes rapprochés. Ces lobes sont pyriformes; ils se touchent par leur base; leur sommet est obliquement dirigé en avant vers les yeux, dans lesquels ils se terminent, en servant ainsi de nerfs optiques par leur extrémité antérieure. De la partie moyenne et antérieure de ces lobes il part aussi quelques filets pour les parties de la bouche. En arrière, le cerveau produit deux cordons qui enbrassent l'œsophage en passant au-dessous. Us se réunisseut à l'origine de la poitrine en un ganglion té- tragone, dont chacun des angles produit ou reçoit plusieurs nerfs : l'antérieur reçoit les deux cordons qui viennent du cerveau ; le postérieur , les deux qui sont la suite de la moelle épinière. Les latéraux produisent chacun un faisceau de qua- tre nerfs qui sont destinés aux muscles de la poitrine et de la paire de pattes antérieures. On voit l'un d'eux entrer dans la cavité de la hanche. Les deux nerfs produits par l'angle postérieur du second ganglion se portent parallèlement en arrière. Arrivés dans la poitrine au-dessus de l'appendice corné qui donne attache aux muscles des hanches des pattes intermédiaires et postérieures, ils se renflent en un Ai\T. il. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 361 gros ganglion aiTOiidi, beaucoup plus volumineux que le cerveau, des bords duquel partent une infinité de nerfs comme les rayons d'un soleil. Les deux filets les plus remarquables sont extrême- ment longs et grêles; ils s'étendent de la poitrine jus- que près de l'anus : nous les avons vus se terminer par trois ramuscules dans les parties de la génération du mâle, en donnant cependant aux parties voisines quel- ques filaments. Tous les autres filets qui proviennent de ce troisième et dernier ganglion sont destinés aux muscles. On dis- tingue surtout très bien ceux qui appartiennent aux pattes moyennes et intermédiaires : ils sont un peu plus gros. 8. Lépidoptères. Nerfs de la phalène zig-zag ( bombyx dispar^ Lin.). Le cerveau est presquespbérique; cependant on aper- çoit dans sa ligne moyenne un sillon longitudinal. De sa partie antérieure partent quelques petits nerfs excessi- vement grêles. Sur les côtés sont deux gros nerfs opti- ques qui se rendent dans la concavité de l'œil , où ils se terminent par un bulbe duquel partent une infinité de filets. L'œsopbage passe immédiatement derrière le cer- veau par un petit intervalle triangulaire, dont les côtés postérieurs sont formés par les deux cordons de la moelle épinière, qui marcbent ensuite accolés et ne for- mant plus qu'un tronc unique, dans la partie moyenne diiqael on n'aperçoit qu'un sillon longitudinal. Parvenu dans le corselet , lise forme un ganglion, teint à sasur-^ 362 XI^ LEÇON. SYST. NEKV. DES ANIMAUX SANS VERTEBRES. face d'une couleur rougeâtre, qui produit en arrière deux nerfs , lesquels laissent entre eux un petit inter- valle par lequel passent les appendices cornés qui don- nent attache aux muscles des hanches. Derrière ces appendices , et dans cette même cavité delà poitrine , ces deux cordons se réunissent de nouveau, et produi- sent un second ganglion beaucoup plus gros , des par- ties latérales duquel partent beaucoup de nerfs pour les muscles des ailes et des pattes. 11 se prolonge en ar- rière en un cordon unique qui, lorsqu'il est arrivé au- dessus de l'articulation de la poitrine avec l'abdomen , se renfle de nouveau et forme ainsi un troisième gan- glion. Il est à remarquer que ce gros ganglion , qui a la forme d'un cœur, est le seul qui, avec le cerveau, soit d'une couleur absolument blanche , tandis que tous les autres offrent une teinte plus ou moins foncée, et sur lesquels on voit à la loupe des points rougeâtres plus ou moins allongés et sinueux qui ressemblent assez bien à des vaisseaux sanguins , tels qu'on les voit dans les glandes injectées. Ce troisième ganglion se prolonge en un cordon unique qui, au-dessus du premier anneau de l'abdo- men, produit un quatrième ganglion. Celui ci, ainsi que ceux qui suivent, donne de l'un et de l'autre côté un petit nerf grêle, mais très long, qui passe sous les fibres musculaires, absolument de la même manière que les fils de la trame passent sur la chaîne. Leur di- rection est absolument transversale. Le cinquième ganglion ne diffère pas du précédent; il se prolonge en un cordon unique, dans lequel on aperçoit très bien encore le sillon longitudinal. Il est ■■'/M ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 363 situé dans la partie moyenne du troisième anneau de Tabdomen. Le sixième ganglion, en tout semblable au précédent, est placé au milieu du quatrième anneau. Enfin, le septième et dernier ganglion est beaucoup plus gros que ceux qui le précèdent dans ral>domen ; il est de forme ovale , situé sur la lunule qui termine le cinquième anneau en arrière du côté du ventre. Outre les nerfs destinés aux muscles du cinquième an- neau , qui en partent par deux paires distinctes , il se termine en arrière par quatre autres paires, lesquelles paraissent destinées aux parties de la génération et aux muscles des derniers anneaux de Fabdomen, qui, dans la femelle, sont allongés en forme de queue, qui sert à la ponte. 9. IS évropteres , Les insectes à ailes nues, c'est-à-dire les hyméno- ptères, les névroptères et les diptères, ayant souvent de très grands yeux, ont des nerfs optiques proportionnés : c'est ce qu'on voit surtout dans les demoiselles. Leur cerveau est formé de deux très petits lobules ; mais leurs nerfs optiques se dilatent en deux larges plaques qui ont la figure d'un rein , et qui tapissent toute la surface de l'œil qui regarde le dedans de la tête. Le reste de leur cordon médullaire est très mince et garni de douze ou treize ganglions très petits , dont le der- nier aboutit, comme à l'ordinaire , aux parties de la génération. X.. Hi/ménoptères, Le cerveau de Yabeille est petit et divisé en quatre 364 xr LEÇON, s VST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBEES. îobes; il produit immédiatement ies nerfs qui vont aux diverses parties de la bouche , et les deux grands nerfs optiques qui se dilatent, pour s'appliquer derrière chaque œil , comme dans les demoiselles. H y a ensuite sept ganglions, dont trois dans le corselet, et quatre dans l'abdomen. Le dernier de tous fournit principale- ment aux parties de la génération. 1. Diptères. La mouche apiforme (^syrphus tenax , Lin. ) a un très petit cerveau formé de deux lobes très rap- prochés, mais distingués par un sillon longitudinal, de la partie antérieure duquel part \\\\ nerf assez gros, qui se partage ensuite pour les antennes et la trompe. Les nerfs optiques sont très gros , cylindriques , et dun diamètre égal à la longueur du cerveau, sur les parties latérales duquel ils sont appuyés ; ils se ter- minent à leur extrémité par un très gros bulbe qui cor- respond à la largeur de Fœil. j jC premier ganglion de la moelle est produit par deux cordons qui proviennent de la partie postérieure du cerveau, et qui embrassent l'oesophage comme un col- lier. Il est très grêle et situé dans la poitrine ; il fournit une paire de filaments pour les muscles des pattes antérieures. Le second ganglion et les suivants, qui sont au nombre de trois, ne sont unis les uns aux autres que par un cordon unique. Le dernier de tous est plus gros de moitié que celui qui le précède; il se termine par huit ou neuf filaments destinés aux parties voisines de l'anus. Le premier des trois est placé dans la poitrine, où il donne aux muscles des ailes et des pattes. Les ART. li. CERVEAU ET KERFS DES ANIMAUX ARTICULES. 365 deux autres sont dans Fabdomen. L'avant-dernier est situé au-dessus de l'union du troisième anneau avec le quatrième , et le dernier sur le bord antérieur et infé- rieur du cinquième anneau. Dans \ asile crahroniforrne^ on n'aperçoit aussi qu'un seul cordon pour Fuiiion des ganglions abdomi- naux, qui sont au nombre de six. Le cerveau est semblable à celui au. syrphus ; mais les bulbes formés par les nerfs optiques sont encore plus larges à proportion , vu la grandeur des yeux qu'ils ont à tapisser par derrière. (A. Myriapodes. Dans la grande scolopendre ( scolopendra morsi- tans ), le cerveau a une forme très singulière; il est, comme à l'ordinaire, composé de deux lobes presque spbériques, qui produisent latéralement des nerfs optiques très courts , qu'on voit se diviser longtemps avant d'arriver dans l'œil : les filets sont au nombre de quatre ; mais en avant naisseni: deux nerfs si gros qu'ils paraissent faire partie du cerveau, dont ils ont le dia- mètre. Ces nerfs sont spécialement destinés aux an- tennes, dans lesquelles on les voit entrer et où on peut les suivre, car elles sont très larges. [Ces saillies antérieures du cerveau, d'où partent les nerfs des antennes, peuvent être considérées comme des ganglions, de sorte que dans cet animal le cerveau serait formé par la fusion partielle de deux paires de p^anglions , les antennaux et les optiques. ] Les deux cordons qui embrassent i'œsopbage se portent directement en bas ; ils produisent un gros ganglion sur l'union du premier anneau avec la tête. I 366 Xl^ LEÇON. SYST. NEBV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. Le premier ganglion fournit deux nerfs en arrière et plusieurs sur les côtés. Il existe ainsi un ganglion abso- lument de même forme au-dessus de chacune des ar- ticulations , de sorte qu'il y en a vingt-quatre très dis- tincts ( 1 ) i ^^ dernier seul est plus petit , plus rapproché du précédent et comme flottant dans l'abdomen. Chacun d'eux produit trois paires de nerfs : une qui remonte du côté de la tête ; une seconde qui se porte trans- versalement : toutes deux sont destinées aux muscles du ventre ; et la troisième descend et se porte en arrière et en haut : elle fournit aux muscles latéraux et à ceux du dos. [ On pouvait déjà conclure des descriptions qui précèdent, et les nombreuses recherches dont les in- sectes ont été l'objet ont confirmé, qu'il se fait dans le système nerveux , pendant leur métamorphose, un tra- vail qui tend à éloigner, dans le sens de la longueur, les ganglions qui étaient rapprochés dans la larve , ou à rapprocher et même à confondre ceux qui étaient éloignés , de telle sorte qu'on ne les trouve pas tou^ jours en même nombre dans les deux états. Outre ce mouvement longitudinal de concentration ou d'écarté»- m^^ ment , il en existe un autre transversal , qui rapproche sur la ligne médiane les éléments de la double chaîne mm sous-intestinale ; leur rapprochement est plus ou moins complet, et quelquefois il devient tel qu'il ne reste .plus qu'un sillon longitudinal pour témoigner de leur division première. m (i) D'autres anaîomistes en ont sifjnalé jusqu'il trente-trois ; mais oàiHpl sait que dans les myriapodes le nombre des segments augmente avec 1 àg^,H|{(i| ART. II. CERVEAU ET NERFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 367 La variabilité du nombre des ganglions de la chaîne ventrale est due principalement à la présence ou à l'ab- sence de quelques uns , ou même de tous les ganglions abdominaux. Ceux du thorax peuvent aussi être ré- duits, de trois qu'ils sont dans la plupart des coléop- tères^ des orthoptères , des névroptères , à deux , comme dans le plus grand nombre des hémiptères , et à un , comme dans les diptères ^ et dans quelques hémiptères. Nous avons vu que les cordons de la chaîne nerveuse sont souvent protégés par des pièces cornées, qui ont reçu les noms d'entocéphale, d'entothorax et d'ento- gastre, selon qu'elles se trouvent dans la tête, la poitrine ou le ventre. Lorsque les parties latérales de ces pièces se recourbent et se rejoignent en haut, comme cela a lieu fréquemment dans les coléoptères pour Fento- thorax,ia chaîne nerveuse passe alors à travers un an- neau solide complet. On pouvait déjà conclure , des anciennes observa- tions sur le nerf récurrent, qu'il existe un système de nerfs spéciaux destinés aux organes de la vie végéta- tive. Ce système se trouve, en effet, dans tous les in- sectes; mais en l'étudiant plus complètement, on a re- connu qu'il est plus compliqué qu'on ne l'avait cru d'abord. 11 est composé de deux nerfs; l'un médian et impair, et l'autre latéral et symétrique. Le nerf impair, qui est le nerf récurrent de Svs^ammerdam et de Lyon- net, naît par deuxfilets qui partent des bords a; itérieurs du cerveau, près des nerfs des antennes, se réunissent en avant , et forment un ganglion frontal triangulaire , qui envoie des filets aux parties de la bouche; avant de s'y perdre, ces filets éprouvent quelquefois, comme dans le cossus ligiiiperda , un , ou même deux renflements v 368 XI LEÇON. SVST. NERV. DES AINIMAUX SANS VEBTÈBKES. gan(]iionnaires. La partie postérieure du gaoplion frontal donne im nerf impair qui passe, appliqué sur Fœsophage, à travers le collier nerveux : bientôt ^aorès, ce nerf reçoit des filets de communication du nerf intestinal pair, puis il va se terminer à l'esto- mac, après avoir formé sur cet organe, ou sur l'extré- mité de Fœsopliage , un petit ganglion. Le nerf intestinal symétrique se compose ordi- nairement de deux paires de ganglions placés sur les côtés de Toesophage , en arrière du cerveau , et qui communiquent avec celui-ci par un ou deux filets. Dans le sphinx ligustri , par exemple (i) , les ganglions de la première paire sont triangulaires : par un de leurs angles, ils reçoivent une branche du nerf des an- tennes, par un autre angle un nerf sorti de la partie supérieure du cerveau; le troisième angle commu- nique avec le ganglion de la seconde paire. Ces gan- glions donnent des filets très fins au pharynx ^ à l'œso- phage et au jabot, et se joignent par un autre filet au système impair. Cet ensemble de nerfs a reçu les noms divers de système sijmpathique , d'appareil des nerfs stomato-gastriques ^ nerfs du pharynx^ nerfs intestinaux , etc. Les uns le comparent au nerf sympa- thique des animaux vertébrés, les autres au nerf vague, et quelques uns, avec plus de raison peut-être, à tous les deux à ia fois. Le cordon nerveux sous-intestinal a été également étudié avec beaucoup de soin, sous l'inspiration des idées de M. Charles Bell touchant les différents ordres de nerfs, et l'on a trouvé ce cordon composé, comme (i) Voy. Newpoit, mém. cit. AHT. II. CERVEAU ET INEUFS DES ANIMAUX ARTICULÉS. 369 dans les crustacés, de deux faisceaux superposés; un inférieur, qui éprouve des renflements, et que, pour cette raison , on regarde comme fournissant les nerfs sensitifs, et un supérieur, lisse, qui donne, vis-à-vis de chaque ganglion , un simple filet nerveux que Ton sup- pose destiné à la locomotion. Enfin, il semble y avoir encore un nerf particulier placé en dessus de la chaîne ventrale, et dont Lyonnet civait déjà parlé sous le nom de brides épinieres ^ comme nous lavons dit plus haut. C'est un cordon très fin, situé sur la ligne médiane, entre les deux faisceaux supérieurs de la chaîne ventrale. A peu de distance du premier ganglion, il se bifurque; ses deux branches s'écartent latéralement, et il donne des filets de com- munication aiix nerfs qui naissent du faisceau supérieur; puis le tronc du nerf se reforme pour se bifurquer et se distribuer de même au niveau de chacun des ganglions suivants : après le dernier ganglion, ce nerf se distribue presque eif entier au rectum. Quelquefois, comme dans les carabes et les courtiUières ^ à chacune des bifurca- tions, il existe un petit ganglion placé sur ceux de la chaîne sous-intcstinale, mais qui ne se confond pas avec ceux-ci. Ce système particulier de nerfs n'éprouve pas les méraes changements de contraction dans le cours desmétamorphoses que la chaîne sous-intcstinale proprement dite, ce qui fait que ses rapports avec cette chaîne ne sont pas les mêmes dans la larve et dans l'in- secte parfait. On les a considérés comme plus spécia- lement liés aux fonctions de la respiration. Les trois parties constituantes de la chaîne ganglion- naire se distinguent dans la grande scolopendre mieux que dans aucun autre articulé. Les ganglions formentle 3. 24 370 XI* LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. foisceau iuiérieru*; et sa séparation d'avec le faisceau su- périeur devient manifeste après quelque temps de séjour dans l'alcool. On voit chaque ganglion fournir quatre paires de nerfs , et une cinquième sortir du faisceau supérieur pour se rendre à la série intei'iie des muscles. Enfin un faisceau étroit, formant le troisième appareil, est couché tout le long de la ligne médiane sur la chaîne gau(;iionnaire, d\m hout du corps à Tautre. Au-dessus de chaque ganglion , il fournit quatre paires de très petits filaments qui vont se réunir aux quatre paires de nerfs du ganglion. C'est certainement un fait curieux que cette division delà chaîne ventrale des articulés en une partieganglion- naire que Fou peut, avec vraisemhlance, considérer comme conductrice de la sensihihté, et une partie lisse que 1 on peut considérer comme conductrice du mouve- ment; et Foc a voulu tirer de la situation respective de ces deux parties, comparées dans les vertébrés et dans les articulés, un argument en faveur de Fhypothèse que les animaux articulés marchent sur le dos, et qu'ils sont, par rapport aux animaux vertébrés , des animaux renversés ; mais on a oublié que , dans la tête , toutes les parties, la bouche, les yeux , le cerveau , sont dans les mêmes positions relatives que dans les animaux vertébrés, de sorte que l'hypothèse conduirait tout au plus à admettre que les articulés sont des animaux tordus dans l'articulation de la tête au thorax; or, cela ne satisfeiait pas les systèmes auxquels cette hypothèse se rattache. ] Les détails dans lesquels nous sommes entrés dans Farticle II de cette leçon nous montrent évidem- ment, dans Forganisation des systèmes nerveux, une ART. m. SYSTÈME NERVEUX DES ANiMAUX. BAYONNÉS. 371 analogie aussi grande que dans les formes exté- rieures, dans la disposition des muselés et dans cette singulièie division de tous ces animaux eu une suite d'anneaux ou de segments : analogie qui doit nous em- pêcher d'établir entre les trois classes des annélides, des crustacés et des insectes , des limites aussi tran- chées que celles qui existent entre elles et Tembran- chement des mollusques. Ces ganghons presque égaux, répartis d'une ma- nière uniforme sur un cordon qui s'étend sur toute la longueur du corps, semblent être placés ià pour que chaque segmentait son cerveau à soi, [et, en effet, dans quelques annélides la vie persiste, quoique le corps soit séparé transversalement en derix tronçons, et chaque moitié devient en a])parence un individu complet. Gela n'a lieu pour aucun mollusque, qui ne peuvent reproduire que quelques parties peu impor- tantes , comme les tentacules.] ARTICLE ni. DU SYSTÈME NERVEUX DES ANIMAUX RAYONNES (l). [Dans ce dernier embranchement du règne animal, (i) Dans la première édition, l'article correspondant à celui-ci poitait pour titre : ])es animaux dans lesquels on n'a point encore reconnu de système nerveux distinct^ et M. Cuvier ne décrivait qu'avec doute, comme composant le système nerveux des astéries, certaines parties qu: avaient quelque apparence de nerfs; il ajoutait qu'il faudrait faire des expériences galvaniques sur des individus vivants pour en constater déHnitivement la nature. Depuis, M. Tiedemann a reconnu que ces parties étaient un ap- pareil vascalaire. M. Spix avait, en 1809, dans le t. xiii des Annales du Museam, donné un aperçu du système nerveux des astéries et des acti- 372 XI* LEÇON. SYST. NERV. DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES. le système nerveux , quand il existe , est réduit à vine extrême simplicité , et ne consiste plus guère qu'en un cordon annulaire , d'où partent quelques filets rayon- nants pour les parties voisines , ou bien en simples cordons longitudinaux.] A. Dans les échino dermes. [Dans \ astérie orangée^ M. Tiedemann regarde comme formant le système nerveux un filet très fin qui entoure la bouche, et présente cinq petits renflements ganglionnaires. De chacun de ceux-ci partent : un rameau pour chaque bras , marchant entre les ambu- lacres; des filaments pour les pieds, et deux filets obliques pour l'estomac. Dans les oursins {Echinus \Àn.) le cordon nerveux entoure l'origine de l'œsophage, et représente un pen- tagone ; les cinq troncs qui marchent dans les intervalles des pyramides naissent au point de rencontre des branches de ce pentagone. Chacun d'eux est partagé longitudinalement par un sillon, et donne de chaque côté un grand nombre de filets qui accompagnent les principaux vaisseaux (i). iiies; mais c'est surtout depuis 1812, à la suite du concours ouvert par l'Académie des sciences sur la proposition de M. Cuvier, que l'anatomie a acquis quelques notions un peu plus précises sur ie système nerveux àes rayonnes. Toutefois, dans son ouvrage couronné ( y^not. des holo- thuries ^ (le> astéries et des oursins, Landsiiut, i8i6,in-P, en allemand)', M. Tiedemanii ne s'exprime encore qu'avec beaucoup de doute et de réserve, en ce qui concerne les holotliuiies. (i) A. Krolm. Uehcr die Anordnung des Nervensystenis der Echiniden 7ind Holothurien ini alùjemeinen. — Dans les Arch. de Muiler, et traduit dans les Ann. des se nat. , t. XVI, 1841. ART. U\. S\STÈME NERVEUX DES AÎNTMAUX EAVOîS'KÉS. 373 Daiis les holothuries ^ intérieiireir.ent à Tappareil os- seux de la bouche , il existe un anneau nerveux autour de l'œsophage, duquel partent des filaments pour les tentacules de la bouche, et cinq filets lon[>itudinaux, appliqués sur les troncs vasculaires, et qui glissent entre chaque priire de muscles : on aperçoit aussi des filets qui se rendi nt au canal alimentaire. Dans les sipuncles . très semblables aux holothuries parieur strtictni'e interne et |)ar leurs habitudes, mais plus allongés, il y a deux filaments longitudinaux seu- lement du côté du corps sur lequel ces animaux ram- pent ou nagent.] B. Dans les vers intestinaux. [Dans la plupart des vers intestinaux cavitaires^ on ne trouve qu'un filet nerveux régnant le long du ven- tre, et composé de deux cordons qui se séparent en avant pour embrasser l'œsophage, et plus loin pour embrasser la vulve. ] Dans Vascaride lombrical^ ^^ ^ deux filets blancs qui régnent, lïm du côté du dos , l'autre du côté du ventre, et qui se réunissent au-dessus de Fœsophage, à sa naissance sur la bouche. Ils sont là, très grêles, et ne produisent pas de ganglion remarquable. La gros- seur des filets est moindre vers leur origine que vers leur extrémité, c'est-à-dire du côté de l'anus, mais ils sont égaux et absolument semblables entre eux dans leurs diverses parties. D'abord on n'y remarque que de petits points granuleux qui vont en grossissant à mesure que le nerf descend. Lorsqu'il est parvenu au milieu de la longueur du corps, on le voit formé de ganglions carrés peu|éloignés les uns des autres; enfin , 374 XI* LEÇON. SVST. NERV. DES ANÏ5IAUX SANS VERTÈBRES. à ia terminaison, dans une longueur de six lignes à peu près, le nerf devient de plus en plus grêle, et finit par un très petit filet qui Funit à celui de lautre côté (i). [Dans le strongle géant, il paraît n'y avoir qu'un seul cordon renflé à ses deux extrémités. Dans la linguatule tœnioï(le{p)^ il existe un ganglion situé entre la bouche et le commencement de l'ovi- ducte, et par conséquent sous-œsophagien. Huit paires de nerfs rayonnent de ce ganglion. Les deux filaments antérieurs passent en avant de l'œsophage de chaque côté; les filaînenls latéraux se terminent sur chaque côté de la bouche ; la paire postérieure est la plus forte; elle passe sous les ovaires et les testicules du côté du ventre. Dans la nemerte de Camille (3) , il y a un cerveau formé de deux ganglions allongés et bilobés réunis par une large commissure. De leur partie antérieure et la- térale, ces ganglions fournissent des nerfs qui se distri- buent à la tête. Ils se continuent latéralement et en arrière, en deux cordons qui marchent de chaque côté du corps , en donnant des filets aux téguments et aux ovaires. Dans la douve du foie (4), on observe deux filets longitudinaux, un de chaque côté du corps, lesquels (i) Dans la première édition, M. Cuvier n indiquait ces nerfs qu'avec quelque doute. M. Otto (»S'oc. des nat, de Berlin^ 7^ année) et M. Clo- quet {Jn.des vers intestinaux^ 1824^ ^""4) ^" *^"^ confirmé l'existence. (2) Pc. Owen, On the anatomy of linguatiila tœnioides. Dans Trans. zool.^ vol. I , i835. (3) E'ipère nouvelle ainsi nommée par M. de Quatrefages , qui en a fait ("iguier l'anatomie dans la nouvelle édition du Règne animal ^ accom- pagnée de planches, Zoophites^ pi. 34» (4) Otto, lac. cit. ART. III. SYSTÈME NERVEUX DES ANIMAUX RA\ONNJ^S. 375 sont réunis vers le tiers antérieur de Fanimal par une commissure transverse, pourvue à vSon milieu d'un petit ganglion. ] G. Dans les acalèphes , [Le système nerveux reprend sa forme radiée , soit qu'il se compose , comme on l'a décrit dans le Beroé de Forskall ( i ) , d'un ganglion unique situé au sommet du pôle supérieur sous le point oculiforme, et d'où partent des filaments le long des côtes ciliées ; soit que, comme on l'a décrit dans \q Beroé globuleux (2), il y ait, un peu au-dessous de l'ouverture de la bouche , un double filament transverse , blanc de lait, qui forme un cercle autour du corps. Dans ce cercle , au milieu de chacun des espaces compris entre les huit rangées de cils, il existe un petit ganglion. Chaque ganglion fournit cinq nerfs; un longitudinal plus long, qui par- tage l'espace interciliaire en deux parties égales, et qui présente dans son trajet deux ou trois petits renfle- ments d'où partent des filaments pour les viscères; et deux nerfs latéraux de chaque côté qui se dirigent obliquement, l'un au-dessus, l'autre au-dessous des cordons qui d'un ganglion à l'autre complètent le cercle. Dans le Lesueuria vitrea, genre de la famille des bé- roïdes, M. Milne-Edwards décrit, au-dessous du point oculiforme, un corps d'apparence ganglionnaire d'où naissent de nombreux filaments réunis en quatre fais- (i) Milne-Edwards, Ann.des se. nat.^ t. XVI. 1841. (2) R. Grant, On ihe nervous System of Beroe pileus ^ A^u?, Trans. de la Soc. zonl. de Londrex^ t. r, i833. 3/6 Xl« LEÇO.N. bVST. rvERV. DES ANIMAL'X SANS YERTÈBP.ES. ceaiîx qui descendent obliquement vers îe bord infé- rieur et externe des lobes principaux du corps. Au milieu de chacune des côtes ciliées , un petit filament longitudinal, qui paraît être de nature nerveuse, donne de chaque côté une multitude de raniuscules. Dans les méduses , un ruban nerveux accompagne le bord circulaire de la cavité intestinale, et de petits ganglions sont placés près de la base de chaque tenta- cule marginal. De chacun de ces ganglions partent des filets qui se rendent aux tentacules; on croit même avoir aperçu huit ganglions à la base de huit pédoncules qui portent des points colorés , que l'on suppose être des yeux. ] D. Dans les polypes. [Dans les actinies^ il y a, sous 1 enveloppe muscu- laire , entre la cavité intestinale et la base par laquelle ces animaux se fixent, un anneau qui offre cinq petits ganglions, desquels f)artent des filaments nerv^eux. Cette observation est (aciîe à vérifier même sur des individus assez petits. M. Van Beneden ( î ) annonce que Ton peut distinguer le système nerveux àe^ polypes d eau douce ^ei M. Va- lenciennes qu'il est facile de le voir au microscope, et avec une légère compression, dans la. plumatelle.]U est Drobable qu'en perfectionnant les procédés d'observa- tion, on le rencontrera dans tous les polypes, car tous ces animaux ont des sensations très distinctes. INon seulement leur toucher est fort délicat, non seulement ils s'aperçoivent des mouvements qui agitent l'eau (i) BuUptin de l'Acad. roy. des sciences de Bruxelles, t. vi, 2^ partie. A HT. m. SVSTCME NERVEUX DES ANIMAUX ILIYONNES, 377 dans lci(|ne]ie ils se tiennent, mais ils sentent parfaite- ment les degrés de la lumière et de la ebalein\ L'ex- pansion des actinies correspond parfaitement à la sé- rénité de l'air; le polype à bras s'aperçoit très bien de la présence de la lumière; il l'aime, et il se dirige constamment vers elle. Les animaux microscopiques paraissent se rappro- cber en partie de la nature des bydres , par leur sub- stance uniforme et gélatineuse ; il y en a cependant quelques uns dans lesquels on remarque une organisa- tion plus compliquée et plusieurs sortes de viscères intérieurs, [et où plusieurs des micrograpbes qui s'en sont récemment occupés ont cru apercevoir et ont décrit des parties nerveuses distinctes. | 378 XTI« LEÇON. ORGANE DE LA VUE. DOUZIEME LEÇON. DE L'ORGANE DE LA VUE , OU DE L'OEIL (l). ARTICLE PREMIER. IDÉE GÉNÉRALE DE LA VISION. La vue nous fait distinguer la quantilé, la couleur et la direction des rayons lumineux qui viennent frap- per notre œil. C'est par la différence des couleurs qu'elle nous fait connaître les limites des corps en hau- teur et en largeur ; et c'est par la différence dans l'in- tensité de la lumière et par les ombres portées qu'elle nous en fait reconnaître les profondeurs et les inéga- lités, lorsque nous l'aidons de l'expérience acquise par le sens du toucher; enfin, c'est par la direction des rayons qu'elle nous fait juger de la ligne dans laquelle ces corps sont situés. Quant à la distance réelle, la vue seule ne pourrait nous la faire connaître immé- diatement. Il faut qu elle soit encore ici aidée de l'ex- périence acquise par le toucher , et que nous jugions cette distance d'après la grandeur et le degré de lu- (i) [Le principal changement que nous ayons fait dans les divisions de cette leçon a été' de reporter à la fm et de réunir dans un article spécial tout ce qui concerne l'œil des mollusques céphalopodes, qui se trouvait confondu avec la descrijDtion des différentes parties de l'œil des verté- brés. Les déterminations que M. Cuvier a données des membranes de l'œil des céphalopodes dans son mémoire sur ces animaux , toutes diffé- rentes de celles qui se trouvaient dans les Leçons d anatomie comparée ^ rendaient re changement nécessaire.] ART. I. IDÉE GÉNÉRALE DE LA VISION. 379 mière connus des objets com|)arés à leur grandeur et à leurs degrés de lumière apparents. La vue ne nous faisant connaître immédiatement que les quantités, qualités et mouvements des rayons à l'instant même où ils frappent l'œil , nous sommes sujets à errer, lorsque nous voulons en tirer des conclu- sions relatives aux corps mêmes qui nous envoient ces rayons. Ainsi , des rayons réfléchis par un miroir nous font voir des corps dans une direction où il n'y en a point; des rayons brisés par des verres changent à nos yeux la grandeur apparente des corps dont ils viennent. Lorsque nous ne connaissons pas la vraie grandeur d'un corps, nous nous trompons sur sa distance , et vice versa. Un corps très éclairé nous paraît plus voisin lorsque ceux qui sont entre nous et lui sont dans l'om- bre, etc., etc. Les rayons ne se font sentir à nous qu'autant qu'ils frappent tme membrane nerveuse de l'œil, nommée rétine; et ils ne nous procurent ime sensation conforme au corps d'où ils viennent (ju'antant qu'ils tombent sur la rétine précisément dans Tordre selon lequel ils sont partis de ce corps. Pour cet effet, il faut quêtons les rayons qui viennent d'un des points de ce corps se rassemblent en un point de la rétine, et que tous ces points de réunion soient disposés comme ils le sont dans le corps dont ils forment l'image. Cette nécessité est une chose de simple expérience; car il est aisé de concevoir que nous ne connaissons pas plus la nature intime de la vue que celle de tous les autres sens, et que nous ne pourrons jamais savoir pourquoi ce sont là les conditions des idées qu'elle nous procure. •^80 XII» LEÇON. ORGANE DE LA VUE. Les rayons qui partent d'un point, allant nécessai- rement en divergeant, ils ne peuvent se réunir en un autre point qu'en étant brisés par quelque corps trans- parent qu'ils traversent : cela se fait dans l'œil comme dans linstrument d'optique nommé cham- bre obscure. L'œil est percé d'un trou . nomiwé pupille ^ derrière lequel est nn corps transparent de forme len- ticulaire, nommé cristallin, plus dense ane le milieu dans lequel Fanimai habite, et que les autres fluides qui remplissent l'œil. Le cône des rayons qui d'un point lumineux quelconque se rendent à la pupille, forme, après avoir traversé le cristallin, un autre cône dont le sommet frappe la rétine lorsque l'œil est bien con- stitué. Ces deux cônes ont leurs axes presqu'en ligne droite ; celui qui est perpendiculaire au milieu du cris- tallin va donc directement au fond de l'œil. Celui qui vient du haut va frapper en bas: celui de gauche va à droite, ainsi des autres, et il se forme sur la rétine une image renversée de l'objet : mais comme nous jugeons de la situation de chaque point lumineux par la direc- tion des rayons qui en viennent, nous devons voir les corps, droits.^ comme nous les voyons en effet. D'ail- leurs ces mots , droit et ren^^ersé ne sont relatifs qu a la position des corps comparée à celle du nôtre; et comme notre propre corps se peint renversé comme les autres, ils doivent paraître tous situés semblablement (i). Si les rayons étaient parallèles , ils se réuniraient (i) L'addilion qu'on trouve ici à l'ancien texte est de la main de M. Cuvier. Nous l'indiquons particulièrement, parce qu'elle confirme l'explication que M. J. Muller a donnée du phe'nomène dont il est ici question ART. I. IDÉE GÉîiÉRALfi DE LA VISION. 381 dans le point qu'on nomme , en dioptriqne , le foyer des raroRS parallèles ; mais ceux qui viennent d'un point dont la distance est finie, étant diver.oents, ont leur point de réunion un peu plus éloigné du cristallin que ce foyer ; et ceux qui viennent d'un point très proche , divergeant encore davantage , se réunissent encore un peu plus loin. Un œil déterminé ne doit donc voir distinctement que des objets placés à une certaine distance. Si son cristallin a beaucoup de force réfringente , c'est-à-dire, s'il est très dense et très convexe, ou si sa rétine est éloignée du cristallin , il ne pourra distinguer que les objets les plus proches ) si son cristallin est plat et moins dense, ou sa rétine plus voisine du cristallin , il ne distinguera que les objets éloignés. De là les différentes portées de vue d'un homme à un autre, et celles encore plus différentes d'une espèce d'animal à une autre. Mais comme le même homme peut, avec quelque attention , distinguer le même objet à des éîoignements différents, et dont on peut assigner les limites pour chaque individu ; comme surtout certains animaux dis- tinguent à des distances extrêmement différentes: les oiseaux, par exemple, qui aperçoivent leur proie du plus haut des airs, et qui ne la perdent pas de vue pour cela, lorsqu'ils la touchent : il faut que l'œil puisse changer la position de ses parties en rappro- chant et en éloignant sa rétine de son cristallin, ou bien qu'il puisse augmenter sa force réfringente en augniciitant la convexité de quelques unes de ses parties transparentes; ou, enfin, qu'il ne laisse entrer, lors- * qu'on regarde des objets très rapprochés, que les rayons les plus voisins de l'axe, et par conséquent les 382 XII'' LEÇON. OBGANE DE LA VUE. moins divergents. Nous verrons clans la suite les moyens par lesquels on suppose que ces changements s'opèrent. Aucun de ces moyens ne résout pleinement le proiDlème. Peut-être que les limites de la vision distincte sont beaucoup plus resserrées qu'on ne croit, et que dans beaucoup de cas'elle ne paraît telle que parce qu'elle est aidée ^^^ souvenir que Ton a de Tobjet. Au-devant du cristallin est ordinairement une hu- meur , nommée aqueuse , égale en densité à l'eau pure ; et derrière lui en est toujours une autre beaucoup plus abondante et un peu plus dense, nommée vitrée, h'a- queuse ne manque qu à quelques animaux qui vivent toujours dans l'eau. On suppose que la réunion de ces trois corps de densité différente doit produire le même effet que celle des trois verres dont on compose les objectifs des lunettes achromatiques : c'est-à-dire qu elle doit corriger la différence de réfrangibilité des rayons. En effet ces rayons sont ordinairement com- posés : les blancs le sont de sept rayons simples ; et comme ils ne se brisent pas sous le même angle ^ les images formées sur la rétine seraient bordées d un iris, comme celles que produisent les lunettes ordinaires, si cette disposition des trois humeurs n'existait pas. Cependant l'œil est encore sujet à voir ce que l'on nonmie des couleurs accidentelles. Lorsque la rétine a été trop fatiguée par certaines couleurs, elle leur est moins sensible ; si on jette la vue sur une des couleurs composées dont celles là font partie , la composée nous paraît commC;, elle serait si celle dont on est fatigué n'y entrait point. Ainsi, lorsqu'on a fixé une tache blanche, et qu'on porte la vue sur des corps blancs, on y voit une ART. I. IDEE GÉNÉRALE DE LA VISION. 383 tache obscure de même contour que celle qu'on a fixée; si la fcache qu'on a fixée était noire, c'était un repos, et l'œil voit partout une tache plus claire; si la tache était rouge, on en voit sur le blanc une verdâtre; si elle était jaune, on en voit une bleuâtre; une rou- geâtre, si elle était verte, etc., etc. [Outre ces couleurs accidentelles qui , dans ces cas, résultent de deux phénomènes que M. Chevreul appelle le contraste mixte et le contraste successif des cou- leurs, il s'en produit encore dans une autre circon- stance : lorsque l'œil voit simultanément deux ou plu- sieurs objets diversement colorés , par exemple deux corps, l'un orangé et l'autre vert, la couleur jaune qui entre dans chacune de ces couleurs n'est point vive- ment sentie , et les deux corps nous apparaissent, l'un plus rouge et l'autre plus bleu qu ils ne le paraîtraient, vus séparément. Gela tient à ce que, dans ce cas, ce qu'il y a d'analogue dans la sensation des deux couleurs est beaucoup moins vif dans son impression sur la ré- tine que ce qu'il y a de différent, et les objets sont alors vus modifiés soit dans la composition physique, soit dans la hauteur du ton de leurs couleurs. C'est le phénomène que M. Chevreul appelle le contraste si- multané àes couleurs (i).] Il ne faut pas oublier que l'humeur aqueuse a aussi une grande influence sur la réfraction des rayons par sa convexité , surtout dans les animaux qui vivent dans l'air. C'est probablement cette convexité , jointe à celle que prend le vitré, qui supplée à l'action du cristallin dans les yeux que l'on a opérés de la cataracte, c'est- (i) De la loi du contraste simultané des couleurs et de ses applications , par M, E. Chevreul. i vol. in-8" avec atlas in-fol. Paris, iSSg, 384 XII* LEÇON. ORGANE DE LA. VtlE. à-dire dont le cristallin devenu opaque a été enlevé. Beaucoup d'animaux ne peuvent voir le même ob- jet que d'un œil à la fois ; l'homme n'en emploie non plus qu'un lorsqu'il veut voir très distinctement : pour la vision ordinaire, tant que les images tombent sur les places correspondantes des deux rétines , et que les deux yeux sont à peu près égaux , nous ne distin- guons point ces images, et nous voyons les objets simples ; mais pour peu qu'un œil soit tordu ou tourné différemment de l'autre, ou lorsqu'ils sont très iné- gaux 5 nous voyons double. x\RTIGLE IL DU NOMBRE^ DE LA MOBILITÉ, DE LA GRANDEUR RELA- TIVE , DE LA POSITION ET DE LA DIRECTION DES YEUX DANS LES DIVERS ANIMAUX. Tous les animaux vertébrés, sans exception, ont deux yeux mobiles , placés dans des cavités du crâne nommées orbites, et composés des mêmes parties es- sentielles que ceux de l'homme. Aucun d'eux n'en a ni plus ni moins : il n'y a que des exceptions apparentes, lorsque les yeux sont cachés par la peau, comme dans le rat zemni i^inus tf/phlus) , le proteus anguinus , le gastrobranchus cœcus ^ ou lorsque le même œil ayant deux pupilles, paraît double, comme dans le poisson nommé cobilis anableps. La même chose a lieu aussi dans les mollusques ce" phalopodes. La plupart des gastéropodes ont aussi deux yeux , mais très petits, et placés, ou à Heur de tête, ou sur ikes tentacules charnus et mobiles ; à la base de ces ART. II. NOMBRE DES YEUX, ETC. 385 tentacules dans les uns, sur leur milieu, ou à leiu* pointe clans cl autres, ainsi qu'on peut le voir dans les livres des naturalistes, il n'y a f^uère que les scyllécs , les glaucus , qui en soient privés dans tout cet ordre, [Parmi les ptéropodes, les cliodores et les cynibuUes paraissent avoir aussi des yeux, tandis nue les c/Zo^, les pneumodermes et les liyales en sont dépourvus.] Il n'y a d'yeux dans aucun mollusque de l'ordre des acéphales (i). Les yeux des animaux articulés paraissent d'une na- ture différente de ceux des animaux dont nous avons parlé jusqu'ici. lisse divisent en composés ou chagri- nés , do:)t la surface présente au microscope une mid- titucle de tubercules, et en simples^ qui n'en présen- tent qu'un seul. [Quelc|uefois les yeux simples sont ras- semblés en groupes plus ou moins nombreux qui simu- lent des yeux composés; mais leur structure anatomique en est très différente. Les yeux simples, cpi'on nomme aussi slemmates , sont assez souvent de grandeur diffé- rente dans le même animal.] Parmi les annélides, on trouve quelcpiefois de petits tubercules qui ressemblent assez aux yeux simples des insectes, pour cpa'on les ait aussi regardés comme tels. Quelques sangsues en ont deux, quatre, six ou huit. (i) CepenJaiît ^î. Gvwhe (^IJber Augen bei Muscheln dans Archiv. de J. Muller, i84> cyames ^ etc.] Les larves des insectes à demi-métamorphose ont les yeux semblables à ceux de leurs insectes parfaits ; mais celles des insectes à métamorphose complète n'ont jamais que des yeux simples qui varient beaucoup pour le nombre , selon les espèces. Les chenilles , par exemple , en ont six de chaque côté ; les jausses chenilles^ ou larves de mouches à scie ^ deux seulement, ainsi que celles des abeilles^ des stratyoïnes ^ etc. Plusieurs de ces larves à métamorphose complète n'ont point d'yeux du tout. Il y aurait une infinité d'autres observations à faire sur la forme, la position , la direction des yeux des in- sectes et de leurs larves , et sur les effets qui en résul- tent pour leur vision ; mais toutes ces choses se voyant à l'extérieur, nous devons les abandonner aux natura- listes. Voyez d'ailleurs notre article XIIL [On a décrit dans plusieurs genres de zoophytes, comme [e^ planait es ^ les heroés et les méduses ^ des points noirs ou colorés que l'on regarde comme étant probablement des yeux. ] Les yeux sont toujours placés à la tête, excepté dans quelques articulés , où la tête se confond avec le cor- selet, c'est-à-dire dans les araignées ^\ç,^ faucheurs ^ les scorpions ^ etc. [Encore cette exception est-elle plus apparente que réelle. Mais les mollusques acéphales, avec leurs points oculaires disposés autour de leur manteau, font une exception plus vraie.] La giandeur relative de l'oeil varie sans nul rapport 388 XII'' LEÇON. OEGANE DE LA VtJE. avec les classes, ni même avec les genres naturels. Ce- pendant les très grands animaux ont généralement l'œil petit à proportion. Tels sont les cétacés ^ les élé- phants ^ les rhinocéros ^ les hippopotames. Il est aussi fort petit dans les animaux qui vivent presque continuellement sous la terre, les taupes^ les niusaraignes ,\e?> rats -taupes^ quelques campagnols. I.es mammifères frugivores, qui grimpent aux ar- bres, les ont généralement grands, les makis , les écu- reuils , les loirs , etc» Un très grand œil est le plus souvent un signe que l'animal peut voir dans Tobscurité. Les chauves-souris ne sont pas une exception réelle à cette règle, parce qu'il ne paraît pas que ce soit leur vue qui les dirige dans leur vol , comme nous le verrons en traitant du toucher. Les poissons ont presque tous de grands yeux, sans doute parce qu'ils vivent dans un milieu plus obscur par lui-même. Les mollusques céphalopodes les ont très grands, surtout le calmar, tandis qu'ils sont à peine visibles danr, ceux des gastéropodes qui en ont. Si Ton examine tous les yeux chagrinés et lisses des insectes , on trouvera qu'ils présentent à la lumière des surfaces oculaires plus grandes à proportion qu'au- cun animal des autres classes , quoique chaque œil en particulier soit très petit. Les yeux de l'homme et des singes sont dirigés en avant; les derniers les ont même plus rapprochés de la ligne moyenne que l'homme. Le tarsier [lemur tar~ sius , Pall.) est de tous les mammifères celui dans le- quel ils sont le plus rapprochés. Dans les autres mam- ART. III. FORME DE l'ŒÏL , ETC. 389 Riifères , les yeux s'écartent toujours plus l'un de l'autre, et se dirigent vers les côtés. Ils sont un peu dirigés en bas dans les cétacés. Les oiseaux les ont tous dirigés latéralement, excepté les chouettes , dans lesquelles ils regardent en avant comme dans l'homme. Tous les reptiles les ont latéraux. Les poissons varient beaucoup à cet égard; les uns ayant les yeux tout-à-fait dirigés vers le ciel, comme Vuranoscope; d'autres les y portant très obliquement (les callyonymes ^ les raies)\ quelques uns les ayant tous les deux dirigés d'un même côté du corps (les plearoncctes). Cependant la très grande partie des poissons a les yeux dirigés latéralement. Tous les animaux qui les ont entièrement ainsi, ne peuvent contempler les objets qu'avec un seul œil à la fois. ARTICLE IlL DE LA FORME TOTALE DU GLOBE DE L'OEIL , DE La' FORME ET DE LA PROPORTION DE SES CHAMBRES, ET DE LA DEInSITÉ DE SES PARTIES TRANSPARENTES. L'œil devant être considéré comme une machine de dioptrique^ il est très miportant de connaître les cir- constances qui peuvent en déterminer l'effet. Ce sont les formes, les proportions et la densité de la lentille cristalline , et des deux humeurs qui l'accompagnent. A. Forme. L'œil dépend , quant à sa forme générale , du milieu dans lequel habite l'animal auquel il appartient, il est 390 XII* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. presque sphériqiie , ou du moins très approchant de la sphère dans lliomnie et dans les quadrupèdes qui se tiennent à la surface de la terre , c'est-à-dire dans la partie la plus basse et la plus dense de l'atmosphère. La cornée forme seulement à sa partie antérieure une légère saillie, qui vient de ce que sa convexité appar- tient à une sphère plus petite que celle du reste de 1 œil. Cette différence n'est cependant pas sensible dans le castoi\ \e porc-épic , le sarigue ^ etc. Le globe est, en général , un peu moins convexe par devant que par derrière ( i ) . Dans les poissons et dans les cétacés qui habitent dans l'eau, l'aplatissement de la partie antérieure de (i) Pour déterminer avec encore plus de précision de combien le globe de l'œil s'approcbe ou s'éloigne de la forme spbe'rique, on peut faire une table de la proportion de son axe avec son diamètre transverse. MAMMIFERES. Axe. Diamèt Homme i : I. ou. . . . » . 13;; : l36. Singe < id Oreillard. . , , 12 II. Chien . 24 25. Loup . 5o : 5l. Lynx. I : I. Phoque. . . 65 • 71- Kanguroo géant. . . II : 12. Raton. . . . I : I. Marmotte. . . . . 65 68. Porc-épic. . . . 5 : 6. Castor. . . . . 5o : 5l. Chamois. ; > i 64 : 70. Bœuf . 20 21. Cheval. . . . 24: 25. ABT. III. FORME DE l'œIL , ETC. 391 l'œil est beaucoup plus considérable, au point que, dans beaucoup de poissons , l'œil représente une demi- sphère dont la partie plane est en avant et la partie convexe en arrière. Dans la raie , il y a de plus un apla- tissement à la partie supérieure ; en sorte que l'œil est comme un quart de sphère, coupé par deux f>rands cercles perpendiculaires l'un à l'autre. Quelques pois- sons , notamment la lote ^ font exception à cette règle, et ont aussi la cornée très convexe. Dans les oiseaux, qui se tiennent toujours plus ou moins élevés dans l'atmosphère , l'œil s'écarte de la forme sphérique, dans un sens contraire à celui des poissons. Sur sa partie antérieure . qui est tantôt plate, tantôt en forme de cône tronqué, est enté un court Éléphant d'Asie. Baleine. . Mesures prises en dedans Marsouin. ) :1 En dehors. Cliouette. Faucon. Vautour. Perroquet. Autruche. Cygne. . Tortue franche Crocodile, . Monitor. Couleuvre . Grenouille. , OISEADX. REPTILES. • • Axe. Diamètre transverse. 9 = '2. 6 1 1. 3 : 3. Axe. Diamètre postérieur. i3 73 i3 7 4 i8 8o. i6. 9- 5. 25. 85 : 107. l3 : i5. 43 : 57. 3o : 29. l6 : •9- 392 XIl* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. * cylindre, fermé par une cornée très convexe, et quel- quefois absolument hémisphérique , mais appartenant toujours à une spbère beaucoup plus petite que la con- vexité postérieure. C'est surtout dans les chouettes que la partie co- nique est considérable. Son axe est double de celui de la partie postérieure ; mais dans les autres oiseaux le cône est pour l'ordinaire très aplati. Son axe est, dans le vautoiu\ moitié de celui de la partie postérieure ou du segment de sphère. Cette différence entre les veux des trois classes tient à la proportion qui existe entre la densité du mi- lieu dans lequel les animaux habitent , et celle de Fhu- menr aqueuse de l'œil. Gomme celle-ci est de la même densité queFean, elle ne briserait point les rayons qui viendi'aient de ce milieu ; ainsi son effet serait nul dans POISSONS. |L Axe. Diamètre postérieur. Brochet. , ly: 21. Morue , 20 : 3i, Anableps. i3: i5- Esturgeon 5 : 6. Squale. . . , 16: 21. Haie 76 : 104. MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. Seiche 80 : Sy. Comme Certains yeux s'écartent aussi clans leur coupe, de droite à {gauche, de la forme circulaire, ou pourrait également faire une table de la proportion de leur diamètre vertical , ou de leur hauteur, avec leur diamètre transverse ou leur largeur : en voici quelques exemples. La hauteur est à la largeur Dans le bœuf. . . . comme 87 — 38. Raie 1 ^ — 2, ART. III. FORME DE l'œIL , ETC. 393 les poissons : c'est pourquoi elle n'y existe point, ou y est du moins réduite à une très petite épaisseur. Dans un air très raréfié, comme celui où se tiennent les oi- seaux , le pouvoir réfringent de l'humeur aqueuse est considérable : aussi existe-t-elle en quantité et avec une surface très convexe. Les quadrupèdes sont sur la limite de ces deux classes extrêmes, par la structure de leur œil, comme par le milieu qu'ils ha- bitent. L'humeur aqueuse manque entièrement dans les seiches. La convexité du cristallin est en raison inverse de celle de la cornée; et par conséquent son épaisseur en raison inverse de celle de l'humeur aqueuse. Les poissons ont un cristallin presque sphérique , et même quelquefois absolument sphérique; il fait saillie au travers de la pupille, et ne laisse presque point de place pour l'humeur aqueuse. On en trouve aussi un extrêmement convexe dans les cétacés et dans quelques quadrupèdes et oiseaux sujets à plonger souvent , comme les phoques , les cormorans , etc. Celui des reptiles est aussi très convexe. Dans les oiseaux , le cristallin est en forme de lentille aplatie ; dans les mammifères , la lentille qu'il forme est plus convexe ; l'homme est de tous les mammifères celui qui Ta le plus plat. Dans tous ces animaux , il est composé de deux segments de sphère , dont le posté- rieur appartient généralement à une sphère plus pe- tite (i). Ses dimensions et ses proportions ne sont pas (i) Un moyen simple de comparer les convexités des différents cristal- lins, c'est la table suivante du rapport de leur axe à leur diamètre, ex- 294 XII'' LEÇON. ORGANE DE LA VUE. entièrement constantes dans chaque espèce ; il est gfé- néralement plus convexe dans les jeunes sujets que dans les vieux. Il est facile de voir que cette convexité du cristallin doit suppléer à celle de la cornée. Dans les animaux où la cornée est convexe, les rayons, déjà convergents 2 généralement. traite en partie des observations de Petit {Mémoires de l'Académie des sciences, 1727), [en partie de celles de D.-W. Sœmmering]et en partie de celles qui nous sont propres. L'axe est au diamètre Dans l'homme. .,,,..,= — Singe id. — Oreillard , — Chien. . . , . é » . — Loutre. . . è . . . . — Loup = i3 — Lynx. , , rz: 5 — Raton t= î5 — Kanguroo. ...*«.. e= 11 — Phoque = 23 = 5 = 7 — Lièvre ^= ^ — Castor = 10 — Porc-épic i . . = 5 — Marmotte, .......= 5 — Eléphant d'Asie ^^4 — Cheval = 2 — Bœuf. *= 5 — Chamois ; = 53 — Marsouin ^^9 — Baleine = i3 — Faucon = 38 — Chouette ■ . . = 3 — Perroquet = J — Vautour = 8 — Autruche = 4^ — Cvf|iie. . . == i5 6. 9. I. 18. 7- 32. 14. 25. 5. i3. 6. 7- 7- 3. 8. 65. 10. i5. 57. 4. 10. II. 75. 19- ART. m. FORME DE LOEIL, ETC. 395 lorsqu'ils arrivent au cristallin , n'ont pas besoin d'être si fortement rapprochés par celui-ci : c'est le contraire dans ceux où la cornée est plate. B. Proportions. Pour déterminer Pespace qu'occupent le cristallin et les deux humeurs, il faut faire geler les yeux, et les couper dans cet état par un plan qui passe par leur axe. Il y a cependant cet inconvénient, que la gelée dilate inégalement les différentes parties de l'oeil. De cette manière on voit que l'oeil de l'homme est celui de tous où le cristallin occupe le moins de place, et que les poissons sont ceux où il en occupe le plus. L'axe de l'œil étant i , l'espace que chacune de ses Tortue ^^7*9- Crocodile = 27 ; 34- Monitor n^iy: 24. Couleuvre =1 \ . \. Grenouille. ..,....==: 7 : 8. Saumon := 9:1 o. Espadon = aS : 26. Alose = 10 : II. Brochet. . = i4 : i5. Barbeau . = 11:12. généralement. Carpe =z l\ : iS. Maquereau :== 12 : i3. Merlan = i4 : i5. Squale :=2i: 22. Raie • . . . . î= irf. Hareng. . , r= 10 : 11. Tanche = 7:8. Anguille = 11 : 12. Congre ■=■ 9 : 10. Seiche. = i3 : 12, 396 XII* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. trois parties occupe sur cet axe peut être représenté par les fractions suivantes. I Humeur aqueuse. Cristallin. Humeur vitrée Homme, 3 : 22. 4 • 22. . . i5 : 22. Ma{^ot. . . . 3 : 17. . . 4 : 17. . . 10 : 17. Oreillard. . . 4 : '3. . . 5 : i3. . . 4 •■ i3. Lynx. , . 6 : 26. . . 1 1 : 26. . . 9 : 26. Raton. , .1:6... 3:6.. . 2 : 6. Loup. . 5 : 20, 9 : 20. . 6 : 20. Chien. . , . 5 : 21. . . 8 : 21. . . 8 : 21. Phoque. . 2 : 25. . I I : 25. . . 12 : 25. Kanguroo. . 4 : 23. . , 10 : 23. , . 9 : 23. Marmotte.. . 2 : l3. . , 5 : l3. . . 6 : l3. Castor. . 1:5... 2:5., . 2 : 5. Porc-épic. . 2:11. . . 6:11. , . . 3 : 11. Éléphant. . . 5 : 24. . . 7 ; 24. , . 12 : 24. Cheval. , . 9 : 43. . . 16 : 43. , , 18 : 43. Bœuf. . . 5 : 37. . . 14 : 37. . . 18 : 37. Mouton. . . 4 • 17- • • 11 : 17. . . 12 : 17. Chamois. , . 4 : 25. . . 12 : a5. . . 9 : 25. Baleine. , . 5 : 27. . , 12 : 27. , . 10 : 27. Chouette. . . 8 : 37. . . II : 27, , . 8 : 27. Faucon . . 3 : i5. . . 4 : '5. . . 8 : l5. Perroquet . . 3 : i4. . . 4 •• ï4. . . 7 : 14. Autruche. , . 8 : 38. . . Il : 38. . . 19 : 38. Cygne . . . 2 : l5. . . 7 : l5. . . 6 : l5. Tortue . . . 2 : i5. » . 4 • '^' . . 9 = »5. Crocodile . 2 : l3. . . 6 : l3. . . 5 : l3. Monitor. . .1:8.. .4:8.. ..3:8. Couleuvre . . I : '4. . . 2 : 4* . . I : 4« Grenouille . .1:7.. . 4 : 7. ..2:7. Morue . . 1 : 107. . . 66 : 107. . . 40 = 1^)7. Brochet . I : 14. . . 8 : 14. . , 5 : 14. Esturgeon , • 1:9.. . 5 : 9. . . 3:9 Squale. . . 2 : l5. , . 10 : l5. . . 3 : l5. Raie. , . 1 : l3. . . 8 : l3. . . 4 •■ '3. Hareng. , . 1:7.. .5:7. . . 1:7- Seiche. . . 1 : 32. . . l3 : 32. . . 18 : 32. Il serait aussi intéressant de connaîti e la proportion ART. III. FOBME DE L'ŒIL , ETC. 397 du volume total occupé par chacune des trois parties transparentes. L'œii de Thomme est, parmi les mam- mifères, celui où Ihumeur vitrée est la plus abon- dante , à proportion ; il en a vingt fois autant que d'hu- meur aqueuse. Dans le bœuf, il y en a dix fois ; dans le mouton, neuf fois autant. [Il y en a à peine dans Vopossum , selon M. Treviranus, à cause du grand vo- lume du cristallin (i).] G. Densité. Si la table suivante, donnée par Monro , des densités spécifiques des différentes parties transparentes de Fœil, dans le bœuf et la morue ^ est exacte, on en conclura que les différences à cet égard, entre les mammifères et les poissons, ne sont pas considérables : l'eau distillée y est supposée looo. Dans le bœuf. Dans la monie. Pesanteur spécifique de l'humeur aqueuse. , , looo . . looo — De riiunieur vitrée,. . , 1016 . . ioi3 — Du cristallin entier. . . 1114. . iiG5 — De sa partie (xtérieure, . 1070 . . ii4o — De son noyau. , . . , i 160 . , 1200 Mais il faut remarquer, quant à leur pouvoir réfrin- gent , qu'il doit être plus considérable que la densité ne l'indique, à cause de la nature en partie inflammable des humeurs de l'œil. Il est possible que ces mêmes humeurs contiennent davantage de ces parties inflain- (i) Uber das Gehirn und die Sinneswerkzeuge des virginischen Beutel- thieres ^ von G.-R. Treviranus, dans Zeitschrift fur physiologie^ t. m, Darmstadt, 1829, in-4' * 398 XII" LEÇON. OBGANE DE LA VUE. niables dans certaines espèces que dans d'autres, et que par conséquent leur pouvoir réfringent ne soit pas précisément dans le rapport de leur densité. D. Consistance. La dureté du cristallin est plus grande dans les ani- maux où il est le plus convexe. Le cristallin de Thomme est un des plus mous. Celui des oiseaux et des mammi- fères se laisse écraser avec quelque facilité : sa partie moyenne est cependant pkis dure. Dans les poissons, cette partie moyenne devient subitement plus dure et forme un noyau qui ne se laisse diviser qu'avec beau- coup de peine. Le cristallin des seiches est aussi très dur, La dureté du cristallin augmente avec Fâge dans toutes les espèces. Les parties extérieures et plus molles du cristallin sont aussi moins denses. Il est probable que cette dispo- sition doit empêcher les rayons d'être réfléchis, comme ils le seraient en partie, s'ils passaient subitement par trois milieux différents. Cela arrive ainsi dans leur passage au travers des objectifs des Innettes achro- matiques, et le nuage laiteux qui résulte de ces ré- flexions répétées est un des principaux défauts de ces instruments. L'humeur aqueuse, qui e^t très fluide dans les ani- maux à sang chaud, se trouve visqueuse et filante dans les poissons. L'humeur vitrée est généralement d'une consistance semblable à celle du blanc d'oeuf; et comme elle est contenue dans des cellules , elle a l'apparence d'un corps circonscrit et non fluide : c'est ce qui lui a fait ART. IIÏ. FORME DE l'œIL , ETC. 399 donner, par beaucoup d'anatomistes, le nom àe corps vitré. Les données précédentes ne suffisent point pour calculer parfaitement l'effet de Foeil; il faudrait avoir encore la longueur absolue des rayons des sphères, auxquelles appartiennent dans chaque animal les cour- bures antérieures et postérieures de la cornée et du cristalhn, et celle de l'axe de Thumeur aqueuse du cristallin et du vitré ; enfin , le pouvoir réfringent de ces trois corps transparents comparé à celui de Teau distillée. On pourrait alors déterminer le foyer des rayons parallèles^ et on saurait à quelle distance l'animal dis- tingue le plus facilement les objets; et en ajoutant à ces points principaux ce que nous dirons dans la suite des moyens qu'ont les diverses classes de changer la figure de leur oeil , on déterminerait les limites de leur faculté visuelle. Nous n'avons que d'une manière incomplète et peu sûre les dimensions que je viens de demander. En voici cependant un tableau tiré de Petit, de Monro et de nos propres observations. [Celles de D.W. Sœmmering, faites avec beaucoup de précision , permettent de le compléter et de 1 étendre.] 400 XII** LEÇON. ORGAKK DE LA VUE. NOMS. Homme Magot. , Oreillard Lynx. . . . Raton'. . . Loup.. . . Chiea, . . Phoque. Kanguroo Marmotte Porc-épic Castor Lapin Eléphant Chamois Bœuf Mouton Cheval Marsouin de i,5.. . Baleine Faucon Grand-duc Hibou |Perroquet Autruche Cjgne Dindon jTorlue franche . . . Crocodile Monitor 5 o "-a 0,017 0,007 0,000 0,0128 0,006 0.010 0.014 0,01 1 o,oo5 0,007 o,oo5 o,oi6 o,oi4 o, o 1 G 11 i, Couleuvre lie renouille l'Saumon de o,5.. , . j Brochet de o,65.. . ! Autre brochet . . . . ! Morue 0,018 0,(09 0,012 ■2 fl C "- O £ 2 ■X, a 0,016 0,008 0,0006 0,008 o,oo3 0,008 û,oi4 0.006 0,008 0.004 (),oo5 o,oo5 0,014 0,010 0,008 0.026 0,006 0,011 0,007 0,007 0,007 o,oo4 0.004 o,oo5 0,014 0,029 } ^0,00'25 'Anableps(i) 7' et j / 0,0026 0,008 j Squale ; Raie . , ilSeiche 0,01 1 0,016 0,011 0,009 0,009 o,oi4 o,oo5 o,oi3 o,oo5 0,012 0,002 o,oo5 o,oo5 0,001 0,002 0,008 0,010 o,oo4 0,007 0,0010 et o,ooo4 o,où5 o,oo5 o,oo4 0,002 0,012 o,oo4 0,0004 o,oio o,oo4 0,007 0,012 0,006 0,007 0,000 o,oo3 0,000 o,oi4 0,008 0,008 0,021 o,oo5 o,oi4 0,017 0,007 (1) [ Les deux parties , entre leiquelks l'œil d* cet animal est partage en aTanl , ont dilTéreot. ] =5 0,000 o,oo5 o,ooo4 0,006 0,002 o,oo5 o,oo5 0,002 o,ooâ 0,002 0,002 o,oo3 0,004 o,oo5 0,006 oo4 o,oo5 o,oo5 0,006 0,007 o,oo3 0,008 0,002 0,001 0,002 0,001 0,001 0,001 o, ooo4 0,0002 0,0002 o,oo4 0,002 0,0008 0,002 0,001 o,ooo4 B3 1; 0,0045 o,oo5 0,0010 0,01 1 0,006 0,009 0,008 0,010 0,010 o,oo5 OjOo6 o,oo5 0,011 0,007 0,012 0,014 0,010 0.014 0,012 0,011 0,008 o,oi5 0,012 o, oo4 0,010 0,007 o,oo5 o,oo4 0,006 o,oo4 0,002 o,oo5 0.0045 0,008 0,008 o,oi5 0,0026 -« O o,oo5 0,010 0,008 0,006 0,014 I 0,010 1 0,0008 0,009 ! o,oo3 o,oo5 0,008 0,012 0,009 0,006 0,002 o,oo4 0,011 0.009 0,017 0,012 0,019 0,010 0,016 0,016 0,007 0,019 o ,006 0,009 o,oo5 o,oo5 0,001 0,001 o,oo5 0,009 0,0016 0,000 o,oo5 o,oo4 0,008 un rayon ART. iV. DE LA SCLÉROTIQUE. 401 On n'a presque rien sur le pouvoir réfringent des trois humeurs. Pour calculer eeiui d'un cristallin dont on connaît bien les courbures, il faudrait mesurer à quelle distance il rassemble les rayons parallèles. Se- lon Monro, pour un cristallin de hœuj ^ dont le rayon de la courbure antérieure était de q 1/4.0 de pouce, et celui de la postérieure de i5/4o, le foyer était à i3/4o de pouce derrière la face postérieure; et pour un cristallin de morue , dont les courbures sont de i4/4o fît de i3/4o et demi , le foyer était à 3/4o seulement dans l'air, et à iG/4o dans leau; mais il ne donne point l'épaisseur de ces cristallins, et il n expli- que point de quelle mesure il s'est servi. [Le docteur YouDg estime que le pouvoir réfringent du centre du cristallin de l'homme est à celui de l'eau environ comme 18 est à -y.] ARTICLE IV. DE LA PREMIÈRE TUÎNIQUE DE l'OEIL> OU DE LA SCLÉROTIQUE. La sclérotique enveloppe tout le globe de l'œil , à l'exception de la partie antérieure, où elle laisse un grand vide que ferme la cornée. C'est la sclérotique qui détermine la figure de l'œil: d'après cela, elle n'a pu éîre absolument molle et flexible que dans les animaux dont l'œil est à peu près globuleux, c'est-à-dire dans l'homme et les. quadru- pèdes, parce que cette figure s'obtient d'elle-même par la résistance à peu près uniforme des fluides con- tenus dans l'œil à la pression de ses tuniques ; mais dans tous les animaux où l'œil s éloigne davantage de 3. 26 102 Xn* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. la forme sphérique, €omme les cétacés, les poissons et les oiseaux , cette membrane est maintenue par des parties dures accessoires , ou par une plus grande soli- dité dans son tissu et une épaisseur plus considérable. Dans riiomme, et dans la plupart des mammifères , la sclérotique est une membrane blanchâtre, opaque, médiocrement épaisse , assez molîe , ne présentant au premier coup d'œil aucune organisation apparente, mais se résolvant par la macération en un tissu cellu- laire composé de filets entremêlés en tous sens. Cette structure se découvre sans préparation dans l'œil des cétacés, et surtout dans celui de la baleine. Les parties latérales de la sclérotique ont, dans ce dernier animal, près d on pouce, et son fond près dun pouce et demi d'épaisseur. Les parties latérales sont très dures ; on voit, en les coupant, que leur substance est formée de fibres qui ont l'apparence tendineuse, et qui intercep- tent des mailles remplies d'une antre substance comme fongueuse, plus brune et plus flexible que ces fibres. La partie postérieure est beaucoup plus molle, parce que les mailles y sont plus grandes et en partie remplies d'une substajice huileuse. Ces deux par- ties, la molle et la dure, sont séparées d'une ma- nière tranchée, et Tune ne passe point par degrés à la nature de l'autre. Le nerf optique parcourt la portion postérieure de la sclérotique par un canal d'un pouce et demi de lon- gueur, dont les parois sont formées par la dure-mère; et il est très visible que les fibres blanches, qui font la base de la sclérotique, se détachent successivement de la face externe de la dure-mère, dont elles semblent être un épanouissement. Cela pourrait décider, en fa- ART. IV. DE LA SCLEROTIQUE. 403 veur des anciens, la question desavoir si la sclérotique est ou non une continuation de la dure-mère : ques- tion assez difficile à résoudre dans les autres animaux où ces deux membranes ne se touchent que dans un espace très mince. La sclérotique du marsouin n'a que deux à trois li[>nes d'épaisseur; mais elle présente la même structure que celle de la baleine. Celle des qua- drupèdes proprement dits ne s'écarte en rien d'essen- tiel de celle de lliomme. [Dans le lynx , elle prend une épaisseur très grande auprès du cercle de la cornée , ce qui a fait comparer cet épaississement au cercle osseux de la sclérotique des oiseaux. Dans \ éléphant^ c'est surtout en arrière que la sclérotique est épaisse, et montre des fibres blanches tendineuses très fortes. L'épaisseur diminue en avant, au point d'insertion des muscles droits. ] Dans le phoque , la sclérotique est épaisse par de- vant, et encore plus par derrière; mais la zone moyenne est mince et flexible. [ Le loup et le raton montrent la même disposition.] La sclérotique des oiseaux est mince, flexible et as- sez élastique par derrière. Elle y a un aspect bleuâtre, assez brillant ; on n'y aperçoit point de fibres dis-r tinctes. Elle ne reçoit pas le nerf optique par un simple trou, mais par un canal qui perce obliquement son épaisseur. Sa partie antérieure se divise en deux lames, dans l'intervalle desquelles est reçu un cercle de pièces osseuses, minces, dures, oblongues , qui em- piètent les unes sur les autres comme des tuiles, et qui donnent à cette partie antérieure une grande fermeté et une forme constante. Ces osselets sont presque plats dans la plupart des oiseaux, où ils ne forment 404 XII* LECOK. OKGAiNB DE LA \tJE. qu'un disque annulaire peu bombé ; ils sont légèrement arqués et concaves en delioi's dans les hiboux^ où ils forment un tube, dont la figure est celle d'un cône tronqué assez long : on en compte ordiuairement une vingtaine. La tortue a, à la partie antérieure delà sclérotique, les mêmes lames osseuses que les oiseaux. Ces lames sont enfermées dans cette membrane , sans être conti- nues à sa substance : elles s'en séparent nettement par un léger effort. [Elles sont au nombre de dix ou onze.] 11 y en a aussi à la sclérotique des crocodiles ^ du ca- méléoriy à celle du mônitoi\ et de plusieurs autres lé- zards. [De plus, la sclérotique de plusieurs espèces, notanmient des tortues, se sépare en deux lames. La plus externe, fibreuse, et partout d'égale épaisseur, semble la continuation de la gaine du nerf optique; l'interne, cartilagineuse, plus épaisse au fond de l'œil qu'en avant, et qu'autour de l'insertion du nerf opti- que , est percée de trous vasculaires. ] Dans les poissons, la sclérotique est bomogène, demi-transparente, élastique et assez ferme pour con- server sa forme par elle-même , quoique fort mince dans certaines espèces. [Gela est dri, dans la plupart des poissons osseux, à deux pièces cartilagineuses , in- tercalées dans son tissu, et qui s'ossifient plus ou moins dans les grandes espèces.] he saumon.^ par exemple , a' la sclérotique d'une ligne d'épaisseur en arrière, et d'une dureté presque osseuse en avant. Cette dureté de la portion antérieure se retrouve dans beaucoup d'autres espèces , comme dans le thon, etc. [Quelque- fois même, comme dans V espadon et la baudroye ^ les deux pièces forment une sphère entièrement osseuse , ART. IV. DE LA SCLEROTIQUE. 405 et percée seulement de deux ouvertures pour le nerf optique et la cornée. Les poissons cartilapineux n'ont pas les deux pièces de la sclérotique des poissons os- seux; cette membrane est uniformément cartilagi- neuse. ]Dans les squales et les raies^ elle est renflée en arrière en un tubercule, par lequel l'œil s'articule avec une ti[>e particulière dont nous parierons. [U y a aussi quelque chose de semblable dans plusieurs poissons ordinaires.] La sclérotique de Yesturgeon est |)lus épaisse que ia cavité de l'œil. Eile représente, pour ainsi dire, une sphère cartila.f;ineuse dans une partie de laquelle serait creusée une petite cavité tapissée par les autres membranes. Dans toutes les espèces la sclérotique est doublée en dedans d'une membrane très mince, ordinairement noirâtre, qui Jni adhère fortement et que l'on croit un proloupement de la pie-mère (i). Dans le lion^ il nous a été facile de la suivre jusque sous la cornée, où elle devient ferme et transparente, et dont elle se détache assez facilement. La sclérotique est non seulement le point d'insertion des muscles droits et obliques de l'œil; elle douLie encore attache à ceux de ia troisième paupière dans les oiseaux et dans beaucoup de reptiles. Dans toutes les classes elle transmet, par des trous dont elle est percée, le nerf optique, les nerfs cihaires et les vais- seaux de l'intérieur de l'œil. On croit que sa flexibilité dans l'homme et dans les quadrupèdes permet aux muscles de la comprimer, et (i) [Plusieurs auteurs décrivent en dedans de la sclérotique une mem- brane se'reuse, qui serait une arachnoïde oculaire. \ 406 XII® LEÇON. OKGAJNE DE LA VUE. en poussant ainsi les humeurs en avant, de gonfler la cornée pour rendre l'œil capable de distinguer des ob- jets très proches ; mais elle ne peut avoir cette uiilité dans les animaux où elle est inflexible en tout ou en par- tie, comme les cétacés, les oiseaux et les poissons, et cependant les limites de leur vision distincte sont , du moins dans beaucoup d'espèces , plus grandes que celles de l'homme. ARTICLE V. DE LA CORNÉE TRANSPARENTE ET DE LA CONJONCTIVE. La cornée est cette partie transparente qui est comme encadrée dans le vide que laisse la sclérotique en avant de l'œil. Nous avons vu, dans l'article III, quelles sont les variétés à l'égard de sa convexité; elle en présente aussi à l'égard de son contour. Elle n'est pas toujours parfaitement circulaire : dans l'homme et dans les mammifères , elle est plus large que longue , et un peu plus étroite du côté du nez. Son diamètre transverse ou sa largeur est à sa hau- teur, Dans le bœuf, comme 27 : 23. Dans tous les animaux , la cornée est composée de lames minces, transparentes, collées ensemble par une cellulosiîé serrée, et formant par leur assemblage un ménisque plus épais dans le milieu que sur ses bords, et qui peut déjà par lui-même faire converger les rayons lumineux (i). Ces lames se laissent aisément (i) Sœmmering, dans ses Icônes oculi /mma»ii , Francof , in-f., i8o4, et son fils, dans sou traité De oculorunr liotninis animaliumque sectione ART. V. CORNÉE TRANSPARENTE. 407 séparer au scalpel, surtout après une légère macéra- tion. D'après les expériences de Home, la cornée devient plus convexe, lorsqu'on regarde des objets rapprochés, et plus plane, lorsqu'on en regarde d'éloignés. Dans le premier cas, elle rapproche avec plus de force les rayons plus divergents. Quelques uns ont attribué cet effet à la contraction des procès ciliaires ; d autres , à celle de liris : il est plus probable qu'il est produit par les muscles droits de l'œil ; mais il n'est pas suffisant pour expliquer la clarté de la vision à des distances très différentes. La cornée est la seule partie dont on retrouve l'ana- logue dans les yeux composés des insectes. Il paraît même qu'elle leur tient lieu de cristallin : elle y est entièrement dure et écailleuse. On a regardé longtemps la cornée comme une con- tinuation de la sclérotique ; on a reconnu depuis que c'est une membrane particulière. Il ne faut pas croire cependant qu'elle soit toujours simplement attachée à la sclérotique par de la cellulosité. Les bords des deux membranes se pénètrent réciproquement : c'est ce qu'on voit surtout dans la haleine. Les fibres de la sclérotique y pénètrent dans l'épaisseur de la cornée, sous forme de lignes blanches très déliées , mais assez longues et bien visibles. Oo les distingue aussi très bien dans le rhinocéros . La coupe de la séparation de ces deux membranes /ior/so»fa/i, Gcettingcie, 1818, in-f., représentent !a cornée comme un serment de sphère (l'é(^ale épaisseur partout, dans l'homme, les mam- nfffères, les oiseaux, les reptiles et plusieurs poissons.] ■408 Xn* LT.ÇON. OKGAISE DE LA WVS.. est rfLielquefois droite, comme uommémeut dans îa baleine , le rhinocéros , etc. ; d'autres fois, c'est ime es- pèce de biseau, et la cornée se glisse sons le bord de la sclérotique : c'est le cas de l'homme , du hœu^ [ et du plus grand nombre des mammifères]; d'autres fois encore le bord de la sclérotique est double , et em- brasse celui de la cornée comme une oince : cela est ainsi dans le lièvre [et dans le phoque. Dans Yai- gle ^ la portion de la sclérotique qui s'étend sur la cornée y forme une sorte de ligament annulaire, au- quel on a attribué une action sur la convexité de la cornée. Dans les reptiles, Tunion de la cornée se fait égale- ment en dedans de la sclérotique.] C'est surtout dans le sqiiale-uiilandre qu'on voit bien la séparation de la cornée d'avec la sclérotique; elles forment un biseau, mais tel que c'est la scléro- tique qui s'amincit derrière la cornée, et non celle-ci , comme à Fordinaire. [.a sclérotique est blanchâtre; la cornée jaunâtre, et il y a de phis entre deux un tissu cellulaire serré, mais très visible, qui sembie être une production de la conjonctive qui pénètre dans l'œil pour aller s'unir au ligament ciliaire et à l'iris, [D'autres poissons ont la lame la plus interne de la cornée teinte en jaune ou en vert, comme dans la perche (i). La cornée de Yanableps offre cette particularité, (i) [Quelques auteurs regardent la lame la plus interne de la cornée comme formant une lame distincte, qui diffère des autres par une struc- ture plus élastique, et ({u'il faut distinguer aussi de la membrane propre que l'on a attribuée à l'huaieur aqueuse.] >., ART. V. COKNÉE TRANSPAKENTE. 409 qu'elie est partagée en deux par une bride ligamen- teuse, qui devient opaque avec i'âge, et qui met la cornée en contact avec l'iris et le cristallin. Chacune desdeuxpartiesdela cornée a une convexité différente, et la supérieure est plus grande que l'inférieure. ] La conjonctive est cette partie de la peau qui , après s'être reployée pour doubler la face interne de la pau- pière en prenant un tissu plus fin et des vaisseaux plus nombreux, se reploie en sens contraire, et devient plus fine encore pour couvrir le devant de l'œil, au- quel elle adhère très fortement, surtout à la cornée, dont on ne peut la séparer que par la macération. La partie de la conjonctive qui recouvre la cornée est transparente. Celle qui est sur la sclérotique forme ce qu'on nomme le blanc de l'œil, et est, en effet, de cette couleur lorsque ses vaisseaux sanguins ne sont point gonflés et rendus trop visibles par l'inflammation. Cette description , prise de l'homme , convient à tous les animaux qui ont des paupières, à l'exception de la couleur de la partie analogue au blanc de l'œil , qui varie quelquefois ; mais dans les espèces qui n'ont point de paupières , comme la plupart des poissons, la peau passe directement au-devant de l'œil , sans former au- cun repli ; quelquefois même elle n'y adhère pas très fortement : c'est ce qu'on voit surtout dans \ anguille , qui se peut écorcher sans qu'il reste de trou à l'endroit de l'œil ; la peau y a seulement un espace arrondi et transparent. Il en est de même dans le?, serpents . Dans le poisson coffre (^ostracion)^ la conjonctive est si semblable au reste de la peau qu'on y voit des lignes qui y forment les mêmes compartiments que sur tout le corps de ce poisson. 410 XïV LEÇON. OKGANE DE LA VUE. Nous trouvons , parmi les mammifères , une espèce de rat , dans laquelle la peau nest pas même transpa- rente à l'endroit de Fœil; mais elle y est recouverte de poil comme ailleurs; et Fœil , qui au reste a à peine la grosseur d un grain de pavot , est parfaitement inutile. Ce rat est le-zemni^mus typhlus). \jne anguille (^mu- rena cœcilia) , et la mi/xine [gastrobranchus cœcus) sont aveugles de la même manière, par le défaut de transparence de la conjonctive. ARTICLE VI. DE LA SECONDE TUNIQUE DE L OEIL , OU DE LA CHOROÏDE ET DE SES ANNEXES. A. Dans V homme. La choroïde tapisse intérieurement toute la scléro- tique, dans la concavité de laquelle elle se moule; elle ne s'y colle dans la plus grande partie de son étendue que par un tissu cellulaire très lâche; mais ces deux membranes sont liées par des nerfs et des vaisseaux qui percent la sclérotique pour se rendre à la choroïde, ou pour la traverser elle-même. Leur partie antérieure, celle qui est voisine de la cornée , est unie plus intime- ment par un cercle d'un tissu cellulaire comme coton- neux, abreuvé dune mucosité blanchâtre, que Ton a nommé le ligament ou le cercle ciliaire. Il est plus épais et plus serré en avant; il s'amincit et disparaît en ar- rière. A la face opposée à ce ligament , c'est-à-dire à la face concave , tout autour du bord antérieur de la choroïde , on voit sa lame interne former des plis très fins et disposés en rayons ; ils représentent en quelque ART. VI. DE LA CHOROÏDE. 411 sorte le disque d'une fleur radiée , et leur ensemble se nomme corps ciliaire (i ). Les lames saillantes qui résul- tent de ces piis portent leur extrémité antérieure un peu vers Taxe de l'œil^ en s'écartant de la cornée , en sorte que toutes les extrémités de ces lames interceptent un espace circulaire , dans lequel est précisément placé le cristallin ; il paraît même que ces extrémités , que Ton nomme les procès ciliaires , s'attachent au-devant de tout le bord aigu de la capsule du cristallin, et contri- buent à la fixer. Les lames qui composent le corps ci- liaire s'impriment en creux sur la face antérieure du vitré , qui remplit toute la partie de l'œil située der- rière eux. Après avoir produit par ses plis ou lames saillantes en dedans et par leurs piolongementsla belle couronne que nous venons de décrire, la choroïde se conti- nue pour former un voile annulaire, placé entre la cornée et le cristallin, et qui porte le nom à^avée ; il est percé dans son milieu d'un trou qui porte le nom àe pupille ^ et recouvert par sa face antérieure d'une membrane également annulaire, que l'on voit au tra- vers delà cornée et qui vSe nomme Y iris. Nous en par- lerons dans l'article suivant. Cette partie de la seconde tunique , qui est située au- devant du cristallin , est presque plane dans l'homme ; elle a quelquefois de la convexité dans les animaux , mais toujours moins que le reste de la tu- (i) [Le canal que l'on a décrit sous le nom de canal de Fontana ^ et comme existant entne le cercle ciliaire et la sclérotique, paraît bien n'être que le résultat de la déchirure du tissu cellulaire qui unit ces par- ties.] 41)1 XII* LEÇON. OKrTAîSE DE LA VUE. nique , qui a absolument la même courbure que la scléroti(]ue. C'est enti'e cet aplatissement de la seconde tunique et îa convexité au contraire plus grande de la cornée qu'est silu('e la première chambre de l'œil que remplit rinimeui' aqueuse. La substance de la choroïde est très mince et très délicate. Les bonnes injections font voir qu'elle est pres- que entièrement composée d'un triple tissu vasculaire. Ses artères forment d'abord le tissu extérieur. La plu- part pénètrent au travers de la sclérotique, très près du nerf optique , et se répandent sur toute îa choroïde en se divisant par des angles très aigus : on les nomme artères ciliaires courtes^ pour les distinguer de deux troncs qui vont presque jusqu'à l'iris sans se bifurquer, et qui se nomment ciliaires lout^aes. Le tissu intéiieur est formé parles extrémités de ces mêmes artères, qui, ayant percé la choroïde, forment à sa face interne un réseau uniforme et si ^i\\ qu'on n'en distingue les mailles qu'avec une forte loupe. F^e troisième tissu est intermédiaire : il est formé par les veines. Leur marche est singulière; elle représente des arcs irréguliers qui aboutissent à certains centres, et forment des espèces de tourbillons. Ce sont ces vaisseaux-là qu'on voit le mieux sans injection. La face interne de la choroïde est tapissée dans l'homme d'une mucosité noirâtre ^ ou même absolument noire et terne, qui peut se détacher ou s'absterpjer avec le doigt ou avec un pinceau, et qui sert à empêcher que des rayons réfléchis par les parois internes de l'œil ne troublent la vision qui se fait par les rayons directs. C'est par la même raison qu'on noircit l'intérieur dé ART. VI, DE LA CHOllOÏûE. 413 tous les instruments de clioptriqoe. On voit à la loupe un îé.tjer velouté lorsqu'on a enlevé ce vernis. I^a lame interne de la ciioroide semble d'un tissu plus ferme que le reste de son épaisseur , et porte en particulier le nom de rais chienne. Les procès ciliaires etl'uvée ont les mêmes vaisseaux, le même duvet et le même vernis noir que le reste de la choroïde. Les procès ciliaires laissent même une em- preinte remarquable de ce vernis sur le devant du corps vitré lorsqu'on les en sépare, ce que le reste de la membrane ne peut pas faire à cause de la rétine qui est entre deux. [C'est cette zone noirâtre, marquée par des sillons et des saillies rayonnantes, correspondant à celles des procès ciliaires, qu'un grand nombre d'anatomistes décrivent comme constituant une partie distincte de l'œil, sous le nom de zone de Zinn.\ B. Dans les animaux, La choroïde existe dans tous les animaux dont on connaît bien les yeux; elle est toujours vasculeuse et enduite, au moins en partie, à sa face concave d'une mucosité particulière. [Dans beaucoup de poissons la choroïde est séparée de la sclérotique par un tissu cel- lulaire de nature giaisseuse, qui forme quelquefois une couche épaisse , comme dans le maigre; ou bien différents lobes au pourtour du globe de l'oeiî , comme dans la perche, Geîte couche celluleuse manque dans la morue. Entre elle et la choroïde proprement dite, il y a une membrane très mince , très peu consistante, et qui ne semble qu un enduit de couleur argentée ou dorée. Cette membrane enveloppe toutes les parties 414 XII* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. plus antérieures , et revêt tout le devant de Tiris, de manière à lui donner cet éclat métallique si remar- quable dans les poissons (i). C'est en dedans de cette membrane qu'est la véritable choroïde, avec ses deux lames dont rexterne, vascuîeuse, est assez épaisse, et dont la plus interne, plus mince, plus simple, est la ruiscbienne. ] La choroïde varie dans les animaux par les procès ciliaires, par la couleur et le tissu de son fond, par la séparation plus ou moins facile de la mis- chienne , et par la disposition de ses vaisseaux. 1** Des procès ciliaires. Les mammifères et les oiseaux ont tous des procès ciliaires : on en trouve dans quelques reptiles et même dans les seiches ; mais ils manquent à presque tous les poissons. Dans rhonime , chacune des lames des procès ciliaires représente un triangle scalène très allongé ; un côté , celui par lequel la lame tient au reste de la choroïde, est convexe; le bord qui touche au vitré concave, et celui qui est voisin de l'iris est beaucoup plus court que les deux autres. L'angle qui touche la capsule est arrondi : tous les bords libres sont légèrement dentelés. Cette dentelure est bien plus sensible et se change en véritable frange dans les grands animaux, comme le bœuf ^ le che^ai et le rhinocéros : cela est aussi dans la baleine^ où F angle qui retient la capsule se prolonge beaucoup plus en pointe que dans les précédents. Dans les carnassiers, notamment dans le lion^ les lames ont le côté de leur base moins long, à proportion des autres (i) Cuvier, Hist, nat, despoiss.^ t. i, p. 455, * AKT. VI. DE LA CHOBOJDE. 4l5 côtés, que dans les animaux précédents, de façon que l'angle opposé est plus saillant : on n aperçoit sur les bords ancune dentelure. Dans toutes ces espèces, il y a une lame sur deux ou sur trois , plus courte que les autres, mais sans aucun ordre absolument répulier. [Il y a de grandes variations dans les rapports du plan d'origine de la couronne ciliaire avec le plan d u- niondes deux faces du cristallin, ou, en d'autres termes, tantôt les procès ciliaires naissent fort en arrière, et alors la couronne ciliaire est très large et en entonnoir, tantôt ils naissent très en avant, et alors la couronne ciliaire est étroite, et presque dans un plan vertical comme Firis. La première disposition s'observe surtout dans les carnassiers , et est très remarquable dans les chats ; la seconde s'observe dans les herbivores plus particulièrement, et est très notable dans le chamois^ où les procès ciliaires sont accolés à l'iris dans plus de la moitié de leur longueur. îics coupes horizontales de l'œil font bien apprécier ces différences. Dans les chats ^ et en général dans les animaux noc- turnes, le pigment qui recouvre les procès ciliaires est 'peu épais.] Les oiseaux ont leurs lames ciliaires peu saillantes; ce ne sont presque que des stries serrées et peu on- Idoyantes. Il y a cependant des différences entre les espèces. ! Dans le hibou , elles sont plus fines , plus serrées et plus nombreuses ; dans Y autruche^ elles sont plus gros- ses et plus lâches; mais dans tous les oiseaux, leur 3xt rémité tient très fermement à la capsule du cris- tallin. [Gomme dans les mammifères, la zone ciliaire naît 4i6 XII» LEÇON. ORGANE DE LA VUE. plus OU moins loin en arrière , et est par conséquent plus ou moins large; sa grandeur est en rapport avec l'étendue de la portion cylindrique, placée entre les concavités antérieure et postérieure du bulbe oculaire : cela explique la grande largeur de la couronne ciliaire dans le grand-duc. Dans les oiseaux de proie , les pro- cès ciliaires, au lieu de s'allonger en pointe , se termi- nent par une surface plane, et quelquefois même creu- sée en gouttière, qui s'applique tout autour du rebord delà capsule cristalline, qu'ils embrassent ainsi comme dans un anneau cannelé. C'est le contraire de ce que nous verrons dans la seiche.] Dans la tortue , les procès ciliaires sont si peu sail- lants, qu'on les reconnaîtrait à peine pour tels sans la belle empreinte qu'ils laissent sur le vitré; mais dans le crocodde^ ces procès sont très beaux et très pronon- cés : ils se terminent chacun par un angle rectiligne presque droit, ,1'ai vudes procès enferme de fils allon- gés, mais en petit nombre, dans une grande rainette étrangère. 11 y en a aussi de tels, mais peu marqués, dans le crapaud. Je n'en ai point aperçu dans les lézards ordinaires , ni dans les serpents. [ Il y en a cependant, mais de très cour! s, dans les premiers. Dans les seconds, la couronne ciliaire est lisse, sans replis et sans pro- cès, et se confond directement avec Tuvée.] Il y a un corps et des procès ciliaires très marqués dans le squale-milandre. Les laoïes en sont presque aussi saillantes que dans les oiseaux; et a{>rès avoir 1 formé une très courte pointe qui touche à la capsule du cristallin, elles se coniiiiuent avec les stries de Tuvée. «, .le n'ai pu voir la même structure dans la raie ; mais é AKT. VI, DK LA GJIOSOÏDE. 4l7 il est certain qu'il n'y a rien d'approchant dans les poissons osseux ; leur uvée se continue sans interrup- tion avec leur ruischienne, et forme avec elle une tu- nique uniforme, sans aucune partie saillante en de- dans. On ne voit nulle part si distinctement l'usage des procès ciliaires pour retenir le cristallin que dans l'œil des seiches et àe?> poulpes ^ où il s'enfonce dans un sil- lon creusé tout autour du cristallin, comme nous le dirons plus loin. î2° De la ruischienne. La ruischienne se laisse à peine distinguer de la choroïde dans l'homme , les singes, les petits mammi- fères et les oiseaux ; mais dans les grands mammi- fères, quoiqu'on ne puisse la séparer sans endommager l'une ou l'autre , on la distingue par son tissu plus fm , serré et comme homogène. J^a coupe de la clioroïde ne présente au microscope que les ouvertures béantes ,. des petits vaisseaux qui la composent; celle de la ruis- : chienne est solide et ressemble à celle d'une simple membrane, de l'épiderme , par exemple : c'est ce qu'on voit surtout très bien dans l'oeil de la baleine, où les ouvertures des vaisseaux sont sensibles à l'œil nu, et où l'on en reconnaît aisément les trois couches. [Dans les grands yeux des poissons , on voit la ruis- chienne former, à la face interne de Fuvée, un cercle de plis rayonnants, très fms , mais qui diffèrent des véritables procès ciliaires, en ce qu'ils n'atteignent pas jusqu'à la capsule du cristallin, ils adhèrent avec force au corps vitré. ] Les parties latérales et antérieures de la ruischienne 3. 27 418 Xll« LEÇOJXi. ORGAINË DE LA VUE. sont toujours, comme nous Favons dit, enduites d'un vernis mu queux plus ou moins noir : il est d'un rouge pourpre dans le calmar^ qui est probablement, avec les autres seiches, la seule exception à cette règle. Quelques oiseaux J'ont seulement d'un brun roux foncé. Ce ver- nis vient quelquefois à manquer dans certaines espèces, par l'effet d'une maladie qui leur blanchit aussi les poils. Les lapins blancs, les nègres blancs, les souris blanches sont dans ce cas. Leur ruisctiienne est alors transparente , et toutes les parties de la choroïde sont d'un blanc que les nombreux vaisseaux qui rampent dans cette membrane font paraître rose. 3° Du tapis. IjC fond de la ruischienne n'est enduit que d'une couche souvent très légère de ce vernis, au travers de laquelle on aperçoit sa couleur, qui varie singulièrement selon les espèces. L'homme et les singes l'ont brune ou noirâtre; les lièvres , les lapins , les cochons .^ d'un brun de chocolat ; mais les carnassiers, les ruminants , les pachydermes, les solipèdes et les cétacés ont des couleurs vives et brillantes à cette partie. Le bœufYdi d'un beau vert doré , changeant en bleu céleste ; le cAe- (^a/, le bouc., le bubale ,\e cerf., d'un bleu argenté changeant en violet; le mouton., d'un vert doré pâle, quelquefois bleuâtre ; le lion , le chat , \ours , le dau- phin., l'ont d'un jaune doré pâle; le chien, le loup et le blaireau y d'un bianc pur, bordé de bleu. On nomme cette partie colorée de la ruischienne le tapis. Elle n'occupe pas tout le fond de l'œil, mais seulement un côté, celui dans lequel le nerf optique ne perce point. •# AKT. VI. DE LA CHOROÏDE. 4l9 Il est difficile de soupçonner l'usage d'une tache si éclatante dans un lieu si peu visible. Monro , et d'au- tres avant lui , ont cru que le tapis du bœuf est vert , pour lui représenter plus vivement la couleur de son aliment naturel; mais cette explication ne convient pas aux autres espèces. [C'est la réflexion de la lumière extérieure par le tapis qui, dans les lieux peu éclairés ou la nuit, donne aux yeux de certains animaux cet éclat lumineux, si remarquable dans les chats, et que quelques auteurs sont disposés à regarder comme étant de nature phos- phorique (i).] Les oiseaux et les poissons n'ont aucun tapis. Leur ruischienne est uniformément noiiâtre et enduite par- tout de mucosité : il y eu a même beaucoup plus sur son fond qu'ailleurs dans les poissons. La raie fait une exception apparente à cette règle; elle a le fond de l'œil d'une belle couleur d'argent, produite par la transparence de sa ruischienne, qui laisse voir la cou- leur de sa choroïde. [F^a même chose se voit dans le crocodile ^ parmi les reptiles.] 4'' De la glande chordidienne ^ ou du bourrelet choro'idien des poissons. Entre la choroïde et la membrane de couleur métal- lique qui l'enveloppe (2) , est un corps , que les uns ont nommé glande, les autres muscles, dont la nature est difficile à déterminer, et qui mérite d'être décrit. (î) On peut à ce sujet consulter les expériences rapportées dans une bonne dissertation de M. Fr. liassenstein, intitulée : Commentatio de luce ex quorumdarn animalium oculis prodeunte^ atque de tapeto lucido. lenae^ i856, iH-4". (2) Cuvier, ouv. cit., p. 456. 420 XII'' LEÇON. ORGANE DE LA VUK. Sa coulenr est pour l'ordinaire d'un rouge vil ; sa sub- stance est molle, et plutôt p^landuleuse que muscu- leuse, du moins n'y distingue-t-on point de fibres , quoi- que des vaisseaux sanguins forment des lignes plus foncées et presque parallèles à sa surface. Il en sort des vaisseaux, souvent très tortueux , toujours très ramifiés, et qui forment dans l'épaisseur de la choroïde un ré- seau fort serré. Sa forme est ordinairement celle d'un cylindre mince ou d'un bourrelet, qu'on aurait con- tourné autour du nerf optique, comme un anneau; l'anneau n'est cependant pas complet : il en manque toujours un segment plus ou moins long, à sa partie in- férieure. Quelquefois, comme dans le perça labrax , il est composé de deux pièces, une de chaque côté du nerf optique ; d'autres fois, il n'est pas roulé en cercle; mais sa courbure est irrégulière : c'est ce qui a lieu dans le saumon^ dans \e poisson-lune (tetraoclon-mola) et dans la inorite; mais les carpes et la plupart des autres poissons l'ont d'une figure très approchante du cercle. Ceux qui pensent que l'œil doit changer de figure selon la distance des objets qu'il veut voir croient que le corps dont nous parlons est un muscle destiné à produire cet effet en contractant la choroïde. [Mais les stries rouges que l'on voit sont vasculaires et non fibreuses. Sa nature glanduleuse n'a rien non plus de certain , car il ne paraît en sortir que des vaisseaux san- guins. Peut-être est-ce un tissu érectile^ analogue à celui du corps caverneux, et quia quelque influence pour accommoder la forme de l'œil aux distances et à la densité des mille'jx (i).] ■j j - ■ .. ■— (r) M. Cuvi/sr, dans la première édition, regardait l'appareil dont nous ART. VII. DE l'iris. 421 Haller a fait des vaisseaux qui sortent de ce corps une troisième lame particulière, qu'il a nommée vas- culaire. f.e corps lui-même reçoit beaucoup de vais- seaux et de nerfs qui viennent de l'ophthalmique, et dont le îronc marche quelque temps dans une gaine commune avec le nerf optique, après que sa propre gaine a débouché dans celle de ce dernier, comme une veine dans une veine plus grosse. Cette glande ou cet appareil est propre aux poissons osseux, il n'existe point dans les chondroptérygiens , dont l'œil se rapproche davantage de celui des mam- mifères, comme nous l'avons déjà vu pour le lapis et les procès ciliaires. • . ARTICLE VU. DE l'iris, de la pupille ET DE LEURS MOUVEMENTS. Nous avons vu, dans Farticle précédent, que \ia>ée^ cette production de la choroïde qui forme un voile annulaire ou un diaphragme au-devant du cristallin, est recouverte à sa face antérieure d'une substance par- ticulière qui porte le nom (ïiris. A. Texture de ïirïs. L'iris est un tissu demi-fibreux, demi-spongieux (i), parlons «comme une glande destinée à séparer quelques unes des hu- meurs de rœil. » îMais il a plus tard combattu cette ide'e dans son HisL nat. (les poiss.^ t. i, p. 4^6, et il y a substitué l'opinion que nous repro- ->* duisons ici. (i) [La texiure de l'iris est encore aujourd'hui l'objet de beaucoup d'o- pinions contraires. Ceux mêmes qui s'accordent à le regarder comme une membrane musculaire y décrivent très ée. La face postérieure de l'uvée présente des stries ser- rées qui se continuent avec les procès ciliaires. Ces stries, peu sensibles dans l'homme, le sont beaucoup dans les grands ruminants, surtout dans le bœuf^ qui les a plus fortes que le cheval, quoique son œil soit plus petit; il les a même plus fortes que la baleine. Le rhinocéros les a aussi très fortes, et elles régnent jusque près du bord de la pupille. [Dans le phoque , elles sont très fines et très serrées, et lui donnent l'as- pect de la face feuilletée d'un champignon. ] Dans les autres espèces , elles laissent vers le bord de la pupille un espace lisse. Ces stries ne se montrent pour l'ordi- naire ni dans les oiseaux ni dans les poissons : on en voit cependant des vestiges dans l'œil des grands squa- les, comme le niilandre^ le regiiin^ etc. On les a longtemps regardées comme musculaires. On croit aujourd'hui que ce sont de simples replis de la membrane. G. Mouvements de Viris. L'iris est destiné à empêcher qu'il n'entre dans l'œil trop de rayons venant d'un même point , et que la lu- mière étant trop intense , n'affecte douloureusement la rétine. Pour cet effet, lorsque les objets que l'on regarde sont vivement éclairés, l'iris se dilate, et la ART. VU. DE L'IETS. 425 pupille se rétrécit; lorsque ces objets sont obscurs, le mouvement contraire a lieu ; le cône de rayons qui a son sommet au point lumineux , et sa base à la pupille, ayant par ce moyen une base d'autant plus grande que les rayons qu'il contient sont moins serrés, la quantité absolue de rayons reste à peu près la même, à moins que les différences dans l'intensité de la lumière ne soient trop considérables. Ce mouvement est ordinairement involontaire; il dépend uniquement des rayons qui tombent sur la ré- tine : une lumière qui ne tomberait que sur l'iris lui- même ne lui causerait aucun mouvement. Cette mem- brane n'est point irritable; et comme elle n'a aucune liaison immédiate avec la rétine, on ne peut cbercher la cause de leur sympathie que dans le cerveau. Lors- qu'un œil seul est frappé par la lumière , il se contracte seul. Dans le sommeil, la pupille est contractée et l'iris dilaté. Il y a quelques cas où une forte attention à considérer certains objets, ou une terreur subite, causent des mouvements dans l'iris sans qu'il arrive de changement dans l'intensité de la lumière. Ce mouvement est même absolument volontaire dans quelques animaux. H y a longtemps qu'on le sait du perroquet. Il est nul ou à peu près nul dans les poissons. Lorsque nous regardons un objet de très près, notre pupille se rétrécit : d'une part, parce que la lumière qui vient d'objets rapprochés est plus abondante; de l'autre, parce que cette contraction ne laisse entrer dans l'œil que les rayons les moins divergents, et écarte mie partie de ceux qui le seraient trop pour pouvoir être réunis sur la rétine. 426 XTI^ LEÇON. ORGANE DE LA VUE. Cependant Huiiter a prouvé que ce rétrécissement • de la pupille ne suffit pas pour expliquer la facilité avec laquelle le même œil peut voir les objets éloignés et les objets voisins , et qu'il fallait avoir recours à d'autres moyens , quoique Haller et Sabatier n'aient voulu admettre que celui-là. D. Figure de la pupille. La forme de la pupille varie dans les différentes es- pèces. Lorsqu'elle est dilatée , elle est généralement ronde ; elle reste aussi à peu près ronde lorsqu elle se rétrécit , dans Thomme, les singes, beaucoup de car- nassiers, Féléphant et dans les oiseaux; mais elle se rapproche d'une ligne verticale dans le genre des chats ^ en passant par différents losanges toujours plus étroits , selon que la lumière est plus vive. Dans le bœuf et dans les ruminants , elle est transversalement oblongue , et elle devient dans son plus grand resser- rement une ligne transversale. Dans le cheval^ elle est aussi transversalement obloogue, et son bord supérieur forme une convexité festonnée de cinq festons plus épais que le reste du contour. [Cette découpure du bord supérieur de la pupille s'observe dans le droma- daire ^ dans le chamois^ dans la chèi^re , le mouton , le bœu/\ et paraît propre à tous les ruminants et à tous les solipèdcs.] Dans la ce p halo te ^ la marmotte^ le kanguroo-géant ^ la baleine^ la pupille est aussi trans- versalement oblongue. Dans le dauphin ,e\\e approche de la figure d'un cœur. Le crocodile a sa pupille semblable à celle du chat; elle est rhomboïdale dans les grenouilles. ART. VII. DE l'tRTS. 427 La tortue l'a ronde , ainsi que le caméléon et les lé- zards ordinaires. Le gecko Ta rhomboïdale La raie a une particularité très remarquable. Le bord supérieur de sa pupille se prolonge en plusieurs lanières étroites, disposées en rayons, et représentant ensemble une palmette. Ces lanières sont dorées en dehors et noires en dedans. Dans l'état ordinaire , elles sont reployées entre le bord supérieur de la pupille et le vitré ; mais lorsqu'on presse le haut de l'œil avec le doigt, elles se développent, et ferment la pupille comme une jalousie. Il est probable que dans l'état de vie cette fermeture a lieu , ou à la volonté de l'animal, ou par l'effet d'une vive lumière. La torpille peut en- tièrement fermer sa pupille par le moyen de ce voile. [Les pleuronectes présentent la même disposition parmi les poissons osseux. Dans Xanahleps ^ la pupille est partagée, par deux languettes horizontales qui se portent vers son centre, en derix ouvertures semi-cir- culaires pour chacune des divisions de la cornée.] • E. Membrane piipillaiie. Dans les fœtus humains, avant le septième mois , la pupille est fermée par une membrane très fiae.plle se déchire et disparaît ensuite , et on n'en trouve plus de vestige dans 1^'nfant nouveau-né. [Cette membrane ne paraît pas être continue à Tuvée et naître dn bord libre de l'iris; elle s'attache en avant à un quart de ligne decebord:sesvaisseaux lui sont fournis par ceux de la face antérieure de l'iris ; ils se répandent sur toute sa surface , en y formant un réseau très ténu, et 4*28 XII* LEÇON. ORGATSE DE LA VUE. sans qu'il reste au centre un petit espace dépourvu de vaisseaux , comme ou a cru l'avoir observé. Du même point où s'attache sur l'iris la membrane pupillaire, il part en arrière une autre membrane qui s'engage dans l'ouverture de la pupille , par laquelle elle est étranglée comme une bourse par son anneau, et qui vient s'attacher autour de la capsule du cristal- lin , vers le point où s'y terminent les procès ciliaires. Cette membrane, que M. Henle (i), qui Ta le premier décrite et figurée, appelle capsulo-pupillaire ^ reçoit ses vaisseaux d'un rameau de l'artère centrale qui se rendàla capsule du cristallin. Ces deux membranes pu- pillaire et capsulo-pupillaire sont vraisemblablement une continuation l'une de l'autre , car leurs vaisseaux s'anastomosent entre eux, et on peut les regarder comme les derniers vestiges de quelque disposition anatomique, les restes de quelque vésicule transitoire, qui, dans l'évolution de l'œil durant la vie intra-utérine, précède l'apparition de l'iris.] On a observé la membrane pu- pillaire et la membrane capsulo-pupillaire dans les fœtus des autres mammifères ; mais on prétend qu'elle n'existe point dans ceux des oiseaux. [ Les recherches les plus attentives sur ce sujet n'ont encore laissé que des doutes. On ne possède aucune observation en ce qui concerne les reptiles et les poissons.] (i) De memhranâ pupillari ^ aliisque oculi membranis pellucentibus^ auct. F.-G. Henle, Bonnae, i832, in-4" avec planche. 'Y' ART. VIII. DE LA KÉTÏWE. i^O ARTICLE VIII. DE l'entrée du nerf OPTIQUE DANS l'oEIL, DE l'ORIGINE DE LA RÉTINE, DE SA NATURE ET DE SES LIMITES. A. Entrée du nerf optique. Nous avons vu dans la IX^ leçon Fori.^ine du nerf optique; nous l'avons suivi dans la X^ jusqu'à son en- trée dans l'œil. Il faut dire ici comment il pénètre dans cet organe, et de quelle manière il y donne nais- sance à la rétine. ]° Dans les mammifères. [Le nerf optique des mammifères ne pénètre pas dans le bulbe de l'œil , à l'extrémité de son axe, mais tantôt en dedans, tantôt en dehors de ce point , et le plus souvent aussi un peu au-dessous. Dans Yhomme et dans les singes , cette insertion a lieu à deux lignes en dedans de l'axe de l'œil ; c'est aussi en dedans qu'elle se fait dans le j^itcm , le poroépic, le cheval^ etc. ,* elle a lieu en dehors de l'axe àanslevespertilion- oreillard^ dans le loup, le kajiguroo^ la marmotte , le chamois, etc. ; enfin elle se fait très sensiblement dans Taxe de l'œil dans le b/nx , \e phoque , le castor^ \ éléphant^ la baleine. ] Le nerf optique, arrivé à la sclérotique, commence à diminuer de diamètre ; il forme , en traversant cette tunique, un cône tronqué , d'autant plus allongé qu'elle est elle-même plus épaisse; arrivé à la choroïde, il la perce par un trou, rond dans l'homme, les singes et beaucoup d'autres animaux, ou ovoïde, comme dans le ■*f 430 XII*' LEÇON. ORGANE DE LA VUE. cerf et les autres ruminants, et fermé d'une membrane criblée d'une multitude de petits pores, au travers des- quels la substance médullaire qui a traversé les longs canaux dont ce nerf est composé , semble s'écouler pour se mêler intimement, et former cette expansion nerveuse qui double toute la concavité delà choroïde , et que l'on nomme rétine. Cette pointe du nerf optique fait quelquefois une saillie en dedans de l'œil. Dans le lihvre et le lapin , au lieu d'un petit disque rond et criblé, l'extrémité du nerf fait une sailiie au-deîlans de l'œil, et se dilate en une espèce de cupule ovale, légèrement concave dans son milieu , et des bords de laquelle naît la rétine. [DansTeci/rew^/ et dans la marmotte ^\e nerf optique, au lieu d'être étranglé à son entrée dans la sclérotique, s'y aplatit et s'y élargit ;, et pénètre dans l'œil par une fente étroite et à peu près horizontale, et , ce qui est assez rare, au-dessus de l'axe de Fœil. Dans la mar- motte , c'est d'une strie blanche longue de cinq lignes, et large d'un quart de ligne , correspondante à la fente de la sclérotique pour l'entrée du nerf, que naît la rétine. ] Dans la plupart des mammifères, on voit autour du point d'insertion du nerf optique des fibres blanchâtres, un peu pins opaques que le reste de la rétine et dispo- sées en rayons. Dans le Heure et dans le lapin ^ ces fibres forment deux iongs pinceaux, un à droite, l'autre à gauche; leur finesse et leur blancheur vive, que relève encore le fond brun de la choroïde qui paraît au travers du reste de la rétine , les rendent très agréables à la vue. ART. VlU. DE LA JSÉTINE. 43l Dans l'homme , on observe à côté de l'entrée du nerf, • à peu près au point qui répond à l'axe de FœiL un petit pli de la rétine , qui forme une légère convexité lorsqu'on a enlevé les membranes plus extérieures. Au milieu de ce pli est un point transparent, que l'on prend au premier coup d'oeil pour un trou. Les bords de ce point sont teints en jaune dans les adultes , mais non dans l'enfant qui vient de naître. Cette particula- rité de l'œil de l'homme, qui avait échappé à presque tous les anatomistes, jusqu'à M. Sœmmering, ne se retrouve que dans l'œil des singes. Nous l'avons obser- vée dans le cynocéphale ^ dans la guenon blanc-nez ^ dans Y orang-outang ^ etc. Dans le premier, la partie transparente est bien plus large que dans l'homme , et de forme ovale. H y a quelqiicfois une tache jaune à côté , mais qui n'est pas constante. Les makis ^ ceux de tous les mammifères qui appro- chent le plus des singes, n'ont qu'un léger repli, sans tache , ni point transparent, et les autres espèces n'ont rien d'approchant. i"". Dans les oiseaux. [Dans tous les oiseaux, le nerf optique s'insère en dehors de l'axe de l'œil.] Arrivé à la sclérotique , il se continue obliquement en une longue queue conique , qui se glisse dans une gaine de même figure, creusée dans l'épaisseur de cette membrane et dirigée en en- bas et obliquement en avant. La lame de cette gaine qui touche l'œil est fendue dans toute sa longueur par une ligne étroite qui laisse passer la substance du nerf. Cette fente existe aussi dans la partie correspondante de la choroïde , et même elle y est plus longue , parce m 432 XI1"= LEÇON. ORGAJNE J3E LA VUE. que la pointe du nerf conserve son obliquité après avoir percé la sclérotique. Il arrive de là que le neri optique forme au-dedans de l'œil, au lieu d'un disque rond, comme dans les mammifères , une ligne courbe, saillante et étroite, très blanche, des deux bords et des deux extrémités de laquelle naît la rétine. Mais ce qui est plus singulier encore, c'est la mem- brane plissée qui est suspendue à toute la longueur de cette ligne blanche , et que quelques uns ont nommée la bourse noire \ et d'autres , le peigne de l'œil des oi- seaux. Cette membrane paraît être de la même nature que la choroïde^ quoiqu'elle n'y tienne point du tout; elle est de même très fine , très vasculeuse et enduite d'un vernis noir. Ses vaisseaux viennent d'une branche par- ticulière de l'artère ophthalmique, différente des deux qui appartiennent à la choroïde. Ils descendent sur les pîis de la membrane noire, et y forment des arbus- cules très agréables à voir lorsqu'ils sont injectés. Cette membrane pénètre directement dans l'intérieur du vitré, comme un coin qu'on y aurait enfoncé; elle est dans un plan vertical , obliquement dirigé en avant. Son angle , le plus voisin de la cornée dans les espèces où elle est très large, et tout son bord antérieur dans celles où elle est étroite, arrive jusque près du bord inférieur de la capsule du cristallin. Dans quelques es- ^ pèces, elle s'en approche tellement qu'il est difficile ,^ de dire si elle ne s'y attache pas : tel est le cas du vau- tour ^ de la cigogne^ du dindon^ selon Petit. [Dans le grand-duc^ selon Sœmmeringle fils, le peigne , qui est d'une substance assez dure, est manifestement attaché a la capsule du cristaîlin par un prolongement liga- ART. VIII. DE LA* RÉTINE. 433 menteux, transparent comme la membrane hyaloïde.] Mais il est d'autres oiseaux dans lesquels la bourse en reste à quelque distance, ei où elle ne paraît s'attacher qu'à quelques unes des nombreuses lames qui partagent le vitré en cellules. Dans la cigogne ^ le héron, le dindon^ cette mem- brane est plus large dans le sens parallèle à la queue du nerf optique que dans le sens contraire. Dans Yau- truche, le casoar ^ le hibou ^eWe a des dimensions op- posées; elle est plissée comme une manchette, dans le sens perpendiculaire à la queue du nerf optique. Les plis sont arrondis dans la plupart des espèces; dans Y autruche cl le casoar ^ ils sont comprimés, tranchants et si hauts perpendiculaii'cment au plan de la membrane, qu'elle a , au premier aspect , l'air d'une bourse coni- que, plutôt que d'une seule membrane. Aussi est-ce dans ces deux espèces que les premiers académiciens de Paris, qui l'ont découverte, l'avaient nommée bourse noire. \\a autruche est jusqu'à présent le seul animal où le peigue soit partagé dans le sens de sa lon- gueur par une cloison blanche verticale ]. Les plis va- rient pour le nombie : il y en a 16 dans la cigogne y )o ou 12 dans le canardât dans le vautour^ i5 dans Y autruche ^ 7 dans le grand-duc (1). (i) [Nous y ajouterons le tableau suivant, re'sultant des observations des deux Sœramering : Casoar. . . ... . 4 Ont la Harle vulgaire ... 7 Ee'casse i3 Flammant c) Foulque i3 Perroquet 9 et 10 Aigle royal . . . . i4 Faucon 11 Perdrix i5 Cygne il Epervier 16 3. 28 434 XII* LEÇON. OROAiNE DE LA VUE. Il est difficile d'assigner îe véritable usage de cette membrane. Sa position doit faire tomber sur elle une partie des rayons qui viennent des objets placés aux côtés de l'oiseau. Petit a cru qu'elle était destinée à absorber ces rayons et à empêcber qu'ils ne nuisissent à la vue distincte des objets placés en avant. D'autres ont pensé, et cette opinion a été répétée depuis peu par M. Home , qu'elle est pourvue d'une force muscu- laire, et que son usage est de rapprocher le cristallin de la rétine, lorsque Foiseau veut raccourcir son axe de vision pour mieux voir les objets éloignés. Cepen- dant on n'y voit aucune fibre charnue; et les expé- riences qui prouvent qu'elle se contracte après la mort ne sont pas absolument concluantes : d'ailleurs, comme elle s'attache au cristallin par le côté, elle ne pourrait le mouvoir qu'obliquement. Halîer la regarde comme un simple soutien des vaisseaux qui doivent se rendre à la capsule du cdstallin. 3° Dans les reptiles et les poissons» [Dans les reptiles^ comme dans les oiseaux, l'inser- tion du nerf optique se fait en dehors de Taxe de Fœil; mais cela est variable dans les poissons : dans les raies , les squales ^ X anableps ^ cette insertion se fait en dedans de l'axe; dans la morue ^ elle a lieu sensible- ment dans l'axe même. ] Dans tous les reptiles, le nerf optique traverse les membranes de l'œil directement et par un trou rond , Paon 16 Grue commune. . .17 Coq 18 Faisan, , . , . .20 Dindon 22 Mainate aS Litorne 28 ART. VIII. DE L\ iiÉTINE. 435 comme clans les mammifères; il forme en dedans un petit tnbercuîe, des bords duqne! naîtia rétine. Il en est de même dans nn [^rand nombre de pois- sons , comme ia faie , où le tubercule est mamme- lonné, le squale^ toutes les carpes t beaucoup d'au- tres. Les fibres rayonnantes qui naissent des bords de ce disque y sont même plus sensibles que dans les quadrupèdes; mais i! y a un certain nombre de pois- sons dans lesquels la formation de la rétine ressemble, à quelques égards, à celle qui a lieu dans les oiseaux. Je ne puis encore nommer tous les genres dans les-= quels on trouve cet arrangement : je l'ai vu dans les saumons et les truites^ dans les harengs ^ les maque- reaux , \es perches ^ la morue , la dorée [zeus faber) et dans le poisson- lune : il est probable qu'il existe dans beaucoup d'autres. Voici en quoi il consiste : le nerf optique perce, à la vérité, les membranes par un trou rond; mais, après avoir traversé la niischienne, il forme deux longues queues blancbes qui suivent le contour de cette dernière membrane. Ces deux queues, quoique parallèles, ne sont point contigues; mais une pioduction de la ruiscbieone passe entre deux pour pénétrer dans l'épaisseur du vitré. La rétine naît des bords opposés de ces queues , comme elle naît dans les oiseaux de la lip.ne blancbe unioue. La production de CJ il la ruischienne a une forme triangulaire curviligne , que lialler a comparée à une clocbe. Elle est noire dans certains poissons, comme les sa/mones , les c/u- /^eVj', vasculeuse comme le reste de la membiane, et elle vient s'attacber par son extrémité à un côté de la cap- sule du cristallin, absolument comme le peigne^ des oiseaux. îl paraît qu'elle fournil de même des vaisseaux «I 436 X1I*= LEÇON. ORGA.i\E DE LA VUE. san(>uins à cette capsule. [Ce ligament falciforme s'at- tache à ia capsuie du cristalJin, tantôt au moyen d'une sioiple proéminence ou d'une lame un peu plus opaque; tantôt, comme dans le thon , par un tubercule transpa- rent plus dur que le vitré dans lequel il est plongé. Dans le congre ^ il y a deux ligaments, un antérieur, et un postérieur, qui retiennent le cristallin comme par deux pôles. Ce ligament falciforme des poissons, qui rappelle le peigne des oiseaux, se retrouve aussi dans beaucoup de reptiles. Dans le lézard ^\ iguane ^ le nionitot\ une petite tige membraneuse cylindrique, enveloppée de pigment, se rend au travers du corps vitré de l'inser- tion du nerf optique à la capsule du cristallin. Dans les crocodiles ^ un petit disque noir qui se remarque au point où le nerf optique perce la clioroïde, semble être le rndinient de cette production plus allongée de lœil des autres sauriens et des oiseaux. La rétine rayonne en fibres nombreuses autour de ce disque. 11 est remarquable queFon retrouve àd^n^^X^ caméléon et dans quelques autres sauriens , à l'extrémité de l'axe de Tœil sur la rétine, un pouit transparent qui ressem- ble à un trou, et rappelle \q for amen centrale ^ propre à riîomme et aux singes parmi les mammifères; mais les reptiles n'ont pas de tache jaune (i).] B. Rétine. Cette membrane est une des moins consistantes du corps animal. Demi-transparente, molle, se déchirant (i) R. Knox , Mem. oftlie JFernerian Soc, t. v, part, i ; — et Transact. of tlie Roy. Soc. ofEJinbur(jh, ohserv. on the comparative anat. of the eje, n. 4«> et 23l. ART. YIII. DE LA RETINE. 437 par son propre poids, elle prend iiii peu pins de dureté et d'opacité dansFespritde vin; elle n'est qu'appliquée à la choroïde, sans y adiiérer aucunement. [La cou- che de tissu celhdaire qui l'en sépare , et que Ton trouve souvent imprégnée de quelquespar ticulesde pigment, est regardée par plusieurs anatomistes comme une memhrane distincte, à laquelle on donne le nom de membrane de Jacob ^ du nom de celui qui l'a le pre- mier décrite (i). ] Dans tous les animaux qui ont un procès ciliaire, la rétine se termine tout autour à la racine de ce pro- cès ; elle y est coupée nettement. Dans les oiseaux , elle y forme même un bourrelet. On pourrait penser qu'elie s'attache plus intimement ta la face antérieure du corps vitré, et que c'est ce qui la fait rompre à cet endroit lorsqu'on enlève ce corps. Tiempreinte que les procès ciliaires laissent à cette même face a pu favoi'iser cette opinion, que (inelques uns ont étendue jusqu'à croire que la rétine couvre même le devant du cristallin : ils supposaient sans doute que cette portion de la rétine reste adhérente (i) M. Jacdb ( Plùl. Trans.s i 8 i y ) cîccrit ia rétine comme composée de, trois coucîies : une plus interne, vasculaire, une plus externe, celluleuse, (!ont nnus venons de oarler, et clans laauelle des anatomistes ont décrit deux feuillets citnme dans les séreuses du corps; entre ces deux mesn- branes est une couche pulpeuse qui est l'expansion de ia portion nerveuse du nerF optinue, et à laquelle les deux autres servent d'enveloppe et de soutien. Maïs dai^.s les nombreuses recîierches microscopiques dont la rétine a été pli, s récemment Tobjet, le nom de membrane de Jacob a été maHieurensenKiit employé pour dési{^,ner des parties très diverses, et no- tamment celles de conelies nerveuses de la rétine, que l'on dtjciit comme composée de petits cylindres ou de bâtonnets, redressés et appliqués l'un près de l'autre comme des pavés. 438 XII^ LEÇON. ORGANE DE LA VUE. dans les sillons que ces procès impriment sur le vitré ^ et qu'elle est couverte par le vernis qu'ils y laissent. Mais clans les animaux qui n'ont point de procès ci- liaires, la rétine se termine de même brusquement vers le commencement de l'uvée, et rien n'empêche de voir que la face antérieure du vitré n'en conserve aucune portion. [La largeur très différente du corps ciliaire, dans les diverses espèces, fait donc varier considérablement la portion du globe de Fœil que tapisse la rétine : ainsi , dans les animaux où la couronne ciliaire est très ré- duite, comme dans le chamois et la Corinne ^ la rétine est très grande; dans ceux où cette couronne a beau- coup de largeur, au contraire, Fétendue de la rétine diminue, et cette membrane peut ne revêtir que la moitié postérieure du globe de l'œil , comme dans le porc- épie ^ ou même son tiers, comme dans le lynx. Dans les oiseaux, elle s'étend dans toute la portion postérieure et hémisphérique de i œil, et elle s'arrête à la ligne où commence la portion conique du bulbe : aussi, dans le grand-duc^ où la portion sphérique est très petite, la rétine l'est également, et tapisse moins du tiers du globe de l'oeil. Dans les reptiles et dans les poissons, elle vient généralement assez en avant et près de l'uvée. L'épaisseur de la rétine n est pas la même dans tout son trajet, et elle varie aussi d'un animal à l'autre: ainsi, dans le phogiie ^ on la trouve très épaisse, sur- tout au fond de l'œil; dans le lynx ^ au contraire , elle est très mince] La face interne de la rétine est parcourue de vais- seaux nombreux qui viennent de l'artère centrale du ART. YIIl. DE LA SÉTINE. 439 nerf optique. Ces vaisseaux donnent plus de consis- tance à sa lame interne qu'à Fexterne , qui n'est que pulpeuse. C'est surtout dans les poissons qu'il est facile de distinguer et même de séparer les deux lames. L'in- terne, qu'on a nommée arachnoïde ^ y présente des fibres très déliées, mais très visibles. [Elle est trèsplissée, loi'sque le nerf optique est lui-même plissé. La rétine examinée au microscope montre plusieurs couches nerveuses. Une externe pulpeuse et une in- terne, où l'on observe des filaments redressés , et serrés les uns contre les autres, ({ui sont vraisemblablement les terminaisons papiilaires des filets nerveux (i).] La rétine est la partie la plus sensible de tout le corps animal, puisque la lumière, qui n'affecte aucun autre organe, y cause de la douleur lorsqu'elle est trop vive; et cela n'est pas étonnant : car, indépendamment de la nature entiéremeut nerveuse de cette membrane, les parties qui sont situées au-devant d'elle ne tendent point à amortir l'effet de la lumière , comme c'est le but des téguments qui sont sur les autres nerfs , par rapport aux divers corps extérieurs ; mais elles tendent au contraire à renforcer cet effet, ea rassemblant les rayons dans un espace plus étroit. (i) C'est encore là la seule idée {générale qui résulte pour nous des observations si nombreuses, si variées, et ion pourrait dire si contradic- toires qui, depviis une dizaine d'années, ont été publiées sur la structure microscopique de la rétine. Nous n'entrerons donc pas dans plus de dé- tails. D'ailleurs, ces observations se rattachent à un ensemble de travaux sur la structure microscopique des tissus animaux, pour lesquels un laa- gage tout spécial tend à se former, et dont l'exposition ne saurait entrer dans le cadre de cette partie des Leçons d'anatomic comparée. I 440 XTI* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. ARTICLE ÏX. DE LA NATURE DES PARTIES TRANSPARENTES DE l'oEIL ; DE LEURS MEMBRANES PROPRES, ETC. A. Humeur vitrée. Cette humeur, qui occupe la plus grande partie de l'œil, est renfermée dans sa membrane propre, qui l'est elle-même dans la rétine, mais sans adhérer aucu- nement à cette dernière, si ce n'est peut-être par quel- ques vaisseaux. La membrane du vitré, qu'on nomme aussi hyaldide^ est très fine et parfaitement transparente. L'esprit de vin ne la rend point opaque. Sa face antérieure se di- vise en deux lames qui embrassent étroitement la cap- sule du cristallin, et f3ntre lesquelles on peut intro- duire de Fair qui y produit un canal circulaire, iné- galement bout'souflé, nommé canal godronné ^ de Petit. L'intérieur de sa cavité est divisé en une infinité de cellules par des cloisons de même nature que la mem- brane extérieure , qui s'y répandent en tous sens : c'est ce qui fait qu il ne suffit pas de percer la membrane hyaloïde pour la vider, l'humeur vitrée ne pouvant couler à la fois de toutes ces cellules. L'humeur vitrée est ^jlnante comme du blanc d'œuf ; un long séjour dans Tesprit de vin la rend quelquefois parlai îement concrète: nous conservons des vitrés d'oi- seaux durcis de cette manière; d'autres fois, l'humeur se dissout dans l'alcool, et il ne reste que ses membranes ?■ t ART. IX. DES PARTIES TRANSP. DE l'oEIL. 441 presque vides. Nous ignorons à quoi tient cette diffé- rence dans le résultat. Durci par l'alcool, ou par la gelée, le vitré se par- tage aisément en une multitude de îames lenticulaires qui ont probablement été moulées dans les cellules qui contiennent cette humeur. Toutes ces choses sont communes à tous les animaux dont nous avons décrit les yeux. B. Le cristallin. La lentille cristalUne est enfermée sans adhérence dans une capsule membraneuse, transparente, molle, qui adhère fortement dans un creux de la face anté- rieiH'e du vitré. Cette capsule paraît simplement cellu- laire. Sa moitié antérieure est plus dure que l'autre; elle perd plus difficilement sa transparence que le cris- talHn même. Celui-ci est plus dur dans son centre qu'à son exté- rieur. Il se durcit et devient absolument opaque par la cuisson et l'alcool; mais son centre conserve même alors quel(jue transparence, et ne prend qu'une cou- leur jaune. Dans les grands animaux, le cristallin ainsi macéré se divise en une infinité de lames qui s'etnboîtent toutes les unes duis les autres : les plus intérieures sont les plus difficiles à séparer. Ces lames se divisent elles-mêmes en fibres ravon- liantes, exrêmeraent fines ^ qui viennent de deux cen- tres situés aux deux extrémités de Taxe, comme les méridiens viennent des deux pôles sur les fdobes aéo- graphiques. [Telle eit du moins la structure du cristallin des oi- 44'2 Xir LEÇON. ORGANE DE LA VUE. seaux et de quelques poissons, comme la morue et Vé- glefin ; mais clans d autres animaux la disposition des fibres est différenle, et se présente sous quatre formes particulières et principales (i). La plus simple, après celle que nous venons de faire connaître , consiste en ce qu'à chaque face du cris- tallin il y a un septum plus ou moins allongé, des différents points duquel partent les fibres qui se ren- dent au septum opposé, et auquel arrivent les fibres parties de ce septum. Les plans de ces deux septa se coupent à angle droit. Cette disposition se présente dans le lièi^re ^ le lapin ^ le dauphin, le marsouin^ parmi les mammifères; dans le gecko et le crocodile^ parmi les reptiles, et surtout dans un trèsgrand nombre de poissons, tels que le saumon^ la raie ^ les sqwdes , \ espadon^ la tanche^ la carpe, l'esturgeon^ la truite^ etc. Dans la troisième forme il y a trois septa divergeant de chaque pôle sous des angles de 120'', et disposés de telle sorte que ceux de la face postérieure partagent en deux angles égaux les angles formés par hs septa de la face antérienre. Cette structure du cristaUin se ren- contre dans le plus grand nombre des mamiiiferes , et par exemple , dans le papioji, Xentelle^ le dcuroucouli , les makis, les chats ^ les chiens ^ la loutre^ le coati ^ le sarigue^ Yécureuil^ le rat, le cheval^ le bœrf, le cerf , le mouton, etc, DausVélépha/it^la. dispositionfondamen- tale est la même, mais chacun des septa se bifurque à son extrémité. Dans la quatrième forme il y a quatre iepta placés fi) D. Brewster, On tlie anatomical and optical stiucUre of tlie crys- talline lenses of animais , dans Trans, phiL, i833 et î83€ ART. IX. DES PARTIES TRANS?. DE LŒIL. 443 à angles droits, et qui coupent leurs angles, d'une face à l'autre, comme dans la forme précédente; de telle sorte que si le cristallin était transparent , on aurait la figure d'une étoile à huit rayons séparés par des angles de 45°. Les exemples de cette disposition sont assez rares : on l'observe dans la baleine , dans le phoque et dans loars. Enfin la cinquième forme se rencontre dans le cris- tallin de la tortue , et de quelques poissons , comme le brochet de mer; elle consiste en ce qu'il n'y a qu'un septum horizontal à la face antérieure, et qu'il n'y en a pas à la face postérieure, de façon que toutes les fibres parties des différents points du septum se ren- dent toutes au pôle de la face postérieure. D'après les recherches microscopiques de M. Brew- ster, les fibres du cristallin seraient le pkis ordinaire- ment, et surtout dans les poissons, très fortement flexueuses, et unies l'une à l'autre par l'engrenage mu- tuel des dentelures de leurs flexuosités.] Quelquefois le cristallin se divise plutôt dans le sens des fibres que dans celui des lames; il forme alors des secteurs ou quartiers : cela arrive ainsi dans les mam- mlfères et les oiseaux, mais beaucoup moins dans les poissons. Ces fibres , qui se trouvent dans tous les cristallins , ont été regardées par quelques anatomistes comme musculaires, et capables de faire varier la convexité de cette lentille, selon la distance des objets qu'on veut voir distinctement ; mais les yeux dont on a ôté le cristallin n'ont pas de limites plus resserrées que les autres pour la vision distincte. 444 XTÏ* LEÇON. ORGANt-: DE LA VUE. Entre ie cristallin et sa capsule on trouve ^éoérale- uient un peu d'une humeur particulière. Cette capsule reçoit dans l'homme et dans les mam- mifères sa nourriture d'une artère qui passe au centre du nerf optique, traverse le vitré, qu'elle nourrit aussi par quelques brandies, et vient former à la face pos- j térieure de la capsule un réseau très compliqué, dont les branches s'étendent jusqu'cà sa face antérieure. Dans les oiseaux , elle reçoit ses vaisseaux des artères de la membrane plissée, vulgairement nommée le peigne. Ces vaisseaux viennent eux-mêmes de l'artère centrale du nerf optique. On croit que le cristallin en reçoit quelques bran- ches : certains anatomistes le supposent nourri par imbibition. G. V humeur aqueuse Est une liqueur limpide, simplement épanchée dans toute la partie de l'œil qui est au-devant du cristallin ; sa plus grande partie est au-devant de Tiris. On a beau- coup disputé sur la quantité qui s'en trouve derrière cette membrane ; il est constant que cette quantité est très petite. On prétend que dans rhomme Thumeur aqueuse, est un peu plus légère que l'eau distillée, comme 9 y5 : 1 000. Elle n'a point d'odeur ; sa saveur est légèrement salée; [elle est composée presque en- tièrement d'eau et de sels de soude; sur 100 parties, elle en contient 98,10 d'eau, et 1,1 5 de muriate de soude.] Elle ne devient point opaque par l'esprit de vin; elle s'exhale au travers des pores de la cornée, et c'est sa déperdition qui rend cette membrane flasque après la mort. [Quelques anatomistes la i-egardent comme ART. X. DES MUSCLES DE L'œIL. 44 O contenue dans une membrane qui lui est propre, et qui tapisse la face interne de la cornée, dont eiie for- merait ja lame Ja plus interne, et dont eile différerait par la structure : ils iui donnent le nom de inenibrane de DemoLirs ^ ou de Descemel; mais ils ne s'accordent pas sur son trajet, les uns lui faisant revêtir Firis, et les autres, au contraire, la faisant passer en dehors de sa grande circonférence, entre l'iris et la coriiée.] Toutes ces choses sonT communes à tous les animaux vertébrés. [Il n'y a de variation que pour l'étendue de la chambre antérieure, qiû est quelquefois fort petite en raison de la saillie du cristallin par le trou de l'iris, et de l'aplatissement de la cornée. Il n'y a plus de chambre postérieure quand le cristallin vient faire saillie dans la chambre antérieure. Dans Vcuiableps , où la bride ligamenteuse qui partage la cornée s'appuie aussi sur le cristallin avec l'iris , il semble y avoir deux chambres pour i'humeur aqueuse, une supérieure et une infé- rieure. ] ARTICLE X. DE LA SUSPENSION DU GLOBE DE l'OEIL ET DE SES MUSCLES. Dans tous les animaux vertébrés, l'œil est placé dans une cavité de la face, nommée orbite, dont nous avons décrit les formes et les compositions dans divers arti- cles de la VIII^ leçon. Il peut s'y mouvoir plus ou moins, et il s'y appuie sur des corps de nature différente. L'orbite étant le plus souvent conique ou oblong, il reste derrière le globe un espace qu'il ne peut remplir. Dans tous les animaux à sang chaud , cet espace est 446 XII^ LEÇON. ORGAINE DE LA \UE. rempli de graisse; elle y forme une espèce de coussi- net sur lequel le gloîje de l'œil s'appuie et se meut sans se iolesser. C'est la diminution de cette praisse, clans les vieillards , qui fait que leur œil s'enfonce dans Forbite. L'orbite des oiseaux étant beaucoup moins profond à proportion que celui des mammifères , leur coussinet de graisse est moins épais , et leur œil a moins de jeu : aussi en aperçoit-on à peine les mouvements. Les raies et les squales ont une disposition particu- lière. Leur œil est articulé sur l'extrémité d'une tipe car- tilagineuse, qui s'articule elle-même dans le fond de l'orbite. De cette manière les muscles agissent sur un long levier , et ont beaucoup plus de force pour mou- voir l'œil. * Dans les autres poissons, l'œil repose sur une masse plus ou moins étendue d'une substance gélatineuse con- tenue dans un tissu cellulaire lâche. Cette masse trem- blante et élastique donne à 1 œil un appui qui se prête à tous ses mouvements. Les muscles de l'œil de l'homme sont au nombre de six; il y en a quatre droits, qui s'attachent aux bords du trou optique, et viennent coller leurs tendons à la partie antérieure du globe , où ils épaississent la scié, rotique, et parviennent ainsi jusqu'aux bords de la cornée. Les deux autres sont nommés obliques. \Johlique supérieur ou trochléateur vient aussi du fond de l'or- bite ; il passe son tendon dans une poulie cartilagi- neuse , située à la voûte de cette cavité , et le poite en rebroussant en arrière et en dehors pour l'attacher à la sclérotique sous le droit externe ou abducteur. ■f' AKT X. DES MUSCLES DE L ŒIL. 447 \ioblicjiie inféiieur vient de la paroi interne de l'or- bite, et passe sous Toeil pour s'insérer à son côté externe. Les singes ont les mêmes muscles que l'homme , et en même nombre. [ Cependant Sœmmering le fils n'attribue cette ressemblance avec 1 homme quaux onnigs ^ et il réunit le reste des singes à tous les autres mammifères qui ont au moins un muscle de plus qne riiomme. ] C'est celui qu'on nomme saspenseur ou muscle choa- noïdc , c'est-à-dire en forme d'entonnoir; dans les ru- minants et les chevaux, il forme, en effet, un enton- noir ou un cône allongé , dont la pointe est fixée au bord du trou optique, et qui s'étend dans tout l'inter- valie qui est entre les quatre muscles droits. Son inser- tion est un peu plus en anièrc que les leurs. [Dans les singes, il est très mince, et se compose d'un très petit nombre de fibres. C'est la sixième paire de nerf qui lui donne un filet.] Plusieurs espèces, comme la plupart des carnassiers et les cétacés , ont le muscle partagé en quatre , en sorte qu ils ont huit muscles droits. Y) àn%\e rhinocéros ^ il ne se divise qu'en deux. Les muscles obliques ne présentent point de diffé- rence dans les mammifères. Les oiseaux et les poissons ont tous six muscles seu- lement : quatre droits, qui viennent, comme dans l'homme , des bords du trou optique; et deux obliques , qui viennent l'un et l'autre de la paroi antérieure de l'orbite ; ils ont leur attache très près l'un de l'autre , et vont s'insérer, l'un au-dessus , l'autre au-dessous du globe , sans que le supérieur passe par une poulie , comme dans les mammifères. 448 XII^ LEÇON. ORGÂ^.E DE LA WE. Dans les oiseaux , tons ces muscles s'attachent à la partie molle de la sciéroticjue, et on ne peut, sans les déchirer, suivre leur tendon jusqu'à sa partie osseuse. Ils sont beaucoup plus courts à proportion que dans les autres classes. Dans la tortue ^ on trouve les six muscles ordinaires disposés comme dans les poissons , et de plus quatre petits qui embrassent de près le nerf optique , et s'épa- nouissent sur !a portion convexe de la sclérotique, après avoir été comme bridés par le muscle de la troi- sième paupière, dont nous parlerons par la suite. Il en est absolument de même dans le crocodile. Dans les grenouilles et les crapauds, il y a un grand muscle en entonnoir qui embrasse le nerf optique et ne se divise qu'en trois portions. Ses fibres inférieures avancent davantage vers le bord de Fœil que les supé- rieures. 11 y a de plus un seul muscle droit à la partie infé- rieure, par conséquent un abaisseur, et un seul très court muscle optique, qui s'attache à la paroi anté- rieure de l'orbite, et s'insère directement dans la par- tie voisine du globe. Le muscle de la troisième pau- pière bride tellement la partie inférieure de celui en entonnoir , qu'il est tiraillé lorsque ce dernier se gonfle, et voilà pourquoila troisième paupière s'élève lorsque l'œil s'abaisse , comme nous le verrons mieux par la suite. ARTICLE XL DES PAUPIÈRES ET DE LEURS MOUVEMENTS. ^ Les paupières sont des voiles membraneux , formés !^^ I I AilT. XI. DES PAUPIÈRES. 449 par des replis de la peau , et destinés à couvrir l'œil dans letat de repos ; à nettoyer sa surface par leurs mouvements; à en écarter par leur clôture subite les petits eorps qui pourraient l'irriter; et même dans cer- tains cas , à favoriser la vision , en diminuant la trop grande affluence des rayons lumineux. A. Dans l homme. L'homme n'a que deux paupières, dont la commis- sure est transversale. Leur épaisseur est remplie par des muscles et une celluiosité serrée, dont quelques uns ont fait un ligament. La face qui touche Fœil est très fine et très abondante en vaisseaux. La face ex- terne est semblable au reste de la peau. Le bord de chacune est renforcé par un cartilage, nommé tarse ^ qui va d'un angle de la commissure à l'autre , est ar- rondi, et forme avec son opposé un petit canal du côté de l'œil, par lequel les larmes s'écoulent du côté du nez. Ces bords des paupières sont encore garnis d'une rangée de poils connus sous le nom de cils. Les paupières de l'homme n'ont que deux muscles : un orbiculaire qui les ferme , et un releveur qui re- lève la supérieure. L'inférieure s'abaisse par sa propre élasticité. Le muscle orbiculaire entoure les paupières de libres concentriques et circulaires qui ont leur at- tache fixe dans l'angle interne ou nasal , où il y a même quelques autres fibres dont la direction est transverse. Le muscle releveur de la paupière supérieure vient du fond de l'orbite , au-dessus du muscle droit de Fœil ] et se dilate dans l'épaisseur de cette paupière. Dans l'angle interne des paupières est un petit repli en forme de croissant , qui n'est sensible que lorsque 3. 29 450 XII*^ LEÇON. ORGANE DE LA VUE. Toeil se tourne du côté du nez : c'est un vestige de la troisième paupière qui est développée dans d'autres animaux* B. Dans les mammifères. Les singes ne diffèrent point de Fliomme , à l'égard des paupières. Dans les autres quadrupèdes , la troisième paupière devient de plus en plus considérable , quoiqu'elle n'ait dans aucun de muscle propre, et qu'elle ne puisse couvrir entièrement l'œil. Elle est ordinaire- ment semi -lunaire : c'est ainsi qu'on l'observe dans les ruminants , les édentés , les pachydermes. Le rhinocéros l'a épaisse et charnue. Dans le lie^n^e , son bord libre est convexe; il en est de même dans les rats , les agoutis , etc. Dans presque toutes les espèces, on y remarque une rangée de pores qui laisse sans doute passer quel- que humeur onctueuse. Souvent une partie de son épaisseur est occupée par une lame cartilagineuse : cette plaque a été nommée onglée par les hippoto- mistes. Le lièvre l'a triangulaire et fort grande. On voit dans quelques mammifères, outre les mus- cles ordinaires des deux paupières, deux couches de fibres qui viennent du pannicule charnu , et qui ser- vent , l'une à abaisser la paupière inférieure , l'autre à relever la supérieure. Les cétacés ont leurs paupières si épaissies par la graisse huileuse qui est entre les deux lames, qu'elles sont presque immobiles. Elles n'ont point de cils; il n'y a aucun vestige de la troisième paupière. ABT. XI. DES PAUPIERES. 45 1 C. Dans les oiseaux. Les oiseaux ont trois paupières: les deux ordinaires, dont la commissure est horizontale, et une troisième , verticale , située dans l'angle nasal de Fœil , mais qui peut le couvrir entièrement comme un rideau. Les deux premières contiennent entre leur peau exté- rieure et Imterne ou conjonctive une membrane liga- menteuse qui se continue dans l'orbite et en tapisse toute la cavité. C'est surtout la paupière inférieure qui couvre Fœil en s'élevant; elle est plus grande que la supérieure et bien plus épaisse. Sa face interne présente une plaque ovale , presque cartilagineuse et parfaitement lisse : Forbiculaire des paupières passe sous cette plaque; mqisdans la paupière supérieure il touche immédiate- ment le bord. Le releveur de la paupière supérieure ne s'insère que vers Fangle externe ; son attache fixe est à la voûte de Forbite. La paupière inférieure a un abaisseur particulier qui vient du fond de Forbite. Il n'y a point de cartilage au bord de ces paupières , et il n'y a qu'un petit nombre d'oiseaux qui aient des cils , encore sont-ce plutôt des plumes à barbes courtes que de vrais cils. Ces plumes sont très remarquables dans le calao. Il n'y a qu'un petit nombre d'oiseaux dans lesquels la paupière supérieure s'abaisse autant que l'inférieure s élève. Tels sont entre autres les chouettes et les e/z- goulevents. La troisième paupière, ou la membrane clignotante, devait avoir une certaine transparence j car les oiseaux regardent quelquefois au travers ^ et c'est elle qui per- I f 452 XII* LEÇON. OKGANE DE LA VUE. M met à l'aigle de fixer le soleil; elle ne pouvait doue contenir de muscle dans son intérieur : c'est là la rai- son du singulier appareil qui la met en mouvement. Deux muscles ont leur attache fixe au globe de Fœil, à la partie postérieure de la sclérotique. L'un, nommé le M. carré de la troisième paupière , est ^ixé vers le haut de Fœil et un peu en arrière; ses fibres descen- dent vers le nerf optique, et se terminent en un tendon d'une espèce toute particulière. Il ne s'insère nulle part; mais il forme un canal cylindrique, qui se courbe un peu autour du nerf optique , en traversant la direction des fibres du muscle. Le second muscle, nommé le py- ramidal ^ est fixé au côté de cette même partie posté- rieure du globe qui est près du nez, un peu vers le bas. Ses fibres se ramassent en un tendon, en forme d'une longue cordelette , qui traverse tout le canal du muscle précédent, comme il ferait la gorge d'une pou- lie, et après avoir fait ainsi plus d'un demi-cercle, il se porte dans une gaine celiulaire delà sclérotique par- dessous Fœil jusqu'à la partie inférteure du bord libre de la troisième paupière . où il s'insère. On sent aisément que Faction simultanée de ces deux muscles doit tirer avec force ce cordon tendineux, et amener par son moyen la troisième paupière sur l'œil. Elle retourne dans Fangle des deux autres paupières par sa propre élasticité. D. Dans les reptiles. Les reptiles varient singulièrement pour le nombre et la disposition de leurs paupières. Les serpents n'en ont point du tout ; [du moins ils n'ont pas de voile mo- bile qui s'étende au-devant de leur œil , ou le découvre y _ II ART. XI. DES PAUPIÈRES. 453 à volonté; mais la peau qui passe devant leur globe oculaire, et qui y devient sèche et transparente , n'est point confondue avec la cornée, elle forme une sorte depaupière non fendue. H y a entre elle et la cornée un petit intervalle qui répond à celui qui existe au-devant de tout autre oeil quand les paupières sont fer- mées (i).] Les crocodiles^ \e?> toïtues ont trois pau- pières , et la troisième est verticale, comme dans les oi- seaux. Il y en a trois aussi àdiU?,\es grenouilles^ mais la troisième y est horizontale comme les deux autres. Les paupières horizontales des crocodiles et des to?'- tues se ferment exactement ; elles ont chacune un renflement à lenr bord, mais sans aucun cil. Leur troi- sième paupière est demi-transparente ; elle se meut d avant en arrière, et peut couvrir tout l'œil. Elle n'a qu'un seul mnscle qui remplace le pyramidal des oi- seaux; il est de même fixé à la partie postérieure du globe vers le bas; et, après avoir tourné autour du nerf optique, il repasse sous l'œil pour porter son ten- don à cette paupière; mais il n'y a ut le muscle carré , ni sa gaîne, comme dans les oiseaux. Dans les autres lézards , il y a des variétés assez fortes. Les lézards ordinaires ont pour paupières une es- pèce de voile circulaire, tendu au-devant de l'orbite et percé d'une fente horizontale qui peut se fermer par un sphincU r, et s'ouvrir par un releveur et un aba^s- seur. Sa partie inférieure a un disque cartilagriV^ux , (i) Mémoire sur l'existence et la disposition des voies lacrymales dans les serpents^ par M. J. Cloquet,dans Mém. du Muséum d'hist. nat.^ t. vu, 1821. 454 XII^ LEÇON. ORGANE DE LA VUE. lisse, rond , comme dans les oiseaux. Il y a de plus une petite paupière interne , mais sans muscle propre. Elle manque tout-à-fait au caméléon^ dont la fente est d'ailleurs si petite qu'on voit à peine sa prunelle au travers. \aQ gecko n'a point de paupière mobile. Son œil est protégé par un léger rebord de la peau, comme dans les serpents. Il paraît qu'il en est de même dans le sein que. Dans les grenouilles et les crapauds , la paupière su- périeure n'est qu'une saillie de la peau, à peu près immobile; Tinférieure est plus mobile, elle a un bord Venflé ; mais la troisième , qui se meut de bas en liant, est celle que ces animaux emploient le plus. Elle est très transparente; elle n'a qu'un muscle placé trans- versalement derrière le globe de l'œil, et qui forme de cbaque côté un tendon mince qui va s'insérer à l'extré- mité correspondante du bord libre de cette troisième paupière. , Les salamandres n'ont que deux paupières horizon- tales , charnues et très peu mobiles. Il ne paraît pas qu'elles puissent entièrement couvrir l'œil. E. Dans les poissons. Dans la plupart des poissons, il n'y a aucune pau- pière mobile. Dans quelques uns, ainsi que nous l'avons déjà vu , la peau passe devant l'œil sans même former un y -^pli; d'autres n'ont que de légères saillies, des espèces de sourcils plutôt que des paupières. La plu- part des poissons osseux ont, à chaque angle de Forbite, un voile vertical et immobile qui n'en couvre qu'une petite partie. C'est ce qu'on peut voir aisément dans le maquereau^ le hareng ^\& saumon y etc. /tTl'^KÏ»' i\ ART. XII. GLANDES LACRYMALES. 455 he poisson-lune ( tetraodoji mola ) nous a présenté une particularité que nous n'avons point vue ailleurs. Son œil peut être entièrement couvert par une pau- pière percée circulairement , et qui se ferme au moyen d'un vrai sphincter. Cinq muscles disposés en rayons , et s'attacLiant au fond de l'orbite , en dilatent l'ouver- ture. # ARTICLE XIL DES GLANDES QUI ENTOURENT l'oEIL. A. Dans Vhomme. Dans les animaux qui vivent dans l'air , le devant de l'œil serait bientôt desséché et sali par la poussière, si une humeur limpide ne l'humectait et ne le lavait continuellement; il serait blessé par une infinité de pe- tits corps , d'insectes, etc. , si des substances onctueuses ne les arrêtaient sur les bords des paupières et entre les cils : c'est là l'usage des glandes dont l'œil est en- touré , et qui , dans l'homme , se réduisent à trois sortes : \iX a^lande lacrymale ^ \e^ glandes de Meibomius et la caroncule lacrymale, La glande lacrymale est située dans le haut de l'or- bite, au-dessus de la paupière supérieure, un peu vers la tempe ; elle paraît composée de grains blanchâtres , et forme deux petits lobes. Il en part six ou sept canaux très fins, qui descendent dans l'épaisseur de la paupière et s'ouvrent à sa face interne , un peu au-dessus du cartilage qui la borde. L'humeur des larmes suinte continuellement de ces petites ouvertures ; elle se répand au-devant de l'œil ; .<♦ 45G XIl^ LEÇON. ORGA'vE DE LA VUE. et chaque fois que les paupières se feraient, elles pous- sent une partie de cette bumeur dans le petit canal triangulaire, qui est formé par ieiirs bords et le globe, vers leur angle interne ou nasal. Une matière grasse , séparée par \es glandes de Mei- bomius ^ vernisse les bords des paupières, et empêche l'humeur des larmes de les mouiller et de passer par- dessus. Ces glandes sont situées dans l'épaisseur des deux paupières vers leurs bords. Elles sont composées de petits follicules, rangés sur des lignes verticales et parallèles, au nombre de plus de trente à la paupière supérieure, et déplus de vingt à Tinférieure. Leurs ouvertures sont de petits trous qui régnent tout le long du bord de chaque paupière. Lorsque l'humeur des larmes est arrivée vers Vangle nasal de l'œil, elle y est absorbée par deux petits pores, percés dans deux éminences qui se trouvent à cette extrémité des paupières, et woxï\Yaé?> points lacrymaux . Chacun d'eux conduit dans un petit canal, et les deux canaux aboutisse» t au sac lacrymal ^ qui se vide dans le nez par un canal que nous avons indiqué dans le volume précédent. La caroncule lacrymcde est placée dans l'angle in- terne ou nasal des paupières; on la voit sans dissec- tion : c'est une masse petite, arrondie et rougeâtre, composée de sept follicules distincts qui produisent une humeur épaisse et blanchâtre, dont l'usage paraît être surtout de garantir les points lacrymaux , en arrê- tant les corps légers qui pourraient s'y introduire. B. Dans les ma.mmifères. Les (quadrupèdes ont, pour la plupart, les mêmes ART. XIÏ. GLANDES LACSYMALES. 457 glandes que rhomme , et plusieurs d'entre eux en ont une de plus. La glande laerymale proprement dite est subdi- visée en deux ou trois corps dans les ruminants ; quel- ques grains séparés ont chacun leur canal excréteur très court. Dans le lièvre^ le lapin, la glande lacrymale est très grande; elle s'étend au-dessus et au-dessous de l'œil; elle remplit Tintervalle enîre le crâne et l'apophyse qui , dans ces animaux, soutient le sourcil ; elle passe derrière l'œil, s'enfonce sous l'arcade zygomatique , ressort de l'orbite du côté du nez , et se termine à cet endroit par un grand renflement ; elle ne m'a paru avoir qu'un seul canal excréteur, qui perce la paupière supé- rieure vers l'angle postérieur. La glande particulière à certaines espèces de qua- drupèdes et qui manque à l'homme porte le nom de glande de Uarderus ^ quoiqu'elle ait été vue et décrite bien avant cet anatomiste. Elle est toujours située dans l'angle interne ou nasal, et sépare une humeur épaisse et blanchâtre, qu'elle verse par un orifice situé sous le vestige de la troisième paupière. Dans les ruminants , elle est oblongue , d'une consistance assez dure. Dans le lièvre^ elle a l'air d'être formée de deux parties, unies seulement par de la cellulosité , et subdivisées cha- cune en beaucoup de lobes. La partie supérieure est plus petite et blanchâtre; l'inférieure, beaucoup plus grande , est rougeâtre ; elle est considérable et double dans le rat d eau. Elle existe aussi dans les carnassiers, IV/epAa/z^, le cochon^ où elle est ovale, \e paresseux ^ etc. La caroncule existe dans les ruminants comme dans 458 XII* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. riiomme; elle y est composée d'un plus g^rand nombre de follicules. Je n'ai pu la voir dans le lièvre^ ni dans plusieurs antres ron^oeurs. T^es voies par lesquelles les larmes s'écoulent présen- tent aussi des différences. Les ruminants ont les points lacrymaux et les con- duits comme Thomme. Quelques genres de cet ordre sont encore remarquables par les larmiers^ on fosses lacrymales : ce sont de petites fossettes creusées sur la joue, une au-dessous de cbaque œil près de son angle nasal, et communiquant avec cet angle par un petit sillon. Elles se trouvent dans les cerfs et dans les anti^ topes ou gazelles. [Le cerf munt-jak ^ où ces larmiers sont très grands , a la faculté de les ouvrir ou de les fermer à volonté en en contractant les bords.] Le cochon a deux points lacrymaux ; on les trouve aussi àdiusle^ paresseux et \t% fourmilières . Dans les lièvres ^ les lapins ^ et sans doute dans quel- ques genres voisins, il n'y a pas de points lacrymaux, mais une fente en croissant sous le bord inférieur de la troisième paupière, qui conduit dans un canal lacry- mal imique. Les bords de cette fente sont garnis de car- tilages. Il y a dans le canal une petite valvule semi-lu- naire qui empêche riiumeur de revenir vers l'œil. Les cétacés n'ont, comme la plupart des animaux qui vivent constamment dans l'eau, ni glande ni points lacrymaux. On voit seulement sous la paupière supé- rieure des lacunes d'où s'écoule une bumeur épaisse et mucilagineuse. ART. XII. GLANDES LACRYMALES. 459 G. Dans les oiseaux. On trouve dans les oiseaux la glande lacrymale et celle de Harderus : il n'y a point de caroncule. La glande de Harderus est beaucoup plus grande que l'autre, or- dinairement de forme oblongue et de couleur de chair; elle est située entre le muscle releveur et l'adducteur, ou quelquefois^ comme dans le <^//2r/o72, entre l'adducteur et l'oblique inférieur, et produit un canal excréteur unique qui se glisse dans l'épaisseur de la troisième pau- pière , et s'ou vre à sa face interne. Cette glande ré- pand une humeur jaune et épaisse. La glande lacrymale des oiseaux est ordinairement fort petite , à pen près ronde , très rouge et située à l'angle postérieur. Elle se décharge par deux ou trois petits canaux assez visibles, précisément dans l'angle des deux paupières hori- zontales. Les oiseaux du genre des canards , et d'autres oi- seaux d'eau et de rivage , ont un corps glanduleux , dur, grenu , qui occupe toute la partie supérieure de l'orbite, et se contourne en arrière pour suivre la cour- bure de l'œil. Dans le morillon {^anas fuligula^ ^ il est si large qu'il touche son correspondant par-dessus le crâne. Ce corps paraît tenir lieu de ]a glande lacry- male. Je n'en ai cependant pas vu le canal excréteur. Les oiseaux ont tous deux trous pour l'écoulement des larmes, placés dans l'angle antérieur entre les deux premières paupières et la troisième , larges et non bordés de cartilage , mais mous comme le reste de la peau environnante. Ils donnent presque immédia- ment dans le sac nasal situé dans la base du nez. 4G0 XII* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. D. Dans les reptiles. Les reptiles varient autant à l'égard de leurs glandes lacrymales qu'à celui de leurs paupières. Les tortues de mer ont une glande très considérable à l'angle postérieur ; elle est rougeâtre, grenue, di- visée en lobes, et s'étend jinèque sous la voûte qui recouvre la tempe. Dans les tortues cF eau douce , on trouve deux petites glandes noirâtres qui existent aussi dans les crapauds et les grejioudles , mais dont je ne connais pas bien les canaux excréteurs. [Dans les serpents, il y aune glande lacrymale; elle est volumineuse dans la couleuvre à collier^ où elle oc- cupe le derrière du globe de l'œil, et vient jusqu'à la peau , qui la recouvre à sa face externe; elle est beaucoup moins volumineuse dans les vipères , et entièrement cachée sous le globe de l'œil. Les lar- mes se rassemblent entre la cornée et la paupière , et sont conduites au-dehors par un véritable point la- crymal, orifice d'un canal qui , dans les serpents non venimeux, aboutit à la bouche, et dans les venimeux aux fosses nasales (i). ] E. Dans les poissons , [Il n'y a ni glande lacrymale ni points lacrymaux; et en effet, cet appareil n'était pas nécessaire à des animaux dont l'œil est sans cesse lavé par l'eau dans laquelle ils habitent (s?). ] (i) J. Cloquet, rném. cit. (2) Cuvier, Hist. nat. des poissons ^ 1. 1, p. ^Si, ART. XIII. ŒIL DES MOLLUSQUES. 461 ARTICLE XIIÏ. DE l'oeil des animaux MOLLUSQUES. [ Parmi les mollusques, la classe des céphalopodes est la seule qui ait un organe de la vue comparaiDle par sa beauté , par sa complication et par son voiu^ie à celui des animaux vertébrés. Dans les autres classes, l'œil n'est plus , lorsqu'il existe , qu'un organe d'une structure très simple, et dont même souvent on ne peut que difficilement apprécier le mode d'action. Dans \es poulpes , les seiches et les calmars^ il y a derrière Fœil diverses parties accessoires très volumi- neuses, et le globe de l'œil proprement dit ne rem- plit qu'à peu près le tiers de cet autre globe plus gé- nérai qui occupe toute la cavité de l'orbite , et qu'on prendrait d abord pour l'œil lui-même. Nous suivrons pour la description de l'œil des cépha- lopodes le même ordre que pour l'œil des vertébrés, faisant connaître d'abord les tuniques qui le composent, puis les humeurs transparentes qui le remplissent, et enfin les organes accessoires qui l'entourent. Le globe a trois tuniques propres. L'externe, ou la sclérotique , est de couleur argentée et de consistance un peu cartilagineuse ^i). Elle est criblée en arrière dans un espace oblong qui occupe toute sa largeur. (i) C'est ia membrane que dans la première édition (t. Il, p. 4<^5) M. Guvier décrivait comme la choroïde. M. G.-R. Tre\iranus est revenu à cette opinion dans son mémoire intitulé Beytvaae zur a'erfjleichenden anat. und phjsiol. der Sehewerkzewje. — Dans Fermischtt se hr if te n^ etc. In-4% 1820. •s». 462 XII*' LEÇON. OBGANE DE LA VUE. mais non toute sa hauteur, d'une infinité de petits trous pour le passage des innombrables filets nerveux qu'envoie le ganglion optique , et elle vient former au- devant du cristallin le cercle de la pupille , qui, par sa nature , doit être sans mobilité. La forme de la pupille dans la seiche est celle d'un rein. A la face postérieure de lanneau pupillaire ou remarque, un peu en arrière du bord, un cordon circulaire saillant. La seconde membrane est blanche et opaque ; elle paraît sensiblement résulter de répanouissement et de la coalition de tous les filets nerveux qui ont traversé la membrane précédente.] Elle se termine par une large zone ou diaphragme, dans l'ouverture de laquelle le cristallin est véritablement enchâssé. Ce cristallin. a tout autour un sillon circulaire profond qui le divise en deux hémisphères inégaux. C'est dans ce sillon que pénètre le procès ciliaire, et il s'y attache si fixement qu'on ne peut l'en ôter qu'en le déchirant. Ce procès n'est point formé de lames saillantes, mais d'une mem- brane continue, dont les deux faces sont marquées d'un cercle composé d'une quantité innombrable de stries rayonnantes très fines, qui présentent à l'œil un spectacle très agréable. [ Quelle est la membrane qui nous occupe? Sa ior- mation par l'épanouissemeot des filets nerveux doit la faire regarder comme une rétine, et dans ce cas l'œil des céphalopodes n'aurait pas de choroïde. La troisième tunique du globe et la plus interne a peu de consistance; elle est d'un brun violet très foncé, et a moins l'apparence d'une membrane que d'une couche de vernis analogue à celui qui tapisse la cho- roïde dans l'homme : elle s'étend également sur la face ART. XIII. OEIL DES MOLLUSQUES. 463 postérieure du cercle de la pupille. Elle a longtemps dû paraître un obstacle insurmontable à la vision. A la vérité, Dugès (i) croit avoir observé que les filaments de la rétine pénètrent , comme les houp- pes d'un velours , à travers cette couche pigmeri- taire, et viendraient ainsi chercher l'impression de la lumière à la face postérieure du vitré, ce qui ferait rentrer l'œil de la seiche sous l'empire des mêmes lois que l'œil des vertébrés; mais nous avons en vain cher- ché à vérifier cette disposition. Au surpins, les phéno- mènes du daguerréotype, en montrant que la lumière exerce une action chimique, instantanée et énergique, sur certaines surfaces opaques et colorées, peuvent faire comprendre que Tinterposition d'une couche pigmentaire , dans l'œil de la seiche , ne soit pas un obstacle absolu à l'action de la lumière sur la rétine. ] Les céphalopodes n'ont point de (îîornée transparente et l'ouverture antérieure de leur sclérotique n'est gar- nie par rien ; le cristallin fait saillie au travers, et il n'y a point de chambre antérieure et d humeur aqueuse (2), [Cependant l'œil est fermé par la peau, qui, deve- nue âpre et sèche autour de l'ouverture des pau- pières, se replie derrière celles-ci pour les doubler, puis revient sur le globe de Fœil , en recouvrant la sclé- rotique sur laquelle elle forme une véritable conjonc- tive jusqu'au bord delà pupille : là elle se réfléchit der- (1) Traité de physiologie comparée de l'homme et des animaux^ t. I, i838. Paris, in-8. (2) Cependant G. -R. ïrevii anus (Mém. cit.) assure avoir trouve' une membrane fine très comparable à la cornée , et un vestige de chambre antérieure. 464 XÏI* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. rière ce diaphragme pour le doubler jusqu'à la base du procès ciliaire ; elle revêt le procès ciliaire et s'étend sur le cristallin dont elle couvre la face antérieure , en y adhérant intimement. Les parties transparentes de Foeil sont l'humeur vi- trée et le cristallin, il n'y a point, comme nous venons de le dire, d'humeur aqueuse : mais cela s'explique par lïnutilité de cette partie dans des animaux qui vivent dans Feau, et déjà, comme nous lavons vu, la chambre antérieure est presque réduite à rien dans les poissons qui ont la cornée très aplatie. L'humeur vitrée semble plus fluide que dans les animaux vertébrés. Sa mem- brane hyaloïde est fine et transparente; elle se réfléchit derrière le cristaUin, et forme un sac complet, convexe en arrière , et creusé en avant d'une petite concavité. Le cristallin , peu bombé en avant, Fest beaucoup en arrière; ] il se partage facilement en deux hémisphères dont la limite est marquée à Fextérieur par un sillon profond. Chacun d'eux consiste aussi en une infinité (Te calottes concentriques composées de fibres rayon- nantes, et durcissant de plus en plus à mesure qu'elles approchent du centre. Dans \e poulpe^ l'œil est protégé en avant par les bords de Fouverture dont est percée pour lui l'en- veloppe charnue et membraneuse du corps ; ces bords lui forment comme deux paupières ; et la postérieure et inférieure en se glissant sous la paupière opposée , et en s'amincissant, se change en une sorte de troisième paupière ou de valvule semi-circulaire, qui forme un rideau demi-transparent derrière Fouverture exté- rieure. Dans l'épaisseur des pau])ières, sous la peau et autour de Fouverture de l'œil , sont des fibres muscu- ART. Xin. OïAL DES MOLLUSQUES. 465 laires appartenant à une couche cbarnue qui va de la bourse aux pieds : sous cette couciie il s'en glisse une autre qui naît des bords de Forbite , et qui, par sa con- traction, doit ouvrir les paupières que la couche exté- rieure au contraire peut fermer. Du même bord de l'orbite se détache une membrane fibreuse qui s'avance en avant sous la conjonctive jus- qu'au bord de la pupille , et qui en arrière tapisse tout l'orbite, en renfermant et le olobe de l'œil etla poche qui contient les diverses parties situées derrière lui. Cette poche est formée par une membrane transparente qui naît des bords du trou optique , et vient se réfléchir sur là partie postérieure de la sclérotique (i). Elle contient le ganglion optique, dont nous avons, dans la leçon pré- cédente , faitconnaître la forme et l'énorme volume, et qui fournit à l'œil une masse de filets nerveux à laquelle on ne trouve rien de comparable dans tout l'embran- chement des animaux vertébrés. Tout le pourtour^du ganglion est rempli d'im corps singulier, de consistance à peu près semblable à la laite des poissons , divisé en lobes irréguliers et arrondis , entre lesquels pénètrent des productions de la poche membraneuse qui les enveloppe. Malgré son apparence glanduleuse, on ne voit pas de canal excréteur à ce corps, et il semblen'avoird'autre usage que de soutenirleglobe de l'œil, et de l'empêcher de comprimer le ganglion (i)Ge sont ces membranes, cjui enveloppent la portion postérieure du globe oculaire, que dans sa première édition M. Cuvier assimilait à la sclerotirjue , et alors il considérait le çros ganglion du nerf optique et la glande qui l'accompagne comme situés entre la sclérotique et la choroïde. T. II, p. 389.) 3. 30 466 XII« LEÇON. ORGANE DE LA VUE. situé derrière lui^ quand les muscles externes le com- priment lui-même (i). On voit par cette description que l'œil des céphalo- podes, bien qu'encore très compliqué, Test cependant déjà moins que celui des animaux vertébrés, et qu'il en diffère par des points bien essentiels, notamment par l'absence d un iris vasculeiix, d'une cornée transpa- rente , d'une chambre antérieure et d'une .humeur aqueuse; par celle d'une véritable choroïde; parla forme ganglionnaire et le nombre des filets du nerf op- tique , et par l'interposition d'une couche pigmentaire entre la lumière et la rétine. Dans la seic/te, il y a en avant de l'œil une paupière épaisse produite par un fort repli longitudinal de la peau. Le bord supérieur de la pupille offre deux den- telures arrondies. Le calmar s agitté a aussi une paupière ; mais dans le calmar commun la peau passe sur l'œil sans y former aucun repli, et seulement elle y devient transparente. Dans le nautile flambé^ l'œil paraît s'éloigner beau- coup des précédents; il n'est point compris dans un orbite, mais porté à l'extrémité d'un court pédicule; il n'y a point de paupière; le globe de l'œil semble embrassé par une sorte de cupule nerveuse que lui offre le nerf optique ; ses tuniques sont moins nombreuses , et il ne paraît pas y avoir de procès ciîiaire. Cette structure plus simple nous conduit à l'œil des mollus- ques gastéropodes. Nous, avocs indiqué plus haut la situation variable de (T; Cuvier, Mem. sur les Céplialopodes et sur leur anatomie-, p. 3^, pi. II et m. Anat, des mollusques, i8i7,in-4* ART. XIII. ŒIL PES MOLLUSQUES. 467 Fœil de ces derniers animaux , soit à Textrémité , soit au milieu , soit à la base de leurs tentacules. Cet or- gane , à peu près sphérique , est couvert par la peau extérieure devenue transparente , et qui lui sert de cornée , et il est composé d une membrane noirâtre , qui enveloppe le globe de l'oeil et est percée en avant d'une petite ouverture quelquefois bordée d'un cercle un peu plus foncé que le reste de la mem- brane ; on la compare à la choroïde : son intérieur est rempli d'une humeur transparente , dune densité très variable, faisant Toffice de vitré et de cristallin, tantôt solide, comme dans \e murex tn ton/s ^ tantôt ^ comme dans l'escargot^ fluide en arrière et un peu plus concrète en avant, et très comparable à la matière contenue dans le sinus rhomboidal de la moelle épi- nière des oiseaux; le nerf optique attaché à la partie postérieure du globe est un petit filet détaché du gros nerf du tentacule (i ). ] Quant aux moyens de protection pour l'œil, les li- maces, les escargots^ etc., ont une organisation bien plus comphquée et plus sûre que des paupières. Cet œil est situé presque à l'extrémité d'un tube charnu, nommé corne ou tentacule, qui peut rentrer en entier dans la léte, ou qui peut en sortir en se dé- roulant comme un doigt de gant. (i) J. Muller, Mém. sur la structure des yeux chez les mollusques gas- téropodes et quelques annélides. — Dans Ann. des se. 7iat.^ t. XXIÏ, i83i. Ce savant anatomiste^ en donnant une anatornie exacte de l'œil des {gas- téropodes , a rectifié ce que M. Cavier disait de l'œil du limaçon , dans sa première édition. Le tentacule fout entier semblait être pour lui un organe oculaire, tandis que loeil n'y occupe véritablement qu'une petite place à son extrémité. 468 XII* LEÇON. ORGANE DE LA VUE. Nous avons décrit dans notre ir vol. , p. 19, les mus- cles qui retirent le limaçon dans sa coquille. A chacun d'eux , sur son bord externe, s'attache le muscle parti- culier d'un des tentacules. Ce muscle pénètre dans l'in- térieur de la corne et va se fixer à son extrémité, en sorte que lorsqu'il se contracte, et encore mieux lors- qu'il est aidé par la contraction du grand muscle du corps , il tire cette extrémité de la corne en dedans, comme lorsqu'on veut retourner un bas. Des fibres annulaires qui entourent toute la longueur de cette même corne la déroulent en se contractant successive- ment , et reproduisent ainsi l'œil au-dehors. Dans la limace^ les muscles rétracteurs des yeux s'attachent simplement à la masse charnue qui forme le pied. Les cornes ou tentacules inférieurs, qui ne portent point d'yeux, ont le même mécanisme. [Les points oculaires, régulièrement disposés autour du manteau de certains mollusques acéphales (lesy^ec- teiu^ les sponchjles)^ paraissent composés d'une capsule vitrée ou cristalline enveloppée d'une membrane pig- mentaire, qui y laisse libre une petite ouverture pupil- laire recouverte par la peau transparente : un nerf, venu des ganglions cérébraux, distribue des filets à cha- cun de ces points oculaires. ] ARTICLE XIV. DE l'oeil des insectes ET DES CRUSTACÉS. A. Des yeux simples ou stennnates, [Que les yeux simples soient isolés, comme dans le plus grand nombre des articulés qui en sont pourvus, ABT. XIV. ŒIL DES INSECTES ET DES CBUSTACÉS. 460 OU qu'ils soient réunis en un agrégat qui sinuile un œil composé, comme dans les cloportes et les myriapodes ^ leur structure anatomique est la même. Sous une cornée convexe, transparente , le plus sou- vent ronde, quelquefois elliptique, et formée paries té(>umenls antérieurs, est placé immédiatement un petit globule sphérique ou ellipsoïde, transparent, qui fait l'office d'un cristallin : derrière celui-ci est encore une substance réfringente comparable au corps vitré , et qui est reçue dans l'expansion du nerf optique comme dans une cupule. Tout cet appareil est enve- loppé d'un pigment noirâtre, qui, en s'avançant un peu entre le cristallin et le corps vitré, y produit une sorte de diaphragme, avec une ouverture pupillaire au centre. Le nerf optique qui se rend aux grands slemmates isolés vient directement du cerveau; mais lorsque les stemmates sont réunis en nombre, le filet qui se rend à chacun d'eux émane d'un tronc commun par lequel ils communiquent avec le cerveau (i). ] ^. Des yeux composés. La structure de l'œil des insectes est si différente de ce qu'on observe dans celui des autres animaux, et même des mollusques , que l'on aurait peine à croire qu'il pût être un organe de la vue, si des expériences faites à dessein ne l'avaient démontré. En effet , si on (i) Marcel de Serres. Méin. sur les yeux composés et les yeux lisses des insectes. Montpoilier, i8i3. — D.-W. Sœmmeiing. De oculonan hominis anîmaliumque srctione horizontali. l8ï8. In-fol. , pi. III. — J. Muller, Sur les yeux et la vision des insectes^ des arachnides et des crustacés ^ trad. dans Ami. des se. nat.^ '829 , t. XVlî et XVIII. — Rrandts. Sur les yeux simples des animaux articulés, — ' A?in. des se. nat.^ i8.38 , t. IX. 'iTO XIl* LEÇON. ORGANE DE L4 VUE. coupe, OU si ou couvre avec quelque matière opaque les yeux de la demoiselle ^ elle va se heurter contre les murs; si ou couvre les yeux composés de la. guêpe, elle s'élève droit en Fair , et monte à perte de vue ; si on cou- vre aussi ses yeux simples , elle reste immobile , et ne peut plus être déterminée à prendre son vol. La surface de l'œil composé présente au microscope une multitude innombrable de facettes hexagones, légèrement convexes et séparées les unes des autres par de petits sillons , dans lesquels sont très souvent des poils fins et plus ou moins longs. Ces facettes forment toutes ensemble une mem- brane dure et élastique, qui, lorsqu'on l'a débarrassée des substances qui lui adhèrent par derrière , est fort transparente. [ Quelquefois les facettes sont de gran- deur différente dans le même œil. Dans la demoiselle commune^ par exemple , celles de la partie supérieure sont du double plus grandes que celles de la partie inférieure.] Chacune des petites facettes peut être considérée ou comme une cornée , ou comme un cristallin ; car elle est convexe en dehors, concave en dedans, mais cepen- dant plus épaisse au miUeu qu'aux b^rds , et c'est la seule partie transparente qui se trouve dans ce singulier œil. Innnédiatement derrière cette membrane transpa- rente est un enduit opaque, qui varie beaucoup en couleur selon les espèces, et qui forme même quel- quefois dans un seul et même œil des taches ou des bandes de couleur différente. Sa consistance est la même que celle du vernis de la choroïde ; il bouche ART. XIV. OEIL DES INSECTES ET DES CSUSTACÉS. 471 entièrement le derrière des facettes sans laisser aucune ouverture pour le passage delà lumière. Derrière ce vernis se trouvent des filets blanchâtres , très courts, en forme de prismes hexagones , serrés les uns contre les autres comme les carreaux d'un pavé , et précisément en même nombre que les facettes de la cornée. Ils pénètrent chacun dans le creux d'une de ces facettes et n'en sont séparés que par le vernis dont j'ai parlé plus haut. S'ils sont de nature nerveuse , comme j'ai lieu de le croire, on pourrait considérer chacun d'eux comme la rétine d'une des facettes ; mais on aura tou- jours à expliquer comment la lumière peut agir sur une semblable rétine au travers d'un vernis opaque. Derrière cette multitude de filets perpendiculaires à la corn,ée , est une membrane qui leur sert à tous de . base , et qui est par conséquent à peu près parallèle à cette même cornée. Cette membrane est très fine, d'une couleur noirâtre qui lient à son tissu intime , et qui ne lui est point donnée par un vernis ; on y voit des lignes blanchâtres très fines , qui sont des trachées, et qui produisent des branches encore plus fines qui pénètrent entre les filets hexagones jusqu'à la cornée. On pourrait, par analogie, donnera cette membrane le nom de choroïde. Derrière celte choroïde est appliquée une expansion mince du nerf optique, qui est une vraie membrane nerveuse, parfaitement semblable à la rétine des ani- maux vertébrés. îl paraît que les filets blancs qui for- ment les rétines particulières de chaque facette sont des productions de cette rétine générale, qui ont percé la membrane que j'ai nommée choroïde^ par une multi- tude de petits trous presque imperceptibles. « 472 -XTI* LEÇON. OBfiANE DE LA VUE. Pour bien voir toutes ces parties, il faut couper la tête d'un insecte dont les yeux soient un peu gros, et la disséquer par derrière : on enlève alors chaque par- tie dans un ordre inverse de celui dans lequel je les ai décrites. Dans les écrevisses ^ en général, l'oeil est placé sur un tubercule mobile. L'extrémité , arrondie de toute part, et quelquefois allongée en cône, présente à la loupe les mêmes facettes que les yeux des insectes. Lorsqu'on coupe longitudinalement ce tubercule, on voit que le nerf optique le traverse par un canal cylin- drique qui en occupel'axe. Arrivé au centre de la con- vexité de Fœi!, il forme un petit bouton, d'où partent en tons sens des filets très fins, qui rencontrent à quel- que distance la membrane choroïde, qui est à peu près concentrique à la cornée, et qui enveloppe cette brosse sphériqiie de l'extrémité du nerf, comme le ferait un capuchon. Toute la distance entre cette choroïde et la cornée est occupée, comme dans les insectes, par des filets blanchâtres, serrés, qui se rendent perpendiculai- rement de l'une à l'autre , et dont l'extrémité qui touche à la cornée est également enduite d'un vernis noir. Ces filets sont la continuation de ceux qu'a produits le bouton qui termine le nerf optique, et qui ont percé la choroïde (i). (i) [Nous n'avons pas cru devoir rien changer à cette description de l'oeil compose des insectes et des crustacés, telle que l'a donnée M.Guvier, d'après ses propres observations. Mais les recherches faites après lui, et particulièrement celles de M. J. MuUer (*) et de Dugès (**) , ne s'ac- {*) J. Millier. Mém. cir. et Lettre sur la structure des yeux du hanneton , dans dnn. des se. nul., t. XVIII. 1829. (**j Observations sur la structure de L'œil composé des insectes, dans Ann. des se. «G/. J830. # ART. XV. ŒIL DES AKîMAUX RAYOJNNÉS. 473 ARTICLE XV. DE l'oeil des animaux RAYONNES. [On observe dans certains animaux rayornés de petits points colorés, qui sont comparables aux points oculaires des peignes, et que les naturalistes regardent cordent pas toutes avec les siennes, et, d'après les travaux de ces au- teurs, la vision au moyen de l'œil compost^ des articules ne serait pas aussi difficile à expliquer qu'on l'avait pensé. Nous donnerons ici un aperçu très succinct des résultats de leurs recherches. La cornée, composée d'une quantité presque innombrable de petites facettes, a souvent une épais- seur qui surpasse de beaucoup la largeur de ces facettes; à la face inté- rieure de chacune de celles-ci touche, dans un espace plus ou moins étendu, un petit corps cylindrique s'effilant en pointe vers la partie in- terne de l'oeil, où il aboutit à l'extrémité d'un des filets qui se détachent en rayonnant du bulbe du nerf optique ; ces petits corps coniques ne se- raient pas de nature nerveuse, comme M. Cuvier l'a pensé, mais ce se- raient des corps transparents, des espèces de vitrés, interposés entre le nerf et la lumière. Un pigment de couleur et d'épaisseur variable enveloppe de toute part chacun de ces corps coniques, excepté à leur point de contact avec le filet du nerf optique, et chacun de ces filets eux-mêmes ; il pénètre aussi un peu entre le corps conique et la cornée, mais il ne revêt pas toute la face interne de la cornée ; il laisse libre le point de contact du corps conique et de la facette, du moins dans le plus grand nombre des espèces, et lorsqu'il s'étend entre ces deux corps, comme cela paraît être dans les phalènes^ par exemple, il ne s'y étend qu'en une couche mince, de couleur très claire , et que la lumière peut traverser. Ce pigment est plus épais et plus foncé sur la ligne d'union des facettes entre elles, et il devient en général plus foncé vers la partie profonde de l'œil. Il est d'un rouge pourpre dans beaucoup de diptères, ce qui fait qu'on prend com- munément pour du sang la tache rouge que produit, lorsqu'on l'écrase, la tête lie la mouche commune; le pigment est violet dans la blatte noire, et bleu foncé dans beaucoup de coléoptères et de lépidoptères. Près de !a suiface, ce pigment prend fréquemment une nunnce claire, et il offre des couleurs quelquefois très vives , telles que le rouge , le jaune, 474 XIT^ LEÇON. ORGANE DE LA VUE. comme étant en effet des yeux. Les étoiles de mer en ont deux à rextrémilé de chacun de leurs rayons; les beroës un à l'extrémité de leur pôle supérieur. Les planaires ont de petits points noirs à la partie antérieure de leur face dorsale ; les méduses à l'extré- mité de quelques uns de leurs tentacules; enfin iln est pas jusqu'aux animaux microscopiques qui seraient pourvus, selon M. Ehrenberg, (Je ces points oculaires, et qui se dirigeraient par conséquent dans leurs évo- lutions parle sens de la vue. Mais on comprend qu'à ce degré de ténuité des or- le bleu, différents verts me'ialliques, etc. ; quelquefois enfin la couleur du pigment est différente sur deux parties du même œil. On comprend comment, dans cet état des parties , peut se faire la vision dans les yeux composés. Il ne s'y opère aucune réfraction de la lumière ; cha- cune des facettes, avec son corps conique et le filet nerveux qui s'y attache, forme un petit appareil qui ne transmet au bulbe du nerf optique que celui des rayons lumineux émanés d'un corps extérieur qui le pénètre suivant son axe; tous les rayons qui entrent obliquement sont absorbés par îe pi/jment dont cet appareil est enveloppé de toute part. Les impressions transmises au bulbe optique central par chacun des filaments traversés s'y rassem- blent en une image commune et continue. Cette image sera d'autant plus nette : i° que les cônes, par leur longueur, empêcheront plus complète- ment les rayons obliques d'atteindre le point d'insertion du filet nerveux ; 2" que l'objet sera plus rapproché de l'œil ; et enfin 3° que les facettes seront plus serrées et plus nombreuses, et par conséquent transmettront au fond de l'œil un plus grand nombre d'impressions. Quant à la grandeur du champ visuel , elle dépend de la forme plus ou moins hémisphérique de l'œil composé, qui lui fait embrasser une portion de l'horizon déterminée par la continuation des plans qui limitent les yeux latéralement. Si la lumière n'est pas réfractée en traversant les yeux composés des insectes et des crustacés, elle l'est au contraire très fortement en traver- sant la cornée , le cristallin et le corps vitré de leurs yeux simples : aussi ces organes paraissent-ils destinés à faire distinguer aux animaux qui en sont pourvus les objets très rapprochés d'eux, ] ART. XV. ŒIL DES ANIMAUX RAYONNES. 475 ganes , la tâche deFaiiatomiste est finie , et si nous avons terminé notre leçon par ce dernier article , c'est qu'au point de vue physiologique , les faits qu il contient ten- dent à établir que le sens de la vue est beaucoup plus universellement répandu dans le règne animai qu'on n'était autrefois porté à le croire. ] 47G XIIl^ LEÇON. ORGAÎNE DE l'OUÏE. TREIZIÈME LEOON. DE L'ORGANE DE L'OUIE , OU DE L'OREILLE. ARTICLE PREMIER. DU SON ET DE l'oUÏE EN GÉNÉRAL. Le son , et plus généralement le bruit ^ est une sensa- tion qui se produit en nous, lorsque certains corps, que nous nommons ^6'/Z(9/'6^i', sont mis en vibration, et com- muniquent mécîiatement ou immédiatement leur mou- vement vibratile à Pair qui nous entoure, ou à tout autre corps qui aboutisse à notre oreille ; c'est Yoreille qui, étant affectée de ce mouvement, nous en donne le sentiment et nous fait entendre. Nous distinguons dans le son des qualités de divers ordres , et indépendantes l'une de Tautre , savoir : i" la force , qui dépend de letendue des vibrations du corps qui cause le son. Plus ces vibrations sont grandes, plus le son est fort. Cette étendue de vibrations dépend elie-même de la force de l'impulsion qui les a causées. 1^ Le ton,, qui dépend de la vitesse de ces mêmes vibra- tions. Plus le corps sonore en fait dans un temps donné, plus le to'ii est haut où uigu; moins il en fait, plus le ton est bas ou grave. On connaît parfaitement les lois de cette vitesse et les circonstances qui la détermi- nent. Toutes clioses égales d'ailleurs, elle est en raison inverse de la longueur des corps sonores , et en raison % ART. I. DU SON ET DE l'ouÏE EN GENERAL. 4/7 directe de leur tension, soit que la cause de celle-ci soit extérieure ou qu'elle tienne à la nature même du corps sonore. 3"" La qualité du timbre ; elle dépend de la composition intime du corps sonore ; c'est d'après elle que nous distinguons le son argentin^ le ?,oï\ flûte ^ le son sourd ^ le son éclatant^ etc. etc. On n'en connaît point les lois. 4° Les voix^ dont on exprime les diverses espèces par les lettres nommées voyelles , a^e^ ^, o , «, ai, ou^ eu , etc. On ignore absolument à quoi tient cette modification du son, quoique l'on sache assez quels sont les mouvements que l'homme et les animaux doi- vent imprimer à leurs organes vocaux pour les pro- duire. 5° \ ^es articulations , dont on exprime les diverses espèces par les lettres nommées consonnes, b^c^ d^ etc. On est à leur égard dans la même ignorance que pour les voix : aussi n'est-on encore parvenu à imiter les unes et les autres que très impai'iaitementpar nos instru- ments. L'oreille de l'homme distingue tous ces ordres de qualités dans un seul et même son, et elle le fait avec une justesse admirable dans les personnes exercées, et surtout dans les musiciens de profession. I^es mam- mifères nous donnent des preuves qu'ds distinguent très bien les qualités qui ont rapport à la parole, c'est- à-dire les voix et les articulations ; car nous voyons tous les jours qu'ils retiennent le son et la signification de plusieurs mots. Quelques uns d'entre eux sont vive- ment affectés par certains tons. Les tons aigus font souf- frir les chiens; nous voyons aussi que les bruits violents les épouvantent : ainsi ils distinguent ces deux ordres de qualités. Les oiseaux n'ont pas un sentiment moins exquis du ton , de la voix , de V articulation ^ an timbre 478 Xm* LEÇON. ORGANE DE l'oUÏE. même, puisquiis apprennent à chanter avec tant cie justesse , et que ceux dont les organes de la voix le peimettent savent contrefaire , à s'y méprendre . la parole de l'homme, avec toutes les modifications qu'y mettent les individus qu'ils imitent. Quant aux vertébrés à sang' froid , nous savons bien que plusieurs d'entre eux s'appellent par certains sons, que d'autres, qui ne peuvent en produire, peuvent du moins en entendre, comme les carpes, qui viennent au son de la cloche qui leur annonce leur repas, etc., etc. Mais nous ignorons quelles sont les qualités de ces sons qu'ils distinguent et jusqu'à quel point va à cet égard la finesse de leur sens. Nous en savons encore bien moins touchant les ani- maux invertébrés , quoique nous ayons la preuve que plusieurs d'entre eux ne sont pas dépourvus de la fa- culté d'entendre. Il serait bon de déterminer aussi les limites dans les- quelles l'oreille de chaque animal perçoit chacune des qualités du son. Ainsi, à l'égard de la force, il y a des sons beaucoup trop faibles pour que nous puissions les entendre, que certains animaux entendent encore très bien; il y a des sons si forts qu'ils nous assourdissent, et que d'autres animaux pourraient peut-être supporter. A l'égard du ton , il y en a de trop graves et d'autres trop aigus pour que nous puissions les entendre. Les musiciens en ont même assigné les limites entre deux nombres de vibrations dont les rapports sont entre eux comme i à 102/|. Peut-être ces limites ne sont-elles pas les mêmes pour tous les animaux. Il y aune grande différence d'un homme à un autre pour la faculté de * AKT. 1. DU SON ET DE j/oUÏE EN GÉNÉRAL. 479 distinguer deux tous très voisins. Elle peut être plus grande encore d un animal à un autre. A l'égard des voi/: et des articulations ^ il y a des peuples qui distinguent certaines lettres, entre les- quelles d'autres peuples ne sentent point de. différence. Ainsi du reste. La perfection de l'oreille ne suit pas le même ordre pour toutes les qualités du son. Telle oreille est très délicate pour entendre les sons les plus faibles , qui ne vaut rien pour distinguer un ton d'avec un autre , et vice versa. Si on observe de telles différences d'un homme à un autre, à plus forte raison doivent-elles exister entre les divers animaux. Il est clair qu'il doit se passer dans loreilie, au mo- ment où Ton entend , quelque chose de correspondant à chacune des qualités du son ; mais on est encore bien éloigné de savoir quoi , puisque Fou ne fait que soup- çonner ce qui est nécessaire pour qu'il y ait en général ouïe, ou perception de so/i. C'est ici que se fait sentir l'avantage de l'anatomie comparée. 11 est bien naturel de croire que les parties qui se trouveront constamment dans tous les animaux qui entendent, seront celles qui sont absolumeiU né- cessaires à l'ouïe en général ; et que celles-là auront un rapport plus particulier avec tel ou tel ordre de qua- lités du son , qui se trouveront plus développées dans ceux des animaux qui perçoivent plus parfaitement cet ordre de qualités. Ce dernier point présente seul delà difficulté , parce qu'il nous est impossible de nous assurer de l'espèce et du degré des perceptions de tout ce qui n'est pas nous. Quant aux parties essentielles à l'ouïe, d'après l'exa- 480 XIÎI* LEÇON. ORGANE DE l'OUÏE. men que nous allons faire des oreilles dans tous les animaux où on en a découvert, il se trouve que la seule partie qui existe constamment est cette pulpe gélati- neuse , et enveloppée d'une memi3rane fine et élastique, dans laquelle se résolvent les dernières extrémités du nerf acoustique, et qui remplit le labyrinthe, depuis l'homme jusqu'à la seiche [et même jusqu'aux insectes.] il est donc à peu près démontré que c'est dans cette pulpe, ou plutôt dans les filets nerveux qui y flottent ou qui y rampent , que réside le siège de l'ouïe. On peut se représenter assez naturellement le rapport de cette substance avec les mouvements extérieurs qui sont la cause du son. Cette pulpe si tremblante doit admettre avec facilité les ébranlements que lui trans- mettent les vibrations des corps sonores, et les commu- niquer aux filaments nerveux. [Dansles animaux où la portion de l'oreille qui ren- ferme la pulpe , et qu'on appelle le labyrinthe^ est plus compliquée, et se compose de deux parties principales, \q limaçon, et les canaux semi-circulaires avec leur vestibule^ on serait conduit, par les expériences sur les animaux vivants, à croire que le limaçon est le véritable siéffc du sens de l'ouïe , car la destruction des nerfs des canaux semi-circulaires, qui produit des piiénomè*nes particuliers dont nous allons parler plus loin, n'entraîne pas la perte de l'ouïe, tandis que la destruction du nerf du limaçon est immédiatement suivie de surdité (i). Ce qui jette du doute sur le résultat de ces expériences, c'est que le limaçon n'existe point dans les poissons,^ et qu'il faudrait admettre que dans ces animaux, i'au- (i I Flourens. Recherches expérimentales sur les propriétés elles fonc~ lions clusyst. nerv.j etc., p. 438. AKT. I. DU SOi\ ET DE l'OUÏE EN GÉNÉRAL, -481 dition s'exerce par un^mocle particulier.] Au surplus, une fois le mouvement arrivé aux filaments du nerf auditif, ce qui reste nécessaire pour produire la per- ception échappe à Tanatomiste comme au métaphy- sicien. Les autres parties qui ne se trouvent point dans tou- tes les oreilles , ne peuvent être regardées que comme des accessoires propres à renforcer ou à modifier la sensation, chacun à sa manière. Il en est quelques unes dont on peut conjecturer l'effet d'une manière assez plausible; il nVst pas douteux, par exemple, que le pavillon extérieur de Toreille , si développé dans cer- tains quadrupèdes, ne serve à renforcer le son , comme le cornet qu'emploient les sourds ; il est très probable que les grandes cavités à parois osseuses qui entourent le labyrinthe dans beaucoup d'animaux , produisent un effet semblable par la résonnance de leurs voûtes so- lides et élastiques. On a pensé que la membrane mince et tendue du tympan pouvait transmettre, par le moyen des osselets qui lui sont attachés, la vibration de Fair extérieur au labyrinthe, d'une manière très vive, et que la volonté pouvait lui donner, par le moyen des muscles qui agissent sur ces mêmes osselets, le degré de tension précisément nécessaire pour la mettre à l'unisson des sons auxquels on désire donner une atten- tion particulière. On a cru que la lame spirale et décroissante qui partage le limaçon des quadrupèdes en deux rampes , était composée de fibres osseuses, qui, diminuant de longueur de la base à la pointe de cet organe, se trou- vaient propres à être ébranlées chacune par un ton particulier. Auparavant on attribuait la même faculté 3. 31 482 XIll* LEÇO?^. OKOANE DE L'OUÏE. aux anneaux osseux qui composent les canaux semi- circulaires, et qu'on croyait aller en diminuant gra- duellement depuis les deux extrémités de chaque canal jusqu'à son milieu. [Mais les curieuses expériences de M. Flourens (i) ont fait reconnaître dans ces canaux des propriétés aussi remarquables qu'imprévues. La section des ca- naux semi-circulaires horizontaux fait tourner l'animal sur lui-même à droite ou à gauche, suivant que l'on coupe le canal du côté droit ou celui du côté gauche; la section des canaux verticaux antérieurs amène une • suite de culbutes en avant; celle des canaux verticaux postérieurs une suite de culbutes enarrière. Ces faits dé- montrent qu'il existe un rapport intime entre la direction de chacun des canaux semi-circulaires et la direction du mouvement que leur section fait exécuter aux ani- maux; faudrait-il revenir à la supposition d Autenrieth et de Kœrner^ et admettre que ces canaux nous font connaître la direction du son?] La trompe d'Eustache a été regardée comme une voie supplémentaire pour les sons qui ne peuvent point arriver à Toreille par le méat externe; d'autres l'ont prise pour un canal par lequel s'écoulent les humeurs superflues de la caisse, etc., etc. Les recherches dans lesquelles nous allons entrer peuvent éclaircir plusieurs de ces questions intéres- santes. (i) Flourens. oiw, cit. ART. II. DU LABIRTÎNTHE MEMBRANEUX. 483 ARTICLE il. DES DIVERSES FORMES DE LA MEMBRANE QUI REN- FERME LA PULPE AUDITIVE , OU DU LABYRINTHE MEMBRANEUX. La membrane qui renferme la pulpe auditive est transparente , assez fine, sin(>ulièrement élastique, et se soutenant en conservant sa forme par elle-même et indépendamment des appuis qui l'entourent. Cepen- dant elle est plus tine et plus faible dans les animaux où elle est embrassée de plus près par les os , et surtout dans l'homme et dans les mammifères. Dans les jeunes animaux, elle est plus épaisse , plus humide, et plus fa^ ciîe à séparer des os que dans les vieux. A. Dans les animaux articulés. La membrane du labyrinthe de l ecrevisse ne mérite guère ce dernier nom; elle représente une petite bourse remplie de lyuîphe, renfermée dans un cylindre écailleux, ouvert par les deux bouts. L'extrémité par laquelle ce petit cylindre s'unit avec la base de Tan- tenne, laisse passer les nerfs dans la bourse : Fextré- inité opposée est fermée par une meml)rane élastique qui peut porter le nom de tympan , ou mieux encore A^jenétre ov>ale. Cette membrane est immédiatement frappée par Fair ou par Feau, dans laquelle se tient l'animal. Il suf- t fit de regarder avec im peu d attention la base des grandes antennes, à sa face inférieure , pour aperce- voir ce tympan. Fabricius et Scarpa l ont décrit en détail. / 484 Xlll* LEÇON. ORGANE DE l'oL'ÏE. [Comparetti, qui a égaleinent décrit l'organe de l'ouïe dans plusieurs insectes , a même cru y voir des rudiments de canaux semi-circulaires. On Ta depuis retrouvé dans beaucoup d'autres, et, en effet, c'est principalement par le moyen de l'ouïe, que dans les espèces où les sexes sont séparés les individus se rap- prochent les uns des autres. L'organe de l'ouïe est con- tenu dans une cavité du crâne qui communique au- dehors par une fenêtre ovale, située sur les côtés de la tête, à la base des antennes ou des mandibules. Dans les aranéides on aperçoit même, selon Gomparetti, le nerf auditif à travers la membrane transparente qui sert de tympan. Ces nerfs, dans les insectes, sont tou- jours une des divisions des nerfs des antennes (i).] B. Dans les mollusques. L'oreille des céphalopodes est presque aussi simple que dans les écrei>isses\ mais elle est entièrement creusée dans l'épaisseur du cartilage annulaire qui sert de base aux grands tentacules ou pieds de ces animaux. La membrane du labyrinthe est aussi une simple bourse , de forme ovale ou arrondie. Dans la seiche commune [sepia offtcinalis) ^yeWe est située sous Toeso- phage, et n'est séparée de celle du côté opposé que par (i) Plusieurs auteurs, et notamment MM. Straus et Burmeister, pla- cent l'organe de î'ouïe des insecies dans les antennes elles-mêmes. M. Sitbold, dans un mémoire qui nous parvient au moment où nous imprimons cette feuille, décrit l'organe de l'ouïe des criquets comme elMiit placé dans le métathorax, au-dessus de l'orijïine de la dernière paire de pattes; et celui des sauterelles ^ à la partie supérieure du tibia de la première paire de pattes. {Uber dus stimm und Gehôrorgan der Orthop- teren, in-8,) ART. II. DU LABYRINTHE MEMBRANEUX. 485 une mince cloison] ; elle a en dedans plusieurs proé- minences coniques , disposées irrégulièrement. Ces proéminences manquent dans les autres espèces. Dans la pulpe qui la remplit est suspendu un petit corps, de substance osseuse dans les seiches proprement dites, et semblable à l'amidon dans \e poulpe. Celui de la sei' elle commune a la forme d'une petite valve de conque. [ Dans le nautile^ Tor^^^ane de l'ouïe est logé dans une cavité allongée de la corne du cartilage qui soutient l'entonnoir et les principaux muscles du corps. Les ptéropodes et les gastéropodes sont également pourvus de deux petites poches remplies de lymphe, tenant en suspension des cristaux calcaires et placées sous le ganglion du second collier. Les acéphales eux- mêmes, du moins les acéphales testacés, ont à la base de leur pied, sous le ganglion pédieux, deux petites poches semblables. ] C. Dans les poissons. [Le labyrinthe membraneux des cyclostomes com- mence à se compliquer. \)à\\s\esmyxindides^oxv trouve déjà un tube arqué , dont les deux extrémités s'ouvrent dans un sinus commun. . Dans les lamproies et les ammocètes ^ il a la forme d'une châtaigne, et il est divisé intérieurenient en diverses cellules , dont deux prennent une forme de tubes ou de canaux un peu arqués , renflés à l'une de leurs extrémités par une ampoule à trois tubérosités. 11 se dépose sur la face interne des parois du vestibule des traînées de poudre calcaire (i). ] (i) Voy. E.-H. Weber, J)e aure et auditn hominis ef a nj'm«/ium, pars. ï. -486 xin* LEçois, orgaî^e de l'ouïe Dans tous les autres poissons, le labyrinthe mem- braneux se complique davantage. Il est toujours composé de trois canaux semi-circulaires plus ou moins grands, qui aboutissent tous à un sac plus ou moins di- visé par des étranglements, et qui contient dans son intérieur, outre la pulpe ordinaire, des osselets au nombre dun, de deux ou de trois, selon les espèces, qui sont, dans les poissons osseux, d'une dureté égale à celle de la pierre , et de consistance d'amidon dans les chondroptérygiens; ils y sont toujours suspendus au milieu de la pulpe par un grand nombre de fibrilles ner- veuses. Chacun des trois canaux semi-circulaires a un renflement, en forme d'ampoule , près de l'endroit où il pénètre dans le sac, et deux de ces canaux se réunis- sent par une de leurs extrémités, en sorte qu'il n'y a que cinq ouvertures pour la communication des canaux avec le sac , au lieu de six qu'il y aurait sans cette réunion. Tout ce qui regarde ces trois canaux se retrouve dans les classes supérieures, comme nous le verrons. Cet appareil entier est situé dans les côtés de la cavité du crâne, et s'y trouve fixé par du tissu cellulaire, des vaisseaux et des brides osseuses ou cartilagineuses. Les poissons diffèrent les uns des autres par la forme et la proportion des parties de leur labyrinthe, et par celles des osselets pierreux qu'il contient. Des trois canaux , l'un se dirige obliquement en avant De aure animalium aquatilium. Lipstœ^ 1820, in-4, avec p\. — G. Bres- chet. Recherches anatomiques et physiologicjucs sur l'organe de VouXe des poissons. Paris, i838, in-^. — J. Miiller. Uber den eigenthûmVichen Bau des Gehôrorganes bel den Cyclostomen^ etc, Berlin, i838. In-fol. ART, II. DU LABYSmTHE MEMBRANEUX. 487 et en dehors dans un plan presque vertical; le second en arrière et en dehors, aussi dans un plan vertical; le troisième est presque horizontal et extérieur aux deux autres. Ce sont l'extrémité postérieure du premier, et Fantérieure du second, qui se réunissent en un seul canal pour pénétrer dans le sac. Leurs deux autres extrémités et les deux du troisième y entrent à part. Le renflement est dans les deux premiers canaux près de celles de leurs extrémités qui ne s'unissent point; le troisième la à son extrémité antérieure. Il y a des différences assez marquées dans la lon- gueur proportionnelle des canaux, par rapport aux dimensions dxi sac; mais en général, dans les poissons osseux, ces canaux sont moins longs que dans les car- tilagineux. Le sac varie beaucoup plus que les canaux semi- circulaires. Dans le poisson-lune {^Fetrodon mola L.), c'est un simple cône, dont la pointe est du côté du cerveau, et dont la base s'élargit pour recevoir les trois canaux. Dans Xesturgeon ^ c'est une poche aplatie et ver- ticale, appliquée contre la paroi latérale et interne du crâne, et qui reçoit presque immédiatement les trois canaux. Mais dans la plupart des autres poissons, la partie où aboutissent les canaux, et que nous nom- mons le sinus ^ est séparée du reste , que nous nommons proprement le sac ^ par un étranglement beaucoup plus prononcé. Le sinus est ordinairement allongé d'avant en ar- rière, et mince; le sac est ovale et repose sur le plan- cher même du crâne, de manière à se trouver souvent 488 xm« LEço:\. organe de l'ouïe. très rapproché de celui de l'autre oreille. Quelquefois il s'enfonce dans une fosse de ce plancher, [et cette fosse même peut se trouver^, comme dans les cyprins et les truites ^ recouverte par une lame, qui en fait une cavité presque entièrement osseuse.] Le brochet a un petit appendice creux, tenant à la partie postérieure du sinus par un canal très mince , et se fixant par son autre extrémité au crâne, tout près du bord du trou occipital. C'est en quelque sorte une troisième division du sac [qui se retrouve dans la baudroie^ le bar,, et dans beaucoup d'autres poissons. On la désigne aujourd'hui sous le nom de cysticule. La partie antérieure du sinus se trouve aussi quelque- fois séparée de l'ampoule du canal semi - circulaire vertical antérieur par une portion étranglée de sa ca- vité. Il y a delà sorte deux ampoules contigues; la plus voisine du sinus prend le nom àiUtricule et pourrait être considérée comme un rudiment de limaçon. Les osselets ou petites pierres contenues dans le sac , et que l'on nomme maintenant otolithes pour les distinguer des véritables osselets de la caisse des autres vertébrés, et les masses amilacées ou même pulvéru- lentes que l'on nomme otoconies ,, sont entièrement calcaires , et se dissolvent dans les acides avec une vive effervescence. Dans les chondroptérygiens et même dans quelques poissons osseux, comme la môle ou poisson-lune ^ par exemple, on ne trouve généiaîement que des oto- conies; cependant dans Yesturgeon on rencontre deux otolithes, l'un antérieur plus grand, et l'autre posté- rieur plus petit.] ART. ïï. DU LAÎJYKIKTHE MEMBRANEUX. 489 Dans les poissons osseux, en généi^al, il y a toujours trois osselets ou otolithes, dont deux dans le sac, un grand qui est le principal de tous, et un petit en arriére de lui. [Ce dernier est logé dans le cysticule , lorsque cette partie existe. ] T^e troisième osselet , qui est aussi fort petit» est dans le sinus commun des canaux. Leur forme, leur manière d'adhérer au sac, con- stantes pour chaque espèce, méritent d'être notées, surtout à l'égard du plus grand. Il est pour l'ordinaire oblong d'avant en arrière, placé obliquement dans son sac , convexe à sa face in- terne, souvent concave à l'externe. La face interne est lisse et marquée d'un sillon dont la direction varie selon les espèces. La face externe présente des aspérités. Le bord supérieur est ordinai- rement dentelé d'une manière plus marquée que l'infé- rieur, et l'extrémité antérieure a souvent des tuber- cules ou des avances : il y en a deux dans l'osselet du bîvchet, du maquereau et du hareng ; trois dans celui de la carpe ^ dont la moyenne est en forme de stylet: les morues et autres gades , les rougets , les labres , etc., ont cette extrémité arrondie et sans pointes. La grandeur proportionnelle de cet osselet varie beaucoup. Il est petit dans X anguille^ Yuranoscope ^ les yleuronectes , la dorée ^ le brochet; médiocre dans le hareng; grand Adca^Xo.'^ gades et surtout la morue ^ dans la ca/^^ et dans beaucoup de thoraciques. Sa forme générale est ovale dans la morue et beau- coup de gades; presque ronde, avec un angle ren- trant, dans les cyprins^ comme la carpe ^ la brème ^ la tanche^ la rosse ^ et dans les silures; irrégulièrement 490 XIII* LEÇON. ORGANE DE LOUÏE. triangulaire dans le brochet ^\e. saumon et les autres truites^ V esturgeon^ etc. Le sillon dont cet osselet est marqué paraît former, avec une production de la membrane du sac qui rentre en dedans de lui-même, un petit canal qui parcourt une partie de Tintérieur de ce même sac. Ce sillon est ordinairement longitudinal. Quelquefois, [comme dans quelques /je/c/^e.s" et dans c\\\e\c[\\e?> sciènes ,] il a la courbure d'un fer à cheval ; il est presque circulaire dans la carpe. Dans la morue ^ il est remplacé par une côte saillante. On voit presque toujours des stries transversales qui vont de ce sillon au bord de l'os, et qui logent les nom- breux fdets nerveux qui s'y rattachent. Ces stries sont surtout très marquées dans la carpe ^ où elles sont dis- posées en rayons. Les dentelures du bord sont presque égales tout au- tour dans la morue ^ qui les a mousses , et dans la carpe ^ qui les a pointues; il n'y en a que d'un côté, et à un bout seulement, dans les saumons ^ les truites ^\qs per- ches ; le congre n'en a que trois* à son bord supé- rieur, etc. Le second osselet ou otolithe de Toreille interne des poissons est ordinairement en arrière du grand et un peu plus en dehors. Sa forme est le plus souvent demi- lunaire, et sa concavité tournée en avant. Celui de la carpe est semblable à un fer de lance. Sa grandeur varie, mais il est toujours beaucoup plus petit que le premier. Le troisième osselet est dans le sinus; quelquefois il est si voisin du grand, qu'on a peine à le distinguer. Les gadesy les scombres ^ etc., l'ont triangulaire; les ART. n. DU LABYRINTHE MEMBRANEUX. 491 /fr^^/^i', lenticulaire; le brochet., arrondi et inégal» Dans la carpe , il est un peu plus (> land que dans les autres à proportion; sa surface y est âprC;, et son bord den- telé. Gassérius, qui a décrit le premier l'organe de l'ouïe des poissons, regardait ces osselets comn:ie analogues au niarleau^ à Xenclume ^ etc., des quadrupèdes. On a pensé depuis, et Camper surtout a montré que ces masses suspendues dans une gelée tremblante, et pouvant être ébranlées par les moindres vibrations ex- térieures, pouvaient communiquer cet ébranlement aux nombreuses fibres du nerf acoustique auxquelles elles sont suspendues. La cloison que ces osselets forment dans les sacs qui les contiennent, au moyen des membranes intérieures de ces mêmes sacs, et les fibres nerveuses dont cette cloison est garnie , portent à regarder ces sacs comme assez analogues à l'organe à deux loges , que nous nommons limaçon dans l'homme à cause de sa forme ( i ). Dans les chondroptérygiens ou les poissons à bran- chies fixes, on retrouve les mêmes parties que dans les au- tres, mais disposées d'une manière différente. Le sac est placé à peu près horizontalement et de figure triangu- laire; un des angles, celui qui est le plus voisin du (i) Cette analogie e'tablie par M. Cuvier était contestable, car il existe dans le sac des animaux qui ont aussi un limaçon bien développé de petites concréîions sur lesquelles s'épanouissent des filets nerveux. Aussi M. Cuvier l'a-t-il abandonnée dans son Histoire naturelle des poissons (t. 1, p. 46B), et il ne considère plus comme pouvant être l'analogue du limaçon que cet appendice aniérieur du sac de l'oreille des raies, que l'on retrouve aussi dans celle de quelques poissons osseux , et que nous avons désigné sous le nom d'utricule. 492 XIII* LEÇON. ORGANE DE l'OUÏE. cerveau, se prolonge en un canal qui perce le crâne et va jusqu à la peau extérieure , où il n'est fermé que par une membrane mince. Cette petite membrane se dis- tingue sans aucune dissection, parce qu'elle forme au- dehors un petit enfoncement très près de la nuque de Tanimal. Elle est très probablement analogue à la fe- nêtre ovale des animaux d'un ordre plus élevé, et elle fait aussi les fonctions de tympan. liC second angle du sac est postérieur; il est arrondi on ovale, et contient la plus grosse des pierres; le troisième angle est dirigé en avant et en dehors. C'est vers lui que sont placées les deux petites pierres. Il y a trois canaux semi-circu- laires, ayant chacun une ampoule, comme dans les autres poissons : Tun est antérieur et se dirige oblique- ment en avant et en dehors; le second est externe et horizontal; le troisième, postérieur, et dans un plan presque vertical , dirigé obliquement en arrière et en dehors. Les extrémités sans ampoule des trois canaux communiquent avec l'angle interne du sac; le premier et le troisième tout près de la fenêtre ronde, le second un peu plus bas (i). Quant à leur autre extrémité, le (i) On s'explique difficilement comment, en présence de ce passage textuellement reproduit de la première édition de ce livre, qui a paru en 1799, M. Breschet a pu écrire, en i838 [Ouv. cité, p 65), que dans les leçons de MM. Cuvier et Duméril il n'est rien dit des ouvertures de l'or- fjane auditif dans les poissons chondroptérygiens. Les deux ouvertures y sont désignées par leur nom. La seule chose que ces messieurs aient omise ici, mais qui se retrouve plus loin, c'a été de décrire plus en détail la fenêtre ronde, et d'indiquer qu'elle occupe un espace plus ou moins circulaire , fermé par une membrane fibreuse et recouvert par la peau , deirière l'ouverture du crâne qui livre passage au canal dont il est question dans leur texte, comme perçant le crâne et allant jusqu'aux té{;uments. Il est vrai que M. Bresohet nomme les deux ouvertures dif- ART. 11. DU LAHVlUiNTHE MEMBRANEUX. 193 premier et le second la réunissent ensemble, et com- muniquent par un canal commun avec l'angle externe du sac; le troisième revient seul à ce sac vers son angle interne, et son extrémité qui porte une ampoule s'y réunit très près de l'endroit d'où l'autre est partie. Tout cet appareil est rempli, comme à l'ordinaire, d'une pulpe gélatineuse ; les pierres contenues dans le sac ne ressemblent en rien par la dureté à celles des poissons osseux. Leur consistance est absolument celle de l'ami- don humecté d'eau, et elles se laissent de même écraser sous les doigts. La plus grande est arrondie d'un côté, comprimée et recîilignc de l'autre. Les deux petites sont à peu près ovales. Tout ce (|ue je viens de dire est commun aux raies et aux squales. Les espèces de ces deux genres ne dif- fèrent entre elles que par les proportions des canaux et du sac , différences qui se réduisent même à très peu de chose. [Le sinus et le sac y sont peu distincts l'un de l'autre. Dans quelques espèces, la raie bouclée par exemple, il existe un utricnle et un cysticule qui contiennent cha- f'éremnient de M. Ciivier. Il regarde l'ouverture appelée '\q\ fenêtre ovale^ comme étant la fenêtre ronde ^ et rétïiproquement, mais à tort selon nous. La véritable analogie des deux ouvertures de l'oreille des poissons cartilagineux avec celle dus ouvertures de l'oreille des autres vertébrés, nous paraît être celle de M. Cuvier. Ainsi, d'une part , le tube qui est pourvu d'un muscle peut être comparé, dans sa portion spirale et exté- rieure au crâne, à la chaîne des osselets ou à l'osselet unique de certains reptiles, par conséquent l'ouverture du crante auquel il aboutit à la fenêtre ovale, et l'autre à la fenêtre ronde; d'une autre par-l, la si- tuation respective de ces deux ouvertures vient encore appuyer l'analogie, puisque l'ouverture pourvue d'un tube est antérieure et que l'autre est postérieure. Selon M. Breschet, notre fenêtre ovale ne serait pas fermée d'une membrane. '' 494 XIU* LEÇON. OBGAÎVE DE l.'OUÏE. Clin an petit amas de matière amilacée. Le canal de la fenêtre ovale qui perce le crâne, longe le tube com- mun des canaux semi-circulaires antérieur et posté- rieur, traverse la paroi du crâne, puis s'infléchit pour devenir horizontal, se renfle et se Contourne en une petite anse profonde; puis il traverse obliquement la peau en diminuant de grosseur, et s'ouvre à l'extérieur par un orifice très fin. Ce tube est rempli de matière blanche amilacée, et un petit muscle, qui s'insère au crâne près de la fenêtre ronde , va , par son autre ex- trémité, s'insérer au fond de la concavité de l'anse qu'il décrit. ] G. Dans les reptiles. Le labyrinthe membraneux est composé des mêmes parties que dans les poissons, c'est-à-dire de trois ca- naux et d'un sac; mais il y a dans quelques espèces une partie de plus. Dans les salamandres , qui n'ont, ainsi que les pois- sons, aucune autre partie de l'oreille que le labyrinthe, les trois canaux sont situés au-dessus du sac: ils sont surbaissés et forment ensemble un triangle presque équilatéral. Chacun d'eux a son ampoule; le sac con- tient une pierre de consistance d'amidon, comme dans les raies et les squales. YjQS grenouilles et les crapauds ne diffèrent presque point des salamandres par le labyrinthe membra- neux ; ils ont les mêmes parties dans la même posi^ tion, et leur sac contient aussi une pierre amilacée. Leurs trois canaux forment presque un cercle complet par leur réunion. ïies crocodile^ et les lézards ont aussi les trois ca- ABT. l[. DU LABYIU.MHE MEMERAISEUX. 495 naiix, mais plus grands, et approchant davantage de former chacun une circonférence entière, he sac est situé à proportion phis vers l'intérieur de la tête; ses parois membraneuses sont garnies ^de plusieurs vais- seaux sanguins, très visibles surtout dans le crocodile. Les pierres qu'il contient, au nombre de trois ^ sont fort petites et encore plus molles que celles des pois- sons chondroptérygiens; enfin, et ceci est remar- quable, leur labyrinthe a une partie de plus que ceux que nous avons examinés jusqu ici: un premier vestige de limaçon. C'est une production du sac, enferme de cône, légèrement arquée , qui se porte sous le crâne et vers la ligne moyenne, et qui se trouve divisée en deux loges, ou plutôt en un double canal, par une cloison cartilagineuse double. Une des loges communique avec le sac; l'autre , qui est la continuation de la première, mais revenant sur elle-même, va aboutir à un très pe- tit trou fermé d'une membrane qui le sépare de la caisse du tympan. Cet organe est absolument semblable à celui que les oiseaux possèdent tous. Comparetti est le premier qui Fait décrit dans les lézards. Il est très grand dans le crocodile , et on peut le préparer aisément dans les très jeunes individus. Il est plus difficile à voir dans le caméléon et dans le lézard marbré; on en trouve aussi un vestige dans les serpents. Mais la production que l'on pourrait com- parer à ce cornet ou à ce vestige de limaçon, dans la tortue., est si semblable à ce que nous avons nommé le sac proprement dit dans les poissons, et par sa forme et par les petites pierres molles qui y sont contenues, ^96 XIII* LEÇO.^. OP.GAi\E DE L'oUÎE. qu'on ne peut clouter que ce sac ne soit viaiment l'ana- lo^oue du limaçon de l'homme, et que la partie que nous avons nommée le sinus ne soit l'analogue du ves- tibule. G est donc surtout par le plus grand dévelop- pement du limaçon qu'on peut juger de la per- fection du labyrinthe de ces diverses oreilles (s). Les tortues et les serpents ont aussi des canaux semi- circulaires comme les autres reptiles. La. tortue les a fort courts à proportion. Dans les animaux à sang chaud ^ en général , où le labyrinthe est toujours étroitement enveloppé dans les os, il est composé, dans toutes les espèces, de trois canaux semi-circulaires , ayant chacun une ampoule, d'un sinus commun de ces canaux, nommé vestibule, et d'un organe à deux loges ou deux rampes nommé limaçon , mais qui n'est vraiment contourné en spirale que dans les mammifères. D. Dans les oiseaux. Le limaçon est, comme dans le crocodile, conique, légèrement arqué, obtus à sa pointe, situé oblique- ment d'avant en arrière et de dehors en dedans sous la partie inférieure du crâne. Sa courbure est telle que sa concavité est îournée en arrière. La cloison qui le sépare en deux loges, est composée de deux lames cartilagi- neuses étroites, réunies par une membrane mince dans toute leur longueur et légèrement tordues sur elles- mêmes. Elles adhèrent faiblement aux parois de l'or- gane. Sa loge postérieure est la plus courte et commu- (i) Voyez, au sujet de ce rapprochement, la note delà page 491 ci- dessus. ART. II. DU LABVRlKTliE MEMBfiAINEUX. 497 nique avec la caisse du tympan par la ienêtre ronde qui est fermée par une membrane. L'antérieure, plus longue , donne dans le vestibule et n'est point fer- mée. [ A l'endroit où les deux rampes communiquent l'une avec l'autre à l'extrémité du limaçon , il y a un petit renflement que M. Windischmann nomme la- gena^ et dans lequel se trouve une concrétion calcaire. ] Le vestibule est petit, à peu près arrondi; les canaux semi-circulaires sont disposés ainsi qu'il suit. Le plus grand est vertical, et obliquement dirigé d'arrière en avant et de dedans en dehors. Le second est horizontal , et dirigé en dehors. Le troisième est vertical ; il croise le second , et sa direction est contraire à celle du pre- mier. Dans les passereaux, le premier canal est plus petit, et situé plus en arrière, relativement aux deux autres , que dans les autres oiseaux ; les autres diffé- rences de ces canaux sont peu importantes; ils parais- sent cependant plus grands dans jes oiseaux de proie, surtout les nocturnes, et dans les passereaux, que dans les gallinacés et les palmipèdes. Le cornet à deux loges , ou limaçon , est plus approchant de la verticale, dans le casonr et dans \ autruche ^ que dans les autres oiseaux. \J autruche est de tous celui qui a ce cornet plus petit. C'est dans Voie qu'il se porte le plus directe- ment vers la ligne moyenne. [Les otolithes, assez grands encore dans les reptiles, sont ici réduits à de très petits cristaux calcaires placés danslefond du sac ou du vestibule , car ces deux cavités n'en forment plus qu'une, du moins à l'extérieur. ] 3. 32 498 XIII« LEÇON. ORGANE DE l'oUÏE. E. Dans les mammifères. I^e labyrintîie ne diffère de celui des autres animaux que parce que Forgane à deux loges fait véritablement plusieurs tours de spirale autour d'un axe conique, et représente par conséquent très bien une coquille de limaçon. , Les trois canaux dans Vhomriie sont presque égaux. Aucun ne croise l'autre. L'horizontal est un peu plus petit. Le vertical antérieur, et le postérieur s'unissent par une de leurs extrémités. Chacun des trois a une ampoule, mais peu renflée. Le vestibule est un peu arrondi. Le limaçon est situé en avant et un peu en dedans ; le plan de sa base est presque vertical , et dirigé obliquement d'arrière en avant et de dehors en dedans. La largeur de cette base n'excède pas celle du canal horizontal. La spirale fait deux tours et demi; elle diminue rapidement 7 en sorte que le limaçon approche en total de la forme globuleuse. Gomme Taxé du limaçon est oblique , les deux rampes sont , l'une antérieure et ex-, terne, l'autre intèrne'et postérieure. L*'interne , qui est plus près delà base du limaçon, est un peu plus longue, et se redresse pour ^iboutir àla fenêtre ronde, qui donne dans la caisse du tympan. L'externe, qui est plus près de la pointe, va au vestibule, qui communique lui- même avec la caisse par la fenêtre ovale. Les propor- tions entre les parties du labyrinthe varient beaucoup plue dans les espèces. Dans les chauves-souris proprement dites, et encore plus dans \^ fer-à-cheval ^ le limaçon surpasse beaucoup les canaux semi-circulaires en grandeur. Le limaçon \ AllT. II. DU LABYRINTHE MEMBRANEUX. 499 àwfer-à-cheual est quatre fois plus large que la circoii- férenee d'un des canaux , et le diamètre de sa cavité est dix fois plus [>rand que celui de la leur. Cette disposition est beaucoup moindre dans la roussette. Dans la plupart des carnassiers et dans les pachy- dermes, comme le cochon^ Yéléphant ^ le cheval ^\e limaçon est aussi plus grand à proportion des canaux que dans Thomnie; mais dans les taupes ^ les musarui- gnes et les hérissons ^ il est petit. Le lièvre la aussi plus petit à proportion que Fhomme. La proportion de celui des ruminants est à peu près la même que dans rijomme. Dans tous ces animaux, sa forme est celle que les concliyliologistes nomment turbinée, c'est- à-dire en cône arrondi ou bombé; et le nombre de ses tours est , comme dans rbomme , de deux et demi. Le cochon dinde , le cahiaiy V agouti et \e porc- épie ont un limaçon turriculé, et dont les tours sont au nom- bre de trois et demi. [Celui des chauves-souris , qui a la forme des coquilles du genre trocbus, en a le même nombre.] Le /y?/ ordinaire n'en a, comme les autres quadrupèdes , que deux et demi. Dans les cétacés, le limaçon est fort grand; toutes ses parties sont bien développées; mais sa spirale reste presque dans le même pian , sans s'élever sur son axe ; il ne fait d'ailleurs qu'un tour et demi. Les canaux semi-circulaires sont si minces que Camper en a long- temps nié l'existence. Ils sont cependant absolument comme dans les autres mammifères ; et je les ai bien disséqués dans un fœtus de baleine. La proportion entre les deux rampes du limaçon n'est pas non plus la même dans tous les animaux. "S^'-. 500 X1I1« LEÇON. ORGANE DE l'OUÏE. Celle qui donne dans le tympan est un peu plus g;rande que l'autre dans X homme ^ le chien , le paresseux , \ê- Jéphant^ le cheval ^ le dauphin; la différence est très sensible dans la chauve-souris. Les rampes sont à peu près é[jales dans \ hippopotame et le cochon. Celle qui donne dans le vestibule est la plus grande dans le veau , la chèvre., le mouton.^ le lièvre .^ le rat ., le co- chon iC Inde .^ le chat..^ etc. Mais, dans ces animaux mêmes, la partie de la rampe du tympan, qui est très proche de la fenêtre ronde , s'évase , et devient plus large que l'autre. [ Il existe aussi dans les mammifères un très petit lagena dans lequel on trouve un peu de matière crétacée, ] En générai , dans les mammifères , le labyrinthe , pris dans son ensemble , est beaucoup plus petit à pro- portion du reste de la tête que dans les oiseaux. [Mais le sac est plus distinct du vestibule ou sinus, et l'on trouve encore, dans l'un et dans l'autre, de petites con- crétions pulvérulentes.] ARTICLE III. DE LA MANIÈRE DOÏNT LE LABYRINTHE MEMBRANEUX EST RENFERMÉ DANS LES OS , OU DU LABYRINTHE OSSEUX. Le labyrinthe membraneux, dans les animaux ver- tébrés, est d'autant plus complètement renfermé dans les os, et d'autant plus étroitement embrassé par eux, que l'animal est plus parfait, et que la communica- tion de son oreille avec l'air extérieur est plus ouverte. A.. Dans les poissons osseux. Le labyrinthe est renfermé dans la même cavité que ART. III. DU LABYRINTHE OSSEUX. 501 le cerveau , c'est-à-dire dans le crâne ; les os ne lui pré- sentent que quelques enfoncements dans lesquels il est retenu par des vaisseaux et de la cellulosité : seulement , une partie des canaux semi-circulaires est engagée dans des poulies ou dans de courts canaux osseux. [Un ligament principal suspend les deux canaux semi- circulaires verticaux à la voûte du crâne, près du bord postérieur du pariétal ; il est fort analogue au li- gament tubuleux qui communique avec la fenêtre ovale des raies. ] Dans \e poisson-lune^ le vaste enfoncement latéral du crâne, dans lequel est l'oreille, u'est divisé que par deux colonnes cartilagineuses minces , dont l'une est horizontale et fournit une poulie au canal semi-cir- culaire postérieur; l'autre est verticale, et en fournit une au caual horizontal; mais l'intervalle entre ces co- lonnes et les parois du crâne étant dix fois plus grand que le diamètre des canaux, ils sont suspendus dans cet espace par des vaisseaux et de la cellulosité. Le canal vertical antérieur n'a pas même une telle colonne, et le sac , qui est fort petit, n'a point de creux sur le plan- cher, pour s'y enfoncer. Dans îa haudroye ^ les colonnes cartilagineuses de- viennent plus larges, et se rapprochent davantage des parois du crâne ; dans les autres poissons osseux , cela augmente encore , au point que les canaux semi-circu- laires ont tous une portion plus ou moins considérable de leur longueur , engagée dans des canaux osseux. Le canal postérieur et l'horizontal y sont toujours plus engagés que fantérieur. Celui-ci n'a qu'un mince pilier osseux dans ï anguille^ le brochet^ le rouget^ le maque- reau ; il n a même qu'un sillon dans la dorée et quelques 502 XIU^ LEÇON. OR fi ANE DE l'OUÏE. jugulaires ; il a un canal osseux un peu moins court dans la jnorue , la carpe ; les deux autres sont presque entièrement enfoncés dans les os. [Dans V alose les ca- naux semi-circulaires sont entièrement engagés dans l'épaisseur des os du crâne, et il n'y a que le vestibule qui communique librement avec la cavité cérébrale.] Dans le saumon, la carpe ^ et plusieurs acantoptéry- giens , le sac est enfoncé dans un creux de la base du crâne ; plus ce sac est séparé du sinus ou vestibule , plus la fossette qui le reçoit devient profonde : c'est ce qu'on voit dans la morue , mais surtout dans la carpe , le hareng ^ les scienes ^ où ce sac est étroitement enve- loppé dans un antre osseux, qui n'a d issue que celle par où passe le canal étroit qui joint le sac au sinus. Dans tous ces poissons osseux, le sinus et les extré- mités des canaux sont libres dans la cavité du crâne , et les nerfs n'ont pas besoin de percer les os pour y arriver. [La substance huileuse ou mucilagineuse qui entoure le cerveau pénètre aussi dans les cavités du crâne qui contiennent le labyrinthe membraneux, et remplit tout Fespace qui se trouve entre celui-ci et les os, en sorte que les vibrations sonores arrivées au crâne sont trans- mises au labyrinthe par le moyen de ce corps moitié solide et moitié fluide, qui remplit ici les mêmes fonc- tions que la périlymphe dans les animaux qui ont un vestibule osseux. ] B. Dans les chondroptérygiens , \lesturgeon commence à avoir son oreille plus sé- parée de la cavité qui contient le cerveau. Ses trois canaux sont tous engagés dans les cartilages par toute ART. III. DU LABYRINTHE OSSEUX. 503 leur longueur; les canaux cartilagineux qui les reçoi- vent sont un peu plus larges qu'eux. Le sac, auquel ils aboutissent, est appliqué de très près contre la paroi du crâne, et il y a entre lui et cette cavité une mem- brane très épaisse, attachée par plusieurs productions ligamenteuses , et percée de plusieurs trous pour laisser passer les nerfs. Dans les poissons à branchies fixes, tels que les raies et les squales ^ le labyrinthe membraneux tout entier est renfeimé dans une cavité particulière, creusée dans l'épaisseur des os du crâne, à côté et en arrière de celle qui contient le cerveau , et ne communiquant avecj celle-ci que par les trous qui donnent passage anx nerfs et aux vaisseaux. Cette cavité a la même terme que le labyrinthe membraneux; elle est composée comme lui de trois canaux, et d'un antre auquel ils aboutissent; mais toutes ces parties sont bien pins larges que celles qu'elles con- tiennent, et ces dernières n'adhèrent point à leurs pa- rois, et sont suspendues au milieu d'elles par les vais- seaux , les nerfs et la cellulosité. Cette largeur du la- byrinthe osseux fait que les extrémités des canaux semi-circulaires membraneux se trouvent dans la ca- vité qui contient le sac des pierres. C'est à cette cavité que répondent du côté interne les trous qui laissent passer les nerfs, et du côté extérieur le trou nommé fenêtre ronde, qui n'est fermé que par une membrane, et par la peau qui passe dessus. [L'intervalle qui sépare le labyrinthe membraneux des parois du labyrinthe osseux est occupé par un liquide auquel on a donné le nom de pénjlimplie ^ ou lymphe de Gotugno , l'humeur contenue dans le iaby- 504 XTII^ LEÇON. ORGANE DE l'OUÏE. rinthe membraneux portant celui ^endolymphe. Cette périlympbe existe aussi clans Xestur^eon et dans les lamproies^ et même déjà, dit-on, dans les mollus- ques céphalopodes. Elle existe également dans tous les autres vertébrés, mais en moindre quantité , le laby- rinthe osseux n'étant guère plus large que le mem- braneux.] G. Dans les reptiles. Le labyrinthe osseux des reptiles ressemble à celui des chonclroptén/glens , c'est-à-dire quil enveloppe tout le labyrinthe membraneux , mais plus ou moins étroitement. Dans la tortue, la paroi du vestibule qui le sépare du crâne ne s'ossifie point. Elle reste en partie mem- braneuse. Dans le crocodile et les autres lézards , le labyrinthe osseux serre de près le membraneux, ou le revêt par- tout d'une lame mince et dure. D. Dans les oiseaux et dans les mammifères , Le labyrinthe membraneux est enveloppé si com- plètement et si étroitement par les os qu'on eu a long- temps méconnu l'existence. On Ta regardé le plus sou- vent comme le périoste interne des cavités osseuses qui le contiennent; lorsqu'on Ta trouvé desséché et racorni en fdets dans ces cavités , on l'a décrit sous les noms de zones nerveuses des canaux semi-circulaires, de cloison membraneuse du vestibule. Scarpa et Gomparetti ont rétabli cette partie dans sa dignité. En effet, en l'examinant dans des sujets jeunes et frais , on trouve qu'elle ne diffère point de son analogue dans les poissons; qu'elle est vraiment la par- ART. III. DU LABYRINTHE OSSEUX. 505 tie essentielle du labyrinthe, qne les cavités osseuses ne sont là que pour lui servir d'étuis , [ et qu'elles ne le serrent pas de si près qu'il n'existe entre ses parois et elle une couche de périlyrnphe. ] Le labyrinthe osseux des oiseaux est formé d'une lame osseuse , mince et dure , si exactement moulée sur le labyrinthe membraneux qu'on distingue même les renflements qui contiennentles ampoules des canaux semi-circulaires : comme il est placé dans l'épaisseur des occipitaux et du rocher dont les deux tables ne sont séparées que par un diploé très rare et très facile à enlever , il est fort aisé de le mettre à nu , de manière à en faire voir toutes les parties. Quelques unes , notamment deux des canaux semi- circulaires, sont même visibles au-dedans du crâne, sans aucune préparation, [ et concourent à former la fosse quilofje le lobule du cervelet.] Les cellules acous- tiques, dont nous parlerons par la suite, formant des vides autour et dans les intervalles du labyrinthe, ren- dent encore sa préparation plus facile. Dans les mammifères , le labyrinthe est ordinaire- ment enveloppé par la substance du rocher, qui est si dense qu'on ne peut point, dans l'animal adulte, dis- tinguer les lames qui l'enveloppent , du reste de Fos; et les cavités qui composent ce labyrinthe ont l'air d'être creusées dans ce rocher, comme les carrières ou les mines le sont dans les rochers véritables. Ce n'est que dans les foetus qu'on peut débarrasser le labyrinthe osseux de la substance qui l'enveloppe , et qui n'a point alors acquis la même dureté que la lame qui le forme. Il y a cependant quelques espèces, et elles sont du 506 Xlir LEÇON. ORGANE DE L'OTJÏE. nombre de celles qui entendent le mieux , qui n'ont point de cette substance pierreuse autour de la lame mince de leur labyrinthe osseux. Dans la taupe ^ par exemple, les trois canaux semi- circulaires sont libres et visibles vers Fintérieur du crâne sans aucune préparation. Son limaçon est enve- loppé d une cellulosité presque aussi lâche que celle des oiseaux. Dans les chauves-souris , l'énorme limaçon est ordi- nairemeut visible sans aucune préparation sous la base du crâne , où il fait une saillie très considérable , [en arrière de celle de la caisse du tympan qui est appli- quée contre sa face antérieure.] Leurs canaux semi- circulaires se voient dans Fintérieur du crâne comme dans la taupe. [Dans \ oreillard [vespertilio auritus)^ c'est au-dedans de la caisse aue le limaçon fait saillie. Dans toutes les chaai^es-souris , il fait éj^alement saillie au-dedans du crâne. ] Dans le cochon d'Inde i^cavia cobaia) et dans le cabiai[ cavia capjbara) , c'est au-dedans de la caisse, sous les deux fenêtres; sa saillie a la forme d'un ma- melon. Cela est de même dans Vaye aje^ les écureuils^ la marmotte ^ dans \e porc-épic^ et plus ou moins dans tous les rongeurs et les édentés : il saillit aussi un peu en dedans de la caisse dans \ éléphant. Les animaux qui ont la substance du rocher la plus dure sont les cétacés. D'après la description que nous avons donnée du labyrinthe membraneux , on sent aisément que le ves- tibule osseux doit avoir : cinq trous pour les extrémités des canaux semi-circulaires ; puis un pour la rampe du limaçon qui communique avec lui, et un qui est la ART. III. DU LABYRTINTHE OSSEUX. 507 fenêtre ovale , et qui donne dans la caisse du tympan. Nous ne nous arrêterons point à décrire les diffé- rences que présentent les grandeurs, les figures et les positions respectives de ces sept trous. Le limaçon osseux se contourne autour d'un axe conique , que l'on pourrait comparer à la fusée d'une montre, et dont la hauteur et la base sont dans des proportions différentes selon les espèces. La coupe de chacun des tours du limaç#n osseux n'est pas ronde, mais il y a du côté de Taxe une échancrure aiguë, qui est la coupe de la partie osseuse de la lame spirale qui divise tous ces tours en deux rampes. Dans l'homme , il n'y a que cette portion de la lame qui touche à l'axe qui soit osseuse. L'autre partie est entièrement membraneuse ; mais il n'en est pas de même dans tous les animaux. Dans le dauphin, il n'y a qu'une fente très étroite qui partage la lame dans toute sa longueur en deux parties , dont celle qui touche à l'axe est trois fois plus large que l'autre. Cette fente seule est complétée par une membrane dans l'état frais. Dans ce même dauphin , la partie osseuse de cette cloison qui touche à l'axe a sous sa base et dans la rampe qui aboutit au tympan un petit canal qui en suit la courbure d'une extrémité du limaçon à l'autre. La coupe transverse de ce canal est ronde; ses parois sont très minces. Il formerait une troisième rampe dans le limaçon ; mais il est probable qu'il sert à envelopper un vaisseau ou un nerf. D'ailleurs son diamètre diminue en sens contraire de celui des rampes , et c'est vers la pointe du limaçon qu'il est le plus gros. On en voit aussi un, mais beaucoup plus petit à proportion, dans les ruminants» 508 Xnr LEÇON. ORGANE DE l'oUÏE. Nous croyons avoir suffisamment décrit l'extérieur (lu rocher des quadiupèdes, dans les articles li, lll et IV de la VHP leçon. Celui des cétacés mérite d'être considéré à part. Il ne s'articule point avec les os du crâne; il est suspendu par des ligaments sous une cavité ou une voûte située à chaque côté de la base du crâne, et formée en grande partie par l'os occipital. Le rocher lui-même peut être considéré comme formé de deux portions sondées ensemble : la caisse , que no-tis décrirons ailleurs , et le rocher proprement dit , qui contient le labyrinthe. La face supérieure de cette seconde portion a vers son bord interne une proéminence demi-circulaire qui répond à un trou de la base du crâne ;, et où l'on re- marque un creux qui est le méat auditif interne : c'est dans cette proéminence qu'est le limaçon. La portion externe de ce même rocher proprement dit est bien plus grande que la proéminence dont nous venons de parler; elle forme en partie une voûte sur la caisse. Elle est oblongue dans les dauphins^ grossièrement arrondie et se prolongeant en arrière en une apophyse raboteuse dans les cachalots ^ profondément bilobée dans le lamantin , etc. C'est ici je lieu de dire un mot des aqaeducs. Ce sont deux canaux qui établissent une commimication entre le labyrinthe et l'intérieur du crâne, différente de celle qui donne passage aux nerfs. L'un donne dans le ves- tibule près de l'orifice commun des deux canaux semi- circulaires qui s unissent ; son orifice , du côté du crâne, est triangulaire, et situé au-dessus et en arrière du méat auditif interne ; l'autre donne dans le limaçon à sa rampe lympanique, tout près de la fenêtre ronde , ABT. IV. DE LA CAISSE DU TYMPAN. 509 et pénètre dans le crâne sous le bord inférieur du ro- cher, et sous ce même méat interne. On les retrouve dans tous les mammifères ; ils sont très larges dans le dauphin^ principalement celui du tympan. Dans d'autres animaux , ce dernier ne forme qu'une fente étroite du côté du crâne. Tels sont Y é lép h eu it^ le chei'al;']^ ne lésai pas assez examine's dans les autres espèces. On trouve aussi deux canaux analogues dans les oiseaux , selon Comparetti. Leur usage nous paraît encore sujet à contestation. ARTICLE IV. DES CAVITÉS SITUÉES ENTRE LE LABYRINTHE ET L ELE- MENT EXTÉRIEUR , OU DE LA CAISSE DU TYMPAN , ET DE SES APPARTENANCES. Dans les poissons osseux , il n^ a aucune communi- cation entre le labyrinthe et l'extérieur; toutes les parties de Foreille sont enfermées dans le crâne et re- couvertes parles os, [ou du moins par une membrane fibreuse et par la peau; car certaines espèces, comme les lepidoleprus et les mormyres , ont au crâne des ouvertures recouvertes par les téguments. Dans d'au- tres, les myripristis ^ par exemple, le crâne est large- ment ouvert au-dessous des otolitlies , et cette ouver- ture est fermée par une membrane élastique, contenant un petit filet osseux , et à laquelle adhère la vessie na- tatoire. Dans la sciœnapama , une branche de la corne de la vessie natatoire remonte sous le crâne, le long du bord externe du renflement de l'oreille, se con- tourne et se termine par un cul-de-sac dans un enfon- cement antérieur de ce renflement , qui n'est fermé que * ^ 510 XIIF LEÇON. ORGANE DE l'oUÏE.' par une membrane , mais elle ne pénètre pas dans Fo- reille (i).] Dans les poisscms chondroptérygiens , le labyrinthe aboutit par un petit canal à une ouverture située à la partie postérienre de la tête, et fermée par une mem- brane et par la peau. l\ n'y a rien de plus entre l'oreille et l'élément ambiant. Les batraciens ont tous une ouverture au labyrinthe, ou une fenêtre nommée 0(^<7Ze, sur laquelle s'appuie une platine osseuse, qui correspond à ce que l'on nomme l'étrier dans l'homme. Le c-enre des lézards a une ouverture de plus, mais qui n'est fermée que par une membrane, et qu'on nomme yi^/ze'^re ronde. Ces deuxouvertures existent aussi dans les c/'occxr/^/ej- et les tortues , dans tous les oiseaux et dans tous les quadru- pèdes, ainsi que nous l'avons vu précédemment. [Seulement dans les sauriens, cette fenêtre ronde ne communique pas immédiatement avec la cavité du tym- pan ; il y a au-dessous de la fenêtre ovale l'ouverture, plus large, d'un conduit percé dans l'occipital latéral, et au fond duquel sont deux trous; l'un, le postérieur, donne dans le crâne, et l'autre, lantérieur, est la fenêtre ronde , et donne dans une fossette delà cavité ves- tibuiaire qui représente le limaçon. Mais dans les tortues et les crocodiles , cette fenêtre donne directement dans la cavité tympanique] La cavité située au-devant des ouvertures du laby- rinthe, et qui est plus ou moins compliquée, se nomme la ccnsse ; elle communique avec la bouche par un (i) INo us n'avons pas pu voir les communications que M. "Brcschet annonce exister entre la vessie natatoire et l'oreille de \ alose. m ART. IV. DE LA CAISSE DU TYMPAN. 51 1 canal on par une simple ouverture béante , nommée trompe d Eustache , et avec Textérieur, par une autre ouverture , fermée tantôt d'une membrane mince , tantôt d'une peau épaisse et même écailleuse, nommée tympan. La platine osseuse qui couvre la fenêtre ovale s'unit par un manche d'une seule pièce, ou par une chaîne de quelques osselets articulés ensemble avec cette Thembrane du tympan , et peut en communicfuer les ébranlements dans l'intérieur du vestibule. Nous allons examiner particulièrement dans cet ar- 1. ticle les diverses conformations de la caisse. A. Dans les reptiles. Elle n'existe , pour ainsi dire , pas du tout dans les serpents ; le manche de la platine est enfermé ^dans les chairs, et son extrémité touche à la [>eau, près de l'ar- ticulàtiori'de la mâchoire inférieure. Dans les crapauds et les- grenouilles , la caisse a toute sa partie postérieure membraneuse; elle commu- nique immédiatement avec l'arrière-bouche par un grand trou ,^ qui se voit en ouvrant simplement la bou- che de l'animal; elle est très petite et presque entière- ment membraneuse dans le pipa , où le labyrinthe n'a- boutit à la fenêtre ovale que par un très long^' tanâî; La caisse est aussi membraneuse en arrière et en dessous dans les sauriens. Elle y comnumique avec le fond du palais par un large canal court. [ Dans plu- sieurs espèces , l'os tympanique est élargi dans le haut et concave , en sorte que la cavité de la caisse a une étendue assez considérable; c'est surtout dans la clra- gonne que cette forme est manifeste au plus haut degré.] 512 XIU" LEÇOiN. UKGA1NJ-: DE LOUJE. ha. caisse des crocodiles peut se diviser en deux par- ties : une externe , très évasée , et fermée en dehors parle tympan et par la peau, mais tout entourée d'os; et une interne, séparée de la première par un étran.oflement, et à laquelle aboutissent les deux .fenê- tres et quelques cavilés analogues aux cellules mastoï- diennes de l'homme, mais beaucoup plus grandes. Une de ces cavités est placée entre les canaux semi-circu- laires, et une autre se dirige en arrière et en dehors. Cette caisse est située vers la partie supérieure du crâne. La caisse des tortues est beaucoup plus latérale ; elle est moins évasée par dehors, et Fétranglement qui sépare la partie externe de l'interne est moins mar- qué, parce que la saillie qui le forme est arrondie et non aiguë, comme dans le crocodile. Cette portion in- terne de la caisse se prolonge en arrière en une grande cellule arrondie. Dans le fond , vis-à-vis le tympan , est un canal étroit où s'enfonce l'osselet, et qui aboutit à la fenêtre ovale La trompe d'Eustache est un canal de longueur médiocre, qui se porte en bas et un peu en arrière, et aboutit au palais, derrière et en dedans de l'articulation de la mâchoire. [Dans la /n a tamata^ la. caisse est en forme d'enton- noir; elle communique par son fond avec les cellules mastoïdiennes, et sa paroi inférieure est percée d'une ouverture oblongue pour le passage du manche de Tétrier, et pour l'ouverture de la trompe d'Eustache.] B. Dans les oiseaux ^ La caisse est aussi très évasée en dehors; ses parois, postérieure et inférieure, sont formées par une saillie de l'os occipital. L'antérieure est en grande partie corn- ART. IV. DE LA CAISSE DU T\MPAN. 513 plétée par l'os particulier aux oiseaux, et que Ton nomme carré. Nous en avons déjà parlé à l'article IV de la Vnr leçon, et nous le décrirons en traitant de l'articulation de la mâchoire intérieure. Elle communique avec trois grandes cavités qui se prolongent plus ou moins dans l'épaisseur des os du crâne, et qui caractérisent éminemment l'organe de l'ouïe des oiseaux. Ces cavités, formées de lames os- seuses, minces et élastiques, sont sans doute très so- nores, et renforcent beaucoup l'action du son sur le labyrinthe, quelles entourent de toutes parts. C'est surtout dans les oiseaux de proie nocturnes, et notam- ment dans \ef fraye , plus que dans tous les autres , que ces cavités sont étendues. La première s'ouvre à la partie supérieure de la caisse , et s'étend , chez les ducs^ dans la largeur de l'occiput jusqu'assez près de celle qui appartient à l'oreille de l'autre côte, avec laquelle elle peut communiquer au-dessus du trou occipital, par le moyen du diploé. La seconde s'ouvre à la partie postérieure et inférieure de la caisse ; elle ne s'étend qu'entre les canaux semi-circulaires : c'est la plus circonscrite des trois. La troisième s'ouvre à la partie antérieure de la caisse, au-dessus de la trompe d'Eustache. Elle marche au-dessus de cette trompe, et s'étend dans toute la largeur de la base du crâne; [chez les oiseaux de proie nocturnes et diur- nes , et même chez plusieurs passereaux , ] elle se réunit à celle de l'autre côté sous l'endroit où est la glande pituitaire : ainsi les deux caisses des ducs communiquent ensemble par deux endroits différents. Le cornet analogue au limaçon est entouré par cette troisième cavité. 3. 33 514 XIII'' LEÇOJN. ORGAiNE DE LOUIE. Cette énorme étendue des cavités attenantes à la caisse , n'existe à ce point que dans les seuls ducs. Dans les autres hiboiis et chouettes^ elles sont déjà un peu moindres, et elles diminuent de plus en plus jus- qu'au casoai\ à \ autruche^ kla/régate et aux fous ^ qui sont de tous les oiseaux ceux qui les ont les plus petites. \J ejigoulei^ent^ comme oiseau nocturne, et ayant besoin d'une ouie délicate , les a aussi fort grandes. Les oi- seaux de proie diurnes, les gallinacés, beaucoup d'échassiers et de palmipèdes, ont la première et la troisième en forme de boyau conique et étroit, et sans communication d'un côté de la tête à l'autre. La se- conde, ou celle d'entre les canaux semi-circulaires, est plus grande dans les oiseaux de proie diurnes que dans les nocturnes, parce qu'elle se porte en dehors derrière le bord postérieur de la caisse. Ces cavi- tés sont généralement petites dans les passereaux , les gallinacés^ \e^ palmipèdes et les oiseaux de rivage; elles sont extrêmement réduites dans plusieurs perro- quets^ dont le crâne a son épaisseur uniformément remplie d'un diploé très lâche ; mais, en revanche , leur caisse même a en arrière une concavité plus con- sidérable que celle des autres oiseaux. [Dans beaucoup de passereaux ^ et même dans quelques perroquets , les deux premières cavités n'ont plus d'ouverture simple, mais elles sont fermées par une cloison percée de plusieurs trous. Dans \e?> fré- gates et \esfous ^ la caisse est extrêmement petite, et les deux premières cavités y attenant presque nulles. ] La trompe d'Eustache est généralement osseuse dans les oiseaux. C'est un canal conique creusé dans le sphé- noïde, qui commence à la partie antérieure et inférieure ART. IV. DE LA CAISSE DU TYMPAN. 51 5 de la caisse par une large ouverture, et qui marche sous la troisième des cavités décrites ci-dessus, dont il n'est séparé que par une lame mince; il se porte obliquement en dedans, en se rétrécissant toujours, et aboutit à une petite ouverture très près de la ligne moyenne, et par conséquent aussi très près de Fouverture de la trompe de l'autre côté. Ces deux ouvertures répondent au palais , à quelque distance en arrière des narines in- ternes. [H arrive cependant quelquefois dans les oiseaux de proie diurnes et dans quelques palmipèdes que le sphé- noïde n'est creusé que d'un sillon; le reste du canal est membraneux ou cartilagineux (i).] * Les deux fenêtres par lesquelles le labyrinthe des oiseaux communique avec leur caisse sont situées Fune au-dessus de l'autre dans un enfoncement qui est vis- à-vis la membrane du tympan. Une traverse osseuse mince les sépare. La fenêtre diteoi^ale^ c'est-à-dire celle qui donne dans le vestibule, est au-dessus de la ronde qui donne dans le limaçon ; mais toutes deux sont vrai- ment de forme ovale. La fenêtre ronde est la plus grande, et souvent de beaucoup (2). (î) M. Tiedemann {Anat. et hist.nat.des oiseaux ^ in-S». Heidelberg, 1810) a depuis longtemps déjà fait cette remarque. (2) Scarpa, et après lui M. Brescliet, ne regardent pas cette fenêtre ronde où cochle'enne comme la vraie. Celle-ci, selon eux , serait au fond d'une subdivision du labyrinthe, qui formerait une petite cavité osseuse particulière remplie d'un liquide et tapissée d'une membrane très vas- culaire. L'ouverture que M. Cuvier appelle fenêtre ronde ne serait que la communication entre cette cavité et la caisse, et Scarpa appelle tympan secondaire la membrane qui la ferme. Mais nous n'avons pas vu dans le labyrinthe la cloison qui fermerait la cavité décrit ■ par ces auteurs; nous n'avons aperçu, à la place où elle devrait être, qu'un pli delà mem- 516 XIIl* LEÇOIV. ORGANE D£ LOUÏE. G. Dans les maimnifères , La caisse présente des différences très remarquables de grandeur, de forme, de composition et de distribu- tion intérieure. Dans \ homme ^ la caisse est une cavité presque hé- misphérique, dont le tympan serait le grand cercle ; elle ne fait aucune saillie en dehors ou en dessous du crâne. Ses parois sont très inégales. Celle qui est vis-à-vis du tympan présente une saillie en dos d'âne, qui monte obliquement d'avant en arrière, et qu'on nomme /j/o- montoire. La fenêtre o^ale est au-dessus. Son grand diamètre est transverse et presque double du petit ; elle regarde directement le tympan. La fenêtre ronde est au-dessous du promontoire; elle regarde en arrière et un peu en dessous. L'une et l'autre est un peu en- foncée. Il y a dans la caisse quelques creux légers, que l'on pourrait comparer aux cellules des oiseaux, mais qui n'en seraient qu'un très faible vestige : ils ne sont pas les mêmes dans tous les individus. Il y en a un au- dessus et en avant de la fenêtre ovale , et un autre en arrière de la ronde. Celui-ci communique, dans les adultes, avec les cellules qui se développent à un certain âge dans l'intérieur de l'apophyse mastoïde du temporal. brane du vestibule qui sépare deux petites masses d'otocoriies, mais qui n'était pas assez saillant pour partager véritablement le vestibule en deux parties distinctes. Dans les préparations sèches, on n'aperçoit sur la paroi du vestibule qu'une le'gère arête à l'endroit de ce repli. Au surplus M. Cuvier a\ait sous les yeux les travaux de Scarpa quand il a rédigé cette leçon, et s'il n'a pas reproduit ce qu'annonçait ce savant anatomiste , c'est que dès lors sans doute il avait reconnu l'inexactitude de son observation. ART. IV. DE LA CAISSE DU TYMPAN. 5l7 La trompe d'Eiistache commence à la partie antérieure et inférieure de la caisse par un trou presque rond ; elle forme un canal osseux , qui va en bas et en dedans jus- que vers la pointe du rocher, où il est le plus étroit; il s'y ouvre dans un autre canal cartilagineux qui va, en s'élar(jissant, se terminer dans rarrière-bouclie, près de l'apophyse ptéry(>oïde interne, et par conséquent près de lorifice postérieur de la narine du même côté, par un pavillon évasé bordé d'un bourrelet saillant. 1° ExtMeur de la caisse clans les mammifères. Dans les singes de Tancien continent, le rocher ne fait guère plus de saillie au-dessous du crâne que dans l'homme; et la caisse reste cachée dans le rocher; l'apophyse mastoïde devient très petite, ou même nulle, mais les cellules mastoïdiennes s'étendent davantage dans le reste de Fos temporal. Dans la plupart des autres mammifères, à com- mencer par les sapajous et à l'exception des insecti- vores, la caisse s'agrandit considérablement , et forme sous le crâne une protubérance très forte. Cette protubérance est ovale, et son grand axe est longitudinal dans les sapajous^ les maÂis^ les ùlai- reaux ^ les civettes ., les martes. Elle est un peu plus arrondie, et son grand axe rentre obliquement en dedans dans les chiens, les chats , les coatis. Elle est presque ronde dans les lierres ., les castors ^ [ ovoïde dans les écureuils , en forme de bonnet phry- gien dans Vaye-aye, ] Elle est demi-sphérique dans les roussettes .^ les pan- golins. 5i8 Xlir LEÇON. OSGAiSE DE l'OUÏE. Elle est plus ou moins anguleuse clans les ruminants , le câblai^ \e paresseux à trois doigts ^ \ hippopotame , V éléphant ^ le rhinocéros^ les kanguroos. Elle est plane et touche celle de l'autre côté , en sorte que le crâne paraît lisse en dessous, dans les tau- pes et les musaraignes, Y^diW^^X^ paresseux à deux doigts ^ 'A n'y a pour toute caisse que le cadre du tympan suspendu par ses deux extrémités. [Dans les fourmiliers ^ le plancher des narines, se continuant entre les deux caisses, empêche qu'on ne voie leur sailHe sous le crâne.] Celle de \ours ne fait aucune saillie au-dehors. Celle du cochon forme une longue saillie en forme de sac ou de massue, plus étroite par l'endroit où elle tient au crâne. Dans beaucoup de mammifères digités, il n'y a, pour toute apophyse mastoïde, qu'une légère protu- bérance de cette saillie de la caisse, ou bien la caisse elle-même en tient lieu; mais dans un certain nombre, comme les roussettes^ \e?> chiens^ les civettes^ les hyènes^ plusieurs marsupiaux ^ le cabiai, le cochon dinde, et plusieurs autres rongeurs , les cochons^ les ruminants et les chevaux,, il y a derrière la caisse une longue apophyse qui remplace la mastoïde , mais qui appar- tient à l'occipital, [et que nous avons appelée apophyse para-mastoïde.] ♦ Dans la plupart des carnassiers et des rongeurs, les parois qui forment cette saillie de la caisse sont minces, dures, et laissent entre elles un grand vide. [Dans quelques carnass-iers comme les martes ,, les parois en sont épaisses et remplies par une cellulosité serrée, ce ART. IV. DE LA. CAISSE DU TYMPAN. 519 c|ui se remarque aussi dans les singes , au moins pour la partie antérieure.] Dans les cochons tout Fintérieur est presque rempli par de la cellulosité. Dans les carnivores , les rongeurs , cette lame con- tournée qui forme la caisse se distingue par une suture du reste du rocher , et ne s'y soude que dans un âge avancé. Dans les chats et les cwettes ^ elle est subdivisée elle-m4me en deux, dans le jeune âge, par une autre suture ; la partie postérieure ressemi3le beaucoup à une coquille , et est parfaitement représentée par la caisse de la haleine ^ à l'épaisseur près que celle-ci a de plus. [Nous pourrions multiplier ici les descriptions et faire connaître l'extérieur delà caisse de plusieurs ron- geurs , comme les gerboises^ Xhélamys^ le chinchilla^ chez lesquels elle prend un développement énorme, mais ce serait répéter ce qui en a été dit à Tarticle II de la VHP leçon; nous y renvoyons le lecteur.] 2° Division de V intérieur de la caisse et cellules mastoïdiennes. Le cadre ovale qui soutient le tympan est à peu près parallèle à la paroi de la caisse qui lui est opposée. Il répond à peu près au milieu de cette paroi dans V homme ^ et dans la plupart des mammifères, notam- ment les ^//z^ei", le chien, le blaireau^ les martes^ les rongeurs ^ les ruminants ^ etc. Dans tous ces animaux, le promontoire, répond à la partie moyenne ou posté- rieure du tympan, mais il reste toujours un intervalle entre lui et cette membrane ; et les parties de la caisse, situées devant et derrière le promontoire, ne sont point fortement séparées. Mais dans les civettes y les 520 XIII* LEÇON. ORGANE DE L'OUÏB. hyènes et les chats , il y a une lame osseuse qui va du bord postérieur et inféîieur du tympan au promon- toire, et qui, se prolongeant obliquement, partage la caisse en deux parties inégales, qui ne communiquent ensemble que par un trou. L'antérieure et externe est la caisse proprement dite, dans laquelle sont les osse- lets et la fenêtre ovale. L'autre partie, qui est beau- coup plus grande, contient la fenêtre ronde. Dans le lion^ la fenêtre ronde répond précisément à la ligne de séparation, et est située dans le trou qui sépare les deux parties. On pourrait regarder la partie posté- rieure comme analogue aux grandes cellules des oi- seaux , et elle paraît n'avoir été donnée qu'à des ani- maux qui entendent très bien. [On aperçoit même à l'extérieur ces deux divisions de la caisse dans tous les sous-genres des cwettes\ une dépression très marquée partage la caisse en portion antérieure plus petite et en portion postérieure plus grande. Cette dernière a pour soutien de sa paroi postérieure une lame de l'occipital. Dans les chiens et \e?> phalange rs ^ cette lame existe aussi , mais beaucoup moins étendue , et elle ne partage pas la caisse com- plètement en deux parties.] Il y a, dans beaucoup d'autres carnassiers, de ron- geurs et de pachydermes, une ou plusieurs arêtes osseuses, mais moins larges, et transversales; elles ne paraissent servir qu'à soutenir le cadre du tympan. Le cheval en a un assez grand nombre de semblables dis- posées en rayons autour du cadre. [Dans tous les singes, à l'exception des orangs et des gibbons^ i^ Y ^^ ui^g partie celluleuse de la caisse qui forme un prolongement en avant de la caisse pro- ART. IV. DE LA CAISSE DU TYMPAN. 521 prement dite , et qui communique avec la cavité tympanique par le canal osseux de la trompe d'Eus- tache. Cette partie celluleuse de la caisse est plus déve- loppée dans les singes du nouveau continent que dans ceux de l'ancien. Dans \e^ fourmiliers il y a également une cellule antérieure , qui communique largement avec la cavité tympanique; mais elle est creusée dans leptérygoïdien. Dans les pangoii/is ^ la caisse communique dans le haut avec une vaste cellule mastoïdienne. Les pares- seux en ont une dans la base de Tarcade zygomatique qui communique aussi avec une autre du ptérygoïdien.] Dans \ éléphant ^ la caisse ne forme qu'une seule grande cavité, sans cloison dans l'intérieur; mais les parois en sont garnies d'une multitude de lames sail- lantes qui se croisent dans toute sorte de sens , et qui produisent une multitude de cellules et de sinus irrégu- liers. On trouve déjà des vestiges de semblables cellules dans les irrégularités et les enfoncements de la caisse de plusieurs rongeurs, notamment du cabiai^ du co- chon d'Inde, de la marmotte^ An porc- épie. Dans \ hippopotame , la caisse proprement dite est extrêmement petite; mais elle communique par un trou avec une seconde cavité, divisée dans son inté- rieur en un grand nombre de cellules irrégulières , et analogue à celle du lion , , de la civette , etc. Dans le phoque et dans le morse ^ la caisse est très grande, arrondie de toute part et sans division, mais ses parois sont très épaisses. [Dans les kanguroos ^ la caisse est un os épais trian- gulaire, occupé presque entièrement par le méat; la cavité tympanique , formée par le temporal et une 522 XIII^ LEÇON. ORGANE DE L'OUÏE, Jame du sphénoïde , communiqae par une ouverture située au-dessus de la caisse, dans une cellule creusée à la base de l'apophyse zygomatique. ] 3° Configaration et proportion des fenêtres ronde et ovale. Nous avons déjà vu que la fenêtre ronde, qui donne dans une des rampes du liniaçon , n'est fermée que par une membrane tendue ; comme elle regarde tou- jours eu arrière, on peut croire que c'est principale- ment elle qui doit recevoir les sons produits par la ré- sonnance de cette chambi^e postérieure de la caisse que nous venons de décrire, et qui est si distincte dans les animaux nocturnes , le r/^r/^, le lioii ^ etc. Scarpa re- garde cette membrane de la fenêtre ronde comme un tympan secondaire. Dans rhomme, ces àenx feïiêtresxnénienX-, parleur figure, les noms qu'elles portent, quoiqu'elles ne soient point entièrement régulières. L'ovale est un peu plus grande que la ronde. Dans les autres animaux, il y a des variations con- sidérables dans la grandeur respective et dans la fi- gure, au point que les noms d'ovale et de ronde ne^ conviennent plus. Nous leur substituerons ceux de fe- nêtres vestilndaire et cochléaire. Les singes les ont à peu près comme l'homme. Dans les chaiwes-souris , la cochléaire est la plus grande. Dans la taupe ^ les fenêtres sont ovales toutes les deux ; il y a une traverse qui va d'un bord de la fe- nêtre vestibulaire à l'autre, en passant entre les jambes de létrier : c'est ce qui a causé l'erreur de Derham , ART, IV. DE LA CAISSE DU TYMPAN. 523 qui a cru querétrier de la taupe n avait point de pla- tine, mais qu'il appuyait une ^e ses jambes sur la fenêtre ronde, et l'autre sur l'ovale. Cette disposition se retrouve dans plusieurs autres mauimifères. Dans la marmotte^ la traverse osseuse qui enfile l'intervalle des jambes de l'étrier est même si {grosse, que, letrier une fois enlevé, on croirait qu'il y a deux fenêtres ves- tibulaires. Cette traverse est toujours creuse et donne passage à des vaisseaux. Dans les carnassiers en général, la fenêtre cochîéaire est la plus grande. Elle l'est de près du double dans les chats et les civettes, \J hermine les a presque égales. Dans le sarigue , la vestibulaire est ronde ; la cochîéaire irrégulière et plus petite. Dans le castor et la marmotte ^ cette dernière est triangulaire ; dans le lièvre^ elle a la forme d'une petite fente presque verticale ; la vestibulaire y est ronde et beaucoup plus grande. Le cochon dinde les a presque égales , dirigées toutes deux en haut, et séparées seulement par une barre mince. Elles sont ovales toutes deux, et à peu près égales,' dans les édentés. Dans les ruminants, c'est la cochîéaire qui est la plus grande. Le veau Fa presque double. Le cochon Fa aussi du double plus grande , et très voisine de l'autre. Elle est trois fois plus grande dans \ hippopotame ; au contraire dans \ éléphant ^ elle est très petite, irrégu- lière, et cachée derrière une avance du promon- toire, La cochîéaire est la plus grande dans les solipèdes et dans les cétacés. 524 xiTi* LEÇON. orctAne de l'ouïe. [il en est de même dans les oiseaux , les crocodiles et les torlues ; mais dans \q% sauriens elle est de beau- coup la pins petite.] l[ La trompe d Eustache , Présente peu de différences remarquables dans les mammifères , dans sa partie osseuse. Cette partie est plus courte dans les carnassiers que dans Tbomme. Dans \ç^^ chauve-souris ^Xiis chats ^\(t?> hyènes^ les c/- ('^//^.i* et les écureuils^ c'est une fente étroite plutôt qu'un canal; on peut se la représenter comme un espace resté vide dans la suture qui unit l'os de la caisse au rocber proprement dit. Le blaireau^ la loutre , les belettes ^ les chiens , etc., ont un simple trou, séparé du reste de la caisse par une arête saillante longitudinale. [Dans Xaye-aye^ le lièvre et ï agouti, il n'y a point de canal, c'est un simple trou dont est percée la base de la paroi anté- rieure de la caisse.] Dans le cabiai^ c'est d'abord un demi-canal creusé à la paroi interne , qui devient en- tier en perçant la pointe du rocber. Dans Yélephant^ c'est un long- et large canal qui commence sous le tympan , et se termine à la pointe du rocher. Ses parois sont lisses et sans cellules. [ La partie non osseuse de la trompe est formée, dans l'homme , d'une lame cartilagineuse triangulaire et d'une lame fibreuse : elle se termine par un bord évasé qui porte le nom de pavillon de la trompe. Dans les mammifères , la partie non osseuse de la trompe est également fibro-cartilagineuse. Le pavillon est formé par deux petites plaques cartilagineuses, ART. IV. DE LX CAISSE DI3 T\31PAIV. 525 dont l'externe triangulaiie prolonge sa pointe jusqu'au- près de la caisse , et dont Finterne arrondi sert à fer- mer Feutrée de la trompe pendant la déglutition. Dans le reste de son étendue, le canal de la trompe se compose d'un tissu fibreux , adhérant au périoste de l'apophyse ptérygoïde. ] Dans le cheval ^ le bas de la trompe cartilagineuse communique dans un grand sac membraneux , placé au côté de Farrière-bouclie , et qui , dans quelques cir- constances, se remplit de pus, et presse alors le gosier d'une manière dangereuse. D. Description particulière de la caisse des cétacés, La caisse des cétacés mérite d'être décrite à part. Elle est formée par une lame osseuse qui a l'air d'avoir été roulée sur elle-même, et on peut la comparer, pour la forme, à ces coquilles qu'on nomme hulla^ excepté que le coté épais, au lieu de contenir une ca- vité en spirale , est tout-à-fait solide. Cette partie épaisse est l'interne. Elle a plus d'épaisseur dans le cachalot. Son bord est mousse et arrondi. Le côté opposé est plus mince, et son bord est irréguiier; c'est entre deux de ses apophyses qu'est placé le tym- pan. Cette caisse adhère au rocher par son extrémité postérieure, et par une apophyse de la partie anté- rieure de son bord mince. Dans les dauphins^ Fapo- physe antérieure du tympan remonte aussi jusqu'au rocher; mais dans les cachalots elle n'y atteint point. L'extrémité antérieure de la caisse est tout ouverte , et c'est là que commence la trompe membraneuse, qui , en montant le long de l'apophyse ptérygoïde . et en perçant l'os maxillaire , aboutit à la partie supé- 526 XIII® LEÇON. OEGANE DE l'OUÏE. Heure du nez. Cette position de lorifice de la trompe et ia (grandeur de ce canal doit le rendre plus utile que le méat externe pour faire percevoir aux cétacés les sons qui ont lieu dans l'air ; nous verrons , en trai- tant de Fodorat, que, par un arran[>ement non moins singulier, c'est aussi la trompe d'Eustache qui conduit les émanations odorantes au lieu où réside ce sens. L'ouverture par laquelle cette trompe communique avec le nez est garnie d'une valvule qui ne permet point à l'eau d'y entrer lorsque l'animal l'élancé en jet par ses narines. ARTICLE V. DU TYMPAN, ET DE SON CADRE OSSEUX. Le tympan est la membrane qui ferme l'ouverture extérieure de la caisse , et qui reçoit immédiatement les vibrations de l'air, pour en transmettre l'eiïet dans l'oreille interne. 1** Substance du tympan. Les animaux sans caisse . comme les poissons , les salamandres , n'ont pas de tympan. Cette membrane manque aussi à plusieurs reptiles qui ont une caisse , et en particulier au caméléon. La peau passe sur l'ou- verture extérieure de leur oreille sans éprouver de changement dans son épaisseur, ni dans sa nature , et on ne peut s'assurer que parla dissection de l'existence de cet organe. En enlevant la peau et quelques por- tions de muscles, on trouve cependant, dans quelques ABT, V. DU TYMPAN. 527 espèces, et notamment dans Von^et^ une sorte de tym- pan membraneux. Dans la tortue , la vaste ouverture extérieure de la caisse est fermée par une plaque cartilagineuse très épaisse, recouverte elle-même par une peau écailleuse toute semblable à celle du reste de la tête. Dans les grenouilles et les crapauds , le tympan est à fleur de tête , et la peau qui le recouvre devenant plus fine le fait reconnaître par une tache ovale , plus lisse que le reste de la tête, et ordinairement d'une couleur particulière. Dans les lézards ordinaires , le tympan est aussi à fleur de tête , mais très mince, lisse, transparent, la peau devenant aussi lisse et aussi fine à cet endroit que sur la cornée de rœil. Dans le crocodile^ il est de même nature , mais plus enfoncé dans la tête, et recouvert par deux lèvres charnues qui tiennent lieu d'oreille externe. Tous les animaux à sang chaud , oiseaux et mam- mifères^ ont, ainsi que \ homme , le tympan mince, transparent , sec , élastique , plus ou moins enfoncé dans la tête , et précédé d'un canal qui Test lui-même dans une partie de ces animaux par la conque ou l'o- reille externe. Malgré sa finesse, le tympan se divise toujours en trois lames au moins : une qui lui est propre ; une in- terne, qui est la continuation de la membrane interne de la caisse , qui Test elle-même de celle de la bouche; et une externe, qui lest de la peau. 2*" Surface et direction du tympan. Le tympan de Yhomme et de tous les mammifères Ôi8 XllJ* LEÇOK. OROAÎNE DE LOUÏe. est une surface conique , dont la pointe est dirigée en dedans 5 et la concavité en dehors. Ce cône est très évasé^ et sa pointe ne répond pas au milieu de sa base. La taupe et les musaraignes font exception à cette règle , leur tympan est plan. Dans tous les oiseaux c'est le contraire des mammi- fères : sa partie saillante est dirigée en dehors. Dans les lézards^ sa pointe, moins saillante que dans les oiseaux, est aussi dirigée en dehors. Il est à peu près plan dans les s^renouilles et les tortues. Le tympan est de niveau avec la partie voisine de la tête , et par conséquent à peu près vertical dans tous les animaux qui Font à fleur de tête; mais, dans ceux qui Font enfoncé, son inclinaison , et par rapport à la tête elle-même , et par rapport au méat auditif externe, varie considérablement. Nous allons la con- sidérer ici par rapport à la tête, en supposant la tête droite et le plan du palais horizontal. Le tympan regarde obliquement en haut et de côté dans le crocodile ; obliquement en bas, en arrière et de côté dans la plupart des oiseaux ; et même d'autant plus en bas, que Foiseau entend mieux les sons faibles : ainsi la chouette Fa très oblique. 11 se rapproche da- vantage de la verticale dans Y oie et \e perroquet. Dans les mammifères, le tvmDan est aussi d'autant plus oblique au canal externe , et regarde d'autant plus vers le bas , que l'animal entend mieux. La taupe^ dont Fouie est très fine, malgré le défaut de conque, a son tympan presque parallèle à la base du crâne, et servant de plancher à la caisse. Il en est de même des musaraignes. La raison de cette disposition est sans doute que cette obliquité donne plus d'étendue au AKT. y. DU TTMPAPf. O20 tympan ; en effet, c'est une antre règle tirée de Fob- servation, que plus le tympan est grand, plus Toreille (toutes choses égales d'ailleurs) entend distinctement les sons faibles. Le tympan est presque aussi oblique que dans la taupe , dans les loutres , les belettes , le blaireau ; il est aussi très oblique dans \e pangolin. Il est presque vertical, et regarde en avant, dans Y homme ^ les singes ^ les chiens ^ les chats , les cwettes , les coatis. Il est presque vertical, et regarde directement de côté dans les Heures , les cabiais, les marmottes et la plupart des ruminants. 3° Cadre du tympan. Le tympan est attaché à un cercle osseux que l'on nomme son cadre. Ce cadre, qui termine le méat au- ditif externe du côté de la caisse, en est la porlion qui s'ossifie la première ; il est à peu près rond , et ne fait en dedans qu'une légère saillie, en avant de laquelle ^est un sillon dans \ homme. Dans un grand nombre de mammifères, il forme, en devant de la caisse, une .saillie qui représente une lame étroite, contournée en tcercle ou en ellipse, dont un des bords serait attaché à la paroi externe de la caisse, et dont Tautre serai! libre. Ce boid libre est plus ou moins aigu, et plus ou ^loios évasé , selon les espèces; il est souvent soutenu par des arêtes saillantes qui viennent de différents en- droits de la caisse se joindre perpendiculairement à la lame qui forme ce bord. JNous en avons déjà parlé plus haut. ij^ Ce cadre saillant n'est pas entièrement comuleL 11 3. 34 530 XIII* LEÇON. OBGAJNE DE l'OUÏE. lui manque presque toujours vers le haut un segment qui fait une portion plus ou moins grande de sa cir- conférence, selon les espèces. Le cochon cTlnde^ le pacii^ le phoque et le founnilier sont les seuls dans lesquels je Taie vu complet: encore dans ce dernier fait-il si peu de saillie, qu'on distingue mal où il finit. 11 lui manque presque tout son quart supérieur dans léchai, le cliien^ le lapin, le rat. f^a portion man- quante est un peu moins grande à proportion dans les ruminants et les solipèdes : Xéléphant manque de toute la moitié supérieure. La figure de ce cadre est pour l'ordinaire un ovale dont le grand axe descend obliquement en avant, et dont l'arc antérieur est moins convexe uue le posté- rieur. Cet ovale est plus oblong dans les carnassiers que dans les herbivores. Il approche de la figure cir- culaire;, et a ses côtés presque égaux dans le cochon dinde , le paca ; le lapin est après eux celui qui l'a le plus régulier. hVionime et le fourmilier l'ont presque circulaire ; il l'est absokiment dans la taupe , les scalopes et les musaraignes. Dans les cétacés ., il ny a point de cadre du tympan proprement dit; mais la caisse a trois apophyses qui en échancrent l'ouverture très irrégulièrement , et lui donnent une figure à trois lobes inégaux. [Dans les/^7zr^X7> et les indris , le cadre àxx tympafl est entièrement distinct de la caisse. C est un cercle os^ seux',' suspendu au milieu delà caisse, adhérent par ses deux extrémités seulement au bord externe d6 méat osseux, et placé dans un plan incliné de bas erf haut et de dehors en dedans. Il existe entre ce méat k&T. V. DU TYMrAit. 531 et le bord inférieur du cercle du tympan un espace assez considérable, occupé par tm bourrelet fibreux appartenant au méat auditif externe cartilagineux.] Dans le3 oiseaux , le cadre du tympan n'est pas aussi marqué que dans les quadrupèdes, et ne fait pas de saillie en dedans de la caisse. H y a des espèces , comme V effraie, où il est complet; d'autres souvent très voisines, comme le grand-duc, où il est inter- rompu à sa partie antérieure, et où la membrane s'at- tache à l'os carré de l'articulation du bec inférieur, dont une apophyse fait toujours , comme nous l'avons dit, partie de la paroi antérieure de la caisse. La fipure du cadre des oiseaux est aussi un ovale oblique, dont le grand axe descend obliquement en avant; mais elle est ordinairement plus approchante de la figure ronde que dans les q,uadrupèdes. Le grand axe se porte moins en avant dans plusieurs passereaux ; mais toutes ces différences sont peu im- portantes. Dans les reptiles , le cadre du tympan ne se marque par aucun bord saillant : c'est en arrière qu'il est inter- rompu. Son grand axe est vertical dans la tortue et les lézards ordinaires, et son arc antérieur y est plus convexe. Dans le crocodile^ c'est un ovale régulier, dont le grand axe se dirige obliquement en arrière (i). (i) M. Savart, dans sesBecherches sur les usages de lamembratie du tjm" pan et de l'oreille externe {Journal de physiologie de M. Magendie, t. IV.) est arrivé à ce résultat , que , par quelque procédé que l'air soit ébranlé, il communique à des membranes minces, comme l'est celle du tympan, le mouvement qui! a reçu, et que, quand ces membranes sont fortement tendues, il est plus difficile d'y produire des mouvements prononcés; de sorte que le n^uScle interne du marteau a pour ibuction , en tendant le tympan, de préserver l'organe de l'ouïe des impressions trop fortes. 532 XTir LEÇos. orgalNE de l'ouïk. ARTICLE VI. DES OSSELETS QUI ÉTABLISSENT UNE COMMUNICATION ENTRE LE TYMPAN ET LA FENETRE OVALE, ET DE LEUaS MUSCLES. I. Des os. Tous les animaux qui ont une vraie fenêtre vestibu- laire Font fermée par une platine osseuse, qui a la même figure qu'elle, et qui communique, soit au tym- pan, soit, lorsqu'il n'existe pas, à la peau, ou très près de la peau, par une tige, tantôt simple, et ne faisant avec la platine qu'un seul et même osselet, tantôt composée de deux ou de quatre os, de figures très variées. Nous commencerons la description de cette chaîne d'osselets, par les mammifères ^ dans lesquels elle est plus compliquée. A. Dans les mammifères. Ils ont tous quatre osselets qui portent les noms de marteau^ à'enclume ^ de lenticulaire et d^étrier. Le marteau est toujours formé d'un manche allongé, mince et pointu, qui adhère à la membrane du tym- pan, selon une ligne qui va de son boid supérieur au sommet du cône que cette membrane forme , et d'une tête qui fait angie avec le manche, et se porte obli- quement en dedans de la caisse en se dirigeant un peu en haut et en arrière. \!enclume s'articule avec la tête du marteau par une facette articulaire. Sa partie opposée se divise en deux pointes, dont Tune se porte directement en ar- A ET. Vi. DES OSSELETS. 533 rière, et dont laiitre descend presque paralleiement au manche du marteau, mais en se portant un peu plus en arrière et en dedans. L'extrémité de cette seconde apophyse s'articule avec l'osselet lenticulaire ^ le plus petit des os du corps des mammifères, et par lui avec Yétrier. Celui-ci prend son nom de sa figure, qui est celle d'un étrier à monter à cheval ; il fait un angle presque droit avec la branche de l'enclume qui le supporte, et se portant directement en dedans, va appliquer la plaque ovale qui le termine sur la fenêtre ovale. Chacun de ces os varie en grandeur, en figure et en position dans les différentes espèces. Nous allons examiner quelques unes de ces variations. \^ Le marteau. Dans ïhomtne^ le manche du marteau est légèrement comprimé, un peu arqué, de manière que sa pointe se dirige obliquement en avant. La tête est un peu plus longue, et fait avec lui un angle de 120 degrés; elle se termine par une masse ovale, arrondie au bout, dont la face postérieure présente à l'enclume une fa- ceîte articulaire composée de quatre petits plans. Sur l'angle que fait la tête avec le manche est une pointe dirigée en haut. On la nomme ïapophyse courte du marteau. Le col , ou la partie un peu étranglée de la tête a une petite apophyse en avant qui se prolonge comme im stylet, et qu'on nomme \ apophyse grêle du marteau^ et une petite lame saillante et oblique en ar- rière et en dessus. Celui de \ orang-outang ne diffère de celui de l'homme que parce que la masse qui termine la tète est un peu plus pointue. 534 XIIl* LEÇON. ORGANE DE l'oUÏE. Dans les sapajous ^ la tête est de moitié plus courte que le manche. La facette articulaire occupe toute sa partie postérieure. L'apophyse grêle s'élargit en une lame qui occupe tout le bord antérieur. L'apophyse courte est effacée. Elle se retrouve bien marquée dans les singes de l'ancien continent, mais la tête y est aussi en ligne droite avec le manche et fait une saillie en avant ; elle ne se distingue du manche dans Valouatle que par sa grosseur subite. Dans les chiens et les chats ^\e manche est en longue pyramide à trois faces, dont la plus étroite adhère au tympan. La tête fait un angle aussi fort que dans rhomme. Son col est mince , et se tourne en avant ; mais l'apophyse grêle ou antérieure, qui est fort lon- gue , s'élargit en une lame mince qui remplit l'angle que la tête fait en avant avec le manche. La courte est très saillante; et il y a à la face interne du col une troisième apophyse qui remplace la petite arête de rhomme. Les autres carnassiers n'offrent de différence que dans la longueur des apophyses. L'antérieure , par exemple, est plus longue et plus étroite dans le Z'/a/- reau ; plus courte et plus large dans la loutre. Elle est très large dans la taupe., et donne a son mar- teau une figure presque rhomboidale. [Dans les kanguroos ., le manche du marteau est court et semble faire partie du cercle du tympan, en sorte qu'il n'adhère à la membrane que par la circon- férence de celie-ci.] Dans les rongeurs . le manche est comprimé comme une lame de couteau, et adhère au tympan par un de ses tranchants ; le col de la tête fait avec lui un ART. VI. DES OSSELETS. 535 an^le fort ouvert sur lequel est Tapopliyse courte , comme à l'ordinaire. La tête, après avoir reçu l'en- clume par sa face postérieure, porte sa masse àl'op- posite, c'est-à-dire en avant. Cette masse est ovale dans le cabiai et le cochon dlnde^ pointue dans le lapin et le rat. Le manche àw paresseux est comme dans les rongeurs. La tête ressemble à celle du mar- teau de l'homme. Le fourmilier ne diffère du pares- seux que parce que le col est plus mince, et \e pan- golin^ que parce qu'il y est très court. Dans tous ces animaux , à compter des rongeurs, la petite apophyse interne'ou postérieure du col est pres- que nulle. Elle se retrouve bien marquée dans le co- chon et les ruminants , dont l'osselet ressemble beau- coup à celui des carnassiers. [Dans Xéléphant.^ elle est peu marquée, et le manche est un cône presque cylin- drique. Dans le cheval^ le manche est très comprimé et les apophyses très courtes.] Le phoque a le manche comprimé; le col court, sans presque d'apophyse antérieure ; la tête légère- ment aplatie , et circulaire d'avant en arrière. Dans le dauphin^ il n'y a point de manche ; mais le tympan a la forme d'un entonnoir allongé, et sa pointe vient se fixer au bas du col, qui est comme tronqué obliquement. L'apophyse antérieure est longue et arquée. Les facettes pour l'articulation de l'enclume sont dirigées aion tout-à-fait en arrière , mais un peu en dessus , à cause de la position du labyrinthe en des- sus de la caisse. Le marteau de la haleine est tout sem- blable, mais du double plus grand. 536 XIII* LEÇON. OilGASE DE L OtÏB. 12** L'enclume Présente beaucoup moins de différences que le marteau. Dans tous les mammifères, ces deux os s'ar- ticulent ensemble par un ginî]lyme très serré, com- posé au moins de deux faces , et le plus souvent de quatre ; de manière que chaque os a une convexité croisée par une concavité : la principale différence des enclumes des diverses espèces consiste dans la lon- gueur et la grosseur respectives de leurs deux apo- physes. Dans \ homme ^ la supérieure, attachée à los de la caisse par un ligament, est plus grosse et plus courte que l'inférieure , qui s'articule avec letrier par le moyen de l'os lenticulaire; celle-ci est arquée, de manière que sa convexité regarde en dehors. Elles font en- semble un angle presque droit. C'est la même chose dans V orang-outang. Dans les autres singes de l'ancien continent, l'apo- physe vSupérieure devient plus grêle. Elle égale pres- que l'autre en longueur dans \e^ sapajous. En général, dans les singes ^Xsi rainure articulaire devient plus pro- fonde. Les deux apophyses sont grêles et presque égales dans le chaL ; le chien les a comme l'homme. Les belettes , les loutres ,\esphor/ues .^ ont la supérieure fort courte. L'enclume de la taupe est singulière. Son apo- physe inférieure ou sîapédienne est très courte et menue; l'autre est très grande, oblongiie, et creusée en arrière comme une cuiller. îl serait possible qu'elle logeât un muscle. ARÏ. YI. DES OSSELETS. 537 Les lièvres , les rats ont Fapophyse stapédienne très longue, et l'autre presque nulle. Elles se rapprochent plus de régalité dans les cabiaîs, [Dans les kan- guroos^ l'apophyse stapédienne a deux fois la longueur de l'autre.] Elles sont presque é|jales, et font un angle obtus dans \g paresseux ^ V éléphant , le cheval et le bœuj. C'est la supérieure qui est la plus grêle dans le mouton. Elles se dirigent toutes deux vers le haut dans le dauphin, S** L osselet lenticulaire ., Malgré sa petitesse, présente aussi des différences; mais elles sont trop minutieuses pour que nous nous v arrêtions. 4'' \^étrier Diffère par l'écartement et la courbure de ses bran- ches, par la grandeur du vide qui est entre elles, et par la forme de sa platine. Dans V homme s par exemple, les branches sont ar- quées, et la platine demi-ovale. Chez les singes de l'an- cien continent, il diffère très peu de celui de l'homme. Dans les sapajous ^ les branches sont presque droites, et la platine en ellipse étroite. Aucun animal n'a les branches plus arquées et plus écartées à proportion que la taupe ^ dont la platine est une ellipse très allon- gée et très étroite. Dans tous les animaux, la branche postérieure est plus grosse que l'antérieure. Dans les cétacés^ il y a, au lieu de deux branches, un corps solide, conique, comprimé, et percé seulement d un 538 XIII* LEÇON. OBGANE DE L OUÏE. très petit trou. Cette partie de l'étrier représente dans le lammitln un cylindre qui aurait été tordu; d'un côté, est une rainure oblique , et le trou a l'air d'une piqûre d'épingle. [Dans les kanguroos ç^i\ç,^paresseux^\çXx'\eVy d'une grande petitesse, n'est également percé que d'un très petit trou. Dans \g phoque il est entièrement solide. Dans le cheval ^ la platine n'est pas d'une figure régu- lière. L'étrier diffère encore par l'épaisseur de la platine et l'état de sa face vestibulaire; dans quelques animaux, le lion^ \ éléphant^ le lamantin^ elle est convexe , et fait par conséquent saillie au-dedans du vestibule; dans quelques autres, les phoques^ les dauphins , les baleines^ elle est au contraire concave, en sorte que c'est alors le vestibule qui fait saillie en dedans de la caisse. ] B. Dajis les oiseaux. Les oiseaux n'ont qu'un seul osselet, composé de deux branches qui font un coude. La première est attachée au tympan même, depuis son bord postérieur inférieur jusqu'au sommet du cône saillant qu'il forme vers le dehors : ainsi sa direction est presque contraire à celle du manche du marteau , dont cette branche tient cependant la place. A l'endroit où elle se joint à la seconde partie, sont deux petites apophyses cartila- gineuses, dont la postérieure se joint encore par son extrémité libre à une troisième branche qui va regagner la première partie de l'os , et forme avec elle un triangle presque rectangle, dont les trois côtés sont attachés au tympan. L'autre partie de l'osselet, après avoir fait un angle aigu avec cette première branche , ART. VI. DES OSSELKTS. 539 s'enfonce directement dans la caisse, sous forme d'une tif^e grêle, et, après s être unpeu évasée et quelquefois divisée en deux ou en quelques petits filets osseux , elle se termine par une platine ovale ou triangulaire , qui ferme la fenêtre vestibulaire, comme le fait Fétrier dans les mammifères. Il n'y a de différence d'un oiseau à l'autre que pour la grandeur de cet osselet, et pour la figure de sa platine; les petites branches adhérentes au tympan varient aussi par leurs inclinaisons et leurs grandeurs respectives , mais d une manière trop peu importaiîte pour que nous la notions i^i). G. Dans' les reptiles. La grenouille et le crapaud ont deux osselets à leur oreille ; l'un tient lieu du marteau et de Fenclume, Il est attaché au tympan par une branche mince, avec laquelle la partie qui pénètre dans la caisse fait un an- gle aigu ; cette partie est en forme de massue ; son ex- trémité interne est la plus grosse , et s'articule par une double facette au second osselet, qui remplace Tétrier, et qui a la forme d'un demi-ellipsoïde, appliqué à la fenêtre ovale par sa tête. De ces deux osselets, le pre- mier n'est que cartilagineux (2). Les lézards et les tortues ont plus de rapport avec les oiseaux, par leur osselet simple, à tige mince, dure , à platine ovale ou triangulaire ; il s'attache au (i) C'est dans ces branches cartilagineuses que plusieurs anatoniistes ont cru reconnaître presque toutes les parties des osselets des mammi- fères , mais en avouant cependant que les analogies sont quelquefois forcées. (2) Quelques auteurs pensent qu'il y a deux os cartilagineux. 540 XIU* LEÇON. ORGAî^E DE l'OUJE. tympan dans les lézarcU , et surtout dans le crocodile^ par une branche cartilagineuse ; mais dans la tortue^ il s'implante directement par son' extrémité extérieure dans la masse cartilagineuse que forme le tympan lui- même. La platine du crocodile est en ellipse allongée. Son grand axe est longitudinal. Dans la tortue , l'os s'élargit comme une trompette ; il s'applique à la fenêtre par une face concave, régu- lièrement ovale. Les serpents ont un osselet sans tympan ; son extré- mité extérieure touche à Fosqui supporte la mâchoire inférieure; il est entouré par les chairs, et va s'appli- quer à la fenêtre par une platine concave dont les bords sont ii'réguliers. La platine du ccunéléon ressemble aussi au pavillon d'une trompette; sa tige se pervd dans les chairs en de- venant cartilagineuse. Les salamandres n'ont sur leur fenêtre ovale qu'un petit couvercle cartilagineux , sans tige, et caché par les chairs. [Il en est de même de \ axolotl et an protée. Mais dans d'autres genres voisins, dans les amphiuma^ par exemple , le couvercle est osseux, et il est pourvu dans son milieu d'un manche très court, ou plutôt d'un petit tubercule. Dans les grenoidlles et les crapauds, \q. manche de Téti-ier est plus long (i).] (i) [A la partie postérieure et inférieure du sac de l'oreille de l'esfur^eojï, M. lirescliet [puv. cit.) a trouvé une petite concre'tion osseuse, tenant d'une part à la paroi caitiliigineuse interne du ciàne, et ue l'autre au sac, et il l'a considérée comme un rudiment de Télrier; pour nous, nous n'avons trouvé à cet endroit qu'une bride ligamenteuse qui retient le sac , et nous sommes portés à penser que c'est par accident que cette bride ART. Vi. DES OSSKLETiS. Ôil II. Les muscles. L'homme et les mammifères ont quatre muscles à leurs osselets : trois au marteau et un à Fétrier. L'enclume n'en a aucun. Elle est attachée par sa tête à la face postérieure de celle du marteau , et par l'ex- trémité de son apophyse supérieure à l'os des tempes dans le fond de la caisse en haut et en arrière. Elle participe à tous les mouvements du marteau, qui lui font faire une bascule sur sa jambe fixe. Ceux du marteau sont : 1 . \i interne , qui vient de la partie cartilaf^ineuse de la trompe , marche dans un demi-canal pratiqué dans le rocher sur la partie osseuse de la trompe; peu après son entrée dans la caisse, il rencontre une éminence située e:: avant de la fenêtre ovale, et nommée bec-de- cuiller. 11 contourne son tendon sur une traverse de cette éminence^ et le dirigeant en dehors, l'insère au manche du marteau, à sa face interne, et sous son apophyse {^rêîe. 11 tire le marteau entier en dedans, et tend la membrane du tympan; et par le mouvement que le marteau communique à l'enclume, la jambe supérieure de celle-ci restant fixée, l'autre doit décrire un arc de dehors en dedans, et pousser l'étrier dans la fenêtre ovale. 2. \J externe marche parallèlement au précédent, mais plus en dehors. [Il naît de la grande aile du était ossifiée Jans l'incUvidu préparé par M. Breschet. Au surplus, en sup- posant même que cet osselet fût constant, on ne pourrait pas le regarder comme un étrier, puisqu'un élrier est un os extérieur au crâne et non un os intérieur.] 542 XIII* LEÇOJX. OHGANE DE l'OUIE. sphénoïde ; son tendon passe dans la scissure de Gîa- ser] el s'insèrç à l'apophyse grêle du marteau, qui est elle-aiéine logée dans un petit canal pratiqué au-des- sus du bord supérieur du cadre du tympan. Ce muscle est si faible qu'on a peine à s'assurer de sa vraie na- ture. Il doit tirer le marteau en avant^ tendre la moitié postérieure du tympan, et donner à l'enclume un mou- vement de bascule qui abaisse un peu sa tête, porte l'extrémité de son apophyse inférieure en arrière, et ébranle l'étrier sur la fenêtre ovale. 3. Le laxateur vient de la voûte du méat externe , près le tympan , passe par l'échancrure du cadre de celui-ci , et s'insère à la petite saillie oblique du col du marleait. 11 doit tirer cet os en dehors, et par consé- quent relâcher le tympan; et par suite du mouvement communiqué à renclume , il doit retirer un peu l'étrier de la fenêtre ovale (i). ^ Le muscle de Vétiier est placé dans un creux d'une éminence située en arrière de la fenêtre ovale près du bord postérieur de la caisse, et qu'on a nommée émi- nence pyramidale ; son tendon en sort pour se por- ter directement à la branche postérieure de l'étrier, qu'il tire en arrière , en soulevant un peu sa partie antérieure. îSous n'avons pas suivi ces muscles dans beaucoup de mammifères; mais nous en avons vu la plupart, et surtout celui de l'étrier et l'interne du marteau, dans plusieurs espèces où ils ont présenté peu de variétés. Il nous a paru que le dauphin n'avait point de mus- cle du marteau ; mais il en a bien certainement un (i) M. de Blainville [Principes d an atomie comparée, in-8°, 1822. Paris.) n'admet que deux muscles du marteau, el M. Breschet qu'un seul. t^Pr ART. VI, DES OSSELETS. 543 pour l'étrier, uui s'attache très haut , et non au miHeu d'une des branches, comme dans l'homme. La pression de l'étrier sur la fenêtre ovale doit avoir un double effet : le premier, d'ébranler tout l'intérieur du labyrinthe; le second, de comprimer la substance gélatineuse qui le remplit , et de la faire se reporter par le limaçon sur la membrane de la fenêtre ronde , qui doit se trouver parla beaucoup plus tendue. C'est surtout ce second effet que doit produire sa pression lorsqu'elle est fixe, et causée par faction des muscles; c'est sans doute lorsque nous voulons écouter avec beaucoup d'attention que nous les contractons. Quant au simple ébranlement , ou à la simple se- cousse , elle peut aussi résulter de Fébranlement occa- sionné au tympan par les vibrations de l'air. C'est pro- bablement une des causes immédiates de l'ouïe. Les animaux qui n'ont point de muscles à leurs osselets n'en reçoivent que cette première espèce de pression. Il serait intéressant de rechercher s'ils sont maîtres d'écouter avec plus ou moins d'attention. î.es oiseaux ont un petit muscle situé en arrière de l'oreille sur l'occiput; il pénètre dans la caisse par un trou, et va s'insérer à l'hypothénuse du petit triangle rectangle que formentsur le tympan trois des branches dei'osselet. L'effet de ce muscle est de tendrele'tympan en faisant sailHr davantage en dekors la pointe du cône que cette membrane forme. Deux filets, qui paraissent tendi- neux , s'opposent à ce que ce mouvement ne devienne trop fort. Un d'eux, qui est très long , s'attache à l'a- pophyse antérieure du cartilage attacLîé au tympan, et va se fixer dans la cellule située . au-dessus de la trompe d'Eus tache. 5^ 'autre monte et se fixe sur le 544 XIII* LEÇON. okctAine de l ouïe. pilier qui sépare i'entrée de cette cellule de celle qui est située au-dessus du labyrinthe (1). Nous ue connaissons pas suffisamment les muscles des osselets des l'eptiles, et les descriptions de Gom- paretti ne nous ont point paru assez claires pour pou^ voir suppléer à nos propres observations. Il nous paraît que \es serpents ^\e% caméléons et les salamandres en sont entièrement privés, et qu'ils sont au moins très peu visibles dans les tortues. ARTICLE VIL DU MÉAT AUDITIF EXTERNE, DE LA CONQUE DE l'oreille et DE SES MUSCLES. Les reptiles n'ont aucun méat auditif exferne : le CTVCodile Q9,t Je seul qui en ait quelque apparence, parce que la peau forme au-dessus de son tympan une espèce de lèvre ou de couvercle qui le cache entière- ment, à moins d'être soulevé. C'est là sans doute ce quHéiodote regardait comme l'oreille externe du crocodile , à laquelle il dit que les Egyptiens attachaient des pendants. Le méat externe des oiseaux est très court; il n'a ordinairement pour orifice qu'un simple trou à fleur de tête, entouré de plumes d'une structure particulière. Elles sont fines, élastiques; leurs barbes sont simples , minces, élastiques, écartées les unes des autres, et (1) Selon MM. de BlainviMc et Breschet, la partie cnrtilajrineuse à laquelle s'insère ce muscle représente le marteau, et l'on trouve à cet os un second muscle à l'état rudimentaire, t ART. VII. DU MEAT AUDITIF EXTERNE. 545 laissant passer Tair entre elles. Ces plumes sont cou- chées avec beaucoup de régularité sur le trou qu'elles recouvrent. 11 y a des oiseaux dans lesquels elles s'al- longent et prennent diverses formes : tels sont You- tarde , \ oiseau-mouche y nommé huppe-col ; \ oiseau de paradis ^ nommé si fil et ^ etc. Dans les hibous et les chouettes , Forifice extérieur de l'oreille est placé au fond d'une grande cavité , creusée autour de chaque côté de la tête, revêtue en dedans d'une peau nue, dont les replis forment des cloisons qui la divisent presque comme la conque de l'homme, à laquelle cette cavité ressemblerait, si elle était libre et saillante au-dehors. Les plumes effilées qui la recouvrent forment les cercles qui donnent à la physionomie de ces oiseaux son caractère singulier. \J effraye a au bord antérieur de cette cavité un opercule membraneux de forme carrée. [Une peau plissée, ou une sorte d'opercule sem- blable, qui , en s'abaissant peut fermer plus ou moins complètement le méat externe, existe aussi, mais à un degré moindre, dans les grands échassiers et dans les, grands palmipèdes.] Nous allons à présent examiner Foreille externe dans l'homme et les mammifères. 1* Le méat externe osseux. Le méat auditif externe est osseux dans sa partie in- férieure, ou celle qui est la plus voisine du tympan; sur cette partie osseuse s'attache, par des membranes )U des ligaments, la partie tubuleuse du cartilage de l'oreille externe , qui ne fait quelquefois qu'une seule 3, 35 546 XÎII* LEÇOÎM. ORGAIV'Ë DE LOUIE. jiièce avec la conqae , niais qui en est aussi quelque- fois séparée. Les cétacés sont les seuls mammifères qui n'aient point de méat osseux ; leur méat externe est un canal cartilajjineux , très mince , qui commence à la surface de la peau (où il admettrait à peine une épingle dans le dcuiphiii)^ et qui s'enfonce en serpentant dans le lard qui est sous la peau , pour pénétrer jusqu'au tympan. Dans tous les autres genres, il y a un canal osseux plus ou moins long, du moins lorsqu'ils sont adultes; car ce canal est plus longtemps à s'ossifier que la plu- part des autres os de l'oreille. Le cadre du tympan seul est ossifié dès la première enfance, et conserve sa grandeur pendant que le reste de l'os temporal prend de 1 accroissement. Le méat externe osseux de rAo772^72e est court, droit, et se porte presque horizontalement en dedans et un peu en avant; sa coupe est un ovale dont le grand axe descend d'avant en arrière ; son diamètre reste à peu près le même dans toute sa longueur. U est un peu plus iong et plus étroit à proportion , dans les singes de l'ancien continent, il y descend un peu , mais il s'y porte moins en avant que dans 1 homme. Il est très court, très grand et circulaire dans les singes du nouveau continent et les chaiwes-souiis . Dans les carnassiers , en général , il se dirige, comme dans rfiomme , à peu près horizontalement ; il va droit en dedans, sans se diriger en avant ni en arrière, dans les chiens , les chats , le blaireau. Il se dirige un peu en a^nt dans le coati. Il se dirige en arrière dans la . loutre , le putois ,* et , en général , dans le genre mustela. ART. VII. DU MÉAT AUDITIî" EXTERNE. 547 [Dans le midaus y il est évasé, et représente en petit une conque.] La taupe a un canal externe fort singulier; en res- tant très plat dans le sens vertical, il va en s élargissant dans le sens horizontal , et le grand tympan circulaire lui sert de plafond, comme il sert de plancher à la caisse. Ce canal se dirige fortement en bas dans certains rongeurs , surtout dans les lièi^res , les gerboises , Xhéla- mys ^ le chinchilla; il se porte aussi en avant dans ces genres et dans la marniolte; il va directement en dedans et en bas dans le castor^ et il se porte en arrière dans le porc-épic. Les cabiais, les agoutis et les tatousXont court, se portant droit en dedans. Sous son bord inférieur est un trou qui pénètre dans la caisse , et qui, dans quel- ques espèces , s'unit avec le méat même par une fente. Vlaye-aije^ les écureuils^ \es paresseux ^ les pango- lins^ les fourmiliers ont le méat externe très court, large et circulaire. [Il est énorme dans le chinchilla ^ et forme comme une seconde caisse au-dessus de la véri- table. ] Il est grand, long , et se dirige très peu en bas et en arrière dans Y éléphant. Il descend de 45 degrés dans le rhinocéros et dans \ hippopotame , sans se diriger ni en avant ni en arrière. Dans le babiroussa ^ son incli- naison est la même; mais il se porte un peu en avant. Dans le cochon ordinaire , il va encore plus en descen- dant, et se porte aussi en avant. Tous ces animaux l'ont très long et très étroit. Il est plus court dans le che{>al; il y descend un peu moins rapidement, et il s'y porte un peu en arrière. 548 XIII* LEÇOM. OBGANE DE l'oUÏE. Enfin, dans \e^ ruminants ^ il va directement en de- dans, mais en remontant un peu. s'' Le méat externe cartilagineux et la conque. Les cétacés exceptés, il y a très peu de mammifères qui n'aient point à l'oiifice du méat auditif externe cette espèce d'évasement ou de pavillon cartilagineux que Ton a nommé conque. Ceux qui en sont privés sont, parmi les carnassiers, la taupe et quelques musaraignes ; parmi les rongeurs, le zemni et quelques rats-taupes ; parmi les édentés, les /?rz;i«6>///2^; parmi les amphibies, le /72('>>/j'e et plu- sieurs espèces à^ phoques , ^ [fiC méat et la conque sont destinés à faciliter l'au- dition , non seulement en rassemblant sur le tympan les vibrations de l'air qu'ils recueillent, mais aussi en transmettant à cette membrane leurs propres vibra- tions (i).] Dans les animaux qui sont pourvus d'une conque ou d'une oreille externe, elle varie à l'infini par sa gran- deur, sa direction , sa figure, ses éminences intérieures, la composition de son tube, et enfin par ses muscles. a. La grandeur. Les animaux qui se font remarquer par la grandeur de l'oreille sont presque tous timides ou nocturnes , et par conséquent ont besoin de bien entendre : les ruminants faibles, gazelles .^ cerfs ^ ïâ?ie, les lièç^res et quelques petits rongeurs, et surtout les chauves -souris. Il y ea a beaucoup , parmi ces dernières qui ont Fo- (i) Voy. Savart. Mévi, cit. ART. VII. DU MÉAT AUDITIF EXTERNE. 549 reille plus grande que toute la tête , et une espèce , Vo- reiiiard^ qui Fa presque aussi grande que le corps. [Quelques espèces de carnassiers voisines du renard, le megalotis et \e fennec ^ sont remarquables aussi par la grandeur de leurs oreilles.] \J éléphant d'Afrique est aussi remarquable par son énorme oreille , plate , ouverte, serrée contre le corps, et par conséquent peu propre à remplir les fonctions de cornet acoustique. \] éléphant des //i<^d.y Ta sembla- ble, mais beaucoup plus petite. [Parmi les quadrumanes, \ orang-outang se fait re- marquer par la petitesse de son oreille ; dans le chim- panzé , au contraire , elle est plus grande que dans aucun autre singe. ] b. La direction. Les naturalistes ont remarqué que l'ouverture de la conque se dirige plus souvent en avant dans les animaux qui chassent, et en arrière dans ceux qui fuient. Mais ce mouvement tient à leur besoin du moment, et non à une disposition anatomique; car tous les animaux qui ont des oreilles un peu longues peuvent les diriger à volonté, excepté celles des es- pèces de chau<^ es souris dont les deux grandes oreilles sont réunies par leur bord interne, et par conséquent très peu mobiles , telles que les molosses , les mégader- mes , les rhinopomes et les oreillards. Les oreilles, dont la partie supérieure de la conque est pendante, sont un signe d'esclavage: les chiens ^ les moutons ^ les chèvres .^ les cochons ., en ont de telles dans quelques unes de leurs variétés domestiques. \Jé- léphant a l'oreille pendante , mais par la partie posté- rieure et inférieure de la conque , et non à la manière des précédents. 550 Xni« LEÇON. OBGANE DE l'OUÏE. c. La figure. La conque de loreille de l'homme a pour contour mi demi-ovale, dont la partie inférieure, plus étroite, se termine par un lobule rempli de graisse. Le bord antérieur est adhérent au reste de la peau, et presque rectiligne, sauf les éminences dont nous parlerons; le supérieur et le postérieur sont libres et saillants. Dans les quadrumanes, le lobule diminue, la partie libre devient plus considérable , et elle demeure en- core ronde dans les orangs^ les gibbons , quelques gue- nons , telles que la mojie ^ le malbrouck ^ Vasccigne^ les atèles et les sapajous; dans d'autres guenons .^ et dans les nuicaques et\es> cynocéphales^ la conque devient un peu pointue vers le haut. Dans les sagouins^ elle est même échancrée en arrière par une sinuosité. Dans les autres genres , Foreille varie en figure , sans rapport direct avec les ordres auxquels ils appartiennent. Elle est en général d'autant plus elliptique qu'elle est plus grande. Les petites variations de ses contours étant entièrement extérieures sont du ressort de l'histoire naturelle ordinaire ; il suffit de renvoyer nos lecteurs aux gravures qui représentent les quadrupèdes. d. Les étninences . Les éminences de l'oreille hu- maine sont , i'' ce repli de son bord supérieur et pos- térieur, nommé Vhélix: il rentre en dedans au bas de sa partie antérieure, et se termine au-dessus et en arrière du trou auditif; i" cette saillie aiguë, presque parallèle à l'hélix , en arrière , qui traverse ensuite l'o- reille obliquement, et qu'on nomme Yanthélix ; 3°ré- minence située au-devant du trou auditif et nommée tragus; 4*" celle qui est située derrière, et qui termine l'anthélix par en bas, et qu'on nomsne antitragus. ART. Vil. DU MÉAT AUDITIF EXTERNE. 55 1 Le repli qui forme Vhélix diminue à-àrï^\es> singes , et disparaît presque complètement dans le plus grand nombre des autres animaux : presque tous ont les bords supérieurs et postérieurs de Toreille tranchants. IAza/- thélix s'aplanit, ou est remplacé par une éminence transverse située très profondément. Le tragus^ qui se voit encore dans le chien ^ se réduit dans les liè^^res ^ les chevaux^ etc., à une légère avance du bord supérieur de la conque sur l'inférieur. C'est surtout dans les chauves -souris que le tragus est développé et qu'il prend des formes singulières. h'oreilhird Fa si grand, qu'on a supposé à cet ani mal une conque double ; il est fourchu dans le Fesp, spcisma; dentelé dans le V, leporinus et dans le F\ crenatus ; ovale, arrondi, pointu, etc., dans d'autres espèces. Il peut servir à empêcher l'irruption trop vio- lente de l'air dans l'oreille lorsque l'animal vole. L'an- titragus des chauves-souris est généralement arrondi ; il se prolonge quelquefois en avant par-delà le tragus, jusqu'au coin de la bouche : cela est ainsi dans le y. niolossus. Dans quelques musaraignes ^ c'est Tarititragus qui sert d'opercule à l'oreille ; il la ferme très exactement dans la musaraigne acjuaticjue de Daubenton ainsi que dans plusieurs clauves-souris. [En même temps que quelques unes des éminences internes s'effacent dans certains animaux, ou prennent dans d'autres un plus grand développement, \di fosse naviculaire située entre la branche inférieure de l'an- thélix et la racine transverse delhélix , et \h fosse inno- minée ou ovale située entre les deux branches supé- rieures de l'anthélix , augmentent de profondeur; l'échancrure comprise entre le tragus et Tantitragus 552 XIII* LEÇON. OEG.iNE DE l'OUÏE. s'allonge, ou se raccourcit; et toutes ces parties très séparées chez Thomme, les quadrumanes, et un cer- tain nombre de carnassiers et de rondeurs, se rappro- b^"""^? ippj client et s'enfoncent au fond de la conque chez ceux dont les oreilles sont longues , en sorte qu'il est très dif- ficile de les apercevoir; mais on y reconnaît encore les divisions principales de l'oreille humaine, plus ou moins développées ou réunies entre elles. ] e. La composition. L'oreille externe de l'homme n'est faite que d'une pièce ; le pavillon devient tubu- leux, et se continue ainsi jusqu'au méat osseux auquel il se soude; seulement on remarque une fente ou inci- sion irrégulière [située entre l'antitragus et la termi- naison de 1 hélix. Le lobule n'étant formé que de peau et de tissu graisseux , le cartilage d'une oreille humaine ressemble beaucoup à l'oreille d'un singe.] Dans les animaux dont les oreilles sont un peu lon- gues et très mobiles, le tube de l'oreille est partagé en deux parties, dont l'une tient à la conque, l'autre forme un cartilage particulier et tubuleux qui s'attache au méat osseux par un ligament, et qui a, ainsi que la portion qui tient à la conque, une fente longitudinale. Il résulte de cette division que le tube peut se raccour- cir et s'allonger, comme se dilater et se rétrécir. Ces aniuiaux ont de plus un troisième cartilage, aplati, posé au-dessus de la partie tubiforme, ne fai- sant point partie de la concavité de l'oreille, mais servant seulement de point d'appui à plusieurs muscles. Ce cartilage est triangulaire dans le cheval; en crois- sant dans le mouton; pointu en arrière , et bilobé en avant dans le lapin ^ et rhomboïdaldansle c/z/e/z : nous le nommerons Xécusson^ ART. YII. DU MÉAT AUDITIF EXTER?*E. 553 3" Les muscles. Les muscles de roreilie externe dépendent , pour leur nombre, de sa grandeur et de sa mobilité; pour leurs figures et proportions, de sa position, laquelle dépend à son tour de celle de lorifice extérieur du méat osseux. Cet orifice est toujours situé près et derrière Tar- ticulation de la mâchoire inférieure : ainsi il est d'au- tant plus en arrière et plus voisin de l'occiput, que les mâchoires sont plus longues à proportion du crâne; el il est d'autant plus élevé, par rapport à Tensemble de la tête, que les branches montantes de la mâchoire inférieure sont plus hautes et le crâne plus plat. Ainsi, àpartir de l'homme, il se porte toujours plus en haut et en arrière, et les deux oreilles se rapprochent d'autant plus que l'on descend davantage jusqu'aux solipèdes , qui sont le dernier terme du rapprochement. A. Dans Vhomme. Les muscles qui agissent sur l'oreille de Thomme se réduisent à trois qui viennent de diverses parties de la tête, et à cinq qui vont d'un point de la conque à un autre. [Les uns désignés sous le nom collectif de mus- cles extrinsèques , et les autres sous celui de muscles intrinsèques. ] Les trois premiers sont : i° \ auriculaire supérieur ou temporo-auriculaire , mince, rayonnant^ recou- vrant une partie de la tempe, et s'attachant â la partie supérieure de la convexité de la conque; 2° \ auricu- laire antérieur ou zygomato-auriculaij^e , peu distinct du précédent, petit, venant de l'arcade zygomatique. 554 XIII* LEÇON. ORGANE DE l'oUÏE. et aboutissant à la partie antérieure de la convexité de la conque; 3° V auriculaire postérieur ou le inasto'ido- auriculaire^ petit, divisé ordinairement en trois lan- guettes venant de l'apophyse mastoïde , et s'insérant derrière la conque. Les cinq muscles de la conque sont : i° \e grand hé- licien: il naît au-dessus du tragus , et se perd sur le contour antérieur de l'hélix; q° le petit liélicien : il s'é- tend sur la partie inférieure de l'hélix, qui traverse la conque ; 3** le tragien : ses fibres s'étendent transver- salement sur le tragus ; 4° \antitragien naît sur l'antitragus, et se perd sur le contour intérieur de l'anthélix; 5° \ anthélicien , ou transversal de l'oreille: il traverse le repli creux qui correspond sur la face dorsale de l'oreille , à la saillie que l'anthélix fait sur sa face concave. Ces muscles n'ont aucun usage sensible sur la plu- part des hommes ; on en a vu cependant quelques uns mouvoir plus ou moins l'oreille. B. Dans les mammifères. Les muscles de l'oreille des mammifères sont géné- ralement très nombreux. On peut les diviser en quatre classes : i° ceux qui viennent de quelque partie de la tète s'insérer à Técusson; 2° ceux qui, venant de la tê'te, s'insèrent à la conque ou à son tube; 3° ceux qui réunissent Técusson et la conque; enfin, 4° ceux qui vont d'une partie de la conque à une autre. Leur usage est de tirer Toreille dans toutes sortes de directions , ou de la faire tourner sur son axe , et cela de manière que sa surface supérieure tourne en avant ou en ar- rière , et l'inférieure dans les sens opposés. Nous allons ART VIT. DU MÉAT AUDITIF EXTERNE. 565 examiner ces mwscles dans le chenal ^ le mouton^ le lapin ^ et le chien. a. Muscles qui vont de la tête à l'écasson. 1° Le vertico-scutien vient de la ligne moyenne de tout le sommet dé la tête dans le chien., et dn bord supérieur de la fosse temporale dans le cheval^ et s'in- sère au bord supérieur de l'écusson. 11 se réduit, dans le mouton., à une bande qui vient de dessus et de der- rière l'orbite, et, dans le lièvre., à une encore plus étroite de la crête occipitale seulement : c'est le com- mun de Lafosse , le j ronto-auriculaire de Girard. Il relève les deux oreilles en rapprochant leurs convexités Tune de l'autre. 2° Ije jugo-scutien vient, dans le cheval, de l'arcade zygomatique,et en arrièremonte s'insérer au bord anté- rieur de l'écusson. Dans le chien, \\ vient delà peau des joues, et se dilate beaucoup vers le haut, pour s'attacher, non seulement à Técusson , mais encore au bord anté- rieur du précédent ; il manque au lièvre et au mou- ton : il tire l'oreille en avant et un peu en haut. 3° Le cervico-scutien vient du ligament cervical, et s'attache au bord postérieur de l'écusson ; il est propre au chien et au lapin: il rapproche les deux oreilles en arrière. b. Muscles qui vont de la tête à la conque de Va- reille, ou à son tube. If Le vertici-aurien vient du sommet de la tête , passe sous le vertico-scutien , et s'épanouit sur la con- que vers son bord antérieur ; il est propre au cheval et au mouton : il rapproche puissamment les deux con- ques en les redressant. 556 XIII» LEÇON. OEGANE DE l'OUÏE. 5° Le surcili-aurieii remplace le précédent dans le lièvre et le chien ; il vient de Farcade surcilière, passe devant le bord de Fécnsson et s'attache sur la conque , dans le lièvre , par un tendon mince ; dans le chien , en s'épanoiiissant très près du bord antérieur, et après s'être presque uni dans toute sa longueur au bord an- térieur du veriico'scutien : il relève la conque et la porte en avant. 6° Le cervici-aurien vient du ligament cervical, passe derrière le bord de l'écusson , et s'épanouit sur la conque , qu'il porte en arrière en la rapprochant de l'autre. 7° \jOccipili-aunen vient des environs de la crête oc- cipitale , et passe sous l'écusson et sous le muscle pré- cédent, pour s'attacher à la conque qu'il relève, mais sans la porter en arrière ; il manque au lièvre. 8° Le cervici-tubien profond vient du ligament cer- vical sous Tanté-précédent ; il s'insère à l'origine du tube de l'oreille , qu'il tire en arrière : il est double dans le cheval ; il manque au lièvre. 9" \ ! occipiti-aur'ien rotateur vient de la partie pos- térieure de l'occiput, et va s'insérer en écharpe sur la partie de la conque voisine de son tube. Ce muscle se trouve dans tous les animaux à longues oreilles. C'est lui qui lait tourner l'oreille sur son axe, en dirigeant sa concavité en dehors et en arrière lorsqu'elle est droite, en bas lorsqu'elle est horizontale. 1 0° \je parotido-aurien vient de la glande parotide et de la partie voisine de la peau , s'insère sous la conque , près du tragns, et abaisse l'oreille : il se trouve dans tous les animaux. Le lièvre l'a plus long que les autres. 11* he jiigo-aujien : il est bien marqué dans le ABT, VII. DU MÉAT AUDITIF EXTEIIKE. 557 mouton^ où il part de la base antérieure de l'arcade zygomatique, et va en arrière s'insérer au bord de la conque le plus près du trou auditif : il est double dans le chien. Une de ses parties vient de la peau de la joue; Tautre du bord postérieur du jugo-scutien. Dans le cheval^ il en vient une du milieu de l'arcade, et une du bord postérieur du jugo-scutien. Il tire borizonta- lement l'oreille en avant : le liè\^re en manque. 1 2° Le jugo-aurien profond : c'est un petit muscle grêle qui ne manque à aucun de ces animaux. Il vient de la partie de l'arcade zygomatique voisine de l'arti- culation de la mâcboire inférieure, et se porte à la partie de la conque voisine du tube un peu en dessus. Il doit servir principalement à raccourcir le tube de Toreille. Le chenal a encore deux muscles qui appartiennent à cette classe, et qui ne sont pas dans les autres espèces, savoir: iS" Le vertici-aurien rotateur: il vient du sommet de la tête, près de la proéminence occipitale; passe sous l'angle postérieur de l'écusson et sur Y occipiti-aurlen ; se porte obliquement en avant, et va s'épanouir en écbarpe sur la partie antérieure de la conque voisine de son tube ; il tourne l'oreille sur son axe, en faisant regarder sa concavité en avant et en dedans lorsqu'elle est droite, en dessus lorsqu'elle est horizontale, i4'' ï^<3 vertici-aurien profond a une origine com- mune avec le précédent : il s'en sépare sous l'écusson , et descend entre la tête et la conque pour s'insérer à la partie de celle-ci qui regarde en dedans lorsque sa concavité regarde en dehors , et qui est la plus voisine 558 Xin* LEÇON. ORGANE DE l'oUÏE. du tube. Son usage doit être d'allonger le tube de Fo- reille. c. Muscles qui unissent ïécusson à la conque ou au tube de V oreille, a. Les superficiels , qui s'attachent sur l'écusson. 1 5° Le scutien antérieur va du bord inférieur et de l'angle antérieur de l'écusson sur le devant de la con- que, qu'il fait tourner sur son axe, et regarder le ciel, et en avant lorsqu'elle est horizontale : il manque dans les chiens à oreilles pendantes. i6° Le scutien postérieur du même bord et quel- quefois de même angle , se porte en arrière sur le dos de la conque qu'il relève : il manque dans le lièvre, ^. Les profonds , qui s'attachent sous l'écusson. 1 7° Le scutien rotateur vient de dessous l'écusson , et se porte en écharpe derrière la partie de la conque voisine du tube ; il lui fait tourner sa concavité vers la terre et en arrière quand elle est horizontale : il est double dans le liè\^re, d. Muscles qui vont d' une partie de la conque de l'o- reille à une autre. Il n'y en a point dans le mouton,^ et un seul dans le cheval,^ savoir : 1 8"" Le tragien : il est placé sur la fissure de la conque dont il fait croiser les bords ; il rétrécit par conséquent l'entrée du méat externe. Il existe aussi dans le chien et dans le lièvre : àa-w?, ce dernier, il est accompa- gné du ABT. VIll, DES NERFS DE l'oREILLE. Ô59 19° tabo'hélicien , qui va du tube cartilagineux à la conque, et qui raccourcit le tuyau de Foreille. On trouve dans le chien : Qo° Le plicateur de V oreille analogue de Xhélicien de riiomnie ; il règne le long du bord antérieur de la conque près de sa base; il plie et abaisse la partie supé- rieure de ioreiile. Enfin le chien et le cheval ont sur le dos de leur conque, 21° Des fibres charnues éparses, qui sont les analo- gues de Xanthélicien ou du transversal de r oreille de rhomme. ARTICLE VÏIL DE LA DISTRIBUTION DES NERFS DANS L'iNTÉRIEUR DE l'oreille. Nous avons parlé du canal auditij interne ^^?i^^Q% l\h^ et suivantes du II*^ volume. Sun fond est situé à peu près vis-à-vis du milieu du limaçon. Il est divisé en deux chambres par une arête osseuse : la supérieure contient un trou (orifice interne du canal de Fallope), destiné au nerf facial, [et une petite ouverture pour le passage des vaisseaux; Tinférieure présente une fossette antérieure parcourue par une cannelure spirale, et une postérieure partagée elle-même en deux enfonce- ments. Ces deux fossettes sont criblées de plusieurs trous qui conduisent dans les diverses parties du laby- rinthe, et donnent passage aux branches du nerf acous- tique.] Nous avons décrit 1 origine de ce nerf, page 147, Ô60 XIII' LEÇON. OEGAINE DE l'oUÏE, et son trajet jusqu'à l'oreille, pa^j;es 221 et 222. La cbamiDre inférieure du canal auditif, par laqneiie il pénètre, est ovale; son f^rand diamètre est transverse. La fossette antérieure qui correspond à la base de Taxe conique du limaçon est percée d'une infinité de petits trous disposés en spirale , et qui donnent dans les tours de cette cavité. Dans la fossette postérieure , sont d'autres amas de pareils petits trous, mais dis- posés en rond : un de ces amas conduit dans le vesti- bule ; deux autres dans les canaux demi-circulaires. Ces petits trous donnent dans des canaux qui se subdi- visent encore beaucoup en traversant les parois os- seuses , de manière que le nerf arrive dans le laby- rinthe dans un degré de division inexprimable. Ceux de ces canaux qui entrent dans le limaçon^ après avoir suivi les parois de son axe, pénètrent, selon Scarpa , dans l'épaisseur de sa cloison osseuse, et s'ouvrent au bord libre de cette cloison. Le nerf acoustique, une fois renfermé dans le canal auditif interne , [se partage en branche cochléenne plus petite, qui se tord sur elle-même, et dont les filets décrivent une spirale oblique et s'engagent dans la fos- sette antérieure dont nous avons parlé plus baut , et en branche veslibulaire ^ plus considérable, destinée au vestibule et aux canaux demi-circulaires et dont les filets passent par les trous de la fossette postérieure; ces deux branches, comme nous l'avons dit, paraissent avoir des racines distinctes. La branche cochléenne, arrivée dans le limaçon par la série de petits trous qui y aboutissent, s'épanouit sur la cloison ou la lame spirale, en formant sur cette lame des zones distinctes, correspondant aux AKT. Vin. DES INERFS DE l'oREILLE. 561 trois zones dont cette lame est elle-même formée ; sur lazoïie osseusequï touche à Taxe; le nerf est disposé en filets cylindriques diverg^ents ; sur la zo/ie médiane^ qui est semi-osseuse et semi-membraneuse, ces filets s'apla- tissent, se divisent et se croisent en formant des anses anastomotiques; enfin la troisième zone ou la zone membraneuse ^ qui est très mince, transparente et ce- pendant parcourue par des vaisseaux , semble unique- ment formée de filaments fibreux et ne pas renfermer de substance nerveuse (i). La branche vestibulaire, aplatie, plus fibreuse que la précédente, se divise au fond de sa fossette en trois faisceaux.] Le premier, qui est le plus grand, ayant pénétré dans le vestibule osseux par un des petits cri- bles dont nous avons parlé , se divise en trois rameaux qui se rendent aux ampoules des deux canaux semi- circulaires vertical antérieur et horizontal, et à Tutri- cule. Le second se renc!, sans se diviser, dans l'ampoule du canal vertical postérieur. I^es filaments de ces deux faisceaux se terminent dans ces ampoules en s'y étalant en éventail, et en y formant une espèce de cloi- son ou de septum. Les canaux ne reçoivent de nerfs dans aucune autre de leiirs parties. Le troisième faisceau est situé entre les deux précé- dents ; il se rend dnns le vestibule membraneux, et se distribue sur sa paroi interne par un réseau aussi mou que compliqué. [Les filaments nerveux traversent la membrane du {i\ Voy. Breschet. Recherches sur l'organe de l'audition dans Vhornme et les animaux vertébrés., dans les Méni. de l'Acad. de méd., t.V. Paris, i 836. 3. 36 56*2 XIII* LEÇON. OKGANE JDE l'oUÏE. sac aussi bien que celle des ampoules; ils s épanouis- sent a sa surface interne et se mettent en contact avec les conc l'étions calcaires. C'est ici le lieu de rappeler ce qui a été dit aux art. . IV, V et viii de la neuvième leçon, concernaiit les nerfs qui traversent la cavité du tympan. Le rameau de Jacobson fait communiquer le ganglion otique avec le ganglion pétreux, c'est-à-dire le trijumeau avec le glosso-pharyngien. Parti du ganglion pétreux , et entré dans la cavité du tympan, il se loge dans une canne- lure du promontoire et se divise en six tilets: deux se perdent autour des fenêtres ronde et ovale, le troi- sième s'unit au rameau carotidien externe du ganglion cervical supérieur, le quatrième se ramifie dans la trompe d'Eustache, le cinquième s'anastomose avec le rameau crânien du nerf vidien, et le sixième, après s'être réuni à un filet du nerf facial, sort de la caisse et se termine au gciogiion otique.] Pendant qu il parcourt l'aqueduc , le nerf facial donne un nerf au muscle de letrier et un long filet qui traverse la caisse ainsi que nous l'avons vu (page 200), pour aller s'unir à un rameau du maxillaire inférieur de la cinquième paire; on nomme ce filet la corde du t/mpa/i, p'drce qud est placé derrière cette membrane comme la corde qui traverse sous celle d'un tambour. [Cette corde donne un filet au muscle antérieur du marteau, puis elle sort de la caisse par la fissure de Glaser.] Le méat externe reçoit des nerfs du maxillaire infé- rieur de la cinquième paire, de son rameau temporal superficiel. ( Fuyez page 201). Le dos delà conque, et ses muscles, en reçoivent du rameau occipital du 4i^ ART. VIII. DES NERFS DE l' OREILLE. Ô63 facial .( Voyez page 215), et de la seconde paire cervicale ( Voyez page 236), qui en donne aussi à la partie concave de la conque ; mais cette partie en reçoit davantage d'un autre rameau du facial. { Voyez page 2i5. ) Les nerfs de l'oreille interne des mammifères et ceux de la cavité dn tympan ne diffèrent en rien d'es- sentiel de ceux de l'homme. [Il paraît cependant que le rameau de Jacobson n'exislepas chez les cétacés, ou du moins qu'il ne traverse point la cavité du tympan,] Ceux de l'oreille externe sont plus gros et plus nom- breux, en raison de la grandeur de la conque et de ses muscles; mais ils» tirent leur origine des mêmes paires, Dans les oiseaux , l'enfoncement qui tient lieu de canal auditif interne est ovale ; son grand diamètre est presque horizontal. Il ofire cinq trous pour le passage des nerfs, dont un pour le nerf facial, et quatre pour l'acoustique. De ces derniers , trois donnent dans le vestibule osseux, et un dans le limaçon. Les trois ra- meaux de l'acoustique, qui vont aux canaux semi- cir- culaires, pénètrent dans leurs ampoules et s'y divisent comme dans l'homme et les mammifères. Celui du limaçon se rend dans le supérieur des deux cartilages qui forment la cloison de cet organe, s'y divise en rayonnant, et, parvenu vers le milieu de sa longueur , le perce pour se distribuer en patte d'oie [dans l'autre cartilage. Un dernier filet se rend à la pointe du cône du limaçon dans le lagéna. ] Plusieurs filets remontent en sens contraire du tronc pour se rendre dans la base de ce même cône. Le nerf facial des oiseaux reçoit un filet du nerf va- gue, pareil à celui dont nous avons parlé dans l'homme, 564 Xlll* LEÇOiS. OKGAÎNK DK LOUlE. page 21 4- Il traverse l'oreille dans un canal osseux; et après être sorti de la caisse , il se rend principalement dans le palais. Dans les reptiles et dans les poissons , mais surtout dans ces derniers, on voit encore mieux que dans les animaux à sanp^ chaud, avec quelle constance les bran- ches du nerf acoustique se rendent aux ampoules des canaux semi-circulaires. Dans les reptiles , il se partage avant de pénétrer dans le labyrinthe osseux, et il y arrive par plusieurs trous ; dans les, poissons chondrop- térygiens ^ il y arrive par un seul trou , et ne se divise que lorsqu'il y est. Dans les autres poissons^ il n'a besoin de percer aucune cloison osseuse , l'oreille étant dans la cavité du crâne. x" Dans les raies et les squales , il y a toujours deux rameaux . l'un, qui est plus petit, donne des filets au sac vers le petit corps amilacé, et se partage ensuite aux ampoules du canal antérieur et de l'horizontal; Tantre, plus grand, forme une belle patte d'oie dans la portion du sac qui contient le grand corps amilacé. Ses nombreuses branches ont entre elles de fréquentes anastomoses. Le nerf facial entre dans roreille par un trou parti- culier. 11 va se joindre à une branche de l'acoustique, qui donne dans l'ampoule du canal postérieur, puis il s'en resépare pour sortir par un second trou, et se distribuer aux téguments de la tête et aux muscles voi- sins. '^^'"Les nerfs acoustiques des poissons osseux sont sou- vent au nombre de trois ou quatre qui partent séparé- ment de la moelle allongée; il en va un filet à chaque ampoule, un autre au vestibule et un autre plus grand ABT. VIII. DES NERFS DE l'OBEILLE. 565 au sac qui contient les pierres. Il se répand par une infinité de filets, qui forment un très bel appareil, sous la paroi du sac qui contient la grande pierre. On peut les voir principalement dans la morue et dans les scienes. La grandeur des réseaux décroît avec celle des pierres. 566 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHEB. QUATORZIÈME LEÇON. DU SENS DU TOUCHER , ET DE TOUS LES ORGANES QUI S'Y RAPPORTENT. ARTICLE PREMIER. DES SENSATIONS QUE LE TOUCHER NOUS PROCURE. Le sens du toucher semble nous mettre dans une communication plus intime avec les corps extérieurs que ceux de la vue et de louïe , parce qu'il n'y a point d'intermédiaire entre ces corps et nous lorsqu'ils affec- tent ce sens : aussi quoiqu'il ne soit point exempt d'er- reurs, il y est moins sujet que les autres sens, et il sert à en vérifier et à en compléter les impressions, surtout celles de la vue. C'est par le toucher seul que nous recevons l'idée des trois dimensions des corps, et par conséquent de leur figure, comme solides. C'est par la pression plus ou moins forte, plus ou moins directe, que les diverses parties d'un corps exercent sur notre peau, lorsque nous l'y appliquons, que nous recon- ' naissons si ce corps est plat, ou arrondi, ou diverse- ment anguleux ; c'est par l'égalité ou l'inégalité de cette pression, et par la force du frottement, lorsque nous passons quelque partie de notre peau sur la surface d'un corps , que nous jugeons si cette surface est lisse, ou rude , ou raboteuse. Les degrés de résistance que les corps opposent à la pression du nôtre, en tout ou en partie, nous font juger s'ils sont mobiles ou immo- ART. I. DE LA SENSATION EN ELLE-MÊME. 567 biles, durs, mous, liquides ou fluides ; la pression ou la percussion qu'ils exercent eux-mêmes sur nous, lors- qu'ils se meuvent ou qu'ils tendent à se mouvoir, nous font connaître les forces dont ils sont animés et la direc- tion de ces forces. Toutes ces actions des corps extérieurs sur îe nôtre sont purement mécaniques, et les sensations qu'elles produisent en nous ne pourraient être occasionnées par un changement chimique de notre système ner- veux qu'autant que la simple compression pourrait former ou détruire quelques unes des combinaisons qui entrent dans ce système; ce qui , au reste, n'aurait rien de contraire à l'analogie : car on sait que la com- binaison du feu avec l'eau, par exemple, qui produit la vapeur, peut être détruite par ce moyen-là. Mais le sens du toucher nous procure aussi des sen- sations d'un autre genre, et qui paraissent dues à une pénétration plus intime d'un des éléments ambiants dans notre propre corps : je veux parler du chaud et du froid. La sensation de la chaleur ou du froid dépend de la proportion qui existe entre la quantité de calorique que nous gagnons ou que nous perdons dans un in- stant donné, et celle que nous gagnions ou que nous perdions dans l'instant précédent; mais elle n'est point en rapport direct avec la chaleur absolue des corps, ni même avec la proportion entre leur chaleur et celle du nôtre. Toutes choses égales d'ailleurs, les corps qui sont à un degré de température plus élevé que le nôtre iious paraissent chauds; ceux qui sont moins élevés nous paraissent froids. Cependant lorsque nous venons de 568 XIV "^ LEÇON. SENS DU TOUCHER. toucher un corps très froid, si nous en touclions un qui lest moins, nous le trouvons chaud, quoiqu'il le soit encore beaucoup moins que notre propre corps: c'est ainsi que les caves et IVau de source paraissent chaudes en hiver , parce qu'elles ont conservé leur m température ordinaire lorsque les autres corps en ont changé. Lorsque nous touchons successivement deux corps de densité, ou, pour parler encore plus exactement, de capacité différente pour le calorique, celui qui a le plus de cette capacité nous paraît le plus froid, quoi- que tous deux soient au même degré de température, parce qu'il nous enlève plus de calorique que l'autre dans un temps donné : c'est pourquoi le marbre, les métaux paraissent toujours froids; l'eau paraît plus froide (jue l'air, et l'air que Ion trouvait froid avant d'entrer dans l'eau froide paraît chaud lorsqu'on en sort, etc. Les corps qui sont bons conducteurs du calorique, ou qui le transmettent rapidement, paraissent plus froids par la même raison : c'est pourquoi, à épais- seur égale , la soie et la laine sont plus chaudes que la toile. Cette partie du sens du toucher est sujette à beau- coup plus d'erreurs que celle qui a rapport à la figure et à la pression des corps, parce que notre jugement y entre pour beaucoup plus. L'organe général du toucher est la peau qui recou- vre tout notre corps , ou plutôt ce sont les extrémités des nerfs qui se terminent à cette peau. Cet organe est susceptible d'une sensibilité plus ou moins grande, selon que les nerfs y sont plus nom- ART. I. DE LA SENSATION EN ELLE-MÊME. ,')69 breux, plus à nu , et moins embarrassés dans des par- ties insensibles, ou recouverts par ces parties. La cbaJeur des corps, leur résistance générale et leurs mouvements se font sentir d'autant plus parfaitement que cette sensibilité générale est plus délicate. Lorsqu'il s'agit des mouvements , de la résistance et de la chaleur d'un liquide ou d'un fluide, et surtout si le corps qui doit les sentir y est plongé , la force de la sensation dépend encore de la grandeur de la surface que le corps sensible présente à ce liquide où à ce fluide ; mais lorsqu'il s'agit de reconnaître les formes des solides , et surtout des plus petits, il faut quelque chose de plus ; il faut qu'une peau très sensible soit étendue sur plusieurs parties menues, divisées et mo- biles, qui puissent embrasser le solide par ses diffé- rentes faces , en palper les plus légères inégalités et en saisir les parties les plus déliées. Ainsi la perfection totale du sens du toucher dépend de la finesse de la peau, de l'abondance de ses nerfs, de l'étendue de sa surface, de l'absence des parties insensibles qui la recouvrent , du nombre , de la mobi- lité et de la délicatesse des appendices par lesquels l'animal peut examiner les corps. Gomme le toucher est le plus important de tous les sens, ses degrés de perfection ont une influence prodi- gieuse sur la nature des divers animaux. D'après l'exa- men que nous en allons faire , on verra que l'homme est de tous les animaux vertébrés celui qui a le toucher le plus parfait, mais, parmi les animaux sans vertè- bres, ce sens se perfectionne d'autant plus que les autres se dégradent, et ceux qui n'ont point d'autre 570 XIV* LEÇON. SENS Dt) TOUCHEE. sens que celui-là Font si exquis , que quelques uns d'entre eux semblent même palper la lumière. Indépendamment des sensations dont nous venons de parler, et qui ont un rapport direct avec les quali- tés des corps extérieurs , nous en éprouvons d'autres à la peau , surtout aux endroits où elle est le plus mince et le plus abondante en nerfs , qui sont plutôt relatives à l'irritation produite sur les nerfs par certains mouve- ments de ces corps, qu'à leur nature et à leurs qualités, et qui appartiennent plutôt à l'ordre des sensations internes qu'à celui des externes. Tels sont les cha- touillements, les picotements et les démangeaisons. Enfin, la peau remplit une fonction différente de celle du toucher, et qui consiste dans la transpiration et dans l'absorption , c'est-à-dire dans l'exhalation d'une partie des éléments de nos fluides, et dans l'in- halation d'une partie des fluides qui nous environ- nent. Cette seconde espèce de fonction n'appartenant point aux sensations, nous aurons à en traiter ailleurs. ARTICLE IL DE LA PEAU ET DE SON ORGANISATION. Toute la surface de l'animal est recouverte par un organe d'une structure particulière qu'on nomme la peau. C'est une membrane appliquée sur tous les points par lesquels se termine le corps , et dont l'é- paisseur varie suivant les différentes parties qu'elle re- couvre, et selon les espèces d'animaux. ABT. II. DE LA PEAU. 571 L'organisation de la peau paraît être essentiellement la même dans toutes les classes d'animaux à vertèbres. Les différences extérieures qu'elle présente tiennent au plus ou au moins de développement de certaines parties sur-ajoutées , ainsi que nous le ferons connaître par la suite. On ne peut pas établir d'une manière aussi gé- nérale la structure de la peau dans les animaux sans vertèbres ; nous verrons cependant qu'elle a quelque analogie dans ces parties avec celle des animaux ver- tébrés. La peau de tous les animaux à vertèbres est compo- sée de quatre couches plus ou moins distinctes, mais que l'anatomiste sépare et peut démontrer facilement. La plus profonde se nomme derme ^ cuir ou corium ; celle qui vient ensuite a été appelée corps ^ ou tissu mamillaire ou papillaire ; la troisième , le réseau , le corps réticulaire , le tissu muqueux , [ ou \ appareil pigmentaire ] ; enfin , la quatrième , ou la plus externe, a reçu le nom diépiderme ou de surpeau, [On peut, à l'exemple de beaucoup d'anatomistes 5 grouper ou diviser autrement qu'on ne le trouve ici les parties constituantes de la peau ; n'y admettre, comme les anciens, que deux couches principales , le derme et répiderme,en réunissant à l'une ou à l'autre les couches secondaires placées entre deux (1); ou bien en compter (i) C'est la division reproduite récemment par MM. Breschet et Roussel de Vauzème (^Recherches anat. et physiol. sur les appareils tégu- mentaires des animaux. Paris, in-S"^, i834). Pour eux, lépidernie est le produit de divers appareils spéciaux et sécrétoires contenus dans le derme. Mais une division qui a pour résultat de dénaturer le sens ordinaire du mot épiderme jusqu'à en faire un appareil complexe et comprenant même le pigment , doit obscurcir la science au lieu de l'éclairer. 572 XIV* LEÇON. SENS DE TOUCHER. plus de quatre, en rnultiplant les distinctions entre les couches (i); ou bien enfin, en ne séparant pas du derme le tissu mamillaire, réduire à trois les parties essen- tielles de la peau (2). Mais, quelque division théorique que l'on adopte, il n'en est pas moins nécessaire de décrire et d'étudier séparément, à raison de leur fonc- (i) C'est ce que font tous les anatomistes qui décrivent séparément la couche des vaisseaux sanj/uins, celle des vaisseaux lymphatiques , et celle des papilles nerveuses ; c'est aussi le résultat des divisions introduites dans l'anatomie de la peau depuis le travail de Gaultier. [Rech. anatorn. sur le syst. cutané de Ihomme. Thèses de Paris, 1811, in-4''-) Ce jeune médecin, qui promettait à la science un observateur plein de sagacité, avait très bien vu entre le derme et l'épiderme de la peau du nègre quatre couches distinctes, mais il n'osa pas aller au-delà du fait anatomique ; il subordonna presque malgré lui son observation à la division classique reçue de son temps, et trouvant toutes ses nouvelles couches situées entre le derme et l'épiderme, c'est-à-dire dans l'espace occupé par ce qu'on appelait depuis Malpighi le corps muqueux,il les décrivit comme des sub- divisions de ce corps. On peut donc dire que ceux qui sont venus après lui se sont plus attachés, en le citant, à la lettre qu'à l'esprit de son tra- vail. C'est seulement depuis les belles recherches de M. Flourens sur la jit;au que l'on peut juger combien il y avait d'exactitude dans les observa- lions de Gaultier. (2) C'est la division commune depuis Malpighi ; mais M. Flourens lui a donné une valeur toute nouvelle par la précision qu'il y a introduite, et par la connaissance détaillée qu'il a donnée de la composition et de la texture des trois parties élémentaires de la peau. Ses recherches, pu- bliées à différentes reprises , se trouvent rassemblées dans un grand mé- moire accompagné de planches, inséré dans les Archives du Muséum d'hist. nat.^ sous ce titre : Anatomie générale de la peau et des membranes muqueuses ^ i843 , in-4°. — Voy. aussi Comptes-rendus de V Académie des sciences^ t. XVII, p. 335. M. Flourens étabht dans la peau l'existence de trois appareils principaux : un profond, qui est le derme, avec les papilles à sa surface externe ; un superticiel, qui est l'épiderme, composé de deux couches; un intermédiaire qui est l'appareil pigmentaire, composé d'une membrane continue, laquelle produit à sa surface, dans les races colorées, une légère couche de pigment. ABT. 11. DE LA. PEAU. 573 tion et de leur texture très différente, une coucbe fibreuse proprement dite, forte et résistante, qui est le derme; une couche éminemment vasculaire et ner- veuse, qui est le tissu rnauiiHaire ; une couche qui donne à la peau et aux téguments leur coloration, c'est-à-dire le tissu , ou \ appareil pi^nientaire ou mu- queux; et enfin une couche superficielle, en contact immédiat avec le fluide qui enveloppe l'animal, c'est- à-dire X épidémie. Gela nous ramène, comme on le voit, aux quatre couches énumérées plus haut.] On ne distingue pas aussi facilement toutes ces par- ties dans les animaux non vertébrés. Quelques unes de ces couches sont beaucoup mieux prononcées, d'autres le sont moins, il y a même des espèces dans lesquelles on ne les retrouve pas toutes ; c'est ce que nous indi- querons plus au long en traitant successivement de chacune de ces couches. 1° De Vépiderme, Ainsi que son nom l'indique, cette couche est la plus superficielle. C'est une pellicule transparente et insen- sible qui s oppose au contact immédiat des nerfs de l'animal avec le fluide dans lequel il est plongé; elle pénètre aussi dans toutes les ouvertures du corps, et en tapisse l'intérieur pour les préserver du contact de Tair ou de l'eau : ainsi on la retrouve sur l'oeil , dans le conduit deroreille, les narines, la bouche, l'anus, la vulve, etc.; mais on la désigne alors sous des noms dif- férents , comme nous l'avons indiqué déjà en traitant de la conjonctive , de la membrane du tympan , et comme nous le dirons par la suite en traitant des au- tres organes. 574 XlV^ LEÇON. SENS DU TOUCHEE. La consistance de l'épiclerme varie suivant le milieu dans lequel l'animal est plongé et obligé de vivre; il est sec et comme corné dans ceux qui vivent àl'air; il est muqueux et plus ou moins visqueux dans les ani- maux qui habitent dans l'eau. Dans les animaux qui sont soumis continuellement à l'action desséchante de Tair, Tépiderme paraît plissé diversement, selon les parties de la peau sur lesquelles il adhère. Ce sont des sortes de rides , de mamelons , de cercles, de spires qui correspondent par leurs re- liefs et par leurs creux aux éminences et aux enfonce- ments de la peau, principalement à ceux du tissu muqueux et des écailles, quand celles-ci existent. En général , l'épiderme est beaucoup plus épais sur les parties qui sont le plus exposées au frottement , comme sous la plante des pieds, dans la paume des mains et dans toutes les autres parties dont les animaux se servent fréquemment , soit pour marcher, soit pour saisir les corps. [Certains animaux ont aussi des pla- ques épidermiques épaisses sur .certaines parties du corps où ils ont coutume de s'appuyer; plusieurs singes^ par exemple, aux tubérosités ischiatiques ; les chameaux ^ à la poitrine , etc.] C est dans renfoncement des sillons de l'épiderme que se remarquent les trous par lesquels sortent les poiis. Ce sont des espèces d entonnoirs ou de prolon- gements coniques qui paraissent avoir été poussés en dehoi's par les poils auxquels ils servent de gaines. Dans les animaux qui ont des écailles au lieu de poils, l'épiderme enveloppe ces parties en tous sens, et s'y colle intimemeiït. Dans l'homme, l'épiderme [est composé de àeuK ART. II. DE LA PEAU. 575 couches : Texterne , sèche et cornée ,] est généralement très mince , à Fexceptiôn de la partie qui revêt la plante des pieds et la paume des mains. Le frotte- ment, le dessèchement, soit par la chaleur, soit par certains réactifs chimiques, le durcissent considéra- blement; ils le changent en une sorte de corne qui émousse, et fait même perdre totalement la sensation du toucher. Nous en avons des exemples très remar* quables dans les forgerons, les teinturiers, ainsi que dans les hommes qui marchent pieds nus, principa- lement sur les sables brûlants. [Cette couche externe, incessamment usée par le frottement ou par Faction des corps extérieurs, est reproduite par la seconde couche ou la couche interne, laquelle est plus mince, plus fine que la précédente, et prend par la macé- ration une teinte d'un jaune grisâtre ( i ). ] Les sillons de l'épiderme tracent des figures à plu- sieurs angles sur le dos de la main; des lignes paral- lèles et allongées dans la paume et sous la plante des pieds; des arcs, des sinuosités et des spirales très sin- gulières, symétriques et très rapprochées au-dessous de l'extrémité des doigts. Les mammifères ont Fépiderme à peu près sembla- ble à celui de Fhomme; il est d'autant plus mince que les poils qui le recouvrent sont plus serrés^ Celui qui revêt les ailes des cham>es-souris est aussi très mince et forme des sillons de figures polygones, à peu près (i) M. Flourens {puv. cit.) a très bien fait connaître la nature épider- mique de cette partie de l'appareil cutané. Mais il nous paraît qu'elle n'est autre cliose que la couche blanche et très ténue, que Gaultier avait déjà décrite, sous le nom de couche alhide superficielle^ sans la rattacher à Tépiderme. 576 XJV^ LEÇOi\. bE^fS DU TOUCHER. semblables à ceux qu'on remarque sur le dos de la main de Thomme. Dans \e porc- épie , il est mince et peu distinct des autres couches de la peau, qui est connue gélatineuse. On retrouve répidernie , quoique desséché et comme écailleux , sur la queue des animaux qui Font préhensile, ainsi que sur celle du castor^ des rats ^ de V ondatra^ et sur les écailles qui recouvrent le corps des pangolins et des tatous. Dans \ éléphant^ le rhinocéros et V hippopotame, dont la peau est fort épaisse et profondément sillonnée, Tépiderme, qui est épais, et dont la superficie est hé- rissée de petites lames qui s'en détachent comme des écailles ^ s'enfonce dans les différents sillons. Celui de la plante du pied présente une structure tout- à-fait singulière. Il est partagé à l'extérieur par des enfon- cements profonds à peu près circulaires, à six ou à huit pans plus ou moins réguliers , dans chacun des- quels sont renfermés une infinité de petits polygones beaucoup plus irréguliers qui rendent la surface de la peau comme chagrinée. Ce même épidémie, dé- taché de l'animal et vu par sa face interne , offre des lignes très saillantes à la place des sillons qui détermi- nent les grands polygones; il en présente aussi d'autres beaucoup plus petites, qui correspondent aux petits polygones. Il résulte de cette disposition une espèce de treillis eu relief, d un dessin assez régulier, qui res- semble à une dentelle à larges points. Les cétacés ont un épidémie très lisse, sans aucun pli remarquable, toujours enduit d un humeur mu- queuse et un peu huileuse , qui s oppose à la macéra- tion de l'animal par son séjour dans l'eau. [ Dans le ART. II. DE LA PEAU. 577 stellère ^ 1 épidémie est rugueux comme Fécorce du chêne, surtout sur les côtés du corps; la couche qu'il forme est fort épaisse , si dure, qu'on a peine à l'enta- mer avec la hache, et elle prend, lorsqu'on l'incise, la couleur et le poli de l'ébèue; elle a, en un mot, toute l'apparence dune substance cornée. Cette couche, dans cet animal, comme dans la baleine^ se com- pose d'une multitude de petits tubes verticalement serrés les uns contre les autres , de sorte que quand on l'enlève, la surface dénudée de la peau a Tapparence d'un réseau. Ces tubes laissent |)asser Thumeur mu- queuse qui se verse abondamment sur certahies parties ■du corps (i). ] Dans les oiseaux , l'épiderme du corps est très mince et forme des plis qui correspondent aux espèces de quinconces sur lesquels les plumes sont disposées. Celui des pattes est lisse, brillant, et comme formé d'écaillés cornées; il recouvre les difiérentes plaques polygones qu'on observe sur les pattes des gallinacés et des oiseaux de rivage, et dont nous parlerons à l'article des écailles; il s'enlève à certaines époques de Tannée , principalement dans le temps de la mue. Chez tous les animaux dont nous venons de parler, (i) M. de Blainville {Principes d'anatomie comparée, Paris, 1822, i n-8°, p. 6q.) est porté à regarder cette croûte épidemnque comme appar- tenant plutôt aux poils qu'à l'épiderme piopiement dit. Cette manièie de voir nous paraît beaucoup plus vraie que l'opinion de MM. Breschet et Roussel {ouv. cit.) , qui regardent ces tubes comme nëtant que les gaines des longues papilles nerveuses qu'ils annoncent avoir observées sur la peau de la baleine. L'objection, que la peau de la baleine offre aussi des poils non agglutinés, n'en est pas une, car il y a des poils de différente nature ^ et rien n'empêche qu'à travers la couche de ceux qui s'agglutinent il en passe d'autres plus longs, qui se montrent à la surface. 3. 37 578 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. à Texception des cétacés , Tépiderme se détache par petites écailles pelhicidesqui rendent la surface de leur peau comme farineuse. Dans quelques mammifères , ce renouvellement de Tépiderme a lieu à une certaine époque de Tannée, en même temps qu'ils changent de poils; dans les autres , il ne s'opère que petit à petit et en tout temps, comme dans riiomme. L'épiderme des tortues n'est bien distinct que sur la peau du col et des membres ; il est analogue à celui des salamandres , que nous décrirons tout^à-l'heure. Celui qui recouvre les écailles de la carapace et du plastron est extrêmement mince; il s'enlève par pla- ques transparentes, dont la figure est absolument la même que celle des plaques cornées. Dans les salamandres et\e?, gj^enouilles ^ Fépiderme est une membrane muqueuse qui revêt tout le corps, et qui tombe par lambeaux à plusieurs époques de Tannée. L'épiderme des lézards et des serpents recouvre et enveloppe entièrement les écailles; il s'en détache en une seule pièce et comme un fourreau, à une certaine époque de Tannée, et on observe dans ces sortes de dépouilles jusqu'à la portion de sphère qui formait la cornée transparente. Dans les poissons, Tépiderme qui recouvre tout le corps, les nageoires et autres appendices, paraît tou- jours dans un état de mollesse; il ressemble quelque- fois à une simple mucosité qui envelopperait (.le toutes parts le corps de l'animal. C'est cet épidémie muqueux qui rend en général le corps des poissons si difficile à saisir: il s'enlève aussi par lambeaux à certaines épo- ques de Tannée. ART. II. DE LA PE4U. 579 Noîis verrons par la suite, en traitant des tuniques intérieures des organes dans lesquels l'air , Feau ou les aliments pénètrent, que Tépiderme qui s'y prolonge , et qui forme leur couche interne, y devient aussi pres- que muqueux, et qu'il a beaucoup de rapport avec ce- lui de l'extérieur des poissons. On retrouve aussi un épidémie dans les animaux sans vertèbres. Ceux qui vivent dans Feau l'ont ordi- nairement muqueux et d'une épaisseur très variable dans les diverses espèces. Dans les céphalopodes, il est à peu près comme dans les poissons. Dans les gastéropodes nus, il a beaucoup de rapports avec celui des salamandres et des gre- nouilles. Dans les testacés , en général, on retrouve Fépi- derme à la surface des coquilles. Dans celles de terre , comme les hélices ^ c'est une pellicule sèche qui se déta- che très facilement, lorsqu'après ia mort de l animal «on test a été exposé aux intempéries de l'atmosphère, ou lorsqu'on le plonge dans l'eau bouillante. Dans Jes anodontes ^ les moules et autres bivalves, on voit lun épiderme semblable qui enveloppe extérieurement là coquille. Cet épiderme manque toujours à la surface des parties saillantes sur lesquelles Fanimal traîne sa coquille sur le sable, parce qu'il s'y est usé. Dans quel- ques espèces de coquilles, Fépiderme est épais et velu , ce qui Fa fait nommer dntp de inei\ Il est très remar- quable dans plusieurs espèces du genre arche de Lin- nœus; c'est même pour exprimer cette particularité qu il en a désigné une sous le nom de velue ^pdosa. Dans tous les testacés, Fépiderme qui enveloppe la 580 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHEE. coquille se continue avec la pellicule qui revêt l'ani- mal; mais il éprouve le même changement que celui qui, dans ies animaux à vertèbres, pénètre dans l'inté- rieur du corps. Il est mince et comme muqueux sur toutes les parties qui ne sont pas soumises à l'action du fluide ambiant: aussi, dans les espèces de gastéro- podes dont la coquille est cachée sous la peau et ne sert pas de défense ;, l'épiderme ne change- t-il pas de nature. Nous en avons des exemples dans quelques espèces à'apli/sies et de huilées^ ainsi que dans l'ani- mal qui produit la coquille nommée, par Linné, hélix halyotoidea (Lam. : sigaret. ). Dans les crustacés et dans les insectes , soit sous l'é- tat de larve, soit sous celui de nymphe ou d'insecte parfait, il y a un véritable épidémie; mais comme cette peau , lorsqu'elle est une fois desséchée et dur- cie, n'est plus susceptible de s'étendre pour se prêter à raccroissement de l'animal, à mesure que l'insecte augmente de volume, et à des époques déterminées pour chaque espèce, mais sur lesquelles la chaleur atmosphérique paraît avoir beaucoup d'influence, P^aîlimal quitte son épidémie, dont il sort comme d'un fourreau. On nomme mue cette crise, à laquelle Fin- secte est souvent plusieurs jours à se préparer, et qui lui est quelquefois mortelle. La plupart des chenilles de papillons et de bomhices changent ainsi sept fois de peau avant de passerai état de chrysalide. \1 écaille martre ( bombyx caja ) quitte ainsi près de dix fois sa peau. Au reste , nous avons l'intention de revenir plus particulièrement sur la mue à l'article des métamor- phoses, dans la leçon sur la génération. Il y a un épiderme très distinct dans les annélides. ART. II. DE LA PEAU. 581 On le détache facilement de la peau dans les lombrics qui ont été soumis pendant quelques heures à l'action de Tesprit de vin, ou qui ont macéré quelques jours dans l'eau: c'est une pellicule assez solide qui peut s'enlever en une seule pièce. Les sangsues et quelques autres vers articulés ont l'épiderme muqueux comme celui des mollusques gastéropodes. Il est assez difficile de déterminer la nature de l'épi- derme dans les zoophytes,et même de reconnaître dans plusieurs s'il existe. Vifd^ étoiles de mer , les oursins et les actinies paraissent en être pourvus. [Dans les siponcles , il peut même se séparer entièrement du corps, et celui-ci semble alors libre et flottant dans son intérieur, comme s'il était renfermé dans un sac : c'est sur cette apparence qu'on avait formé lespècc du sipunculus saccalus[\),^ ^^ Y ^ bien une pellicule dans les méduses; mais elle est si mince et si transparente, qu'il n'est pas probable qu'elle ait plusieurs couches. Les autres zoophytes , comme \q^ hydres^ etc., sont muqueux à leur surface, qui est trop molle pour qu'on puisse y distinguer aucune membrane. Q° Du tissu ou de r appareil muqueux (2). 11 se trouve, comme nous l'avons dit, immédiate- ,'r:'): (i) Cuvier, Règne animal^ t. 3, p. 243, 2^ edit. ,^( ( ' (2) Beaucoup d'anatomistes pensent que ce nom doit disparaître de la science, les uns, parce que, à l'exemple de Chaussier, ils contestent jus- qu'à!'existence de rappareillui-mêrae,d'autresparceque ce nom ne répond pas à l'idée spéciale que donne l'étude du corps muqueux, bornée à une seule classe d'animaux. Il nous semble utile de maintenir ce nom précisé- ment à raison de ce qu'il a de général, qui permet qu'on s'en serve pour désigner dans les diverses classes d'animaux la partie de renveloppc extérieure correspondante au corps muqueux de l'homme. Par exenij)le. 582 XI V*' LEÇON. SENS DU TOUCHEE, ment entre l'épiclerine et le corps papillaire. [G est une des parties les plus importantes de la peau par Finfluence qu'elle a sur la coloration des enveloppes des animaux. Dans Thomme et dans les mammifères , c'est une membrane à la surfoce de laquelle se dépose fréquemment une matière colorée ou pigment; mais dans d'autres animaux le pigment ne forme pas une couche distincte, et il semble comme pétri avec l'enduit muqueux épaissi ou solidifié.] I^a couleur du tissu mu- queux varie dans les diverses espèces d'animaux , et quelquefois même dans différentes parties de leur peau; et c'est uniquement de la couleur du corps mu- queux que dépend celle de la peau de l'animal ; car, dans tous ceux dont la peau est colorée, on peut en- lever l'épiderme presque pellucide , et le cuir ne par- ticipe jamais de cette couleur. [Dans les races humaines colorées, dans les nègres , dans la race rouge ou américaine, dans les races de M. Flourens, dont les travaux ont fixé avec pre'cisipn la nature et la structure de cette partie de la peau dans la race humaine, lui donne de pre'férence le nom d'appareil pigmejitaire^ et cependant cette dénomination n'est pas d'une exactitude rigoureuse, même pour l'homme, car si elle est très vraie pour les races colore'es, elle l'est déjà moins dans la race blanche, où le corps muqueux, hors certains espaces circonscrits, ne montre pas de pifjment,-- tant que des circonstances extérieures n'en favorisent pas le dé- veloppement. D'un autre côté, le corps muqueux, qui existe dans les mem- branes muqueuses, n'y est pas toujours couvert d'un pigment. A la vérité, cette objection n'en est pas une pour M. Flourens, puisqvi'il assimile îe corps muqueux des tnembranes muqueuses, non pas à !a membrane pig- menlaire, mais au second épitlerme delà peau Les recherches mêmes de M Flourens nous semblent rendre la première assimilation préférable à la seconde, car avec celle-ci on serait conduit à admettre dans les mem- f)ranes muqueuses coiore'es en noir l'existence d'une couche de pigment entre les deux epiderme?. ABT. II. DE LA PEAU. 583 rOcéanie, dans le Kabyle, l'Arabe , le Maure, l'appa- reil muqaeux ou pigiiientaire est formé par une mem- brane continue blanche, appliquée sur les papilles du derme , dont elle suit tous les contours, et présentant à sa face interne des prolongements qui pénètrent dans les foliicules des poils : à la surface de cette membrane est déposé un enduit diversement coloré suivant les races, c'est le pi^^ment. La même membrane se voit dans la race blanche; mais elle n'a de pigment que dans certains endroits déterminés, comme l'au- réole du mamelon , et aussi lorsque certaines circon- stances extérieures ont hdlé la peau (i). ] Il paraît que l'influence des rayons solaires détermine jusqu'à un certain point la coloration de la peau de l'homme; elle est blanche dans les pays tempérés; elle brunit de plus eu plus clans les pays chauds; enfin, elle devient noire dans les contrées brûlantes de l'Afri- que et de l'Asie. Ne pourrait- on pas rapporter la cause de ces variétés à la diversité de la lumière qui colore les corps vivants , en leur enlevant l'oxigène, et en dé- veloppant le carbone et l'hydrogène qu'ils contenaient? En effet , \q<, hommes qui s'exposent au hâle se basa- nent, au lieu que ceux qui habitent dans les souterrains s'étiolent comme les plantes, et deviennent extrême- ment blancs. (i). Cette membrane pigmentaire et la couche colorée qui la tapisse nous paraissent bien être les deux parties que Gaultier a observées et décrites sous les noms de couche alhide profonde et de gemmules ; mais il n'est pas allé au-delà du fait purement anatomique, et n'a pas saisi les rapports physiologiques qui lient l'une à l'autre ces deux parties, et les séparent des autres couches de la peau. G'est^ ce qu'a fait M, Flourens dans les recherches que nous avons citées. 584 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. La couleur du tissu muqueux varie beaucoup dans les mammifères. Il paraît déterminer , ainsi que nous le verrons par la suite , celle des oncles et des poils, [en s' enfonçant dans les follicules qui produisent ces or- ganes.] Souvent même il se retrouve coloré dans la cavité des organes où il se prolonge avec la peau, comme sur le palais , la langue , le conduit auditif, la conjonctive et la membrane nasale des singes^ des chiens , des rwninants ^ des solipedes ^ des cétacés. Le corps muqueux des mammifères a très peu de couleurs vives. Il est bleu sur les joues des mandrills; rouge, violet et carmin sur les fesses et sur le nez de ces mêmes singes, [rouge sur la lèvre inférieure du drill adulte; il est d'un beau bleu d'outremer sur les bourses de la guenon jnalbrouck ^ vert sur celles de la gueiîon vervet]; il est d\in beau blanc argenté sur le ventre des cétacés. C'est dans cette dernière famille des mammifères que le tissu muqueux a le plus d'épaisseur; car, dans le dauphin et le marsouin , il a près d'un demi-milli- mètre sur les parties du dos et de la tête qui sont co- lorées en noir. On ne peut mieux le comparer, pour la consistance et la couleur, qu'au noir que produit la graisse des essieux. liC tissu muqueux est peu distinct dans les oiseaux et presaue toujours blanchâtre dans toutes les parties que recouvrent les plumes; mais sa couleur sur les pattes , les cires et les caroncules de la tête est très su- jette à varier. Sur les tarses et les doigts, elle est souvent noire , comme dans les corbeaux^ les dindons ^ quelques ca- nards , les cygnes , etc.; grise , comme dans les poules , ART. II. DE LA PEAU. 585 les paons; bleue, comaie dans quelques mésanges ; verte , comme dans la poule cl eau ; jaune , comme dans Y aigle; orangée, comme dans la cigogne; rouge, comme dans le chevalier, etc. Le corps muqueux est noir dans la caroncule des cjgnes; gris , dans la cire du bec de beaucoup de per- roquets ; blanc, dans les joues de Vara bleu; vert, dans la cire du bec de Vépervier ; jaune , dans celle de la plupart des oiseaux de proie diurnes; rouge, sur le col et les joues du roi des vautours ^ etc. ; en général , il est adhérent à la peau ; il s'enlève même difficilement par la macération, et la dessiccation le décolore com- plètement, C/est aussi à la présence du tissu muqueux que sont dues les couleurs des reptiles. [Les substances écailleuses qui les revêtent fréquem- ment sont tantôt colorées par le corps muqueux qui reste dessous, et tantôt il est pétri dans leur sub- stance.] Dans les tortues^ par exemple, non seulement la peau qui revêt les pattes et le cou est diversement colorée par le tissu muqueuy, mais c'est à ce même tissu que sont dues les tack«% tf^fiiétriques qu'on remar- que sur les écailles : c'est ce qu'on reconnaît par la dissection. En effet, la peau du corps s'amincit beau- coup en s'approchant du plastron et de la carapace ; elle passe sous les écailles qui recoiîvrent ces par- ties, et qui sont elles-mêmes recouvertes par l'épi- derme ; et le tissu muqueux , dont la couleur varie , forme les taches qu'on voit au travers de leur transpa- rence. Il en est de même des salamandres et des gre- nomlles, Le tissu muqueux varie encore ici davantage 586 XI V* LEÇON. SENS DU TOUCHER. pour les couleurs: il est noir, brun, gris, blanc, vert, jaune, aurore, carmin, etc. On retrouve aussi un corps muqueux sous les écailles des lézards et des serpents , [ou plutôt à la surface des replis du derme qui en prennent l'apparence. Sur une peau de serpent convenablement macérée , le corps muqueux a Faspect d'une pâte en partie adhé- rente au derme, et en partie à répiderme,]et ses cou- leurs sont extrêmement variées. IjCs poissons sont cependant ceux de tous les ani- maux à vertèbres dont le tissu muqueux est le plus re- marquable par les couleurs éclatantes et métalliques dont il brille. On y retrouve celles de For, de Fardent, du cuivre, de Fétain , du plomb , et même toutes celles que peuvent prendre ces métaux par leurs divers de(>rés d'oxidation. Les couleurs étant du ressort de Fbistoire naturelle proprement dite, nous voulons seu- lement indiquer ici qu elles proviennent du corps mu- queux qui adhère fortement à la face interne des écailles , avec lesquelles on Fenlève souvent. La plupart des mollusques ont un tissu muqueux au- dessous de leur épidémie. Dans les céphalopodes , il est le plus souvent coloré en bleu ou en rouge; mais il forme une couche très mince. Celui des gastéropodes varie beaucoup, ainsi qu'on en a un exemple frappant dans les limaces. Il est épais, visqueux, mais il se dissout complètement dans Feau. . Peut-être , et nous sommes très porté à le croire , la substance même de la coquille est-elle vrain:ient ana- logue au corps muqueux , quoique ce nom de muqueux ne lui convienne plus. En effet , le test calcaire se trouve jmBiédiatement ART. II. DE LA PB AU. 587 au-dessous de répîderme; il se renouvelle lorsqu'on en a enlevé quelques parties. C'est un enduit sans organi- sation apparente, et non une membrane; il est pro- duit par couches successives ; enfin il est coloré , et ses nuances varient à l'infini. Dans les crustacés, le corps muqueux se trouve aussi représenté par le test calcaire situé au-dessous de l'épiderme. Sa couleur est ordinairement vert sombre, quelquefois rouge, blanche ou noire. L'alcool, les acides, et surtout Faction du feu font passer la couleur verte à une nuance rouge souvent très éclatante : c'est ce que nous voyons tous les jours sur nos tables dans les écrei^isses. Dans les insectes qui sont encore sous la forme de larves, on voit entre Tépiderme et les muscles une couche de substance muqueuse dont les couleurs va- rient à l'infini dans les diverses espèces. C'est surtout dans les chenilles et dans les larves de quelques hymé- noptères qu'elle est remarquable par les couleurs; elle donne à leurs corps les teintes les plus pures et les plus vives, dont les nuances et la symétrie sont admirables. Le blanc , le pourpre, le violet, le bleu, le vert , le jaune, l'aurore, le noir, etc., s'y trouvent distribués de la manière la plus régulière et la plus éclatante. Nous croyons aussi que c'est au tissu muqueux des- séché et mélangé avec la substance cornée qu'on doit attribuer les couleurs dont brillent les insectes parfaits; car, lorsque les lépidoptères sont dans leur chrysalide, les petites écailles colorées qui doivent orner leurs ailes sont alors sous un état de mucosité assez sembla- ble à celle qu on trouve sous la peau des chenilles. Les 588 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHES. couleurs des araignées sont aussi dues à cette mucosité ; on la trouve sous leur peau ; elle a l'apparence de petits points glanduleux dont les nuances varient beau- coup. Mais, dans les coléoptères et dans plusieurs autres ordres, les couleurs de la peau sont fondues dans son tissu corné, à peu près comme celles des tes- tacés le sont dans leurs coquilles calcaires. Parmi les zoophytes , il n'est qu'un petit nombre d'espèces dans lesquelles on puisse distinguer le tissu muqueux ; il est même si mince alors qu'on ne peut le séparer de la peau : c'est ce qui a lieu dans quelques astéries. [Dans les actinies^ le tissu muqueux velouté et diversement coloré qui les recouvre se dissout promptement par le macération, et laisse à nu le derme.] Le tissu muqueux paraît se confondre avec le test calcaire qui sert de demeure à plusieurs autres zoophytes : c'est ce qu'on observe dans plusieurs es- pèces ai oursins^ de coralines , dans les cératophytes et dans beaucoup de lithophytes. 3^ Du tissu papillaire. Les anatomistes ont désigné sous ce nom la partie de la peau qui se trouve entre le cuir et le corps mu- queux. [C'est la partie superficielle du derme, diffé- rente des parties profondes.] Ce n'est point une cou- che membraneuse comme l'épiderme, mais une sur- face produite par l'agréo-ation et le rapprochement d'une infinité de petits tubercules de formes diverses, qu'on croit être produits par les dernières extrémités des nerfs cutanés : aussi les nomme-t-on mamelons ou papilles nerveuses. [Mais ils paraissent formés, outre les filets nerveux , par les ramifications excessi- ART. II. DE LA PEAU. 589 vemeut ténues et déliées des vaisseaux artériels et vei- neux de la peau. La membrane du corps muqueux et Tépiderme, en se moulant sur eux et en pénétrant dans leurs intervalles , leur forment des étuis ou des gaines qui tempèrent l'action des corps extérieurs.] Quoique ces tubercules soient de figures très diffé- rentes, leur structure est à peu près la même. On la développe assez facilement par la macération dans l'eau , continuée pendant quelques jours; on voit alors que chacun d'eux est formé par le rapprochement de fibrilles réunies par leur base à peu près comme les poils d'un pinceau. Tantôt les fibrilles du centre sont plus longues que celles de la circonférence , alors la papille est de figure conique ; tantôt elles sont à peu près de même longueur, et alors le mamelon est aplati. C'est principalement dans ces papilles que réside le sens du toucher : aussi les voit-on en plus grand nom- bre et beaucoup plus prononcées sur la langue, sur les lèvres et sur les extrémités des doigts. Dans l'homme, les mamelons sont surtout remar- quables sous la plante des pieds et à la paume des mains ; ils sont très serrés et très rapprochés les uns des autres, distribués sur des lignes qui correspondent à celles que Von voit à l'extérieur , et dont nous avons déjà parlé en traitant de l'épiderme. Ceux qui se trou- vent sous les ongles forment une surface veloutée , dont les fibrilles très serrées sont toutes obliquement dirigées vers l'extrémité du doigt. Les fibrilles des lè- vres sont disposées de la même manière ; mais elles sont encore plus déliées, plus longues et plus serrées entre elles. 590 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. Il en est à peu près de même dans tous les mammi- fères ; mais les mamelons se développent d'autant plus que les parties auxquelles ils correspondent ser- vent davanta(je au tact. Dans la taupe ^ la musaraigne et le cochon^ les mamelons nerveux sont très visibles sur le museau ; ils forment des houppes dont les fibres sont très serrées ; on les retrouve sur la trompe de ïéU- ■pliant^ et nous les avons 1res distinctement observés sur la queue du sarigue-crabier[et sur celle des sajous et du coaita.^ 11 est probable qu'il en est de même dans tous les mammifères à queue préhensile : nous n'en avons pas remarqué sur la peau du dauphin et du marsouin. Les oiseaux n'ont de papilles distinctes que sous la plante des pieds et sous les doigts. Elles forment des mamelons très rapprochés et disposés par li- gnes parallèles : on les démontre facilement dans les pattes de volailles , dont on enlève l'épiderme par l'action du feu : on les voit aussi sur la membrane qui réunit les doigts des oiseaux palmipèdes. J^es reptiles sont dans le même cas que les oiseaux. On ne voit guère de papilles que sous leurs pattes; elles sont très grosses et mamelonnées dans plusieurs espèces de lézards , et notamment dans le caméléon. On n'en distingue pas du tout dans les tortues de 7?ier^ dont les pattes prennent la forme de nageoire. Il n'y en a pas (\u tout non plus dans les serpents^ ou bien elles n'ont pas la forme de mamelons. Nous n'avons rien observé sous la peau des animaux invertébrés qui puisse être regardé comme des papilles nerveuses : cependant, dans les mollusques céphalo- podes, on voit parvenir quelques filets nerveux dans AET. II. DE LA PEAU. 691 de petits globules qui nous ont paru glanduleux, et dont la peau est hérissée. Dans tous les autres mollus- ques, on suit bien quelques filaments nerveux jusque dans la substance de la peau; mais nous ne les avons pas vus y former de papilles. 4° Du cuir ou derme. On nomme ainsi la dernière couche de la peau ou la plus profonde. Les anatomistes sont parvenus à développer sa structure dîme manière très évidente , à Faide de certaines préparations, et particulièrement en la faisant macérer dans Teau. Ils ont démontré que son tissu est un composé de fibres d'une substance gélatineuse, qui se croisent en tout sens , et qui sont tellement entremêlées qu'on ne peut les comparer qu'à une étoffe feutrée. Parmi ces fibres, on a reconnu un grand nombre de fines ramifications de nerfs et de vaisseaux artériels, veineux et lymphatiques, sur les- quels nous reviendrons dans un article particulier. Cette organisation du cuir est telle , que les fibres qui le composent sont susceptibles de s allonger et de s'étendre en tous sens. Son extensibilité était néces- saire pour donner à la surface de Tanimal la faculté de résister à Vaction physique des corps. On a profilé, dans l'économie, de cette même pro- priété de la peau, en lui donnant certaines prépara- tions, pour remployer aux divers usages dans lesquels il lant de la force et de la souplesse , et où il y a un grand frottement à éprouver : c'est ce qui constitue l'art du corroyeur. On en a rapproché les fibres , ou on les a écartées pour appliquer le cuir à d'autres usages, et c'est ce qui a produit les arts dn tanneur, 592 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. du mégissier, du parcheminier, du maroquinier, etc. Dans riiomme, le cuir est épais de deux à trois mil- limètres dans certaines parties du corps, comme dans la région du dos et des lombes; mais il n'a guère qu'un demi-millimètre sur les bras et sur le ventre. Par la macération et la préparation de Fart du mëgissier, on voit que les fibres qui entrent dans sa composition sont longues, fines, très solides, mais réunies d'une manière lâche. Dans les mammifères en général, le cuir est aussi plus épais dans la région du dos, et beaucoup plus mince dans celle du ventre, [il est plus épais dans les animaux qui ne sont pas recouverts de parties dures ou cornées. Celui du porc-épic est d'une mollesse re- marquable.] Dans les oiseaux, le cuir est beaucoup moins épais que dans les mammifères : cependant il a beaucoup de consistance dans quelques familles , particulière- ment dans celles des oiseaux de proie et des palmi- pèdes. 11 est excessivement mince, même proportion- nellement, dans quelques espèces de mésanges et de becs fins. Les reptiles , dont le corps n'est point, ou n'est qu'en partie couvert d'écaillés, ont une peau très ser- rée et très dense. Nous en avons un exemple dans les tortues^ les salamandres ^ les grenouilles et les cra- pauds. Dans ces deux derniers genres en particulier, le cuir est très remarquable , en ce qu'il n'adhère pas au corps dans tous ses points , comme dans les autres animaux chez lesquels il est intimement uni avec le tissu cellulaire ; il n'adhère là qu'au pourtour de la bouche dans la ligne médiane du corps sur les ART. îl. DE LA PEAU. 593 aisselles et sur les aines. Dans toutes les autres par-, ties, le corps est libre dans son cuir, où il est contenu comme dans un sac. Les lézards et les serpents sont dans le même cas que \q^ poissons. On retrouve dans cette dernière classe d'animaux lin derme, ou cuir fort tenace au-dessous des écailles; mais ■i . . il est intimement adhérent aux muscles , et même d'une manière beaucoup plus serrée que dans les autres classes; il est très épais à.'îxxi^X esturgeon ^ queU Q\[\Q% squales , les raies ^ \ anguille^ etc. ; il est mince , au contraire , dans les poissons qui ont les écailles larges, comme les cyprins, les spares. Parmi les animaux non vertébrés , nous n'avons reconnu de véritable cuir que dans les seiches et autres céphalopodes. îl est appliqué immédiatement sur les muscles à l'aide d'un tissu cellulaire très dense : il est lui-même très coriace et difficile à déchirer; ses fibrilles sont très ténues. Dans tous les autres ordres , on ne retrouve aucune partie qu'on puisse comparer au cuir : il y a bien une pellicule au-dessous du test des crustacés; mais elle est fine, transparente, et elle a très peu de con- sistance. Dans les insectes sous l'état de larve, la peau qui s'enlève par couche, dans le temps de la mue , est de même nature et de même épaisseur que celle qui se trouve dessous et qui doit lui succéder. L'enve- loppe même des chrysalides coarctées , telles que celles des lépidoptères et des diptères, ne peut être regardée comme le cuir : c'est plutôt une espèce d'épiderme corné. Enfin , sous l'état parfait , on ne retrouve dans les téguments des insectes aucune partie a. 38 594 XIV* Î.FÇON. SENS DU TOUCHER. qui puisse être comparée au cuir. Les vers et les zoo- phytes sont absolument dans le même cas(i). ARTICLE m. DES MUSCLES DELA PEAU, OU DU PANNIGULE CHARNU. Nous avons fait connaître, dans l'article précédent, la nature et l'organisation des différentes couches des téguments : nous allons étudier ici îes mouvements dont la peau est susceptible , et les organes qui les produisent. Dans riiomme, la peau a très peu de mouvement : aussi les muscles qui s'y insèrent ont-ils peu de force et d'étendue. Ils sont au nombre de trois paires : deux de ces muscles sont spécialement destinés à mouvoir la peau du front et de la tête, et le troisième agit sur les téguments du col et des joues. Tout l'espace compris entre l'occiput et la partie supérieure des orbites, immédiatement au-dessous du cuir, est occupé par un muscle digastrique, en grcuide partie aponévrotique, et qu'on nomme fro/ito-occipital ( occipito-frontien ). Les fibres charnues sont très courtes et situées aux deux extrémités de la large apo- névrose qui forme comme une calotte au-dessus du crâne. Les antérieures sont attachées à la peau au- (i) Pour beaucoup d'anatomisles , ce n'est pas le corps muqueux, c'estle derme même cpii prendrait la texture calcaire dans le test des crus- tacés, ou la texture cornée dans c* lui des insectes, et dans ces animaux en effet la peau est assez différente de celle des animaux supérieurs pour qu'on puisse admettre l'une de ces analogies avec autant de raison que l'autre. M. Cuvier lui-mcme a adopté ia seconde, comme on peut le voir, t. I, nrt. IH, paf[e i 29. ART. IIT. DU PAÎNNTCULE CHARNU. 595 dessous des sourcils ; les postérieures s'insèrent à une ligne transversale supérieure de l'os occipital; elles se glissent parleur autre extrémité sous la calotte apo- névrotique , à laquelle elles se fixent. Ces muscles sont plus prononcés dans certains sujets que dans d'autres : ils sont destinés à relever les sourcils; ils froncent aussi la peau du front et produisent ainsi les rides transverses plus ou moins parallèles qu'on y remarque. Immédiatement au-dessous des fibres charnues an- térieures de l'occipito-frontal, dans la ligne qui cor- respond aux sourcils, on trouve d'autres fibres cbar- nueS; qui s'attachent d'une part à l'éminence nasale de l'os du front, et de l'autre, en partie à la peau des sourcils , et en partie aux fibres charnues dont elles sont recouvertes. Ces petits muscles, qu'on a nommés surcillers {^Jronto-surciliens ) , contre-balancent l'ac- tion des occipito-frontaux. Ils rapprochent aussi les sourcils l'un de l'autre, et froncent ainsi la pcciu qui recouvre l'origine du nez. Enfin , la troisième paire de muscles peaussiers , dans l'homme, occupe toute la partie antérieure du col : c'est une espèce de membrane charnue située immédiatement au-dessous de la peau; elle s'étend de la partie antérieure de la poitrine, où elle prend naissance, par des fibres charnues, grêles et très dis- tantes, sur le tissu cellulaire qui recouvre les muscles grand pectoral et deltoïde, jusque sur les parties la- térales des joues, et elle s'attache en partie à la mâ- choire inférieure et en partie à l'arcade zygomatique. Ces muscles sont extrêmement minces, mais très lâches dans la partie inférieure du col; ils deviennent plus épais à mesure qu'ils se rétrécissent. 596 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHEE. Il est assez difficile de délerrainer Taction de ces niuscles peaussiers ( thoraco-faciens ). Ils agissent sur la bouche par leur union aux muscles des lèvres ; ils entrent ainsi pour beaucoup dans l'expression de la physionomie ; ils froncent les téguments du col et du menton, et y prodxiisent des rides très remarquables. Il y a bien encore quelques fibres musculaires sous la peau des bourses génitales de l'homme , qu'on nomme le clartos ; mais ces fibres sont très grêles; elles varient beaucoup , et ne constituent pas un muscle proprement dit : elles sont destinées à froncer la^peau de ces parties. Dans tous les mammifères , on retrouve les mêmes muscles peaussiers. Ceux de la tête sont ordinairement moins prononcés ; mais aussi celui du col est plus fort, et il y en a un particulier qui, de toute la peau du ventre, du dos, et même des cuisses, vient le plus ordi- nairement s'insérer à l'humérus. [ Il y a cependant à cet égard de nombreuses excep- tions , qui dépendent du plus ou moins de mobilité des diverses parties de la peau, et du rôle que remplit l'enveloppe cutanée dans le genre de vie et de défense des animaux. Le peaussier peut donc être appelé plus particulièrement du nom de peaussier scapuiaire, ou dorsal , ou latéral , ou ventral , selon qu'il s'étend sur Tune de ces parties du corps , ou bien prendre en même temps plusieurs de ces noms lorsqu'il s'étend sur plusieurs de ces parties à la fois.] Dans les singes et dans les chiens , il y a un occipito- frontal : il est aussi t4rès mince ; mais ses fibres char- nues sont proportionnellement plusMongues. En outre, on trouve sous la peau de la face des fibres charnues ABT. III. DU TANNICULE CHABNU. 597 qui lui communiquent ie mouvement qui fait froncer dans ces animaux la partie latérale des joues et dunez. Le peaussier du col , dans les sms^es , tient à la peau par un tissu cellulaire très serré; il se prolonge sur la face et va s'unir avec les fibres que nous venons défaire connaître. [Dans le magot et les cynocéphales^ il enve- lop})e Fépaule et s'étend en haut ou en arrière du cou beaucoup plus que dans riiomme.] Dans les chiens^ nous n'avons vu que des fibres charnues très grêles sur le col. [ Elles y ont deux directions croisées : l'une de la mâ- choire vers le haut du cou, l'autre du sternum vers Tocciput. Dans d'autres carnassiers^, le peaussier du cou est bien marqué ; dans la hyène ce sont des faisceaux de fibres espacés, parallèles et obliques de bas en haut, et d'avant en arrière. C'est la même chose dans le blaireau, dans la loutre et dans la. genette^ mais les fibres sont plus serrées ; dans la panthère et dans Vours, le peaussier ressemble à celui du chien. Dans le phoque ^ les fibres parties de la mâchoire se partagent en deux languettes; l'une va vers le haut du cou, l'autre vers le sternum. ] Le peaussier du ventre et du dos , dans ces animaux, est aussi fort adhérent à la peau ; ses fibres recouvrent à des degrés différents la poitrine , le dos , les flancs et l'abdomen; elles viennent toutes se réunir sous l'ais- selle, où elles s'attachent par un ou deux tendons au dessous de la tête de l'humérus avec le tendon du grand pectoral. Ce peaussier a, dans presque tous les mam- mifères dont nous venons de parler, la même insertion, de sorte qu'il sert aux mouvements du bras, et qu'on pourrait le nommer derino-huinérien. [Dans la genette il y a trois attaches pour le peaussier dorso-venîral. 598 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. Le tendon qui réunit les fibres supérieures vient se joindre au quatrième extenseur du coude ; le tendon des fibres latérales va à l'humérus en se joignant au bord inférieur de la portion profonde du grand pec- toral; le tendon des fibres ventrales va se coller près du bras à une autre portion du grand pectoral. Dans le phoque , il n'y a que le peaussier ventral qui aille à rhumérus. Le dorsal va s'insérer le long de l'épaule et le long de la face externe du bras et de lavant-bras. Dans la taupe^ des deux tendons du peaussier du ventre, l'un va se joindre à la grande portion oblique du grand pectoral , Fautre à sa portion transverse. ] Dans les quadrumanes, les chéiroptères et les car- nassiers mâles , on trouve aussi des fibres musculaires dans la peau des bourses génitales ; elles sont même, proportion gardée, plus visibles dans les c/iain^es-soujis que dans l'homme. Dans presque tous les mammifères, le peaussier se glisse sous la peau des parties génitales mâles, surtout dans ceux qui lancent leurs urines par bonds. Dans le raton , le peaussier du ventre est en même temps un rétractenr très puissant du prépuce ; il forme un faisceau de fibres, d'environ deux doigts de largeur, qui vient s'attacher au prépuce en décrivant un ovale avec celui du côté opposé. Le reste du muscle qui re- couvre le ventre est mince. En devant , le muscle s'at- tache à l'humérus par deux languettes distinctes. [Ou retrouve dans la hyène , dans le chie/i , dans Yours , le même trousseau rétracteur du prépuce. Dans iQSÂanguroos^ les phala/igers et les sarigues ^ le peaussier du ventre se conduit pour ses attaches comme dans les carnassiers en général ; mais dans les deux ART. m. DU PANNICULE CHAKNU. 599 premiers genres il entoure de ses fibres la poche abdo- minale , tandis que dans les sarigues , il ne s'approche pas de la bourse, et ne contribue pas à en former les bords (i). ] Dans la inarinotte , le peaussier du coi est à peu près comme dans riiomme ; mais au-dessous de celui-là on en retrouve un autre plus épais, qui en forme comme la doublure, mais qui monte plus haut vers la tête, où il se termine sous les parties latérales de la tête, et même sur la face et le museau. [î^a partie inférieure du peaussier du col forme une longue bande fibreuse qui descend delà mâchoire inférieure jusqu'au coude.] Celui du corps occupe tout le dos, depuis 1 origine de la queue jusqu'à la pointe postérieure du trapèze. Sur le ventre, il vient du pubis, des aines et des fesses : toutes les fibres se réunissent sous l'aisselle , où elles forment deux tendons, Fun qui s insère avec ceux do grand dorsal et grand rond réunis, et 1 autre avec celui du grand pectoral. [Dans le castor^ où le muscle est à peu près le même, il donne en outre des fibres superficielles, qui s'in- sèrent le long de l'omoplate et du bras ^ et forment une sorte de peaussier humerai. Dans \^ porc-épic les fibres s'étendent depuis l'épaule et le bras jusqu'à la queue. Elles se partagent en deux parties; la supérieure et latérale est de beaucoup la plus grande : elle couvre le dos et les flancs comme d'un manteau , enveloppe la face externe de la cuisse, et s'insère par un fort faisceau de chaque côté de la queue. La partie inférieure, étroite, se rend obliquement du bras à la ligne médiane ven- (i) Cuvier, dessins inédits. 600 Xiy' lEÇON. SENS DU TOUCHEE. traie. Cette disposition du peaussier explique le niou- veiîient du porc-épic , lorsque, s'appuyant sur les pieds de devant, il a^^^ite et fait résonner par une contraction brusque et énergique le bouquet de piquants qui gar- nissent sa queue. Dans le cabiai et le cochon cï Indè^ outrele trousseau profond du peaussier du corps, qui va, comme à 1 ordi- naire, s'attacher à Fliumérns, les fibres superficielles prennent deux directions. Les unes vont de la ligne ventrale médiane vers la face externe du bras , les au- tres du même point vers la face externe de la cuisse. Cette distribution du peaussier explique pourquoi ces animaux ont toujours dans leurs mouvements les mem- bres rapprochés du corps. Par une disposition inverse, une partie du peaussier est fort détachée du tronc dans les animaux où la peau des flancs s'étend entre les deux paires de membres j de manière à leur permettre de se soutenir en l'air durant quelques instants. Dansle/;(7/«- touche , par exemple, le peaussier du cou, après avoir embrassé de ses fibres la mâchoire inférieure, les ras- semble en un long filet qui suit, dans l'épaisseur de la membrane latérale, le bord antérieur du bras et de l'avant- bras jusqu'au poignet. Le peaussier du dos, étendu dans la même membrane latérale , se termine par une sorte de lisière ou de ruban de fibres qui règne depuis le poignet , le long du bord interne de l'avant- bras , jusqu'au talon. Le peaussier du ventre va se joindre, comme à l'ordinaire, à la portion profonde du grand pectoral. Dans Ycléphciîit^ le peaussier du cou est surtout ap- parent à la partie inférieure du cou et sur la mâchoire inférieure jusqu'au-dessous de roreille : celui du dos et Ai\T. m. DU PANNICULE CHÀKNU. 601 du ventre, composé de fibres parallèles , se partage en avant en trois faisceaux. Le supérieur vient s'attacher le long de lomoplate j le second en dedans de l'humé- rus , c'est le dermo-humérien proprement dit; le troi- sième va obliquement de la cuisse s'attacher à la ligne médiane ventrale jusqu'au sternum. C'est à peu près îa même chose dans le tapii\ ainsi que dans les rumi- nants. ] On retrouve un muscle peaussier, même dans le dauphin; [et le dorsal est très distinct du ventral. Une ligne droite qui règne tout le long du flanc mar- que leur séparation : le premier occupe toute la partie supérieure du corps ; il se compose de fibres obliques parallèles; le second, composé défibres plus courtes, également parallèles et obliques d arrière en avant , vient se confondre près de î'e'paule avec le grand pec- toral qui est dessous. Sous la mâchoire , le bord anté- rieur du peaussier du cou se confond avec le mylo- liyoïdien. Comme le hérisson d'Europe présente une organi- sation plus compliquée et très curieuse des muscles peaussiers, nous allons en donner une description abré- gée. [Nous y ajouterons aussi celle de quelques animaux, tels que Y or jet ère à tache blanche (mus capensis) , le tenrec et \ ornithorhijnque ^ qui , sans avoir un pan- nicule charnu aussi compliqué que le hérisson. Font cependant assez différent du commun des ani- maux. ] Il faut d'abord se rappeler que les muscles du hé- risson^ étant attachés à la peau, changent de position avec elle , de sorte qu'ils n'ont de constant que leurs attaches : nous allons donc supposer l'animal dans cer- 602 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHEE. taines positions, pour que roo puisse retrouver plus facilement les parties décrites. Le hérisson supposé roulé sur lui-même , comme lorsqu'il veut se défendre , tout sou corps se trouve enveloppé sous la peau par un sac de libres charnues et concentriques, de forme ovale. Toutes ces fibres sont intimement adhérentes à la peau et même à la base des épines dont elle est héris- sée, et dont on a peine à les détacher avec les instru- ments. La bourse charnue qu elles forment est plus épaisse au pourtour de son ouverture qui répond au ventre ; elle forme là une espèce de sphincter ou de muscle à fibres orbiculaires. Lorsque le hérisson est allongé , comme lorsqu'il court ou quil est sur ses pattes, le muscle que nous venons de faire connaître est tout-à-fait changé de figure; il forme sur le dos un ovale, dont la partie moyenne est très mince , et dont le pourtour, beau- coup plus épais, est plus élevé. Aux différents points de ce pourtour s'attachent plusieurs muscles acces- soires. Du côté de la tête, ou à la pointe antérieure de l'o- vale, on en voit deux paires: Tune s'attache dans la ligne moyenne et s'insère sur les os du nez; l'autre, plus extérieure, semble confondre ses fibres entre les orbiculaires externes , et s'insère en avant sur les par- ties latérales du nez et sur les os incisifs. A l'extrémité postérieure de l'ovale s'attache une autre paire de muscles larges et de forme pyramidale , qui se continuent aussi avec les fibres orbiculaires ex- ternes : leur pointe tendineuse s insère aux parties laté- rales de la queue , vers son extrémité. ART. III. DU PANNICULE CHARNU. 603 Il y a encore quelques autres muscles situés sous la peau du côté du ventre, ou plus profondément sous le grand muscle orbiculaire. L'animal écorcbé, et supposé vu par le ventre, on y distingue au premier aperçu trois portions char- nues. La première est située sous la gorge, et correspond au peaussier du col; elle vient de l'origine de la poitrine sous la peau, et va s'insérer sur les parties latérales de la tête vers les oreilles. Celle d'un côté s'unit à l'autre par une intersection médiane ou ligne grais- seuse. La seconde vient de la ligne moyenne du sternum, et se porte obliquement en s'épaississant et diminuant de largeur au-dessus des épaules pour aller se joindre au bord du grand muscle orbiculaire. La troisième portion ventrale est encore plus mince que les deux autres ; elle est étendue sur toute la sur- face de l'abdomen; elle vient du pourtour de l'anus, des parties latérales de la queue , de l'origine des cuisses. Arrivée sur les côtes, elle se partag.e en deux portions : Tune interne , plus large , se glisse sous Fais- selle , et s'insère à la partie supérieure interne de l'os du bras; l'autre externe, se prolonge sur les parties latérales pour s'unir au grand peaussier orbiculaire vers le col. Tels sont les muscles que l'on aperçoit à la couche superficielle ; il y en a quelques autres encore qui en sont des appendices et qui se trouvent couchés sous ceux du dos. L'un vient de la tête, où il est attaché sur le bord postérieur du conduit auditif de l'un et de l'autre côté; 604 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. il se perd en arrière dans l'épaisseur de la pointe anté- rieure de i'orbiculaire. Un autre petit trousseau charnu vient des dernières apophyses cervicales en se perdant dans le muscle peaussier du dos. Enfin, au-dessous de ce grand peaussier orbiculaire du dos, on remarque des fibres transversales qui for- ment un plan très mince, dont les antérieures s'atta- chent à la partie supérieure interne deThumérus, et les postérieures au trousseau externe de la troisième portion ventrale. Etudions maintenant l'usage de ces muscles. L'animal, supposé roulé en boule, est enveloppé par le muscle orbiculaire. S'il veut conserver cette position, il lui suffit de faire contracter les fibres du pourtour qui sont très fortes, et qui font, pour cacher le ventre en fermant la bourse, l'effet d'un sphincter. L'animal veut-il se dérouler, les fibres du milieu de l'ovale se contractent; les externes se relâchent d'a- bord, et laissent sortir le ventre et les pattes; puis toutes les fibres circulaires se contractent ensemble et se rapprochent sur le dos. Par cette contraction en tous sens les muscles acces- soires se trouvent tendus et aptes à se contracter : les antérieurs relèvent la tête et l'étendent vers le dos. Les postérieurs relèvent la queue. Ceux de la couche profonde relèvent la tête et le col , et l'animal peut alors marcher. Le hérisson s'aperçoit-il de quelque danger; veut-il se rouler en boule : L'orbiculaire se relâche, et les muscles delà queue ABT ITT. DU PANNICULE CHARNU. G05 et de la tête allongent l'ovale ; les profonds transverses qui s attachent sur la portion externe du peaussier du ventre Télargissent. Tout cède alors. Les fléchisseurs et le peaussier du col et de la poitrine rapprochent la tête du ventre; le peaussier et les muscles de l'abdomen approchent la queue et les cuisses de la tête; les fléchisseurs des membres se contractent. Le grand orbiculaire glisse sur les côtes; et se contournant par ses bords, et repre- nant par là la forme d'une bourse , il maintient l'ani- mal pelotonné. [Le peaussier du tenrec fournit atout lecorps, depuis le coccyx jusqu'à la tête , un étui serré, qui enveloppe même la cuisse et le bras à leur face interne. Ses libres superficielles sont en général longitudinales , mais les fibres profondes se rassemblent en plusieurs faisceaux distincts par leur direction et leurs attaches. Celles qui constituent le peaussier ventral accompagnent le grand pectoral à son attache à l'humérus; un autre fais- ceau occupant le dos et l'épaule accompagne le grand dorsal à son attache au même os; un troisième fais- ceau, venu des parties latérales du ventre, va s'insérer au coude, qu'il tient ainsi rapproché du corps ; et un qua- trième faisceau, partant des mêmes points et passant à la face interne du bras, vient s'épanouir sous la gorge et la mâchoire et rejoint les fibres du peaussier du cou; au-dessous de celui-ci (l'animal étant vu par sa face inférieure), il y a une couche profonde compo;.ée de trois muscles : l'un, antérieur et élargi, se dirige delà ligne médiane obliquement en avant et en dehors sous le cou et sous la mâchoire; les deux autres, en forme de ruban, se dirigent du même point de la ligne mé- 606 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. diane en arrière vers le bras , où ils s'insèrent , l'un, au-devant de l'humérus, avec le deltoïde , l'autre au coude, immédiatement derrière l'insertion du super- ficiel. L'ensemble de ces muscles doit ramener la tête entre les jambes de devant. On voit que le tenrec, avec un pannicule ainsi composé, peut s'enrouler assez for- tement, bien que dune manière moins complète que le hérisson. Dans \oryctere ou rat-taupe du Cap, le peaussier, parti de la queue et de tout le bord postérieur de la cuisse, enveloppe le dos et les flancs comme d'un man- teau, et se partage en avant, en languettes distinctes. La pins inférieure passe sur la face externe du bras, et vient s'attacher à l'humérus avec le deltoïde ; une autre, placée un peu au-dessus, et qui rassemble le reste des fibres du dos et des flancs , vient s'attacher à Facromion, au même point qu'un autre muscle sous- cutané qui va de Facromion à la mâchoire inférieure, et que Fon appelle Xacrormo- maxillaire. Au cou, les Fibres du peaussier forment deux cou- ches : la profonde, qui envoie des fibres fort en ar- rière sous le peaussier du dos, vient s'attacher obli- quement sur le côté de la mâchoire inférieure ; la couche superficielle, croisant la direction de la pré- cédente, vient en convergeant du sommet du cou, de l'occipital et du tour de Foreille, s'attacher sous la forme d'un ruban étroit sur la ligne médiane derrière Facromio-maxillaire. 11 n'y a au ventre qu'un petit trousseau de fibres allant du bord antérieur de la cuisse à la ligne blanche. Vi^w^Xornithorhynque, la couche superficielle du 0 ART. ITT. DU PANNICULE CHARNU. 607 pannicule enveloppe tout le corps de fibres longitudi- nales depuis la queue et le bord postérieur de la cuisse jusqu'à la tête. A la partie inférieure du cou, il y a une autre couche profonde de fibres long^itudi- nales qui recouvrent la poche buccale, et entre les deux une couche de fibres transverses qui se rejoignent sur la ligne médiane. A la partie supérieure et latérale du cou, sous la couche superficielle, il y a deux muscles presque transversaux ; l'un qui de la face interne du peaussier, en avant du bras, va s'attacher à Fhyoïde, l'antre qui de la partie postérieure de la poche buc- cale va aussi s'attacher à Thyoïde. Au dos', la face inférieure du peaussier montre également une couche profonde de faisceaux musculaires : Fun , parti de la région lombaire, où il adhère aux aponévroses, vient s'attacher au peaussier près du crâne; un autre, qui représente le peaussier dorso-ventral delà plupart des mammifères , part de riiumérus vers l'attache du grand pectoral, et va s'insérer au peaussier, près des lombes- Il semble être l'antagoniste du précédent. ] Les muscles peaussiers des tatous (dasypas) ne sont point aussi forts ni aussi compliqués que ceux du hérisson, quoique ces animaux aient aussi la faculté de se rouler en boide. Le grand peaussier du dos est plus épais sur les bords du ventre, ou il est fortement adhérent au pli qui réunit la peau de l'abdomen avec celle du dos. H adhère à la peau des aines et des aisselles; il envoie aussi quelques prolongements qui s'attachent à la tête et à la queue; mais ses fibres chariiues sont très min- ces. Quelques unes se détachent d'espace en espace pour s'insérer au bord antérieur de chacuîse d%e?. 608 XIY^ LEÇOiJ. SENS DU TOUCHEB. bandes osseuses qui recouvrent le dos de i'animal. Les peaussiers du ventre sont aussi très grêles; ils fournissent quelques fibres charnues à la verge, et le trousseau qu'elles forment a iDeaucoup de ressem- blance avec ce que nous avous observé dans le raton; mais il est moins épais. Le peaussier du col existe ; mais il est très mince : il se prolonge sous les écailles delà face. Dans les oiseaux, ces muscles sont plus prononcés dans certaines espèces , particulièrement lorsque l'oiseau meut à sa volonté les plumes de la huppe, du col, du croupion, comme dans les huppes^ les kaka- toès^ les hérons^ etc. Nous allons les faire connaître dans Xoie^ oiseau sur lequel il est très facile de les disséquer. Le peaussier du ventre s'attache sur la septième et la huitième côte par deux digitations charnues comme le grand dentelé ; il est large, aplati , et se dirige obli- quement en devant et en haut versFarticulation sca- pulaire de l'os du bras. Arrivé au-dessous de la tête articulaire, il s'insère à la peau. îl y a aussi sur la partie latérale externe de chacun des muscles grands pectoraux quelques fibres char* nues. Dans l'épaisseur de la peau, elles se confondent immédiatement au-dessus de l'aisselle avec le tendon du grand pectoral. Immédiatement au-dessous de la partie large et plane de l'os pelvien entre les deux iléons, on remar- que sur la peau deux petits plans charnus, dont les fibres, courtes et comme mamelonnées , agissent sur les plumes de cette partie et les redressent. On voit aussi le long de la peau du col des bandes ART. III. DU PANKICULE CHAENU. 609 longitudinales de fibres musculaires qui meuvent cette partie : ils forment deux plans distincts, surtout sur les côtés. Dans les grenouilles, il n'y a point de muscle peaus- sier du corps, parce que la peau ne lui est point ad- hérente; maison trouve sous la gorge des fibres qui s'attachent au pourtour de la mâchoire et qui s'insè- rent au tissu cellulaire qui unit la peau à l'origine de la poitrine. Dans les tortues^ le peaussier du col est très visible, et il semble formé de deux parties; il est étendu depuis et dans toute la concavité de la mâchoire inférieure jusqu'au bas du col à la partie antérieure du plastron. Une ligne médiane cellulaire le réunit avec celui de l'autre côté; il prend naissance sur les apophyses transverses des vertèbres cervicales. Etendu sur les muscles du col , il leur sert comme de sangle. Dans sa partie inférieure, il est percé parle sterno-niastoï- dien, qui, comme nous l'avons dit , vient des parties latérales du plastron. Lorsque l'on a enlevé la peau des poissons épineux, tels que la carpe ^ on trouve des fibres musculaires qui lui sont intimement adhérentes. Elles sont divisées en deux portions par une ligne longitudinale qui in- dique la situation de la colonne vertébrale. On y voit des inscriptions tendineuses qui tiennent à la peau ; elles décrivent des courbes dont la convexité regarde la queue. Voilà les seules parties qu'on puisse regarder comme les muscles peaussiers des poissons. Dans les animaux non vertébrés , à corps mou , il n'y a , pour ainsi dire , que des muscles peaussiers ; ou du moins le plus grand nombre des muscles sont 3. , 39 610 XIV" LEÇON. SENS DU TOUCHER. attachés à la peau : mais comme ils servent aussi à la locomotion, nous les avons fait connaître en dé- crivant les organes du mouvement. ARTICLE IV. DES GLANDES DE LA PEAU , ET DE LA GRAISSE SUB- CUTANÉE. 1** Des glandes. La surface de la peau s'enduit naturellement de substances qui paraissent destinées à la préserver de Faction des éléments ambiants , et qui sont différentes selon l'espèce des animaux et le séjour que chacun d'eux habite. Cette humeur est onctueuse dans l'homme et dans les autres animaux à sang chaud. C'est une espèce de graisse qui s'accumulerait petit à petit sur la peau, si on n'avait soin de la laver. Dans les animaux à sang froid, c'est une viscosité de la nature de la gélatine, et qui ne se dissout point dans l'eau froide. Ces animaux l'ont d'autant plus abon- dante que leur séjour dans l'eau est plus continuel , et que leur corps est moins bien recouvert d'écaillés; elle semble être un supplément de cette dernière es- pèce d'armure. Ainsi les poissons sans écailles, comme les raies et les squales.^ ont beaucoup de cette humeur, en comparaison de ceux qui ont de grandes écailles. Parmi les reptiles, ceux qui ont des écailles, comme les couleuvres et les lézards ^ ont la peau presque sèche; et ceux qui ont la peau nue, comme les sala-' AST. IV. DES GLANDES DE LA PEAU. 611 mandres , les grenôùïïles , Font constamment lubri- fiée par une viscosité abondante. Les crapauds et les salamandres peuvent même augmenter à volonté l'excrétion de cette liqueur, et la faire sortir comme une rosée de tous leurs pores. Parmi les animaux invertébrés, la plupart des mol- lusques produisent une liqueur gluante qui leur lubri- fie toute la peau ; ils la font même jaillir avec abon- dance au moindre danger : c'est ce qu'on observe surtout sur les limaces ^ etc. ; mais les espèces qui ont la peau dure et écailleuse ne répandent rien de sem- blable, et leurs excrétions n'ont lieu que dans des points déterminés de leur corps. Le même animal ne produit pas la même espèce de substance par* toutes les parties de sa peau. Dans l'homme, par exemple, il y en a de trois sortes, sans parler delà sueur. Un suc huileux très subtil transsude au travers des pores de toute la peau, et empêche pendant quelque temps l'eau pure de s'étendre dessus. Ce suc enduit aussi les cheveux et tous les poils, et finit par les rendre gras lorsqu'on ne les nettoie point assez souvent. Une espèce d'onguent est produit dans certains endroits, et notamment entre les cheveux, aux aisselles, aux genoux, etc., par de petits folli- cules visibles à l'œil; il s'attache à la peau en se durcis- sant, et y produit des espèces d'écaillés que le frotte- ment et l'eau en détachent ,• enfin, des glandes, dont les ouvertures sont très visibles en certains endroits , fournissent une matière cérumineuse, concrète, et qui s'en laisse exprimer en forme de petits vers : il y en a de telles aux côtés du nez , derrière les oreilles , 612 XIV* LEÇON. iSENS DU TOUCHER. SOUS les paupières, autour du boulon du sein, au pé- rinée, dans le pli de l'aine^ et on en trouve presque par- tout d epars , hors peut-être à la paume de la main et à la plante du pied. On pourrait aussi rapporter ici l'espèce de pommade fétide qui s'accumule en grumeaux entre le gland et le prépuce, et sous les nymphes, et celle qui enduit les bords de l'anus. On ne connaît point les organes qui produisent le suc de la première espèce. Il est possible qu'il soit une simple exhalaison de la graisse, qui est toujours plus ou moms abondante sous la peau. Les follicules qui produisent l'onguent de la seconde espèce sont très petits , arrondis ou oblongs. Leurs ca- naux excréteurs sont grêles et tortueux. La troisième sorte d'onguent est produite par des glandes que l'on a nommées sébacées , et qui sont quel- quefois composées. [Ces follicules et ces glandes, que Ton peut consi- dérer comme étant de même nature , et comme ne dif- férant que pour leur volume, occupent les couches superficielles de la peau , ce qui les distingue des glandes de la sueur et des follicules des poils qui s'en- foncent profondément dans le derme et pénètrent même souvent jusque dans le tissu graisseux sous- cutané. Il y a pour la sueur un petit appareil de glandes et de conduits plus ou moins tordus en spirale, dont il sera plus particulièrement question à l'article de la transpiration.] La peau des mammifères est enduite de substances semblables aux nôtres. Quelques uns en ont de grandi ART. IV. DES GLANDES DE LA PEAU. 613 amas sur certaines parties de leur corps, par exemple dans les aines. Les glandes ou follicules particuliers nous ont paru peu sensibles dans la peau des cétacés ; mais, en revanche, elle transsude partout un suc hui- leux si abondant , qu'elle est partout lisse et glis- sante. Dans les oiseaux , les glandes sébacées sont peu vi- sibles, et situées plus profondément sous la peau; ils ont sur le croupion une glande conglomérée d'une structure particulière, dont ils expriment une huile qui leur sert à imbiber leurs plumes. Nous en parle- rons en traitant des sécrétions excrémentitielles. C'est aussi là que nous parlerons de plusieurs autres glandes propres à certaines espèces de quadrupèdes , comme celles qui produisent le musc ^ la civette, le casto- réum^ etc. Les glandes cutanées sont plus visibles dans les ani- maux à sang froid que dans les précédents. he^ salamandres en ont plusieurs rangées le long du dos, qui font des saillies ou des verrues à la peau. Les crapauds en ont d'éparses irrégulièrement sur toute la surface de leur corps ; et on leur en voit sur- tout deux grosses derrière les oreilles, qui s'ouvrent par plusieurs petits trous. Ces glandes produisent une humeur acre , qui est un poison pour les animaux très faibles. Dans les lézards ^ on voit sous chaque cuisse une rangée très régulière de petits pores , d'où sort aussi une humeur visqueuse. Mais on ne voit nulle part les pores qui transmettent la viscosité de la peau, ni les sources qui la prodnîsent, aussi bien que dans les raies et les squales. 014 XIV^ LEÇON. SENS EU TOUCHER. Le dessus et le dessous du corps de ces poissons présentent des pores multipliés et très gros , qui sont ies orifices d'autant de vaisseaux excréteurs transpa- rents. Dans les grands squales , ces vaisseaux ont la prosseur d'un tuyau de plume. Ils partent tous par faisceaux, et sans se diviser en branches, de certains centres , plus ou moins nombreux selon les espèces , où paraît se former riiumeur absolument gélatineuse qui les gonfle. Ces centres n'ont cependant point l'ap- parence glanduleuse ; on n'y distingue qu'une cellulo- sité remplie elle-même de cette humeur, et à laquelle se distribuent surtout un très grand nombre de nerfs. Il y en a, dans la raie ^ deux principaux, situés vers les côtés de la bouche. Le squale milandre n'en a qu'un dans l'épaisseur du museau. Nous reviendrons sur cet objet à l'article des sécrétions. Dans les poissons osseux , la liqueur visqueuse sort principalement par les trous situés le long de ce sillon qui parcourt longitudinalement chaque côté de leur corps , et qu'on nomme ligne latérale. Ces trous ap- partiennent à autant de petits tuyaux qui viennent d'un plus grand situé derrière ce sillon dans toute sa longueur. Ce grand vaisseau , arrivé à la tête, sV divise en plusieurs branches , qui se répandent sur les deux mâchoires , et dont deux s'unissent vers le haut du mu- seau. Les raies et les squales ont aussi ces grands vais- seaux visqueux de la tête , indépendamment de ces nombreux petits que nous venons de décrire, et qui leur sont propres. On voit ces vaisseaux et les pores où s'ouvrent leurs petites branches sur la tête de la chimœra monstrosa., mieux que sur tous les autres poissons. Les pores sont ART. IV. DES GLANDES DE LA PEAU. 615 encore très visibles sur le brochet {^esox luciiis) et sur \ orphie {^esox heloné) . 2° Du tissu adipeux. Une cellulosité plus ou moins lâche réunit la peau aux chairs qu'elle recouvre. Cette cellulosité ne manque guère que dans les grenouilles et les crapauds , où la plus grande partie de la peau, quelques endroits ex- ceptés , n'adhère aux chairs que par les vaisseaux et les nerfs. On trouve aussi dans les oiseaux , et principa- lement sous les aisselles, de grands espaces où la peau n'adhère que d'une manière très lâche, et laisse intro- duire de l'air dans Fintervalle. Si l'on en croit Sparrmann , le ratel^ ou blaireau mangeur de miel du Cap^ présente une disposition semblable. La cellulosité subcutanée est ordinairement remplie d'une graisse dont la fluidité et l'épaisseur varient se- lon les espèces et selon l'état de chaque individu. Tout le monde sait que, parmi les mammifères quadrupèdes, le cochon est celui qui l'a plus épaisse et plus uniforme, et qu'elle y porte le nom de lard. Les cétacés ont un lard encore plus épais que celui du cochon , et dont la graisse est si liquide qu'elle s'écoule sous forme d'huile, sans avoir besoin d'être exprimée. Les animaux dans lesquels la graisse subcutanée est très abondante éprouvent une grande diminution dans la sensibilité de la peau. Dans les animaux à sang froid , il n y a point de graisse subcutanée proprement dite ; quelquefois seu- C)iQ XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. lement le dessous de ia peau est imbibé , comme le reste du corps, d'un suc oléagineux: c'est ce qu'on voit, par exemple, dans le saumon et les autres truites. D'autres fois on y trouve des substances d'une nature différente : \e poisson- hme ^ par exemple , a sous sa peau une couche épaisse de deux ou trois travers de doigt d'une substance blanche, semblable à du lard, mais qui présente tous les caractères chimiques de r albumine. L'usage de ces diverses substances placées sous la peau paraît être d'amortir les coups et les autres chocs venant du dehors, et de diminuer leur effet sur les chairs ; mais la graisse , en général , a plusieurs autres usages, comme de donner du jeu à toutes les parties entre lesquelles elle s'interpose; [d'empêcher dans les cétacés^ par sa propriété d'être mauvaise con- ductrice du calorique , la déperdition de leur chaleur propre;] et surtout d'être en quelque sorte un magasin de substance nutritive, propre à être repompée et portée dans le sang pour le renouveler. Cela se remarque surtout dans les animaux qui pas- sent une partie de l'année sans manger, comme ceux qui dorment Ihiver, les chenilles, lorsqu'elles passent à l'état de chrysalides, etc. Ces animaux ne tombent dans ces espèces de léthargies qu'après avoir accu- mulé une grande quantité de graisse , qui se trouve consommée à leur réveil. ils ont pour elle des réservoirs particuliers , que nous décrirons dans les ours^ les loirs^ les marmottes^ les chenilles^ etc., à l'article de la nutrition. ART. V. DIVISION DES MEMBRES. 617 ARTICLE V. DES DOIGTS ET DE LEUR DISPOSITION RELATIVEMENT AU SENS DU TOUCHER. Nous avons fait connaître , dans la quatrième et dans la cinquième leçon , le nombre , la forme et l'usage des os et des muscles des membres et des doigts par rapport à leurs mouvements. Nous allons considérer ici ces appendices sous un autre aspect, et comme appartenant à Torgane du toucher. Les doigts sont surtout destinés à nous faire con- naître les formes des corps. Deux circonstances perfectionnent ou affaiblissent cette partie dutact. Premièrement, la division de la main et du pied en doigts plus ou moins nombreux, longs, distincts, mobiles; secondement, la forme de ces doigts et la nature des téguments qui les recouvrent, les ar- ment ou les protègent : voilà le sujet de cet article. Plus la main est divisée en doigts distincts et mo- biles , plus Forgane du toucher est parfait : aussi l'homme possède -t- il ce sens dans un très haut degré. Les singes ont , à la vérité , la main orga- nisée comme celle de l'homme ; mais, comme nous l'avons dit en traitant des muscles, tome 1 , pcig- 447 et suii^. , ils ne peuvent mouvoir les doigts sépa- rément, puisqu'il n'y a ni extenseur, ni fléchisseur propre. En outre, le pouce est plus court et ne peut être opposé aussi aisément aux autres doigts; [il y *i même quelques genres, comme les atèles^ où le pouce n'est pas du tout apparent]: or c'est dans celte oppo- 618 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. sitioii des doigts que réside la faculté de saisir les ob- jets les plus minces et de distinguer leurs plus petites éminences. Au reste, si la main des singes est moins parfaite sous ce rapport, ils ont plus d'avantage dans lorganisation de leurs pieds, dont les doigts sont beau- coup plus longs et plus mobiles. Dans l'homme et dans le plus grand nombre des quadrumanes, les doigts sont minces , arrondis , cou- verts par une peau serrée, sur laquelle les papilles nerveuses sont en grand nombre , et disposées d'une manière très régulière. Leur extrémité n'est recou- verte d'un ongle qu en dessus. Cet ongle est plat ou semi-cylindrique [il manque quelquefois au pouce, comme dans le chaniek ]. Les ouistitis seuls {simia ro- snlia^jacchus^ etc., Lin.) ont l'extrémité du doigt enfer- mée dans un ongle corné et pointu comme celui des carnassiers, [il n'y a d'exception que pour l'ongle du pouce de derrière. Les makis ont aussi les quatre pouces opposables. Mais il n'y a que le premier doigt du pied de derrière qui porte un ongle pointu et relevé. Les lignes de papilles sont moins uniformément répan- dues sur les faces plantaire et palmaire : elles occupent principalement des pelotes saillantes qui correspon- dent à la tête des os métacarpiens et métatarsiens , et à la dernière phalange du pouce et des doigts : dans les intervalles, la peau est enfoncée et son épiderme écailleux.] Les chéiroptères n'ont point les doigts de la main susceptibles de saisir les corps solides, puisqu'ils sont tous renfermés entre deux fines membranes : aussi n'ont-ils pas à un haut degré cette partie du sens du toucher qui se rapporte aux formes de ces corps; mais, ART. V. DIVISION DES MEMBRES. 619 en revanche , la g;rande étendue que ces membranes présentent à l'air les rend si propres à en reconnaître îa résistance, les mouvements et la température, qu'on s'est cru obligé de supposer un sixième sens à ces animaux. Spallanzani avait observé que des chauves-souris aveugles, et abandonnées à elles-mêmes, s'envolaient malgré cette cécité, enfilaient les souterrains sans se heurter contre les murs; que même elles y tournaient exactement , selon que l'exigeaient les inflexions les plus compliquées; qu'elles discernaient les trous dans lesquels étaient leurs nids, et savaient éviter les cor- dages, les fdets et les autres obstacles que Ton avait mis sur leur passage. Il chercha alors à déterminer par quel sens étaient dirigés ces animaux. Ce n'était pas la vue , puisqu'on les avait privées de cet organe; ce n'était pas l'ouïe , car on avait de plus bouché très exactement les oreilles à quelques individus; ce n'était pas l'odorat, puisque dans d'autres on avait ajouté la précaution de leur obstruer exacte- ment l'ouverture des narines. Il en conchit que les chauves-souris ont un sixième sens, dont nous n'avons aucune idée. Jurine a fait d'autres expériences, qui tendent à prouver que c'est par l'ouïe qu'elles se dirigent ; mais il nous paraît que les opérations qu'il a fait subir aux individus qu'il a privés de la faculté de se diriger ont été trop cruelles, et qu'elles ont plus fait que de les empêcher d'enten- dre. Il nous semble qu'il suffit de leur organe du tou- cher pour expliquer tous les phénomènes que les chauves-souris présentent. G20 XIV' LEÇON. SENS DE TOUCHER. En effet, les os du métacarpe et les phalanges des quatre doigts qui suivent le pouce, sont excessivement allongés. La membrane qui les unit présente à l'air une énorme surface. Les nerfs qui s'y distribuent sont nombreux et très divisés; ils forment un réseau ad- mirable par sa finesse et le nombre de ses anasto- moses. Il est probable que, dans l'action du vol, l'air, frappé parTaile ou par cette main si sensible, imprime à cet organe une sensation de chaleur, de froid, de mobilité, de résistance, qui indique à l'animal les ob- stacles et la facilité qu'il rencontre dans sa route. C'est ainsi que les hommes aveugles discernent avec les mains, et même par le visage, l'approche d'un mur , d'une portede maison, d'une rue, avant de les toucher, et par la seule sensation du choc différent de l'air. Le pouce et les doigts des pattes postérieures , dans les chauves-souris ^ sont semblables, par leur dis- position , à ceux des autres carnassiers. Dans les plantigrades , dont les doigts sont très courts et peu mobiles, le plus généralement au nom- bre de cinq, la sensation du toucher doit cependant être un peu plus parfaite que dans les carnassiers di- gitigrades; car la plante entière de leurs pieds est privée de poils ; et comme le contact avec les corps qu'ils touchent est plus immédiat , la sensation doit être plus vive, mieux perçue. [ D'ailleurs les pelotes ou callosités plantaires et palmaires sont grandes et forment un relief considérable, et qui doit donner plus d'étendue au toucher. Aux pattes de devant il y a une callosité carpienne cubitale , médiocre dans le blaireau^ plus grande dans le coati et le galera; les callosités métacarpiennes se touchent et ne sont sépa- ART. V. DIVISION DES MEMBUES. 621 rées que par des sillons plus ou moins profonds; enfin les callosités digitales , qui occupent le dessous de la seconde phalange, puisque la première est enveloppée par l'ongle, sont fortes et rapprochées des métacar- piennes : aux pieds de derrière il y a deux fortes cal- losités tarsiennes, qui quelquefois se confondent avec les métatarsiennes, lesquelles sont à leur tour très rap- prochées des digitales. Dans la musaraigne, les callo- sités aux mains et aux pieds sont petites et fort écar- tées les unes des autres.] La taupe^ le condylure (sorex cristatus) et le scalope {sorex aquaticus\ ont les mains extrêmement élargies , et tous les doigts réunis jusqu'à l'ongle. [Dans la chryso- chlore^ c'est au contraire le pied de derrière qui est élargi; mais dans ces animaux , dont les memhres sont principalement destinés à fouir , la peau est ru- gueuse, et la saillie des callosités est à peine distincte.] \i^^ sarigues^ que l'on appelle aussi pédimanes, vien- nent naturellement après les plantigrades par la per- fection présumée du toucher, puisque leur gros orteil est écarté des autres doigts : ce qui fait de leur pied de derrière une espèce de main. Ce doigt est propor- tionnellement fort gros, allongé , très mobile, privé entièrement d'ongle^ et élargi à son extrémité libre. Ces pédimanes sont, avec les phalangers, les seuls ani- maux à pouce de derrière séparé qui n'y aient point d'ongle. [On avait cru que Xorang-outang éiait dans le même cas, mais c'était une observation erropée. \lorang et le chimpanzé ont un ongle au pouce de derrière. Les callosités des pattes des sarigues sont moins rap- prochées que dans les plantigrades, et la peau qui les 622 XIV' LEÇON. SENS DU TOUCHER. sépare est rnde; mais à leur surface les lignes de pa- pilles forment des tourbillons concentriques aussi ser- rés que dans les singea] Les carnassiers, qui ne marchent que sur l'extré- mité des doigts qui sont courts et tous dirigés dans le même sens, sont par là même beaucoup moins favo- risés quant au sens du toucher : ce dont ils sont en général compensés par celui de l'odorat. Le plus grand nombre a la dernière phalange enfermée dans un ongle tranchant. Dans le genre àe?, chats y des civettes et des genettes^ cette phalange se recourbe en arrière et ne sert plus du tout au toucher pendant tout le temps que l'animal marche. [ Cependant tous les digitigrades n ont pas, comme \e putois ^\es> chiens^ etc., les callosités des pieds de devant et de derrière très écartées l'une de l'autre, peu volumineuses, et sé- parées par une peau velue : plusieurs, tels que les ge- nettes ^ le zibeth^ la civette^ le suricate^ etc., ont les callosités métacarpiennes et métatarsiennes réunies en une grosse pelote saillante, et quelques uns, comme le paradoxure pougouné et la moufette^ ont toutes les callosités des pattes aussi étendues et aussi saillantes que les plantigrades.] Parmi les rongeurs, les lièvres ^ .les écureuils et les rats^ qui marchent sur les quatre pattes, mais sur l'ex- trémité des doigts, dont les dernières phalanges seules sont séparées les unes des autres, ont un ongle allongé, conique, qui enveloppe toute la partie du doigt qui est libre. [ Les callosités sont quelquefois bien sail- lantes, comme dans les loirs?^ Quelques cabiais et le porc'épic ont presque tous les doigts enfermés dans des sabots^ comme ceux des cocho/is^ [et les callosités A1\T. Y. DIVISION DES MËMBEES. 623 larges, plates et écailleuses, comme on le voit dans le coiii, Xurson^ le coendou.^U aije-aye (sciu7%is madagas- cariensis , Lin.) est surtout remarquable par la division des doigts des pattes de devant. Toutes les phalanges sont excessivement allongées , surtout celles du doigt du milieu^ à l'aide duquel il va saisir les insectes sous l'écorce des arbres. Cet animal est aussi le seul qui , parmi les rongeurs , ait le gros orteil séparé des autres et opposable. Enfin , les kajiguroos et les gerboises , qui ne mar- chent que sur les pieds de derrière , ont les pattes de devant divisées comme celles des rats, et armées d'on- gles pointus ; mais les pieds de derrière ont les doigts enveloppés dans des sabots. Les édentés ont généralement les doigts réunis par la peau jusqu'aux ongles. Quelques uns même, comme [es paresseux , ne marchent que sur la convexité de leurs ongles, qui se recourbent sous la plante du pied. Yjorjctérope a des ongles plats, excessivement larges. Plusieurs tatous les ont presque en forme de sabot. Dans tous ces animaux, les doigts du pied, dont le nombre varie de quatre à deux , n'ont de mouvement que dans le sens de l'extension et de la flexion , disposi- tion qui vient de la profondeur des poulies qui servent à l'articulation de leurs phalanges. \J éléphant et le rhinocéros ont tous les doigts réunis par une peau épaisse et calleuse ; ils ne sont même dis- tincts au-dehors que par le nombre des sabots qui sont placés sur les bords du pied. \^ hippopotame , le tapir et les cochons ont les doigts plus séparés ; mais ils ne marchent que sur leurs extré- mités, qui sont enveloppées de sabots. [Le daman a 624 XIV'' LEÇON. SENS DD TOUCIIEK. SOUS les pieds des pelotes nues et saillantes, qui doi- vent lui donner un tact bien plus parfait que n'en peu- vent avoir les pachydermes précédents.] Tous les ruminants, sans exception, n'ont que deux doigts enveloppés de sabots de forme triangulaire , sur lesquels ils marchent. La face inférieure, celle qui regarde la terre, est plus molle et comme tuberculée; l'extérieure est convexe et lisse ; enfin , la troisième , ou celle qui regarde l'autre doigt, est un plan vertical. Le chameau seul diffère un peu par la forme du sabot , qui est petit, [symétrique , et qui n'embrasse que la dernière phalange. Les deux doigts sont réunis en des- sous jusque près de la pointe par une semelle com- mune.] Enfin, dans les solipèdes, il n'y a plus qu'un seul doigt terminé par un sabot semi-circulaire, sur lequel l'animal marche. [La partie de la sole que l'on appelle la fourchette, et qui est plus molle que le reste, est l'ana- logue de la callosité digitale dans les autres animaux.] Pour terminer cet article de la division des membres dans les mammifères, il nous reste encore à parler de quelques disposition relatives au mouvement, mais qui influent sur le toucher. Nous avons déjà fait connaître une de ces particu- larités pour les chéiroptères. Parmi les carnassiers , les loutres ^\e?> phoques , mi didelphe <, une musaraigne; et parmi les rongeurs, le castor^ Xondatra ^ etc. , qui plongent et nagent souvent, ont tous les pieds palmés, c'est-à-dire que leurs doigts sont réunis par une mem- brane. Enfin , dans le morse et dans les cétacés ^ on ne dis- tingue plus dans les pattes les doigts qui les formaient ABT. V. DITISîON DES MEMBRES. 625 ce sont de véritables nageoires, sur le bord desquelles on remarque cependant encore, dans les morses et dans un lamantin , les rudiments ou les restes des on- gles qui indiquent les cinq doigts qu'on retrouve en effet, mais masqués sous la peau coriace qui les enve- loppe étroitement. Dans les oiseaux, le membre tlioracique n'est pas destiné à palper : aussi , non seulement il n'est pas divisé extérieurement en doigts on appendices, mais encore il est presque toujours entièrement couvert de plumes longues et serrées. Il n'y a donc que les pieds qui soient doués de la faculté de palper : encore s'y trouve-t-elle très émoussée par les lames cornées , ou écailles, qui recouvrent Jes tarses et les doigts, souvent par les plumes mêmes, et toujours par les cals qui les garnissent en dessous sous la forme de verrues et de durillons. Nous avons déjà vu, tome I , page 549 ' ^^ nombre et la direction des doigts dans les différents oiseaux. Ils ne sont revêtus, dans aucune espèce, de sabots, mais seulement garnis d'ongles qui les renforcent sans nuire au sens du toucher. Dans les oiseaux nageurs ou palmipèdes, comme les canards , les doigts antérieurs sont réunis par une membrane qui s'étend jusqu'à leur extrémité. Quelque- fois le pouce est aussi réuni aux autres doigts par cette membrane ; et cependant les oiseaux chez lesquels cela a lieu sont de tous les palmipèdes ceux qui se servent le plus de leurs pattes pour palper et saisir les corps. Une courte membrane réunit seulement à leur base les doigts de d avant dans les oiseaux gallinacés. Les deux doigts externes sont encore ainsi réunis à leur 3. 40 626 XIV^ LEÇON. SENS DU TOUCHER. base dans beaucoup d'oiseaux de rivage et de proie. Les passereaux , en général , ont les deux doigts externes intimement unis par leurs premières phalan- ges, et, dans quelques genres, comme les martlns- pécheurs , les guêpiers , jusque près de leur extrémité. Les membranes écailleuses qui bordent les doigts, dans quelques oiseaux de rivage, et leur longueur ex- cessive, ainsi que celle des ongles, dans d'autres, sont encore des obstacles au toucher. Quoique, d'après tout ce que nous venons de dire, ce sens soit très obtus dans les oiseaux, néanmoins les oiseaux grimpeurs, ?>\xvto\\t\es perroquets ^ sont, avec les chouettes , ceux qui l'ont encore le plus parfait et qui en font le plus d'usage. Le nombre des doigts et leur mobilité varient plus dans les reptiles que dans toutes les autres classes. Les lézards ordinaires en ont généralement cinq de diverses longueurs , très propres à embrasser en tout sens les objets. Quelques uns , comme les crocodiles ^ les ont palmés , du moins aux pieds de derrière; d'au- tres , comme les geckos , les ont revêtus en dessous d'é- cailles tuilées. Le caméléon les a réunis par la peau jusqu'aux on- gles, en deux parues qui font la pince : la peau de leur surface inférieure est pourvue de papilles très sensi- bles. \jÇ.slézards très allongés, nommés seps eichalcide , n'ont que trois doigts très petits. Les salamandres et \qs grenouilles les ont nus et sans ongles : aussi jouis- sent-elles d'un toucher très délicat : il doit l'être encore plus dans les rainettes^ dont l'extrémiié des doigts s'é- largit en un disque spongieux qui peut adhérer aux corps avec force; mais, dans les tortues^ où ils sont ABT. VI. DES APPENDICES. '627 palmés, ce sens est moins parfait. Enfin, les serpents sont absolument privés de pieds et de doigts. C'est aussi le cas des poissons ; leurs nageoires , uni- quement destinées au mouvement, ne sont presque d'aucun usage pour percevoir les formes des corps. Ce que nous avons dit , dans la VP leçon , du nom- bre et de la division des pattes dans les animaux sans vertèbres, nous paraît suffire pour qu'on puisse en dé- duire les divers degrés de perfection que ces parties donnent au tact. ARTICLE VI. DES APPENDICES QUI SUPPLÉENT AUX DOIGTS DANS l'exercice du sens du TOUCHEll. Outre les doigts , plusieurs animaux ont reçu diver- ses parîies assez mobiles et assez sensibles pour exercer la faculté de palper. Dans les espèces privées de doigts, ou dont les doigts sont enveloppés de substances in- sensibles, ces appendices les remplacent. Les queues de quelques mammifères, comme les sapajous ^ les alounttes ^ les atèles , les didelphes ^ une espèce àe porc- épie ^ deux du fleuve Jou/'/niiler, etc., sont organisées de manière à pouvoir embrasser les corps et à les saisir comme avec une main. Nous avons fait connaître , dans la IIP leçon , la forme des os et la disposition des muscles qui servent à ces sortes de mouvements. Les nerfs qui s'y distribuent sont en grand nombre ; ils proviennent de la terminaison de la moelle épiuière , et ils sortent par les trous inter- caudaux. Ces sortes de queues sont ordinairement pri- 628 XTV« LEÇON, SENS DU TOUCHER. vées de poils sur la partie de leur face inférieure par laquelle elles saisissent les corps. [Parmi les singes d'A- mérique, les a/ouattes ^ les atèles ont la partie prenante de la queue nue , tandis que les sajous l'ont velue. Dans les premiers, la partie nue laisse voir, outre des lignes de papilles serrées, de nombreux plis ou sillons transverses, comme on en voit à l'intérieur des mains , et qui indiquent que cette partie est un organe du tact très délicat. ] On trouve des queues prenantes dans quelques rep- tiles , comme le caméléon , et le corps entier des ser- pents remplit le même office en s'entortillant autour des corps qu'ils veulent palper : ce qui leur est d'autant plus utile qu'ils sont privés d'ailleurs de doigts et de tout autre appendice propre à leur procurer Ja sensa- tion du tact. Dans d'autres espèces de mammifères , dont les doigts peu nombreux sont en outre enveloppés de sabots de corne dans toute la partie qui appuie sur les corps , le sens du toucher semble avoir été relégué dans les lèvres, qui sont les parties les plus mobiles. Nous en avons un exemple dans les ruminants et les solipèdes. Nous ne décrirons pas ici les muscles de ces parties : ils trouveront leur place dans la leçon sur la mastication ; mais les lèvres en elles-mêmes ont une organisation toute particulière. Le nerf facial et celui de la cinquième paire s'y subdivisent en une infinité de rameaux, lis s'anastomosent en formant des plexus nombreux qui donnent à cette partie un sentiment exquis. On sait que c'est elle qui nous procure la plus délicieuse de toutes les sensations du toucher. Dans beaucoup d'animaux , des glandes nombreuses AKT. VI. DES APPENDICES. 629 et serrées foriiient une couche au-dessous de la peau , qui est mince, tendue et couverte de poils rares, parmi lesquels s'en trouvent quelques uns de longs , roides , implantés chacun dans une papille mame- lonnée et verruqueuse : on leur donne le nom de mous- taches. Ces poils commuuicjuent facilement, à cause de leur roideur, aux nerfs des lèvres les moindres ébranle- ments qu'ils reçoivent des corps environnants ; et , sous ce rapport, ils peuvent, quoique insensibles par eux- mêmes, être rangés parmi les appendices qui servent au toucher. La lèvre supérieure du rhinocéros se prolonge en un petit appendice , dont cet animal se sert pour pal- per, empoigner, arracher, etc. : nous n'en connaissons point les muscles. Les cochons , les taupes , les musaraignes , qui ont un museau mobile, long et pointu, auquel on donne en particulier le nom de g /y) in , paraissent aussi l'em- ployer au sens du toucher. Souvent il y a dans son épaisseur un petit os particulier, de forme diverse selon les espèces, et maintenu entre les incisifs et les nasaux, auquel on donne le nom d'os du boutoir. Les muscles du groin seront décrits à l'article de l'odorat , afin de réunir là tout ce qui a rapport au nez des ani- maux. La trompe deVéléphajit et celle moins allongée du tapir et de la musaraigne musquée ou desmau seront aussi décrites dans cette même leçon de l'odorat; mais puisqu'elles servent à ces animaux comme une véri- table main, nous les indiquons ici comme des appen- dices destinés à i'orçane du toucJier, [d'autant mieux 630 XI V LEÇON. SENS DU TOUCHER. quelles ont à leur extrémité plusieurs rangées de papilles volumineuses qui doivent rendre le tact assez délicat.] Les crêtes, ou parties charnues qui ornent la tête de plusieurs genres d'oiseaux, surtout dans la famille des gallinacés, comme les coqs^ les dindons^ etc., sont peut-être aussi destinées à la perception du toucher. En effet, ces parties sont dénuées de plumes; elles sont molles et flasques, et les nerfs qu'elles reçoivent, quoi- qu'en petit nombre, doivent rapporter à l'animal les impressions des corps extérieurs. Dans les animaux qui n'ont point de membres à doigts mobiles, destinés à palper les corps, comme les poissons, les appendices sont pins nombreux, plus longs et plus variés. On a donné différents noms à ces prolongements de la peau, qui sont ordinairement de figure conique allongée. On a appelé barbillons ceux. qui sont placés aux environs de la bouche ou sur les lèvres; tentacules ^ ceux qui sont attachés au-dessus et sîîr les côtés de la tête. Quant à ceux qui proviennent des parties latérales du corps, on leur a laissé le nom de doigts. Les barbillons sont ordinairement mollasses ; ils reçoivent quelques filets de nerfs qui viennent de la cinquième paire. îl n'y en a qu'un seul dans la morue ^ et d'autres i^W^j- y deux dans les surmulets , etc. ; quatre très CG^urts dans la carpe ; quatre clans le barbeau ; six ou huit dans les loches et dans plusieurs silures , où ceux de la mèchoii-e supérieure sont souvent très longs. La baudroie^ le i^adus ta.u^ et d'autres, en ont un grand nombre autour des lèvres. Les tentacules sont à peu près organisés comme les ART. VI. DES APPENDICES. 631 barbillons. Dans plusieurs espèces du genre baudroie [lophiiis)^ ces appendices sont susceptibles de se mou- voir et de se courber en différents sens à la volonté de l'animal; on prétend même quil s'en sert comme d'une amorce pour pêcher les petits poissons. Dans l'espèce appelée histrio ^ le tentacule antérieur se par- tage comme un Y, dont les branches se terminent par une masse charnue : les autres sont très longs et coni- ques. V\\\.^\Q,\x\:^ perce-pierres et scor pênes en ont sur les sourcils. Les appendices latéraux du corps, que les ichthyo- logistes nomment doigts, ont une tige osseuse articulée, et qui est semblable à celle des rayons de la nageoire pectorale , dont ces doigts ne diffèrent que parce qu'ils sont libres et séparés. On en remarque principalement dans les trigles et dans les po/^nèmes. Il y a plus de variétés encore pour ces appendices dans le.s animaux sans vertèbres. Nous ne parlerons pas ici des bras des céphalopodes, que nous avons déjà décrits à Tarticle des organes du mouvement. Nous ne nous arrêterons pas non plus beaucoup aux cornes charnues des gastéro|)odes. Nous avons décrit celles du limaçon, dans la leçon de l'oeil. Celles des autres genres n'en diffèrent guère que parce qu'elles ne peuvent passe rouler et se dérouler comme un doigt de gant, mais que leurs fd^res musculaires peuvent seulement les roidir et les relâcher. Plusieurs espèces ont des appendices semblables tout autour du manteau: telles sont lespatei/es ^ les halyo- tides^ etc. Parmi les acéphales^ la plupart ont aussi de ces appendices , et même très nombreux. Dans les es- 632 XIV* LEÇON. SENS DU TOUGHEB. pèces où le manteau s'oavre tout entier, il y en a tout autour , et surtout vers l'anus : telles sont les huîtres , les inouïes ^ les anodontes ^ etc. Dans celles où le man- teau ne s'ouvre que par un tube, les appendices sont attachés au pourtour de son orifice : tels sont les ve- nus , les cœurs ^ etc. Le tube lui-même leur fournit un excellent instrument du tact. Les bras charnus et ciliés des lingules et des térébratules ne sont pas moins pro- pres à cet emploi: mais ceux des anatifes doivent être bien inférieurs à cause de leur substance cornée. On retrouve aussi des barbillons dans plusieurs es- pèces d'annélides. Ils paraissent quelquefois formés de différentes articulations , comme les antennes des in- sectes: et nous avons vu des nerfs se porter dans ceux de Xaphrodite et des néréides. Il n'y en a pas dans les lombrics et dans les sangsues; mais ces dernières y suppléent .par les deux disques qui terminent leurs corps. Les antennes des insectes paraissent principalement destinées au sens du toucher. Nous avons indiqué les nerfs qui s'y portent. Les entomologistes ont décrit leurs formes, qui sont très nombreuses ; ils en ont même tiré des caractères pour les genres : il serait donc superflu de s'y arrêter ici. Quelques larves ont des tentacules rétractiles comme ceux des limaces. Dans les larves de plusieurs espèces de papillons, comme le Podalire, le Machaon^ \ Apollon ^ c'est une branche unique qui sort entre Focciput et le coros, et qui se bifurque à son extrémité comme un Y. Cet appendice paraît plutôt un moyen de défense contre ART. VII. DES PAHTIES INSENSIBLES. 633 la piqûre des iclmenmons qu'un organe du toucher: il est enduit d'une liqueur amère et odorante. Dans le homby ce à queue fourchue {yinuld) ^ les ap- pendices rétractiles , comme ceux des limaces , sont situés au-dessus de l'anus à l'extréraité de deux espèces de cornes cbarnues. - Les bras, les aigrettes, les bouquets de plusieurs zoophytes , les innombrables tentacules des étoiles , des oursins, des actinies, les rameaux compliqués des méduses , sont encore d'excellents organes du toucher; mais ils ont été suffisamment décrits par les natura- listes. ARTICLE VIL DES PARTIES INSENSIBLES QUI MUNISSENT LES ORGANES DU TOUCHER, ET LES PRÉSERVENT CONTRE DES IM- PRESSIONS TROP FORTES. L'épiderme défend la peau , et empêche le contact des corps extérieurs de devenir douloureux ; mais il ne suffirait pas dans toutes les circonstances , et la nature l'a armé de diverses parties de même nature que lui , mais de formes et d'épaisseurs différentes , qui servent à le renforcer; ce sont Iesy00z7.s , \es plumes^ les écailles^ les ongles et les cames. i\ Des poils. • Les poils sont des filaments de substance cornée qui paraissent spécialement destinés à garnir la peau des mammifères. Une de leurs extrémités est implantée . dans l'épaisseur même du cuir et souvent jusque dans 634 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. le pannicule charnu. Cette extrémité est renflée en un bulbe plus ou moins gros, renfermé dans une gaine membraneuse épaisse, qui contient quelquefois une gouttelette de sang. Plus le poil est jeune, plus ce fol- licule est gros. Si on vient à le piquer alors, le sang qui en sort le fait affaisser, et il devient très mou. Toute la partie du poil qui est au-debors de la peau se nomme la tige: c'est un cône très allongé, dont l'ex- trémité libre forme le sommet. [La description que nous donnons plus loin de la composition du bulbe des gros piquants du porc-épic fera mieux comprendre celle du bulbe des poils ordinaires^ et leur mode de formation.] Le poil croît par sa base : c'est ce qui fait que les jeunes animaux les ont beaucoup plus fins que les vieux , et c'est pour cela que dans les personnes aux- quelles on les coupe, ils semblent augmenter en nom- bre, quoiqu'ils n'augmentent en effet qu'en diamètre. Les poils, en sortant de la peau, entraînent avec eux une petite portion de Tépiderme qui forme à leur base une espèce de gaine. Cette couche se détache petit à petit sous forme d'écaillés transparentes et comme fa- rineuses. Les animaux naissent avec les poils de certaines par- ties de leurs corps plus ou moins développés; d'autres ne se manifestent qu'à une certaine époque de la vie ou par suite de leur accroissement. Comme les cheveux et les autres poils de l'homme sont très grêles, il est difficile d'en étudier la structure; mais les soies du sanglier^ et les moustaches des chats et autres carnassiers , peuvent très bien servir à ces sortes de recherches. Quand on examine à la loupe une soie de sanglier, ABT. VU, DES PARTIBS INSENSIBLES. 635 on voit qu'elle est cannelée dans toute sa longueur par une vingtaine de sillons, formés par autant de fila- ments, dont la réunion constitue la surface du poil. Au milieu dé la soie sont deux canaux dans lesquels est contenue une humeur qu'on a nommée la moelle : par la dessiccation les filaments du poil se séparent les uns des autres .en commençant par la pointe , comme on le voit dans les soies des brosses; alors les cavités médul- laires sont vidées, on n'y voit plus que quelques lames qui s'y croisent en divers sens. [Il y a, dans des animaux qui paraissent voisins , des différences assez grandes dans la structure de leurs poils; ainsi les porcs-épics d'Amérique n'ont point de cloisons rayonnantes cornées dans Imtérieur de leurs épines; et on en trouve au contraire dans celles des porcs-épics de l'ancien monde; les pécaris offrent les mêmes différences comparés aux cochons^ etc.] ïiCS poils de Yélan^ du musc^ du renne , et de plu- sieurs autres cerfs et antilopes, du hérisson , du tenreCy du porC'épiCf etc,^ ne sont pas tout-à-fait semblables: leur surface est recouverte d'une lame cornée , dont l'épaisseur varie, sur laquelle on observe quelques cannelures. L'intérieur est rempli par une substance spongieuse blanche, et qui paraît au premier coup d'œil semblable à la moelle du suredLU (^sambucus). [Le grand volume des piquants du porc-épic rend leur dissection facile^ et permet d'approfondir leur mode déformation (i). (i). Voy. Gaultier. Descrip. anat. du syst. cutané du porc-épic ^ dans le Journ. de physique, i 820, t. go, p. 2^. — Fi éd. Guvier, Recherches iur la structure et le développement des épines du porc-épic^ dans Nouv. ann. du muséum. 636 XI V^ LEÇON. SENS DU TOUCHEH. L'appareil qui produit l'épine se compose d'une gaine et d\ui bulbe ; il s'y ajoute deux parties acces- soires, une cellule adipeuse et un follicule. La gaine et le bulbe qu'elle enveloppe sont enfoncés dans une cavité ou capsule du derme , dont la saillie se voit à sa face profonde. La gaine est composée de deux lames , qui viennent s'attacher au derme , aiutour du col de sa capsule, et dont la plus interne , celle qui est appliquée contre le bulbe, peut être regardée comme correspondant au corps muqueux de la peau. Ces deux lames s'attachent aussi au fond de la capsule der- mique autour du faisceau de vaisseaux et de nerfs qui la traversent pour se rendre dans le bulbe. La lame ou membrane interne de la gaine sécrète la matière cornée, tantôt blanche, et. tantôt colorée, qui con- stitue le tube de l'épine , et elle dépose aussi des lames de la même matière dans des stries dont le bulbe est marqué, de manière à produire, dans l'intérieur de la tige , ces cloisons rayonnantes qui traversent la moelle, et qui donnent aux épines l'apparence de tubes can- nelés, bien qu'ils soient lisses en réalité. Quant au bulbe lui-même, il remplit la cavité conique que lui offrent la gaine et le tube que celle-ci sécrète; il est rougeâtre, mou, élastique; c'est lui qui dépose la matière spon- gieuse qui remplit le tube de l'épine. Mais bientôt le bulbe cesse de recevoir les éléments de sa nutrition et de déposer la moelle; la gaine, au contraire, continue de sécréter la matière cornée, alors l'épine se rétrécit; son intérieur cesse de contenir de la substance spon- gieuse; elle se termine par un long pédicule corné qui forme l'un de ses caractères , et bientôt elle tombe pour faire place à une épine nouvelle. Sous chacune ^«s ART. VIT. DES PARTIES INSENSIBLES. 637 épines, et rangées symétriquement comme celles-ci, on trouve des poches formées chacune d une mem- brane blanche , lisse , brillante , que remplit une graisse blanche et ferme; la racine de l'épine, avec sa gaine, déprime cette poche, et s'y enfonce sans la percer. Gaultier les appelle très justement des ceU Iules adipeuses, V\us haut que cette cellule, près du point où Tépine se montre au-dehors, et dans l'épais- seur du derme, est une autre petite capsule folliculaire, qui s'ouvre dans la gaine même , au moyen d'un pe- tit canal dont Forifice se voit à la partie supérieure de celle-ci. Ce follicule a au-dessous de lui une petite ipoche adipeuse spéciale, avec laquelle il communique par un petit condnit. L'appareil de formation des poils des moustaches du porc-épic n'a pas de cellule adipeuse; mais^ bien que beaucoup plus petit, sa composition est la même que celle des grandes épines : la membrane de la gaine qui sécrète la matière cornée y est même en- tièrement n-Qire, comme le sont les poils eux-mêmes: une des couches profondes de l'épiderme paraît péné- trer aussi dans la capsule, et recouvrir immédiatement le poil. Ces observations font bien comprendre la composi- tion différente des poils des animaux. Lorsque le bulbe est très petit, la portion spongieuse est peu considé- rable dans la tige, et le poil semble plus ou moins en- tièrement corné; quand, au contraire, le bulbe est fort, la portion spongieuse est considérable, et le poil est cassant; et de même, lorsque la gaîne pro- duira un tube corné plus ou moins ferme ou épais , le poil sera plus ou moins élastique et résistant. Ainsi 638 XIV* LEÇOiîî. SENS DU TOUCHER. les poils de \unau et de \ai n'ont de matière cornée qu'à leur pointe; le reste est à peu près entièrement spongieux ; ceux du tamandua sont cornés, mais creux ; ceux de la queue de la girafe sont cornés et pleins; ici le bulbe , s'il existe , est rudimentaire ; la gaine seule produit activement. Au surplus, on trouvera, dans les détails qui suivent, d'autres exemples encore de ces diverses dispositions. L'implantation des poils dans la peau paraît souvent soumise à certaines lois. Nous avons dit que les épines du porc'épic naissent par séries de sept , neuf ou onze , sur une ligne un peu courbe; dans le/?«ca, c'est par série de trois poils ; dans \aï ^ les poils semblent im- plantés en quinconces; dans la chèvre et le mouton ^ ils sont disséminés confusément, etc.] La couleur des poils paraît en partie due à celle du tissu muqueux, puisque, comme nous l'avons dit, dans les animaux dont le pelage est pie ou de diverses couleurs, les différentes taches que forment les poils indiquent celles de la peau qu'ils recouvrent. Dans l'espèce humaine même, il y a des rapports marqués. Les nègres ont généralement les cheveux noirs; les individus qui ont les cheveux roux ont sou- vent à la peau des tacites de son onde rousseur. Ceux qui ont les cheveux noirs ont le teint plus brun que les personnes blondes. La couleur des poils réside dans leur substance cor- née, et non dans leur moelle, qui est ordinairement blanche. Gela est surtout évident dans les piquants du porc-épic. Les couleurs varient presque à l'infini; il y a des poils qui ont des couleiu's différentes dans di- ART. YII. DES PÀHTIES INSENSIBLES. 639 verses parties de leur longueur. On peut consulter sur cet objet les ouvrages des naturalistes. [La forme des poils varie dans ses différentes parties, à savoir : dans sa racine, clans sa pointe , dans son corps. Ainsi leur racine est aiguë et obtuse, ou renflée, ou simplement tubuleuse; dans le hérisson, par exemple, elle est renflée à son extrémité , de manière à ne pou- voir être arrachée aisément; dans le cer/", au contraire, elle est si fine et si courte, qu'elle se détache au moin- dre effort. Leur pointe est effilée, ou mousse ou tran- chante.] La forme de leur corps est le plus souvent ronde , comnîe dans les cheveux, les crins; ils sont apla- tis sur la queue de V hippopotame et sur le corps du tamanoir; onduleux et comme gaufrés dans plusieurs espèces de ruminants, et plus particulièrement dans le musc (^moschus moschiferus^. Wléchimys a le poil creusé en gouttière; le porc-épic à queue en pinceau {histrix fasciculata,\Arm.) a plusieurs des épines de la queue en forme de chapelet.] La surface des poils présente des cannelures en spirale dans les mulets ; ils sont fins, longs et soyeux dans quelques variétés de chèures ^de chats ^ etc.; ils sont crépus et frisés dans les béliers ; ils sont roides et dres- sés dans les cochons , les hérissons , les porcs-épics^ etc. Leur grande épaisseur, dans ces deux derniers , leur a fait donner le nom d'épines. [Tous les mammifères paraissent pourvus de deux espèces de poils; les uns qu'on appelle laineux, les autres qu'on nomme soyeux. Les premiers constituent la partie la plus fine du vêtement des animaux; ils sont communément un peu frisés, peu colorés, et parais- sent surtout destinés à garantir l'animal du froid; les 640 XIT« LEÇON. SENS DU TOUCHER. seconds sont plus fermes , plus lustrés ; ce sont eux surtout qui se montrent à l'extérieur, et qui détermi- nent par leur couleur la robe de ranimai. Ces deux espèces de poils se rencontrent dans des proportions très différentes dans les divers animaux; et il paraît que l'homme a les moyens d'agir sur leur production; les races du mouton, où l'on est parvenu à supprimer presque entièrement les poils soyeux et à développer énormément les poils laineux , en offrent un exemple remarquable. ] Dans les animaux domestiques , le climat influe beau- coup sur la nature des poils. Dans le Nord , ils devien- nent longs et roides , comme on le voit au chien de Sibérie , au bélier cV Islande ^ etc. Dans le climat d'Es- pagne et de la Syrie, ils deviennent touffus, fins, soyeux: tels sont les moutons d Espagne ^\ç.% chiens de Malte ou bichons , les chèvres^ les chats et les lapins d Angora. Dans les pays très chauds , ils deviennent rares, ou se perdent tout- à-fait, comme dans les chiens de Guinée , nommés vulgairement chiens turcs. On a désigné par des noms divers toutes les varia- tions que présentent les poils _, par rapport à la partie qu'ils recouvrent; et c'est de là que sont venus les noms de cheveux , de cils^ de sourcils, de moustaches , de barbe , ete. Tous les mammifères , à l'exception des cétacés, ont des poils plus ou moins nombreux : nous allons indi- quer brièvement leur disposition dans les différentes familles. L'homme a tout le corps couvert de poils rares , mais si fins dans quelques parties , qu'on a beaucoup de peine à les apercevoir. Ceux de la tête et de la barbe ART. YÏI. DES PARTIES INSENSIBLES. 641 sont les plus longs ; ceux des aisselles et du pubis vien- nent ensuite; ceux de Tintérieur du nez et des oreilles, des cils et des sourcils; entin, ceux des diverses par- ties du corps. Il en a plus sur la poitrine et sur le ventre que sur le dos : ce qui est le contraire des autres ani- maux. La paurae de la main et la plante du pied n'en ont jamais. Dans les singes proprement dits , les poils de la tête ne sont ordinairement pas plus longs que les autres. Ceux qui recouvrent les avant-bras sont redressés du côté du coude, au lieu d'être dirigés vers la main dans \oraiig-oiitajig et dans quelques autres espèces : ce qui est une ressemblance qu'ils ont avec riiomme. Dans un grand nombre de quadrumanes , les fesses sont en- tièrement privées de poils. Parmi les chéiroptères , dont le poil est court, fin et comme velouté, ]q^ galéopithèqiies en ont sur la mem- brane des côtés de la queue et sur les oreilles. Le ves- pertillo lasiurus ^ Lin., en a aussi sur la membrane de la queue. Les autres espèces n'en ont que de très rares sur les membranes des ailes, du nez et des oreilles. Les hérissons n'ont de ces piquants dont nous avons parlé , que sur le dos et la tête. Les poils des membres et du dessous du corps sont des soies roides. \jQitenrecs ressemblent à cet égard aux hérissons: quelques es- pèces ont même des soies et des piquants entremêlés. ^ Dans les taupes et les musaraignes , le poil est si court , si fin et si serré , que leur peau est aussi douce au toucher que le velours. Dans les carnivores , le poil varie beaucoup. Dans les espèces à poiis fins, comme les martes, les zibelines^ les hermines^ \e9, fouines , etc., il y en a de deux sortes : 3. 41 642 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. les uns plus près de la peau, très iins^ très serrés et comme entremêlés, ce sont les laineux; les autres plus longs et plus roides, les seuls qui paraissent à la sur- face, ce sont les soyeux. Ce sont ces deux sortes de poils qui constituent les bonnes fourrures. Il en est à peu près de même parmi les rongeurs à poils fins. Dans \e?> porcs-épics ^ les piquants de la tête, du col et du ventre sont plus grêles, plus courts et plus flexibles que ceux du dos. Sur la queue , il y a une douzaine de poils qui ressemblent à des tuyaux de plume, tronqués à leur extrémité libre; ils sont fistu- leux. Leur autre extrémité est pleine, grêle et très flexible. Ce sont ces tuyaux qui résonnent lorsque l'a- nimal agite sa peau : [on lui avait même attribué la fa- culté d'y faire entrer son urine, pour la lancer ensuite au loin comme avec un goupillon. Ce qui aura pu don- ner naissance à cette fable, c'est que souvent ces épines creuses se chargent des ordures où l'animal laisse traîner sa queue, et peuvent les projeter à quelque distance lors des mouvements brusques qu'il imprime à ses piquants.] Aucune famille ne présente plus de variétés pour les poils que celle des édcntés. Dans le tamanoir (^myrmecophagajabata^ le poil est large, plat, avec un sillon longitudinal sur l'une et l'autre face , en sorte qu'il ressemble à une feuille de graminée desséchée. D'autres espèces à(d fourmiliers ^ comme celui à deux doigts^ ont au contraire une laine très fine. Plusieurs ont des écailles dures et tranchantes qui sont couchées les unes au-dessus des autres comme les tuiles d'un toit : tel est le cas àe^ pangolins [niajiis Lin.). D'autres ont des piquants, comme Yéchid/ié épi- AET. VII. DES PARTIES INSENSIBLES. 643 neiix {echidna hystrioc). I^e genre des tatous {dasy pus) ^ outre les écailles ou bandes osseuses à compartiments réguliers qui revêtent leur dos et leur tête , ont des poils rares, courts et roides, semblables à ceux des éléphants ; mais ces poils tombent avec l'âge. Les cochons sont, parmi les pachydermes, ceux qui ont le plus de poils : on les nomme soies ; elles sont rares , et souvent fendues à leur extrémité libre. Les autres genres en ont très peu. Nous avons déjà indiqué la nature des poils de ïéhi/i et du musc. Les ùœu/s , les cerfs ^ les antilopes ^ la girafe , ont généralement le poil court. Les chameaux ont un poil très fin et très doux , surtout la vigogne {^camelus vicunna) : tous ont des callosités dénuées de poils sur les genoux et sur la poitrine. Les chèi>res ont le poil long et fin ; elles ont le menton garni d'une espèce de barbe pointue. Les brebis ont un poil long, frisé, crépu, entremêlé, auquel on a donné le nom de laijie. Les solipèdesontgénéralementles poils courts comme les ruminants. [Cependant quelques races de chevaux du Nord les ont très longs et ont^aleux.] On a donné plus particulièrement le nom de crins k ceux du col et de la queue, qui sont beaucoup plus longs. Les amphibies, c'est-à-dire les phoques et les morses^ ont le poil court, roide et très serré. Nous avons déjà dit que les cétacés en sont totale- ment privés. Les poils de tous ces animaux , quelle que soit la forme qu'ils affectent, laines^ soies ^ épines, piquants ^ écailles., etc., donnent par l'analyse chimique à peu près les mêmes résultats. Soumis à l'action du feu et à 644 XIY" LEÇON. SENS DU TOUCHER. l'air libre ^ ils se fondent ou se liquéfient d'abord en se boursouflant ; ils donnent ensuite une flamme blanche et se réduisent en charbon noir , très difficile à inci- nérer. Traités par la distillation à feu nu, on en retire une liqueur rougeâtre, qui contient du prussiate d'ammo- niaque et un autre sel à base d'ammoniaque, combinée avec un acide animal particulier, que Berthollet a nommé zoonate d'ammoniaque. Le charbon qui reste au fond de la cornue est léger; il contient du carbone et du phosphate de chaux. Les poils ne se dissolvent pas entièrement dans l'eau bouillante: mais il s'en détache une matière mucilagi- neuse qui est la moelle : ils sont entièrement solublês dans les alcalis caustiques et dans quelques acides. [Vanqueîin a trouvé que les cheveux étaient formés en grande partie d'une matière animale , analogue au mucus, qni en fait la base, et qu'ils contenaient : une huile blanche concrète , une autre huile dont la cou- leur varie avec celle des cheveux , verdâtre dans les cheveux noirs, rouge daiis les cheveux rouges, incolore dans les cheveux blarics ; du fer dont l'état de combi- naison est incertain , quelques atomes d'oxide de man- ganèse, du phosphate et du carbonate de chaux , un peu de silice et du soufre en quantité notable. La pré- scuice de ce corps explique comment on teint les che- veux avec des préparations de plomb. Les cheveux blancs contiennent, de plus que les au- tres, du pliosphale de magnésie.] i>° Des plumes. Elles ^ont propres aux oiseaux , comme les poils AKT. VII. DES PAllTIES INSENSIBLES. 645 aux mammifères, les écailles aux reptiles et aux pois- sons. Avant de faire connaître les formes et les nombreu- ses variétés auxquelles les plumes sont sujettes , nous croyons utile de parler de leur structure; et, pour en donner une idée plus nette, nous allons indiquer de quelle manière elles se développent (i). liOrsque le petit oiseau sort de Fœuf, et pendant les premiers jours de sa naissance, il est recouvert de poils plus ou moins serrés, excepté sur la région du ventre. Ces poils, qui varient en couleur et eu épaisseur, sor- tent de la peau par faisceaux de dix à douze. Il sont implantés dans un bulbe ou follicule qui [)araît con- tenir le rudiment ou la gaine de la plume. En effet, quand, au bout de quelques jours, la plume se mani- feste au-dehors sous Fappareuce d'un tuyau noirâtre, on voit que le faisceau commun des poils est adhérent à son sommet, et que même il pénètre dans l'intérieur de la gaine. A mesure que la plume croît et se développe, le poil tombe. Dans quelques familles, comme celle des oiseaux de proie, il reste longtemps adhérent à son extrémité , sous la forme d'une espèce de duvet. Les oiseaux n'ont de poils qu'à cette seule époque de leur vie; car lorsque, par la suite, les plumes crois- sent de nouveau, comme dans le temps de la mue, il n'y a pas d'apparence de poils. (i) Voyez sur ce point cl'anatomie les travaux de M. Dutrochrt, De la structure et de la génération des plumes., dans le Journal de phjsùjue, t, LXXXVIII, 1819; et ceux de M. Fréd. Cuvier, Observations sur la struc- ture et le développement des plumes^ dans ^lém. du mus. d'Hist. nat., t. XIII, p. 327. 646 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. Nous avons dit que la gaînede la plitmese manifes- tait quelques jours après que l'oiseau était sorti de Tœuf : ce sont les pennes ou grandes plumes des ailes et de la queue qui se manifestent les premières ; puis les couvertures, et enfin les petites plumes du corps. Cette gaine est un tube fermé de toutes parts, excepté à son extrémité implantée dans la peau. On y remarque un petit trou, ou ombilic ^ par lequel les vaisseaux sanp^uius pénètrent dans la cavité du tube : aussi , lorsqu'on l'arrache , produit-on une petite hé- morrhagie. Lorsque la gaine est sortie de la peau , elle se fend par Faction desséchante de l'air et par la force expan- sive des parties contenues. Il s'y fait une déchirure longitudinale , et Ton en voit sortir l'extrémité de la tige de la plume. Plus celle-ci croît , plus la gaine se déchire , et ses tuniques desséchées se détachent sous formes d'écaillés légères et pellucides. [Quelquefois cependant la gaine se conserve in- tacte assez longtemps, et alors on peut y distinguer dans toute sa longueur une ligne un peu plus transpa- rente que les parties environnantes. Cette ligne ré- pond à ce qui sera plus tard la face interne de la tige^ et résulte de ce que deux rangs de barbes repliées sur elles-mêmes au moment de leur formation ne se tou- chent pas par leurs extrémités , et laissent entre elles un petit espace.] Si, dans ce période, on ouvre ce tuyau ou la gtàne suivant sa Ion joueur, on observe ou il est formé de couches nombreuses et cylindriques d'un matière cornée et transparente, et qu'il renferme un cylindre d\me matière gélatineuse, dans laquelle rampent des ART. Vil. DES PARTIES INSEINSIBLES. 647 vaisseaux sanguins. [Nous appelons ce cylindre le bulbe, ha gaine et ie bulbe méritent, par leur structure com- pliquée, une attention particulière. La gaine n'est sèche et cornée qu'à son sommet; elle est molle à son extrémité cutanée, et là on peut mieux reconnaître les différentes couches membraneuses qui la composent. En dedans de la couche la plus exté- rieure , qui est épidermique , on trouve la membrane striée externe : elle est colorée quand la plume Test elle-même, et marquée à sa face interne de stries fines, parallèles, dirigées obliquement de bas en haut, et qui semblent partir de deux lignes longitudinales , s'écar- tant l'une de l'autre vers le bas, et qui correspondent à la partie qui sera plus tard le dos ou [a/ace externe àe la tige (i). En dedans de la membrane striée externe, est une seconde membrane que l'on appelle membr(tne striée interne , et qui n'est peut-être que l'enveloppe propre et fibreuse du bulbe. Cette membrane, co- lorée comme la précédente, est marquée à sa face ex- terne de stries qui correspondent à celles de la pre- mière. Mais par une dissection attentive on reconnaît que ces stries ne sont que les insertions de petites cloisons minces et obliques qui réunissent l'une à l'autre les deux membranes striées. On voit donc que, prises dans leur ensemble, ces deux membranes striées et leurs cloisons constituent entre l'épiderme de la gaine et le bulbe un petit appareil compliqué, \\\\ véritable moule, composé de deux cylindres con- centriques et cloisonnés, entre lesquels se dépose et se solidifie, à mesure qu'elle monte, la matière cornée qui forme les barbes. Les cloisons présentent aussi (i). Fréd. Guviep, méni. cit,^ Hg. 6.1 648 XlV^ LEÇON. SENS DU TOUCHER. des stries plus ou moins saillantes, ce qui fait que ies barbes sont elies-uiêmes barbelées plus ou moins pro- fondément. Quand on ouvre la membrane striée ex- terne, on trouve les barbes remplissant les intervalles des cloisons et se rapprochant par leurs extrémités de manière à former nn cylindre autour du bulbe quelles enveloppent , mais dans un état de solidité très diffé- rent, selon la hauteur où on les examine. En dehors de la peau ou près d'en sortir, elles sont solides et ont leur apparence cornée ; plus bas, elles sont également bien formées, mais faciles à déchirer; enfin, tout-à-fait en bas, elles sont semblables à de la bouillie. Cette partie compliquée de Fappareil producteur de la plume semblerait être l'analogue de la simple membrane qui , dans l'épine du porc-épic , en produit le tube corné. Le centre de la gaine est occupé par le bulbe de la plume. La structure delà partie supérieure de cet organe parait être un peu différente suivant les différentes espè. ces de plumes. Mais à sa partie inférieure, c'est toujours une sorte de cylindre gélatineux, très vasculaire à son extrémité, et dont l'enveloppe paraît légèrement fi- breuse. Le sommet de ce cylindre gélatineux est co- nique et plus dur que le reste; son accroissement se fait en longueur. Ija partie conique, qui en fait le sommet , sort de la gaine , se fend en se desséchant , et laisse voir la pointe de la tige et les premières barbes. La tige de la plume s'allonge et se durcit en même temps. La substance cornée qui en forme le dos se dépose dans l'intervalle des deux lignes de la membrane striée externe d'où partent les stries oblicîues, comme nous l'avons dit plus haut, et dans rintérieui' de la tige le bulbe dé[)ose la matière AKT. VU. DES PARTIES INSENSIBLES. 649 spongieuse qui la remplit.] A peine le premier cône est-il sorti de la gaine qu il s'en forme mi second qui en sort à son tour , en développant de nouvelles bar- bes, et en donnant un nouvel accroissement à la tige, mais toujours par sa base. [Comme les deux lignes lon- gitudinales de la membrane striée qui répondent au dos de la tige, et d'où naissent les barbes, vont tou- jours en s'écartant l'une de l'autre à mesure que cette tige grandit, et comme en même temps cette mem- brane est reployée en cylindre, on comprend que ces deux lignes doivent finir par se rejoindre sur la partie de la plume opposée au dos : c'est ce qui explique comment les deux séries de barbes d'une plume de- viennent peu à peu antérieures, de latérales qu'elles étaient, et viennent se réunir près d'une ouverture qui conduit dans le tube et qu'on appelle ombilic supé- rieur. ] Enfin, lorsque la tige et toutes ses barbes sont sorties de la gaîne, [celle-ci continue de croître sans se remplir de matière spongieuse]; son intérieur se dessèche, et on n'y voit plus que des cônes membra- neux enfilés les uns dans les autres, qui sont sembla- bles à ceux dont le développement avait poussé les barbes au-dehors, et qu'on nomme Xârne de la plume. Lorsque la plume a pris tout son accroissement , son tuyau ou sa. portion tubuleuse se solidifie et fait continuité avec la tige , dont il contenait auparavant le germe c'est un cylindre qui joint la force et l'élas- ticité à la légèreté spécifique. La matière sèche et vé- siculeuse qu'on y remarque est le résidu ou la trace du gros canal charnu qui existait dans un âge moins avancé . c'est une sorte de corps caverneux , composé de plusieurs petits godets à la suite les uns des autres. 650 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHEE. Plus ces godets s'approchent de la ti{^e, plus ils s'al- longent : ils deviennent alors semblables à de petits entonnoirs plus ou moins allongés selon les espèces, et qui sont emboîtés les uns dans les autres. Le dernier de ces godets se partage ea deux : Fun qui passe au- dehors de la tige dans le sillon longitudinal qu on y re- maraue; l'autre qui pénètre dans l'intérieur même de la tige. [Le premier remplit un petit conduit qui fait communiquer l'intérieur du tube de la plume avec l'extérieur, et qu'on appelle , comme nous l'avons dit, ombilic supérieur. La marche et la succession des cônes produits par le bulbe ne paraît pas toujours être semblable à celle qui vient d'être décrite, et varie avec les espèces de plumes. Quelquefois 1 intérieur de la tige de la plume demeure creux , et on y retrouve les traces de toute la série des cônes successifs qui l'ont rempli, ainsi que la trace du long tube qui les traversait tous dans leur centre (})= D'autres fois, plusieurs cônes su- perposés paraissent se former à la fois , et contenir une substance pulpeuse d'aspect différent, suivant qu'elle est plus ou moins éloignée du premier moment de sa formation. Ces cônes successifs sont autant de cor- nets formés par la membrane striée interne; ils s'em- boîtent et n'adhèrent l'un à l'autre que par le contour de leur ouverture, et en même temps une tige fine et creuse, qui est la prolongation effilée du cylindre géla- tineux, enfile de bas en haut tous ces cônes, et en fait une sorte de chapelet. Mais comme la substance pulpeuse qui remph t les cônes donne en cet endroit à la plume une forme cylindrique, ce n'est que lorsqu'on les a succes- (i). Fréd. Cuvier, mém, cit.^ tig. lo et 1 1. ART. VU. DES PABTIES INSENSIBLES. 651 sivement incisés et qu'on en a enlevé la pulpe, qu'on peut facilement voir cette disposition. Il est assez dif- ficile de se rendre compte, dans les plumes qui la pré- sentent , du véritable mécanisme de la formation de cet organe (iV] La tige de la plume fait la continuité du tabe. C'est un cône plus ou moins allongé, convexe snr une face, plat et sillonné sur l'autre , sur les parties latérales du- quel s'attachent les barbes. Toute la superficie de la tige est recouverte par la matière cornée, qui semble provenir du tube. Son intérieur est rempli par une sub- stance spongieuse blanche, très légère, d'une nature particulière , semblable à celle qu'on trouve dans les piquants du porc-épic. Les barbes sont de petites lames de substance cor- née , qui sont implantées sur les côtés de la tige. Elles sont appliquées dans toute leur longueur les unes contre les autres comme les feuillets d'un livre, tantôt d'une manière très serrée, comme dans les plumes d'o/e ou de cj'gne, tantôt d'une manière lâche, comme dans les plumes du croupion du paon. Ces barbes sont elles-mêmes des tiges sur les bords desquelles sont implantés une infinité de poils ou de filaments, tantôt lâches et isolés les uns des autres, tantôt composés et subdivisés eux-mêmes , mais le plus souvent si fins et si serrés, qu'on ne peut les apercevoir qu'à l'aide de la loupe. C'est par ces poils ou ces barbules que les barbes de la plume s'at- tachent les unes aux autres d'une manière si intime , qu'elles s'opposent au passage de l'air. (i) Fréd. Cuvier, mém. cit.^ fig. 8 et 9. 65*2 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. Telle est lorgaiiisation générale des plumes. Voyons maintenant les variétés qu'elles offrent. Tous les oiseaux changent de plumes au moins une fois l'année : l'ancienne plume est chassée par une nou- velle, qui obstrue les vaisseaux destinés à sa nourriture. Toutes les plumes ne tombent pas à la fois. La mue a lieu, pour le plus grand nombre, aux époques de la ponte. On a donné des noms divers aux plûmes, suivant les régions qu'elles occupent; elles sont disposées en quinconce sur le corps; il n'y en a jamais sur les lignes latérales du col et de la poitrine, ainsi que sur la région de l'ombilic. On a donné le nom àe peruies mxx grandes plumes des ailes et de la queue. Celles qui sont implantées sur l'avant-bras ont été nommées secondaires. Leur nombre varie beaucoup ; mais il est constamment de dix pour celles qui sont attachées sur les os du métacarpe et des doigts qu'on di^^eWe pennes primaires. Nous allons donner quelques exemples des princi- pales variétés des plumes , abstraction faite de celles des couleurs, qui sont si vives et si nombreuses, que nous manquerions d'expressions pour les décrire. On pourrait nommer plumes sans harbides toutes celles du casoar ; les pemies des ailes de cet oiseau sont seulement au nombre de cinq, et semblables à des piquants de porc-épic. Les autres plumes du corps ont deux tiges dans un même tuyau, et leurs barbes sont espacées, longues et sans barbules ; elles ressemblent à des crins. ^ Les plumes qui forment l'aigrette au. paon n'ont pas de barbules dans leur partie moyenne et inférieure. ART. VU. DES PARITES INSENSIBLES. 653 Celles qui forment l'aigrette de Y oiseau royal [ardea pavonina) sont torses en spirales sur elles-mêmes , et leur barbes ne sont que des poils Fins. Celles de la huppe de l'aigrette (rt/*<:/e<^^ garzelta^hiu.) appartien- nent aussi à cette division. Dans le dindon mâle, il y a un bouquet de poils à la base du col , qu'on peut re- garder comme des plumes sans barbes, etc. Nous appellerons plumes lâches celles dont les barbules, quoique très visibles et souvent très longues, sont trop espacées pour pouvoir s'accrocher les unes aux autres. Telles sont celles des hypochondi'es de Voi- seau de paradis ^ du croupion du paon mâle, des cuisses àxxjabira et de Xoiseau îoyal ^ celles du corps dans les toucans^ celles qui forment le pourtour des oreilles dans la chouette , etc. Le nom de plumes flottantes conviendrait très bien à celles dontles barbes, quoique pourvues de barbules, ne s'accrochent point et demeurent flexibles. Telles sont celles de la queue de XautrucJie. Les oiseaux de proie nocturnes ont des plumes douces et les barbes couvertes d'un duvet long et soyeux, qui fait qu'à peine entend-on ces oiseaux voler. On pourrait les appeler plumes duvetées. D'autres oiseaux ont les plumes du corps garnies de barbes si fines et si luisantes, qu'on pourrait les wo^xw- ïne.r soyeuses ; telles sont celles du bouvreuil ^ àwpiau- hau [/nuscicapa rubricollis) ^ du tangara septicolor ^ àw pélican blanc ; celles de la tête du nianaquin à tête rouge ^ du momot [ramphastos niomota). Nous nommerons satinées les plumes dont les barbes seirées portent des barbules longues, fines comme de la soie et couchées sur leur surface , de manière à 654 XIV" LEÇON. SENS DU TOUCHER. imiter le satin : telles sont celles du croupion dans le merle doré ^ les plumes de la queue de la /;ie, celles du col dans le canard commun^ etc. Nous appellerons métalliques les plumes dont les barbes brillent de couleurs qui semblent provenir de métaux polis : telles sont celles de plusieurs coli- bris^ à\x jacamar^ du couroucoii^ du paon mâle ^ du sifilet^ etc. Cet éclat vient de ce que les barbes en sont larges et présentent une surface lisse à l'œil. Nous désignerons par le nom de gemmacées toutes les petites plumes dont les barbes terminent la tige par des demi-cercles imbriqués les uns sur les autres comme des écailles de poisson : telles sont celles de la tête et de la gorge du rubis topaze , de la tête et du ventre de Foiseau mouche émeraude améthyste. Elles ont un éclat supérieur à celui des précédentes, et qui imite les pierres précieuses. Il est dti à l'extrême den- sité de leurs barbes et au poli de leurs surfaces. Enfin nous ferons un ordre de plumes ordinaires ^ comme celles des /joi/Z^j^, àe^ pigeons ^ des rolliers ^ des corbeaux^ etc. etc. Tous les oiseaux ont des plumes sur quelques parties de leur corps; plusieurs espèces en ont même jusque sur les doigts, telles sont les chouettes , quelques varié- tés de poules j de pigeons', d'autres en sont privés sur certaines parties de leur corps, comme les vautours^ les dindons, suv la tête; d'autres sur les jambes, comme Vautrucke , les échassiers^ etc. ; quelques uns même sur les ailes , comme les manchots. Les recberches chimiques sur la composition des plumes ont prouvé qu'elles ont la plus grande analo- gie avec les poils; on en obtient les mêmes produits ART. VII. DES PARTIES INSENSIBLES. 655 par les mêmes moyens; elles contiennent cependant moins de matière mucilaginense. 3° Des cornes. Ce sont des prolongements de substance cornée qui se développent sur la tête de certaines espèces de mam- mifères , principalement dans la famill43 des ruminants et sur plusieurs autres parties des animaux. Nous avons déjà décrit le développement des bois ou des cornes caduques , dans l'article second de notre deuxième leçon, en traitant de lostéopénie. ïci nous allons nous occuper des cornes à chevilles osseuses qui prennent de raccroissement par leur base, et qui par leur nature ont beaucoup de rapport avec les tégu- ments. Au troisième mois de la conception , lorsque le fœ- tus de la vache est encore contenu dans les enveloppes, l'os frontal cartilagineux ne présente aucun indice des cornes qu'il doit porter par la suite; vers le septième mois, l'os devenu en partie osseux présente dans ses deux portions un petit tubercule qui paraît produit par le soulèvement des lames osseuses; bientôt après, ces tumeurs osseuses se manifestent au-dehors; elles soulèvent la peau, qui devient même calleuse en cet en- droit : plus la tumeur va croissant , plus la callosité durcit; elle devient enfin cornée en s'allongeant; c'est une sorte de gaine, qui recouvre extérieurement le prolongement osseux de l'os frontal. Entre cette gaine etlossont des ramifications nombreuses de vaisseaux sanguins destinés à la nourriture de la partie osseuse. Les cornes ne sont donc que des gaines d'une sub- stance solide , dure , élastique et insensible , qui 656 xI^i! LEÇON, sens du toucher. protègent le prolongement osseux de los du front. Ces gaines sont en général de figure conique, plus large par leur base, extrëniité par laquelle elles Dren- nent leur accroissement Jolies ont différentes cour- bures suivant les espèces. Les naturalistes les ont fait connaître. Elles présentent aussi différentes cannelures ou sillons transverses qui dépendent de Page de l'ani- mal , et qui le dénotent d'une manière certaine , sui- vant les espèces. La texture des cornes paraît avoir beaucoup de rap- port dans les genres clièvie^ brebis . antilope et bœuf ; ce sont des fibres d'une substance analogue à celle des poils qui paraissentagglulinés d'unemanière très solide. Dans les deux premiers genres, ces fibres sont courtes et se recouvrent par lits superposés comme les tuiles d'un toit. Dans les deux autres, elles sont plus longues, plus serrées, et formant des cornets plus allongés, en- châssés les uns dans les autres. [IjCS cornes de la girafe présentent cette double différence avec celles des autres ruminants à corne creuse , d'abord que leur noyau osseux , au lieu d'être une production de l'os frontal , forme un os distinct, et qui ne s'attache qu'assez tard au frontal , sur lequel il repose ; et ensuite que ce noyau n'est pas recouvert de substance cornée, mais seulement par une peau semblable à celle du reste du corps.] Les rhinocéros ont des cornes qui paraissent s'éloi- gner un peu de celles des ruminants ; car elles n'ont pas de chevilles osseuses , et ne sont pas situées sur les os frontaux, mais sur ceux du nez. Cependant ces pro- longements sont formés de la même substance. On reconnaît même plus distinctement dans celles-ci les ART. \TT. DES PARTIES INSENSIBLES. 657 fibres analogues aux poils dont elles paraissent com- posées. En effet la base de ces cornes présente à l'ex- térieur une infinité de poils roides qui semblent se sé- parer de la masse , et qui rendent cette surface rude au toucher comme une brosse. Quand on scie cette corne transversalement et qu'on l'examine à la loupe , on distingue une infinité de pores qui semblent indi- quer les intervalles qui résultent de la réunion des poils agglutinés. Si c'est sur sa longueur que la corne est di- visée, dessillons nombreux, longitudinaux et paral- lèles démontrent encore cette structure. Cette espèce de corne ne tient qu'à la peau. Celles du rhinocéros bicorne paraissent même être toujours plus ou moins mobiles ; et lorsqu'elle est fixe, comme dans Funicorne, il y a une mucosité épaisse , interposée entre sa base et l'os sur lequel elle est attachée. La couleur des cornes dépend, comme dans les poils, de celle du tissu muqueux. Leur analyse chimi- que donne des produits semblables. La chaleur les ra- mollit et les fond même. C'est le moyen employé dans les arts pour les faire servir à différents usages. Il résulte de cet examen des cornes qu'elles diffèrent essentiellement des prolongements osseux qu on nomme bois dans le genre des cerfs. Ceux-ci croissent par leur extrémité libre ; ils sont recouverts par la peau pen- dant le temps de leur croissance ; ils tombent et se re- produisent à une certaine époque de rannée. Les au- tres croissent par leur base ; elles ne sont pas recou- vertes de la peau ; elles sont permanentes. On retrouve plusieurs autres parties cornées dans les animaux : telles sont les protubérances de la tête dans les calaos^ \<\. pintade ^ lecasoa7\ etc. Ce sont 3. 42 658 XTV LEÇON. SENS BTI TOUCHER. des lames de substance cornée qui revêtent des sinus osseux dont nous avons déjà parlé, ou dont nous trai- terons par la suite en faisant connaître les organes aux- quels ils sont destinés. Il en sera de même de la corne qui recouvre les mâchoires des oiseaux et de plusieurs reptiles; des aiguillons de laile et des ergots des tarses. Au reste la forme de ces parties est plus du ressort de la zoologie ordinaire que de celui de Fanatomie. 4°. Des ongles. On nomme ainsi les prolongements cornés qui ar- ment et protègent Textrémité des doigts dans les mam- mifères, les oiseaux et les reptiles. Ils sont, le plus souvent, en même nombre que les doigts, et leur forme, ainsi que nous Ta vous indiqué dans l'article de la di- vision des extrémités, paraît dépendre de celle de la dernière phalange. Ils sont, pour ainsi dire, à ces pha- langes ce que les cornes creuses sont aux proémi- nences du frontal qu'elles revêtent. Les ongles sont comme enchâssés dans une "dupli- cature de la peau. On nomme racine la partie qui est recouverte par la peau, [et corps ^ celle qui est décou- verte et adhérente au derme. C'est par ces deux parties qu'ils acquièrent leur accroissement : le derme offre au-dessous d'eux des feuillets ou sillons longitudinaux que les hippotomistes appellent c/za^/" cannelée^ et qui sécrète la matière cornée. Tout autour de la racine on trouve des papilles ou viliosités serrées qui ser- vent aussi à produire les ongles] et déterminent leur accroissement absolument comme les poils; les ongles s'usent à l'extrémité opposée à la racine par le frotte- ment sur le sol et par les autres usages auxquels l'animal ART. VIT. DES PARTIES INSENSIBLES. 659 les emploie : aussi leur voit-on prendre un accroisse- ment excessif dans les animaux qu on tient en capti- vité, en leur laissant peu de mouvements. Il n'y a de sensible dans l'ongle que la partie qui adhère à la peau. Celle qui est libre peut être cou- pée ou déchirée sans occasionner aucune douleur. La couleur dépend de celle du tissu muqueux , ainsi que nous l'avons déjà dit. [ L'épiderme passe au-dessus de l'ongle, et lui forme une enveloppe dans les fœtus où il n'est pas encore desséché par l'air extérieur. ] Dans l'homme, les ongles se manifestent dès le troi- sième mois de la conception. Le développement a lieu à peu près de même que dans la corne à cheville os- seuse que nous avons déjà décrite. Ce ne sont d'abord que des espèces de cartilages qui prennent de plus en plus la consistance nécessaire. Presque tous les ani- maux naissent ainsi avec leurs ongles plus ou moins développés. Les ongles de Ihomme et de la plupart des ongui- culés paraissent formés de couches superposées , ex- trêmement minces. Les lames antérieures sont plus longues que celles de la face inférieure ; de sorte qu'à leur surface on ne s'aperçoit pas de cette sorte d'im- brication; mais dans les maladies, et par une coupe transversale de l'ongle, lorsqu'il est bien desséché, celte structure devient manifeste. Souvent on voit , à . la superficie de l'ongle , des stries ou côtes parallèles, très fines, longitudinales, qui paraissent dues à la ma- nière dont cette partie s'est moulée sur les papilles qu'elle recouvre. Les ongles semblent destinés à protéger l'extrémité des doigts. Ils manquent généralement aux doigts que les animaux n'emploient ni pour marcher ni pour saisir^ 6G0 XIV** LEÇON. SENS DU TOUCHEE. Nous en avons des exemples dans les cliaiwes-souris , dans les ailes des oiseaux, à Fexception de quelques espèces des j^enres kamichi {palamedea) ^ vanneau^ pluuier etjacana , dans les nageoires de plusieurs tor- tues , et les pattes de quelques autres reptiles aquati- ques, comme les gr^enouiiles, les salamandres, etc., enfin dans les membres ou nageoires des poissons. Les oiseaux n'ont généralement d'ongles qu'aux doigts des pieds de derrière : ils sont forts et semblables à ceux des carnassiers, dans les oiseaux de proie; plats dans les palmipèdes; grêles, pointus et très allongés sur le doigt postérieur des alouettes et des jacanas {parra^ Lin.). L'ongle est dentelé sur l'un de ses côtés dans le doigt du milieu des engoulevents {^caprimu/gus ^ Lin.) et des hérons. Il y a un ongle surnuméraire ou à cheville osseuse , une sorte de corne sur les tarses du plus grand nombi-e des gallinacés. On le nomme éperon ou ergot. Le paon de la Chine ou \ éperonnier [j>avo bicalcaratus) en a deux. Ils deviennent fort longs dans le coq. On fait même l'ex- périence curieuse de couper cet ergot lorsqu'on cba- ponne les poulets, pour le fixer à la place de la crête. Il prend là de nouveau racine , et acquiert un très grand accroissement. Les ongles n'offrent aucune particularité dans les reptiles. li'analysc des ongles a donné aux chimistes à peu près les mêmes résultats que celle des poils et des plu- mes, parties avec lesquelles ils ont beaucoup de rapport , et par le mode de développement et par la structure. Les sabots diffèrent des ongles parce qu'ils envelop- ABT. VII. DES PARTIES IN SENSIBLES. 661 pcnt la phalange en dessous comme en dessus, et qu'ils ne sont ni pointus ni trancbants, mais que la rencontre de leurs deux surfaces forme un contour arrondi et mousse. Leur intérieur est remarquable par les sillons profonds et réguliers qui reçoivent des lames saillantes de la phalange, et qu'on ne voit point dans les ongles proprement dits. C'est surtout dans le rhino- céros et dans l'éléphant que ces sillons sont remar- quables. Ils sont aussi très forls dans le cheval, mais moins dans les ruminants. Entre l'ongle et la phalange est toujours une couche de matière muqueuse ; et dans la partie inférieure du sabot, il y a une substance molle et abondante en nerfs , qui donne à cette partie une sorte de sensi- bilité. 5° Des écailles. Ce sont des lames ou petites plaques de substance soit cornée , soit osseuse, qui recouvrent certaines par- ties du corps des animaux à vertèbres. Les écailles ont , avec les poils, les plumes , les cor- nes et les ongles les plus grands rapports par la manière dont elles se développent, leur usage et leur analyse chimique. La plupart des écailles pourraient être appelées des cornes excessivement plates j comme les poils des cor- nes excessivement grêles. Presque tous les reptiles et le plus grand nombre des poissons sont entièrement recouverts d'écaillés. Parmi les mammifères , on n'en remarque que sur quelques parties du corps dans un petit nombre d'es- % 662 XIV^ LEÇON. SENS DU TOUCHER. pèces , et dans les oiseaux , il n y en a le plus souvent que sur les pattes. Nous désignons ici , par le nom ^'écailles ^ des par- ties différentes entre elles; mais jusqu'ici on a compris sous cette dénomination toutes celles que nous allons faire connaître d'une manière générale, en les étu- diant dans les quatre classes d'animaux vertébrés. Celles des pcmgo/ins et des phatagins sont des espè- ces d'ongles plats: leur substance est cornée. Elles sont épaisses, libres dans leur tiers antérieur, taillées en biseau et tranchantes, adhérentes à la peau par le reste de leur étendue , extérieurement cannelées dans leur longueur , surtout dans le phatagin^ où elles se termi- nent ordinairement par trois pointes, sillonnées trans- versalement du côté qui regarde la peau, et paraissant formées de lames qui se recouvrent comme les tuiles d'un toit. Dans les tatous^ les écailles sont de petits compar- timents d'une substance calcaire recouverte d*un épi- derme épais , lisse et comme vernissé. [Elles paraissent être une ossification du derme.] Dans le castor^ les écailles qui recouvrent la queue sont semblables à celles des pattes des oiseaux. • Il en est de même de celles de la queue dans les rats , les sarigues , et dans plusieurs autres animaux à queue préhensile. Les écailles des pattes d'oiseaux sont des lames min- ces de substance cornée. Les espèces d'écaillés qui recouvrent les ailes des manchots ne sont que des plumes très courtes, dont les barbes sont collées à l'épiderme. Parmi les reptiles , les écailles varient beaucoup sui- ARÏ. Vil. DES PARTIES INSENSIBLES. 663 vaut les genres. Ainsi, dans les tortues ^ ce sont des plaques d'une substance cornée, tantôt très denses et très dures, comme dans le plus grand nombre; tan- tôt molle s et flexibles , comme dans l'espèce nommée mataniata , et plusieurs autres. Quelquefois ces écailles se recouvrent comme les tuiles d'un toit , comme dans le caret : alors elles sont lisses ou cannelées longitudi- nalement. Quelquefois elles forment des comparti- ments de figures diverses : alors elles sont bombées , entourées de sillons ou de cannelures concentriques , au milieu desquels sont des points rugueux, saillants, mousses, comme dans les espèces nommées géométri- que ^ grecque, etc. Dans le crocodile , les écailles sont osseuses , dispo- sées par bandes, comme dans les tatous; elles sont imbriquées, comme dans quelques poissons; elles portent une arête ou ligne saillante sur leur longueur. [A la tête, l'épiderme répète les plis superficiels du derme , et les écailles ne sont formées que par cet épidémie un peu augmenté dans sa consistance et dans son épaisseur, et laissant voir par sa transparence le corps muqueux coloré sur le'quel il repose. ] Dans le plus grand nombre des lézards et des scr- 7jeAi^.9, les écailles ne sont que de petites plaques ou com- partiments du derme dont les bords sont quelquefois libres dans une partie de leur étendue, et entre les- quelles s'enfonce et se moule l'épiderme [qui prend à leur face externe plus d'épaisseur et de consistance. liCS ce cille s ^ bien qu'elles paraissent nues, ont dans l'épaisseur de leur peau des écailles toutes formées, minces, imbriquées et disposées régulièrement sur plu- sieurs rangées transversales ; mais ces écailles sont ca- 664 XI v^ LEçor\. sens du toucher. chées dans les plis assez profonds que présente ie derme, et quisont dissimulés par lépiderme, lequel, recouvrant ces plis sans pénétrer dans leur profondeur, ne laisse voir à la surface de Fanirnal que des ridessuperficielles.] hessciri^jues ont de véritables écailles, qui se recouvrent comme des tuiles, à la manière de celles des poissons. [Ce ne sont plus seulement , comme dans les serpents, des saillies du derme recouvertes par un épidémie sec et transparent, ce sont de véritables sécrétions calcaires opérées dans im repli de la peau , et qui s'en séparent nettement. Elles conduisent aux écailles im- briquées des poissons.] Dans cette dernière classe, on désigne sous le nom d'écaillés toutes les plaques solides dont la peau est recouverte; mais la nature de ces parties insensibles, leur structure , leur usage , obligent de les considérer plus en détail. Nous nommons écailles des plaques cornées, minces, imbriquées comme les cottes démailles, ordinairement taillées en croissant dans leur extrémité libre , comme dans les carpes^ le brochet , etc. [Ces plaques sont en partie enfoncées dans une cavité qui est ou creusée dans le derme, ou formée par un de ses replis, et dans laquelle lîlles croissent comme une coquille dans le manteau d'un mollusque, ou comme une dent dans son germe et dans sa tunique (i). La partie enfoncée de Fécaille a d'ordi- naire sa surface assez différente de la partie découverte. Tja première est finement striée parallèlement à son bord, et d'autres lignes rayonnantes vont en éventail du cen- (i) Cuviei, Hi%l. nat, des /JotiiO/is, t. i. p. /^'6l AIIT. \11. DES TARTIES INSElNSiBLES. 665 tre vers ce même bord, qui est le plus souvent dentelé. La partie découverte varie beaucoup. Les écailles sont colorées dans leur tiers externe par l'enduit du tissu muqueux. La matière d'un éclat métallique argenté que sécrète Je derme, et qui rend tant de poissons si brillants, se compose de petites lames polies comme de l'argent bruni, qui s'enlève par le lavage. L'industrie en fait usage pour colorer les fausses perles.] Les écailles qui se trouvent au-dessus de la ligne latérale ont ordinaire- ment un sillon longitudinal tracé sur la face qui re- garde le corps. Quelquefois elles sont percées d'un trou oblique , par lequel passe un canal membraneux. Ces écailles sont couvertes de pointes rudes dans les balistes ; elles sont dentelées très finement sur leurs bords , dans \3.sole [pleuroiiectes solect); elles sont très petites dans les anguilles , où elles ne se recouvrent pas et où l'on ne peut les apercevoir que lorsque la peau est desséchée; mais elles acquièrent jusqu'à sept cen- timètres de longueur dans une espèce de spare nom- mée la grande écaille. C'est surtout dans ce poisson qu'il est facile d'en observer la structure. On y voit, outre les lignes longitudinales , ou plutôt rayonnantes, dont nous avons parlé , des stries concentriques f[ui semblent indiquer que cette partie croît en tous sens par l'addition de nouvelles couches , comme les cornes et les ongles. On pourrait nommer écussons osseux des plaques de substance calcaire qui sont retenues dans l'épais- seur de la peau [ou plutôt adhèrent fortement à sa sur- face. ] Dans les coffres {ostracion) , etc. , ce sont de petits compartiments de figure régulière , disposés par ordre commodes mosaïques. Dans l'e-^'^w/gé^c»/*; , ces plaques 666 XIV* LEÇON. SENS DU TOUCHER. sont de tonnes diverses , excavées extérieurement par des trous nombreux , et portant une arête saillante et longitudinale. Dans le turbot {pleiironectes maximus ), le ci/cloptère , les écussons ou écailles sont petits , en forme de trochisques [ou semblables à des tubercules plus ou moins hérissés Des écailles semblables, mais réduites à n'être que de petites pointes, hérissent le corps de la plupart des tétrodons. Dans les diodons^ ces pointes deviennent de longues épines, dont la base s élargit pour les porter comme des trépieds. Dans les lepisostées^ et les bichirs ^ les plaques écail- leuses sont très épaisses, rhomboïdales, entièrement pierreuses, très serrées, et forment à l'animal une vé- ritable cuirasse. Les loricaires sont également cuiras- sées de plaques anguleuses et dures]. Dans la raie bouclée , les boucles ou aiguillons sont des pointes recourbées , de substance osseuse et trans- parente. La base de cet aiguillon est blanche, opaque, creuse intérieurement , [ et il y pénètre des vaisseaux qui y vivifient un noyau pulpeux très semblable à celui d'une dent. Rien n indique mieux la véritable na- ture des écailles.] Dans l'espèce de squale nommée par Linné acan- ihias , les écailles ouïes prolongements qui en tiennent lieu sont de petites lames hérissées, aplaties, recour- bées, figurées en feuilles de myrthe, avec une arête moyenne et longitudinale. Dans d'autres espèces du même genre, comme la roussette ; dans Vacanthure hépate ^\e rémora^ etc., la peau est recouverte de petits tubercules extrêmement durs, très rapprochés les uns des autres, rudes au tou- cher, [et auxquels le nom d'écaillé ne semblerait pas ART. Vil, DES PARTIES INSENSIBLES. 667 pouvoir convenir si l'on ne s'en tenait qu'à l'appa- rence.] Les écailles sont recouvertes dans les poissons, ainsi ^ que dans toutes les autres classes , par l'épiderme , qui est plus ou moins e'pais , pius ou moins mou , selon les espèces. C'est cet épidei'me seul que les serpents per- dent lors de la mue. Il paraît que les poils, les cornes et les ongles se forment aussi sous l'épiderme , et que, lorsqu'on n'en trouve plus sur ces parties, c'est quii a été desséché et usé par le frottement. Toutes ces parties insensibles sont dépourvues de nerfs et de vaisseaux, à moins qu elles ne recouvrent des cavités qui en contiennent^ comme c'est le cas des plumes, des boucles de la raie, etc. Elles croissent , comme l'épiderme , par l'addition de nouvelles lames qui transsudent de la peau, et qui s'attachent sous ou dans celles qui les précédaient. [La composition chimique des écailles a la plus grande ressemblance avec celle des os et des dents. M. Ghevreul a fait l'analyse de celles d'ime lépisostée^ d'nn chétodoii et d'un ba7\ et par conséquent de trois espèces d'écaillés qui semblent au premier abord très différentes l'une de l'autre. Il les a cependant trouvées composées des mêmes substances et dans des propor- tions assez peu différentes. Ces substances sont une matière azotée et du phosphate de chaux chacune pour presque une moitié : la proportion de matière azotée est plus forte dans l'écaillé du bar et la proportion des sels phosphatiques dans l'écaillé de la lépisostée (i).] (i) Voy. le tableau détaillé de ces analyses dans M. Cuvier, hist. nat. des poissons. T. i, p. 479. 668 XIV* LEçors. seins du toucher. 6° Des parties insensibles dans les animaux sans vertèbres. Il nous reste très peu de chose à dire sur ces parties, puisque , dans ces animaux , la peau , que nous avons déjà décrite , est dure et insensible dans le plus grand nombre. Dans l'article II de la deuxième leçon , nous avons fait connaître la manière dont la coquille se déve- loppe. Nous avons donné de même dans celle-ci, à l'article de la peau , quelques aperçus sur la couleur de ce test calcaire dans les mollusques et les crus- tacés. La substance cornée, qui sert d'os et de peau au plus grand nombre des insectes parfaits, a été aussi décrite : il ne nous reste donc à traiter ici que des poils. Ces parties paraissent être une continuité de l'épi- derme , car ils tombent avec la surpeau dans la mue ; et il en paraît d'autres aussitôt, qui sont même plus longs que les premiers. Les écailles des ailes et du corps, dans les lépido- ptères et quelques autres ordres d'insectes, sont de petites plaques cornées , colorées diversement , im- plantées sur la peau , et se recouvrant comme les tuiles d'un toit. ÏjCS plumes àç,^ ptérophores y de quelques Jy«y^^7/o7^i' et kespéries à queue ne sont que des prolongements ou des laciniures des ailes, garnies de poils longs sur les côtés. Beaucoup d'animaux de la classe des annélides ontlc corps revêtu de faisceaux de poils, quelquefois roides et ART. YTl. DES PARTIES INSENSIBLES. 669 rt^tractiles, servant comme de pattes , tels que nous les avons décrits dans les néréides^ les amphinomes ^ les lombrics y etc. Dans Vaphrodite, outre les poils roides qui servent à la progression, il y en a une infinité d'au- tres, longs et flexibles , couleur d'aiguë marine chan- geante, avec un reflet métallique, et une espèce d'é- toupe ou de feutre qui recouvre les branchies et au travers duquel l'eau se tamise. Nous renvoyons à l'article III de la sixième leçon pour les parties insensibles des zoophytes. 670 XV* LEÇON. ORGANE DE L'ODORAT. QUINZIÈME LEÇON. DES ORGANES DE L'ODORAT ET DU GOUT. Le fpût et l'odorat tiennent de plus près au toucher que les deux autres sens; ils semblent même netre que des touchers plus exaltés, qui perçoivent jusqu'aux différences des petites molécules des corps dissous dans les liquides ou dans l'atmosphère. Leurs organes sont au fond les mêmes que celui qui sert au toucher ordi- naire , et n'en diffèrent que par un plus grand dévelop- pement de la partie nerveuse , et plus de finesse et de mollesse dans les autres- parties : ce sont de véritables prolongements de la peau , dans lesquels on peut eu suivre toutes les couches : l'épiderme , le corps mu- queux avec ses teintes quelquefois foncées , le corps papillaire,le derme et le tissu cellulaire s'y retrouvent. La langue de certains animaux est même revêtue de substances insensibles, comme d'écaillés, d'épines, de dents , etc. [ Les deux sens ont d'ailleurs entre eux des liaisons extrêmement intimes , à ce point, par exemple, que, selon la remarque de M. Ghevreul, on annule la saveur des substances aromatiques , si on les goûte en se bouchant les narines.] Nous allons examiner ces deux organes , comme nous l'avons fait pour les autres , dans leurs parties essentielles, et dans celles qui ne servent qu'à en augmenter ou en diminuer la force et rétendue. ART. T. DU SENS EN fiÉNERAL. 671 SECTION PREMIERE. Des organes île l'odorat. ARTICLE PREMIER. DU SENS ET DE SES ORGAINES EN GÉNÉIUL. De toutes les substances qui agissent sur nos sens, celles qui produisent la sensation de l 'odorat sont les moins connues, quoique leur impression sur notre économie soit peut-être la plus profonde et la plus vive. En général , nous savons que cette sensation est due à des parties volatiles, dissoutes ou nageantes dans l'at- mosphère, et portées dans lios narines avec l'air où elles sont répandues. Il y a des corps toujours odorants, parce que tout ou partie de leur substance est volatile , et s'exhale sans cesse; d'autres le deviennent dans certaines cir- constances , lorsqu'un des principes qui est volatil par lui-même , mais qui était retenu par son affinité avec les autres , en est dégagé par quelque nouveau Qorps survenant, comme les sels qui contiennent de Yammo- niaque , lorsqu'un acide supérieur vient à l'en chasser; ou lorsqu'il s'y unit quelque corps extérieur propre à former avec eux un composé volatil^ comme V acide niuriatique ^ lorsqu'il se change en acide muriatique oxigéné^^^v l'accession de l'oxigène; ou enfin, lors- que quelque partie qui ôtait au corps dans lequel» elle entrait sa volatilité , en est enlevée , comme V acide nitrique^ lorsqu'il se change en nilrewr par 67^ XV^ LEÇON. ORGANE DE LODORAT. la perte d'nne partie cîe son oxigène. C'est sans doute de l'une ou de l'autre de ces manières que la présence ou l'absence de la chaleur , de la lumière ou de l'hu- midité peuvent donner de l'odeur à certains corps, comme certaines fleurs qui n'en ont que pendant la nuit, l'argile qui n'en prend que lorsqu'elle est hu- mectée, etc. Aussi les odeurs paraissent-elles se propager dans l'air comme un fluide qui se répandrait et se mêlerait dans un autre; leur mouvement n'est point direct comme celui de la lumière; il n'est pomt rapide; il n'est point susceptible de réfraction ni de réflexion ; il ressemble à celui de la matière de la chaleur , avec cette différence seulement que les substances que l'air ne peut traverser sont aussi imperméables aux odeurs. Les odeurs peuvent se combiner avec les divers corps par la voie d'affinité , et elles sont souvent dé- truites par ce moyen ; elles adhèrent aussi de préfé- rence à certains corps appropriés à la nature de cha- cune d'elles ; quelques unes sont retenues plus aisément dans des liquides spiritueux, d'autres dans des hui- les, etc. Cependant, malgré ces phénomènes, qui semblent prouver que chaque odeur est due à une substance particulière flottante dans l'atmosphère ^ il y en a d'au- tres qui semblent prouver qu'il n'en est pas toujours ainsi. Plusieurs corps répandent pendant très longtemps une forte odeur, sans aucune déperdition sensible de substance : tel est le musc. Des odeurs se manifestent dans des circonstances où l'on ne voit pas qu'il se fasse aucune évaporation : telle est celle que le cuivre donne 4lrr. L DU SEKS EN GÉNÉRAL» 6/3 lorsqu'il est frotté, celle que produit la fusion dun grand nombre de corps, et même le dégel ordinaire. Dans d'autres cas, des évaporations réelles ne produi- sent aucune odeur sensible : c'est ce qnon voit lors du développement de plusieurs gaz, et même lors de 1 e- vaporation ordinaire de l'eau. Peut-être ces phéno- mènes ne prouvent-ils autre chose, sinon que la force de la sensation n'est point proportionnelle à la quan- tité de la substance qui la* cause, mais à sa nature et au degré de son affinité avec le fluide nerveux. Cette action de la plupart des substances odorantes sur le système nerveux se manifeste par beaucoup d'autres effets que par celui de la sensation : certaines odeurs produisent des assoupissements; d'autres, des migraines ou même des convulsions. Quelques unes sont pro- pres à cahiier ces accidents. En général, la plupart des médicaments agissent plutôt par leurs parties volatiles et odorantes que par le reste de leurs principes; et nous retrouvons ici de nouvelles preuves du rôle que jouent dans l'économie animale les substances gazeuses et impalpables , dont la plupart nous sont sans doute encore inconnues. On ignore si les odeurs ont un véhicule particulier, outre la matière de la chaleur qui leur est commune à toutes, en leur qualité de vapeurs ou de fluides élastiques. On ignore à quoi tient leur agrément pour nous, et pourquoi des odeurs qui nous paraissent abominables semblent délecter certains animaux qui ne témoignent que de l'indifférence pour des odeurs que nous trou- vons délicieuses. Quoique l'homme et les animaux ai- ment en général l'odeur des substances que la nature 3. 43 674 XV* LEÇON. OBCrANE DE LODORÂT. a destinées à nourrir chaque espèce, ces odeurs leur déplaisent quand ils sont repus, tandis qu'ils aiment, quelquefois même avec une espèce de fureur, celles dé certaines choses qui ne leur servent à rien du tout, comme le nepeta pour les chats, etc. Les odeurs constamment désagréables viennent, pour la plupart, de choses qui pourraient être nuisibles : les végétaux et les métaux vénéneux, les chairs corrompues, sentent généralement mauvais. Quoi qu'il en soit de ces questions, l'organe de l'o- dorat est, dans tous les animaux chez lesquels on Ta reconnu, une expansion de la peau devenue très fine, très abondante en vaisseaux et en nerfs , et humectée d'une viscosité abondante, que viennent frapper l'air ou l'eau imprégnés des substances odorantes; car il paraît que le poisson sent dans l'eau comme les autres animaux dans l'air; du moins les substances odorantes qu'on y jette pour lui servir d'appât l'attirent de très loin, comme elles pourraient attirer des quadrupèdes ou des oiseaux dans l'air; mais nous ignorons si les substances qui ne peuvent se dissoudre, ni se répandre dans l'air, et qui n'y ont nulle odeur , mais qui se dis- solvent dans leau, comme le sel, par exemple, y exer- cent une action sur 1 organe de l'odorat des poissons. Dans tous les animaux vertébrés , qui respirent par des poumons , les organes de l'odorat sont placés sur le passage de l'air, de manière à en être frappés lors de l'inspiration ; dans les poissons , ils sont simplement au bout du museau ^ et doivent être frappés par l'eau lorsque le poisson nage en avant. Nous ne connaissons point assez la nature de la membrane olfactive , ni celle des nerfs qui s'y distri- AST. I. t>U SENS El^ GÉNÉRAL. 6/5 buent , pour juger du degré et de l'espèce des sensa- tions qu'elle procure aux divers animaux : nous pou- vons seulement présumer que , toutes choses égales d'ailleurs, les animaux dans lesquels elle a le plus d'étendue doivent jouir d'un sens plus délicat, et l'ex- périence confirme cette conjecture : il serait seulement curieux de connaître pourquoi les animaux qui ont l'odorat le plus exalté sont précisément ceux qui se nourrissent des choses les plus puantes, comme le chien, par exemple, qui vit de charognes. [Cela tient sans doute, comme nous l'avons dit plus haut, à ce que la qualité des odeurs est relative, et que les substan ces que nous appelons fétides sont agréables au con^ traire pour les animaux qu'elles attirent. Les hommes eux-mêmes offrent de grandes différences, sous ce rapport, car les uns trouvent du charme dans des odeurs que d'autres ne peuvent supporter.] Peut-être les animaux carnassiers ont-ils en général l'odorat plus fin, parce qu'ils doivent apercevoir de plus loin la pré- sence de leur proie. Nous avons à examiner , dans les organes de l'odorat, la texture et l'étendue de la membrane pituitaire ou olfactive, la grandeur et le nombre des nei^fs qui s'y distribuent, et les voies par lesquelles les vapeurs odo- rantes y sont amenées : ce seront les objets des articles suivants. ARTICLE II. DE LA FORME ET DE LA GRANDEUR DE LA CAVITÉ NASALE. Cet article étant implicitement contenu dans plu- sieurs de ceux qui composent la VHP leçon, nous nous contenterons d'y renvoyer le lecteur. Nous ajouterons seulement ici que quelques pois- sons n'ont point leurs fosses nasales creusées sur le mu- seau, mais au contraire portées par des pédicules et élevées comme des coupes à boire : de ce nombre est la baudroie, ARTICLE III. DES SINUS QUI AUGMENTENT LA CAPACITÉ DE LA CAVITÉ NASALE. Il n'est point prouvé que le sens de l'odorat réside aussi dans ces sinus ; la membrane qui les revêt est plus mince que celle du reste des narines; elle ne paraît point recevoir de rameaux du nerf olfactif (i). On ne leur attribue d'autre usage que de séparer une humeur aqueuse propre à lubrifier tout l'intérieur du nez; cependant il est certain que les animaux qui ont l'odorat le plus fort ont aussi ces sinus les plus grands. Peut-être sont-ils destinés à tenir en réserve une plus grande masse d'air imprégné de particules odorantes , (i) [Des injections ont été faites avec des substances odorantes dans les sinus frontaux et dans l'antre d Highmore sans que les personnes qui 5ubissaient ce* opératioriâ aient eu la perception d'aucune odeur.] 4RT. III. DES SINUS. 677 afin qu elle agisse plus fortement sur la membrane pituitaire. Ces sinus sont presque nuls dans les jeunes animaux , et ne se développent que lorsqu'ils approchent de l'adolescence. On ne les trouve que dans l'homme et les qua- drupèdes. Ils communiquent avec la cavité des narines par des ouvertures plus étroites qu'eux-mêmes. Il y en a de trois sortes, nommés, d'après les os dans lesquels ils sont creusés , Jrontaux , sphéndidaux et maxillaires. A. Dans l'homme. Les sinus frontaux s'ouvrent dans le sommet de la voûte du nez. Ils s'étendent à environ un pouce de hauteur, et un peu plus en largeur de chaque côté au- dessus des sourcils ; ils sont séparés l'un de l'autre par une cloison verticale. Les sinus sphéndidaux s'ouvrent dans la partie pos- térieure et inférieure de la voûte du nez. Ils remplissent toute l'épaisseur du corps du sphénoïde sous la partie antérieure et moyenne de la selle pituitaire. Ils sont aussi séparés entre eux par une cloison verticale. Les sinus maxillaires ou antres d'Highmore occu- pent tout le corps des os maxillaires : ils s'ouvrent aux côtés de la cavité nasale vers son fond. B. Dans les mammijères. 1° Les sinus frontaux sont très petits dans les singes; ils manquent même entièrement à la plupart des maca- ques et des guenons; mais on les trouve , et même assez étendus , dans beaucoup de sapajous. 678 XV' LEÇON. OEGANE DE ^'OPOKAT. Parmi les carnassiers , les chiens , les loups ^ les re- iiards et les hyènes sont ceux qui les ont les plus con- sidérables. Ils y occupent toute Tétendue du frontal, remplissent Fintérieur des deux apophyses post- orbitaires, et descendent de chaque côté dans la paroi postérieure de l'orbite. Dans Y ours ^ ils sont un peu moins étendus sur les côtés , et dans les chats un peu moins en arrière. Ceux des coatis et ceux du raton ressemblent à ceux des chats. Ceux des civettes n'occu- pent que la partie postérieure du frontal. Il n'y en a point dans les blaireaux^ dans les /ow/rej", dans les chauves-souris ^\i\ dans la plupart des Z^^/e/^ej-; les creux des apophyses post-orbitaires y existent bien, mais ils ne sont que des prolongements de la cavité nasale , qui communiquent librement avec elle et non par une ouverture étroite. Parmi les rongeurs, ces sinus manquent aux rats ^ à la marmotte^ à X agouti, à Y écureuil^ an castor^ au lièvre; mais ils sont très grands dans le porc-épic , où ils pénètrent même dans l'épaisseur des os propres du nez. Les mêmes différences existent parmi les édentés. Le fourmilier ^ le pangolin^ n'ont point de sinus frontaux ; le tatou en a de grandeur médiocre; dans \e paresseux- unau^ ils sont ti'ès grands et s'étendent, dans l'adulte, jusqu'auprès de l'occiput. [Dans /'aï, ils ne s'étendent pas au-delà du frontal.] 11 n'y a pas moins de différences parmi les rumi- nants. Le ç'^r/ paraît n'avoir aucuns sinus frontaux. Le boeufs la chhvre ^ le mouton y en ont d'énormes qui s'étendent jusque dans l'épaisseur des chevilles osseuses qui soutiennent leurs cornes. Ceux des antilopes n'oç- ABT. III. DES SINUS. 679 cupent que l'épaisseur du frontal , et leurs chevilles osseuses sont solides. Le chameau en a aussi de nom- breux, et très divisés, mais qui ne s'étendent point en arrière au-delà du frontal. Celui de tous les animaux qui aies plus grands sinus frontaux, c'est \ éléphant. Ce sont eux qui donnent à son crâne cette épaisseur extraordinaire qui le distingue de tous les autres. Ils s'étendent dans toute l'épaisseur des pariétaux , des temporaux, et jusque dans les con- dyles articulaires de l'occipital. Les lames qui les divi- sent en cellules , toutes communicantes, sont no.m- breuses et irrégulières. Ceux des cochons ne sont pas moins étendus , quoi- que moins hauts. Ils vont jusqu'à l'occiput, et ne sont séparés les uns des autres que par quelques lames osseuses longitudinales ou un peu obliques, qui n'inter- ceptent pas toute commimication. Il y en a quatre rangées dans le bnbiroussa , et sept ou huit dans le cochon ordinaire. Ij hippopotame et le rhinocéros n'ont point de sinus frontaux. Les sinus frontaux du chenal occupent une grande partie de l'os du front : ils ne s'ouvrent pas immédiate- ment dans le nez, mais ils communiquent par une vaste ouverture de chaque côté avec le sinus maxillaire pos- térieur, car cet animal en a deux. 2° Les sinus maxillaires ne suivent pas les mêmes rapports que les frontaux. Ils sont un peu plus petits dans les quadrumanes à proportion que dans Thomme. Ils se réduisent presque à rien dans les carnassiers , la plupart des rongeurs et des édentés, et en général dans tous les animaux dont l'os maxillaire ne forme point un plancher sous l'orbite. Cependant ce sinus existe, 680 XV LEÇON. ORriA?»E DE l'ODORAT. et est même fort considérable dans le porc-épic ; mais dans la plupart des autres onguicnlés, même lorsque Tos maxillaire est creux , la cavité fait partie de celle du nez, et ne peut porter le nom de sinus, puisqu elle n'a pas d'ouverture étroite. Les cochons n ont point de sinus maxillaire pro- prement dit , mais ils en ont un dans la base de l'os de la pommette , qui est surtout très vaste dans le san- glier cT Ethiopie. \J hippopotame en a un petit au même endroit. Les sinus maxillaires des ruminants sont très grands, et s'ouvrent dans le nez par une fente étroite et oblique derrière les cornets inférieurs. Le cheval en a deux : le postérieur est le plus grand ; il s'ouvre dans le côté vers le fond et le haut par un trou triangulaire ; ses parois forment , dans l'intérieur du nez, une grosse saillie qui sépare la portion des narines que remplissent les tubulures ethmoïdales, d'avec celle où sont situés les deux grands cornets. C'est dans le fond de cette dernière partie que s'ouvre le sinus maxillaire antérieur. L'intérieur des os maxillaires à^X éléphant ^^xdiWv^è^ comme celui des os de son crâne , en une multitude de cellules très larges, toutes communicantes, et dont une s'ouvre par un trou au côté du nez. S"* Les sinus sphénoïdaax sont d'autant plus petits que la selle turcique est plus aplatie ; les singes et les makis les ont plus petits que l'homme ; les carnassiers les ont aussi plus petits, et d'une forme plus allongée ; la loutre^ \e phoque ^ \e putois eu manquent entière- ment; il paraît n'y en avoir aucun dans la plupart dei autres onguiculés et dans les ruminants. [Us sont ce- ART. 111. DES SINUS. 681 pendant assez prononcés dans Viinau.] Le cochon et Xhippopotame en ont , mais de très petits. Dans \élé- phant ils sont énormes , et occupent même une partie des apophyses ptérygoïdes. Ils ne sont point divisés en cellules comme les autres sinus de cet animal. Ceux du chacal s'ouvrent chacun dans le sinus maxillaire postérieur de son côté. Je n'ai trouvé de sinus d'aucune espèce dans les os des cétacés. \he^ kanguroos et quelques phalangers , le phal. ta- cheté , par exemple, ont des sinus frontaux , mais tous les autres marsupiaux n'en ont d'aucune espèce.] . Les cavités des os du crâne des oiseaux sont en com- munication avec leurs oreilles , et non avec leur nez ; les vides immenses des becs des calaos et des toucans communiquent, à la vérité, avec leurs narines, qui sont très petites dans ces oiseaux; mais il nous paraît que, dans l'état frais , la membrane pituitaire ferme cette communication , et qu'elle ne pénètre point dans ces vides, qui sont traversés de toute part par des filets osseux. \\^e% gawials ^ parmi les reptiles, ont, à l'extrémité du museau , des vessies osseuses, renflées et ovales , formées par les ptérygoïdiens , situées au dessus des palatins, et qui communiquent avec le canal nasal. Dans les vieux crocodiles à deux arêtes , la même partie du museau se renfle aussi , mais sans prendre de forme bien déterminée.] Les autres reptiles et les poissons n'ont rien que l'on puisse comparer aux sinus. 682 XV* LEÇON. ORGANE DE l/ODOBAT. ARTICLE IV. DES LAMES SAILLANTES QUI MULTIPLIENT LES SURFACES DANS l'intérieur DE LA CAVITÉ NASALE. Ces lames , outre l'usage de multiplier les surfaces, et par là d'augmenter l'étendue de la membrane pl- tuitaire et l'intensité du sens de l'odorat , ont encore celui de former des conduits qui aboutissent aux em- bouchures des divers sinus. A. Dans V homme ^ Ces lames sont de trois sortes: les cornets inférieurs^ formés par des os particuliers ; les cornets supérieurs, qui sont une production de l'os etlimoïde , et les an^ fractuosités de ce même os ethmdide. Les cornets inférieurs ont la forme d'une lame mince, adhérente par un de ses bords à une arête de l'os maxillaire , et légèrement contournée, de manière que le bord libre regarde en bas. Sa face convexe est supé- rieure et interne ; on y voit quelques sillons obliques. L'ouverture du sinus maxillaire est au-dessus d'elle , en arrière. Le conduit que forme sa concavité va di- rectement des narines antérieures aux postérieures. \Jos ethmdide est formé de trois lames perpendicu- laires les unes sur les autres, et de plusieurs intermé- diaires à ces trois-là: la lame criblée^ qui complète le crâne entre les deux plafonds des orbites , et les deux , nommées os planum , qui forment chacune une grande partie de la cloison interne d'un des orbites , sont ces trois lames externes: nous en avons parlé ailleurs. (Voyez page 879 du "f volume. ) ÂhT. IV. DES LAMES S4TLLAJNTES. 68S Entre les deux os planum est une lame impaire, verticale, qui, se continuant aveclW vomer, divise en deux la cavité des narines. Dans Fintervalle qu'elle laisse de chaque côté , sont des lamelles irrégulières , qui adhèrent à la lame criblée et à Fos planum de ce côté- là seulement, mais non à la cloison mitoyenne , et qui, étant jetées comme au hasard , forment quelques cel- lules communiquant ensemble , qui sont les anfrac- tuosités , et qu'on pourrait aussi nommer les sinus de Vos ethmoïde. Leur assemblage est fermé, du côté qui regarde la lame mitoyenne, par une lame verticale et sillonnée; et l'intervalle qui reste entre ces deux lames conduit directement au sinus sphénoïdal de ce côté. La partie inférieure de cette lame , qui regarde le septum, se prolonge obliquement, et se porte un peu fe en arrière en faisant un pli dont la concavité regarde en bas, et dont la partie antérieure se continue avec un canal court , qui conduit, en montant obliquement et en perçant la masse des anfractuosités ethmoïdales, dans le sinus frontal de ce côté. Cette lame ployée est le cornet supérieur du nez. Les deux paires de cornets ont une structure plus spongieuse que les autres lames osseuses , et on y voit, surtout sur les supérieurs ^ une multitude de petits trous. B. Dans les mammifères, 1* Les cornets inférieurs. Nous venons de voir qu'ils ne forment qu'une simple lame dans l'homme : nous allons suivre leurs divers degrés de complication dans les animaux. 684 XV* LEÇON. OBGANE DE l'ODORAT. Ils sont semblables à ceux de Ihomme dans la plu- part des singes de l'ancien continent ; mais , dans les gibbons et \e^ sapajous ^ ils commencent à ressembler à ce qui a lieu dans plusieurs des mammifères qui sui- vent les quadrumanes. Dans ceux-ci la lame n'est simple qu'à sa base, et elle se bifurque aune petite distance : les deux lames qui en naissent se roulent chacune sur elle-même en spirale , en tournant du côté de l'os maxillaire , et en faisant, selon les espèces, de un demi-tour à deux tours et demi. [Dans les gibbons et les sapajous , les lames ne font qu'un demi-tour ; dans \e^ makis et les roussettes^ à peu près un tour; dans les hyènes^ un tour et demi ; dans les civettes^ un tour et demi en bas et deux tours en haut; dans les chats ^ deux tours pour la lame inférieure et un tour pour la supé- rieure; dans le mouton^ au contraire, deux tours pour la supérieure et un pour l'inférieure; dans les autres ruminants, deux tours et même deux tours et demi.] L'espèce de cornet produit par ce roulement est fermé par derrière, en pointe. On conçoit qu'il doit contenir deux canaux : Tun au-dessus, l'autre au-des- sous de la lame principale. Celui de dessous conduit, comme dans l'homme, dans les narines postérieures. Dans les ruminants, la fiss'»ire qui mène dans le sinus maxillaire se trouve dans le fond du canal supérieur. Dans les cochons , ce même canal se continue en arrière en un long sillon, au bout duquel est un conduit qui va dans le sinus de la base de la pommette. Les lames de ces cornets sont pleines dansles cochons; mais, dans les ruminants, elles sont percées de trous plus ou moins larges et très nombreux. Ces trous sont petits dans les moulons ; ils deviennent plus grands et plus AlVÎ. iV. DES LAMES SAILLANTES. 6B5 nombreux dans les cerjs; et dans les {grands ruminants, comme les vaches , les grandes antilopes ^ ils sont si grands qu'ils ne laissent entre eux que des filets osseux, et que Tos ressemble à de la dentelle. L'intérieur des cornets est souvent divisé par plu- sieurs diaphragmes verticaux , percés comme le reste de leurs cloisons. Dans XJnppopotame , \e?, deux cornets sont aplatis horizontalement, tandis qu'ils le sont verticalement dans les autres : cela tient à la forme de sa tête. Les trous y sont très fins , mais innombrables. Les cornets inférieurs sont moins réguliers dans les solipèdes • la lame horizontale , au lieu de se bifurquer, se ploie d'abord en dessous, puis se recourbe en des- sus, se colle par derrière à Fos maxillaire, monte en arrière pour couvrir le trou du sinus maxillaire infé- rieur, et même pour y pénétrer; enfin, elle donne vers son milieu deux ou trois lames obliques qui vont s'at- tacher au bord antérieur de ce trou. Dans \^^ fourmiliers , les pangolins , les orjctéropes^ les tatous , et même dans \ài , ou paresseux à trois doigts , les cornets inférieurs sont à peu près comme dans les ruminants ; mais, dans VunaUy ou paresseux à deux doigts , ils représentent deux boîtes prismati- ques , fermées de toutes parts , et dont l'intérieur est divisé par quelques lames verticales. On retrouve deux pareilles boîtes dans les makis , mais sans divisions in- térieures. Le rat^ parmi les rongeurs, a des cornets sembla- bles à ceux des ruminants ; mais ceux des autres genres de cet ordre peuvent se diviser en deux espèces, dont une est la même que dans les carnassiers; l'autre , qui i)S6 XV*= f.EÇON. ORGAINR DE I.* ODORAT. na Jien qne dans les porcs-épics ^ les marmottes et quelques autres espèces , consiste en une double lame, attachée longitudinalement , et dont les deux parties s'écartent et montent en se tordant en spirale, et en représentant presque une portion de coquille de sabot. Les autres rongeurs, tels que Heures^ lapins^ écu- reuils^ castors , quelques genres de rats^ et la plupart des carnassiers, tels que chiens^ ours, blaireaux^ ratons , loutres , martes , phoques , chat ordinaire , ont une structure très compliquée des cornets inférieurs. La lame par laquelle ils s'attachent se bifurque : chaque branche en fait autant; et, après une dichotomie multipliée , les dernières lames forment par leur paral- lélisme un nombre quelquefois très considérable de petits canaux que Fair est obligé de traverser, et qui sont tous revêtus de la membrane pituitaire. Le nombre de ces dernières lames est très variable. \je% phoques^ les loutres et les martes sont les espèces qui en ont le plus; ensuite viennent les chiens ^ puis les o«/'^. \i^'^ castors ^ parmi les rongeurs^ en ont le plus. La direction des canaux est plus droite dans les car- nassiers , plus arquée dans les rongeurs. Lorsqu'il y a peu de lames, les dernières se roulent aussi en spirale , comme dans les animaux qui n'en ont que deux. Quelques carnassiers ont, au reste, des cornets infé- rieurs aussi simples que les animaux dont nous avons parlé d'abord. T^e lion , par exemple , les a bifurques seulement et à double rouleau, presque comme les ruminants. La lame osseuse eu est aussi toute criblée ABT. IV, DES LAMES SAILLANTES. 687 de ti'ous : les civettes et les genettes les ont en simple cornet roulé, et sans trous. 2** Des cornets supérieurs et des cellules ethmoï- claies. Les cellules ethmoïdales sont, dans beaucoup d'a- nimaux , très distinctes du cornet supérieur. La partie de la cavité du nez qui les contient est même quelque- fois séparée du reste par une cloison particulière. Cette cloison est formée, dans les cochons ^ en dessous par une lame qui appartient aux os palatins, et en avant par une saillie des os maxillaires , qui vient jusqu au septum des narines, et ne laisse passer Tair que par une issue étroite au-dessus d'elle. Dans le cheval^ cette saillie ne va pas jusqu'au septum ; elle produit cepen- dant encore une séparation assez forte , et laisse der- rière elle un enfoncement latéral rempli parles cellu- les ethmoïdales. Il en est de même dans les carnivores, mais non dans les ruminants, ni dans les rongeurs, chez lesquels du moins l'enfoncement est peu considérable. Pour se faire une idée des cellules ethmoïdales dans la plupart des animaux , il faut se représenter un grand nombre de pédicules creux, tous attenant à l'os cri- bleux. Ils se portent en avant et en dehors, et à mesure qu'ils avancent, les plus voisins s'unissent , et il en naît des vésicules qui grossissent à mesure qu'elles devien- nent moins nombreuses. Toutes sont creuses, et entre elles sont une infinité de conduits on de rues , com- muniquant toutes les unes avec les autres. Telle est leur structure dans les édentés^ les ruminants, les solipèdes , les pachydermes et les carnassiers ; les der- niers de ces ordres en ont plus que les premiers. Les 683 XV ^' LEÇON. OKGAftE DK L'oDOIIAT. rondeurs en ont très peu : \e porc-épic ^ par exemple, n'en a que trois ou quatre de chaque côté. Quelques genres, comme le lièvre , n'ont qu'une cellulosité irré- gulière, semblable à celle de l'homme. Les quadru- manes sont dans le même cas. Le cornet supérieur e?>t représenté, d^ns les rumi- nants , les pachydermes et les solipèdes , par une de ces cellules qui est plus grande, et surtout beaucoup plus longue que les autres, et qui s'étend jusque sur le cornet inférieur, qu'elle recouvre comme un toit. Dans le cochon, elle s'amincit vers le bas en une lame qui se soude sous le bord externe de l'os propre du nez de chaque côté , et ce bord a l'air par là de se recourber en dedans pour former un toit au cornet inférieur. Cet amincissement commence bien plus haut dans les carnassiers, en sorte que la partie creuse de la cellule en question n'y est pas plus longue que dans les autres. G. Dans les oiseaux. Le côté interne de chaque narine est occupé par trois ordres de lames. Le cornet inférieur n'est qu'un repli , tenant d'une part à l'aile du nez , de l'autre , au septum. Le moyen, ou le plus grand, dont Scarpa compare la figure à celle d'une cucurbite, adhère par son fond à la partie osseuse du septimi; il est formé d'une lame qui se replie deux fois et demie sur elle- même. Le supérieur , qui a quelque rapport avec une cloche , adhère à l'os du front et à l'os unguis, et con- tient deux loges qui se prolongent chacune en un tube creux, dont l'interne va jusqu'auprès de l'orbite, et dont ] externe finit en cui-de-sac derrière le cornet ART. ÎV. DES LAMKS SAILLANTES. 689 moyen. Ces trois cornets divisent la cavité nasale en trois méats; ils varient en grandeur et en inflexions, selon les espèces. Scarpa, dont nous empruntons cette description, assure que le moyen ne se toui'ne qu'une fois et demie dans les gallinacés et les passereaux, et que le supérieur y est extrêmement petit. Il croît mi peu dans les p/es^ bien davantage dans les oiseaux de proie, et encore plus dans les palmipèdes; enfin, dans ceux de rivage, il remplit à lui seul plus des deux tiers delà cavité, pendant que le moyen est très grêle, ne se tournant qu'une fois et demie , et que l'inférieur n'est qu'un pli insensible. Ces cornets sont généralement cartilagineux. Har- wood dit qu'ils sont membraneux dans le casoar et Yalbatrosse ; ils m'ont paru osseux dans le calao et le toucan. [Dans les casoars , où ils sont, en effet, membra- neux, ces cornets forment douze ou quinze plis longi- tudinaux et sinueux, entre lesquels il est difficile de distinguer clairement les trois cornets. Dans Vau- truche^ au contraire, ces trois cornets existent distinc- tement , bien que membraneux , comme les précédents. L'inférieur, creusé en forme de gouge, semble être une valvule destinée à empêcher l'entrée d'une trop grande quantité d'air; les ileux autres ont une forme très irré- gulière. Au surplus, il serait peut-être plus convenable de donner aux trois cornets des narines des oiseaux les noms de cornets antérieur, moyen et postérieur, car ils sont à la suite l'un de l'autre, et les deux derniers s'enchevêtrent tellement, que Ion ne peut dire que l'un soit su[)érieur plulôi que l'autre.! 3. 44 f 690 XV* LEÇON. ORGANE DE l'odOBAT. D. Dans les reptiles. Les reptiles ont aussi différentes lames saillantes dans l'intérieur de leurs naiines; mais elles sont sim- pleuient produites par des replis de la membrane interne , seulement soutenues quelquefois par des lames cartilagineuses, l/d tortue en a trois, qui divisent sa cavité nasale en plusieurs fossettes. Celle du milieu répond à l'ouverture externe des narines ; entre elle et la suivante est un canal oblique qui conduit aux narines postérieures. [Dans la tortue franche , la cavité olfactive osseuse est doublée par un cartilage qui adhère très peu aux os et qui soutient les replis de la membrane muqueuse. Cette cavité se compose d'un canal plus large en avant qu'en arrière, et de trois poches ou cellules. L'une d'elles est inférieure et sinueuse; les deux autres sont supérieures, plus régulières , et placées à la suite l'une de l autre. L'ouverture de la poche antérieure est trans- versale et celle de la poche postérieure longitudinale. D ans les cTOcor///^j., le canal des narines est très étendu, puisqu'il se prolonge depuis le bout du museau jusqu'à l'os basiîaire ; mais l'olfaction ne se fait que dans les cellules placées au-devant de l'orbite, sur le côté externe de chaque conduit. Ces cellules sont au nombre de quatre, placées au-devant Tune de l'autre; elles sont sinueuses ; leurs parois saillent dans l'intérieur du conduit , et leur enveloppe est demi-cartilagineuse. C'est en avant des deux cellules postérieures que com- mence la portion du canal des narines formée par les palatins et les apophyses ptérygoïdes, et dont l'entrée est l'étrécie par un repli de la membrane. I ART. IV. DES LAMES SAILLANTES. 691 Les sauriens , les ophidiens et les batraciens ont la cavité nasale très courte, et la membrane olfactive ne forme plus qu'un, ou tout au plus^ deux replis ; cette membrane est de couleur noirâtre.] E. Dans les poissons. Les lames de l'intérieur des narines des poissons sont aussi purement membraneuses ; elles sont plus nombreuses et plus régulièrement disposées que dans les autres classes. Dans les chondroptérygiens, tant raies G^^ squales ^ elles sont disposées parallèlement aux deux côtés d'une lame plus grande , qui règne d'un bout de la fosse à l'autre. Chacune d'elles est un repli semi-lunaire de la membrane pituitaire, et a d'autres lames plus petites, rangées sur ses deux côtés, comme elle l'est elle-même par rapport à la grande lame du milieu. Dans les autres poissons, tant cartilagineux qu'os- seux, où cette fosse est ronde, les lames sont disposées en rayons autour d'un tubercule saillant et arrondi, situé au fond de la fosse. Elles sont surtout très belles à voir dans Xesturgeon^ où chacune d'elles se divise en lames plus petites , comme une branche d'arbre en ra- meaux. Dans quelques espèces, et notamment dans la carpe ^ le tubercule du milieu est un peu ovale, ce qui rend la disposition des lames un peu plus sem- blable à celle qu'on observe dans les chondroptérygiens. [Dans les espèces ou la fosse est allongée, les lames sont disposées des deux côtés d'un axe et y forment des peignes très réguliers. Le nombre et la saillie de ces lames varient beaucoup , les anguilles paraissent en .692 XV* LEÇON. ORGAJNE DE L ODORAT. avoir une quantité plus considérable que les autres poissons. Dans les lamproies^ les narines sont rappro- chées sur le sommet de la têle , et ne forment plus qu'une poche située sur la ligne médiane.] ARTICLE V. DE LA MEMBRANE PITUITAIRE. C'est une continuation de la peau extérieure , qui s'unit dans l'arrière-bouche avec celle qui , après avoir revêtu les lèvres et tout l'intérieur de la bouche , ta- pisse Toesophage et le reste des intestins. Elle prend le nom de membrane pitiiitaire dans tout l'intérieur du nez, sur son septum, ses parois, ses lames, et même dans ses sinus; elle s'attache au pé- rioste de toutes ces parties par une cellulosité serrée, et est elle-même recouverte partout par l'épiderme. Dans les sinus, elle est extrêmement mince et sem- blable à une membrane ordinaire; à peine y voit-on des vaisseaux : mais, dans le reste du nez , elle est en même temps plus épaisse et plus molle , surtout à la partie inférieure et postérieure du septum. Sa sub- stance est pulpeuse ou fongueuse. On y aperçoit un Sissu spongieux, moins serré, par petites taches qui re- présentent les mailles d'un rets. Sa superficie est co- lorée d'un beau rouge : ce n'est qu'en y regardant de très près qu'on voit que cette couleur résulte des ra- mifications innombrables de petits vaisseaux sanguins ; on les distingue mieux près de leurs troncs , surtout à la partie postérieure du septum , ou lorsque l'inflam- ma tion ou l'injection les a gonflés. ART. V. DE LA MEMBRANE PITUÏTAIRE. 693 La surface de cette membrane a «ne grande quan- tité de petits pores, d'où suinte perpétuellement une humeur muqueuse. On croit que ce sont les orifices d'autant de petits follicules cachés dans son épaisseur: on a même vu dans quelques endroits plusieurs de ces follicules avoir des canaux excréteurs communs: c'est ce que Sténon a découvert dans les narines de ia bre- bis. Ruisch, et après lui Haller, en ont vu plusieurs donner dans un sinus commun , et cela surtout vers la partie antérieure du septum. On observe dans plusieurs mammifères, comme la vache et la brebis ^ des lignes blanches, parallèles entre elles, qui traversent de grandes étendues. J'en ai vu de transversalement obliques sur le septum , et de longitudinales sur les cornets inférieurs dn mou- ton (i). Une humeur visqueuse suinte continuellement de toutes les parties de la membrane pituitaire; dans les inflammations produites parles rhumes, elle comnjence par devenir plus abondante et plus fluide , et finit par êtie épaisse, jaune et de mauvaise odeur. Les sinus produisent une humeur plus limpide , qui semble des- tinée à éclaircir Fautre. Excepté les cétacés, dont nous parlerons ailleurs , les mammifères montrent peu de différences dans la texture de leur membrane pituitaire. Dans les oiseaux , elle est, selon Scarpa , très mince sur le cornet supérieur, plus épaisse et veloutée sur le moyen, ^es vaisseaux forment à sa surface un très (i) [Ces lignes sont formées par !e passage des nerfs qui s(î rendent à un organe particulier dont nous parlerons à la fin de cette Stction.] 694 XV* LEÇON. ORGANE DE L ODORAT. beau réseau , et une multitude de pores y produisent une abondante mucosité, surtout sur le cornet moyen. Dans les reptiles, elle est garnie partout d'un rets de vaisseaux noirâtres. On les retrouve dans quelques poissons, et notamment dans le brochet; mais, dans la plupart des espèces, ils sont roupeâtres. Entre eux se voient de petites papilles qui séparent un mucilage épais, et qui nons a paru être plus abondant dans les poissons , et surtout dans les ixiies et les squales , que dans les autres classes. ARTICLE VI. DES NERFS QUI SE DISTRIÊUENT DANS l'iNTÉRIEUR DES NARINES. Ces nerfs viennent de la première et de la cinquième paire. I. Nerf olfactif. Nous avons décrit l'origine ide la première paire dans rbomme, pci^e 69; dans les mammifères , ^<7^e 106; dans les oiseaux, P^E^ 116; dans les reptiles, page 122; et dans les poissons, page \[\^ de ce volume. Nous avons décrit toute la portion de ce nerf, si- tuée entre son origine et son entrée dans les narines par un ou plusieurs trous du crâne, dans tout l'art i^"" de la X' leçon. Il nous reste à traiter de son passage au travers du crâne, et de sa distribution dans l'intérieur des na- riiies. ART. VI, DES ]>ir ou en rétrécir Fentrée par leurs mouvements. A. Dans l'honune. \° Les cartilages. La cloison intermédiaire des narines devient carti- la^oineuse à sa partie antérieure et inférieure, et se prolonge ainsi jusqu'à la pointe du nez. Son bord an- térieui' se dédouble, dans la partie qui est immédiate- ment sous les os propres du nez , en deux lames trian- gulaires qui se portent sur les côtés du nez et prolon- (^ent les plans formés pai* ses os propres. L'intervalle qp.i reste de cbaque côté entre une de ces lames triangulaires et le septum, est occupé par ART. Vil. DES CARTILAGES DU NEZ. 701 un cartilage oblong, transverse, et ployé en deux feuil- lets, entre lesquels reste le vide qui conduit dans cha- que narine. Un de ces feuillets est placé contre le bord inférieur du septuni ; l'autre occupe l'épaisseur de l'aile du nez (c'est ainsi qu'on nomme la partie infé- rieure de chacun de ses côtés). Cette aile contient en- core vers sa racine, un, deux ou même trois petits cartilages irréguliers, qui restent quelquefois membra- neux. Toutes ces parties sont liées par une cellulosité graisseuse , et enveloppées par la peau. 2*^ Les muscles. Plusieurs muscles agissent sur ces cartilages, et con- tribuent avec ceux des lèvres à donner à la physiono- mie de rhomme ce jeu varié qui la caractérise. i° Le muscle pyramidal est une production de l'occipito- frontal , qui descend entre les sourcils et couvre les côtés du nez. Il se termine par une aponévrose qui lui est commune avec, 2° \q transverse ^ qui vient de des- sous langle interne de l'orbite, et s'étend sur le côté du nez , pour s'unir avec son correspondant, sur le dos de cette partie. 3*^ Le releucur de Vade du nez et de la lèvre supérieure ^ qui descend de l'angle interne de l'orbite vers la lèvre, et donne en passant plusieurs fibres à l'aile du nez. 4*^ Mahaisseur de Vaile du nez^ qui vient de la partie de l'os maxillaire qui contient les incisives, et monte directement au bord inférieur de l'aile du nez. 5" Le nasal; il vient de la partie in- férieure de la cloison, et se porte en bas et de côté, pour se confondre avec Torbiculaire des lèvres. On comprend aisément Faction de chacun de ces muscles. 702 XV^ LEÇON. OKGAIVE DE l'oDOEAT. B. Dans les mammifères . Les cartilages du nez et leurs muscles varient singu- lièrement dans les mammifères, comme la plupart des autres parties extérieures. Les cartilages du nez des singes ne diffèrent de ceux de rhomme que parleur extrême petitesse : ils ne pa- raissent avoir d'autres muscles qu une expansion de fibres longitudinales qui couvre uniformément toute la face , et qui semble être une continuation du pani- cule charnu. C'est ainsi , du moins , que nous les avons trouvés dans les cynocéphales et dans les singes de l'ancien continent. Dans les carnassiers dont le museau ne se prolonge point au-delà de la bouche, comme le chien, les car- tilages sont encore semblables à ceux de Thomme; le cartilage du septum produit deux ailes qui prolongent les os du nez, et les bords des narines sont garnis de deux cartilages ployés ; il n y a de muscles bien pro- noncés que le releveur commun de F aile du nez et de la lèvre inférieure^ qui lecouvre toute la joue presque comme l'expansion que nous avons décrite dans le singe; et Xabaisseur de ï aile du nez^ qui est assez petit. Dans les carnassiers à museau saillant et mobile , comme les ours^ et surtout les coatis et les taupes ^ les cartilapes forment un tuyau complet qui est articulé sur les narines osseuses. Dans Vours^ le septum cartilagineux se dédouble par dessous comme par dessus; les ailes supérieures se courbent vers ie bas , les inférieures vers le haut , et elles se rencontrent sur les côtés pour s'unir par une cellulosité et compléter la cloison extérieure de chaque ART. VU. DES CARTILAGES DU NEZ. 703 narine. Le bord de chaque aile continue ensuite à se recourber en dedans, et s'y roule en un cornet qui fait suite au cornet osseux inférieur, et qui est recouvert comme celui-ci d'un prolongement de la membrane pituitaire. Ce tuyau cartilagineux se meut en tous sens sur le bout du nsuscau osseux. C'est surtout dans la taupe que ses muscles sont remarquables. îl y en a quatre de chaque côté , tous attachés au-dessus de l'oreille et marchant en avant entre le ci^otaphite et le rnnsse- ter. Ils se terminent par autant de tendons qui sont placés autour du tuyau nasal comme des cordes autour d'un mât. Le plus profond de ces muscles produit le tendon supérieur qui s'unit avec son correspondant, et une large aponévH'ose qui couvre tout le dessus du nez. Les deux suivants se rendent sur le côté du nez , Tun un peu plus haut, l'autre un peu plus bas ; le quatrième qui est le phis extérieur, va s'unir avec son correspon- dant, sous le nez y comme le premier le fait dessus : ces tendons s'insèrent à la plaque fongueuse qui termine le boutoir, en recouvrant l'extrémité des cartilages • un petit muscle vient aussi du bord alvéolaire de l'os incisif et abaisse le museau ; le bout du septum est os- sifié. [Dans le condylure [sorex cris tutus) la plaque qui termine le boutoir est divisée en plusieurs pointes mo- biles qui représentent une sorte d'étoile quand elles s'écartent en rayonnant. ] Le boutoir du cochon est semblable en prand à ce- lui de la taupe ; les cartilages en sont seulement beau- coup plus courts à proportion ; leur extiémité est aussi ossiftée du côté du septum. Il y a aussi quatre muscles mais moins longs , et autrement disposés. Le supérieur 704 XV* LEÇOiX. OlUrAiNE DE L 0130KAT. vietit de l'os lacrymal, en avant de FœiL Son tendon se porîe sur le boutoir, mais ne s'approche pas assez de son correspondant pour s'y unir; deux autres situés sous le précédent, qui viennent de Fos maxillaire, en avant de Tarcade, sont en partie réunis ; mais leurs tendons se rendent séparément, Fun au côté, l'autre vers le bas du boutoir. Un quatrième, très petit, va obliquement de Fos nasal vers l'insertion du précédent en passant sous les tendons des premiers. Le boutoir et ses muscles longitudinaux sont enve- loppés , dans le cochon , comme dans la taupe, par des fibres annulaires qui sont une continuation de Forbi- culaire des lèvres. [On trouve daus\e p/iacochœre deux noyaux osseux qui j'cmplissent l'intervalle entre les extrémités des os propres du nez et celles des inter- maxillaires et qui soutiennent le boutoir. J Dans les solipèdes et les ruminants , dont les narines osseuses sont très ouvertes , regardent obliquement en haut, et sont formées par une grande échancrure de chaque côté de la pointe des os propres du nez, la partie molle des narines est en grande partie membraneuse , et porte le nom de naseaux ; le bord de leur ouverture seulement renferme un car- tilage dans le cheval. Ce cartilage , nommé semi-lu- naire par les hippotomistes, est analogue à l'inférieur de l'homme; il est aussi formé de deux branches: l'une, presque parallèle au septum, longue et étroite; l'autre placée dans l'aile extérieure du nez, courte et presque carrée. Tout le reste de cette aile extérieure n'est qu'un repli delà peau, qui forme d'abord un cul-de-sac , dont la convexité est sensible en dehors et qu'on nomme fausse narine; une fente longue ot étroite de la paroi AKT. Vil. DES CÀKTILAGES lû{] NË55. 705 interne conduit dans la narine vraie. Un muscle prin- cipal agit sur cette fausse narine pour la dilater : c'est ley??y/Yz/72/r/«/deshippotomistes : ihiaîî de Fos maxillaire près l'origine de l'arcade zygomatique par un tendon étroit. Sa partie charnue se dilate et se perd sur la convexité de la fausse narine et dans l'orbiculaire des lèvres. Un autre muscle , situé au-dessus du premier et venant de l'os maxillaire près de l'échancrure des narines osseuses, pénètre dans le repli situé entre Fos et la fausse narine, et va s'insérer à une production car- tilagineuse du cornet inférieur. Le cartilage semi-lunaire est rapproché du septum, et le naseau dilaté par un muscle commun aux deux narines, Qiwoxnmé tans ^' erse par Bourgelat. Ses fibres sont parallèles à celles de Torbiculaire des Jèvres, et aucune séparalionneles en distingue. Au-dessussontdes fibres qui viennent de l'os nasal et s'insèrent sur la con- vexité supérieure de la fausse narine. Elles forment le rnuscle court de Bourgelat. Le muscle maxillaire de ce même auteur vient de tout le devant du chanfrein , se porte obliquement de côté et en bas, et se bifurque; la branche externe passe sur le pyramidal, et va à la commissure des lèvres. L'interne passe sous le pyramidal, et se mêle avec lui pour s'insérer à la convexité externe de la fausse narine ; enfin le relevear de la lè^j-e supérieure peut être considéré comme un muscle des naseaux sur lesquels il agit puissamment. C'est un muscle lonp , qui vient de l'os lacrymal, produit un tendon fort, qui s'unit à son correspondant sur le bout des os oro- pres du nez , et forme avec lui une aponévrose qui s'in- sère à la lèvre supérieu-re. 3. 45 7Ô6 ^V" LEÇOn. ORGANE DE L0D03AT. Les muscies du nez des riuninants sont beaucoup moins compliqués. Leurs carlilaîifes ne consistent qu'en un dédoublement du septum, qui se continue dans Taile externe du nez par une production pointue et arquée. Les naseaux sont moins écartés et regardent plus en avant que dans le cheval. [Il y a cependant quelques espèces 5 comme Xchm parmi les cerfs, et le saïga et le f^nou parmi les antilopes, qui ont un mufflc cartilagineux très proéminent. ] Il y a deux muscles de chaque côté , qui viennent de îa partie inférieure dé i'os maxillaire au-dessus des molaires antérieures. Le supérieur se divise en deux tendons, dont l'un va au bord supérieur et lautre à Tangle postérieur de la narine; riniérieur, en trois au- tres portions qui vont toutes à son bord inférieur : il y a aussi un abaisseur ; il est placé en avant. Nous terminerons celte description des ca rtilr.r/'i du nez et de leurs muscles, dans les mammifères, par celle de la trompe de l'éléphant (1). On sait que le milieu de la trompe est percé de deux lon(js canaux qui sont les prolongations des narines ; ils ne sont séparés l'un de l'autre que par une substance graisseuse d'environ un centimètre d'épaisseur. Ils vont parallèlement à l'axe de la trom?)e , depuis le bout de cet organe jusque vis-à-vis de la partie moyenne de l'os iatermaxiliaire , c'est-à-dire de celui dans lequel (r) La description qui se trouvait dans la i5^ leçon de la i'^ édition était extraite des mémoires de l'Académie; mais M. Cuvier ay^'int eiT, dans l'intervalle qui s'écoula entre la publication des t. II et V, I'occq- «iou de disséquer deux éléphants, il publia dans les additions du Se vo- lume une description de la trompe de l'éléphant plus complète et plus cxaete , d'après ses propres observations : c'est celle que l'on trouve ici. ABT. VÎI. DES CARTILAGES DU NEZ. 707 les défenses sont implantées. Dans toute cette longueur ces canaux sont pius voisins de la partie antérieure de la trompe que de la postérieure, et iis conservent à peu près partout le même diamètre ; mais arrivés à l'endroit que je viens de dire , ils se recourbent subite- ment pour se rapprocher de la surface antérieure de cet 03 intermaxillaire et décrire une courbe demi- circulaire dont la convexité est dirigée en avant. Ils sont si étroits dans cet endroit, que, à moins d'une action musculaire de la part de l'animal pour les dila- ter, les liqueurs qu'il aspire ne montent point au-dèTà; il n'y a point d'autres valvules que ce rétrécissement même , et les cartilages du nez , auxquels Perrault a attribué la fonction d'arrêter l'ascension des liqueurs, riy contribuent point du tout. Au-dessus de cette cour- bure , le canal de chaque narine se dilate pour se ré- trécir une seconde fois; cette dilatation a lieu au-devant de la partie supérieure de fos intermaxillaire , et le rétrécissement à l'endroit où le canal se courbe en ar- rière pour déboucher vers la narine osseuse. Cette se- conde courbure est protégée en avant par le cartilage du nez, qui a la forme d'un bouclier ovale, très con- vexe dans le mâle que nous avons disséqué , mais beau- coup plus plat dans la femelle ; différence qui était très sensible à l'extérieur, et qui faisait distinguer nos deux éléphants au premier coup d'œil , mais qui, ne tenant qu'à ce cartilage, ne subsiste plus dans le squelette. D'ailleurs il s'en faut bien que cette différence exté- rieure caractérise toujours le sexe des éléphants. Le mâle des îndes à longues dents que l'on a eu ensuite au Muséum, et que nous avons aussi disséqué, n'a point cette saillie de la base de la trompe. La membrane qui fOÉ X\* LEÇOi?ï. OBGANE DE L'ODOBAÎ, revêt tout rintérieur de ces canaux est assez sèche, lé- gèrement mais régulièrement sillonnée de rides fines et serrées , formant des losanges ; sa couleur est d'un jaune verdâtre : on y remarque quelques rameaux vei- neux peu serrés, et, en général , sa texture ressemble si peu à celle de la membrane pituitaire , que nous ne croyons pa3 du tout qu'elle soit, comme quelques au- teurs l'ont prétendu , une prolongation du siège de Todorat. I^'usage que l'animal fait de ce même canal pour pomper sa boisson ne nous paraît pas avoir per- mis à cette membrane interne d'avoir le tissu délicat nécessaire à Texercice de ce sens , parce qu'alors elle aurait été affectée douloureusement par les liquides, comme l'est notre membrane pituiîaire, lorsque notre boisson entre dans le nez. C'est une raison semblable qui fait que le sens de l'odorat n'existe point du tout dans les narines de la plupart des cétacés, parce qu'elles servent de passage continuel à l'eau de la mer, que ces animaux font jaillir en jet d'eau. L'odorat est donc, selon nous, restreint, dans l'éléphant, à la partie des narines renfermée dans les os de la tête. Les muscles de la trompe n'ont d'autre destination que de faire prendre au double canal que nous venons de décrire toutes les inflexions que l'animal juge à pro- pos de lui donner. Quoique ces muscles soient extra- ordiaairement nombreux , ils peuvent cependant être réduits à deux ordres principaux, savoir, ceux qui forment le corps ou la partie intérieure de Torgane, et ceux qui l'enveloppent. Ces derniers sont tous plus ou moins longitudinaux, c'est-à-dire qu'ils partent du pourtour de la base, et se prolongent plus ou moins directement jusque vers la pointe; ies aiiUes sont tous ART. Vir. DEii CARTILAGES DU KEZ. 709 transversaux, et coupent Taxe dans diverses direc- tions. Les muscles longitudinaux doivent se diviser en an- térieurs, en postérieurs et en latéraux. Les premiers ont leur attache fixe à la face antérieure de l'os frontal, au-dessus des cartilaj^es et des os propres du nez , par une (jrande ligne demi circulaire qui descend de cha- que côté jusqu au-devant des orbit('s; ils forment une multitude innombrable de faisceaux qui descendent tous parallèlement les uns aux autres, et qui se rétré- cissent alternativement par des intersections tendi- neuses , distantes de quelques centimètres seulement. Les seconds naissent de la face postérieure et du i)ord inférieur des os intermaxillaires ; ils forment deux couches divisées lïme et l'autre en une multitude de petits faisceaux dont la direction est oblique; la couche externe dirige ces faisceaux du haut en bas, et du de- G^ans en dehors : la couche interne les dirige en sens contraire, c'est-à-dire du dehors en dedans, et les fais- ceaux des deux côtés forment, par leur rencontre, une ligne moyenne qui règne tout le long du milieu du dessous de la trompe. Les muscles latéraux , enfin , for- inent deux paires, dont l'une est, en quelque sorte, une continuation de Forbiculaire des lèvres, ou, si l'on veut, c'est l'analogue du muscle nasal de la lèvre supé- rieure ; elle vient de la commissure des lèvres, et des- cend entre \(ii> muscles antérieurs et les postérieurs jus- que vers ie milieu de la trompe : elle se divise en beaucoup de languettes qui s'insèrent obliquement entre les faisceaax latéraux des muscles inférieurs. Le deuxièiue muscle latéral est l'analogue* du reieveur de la lèvre supérieure ; il a son attache au bord antérieur 710 S.V* LEÇON. OKGANB DU l'0D0BA.Ï. deForbite, et va, en s'élargissant , s'épanouir sur la racine du précédent. Blair a considéré le muscle zy(jomatique comme une continuation du premier de ces muscles latéraux; et parce que le sterno-mastoïden s'attache aussi à l'arcade Z3r{}omatique, faute d'apophyse mastoïde, il a pensé que ces trois muscles n'en faisaient qu'un seul, et a prétendu , en conséquence , que les muscles abaisseurs de la trompe venaient du sternum. Le même auteur fait venir les releveurs de l'occiput par-dessus le som- met du crâne, erreur plus difficile à expliquer que la première, mais non moins réelle, ainsi que l'a très bien observé Camper. Nous n'avons pas besoin d'expliquer longuement l'effet de ces différents muscles longitudinaux : il est clair qu'en agissant tous ensemble, ils doivent rac- courcir la totalité de la trompe, et que, lorsque ceux d'un côté seulement agissent, ils doivent la fléchir de ce côté-là; mais on voit encore que leur division et les intersections tendineuses des antérieurs doivent servir à raccourcir ou à fléchir , au gré de l'animal , certaines portions de la trompe seulement , tandis que les autres resteront allongées, ou bien se fléchiront même en sens contraire. Par conséquent il n'est aucune sorte de courbure que l'animal ne puisse donner à sa trompe par leur moyen. Perrault a supposé que les muscles intérieurs ou transversaux de la trompe sont tous dirigés, comme des rayons, du pourtour des deux canaux perpendicu- lairement à l'enveloppe extérieure. Cette assertion n'est pas entièrement exacte; un coup d'œil sur une coupe transversale de la trompe montre qu'ils ont plu- ABT. VU. nKS CA.RTÎLArTES OU ?îEï. 711 sieurs autres directions ; ceux de la partie antérieure vont, à peu près comme des rayons , du centre à la cir- conférence; dans la région de Taxe, derrière les deux canaux, il y en a qui se portent directement de droite à[>auche; ceux-ci sont entourés par d'autres qui vont plus ou moins obliquement à la circonférence, On voit facilement que les premiers et les derniers tendent bien à diminuer le diamètre de l'enveloppe extérieure, sans diminuer pour cela le diamètre des canaux , ainsi que Perrault Ta très bien observé ; mais on voit ausfi que ceux qui occupent la ré^^ionde l'axe doivent, lors- qu'ils se contractent, rétrécir à la fois et les canaux et l'enveloppe extérieure : ce sont ceux que Perrault ne paraît pas avoir connus. Stukeley n'en parle point non plus , quoique sa figure les exprime assez bien. Au reste, leur action ne peut jamais aller] usqu'à fermer les narines. Tous ces petits muscles qui forment le corps de la trompe sont bien distincts les uns des autres, et se ter- minent tous par des tendons prèles, dont les uns tra- versent les couches des muscles longitudinaux , peur gngncr l'enveloppe extérieure, et dont les autres vont s'implanter à la membrane des canaux. Tous ces oetiîs muscles sont comme plongés dans un tissu cellulaire , uniformément rempli d'une graisse blanche et homo- gène. On conçoit aisément qu'ils sont les antagonistes des muscles longitudinaux, et qu'en rétrécissant la trompe, ils la forcent de s'allonger en tout ou en partie j car leurs séparations permettent à l'animal de ne les faire agir qu'aux endroits et dans les limites qu'il veut. Il n'est pas difficile de compter le nombre des petits muscles qu'offre une coupe transversale de la trompr» ; 712 XV* LEÇON. ORGANE DE l'oDOBAT. et comme ils n ont pas une ligne d'épaisseur , il est aisé de calculer combien il y en a dans la totalité de cet organe. Si Ton veut ensuite considérer les différents faisceaux des muscies longitudinaux comme autant de muscles particuliers, car ils peuvent en effet aussi agir séparément, on ne trouvera pas que le nombre total des muscles dont une trompe se compose soit bieu au-dessous de 3o à 4 0,000 ; et Ton sera moins étonné de la variété admirable des mouvements et de la force prodigieuse de ce bel organe. Tous ces muscles sont animés par une énorme brancbe du nerf sous-orbitaire, qui pénètre de chaque côté entre le muscle latéral et l'inférieur, et qui se ra- mifie dans toute la trompe. [Une coupe horizontale de la trompe d'un éléphant d'Asie femelle, faite à 22 centimètres de distance des alvéoles , présentait une figure ovale dont le diamètre transverse avait 255 millimèlres, et le diamètre antéro- postérieur 226; l'épaisseur de la couche du muscle antérieur ou élévateur était de 87 millimètres; celle des muscles postérieurs ou abaisseurs, de 82 milli- mètres. Le plus grand diamètre des canaux avait 44 millimètres, le plus petit 4o, et ils étaient éloignés Fun de l'autre de i5 millimètres. ] La trompe du. tapir, que nous avons disséquée nous- même aussi sur un fœtus, ressemble, à quelques égards, à celle de l'éléphant, quoique beaucoup plus courte; elle est composée de même de deux tuyaux membraneux, garnis de beaucoup de lacunes mu- queuses, et renfermés dans une masse charnue que la peau enveloppe. Les fibres longitudinales ne sont divi- sées qu'en deux faisceaux qui viennent de dessous AET. VII. DES CARTILAGES DU NEZ. 713 l'œil; les fibres transverses vont, comme dans 1 élé- phant , de la membrane des tuyaux à celle qui est sous la peau; mais le tapir a de plus un muscle tout sem- blable au releveur de la lèvre supérieure du cbeval , venant de même des environs de l'œil, et se réunissant en un tendon commun avec son congénère au-dessus des naseaux. L'occipito-lrontal donne aussi un tendon qui s'insère à la base de la trompe et la relève. 4 G. Dans les oiseaux. Les narines externes des oiseaux ne sont jamais mu- nies de cartilages mobiles ni de muscles ; mais l'ou- verture en est seulement rétrécie par des productions plus ou moins considérables de la peau qui revêt le bec. Les formes et la position de cette ouverture ont été remarquées par les naturalistes ; elle est latérale dans le plus grand nombre des oiseaux. Quelques uns l'ont à la base, ou même sur la base du bec; dans ce dernier cas sont les toucans et les calaos \ elle est tantôt plus large, tantôt plus étroite. Dans \e?> hérons ^ par exemple, c'est une fente où une épingle pourrait à peine pénétrer; dans les hirondelles de mer, les deux narines correspondent à une ouverture du septum, en sorte que l'on voit par elles au travers du bec. Les gallinacés ont les narines en partie recouvertes par une plaque charnue. Les corbeaux les ont bouchées par im faisceau de plumes roides et dirigées en avant. [Les pétrels ont leurs narines réunies en un tube corné, couché sur le dos de la mandibule supérieure; dans \esfous^\\ n'y a plus du tout d'ouverture, en sorte qu'ils sont obligés de respirer par la bouche ,] etc. /^14 XT» LSÇO?*. ORGA?îî! Dl l'ODOHAT. D. Dans les reptiles. ^ Les narines extérieures des reptiles ne sont ordinai rement (garnies que de quelques couches charnues qui peuvent en dilater ou en rétrécir l'entrée : c'est ce qu'on remarque dans la phqiart des lézards^ qui ne diffè- rent entre eux que par la position de leurs narines ex- térieures. Les crocodiles sont ceux qui les ont le plus rapprochées. [Elles y sont tout-à-fait supérieures, et ouvertes par deux petites fentes en croissant que fer- ment des valvules ou bourrelets charnus. Dans les gavials , les bourrelets se prolongent chez les mâles en une protubérance qui forme à la fois sur leurs narines extérieures une espèce d'opercule et deux sortes de bourses] ; les tiipinarnbis ^\es stellions et les camé' léons sont ceux qui les ont le plus écartées et le plus latérales: \e^ salarnandresXes ont extrêmement petites. On y voit une petite tubulure dans les grenouilles ^ où le jeu en est très sensible , parce qu'il est fort important pour la respiration, comme nous le verrons par la suite. Les tortues ont aussi deux très petites na- rines rapprochées; elles sont portées au bout d'une courte trompe cartilagineuse dans la chelyde mata- mata et dans les trionyx. Les serpents ont des narines latérales petites, et sus- ceptibles seulement d'une très légère extension. Le serpent à sonnettes a , au-dessous et en arrière de chaque narine, un trou borgne assez profond, et dont l'usage est inconnu, qui lui donne l'air d'avoir quatre narines. IL. Dans les poissons. Dans les poissons, î'entréf de la fosse qui forme ABT. Vil. DES CARTILAGES DU NEZ. 71§ cbaque narine est plus étroite que cette fosse même; la membrane qui l'entoure est susceptible de se re> dresser, au gré de Tanimal, en un tube court dans beaucoup de poissons osseux, et notamment dans les carpes; mais lorsque le poisson est tiré de l'eau, ce tube s'affaisse. [ Quelquefois le tube se continue par un de ses côtés en un tentacule plus ou moins long, comme dans la lote et dans plusieurs silures. Le plus grand nombre des poissons osseux ont deux ouvertures à cbaque narine, Tune en avant, l'autre en arrière, quelquefois assez éloignées l'une de l'autre, mais quelquefois aussi séparées seulement par une traverse membraneuse : ce qui leur donne l'air d'avoir quatre narines. Il est probable que l'une de ces ou- vertures sert d'entrée à l'eau, et l'autre desortie, de sorte que celle-ci traverse les narines des poissons, comme l'air, les narines des animaux aériens.] Les ^deux trous de cbaque côté sont tantôt égaux, tan- tôt inégaux; ils varient à l'infini en grandeur et en positions : mais ces différences extérieures ont été décrites par les icbthyologistes. Dans les poissons cbondroptérygiens, les narines communiquent par un sillon avec les angles de la bouche; il y a ordinairement un lobe de la peau qui recouvre une partie de leur ouverture; les fibres qui les élargissent tiennent aux os des mâchoires; celles qui les rétrécissent paraissent être en sphincter. Il est diffi.cile de voir bien distinctement les unes et les autres. [ Dans la lamproie ^ les deux narines sont rap- prochées sur le sommet de la tête et s'ouvrent par un petit orifice commun.] 716 XV* LEÇON. OBGAKE DE l'ODOPAï. ARTICLE VIII. DES NARINES DES CÉTACÉS ET DE LEURS JETS D'eaU. Les narines des cétacés méritent une description particulière, à cause des grandes différences qui exis- tent entre elles et celles des autres mammifères. Les cétacés qui ne peuvent respirer que l'air^ et qui ne peuvent point le recevoir par la bouche, qui est plus ou moins plongée dans Feau, n'auraient pu non plu« le recevoir parles'narines, si elles eussent été per- cées au bout du museau : c'est pour cela qu elles s'ou- vrent sur le sommet de la tête, que ces animaux peuvent aisément élever au-dessus de la surface de Feau; elles sont donc Funique voie de leur respiration; elles ser- vent , de plus , à les débarrasser de Feau qu'ils seraient obligés d'avaler chaque fois qu'ils ouvrent la bouche , s'ils ne trouvaient moyen de la faire jaillir au travers de leurs narines par un mécanisme que nous décrirons bientôt. C'est sans doute parce qu'une membrane pituitaire ordinaire aurait été blessée par ce passage continuel et violent de Feau salée (ainsi que nous pouvons en ju- ger par la douleur que nous éprouvons lorsque nous laissons entrer quelques gouttes de boisson dans nos narines) que celles des cétacés sont tapissées d'une peau mince, sèche, sans cryptes, ni follicules muqueux, et qui ne |;araît point propre à exercer le sens deFodo- rat. Il n'y a aucun sinus dans les os environnants , ni aucune lame saillante dans l'intérieur; l'os etbmoide n'est même percé d'aucun trou, ef n'a pas besoin de ÀEÏ. Vlïî. DES NARINES DÉS CÉTACÉS, ^17 Télre, puisque le nerf olfactif n'existe point. Cependant il n'est pas certain que ces animaux n'aient aucun odo- rat. S'il existe chez eux, il doit résider dans la cavité que nous allons décrire. Nous avons vu, page 525, que la trompe d'Eustache remonte vers le haut des narines. La partie de ce canal voisine de l'oreille a à sa face interne un trou assez large, qui donne dans un grand espace vide, situé pro- fondément entre Foreille , l'œil et le crâne, maintenu par une cellulosité très ferme , et se prolongeant en différents sinus également membraneux qui se collent contre les os. Ce sac et ces sinus sont revêtus en dedans d'une membrane noirâtre, muqueuse et très tendre. 11 communicjue avec les sinus frontaux par un canal qui remonte au-devant de l'orbite : ces sinus n'ont point de communication immédiate avec les narines propre- ment dites. On ne trouve danscesac, ainsi que dans les narines, que des nerfs provenant de la cinquième paire. 11 paraît, d'après les expressions de Hunter, qu'il avait reconnu quelque chose de semblable dans deux espèces de baleine ; mais il n'avait pas cru voir d'organe de l'odorat dans le dauphin et le marsouin , dont nous avons pris la description ci-dessus (i). (i) Tout ce qui est dit ici de l'absence de l'organe de l'olfaciion dans les cétacés ne doit s'entendre que des marsouins et des dauphins, puis- que , comme nous l'avons vu pages io6 et 182 de ce volume et page 3o6 du précédent, les baleines ont une fosse ethmoïdale assez grande et que leur os ethmoïde est percé d'un certain nombre de trous. Dans les lamantins, il n'y a point de fosse ethmoïdale, mais la lame criblée est percée de trous assez nombreux. Dans le dugong;, on voit à celte lame deux enfoncements, qui se terminent par quelques trous. Dans les cétacés her- bivores ainsi que dans les baleines, l'eilimoïdeet le vomer sont beaucoup plus larges que dans le- dauphins et les marsouins, en sorte que le» na 718 tt* LEÇON. ORGANE DE l'ODOBAÏ. Voici maintenant le mécanisme par lequel les céta- tés font jaillir ces jets d'eau qui les font reconnaître de loin à la mer, et qui ont valu à plusieurs de leurs espèces le nom de souffleurs. Si on suit l'œsophage en remontant, on trouve qu'ar- rivé à la hauteur du larynx, il semble se partager en deux conduits j dont l'un se continue dans la bouche et l'autre remonte dans le nez. Ce dernier est entouré de glandes et de fibres charnues qui forment plusieurs muscles. Les uns sont longitudinaux , s'attachent au pourtour de l'orifice postérieur des narines osseuses, et descendent le long de ce conduit jusqu'au pharynx, et à ses côtés; les autres sont annulaires et semblent une continuation du muscle propre du pharynx; comme le larynx s'élève dans ce conduit en manière d'obélisque ou de pyramide, ces fibres annulaires peu- vent le serrer dans leurs contractions. Toute celte partieest pourvue de follicules muqueux qui versent leur liqueur par des trous très visibles. Une fois arrivée au vomer, la membrane interne du .conduit, qui devient celle des narines osseuses, prend ce tissu uni et sec que nous avons décrit plus haut. Les deux narines osseuses, à leur orifice supérieur ou externe, sont fermées d'une valvule charnue, en forme de deux demi-cercles, attachée au bord antérieur de cet orifice, qu'elle ferme au moyen d'un muscle fines sont beaucoup plus écartées l'une de l'autre. C'est entre les deux canaux qu'elles forment que se montre la face ante'rieure de l'ellimoïde. H est probable que dans ces animaux Tapparelî olfactif se trouve ap- pliqué contre cette face antérieure de 1 etlimoïde et supporté par le vomer. L'airy pe'nètre lors de l'inspiration, et Tenu n^^ peut pas s'y inUoàiiirtf lors- qu'ils la font jaillir de leur bouche. ABT. VlII. DES NARINES DES CÉTACÉS. 719 très fort, couché sur les os intermaxillaires. Pour l'ouvrir, il faut un effort étranger de bas en haut. Lors* que cette valvule est fermée, elle intercepte toute com- munication entre les narines et les cavités placées au- dessus. Ces cavités sont deux grandes poches membra- neuses, formées d'une peau noirâtre et muqueuse; très ridées lorsqu'elles sont vides, mais qui, étant gonflées, prennent une forme ovale, et ont dans le marsouin chacune la capacité d'un verre à boire. Ges^deux poches sont couchées sous la peau en avant des narines ; elles donnent toutes deux, dans une cavité intermédiaire placée immédiatement sur les narines, et qui com- munique au-dehors par une fente étroite en forme d'arc. Des fibres charnues très fortes forment une ex- pansion qui recouvre tout le dessus de cet appareil ; elles viennent en rayonnant de tout le pourtour du crâne se réunir sur les deux bourses, et peuvent les comprimer violemmqnt. Supposons maintenant que le cétacé ait pris dans sa bouche de l'eau qu'il veut faire jaillir ; il meut sa langue et ses mâchoires comme s'il voulait l'avaler; et fermant son pharynx , il ia force de remonter dans le conduit et dans les narines, où son mouvement est accéléré par les fibres annulaires , au point de soulever la valvule etd'aller distendre les deux poches placéesau- dessus. Une fois dans les poches, Feau peut y rester jus- qu'à ce que l'animal veuille produire un jet. Pour cet effet, il ferme la valvule afin d'empêcher cette eau de redescendre dans les narines , et il comprime avec force les poches par les expansions musculaires qui les recouvrent j contrainte alors de sortir par l'ouverture 720 XV* LEÇON. OBGAKE DE t'ODOBAÏ. très étroite en forme de croissant , elle s'élève à une hauteur correspondante à la force de la pression. On dit que les baleines la portent à plus de quarante pieds. ARTICLE IX. DUiS ORGANE ACCESSOIRE DE LODORAT DANS LES MAMMIFÈRES, OU DE l'ORGANE DE JACOBSON. [Il faut placer ici la description d'un organe particu- lier aux mammifères, qui paraît avoir quelque rapport avec l'olfaction, et que l'on appelle organe de Jacob- son , du nom de l'anatomiste qui l'a découvert. Cet organe consiste en une poche de substance glanduleuse, enveloppée dans une gaine cartilagineuse longue et étroite, et couchée sur le plancher de la narine, de chaque côté et tout près de l'arête sur laquelle s'appuie la cloison cartilagineuse du nez, dans une gouttière creusée sur l'apophyse palatine de l'os intermaxillaire et de l'os maxillaire supéiieurs. La gaine est percée à son extrémité postérieure pour le passage des nerfs et des vaisseaux, et en avant pour celui du conduit excréteur. Ce conduit donne oblique- ment dans le côté du canal incisif ou sténonien qui passe au travers du trou incisif, et établit ainsi une communication libre entre la cavité du nez et celle de la bouche. L'intérieur de Fenveloppe cartilagineuse de l'organe est tapissé par deux membranes, dont rioterue, lisse et percée de petites ouvertures obliques, est continue avec la membrane mnqueuse de la bouclie et des na- ART. IX. DE L ORGAiNE DE JACOBîJOx^. 7^1 nnes; Texterne est un tissu aponévrotique très fort. Entre deux se trouve une sorte de parenchyme rou- geâtre, d'une consistance assez molle, de nature glan- duleuse et Siécrétoire , selon toute apparence, et dont les pores dont nous venons de parler sont probable- ment les orifices excréteurs. Cet organe reçoit des nerfs qui naissent de la caron- cule olfactive, et passent par des trous delà lame cri- bleuse, mais qui, arrivés sur le vomer, se comportent autrement que le reste des nerfs olfactifs. Beaucoup plus gros et plus longs, ils restent, dans tout leur trajet, visibles au travers de la membrane pituitaire, à laquelle ils ne donnent point de filets; ils descendent obliquement en avant, jusque sur la partie postérieure de Forgane, et après s'être divisés en plusieurs filets^ ils en percent la gaine pour se distribuer au paren- chyme et à la membrane interne. Ces nerfs , au nombre de deux ou trois rameaux distincts, ou d'un seul tronc qui se divise, naissent, comme nous lavons dit, d'une partie jaunâtre qui forme tache sur le bord interne de la caroncule olfactive, et ils passent par des trous par- ticuliers de la lame cribleuse. Les autres nerfs de l'or- gane viennent d'une branche du naso-palatin , qui perce sa gaine, et se répand dans soii intérieur avec les vaisâeaux. Ces appareils nerveux ont une grandeur relative remarquable, en ce qu'ils surpassent de beaucoup les vaisseaux, d'ailleurs très abondants. li'homine paraît dépourvu de cet organe, du moins on n'y en aperçoit qu'un léger vestige. Les cétacés en sont, à ce qu'il paraît, entièrement privés; mais il existe dans tous les autres mammifères : il est plus dé- veloppé dans les herbivores que dans les carnivores . 3. 46 722 XV'^ LEÇON. OliGAiNE DE L OD0«AT. et il est plus parfait dans les rongeurs que dans les ru- minants. Dansles singes y i\ devient si petit, qu'il nous prépare à le voir manquer tout-à-fait dans l'homme. Dans le cheval ^ il est très développé; mais les conduits sténouiens sont bouchés du côté XV'' LEÇON. Organe tni ooiit. verroiîs en traitant de la miistiealion; l'absence de tonte salive, la sécheresse absolue de la langue est un des plus cruels tournients que Ton puisse endurer. Les corps semblent avoir d'autant plus* de saveur qu'ils sont plus solubles : les sels sont ^ de tous, ceux qui l'ont au plus haut degré ; mais on sent aisément qu'il est impossible de rendre raison des diverses espèces de saveurs attachées à chaque corps, et que les expli- cations fondées sur les figures que l'on suppose à leurs molécules élémentaires ne seraient plus reçues aujour- d'hui. Le changement qui a lieu dans le nerf est dû sans doute à Faction réciproque qui s'exerce entre le principe de chaque saveur et le fluide nerveux; mais la nature de cette action nous est encore inconnue, et ses rapports avec l'image qui en est la suite nous lése- ront nécessairement toujours. Le sens du goût, dans un animal quelconque, est d'autant plus parfait, i" que les nerfs qui vont à sa langue sont plus considérables; 2° que les téguments de cette langue sont plus susceptibles de se laisser pé- nétrer par les liqueurs savoureuses; 3° que la langue elle-même est plus flexible , et peut entourer par plus de faces, et serrer de plus près, le corps qu'elle veut goûter. C'est sous ces trois rapports que nous allons considérer les organes de ce sens dans les articles suivants. ARTICLE IL DE LA SUBSTANCE DE LA LANGUE , DE SA FORME ET DE SA MOBILITÉ. La langue étant en même temps un organe du goût ART. IT. DE Lk SUBSTANCE DE LA LANGUE. 727 et un organe de déglutition et de parole, et tout ce qui sert à la mouvoir, contribuant plutôt à ces deux der- nières fonctions qu'à la première , ce ne sera que dans l'article de " la déglutition que nous décrirons Fos hyoïde, ses ligaments ;, ses muscles, ceux de la langue , et les mouvements dont elle est susceptible. Nous n'indiquerons ici que la nature de sa substance et le degré général de sa mobilité , en tant qu'ils influent sur la perfection du sens du goût. Dans tous les mammifères sans exception, la langue est charnue et flexible dans toutes ses parties, attachée par sa racine seulement à lliyoïde, et par une portion de sa base à la mâchoire inférieure; elle ne diffère d'un animal à l'autre que par la longueur et l'exten- sibilité de sa partie libre ou de sa pointe. Les extrêmes à cet égard sont le /ourmilier, d'une part, qui peut l'allonger à l'excès , et les cétacés^ de l'autre , qui l'ont attachée par presque toute sa face inférieure. Les autres espèces ne diffèrent pas sensiblement de l'homme à cet égard. [On doit cependant signaler, parmi les ruminants, la girafe^ dont la langue, très extensible, est, à un degré plus marqué que dans les autres herbivores, un instrument de préhension.] Dajîs les oiseaux^ la langue est toujours soutenue par un os qui en traverse l'axe , et qui s'articule à l'os hyoïde; elle est par conséquent très peu flexible; il nV a que la pointe de cet os qui, devenant un peu carti- lagineuse, peut se ployer plus ou moins. Cet os est conforme à la fi.oure extérieure de la langue . étant recouvert par quelques muscles seulement, et par des téguments peu épais. Dans les pics el; les torcols^ il est beaucoup plus court que la peau de la langue; et lors- 728 XV' LEÇO?J. OBOAÎNB DU GOLT. que la Jangue s'allonge , cela provient de ce que l'os hyoïde et ses cornes se portant en avant, pénètrent dans ce surplus de peau, et l'étendent en poussant la langue en avant, comme nous le verrons ailleurs. [ La langue des perroquets est cependant épaisse , charnue , arrondie et pourvue de papilles. Dans les perroquets à trompe, elle est cylindrique, terminée par Tin petit gland corné fendu an hout, et elle peut s'étendre fortement hors de la bouche. ] Les reptiles varient beaucoup à l'égard de la lan- gue, comme à tant d'autres. Les crapauds et les gre~ nouilles ont une langue entièrement charnue , atta- chée par sa pointe au bord antérieur de la mâchoire inférieure, et dont la partie postérieure, libre et bi- furquée , se reploie dans la bouche dans l'état de re- pos , et s'npplique contre l'ouverture des narines pos- térieures. Dans les salamandres , elle est aussi attachée jusqu à sa pointe, qui ne peut point se mouvoir, et n'est libre que par ses bords latéraux. Les crocodiles l'ont atta- chée d'aussi près par ses bords que par sa pointe, en sorte qu'on a écrit longtemps qu'ils n'en avaient point du tout. Elle est entièrement charnue dans ces deux genres. [Dans les tortues el!e est courte, et sa surface est hérissée de nombreuses papilles charnues.] hes stellions et les iguanes ont la langue charnue, et jouissan4 à peu près de la même mobilité que celle des mammifères. Celle des scincjues et des geckos n'en diffère que parce qu'elle est écbancrée par le bout, et elle se rapproche, en cela, de celle des orv^ets ^ dont les scinques sont en général très voisins. Dans les lézards ordinaires, les tupinanihis ou ART. II. DE LA SUBSTANCE DE LA LAîsGUE. 7'29 Tnoniloi\ etc., la langue est siiii^julièrement cxtonsii3le , et se termine par deux lonf>ues pointes flexibles, quoi- que demi- cartilagineuses; eîic ressemble parfaitement à celle des serpents , si on en excepte les orvets et les amphisbènes ^ qui ne peuvent Tallonger, et qui l'ont plate , et seulement fendue par le bout. Le caméléon a une langue cylindrique qui peut salloupcr considérablement par un mécanisme ana- logue à celui qui a lieu dans les pics. Dans quelques poissons ^ comme les chondroptéry- glens ^ il n'y a point de langue du tout; le dessous de la gueule est lisse et sans saillie. Dans daittres^ comme la plupart âes poissons os- seux\\a. langue n'est formée que par la protubérance de l'os mitoyen auquel s'articulent ceux qui supportent les branchies. Cet os n'a de muscles que ceux qui rélèvent ou qui l'abaissent pour la déglutition et pour la respi- ration : aucune de ses parties ne peut se fléchir; il n'est l'ecouvert que par une peau plus ou moins épaisse, et il est souvent ffarni de dents aipués.ou en forme de pavés, qui en rendent la surface presque insensible. lia sirène ressemble à cet égard aux poissons à bran- chies libres. Les seiches^ \c% limaçons et la plupart des autres mollusques ^ji^astéropodes ont une langue cartilagineuse dont nous développerons ailleurs la structure très sin- gulière, mais qui n'a de mouvements que ceux relatifs à la déglutition. Sa partie antérieure est fixée au-des- sous de la bouche, et n'a nul moyen d'entourer les corps sapides. Les mollusques acéphales ne paraissent point avoir de langue du tout. Peut-être le sens du août est -il 730 XV ^ LEÇON. OBGANË DU GOUT. exercé par ces tentacules si semblables à des papilles, qui garnissent leurs manteaux aux endroits par lesquels y pénètre l'eau qui est le véhicule de leurs aliments. Il n'y a point non plus de langue proprement dite dans les vers, quoique quelques uns aient donné ce nom à la trompe du thalassème^ de Xéchinorhinque ^ etc. Les zoophytes n'ont point de langue; mais les tentacules souvent si déliées, et d'une substance si délicate, qui entourent leurs bouches, paraissent très propres à être le siège du goût; pourquoi d'ailleurs la peau en- tière des polypes ne serait-elle pas assez sensible pour palper les parties salines dissoutes dans l'eau, puis- qu'elle palpe bien la lumière qui la traverse ? La nombreuse classe des insectes présente de grandes variétés à lézard des orsjanes du p,oût. Les coléoptères et les orthoptères o,nt la partie que l'on a nommée, peut-être sans trop d'analogie, lèvre inférieure, cornée à sa base, et terminée à sa pointe par une expansion membraneuse qu'on a nommée en particulier la langue, et dont la forme varie presque à l'infini dans les divers genres, ainsi qu'on peut le voir dans les ouvrages des nouveaux entomologistes. Le pharynx s'ouvre sur la base de cette langue. Les A/- mènoptères et quelques névroptères ont la leur placée au même endroit, mais concave et percée pour le pha- rynx en dessous, et se prolongeant souvent en ime trompe qui surpasse quelquefois la longueur du corps. Cette trompe conserve encore le nom de langue; elle est aussi membraneuse ; mais on voit que sa substance est molle et fongueuse , et qu'elle est très propre à re- cevoir les impressions du goût : aussi remarque-t-on que les insectes où elle est développée sont ceux qui ART. ÏI. DE LA SliBST\NCE DÉ LA LANGUE. 731 mettent le plus de choix dans leurs aliments. Les abeilles en sont la preuve. Tous les diptères à trompe charnue, comme les mouches^ les taons ^ etc., semblent encore avoir un excellent organe de goût, les deux lèvres de cette trompe ayant, indépendamment de leur substance molle et de leurs téguments déliés, la faculté d em- brasser par plusieurs points les corps sapides. liCS lépidoptères , ou papillons , ont une langue tu- bulée,de deux pièces exactement jointes, et le plus souvent très longue , qiri doit bien savourer les liqueurs qu'elle hume , si tout son canal est sensible à ces sortes d'impressions. On peut en dire autant du suçoir des rjngotes ou hémiptères , et de celui des diptères qui n'ont point de langue charnue , comme les asiles , les stomoxes , les cousins; on ne peut cependant juger de la perfection de chacun de ces instruments par leur seule étendue proportionnelle : il faudrait pouvoir tenir compte de leur sensibilité propre, que nous n'avons aucun moyen d'estimer dans des organes si petits. \jes palpes ^ barbillons ou antennules ^ sont des fila- ments le plus souvent articulés , qui sont attachés à quelques parties de la bouche des insectes , et que ces animaux remuent sans cesse pour toucher leur nourri- ture pendant qu'ils mangent. Quelques uns les ont crus destinés au goût, d'autres à l'odorat; d'autres enfin les croient de simples organes du toucher. Quoique ces opinions ne soient pas très éloignées l'une de l'autre , qu'il ne soit pas même impossible que ces organes rem- plissent à la fois deux ou plusieurs de ces fonctions, il est clair que nous ne pouvons obtenir aucune certitude sur cet objet. Nous décrirons ces palpes en même 732 XV* LEÇON. OBGANE DU GOUT. temps que le reste des ori^'^anes manducatoires des in- sectes. ARTICLE III. DES TKGUMENTS DE LA LANGUE. A. Dans T homme. Les muscles qui forment le corps de la langue sont entourés d'un tissu cellulaire abondant, et revêtus d/une membrane épaisse, qui ri'cst qu'une continuation de celle qui tapisse l'intérieur de la bouche, et par conséquent de la peau extérieure du corps. Ses caractères particuliers sur la langue sont l'épais- seur et la mollesse de la partie analogue àlépiderme, mais surkuit le développement extraordinaire des pa- pilles, qui ,' quoique paraissant, au fond, de même na- ture que celles de la peau, sont beaucoup plus grandes, plus serrées, et laissent mieux voir leur structure intime. Toute la face supérieure de la langue, depuis la pointe jusque fort près de sa racine, est couverte de papilles appelées coniques^ parce que c'est en effet leur figure; elles sont serrées comme les soies d'une brosse; sur Je milieu de la langue et vers sa pointe, elles sont hautes et aj:)uës:leur sommet se divise eu plusieurs pointes ou filets; vers les côtés , elles se rac- courcissent graduellement, et se réduisent à de simples tubercules mousse^;. Parmi ces papilles, en sont éparses d'autres plus grandes, mais beaucoup moins nombreuses, dites en cJiaîiipigJion, ou fongif ormes ; e\\Q^ sont portées par un pédicule mince , et se terminent par une tête grosse AUX. 111 . TEGUMEiMS DE L\ LAîNGLE. 733 et aiTOiidie. ïl y en a phis vers le bout de la langue que partout ailleurs. Enfin, vers la base de cet organe, sont environ dix tubercules Jecn-sphériques , entourés cbncun d'nu bourrelet cireulaire, et nommés à cause de ce\3. papilles à calice; elles sont disposées sur deux lignes qui re- présentent un V, dont la pointe est tournée vers le \ gosier. L espace situé entre la pointe de ce V et Fépiglotte na point de papilles; mais la membrane en est rendue inégale par des glandes qui sont dessous, et la plupart des éminences qu'on y remarque sont percées de trous qui laissent pénétrer dans la bouche les humeurs que ces glandes préparent. Le dessous de la langue n'a non plus aucune papille, et la peau n'en diffère point de celle du reste de la bouche. La partie analogue au corps muqueux est si mince sur la langue de rhomme, qu'on a peine à en recon- naître l'existence; mais elle est fort épaisse sur celle des quadrupèdes, où les papilles qui la traversent la ren- dent, parfaitement réticulaire. B. Dans les mammifères. • La langue des mammifères présente les mêmes es- pèces de papilles que celle de l'homme : les différences consistent seulement dans la forme des papilles coni- ques, et dans la substance dont elles sont quelquefois armées ;, dans la grosseur et l'abondance des papilles fongiformes, et dans le nombre des papilles à calice et la figure que leur arrangement représente. Dans les guenons^ on ne voit d'autre différence d'avec la langue humaine que parce que les papilles à /34 XV' LEÇON. OUGAiNE DU GOUT. calice sont moins nombreuses, . , Le bonnet çlii" nais en a sept , disposées ainsi • ; le macaque ^ qua- • tre '. .* ; le cynocéphale et le mandrill i\ en ont que trois disposées en triangle •.•; on n'en trouve non plus que trois dans les sapajous , qui se distinguent d'ail- leurs par le peu de proéminence de leurs papilles co- niques. [Dans le coaita , il y en a huit; dans les makis cinq^ disposées en arc de cercle, etc.] Plusieurs chaudes-souris ont des papilles coniques allongées et ressemblant presque à des poils. C'est sur- tout vers la partie postérieure de la langue qu'on en voit ; il y en a même sur les côtés de la bouche. Quel- ques espèces ont ces papilles dures comme de la corne : telle est la roussette^ où celles du bout de la langue ont chacune plusieurs pointes. Il n'y a que trois papilles à calice très rapprochées sur la langue de ces animaux. Le genre des cJiats a des téguments très particuliers à la langue. Tous les bords de cet organe sont garnis de papilles coniques petites et molles , de papilles fongi- formes semblables à celles de la plupart des animaux; mais toute la partie moyenne porte d'autres papilles de deux espèces : les unes sont arrondies, et représentent, lo^rsqu'elles ont un peu macéré , des faisceaux de fila- ments qui semblent être les dernières extrémités des nerfs gustatifs; les autres sont coniques, pointues, et revêtues chacune d'un étui de substance cornée, terminé en pointe ou en coin , et se recourbant en arrière. Ces étuis rendent cette langue très rude, et font qu'elle écorche lorsqu'ils lèchent. Ils se laissent arracher aisé- ment; ils ont alors Tair d'autant de petits ongles. Les papilles en filaments et les pointes cornées sont pla- AUT. m. ïÉGUMEiMb DE lA LAiNGlIE. 735 eées alternativement et en quinconce , de façon qu'il y en a autant d'une espèce que de l'autre. Il n'y a point de papilles fongiformes dans tout cet espace, où je crois qu elles sont remplacées par celles en faisceaux, comme les coniques le sont par celles à étuis cornés. La partie postérieure de la langue reprend la nature or- dinaïî'e des téguments. Les papilles à calice y sont plus petites à proportion que dans les autres genres, et dis- posées sur deux lignes qui se rapprochent en arrière. Dans le chat ordinaire^ on voit quelquefois , sur les côtés en arrière, des papilles fongiformes pendantes au bout de très longs pédicules. Les cweMes ont une langue semblable à celle des chats. Les sarigues ont aussi , à la partie moyenne et anté- rieure, des étuis ou écailles cornées, recourbées en ar- rière; mais elles se terminent en coins ou en tranchants arrondis. La pointe de leur langue a des dentelures en forme de frange; il n'y a que trois glandes à calice. Les phalangers ont la langue douce, comme les autres car- nassiers, chiens, ours, martes^ phoques, etc., qui tous ne diffèrent presque point de l'homme par cet or- gane, et ne diffèrent même entre eux que par le nombre de leurs papilles à calice. 11 y en a cinq dans la marte , dix dans le raton , deux grandes et quelques unes très petites dans le blaireau ; je n'en ai pu compter que quatre, très petites, dans un grand chien. Dans la hyène, il y en a trois grandes , et tout l'espace situé entre les papilles à calice et l'épi- glotte est garni de grosses papilles coniques, fort ai- gués et plus serrées : [Les papilles coniques du milieu du tiers antérieur de la langue sont revêtues d'étuis cornés ; celles du tiers moyen sont roides et pointues 736 XV '^ LEÇOiN. OSGA^E DU OOLT. au bout, de sorte que cette partie dé la langue peut aussi déchirer en léchant. Dans les kanguroos^ ii ii y a que trois papilles à calice^ et toute la langue est recouverte de villosités serrées, plus courtes sur le tiers antérieur, entre lesquelles on n'aperçoit point de papilles iongiformes.] Une des langues les plus singulières, parmi celles des rongeurs, est celle daporc-éjjic , qui a sur les côtés, vers le bout, de larges écailles à deux ou ti'ois pointes terminées en coin; le reste de sa surface est comme à l'ordinaire. Il n'y a que deux grosses papilles à calice. Les autres rongeurs n'ont rien de bien différent de riiomme, si ce n'est le nombre des papilles à calice, qui est toujours moindre. Les édentés à long museaxi , /burmiiiers ^ tatous, OJjctéropes ^ échidncs ^ ont tous la langue longue, étroite, pointue et singulièrement lisse : dans les der- niers, on ne voit bien les papilles coniques qu'avec la loupe; et dans les fourmiliers proprement dits, on n'en voit d'aucune espèce. Il n'y a que trois papilles à calice dans Yoryclérope^ et deux seulement dans le tatou. Les paresseux ont la langue ronde par le bout, les papilles coniques et fongiformes peu développées, et celles à calice au nombre de deux seulement. [La langue de Yornithorhynque ^ qui est hérissée de villosités, porte sur sa base un renilement épais , muni en avant de deux pointes charnues , qui la font pa- raître double. Cette structure est sans doute en rapport avec les mœurs aquatiques de ces animaux, et sert à empêcher Fintroductioa de l'eau dans le larynx peu- ART. ÏII. TÉGUMENTS DE LA LANGUE. 737 dant qu'ils fouillent au foud des rivières et des marais pour y chercher leur nourriture. Quelque chose de semblable se remarque dans la chauve-souris nodule^ dont la langue est surmontée, vers son milieu, par trois paires de mamelons épais, flanqués en avant d'un talus arrondi et dentelé. Sur les deux mamelons postérieurs, il y a une papille à calice.] Les langues des pachydermes sont peu hérissées. Dans les ruminants, les papilles coniques qui re- couvrent la moitié antérieure sont nombreuses, ser- rées, fines, et tei'minées chacune par un filet corné, mais encore flexible, qui se recourbe en arrière. Ces filets ne se distinguent qu'à la loupe dans les ?noutons^ les f^azelles^ etc. ; mais dans le ^enve chameau , ils sont longs et rendent la langue douce au toucher comme le velours. La partie postérieure de ces mêmes langues de ruminants est revêtue de gros tubercules, tantôt en cône couit, tantôt en demi-sphere, qui se rapetis- sent sur les côtés , et qui paraissent être des papilles fungiformes plus développées et plus nombreuses. Les papilles à calice sont rangées sur les côtés de cette partie postérieure; elles sont assez nombreuses et se dis- tinguent mal aisément des fungiformes, qui sont aussi grandes qu'elles en cet endroit. Il faut encore ici ex- cepter le chameau , qui a ses papilies à calice fort larges , et concaves à leur surface. Dans le cheval , les papilles coniques sont très peti- tes et serrées : on n'en voit guère de fungiformes que sur les côtés; il n'y en a que trois à calice, dont la surface présente une multitude de tubercules irrégu- liers. L'espace situé derrière est comme dans l'homme. La langue du dauphin et du marsouin ne présente, 3 47 738 XV* LEÇON. OBGANE DU 60UT. même à la loupe, aucune papille conique distincte; elle est parsemée de petites élevures percées chacune d'un trou , qui se multiplient surtout à sa moitié pos- térieure : on voit à sa base quatre fentes disposées à peu près comme les glandes à calice le sont ordinaire- ment. Les bords de la pointe sont découpés en petites lanières étroites et obtuses. G. Dans les oiseaux. La langue a des papilles de formes diverses. Quel- quesunes sont charnues, mousses et arrondies. D'autres sont recouvertes par des étuis cornés, tantôt coniques, tantôt cylindriques ; il y en a même d'osseuses et de cartilagineuseSc Cette dernière espèce se trouve pres- que toujours à la partie postérieure de la langue , et dirigée en arrière, de manière à servir plutôt à la déglutition, en empêchant le retour des aliments lors- qu'ils sont portés dans l'arrière-bouche , qu'au sens du ROÛt. Dans les vautours^ qui ont la langue arrondie en de- vant et cornée à son tiers extérieur, toute sa surface est lisse , excepté les bords, qui sont relevés comme pour former un canal , et dentés en scie : chaque dent est revêtue d'un étui cartilagineux dirigé en arrière. Dans \e^ faucons ^ la langue est plus épaisse, entière- ment li^se an bord , et échancrée à ses deux extrémités. Les oiseaux de proie nocturnes ont la langue char- nue et garnie en arrière de papilles coniques molles, dirigées vers le gosier. Dans \e^ perroquets la langue est très épaisse, char- nue , arrondie en devant. On y observe quelques pa- pilles vraiment fungiformes , suitout à la partie pos- térieure. ÀBT. III. TÉGUMENTS DE LA LANGUE. 739 Celle des toucans est étroite et garnie , de chaque côté, de soies cornées longues et serrées qui Ja font ressemblera une plume. Le genre àes pics et des torcoh a la langue formée de deux parties. L'une antérieur-e , protractile , loogue, lisse, pointue antérieurement, où elle est revêtue d'une gaine cornée et garnie sur ses bords de quatre ou cinq épines roides dirigées en arrière, et qui font de cette langue une espèce d'hameçon ou de flèche barbelée. L'autre partie de la langue est lâche, et sert de gaine à l'os hyoïde et à ses cornes lorsque la lan.o^ue s'allonge. Sa surface est hérissée de petites épines diri- gées en arrière. Chacune de ces épines paraît implan- tée dans le centre d'un mamelon charnu. L'ouver- ture de la glotte est comprise dans cette partie lâche de la langue. Les gallinacés ont la langue pointue, cartilagineuse, en forme de fer de flèche , lisse à sa surface sans au- cune espèce de papilles , celles de l'arrière-langue ex- ceptées. Celle de \ autruche n'en a également aucune ; elle est en forme de demi-lune , large et si courte, que plu- sieurs auteurs ont cru qu'elle n'existait pas : sa base est un repli de la peau qui tient lieu des pointes qu'ont les autres oiseaux. Les^eaw, Xesétourneaux et le plus grand nombre des passereaux ont la langue semblable à celle des galli- nacés; mais dans plusieurs genres, la pointe en est fen- due plus ou moins profondément, ou divisée en plu- sieurs petites soies , ou comme déchirée. Les naturalis- tes ayant tiré de là les caractères de quelques uns de leurs genres, on peut les consulter. On voit aussi un 740 XV* LEÇON. ORGANE DU GOL^T. léger sillon qui règne dans toute la longueur de sa par- tie moyenne. Le genre des canards^ dont la langue est charnue , aplatie et large, présente beaucoup de variétés pour la disposition des papilles. Dans lecr«'/2é',elle forme dans sa partie moyenne un sillon profond. La partie antérieure est recouverte à sa surface dîme couche épaisse de poils roides et ser- rés , dirigés sur les côtés . Plus en arrière et vers la par- tie moyenne le long du sillon, il y a deux rangées de plaques ou lames osseuses, dont la base est épaisse et le bord tranchant, libre, dirigé en arrière. Plus pos- térienrement sont des papilles coniques en forme de poils courts et roides, dirigées aussi en arrière. Deux autres sillons latéraux séparent les poils d'une nouvelle rangée de lames osseuses , semblables à celles de la partie moyenne, mais augmentant de largeur à me- sure qu'elles approchent de la base de la langue. TjC bord de cette langue est en outre garni de poils roides, longs, parallèles, très rapprochés et formant comme les dents d'un peigne. Vers le tiers postérieur, la langue est comme par- tagée oar un tubercule considérable à surface rugueuse sans papilles. Derrière ce tubercule, lasurface est hérissée de grosses papilles, charnues, longues, dirigées en arrière. Des sillons profonds, en forme de x italique , les séparent les unes des autres. La surface de la langue des autres espèces de ca- nards varie beaucoup. Le cravant a aussi deux rangées de lames osseuses. Dans le canard siffleur, il n'y en a que sur les bords du tiers postérieur. ART. III. TÉGUMENTS DE LA LANGUE. 741 Presque toutes les espèces ont les villosités roides et tlirigées sur lescôtés. Dans la double macreuse^ elles dé- passent de beaucoup les bords de la langue. Dans \eider ( anas mollissinia ), la pointe de la lau- (^ue porte un pelit appendice arrondi, plat et corné. Les villosités antérieures sont plus courtes, et le reste de la surface est presque lisse. Dans les oiseaux de rivage, la langue, qui est en triangle plus ou moins allongé ou en flèche, est géné- ralement lisse et aplatie. \^ outarde , dont la forme de la langue approche de celle des oiseaux de rivage, en diffère cependant h\\ ce que ses bords sont garnis de papilles cornées, lon- gues, roides. I^es deux dernières sont très larges, tran- chantes et comme osseuses. D. Dans les reptdes. La langue de la tortue est garnie en dessus de pa- pilles uniformes coniques, longues, molks , serrées, qui la font ressembler à un velours. Dans le crocodile^ elles sont très courtes, et repré- sentent plutôt des rides légères que des papilles; elles forment, au contraire, un velouté bien marqué dans les iguanes et les stelUons. La langue du caméléon est garnie de rides transverses, profondes, serrées et très régulières. Dans les lézards à langue extensible et four- chue, et dans les serpents , cet organe est singulière- ment lisse, et comme corné vers ses pointes. VAe%salamandres\ovilxï\\m\ d'un velouté fin comme les iguanes; mais dans les grenouilles et dans les cra- pauds, la surface en est absolument lisse à l'œil, et tou- jours muqueuse. 742 XV* LEÇON. ORGANE DU GOUT. Il n'y a dans aucun reptile deux espèces de papilles, ni glandes à calice. E- Dans les poissons. La peau qui est appliquée sur les os qui soutiennent la langue des poissons ressemble à celle du reste de la bouche, et elle ne présente point à l'œil des papilles plus développées. Les seules différences que l'on puisse remarquer «iennent aux dents dont ces langues sont armées dans certaines espèces , et que nous décrirons en traitant de la mastication. C'est aussi là que nous nous réservons de décrire les langues ou les organes qui les remplacent dans les animaux sans vertèbres. ARTICLE IV. DE LA DISTRIBUTION DES NERFS DANS LINTÉRIEUR DE LA LANGUE. Le sens du goût diffère de ceux de la vue , de l'ouïe et de l'odorat, et ressemble à celui du toucher, en ce qu'il n'y a point de paire de nerfs qui y soit em- ployée dans son entier. La langue reçoit des bran- ches de trois paires différentes dans les animaux à sang chaud , et d'une seulement (à ce qu'il nous a paru) dans les poissons; mais elles ne sont pas toutes em- ployées à la sensation. Celles qui viennent du glosso- pharyngien et du grand hypoglosse ne paraissent se distribuer qu'aux muscles et aux glandes, ainsi que nous l'avons vu pages q3i et q33 ; du moins les filets du glosso-pharyngien,que l'on a vus aller aux papilles à calice, ne sont-ils pas pour sûi- destinés au sens du goût, puisque nous ignorons si ces papilles en jouissent; ART. ly. DES NEBFS DE LA LANGUE. 743 et les filets du même nerf qu'on a cru voir aboutir à d'autres papilles paraissent avoir été peu considé- rables. C'est le nerf trifacial ^ ou delà cinquième paire, qui donne des branches à tous les oi.o^anes des sens, qui paraît seul recevoir les impressions de celui du goût, par le rameau lingual du maxillaire inférieur, décrit page 200 et suivantes; car c'est le seul qui se distribue aux téguments, dans lesquels il est évident que la sen- sation a lieu , et c'est le seul dont la ligature, la section, ou la compression cause l'anéantissement du sens. Telle est du moins l'opinion reçue aujourd'hui pai" les physiologistes : il nous semble cependant que les anastomoses de la cinquième et de la neuvième paire sont si nombreuses dans toute l'étendue de la langue , qu'il est diflîcile de dire laquelle a le plus de part à la formation des filets qui vont aux papilles. Ce sont les papilles fungiformes qui reçoivent tous ceux de ces filets qui sont assez gros pour être suivis à l'œil nu; et cette circonstance, jointe à celle de la dureté qu'ont les papilles coniques dans certains animaux, nons porte à croire que les fungiformes sont le siège principal du goût. [Cette question des fonctions de chacun des nerfs qui se distribuent à la langue, encore bien obscure au moment où M. Cuvier la résumait comme on vient de le voir, a dû être débattue de nouveau , depuis les travaux de M. Ch. Bell; et il est permis de conclure des expériences multipliées dont cette partie de la névro- lopie a été l'objet, que chacune des trois paires de nerfs a une fonction bien déterminée; que le nerf hypoglosse est exclusivement destiné aux mouvements 744 XV*' LEÇON. ORGANE DU GOUT. de la !anjjue;qiie les filets linguaux du glosso-pharyn- pien président à la sensation du goût dans la portion postérieure de la langue où ils se distribuent seuls, et que le nerf lingual préside à la même sensation vers l'extrémité antérieure et sur les bords de la langue qui reçoivent seuls ses filets.] On suit plus aisément les filets qui vont aux papilles du dessous du bout de la langue que ceux qui vont à la face supérieure , parce que les principales bran- ches rampant à la face inférieure , les filets qui vont à l'autre face disparaissent aisément par leur ténuité , au travers de l'épaisseur des chairs qu'ils sont forcés de traverser. Ces filets montent parallèlement entre eux, ils arrivent très perpendiculairement à la surface où ils aboutissent. I^a distribution des nerfs de la langue ne présente aucune différence essentielle dans les oiseaux et les reptiles. [Dans les poissons, où la langue, lorsqu'elle existe . ne consiste qu'en une substance celluleuse ou ligamenteuse , il ne se rend à cet organe que des nerfs peu nombreux provenant du glosso-pharyngien. ] ARTICLE V. DES PARTIES ACCESSOIRES DE L'ORGANE DU GOUT , ET PRIJNCIPALEMENT DU PALAIS. [Si la langue est l'organe principal du goût, elle n^en est pas l'organe exclusif, et la membrane pala- tine, etsurtoutle voile du palais, paraissent aussi doués^ bien qu'à un degré moindre , de la faculté de perce- voir les saveurs ; peut-être même pourrait-on consi- dérer les parois des joues comme concourant à la per- ART. V. DU PALAIS. 745 fection du sens, sinon dans l'homme, au moins dans plusieurs animaux. Quant au voile du palais, sa sensibi- lité spéciale pour les saveurs semblerait surtout résider, dans 1 homme, dans une partie de sa surface comprise entre son insertion à la voûte du palais et la luette ; mais la fonction de cet organe se rapportant princi- palement à la déglutition, cest dans une des leçons suivantes qu'il en sera plus particulièrement question. Quant à la membrane palatine, si beaucoup de phy- siologistes contestent qu elle puisse directement nous donner la sensation des saveurs, on ne peut nier du moins qu'elle n'y concoure indirectement d'une ma- nière très énergique, et personne n'ignore combien les substances sapides ont pour nous une saveur plus prononcée, lorsque la langue vient les appliquer et les presser fortement contre le palais. Dans l'homme, la membrane palatine est blanchâtre et adhère fortement aux os; son épiderme est épais, surtout à la partie antérieure, et Ton y remarque sur la ligne médiane un raphé terminé en avant par un tubercule qui correspond aux trous incisifs Derrière ce tubercule et de chaque côté, existent quelques rides transversales, vestiges des sillons plus profonds qui se trouvent dans les mammifères; en arrière, la mem- brane palatine est libre , et elle se continue avec le voile du palais sans aucune ligne de démarcation. Dans les mammifères, elle est également épaisse, très adhérente aux os, le plus souvent blanchâtre, mais quelquefois colorée de jaune, de brun ou de noir; elle forme des rides, des replis ou des sillons transver- saux plus ou moins nombreux , interrompus le plus souvent par la ligne médiane, mais quelquefois s'éten- 7-46 XV* LEÇON. ORGANE DU GOUT. dant sans interruption d'un bord alvéolaire à l'autre. Ces plis, presque toujours arqués, présentent commu- nément leur convexité en avant , et plus rarement en arrière. Ils commencent immédiatement derrière les tubercules incisifs et se continuent jusque vers la der- nière molaire, et quelquefois même au-delà. Dans les singes , il existe généralement de chaque côté neuf rides arquées, peu saillantes, qui s'unissent sur la ligne médiane à un raphé également saillant; le voile du palais est semblable à celui de l'homme. Dans les makis ^ la membrane et le voile du palais sont noirs, les rides sont plus profondes , et il n'y a point sur la ligne médiane de raphé saillant. Dans la chauve-souris sérotine et dans la taupe ^ on trc*uve sept plis saillants; dans cette dernière, leur courbure est à peine marquée. Dans les ours ^ la membrane des deux tiers anté- rieurs du palais est formée de sillons profonds qui n'offrent que des parties saillantes et des parties creu- ses, sans surface intermédiaire plane, comme un champ nouvellement labouré. Ces sillons , au nombre de dix de chaque côté , se dirigent en avant , et ils se rencon- trent sur la ligne médiane sous un angle plus ou moins ouvert, de manière à dessiner des espèces d'ogives. Entre les deux derniers, qui sont plus écartés Fun de l'autre, il va une surface plane et quelques tubercules mousses; de semblables tubercules existent également derrière le dixième ou dernier sillon. Dans \es> chiens^ on trouve neuf sillons profonds sans surlace plane intermédiaire , excepté entre les deux derniers où se voient deux tubercules allongés transver- salement, [.es deux premiers sillons sont presque en ART. V. DU PALAIS. 747 ligne droite; les trois suivants représentent un arc à tirer des flèches, et les quatre derniers des arcs en ogive. La couleur de la membrane palatine et du voile du palais est d'un brun jaunâtre. Dans le chat domestique et \^ panthère ^ il Y *i cinq lignes saillantes de chaque côté qui vont se réunir sur la ligne médiane sous un angle très ouvert; elles se composent d'une rangée moyenne de papilles tubercu- leuses très rapprochées et de deux autres rangées, l'une en avant et l'autre en arrière, de tubercules plus pe- tits et plus écartés; derrièie ces cinq lignes, il en existe deux ou trois autres qui ne se prolongent pas comme les premières jusqu'aux gencives, et qui ne con- sistent qu'en filaments coniques et presque cornés qui représentent des espèces de franges. Dans le sarigue à oreilles bicolores^ on trouve neuf plis écartés dont le dernv^r dépasse les arrière-molaires; entre les deux derniers se remarquent deux très petits tubercules arrondis comme une tête d'épingle. Ces plis forment d'un bord dentaire à l'autre un seul arc ar- rondi à l'exception du troisième, qui est ogival. Dans le lapin , la membrane palatine et le voile du palais sont jaune d'ocre ; il y a seize sillons rapprochés sans surface plane intermédiaire; en avant, ces sillons se réunissent sur la ligne médiane de manière à former une ogive au milieu; ils forment de chaque côté une s transversale qui se réunit à celle du côté opposé sous un angle dont le sommet est dirigé en arrière. Enfin, les quatre derniers sillons sont en ligne droite; le dernier sillon se trouve vis-à-vis la quatrième mo- laire. De chaque Q.Qié de la ligne médiane, le voile du palais est épais et spongieux sur une longueur de i5 millimètres environ. 748 XV' LEÇON. ORGANE DU GOUT. Dans le rat commun^ il n y a que huit sillons, mais la forme est la même que celle des sillons lîu lapin. Dans le chei>al,on trouve dix-buit à vingt sillons, séparés par des espaces plans. Ils forment de chaque côté des arcs ou des croissants qui se touchent sur la ligne médiane, et le dernier n'atteint pas le niveau de la dernière molaire. Entre la dernière molaire de droite et celle de gauche existent deux sillons , non plus transversaux , mais longitudinaux , à peu près de même longueur que la dent, et dont l'intervalle forme un bourrelet épais, spongieux , qui est probablement affecré plus particulièrement à la sensation du goût. Dans le bœuf^ il existe de chaque côté du palais treize ou quatorze plis dentelés dont quelques uns se croisent par leur extrémité sur la ligne médiane ; en arrière de ces plis à dentelures à demi cornées on trouve trois sillons lisses; les bords de la mâchoire en avant des dents molaires et une partie de l'intérieur des joues ont des papilles coniques, longues et molles : le reste de la voûte palatine et le voile du palais sont lisses. Dans le mouton^ les joues sont garnies intérieure- ment de papilles coniques; il existe de chaque côté du palais quatorze plis transversaux dont les derniers sont peu prononcés, et dont ceux du milieu sont al- ternes; ils se terminent au niveau de la deuxième mo- laire; le reste de l'espace est une membrane lisse très épaisse, ainsi que le voile du palais. Vis-à-vis la der- nière molaire il y a , comme dans le cheval , deux sillons longitudinaux profonds, de 'x centimètres de longueur, qui interceptent un espace de 7 millimètres de largeur. ART V. DU PALAIS. 749 Dans les dauphins et les marsouins , la membrane du palais est entièrement lisse et dure; dans les ba- leines^ elle est garnie d'un nombre considérable de lames cornées , effilées à leur extrémité inférieure. Ces lames, qui forment la substance connue vulgairement sous le nom de baleine, s'allongent à mesure qu'elles s'approchent du bord externe de la mâchoire au point d'acquérir, dans quelques espèces , une longueur de plus de 2 mètres. On pourrait peut-être considérer ces organes, qui servent de filets à ces animaux pour re- tenir leur proie, comme une exagération des plis trans- verses, dentelés et cornés, du palais du bœuf. Dans les oiseaux, la membrane palatine est autre- ment constitaée. Généralement mince, peu étendue, à rexce{)tion des genres à bec large, comme les spatules^ les pélicans et les canards^ elle est le plus souvent di- visée îongitudinalement en trois parties : une médiane , de la largeur delà langue, plus molle, et deux latérales presque coriaces, séparées delà première par une arête, souvent dentelées, comme dans les oiseaux de proie, plusieurs passereaux et les gallinacés; quelquefois même ces deux parties latérales sont couvertes de lames cor- nées, comme dans les canards. Le voile du palais est nne membrane molle, et les bords des ouvertures pos- térieures des narines sont souvent garnis de papilles coniques assez longues; il existe aussi quelquefois, dans les oiseaux de proie par exemple, une rangée trans- verse de papilles à la naissance du voile du palais. Dans les reptiles, la membrane palatine existe à peine, excepté dans les crocodiles et les batraciens. l}dMs\e$> crocodiles ^ elle est très étendue, lisse, et pres- que aussi sèche que la peau extérieure. Dans les tor- 750 XV LEÇON. OKGÂNE DU GOUT. tues ^ la voûte palatine est occupée par une lame cor- née , prolongement interne du bec. Les sauriens et les ophidiens ont le fond du palais armé de deux rangées de dents osseuses , de sorte que la membrane palatine est presque toute en gencives. Dans les batraciens, cette membrane est molle, mais généralement livsse. Dans les poissons cartilagineux, la membrane pa- latine, aussi bien que celle qui revêt les cartilages apla- tis qui forment riiyoïde, est molle et d'une texture fine ; mais dans les poissons osseux, chez lesquels tous les os qui concourent à former la cavité de la bouche sont garnies de dents , il n'y a généralement point de membrane palatine d'une texture telle qu'elle puisse servir à la sensation des saveurs. Dans les cyprins cependant la voûte du palais, à l'entrée du gosier, est garnie d'une substance molle, épaisse, tellement irritable, que lorsqu'on la pique, l'endroit piqué se soulève et prend pour quelques ins- tants la forme d'un bouton conique. On pourrait sup- poser que cet organe , qui reçoit beaucoup de filets de la huitième paire de nerfs, supplée la langue pour la sensation du goût. ] TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE TROISIÈME VOLUME. AVERTISSEMENT , i-iv NEUVIÈME LEÇON. Du cerveau des animaux vertébrés i Article I. De l'organisatiou du système nerveux, en général... ib. A. Dibtribulion , page 5 ; — B. Texture lo Article II. Du système nerveux considéré en action 21 AnTicLE III. Comparaison générale des différents systèmes nerveux. 38 Abiicle IV. Description du cerveau de l'homme 4'-* A. Cerveau de Ihomme , vu à sa face supérieure ib, B. Cerveau de l'homme, vu par le côté ^. 44 G. Cerveau de l'homme , vu par sa base A5 D. Développement du cerveau 49 E. Coupes du cerveau 62 i" Coupes verticales, p. 62 ; — a" Coupes horizon- tales 64 F. Développement du cerveau dans le fœtus 66* G. De lorigine des nerfs 68 1° Du nerf olfactif, p. 69; — 2° du nerf opti<^ue, p. 70; — 3" du nerf oculo musculaire, ou moteur oculairecommun , p. 71 ; — 4° tl" "crf pathétique, p. 71 ; — 5» des nerfs trijumeaux, p. 72 ; — 6° du nerf abducteur ou moteur oculaire externe, p. 70; — 7° du nerf facial, ou de la portion dure de la 7* paire, p. 75; — 8' du nerf auditif, ou por- tion molle de la 7* paire, p. 74? — 9° des nerfs glosso-pharyngien , vague , spinal nommés nerfs de la 8* paire, p. 75; — 10° du nerf grand hypo- glosse , 76 752 TABLE Article V. Du cerveau des manimiière? 76 1° Proportion de la masse du cerveau avec le reste du corps 77 2° Proportion du cerveau avec le cervelet et la moelle allongée 80 3° Forme générale 83 a. Cerveau , p. 83 : — fi. Cervelet 90 4" Circonvolutions ib, a. Cerveau , p. 90 ; — j3. Cervelet. 96 5" Développement des parties intérieures du cer- veau des mammifères 97 a. tubercules quadrijumeaux , p. 98 ; — |3. corps geriouillés , p. 9g: —y. couches optiques et glande pinéale , p. ico; — 3. corps cannelés ou striés, p. 100; — £. corps calleux, voûte et corne d'Ammon , p. 101; — Ç. ventri- cules 1 o3 6° De la base du cerveau et de l'origine des nerfs, ib. Article VI. Du cerveau des oiseaux 110 A. Enoéphcde ^ ib, B. Origine des nerfs 116 Article VII. Du cerveau des rcj tiles 117 A. Encéphale ib. B. Origine des nerfs 122 Article VIII. Du cerveau des poissons 126 A. Le» poissons osseux ib. B. Les poissons cartilagineux , 1Û7 10 Lobes olfactifs, p. 139; — 2" éminences de l'inlérieur des lobes creux , ou hémisphères , p. 142; — 3° cervelet, p. 142; — 4° '^"l^ercules situés en arrière du cervelet .p. i44 » — 5° lobes inférieurs , p. i l\5 ; — 6° Origine des nerfs i45 Article IX. Bésumé des caractères propres au cerveau des qua- tre classes d'animaux vertébrés l49 Article X. Des enveloppes du cerveau io4 Article XI. Des vaisseaux du cerveau ïSg Article XII. De la moelle épinière 168 A. Dans les mauimifères 17^ B. Dans les oiseaux •.. 17^ C. Dans'ies reptiles }7^ D. Dans les poissons '^- DES MATIÈRES. 753 E. Vaisseaux de la moelle épinière »7^ F. Enveloppes de la moelle épinière 177 DIXIÈME LEÇON. Distribution des principaux nerfs dans les animaux vertébrés 1 79 Article I. Du nerf olfactif ou de la i^^ paire de l'encéphale,.. . i8o A. Dans l'homme et les mammifères ib. B. Dans les oiseaux 182 C. Dans les reptiles ib. D. Dans les poissons 180 Article II. Du nerf optique , ou delà seconde paire de l'encé- phale ^ 184 Article III. Des nerfs de la 3% 4*^* 6* paires 187 I. Du nerf oculo-musculaire commun, ou de la 3' paire . . . ib. II. Du nerf pathétique , ou de la 4* paire de nerfs 188 III. Du nerf abducteur , ou oculo-musculaire externe , ou de la 6^ paire de nerfs 189 Article IV. Des nerfs de la 5* paire ou trijumeaux 190 I. Du nerf ophthalmique , première branche de la 5* paire, dans 1 homme et dans les mammifères (6. \ A. Dans l'homme ib. B. Dans les mammifères 192 II Du nerf maxillaire supérieur , seconde branche de la 5® paire, dans l'homme et les mammifères »94 A. Dans l'homme , ib. B. Dans les mammifères 197 III. Du nerf maxillaire inférieur , troisième branche de la 5* paire , dans l'homme et dans les mammifères 19' A. Dans l'homme ib. B. Dans les mammifères , 20'j. IV. Du nerf delà 5* paire dans les oiseaux 2o5 V. Du nerf de la 5* paire dans les reptiles 2o5 VI. Du nerf de la 5® paire dans les poissons 207 Article V. Du nerf facial ou petit sympathique de Winslow. . . . 2i3 A. Dans l'homme ^ . , , . ib. B. Dans les mammifères 217 C. Dans les oiseaux et dans les reptiles 219 D. Dans les poissons. > , 220 Article VI. Du nerf acoustique , ou portion molle du nerf au- ditif '221 Article VU. Du nerf vague , appelé vulgairement la 8* paire, ou pneumo-gastrique 222 3. 48 754 TABLE A. Dans l'homme i(,^ B. Dans les mammifères 225 C. Dans les oiseaux et les reptiles «6. D. Dans les poissons. . . , 33^ Article YIII. Du nerf glosso-pharyngien 23o Abticle IX. Du nerf hypoglosse ou de la 12* paire 23?. Article X. Des nerfs cervicaux 235 A. Dans Thomme ih. B. Dans les mammifères 239 C. Dans les oiseaux ib. D. Dans les reptiles 24© E. Dans les poissons 2^1 Article XI. Du nerf diaphragmatique , . . . ib» AiiTicLE XII. Des nerfs dorsaux et lombaires 243 A. Dansl'homme ib. B. Dans les mammifères et les oiseaux 246 C. Dans les reptiles ib, D. Dans les poissons 247 .article XIlï. Des nerfs pelviques et caudaux ib. Article XIV. Du plexus brachial et des nerfs du membre thora- cique 262 A. Dans l'homme ib. i" Du nerf médian , p. 253 ; — 2° du nerf cubital, p. 255 î — 3"^ du nerf radial, p. 256; — 4° ^^ "^^^ axillaire ou circonflexe, p. 257 ; — 5"* des nerfs thoraciques et scapulaîres, p. 257: — 6** du nerf cutané externe ou rausculo-cutané, p. 257; — 70 du nerf cutané interne 258 B. Dans les mammifères c ib. G. Dans les oiseaux 260 D. Dans les reptiles 265 E. Dans les poissons 266 Article XV. Des nerfs du membre abdominal 268 A. Dans l'homme ib. 1° Du nerf sous-pubien ou obturateur, p. 268; — 2° du nerf fémoral antérieur ou crural , p, 269 ; — 3» du nerf ischialique ou sciatique, p. 259; — 4° du nerf tibial ou poplilé interne , p. 270 ; — 5" du nerf péronier ou poplité externe 27a B. Dans les mammifères ^7^ G. Dan» les oiseatix '*'• DES MATIÈBES. ' 755 D. Dans les reptiles '-^ 7^ E. Dans les poissons 277 Article XVI. Du nerf grand sympalhique , appelé encore grand intercostal ou Irisplanchnique , 278 A. Dans l'homme *''. B. Dans les mammifères 280 G. Dans les oiseaux , 288 D. Dans les reptiles 290 E. Dans les poissons 294 ONZIÈME LEÇON. Description des systèmes nerveux des ani- maux sans vertèbres 296 Article I. Cerveau et nerfs des mollusques f6 A. Céphalopodes '^• B. Ptéropodes 5o4 G. Gastéropodes 007 D. Acéphales 3 1 6 a. Acéphales testacés , p. 3i6; — ]3. acéphales sans coquilles 520 E. Brachiopodcs ib. F. Cirrhopodes 32 1 Article II. Cerveau et nerfs des animaux articulés ..... 022 A. Annélides /^. B. Crustacés 527 G. Arachnides , 335 D. Larves d insectes 534 a. Coléoptères, p. 334; — i'5. orthoptères et hé- miptères, p. 340; — y. hyménoptères, p. 34o; — <î. névroplères, p. 34 1; — £. Lépidoptères, p. 349; — 0. diptères 346 E. Insectes parfaits 548 a. Coléoptères , p. 348; — ^. orthoptères, p. 356; — y. hémiptères , p. 3Go ; — <î. Lépidoptères , p. 36 1 ; — G. névroplères, p. 365; — x. hymé- noptères , p. 365 ; — A, diptères , p. 364 ; — p myriapodes 565 Article III. Du système nerveux des animaux rayonnes 371 A. Dans les échinodermes 072 B. Dans les vers intestinaux 375 G. Dans les acalèphes 575 D. Dans les polypes 376 DOUZIÈME LEÇON. De l'organe de la vue ou de l'œil 078 756 TABLE Article I". Idée générale de la vision 678 AiiTicLE II. Du nombre, de la mobilité, de la grandeur relative, de la position et de la direction des yeux dans les divers ani- maux 084 Article III. De la forme totale du globe de l'œil, de la forme et de la proportion de ses chambres , et de la densité de ses parties transparentes , . . 389 A . Forme ib, B. Proportions SgS C. Densité ,....<.... 697 D. Consistance 698 Article IV. De la première tunique de l'œil ou de la sclérotique. 4oi AnTicLE V. De la cornée transparente et de la conjonctive. .... 4^6 Article VI. De la seconde tunique de l'œil, ou de la choroïde et de ses annexes 4 * ^ A. Dans l'homme ib. B. Dans les animaux , . ^iZ i" Des procès ciliaires , p. 4i4î — 2** de la ruys- cbienne , p. 4^7*' — ^° *^^ tapis; p. ^iS; — 4° tle ^3 glande choroïdienue ou du bourrelet choroïdien des poissons , , 4^9 Article VII. De l'iris, de la pupille et de leurs mouvements .... 421 A. Texture de 1 iris ib. B. Fibres de l'uvée 4^4 C. Mouvement de l'iris ih. D. Figure de la pupille . 426 E. Membrane pupillaire ^27 Article VIII. De l'entrée du nerf optique dans l'œil, de l'origine de la rétine , de sa nature et de ses limites 429 A. Entrée du neif optique ib. 1° Dans les mammifères, p. 429 ; — 2° dans les oi- seaux , p. 45 1 ; — 3° dans les reptiles et les pois- sons 434 B. Rétine 43(> Article IX. De la nature des parties transparentes de l'œil, de leurs membranes propres , etc. 44" A. Humeur vitrée *^' B. Cristallin 44» C. Humeur aqueuse 444 Article X. De la suspension du globe de l'œil et de ses muscles. 44^ Article XI. Des paupières et de leurs mouvements 448 DES MATIÈKRS. 757 A. Dans l'homme 449 B. Dans les mammifères . . . r l\5o G. Dans les oiseaux - 45 1 D. Dans les reptiles * 4^^2 £. Dans les poissons 4^4 Article XIL Des glandes qui enlourent l'œii 4^5 A. Dans l'homme , ib. B. Dans les mammifères 4^^ G. Dans les oiseaux 4^9 D. Dans les reptiles 46o Ë. Dans les |)oissons ib. Article XUI. De l'œil des animaux mollusques 4^1 AnTicLE XIV. De l'œil des insectes et des crustacés l\6& A. Des yeux simples ou steramates ib. B . Des yeux composés 4^9 Article XV. De l'œil des animaux rayonnes 473 TREIZIÈME LEÇON. De l'organe de l'ouïe ou de l'oreille 476 Article I*"". Du son et de l'ouïe en général ib. Article II. Des diverses formes de la membrane qui renferme la pulpe auditive ou du labyrinthe membraneux 4^»^ A. Dans les animaux articulés ib. B. Dans les mollusques 4^4 G. Dans les poissons 4^5 D. Dans les reptiles 494 Ë. Dans les oiseaux 49^ F. Dans les mammifères 49^ Article III. De la manière dont le labyrinthe membraneux est renfermé dans les os, ou du labyrinthe osseux 5oo A. Dans les poissons osseux ib. B. Dans les chondroptérygiens 5o2 G. Dans les reptiles 5o4 D. Dans les oiseaux et dans les mammifères ib. Article IV, Des cavités situées entre le labyrinthe et rélément ex- térieur, ou de la caisse du tympan et de ses appartenances .... 609 A. Dans les reptiles. 5 1 1 B. Dans les oiseaux 5 1 2 G. Dans les mammifère» 5 16 1» Extérieur de la caisse dans les mammifères, p. 517: — 2° division de l'intérieur de la caisse et cellules mastoïdiennes, p. 5 19; — 3° configura- tion et proporliou des fenêtres ronde et ovale , 758 TABLE p. 522 ; — 4" la trompe d'Euslache , 5»4 D. Description particulière de la caisse des cétacé? 5*25 Article V. Du tympan et de son cadre osseux 526 1 " Substance du tympan «6. 2° Surface et direction du tympan 627 3° Cadre du tympan 629 Article VI. Des osselets qui établissent une communication entre le tympan et la fenêtre ovale , et de lueurs muscles 53a I. Des os. ... ib. A. Dans les mammifères ib. i" Le marteau , p. 533 ; — 2° l'enclume , p. 536 ; — 3o l'osselet lenticulaire, p. 507; — 4° 1 étrier . . . 537 B. Dans les oiseaux 538 C. Dans les reptiles SSg II. Les muscles 54i Article VIL Du méat auditif externe, de la conque de l'oreille et de ses muscles 544 1*» Le méat externe osseux 545 2° Le méat externe cartilagineux et la conque .... 548 a. La grandeur, p. 548: — b. la direction , p. 549 î — c. la figure , p. 55o ; — d. les éminences , p. 55o ; — e. la composition 552 3° Les muscles 555 A. Dans l'homme , ib. B. Dans les mammifères 554 Article VIII. De la distribution des nerfs dans l'intérieur de l'oreille 559 QUATORZIÈME LEÇON. Du sens du toucher et de tous les or- ganes qui s'y rapportent 566 Article V^. Des sensations que le toucher nous procure ib. Article IL De la peau et de son organisation 570 1^ De l'épiderme 573 2° Du tissu ou de l'appareil muqueux 58 1 3" Da tissu papillaire 588 4" Du cuir ou derme 591 Article III. Des muscles de la peau ou du pannicule charnu. . . . 594 Ahticlr IV. Des glandes de la peau et de la graisse subcutanée. . 610 1" Des glandes ib. 2<» Du tissu adipeux 6i5 Ahticle V. Des doigts et de leur disposition relativement au sens du toucher 617 DES MATIÈRES. 75& Article VI. Des appendices qui suppléent aux doigts dans l'exer- cice du sens du toucher 627 ARTICLE VII. Des parties iasensibles qui munissent les organes du toucher, et les préservent contre des impressions trop fortes, . . 635 1° Des poils ib. 2° Des plumes 644 d^ Des cornes 655 4° Des ongles 658 5** Des écailles 661 6° Des parties insensibles dans les animaux sans vertèbres 668 QUIINZIÈME LEÇON. Des organes de l'odorat et du goût 670 Première section. Des organes de l'odorat 671 Article P". Du sens et de ses organes eu général ib. Article II. De la forme et de la grandeur de la cavité nasale .... 676 Article III. Des sinus qui augmentent la capacité de la cavité nasale < ib. A. Dans l'homme 677 B. Dans les mammifères ib. Article IV. Des lames saillantes qui multiplient les surfaces dans l'intérieur de la cavité nasale 682 A. Dans l'homme ib. B. Dans les mammifères 683 i*» Des cornets inférieurs, p. 683 ; — 2° des cornets supérieurs et des cellules ethmoîdales 687 G. Dans les oiseaux 688 D. Dans les reptiles 690 E. Dans les poissons 69 1 Article V. De la membrane pituitaire 692 Article VI. Des nerfs qui se distribuent dans l'intérieur des narines. 694 I. Nerf olfactif ib. A. Dans les mammifères 696 1° Lame criblée, p. 695 ; — 2° le nerf olfactif. . . . 696 B. Dans les oiseaux 697 G, Dans les reptiles » ib, D. Dans les poissons. , 698 II. Nerf de la cinquième paire 699 Article VIL Des cartilages qui couvrent l'entrée des narines, et de leurs muscles ^ , . . , 700 A. Dans l'homme ib, 1" Les cartilages, p. 700 ; — 2° les muscles 701 760 TABLE DES MATIÈRES. B. Daus les maminifères .702 C. Dans les oiseaux ^i3 D. Dans les reptiles i(,, E. Dans les poissons .714 Article Vlll. Des narines des cétacés et de leurs jets d'eau 716 Article IX. D'un organe accessoire de l'odorat dans les mammi- fères , ou de l'organe de Jacobson 720 Article X. Des organes de l'odorat dans les animaux invertébrés. 722 Deuxième section. Des organes du goût , . . 726 x^RTicLE I". De la sensation du goût ib. Article IL De la substance de la langue , de sa forme et de sa mo- bilité 726 Article III. Des téguments de la langue 762 A. Dans Ihomme ib. B. Dans les mammifères 755 G. Dans les oiseaux '. 758 D. Dans les reptiles 74i E. Dans les poissons 7^2 Article IV. De la distribution des nerfs dans l'intérieur de la langue .... ib. Article V. Des parties accesseires de l'organe du goût , et particu- lièrement du palais 7^4 s^^îs^. î. -^: