ANATOMIE COMPARÉE. TOME VIII. PAIlW. — IMPRIMERIE DE BOURGOGNE ET MARTINBT, rue Jacob, 3o. LEÇONS D'ANATOMIE COMPARÉE TOME HUITIÈME, CONTENANT LES ORGANES DE LA GÉEliATM Eï DES ÉMIONS , AVEC UNE LEÇON COMPLÉMENTAIRE DES ORGANES ' DÉ RELATIONS } TA P. GEORGES CUVIER ET «. -Ii, DUVERKOl, Professeur au Collée de Franco. SECONDE ÉDITION, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE. paris FORTIN, MASSON ET Cie, libraires des sociétés savantes p'tès le ministère de l'instruction publique, place de l'école-de-médecine; meme maison, chez l. mlçhelsen , a leipzig. 18â6, V* Hftêl^&*t?1 /Uf :s=e AVERTISSEMENT. Je termine, avec ce volume, la tâche longue et difficile de mettre au courant de la science actuelle, après quarante années de progrès, la seconde livraison ou les trois derniers tomes de l'ouvrage auquel on accorde généralement le mérite d'avoir constitué, comme science, l'anatomie comparée (1). Ce travail sera probablement, encore quel- que temps, très ingrat pour la juste apprécia- tion des services que celui qui Ta entrepris a pu rendre à la science. 11 a dû cependant y consommer une grande partie des derniers efforts de sa vie , afin de l'exécuter conscien- cieusement et comme il le devait _, pour ré- pondre, à la fois^ à ce que M. Cuvier, qui le lui avait demandé, attendait de lui, au dévoue- ment sans bornes qu'il conserve à sa mémoire, et aux besoins actuels de la science. Cette science n'a cessé d'avancer de i8o5 à ]845. M. Cuvier, qui a marqué et commencé, (1) La première livraison , composée de deux volumes rédigés par M. Duméril, avait paru en 1800. VI À.VEBTISSEMENT. dès l'ouverture de sou premier cours, au Jardin des Fiantes, il y a précisément un demi-siècle, l'époque physiologique de l'ana- tomie comparée, a continué de marcher à sa tête jusqu'à l'année malheureuse de i83^ , et de lui imprimer, du moins dans quelques unes de ses parties, la puissante impulsion de son incessante activité- Je ne puis entrer ici dans les détails des changements, des perfectionnements que ces progrès ont rendus nécessaires, et que j'ai pris sur moi d'introduire dans cette nouvelle édi tion; changements qui lui donnent une tout autre physionomie, et pour le fond et pour la forme. Je ne reviendrai pas sur la part que j'avais eue à la première édition, et sur laquelle je me suis expliqué, avec sincérité, dans plusieurs occasions solennelles (2) ; ni sur l'espoir que j'avais, en acceptant la proposition de M- Gu- vier (5) d'entreprendre ce grand travail de (1) Ce discours d'ouverture est imprimé dans Je Magaz'm encyclopé- dique de Millin, etc., t. V, p. 145 et suiv., l'an îv (1796). (2) Voir ma Notice adressée à l'Académie des sciences en juillet 1882, et celle de 1 844-» p. 11-17, et 'e premier fascicule de mes Leçons au Collège de France, Paris, 18J9, surtout le post-seriptuin de la p. 104 et suiv. (3) Voir la note qu'il m'a adressée à Strasbourg déjà ie 5 novembre 1827, et dont j ai fait faire un fac-similé , qui doit être joint aux exemplaires de cette seconde édition. AVERTISSEMENT. VU révision et de refonte, de le faire avec lui [il s'était réseivé les deux premiers volumes de la première édition), à côté de lui, et avee tous les secours si précieux que sa position lui donnait , et qui m'aurait permis de multiplier, sans perte de temps, comme pour la première „ édition, les observations les plus nombreuses et les plus nouvelles. Mais il sera facile de comprendre les droits que me donnait ma première coopération, et les devoirs que m'imposait la promesse que j'avais faite à Yi. Cuvier; devoirs que je n'ai pu remplir qu'avec beaucoup de lenteur, par suite de la fatalité qui m'a éloigné de cette position si favorable, dont je viens de parler. En résumé , la première édition des Leçons présentait , avec le premier ensemble de con- naissances précises, suffisamment développées, sur l'organisation des animaux; un certain nombre de notions encore en germe, ou peu dé- veloppées, qui devaient mûrir plus tard avec les progrès de la science , et dont le public savant avait le droit de chercher le tableau dans l'édi- tion actuelle. Aussi a-t-elle pris des proportions telles, que les trois volumes de mon ancienne rédaction ne font pas le tiers du texte des six volumes (1) (j) Ces volumes font 0892 pages, comprenant chacune plus de texte VHI AVERTISSEMENT. correspondants que j'ai publiés pour cette nou- velle édition; lesquels traitent de même essen- tiellement des organes de nutrition et de gé- nération chargés d'entretenir la vie indivi- duelie et la vie de l'espèce. L'ancien texte a été conservé scrupuleu- sement et distingué du nouveau texte par les crochets qui séparent celui-ci; il ne faut pas le perdre de vue; en se rappelant encore que toutes les notes ^ à deux exceptions près, sont nouvelles. Ce tome VIIIe et dernier (le VIe volume de marédaction), dont le titre explique suffisam- ment le contenu , renferme près de 5oo pages d'augmentations. Elles ont été employées, en grande partie, à donner aux trois embranche- ments inférieurs du Règne animal, pour la des- cription de leurs organes de la génération , le même développement proportionnel qu'à l'embranchement des vertébrés. M. Cuvier avait décrit ces organes dans 36 pages seulement de notre première édition ; il y en a 289 d'employées, sur le même sujet, dans l'édition actuelle; non compris ce que j'ai écrit dans la xxxvme leçon, des organes que celles de la première édition; de sorte que les î393 pages de celle-ci, n'en font que i 2a5 de la nouvelle. AVERTISSEMENT. IX d'incubation extérieure, appartenant aux ani- maux de ces trois embranchements. Les quatre types du Règne animal ont ac- quis, dans cette édition, d'importants complé- ments , suite des observations microscopiques sur la structure intime des organes prépara- teurs des ovules et du sperme et sur leurs produits, particulièrement sur le développe- ment des ovules et des spermatozoïdes. 11 était intéressant de montrer que ce double développement suit les mêmes lois et les mêmes phases , dans tous les animaux où il a été ob- servé. La dénomination de spermatozoïdes, que j'ai proposée le premier, paraît devoir être gé- néralement adoptée. Je dois en être flatté, parce qu'elle indique une heureuse révolution dans les idées , que j'ai provoquées de toutes mes forces dans mes enseignements et clans mes écrits ; en combattant l'opinion qui les en- visageait comme des animalcules parasites de la semence , comme le produit d'une généra- tion dite hétérogénie ; et en cherchant à dé- montrer, au contraire, que ce sont des ma- chines animées, chargées de porter à l'ovule l'élément complémentaire du germe. J'ai ajouté à l'article qui traite des sécré- tions en général, la doctrine de l'endosmose, X AVERTISSEMENT. qui a répandu un si grand jour sur ce sujet , depuis que l'esprit investigateur de M. Dutro- chet a nommé et distingué ce phénomène, et qu'il en a montré toute l'importance par ses expériences aussi ingénieuses que variées. Cette leçon sur les sécrétions comprend en- core de notables perfectionnements sur les glandes de la sueur chez l'homme et les ani- maux domestiques; sur le byssus des mollus- ques acéphales; sur la structure intime des or- ganes électriques , etc. Enfin la xlc et dernière leçon , complémen- taire des organes de re la tions9 traite , dans une première section, de la vessie natatoire, et dans une seconde des organes de la voix et des bruits. Ce rapprochement, qui peut paraître singulier, a besoin d'être justifié. Le classement des organes, adopté dans tout l'ouvrage d'après leurs fonctions , ne per- mettait plus de placer la vessie natatoire dans les sécrétions, puisqu'elle ne sécrète pas in- contestablement, dans tous les cas, l'air qu'elle renferme, et que sa fonction la plus générale est d'aider à la station du poisson, à telle ou telle profondeur des eaux qu'il habite. Mais les belles découvertes de M. E.-H. Wtber, que j'ai vérifiées, en y ajoutant quel- ques détails, étendues encore à d'autres pois- sons par les observations de M. Cuvier, on AVERTISSEMENT. XI montré que, dans beaucoup de cas, ia vessie natatoire peut être encore un organe acces- soire de l'audition. Elle n'a même plus que celte dernière fonc- tion dans les Loches , où elle est devenue une sorte de caisse du tympan. Cette double considération m'a déterminé h placer son histoire dans une leçon complémen- taire, avec les organes de la voix et des bruits; dont les rapports avec l'audition ; non plus comme auxiliaires, mais comme produisant les impressions de ce sens, pour les relations des animaux entre eux, sont incontestables. j'ai introduit dans l'exposition successive des faits anatomiques , d'après l'ordre de la méthode naturelle , un certain nombre de changements notables, qui feront connaître quelques modifications que j'ai cru devoir faire aux classifications adoptées dans le Règne animal. La méthode naturelle n'est qu'un principe , dont les applications doivent varier, en premier lieu, avec les progrès dans la con- naissance de l'organisation , qui nous font avancer, pour ainsi dire chaque jour, dans la connaissance de l'ensemble des rapports que les animaux ont entre eux. Ces progrès réels sont dus à un grand nombre d'anatomistes, devenus célèbres par XII AVERTISSEMENT. d'importantes découvertes. Je me suis fait un devoir de les citer, dans le double but de la reconnaissance qui leur est due , et d'indiquer au lecteur les sources où il pourra puiser des détails plus étendus que ne le comporte un ou- vrage qui embrasse le tableau général de la science. Puisse ce tableau , le seul complet qui existe dans notre langue, ne pas être trop au-des- sous de ce qu'il aurait été avec laide et sous les auspices de son premier et principal auteur! En le traçant sans son secours, je l'ai fait comme si j'avais eu la pensée , incessamment présente^ que mon illustre ami n'était pas absent pour toujours ; et qu'à son retour, j'au- rais à lui rendre compte de la parole que je lui avais donnée, et de la manière dont j'avais répondu à sa confiance illimitée. Paris, le 1er décembre 18/|5. G.-L. DUVERNOY. LEÇONS DANATOMIE COMPARÉE. TRENTE-DEUXIEME LEÇON. PREMIÈRE PARTIE. DE LA GENERATION, EN GENERAL, ET DE SES DIFFÉRENTS MODES DANS TOUT LE RÈGNE ANIMAL, ET CHEZ LES ANIMAUX VERTÉRRÉS, EN PARTICULIER. Les quatrième , cinquième, sixième et septième vo- lumes de cet ouvrage nous ont fait connaître tous les moyens que la nature emploie pour maintenir indivi- duellement chaque animal dans l'état convenable, pendant le temps assigné pour la durée de sa vie. Nous y avons vu comment il prend ses aliments au- dehors; comment il les prépare pour en extraire son fluide nourricier; comment ce fluide nourricier est transporté dans toutes les parties qu'il doit nourrir, et comment, avant d'intercaler ses molécules aux leurs, il est soumis àlaction nécessaire de 1 élément ambiant, seule capable de lui donner sa perfection définitive. Mais cette série de décompositions et de rétahlisse- 8. 1 2 XXXI1« LEÇON. 1ISTBODUCT1CW. ments amène à la longue la cessation de tout mouve- ment clans la machine animale, la mort de l'individu. Nous avons à examiner à présent la fonction qui en- tretient l'espèce , en employant une portion de la vie de chaque individu , pendant quelle est à son plus haut période , à en développer d'autres qui le remplaceront un jour. La génération est le plus grand mystère que nous offre l'économie des corps vivants , et l'on peut dire que sa nature intime est encore couverte des ténèbres les plus absolues. Aucune observation directe ne nous autorise à admettre la formation d'un corps vivant de toutes pièces , c'est-à- dire pour la réunion de molé- cules rapprochées subitement. La comparaison que l'on a voulu faire de la génération avec la cristallisa- tion n'est nullement fondée sur une véritable analo- gie; les cristaux sont formés de molécules similaires qui s'attirent indistinctement , et se collent les unes aux autres parleurs faces, lesquelles déterminent l'or- dre de leurs rangées. Les corps vivants se composent d'une multitude de fibres ou de lamelles, hétérogènes dans leur composition , diversifiées dans leur configu- ration, et dont chacune a sa place marquée; ne pou- vant être que dans un lieu, et entre d'autres fibres ou la- melles déterminées. De plus, dès l'instant où les corps vivants existent, quelque petits qu'ils soient encore, ils ont toutes leurs parties ( 1) ; ce n'est point par l'addition (i) Cette proposition est peut-être trop absolue; il y a , dans la for- mation de l'embryon, une apparition successive des systèmes d'organes, des appareils et des organes, qui semble contraire à l'existence simul- tanée de toutes les parties dont chaque organisme individuel se compose GÉNÉRATION EN GÉNÉRAL. 3 de nouvelles couches qu'ils croissent, mais par le déve- loppement, tantôt uniforme, tantôt inégal, de parties toutes préexistantes à tout accroissement sensible. La seule circonstance commune à toute génération, et par conséquent la seule essentielle, c'est que chaque corps vivant tient, dans les premiers instants où il commence à être visible, à un corps plus grand, de même espèce que lui, vdont il fait partie , et parles sucs duquel il se nourrit pendant un certain temps; c'est sa séparation de ce corps plus grand qui constitue la naissance; mais cette naissance peut être le simple résultat de la vie du grand corps et du développement du petit qui en est la suite , sans qu'il y ait besoin d'aucune action particulière et occasionnelle. Ainsi , dans son essence , la génération n'est encore, dans ce que nous en voyons, que l'apparition d'un petit corps organisé, sur ou dans quelque partie d'un autre corps organisé plus grand , dont il se séparera au bout d'un certain temps , pour avoir une existence propre et isolée. Tous les actes ou organes qu'on voit d'ailleurs co- opérer à la génération, dans certaines classes, ne sont qu'accessoires à cette fonction. La génération , ainsi réduite à sa simplicité essen- tielle, est ce qu'on appelle génération gemmipare ou par bourgeon; c'est ainsi qu'il vient sur les arbres des bourgeons qui se développent en branches, et dont on peut faire d'autres arbres par l'opération de la bouture. définitivement. On pourrait répondre, à la vérité, que leur première ap- parition n'est qu'un développement de leur germe , déjà existant, et ne coïncide pas avec le premier instant de sa formation. D. 4 XXXII* LEÇON. INTRODUCTION. Les polypiers , les actinies [ ont entre autres cette manière] d'engendrer. Quelques vers [intestinaux, certains animalcules homogènes] se multiplient en se partageant, et rentrent dans le même ordre. Cette gé- nération ne suppose ni sexes, ni accouplement, ni même aucun organe particulier. Il y a des êtres qui n'en ont point d'autre ; il y en a qui lui joignent des modes plus compliqués. Les autres modes de génération s'opèrent dans des organes particuliers ; les petits ou les germes n'appa- raissent que dans un endroit fixe du corps , et il faut le concours de certaines opérations pour en déterminer le développement ultérieur. Ces opérations constituent la fécondation, et sup- posent des organes sexuels qui, à leur tour, peuvent être réunis dans le même individu , ou séparés dans deux individus différents. Le sexe fécondé ou fécondable, dans lequel le germe se manifeste , est le sexe femelle; et le sexe fécondant, dont le concours est nécessaire pour que le germe se développe complètement, est le sexe mâle, Le concours du sexe mâle se fait par une liqueur qui se nomme fécondante ou séminale. La manière dont elle concourt au développement du germe est l'objet des disputes des physiologistes. Plusieurs, ne jugeant que d'après l'homme et les mammifères , où les germes sont imperceptibles avant la fécondation, pensent que le germe se forme de toutes pièces du mélange de la liqueur mâle avec celle qu'ils admettent dans la femelle; ou que les germes préexistent dans la liqueur mâle, et que la femelle ne fait que leur donner l'hospitalité. GENERATION EN GENERAL. 5 D'antres consultent l'analogie des autres classes d'a- nimaux, ainsi que des plantes. Dans plusieurs de ces classes, notamment dans les grenouilles, le germe est clairement visible dans l'œuf de la femelle avant toute fécondation fi); dans toutes les autres, on peut conclure sa préexistence, de la manière dont il est orga- niquement uni à l'œuf, quand il commence à y devenir visible; et l'œuf existe, comme tout le monde en con- vient, dans la femelle avant toute fécondatiou, puis- que les poules vierges en pondent : aussi ces physiolo- gistes concluent de cette analogie que ce germe existe d'avance dans toutes les femelles, et que la liqueur fécondante n'est qu'un irritant qui lui donne une vie propre, en le réveillant, en quelque sorte, de l'espèce de léthargie dans laquelle il serait toujours resté sans elle. Quant à l'origine même du germe, et à la manière dont il se place dans la femelle qui le porte; s'il s'en forme journellement de toutes pièces, et par Faction de la vie ; s'ils sont tous préexistants , emboîtés les uns dans les autres, ou bien s'ils sont disséminés, et ont besoin d'être conduits par les circonstances dans le lieu convenable à leur développement, ce sont des questions entièrement insolubles pour nous, dans l'état actuel de nos connaissances; et, quoiqu'elles aient longtemps agité les physiologistes , il semble que l'on soit aujourd'hui convenu d'en abandonner la discus sion. (i) C'est une erreur de Spallanzani, qui avait confondu l'ovule avec !e germe. Celui-ci n'existe dans aucun animal vertébré, etc., sans féconda tion préalable. D. (i \XXII« LEÇON. INTRODUCTION. ïl y a de grandes variétés dans la combinaison des sexes et le mode de fécondation. Dans certaines familles, les deux sortes d'organes sexuels sont réunis dans le même individu, et peuvent se féconder : tels sont les plantes hermaphrodites et monoïques, certains mollusques acéphales, [parmi les échinodermes, les holothuries.] Dans d'autres, chaque individu a les deux sexes, mais il a besoin d'un individu pareil quil féconde, et dont il soit fécondé ; tels sont [plusieurs] mollusques gastéropodes et plusieurs vers [annélides]. Dans d'autres, il y a des individus distincts, mâles et femelles : tels sont les plantes dioïques, tous les ani- maux vertébrés, les mollusques céphalopodes, la plu- part des gastéropodes , plusieurs acéphales bivalves, une partie des vers annélides ou intestinaux (les cavi- taires), les crustacés, les insectes; c'est-à-dire, de beaucoup la plus grande partie des animaux. Quant à la fécondation même, elle s'opère, dans les plantes, par une liqueur (fovilla) contenue dans de pe- tites capsules fines comme de la poussière, le pollen, qui se portent sur les organes femelles, et y éclatent pour y répandre leur liqueur [dans laquelle nagent une infinité de granules. ] Dans les animaux , la liqueur est toujours lancée à nu sur ou autour des germes. Il y en a beau- coup où elle ne se répand que sur des œufs déjà pon- dus : tels sont les poissons osseux et ovipares, les mol- lusques céphalopodes : les mâles et les femelles ne paraissent pas même se connaître dans la plupart des circonstances. Quelquefois, comme dans les grenouilles, il faut des GÉNÉRATION EN GÉNÉRAL. 7 embrassements et des caresses pour déterminer ré- mission des œufs et de la semence; mais la fécondation se fait cependant hors du corps. Enfin, dans le plus grand nombre, le mâle introduit laliqueur dans l'intérieur du corps de la femelle, et va en féconder les œufs avant qu'ils soient pondus. C'est le cas des mammifères, des oiseaux, de la plupart des reptiles, de quelques poissons, des mollusques gasté- ropodes dioïques ou hermaphrodites , des crustacés et des insectes. Cette union des deux sexes est ce qu'on nomme accouplement. Dans toutes ces familles il peut bien y avoir émission dœujs sans accouplement , comme dans celles de l'ordre précédent; mais alors il n'y a point de dévelop- pement ultérieur , et il serait trop tard pour les fécon- der après qu'ils sont pondus. L'effet d'un seul accouplement varie en intensité ; dans la plupart des cas, il ne féconde qu'une seule gé- nération et une seule partie. Quelquefois, comme dans les oiseaux de basse-cour , il féconde plusieurs émis- sions d'œufs,mais pour une seule génération seule- ment. Dans un petit nombre de cas, un seul et même ac- couplement féconde plusieurs générations, qui toutes peuvent ensuite reproduire sans mâle. Dans les puce- rons, on a vu sept à huit générations s'en passer, et dans quelques monades, jusqu'à douze ou quinze. Le germe, une fois détaché de l'ovaire , peut avoir des moyens d'existence plus ou moins complets. Dans le plus grand nombre des animaux, il porte avec lui une masse organisée, à laquelle il tient [par des membranes en premier lieu, ensuite] par dés g XXXII* LEÇON. INTRODUCTION. vaisseaux , et dont l'absorption doit suffire pour le nourrir et le développer jusqu'au moment où il peut paraître au jour : il n'a donc besoin de rien pomper dans le corps de sa mère, et il en est séparé par des enveloppes plus ou moins nombreuses et plus ou moins solides ; l'ensemble du germe, de la masse qui doit le nourrir, et de ses enveloppes, se nomme l'œuf; et les animaux qui produisent ainsi se nomment ovipares. Dans plusieurs d'entre eux, le germe contenu dans l'œuf ne se développe et n'éclôt qu'après que l'œuf est sorti du corps de la mère, ou a été pondu ; soit qu'il le faille encore féconder , comme dans beaucoup de poissons, ou qu'il faille simplement y appliquer une chaleur étrangère, le couver, comme dans les oiseaux; ou au'enfin la chaleur naturelle du climat suffise, comme dans les reptiles, les insectes etc. : ce sont les animaux ovipares proprement dits. Dans quelques uns, l'oeuf, après avoir été fécondé, et s être détaché de l'ovaire, reste dans le corps de la mère jusqu'à ce que le petit se soit développé et éclos : c'est ce qu'on nomme animaux faussement vivipares ou ovovivipares : tels sont les vipères, plusieurs pois- sons, etc. Les vrais vivipares sont seulement les mammi- fères (i); leur germe n'est pourvu d'aucune provision alimentaire; il faut qu'il pompe tout son accroissement (i) llémissole lisse de J. Muller, parmi les poissons, dont l'œuf est pourvu d'un placenta vasculaire, qui s'attache aux parois de la matrice et ne diffère de celui des mammifères qu'en ce qu'il est vitellin, au lieu d'être allantoïdien, est aussi vivipare, sous ce rapport, qu'un mammifère monodelphe , et plus qu'un mammifère didelphe ou monotrème, dont l'œuf ne contracte aucune adhérence avec l'utérus. D. GÉNÉRATION EN GENERAL. 9 dans les sucs de sa mère; pour cet effet, il s'attache à la face interne de la matrice, et quelquefois, par acci- dent, à quelque autre parLie par une sorte de racine, par une ramification infinie de vaisseaux nommée placenta. 11 n'en est donc point entièrement séparé par ses enve- loppes, et il ne vient au jour que tout vivant et lors- qu'il peut jouir dune existence organiquement indé- pendante. Il n'y a donc point d'oeuf dans le sens où nous avons pris ce mot tout-à-1'heure; [ mais il y en a un dans un sens plus large, ainsi que M. Guvier lui- même s'est efforcé de le prouver, après M. Dutrochet, en démontrant l'analogie de composition de l'œuf des mammifères avec celui des oiseaux. ] La génération se compose donc de quatre fonctions partielles, subordonnées en importance et en géné- ralité : La production du germe, qui a toujours lieu; La fécondation, qui n'a lieu que dans les générations sexuelles; L'accouplement, qui n'a guère lieu que dans les générations sexuelles où la fécondation se fait dans le corps; Enfin , la grossesse ou gestation, qui n'a lieu que dans la génération vivipare. Les organes se divisent naturellement d'après celles de ces fonctions partielles auxquelles ils sont affectés. La simple production de germe ou génération gemmipare, pouvant se faire à tous les points du corps, n'a point d'organe qui lui soit propre. La génération sexuelle exige un organe particulier pour la production des germes [des ovules], et un au- tre pour celle de la liqueur fécondante. 10 XXXII» LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. L'accouplement suppose des moyens d'union. Enfin, la gestation a besoin d'un réceptacle con- venable au séjour des fœtus. Il y a donc des organes producteurs et conservateurs, des organes d'accouplement et des organes éducateurs. Les deux premières classes se divisent en organes mâles et femelles ; la troisième n'appartient qu'aux femelles (1). DEUXIÈME PARTIE. DES ORGANES PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS INTÉRIEURS CHEZ LES FEMELLES DES ANIMAUX VERTÉRRÉS. Les organes préparateurs sont de deux sortes, suivant qu'ils appartiennent aux mâles ou aux femelles. Les premiers préparent la semence, ou quelque autre humeur avec laquelle celle-ci doit être mélangée , ou la tiennent en réserve. Les seconds servent au déve- (i) Nous verrons que, parmi les poissons de l'ordre des lophobranches, les syngnathes mâles sont chargés de la gestation des œufs, suivant les observations de MM. Eckstrœm, Retzius et Siebolcl. Les généralités que l'on vient de lire sont tout entières de la rédac- tion de M. Cuvier. Je n'ai pas cru devoir y rien changer , sauf quelques désignations devenues trop générales , par suite des découvertes de la science, et les restrictions que j'ai dû exprimer dans les notes que j'ai ajoutées. Mais , comme un intervalle de près de quarante années sépare notre première publication de la seconde, nous croyons devoir ajouter à cette esquisse générale des fonctions de la génération des animaux, telle que la science les concevait en i8o5, un résumé sur ces fonctions et leurs or- ganes, tel que la science de 1 844 Peut Ie présenter. On le trouvera à la suite de notre trente-huitième leçon, D-, QBGANES PRÉPABATEURS , ETC. 11 loppement et à la conservation des germes, [ ou du moins des ovules. Les uns et les autres peuvent être considérés comme des organes de sécrétion des deux éléments qui doi- vent entrer dans la composition de l'embryon, et contribuer à son apparition. Ceux qui appartiennent au sexe mâle sont les glandes du sperme, de ce liquide fécondateur, dont Faction sur les ovules, dans la génération sexuelle, est indispensable pour que l'embryon s'y développe. Les autres sont les organes préparateurs de ces ovules, leurs organes de sécrétion; ce sont les glandes ovigenes. Les organes éducateurs des femelles des animaux vertébrés sont les voies intérieures par lesquelles les produits de ces glandes, les ovules ou les œufs, sont portés au-dehors; de là le nom d'éducateurs qui leur a été donné. Nous aurons encore à décrire , comme organes éducateurs extérieurs, dans notre xxxvni6 leçon, les poches dans lesquelles les œufs de certains poissons ou de certains reptiles sont placés après la ponte pour le développement du fœtus, ou les poches de certains mammifères marsupiaux, et les mamelles de toute la classe Nous étendrons même cette revue comparative clés organes extérieurs auxquels les œufs restent atta- chés pendant le développement du fœtus, à tout le règne animal.] 12 XXXII* LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÈBRES. ARTICLE Ier. DES OVAIRES ET DES OVULES DANS LES MAMMIFÈRES. L'existence des organes préparateurs femelles est aussi générale que celle des organes préparateurs mâles. Ce sont deux corps de même forme , grandeur et struc- turent conséquemment symétriques, auxquels les phy- siologistes modernes ont donné le nom à? ovaires , afin d'exprimer avec plus de justesse que leurs prédéces- seurs, qui les appelaient testicules ( testes), la fonction à laquelle ils sont destinés. En effet, si leur structure, considérée simplement dans Y homme ou dans la plu- part des mammifères, pouvait laisser quelques doutes sur leur fonction [avant les derniers progrès de la science ] , il n'est plus possible de la méconnaître dans les autres classes , tant cette structure s'y mon- tre évidente. Dans toutes celles qui suivent la classe des mammifères, l'ovaire ou les ovaires servent évi- demment à l'accroissement et à la conservation des germes, ou du moins des ovules qui doivent les contenir, et qui s'y trouvent déjà tout formés avant les appro- ches du mâle. L'analogie porte à croire que la même chose a lieu dans les mammifères, et c'est ici peut-être un des plus beaux résultats de lanatomie et de la phy- siologie comparées. [Les progrès de lanatomie ont même changé la con- clusion de cette ressemblance, par analogie, en certi- tude. Nous verrons tout-à- l'heure que l'ovaire des mammifères est, comme celui des autres classes du règne animal, l'organe préparateur ou sécréteur des ovules , et dans lequel ils se développent pour l'époque de leur fécondation. ART. I. OVAIRES DES MAMMIFÈRES. 13 Nous aurons donc à examiner dans cet article, i* les organes préparateurs des ovules , ou les ovaires ; 2° leur produit, ou les ovules aux différentes époques de leur développement jusqua leur maturité-] I. Des ovaires. A. Dans V espèce humaine. Les ovaires sont placés de chaque côté , et à quel- que distance de la matrice , dans l'aileron postérieur de son ligament large. Ce prolongement du péritoine les recouvre dans toute leur étendue , excepté du côté inférieur, où ses lames s'écartent pour laisser aux vaisseaux qui s'y rendent ou qui en viennent , un passage libre. Ils tiennent encore à ce viscère par un cordon cylindrique épais, et de nature fibreuse, qui part de chaque côté de la matrice, en suivant le même bord du ligament large dans lequel il est contenu, et se joint à l'extrémité interne de chaque ovaire. Ils ont une seconde enveloppe qui leur est propre, et peut être comparée à Falbuginée des testicules, quoiqu'elle paraisse plus déliée. Leur volume est tou- jours beaucoup plus petit que celui de ces derniers, et varie avec l'âge. Il est petit dans les enfants; il grossit beaucoup à l'âge de puberté, et diminue de nouveau chez les personnes âgées. Leur forme est celle d'un ovale, ou plutôt d'un demi-ovale, dont le bord droit regarde en bas, et dont la partie convexe est supérieure. Ils ont la surface fréquemment inégale, ce qui est dû. à des espèces de cicatrices qui sont plus ou moins nombreuses, suivant les individus, et à des corps ronds que nous décrirons tout-à-1'heure , et qui la rendent bosselée. Les premières ne se trouvent que 14 XXXII» LEÇON. GÉNÉRATION DE VERTÉBRÉS. chez les femmes adultes. On en a conclu qu'elles étaient les traces du passage des germes, sortis hors de l'ovaire dans le moment de la conception. Nous som- mes portés à le croire, quoiqu'on objecte à cette opi- nion que ces cicatrices se trouvent également chez les femmes qui n'ont pas conçu. Nous (1) en avons vu plusieurs , à la vérité , sur les ovaires d'une personne de vingt-sept ans, dans laquelle la membrane de l'hy- men subsistait encore dans toute son intégrité ; mais ne peut-on pas répondre, que chez les femmes, les plai- sirs solitaires peuvent produire quelquefois le même effet que le coït, la sortie des germes hors de lova ire? La même cause détermine chez l'homme l'expulsion de la semence. Bien entendu que, dans ce cas, ces germes se perdent pour n avoir pas été fécondés (2). Pour que l'objection fût valable, il faudrait donc citer des observations analogues chez les animaux. Nous n'en connaissons aucune ; toutes les fois , au contraire , que nous avons eu l'occasion de disséquer des femelles vierges de mammifères, leurs ovaires ne nous ont fait voir aucune cicatrice. L'intérieur des ovaires renferme des vésicules dont le nombre, la disposition et la grandeur varient beau- coup. Quelques anatomistes prétendent en avoir compté jusqu'à cinquante. Haîler n'en a jamais vu plus de quinze à la fois. Elles ne sont pas toutes de même (1) M. Duvernoy. — (2) Voilà, j'espère, d'une manière bien explicite, la ponte sans fécondation , dans l'espèce humaine, que j'avais admise et re- connue dans ma rédaction, et admise positivement, dès i8o5, dans un cas particulier. 11 n'y avait qu'un pas à faire pour l'adopter généralement, à l'époque de la maturité des ovules. D. ART. I. OVAIRES DES MAMMIFÈRES. 15 grandeur; les plus grosses- sont ordinairement placées plus près de la surface , quelles rendent quelquefois très inégale. Ces vésicules contiennent une humeur blanchâtre, rarement jaunâtre , qui se coagule facile- ment par la chaleur, l'alcool et les acides. On les aper- çoit déjà dans les enfants de quelques années. Rare- ment les trouve-t-on vides. Elles se changent fréquem- ment, chez les vieilles personnes, en tubercules durs et comme squirrheux. Outre ces vésicules, dans les- quelles les germes sont probablement renfermés y les ovaires ne paraissent formés que d'une substance spon- gieuse , fibro-celluleuse , sorte de 'gangue des vésicu- les , et d'un grand nombre de vaisseaux sanguins et des nerfs. qui leur donnent îa vie. Leurs artères et leurs veines sont parfaitement ana- logues aux veines et aux artères des testicules chez l'homme. Gomme dans ce dernier, les veines sperma- tiques forment, au sortir de l'ovaire, un plexus très compliqué; mais les artères, qui ont beaucoup moins de chemin à parcourir pour y arriver, sont assez flexueuses dans leur marche. [ La gangue (le stroma des anatomistes allemands), dans laquelle les vésicules de Graaff sont enfouies et se développent, est un tissu fibro-celluleux jaunâtre, composé de fibres arrangées par couches. Les vésicules y sont contenues dans des cavités de même forme et volume qu'elles. Les minuscules des vaisseaux san- guins de l'ovaire pénètrent ce tissu, circonscrivent les dernières cavités et se distribuent sur les parois des vésicules. L'ancien texte qui précède , et que j'avais rédigé d'après ma propre manière de voir, adoptée d'ailleurs 16 XXXIIe LEÇON. GÉNEBATIOI* DES VEBTEBBBS. par M. Guvier (1), était bien rapproché des doctrines actuelles de la science. Il exposait clairement la ponte ou la sortie des germes ou des ovules, indépendam- ment de toute fécondation, mais seulement dans un cas déterminé , et conduisait directement et prochai- nement à l'idée de la ponte des ovules, par la rupture spontanée de ces plus grosses vésicules, parvenues à la surface de l'ovaire à l'instant de leur plus grande ma- turité. Il montrait les recherches à faire pour décou- vrir, dans les vésicules de Graaff, remplies d'un li- quide albumineux, ces germes ou ces ovules qui y sont positivement indiqués. Il est démontré, en ce moment, que les vési- cules de Graaff, que nous avions dit renfermer les germes ou les ovules, sont, pour les mammifères, ce aue l'ovule des oiseaux est dans son calice de lo- vaire : seulement , au lieu d'avoir leurs parois appliquées de toutes parts immédiatement sur les ovules, qui sont proportionnellement plus grands chez les oiseaux, les parois de ces follicules renferment un liquide albu- mineux dans lequel est plongé un très petit ovule, qui est loin conséquemment de remplir la cavité de la vésicule. B. Dans les autres Mammifères. Les ovaires ont une structure parfaitement analogue à ceux de la femme , et ne varient guère que dans leur forme et leur volume, ainsi que dans le nombre et la grandeur des vésicules qu'ils renferment. Leur volume proportionnel ne nous a pas semblé plus considérable que dans l'espèce humaine, même chez les animaux (i) Voir page 7. ÀKT. 1. OVAIRES DES MAMMUlUUiS. 17 les plus féconds. Leur forme est souvent plus arrondie, et leur situation plus rapprochée de la matrice ou du sommet de ses cornes. Le nombre des vésicules a paru généralement beau- coup moins considérable dans les ovaires des animaux disséqués pendant la gestation ; on y remarque à cette époque un ou plusieurs corps jaunes, dont le nombre égale toujours celui des fœtus , et qui occupent la place des vésicules qui se sont vidées pour la conception. Ces corps , qui ne semblent d'abord qu'un épais sis sèment des parois des vésicules, grossissent à mesure que la gestation avance, et prennent quelquefois le volume du ne cerise. [Cette dernière assertion , pour être exacte, doit être complétée ou développée. Pour la. sortie des ovules, et après leur expulsion , la vésicule de Graaff éprouve une sur-excitation inflammatoire qui injecte extraordi- nairement ses vaisseaux , la remplit d'un liquide san- guinolent, lui donne une couleur de sang, augmente son volume et l'épaisseur de ses parois. Ces change- ments coïncident avec les premiers temps de la ges- tation ; mais après être parvenue au plus haut degré de cette sur-excitation, la vésicule de Graaff perd peu à peu sa couleur, devient successivement orangée,, jaune clair, en même temps que son volume diminue et finit par ne plus être qu'une légère bosselure, avec une cicatrice (1). (i) M. Pouchet, professeur à Rouen, a mis en évidence tous les détails de ces changements dans de très belles ligures coloriées, faites par lui d'après nature, et qui font partie d'un mémoire qu'il a adressé à l'A- cadémie des sciences au mois d'avril 1 844- ^ous avons été à même d'en apprécier tout le mérite. D. 8. < 2 18 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. Nous avons démontré plusieurs fois dans nos cours au Collège de France, sur des ovaires de chatte et de lapine, cet état de sur-excitation des ovaires , à l'époque du rut, et la congestion de leurs vaisseaux sanguins, particulièrement autour des plus grosses vésicules de Graaff . ] Dans plusieurs mammifères nous avons trouvé que les vésicules formaient la très grande partie de l'ovaire. Ce dernier avait , dans la civette , sa surface toute bos- selée, et ne semblait qu'un paquet de petits corps sphé- riques. Celui du hérisson ressemble à une grappe. Cela était encore plus marqué dans le sarigue, dont l'ovaire n'était presque qu'une agglomération des vési- cules de Graaff. [Chez les monotrémes , les ovules de différentes graudeurs , y compris leur capsule , sont encore plus distincts et séparés ; leur ensemble donne à l'ovaire de ces animaux encore une plus grande ressemblance avec celui des oiseaux. Le développement inégal des deux ovaires, dont le droit reste beaucoup moins développé que le gau- che , donne à cette ressemblance un caractère plus singulier ( 1 ) . Les proportions de la substance fibro-celluleuse ( le stroma des physiologistes allemands ) qui entre dans la composition des ovaires , relativement à celle des ovules, varie singulièrement d'un mammifère à l'autre, ,(i) Voir notre mémoire sur les organes de la génération de Yornitho- rhynque et de Xéchidné, imprimé parmi ceux de la Société d'histoire natur. de Strasbourg, t. I, i834« S, ART. I. OVAIRES DES MAMMIFERES. 19 et donne à l'ovaire , à mesure qu'elle diminue, de plus en plus de ressemblance avec celui des oiseaux , en dé- gageant ces corps de la matière qui les enfouit, pour ainsi dire, dans l'ovaire de la femme. C'est cette ressemblance que nous avions indiquée dans le texte qui précède , et qui va en augmentant de la civette au hérisson, et chez les didelphes; qui devient encore plus complète chez les monotrêmes ; c'est encore la présence des corps jaunes, ou des cicatrices chez les filles vierges , qui nous a donné l'idée de la ponte des œufs chez les mammifères , in- dépendamment de toute copulation ; de toute fécon- dation. En parlant, dans notre cours de 1840, leçon du i5 janvier, des oiseaux domestiques qui pondent leurs œufs sans fécondation préalable , le souvenir de ces cicatrices dans les ovaires des filles vierges, et ] analo- gie de composition des ovaires dans les deux classes nous ont déterminé à professer cette doctrine, qui pa- raît devoir être généralement adoptée, et dont plu- sieurs physiologistes revendiquent l'idée première. Elle était en germe , on ne peut le nier, dans notre texte de i8o5 ; la découverte positive des ovules, dans les follicules de Graaff , devait la faire éclore tout na- turellement (1). Les ovaires de beaucoup de mammifères , des carm- (1) Oh la trouve dans une dissertation soutenue à Paris en 18A1 par M. C. Billon , et dans laquelle l'auteur cite MM. Négrier et Gendrin, comme ayant montré que chaque menstruation amène périodi'qaement une vésicule deGraaff àparfaite maturité. M. Pouchet l'a développée dans sa. Théorie positive de la fécondation des mammifères. Paris, 1842, et M. Bischoff l'a démontrée, en 1 843, par l'observation et l'expérience. 20 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VEBTÉBBÉS. yores en particulier, y compris les phoques et ceux des chauves-souris , sont enveloppés dans une poche ou une capsule formée par le ligament du péritoine qui renferme l'oviducte, et qui se déploie autour de l'ovaire. Cette disposition, sur laquelle nous revien- drons en parlant de ce tube conducteur des ovules, met en rapport plus intime son orifice avec les œufs qui se détachent de l'ovaire. Nous avons constaté l'existence de cette capsule dans le chien et le chat. Déjà Albers , en 1806, l'avait indiquée dans le phoque. Plus tard, M. IFeber l'a décrite dans la loutre; Treviranus dans la fouine ; R. Wagner dans X hermine et même dans la chauve-souris (1).] II. Des ovules , produit des glandes ovigènes. [En procédant, co mme nous l'avons fait constamment dans nos comparaisons, de l'espèce humaine et des mammifères, aux oiseaux. ; aux reptiles et aux poissons, nous partions, pour la connaissance des ovules, de l'organisation où ils étaient, à cause de leur extrême petitesse , beaucoup plus difficiles à découvrir et con- séquemment à décrire. Cette connaissance est cepen- dant aussi avancée, en ce moment, que celle des ovules appartenant aux autres classes. Nous aurons à les montrer se développant ? et par- venus à leur dernier degré de maturité, ainsi que leur composition à cette époque , avant l'imprégnation. Les vésicules de Graaff, dont se compose essentielle- ment l'ovaire des mammifères, sont comparables, nous [1) Voir MuHer, Archives de physiol. pour 1826, p. io5; id., IV, p. 7, VIH, p. 366, et Treviranus, Zeltschrift fur PhysioL, t. I, 180, et M. R.Oweri, JProceedings of the commit te e of zool. soc,} 1. 1, 3g. ART. T. OVULES DES MAMMTFÈRES. 21 l'avons déjà dit, aux ovules de différentes grandeurs qui composent la grappe de l'ovaire des oiseaux. L'en- veloppe de ces vésicules, ou la membrane qui con- stitue leurs parois, répond à la capsule qui renferme l'ovule des oiseaux. C'est l'enveloppe nourricière des ovules appartenant à l'ovaire; elle est entourée, à l'ex- térieur, d'un réseau de vaisseaux sanguins; tandis que sa paroi interne est toute veloutée. La capsule de l'ovule, chez les mammifères, ne serre pas de près cet ovule, comme chez les oiseaux ; elle renferme, avec lui, un liquide granuleux, albumineux, dont les grains , réunis par une viscosité, touchent de plus près la sur- face de l'ovule. Les vésicules deGraaff , ou les ovules avec leur cap- sule, paraissent de très bonne heure dans l'ovaire des mammifères. Nous avions dit, dans notre ancien texte, qu'elles sont évidentes chez les enfants de quelques an- nées. La découverte des ovules chez les adultes a con- duit à lès rechercher chez les jeunes animaux, ou même dans l'espèce humaine. On les a trouvés existants chez une jeune fille de quatre ans; chez une autre qui n'avait que dix-huit mois, et même chez un enfant mort quatre jours après la naissance ; enfin chez un fœtus de vache à terme (1). 11 était naturel d'en conclure que les ovules se pré- parent dans l'ovaire , et se forment déjà avant la nais- sance , chez les individus femelles. Nous verrons bientôt que , chez les fœtus de pois- sons, l'ovaire , à peine formé, montre des granulations qui ne peuvent être que des ovules*. (i) M. Carus, Annales n'es sciences naturelles, 2e série, fc VII, p. 397, 1837. ±1 XXXIIe LEÇON. GENERATION DES VERTÉBRÉS. Leur développement semble coïncider avec celui de 1 organe dans lequel ils apparaissent et qui les produit. L'ovule mûr des mammifères se compose, avant l'imprégnation, comme celui des oiseaux , d'une sphère germinative, dans laquelle on remarque un point obscur ou opaque, la tache germinative, tandis que le reste de son contenu est un liquide limpide et transparent , probablement albumineux. L'enveloppe membraneuse de cette sphère intérieure est également transparente. Cette première sphère , en procédant de l'intérieur à l'extérieur, est enveloppée dans une autre plus grande, renfermant un liquide granuleux : c'est la sphère vitel- line ou nutritive. Cette sphère a de même son enve- loppe, sa membrane vitelline. Celle-ci est épaisse, hyaline ,. chez les mammifères, et se présente autour de l'ovule, observé au microscope, sous l'aspect d'une zone transparente : de là le nom de zona pellucida , que lui a donné M. de Baër. L'ovule mûr est adhérent à la partie libre dé la vési- cule de Graaff; on peut l'apercevoir à travers la mem- brane péritonéale de l'ovaire et la paroi propre de cette vésicule. Celle-ci est tapissée, pour ainsi dire, d'une membrane granuleuse, dont les granules , ou plutôt les cellules , plus nombreuses, plus serrées autour du point de con- tact de l'ovule , forment le disais prodigerus de M. de Baër. L'ovule sorti récemment de son calice serait tou- jours avec ce disque ou cette portion de la membrane granuleuse qui lui est adhérente (i). (i) Traité du développement de l'homme et des mammifères, p. 7 et suiv., pur F.-L.-G. Rischoff. Paris, 1843 ; et Mémoire sur la maturation ART. I. OVULES DES MAMMIFÈRES. 23 L'ovule des mammifères, ayant très peu de substance vitelline , se distingue par son extrême petitesse. Il atteint à peine un cinquième de millimètre dans l'espèce humaine , et n'est souvent que d'un huitième ou d'un dixième de millimètre. Dans la brebis et la chienne dépouillées du disque proligère, il n'est que de 1/6 au plus; dans la truie s que de 1/8 de millimètre. La connaissance de l'ovule et de la signification exacte des vésicules de Graaff est une découverte de nos jours, quoique, le célèbre physiologiste hollandais ait mis sur la voie depuis le XVIIe siècle. 11 démontra, à cette époque, la conformité de l'o- vaire des mammifères avec celui des oiseaux ; mais il confondit la capsule de l'ovule avec l'ovule lui-même. Avant lui, Y ovaire étaitcomparé au testicule; dénomi- nation erronée, que Buffon avait adoptée de nouveau, en faisant ainsi reculer la nomenclature. Malpigki prévoit l'existence de l'ovule; il dit qu'il apparaît dans le corps jaune et qu'il passe ensuite dans la trompe; il affirme même l'avoir vu une fois. Haller ne parvient à découvrir qu'une gelée dans la trompe. Haigton , dans un mémoire contenant le récit d'ex- périences sur la fécondation des animaux, publié en 1 797 dans les Transactions philosophiques ,a singu- lièrement approché du but. Il a vu chez une lapine , 48 heures après le coït, qu'une matière demi-transpa- rente^ ayant la consistance de la colle, était prête à et la chute périodique de l'œuf de l'homme et des mammifères , etc. , par le même; Annales des sciences naturelles, 3e série, août et septembre i844« "24 XXXIT* LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTEBRES. sortir des vésicules. Cette matière était certainement un ovule. Soixante heures après le coït, le germe, dit Haigton, était sorti des vésicules : on pouvait intro- duire une soie de cochon par l'ouverture. Dans le précédent article, on a pu se convaincre combien notre description des ovaires et des vésicules de Graaff se rapprochait de l'état actuel de la science. Il fallait cependant montrer ce germe ou cet ovule, que Malpighi disait avoir vu une fois ; que son disciple Valisnïeri n'avait pu trouver ; qir Haigton avait pris pour une gelée demi-transparente. Ce sont certaine- ment MM. Prévost et Dumas qui l'ont aperçu et décrit les premiers, avec son disque proligère (1), sans ce- pendant le reconnaître positivement , mais seule- ment avec doute. C'était en 1824 que ces jeunes sa- vants publiaient cet aperçu si intéressant. En 1827,. M. de Baër observait les ovules hors de la vésicule de Graaff, et leur marche le long des trompes jusque dans la matrice. Il reconnaissait et nommait la zone transpa- ren te , le disque proligère. Il s'agissait enfin , pour compléter la découverte de MM. Prévost et Dumas , et de Baër, de bien déterminer la composition de l'ovule des mammifères et de mon- trer que cette composition était analogue à celle de l'ovule des oiseaux, dans lequel Purkinje avait décou- vert la vésicule germinative et R. Wagner la tache germinative. C'est à M. Coste que la science doit d'avoir reconnu (1) « A la partie supérieure Je l'ovule , on remarque une espèce d'écus- » son cotonneux, plus épais, et marqué d'un grand nombre de petits » mamelons. » Annales des scieiices naturelles , t. III, p. is>5. ART. II. ORGANES ÉDUCATEURS INTÉRIEURS. 25 de même dans l'œuf des mammifères, plus particuliè- rement dans 1 ovule de la brebis et du lapin, la vésicule germinative contenue dans le vitellus. M. Bernhardt, élève de M. Purkinje, publiait, peu de temps après l'annonce de la découverte de M. Goste , beaucoup d'observations sur cet ovule, dans un grand nombre de mammifères, et donnait les mesures de ses différentes parties (1).] ARTICLE II. DES ORGANES ÉDUCATEURS INTERIEURS CHEZ LES MAMMIFÈRES, OU DU CANAL EXCRÉTEUR DES GLANDES OVIGÈNES, C'EST-A-DIRE DE LA VOIE PAR LAQUELLE LES OVULES SONT PORTES DANS L'ORGANE D'INCUBATION, ET DESCRIPTION DE CET ORGANE. [Les organes éducateurs dirigent vers l'ovule la se- mence du.mâle, lorsque la fécondation est intérieure ; ] ils reçoivent le germe ou l'œuf qui s'est détacbé de l'ovaire, le conservent plus ou moins longtemps, servent d'une manière directe ou indirecte à sa crois- sance, et le transmettent au dehors; ou bien enfin ils fournissent une nourriture au petit sorti du sein de sa mère, et servent même à le loger. Ils sont donc inté- rieurs ou extérieurs. En général , les organes éducateurs intérieurs peu- vent aussi être distingués en deux sortes : les uns sont de simples canaux à travers lesquels le germe ou l'œuf doit passer, soit pour être transmis au dehors (l'œuf), soit pour arriver dans les organes de la seconde sorte. Ceux-ci sont des espèces de poches plus ou moins di- (i) Syinfaolre ad ovi inammalium historiam ante praegnationem scripsit Dr. A, Bernhardt. Vrutislaviœ, 1 834. Voir encore, suri'ovule des mammi- fères, un mémoire de M. Kranse (Archives de J. Millier pour i., les changements qu'éprouve l'utérus sont d'autant plus semblables à ceux qui vien- nent d être indiqués qu'il ressemble davantage et pour sa forme et pour sa structure à celui de la femme. Celui des Singes , par exemple, et des Edentês ne doit pas plus en différer dans letat de grossesse que dans celui de vacuité. Dans les matrices à cornes, les changements de forme diffèrent suivant qu'il y a plusieurs petits dans chaque corne, ou qu'il n'y en a qu'un dans une corne, au que l'unique fœtus est contenu à la fois, comme dans la vache, dans une des cornes et dans le col : elles ont, dans le premier cas, des dilatations et des étrangle- ments alternatifs. Quant à la structure, au lieu de de- venir encore plus évidemment musculeuse , les fais- ceaux des fibres musculaires s'amincissent tellement qu'ils deviennent au contraire moins distincts. C'est dans les Didelphes que la matrice pleine diffère le moins de son premier état, ce qui tient an peu de développement qu'y prennent les petits : aussi cet or- gane a-t il des parois beaucoup plus minces que dans tous les autres mammifères. M. Home assure que les orifices des deux eanaux, en forme d'anse, [qui donnent dans la vulve] se ferment après la conception, et qu'il ^0 XXXII'' LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. se formerait une ouverture au sommet du cul-de-sac de la cavité moyenne qui s'avance entre les deux orifices postérieurs des canaux en forme d'anse. Cette ouverture grandirait à mesure que la gestation avance, et ce serait par cette voie que les petits passent dans le vagin à l'instant de l'accouchement, d'où ils sont transmis au dehors dans la poche extérieure. [En introduisant un stylet dans cette partie qui n'est plus qu'un canal étroit, chez le Kanguroos-Téthys , je n'ai trouvé qu'une membrane très mince qui le séparait de la cavité correspondante du vagin, un peu au-des- sous de l'orifice de l'urètre. L'assertion d'Evr. Home a été cependant contredite par l'observation de M. Kengger, qui a trouvé un fœtus développé sorti de ses enveloppes, dans l'anse vaginale gauche d'une femelle de Didelphis azarœ, qui avait deux fœtus ex- trêmement petits dans sa poche extérieure, et deux embryons moins avancés dans la partie dilatée du con- duit vaginal , avec leur cordon ombilical.] Doit-on décrire comme une matrice double les deux tubes longs, cylindriques, à parois minces et mem- braneuses, seuls organes éducateurs propres aux fe- melles de V ornilhorhynque et de Xéchidné? Chacun de ces tubes a un orifice séparé dans le canal de l'urètre, immédiatement au-dessous du col de la vessie urinaire, et dans un cul-de-sac. Le canal de l'urètre est sem- blable d'ailleurs à celui du mâle, et s'ouvre directe- ment dans le cloaque. Il faudra des observations ulté- rieures pour décider si ces deux tubes doivent être regardés comme de simples oviductes, ce qui est pro- bable, ou si ce sont des matrices.' Nul doute que les oviductes , qui viennent s'ouvrir, chez ces Monotrêmes , comme les déférents , dans ART. III. OVAIRES DES OISEAUX. 41 Foripine du canal de l'urètre pelvien, ne soient les ma- trices bien distinctes de ces animaux. Ces tubes incu- bateurs offrent la circonstance tout-à-fait exception- nelle chez les mammifères, de ne point aboutir à un canal génital particulier ou à un vagin. La place précise où commence cette seconde partie de l'oviducte , et où se termine la première , est aussi beaucoup moins facile à distinguer que chez les autres mammifères. L'oviducte propre semble se modifier insensible- ment en oviducte incubateur, il faut se rappeler que, chez ces auimaux, l'œuf ne contracte pas d'adhérence placentaire avec les parois de l'oviducte incubateur.] ARTICLE III. DES ORGANES PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS CHEZ LES FEMELLES DES OISEAUX. I. De l'ovaire ou de la glande ovigene. Il n'y a qu'un ovaire [développé] , situé sous la co- lonne vertébrale, contre la partie la plus avancée des reins, et fixé dans cette position par un prolongement du péritoine. C'est un paquet ou une grappe d'oeufs de différentes grandeurs, dont les plus petits sont blancs, et les plus grands de couleur jaune. C'est que, dans ceux-ci, la substance de cette couleur, que tout le monde connaît, et qui doit servir à la nutrition du pou- let, a pris un accroissement considérable en densité et en volume. Ces œufs reçoivent des vaisseaux sanguins, analo- gues à ceux qui vont aux ovaires des mammifères, et 42 XXX II* LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. ce sont ces vaisseaux qui forment leur principale union. [ L'asymétrie est le caractère de cette glande dans la classe des oiseaux. Généralement ils n'ont qu'un ovaire , celui du côté gauche ; à peine en voit-on, dans quelques cas, un faible rudiment du côté opposé. Pour retrouver des traces de l'existence symétrique des ovaires, il faut remonter aux premiers temps du développement de ces ani- maux. Les oiseaux de proie , chez lesquels très peu d'oeufs se développent pour la même couvée, peuvent avoir, par exception, deux oviductes de même grosseur ou de grosseur inégale. Remarquons même que l'existence de deux ovaires et leur développement symétrique ou asymétrique peu- vent varier dans les individus d'une même espèce. Les perroquets et les pics , outre quelques oiseaux de proie , ont offert des exemples de cette singulière variété. Cer- tains exemplaires n'ont pas d'ovaire droit; tandis qu'il est rudimentaire chez d'autres, et que quelques indi- vidus l'ont à peu près symétrique de l'ovaire gauche. Il peut manquer absolument chez la buse , ou n'être que rudimentaire ( 1 ) , ou prendre un développement presque égal à l'ovaire gauche. Outre le repli du péritoine qui sert à la fois d'enve- loppe et de ligament à l'ovaire, et remplit la fonction de conducteur des vaisseaux artériels et des nerfs qui s'y rendent , ou des veines lymphatiques et sanguines qui en dérivent , cet organe se compose d'une mem- (i)MM. Carus et Otto, Tabuloe anatomioae, pi. VII, fig. ï,et R. Wag- ner, Méin. pour servir a l'anat. des oiseaux. Mùller, Archiv,, 1837, p. lxiii. ART. III. OVAIRES DES OISEAUX. 43 brane propre et d'une substance fibro-celluleuse clans laquelle se développent les ovules , et que nous appe- lons proligère, à cause de cette circonstance. Avant le développement de ceux-ci , l'ovaire ne paraît que comme une lamelle membraneuse située en travers au-devant de l'extrémité antérieure du rein gauche , tout près du rein succenturié. Ce pli membraneux transversal renferme dans son épaisseur un tissu cellu- leux très serré, qui deviendra la gangue des ovules. Chaque ovule , en se développant, produit un relief plus ou moins prononcé à la surface de cette lame ova- rienne. Il se loge ainsi dans une double poche formée parle péritoine et parla membrane propre de l'ovaire. Cette poche se sépare de plus en plus du reste de l'o- vaire, et finit par n'y plus tenir que par un pédicule. Lorsque l'ovule est encore très petit , le tissu cellu- leux serré qui lui sert , pour ainsi dire , de gangue, est proportionnément plus abondant. Il diminue à me- sure que l'ovule, en augmentant de volume, s'enveloppe plus immédiatement de la membrane propre de l'ovaire qui devient sa capsule. Ainsi chaque ovule , chez les Oiseaux , naît et se développe dans une poche mem- braneuse particulière, faisant partie de l'ovaire ; cette poche peut en être considérée comme l'organe de sé- crétion, au moins comme son organe de nutrition. On pourrait la comparer au cul-de-sac qui constitue en dernière analyse tout organe de sécrétion \ elle s'en distingue cependant ici , par le défaut de continuité entre sa cavité et celle du canal excréteur, entre l'ovaire et l'oviducte. Elle s'en distingue encore parce qu'elle ne sert qu'au développement d'un seul ovule ; qu'elle croît et se dé- 44 XXXÏI* LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. veloppe avec lui, et qu'elle se rompt dans une bande blanche équatoriale, qui se dessine par cette couleur, provenant de l'absence du réseau vasculaire si remar- quable dans le reste de la surface de cette capsule. Elle se déchire clans cette bande équatoriale blanche pour laisser passer dans l'oviducte l'ovule parvenu à son degré de maturité. Ses deux moitiés ainsi déchirées sont probablement absorbées par le reste de l'or- gane en activité.] II. Des ovules , produits de la glande ovigène. [Les ovules des oiseaux se composent, comme ceux des autres classes , d'une sphère vitelline ou nutritive et d'une sphère intérieure germinative. Ces deux sphères varient beaucoup dans leur volume proportionnel, selon le degré de développement des ovules. Le volume de la sphère vitelline est d'autant plus grand que l'ovule est plus près de sa maturité; ce- lui de la sphère germinative est au contraire relative- ment moins considérable à cette dernière époque. Dans des ovules à peine visibles à l'œil nu, la sphère germinative est presque au centre de la sphère vitel- line , et remplit les deux tiers de sa cavité ; un peu plus tard, elle n'a que le tiers du diamètre de la sphère vi- telline, et se rapproche beaucoup de la circonférence, qu'elle touche dans l'œuf mûr et prêt à être fécondé. Cette sphère germinative, toujours transparente et remplie d'une humeur limpide, montre dans un point de sa circonférence une tache opaque , formée dîme très petite sphère, devant composer, selon toute pro- babilité, les premiers éléments du germe fournis par la femelle. AKT. ili. OVULES DES OISEAUX. 45 La sphère vitelline est enveloppée d'une membrane portant le même nom. Cette membrane, selon nous est composée d'une double lame dont l'interne se re- plie autour de la sphère germinative, de manière à former un cul-de-sac pour la contenir et un pédi- cule d'autant plus long, à proportion, que le dévelop- pement est moins avancé, puisqu'alors il part delà périphérie delà sphère vitelline pour joindre la sphère germinative, qui est précisément un centre de la pre- mière. Ce pédicule se raccourcit à mesure que la sphère vitelline augmente de volume , et entraîne vers la pé- riphérie de celle-ci la sphère germinative, jusqu'à ce qu'elle arrive à cette périphérie pour la fécondation. La substance vitelline varie beaucoup dans sa com- position aux différentes époques du développement de l'ovule. Liquide, blanche et transparente dans le principe , elle s'épaissit, devient opaque , et se colore peu à peu en jaune. A l'époque de sa maturité, l'analyse microscopique y fait voir des globules composés de granules plus petits. Entre ces globules, on distingue des gouttes d'huile et des restes de ce fluide albumineux qui pré- cède la formation des globules vitellins. Les globules du jaune, à l'état de maturité, n'étaient, dans les premiers temps du développement de l'ovule que des granules opaques, en petit nombre dans les plus petits ovules apparents. Leur nombre et leur complication, ainsi que leur volume, vont en augmen- tant à mesure de l'accroissement de l'ovule. Il y a au centre de la sphère vitelline de l'ovule mûr une cavité qui communique vers la périphérie du côté 46 XXXIIe LEÇON. GENERATION DES VERTEBRES. où se trouve la vésicule genninative, par un large ca- nal. Cette cavité et son canal sont remplis d'un liquide jaunâtre plus clair que le reste du vitellus. Enfin , autour de la vésicule germinative, à la péri- phérie du vitellus, se voit une couche de plus petits globules vitellins, qui forment le disque proligère, dis- tingué sous ce nom par M. de Baer. L'analyse chimique du vitellus, de cette sphère nu- tritive qui se transforme si rapidement dans les orga- nes du poulet, est du plus haut intérêt pour l'appré- ciation des changements de composition chimique qui ont lieu dans cette merveilleuse assimilation. L'albumine, l'huile et l'eau sont les parties essen- tielles du vitellus; incinéré, il donne des cristaux de phosphate calcaire. On y a découvert des traces de soufre et de phosphore, de chaux et d'alumine unies à de l'acide carbonique, et un peu de fer. D'après Proust, le vitellus se composerait de : Albumine 0,17 Huile ou graisse fluide. .... 0,39 Eau 0,59 Acide sulfurique. — phosphorique. Des traces dejs"ure ! libres ^phosphore ) Chlore. Alcali. Nitrate de soude. Chaux et Alumine unies, pour la plus grande partie, à de l'acide carbonique. Un peu de fer.] AKT. III. OMDUCTE DES OISEAUX. 47 IIÏ. De l'oviducte des oiseaux , ou «'/w canal excré- teur de la glande bvigène. [h'oviducte, dans cette classe, est aussi un sperrna- ducte , c'est-à-dire que c'est à la fois la voie par la- quelle l'élément mâle pénètre jusqu'aux ovules pour les féconder, et celle qui reçoit les ovules mûrs ,et détachés de l'ovaire pour compléter leur sphère nutritive , leur donner une sphère protectrice , les transformer ainsi en oeuf complet et pour les transmettre au dehors. C'est donc un canal ouvert à ses deux extrémités, dont l'antérieure ou l'extrémité ovarienne est évasée en entonnoir afin de faciliter l'introduction des ovules, et dont la postérieure a son embouchure dans le vestibule génito-excrémentitiel. L'oviducte est un organe à fonctions compliquées. Son orifice antérieur s'approche de l'ovaire et s'ap- plique à l'ovule mûr pour le recevoir; ses parties se contractent successivement pour faire cheminer cet ovule jusqu'à l'autre extrémité et pour l'expulser dans le cloaque. Pour remplir cette première fonction il doit être excitable et très contractile. L'ovule y reçoit successivement l'albumine et ses membranes qui complètent la composition de la sphère nutritive de l'œuf; puis enfin la coque, qui doit le pro- téger. G est dans les différentes parties de foviducte qu'il rencontre ces matériaux. Ce canal est donc encore un organe de sécrétion. Nous trouverons dans sa forme, dans sa'disposition générale et dans sa structure , toutes les circonstances organiques propres à faire com- prendre ses différentes fonctions. L'oviducte est asymétrique comme l'ovaire; on ne 48 XXXIIe LECGX. GEMMATION DES VERTEBRES. trouve même jamais, que je sache, dans cette classe, deux oviductes développés et fonctionnant , comme nous avons dit qu'il existait quelquefois deux ovaires. Mais il est plus fréquent de rencontrer un oviducte droit rudimentaire qu'un ovaire droit également rudi- mentaire. On cite des exemples d'un rudiment d'oviducte droit dans tous les ordres de cette classe (1). Il forme un petit canal d'un centimètre, plus ou moins, de longueur, qui a son embouchure dans le vestibule génito-excrémentitiel du côté droit, vis-à-vis de celle de l'oviducte développé , en dehors de l'orifice de l'uretère du même côté; l'autre extrémité, terminée en cul-de-sac, flotte dans le bassin. L'oviducte normal ou développé et fonctionnant est toujours le gauche. Ce conduit est d'abord évasé en entonnoir, comme le pavillon des trompes chez les mammifères; mais son bord est entier et nullement frangé. 11 forme ensuite un canal étroit que l'on regarde plus particulièrement comme la partie qui a le plus d'analogie avec la trompe de Fallope. A partir de cette portion plus étroite, ce canal va en se dilatant jusque près du cloaque, où il montre de nouveau un diamètre plus étroit jusqu'à sa terminaison. Plusieurs anatomistes appellent utérus la partie moyenne, dilatée, de l'oviducte ; mais il n'y a pas (i) Voir le Mémoire de M. Barkow sur les vaisseaux sanguins des oiseaux {Archives de Meckel pour 1829) et celui de M. JJ'agner, sur les ovaires et les oviductes doubles, analysé dans le même journal pour i83;, f>. LXIII. ART. ITI. OVIDUCTE DES OISEAUX. 49 de complète analogie de fonction, Pœuf ne subissant pas ici d'incubation. Selon les mêmes anatomistes , la dernière partie de Foviducte serait comparable au vagin (1). Il n'y a pas plus de vagin chez les oiseaux que chez les monotrêmes. Le vagin, ainsi que nous le verrons dans la XXXIVe leçon, est un organe dVxcouple- ment, chez les mammifères, intermédiaire entre l'ovi- ducte incubateur unique ou les oviductes incubateurs multiples, et le vestibule génito-excrémentitiel. La dernière portion de loviducte, chez les oiseaux, n'est que la dernière partie de ces organes de transmission au dehors, du produit de la génération. C'est, il est vrai, aussi la première, après l'organe d'accouplement ou le vestibule génito-excrémentitiel, qui reçoit l'élément mâle du germe , pour le diriger vers l'ovule. Loviducte des oiseaux se termine dans la partie moyenne du cloaque, de son côté, la même dans laquelle se voient, plus en dedans , les orifices des ure- tères. Les parois de loviducte se composent extérieure- ment d'une membrane péritonéale qui se détache de la colonne vertébrale et du bassin , et forme un méso- viducte ou un repli qui le suspend au côté gauche des régions lombaire et sacrée. ^ Vient ensuite , comme pour le canal intestinal , une couche musculeuse composée surtout de faisceaux lon- gitudinaux, que nous avons bien reconnus dans Tau (i) Voir le Mémoire déjà cité de M. Brrkow, Archives de Meckel pour 1825. 8. 4 50 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. truche ; puis une couche cellulaire et enfin la membrane muqueuse. Cette membrane se distingue, entre autres, par les plis longitudinaux, larges, nombreux, parallèles, qu'elle présente dans presque toute son étendue, mais qui augmentent en épaisseur et en largeur dans la partie moyenne. Ils sont interrompus dans un espace circulaire qui se voit dans le dernier tiers de la partie étroite. Ces plis ont pour usage de multiplier la surface de sécrétion de l'oviducte et de fournir à l'extension né- cessaire de la muqueuse, pour le passage de l'œuf com- plet. L'oviducte reçoit des vaisseaux sanguins considé- rables. Les artères mésométriques, ou qui se rendent à l'ovi- ducte par son mésomètre , viennent de l'artère épi- gastrique gauche , de l'artère ischiale et de la honteuse interne (1).] k ARTICLE IV. DES ORGANES PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS CHEZ LES FEMELLES DES REPTILES. I. Des ovaires ou des glandes ovigènes. [Tous les Reptiles ont deux ovaires, situés dans la ca- vité thoraco-abdominale, de chaque côté de la colonne vertébrable. Comme dans les classes précédentes, ils sont encore séparés et bien distincts de leur canal ex- (i) Barkow, Mérn. cité. ART. IV. OVAIRES DES REPTILES. 51 créteur ou de l'oviducte correspondant; ils sont sus- pendus à la paroi supérieure de cette cavité par un re- pli du péritoine, qui se détache de cette paroi, ren- ferme entre ses deux lames leurs vaisseaux sanguins et leurs nerfs, et les enveloppe de toutes parts. Leur position est plus ou moins avancée ou reculée, suivant les ordres : symétrique chez les Reptiles à forme large et courte , tels que les Ché Ioniens et les Batra- ciens anoures; asymétrique, de manière que c'est le plus souvent le droit qui est en avant et le gauche en arrière, chez les Reptiles à forme allongée et étroite, tels que beaucoup de Sauriens, les Ophidiens et les Batra- ciens urodèles. Les ovaires des Reptiles nous ont montré deux for- mes types que nous devons signaler. L'une de ces formes se rapporte à celle des oiseaux: ce sont des ovaires en grappe, quand ils ont des oeufs dont le développe- ment est avancé; ceux-ci se détachent plus ou moins dt la lame ovigène principale et n'y tiennent plus que par- mi pédicule de leur calice. Cette capsule, lorsque l'o- vule est mûr, se déchire autour d'un équateur qui part du pédicule , comme le calice des oiseaux , et l'œuf tombe dans la cavilé abdominale pour passer dans l'o- viducte ; tel est l'ovaire des Chéloniens. Dans l'autre type, l'ovaire est un sac ou un tube plus ou moins allongé , contenant les ovules dans ses minces parois. Ces ovules, en se développant, font de plus en plus saillie dans ce sac ovarien , ou à la surface interne de ses parois: et lorsqu'ils rompent leur enveloppe calicinale, ils tombent dans la cavité ova- rienne et ils en sortent par une ouverture antérieure, qui se produit sans doute au moment de leur maturité. 52 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. •i Jusque là on trouve ce sac complètement fermé. Dans les ovaires à grappes , les ovules, pour en sortir, ont à rompre leur enveloppe proligère ou leur calice et la membrane péritonéale qui la revêt. Dans les ovaires à sac , les ovules n'ont que leur en- veloppe proligère à déchirer pour tomber dans la ca- vité de ce sac, dont l'enveloppe péritonéale s'ouvre naturellement ou se déchire pour leur donner passage.] A, Dans la sous-classe des Reptiles propices. [Les ovaires des Chéloniens sont dans le fond de la cavité abdominale. Le mésoaire qui les enveloppe est large et plissé en manchette. C'est vers le bord exté- rieur de ce ligament large que les œufs sont rangés; lorsqu'ils sont mûrs, ils ne tiennent plus à l'ovaire que par un pédicule, comme ceux des oiseaux. Je n'ai trouvé dans une serpentine que de petits ovules dans l'ovaire, tandis que chaque oviducte ren- fermait des œufs complets, avec leur coque, dont les premiers entrés dans l'oviducte étaient arrivés tout près du cloaque, et dont le dernier avait déjà par- couru la moitié de la longueur de ce conduit. Les lézards propres ont un petit nombre d'œufs développés dans leur ovaire; celui-ci est dans un court repli du péritoine, faisant partie du grand repli au bas duquel flottent de longs oviductes. Il y a sans doute dans cette réunion de l'oviducte dans le même ligament un moyen de mettre en rapport les œufs mûrs avec leur canal excréteur, par les vaisseaux sanguins et les nerfs dont ces replis péritonéaux sont les conducteurs. Les Ophidiens ont leurs deux ovaires dans une po~ sition asymétrique. ART. IV. OVAIRES DES REPTILES. 53 Dans lacouleuvre à collier, l'ovaire forme un boyau cylindrique, qui peut être insufflé comme un boudin. Les œufs y sont rangés les uns au-devant des autres, sans régularité, ni pour leur volume ni pour la place qu'ils occupent. On voit de très petits ovules à la sur- face des grands. Une couleuvre de cette espèce , prise à la fin d'avril , ayant des œufs très avancés dans ses ovaires , avait le droit un peu en arrière du pylore ; le gauche ne commençait qu'après la fin du droit. Leur tube pou- vait s'insuffler de manière à montrer, dans ses parois très minces , des œufs de grandeurs très différentes. Les plus grands étaient placés en travers , à côté l'un de l'autre , sur plusieurs rangs. Le mésoaire était une dépendance du mésoviducte , large repli du péritoine qui se portait plus en dehors et maintenait l'oviducte plus loin de la ligne médiane que l'ovaire. La position des ovaires était tellement asymé- trique, que le droit finissait avant que le gauche com- mençât; le premier s'avançait assez près du pylore. L'oviducte s'ouvrait largement en avant de la tête de l'ovaire, qui se rapprochait de cette ouverture. L'asymétrie dans la position des deux ovaires est moins marquée chez les pythons , qui se distinguent d'ailleurs par leurs deux sacs pulmonaires et une ten- dance à la symétrie dans ces organes (1). Dansun python de 2m,70. chaque ovaire avait 0^,27 et le droit était à peine plus avancé que le gauche» (1) Voir notre leçon, t. VII, p. 33, de cet ouvrage. 54 XXXIIe LEÇOK. GÉSÉBATIOIf DES VERTÉBRÉS. L'un et l'autre étaient situés immédiatement en avant des reins. Le tube que forme cet organe, dans la cavité duquel [es ovules font saillie , avait cependant des parois mem- braneuses très minces. Des filaments qui vont d'une paroi de ce tube à l'autre en maintiennent sans doute le diamètre.] B. Dans la sous-classe des Reptiles amphibies. [Chaque ovaire est constamment un sac ou un tube plus ou moins long , enveloppé par le péritoine. Son développement varie d'ailleurs beaucoup , suivant qu'on l'observe à l'époque du rut , au moment où il est rempli d'oeufs mûrs, ou dans un temps éloigné de cette époque. Dans le crapaud commun, la grenouille verte, etc., chaque ovaire est une poche suspendue par un repli du péritoine, à la face dorsale de la cavité abdomi- nale. Ce repli est comme une dépendance du mésen- tère, aux côtés duquel il est placé. L'ovaire lui-même est un large boyau, plissé en manchette, dont le bord libre, lobé et festonné, est très long, et dont le bord adhérent est très court , par l'effet des replis nombreux et rapprochés que forme le ligament suspenseur. Chaque œuf est contenu dans une poche particulière de la membrane moyenne ou pro- ligère , et fait plus de saillie du côté interne que du côté externe. 11 y a, dans les intervalles des ovules mûrs, des ovules de grandeurs très différentes , qui se développeront les années suivantes. Dans la salamandre terrestre, nous avons trouve ART. IV. OVAIRES DES REPTILES. 55 les ovaires étendus sur le côté de la colonne verté- brale, dans une grande partie de la longueur de la ca- vité viscérale. Ils renfermaient un assez grand nombre d'œufs développés, pour la prochaine portée, ayant de om,002 à om,oo3 de diamètre, et d'autres encore très petits , pour les portées suivantes. Dans le triton à crête, j'ai trouvé les ovaires (en avril) occupant tout le tiers moyen et une partie du tiers postérieur de la cavité thoraco-abdominale. Ils y formaient un sac allongé, retenu par un mé- soaire, et plissé en manchette par ce ligament péri- tonéal. Un bon nombre d'ovules étaient au dernier degré de leur développement. Il y en avait déjà six d'un côté et huit de l'autre, parvenus à l'extrémité postérieure de très longs oviductes. Leur volume , pour ce qui est du vitellus , n'était pas plus grand que celui de beau- coup d'ovules attachés encore à l'ovaire; ceux-ci ne tenaient plus que par un pédicule aux parois du sac ovarien. On en trouve à tous les degrés de développe- ment, dans toute l'étendue de ce sac; depuis ceux qui sont à peine visibles et encore enfouis, pour ainsi dire, dans le tissu proligère de ces organes , jusqu'à ceux qui sont sur le point de s'en détacher. Je n'ai pas pu découvrir l'issue de ce sac , quoique je sois convaincu de la chute des œufs dans sa cavité. Les ovaires de ïamphiuma forment un long tube , effilé en avant et en arrière, dans lequel de nombreux ovules m'ont paru serrés les uns contre les autres. Celui de droite s'étend depuis l'extrémité postérieure du foie jusqu'au rein de son côté, qui est court et situé dans la partie la plus reculée de l'abdomen. 56 XXXII» LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. Chaque ovaire est retenu par un mésoaire assez large, dont le bord libre est un épiploon graisseux , tel qu'on en trouve chez les serpents. La partie de ce mé- soaire la plus rapprochée de la paroi dorsale ren- ferme l'oviducte. Chez le menobranchus lateralis, nous avons trouvé les parois de ce même sac ovarien beaucoup plus min- ces, étant lui-même moins long à proportion ; et les œufs qu'il renfermait très développés, très grands et bien moins nombreux. U axolotl, la sirène (1), le protèe, qui composent, avec le genre précédent, la famille des Batraciens pe- rennibranches , ont de même deux ovaires oblongs, lo- bés, occupant, de chaque côté de la colonne vertébrale, une partie plus ou moins grande de la cavité abdo- minale.] II. Des ovales , produits des glandes ovigènes. [La fécondation peut avoir lieu dans l'ovaire, ou lors- que l'ovule vient de s'en détacher et est arrivé dans le commencement de l'oviducte, et avant qu'il soit devenu un œuf complet, par l'addition de sa sphère protec- trice. C'est toujours une nécessité lorsque son enve- loppe la plus extérieure est tellement dense, qu'elle ne pourrait être traversée parla liqueur fécondante. Tous les Reptiles propres sont dans ce cas. Chez les Batraciens anoures, au contraire, la fécon- dation ne s'effectuant qu'au moment de la ponte, la composition de la sphère protectrice, que l'ovule prend I , , (1) Cuvier, Recherches sur les Reptiles dout eux. Paris, 1807, p, 24 à 25 pour la sirène , «t 43 à 44 pour le protée. ART. IV. OVULES DES REPTILES. 57 en passant dans l'oviducte, est en rapport avec cette première nécessité, la fécondation , et F antre non moins essentielle, la protection du germe se développant. Nous aurons donc à étudier, dans ce paragraphe, l'ovule se développant dans l'ovaire, et sa composition lorsqu'il y est parvenu à son degré de maturité. Nous décrirons ensuite la composition de l'œuf complet, arrivé dans son lieu d'incubation , ayant sa sphère protectrice, qu'il a prise en traversant l'ovi- ducte; ce sera, entre autres, le sujet du paragraphe suivant. Les ovules des Reptiles ont les deux parties essen- tielles des classes précédentes, la sphère germinative avec la tache germinative, et la sphère nutritive ou vi- telline. L'une et l'autre sphère suivent les mêmes phases dans leur développement que dans les classes précé- dentes. La sphère germinative est d'abord la plus avancée, dans celui-ci. La sphère vitelline prend plus tard ses grandes proportions relatives ; elle se matérialise et se colore de plus en plus ; de sorte que la matière vi- telline qui était d'abord très liquide, transparente, inco- lore , devient de plus en plus dense et se colore quelque- fois d'une nuance jaune-orange assez foncée; c'est ce qui se voit chez les Chéloniens. Les deux sphères changent de position relative avec leur développement. La sphère germinative devient de plus en plus excentrique et touche à la périphérie de la sphère vitelline ? au moment de la maturité de l'o- vule et pour la fécondation. lues Reptiles amphibies ne font pas exception, et leur ovule, dans son développement, prend la même marche que celui des reptiles propres et de tous les animaux * 58 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. a vertébrés. Rien ne démontre que cet ovule soit le têtard lui-même, ainsi que le pensait Spallanzani. L'ovule non mûr renferme évidemment la vésicule germinative formant une sphère concentrique à la sphère vitelline. Plus tard, cette vésicule se porte vers la périphérie et montre ses taches germinatives.M. Vogt en a compté de trente à quarante dans le crapaud accoucheur, et il a reconnu quelles formaient de très petites cellules rondes ou irrégulières , mais de même grandeur dans le même œuf, sans qu'il soit possible d'y découvrir aucune autre composition organique. Elles paraissent également distribuées dans la vési- cule germinative, ou concentrées dans une partie de cette vésicule. La vésicule germinative peut sortir tout entière de la sphère vitelline , si on déchire la membrane de celle-ci. La sphère vitelline croît à proportion beaucoup plus que la germinative et les taches de ce nom. A mesure de son développement, le vitellus se ma- térialise ; il s'y précipite un plus grand nombre de gra- nules. L'ovule en est rempli lorsqu'il est mûr, ce qui rend la sphère vitelline opaque, excepté à l'endroit où se trouve la vésicule germinative; qui touche , à cette époque, à la périphérie de la sphère vitelline ; comme les taches germinatives touchent à la périphérie de la sphère germinative. La couleur des œufs des Batraciens anoures varie suivant les espèces. Ceux de la grenouille verte , lors- que l'œuf est mûr, se distinguent, pour la sphère vi- telline, par deux nuances, l'une brune qui s'étend sur l'hémisphère au pôle duquel se trouve la vésicule ger- ABT. IV. OVIDUCTES DES REPTILES. 59 minative, et l'autre jaune clair pour l'hémisphère op- posé. Il est remarquable que, clans l'eau, leur lieu d'in- cubation , 1 hémisphère brun soit toujours dirigé vers le jour, comme si la pesanteur spécifique de l'hémisphère clair était plus considérable et celle de la partie cor- respondante de la sphère d'enveloppe. Chez la gre- nouille rousse , la partie brune envahit la plus grande partie du vitellus, et la partie claij/e est plus restreinte.] III. Des canaux excréteurs de la glande ovigène , et de la composition que V ovule y prend pour devenir un œuf complet. [Les oviductes des Reptiles, ouïes canaux excréteurs des ovaires , sont encore séparés de ceux-ci , comme chez tous les autres vertébrés supérieurs. Ce sont des conduits à parois plus ou moins com- pliquées , qui prennent par leur embouchure, béante dans la partie la plus avancée delà cavité abdominale, l'œuf détaché de l'ovaire, et le portent au dehors , par l'intermédiaire du cloaque, pourla fécondation; ou dans lesquels celle-ci a lieu avant la ponte; et qui devien- nent, dans ce cas, le lieu d'incubation pour le com- mencement ou pour toute la durée du développe- ment dans l'œuf. ] - Tous les Reptiles ont deux oviductes comme deux ovaires. Ce sont toujours des conduits membraneux, fixés de chaque côté de la colonne vertébrale par un prolongement du péritoine , qui commencent par une sorte de pavillon, par lequel l'œuf s'y introduit; dont les parois, d'abord minces, prennent ensuite plus d'é- 60 XXXir LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS- paisseur et une apparence glanduleuse. Un peu évasés dans leur embouchure ou le pavillon, ils sont cylin- driques dans le reste de leur étendue. Leur longueur est beaucoup plus grande , à proportion, que chez les oiseaux. Ils sont plus ou moins plissés par le prolon- gement du péritoine qui leur sert de ligament, chez les Reptiles propres; ou bien extrêmement sinueux et re- pliés sur eux-mêmes dans différents sens , comme chez la plupart des Reptiles amphibies. Leur dernière par- tie, chez les Batraciens anoures , présente une dilatation considérable, que l'on a improprement appelée ma- trice , et qui s'ouvre elle-même dans le cloaque. [C'est toujours dans ce vestibule génito-excrémenti- tiel qu'aboutissent les deux oviductes , chez tous les Reptiles , où leurs deux issues s'ouvrent séparément. C'est par l'intermédiaire du cloaque que chaque con- duit éducateur porte au dehors les œufs ou les petits éclos, ou qu'il reçoit la liqueur fécondante du mâle. L'oviducte sécrète l'albumen de l'œuf et ses enve- loppes protectrices; il en fait un œuf complet, sauf la fécondation. C'est sans doute pour cette sécrétion qu'il a généralement une étendue beaucoup plus considé- rable que cela ne paraîtrait nécessaire, s'il n'était qu'un organe éducateur devant transporter au dehors immé- diatement l'œuf qu'il a reçu de l'ovaire. Les fonctions multiples de ce conduit supposent une organisation compliquée, à la manière de celui des oiseaux. Il est revêtu d'une membrane péritonéale. Inté- rieurement, il est tapissé par une membrane mu- queuse à cils vibratiles. Une couche de fibres mus- culaires sert, par ses contractions , à faire cheminer ART. IV. OVIDUCTES DES REPTILES. 61 les œufs dans son intérieur. Enfin , la couche cellulo- vasculaire qui unit ces deux dernières est en même temps glanduleuse dans la plus grande partie de sa longueur. „ Ces canaux ont un diamètre proportionné au vo- lume des œufs qui doivent les traverser et au nombre qu'ils doivent contenir à la fois. Ils sont très extensibles d'ailleurs , et cette extension est rendue possible, entre autres, par les plis longitu- dinaux de leur membrane interne. Chez les Batraciens anoures et chez le crapaud commun en particulier, Yoviducte commence par un orifice à bord simple , non frangé , fixé dans la partie la plus avancée de la cavité abdominale , au niveau de la base du cœur et de chaque côté. Un repli court du péritoine qui l'y attache doit le rendre immobile dans une longueur de près de on,,oi. Ce repli, qui suspend l'oviducte à la face dorsale de l'abdomen, est en dehors du mésoaire ; il se déploie et s'étend à mesure, en enveloppant les nombreuses cir- convolutions de l'oviducte , dont le diamètre augmente un peu en se portant en arrière, mais qui se développe subitement en une poche considérable , dans sa der- nière^partie. Dans ce long trajet, de quatre à cinq dé- cimètres , ses parois deviennent plus épaisses , et très évidemment glanduleuses; elles sont blanches, demi- transparentes, et comme injectées par les mucosités qu'elles sécrètent , et dont elles enveloppent les œufs. C'est dans l'extrémité dilatée de l'oviducte, qui est semblable chez tous les Batraciens anoures , que les œufs se rassemblent durant les premiers jours de l'ac- couplement qui précèdent la ponte, et qu'ils s'y re- 0*2 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. vêtent de la sphère protectrice. Cette enveloppe , pour les œufs qui doivent être pondus dans l'eau, est de nature gélatino-album ineuse ; elle a la propriété dab- sorber beaucoup d'eau et de se gonfler considérable- ment par cette absorption. Chez la salamandre tachetée , l'oviducte commence par un orifice longitudinal, qu'il faut chercher dans la partie la plus avancée de la cavité thoraco-abdomi- nale. Ce canal est d'abord droit et sans repli; puis il fait beaucoup de sinuosités avant et un peu après avoir dépassé le commencement de l'ovaire; enfin, il est droit au-delà de l'ovaire, et augmente un peu de diamètre. Sans doute la dernière portion de ce canal qui doit servir d'utérus se dilate considérablement à l'époque du rut, lorsque les œufs s'y arrêtent pour l'incubation, et sa capacité augmente encore à mesure du dévelop- pement des petits. Elle devient très considérable dans la salaman- dre noire (salamandra atra Laurenti) dont chaque oviducte ne renferme, à la fin de la gestation, qu'un seul petit, qui finit par y acquérir plus du tiers de la longueur de la mère (1). Chez les tritons , et le triton crête en particulier, l'ovi- ducte est beaucoup plus long, beaucoup plus replié dans toute son étendue; sans doute à cause des muco- sités album ineuses dont il doit entourer l'œuf pour le compléter. (1) Fragment sur les Batraciens, par M. Van-der-Hœven. Mémoires de la Socie'té d'hist. natur. cîe Strasbou:<;, t. ÏI. ART. IV. OVIDUGTES DES REPTILES. 63 Son embouchure, ou le pavillon, est un orifice oblong à bords tout unis, situé, comme chez les Batraciens anoures , dans la partie la plus avancée de la cavité thoraco-abdominale, précisément à côté et en dehors de l'entrée du sac pulmonaire dans cette cavité. Les membranes qui forment ce pavillon et le commence- ment de l'oviducte sont très minces; mais les parois de ce canal s'épaississent considérablement, après tout au plus un centimètre, et conservent cette épaisseur dans tout le reste de l'étendue de ce long canal. Arrivés près du cloaque, les deux oviductes se rap- prochent l'un de l'autre et se terminent dans la paroi supérieure de cette cavité, chacun par une saillie cylin- drique. lj'amphiuma a son oviducte dans les feuillets du mé- soaire , au-dessus de l'ovaire. C'est un long tube re- plié, qui commence, comme toujours, plus en avant que l'ovaire. il en est de même chez le menobranchus lateralis parmi les U rodé les perennibranches . Mais ici ce canal est beaucoup plus long et fait de plus nombreux re- plis, pressés les uns vers les autres. Les parois en sont épaisses et de couleur laiteuse. Le protée l'a aussi très long et faisant beaucoup de replis (i) ; tandis que dans la sirène il est court, droit, collé aux reins et non tortueux, comme chez les sala- mandres (2). Nous l'avons dit en commençant le paragraphe précédent, la composition de la sphère protectrice (1) Cuvier, o. c, p. 43 et 44- (2) //udem.,p. 24 et a5. 64 XXXII' LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. que l'ovule prend dans loviducte diffère essentielle- ment chez les Reptiles qui fécondent leurs œufs com- plets, ou chez ceux qui fécondent leurs ovules. Dans le premier cas, elle est à la fois en rapport avec la fécondation et le lieu d'incubation ; dans le * 7 second , elle n'a plus que cette dernière cause finale. Chez les Reptiles propres, la fécondation des ovules précède l'addition de la sphère protectrice qui les complète, et dont ils se sont revêtus successivement dans loviducte. On ne connaît pas de Chéloniens vivipares. Tous pondent leurs œufs immédiateme££ après qu'ils se sont complétés par l'addition d'un albumen, d'une membrane de la coque ou d un chorion, et de couches calcaires, pour certaines espèces, qui donnent à leur enveloppe la plus extérieure une consistance assez ferme. Cette dernière composition caractérise les œufs des tortues d'eau douce et de terre ; tandis que la coque des œufs des tortues de mer ou des chèlonés n'a que la consistance du parchemin. L'albumen des œufs de Chéloniens est très liquide, très aqueux , se coagulant difficilement par la cha- leur (i). Les Crocodiliens ont , comme les oiseaux , des œufs à coque calcaire , une membrane de la coque ou un chorion et un albumen. Les autres Sauriens ont généralement des œufs à (i) C'est du moins ainsi que l'a trouvé M. Tiedemann ; tandis que M. Ruthke l'indique comme très dense, et de la consistance du corps vitré de l'œil des vertébrés. Ces différences tiennent sans doute aux. es- pèces observées. ART. IV. OVIDUCTES DES REPTILES. 65 coque flexible de la consistance du parchemin, avec- une petite quantité d'albumen. Cette substance manque dans les œufs à' ophidiens; leur coque se compose de plusieurs couches inorga- niques, que déposent successivement les parois de Foviducte, et qui lui donnent la consistance du par- chemin. Chez les Reptiles amphibies , la sphère protectrice que l'œuf prend dans l'oviducte a des caractères très particuliers suivant que l'animai dépose ses œufs dans l'eau, et c'est le cas le plus général ; ou qu'il est vivipare, comme les salamandres propres; lorsqu'il les expose à l'air, comme le crapaud accoucheur; ou quilles place, comme le pipa, sur le dos de sa femelle, dont la peau se gonfle autour d'eux et les enveloppe en grande partie. L'œuf mûr, dans son lieu d'incubation, qui est l'oviducte chez les vivipares (les salamandres propres), a pour toute sphère protectrice un chorion (i) mince qui se remplit d'une sérosité albumineuse à mesure du développement. Dans l'œuf du crapaud accoucheur, ce chorion se confond avec la coque, qui prend à l'air la consistance du parchemin. Le même chorion reste mince, mais s'étend et se détache de plus en plus de l'embryon chez les Batraciens qui se développent dans l'eau; il y a de plus , à l'extérieur, cette substance gélatino- (i) Swammerdam , qui a reconnu cette enveloppe, l'appelle amnios, ft Rathke, la membrane vitelline. Suivant ce dernier auteur, les grenouilles et les crapauds n'ont pas de chorion. {Archives de J. Muller pour i83a. p. 3o2.) 8. 5 66 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. albumineuse, analogue à celle qui enveloppe les œufs de beaucoup de poissons , dont la couche la plus ex- terne forme une membrane extrêmement déliée. L'œuf du pipa me paraît avoir la même composition extérieure que l'œuf du crapaud accoucheur. Ce que Ion voit de sa coque , qui reste en partie à découvert, est de couleur foncée et de nature résistante et cornée. Cette coque se fend au niveau de la peau, de manière à détacher comme un couvercle sa partie libre de sa partie enfoncée dans la peau (i). Le triton à crête , parmi les Urodèles, a dans la der- nière partie de son oviducte, à l'époque de la ponte , des œufs ayant une coque transparente, ovale , beau- coup plus grande que le vitellus, qui est sphérique et se meut librement dans un albumen beaucoup moins dense. Les œufs de cette espèce sont pondus isolé- ment.) ARTICLE V. DES ORGANES PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS, OU DES OVAIRES ET DES OVIDUCTES, DANS LA CLASSE DES POISSONS. 1. Des ovaires ou des glandes oui gènes. [Les organes producteurs des ovules, ou les ovaires , sont pénéralement pairs, sans être symétriques. Ils sont suspendus à la voûte que forme la paroi su- périeure de la cavité abdominale, de chaque côté de la colonne vertébrale. (i) Voir la figure que nous en avons publiée, avec son explication, clans le Rèqne animal de Cuvier. — Edition illustrée. Pi. 3t). 6g. 2 , des Rep- tiles. ART. V. OVAIRES DES POISSONS. QJ On ne trouve cependant qu'un ovaire clans la per- che fUwiatile , seule espèce de ce genre chez laquelle on ait remarqué cette sorte d'anomalie. Les espèces ovi- pares des genres cobitis et ammodytes , parmi les Pois- sons osseux , n'ont de même qu'un ovaire. Cet organe est également impair chez la plupart des espèces vivipares; cela est incontestable pour la hlennie vivipare, Ya- nableps , les pœcilies , parmi les Poissons osseux. Quant aux vivipares Sélaciens, on n'a trouvé dans un certain nombre de genres qu'un ovaire développé et fonctionnant (1). La glande ovigène des poissons présente trois types distincts dans sa composition et sa structure. Dans le premier type , qui est le plus général , elle forme un long sac, presque toujours double, rarement simple, ainsi que nous venons de le dire, étendu dans une grande partie de la longueur de la cavité abdo- minale. Sa forme est le plus souvent celle d'un cône très allongé dont la base est en avant. Les parois intérieures de ce sac sont divisées par de nombreux replis , ayant le plus ordinairement une direction transversale , moins souvent longitudinale , et formant , dans le premier cas, des diaphragmes in- terrompus ou incomplets, dans l'épaisseur desquels se développent les ovules. Le vide que laissent les lames proligères n'est pas dans l'axe du sac, mais plutôt vers sa paroi supérieure. Ce vide est déjà l'oviducte qui n'est plus qu'un canal étroit et court, lorsque les deux sacs ovariens se joignent en arrière, pour se terminer au-delà de l'anus, par un seul orifice, dans lequel (i) Uber den glalten liai des Aristoteles, etc., von J. Millier. Berlin, 1842 68 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. aboutit aussi, le plus généralement, celui de la vessie urinaire. On voit que, dans ce type, l'oviducte se continue et se confond pour ainsi dire avec l'ovaire. Celui-ci se compose d'une membrane extérieure qui l'enveloppe de toutes parts, et lui fournit un mé- soaire séreux, qui le suspend à la paroi dorsale de la cavité abdominale; d'une membrane muqueuse qui revêt ses parois intérieures et tous les prolongements lamelleux qui s'y observent, et d'une couche médiane fibrô-celliileuse, dans laquelle se développent les ovules. C'est cette couche moyenne, que nous appellerons proligère, qui fournit la capsule nutritive des ovules, autour de laquelle se ramifient les vaisseaux sanguins nourriciers. Dans le second type , beaucoup moins commun que le précédent, puisqu'il n'a été constaté jusqu'à présent que dans les familles ou les genres des salmones , des loches, des anguilles, des esturgeons et des suceurs, les ovaires n'ont point d'oviducte. Tantôt ils forment un sac incomplet, plus ou moins largement ouvert dans toute sa longueur, ayant des lames proligères, comme dans le premier type : tel est l'ovaire des salmones. Tantôt ils représentent une assez large bande, piissée, par son mésoaire, à l'un de ses bords ou à tous les deux , et portant les lames proligeres à lune de ses faces. Ici, la séreuse péritonéale enveloppe de toutes pans la couche fibro-celiuieuse proligère ; mais elle est beau- coup plus épaisse sur la face qui ne porte pas de lames que sur celles-ci. Tel est l'ovaire dus anguilles et des esturgeons. A HT. V. OVAIRES DES FOISSONS. 69 Enfin, dans ce même type, tout l'ovaire est une bande proligère très plissée par le mésoaire du côté de la ligne médiane dorsale, et dont les plis , divisés en lo- bes, se déploient vers un bord libre, en se sous-divisant en lobules, et en montrant des ovules à leurs deux faces. L'ovaire des lamproies est ainsi conformé. Dans un troisième type, celui des chimères et des Sélaciens, l'ovaire est séparé de l'oviducte, comme dans les trois classes supérieures des vertébrés. L'un et l'autre présentent des caractères particuliers. Quand les ovules ne se sont pas développés, l'ovaire des Sélaciens forme une lame épaisse, ovale, un peu échancrée ou concave par son *bord intérieur, sus- pendue sur les côtés de la colonne vertébrale , depuis la partie la plus avancée de la cavité abdominale jus- que plus ou moins en arrière. La face inférieure et interne de cette lame, celle par laquelle les ovaires pourraient se toueber, en s'approchant , ne montre aucune saillie; elle a dans toute son étendue une cou- leur blanc de lait. C'est encore la couleur que pré- sente l'autre face en arrière; puis, dans la moitié, ou les deux tiers antérieurs, on aperçoit des saillies ar- rondies de différentes grandeurs, dont les plus petites sont blanc de perle et les plus grandes de couleur jaune opaque : ce sont des ovules qui se développent dans la couche proligère et font plus ou moins de saillie à la face supérieure de cette lame ovarienne. Celle-ci s étend en forme de capsule sur les ovules, à mesure que, par suite de leur développement, ils se détachent les uns des autres, et se séparent de plus en plus. Le reste -de la lame ovarienne conserve son appa- rence molle, laiteuse, homogène, très caractéristique, 70 XXXIIe LEÇON. GENERATION DES VERTÉBRÉS. qu'on retrouve dans une partie de la glande sperma- gène des mâles. Dans plusieurs des Sélaciens vivipares , il n'y a que cette partie dans laquelle il ne se développe pas d'ovule qui subsiste d'un côté; c'est généralement du côté gauche, tandis que l'ovaire a son développement normal du côté droit, La nutrition extraordinairement active qui a lieu dans les ovaires , pour le développement des innom- brables œufs dont ils se chargent pour chaque ponte, chez le grand nombre des poissons ovipares, exigeait un afflux considérable de fluide nourricier : aussi leurs vaisseaux sanguins sont-ils très nombreux dans leurs ramifications et leurs branches , et leurs troncs très développés. Les artères viennent de l'aorte ou des rénales. H y a généralement un tronc principal qui règne dans un sillon de la face interne et supérieure ou viscérale du sac ovarien et qui fournit , à angle droit , des branches transversales , pour chaque lame proligère. Ce tronc peut se diviser en deux branches, une pour chaque face supérieure et inférieure. Les veines des ovaires se rendent le plus générale- ment dans les veines rénales ou dans la veine cave. Dans le premier cas, un tronc principal s'unit au tronc de la veine rénale~porte , et ses branches secon- daires s'y réunissent successivement. Nous avons déterminé (1) le singulier sinus veineux qui règne entre les sinus rénaux et les deux veines caves, chez la lamproie marine et la lamproie de rivière, , (0 T. VI, p. 260. ART. V. OVAIRES DES POISSONS. 71 comme leur veine génitale ; ce sinus verse dans les veines caves le sang qu'il reçoit des organes de la gé- nération. Dans des cas exceptionnels, la totalité ou une partie du sang des organes génitaux se rend dans le foie (1). Le premier exemple se voit dans les cyprins et les loches ; la blennie vivipare, la perche fliwiatile ,Yammo- dyte, qui n'ont qu'un ovaire, sont dans le second cas ; une partie des veines de l'ovaire se rend dans la veine mésentérique et l'autre clans les veines rénales. Ce que nous venons de dire des vaisseaux sanguins des ovaires doit s'entendre aussi de ceux des laites, ou des glandes spermagènes. Quelques descriptions particulières serviront à ren- dre cette description générale plus sensible. ] A. Dans la sous-classe des Poissons osseux. [ Parmi les Acanthoptérygiens , l'ovaire est simple dans la perche fluviatile^ ainsi que nous l'avons déjà dit ; il a, dans un état de gestation avancée , un très gros volume; sa forme est celle d'un ovale irrégulier; il est à droite des organes de la digestion, et touche à la vessie natatoire par son bord supérieur, qui est a peu près droit, et il repose, par son côté inférieur, sur les parois abdominales. Un mésoaire qui descend de chaque côté delà vessie natatoire attache et suspend cet organe. Le sac qu'il forme a des replis transverses qui se (i) Voir ce que nous en avons dit, t. VI, p. 268 , et M. Rathke , o. c. j>. i57. 7? XXXII* LEÇON. GÉNÉRATION DES VEBTEBBBS. détachent de sa paroi interne et supérieure , et forment de nombreux diaphragmes incomplets, dans l'épaisseur desquels sont les ovules. On y voit à la fois des ovules presque mûrs et des ovules beaucoup plus petits, commençant à se déve- lopper pour la ponte suivante. Les uns et les autres sont parfaitement ronds. Les veines se rendent parmi seul tronc dans la veine cave, à l'instant où elle commence par la réunion des veines rénales. 'Ce tronc provient de deux branches qui régnent dans la ligne médiane des deux faces su- périeure et inférieure de l'ovaire, et qui reçoivent à an- gle droit les rameaux transverses qui correspondent aux lames proligères. Dans la carpe, parmi les Malacoptérygiens abdo- minaux , l'ovaire est double comme à l'ordinaire ; le droit m'a paru plus grand que le gauche , s'avançant au-delà de la vésicule du fiel. L'intérieur a des dia- phragmes, comme l'ovaire de la perche. Dans la brème, chaque ovaire est lobé, aplati dans sa face latérale interne, aminci dans son bord supé- rieur, qui est contre la vessie aérienne; plus épais à son bord inférieur. La coupe de chaque ovaire forme un triangle dont le plus grand côté répond à la face externe, et dont le plus petit est à la fois interne et supérieur, et se moule contre la vessie aérienne. C'est le long de ce dernier côté qu'existe un sillon assez profond , où se voient Fartère et la veine prin- cipale, dont les branches se détachent à angle droit pour pénétrer dans la substance de l'ovaire. Dans la truite commune, les ovaires, lorsque la ges- ART. V. OVAIRES DES POISSONS. /3 tation est assez avancée, sont étendus dans toute la longueur de la cavité abdominale. Ils sont organisés sur le modèle des ovaires sans oviducte, qui caracté- rise notr£ second type, Les lames proligères sont libres du côté externe et inférieur, c'est-à-dire celui qui regarde les parois abdominales; elles sont enfermées parla membrane ovarienne péritonéaledu côté interne et supérieur , qui répond aux autres viscères abdomi- naux. Les œufs développés dans cbaque lame y font d'au- tant plus de saillie qu'ils sont plus grands. Ils laissent des impressions remarquables dans la paroi interne de l'ovaire , formée à la fois par la membrane péritonéale et par la membrane propre. Ce sont autant de fossettes régulières qu'il y avait d'oeufs en contact avec cette partie. Parmi les Maiacoptérygiens subbranchiens , les pleuronectes ont leurs ovaires très asymétriques. Dans la sole, le droit, qui répond au côté coloré , est plus d'une fois aussi volumineux que le gauche , qui est du côté pâle. L'un et l'autre forment un cône dont la base est en avant. Chaque ovaire est logé , pour la plus grande partie, séparément de son semblable, dans un sinus particu- lier de la cavité abdominale. On sait que, chez ces pois- sons , cette cavité est divisée en deux , au-delà de l'anus , par une cloison formée par les apophyses épi- neuses des vertèbres caudales, qui soutiennent les rayons de la nageoire anale. Le sinus abdominal droit loge encore une partie de l'intestin, et le gauche une partie du rein. La position avancée de l'anus fait que ces ovaires 74 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTEBRES. ont leur commencement en arrière, et leur portion ter- minale en avant. Dans le congre, que nous citerons comme exemple de l'ordre des Malacoptèrijglens apodes, les ovaires s'étendent dans toute la longueur de la cavité abdomi- nale et se prolongent dans le fond de cette cavité , au-delà de l'anus. Ce sont encore des ovaires sans oviducte. Le repli du péritoine qui le suspend de chaque côté de la colonne vertébrale semble se continuer plus épais sur le côté interne de la bande ovarienne, dont la surface est lisse et consistante de ce côté , tandis que sa face externe est hérissée pour ainsi dire par les lames membraneuses ou les replis transverses , dans l'épaisseur desquels se développent les oeufs. Ces replis, dans X anguille, sont étroits et se terminent vers Je bord de cette sorte de manchette plissée que forme l'ovaire. On en voit quelques uns qui se conti- nuent avec les suivants. Leur bord libre est générale- ment plus épais que le reste. La face lisse de ces bandes ovariennes est aussi du côté viscéral. Ces ovaires se prolongent bien au-delà de l'anus, celui du côté gau- che plus que le droit; il est vrai que celui-ci s'avance plus que le gauche. On dirait que la forme allongée du corps a produit ici, comme chez les ophidiens, une asymétrie dans la position de ces organes. C'est du côté de la face lisse que se voient les vais • seaux sanguins, dont les branches principales ont la direction transversale des lames membraneuses et se détachent de leur tronc à angle droit ou à peu près. Le tronc des veines ovariennes se rend dans la veine porte. ART. V. OVAIRES DES POISSONS. 75 Le lançon ( ammodjtes tobianus L. ) n'a qu'un seul ovaire considérable, étendu dans toute la longueur de la cavité abdominale. Il est obtus et épais en avant; plus aminci en arrière; il se prolonge de ce côte au- delà de l'anus et même de l'issue de son oviducte. Sa composition est celle de notre premier type, tandis que celle du congre et de l'anguille appartient à notre second type , ainsi que nous venons de le voir. Dans les si/ngnathes et les hippocampes , de l'ordre des Lopho branches, les ovaires sont dans un tube membraneux de longueur un peu inégale , dont la surface est bosselée par les ovules contenus dans l'é- paisseur de leurs parois , lorsque ces ovules sont déve- loppés.] B. Dans la sous-classe des Poissons cartilagineux. [Les chimères et les Sélaciens ont, ainsi que nous l'avons exprimé, un ovaire séparé de l'oviducte, comme dans les trois classes supérieures des vertébrés. Son aspect varie beaucoup suivant le degré de dé- veloppement des œufs qu'il renferme. Dans la raie bouclée , lorsque les ovules sont encore très petits, c'est une lame ovale, libre dans la cavité abdominale, sauf par son bord interne, qui est fixé sur le côté de la colonne vertébrale. Cette lame est composée d'une substance celluleuse , molle , homo- gène, comme laiteuse, dans laquelle on découvre des ovules de volume très différent, de couleur gris de perle, demi- transparents. Dans une raie bâtis, d'un très gros volume, les ovaires avaient près de six décimètres de longueur. Les œufs, 70 XXXIIe LEÇON. GENERATION DES VEBTÉBHES. développés, étaient dans leur partie moyenne et même dans leurs deux tiers antérieurs. Les plus grands avaient om,o5-2 , om,o56, om,o6o de diamètre. Il y en avait de o'",o35, de om,o3o et d'autres de plus en plus petits. Ceux qui n ont plus que ore,oo5 sont comme des per- les , pour la couleur et la demi-transparence. Au-dessus de ce volume, ils sont de couleur grise opaque, avant d être jaunes. Chaque œuf est dans sa capsule, dont les vaisseaux sanguins sont nombreux. Lorsqu'on la rompt, ainsi que la membrane vitelline, un vitellus fluide s'en écoule comme la matière d'un abcès. Les œufs les moins développés , qui se voient à l'ex- trémité antérieure de l'ovaire, y sont enfouis dans cette substance blanche que nous avons déjà indiquée dans l'ovaire de la raie bouclée. La portion la plus reculée de chaque ovaire ne renfermait qu'une couche mince de cette substance , qui rappelle celle du testicule de ces mêmes sélaciens. Il y avait des ovules de toute grandeur intercalés avec les grands, et comme contenus dans l'épaisseur de la membrane capsulaire des grands , qui en était toute bosselée. Les Esturgeons ont deux ovaires, sans oviducte, dont les œufs sont contenus dans des lames proligères dis- posées en travers, le long du ruban membraneux qui les fixe, et sont libres par leur bord opposé, dans la cavité abdominale. C'est absolument le type décrit dans les anguilles. Chez les Suceurs , il n'y a proprement qu'un ovaire et qu'un mésoaire, attaché sous la ligne médiane entre ART. V. OVAÏRES DES POISSONS. 77 les reins. Sa forme est très allongée, et sa composition très compliquée. C'est une double série de lobes, très plissée en tra- vers, qui se déploient à partir du mésoaire , en s'élar- gissant et en se divisant tout à la fois et en se portant de la ligne médiane en dehors et en bas. Plusieurs couches d'oeufs parfaitement sphériques se voient sur chaque face de ces lames. On peut lire dans notre t. vi, p. 260 et 261 , la singu- lière organisation de la veine de cet ovaire, dans la lamproie marine ; nous l'avons décrite sous le nom de sinus génital. L'existence d'un seul ovaire dans ce genre a d'abord été reconnue dans la petite lamproie (Petromyzon planeri L.). il n'y a de même qu'un mésoaire, sus- pendu précisément dans la ligne médiane entre les reins. Cet ovaire se compose de deux séries de lobes, difficiles à démêler dans sa partie la plus avancée, mais qui se séparent facilement l'un de l'autre, après le premier quart de la longueur de cet organe. Ces lobes placés ainsi, les uns à la suite des autres, sont d'inégale grandeur ; ils renferment chacun plusieurs rangs d'o- vules, formant des lignes parallèles et transversales , qui se suivent de la face dorsale adhérente, à la face libre abdominale de ces lames proligères. On voit que chaque lobe est une lame proligère; leurs deux séries semblent indiquer que cet ovaire , unique en appa- rence, se composerait en réalité de deux ovaires rap- prochés. 11 paraît que le branchiosîoma lubricum, COSTA, aurait deux ovaires composés de lobes analogues à ceux de l'ovaire des lamproies, et qu'ils apparheii- 78 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. draient à ce même type d'ovaires sans ovidncte (1).] II. Des ovules et des œufs , produits de la glande ovigene. A. Développement des ovules. [Le développement des ovules semble commencer pour ainsi dire avec celui de la glande ovigène, et donne à cette glande un caractère particulier , qui la distingue de toutes les autres. A peine l'ovaire de la blennie vivipare a-t il pris la forme d'un sac ovale, à peine ses parois montrent- elles intérieurement ses replis longitudinaux, qu'on y observe une quantité de globules transparents, déjà visibles dans les petites blennies avant la mise bas, mais qui n'ont à cette époque qu'environ i/5o de ligne de diamètre, suivant l'observation de M. Rathke. Ce développement continue durant rage d'accrois- sement indépendant, le troisième de la vie. Il devient périodique à l'âge des propagations, et se rapporte aux époques du rut- C'est dans le tissu fibro-celluleux de l'ovaire quil a lieu ; ce tissu est pour les ovules une sorte de gangue, dans laquelle se ramifient les vaisseaux sanguins nour- riciers de cet organe. Chaque ovule y fait son lit , s'y revêt d'un calice , qui se détache»plus ou moins de la masse de l'ovaire, et qui est revêtu extérieurement dune membrane péri- tonéale, si l'ovaire n'a pas d'oviclucte continu, ou d'une membrane muqueuse ? si c'est un ovaire à sac. (i) Remarques sur la structure de Yomphioxus lanceolutm , ' p&ï II. fiathke. Kœnigsberg, 1 84 l ; et fift- 12 de ia planche. ART. V. OVULES DES POISSONS. 79 Malgré cette complication , les parois du calice de chaque ovule sont extrêmement minces et transpa- rentes, d'autant plus que le développement de l'ovule est plus avancé. Le calice, en s'étendant , se détache à mesure du reste de l'ovaire et peut n'y plus tenir que par un pédicule. Ce calice , cette gangue , ces vaisseaux nourriciers ne paraissent avoir avec l'ovule que des rapports de contiguïté , et c'est par imbibition ou par endosmose que le fluide nourricier de l'ovule paraît devoir péné- trer son tissu. On trouve dans le même ovaire des ovules mûrs avec des ovules encore très petits, de la portée suivante. Nous en avons observé d'extrêmement petits , mais très reconnaissables , chez plusieurs pœcilies dont l'ovaire renfermait nombre de fœtus, dans un dévelop- pement très avancé. Les ovules , étudiés dans la succession de leur déve- loppement, paraissent se composer, en premier lieu, de la vésicule germinative ^ comprenant la tache germi- native , que l'on regarde comme devant fournir les pre- miers éléments do futur embryon. La sphère germinative renferme un liquide, pré- sumé aîbumineux, dans une enveloppe membraneuse très déliée et transparente. La tache germinative qu'elle comprend serait une réunion de petites cellules sphériques, également trans- parentes. Les ovules se composent, en sus, de lasp/ière vitelline, qui fournira à l'embryon les principaux matériaux de son développement dans l'œuf. Cette sphère a une enveloppe membraneuse pro~ 80 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTEERÉS. pre , la membrane vitelline , qui est double, et renferme dans sa lame externe la substance du même nom et des gouttes d'huile dont le nombre varie suivant les es- pèces, et dont la disposition change avec le développe- ment de l'ovule. Dans la suite de ce développement, les proportions et la position relative de la sphère germinative varient beaucoup. Elle est toujours plus grande, relativement à la sphère vitelline dans les ovules peu développés que dans ceux qui approchent de leur maturité. Dans ceux-ci, elle est excentrique et touche à la sur- face du vitellus ; tandis que dans les premiers elle oc- cupe le centre de la sphère vitelline. Cavolini, qui avait très bien distingué, dans les œufs de poissons, la sphère germinative, avait de plus re- marqué et figuré ce mouvement de translation de cette vésicule vers la périphérie du vitellus, à mesure du développement de l'ovule (1).] B. Composition de ï œuf mûr , avant la fécondation. [L'œuf mûr se compose généralement de trois sphères emboîtées l'une dans l'autre, mais qui peuvent être plus ou moins excentriques. i° La sphère génératrice ou germinative ; 2° La sphère vitelline ou nutritive ; 3° La sphère d'enveloppe ou protectrice. Les deux premières sphères sont les principales; elles existent invariablement. La troisième varie beau- (i) Memorie sulla generazione dei pesci e dei cranclii , di Filippo Cavolini — In Napoli, 1787. Cavoiini appelle la vésicule {jerminative un nor.ciolo , p. 02, pour le labrus julis. ART. V. ŒUFS DES POISSONS. $1 coup, dans sa structure et sa composition, suivant le lieu de fécondation et celui d'incubation. La sphère génératrice, beaucoup plus petite que la sphère vitelliue, est rapprochée de la périphérie de celle-ci, dans l'œuf qui a atteint sa maturité. Elle est composée d'une capsule incolore, transparente, extrê- mement déliée et d un fluide albumineux également transparent. On y voit encore , à sa paroi interne , une ou plusieurs taches opaques, qu'on appelle taches germinatives, qui se composent de vésicules globu- leuses lesquelles deviendront les premiers éléments de l'embryon, ses premiers matériaux fournis par le sexe femelle. Nous verrons plus bas que cette sphère ger- minative finit par disparaître sous la sphère huileuse, ouïe disque de gouttes de même nature, qui appartient à la sphère nutritive. La sphère vitelline ou nutritive se compose de même d'une capsule membraneuse et de son contenu. La capsule membraneuse ou membrane vitelline est mince, transparente, sans apparence d'organisation; nous la supposons composée de deux lames, l'une ex- terne simple, l'autre interne, se repliant dans elle- même à la manière des séreuses, pour former une po- che qui renferme la vésicule germinative. Cette poche est rapprochée de la circonférence du vitellus à mesure que celui-ci croît et se revêt d'une portion de cette lame repliée vers la vésicule germinative et autour d'elle et formant un pédicule, qui est ainsi raccourci successivement. Cette hypothèse d'une double enveloppe vitelline , admise d'ailleurs par plusieurs ânâtôiinstes , fait com- prendre non seulement le mouvement de translation 8. 6 82 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. de la sphère germinative, à mesure du développement de l'ovule ; mais elle servira encore à expliquer les rapports organiques de l'embryon avec le vitellus. Le contenu de la sphère vitelline se compose de deux parties, la substance vitelline et la sphère huileuse, ou le disque de gouttes d'huile , lorsque cette sphère est divisée. i° La substance vitelline de l'œuf mûr est un fluide visqueux , albumineux , sans granulations , dans la Palée, suivant M. Vogt. Il peut avoir des granulations dont le diamètre a été estimé à on',oo 1 6 par M. Pré- vost , dans le chabot de rivière. Le vitellus fournit à l'analyse chimique une grande proportion d'albumine et de l'huile grasse. Il perd sa limpidité et devient aussitôt opaque , d'un blanc de lait, lorsqu'on le mêle à l'eau froide. Sa densité ou sa pesanteur spécifique excède toujours celle de l'eau, même de l'eau de mer. 2° La sphère huileuse ou le disque huileux est une partie distincte du vitellus, formant soit une sphère unique d'huile grasse, ou bien un disque de même nature composé d'un nombre variable de gouttes d'huile, séparées, mais rapprochées. Cette partie huileuse du vitellus se tient toujours à sa surface, sous la membrane vitelline; elle s'y trouve constamment en rapport avec la vésicule germinative , qui disparaît sous elle dans les derniers moments de la maturité de l'œuf. On peut du moins le conclure, avec toute l'apparence delà vérité, de la position que prend la vésicule du germe, au-dessus du disque huileux, lorsqu'elle apparaît pour la première fois. AKT. V, ŒUFS DES POISSONS. 83 A 1 époque de la maturité, ce disque huileux , nous l'avons déjà dit, cache la vésicule germinative. A ne considérer la sphère d enveloppe ou protec- trice que relativement à ses usages pour la féconda- tion , elle mérite moins le nom de protectrice que celui de sphère d'absorption, parce quelle est toujours organisée pour faire passer, à travers les membranes et les substances qui la composent , l'élément féconda- teur du mâle, sur la vésicule germinative de l'ovule; ces mêmes substances deviennent ensuite protectrices ou nutritives et même respiratrices, suivant les chan- gements dont elles sont susceptibles dans le lieu d'in- cubation. La sphère protectrice ou tégumentaire, qui renferme les deux autres , se compose essentiellement d'un cho- rion ou dune membrane de la coque , dans laquelle on a reconnu une organisation remarquable. Elle est formée de cellules aplaties que l'on ne peut distinguer qu'à un très fort grossissement. Le chorion se forme certainement dans l'ovaire, chez les poissons comme les Pœcilies, dont le lieu d'incuba- tion est l'ovaire ; sa poche s'y remplit d'un liquide al- bumineux nécessaire au libre développement de l'em- bryon. C'est aussi dans l'ovaire que se complète l'œuf des Salmones , des Loches , des Anguilles , des Esturgeons, des Lamproies , ces poissons n'ayant point d'oviducte. Cet œuf a non seulement un chorion , mais encore une coque plus ou moins résistante ; comme ceux des pois- sons ovipares ordinaires , à ovaire à sac , qui pondent leurs œufs dans l'eau. La coque, dont le chorion peut être doublé à Texte- 84 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTEBRES. rieur, le nidamentum dans lequel l'œuf peut être en- veloppé, varient beaucoup suivant le lieu cîe féconda- tion et celui d'incubation. Pour tous les œufs pondus dans l'eau, le chorion est renforcé par une coque épaisse ou mince , suivant que la fécondation s'est effectuée avant la ponte, ou quelle doit lui succéder immédiatement. Dans ce dernier cas, les œufs peuvent encore être entourés d'une substance glutineuse qui les fait adhérer entre eux et aux plantes aquatiques, autour desquelles les femelles les attachent , ou bien aux pierres et aux autres corps submergés, sur lesquels elles les déposent. Cette substance et celle de la coque, encore molles à l'instant de la ponte, quand la fécondation doit suivre, ont la singulière propriété de durcir dans l'eau. Les œufs des familles qui manquent d'oviductes, que nous venons de nommer, passent immédiatement de l'ovaire dans la cavité abdominale et sont pondus par les orifices péritonéaux ? sans moyen d'adhérence aux corps sur lesquels les femelles les déposent pour la fécondation et leur développement. Elles ont cepen- dant le soin de creuser dans le sable, en agitant leur queue, de petites fosses dans lesquelles elles les pou- dent, et où les mâles, qui se tiennent près des femelles, répandent, leur laite à l'instant même. C'est du moins ce qui a lieu pour les truites. L'albumen manque-t-il, comme on l'a dit, chez la plupart des poissons ovipares? M. Rusconi le refuse à tous les poissons, et tire cette conclusion de ses observations sur la perche , X ablette et la tanche, M. Vogl n'a pas vu cet albumen dans la palée; il ART. V. OEUFS DES POISSONS. 85 pense que le chorion s'y trouve collé immédiatement contre la membrane vitelline. M. Garas a vu clans les œufs de Meunier, dont le développement, à la vérité, avait commencé, entre le vitellus et le chorion, un fluide aqueux et albumi- neux. Ce fluide est évidemment un mélange de l'albumen préexistant et de l'eau venue du dehors, après la chute des œufs dans l'eau. M. Rathke a reconnu dans les œufs des Syngnathes, parvenus dans la poche incubatrice, entre le vitellus et le chorion , un fluide albumineux et un peu aqueux , se coagulant par son mélange avec l'eau froide , ou par le contact de l'air, étant d'ailleurs de même na- ture que celui de la poche. J'avoue que je suis porté à croire qu'il existe, dans tous les cas, une légère couche albumineuse, fort dense autour du vitellus, analogue à celle qui a été reconnue dans l'œuf des Sélaciens vivipares, mais seulement beaucoup moindre. Cette couche me semble néces- saire pour déterminer l'absorption de l'eau spermatisée chez les ovipares, ou delà sérosité albumineuse chez les vivipares. L'œuf mûr des Sélaciens ovipares et des chimères , devant recevoir l'élément fécondateur dans l'ovaire , ou dans le commencement deloviducte, n'a pas encore l'enveloppe protectrice que lui donnera son séjour dans l'organe éducateur, et qu'il portera dans le lieu d'incubation. L'œuf des Squales vivipares, en prenant pour exem- ple Vèmissole, d'après J. Millier, se compose, lorsqu'il est parvenu dans l'oviducte, d'une membrane de la 8(3 XXXIIe LEÇON. (VENRRÀTIOIN des vertébbés. coque ou d'un chorioii extrêmement mince et délié comme l'amnios des mammifères, sans organisation apparente. Le sac qu'elle forme a sept à huit fois la longueur du vitellus. Les parois de cette poche sont partout rapprochées entre elles , ou autour du vitellus et de la couche d'albumen qui le recouvre. Les bords de ce sac amniotique sont régulièrement plissés, et les plis en sont pris par ceux de l'utérus. L'albumen est visqueux, filant, se coagulant par l'alcool. Il s'étend au-delà du vitellus en une pointe qui s'avance jusqu'à l'extrémité de l'œuf. Le volume des œufs parvenus à leur maturité n'est pas du tout en rapport avec la grandeur du poisson. La petite Imite de montagne les a très grands, sphé- riques; celle de rivière (salmo fario"L.) de même. Ils sont très petits, de forme plus grande pour être pressés les uns vers les autres dans la carpe. Dans Xanguille, où ils sont aussi très petits , on les distingue, par leur forme ovale, des capsules à peu près de même grandeur , mais sphériques , qui renferment le sperme. Leur nombre est, pour ainsi dire, en raison inverse de leur volume. Ce nombre est immense pour un grand nombre d'espèces. Dans une perche fluviatile , nous lavons trouvé de 69,216. Dans une carpe de 167,200. Dans un brochet de 166,400. Dans un maquereau de 129,000, et dans un estur- geon de 1,167,866 (1). (1) Ces «ombres sont pris dans notre première édition des Leçons, t. V, ART. V. ŒUFS DES POISSONS 87 Les œufs des poissons ovipares, dont la fécondation doit avoir lieu dans l'eau, immédiatement après la ponte , éprouvent , peu d'heures après être tombés dans ce liquide , un gonflement plus ou moins sen- sible, suite de l'absorption dune certaine quantité d'eau par toutes les parties composant la sphère pro- tectrice de l'œuf, qui sont douées de la faculté ab- sorbante de ce liquide. Si le mâle a répandu sa laite sur ces œufs, il en résulte que le courant deau qui pénètre, par endosmose, entre le chorion et le vitel- lus, entoure celui-ci d'une zone d'eau sprrmatisée dans laquelle il se meut librement. Sa moindre pesanteur spécifique, du côté du disque huileux, tourne vers le haut , cette partie où se trouve la vésicule germinative dans une position périphérique : toutes ces circon- stances paraissent admirablement combinées pour fa- voriser le contact des spermatozoïdes avec la vésicule germinative, et pour accomplir ainsi la fécondation. Chez les Sélaciens ovipares, et les chimères, chez lesquels la fécondation a lieu dans l'ovaire ou dans l'oviducte, et chez les vivipares ordinaires , la faculté absorbante du chorion doit servir de même à la fé- condation. Lorsque ce développement a lieu dans le calice de l'ovaire, comme chez les Pœcilies , il faut bien encore reconnaître à cette membrane de l'ovaire la même faculté absorbante. p 291 et 296. M. Rousseau, qui les avait déterminés, avait pesé en même temps le poisson , l'ovaire , et calculé le nombre d'œufs pour un gramme. 88 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTEBRES. IïT. Des organes éducateurs ou des canaux excré- teurs de la glande ovigène. Ces organes , dans le premier type de structure , que nous venons de décrire , commencent avec le vide du sac ovarien, et se continuent en un court canal qui, réuni à celui du côté opposé, se termine, après un trajet de quelques millimètres, entre l'anus et la na- geoire anale. Lorsqu'il n'y a qu'un ovaire dans ce type , et si le poisson est vivipare, l'oviducte est plus distinct de l'ovaire et forme un plus long canal : c'est ce qu'on peut voir dans la blennie vivipare et les pœcilies. 11 y a quelquefois, au lieu dune fossette, où se trouve l'orifice des ovaires, qui est aussi celui de la vessie urinaire, une papille creuse plus ou moins sail- lante, que nous verrons aussi chez les mâles. Cette papille existe entre autres chez les blennies, parmi les Osseux, et chez les lamproies, parmi les Cartilagineux. Chez ces dernières, elle n'est pas l'aboutissant des sacs ovariens, ou de leur terminaison en oviductes, puisque leurs ovaires appartiennent au second type, et que leurs œufs mûrs tombent dans la cavité abdomi- nale. Ici, cette cavité a deux conduits péritonéaux très courts, dans sa partie la plus reculée, qui s'ouvrent dans cette même papille. Chez les salmones , les loches, les anguilles , qui ont des ovaires de ce même type, les conduits péritonéaux, servant également d'oviductes, aboutissent de même à l'orifice génito-urinaire situé derrière l'anus, au- devant de la nageoire anale. Dans le troisième type , celui des Sélaciens, y corn- ABT. V. OVTDUCTES DES POISSONS. 89 pris les chimères, il y a un ou deux oviductes, suivant le nombre des ovaires ou indépendamment de ce nombre. La plupart des espèces vivipares n'ont qu'un ovi- ducte. Les chimères , la grande roussette , ïémissole lisse y etc., parmi les Squales ; les espèces ovipares du grand genre Raie , et les torpilles , qui sont vivipares, en ont deux, qui se compliquent, excepté chez ces dernières , dune glande dont l'usage est de compléter l'oeuf en sécrétant ses enveloppes protectrices.] Dans les chimères , ce sont d'abord de petits con- duits dont le pavillon commun (1), attaché entre les ovaires, est évasé. Après un assez court espace , chaque oviducte s'élargit tout-à-coup et forme un renflement glanduleux très considérable, contenu dans l'épaisseur de ses parois , et dont les faisceaux vésiculeux ou cana- liculés qui le composent sont perpendiculaires à ces parois. Au-delà de ce renflement glanduleux, ce canal conserve un grand diamètre jusqu'à l'endroit de sa ter- minaison. Une fois que l'œuf s'est accru par l'addition de l'en- veloppe que lui fournit la glande que nous venons de décrire , il avait besoin en effet d'un conduit plus grand : ce conduit nous a paru uniquement membra- neux et non glanduleux , dans toute son étendue. * [Les oviductes s'ouvrent au dehors, de chaque côté de l'orifice du cloaque. Cette disposition singulière est tout-à-fait exceptionnelle pour les animaux qui ont un (i) Voir Carus, Tab. anat. IV, fig. 2, p. 3, où cette disposition, que nous avions décrite en i8o5, est exactement représentée. 90 XXXIIe LEÇON. GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. aboutissant commun pour les fèces alimentaires et l'u- rine; elle doit faciliter la fécondation. ] Chez les raies ovipares, les oviductes ont une très grande ressemblance avec ceux des chimères, comme il en existe une, si ce n'est dans la forme du moins dans la composition des œufs de ces différents genres. Ces conduits sont réunis par leur extrémité antérieure, et n'ont qu'un pavillon commun, situé entre les ovaires, immédiatement en arrière du diaphragme, et qui con- duit dans l'un ou l'autre oviducte. De là, chaque ca- nal se porte en arrière et en dehors, en conservant un petit diamètre , une forme cylindrique , des parois plissées longitudinalement dans leur intérieur, et une couche fort mince, de nature glanduleuse, dans leur épaisseur. C'est à cette première partie qu'on a donné plus particulièrement le nom de trompe. Elle se dilate subitement après trois à six, huit, dix centimètres d 'étendue, suivant les espèces, pour envelopper dans ses parois un corps glanduleux fort épais, qui paraît com- posé de tubes blancs, allant dans des directions peu dif- férentes, de la paroi interne à l'externe. Cette glande est divisée proprement en deux parties ayant la figure d'un croissant à peu près, et qui ne se touchent que par leurs deux cornes ? qui sont dirigées en avant. L'humeur qu'elle sépare produit la coque de l'œuf de ces animaux ; et la forme de cette coque tient sans doute à celle de la surface glanduleuse. Au-delà de cette glande, chaque oviducte forme un large canal, qui va se terminer sur les côtés du cloa- que, tandis que le rectum y aboutit en dessous. Leurs deux orifices y sont bordés, du côté interne, d'un repli en guise de valvule. ABT. V. OVIDUCTES DES POISSONS. 91 [L'oviducte de ce type a des fonctions multiples à remplir, et dans ce but, comme on vient de le voir une organisation très compliquée. C'est d'abord un organe conducteur de la semence vers l'ovaire, pour la fécondation, et à cet effet, sa muqueuse doit être pourvue de cils vibratiles. Il reçoit ensuite l'ovule fécondé qui n'a encore ni albumen , ni membrane de la coque, ni coque elle-même. La première partie de ce conduit, qui précède la glande, la revêt d'albumen et de son chorion, et la seconde partie ou la glande, produit, cbezles ovipares, la substance de sa coque, et lui sert de moule. La troi- sième partie est essentiellement un canal de transmis- sion au dehors, dont les parois sont armées d'une couche musculaire plus forte , dans ce but. Dans une raie batys de grande dimension, la pre- mière partie était un boyau étroit d'environ om ,3oo de long, et dont le diamètre avait om,oio. Ce boyau se dilatait en entonnoir et prenait un diamètre de om,o45, pour s'épanouir dans la cavité de la glande; ses parois avaient des plis longitudinaux, et dans les intervalles , des plis réticulés beaucoup plus petits. La glande était très épaisse; elle avait, dans sa plus grande largeur, mesurée à l'extérieur, o,u , 1 80, et om , 1 5o dans sa cavité. Sa longueur ou sa hauteur, à chaque bout, était de om,o8o; sa substance était blanche et se composait de tubes plats, parallèles, allant de la sur- face externe à la surface interne de ses parois et s'ou- vrant dans sa cavité. La muqueuse qui la tapissait avait une structure ferme et résistante. Elle était épaisse, de couleur rougeâtre, et dans sa coupe on voyait les tubes la pénétrer en changeant de couleur. 92 XXXIIe LEÇON. CtÉlNÉRATION des vertébrés. Chaque paroi supérieure et inférieure de la glande présentait un sillon transverse, bordé en avant dune série de pores. On en remarquait un grand nombre dans toute la surface de chaque paroi , en avant et en arrière du sillon , qui laissaient suinter des gouttelettes de ma- tière. Ces parois montraient de plus des stries transver- sales. Au-delà de la glande, l'oviducte avait om ,180 de long, et om,o35 de large. Chez les Squales et les Raies vivipares, la com- position de l'oviducte est plus simple; on n'y trouve pas cette glande, ou bien elle est très peu développée, l'œuf ne devant pas avoir de coque épaisse.] Elle n'était pas sensible dans une torpille que nous avons ouverte , et dont les ovidnctes incubateurs étaient remplis de petits. [La muqueuse de ces oviductes , dont la seconde partie devient un organe d'incubation , montre ordi- nairement des plis longitudinaux, quelquefois frangés ou villeux , qui servent au déploiement des parois de l'oviducte, à mesure que le volume des fœtus qu'il renferme le rend nécessaire. Dans la torpille {torpédo ocidata), ces villosités sont aplaties et élargies en forme de spatule (i); il n'y a que des plis longitudinaux , sans villosités dans la tor- pédo maculata (2). Dans une femelle de Milandre (Sq. Galeus, L.) , la première portion de l'oviducte avait un petit diamètre et des parois minces, surtout dans le pavillon. (1) Anatomicîie disamine sulle torpedini, Jette dal s.ocio ordinario Stefano délie Chiaje, nella tornata de' 10 aprile , i83p,p. 10 et pi. fig. i. (3) J. Muller, o. c. , p. 56. ART. V. 0VIDLCTK3 DES POISSONS. 93 La muqueuse y présentait des rides longitudinales, plutôt que des plis. Cette première partie de l'oviducte, après un trajet de om,î2, se terminait dans celle en- tourée par la glande, qui était très peu développée, et dont la paroi interne avait deux culs-de-sac contournés en spirale. Au-delà de cette glande, Toviducte incuba- teur se dilatait considérablement; il avait trois fois et demie la longueur de l'oviducte propre. La muqueuse n'y montrait ni plis ni rides. Dans un émissole lisse (mustelus lœuis J. M.) nous avons vu l'embouchure commune des oviductes former une fente longitudinale, dont les lèvres étaient renflées en bourrelet et plissées. La première partie de chaque oviducte se composait d'un canal court et étroit, d'en- viron om,o6 de longueur totale. Une petite glande cor- diforme ne tardait pas à l'envelopper. Il reprenait en- suite son petit diamètre pour se terminer au fond d'une vaste poche ou de l'utérus. Chaque oviducte incubateur était également développé et formait une grande ca- pacité oblongue d'environ om,i7 de long, qui renfer- mait, l'un sept foetus et l'autre six, ayant chacun leur placenta très adhérent à ses parois , qui étaient très peu épaisses. Les fœtus avaient environ om,20 de long ; leur queue était repliée. Dans la mourine iiarinari, il n'y a qu'un oviducte gauche , dont la première partie commence contre le diaphragme, au-dessus des attaches du foie, par un orifice rond , et plissé en long dans tout son portour. Cette première partie n'a pas plus de glande que les oviductes des torpilles. C'est un canal étroit , à diamè- tre égal, d'environ un décimètre de long, qui a son em- bouchure dans le fond d'une large poche ou de Fovi- 94 XXXIIe LEÇON. GENEE 4TI0N DES VEBTEBRÉS. ducte incubateur. Cette seconde partie , dont la longueur est à peu près la même que celle de la première, et la plus grande largeur de sept à huit centimètres , s'ouvre à la paroi supérieure du cloaque. Ses parois sont extrêmement épaisses et, en grande partie , glanduleuses. Du côté de leur face interne, dans une profondeur de près de trois à quatre millimètres, elless e composent de filets entrelacés , formant des mailles irréguliéres. Vient ensuite une couche glanduleuse , épaisse de près d'un centimètre, compacte, dans laquelle on dis- tingue des tubes parallèles, dirigés en travers, de l'extérieur à l'intérieur. Cette partie glanduleuse a pour enveloppe une couche musculaire , revêtue elle-même d'une mem- brane péritonéale. Le sterlet (accipenses ruthenus) aurait (1) une organisation intermédiaire entre loviducte libre des Sélaciens, et les canaux péritonéaux des lamproies, etc. Un court canal péritonéal, ouvert à la paroi supérieure de l'abdomen, à parois intérieures lisses, se porte en arrière le long du rein , et ne tarde pas à se terminer dans l'uretère de son côté. Les oeufs murs tombés dans la cavité abdominale passent par ce canal et par l'ure- tère correspondant, mais ils ne paraissent recevoir aucune modification dans le premier, qui n'est pas un véritable oviducte. Remarquons encore, avant de terminer, que lovi- ducte n'est pas toujours la seule partie où se complètent (i) Suivant MM. Brandt et Ratzbury, Zoologie médicale, t. II, pi. IV, % 8. ART. V. OVIDUCTES DES POISSONS. 95 les œufs des poissons , ni le seul organe où ils se déve- loppent. L'ovaire produit nécessairement, ainsi que nous l'avons dit, un chorion et une sérosité albumineuse chez les pœcilies pour le développement libre de l'em- bryon dans cet organe. Il sécrète une coque et un chorion et une couche très mince d'albumen, chez les poissons ovipares qui n'ont pas d'oviducte , et dont les œufs complets tombent de l'ovaire dans la cavité abdominale, pour être rejetés au dehors. Ces œufs sont ordinairement libres, sépa- rés, sans enduit glutineux (ceux des salmones). Les anguilles cependant les rendraient agglutinés par petits pelotons, dans une sorte» de nidamentum (1). La coque et le nidamentum , ou la substance gluti- neuse au moyen de laquelle les poissons attachent leurs œufs aux corps submergés, sont généralement fournis par les parois de l'oviducte ; et quand cette coque doit être épaisse et dune forme très particulière, nous venons de voir chez les Sélacines ovipares et les chimères une glande qui en produit la matière abon- dante et une cavité qui la moule.] (i) Voir l'article anguille, par M. Valenciennesy du Dict. univ. d'hist. natur. , de M. Gh. d'Orbigny , t. I, p. 5o4- 96 XXXIII' LÉCON. ORGANES PBÉPARATEURS MALES. TRENTE-TROISIÈME LEÇON. DES ORGANES PRÉPARATEURS ET MODIFICATEURS DU SPERME CHEZ LES MALES DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. Ce sont, dans ceux où cet appareil d'organes est le plus compliqué : i° les testicules, qui préparent le sperme et le conduisent, soit dans un réservoir par- ticulier, soit dans un canal, d'où il est de suite trans- mis au dehors, soit dans un cloaque duquel il est de même rejeté; 2° les vésicules séminales, qui lui servent de réservoir; 3° les prostates; et l\° les glandes de Cowper, qui séparent une humeur dune nature quel- conque, destinée à être mélangée avec ia première pendant le coït. [Nous diviserons cette leçon en deux sections. Dans la première , nous décrirons les glandes qui séparent le sperme, appelées si improprement testi- cules ; nous ferons connaître les voies que suit la se- mence pour sortir du corps ou pour arriver aux or- ganes d'accouplement, quand ils existent; nous décri- rons la composition chimique, physique et organique du sperme. Dans la seconde section, nous nous occuperons des organes modificateurs du sperme, ou de ses réservoirs, et des glandes qui sécrètent une humeur destinée à se mélanger avec ce liquide dans les voies qu'il suit pour sortir du corps. ART. ï. GLANDES SPEÎtMAGÈNES. 1)7 SECTION I. DES ORGANES PRÉPARATEURS DU SPERME, DE LEUR CANAL EXCRÉTEUR ET DE LEUR PRODUIT DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. ARTICLE I. DES GLANDES SPEKMAGÈNES OU DES TESTICULES. Ces glapdes sont toujours paires chez tous les ani- maux de ce type; mais leur structure et leur position peuvent varier considérablement. A. Dans r homme. Les testicules ou les glandes spermagènes sont au nombre de deux, comme dans tous les animaux ver- tébrés. Depuis le septième mois de la vie fœtale, ils sont suspendus au-dessous du bassin , dans une espèce de bourse, le scrotum, qui n'est autre cliose qu'un pro- longement de la peau. [Nous reviendrons sur la composition de cette poche, après avoir fait connaître leur forme et leur organisation.] Les testicules proprement dits ont une forme ovale. Ils ont pour enveloppe extérieure un prolonge- ment du péritoine qui compose leur tunique vaginale, et se comporte à leur égard comme tout le reste de cette membrane à l'égard des viscères abdominaux; c'est-à- dire que c'est un. sac fermé ou à peu près, dans l'adulte, qui les contourne et leur adhère dans une par- 8. 7 98 XXXIIIe LECOÏN. ORGANES PREPARATEURS MALES. tie de la surface externe de ses parois, repliée pour cela dans l'autre partie, qui reste libre. Leur tunique propre se distingue par sa blancheur , qui Fa fait appeler aîbuginée; par son tissu ferme et serré , et par sa texture fibreuse. La substance des testicules est de couleur grisâtre et d'apparence homogène. Examinée avec soin, elle na présenté qu'un lacis de canaux, extrêmement nom- breux et déliés, remplis de liqueur séminale, et entre- lacés de vaisseaux sanguins, de lymphatiques, et sans doute de beaucoup de filets nerveux. Plusieurs des canaux séminifères se rendent dansl'épididyme à tra- vers le corps cï Highmore , dont la substance compacte forme une saillie longitudinale le long de ia paroi interne de falbuginée qui répond à l'épididyme. 11 part de ce corps un assez grand nombre de fila- ments ou de lames qui séparent les conduits séminifères en faisceaux, dirigés en travers (i), et vont se fixer dans les points opposés de l'albuginée. C'est de ce même corps que rayonne une partie des vaisseaux sanpuins qui pénètrent dans la substance du testicule ; il est encore le rendez-vous des conduits séminifères qui paraissent converger vers lui. [Ces conduits, extrêmement repliés sur eux-mêmes, que Ion a cru former des tubes isolés, auraient entre eux, suivant^//. Lauth, des anastomoses assez fré- quentes. A deux ou trois centimètres du corps àHigh- inore , ils se redressent, au lieu de continuer d'être flexueux, et forment dans l'épaisseur de ce corps, en (i) Ce sont ces faisceaux qu'on a désignés sous les noms de lobes et de fabules. ART. I. GLANDES SPERMAGÈNES DANS L'HOMME. 99 s'anasto ni osant entre eux, un réseau (rete testis) qui sert sans cloute à mélanger le sperme et à îe rendre plus homogène. Le calibre moyen des vaisseaux séminifères non in- jectés est de i / 1 85 de pouce; et non injectés, d 1/147; ^eur nom^re varie de83i à 857 ; leur longueur moyenne est de 1 760 pieds; c'est i>5 pouces pour cha- que conduit séminifère. Ces mesures, prises par Al. Lauth , diffèrent de celles indiquées par Monro, qui avait trouvé 3oo canaux sér miuifères de 11 pieds 3 pouces de long, faisant en tout une longueur de 3378 pieds. A leur origine , ces canaux forment un réseau qu en laisse très peu de libres. Près de leur terminaison , ils ont un diamètre de 1 / 1 20 à 1 / î 08 de pouce. Telle est la structure intime de cette glande, dont la partie chargée de la sécrétion du sperme paraî' vasculaire , comme celle qui doit le porter au dehors et qui se continue avec la première (1). La position des testicules de l'homme et de la plupart (1) Voir, pour la structure intime du testicule humain, le mémoire d\, u Lauth inséréparmi ceux de la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg, t. I. Les belles pîanclies de ce mémoire ont été faites d'après des prépa- rations injectées au mercure, qui sont conservées dans le Musée anatomiquo de la faculté de médecine de Strasbourg, mais qui ont déjà beaucoup perdi de leur perfection, comme cela arrive toujours par l'action de ce métal. Il est à regretter q^jl Al. Lauth n'ait pas profité de la première édifier» du présent ouvrage pour compléter l'hisioire du corps d'Highmore et en observer la structure chez les mammifères, où son développement est le plus considérable. Postérieurement au travail de M. AL Lauth , ont paru , dans les Archives d'anatomie et de pliysiologie de J. Muller, pour Tarnu i83y , des fragments sur le même sujet, par M. Krause. ICO XXXIIIe LEÇON. ORGANES PREPARATEURS MALES. des mammifères hors du bassin , clans une bourse cu- tanée suspendue sous les pubis, est un caractère tout particulier de cette classe, que nous ne retrouverons dans aucune autre du règne animal. Cette bourse, ou le scrotum, fournie nar une exten- sion du derme, a une structure appropriée à la fonc- tion quelle doit remplir : celle de protéger les glandes spermagènes et de leur transmettre certaines excita- tions qui peuvent contribuer à l'orgasme vénérien.] Sa surface est hérissée de poils épars ; elle est dou- blée par un tissu cellulaire cotonneux, qui ne contient jamais de graisse, et se distingue encore par sa grande contractilité, au moyen de laquelle la peau du scro- tum, qui lui est adhérente, se fronce dune manière extrêmement sensible. Ce tissu, qu'on appelle dartos, est la seconde enveloppe des testicules, et se compose de deux poches adossées et formant entre elles une cloison qui les sépare. Outre le mouvement que leur imprime son action , ou celle de la peau du scrotum en général, les testicules peuvent encore être soulevés par un muscle dont les fibres tirent leur origine de l'oblique ascendant, traversent l'anneau suspubien, en suivant le cordon des vaisseaux spermatiques jusqu'au testicule, $Ui' lequel elles s'épanouissent : c'est le crémaster. [Entre cette tunique nmsculeuse et les dartos , il existe une tunique fibreuse très apparente dans l'état physiologique.] Les principaux vaisseaux sanguins des testicules sont ies artères et les veines spermatiques. / Les artères spermatiques naissent ordinairement de l'aorte après les rénales, à quelque distance l'une de l'autre, et se portent en dehors et en bas, pour gagner ART. I. GLANDES SPERMÀOÈNES DANS LES MAMMIFÈRES. J<>{ Je cordon des vaisseaux spermatiques: elles forment dans ce cordon deux faisceaux d'artérioles, dont une partie se distribue aux enveloppes du testicule, et qui percent ensuite, L'un l'épididyme et l'autre la sub- stance du premier. Les rameaux de l'épigastrique, de l'ombilicale, de la honteuse interne et des honteuses externes, concourent, avec ces artères, à porterie sang au testicule, et particulièrement à ses envelop- pes, lis ont des veines analogues ; les spermatiques sont remarquables par les valvules qu'elles ont, contre l'ordinaire des veines des viscères, et par le plexus épais connu sous le nom de corps pampiniforme, qu'elles forment au sortir du testicule , et qui s'étend à travers l'anneau jusque dans l'abdomen; elles se rendent dans la veine cave , dans les émulgentes, et même dans les lombaires et les iliaques. [Les nerfs des testicules sont des nerfs ganglion- naires. Ils proviennent du plexus spermatique et du plexus hypogastrique. Le plexus spermatique, qui re- çoit des rameaux du plexus rénal, du plexus aorlique et du mésentérique supérieur, accompagne l'artère spermatique et s'anostoinose avec le plexus hypogas- trique, par les filets que celui-ci envoie au canal défé- rent. Les nerfs des deux plexus se joignent vis-à-vis de l'anneau inguinal et s'identifient tellement avec les tu- niques des vaisseaux du cordon, qu'on ne les suit jus qu'au testicule qu'avec la plus grande difficulté (1). MM. Krause et J. Muiler les ont suivis, depuis la (i) Voir J. Swan, Névrologie du corps humain. Paris, 1 838 , pi. V et. VI, et les notes de M. Chassaiqnac. p. 36. 102 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PREPARATEURS MALES. racine du pénis jusqu'à ia proximité du plexus hypô- gastrique inférieur. Ils ont remarqué que ces filets nerveux ont une couleur grise (i).] Les enveloppes du testicule reçoivent des nerfs lom- baires. En générai, les nerfs de ces organes leur donnent une sensibilité exquise qui les distingue de tous les autres organes sécréteurs. B. Dans les Mammifères. Les testicules varient principalement dans leur si- tuation, d'où dépend la présence ou l'absence d'un scrotum. Ils sont constamment suspendus dans une semblable bourse chez les Quadrumanes ; chez la plu- part des Carnivores , tels que lesows , les mangoustes, les chats, où on les voit en arrière du bassin, au-des- sous de l'anus; les hyènes , les martes ; chez les Didel- p/ies, tels que les kanguroos et lephascolome, qui ont cette bourse longue et suspendue en devant du bassin, et dans laquelle les testicules sont collés l'un contre l'autre , sans cloison celluleuse intermédiaire; dans les lièvres , où le scrotum est partagé en deux loges assez distinctes; dans les gerboises; chez la plupart des Ruminants , et chez les Solipèdes. Ils sont serrés sous ia peau du périnée, chez les ci- vettes, parmi les Carnassiers ; chez les Pachydermes ; ou sous celle de Faine , chez les loutres, les chameaux ; ils se glissent du bas-ventre dans l'une ou l'autre de ces régions, particulièrement au temps des amours, chez les Chéiroptères; et chez les taupes, les musaraignes et les (i) Archives de J. Muller pour 1837, p. 3o. ABT. I. GLANDES SPERMAGÈNES DANS LES MAMMIFÈRES. 103 hérissons , parmi les Insectivores, et dans le très praticJ nombre des Rongeurs , tels que les rats, les cochons d'Inde, les agoutis ,1e porc-épic , le castor, Y ondatra, les écureuils. Ils restent constamment dans l'abdomen, placés à côté des reins, dansl' éléphant', le daman, les Carnassiers amphibies et les Cétacés ; dans Xéchidnc et Xornithorkynque. Dans ce cas ? ils sont enveloppés et retenus en position par une production du péritoine très analogue aux ligaments larges de la matrice, et ils manquent de crémaster. Ce muscle , destiné à les soutenir ou à les faire changer de position, lorsqu'ils en sont susceptibles, devenait inutile; mais il existe toutes les fois que les testicules peuvent sortir de l'abdomen, et paraît d'autant plus fort que ces organes sont plus pesants et plus libres hors de l'abdomen. La tunique vaginale est constante. La position pres- que toujours horizontale de la plupart des mammi- fères, diminuant le danger des hernies, la cavité de cette enveloppe communique toujours par un canal étroit avec celle de l'abdomen, chez ceux dont les testicules restent constamment dans le scrotum ; et lorsque ces organes passent alternativement de l'ab- domen sous la peau du ventre, et vice versa, cette communication est si large que la cavité de la tunique vaginale ne forme pour ainsi dire qu'un cul-de-sac de derrière , qui semble prolongée vers le bassin. Llalbuginée ne présente de différence que dans son épaisseur; elle est ordinairement assez mince dans les petits animaux, pour que l'on puisse très bien distinguer, à travers , les vaisseaux séminifères. Les testicules varient peu pour la forme; ils sont généralement de figure ovale , comme ceux de 104 XXXIlT LEÇON. ORGANES PREPARATEURS MALES. (homme. Cependant on les trouve quelquefois globu- leux (dans le raton * le blaireau. X éléphant) ; ou 1res allongés ; les Amphibies et les Cétacés en fournissent, des exemples. Leur volume augmente singulièrement dans la sai- son des amours, et cet accroissement est d'autant plus remarquable chez les animaux qui restent engourdis pendant l'hiver que leurs autres parties sont dans un état de maigreur et d'épuisement bien sensible. Aucun Mammifère ne ies a d'une grandeur relative aussi considérable que les Rongeurs , si l'on en excepte la taupe et les autres Insectivores. Chez tous ces ani- maux, cette grandeur excède ordinairement celle des reins. Il est remarquable que précisément les Rongeurs ne manquent jamais de vésicules séminales, et qu'ils ont le plus souvent encore des vésicules accessoires, tant sont multipliés chez eux les moyens de propagation : aussi sont-ils les plus féconds de tous les Mammifères. Quant à la structure intime des glandes sperma- gènes , elle est au fond toujours la même, c'est-à-dire toujours composée de vaisseaux séminifères, etc. Mais la disposition et la grandeur relative de ces conduits paraissent varier beaucoup; ce qui peut faire présumer qu'il existe encore dans cette structure d'autres diffé- rences moins apparentes, mais capables , avec les pre- mières , d'influer sur les qualités de la semence , et de leur en donner de différentes, dans les divers animaux. Tantôt les conduits séminifères sont assemblés en gros faisceaux, comparables à ceux d'un muscle, et dirigés tous dans le même sens, soit transversa- lement, soit obliquement. Les papions, parmi les singes, la plupart des grands Carnassiers , le sanglier, ART. I. Gï.ANDES SPEKMAGEiN'ES DANS LES MAMMIFÈRES. 10.*) le rhinocéros , nous en ont fait voir de semblables. Ceux de Yâne sont beaucoup plus petits que dans les précédents. Ils se voient dans le lièvre, parmi les Ron- geurs. Mais dans la plupart de ceux-ci et particulièrement dans les rats, lts conduits séminifères sont de gros tuyaux parallèles , non réunis en faisceaux et facile- ment séparablesles uns des autres. Dans le bélier, ces conduits, qui sont très distincts, ne sont pas droits, mais vont en serpentant et en se re- pliant sur eux-mêmes. Ce peu d'exemples doit faire espérer d'obtenir quel- ques résultats physiologiques d'un plus grand nombre d'observations faites sur le même objet (1). [Les prévisions que nous exprimions ici dans notre ancien texte, sur les différences des produits de la glande, c'est-à-dire de la liqueur séminale suivant les espèces, d'après quelques différences dans la structure intime de cette glande, out été confirmées de nos jours par l'étude microscopique de cette liqueur et des sper- matozoïdes qu'elle renferme, ainsi que nous le verrons dans l'article IÎI de cette Section.] Pour découvrir le corps à'Highmore dans les mam- mifères, il faut couper en long le testicule, de ma- nière que la section réponde à la ligne qui l'unit à l'épididyme. Ce corps se présente ordinairement, dans ce cas, sous la forme d'un ruban blanc, plus ou moins épais, qui part de l'aibuginée vis-à-vis de la (i) M. AL Lauth les a vus distribués en lobes dans le lapin. Il y a dé- couvert des anastomoses entre les vaisseaux des lobes dillérents. Les ca- naux seminitères du rat lui ont aussi t'ait voir des anastomoses. 106 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PREPARATEURS MALES. tête de l'épididynie , ou immédiatement au-dessous, et traverse le milieu du testicule, dans sa longueur, en formant une courbe dont la concavité regarde lepi- didyme. 11 n'atteint pas l'autre extrémité du testicule; mais se termine brusquement dansson tiers postérieur, ou même pins tôt, sans avoir diminué de largeur aupa- ravant. La lame interne de l'albuginée se replie évi- demment chez plusieurs mammifères (le sanglier entre autres), pour former ce corps : il en part un grand nombre de lames ou de filaments, dont les plus éloignés de l'origine du corps d'Higbmore paraissent simplement celluleux, et dont les premiers qui s'en détachent sont fort résistants et évidemment fibreux. Ces filaments ou ces lames pénètrent en différents sens la substance du testicule, et vont s attacher d'au- tre part à toute la circonférence de ses parois. Les principales artères du testicule paraissent ram- per le long de ce corps, et c'est de ses différents points qu'elles envoient, dans la substance du testicule , leurs plus fines ramifications. Sa coupe longitudinale fait voir, dans les grands animaux, quelques orifices de conduits : ils sont plus nombreux dans un même es- pace de sa coupe transversale; les plus gros paraissent au centre de cette coupe et les plus fins à la circonfé- rence. Ce corps s'amincit beaucoup quelquefois en s'approchant de l'épididynie , et en se déviant du plan qu'il avait parcouru; il ne semble plus que composé d'un faisceau de quelques cordons parallèles. Les conduits séminifères ou leurs faisceaux convergent évidemment vers tous ses points. Telle est sa structure apparente et sa disposition la plus générale. Il paraît d'autant plus fort et plus épais, ainsi que ART. I. GLANDES SPEP.MAGÈNES DANS LES MAMMTFERES. 107 Jes lames ou les filaments ligamenteux qui en partent, que le testicule est plus volumineux. Dans plusieurs, sa disposition n'est pas comme nous venons de le dire, mais elle est semblable à celle qu'il a dans l'homme : le kanguroo géant en est un exemple, Plusieurs petits Mammifères [les rats) n'ont rien de semblable dans le milieu du testicule , et on n'y voit pas bien distinc- tement, le long de l'albuginée, une proéminence qui indiquerait sa présence du côté de l'épididynie. [J'ajouterai ici quelques unes des observations par- ticulières que j'ai faites déjà en i8o5 , pour la descrip- tion générale qu'on vient de lire. Chez le mandrill, le corps d'Highmore est dans la substance même du testicule, du côté de l'épididynie. Coupé en travers, il présente un grand nombre de petits orifices, plus petits dans sa circonférence que dans son axe. Celui du chien est légèrement arqué et pénètre clans la substance du testicule depuis la tête de l'épididyme jusqu'au troisième tiers de son axe longitudinal. Les productions qui en partent, comme des rayons, en se dirigeant obliquement en dehors et vers l'extrémité opposée de la glande, sont minces et comme celluleuses. Celui du lièvre forme comme une anse dont la concavité regarde l'épididynie, en pénétrant dans l'axe longitudinal du testicule. Il a son origine bien en deçà de la tête de l'épididyme, et se termine à la fin du second tiers du grand axe de la glande. Des vaisseaux sanguins nombreux partent évidem- ment de ce corps, ou s'y rendent. il est aussi évidemment l'aboutissant des faisceaux des séminifères. 11 devient très fin près de l'épididynie, dans lequel 108 XXXIIIe LEÇON. OBGAKES PI EPARATEUKS MALES. il aboutit. Sa coupe transversale montre plusieurs ori- fices des vaisseaux qui pénètrent dans son épaisseur. Dans Xagouti, parmi les Rongeurs, nous avons vu, dans une coupe longitudinale du testicule, les faisceaux des séminifères se rendre vers le corps à'Highmore, qui prend ici une couleur jaunâtre, comme celle des vais- seaux séminifères. Je n'ai pu apercevoir de corps d'Highmore, ni dans le cochon d Inde ni dans le rat. Dans le sanglier, parmi les Pachydermes, le corps d'Highmore est d'une substance fibreuse, résistante; sa structure paraît en même temps vasculaire. Les fais- ceaux des séminifères, séparés les uns des autres par les productions fibro-cellulaires, partant de ce corps et se croisant en différents sens, s'y rendent évidem- ment. Dans le testicule du rhinocéros on peut suivre le corps d'Highmore, dans presque toute la longueur de l'axe longitudinal de cette glande, depuis la tête de l'épidi- dyme, qui contourne le sommet du testicule. Sa coupe longitudinale montre un grand nombre d'orifices de vaisseaux. Il envoie des lames ligamen- teuses dans toutes les parties du testicule. Dans le testicule de Varie , c'est en deçà de la tête de l'épididyme que le corps d'Highmore aboutit à cette partie accessoire du testicule : aussi est-il plus arqué pour gagner Taxe longitudinal de la glande, dont il n'atteint pas le troisième tiers. Dans le chameau, le corps d'Highmore est très ten- dineux. Il eu part un assez grand nombre de lames ou de fileis qui gagnent l'albuminée en se portant oblique- ment en dehors et en arrière. ART. I. GL ANDES SPEEMAGÈNES DANS LES MAMMIFÈRES. 109 Dans le bélier, le corps d'Highruore commence vers la tête de lepididyme, et se porte tout le long du orand axe du testicule , en formant une courbe comme cet axe, dont la concavité regarde lepididyme. Sa coupe présente des orifices de vaisseaux et des cellules. Sa substance est blancbe et d'apparence tendineuse. Les vaisseaux séminifères s'y rendent de toutes les parties de la glande , et il en part des productions sinueuses qui rayonnent obliquement vers les parois internes de l'albuminée. Chez le kanguroo géant , le corps d'Highmore dou- ble l'albugiuéé, et ne se prolonge pas dans l'axe du testicule. Il s'amincit beaucoup avant de joindre la tête de l'épidiclyme, qui ne tient au testicule que dans cette partie.] On peut, à ce qu'il nous semble, conclure de ces faits que le corps d'Highmore sert à plusieurs usages : c'est une sorte de ligament qui affermit et soutient la masse délicate du testicule , en donnant attache aux lames ou filaments qui la traversent : il réunit les principaux vaisseaux séminifères et les protège jusqu'à l'épidiclyme. En donnant un appui aux principales artères, ne préserverait-il pas du froissement les plus déliés des conduits sémmiières, qui ne s'entrelacent avec ces artères que lorsqu'elles sont très divisées? [Dans les trois classes suivantes des vertébrés et dans tous les animaux sans vertèbres, nous ne trouverons plus les glandes spermagènes apparentes au dehors, dans une bourse cutanée, organisée pour cet usage. Tous les autres animaux où elles existent les ont eu- fermées dans leur cavité viscérale, comprenant au moins les principaux organes d alimentation.] liO XXXIIIe LEÇON. ORCxANES PRÉPARATEURS MALES. G. Dans les Oiseaux. - Les testicules des Oiseaux restent constamment dans la cavité abdominale, immédiatement en arrière des poumons , sous la partie antérieure des reins, où ils touchent à l'aorte et à la veine cave. Leur volume varie beaucoup, suivant \es espèces et dans les indivi- dus dune même espèce, selon la saison ; il augmente considérablement dans celle des amours (i), comme dans les mammifères, et prend dans plusieurs, tels que le coq, les canards, une grosseur extraordinaire, qui ne se voit, proportion gardée, dans aucun des premiers animaux. Le gauche est assez généralement plus gros que le droit, [et cette différence de volume est quelquefois telle qu on ne peut s'empêcher de saisir une certaine analogie avec le développement des ovaires ou des oviductes des femelles, ainsi que la fait M. Curas. Nous avions trouvé, dans nos observations de i8o5 entre autres, le testicule gauche de Voie une fois plus grand que le droit.] Leur forme est allongée, ovale ou arrondie. Us ont, comme dans la première classe , une mem- brane péritonéaie qui les fixe dans leur position . et une membrane propre, dont la surface interne donne attache à des filaments fibreux qui traversent la sub- stance du testicule. Celle-ci est un amas de conduits séminifères extrê- mement fins , moins gros et moins distincts que dans (i) Chez le moineau, son diamètre longitudinal est douze fois aussi grand à l'époque du rut qu'avant cette époque. ART. I. GLANDES SPERMAGÈNES DANS LES OISEAUX. 111 les mammifères. On n'y voit pas, comme dans beau- coup de ces derniers, de corps d'Highmore qui pénétre- rait dans le milieu du testicule; les principaux conduits efférents se rendent vers le milieu du bord interne de cet organe, endroit où l'épididyme lui est uni le plus intimement. [Dans le casoar à casque, nous avons trouvé tout l'intérieur du testicule, dans une coupe longitudinale qui le partageait en deux moitiés à peu près égales , divisé par des lames ou des rubans à bords dentelés, réunis par des branches plus étroites, et formant en- semble comme un réseau dont les mailles étaient plus nombreuses vers ïe bord épididymique. Ces mailles étaient remplies d'une humeur épaisse, qui s'échappait des vaisseaux séminifères.] D. Dans la classe des Reptiles. [Tous les Reptiles mâles ont deux glandes sperma- gènes situées dans la cavité abdominale, plus ou moins en avant ou en arrière, et constamment en rapport avec les reins, sous lesquels ou au-devant desquels elles sont placées. Leur structure intime n'étant pas la même dans les deux sous-classes dont se compose cette classe, nous les décrirons successivement dans Tune et dans l'autre,] i . Chez les Reptiles propres. Dans les trois ordres de cette sous-classe, leur situa- tion et leur structure sont très analogues à celles qu'ils ont dans les oiseaux. 112 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PREPARATEURS MALES. On les trouve constamment collés contre la face inférieure des reins, qui sont dans le fond de la cavité abdominale (chez les Chéloi tiens ■; ou en avant de ces viscères, de chaque côté de la colonne épinière (\es Sauriens ) ; situés de même, mais le droit plus avant que \c gauche, chez les Ophidiens. Leur forme varie dans les différents ordres de cette sous-classe. [Elle est plus ramassée lorsque le corps lui-même est plus épais; plus allongée chez les Ophidiens et les Sau- riens, dont le corps est plus allongé.] Leur substance présente, dans les tortues, de gros faisceaux de canaux divisés en différents sens et réunis par du tissu cellulaire. Ces faisceaux sont fins , cylin- driques, et facilement séparables dans les lézards. [.l'ai trouvé dans le lézard vert piqueté le testicule droit plus avancé que le gauche de toute sa longueur; mais cette position n'est pas constante. C'est quelque- fois le gauche qui est en avant. L'un et l'autre sont situés bien avant les reins, qui sont très reculés chez les animaux de cet ordre. On reconnaît encore généralement, dans cette sous- classe, à côté du testicule proprement dit, le commen- cement de son canal déférent, sinueux et replié (t formant le peloton qui caractérise l'épididynie.] 2. Dans la sous-classe des Reptiles amphibies), [a. L'ordre des Ophidio-batraciens (t), qui ne com- prend que les céciliès , a deux glandes spermagènes étroites et longues , dont Tune , celle de droite, est un (i) Les bramèles de MM. Duméril et Bibron. ART. I, GLANDES SPEBMAGENES CES KEFTÎLES. 113 plus avancée que celle de gauche, comme chez les Ophidiens ( 1 ). b. Les testicules des Batraciens anoures ont une forme plus constante, plus régulière que ceux des Ba- traciens urodèles. Nous décrirons d'abord les premiers, d'après la grenouille verte. Situés très en avant dans la cavité thoraco-abdomi- nale, de chaque côté des vertèbres, ils y sont fixés sous les reins et rapprochés l'un de l'autre, par un repli di péritoine, qui les enveloppe comme d'une gaze noire. Leur forme est ovale, et leur gros bout, dirigé en avant , a pour appendices des corps graisseux divisés en lobes, contenant chacun un arc vasculaire sauguin. De leur face supérieure , un peu au-delà du bord interne, sortent au moins huit à onze canaux séminifè- res , qui se portent immédiatement dans la partie cor- respondante du rein. On peut distinguer, dans la structure intime de la glande spermagène de ces Batraciens , une partie cor- ticale composée des capsules déjà indiquées parSwàm- merdam , dont le fond aboutit à la surface de la glande et dont l'autre extrémité est dirigée vers l'axe de ce même organe. Ces capsules sont liées entre elles par un tissu cellulaire,* dans lequel rampent les vaisseaux sanguins. La partie centrale de la glande est formée elle-même de canaux dont la disposition est différente; ils sont repliés, et ils mont paru être l'aboutissant des capsules 9 (l) Voir notre planche des Cécilles^ n° 36 ter. (q. et cj' de la fig. r) prande édition du Règne animal, de G. Cuvier. — Reptiles. 8. 8 114 XXX1U6 LEÇON. ORGANES PREPARATEURS, ETC., MALES. corticales et se continuer dans les canaux séminifères efférents. c. Parmi les Batraciens uwdèles , les salamandres et les triions ont leurs glandes spermagènes situées sous les reins, dans un large repli du péritoine, qui contient dans son bord libre un corps graisseux cylindrique , ou de différente forme , dont le volume varie beau- coup , ainsi que celui du testicule, durant l'épcque du rut , ou hors de cette époque. Nous avons trouvé les testicules simples, de forme allongée , irrégulièrement cylindrique , dans le triton alpestre et dans lasalamandre noire ; tandis que dans la salamandre commune et dans le triton à crête, ils sont divisés en deux ou trois lobes principaux et plusieurs autres plus petits. Les pédicules qui joignent ces prin- cipales divisions sont ordinairement tordus ou con- tournés en spirale, d'autant plus que les parties du testicule sont plus distendues, comme cela a lieu à l'époque du rut. Ces pédicules ne sont composés que de Falbuginée, qui est ici réduite à un simple tube revêtu du péritoine. Les divisions des testicules sont plus nombreuses clans le triton à crête que dans aucune autre espèce. Elles peuvent varier d'un testicule à l'autre dans le même individu; elles varient encore avec l'époque du rut, durant laquelle ces étranglements se multiplient. Les lobes principaux qu'ils séparent ne se déve- loppent pas simultanément au même degré, ainsi que les spermatozoïdes qu ils renferment, ce qui leur donne un aspect et une nuance de couleur très différents. Àiusi nous avons vu dans un testicule de triton à AHT. I. GLANDES SPERMAGENES DES REPTILES. 115 crête , qui était divisé en trois parties, la première de ces parties, qui était la seconde pour le volume, de cou- leur gris de perle, avec une teinte rougeâtre; elle était sillonnée de vaisseaux sanguins injectés. La seconde était oblongue et jaunâtre; c'était la plus volumineuse. La troisième , la plus petite des trois , était sphéri- que et opaline. L'organisation intime de ces trois parties était essen- tiellement la même ; mais il n'y avait de spermato- zoïdes que dans la seconde ; les deux autres ne ren- fermaient que des vésicules sphériques. Dans un autre triton à crête, en plein rut, toutes les parties des testicules, dont les divisions étaient au nombre de cinq et même de sept, étaient remplies de spermatozoïdes. La structure intime des glandes spermagènes se rapporte au type que nous venons de décrire dans les Batraciens anoures. En dedans de l'enveloppe pro- pre de ces organes, ou de leur albuginée , se voient un grand nombre de vésicules glanduleuses , sphériques, obiongues, coniques, formant plusieurs couches con- centriques. Elles sont séparées par un tissu libro-cel- iuleux plus dense, plus opaque, production de l'al- buginée, formant autant de cellules qu'il y a de capsules glanduleuses, et dont l'ensemble figure une ruche d'abeilles. C'est dans ce tissu que rampent les vaisseaux san- guins et probablement les canaux séminifères qui portent dans les canaux efférents le produit de la sé- crétion de ces glandes. Chaque capsule primaire renferme, avant l'époque du rut et au commencement de cette époque , un cer- 116 XXXIII* LEÇON. ORGANES PRÉPARATEURS , ETC., MALES. tain nombre de capsules génératrices, remplies de granulations ou de germes de spermatozoïdes. En plein rut, ces granulations se sont transformées en spermatozoïdes, qui forment autant décheveaux pe- lotonnés qu'il y avait de capsules génératrices. Ces pelotons de spermatozoïdes restent distincts et sépa- rés, quoiqu'on ne puisse plus apercevoir les parois de la partie qui les renfermait (1). Le protée a des testicules à peu près cylindriques et composés , en partie , de petits canaux flexueux , ser- pentant suivant le sens transversal du testicule.] E. Dans la classe des Poissons. [L'organe producteur du sperme, ou la glande spermagène des Poissons , présente , dans sa structure générale , comme la glande ovigène , trois types dis- tincts. Ce peut être une glande sans canal excréteur, ayant toutes les apparences et la forme de la glande ovigène, que nous venons de décrire chez les lamproies, les anguilles et les salmones. Ou bien c'est une glande en forme de sac, dont le canal excréteur est une continuation de sa cavité, resserrée dans un court espace et se terminant en ar- lière. Il y a encore ici la plus grande ressemblance entre les organes mâles et les organes femelles. Enfin, dans le troisième type, celui des Sélaciens, y compris les chimères , cette glande et son canal ex- . (i) Fragments sur les organes génito-urinaires clés Reptiles par M. Duvernoy, Comptes-rendus des séances de l'Académie des sciences , t. XIX, p. 585 à 600. ART. I. GLANDES SPERMAGENES DES POISSONS. U7 créteur ont l'organisation compliquée quelle présente dans les trois classes supérieures. Nous avions bien distingué ce dernier type , en i8o5, du type le plus général; mais nous avons eu tort de supposer que tous les, autres poissons étaient pourvus de testicules en forme de sac, avec un canal déférent; nous avions méconnu le type de X anguille et des lam- proies. La glande spermagène des poissons est toujours double et rarement symétrique, à la fois dans sa forme et dans son volume. Sa position dans la cavité abdominale sous les reins et la vessie natatoire, quand celle-ci existe, est absolu- ment semblable à la position des ovaires. Elle y est de même retenue par un repli du péri- toine qui renferme ses vaisseaux sanguins et ses nerfs et l'enveloppe de tous côtés. Dans le premier type, celui sans canal excréteur, la forme générale de la glande est celle dune longue bande plissée à ses deux bords, ayant une de ses faces, l'externe, couverte de lamelles membraneuses transver- sales, dans l'épaisseur desquelles se produit et s'amasse le sperme; tandis que la face interne est lisse. Dans ce type en rnancbette , la bande que forme la glande est plissée par son bord supérieur et se déploie par son bord libre, qui est très étendu et festonné en lobes et en lobules. Ici, il n'y a pas de lamelles proligères sur l'une des faces seulement ; mais les granules sperma- tiques se montrent dans toute l'épaisseur de cette lon- gue manchette. Son tissu ne se compose que de deux membranes, l'intérieure ou péritonéale et sa membrane propre. On 118 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PRÉPARATEURS , ETC., MALES. y reconnaît, à 1 époque du rut, une quantité innombrable de granulations, ou de petites capsules spermatiques , dont la forme arrondie les a fait confondre souvent avec les ovules, du moins chez les anguilles ; ici à la vérité ces capsules ont à peu près le volume des ovules; mais ceux-ci se distinguent par leur forme ovale. Chez les lamproies , les capsules spermatiques sont plus petites, anguleuses; tandis que les ovules sont parfaitement ronds et à surface lisse.] Ceux des autres poissons, connus plus généralement sous le nom de laite, sont de grands sacs en partie membraneux, en partie glanduleux , de forme régu- lière, cylindrique ou conique, ou divisée en lobes. Leur volume augmente singulièrement dans le temps du frai; ils sont remplis, à cette époque, d'une matière blanchâtre, opaque, laiteuse, ou de liqueur séminale. Ils ne paraissent essentiellement composés que de cel- lules, dont les parois, formées d'une membrane très déliée, sécrètent cette dernière liqueur. [Quelque minces que soient ces parois , on doit y re- connaître trois membranes : l'extérieure ou périto- néale, l'intérieure ou la muqueuse, et la moyenne ou orolip'ère, dont le tissu est fibro-celluleux , et doit jouir d'une contractilité très prononcée pour l'expul- sion de la semence, à l'époque du frai, et pour re- prendre le petit volume que montre cet organe après cette époque. La muqueuse et la membrane fibro-cellu- laire forment généralement des replis nombreux trans- verses, parallèles, interrompus, pressés les uns vers les autres, mais qu'il n'est plus possible de démêler â l'époque du frai. Ils sont alors tellement collés les uns rs.ix mitres que tout ce testicule ne semble composé que ART. I. GLANDES SPERMAGÈNES DES POISSONS. 119 d'un tissu homogène, plutôt tubuleux que eelluleux ainsi que l'exprime notre ancien texte. Dans le labrax lupus Guv., toute la surface de la glande spermagène est comme marbrée de petites ta- ches de couleur laiteuse, leurs intervalles, dessinant un réseau jaunâtre. Chacune de ces taches est le fond d'un des innombrables petits ccecums dont se com- pose, en définitive, la substance du testicule. Dans une coupe transversale de l'organe, on les voit confluer de toutes les parties périphériques de la glande , vers la paroi où se trouve le canal déférent. Des canaux séminifères longitudinaux se montrent dans cette même paroi, et viennent se rendre succes- sivement dans le canal déférent. Dans une carpe de trois années, la laite était énorme et s'avançait presque jusqu'au diaphragme. Elle for- mait un sac élargi en avant, se rétrécissant beaucoup en arrière. Son canal déférent, large et court, n'avait qu'un centimètre de long, et se réunissait à son sem- blable, pour se terminer derrière l'anus. Le volume du testicule gauche excédait de beau- coup celui du côté droit, qui avait des divisions ou des lobes plus nombreux et plus profonds. La structure intime de cette glande se compose de petites capsules de forme sphérique ou d'autres for- mes, qui entourent un canal séminifère. Dans le brochet, les petits tubes sécréteurs se divi- sent comme des feuilles palmées. Observés à partir des canaux séminifères, les tubes sécréteurs, en général, se divisent et se sous-divisent de dedans et dehors, et Unissent par ne plus se composer, ^20 XXXIII' LEÇON. ORGANES PREPARATEURS, ETC., MALES. en dernier lieu, que de courts cœcums ou de petites capsules arrondies. Mais ces divisions peuvent être rares ou nombreuses, indépendantes, ou s'anastomosant entre elles et for- mant comme un réseau (1). C'est à l'extérieur de la glande, sous la membrane péritonéale, le long de sa face interne et supérieure, que régnent les troncs artériels et veineux principaux. Leurs branches s'en détachent à angle droit, pour cein- dre transversalement le testicule ; et de ces branches sortent des rameaux, encore à angle droit, qui pénè- trent dans le tissu proligère et y distribuent leurs ramuscules. Le troisième type est celui des Sélaciens et des chi- mères. Leurs glandes spermagènes se composent de deux parties distinctes, le testicule et l'épididyme, qui se déroule en canal déférent. ]Les testicules sont grands, allongés, quoique larges et plats , et s'étendent sous les vertèbres, au-dessus du canal intestinal et de l'estomac. Leur plus grande partie est une agglomération de tu- bercules, de la grosseur d'un pois, pressés les uns contre les autres, et présentant chacun un petit enfoncement au milieu de leur face externe; ils tiennent ensemble par des filaments très forts , et par la membrane extrêmement déliée qui les enveloppe; ils ne parais- sent composés que d'un grand nombre de petits grains ronds , très fins. L'autre partie de ces testicules singu- liers est formée d'une substance glanduleuse homo- gène , qui en occupe en arrière la portion la plus (i) Voir/. Muller, Deglandularum secernentium structura, Lipsia? i83o. PI. xv, fig. 7 où eette structure est représentée flans l'alose. ART. I. GLANDES SPERMAGÈNES DES POISSONS. 121 mince et s'étend sous toute la face inférieure de la portion tuberculeuse. [Ces petits grains ronds très fins, que nous avions dit remplir les vessies pisif ormes qui composent la partie principale de la glande, ont une complication orga- nique que le microscope seul pouvait faire connaître. M. Stannius a reconnu que ce sont de petites capsules contenant un grand nombre de spermatozoïdes, réunis en écbeveaux, disposés comme des rayons près de la périphérie, et roulés en spirale dans le centre de l'ampoule (i). M. Hallmann est allé plus loin en montrant la com- position compliquée de ces vésicules, la génération de cellules dans les unes, et le développement successif des spermatozoïdes dans les autres (2). La grande capsule pisiforme qui renferme ces vé- sicules, que nous appellerons primaires en a , du côté de sa dépression centrale , de plus petites, dont la forme est ovale. Vers le fond, ou la paroi opposée, elles sont plus grandes et spliériques. Toutes tiennent entre elles par un pédicule qui se ramifie et va d'une vésicule se joindre au pédicule de plusieurs autres. Ce pédicule est un canal excréteur dans lequel se meut le contenu des vésicules. Ce canal a oram,o32 de diamètre, et les plus grandes (1) Sur les organes mâles de la génération des Sélaciens, par M. H. Stan- nius. Archives d'anatomie et de physiol. de J. Muller, — p. \\» Ber- lin, i84o. (2) Structure des testicules des Raies et développement des animal- cules spermatiques , par Edouard Hallmann ; mêmes Archives et même vo- lume de 1840, p. 4^7* 122 XXXIIIe LEÇON. ORGAWElS PREPARATEURS • ETC5 MALES. vésicules ont un diamètre de o^snS; leur grandeur moyenne est de omm,i62. Les parois transparentes de ces vésicules primaires montrent des cellules cubiques ou polygonales, pres- sées les unes vers les autres., attachées à ces parois, qui contiennent un noyau et celui-ci un ou plusieurs nucléoîules. La compression des vésicules primaires détache de leurs parois ces vésicules secondaires et fait passer leur noyau dans le canal excréteur des premières. Ces cel- lules ou vésicules secondaires ontomn,,0 2i à onim,024 (o",ooo8 à o",ooo9) et leur noyau omm,oio à omtn,oi3 (ofr,ooo4 à of',ooo5). M. Hallmann a vu de nouvelles cellules en forma- tion recouvrir plus ou moins parle côté leur noyau, comme un verre de montre; tandis que ce même noyau était complètement enfermé et libre dans la cellule entièrement développée. C'était évidemment la génération cellulaire surprise par l'observateur , dans certaines de ces vésicules primaires et de leurs cellules polygonales ou vésicules secondaires (1). Dans un autre ordre de ces cellules ou de ces vési- cules secondaires, le même observateur a pu suivre le développement successif des spermatozoïdes. Elles se distinguaient des précédentes par leur plus grand diamètre , l'absence de noyau et par leur con- tenu (2). Beaucoup sont limpides et incolores comme de (1) Voir les fig. 1 et 2 a. 6. c. a, pi, XV de ce mémoire. (2) Iliid. fift, 3, a. b. c. d. ART. II. DE LEURS CANAUX EXCRÉTEURS. 123 l'eau, de forme sphérique, et renferment une, deux, trois et même un plus .grand nombre de vésicules plus petites. Leur grandeur moyenne est de o",ooi8 (omm,o486). D'autres ont un grand nombre de taches obscures. Les autres ont des vésicules tertiaires remplies d'une masse granuleuse opaque, qui les rend plus évidentes. Enfin, beaucoup de vésicules primaires contiennent un grand nombre de vésicules secondaires, dont cha- cune renferme un écheveau de spermatozoïdes (i). En dernier lieu , ces faisceaux de spermatozoïdes éelosent, rompent la cellule secondaire dans laquelle ils se sont développés, et paraissent disposés dans la vésicule primaire comme M. Stannius les a vus. il y a la plus grande analogie entre cette structure intime et celle que nous avons fait connaître chez les salamandres. ] ARTICLE II. DES CANAUX EXCRÉTEURS DES GLANDES SPERMAGENES OU DES VOIES QUE SUIT LA SEMENCE POUR PASSER DE CETTE GLANDE HORS DU CORPS OU DANS LES ORGANES d' ACCOUPLEMENT. [La semence peut être immédiatement rejetée au dehors par un très court canal excréteur, comme cela a lieu chez la plupart des Poissons osseux ; ou bien elle n'y arrive qu'après avoir été versée dans la ca- vité abdominale, ainsi que cela se voit chez quelques Poissons des deux sous-classes. Chez les Sélaciens et dans les trois autres classes des (l) Ibitl. f. 4. a. 124 XXXIIl" LEÇON. ORGANES PRÉPARATEURS, ETC., MALES. vertébrés, elle est toujours versée dans les organes ou l'organe d'accouplement , par un canal déférent plus ou moins sinueux, dont le commencement peut être singuîièremert pelotonné^ et porte , dans ce cas, le nom particulier d'épididyme. ] A. Chez V homme. [La glande spermagène proprement dite supporte , du côté externe et supérieur, une partie accessoire dis- tincte , de forme irrégulière , plus développée dans les deux extrémités qu'au milieu , où elle est amincie. C'est à cette partie accessoire qu'on a donné le nom d'épididyme. Ce corps n'est formé que d'un canal unique, très replié , puisque dans l'étendue de deux centimètres environ , qui est la mesure de la longueur de l'épidi- dyme, son canal aurait, suivant Monro, om,58 ou seu- lement om,38 d'après Al. Lauth, ou om,4s au plus.] Le canal de l'épididyme reçoit la semence des con- duits efférents qui sortent du corps d'Highmore. [ Ces conduits portent encore le nom de cônes vas- culaires , parce qu'en pénétrant dans l'extrémité cor- respondante de l'épididyme, qui est l'interne, et qu'on appelle encore la tête de ce corps, leurs inflexions se déploient graduellement de manière à figurer un cône; on a compté de 9 à 3o de ces cônes. Dans quelques sujets , les replis de ces canaux effé- rents se resserrent de nouveau avant de se terminer dans l'épididyme, et prennent la forme de navette. Ces canaux efférents ont à leur origine dans le rete, i/64 de pouce ( on,ni,421) de diamètre moyen; et à leur ter- minaison dans le canal de L'épididyme, 1/1 5g de pouce ARÏ. II. DE LEUBS CANAUX EXCRÉTEURS. 125 (on,ra,i6g); de sorte qu'ils ont alors une ténuité moindre que celle des canaux sécréteurs de la semence , dont nous avons dit que le diamètre moyen avait été trouvé par M. Lauth de i/i4-7 de pouce(omm,i8). Leur longueur totale est de près de 2m,548.] Le canal unique de l'épididyme grossit vers la par- tie externe de ce corps, prend des parois plus consis- tantes, cesse bientôt d'être tortueux , et devient canal déférent, ou le canal excréteur de la semence. 11 porte plus spécialement ce nom , dès l'instant où il remonte vers l'anneau sus-pubien , qu'il traverse pour passer dans l'abdomen, et s'enfoncer dans le bassin; il y suit la face postérieure de la vessie , en se rapprochant de son semblable , jusqu'à ce qu'il arrive à la partie inférieure de la vésicule séminale de son côté ; là il se joint à son canal excréteur, et s'ouvre avec lui dans le commencement du canal de l'urètre. B. Dans les Mammifères. [C'est toujours par l'intermédiaire d'un épididyme que la semence arrive, des efférents séminifères du testicule, dans le canal excréteur de cette glande, ou dans le canal déférent. ] La forme et la grandeur relative de X épididyme sont très différentes dans les divers Mammifères. Les Rongeurs sont ceux où il nous a paru le plus grand; dans Xéchidné, chez lequel il se prolonge bien au-delà du testicule , il dépasse encore les proportions des animaux de cet ordre. Il n'est pas toujours collé contre le testicule , comme dans l'homme et la plu- part des mammifères. On le trouve libre dans les Ani- maux à bourse et chez la plupart des Rongeurs, et ne 126 XXXIIlfl LEÇON. ORGANES PREPARATEURS, ETC., MALES. tenant à cet organe que par Jeux cordons minces, dont le supérieur renferme les conduits efférents, et dont l'autre est un simple ligament. Lorsque les testicules sont hors de l'abdomen , les canaux déférents remontent dans cette cavité, avec le cordon des vaisseaux spermatiques, en traversant l'anneau sus-pubien. Les canaux déférents ont généralement des parois fermes et épaisses, le plus souvent un diamètre égal dans toute leur étendue, et une marche directe, sans autre inflexion que celle nécessaire pour qu'ils arrivent à leur destination. Mais, à tous ces égards , on trouve encore des exceptions remarquables. Leurs parois nous ont paru beaucoup moins épaisses et moins con- sistantes dans les animaux dont les testicules ne sor- tent jamais de l'abdomen, tels que les fourmiliers, Y èchidnè, Y éléphant , le marsouin et le dauphin, etc., que dans ceux qui ont constamment ou momentané- ment ces organes hors de la même cavité. Dans ce premier cas , ils ont d'ailleurs une marche extrêmement flexueuse clans une partie de leur trajet. Ceux de Y éléphant, par exemple, forment un très grand nombre de sinuosités et d'inflexions dans la partie qui passe le long de la face supérieure de la vessie jusqu'à son col. Ceux de Yéchidné restent très flexueux jusque très près de l'endroit où ils se terminent ; de sorte qu'il est difficile de déterminer exactement l'endroit où ils com- mencent xet où finit l'épididyme. Ils sont à la vérité moins flexueux dans les dauphins: cependant cette disposition s'y trouve encore d'une manière remar- ART. II. DE LEURS C AN AUX EXCRETEURS. 127 quable. Il sont également ilexueux dans le daman et le fourmilier. Quant à leur diamètre, il croît quelquefois considé- rablement, peu de temps avant leur insertion, par l'augmentation en épaisseur de leurs parois ; et même, dans certains animaux, par la dilatation de leur canal. Dans Y ours, le blaireau, le raton, celles-là , après s'être épaissies peu à peu , se soudent et se confondent avec les parois du canal opposé, et semblent ne plus former qu'un seul corps, tandis que les cavités restent séparées. Cette augmentation a lieu également dans la loutre et le phoque, mais la réunion se fait plus tard. On la trouve de même dans plusieurs Rongeurs, tels que les lièvres, les cochons dinde, le castor, le hamster, les rats. La cavité des déférents est en même temps dilatée dans ces derniers. [C'est ce que nous avons encore ob- servé dans la gerboise de Mauritanie.} U éléphant , la plupart des Ruminants , les Solipèdes, nous offrent encore des exemples d'une semblable augmentation. Chaque déférent forme, dans Y éléphant , lorsqu'il est arrivé entre la vessie urinaire et les vésicules séminales, une ampoule globuleuse très considérable, qui adhère fortement, par toute sa face interne, à celle de l'autre côté, et dont les parois sont les mêmes que celles du canal et présentent au moins autant d'épaisseur. Rien de plus singulier que la structure que mon- tre le déférent dans les Solipèdes. A peu près à Om,i8 de son embouchure, il se renfle subitement, et son diamètre augmente de om,oo5 à om,o3o; ce qui dépend de l'augmentation en épaisseur de ses pa- rois. Celles-ci prennent en même temps un tout autre aspect : on y remarque des cellules nombreuses, dont 128 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PRÉPARATEURS , ETC., MALES. les ci oisons principales sont dirigées en travers et qui renferment une matière muqueuse , blanche , épaisse comme de la gelée qui se fond, qui transsude par la compression dans la cavité du déférent ; celle-ci est très étroite relativement au diamètre total, et présente un réseau de cordons fins d'un blanc de lait, dont les mailles sont les issues qui donnent passage à l'humeur renfermée dans les parois du canal. La dilatation qu'éprouvent les déférents du bélier est à la vérité très comparable à celle du cheval; leurs parois y sont moins glanduleuses, et leur cavité plus grande à proportion : mais la surface de celle-ci a des plis en travers, entre lesquels on en voit de plus pe- tits, formant un réseau, dans les mailles duquel dé- coule l'humeur de ces parois. Dans le bubale , ces canaux sont encore plus dilatés que ceux du bélier; l'humeur de leurs parois, dont la surface interne est lisse et sans réseau, en découle par de larges ouvertures , aboutissant à des culs-de-sac. Dans le daim et le bœuf, ils se dilatent subitement lorsqu'ils sont arrivés à la hauteur des prostates, en même temps que leurs parois prennent plus d'épais- seur. L'insertion des canaux déférents se fait toujours dans la paroi inférieure de l'urètre, tout près de son origine. Ces canaux percent obliquement cette paroi et s'ouvrent ordinairement de chaque côté du veru- montanum, ou quelquefois dans cette éminence. Ra- rement n'ont-ils qu'un seul orifice pour les deux, comme dans le blaireau, où ils se rendent dans un cul-de-sac que renferme le verumontanum , et qui s'ouvre, au milieu de celui-ci, par une fente longitudinale. Lors- AKT. II. LEURS CANAUX RXGRÉTEURS CHEZ LES OISEAUX. 129 qu'il y a des vésicules séminales, on ne trouve ordi- nairement quïine ouverture, pour la vésicule et le ca- nal déférent du même côté. C'est ce que nous verrons plus particulièrement dans la description de ces vési- cules. [Dans le genre rat, les canaux déférents sont entourés, à leur dernière extrémité , d'un anneau de glandules cylindriques serrées les unes près des autres (1).] G. Chez les Oiseaux. Lépididyme ne forme pas généralement un corps séparé du testicule comme dans les mammifères. 11 est encore distinct, a la vérité, dans X autruche; mais, dans la plupart des autres oiseaux , on reconnaît sous l'aibuginée les replis du canal dont il se compose, et presque aussitôt qu'il en est détaché, ce n'est plus pro- prement que le canal déférent, qui reste flexueux dans toute son étendue. L'autruche fait encore, à cet égard, exception à la règle : le canal déférent, une fois sorti de lépididyme , ne fait plus de sinuosités. Dans l'un ou l'autre cas , chacun des deux canaux se rapproche de l'uretère de son côté, passe avec lui le long du rein, et arrive au cloaque, dans lequel il se ter- mine par un orifice séparé. Souvent , avant de se ter- miner ainsi , on le trouve dilaté en une petite vessie ovale, remplie, comme tout le reste de son étendue , de liqueur séminale, d'un blanc opaque. Cette ampoule est placée dans quelques cas, celui des canards, entre (i) Notes et renseignements surles Manmiifèresder^/^nepar MM. Du vernoy et Lereboullet. Mém. de la Société d'histoire naturelle de Stras- bourg. T. \\\. 8. 9 130 -\XX1IIC LiiCOIs. ORG4NES PREPARATEURS, ETC., MÂLES. deux muscles érecteurs, qui doivent la comprimer lorsqu'ils se contractent. D. Chez les Reptiles. 1. Dans la sous-classe des Reptiles propres. [ !î y a toujours un épididyme qui reçoit la semence des canaux séminifères efférents et la transmet dans le canal déférent.] Lépididyme est, dans les chéloniens , un peloton d'un long canal qui ne cesse d'être très flexueux clans îe reste de son étendue et lorsqu'il devient canal défé- rent; il aboutit dans la partie du cloaque qui répond immédiatement à la base de la verge, et à son sillon. Lépididyme forme, chez les lézards, un corps détaché, gros et de figure pyramidale, plus long que le testicule, qui n'y adhère que par un petit filet, et n'est évidemment composé que des replis du canal déférent. Celui-ci se porte le long du bord externe du rein , jusqu'au cloaque, dans lequel il s'ouvre. Le volume proportionnel de l'épididyme est moin- dre chez les Ophidiens ; il s'y change bientôt en un canal déférent également très flexueux , qui , dans cet ordre, comme dans les précédents, s'ouvre dans le cloaque. Dans les Ophidiens seulement, l'insertion des deux canaux a lieu dans une papille qui a été décrite improprement comme une verge. [Toutes les fois qu'il y a un épididyme , le canal déférent en est la continuation , comme dans les classes précédentes , et il est souvent difficile de dé- terminer exactement la limite de l'un et de l'autre. ABT. II. LEURS CANAUX EXCREÏELRS CHEZ LES REPTILES, loi Ils se terminent toujours dans le cloaque, à sa paroi supérieure, en dehors ou au-dessus des uretères, de manière que lorsqu'il y a deux verges , l'orifice de chacun d'eux correspond , dans l'érection , avec la base et le sillon de la verge correspondante. Lorsqu'il n'y a qu'une verge, tous deux correspondent avec la rai- nure dorsale de cette verge unique.] 2. Dans la sous-classe des Reptiles amphibies. [Chez les Batraciens anoures, les canaux séminif ères efférents se rendent séparément dans le canal commun pour les urines et la semence , ou bien après s'être réunis en une sorte de déférent, qui est toujours fort court. L'uretère devient ainsi un canal urétro-séminal. Nous verrons même ce canal avoir pour annexe, dans plusieurs espèces de grenouilles , une sorte de vé- sicule séminale. Dans la grenouille verte , on le voit le long du bord interne du rein, où il commence et où il reçoit les canaux urinifères et les canaux séminif ères, qui ont pénétré dans le rein ou contourné cet organe sous son enveloppe propre. Il résulte de cette disposition que les Batraciens anoures manquent dépididyme, et que la semence arrive dans le cloaque par le même canal et le même orifice que l'urine. Parmi les Batraciens urodèles, les tritons et les sala- mandres ont certainement un épididyme. Nous l'avons constaté pour la salamandre commune, la noire, le triton a crête et Y alpestre. C'est un ruban mince, situé au côté externe du testicule, parallèlement à cet organe, le dépassant un 13*2 XXXIII» LEÇOK. ÔRéAKES PfiÉJPAHATEUBS, ETC., MALES. peu en avant. 11 est composé d'un canal, ou de canaux très repliés, formant comme une chaînette très com- pliquée, qui se change en avant en un canal aplati, lequel, après s'être coudé d'avant en arrière, devient le déférent (i). Les canaux séminifères efférents sortent successive- ment du testicule, et se rendent transversalement dans la partie correspondante de l'épididyme. Plusieurs des derniers sortants aboutissent seule- ment au déférent. Celui-ci se distingue par son plus grand diamètre , son opacité et sa couleur blanche , à l'époque du rut , où il est distendu par le sperme. Ce canal est peu sinueux, peu replié dans la sala- mandre commune. Il l'est beaucoup, et couséquemment fort long et d'un grand diamètre , dans la salamandre noire. Il forme des festons nombreux et réguliers dans le triton alpestre. Dans le triton à crête, ces replis n'existent que dans la première portion de sa longueur. Le protée aurait un petit épididyme. Une circonstance qui distingue éminemment le canal déférent des Urodèles ? c'est qu'il reçoit les trois jus- qu'aux sept premiers canaux urinaires(2) qui sortent du rein, et que l'appareil extraordinaire de ces canaux uri- naires, qui se développent et se déploient hors du rein , jusqu'au nombre de vingt-cinq (dans la salamandre (i) Voir dans le t. XIX, p. 5g3 des Comptes-rendus de l'Académie des sciences, nos Fragments sur les organes génito»urinaires des Reptiles. (2) Ibid., p. 957. ART. II. LEURS CANAUX EXCRÉTEURS CHEZ LES POISSONS. 133 noire), ne se réunit que tout près du cloaque en un seul et très court uretère. Ainsi, chez les mâles des Urodeïes, c'est l'urine qui va, de bonne heure, chercher la semence dans le défé- rent; tandis que, chez les Anoures , c'est la semence, dont les canaux pénètrent dans le rein, qui va se mé- langer à l'urine , dès l'origine du canal commun de ces deux humeurs. Chez les Batraciens urodèles ,les canaux déférents s'ouvrent chacun dans une papille de la paroi supé- rieure du cloaque. Les deux papilles sont très rappro- chées dans une fossette où sont les orifices des uretères. C'est précisément à l'endroit où les plis longitudi- naux du rectum finissent et où commence une pre- mière division du vestibule génito-excrémeptitiel , ou le cloaque supérieur, que se voient ces deux papilles; elles semblent chacune avoir pour prépuce la termi- naison d'un de ces plis. Immédiatement au-dessous , l'orifice de la vessie uri- naire aboutit dans la même partie du vestibule.] E. Dans la classe des Poissons. [Les anguilles et les lamproies n'ont pas plus de con- duit particulier pour porter au dehors la semence pro- duite par la glande spermagène que d'oviducte pour les œufs. Comme les œufs, leur semence déchire les pe- tites capsules dans lesquelles elle s'amasse , et se ré- pand dans la cavité abdominale, d'où elle est expulsée par les canaux péritonéaux ouverts dans la partie la plus reculée de cette cavitç, et qui se terminent, avec les uretères, dans la papille cylindrique et creuse qui se voit au-devant de la nageoire anale. 134 XXXTTT0 LEÇON. ORGANES PREPARATEURS, ETC., MALES. Dans le second type que nous avons décrit, celui des testicules à sac, nous avons déjà vu lés canaux sé- minifères verser la semence dans un canal principal, qui règne tout le long de la paroi supérieure de la glande , et qui se dégage en arrière , de la substance propre du testicule, où ce long sac n'a plus qu'un col allongé et très étroit, qui est son canal déférent propre- ment dit. Les deux canaax se réunissent, après un court trajet, en un seul conduit éjaculateur, qui n'a, le plus souvent, qu'un orifice commun avec la vessie uri- naire, lequel est percé entre l'anus et la nageoire anale. Il est remarquable que les saumons, qui appartien- nent à la catégorie des poissons à ovaires sans ovi- ducte, se retrouvent , pour les organes mâles, dans le second type que nous venons de décrire, celui des testi- cules à sac, qui est le plus commun. Leur canal déférent, ainsi que celui de la plie , des blennies, etc., montre intérieurement une paroi cel- iuleuse, dont les cellules nombreuses sont les aboutis- sants des conduits séminifères. D'autres fois les embouchures de ces conduits sont marquées, dans les parois du canal déférent, par de petites papilles. Dans le labrax lupus, le canal déférent, qui règne, ainsi que cela a lieu généralement dans ce type, le long de la glande , dans un espace étroit, libre de la- melles proiigères, vient aboutir dans un long canal éjaculateur, commun aux deux glandes, qui se termine derrière l'anus. Les esturgeons présenteraient, à cet égard, une par- ticularité remarquable. Plusieurs canaux transverses , ART. II. LEURS CANAUX EXCRÉTEURS CHEZ LES POTSSOKS. 135 allant du canal déférent à l'uretère, y porteraient la semence. C'est du moins ce qu'affirme M, Rathke (1) pour le grand esturgeon (aecipenser huso, L.) Dans Y esturgeon ordinaire (aecipenser sturio L.) ce serait le canal déférent qui se joindrait de bonne heure à l'uretère (2). 11 résulterait de ces deux observations que les Estur- geons auraient des glandes spermagènes à sac, avec un canal déférent ou des canaux séminifères, se réunis- sant à l'uretère, et que les mâles de ces poissons rentre- raient à cet égard, ou à peu près, dans le type com- mun, comme les mâles des Salmorfès. Nous n'avons pu vérifier ces observations. Ce qu'en dit M. Cuvier dans l'histoire naturelle des poissons (3) est, d'après M. Rathke , qui a représenté ces organes se déve- loppant.] Chez les Sélaciens , la semence produite par le testi- cule passe dans un épididyme très gros et allongé, qui ne tient à la glande que par un prolongement mince qu'elle lui envoie de son bord externe et antérieur, et dans lequel la substance cellulo-laiteuse de l'organe paraît se continuer. Cet épididyme est un assez gros canal très replié, qui augmente encore de diamètre vers son extrémité postérieure, où il ne fait plus que des zigzags qui se touchent. 11 ne cesse d'être flexueux jus- qu'à l'endroit de sa terminaison, et il s'avance le long du bord interne du rein de son côté , contre lequel il est collé, 11 aboutit dans une vésicule séminale placée sous (1) Beitrœge zur Geschichte der Thierwelt, II. Aith : Halle 1824- (2) Zoologie médicale par MM. Brandt et Raztburg. (3) Tom. I, p. 536 et 537. 136 XXXIIIe LEÇON. OBGAXES PREPARATEURS, ETC., MALES. le gros bout du rein, qui n'est proprement qu'une dila- tation de ce canal, mais dont l'entrée et la sortie sont un peu anfractueuses. Les deux vésicules s'ouvrent ensemble au milieu d'une papille cylindrique, qui se , voit dans le cloaque. [Malgré la juste détermination que nous avions donnée dès i8o5, dans le texte précédent, de l'épidi- dyme des Sélaciens, on lavait mise en doute, en i83o, par suite de la grande difficulté de reconnaître les vais- seaux séminifères, allant du testicule à ce corps, que Ion finit par regarder comme une glande dont l'usage res- tait problématique (1). Mais dès 1 836 le même savant avait pu suivre ces canaux dans la torpille et dans plu- sieurs espèces de squales. Peu d'années après, MM. /. Davy (2) et Stannius dé- couvraient des spermatozoïdes dans le testicule, dans les différents points du canal de lépididyme et dans la dilatation de la vésicule séminale (3). Les vaisseaux sanguins des glandes spermagènes sont semblables, dans chaque espèce, à ceux des glan- des ovigènes. Nous renvoyons pour leur description à ce que nous en avons dit dans la leçon précédente.] (1) M. J. Millier, dans son ouvrage cité sur les glandes, p. 107. (a) Researches physiological and anatomica.1, t. II. p. 436. Londres, i835. (3) Archives d'anatomie et de physiologie de J. Miiller pour i836, p. Ixxxix, et pour i84o, p. 41 et suiv. ART. in. DU SPERME DES VERTÉBRÉS. 137 ARTICLE III. DU SPERME OU DU PRODUIT DE LA GL4NDE SPERMAGÈNE DANS LES ANIMAUX VERTEBRES. [L'activité delà glande spermagène est subordonnée à 1 âge, à la saison ou à l'époque du rut, qui varie dans chaque espèce. Les vaisseaux, les canaux ou cellules séminifères dont se compose cette glande, son canal ex- créteur, ne se remplissent de sperme que chez les sujets dont l'organisme est assez développé par lâge pour être en état de procréer son semblable. Plus tard , lorsque ce même organisme est réduit à cette faible activité vi- tale que la durée de la vie amène nécessairement, par suite dune trop grande proportion des parties solides, la glande spermagène ne produit plus un sperme assez élaboré pour la génération. Cette production n'a lieu d'ailleurs, pour l'immense majorité dès animaux, qu'à certaines époques de l'année hors desquelles la glande spermagène est réduite à un très petit volume et l'animal est impuissant pour l'acte de la génération. L'homme seul, avec quelques animaux domestiques, a le privilège de conserver sa puissance génératrice, depuis l'âge de puberté jusqu'à un âge très avancé, d'une manière continue et non intermittente. Le sperme d'un animal propre à la génération a des caractères physico-chimiques et organiques qui le dis- tinguent de tout autre liquide animal. Nous les expo- serons succinctement, tels que les donne l'état actuel de la science, afin de compléter la connaissance de tout l'appareil organique mâle, qui concourt essentielle- 138 \XXÏTle LEÇON. ORGANES PRÉPARATEURS, ETC., MUES. ment à la production de l'embryon, dans la génération sexuelle.] I. Caractères physico-chimiques du sperme. [On ne connaît guère, sous ce rapport, que le sperme humain, analysé par Vauquelin ; celui du cheval, dont M. Lassaiftne a donné une analyse comparée, et ce- lui de la carpe , que Fourcroy et Vauquelin ont fait connaître. Le sperme humain, d'après ce dernier chimiste, se compose de : Eau 900 parties. Subst. mucilagineuse particulière. 60 Soude: 10 Phosphate de chaux 3o 1 ,000 Le liquide, récemment rendu, est visqueux, en partie blanc opaque, en partie d'un gris opalin, ou légèrement nuancé de jaunâtre. C'est qu'il paraît composé de deux parties, lime laiteuse, l'autre d'une consistance muci- lagineuse, qui montre ces dernières nuances. Sa pesan- teur spécifique est plus grande que celle de l'eau ; son odeur est celle du pollen de plusieurs plantes, entre antres du châtaignier; sa saveur est acre et irritante et conséquemment un peu styptique. Il réagit sur les réactifs colorés, comme les alcalis. Il montre le singulier phénomène de devenir plus liquide en se refroidissant, sans qu'il y ait eu, dans ce changement, absorption de l'humidité aimosphérique. Il dépose des cristaux de phosphate de chaux , déjà observés par cleGleicken, qui sont des prismes à quatre pans , terminés par des pyramides tétraèdres. La dessiccation en forme une lame cornée, dont le ART. IT1. DU SPERME DES VERTERRES. 130 poids est le dixième du poids total du sperme mis en expérience. La substance muciîagineuse particulière a été dis- tinguée plus tard par Berzélius sous le nom de sper-- mutine. M. Las saigne a trouvé la spermatine dans le sperme du cheval, qui se compose encore, d'après ce chimiste, de phosphate de magnésie, dhydrochlorate de soude et de nitrate de soude. Le sperme des Poissons osseux, que Fourcroy et Vauquelin ont fait connaître, d'après celui de la carpe, aurait, en résumé, les caractères suivants : cette laite est onctueuse: elle a une forte odeur de poisson, elle n'est ni acide ni alcaline. Elle se compose d'albumine , de gélatine , d'une sorte de savon avec des traces de phosphate de chaux, de magnésie et de potasse. Ce qui la distingue surtout est un carbure de phosphore azoté. Cette circonstance de l'existence du phosphore dans le sperme a semblé aux auteurs de cette impor- tante découverte devoir se lier au phénomène de la phosphorescence chez plusieurs animaux marins ou terrestres. On voit combien la science est encore pauvre de faits et d'observations sur les caractères physiques et chimiques de la liqueur fécondante des animaux. Il nous paraîtrait surtout essentiel de comparer ces der- niers caractères avec ceux que fournirait leur système nerveux.] II. Composition organique du sperme dans les ani- maux vertébrés. [Pour avoir une idée juste de la composition orga- 140 XXXIIIe LEÇON. OBGANES PBEPABATEUKS, ETC., MALES. nique du sperme de 1 homme et des animaux vertébrés, il faut le prendre dans l'épididyme ou dans le canal déférent, avant son mélange avec les humeurs des glandes accessoires, quand il en existe, ou lorsqu'on doit supposer qu'il a reçu sa complète élaboration. Dans les vaisseaux séminifères du testicule, cette éla- boration paraît moins complète. Si c'est un animal qui ne jouit, comme cela est général, que dune faculté génératrice intermittente, c'est à l'instant où cette fa- culté se manifeste, à l'époque du rut, qu'il faut recher- cher cette composition. Une goutte de sperme, recueillie avec toutes les pré- cautions, et exposée sous le microscope, à un grossis- sement de 3 à 4 oo diamètres, montre d'innombrables corpuscules, de forme régulière et de grosseur sem- blable , suivant les espèces , se mouvant dans tous les sens, à la manière des animaux, si le sperme est récent. Ces corpuscules animés, que nous appellerons, à cause de cette circonstance , spermatozoïdes, ont été découverts, en 1677, Par 1 étudiant Ham , au moyen du microscope de Leeuwenhoeck, dans le sperme d'un homme affecté de pertes séminales. Décrits ensuite et observés en détail, dans le sperme de beaucoup d'ani- maux , par ce dernier savant , ils sont désignés dans beaucoup d'ouvrages sous le nom d'animalcules sper- matiques , de zoospermes. Ce sont ces mêmes corpus- cules séminaux que Bujffon considérait comme des molécules vivantes , devant s'agréger pour la com- position de l'embryon. I jes spermatozoïdes composent la plus grande partie du sperme élaboré et propre à la génération. On y voit, en outre, une petite proportion très va- ART. III. DU SPERME DES VERTEBRES. H 1 riable de globules de différentes grandeurs , à surfac e granuleuse , désignés sous le nom de granules spemna i- tiques. Les spermatozoïdes et les granules spermatiques n a- gent dans une très petite quantité d'un liquide blam:, transparent, de nature probablement albumineuse, q ui se coagule, par l'alcool ou le vinaigre , en granules e: t- trêmement ténus. Les granules spermatiques varient beaucoup en gro s- seur. M. R. Wagner en a vu dans le sperme du pinsc m de oin,»,225 à omin,i5o et o,n,n, 1 1 2 et au-dessous de cet te mesure jusqu'à om,n,o37 (0- Leur grosseur moyen? ae paraît être de omm,07Ô. il y a aussi quelques molécules graisseuses ou hu i- leuses et des débris dépithélium, qu'il ne faudrait p.ns confondre avec les granules spermatiques, Les mole - cules graisseuses sont tout unies et ne paraissent j.a- ' mais de structure granuleuse ou composées d'autre îè molécules. Le sperme des animaux vertébrés, indépendam- ment des spermatozoïdes qui en formant la plus grande partie, aune densité et sans doute une com- position qui varient suivant le lieu où doit s'opérer la fécondation. Sa densité, et sa blancheur laiteuse, qui lui a fait donner le nom de laite chez les pois- sons osseux , sont en raison du mélange extraordinaire qu'il doit éprouver en tombant dans l'eau, où s'opère la fécondation des œufs, pour l'immense majorité des (1) Eléments de physiologie, i'e partie, p. 9. Leipzig, 1 8 ig, et Icônes phys., tab. I, fig. I, pour les granules de i'homme. et fig. II, a, b; fig. VI , ceux du lapin ; fig. V, du griinpereau ; fig. VII , de la pie-grièche rousse H2 XXXIIIe LEÇ01N. OS&AftES PiiEPAHÀTEmiS, ETC., MALES. i i.nimaux de cette classe 11 devait conserver, ainsi dé- 1 toyé 9 à travers l'immense quantité de véhicule qui le porte sur les œufs, sa faculté fécondante. Lorsque la fécondation est intérieure et que ce li- q niide doit être transmis dans les voies de la génération due la femelle , sa densité primitive est bien différente. ( .'ncore quelle puisse être modifiée par des humeurs ; sécrétées par des glandes accessoires , dans les canaux < quelle suit pour sortir du corps du mâle. Chez les Sélaciens et les chimères de la sous-classe ( les cartilagineux, le sperme du testicule se trouve j dus ou moins modifié par le canal de l'épididyme et p ar le canal déférent, dont les parois épaisses et d'ap- p »cirence glanduleuse paraissent devoir sécréter une Kïmneur propre à délayer celle du testicule. Arrivé dans la dilatation du canal déférent ou dans la vésicule séminale, la semence de ces poissons est v n fluide épais, verclâtre, dont la composition chimique 3 i'a pas encore été analysée. Quant à sa composition organique, on y trouve des pranules ayant nu mouvement moléculaire et des spermatozoïdes remarquables par leur mouvement oscillatoire latéral.] Iïï. Des spermatozoïdes. [Les spermatozoïdes entrent pour une si grande pro- portion dans la composition du sperme normal ou complètement élaboré pour la fécondation , qu'on ne peut s'empêcher de les considérer comme jouant un rôle important dans cette fonction. Les connaissances acquises à leur sujet, dès! instant pour ainsi dire de leur découverte jusqu'à ces derniers temps, sont intimement liées aux différents systèmes ART. III. DU SPERME DES VERTEBRES. 1 43 imaginés sur la génération, soit prétendue spontanée, soit par voie continue de parenté. Ce double motif nous détermine à donner ici une analyse de ces connaissances, telles que les présente l'état actuel de la science, en nous bornant, dans cet article, à décrire les spermatozoïdes des animaux vertébrés. Le mot nouveau que nous avons adopté depuis plu- sieurs années, dans nos enseignements , et que des au- teurs recommandables ont accepté dans leurs ouvrages, pour désigner ces singulières productions, a pour but de ne pas confirmer ce que nous regardons comme une erreur, en continuant de les désigner sous le nom de zoospermes. Nous avons constamment combattu, dans nos cours et dans nos publications, l'idée que ce sont des ani- maux, et particulièrement des parasites de la semence, résultat d'une force plastique exubérante de ce liquide proligère, ainsi que le pense M. Burdach. Cette théorie nous a toujours paru contraire aux observations les plus multipliées et les plus exactes , et aux idées les plus saines sur la production des êtres organisés. Aussi paraît-elle généralement abandonnée J même en Allemagne, où Ion a fait de si nombreuses et de si bonnes observations sur les spermatozoïdes. M. Bis- choff, auteur de l'ouvrage le plus complet sur le développement des mammifères, a adopté la dénomi- nation que nous avons proposée; tandis que M« Kadic- ker et d'autres savants ont admis celle de filaments spermatiques , dénomination qui est loin d'être propre àtoutes leurs formes. ï44 XXXHI" LEÇON. OBfxANES iîHEPAKATEUR& , ETC., MALES. Après leur étonnante proportion, qui est telie que ie sperme ne semblerait composé, au premier coup d'oeil, que de spermatozoïdes , ce qui frappe le plus est leur forme, souvent en rapport plus ou moins évi- dent avec le genre, la famille, la classe même à la- quelle appartient l'animal. En effet, des observations multipliées, mais qui ont besoin de l'être encore bien davantage pour arriver à des résultats incontestables , ont montré que , dans les animaux vertébrés, les spermatozoïdes se composent en général de deux parties: l'une principale plus grosse et plus courte, de forme et de proportion très variées, qu'on appelle leur corps; et l'autre qui s'en détache comme un appendice caudal, lequel peut avoir de six à dix fois la longueur du corps, et dont l'extrémité est souvent d'une extrême ténuité. i/appendice , toujours plus épais à sa naissance, s'a- vance quelquefois, dans cette dernière forme, d'une manière sensible, sur le corps.] A. Chez les Mammifères. [Le corps des spermatozoïdes est ovale et aplati dans ï espèce humaine. Il est à peu près de même forme dans la guenon pata >s. Il est ovale et pointu à son extrémité, dans le grand fer-a-cheval , parmi les Chéiroptères. Nous l'avons trouvé rond et plat, avec un très k ig appendice caudal, plus épais à son origine, dans lé hérisson, parmi les Insectivores. Chez le lapin, parmi les Rongeurs, le corps est un peu elliptique, et la queue beaucoup moins lon- oue a proportion , et de même plus épaisse à son ori- gine. ART. II. DE LEURS CANAUX EXCRETEURS. 1 45 Dans la famille des rats, le corps des spermatozoïdes est singulier par sa forme de hache très bien carac- térisée . Dans le chien , leur corps est pyriforme , obtus en avant. liane et le cheval l'ont oblong , pointu à son extré- mité. Le chevreuil Fa cordiforme, un peu échancré et élargi du côté opposé à la queue. Le taureau l'a ovale, quelquefois en lyre , c'est-à- dire un peu resserré dans son milieu.] B. Chez les Oiseaux. [Les Oiseaux ont des spermatozoïdes dont le corps est proportionnément long, cylindrique ou conique, un peu aigu, chez les uns. Il montre chez d'autres plus ou moins d'inflexions, selon les espèces, et prend la forme du tire-bouchon. La queue est d'une extrême ténuité , au point qu'elle a été quelquefois inaperçue (dans les spermatozoïdes du coq); elle peut être très longue (ceux du pinson). Le premier type , formé d'un corps cylindrique un peu conique, ou arqué une seule fois, ou montrant tout au plus deux légères courbures en sens opposé , est celui des spermatozoïdes du coq , du pigeon, de la tourterelle ; du pic vert, avec des différences dans les proportions relativement à la queue, et dans l'extré- mité antérieure , qui peut être renflée (le coq, le pic vert) ; ou effilée (le canard) ; ou amincie (le pigeon , la tourterelle). Les espèces du genre jringilla, les pies -grièches , les grives 9 ont leurs zoospermes en tire-bouchon, pour le corps, qui est poiuîii en avant. 8. 10 146 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PREPARATEURS, ETC., MALES. Les observations sont-elles assez multipliées pour qu'on puisse affirmer que ce dernier type est celui des oiseaux chanteurs; tandis que le premier appartien- drait aux oiseaux de proie, aux grimpeurs, aux galli- nacés, aux échassiers et aux palmipèdes? Nous ne ré- pétons ces assertions qu'avec la réserve du doute (i).l G. Chez les Reptiles. [ Dans la sous-classe des Reptiles propres , on retrouve le plan général des deux classes précédentes, ou plutôt les deux types de chacune de ces classes. Chez les Chéloniens , ils ont un corps ovale ou rond et aplati ; c'est le type des mammifères. Il est allongé et cylindrique chez les Sauriens (les lézards) et les Ophidiens : c'est le type des oiseaux. Dans Ihrvët \ IffîJt corps est allongé et pointu. Dans la couleuvre à collier, nous l'avons trouvé pointu et effilé en alêne à son extrémité, un peu en navette , grêle , s'amincissant insensiblement vers ia queue. Il est pointu à son extrémité, arqué, grêle, cylindrique, plus distinct de la queue, qui est assez longue , dans la vipère de Redi. Le type que nous venons de décrire dans les Ophi- diens se rapproche encore, par sa forme grêle, en fil, de celui que nous décrirons dans les animaux sans vertèbres. Nous le trouvons plus prononcé dans la sous-classe des Reptiles amphibies. Nous avons vu les spermato- zoïdes de la grenouille rousse, ayant un corps grêle, en (i) Voir les Icônes phjs, déjà citées pi. V. ART. IL DE LfcUES CANAUX EXCRÉTEURS. 147 navette, effilé aux deux extrémités; mais celle qui pourrait être considérée comme l'appendice caudal, sensiblement plus longue que l'autre. Ces spermatozoïdes cheminent comme des serpents, se ploient en tous sens et se bouclent souvent par l'une de leurs extrémités, ce qui a donné l'illusion à quelques observateurs d'un corps en palette. Ils ont omm,o6 de long. Ceux des tritons, et plus particulièrement les sper- matozoïdes du triton à crête, ont un corps grêle , cylin- drique, ayant quelquefois l'apparence d'un léger ren- flement à son extrémité qui séparerait du corps une partie plus grêle. La queue, beaucoup plus longue que le corps, s'en distingue d'une manière tranchée, dès son origine, par un moindre diamètre. Elle est encore remarquable, et diffère de tous les spermatozoïdes connus, par un fil extrêmement délié, contourné en spirale très régulière , qui parait fixé à son origine et a son extrémité , et qui l'entoure à distance. Cette forme singulière est commune aux espèces, des deux genres triton et salamandre , qui composent la famille des Salamandres. C'est M. Siebold qui a reconnu le premier la conti- nuité de ce fil en spirale , se mouvant à distance au- tour de la partie principale , et d'un mouvement régu- lier plus rapide que ceux de cette partie. M. Dujardin a constaté cette continuité, et a fait l'ob- servation intéressante que la spirale était une partie distincte et ne provenait pas de la queue, qui se serait repliée sur elle-même. Nous avons eu l'occasion d'observer un de ces sper- matozoïdes, encore en activité, qui s'était glissé sous 148 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PREPARATEURS, ETC., MALES. un autre qui était immobile. Les spires du premier soulevaient celui-ci, ou le laissaient tomber, alter- nativement, suivant que les parties saillantes ou ren- trantes de la spire le traversaient. Cette circonstance fortuite a dû nous convaincre de la continuité de cette spire, et quelle ne tenait pas à des cils vibratiles, comme nous avions été disposés à le penser, après nos premières observations. Au reste , il suffisait d'observer ces spermatozoïdes dans leur état d'immobilité pour s'assurer de la continuité de ce fil à ressort. Nous l'avons vu détaché de l'extrémité postérieure et se prolongeant bien au- delà de cette extrémité, avec ses tours de spire plus distants, comme un ressort en forme de boudin qui aurait cessé d'être comprimé. Ce fil, en tire-bouchon, observé de même dans les spermatozoïdes de la salamandre terrestre, est plus petit que dans ceux des tritons. Du moins nous a-t-il fallu un grossissement de 65o diamètres pour le distin- guer; tandis que nous avions pu apercevoir celui des tritons a crête avec un grossissement de 45 o diamètres.] D. Dans la classe des Poissons. [Les spermatozoïdes des poissons sont connus depuis longtemps, quoique d'une manière incomplète. Ce sont ces globules en mouvement observés par Buffon , dès 1743, dans la carpe, le barbeau et le brochet, qui lui donnèrent l'idée de son système de génération basé sur l'existence des molécules organiques. Cavo- lini , en 1787, les avait reconnus de même dans le sperme des poissons. MM. Prévost et Damas expri- ment , dans leur mémoire sur la génération , qui ART. II. DE LEURS CANAUX EXCRÉTEURS. 1^9 date de 1824, que la laite des poissons fourmille de corps mouvants. M. Prévost, dans son mémoire sur la génération du séchât, reconnaît qu'ils ont, dans ce poisson, une forme elliptique. Mais aucun de ces observateurs n'était parvenu à distinguer leur queue. Les spermatozoïdes , dans les poissons osseux , se composent , en effet , de la partie principale , qu'on appelle le corps, qui est globuleux, ovale, elliptique, suivant les espèces , et d'un appendice ou queue , très difficile à apercevoir à cause de son extrême ténuité , et sans doute aussi de son peu de consistance. Rien de plus facile que de voir, avec un grossisse- ment de 2Ôo diamètres, dans une goutte de laite de cyprin, les centaines ou les milliers de globules qui appartiennent au corps des spermatozoïdes de ces poissons , s'agiter sous le microscope ; mais il faut un grossissement plus considérable pour distinguer l'ap^ pendice filiforme de ces corps globulenx. On doit à M. Dujardui des observations très détail- lées sur les spermatozoïdes de la carpe dont nous avons vérifié l'exactitude (1). Leur corps est globuleux, et leur queue, élargie à son origine, s'amincit rapidement. Les spermatozoïdes des Sélaciens, parmi les pois- sons de la sous-classe des cartilagineux, rappellent le second des deux types que nous avons décrits dans la classe des oiseaux. Ce sont de longs fils , grêles , dont la partie caudale est extrêmement déliée , et dont le corps , plus épais et assez long , a des sinuosités plus ou (1) Annales des sciences naturelles , •>* série t. 8. p. 297, et pj. III. 150 XXXIII* LEÇON. OB&ANES I REPABATEURS , ETC., MALES. moins prononcées en tire-bouchon. Son extrémité est souvent effilée. Cette forme type, si différente de celle des poissons osseux, est plus ou moins évidente. Nous Pavons trouvée très prononcée dans les spermatozoïdes de Y aiguillât % tandis que ceux de la raie ronce étaient plus en fil (1).] E. Réflexions générales su* les formes, les dimen- sions, les manifestations vitales et le développement des spermatozoïdes des vertébrés. [La forme constante qui caractérise les spermato- zoïdes appartenant à une même espèce ; les ressem- blances de forme que présentent, en général, les es- pèces d'une même famille ; les analogies de forme que montrent les espèces d'une même classe, dun même type, sont autant de circonstances remarquables de leur histoire naturelle. Leurs dimensions, comme celles des .globules du sang, ne sont pas proportionnées à celles de l'animal. On pourra en juger par le tableau ci-après. Nous verrons , dans la leçon sur la génération de chacun des autres types , les formes qu'ils affectent dans les classes que ces types comprennent. Beaucoup d'observations , concernant celle des insectes , les ont constamment montrés de forme capillaire, ayant une des deux extrémités plus épaisse , et l'autre très dé- liée, se réunissant d'ailleurs en écheveaux, se roulant en boucles , en anses , en anneaux. Aucune observation bien conslatée ne démontre (r) M. Lallemand a fait représenter ceux de la raie sans désigner IVs- pèce. Amtklek ries sciences naturelles, t. XV, pi. 20, 2* série. ART. II. DE LEURS CANAUX EXCRÉTEURS. 151 d'une manière incontestable, dans ces corpuscules, une organisation intérieure, quoique plusieurs observateurs présument leur avoir reconnu extérieurement une ou deux ventouses (1), et même un canal intestinal inté- rieurement, J'ai pu, moi-même , apercevoir que leur corps, chez ceux des Salamandres conservés entre deux verres, montrait, dans toute son étendue, l'apparence d'un canal intérieur. La queue n'en a pas généralement , ou, si elle paraît en avoir un, ce n'est que dans son premier tiers, et il est beaucoup plus délié. J'ai même vu chez quelques uns, comme une ligne rougeâtre dans l'axe de ce canal intérieur de leur corps. Leurs mouvements, du moins ceux des spermato- zoïdes de Mammifères et d'Oiseaux que nous avons observés (de lapin, de cochon d 'Inde , de chien , de coq), ont sans doute toutes les apparences de la vitalité et de la spontanéité. Dans ceux des mammifères, la progression du corps en tous sens semble déterminée par les inflexions, par les mouvements de la queue. Dans les Oiseaux (le coq), les flexions, les onduia- tions du corps semblent aussi y contribuer beau- coup. Dans les tritons à crête, nous avons constaté deux sortes de mouvements, l'un plus rapide que l'autre, celui du filament en spirale , qui tourne d'avant en ar- rière , et l'autre de flexion et de reptation ou de glis- sement; c'est celui du filament principal qui représente le corps de ce singulier spermatozoïde. Ceux de la carpe ne s'agitent que lorsqu'on délaie (l) M. Valentin, dans les zoospermes de l'ours. Voir son Repertorium pour 1837, t. 1 1, p. i43. 152 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PREPABATELBS , ETC. , MALES, la laite dans un peu d'eau, et leurs mouvements y sonr très passagers. La durée des mouvements des spermatozoïdes paraît dépendre beaucoup de l'activité , de l'énergie vitale de l'animal duquel on les a extraits. Leur vie propre se- rait, conséquemment, plus ou moins dépendante de celle de l'individu qui les produit. Le contraire a lieu pour les animalcules infusoires. Leeuwenhoeck , qui en avait trouvé dans les cornes de la matrice d'une chienne qui venait d'être couverte , avait calculé que les spermatozoïdes pou- vaient franchir un espace de quatre à cinq pouces dans une demi-heure. Nous ferons une dernière observation sur la consti- tution physique et sur les propriétés des spermato- zoïdes. Ceux qui ont une forme grêle et allongée , telle que nous l'avons fait connaître chez les Batraciens anoures et chez les Urodèles et les Sélaciens , et que nous retrou- verons généralement dans les animaux sans vertèbres , se roulent ou se bouclent promptement, comme des cheveux, quand on les met dans l'eau. Cet effet constant semble indiquer leur constitution physique ; tandis que les dernières expériences de M. Prévost montrent que leur irritabilité suit les mêmes lois que celle des mus- cles, et que les mêmes agents l'excitent ou la détrui- sent (1). Les mulets proprement dits , qui sont inféconds , les jeunes animaux avant l'âge de puberté , les animaux (i) Voir l'Institut, n° 4^3, 10 nov. 1842, et les Mém. de la Socu'té de physique de Genève. ART. II. DE LEURS CANAUX EXCRÉTEURS. 153 très âgés , qui ne sont plus propres à !a génération , tous les animaux hors de l'époque du rut, n'ont point de spermatozoïdes. Le développement des spermatozoïdes est une des études les plus intéressantes de leur histoire. MM. Prévost et Dumas écrivaient, en 1824 •> qu'ils n'ont aucun intermédiaire entre l'état parfait et la non- existence. Cette proposition était trop absolue. Nous avons dit que leur développement avait lieu dans une vésicule, laquelle en renferme de plus pe- tites (1). A mesure que la vésicule principale croît et se déve- loppe , les plus petites se remplissent d'une masse gra- nuleuse, qui se métamorphose bientôt en spermato- zoïdes. Alors les parois de la vésicule génératrice se rom- pent et laissent libre l'écheveau de spermatozoïdes qui s'y est développé, et qui se compose de corps animés ayant leur forme définitive et paraissant avoir, le plus souvent, tout leur accroissement, comme l'insecte qui sort de la chrysalide. Cependant nous sommes parvenu à saisir un degré de développement intermédiaire, chez lessalamandres, dans une partie du testicule où le développement des spermatozoïdes n'était pas terminé. Le corps avait ses dimensions , mais la queue était encorecourte , comme rudimentaire et sans le fil en tire-bouchon. Cette multiplication des écheveaux de spermato- zoïdes des animaux, dans une seule vésicule princi- pale, est très caractéristique. (1) Voir les Icônes physiol. de M. JR. Wagner^, i, fig. II , pour le dé- 154 XXXIIIe LEÇON. ORGANES PRÉPARATEURS, ETC. , MALES. Les productions végétales qu'on a comparées à ces spermatozoïdes sont toujours isolées dans chaque cel- lule. Les spermatozoïdes croissent-ils dans les appareils de génération compliqués; en passant, par exemple, chez les Sélaciens, des vésicules primaires, contenues dans les grandes ampoules, où nous avons vu qu'ils éclosent, dans les canaux séminifères de ces vésicules; de ceux-ci dans les efférents, qui les portent dans lepi- didyme , d'où ils passent dans le canal déférent et la vésicule séminale ; de sorte que ceux pris dans cette vé- sicule auraient un volume double de ceux du testicule? Cette observation difficile a été faite par M. Lai- lemand (z). Tableau des dimensions des spermatozoïdes du type des vertébrés mesurées en jractions décimales de millimètre. ESPECES LONGUEUR NOMS observées. du corps. del'append. totale. Homme. . . o,oo55 des observateurs. MAMMIFERES, o,o56 o,o45 o,o45 à o,o5o M. Dujardin. ]r. W agner, veloppement des zoospermes de l'homme , et fig. V pour celui des sper- matozoïdes, ete. Nous avons fait figurer dans nos Fragments sur les organes génito- urinaires des Reptiles et leur produit, les cellules primaires et secondaires dans lesquelles se développent leurs spermatozoïdes, à la manière de ceux des sélaciens. (1) Voir les observations sur le développement des zoospermes dans le? rates, par M. Lallemand (Annales des sciences naturelles, »• série t. ï5, p. 161, Paris , 184*.") ART. Iï. DE LEURS CANAUX EXCRETEURS. 155 F.SPEGFS LONGUEUR SOMS observées. du corps. Patas. . . Hérisson. . , Chien. . . . Putois. , . . Chat. . , . Surmulot. , . Souris. . . . 0,0090 Cochon d'Inde. 0,0066 à 0,0080 Cheval . . . Ane .... Cheval et âne. 0,0066 à o,oo55 Bouc. . . . Bélier ... Taureau. . . Pic - grièche rousse. . . r. Drenne . , 2. Mésange huppée. . . 3. Mésange à tête bleue. . 4. Moineau. . , 5. Pinson . . 6. Serin de Ca- naries. . 7. Chardonne- ret. . . . 8. Pigeon . . 0,01 5 9. Coq. . , 10. Canard. . del'append. totale. des observateurs. 0,076 R. Wagner. 0,066 Prévost, Dumas. o,o56 R. Wagner. 0,068 Id. o,o83 P. et D. o,o4o P. et D. 0,166 P. et D. 0,080 P. et D. 0,090 P. et D. 0,066 ào,( D90 M. Dujardin. » 0,1000 0,1066 ào ,108 0 Id. o,o55 P. et D. 0,060 R. W. o,o55 M. Dujardin. 0,040 P. et D. o,o4o P. et D. o,o58 P. et D. OISEAUX. o,o45 à 0 ,088 R. W. 0,090 R. W. o,o56 R. W. O,0( 090 R. W. o,o83 P. et D. o,o56ào,o76 R. W. 0,225 0,1 5o o,o56 0,071 o,o43 o,o32 REPTILES. i.Le'zard agile. 2. Vipère. . , 3. Couleuvre. , 0,017 0,066 0,100 R.W. R. W. R.W. P. et D. P. et D. Valenti n. P. et D. P. etD, 156 XXXIIIe LEÇON. SECT. II, ORGANES MODIFICATEURS, ETC. ESPÈCES LONGUEUR NOMS observées. du corps. de l'append. totale. des observateurs. 4- Orvet. . , 0,066 P. et D. 5. Grenouille. . o,o56 R. W. 6. Crapaud ac- coucheur. . o,o3o P. et D. 7. Triton. . . To,563 P. etD. { 0^75 R. W. 8. Salamandre. 0,2Sl5 POISSONS. R. W. Perche fluvia- tile. . . . 0,001a à 0,0022 Valentin. Loche d'e'tang , / 0,0028 ■ R. W. cyprin , sau- 1 0,0037 mon . . ( o,oo5o Petromyzon planeri. . 0,01 5o R. W.] SECTION IL 1 DES ORGANES MODIFICATEURS DU SPERME, OU DE SES RÉSERVOIRS ET DES GLANDES QUI SÉCRÈTENT UNE HUMEUR DESTINÉE A SE MÉLANGER AVEC CE LIQUIDE, DANS LES VOIES QU'lL SUIT POUR SORTIR DU CORPS. [Nous venons de voir que, chez la plupart des Pois- sons, la semence est répandue dans l'eau, sans autre élaboration que celle qu'elle a subie dans la glande qui l'a produite. Les seuls Sélaciens dans cette classe ont, ainsi que nous l'avons fait connaître , un canal excré- teur très compliqué , y compris lepididyme, qui ne peut manquer de la modifier dans le long circuit qu'elle est forcée d'y suivre. Mais sans parler des si- nuosités du canal déférent et de sa partie pelotonnée, Fépididyme, qui existe presque toujours dans les trois classes supérieures des Vertébrés, on trouve chez quel- ART. I. DES VESICULES SÉMINALES. 157 ques Reptiles de la sous-classe des Amphibies , et chez beaucoup de Mammifères , des annexes vésiculaires glanduleux qui appartiennent aux réservoirs modifica- teurs du sperme, que nous devons décrire. Les mam- mifères et quelques Reptiles de la même sous-classe ont encore plusieurs sortes de glandes dont l'humeur, se mêlant au sperme, en modifie la composition.] ARTICLE I. DES VÉSICULES SÉMINALES. [On donne le nom de vésicules séminales et de vési- cules séminales accessoires à des réservoirs glandu- leux de différentes formes et de proportions variées, qui sont annexés au canal déférent, vers sa termi- naison, ou dont l'embouchure est assez rapprochée de celle du canal excréteur de la semence, pour qu'elle puisse refluer dans ces réservoirs accessoires, et y re- cevoir, par le mélange de l'humeur qu'ils sécrètent, les modifications nécessaires. Parmi les animaux vertébrés , les vésicules sémi- nales n'existent guère que dans la classe des mammi- fères. Elles manquent absolument dans toute celle des Oiseaux, dans la sous-classe des Reptiles propres et dans celle des Poissons osseux. Mais nous les retrou- verons chez les Batraciens et chez les Sélaciens.] Rien de plus embrouillé que l'histoire de ces vési- cules, des prostates et des glandes de Gowper, dans les descriptions partielles que les zootomistes en ont pu- bliées. Les uns appellent prostates ce que les autres nomment vésicules séminales, ou d'autres glandes de Covvper , et vice versa. De là vient que les uns nient Ibà XXXIIle LEÇON. SECT. II, ORGANES MODIFICATEURS , ETC. l'existence des véhicules séminales dans certains ani- maux, où d'autres disent en avoir trouvé. Alors ceux-ci annoncent que les mêmes animaux manquent de pros- tates, tandis que les premiers leur en accordent : aussi Haller a-t-il dû se trouver très embarrassé dans les nombreuses citations qu'il fait à ce sujet, n'ayant pas le lpisir et souvent pas l'occasion de vérifier lui-même les observations qu'il emploie. 11 se tire d'embarras, quelquefois, en plaçant le même animal dans la liste de ceux qui ont des vésicules, par exemple, et dans celle des animaux qui en manquent, en s'appuyant de deux autorités contradictoires. Cet inconvénient vient uniquement de ce que ces organes n'ont pas en- core été décrits d'une manière générale. En les com- parant les uns aux autres dans les différents animaux, on aurait bientôt distingué ceux qui ne peuvent point être réunis sous une même dénomination, de ceux qu'une structure analogue et la même position doivent faire ranger sous le même nom. Ces deux circonstances nous ont servi de guide dans la description suivante. Nous appellerons vésicules séminales tout organe analogue, par sa structure vésiculeuse , par sa po- sition et par ses rapports , avec les déférents, à ceux qui portent ce nom cbez l'homme (1); et nous appel- lerons vésicules accessoires , des organes également vésiculeux, rangés près des premiers, ou en général autour de l'origine de l'urètre , mais dont les canaux ne sont pas eu rapport immédiat avec les déférents. (i) On m'accordera peut-être d'avoir posé ici, dans ma rédaction, les bases, d'avoir établi les vrais principes de toute bonne comparaison, de toute bonne détermination en anatomie comparée. AET. !. DES VÉSICULES SEMINALES. 159 [Observons cependant que les organes que nous avions désignés cntnme des vésicules séminales acces- soires peuvent $ dans plusieurs cas, être considérés comme des prostates, ainsi que nous le verrons dans les descriptions particulières que nous en donnerons.] § I. Des vésicules séminales proprement dites, A. Dans l'homme. Celles de Y homme sont deux réservoirs membra- neux, dont la cavité extrêmement anfractueuse com- munique, par un canal étroit, avec le canal déférent, et s'ouvre avec lui, dans le commencement de l'urètre. Ces réservoirs sont placés sous le col de la vessie. Ils sont composés d'un boyau qui se ramifie en plusieurs branches et rameaux plus petits, repliés sur eux- mêmes, et retenus par un tissu cellulaire assez fort qui forme l'enveloppe extérieure du réservoir; de ma- nière que leur ensemble a l'apparence d'une simple vessie ovale à surface extérieure très raboteuse. La membrane propre des vésicules est blanche et de con- sistance assez forte; on n'y remarque aucune fibre musculaire. L'interne, qui se continue avec celles du ca- nal déférent et de l'urètre, y forme une foule de petits plis dirigés en différents sens , dont plusieurs parais- sent frangés et rendent la surface interne des vésicules comme veloutée et réticulaire. A om,2o environ de l'urètre, chacune des vésicules ne forme plus qu'un canal étroit, qui s'avance à travers la prostate, en se rapprochant de son semblable , et se réunit au canal déférent de son côté, en faisant, avec lui, un angle très aigu ; il en résulte un canal commun qui pénètre 160 XXXIIIe LEÇON. SfiCT. M, OKGANIiS 310DU ICATLUES , ETC. dans la paroi inférieure de l'urètre, non loin de son origine, éprouve subitement une inflexion de bas en haut, et s'ouvre dans la paroi inférieure de ce canal, par un orifice ovale percé à côté du verumontanum. B. Dans les Mammifères. Les vésicules séminales existent dans tous les Qua- drumanes, dans les Chéiroptères ; dans les taupes et les myogales parmi les Insectivores; dans les coatis, dans les Rongeurs , les Pachydermes , les Solipèdes; dans le lamantin, parmi les Amphibies trirèmes. Elles man- quent conséquemment dans les Insectivores , les Ours, les Carnivores , dans les Ruminants , dans les phoques parmi les amphibies quadrirèmes, dans les Cétacés et dans toute la série des Marsupiaux. On ne peut donc pas expliquer jusqu'à présent la loi de leur existence. Tout ce que l'on peut en conclure , ainsi que d'autres différences que nous aurons occasion d'observer dans la suite de cette leçon , c'est que les organes reproducteurs ne paraissent pas subordonnés aux organes conservateurs de la vie, ou, en d'autres termes, que le genre de vie de l'animal peut varier beaucoup, que sa nourriture peut être animale ou vé- gétale , sans que ses organes reproducteurs éprouvent des changements correspondants (1). Les animaux à bourse nous en fournissent une preuve frappante. Les uns ne vivent que d'insectes ou d'ani- maux encore plus analogues à leur propre nature , les autres broutent l'herbe , d'autres enfin ne semblent (i) C'est encore un principe que mes propies obseï valions, mes mé- ditations sur le sujet fie. cette rédaction m'avaient suggéré. ART. I. DES VÉSICULES SÉMINALES. 16 1 vivre que de racines. Tous cependant ont les organes de la génération très analogues. Les vésicules séminales varient à l'infini dans leur forme , et Ton sent que cela peut être sans que leur structure essentielle en soit changée pour cela. Rare- ment leur cavité est-elle simple (les lièvres)-, ordinaire- ment on la trouve plus ou moins anfractueuse, et quel- quefois très divisée (les Roussettes). Leurs parois sont généralement minces et simplement membraneuses; on n'y observe aucune fibre musculaire ; et lorsque la force contractile , qu'il faut cependant leur accorder, ne paraît plus suffisante , comme lorsqu'elles ont un très grand volume, pour expulser avec assez de force la masse du liquide qu'elles renferment, elles ont alors un muscle extrinsèque qui sert à les contracter : c'est ce que nous verrons dans Y éléphant. Ces mêmes parois ont évidemment, dans plusieurs cas, une nature glanduleuse; ce qui doit faire penser que les vésicules séminales ne sont pas de simples ré- servoirs de la semence , mais qu'elles servent encore à faire subir à ce liquide des changements plus ou moins importants, soit par l'absorption d'une partie de ses principes constituants , soit par l'addition d'autres prin- cipes. Les vésicules séminales des Singes sont très sem- blables à celles de l'homme. On peut dire cependant qu'elles sont en général plus ramifiées , et que leur ca- vité est plus anfractueuse. La surface interne de celle- ci présente constamment un réseau à mailles très fines, et quelques grosses lames, qui divisent encore plus cette cavité qu'il ne le paraît à l'extérieur. Gomme dansl'homme, chaque canal éjaculateur s'unit, du côté 8. îl 162 XXXlll* LEÇOJN. SECT. II, ORGANES MODIFICATEURS, ETC. interne et postérieur, avec le canal déférent correspon- dant, et ne forme plus avec lui qu'un canal commun, qui paraît plutôt appartenir au premier, traverse la prostate, perce la paroi supérieure de l'urètre et s'ouvre à côté du verumontanum. Dans les makis proprement dits, les vésicules sé- minales consistent en un gros boyau conique, dont le sommet est recourbé eu dedans. Leur cavité est simple, leurs parois sont minces, et présentent intérieurement un réseau fin. Ces vésicules s'ouvrent par un large orifice, commun au canal déférent, sur le côté du verumontanum. Celles du tarsier forment deux larges sacs, dont les parois semblent un peu glanduleuses. Leurs rapports avec l'urètre et les canaux déférents sont les mêmes que dans les précédents. Dans les roussettes , elles forment chacune un lonjj et gros boyau, ayant trois inflexions, dont la cavité est divisée, dans les deux tiers de sa longueur, en une foule de petites cellules à parois membraneuses. Son dernier tiers est un simple canal, qui s'ouvre dans un corps arrondi, assez consistant, placé sur le col de la vessie, dont l'intérieur est divisé par des lames membraneu- ses, comme le boyau séminal, en un grand nombre de petites cellules que l'on trouve de même remplies dune humeur séminale coagulée. Cette sorte de ré- servoir reçoit aussi les canaux déférents, et communi- que dans lurètre par deux petits orifices. Les vésicules séminales sont très petites dans les galéupilhèques. Elles ont un volume médiocre dans les chauves-souris , où elles forment deux sacs arrondis, blanchâtres, à cavité simple, à parois glanduleuses. ART. I. DES VÉSICULES SÉMINALES. 163 Les vésicules séminales des Rongeurs sont remar- quables , dans la plupart , par leur grand développe- ment. Celles du cochon d'Inde forment deux longs tuyaux coniques, s'amincissant beaucoup vers le bout, ayant quelques bosselures dans leur seconde moitié, et s'ouvrant dans 1 urètre par un orifice commun avec celui des déférents. Dans Y agouti, ce sont de même deux gros boyaux , ayant quelques branches plus petites, et dont les pa- rois sont peu épaisses. Chacun a un orifice séparé dans la cavité commune du verumoptanum, où se rendent aussi séparément les conduits déférents et les conduits excréteurs des vésicules accessoires ; de sorte que tous ces canaux communiquent ensemble par le moyen de cette cavité. Les vésicules séminales de la marmotte des Alpes sont peu développées, à cavité très anfractueuse, et à parois glanduleuses. Elles sont semblables, suivant Pallas , dans le boback ; mais dans le souslich [mus titillas, Pall.), d'après le même auteur, elles sont composées d'un petit boyau froncé, qui adhère à une masse formée de plus petits boyaux. Ce sont de nouveau, dans les rats proprement dits, de grandes vessies membraneuses, coniques, aplaties, [ayant leur bord antérieur inégal, bosselé, comme di- visé quelquefois en crête de coq, lorsque les cellules que ces bosselures indiquent sont profondément sépa- rées] ; elles sont situées en très grande partie hors du bassin , à caisse de leur volume considérable. Elles ont une structure semblable dans les hamsters, les campagnols, les loirs , les gerboises; c'est-à-dire que ce sont, dans tous ces animaux, des vessies à cavité 164 XXXIIIe LEÇON. SECT. II, ORGANES MODIFICATEURS, ETC. simple, mais inégale, qui se développent singulière- ment dans le temps des amours. [Nous les avons trouvées^ongues, cylindriques, volu- mineuses, ayant leur dernier tiers replié sur le précé- dent, dans la gerboise de Mauritanie. Celles de la gerbille de Schaiv ont une structure et une forme très analogues.] Dans le lièvre et le lapin, ou les lièvres proprement dits, ces organes sont remplacés par un sac unique, d'un volume assez considérable , de forme rectangu- laire, dont les deux coins libres sont quelquefois allon- gés et très distincts. Les parois de ce sac sont mem- braneuses, excepté dans les deux tiers du côté supérieur, où elles sont formées dune substance glanduleuse très épaisse, analogue à la prostate. Ce sac s'ouvre dans l'urètre par un orifice unique , percé] au milieu du verumontanum , et dans lequel se rendent aussi les deux canaux déférents. Les vésicules séminales sont doubles et séparées dans les lagomys (lepus pusillus, ogotonus et alpinus, PalL). Elles consistent chacune, dans X écureuil vulgaire, en un petit canal ridé et replié sur lui-même, qui se rapproche de son semblable entre la prostate et le canal de l'urètre, et, contre l'ordinaire, en dedans des canaux déférents. Leur petitesse, la nature glanduleuse de leurs parois, le défaut de vésicules accessoires, et, comme nous le verrons, la présence d'une véritable prostate et d'énormes glandes de Cowper, rapprochent, à cet égard , ces animaux de la marmotte des Alpes et du boback. ART. I. DES VÉSICULES SEMINALES. 165 Ces vésicules n'ont pas une structure moins variable clans les PacJiydermes, Celles du daman sont très grandes et ramifiées. Elles forment, dans le rhinocéros, deux sacs assez grands, à cavité inégale, à surface extérieure bosselée, dont les conduits se réunissent, avec les déférents, en un canal commun , à en juger d'après les dessins exécutés sous les yeux de Vicq-d'Azyr et l'explication écrite de sa propre main. On dirait, en voyant celles du sanglier, que ce sont deux portions de thymus. Elles sont très volumineuses, et composées de lobes et de lobules ; et ceux-ci d'assez grandes cellules membraneuses polygonales, dont les cavités, remplies d'une humeur séminale coagulée, communiquent ensemble, et se rendent enfin dans un petit canal excréteur commun , qui réunit les précé- dents, et s'ouvre dans le verumontanum, avec le ca- nal déférent de son côté. La même chose a lieu dans le tajaçu. Ces vésicules sont très grandes dans Y éléphant, de figure ovale , ayant un étranglement près de leur sommet, qui sépare la cavité de celui-ci de la grande cavité. Leur surface interne est divisée par des colonnes irrégulières, en sillons pins ou moins larges, mais peu profonds, plus marqués dans le sommet et la partie moyenne des vésicules que vers leur base , où ils s'effa- cent, et sont très comparables à ce que l'on voit dans les vessies à colonnes. Ces colonnes sont formées par la membrane propre des vésicules, beaucoup plus épaisse vers le sommet que dans le reste de son étendue, composée, en grande partie, d'un tissu cellulaire très serré, et présentant, à l'extérieur., un tissu fibreux, 166 XXXIII' LEÇON. SECT. II, ORGANES MODIFICATEURS, ETC. très évident, que l'on devrait peut-être distinguer comme formant une membrane à part. Du côté ex- terne et antérieur de chacune de ces vessies, est un muscle particulier qui s'élève de leur col vers leur partie moyenne, et dont les fibres s'écartent à mesure quelles montent. Ce muscle contracte les vessies séminales en rapprochant leur sommet de leur col, et sert ainsi à faire sortir le liquide qu'elles renferment. Celui-ci passe dans le canal de l'urètre en traversant l'extrémité des canaux déférents, à chacun desquels la vessie cor- respondante se réunit, au-delà de leur ampoule. Celles des Solipèdes sont deux sacs membraneux, qui ont chacun un large canal excréteur, dont l'orifice dans l'urètre est commun au canal déférent de son côté. Nous avons mis les Ruminants, au commencement c^e cette histoire , parmi ceux qui manquent de vésicules séminales, quoiqu'on leur en accorde généralement; c'est qu'on a pris pour telles de véritables glandes que nous décrirons comme des prostates. Nous trouvons cependant deux petites capsules glanduleuses dans le daim , jointes ensemble par leur bord interne, tenant à la base des prostates par leur bord externe, traver- sant comme un pont l'extrémité des déférents, et dont la petite cavité paraît aboutir dans le verumontanum, par la même embouchure que le déférent. Dans d'autres Ruminants , tels que le bélier, Y axis, etc., au lieu de ces capsules on ne trouve plus qu'un simple ligament qui traverse de même, comme un pont, les extrémités des canaux déférents ; et s'attache à fe base des deux prostates , qu'il réunit. ART. I. DES VÉSICULES SÉMINALES. 167 G. Dans la classe des Oiseaux. [Nous avons déjà dit que leurs déférents se termi- nent dans le cloaque, sans même éprouver une dila- tation qui pourrait servir de réservoir à la semence.] D. Dans la classe des Reptiles. [Il y a souvent dans l'ordre des Ophidiens, à la fin du canal déférent, une ampoule qui pourrait passer pour servir à ce dernier usage; mais ce n'est pas une vé- sicule séminale teile que nous lavons caractérisée et décrite chez les mammifères. On ne croirait guère qu'après avoir vu disparaître ces organes dans la classe des Oiseaux et chez les Rep- tiles propres , les Batraciens anoures , parmi les Reptiles amphibies , pourraient nous en offrir un nouvel exemple. Dans le genre Rana^Guv., où nous les avons étudiées, il est remarquable que ces vésicules diffèrent d'une espèce à l'autre. Celles de la grenouille verte sont annexées à l'extré- mité du canal urétro-séminal et à son côté externe. La paroi de ce canal , dont elles ne sont qu'un déve- loppement, est percée de plusieurs trous ronds, qui sont les embouchures des cellules dont se compose cl jaque vésicule. Ces cellules sont allongées en travers \ elles ont une cavité anfractueuse , des parois résistantes qui supportent très bien les injections au mercure, et elles paraissent communiquer entre elles. Dans la grenouille rousse , le canal urétro-séminal commence à se dilater après avoir dépassé le rein, et 168 XXXIIIe LEÇON. SECT. II, OKGANES MODIFICATEURS, ETC. prend, en arrière de cet organe, un renflement qui va de même en diminuant et qui lui donne, dans cette partie , la forme d un fuseau ; c'est à cette portion renflée qu'est annexée la vésicule séminale qui est oblongue , jaunâtre, celluleuse, analogue à celle que nous venons de décrire dans la grenouille verte, mais sa position est avancée, au lieu d'être reculée, comme dans cette dernière.] E. Dans la classe des Poissons. [Il n'y a de réservoirs de la semence que chez les Sélaciens, dont l'appareil génital est d'ailleurs très com- pliqué. C'est une petite vessie annexée au caual déférent, ei qui contient, à l'époque du rut, un liquide verdâirè avec un grand nombre de spermatozoïdes (i).] § II. Des vésicules séminales accessoires. [Nous avions adopté cette dénomination, dans notre ancienne rédaction,] pour des paquets de tubes ou de boyaux membraneux, plus ou moins nombreux, plus ou moins ramifiés, collés au côté interne des vésicules séminales, ou situés autour de l'origine de l'urètre , et dont la cavité communique dans ce canal par le moyen d'un ou de plusieurs canaux excréteurs, qui se rendent dans le même orifice que les vésicules séminales et les déférents (l'agouti), ou qui percent l'urètre séparément. [La circonstance que leur liquide ne montre pas de spermatozoïdes, et qu'il ressemble au produit des pros- (i) Voir le mémoire cité de M. Lallemand sur le développement des zoospermes chez les raies. (Annales des science* nat.9 5e?érip, t. XV, p. 257. ART» II. DES GLANDES PROSTATES.! 169 tates eelluleuses, nous a déterminé, dans cette nouvelle rédaction , à classer les organes dans le type des pros- tates tubuleuses.] ARTICLE II. DES GLANDES PROSTATES ET DE L'HUMEUR QU'ELLES SÉPARENT. [Les mammifères sont presque les seuls des animaux vertébrés chez lesquels ces glandes accessoires de l'ap- pareil génital mâle existent. Nous les retrouverons seulement chez les Urodèfes, parmi les Reptiles amphibies., et , ce qui est bien re~ marouable, avec les mêmes caractères de structure et de produit que chez le hérisson.] On pourrait, en ayant égard aux différences que présente leur structure , distinguer, dans les Mammi- fères, deux sortes de prostates. Chez les uns, cette glande a un tissu parfaitement semblable à celui de la prostate de l'homme. Il en est même plusieurs (le dau- phin et le marsouin), où son volume est de beaucoup plus grand et sa structure celluleuse bien plus appa- rente : elle a toujours, dans ce cas, plusieurs canaux excréteurs, qui percent l'urètre par autant d'orifices, et elle est plus souvent simple que double. Dans un petit nombre , au contraire, X éléphant et les Ruminants, cette glande est constamment double ou même quadruple (dans X éléphant), et elle présente intérieurement une cavité centrale, où s'ouvrent beau- coup d'autres cavités plus petites, qui communiquent avec l'urètre par un seul canal excréteur. [Ce dernier type, que nous avions distingué du pre- mier, n'en diffère cependant pas essentiellement : c'est 170 XXXIII* LEÇON. SECT. II, ORGANES MODIFICATEURS, ETC. encore celui des prostates celluleuses. Les cryptes qui forment la partie de sécrétion de leur tissu s'ouvrent dans des cellules moins petites, et celles-ci dans d'autres graduellement plus grandes qui finissent par aboutir dans un seul ou dans plusieurs canaux excréteurs. D'autres prostates ont une organisation tubuleuse. Elles se composent de paquets plus ou moins compli- qués de tubes longs ou courts, plus ou moins repliés sur eux-mêmes , plus ou moins ramifiés, dont les pa- rois sécrètent l'humeur que leur canal renferme. Nous avons classé ces prostates, dans notre ancienne rédaction, ainsi que nous venons de l'écrire, parmi les vésicules séminales accessoires; mais la circonstance que leur contenu ne montre pas de spermatozoïdes , et qu'il a , au contraire , une composition analogue à celle des autres prostates , nous détermine à les con- sidérer comme telles.] A. Chez V homme et les Mammifères, I. De la glande. § 1. Chez l'homme. On appelle prostate , chez Y homme, un corps glan- duleux, d'un tissu particulier, charnu en apparence, rouge, ferme, quoique celluleux, ayant une forme co- nique, placé en grande partie sous le commencement du canal de l'urètre, où il fait une saillie considérable, et enveloppant ce canal sur les côtés. Des fibres mus- culaires, qui partent du col de la vessie, viennent se fixer à sa surface et la recouvrent en partie. On remarque, dans son intérieur, de petits canaux excréteurs, dont les principaux, au nombre de huit à A.HT. II. DES GLANDES PKOSTATES. 171 douze, s'ouvrent dans l'urètre autour du verumonta- num. [Ces canaux excréteurs ont leur origine dans des cellules de différentes grandeurs , dont les plus petites, véritables cryptes glanduleuses qui n'ont pas plus d'un demi-millimètre dans leur plus grande dimension , versent l'humeur quelles sécrètent dans les plus gran- des, d'où elle passe dans les canaux que nous venons d'indiquer.] § 2. Dans les Mammifères. Nous donnerons le même nom aux corps glandu- leux , de structure analogue , dont les canaux excré- teurs s'ouvrent, par un ou plusieurs orifices, dans le commencement de la portion musculeuse de l'urètre, ou dans la première partie de son étendue. Une pa- reille glande existe dans tous les Quadrumanes ; dans les Chéiroptères ; les hérissons parmi les Insectivores ; dans les ours, le raton, les mangoustes et autres Car- nivores ; dans les écureuils, les marmottes et les lièvres, parmi les Rongeurs; dans les Pachydermes, les Soli- pèdes, les Ruminants , les amphibies et les Cétacés. Dans les Singes, la forme de la prostate est moins régulière, plus large de haut en bas que d'avant en arrière, et embrassant l'urètre comme un croissant. Elle ressemble d'ailleurs parfaitemeut à celle de l'homme par sou tissu, sa situation et son volume. On lui voit, dans le mandrill, quelques lobes acces- soires. Celle des makis proprement dits envoie deux pro- longements qui enveloppent les canaux excréteurs des vésicules séminales. 172 XXXIII* LEÇON. SECT. II, ORGANES MODIFICATEURS, ETC. On en trouve deux dans le tarsier, formant chacune un tubercule distinct, situé au-devant des vésicules séminales, sur les côtés de l'urètre. Les galèopithèques en ont de même une seule, large et embrassant la base des vésicules séminales. Son vo- lume est très considérable. Dans les Roussettes , la prostate est simple, entou- rant, comme dans les singes, une grande partie de la circonférence de l'urètre, à l'origine de ce canal. Dans les Chauves-souris proprement dites, elle en- toure toute la circonférence de l'urètre, et semble composée d'un grand nombre de lobules. [Les prostates sont multiples chez le hérisson , d'une énorme proportion, et elles appartiennent au type des prostates tubuleuses. Les deux plus grandes sont les prostates supérieures, qui se composent de tubes longs , ramifié*s et très repliés, réunis en lobules, puis en lobes, et dont les tubes se réunissent successi- vement pour former un seul canal excréteur, qui perce la paroi supérieure du canal de l'urètre. Deux autres paquets plus petits, de forme arrondie, les prostates inférieures , se composent de tubes moins longs dont les divisions s'étendent en éventail, et se dirigent vers la circonférence de la glande, dans la- quelle elles se terminent en culs-de-sac. Leur canal excréteur s'ouvre dans l'urètre à côté du verumonta- nura.] Les tubes' de ces différentes prostates ont des pa- rois membraneuses, minces et faciles à rompre. [Nous verrons qu'il y a aussi, dans le même animal, des glandes de Cowper, dont l'organisation est exac- tement semblable à celle des prostates inférieures.] ART. II. DES GLAINDKS PROSTATES. ' J 73 Dans la taupe , il n'y a qu'une prostate, qui se coin- pose de tuyaux membraneux, ramifiés et repliés sur eux-mêmes, formant, dans le temps de la chaleur, un énorme paquet, plus grand que la vessie urinaire, situé sur l'urètre, au-devant du réservoir de l'urine. Dans les ours, parmi les Carnassiers , sa substance paraît se confondre avec le renflement des canaux dé- férents réunis. Elle s'étend, outre cela, autour du commencement de l'urètre, auquel elle fournit une couche plus ou moins épaisse , suivant les espèces. Dans la loutre , ce n'est qu'une couche assez mince sans renflement ; elle est de même très peu développée dans la belette et les autres martes. Dans Yichneumon, c'est une masse glanduleuse assez considérable , située, comme à l'ordinaire , sur le côté de l'urètre qui répond au rectum, et composée de plusieurs lobes distincts, qui ont chacun leur canal excréteur. Celle des chats et des chiens est très volumineuse, et fait un gros bourrelet très saillant autour de l'u- rètre ; son tissu est semblable à celui de la prostate de l'homme, et ses orifices, dans l'urètre, sont également nombreux , et percés de même dans la saillie du veru- montanum. Dans Y hyène ^ elle est également très volumineuse. Celle de la civette forme deux tubercules peu saillants au-devant de l'insertion des déférents. Parmi les Rongeurs , elle forme, dans la marmotte des Alpes, sur l'origine de l'urètre, un renflement con- sidérable, partagé en arrière en deux lobes arrondis. On peut regarder comme telle, dans le lapin, la substance glanduleuse qui forme une partie des parois 174 XXXIIIe LEÇON. SECT. il, ORGAKES ^ODIllCATEL'ES, ETC. du sac séminal , et s'étend pins bas sur ia partie mus- culeuse de Furètre. Celle de Y écureuil est aussi longue que cette por- tion de Furètre , à laquelle elle ne paraît adhérente que par les deux points où elle lui envoie ses canaux ex- créteurs ; son volume est très considérable ; sa forme est ovale, aplatie en dessus, et bilobée en arrière. On trouve dans la nombreuse famille des Rats plu- sieurs paquets de tubes ramifiés autour de l'origine du canal de Furètre, qui composent les prostates de ces animaux. Deux autres sont collées contre la face inférieure des vésicules séminales , et sont formées d'un tronc prin- cipal ayant peu de ramifications. Les lagomys ont ces dernières prostates; [les seules peut-être que l'on pourrait considérer comme des vésicules séminales accessoires.] Dans Y agouti , les prostates sont composées de même d'un tronc divisé en rameaux et en ramuscules, dont les derniers se terminent par des digitations vé- siculeuses. Ge sont également, dans le cochon d'Inde, des tuyaux nombreuxramifiés, repliés sur eux-mêmes, réu- nis par un tissu cellulaire lâche et occupant en dessous la place de la prostate des autres mammifères. il y en a quatre dans Y éléphant ^ deux de chaque côté , de grandeur inégale , situées à l'extérieur des vé- sicules séminales , près de leur base , et d'un volume très petit, à proportion des autres glandes qui appar- tiennent à la même fonction. Elles sont recouvertes de quelques fibres musculaires, et présentent intérieure- ment des lobes peu distincts. ART. II. DKS GLANDES PKOSTATES. 175 Chacune de ces glandes a une cavité principale dans laquelle viennent aboutir d'autres cavités plus petites, par de fort larges orifices. Ce sont autant de culs-de-sac de grandeur variée, qui communiquent les uns dans les autres , et s'ouvrent à fin dans la cavité principale; celle-ci donne dans un canal excréteur d'un grand diamètre ; ceux des glandes du même côté marchent adossés l'un à l'autre , et s'ouvrent séparément dans l'urètre à côté du verumontanum. Celle du sanglier, parmi les Pachydermes , fait une saillie considérable sur le commencement de l'urètre ; elle est divisée en lobes dont le tissu est d'ailleurs très compacte. On trouve de plus, dans cet animal, une couche glanduleuse analogue , qui enveloppe toute la partie musculeuse de l'urètre, et dont la grande épais- seur est à l'origine de ce canal en dessus; elle est re- couverte, dans son commencement, par des fibres musculaires qui lui viennent du col de la vessie, et, dans le reste de son étendue, par des fibres transver- sales, dont nous parlerons plus en détail en décrivant !a portion pelvienne de l'urètre. Dans les Solipèdes , il existe deux prostates très considérables, qui sont placées à côté des vésicules sé- minales. Comparées aux glandes de Cowper, elles sont moins rouges; la masse de la glande y parait moindre et les cavités plus grandes ; elles sont recouvertes défibres tendineuses et musculaires qui leur viennent des vési- cules séminales et de la vessie; et leurs canaux excré- teurs ont plusieurs orifices dans l'urètre de chaque côté de ceux des vésicules séminales. Doit-on appeler ainsi un long cylindre membra- neux , ayant l'extrémité sphérique, placé dans les So- 176 XXXIIIe LEÇON. SECT. II, OKGANES MODIFICATEURS, ETC. lipèdes entre les deux canaux déférents, et dont la lon- gueur égale leur partie renflée ? Cette longue vessie s'ouvre dans l'urètre en avant des orifices communs des déférents et des vésicules séminales , plus près de celui du côté gauche. Il en sort une humeur qui a la consistance et la couleur du miel. Les Ruminants ont toujours deux prostates qui sont exactement comparables aux précédentes. Leur pro- portion est plus grande dans le bélier et le bœuf; on y remarque des lobes plus distincts, ayant chacun une petite cavité qui se réunit à la principale ; celle-ci se continue dans un canal membraneux qui s'ouvre dans une assez large lacune du verumontanum , en dedans ou en arrière de l'orifice du canal déférent. Leur surface est plus unie dans le daim , Y axis ^ le bubale , et leur forme plus régulièrement ovale ; elles ont dans tous une cavité centrale, où viennent aboutir, par de larges orifices, d'autres cavités plus petites , et un canal excréteur unique , dont l'orifice est percé dans le verumontanum , le plus souvent derrière celui du déférent de son côté. En général, ces glandes ne diffèrent, dans cet ordre, que par leur volume, qui égale, dans le chameau, celui d'un petit œuf de poule, et par la proportion de leur cavité centrale , comparée à la masse de la glande , proportion qui s'est trouvée quelquefois assez grande pour faire méconnaître la nature de cet organe et le ranger parmi les réservoirs de la semence. Les phoques, parmi les Amphibies quadrirèmes , ressemblent , à cet égard , comme à beaucoup d'autres, à la loutre. Cette glande forme de nouveau , dans les Cétacés , ART. II. DES GLANDES PROSTATES. 177 une seule masse très volumineuse, qui recouvre une grande partie de la première portion de l'urètre , particulièrement en dessus, et est elle-même recou- verte par un muscle très fort. Son intérieur présente , dans quelque sens qu'on la coupe, les ouvertures dune foule de cellules; l'humeur qu'elle sépare arrive dans l'urètre par plusieurs orifices. Si nous l'étudions dans la seconde série des Mammi- fères, celle des Marsupiaux , nous la trouverons dans les kanguroos , très épaisse à son origine , près du col de la vessie; elle va en diminuant d'épaisseur à mesure qu'elle s'avance autour de la partie musculeuse de l'urètre , à laquelle elle donne la forme d'un cône très allongé. [Son diamètre vers la vessie urinaire excède celui de ce réservoir lorsqu'il est contracté. Sa coupe, dans sa plus grande épaisseur autour de l'origine du canal de l'urètre , a om,o 1 2 d'épaisseur, et la couche muscu- leuse qui la recouvre om,ooi seulement. Sa structure se compose de tubes ramifiés, perpendiculaires aux parois du canal de l'urètre , dont les divisions se multiplient de dedans en dehors, et se terminent à la surface de la glande par de petits ccecums, dont le fond touche à son enveloppe celluîo-musculeuse.] Dans les pftâtangers, elle forme semblablement une- couche assez épaisse, qui enveloppe la même partie de l'urètre. Cette couche ne nous a pas paru sensible dans les phascolomes , de sorte que l'existence de la prostate y paraît douteuse. 12 178 XXXIIIe LEÇON. ORGANES MODIFICATEURS, ETC., MALES. B. Chez les Reptiles Amphibies* [L'ordre des Urodèles , dans cette sous-classe, est pourvu, par exception, de glandes analogues aux pros- tates ou aux glandes de Gowper des mammifères. Nous les avons plus particulièrement étudiées chez les salamandres et les tritons. Chez les mâles des salamandres , elles se composent chacune de deux lobes , un horizontal , et l'autre ver- tical. Le premier représente, avec son symétrique, dans la salamandre commune , la forme d'un cœur, dont la pointe serait en arrière , et au centre duquel se trouve les lèvres et la fente du vestibule. Le lobe vertical s'élève obliquement vers la face dor- sale , de manière que les deux lobes verticaux laissent en avant un intervalle dans lequel pénètrent les reins. Un muscle pubio-coccygien s'avance entre les deux lobes d'un même côté, et les sépare. Dans la salamandre noire , ces glandes sont aussi étendues à proportion. Elles ont de même deux lobes chacune. Chez les tritons, ces prostates composent un ap- pareil encore plus compliqué. La prostate qui répond au lobe inférieur de celle des salamandres compose essentiellement la paroi en forme de calotte du vestibule. Il y a, outre cela , deux prostates pelviennes, qui répondent au lobe vertical de la prostate vestibulaire des salamandres. Elles occu- pent la face dorsale du vestibule et du bassin, et se sous-divisent chacune, ou celle d'un côté seulement, en deux lobes. Leurs canaux excréteurs aboutissent ART. il. .DES GLANDES PROSTATES. i?9 dans la ligne médiane de la partie la plus reculée du vestibule. Les tritons ont encore une troisième prostate que j'appelle abdominale, parce qu'elles occupent sur les muscles abdominaux et sous le péritoine une grande partie des parois musculeuses de l'abdomen. Enfin les salamandres et les tritons ont des prostates intravestibulaires. Chez les premiers, elles se composent de deux rangées de lames ou des plis qui occupent les parois latérales du vestibule. Chez les tritons , dont le vestibule est occupé par la verge, ces lames sont portées au dehors, sur la lèvre interne, qu'elles garnissent, et elles ont la forme de petites palmes. Leur bord libre est traversé par les petits tubes qui le dépassent , après être entrés dans la composition de ces lames et de ces palmes. Toutes ces prostates pelviennes , abdomino-vestibu- laires externe ou interne, se composent de tubes courts formant de petits ccecums, ou longs et repliés , quel- quefois divisés ou ramifiés, dont les parois celluleuses sécrètent l'humeur dont ils sont les réservoirs. La structure de ces prostates est absolument compa- rable à celle des prostates du hérisson (i). II. De l humeur des prostates. Cette humeur a été étudiée , dans sa composition mi- croscopique, par MM. Prévost et Dumas (a) dans le (i) Voir mon troisième fragment sur les organes génito-urinaires des reptiles et sur leurs produits. — Comptes-rendus de l'Académie de* sciences, t. XIX , p. 951 et suiv. Paris, 1 844- (2) Annales des se. naturn t. I. 180 XXXIil* LKÇOi\. ORGANES MODIFICATEURS, ETC., MALES. chien, le chat, le liérisson et le lapin. Ils l'ont trouvée composée de globules nombreux semblables à ceux du lait. Dans le hérisson , nous avons observé que l'humeur de la prostate contenait de nombreuses vésicules ovales, pour la plupart , dont quelques unes sont sphé- riques , d'autres oblongues , coniques. Plusieurs de ces vésicules, celles de prostates su- périeures, avaient une forme étoilée , avec un noyau central. Les canaux excréteurs de toutes ces glandes abou^ tissent au vestibule génito-excrémentitiel, et y mêlent l'humeur des prostates à celle des glandes sperma- gènes. ARTICLE III. DES GLAKDES DE COWPER ET DE L'HUMEUR QU'ELLES SECRETENT. [On appelle ainsi de petites glandes dont le canal excréteur est en rapport, chez Y homme et les Mammi- fères , avec le commencement de la partie érectile ou vascnlaire du canal de l'urètre , ou avec la fin de sa partie pelvienne. Ces glandes ont beaucoup de rapports avec les pro- states.] I. Des glandes de Cocvper. A. Chez r homme. Les glandes qui portent ce nom, dans Y homme, sont au nombre de deux, situées immédiatement der- rière le bulbe de l'urètre : elles ont la grosseur et la forme d'un pois, un tissu jaunâtre, une structure cel- luleuse et un seul canal excréteur, qui perce oblique- ART. III. DES GLANDES DE COWPER. 181 ment l'urètre et s'ouvre dans sa partie bulbeuse. [On leur découvre parfois une cavité centrale d'un demi jus- qu'à un millimètre de diamètre, dans laquelle le canal excréteur prend naissance, avec un diamètre d'un tiers de millimètre ; c'est dans cette cavité centrale qu'abou- tissent des canaux peu ramifiés qui tirent leur ori- gine de cryptes, formant des grains glanduleux réunis en grappes , ayant une forme plutôt anguleuse que vésiculaire, et un diamètre de i/3o et au plus i/i-2 de millimètre.] Ces glandes ont échappé longtemps, à cause de leur petit volume, aux recherches des ana- tomistes. On serait tenté de croire, par la même raison, qu'elles ne jouent, chez l'homme, qu'un rôle très secondaire. Il n'en est pas de même, comme nous allons nous en convaincre, dans plusieurs mammifè- res, où elles sont, en général, plus développées à pro- portion, et chez lesquels leur volume excède quelque- fois , de beaucoup, celui des prostates. [Il est remarquable que, dans l'espèce humaine, le sexe mâle ne soit pas exclusivement pourvu de ces glandes, et qu'elles existent aussi chez la femme (1). On les trouve derrière un rudiment de bulbe de l'urètre. De leur côte interne et inférieur sort leur canal excréteur, qui a om,o-2 de long et s'ouvre dans le vagin, un peu en dedans de son origine.] B. Dans les Mammifères. Ces glandes existent dans tous les Quadrumanes, dans les Chéiroptères, et parmi les Carnassiers , dans (i) Voir Frietlerich Tiedemann von den Duverneyschen Driïsen des Weibs, etc. Heidelberg, 1 840; etFalentinBepertorium, pour 1837, p. i3s. 182 XXXIIie LEÇON. ORGANES MODIFICATEURS, ETC., MALES. Xichneumon, et sans doute dans les autres mangous- tes, dans la civette, Y hyène, les chats, les Rongeurs (ex- cepté les lièvres proprement dits), les Pachydermes et la plupart des Ruminants et tous les Marsupiaux. Elles manquent dans les Insectivores, les ours, le raton, dans la loutre et les martes, dans les chiens-, dans plu- sieurs Ruminants tels que les cerfs ; dans les Solipèdes, les phoques , parmi les Amphibies quadrirèmes et les Cétacés. On voit quelles se trouvent assez souvent avec les prostates et les vésicules séminales; ou avec les vési- cules séminales et les vésicules accessoires; ou avec les prostates seulement. Chez les Didelphes carnassiers, ce sont les seules glandes accessoires : aussi semblent-elles très essen- tielles dans tous les animaux de cette division des Mar- supiaux. Leur structure est loin d'être toujours parfaitement semblable. Celles des Quadrumanes, des Carnassiers , et des Ruminants ont peu de cavité et un tissu serré. Les écureuils et les marmottes les ont vides et comme vésiculeuses dans une bonne partie de leur étendue ; ce qui a pu les faire considérer, ainsi que leur grand volume, pour des vésicules séminales. Mais les rap- ports de leur canal excréteur avec l'urètre sont tels , précisément dans ce cas, qu'il serait impossible au li- quide séminal d'y parvenir : il faut donc que l'humeur qu'elles renferment soit séparée par leur portion glan- duleuse. Cette humeur les gonfle d'ailleurs dans toutes les saisons. Elle paraît généralement d'un blanc bleuâtre ou opaliu, demi-transparente, ayant la con- sistance de l'amidon , et parvient constamment dans la portion bulbeuse de l'urètre par un seul orifice. ART. III. DES GLANDES DE COWPER. 183 Enfin, un dernier caractère commun à toutes ces glandes, c'est d avoir besoin d'être comprimées pour se débarrasser de l'humeur qu'elles renferment : aussi sont-elles enveloppées complètement, ou en partie, par des gaines musculeuses ou musculo-aponévrotiques plus ou moins épaisses. On les découvre ordinairement dès qu'on a enlevé la peau du périnée où elles sont placées, hors du bas- sin entre le bulbo-caverneux et les ischio-caverneux. Chez les Singes , on les trouve déjà beaucoup plus grandes, à proportion, que dans l'homme : leur tissu est plus lâche que celui de la prostate. Leur volume paraît encore plus considérable dans les makis pro- prement dits, chez lesquels leurs canaux excréteurs marchent collés l'un à l'autre sous l'urètre avant d'ar- river au bulbe. Les chauves-souris, parmi les Chéiroptères, les ont encore plus considérables à proportion. [Dans le Desman de Russie, elles sont allongées et courbées en genoux (i).] Les glandes de Gowper du hérisson sont deux glandes semblables aux prostates inférieures arrondies et apla- ties composées d'un grandnombrede tubes courts, non repliés, mais couchés parallèlement les uns aux au- tres , formant des ramuscules, des rameaux, des bran- ches, qui se réunissent enfin en un seul tronc ou canal principal. Celui-ci s'ouvre dans l'urètre pelvien. Parmi les Carnassiers, ces glandes sont très grandes dans les civettes et les chats, où le muscle qui les enve- loppe est très épais; mais aucsun de ces animaux ne les (i) M. Brandt, Areh. de Wiegmami, f, III. 184 XXXIIIe LEÇON. ORGANES MODIFICATEURS, ETC., MALES. a aussi volumineuses que X hyène : la section y fait voir des lobes distincts et les radicules de leurs canaux ex- créteurs. Celles de Xichneumon forment par leur réunion un renflement très considérable , à Fendroit où com- mence le bulbe : leur forme est arrondie et leur masse composée de vésicules , qui communiquent entre elles et se réunissent, vers l'extrémité de la glande,. en un canal commun, qui se prolonge au-dessous de la verge, à côté de son semblable, et s'ouvre, par un orifice séparé, au fond du cul-de-sac qui est à cette extrémité, et. dans lequel aboutit aussi le canal de l'urètre. Cha- cune d'elles a une enveloppe muscuio-tendineuse, puis toutes deux sont recouvertes à la fois par une autre couche de fibres musculaires. Parmi les Rongeurs , celles de Xécureuil sont deux grandes vessies coniques, roulées sur elles-mêmes, dont le sommet a sa cavité divisée en petites cellules, et des parois plus épaisses et plus évidemment glanduleuses que le reste. Chacune délies s'ouvre par un large ori- fice dans un cul-de-sac qui occupe le bulbe de l'urètre, et se prolonge en un canal qui va en se rétrécissant jusqu'au pli de la verge, où il s'ouvre dans celui de l'urètre. Le long du bord interne de la spire, règne un vaisseau d'un blanc de lait, dont les ramifications très fines augmentent vers le sommet de celies-ci: les deux côtés de cette même spire ont des fibres musculaires obliques, qui servent à contracter sa cavité. On en trouve dans les marmottes des Alpes et dans les boback , d'une structure analogue : elles sont en partie vésiculeuses, et présentent la forme d'une mas- sue dont le- bout serait replié contre le manche qui formerait le canal : celui-ci a une cavité simple , tan- ART. III. DES GLANDES DE COWPER. 185 dis que la masse est divisée en cellules glanduleuses. Le canal aboutit, avec celui de son côté, dans un cul- de-sac creusé dans le bulbe , qui se rétrécit, en avan- çant, en un canal étroit, et s'ouvre dans l'urètre vers le milieu de la verge. Dans les rats , elles sont d'un assez grand volume , blanches à l'extérieur, pyriformes, et s'ouvrent dans l'urètre, comme celles des autres ordres : elles ne pa- raissent avoir qu'une enveloppe aponévrotique. Elles sont plates, arrondies et très vasculeuses dans Y agouti. Celles du cochon ci vlnde sont plus arrondies, mais elles ont la même structure. [Elles sont ovoïdes, sphériques et situées derrière le bulbo-caverneux dans la gerboise de Mauritanie, pyra- midales dans la. gerbille de Schaw.] Celles de Y éléphant sont rondes et plates, et d'un très grand volume, comparées aux prostates, ayant au fond la même structure que celles-ci : leur couleur est rougeâtre, et leur surface extérieure très inégale, ce qui leur donne une apparence lobuleuse. On y dis- tingue deux portions , une petite plus près du bulbe , et l'autre beaucoup plus grande ; le centre de la pre- mière présente une cavité assez considérable, qui re- çoit, par de larges orifices, l'humeur renfermée dans des cavités plus petites , dans lesquelles aboutissent d'autres cavités plus petites encore. La cavité princi- pale s'ouvre dans un canal excréteur qui, après un tra- jet de quelques centimètres, s'unit au canal commun. Ce dernier, qui vient de la grande portion, est formé de deux branches , répondant aux deux cavités cen- trales de cette portion; il rampe quelque temps dans l'épaisseur des parois de l'urètre, avant de s'ouvrir , 186 XXXIIIe LEÇON. ORGANES MODIFICATEURS, ETC., MALES. comme à l'ordinaire, dans sa partie bulbeuse. Ces glan- des sont enveloppées d'un muscle très épais, dont les fibres convergent vers un tendon qui se fixe à chaque brandie du corps caverneux. Dans le sanglier , parmi les Pachydermes, elles for- ment un long cylindre aplati ( de 0,1 mètre de lon- gueur); composé d'une substance ferme, ayant de pe- tites cellules qui se réunissent dans de plus grandes celles-ci forment une cavité centrale, aboutissant à un canal excréteur membraneux, qui va s'ouvrir sur les côtés d'une espèce de cul-de-sac creusé dans la partie bulbeuse de l'urètre et par lequel commence cette partie : elles ont chacune un muscle dont les fibres obliques régnent d'avant en arrière sur une de leurs faces, dans toute son étendue. Chez les Solipèdes les glandes de Cowper forment un renflement ovale de chaque côté de l'extrémité pelvienne du canal de l'urètre. Ces glandes sont enve- loppées, dans toute leur étendue, par des fibres muscu- laires et tendineuses; elles ont chacune une douzaine d'orifices, formant deux rangées dans la portion de l'urètre à laquelle elles adhèrent. Dans le chameau, parmi les fiuminants, elles ont la forme et la grosseur d'un œuf de pigeon, la surface ex- térieure unie , un tissu assez ferme et un canal excré - teur, dont la terminaison est, comme à l'ordinaire, dans le bulbe de l'urètre. Leur structure est la même dans les autres Pxumi- nants qui en sont pourvus. Elles y sont constamment enveloppées par un muscle épais. Tous les Marsupiaux ont des glandes de Cowper. Celles de Didelphes sont remarquables par leur nom- ART. III. DES GLANDES DE COWPER. 187 bre; on en compte six dans le cayopolin , les phalan- gers , 3e phascolome, le kanguroo-géant ; et quatre seulement clans la sarigue et le kangaroo-rat. Deux d'en- tre elles sont placées, dans le kanguroo-géant, à côté l'une de l'autre sur l'urètre, et immédiatement derrière les branches du corps caverneux; les deux autres , de chaque côté, sont en arrière de ces branches \ et plus grosses que les premières. Toutes ont une enveloppe musculeuse et aponévrotique. Elles sont évidemment composées, dans ces animaux, d'un tissu de canaux dirigés suivant la longueur, et dont on aperçoit les nombreux orifices, lorsque l'on coupe leur substance en travers. [Ainsi, leur structure est analogue à celle de la pros- tate. Elle se compose de tubes ramifiés, qui commen- cent à la surface de la glande par de petits cœcums, et se terminent dans une cavité centrale qui a son issue dans le canal excréteur de la glande.] Dans Xéchidnè et Xornithorhynque , ou chez les Monotrèmes , on trouve une glande de Cowper de chaque côté du cloaque, peu volumineuse, de forme ovale, ayant dans son milieu une cavité étroite abou- tissant dans un canal excréteur, qui pénètre à travers le constricteur du cloaque , et va se joindre au petit conduit [séminal qui se détache de l'urètre près de sa terminaison , dans le cloaque, et se continue jusqu'au gland.] Cette glande est enveloppée par un muscle très fort, dont Faction devenait nécessaire pour lan- cer l'humeur qu'elle sépare, à travers le long canal ex- créteur dont elle est pourvue. 188 XXXIIIe LEÇON. ORGANES MODIFICATEURS, ETC., MALES. G. Dans la classe des Oiseaux, [Aucune trace de glande , analogue aux glandes de Cowper des mammifères, n'a été signalée jusqu'à pré- sent dans cette classe, ainsi que nous lavons dit des prostates.] D. Dans la classe des Reptiles* s [Les Reptiles propres n'ont rien de semblable. Ils ont, sous ce rapport, une organisation conforme aux oiseaux. Les Reptiles amphibies urodèles sont, au contraire, pourvus d'un appareil glanduleux , qui entoure leur vestibule génito-urinaire, appareil que nous avons fait connaître dans l'article précédent, mais qui ne manque pas de rapports avec les glandes de Cowper.] E. Dans la classe des Poissons. [Le sperme très épais des Poissons ovipares destiné à féconder les œufs dans l'eau a une composition ana- logue à ce moyen de fécondation; et aucun organe ac- cessoire ne sécrète , chez ces animaux , une liqueur propre à délayer le sperme qui sort de la glande qui l'a préparé. Cependant on a décrit, dans le Gobius niger, un ap- pareil glanduleux composé de deux vésicules ovales assez grandes, situéessur le col de la glande spermagène. Il y a même une petite glande impaire attachée au col des vésicules paires. Elles sont composées de cel- lules anguleuses que l'on trouve remplies d'une hu- meur semblable au sperme. On dirait des vésicules APPENDICE. 189 séminales qui sécréteraient une matière liquide pro- pre à délayer le sperme du testicule (i). Les canaux de ces trois petites glandes aboutissent à une papille creuse, où se rend aussi le canal éjacula- teur. Nous ferons connaître dans la leçon suivante, à la suite des organes d'accouplement , une glande dont l'usage est encore problématique ; elle existe dans l'appendice extérieur génital qui caractérise les mâles des Sélaciens et des Chimères.] II. De V humeur des glandes de Coivper. [L'humeur des glandes deCowper chez Y homme est transparente, visqueuse, filante et composée de gra- nules ronds , de 1/900 jusqu'à 1/370 de ligne ($). Nous avons dit ( p. 182 ) quelle avait, dans les ècureuds , la consistance de l'amidon et une couleur opaline demi-transparente.] APPENDICE POUR LA LEÇON ACTUELLE ET LA PRECEDENTE. DE l'HERMAPHRODITISME DES POISSONS, OU DE LA REUNION DANS LE MEME INDIVIDU DES ORGANES PRÉPARATEURS DES OVULES ET DU SPERME. [Un des caractères généraux des animaux vertébrés est d'avoir les organes sexuels séparés, chez des indi- vidus différents. « Cependant, suivant M. Ccwier^ on trouverait de » temps à autre , parmi les poissons ordinaires , des (1) M. Rathke o, c, § 5g, p. 201, et Pi. V, fig. 10. (3) Suivant, M. Krause, mém. cité. J90 XXXIIIe LEÇON. APPENDICE. » individus qui ont d'un côté un ovaire, et de l'autre » un testicule ; mais il paraît que certaines espèces » réunissent naturellement et constamment les organes » des deux sexes. Gavoiini l'assure du serran , ou » perche demer^etsir Everard Home de Y anguille et de » la lamproie; pour ce dernier genre, MM. Magendie » et Desmoulins pensent qu'il y a des mâles. ».... Quant au serran, nous avons vérifié, ajoute » M. Guvier, que les ovaires ont leur partie postérieure » d'un tissu différent du reste de leur masse , et fort » semblable à celui d'une laitance. Il reste à savoir si » cette partie en fait réellement les fonctions (i). » Nous avons rapporté ce texte afin de faire mieux comprendre les progrès que la science a faits à cet égard, depuis 189.8, époque de la publication du vo- lume dont il est extrait. LThermaphroditisme accidentel peut avoir lieu, si l'on en croit plusieurs auteurs recommandables, qui en citent des exemples, entre autres Leeuwenhoeek, pour la merluche. Il serait à désirer cependant que ces exemples eussent été conservés dans les collections , pour être contrôlés par l'examen sévère de la science d'aujourd'hui. Jusque là nous devons suspendre notre jugement, malgré les autorités respectables qui regar- dent ce fait comme certain. Quant aux espèces qui seraient constamment her- maphrodites , l'erreur de sir Everard Home , pour Y anguille et la lamproie , est généralement reconnue. Le savant anatomiste avait pris les reins de la lamproie (1) Hist. nat. des poissons, t. I, p. 534 et 535. APPENDICE. 191 marine (1) pour ses laites, et n'avait pas su distinguer l'organe femelle de l'organe mâle de ces deux genres , parce que la forme générale de ces deux sortes d'or- ganes est la même , et que le sperme se trouve réuni dans de nombreuses et petites poches rondes, qui ont beaucoup de ressemblance avec des œufs. Cependant MM. Magendie et Desmoulins annon- çaient à l'Académie des sciences, en 1822 (2), avoir distingué la laite dans un individu, et l'ovaire dans plusieurs autres, et l'existence d'un grand nombre d'in- dividus femelles et d'un petit nombre de mâles. Mais l'emploi qu'ils ont été obligés de faire du microscope pour distinguer, dans les feuillets de l'ovaire, des glo- bules semblables à ceux que contiennent les ovaires de l'esturgeon dans un état flétri, démontrent au moins que l'individu présumé mâle qu'ils ont observé n'était pas en rut. Nous avons nous-même constaté, dès 1829, sur plu- sieurs individus mâles, l'existence des testicules, et celle des ovaires chez plusieurs femelles. Ces individus avaient été pris dans le Rhin, aux mois de mai et de juin, époque à laquelle ils remontent ce fleuve pour frayer. On a pu voir, dans la description que nous avons don- née de ces organes, articles II et V, que les petites cap- sules qui se montrent de toutes parts à l'œil, à travers les parois du falbala très plissé que forme le testicule, sont plus nombreuses, plus petites et moins unies que les ovules, qui sont plus gros, moins nombreux et par- faitement sphériques. (1) Trans. philos., pour i8i5, P. II, p. 257-271. (2) Journal de physiologie, t. II, p. 224. 192 XXXIII* LEÇON. APPENDICE. Nous avons vu, dans les mêmes articles II et V, que les ovules de Yanguiile sont ovales, tandis que les cap- sules spermatiques sont rondes. L'incertitude et les erreurs sur les sexes de ces deux genres proviennent uniquement de ce qu'on a méconnu la structure intime de leur glande sperma- gène, ainsi que les différences qu'elle présente, com- parée à la glande ovigène. L'observation de Cavotini sur la perche de mer, serra- nus scriba, est-elle bien exacte et surtout justement ex- pliquée? Les sacs distincts des ovaires que ce grand observateur a vus et fait figurer (1) sous l'extrémité postérieure de ces derniers organes étaient-ils bien des laites, malgré les apparences dont M. Cuvier lui- même a été frappé, sur les individus qu'il a examinés? Ou n etaient-ce pas plutôt des glandes sécrétant une humeur servant à envelopper les œufs à leur sortie, et qui ne se montrerait qu'à l'époque de la ponte ? Cette restriction me ferait comprendre l'état dans lequel j'ai trouvé ces organes dans un exemplaire de la même espèce , qui n'était pas encore arrivé à cette époque. Les ovaires étaient deux sacs coniques, nés avan- çant qu'à la moitié de la longueur de la cavité abdo- minale, à parois demi- transparentes. Ils contenaient des œufs de forme polygonale, irrégulière, ayant tous une vésicule germinative. Les deux sacs se réunissent à un oviducte commun , et celui-ci au canal de la vessie urinaire, pour aboutir au même orifice derrière l'anus. (i) Memorie sulla yenerazione dei Pèscidn di Filoppo Cavolini, p. p5. In Napoli, 1787. APPENDICE. 193 Dans nn exemplaire de serranus cabrilla, l'organe génital était unique, mais bifurqué, et paraissait com- posé de cellules polygonales. Nous avons compté dans une de ces cellules huit ou neuf corps ronds , de diffé- rentes grandeurs, que nous avons pris pour des cap- sules de spermatozoïdes , plutôt que pour des ovules. Il n'y avait, dans l'un ni dans l'autre exemplaire, deux sortes d'organes qui aient pu nous faire soupçon- ner, le moins du monde, l'existence simultanée, dans le même individu , des organes de génération mâle et femelle, et conséquemment l'hermaphroditisme. 8. 13 194 XXXIVe LFÇOX. ORGANES D' ACCOUPLEMENT TRENTE-QUATRIÈME LEÇON. DES ORGANES D'ACCOUPLEMENT DANS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS. [Les organes d'accouplement, chez les mâles, sont en pénéral des cavités qui reçoivent le sperme qu'y ver- sent les canaux excréteurs des glandes spermagènes , et qui le transmettent, soit immédiatement, soit par l'in- termédiaire d'une ou plusieurs verges, dans les or- panes d'accouplement de la femelle.] Ce sont encore, dans quelques cas , des espèces de membres surnumé- raires , ou de membres ordinaires modifiés, qui don- nent aux mâles la facilité de se cramponner sur leurs femelles. Les organes d'accouplement de celles-ci sont , au contraire, des conduits particulièrement destinés à re- cevoir la verge du mâle, ou à donner passage aux pro- duits de la conception ; ou des cavités, servant encore à d'autres usages , qui reçoivent dans l'accouplement une ou plusieurs verges, et que la liqueur fécondante est obligée de traverser pour arriver aux organes édu- cateurs. [Les divers types des organes mâles d'accouple- ment étant nécessairement en rapport , dans chaque classe, avec les organes femelles, au lieu de faire connaî- tre successivement, dans les quatre classes, les modifi- cations des organes d'un même sexe, nous croyons de- voir réunir dans la même section l'histoîre^siiccessive DES ANIMAUX VERTEBRES, EN GENERAL. 195 et comparée des organes femelles, après celle des or- ganes mâles d'une seule classe.] Il paraît peu juste, au premier abord, de dire que les organes d'accouplement existent moins généra- lement dans les femelles que dans les mâles. Cela est vrai cependant: c'est que, dans le petit nombre de Poissons qui s'accouplent, chez les Ché/oniens , les Sauriens et les Ophidiens , parmi les Reptiles, dans tous les Oiseaux, dans Xornithorhynque et Xét - Iiiclné^ le cloaque [ou le vestibule génito-excrémentitiel ] tient lieu de ces organes. Il s'abouche avec celui du mâle, reçoit la verge ou les verges de celui-ci , lorsqu'il en a une ou deux, et la liqueur séminale. Un très petit nombre de femelles \ parmi tes es- pèces dont les mâles ont une verge J paraissent être pourvues dun clitoris, le seul organe particulier à l'ac- couplement qu'elles présentent dans ces trois classes. [J'avais trop restreint, dans la rédaction qu'on vient de lire, la signification des organes d'accouplement ou leur détermination : c'est qu'à l'époque où cette ré^ daction a été faite, l'idée qu'on avait du cloaque était, ainsi que ce nom l'indique, celle d'un égout ou d'un ré- servoir pour les excréments. Cette idée était à la fois inexacte et incomplète. La cavité qui est au-devant de l'issue du rectum est sans doute traversée par les fèces alimentaires; mais elle ne leur sert pas de réservoir (1). Cette cavité appar- tient plus essentiellement aux fonctions génératrices , dont les organes ont généralement leurs communi- (i) Voir le t. II, p. 335, Je la Philosophie an atomique de M. GeoffYoy- Saint-Hilaire , où cette proposition est démontrée, pour les oiseaux, par l'observation et l'expérience. 196 xxxive leçon, org. d'accouplement des vertébrés. cations au dehors, plus ou moins liées avec celles de la sécrétion de l'urine. C'est pour cela que j'ai chan- gé, depuis plusieurs années , dans mes cours, l'expres- sion de cloaque en celle de vestibule génito-excrémen- titiel, parce que j'avais considéré comme les plus essen- tielles, comme les principales, les fonctions génératrices de ce vestibule , et que je l'avais reconnu existant, même lorsqu'il est séparé de l'issue du rectum 5 et qu'il ne donne plus passage aux fèces alimentaires. Il est en- core , dans ce cas , l'issue commune des fèces urinaires et des produits de la génération; et c'est toujours par son intermédiaire, chez les femelles, que la liqueur fé- condante du mâle pénètre dans le canal ou dans les canaux qui doivent la porter sur les ovules, toutes les fois que la fécondation doit avoir lieu avant la ponte. C'est donc essentiellement, pour les femelles, l'or- gane d'accouplement. Je ne connais qu'une seule ex- ception à cette règle : c'est celle bien singulière que présentent les Chimères, dont les oviductes s'ouvrent immédiatement au dehors, derrière l'orifice du cloaque, qiji n'est plus un vestibule génito-excrémentitiel que chez les mâles. Chez les Sélaciens seuls, dans la classe des Poissons, avec les Chimères^ ce vestibule est l'aboutissant du rectum. Chez les autres Poissons cartilagineux et dans toute la sous- classe des Osseux , le rectum a son issue en avant de celle des produits de la génération et de l'urine, qui sont ordinairement communes. Chez les vi- vipares qui doivent se rapprocher pour la fécondation intérieure , cette issue commune est conséquemment celle d'un court vestibule génito-excrémentitiel, dont l'orifice peut servir d'organe d'accouplement.] SECT. I. ABT. I. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 197 SECTION I. DES ORGANES D'ACCOUPLEMENT DANS LA CLASSE DES MAMMIFÈRES. ARTICLE I. DES ORGANES MALES. [Nous avons suivi dans cette classe les canaux défé- rents jusqu'à l'origine du canal de l'urètre, où ils se ter- minent. C'est aussi à cette origine que sont les embou- chures des vésicules séminales, des glandes prostates , et plus loin , au commencement de la partie bulbeuse de ce canal , celles des glandes de Cowper, dont les di- verses humeurs viennent s'y mélanger à la semence. L'urètre, chez tous les mammifères, les Monotrèmes exceptés, se continue le long d'un corps saillant érectile, destiné à introduire la liqueur fécondante dans les organes d'accouplement de la femelle. Chez les Monotrèmes qui n'ont que la partie pel- vienne du canal de l'urètre, un canal séminal parti- culier se détache de l'extrémité de l'urètre, pour suivre la verge jusqu'aux glands et y diriger la semence. La verge, chez les Mammifères, est donc l'organe essentiel d'accouplement des mâles. Nous aurons à décrire, avec elle , le fourreau cutané qui l'enveloppe, ou le cloaque qui la recèle dans quelques cas ; les glan- des eJ es muscles qui appartiennent exclusivement à ses enveloppes.] Dans Y homme et les Mammifères , on ne trouve 198 XXXIVe LEÇOiV URG. d' ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES, jamais qu'une seule verge, toujours percée, dont la position, la forme générale et la grandeur relative varient beaucoup. Elle est composée : i° d'un corps fibro-vasculaire, appelé corps caverneux , susceptible de se gonfler et de prendre assez de consistance pour rendre pos- sible l'introduction de cet organe dans ceux de la femelle ; 2° quelquefois dun os destiné au même usage; 3° d'un canal qui commence à la vessie urinaire, et se termine à l'extrémité de la verge, à travers lequel passe la semence, pour arriver dans le corps de la femelle; l\° d'une extrémité plus ou moins dis- tincte , à laquelle on a donné le nom de gland, siège principal de la sensibilité dont la verge est susceptible; 5° de muscles qui servent à mouvoir cet organe, ou à contracter l'une ou l'autre de ses parties ; 6° de vaisseaux sanguins et de nerfs qui le gonflent et le toidissent au moment du coït, et lui donnent une, sensibilité si exquise, qu'ils en font pour ainsi dire un organe de toucher particulier. 1. Position , forme générale, enveloppes et gran- deur relative de la verge. La position de la verge varie de quatre manières différentes : i° Après être sortie du bassin, elle s'élève un peu ie long de la symphyse des os pubis.., et tient à l'ar- cade de ces os, on à cette symphyse, par un ou deux ligaments suspenseurs; tandis qu'elle est libre et pendante dans le reste de son étendue, et renfermée dans un fourreau ou prolongement de la peau égale- SECT. I. ART. 1. OKGAJNES MALES DES MAMMIFERES. 199 ment libre ei détaché du ventre. Vhotnmt :■■, tons les quadrumanes et les chéiroptères sont dans ce cas. i° Elle continue son chemin d'arrière en avant , depuis la symphyse des os pubis , sous la ligne mé diane de l'abdomen, jusque plus ou moins près de l'ombilic. Dans ce trajet, elle est contenue dans un fourreau qui n'est qu'une légère extension de la peau du ventre, et qui la tient appliquée à cette partie; un tissu cellulaire plus ou moins fort, qui se change, lorsque la verge a un grand poids (comme dans X éléphant) , en un ligament aponévro- tique très solide, sert encore à l'affermir dans cette position. Elle est particulière à tous les Carnassiers } aux phoques, aux Proboscidiens , aux Pachydermes , aux Solipèdes , aux Ruminants. Dans ce cas, elle a l'orifice de son fourreau plus ou moins près de l'om- bilic , [et la peau qui constitue ce fourreau se replie dans elle-même comme dans le premier cas, en s 'amin- cissant beaucoup pour se fixer autour de la couronne ou de la base du gland.] Lorsque la verge est retirée dans son fourreau, elle y éprouve, toutes les fois qu'elle est très longue, une ou plusieurs inflexions en différents sens. La verge de X éléphant est repliée dans son fourreau en forme de double S italique. Celle des Ruminants se détourne de son chemin direct pour s'élever dans l'échancrure pro- fonde que borne , en arrière , le bassin , et en avant la grande saillie du ventre; elle reprend ensuite sa pre- mière direction pour ne plus en dévier. Dans le cha- meau et le dromadaire , son extrémité est repliée en arrière; il en est de même dans celle des chats : aussi ces animaux lancent-ils leur urine de ce côté; mais 200 XXXIVe LEÇOX. ORG. d' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. lorsque cet organe entre en érection , il se redresse et se porte en avant. Tous les animaux qui ont la verge ainsi fixée sous le ventre ont deux muscles qui doivent servir, jusqu'à un certain point, à retirer le fourreau sur elle lorsqu'elle doit y rentrer : ce sont des protracteurs du fourreau. Ils s'attachent en avant , par plusieurs languettes , sous l'aponévrose moyenne des muscles du bas-ventre , ou sous leur portion charnue, se rapprochent l'un de l'autre en se portant en arrière , et en réunissant ces languettes, et se fixent, par leur extrémité, sur les côtés de la portion antérieure de ce fourreau. Ces mêmes animaux ont encore deux muscles qui s'attachent aux premières vertèbres de la queue , des- cendent de chaque côté du rectum, ou tiennent seu- lement à ce dernier et au sphincter de l'anus, gagnent la verge près du bulbe ou au-delà, suivent ses parties latérales ou sa partie inférieure jusque vers le gland, où ils se terminent; soit à la paroi externe du corps caverneux , ou à l'os de la verge (les Carnivores); soit au fourreau de la verge (les Ruminants). Dans ce der- nier cas , ils sont les antagonistes des muscles que nous venons de décrire. On leur donne alors le nom de rétracteurs du prépuce. Lorsque l'animal relève sa queue, ils agissent sur le fourreau, et le tirent en arrière. Ils ont sans doute la même action sur la verge, lorsque c'est à cet organe qu'ils se fixent, comme dans les Carnivores . Il est moins facile de se rendre compte de leur usage lorsque, comme dans les Solipèdes , ils sui- vent, rapprochés l'un de l'autre, la partie inférieure de la verge le long de l'urètre , en donnant des ban- SECT. I. ART. I. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 201 deletles au muscle qui recouvre ce canal , et en se perdant ainsi; ils modèrent probablement l'allonge- ment de la verge dans l'érection, et contribuent à la retirer dans son fourreau. Ces muscles ne se trouvent pas dans Y éléphant , et semblent y être remplacés par deux muscles extrêmement forts , que nous décrirons sous le nom de releveurs, en parlant des muscles de la verge. La verge des tatous tient à la fois de la disposition décrite en premier lieu et de la seconde. Elle n'a que sa première moitié fixée sous le ventre dans un four- reau cutané. L'autre moitié est libre en dessus, et non recouverte par son fourreau, qui est comme tronqué obliquement de ce côté; tandis qu'en dessous il va se fixer, en se rétrécissant toujours, à quelques lignes de l'extrémité du gland. 3° Dans la troisième sorte de position que prend la verge, cet organe , après s'être avancé jusqu'au bord antérieur du pubis , se replie sous la peau pour revenir sur lui-même et se rapprocher de l'anus. L'orifice du prépuce est alors trèsvpeu en avant de ce dernier. Le cochon d'Inde et Yagouti ont la verge ainsi dis- posée. Des fibres musculaires transversales, qui vont d'un crémaster à l'autre, passent sur sa courbure, et y prennent, pour une partie, leur point d'attache. D'autres fibres vont du grand oblique au même point. Les pre- mières doivent, en pressant sa courbure, contribuer un peu à faire sortir ia verge de sa position et de son fourreau. Les dernières retirent sans doute la verge lorsqu'elle est sortie. Sa position , dans la marmotte , tient à la fois des 102 XXXIVe LEÇOiN. URG-. D ACUOUPLEMEINT DES VEATÉBRÉS. deux précédentes. Parvenue à la région sous pubienne, elle ne se replie pas en arrière pour se rapprocher de l'anus, mais elle se recourbe directement en bas, pour sortir par le prépuce, qui est percé à cet endroit. Un ligament, qui vient s'y fixer de la ligne médiane, la maintient dans cette situation. Dans Y écureuil , elle se replie subitement à la hauteur du gland, pour gagner l'orifice du prépuce, qui est plus en arrière. 4° Enfin, dans beaucoup de Rongeurs, tels que les rats , les campagnols , les loirs , les gerboises , les lièvres, les lagomys et chez tous les Didelphes, la verge affecte une quatrième position. Dans aucun de ces animaux, elle ne remonte, après être sortie du bassin, le long de la symphyse des os pubis, mais elle continue de se porter en arrière jusque près de l'anus; l'orifice du prépuce est alors immédiatement au-devant de ce dernier, et compris dans le même sphincter, comme dans les Didelphes , ou un peu moins rapproché de la même ouverture, et hors du sphincter de l'anus, comme dans les Rongeurs. Ces positions variées qu'affecte la verge des Mammi- fères sont sans doute en rapport avec le mode de coït auquel ils sont soumis; mais elles paraissent encore tenir à la longueur proportionnelle de cet organe. Dans les Ruminants , qui ont la verge très allongée , dans les Solipèdes et plusieurs Pachydermes , il fallait qu'elle put s'étendre le long du ventre, tandis que dans les Didelphes et plusieurs Rongeurs, où elle est plus courte, proportion gardée, elle n'aurait pu s'avancer jusque là. Les Quadrumanes, les Carnassiers , les Chéirop- tères , ont cet organe médiocrement long. Il est court , SECT. I. ABÏ. I. OAffràBftS MALES DEb MAMMIFERES. 203 comme nous venons de le dire, dans les Didelphes et chez la plupart des Rongeurs; dans les Carnivo- res digitigrades et les phoques , parmi les Amphibies. Dans le cochon d Inde et Yagouti, sa longueur propor- tionnelle paraît à peu près la même que dans les pre- miers. La forme générale de la verge ne varie pas moins que sa position et sa longueur. Elle est grêle dans le sanglier et les Ruminants ; grosse et cylindrique dans les Solipèdes, Y éléphant et le lamantin; grosse et conique dans le rhinocéros et le marsouin ; grosse , conique et aplatie dans le dauphin; à peu près cylin- drique dans les Quadrumanes et les Rongeurs ; courhée en S dans le raton, etc. Nous reviendrons sur ces formes en parlant du gland, qui compose souvent à lui seul la partie de la verge qui paraît au dehors, et en décrivant l'os pénial,dont la figure détermine quelque- fois celle de la verge. 11. Du corps caverneux et de l'os de la verge. A. Du corps caverneux. Ce corps donne au pénis des Mammifères la consis- tance nécessaire pour être introduit dans les parties sexuelles de la femelle. 11 forme seul la très grande partie de la portion de cet organe qui se trouve hors du bassin. Son origine est, dans Y homme, à chaque branche de l'ischion , un peu au-dessus des tubérosités de cet os, par deux racines qui adhèrent fortement à ces branches, et dont les parois externes semblent con- fondues avec leur périoste. De là ces deux racines se rapprochent l'une de l'autre, en s élevant vers l'arcade 204 XXXIVe LEÇON. OBG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. du pubis, et se réunissent bientôt pour ne plus former qu'un seul corps cylindrique . ayant en dessous une large rainure dans laquelle s'introduit le canal de l'urè- tre , et j en dessus, un sillon moins profond, le long du- quel marchent une partie des principaux vaisseaux sanguins et des nerfs de la verge. Ce corps se ter- mine au gland; c'est proprement un composé de deux demi-cylindres creux , dont la cloison mitoyenne , qui devrait résulter de leur réunion , n'est complète que dans une partie de leur étendue, et ne se voit, dans le reste de leur longueur, que le long de la paroi supé- rieure. Il n'a donc , en effet , qu'une seule cavité, sé- parée en deux loges dans son commencement par une cloison perpendiculaire , et dont les parois sont com- posées d'un tissu tendineux très solide , affermies et préservées contre une trop forte dilatation, par des lames et des filets de même nature, ayant aussi , dans quelques cas, l'apparence musculeuse, qui la traversent en tous sens, et se fixent aux points opposés de ses parois. Le corps caverneux n'est rempli, outre cela, depuis le commencement de ses racines jusqu'au gland, que par un réseau très compliqué de vaisseaux sanguins accompagné de beaucoup de filets nerveux. Ce réseau est susceptible de prendre très promptement une grande extension en tous sens, par l'afflux du sang qui peut y aborder; ou de revenir sur lui-même et de se vider aussi promptement de la plus grande partie de ce liquide qui s'y trouve enfermée. Le sang ne s'épanche point, pendant l'érection, dans de véritables cellules , formant, comme on le dit, des cavités intermédiaires entre les veines et les artères. C'est un fait dont nous nous sommes bien convaincus SECT. I. ART. I. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 205 par la dissection de la verge de Yélép/umt. Le corps caverneux de cette énorme verge est rempli, en très grande partie, de rameaux veineux qui ont entre eux de si larges et de si fréquentes anastomoses, dont les parois se confondent et s'ouvrent si souvent, pour ces nombreuses communications, qu'il en résulte, dans quelques endroits, une apparence ceîluleuse. En comparant cette structure avec celles d'autres verges successivement plus petites; en passant, par exemple, de l'éléphant au cheval, de celui-ci au mur- souin, au chameau, au bœuf ', au houe, etc., il nous a paru démontré quelle était la même dans tous les Mam- mifères; c'est-à-dire composée essentiellement d'un ré- seau extrêmement compliqué de ramifications de vais- seaux sanguins, et particulièrement de veines. Si l'on fait une section longitudinale du corps caverneux , on distingue facilement les principaux rameaux de celles- ci, qui suivent la longueur de la verge , rapprochées de sa paroi dorsale. Les deux racines du corps caverneux varient bien un peu, pour la longueur, dans les différents mammi- fères ; mais elles sont, en général, très courtes, et ad- hèrent, dans la plupart des cas, aux ischions, aussi inti- mement que dans l'homme. Nous ne connaissons à cet égard que deux exceptions remarquables. La première est commune à tous les Didelphes. Ces branches, qui sont longues et d'un diamètre peu consi- dérable, y sont absolument libres, et ne tiennent aux ischions que parle tendon du muscle quiles enveloppe. La seconde de ces exceptions concerne les Cétacés, qui n'ont pour tout bassin que deux os séparés l'un de l'autre, et placés presque parallèlement l'un à l'autre, de 206 XXXIVe LEÇON. ORG. D? ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. chaque côté de l'origine du corps caverneux. Us ne sem- blent exister, dans ces animaux, que pour fournir un point d'attache aux organes de la génération, et leur écartement l'un de l'autre varie avec la grosseur des branches du corps caverneux qui les séparent. Celles-ci commencent par deux grosses tubérosités aplaties , et dirigées en arrière et en haut, très rapprochées l'une de l'autre et tenant entre elles et aux os du bassin, dont elles restent séparées d'abord de quelques millimètres, par desfibresligamenteuses très fortes. A mesure qu'elles pé- nètrent entre ces os, elles s'en rapprochent davantage et s'y unissent aussi intimement que les branches du même corps avec les os de l'ischion, dans les autres Mammifères. Ces branches se confondent très souvent en un seul corps , dès quelles se sont rapprochées; de sorte que l'on aurait encore moins de raison que dans l'homme, de regarder le corps caverneux comme formé de deux portions distinctes. Cependant il y a , à ce! égard, beaucoup de variations. Parmi les Singes, par exemple , nous n'avons pas trouvé de cloison dans le sài. Il y en avait une complète dans le calli triche , dans toute l'étendue du corps caverneux. Elle était très mince, et n'allait qu'au-delà de la partie moyenne de ce corps, dans d'autres cercopithèques. Elle est com- plète dans les Mandrills, et incomplète dans les ci/nocé- phales. Dans les Makis, on peut la suivre jusqu'à l'os ; mais elle est incomplète. On n'en voit pas de trace dans Yours, le blaireau. Elle est épaisse et complète dans le chien. Elle manque généralement dans les Pa- chydermes, le rhinocéros excepté, les Ruminants et les Cétacés. Elle existe dans X éléphant. SECT. ï. A HT. ï. ORGANES MU.F.S DES \» AMMÏFKRES. 20? Les filets ou les lames fibreuses qui traversent le corps caverneux de ces animaux semblent partir de tous les points de sa circonférence pour se réuni r à son axe, où ils sont plus épais et plus forts. Le corps caverneux est également sans cloison dans les Sarigues y et cela est d'autant plus remarquable qu'il était plus naturel de penser que les deux pointes qui bifurquent l'extrémité de leur verge n'étaient qu'une simple séparation des deux corps caverneux , que l'on supposait former cet organe. Dans le Kanguroo-géant , le corps caverneux pré- sente une structure que nous n'avons rencontrée dans aucun autre animal. Il commence, comme nous l'avons dit, pour tous les Didelphes, par deux longues racines enveloppées par les iscliio-caverneux. Deux autres racines plus courtes, placées au-dessous des premières, enveloppées de même par un muscle , et tenant lieu du bulbe de l'urètre, viennent se confondre avec celles- là. Toutes quatre ne forment bientôt qu'un seul corps cylindrique, ayant un canal qui suit à peu près la direction de son axe, dont les parois sont également fortes et de nature fibreuse, et qui contient celui de l'urètre : de sorte que la coupe transversale du corps caverneux ressemble à un anneau ; encore les deux moitiés latérales sont-elles séparées par deux cloisons verticales qui s'étendent, du canal intérieur, au clos ou à la paroi inférieure de la verge. L 'épaisseur des parois du corps caverneux n'est pas la même dans tous tes animaux : elle est quelquefois si considérable, quelle égaie la moitié du diamètre total de la verge, et que la cavité ne comprend que l'autre moitié; c'est ce que nous avons vu dans une verge de Cêtacè. 208 XXXIVe LEÇON. ORG. d' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. B. De Vos de la verge. [Un certain nombre de Mammifères a, dans une par- tie plus ou moins étendue du corps caverneux et même du gland , un os destiné à leur donner plus de consis- tance, pour faciliter, indépendamment de l'érection, l'introduction de la verge dans le vagin de la femelle.] Cet os existe dans la verge des Quadrumanes , des Chéiroptères , des Carnivores , celle de X hyène ex- ceptée ; il existe encore dans la verge des Rongeurs , dans celle des Phoques parmi les Amphibies quadri- rèmes, et dans celle des baleines , parmi les Cétacés. La verge de l'homme en est dépourvue. On n'en trouve pas dans celle des Insectivores , des Proboscidiens , des Pachydermes, des Solipedes ., des Ruminants, des Tardigrades et des Edentés; des la- mantins parmi les Amphibies trirèmes , et du dauphin et du marsouin parmi les Cétacés. Sa grandeur et sa forme varient beaucoup dans ces différents animaux: chez les uns, il formela plus grande partie de la verge (les ours , le raton , le blaireau , les chiens, la loutre , les martes) ; chez d'autres, il n'en com- pose qu'une petite portion (les chats, Yichneumon, la plupart des Rongeurs). Cet os est courbé en S dans le raton ; il est très volumineux dans les baleines , et renflé en massue dans la portion qui occupe le gland. C'est cette portion qui donne souvent à ce dernier les différentes formes qu'il présente. Nous les décrirons plus en détail avec lui. L'autre extrémité tient tou- jours, comme nous l'avons dit, à celle du corps caver- neux, et lui est intimement unie. Dans les animaux dont Y os pénial forme une bonne partie de la verge, le corps caverneux est beaucoup m SECT. I. ART. t, ÛR(*Ai\KS MALES DES MAMMIFÈRES. 209 moins étendu que dans ceux où cet os n'existe pas; sa cavité cesse où l'os commence, ses parois se perdent sur la surface de l'os et se confondent avec son pé- rioste. Telle est entre autres sa conformation dans les ours , les martes , les loutres , les chiens , les phoques, le morse, etc. III. Du canal de C urètre. Ce canal s'étend, dans l'homme et les mammifères, depuis le col de la vessie jusqu'à l'extrémité du gland. Il n'est essentiellement composé, dans tout cet espace, que par un prolongement de la membrane muqueuse qui tapisse les parois de la vessie, et qui, après avoir formé le canal en question , vient se confondre à l'ex- térieur avec la peau du gland. En ayant égard aux enveloppes qui affermissent ou soutiennent cette mem- brane, on peut reconnaître dans le canal de l'urètre, deux portions différentes : la première s'étend, dans l homme , depuis le col de la vessie jusqu'à quelques millimètres au-delà de la prostate ; la seconde com- mence où finit la première, par un renflement très marqué, et se continue jusqu'au bout du gland. A. De la partie pelvienne de F urètre, ou de sa partie musculeuse. C'est dans cette partie que s'ouvrent toujours les canaux déférents, les vésicules séminales, les vésicu- les accessoires , et les canaux excréteurs de la pro- state ou des prostates. La membrane interne y prend ordinairement une consistance qu'elle n'avait pas dans la vessie; on y remarque généralement , très près du corps de celle-ci, une éminence, qui n'est assez souvent 8. 14 210 XXXIV0 LEÇON. ORG. d'ACCOUPLEMEINT DES VERTEBRES. quïm pii longitudinal, à laquelle on a donné le nom de verumonlanum. Elle est remarquable, parce que c est autour d'elle, ou même dans son épaisseur, que sont placés, comme nous lavons vu , les orifices des défé- rents, des vésicules séminales et des prostates. Le veru- montanum renferme quelquefois un profond cul-de- sac ; il est entre autres ainsi conformé dans Xéléphan t(i). On trouve assez fréauemment dans ce même canal, d'autres plis longitudinaux , trop peu constants, au reste, pour être décrits. Les marmottes seules, à notre connaissance, en offrent, dans le sens opposé, qui sont permanents. Douze plis très saillants partent de cha- que côté , d'une éminence longitudinale qui règne sur la paroi inférieure de cette portion de l'urètre, et la divisent en travers , en interceptant autant de petites fosses qui rendent sa cavité extrêmement inégale, et présentent un obstacle remarquable au flux de l'urine et à celui de la semence. La longueur de cette portion de l'urètre, comparée au reste de l'étendue de ce canal, est très variable. Dans X homme et les singes, elle est très courte et en- veloppée, pour la plus grande partie, par la prostate. Dans les Makis , elle est longue et grêle ; elle est lon- gue dans les Chéiroptères ; sa longueur est médiocre dans les ours. Elle a le tiers de la longueur totale dans le hérisson ; elle excède la moitié de cette longueur dans la civette , les chats, les sarigues , le kanguroo- rat,\ephascolome, et elle n'atteint pas tout-à-fait cette [i) C'est une poche analogue que M. Weher a reconnue dans l'homme, et qu'il appelle vésicule prostatique. (Communication faite à la reunion 'les Naturalistes allemands à Brunswich, en i84T-) S£CT. I. ÀBT. ï. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 211 mesure dans le kanguroo- géant-, elle est moins éten« due dans les chiens. On la trouve plus longue que le reste du canal et d'un très grand diamètre dans la marmotte ; ayant un peu moins que la moitié de tout le canal, dans les rats, les cochons d Inde; encore un peu moins longue dans les lièvres ; courte et n'attei- gnant que le quart de cette longueur totale dans X écu- reuil; n'ayant que le tiers ou le quart de la même mesure dans X éléphant , les Pachydermes , les Soli- fêèdes , les Ruminants, le dauphin et le marsouin. Elle est plus courte, en général, dans X homme et les Singes que dans tous les autres Mammifères , et c'est parmi les Carnivores , dont la verge proprement dite est très peu allongée, tels que le chai et la civette , que cette proportion nous a paru la plus grande. Nous donnons encore à cette portion pelvienne du ca- nal de l'urètre, qui est contenue dans le bassin, l'épithète de muscuîeuse, parce que ses parois sont généralement enveloppées d'une couche plus ou moins épaisse de fibres de cette nature. DamX homme et les Singes, c'est particulièrement sur les côtés qu'on les remarque : elles ont une direction oblique, et vont se perdre, en avant , au bulbo-caverneux et aux os pubis; et en ar- rière , au col de la vessie , après avoir traversé la pro- state. Dans les autres Mammifères, elles sont toujours cir- culaires; la couche quelles forment est très épaisse dans les Chéiroptères , dans la taupe, le hérisson, dans les chats-, elle est mince dans les chiens , la civette, les sarigues; elle est peu sensible dans la marmotte, chez laquelle les parois de cette portion semblent plutôt tendineuses; les Rongeurs l'ont généralement peu 212 XXXIVe LEÇON. OR G. D' ACCOUPLEMENT DES YERTÉBRÉS. épaisse; mais son épaisseur est très grande dans les Pachydermes, les Ruminants. On prévoit qu'elle doit avoir pour usage , en contractant la première portion du canal de l'urètre , d'en expulser la semence et de servir ainsi à l'éjaculation. Voilà pourquoi, sans doute, elle est si épaisse dans les animaux dont la verge est fort longue, tels que les Ruminants, etc., et dans ceux qui ont ce même organe fort court , tels que les chats. Dans le premier cas , il fallait une grande force pour chasser la semence à travers un si long canal: i! en fallait également une très grande dans le second , afin que ce liquide qui n'aurait pas été porté assez avant par cette courte verge, fût lancé loin de cet or- gane jusqu'au lieu où il doit atteindre. Cette espèce d'éjaculation était encore bien nécessaire lorsque , outre la longueur de la verge, le canal de l'urètre pré- sente un obstacle de plus à la semence qui doit le tra- verser. C'est ce qui a lieu dans le marsouin et le dau- phin, où sa partie membraneuse, qui est enveloppée en totalité par la prostate , forme un angle très aigu avec le reste du canal, et se rétrécit sensiblement vers le sommet de cet angle. Il y a , dans ces animaux , un muscle très épais, fixé en arrière, au-devant des bran- ches du corps caverneux , dont les fibres dirigées d'a- vant en arrière, recouvrent la prostate, et dont quel- ques unes se portent en dessous jusqu'au col de ia vessie : son action sert évidemment à vaincre la diffi- culté que doit avoir l'urine, et, sinon la semence qui découle dans i'urètre au sommet de cet angle, du moins l'humeur de la prostate, à traverser ce canal. La portion de l'urètre que nous venons de décrire ne se continue pas toujours directement avec la sni- SECT. I. ART. ï. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. iM3 vante, mais elle s'y termine au contraire, dans plusieurs Mammifères, en s'ouvrant à la paroi supérieure de celle-ci, un peu au-delà de son commencement. Les Ruminants et les Pachydermes nous offrent des exem- ples de cette conformation. B. De la partie vasculaire ou caverneuse du canal de V urètre. Cette partie commence, dans Y homme, au moment où les branches an corps caverneux se réunissent, ou un peu en-deçà, par un renflement ovale, auquel on a donné le nom de bulbe ; elle diminue de diamètre au- delà de celui-ci, prend une forme cylindrique et la conserve jusqu'au gland. Le canal de l'urètre est placé, dans toute cette étendue, dans une rainure ou demi- canal de la face inférieure du corps caverneux ; il pré- sente partout à peu près le même diamètre, et sa forme extérieure ne varie que par suite des variations qui existent dans l'épaisseur de ses parois. Celles-ci sont entourées et affermies par un réseau vasculaire ana- logue à celui que nous avons dit remplir la cavité du corps caverneux, susceptible comme lui de se gonfler de sang, et qui contribue à donner à ces parois la fer- meté nécessaire pour faciliter le passage de la semence. Beaucoup plus épais au commencement de cette por- tion, particulièrement du côté inférieur, c'est ce ré- seau érectiie qui forme le renflement ovale qu'elle pré- sente ; il s'amincit en avançant , et entoure plus égale- ment et plus complètement l'urètre; vers l'extrémité de ce dernier, il se développe pour former le gland. Chez les Mammifères, la portion musculeuse de l'u- rètre ne se continue pas toujours directement comme 214 XXXIVe LEÇON. OEG. D' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. dans l'homme, avec la portion vasculaire. Nous avons déjà dit que la première se termine quelquefois dans celle-ci par une embouchure ouverte à sa partie supé- rieure,un peu au-delà de son origine. C'est ce qui a lieu dans les Ruminants et le sanglier. Alors la portion vas- culaire de l'urètre commence par un cul-de-sac plus ou moins large, creusé dans le bulbe, dans lequel la se- mence , qui a traversé la portion musculeuse, est pré- cipitée, tandis que l'humeur des glandes de Cowper y découle par les côtés. D'autres fois (dans les écureuils, les marmottes), ce même cul-de-sac ne reçoit que les orifices de ces dernières glandes, et se continue en un canal étroit qui se jette dans l'urètre, soit à la partie moyenne de la verge , soit même au-delà. L'urètre passe, dans ce cas, au-dessus de lui , et ils sont enve- loppés l'un et l'autre par le tissu vasculaire qui forme le bulbe. La portion de l'urètre que nous décrivons est gé- néralement placée sous le corps caverneux , comme dans l'homme. Il faut en excepter le Kanguroo-géant , dans lequel ce corps est creusé, dans une partie de sa longueur, en un canal qui contient celui de l'urètre. Ce canal , formé de parois de même nature que celles qui enveloppent extérieurement le corps caverneux, suit d'abord la direction de son axe, et se rapproche ensuite de la face inférieure de la verge , qu'il touche vers l'extermité de celle-ci, où il se termine. C'est à cet endroit seulement que l'urètre se trouve hors du corps caverneux. Le tissu vasculaire de l'urètre existe dans tous les mammifères; mais dans les Kanguroo , à cause de la disposition que nous venons de décrire, il se confond *ECT. I. ART. I. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 215 avec celui du corps caverneux , ce qui n'a pas lieu de même dans tous les Didelphes. Il est remarquable que , dans toute cette division de la série des Marsupiaux , ce tissu vasculaire commence par deux branches, comme le corps caverneux, libres et enveloppées chacune par un muscle particulier. Dans \e phascolome , les sarigues, ces deux branches se réunissent ensemble pour former le tissu que nous décrivons. Dans le kanguroo , elles ne tardent pas à se confondre chacune avec la branche du corps ca- verneux qui lui correspond, et contribuent à former ce corps. Le bulbe de l'urètre, ou le commencement de la portion vasculaire de ce canal, naît encore de deux branches dans le rat d'eau; il est large et triangulaire dans le surmulot; on y voit deux rudiments de bran- ches dans le chameau. En général, ce renflement est plus ou moins développé dans les différents Mammifères, ainsi que le tissu qui enveloppe le reste de retendue de l'urètre. Il nous a paru très épais dans les Ruminants -, les Pachydermes , et très mince en comparaison dans les carnassiers , tels que Tours, la loutre, etc. , dont l'os de la verge est fort gros : il disparaît presque dans ceux-ci, lorsque le canal est parvenu sous cet os. Rarement le bulbe est-il placé en-deçà du corps ca- verneux et commence-t-il avant ce corps. Dans les cyno- céphales cependant, ce renflement a lieu plus tôt, ce qui semble dépendre de la forme particulière de leur bassin, dont les tubérosités iscbiatiques sont réunies: aussi faut-il le chercher sous l'anus, dans l'ouverture étroite que présente le détroit inférieur du bassin ; tandis que les branches dû corps caverneux ne corn- *2îÔ XXXIV» LEÇOiï. OKG. d' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. meneent qu'au-delà de îa large surface plate et cal- leuse que forment ces tuhérosités. Si le bulbe avait commencé comme à l'ordinaire , il se serait trouvé caché par cette large surface ; ce cas ne prouverait-il pas que sa position hors du détroit inférieur, immédia- tement sous la peau et très près de l'anus , lui est très essentielle? Ne pourrions-nous pas ajouter, pour ap- puyer cette opinion, que c'est aussi pour cela, outre les autres raisons que nous avons déjà alléguées, que la portion musculeuse de l'urètre s'allonge ou se raccour- cit? Elle est obligée de s'adapter aux différentes di- mensions du bassin, afin que la portion bulbeuse ar- rive toujours au même point, et qu'elle conserve tou- jours les mêmes rapports. Dans les Singes, qai n'ont pas le bassin conformé comme celui des mandrills , le bulbe est situé comme dans l'homme. [J'ai découvert dans la gerboise de Mauritanie une singulière disposition de la seconde partie du canal de l'urètre. Cette partie vasculaire reste séparée du corps caverneux et ne le joint qu'au moment où il s'unit au gland ( 1 ). Elle reçoit à son origine les canaux excréteurs des glandes de Cowper, et elle est enveloppée, dans la première moitié de sa longueur au moins, par un bulbo-caverneux considérable , qui est confondu, jus- qu'à un certain point, avec le sphincter de l'anus.] (i) Voir dans le journal ['Institut, numéro 4*3, p. 400> 2e colonne, l'extrait d'une Note communiquée à la Société philomatique, avec un dessin de cette singulière organisation , exécuté sous mes yeux, déjà en i83a. Voir encore les Notes et renseignements sur plusieurs Mammifères de l'Algérie, par MM, Duvernoy et Lereboullet. Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg , t. III. SECT. I. ART. ï. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 217 IV. Du gland. A. Dans l'homme. C'est, dans l'homme, un corps ovale placé très obli- quement sur l'extrémité de la verge, et qui couronne cette extrémité , de manière qu'il présente en dessus une surface beaucoup plus étendue qu'en dessous. Le canal de Furètre suit sa face inférieure, et se termine à son sommet par une ouverture percée de haut en bas. Lorsqu'on examine sa composition, on voit quelle est formée d'un tissu extrêmement fin et serré de vais- seaux sanguins, qui ne semblent qu'une extension de Fenveloppe vasculaire de Furètre, qui se serait en même temps repliée, particulièrement en dessus , au- tour de l'extrémité du corps caverneux. La couleur rouge de ce tissu paraît à travers la peau délicate qui recouvre le gland. La surface de celui-ci présente un grand nombre de papilles , comparables sans doute à celles qui se voient au bout des doigts , et faisant de la verge un organe de toucher très délicat. Pour en conserver la sensibilité et la préserver en même temps des impressions douloureuses , la peau de la verge , après s'être fixée en arrière du gland, dans la rainure qui sépare sa base , ou le rebord saillant et arrondi qu'on nomme sa couronne, du corps caverneux ; cette peau, dis-je, forme un prolongement détaché, auquel on a donné le nom de prépuce , qui recouvre toute l'étendue du gland, lorsque la verge est clans l'état de relâchement. Outre l'adhérence circulaire que nous venons d'indiquer, il en a une plus intime du côté in- férieur : c'est le frein de la verge, sorte de ligament 218 XXXIVe LEÇON. OEG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. formé par la peau du prépuce , et qui se confond d'autre part avec celle du gland , un peu en-deçà de l'orifice de l'urètre. Le gland est donc essentiellement formé d'un tissu de vaisseaux sanguins qui , lorsqu'ils se gonflent de sang, lui donnent la roideur nécessaire pour être in- troduit dans les parties sexuelles de la femme , et y produire un frottement qui n'est pas moins important à la conception. En même temps, ils surexcitent la sen- sibilité de cette partie, dont la peau, fortement tendue par ce gonflement, devient susceptible des plus fortes impressions; vivement excitée par les frottements du coït, elle exalte à son tour la sensibilité des autres organes de la génération, et devient la cause des con- tractions et des spasmes qui terminent cet acte par l'ex- pulsion de la semence. B. Dans les Mammifères, Le triple but que l'on peut reconnaître dans cette organisation du gland de l'homme , et que nous pour- rons encore saisir dans celle du gland de tous les Mam- mifères , est donc : i° de lui donner la consistance nécessaire pour être facilement introduit dans les parties sexuelles des femelles; 2° de le rendre assez dur pour y produire des frottements capables de ré- veiller et d'exalter la sensibilité de ces parties; 3° d'augmenter momentanément celle du gland. Ce triple but a pu être atteint de bien des manières. Aussi rien de si varié que îa forme et même la composition du gland dans les différents Mammifères. On dirait que chaque famille, chaque genre, et même chaque espèce devait avoir, dans cette partie, SECT. T. ART. I. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 219 une sensibilité propre, et de plus une forme, une com- position adaptée à la sensibilité des organes femelles , qui sans doute a de même quelque chose de particu- lier dans chaque espèce. Ne serait-ce pas ici une des causes de la conserva- tion des espèces pures, et sinon de l'absence totale, du moins de la rareté des espèces hybrides (1) ? Dans les uns, nous verrons le gland gros et unique- ment vasculaire, comme dans l'homme; dans d'autres nous le trouverons pointu, allongé, grêle, et formé en partie par le corps caverneux , qui se prolonge jus- qu'à sa pointe. Un grand nombre nous le présenteront soutenu par un petit os , dont la forme varie beaucoup et dont la pointe fait ordinairemeut saillie à l'extré- mité de ce gland ; chez d'autres moins nombreux, cet os le formera presque en totalité , et le tissu vasculaire lâche et peu épais que nous trouverons sous sa peau mince et ridée ne sera plus là pour lui donner de la roideur, mais seulement pour en augmenter la sensibi- lité. Plusieurs nous y présenteront des appendices ten- dineux; nous le verrons recouvert de poils, d'écaillés ou de fortes épines; ou même armé de scies cartila- gineuses ; ou déroulant au dehors deux fortes cornes , retirées, dans l'état de repos, au fond dune espèce de poche. Nous ne trouverons pas moins de variétés dans la direction de l'orifice de l'urètre dont il est percé , direction qui sans doute est en rapport avec celle des organes qui doivent recevoir la semence. Voilà pour- quoi dans beaucoup de Didelphes , cet orifice s'ouvre (i) Idée du rédacteur. 220 XXXIV* LEÇON. ORG. d' ACCOUPLEMENT DES YERTÉBRES. dans un double canal, à la face interne des deux poin- tes qui bifurquent le gland. Ce n'est pas toujours au bout de celui-ci qu'est situé cet orifice; c'est quel- quefois une fente plus ou moins longue , ou un orifice étroit , percé de côté , en dessus ou en dessous de cette extrémité. La famille des Singes présente déjà de très grandes différences dans la forme du gland. Dans les sapajous il est terminé par un large bourrelet saillant , qui lui donne la forme d'un champignon , et au centre du- quel s'ouvre l'urètre. Dans les macaques et les cyno- céphales, sa forme est ovale et s'éloigne peu de celle qu'il a dans l'homme ; mais son extrémité est partagée profondément par une large fente , qui forme l'orifice de l'urètre. Celui du macaque bonnet-chinois a plu- sieurs bourrelets qui lui donnent une forme tout-à-fait bizarre. Il y en a un qui termine son extrémité , et la rend comme tranchante; il se prolonge en crête sous sa face inférieure. Un autre bourrelet plus large cou- ronne sa base en dessus, et va s'unir sur les côtés à deux autres qui descendent jusqu'à la pointe. L'orifice de l'urètre est dans une fosse qui s'ouvre en dessus du gland par une large fente longitudinale. Dans le maki mococo, parmi les Lémuriens, il va en s' élargissant un peu jusque près de la pointe, qui n'est formée que par celle de l'os qu'il contient et au-des- sous de laquelle l'urètre est ouvert. Sa surface est hé- rissée de fortes épines de nature cornée, dont la pointe est tournée en arrière. Celui des galéopithèques présente, de chaque côté, deux bourrelets longitudinaux , qui ne s'avancent pas jusqu'à sa pointe, où se trouve percé l'orifice de lu- !>ECT. 1. ART. I. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 221 rètre. On voit dans la sèrotine (Vesp. serotinus), deux semblables bourrelets ou proéminences latérales qui élargissent la surface supérieure du gland; tandis que l'inférieure présente au bord tranchant qui s'arrondit vers l'extrémité pointue de cet organe , dont toute la surface est hérissée de poils rudes. C'est à cette pointe que se trouve l'orifice de l'urètre. Celui de la taupe est mince , effilé^ et sans os. Son extrémité est surmontée, dans le hérisson, d'une lan- guette cartilagineuse , par laquelle se termine le corps caverneux, et dont le bout est percé d'un orifice ex- trêmement fin , celui de l'urètre. Pour arrivera cet en- droit, ce canal est obligé de s'élever obliquement dans le gland, d'arrière en avant. Au-dessous de la languette, ce dernier forme une grosse boursouflure dont la peau extrêmement ridée contient un tissu vasculaire très lâche. [Le gland du desman de Russie est hérissé de petites aspérités de nature cornée , dentelées , disposées en lignes arquées. 11 y a de plus de petites élévations à l'orifice du canal de l'urètre (1).] Dans les ours proprement dits, la forme du gland ou de l'extrémité delà verge est celle de l'os qui la compose en très grande partie. Il est un peu renflé et allongé en pointe du côté inférieur ; l'orifice de l'urètre est percé au bout de cette pointe. Le tissu vasculaire de ce canal arrive au tiers anté- rieur de l'os, se détache de l'urètre pour se dévelop- per autour de ce dernier, jusqu'au bout de la verge, en formant un réseau à mailles distinctes. Sans doute (i) Mémoire de M. Brandt, déjà cite. 222 XXXIVe LEÇON. ORG. D* ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. que dans l'érection le sang le gonfle assez pour rem- plir, sinon en totalité, du moins en partie, l'espèce de sac que forme la peau relâchée du gland. Celui du blaireau est moulé de même sur l'os de la verge. Le canal qui règne le long de la partie inférieure de ce dernier os, s évase à son extrémité, en même temps que ses bords se replient vers le haut et rend plus ouvert l'orifice de l'urètre placé à cet endroit. Le tissu vasculaire du gland forme autour de Fos, un renflement ovale. Dans le raton, l'extrémité de Fos, qui forme égale- ment celle du gland , présente deux espèces de con- dyles , entre lesquels il y a un large sillon où se trouve l'orifice de l'urètre. Le gland àeYichneumon est comprimé sur les côtés, arqué en dessus à son extrémité, et composé, en trei; grande partie, de Fos qui le contient. Son bord infé- rieur présente une fente qui ne s'étend pas jusqu'à l'ex- trémité. Elle aboutit à une sorte de cul-de-sac très profond, qui remplit 1 échanerure de l'os , et au fond duquel viennent s'ouvrir, par deux orifices séparés , l'urètre et le canal excréteur commun des glandes de Cowper. Dans toutes les martes, le gland n'est presque, comme dans les ours proprement dits et le raton , que le bout de l'os de la verge, dont le canal s'évase en cuilleron , ei qui, dans plusieurs, tels que \& fouine, le putois, la be- lette, se recourbe en crochet du côté inférieur. Celui de la civette présente un renflement ovale. S;i peau, qui est lisse, tient à celle du fourreau par un frein, qui empêche une grande partie de la verge de paraître au dehors. • SECT. 1. AST. I. OfiCrANES MALES DES MAMMIFÈRES. 223 La forme du gland, dans les chats, est celle de la verge en général. Il est conique et terminé conséquem- ment en pointe. Celle-ci est en même temps la pointe du petit os pénial; elle surmonte l'orifice de l'urètre, dont le tissu érectile se développe autour de l'os. La peau du gland est armée, dans la plupart des espèces , d'épines dont la pointe regarde en arrière. Il y en a peu dans le lion; elles sont plus nombreuses dans Yo- celot. Celui de Y hyène est court, distinct, grossissant vers le bout, où il se termine par un bourrelet , entourant obliquement de haut en bas et d'arrière en avant, une éminence pointue et cartilagineuse , qui termine le corps caverneux, et sous laquelle s'ouvre l'urètre. Le bourrelet et tout le renflement du gland est rempli d'un tissu vasculaire lâche. Si l'on veut appeler gland, dans les chiens, toute la partie de la verge qui paraît au dehors au moment de l'érection, on dira que cette partie présente deux renflements successifs, un au commencement, qui ré- pond au tiers postérieur de l'os, et l'autre près de son extrémité. Chacun de ces renflements est composé d'un véri- table tissu caverneux, formé d'une substance fibreuse , et ayant un grand nombre de cellules s'ouvrant les unes dans les autres. Ce tissu érectile s'amincit entre les deux, mais il entoure toute l'étendue du gland. Les cellules du premier s'ouvrent du côté postérieur, dans deux veines placées dans un sillon de chaque côté de la verge, qui ont leur origine à cet endroit, et reçoi- vent le sang de ces cellules, à peu près comme les ju- gulaires internes reçoivent celui des sinus cérébraux. 224 XXXIVe Lfeçd». org. d'accouplement des vertebues. Le gland des Rongeurs est encore plus variable pour la forme et plus remarquable par les singulari- tés qu'il présente, que celui des autres ordres de cette classe. Celui du cochon d'Inde est affermi , du côté supé- rieur, par un os plat, un peu courbé, plus large à ses extrémités que dans son milieu, dont le bout est celui du gland , sous lequel l'urètre est ouvert. En arrière , et au-dessous de l'orifice de ce canal , est celui d'une poche, au fond de laquelle sont fixés , par leur base, deux longues cornes cartilagineuses. Cette poche se clé- roule en dehors dans l'érection , et forme alors une avance cylindrique qui allonge le gland, et dépasse de beaucoup l'orifice de l'urètre. Sa surface est re- couverte d écailles, comme celle de tout le gland , et son extrémité est armée des deux cornes, précédemment indiquées. Deux tendons qui s'attachent en dehors, au fond de cette poche, suivent le dessous de la verge, et aboutissent à un plan très mince de fibres muscu- laires, qui passent sous le bulbe de l'urètre et s'y atta- chent, ainsi qu'aux branches du corps caverneux; ces tendons servent , soit par leur propre élasticité 9 soit par l'action des fibres musculaires auxquelles ils abou- tissent , à retirer le fond de cette poche dans le gland. Le gland de ['agouti contient de même une sem- blable poche; mais outre les écailles qui hérissent sa surface, il a, de chaque côté, deux lames de substance cornée, adhérentes au gland par leur bord interne , et dont le bord extérieur libre est hérissé de dents comme celui d'une scie. Le gland du castor est cylindrique, hérissé de papilles r;^;fes; avant l'extrémité aplatie , entourée d'un bord SECT. î. ABT. I. OUGAiNES MALES DCS MAMMIFERES. '22b crénelé, et perccé à peu près au centre de l'orifice de l'urètre , sous lequel s'avancent deux dentelures qui sont celles de l'extrémité de l'os pénial. îl est également cylindrique dans les lièvres propre- ment dits , et percé à son extrémité. Il est mince , ef- filé et recourbé en alêne dans les lagomijs. Sa forme dépend ; dans les écureuils, comme dans ces derniers, de celle de l'os qu'il renferme. Il est à peu près cy- lindrique, un peu comprimé latérelement, ayant une crête en forme de S , sur son extrémité; celle-ci se- vase en un cuilleron dont les bords sont tranchants , et dans lequel s'ouvre l'urètre. Dans la marmotte des Alpes, il est conique , et ter- miné par une pointe grêle, formée uniquement par l'os qu'il renferme; adroite de cette pointe s'ouvre l'urè- tre, et à gauche une petite fosse profonde. Celui des Rats a généralement une forme cylindrique. Dans le rat ordinaire , son extrémité présente, dans l'état de relâchement, comme un second prépuce. C'est le bord d'une cavité creusée au milieu du gland , et renfermant un os , dont l'extrémité s'avance hors de ce dernier , lorsqu'on le comprime , et présente de chaque côté , deux petits appendices cartilagineux en forme d'ailerons. L'orifice de l'urètre s'ouvre sous cette extrémité, et a sur son bord inférieur une valvule en forme de gouttière. Le gland des autres espèces de rats, des hamsters , des campagnols, des rats-taupes, paraît générale- ment formée sur le même modèle. Sa surface est lisse ou couverte de papilles , ou hérissée de poils fins, comme dans le hamster. Celui des loirs se rapproche , pai sa forme , du gland 8. 15 22(5 WX1V* LEÇON. 0I1G. R' ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. des marmottes. Il a une pointe effilée, formée par l'os qu'il renferme, à l'extrémité de laquelle s'ouvre l'u- rètre, et deux fossettes, de chaque côté de sa base qui est élargie. [Dans notre gerboise de Mauritanie , le gland a sa face dorsale et les côtés hérissés de petites pointes. Du milieu de cette face dorsale sortent deux cornes con- tenues chacune dans un fourreau. Cette organisation rappelle celle du cochon dinde. Dans la gerbille de Schaw , cette même partie est. garnie d'une lame osseuse en palettes, dont la partie la plus large est en avant. ] Dans Y éléphant, le gland conserve quelque temps la forme cylindrique delà verge; il s'amincit vers son extrémité. Celle-ci est arrondie et présente, un peu en dessous, l'orifice de l'urètre, qui est en Y. Dans les Solipèdes, le gland est cylindrique, comme la verge, renflé et arrondi à son extrémité. Le milieu de celle-ci présente une fosse dans laquelle se trouve un corps de forme pyramidale, dont le sommet tron- qué eut percé par l'orifice de l'urètre. Dans le rhinocéros, l'extrémité de la verge s'évase en une sorte de cloche, du milieu d'e laquelle sort un pédicule, dont le diamètre est beaucoup moindre , et dont le bout , élargi en forme de champignon , pré- sente une surface plate, ovale à bord tranchant où se trouve percé, du côté inférieur, l'orifice de l'urètre. Dans le sfinglier, le gland est conique, et termine la verge par une pointe assez mince, sur les côtés de la- quelle est une lente où s'ouvre l'urètre. Cette forme du gland , et cette position de l'orifice de l'urètre, se retrouvèrent dans un assez grand nombre SECT. I. ABT. I. OBGANES MALES DES MAMMIFERES. "22? de Ruminants. Il existe au reste , à cet égard, des diffé- rences marquées entre des espèces du même genre. Le daim, par exemple, a le gland ainsi conformé; tandis que celui de Y axis reste à peu près cylindrique, et que l'orifice de l'urètre est précisément à son extrémité On le trouve ainsi percé dans le bubule et la gazelle. Le gland du bélier est un renflement ovale et ridé, fendu au bout horizontalement, et ayant l'air d'une tète de serpent. L'urètre s'ouvre du côté gauche , où il y a , près de son orifice, un long appendice grêle, de sub- stance tendineuse. Dans le chameau et le dromadaire, le gland est allongé, conique, et terminé par un appendice de sub- stance dure , qui se recourbe transversalement de gauche à droite, présente son tranchant en avant, et dont la pointe est à droite. [ Les amphibies quadrirèmes et les - Imp/iibies /rire- mes ou les Cétacés herbivores présentent, à cet égard , de grandes différences. ] La verge des Phoques est organisée comme celle des carnassiers. Le gland n'est guère que l'extrémité conique de l'os qui la forme. Le fourreau qui le re- couvre est adhérent tout près de cette extrémité, ou n'en laisse à nu qu'une très courte portion. L'os très considérable de la verge du morse doit composer une grande partie du gland (i). Dans le lamantin du nord, on a dit que le gland res- semblait ; comme tout le reste de la verge , à celui du cheval. Parmi les (Jétacës ,ie sland du marsouin est un peu (i) :*.rMscM»ï anaU m.: ïirçgdu«i-Baùv» : t. ITT- SùpeH : Rfiiggfftjimi . n".- 2i.;^~:207.~. 2*28 XXXIVe LEÇOiV. Oil'V. h ACCOUPLEMENT DES YÈRTEBUÉS. renflé à sa base; mais il ne tarde pas à diminuer su- bitement et ne forme bientôt qu'une pointe effilée , dont l'extrémité est percée obliquement par l'orifice de l'urètre. Sa forme est absolument différente dans le dauphin. Elle est large, conique et aplatie. Le canal de l'urètre forme, le long de sa face inférieure, une can- nelure arrondie très distincte, et s'ouvre à l'extrémité de cette face. Chez tous ces animaux, il reste caché dans son fourreau, hors des moments de l'érection; il est préservé, par ce moyen , des impressions douloureuses des corps extérieurs. [Les Mammifères de la seconde série montrent dans cette partie , comme pour les autres de cet organe de copulation, des formes qui les caractérisent; telle est , entre autres, sa division en plusieurs lobes. ] Dans la section des Dideiphes , les sarigues ont le gland fourchu, et divisé en deux branches plus ou moins allongées , formées par un prolongement du corps caverneux , entre lesquelles s'ouvre l'urètre. Ces branches sont comtes et coniques dans le sarigue, et s'écartent l'une de l'autre. Elles sont extrêmement al- ongées dans le marmose et le cayapolin , et creusées le long de leur face interne d'un demi-canal, qui forme un canal complet lorsque les deux branches sont rap- prochées. Ce canal prolonge alors de beaucoup celui de l'urètre. Les phalangers présentent à peu près ia même structure. Le gland du phascolome est cylindrique , et par- tagé, à l'extrémité, en quatre lobes par deux sillons qui se croisent, et dont le transverse est le plus profond. L'orifice est placé à l'endroit de leur réunion. Dans les kangwoes , il n'est pas plus possible que dans les chats et dans plusieurs autres Mammifère?, SECT. I. ART. I. OKGANES MALES DES MAMMIFERES. 229 de distinguer où commence le gland. La verge du kanguroo-géant forme , comme nous l'avons dit: , un cône allongé, dont la pointe est en même temps celle du corps caverneux. A l'instant où l'urètre se dégage du canal que lui fournit ce corps , ses parois deviennent vasculaires , et il aboutit dans une sorte de poche dont l'orifice est sous la pointe de la verge, et le fond à plusieurs cen- timètres de sa pointe. Cette poche se voit encore dans le kanguroo-rat , dont la verge est moins conique ; mais son ouverture est au bout de celle-ci, au-dessus de celle de l'urètre. V. Des muscles propres de la verge. La verge de l'homme n'en a que trois qui sont : i° Un impair; le bulbo -caverneux , qui recouvre en dessous le bulbe de l'urètre, et dont les fibres partent de chaque côté, d'une ligne médiane, s'avancent obli- quement en dehors , et s'attachent au bas du corps caverneux. 2° Les deux autres , les i s chic- caverneux " sont des muscles pairs qui s'élèvent de la îubérosité de l'is- chion, sur la racine du corps caverneux qu'ils recou- vrent en très grande partie. Le premier comprime fortement le bulbe de l'u- rètre , et contribue peut-être de cette manière , à l'é- rection ; mais son effet principal paraît être de res- serrer la portion de ce canal enveloppée par le bulbe, et de servir à en expulser, soit la semence, soit l'urine; delà son nom d'accélérateur. On a cru que les derniers servaient également à l'érection (î) ; mais ils ne pourraient avoir cet usage (i) Cette idée vient d'être exposée de nouveau p.ir M. Ki\ui$r, Archives •2-'»0 WXiV* LEÇÙS. 0&(x. D ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. qu'en comprimant la partie du. corps caverneux qu'ils recouvrent , pour en chasser le sang vers l'extrémité de la verge, ils ne paraissent avoir aucune action sur la portion libre de la verge, lorsque cet organe n'est pas Oîi érection; dans ce dernier cas, ils doivent, comme le pensait Haller, en la tirant en bas et en arrière, lui faire faire un angle , plus convenable à son introduc- tion dans le vagin. [On a encore décrit un petit muscle pair aplati, qui descend de l'arcade pubienne sur les côtés de la portion muscnîeuse de l'urètre et va se terminer à nne aponé- vrose commune à son symétrique. Cette aponévrose qui passe sous la face inférieure du canal de l'urètre , doit le comprimer quand elle est distendue par l'action de ses muscles. Ce sont les constricteurs de l'urètre de Wilson.l Les muscles ischio-caverneux et bulbo-caverneux existent dans tous les Mammifères Monociel plies et Diclel plies. Les ischio -caverneux varient dans leur grandeur proportionnelle, [et dans leur liaison plus ou moins di- recte avec l'ischion et la branche pubienne; cette dernière circonstance doit changer leurs rapports avec les troncs des vaisseaux sanguins de la verge]. Ils nous ont paru, entre autres, extrêmement forts dans le lion ; ils sont beaucoup plus petits, à proportion , dans le chei'al. Ceux de Xèièphant sont formés chacun de quatre portions distinctes. Ce sont eux qui contribuent le plus, dans les Cétacés, à fixer les os du bassin. Us s'attachent à toute leur force interne et inférieure* et tte J Muller pour 1837, p. 3o et suiv. Nous en parkron* encore à la iii »ie cette description c'e la vppj?» des mammifère». S2CT. 1. AUT. £. 0/UÏ.AX$S MAUiS y^ ^^aiif^^^ -2^ i se portent de ïà sur les branches cm corps caver- neux. Les Didelphes sont les seuls, à notre connaissance, où ces muscles secartent de ce type généra] (1). Gela tient à la disposition des branches du corps caverneux qui sont absolument libres dans ces animaux et n'ont aucune adhérence avec les ischions. Les ischio-caverneux forment, autour de ces bran- ches, un renflement ovale, composé de plusieurs cou- ches épaisses de fibres concentriques, qui les envelop- pent jusaue près de leur réunion, et ne tiennent aux ischions que par quelques fibres tendineuses. Leur principal usage semble être, dans ce cas, de compri- mer la portion du corps caverneux qu ils entourent, ils peuvent encore , à la vérité , retirer un peu vers l'ischion les branches de ce corps , et donner par là plus de fixité à la veroe. Le bulbo- caverneux présente un plus grand nombre de différences remarquables. Dans plusieurs cas, sa plus grande épaisseur tient à une difficulté plus .grande que doivent avoir l'urine et la semence à traverser la portion de l'urètre qu'il recouvre. 11 est très épais, entre autres dans le sanglier, où il doit expulser l'un ou l'autre de ces liquides, du profond cul-de-sac qui occupe le bulbe , et par lequel commence la seconde portion de l'urètre. Son action n'est pas toujours la même , et l'urètre en est quelquefois absolument privé. Aussi ce canal [iybt. Krause afaitfigurer ceux du hérisson comme s 'attachant à l'ar cadeetà la symphyse du pubis, autant qu'aux ischions, ibid. : pour 1837 » p. 36. 232 xxxiv* leçon, org. d'accouplement des vertébrés. est-il plus constamment et plus; efficacement contracté par un autre accélérateur, formant, comme nous la- vons dij, une couche épaisse de fibres circulaires au- tour de sa première portion. Les marmottes , les écureuils et Xichneumon nous ont offert des exemples de la particularité dont nous par- ions. Le bulbo-caverneux ne sert, dans les deux pre- miers genres , qu'à faire sortir du cul-de-sac creusé dans le bulbe, l'humeur des glandes de Gowper, que leurs canaux y versent de chaque côté, et son action ne peut se communiquer à l'urètre, qui passe au-dessus du cul- de-sac. Celui de Yichneumon n'a pas même cet usage. Il forme une enveloppe assez mince, qui recouvre à la fois les deux volumineuses glandes de Gowper, et sert, avec leur muscle propre , à les vider de leur humeur. Celui du cheval est composé de fibres transversales, sans ligne médiane. 11 ne forme pas une saillie consi- dérable qui se bornerait à retendue du bulbe, mais une simple enveloppe qui s'étend jusqu'au gland. Ce muscle est double dans plusieurs animaux , tels que X éléphant, le chameau, les rats, proprement dits, le rat-d'eau et tous les Didelphes. Dans les deux premiers , les bulbo-caverneux re- couvrent cependant un seul bulbe, et leurs fibres anté- rieures vont se fixer au corps caverneux. Presqu'au- eune de ces circonstances n a lieu dans les rats, et elles manquent toutes dans les Dide/phes. Nous avons déjà dit, que dans le surmulot et le rat ordinaire, le bulbe de l'urètre est gros et triangulaire, et que les deux angles dirigés en arrière, présentent un commencement de branches ; que cette même par- SECT. I. ART. I. ORGANES MALES DES MAMMIFERES. 233 tie est divisée en deux branches distinctes dans le rat d'eau et les Didelphes. Dans tous ces cas les deux muscles analogues au hulbo-caverneux, n'ont aucune action sur le canal de l'urètre, excepté peut-être un peu dans le premier. Ils sont fort considérables dans les rats proprement dits , où ils recouvrent en dehors chaque angle du bulbe , et s'étendent plus avant sur cette partie. On peut même y distinguer deux portions, dont la première s'attache plus évidemment au corps caverneux. Dans le rat d'eau chacun de ces muscles est composé de fibres transversales, dont quelques unes seulement tiennent au corps caverneux , et dont un plus grand nombre s'attachent au bulbe. On voit que ce ne sont plus guère des bulbo-caverneux. Ce nom ne leur convient absolument plus dans les Didelphes, chez lesquels ils forment un renflement con- sidérable autour des branches du bulbe de l'urètre, qu'ils enveloppent de plusieurs couches épaisses de fibres concentriques. Leur usage ne peut être, dans ce cas, que de comprimer fortement la partie vascuîaire qu'ils entourent. En voyant constamment (excepté âa.ns Y ichneumon) le bulbo-caverneux, ou les deux muscles analogues, accompagner le bulbe ou les branches dans lesquelles il se partage, et perdre absolument un des usages que nous lui avons assignés d'abord, celui d'accélérer la marche de l'urine ou de la semence, ne serait-on pas tenté de croire que ce n'est pas là la plus importante de ses fonctions i Mais pourquoi a-t-il plus générale- ment celle de comprimer ce bulbe ? Contribuerait-il, par cet effet, à l'érection ? 234 \XXjr* LEÇOiS. GAG. ■n'ACGOIii'UÎM.ËNT DES VEi^Tf.BEÉS. Les muscles précédents ne sont pas lei seuls qui agis- sent sur la verge des Mammifères ; uu grand nombre d'entre eux en ont un antre, quelquefois à deux ventres, qui a la fonction particulière de relever cet organe. îl se trouve dans les cynocéphales, parmi les Singes , où il est composé ,de deux ventres épais, attachés à l'ar- cade du pubis, et d'un tendon qui règne sur le dos de îa verge et se confond vers son extrémité avec le corps caverneux. Il existe aussi dans les lièvres , les mar- mottes, les cabiais , etc. , chez lesquels il contribue à donner à la verge la direction propre à l'accouple- ment ; on se rappelle qu'elle est tournée en arrière dans tous ces animaux. On le voit encore dans Y éléphant, où son grand volume est proportionné à celui de îa verge, qu'il doit soutenir et soulever. Il a deux venlres charnus, dis- tincts, fixés aux os pubis, et en partie sur les branches du eorps caverneux qui s'avancent sur le dos de la verge et dont les tendons, très courts, se réunissent bientôt en un seul; celui-ci règne sur le dos de la verge jusqu'à son extrémité, enveloppé, dans ce trajet, par une gaine fibreuse extrêmement forte. Tout est ici cal- culé d'après le poids de cette énorme verge. Il est remarquable que ce muscle manque dans le cheval, dont la verge cependant est d'un très graud volume; aussi cet animal a-t-il une grande difficulté pour lui donner la direction propre au coït. Les ours, le raton et le chien, out un petit muscle dont les fibres charnues partent des branches du corps caverneux, et se réunissent à un tendon moyen qui se fixe à la verge au-dessous du pubis. Dans la guenon cullitriche , où nous l'avons également trouvé, il n'avait ÏECT. I. ART. i. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 235 pas de tendon moyen , et devait servir à comprimer la veine dorsale. Enfin, nous avons trouvé, dans les Ruminants, un ischio-bulbeux,qui s'attache à la tubérosité de l'ischion et s'élève obliquement en dedans pour s'attacher au bulbe avec son semblable ; il tire le bulbe en bas et en avant, et contribue un peu , à ce qu'il paraît, à l'al- longement de la verge. VI. Vaisseaux sanguins et nerfs de la verge, et struc- ture intime des tissus érèctiles de cet organe. A. Des vaisseaux sanguins. Les artères principales de la verge viennent, dans l'homme, de la honteuse interne ; elles naissent d'une branche de cette artère qui est d'abord couverte par le muscle trausverse du périné, pénètre entre le bulbo- caverneux et lischio-caverneux , ensuite entre les branches de l'ischion et du pubis et celles du corps caverneux, donne en chemin deux artères importantes au bulbe de l'urètre; parvient sur le dos de la verge et s'y divise en deux autres branches : lune règne sur cette partie jusqu'au gland, fournit de petits rameaux aux parois externes du corps caverneux, et se îermine en un grand nombre de ramifications qui vont parti- culièrement au gland et au prépuce, c'est l'artère dor- sale de la veroe. L'autre, l'artère caverneuse, pénètre dans le corps caverneux, et s'avance dans l'intérieur de ce corps jusqu'à son extrémité, en diminuant à me- sure et en donnant une foule de ramifications. lies veines de la même partie se réunissent, pour îa plupart, à un seul tronc, celui de la veine dorsale. 236 XXXIVe LEÇON, ORC~. D*ACCOt"?LEMEST DES VERTÉBRÉS. qui règne sur le dos de la verge et se rend dans le plexus veineux qui enveloppe la prostate et le col de la vessie. Elle a des valvules, comme toutes les veines sujettes à être comprimées. Quelques autres ramifications des plus superficielles se rendent à la saphène ou à la crurale. On trouve à cet égard une très grande conformité dans la plupart des mammifères. Les principales ar- tères de la verge ont généralement l'origine qui vient d'être indiquée; celle du corps caverneux y pénètre toujours, dès sa base, par une ou plusieurs branches. Les veines forment, à la superficie de cet organe, un plexus très compliqué, dont les principales bran- ches se rendent à une et quelquefois à deux veines dor- sales, à la saphène ou à la crurale, B. Des nerfs de la verge. Leur nombre et leur grandeur sont parfaitement en rapport avec la grande sensibilité de cet organe ; ils forment, entre autres, plusieurs gros cordons sur le dos de la verge, dont les nombreux filets s'entrelacent autour des vaisseaux de cette partie. Ces nerfs tirent leur origine, dans l'homme, du plexus sciatique formé par les quatrième, cinquième paires lombaires, et par les quatre premières paires sacrées. Ce même plexus fournit des nerfs aux vésicules sé- minales, à la prostate, en même temps qu'à la vessie urinaire et au rectum. Ils sont constamment très gros dans tous les mam- mifères. L'observation la plus remarquable que nous ayons faite sur leur distribution, est qu'ils enveloppent de leurs nombreux filets les veines dorsales de la ver^ £ECT. î. ART. f. ûfi^ANËS MALES DES MAM.MIFÈUES. *237 aussi bien que les artères (i). Gela est extrêmement évident dans X éléphant, et nous paraît un indice cer- tain du rôle que jouent ces nerfs dans l'érection, et de la contractilité qui est propre à tous ces vaisseaux. G. De la structure intime des tissus èrectiles du pénis des Mammifères et du mécanisme de Vérection de cet organe. [Le tissu érectiie de la verge et son érection ont été, dans ces derniers temps, le sujet de recherches, d'ex- périences et de discussions dont nous devons dire ici quelque chose. Le tissu érectiie du corps caverneux était considéré, avant M. Guvier, « comme composé de cellules ana- » logues à celles du dedans des os, dans lesquelles le » sang devait s'épancher durant l'érection (2). » M. Cuvier ayant eu l'occasion d'étudier celui de la verge de 1 éléphant r a vu que ces cellules n'existent pas, et que ce tissu se compose essentiellement d'un réseau très compliqué, de vaisseaux sanguins veineux entrelacés de cordons et de filets nerveux, de filets et de lames tendineuses fixés, aux parois de même nature qui composent le fourreau du corps caverneux. Quel- ques unes de ces lames seraient même en partie mus- culeuses dans les grands animaux. Notre ancien texte, que nous avons rédigé d'après un grand nombre d'observations directes, faites avec le plus grand soin, confirmant celles de M. Guvier, sur (1) J'ai conservé le dessin de cette observation que j'avais eu l'occasion de faire sur îa verge de l'éléphant mort à la ménagerie du Jardin-des- Pl an tes en 1804. (a) Anatomie de Sabatier, t, 111, p. 55, êdit. in-12. ParÎ3 , T777- 238 XXXIV* LEÇOIS. ob&. d'accouplement des vertèbres. la verge de l'éléphant, était assez explicite, pour que cette doctrine, fondée sur des observations faciles à vérifier, ait pu dès lors entrer dans la science comme une vérité incontestable. Cependant plusieurs ouvrages élémentaires d'ana- tomie humaine restèrent encore à cet égard , vingt ans après notre publication, dans l'ancienne manière de voir, oui n'est vrai que pour le tissu érectile qui en- toure l'os de la verge dans le chien , et celui des autres mammifères qui en sont pourvus. J'en excepte AL Lauth , qui reconnaît que le tissu érectile de la verge est essentiellement vascuîaire. Il avait, à la vérité, une idée inexacte de la nature de ce tissu vascuîaire , qui se composerait, d'après cet auteur, des dernières extrémités des artères formant des dila- tations qui donneraient naissance aux veines et dans lesquelles le sang s'accumule dans l'érection. Le tissu érectile est formé, clans le corps caverneux , comme dans le bulbe de l'urètre ou dans le gland, d'un réseau vascuîaire intermédiaire entre les veines et les artères de cet organe, origine des premières terminaison de celle-ci. 11 ne diffère que par son grand développement du réseau capillaire intermédiaire qui lie généralement les dernières ramifications artérielles avec les premières radicales des veines , et semble d'ailleurs plutôt appar- tenir au système veineux qu'au système artériel. Suivant M. /. Màllei\ une partie des dernières ra- mifications de l'artère profonde du corps caverneux, qui versent immédiatement le sang artériel dans ce réseau érectile, seraient contournées en hélice et \&Sr minées. en euls-dc-saes. SECT. î. AflT. l. &KG&mS MALES DES MAMMIFERES. '239 Ces artères, qui sont très courtes et très petites (il y en a 160 dans un pouce carré), ne pourraient pas, objecte-t-on, produire directement l'érection, mais elles seraient ouvertes dans ie réseau érectile, et faciliteraient le passage du sang dans ce réseau par le diamètre qu'elles conservent, et qui est encore d'un dixième de ligne, et même plus, à leur extrémité; tandis que les communications ordinaires des artères avec les veines sont au moins vingt fois plus petites. Les artères hélicines sont plus développées, à pro- portion , chez X homme et les singes , que dans le cheval. J. Millier n'a pu les découvrir dans X éléphant. Ce physiologiste célèbre, après avoir rendu compte du mémoire de M. Krause, que nous venons de citer, ajoute : 11 est aussi incertain qu'auparavant, si les ar- tères hélicines servent à l'érection comme diverticulum, ou en versant leur sang dans les cellules du pénis. Aux yeux de l'auatomiste, elles sont fermées à leur extré- mité. Au reste, si cette singulière disposition des der- nières ramifications artérielles en rapport avec le ré- seau veineux, est telle que M. Krause Fa décriie, elle doit faciliter l'afflux rapide du sang dans ce réseau , et elle semble faite pour empêcher la résistance que cet afflux pourrait éprouver à mesure que ce réseau s'em- plit. Mais il faut encore, pour expliquer l'érection, une cause qui empêche le sang de sortir de ce réseau par les veines qui en naissent, avec autant de rapidité e* d'abondance qu'il v est entré par les artères. Cette cause ne peut pas être particulière à certgfthéts espèces; elle ne doit pas dépendre de certaine dispo- 240 \>:xive leçok. ose. i> accouplement des vebtebee. . sition organique quelles auraient exclusivement à d'antres espèces. Il faut nécessairement qu'elle soit aussi générale que son effet, Yérection, ou du moins que l'existence du réseau vasculaire érectile. L'afflux rapide du sang artériel dans les réseaux vasculaires de la verge, par les passions, l'imagination chez l'homme , par la vue d'une femelle en rut chez les animaux, par les odeurs qui s'exhalent de ses par- ties génitales ou autres, doit avoir pour cause l'action nerveuse, Faction d'un fluide impondérable. C'est encore à cette action qu'il faut, selon nous, at- tribuer la disproportion entre l'entrée et la sortie du sang dans les réseaux érectiies; soit qu'il se produise une contraction dans les vaisseaux efférents qui ra- lentit la sortie du sang , soit que ce fluide se meuve lentement dans les détours de ces réservoirs compli- qués. Nous rangerons, parmi les dispositions particulières, douteuses, pour le rôle qu'elles joueraient dans l'érec- tion, celle des isehio-caverneux, dont l'aponévrose commune, liée chez l'homme et chez plusieurs mammi- mifères au fascia du pénis, comprimerait, suivant M. Krause, les veines dorsales de la verge; tandis que la liaison au bulbo-caverneux avec le même fascia arrêterait, du côté inférieur, le sang qui revient du tissu caverneux de l'urètre (i).] (i) Voir sur la structure de la verge des mammifères, et plus particu- lièrement du tissu caverneux, les mémoires suivants : i° La découverte des âttêrés qui produisent l'érection dans le pénis de riiomme et des animaux, par J. Miiiier. Archives dû 1 835, p, 202 pi. III. 20 Les mélanges d'observations sur le Pénis et ie ti^su caverneux de l'homme et ides mammifères, par -M. Krause , aé Hanovre. Archives ds SECT. I. ART. 1. ORGANES MALES Î)ES MAMMIFERES. 24 î VIL Du canal de ï urètre et de la verge des Mono- tremes. [Nous croyons devoir faire connaître, dans un ar- ticle séparé, la verge des Monotrèmes, parce qu'elle présente une composition particulière qui ne la rend propre qu'à la copulation , sans plus servir à l'é- coulement des urines. Elie se compose essentiellement d'un corps caverneux et d'un canal séminal, qui reçoit: la semence par l'intermédiaire de la portion muscu- leuse ou pelvienne du canal de l'urètre; la seconde portion, ou la vascuîaire, manquant chez ces animaux , la première verse l'urine dans le cloaque, et fait passer la semence qu'elle a reçue des déférents, dans un canal qui n'a pas d'autre usage.] Nous avons décrit, dans la leçon précédente, les testicules de ces singuliers Mammifères, et nous avons suivi leurs canaux déférents jusqu'au commencement de l'urètre, dans lequel ils se terminent , comme dans tous les animaux de cette classe. Ce dernier canal est composé seulement d'une portion musculeuse, ren- fermée dans le bassin , et manque , ainsi que nous ve- nons de le dire, de celle que nous appelons vascuîaire. 11 parcourt une étendue de o,o4 mètre environ, depuis la vessie jusqu'au cloaque, collé à la face inférieure .1. Miiller pour i837, p. 3oetpl. III; et le compte-rendu de ce travail archives de i838, pi, CXI. 3° Le Mémoire de Valentin , mêmes Archives, p. i8i-2?.4, sur la mar- che des vaisseaux sanguins dans le pénis de l'homme, et le Répertoriant du même auteur pour 1 83g. 4° Et le nouveau travail de J. Millier, même apnée, p. 224 à 296, et pi. V. 8. 16 ■?A'I XXXIVe LEÇOiN. ORG. d'ACGOUPLEMEIST DES VERTÉBRÉS. du rectum, enveloppé avec ce dernier par un muscle constricteur commun, et se termine par un cul-de-sac. Une couche de fibres musculaires, très épaisse dans toute son étendue, mais particulièrement autour du cul- de-sac, renforce ses parois. A très peu de distance de celui-ci, le canal de l'urètre fait un coude vers le haut , pour s'ouvrir par une étroite embouchure dans l'in- térieur du cloaque. Telle est l'unique voie par laquelle l'urine sort de ce canal. [Mais, dans ce môme cul-de-sac de Furètre, se trouve l'embouchure d'un petit canal sé- minal, qui gagne immédiatement la ligne médiane de la face inférieure de la verge et se porte jusqu'aux glands. Chacun de ceux-ci est traversé par un canal co- nique, en forme d'entonnoir, dont le petit bout se con- tinue avec Je canal séminal du corps de la verge, et dont le gros bout répond aux épines creuses qui héris- sent la surface de chaque gland. L'urine est lancée dans le cloaque , et la semence à travers les voies compliquées que nous venons de dé- crire] par la contraction des parois muscuieuses de l'u- rètre , aidée encore par le constricteur commun de ce dernier et du rectum. La verge est retirée, pendant son état de relâche- ment, dans une poche particulière [anfractuosité du vestibule génito-excrémentitiel] ; elle sort, lors de l'é- rection , par un orifice situé à la paroi inférieure de ce vestibule, au-dessous de celui de Turine. Cette verge est courte, à peu près cylindrique, et terminée par quatre glands arrondis. Leur somme! présente une légère fosse, qui s'efface sans doute pen- dant l'érection. La peau de ces glandes est hérissée de SECT. 1. ART. 1. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 243 papilles [et armée d'une couronne d'épines creuses, par l'extrémité desquelles sort la semence.] Cette verge n'a qu'un corps caverneux, composé, comme à l'ordi- naire, d'un réseau de vaisseaux sanguins , plus fin et plus serré dans les lobes qui répondent au gland , et contenu dans une gaine tendineuse. Sa peau est une continuation de celle qui tapisse l'intérieurdu cloaque. Elle lui est fortement adhérente dans toute la partie où elle recouvre immédiatement le corps caverneux , et n'y tient que faiblement dans celle qui recouvre le muscle rétracteur. Ce dernier est un ruban épais, dont les fibres nous ont paru en rapport avec celles du constricteur com- mun du rectum et du cloaque, il s'étend le long de la face inférieure de la verge jusque vers son extrémité où il se fixe , et sert évidemment à la retirer dans sa poche, lorsque l'érection, jointe à la compression du constricteur du cloaque, l'en a fait sortir. La verge deXornilhorhijnqueiie diflère de celle de Xéchidnè que par le nombre des mamelons qui termi- nent le gland , dont il n'y a que deux dans le pre- mier (i). VIÏÎ. Glandes prépuciales qui versent [humeur quelles séparent autour du gland ou dans la poche que forme Le prépuce. Plusieurs sortes de glandes séparent une matière (i) Voir notre Mémoire sur les organes Je la génération de l'ornitho- «hynque et cîe l'échidné , inséré parmi ceux de la Société d'histoire natu- relle dé Strasbourg , t. ï, et la Monographie de Mek*t de Ornitlu\rhynr.ki pnr&doxi anatomia. '244 XXXIVe LEÇON. OEG. D' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. odorante qui enduit le prépuce de ia verge ou du cli- toris, et la surface du gland de ces deux organes. Les unes sont desimpies follicules contenus dans l'épaisseur du prépuce, et séparant une humeur sébacée : ce sont celles que l'on rencontre le plus généralement; d'autres sont de véritables glandes conglomérées , formées d un amas de lobes et de lobules, et ayant un seul ca- nal excréteur qui s'ouvre dans le prépuce, sur les cô- tés du gland de la verge ou du clitoris. On en trouve de semblables dans plusieurs genres de Rongeurs, tels que les rats proprement dits , les campagnols , les hamsters, qui en ont de très grandes, ovales, aplaties et situées immédiatement sous la peau du bas-ventre, de chaque côté de la verge ou du clitoris. [La poche ombilicale ou plutôt prépuciale du musc (mosc/ius mosciferus) est un réservoir glanduleux qui appartient à la même catégorie des glandes de l'ap- pareil générateur.] Elle est parfaitement semblable, pour la structure , aux poches du castor. P allas est Fauteur qui nous en a donné la meilleure description. Sa forme est ovale ; située sous la peau du bas-ventre, elle est creusée en- dessous d'un sillon dans lequel la verge s'avance. Ses parois sont minces et seulement membraneuses en ap- parence. La membrane qui les revêt intérieurement présente un grand nombre de rides irrégulières. Son orifice est petit et percé au-devant du prépuce. La membrane qui le borde contient quelques follicules qui séparent une humeur sébacée. Enfin . sous cette poche, entre elle et la peau extérieure, se trouve une substance d'apparence glanduleuse. Elle reçoit ses artères des iliaques (probablement de l'épigastrique). SECT. I. ART. I. ORGANES MALES DES MAMMIFÈRES. 245 On ne la trouve remplie de musc que dans l'animal adulte: elle est vide chez les jeunes et manque dans les femelles. Une espèce d'antilope (ant. gutturosa) présente, suivant le même auteur, une- semblable bourse mem- braneuse, dans laquelle il n'a trouvé aucune ma- tière. Ce sont des glandes analogues qui , dans le castor , fournissent le castoréum. Salles forment deux glandes- masses, une de chaque côté , en avant du prépuce. Ces masses sont composées d'une agglomération de petits lobes glanduleux qui versent l'humeur qu'ils séparent dans une cavité centrale , dont l'issue unique se voit de chaque côté de la poche du prépuce. [Il ne faut pas confondre les glandes prépuciaîes du castor, avec deux grandes vessies pyriformes, collées l'une à l'autre au-dessus des premières. Leurs parois sont minces et membraneuses, enveloppées extérieu- rement de graisse et parle peaucier, et présentent inté- rieurement de larges plis irréguliers, formés par la membrane interne. Ces vessies s'ouvrent de chaque côté de l'anus par un seul orifice. Elles contiennent une matière grisâtre; tandis que celle que séparent les glandes prépuciaîes est jaune, onctueuse et très combustible; c'est, en un mot, le castoréum. On peut regarder comme très analogues aux glandes du prépuce, les glandes inguinales des lièvres propre- ment dits , et qui manquent dans les lagomys. Ces glandes sont ovales, longues de six millimètres et lar- ges de trois; elles versent leur humeur, par un ori- fice unique , dans une petite aréole semilunaire dé- nuée de poils, qui se voit de chaque côté du prépuce 246 XXX.lt' LEÇON. ORG-. D' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. de la verge du mâle ou du clitoris de la femelle. Cette humeur est jaunâtre et très puante. ARTICLE II. BIS ORGANES D'ACCOUPLEMENT CHEZ LES FEMELLES DE LA CLASSE DES MAMMIFÈRES. [Les organes femelles d'accouplement servent à con- duire l'élément mâle du germe, ou le sperme, vers l'élément femelle ou l'ovule; la fécondation résultant de la combinaison de ces deux éléments devant être intérieure chez tous les Mammifères. Le chemin que l'élément mâle doit parcourir pour oénétrer jusqu'à l'ovaire, ou seulement jusque dans la première partie de l'oviducte, où il peut rencontrer l'ovule, est très compliqué dans cette classe. 23ous connaissons déjà l'origine de l'oviducte ou son pavillon qui établit les rapports de ce canal avec l'ovaire; la première partie de l'oviducte, appelée trompe de Faltope , canal étroit qui forme l'oviducte proprement dit ; nous avons vu qu'il se continue dans la cavité simple ou compliquée, l'utérus, que nous avons dis- tingué sous le nom d'oviducte incubateur, afin de faire saisir à la fois son analogie de composition et sa fonc- tion particulière. C'est dans cette partie que l'œuf s'ar- rête pour le premier développement du germe chez les Didelphes , ou pour son complet développement chez les Monodelphes. Deux autres cavités, ou conduits, précèdent, chez la plupart des mammifères, ces deux parties de l'ovi- ducte; le plus extérieur est le vestibule génito-excré- mentitk'l ou la 'vulve; le plus intérieur est le canal SECT. I. ART. II. ORGANES FEMELLES DES MAMMIFÈRES. 247 génital ou le vagin, qui doit être considéré comme un ■p appendice du vestibule, appartenant exclusivement à l'appareil générateur des Mammifères, dans le type des Vertébrés. Nous décrirons successivement ces deux parties, com- posant généralement les organes d accouplement dans cette classe.] I. Du vestibule génito-excrémentitiel ou de la vulve. [Conformément aux idées que nous avons expo- sées dans nos généralités sur les organes d'accouple- ment des Vertébrés, nous considérons la vulve, quoi- que séparée de l'anus par un isthme de la peau , chez la plupart des femelles des Mammifères, quoique ne donnant plus issue qu'aux fèces urinaires, comme l'a- nalogue du vestibule génito-excrémentitiel des ani- maux chez lesquels ce vestibule sert encore de pas- sage aux excréments. Cette séparation est loin d'ailleurs d'exister dans toute la classe des Mammifères. Elle diminue déjà chez plusieurs Carnivores (la loutre), et chez un plus grand nombre de Rongeurs, dont le même sphincter em- brasse à la fois le rectum et son issue , et celle des or- ganes génito-urinaires;elle se change même en un ves- tibule commun chez le castor, et chez tous les Didel- phes ; chez les Mono trémes , ce vestibule ne montre plus de différence avec celui des Oiseaux, ou mieux encore avec celui des Reptiles à une seule verge. Considéré comme organe d'accouplement, le vesti- bule génito-excrémentitiel des Mammifères a une certaine analogie de composition avec leur verge, et les différences qu'il présente tiennent évidemment à '248 XXXIVe LEÇON". OEG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. la fonction qu'il a de recevoir la liqueur fécondante, au lieu de l'introduire, et de donner passage aux pro- duits de la génération. La présence des glandes de Gowper semble compléter cette analogie de composi- tion, et démontrer que la partie du canal qui les reçoit, dans l'homme, est remplacée ici par l'extrémité du va- A. Chez la femme, le vestibule gènito-excrêmenti- tiel est très peu profond; il est limité en dedans, chez les filles vierges, par la membrane de l'hymen , et il s'ouvre au dehors par une fente longitudinale, étendue entre l'arcade des os pubis et deux ou trois centimètres en-deçà de l'anus. Deux replis de la peau , plus ou moins épais par la graisse qu'ils contiennent, couverts de poils extérieurement, tapissés sur leur face interne d'une membrane muqueuse, rouge, humectée, bordent cette fente de chaque côté, et se prêtent à son exten- sion à l'époque de l'accouchement : ce sont les grandes lèvres, dont la commissure inférieure porte le nom de fourchette. La même fente est surmontée d'un coussin de graisse , placé sur la symphyse des os pubis , dont la peau est de même couverte de poils , et qui a évi- demment pour usage d'éviter que les deux sexes ne se froissent en s'approchant. Au-dessous de la commissure supérieure des grandes lèvres se voit le clitoris, petit corps défigure conique, suspendu à la symphyse par un ligament, et qui naît, comme le corps caverneux de la \erge , de deux racines fixées aux branches montantes des ischions. Deux mus- cles, semblables aux ischio-caverneux, remontent de (i) Voir notre rîcsciiptioÉi de ces glandes^ p. i S i . SECT. ï. ART. II. ORGANES FEMELLES DES MAMMIFERES. 249 même, de ces os, sur ces racines. Cet organe a d'ailleurs une structure semblable à celle du corps caverneux de la verge. Ses parois sont de nature fibreuse , et sa cavité, séparée en deux par une cloison verticale, renferme un tissu de vaisseaux qui se gonflent de sang, comme ceux du corps caverneux de la verge de l'homme, et en produisent l'érection. Mais il tient, en même temps, de la nature du gland parla peau délicate et extrême- ment sensible qui enveloppe sa pointe, et par un pré- puce qui ne l'entoure pas à la vérité , mais le recouvre seulement et descend sur ses côtés. Ce prépuce va se joindre à deux espèces de petites lèvres appelées nym- phes, parce qu'on leur attribue l'usage de diriger le jet de l'urine, qui tiennent encore au corps même du cli- toris par deux petits freins, et bordent la moitié supé- rieure de la vulve, en dedans des grandes lèvres. Elles sont d'un rouge vermeil chez les jeunes filles, et bru- nâtres chez les femmes qui ont eu des enfants; formées de lames cellulaires et de vaisseaux sanguins qui les rendent susceptibles d'une certaine érection, elles sont revêtues d'une membrane dermoïde très sensible sur laquelle on remarque des papilles, comme à celle du gland de la verge ou du clitoris. En suivant, sous ce dernier, la paroi supérieure de la vulve, on trouve bientôt l'orifice du canal de l'urètre. Telle est la conformation ordinaire des organes exté- rieurs de l'accouplement chez ici femme. Elle ne pré- sente de différence dans les différentes nations que celle qui dépend de la grande proportion des nymphes chez les femmes de l'Asie et de l'Afrique, et celle analogue que plusieurs voyageurs ont appelée le tablier des Hot- îentotes, et dont quelques antres voyageurs ont nié 250 XXXIV' LEÇON. OBti. d' ACCOUPLEMENT DES VERTÉEEÉS. l'existence. MM. Perron et Lesueur, dans un mémoire lu à Y Institut national, pensent que ce tablier est un appendice distinct des grandes lèvres, de 8 1/2 centi- mètres de longueur dans une femme adulte, adhérant dans son tiers moyen , qui en est la partie la plus étroite, à la commissure supérieure des grandes lèvres, recou- vrant le clitoris, et se divisant vers la moitié de la hauteur de la vulve en deux lobes qui, rapprochés l'un de l'autre, couvrent cet orifice. Cet organe accessoire est formé dîme peau molle, ridée , fort extensible, entièrement dépourvue de poils, un peu rougeâtre, quoique de la même couleur que le reste de lu peau, se fronçant d'ail- leurs comme celle du scrotum de l'homme. On ne le trouverait que chez les femmes d'une nation qui habite au midi du cap de Bonne-Espérance, que les Hollan? dais appellent Roschismans, et Levaiîlant Houzwâna. Elles se distinguent encore des femmes hottentotes par d'énormes fesses, formées d une masse de graisse. [Une femme de cette sous - race , morte à Paris en 181 5, et qui s'était montrée au public, sous le nom de Venus hottentote , a mis à même M. Cuvier de décrire en détail cette singulière conformation (1). 11 a constaté, sur le cadavre, qu'elle n'était qu'une exten- sion des nymphes et du prépuce dn clitoris; extension assez fréquente chez les femmes de l'Orient, chez celles entre autres de l'Abyssinie, et qui a donnélieu à la cou- tume de la circoncision des filles, comme le dévelop- pement exagéré du prépuce à celle des garçons. (1) Voir l'article de la Vénus hottentote , dans l'Histoire naturelle des mammifères de MM. Geoffrov-Saint-Hilaire et Préâéric Cuvier ; cet ar- ticle a ('té rédigé par M. O. Cuvier. 5ECÏ. i. AliT. II. OB&ANES FEMELLES DES MAMMIFÈRES, 251 B. Dans les Mammifères. L'entrée du vestibule génito-excrémentitiel ou de ia value se présente à l'extérieur sous la forme d'une fente longitudinale, ce qui est le plus ordinaire, ou d'une fente transversale , comme dans Y hyène , ou . d'un orifice circulaire , comme dans les Rongeurs. Quelquefois elle est comprise avec l'anus dans un même bourrelet circulaire , formé par un sphincter commun; c'est ce qui a lieu dans plusieurs de ces der- niers et dans les Marsupiaux; mais le plus ordinaire- ment on la voit à quelque distance de cet orifice. Dans la. civette, il y a une poche glanduleuse consi- dérable qui sépare les deux ouvertures. Steller a compté huit pouces d'intervalle entre l'une et l'autre dans le Lamantin du Nord. Elles sont , au contraire, très près l'une de l'autre dans les Tardigrades et les É dent es. Les grandes lèvres semblent manquer souvent : l'o- rifice de la vulve, au lieu d'être entouré de ces replis épais , ne présente fréquemment qu'un rebord cutané assez mince. La manière dont les Mammifères s'accouplent , pour la plupart, rendait inutile le mont de Vénus, qui n'existe pas conséquemment. [Cependant on pourrait considérer comme une dis- position organique analogue, mais beaucoup plus pro- noncée , ces énormes boursouflures qui circonscri- vent l'orifice de la vulve chez les Cynocéphales et les Mandrills.] Le vestibule génito-urinaire, la vulve proprement dite, n'est pins généralement , comme dans la femme, 252 XXXIVe LEÇON. ORG. D' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. une cavité superficielle qui conduirait presque immé- diatement dans le vagin. C'est ordinairement un canal plus ou moins profond , dont la longueur égale quel- quefois celle du vagin , comme nous l'avons observé dans les sapajoux. Elle surpasse même de beaucoup ^cette longueur dans les ours. ., Nous devons dire cependant que la profondeur de la vulve est quelquefois réduite à celle qu'elle a dans la femme ; c'est ce qui se voit dans les makis et dans plusieurs Rongeurs , tels que les agouti , paca et co- chon d'Inde-, elle devient même superficielle chez ce dernier. Elle excède de très peu la proportion qu'elle a dans l'espèce humaine, chez les cynocéphales. [.le crois avoir observé le premier, dans mon an- cienne rédaction, que la limite entre le vulve et le va- gin était marquée soit par un étranglement formé par un anneau lisse, soit par des replis membraneux for- mant un véritable hymen.] L'intérieur de la vulve est rarement sans rides (comme dans le daman). Quelquefois elle en a de trans- versales, comme chez les Ruminants et Xhyène, où elles sont nombreuses, fines, ondulées; d'autres fois il y en a d'obliques , extrêmement fines ( chez le tigre) ; mais plus souvent elles sont longitudinales et peu mul- tipliées. En général, les plis ou les rides de la vulve sont dans une direction différente des rides ou des plis du vagin. [L'aspect de la muqueuse c'est jamais absolu- ment la même dans l'un et l'autre canal.] Tous les Mammifères Monodolphes , et les Didel- phes de notre division des Marsupiaux, sont pourvus fcECT. 1. ART. II. ORGAWBS FEMELLES DES MAMMIFÈRES. 253 d'un clitoris , dont la situation, le volume relatif, la forme, la structure même, varient beaucoup. La position horizontale de ces animaux fait qu'au lieu de se trouver à la partie plus élevée de la vulve, comme chez la femme, le clitoris est situé précisé- ment à la plus inférieure. Quelquefois c'est même assez en avant, clans la profondeur de la vulve qu'on Fy ren- contre , comme chez la civette ; mais le plus souvent il fait saillie sur son bord inférieur. Dans la louve, il est dans un cul-de-sac, dont l'ouverture assez large est en dedans de la vulve. Dans Y ours , il est retiré dans une poche au-dessous de ce bord , et ne communique avec la vulve que par une ouverture étroite. 11 est entièrement séparé de la vulve dans les cynocéphales , contre l'ordi- naire de la famille des Singes , et même assez éloigné d'elle. La même chose a lieu dans les rats , où on le trouve caché en avant de la vulve , dans une sorte de prépuce dont les bords sont très relevés , et qui est, en même temps, l'aboutissant de l'urètre. Son volume proportionnel est souvent très grand. Dans les Singes , il excède généralement de beaucoup celui qu'il a dans la femme, et cette circonstance d'or- ganisation répond bien à leur naturel lascif. Les ma/as , les Carnassiers en général, et la plupart des Rongeurs , l'ont de même très volumineux. Dans Yours, où il est très long, on le trouve courbé en double S, dans la partie qui précède le gland. Il n'est pas toujours évidemment semblable pour la forme, au gland des mâles , comme on pourrait le croire. Cependant nous remarquerons que, dans les "254 XXXI V* LEÇON. OKG. D ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. Didelphes , qui ont ie gland de la verge bifurqué . celui du clitoris l'est de même. Lorsqu'il fait saillie à la partie inférieure de la vulve ? sa face supérieure est creusée ordinairement d'un profond sillon longitudinal , dont les bords se continuent même quelquefois avec deux plis qui pro- longent ce sillon, jusque vers l'orifice de l'urètre. L'urine est ainsi dirigée au dehors par ce demi-canal. Dans les makis proprement dits et les loris , au lieu d'un simple sillon, il présente un canal complet, comme nous le verrons plus bas. Plusieurs des espèces qui ont un os dans la verge ont également un osselet dans le clitoris; tels sont la loutre, chez laquelle cet os fait presque toute l'épaisseur de la partie saillante du clitoris ; les ours , dont il n'oc- cupe que le gland; les chats , les Rongeurs. Nous n'en avons pas trouvé dans les Quadrumanes , dans la ci- vette et les chiens parmi les Carnassiers. Le prépuce qui le recouvre contient des glandes sébacées analogues à celles du prépuce de la verge. Ces glandes, et l'humeur qu'elles séparent, sont très mar- quées dans les chiens. Cette humeur a, dans la civette, l'odeur et la nature de celle contenue dans la poche à musc. Dans les fûts , les glandes du prépuce sont aussi grandes dans les femelles que dans les mâles, et évi- demment de même structure, séparant une humeur semblable. \1 orifice de V urètre est placé presque constamment a la limite de la paroi inférieure de la vulve, et c'est immédiatement derrière lui que commence le vagin. SECT. I. A11T. li. OMGAWES FEMELLES DES MÀMM1FÈBES. %2Ô5 Cet orifice est percé, chez les sapajoux^àans l'épais- seur dune forte ride qui s'étend de l'hymen dans toute la longueur de la vulve, et répond à une autre ride de la face opposée. Il forme, dans plusieurs Carnassiers (les chiens , les chats) une fente longitudinale ouverte entre deux bourrelets relevés; ou bordée, comme clans le porc-épic , de deux plis qui se continuent avec les bords du sillon creusé sur le dos du clitoris, et qui ont été pris pour les petites lèvres ; ou bien il est percé au centre d'un seul bourrelet lisse et uni (dans le coati), ou fendillé (dans Y ours briui) . Cet orifice est très grand dans les Didelphes , et placé vis-à-vis du fond ou du cul-de-sac postérieur de la matrice. Il s'ouvre , dans Y agouti et le paca , sur la base du clitoris, qui est reculée presque sur le bord de la vulve. C'est un acheminement à ce que Ton voit dans les makis proprement dits et les loris, chez lesquels le canal de l'urètre se prolonge sur le dos du clitoris, et dont l'orifice est situé un peu en deçà de la pointe de ce dernier. On voit qu'il ne manque à ce clitoris , pour être une véritable verge, que d'avoir à conduire dai:s son canal une liqueur fécondante de la nature de celle du in aie. Dans les rats , l'orifice du canal de l'urètre se trouve en avant de la fente du vestibule, entre les prolonge- ments du prépuce du clitoris, qui pourrait passer pour des nymphes, comme chez le porc-épic. [Aussi est-ce à tort que nous avons dit d'une manière absolue que] les petites lèvres ne se rencontrent pas chez les Mammi- fères. 236 XXXIVe LEÇON. OIU.. DACC.'t fMfBMKNT DES \ JiRTEBBÉS. Nous ajoutions que si c'est un organe de plaisir de moins , son défaut est bien compensé par la quantité de sang qui afflue dans leur vulve au temps de la cha- leur, gonfle toutes ses parties et les rend extrêmement sensibles. [Le fait est que les nymphes existent chez plusieurs Rongeurs , etc. Elles sont même très développées chez le lapin.] C'est le vestibule génito-urinaire qui est principale- ment embrassé chez les Mammifères par le plexus de vaisseaux sanguins qui entoure, chez la femme, le commencement du vagin, et par les deux Constric- teurs. Ses côtés sont percés des canaux excréteurs des glandes de Cowper, que nous avons trouvées très grandes dans les chats , ayant, comme celles des mâles, une gaine musculeuse , dans les Didelphes , [et même dans toute la seconde série des mammifères que j'ap- pelle Marsupiaux. Le vestibule génito-urinaire des Didelphes , outre qu'il n'a qu'un sphincter commun ciiv onscrivant en même temps la fin du rectum, a pour caractère singu- lier de ne pas conduire dans un seul vagin , mais de recevoir, de chaque côté, les embouchures de deux vagins que nous décrirons dans le paragraphe suivant. Chez les Monotrêmes ; ce vestibule n'est plus diffé- rent de celui des Reptiles à une seule verge , ainsi que nous l'avons déjà exprimé. Nous avons vu qu'il recèle chez les mâles, dans une anfractuosité de sa cavité, une verge considérable. Le rectum s'ouvre dans sa profondeur, ou dans sa irtiè la plus avancée, mais en dessus; plus bas est SECT, I. ART. II. ORGANES FEMELLES DES MAMMIFÈRES. 257 l'embouchure de la partie pelvienne ou musculeuse du canal de l'urètre , la seule qui subsiste chez ces ani- maux. Gomme les oviductes s'ouvrent dans l'origine de cette dernière partie, il faut que, dans l'accouple- ment, l'élément mâle du germe soit porté à travers le vestibule, jusqu'à l'entrée du canal de l'urètre, qui rem- place ici le vagin ou le canal génital.] II. Du vagin ou du canal génital. [Nous avons dit que la seconde cavité intermédiaire entre l'oviducte incubateur ou l'utérus, et l'orifice ex- terne de la génération , est le canal génital qui porte le nom de vagin, et qui est particulier aux Mammifères dans le type des Vertébrés.] A. Chez la femme. L'organe principal de l'accouplement est sans doute le vagin , canal destiné spécialement à recevoir la verge de l'homme, et à livrer passage à l'enfant lors de l'accouchement. Il est contenu dans le bassin entre la vessie et le rectum, et descend du col de la matrice, qu'il embrasse, jusqu'à la vulve, où il se termine. Nous avons déjà dit qu'il commence immédiatement en arrière de l'orifice du canal de l'urètre, au-delà de l'hymen , repli membraneux plus ou moins large , de même nature que la membrane interne de ce canal, rougeâtre, sensible comme elle, qui forme une cloison incomplète entre le vagin et la vulve , et rétrécit plus ou moins l'entrée du premier. Ce repli est ordinaire- ment semi-lunaire : alors ses cornes se terminent près de l'orifice de l'urètre. Dans quelques cas, il l'ait tout le tour du vagin, et pré- g. 17 258 XXXIVe LEÇON. ORG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. sente une largeur presque égale dans toute son étendue. Il n'existe que chez les femmes qui n'ont pas souffert les approches de l'homme ; il se déchire et disparaît par celte cause, et l'on ne trouve plus à sa place que des caroncules charnues, rouges et quelquefois calleuses. Le vagin, dout nous avons déjà indiqué l'étendue et la situation, est formé de parois très extensibles, com- posé d'un tissu fibro-cellulaire serré, pénétré de beau- coup de vaisseaux sanguins. Ces vaisseaux forment au- tour de son origine un plexus remarquable ; il est large d'environ deux centimètres; il est embrassé, dans cette partie , par deux muscles qui descendent sur ses côtés, de dessous le corps du clitoris, et vont se joindre inférieurement au transverse du périnée et à l'extrémité antérieure du sphincter externe de l'anus. Ces muscles répondent au bulbo-caverneux de la verge. Ils resserrent le vagin pendant le coït. Leurs rapports avec le plexus érectile, qu'ils recouvrent, confirme la justesse de la comparaison que nous venons de faire, ce plexus étant l'analogue du bulbe de la verge. La membrane muqueuse qui tapisse les parois du vagin est remarquable par le grand nombre de rides et de plis qu'elle présentent qui ont sans doute pour double usage d'augmenter les frottements lors du coït, et de favoriser l'extension du vagin à l'instant de l'ac- couchement, il y en a de transversales, plus nombreuses, plus larges, vers le commencement du vagin , et de lon- gitudinales, dont deux plus remarquables régnent sur les parois antérieures et postérieures de ce canal, et se terminent à l'hymen. Un grand nombre de cryptes ver- sent, dans l'intérieur du vagin, une humeur muqueuse r SECT. 1. ART. ir. ORfxAïNES FEMELLES DES MAMMIFÈRES. |j>9 qui y parvient immédiatement, ou découle aupara- vant dans les lacunes plus ou moins profondes qui se remarquent particulièrement à la partie inférieure du vagin. La sécrétion de cette humeur augmente beau- coup, toutes les fois que les désirs amoureux ou lacté même du coït gonflent de sang les parties génitales. Enfin, deux petites glandes rondes, analogues à celles dites de Gowper dans l'homme, situées de chaque côté de l'origine du vagin, versent dans ce canal, par un seul conduit excréteur, le liquide quelles produisent. Nous les avons déjà indiquées précédemment (p. 18 i). B. Chez les Mammifères Monadelphes. ■ ■ Le vagin présente de grandes différences dans ses dimensions ; mais en général elles sont plutôt en rap- port, ainsi que celle de la vulve , avec la grandeur du fœtus qui doit le traverser qu'avec celle de la verge qui s'y introduit. 11 est généralement plus étroit que la vulve dans les femelles qui n'ont pas eu de petits. Sa longueur pro- portionnelle change, même dans les genres d'une seule famille. Ainsi dans les sakis et les sajoux, parmi les Singes, il n'est pas plus long que la vulve; tandis qu'il excède de beaucoup cette mesure dans les cynocé- phales. Il n'est guère plus long que la vulve dans X hyène; il n'a que la moitié de cette longueur dans Y ours brun; il est plus du double aussi long dans les chats, les chiens; il est court dans les Tardigrades et les Édentés. L'orifice de la matrice, dans la vulve, qui est confondu avec le vagin, s'y voit précisément à la hau- teur du canal de l'urètre. La paroi qui les séparait l'un de l'autre dans une jeune femelle de tatou se terminait 260 XXXIVe LEÇGiV. ORG. D ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. par une échancrure semi-lunaire , dont les cornes se prolongeaient un peu dans la vulve ou le vagin. Il a généralement des rides ou des plis dirigés dans sa longueur, et dont l'usage est évidemment de favo- riser sa dilatation. Dans Yours , ces rides sont coupées par des fentes profondes et ne forment plus que des crêtes. Il y en a une circulaire qui cache entièrement le museau de tanche, et forme un premier museau, dans lequel celui de la matrice est comme emboîté. Il est percé d'une ouverture en T, qui ne répond pas exac- tement à celle de la matrice. Si l'on se rappelle le pli de l'hymen, que nous avons décrit pins haut, on s'éton- nera des obstacles que la semence du mâle doit ren- contrer avant qu'elle puisse arriver dans la matrice de cet animal. Les rides du vagin ne sont cependant pas toujours longitudinales; elles ont toutes une direction transver- sale dans le marsouin et le dauphin et dans Y hyène y où elles n'existent que dans la première moitié de ce canal. Ses parois ont, d'une manière indubitable, dans les grands animaux , des fibres musculaires longitudi- nales et transversales. , [En décrivant le vestibule génito-excrémentitieî, nous avons déjà parlé de ses limites du côté du vagin , et conséquemment de l'endroit précis où commence ce canal dans la série des Monadelphes; c'est un point d'anatomie que nous croyons avoir éclairé, soit dans notre mémoire sur l'hymen (1), soit clans la rédaction qu'on va lire.] (i) Mémoire sur l hymen, où l'on démontre que la membrane qui porte ce nom chez; la femme existe chez plusieurs Mammifère- , lu à l'in- f SECT. I. ART. II. ORGANES FEMELLES DES MAMMIFÈRES, 2Gl Nous avons dit que le vagin était séparé de la vulve par un étranglement , ou , dans plusieurs cas , par un ou plusieurs plis dirigés en travers , en formant un vé- ritable hymen , qui diminue , à ce qu'il paraît, et s'ef- face même par les approches du mâle ou par le pas- sage des petits lors de la mise bas; il nous reste à le prouver par quelques détails. Dans les loutres , les chiens , les chats, les Rumi- nants, le vagin est bien séparé de la vulve par un cer- cle étranglé, qui rapproche et réunit même, soit im- médiatement, soit par le moyen de petites bandes trans- versales, les plis longitudinaux du vagin qui naissent de ce cercle. Il s'élargit et finit par s'effacer presque entièrement après une ou plusieurs portées. Nous avons trouvé , dans Tours brun, l'orifice de la vulve dans le vagin , réduit à une simple fente transversale, par un repli épais de la membrane interne , formant en dessus une sorte de lèvre. Il en résulte une séparation aussi exacte entre la cavité du vagin et celle de la vulve qu'entre la première et la cavité de la matrice dans d'autres animaux ; ce repli est moins large dans le coati. Dans Yhyène, un repli analogue ? également large et épais, formait deux sinuosités au-dessus l'une de l'autre, saillantes du côté de la vulve , et figurant un bec , entre lesquelles était une fente étroite, transversale, qui conduisait dans le vagin. Dans un jeune Daman , la présence de la membrane de l'hymen était, de même, indubitable. Elle formait un pli circulaire, stitut, classe des sciences physiques et mathématiques, le 3 thermidor an xin (août 1 8o5) , inse'ré dans le 1. 1 des Mémoires des savants étranger s. 262 XXXIY' LEÇON. OEG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTEBBÉS. à peu près également large, très mince et resserrant Tentrée du vagin , moins \ à la vérité , que dans les précédents. Steller a vu clans le lamantin du !Sord, à la partie in- férieure de l'entrée du vagin , une membrane forte \ semi-lunaire, qui séparait la vulve du vagin, et rétré- cissait l'entrée de ce dernier canal. On trouve une membrane semblable dzmslesjuments et \esdnesses qui n'ont pas été couvertes. Cette membrane consiste, dans Y ouistiti, le marikina et lecoaïta , en deux replis seriii- lunaires, dont les cornes se réunissent, en haut et en bas, à deux colonnes, qui partagent dans leur longueur les parois supérieure et inférieure de la vulve. Leur bord libre est un peu tourné du côté de celle-ci ; ils interceptent une fente perpendiculaire, ouverte entre le vagin et la vulve. Ces deux replis étaient presque ef- facés dans une vieille femelle de coaïta qui paraissait avoir eu des petits , et dont le clitoris était extraordi- nairement développé. [Lobstein a décrit, en 1818, la membrane de l'hymen dans le phoque à ventre blanc.] Ne peut-on pas conclure de ces faits que l'hymen n'est point un caractère d'organisation propre à l'es- pèce humaine , puisque dans plusieurs Mammifères il existe une membrane parfaitement semblable ou des replis très analogues , et que ces replis paraissent s'ef- facer après lapproche du mâle, ou après les portées, comme ils s'effacent chez la femme après l'approche de l'homme ou après l'accouchement? Quand ils ne dis- paraîtraient pas de suite après que ces causes ont com- mencé d'agir, ils n'en seraient pas moins semblables. Ne sait-on pas que le coït, et même l'accouchement ne détruisent pas toujours la membrane de l'hymen ': SECT. 1, ART. II. ORGANES FEMELLES DES MAMMIFÈRES. 263 Meckel Fa trouvée chez une femme qui avait eu une fausse couche au sixième mois de sa grossesse. Lors- qu'il n'y a qu'un simple étranglement sans repli trans- versal bien marqué, on trouve même encore dans cette disposition un signe de virginité; car cet étranglement disparaît également après les approches du mâle, et surtout après la mise bas. G. Chez les Mammifères Marsupiaux, [La seconde section de cette série, celle des Mono- tremes, n'a pas de vagin; la première section, celle des Didelphes , en possède deux. Nous avons déjà dit que, chez les Didelphes , le ves- tibule génito-excrémentitiel a, sur les côtés, les deux embouchures de deux conduits, qui forment comme deux anses de chaque côté du fond de l'utérus, lesquels vont s'ouvrir dans la cavité incubatrice, un peu au- dessous des oviductes ou des trompes de Fallope. Ces conduits génitaux ne sont pas susceptibles d'extension, comme le vagin desMonadelphes : aussi ne donnent-ils passage qu'à de très petits avortons, qui vont continuer leur développement dans l'organe d'incubation exté*- rieur. Nous avons donc eu tort de dire que, chez ces animaux, le vagin disparaissait. Chez les Monotrèmes , nous avons déjà fait con- naître , en décrivant dans le paragraphe précédent le vestibule génito-excrémentitiel, que le canal de l'urètre y tient lieu de vagin et en remplit les fonc- tions, du moins pour la fécondation ou la transmis- sion du sperme et pour le passage des produits de la génération.] 264 xxxrv* leçon. oro. d'accouplement des vertébrés. SECTION II. DES ORGANES D'ACCOUPLEMENT DANS LA CLASSE DES OISEAUX, [Les Oiseaux mâles et femelles ont pour principal organe d'accouplement le vestibule gênito-excrèmenti- tiel, dont l'orifice transversal, situé à l'extrémité d'un coccyx très mobile, permet au mâle d'aboucher le sien contre celui de la femelle. Celle-ci relève cet orifice avec son coccyx en même temps que le mâle abaisse l'un et l'autre. L'embouchure de Foviducte se trouve ainsi rappro- chée de celle des canaux déférents, et les spermato- zoïdes du mâle peuvent s'y introduire , pour aller fé- conder les ovules. Mais ce vestibule renferme, par exception, une verge ou un clitoris, dont le développement et le plan d'or- ganisation peuvent différer beaucoup. Nous avons donc à faire connaître, dans cette section, le vestibule comme organe d'accouplement, et la verge* ou le clitoris qu'il recèle , dans quelques espèces privi- légiées.] ARTICLE I. DU VESTIBULE GÉNITO-EXCRÉMENTïTÏEL CONSIDÉRÉ COMME ORGANE d'accouplement chez les mâles et chez les femelles de la classe des otseadx. [Nous avons considéré , sous le rapport de ses fonc- tions excrémentitielles (t. IV, partie II, p. 4o3 et f\\ o 1 le vestibule, que nous appelions encore cloaque , pour nous conformer à l'habitude. Tci nous devons îêtn- SECT. ÏT. ART. I. OROr. D'ACCOUPLEMENT DES OÏSKA.UX. 26,"» dier sous celui de ses fonctions génératrices. Dans la description de notre première édition , dont le texte a été conservé dans celle-ci, nous avons eu tort d'en- visager le cloaque comme une simple dilatation du rectum et comme le réservoir des fèces. Cependant . en décrivant celui de X autruche , nous disions immé- diatement que les matières fécales ne passent du rec- tum dans le cloaque qu'au gré de l'animal. M. Geoffroy-Saint-Hilaire, dans sa Philosophie ana- tomique (1), a généralisé cette observation, en démon- trant que, chez aucun oiseau, le prétendu cloaque n'est le réservoir des fèces. Les fonctions génitales du vestibule génito-excré- mentitiel sont, selon nous, les plus importantes; les autres ne sont qu'accessoires et subordonnées. Cette poche se divise plus ou moins distinctement en deux parties crui se suivent. Elle reçoit dans sa pre- mière division , ou la plus avancée et la plus profonde, l'extrémité du rectum, qui s'y termine. Un peu au-delà se voient, dans les mâles, les ori- fices des canaux déférents , à l'extrémité d'une papillo plus ou moins saillante; en dehors de ces orifices, mais un peu plus en avant, sont les embouchures des uretères qui n'ont pas de papille. Chez les femelles , on voit à gauche la large embou- chure de l'oviducte développé, et chez quelques unes à droite et dans la place correspondante, l'orifice très fin d'un petit oviducte droit très rudimentaire. ( Voir notre description des organes éducateurs.) (i) Philosophie anatomique. Des monstruosités humaines , page 334 • Paris, 1822. 166 XXXIV* LEÇON. OflG, D'aCCOUPlEMÏ .■-. ï EkJtft YiifcïÉBRÉS. Un peu plus en dehors, dans la seconde division du vestibule , qui est séparée de la première par un pli transversal , se voit 9 chez beaucoup d oiseaux dans la ligne médiane, un mamelon médian que nou-s regar- dons comme une verge rudimentaire. Ce mamelon appartiendrait , suivant M. Barkow , à la bourse de Fabriciuss. C'est aussi dans cette dernière partie que se trouve l'orifice de la verge du canard et de toutes celles de ce type. Dans le casoar à casque, le vestibule génito-excré- mentitiel s'ouvre en dehors, au centre d'un bourrelet épais formé par le sphincter externe , qui est recou- vert par une peau dure , plissée régulièrement de plis transverses, ondulés, parallèles. La plus grande partie des parois de cette cavité est enveloppée entièrement par la continuation de ce sphincter externe, qui est ici beaucoup moins épais, et qui devient, par sa position profonde, le sphincter in- terne. Ce vestibule , tapissé par la muqueuse , renferme , dans sa division la plus reculée ou la plus externe, une grande partie de la verge. Il a , de chaque côté du corps fibreux de cet organe , une série d'orifices de cryptes considérables , analogues aux glandes prépu- tiales de la verge des mammifères. Au-dessus de la verge, sous la voûte de cette divi- sion du vestibule, il existe un repli de la peau qui la sépare d'une poche plus profonde et plus petite. C'est dans cette poche intérieure que s'ouvrent les uretères, dont les orifices sont percées à sa paroi supérieure; et les canaux déférents , dont les orifices sont à l'exîré- SECT. II. ART. II. VERGE DES OISEAUX. 26* mité d'une papille saillante dans le cloaque, tout près de l'embouchure de l'uretère du même côté. L'orifice du rectum. bordé d'un repli membraneux circulaire, s'ouvre dans la partie la plus profonde de cette seconde division du vestibule. Pour la composition musculaire du vestibule et les changemojnts de forme, de volume et même de posi- tion , que peuvent produire les muscles intrinsèques et extrinsèques, nous renvoyons à ce que nous en avons dit (t. IV, PI. II, p. 4i5 etsuiv.). Au sujet des muscles du vestibule du casoar à cas- que , nous aurions dû placer, à la suite de leur des- cription, les additions suivantes de notre première édi- tion, p. 292.] Le cloaque a d'ailleurs : i° deux abaisseurs qui s'élèvent de la symphyse du pubis en dedans du bas- sin sur les côtés; 2° Deux releveurs qui descendent en arrière, de la base du coccyx sur les côtés. Ils sont hors du bassin; 3° Deux rétracteurs longs et grêles , fixés en avant, de chaque côté de l'épine, en dedans du psoas , et qui se portent de là sous le cloaque, qu'ils doivent tirer en avant. ARTICLE Iï. DE LA VERGE DES OISEAUX. La plupart des oiseaux n'ont qu'une papille vas- culaire, située à la paroi inférieure de Leur vestibule génito-excrémentitiel , et qui est souvent à peine sen- sible hors du temps de l'érection. Ils ne peuvent se produire d'autre irritation dans le coït que celle qui 268 XXXIVe LEÇON. ORG. D' ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. doit résulter de l'abouchement des orifices de leurs vestibules et de l'attouchement de cette papille. Quelques uns ont une verge d'un volume assez consi- dérable, dontl'existence ne paraît pas toujours dépendre de la grandeur de l'animal. Les grands oiseaux de proie n'ont tout au plus que la papille qui vient d'être indiquée; tandis que les canards, qui sont beaucoup plus petits, sont pourvus dune verge très grande. Cette existence paraît encore moins en rapport avec les or- dres dans lesquels on divise cette classe ; car le même ordre, celui des Gallinacés, par exemple, comprend des oiseaux qui ont une véritable verge , le hocko , V outarde, et beaucoup d'autres qui n'en ont pas. Il en est de même des Echassiers , des Palmipèdes et des Passereaux. [On ne connaît, dans ce dernier ordre, que le tisserin aleclo qui en soit pourvu, et le répu- blicain', Loxia socia, Latham.] Sa structure est loin d'être la même dans tous les oiseaux qui en ont une évidente et développée. A cet égard, elle présente deux modèles extrêmement diffé- rents, et un troisième qui tient de ces deux plans op- posés. Nous décrironsla verge de Y autruche comme type de l'un, et celle du. canard comme exemple de l'autre. La première est d'une grandeur proportionnée à celle de cet oiseau. Sa forme est conique ; son dos est creusé d'un sillon étroit et profond qui règne depuis sa base jusqu'à sa pointe. Les déférents s'ouvrent dans le cloaque vis-à-vis de sa base, de manière que la se- mence tombe directement dans ce sillon. Cette verge est formée: i° de deux corps solides, coniques, entiè- rement composés de substance fibreuse , ou fibro- élastique; ils sont appuyés par leur base en dedans du , SECT. II. ABT. II. VEEGE DES OISEAUX. 269 sphincter du vestibule génito-excrémentitiel, sur sa paroi inférieure. Ces corps solides sont adossés l'un à l'autre, sans se confondre; le droit est plus petit que le gauche, et ne s'avance pas aussi loin dans la verge, sans doute pour donner à cet organe, qui n'est pas sus- ceptible de se ramollir comme celui des mammifères , plus de flexibilité de son côté, afin que l'animal puisse le replier facilement dans son cloaque ; 2° cette verge se compose encore d'un corps fibro-vasculaire, qui forme une saillie considérable le long de sa face inférieute, et en compose toute l'extrémité; 3° elle a enfin une portion composée de cellules , dans lesquelles le sang s'épanche, et qui se voient sous la peau qui tapisse les parois du sillon. Cette dernière semble être l'analogue de la partie vasculaire de l'urètre; tandis que la se- conde paraît remplacer, avec les corps fibreux, le corps caverneux et le gland de la verge des mammifères. [Il y a beacuoup de tissu élastique, soit dans les corps fibreux que nous avons décrits en premier lieu , soit dans la partie saillante inférieure de cette verge. La coupe transversale de chaque corps fibreux montre ce tissu élastique sous forme de lames plates , ou de filets se ramifiant beaucoup entre eux et intercep- tant des mailles ; on y voit aussi celle de quelques branches ou rameaux vascuiaires. Ce sont les corps caverneux des mammifères , avec une plus grande pro- portion de filets tendineux ou élastiques. La partie inférieure saillante de la verge, qui com- mence avant sa courbure dorsale et en constitue l'ex- trémité ou le gland , est molle , plus vasculaire que la première et composée intérieurement d'un tissu jaune '270 XXXIVe LEÇON. ORG. D ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. qui se continue avec les lames élastiques ramifiées des corps fibreux. Nous avons reconnu que la carène de cette portion inférieure de la verge est composée exclusivement d'un tissu élastique ramifié, dont les branches princi- pales sont rondes et dirigées dans le sens de la lon- gueur, et dont les ramifications sont nombreuses. Cette partie élastique forme un cordon cylindrique jusqu'à l'extrémité du gland (1).] La verge de Y autruche se recourbe la pointe en bas, et se replie dans une poche membraneuse située au- dessus de celle où s'arrête l'urine, de manière que l'orifice de cette dernière, qui s'ouvre à la base de la verge , dans son sillon, est alors entièrement fermé. Il faut donc que l'autruche sorte sa verge pour uriner ou pour rendre ses excréments, comme pour le mo* ment du coït. 11 paraît qu'elle y parvient par la simple contraction de son sphincter, qui forme autour du cloaque un cercle muscuîeux extrêmement épais, et embrasse la poche dans laquelle la verge se retire.' [Les muscles du vestibule que nous avons décrits (t. IV, P. II, p. l\\b) doivent aider puissamment à cet effet, en diminuant dans leur action la capacité de ce vestibule, d'avant en arrière et dans sa hauteur.] Deux paires de muscles servent alors à l'y faire rentrer. (i) M. /. Millier, qui a découvert le tissu élastique de cette verge, a a pas distingué ce cordon élastique des ramifications plates et jaunes qui constituent l'intérieur du corps spongieux inférieur, et se continuent avec celles du corps fibreux. (Voir plus bas, ouv. cit., p. 277,) SECT. II. ART. II. VERGE DES OISEAUX. 271 i° L'une descend de dessous le sacrum, où elle se fixe, s'introduit en dedans du sphincter, contourne les côtés de la verge près de sa base , et s'attache en dessous de cet organe dans son premier tiers. 2° L'autre se fixe à la verge un peu plus en avant. Les muscles qui la composent ont deux faisceaux , dont l'un vient de cet endroit , et l'autre de la poche de la verge ; tous deux se réunissent en savançant, et se fixent à l'os des îles en arrière des reins. La première tire la verge près de sa base, et la sou- lève; la seconde agit plus particulièrement sur sa pointe, qu'elle tient courbée en bas. Toutes deux plient cet organe et le retirent ainsi dans sa poche. Le hocko parait avoir la verge conformée comme celle de l'autruche; [mais nous avions tort de classer dans ce type celle du casoar à casque. Nous verrons qu'elle appartient à un type mixte. La verge linguiforme du tinamou se rapporte en- core à ce premier type ( i ). Les verges rudimentaires dont le coq nous fournit un exemple ne peuvent guère être classées qu'avec ce même type. Celle du coq est un petit tubercule conique, peu saillant, qui se voit entre les deux papilles à l'extré- mité desquelles s'ouvre chaque canal déférent. Un réseau de vaisseaux sanguins, que les injections mettent en évidence autour de chacune de ces pa- pilles, éprouve sans doute à l'instant du coït une con- gestion qui en produit l'érection. (i ) Voir ./. MuHer, pi. I , fift. 5 et 6 , crav, cit. plu* bas, f. %yfy. **.- 27*2 XXXIVe LEÇOiX. giîg. d'accouplement des vertébrés. Il a été décrit comme un corps caverneux (1). En arrive-t-il autant au tubercule central, quoique les mêmes injections n'y démontrent pas de réseau vasculaire (p) ? Le second modèle de verge que nous venons de dé- crire est celui que l'on trouve dans les oies , les canards et plusieurs Echassiers , tels que la cicogne , etc. Dans l'état de repos, c'est un simple tube ou cylindre creux membraneux, retiré, sous la fin du rectum , dans une poche particulière , comme la verge des précédents, et formant une courbe qui peut égaler les trois quarts du cercle. Ce tube s'ouvre dans le cloaque par une de ses extrémités, et sa peau se continue avec celle de cette cavité. L'autre extrémité, qui est fermée, tient à une substance cartilagineuse qui s'appuie contre la paroi inférieure du sphincter, et à laquelle les fibres intérieures de ce muscle viennent se fixer. Lorsqu'on ouvre la verge dans cet état , on voit qu'elle est formée de deux portions qui en composent chaque moitié. La partie terminale a des parois plus épaisses, élastiques, un peu glanduleuses vers leur surface interne et légè- rement inégales de ce côté. L'autre, basilaire, présente intérieurement un grand nombre de cannelures et de plis qui se rapetissent à mesure qu'ils s'approchent de la première, et dont la direction est oblique en travers. Cette portion basilaire se déroule au dehors, comme un gant, lors de l'érection; en même temps la partie (i) M. lîarkow, Archives (Tanatomie de Miiller pour 1829. Pi. IX , fig. 20, 21, 22, 23 et 24. (2) Le même auteur prend la papille, généralement considérée parles auatomisles comme un rudiment de verge, pour le mamelon terminal de la buurse de F;ibriciu^. SICT. II. ART. II. VERGE DES OISEAUX. 273 terminale s'introduit successivement dans le cylindre creux que forme la partie basilaire déjà déroulée et retournée, et se retourne à son tour, de manière que sa face interne, dans l'état de repos, devient exté- rieure. La plupart des plis et des cannelures sont beau- coup moins prononcés, lorsque la verge a été poussée en dehors; ils empêchent cet organe de s'étendre eu ligne droite, à cause de leur direction oblique, et l'obligent de se contourner en tire-bouchon. Cela de- vait être ainsi. Gomment le canard mâle aurait-il pu faire entrer, dans le cloaque de la femelle , une verge longue de quatre à cinq pouces? Car telle est sa lon- gueur lorsqu'elle est étendue en ligne droite. Les plus fortes de ces rides se voient sur deux rebords qui in- terceptent un sillon assez profond, creusé dans toute Tétendue de la verge, et au commencement duquel les canaux déférents versent la semence. Cet organe est donc un cylindre creux, composé de deux fourreaux, dont l'un, extérieur ou basilaire, très ridé, est une sorte de ressort très élastique , et dont l'autre, terminal, a des parois plus épaisses, un peu plus glanduleuses, jouit d'une élasticité également remar- quable, et forme proprement le corps de la verge. Nous l'avons trouvé rempli d'une humeur glaireuse, épaisse et filante. Mais par quel mécanisme ce singulier organe sort- il du cloaque? Gomment ces deux canaux, qui n'en forment qu'un seul continu , hors du temps de l'érec- tion , s'introduisent-ils l'un dans l'autre? Et quelle est la force qui les fait rentrer dans leur premier état, après l'accouplement? Leur grande élasticité suffit presque seule à ce dernier effet. Un muscle grêle, S. 18 274 XXXIVe LEÇON. ORG. D* ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. formant un ruban mince, fixé du côté gauche dans l'intérieur du bassin, qui descend de là vers la poche de la verge, et dont les fibres semblent se rendre en partie vers le cylindre intérieur de cette dernière, y contribue sans doute un peu. Doit-on regarder comme servant encore à cet usage un autre muscle grêle, qui embrasse en dessous la base de la verge, se glisse de chaque côté en dedans des deux renflements muscu- leux que nous allons décrire, en montant obliquement en avant, et parvient sur la queue? Ou plutôt ce muscle empêcherait-il la verge de rentrer en serrant de bas en haut l'orifice par lequel elle est passée? Deux muscles extrêmement forts l'expulsent au de- hors. Ils forment deux renflements ovales, très épais, dont les faisceaux sont concentriques et vont de haut en bas, qui sont réunis supérieurement et du côté in- férieur par leurs extrémités , et qui embrassent celle du rectum ainsi que le cloaque, par une face concave où leurs faisceaux forment des colonnes distinctes. Ils recouvrent immédiatement, par cette face, un petit corps de substance rouge, très délicate, qui tient à cette dernière par un grand nombre de filaments fi- breux, et n'est, à ce qu'il paraît, qu'un lacis extrême- ment fin de vaisseaux sanguins. Lorsque ces muscles se contractent , ils doivent serrer la verge avec force , et l'obliger de se dérouler au dehors, comme elle le fait lorsque ion serre le cloaque avec les doigts. Son organisation , qui n'est pas vasculaire, la rend inca- pable dune véritable érection. Elle reçoit cependant plus de sang, pour l'instant du coït , soit par l'irritation que produit la présence de la femelle , soit par la compression du corps vasculaire SECT. II. AKT. II. VERGE DES OISEAUX. 275 qui vient d'être indiqué; mais ce liquide ne doit guère servir qu'à en augmenter la sensibilité., et ne peut la gonfler que fort peu. Un autre effet dû aux muscles précédents, c'est la compression, à ce qu'il nous semble, de l'extrémité des canaux déférents, qui se glissent entre ces muscles et le cloaque, pour se terminer à ce dernier, après avoir éprouvé un petit renflement. [3° Il existe un troisième type qui tient des deux autres, c'est celui de la verge du casoar à casque , dont l'organisation rappelle en partie celui du canard et en partie celui de Y autruche; c'est donc un type mixte qui forme un troisième modèle. Cette verge a deux corps fibreux qui correspondent aux corps caverneux des mammifères et au corps fibreux d'une verge d'au- truche. Ils prennent naissance en dedans du sphincter interne, auquel ils sont attachés dans la ligne médiane inférieure. Ils s'élèvent de cette partie pour traverser le cloaque intérieur et déboucher dans le cloque extérieur; se recourbent de haut en bas et se prolongent jusqu'au dedans du bourrelet cutané qui recouvre le sphincter externe. Us interceptent par leur rapprochement un sillon profond qui répond au dos de la verge, mais qui se contourne en deux spirales avec ces corps fibreux. C'est à leur extrémité que la verge commence à être un canal complet; c'est là que se voit un orifice entouré d'une sorte de prépuce membraneux, par lequel la partie tubuleuse de la verge se déroule au dehors en s'invaginant. 276 XXXIV* LEÇOA. OUG. d accouplement des vebtébues. Tonte cette partie tubuleuse, qui a clans sa cavité un sillon formé par deux plis longitudinaux de la peau intérieure , sort successivement par cette ouverture , de manière que ce sillon vient continuer celui du corps fibreux. La peau est parfaitement lisse dans toute l'étendue de cette première partie, y compris celle des plis lon- gitudinaux qui interceptent le sillon. L'autre partie du [tube de la verge a son origine sous celle des corps fibreux, et s'y trouve fortement attachée. Elle n'est pas régulièrement cylindrique, mais un peu aplatie, en sorte que les deux faces se joignent par un côté étroit formant une carène arron- die, à laquelle répondent intérieurement des plis trans- verses de la muqueuse. Cette membrane y forme de très fins plis en réseau irrégulier , parmi lesquels ceux qui répondent aux arêtes du cylindre sont plus transverses, plus larges, et interceptent de petites poches, d'où sort sans doute une humeur épaisse , qui enduit les parois de ce canal. Un tissu élastique ramifié, formé de faisceaux plais , dont les plus gros sont dirigés dans le sens de la longueur de ce tube, en constitue les parois. Mais cette partie de la verge manque de tissu érec- tile caverneux. On en trouve au contraire à l'intérieur de la partie qui s mvagine, et dans laquelle il devient extérieur par suite de cette invagination. Ce tissu érectile et cette couche spongio-vasculaire sont re- couverts d'un tissu cellulaire feutré. Eu résumé il y a dans ce singulier type : mine partie fibreuse dont l'étal est permanent; 2° une partie SECT. IT. ART. III. DU CLITORIS DES OISEAUX. 277 érectile qui s'invagine dans elle-même et sort par l'o- rifice qui] se voit à l'endroit où elle joint la partie fi- breuse; 3° enfin une partie élastique qui sert à retirer la partie invaginée quand l'érection a cessé. Cette verge a deux muscles protracteurs qui s'atta- chent sur les côtes, en dedans et vers le bas du sphinc- ter intérieur, et se portent de dehors en dedans et en avant sous l'axe que forment les corps fibreux , ou dans la courbure de cet axe, jusqu'à quatre centimètres de leur origine. Ils doivent, par leur action , redresser ces corps et les porter en arrière hors de l'orifice du cloaque. C'est aussi à ce troisième type que se rapporte l'or- ganisation de la verge du Nandou (Bhea airiericana) qui s'éloigne beaucoup sous ce rapport, comme sous plusieurs autres , de l'autruche d'Afrique (i).] 4 ARTICLE III. DU CLITORIS CHEZ LUS FEMELLES DES OISEAUX. Parmi les Oiseaux, il paraît que, Y a ut ruche et le ca- soar sont les seuls où il existe. C'est un petit clitoris ana- logue à la verge du mâle , mais d'une proportion bien moindre, dont le dos a deux replis membraneux qui s'y prolongent dès l'orifice de la vessie, et forment un canal propre, jusqu'à un certain point., à diriger l'urine. Ce clitoris, presque entièrement fibreux, repo- sait, dans une femelle d'autruche que nous avons dis- séquée, sur une langue beaucoup plus grande, que (i) Voir le Mémoire de J. Muller, Sur deux types différents des or- ganes mâles ereftiles des oiseaux de la famille des Autruches. Berlin, i838. \ 278 XXXIV" LEÇON. ORG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTÉBR1S. nous avons d'abord prise pour le premier organe , et qui netait que de 3a graisse enveloppée par la peau du cloaque. L'un et l'autre se retirent dans une poche semblable à celle qui recèle la verge du mâle et placée de même au-dessus de la partie du vestibule dans la- quelle s'amasse l'urine ; ils bouchent alors l'orifice externe de celle-ci, et y retiennent l'urine. Il faut donc que le clitoris, comme la verge, sorte de sa poche et se déploie au dehors pour que ces animaux puissent uriner ou rendre leurs excréments solides. ARTICLE IV. DE LA BOURSE DE FABRICIUS. [Nous parlerons ici de la bourse de Fa b ricius comme d'une dépendance du vestibule génito-excrémentitiel , quoique ses usages soient encore problématiques. Voici ce que nous en disions dans notre première édition :] Cet organe est encore un de ceux dont les usages sont absolument inconnus. C'est une bourse membraneuse et glanduleuse qui se trouve dans les oiseaux mâles et femelles, au-dessus de leur cloaque, et qui s'ouvre à la paroi supérieure de ce sac, plus en arrière que le rectum. On ne la trouve pas remplie d'une matière quel- conque qui pourrait la faire considérer comme un organe de sécrétion ou comme un réservoir. Elle reçoit un filet nerveux considérable qui vient des paires sacrées , et une artère également considé- rable qui se détache de l'aorte, au-dessus de la sacrée moyenne. SECT. II. ART. IV. DE LA BOURSE DE FABRICTUS. 279 Dans le canard mâle, cette bourse est à droite de celle qui renferme la verge. M. Blumenbach pense quelle sert aux fonctions mâles de la génération, sans s'expliquer sur cet usage. [Si l'on en juge par son développement, par ses pro- portions beaucoup plus considérables chez les jeunes animaux que chez les vieux, ses usages seraient dans le même rapport avec l'âge que ceux des glandes sus- rénales ou du thymus. La bourse de Fabricius est un organe impair, for- mant un petit cœcum ou une petite poche à parois glanduleuses, composées de cryptes qui s'ouvrent par de très petits orifices dans la cavité commune. Quelquefois ces cryptes donnent dans de petites poches qui font saillie dans cette même cavité et y communiquent par une petite ouverture. La bourse de Fabricius s'ouvre dans la partie la plus reculée du cloaque, à sa paroi dorsale. Cette com- munication est très ouverte chez les jeunes animaux, et la cavité de la bourse pénètre jusqu'à son fond. Plus tard la partie antérieure de la bourse paraît se fer- mer, et plus tard encore la partie postérieure et son orifice dans le cloaque. Cet organe se flétrit, se rape- tisse et s'oblitère entièrement chez les vieux ani- maux (1).] (i) Voir le Mémoire de M. Karkow sur les artères des oiseaux. Arcli. cTanatomie de Meckel pour 1829, p. 44^ e* suiv. '280 XXXIVe LEÇON. ORG. d' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS, SECTION III. • DES ORGANES D ACCOUPLEMENT DANS LA CLASSE DES REPTILES. ARTICLE I. ORCxANES MALES d' ACCOUPLEMENT. [Ces organes peuvent se composer, dans cette classe : i°Du cloaque ou du vestibule génito-excrémenti- tiel; q° D'une ou de deux verges; 3° D'organes accessoires distincts de ceux propre- ment dits de la génération.] I. Du vestibule gènito-excrémentitiel chez les mâles des Reptiles. [Le vestibule génito-excrémentitiel est l'aboutissant, chez les mâles, des canaux déférents. C'est dans ce vestibule que leurs orifices sont en rapport avec la verge unique, ou avec les deux verges, quand elles existent. Il reçoit les fèces alimentaires du rectum, et les fèces urinaires de la vessie, leur réservoir, ou des uretères, quand ce réservoir manque. Tontes ces circonstances peuvent varier chez les Reptiles propres et les Reptiles amphibies ; chez les premiers, suivant qu'il y a une ou deux verges, et chez les derniers, suivant que cet organe exisie ou qu'ils en sont dépourvus, ce qui est le cas le plus général.] A. Dans la, Sous-classe des Reptiles propres. [i° Le cloaque chez les Reptiles propres , à une seule SECT. ITI. AflT. I. ORfxANES MALES DES REPTILES. 281 verge , la renferme entièrement dans l'instant de re- pos : c'est ce qui a lieu chez les Chéloniens et les Cro- codiliens. L'issue de ce vestibule n'est jamais transversale , mais longitudinale, ou ovale, ou circulaire. Dans la grande tortue de terre , nous avons trouvé cette cavité divisée en deux parties : l'une antérieure , cylindrique, dans laquelle le rectum se termine , et dont la muqueuse est plissée en long et revêtue de deux couches de faisceaux musculeux, ayant dans l'ex- terne une direction longitudinale , et transversale ou circulaire dans l'interne. Cette première partie est limitée , en avant et en arrière , par un bourrelet saillant en dedans, produit par ces faisceaux de fibres circulaires formant deux sphincters. La seconde partie , la plus intérieure du vestibule génito-excrémentitiel , a des parois beaucoup plus minces. Les plis longitudinaux de la muqueuse de la première partie s'y terminent promptement , sauf le pli médian qui se déploie autour de l'orifice de l'urètre , en forme de deux larges lèvres; celles-ci se prolongent comme deux replis sur la ligne médiane dorsale de la verge, en faisant moins de saillie, à mesure que la rai- nure qu'ils bordent devient plus profonde. Les orifices des canaux déférents se voient plus haut que celui de la vessie urinaire. C'est dans cette seconde partie que la verge est repliée dans l'état de repos. Chez Jes Crocodiliens , le cloaque des mâles a les mêmes rapports et les mêmes usages; il est, de plus, percé , de chaque côté de la paroi d'où sort la verge , 282 XXXIVe LEÇON. ORG. d' ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. on de chaque côté de celle-ci, suivant les espèces, par les orifices des canaux péritonéaux. Il est encore l'aboutissant des canaux excréteurs des deux glandes spermagènes, décrites dans le précédent article sur les organes préparateurs de la semence. Dans un très jeune caïman [alligator sclerops) j'ai trouvé ce vestibule génito-excrémentitiel divisé en trois chambres distinctes. L'antérieure reçoit le rectum; elle communique par un canal étroit , inférieur, et par des plis longitudinaux, dans la chambre moyenne. Celle-ci est supérieure et profonde de ce côté; un repli trans- versal inférieur la sépare de la troisième. Le bord libre de ce repli est dentelé par des plis longitudinaux qui y aboutissent. C'est cette troisième chambre qui ren- ferme la verge ; tandis que la seconde reçoit les canaux déférents , les uretères et la vessie urinaire. La cannelure du dos delà verge est limitée par deux plis qui se prolongent dans la chambre moyenne, pour la mettre en rapport avec les embouchures des ca- naux déférents. 2° Chez les Reptiles propres qui ont deux verges , les Sauriens moins les Crocodiliens , et chez les Ophi- diens , le vestibule ne les renferme pas; elles ont seule- ment leur issue en dedans des commissures latérales de son orifice. Mais cette issue du cloaque, ou cette entrée, si Ion veut, forme toujours chez ces animaux mâles et femelles une fente transversale bordée de deux lèvres, dont la postérieure est plus ou moins mo- bile. Cette fente transversale a une disposition et des dimensions parfaitement convenables pour la sortie de ces verges chez les mâles et leur introduction dans le cloaque chez les femelles. SECT. III. ABT. I. ORGANES MALES DES REPTILES. 283 C'est la lèvre postérieure, plus ou moins résistante, de cette ouverture qui porte les fèces urinaires ductiles, chez ces animaux, par un plan incliné, vers lune ou l'autre commissure de cette fente, et les contourne en spirale (1). Cette lèvre renferme dans son épaisseur, chez les maies, une série d'orifices qui sont la terminaison des canaux excréteurs d'autant de petites glandes qui ré- pondent à certaines glandes anales des mammifères carnassiers et autres. Il en sort de même une humeur épaisse comme une pommade. On trouve souvent, soit en avant, soit en arrière de cette issue du cloaque, en rapport avec 1 une ou l'autre lèvre, des séries d'orifices cutanés de cryptes, sortes de glandes anales qui paraissent en rapport avec les fonctions de la génération. Les glandes crurales, ou des pores glanduleux ana- logues, rapprochés de l'orifice du cloaque, qui distin- guent presque tous les Lacertiens , beaucoup d'Igua- niens et d'autres Sauriens, se développent beaucoup chez les mâles , au temps des amours (1 ). Cette circonstance me porte à les classer parmi les glandes accessoires de l'appareil de génération. Le Lipide iépidope, le typhlops lumbricalis(pk) les ont en avant. Elles sont en arrière dans Yérix turc (3), etc. Les Lacertiens , les Iguaniens les ont en série et près de la face interne du fémur (4). (i) Voir le t. VII, p. 555, de cet ouvrage. (2) Voir nos planches XXII bis, et XXV du Règne animal, vol. des Reptiles. (3) Ibid., pi. XXVII. (4) De amphibiorum quommdam papillis glanduiisque femoralibus scripsit C. S. Meisner. Basileae, i832. L'auteur nie qu'il en sorte une hu- meur visqueuse, ainsi que l'exprime l'ancien texte des leçons, t. II, 284 XXXIVe LEÇON. ORO. d'accouplement des vertébrés. Le vestibule génito-urinaire des Sauriens propres et des Ophidiens est d'ailleurs une cavité plus ou moins profonde , revêtue de la peau , qui se replie du dehors à travers son orifice, pour la tapisser, et qui y subit un commencement de transformation en membrane mu- queuse. L'embouchure du dernier boyau s'y voit dans la partie la plus avancée. Celle de la vessie urinaire, quand elle existe, est toujours plus en arrière et en bas. C'est vis-à-vis, mais à la paroi supérieure, que sont les orifices des uretères, et plus en dehors ceux des déférents , qui s'ouvrent dans un sillon du cloaque maintenu en rapport avec celui qui commence à la base dorsale de la verge et qui règne jusqu'à son ex- trémité.] B. Dans la Sous-classe des Reptiles amphibies. [1 ° Parmi les Reptiles amphibies , les Ophidio-batra- ciens ou les cécilies ont un cloaque qui se distingue chez les mâles par son étendue et parce qu'il renferme de singuliers organes de copulation que nous décrirons dans le paragraphe suivant. ïl est d'ailleurs l'aboutis- sant de leurs canaux déférents , de leur vessie urinaire et du rectum. Q° Le cloaque des Batraciens anoures est entouré de fibres musculaires obliques. Sa cavité ne se distingue pas de celle du rectum et n'en paraît qu'un dévelop- p. 5y5, reproduit t. III, p. 6i3 de la présente édition. Il ajoute que cela est plus que probable, mais qu'il n'a pu se convaincre de ce fait, malfjrr les recherches les plus multipliées. SECT. JII. ART I. OilGÂÏSES MÂLES DES BEPÏILES. 285 peinent. Sa paroi inférieure montre l'orifice extrême- ment large de la vessie urinaire. Ceux des uretères sé- minaux sont vis-à-vis à la paroi supérieure, dans un repli membraneux saillant qui renferme les deux pa- pilles dans lesquelles ils se terminent. 3° Chez les Batraciens urodèles , le vestibule gé- nito-excrémentitiel présente des différences remar- quables , suivant les sexes et les genres. Chez les mâles comme chez les femelles, ii nous paraît essentiellement organisé pour le rapproche- ment des sexes et la fécondation intérieure, quoique ce rapprochement et cette fécondation soient con- testés, sinon pour les salamandres, où M. de Schreibers la constaté dans la salamandre noire , du moins pour les tritons. Ce vestibule fait une saillie ovale ou sphérique, sous l'origine de la queue, immédiatement en arrière du bassin. Sa cavité débouche au dehors par une fente médiane longitudinale, bordée de deux lèvres ren- trantes , colorées comme la peau , lisses ou hérissées de tubercules ou de papilles , siège probable dune grande sensibilité. 11 existe d'ailleurs des différences remar- quables dans les dimensions de ce vestibule, et sa com- position organique, suivant les genres, les espèces et les sexes, l'époque du rut ou hors de cette époque. Les deux lèvres qui bordent l'entrée du vestibule , que nous désignerons encore sous le nom de vulve, sont parfaitement lisses et non papilleuses chez les mâles de la salamandre commune. En les écartant , on aperçoit, de chaque côté, comme une lèvre intérieure. C'est un repli oblique dont le bord interne paraît di- visé , parce qu'il est l'aboutissant d'une série d'environ '186 XXXIVe LEÇOW. OBG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTÉBRÉS. quatorze lames qui garnissent, plus en dedans, ies parois du vestibule. Ces lames sont dirigées verticalement du plafond de cette cavité vers son issue; elles sont pres- sées les unes vers les autres, comme les feuillets d'un livre, et composées de tubes qui paraissent comme des franges, à leur bord libre et inférieur. C'est un appareil glanduleux que nous avons distingué sous le nom de prostate intra-vestibulaire (1). La voûte du vestibule est lisse et forme, dans la ligne médiane, un angle rentrant qui se continue jus- qu'à la commissure postérieure des lèvres qui bordent son issue. Cette disposition semble devoir servir à la direction des fèces alimentaires. La même partie lisse envahit, en arrière, toute la paroi du vestibule, et se trouve limitée par un pli qui recouvre comme une val- vule une fosse dans laquelle ces lames prostatiques sont libres. Ce pli, qui se continue jusqu'à la partie la plus avancée du vestibule, sépare l'orifice du rectum, qui se voit en dedans et en avant, de l'orifice des défé- rents, qui est en dehors et plus en arrière, dans une fos- sette couverte d'une papille. Par cette disposition, la se- mence se trouve immédiatement mélangée, en premier lieu, avec l'humeur des prostates intra-vestibulaires, et, plus en arrière, avec celle des autres prostates , dont les canaux excréteurs s'ouvrent , ainsi que nous l'avons dit (p. 179)7 dans la ligne médiane de la partie la pins reculée du vestibule , par une double série d'orifices. Celui du tronc unique des uretères d'un même côté est un peu pins eu avant que l'orifice du déférent et plus rapproché de l'embouchure de la vessie uriuaire, (1) Pag, 179 de ce volume. SECT. III. ART. I. ORGANES MALES DES REPTILES. 287 avec laquelle il communique par une petite rainure. Dans la Salamandre noire, les lames prostatiques sont pius nombreuses et non frangées à leur bord ; elles tiennent entre elles par des plis transverses qui parta- tagent leurs intervalles en petites cellules. Les lèvres sont d'ailleurs lisses et sans papilles, comme dans la salamandre commune. Chez les tritons, la peau qui recouvre le vestibule est généralement très inégale et hérissée de tubercules et de papilles, beaucoup plus apparents à l'époque du rut et plus développés chez les femelles que chez les mâles, quoique la saillie qui forme le vestibule soit beaucoup plus considérable chez ces derniers. Un peu en dedans de la commissure postérieure, se voit un groupe de longues papilles grêles, qui sont implantées dans une rainure de cette partie» Les parois de ce vestibule, dans le même genre, sont d'ailleurs formées principalement par une calotte glau- duleuse , que nous avons décrite sous le nom de pros- tate vestibulaire. L'appareil lamelleux prostatique qui garnit les pa- rois du cloaque des salamandres est porté, chez les tritons mâles, à l'extérieur de la vulve, sans doute par suite de la présence de la verge, et forme, de chaque côté , une série de palmes attachées à une sorte de lèvre intérieure. Chez les tritons, il faut distinguer le cloaque en deux parties, l'une supérieure, où se termine le rectum, et dans laquelle aboutissent les canaux déférents et les canaux urinaires, à la paroi supérieure, et sous le rectum la vessie urinaire; et l'autre, inférieure, dans laquelle se voit le pénis de ces animaux.] 288 XXXIV* LEÇON. ORG. D'ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. II. De la verge des Reptiles. A. Dans la sous-classe des Reptiles propres. [Parmi les Reptiles propres , les uns n'ont qu'une verge, ce sont les (Vie Ioniens et les Crocodiliens , et cette verge a beaucoup d'analogie, dans sa composi- tion, sinon dans sa forme, avec celle de l'autruche. Les autres en ont deux, construites d'après le type de la verge du canard, ce sont les Sauriens proprement dits et les Ophidiens .] 1. La verge des Chèloniens est plus grande à pro- portion que dans les deux classes précédentes. Elle est longue, à peu près cylindrique et renflée vers le bout, qui se termine en pointe. Un sillon profond règne dans toute l'étendue de sa face supérieure , et s'en- fonce même davantage en s'approchant du gland. Il s'élève ensuite vers le milieu de la face supérieure de ce dernier, où il se termine par un orifice divisé en deux par une papille. Pour peu que les bords de ce sillon se rapprochent, il doivent former un canal complet. Cette verge est composée de deux corps caverneux dont les parois fibreuses se confondent même dans une partie de leur étendue. Ils commencent par deux renflements vasculaires, analogues au bulbe de 1 urè- tre de la verge des mammifères; leur tissu érectile se continue dans deux canaux dont les parois de nature fibreuse , assez minces d'abord , prennent bientôt une épaisseur très considérable , eu même temps que leur cavité diminue. Tout le renflement que forme le .. 363. SECT. IV. ART. II. ORGANES DE PRÉHENSION. 305 pulation, elle pût être portée parle mâle à Ventrée du cloaque de la femelle. Son développement proportionnel , dans le squale pçlerin, a été trouvé très considérable et lui donne le caractère dune véritable verge. Elle a au moins om, o5 de long; sa forme est conique, et elle se divise à son extrémité en plusieurs laciniures (1). Sou côté droit, près de sa base, avait une grande ouverture ovale, pour l'issue de la semence.] ARTICLE IL DES MEMBRES ACCESSOIRES, QUI DISTINGUENT LES MALES DES SÉLACIENS ET DES CHIMÈRES. Nous décrirons, dans cet article , les membres acces- soires des Raies, des Squales et des Chimères. Ces membres, qui sont propres aux mâles, se trouvent pla- cés de chaque côté de la queue, en arrière du bassin. Ils égaient, dans la raie ronce, les deux tiers de la longueur de la queue, et tiennent au bassin par l'inter- médiaire delà nageoire ventrale, qui est reculée sur les côtés de l'anus. [Il nous sera facile de démontrer, par la composition et les rapports de leurs cartilages et de leurs muscles , qu'ils ne sont qu'une extension ou une dépendance de cette nageoire. Elle se compose, en effet, chez les mâles comme chez les femelles des Raies et des Squales . de deux cartilages qui lui servent de base du côté interne, et qui sont articulés bout à bout. (i) Dessins inédits de MM. Cuvier et Laurillard, et Mémoire sur le squale pèlerin, par M. |de Blainville. Annales du Muséum , i. XVIII. Paris, 1811-1812. 8. 20 306 XXXIVe LEÇON. OEG-. D' ACCOUPLEMENT DES VERTEBRES. Le premier de ces cartilages, sorte de fémur -, s'ar- ticule au bassin et porte, avec le second ? le tibia ^ les rayons de la nageoire abdominale. Un troisième cartilage réunit cette nageoire avec le membre génital comme une sorte à' astragale; il s'ar- ticule avec le plus long cartilage de ce membre. 11 y a? à côté de l'astragale, un cartilage ovale, ayant son bord inférieur tranebant; nous l'appellerons le calcanéum. Ce calcanéum s'articule en arrière à une autre pièce principale du membre génital , que nous appellerons métatarsienne. Elle s'étend tout le long du bord supé- rieur et interne de ce membre jusqu'à son extrémité ? où elle forme une sorte de phalange , à laquelle s'at- tache un tendon du grand abducteur. Cette grande pièce est formée par la soudure de trois autres, dont deux parallèles interceptant un demi-canal dans lequel s'ouvre celui de la glande. Viennent ensuite sept autres cartilages mobiles et de différentes formes, i et 2. Deux supérieurs et externes, creusés en cuillère, qui servent à ouvrir la poche que forme le membre en action. 3. Un cartilage interne, arrondi, court, qui se montre à la partie antérieure de cette poche. 4- Une quatrième pièce cartilagineuse ayant la forme d'une hallebarde. 5. Une autre, celle d'une lance. 6. Le plus grand de ces cartilages est in- férieur ; il glisse en se contournant autour du cartilage principal , et se termine par un double socle de char- rue; le plus interne et le plus avancé est opposé au car- tilage terminal ou phalangien de la pièce principale de tout le membre. SECT. TV. ART. IT. ORGANES ACCESSOIRES. 307 7. il y eu a un septième qui me paraît être la con- tinuation du métatarsien. Ces divers cartilages ne se ressemblent pas tous dans les diverses espèces des raies. Les squales et les chi- mères les ont différents et pour le nombre et pour la forme. Les muscles de ce membre, à leviers si compliqués, démontrent de même, par leur disposition et leur ac- tion, la liaison de la nageoire avec l'appendice génital. i° Le muscle abaisseur de cette nageoire et Y abduc- teur des rayons est en même temps Y abaisseur de l'ap- pendice. , Ce muscle s'attache par un tendon fort, à côté de son symétrique , au cartilage transverse du bassin.. Delà il se porte en dehors et. s'épanouit en éventail sur les cartilages/e//2«r et tibia; il entrecroise ses faisceaux de fibres avec les petits muscles qui meuvent les rayons ; c'est sa partie moyenne. Sa partie la plus avancée va s'attacher au bord antérieur et à la nase du premier cartilage du premier rayon qui s'articule au bassin; cette partie antérieure, en portant ce cartilage en avant, met tous les rayons dans l'abduction. Enfin sa partie la plus reculée va se terminer au calcanéum et à l'astragale ; celle-ci porte le membre dans l'abduction. 20 Le releveur de la nageoire vient des côtés de l'o- rigine de la queue et se dirige sur les rayons ; sa por- tion la plus avancée se termine au fémur et au tibia. Une autre plus reculée va du premier et du second de ces cartilages au calcanéum. 3° h'abducteur de l appendice vient du fémur, partie antérieure, au-dessus du fléchisseur, < et se porte au calcanéum . C'est un muscle droit , plat , allongé , qui 308 XXXIVe LEÇON. ORG. D*ACCOl!PLK>tENT DES VERTÉBRÉS. se termine contre la partie la plus avancée du grand abducteur des doigts. Ii étend le membre sur le tibia et le fémur, et le rapproche de la ligne médiane. 4° Un court muscle, qui va du calcanéum à la partie antérieure du métatarsien, étend celui-ci sur le calca- néum et l'astragale. 5° Le grand abducteur ou extenseur des pièces mo- biles et terminales de l'appendice. C'est un muscle très fort qui enveloppe, de sa partie charnue, les deux tiers extérieurs de cet appendice. 11 se compose de deux parties, une qui occupe la face supérieure du membre, et l'autre ['inférieure. La première s'attache en avant, dans toute l'étendue de l'astragale et du calcanéum et au métatarsien, vers sou extrémité antérieure. Son ventre charnu se change, en arrière, en un tendon mince qui s'épanouit, sur la face externe du cartilage, en socle de charrue. C'est, dans la Raie blanche , un muscle distinct, faible , qui va de l'astragale et du métatarsien au même cartilage. La partie de ce muscle qui occupe la face supérieure du membre s'attache en avant sur le calcanéum et le métatarsien. Ses faisceaux nombreux forment un ventre épais , qui se change en un tendon plat et large, qui va se terminer à l'extrémité phalangienne du méta- tarsien. Il enveloppe, dans son trajet, le cartilage en cuilleron. Dans la Raie blanche, c'est le principal des deux abducteurs des doigts.] Les pièces que ce muscle porte dans l'abduction ten- dent, par leur propre élasticité, à se rapprocher l'une de l'autre; mais il n'y a aucun muscle qui, en déter- SECT. IV. ART. IL. ORGANES ACCESSOIRES. 309 minant avec énergie leur rapprochement, puisse faire de ce membre un véritable organe de préhension. L'appendice génital des Sélaciens comprend encore une glande considérable [située sous la nageoire et se prolongeant en dehors de la base de l'appendice. La peau seule recouvre sa face inférieure, tandis que la supérieure adhère aux rayons de la nageoire par du tissu cellulaire. ] Cette glande a un large canal excréteur qui s'ouvre dans le sillon que forment deux des pièces du cartilage métatarsien , et s'ouvre dans le creux des pièces phalangiennes. L'humeur qui en découle est très visqueuse. [La glande du membre génital et les parois de la cavité dans laquelle elle est située sont rouges de sang à l'époque du rut, et semblent éprouver une turges- cence remarquable. Elle est enfermée dans une double enveloppe; l'ex- térieure est musculeuse, l'intérieure fibreuse. A l'extrémité inférieure de ce sac, tout près de son issue, il y aune capsule à parois musculeuses et caver- neuses, dont la cavité est traversée par des filets tendi- neux déliés. J. Davy, qui a vu des battements dans cette dernière poche, qui contenait du sang chez un individu encore vivant, la considère comme un cœur accessoire, destiné à activer la circulation du sang dans les appen- dices génitaux des Sélaciens (1). La glande elle-même a la forme d'une olive. Un sillon longitudinal la partage en deux colonnes, dans chacune desquelles on distingue une série transversale de tubes très fins.] (i) Trans. philos, pour 1 83g. 310 XXXVe LEÇON. OIK:, DE GENERATION DES ARTICULES. TRENTE-CINQUIÈME LEÇON. DES ORGANES DE GÉNÉRATION DES ANIMAUX ARTICULÉS. [Nous examinerons successivement, dans les six clas- ses des animaux de ce type , les organes préparateurs des femelles, et leur produit, les ovules ou les œufs; les organes préparateurs des mâles, et leur produit, le sperme; puis les organes d'accouplement des mâles, et enfin ceux des femelles. Ces divers sujets seront traités dans les divers ar- ticles dans lesquels nous divisons cette leçon.] ARTICLE I. DES ORGANES PREPARATEURS ET ÉDUCATEURS CHEZ LES FEMELLES DES ANIMAUX ARTICULÉS, OU DES GLANDES OVIGENES ET DR LEUR CANAL EXCRETEUR. A. Dans la classe des Insectes (i). Nous décrirons successivement les organes^/ èpara* leurs et éducateurs des femelles dans les divers ordres de cette classe ; puis certains organes mixtes annexés à ces derniers, dont les uns servent à la fécondation, et (r) Pour abréger nos citations des nombreux travaux de M. L, Duf'oui sur les Organes génitaux des Insectes , dont nous avons plus particulière-» ART. I. OBG. PKÉPABATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 311 les autres à compléter les enveloppes de l'œuf, ou à fournir la matière soyeuse dont les femelles entourent leurs œufs.] I. Des ovaires , de Uoviducte et de ses brandies. Les organes préparateurs et éducateurs, sinon tous] les organes de la génération sont , chez les femelles , beaucoup plus uniformes ^ue chez les mâles, dans toute cette classe. Ils consistent, en général, en un oviducte commun, ouvert à la vulve, et se divisant à son origine en deux branches qui se séparent même chacune en un certain nombre de boyaux coniques, plus ou moins longs. Les œufs sont disposés dans l'intérieur de ces boyaux , de manière que les plus gros sont les plus près de l'ovi- ment profite pour nos descriptions de ces organes, nous les indiquerons icj dans l'ordre chronologique de leur apparition. i° Recherches anatomiques sur les Carabiques et sur plusieurs autres Insectes Coléoptères. Annales des sciences naturelles, t. 6. 1825. 2° Recherches anatomiques et physiologiques sur les Hémiptères., etc. Mémoires des avants étrangers de l'Institut de France , t. IV. Paris, i833. 3° Recherches anatomiques et physiologiques sur les Orthoptères , les Hyménoptères et les Névroptères , présentés à l'Académie des sciences le 3 mars 1 S34-» imprimées dans les Savants étrangers, t. Vil, Paris, 1 84 * - 4° L'anatomie générale des Diptères , imprimée Annales des sciences naturelles, 3e série, avril et mai ï844« Et le Mémoire détaillé encore manuscrit sur les mêmes Diptères, ac- compagné de planches, qui paraîtra dans le prochain volume des savants étrangers de l'Institut de France. Comptes -rendus des séances de l'Aca-? demie des sciences, t. XVilI , p. 192. Outre ces Mémoires sur un ordre entier, M. Dufour a publié des Mé- moires particuliers sur telle ou telle espèce que nous citerons à part. Quant aux mémoires généraux, nous nous contenterons dorénavant d indiquer les numéros de la planche et des figures , auxquelles nous ren~ verrons souvent, pour l'intelligence de nos descriptions. 312 XXXVe LEÇOtt. ORG, DE GENERATION DES ARTICULÉS. ductc, et que les autres vont en diminuant par degrés , jusqu'à la pointe du boyau, où ils deviennent imper- ceptibles. Lorsque les œufs sont sortis, les boyaux res- tent vides. On les voit déjà dans les chrysalides , un peu avant leur métamorphose (i). Dans Foviducte com- mun aboutissent des vaisseaux secrétaires de diverses formes , qui y déposent une liqueur propre à enduire les œufs ou à en faire la coque. [Dans la description générale, bien succincte, qu'on vient de lire, on peut déjà comprendre que les orga- nes préparateurs et éducateurs , chez les femelles de cette classe nombreuse, se composent : i° De boyaux ou de tubes ovigères groupés en deux faisceaux, correspondants aux deux ovaires; '2° D un oviducte particulier appartenant à chaque ovaire ; 3° D'un oviducte commun qui résulte de la réu- nion des deux oviductes particuliers , et se continue avec le vagin ou le canal d'accouplement; 5° D'un appareil de sécrétion et de réservoirs an- nexés au commencement, au milieu ou vers la fin de loviducte commun. Entrons dans quelques détails descriptifs sur les ca- ractères généraux et les différences les plus remar- quables que nous ont offerts les cpsatre parties princi- pales de cet appareil compliqué. (i) Le sujet intéressant du développement des organes de génération dans les larves et les chrysalides a été particulièrement étudié , il y a peu d'années, par M. Héroîd. Voir Ann. des se. nat., 2e série, t. XII, page 190. ART. I. ORG. PREPARATEURS ET EDUCATEURS FEMELLES. 313 i° T^es boyaux coniques ou tubes ovigères ou pro- ligères (gui/ies ovigères de M. L. Dufour) sont au- tant d'ovaires partiels, dans la cavité desquels les ovules se développent successivement. Leur sommet est or- dinairement plein et surmonté d'un fil délié donnant attache au ligament qui rassemble en un seul faisceau tous les tubes d'un même ovaire. Ce ligament, réuni à celui de l'ovaire opposé, vase fixer très avant dans la cavité thoracique, à sa paroi dorsale et sous le vaisseau de ce nom (i). En suivant le tube , depuis cette première partie, qui est ordinairement stérile, jusque vers la base de son em- bouchure dans l'oviducte,on le trouve étranglé par in- tervalles, et renfermant un ovule, entre deux étrangle- ments, d'autant plus développé qu'il est plus rappro- ché de la base du tube prolifère. Le nombre des ovules qui se développent dans un même tube, et celui des tubes composant chaque ovaire, varient beaucoup, même d'une espèce à l'autre ; à plus forte raison d'un genre, d'une famille et d'un ordre à l'autre. (i) Ce ligament commun des deux ovaires, le ligament particulier ap- partenant à chaque ovaire , et les ligaments de chaque gaine ovigère qu'il rassemble, sont tous canaliculés. Cette suite des tubes ligamenteux jouerait un rôle très important, sui- vant quelques physiologistes, dans la nutrition et le développement des ovules. Suivant M. J. Miiller, ils communiqueraient dans le vaisseau dorsal , et y puiseraient le fluide nutritif (Nova acta phys. med. natur. curios..., t. XI, pi. II, p. 555). D'autres leur attribuent le premier dé- veloppement des ovules , qui passeraient de ces tubes ligamenteux dans le sommet des gaines ovigères. Nous ne les de'crivons ici que comme de simples ligaments. C'est aussi l'opinion de M. L. Dufour. 314 XXXVe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ARTICULÉS. Chaque dilatation de ces tubes, qui renferme un ovule, doit être considérée comme sa capsule ovarienne, analogue à la vésicule de Graaff des Mammifères, ou à la capsule ovarienne de l'ovule des oiseaux , etc. M. L. Dufour se sert des expressions uni-loculaire , bi, tri. quadri, multi-loculaire , pour indiquer que chaque tube sert au développement d'autant d'ovules qu'il y a de loges dans ce tube. Nous les appellerons in- différemment uniloculaire ou unipare, ôi, multipare. 11 faut encore remarquer, pour l'intelligence du mode de fécondation, que, parmi les ovules qui se dé- veloppent dans chaque tube et peuvent mûrir à peu près en même temps , il n'y a que celui qui est rap- proché de l'embouchure du tube , laquelle est ouverte dans les organes éducateurs, qui communique avec ces organes , et qu'il ferme cette communication à tous ceux du même tube qui le précèdent. La fécondation de ces ovules ne peut donc s'opérer que successivement, tout au plus tôt à mesure qu'ils prennent la place du premier (î). Les tubes ovariens d'un même ovaire aboutissent dans une cavité commune, l'oviducte particulier, dont la capacité et la forme varient beaucoup. M. Guvier l'appelle branche de l'oviducte; M. L. Dufour lui donne le nom de calice. C'est souvent un simple boyau de longueur et de (i) Malpighi. De Bombyce, London , 166g. Hunier. Trans. philos., 179a, et M. Audouin , Lettre sur la géue'ration des Insecte?. Ann. des se, nat., t. II, p. 181. Paris, i8?4» ART. I. ORG. PREPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 315 capacité médiocres, un peu dilaté à son fond, rece- vant les embouchures des tubes ovariens. D'autres fois il est très dilaté à son origine, comme le calice des uretères, dans les reins des mammifères. Dans d'autres cas, il est en grande partie dans l'ovaire même, c'est-à-dire que les tubes nombreux qui con- stituent cet ovaire sont attachés à ses parois comme des rayons, soit tout autour de ce canal, soit qu'ils laissent sa face inférieure libre, soit qu'ils forment une ou plusieurs séries d'un côté seulement. Il paraît que les ovules séjournent plus ou moins dans cette branche de loviducte et qu'ils y prennent un certain accroissement, du moins dans leurs enveloppes. Les oviductes particuliers sont branchus dans la cigale de F orne, dont les nombreux tubes ovariens se réunissent par faisceaux à six ou sept branches , for- mant, par leur confluence, chacun de ces oviductes. 3° Loviducte commun naît de la réunion de ses deux branches, les oviductes particuliers. C'est toujours un canal membraneux , dont la lon- gueur , la forme et la capacité varient beaucoup, qui reçoit les œufs des oviductes particuliers et les trans- met au dehors par l'intermédiaire du canal de copu- lation ou du vagin. Il a souvent la forme cylindrique ; mais il peut être dilaté dans sa partie moyenne ou dès son origine, et diminuer ensuite de diamètre; il peut même prendre la forme sphérique. 4° L'appareil glanduleux annexé à l'oviducie com- mun diffère singulièrement dans sa forme, dans ses proportions , dans sa position , dans sa composition , 316 XXXVe LEÇOjS. oeg. de geinération des articulés. dans les rapports cle ses différentes parties et même dans- ses usages suivant les familles, les genres et les espèces. Sous le point de vue de ses usages, il y a une grande divergence entre les deux anatomistes qui ont fait le plus de recherches sur cet appareil. M. L. Dufour lui a donné le nom de sèbifique, dès 189.4? et pense avec M. Cuvier qu'il sécrète une humeur propre à complé- ter les enveloppes de l'œuf. M. Siebold : i) a découvert que la poche ou les poches qui font partie de cet appareil, et qui tiennent par un canal plus ou moins délié à loviducte, sont far- cies , après le coït, d'innombrables spermatozoïdes. C'est cet appareil sébifique qu'il appelle réservoir sémi- nal, et non, comme on la dit et imprimé, la poche copulatrice d'Audouin. Dans le réservoir séminal , les spermatozoïdes ne sont pius par écheveaux, comme dans les testicules, mais désunis , quoique formant une masse serrée , et ne montrant leur état vivace que lorsqu'on leur donne plus d'espace pour leurs mouvements. Dans l'eau , ils ne tardent pas à se friser et à se boucler. La poche copulatrice d' Audouin, à laquelle M. Sie- bold conserve ce nom , est souvent unie à l'appareil précédent; mais elle peut en être distincte; elle ne servirait qu'à la copulation, suivant M. Siebold, après laquelle elle retient souvent la verge du mâle (dans le hanneton, par exemple). On la trouve remplie d'une (1) Fernere Beobaehtungen iïber die Spermalozoen (1er wirbellosen Thiere. V. G. T. Siebold. Archives de J. Mùller pour i83y, p. 392 et suivantes. ART. I. OHPr. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 317 masse granuleuse et vésiculeuse, sans spermatozoïdes ou avec quelques unes de ces machines animées qui n'y montrent plus signe de vie et qui y paraissent dé- placées. Enfin l'extrémité postérieure de l'oviducte, et même le vagin , reçoivent les canaux excréteurs d'un autre appareil de sécrétion , qui n'existe que chez les fe- melles qui enveloppent leurs œufs d^un cocon. C'est l'appareil sérifique de M. L. Dufour. Citons quelques exemples, pris dans les divers or- dres de la classe, pour faire comprendre les différen- ces principales que présentent les organes préparateurs et éducateurs dont nous venons de donner une idée générale, et celles encore plus nombreuses des organes de sécrétion ou des réservoirs annexés à ces derniers. Nous les exposerons dans les deux paragraphes sui- vants, en ayant soin de conserver ceux que M. Cuvier avait choisis pour le texte de notre première édition.] § 1. Dans X Ordre des Coléoptères. a. Les Pentamhres. Dans la famille des Carnassiers^ les Carabes ont dix ou douze tubes ovigères , et les dytisques douze ou quinze. Ce nombre de tubes varie cependant d'un genre et d'une espèce à l'autre. [Le carabe doré n'en a que sept pour chaque ovaire. Us ont leur embouchure dans un calice ou dans une di- latation de l'oviducte particulier, qui forme immédia- tement après un canal cylindrique (i). Le dytiscus marginal us a jusqu'à trente tubes ovi- gères pour chaque ovaire. (i) L. Dufour, ouv. cit. PL XVII, Hg. i. 318 XXXV' LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. Parmi les Brachèlytres , le staphylinus olens se dis- tingue par le petit nombre de gaines ovigères ; il y en a trois pour chaque ovaire; par la longueur des oviductes particuliers, et par une dilatation en forme de sac, qui est le commencement de l'oviducte commun, dans laquelle ils aboutissent. Après cette dilatation , l'oviducte commun est court, pyriforme (1).] Dans le silpha atrata , parmi les Clcwicornes, les tu- bes sont au nombre de sept ou huit , contenant cha- cun quatre œufs. Ceux-ci ne grossissent que dans les branches de l'oviducte , qui sont fort larges (2). [Le clerus alveolaris a chaque ovaire composé d'en- viron trente gaines ovigères , au plus biloculaires , mais dont la disposition est toute particulière dans cet ordre: elles sont rangées en travers pour aboutir à un oviducte inférieur qui règne dans la longueur de ces ovaires (3).] Dans la famille des Palpicornes , Y hydrophile a les tubes ovigères très nombreux formant deux grappes ovales très épaisses (4). Parmi les Lamellicornes, le scarabè nasicorne a six tubes ovigères de chaque côté , contenant chacun cinq ou six œufs. [Le hanneton a six gaines ovigères par ovaire ? ren- fermant chacune quatre œufs se développant. Elles aboutissent à l'extrémité de chaque oviducte particu- lier, qui est un peu dilaté à cet effet. L'oviducte com- mun est assez long (5). (i)ibid. pi. xyn, %. 7. (2)md. pi. xvii, fig. 7. (3)ibid. pi. xviii, hg. 3. (4) Ibid. fig. 5. (5) Ibid. PI. XVIII, fig. 9. ART. I. ORG PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 319 Parmi les Lucanides, le cerf-volant se distingue par ses douze tubes ovigères pour chaque ovaire, lesquels ont au plus trois ovules développés, ou se dévelop- pant. Leur extrémité est terminé par une petite sphère surmontée dïm filet délié. Les tubes aboutissent au calice par un col étroit. Ce calice est assez dilaté , et renferme un certain nombre d'ceufs qui s'y complè- tent (i). b. Les Héléromères . Nous ne citerons, dans cette division, que le blaps gigas, qui a, pour chaque ovaire, environ trente tubes ovigères biloculaires, aboutissant par plusieurs faisceaux dans leur calice. Leur extrémité libre est renflée en massue (2). c« Les Tétramères. Le lixus angustatus, de la famille des Rhincophores, se distingue par ses deux tubes ovi- gères pour chaque ovaire. Par compensation , ils sont, multiloculaires. Chaque oviducte particulier est court et dilaté ; Toviducte commun est un boyau flexueux (3). h' hamaticherus héros, de la famille des Longicomes, a une organisation bien différente. Chaque ovaire se compose de trente à quarante gaines ovigères mul- tiloculaires. Le calice est grand et contient un grand nombre d'œufs mûrs. L'oviducte commun est dilaté dans sa première moitié, et cylindrique dans la seconde (4). ha. cassida viridis, de la famille des Cycliques, a deux ovaires de chacun vingt tubes ovigères , quadrilocu- (i) IbiJ. Hfî. 10. (2) Ibid. PI. XIX, %. 1. (3) Ibid. PI. XX, .fig. 1. (4) Ibid. fig. 3. 320 XXXVe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ARTICULES. laires. Le calice est un grand réservoir dans lequel se complètent les œufs. Il se termine dans l'oviducte commun par un tube court et cylindrique,] § 2. Les Orthoptères* [Ils ont, comme tous les Insectes, deux ovaires, com- posés de capsules ovigères dont le nombre est très va- riable, ainsi que leur disposition, relativement à l'ovi- ducte. Celui-ci varie, par sa forme, par son développe- ment et par ses divisions, en oviducte ovarien ou in- térieur, en oviducte extérieur particulier, et en oviducte commun, Ylœnantus italiens, parmi les Grilloniens , a deux ovaires de forme ovale, composés d'un grand nombre de capsules ovigères multilocuiaires, réunies par leur sommet à un ligament commun et aboutissant, en ar* rière, par leur autre extrémité, au calice ou à l'origine élargie de l'oviducte particulier. Celui-ci commence par un col étroit, forme une dilatation ovale et se ré- trécit de nouveau avant de se terminer à l'oviducte commun (1). Les Locustaires ont des ovaires très analogues à ceux des Grilloniens.] Les saute/ elles ont, de chaque côté, une trentaine de tubes courts, ne contenant guère que trois ou quatre œufs visibles , et réunis par les trachées et par une substance muqueuse en deux masses ovales. [Parmi les Acridiens , Xœdipoda cœrulescens et ses gaines ovigères peu nombreuses, multilocuiaires dis- (i) L. Du four. Rechercltes sur les Orthoptères , PI. III, fig. 3i. ART. I. OBG. PBÉPABATEUBS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 321 posées par série sur un côté de l'oviducte ovarien. Celui-ci a beaucoup de capacité et se prolonge en avant, avec un long boyau replié , en forme de coecum, qui prépare sans doute quelque bumeur propre à fournir aux oeufs leur enveloppe protectrice (1). L'ovaire des Mantes [mantis religiosa (2)) a beau- coup d'analogie avec celui que nous venons de décrire. Quatre ou cinq gaines ovigères aboutissent ensemble , par leur col, dans un canal commun. Sept de ceux-ci se rendent latéralement dans l'oviducte particulier, dont ils forment autant de rameaux: seulement, cette branche de l'oviducte n'a pas d'appendice cœcal.] § 3. Les Hyménoptères. [Les organes préparateurs femelles des Hyménop- tères ne diffèrent pas de ceux des autres Insectes. Les gaines ovigères sont généralement peu nom- breuses, même dans la famille des Apiaires , dans la- quelle la Pleine ou la femelle de l'espèce domestique se distingue seule par un grand nombre de ces gaines. Swammerdam en a compté jusqu'à i5o par ovaire, qui sont multipares, et peuvent contenir une série de 17 ovules de grandeurs différentes. Dans la même espèce , les gaines ovigères aboutis- sent toutes au fond de chaque oviducte particulier, qui sert de réservoir aux œufs mûrs, en attendant la ponte. L'oviducte commun a à peu près la même étendue.] Les chapelets , disait M. Cuvier dans notre ancien texte, dans les ovaires des abeilles, sont nombreux de chaque côté. 11 m'a paru y en avoir de très petits (i) Jbîd. PI. H,fig. 17. (2) Ibid, PJ. IV, fig. 4a. 8. 21 322 XXXV* LEÇON. ORG. BE GENERATION DES ARTICULÉS. dans Jes abeilles neutres , ce qui confirmerait l'idée que ce sont des femelles non développées (i). [Le nombre des gaines ovigères peut n'être que de quatre (les bombus , les xylocopes) , ou même de trois : c'est le cas le plus fréquent. Les oviductes particuliers commencent souvent par un calice ou une dilatation, au fond de laquelle s'ouvrent les gaines ovigères. L'oviducte commun est un boyau court.] § 4. Les Nêvroptères. [Les libellules et les éphémères ont des gaines ovi- gères nombreuses, multipares, rangées le long du bord interne de l'oviducte ovarien ou du calice. Dans Xœshna grandis, les gaines des deux ovaires forment, par leur rapprochement, une seule masse oblongue , composée de nombreux ovules. Ces ovaires ne se distinguent que par les oviductes particuliers qui se dégagent de leur extrémité postérieure , et qui se portent, séparés l'un de l'autre, vers l'oviducte com- mun , qui est court. Dans lesperles , l'oviducte ovarien est un long boyau replié, autour duquel sont, comme implantées plusieurs centaines de gaines ovigères à cinq ou six ovules. Ce tube est commun aux deux ovaires, qui sont ainsi fondus en un seul. La partie qui ne supporte plus de gaines, ou l'ovi- ducte particulier, ne tarde pas à se dilater en une poche ovale, où s'arrêtent les œufs mûrs. (1) Cette observation ancienne a été constatée par M. L. Du four. (V. les Recherches sur les Hyménoptères t pi. VI, fig. 67.) Cet arrêt fie développement, si bien réprimé , 3 pu être la source de toute une théorie. ART. I. OMG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 323 Au-delà de chaque poche, Foviducte particulier re- devient un boyau cylindrique, assez long, replié, se terminant, avec son symétrique, dans un oviducte commun , fort court et dilaté. La panorpe a dix gaines ovigères multipares, pour chaque ovaire. Elles aboutissent , en arçière , à un calice qui se resserre immédiatement en un boyau cy- lindrique, assez long : c'est l'oviducte particulier. L'oviducte commun est court.] § 5. Les Hémiptères. [La composition des organes préparateurs et éduca- teurs chez ces Hémiptères femelles n'est pas essentiel- lement différente de celle que nous ont offerte les Ordres précédents. Il y a des tubes ovigères peu nom- breux , réunis en un paquet pour chaque ovaire. L'oviducte particulier dans lequel se continue le calice, qui reçoit les embouchures des tubes de chaque ovaire, a des proportions très variables, selon les es- pèces , ainsi que l'oviducte propre. Nous n'en citerons que peu d'exemples. Parmi les Amphicorises , les gerris n'ont que quatre tubes ovigères par ovaire. Ces tubes sont multipares et fort longs. Il y a deux oviductes particuliers courts et un oviducte commun , recouvert en dessus par la vé- sicule copulatrice, de forme arrondie, à parois d'un tissu dense et serré (i). Les Hydrocorises ont des ovaires à longs tubes ovi- gères, multipares, au nombre de quatre; cinq ou six pour chaque ovaire. (i) L. Dttfour, Recherches sur les Hémiptères . fig. 176. 324 XXXV* LEÇON. ORG. DE GENERATIOiN DES ARTICULES. Les oviductes particuliers sont longs dans le naucoris cimicoides , et l'oviducte commun forme une poche dilatée, rectangulaire, sur laquelle un tube replié, tenant lieu de glande sébifique, vient se terminer (i). Parmi les C/cadaires , les ovaires de la cigale (cicada orni) se distinguent par le grand nombre de tubes ovi- gères dont ils se composent; il y en a 70 à 80 par ovaire. Ils y sont réunis par paquets de quatre , cinq ou plus, à un oviducte partiel, de manière que l'ovi- ducte particulier de chaque ovaire est comme un tronc qui se divise en branches et en rameaux portant ces faisceaux de tubes ovigères (2). Dans le puceron du rosier, les gaines ovigères, au nombre de dix à douze , sont réunies en un seul pa- quet, de sorte qu'il n'y a quun seul ovaire. Elles se divisent en cinq ou six loges (3).] § 6. Les Lépidoptères. Les papillons ont de chaque côté quatre très longs tubes remplis dune grande quantité d'oeufs, et for- mant , surtout dans les espèces fécondes, des chapelets cinq ou six fois plus longs que le corps. L oviductus commun est si court, qu'il est à peu près nul. Mal- pighi, Swammerdam , Réaumur et de Geer ont bien représenté ces organes dans différentes espèces. § 8. Les Diptères. [L'appareil des organes préparateurs et éducateurs femelles dans cet ordre a été décrit avec beaucoup de (i)Ibid. PI. XVI, 6g. i79.(a)76trf. PI. XVIII, fig. 188 et 189. (3) Ibui. fig. 192. v ABT. ï. ORG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 3*25 détails, dans une espèce au moins, des principaux groupes naturels de cet ordre nombreux , par M. L. Dufour. Il varie beaucoup dans toutes ses parties , principa* lement dans les organes éducateurs, suivant que les espèces sont ovipares, et c'est l'immense majorité, ou quelles sont larvipares. Les organes préparateurs ou les ovaires, qui sont toujours au nombre de deux et symétriques, se com- posent, comme dans les autres Insectes, de boyaux coniques implantés , pour ainsi dire, autour d'un réser- voir commun, ou d'un oviducte intérieur. Ces tubes ovigères servent au développement d'un seul ovule , de deux , de trois ou de six ou sept , suivant les espèces. Ils peuvent être innombrables ou réduits au nombre de quarante (les piop frites) , ou même de vingt à vingt-cinq (le trichomjzd). L'oviducte intérieur peut se prolonger bors de cbaque ovaire, comme oviducte extérieur particulier, avant de se réunir à l'oviducte commun. Celui-ci est long ou court; il prend des dimensions considérables dans les larvipares , quand il devient oviducte incuba- teur, ou qu'il se joint à celui-ci , qui en est distinct :. Ce dernier cas est celui de l1 ec/rinomi/a grossa. Cette espèce a des ovaires d'un type que nous n'avons pas encore décrit. Ils sont en forme de plateau rond , sur lequel des capsules ovigères rnultiloculaires , très nom- breuses, sont rangées par cercles concentriques. Cette forme d'ovaires en plateau est encore celle de la plupart des Muscies. Dans cette même espèce , chaque ovaire a son ovi- ducte extérieur particulier qui aboutit à un oviducte 326 XXXV* LEÇON- ORO. DE GÉNÉRATION DES ARTICULES. commun. L'extrémité de celui-ci reçoit les canaux ex- créteurs des glandules dites orbicelles, des deux vési- cules copulatrices et du réservoir ovo-larvigère , qui est latéral comme dans le type précédent, et comme surajouté à l'appareil génital. Ce réservoir est un long boyau , contourné en spi- rale, aux parois duquel les œufs sont attachés par un bout et rangés comme des pavés. Dans Xhippobosque et le melophagus ovinus , les ovaires sont deux corps ovales, de grandeur très iné- gale, qui tiennent, de chaque côté, à l'oviducte com- mun. Ils laissent, en avant, dans le mèlophage , une por- tion de celui-ci, qui forme un cul-de-sac de ce côté. L'oviducte commun conduit directement dans une vaste poche dont l'autre ouverture donne dans la vulve membraneuse (1). Cette vaste poche est l'oviducte incubateur ou l'utérus.] IL Des annexes de Voviducte, ou de la poche copu- latrice, du réservoir séminal et des glandes sébifiques et sérifiques. j.T'ai adopté, dans la description qui va suivre, rela- tivement à la poche copulatrice et au réservoir de la semence, les déterminations de M. Siebold (2), tout en reconnaissant, avec ce savant physiologiste, l'exac- titude des nombreux détails anatomiques publiés par M. L. Dufour: aussi aurai-je recours aux mémoires (t) M. L. Dufour. Annales des se. natur., 3e série, t. 3, pi. 3. (a) Les Zoospermes dans les organes des Insectes femelles. Archives <\e h Miiller pour no;, p. 392 etsniv., et pi. XX , fig. i-io. ART. I, OFHx. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEUR» FEMELLES. 3*27 si riches de faits du célèbre entomologiste , pour les descriptions particulières dans lesquelles je vais entrer. ha poche copulatrice n'est pas toujours distincte de Foviducte ; elle peut être réduite à une simple dilata- tion circulaire, ou latérale seulement, d'une partie de ce canal. Chez d'autres, ce cul-de-sac latéral se développe en une poche distincte , et prend même un pédicule qui la sépare de plus en plus de l'oviducte ou du vagin. L'intérieur peut en être revêtu d'un épithélium plus ou moins solide. La poche copulatrice n'est bien évidente que dans les deux dernières formes. Quand elle manque, le vagin seul reçoit la semence et la transporte dans le réservoir séminal, ou directement dans l'oviducte. Le réservoir séminal de M. Siéboîd et la glande ap- pendicuîaire (le réservoir sébifique de M. L. Dufour) se composent : i° d'une ou plusieurs poches ou cap- sules, vides et affaissées avant la copulation, farcies de spermatozoïdes après cet acte ; q° D'une glande annexée à ce réservoir, simple ou multiple; 3° D'un canal qui conduit du réservoir séminal dans l'oviducte commun, et souvent d'un autre canal qui communique avec la poche copulatrice. La capacité du réservoir séminal est quelquefois très petite; mais la présence de spermatozoïdes nombreux et très vivaces, après la copulation, ainsi que M. Siébold l'a constaté dans beaucoup d'insectes , ne peut laisser de doute sur son exacte détermination de ces organes. Toutes ces circonstances varient d'ailleurs beaucoup dans les divers ordres, familles et genres de la classe.] 98 XXXV» LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS, § î, Les Suceurs. [ha puce du chien a un réservoir séminal et une poche copulatrice annexés tous deux à l'oviducte. On trouve le réservoir rempli de spermatozoïdes après la copu- lation; ses parois sont fermes et résistantes.] § 2. Les Coléoptères. * a. Les Pentamères. Dans la famille nombreuse des Carnassiers , M. Guvier avait observé que le dytisque n'a qu'une vessie simple et petite annexée à loviducte, qui se prolonge davantage dans le carabe. [Ce réservoir séminal dans le dytiscus marginalis s'ouvre dans le premier tiers de loviducte; il reçoit, un peu en deçà de son fond , un tube sécréteur. Un semblable tube sécréteur se rend dans le réser- voir séminal du carabe doré. Le zabrus obesus , le chlœnus velutinus , n'ont qu'un simple réservoir pyriforme , sans tube , qui commu- nique chez le premier à la fin d'un long oviducte, et chez le second près du milieu de la longueur de ce conduit. Dans ces divers exemples, je ne vois pas de poche copulatrice distincte du réservoir de la semence, et j'hésite à déterminer comme poche copulatrice, dans ce dernier, la vésicule unique , à cause de son éloigne- ment de la vulve (î). Dans la famille des Serricornes, la partie glanduleuse du réservoir séminal de M. Siébold est très compli- (i) M. L. Dufour, Annales des se, nat., t. VI, p, 227 et suïv., et pi. XVII, fig. 1, 2, 4 et 5. ART. I. ORG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 329 quée. Elle se compose de tubes ramifiés dichotomi- quement et ayant des dilatations triangulaires aux divi- sions des rameaux dans Xelatcr murinus, qui manquent dans Yélatergilvellus. Un petit réservoir arrondi, annexé au commencement de l'oviducte, produit, dans la pre- mière espèce, trois autres réservoirs en entonnoir, desquels partent les troncs de ces ramifications. Dans Xelater gilvellus , cet appareil diffère encore du précédent par l'existence de deux vessies , en forme de massue, qui communiquent dans le premier réser- voir, au commencement de l'oviducte et à une grande distance de la vulve (1). Ces différences, même d'une espèce à l'autre , sont très remarquables. Dans la famille des Palpicornes, le grand hydrophile paraît avoir l'appareil glanduleux sébifique et sérifique, avec le réservoir séminal et la poche copulatrice. Le réservoir serait un tube impair assez long, dilaté à ses deux extrémités , qui aboutit dans une poche oblongue, volumineuse , à parois épaisses , s'ouvrant dans l'ovi- ducte.] M. Guvier avait remarqué, autour de la base de chaque grappe des gaines ovigères, cinq longs et gros vaisseaux sécrétoires qui contiennent une liqueur verte. [Outre ces tubes isolés , il y a un faisceau de tubes plus fins, renflés à leur extrémité libre, dont les rami- fications dépassent en avant les tubes ovariens, et dont les troncs, au nombre de six ou sept, viennent s'in- sérer à la partie la plus avancée du calice de chaque ovaire. 1 ' ■ ■ ' < » ' n ■ ■« i i —■— w— t4— — — » i (i) Ibid. Fig. 8, 9 et 10, 330 XXXVe LEÇON, OBG, DE GÉNÉRATION DES A.BTICULÉS. L'un de ces appareils doit servir à compléter les en- veloppes de l'œuf, et l'autre à fournir la soie dont cet insecte file son cocon. Ici tous les organes qui peuvent être annexés à l'oviducte sont en présence (1). Dans la famille des Lamellicornes , le réservoir sé- minal et la poche copuîatrice sont séparés ou annexés 1 un à l'autre. Dans le hanneton (2), la poche copuîatrice est plus en arrière que le réservoir séminal et son tube glan- duleux. b. Les Hétéromères. S'il y a? dans le genre Blaps ^ une poche copuîatrice et un réservoir séminal . celui-ci n'est qu'un long tube avec deux branches pelotonnées, dans le Blaps gigas ; tandis que ces branches sont courtes et ont leur extrémité libre dilatée en une vessie pyriforme, dans le Blaps similis. Le tronc de ce tube séminal s'ouvre dans une grande poche , cylindrique dans la dernière espèce, en navette dans la première , qui serait la poche copuîatrice (3). Les autres familles de cette division paraissent avoir assez généralement une poche copuîatrice et un réser- voir séminal , soit réunis , soit séparés. c. Les Tétramères. Dans la grande famille des B h incop ho r es, nous ne citerons que le lixus angustatus, dont l'oviducte semble se terminer par une grande poche copuîatrice de forme sphérique ; elle reçoit le canal excréteur d'un petit réservoir séminal, ayant une partie glanduleuse en forme d'hameçon. Parmi les Longicornes , Xhamalicherus héros a une (i) Ibid. Fig. 5. (2) lbid. Fig. 9, et M. Strauss Dùrkheim, Anal, des animaux articules, pi. VI, fig. 1 . (3) lbid. Pi. XIX, fig. I , 3,3. ART. I. ORG, PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 331 vésicule pyriforme dont le pédicule grêle a un orifice commun , dans le commencement de Foviducte , très loin de la vulve, avec un tube glanduleux bifurqué; cet appareil est le réservoir séminal. Je ne vois pas de poche copulatrice. Dans la famille des Cycliques , la cassida viridis a une poche copulatrice qui couvre la dernière moitié de Foviducte. Cette poche reçoit, en avant, le canal excréteur du réservoir séminal, qui est long, très si- nueux et renfermé dans un tube glanduleux transpa- rent. Ce canal aboutit à son réservoir, qui est anguleux à sa base , et représente un tube cylindrique , recourbé et un peu dilaté à son extrémité (1). Dans le cassida equestris , le réservoir séminal est courbé en fer à cheval, et tient à une partie glanduleuse (2). Il y a d'ailleurs un appareil de six capsules pyri- f ormes, dont le canal excréteur commun s'ouvre dans le vagin. C'est la glande sérifique de M. L. Du four. On vient de voir, par ces exemples : i° Que, dans cet Ordre, la poche copulatrice n'existe pas toujours : 19 Que le réservoir séminal existe plus généralement : 3° Que ce réservoir peut être annexé à la poche copu- latrice : 4° Que Ie vagin ou Foviducte peut tenir lieu de cette poche ; 5° Qu'il y a toujours une glande annexée au réser- voir séminal. Comme les vésicules séminales, chez les mâles des mammifères, c'est à la fois un réservoir et un organe modificateur de la semence ; 6° Que les organes annexés à Foviducte, qui vien- (1) Jbid. PI. XX , fig. 6 et 7. (2) Mémoire cité de M. Siébold , pi. XX , fig. 1, pour la Cassida equestris» 332 XXXV' LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. nent d'être décrits varient dans les détails , même dune espèce à l'autre.] %^ 3. Les Orthoptères. [Ils ont un réservoir séminal qui pourrait bien servir à la fois , dans quelques cas, de poche copulatrice. Il y en a qui ont un ou plusieurs tubes glanduleux sébifi- ques ou sérifiques. Dans Xœnanthus italicus, parmi les Grylloniens, on trouve un réservoir séminal en forme de vésicule pyri- forme, pédiculée, qui s'ouvre tout au commencement de l'oviducte, bien loin de la vulve. Plus en arrière est annexé, vers la fin de l'oviducte, un long tube replié, qui pourrait être considéré comme la glande sébifi- que(i). Dans le gryllus biguttulatus , la vésicule qui sert de réservoir séminal est annexée à la fin d'un long tube grêle qui tient au vagin (2). On la voit à l'extrémité de son canal excréteur, dans Xœdipoda cœrulescens , parmi les Acridiens (3).] Chez les Sauterelles (les Locustaires), l'oviducte com- mun reçoit une vessie, [le réservoir séminal] et un long vaisseau [le tube sébifique). [Dans les Blattes, le réservoir séminal se compose de deux tubes grêles, repliés, entourés dune substance ayant l'apparence glanduleuse et enfouis dans la graisse ; ils ont un canal commun qui s'ouvre dans le vagin. On les trouve, après le coït , remplis de sperma- tozoïdes. Il ne faut pas les confondre avec les tubes fins, rami- • ■■<■■■ ■ ■ ■ ■ (i)L. Dufour. Recherches sur les Orthoptères, pi. III, fig. 3i. (2) M. Sie'- bold, m. c, pi. XX, fig. 3. (3) L. Dufour, ouv. cit., pi. II, fig. 17. ART. 1. ORG. PREPARATEURS ET EDUCATEURS FEMELLES. 333 fiés (1) , qui séparent la soie dont ces Insectes envelop- pent leurs œufs.] § 4» &es Hyménoptères. [Ceux qui ont un appareil vejnimeux me paraissent manquer ou du réservoir de la semence ou delà poche copulatrice. Parmi les Apiaires , loviducte de V abeille à miel reçoit, dans le milieu de sa longueur, le réservoir séminal , capsule sphérique , et un petit tube à deux branches. Ces circonstances organiques avaient été indiquées par M. Guvier dans notre ancien texte.] Les abeilles ont aussi la vessie et le vaisseau. [M. L. Dufour a de plus observé que ces organes manquent dans l'appareil rudimentaire des abeilles neutres (2). Le réservoir séminal a été pris à tort pour la poche copulatrice (3). L " anthidiummanicatum n'a ni poche copulatrice ni réservoir séminal, à moins qu'on ne considère comme tel la glande sébifique de M. L. Dufour (4). La femelle du frelon (yespa crabro) parmi les Gué- piaires ;.? a, vers la fin de loviducte, un réservoir cylin- drique qui me paraît devoir être à la fois la poche copulatrice et le réservoir séminal (5). Cette poche copulatrice . ou réservoir séminal , est petite et cylindrique dans le scolia intercepta (6). (1) L. Dufour. Pi. V, fig. 47. (2) Ibid. PI. VI. fig. 67. Voir encore la Zoologie médicale de Brandt et Ratzbourg, p. 3o3 , pi. XXV, fig. 34~c. (3) Par M. Audouin , Annales des se. nat., t. II, p. 284- (4) Pi» VH» %« 68-b. (5) Ibid. Fig. 85, (6)Ibid. PI. VIII,, 6g gS. 334 XXXVe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. Dans le larra ichneumoniformis, de la famille des Crabronites, je ne vois ni vésicule copulatrice ni ré- servoir séminal (1). La parnope, de la famille des chrysidid&s, n'a qu'un petit tube bifurqué , qui s'insère à la fin de l'ovi- ducte (2). Nous retrouvons dans les familles suivantes les di- verses annexes de Poviducte, et surtout le réservoir sé- minal et la poche copulatrice coexistant plus généra- lement. Le banchus pictus (3) , de la famille des Ickneumo* nidesj a un appareil glanduleux composé d'un .grand nombre de tubes , qui aboutissent au fond d'un ré- servoir séminal considérable courbé en crosse. Une autre vessie cylindrique , se réunissant à l'ovi- ducte, plus en arrière, doit-elle être considérée comme la poche copulatrice?] § 5. Les Nèvroptères. [Ils ont une poche copulatrice, qui tient lieu de ré- servoir séminal , ou ce dernier organe sans poche co- pulatrice. Ils sont aussi pourvus d'une glande sébifique simple ou multiple. Mais ces diverses circonstances or- ganiques peuvent varier, comme dans les ordres précé- dents , d'une famille à l'autre. Dans celle des Libellules, 1 ces/ma grandis a un court oviducte commun, auquel est annexée , dès son ori- gine, une poche sphérique, qui pourrait bien être co- pulatrice, et vers sa terminaison, deux boyaux ridés, (1) Ibid. PI. VIII, fig, 106. (2) tbici. Pi. IX, fig. ug. (% Ibid. PI. IX, fig. i3a. ÀBT. I. ORG. PREPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 335 que nous déterminons comme des glandes sébifi- ques(i). La panorpe montre d'autres différences. La fin dé l'oviducte reçoit les canaux excréteurs de deux oroa- nés distincts. Le premier se compose de deux lon^s boyaux cylindriques d'un grand diamètre comparati- vement à celui de leur canal excréteur commun : c'est la glande sébifique. L'autre organe est une vessie ayant un très long et très fin canal excréteur. Serait-ce } à la fois, la poche copulatrice et le réservoir séminal (2)? Les phryganes se font remarquer par la forme par- ticulière et la complication des annexes de l'oviducte. Il y a un réservoir séminal rectangulaire, dont la cavité communique avec l'oviducte par un tube ex- créteur étroit. A ce réservoir aboutit un long tube sé- créteur, et un autre tube plus court, à son canal excré- teur. Deux boyaux vésiculeux, plus longs que l'oviducte, se joignent en arrière pour se terminer dans ce canal ; chacun de ces boyaux, avant sa terminaison, reçoit le col d'une vésicule trilobée (3). VoiLà de nouveau un appareil compliqué de sécré- tion qui doit servir à compléter les enveloppes pro- tectrices des œufs; mais en même temps un réservoir considérable , qui peut servir à leur fécondation , en absorbant la semence au moment de la copulation.] § 6. Les Hémiptères. [On a décrit (4) avec beaucoup de soin, chez les Géo- (i) L. Ducour, Recherches sur les N évr aptères , pi. II, %. i65. (2) ïhid. PI. XU, %. i74. (3) Ibld. Fig. 3 et 12. (4) Recherches sur les Hémiptères , par M. L. Dufour, pi. XIV, Hg. i59~i85. 336 XXXV* LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ARTICULÉS. cotises, un appareil très compliqué , soit comme glande sébifique, soit comme réservoir de la semence. Après le coït , M. Siébold (1) a reconnu , en effet , que sa cavité la plus intime était farcie, après cet acte , de spermatozoïdes. Le réservoir séminal, dans les scutellères,pentatomes et cimcx n'est pas la seule annexe de loviducte. La scutellera mora a deux grosses vésicules , non com- pris la vésicule pyriforme impaire qui se voit à la face supérieure (2). Dans le iniris carcelii , il y a une poche copulatrice ou un réservoir séminal entouré dune guirlande de tubes sécréteurs (3). La punaise des lits a deux réservoirs séminaux vé- siculeux , annexés , par extraordinaire , aux oviductes particuliers (4). Le pelogonus marginatus (5) a une seule vésicule en forme de boudin arqué , communiquant avec l'ovi- ducte par un long canal excréteur très fin. C'est sans doute le réservoir séminal. Une simple vésicule couchée sur loviducte, servant sans doute à la fois de réservoir séminal et de poche copulatrice , est la seule annexe de Foviducte , dans le gerris canalium, parmi les Amphicorises. L'annexe unique de ce canal, dans le Naucoris ci/ni- coides, parmi les Hydrocorises, est un long tube sécré- teur de forme grêle. Il est vrai que Toviducte éprouve ici une large dilatation , qui peut bien tenir lieu à la fois de réservoir séminal et de poche copulatrice (6). 1 ■ - ii - - - - - _ -_- — — — ..- (i) M. c, fig. 5 et 6. (2) M. L. Dufour , ouv. cit., fig. i5g, c, c. et e. (3j Idtd. PI. XV, fig. 168. (4) Ibid. Fig, 170. {S)Ibid. Fïg. 176. (6) Ibid. Fig. 179. AKT. I. OBG. PKKPAIUTEUBS ET EDUCATEURS FEMELLES. 337 La Cigale de forne, parmi les Cicadaires, a un pre- mier ovicîucte commun, coudé à son origine, où ii re- çoit deux longs tubes sécréteurs; ce premier oviducte se termine par un mamelon saillant, dans une sorte de vestibule copuiateur. Ce vestibule communique à la fois, au dehors, par un canal copuiateur ou un vagin, et par un second oviducte, qui reçoit dans une espèce d'entonnoir le mamelon terminal du premier oviducte , et donne par son autre extrémité dans ioviscape, où il conduit les œufs. Le vestibule copuiateur reçoit en- core l'embouchure du col de la poche copulatrice (i). Il y a plusieurs tubes glanduleux qui s'ouvrent dans le deuxième oviducte. La poche copulatrice existe généralement dans cette famille, et paraît devoir servir de réservoir sémi- nal. M. Siébold détermine avec doute, comme réser- voirs pairs de la semence, deux tubes annexés au vagin, dans les cicadelles. La vésicule copulatrice mauque chez les pucerons vivipares. Lorsqu'il y a accouplement et fécond:;:"; , les oeufs sont nécessairement fécondés dans l'ovaire , puisque c'est dans les deux dernières loges des gaines ovariennes que l'embryon se développe. On ne voit, dans ces Apkidiens (apàis rosœ) aucune annexe de Toviducte (2).] § ,7. Les Lépidoptères. [Cet ordre se distingue par le nombre et souvent la (i) Voir L. Dufour, ouv. cit., fig. 188 et 189; et un Mémoire de M. Dovère, qui le premier a distingué le vestibule copuiateur, l'ouverture particulière du vagin, séparée de la tarière, et le premier et le second ovi- ducte. Annales des se. nat., t. VII, pi. 8. (2) Ibid. Fig. 192. 8. 22 338 XXXVe LEÇON. ÔRG. DE GENERATION DES ARTICULÉS. complication des organes annexes de l'oviducte et du vagin. La poche copulatrice existe toujours. C'est une poche sphérique ou pyriforme, aboutissant dans un canal co- pulateur musculo-niembraneux qui commence à l'ex- trémité de l'abdomen, par un orifice distinct de celui de l'oviducte et du rectum. C'est à îa fois le plus infé- rieur et le plus profond des trois. On ne peut manquer de saisir l'analogie de cet arrangement avec celui que nous venons de décrire dans la cigale (1). Le canal de copulation communique avec l'ovi- ducte, par un autre canal plus étroit, également mus- culeux (q). Le réservoir de la semence s'ouvre dans l'oviducte par un conduit très fin, au côté opposé à l'embou- chure du conduit séminal. C'est une capsule pyriforme, à parois transparentes. Une glande sébifique, con- forme, pour la structure et la transparence, à celle des coléoptères , est annexée à son col ? par son canal ex- créteur. Plus en arrière , on trouve l'embouchure du canal excréteur d'une glande paire, La détermination des organes précédents est la suite de la comparaison qui a été faite de leur contenu avant et après la copulation. La poche copulatrice et le réservoir séminal sont (i) Malpighi avait déjà observé toutes ces circonstances. Voir IViar- ceili Malpighi, Dis&ertatio epistolica Se Bombyce, Soccetati regitë Lon- dini dicata, pi. XII, f-î. (2) HeroM , Histoire du développement de* Papillon*, p. VII» pL IV, fi§. i.n, ART. I. ORG. PRÉPARATEURS fit ÉDUCATEURS FEMELLES. 3&9 vides au moment où le papillon femelle sort de sa chrysalide. Après la copulation , le réceptacle de la semence fourmille de spermatozoïdes, et la poche copulatrice renferme la verge rompue du mâle. Celle-ci a pris la forme d'une vessie , remplie dune substance granu- leuse, qui provient sans doute des vésicules séminales. C'est en se remplissant ainsi , comme un boudin , que la verge peut pénétrer à travers le canal de copula- tion, souvent tortueux, jusqu'à la poche copulatrice. F^s trois Sortes d'organes, annexes de l'oviducte, va- rient \ pour la forme et les proportions, dans les divers genres de Lépidoptères (1). M. Guvier avait bien indiqué, dans notre ancien texte , la poche copulatrice , le réservoir séminal et les deux tubes sébifiques, mais sans déterminer leurs fonctions respectives.] Ij'oviductus commun est si court qu'il est à peu près nul ; il reçoit une ou deux vésicules, et deux longs vaisseaux. Malpigni, Swammerdam , Réaumur et De Geer , ont bien représenté ces organes dans diffé- rentes espèces. § 8. Ijes Diptères. [Ils ont non seulement le réservoir de la semence, se divisant en plusieurs cavités, mais encore uu appareil glanduleux qui lui est annexé. FI peut exister encore une poche copulatrice, ou une paire de vessies ou de tubes, qui peut-être en tiennent lieu. Dans le culex annulatus , le réservoir séminal se corn- <,i) M Siébold , t'ferU. p. 4i8, J VU, m 340 XXX"? § LEÇON. ORG. DE GEÎŒRATI03 DES ARTICULES. pose de trois petites poches sphériques, dont les canaux excréteurs se réunissent pour s'ouvrir à la fin de Fovi- duete. M. Siébold les a trouvées remplies de sperma- tozoïdes après le coït. Ce sont les orbicelles de M. L. Dufour. Ce dernier décrit, sous le nom de réservoir sébifique une grosse vessie pyriforme qui aboutit dans le vagin, et me semble devoir remplir la fonction de poche coptilatrice. Dans la tipula oleracea , l'oviducte reçoit le canal excréteur des trois petits réservoirs séminaux, et tout à la fois \ celui des deux vésicules pyriformes annexées à ces glandes (1), qui pourraient avoir la fonction de poches copulatiïces. Dans le beris vellata, de la famille des Stratyomides , au lieu de cette double vésicule, il y a deux longs tubes cylindriques (2). Dans Xasilus crabriformis , les réservoirs séminaux sont deux longs tubes filiformes (3). Ce dernier appareil se compose, dans le bombilius cruciatus, de trois réservoirs en palette, avec une diia tation dans le trajet de leurs longs cols; de deux antres réservoirs pyriformes , vésiculeux ; et de deux tubes capillaires (4). La piophile du jambon. (5) a pour annexes de l'ovi- ducte une poche copulatrice, qui n'est qu'un cul-de- sac ; un orbieelle ou un petit réservoir séminal , ses- sile sur le commencement de ce même oviducte ; (i) Voir M. L. Dufour. Mémoire sur les Diptèies, fig. 28, rt M. .Sï<;- bold, m. c. fig. 10, pour h; Tipula nubiculosa. (2) Ibid. Fig. 5l. (3) M. L. Dufour, fig. 60. (4) Ibid., fig. 65. (5) Annales des 'sciev.. nalur., 3* >rnc , t. I , pi. XVT. p. 365. ART. I. ORG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. $4 [ une paire de réservoirs vésiculeux , avec un canal ex- créteur commun; une autre paire de tubes cylindri- ques, avec un canal excréteur plus fin, se réunissant aussi dans un canal commun, pour s'ouvrir dans r ori- gine de l'oviducte, comme le précédent. Chez les PupïpaVes , c'est au collet de l'oviducte commun, avant l'oviducte incubateur, que se voient les réservoirs séminaux et les glandes sébifiques. Dans le melophagus ovinus, comme dans Vhippo- hosqueÇi), il y a un réservoir séminal et une glande se- bifique. Chez le premier, ce sont deux petites vésicules qui ont un canal commun «'ouvrant dans le commen- cement de l'oviducte. Dans le dernier, au lieu de vési- cules simples, ce sont des tubes ramifiés. La glande sébifique se compose, dans l'un et dans l'autre, de deux troncs tubuleux ayant des ramifications nom- breuses et un orifice commun dans l'oviducte après le réservoir séminal.] B. Des organes préparateurs et éducateurs des femelles dans la classe des Arachnides. § 1. Les Arachnides pulmonaires. [Dans ce groupe, les Aranéides , ou les /lieuses , ont deux ovaires bien séparés, situés de chaque côté de l'abdomen, et entourés par les granulations du foie. On distingue, dans ceux de la mygale maçonne, une cavité centrale en forme de navette , qui s'étend d'ar- (i) Voir le mémoire de M. L. Dufour, Annales des sciences naiur., 3 e série, janvier et février s 8-43 1 l. III, p., V, et le même déjà cité de M. Siébold, p. ^2 1, note 3. 342 XXXV* LEÇON, OKf, DE Ci- \£HaTIO.\ DES AfinCÇLi??. rière en avant dans une grande partie de la longueur de 1 abdomen , et aux parois de laquelle sont attachées les grappes nombreuses des ovules. A l'extrémité an- térieure de l'ovaire , cette cavité centrale se continue dans un canal étroit, qui se rend presque directement à la vulve, sous la base de l'abdomen, en se coudant une seule fois; ce canal est l'oviducte proprement dit. Lorsque les œufs sont mûrs, ou à peu près, ils rem- plissent en très grande partie la cavité abdominale. Leurs grappes, composées d'oeufs serrés les uns près des autres, se réunissent en avant à l'oviducîe. Dans une grande espèce d'Epeire dont l'ovaire était ainsi rempli d'œufs mûrs, rions avons trouvé chaque oviduete formant un canal encore assez long, plusieurs fois replié, avant de se terminer à la Vulve. l)ans XEpeire diadème , chaque ovaire est divisé par une cloison transversale, fermée dans les jeunes, lar- gement ouverte dans les adultes, pour le passage des œufs, de la chambre nostérieure à la chambre anté- rieure. Les Scorpions , parmi les Pédipalpes , ont les deux ovaires réunis par des canaux qui vont transversale- ment de l'un à l'autre, et qui font d'un organe binaire i\\\ organe impair. Cet ovaire nous a présenté Jeux types, au moins , dans les divers genres de cette famille. Le seul type connu jusqu'à présent , si je ne me trompe, a été décrit par. T. Miiller m). Nous l'avons observé dans le scorpion d Afrique (scorpio af ricanas). W est constitué par un seul ovaire , composé de trois (i) Archives de Merkel pour 1828, p!. tî, fig. 16-3 1, ART. I. OfiG. P£ÉPABAT£L'KS ET ÉDUCATEURS FEMELLES, 343 tubes principaux , dont, un médian plus court et deux latéraux, qui se continuent, en avant, dans les deux ovi- ductes. Ces trois tubes sont unis par quatre paires de tubes transverses, qui vont du tube moyen aux tubes latéraux. A ces divers tubes , sont attachés , par intervalles, au moyen d'un court pédicule, de petites capsules ova- riennes, rondes ou lenticulaires. Chacune de ces cap- sules renferme un ovule se développant. Ces mêmes tubes ont, comme appendice, un nombre variable de cœcums (i) d'une forme singulière, qui sont autant d'utérus ou d'oviductes incubateurs. Ceux que nous avons pu observer ne renfermaient pas de fœtus. Leur pédicule était étroit et s'élargissait peu à peu jusque vers une espèce d'anneau saillant. Au-delà t!e cet an- neau, le cœcum formait une assez large poche cylin- drique, un peu plissée ; c'est dans cette partie que se développe le scorpion. Après cette poche, ce n'est plus qu'un boyau étroit, qui se termine en formant un léger renflement ovale. Les deux oviductes, continuation des deux tubes latéraux, se rapprochent de la ligne médiane, après s être portés en avant à la rencontre de la vulve, et se réunissent en un seul canal avant de s'y terminer. Dans le second type, que nous avons observé dans une grande espèce du Chili (2) et dans Xandroctonus paris , l'ovaire est de même unique et composé dune (r) Nous en avons compté vingt dans notre exemplaire. (2) Bnthus glaber, Eidoux et Souleyet. Rapporté par M. le Dr Ackeraian, 344 S.XXY8 LEÇON. OttG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. double échelle de tubes; c est-à-dire qu'il y en a trois longitudinaux, un médian et deux latéraux parallèles, tous trois de même longueur, réunis par cinq paires de tubes transverses qui vont du tube moyen aux deux tubes latéraux. Dans l'exemplaire de ce dernier que nous avons étudié, tous ces tubes, les longitudinaux comme les transverses , sont garnis en dehors d'ovules nombreux , égaux et très développés, assez rapprochés; on voit, dans leurs intervalles, de très petits ovules, de dif- férentes grandeurs , également extérieurs , et tenant au tube ovarien par une portion étroite de leur capsule ovarienne. C'est donc la paroi des tubes qui forme la gangue des ovules , lesquels s'y développent de de- dans en dehors. Cet ovaire occupe la plus grande partie de la lon- gueur de la cavité abdominale. Deux oviductes naissent de chaque côté , en avant de l'angle de réunion du tube latéral avec le premier tube transverse. D'abord étroits, ils ne tardent pas à se dilater, en s avançant obliquement l'un vers l'autre et en descendant vers la face abdominale, où ils aboutis- sent séparément clans la vulve , sans se réunir en un seul canal, comme l'indique la figure publiée par M. J. Mùller pour le premier type. Les ccecums du premier type manquent d'ailleurs dans ce second type. Dans notre exemplaire du Chili, chaque tube a une partie jaune axillaire, formant son canal et une partie grisâtre , composant la paroi du tube et la gangue dans laquelle se développent les ovules. Les plus développés de ceux-ci ne tenaient ART. I. ORCt. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 345 aux tubes que par un court pédicule. Ceux qui avaient un degré de développement de moins étaient sessiles. Les plus petits étaient encore enfoncés, en partie, dans la gangue de cet ovaire tubuleux. Dans une femelle d'androctonus troïlus , dont les œufs étaient très développés et avaient; sans doute été fécondés, ceux-ci étaient entièrement contenus dans le tube de l'ovaire, extraordinairement dilaté autour de chaque oeuf, et conservant un petit diamètre dans Tin- ter valle de deux œufs. Enfin, dans une femelle de la même espèce, les fœ- tus paraissaient à la surface du vitellus à travers les parois de ces mêmes tubes ovariens, que les œufs dila- taient de même extraordinairement , par intervalles. Dans ce haut degré de développement, les ovaires remplissent presque toute la cavité abdominale, et leur disposition première n'est plus reconnaissable.] § 2. Les Arachnides trachéennes. [L'ovaire des Faucheurs (Phalangium) est un boyau cylindrique replié en cercle dans la cavité abdomi- nale; il aboutit dans une dilatation en forme de saa, qui reçoit les ovules pour leur dernier développe- ment, et qui occupe une bonne partie de l'abdomen lorsqu'elle en est remplie. L'autre extrémité de ce sac ovarien s'ouvre dans l'oviducte , canal cylindrique assez long, dont la dernière partie, qui est très courte, se distingue par un plus petit diamètre. Elle se termine dans l'oviscape , sorte de vagin ex- sertile qui occupe la ligne médiane abdominale dans presque toute la longueur de cette cavité. 34o XXXV* LEÇON. 0£G. DE GÉNÉRATION Q£S ARTICULÉS. Nous le décrirons avec les organes d'accouple- ment (1). Dans \& trombidium holosericeum > herm , il y a deux ovaires situés de chaque côté de la cavité abdominale, contenant des œufs nombreux réunis par grappes, lis aboutissent à un seul oviducte, canal un peu sinueux qui se termine dans la vulve (2). Les tardigrades n'en ont qu'un , en forme de sac ; situé au-dessus de l'intestin, et sétendant très en avant quand il est rempli d'œufs développés. Deux liga- ments, qui partent de son extrémité antérieure et se fixent dans le premier anneau du corps, rappellent ceux qui attachent l'ovaire de beaucoup d'insectes (3).] G. lies Myriapodes. § 1. Dans V Ordre des Chûopodes. [11 n'y a qu'une seule glande ovigère dans les Litho- bies (Lithobius fortifi catus) , les Géophiles (Geopbilus subterraneus), etc. Cette glande se compose, dans la première espèce, dune grande poche oblongue , plus étroite en avant , plus large eu arrière, que l'on trouve farcie d'ovules à l'époque du rut; son extrémité postérieure se ré- trécit subitement pour former l'oviducte. Ce canal traverse lavant-dernier segment du corps, après ou sans s'être dilaté de nouveau, et s'y termine dans le vagin. Dans les géoplules, l'ovaire unique est de même (1) Voir Treviranus ;, Vermischte Sehriften , t. I, p. 35 à 3j, et pi. IV. fift. ?.o et a3. Gœttingen, 1816. (2) o. c, pi. VT,fig. 32. (3) Mémoire sur t^éPffetuHfittféft et fcs rapports des Tardigrades , par M. L. DoyèrC. Paris, i84a. ART, l, Q%%. J>BgP4»AX^H8 ET EDUCATEUR FEMELLES. 34? un simple boyau , qui se rétrécit peu à peu en ar- rière pour se changer en oviducte; celui-ci aboutit dans le dernier segment du corps. La fin de l'oviducte, ou le commencement du vagin, a des annexes glandu- leux , ou des réservoirs vésiculeux , qui sont compara- bles à ceux que nous avons décrits dans la classe des Insectes. Chez les lithobies , les glandes génitales accessoires, au nombre de quatre, ayant la forme de fer de lance , se composent dune agglomération de petites poches. Chaque glande a un canal excréteur distinct et très grêle, qui joint l'oviducte ou Je vagin dans l'avant-der- nier segment du corps (1). Dans l'espèce citée de géophile , ce sont deux longs tubes grêles ayant les mêmes rapports. Les vésicules que Ion peut comparer au réservoir de la semence, chez les Insectes, sont paires dans l'un et l'autre genre. Elles sont pour ainsi dire sessiles dans le premier; elles ont, dans le second, un long canal excréteur (2).] § 2. Dans F Ordre des Chilognathes . |Ce groupe se rapproche beaucoup des Crustacés décapodes par l'appareil extérieur de génération, que nous ferons connaître dans les articles suivants. Il y a deux ovaires , composés de deux longs tubes séparés, mais rapprochés , qui se changent en oviducte non loin des vulves. Ils s'étendent, l'approchés l'un de (1) L. Dufour, Jnnales des se. nat., t. II , pi, V, fig. i ; M. F. Setuin , sur les rapports des Myriapodes dans les organes et les fonctions de généra- tion. Archives de .T. Miiller pour 1843, p. 338 h 3So , et pi. XII, XIII et XIV. (?) M. St$in, m. <•., pi. XII, fig. 2 et 8. 348 XXXVe LEÇON. OJtlG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. l'autre , dans presque toute la longueur de la cavité viscérale , sous le canal alimentaire. Dans Y iule des sables, Xiule terrestre, Y iule fétide, ce sont deux tubes simples, qui se prolongent à partir des vulves jusque dans le dernier segment du corps. Dans Yiulus maximus , nous les avons trouvés rap- prochés sous le canal intestinal, et remontant du côté gauche de l'intestin , comme si l'ovaire de ce côté était plus développé que le droit. Ils étaient remplis d'o- vules développés, dans un de nos exemplaires, sphé- riques, un peu déformés par la pression. Les ovules, dans cette espèce , m'ont paru se déve- lopper, en premier lieu, dans des faisceaux de tubes formant comme des houppes , et qui aboutissent en- semble, par intervalles, au côté externe de chaque tube principal. Ce dernier devient un oviducte en s'ap- prochant des premiers segments du corps , où se trou- vent les vulves.] D. Dans les Crustacés. I. Dans la Sous-classe des M alacos tracés. [L'ordre des Décapodes a souvent les glandes ovi- gères confondues en une seule masse , qui se divise en plusieurs lobes. La forme de ces organes y varie beaucoup d'un genre à l'autre. Ils sont bien distincts l'un de l'autre , pour la plus grande partie de leur étendue, dans le rnaja squinado, parmi les Brachyures. Ce sont deux longs boyaux qui se prolongent en avant et en arrière d'une vésicule copuiatrice, origine interne du vagin et située à la hauteur de la troisième pièce du sternum. La partie ART. I. ORG-. PREPARATEURS ET EDUCATEURS FEMELLES. 349 antérieure , plus longue , repliée en dehors par son ex- trémité , est réunie à celle du côté opposé par une barre transversale, qui donne à leur ensemble la forme d'un H. Les deux parties postérieures sont rapprochées en arrière et collées lune contre l'autre et écartées en avant pour aboutir aux vésicules copulatrices ; elles interceptent un triangle (i). Dans la Galathée variée , il n'y a de même qu'un ovaire à quatre lobes courts et arrondis, deux en avant situés sous l'estomac et deux en arrière , qui répon- dent au cœur. Les oviductes se séparent de l'ovaire sur les côtés et un peu en arrière.] Dans Yécrevisse commune, les deux ovaires sont soudés ensemble de manière à n'en faire qu'un pour l'œil. [Ils se composent de trois lobes, réunis sous le cœur. Les deux antérieures s'avancent entre les lobes antérieurs du foie. Le lobe postérieur se prolonge en ar- rière, à peu près autant que le lobe postérieur de ce même viscère. Cet ovaire est d'ailleurs un sac dont la membrane moyenne proligère développe les ovules dans sa cavité. A un certain degré de développement ils y sont enveloppés de leur capsule nutritive et n'y adhèrent plus que par un pédicule.] Les deux oviductes sont très courts et droits, et vont directement aux vulves, fils naissent sur les côtés de l'ovaire, de sa partie moyenne, se portent transversa- lement en dehors, contournent comme une ceinture chaque lobe correspondant du foie, et pénètrent dans la cavité articulaire du sternum, qui reçoit la troisième (?) Voir Y Histoire naturelle des Crustacés, de Milne Edwards, pl.^ïî, 3ôO \ \XVe LEÇOi\. OKG. DE GESEBATION DES ÀfiTICULES. paire de pattes, dans le premier article desquelles ils se terminent. Dans le homard, les ovaires ont une tout autre forme. Ce sont deux longs boyaux qui restent séparés et cependant rapprochés dans la plus grande partie de leur étendue. Les oviductes s en détachent à la hau- teur de la troisième paire de pattes. Dans les s quille s , parmi \esStomapodes, nous avons décrit un seul ovaire (1), situé immédiatement sous le cœur , au-dessus du canal alimentaire. Il est festonné de chaque côté par des scissures assez régulières qui le divisent en lobes arrondis. Cet ovaire s étend dans toute la longueur de la cavité abdominale. Il a une enveloppe propre , divisée en autant de cellules qu'il y a de lobes. Loviducte en oc- cupe la ligne médiane ; c'est un simple canal qui va en augmentant de diamètre d'arrière en avant. Il re- çoit de chaque côté les branches appartenant à chaque lobe et se termine à la vulve. Les ovaires des hiella, de Tordre des Amphipodes, ont la forme d'une grappe très complexe, remplissant toute la cavité du corps. Dans l'ordre des lsopodes, les Cloportides ont deux ovaires en forme de longs tubes, étendus dans la ca- vité thoracique de chaque côté du canal alimentaire. Les parois de ces sacs sont extrêmement minces et transparentes. On les trouve ordinairement remplis d'ovules, ou distendus par un liquide jaunâtre, lors- que les œufs ont passé dans la poche incubatrice sous-thoracique. . m {*) sinnales des science* naturelle* ) octobre î836. ART. î. 016. PKEPABATEUJiS ET EDUCATEURS LEMELLES. 351 Leur canal excréteur, ou loviducte, est très court; il se sépare de leur côté inférieur et externe, à la hauteur du cinquième anneau thoracique, et se porte directe- ment en bas vers l'orifice de la lame interne, dite cin- quième segment, qui s'ouvre dans la cavité incuba- trice (1). Les ovaires des lunules , de Tordre des Xyphosures, se composent de tubes ramifiés, qui se développent extraordinairenient à l'époque de la maturité des œufs, s entrelacent avec les cœcums hépatiques et remplis- sent une grande partie du céphalo-thorax. Chaque oviducte naît de la réunion successive des petits cœcums qui composent l'ovaire de son côté , et qui aboutissent à deux branches principales, l'une an- térieure et l'autre externe. Ces deux branches appar- tiennent déjà au canal excréteur de lovaire. Leur réunion en arrière change ces branches de loviduciu en un simple canal, qui va se terminer à la vulve de son côté. ] II. Dans la Sous-classe des Entomos tracés. [Cette sous-classe ne paraît pas avoir les sexes sé- parés, dans tous les genres qui la composent; mais toutes les espèces observées ont, au moins, un ovaire intérieur, souvent deux, situés de chaque côté du canal alimentaire près de la face dorsale du corps. Cet ovaire, dans lequel se développent les ovules, communique le plus souvent avec une poche qui est distincte de la (î) Mémoire inédit stir ïes CrtiSface's de la famille dés C!oporti. c., p!. VII, tig. 3. 378 XXXV8 LEÇON. ORG, DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. cription, sont deux corps réniformes, du moins dans ie Blaps gigas, composés d'une agglomération d'innom- brables vésicules (i). Leur canal déférent se dilate un peu avant de se terminer au confluent des vésicules séminales et du canal éjaculateur. c. Les Tétramères. Nous citerons le Bostrichus ca- pucinus de la famille des Xylophages , dont chaque tes» ticule se compose dune agglomération en rondelle, d'un grand nombre de vésicules en forme de massue. Ces vésicules convergent vers le centre de la rondelle, où elles se réunissent, lly a deux pairesde vésicules sé- minales; lune composée de vessies ovoïdes, l'autre de deux longs boyaux (2). Dans la famille des Longiçernes , le prionus coria- rius a de nouveau le type d'organisation de la plupart des Lamellicornes, des testicules en rondelles. Il y a six rondelles pour un testicule , comme dans le han- neton, avec cette différence que leurs canaux scmini- fères ne convergent pas en un seul point; mais qu'ils se réunissent successivement pour former le canal défé- rent. Celui-ci va en augmentant de diamètre jusqu'à sa réunion avec son symétrique. Chaque canal, avant cette réunion , reçoit une paire de vésicules séminales filiformes. Les Galêruqnes, de la famille des Cycliques, ont les deux testicules confondus dans une capsule membra- neuse commune. Cette enveloppe membraneuse est d'un jaune très prononcé dans la galeruca lusitanica. Elle renferme les deux testicules, dont chacun est une (1) Ibid.^l VIII, % 1. (2) O. c, pi. IX, fiff. 3. AKÏ. 111, OI\G. PRÉPARATEURS El MODIFIC. DU SPERME. 379 capsule également sphérique , qui paraît composée d'un grand nombre de vésicules. Dans la galeruca tanaceti, il y a deux poches prin- cipales pour chaque testicule. Dans lune et l'autre es- pèce , il sort de la capsule commune deux courts ca- naux déférents qui s'insèrent à la fin des vésicules séminales formant chacune deux longs boyaux re- pliés (i). d. Les Trimères , qui comprennent la famille des Àphidiphages , ont de nouveau le type des testicules composés d'innombrables vésicules, formant, pour chaque testicule, une agglomération sphérique à sur- face inégale. Le canal déférent , qui part du centre de cette sphère , se renfle peu après sa sortie. Les vésicules séminales sont filiformes. Le canal éjaculateur, qui ré- sulte des canaux déférents et des vésicules séminales, commence par un renflement bulbeux considérable. Il est d'ailleurs long et replié (2). Ces exemples suffiront pour faire comprendre les différents types de structure que présentent les testi- cules et les vésicules séminales, qui composent l'appa- reil des organes préparateurs et modificateurs du sperme, dans l'Ordre nombreux des Coléoptères. Nous les retrouverons dans les autres ordres de cette classe. Aussi nous bornerons-nous à ne citer que très peu d'exemples, pour chacun de ces Ordres, en choisissant de préférence ceux pour lesquels nous aurons de — —"1 i — r»T 1— r~-m riiM,ii n ■■_.ji. i . ■ ■ - i i - - -■ ■ i i ■ i _ ^____^_^^_^_^__^^^-L. ■ji.iw ■ ■ i ■ ■ i i ' (1) Ibid.% pi. IX , fig. to, 1 1 et 1 2. (2) Ihid., pi. IX . fig. i3,] 380 XXXVe LEÇON, org. de génération des articulés. bonnes figures à indiquer; elles pourront faire com- prendre , au premier coup d'oeil, les différences et les ressemblances signalées dans nos descriptions. Ces différences , dans les détails , se montrent dune espèce à l'autre ; tandis que les ressemblances les plus importantes caractérisent les espèces d'un même genre , et souvent les genres d'une même famille.] 2° Dans les Orthoptères 9 Les sauterelles et les grillons ont deux testicules ovales , considérables , attachés contre le dos : ils sont enduits dune mucosité jaunâtre , et l'on y voit de belles trachées qui les traversent. Leur structure est un composé de petits vaisseaux courts , qui en font une espèce de brosse. Le canal déférent est replié en épi- didyme ; il grossit , un peu avant de s'unir à son sem- blable , pour former le canal commun, parce qu'il reçoit deux groupes de vésicules ; l'un des deux en contient plus de soixante , et l'autre plus de deux cents, beaucoup plus fines que les premières (1). Les quatre groupes remplissent près de la moitié de l'abdomen. A l'endroit même où les deux canaux déférents se réunissent, sont deux petites vessies ovales. [Cette description générale des organes prépara- teurs et modificateurs du sperme dans les deux familles des Acridiens et des Locustaires , convient encore, (i) Cette description des vésicules séminales, faite par M. Cuvier, uie semble prise d'une Locustaire ; elle convient à ÏEphippigera vespertina. Voir L. Du four. Recherches sur les Orthoptères, etc., pi. II, fig 36. ART. llî. OHG. PRÉPARATEURS ET MOD1FIC. DU SPERME. 381 dans ses parties principales , aux autres familles de cet ordre. En général , cet appareil génital y montre à la fois un grand développement et une grande complication. Lune et l'autre circonstance sont en rapport avec l'extraordinaire multiplication de la plupart des es- pèces. Les testicules sont composés de vésicules allon- gées ou courtes. Un épididyme complique le canal déférent des Locustaires et des Grilloniens. Les vési- cules séminales sont des tubes nombreux annexés aux canaux déférents ou au conduit éjaculateur. Mais cha- cune de ces parties présente des différences de forme, de structure intime et d'arrangement, qui caractérisent les familles ou les genres de cet ordre.] 3° Les Hyménoptères . [L'appareil préparateur et modificateur du sperme , dans cet Ordre, a un caractère de simplicité qui con- traste avec sa grande complication dans les Ortho- ptères. Les testicules ? souvent réunis sous une enveloppe commune , se composent de faisceaux de tubes courts, qui convergent vers l'origine du canal déférent et de deux vésicules séminales , formant chacune un assez grand réservoir en forme de vessie , auquel vient se joindre le canal déférent , après s'être changé en épi- didyme, ou sans cette modification. Le nombre des tubes sécréteurs qui composent cha- que testicule varie beaucoup. \1 Abeille domestique en a plus de cinquante; tandis qu'il n'en a le plus sou- vent que trois. Il n'y a même qu'une seule capsule 382 XXXV* LEÇON. ORG. DE GÊNÉ RATIOS DES ART1CUIRS. spermifique dans les Formicaires * les Calcidites , les Gallicoles et le grand Frelon (i). Les vésicules séminales montrent de très grandes différences dans leur forme, dans leurs proportions et dans leurs rapports avec les canaux déférents. Pour juger de toutes ces différences, il suffira de jeter un coup d'œil sur les nombreuses figures publiées par M. L. Dufour, dans le mémoire qui vient d'être cité.] 4° Les Névroptères. [Dans cet ordre, l'appareil préparateur et modifica- teur du sperme varie dune famille à l'autre, sans être jamais très compliqué. Les Libellules offrent l'exemple de la plus grande simplicité de cet appareil dans toute la classe , puisque les vésicules séminales manquent. Il n'y a que deux longs testicules en forme de ebaton (dans la libellula depressa) composés d'une grappe de très petites vésicules globuleuses, très serrées autour du canal déférent. Ce canal sort de l'extrémité posté- rieure du testicule, se replie sur lui-même sous l'appa- rence dune petite capsule oblongue. Mais cette enve- loppe commune renferme un paquet de cinq vésicules obiongues, réunies par l'extrémité du canal défé- rent (2). Dans le sialis niger, parmi les Mégaloptères , cha- que testicule se compose de six capsules ovales for- (1) M. L. Dufour, Recherches sur les Hyménoptères , ji« î36 et fig, 53 pour l'àbeiîlê domestiqua (2) Ihid., ng, i8î et r83. 4RT. TII. ORG. PREPARATEURS EX IÛODïHC. D0 SPERME. 38?» tuant une série arquée, de laquelle sort le canal déférent. Il y a deux paires de vésicules séminales py- riformes (îj. Les perlés ont deux testicules en chaton, composts d'une agglomération d'utricules sphériques, recouvrant le canal déférent, excepté à sa face inférieure. Il n'y a qu'une paire de vésicules séminales, tuberculeuses, en forme de massue. Elles se réunissent au canal défé- rent de leur côté, après que ce canal a cessé d'être très sinueux. Il s'élargit un peu avant de former, avec son symétrique, un court sinus éjaculateur (2). Dans la panorpe commune, les testicules ne sont composés que d'une seule vessie oblongue d'un volume assez considérable. Les vésicules séminales sont longues et cylindriques. Les canaux déférents , courts et déliés, s'y terminent avant leur réunion en un canal éjacula- teur (3). Dans le fourmilion , c'est encore un autre type pour la structure des testicules, qui se composent chacun de ciuq vésicules oblongues, aboutissant ensemble au canal déférent. Celui-ci, peu sinueux , reçoit de son côté une des vésicules séminales en forme de tube grêle, et deux autres courtes et oblongues (4).] ô° Les Hémiptères. [Nous verrons, dans cet Ordre, fa même composition que dans les autres ordres de la classe, deux testicules et un nombre variable de vésicules séminales. Le canal déférent peut montrer dans son trajet des (î) Ibid,, iig. 186 et 187. (2) Voir L. Dufour, Recherches sur iea £Pé- vroptèr€syp), II , (ig. 46. (3) /6iii., tig. 172- (4) !k*d<* %« 3o4 et ao5 384 XXXVe LEÇON7. OfiG. DE GENERATION DES ABX1CÎJLÉS. modifications comparables à 1 epididyme des mam- mifères. Les glandes spermagènes varient dans leur struc- ture. Le plus souvent elles se composent de plusieurs vésicules arrangées en rosace , en éventail ou en épi autour du canal excréteur. Plus rarement ne touve-t-on, dans ce type, qu'un seul sac spermagène. Dans un autre type de structure , les glandes sper- magènes se composent de tubes pelotonnés, comme dans beaucoup de Coléoptères. Les vésicules séminales sont des tubes grêles filifor- mes , en petit nombre ou très multipliés. Ce sont en- core des réservoirs vésiculeux considérables. Voyons à présent jusqu'à quel point ces ressem- blances ou ces différences se rapportent aux divisions et aux groupes naturels. a. Parmi les Géocorises7]e$ scutellères et \espenta- tomes ont des testicules en forme de sac (1), dont le contenu se compose dune pulpe dans laquelle on a cru apercevoir de petites vésicules. Les corées , les atfdes les pyrrhocores , et le cirnex lectularius ont des testicules composés de sept vési- cules cylindriques , en massue , en navette , disposées en éventail ou en rosace à l'extrémité du canal défé- rent. Les capsos ont huit capsules en rosaces; Y ara- dus avenius n'en a que cinq (2). Le Pelogonus marginatus est organisé sur un tout autre plan. Les testicules se composent de deux tubes roulés en spirale, qui se réunissent bientôt pour former le canal déférent. Chaque canal , qui est fort long , * 1 ■ - - - - - Il I I I II ■ L -| | ■■!■-_ I I I* ■ T (î) Voir M. L. Dufour.pl. X,fig. 1 16-126. (2) ibid., fig. 127 i3;. ART. TIT. ORG. PRÉPARATEURS ET MODIFIC. DU SPERME. 385 forme plusieurs replis, puis se dilate en navette , avant de se terminer dans le tronc de la vésicule séminale de son côté. Celle-ci se compose de tubes longs et de vési- cules réunies successivement au conduit principal, qui se joint à son symétrique pour fermer le canal éjacu- lateur (1). Je ne vois d epididyme dans le groupe des Geocorises , que dans la punaise des lits , dont les canaux défé- rents sont subitement dilatés en massue dans leur trajet (1). Quant aux vésicules séminales, nous citerons comme exemple de leur complication et de leur nombre, celles du pentatoma dissimilis (2), qui sont de trois sortes; les unes formant des arbuscules de tubes très lins; les autres, une paire de grands réservoirs vésiculeux; la troisième sorte forme une houppe de chaque côté , de tubes beaucoup plus gros que les premiers, s'ouvrant par un seul canal dans le conduit éjaculateur. b. Les Amphicorises se distinguent par l'absence de vésicules séminales et par des testicules enferme de poches. 11 y a deux de ces poches par testicule dans les gerris paludum ; on n'en trouve qu'une dans le velia currens. Les canaux déférents , avant de se réunir pour for- mer le conduit éjaculateur, subissent deux dilatations considérables dans la première espèce , et une seule (1) Ibid., n» losité. » 400 XXXVe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ARTICULÉS. Dans une grande espèce de baleine (le balanus tin- tinabulum) , nous avons trouvé le testicule composé de vésicules ovales, formant des grappes avec les canaux séminifères auxquels elles sont attachées. L'épididyme est un long tube, très replié, un peu dilaté à son ori- gine, s'amincissant pour sa terminaison. Sa paroi interne a des plis transverses , entre lesquels paraissent des points noirs qui sont probablement les orifices des cryptes dont elle est pénétrée. Le contenu de ce sac était composé de granulations et de spermatozoïdes en fil. Dans la. coron n le des baleines , chaque testicule se compose de même de vésicules glanduleuses et de ca- naux séminifères. Le tube formant l'épididyme est court et d'un petil diamètre.] F. Dans la classe des Annélides. [Parmi les Tabicoles ou Sédentaires, lestérébelles ont, dans la cavité viscérale, trois ou quatre bourses ou glandes spermagènes, que Ion a comparées à celle de V arénicole i Celles de la sabella unispira, au nombre de deux , sont situées sur les côtés du canal alimentaire ( i ).] Parmi les Annélides Dorsibranches , M. Cuvier a observé, dans la partie antérieure du corps de Y aréni- cole des pêcheurs, cinq bourses grisâtres de chaque côté, suspendues par des vaisseaux et de la cellulosité; elies paraissent bien analogues à celles du ver de terre. [M. Grube en a vu une paire de plus, située en arrière de la cinquième eî. rudimentaire (2). (1) :vl. Grube, o. c. %. 12, y. (2) (). c , pi. II , 6g. 6, y. ART. II. ORG. PREPARATEURS ET MODIFIC. DU SPERME. 401 Ces bourses ont chacune un orifice extérieur à la face abdominale, en arrière et au-dessous du paquet de soies en crochet (1). Le même auteur a trouvé quelques œufs dans ces bourses, au mois de juillet. Cependant il ne les regarde pas comme les ovaires. Dans ïeunice harassii^ les bourses spermatiques (2) sont situées sur le bord de la bande musculaire dor- sale. Elles manquent, ainsi que les ovaires, dans les premiers segments du corps. Dans les Annêlides ^branches. Dans un lombric dont le clitelium était développé, je trouve (le 21 mai) trois paires de vésicules demi-transparentes de diffé- rentes formes et grandeurs. Elles sont situées entre le quatrième et le douzième anneau du corps. La paire postérieure est la plus grande; lune est un boyau simple, arqué; l'autre, un boyau replié en fer- à-cheval, ou revenant sur lui-même de toute sa lon- gueur. Dans la paire moyenne, lune est oblongue, et l'autre encore en forme de boyau arqué. Enfin, des deux de la paire antérieure, l'une est ronde et lautre oblongue. Le contenu de ces vésicules paraît, à travers leurs parois, composé de granules opaques dans un liquide muqueux encore limpide. En dehors des deux premières paires, se voient quatre vésicules sphériques, blanches comme du lait : (1) Ce que M. Cuvier n'avait pas exprimé d'une manière absolue, puisqu'il dit qu'elles sont bien analogues à celles du ver de terre, et que, tout en les considérant, dans ce dernier animal, comme appartenant à la génération , je ne saurais, ajoutc-t-il, les distinguer par leurs fonctions. (2) M. Grubc, o. c. pi. II, flg. 6, Y. 8. 26 i 402 XXXVe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. ce sont les vésicules séminales. Elles étaient distendues par un liquide laiteux, composé en grande partie de spermatozoïdes mêlés, et non plus en écheveaux. Entre les vésicules postérieures était une masse blanche comme du lait, de forme irrégulière, rem- plie de spermatozoïdes vivaces et se bouclant dans l'eau. Le contenu des grandes bourses renfermait des fais- ceaux de spermatozoïdes , des rondelles qui sont leur capsule , et des ovules de omni,2 de diamètre, remplis de cellules rondes et surtout de cellules en navettes. Les grandes vésicules, soit en forme de cornue, soit en forme de boyau repliée, sont des organes doubles ou hermaphrodites, composés à la fois de la glande ovigène et de la glande spermagène. On en aura une idée assez exacte en consultant la figure idéale qu'en a publiée M. H. Meckel. Les ovi- ductes, les canaux déférents et ceux des vésicules sé- minales paraissent se réunir et aboutir ensemble aux deux vulves (1). Chez les I\ 1 aides , les glandes spermagènes sont deux petites poches dont le volume varie suivant la saison; elles sont situées dans le onzième anneau du corps. Chacune a un canal sinueux qui va s'ouvrir au dehors par une fente transversale , sur les côtés de ce même anneau (2). Chez les HirudinéeS) l'appareil génital mâle est assez compliqué. Nous croyons devoir décrire, en premier lieu , celui des 1 wp he lis, genre de la tribu des Voraces^ (i) Sur l'appareil ;!e génération de quelques animaux hermaphiodit; par IL Meçkel. Archives tie J. Miilier pour 1 844 » P« il^i et P^* XI1L fig. 12. (n) Duges , Ành. dessc.nat., t. XV, p. 32o,etpl. VII, Hg. i et 2. ART. II. ORG. PREPARATEURS ET MODIF1C. DU SPERME. 403 afin d'arriver à une détermination plus exacte de l'ap- pareil des autres genres (i). Les glandes spermagènes sont doubles. Chaque glande commence , en arrière de l'abdomen , par une grappe cylindrique et longue de vésicules sphériques, qui ont chacune un petit canal excréteur. De 1 extré- mité antérieure de ces grappes sort un canal sinueux épais, sorte d'épididyme, qui s'amincit peu à peu , de- vient très délié comme canal déférent et se termine , après s'être de nouveau un peu renflé, à côté de son semblable, dans la ve'sicule éjaculatrice (2). Dans les genres hœmopis , alùione, satiguisuga, /j/sci- cola, au lieu des grappes de vésicules nombreuses que nous venons de décrire , chaque glande spermagène se compose de cinq, huit, neuf et même douze vésicules , rangées à des distances égales, vis-à-vis de celles du côté opposé, le long du côté interne du canal séminal, à droite et à gauche du cordon principal des nerfs. Il y en a souvent une de plus d'un côté que de l'autre. Ces vésicules sont ovales , sphériques ou pyriformes, suivant les espèces. Lé tube dans lequel elles versent le liquide qu'elles sécrètent, le reçoit de chacune d'elles par un très court canal excréteur, qui forme leur pédicule. Ce tube se dirige d'arrière en avant , parallèlement à sou semblable , jusque dans l'anneau génital mâle où il ren- contre dans les genres sanguisuga , hœmopis, un épi- didyme composé d'un canal pelotonné ou à demi roulé et montrant une disposition intermédiaire entre celle (1) Voir la Monographie de la famille des Hirudinées , par M. A. Mo- fjuin-Tandun , pi. III, fig. 5 et 6. (2) Mémoire de M. Léo. Archives de Millier pour i835, p. 4'9i et pi. XI. 404 XXXVe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ARTICULES. décrite dans les nephelis et le peloton des sangsues. "\ M. Guvier, qui l'avait déterminé, dans ces dernières, comme le testicule, dit que les deux testicules sont composés des replis nombreux d'un seul canal mou et ôianchâtre, à parois glanduleuses , et d'un conduit dé- férent, court, droit et musculeux. Ces deux conduits , ajoute-t-il, m'ont paru aboutir à la base de la portion muscuîeuse de la verge. [Dans la piscicola geometra, cet appareil est encore plus compliqué. H y a sept paires de vésicules ovales dont chaque rangée est attachée à son tube excréteur commun. Ces vésicules sont plus grandes à proportion que dans la sangsue médicinale. Les deux tubes sémi- naux aboutissent dans un canal beaucoup plus gros, qui a été décrit comme un épididyme. Celui-ci se porte en avant, puis se tourne en arrière, forme une anse entre la deuxième et la troisième paire de vésicules spermagènes, se porte de nouveau en avant jusque dans la vésicule séminale de son côté. Ces replis dé- ployés de l'épididyme sont évidemment, comme dans les albiones , un passage au peloton plus serré décrit comme testicule chez les sangsues. Si l'on passe des piscicola et des albione aux nephelis , en comparant la même partie, on ne pourra s'empêcher de la consi- dérer comme un épididyme , et les vésicujes agglomé- rées, ou disposées régulièrement le long d'un tube commun, pour la vraie glande spermagène. Dans la piscicola geometra, les vésicules séminales sont situées à côté lune de l'autre dans le quatrième anneau. Leurs conduits éjaculateurs sortent de leur ex- trémité antérieure et s'ouvrent dans la base du pénis. Leur contenu est blanc et finement granuleux. ART. IV. DU PRODUIT DES GLANDES SPERMAGÈNES. 405 ARTICLE IV. DU PRODUIT DES GLANDES SPERMAGÈNES ET ACCESSOIRES, OU DU SPERME ET DES SPERMATOZOÏDES Qu'lL RENFERME. § i . Dit sperme. Le sperme des animaux articulés est souvent blanc de lait et assez consistant; mais il peut être coloré en gris ou en jaune (la terebella multisetosa). Il n'a pas été examiné, que je sache, sous le rapport de sa com- position chimique. A l'époque du rut , il|se compose essentiellement de spermatozoïdes; tandis que les tubes ou vésicules accessoires, annexés aux glandes spermagènes, ne sécrètent qu'une humeur analogue aux prostates des mammifères, ou ne renferment de spermatozoïdes que postérieurement à leur dévelop- pement dans les testicules. Lune et l'autre humeur de- vraient être étudiées comparativement dans les diverses familles de ce type. § a. Des spermatozoïdes. Les spermatozoïdes qui composent, à l'époque du rut, la plus grande partie du sperme des Animaux Articulés , comme celui des Vertébrés, ont, en géné- ral , une forme capillaire. A. C'est celle qu'ils présentent dans la classe des Insectes , chez lesquels cette forme simple ne varie guère que par ses proportions, et parce qu'une des extrémités peut être un peu renflée, avant de s'effiler en pointe déliée. Ils y montrent des mouvements v«°r- miformes, se frisent, se bouclent et se nouent quand on les met dans l'eau. Ils se développent dans des cap- sules, dans lesquelles ils sont roulés en écheveaux avant la rupture de la poche génératrice. 40(3 XX* Ve iEÇOi*. 0%$. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. Ceux des Orthoptères , cependant, ont présenté une singulière exception à cette forme générale. Ils ont un corps long et aplati , qui devient, par une de ses extrémités , un long fil délié ; l'autre extrémité est année d'un double crochet en hameçon. L'appendice filiforme seul a toute la mobilité qui distingue les spermatozoïdes capillaires des autres in- sectes. Le corps et ses crochets restent roides et immo- biles. Dans les canaux déférents , ces spermatozoïdes sont disposés parallèlement par petits groupes de 6 , 10 et 12. Dans le réservoir de la semence, après le coït, on trouve un ou plusieurs corps ronds ou pyriformes, qui sont de véritables spermaphores. Ce sont des capsules, ayant une seule ouverture, formées probablement dans le canal déférent x qui renferment un assem- blage singulier de spermatozoïdes. C'est un corps semblable à une longue plume d'autruche , composé conséquemment d'une tige et de deux rangées de barbes ou de barbules. Ce corps a non seulement des mouvements de totalité, mais il se meut encore dans toutes ses parties. Chaque spermatozoïde disposé en travers est accro- ché régulièrement et alternativement, de chaque côté de la tige fictive, à deux autres. Ils représentent ainsi, parla série de leurs crochets, cette tige, et par leur queue les extrémités des barbules (î). B. Les spermatozoïdes des Arachnides ont encore été peu étudiés. (i) M. Siébold. Communication faite à la séance du 22 sept. 1842, de la section d'anatomie et de physiologie, delà réunion des naturalistes allemands à Mayence. Pape 223 des procès-verbaux imprimés. ART. IV. DU PRODUIT DES GLANDES SPK HAÏ A GÈNES. 407 G. Dans les Myriapodes, Ses Chilonodes et les Cki- lognathës, les produits des appareils de génération sont très différents dans l'un et l'autre groupe. Les spermatozoïdes des Chilopodes sont de forme capillaire, comme tous ceux des Insectes, naissent par faisceaux dans des capsules séminales , se meuvent en serpentant, se roulent, se bouclent aussitôt qu'on les met dans l'eau. On les trouve dans le canal déférent et le testicule des animaux en rut. Chez les Chilognathes , leur forme rappelle le type de ceux des Crustacés décapodes : ce sont des cellules sphériques (les fuies * les polydesmes) ou elliptiques (les glomeris), qui ne manifestent aucun mouvement. Les changements que présente la composition orga- nique du sperme hors du rut, aux approches de cette époque et pendant sa durée , ont été étudiés avec soin dans les Myriapodes, comme dans les autres classes des articulés. Le développement des spermato- zoïdes ou des corps spermatiques y suit les mêmes phases. On trouve d'abord dans la cavité du testicule un liquide plastique dans lequel se déposent des granules opaques. Les granules deviennent de plus en plus nombreux, et se changent successivement en vésicules. Celles-ci, en se développant, montrent bientôt à tra- vers leur enveloppe transparente une, deux et même trois autres vésicules plus petites , qui renferment un ou deux noyaux avec un contenu transparent. Dans la suite du développement, le liquide de la vessie principale se charge de granules, et bientôt ces gra- nules se sont transformés en écheveaux de spermato- zoïdes capillaires. Une circonstance fort singulière, fort extraordi- <108 XXXV» LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. naire, annoncée par M. Stein (i) , c'est qu'on en trouverait de même, sans copulation préalable, dans les réservoirs séminaux des femelles des Lithobies et des Gèophiles, et que ces spermatozoïdes s'y dévelop- peraient en suivant les mêmes phases que dans les glandes spermagènes des mâles. Nous ne citons cette observation qu'avec doute , n'ayant pas eu encore l'oc- casion de la constater ou de l'infirmer. B. Dans la classe des Crustacés , les spermatozoïdes présentent deux formes générales qui caractérisent deux groupes distincts. Ceux des Décapodes ont une forme ramassée qui peut être spbérique, cylindrique, conique, prisma- tique, polygone, suivant les genres et les espèces, avec des filets, en nombre variable, qui partent de la cir- conférence ou des angles de ces corps spermatiques. Leur développement a lieu dans des capsules pyri- i ormes ou ovales, dans lesquelles ils sont posés les uns vers les autres. Chez les uns (les pagures) ces cap- sules génératrices sont fixées , au nombre de deux, à six ou sept, sur une membrane oblongue flottant librement dans le liquide spermatique. Chez les autres (la Gala- thea strigosa), elles sont attachées en plus grand nombre, avec régularité, à un filet commun. L'autre forme des corpuscules spermatiques est celle en fils plus ou moins déliés. Nous avons trouvé cette forme capillaire dans les squilles parmi les Stomapodes, Les Arnphipodes et les Lœmodipodes les ont aussi capillaires; les premiers avec un renflement à l'une de leurs extrémités, les derniers ayant leur partie (i)0.c.,pl. XIV,%. 35, 36,3;, 3p, 40.(1) O.c, pi. XIV, fig. 28 et 29. ART. IV. DU PRODUIT DES GLANDES SPERMAGÈNES. 409 moyenne un peu plus épaisse que les extrémités ( ceux du cyamus ceti). Les Isopodes les ont encore de cette forme. Tous ceux de ce type se bouclent et se frisent comme ceux des insectes, ou prennent les apparences de touffes de cheveux mêlés. Les corpuscules spermatiques en forme de capsule n'ont pas montré jusqu'ici de mobilité, quoiqu'il y ait eu quelques légères apparences de cette faculté dans les rayons capillaires qui leur sont attachés. Quant aux spermatozoïdes capillaires, leur faculté motrice est généralement reconnue; dans plusieurs cas cependant elle n'a pas encore été constatée. Le développement des spermatozoïdes des Crustacés paraît d'ailleurs absolument analogue à celui des au- tres classes. Nous venons de voir qu'il a lieu , pour les spermatozoïdes à forme ramassée , dans des capsules de figure et de disposition différentes. Ces capsules ne renferment , dans le principe , que des granules. Ces granules deviennent des cellules f qui présentent même souvent un noyau dans leur centre. Les appendices ou les filets rayonnes de ces cellules de différentes formes ne se développent qu'en dernier lieu. Quant aux spermatozoïdes capillaires, lorsque la glande sperinagène a la forme d'une poche allongée, comme chez les Cloportides , on peut observer les phases successives de leur développement dans les différentes parties de cette poche. Lorsque leur sommet ne renferme encore que des granulations de dimensions variables, un peu plus loin on découvre déjà des cap- sules de grandeur variée. Plus près du canal déférent la poche glanduleuse est remplie d'écheveaux de sper- matozoïdes. 410 XXXVe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATIOIV DES ARTICULÉS. Le cyclops castor, de la sous-classe des Entomos- tracés, a des spermatozoïdes contenus dans des cap- sules compliquées qui rappellent les spermaphores des Céphalopodes. E. La forme capillaire distingue encore les sperma- tozoïdes de la classe des Cirrhôpodes. J'ai constaté l'existence de ces filaments spermati- ques innombrables , plus ou moins mélangés de gra- nulations, dans les vésicules qui constituent l'organe qui avait été pris pour l'ovaire , et dans le canal dilaté que j'ai déterminé comme l'épididyme. Je les ai obser- vés dans plusieurs espèces appartenant aux genres penialasmis, cineras et ot'ion de la famille des Anatifes et dans plusieurs espèces de celle des Balanes. Ces filaments spermatiques, observés vivants, ont des mouvements de vibration , se frisent et se bouclent dans l'eau ( i). F, C'est encore la forme capillaire que l'on a obser- vée dans les spermatozoïdes des Ànnèlides. La partie un peu plus épaisse que l'on peut désigner comme le corps est contournée en tire-bouchon dans ceux de la branchiob délie de l'écre visse. lie développement des spermatozoïdes des sangsues et des lombrics a offert la circonstance singulière que les cellules génératrices sont réunies en petits disques, et qu'ils sortent, en premier lieu, de celles qui occupent la circonférence (2). Nous avons reconnu ces disques (i) M. Siébold, m. c. p. 29 et 3o. (2) Mém. cit. de M. H. Meckel, pi. XïII, fîg. i-i3. Voir encore les mémoires de M. Siébold sur les Zoo- spnrtnes des Crustace's et des Insectes, etc. Archives de J. Muller pour 180G, et sur ceux duCyciops castor. Ann. des an. nat., 2e série, t. XIV, p. 26 et pi. V B. Enfin les observations de M. Kcelliker, sur le liquide sémi- nal des Crustacés et «les Cirripèdes. Même Recueil , t. XIX, p. 335 et suiv. ART. V. ORGANES MALES D ACCOUPLEMENT. 4H dans le produit de la glande hermaphrodite du lom- bric , et îes cellules génératrices des spermatozoïdes dont ils se composent. Ceux-ci sont des fils capillaires courts, un peu renflés à lune de leurs extrémités, longs de onim,075.] ARTICLE V. DES ORGANES D'ACCOUPLEMENT CHEZ LES MALES DES ANIMAUX ARTICULÉS. [A. Dans la Classe des Insectes , les organes mâles d'accouplement sont constamment placés à l'extrémité postérieure de l'abdomen , sans en excepter la famille des Libellules , parmi les Nèvroptères, qui n'a que des organes de préhension ou d'excitation situés à la base de ce même abdomen. Us se composent : i° D'une seule verge, tube membraneux, continua- tion au conduit éjaculateur, qui porte la liqueur fé- condante, au moment de la copulation, dans le vagin de la femelle. 2° D'un fourreau plus consistant qui protège la verge et sert à son introduction. Au lieu d'être continu, il peut se composer de deux baguettes rapprochées. 3° D'une paire extérieure de pinces désignées sous le nom de forceps, que le mâle emploie pour saisir l'ex- trémité de l'abdomen de sa femelle. 4° D'une seconde paire de pinces (tenettes,volselles) plus rapprochées de la ligne moyenne, ordinairement plus petites que le forceps, propres au même usage et quelquefois à introduire la verge et son fourreau dans le vagin de la femelle. 5° D'une pièce impaire, médiane, inférieure, écail- 1 use, qui a probablement aussi ce dernier usage. Le forceps, la volselle sont articulés à une pièce basi- 412 XXXV8 LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. laire qui donne attache aux muscles qui meuvent cet appareil et le fixent au dernier segment de l'abdomen. Au reste, il y a des variétés infinies dans la forme et dans les proportions de ces différentes parties, même d'une espèce à l'autre , différences qui sont en rapport avec les organes femelles et rendent le mélange des individus de deux espèces différentes impossible , ou difficile, ou infécond. Plusieurs de ces parties peuvent manquer, ou du moins être réduites à l'état rudimentaire. Le conduit éjaculateur est pour ainsi dire aussi une partie de l'appareil d'accouplement. Ce conduit est l'intermédiaire entre la verge et le réservoir du sperme. Il reçoit ce liquide au moment de l'orgasme vénérien, et le transmet dans le tube de la verge. L'impulsion que le sperme reçoit du conduit éjaculateur le porte au-delà de la verge dans les voies génératrices de la femelle. Nous nous bornerons à un petit nombre d'exemples, qui suffiront pour faire comprendre les principales différences de cet appareil, en les prenant dans les principaux ordres delà classe.] i° Les Coléoptères. [Les Coléoptères ont en général l'armure copulatrice de la verge peu compliquée , et essentiellement com- posée du fourreau de la verge, avec ou sans crochets accessoires tenant lieu de volselle. Le Carabe doré a une verge filiforme , égalant le tiers de la longueur de son corps, d'un tissu élastique, et terminée par un gland bilobé. Elle est contenue dans un étui cylindrique , de consistance cornée dans lapins grande partie de son étendue , terminé par une pointe acérée. ART. V. ORGANES 31ALES D* ACCOUPLEMENT. 413 Les Dytisques , parmi les Hydrocanthares , ont cette armure plus compliquée et plus conforme au plan gé- néral.] Dans le bouclier (silpha atrata) la verge est aussi cy- lindrique, revêtue de pièces écailleuses, mais sans pinces [forceps]; à sa base interne est une vessie ovale dont j'ignore l'usage, mais qui ma frappé par sa res- semblance de position et de figure avec la vessie des mammifères (1). Dans le scarabé nasicorne , le canal commun qui ré- sulte de la réunion des vésicules séminales et des testi- cules [le conduit éjaculateur], grossit et devient nuis- culeux, puis s'engage dans un étui de substance cornée, terminé par une espèce de pince, entre les lames de laquelle est placée la verge : celle-ci n'est qu'un petit tube cylindrique. Il paraît que les deux branches de la pince s'introduisent dans la vulve , et qu'elles s'écar- tent ensuite pour faciliter l'entrée de la verge. La fi- gure de ces parties, donnée par Swammerdam, est très exacte. 2° Chez les Orthoptères. [La verge est entourée et protégée par plusieurs pièces écailleuses dont l'ensemble forme ïarmure èo- pulatrice. La mante religieuse a cette armure composée, contre l'ordinaire, de pièces impaires. Il y a entre autres un long crochet corné, arqué, bi- furqué , auquel semble opposée une lame écailleuse assez large, ayant son extrémité obtuse armée dune (i) Cette vessie ovale est le conduit éjaculateur. 41 4 XXXVe LEÇON. OP.G. DE GENEBATION DES ARTICULES. petite dent; et une petite lame cornée, obtuse, située à la base de l'appareil (1).] 3° Les Hyménoptères. [Sont ceux de tous les Insectes qui ont, en général, cet appareille plus complet et le plus compliqué : aussi est-ce en ayant particulièrement en vue leur appareil de copulation que nous avons fait la description gé- nérale qui commence cet article. Dans les bourdons [bombas lapldarius), la pièce basilaire forme une sorte de cupule qui recouvre en partie les autres pièces de l'appareil. Ce sont les deux branches du forceps ou de la pince intérieure, qui a pour usage de saisir l'abdomen de la femelle pour la co- pulation. Ces branches sont composées de trois pièces, dont labasiSaire est la principale pour les dimensions, et dont la seconde et la troisième sont très courtes; cette dernière se termine en fourche. La volselle, composée des crochets internes, a ceux- ci plus courts, grêles, droits et non arqués. Ils servent à introduire la verge dans le vagin de la femelle. Enfin il y a une pièce impaire, qui protège la verge en dessous; c'est Xhypotôme de M. L. Dufour (2). L'appareil copulateur du psithyrus eampestris est encore-plus compliqué. H y a un forceps composé de (1) Voir le Mémoire cité. PI. V, fi g. 41 ■> f. h) Voir la pi. IX, fig. i, de la grande édition du Règne animal de Cuvier. Cette figure, dessinée par M. Audouin, est probablement ex- traite d'un mémoire inédit fait en commun par ce savant et par M. Lschnf, et lu à l'Académie des sciences en 1 82a, ayant pour titre : Observations sur quelques appendices çopulateurs mâles des infectes Voir la note 1 de la page 1 4 2 des Recherches de M. L. Dufour sur les orthoptères, les hymé- noptères »7 et 3o8. (2) V oir Rathke De libellarum partibusgenita- libus. Regiomonti , 1 83a ; et Burmeister, Handbuch der Entomologie , 1. 1 , ■) i52. (3) On pourra s'en convaincre en jetant un coup d'œilsur les figures ART. V. OBGANES MALES ^ACCOUPLEMENT. 41" La volselle ou les tenettes existent plutôt que le forceps ou les pinces (1). Le coreus marginatus ri a pas même les crochets qui caractérisent la volselle (2). Le Naucoris aptera, parmi les Hydrocorises , a de nouveau une armure copulatrice compliquée avec for- ceps (3). Dans les Cicadaires (la cicadu or ni), l'armure co- pulatrice consiste essentiellement en une pièce écail- leuse terminée par deux forts crochets, recourbés vers le bas. C'est entre ces deux crochets que sort la verge , filet délié, se courbant en spirale.] 6° Les Lépidoptères [Ont le forceps composé de deux branches écail- leuses à crochet. Deux autres valves poilues, de consis- tance de parchemin, flanquent immédiatement le pénis. Celui-ci est un tube de même consistance, percé à son extrémité.] 7° Dans les Diptères. [Le conduit éjaculateur est souvent bulbeux à son origine, et montre, par cette forme, la faculté con- tractile dont il est doué , pour porter dans le vagin de la femelle, à travers le tube que forme la verge, le sperme qu'il reçoit des canaux déférents. La verge a un étui de forme très variée , suivant les familles, les genres et les espèces. L'armure copula- nombreuses des jil. X el XIII des Recherches anatomiques sur les Hévxt ptères de M. L. Dufour.(i) Voir o. c. et fin. 121 pour îa scutellera rnauui. {2) lbid.,t\g. 127. (3) J6ù/.,tig. i4o et i44* 8. 27 418 XXXV» LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. trice se compose de pièces préhensiles , et d'autres propres à diriger le pénis et son fourreau. Ces pièces varient beaucoup pour la forme et les proportions. Dans le culex annulatus, il y a un forceps toujours apparent à l'extrémité de l'abdomen, dont les bran- ches sont terminées par un crochet, comme les man- dibules des araignées. La volselle est composée de deux petits crochets , courbés en hameçon. Dans le tipula oleracea, l'armure copulatrice est très compliquée. Le forceps a deux crochets. La vol- selle estime lame de sabre. Il y a encore deux stylets recourbés qui en dépendent. Le fourreau de la verge se termine par trois pointes; les latérales sont courbées en dehors, la moyenne est droite , en forme d'aiguillon et terminée par une soie (1). Dans XAsilus crabiformis , l'armure copulatrice est toujours apparente au dehors. Vue par la face infé- rieure , elle montre une pièce basilaire impaire, de forme semi-lûnaire. De son bord concave tourné en arrière, se voient de chaque côté les branches d'un forceps, qui sont triangulaires: une volselle composée de deux pièces velues, triangulaires, arquées, plus fortes que les branches du forceps, ayant une aréie interne. Le fourreau de la verge fait saillie dans la partie moyenne de ce même bord, il se compose de deux baguettes rapprochées. Une lame noire , ayant trois dents à son extrémité, sort de l'extrémité du four- reau (2). (î) Von le mémoire de M. L. bur'our, tig. 27. (1) lbidn fig. 58 et 5g. ART. V. ORGANES MALES I)' ACCOUPLEMENT. 4]Q Dans le tabanus citer le canal éjaculateur com- mence par deux larges lobes, et finit par un conduit étroit qui devient celui de la verge. L'armure copulatrice se compose des deux blan- ches du forceps, dont chacune a deux articles, le ba- silaire plus large, le terminal de forme grêle replié sur le premier et terminé en fourche. Entre les bran- ches du forceps sont deux pièces continues ayant cha- cune deux articles, l'un quadrilatère et l'autre en pa- lette. Le fourreau de la verge est triangulaire , ayant a pointe échancrée d'un côté.] B. Les Arachnides. § U Les Arachnides pulmonaires. [Chez les Aranéides (1), les organes mâles d'ac- couplement sont placés dans le dernier article des palpes. Ils sont conséquemment doubles comme ces palpes. Le dernier article de ceux-ci est beaucoup plus gros chez les mâles, que chez les femelles et ren- ferme un appareil plus ou moins compliqué 5 par le mécanisme qui en déploie au dehors les différentes parties , ou les replie dans l'état de repos. Il varie d'ailleurs beaucoup dans sa composition , et dans la forme et les proportions de ses différentes pièces. On pourra en juger, d'une manière générale, parles diffé- rences de forme et de proportions que présente le der- (i) En décrivant les organes de génération des animaux sans vertèbres pour notre première édition, M. Cuvier avait eut seulement: « Pour le » nombre, les araignées les ont doubles ; pour la position, les mêmes arai- ' gnées ont itmts organes mâles dans les palpes maxillaires. « 420 XXXVe LEÇON. OEG. DE GENERATION DES ARTICULÉS. nier article des palpes , dans les genres et les espèces de cette grande famille des Jranèides fileuses. On peut dire quelles sont aussi nombreuses que celles que nous avons décrites dans la forme, les propor- tions et la composition de la verge des mammifères. En général, le bouton génital, qui est le dernier ar- ticle de chaque palpe, se compose d'un couvercle * / écailleux fermant la capsule de ce bouton. Elle renferme constamment une vésicule en forme de cornue à long cou, qui a été déterminée par Tre- viranus comme la verge de ces animaux. Au sujet de leur mode de fécondation et des rap- ports que cet organe fécondateur devrait avoir avec la glande spermagène, il y a jusqu'ici une lacune dans la science, que les anatomistes les plus exercés dans i'anatomie des Insectes , tels que les Lyonet, les Treviranus , les L. Dujour , les Dugès , les Strauss, n'ont pu encore remplir. D'un côté, Treviranus et Dugès déterminent positive- ment l'orifice génital par où doit sortir le produit des glandes spermagènes; c'est, comme nous l'avons dit, sous la base de l'abdomen. De l'autre, Lyonet et Dugès regardent l'appareil que nous venons de décrire comme l'organe fécon- dateur. Ce dernier a même été témoin de son action dans l'accouplement, et son témoignage est conforme à celui de Westwood (1) et de M. W alckenaër {?> , et confirme les observations bien antérieures de Lister , de De Geer , etc. (3). (i) Bulletin des sciences naturelles de Férussae, t. XXI, p. 168, § io5. (2) Histoire naturelle des Insectes aptères, t. I, p. 101-104. (3) Pour avoir une idée de la complication organique de cet appareil fe'- ART. V. ORGANES MALES D' ACCOUPLEMENT. 421 Parmi les Pédipalpes , les Scorpions ont deux verges écailleuses, cachées sous la partie reculée du thorax, dans une fossette médiane, recouverte par un oper- cule. II faut écarter le bord libre de cet opercule qui est en arrière, pour les découvrir. L'orifice de cette cavité paraît antérieurement comme une fente étroite et trans- versale, au-devant de la pièce médiane sternale à la- quelle les peignes sont attachés. L'opercule génital se compose de deux valves la- térales écailleuses réunies par une membrane dans la ligne médiane. Les verges, dans l'espèce où je les ai observées (le buthus glaber) , sont en forme de navette , continues par leur moitié antérieure ; elles s'écartaient Tune de l'autre par leur moitié libre. Le canal déférent pénétrait par la base dans ce pénis écailleux, et s'y prolongeait, ainsi que nous l'a- vons dit , en un canal séminal.] § 2. Les arachnides trachéennes. Les faucheurs ont un organe mâle simple, sortant de la racine de l'abdomen. [Il est de forme cylindri- que , un peu élargi à son extrémité, qui est évasée en condateur, on pourra consulter les figures que M. Savigny en a faites, et qui ont paru dans le grand ouvrage sur l'Egypte , dans les huit premières planches des Arachnides ; celles de Lyonet, qui ont été publiées long- temps après sa mort dans les Mémoires du Muséum de Paris, t. XIX, pi. 8 , fig. i-io; et les planches du Règne animal de Cuvier, publiées par Dugès; sa complication et sa composition sont bien clairement indiquées dans la Mygale maçonne, pi. I, fig. i, et dans le Pholcus phalangista , pi. IV, fig. 6. 4%}*2 XXXVe LEÇON. Ohfr. DE eÉrofo A.TTON DES ARTICULES. cnilleron avec une épine mobile à son bord. Gomme loviseapte, il se compose d'un cylindre écaillenxmnlti- articulé, contenu dans un fourreau membraneux (1). Les hydrachnés ont une seule verge cylindrique qui se montre à l'extrémité de l'abdomen , comme chez les Insectes (2). Dans les trombidium de la grande famille des Aca- riens, l'orifice génital mâle ressemble à la vulve. C'est une fente longitudinale située dans la ligne médiane sous- abdominale , immédiatement après les deux dernières paires de pattes, et conséquemment dans h partie du corps qui correspond à la base de l'ab- domen. Il n'y a pas de verge. Les canaux déférents aboutissent dans cette fente , qui est le seul organe mâle d'accouplement de ces animaux. h'oribate, qui est vivipare, a au-devant de la vulve un orifice rond , fermé par deux valves , par où sort un tube membraneux qui est probablement le pénis. Le pentaleus , le bdella, ont aussi un organe érec- tile qui sort par le premier des trois orifices posté- rieurs du corps et qui a toutes les apparences dune verge (3).] (i) Savigny, ouvrage sur l'Egypte, Arachnides, pi. IX, fig. 2-3, et fig. 3-3. Dans l'explication des planches, ces parties sont désignées, par erreur, sous le nom de lèvre sternale. Voir encore les mélanges de Treviranus, pi. IV, fig. 21 et 22. (2) O. c. , pi. V, fig. 26, q. O. c, t. I, p. 4' •> pi. V, fig. 28; et M. Gervais , Insectes Aptères, p. 160, t. III. Paris, i844« (3) M. J. Duiardin. Premier mémoire sur les acariens. Annales des se. natur., 3* série , t. III, p. 20. Paris, i845. * ART. V. ORGANES MALES p' ACCOUPLEMENT. 4â3 C. Dans la Classe des Myriapodes. [Les organes d'accouplement diffèrent beaucoup dans Tune et l'autre division de cette classe. Les Chilopodes , comme tous les Insectes hexapo- des, les ont impairs et situés à l'extrémité de l'abdo- men. L'organe d'accouplement, chez les mâles des litko- bies, sort de dessous le dernier segment du corps. Chez les premiers, ce segment est plus large que chez les femelles. Il porte, de chaque côté , deux papilles bi articulées et dans son bord moyen une double pièce écailleuse , triangulaire. C'est entre ces deux écailles que sort un pénis membraneux en forme de cloche (1). Des muscles abducteurs agissent sur les armures latéra- les, les écartent et laissent passer le pénis, replié entre elles, dans l'état de repos. Parmi les C/nlognat/ies, les organes mâles de Ylulus maximus se composent de deux verges, comme chez la plupart des Crustacés , et d'une partie protectrice assez compliquée que j'appelle le bouclier. Cet appareil, écailleuxen très grande partie, et très grand à proportion, peut cependant rentrer presque entièrement dans le corps , et en sortir à la volonté de l'animal. Il se cache dans une fosse transversalement ovale ? qui existe entre le septième et le huitième anneau du corps, à la face abdominale. Dans l'état de rétraction, à peine les extrémités des — ■«■■■»■ ■ i■■■■ in— miiii^wiwiiiiii !■■■■ jhh i mmtimimmmÊÊm**»mm»Mto**m\mrmmmmÈm-Les verges des limules, parmi les Xyphosures, sont situées, comme les vulves, vers la base de la première paire de fausses pattes abdominales. La verge est un petit corps cylindrique, percé à son extrémité. Elle est logée dans un repli de la peau, (i) M. Milne-Edwards l'a constaté pour la lygie. Hist. nai. des crus- tacés, pi. XII, fig. i3; et M. Lereboullet pour la lygidie. 28 «.* 434 XXXV* LEÇON. OBCt. de génération des articulés. de nature cornée, qui en est comme le fourreau. Il forme une saillie conique de chaque côté et non loin de la ligne médiane , sur la face dorsale de cette pre- mière partie des fausses pattes.] II. Dans la Sous-classe des Entomos tracés. [i° L'ordre des Branchiopodes comprend plusieurs genres dont on n'a connu pendant longtemps que les organes générateurs du sexe femelle: je veux parler des apus et des limnadies. Il y a peu de temps qu'on a décrit, dans Y apus eau- criformis, un pénis situé dans le côté dorsal du der- nier anneau du corps, et entouré de cinq épines ap- partenant au bouclier. Les canaux spermagènes, que nous avons désignés comme existante côté des ovaires, dans les mêmes individus, qui seraient hermaphro- dites, aboutiraient à cette verge. Scliœffer avait indi- qué cet hermaphrodisme avec fécondation mutuelle. La singulière position delà verge, que décrilM. Zadac/i, etl'existence des tubes spermagènes à côté des ovaires, sont des observations que nous ne citons qu'avec doute, et qui méritent d'être constatées, d'autant plus que , chez les limnadies, les sexes sont séparés. Les cypris , qui seraient aussi hermaphrodites, sui- vant M. Strauss, n'ont pas d'oiganes extérieurs d'ac- couplement. Les limnadies ont les sexes séparés; les mâles . beau- coup moins nombreux que les femelles, ont été décou- verts par M. Krinicki (1). (i) Bulletin de^ naiuralisiPà île Moscou, fig. 1 , p. i;3,et Magasin zoologiqun Je VI. Guériu. ABT. V. ORGANES d' ACCOUPLEMENT MALES. 435 Les branchipes, qui ont les sexes séparés, ont deux verges situées au-dessous du second anneau de l'abdo- men; elles sont coniques et composées de deux arti- cles (1) ; des vaisseaux séminaux, qui viennent du pre- mier article, aboutissent à ces verges. Le sous-ordre des Lophiropes, qui sont presque mi- croscopiques , et dont l'organisation est , à cause de leur petit volume, très difficile à étudier, ont présenté de grandes différences relatives aux organes d'accou- plement. Les cjclopes auraient deux verges, composées cha- cune de trois articles, dont le dernier est terminé en pointe. Elles sont situées sous le deuxième anneau de la queue. On n'en a pas trouvé chez les daphnie/es (2), qui pourraient bien se féconder par l'intermédiaire de l'eau. 20 Dans l'ordre des Syphonostom.es , les argules ont deux verges, dont la position rappelle celle des ver- ges de Décapodes, il y a ? en effet, au bord antérieur de l'article basilaire des dernières pattes, un tuber- cule conique annexé près de sa terminaison articulaire externe, et ayant un crochet à sa base. Ce tubercule a été décrit, comme la verge, par M. Jurine fils (3). Mais je pense que la verge doit sortir par son sommet, et qu'il n'en est que l'étui. C'est une nouvelle étude à faire.] Ë. Les Cirrhopodes , [Ce sont des animaux hermaphrodites (4), ayant ce- ■ 1 — I III II — m III L p — — ■■— ■ ■■!■ -■■■■■I I ■ '^MiM^— " "" —" ■'■ ■■■■ ■' ■ ■ - . ■ •** I ■ ■■ IHl I | | ».M,M (1) Latreille d'après Scliœffer. Règne animal. (2) M. Strauss. Mémoires du Muséum, t. V, p. 38o. (3) Voir sor. Mémoire sur ïargule foliacé', Annales du Muséum de Paris, t. VII, p. 43 1 , et pi. XXVI, fig. 1 et 21. (4) H a paru dans les Annales des sciences naturelles, 3e série, p '107, 436 XXXVe LEÇON. ORG. DR GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. pendant , sinon un organe mâle d'accouplement , du moins un organe fécondateur, propre à répandre le sperme sur les œufs, selon toute probabilité, au mo- ment de leur passage de l'ovaire dans le manteau. Cet organe est le long tube extérieur en forme de trompe, libre ou flexible en tous sens , qui se voit en- tre les derniers pieds de l'animal et à la base duquel l'anus est situé. Ce tube renferme un seul canal formé par la réunion des déférents, lequel se termine à son extrémité par un orifice étroit. 11 reçoit, des parties latérales du tronc, des faisceaux musculeux , analogues à ceux qui pénètrent dans les premiers articles des pieds (ij. Ses parois sont d'ailleurs assez épaisses, composées extérieurement du derme et d'un épiderme; intérieu- rement de la muqueuse qui en tapisse le canal , et en- tre les deux fibres musculaires , de circulaires qui en contractent le tube. Les faisceaux de même nature que nous avons dé- crits en premier iieu le raccourcissent et le fléchissent en tous sens.] F. Les Annèlides. [Chez les Annèlides Tubicoles et Dorsibranches , les une note de M. Goodsir, qui prétend que toutes les parties génitales ex- ternes et internes des anatifs et des balanes sont des ovaires ou des ovi- ductes, et que les mâles du balane commun sont distincts des femelles et beaucoup plus petits qu'elles. Cette opinion ne nous paraît pas fondée sur des observations exactes. La partie historique de ce travail est de même incomplète et comprend plusieurs erreurs, (i) Cuvier, Me'moire sur les animaux des anatifes et des balanes, etc., p. g. ART. V. ORGAKES D'ACCOUPLEMENT MALES. 437 bourses spermagènes peuvent avoir une issue di- recte au dehors, ou s'ouvrir dans la cavité abdominale, d'où le sperme serait expulsé par des pores abdo- minaux. Le dernier cas pourrait bien être celui de Yaphro- dite hérissé , dont les petits individus , que M. Cuvier suppose être des mâles , ont la cavité viscérale rem- plie dune laite blanchâtre, dans la saison du rut. Le premier cas se voit dans Xarinécole des pêcheurs, dont les bourses spermagènes ont chacune un orifice extérieur, à la face abdominale, ainsi que nous l'avons dit , en arrière et au-dessous des soies en crochet. Dans les lombrics, parmi les ylnnéiides Endobran- ches, c'est dans les mêmes segments qui renferment les bourses spermagènes et ovigènes que s'ouvre le collet de ces bourses ou un canal excréteur commun. Nous avons de même décrit chez les Naïdes les deux issues des deux bourses spermagènes dans le onzième anneau du corps.] Mais dans aucun des animaux de ces trois ordres, on ne connaît d'organe copulateur mâle, si ce n'est dans la famille des Hirudinées.] Je ne vois point, disait M. Cuvier dans notre ancien texte , au sujet des lombrics , d'organes extérieurs ni intérieurs propres à l'accouplement; cependant il paraît que les vers de terre se tiennent étroitement embrassés pour se féconder. [On peut considérer comme une sorte d'organe ex- térieur, servant à cette fonction, la ceinture saillante qui se manifeste surtout à l'époque du rut, dans le tiers antérieur du corps ; il y a même à sa surface quel- 438 XXXVe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. que apparence de ventouses. Cette ceinture, à la vérité, n'a pas plus le caractère du sexe mâle que celui du sexe femelle.] La sangsue a une verge très considérable, composée d'un tube musculeux épais et long, creux en dedans, qui peut se retourner en dehors comme la verge des limaces, et se prolonge encore en arrière en un tube mince et purement membraneux , et il est probable que le sperme coule par les sillons de la surface de celle-ci , lorsqu'elle est déroulée. Les orifices de la verge et du vagin sont voisins l'un de l'autre, et assez près de l'extrémité antérieure du corps. [Celui de la verge est percé dans le vingt- quatrième anneau, dans la sangsue médicinale ; tandis que celui du vagin l'est dans le vingt-neuvième. Cette position relative des deux orifices génitaux varie d'ailleurs d'un genre à l'autre, de même que les proportions de la verge. Elle se compose toujours d'un fourreau, tube cylindrique ou conique, musculo-tendineux, très con- tractile, et de la verge proprement dite, tube grêle, délié, contenu dans ce fourreau , dont le tissu est en partie vasculaire et érectile. Ce dernier tube, percé a son extrémité, renferme le canal de la semence. ART. VI. ORGANES D'ACCOUPLEMENT FEMELLES. 439 ARTICLE VI. DES ORGANES FEMELLES d' ACCOUPLEMENT DANS LE TYPE DES ARTICULÉS. A. Chez les Insectes, [Dans cette Classe ,les organes femelles d'accouple- ment varient à l'infini, comme les organes mâles. Ils doivent se diviser en ceux qui appartiennent es- sentiellement à cette fonction, et en organes accessoires, qui font partie de l'appareil générateur externe et ser- vent plus particulièrement à placer les œufs dans des corps résistants, surtout dans les parties des végétaux ou des animaux quils ont la puissance d'entamer, de couper, de perforer. Ce sont des tarières auxquelles M. Marcel de Serres a donné le nom à'oviscapte. L'appareil de copulation proprement dit se com- pose du vagin et de son entrée , la vulve. Celle-ci, pla- cée à l'extrémité de l'abdomen, au-dessous de l'anus, est souvent comprise dans une suite de tuyaux cornés, qui sont comme des anneaux rudimentaires de ce même abdomen , dont le dernier est garni de deux petits appendices tentaculaires ou préhensiles (les Diptères). D'autres fois la vulve est une fente longitudinale garnie de deux panneaux écailleux, rapprochés sur la ligne médiane abdominale, et qui s écartent pour le coït ou la sortie des œufs (les Lépidoptères). En général le dernier segment abdominal, et quel- quefois le dorsal , sont plus ou moins modifiés pour lo- ger cet appareil de copulation et de ponte et pour donner attache aux muscles qui doivent le mouvoir. 440 XXXVe LKÇ03N. OEG. DE GEHElUTIOiN DES ARTICULES. Le vagin , dont la vulve est l'entrée , aboutit presque toujours directement à l'oviducte. Dans ce cas, et c'est le plus ordinaire , les organes d'accouplement se con- fondent avec les organes éducateurs. Les oeufs sortent par le même conduit qui a reçu la verge et dirigé le sperme dans le lieu où la fécondation doit s'effectuer. Les Lépidoptères font exception à cette règle. La vulve est un orifice séparé de celui de l'oviducte ; elle conduit dans un canal de copulation distinct de ce dernier ca- nal. Les Cigales sont encore dans ce cas; la vulve s'y trouve bien séparée du canal qui communique avec la tarière, le long duquel sortent les œufs. Quand la poche copuîatrjce existe, il faudrait en- core la classer parmi les organes d'accouplement. Mais comme elle est généralement annexée à l'oviducte, nous avons dû la décrire avec les organes éducateurs. Cependant nous verrons que celle de la cigale est séparée de l'oviducte et annexée aune sorte de vesti- bule dépendant du vagin.] On peut aussi ranger parmi les organes générateurs du sexe féminin les diverses tarières que certains genres, comme les sauterelles ,les ichneumons, les tenthrèdes^ les cjnips , emploient pour déposer leurs œufs dans les endroits convenables ; mais ces organes étant entière- ment extérieurs , et ayant été bien décrits par les natu- ralistes , nous n'en dirons rien de plus. [Cependant nous croyons devoir suppléer à cette la- cune de notre ancien texte, par des généralités et quel- ques détails sur ces instruments si variés, dans leur forme, leur composition et leur structure. Ces circon- stances sont dans un rapport admirable avec l'emploi ART. VI. ORGANES I)' ACCOUPLEMENT FEMELLES. 441 que l'animal doit en faire pour le placement de ses œufs , dans les lieux ou les substances qu'un impérieux instinct lui fait choisir de préférence. L'ensemble des pièces qui constitue ces diverses ta- rières a été encore désigné sous le nom d'oviscapte. Elles peuvent rester cachées, hors des moments où l'insecte en fait usage, dans le dernier anneau de l'ab- domen; ou paraître toujours ai; dehors, comme appen- dice de cet anneau. L'oviscapte est réduit quelquefois à l'état rudi men- tal re ou manque absolument. i . Chez les Coléoptères. [a. Dans les Pentaméres. Les Carabiques, qui font partie de ce premier groupe, ont un appendice de chaque côté de la vulve, écailleux ou coriace, sus- ceptible de s'écarter, qui protège l'entrée du vagin. Lés Dytisques , parmi les Hydrocanthares de cette même famille, ont un instrument fouisseur, pour les œufs , un véritable ovisoapte qui manque aux précé- dents. 11 se compose de deux lames contiguës, courbées l'une vers l'autre comme celles du ciseau de tondeur. Elles remplacent les crochets des Carabiques(i). Parmi les Palpicornes, \ Hydrophile al' 'extrémité de l'abdomen garnie de deux filières, composées chacune de trois pièces articulées bout à bout. L'oviscapte proprement dit se compose de deux appendices garnis de cils, ayant à leur base un lobe élargi et garni à son bord de grosses soies (2). (i) Voir le Mémoire de M. L. Dufour. Annales des se. nat. , t. V, p. A34,et pi. XVII, fig. 6. (2) Ibid., pi. XVIII, fig. 8. 442 XXXVe LEÇON. ORG, DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. b. Parmi les Hétéromères, nous citerons les myctères* de la famille des Stènélytres, qui ont un long étui de co- pulation, composé de plusieurs pièces susceptibles de s'engaîner les unes dans les autres. Les deux parties qui terminent cet étui sont uni-articulées et ciliées (1). Les èlops ont ce même étui copulateur ; tandis qu'il manque dans les Trachélides. Uoviscapte ne consiste que dans une plaque écailleuse ciliée. Il y a deux palpes bi-articulés qui garnissent la vulve (2). c. Parmi les Tétramères , Yhamaticherus héros, de la famille des Longicornes , a un double étui copulateur, dont l'extérieur est garni de soies à son bord, et l'inté- rieur a deux palpes uni-articulés et ciliés (3). La lamia textor, de la même famille des Longicornes , a un appareil protecteur du vagin très compliqué, com- posé d'un étui cylindrique, dont la cavité est divisée horizontalement, dans la première partie, par une valvule, qui sépare le rectum, qui est au-dessus, du va- gin, qui est au-dessous. De forts muscles rétrac teurs agissent sur cet étui coriace , qu'une figure seule peut bien faire connaître dans sa partie principale et dans ses parties accessoires; nous y renvoyons (4).] 2. Les Orthoptères. [L'orifice du vagin, ou la vulve , est ouvert à l'extré- mité de l'abdomen, entre deux paires d'appendices, formant l'oviscapte, en partie écailleuses,en partie co- riaces , qui sont courbées en sens inverse et rendues mobiles par des muscles très forts, qui s'attachent d'autre part à une tige cornée. (1) Ibid., pi. XIX, fig. 5. (2) Ibid., pi. XIX, fig. 6, pour les mylabris mclanura. (3) Ibid., pi. X, fig. 3. (4) Ibid., p. fôo et 460, et pi. XX, fig. 5. ART. VI. ORGANES D' ACCOUPLEMENT FEMELLES. 443 Les Grylloniens manquent de ces appendices for- mant l'oviscapte. Dans la Mante religieuse, le dernier segment ventral de l'abdomen se reploie sur un appareil de trois paires d'appendices prolecteurs de la vulve, et ne laisse à dé- couvert qu'une ligne médiane dorsale longitudinale ' Ces trois paires d'appendices se recouvrent l'une 1 autre. La plus intérieure, sorte d'oviscapte, consiste en deux lames lancéolées , assujetties à un cerceau dans lequel s'ouvre l'oviducte (i). Les Blattaires n'ont pas d'oviscapte; ce sont d'ailleurs les derniers segments abdominal et dorsal de la vulve qui servent d'organe protecteur ou d'armure copula- trice à la vulve et au vagin.] 3 . Les Hym énop ter es . [Les organes femelles d'accouplement de cet Ordre nombreux ne consistent que dans la vulve et le vagin. La plupart des familles sont dépourvues d'oviscapte ou de tarière, que nous décrirons comme organe ac- cessoire de ces appareils. Ce sont en général celles qui ont un aiguillon et un appareil vénénifique ; tandis que les Hyménoptères qui manquent de cet appareil ont un oviscapte ou une tarière; tels sont les Ichneumo- nides et les Tenthrèdes . Parmi ces derniers, le chelonus oculator, de la fa- mille des Ichneumonides , a la vulve garnie d'un ovi- scapte allongé, grêle, composé de deux branches li- néaires, appliquées lune contre l'autre. De chaque côté * (i) O. c, pi. IV,tig. 43. 444 XXXVe LEÇON. OBG. DE GENÉBATION DES ARTICULÉS. de cette sorte de tarière sont trois appendices pins courts, grêles, qui tiennent aune pièce basilaire rhom- boidale (1). L oviscapte. du vipio denigrator (2) se compose de cinq longues pièces écailleuses. Les deux externes, qui sont les plus longues et les plus fortes, ont l'extrémité en lancette. Les deux internes et la moyenne , qui est la plus courte , sont des filets grêles en forme de dards. Dans \epimpa crassipes (3), il n'y a que trois pièces, les deux externes en forme de lancette, et la moyenne, véritable dard, très délié.] 4. Les jSlévroptères. [La famille des Libellules a un oviscapte remarqua- ble qui doit servir à entamer les corps résistants sur lesquels ces animaux déposent leurs œufs. Dans ïœshna grandis (4), cet oviscapte se compose de deux lamesde sabre courbées, qui s'appliquent l'une contre l'autre dans l'état de repos, ou s'écartent pour le passage des œufs. Chacune de ces lames est double; la demi-lame externe est façonnée en lime à i'extré- mité de sa face interne , et dentelée à son bord. Ces lames sont enfermées dans une gaine qui tient, comme elles , à lavant-dernier anneau abdominal, et qui se compose de deux panneaux solides. Cet appareil est mû par six muscles considérables qui vont de la base s'attacher dans les anneaux précédents de l'abdomen. C'est évidemment un instrument propre à limer et (1) Ibid., pi. X, fig. i43. (2) Ibid., 6g.* i35 et i3c). (3) Ibid., pi. X, Hg. 137. (,4) Voir M. L. Dufour, mém. cité, pi. XIV, f. i65b et i65c. ART. VI. ORGANES D'ACCOUPLEMENT FEMELLES. 445 forer les végétaux aquatiques, dans le parenchyme des- quels ces insectes déposent leurs œufs, ainsi que l'a si bien observé M. Siêbold{\ ) , pour Vagrion forcipula , et que déjà Réaumur (2) semble en avoir eu l'idée d'après la connaissance qu'il avait de l'instrument propre à cet usage. Les panorpes ont pour appareil de copulation une gaine vulvaire composée de quatre tubes qui entrent les uns dans les autres, et dont le dernier a son ori- fice garni de deux palpes bi-articulés (3). L'oviscapte ne manque de même dans les hémérobes. On le retrouve dans les phryganes. Dans la phryganes viridiventis , il se compose de deux laines creusées en gouttière et situées entre deux appendices pyriformès qui terminent l'abdomen.] 5. Les Hémiptères. [L'appareil vulvaire se compose des organes d'ac- couplement, de ceux qui servent à introduire les œufs dans les lieux ou les objets que l'instinct de 1 insecte lui prescrit impérieusement de choisir. Dans la scutellera nigro-lineala (4) , on trouve dans la concavité du dernier segment abdominal stigmati- fère un appareil de sept pièces écailleuses qui entou- rent la vulve et l'anus et protègent ces deux orifices. Les deux pièces antérieures sont deux panneaux vulvaires qui se touchent par une ligne médiane , et dont l'écartement découvre l'entrée du vagin. (i) Wiegmann. Archives d'hist. nalur., p. 2o5 et suiv. Berlin, 1841. (2) Mémoire pour servir àl'hist. des insectes, t. VI, p. 436". (3) VoirL. Du- four, m. c, fig. 17. (4) M. L. Du four. Recherches sur les Hémiptères, pi. XIV, fig. 157. 446 XXXV' LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ARTICULÉS. En arrière de cette fente se voit une écaille inter- médiaire unique , dont l'extrémité postérieure borde l'anus en bas. De chaque côté de cette pièce intermé- diaire en sont deux latérales, placées obliquement l'une derrière l'autre, dont l'extrémité libre regarde la ligne médiane, et dont la dernière a une pointe acérée, qui peut servir de crochet dans la copulation. Les corés n'ont que quatre écailles vulvo-anales au lieu des sept qui distinguent les scutellères et les peu- tatomes. Les deux antérieures appartiennent à la vulve, sont engagées en partie sous le dernier segment abdo- minal, qui est fendu lui-même dans une partie de sa largeur et dans la ligue médiane, pour faciliter la sortie des œufs. Dans les rriiris et les capses , il y a un oviscapte con- sidérable étendu dans la ligne médiane abdominale, dès le bord antérieur du dernier segment de cette ré- gion, qui est garni d'un bouton saillant, jusqu'à l'ex- trémité du corps, C'est un instrument tranchant en forme de sabre. Il est un peu élargi à la base, ar- ticulé en avant au bouton du segment abdominal, et se termine en arrière en une pointe acérée et Iran chante. Il se compose d'ailleurs de deux valves appli- quées l'une contre l'autre. Cet oviscapte est reçu dans une gaine de même forme qui s'étend dans la ligne médiane du dernier segment abdominal et entre deux grands panneaux qui bordent la vulve en arrière de ce segment (i). La phymate aurait la vulve formant une fente trans- versale à l'extrémité tronquée de l'abdomen; tandis (i) /6iUPl.XV,fig. »67. A. ART. VI. ORGANES D' ACCOUPLEMENT FEMELLES. 447 qu'elle est longitudinale dans les autres Gréocorises. \larade avenius , comme la précédente, manque d'oviscapte. La reduve en manque également. Il y en a un dans le nabis. Les Hydrocorises ont toutes , outre les pièces vul- vaires, un oviscapte de forme variée. Dans le naucorîs cimicoides, c'est une double lame de soie, allongée et terminée par une bifurcation. Les deux lames qui composent cet instrument s'écartent à la base pour se fixer au dernier segment abdominal. Elles sont soudées par leur bord interne dans la moitié de leur longueur et hérissées de dents le long de leur bord externe (i). Parmi les Cicadaires , l'oviscapte de la cigale de l'orne est connu depuis Réaumur ; mais l'explica- tion que ce célèbre observateur de la nature avait donnée de sou mécanisme a été rectifiée par M.Doi/ère> qui en a fait une étude particulière (2). Ce n'est pas en limant et en sciant avec les deux pièces latérales de cette tarière , mais en perforant avec la pièce moyenne , comme avec un poinçon, que cet in- secte parvient à trouer les tiges minces des végétaux , dans lesquels il place ses oeufs. Cette pièce moyenne est u u prisme à quatre faces; elle s'élargit en fer de lance à son extrémité, qui est plus dure que le reste. Les pièces latérales, également élargies et pointues, sont dentelées, mais à dents mousses, dans leur bord inférieur, et sillonnées à leur face externe. Elles servent (1) Ib'uL, pi. XVI, fig. 170, fc (2) Annales des se. natur., 2e série, t. Vil, p. ic)5, et pi. VIU. 448 XXXVe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ARTICULÉS. de point d'appui au poinçon, lorsque celui-ci agit en perforant. Les muscles qui font partie de cet appareil et d'au- tres pièces qui servent de levier, et que nous ne pou- vons décrire ici en détail, s'attachent dans l'antépé- nultième anneau de l'abdomen et principalement dans le pénultième. Entre les deux pièces latérales et la pièce médiane, il y a un canal qui est la continuation du vestibule , et de son entonnoir qui a été désigné comme second ovi- ducte. Ceci nous oblige d'entrer dans quelques détails au sujet des organes de copulation du même insecte. La vulve, ainsi que nous l'avons dit, dans les géné- ralités de cet article, est une ouverture distincte de l'issue des œufs , qui se voit sous la base de la tarière, entre elle et l'antépénultième anneau de l' abdomen. Le vagin, ou le canal de copulation, dont elle est l'o- rifice, ne se continue pas directement avec l'oviducte, mais dans une cavité intermédiaire, sorte de vestibule copulateur dans lequel s'ouvre la poche copulatrice, et où se voit en avant un mamelon percé, qui termine l'oviducte commun. Ce mamelon est ordinairement emboîté dans une sorte d'entonnoir qui se continue avec le canal que les trois pièces de la tarière inter- ceptent. Mais cet emboîtement se défait momentanément lors de la copulation, pour laisser passer la verge dans la poche copulatrice, et pour imprégner les œufs de sperme lors de leur passage de l'oviducte dans l'en- tonnoir.] ÀBT. VI. OKOAiNES Û* ACCOUPLEMENT FEMELLES. 449 6° Les Lépidoptères, Nous avons déjà dit que la vulve, dans cet Ordre, est un orifice distinct de l'oviducte et de l'anus, et quelle conduit à un canal de copulation dans lequel s'ouvre la poche copulatrice. 7° Les Diptères ont, assez généralement, le vagin et la vulve compris dans une suite de deux, trois jusqu'à cinq tubes emboîtés les uns dans les autres, et qui se déploient au dehors à l'instant du coït, ou lorsque l'insecte doit pondre ses œufs et les déposer sur les corps que son instinct lui fait connaître. Le dernier de ces tubes est ordinairement garni de deux palpes uni- articulés ou bi-articulés , servant sans doute soit d'or- ganes de préhension à l'instant du coït, soit d'organes de toucher, pour le placement des œufs. Il n'y a pas doviscapte proprement dit dans un grand nombre de Diptères, c'est-à-dire d'instruments dis- tincts de la vulve , propre à entamer les corps dans les- quels ces insectes introduiraient leurs œufs (2). Cependant les tentacules vulvaires sont remplacés dans les Empis , les Tipules , etc., par deux lames qui en font les fonctions. Des muscles forts , fixés à l'extré- mité de l'abdomen, servent à mouvoir ces lames. ] JB. Dans la Classe des Arachnides, [Parmi les Arachnides pulmonaires , les A ranéides /lieuses ont l'orifice génital en forme de fente trans- versale, située entre les ouvertures des sacs pulmo- naires, sous la base de l'abdomen. Cette fente aboutit (1) Voir M. L. Dufonr. Anatomie des Diptères. Annalci des se. natur. avril et mai 1 844» 8 -20 i50 XXXVe LEÇON. ORG. DE (jEJNEllATION DES ARTICULÉS. clans une fossette, qui est proprement la vulve , au fond de laquelle sont les orifices distincts, mais rapprochés, des deux oviductes. La fente extérieure est recouverte en avant par un appendice écailleux, que Dugès appelle épigyne (1), dont la forme, ainsi que les rapports de la vulve, peut varier un peu, d'une espèce à l'autre. Dans YÉpeire fasciée, qui a des trachées et deux grands stigmates, suivant Dugès, outre les sacs pulmo- naires, c'est entre ces deux grands stigmates, qui sont derrière les orifices pulmonaires , qu'est situé celui de la vulve. Dans la Mygale maçonne, l'orifice de la vulve est une fente transversale percée sous la base de l'abdo- men, dans la ligne médiane, au centre de l'espace où se voient les opercules de quatre sacs pulmonaires ('2\ Dans Y épeire argentée , nous avons trouvé l'épigyne saillante, comme un bouton demi-cylindrique, ayant une cannelure médiane et de petites dents en arrière. Dans une grande espèce voisine de Yimperialis, l'épy- gine est une écaille saillante formée d'un cadre brun semi-circulaire de chaque côté, et dont le bord posté- rieur se termine par deux dents externes plus fortes, et deux médianes très petites. Le milieu est une fosse circulaire qui semble fermée par un tympan. Deux vésicules glanduleuses, dont les canaux excré- teurs aboutissent de chaque côté de la vulve, en de- dans , qui se voient dans la partie la plus avancée de la cavité abdominale, appartiennent à l'appareil d'ac- (ij Voir Cuvier, Règne animal, pi. XI, fig. iC, IVpigyne de Pépeire fasciée enjf, et fig. 26, lépigyne de lepeire diadème. Ces figures $pnl ;I. V. Bruxelles, i83g. 46$ XXXVIe LEÇON. OKG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. Il y a loin de cette disposition avec celle où les œufs, détachés des ovaires,tombent dans la cavité abdominale et vont, par un mécanisme inconnu, gagner l'embou- chure de l'oviducte, qui peut être bien plus avant dans cette cavité, comme cela se voit, entre autres, chez lés grenouilles , etc., etc. (1). Le nautile flambé a présenté l'organisation d'un ovaire et d'un oviducte en partie discontinus. L'ovaire est situé dans une cavité péritonéale parti- culière, séparée de la cavité viscérale, à côté du gésier. C'est une poche renfermant, dans son intérieur, des capsules ovigères , de forme ovalaire, fixées par une de leurs extrémités et libres par l'autre, qui paraît perforée. La poche de l'ovaire est ouverte dans la cavité péri- tonée qui la renferme , tout près de l'embouchure de Foviducte dans cette même cavité. Celui-ci est un court canal qui s'ouvre à la base de l'entonnoir, à côté de l'anus. Immédiatement sous cet orifice , se voit une glande considérable attachée au manteau, à la face inférieure du corps, derrière l'entonnoir. Cette glande forme une double saillie arrondie, composée de nombreuses lamelles , très rapprochées. 11 est probable qu'elle sé- crète la substance qui doit former la dernière enve- loppe protectrice de l'œuf (2).] II. Du testicule et de son canal excréteur; des glandes et des réservoirs accessoires. Le testicule unique est une grosse glande blanchâtre, (1) Voir l'opinion que nous combattons dans le mémoire sur le déve- loppement des Céphalopodes, par M. Kœîliker. Zurich, 1 844 t P» '■ (2) Mémoire sur l'animal du JVautilus pompilius, par M. R. On en. Ann% des se. naf., t. XXVIII, p. 112 et suiv., et pi. IV, hç. 9 et 10, ÂP.T. T. ORG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. AÛO assez molle , qui remplit le fond du sac abdominal . Sa structure est remarquable et facile à développer. Elle est renfermée, comme l'ovaire, dans une capsule mem- braneuse , à laquelle elle ne tient que par les vaisseaux qui se rendent de Tune à l'autre, et dans un endroit seulement. Du reste, elle a sa tunique propre, cellu- laire, mince. On voit à sa surface une infinité de petites aréoles (1), qui sont le commencement d'autant de fila- ments blancs, opaques etmous, qui, serrés les uns contre les autres , composent toute la substance de la glande. Dans la seiche ils sont beaucoup plus minces, et infi- niment plus nombreux : aussi les petites aréoles y res- semblent à des points. Dans le poulpe , les filaments sont plus épais, et res- semblent à des rubans. Ils se réunissent successivement pour former des troncs qui , dans la seiche , aboutissent en quantités innombrables aux parois de trois ou quatre canaux excréteurs assez gros, qui parcourent la glande en divers sens, et qui se terminent tous à une ouverture commune, circulaire, large, garnie dune valvule qui laisse sortir, mais non entrer. Dans le poulpe , où il y a moins de ces filaments, il n'y a point de ces grands canaux communs ; mais les premiers arrivent immédiatement à l'ouverture commune. On conçoit aisément cnie les filaments sont eux- mêmes de petits vaisseaux sécrétoires enveloppés de parenchyme. Us sont liés ensemble par des vaisseaux sanguins, des nerfs et de la ceîlulosité. Le fluide qu'ils produisent s'épanche , par l'ouver- ture , dans la capsule membraneuse , d'où il sort par (i) M. c. de M. Cuvior, pi. IV, gg. 5 a. q. 470 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. l'orifice de cette capsule, et passe dans un canal (1) qui tient lieu d'épididyme, Ce dernier fait sur lui- même un très grand nombre de replis, comme l'épidi- dyme humain. Son autre extrémité débouche dans un canal plus gros (2), sorte de vésicule séminale dont l'intérieur a d'abord plusieurs colonnes ou arêtes saillantes et ramifiées; ensuite une seule principale qui règne dans toute sa longueur, et le partage en deux demi-canaux. Ce canal, beaucoup plus court, et moins replié que celui de lepididyme, paraît avoir une texture mus- culaire; il va pénétrer, en se rétrécissant , dans un corps glanduleux assez considérable (3), de figure cylindri- que, ayant un canal excréteur assez gros, dans le tiers extérieur duquel aboutit celui dont nous parlions tout- à-l heure. Ce corps , fort grand et fort solide, dans le poulpe, est beaucoup moindre et presque membra- neux dans la seiche. C'est sans doute une espèce de prostate. ,Ï£' prœmium reportavit. D. VIII mensis februarii 1837, in-4°, p. 64, et 7, pi. coloriées, (i) Dans le voyage en Algérie de Maurice Wagner. (5) Archives de Wiegiuann et d'Erichson pour 1 843 et i845. (3) Archives de Wiegmann, t. I, p. 368. (4) Archives de J. Muller pour 1841, p. 29 et pi. II, fig. 3. 480 XXXVIe LEÇON. OKG. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. Une année plus tard, en 18^2, M. Laurent admet- tait aussi cette existence simultanée (1) dans le même organe. Mais le premier qui ait fait connaître l'emboîtement des deux organes préparateurs des ovules et des œufs, ainsi que nous venons de le décrire, est, si je ne me trompe, M. H. Meckel (2). Cet emboîtement est, à la vérité, très difficile à observer, à cause de la transparence des membranes, et de la position des ovules , qui , se développant tout autour de la gaine qui les renferme, cachent la gaine des spermatozoïdes contenue dans la première. Nous avons constaté , dans Yhelix pomatia , l'exis- tence de ces ovules dans les digita lions de cette glande ; et dans le commencement du canal déférent celle d'in- nombrables spermatozoïdes en forme de très longs fils avec une tête oblongue (3). L'organe que nous venons de décrire est donc her- maphrodite, c'est un ovospennagène. Il a de même un double canal excréteur engaîné l'un dans l'autre; celui qui est extérieur est l'ovuliducte, et l'intérieur est le canal excréteur du sperme. Le premier est droit et sans sinuosité, dans Yhelix po- matia, et tient lieu de fourreau pour le second, qui est très sinueux et comparable à un épididyme. Ces deux canaux se séparent plus tôt ou plus tard, suivant les genres et les espèces , ou se terminent ensemble dans l'oviducte , le plus souvent à l'endroit où la glande (1) Extrait des procès-verbaux de la Socie'lu philomatique de Paris. 1842, p. 6. (2) Voir Archives de J. Muller ponr l84i> p- 4^3 et suiv., et pi. XlVet XV. (3) Observation du 8 mai 1 8^5. ART. I. ORG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS. 481 de ce canal finit, et où commence sa partie mem- braneuse. Nous appellerons épididyme cette première partie du canal séminal qui est engaînée dans la trompe ou la première partie de roviducte. L'insertion de celle-ci, qui ne charrie encore que des ovules , ne se fait pas à l'extrémité de la seconde partie de Foviducte, qui est glanduleuse, mais entre cette partie , ainsi que nous venons de le dire, et la troisième ou la membraneuse. Cette partie glanduleuse que Swammerdam appelait si justement la glande de la glu, est en arrière de cette insertion ; tandis que la der- nière partie de l'oviducte, la plus rapprochée du ves- tibule génital, est en avant ; de sorte que les ovules, qui doivent prendre leur albumen dans cette partie glanduleuse , y suivent une marche pour ainsi dire ré- trograde, et reviennent ensuite dans la même voie pour atteindre le vagin. Cette partie glanduleuse de l'oviducte forme souvent comme un appendice considérable de tout l'appareil générateur. Au temps du rut, elle a six fois le volume de la glande spermagène, et renferme des œufs dans le canal qui parcourt son axe, en diminuant de diamètre depuis l'insertion du premier oviducte jusqu'au som- met de la glande. Sa substance se compose de petits ccecums dont la cavité s'ouvre dans des cellules qui sont comme les anfracluosités du canal central. Ces petits ccecums et ces cellules sont remplis dune humeur aibumineuse composée de vésicules sphéri- ques transparentes, très petites (i). On ne trouve pas (i) Ayant la grosseur des globules du sang, suivant M. H. Meckeî, o. c 8. 31 482 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. de spermatozoïdes dans cette glande. On n'y dé- couvre pas davantage des ovules dans leur calice aux divers degrés de leur développement. Ils ne s'y ren- contrent jamais que libres et plus ou moins à l'état d'œuf, c'est-à-dire déjà enveloppés d'une couche d'al- bumen et seulement à l'époque du rut, dans le canal centrai de la glande. La troisième partie de loviducte, qui est la conti- nuation du canal de la glande, est un large canal à parois membraneuses, plissées ou tout unies, suivant les espèces, plus ou moins contournées en spirale, de manière qu'il a un côté court et un bord baucoup plus long. C'est du côté court, du moins dans Y hélix po- rnatia, que répond, en dedans, ce sillon profond, dans l'origine duquel s'ouvre le canal séminal ou l'épididyme, et, en dehors, une glande qui a été désignée sous le nom de prostate. Ce troisième oviducte, qui charrie des œufs plus ou moins complets à l'époque du rut, est désigné, mais improprement , sous le nom d'utérus par beaucoup d'auteurs , à commencer par Swammerdam. Ce n'est un oviducte incubateur que dans les Gastéropodes vivi- pares. 11 se termine à l'endroit où s'insère la vésicule co- puiatrice, insertion qui nous paraît indiquer les limites des organes préparateurs et des organes copulateurs ou d'accouplement. Le conduit, excréteur de la semence, comme ce- lui des ovules et des œufs, doit se distinguer en trois parties. La première, dont nous avons déjà parlé, est l'épididyme, qui s'étend de la glande ovo-spermagène au troisième oviducte. ART. t. ORGANES PRÉPARATEURS ET EDUCATEURS. 483 La rainure que nous venons de décrire dans le troi- sième oviducte de Y hélix pomatia est la seconde partie du canal excréteur du sperme. Nous rappelle- rons prostatique, parce qu'elle reçoit, par nue série de très petits orifices, les canaux excréteurs de la pro- state, ici cette rainure séminale prostatique est bordée de deux replis membraneux qui se touchent par leur bord libre, et interceptent un canal complet. Elle reçoit , dans son origine, ie canal de l'épididyme, s'étend aussi loin que le troisième oviducte, et renferme, à son autre extrémité, l'embouchure du canal déférent. La glande prostate, adhérente à l'extérieur et au côté court du troisième oviducte, s'en distingue par sa cou- leur opaque , blanc de lait, et par sa forme étroite; elle est composée d'un grand nombre de très petites vési- cules qui communiquent, comme nous venons de le dire , dans la rainure séminale par leurs canaux excré- teurs. Telle est la structure de la rainure séminale ou de la partie prostatique du canal séminal et de la prostate, dans les hélices et la limace rouge; mais, dans la limace grise, au lieu d'une rainure dans l'intérieur de l'ovi- ducle, il y a un canal complet qui lui est extérieur, et auquel cependant la glande prostate est annexée (1). Cette partie du canal séminal, à l'instant où cesse la prostate , devient canal déférent. C'est un canal mem- braneux, qui se porte plus ou moins directement vers la verge, pour s'ouvrir dans son extrémité interne ou son cul-de-sac, ou plus ou moins près du prépuce et de son orifice. Cette terminaison dans la verge n'a lieu (i) M. Verloren, o. c, pi. JI, fïg. 7 484 XXX VTe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. que dans un premier groupe des Gastéropodes herma- phrodites; dans un second groupe, le canal déférent ne communique qu'indirectement avec la verge, au moyen dune rainure intermédiaire. Après cette description générale, qui comprend à la fois les derniers progrès de la science et son histoire, nous donnerons quelques descriptions particulières prises dans le texte de notre première édition ou dans celui des Mémoires sur les Mollusques (i) , en indi- quant les changements dans les détermination , tels que nous venons de les adopter dans nos généra- lités.] § 1. Chez les Gastéropodes pulmonés. Décrivons d abord les organes de la limace comme plus simples : elle n'a que les organes communs à toute la classe, savoir, un ovaire, un oviductus , un testicule, un canal déférent, une verge et une vessie à long coi. Dans la limace (rouge), l'ovaire [l'ovospermagène] est situé vers la partie postérieure du corps , entre les lobes du foie et les intestins. C'est une grappe très com- posée , dont les pédicules sont des tuyaux qui donnent les uns dans les autres, et aboutissent définitivement à l'oviducte [qui renferme l'épididyme]. Celui-ci est un conduit faisant beaucoup de zigzags, et se collant ensuite si intimement au testicule [à la glande de l'oviducte], que j'ai cru longtemps qu'il en pénétrait la substance et qu'il en recevait la liqueur ; mais je suis parvenu à (i) Mémoires pour servir à l'histoire et à l'anatomie «les Mollusques, par M, Cuvier, 1807. ART. I. ORGANES PREPARATEURS ET ÉDUCATEURS. 485 m'assurer qu'il n'en est pas ainsi. Après avoir suivi toute la longueur du testicule [de la prostate] l'ovi- ducte, devenu sensiblement plus large , et même , dans le temps de l'amour, plissé et boursouflé, se termine dans le fond de la cavité commune de la génération. Le testicule [la glande de l'oviducte] est une glande blanche, oblongue, très considérable, surtout dans la saison de l'amour. Il peut se diviser en deux parties: la postérieure, en arrière de la jonction clel'oviduc- lus; elle est ovale, et c'est elle qui se gonfle le plus dans la saison [c'est proprement la glande de l'ovi- ducte]. L'antérieure est oblongue. [C'est la prostate des auteurs]. Sa structure n'est point en filaments, comme celle de la seiche, mais plutôt en grains. Le testicule donne un canal excréteur propre [la troisième partie du canal sénimal ou le déférent] , qui va s'ouvrir dans le fond de la verge. Dans le colimaçon , l'ovaire et le testicule sont dispo- sés comme dans la limace. Les organes de la testacelle [et de la parmacelle] ne diffèrent point notablement de ceux delà limace (i). [Le limnée et le planorbe n'ont pas les glandes ovi- gène et spermagène ainsi réunies en une seule ; la dis- position de ces glandes, qui sont ici séparées, et celles de leurs canaux excréteurs sont bien propres à lever les doutes qui pourraient rester sur la détermination de ces organes. Ici leurs canaux excréteurs aboutissent, le premier à la verge et le second à la vulve, après s'être réuni à la vésicule copulatrice. Cette terminaison de leurs canaux excréteurs ne peut laisser aucun doute (i) Mémoire de M. Cuvier, tig. 9, 10, 14 et i5. i86 xxxvr leçon, okg. de génération des mollusques. sur leur fonction, et vient corroborer ce que démon- trait déjà la nature de leur contenu.] Dans le limnée , on distingue partout le canal dé- férent, qui est d'abord assez gros, et se renfle en un réservoir excessivement plissé , qui doit pouvoir con- tenir une très grande quantité de sperme. Ce canal, en ressortant, est très mince, reste fort longtemps sous cette nouvelle forme , et après s'être engagé dans les chairs, vers l'issue de l'oviductus, il en ressort pour se terminer dans le fond du sac de la verge, qui est or- ganisée comme dans la limace. L'ovaire est, comme à l'ordinaire, vers le sommet de la coquille et enchâssé dans le dernier lobe du foie; le premier oviducte est mince et tortueux ; [le second oviducte est formé de deux poches de substance molle, blanche , glanduleuse , communiquant ensemble par un canal assez ample et aboutissant par un autre, le troisième oviducte, à la vuive. On les trouve quelque- fois pleins d'œufs ( i ) . Nous avons trouvé le testicule enchâssé en partie dans le foie; sa forme est en massue, contournée en spirale, et sa surface paraît comme tuberculeuse par suite des petits cceciims dont sa masse se compose, et dont le fond fait saillie au dehors. Il renferme une quantité innombrable de sperma- tozoïdes, surtout dans la partie qui touche à l'épidi- dyme ; ils remplissent de même ce premier canal ex- créteur, qui commence sous l'ovaire, est court et sinueux. Il se redresse, après avoir dépassé l'oviducte, (i) Mémoire de M. Cinier, tig. 8, 9 , 10, i5, et p. 7 et 8, et celui déjà cité de M. Verloren , pi. Vil , fig. 45. ART, I. ORGANES PREPARATEURS ET ÉDUCATEURS. 48? pour aboutir à un corps glanduleux considérable, sorte de prostate composée de deux parties : une cylindrique ou en massue , ayant le gros bout dirigé vers la seconde ; celle-ci est pyramidale. L'une et l'autre sont composées de paquets de Gœcums serrés les uns près des autres, remplis d'une matière jaune ou blanche , et entourés comme d'une légère gaze noirâtre. Les cœcums sont réunis par paquets laissant entre eux comme des sillons longitudinaux qui divisent cette glande. L'ovaire est un corps replié, jaune, composé de lobes, et ceux-ci de vésicules contenant des ovules. Il aboutit à l'oviducte, qui est blanc opale , comme celui des hélices. Cette première partie de l'oviducte est re- pliée et courte; elle donne dans une partie glanduleuse, jaune-verdâtre, de substance ferme, résistante, qui sécrète une matière visqueuse. L'oviducte sort de cette i glande comme un canal étroit, qui se dilate encore et forme une seconde poche considérable, après laquelle vient la dernière partie de ce canal, qui est cylindrique et aboutit au vagin. Suivant M. Paasch, un petit canal se détacherait de l'épididyme pour communiquer dans le premier ovi- ducte (i). Pour le piano rbe non? renvoyons aux figures des mémoires de MM. Cuvier, Verloren (2) et Paasch (3). § 2. Chez les JSucUbranciies ei les Injéro branches . Gomme les Gastéropodes pulinonés, les Nudibran- ches auraient un organe préparateur hermaphrodite (1) M. Paasch, m. c, pi. V, fig. 7, J. et p. 91. (2) Mem. c, pi. VIL tig.^43- (3) Archives d'Eiïchson pour 1 8^3 , pi. V, fig. 6 et 7. 488 XXXVI* LEÇOK. OliG. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. annexé au foie. M. Olivier le décrit généralement sons le nom d'ovaire. Dans le thethij s fimbriata, cet organe double se com- poserait de follicules allongés se réunissant à un canal excréteur commun , et renfermant à la fois des ovules très petits et des spermatozoïdes. Le canal excréteur des deux glandes ne tarde pas à se dilater, et se pe- lotonne ensuite pour former en partie l'épididyme. Au-delà de ce pelotonnement, les deux canaux excré- teurs se séparent, lovuliducte pour s'insérer dans l'ovi- ducte au-devant de sa glande, qui est considérable; le canal séminal pour se collera une prostate composée de follicules, qui y versent l'humeur qu'ils séparent, par deux canaux principaux. Au-delà delà prostate, le canal déférent est encore long et sinueux avant de se terminer dans le fourreau delà verge (1). C'est aussi au foie qu'est annexée la glande herma- phrodite, dans le genre doris; son double canal excré- teur se sépare de même, après un trajet assez long, en ovuliducte, qui est très court, et en un long canal dé- férent. Lovuliducte s'ouvre daus Toviducte en avant de la glande (2).] Dans les doris , l'oviductus [le canal double de ia glande hermaphrodite], après s'être collé au testicule [à la glande de l'oviclucte], paraît se rendre dans le canal de la vessie et s'y réunir en un canal commun. Dans le doris solea , espèce nouvelle de la mer des (1) Mémoire de M. Cuvier sur le genre Theihys, etc., fig. 5 et 7, et II. Meckel, m. c, pi. XV, fig. 1. (2) Mémoire sur le genre Doris, par M. Cu- vier, pi. I et II , et de M. H, Meckel, pi. XV, fig. 2. ART. 1. ORG. PREPARATEURS ET ÉDUCATEURS. 489 Indes , il ma même paru quil se rend dans la vessie même, ce qui confirmerait bien que la vessie est des- tinée à fournir l'enveloppe des œufs. Le testicule [la glande de Toviducte] est arrondi, et touche à la ca- vité commune. Une petite vésicule accessoire tient au canal de la vessie. [Dans la Tritonia ascanii, la glande hermaphrodite est linguiforme,et se trouve comme toujours annexée au foie. Elle se compose de vésicules-ovules ayant chacune un double canal excréteur. Les ovules mûrs rendent bosselée la surface de chaque vésicule. Les deux canaux excréteurs se séparent à la base de la glande de Tovi- ducte , qui est considérable. Le canal déférent, après cette séparation, est long, sinueux , et entouré, dans une partie de son trajet, par une prostate étroite et al- longée , comme dans les hélices (1). Dans la tritonia àombergiï , M. Guvier a trouvé la glande de l'oviducte très considérable (a).] Dans la tritonie, lovaire [la glande hermaphrodite] est plus volumineux, l'oviductus plus gros à propor- tion (que dans la limace), et le testicule [la glande de l'oviducte] ramassé en une boule irrégulièrement lobée. [Le pie uro branche a meckelii a présenté la même or- ganisation générale dans ses organes préparateurs. Dans les nouveaux genres acteonia et pelta , lovaire et le testicule sont, au contraire, deux organes dis- tincts et bien séparés. Le premier est un long tube re- plié en différents sens dans la cavité abdominale. Le (i) M. H. Meckel, ibid., fig. 12, i3 et 14. (2) Elle est décrite comme le testicule. Mémoire sur le Tritonial Hombergii , pi. II ^ fig. 1 . 490 XXXVIe LEÇON. OKG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. second est une poche allongée, en forme de massue, dont le canal excréteur aboutit à la fin de l'oviducte ( 1 ). | § 3. Chez les Tectibranches , [Il y a dans les Gastéropodes de cet ordre une cir- constance organique déjà remarquée par M. Cuvier dans notre première édition : c'est que l'orifice de la verge est plus ou moins éloigné de celui du canal défé- rent et de l'oviducte , et que le sperme n'arrive à la verge que par un sillon extérieur. Nous y reviendrons en parlant des organes d'accouplement. Quant aux organes préparateurs des deux sexes, ils sont aussi in- timement unis que ceux des Gastéropodes pulmonés terrestres, que nous venons de décrire.] L'ovaire [la glande hermaphrodite], dans Yaplysie, est une masse ovale qui occupe tout le fond postérieur de l'abdomen, et qui, dans l'état ordinaire, est d'une couleur blanchâtre. L'oviductus [le double canal de la semence et des ovules] y prend son origine par plusieurs vaisseaux qui viennent des différentes parties de la masse, comme les vaisseaux propres d'une glande sécrétoire , et qui se réunissent en un seul; ce- lui-ci, après avoir serpenté le long du côté droit du testicule, devient subitement très mince et contourné autour delà sommité de cette glande, et forme un ca- nal qui, après avoir été collé pendant quelque temps au canal déférent [à l'oviducte], finit par y déboucher, après avoir reçu une vésicule, ou boyau aveugle, qui est peut-être l'analogue des vésicules divisées du co- limaçon. (i) M. de Quatrefages. Ann. des se. nat., 3e série, t. I, pi. IV et VI. ART. 1. ORG. PRÉPARATEURS ET EDUCATEURS. 491 Le testicule [la glande de l'oviducte ] est d'un beau jaune, et ressemble à un sphéroïde elliptique qui se- rait entouré d'un ruban en spirale; son milieu est assez compacte, et semble homogène. Le ruban qui paraît l'entourer est lui-même divisé en une bande principale , finement striée , et dont les stries sont probablement autant de vaisseaux propres, et en deux lisières lisses, qui sont des vaisseaux ex- créteurs. La lisière supe'rieure est le canal déférent commun à tout le testicule [commun à la glande de l'oviducte], et qui transmet la semence [les œufs] au dehors. Les deux canaux excréteurs, après avoir dépassé la glande, sont soudés ensemble, sans se confondre. Celui qui vient du testicule [de la glande de l'oviducte ] est formé d'une membrane plus mince et très plissé; l'au- tre, qui vient de l'oviducte [ le canal^déférent ], a des parois plus épaisses. Une fente établit entre ces deux canaux , dès les premiers tiers de la longueur, une libre communication. C'est vers le deuxième tiers que s'ouvre, par un endroit particulier , la vésicule copu- latrice (1). [M. H, Meckel (2) est parvenu à découvrir que la glande de l'ovaire se compose d un assez long canal contourné en spirale et venant se terminer en cul-de- sac à l'endroit où son autre extrémité débouche dans l'oviducte. Ses parois ont une double série de plis transverses. (1) Mémoire de M. Cuvier sur le genre Aplysie, p. 20 et 27, et pi. IV. fig. 1 et 2. (2) M. c, pi. XV, tig. 7. 492 XXXVIe LEÇON. OEG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. Les organes de la génération sont disposés dans les Acères comme dans l'aplysie (1). Dans l'ombrelle (Umbrella mediterranea. Lam. ), le canal ovo-séminal se termine dans la cavité de la glande de Fovidncte.] § 4- Les Scutibranches et les Cyclobranches, [Dans son mémoire sur 1' haliotide,\e genre patelle, la fissurelle , Yémarginule et Yoscabrion, etc. , M. Guvier s'exprimait ainsi : « Aucun individu des genres que je viens de nommer ne m'a offert autre chose qu'un ovaire plus ou moins développé, mais dans la com- position duquel entrent quelques parties glanduleuses qui pourraient être regardées comme servant à la com- position du sperme; en sorte que je suis assez porté à croire que ces animaux sont des hermaphrodites qui peuvent se suffire à eux-mêmes, comme les Acé- phales (2).» Il répète de nouveau cette manière devoir dans la partie de ce mémoire concernant l'ovaire de Yhaliotide et des patelles ; cependant nous avons vu que les sexes sont séparés dans ce dernier genre.] G. Dans la classe des Ptéropodes. [ Les Ptéropodes sont des mollusques hermaphrodites, que M. Guvier n'a séparés , pour ainsi dire , qu'à regret de la classe des Gastéropodes, avec lesquels il reconnaît qu'ils ont le plus de rapports, entre autres dans leurs organes de génération (3). (1) Mémoire de M. Cuvier sur les Acires, p. i4 et i5. (2) M. c, p. 2. (3) M. Guvier, dans notre première édition, avait écrit au sujet des deux seuls genres qu'il connaissait à cette époque et qu'il plaçait encore à ART. I. OBG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS, 493 « L'ovaire unique est rapproché du cou avec les au- »tres viscères. Il donne un oviducte mince et court, » qui aboutit, comme d'ordinaire, au testicule. » Le testicule, d'abord en forme de cœcum, s'amin- » cit par degrés en un conduit déférent, et se termine » en une petite bourse ronde, qui remplit le tuber- » cule gauche de la tête , et qui sort près du col. A » côté de cette bourse en est une autre oblongue ana- » logue à celle que nous appelons la vessie dans les » Gastéropodes. » Je ne sais pas, ajoute M. Cuvier, si la verge est » cette partie droite et ferme qui termine le canal défé- » rent , ou si elle est cachée dans la petite bourse dont » je viens de parler (1). » Les organes de la génération de Ykjritle(p\ écrit-il encore dans le mémoire sur ce sujet, ressemblent à ce qu'on voit dans la plupart des Gastéropodes : un ovaire qui remplit la plus grande partie du côté droit de la cavité viscérale, un oviducte de médiocre longueur, un testicule presque aussi fort que l'ovaire et un canal déférent commun. Nous ferons remarquer ici l'identité de composi- tion de cet appareil générateur avec celui que nous avons indiqué dans les deux genres nouveaux des gas- téropodes acteonia etpelta. Les autres Ptéropocles (cymbulie, clèodore, Cuvierie, la suite des Gastéropodes hermaphrodites , dont les organes sexuels ont deux issues plus ou moins distantes: «L'hyale et le pneumoderme ont aussi des organes sexuels éloi;;ne's par leurs orifices, quoique réunis clans le même individu ; mais ces Mollusques sont trop petits pour que nous en donnions une description détaillée.» (1) Mémoire sur le Clio horealis, p. 8. (a) Sur l'hyale et \e pneumoderme, fig. 4 et 8, et p. 6. 494 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. tiedemannid) paraissent avoir un appareil générateur plus ou moins semblable à celui des clio et des hyales et toujours hermaphrodite avec organes d'accouple- ment (2).] D. Dans les Acéphales testacés. [Les uns ont les organes préparateurs des deux sexes séparés dans des individus différents ; les autres les ont réunis dans le même individu. I. Des organes préparateurs chez les Acéphales tes- tacés a sexes séparés. Jusqu'à présent on ne connaît que des Mytilacës et des Cardiacés qui appartiennent à cette catégorie; ce sont les mytilus , les unio, les anodontes, les venus et les bucardes. § 1 . De ï ovaire et de loviducte. L'ovaire existe chez plusieurs Mytilacés et Cardiacés , séparément du testicule, dans des individus distincts. Il est situé dans la cavité viscérale, sous le foie, qu il enveloppe plus ou moins, suivant le degré de déve- loppement des ovules qu'il renferme; on le découvre immédiatement sous les téguments de l'abdomen. Dans la moule comestible , il se compose de deux lobes qui occupent presque toute l'étendue du manteau. Sa structure s'y compose d'un grand nombre de pe- tites poches en forme de cœcums, dont chacune ren- ferme un ou plusieurs ovules. Un certain nombre se réunit à un canal commun, qui n'est qu'un rameau d'une (1) Exercices zootomique«s, par P.-J. Van Beneden. Annales du Muséum Je Bruxelles, t. XV. ART. I. ORG. PREPARATEURS ET ÉDUCATEURS. 495 petite branche. Celle-ci aboutit à une branche plus forte, et successivement jusqu'à la réunion des plus grosses branches dans un tronc commun , qui est celui de l'oviducte. Les parois de ce tronc , de l'oviducte et des branches principales ont des plis transverses, comme loviducte des oiseaux. Dans les unio et les anodontes , l'ovaire se com- pose aussi de deux lobes, mais qui sont restreints à la cavité abdominale. Leur structure est la même. 11 y a deux oviductes ayant leur orifice de chaque côté du bord supérieur de la paroi abdominale, à peu près au milieu de sa longueur, tout près et un peu en avant de celui du canal excréteur de l'organe que Tre- viranus et M. de Baer regardent comme le rein (1). Dans la leçon où nous traiterons des omanes d'incu- bation intérieurs, nous verrons que dans les deux der- niers genres les œufs passent de l'ovaire dans les bran- chies , pour le développement du fœtus. - § 2. Du testicule, ou de lagande spermagene et de son canal excréteur. Le testicule a la même apparence que l'ovaire; il est situé dans les mêmes rapports avec les autres vis- cères. C'est ainsi qu'il a été décrit dans les unio et les anodontes , dans les mytibus edulis et polijmorphus , parmi les Mytilacés; dans la venus virginea, parmi les Cardiacés (1). On le trouve rempli de spermato- zoïdes à l'époque du rut, et ce contenu sert unique- ment aie reconnaître. (») Voir notre t. VII, p. 616 496 XXXVIe LEÇON. ORCt. de génération des mollusques. II. Des organes préparateurs chez les Acéphales testacés hermaphrodites. [Les bivalves hermaphrodites sont probablement les plus nombreux. Les glandes ovigène et spermagène y sont placées à côté l'une de l'autre, dans la cavité abdominale, et elles y présentent la même structure, composée en dernier lieu de petites poches ou de petits cœcums. Peut-être que des recherches ultérieures feront dé- couvrir dans cette classe , comme dans celle des Gas- téropodes , cette intime combinaison, cette singulière invagination que nous avons fait connaître chez ces derniers. Sans avoir reconnu la glande spermagène des Acéphales testacés, M. Cuvier en avait , pour ainsi dire, indiqué l'existence , en distinguant celle de son produit. Après avoir écrit] : « On ne leur voit d'autre or- gane de génération qu'un ovaire qui est étendu des deux côtés sur le corps, immédiatement sous la peau pénétrant entre les tendons des muscles, et quelquefois entre les deux membranes du manteau. Sa grosseur varie ainsi que sa couleur, selon que l'animal est plus ou moins avancé dans sa gestation, » il ajoute : « 11 s'y ma- nifeste à une certaine époque une liqueur laiteuse, qui peut être un vrai sperme, propre à féconderlesœufs. » [L'hermaphrodhisme, ou l'existence simultanée des glandes spermagène et ovigène dans le même indi- vidu, a été constatée dans le peigne glabre , parmi les (i) M. Mil ne Edwards. CoulpteS-retvlus île l'Académie des sciences, t. X,p. 864. « î w ART. I. ORG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS FEMELLES. 497 Oslracès ; clans les cyclas cornea, lacustris et rivicola , parmi les Cardiacès. Dans la première espèce, lovaire remplit une partie cle la cavité abdominale en arrière , et le testicule en avant; Tune et l'autre glande sont comme soudées en- semble; mais on distingue facilement l'ovaire par sa couleur jaune orangé et ses granulations. Le testicule, au contraire, est blanc de lait etcedis- tingueparles grappes de petites vésicules qui compo- sent sa structure , et par leur contenu , le sperme lai- teux et les spermatozoïdes qu'il renferme. L'oviducte traverse la partie supérieure du testicule, et va se terminer au-devant du muscle adducteur en- tre la base des tentacules. Deux petites ouvertures qui se voient à la base du pied seraient l'issue du sperme. Cette séparation des orifices des organes sécréteurs des deux glandes est particulière (i). Dans les Cyclades , la glande spermagène est située derrière le foie , et se fait remarquer par sa couleur blanc de lait. Elle se compose de petits ccecums vési- cuîeux formant des grappes plus ou moins évidentes, suivant les espèces. L'ovaire est une masse tubuleuse annexée au testicule, et qu'on en distingue encore par sa couleur et par son contenu , composé de très petits ovules (2). Ce peu de détails prouvera qu'il y a encore bien des (1) Voir MM. Milne Edwards et Lallemand. Comptes-rendus de l'Aca- démie des sciences, t. X, p. 848. (2) M. R. Wagner, Archives de Wieg- rnann, t. III, p. 369, et M. Siebold ^ Archives de J. Miïller pour 1837. p. 388. 8. 32 498 XXXVIe LEÇON. OEG. DE GENÉBATION DES MOLLUSQUES recherches à faire pour déterminer les espèces qui sont hermaphrodites et celles chez lesquelles les sexes sont séparés. Il est probable que les organes des deux sexes existent toujours réunis ou séparés. Cependant on ne connaît encore, chez plusieurs espèces, que des in- dividus femelles.] E. Des organes préparateurs chez les Brachiopodes. [On n'a découvert dans cette classe que l'organe préparateur femelle ou l'ovaire; encore a-t-on plutôt indiqué la place des œufs, en incubation, selon toute apparence, que décrit cet organe. L'ovaire est, comme toujours, chez les animaux de ce type , dans une position rapprochée du foie. Chez les Brachiopodes , c'est-à-dire chez les tèrè- bralines , lingules , orbicules et cranies , comme chez beaucoup & Acéphales testacés, comme chez les Cirrho- podes , les œufs passent de l'ovaire dans les replis du manteau. On a observé des agglomérations d'oeufs de couleur verte, occupant la partie postérieure de la coquille, derrière le foie et autour des principaux vaisseaux branchiaux , chez les orbicules et les cranies ( 1 ).] F. Des organes préparateurs des Acéphales T uni- ci ers. [Nous indiquerons successivement ce que l'on sait de ces organes et des modes de propagation des deux sous-classes dont se compose ce groupe principal. A (i) Anaîonne des térébratules, etc., par M. R. Owen. A:inale» des se, aatur., i* série, t. TU , pi. I et If. ART. I. ORGANES PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEUKS. 499 cet égard, comme à tant d'autres, la science a mar- ché depuis notre première édition (i), et ses propres sont dus, en premier lieu, à la suite des travaux de M. Guvier. I. Dans les Tuniciers Trachéens . Cette Sous-classe, qui se compose delà famille des Bip h or es, paraît vivipare. § 1. Des organes préparateurs femelles. Dans le salpa scutigera, on voit, dit M. Guvier (2), un amas de petit? grains bruns formant un disque ovale dans l'épaisseur de la protubérance transparente, au- dessus des viscères de la digestion. L'oviducte est placé au-dessus de la masse du foie et des boyaux, con- tourné en portion de cercle. Sa structure paraît consis- ter en petites capsules enfilées les unes à côté des au- tres, lorsqu'il est rempli d'une chaîne de biphores qui s'y sont développés comme dans une matrice. « Les Sthalies [salpa erislata) ont deux ovaires. » Ce sont deux corps oblongs , situés, comme les autres » viscères, entre la tunique intérieure et l'extérieure , » à 1 opposite de ces viscères , c'est-à-dire au côté » dorsal. » Chacun de ces corps est un cylindre replié en zig- » zag composé d'une substance grenue, ou mieux un » tube contenant des ovules (3). » (1) Voici le peu de mots qu'on y trouve sur les moyens de propaga- tion de cette classe. « J'ignore si les Acéphales nus [biphores et asci- dies) ont des différences mnrrjuces dans leur multiplication. » (2) Mém. <"ité,p. 20, et pi. 120 et 121 duRegneanim.nl. (3) Mémoire de M. Cuvier sur les thalides et les biphore9 , p. 12. 500 XXXVIe LEÇON. 0?iG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. M. Meyen les a vus, à l'état frais , de couleur bleuâ- tre ou violette ou incolores (1). § 2. Des organes préparateurs mâles. Leur existence est encore problématique dans les animaux de cette sous-classe. A la vérité on a cru voir (2) le testicule, dans lesalpa mucronala, en avant du ganglion unique et conséquemment à la face dor- sale du sac , près de l'ouverture antérieure ; mais cette détermination ne peut être considérée que comme une supposition, jusqu'au moment où Ion aura dé- montré, dans cette partie , l'existence des spermato- zoïdes. H. Dans la Sous -classe des Tuniciers Ascidiens ou Thoraciques. Cette Sous-classe se distingue de la précédente, des autres Classes du même type et de celles des Articulés et des Vertébrés par ses deux modes de propagation. Lorsque ces animaux forment des agrégations régu- lières ou même irrégulières , mais fixées et non libres, ils peuvent se propager par bourgeons ou par germe adhérent. Ce mode de propagation établit un rapport de plus entre ces Tuniciers et les Polypes cellulaires , que nous appelons encore ascidiens. 11 a été constaté pour les Ascidies composées , for- mant des agrégations fixées , et même, parmi les Asci- (1) Premier mémoire sur les Salpa , communiqué à l'Académie des curieux de la nature, le 28 septembre i832, (2) O. ct, pi. XXVII, fig. 3 B. et fig. 7, 8, 9 et 10. ART. I. ORG. PRÉPARATEURS ET ÉDUCATEURS. 501 dies simples , pour les clavelines , dont les téguments restent mous et conservent dans cet état de composi- tion organique plus de vitalité (i). L'autre mode de propagation , celui par germe libre ou par œuf, est plus complet que dans la premier0 sous-classe, puisqu'on a reconnu , dans le même indi- vidu, l'organe préparateur des ovules et celui de la semence. § 1 . Organes préparateurs mâle ou femelle , dans 1 Ordre des Ascidies simples ou agrégées irrégulière- ment. M. Cuvier semble indiquer que l'ovaire, dans le? ascidies, est situé séparément du testicule, entre la tunique propre et la tunique branchiale , où il a trouvé quelquefois de petits grains que je suis disposé^ dit-il, à prendre pour des œufs. On ne peut guère considérer, ajoute-t-il, que comme appartenant à la génération un organe glanduleux, blanchâtre , placé entre les replis de l'intestin avec le foie, mais dont le canal extérieur, souvent très ondulé, suit le rectum , et y débouche tout près de son extré- mité. Gomme le rectum débouche dans la dernière pro- duction de la tunique propre, il ne serait pas impos- sible, ajoute encore M. Cuvier, que la liqueur sémi- nale, versée par le conduit excréteur dont j'ai parlé, allât féconder les œufs du même individu, placés comme (i) Comptes-rendus de l'Académie des sciences, t. IX, p. 5o,3, 1809. Mémoire de M. Milne Edwards ; et Règne animal , pi. GXXVll drs Mol- lusques , fig. 2 et 3. 502 XXXVI» LEÇON. OBG. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. je viens de le dire; il serait possible aussi quelle se répandît an dehors pour féconder ceux que d'autres individus auraient pondus dans le voisinage; cepen- dant, comme les ascidies n'ont point de locomotion, je pense qu'elles doivent se suffire à elles-mêmes ( i ). Remarquons que, dans les descriptions particulières, l'organe que M. Cuvier semble considérer comme le testicule, dans sa description générale , est désigné sous le nom d'organe génital, et que son canal excréteur n'est plus le canal séminal, mais le canal génital , comme si cette glande était hermaphrodite et le canal commun aux deux organes réunis (a,). Dans Yascidia mentula , le canal de la génération , au lieu de se terminer dans le rectum, finit au même point que lui (3). D'dnsVascidia canina Millier, l'organe génital forme une masse bien séparée des viscères, logée dans un repli de l'intestin. Le conduit génital marche à côté du rectum , et se porte plus en avant que lui , dans la deuxième production de la tunique propre. § 2. 0 rganes préparateurs mâle et femelle dans F or- dre des Ascidiens composés ou agrégés régulièrement. a. \1 ovaire unique est situé dans une loge périto- néale particulière de la cavité abdominale, au-dessous des viscères servant à l'alimentation. Il se termine par un canal excréteur , l'oviducte , qui aboutit au cloaque (4). (0 M. Cuvier, mémoire sur les Ascidies, p. i4 et i5. Voir encore le Piègïie animal, pi. CXXVIIÏ, d'après un dessin de M. Milne Edwards. (>.) M. e. de M. Cuvier, p. 22. (3) Ibid., p. 24. (4) Voir Saviqny dans l'ou- vrage sur 1 Egypte et sa publication séparée sur les animaux sans vertè- bres. Voir encore Règne animal, pi. JXXIX des Mollusques. ART. II. DES OVULES ET DES ŒUFS. 503 b. La glande s permagène est située, comme l'ovaire, clans le fond de la cavité abdominale. Le canal défé- rent est long et très délié ; il va se terminer au cloaque, où nous venons de dire que l'oviducte aboutit, et où s'opère probablement la fécondation. Au temps du rut, cet organe et son canal excréteur sont remplis d'un liquide qui fourmille de spermatozoïdes (1).] ARTICLE II. DES OVULES ET DES ŒUFS , OU DU PRODUIT DES ORGANES PRÉPARA- TEURS FEMELLES DANS LE TYPE DES MOLLUSQUES. A. Dans la classe des Céphalopodes , les œufs [ou plutôt les ovules ] grossissent inégalement [ dans l'o- vaire], et au bout d'un certain temps, on les y trouve gros, pressés les uns sur les autres , et anguleux. [Les ovules se développent dans le tissu fibro-celîu- icux de l'ovaire, font peu à peu saillie au dehors, se dé- tachent de plus en plus, enveloppés de la capsule que leur fournit l'ovaire , et qui ne tarde pas , à mesure des développements de l'ovule, à n'y plus tenir que par un pédicule. Plusieurs ovules, se développant à peu près en même temps, tiennent entre eux par leurs pé- dicules j qui deviennent ainsi des rameaux d'une même branche. Les ovules sont d'abord sphériques; ils prennent une forme ovale dans le dernier degré de leur déve- loppement, et sont disposés de manière que le pôle (i) Comptes-rendus de l'Acade'mie des sciences , t. X, p. 5y2, et Règne animal, pi. CXXX des -Vollusques, fig. 2, 9, d'après un dessin de M. Mil ne Edwards. 504 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. obtus est le plus rapproché clu pédicule. C'est au contraire au pôle aigu et libre que se voit la vésicule germinative et la tache de ce nom. Le reste de la sub- stance de l'ovule est un vitellus granuleux enveloppé d'une membrane vitelline. L'ovule, dans son développement, outre les change- ments de forme que nous venons d'indiquer, en éprouve dans sa composition. 11 a d'abord sa surface tout unie. Dans un degré plus avancé, elle devient inégale, et finit par montrer des sillons et des bosselures ou des cannekires, dont la disposition varie suivant qu'on les observe dans la seiche , le poulpe , Yélédon, Y argonaute, le nautile (1). Ces saillies et ces sillons s'effacent dans un degré de développement plus avancé; et lorsque l'ovule est mûr, et qu'il est sorti de sa capsule pour tomber dans la poche de l'ovaire , sa surface est de nouveau tout unie. La vésicule germinative et la tache germinative dis- paraissent de même dans l'ovaire, ce qui fait présumer que la fécondation pourrait s'effectuer dans cette poche. L'oeuf complet de la seiche officinale est un sphé- roïde assez semblable aux grains de certains rai- sins (2). A l'un des pôles est une proéminence ou un mamelon conique et arrondi. Le pôle opposé se pro- longe en un pédicule plus ou moins long que l'animal contourne en forme d'anneau autour des corps sous- (1) D'après les observations de MM. R. Owen pour le nautile, Déllé- Ghiaje pour Yélédon, Krohn pour \a poulpe, et Kœlliker pour la seiche.. le calmar et \' argonaute , o. c. de M. Kœlliker, pi. II, tig. n, 12 et \q. 2) Sur les œufs de seiche, par M. le baron Cuvier, Nouvelles annales du Muséum, t. I, p. 1 53, et pi. VIII. Paris, i83;>. ART. II. DES OVULES ET DES ŒUFS. 505 marins. Un certain nombre de ces œufs, ainsi accrochés les uns près des autres, forment une grappe que le vulgaire appelle raisin de mer. Le pédicule et la coque, dont il estime production, sont dune substance comparable à de la gomme élas- tique , mais beaucoup moins tenace dans la coque, plus ductile dans le pédicule. Celui-ci, dans l'opinion de M. Guvier, doit avoir été formé par l'action de la mère , qui a dû le façonner ou le contourner diffé- remment suivant la grosseur ou la forme de la branche de fucus ou de tout autre corps auquel elle l'a attaché. La coque se compose d'un certain nombre de cou- ches ou de feuillets, faciles à détacher les uns des au- tres, dans l'état frais, noirs pour les plus extérieurs, et de moins en moins colorés vers l'intérieur : aussi pen- se-t-on qu ils sont noircis par l'encre de la seiche au moment où ils parviennent dans l'entonnoir. La coque est doublée par une membrane transpa- rente fixée aux deux pôles, et qui embrasse à la fois le vitellus et le germe. Cette membrane, dans les œufs qui viennent d'être pondus, contient une substance gluti- neuse assez limpide , le vitellus lui-même et sa mem- brane vitelline (1). On rencontre déjà dans la coquille de la mère les œufs de Xargonaute réunis en grappes à une tige commune. Ceux des calmars sont agglomérés dans un cylindre gélatineux allongé, comparable aux chatons de cer- tains arbres, ayant d'ailleurs une enveloppe membra- neuse commune. Les poulpes les rendent de même; (i) M. Cuvier, Hid., p. i55. 506 XXXVI* LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. mais, au lieu d'un cylindre, le nidamentum qui les réu- nit d'un côté seulement, est en forme de ruban.] B. Chez les Gastéropodes . [Les ovules des Gastéropodes tels qu'on peut les observer dans l'ovaire y sont extrêmement petits, et composés cependant , comme toujours, d'un vitellus contenu dans la membrane viteîline , d'une vésicule germinative et de la tache germinative. Le chorion et la quantité d'albumen qu'il renferme se forment chez les ovipares, soit lors du passage de l'ovule à travers la trompe ou l'ovuliducte, soit dans l'oviducte. Il y a sans doute, à cet égard, des différences sui- vant la forme, le volume et la composition que l'œuf doit acquérir, et suivant la nature de ses enveloppes protectrices et nutritives, ordinaires et extraordi- naires. Je classe dans cette dernière catégorie le nida- mentum de substance gélatino-albumineuse contenue dans une capsule membraneuse plus ou moins solide , qui renferme un certain nombre d'oeufs. Ces œufs , dans ce cas, paraissent avoir très peu d'albumen. Il est au contraire très abondant dans les Gastéropodes ovi- pares, tels que les Pulmonès terrestres, qui pondent leurs œufs séparément et sans nidamentum. Cette cir- constance me semble démontrer que ce nidamentum est un albumen commun, qui sert à la nutrition des embryons. Le nombre de ces œufs chez les Gastéropodes Pul- monès terrestres est généralement moindre que celui observé chez les Gastéropodes marins, quoiqu'il puisse s'élever à quatre-vingts dans une seule ponte; leur forme ART. II. DES OVULES ET DES ŒUFS. 507 est sphérique ou oblongue. Ils se composent d'une coque plus ou moins élastique, un peu calcaire dans quelques espèces, tapissée dans ce cas, à l'intérieur, de cristaux rhomboédriques de carbonate calcaire (i). L'albumen qu'ils renferment dans leur cborion est d'une grande proportion relativement au vitelius, qui est très petit. On compte quelquefois plusieurs vitelius dans un même œuf. Les Pulmonés aquatiques, tels que les lymnèes et les planorbes , rendent leurs œufs dans un nidamentum de matière glaireuse ou gélatineuse, enfermé dans une capsule membraneuse transparente. Chaque capsule peut contenir j'usqu a 72 œufs. Ceux-ci, de forme ovale, sont de 1,7 à 2,2 de mill. de plus grand diamètre. Ils se composent d'un cborion et d'un albumen entourant le vitelius (2). Ceux des zéphirines, parmi les Nudi branches , sont pondus dans une capsule cylindrique tubulée, arran- gée en spirale (3). En général les Gastéropodes de cet ordre placent leurs œufs, en nombre variable, dans une capsule membraneuse déliée, de forme cy- lindrique ou aplatie , renfermant un nidamentum gélatineux, cristallin , qu'ils arrangent en spirale ou en lignes parallèles, en collant cette capsule aux corps submergés ou, aux plantes aquatiques. Chaque œuf (1) Voir les Annales des se. nat. , t. XXV. Analyse microscopique de l'œuf du limaçon des jardins, par M. J.-F. Turpin , p. ^26. (2) Sur les planorbes et les planorbes et les lymnèes. Annales des sciences natur., 2e série, t. II, et pour les omfs des Zépliyrines, t. XIX, p. x34, pai* M. A. de Quatrefajjes. (3) Recherches sur le développement des Aplysles, par M. Van Beneden. — Sur le développement des mollusques, et des zoo- phytes, p.irM, Sars. Archives de Wie^mann pour 1840. 508 XXXVI' LEÇON. OBG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. à'apli/sie renferme jusqu'à cinquante viléljiis, flottant dans un albumen commun. \jes janthines y parmi les P ectinibr anches , placent les capsules remplies d'ovules analogues aux précédents, sous l'appendice vésiculeux que l'on a considéré comme servant uniquement à la natation de ces animaux ; elles les y rangent horizontalement à côté les uns des autres comme des pavés (1). Les autres Pectinibranches enferment leurs oeufs, en grand nombre, dans une enveloppe coriace ou cornée, avec un liquide albumineux qui supplée sans doute à la petite quantité d'albumen que chaque œuf a dans son chorion. Cette capsule d'oeufs multiples varie beaucoup pour la consistance, la forme et le volume , suivant les genres et les espèces: tantôt elle est libre et flottante, et prend la forme sphérique ou un peu ovale et le vo- lume d'un gros œuf de poule. Telle est la capsule ova- rienne de la voluta brasiliensis de substance transpa- rente , flexible, subcornée, qui renferme quinze à vingt œufs dans un liquide albumineux très aqueux (à)'. Tantôt elle est fixée isolément sur un pédicule. Le plus souvent le mollusque en pond successivement un grand nombre de formes très variées, qu'il fixe à côté les unes des autres ou qu'il agrège les unes sur les autres, et en forme une masse cylindrique, conique ou d'autre forme , toujours attachée aux corps submergés. (■) Observation do M. Quoy. Voyage de l'Astrolabe ; Zoologie figurée; Règne animal de Cuvier, pi. XXXXV, fîg. 66 des mollusques; et M. Lund, mémoire cité plus bas. (2) Sur les œufs des mollusques recueillis en Patagonie , par Alcide d'Orbigtty. Annale» des sciences natureUes, t. XVIII , p. 1 2 r . ABT. TT. DES OVULES ET DES OEUFS. 509 Chacune de ces capsules, de nature coriace, a une partie operculaire qui s'ouvre au moment de la sortie des petits (i). Si l'on fait attention à la quantité d'oeufs que ren- ferme chaque capsule et au nombre de ces capsules ainsi réunies par un seul individu , on ne pourra qu'ad- mirer l'extrême fécondité de la plupart des Gastéro- podes marins. Quelques Pectinibranches vivipares , tels que la vi- vipare d'eau douce, n'ont pas besoin d'enveloppe pro- tectrice pour leurs œufs, qui n'ont qu'un chorion pour dernière enveloppe.] [C. Les œufs des Ptéropodes n'ont rien offert de par- ticulier au petit nombre d'observateurs qui ont pu s'en occuper.] [D. Ceux des Acéphales testacès , généralement très petits et extrêmement nombreux, toujours séparés les uns des autres, sans nidamentum et sans capsule com- mune, passent dans les branchies ou restent dans le manteau pour le développement du fœtus. Ces lieux d'incubation, où l'œuf reçoit des organes de la mère toute la protection dont il a besoin , fait qu'il n'a, chez ces mollusques, que la composition ordinaire. (i) Recherches sur les enveloppes d'oeufs des Mollusques gastéropodes pectinibranches, etc., par M. A. Land. Annales des se. nat., 2e série, t. VII, p. 84 et pi. VI. 510 XXXVIe LEÇON. ORCt DE CtÉNERATION DES MOLLUSQUES. ARTICLE Iîî. DU SPERME ET DES SPERMATOZOÏDES DANS LE TYPE DES MOLLUSQUES . A. Dans la classe des Céphalopodes. § 1 . Du sperme. [Ainsi que l'avait déjà indiqué Swammerdam, le li- quide contenu dans la glande qui a été reconnue par M. Guvier pour le testicule, est blanc de lait. Ce liquide, observé au microscope, fait voir des quantités innombrables de spermatozoïdes, lorsqu'on l'observe à l'époque du rut. Le canal déférent ne contient encore qu'un sperme plus épais. Les tubes de Swammerdam, ou les sperma- phores , ces machines si remarquables destinées à por- ter le sperme du mâle sur les œufs de la femelle, ne commencent à se montrer qu'à la fin du canal compli- qué appelé, dans l'ancien texte de cet ouvrage, vésicule séminale. Nous avons décrit leur réservoir et indiqué la manière régulière donî. ils y sont arrangés. Il nous reste à les faire connaître en détail.] §2. Des spermaphores. Voici ce que M. Guvier en avait dit dans notre an- cien texte : Quant aux tubes eux-mêmes, ce sont des corps membraneux semblables à des vers, et terminés par un filament plus mince que leur corps , ayant jus- qu'à six ligues et plus de longueur. Tant qu'ils restent dans la liqueur qui les contient, ou si on les en tire pour les mettre dans l'esprit de vin ou dans l'huile , ils restent immobiles; mais, si on les met dans l'eau, on ART. III. DU SPERME ET DES SPERMATOZOÏDES. 511 les voit s'agiter violemment, se tortiller, et lancer par une de leurs extrémités une matière opaque qu'ils con- tiennent. On voit à la loupe qu'il y a dans leur intérieur un corps opaque blanchâtre, contourné en spirale comme un tire-bouchon, et se terminant en arrière par une masse spongieuse , et en avant par une autre plus petite. Il paraît que ce corps est élastique, et n'est retenu que parla membrane extérieure du tube dans lequel il est ; que Peau ramollit et dissout l'extrémité de ce tube , et met le corps spiral , ou le spongieux , en état de se livrer à son élasticité naturelle, et que c'est à l'effort qu'il fait pour sortir qu'est dû le tortillement du tube. Quoi qu'il en soit , ce mouvement n'a rien de vital , et je l'ai observé dans les tubes d'une seiche con- servée depuis plusieurs années dans l'esprit de vin, à Pinstaht où je les plaçai dans de l'eau. Mais à quoi servent ces tubes? Seraient-ils, comme le pollen des plantes, des capsules qui contiennent ï aura seminalis, et qui ne doivent se rompre pour la lâcher que dans le lieu convenable? Il paraît qu'ils ne se développent que dans la bourse qui les contient, et même qu'on ne les y trouve qu'en certaines saisons; mais est-ce là qu'ils naissent ; ou sont-ils arrivés du tes- ticule dans le sperme, encore imperceptibles, pour croître dans cette bourse? Alors ils auraient donc par eux-mêmes le pouvoir de croître , puisqu'ils ne tien- draient plus au système vascutaire du reste du corps. Les animalcules spermatiques ordinaires sont ils les analogues de ces tubes, comme Pa dit Buffon ? Mon- fort prétend avoir observé, dans leur intérieur, de vrais animalcules. On voit que toutes ces questions sont encore bien obscures, mais qu'elles sont de la 512 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. première importance , même pour la physiologie gé- rale. Il ny a que les habitants du bord de la mer qui aient la facilité de les résoudre. [La science actuelle a des réponses satisfaisantes à donnera toutes ces questions; les tubes de Swam- merdam, ainsi que lavait dit Denys de Monfort, sont des étuis qui renferment les spermatozoïdes des Cé- phalopodes, dans un réservoir séminal plus ou moins étendu suivant les genres et les espèces, tenant à un appareil assez compliqué, destiné à rompre l'étui et à entraîner au dehors le réservoir séminal. Nous ferons connaître ces singulières machines, d après celle de la sêpiole vulgaire; nous indiquerons ensuite les principales différences que présentent celles de quelques autres Céphalopodes. Le tube qui constitue un spermaphore se compose essentiellement de trois parties : i° l'étui, a0 le réser- voir séminal, et 3° l'appareil accessoire, dit éjacula- teur, qu'il renferme. Dans la sêpiole, les spermaphores ont jusqu'au™, 008 de longueur; leur plus grand diamètre est deomm,2, et leur plus petit de omra,07. Chaque tube paraît fermé à ses extrémités. Sa forme est cvlindrique, un peu en massue cependant, c'est-à-dire plus gros dans sa partie postérieure, celle qui renferme le réservoir séminal. Son diamètre augmente de nouveau vers son extrémité extérieure , qui se termine par un léger renflement en bouton. Un appendice ligamenteux délié , qui lui est sus- pendu sur le côté de cette extrémité , a servi à le fixer dans son réservoir. i° L'étui qui constitue ce tube est double. L'exté- ART. HT. DU SPERME ET DES SPERMATOZOÏDES. Ôl3 rieur, plus épais, est de substance dense, résistante, transparente, susceptible d'absorber l'eau par endos- mose. Il est pour ainsi dire doublé, mais à distance, par un second étui membraneux à parois très minces , éga- lement transparentes, qui ne paraît plus séparé de l'étui extérieur dans le premier quart du tube. 2° Le réservoir séminal est renfermé dans la partie postérieure de ce double étui; c'est un gros cordon contourné d'abord assez irrégulièrement., se déployant en spire régulière dans sa seconde moitié. Il occupe un peu moins du quart de la longueur totale de ce tube. Ce cordon se compose d'un ruban étroit , lordu en spirale serrée, dont on n'aperçoit les tours que par suite de l'action de leau, -qui les sépare, les écarte , en déroule successivement les parties et montre alors sur ses deux faces et sur ses bords des milliers de sperma- tozoïdes qui lui sont attachés. Le réservoir séminal est lié par l'intermédiaire d'un ligament grêle, peut-être tubuleux , un peu replié, à l'appareil compliqué qui le précède. 3° C'est l'appareil accessoire dit éjaculateur, qui se compose, d'arrière en avant: a. En premier lieu d'un gros boyau cylindrique droit, qui a presque la moitié de la longueur du réser- voir séminal. b. Vient ensuite le flacon, dont le contenu est jaune orange, comme celui d'une partie du boyau. Ce flacon est conique et a le sommet dirigé en avant. Ses parois sont striées circulairement. Sa base produit, en ar- rière, un tube délié, qui pénètre assez avant dans l'axe du boyau. Deux capsules à parois transparentes 8. 33 514 XXXVP LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. contenues l'une dans l'autre , prolongement des gaines du boyau éjaculateur, lient ce boyau avec le flacon. c. La troisième partie de l'appareil accessoire est composée du tube éjaculateur. étendu dans la plus grande partie de la longueur de l'étui , et dont la forme et la composition varient dans son long trajet. Ce tube est d'abord composé de plusieurs petits tubes grêles qui commencent au sommet du flacon, se courbeut chacun en spirale régulière et s'unissent de manière que, parleur entrelacement, ils forment une vis dont la longueur est le neuvième de celle de tout le tube. Au-delà de cette partie en forme de vis, on ne voit plus qu'un seul tube de même couleur jaune, qui pa- raît rempli de petites étoiles, arrangées d'abord avec une sorte de régularité et figurant une spirale. Dans la suite de ce même tube, ces petites étoiles deviennent moins nombreuses et finissent par disparaître; de sorte que le tube paraît vide et incolore; mais il montre, dès l'endroit où les petites étoiles deviennent rares, un tube très grêle dans son axe, qui se continue jusque près de sa terminaison, après avoir pris un diamètre encore plus petit. La dernière partie du tube éjaculateur principal augmente au contraire beaucoup de diamètre, forme successivement trois circonvolutions, et se termine, en se coudant et en se dilatant encore, sur le côté de l'ex- trémité de l'étui. C'est cette partie avancée qu'on a ap- pelée la trompe, dans les spermatophores de la seiche , parce qu'on l'a vue se déroulerai! dehors par l'action de l'eau et entraîner ainsi successivement tout l'appareil éjaculateur. Le tube éjaculateur est d'ailleurs dans une gaîne distincte qui le sépare de l'étui intérieur et ART. III. DU SPERME ET DES SPERMATOZOÏDES. 515 qui entoure de même le flacon el le réservoir séminal. Les tubes de Swa 'miner 'dam (1) varient peu dans la forme de leur étui; mais il y a plus de différences dune espèce ou d'un genre à l'autre dans leurs propor- tions, dans la composition de la machine dite éjacu- iatrice et dans l'étendue du réservoir séminal qui lui est annexé. Tj étui se compose toujours d'une gaine extérieure subcartilagineuse et d'une gaîne intérieure membra- neuse , très déliée. I^a forme générale du tube est un peu conique dans le calmar commun , le calmar subulé , sub cylindrique dans la seiche , le poulpe à longs bras et Y élêdon mus- qué; en massue dans le poulpe commun , où son tiers postérieur a un diamètre considérable, comparative- ment aux deux tiers antérieurs. Le réservoir séminal diffère beaucoup en étendue et en structure , suivant les espèces. Il occupe les trois quarts de la longueur de l'étui dans V élêdon musqué. Dans le poulpe commun , il ne s'étend qu'au quart de cette longueur. C'est évidemment , dans l'un et l'autre cas, un gros cordon contourné en une spirale serrée et régulière. Il est tordu de même et un peu plus long à (]) Nous les appellerons ainsi du nom de cet anatomiste célèbre, parce qu'il les a connus dans la seiche officinale plus de soixante ans avant que Needham ait eu l'occasion de les observer dans le calmar. SwammerJam a très bien vu leur arrangement dans leur réservoir; il a décrit une partie de leur mécanisme compliqué; il a découvert la propriété qu'ils ont de s'agiter dans l'eau, de s'y confier et d'éclater par l'une de leurs extrémités, qui laisse sortir leur contenu, tandis que dans l'alcool ils se conservent sans altération. Enfin , il se demande si la semence est produite par ces tubes qui la transmettent au dehors, etc. V. Biblia naturœ^ pi. LU. 516 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. proportion dansle poulpe à longs bras. Dans la seiche officinale et le calmar commun , il a l'apparence d'un 1oik> sac; mais avec beaucoup d'attention on y distingue O 7 i J CJ la disposition en spirale très serrée, que montrent, dans le calmar subulé , les cercles parallèles de spermato- zoïdes à travers les parois transparentes de ce réservoir. \J appareil éjaculateur est d autant plus long que le réservoir séminal est plus court, et réciproquement, il est fort court dans le calmar commun. Les trois parties que nous avons distinguées dans la sépiole, le boyau, le flacon et le tube, n'existent pas dans toutes les espèces. La seiche a un flacon en grande partie cylindrique, qui n'est pas séparé , par le boyau . du tube de jonction avec le réservoir. Le tube éjaculateur montre aussi des différences très grandes que Ton ne pourrait comprendre qu'avec des figures (i). Dans le calmar subulé ', il n'y a pas de tube de jonction entre le réservoir séminal et le flacon. Celui-ci a la forme d'une gourde ; ii a deux ventres sé- parés par une partie étroite; ses parois sont très élas- tiques. Le tube éjaculateur est d abord contourné en spirale régulière à tours rapprochés, puis il forme des sinuosités irrégulières avant de se terminer. Il excède ainsi de beaucoup la longueur de l'espace qu'il occupe dans l'étui. Quant au jeu de cette machine compliquée , aux usa- ges de ses différentes parties et à la cause qui fait éclater l'étui, plus particulièrement son extrémité an- térieure, et sortir successivement l'appareil qu'il ren- (i) On pourra les voir dans les planches Xli, XIII et XIV du mémoire de M. Milne-Edwards sur ce sujet. Annales des se. nat., 2^ se'rie, t. XVIII. ART. III. DU SPERME ET DES SPERMATOZOÏDES. 517 ferme , la science a sans doute fait beaucoup de progrès pour arriver à le comprendre. Nous pensons cepen- dant qu'elle n'est pas encore parvenue à expliquer l'emploi de tontes les parties de cette machine singu- lière. Elle passe , au moment de la copulation, dans la cavité branchiale de la femelle où se trouve l'orifice de i'oviducte ou des oviduetes, quand il y en a deux. L'eau de cette cavité doit la faire éclater par l'effet de l'endosmose dont l'étui et les gaines emboîtées dans cet étui paraissent susceptibles, et non, comme on lavait cru, par l'action d'un ressort à boudin (i). Il est remarquable cependant qu'une légère com- pression puisse les faire éclater dans l'air atmosphéri- que; ce qui prouve que leur contenu peut éprouver des changements de volume capables de produire cet effet singulier (2).] § 3. Spermatozoïdes des Céphalopodes . [Les spermatozoïdes que renferme le réservoir sé- (1) M. Dutrochet. Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et phy- siologique des végétaux et des animaux, t. II, p. 5io et suiv. (2) Voir, pour l'histoire de ces tubes, Swammerdam; après cet auteur, déjà cité, Needham, Nouvelles observations microscopiques, Taris, 174° •> p. 53. Carus, Act. natur. cur., t. XIX, pi. I et II, fig. 1 et 6. Phiiippl, Archives de J. Muiler pour i83g. Peters ,ibid., pour janvier 1840. Milne- Edivards , Comptes-rendus de l'Académie des se, séance du 28 avril 1840, annonce des observations faites avec M. Peters. Ce dernier a publié., en avril 1841, une anatomie de la Sépiole qui comprend la description des tubes de Swammer dam. Enfin, au mois d'avril 1842 , ont paru, Ann. des se. nat., 2e série, t. XVIII, et pi. XII, XIII et XIV, les détails des observations continuées par M. Peters avec M. Milne-Edvvards, détails qui ont été rédigés par le dernier de ces savants, auxquels il a ajouté des déductions et des dessins qui lui appartiennent. 518 XXXVI* LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. minai ont été vus, quoique imparfaitement, par Denys de Montfort. Dans la sépiole, leur corps est oblong, avec une queue médiocre; ce sont ceux du réservoir séminal. Dans le testicule, nous eu avons extrait un grand nombre , dans lesquels nous n'avons pu apercevoir que le corps de forme doublement conique. Souvent, plu- sieurs de ces corps se croisaient par le milieu de ma- nière à former une étoile à quatre ou à six branches, et, ce qu'il y a de remarquable, nous avons retrouvé ces étoiles arrangées en une spire régulière dans la plus grande longueur du tube éjaculateur. Leur corps est cylindrique, pointu à l'extrémité, et leur queue très longue dans le calmar subulé. Ceux de la seiche ont un corps oblong, cylindrique et une queue effilée assez longue. Le poulpe commun les a de même forme. Dans le poulpe à longs bras , le corps est plus long et la queue plus courte à proportion. Ces spermatozoïdes ont une certaine vivacité de mouvements dansFétat frais. Valentiri les a observés dans le canal déférent de Xélédon musqué, tandis que le testicule ne contenait que des corps ronds de substance granulée. M. Milne- Edwards en a vu dans le testicule et dans le canal dé- férent. Il paraît que c'est successivement la vésicule sémi- nale et la prostate qui composent le réservoir séminal, l'appareil éjaculateur et l'étui dans lequel ils sont ren- fermés, et dont l'achèvement s'effectuerait dans le ré- servoir des tubes.] ART. III. DU SPERME ET DES SPERMATOZOÏDES. 519 B. Du sperme et des spermatozoïdes dans la Classe des Gastéropodes. % 1. Du sperme. [C'est, au temps du rut, un fluide opalin, laiteux , que Ton trouve composé de spermatozoïdes, de pe- tites capsules dans lesquelles leurs écheveaux se dé- veloppent, de granulations et de molécules de Brown.] § 2. Des spermatozoïdes. [Ils sont généralement de forme capillaire, avec un petit renflement céphalique se terminant en pointe. Dans X Hélix aspersa, nous les avons trouvés en juillet et août , dans la glande hermaphrodite annexée au foie, rassemblés par écheveaux parallèles, ondulés , se remuant peu, se courbant en anse ou se nouant dans l'eau. Ce sont de longs fils capillaires avec une des deux extrémités un peu renflée , se terminant en pointe. Il y eu avait dans la vésicule à long cou. Dans le colimaçon des vignes , ils sont encore plus longs et leur renflement plus sensible, de forme cylin- drique, un peu efiilé à son extrémité. Ils s'infléchissent en tous. sens, même le renflement qui se courbe en are, ou se fléchit dans deux sens opposés. On a estimé leur longueur de imm,o (1). Nous les avons trouvés plus nombreux dans le canal déférent que dans l'organe hermaphrodite; ils avaient omm,5 de long. Ceux de la limace rouge (en. août) n'avaient que 0mm,02. Ils étaient déjà roulés sur eux-mêmes dans le (i) MM. Prévost, et Dumas, m. c. sur la génération. 520 XXXVIe LEÇON. OJ1G. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. canal déférent. Leur renflement céphalique était peu prononcé.] G. Dit sperme et des spermatozoïdes des Acé- phales. [Nous donnerons dans ce paragraphe l'exposé de ce que l'on sait sur le sperme et les spermatozoïdes des trois classes & Acéphales, celles des Acéphales testacés, des Branchiopodes et des Acèphcdes tU7iiciers.] § 1 . Du sperme. [Nous avons déjà vu que M. Cuvier disait , en par- lant de la génération des Acéphales testacès, dans notre ancien texte : « Il s'y manifeste , à une certaine épo- » que, une liqueur laiteuse qui peut être un vrai » sperme propre à féconder les œufs. » Étudiée dans les organes sécréteurs qui la produisent, sous le rapport de sa composition organique, avec le secours du microscope, celte liqueur laiteuse a montré, en effet, d'innombrables spermatozoïdes. Leeuwen- hoeck les avait découverts dans les anodontes à la fin du XVIIe siècle (lettre 5, p. 16). Depuis cette époque, ce n'est qu'en 1826 que ces machines animées ont été reconnues de nouveau , dans la moule des peintres , par M. Prévost, de Genève. Dans les Ascidies , le sperme est aussi un liquide blanchâtre, qui fourmille de spermatozoïdes (1).] § 2. Des spermatozoïdes . [Ils sont aussi de forme capillaire, avec un renfle- (1) M. Milne-Edwards. Comptes- rendus de l'Académie des sciences t. IX, p. 592. M. c.j Archives de J. Mùller pour i83y, p. 385 et pi. XX-. p. 12 , i3 et i^. ART. IV. ORG. d'ACC. CHEZ LES MOLL. A SEXES SÉPARÉS. 521 ment céphalique , et se distinguent par leur extrême petitesse. Plusieurs anatomistes n'ont d'abord connu que le renflement céphalique, tant le fil capillaire est ténu. Cependant Leeuwenhoeck était déjà parvenu à le distinguer. Dans leurs mouvements, il n'y a que la partie capillaire qui s'agite. Ces mouvements subsis- tent plus longtemps dans l'eau de mer que dans l'eau douce, pour les acéphales marins, suivant l'observation de M. Siebold. Il y a, dans la forme du corps ou du renflement dit céphalique, des différences selon les espèces ou les genres, du moins à en juger d'après quelques obser- vations. Le corps serait oblong dans la cyclas cornea , diminuant insensiblement de sa base caudale à son extrémité. Le mytilus polyniorphus l'aurait en forme de cupule, évasé à son extrémité, tandis qu'il serait court et ovoïde dans X anodonta sulcata.\ ARTICLE IV. DES ORGANES MALES ET FEMELLES d' ACCOUPLEMENT CHEZ LES MOLLUSQUES A SEXES SEPARES. [Il n'y a qu'une classe entière de Mollusques dont les sexes soient séparés ; c'est celle des Céphalopodes. Mais cette classe précisément n'a pas d'organe spécial d'ac- couplement. L'entonnoir, chez ces Mollusques, ce cornet dermo- musculeux qui recouvre l'entrée de la cavité bran- chiale , et la région de l'abdomen où sont les orifices du rectum et de l'oviducte, ou des oviductes, ou celui de l'organe éjaculateur, chez les mâles , a son sommet ouvert chez les Céphalopodes à deux branchies pour 522 XXXVIe LEÇON. OKG. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. lentrée ou l'issue de l'eau , pour l'issue des matières excrémentitielles et des produits de la génération (1). Il doit servir, chez la femelle, à recevoir le sperme, que l'entonnoir du mâle y verse dans le moment du rapprochement intime de la copulation. Chez les Céphalopodes à quatre branchies (les J\au- tilus), ce même entonnoir est à la vérité ouvert dans toute sa longueur du côté extérieur , et pourrait , en écartant ses deux lèvres, permettre un rapprochement plus intime entre les orifices génitaux externes des deux sexes. Il faut se rappeler ici qu'on a décrit sous le nom de pénis la dernière partie du canal déférent, celle qui s'ouvre au dehors, et qui fait une saillie plus con- sidérable dans la cavité de l'entonnoir, dans la seiche que dans le poulpe. Cette dernière partie des voies que suit la semence dans son émission succède immé- diatement au réservoir des tubes de Swammerdam, et les reçoit de ce réservoir, pour les transmettre au dehors. Ses parois sont très musculeuses , et si ce n'est pas un organe d'intromission, c'est du moins un or- gane d'éjaculation très puissant. Deux autres Classes seulement du Type des Mollus- ques', celle des Gastéropodes et des Acéphales testacés, n'ont que des familles ou des genres chez lesquels les sexes soient séparés. Mais il uy a d organes d'accouplement que dans la première de ces Classes. Chez les acéphales bivalves , ce n'est que par l'eau spermatisée par le mâle le plus voisin de la femelle que la fécondation s'opère. (ï) Voir le t. V, p. 72 de cet ouvrage. ART. IV. ORG. DACC. CHEZ LES MOLL. A SEXES SÉPARÉS. 523 Ces Mollusques manquent non seulement d organes d'accouplement, mais même d'organes qui puissent servir à un rapprochement intime. Nous n'avons donc à décrire que les organes d'ac- couplement mâles et femelles des Gastéropodes.} I. De V organe mâle d'accouplement des Gastéro- podes à sexes séparés. [C'est une verge propre à introduire le sperme du mâle dans le vagin de la femelle. Cette verge présente deux types d'organisation. Dans l'un, c'est un appendice charnu de forme et de volume très variés, traversé par le canal déférent ou creusé d'un sillon qui en tient lieu. Dans le premier cas, le canal déférent vient se terminer dans un bouton saillant qui se détache plus ou moins du corps principal de la verge. Dans l'autre type, la verge est un fourreau pouvant se dérouler au dehors. Comme exemple du premier de ces types, nous pren- drons en premier lieu la verge du buccinum undatum.] Le mâle se reconnaît, même à l'extérieur, par une verge grande comme un doigt, charnue, comprimée, élargie par le bout, et terminée par un petit tuber- cule que perfore l'orifice du canal déférent. Elle adhère au côté droit du col, et se replie dans .la ca- vité pulmonaire; mais l'animal l'en fait souvent sortir, sans avoir l'intention de s'accoupler. Le canal déférent traverse la longueur de la verge en faisant beaucoup de replis en zigzags. Le murex tritonis offre une semblable séparation de sexes, et une verge également saillante et charnue; 524 XXXVI* LEÇON. OBG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. mais la verge est plus courte et plus mince à propor- tion dans le buccin. Le strombe n'a qu'un tubercule peu saillant au côté droit de son très petit pied. Le sperme y vient aussi par un sillon. La verge de la volute est charnue, conique, tou- jours saillante , mais non percée ; le sperme y vient par un sillon qui se termine cependant à sa base sans aller jusqu'à sa pointe. [La Vivipare d'eau douce servira d'exemple pour l'autre type d'organisation. Sa verge sort par un orifice percé dans le tentacule droit, qui est plus grand que le gauche chez les maies. Cette verge est cylindrique, très grosse, entourée de fibres annulaires et charnues très vigoureuses. Elle doit pouvoir se retourner comme celle des limaces. Elle occupe la plus grande partie de l'espace situé au- dessus du pied , qui se trouve par là bien plus grand que dans les femelles ( i).] II. De l'organe femelle d'accouplement. [Comme il n'y a qu'une verge , il n'y a de même qu'une vulve et un vagin, dont elle est l'orifice.] Dans le buccin onde, on voit au côte droit de la cavité des poumons, entre le corps et le rectum, un gros canal, qui est l'extrémité de Foviducte. Son ori- fice est assez petit; en l'ouvrant, on trouve qu'il est très large et que ses parois sont très épaisses, glandu- leuses et propres sans doute à enduire les œufs. Il (i) M. Cuvier, m. c, p. 7. ART. V. 0RG. D'ACC. CHEZ LES MOLL. HERMAPHRODITES. 525 s'ouvre un peu en dedans du bord de la cavité pulmo- naire , par un trou assez petit. [Dans la vivipare d'eau douce, l'orifice du vagin et de î'oviducte incubateur s'aperçoit sous le bord anté- rieur du manteau, à Feutrée de la cavité des bran- chies, à côté de celui de l'anus. Il est percé dans un tubercule charnu, qui se dilate au moment du part (1). Il n'est pas étonnant que cette espèce , qui est vivi- pare, n'ait pas de vésicule copulatrice. Mais l'absence de cette vésicule dans l'espèce précédente et proba- blement chez les autres Gastéropodes à sexes séparés, me paraît bien remarquable.] ARTICLE V. DES ORGANES MALES ET FEMELLES D' ACCOUPLEMENT CHEZ LES MOLLUSQUES HERMAPHRODITES. [Les Mollusques hermaphrodites qui ont des organes d'accouplement sont les Ptéropodes , et, parmi les Gas- téropodes,les Pulmonés, les ISudibr anches , les In/ em- branches, les Tectibr anches et quelques Pectinibran- cites. Les Tubulibranches sont hermaphrodites, sans organes d'accouplement. On n'en connaît pas non plus dans les Scutibranches , ni dans les Cyclobranches . Parmi ces derniers, les patelles , au moins, parais- sent avoir les sexes séparés. A. Des organes d'accouplement chez les Gastéro- podes hermaphrodites . Chez les uns, ils ont leurs orifices rapprochés soit. (i) M. Cuvier, m. c., p. 5. 526 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. dans un vestibule comhiun, sorte de capsule généra- trice qui n'a qu'un orifice externe par lequel elle se renverse au dehors; soit dans un tubercule plus ou moins saillant , qui se voit sur le côté droit du corps , sur le rebord du manteau, comme chez les doris , les pleuiobranches , etc. Chez les autres, les issues des organes de la géné- ration sont plus ou moins distantes. Dans l'un et l'autre cas , les organes d'accouplement des Mollusques hermaphrodites appartiennent à l'ap- pareil mâle ou à l'appareil femelle. L'appareil copulateur mâle se compose: i° d'une verge, toujours organisée en forme de fourreau , se déroulant au dehors par une issue distincte et séparée. 2° Nous croyons devoir compter comme appartenant à cet appareil le sac du dard du colimaçon, et 3° les deux vésicules simples ou divisées, sortes de prostates dont l'humeur peut servir à délayer le sperme. Les organes femelles se composent : i° du vagin et de la vésicule copulatrice. Quand la vésicule copulatrice n'a pas l'insertion de son canal séparée dans le vestibule générateur, comme dans les limaces, elle est réunie au vagin dans un point qui est pour nous la limite intérieure de ce canal à la fin de roviducle. Les usages de cette vésicule, tels que la dénomi- nation que nous avons adoptée les indique, ont été prévus par M. Cuvier. « Quant à la verge, dit-il en parlant de celle du co- » limaçon , il est probable qu'elle pénètre dans le canal » de la matrice [le dernier oviducte] , ou au moins vis- » à-vis de son issue , dans celui de la vessie. Ses rapports ART. IV. ORG. d'aCC, CHEZ LES MOLL. HERMAPHRODITES. 527 » de longueur avec le canal de la vessie m ont fait » soupçonner autrefois que c'est ce dernier qui est des- » tiné à la recevoir. On ne pourrait vérifier cette con- » jecture qu'en mutilant avec adresse deux colimaçons » accouplés (i). » A la page précédente, on lit «que le canal de la » vessie est en proportion avec la longueur de la » verge », et plus bas : « Il faut bien que cet organe, » que j'ai nommé vessie , ait quelque fonction essen- tielle, puisqu'il ne manque à aucun des gastéropodes » que j'ai décrits jusqu'ici. » « Dans les genres » limace et hélix, cette vessie contient ordinairement » une substance concrète d'un brun rougeâtre , et de » la consistance du savon (2). » Pour nous, cette partie est à la fois un organe de sécrétion et un réservoir séminal. Il n'est pas douteux qu'on y trouve des spermatozoïdes après la copulation. Il est même des cas où le canal de la vessie se con- tinue plus directement avec le vagin que l'ovi- ducte (3).] ï. Des organes d accouplement mâles et femelles chez les Gastéropodes qui ont leurs issues rappro- chées. Cette première section comprend le genre limaçon (hélix), la limace ,1a testacelle, la parmacelle , les doris et les tritonies , ainsi que beaucoup dunivalves. Dans la limace rouge, la verge est un sac charnu, cylindrique, ayant en dedans une arête saillante, qui (ï) Mémoire cité, p. 3-2. (2) Ibid., p. 29 et 3o. (3) Ainsi que l'a observé M. Deshayes dans Yambrette. Annales des se. nat., t. XX, p. 35 1 et suiv. 528 XXXVIe LEÇON. OBG. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. règne dans toute sa longueur, et s'ouvrant dans la bourse commune de la génération. Il peut se retourner comme un doigt de gant, par le moyen de ses propres fibres, et revenir à son premier état, par un muscle rétracteur fixé au dos de l'animal , et qui s'insère à la pointe du sac tout près du canal déférent. Lorsque ce sac est ainsi retourné en dehors , il forme une verge saillante , et son arête s'étendant , donne à sa surface interne assez de largeur pour devenir l'ex- terne. L'extrémité du canal déférent se trouve alors à la pointe même de cette verge, qui était auparavant le fond du sac. La vessie au long col [la vessie copulatrice] , qui fait le troisième organe principal , a été nommée par Swam- merdam le réservoir de la pourpre; il croyait que c'est là que les murex portent cette célèbre liqueur co- lorante: nous verrons qu'il n'en est pas ainsi. La cavité commune de la génération est un sac charnu auquel aboutissent les trois organes précédents, et qui a son issue au dehors , sous la corne supérieure droite. Quand les limaces veulent s'accoupler, elles ren- versent en dehors ce sac de la cavité commune, qui présente alors trois ouvertures, savoir, celle de 1 ovi- ductus , celle de la vessie [copulatrice] et celle de la verge. La verge ne tarde point à sortir de sa propre ou- verture en se renversant elle-même, et elle pénètre dans celle de l'oviductus [ou de la vessie copulatrice] de l'autre individu. C'est ainsi que s'opère l'accouple- ment; la ponte s'effectue peu de jours après. Les différentes espèces de limaces varient pour la ART. V. OBGANES MALES ET FEMELLES l>'ACCOUi>LEM!ï>T. 5*29 grandeur de la verge. Il y en a qui l'ont plus longue que le corps quand elle est étendue. La limace rouge la courte ; elle est longue dans la limace grise. Dans le colimaçon , la vessie [copulatrice] a son col bien plus long que celle des limaces; il est collé à la par- tie large de l'oviductus, jusqu'à l'endroit où il s'engage sur le testicule [l'oviducte glanduleux]. Le bas de son col est élargi, et reçoit l'orifice de l'oviducte. Il reçoit de plus ceux de deux parties qui manquent dans la limace, deux boyaux divisés et subdivisés chacun en quinze ou vingt petits ccecums grêles [les vésicules multifides] . Ils contiennent une liqueur blanche comme du lait. On pourrait croire que c'est de la semence, et les re- garder comme des vésicules séminales; mais ils n'ont point de connexion immédiate avec le canal déférent. Celui-ci aboutit dans le côté de la verge, près de son entrée dans la cavité commune. La verge n'est donc pas percée à son fond comme dans la limace ; elle est aussi beaucoup plus longue; mais il est probable qu'elle ne se déroule pas tout entière, et peut-être ne le fait- elle que jusqu'à l'endroit où le canal déférent y pé- nètre. Cet endroit deviendrait alors sa pointe exté- rieure. Le colimaçon a encore une partie bien remarquable qui manque à la limace : c'est le sac du dard. Il est oblong, à parois musculeuses très épaisses; au fond est un mamelon, d'où part une sorte de lame depée très pointue, à quatre arêtes tranchantes, au lieu de deux ou de trois qu'ont nos épées ordinaires. La substance de cette partie singulière est calcaire ; elle se renouvelle quand elle a été perdue. 8. 34 530 XXXVI* LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. Les colimaçons s 'en servent, quand ils veulent s'ac- coupler, pour s'en piquer indifféremment quelque en- droit de la peau; ils redoutent réciproquement cet in- stant, car sitôt que l'un d'eux voit paraître le dard de son camarade, il se renfonce subitement dans sa co- quille. Il est impossible de deviner le but dune telle cérémonie. Ce n'est qu'après qu'ils ont fait sortir tous deux leurs dards que leur accouplement commence, il ressemble à celui des limaces. Les diverses espèces de colimaçons (d'hélix) varient pour la longueur de la portion de verge qui sort dans l'accouplement, et pour le nombre des ccecums de leurs vésicules. La parmacelle a les mêmes organes que le colima- çon : seulement, ses vésicules sont ovales et indivises . et donnent directement dans la cavité commune. La bourse du dard est plus rapprochée du prépuce de la verge, et le canal déférent s'ouvre dans le fond de celle-ci (1). [La verge du doris lacera est très longue; son canal de communication est très mince ; il se renfle avant d'a- boutir au testicule. Dans le doris solea, la verge est plus grêle; elir communique avec une grosse bourse charnue qui re- çoit son canal de communication avec le testicule (2). Dans la tritonia hombergii , les orifices de la généra tion sont rapprochés dans un tubercule que l'on voir (1) Voir le mémoire de M. Cuvier sur la dolabelle , la testacelle et !.i parmacelle, p. 9, et fig. i5, pour la parmacelle; p. 7 et fig. 9 pour la testa- celle. (2) Sur le fjenre Doris, par M. Cuvier, p. 18, et pi. I, fig. 3. ART. V. ORGANES MALES ET FEMELLES D' ACCOUPLEMENT. 531 sur le flanc droit du corps, à la fin de son tiers anté- rieur. L'orifice de la verge, plus petit et rond, est supé- rieur ; celui de loviducte est plus grand, en demi-lune et inférieur (i). La verge est longue d'un à deux pouces, et se déroule au-dehors, comme celle du coli- maçon , etc. Vamùrette nous servira encore d'exemple pour les organes d'accouplement sans vestibule générateur. Les orifices de la verge et du vagin sont rapprochés à l'inté- rieur et seulement séparés par un repli, sorte d'épe- ron (2).] IL Des organes d'accouplement chez les Gastéro- podes hermaphrodites qui ont l'issue de la verge plus ou moins séparée de celle de loviducte. [Il y a encore dans cette catégorie*deux dispositions différentes dans les organes mâles et femelles. Dans l'une, les organes préparateurs des deux sexes ont la même issue, laquelle est séparée de celle de la verge. C'est la seule que M. Guvier paraisse avoir connue. Dans une autre combinaison , celle des Sipho- naires , les organes mâles, préparateurs et copula- teurs,sont séparés des organes femelles.] La première de ces deux dispositions comprend ceux des Gastéropodes hermaphrodites où la verge sort par un point du corps éloigné de loviductus. Ce qu'ils ont de plus bizarre, c'est que le canal déférent reste toujours collé à Toviductus, et qu'il ne communique (1) Mémoire sur. le genre Tritonia, par M. Ctrvier, pi. H, fig« * (2) M. Deshayes , m. c. 532 XXXVI* LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES MOLLUSQUES. avec la verge que par un sillon creusé à la surface ex- térieure du corps. Ce sillon est creusé au côté droit du col, dans ïa- plysia, ou sous le rebord droit du manteau, dans Vonchidium, etc. Décrivons d'abord Yapljsie. Le cordon commun qui va à l'extérieur du corps est d'abord divisé en deux canaux. Celui qui vient du testicule est formé d'une membrane plus mince et très plissée; l'autre , qui vient de l'oviductus, a des parois plus épaisses. Une fente établit entre ces deux canaux une libre communica- tion , dès le premier tiers de la longueur ; mais ils res- tent néanmoins distingués par une cloison membra- neuse saillante. C'est vers le deuxième tiers que s'ouvre, par un petit conduit particulier, la vessie ovale. La partie du double canal située plus loin que l'orifice de cette vessie forme une saillie visible à l'extérieur, au côté droit du corps , et son orifice se continue avec une rainure profonde qui règne le long du côté droit du cou, et qui sillonne le corps de la verge. Cette rai- nure sert-elle à conduire la liqueur séminale d'une aplysie dans le corps de l'autre? C'est de cette ques- tion que dépend l'explication de la manière dont ces animaux se fécondent. Lïonckidium est dans le même cas que l'aplysie pour la séparation des organes. L'oviductus, après s'être collé au testicule, va se joindre au canal delà vessie, tout près du col de celle-ci; et le canal commun sort au même point que le canal déférent. De leur orifice, règne le long du dessous du manteau, du côté droit, un sillon jusqu'à celui de la verge, situé du côté droit de la tête. Celui-ci donne d'abord dans une bourse à ABT. V. 0BGANE9 M ^lLES ET FEMELLES D'ACCOUPLEMENT. 5Î53 deux culs-de-sac. Ali fond de l'un des deux, donne un tuyau cylindrique , qui traverse un renflement mus- culaire elliptique, et se prolonge au-delà dans une longueur plus que quintuple de celle du corps. Près de son entrée dans la bourse, ce tuyau recèle une pointe aiguë et cornée. Dans l'autre cul-de-sac de la bourse aboutit un tuyau un peu moins long et beau- coup plus mince que le précédent, sans renflement. Il a aussi, à son issue dans la bourse, une petite pointe cornée. Il paraît bien difficile d'assigner l'usage précis de ces deux organes. Dans la buttée, l'oviductus est partout distinct du testicule et du canal de la vessie, quoique ces trois or- ganes aient leur issue au même endroit. Il y a de plus une vésicule accessoire qui sort avec eux, et une autre plus petite qui se décharge dans l'oviductus. La verge forme en dedans un tube presque aussi long que celui del'onchidie, mais sans renflement ni tube accessoire. [Dans la Sipkonaire , la verge reçoit le canal défé- rent tout près de sa base; son orifice s'ouvre à l'exté- rieur, dans Féchancrure qui sépare du côté gauche [?] la tête du corps. L'entrée du vagin qui se continue avec l'oviducte est du même côté , mais bien plus en arrière, au-devant de la valvule de la respiration (1).] B. Des organes d'accouplement dans la Classe des Ptéropodes. [Pour leurs organes d'accouplement , ils doivent être rangés dans la catégorie des Gastéropodes herma- (i) MM. Quoy etGaimard. Voyage de X Astrolabe, et Règne animal des mollusques, p!. XfiVîfî h\^ %. 36. 534 XXXVIe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES MOLLUSQUES. phrodites , dont la verge en fourreau ne reçoit pas le canal déférent, et sort par une ouverture distincte de ce canal et du vagin. A la vérité M. Cuvier indique dans le Clio borealis une sorte de vestibule génital dans lequel aboutit le canal commun de l'ovaire et du testicule : c'est une bourse ronde qui remplit le tubercule gauche de la tête, et qui s'ouvre près du col(i). Mais la verge n'est pas déterminée dans cette description. Dans le pneumoderme , M. Cuvier a reconnu bien évidemment cette séparation de la verge et des orga- nes préparateurs mâle et femelle ou de leur conduit commun. L'orifice delà verge est en effet entre les deux petites lèvres, et cet organe en fourreau est petit et situé sous la bouche ; tandis que le canal commun de la génération a son orifice un peu en avant de l'a- nus et se prolonge en dehors en un sillon qui se dirige en avant. Dans Xhyale, la verge est de même séparée du tes îicule, repliée sur elle même, au-dessus de l'œso- phage et sort par un orifice situé en avant et un peu au-dessous de la bourse (2). Dans la limacina arctica, l'ouverture de la verge est tout près de la bouche, très rapprochée de la ligne mé- diane , entre les deux nageoires. Cet organe est tou- jours une poche musculeuse susceptible de se dérou- ler au dehors. L'orifice du canal excréteur commun (1) Mémoire sur le Clio borealis, p. 8, et planche , tig. 3 et 7. (2) Mém. sur Yhyale et le pneumoderme , par M Cuvier, tig. 9, et (5 %• 7- ABT. V. ORGANES MALES ET FEMELLES d' ACCOUPLEMENT. 535 des organes préparateurs hermaphrodites se voit sur la nuque , un peu à droite. C'est plutôt l'orifice d'un vestibule générateur qui contient la vésicule copulatrice et une poche glan- duleuse déterminée comme une prostate (1) ? La séparation de la verge et de l'orifice du vagin est de même très remarquable dans la cymbulits. Le pre- mier se déroule au dehors, dans la ligne médiane au- dessus des tentacules et de la bouche, et comme il est assez considérable, il avait été pris pour une trompe. L'orifice du vagin ou du canal commun des organes préparateurs et de la vésicule copulatrice est situé sur le côté droit du corps sous la branchie de ce côté (a). Dans les autres Ptéropodes , les cléodores , les eu- vieries^ il y a de même une verge en fourreau séparée des organes préparateurs. Celle des cuvieries aurait des crochets très durs à pointes cartilagineuses. C'est le seul exemple que je connaisse, dans ce type, de verge armée et irritante (3).] (1) Sur la Limacina arctica, Cuv., par M. Van Beneden, p. 57, et pi. 5, % IV, VIII, X et XII, (2) Mém. de M. Fan Beneden ,'p. 1 5 et 20 de la pi. I. (3) Mém. de M. Van Beneden, p. 47« 536 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. TRENTE-SEPTIEME LEÇON. m / t DES ORGANES DE LA GENERATION DANS LE TYPE DES ZOOPHYTES. [Nous ferons connaître successivement ce que Ion sait de ces organes dans les sept Classes qui composent, dans notre méthode de classification, cet Embranche- ment inférieur du règne animal. Ce sont celles des Echinodermes ,des A calèpÂes, des Polypes et des Pro- topolypes ou des Eponges formant les classes normales de ce type des Animaux rayonnes. Ce sont encore celles des Helminthes ou Vers intestinaux, des Animal- cules rotifères et des Animalcules homogènes ou po- lygastres, qui s'adaptent moins complètement aux caractères généraux de cet Embranchement, et que j'appelle, à cause de cela, anormales.] ARTICLE I. DES [ORGANES DE LA GÉNÉRATION DANS LES ECHINODERMES. [Les animaux de cette classe manquent d'organe d accouplement. Ils n'ont que des organes prépara- teurs des ovules ou du sperme, que l'on croyait toujours réunis dans le même individu, à l'époque de notre pre- mière édition , dans laquelle M. Cuvier avait dit :] Tous les Echinodermes paraissent hermaphrodites, et doués du pouvoir de se féconder eux-mêmes. Leurs ART. I. CEUX DES ECHINODERMES. 53* ovaires remplissent une très grande partie de leur corps , lorsqu'ils sont gonflés dans la saison delà ponte. On les voit . aussi, quelquefois, comme baignés dans une liqueur laiteuse, qui tient sans doute lieu de sperme. Je l'ai surtout observée dans Yétoile de mer commune, [L'examen microscopique de cette liqueur laiteuse a montré, en effet, que c'est le sperme de ces aimaux, et qu'il fourmille de spermatozoïdes. On a de plus ob- servé, dans les deux premiers groupes principaux des Echinodermes pédicellés, que certains individus ont des œufs et d'autres de la laite ; que les sexes y sont consé- quemment séparés dans ces groupes. Dans le troisième, celui des Holothurides , ils pa- raissent réunis, malgré ce qu'en avait conjecturé O.F. Miiller, qui les croyait séparés. Si la forme générale et la structure la plus apparente des organes préparateurs mâles et femelles ont rendu leur distinction difficile et ont retardé leur détermination précise jusqu'à ces derniers temps, il faut dire que M. Cuvier avait mis sur la voie, en indiquant la blancheur de cette liqueur laiteuse qui caractérise le sperme, si différente des œufs rougeâtres que renferment les ovaires et qui les co- lorent.] § 1 . Des glandes ovigènes ou des ovaires chez les Echinodermes pédicellés, à sexes séparés. ■ [La multiplicité des ovaires, en nombre simple ou double des parties dans lesquelles on pourrait diviser régulièrement chaque oursin , ou chaque étoile de mei\ montre aussi bien que la multiplicité régulière des or- ganes du mouvement de ces animaux , qu'ils sont 538 XXXVir LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTIS. composés de plusieurs individus symétriques (1).] Les oursins proprement dits , à corps régulier, ont cinq on dix ovaires fort considérables et rougeâtres \ collés le long des parois de la coquille, et aboutissant au pourtour de l'anus. Ce sont eux qui sont la partie mangeable des oursins. [Ces ovaires, au nombre de cinq dans l'oum'/z commun , sont en forme de massue. Ob- servés à la loupe , ils se composent d'une quantité de petits tubes aveugles, qui communiquent successive- ment dans de plus grands , jusqu'à Foviducte. Ces petits tubes ont des parois membraneuses extrêmement minces, transparentes; ils sont farcis d'une quantité innombrable d'ovules.] Dans les étoiles de mer, les ovaires forment cinq [paires] d'énormes grappes, une pour chaque bran- che du corps , divisées en divers grappillons. [Cette description abrégée de notre ancien texte me paraît avoir été faite d'après les ovaires de Yasterias aurantiaca, qui s'étendent dans presque toute la lon- gueur des rayons et se composent d'un grand nombre de vésicules, réunies par petits paquets , dont plusieurs en composent un principal. Ceux-ci forment, pour chaque ovaire , une série de grappillons attachés à la paroi interne des téguments de la cavité viscérale (2)* Dans Yasterias rubens et Yasterias giacialis, les ovai- res ont une tout autre forme. Il y en a deux par rayon, situés, dans la cavité viscérale, sur les côtés de la base des rayons , vers la paroi dorsale , près de l'angle (1 ) Voir nos considérations sur le squelette périphérique des Oursins, etc. Journal de l'Institut, 1837, p. 208 et 209. (2) M. Tiedemann. Anatomie de l'holothurie- tubuleuse , etc., pi. VIII, fig. t, a. a. ABT. I. CEUX DES ^CHINODERMES. 539 de réunion de deux rayons, à peu de distance de 1 es- tomac. Chaque ovaire se compose d'un tronc principal, sorte d'oviducte qui règne dans toute l'étendue de cet organe et va en diminuant de la base, qui est adhé- rente, vers l'extrémité libre , qui est effilée. De chaque côté de cet axe tubuleux , sont un grand nombre de petits tubes également coniques et très effilés à leur partie libre, simples ou divisés en plusieurs branches. Tous ces tubes ont encore leurs parois inégales, bos- selées et formant une quantité de petits culs-de-sac ou de petits cœcums très courts, arrondis, souvent co- lorés, qui prennent sans doute, à l'époque du frai, un plus grand développement, ainsi que tout l'organe. Les dix oviductes ont chacun un orifice tout près de l'angle de réunion des bras (1). I^es euriales et les ophiures ont leurs ovaires dans une position analogue. Les comatules femelles ont un ovaire près de cha- que pinnule de leurs bras. Une comatule à dix bras peut avoir jusqu'à mille ovaires et plus.] § 2. Des organes préparateurs du sperme, chez les E chinoder mes pédice liés à sexes séparés. [Dans les oursins et les étoiles de mer, les glandes spermagènes ont la même forme et la même structure apparente que les glandes ovigènes : seulement, ces grappes vésiculeuses qui composent chaque testicule se remplissent , dans la saison du rut , de cette liqueur • (i) System der Asteriden ven D.-J. Muller, und D.-F.-H. Trosche). Braunschweifj, i 84^. 540 XXXVII* LEÇON. ORCï. DE GÉNÉRATION DES ZOOPUÏTES. laiteuse signalée par M. Cuvier comme le sperme de ces animaux. Les cauaux excréteurs de ces glandes aboutissent, comme ceux des ovaires, autour de l'anus, chez les Echinides, ou de la bouche chez les Astéries , où cha- cun des testicules a son orifice distinct, percé dans la même place que les oviductes. \Jechinus melo et Xechinus purpureus ont cinq glandes spermagènes ayant la même apparence de forme que les ovaires, mais renfermant un suc blanc de lait , qui est le sperme (1). La liqueur blanc de lait qui gonflait les vésicules dont se composaient les organes génitaux de Yasterias aurantiaca, observée par M. Tiedemann , nous per- suade qu'il avait sous les yeux un mâle et les testicules plutôt qu'une femelle et les ovaires. Dans le comatula echinoptera , suivant M. /. Millier, chaque glande spermagène est un sac de forme irrégu- lière , ayant plusieurs divisions , qui se voit à la base des pinnules; ces organes étaient remplis de sperme dans l'exemplaire observé.] § 3. Des organes préparateurs chez les Echinoder- mes hermaphrodites. [Les Echinodermes hermaphrodites sont les Holo- thuries parmi les Echinodermes pédicellés et l'ordre des Echinodermes apodes .] Dans les Holothuries, on voit près de la bouche un bouquet de boyaux grêles très nombreux , ramifiés , qui se développent énormément dans certaines saisons , (i) M. Peters. Journal de J. Miiller pour i84f>, p. i4^. 4RÏ. f. CEUX DES ECHÏNODERMES. 541 en se remplissant d'une matière rougeâtre et pulvéru- lente qui se rassemble quelquefois en globules. Je crois que ce sont les ovaires de ces animaux. [Cette détermination de M. Olivier, des ovaires ra- mifiés desHololuries, a été confirmée par des recherches ultérieures et généralement adoptée. Cependant une circonstance découverte récemment, celle de l'herma- phroditisme de ces tubes dans les synaptes, fait que Ton doit se demander naturellement si cethermaphro- ditisrne n'existerait pas dans les autres genres de cette famille. A la vérité M. Cuvier avait dit, dans notre ancien texte :] On observe, vers l'anus des holothuries , des fila- ments blanchâtres, nombreux, semblables à des vers, et formés chacun d'un fil mince assez élastique , con- tourné en spirale, et se laissant dérouler. Ces organes auraient-ils quelque rapport avec le sexe mâle? [Mais d'un côté, ces filaments blanchâtres , etc., ont été considérés comme les analogues des reins (1), et de l'autre, M. Jaeger a déterminé comme glandes sperma- gènes, dans Xholothuria atra, etc., une agglomération de vésicules pyriformes, ayant un pédicule très délié, qui se réunissent dans un canal déférent commun, s ouvrant dans lovidncte, ou le plus souvent, dans l'estomac, comme cela a lieu pour l'oviducte dans quelques espèces (2). Au reste, une circonstance singulière, observée par l'anatomiste que nous venons de citer, c'est l'obser- vation qu'il a faite de l'existence des ovaires et des (i) G.-F. Jieger. Dissertatio de holothuriis, p. 38 et 39. Turici, î833. (2) Ibid., p). III, fig. 3. 542 XXXVIIe LEÇON. OBG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. vésicules spermagènes dans certains individus d'une même espèce ; tandis que d'autres ne lui ont montré que des vésicules spermagènes, et d'autres que des tu- bes ovigènes. L'ovaire de Xholothuria tubulosa serait , suivant M. Tiedemann, composé de vésicules, dont les pédi- cules tubuleux se réunissent successivement à de plus gros rameaux , jusqu'au tronc qui est l'oviducte. Cet ovaire est représenté, en effet, dans la figure publiée par ce célèbre anatomiste , comme une grappe de vé- sicules, et son oviducte comme s'ouvrant en arrière de la boucbe à la face dorsale du corps (1), par un orifice caché par un pli transversal de la peau (2). Dans un exemplaire àeY holothuria elegans, que nous avons sous les yeux , les divisions de l'ovaire se composent de tubes filamenteux et nullement vésiculeux. Ces différences se- raient-elles analogues à celles décrites par M. Jœger? La glande spermagène serait, dans les mêmes holo- thuries , une grappe de quelques vésicules pyriformes annexée à l'oviducte , vis-à-vis l'anneau vasculaire qui entoure l'estomac (3). Les Synaptes ont présenté, ainsi que nous venons de l'annoncer, une autre combinaison , celle d'un seul or- gane hermaphrodite , analogue à celui que nous avons décrit dans la classe des mollusques gastéropodes. Cet organe hermaphrodite se compose de tubes gé- nérateurs contenus dans la cavité viscérale, dont les (1) M. Tiedemann , o. c, pi. II , ng. 6 n. et p. (2) Ibid., pi. I, fig. 1 f. (3) Voir encore la belle figure de ces organes et des autres viscè- res, etc., publiée par M. Milne-Edwards dans ieRègjie animal de Cuvier, pi. XII, des Zoophytes;a. pouM'ovaire; et o. p. pour les vésicules sperma- gènes. ART. I. CEUX DES ÉCHINODEBMES. 543 ramifications se réunissent à deux branches, et celles-ci à un seul tronc qui s'ouvre derrière la niasse buccale. La paroi extérieure ou viscérale est couverte dune membrane à cils vileratiles; après celle-ci vient une couche musculeuse. La paroi interne est comme ma- melonnée par une suite de capsules adhérentes qui sont des glandes spermagènes, avec des cellules renfermant des spermatozoïdes. Enfin l'axe du tube et les inter- valles des mamelons sont remplis d'une substance proligère dans laquelle se développent les ovules (1). Dans le sipunculus nudus il y a, à la partie antérieure de la cavité viscérale , deux vésicules brunes de forme allongée, conique, bosselée, qui sont les ovaires. On y trouve des œufs en mai; tandis qu'en juin la cavité ab- dominale en est remplie (2). Uêchiure , a dans son abdomen , en novembre et décembre , des ovaires composés de vésicules remplies d'une humeur laiteuse; quelques uns ont des globules blancs qui nagent dans cette humeur lactée: ce son! des ovules. Dans les bonellies, l'ovaire est un sac qui s'ouvre en- deçà de la trompe. Les testicles de ces animaux se- raient quatre longs tubes ou boyaux effilés en arrière, à leur extrémité libre , ayant en avant leurs orifices dans les téguments (3) ? (1) Mémoire sur la Synaptc Duvemoy, par M. de Quatrefages. Ann. des se. nat., 2e série, 22 novembre i83i. (2) Observations faites à Pa- ïenne par M. Grube. Archives de J. Mùller pour 1837, P- 355, et pi. X, fig. i-5, et pi. XI, fig. 1 , vo. (3) Règne animal. Zoophytes, pi. XXIII , fig. t f. f , publiée par M. de Quatrefages. b44 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES XOOPHYTES. § 4- Des ovules et des œufs. Les ovules des Echino dermes pris dans l'ovaire ont un vitellus, une vésicule germinative et une tache ger- minative. Cette composition uniforme des ovules a été constatée pour les Stellêrides (1), les Echinides, les Ho- lothurides et les siponeles. Les ovules de la synapte Duvernoy ont une mem- brane propre , un vitellus. une vésicule et une tache germinative (2). Quant aux œufs complets, M. Guvier avait déjà dit de ceux des étoiles de mer, qu'ils sont ronds et rougeâ- tres, et que ce sont les ovaires qu'ils remplissent qui font la seule partie mangeable dans les oursins. Leur nombre, dans certains échinodermes, s'élève à un chif- fre considérable. M. Dalyell^ vu Xholoturia fusus en pondre jusqu'à cinq mille en peu de temps. Une comatule peut en avoir dix mille. Au reste tous les animaux de cette classe ne sont pas ovipares. On a retiré de l'intérieur du corps de Y ophiure grisâtre de petites ophiures qui ont vécu en- core quelque temps (3). §5. Du sperme et des spermatozoïdes. C'est M. Rathke qui a découvert le premier que cer- tains individus de Xasterius rubens avaient leurs or- ganes de génération remplis d'un liquide blanc com- posé en grande partie de spermatozoïdes. (1) M. Siebold. Archives de J. Miïller pour i836, p. 287. (a) M. de Quatrefages, m. c, pi. V, fig. 1. (3) Id. Compt.-rend. de l'Académie des sciences pour 1842, t. XV, p. 798. ART. II. CHEZ LES ACALEPHES. 545 Les spermatozoïdes des oursins ont un corps allongé, ovale, ayant son petit bout du côté de la queue. Celle-ci est extrêmement déliée (1). La synapte Duvernoy a des spermatozoïdes dont la partie céphalique est ronde et la partie caudale effilée et courte (2).] ARTICLE IL DES ORGANES DE GÉNÉRATION DANS LA CLASSE DES ACALEPHES. [Comme dans la classe précédente, nous n'aurons à décrire dans celle-ci que les organes préparateurs des ovules ou du sperme, soit séparés dans des individus distincts , soit réunis dans le même individu. yl. Dans la Sous-Classe des Acalèphes simples. § 1 . Des organes préparateurs dans la famille des llléduses. On trouve des individus avec des ovaires contenant des ovules, et d'autres individus dont les organes, ayant la même position et la même forme que les ovaires, ne contiennent que des spermatozoïdes. Cependant M. Ehrenberg a conçu des doutes 'sur l'exactitude de ces observations, après avoir décou- vert, chez un individu de la médusa auritay de vérita- bles ovules au milieu d'un liquide composé de sperma- tozoïdes (3 J. Dans un autre type, les glandes spermagènes et (1) Découverts par M. Petcrs; lettre du 21 janvier 184.0. Archives de J. Millier pour 1840, p. i43 ; et par MM. Milne-Edwards et Lallemand. Anti. des se. nat., 2e série, t. XIII, p. 3y6. (2) M. de Quatrefages, m. c, * pi. V, fig. 2» (3) Archives d'Erichson. Berlin, îSfs, p- 7.^-77- ' 8. 35 54$ XXXVIIe LEÇON. OKG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. ovigènes sont annexées l'une à côté de l'autre, comme dans les Beroës. a. Des ovaires. Les ovaires sont toujours multiples, au nombre de quatre au moins, de six, de huit au plus, lorsqu'ils sont placés sous l'ombrelle, à l'extérieur de L'estomac, ou annexés au pédicule central qui renferme ce viscère. Dans un autre type, celui que présentent les espèces diEquoiées , les ovaires sont attachés aux nombreuses lames qui divisent comme des rayons la face inférieure de l'ombrelle. Ces deux types généraux montrent dans les nom- breuses espèces et les genres multipliés de cette famille, un certain nombre de modifications de forme et de position. La forme la plus ordinaire est celle que l'on ren- contre dans les cyanées. Dans la médusa aurita, qui appartient à ce genre, les ovaires au nombre de quatre paraissent à travers le parenchyme transparent de l'om- brelle. Ils sont placés dans une cavité qui n'est séparée de chaque poche angulaire de l'estomac situé au- dessus d'elle que par une cloison mince. Cette cavité ovarienne s'ouvre largement à la face inférieure de l'ombrelle, plus en dehors que l'ouverture buccale. Le bord de l'orifice de la cavité ovarienne est garni de nombreux et très fins tentacules, et l'extérieur de cette cavité de cils vibratiies du côté de l'estomac. Chaque ovaire est un boyau membraneux dans lequel se développent les ovules, que nous avons trouvés forte- ment plissés par une sorte de mésentère qui se suspend à la cavité qui le renferme. ART. II. CHEZ LES ACALEPHES. 547 La géryonie a six ovaires en forme de feuilles trian- gulaires (i ). Dans Xoccanie bonet, Peron et Lesueur, ce sont huit capsules oblongues rapprochées par paires, qui se dis- tinguent par leur couleur brune, et qui sont annexées à l'extérieur de la cavité stomacale. Une des deux capsules de ehaque paire nous a paru être une glande sperma- gène, et l'autre une glande ovigène, ayant extrait de l'une d'elles des spermatozoïdes et de l'autre des ovules. Dans Xocéanie linèolèe , les glandes de la génération sont de lon^s boyaux arqués qui ne tiennent à l'estomac que par leur extrémité supérieure. Nous avons vu encore cette forme d'ovaire dans une espèce dVz- glaure. Dans les Equorées , chaque ovaire semble composé d'un canal central nourricier, qui serait comme enve- loppé d'un tube ovarien à parois très plissées (ta). b. Glande du sperme. Dans le type des equorées comme dans celui quere- (i) Voyages de découvertes aux terres Australes. Histoire naturellepu- blif'e par Le.-ueur, pi 1 V,H,;;. 4 et 5. (2) Ibid., pi X, fig. 9, pi. XI, fig. 3, 4, 6; pi. XII, fjp" . 1-0. G tie» publication a malheureusement été interrompue J'au- rais pu multiplier les exemples des variélés de formes, de nombre et de po- sition que présentent les ovaires des Méduses, en profitam des nombreuses ob>ervations inédites, faites pendant ce voyage de. découvertes, dans tes deux Océans , de 1 800 à 1 804 , par mes amis Péron et Lesueur ; ou sur les côtes de la Méditerranée, en 1809. *' esta regretter, pour la science, que ces supeibes et si instructifs dessiîis de M. Lesueur, faits sur te vivant et coloriés av< c une saie perfection , qui donnent une idée de l'éclat des couleurs métalliques et des pierres précieuses que reflètent ces singuliers animnux, n'aient pas encore été publiés. — Voir aussi ie mémoire de M. Mil ne-Edwards, Annales des se. nat., 2e série, r. XVI, p. 198, où l'on trouvera la détermination des ovaires et des- testicule:- des Equorées. 548 XXX Vil' LEÇON. OKG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. p résentent les cyanées, la glande du sperme a la même apparence que l'ovaire : seulement on a observé que les spermatozoïdes dans Vaurèlie se développent par échevaux dans de petites capsules en forme de flacon qui se voient à la face inférieure &!u ruban plissé et coloré qui constitue la glande spermagène (1). Les èquorèes ont de même les lames proligères de l'ombrelle chargées d'ovules ou gorgées de sperma- tozoïdes suivant les individus. J'ai observé dans Vocéanie bonet, ainsi que je viens de le dire, des spermatozoïdes capillaires, effilés aux deux extrémités, dans Fun des huit organes prépara- teurs d'un même individu, et des ovules dans l'autre, formant l'une des quatre paires de ces organes ; de sorte que je regarde cette espèce comme hermaphrodite. § 2. Des organes préparateurs dans la famille des Beroês. INous avons à citer, dans cette famille, de belles ob- servations sur plusieurs espèces de ce groupe, appar- tenant à des genres différents, les eucharis multicornis et beroë rufescens (a). Les ovaires et les glandes spermagènes sont situés immédiatement sous la peau, annexés aux côtes longiludinaîes, de manière que les ovaires sont d'un côté et les glandes spermagènes de l'autre. Il y a donc autant d'ovaires ou de glandes sperma- (i) M. Siebold. Nouveaux mémoires de la Soeie'te des naturalistes de Dantzig, vol. III, cah. 2, pi. I, fiV. 20, 2 1 et 22. Dantzig, i83o,. (2) Horœ ter- gesiinœ, etc., von J.-G.-F. Will. Leipsig, i844> pL !■> %• 5 et 22. ART. 1T. CHEZ LES ACALEPHES. 549 gènes que de côtes. Chaque ovaire, dans ïeucharis, se compose d'un certain nombre variable de capsules arrondies appliquées sous le renflement que produit chaque lamelle natatoire dans 1 épaisseur de la peau. Dans le beroë , leur forme est lobée. Les capsules ovigènes aboutissent à un oviducte commun qui règne de bas en haut parallèlement au canal déférent. La même différence de forme s'observe pour les glandes spermagènes.Dans ïeucharis, ce sont des cap- sules simples; dans le beroë, elles sont comme des feuilles pinnées. Le contenu de ces glandes les rend opaques à l'é- poque du rut; tandis que les glandes ovigènes conser- vent toujours un peu de transparence, comme les ovules quelles renferment. Le canal déférent dans le- quel souvrent les sacs glanduleux qui composent cha- que glande spermagène , s'élève parallèlement avec les oviductes, sans s'y réunir, ainsi que nous venons de le dire. Les orifices des oviductes et des canaux déférents sont, selon toute apparence, du côté antérieur du corps; peut-être n'y en a-t-il qu'un pour les deux canaux excréteurs? B. Organes préparateurs dans la Sous-classe des Acalèphes hydrostatiques . Parmi les AcaVephes hydrostatiques nous citerons les S/éphanomies, qui paraissent avoir, au nombre des appendices dont leur organisme divisé se compose, les organes préparateurs des deux sexes. Des ovaires filamenteux en grappes, semblables à i 550 XXX Vil* LEÇON. OBG, DE GENERATION DES ZOOPHYTES. ceux des polypes actinoïdes, seraient suspendus dans le fond des capsules coniques, désignées sous le nom de trompes, et qui servent de suçoirs. D'autres appen- dices de la tige commune supportent des capsules plus petites, ovoïdes, ayant un étui contenant une poche membraneuse, de laquelle on fait sortir un suc laiteux: ce sont les testicules. Ce suc laiteux se compose de spermatozoïdes ayant un corps sphérique et un appen- dice caudal, et se distinguent, par leurs mouvements, des corpuscules urticants (1). . G. Des ovules dans la Classe des Acaleplies. Observés dans plusieurs méduses (la médusa aurita et la Cyanea Larnar/di) , les ovules ont montré la même composition que dans la grande généralité des animaux. Ces ovules ont un vitellus, une vésicule ger- minative, et ceile-ci une seule tache germiuative (a) bien circonscrite. Dans le Heroë rufescens , les œufs complètement dé- veloppés ont \h — i/5 de ligne de diamètre; la vési- cule germinative 1/60, et la tache germinative, qui est simple et ronde, 1/200 de ligue. D. Des spermatozoïdes. Ils ont un renflement céphalique et un appendice caudal. Ceux de Yaurélie ont un corps de forme ovale très allongée, et un long appendice caudal attaché au pôle (0 Mémoire de INI. Milne-Edwards. Ann. des se. natur , ;>' série, t. XVI, pi. X, fig. 4, 8 et 9, et pi. lX,fi«j.'i et 2,d et g. (2) M. Sie- bold, mémoire cité, pi. I, iig. a3 A. B. ART. III. CHEZ L£S POLYPES. 551 le plus groS. []s sont réunis en faisceaux eoniques pla- cés au bout les uns des autres dans la capsule sperma- gène (1). Ceux des Beroës ont une tête un peu ovale; le côté un peu plus étroit est celui de l'appendice caudal , qui est assez long (2) et très délié, difficile à apercevoir à cause de cela. Ils mesurent dans leur longueur 1/800 de ligne, et sont plus opaques qu'aucun des élé- ments organiques, de ces animaux. Leurs mouvements ont une sorle de régularité, cessent et recommencent par intervalles réglés.] ARTICLE III. DES ORGANES DE LA GÉNÉRATION DANS LA CLASSE DES POLYPES (3) . [Nous exposerons successivement ce que Ion sait du mode de propagaîion, par génération sexuelle, et des organes qui en. sont chargés, dans les trois Ordres de cette classe, tels que nous les avons admis dès i84i, dans nos cours au Collège de France. _ 1 __ (i) Voir M. Siebold, mémoire cité, pi. I, f. c. (2) M. Will, m. c, fig. 6 et 24. (3) Nous mettons ici en note, pour 1 histoire de la science, le texte ré- digé par M. Cuvier de la première édition des Leçons concernant la géné- ration «les Polypes. «' On sait assez comment les zoophytes proprement dits » se multiplient par bourgeons et par boutures, même artificielles. Les » observations deTrembley surles Polypes, et de Diequeinare suri Actinie » sont trop connu s pour que nous les rappelions. Cette manière de mul » tiplier exclut d'ailleurs toute organisation anatomique particulière, »» Les observations d'Ellis paraissent cependant prouver, au moins pour » les Polypes des coraux, qu'il se manifeste, dans certaines saisons, de » petites grappes d'œufs, et qu'alors la génération se fait dans un organe » propre ; mais nous n'avons rien d'anatornique à communiquer à cet » égard. » 552 XXXVII* LEÇON. OBG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. I. Des organes préparateurs et de leur produit dans V Ordre des Polypes Cellulaires ou Polypes à manteau. Les Polypes de cet ordre, qu'on pourrait encore ap- peler Polypes Ascidiens , à cause de leurs rapports avec les Ascidies composées, et de leur manteau en forme de sac , ont un canal alimentaire compliqué , dont l'en- trée ou la bouche est garnie dune couronne circulaire, ou en fer à cheval, de Tentacules ciliés, et dont l'issue est extérieure et rejette au dehors les résidus de la digestion. Ce canal alimentaire flotte dans une cavité viscérale, dans laquelle sont les ovaires, et qui est souvent acces- sible au fluide respirable, qui y pénètre par un orifice particulier. Les parois de cette cavité sont formées par une sorte de manteau ou de tunique, qui prend la forme d'un sac arrondi ou allongé, ou d'une cellule à plusieurs faces, etc., etc. Les Polypes Cellulaires peuvent avoir deux modes de propagation : celui par bourgeon , qui produit les agrégations régulières qui caractérisent les genres et les. espèces, par leur forme générale et par celle de chaque cellule en particulier; et la propagation par germe libre, ou par œuf, destinée à répandue au loin les individus d'une même espèce. Dans ce dernier cas, les organes sexuels peuvent être réunis dans une même cellule et dans un seul individu; ou bien ils peuvent être séparés dans des cellules diffé- rentes; soit qu'elles n aientd'autre fonction à remplir que celle de produire des ovules; soit qu'elles appartien- nent à des sexes différents et à des individus distiucts. A.RT. III. CHEZ LES POLYPES. 553 § i. Des organes préparateurs. ■ Nous divisons cet ordre en deux sections suivant que les tentacules sont disposés circulairement ou en fer à cheval. Examinons successivement ces organes dans ces deux sections. a. Chez les Polypes Cellulaires à tentacules disposés circulairement. Dans le genre tendra zostericola , Nordm., ces polypes cellulaires ont leurs cellules rangées par séries sur les feuilles de zoster. Cette régularité dépend-elle d'une propagation par bourgeonnement; ou bien les larves auraient-elles l'instinct de venir se placer régu- lièrement près de leurs parents? C est une question à résoudre par l'observation. Suivant M. JSordmann , qui a déterminé ce genre et l'espèce type . qu'il appelle zostericola, les organes sexuels seraient séparés dans des individus distincts habitant des cellules ayant cha- cune un caractère qui les fait reconnaître. Les cellules mâles et les cellules femelles sont rangées par séries linéaires, mais sans ordre régulier pour les deux sexes. On voit dans les mâles , près de la base des huit tenta- cules, des appendices vermiformes qui manquent dans les femelles, et près desquels on découvre une mul- titude de spermatozoïdes. La paroi supérieure de la cellule femelle, au lieu d'être lisse, comme dans les cellules mâles , est divisée en un grand nombre de petits compartiments dans lesquels les œufs se développent. 11 y a une ouverture à la base de chaque loge , par laquelle la fécondation peut avoir lieu (i). (i) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. VIII, p. 357. 554 XXXVIIe LEÇON. ORQ. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. Dans les genres flusfre et eschare,je regarde comme l'ovaire l'organe qui a été distingué comme appen- dice de- l'intestin (i). Dans le genre cellaire, la propagation sexuelle s'ef- fectue par des organes sécréteurs delà semence et des organes préparateurs de l'ovule, réunis dans la même cellule. i°Les ovaires sont à la base de l'estomac; les ovules y sont attachés par des fils très fins. On n'a pu y décou- vrir ni vésicule de Purkinje ni tache germinative. Q° Les organes sécréteurs de la semence paraissent être des corps arrondis , jaunâtres ou blanchâtres, en forme de vésicules et remplis d'une masse granuleuse ; ils produisent des spermatozoïdes (s). b. Polypes cellulaires à couronne de tentacules en er a cheval ou subrayonnes, La propagation par génération bisexuelle a été re- connue clans les genres plumatelle et alci/onelle. Dans ce dernier genre, l'ovaire est situé, comme chez les autres polypes cellulaires, dans la cavité viscérale, et annexé ou comme suspendu à l'anse que forme le canal alimentaire. Les celiules à ovaires sont plus nom- breuses que les cellules mâles. (i) Voir la fig. 2 a., lettre f. de la pi. LXXVIII du Règne animal pour le Jfluslre cornu, et b. de la fig. i-d. de la pi. LXXXVl uoarleschare cervi- corhe; et Grant : Observations of on the structure and nature 01 Flustre. Edinb. New. philos, journ , vol. III, p. 107, 1827. (2) Observations faites sur les côtes de Normandie, par MM. Nordmaun et Milne-Edwards. Voir la Fauna pontica du premier, pi. III. ART. III. CHEZ LES POLYPES. 555 §q. Du produit des organes préparateurs ou des ovules , des œufs , du sperme et des spermatozoïdes . a. Des ovules et des œufs. Dans le tendra zosfericola,\es œufs sont sphériques. Il en sort une larve qui jouit de locomobilité et ne se fixe qu'après sa dernière métamorphose. Les œufs de la plumatella campanulata ont un vi- tellus, une vésicule germinative et une double tache de ce nom. Cette circonstance expliquerait-elle com- ment il arrive que du même œuf on voit sortir plu- sieurs cristatelles ou pluma/elles , mais avec un seul sac tégumentaire et ovarien , destiné à se changer en cellule et à contenir des œufs dans sa cavité? L'œuf est différent pour la forme et la composition dans les cristatelles ; sa coque est rouge-brun , ronde, lenticulaire, entourée d'un bourrelet qui forme comme un cadre circulaire d'un blanc jaunâtre. Vingt à vingt- deux petites liges terminées par un double, un triple ou même un quadruple crochet, partent en rayonnant du sillon qui sépare le bourrelet, du disque. Du coté où celui-ci est un peu concave, ces crochets dépassent le bourrelet de la moitié de leur longueur. Ceux de la face opposée ne se prolongent pas au-delà de ce bour- relet. Les œufs des pluma telles sont d'une belle couleur jaune d'or ou jaune-brun. Leur forme est ovale, ou même en navette. Ils ont, comme ceux des cristatelles, un bourrelet qui les cercle. Ces œufs, ainsi que ceux des alcyonelles , et sans doute ceux des cristatelles , s'ouvrent dans le 556 XXXVII' LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. sens de leur plus grande dimension , comme deu> valves de coquille bivalve (1). b. Du sperme et des spermatozoïdes. On ne connaît le sperme que par les nombreu: spermatozoïdes dont il se compose. Ceux du tendre zostericola ont un corps ovale et un appendice caudal On a découvert (2) de nombreux spermatozoïde dansla. plumatelfa campanulata\hAM. autour des œuf encore enfermés dans les tubes ovariens, à l'extrémit inférieure du corps de ces animaux. Il en est de même de Xalcyonelle , dont les sperme tozoïdes se répandent dansla cavité viscérale; dans Tu et l'autre cas ce produit est une indication de Forgàn spermagène, qui pourrait bien être réuni à i'organ sécréteur des ovules et former avec lui une gland hermaphrodite. IL Des organes préparateurs et de leur produit, dan l Ordre des Polypes Tabulaires : Le corps des polypes de cet ordre forme essentie lement une capacité nutritive en forme de canal , la quelle est garnie à l'entrée, ou à la surface, de s partie ou de ses parties digestives ou alimentaires d'un nombre variable de tentacules ou de bras. ( 1) Voir l'extrait du mémoirede Vaucher sur les Tubulaires d'eau doue — Bulletin des se'ances de la Société philon'iati<|ue , an xil , n" 8 r, p. l5 et pi. XII, 6g. 4 et g. a. b.; et 1 histoire naturelle de Yalcyonelle fluviatu par M. Raspail, t. IV des mém. de la Société d'hist. nat. de Paris. (2) M. Siebold, Mém. pour servir à l'hist. nalur. des animaux sa vertèbres. Dantzig, 1839, p. 8. Cette observation est de i838. ART. III. CHEZ LES POLYPES. 557 Ici les polypes ne forment pas de simples agré- gations dans lesquelles les individualités restent dis- tinctes; mais ils sont réunis intimement de manière à composer une individualité plus ou moins compliquée qu'on appelle polypier. Quelque composé que soit le polypier, la capacité ilimentaire ou digestive de chaque polype s'ouvre dans un tube nutritif commun , dans lequel passe ou se se- crète le fluide nourricier, produit de la digestion de chaque polype. Les parois du tube nutritif sont formées dune louble membrane, toujours soudée intimement dans :ette partie du polypier; l'externe répond aux tégu- nents; l'interne est une continuation delà membrane iigestive de la capacité alimentaire. La première, chez les polypes à polypiers, sécrète de >a surface extérieure un tube ou un fourreau, mince nomme du parchemin, ou dénature cornée, etlescel- ules de cette dernière substance qui renferment les po- lypes alimentaires. Toutes les fois que le tube nutritif (appelé impro- prement canal intestinal par quelques naturalistes) est contenu dans un fourreau de substance inerte, il y a des organes particuliers pour la production des œufs, qui communiquent librement et immédiatement avec le fluide respirable : ce sont les Polypes propagateurs, appelés encore Polypes femelles. Ces polypes sont dis- tincts par leur forme , leur volume , leur position, et par leur existence passagère, des polypes qui ne ser- vent qu'à l'alimentation, et que j'appelle , également à cause de leur fonction, Polypes alimentaires. J'ajouterai que, dans ma méthode, lOrdre des Po* 558 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. types tubulaires se divise en denx tribus : Tune, celle des Polypes tubulaires hydri formes , dont les polypes ont l'orifice buccal garni extérieurement d'une cou- ronne circulaire de tentacules; l'autre tribu, celle des Polypes tubulaires médusiens, a les tentacules de ses Polf/pes alimentaires dispersés sur toute la surface de la capacité buccale ou digestive. La première tribu se compose de deux familles , celle dvs Hydriens et des Sertulariens. La seconde tribu ne comprend qu'une seule famille, celle des Corjniens. § 1. Des ovaires» Les familles des Sertulariens et des Coryniens ont des ovaires qui produisent de véritables œufs. Le même polypier appartenant à l'une ou l'autre de ces familles, après avoir développé, par bourgeonnement; tons les polypes alimentaires nécessaires à son alimen- tation, produit encore par bourgeonnement, dans des places déterminées, suivant les genres et les espèces, des polypes femelles, dont la fonction est de former et de nourrir des ovules ou ôes œufs. Ces polypes fe- melles ont cela de bien remarquable, qu'a la manière des organes de la fructification des plantes, ils né pro- duisent qu'une seule génération et tombent immédia- tement dans l'atrophie. Ces ovaires caduques (1) sont contenus dans une (i) Ces détails sont relatifs à la Campanularia oe»;icu/o fa, La m. Voyez à ce sujet le Mcm. de M. J.- L. Lowen, dont j'ai publié la traduction. Ann, de» se. natur., t. XV, p. i57 et suiv., pi. VIII A, fig. 1-18. ART. tfl. CHEZ LES POLYPES. 559 cellule beaucoup pins grande que celle du polype ali- mentaire. Le tube nutritif qui a produit cette cellule de substance cornée n'en occupe que Taxe quand elle est terminée, et ne tient plus à ses paruis que par des ligaments. Le long de cet axe vivant, se développent , au-dessus l'un de l'autre , deux ou trois polypes fe- melles, qui sortent successivement à travers le dia- phragme qui bouche la cellule. Ces polypes ont des parois uniquement membraneuses et se continuant du tube formant l'axe de la cellule, sur lequel ils se sont développés, et dans lequel circule le fluide nourri- cier. Leur forme est globuleuse; ils ont un orifice op- posé à leur pédicule tubuleux; cette issue est entourée d'une couronne de tentacules de même structure, mais beaucoup plus petits que ceux des polypes alimen- taires. La poche du polype ovarien renferme deux ou trois œufs ronds, dans lesquels on distingue, lorsqu'ils ont atteint un certain développement, le vitellus, la vésicule de Purkinje et la tache germinative. Chez les Polypes mèditsiens ou dans la famille des Coryi liens , et dans le genre Sincoryne en particulier, le polype femelle diffère encore plus du polype ali- mentaire. Suspendu par un pédoncule au-dessous du tentacule inférieur d'un polype alimentaire, il forme une cloche membraneuse, allongée ousphérique, sui- vant les espèces, transparente comme du verre, ayant des mouvements de contraction et de dilatation alterna- tifs analogues à ceux des méduses. Le bord de celte cloche a quatre ou cinq papilles, tentacules rudimen- taires, ou le même nombre de tentacules développées. Il y a même dans la Syncoryne de Sars un point ocu- laire à la base de chacun de ces tentacules. L'axe de 560 XXXVIIe LEÇON. OKO. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. cette cloche est occupé par une poche membraneuse, prolongement du tube nutritif et qui répond à la cavité alimentaire des polypes de ce nom. C'est dans Tinter- valle qui existe entre cette capsule alimentaire et les parois de la poche extérieure que se produisent et se développent les œufs, qui y sont disposés par rangées régulières, dans une poche membraneuse intermé- diaire, distincte, entre autres, par sa couleur d'un jaune brun (1). Ce polype propagateur fait donc ici les fonc- tions d'ovaire. Nous ne prétendons pas, par ces deux exemples, avoir décrit toutes les formes d'ovaires qui peuvent exister dans les deux familles des Serlulariens et des Cory- niens. Une circonstance bien remarquable, c'est que ces capsules ovariennes si contractiles, si vivaces chez ces derniers , se détachent de la tige qui les a produites et peuvent exister en jouissant de la locomotilité. Les Corynes auraient, suivant M. Wagner, leurs ovaires à l'extérieur au-dessous des tentacules, sous forme de plusieurs petites grappes sessiles , composées de capsules sphériques ou un peu oblongues. Les Hydres qui appartienent à cet Ordre produi- raient constamment leurs œufs, au nombre de quatre, suivant M. E lire ni lerg , à la base du pied, à l'endroit où la cavité stomacale se termine. Il se développerait périodiquement un ovaire dans cet endroit du corps. Ces œufs, d'après le même auteur, sont sphériques, et ils ont toute leur surface hérissée d'épines, dont les extrémités se divisent en crochets recourbés. (0 Vjoir Annales des se. nat., 2e série ,t. XV, pi. 8 B. %. i — io. ART. III. CHEZ LES POL\JPKS. 561 M. Laurent a confirmé cette localisation de la pro- duction des œufs dans l'état normal ; mais il a vu des hydres bien nourries en montrer dans tous les points de la peau qui enveloppent le sac stomacal, au nombre variable de 5 à 20 , et dont le diamètre diffère de i/5 et i/4 de mill. à 1 millim. 1/2. Ces circonstances et celles qu'ils ne sont composés que d'une seule vési- cule remplie d'un liquide globulineux , suivant le der- nier observateur, m'avaient fait penser que ces germes libres pourraient bien n'être que des bulbilles et non de véritables œufs. Cependant il faut avouer que les obser- vations de M. Ehrenberg conduisent à les déterminer comme des œufs (1). Ils étaient bien connus de Trem- bley, qui les avait vus déchirer le corps de 1 hydre en automne , et dont il avait vu sortir une hydre au prin- temps (2).] ■ § 2. Des glandes spermagènes et des spermato- zoïdes. [On a décrit ces glandes, entre autres, dans la coryna sqàamata. Ce sont aussi des agglomérations vésicu- le uses, réunies par groupes de trois à neuf, au moyen de courts pédicules, sur la capsule qui forme le corps de ces animaux, immédiatement au-dessous des tenta- cules. Dans leur complet développement , ces capsules, qui contiendraient des ovules chez certains individus , (1) Mémoire de l'Acade'mie des sciences de Berlin pour i836,-pj. II fig. 2.(2) Voir les Comptes-rendus de l'Académie des sciences de Paris t. IX, p. 8, t. XII, p. 983 pour les mémoires de M. Laurent, et le t. XV p. 335 pour le rapport de M. de Blainvill e sur ces mémoires. 8. 36 Ô62 XXXVII" LEÇON. OMJ. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. renfermeraient des spermatozoïdes chez d'antres in- dividus (i). Plusieurs espèces de la famille des Sertulaires forme- raient des groupes d'individus mâles provenant d'une même racine. Toutes les tiges d'un même groupe por- tent des capsules proligères analogues à celles des polypes femelles, dans l'intérieur desquelles se déve- loppent des spermatozoïdes semblables à ceux des méduses (2). Lï hydre verte, suivant MM. R. Wagner et Erdl. aurait des capsules spermagènes, sous forme de deux petites excroissances globuleuses, dans la même position relative, c'est-à-dire au-dessous des tentacules. Ces capsules ont été trouvées remplies de même de sper- matozoïdes. Dans les Coiynes , ils ont un corps ovale ou rond, et un appendice caudal d'une excessive ténuité.] III. Des organes préparateurs dans [Ordre de± Polypes Actlno'ides. [Cet ordre répond aux Polypes Charnus et mixPoly pes Corticaux de la Méthode du Règne animal. Des tentacules de forme, de nombre et de couleui variée , entourent la bouche comme les pétales d'un( fleur composée. Ils ont toujours une cavité intérieur* qui se prolonge dans le corps de l'animal entre soi sac ou son canal digestif et les téguments; ce demie intervalle est cloisonné , et les cloisons se continuen au-delà du canal digestif dans la profondeur du corps (1) Mémoire deM.Rathke (Archives d'iiiichson pour i844» et Annale des se nat. pour i844-> 3e série , pi. XIII , fig. i — 6. (2) M. Krohn. Archives de J, Miiller pour i843, p. 1 74* ART. III. CHEZ LES POLYPES. 563 Cest dans les parois de ces cavités cloisonnées, ou dans les filaments qui en dépendent, qu'existent les ovaires et les organes sécréteurs de la semence ] § I. Des ovaires et de leur produit. [Ainsi, dans les actinies, entre les parois extérieu- res du sac alimentaire et le sac dermoïde qui con- stitue les téguments , il y a, autour du premier, un es- pace cylindrique divisé par des cloisons; ces loges aboutissent au-dessous de l'estomac et au-dessus du plateau qui constitue le pied, dans une cavité com- mune qui répond à ce qu'on appelle la cavité abdo- minale, dans les Polypes actinoïdes à polypier. Par Jeur partie supérieure, ces mêmes loges conduisent dans les tentacules ? qui sont des ccecums, c'est-à-dire que leur bout est un cul-de-sac; elles communiquent avec l'entrée de l'estomac par l'intermédiaire d'un ca- nal circulaire qui est creusé dans l'épaisseur de la lèvre intérieure qui borde l'orifice de celui-ci, et qui est percé, du côté interne, d'un certain nombre d'orifices. C'est dans ces loges et dans l'espace inférieur où elles se confondent que l'on voit des replis membra- neux qui se détachent la plupart de leur paroi externe du inférieure, que <»ont les ovaires. Ils paraissent comme des cana a plissés régulièrement en manchette, dans le bord libre de ces replis. Leur aspect varie sui- vant l'époque plus ou moins avancée du développement des ovules. Nous venons de les décrire d'après ïactinia equina. On sera frappé de la ressemblance, dans la dispo- sition générale de ces ovaires, avec celle des 'Polypes Actinoïdes à polypier que nous allons décrire. 564 XXX.VIIe LEÇON. OHG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. Dans les lucemaires , les ovaires sont disposés d'une manière analogue à celle des actinies, et leurs orifices sont aussi autour de la bouche. Chez les Poh/pes aclino'ides à polypier, chaque po- lype a ses ovaires, de même qu'il est pourvu d'une ca- vité alimentaire et de tentacules. Ces organes sont formés par le prolongement des cloisons qui ont divisé en loges inspiratrices l'intervalle entre l'estomac et la peau. Ces prolongements dans la cavité commune, que Ton pourrait appeler abdomi- nale, et dans laquelle s'ouvre le canal alimentaire, présentent un bord libre immédiatement au-delà de cet organe. C'est dans ce bord libre, mais à une certaine distance du tube stomacal, que sont attachées les grap- pes d'ovules ou d'ceufs. Ces œufs peuvent recevoir l'ac- tion vitale du fluide ambiant par l'intermédiaire de l'estomac. Le nombre des ovaires n'est pas toujours égal à 'ce- lui des cloisons. Il n'y en a que six dans le veretillum cynomorium Cuv. (i). L'ovule presque mûr observé par M. R. JFagner, dans Yactiiila holsatica, avait 1/2 ligne de diamètre. Il se composait d'un chorion, sans structure apparente, duo vitellus granuleux très considérable; dune vési- cule germinative de i/4o de ligne de diamètre, et d'une tache germinative de 1/176 de ligne. L ovule des lucernaires a de même un vitellus et une vésicule germinative.] (1) Voir, à ce sujet, l'important Mémoire de M. Rapp , qui date déjà du 6 mars 1827, et qui a été publié en 1829 dans les A. N. C, vol. XIV, pi. XI, p. 6|3. ART. III. CHEZ LES POLYPES. 565 § 2. Des glandes sper ma gènes et de leur produit. [Leur existence a été constatée, il y a peu d'années , chez plusieurs espèces à' actinies {cictinia holsatiea \ af- fecta , rufa). Ce sont des pelotes de canaux dont les plus développés forment les tubes séminifères. Ils con- tiennent un grand nombre de spermatozoïdes ayant un corps oblong de 1/10 à i/5o de ligne, et un filet caudal fort long. Ces glandes spermagènes sont en même nombre que les ovaires et placées à côté d'eux (i). Cette disposition fait comprendre la fécon- dation intérieure qui a lieu nécessairement chez les espèces vivipares, parmi lesquelles nous avons constaté qu'il faut placer Xactinia equina. Les caryophillies, parmi les Madréporiens, auraient , dans la même agrégation arborescente, des individus mâles qui possèdent à la même place que les ovaires des femelles, des glandes spermagènes de même forme, contenant des spermatozoïdes (2). Chez les vérétilles de la famille des Pe/inatuliens, on distingue au-dessus des ovaires et immédiatement au-dessous de l'estomac, à l'endroit même où la cloi- son qui divise l'intervalle circulaire entre l'estomac et la peau a un bord libre , dans ce même bord libre, des canaux repliés que l'on présume appartenir à la glande du sperme. Le nombre de ces glandes serait, dans ce cas, égal à celui des ovaires, et leurs rap- (1) Découverte des organes mâles de la génération chez les actinies, par R. Wagner. Archives de Wiegmann, t. I. Berlin, 1 835 , p. 2i5, et Annales des se. nalur., 2e série, t. VIII, p. 284. (2) Lettre adressée de Nice, le 18 mai 1840, par M. Milne-Edwards. Comptes-rendus de l'Acad. des se, t. X, p. 778. Observation constatée sur le maclrepora mmèa. Sol. et EUis XXXVIIÏ. 566 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. ports de position avec ceux-ci donnent beaucoup de poids à cette présomption. Elle deviendra une certi- tude lorsqu'on aura découvert des spermatozoïdes dans ces canaux (i). Il est probable que cette détermination des glandes spermagènes une fois constatée dans cette famille, on la reconnaîtra dans les autres familles de cet ordre, comme on y a démontré l'existence des ovaires.] ARTICLE IV. DES ORGANES DE PROPAGATION DANS LA CLASSE DES PROTOPOLYPES OU DES ÉPONGES. Dans l'état actuel de la science , les Eponges doivent former la dernière Classe du règne animal, sous le nom de Protopolypes. Ce sont, en effet, des polypiers dans leur premier développement, lorsqu'ils n'ont pas encore de polypes. Leur propagation peut avoir lien par oeuf ou par germe libre; par des espèces de bourgeons et par scis- sure. Les Protopolypes forment trois familles distinctes, dont la vitalité semble diminuera mesure qu'on des- cend des Tèthyes , qui forment la première de ces trois familles, aux Eponges proprement dites, qui en sont la seconde, et aux Spongilles , qui en composent la der- nière. Les animaux de cette Classe n'ont pas d'organe par- ticulier distinct pour produire des ovules, ni d'organe (i) Voir la nouvelle édit. du Règne animal de Cuvier, pi. C)r, fig. 16 des Zoophytes , dessinée d'après nature par M. Milne-Edwards, et l'expli- cation cjue ce savant a donnée de cette figure. Le nombre des tesiieuli s n'est que de six et correspond exactement à celui des ovaires. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 567 mâle circonscrit pour féconder ceux-ci. C'est surtout ici que la fonction de propagation semble se con- fondre avec la nutrition. M. Grant a. \u la masse en- tière de certaines espèces d'épongés (de la spongia panicea p. ex.) se remplir de granules d'un jaune opaque, dans les interstices des canaux. Us sontd'abord irréguliers, plus tard ils prennent la forme régulière d'un œuf, passent dans les canaux de l'éponge, et parais- sent attachés à leurs parois. Mais, à l'époque où ce na- turaliste les y a vus ainsi fixés par le petit bout et agi- tant les cils vibratiles dont leur corps est alors cou- vert, il décrivait déjà leurs larves.] ARTICLE V. DES ORGANES DE LA GENERATION DANS LA CLASSE DES VERS INTESTINAUX OU DES HELMINTHES. [Il faut se rappeler que, dans la méthode adoptée par M. Cuvier dans le Règne animal , cette classe ne comprend pas seulement les Intestinaux proprement dits ou les Parasites intérieurs , mais encore les ]Sé~ merles et les Planaires qui vivent dans les eaux salées ou dans les eaux douces. Le parti que M. Cuvier avait pris de rapprocher les Intestinaux de certains animaux non parasites, a été adoptée récemment dans la classi- fication proposée par M. Oersted (1).] I. Des organes de la génération en général dans la Sous-classe des Intestinaux Cavitaires. [Tous les animaux de cette Sous-classe ont les orga- (1) Entwurf einer systematischen Eintlieilang, etc. , der Plattwurmer. von A. S. Oersted. Copenhague , 1 844* 568 XXXVII» LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. nés de la génération séparés, dans des individus diffé- rents. Les mâles se distinguent encore des femelles par une plus petite taille et par un moindre nombre.] Je n'en ai pu trouver, disait M. Guvier dans notre ancien texte, en parlant de X ascaride lombricdide , dans beaucoup d'individus que j'ai ouverts. » [Outre les organes préparateurs du sperme , les mâles ont généralement une et même deux verges. Les femelles ont deux ovaires tubuleux ou un sac qui pro- duit des ovules aussi complets que ceux des animaux supérieures. Les oviductes aboutissent à un vagin , qui reçoit la verge du mâle dans un accouplement intime. Ainsi les animaux de cette Sous-classe, dont la plu- part vivent dans l'intérieur des autres animaux , s'y re- cherchent et s'y rencontrent, pour cet accouplement, et s'y propagent seulement par génération bisexuelle , comme les animaux des classes les plus élevées des vertébrés ou des articulés. Nous décrirons successivement leurs organes prépa- rateurs femelles et leur produit; leurs organes prépa- rateurs mâles et leur produit ; et leurs organes d'accou- plement chez les mâles et chez les femelles.] § 1 . Des organes préparateurs et éducateurs chez le? femelles des Cavitaires. A. Dans V ordre des Entérodèles. [a. Dans la Famille des Ascaridiens , les organes fe- melles se composent de deux tubes ovariens, qui se continuent dans les oviductes, sans que l'on puisse tou- jours reconnaître la fin de l'un et le commencement de l'autre. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 569 Dans d'autres cas, les oviductes se distinguent dans leur dernière partie, du moins parleur plus grand dia- mètre , et ils ont été décrits comme deux matrices, à cause des petits vers éclos qu'on y rencontre. Ils aboutissent toujours à un canal unique , le vagin, qui s'ouvre au dehors dans différentes parties des té- guments , suivant les genres.] \j ascaride lombrical femelle a l'orifice de la géné- ration au tiers antérieur du corps; un vaisseau mince et court [le vagin] donne bientôt dans deux plus gros [les oviductes], qui, en diminuant insensiblement, ont chacun quatre ou cinq fois la longueur du corps, et sont aussi pelotonnés irrégulièrement, quoique aisés à développer; ce sont des ovaires qui contiennent une infinité d'oeufs fins comme de la poussière. [Il est remarquable qu'il y a ici deux ovaires, tandis que nous n'aurons à décrire qu'un testicule. M. J. Cloquet a observé un mouvement d'ondula- tion très remarquable dans les différentes parties des ovaires et des oviductes de X ascaride lombricoïde , ou- vert vivant et placé dans l'eau tiède (1 ). Le trichocephalus dispar n'a qu'un ovaire. C'est un tube régulièrement sinueux, qui commence à l'extré- mité postérieure de la cavité viscérale, et se change en oviducte, un peu en arrière de l'orifice génital. L/oviducte qui suit immédiatement est d'abord un ca- nal étroit , qui continue de se porter en avant jusqu'au- delà de cet orifice , puis se coude et se dirige en arrière jusque près de l'origine de l'oviducte; là l'ovi- (i) Anatomie des vêts Intestinaux. Paris, i8^4,p. 5i, pi. 1, %• i et 2 , et pi. IV, fift. i et '>. 570 XXXVIIe LEÇON. OBG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHVTES. ducte propre devient immédiatement très gros, et se continue ainsi comme ovidncte incubateur; puis comme canal génital, ou comme vagin, jusqu'à la vulve (1). Dans le guatostoma spinigerum , Owen, la vulve est à la réunion du second tiers du corps avec le der- nier. Le vagin conduit dans un oviducte incubateur à deux cornes; celles-ci se continuent dans les tubes ovariens (2). Dans le genre Cheiracanthus , DiESiNG , très voisin du précédent , sinon identique , il y a deux tubes ova- riens longs et grêles , souvent repliés autour de la se- conde moitié du canal alimentaire. Les oviductes incubateurs, dans lesquels ils se con- tinuent, sont très dilatés dans une partie de leur lon- gueur. Ils se réunissent par leur autre extrémité, et forment ainsi une matrice bicorne. C'est de leur angle de réunion que naît le vagin , qui se coude d'arrière en avant , et fait plusieurs sinuosités avant de se ter- miner à la fin du premier tiers de la longueur du corps. Les parois des oviductes et des ovaires montrent, au microscope, un réseau dont les mailles sont peu serrées , longitudinales dans les premières, et contour- nées dans les dernières (3). L'ovaire unique, dans le trichosome, est un long (1) Mémoire pour servir à l'anatomie des Entozoaires , par M. le pro- fesseur Mayer. Bonn, 1841, pi. II, fifr « et 3. (2) Voir le journal l'Insti- tut pour i836 et 1887, p. 328. (3) M. Dicsing Neue Gattunçeu von Bln- nen-Wùrmern, pi. XVI et XVII. (Annales du Muséum de Vienne, 1841.) ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 571 tube occupant la partie postérieure du corps , ayant ses replis à côté de l'intestin (i). Nous avons dit, que dans une partie dcsÀscaridiens, les limites des oviductes et des ovaires ne sont pas faciles à préciser, le tube de l'oviducte se continuant directement et insensiblement avec celui de l'ovaire. Si Ton examine le contenu , on voit que le dévelop- pement des ovules, celui des œufs, enfin celui des embryons a lieu successivement dans les différentes parties de ces longs tubes repliés, et que leur extrême longueur est faite pour prolonger le séjour des ovules et leur donner le temps et les moyens de se transfor- mer en petits vers , tels qu'on les trouve souvent à la fin des oviductes (2). b. Dans la Famille des Linguatules , vers semi- exter- nes, les deux ovaires sont considérables, et remplis- sent une grande partie de la face dorsale de la cavité abdominale. Ils se composent d'une agrégation de tubes ramifiés et de capsules proligères contenant des ovules. De l'extrémité antérieure des deux ovaires rappro- chés en un seul, à cette extrémité, dans le pen- tastoma tœnioïdes , ou dans l'étendue de cet organe dans le pentasiorna proboscideum ^ sortent deux oviduc- tes , qui se courbent encore de dehors en dedans pour n'en plus former qu'un seul. A l'instant où chaque ovi- ducte particulier se replie ainsi, il augmente beaucoup de diamètre, et reçoit en même temps le canal excréteur d'une vésicule glanduleuse, fournissant, selon toute (1) Mém. sur divers Helminthes, par M. Dujardin. Annales des se. nat., t. XX, p. 33 1. (2) Quelques matériaux pour servir à l'histoire des Filaires et des Strongles, par C. LebJ.ond. Paris, 1826, pi. II. 572 XXXVII' LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHVTES. apparence, l'albumen et l'enveloppe extérieure des œufs. L'oviducte se replie immédiatement autour du canal alimentaire, et y fait assez de tours, jusqu'à sa terminaison près de l'anus, à l'extrémité postérieure du corps, pour être contenu dans la longueur de la cavité abdominale, quoiqu'il ait lui-même im,Q9 de long (i). c. Dans les JSèmertes , vers marins externes , plats et articulés, comme les Ténioïdes , les sexes sont aussi séparés. Les organes du sexe femelle ou ceux du sexe mâle ont absolument la même forme ; ce sont des capacités ovales, à parois glanduleuses, formant une double série des deux côtés de chaque anneau, et ayant cha- cune un orifice extérieur dans la partie correspon- dante des téguments. Ces organes ne diffèrent que par leur contenu. Chaque ovaire renferme de deux à qua- tre ovules (2).] B. Dans X ordre des Anentèrés. \d. Dans la Famille des Acanthocéphalès , les Echi- ner rhynques ont deux ovaires qui régnent dans presque toute l'étendue de la face dorsale et de la face abdominale, ou du moins, pour être moins précis, des deux côtés opposés du corps. Les œufs y sont pressés, serrés en un cône très al- (1) M. Mirarn., Sur le Pentastoma tœnioides. Annales des se. natur., 2e s., t. VI, p. 147, et pi. VIII , fig. 8 et 12. Et C. M. Diesing , Monogra- phie du genre pentastoma, pi. II, fig. 3, 4? 5, 6, pour le pentastoma pro- boseideum, et 16, 17 et 18 pour le pentastoma tœnioides. (2) Exposé sys- tématique des Vers plats, par A. S. OErsted. Copenhague, 1 844* ^' ^i fig. 56, ovaires du Notospermus flaccidus , et p. 25. ART. V. CHEZ LES HELMÏjNTHES. 573 longé, dont le sommet se termine par un court ovi- ducte, à la dernière extrémité du corps. Ces œufs sont d'autant moins petits, d autant plus développés qu'on les observe plus en arrière, plus près de la terminaison de l'ovaire dans loviducte. Leur masse conique qui remplit l'ovaire n'est pas continue; mais il y a, du moins après 3a mort, des in- terruptions ou des intervalles vides dans ce long cy- lindre.] § 2. Des ovules et des œufs. A. Y)an$Y ordre des Entêrodèles. [On distingue très bien , dans les ovules du trichoce- phalus dispar, la vésicule germinative, comme un es- pace circulaire de couleur claire, au milieu des gra- nules opaques qui constituent le vitellus. L'œuf est elliptique, avec un bouton à chaque pôle appartenant à son enveloppe extérieure. Dans le Cheiracantlius lobustus , les œufs sont ova- les; iis ont, comme un couvercle au pôle étroit (i); ceux du cheiracanthus gracdls sont spbériques (2); ceux de Y anecyracanthus pinnatrjîdus sont presque ellipti- ques (3). Ils sont ovales dans Yheterocheilus tiini- catus. Dans les uns et les autres, le vitellus est granu- leux. Dans les tric/iosomes , les œufs mûrs out de o"m,,o53 àomra,070, suivant les espèces (4). Une fois pondus, (1) M. Diesing, o. c, pi. XVI, fig. 22 à 24. (2) IbiJ. PI. XVII, %. 18, 19 er 20. (3) Ibid. PI. XVIII, %. 16-19. (*) M- Dujardm, m. c. 574 xxxvir leçon, obg. de génération des zoophytes. ils ont un nidamentum mucilagineux qui les attache au corps de la mère. Dans les linguatules , les ovaires sont pyriformes dans l'ovaire, remplis d'une substance granuleuse. Ils sont sphériques dans les branches de l'oviducte, et y prennent l'albumen et leur dernière enveloppe qu'on leur voit dans l'oviducte (i). Dans les némertes. les ovules ont une vésicule ger- minative, un vitellus, un albumen et une coque. L'ani- mal, au moment de la ponte, les enveloppe d'un ni- damentum muqueux, formant une masse cylindrique, qui renferme beaucoup d'oeufs [2).] B. Dans [ordre des A ne /itérés. [Dans les Echinorhynques , les œufs non fécondés sont transparents. On les trouve mêlés , dans les ovai- res, à des œufs fécondés, dans lesquels on reconnaît un embryon plus ou moins développé.] § 3. Des 01 ganes qui préparent la semence , et de leur canal excréteur, [Ces organes varient dans les deux ordres et les fa- milles de cette Sous-classe pour le nombre et pour la structure. r Les Ascaridiens et les Linguatules n'ont qu'un testicule. Ils sont multiples dans les JSèmertes. Les Echinorhynques les ont paires comme les ovaires.] ' (i) M. c. de M. Dicsing, pi. II , %. 9-1 3. (2) M. Orsted, o. c, pi. III, fig. ,45 et 70. Œuf du JSotospennus flaccidus. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 575 A. Dans Y ordre des Entérodèles. [a. Et dans la Famille des Ascarkliens. Le testicule est un long tube simple non ramifié, d'un blanc opa- que , replié autour du canal alimentaire. A son ori- gine, il est extrêmement délié; il augmente peu à peu de diamètre, quoiqu'il soit encore petit à sa termi- naison dans le canal déférent. Celui-ci, beaucoup plus grand, se porte directement en arrière pour se ter- miner à l'extrémité de l'abdomen, en joignant la base de la verge. Dans un individu de grandeur moyenne de Y ascaride lombricoide , le tube de la glande spermagènea envi- ron om,9 de long. Quelques anatomistes ont décrit comme une sorte de vésicule séminale, lavant-dernière portion du tube spermagène , et réservent la dénomination de canal déférent à la dernière portion, de nouveau rétrécie. de ce tube. Ainsi, dans notre ancien texte, M. Guvier avait écrit] : Le mâle de Yascaride lombricoide a la verge longue d'une à deux lignes, sortant par la queue ; et, en dedans, une vésicule séminale occupant la moi- tié de la longueur du corps ? pleine d'une liqueur lai- teuse. Dans son fond aboutit un vaisseau filiforme qui a quatre ou cinq fois la longueur du corps, et qui est pelotonné, mais qu'on dévide aisément. [Dans le Trichocephalus dispar, la première portion de la glande spermagène, ou le testicule proprement dit, est un tube très sinueux, dirigé d'arrière en avant. A l'instant où il se coude pour se porter d'avant 576 XXXVIIe LEÇOft. OAG. DE GENERATION DES ZOOPIIVTE8. en arrière , il forme un tube droit, et successivement deux autres, séparés du premier et du second par au- tan! d'étranglements. On lésa décrits comme trois vé- sicules séminales. La dernière s'ouvre dans un canal droit qui se termine dans le fourreau interne de la verge (1). Le testicule unique du Strongle arme ne diffère pas essentiellement de celui de l'ascaride lombricoïde , sauf qu'il est moins long dans sa partie grêle, et qu'à sa dernière portion le canal déférent commence plus tôt. Il se termine de même à l'extrémité postérieure du corps (2). b. Dans la Famille des Linguatùtes. Il n'y a qu'un testicule qui s'étend dans une grande partie de la ligne médiane dorsale de l'abdomen. Sa forme est un cône très allongé dont la pointe est en arrière. De sa base sort un canal étroit, court, un peu flexueux, sorte d'épididyme qui se dilate avant de se diviser en deux autres, d'un diamètre beaucoup plus grand : ce sont les déférents. Ils communiquent chacun dans une pe- tite vésicule séminale , qui a un appendice ccecal re- marquable, et finissent dans une des racines de la verge (3). C'est du moins l'organisation de ces parties dans lèjpèntàstornâ proboscideum. c. Dans la famille des' A7émertes, les organes prépa- rateurs du sexe mâle forment, ainsi que nous l'avons (1) M. F. J. C. Mayer, m. c, pi. 1, fiç. i et 3. M. C. (2) Leblond , o. c, pi. IV, %. 3. (3) M. Dicsing, m. c, pi. I, fig. 16 et 17. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 57/ dit des ovules, une double série de vésicules, une paire pour chaque anneau, qui s'ouvrent au dehors par un pore extérieur correspondant. Ces vésicules sont rem- plies de spermatozoïdes en forme de navette, dans le notospermus flaccidus ( i ). B. Dans X Ordre des Anentérès. Et dans la Famille des Acanthocêpkalés luécfii/io- rliynque géant a les deux glandes de la semence, en forme de fuseau, situées dans la première moitié delà cavité viscérale, de manière que la seconde de ces glandes a son extrémité antérieure très près de l'extré- mité postérieure de la première. Cette disposition, qui tient à la forme allongée du corps , rappelle celle de plusieurs viscères des serpents (les reins, les testicules, les ovaires). Un filet ligamenteux se porte de l'extrémité anté- rieure de chaque testicule à celle de la cavité viscé- rale. Le canal déférent sort de leur extrémité opposée ; les deux canaux ne tardent pas à se réunir en un seul, qui se dilate par intervalle et forme plusieurs réser- voirs séminaux, jusqu'à sa terminaison dans le canal du fend de la verge. § 4- ïïu sperme et des spermatozoïdes. Je ne connais encore que peu d'observations sur le (1) OErsted. o. c., pi. III, hg. 54 et 55. Nous ne plaçons qu'avec doute les iSémertes parmi les Gavitaires. Ces animaux s'en éloignent beaucoup, comme on peut le voir pour les organes de la génération, et se rappro- chent de la famille des Tsenioïdes, dont ils semblent être le type supé- rieur ; comme les TWntoïdeS semblent être le type dégradé des ISémerles. 8. 3? 578 XXXVIIe LEÇON. ORG, DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. sperme et les spermatozoïdes des Intestinaux cavi- t aires. A. Dans ï ordre des Entërodèles, a. Et dans la famille des Ascaridiens. On a trouvé le tube spermagène rempli d'une liqueur laiteuse, dans laquelle sont des granulations extrêmement ténues. M. C. Leblond a observé que le sperme du filaria papillosa était composé de globules et de corpus- cules multiformes. C'étaient sans doute des spermato- zoïdes, vus à un trop faible grossissement pour dis- tinguer exactement leur forme. M. Siebold n'a pu découvrir de spermatozoïdes dans ce qu'il a cru être le sperme des Ascaridlens. b. Jjepentàstoma tœnioides,àe\di famille des Lingua- tules , paraît en avoir de capillaires. Ils forment de belles gerbes , suivant l'observation de M. Valenlhi , et sont d'une longueur considérable, puisqu elle atteint jusqu'à 1 /6 de ligne. c. Les spermatozoïdes des Nemertes se développe- raient, comme ceux des sangsues, dans des cellules réunies en disques; de manière que les plus avancés dans leur développement seraient ceux des cellules de la circonférence, si on en juge par les figures publiées par M. de Quatrefages. Dans le JSemertes mandUla, ils ont un renflement céphalique formant une ellipse très allongée, et un appendice caudal très long (r). Nous avons déjà vu que, d'après M. OErsted, les (ï) Règne animal de Cuvier, pi. XXXIV, des Zoophytes , fig. 2, 4, 5, 6. Observations et dessins de M. de Quatrefaqes. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 579 spermatozoïdes du aematospermus flaccidus sont en forme de navette, sans appendice caudal (1). B. Dans ï ordre des Anentérès. On connaît les spermatozoïdes des Echinorhynques \ Ils ont la forme capillaire et sont réunis en gerbes ou en écheveaux dans le testicule. Ils se meuvent en ser- pentant , et ne se bouclent pas dans l'eau (2). §5. Des organes mâles d'accouplement. A Dans tordre des Entérodèles. a. Dans la famille des Ascuiidiens. Il y a une ou deux verges selon les genres. La verge, dans l'un et l'autre cas, est un stylet légèrement arqué, qui fait saillie à l'extrémité postérieure du corps, un peu eu 7 deçà de cette extrémité } au-devant de l'anus. Ce stylet >t comme un prolongement c\u canal déférent, Mascaride lombrlcx/ide n'a qu'une seule verge, ainsi que les espèces des genres oxyuris , trîcnocephalus et trichosoma. Le slrongle armé n'a de menu? qu'une seule verge, dans une sorte d'entonnoir qui est. à l'èx- î rémité postérieure du corps. M. Dîesing n'indique encore qu'une seule verge dans ses nouveaux genres ckeiracanthus et stephanu- rus ; il en décrit deux dans ses genres également nou- veaux, lés lecanocephalus , ancyracanthus , hetsro- cheiliLs . On pourra voir un exemple de l'organisation assez es (1) O. c, tig. 55. (2) M. Siebold, m. c, p. 232. 580 XXXVIIe LEÇON. oa&. DE génération des zoophytes. compliquée de ces sortes de verges, dans la description de celle du trichocephalus dispar(x) Le stylet si fin qui la constitue se composerait essentiellement d'un corps caverneux entouré d'un fourreau intérieur, con- tinuation du tube éjaculateur, qui dépasse le gland comme une sorte de prépuce, et est percé à son extré- mité. La verge et son fourreau intérieur sortent par l'orifice dun fourreau extérieur, moins protractiîe et hérissé d'épines ; un muscle rétracteur la fait rentrer dans le corps. Les trichosômès ont de môme une verge rentrée dans un fourreau plissé (2). b. Dans la Famille des Li/iguatules. La verge uni- que se montre comme une petite papille -, entourée d'un repli cutané, dans la ligne médiane abdominale, un peu en arrière de l'orifice buccal. Elle commence, dans la cavité viscérale, par deux branches qui reçoi- vent les canaux déférents et les vésicules séminales. Une prostate pyriforme adhère de chaque côté de ces branches, à l'endroit de leur réunion. c. Dans la Famille des lYemertes, il existe un organe problématique que MM. Huschke et GErsted regar- dent comme un membre génital commun aux deux sexes. C'est un long boyau replié sur lui-même, plus long que le corps, qui existe chez les femelles comme chez les mâles, dans toute la partie dorsale de la cavité viscérale, dont les 2/3 sont occupés par les organes de (1) M. c. Je M. Mayer, pi. I, fig. i , 4> 5 et 6. (2) M. Dujardin , ni. e., pi IV. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 581 la génération. Ce boyau est enfermé clans une cavité péritonéale particulière, s'ouvrant à la partie antérieure du corps ; il est adhérent par son extrémité antérieure autour de l'ouverture; tandis que son extrémité posté- rieure est fermée et libre dans la cavité viscérale. Ce boyau est divisé par un diaphragme en deux parties, dans la moitié de sa longueur; la moitié antérieure a un plus grand diamètre que la postérieure. Il y a au milieu de ce diaphragme , du côté delà tète, un corps en forme de poinçon, dans une cavité parti- culière, à l'extrémité duquel est un corps dur, transpa- rent, en forme d'aiguille, De chaque côté de cette capsule il y a un intervalle qui renferme quatre ou cinq corps semblables, arrangés de manière nue la tête de l'un répond à la pointe de l'autre. Lorsque le boyau génital est déroulé au dehors jusqu'au diaphragme, où ce déroulement s'arrête , le corps en poinçon se trouve à son extrémité et s'introduit probablement dans l'on- i liée génital d'un autre individu ( i). F. Dans V Ordre des A 'ne /itérés , Et dans la Famille de Acantocéphalés , IV hinorht/n- chus (gigas) a le pénis compris dans la partie la plus reculée de la cavité viscérale, lorsqu'il est dans l'état de repos; dans l'érection il se présente au dehors, comme un appendice en forme de cloche, qui se voit à l'extrémité postérieure du corps, et qui en est dis- tinct par un étranglement. Cet appendice se compose (\) M. OErslçd , ni. c., j>. 23. e 582 XXXVIIe LEÇON, ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. de deux cônes repliés l'un dans l'autre. Le sommet du cône extérieur se continue avec les téguments. Celui du cône intérieur se prolonge en un cylindre creux, dans lequel le canal déférent vient aboutir. C'est au fond de ce cylindre ou de cette verge inté- rieure que les muscles rétracteurs et protracteurs de cet organe viennent prendre leur attache mobile. Les rétracteurs, au nombre de deux, se fixent en avant à la paroi intérieure des téguments. Les deux protracteurs ont leur point fixe à la partie la plus reculée de cette même paroi. §6. Des organes femelles d'accouplement. Ils ne consistent que dans le vagin, simple canal auquel aboutissent les oviductes, et qui se termine à la vulve, percée dans un point variable du corps suivant les familles, les genres et les espèces. a. DansY ascaride lombricoïde, tvpe delà famille des Ascaridiens^ le vagin est un canal à parois minces, beau- coup moins épaisses que celle des oviductes incuba- teurs, dont il se distingue très bien par cette structure différente. La vulve, qui est son orifice, est percée entre le premier et le second tiers du corps. Elle s'ouvre entre le second et le troisième tiers delà longueur du corps, dans le cheiracantus robustus. Dans le filaria papillosa , le vagin va se terminera l'extrémité antérieure du corps , tout près de la bou- che (1). b. Dans les Linguatules, c'est à l'extrémité opposée, à côté de l'anus, aue se trouve la vulve. (i) M. Leblond , o. c, pi. II, fig. 1-7. 4RT. V. CHEZ LES HELMINTHES. 583 II. Des organes de génération dans la Sous-classe des Pareil chijm a teux . Dans cette Sous-classe, lhermaphroditisme est le cas le plus ordinaire ; les organes femelles et mâles de la génération y sont le plus souvent réunis dans le même individu; elle se distingue par ce caractère de la Sous classe précédente. Je ne connais pas d'exception pour les Parenchymateux parasites; mais il paraît que quelques Vers externes ont les sexes séparés. Dans plusieurs Intestinaux, on ne connaît encore que les organes préparateurs femelles. Dans d'autres {les Acêphalocystes\ il n'y a pas d'organe spécial pour la génération. Ces différences nous obligent d'exposer successive- ment tout ce qu'on sait des organes de génération des deux sexes, en suivant la série des Familles. § 1. Dans la Famille des Planaires. Fies Planaires ont des organes mâles et femelles de génération très rapprochés; ils peuvent avoir deux is- sues l'une derrière l'autre, toutes deux placées dans la ligne médiane ventrale, après le pore du suçoir : c'est ce qui se voit dans la planaire Irémellaire. D'autres fois ces organes n'ont qu'une issue commune (1). a. Des ovaires. Les ovaires sont étendus de chaque côté du corps, entre les ramifications du sac alimentaire . ou de cha- (i) Voir Dugès, Mémoires sur les Planaires. Annales des se. riâlur., t. XV, p. 172, pi. V, fig. 3 ; et A. S., OEisted, o. e. 584 xxxviic lèckjn-. omi. de &ÉBSÉ&ATION des zoophvtes. que côté du canal alimentaire 5 suivant les espèces. Leur tube se continue, comme oviducte, en deux bran- ches, qui se réunissent en un seul tronc, lequel se ter- mine, dans la planaire lactée , dans la paroi postérieure de la gaine génitale qui renferme le pénis. C'est là que s'ouvre encore une vésicule bilobée, que Dugès com- pare à la vésicule copulatrice des Mollusques gastéro- podes. M. Focke indique cette même vésicule dans la planaria Ehren bergiï. b. Des organes préparateurs du sperme et de leur canal excréteur. il y a deux testicules situés de chaque côté du canal alimentaire, plus en dehors que ces ovaires. Ce sont deux glandes allongées, dans la planaire d 'E 'hrenberg, ayant leur bord externe divisé en lobes, dont la sub- stance paraît granuleuse. Les canaux séminifères qui en sortent se réunissent en un canal déférent , qui ne tarde pas à se dilater en une vessie séminale, en forme de navette. Chaque vé- sicule se termine par un canal étroit dans une troi- sième vessie en forme de cornue, sorte de prostate dont le canal aboutit dans la base de la gaine génitale qui renferme le pénis, et où s'ouvre l'oviducte (1). c. Des ovules et des œufs. Les ovules ont un vitellus et sa membrane, une vé- sicule et une tache germinatives. Cependant M. Siebold leur refuse ïa vésicule germi- (1) Plumaria Ehrenbergii, von G. W. Focke. Annales du Muséum de Vienne , 1 84 ! , pi. XVII , fig. 1 1 . M\T. V. CHEZ LIES HELMINTHES. 585 native. Cette observation ne concerne que les œufs de la planaria torva ( i ). Les planaires sont d'ailleurs vivipares et ovipares, suivant la saison. La planaria Ehrenbergii pond des œufs en automne, avec une coque résistante, brune, et des petits en été. On trouve dans son corps , dans cette saison , et déjà au printemps , des œufs incolores avec des embryons plus ou moins développés. La planaria torva pond des cocons avec deux à 6ix vitellus. Ces cocons sont pédicules et attachés aux }>lantes aquatiques. cl. Des Spermatozoïdes. Ils sont grands , diffèrent , parleur forme, suivant les espèces et les genres. Us sont capillaires dans le prostoma subovijorme ; ils ont un renflement céphaiique et un appendice cau- dal dans le microstoma lineare (2). M. OErsted a trouvé, dans certains individus, des spermatozoïdes et des ovules répandus et mêlés entre les viscères. Dans d'autres il n'y avait que des ovules ou des spermatozoïdes. e. Des organes a accouplement. Quand il n'y a qu'un seul orifice génital, il se voit immédiatement après l'orifice buccal. Cet orifice con- duit dans une gaine de structure musculaire , dans la- quelle la verge est retirée. La forme de cet organe d'accouplement peut diflé- (1) Froriep's Neue Notizen, n° 366, p. 216, (2) M. OErsted, o. c, fift. 8, 20, 54 et 55. 586 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GÉiNEBATION DES ZOOPHYTES. rer beaucoup , même dans les espèees d'un seul genre, qu'on a d'ailleurs de la peine à distinguer par des ca- ractères extérieurs (1). C'est, en général , un organe creux , adhérent par sa base au fourreau qui le ren- ferme. § 2. Dans la famille des Trérnatodes . a, De la glande ovigène. L'ovaire, dans la douve du foie , occupe toute l'é- tendue des côtés du corps. Il se compose d'une quantité innombrable de vésicules réunies par groupes, et con- tenant des ovules. Les plus grands de ces ovules sont plus rapprochés de la ligne médiane. C'est dans cette région que se trouve Foviducte, canal ramifié dont les troncs viennent aboutir à un corps ovale, sorte de glande qui sert sans doute à compléter l'enveloppe des œufs. Au-delà de ce corps, Foviducte est un canal resserré sur lui-même, qui va se terminer à la peau, près de !a base du pénis , par un porc en apparence capillaire. Toutes les espèces de ce genre n'ont pas un ovaire de même forme. C'est un simple tube, plus ou moins sinueux , se continuant d'arrière en avant avec l'ovi- ducte , dans les distoma appendiculatum et cylindri- cum , et l'on retrouve dans ces espèces le type de l'o- vaire des Cavitaires (2). Dans le genre amphistoma , les ovaires sont en (0 M. OF^rsted, o. c, fig. 3 , 4, 16, 21 , s3 , 52 , 53. Ce savant ne re- garde la verge que comme un organe excitateur et non conducteur de la semence. (2) M. Mayer, m. c, pi. III, tig. 12 et i3. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 587 grappes , c'est-à-dire composés de capsules ovigènes , réunies par leurs canaux excréteurs , qui leur servent de pédicules , le long des deux branches principales de l'oviducte. Ils sont situés de chaque côté, entre les téguments et les divisions du sac alimentaire. Chaque oviducte f après la réunion de ses deux branches , se porte transversalement vers la ligne médiane, à la ren- contre de son symétrique , pour aboutir ensemble dans un seul oviducte incubateur. Ce dernier, ayant un diamètre beaucoup plus grand, est un canal sinueux, qui se porte d'arrière en avant jusqu'à son issue, près de la verge, en diminuant un peu de diamètre. La première partie de cet oviducte, un peu dilatée en cul-de-sac, est désignée sous le nom de matrice, et les deux oviductes qui s'y rendent ont été comparés aux trompes de Fallope (i). b. De la glande spermagènc et de son produit. Plusieurs espèces de distomes , qui ont été étudiées avec soin, ont montré deux testicules globuleux , pla- cés de chaque côté du corps, l'un plus avant que l'autre. Il sort de chacune de ces glandes un canal déférent très fin , qui se rend dans la dilatation de la base de la verge , formant , comme dans les Insec- tes, une vésicule éjaculatrice. Mais on a constaté en même temps l'existence d'un (i) M. Dicsincj , Monogrnphia der Gattungen Amphistoma, etc. An- nales du Muséum de Vienne, î 84 1 5 pi- XXII, iig. 4? 7 ■> *§? 22- Voir encore pour le Viplozoorn paradoxum, genre de celte famille , M. Al. Nordmann, Monoyrapldsche Btitrœye. Berlin, 1 832, pi. VI, fig. 1 et 2 ; et pour VOclobotrium lauceolatum, le m.c. tic M. Muyer, pi. III, lig. î, 9 et 10. 588 \XXVile LEÇON. OJRG. DE GÉKEBAT10K DES ZOOPHYTES. réservoir séminal (dans les distoma nodulosum et glo- biponim), qui reçoit le sperme du testicule antérieur, et dont le canal excréteur se rend au commence- ment de l'oviducte incubateur. Cette disposition orga- nique fait que les œufs peuvent être fécondés immé- diatement dans le corps del animal, et indépendamment de ses actions instinctives de propagation (1). Les glandes spermagènes de Yamphisloma gig&n- teum soiit deux vésicules multifides, ou composées de petits cœcums, réunis dans une cavité centrale, d'où part un canal déférent étroit et court. Ces deux testicules sont rapprochés de l'oviducte incubateur dans la partie moyenne du corps. Leur canal aboutit dans une sorte de vésicule sémi- nale de forme ovale. Cette vésicule a, du côté de son gros bout, un canal replié , en rapport avec la verge , qu'on peut considérer comme une prostate. On a pu étudier les spermatozoïdes de plusieurs es- pèces de distômes (des distoma hepaticum , te/eticolle, glubiporum , nodulosum). Ils ont une forme capillaire sans renflement cépbalique. On en rencontre peu dans les testicules , qui sont remplis d'une masse granuleuse très fine. La vésicule séminale en est farcie. Plus libre dans son canal excré- teur et dans le canal éjacuiateur , ils montrent une re- marquable vivacité de mouvements. (i) Voir M H Burmeister, Achives deWiegmann de i836,t. II, pi. II. Hg. 2, et p. 187, pour le Distoma globiporum; et M. Siebold, Archivé.-» de J. Miiller pour i836 , pi. X, fig. I , pour le Distoma nodulosum. ART. V. CREZ LES HELMINTHES, 5X9 c. Des organes cV accouplement. Dans les distômes , l'issue des organes mâles el eelle des organes femelles sont situées entre la ventouse an- térieure et la ventouse postérieure, tout près decelle-ci, et très rapprochées lune de l'autre. Dans le distoma liepatlcum , la verge est courbée en arc. Elle a son issue, ainsi que nous venons de le dire, tout près et en avant de la ventouse postérieure. C'est un tube qui se déroule par cette issue, au moyen des contractions du fourreau qui la contient, dans l'étal de repos, avec la vésicule séminale (i). L'orifice génital se présente , dans Xamplùstoma gigaiiteurn , après l'orifice buccal, comme une fossette de laquelle sort une papille. Cette papille n'est que le prépuce de la verge, qui est en forme de stylet très fin, recourbé en avant (q). La verge et son prépuce sont cachés , dans l'état de rétraction , dans une fossette en Forme d entonnoir, dans laquelle Poviducte a son embouchure. § 3. Dans la. famille des Tœnioïdes. Les organes des deux sexes sont multipliés et très nombreux , puisque chaque anneau du corps en est pourvu, et que, sous ce rapport, il forme une indivi- dualité complète. a. Des glandes ovigènes , des ovules et des œufs. Dans le tœnia de l' /tomme, on voit l'ovaire de (i) Ed. Mehlis, o. c. (2) M. Bîcsing, m. c.J pi. XXIII, iij;. 1, et pi. XXII, tig. 16, 17, j 8 et -a. 590 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. chaque anneau se dessinant comme une broderie blanc de lait , sur un fond blanc-bleuâtre. Il occupe une grande partie de l'anneau lorsqu'il est rempli d'œufs mûrs. Ses ramifications partent dïm tronc commun longitudinal , occupant la ligne médiane de l'anneau ; elles se portent jusque 1res près de ses bords libres et articulaires, en se divisant et en paraissant se terminer en culs~de-sac , le plus souvent un peu dilatés en mas- sue. Nous avons réussi plusieurs fois à injecter au mercure ces canaux ramifiés; mais sans découvrir leur communication avec la ventouse latérale, où l'oviducte aurait son issue, suivant M. Délie Chiaje (1). Gœtz a donné une description aussi précise de l'o- viducte, dans le tceiiia sinuosa, où il se terminerait dans la papille même de la ventouse latérale (a). Dans quelques cas , on a trouvé les œufs dispersés dans tout le parenchyme des anneaux, sans pouvoir distinguer les parois des capsules ou des tubes ova- riens. C'est ce qui a lieu dans Xalissehniiithe du fièvre, que nous avons particulièrement étudié, ei dans les ligules, que nous plaçons à côté des bothrio- cé plia le s. Ces derniers ont, dans chaque anneau , un appareil central préparateur des ovules, et un réservoir des œufs. Ce! appareil est peut-être moins étendu , à pro- portion , que dans les tœnias. M. Esckricht, qui l'a étudié avec soin sur le bothrio- céphale de F homme et sur plusieurs autres espèces, a (i) Compendio di Elmentogratia ninana. Napoli, i833, pi. IV, iig. 10 et Memorie, t. I, pi. XII, tig. 2. (2) Voir Sehmaltz,pl. III, Iig. 16. ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 591 reconnu deux ovaires par anneau, un réservoir des œufs composé d'oviductes repliés , et de glandes qu'il suppose devoir fournir l'albumen etl'envoloppe cornée résistante des oeufs 5 de sorte que ces animaux auraient leurs organes femelles de génération aussi compliqués que les vertébrés ovipares (1). Leuckarfîx décrit, dans le box fhriocephalus /loris , des ovaires doubles, et situés dans les deux bandes margi- nales de chaque anneau (2). L'existence d'un oviducte ou d'un conduit spé- cial pour la sortie des œufs mûrs est loin d'être dé- montrée dans cette famille. Plusieurs anatomistes ad- mettent un spermaducte, ou une sorte de vulve et de vagin , pour la fécondation des œufs seulement. Les parois des anneaux dans lesquels les œufs sont parvenus à leur maturité, amincies successivement , finissent par se déchirer à cette époque , comme cela a lieu chez les Bacillariées , les Diatômes, les Oscilla- riées^ et, en général , chez des êtres organisés infé- rieurs , dont le corps ne semble être qu'une capsule génératrice, devant se rompre à l'époque de la matu- rité des germes , après que son parenchyme a servi au développement de ces germes. Ici, chaque anneau qui renferme des œufs mûrs semble être parvenu au terme et au but de son existence , et n'est pas destiné à en produire et à en nourrir d'autres. Dans le bot/iridium pithonis Bl. , l'ovaire forme un [1) Voir son Mémoire parmi les A. N. C. de Bonn, t. XIX, pi. II. 2) Fragments zoologiques, HeJmstetlt , 1820, et Schmaltz, o, c., pi, IV, tig. i3. 592 XXX VIT8 LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES, gros tubercule saillant, au milieu d'une des faces de chacun des anneaux développés. Le tubercule de l'an- neau suivant relève le bord de l'anneau précédent; il renferme deux poches ovariennes, qui répondent à chaque face de l'anneau. On peut les extraire séparé- ment lune de l'autre. Nous avons distingué dans une de ces capsules, dont les parois intérieures sont lisses, un tuyau replié contenant des oeufs de forme ovale. C'était évidemment le tube proligère (i). Rien ne rayonne d'ailleurs autour des poches ovariennes ou de l'ampoule qu'elles forment. Dans une autre observation de l'animal frais, je n ai trouvé qu'une poche ovale, située exactement au mi- lieu de chaque anneau, dont le grand diamètre était dans le sens de Taxe longitudinal de l'animal. L'ex- trémité postérieure de cette poche était comme en- châssée dans une apparence de boyau replié. Ce boyau était-il l'analogue de celui que nous venons de décrire dans l'une des capsules? Les œufs du Botiiridium pithoris sont de Forme ovale. Leur plus grand diamètre a 0,07 ou ~ de mil!., et leur plus petit ~ à ^. M. Eschricht croit avoir reconnu les ovules avec leur vitellus, dans les canaux des ovaires. Il suppose qu'ils reçoivent leur albumen dans ce qu'il nomme la glande de la ; elote , à l'endroit où commence le second ovi- ducte, qui! appelle utérus, et le long duquel ils re- (1) Cette observation est conforme à celle de M. Esehweht, qui dis- tingue, dans ce qu'il appelle le réservoir des amfs , la capsule, et un tube mince qui les renferme, m. c. A HT. V. CHEZ LES HELMINTHES. 593 çoivent hi matière de ïeiu' coque. Blanchâtres dans l'ovaire, ils sont jaunes dans le premier oviducte, et deviennent plus foncés et même bruns dans le dernier. Les œufs mûrs du tœnia denticulata sont globuleux; ils ont une corme unie, et une membrane interne dans laquelle se meut librement un sac en massue, qui ren- ferme un embryon avec ses six crochets. Us ont un quart de ligne de diamètre (i). Dans le tœnia expansa les œufs sont sphériques et cependant irréguliers. La membrane interne de. la coque a une forme moins régulière que dans l'espèce précédente. L'embryon se présenterons un aspect dif- férent.] b, Des glandes spermagènes et de leur produit. [Le testicule , dans cette famille, serait, suivant Ed. Mehlis et Creptin , un vaisseau spermagène, très replié en nombreuses circonvolutions, qui s'ouvrirait dans la verge, et dont les ramifications iraient se perdre dans la partie moyenne de chaque anneau Déjà IVitsch avait indiqué une glande spermagène dans le tœnia vil/osa 2) (de Peuta^de). M. Siebold a découvert des spermatozoïdes dans un organe du tœnia depressa, qu'il a, en conséquence, dé- terminé comme le testicule : c'est \m corps réniforme qui se voit dans le milieu des articles les plus avancés dans leur développement. Le même naturaliste a fait (1) Mémoires d'helminthoîogie, par M. Oepiin. Archives d'Erirhson pour 184 * •» P- 3i5. (2) Voir Sqhmaitz , a. c, pi. lîî. fig, i-i5. 8. 38 594 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GÉNÉRATION DES ZOOPHYTES. sortir, par la compression, des pénis du tœnia in- flata, une quantité de spermatozoïdes linéaires. Dans le bothriocephalus latus , on voit les canaux séminifères repliés dune manière très compliquée sur la face dorsale des capsules de loviducte. Ils provien- nent des glandes spermagènes composées de très pe- tites vessies, qui sont les terminaisons aveugles de cet organe. Les canaux séminifères se rendent dans la vessie éjaculatrice du pénis (1). J'ai vainement cherché d'autres organes que les ovaires, dans plusieurs exemplaires frais du tœnià so- litun , du bothriocephalus hominis et du bothridium pithonis, ] c. Des organes mâles d accouplement , [On a décrit comme un pénis, une papille qui se voit au milieu de l'un des deux pores de chaque anneau ; soit au bord de cet anneau (les taenias), soit au centre de l'une de ses faces (les bothriocéphales). Il existe même une papille très prononcée sur les deux côtés du même anneau, tout près de l'article suivant , dans Xalisselminthe du lapin. Cette détermination est généralement adoptée par les naturalistes allemands (2), et les observations de (1) M. Eschricht , m. c. {■2) Adoptée por Nitsch (Schmaltz, pi. III, h'g. i-i5); par Rudolphi, pour la liijula sparsa (Bremser Jicones et SchmaUz, pi. IV, 6-i5); ad- mise encore par Bremser (Vers intestinaux de l'homme. Atlas de la tra- duction française, pi. IV. fig. 7; et mieux Schmaltz, pi. V, fi p. 7.) ART. V. CHEZ LES HELMINTHES. 595 M. Siebold que nous venons de citer semblent la confirmer. Dans l'état de rétraction, c'est-à-dire quand cette papille est retirée dans la ventouse , chez ie tœ.nia so- lium, on la voit tenir par un pédicule aminci sur la partie des parois de la ventouse la pins rapprochée du bord de l'anneau, et se courber en dedans et en arrière, où son extrémité est comme dilatée en massue. De sa partie convexe qui regarde vers la ligne moyenne, part un ligament ou tin canal , qui se dirige plus avant dans l'intérieur de 1 anneau, sans que nous ayons pu préciser l'endroit où il se termine. Ajoutons que dans plusieurs tœnias observés frais, les ventouses du bord de chaque anneau , parmi les moyens qui suivent les plus petits, m'ont paru abso- lument plus grandes que dans ies anneaux les plus re- culés J'ai fait la même observation dans X alisselminthe du lièvre , qui a deux ventouses et deux papilles par an- neau. Les deux ventouses sont vis-à-vis l'une de l'autre, très près du bord postérieur et transversal de chaque anneau , et de l'angle qu'il forme avec la fin du bord latéral; on les voit plus près du milieu de ce dernier dans les anneaux moyens et antérieurs. Dans les uns et ies autres, la ventouse est comme la gaine ou le prépuce de la papille conique qui a une grande pro- portion. Là s'enfonçant obliquement clans l'intérieur de l'anneau , celte papille, après s'être considérable- ment dilatée, a sa base comme séparée par un étran- glement d'un corps sphérique tel que le représente Schmaltz. En admettant que la papille est un pénis, la dilata- 596 XXXVIIe LEÇON ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. îion de sa base est une capsule éjaculatrice qui reçoit les canaux déférents, ainsi que nous lavons déjà ex- primé, d'après M. Eschricht. d. Des organes femelles cP accouplement. Des deux pores apparents, placés l'un devant l'autre, dont nous venons de parler dans l'article précédent et qui sont considérés comme deux pores génitaux, l'an- térieur appartiendrait aux organes mâles, et le posté- rieur aux organes femelles. MM. CrepUn et Ed. Mehlis admettent une sorte de vagin qui conduirait dans le tube de l'ovaire, et ils restreignent à la fécondation l'usage de ce canal; son embouchure serait dans le fond de la ventouse de cha- que anneau, comme un pore à peine visible, percé en arrière de la pupille qu'ils regardent comme une verge. Celle-ci y ferait pénétrer le sperme à la suite d'une véritable intromission (1). Dans plusieurs exemplaires frais du bothridium pi- thonis que nous avons étudiés , nous avons vu deux pores , percés dans la ligne médiane, sous différents aspects; tantôt ils ont l'apparence de deux fentes , tan- tôt ce sont deux trous ; le plus souvent on distingue une papille en avant et un trou en arrière; la première est un peu cachée par le bord postérieur de l'anneau pré- cédent, Dans le genre bothrimone Duv. , nous avons observé une série de pores sur le milieu de chaque face des anneaux. Cette observation singulière, sur laquelle on (i) I^ovne observationes de Entozois. Auctore Creplin Bciolini, 1B29 avec de* additions du docteur Ed. Mehlis, et Isitde 1 83 1 , p, 71. ART. VI. CHEZ LES R0T1FERES. 597 a élevé des doutes, a été faite et vérifiée avee nous, par d'autres anatomistes très exercés dans les observa- tions microscopiques (1). 4° Dans la famille des vers vèsicalaires. Les vers vèsiculaires ou les hydatides n'ont aucun organe de génération sexuelle. Leur propagation parait se faire par bourgeons , qui se développent à la paroi extérieure de la membrane commune (les canures) ou à la paroi intérieure de cette membrane (les échino- cogues). Quoique cette espèce de propagation soit la seule évidente, on peut supposer par analogie que ces ani- maux se propagent encore par des bu! billes ou par des germes libres, ayant cependant une enveloppe protec- trice qui leur permet de résister aux agents physiques et de se transmettre d'un animal à l'autre.] ARTICLE VI. DES ORGANES DE LA GÉNÉRATION DANS LA CLASSE DES ROTIFERES. [G est à M. Enrenberg que la science a l'obligation d'avoir singulièrement avancé par ses belles décou- vertes la connaissance de l'organisation de ces ani- (i) Entre autres par M. le docteur Maissiat, mon préparateur au Col- lège de France. J'espère que MM. les Naturalistes américains ne tarderont pas à pouvoir vérifier celte observation sur des animaux frais, contre l'opinion de savants très expérimentés sans doute dans cette partie de la zoologie, qui n'ont p;is hésité de décider, h priori, que c'était une erreur de ma part. Voir les Archives de J. Mùller pour 1842 , pi. LXII. 598 XXXVIIe LEÇON. ORG. DE GENERATION DES ZOOPHYTES. maux , en particulier celle qui concerne leurs organes de génération. Ces animaux sont hermaphrodites et se fécondent eux-mêmes. Dans la famille des Hydatinés, l'ovaire unique est en forme de ruban, le plus généralement replié. LTovi- ducte est court et s'ouvre dans une espèce de cloaque où vient aussi aboutir la fin du canal intestinal. Des œufs plus ou moins développés s'aperçoivent dans l'ovaire et dans cet oviducte, à travers les tégu- ments transparents de l'animal et les parois de ces organes. Ces animaux en rendent de deux sortes, sui- vant les saisons : des œufs à coque molle et lisse et des œufs à coque plus dure hérissée de piquants ; ce sont les œufs d'hiver. Des espèces de plusieurs genres les portent attachés à leurs corps, à la manière des Crustacés. 11 y aurait deux longs testicules en forme de massue, et une vésicule séminale qui les unit à 1 oviducte (i).] ARTICLE VII. DES ORGANES DELA GENERATION DANS LA CLASSE DES ANIMALCULES HOMOGÈNES OU POLYGASTRES. [Les animaux de cette classe sont comme les vers vésicuîaires ou la dernière famille des pareuchyma- teux : on ne leur connaît incontestablement aucun organe de génération femelle : aussi paraissent-ils ne (i) Voir la pi. XLVII, tig. 8, etc., du bc! ouvrage de M. Ehrenbei.;; , ayant pour titre : Les Animalcules infusoiies considérés comme des 0)_ya- t^ismes parfaits. (En allemand.) Leipsip;, 1 838. ART. Vil. CHEZ LES ANIMALCULES HOMOGÈNES. 5D9 se propager que par scissure , par bourgeons ou par bulbilles. Cependant nous devons dire que M. Ehrenberg pense avoir reconnu leurs œufs dans une masse granu- leuse dense que renferme leur corps; que certains or- ganes en étoile, qui apparaissent au nombre de deux , et même de quatre, sont, pour cet observateur si pé- nétrant, des réservoirs séminaux, dont les angles pro- duisent des canaux qui] a vus rayonner de ces centres. Quelques espèces lui ont montré, outre cela, deux glandes qu'il regarde comme spermagènes (i). Ces déterminations ont été vivement combattues (2).] (r) M. Ehrenberg, o. c, pi. XXXIX, 6, et Annales des se. mit. 2 e sé- rie, t. III, p. 283, et pi. XII, fi g 19, c. et c'. (2) M Dujardin, mêmes Annales, t. X, p. 285. 600 XXXVIIIe LEÇON. OilG. EDUCATEURS EXTERIEURS. TRENTE-HUITIEME LEÇON. 9 DES ORGANES ÉDUCATEURS EXTÉRIEURS DANS LES QUATRE EMBRANCHEMENTS DU RÈGNE ANIMAL. [Ces organes peuvent servir à la fécondation, au dé- veloppement de l'embryon dans l'œuf et au premier accroissement hors de l'œuf. Sans doute leur emploi le moins général est celui qui les met directement en rap- port avec la fonction de la génération; et si nous en parlons ici, c'est pour nous conformer au premier plan de cet ouvrage. Chez les Mammifères, ces organes n'appartiennent plus à la génération proprement dite ; elle est effectuée, l'embryon est produit, il est à l'état de fœtus assez dé- veloppé (les Didelphes) ou de fœtus à terme (les Ma* uodelphes) quand leur emploi commence. Cependant il est certain que , dans quelques cas, dont nous trouverons des exemples chez les Reptiles et les Iyoissoîis, parmi les Fertébrés , et dans les deux Em- branchements des Articulés et des Mollusques , la fé- condation , et conséquemment le dernier terme de la génération sexuelle , ne s'opère qu'au moment du pas- sage des œufs de l'oviducte dans l'organe éducateur., c'est-à-dire d'incubation extérieure, ou seulement dans cet organe. Son histoire appartient donc encore à celle de la génération, de même qu'à celle du développe- ment, dont elle peut être considérée comme une introduction. Celle des organes éducateurs, chez les Mammifères ,v a lÀëmê au-delà de l'histoire du déve- ART. ï. CHEZ LES VERTEBRES. 601 loppement ; elle appartient proprement, ainsi quenous ^venons de le dire , à notre seconde époque de la vie , à celle dn premier accroissement hors de l'œuf.] ARTICLE I. DES ORGANES ÉDUCATEURS EXTÉRIEURS DANS L'EMBRANCHEMENT DES VERTÉBRÉS. A. Dans la Classe des Mammifères. [Cette classe, ainsi que son nom l'indique, est essen- tiellement caractérisée par l'existence des mamelles, ou des glandes servant à la sécrétion du lait, la première nourriture fies Mammifères après leur sortie de l'or- gane d'incubation intérieure. A cet égard, comme à beaucoup d'autres, il y à des différences organiques et fonctionnelles dans les deux séries des Mammifères Monodelphes et Marsupiaux , que nous exposerons successivement.] î. Des glandes nuunmaires dans la. Sous-classe des Mammifères Monodelphes. § 1 . Chez la femme. La femme a deux mamelles arrondies, situées au- devant et un peu sur le côté de sa poitrine ; chaque ma- melle est composée d'une masse glanduleuse divisée en quinze on dix-huit lobes, et ceux-ci en lobules, [qui se composent de granulations analogues à celle des glandes salivaires. Les derniers éléments organiques de ces granulations sont des vésicules, origine des pre- miers minuscules des canaux galactophores. Ces vésicules sont entourées d'un réseau de vais- 602 XXXVIIIe LEÇON. ORG. EDUCATEURS EXTÉRIEURS. seaux sanguins qui leur fournissent les matériaux de leur sécrétion.] Un grand nombre de conduits excréteurs, dont le diamètre varie beaucoup suivant qu'ils sont gonflés de lait ou vides de ce liquide , sortent, pour ainsi dire, de tous les points de cette glande, et se réunissent en au- tant de troncs galactophores que la glande a de lobes principaux, rangés circulairement, et dont l'ensem- ble lui donne la forme hémisphérique ou un peu coni- que. Ces conduits se portent de la circonférence de la glande vers le centre de sa surface cutanée, que le mamelon couronne. Parvenus à la base du mamelon, ils se dilatent en ampoule, puis reprennent un moindre diamètre pour pénétrer ensemble, sans communiquer entre eux, jusqu'à l'extrémité de ce mamelon, où leurs orifices sont rangés circulairement. Celui-ci, élevé au milieu de l'extérieur du sein, s'en distingue par sa couleur rouge, sa peau délicate, ex- trêmement sensible , plissée ou sillonnée , et par la fa- culté qu'il a d'éprouver une sorte d'érection, par le moyen du tissu dartoïde dont il est pénétré. Il est en- touré d'une aréole de même couleur, où l'on observe plusieurs petites tubercules formés par autant de glan- des sébacées. Les artères qui apportent le sang aux mamelles vien- nent de la mammaire interne, de plusieurs thora- chiques et des intercostales. Elles sont accompagnées par des veines analogues. Des vaisseaux lymphatiques extrêmement nombreux pénètrent la masse des mamelles, et communique- raient, suivant quelques anatomistes , avec leurs con- ART. I. CHEZ LES VERTEBEpS. 603 duits excréteurs ; mais ce cas, s'il a été observé , n'est jamais normal. Les nerfs qui les animent naissent des intercostaux et des thoraciques. Les mamelles, chez la femme, sont entourées d'un tissu fibreux, et comme plongées dans des pelotes de graisse, dont le volume total excède souvent de beau- coup celui de la glande. C'est cette graisse mammaire, dont la quantité varie beaucoup, qui produit les grandes différences qui s'observent dans le développement du seindesfemmes.VoilàpourquoiFabondancedulaitnest pas en raison de ce volume , et qu'une petite mamelle en fournit souvent bien plus qu'une mamelle beaucoup plus grande. [Ce sont ces pelotes de graisse qui donnent à l'ensemble du sein la consistance qu'il perd lorsque la peau a été fortement distendue, par l'extension qu'il prend durant la lactation, que le gonflement de la glande a cessé avec son activité, et que l'amas de graisse a diminué très sensiblement. Il y a d'ailleurs quelques différences dans le déve- loppement des mamelles, suivant les races, les cli- mats et les âges, les proportions de graisse qui entrent dans leur composition, l'étendue proportionnelle de la peau qui les enveloppe et celle de l'aréole de cou- leur brune qui entoure le mamelon. Dans les pays chauds, les femmes , même delà race caucasique, qui allaitent ou qui ont allaité, ont les mamelles plus développées que dans les climats tem- pérés ou froids. Celles des races inférieures noire ou jaune, ou mé- langées de l'une et de l'autre, les Hottentotes , par exemple, qui appartiennent à cette dernière catégorie, 604 XXXVIIIe LEÇON. ORG. ÉDUCATEURS EXTÉRIEURS. les femmes de la terre de Diémen , qui tiennent à une sous-division de la première, ont les mamelles telle- ment extensibles qu'elles allaitent leurs enfants, les tenant sur leurs dos. M. Cuvier (i) a fait l'observation remarquable, qu'une femme connue à Paris sous le nom de Vénus hottentote avait l'aréole qui entoure le mamelon large de plus d un décimètre. L'homme présente des traces de cet organe, qui n'a de fonction que chez la femme, dans l'existence du mamelon et l'aréole qui l'entoure, et dans une hémi- sphère de graisse qui distend la peau de cette partie de la poitrine, chez les personnes adultes qui ont de l'embonpoint; mais il n'existe, sous le mamelon et son aréole, au lieu de glande, qu'un tissu cellulaire soyeux.] § 2. Chez les autres Mammifères Monodelphes. Le nombre des mamelles et leur situation sont ex- trêmement variables dans cette série : cependant il y a ries familles [et même des ordres] , où l'un et l'au- tre sont constants. [On ne trouve, en effet, que deux mamelles pecto- rales dans tous les Quadrumanes, les Loris seuls excep- tés, qui en ont en sus deux épigastriques ; dans l'ordre des Chéiroptères, dans celui des Proboscidiens , chez les Tardigrades et dans les Amphibies trirèmes ou les Cé- tacés herbivores. Les Cétacés proprement dits n'en ont de même que deux dont le mamelon est dans une fossette, de chaque (i) Von-. son article Femme Je race bosclitsman , daim Y Histoire natu- relle des Mammifère*, par MM. Geoffroy-Saint-Hilaire et F. Cuvier. ART. 1. CHEZ LES VERTÉBRÉS. 605 côté de la vulve (1); mais dont la glande étroite et longue, du moins dans îe Marsouin (2), s'étend fort avant entre le muscle peaucier abdominal et Ja gaine du muscle droit.] Chez les Carnassiers et chez les Rongeurs , le nom- bre et la situation des mamelles varient même dune esoèce à l'autre. Elles ont quekmo chose de plus constant dans les autres ordres de cet ! e classe, où elles sont généralement moins noubreus» >. i! semble que leur situation et leur nombre changent d'amant plus facilement, dans les différentes espèces , qu il y en a davantage. Ce nom- bre varie même quelquefois, quoique très rarement, dans les individus dune même espèce. Il est d'ailleurs ordinairement en rapport avec le nombre des petits que les femelles peuvent mettre bas. Pour l'apprécier d'une manière comparable, nous l'avons calculé d'a- près celui des mamelons, et non des masses glandu- leuses qui se confondent souvent. En général, si l'on considère les différences que pré- sentent les mamelles relativement à leur situation et à ieur nombre, on verra quelles peuvent être situées à l'extérieur du thorax , le plus généralement en bas et sur les côtés, nous supposons l'anima! dans ia posi- tion horizontale ; qu'elles remontent quelquefois plus ou moins sur les côtés, comme chez les Chauves-sou- (1) Fragments sur la structure et i'usage des glandes mammaires des Cétacés , par E. Geoffroy-Saint-Hilaire. Paris , 1 834, planche , tig. I, glandes d'un fœtus de baleine. (2) Les Cétacés, considérés sous les rap- ports anatomique et zoologique , par G. Rapp. Stuttgart, iH >7, p. 177, pour les glandes mammaires des marsouins. 606 XXXVIIIe LEÇON. ORO. EDUCATEURS EXTÉRIEURS. ris (1), le capromys Fournieri (2), la viscache (3), et qu'elles sont absolument supérieures, et à peu de dis- tance de l'épine, dans un genre voisin, le myopotamus coïpu (zj). Les mamelles sont encore très souvent abdomi- nales , chez un grand nombre de Mammifères; ou inguinales, c'est-à-dire dans la partie la plus reculée de l'abdomen, comme chez les Ruminants ; mi de cha que côté de la vulve, comme chez les Cétacés. Il peut même s'en trouver sous la queue . ainsi que nous l'avons observé pour les deux dernières du sûreté cras- sicaudus (5). Quant à leur nombre, il varie de deux à quatorze. Ce nombre, toujours compté d'après les mamelons, est généralement plus grand dans les petits animaux , tels que les Insectivores et les Rongeurs, dont les petits sont nombreux , par portée , que chez les grands Mammifères, qui ne mettent bas qu'un ou deux petits tout au plus. On en compte jusqu'à dix chez le hérisson, dout six pectorales et quatre abdominales. La plupart des es- pèces de musaraignes n'en ont que six, dont les deux dernières peuvent être très reculées. Parmi les Carnassiers , Y ours , le blaireau , le raton , (i) Dict. classique d'hist. natur., article Roussette , par M. îs. Geof- froy-Saint-Hilaire. (2) M. Dtsmarest, Dict. des se. natur. , t. XXVIII, p. 463. (3) M. A. d'Orbigny, Annales des se. natur., t. XXI. (4) Nous avons constaté, sur un exemplaire rapporté du Chili par M. le docteur Ackermann , cette observation faite depuis longtemps par M. Ts. Geoffroy-Saint-Hilaire. ( Annales des se. natur., t. XXI, p. 2Sy.( (5) Voir le supplément à ntttré mémoire sur les Musaraignes. Stras- bourg, 3o janvier 1 838. ART. I. CHEZ LES VERTEBRES. 607 le coati, n'en ont que six ; la loutre , le lion et la pan- thère, quatre seulement; le cougouar, six; le chat et le se/val, huit ; ie chien, jusuuk dix ; mais ce nombre peut être réduit à sept, comme clans le furet. C'est dans Tordre des Rongeurs , et dans Y agouti en particulier, qui en a de douze à quatorze, que nous avons trouvé le plus grand nombre de mamelles; mais ily en a aussi qui n'en ontque deux, Yanoêma ou cochon ffïnde , et d'autres qui n'en ont que quatre, le puca , ['écureuil pal 'mis te (Se. palmarum , Pallas), Y héla- m y s , le jerbo (mus s agit ta), ie Capromys Fournie ri Desm. Parmi les Pachydermes , ie lapin , le rhinocéros 3 l'hippopotame, n'en ont que deux sous l'abdomen, tan- dis que le cochon domestique en a dix. Le cheval a deux mamelles inguinales seulement. Les Ruminants les ont de même inguinales, au nombre de deux ou de quatre. Parmi les Edentês , le fourmilier didactyle en a quatre, deux sur la poitrine et deux abdominales; la plupart des espèces de tâtonne n'en ont que deux sur la poitrine; celles qui en ont quatre en ont deux ingui- nales. Le Cachicame (Dasypus novem-cincius , L.) e t dans ce cas. (Je petit nombre de mamelles n'est plus ici en rapport avec celui des petits, chez ces animaux , qui sont très féconds. Il n'est pas besoin d'avertir que les vaisseaux des mamelles doivent différer d'après leur situation. Lors- qu'elles sont inguinales ou abdominales, c'est à l'artère et à la veine épigastrique qu'appartiennent leurs prin- cipaux vaisseaux sanguins. Les mamelles ne sont pas généralement distendues 608 XXXVIIIe LEÇON. ORG. EDUCATEURS EXTÉRIEURS. hors et dorant la gestation comme chez la femme . aussi ne deviennent-elles bien apparentes , le plus sou- vent, qu'à l'époque de l'allaitement, lorsqu'elles se remplissent de lait. Eue autre différence remarquable est celle que pré- sente la structure du mamelon. Il est ordinairement creux , et percé seulement d'un ou de deux orifices. Sa cavité est l'aboutissant d'un ou de plusieurs réser- voirs plus grands, dans lesquels les conduits lactifères versent le lait. [11 sort par un seul orifice, dans les Cétacés ; par un ou deux dans la vache, le cheval ; par huit , selon Le- vaillant, dans Y éléphant; par cinq dans le lapin; par dix dans le cl tien. Leur structure se compose toujours de groupes de cœcums vésiculeux , origine des canaux excréteurs qui les rassemblent en lobules, et successivement en lobes. Les vésicules sont généralement très petites, sphé- riques , oblongues, en massue, suivant les espèces (1). Les Cétacés ont leurs glandes mammaires placées entre les muscles droits de ï abdomen et le paucier de cette région; de sorte que ce muscle, soumis à la vo- lonté de l'animal, doit servir à comprimer la glande, et à faire couler le lait dans la bouche, peu propre à la succion , du petit cétacé (2).] (i) Voir M. J. Millier, De glandularum sercrncnlium structura peni- îiori, pi. IV, fig. i, 2 et 3 pour celles du lapin; hg. 4-7 pour celles du hérisson, et fîg. 8 pour celles de la vache; et pi. XVII, fig. î pour la glande mammaire du marsouin, et î'iq. i de la haleine. La structure in- time des glandes mammaires avait été reconnue et décrite d'après le hé- risson , par J. G. Dtivërnoy. Commentaria Petropo'., t. XIV, i ^5 1 . (2) M. Rapp . o. c, akt. i. cHEèi les iféRti&k&. 609 IL Chez les Mammifères lilarsuuiaujc. § 1 . Dans la section des Dicie/phes. La série des Didelphes a des mamelles très varia- bles pour le nombre, même d'une espèce à l'autre, à en juger parle nombre des mamelons; et ce qu'il y a de plus singulier, c'est que ce nombre n'est pas le même à l'état de fœtus et à 1 état adulte. Nous l'avions indiqué de sept dans le sarigue (à oreilles bicolores). MM. Eidoux et Laurent ont trouvé le même nombre dans l'adulte; tandis qu'il était de treize dans un fœtus mammaire (i). Ce dernier nombre subsistait dans une femelle adulte de même espèce, suivant M. il. Ovven. Cette différence confirme celle que nous avions indiquée dans le cbiffre de sept à quatorze que nous avious donné pour le marmose , Did. murina (2). Le crabrier (did. cancrivora) en a onze; le quatre- ceil (Did. opossum) neuf (3) ou quatre (4). Le perameles nasuia en a six ou huit ; le p fiasco- gale penicillata huit, disposées en cercle; le t/tyla- cine , quatre. Nous avions indiqué deux mamelles seulement clans le phalanger [renard?], hes autres phalangers et les pelauristes en ont quatre; les kanguroos de même, quoiqu'ils soient unrpares. (1) Recherches anatomiques et zoologiques sur les Mammifères marsu- piaux , pi. I, iig. 4 et 6. (2) M. E. Geoffroy, Études progressives du na- turaliste, pi. VI, en a fait représenter neuf". (3) M. Owen, article Mursu- pialia. Gyclopedia of anatomy and physiology. Loudon, 1 84 1. (4) MM. Ei- doux et Laurent , in. c, pi, 11 . fig, 2. 8. 39 610 XXXVIIIe LEÇON. 0*G. ÉDUCATEURS EXTÉRIEURS. Lorsque le nombre des mamelles est impair, dans cette grande section des Marsupiaux que nous appe- lons DUlelphes , la mamelle surnuméraire est toujours au milieu du cercle ou de l'ellipse que figurent les paires de mamelles , sur la partie la plus reculée du ventre. Une circonstance que nous devons signaler, chez ces singuliers animaux, à gestation extérieure , c est l'ex- trême petitesse du mamelon , au moment du passage des avortons dans la bourse; sa position permanente dans la bouche de ce petit être, pendant les premières semaines de son accroissement ; son allongement extra- ordinaire et son développement durant cette épo- que (1). Ce mamelon à son extrémité est percée de six ori- fices des principaux canaux galactophores disposés cir- culairement. § 2. Dans la division des Mo notre mes. La seconde division des Marsupiaux, celle des Mono- trêmes , ne montre ses mamelles avec le mamelon dé- veloppé qu'au moment de l'allaitement. C'est au célèbre Meckel qu'on en doit la première connaissance. Elles sont situées sur les côtés de l'abdomen entre le panicule charnu, le muscle oblique descendant,et les muscles antérieurs de la cuisse. Elles se composent d'environ cent quarante vésicules en forme de ccecums sinueux et en massue , c'est-à- dire qu'elles sont dilatées vers leur fond, et rétrécies en canal étroit vers le mamelon, où elles se concentrent. (i) Observations de M. Barton, cité par M. E. Geoff'roy-Saint-Hiiaire, article Marsupiaux^ Dict.cîes se. natur., t. XXiX, p. 241. ART. I. CHEZ LES VERTÉBRÉS. 611 Il n'y avait , dans la femelle où cette glande a été découverte, à la place du mamelon, qu'un petit espace dénué de poils, avec de petites papilles, terminaison évidente des canaux galactophores (1). M. R. Ocven a trouvé et décrit la même glande dans X Echidnè; sa structure est semblable. En la comparant à celle des autres Mammifères, il me semble que l'on peut dire que, chez les Monotrêmes, toute la glande ne se compose que d'un seul lobule d'une mamelle ordinaire, ou d'un grapillon de vésicules en forme de massue, qui serait extrêmement développé. Un muscle cutané abdominal, qui recouvre cette glande , doit servir à la comprimer chez tous ces Mar- supiaux, et à faire couler le lait, comme chez les Cé- tacés. III. Du lait produit de la sécrétion des glandes mam- maires. § 1 . Composition organique du lait. Après bien des observations et des publications con- tradictoires, on convient assez généralement que le lait se compose de globules dont le diamètre moyen est 1/100 de millim. Ces globules ont une enveloppe membraneuse qui renferme une gouttelette de la sub- stance grasse de ce liquide. Les autres principes con- stituants du lait sont dissous dans l'eau qui entre dans sa composition. § 2. Composition chimique du lait. Le lait de femme et celui des animaux domestiques (i) Oraithorhynchi paradoxi tîeseiiptio anatomica , auctore J. F. Mec- kelio. Leipsia? , 1826 , p!. VIII, fig, 5. 612 XXXVIIl' Lfcçofc OHG. Êtftl£i¥£uilS feXTERlEUBS. sont les seuls oui aient été étudiés sous le rapport de leur composition chimique. Ce liquide, destiné à la première nourriture des enfants et des petits mammifères, se compose essen- tiellement du fromage, du beurre et du sérum, dont les proportions varient suivant les espèces, et même suivant les individus et les qualités des aliments dont ils se nourrissent. Le fromage se compose essentiellement de caséum ou de caséine , seule matière azotée du lait , dont la composition chimique est d'ailleurs identique avec celle de l'albumine et de la fibrine , les deux principes essentiels du sang. « La caséine du iait renferme, en Combinaison chi- » inique , bien plus de substance osseuse que le sang » lui-même , et cette substance osseuse s'y trouve dans »uû état de solution extrême; de sorte qu'elle peut » aisément être transportée dans toutes les parties du » corps. » Ainsi, par le lait, le jeune animal reçoit à la fois » tous les principes organiques et tous les principes » minéraux nécessaires à la formation du sanp_ et des » os (îj. » Des deux autres matières non azotées, le beurre, séparé du lait de beurre pur, est formé : i° de stéarine ; 2° d'élaïne; 3° d'un principe colorant jaune ; 4° d'une huile qui se distingue de l'élaïne, dont elle a les pro- priétés physiques, en ce quelle donne, par la saponi- fication, outre un principe dense et les acides mar- (i) Chimie organique appliquée à la physiologie, etc., par J. Liebig. Paris, Fortin, Masson, 1842. à»T. î. CBË2 LES V2BÏËBHES, 6io gariqtïe et oléique , les trois acides gras volatils butyrique, caprlque et caproïque. G est dans le sérum que se trouve îe sucre de lait. Cependant cette partie du îait est acidulée par l'acide lactique. Elle contient lorsqu'elle est encore mêlée au fro- mage, et séparée seulement de la crème : Eau • 928,75 Fromage avec quelques traces de beurre 36, 00 Sucre de lait 36,oo Chlorure de potassium r,"0 Phosphate de potasse o,25 Acide lactique , acétate de potasse avec un vestige de lactate de fer 6,00 Phosphates terreux (1) o,5o Nous ne donnons ce tableau très succinct de ia composition du lait, que pour nous conformer au plan général que nous avons adopté, de faire connaître, avec les organes de sécrétion, les produits de ces or- ganes. Plus de détails appartiendraient à un traité de physiologie comparée. IV. De la bourse des Didelphes. Dans tous les Didelphes , les petits n'acquièrent que très peu de développement dans la matrice (2) et passent bientôt dans la poche, où ils s'attachent à un des mamelons qui y sont placés. (1) M. Chevreul, article Lait du Dict. des se. nat., t. XXV, p. i4o; et Turpin, Recherches microscopiques sur les divers laits. Mém. de l'Acad. des sciences, t. XVII. (2) Les plus petits qu'on ait trouvés dans la poche du kanguroo géant ne pesaient que vingt et un grains. V. le Mém. de M. Home [Tram, phil., 1704, Part. II, p. 1 et suivantes), et les arti- cles Marsupiaux de M. E, Geoffroy-Saint-Hilaire; et Marsupialia, par M. R. Ovven , déjà cités. 614 XXXVIIIe LEÇON. ORG. D'INCUBATION EXTÉRIEURE. Cette poche n'existe pas dans toutes les espèces de Didelphes; elle se trouve toujours dans les genres phascolome , kanguroo , phalangei\ phascogale , sa- rigue, thy latine , chironecte. Dans les espèces qui ne l'ont pas, la,peau du ventre forme seulement deux replis qui ceignent ? de chaque côté, la masse des mamelles. Tous ces animaux se distinguent des autres Mam- mifères, ainsi que Y orniihorhynque et Xèchidnè , qui cependant n'ont pas de poche, par deux os allongés et un peu aplatis, qui ont été indiqués. (Tome I, p. 476.) Ces deux os sont rapprochés par leur extré- mité postérieure, qui est la partie la plus large, et s'articulent par cette extrémité, sur le bord antérieur du pubis, de chaque côté de la symphyse. Ils s'avan- cent de là , en s'écartant l'un de l'autre, dans l'épais- seur des parois abdominales. Leur articulation est telle , qu'en s'élevant , ou en soulevant les viscères abdominaux, ils se rapprochent, et qu'ils s'éloignent en Rabaissant : elle ne leur permet aucun autre mouvement. Outre les obliques de l'abdomen qui se fixent à leur bord externe, tandis que les droits et les transverses passent derrière sans s'y attacher, les os marsupiaux ont deux muscles analogues aux pyramidaux , qui rem- plissent tout leur intervalle, et que Tyson & nommés triangulaires à cause de leur forme; ils sont réunis* par une ligne tendineuse médiane; leurs fibres vont de cette ligne, soit directement (les moyennes) , soit en se portant en arrière (les antérieures), soit en s'avan- çant obliquement (les postérieures), vers le bord in- terne des os marsupiaux, et les rapprochent nécessai- ART. ï. CHEZ LES VERTÉBRÉS. 615 renient Fun de l'autre. Le poids seul des viscères abdominaux doit leur faire faire un mouvement con- traire. Il peut être dû encore au pubio-fémoral, qui, au lieu de se fixer au pubis, s'attache à ces os près de leur base. La poche elle-même n'est qu'un prolongement de la peau du ventre, couvert extérieurement de poils semblables, mais plus rares. Elle contient, dans l'é- paisseur de son bord , des fibres musculaires formant un sphincter qui peut la fermer. Elle s'ouvre par le relâchement de ce muscle , ou par Faction du suivant, qui a d'ailleurs pour usage de rapprocher en même temps la poche de la vulve , pour y faciliter l'entrée des petits, à l'époque de Favortement ou de la mise bas. Ce muscle, que nous av«ns décrit sous le nom à'iléo- marsupial (1), avait déjà été indiqué par Tyson; mais il lui attribuait, pour usage, de servir à suspendre et à soutenir la poche , lorsque l'animal , dans ses mou- vements sur les arbres, était lui-même suspendu par ses pieds de derrière et par sa queue , la tête en bas. \Jiléo- marsupial est un ruban mince et long qui s'attache à l'épine antérieure et supérieure de l'os desiles, passe sur les os marsupiaux comme sur une poulie de renvoi, et va se fixer par son autre extrémité, et en se divisant en plusieurs languettes , sur les côtés de la poche. Cette dernière ne tient d'ailleurs aux parois abdo- minales, et, en particulier, à la ligne médiane, que par des fibres celluleuses assez lâches. « (ï) Bulletin des sciences, par la Socie'té philomatique, n° 81, pi. XIX, fig. 2. Voir encore l'article Marsupiaux du Dict. des se. natur., t. XXIX , p. 23 1, où M. E. Geoffroy-Saint-Hilaire adopte toute la portée de cette détermination, ■r». 616 XXXVJÎî* LEÇON. OîlO. D îiNCÎJfeÀ'ïiûft ËXTÉfllÊtJBE, B. Des organes éducateurs ou d'incubation extè~ Heure dans la Classe des Oiseaux. On a décrit dans cette classe, comme omane d'in- cubation extérieure, une distribution particulière des vaisseaux sanguins des téguments de l'abdomen , et quelques modifications dans ces téguments. Ces modi- fications appartenant plutôt à l'histoire du dévelop- pement, nous ne ferons que les indiquer ici (1). G. Dans la classe des Reptiles. La sous-classe des Reptiles amphibies comprend deux singuliers exemples d organes d'incubation, ou d'éducation extérieure : celui du crapaud accoucheur, dont le mâle serre autour de ses cuisses la chaîne d'œufs qu'il féconde à mesure qu'il aide sa femelle à s'en débarrasser; et le pipa, qui les place immédiatement après les avoir fécondés , ou en les fécondant , sur le dos de sa femelle. La peau du dos de cette femelle en gestation pré- sente un grand nombre de cellules (nous en avons compté quatre-vingts), dans lesquelles des œufs sont renfermés, où ceux-ci éclosent, et oùles petits têtards croissent et se métamorphosent. Autant qu'on peut le voir dans des individus conservés depuis longtemps dans l'esprit de vin , les parois de ces cellules ne parais- sent pas avoir une organisation distincte du reste de la peau. On sait d'ailleurs qu'elles se forment seulement (i) Voir le Mémoire de M. Barkow sur le système artériel des Oiseaux, p. 33i et 332, et pi. VUÎ. iipj. i. Archives d'auat. de Meckel pour 1829. après que le rnàîe a dépose sur le dos de sa femelle les œufs qu'elle vient de pondre (î). D. Dans la Classe des Poissons. On trouve chez les Lophohranches , et en particu- lier dans le genre syngnathe , une poche sous-cau- dale chez les mâles, dans laquelle s'ouvre le conduit excréteur des glandes spermagènes. La femelle dépose ses œufs dans cet organe d'incubation, où ils sont fé- condés et où le développement du germe s'effectue complètement, c'est-à-dire jusqu'à l'éclosion (2). Cette poche est l'analogue de celle des Marsupiaux : seulement sa position est différente ; elle est, chez les Syngnathes , une dépendance des téguments sous-caudaux. La peau qui forme ses parois prend, durant la gestation, l'aspect d'une muqueuse enflammée. Cavolini avait déjà remarqué qu'elle était injectée de beaucoup de vaisseaux sanguins; elle a d'ailleurs de fortes dépres- sions dans lesquelles les œufs sont logés (3). La nageoire anale se voit un peu au-delà de la com- missure des deux lèvres de cette matrice extérieure, et semble sortir de sa profondeur. L'ouverture génito- urinaire est entre cette nageoire et la même commis- sure. Les petits restent encore enfermés et repliés sur (1) On pourra voir cette singularité, très bien représentée, dans la planche XXXIX des Reptiles, que nous avons fait faire pour l'édition il- lustrée du Bèrjne animal de G. Cuvier. (2) D'après MM. Eckstroem, Ret- zius et Sieboid. Voir mon mémoire sur la pœcilie de Surinam. Annales des se. nat., 3e série, t. f, p. 320 et 32 1. (3) Cette poche a été bien figurée dans les Tables anatomiques de Carus, et son mode de développement est représenté, d'une xnanière très claire, dans le mémoire cité de M. Rathke, pi. V, %. i-5. 618 XXXVIIIe LEÇON. GRCr. d'incubation extérieure. eux-mêmes dans cette poche quelque temps après leclosion5 et se nourrissent des fluides exhalés par les parois et les membranes de l'œuf qui disparaissent promptement. Leur accroissement est tel que, lorsqu'ils en sortent , ils ont quelquefois le volume de l'œuf dont ils sont éclos. La poche des Syngnathes n'existerait-eîle que pen- dant le temps de la gestation , comme les cellules dor- sales du pipa femelle? Ou bien, une fois développée, subsisterait-elle pendant tout le reste de l'existence? Je crois être en droit de répondre affirmativement à cette dernière question, du moins pour une espèce, le syng- nathus typlile. Un grand exemplaire de cette espèce, que j'ai sous les yeux, a sa poche vide, quoique très développée; et on ne remarque dans ses parois aucune de ces dépressions qui indiqueraient la présence récente des œufs. Elle a om, 1 1 3 de long; il y a Om? 200 de l'anus, derrière lequel elle commence, jusqu'à l'extré- mité de la nageoire caudale; et om, i3o de ce même orifice à l'extrémité du museau; elle est assez profonde, et la peau qui en tapisse l'intérieur est plus mince, quoique de même nature que le reste des téguments. ARTICLE II. DES ORGANES D'ÉDUCATION INTÉRIEURE OU D'INCUBATION DANS L'EMBRANCHEMENT DES ARTICULÉS. [Je n'en connais pas dans les classes des Insectes, des Arachnides , ni dans celle des A nnélides^ mais ces or- ganes existent chez les Crustacés et les Cirrhopodes. Je ne ferai que les indiquer, ne pouvant, faute de place, les décrire en détail. Leur histoire d'ailleurs ART. II. CHEZ LES ARTICULES. 619 tient plus encore à celle du développement qu a celle de la génération. A. Des organes éducateurs extérieure dans la Classe des Crustacés, [Beaucoup de Crustacés n'abandonnent pas leurs œufs après les avoir pondus ou expulsés de leur ovaire oùilsse sont développés. L'oviducte de chaque ovaire, ou celui de l'ovaire unique, se continue chez les uns, dans une poche extérieure qui paraît à nu, suspendue aux premiers segments de l'abdomen, ou qui est en- core protégée par le test lorsqu'il existe. Dans d'autres cas, ce sont des lames sous-thoraciques, tenant au premier article des pieds de cette région, qui protègent la poche ovigère. Dans d'autres cas encore, les œufs sont à découvert sous la queue, et fixés aux ap- pendices natatoires de cette partie du corps, c'est ce qui avait fait dire à M. Cuvier : J Les Crustacés femelles collent leurs œufs, après les avoir pondus, aux filaments des nageoires qu'ils ont sous la queue, et les portent ainsi jusqu'à ce qu'ils éclo- sent. [Cette dernière disposition des œufs, après la ponte, et pour le développement des germes, n'appartient qu'aux Crustacés Décapodes. § 1. Chez les M alacos tracés. A l'égard du mode et du lieu d'incubation des œufs, il existe des différences que nous allons indiquer rapi- dement. Les fausses pattes abdominales, -chez les Dé- capodes brachyures , sont plus nombreuses et plus développées chez les femelles, et leur branche interne &2Û MVaU' ÏJÇÔ& ôftè* bi^::i;Ay:^ l&ïiâiEtÎBË, donne attache aux œufs ; elles sont généralement au nombre de quatre paires, quelquefois de cinq; tandis qu'on n'en trouve que deux chez les mâles. Il y a moins de différence chez les Macroures entre les deux parties des nageoires abdominales, et même entre ces nageoires, comparées chez les deux sexes. Les œufs s'attachent surtout au premier membre, la partie basilaire de cette double nageoire , et à toute la surface inférieure de la queue, particulière- ment aux poils qui la couvrent. Ils s'y attachent séparé- ment, ou disposés par grappes. Ce dernier cas est celui des langoustes ; le premier, celui de Vécrevisse flu- viatile. On a observé chez les Pagariens, au sujet des fausses pattes abdominales, ou des appendices ovifères, de re- marquables anomalies. Ces pattes manquent chez les mâles; et chez les femelles il n'y en a que trois du côté gauche. Nous avons constaté cette asymétrie dans Ver* mite Bernard et le cénobite Diogène. Les Stomapodes proprement dits, c'est-à-dire les Unicuirassès et les Bicuîrassès , n'ont pas montré jus- qu'ici d'oeufs attachés à leur corps, ni à l'un ou l'autre des appendices thoraciques ou abdominaux. Mais parmi les Schizopodes de Latreille , qui ont été réunis à cet Ordre par M. Milne Edwards , les mysis ont des lames sous-thoraciques annexées aux deux dernières J paires de pattes de cette région; les quatre lames ap- pliquées sous le thorax forment une poche d'incubation, telle que nous la décrirons dans les trois ordres sui- vants (1). (i) Voir l'Hist. nat. «les Crustacés, t. II, et pi. XXVI, fig. 7 et 8. AliT. II. CHEZ LES ARTICULÉS. 62] Les femelles des Amphïpodes , des Lœmodipodes et des Isopodes , portent de même leurs œuis sous le thorax. Chez les Amphipodes , ils y sont protégées, soit par des lames cornées Servant d'appendices au premier article des pieds thoraciques, soit par les vésicules ins- piratrices qui existent dans cette même partie. Chez les Isopodes , l'existence dune poche ovifère sous-thoracique est générale. Elle est composée infé- rieurement d'appendices lamelleux tenant aux pieds, et repliés vers la ligne médiane , chez les uns en la dépassant pour recouvrir alternativement une partie des lames de l'autre côté: chez les autres, sans y attein- dre (les Bopyres) et laissant à découvert une partie des œufs. Son plafond est fermé par les cerceaux inférieurs des segments thoraciques , devenus en partie mous et membraneux. Dans. la nérocile à deux raies Edw., entre autres , le plancher de cette poche se compose de cinq paires de lames attachées aux cinq dernières paires de pattes. La première paire de ces lames est très peu dévelop- pée; mais les suivantes grandissent et s'étendent, rapi- dement , de manière que les quatrième et cinquième sont très développées ; celles-ci forment les parois infé- rieures de la poche , en arrière ; toutes ont une consis- tance à la fois membraneuse et nn peu cornée. Le pla- fond de la cavité est très inégal . On y remarque des fossettes rondes dans lesquelles les œufs de la couche supérieure sont enfoncés. Il n'y a d'ailleurs aucune apparence des prétendus cotylidons, ainsi nommés par Tréviranus. La poche d'incubation est étendue , chez les Clopor- 622 XXXVIIIe LEÇON, org. d'incubation extérieure. tides% depuis le premier segment du thorax jusqu'au sixième exclusivement. Elle ne se montre qu'à l'époque de la gestation, et elle est formée par le dédoublement des segments inférieurs des cinq premiers anneaux thoraciques. Cette poche renferme des lobes membraneux de différentes grandeurs, suspendus pour ainsi dire à son plafond, formant autant de petites capsules irrégulières qui s'ouvrent dans la cavité viscérale. Ces lobules creux que Trcviranus a connus et désignés, ainsi que nous venons de l'écrire, sous le nom de cotylédons, ne donnent pas attache aux œufs. Mais le suc nourri- cier épanché dans la cavité viscérale pourrait peut-être transsuder à travers leurs parois, dans la poche incu- batrice. Les œufs passent dans cette poche au moment de leur maturité, et peut-être par l'effet delà copulation. M. Lereboullet pense que c'est seulement alors et dans ce lieu qu'ils sont fécondés; mais il ne fait pas comprendre par quelle issue ils y arrivent (1). La poche qui reçoit les œufs de l'ovaire n'est pas toujours le dernier lieu d'incubation. Comme l'ovi- ducte de certains Reptiles, elle ne sert tout au plus , chez quelques espèces, qu'au premier développement de l'embryon, et en premier lieu à compléter l'œuf; peut-être même quelquefois à la fécondation? Dans Yartemia saliria, cette poche unique est située sous l'origine de l'abdomen. C'est une sorte de matrice à parois en partie musculeuses, dans laquelle les œufs passent de l'ovaire intérieur, à travers deux oviductés. (1) Voir son Mémoire sur les Clovortidesfl.es environs de Strasbourg. ART. II. CHEZ LES ARTICULES. 623 Elle a une issue extérieure par laquelle les œufs sor- tent au moment delà ponte (i). Les Daphnies portent leurs œufs dans un espace vide qui existe à la face dorsale, entre les valves et le corps. Ils sortent de l'oviducte au-dessus du sixième segment. C'est dans cette espèce de poche que lesfœ- tus se développent dans la saison chaude. Il se forme, aux mois de juillet et d'août , dans cette même poche, une douhle capsule renfermant deux œufs , qui se détache de l'animal à sa plus prochaine mue. Cette double enveloppe sert à la conservation des œufs pendant l'hiver, jusqu'au retour de la belle saison, dont la chaleur ne tarde pas à développer les germes. C'est ainsi que l'espèce se conserve (2). Les cy dopes ont deux poches extérieures considé- rables attachées de chaque côté de la base de la queue , qui se continuent avec les sacs ovariens intérieurs, et dans lesquels passent les œufs pour le développement des fœtus. Les poches se développent à l'instant de la ma- turité des ovules chez le cyclops quadricomis. On voit paraître, de chaque côté de la queue, à l'orifice des oviductes une poche à parois membraneuses déliées, transparentes , qui se dilate comme une bulle de savon et dans laquelle passent les œufs successivement (3). B. Dans la Classe des Cirrhopodes. Les animaux de cette Classe ont leur poche d'incu- (1) Histoire d'un petit Crustacé (Artemia salina, Lead.), par M. Jolt. Montpellier, 1840. (2) Voir ie mémoire de M. Strauss , Mémoires du Mu- séum, t. V, p. 49^ et suiv. (3) C. A. Rarndhor, Mémoires pour servir à l'Entomologie et à l'Helminthologie. ire partie, Halle, i8(>5. 624 XXXVIitf LEÇOiN*. ORG. û'iNCUBÂTION EXTÉRIEURE. bation dans les replis du manteau , à la manière des inouïes. Les œufs s'y rassemblent par milliers en forme de grandes plaques qui enveloppent le corps de rani- mai, immédiatement en dedans des valves de sa co- quille; j'en compte trois dansVûnatife commune. L'im- paire, plus extérieure, recouvre la face inférieure et la région dorsale du corps. Les deux plaques internes débordent les premières de chaque côté et en-dessus. Les œufs y sont placés à côté les uns des autres, mais non comprimés de manière à perdre leur belle forme ovale , régulière. Ils y sont distribués par cou- ches, et ils y conservent la couleur bleue qu'ils ont déjà dans l'ovaire, à l'époque de leur maturité (i). Ajoutons qu'ils prennent un peu plus de volume. ARTICLE III. DES ORGAKES ÉDUCATEURS EXTERIEURS OU D'ïKCUBATION , DANS l'eMRRANCHEMENT DES MOLLUSQUES. A. Les Céphalopodes manquent de ces organes édu- cateurs extérieurs, dans lesquels les œufs passeraient depuis Foviducœ, pour le développement de l'em- bryon. B. Parmi les Gastéropodes , je ne connais que la Janthine qui ait un appendice que Ton a considéré comme natateur; mais auquel le mollusque attache ses œufs pour leur incubation (2). (1) M. Martin Saint-Ange, article Cirripcdes (Cirripedes) du Dict. universel d'hist. nat. de M. C d'Orbigny , pi. I, %. 4 et 4 f'f. (2) Ainsi que nous l'avons déjà dit p. 5o8 de ce vol. ART. III. CHEZ LES MOLLUSQUES. 626 C. Les Ptéropodes paraissent aussi dépourvus de ces organes d'incubation extérieure. D. C'est dans la Classe des acéphales testacês qu'ils existent le plus fréquemment. Le double but de ces organes est de conserver l'œuf sous la protection de son parent, et d'exposer, en même temps, le fœtus qui s'y développe, à faction vivifiante du fluide am- biant respirable. Certains ovaires, à la vérité, qui ne sont pas enfouis dans la cavité viscérale et recouverts par d'épais té- guments, sorft déjà propres à remplir cette double fonction. Tels sont ceux des moules, des anomies , etc., qui se développent, pour la majeure partie du moins, entre les feuillets du manteau, en dehors conséquem- ment de la cavité viscérale. Tels sont encore ceux des modioles, situés hors de la cavité viscérale, entre les parois extérieures de cette cavité et la branchie interne. Du moins, dans la modiole caudigère , forment-ils de chaque côté du corps une série de petites grappes vésiculeuses, dans lesquelles les œufs peuvent se développer sous l'influence de l'eau qui passe dans la cavité respiratrice. Dans beaucoup d'autres bivalves, les œufs quittent l'ovaire pour leur développement , et passent dans la branchie externe, rarement dans toutes les deux. M. Cuvier annonçait à l'Institut, en 1798, qu'il avait observé les petites moules (les anodontes) ouvrir et fermer leurs valves, quoique enfermées entre les feuillets branchiaux. En i8o5,il détaillait cette obser- vation dans notre ancien texte.] Lorsque les œufs sont avancés dans leur développement, ils passent dans les vides que laissent entre elles les deux lames vasculaires 8. 40 626 xxxvm* leçon, ohg. d'incubation extérieure. qui composent chacun des quatre feuillets des bran- chies (1), et les gonflent quelquefois d'une manière extraordinaire; car le nombre des œufs est vraiment prodigieux dans certaines espèces. C'est dans les bran- chies qu'éclosent les œufs des espèces ovo-vivipares, comme notre moule d'étang ou anodonte ( mytilus anatinus,Lin.). Lorsqu'on en enlève les petites moules, et qu'on les observe à la loupe , on les voit ouvrir et fermer leurs valves avec beaucoup d'activité. Je n'ai pu trouver encore d'orifice qui m'eût paru destiné à leur servir d'issue. Peut-être échappent-elles en rom- pant le tissu des bords des branchies entre leurs vais- seaux pulmonaires (2). [Ce qui précède nous donne lieu de suppléer suc- cinctement à la trop courte description des branchies, qui se trouve dans notre septième volume, p. 379 et 38o. Ce sont, comme le manteau , des extensions ou des replis de la peau , entre lesquels viennent s'étaler les vaisseaux sanguins respirateurs. Ces replis sont assez forts pour contenir ces vaisseaux, et assez minces pour faciliter l'action du fluide ambiant sur le fluide nourri- cier, qui circule dans ces derniers. Chaque feuillet bran- chial se compose de deux lames, qui sont écartées l'une de l'autre, principalement vers le bord dorsal de la branchie. Des cloisons membraneuses perpendicu- laires , qui vont dune lame à l'autre , séparent leur in- tervalle en un certain nombre de canaux aquifères, et maintiennent leur écartcment dans une certaine mesure. (1) Chacun des deux feuillets de la paire externe. [2) Dès 179? Poli publiait que les branchies servent d'organes d'incubation. Voir j. c. les article; puma nobilis, teltiva lactea , mya pictorum , spondylus gasderepi- ABT. III. CHEZ LES MOLLUSQUES. 627 Ces canaux s'ouvrent au dehors par un nombre d'orifices correspondant, déjà remarqués et figurés par Poli (i). Ils forment le long du bord dorsal ou de cha- que branchie une série plus ou moins étendue , et va- riable pour le nombre , selon les espèces. L'oviducte de chaque côté s'ouvre, entre autres chez les anodontes , très près Ae la partie moyenne de 1 \ série de ces orifices, qui existent, en premier lieu , pou ■ augmenter la surface respirable des branchies , en fai sant pénétrer l'eau entre les deux lames qui composent chaque feuillet. Les courants de cette eau doivent servir secondairement, à l'époque de la ponte , à faire passer les œufs dans ces organes, chez les Mollusques bivalves, où ils sont employés à l'incubation. Ces courants nous ont paru, dans les mêmes anodontes , devoir sortir de la branchie par le canal commun du bord dorsal dont l'extrémité s'ouvre , avec l'anus , dans le tube supérieur du manteau; ce doit être aussi l'issue des œufs. La grande proportion des nerfs branchiaux et leur distribution le long de la partie de ce bord qui est percée des orifices respirateurs , ou qui en est le plus rapproché, indique le rôle de ces nerfs dans le méca- nisme de la respiration , et m'a fait comprendre leur singulière distribution dès l'instant où j'ai pu saisir ce rapport. Dans \ huître à pied de cheval, je suis parvenu à (i) O. c, pi. VIII , fig. 6. Explication de l'auteur: On aperçoit les deux séries parallèles des orifices de leurs petits sacs, où les œufs vont se placer dans un certain temps, et pl.%XXXVI, fig. ne , m et PP, dans le jambon- neau: Séries des orifices des petits sacs branchiaux. 628 xxxvm" leçon, org. d'incubation extérieuke. voir les filets très fins qui se détachent successivement du nerf branchial, pour se distribuer aux branchies. Ce nerf, qui longe le bord dorsal des deux branchies externe et interne de chaque côté, en se portant d'avant en arrière, donne successivement, à droite ou à gauche, trois petits filets à chaque cloison qui sépare deux ori- fices circulaires des canaux aquifères (1).] (1) Ajoutons ici que tous les Mollusques de la classe des Acéphales bivalves n'ont pas deux paires de branehies. J'ai découvert, en juillet 1 844 -s Qu'il n'y en a qu'une paire dans la Lucina tigerina, et, en octobre, dans la Lucina Lemar.ii , ou la squamosa de Lamarck. Cette découverte est consignée à la suite de l'une des vingt Monographies sur le système nerveux des Mollusques acéphales bivalves, que j'ai communiquées à l'Aca- démie des sciences, dans sa séance du a5 novembre dernier; Monographies qui sont encore, depuis le mois de février i845, entre les mains d'une commission de cette Académie. Ce dépôt me donne une priorité incon- testable pour deux espèces de Lucines, sur M. Valenciennes, qui a étendu ses observations à treis autres espèces de Lucines, et au genre Corbeille (séance de l'Académie des sciences du 9 juin 184^). Depuis celte épo- que, j'ai constaté que les TelUnes, les Tellinides, les Pandores n'ont de même qu'une paire de branchies, et que, dans les deux premiers genres, c'est le feuillet externe qui manque. Pour le Loripes (lucina lactea) , ainsi que l'a observé M. Deshayes (séance de l'Académie des sciences du i3 juin) , il est incontestable que Poli ne lui a reconnu qu'une paire de branehits, sans cependant être fiappé de cette exception. C'est d'ail- leurs sans motif suffisant que M. Deshayes a cru pouvoir \a ramener au plan général, en séparant les deux lames qui composent cette branchie. Il aurait pu en faire autant dans chaque branchie des mollusques qui en ont quatre, c'est-à-dire le nombre normal. M. Riippel n'a reconnu de même , dans Yarrosoir, qu'une branchie de chnque côté, et il emploie le même raisonnement que M. Deshayes pour se persuader que ce mollusque a deux branchies. ( Atlas zur Reize der noi.lkhen Africa. Franckfort . 1828, Arytena vaginifera, p. 44«) « La bra»nchie de chaque côté, dit M. Riïppel, n'a qu'un feui'let principal ; » à son bord libre antérieur on voit une longue fente, qui est comme la » trace <}e la division en denx feuillets. » ART. IV. 1>ES ZOOPHYTES. 629 ARTICLE IV. DES ORGANES EDUCATEURS EXTÉRIEURS, OU D'iNCUBATION , DANS L'EMBRANCHEMENT DES ZOOPHYTES. [Rappelons d'abord que l'existence de ces organes, en général , peut avoir un triple but fonctionnel : i° celui de servir, en premier lieu, à la fécondation des oeufs, au moment de leur passage de l'ovaire, ou de loviducte intérieur, dans ces réservoirs extérieurs ; 2° celui de les conserver sous la protection du parent qui les a produits, et plus ou moins évidemment sous son influence nutritive; 3° celui enfin de les soumettre à l'action vitale du fluide ambiant respirable. Ce der- nier but est atteint généralement, dans ce type, parla pénétration du fluide ambiant dans la cavité viscérale (chez les Ëchinordermes, les Polypes cellulaires et les Polypes actinoïdes); ou dans la cavité qui renferme les ovaires (chez les Méduses) ; ou par la position exté- rieure des ovaires, comme dans le règne végétal (chez les Polypes tabulaires). Dans les Esc/tares et les Flustres , on a indiqué , pour le développement ultérieur des œufs, des cellules particulières, qu'on a appelées à tort vésicules gemmi- pares (1). Dans le genre Cellaire, qui appartient , comme les deux précédents, à notre ordre de Polypes cellulaires, on a reconnu deux sortes de réservoirs ou de réci- pients des œufs , dans lesquels ceux-ci ont des enve- loppes protectrices différentes. Les unes sont des vésicules arrondies qui renfer- ment des œufs à enveloppe dure, destinés à passer l'hiver avant d'éclore. (i) M. Grant, o. c. 8. 40 630 XXXVIIIe LEÇON. ORG. D'iNCUBATION EXTERIEURE. Les autres sont des vésicules plus considérables , égalant en largeur quatre séries parallèles de cellules. Les embryons s'y développent complètement; ils y éclosent sous forme de larves (i). Mais ces récipients ne renferment-ils pas aussi les ovaires, daps lesquels les œufs écloraient en été , et se compléteraient dans les oviductes, en automne? Les Helminthes n'ont pas d'organes éducateurs ex- térieurs. Nous ajouterons ici , à ce que nous avons dit p. 568 , sur Je nombre des tubes ovariens dans la famille des Ascaridiens, l'observation très remarquable de M. Va- lenciennes (q) , qu'il y en a cinq dans le filaria labiata, Grepliin ; et que le vagin va se terminer, comme dans le filaria papillosa ,tout près de la bouche. \i ascaride du python en a quatre. J'ai vérifié ces faits intéressants sur les préparations originales.] [Les nombreux détails que nous avons ajoutés à l'an- cien texte de ces leçons , la distribution nouvelle des niatériaux si multipliés que la science actuelle pos- sède, et les généralités , à la vérité très concises , que nous avons mises à la tète de chaque chapitre, nous dispensent de terminer l'histoire anatomique de la génération , par Je résumé que nous avions promis (note de la page 10 de ce volume), et pour lequel la place nous manque.] (ï) Observations de MM. Milne-Edwards et Nordmann, m. c. (2) Recherches anatomiques sur le Filaria lahiata , encore inédites. Elles paraîtront dans les Archives du Muséum dhist.nat.de Paris ART. I. DES SÉCRÉTIONS CENÉBÀLESJ 631 srr TRENTE-NEUVIEME LEÇON. 5 DES SÉCRÉTIONS EXCRÉMENTITIELLES, OU DES EXCRÉTIONS. L'ordre naturel de notre ouvrage aurait dû amener, à la suite des organes de la génération , ceux qui ap- partiennent à l'embryon, au fœtus et à l'animal nou- veau-né , et qui distinguent chacun de ces états de celui de l'adulte; mais diverses circonstances nous ayant déterminé à réserver ce travail pour un autre moment, nous allons passer à la description des or- ganes qui servent à extraire de la substance du corps quelque matière destinée à en sortir, soit que son sé- jour puisse être nuisible, soit que cette extraction ait simplement pour objet de remplir au dehors quelque but utile à la conservation ou aux agréments de l'animal. L'histoire des excrétions se rattachant naturelle- ment à celle des sécrétions en général, dont elles ne sont qu'une espèce, il ne sera par hors de propos de commencer par quelques réflexions sur ces dernières. Nous compléterons ainsi notre histoire des fonctions, dont la sécrétion, prise dans le sens le plus étendu, est la plus universelle (1). (i) Ce paragraphe et l'article âuivant tout entier étaient de ma rédac- tion et l'expression de mes propres vues, ainsi que je l'ai sincèrement dé- claré à l'Académie dessciences, au mois de juin i832, dans la Notice im- primée sur les titres que je pouvais avoir à ses suffrages pour la candida- 632 XXXIX* LEÇON. SÉCRÉTIONS EXCRÉMENTITIELLES. ARTICLE I. DES SÉCBÉTIONS GÉNÉRALES. Le mot de sécrétion semble n'indiquer qu'une sépa- ration on qu'une analyse. L'opération des corps vivants qu'on appelle ainsi, lorsqu'elle est la plus simple, n'est en effet qu'une séparation; mais, comme nous le verrons bientôt, elle est souvent plus compliquée, et comprend non seulement la décomposition de certaines substan- ces, mais encore la formation d'autres substances par des combinaisons nouvelles. Dans le premier cas elle semble plus mécanique, dans le second plus chimique. Toutes les fonctions des corps vivants étant produites, en dernier ressort, par des combinaisons et des dé- compositions variées des parties solides ou fluides qui forment leurs organes, ou étant la cause de change- ture de la chaire d'anatomie comparée au Jardin du Roi , devenue vacante par la mort de M. Cuvier. A cette époque , j'avais encore le témoin le mieux renseigné sur la présente collaboration, M. F. Cuvier, mon ami d'enfance. (Voir la lettre que je lui ai adressée, à la lin du t. IV de cet ouvrage. ) Qu'il me soit permis de citer ici un extrait de cette Notice : « Cet article n (sur les sécrétions) , l'un de plus physiologiques de toute ma rédaction , «était peut-être celui où je m'étais le plus approché, par la clarté du » style, de la manière de mon maître. Je me rappelle qu'il me fit l'obser- n vaiion , en prenant connaissance, comme à l'ordinaire, de ma rédac- >» tion, seulement par la lecture de l'épreuve, que j'avais trop généralisé >» le mot sécrétion, en y comprenant la nutrition. » Cependant on pourra lire, dés la première page, que je m'étais inspiré, autant que possible, de l'esprit synthétique qu'il avait mis lui-même dans ses généralités sur l'économie animale, qui sont en tête du premier volume de cet ouvrage, et qui ont singulièrement contribué à son succès et à la réputation de M. Cuvier, comme physiologiste. A«T. I. BES SÉCRÉTIONS m GËfflÉBÀt. 633 ments de composition analogues , comme nous l'avons dit dans nos généralités sur l'économie animale (t. 1), elles peuvent être considérées, sous ce point de vue, comme autant de sécrétions. La plus universelle et, en même temps, celle qui s'exerce avec le plus de continuité, est sans contredit la nutrition, plus ou moins compliquée suivant les es- pèces. Chaque partie des corps vivants extrait ou sé- pare à cet effet, d'un fluide nourricier commun les ma- tériaux propres à entrer dans sa composition; ce fluide en pénètre les mailles, ou se meut dans des vaisseaux dont les ramifications, multipliées à l'infini, le condui- sent partout. 11 apporte à tous les organes ces matériaux qui doivent y séjourner à leur tour, et servir,soit à leur développement, soit à remplacer ceux que des mou- vements contraires de décomposition ont enlevés et reportés dans sa masse. Chaque partie des corps vi- vants étant capable de se nourrir peut donc être con- sidérée comme un organe de sécrétion. Le fluide nourricier général auquel reviennent se mêler tous les résidus de la nutrition, qui perd conti- nuellement de sa masse par cette fonction, est main- tenu dans un état de pureté nécessaire à la vie, et en- tretenu dans une proportion non moins nécessaire, par une suite de sécrétions d'autant plus compliquées que l'animal semble plus parfait. Nous avons vu , dans nos précédentes leçons, celles de ces sécrétions qui ont pour but d'en conserver la masse dans une proportion convenable. Ce n'est que dans les premières classes du règne animal que le fluide qu'elles forment ( le chyle) se mêle dans des vaisseaux particuliers aux résidus de la nutrition , et traverse , avant d'arriver dans la masse 934 XXXIX8 LEÇON. SÉCRÉTIONS EXCBÉMENTÎTÎELLES. générale, des organes (les glandes lymphatiques) qui lui font subir une sorte de sécrétion. Des sécrétions d'une autre espèce rendent à ce fluide nourricier général , dont la quantité est réparée par les précédentes , les qualités propres à entretenir la vie et à nourrir les parties. Lune de ces sécrétions, la respiration , sert à cet effet, non seulement en lui enlevant des substances nuisibles, mais encore en lui fournissant des substances utiles, et contribue ainsi de deux manières à en rétablir la composition normale. Les autres , celle de l'urine et de la bile , ne font que lui enlever des parties nuisibles. Il est, parmi les animaux, des sécrétions beaucoup moins générales , qui servent à la conservation de cer- taines espèces, soit en leur fournissant des moyens de se mouvoir ou de se fixer, de se défendre contre leurs ennemis, ou d'attaquer les espèces dont ils doivent faire leur proie, soit en les préservant de la mauvaise impression que pourrait faire sur eux le fluide envi- ronnant. Enfin d'autres sécrétions très générales ont pour but la propagation des espèces : nous en avons décrit les organes dans les leçons de ce volume. Quelques ani- maux en ont d'accessoires , concourant au même but , que nous aurons à décrire dans celle-ci. Cette revue des différentes espèces de sécrétions conduit naturellement à deux questions. Sous quelles conditions générales ont-elles lieu ? Quelles sont les causes particulières qui peuvent en rendre les produits si variés? Toute sécrétion suppose la vie, un fluide nourricier en mouvement , des parties solides organisées , à tra- ART. I. DES SÉCRÉTIONS EN GÉNÉRAL. 635 vers lesquelles quelqu'une des proportions de ce fluide peut pénétrer. Elle ne présente rien de plus dans les animaux les plus simples, et se compose de même de ces trois éléments dans ceux dont l'organisation et le plus compliquée ; maison sent combien elle peut varier avec eux : de là les nombreuses différences que mon- trent à cet égard les corps vivants, et, en particulier, les animaux, qui sont seuls l'objet de nos considérations. La vie ou ses phénomènes les plus généraux, la con- tractilité et la sensibilité, pouvant varier beaucoup en intensité, soit dans le même organe, à différentes épo- ques, soit dans les différentes parties dont se compose tout animal , il doit en résulter de grandes différences dans la quantité des sécrétions ou de leurs produits. Ces produits peuvent être altérés plus ou moins par l'altération des forces vitales qui animent tout organe sécrétoire. L'expérience journalière nous en fournit des preuves nombreuses. Le fluide dans lequel l'organe sécrétoire doit puiser les matériaux de la sécrétion peut arriver à cet organe plus ou moins abondamment , suivant l'impulsion qu'il aura reçue. 8a composition peut être bien différente; il doit en résulter encore de grandes différences, soit dans la quantité, soit dans la qualité des produits. La composition chimique des organes sécrétoires n'est sans doute pas étrangère à la nature de la sécré- tion. Mais ces genres de causes , difficiles à apprécier, ne sont pas du ressort de l'anatomie , et doivent être écartées, pour cela , de nos considérations. La seule cause des différentes sécrétions dont l'anatomie s'oc- cupe, la composition mécanique des parties, ne doit pas être moins féconde en effets variés. Que de diffé- 636 XXXIX" LEÇOiN. aéCBÉTIONS EXCRÉMENTIT1ELLES. rences n'observerons-nous pas, à cet égard, dans les organes sécrétoires, depuis les parois uniformes , en apparence, du sac qui compose le polype , jusqu'à la glande la plus compliquée! Cependant il est possible de les rapporter à quel- ques points généraux. Distinguons d'abord les organes vraiment sécré- toires, c'est-à-dire qui séparent des matières dont l'u- sage est hors de leur propre substance, des organes qui ne sécrètent que pour se nourrir. Parmi les organes vraiment sécrétoires que l'ana- tomiste peut distinguer, les plus simples se trouvent dans les Insectes, de sont des tuyaux qui sont entourés de tous côtés parle fluide nourricier général, et le tou- chent conséquemment par leurs parois extérieures; tandis que leurs parois intérieures contiennent le fluide sécrété. La sécrétion de ce fluide n'a donc été , pour ainsi dire, qu'une sorte de filtration, bien différente, à la vérité, de celle qui aurait lieu hors de la vie, à travers un solide inorganique. La constante uniformité de la matière séparée , la grande différence quelle présente souvent avec la matière séparable, prouvent suffisam- ment que l'organe séparant doit avoir une structure constante, que les pores à travers lesquels passe la sé- crétion sont toujours les mêmes; en un mot, qu'ils sont organiques. Dans les animaux qui ont des vaisseaux, la cause mécanique des sécrétions paraît se compliquer beau- coup. On peut dire que, dans le premier cas, le fluide général qui arrive aux organes sécrétoires est partout le même. Il varie beaucoup, au contraire , dans le se- ART. I. DES SÉCRÉTIONS EN GÉNÉRAL. 63? cond cas. La nature des vaisseaux qui l'apportent peut être tout-à-fait différente : ce sont ordinairement des artères, mais quelquefois ce sont des veines (i). La marche plus ou moins flexueuse de ces vaisseaux jus- qu'à F organe sécrétoire, leurs divisions plus ou moins multipliées , leurs anastomoses, leur degré de finesse à Finstant où ils pénètrent cet organe , en favorisant ou ralentissant le cours du fluide qu'ils y condui- sent, etc.» peuvent influer plus ou moins sur sa quan- tité et sur ses qualités, et avoir ainsi une influence éloi- gnée sur la quantité et les qualités du fluide séparé. La manière variée dont ces vaisseaux se divisent dans les organes secrétaires, en continuant à agir sur le fluide séparable, doit le modifier beaucoup, et de- vient la principale cause mécanique des produits va- riés de ces organes. On est d'autant plus fondé à le penser que ces divisions sont constantes dans les mêmes organes, et qu'ils présentent des différences remarquables dans les différents organes d'un même animal. Ainsi, dans les uns, les ramifications de ces vaisseauxprésententla figure d'un pinceau, dansd'autres elles sont en étoiles , dans d'autres elles sont en arbres, dans d'autres elles sont presque sans inflexions, dans d'autres enfin on les trouve extrêmement sinueu- ses, etc., etc. Ces mêmes vaisseaux ne présentent pas moins de différences dans leur distribution. Tantôt ils sont simplement étalés dans le tissu des (i) La veine porte hépatique pour le foie des quatre classes des ani- maux vertébrés; les veines portes rénales pour les trois classes des vertébrés ovipares. 638 XXXIX* LEÇON. SÉCRÉTIONS EXCRÉMENTITIELLES. organes non exclusivement sécrétoires de la peau , par exemple, des membranes séreuses , etc., des poumons, sans qu'il soit bien démontré que les excréteurs qui en partent soient réellement de nature différente : l'espèce de sécrétion dont ils sont les agents a reçu en particulier le nom d'exhalation, et on a donné celui d exhalants aux vaisseaux par où s'échappe le fluide sécrété (i). D'autres fois ces vaisseaux sont ramifiés dans des espèces de corps frangés , formant des paquets plus ou moins gros : c'est le cas des organes sécrétoires de la synovie; ou bien ils forment un réseau plus ou moins serré , qui tapisse les parois de petites cavités appelées cryptes ou follicules. Dans d autres cas, enfin , ils sont entrelacés et pelo- tonnés de mille manières, et forment des masses plus ou moins considérables. Les organes sécrétoires ne diffèrent pas moins à l'égard des vaisseaux ou des cavités quelconques, dans lesquelles la matière sécrétée passe au moment de la séparation ou après cet acte , et qui la transmettent au dehors. Considérés sous ce point de vue , ils peuvent être divisés en trois classes. Les uns n'ont qu'un ordre de vaisseaux excréteurs, que nous appellerons séparants, parce que ce sont ceux qui opèrent la sécrétion; ils servent en même temps à transmettre au dehors la matière sécrétée. Dans les autres, cette matière est versée par les sé- (i) Nous verrons à l'article delà peau, et des glandes de 'a sueur en particulier, les restrictions à apporter à cette proposition. ART. I. DES SÉCRÉTIONS EN GÉNÉRAL. 639 parants dans un second ordre de vaisseaux, ou dans des cavités qui en sont proprement les excréteurs ou les émonctoires. Enfin, dans ceux de la troisième classe, la même matière est emportée de l'organe sécrétoire par des vaisseaux semblables à ceux qui l'y ont apportée, ou tout au moins du même ordre. Dans le premier cas, les excréteurs séparants peu- vent encore être sous-divisés en deux grandes sections, ainsi que les organes dont ils font partie. Nous range- rons dans l'une ceux qui ne forment pas un système absolument distinct des artères : tels sont les exhalants de la peau, des poumons et des membranes séreu- ses, etc., qui rejettent au dehors, par un nombre in- fini de pores , la matière qu'ils ont sécrétée. Nous placerons dans l'autre ceux qui forment au- tant de systèmes particuliers qu'il y adeglandes où ils s'observent : tels sont les canaux biliaires, dont les ra- mifications nombreuses, pelotonnées et entrelacées avec les vaisseaux sanguins, aboutissent enfin à un seul tronc; les séparants du lait, qui, dans la femme, se réunissent en quinze ou vingt branches principales; les canaux séminifères dans les Mammifères, les Oi- seaux [et les Reptiles propres] , qui aboutissent tous à un seul déférent, etc., etc. Dans le second cas, les organes sécrétoires, comme nous l'avons dit, ont une cavité simple ou plus ou moins ramifiée, plus ou moins anfractueuse, dans laquelle les excréteurs séparants versent et accumulent la matière qu'ils ont séparée. Les organes qui appartiennent à cette classe peu- vent également èire sous-divises eu deux sections. Les 640 XXXIX* LEÇON. SÉCRÉTIONS EX CRÉMENTITI ELLES. uns ont pour émonctoire une petite cavité (les cryptes ou follicules), ou une poche plus ou moins grande (les vésicules anales, la poche à musc), dont les parois ne présentent aucun parenchyme glanduleux. Les ex- créteurs séparants versent dans cette cavité la matière qu'ils ont séparée. Elle peut y séjourner plus ou moins, et y subir des changements dans sa composition, soit par l'absorption de sa portion la plus fluide, soit par le contact de l'air lorsque ce fluide peut y pénétrer. Elle passe au dehors par une seule ouverture. Plusieurs de ces petites cavités peuvent être rassemblées en un groupe plus ou moins grand, et s'ouvrir toutes ensem- ble dans une cavité centrale, comme cela se voit dans les amygdales; ou bien elle peut s'allonger et s'étran- gler en un petit canal excréteur qui, réuni avec plu- sieurs canaux semblables, aboutit avec eux dans un orifice commun : c'est le cas de la plupart des glandes sébacées. Les autres organes sécrétoires de cette seconde classe ont un tissu glanduleux plus ou moins épais, danslequel s'entrelacent les vaisseaux sanguins avec les excréteurs séparants. Ce tissu présente à peu près le même aspect dans les sali vaires des Mammifères, les lacrymales, le pancréas; il est divisé en lobes, en lobules et en grains; les excréteurs proprement dits commencent au cen- tre de ceux-ci , et leurs ramifications se réunissent succes- sivement et aboutissent à un seul tronc (les salivaires, le pancréas) ou à plusieurs (les lacrymales). Dans les glandes de Cowper et les prostates de plusieurs Mam- mifères, la matière de la sécrétion est versée, par les excréteurs séparants, dans de petites cavités qui s'ou- vrent dans des cavités un peu plus grandes, et ainsi de ART. I. DES SÉCRÉTIONS EN GENERAL. 04 1 suite, jusqu'à ce quelles se terminent dans une cavité principale qui occupe le centre de la glande, et qui communique au dehors par un canal étroit et mem- braneux. Cette sorte d'organe sécrétoire forme une masse moins divisée que celle des précédents. Les reins appartiennent encore à cette section; ils ont, dans les mammifères, un tissu épais, formé de vaisseaux san- guins et d'excréteurs séparants qui pourraient être en- core distingués, suivant qu'ils font partie de la sub- stance corticale ou de la médullaire. Ces excréteurs séparants versent l'urine par plusieurs orifices, dans un canal excréteur unique , dont l'origine est dilatée en une ou plusieurs poches, suivant les espèces, ou bien ils se continuent dans plusieurs canaux excréteurs. Enfin , dans le troisième cas, l'humeur modifiée par l'organe sécrétoire est emportée par des vaisseaux semblables à ceux qui l'y ont apportée, soit après avoir été déposée dans des cellules intermédiaires entre les afférents et les efférents, ce qui paraît avoir lieu dans quelques glandes lymphatiques de plusieurs mammifères, soit que les dernières ramifications des premiers la transmettent aux radicules des seconds, ce qui paraît être le cas du plus grand nombre de ces glandes. Ou bien la matière seulement modifiée est en- levée par des vaisseaux d'un ordre très général, qui ne diffèrent que de genre de ceux qui ont apporté le fluide séparable. C'est, entre autres, le cas de la rate, [/or- gane sécrétoire, dans cette circonstance, n'est tel qu'à demi; ce n'est qu'une portion d'un appareil plus com- pliqué, où sa part d'action est de préparer les maté- riaux dune sécrétion subséquente. Telles sont les différences les plus frappantes que 8. 41 642 XXXIXe LEÇON. SÉCRÉTIONS EXCREMENTITIELLES. présentent les organes secrétaires , lorsqu'on les com- pare dans leurs parties communes. Ils en présentent d'autres tout aussi marquées, lorsqu'on les compare dans leur ensemble, soit relativement à leur couleur, à leur tissu plus ou moins dense, pins ou moins homo- gène, uniforme dans toute son étendue, comme clans le foie; ou dans lequel on peut reconnaître deux sub- stances, comme dans les reins des Mammifères ; ou encore plus hétérogène, comme dans les testicules des Raies et des Squales, qui sont composés de corps sphériques de la grosseur d'un pois, d'une sorte de pulpe dans laquelle on ne distingue ni fibres ni vais- seaux particuliers, et d'im canal excréteur plus ou moins replié (1). Après avoir ainsi comparé d'une manière très géné- rale les différentes structures des organes secrétaires, indépendamment des fonctions auxquelles ils appar- tiennent, il serait intéressant d'examiner en détail cha- que organe secrétaire, dans les différents animaux où il existe; mais les bornes que nous nous sommes pres- crites dans cet article ne nous permettent pas de le faire. Il nous suffira d'en indiquer le résultat : c'est que le même organe présente, dans des classes diffé- rentes, quelquefois même dans une seule classe, une structure tout à-fait différente. Nous l'avons vu poul- ies glandes salivaires, pour les testicules, et même pour le foie, dont l'organisation est peut-être la plus constante et ne change guère, à ce qu'il paraît, que dans les animaux qui n'ont plus de vaisseaux. Nous l'avons vu encore pour les reins. (i) Voir leur structure intime . p, laoet suiv. de ce volume. ART. I, DES SÉCRÉTIONS EN GÉNÉRAL. 643 Une autre comparaison moins intéressante, et qui confirme ce que nous avons dit sur la multiplicité des causes qui font varier les sécrétions, est celle des or- ganes sécrétoires avec leurs produits. On serait tenté de décider d'avance que les organes sécrétoires, dont la structure nous paraît semblable, doivent fournir des produits, sinon entièrement semblables, du moins très analogues, et que des produits analogues ne peuvent provenir d'organes de structure différente. L'expé- rience ne confirme pas cette théorie. Rien de plus varié que les matières fournies par les cryptes, dans les différents animaux, depuis la simple mucosité jus- qu'aux matières les plus odorantes que renferment la poche à musc, les glandes anales, etc. L'urine et la transpiration cutanée n'ont-elles pas de grandes ressemblances? Ne peuvent-elles pas se sup- pléer Tune l'autre, ainsi que la transpiration pulmo- naire; [du moins pour la vapeur aqueuse qu'elles ver- sent au dehors?] Et cependant que de différence, pour nous, entre les reins, la peau et les poumons! [On a pu juger des différences que présentent les diverses glandes appartenant aux fonctions d'alimen- tation telles que les salivaires, le pancréas et le foie , ou à celles de la génération, par les détails que nous avons donnés , dans les volumes précédents et dans celui-ci. Nous recommandons d'ailleurs, pour l'étude compa- rée de cette structure, l'ouvrage spécial sur cet objet publié par M. J. Millier, que nous avons eu souvent l'occasion de citer (i). (i) 5)c glandularum secerncntîum structura penitiori. Lipsise , i83o. 844 XXXIXe LEÇON. SÉCRÉTIONS EXCRÉMENTITIELLES. Les résultats généraux de cette sorte de monogra- phie n'ont fait que confirmer ceux auxquels nous étions parvenus dès 180Ô, dans le présent article, à la suite de nos propres observations. La découverte de l'endosmose, de cette propriété des membranes, placées entre deux liquides qui diffé- rent plus ou moins en densité et dans leur composi- tion moléculaire, de provoquer, pour ainsi dire, leur action réciproque, et de les faire passer dans des pro- portions différentes vers l'un et l'autre réservoir que cette membrane sépare: la découverte, dis je , de cette singulière faculté, a fait faire un grand pas à la théorie des sécrétions. Elle fait comprendre, d un côté, que la présence d un liquide dans le réservoir qu'intercepte la paroi de sécrétion a une action moléculaire sur le liquide qui renferme les matériaux de la sécrétion; elle mon- tre, de l'autre, l'importance de la membrane chargée de la sécrétion et des différences d'organisation qu'on doit lui supposer dans la structure la plus intime. Tout organe de sécrétion se compose, en définitive, de parois membraneuses, interceptant des cellules de forme très variée, ou formant de petits tubes aveugles. Les matériaux de la sécrétion arrivent jusqu'à la face externe de ces petites capacités membraneuses, dans lesquelles une partie des produits de la sécrétion pré- cédente subsistent dans des proportions variables. C'est donc à travers leurs parois que la sécrétion s'est effectuée , dans tous les cas , par une sorte d'endomose qui met en jeu les affinités chimiques, au moyen de laquelle une certaine quantité de matière sécrétée, con- tenue daus la capacité de sécrétion, doit servir à pro- ABT. II. DES EXCRETIONS GENERALES. 645 voquer la sécrétion dune nouvelle quantité de cette même substance, peut-être à la manière d'un levain ( i).l ARTICLE II. DES OEfiANES SERVANT AUX EXCRETIONS GÉNÉRALES QUI SONT COMMUNES A TOUTES LES CLASSES , A PLUSIEURS A LA FOIS , OU A UNE SEULE. § ï . De la peau considérée comme organe d'excré- tion et. plus particulièrement de la transpiration. La principale des matières que le corps doit perdre, dans l'exercice journalier delà vie , est sans doute celle de la transpiration [dite insensible pour la distinguer de la sueur] ; mais a-t-el!e un organe qui lui soit spécia- lement affecté? Les extrémités des artères cutanées ou des vaisseaux qui partent de ces artères, sans former (ï) Quels que soient les titres que d'autres savants, tels que J. Bei- Bouilli etNollet, pourraient avoir à la de ouverte du fait de l'endosmose , il faut reconnaître que c'est seulement depuis son appréciation, par M. Du- trochet, et la dénomination qu'il lui a donnée pour désigner son origina- lité, que les physiologistes en ont senti toute l'importance. Voir le mémoire du célèbre académicien, ayant pour titre: V Agent immédiat du mouve- ment vital , etc. Paris et Londres, 1826, réimprimé dans le t. I des Mé- moires pour servir à l'histoire des végétaux et des animaux. Paris, 1837. Voir encore la réponse de M. Dutrochet , Compte-rendu de l'Académie des sciences, t. XVII, p. 788 et 789 ; et la Note de M. J. F. Parrot, in- titulée : Coup d'oeil sur l'endosmose , que le savant et vénérable membre honoraire de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg a soumise au jugement de l'Académie des sciences de Paris (dans sa séance du 23 septembre i844)? en rappelant sa Dissertation inaugurale : De l'in- fluence de la physique et de la chimie sur l'art de la médecine , Erlangen , i8o3; dans laquelle il a consigné les expériences sur les conditions qui président au mélange de deux liquides d'inégale densité, séparés par une cloison organique perméable. 646 XXXIX* LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. un système absolument distinct, paraissent l'exhaler, elles pores de l'épidémie la laisser sortir. [Quant à la transpiration sensible ou la sueur, elle a des organes particuliers, découverts il y a peu dan- nées, qui pourraient être aussi ceux de la transpiration insensible.] Nous aurons donc quelques détails à ajouter à ce qui a été dit de la peau dans la XIVme leçon (T. III , p. 5yo et suivO sur son tissu intime , les glandes et les divers téguments qui la recouvrent. [La graisse ou les muscles qui la doublent.] En réunissant les descriptions anatomiques de cette leçon avec celle que nous allons donner , il ne sera pas difficile de juger de l'influence propre à chacune des espèces de téguments, pour entretenir la transpiration et pour l'arrêter, selon le degré de chaleur et le plus ou moins de défense qu'ils procurent aux animaux contre l'action refroidissante ou contre l'action dissol- vante de l'atmosphère. Nous n'avons rien de particulier à ajoutera ce que les médecins ont observé sur la quantité de la trans- piration dans les diverses circonstances , ni à ce que les chimistes ont expérimenté touchant la nature de la matière transpirable. Quelques uns pensent qu'il transpire par la peau du gaz acide carbonique et de l'azote, dans la propor- tion de q à 1 ; mais d'autres chimistes célèbres nient l'existence de ces matières dans la transpiration. 8a pins grande masse paraît n'être qu'une vapeur aqueuse mêlée d'un gaz animal corrodant, dont la nature ne sem- ble pas être toujours la même, à en juger par l'odeur différente qu'il présente dans les différents individus. ART. H. DES EXCRETIONS GENERALES. 647 Ce gaz ne contribue sans doute pas peu à infecter l'air des lieux où les hommes sont réunis en grand nombre. Serait-ce de l'hydrogène mêlé à quelque autre sub- stance, comme on l'a soupçonné ? La matière de la transpiration, soit liquide . soit gazeuse , pourrait être l'objet d'expériences compara- tives sur les divers animaux , qui ont été à peine effleu- rées. Déjà celies failes par Fourcroy et Vauquelin prou- vent combien les expériences de cette sorte seront fécondes en résultats intéressants. Ces chimistes ont trouvé l'urée dans le résidu de la transpiration du cheval, qui leur a fourni également beaucoup de phos- phate calcaire ; ils ont confirmé par là ce que l'expé- rience journalière avait déjà appris, quoique vague- ment , sur les rapports de la matière transpirable avec l'urine. Qui ne sait que ces deux excrétions se sup- pléent, et qu'elles augmentent ou diminuent toujours dans un sens inverse (1)? Une autre matière exerémentitieîle très abondante, et qui n'est pas moins en rapport avec la première que l'urine, est celle qui sort par les poumons. Il ne nous reste rien à dire sur ces organes. Nous ajouterons seulement, en les considérant sous ce rapport, que dans les animaux où ils n'existent pas, les deux excrétions, la transpiration cutanée et pulmonaire, sont confondues; que dans ceux où ils sont répandus par tout le corps, sous la forme de trachées, il est de même impossible de distinguer ce qui appartient à l'une ou à l'autre de ces excrétions; que dans ceux où ce sont des branchies, (i) L'urine et la transpiration cutanée ne se suppléent l'une l'autre que pour la quantité d'eau qui sort au corps, par la peau ou par les reins. 648 XXXIX* LKÇOiN. DES SECRETIONS. il serait intéressant de déterminer si la transpiration de ees organes diffère essentiellement pour la quantité, toujours comparativement à celle du corps, etc. Il est presque inutile d'ajouter que dans les animaux qui res- pirent peu , tels que les Reptiles, la transpiration pul- monaire doit être dans un rapport bien moindre, avec la transpiration cutanée, que dans ceux qui respirent beaucoup, tels que les Mammifères et les Oiseaux , et que, suivant la nature peu perspirable des téguments, il est beaucoup d'animaux de ces deux classes chez les- quels le rapport de ces deux excrétions doit être tout- à-fait l'inverse de ce qu'il est dans plusieurs Reptiles, § 2. Des glandes de la sueur dans V espèce humaine et chez les Mammifères domestiques. [Ces glandes font partie des téguments; leur canal excréteur traverse le derme et l'épidémie , et s'ouvre à sa surface par un pore ou un orifice en forme d'en- tonnoir. Ces pores de la sueur, dans la peau humaine, étaient déjà connus de Grew (Philosoph. Trans. de 1684, p. 566). Eichhorn (1) les étudia plus particulièrement en 1826, et vit qu'ils sont l'aboutissant de canaux parti- culiers. Purkinje et TVendt démontrèrent ces ca- naux en i833, toujours dans la peau humaine, eî firent voir qu'ils s'élèvent à travers le derme et l'épi- démie, jusque dans les sillons de celui-ci, et qu'ils sont, dans leur trajet , contournés en spirale (2). (1) Archives de Meckel pour l'anat. el la phys., 1826, p. \o$, (2) De epidermide humano. Vratislavî, ï 833 ; et Arcli. de J. Millier, i834, p. 278 etpï. ÎV. A HT. II. DES fiXCJlÉTIOiVS GÉNÉRALES. 649 MM. Breschet et Roussel de Vauzème firent, l'année suivante, l'importante découverte que, clans la peau de l 'homme , les canaux en spirale ont leur ori- gine dans des glandes particulières, prévues et non reconnues par Purkinje. Ils donnèrent le nom d'appa- reil diapnogène à l'ensemble de ces glandes et de leurs canaux excréteurs (1). Une année plus tard, en ï835, M. Gurtl confirma cette découverte dans l'homme, et décrivit compara- tivement ces mêmes glandes et leurs canaux excré- teurs, avec précision, dans les mammifères domesti- ques (2). Nous avons constaté leur existence et leur structure, dans le mouton , le cheval, le cochon et la chèvre, telle que cet anatomiste l'a fait connaître. Los glandes delà sueur se trouvent partout dans la profondeur du derme, ou même sous cet organe , dans le tissu graisseux sous-cutané. Leur volume relatif n'est pas le même dans foutes les espèces. Le cheval et le mouton les ont très déve- loppées; elles sont petites à proportion dans le chien. Leur grandeur varie encore suivant les parties de la peau où on les observe. Dans V homme, c'est dans la paume de la main , ou dans la plante des pieds, qu'on trouve les plus grandes. Elles se composent , en général , d'un boyau con- tourné, faisant sur lui même de nombreuses circonvo- lutions, tantôt rapprochées de manière à lui donner la forme d'une pelote très allongée ( le mouton); ob- longue (dans la peau du crâne de Y homme); presque (i) Annales des se. nat., ie série, t. II, p. 167 et suiv., pi. IX eîX. (2) Archives de J. Miilîer pour i835 . p, So5, et pi. IX et X. 650 XXXIX* LEÇON. DES SECRETIONS. sphérique (la paume de la main); ovale (le scrotum du cheval , la plante du pied du chien). Nous avons trouvé les traces du boyau sécréteur dans la peau de Faine du cochon, non plus pelotonnées, mais séparées par des lobules dégraisse. Leur structure est différente dans le bœuf\ où ce sont de simples capsules ovales, et dans les parties de la peau du chien couvertes de poils, où elles sont d'ail- leurs petites et difficiles à découvrir. Les glandes de la sueur sont incolores et demi- transparéntes; il n'y a que celles du scrotum du cheval qui aient une espèce de pigment noirâtre. Leur canal excréteur traverse le derme et l'épidémie, pour se terminer, comme nous l'avons déjà dit, par un orifice en forme d'entonnoir, dans les enfonce- ments ou les sillons de la surface de ce dernier té- gument. Il est remarquable que , dans son trajet , le canal excréteur ne soit contourné en spirale régulière, dans l'espèce humaine, que dans certaines parties, dans la paume des mains, par exemple, et qu'il soit simple- ment sinueux dans les pîandes de la peau du crâne. Celui des glandes du mouton est également très con- tourné; i) est sinueux dans le cov.hon\ il est presque droit dans les glandes du cheval, ~\ § 3. Des excrétions visqueuses et graisseuses. Certaines glandes , situées, dans les Oiseaux et les Poissons, à. l'extérieur du corps, sont destinées à sépa- rer une humeur graisseuse dans les premiers , et vis- queuse dans les seconds , qui a , dans les uns et les autres, le même usage, celui de préserver leurs tégu- ments contre l'action dissolvante de l'eau. 4BT. II. DES EXCRÉTIONS GÉNÉRALES. 651 À. Chez les Oiseaux. Le liquide huileux qui imprègne les plumes des Oiseaux, particulièrement de ceux qui sont aqua- tiques, a sa source , pour une partie du moins, dans une glande qui est située sur leur croupion. Cette glande est composée de plusieurs cellules remplies d'une sub- stance huileuse qui s'en échappe par plusieurs orifices. B. Des tubes de la viscosité dans la Classe des Poissons. [La viscosité dont la surface des Poissons est ordi- nairement enduite s'échappe généralement par plu- sieurs orifices rangés le long de deux lignes latéra- les (i),et par un certain nombre d'autres percés dans les téguments de la tête. Elle est sécrétée par de longs tubes qui se glissent sous la peau. Dans les Poissons osseux couverts d écailles , la série de la ligne latérale porte un tube longitudinal, de même nature, qui traverse cette écaille d'avant en arrière, dans une partie de son étendue , et qui a son issue de ce dernier côté à l'une des faces de l'écaillé. C'est du côté antérieur de celle-ci que ce canal a son entrée; il y reçoit l'humeur qu'il doit porter en dehors, d'un tube glanduleux qui a traversé les écailles précé- dentes, et qui se prolonge à travers les écailles sui- vantes. Ce tube communique avec ceux de la tête, et s'ouvre d'ailleurs soit directement, soit par de très courtes branches, à la surface de chaque écaille. Dans la Carpe , le tube de chaque écaille de la ligue latérale commence, à sa face externe avec le second tiers de sa longueur, par une espèce de canal iucom- (i) Il a déjà été question des tubes visqueux de la peau des Poissons , p. 6i3 et 614 du présent ouvrage. 652 XXXIX* LEÇON. DES SECRETIONS. pie t, en ce qu'il n'est pas d'abord soucié à la surface de l'écaillé ; il s'y soude bientôt, et forme un tube com- plet, jusqu'à l'origine de la partie découverte de l'é- caille, où il se termine. Ce tube écailieux est traversé par un tube membraneux qui passe successivement par toutes les écailles de la ligne latérale , et s'ouvre au bord libre de chacune d'elles, par un orifice très étroit. Dans le lépirfostée, le tube solide de l'écaillé com- mence vers son bord antérieur, à sa face externe^ et se termine à sa face interne, en-deçà de son bord posté- rieur. Le tube membraneux qui passe à travers tous ces canaux des écailles de la ligne latérale s'ouvre de même au bord libre de chaque écaille, e! communique avec le tube muqueux de la ligne opposée, par l'intermé- diaire des tubes de la tête. En injectant du mercure par le tube dune écaille de la ligne latérale, nous lavons vu passer dans de longs canaux ramifiés qui bordent les deux mâchoires, formant deux brandies principales, presque parallèles. Un tube de communication traver- sait l'occiput et établissait plus particulièrement les rapports (\es tubes des deux côtés. Ceux de la surface de la tête formaient d'ailleurs des réseaux superficiels, très remarquables parleur complication. Dans le thon , chacun des petits tubes qui aboutit aux pores de la ligne latérale reçoit un filet du nerf de cette ligne (i). Les tubes muqueux, ou les capsules muqueuses de la têse, ont une structure analogue à celles de la ligne latérale; mais leur arrangement et leur développement relatif peuvent beaucoup varier suivant les genres et les espèces. (î) Hiàt. nat. des poisson? , par Cuvicr et Valeneiennc* , t. I, p. 022. ART. II. DES EXCRETIONS GENERALES. 653 Le lump {cyclopterus làmpus) à, autour des yeux et de la bouche, un certain nombre de poches glan- duleuses profondes, ayant un assez large orifice cir- culaire. Elles appartiennent à cet appareil muqueux ou de la viscosité , destiné à préserver la peau des pois- sons de l'action dissolvante de l'eau. Les canaux muqueux des Baies, dont Al. Monro a donné le premier une idée assez exacte et de bonnes figures (1), peuvent être distingués en deux systèmes. Les uns ont un centre commun et se portent par faisceaux aux deux surfaces du corps , où ils ont leurs orifices. Les autres rampent et serpentent près de la surface de la peau, et s'anastomosent entre eux avant d'envoyer à cet organe leurs branches terminales. Le centre principal des premiers est situé à côté de l'angle des mâchoires, qui est recouvert parles muscles de cette partie, et en avant du sac branchial. Chaque tube commence par une ampoule transparente, qui ressemble à une boule de cristal. Les ampoules d'un grand nombre de tnbes sont rassemblées eu un paquet, qui pourrait être considéré comme une glande, et l'origine dilatée de chaque tube, comme l'organe élé- mentaire de sécrétion de cette glande. Un nerf considérable, provenant de la troisième branche de la cinquième paire, distribue évidemment un filet dans chacune de ces ampoules, qui conserve, comme le dit Monro , sa couleur blanc opaque au mo- ment où il la touche , mais qui s'y perd en devenant transparent. (i) The stt'tjrlnrf» and j*ftysiok>gy of Fi*he», etc. Edimbourg, 1785, pi. Si et Vil. 654 XXXIX* LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. Les tubes de ce centre principal sont un peu étran- glés en traversant la capsule fibreuse qui renferme leurs ampoules. Ils rayonnent de là aux deux surfaces du corps, saus se ramifier, sans s'anastomoser entre eux, jusqu'à la peau où leurs orifices sont dispersés. Nous avons découvert deux autres centres de sem- blables tubes aux deux côtés de chaque narine, qui ne distribuent leurs canaux qu'à la face inférieure du bec. Ils reçoivent chacun un rameau nerveux considé- rable du maxillaire supérieur, qui s'y divise comme celui du maxillaire inférieur dans le groupe principal, de manière que chaque ampoule reçoit un filet de ce nerf. L'autre système de tubes muqueux, également bien représenté dans Monro, se compose de canaux princi- paux superficiels qui sont très longs et dessinent des festons, assez réguliers, en s'anastomosant entre eux. Ils paraissent surtout à la face inférieure du corps, et produisent, par intervalles, de petits rameaux, qui vont se terminer à la peau, par des oiifices béants , qui sont les analogues des orifices de laiigne latérale des poissons osseux. Plusieurs de leurs branches contournent le bord an- térieur de la tête et vont se distribuer à sa face dorsale. Il est remarquable que les principaux canaux de ce système commencent par des culs-de-sac, et qu'ils ne reçoivent pas d'autres nerfs que les filets presque im- perceptibles qui se distribuent aux téguments. Le mucus que renferme les canaux des deux sys- tèmes se compose d'un épithéîium, eu grande partie de forme sphérilique, ou ovale , ou en cœur. Il y a , à cet égard , une différence remarquable dans les torpilles; elles manquent du premier système des ART. III. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES. 655 tubes visqueux simples et rayonnants.] Dans l'espèce que nous avons étudiée en i8o5, les tubes muqueux de l'autre système s'ouvraient au dehors par des ori- fices dont les plus gros étaient disposés avec régularité le long d'une courbe qui répondrait à la ligne laté- rale des autres poissons [Dans la torpille narcke , Risso, le système des tubes muqueux superficiels est semblable à celui des autres Raies. J'ai trouvé de même ces tubes faisant des con- tours et des festons, s'anastomosant entre eux avant d'envoyer de courts rameaux se terminer à la surface de la peau (i).] ARTICLE III. DES EXCRÉTIONS EXCREMENTITIELLES PARTICULIÈRES A CERTATÎNS ANIMAUX. Ces excrétions sont beaucoup moins générales que ccllesquenousavons traitées précédemment. Il n'en est presque aucune qui ne soit bornée à un petit nombre d'espèces; nous serons donc obligés de les diviser d'a- près la nature des substances qu'elles produisent. 11 y a de ces substances qui ne sont destinées qu'à entourer l'animal d'une atmosphère odorante; d'autres (i) La figure publiée parM.J. Millier, o. c, sur les glandes, pi. XVI, fig. 27, les représente ainsi qu'ils sont décrits dans notre ancien texte. Il paraîtrait que ces tubes peuvent varier, dans leur disposition , d'une espèce à l'autre. M. de Blainviile a décrit fort en détail, comme un système lacunaire , les tubes visqueux du Congre et ceux des Siluriens. Il ne les a jamais trouvés remplis de cette humeur visqueuse, transparente, que nous avons ob- servée. Le savant professeur doutait, à l'époque reculée de sa publica- tion , qu'ils eussent pour usage delà sécréter. (De l'organisation des ani- maux , t. I, p. iSï-iS*].) Voir enooie Stannius. Archives de J. Miiller pour 184?- 656 XXXIXe LEÇON. DES SECRETIONS. sont colorantes, appartiennent presque toujours à des animaux aquatiques, et servent à les cacher, en tei gnant autour deux les eaux où ils se trouvent. Il y en a de plus subtiles qui le défendent plus éner- giquement : c'est l'électricité même , que quelques animaux séparent, comme pourraient faire les nua- ges, et dont ils se servent de même pour foudroyer autour d'eux. D'autres animaux, les poissons, séparent de l'air, et le tiennent en réserve pour se rendre à volonté plus lourds ou plus légers. 11 y en a qui produisent des substances visqueuses ou graisseuses qui les enduisent et les préservent de Faction dissolvante de l'humidité. D'autres en produisent de résineuses propres à être idées ; la soie est le résultat le plus connu de leur pou- voir à cet égard. D'autres enfin en produisent de venimeuses , qui , versées dans les plaies, y entretiennent une inflamma- tion douloureuse ou y déterminent une aggravation mortelle. INous allons parler successivement et brièvement des plus importantes de ces excrétions, et des organes qui les séparent de la masse du fluide nourricier. ï. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES AUX ANIMAUX VERTÉRRÉS. § 1 . Glandes particulières à une région des téguments. [Toutes les glandes dont il va être question dans ce premier paragraphe appartiennent à une région circonscrite des téguments, et y versent la matière ex- crémentitielle qu'elles sécrètent. Le plus grand nombre de ces glandes a des rap- ART. lil. DES EXCRÉTIONS PARTICULIERES. 657 ports évidents avec les fonctions de la génération, et leur action augmente beaucoup, et conséquemment l'abondance de rhumeur quelles produisent à l'épo- que du rut.] À. Des larmiers. On donne improprement le nom de larmiers à deux sacs membraneux dont les parois sont garnies de fol- licules qui séparent une humeur noirâtre, épaisse, onctueuse. Ces sacs sont situés dans une fosse sous-orbitaire de l'os maxillaire supérieur; ils ont plusieurs centi- mètres de profondeur, et s'ouvrent au dehors par une fente longitudinale, qui peut être longue de 0,02 mètres. Ils n'existent que dans les Cerfs et les antilopes. B. Glande temporale de l'éléphant. Cette glande est située sous la peau, dans la région temporale. Elle est de forme ovale; sa largeur est de 0,2 mètres au moins , et sa substance fongueuse et rougeâtre. L'humeur visqueuse et fétide qu'elle sépare découle par un canal qui descend obliquement d'ar- rière en avant , dont les parois sont semblables à la peau, et qui se termine à l'intérieur par un orifice étroit situé à égaie distance de l'œil et de l'oreille. Après la mort, cette matière prend la consistance du cérumen; elle sort abondamment par cet orifice toutes les fois que les mâles entrent en chaleur. Il paraît que la sécrétion en est beaucoup moins considérable dans les femelles. G. Glande dorsale du tajaçu. C'est une glande très considérable, située immédia- 8. 42 658 XXXIXe LEÇON. DES SECRETIONS. tement sous la peau du dos, composée de lobes et de lobules , dont les canaux excréteurs se réunissent à un orifice commun, étroit et arrondi , qui répond au mi- lieu de la face supérieure de cette poche. D. Glande musquée sous -maxillaire du crocodile. Cette glande est située sous la peau, de chaque côté delà mâchoire inférieure, vers le milieu de la lon- gueur. Elle a la forme et le volume d un petit gland , une gaine musculo-tendineuse qui l'enveloppe, et un tissu homogène, blanchâtre. L'humeur quelle sépare s'amasse dans un petit sac qui s'ouvre immédiatement au dehors par un large orifice. Cette humeur est onc- tueuse, d'un gris noir et dune forte odeur de musc. E. Des poches glanduleuses qui se trouvent dans le voisinage de l'anus, ou qui embrassent cette ou- verture. La civette, Xichneumon, YJiyène, le blaireau, etc., ont une semblable poche, mais différemment située. Dansla civette, elle est placée entre l'anus et la vulve, ou l'ouverture du prépuce ; dans Vïchneumoh] elle ren- ferme l'anus, qui est percé au centre ; celle de Yhyène et du blaireau est entre l'anus et la queue. La poche de Yichneumon peut avoir 6 centimètres de diamètre. Sa surface interne présente un grand nombre de petits orifices, percés le long de son bord, dans la longueur de o>q mètres. Il en sort une humeur épaisse, jaune , huileuse, qui remplit un grand nom- bre de follicules , de la grandeur et de la forme d'un petit pois, collés contre les parois extérieures de cette poche. On voit plus près de l'anus, dans les deux tiers ART. III. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES. 659 supérieurs de sa circonférence, un triple rang d ouver- tures plus considérables, appartenant à autant de pe- tites glandes conglomérées , qui séparent une matière blanchâtre. Enfin , la même poche est percée tout près de l'anus des deux orifices des vésicules anales : de sorte que trois sortes de glandes y versent autant de matiè- res différentes. Celle contenue dans les follicules, ou dans les petites glandes conglomérées , en est exprimée par la contrac- tion du sphincter de l'anus, dont les fibres sont épa- nouies sur toute la surface extérieure de la poche. La matière que renferme celle de la civette est célè- bre par son odeur. Cette poche s'ouvre à l'extérieur par une fente longitudinale , dont les lèvres sont bordées de longs poils , et écartées l'une de l'autre. Lorsqu'on les écarte encore davantage, on voit que la surface in- terne de la poche est partagée par dessillons profonds, dirigés en travers, et que son fond donne dans deux culs-de-sac , dont les parois épaisses et glanduleuses séparent proprement cette espèce de musc. Elles sont tapissées intérieurement, comme celles de toute la poche, d'un épiderme et de poils épars. Une gaine mus- culeuse enveloppe cet organe, et peut en exprimer la matière odorante. Le cochon dindes, de même, au-dessous de l'anus, une poche carrée dans laquelle deux petites glandes arrondies versent une humeur sébacée noirâtre. La poche de X hyène s'ouvre au-dessus de l'anus par une fente transversale; cette fente conduit d'abord clans deux bourses latérales , qui sont les cavités cen- trales des deux masses glanduleuses composées de lobes et de lobules. Ces deux bourses communiquent avec 660 XXXIXe LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. deux autres glandes dont les lobules sont plus déta- chés, et sont de même rassemblés autour d'une cavité centrale, dans laquelle se terminent leurs canaux ex- créteurs, et qui s'ouvre, comme nous venons de le dire, dans les premières bourses. Les orifices des canaux excréteurs de toutes les petites glandes sont très appa- rents dans les quatre bourses. Il en sortait une matière jaune-brun dans la bourse antérieure gauche , tandis que cette matière était grise dans la correspondante droite. La matière des deux bourses postérieures avait cette dernière couleur. La fente transversale qui se trouve de même dans le blaireau, entre la queue et l'anus, donne dans une poche dont les parois sont garnies extérieurement de pe- tites glandes du volume d'une lentille, qui transsudent une humeur huileuse par un grand nombre d'orifices. §2. Glandes anales des Vertébrés. Ce sont des vésicules globuleuses ou pyriformes, dont les parois séparent une matière épaisse de diverse couleur et nature, suivant les espèces, ordinairement jaune ou brune, et dont l'odeur varie beaucoup. Cette matière transsucîe dans la cavité de la vésicule, et la rem- plit; elle ne peut en sortir que par une ouverture per- cée à la marge de l'anus. Son expulsion a lieu par l'ac- tion des faisceaux musculeux dont cette vésicule est entourée. On trouve de pareilles glandes dans la plupart des Carnassiers. Elles produisent la mauvaise odeur qui a fait donner au putois le nom qu'il porte. Dans la civette , ces vésicules contiennent une hu- ART. HT. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES. 66l meur huileuse, épaisse, un peu plus jaune que celle de la poche à musc, mais ayant la même odeur. Les vésicules anales se rencontrent encore dans plu- sieurs Plongeurs, tels que les ca biais , le paca, \ agouti; mais elles manquent dans les autres ordres de Mammi- fères , si l'on en excepte les Amphibies carnassiers, tels que les phoques. Dans les marmottes , on en trouve trois au lieu de deux , plus petites à la vérité que dans les animaux précédents, et dont les conduits excréteurs s'ouvrent sur le bord de l'anus, au milieu de trois papilles qui font saillie hors de cette ouverture lorsque l'animal est inquiet. La matière qu'elles séparent répand dans le spermophile sous lie k (mus citillus Pall.) une odeur de bouc. Nous ne connaissons rien d'analogue à ces glandes dans les Oiseaux ; mais elles se trouvent dans plusieurs Reptiles. Les crocodiles en ont de considérables. Nous en avons vu, dans les couleuvres femelles, de très grandes, situées sous la queue, en arrière du cloaque, à l'endroit qu'occupent les verges dans les mâles. Elles étaient remplies dune matière jaune peu épaisse. IL DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES A L'EM BRANCHE- MENT DES ANIMAUX ARTICULÉS. § i . Glandes de la soie et filières des Insectes et des Arachnides. A. Dans la classe des Insectes. [Les femelles de plusieurs Insectes, à l'état parfait, ont des glandes et des filières qui leur servent à pro- 662 XXXIXe LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. dnire et à filer la soie dont elles composent le cocon qui renferme et protège leurs oeufs. Nous en avons parlé en décrivant les organes de la génération.] Il nous reste à décrire ici les glandes de la soie et les filières des chenilles , instruments qui servent à leurs métamorphoses. Presque toutes les chenilles se filent une enveloppe, ou au moins quelque lien , avant de se métamorphoser. Le ver à soie (bombyx mori) est le plus célèbre à cet égard, parce que le fil dont son enveloppe se compose est à la fois abondant, souple et brillant 9 qu'il se laisse dévider aisément, et que c'est avec lui que nous fa- briquons nos plus brillantes étoffes. D'autres chenilles, comme celle du grand -paon de nuit (Bomb. pavonia) en filent bien autant; mais il est dur, cassaut, et im- possible à dévider. Toutes les chenilles ont les mêmes organes secré- taires pour la matière de la soie, à la grandeur près, qui est proportionnée à l'emploi qu'exige la quantité de fil que chacun doit produire. Ce sont, comme tous les autres organes sécrétoires des insectes, deux longs tubes , commençant par être très minces et entortil- lés, grossissant ensuite pour former une sorte de réser- voir, et finissant par un canal excréteur, si mince qu'à peine on l'aperçoit. Les deux canaux ont leur issue sous la lèvre inférieure. C'est en portant sa tête çà et là que la chenille tire et allonge cette matière ductile (1). (i) Voir les belles planches de l'ouvrage célèbre de Lyonet. Traité de la chenille qui ronge le bois de saule. Leyde, 1760. ART. III. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES. 663 B. Glandes de la soie et filières des Aranèides, [Ces glandes sont situées dans l'abdomen. Ce sont des vésicules dont le nombre varie. Tantôt elles sont grandes et en même nombre que celui des appendices en forme de mamelons articulés qui servent de filière. C'est le cas entre autres du pholcus phalangista, qui a six vésicules et six mamelons-filières. Tantôt ces vési- cules glanduleuses sont plus petites et beaucoup plus nombreuses, parce quil y en a une pour chacun des poils creux en forme de canule qui couronnent le dernier article de chaque filière. Les filières s-ont de petits appendices au nombre de quatre , six ou huit , mais dont plusieurs peuvent res- ter rudimentaires et inactifs. Ces appendices articulés sont situés à l'extrémité de l'abdomen, dans le voisi- nage de l'anus. Leur dernière articulation supporte, dans la mygale maçonne, une rangée extérieure, cir- culaire, de tubes creux ou de canules dont chacune re- çoit le canal excréteur d'une vésicule glanduleuse qui verse dans son canal la soie sécrétée par la glande. Cette soie sort par l'orifice capillaire de cette canule. D'autres canules plus petites occupent le centre de ce même article. Dans les Aranèides, dont l'appareil glanduleux est moins divisé, la soie est versée dans chaque appen- dice ou filière, ainsi que nous venons de le dire , par un seul canal excréteur; mais en comprimant la filière, on en fait sortir, dans plusieurs espèces, un certain nombre de très petites papilles, qui sont proprement les filières de l'appendice (1).] ■ — ' ' 'i (i) Cuvier, Règne animal, pi. IV des Arachnides, fig. 9 à 12. 664 XXXTXC LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. § 9. appareil du venin chez les Insectes et les Arach- nides. A. Chez les Insectes. [Beaucoup à' Hyménoptères ont l'extrémité de l'ab- domen armée d'un dard qui leur sert à introduire dans ranimai qu'ils veulent tuer un venin mortel. Ce venin est sécrété par une glande dont nous devons parler ici, en donnant une idée générale de tout l'appareil. Il se compose, i° de la glande du venin; 2° du réservoir de l'humeur vénéneuse, et de l'instrument vulnérant, y compris les muscles qui le meuvent. La glande, comme toutes celles des Insectes, est une capacité membraneuse de la structure apparente la plus simple. C'est un tube unique ou double, simple ou ramifié. Ce tube donne dans une vessie oblongue ou sphérique, dont l'autre extrémité produit un autre tube de longueur variée selon les espèces, qui est son canal excréteur. Celui-ci s'ouvre à la base de l'aiguillon. Le dard ou l'aiguillon est composé de deux lames appliquées l'une contre l'autre, et terminées en pointe très acérée. Elles sont reçues dans un fourreau dont l'extrémité libre est de même très aiguë (î). Dans X abeille ouvrière , la glande est un tube trois fois aussi long que le réservoir, bifurqué à son extré- mité. Le réservoir est oblong ; le tube excréteur court. L'aiguillon glisse dans une gaine dentelée en scie (2).] B. Glandes du venin des Aranéides fîleuses. [Ces glandes sont situées dans le céphalo-thorax ou (1) Voir L. Dufour, Recherches sur les Hyme'noptères , p. 1 46 et suiv. (2) Swnnmierdam , Bihlia natiira», pi. XVTII, fig. a. ART. III. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES. 665 seulement dans le premier article de la mandibule. Elles se composent d'un tube fin et d'une capsule ob- longue à parois celluleuses. Le tube excréteur en sort par l'extrémité opposée au tube sécréteur, et pénètre dans la base du second article delà mandibule, appelé le crochet. Ce second article, toujours très aigu, arqué et dentelé dans son bord interne, ou concave, a de ce côté , en-deçà de sa pointe , une fossette longitudinale dans laquelle se voit l'orifice du canal excréteur de la glande. Chaque araignée a donc deux glandes veni- meuses, une pour chaque mandibule (1).] G. Glandes du venin des Scorpions. [Le dernier article de la queue des scorpions est di- laté à sa base, et terminé en pointe recourbée et très aiguë. Un peu en-deçà de l'extrémité de cette pointe, se voit de chaque côté un orifice aboutissant des deux canaux excréteurs de la glande du venin.] III. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES A L'EMBRANCHE- MENT DES MOLLUSQUES. § i . Des excrétions colorantes. On doit principalement ranger dans ce nombre l'encre des Seiches et la pourpre de beaucoup de Gas- téropodes. L } encre des Seiches et autres Céphalopodes à deux branchies est produite dans une bourse membraneuse expressément destinée à cet usage. L'organe sécrétoire est un velouté fin et long, adhérant à l'une des parois (i) Voirie Règne animal de Cuvier, pi. II, des Arachnides, fi*», 4, 5, 6 et 7, publiées par Dugès. 666 XXXIXe LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. de la bourse. Il en suinte une bouillie noirâtre épaisse, mais dont les molécules sont si ténues, qu'elle se délaie presque à l'infini, et qu'une petite parcelle peut tein- dre en noir un volume d'eau énorme. C'est cette bouil- lie qui , tirée de sa bourse et desséchée , forme la couleur nommée sépia par les peintres; lorsqu'on la prend dans la seiche commune , elle y est d'un brun noir. Le poulpe l'a plus noire , et l'encre de la Chine n'est bien certainement pas autre chose que la pro- duction de quelque espèce de poulpe de ce pays-là. Ce serait donc vainement qu'on chercherait à l'imiter par des mélanges artificiels. L'analyse chimkme y a re- connu un carbone très divisé , mêlé à un gluten animal. La bourse de l'encre du poulpe est enveloppée entre les deux lobes du foie , ce qui a causé l'erreur de quelques modernes , qui ont regardé l'encre comme analogue à la bile (1). Dans le calmar, elle est au-devant du foie , mais libre et non comprise dans sa substance. Dans la sei- che, elle est beaucoup plus profondément, et au-devant des intestins et du cœur intermédiaire. Dans les uns et les autres , son canal excréteur a son issue près de l'a- nus, et verse sa liqueur dans l'entonnoir, réceptacle général de toutes les excrétions. La pourpre , cette liqueur colorante si célèbre par l'usage qu'en faisaient les anciens, est produite par beaucoup de Gastéropodes différents : il est possible cependant qu'il y en ait quelque espèce qui en four- (i) Voir ce que nous avons dit de l'analogie de cet organe avec la vé- sicule biliaire, t. V, p. 85, et 86. ART. III. DES EXCRÉTIONS PARTICULIÈRES. 667 nisse de plus belle on de plus durable. Je lai vue, dans plusieurs murex, transsuder des bords du manteau qui double la coquille en dedans , de manière que je ne doute pas qu'elle n'y soit produite, comme dans Xaply- sie, dont je vais décrire l'organe. Swammerdam avait soupçonné que le sac adhérent aux organes de la gé- nération, et auquel j'ai donné le nom indéterminé de vessie, était le réservoir delà pourpre; je ne crois pas ce soupçon fondé. Dans \aplysie} l'opercule des branchies est l'analo- gue du manteau des autres univalves, et n'en diffère que parce que la coquille ne le remplit pas entièrement; tout le bord où elle ne pénètre pas est occupé par une substance spongieuse dont tous les pores sont gonflés par une bouillie pourprée. Elle est si épaisse que, quand on la fait sortir sans la délayer, elle paraît d'un noir violet; mais, délayée dans l'eau, elle prend la cou- leur du vin de Bordeaux rouge. Un seul aplysie est capable de teindre ainsi plusieurs seaux d'eau. Dans l'esprit de vin, cette liqueur devient d'un vert foncé. Quelques naturalistes célèbres ont vu la liqueur colorante de plusieurs murex sortir verte de leur corps, et devenir pourpre par l'action de la lumière. Je n'ai point observé ce changement. Le murex brandarisW fait sortir sous mes yeux déjà toute violette. § 2. Du byssus des Mollusques Acéphales bivalves. Les moules de mer, les limes 9 les pernes , les aron- des9 les jambonneaux , les tridachnes, etc., s'atta- chent aux rochers au moyen de fils qui tiennent à leur abdomen en arrière des pieds. Ceux àes jambonneaux 66$ XXXIXe LEÇON. DES SECRETIONS. (pinna) sont les plus célèbres, surtout depuis qu'on en mêle aux étoffes. La matière de ce fil est produite en partie par une glande cachée dans le corps sous la base du pied. Ce- lui-ci , qui a plus ou moins la forme dune langue , avec un sillon régnant tout le long de sa face postérieure, saisit le fil dans le sillon dont il est creusé, et va fixer à la roche l'extrémité de ce fil. [ Notre ancien texte, dont j ai supprimé une partie, renfermait Terreur, que la matière du fil est séparée tout entière par une glande , et filée par le pied même de ranimai , au moyen du sillon longitudinal dont ce pied est creusé. Une autre opinion , plus rapprochée de la vérité , est que ce fil est un assemblage de fibres musculaires desséchées , encore contractiles , vivantes à leur ori- gine , et qui l'étaient dans toute leur longueur, à l'épo- que où elles ont été attachées (1). Ces fibres sont, en effet, une prolongation des fibres musculaires du pied , réunies en faisceaux par une matière cornée , demi-transparente , comparable à la gomme élastique, que leur fournit la gaine dermo- glanduleuse à travers laquelle passe leur paquet pour sortir du corps. Ce ne sont pas des fibres musculaires ou tendi- neuses uniquement. Elles ont changé de nature par l'enveloppe de substance élastique qu'elles ont prise. Dans la moule comestible, le paquet, assez considé- rable des fils de ce byssus, part d'un tronc commun de couleur brune comme le pied, qui est enveloppé à son (i) Poli, o. c. et M. de Blainville, Dict. des se. natur.,t. XXXII, p. 97. AIIT. ill. DES EXCRÉTIONS 1»ABTICUL1EKES. 669 origine, et dans une partie de son étendue, par un fourreau dermo-glanduleux, situé, comme le byssus, derrière la base du pied. Lorsqu'on ouvre ce fourreau , on parvient facile- ment à voir que les fils du byssns , réunis en masse dans le fourreau par la substance colorante que ses parois séparent , sont distincts avant cette sécrétion , et qu'ils sont la continuation tendineuse des faisceaux musculeux superficiels des deux muscles rétracteurs postérieurs du pied. Ces fibres, parvenues dans le fourreau glanduleux, sont réunies , au moyen de la substance colorante élastique que sécrète ce fourreau . en un faisceau qui constitue un fil; puis tous les fils de la partie voisine du fourreau, ou qui en est enveloppée, sont rassemblés en une gaine de même nature, par suite delà conti- nuation de cette sécrétion. Il en résulte que le paquet entier part d'une sorte de tronc. Quelquefois, cependant, les paquets continués de chaque muscle rétracteur postérieur restent distincts , et forment deux troncs, dont les fils de l'un se séparent promptement au sortir de la gaine dermo-giandu- leuse , tandis que le tronc de l'autre se prolonge beaucoup. On voit dans ce dernier cas les fils sortir successive- ment d'une fente longitudinale de la gaine qui les réunit. L'extrémité de ces fils s'épanouit ordinairement en une plaque ou en un disque mince, un peu creusé en entonnoir. Les fibres dont chaque fil se compose s'é- cartent les unes des autres pour former ce disque, en rayonnant vers la circonférence. Leurs intervalles sont remplis sans doute par la substance cornée que pro- 670 XXXIX* LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. duit la glande, et le bord du disque est irrégulier et souvent comme déchiré. Mais par quel mécanisme les fibres qui composent chaque fil sont-elles d'abord écartées pour former ce disque ? La structure de ces fils est intéressante à étudier au microscope. Chaque fil ne montre vers son extrémité que des stries longitudinales, indice des fibres dont il se compose , et dont le faisceau na pas été enveloppé de beaucoup de substance élastique, au commence- ment de la formation de ce fil. Si Ion observe les fils plus près de la gaine, le faisceau de fibres longitudinales ne s'aperçoit que dif- ficilement, et finit par disparaître sous une sécrétion plus abondante de cette même substance. Celle-ci est marquée , au contraire , de stries transversales circu- laires parallèles, pour les plus grandes ou plus ou moins inclinées , et se croisant en divers sens pour les plus petites. Les premières sont des cannelures qui fes- tonnent assez régulièrement chaque bord. Les fibres musculaires ou tendineuses, avant d'en- trer dans la gaine , se continuent, de la manière la plus évidente , des deux muscles rétracteurs postérieurs du pied. Elles forment deux faisceaux superficiels, qui se détachent de chaque muscle provenant de la coquille, au moment où il parvient à la base du pied , sans s'y prolonger. Observées avant qu'elles pénètrent dans la gaine, les fibres qui composent chacun de ces faisceaux mon- trent les stries transversales régulières des fibres mus- culaires. Arrivées dans la gaine, ces fibres disparaissent dans la substance jaune qui les enveloppe. ART. IV. CORPS GLANDULEUX SANS CANAUX EXCRETEURS. 671 La structure de la peau glanduleuse , dont la sécré- tion produit ce changement, se compose de petites capsules et de granulations. Les plaques qui terminent les fils du byssus des moules paraissent devoir adhérer aux rochers , à la manière des rondelles de cuir avec lesquelles les enfants s'amusent à arracher les pavés.] ARTICLE IV. CORPS GLANDULEUX SANS CANAUX EXCRÉTEURS. [Nous avons distingué deux parties essentielles dans toute espèce de glande complète, appartenant à un animal ayant un système vasculaire pour réservoir général de son fluide nourricier. La première consiste dans la nature, l'arrangement et la distribution des vaisseaux sanguins, d'où peuvent dépendre certaines modifications préalables de ce fluide pour la sécrétion et la quantité de cette sécrétion. Les nerfs qui animent la circulation partielle dans les capillaires de la glande ont une part plus ou moins importante dans ces préliminaires de la sécrétion. Elle a lieu ensuite par le moyen de l'autre partie de la glande, de sa partie fonctionnelle : je veux parler des membranes qui composent les parois du tube sécré- teur, ou de la capsule de ce nom , dont le canal excré- teur est la continuation. C'est ce dernier canal et cette capsule de sécrétion qui manquent dans les organes dont nous devons par- ler dans cet article. Il est bien entendu que nous ne les considérons pas comme des glandes complètes. Nous les distinguerons suivant les fonctions dont ils paraissent dépendre. La rate , que nous avons décrite avec les organes 672 XXXIX LEÇON. DES SKCRETIOIVS. d'alimentation, est un ganglion sanguin abdominal, plus veineux qu artériel, et plus particulièrement en rapport avec l'estomac et le pancréas. Le corps thyroïde est attaché à l'appareil pulmo- naire, et semble plus en rapport avec cet appareil; mais c'est encore un ganglion sanguin lié à la grande circulation. Les corps surrénaux le sont avec les reins. A la suite de ces corps , nous décrirons les appen- dices graisseux et vasculaires des Batraciens , qui con- tiennent à la fois du fluide nourricier en mouvement et une substance nourricière en réserve, pour la sécré- tion des organes préparateurs des ovules et du sperme, avec lesquels ces appendices sont en rapport intime. § 1. Du corps thyroïde. Le corps thyroïde (1) n'a été observé que dans les Mammifères. Il est situé constamment devant la partie supérieure ou antérieure de la trachée-artère, et entoure même quelquefois une partie du larynx. La quantité de sang (i) « Nous devons à M. F. Meckel la plus grande partie des reeher- » ches que nous allons communiquer sur cet organe. » Cette phrase de notre ancien texte a besoin d'explication. Occupe' de nombreuses recherches pour la partie de ce livre dont M. Cuvier m'avait abandonné la rédaction , j'ai été particulièrement se- condé, pour celles concernant le corps thyroïde, par mon ami F. Meckel, qui fréquentait alors journellement le laboratoire de M. Cuvier : aussi, dans ses ylbhandlungen ans der menschlichen und vergleichenden Ana- tomic und Physiologie, qui ont paru à Huile l'année suivante (en 1806) , a-t-il dit que les observations comprises dans ses Mémoires ont eu pour témoin, der verdienstvollen Dnvernoy^ auf dessen Freundschaft ich stolz bin. Je ne crois pas que cette note soit hors de propos; elle tient à l'his- toire delà science, comme tout l'article, auquel je n'ai rien changé, sinon l'expression de glande pour celle de corps thyroïde. ART. 111. SJECT.. I. CORPS THYROÏDE. 673 qu'il reçoit par les artères qui naissent des branches antérieures de l'aorte, est toujours très considérable à proportion de son volume. Sa structure semble être celluleuse , d'après ce qu'on voit surtout dans le corps thyroïde de X éléphant, et d'après l'état pathologique qu'on lui trouve assez souvent dans les goitres. Il est toujours composé de deux lobes latéraux, séparés quel- quefois entièrement, souvent unis par un ruban plus ou moins large qui traverse l'arc antérieur de la trachée- artère. Il est plus grand dans V homme , à proportion du corps, que dans aucun animal. Il y est composé de deux lobes triangulaires, plus hauts que larges, que l'on trouve rarement séparés, dont la base est en bas et la pointe en haut, qui entourent les deux tiers anté- rieurs de la trachée-artère , montent jusqu'au bord su- périeur du cartilage thyroïde, et descendent jusque vers le deuxième anneau de la trachée-artère. Le corps thyroïde reçoit son sang par deux paires d'artères, la thyroïde inférieure, qui naît delà sous- clavière et s'insère dans la partie inférieure, et la supé- rieure, qui descend de la carotide faciale , et se joint à celle du même nom du côté opposé , en serpentant le long du bord supérieur de la glande thyroïde. Quel- quefois, mais assez rarement, il y a une troisième artère, généralement impaire, qui naît ou immédia- tement de la crosse de l'aorte ou de la sous-clavière d'un côté, et se rend dans la partie inférieure du corps thyroïde. Ses deux lobes sont presque toujours réunis dans leur partie moyenne, par une partie plus mince, connue sous le nom de l'isthme; sa couleur est d'un rouge foncé. 8. 43 674 XXXIXe LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. Dans les singes, où elle ne manque jamais, ses deux lobes sont déjà plus distincts que dans l'homme. Ils sont écartés l'un de l'autre sur les côtés des pre- miers anneaux de la trachée, et réunis par un ruban intermédiaire, ou par deux rubans (dans ï ouistiti), qui s'avancent de l'extrémité postérieure de chaque lobe, en se portant en dedans, La section y fait voir de pe- tites cellules polygones renfermant une gelée transpa- rente, jaunâtre. Le corps thyroïde est encore assez grand dans les Chéiroptères ; les deux lobes y sont tout- à-fait séparés, plus larges en haut qu'en bas. Les Carnassiers plantigrades l'ont allongée- nous l'avons observée telle dans Y ours brun et dans Yiclineu- mon. Au lieu d'être réunis au milieu, les deux lobes sontjoints par un ruban très long dans Yours, très court dans Yichneumon, un peu au-dessus de leur extrémité inférieure. Chaque lobe ne reçoit qu'une artère, qui se détache de la carotide faciale et se distribue plus dans les muscles du larynx que dans le* corps thyroïde. Dans les Chats , il est encore plus allongé et plus aplati que dans les genres précédents. On le trouve tel principalement dans le lion;\e tigre, le lynx; mais il est plus arrondi dans le chat ordinaire. Nous avons trouvé, dans ce genre, une variété de confor- mation, par rapport au ruban intermédiaire qui unit les deux lobes; dans un lionceau nouveau-né, ce liga- ment était extrêmement court, mais épais et replié sur lui-même, de façon que les extrémités inférieures des lobes se touchaient; tandis que, dans un lionceau pins avancé en âge, les deux lobes étaient très éloignés lun de 1 autre, et le ruban qui les unissait était extrê- ART. III. SECT. I. CORPS THYROÏDE. 675 mement allongé et aminci en même temps. Dans le chat ordinaire , ce changement est encore plus remar- quable ; nous avons constamment trouvé, dans les jeu- nes chats, le ruban, qui manquait toujours dans les vieux. Nous avons remarqué la même chose dans les chiens , dans lesquels le corps tyroïde est beaucoup plus arrondi et plus petit, à proportion du corps, que dans les chats. Dans les genettes , sa forme est encore plus allongée que dans les chats, et, au lieu d'être aplatie, elle est plutôt cylindrique. Dans la civette, elle diffère de celle de tous les autres animaux par le nombre des rubans intermédiaires; il y en a trois, séparés entre eux, se rendant d'un lobe à l'autre. Dans les Rongeurs, le corps thyroïde présente beau- coup de différences. Il est allongé, presque cylindrique, mais toujours plus gros en haut qu'en bas, et a les deux lobes unis par un ruban intermédiaire dans les lapins, les cochons d Inde, où il ne reçoit qu'une artère venant de la carotide faciale. Il est uni par un ruban, mais très arrondi, et presque aussi large et épais que long, dans la plupart des Rats , tels que la marmotte , le surmulot, le rat ordinaire , le zemmi. Ce ruban manque dans la souris, dans le rat-taupe de la baiedHudson. Dans plu- sieurs genres de cet Ordre, le corps thyroïde est uni à la trachée-artère par une cellulosité si lâche, qu'il semble pouvoir aisément changer de place. Tels sont les lapins et les cochons d Inde, où nous l'avons trouvé quelque- fois près du larynx, quelquefois bien au-dessous de lui. En général, ce n'est que dans X homme et dans les singes qu'il est attaché, par un tissu cellulaire très ferme, à la trachée-artère. Dans tous les Rongeurs il a la proportion ordinaire. (5^6 XXXIXe LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. Il est excessivement petit dans le Kanguroo. C'est le seul genre qui nous ait offert une grande différence dans la proportion, laquelle est, à l'exception de l'homme, presque toujours la même dans les autres Mammifères. Dans Y éléphant y ses deux portions, entièrement sé- parées, sont très éloignées du larynx sur les sixième et septième anneaux de la trachée-artère; sa grandeur y permet un examen détaillé de sa structure. Elle est en- tourée d'une aponévrose générale, très forte, dans l'é- paisseur de laquelle les vaisseaux de la glande se divi- sent, avant d'entrer dans sa substance. Chaque lobe est composé d'environ trente lobules d'un tissu assez ferme, séparés par des sacs particuliers, formés d'une membrane extrêmement mince, et qui ne sont liés entre eux , et avec les lobes qu'ils entourent , que très faiblement; de sorte qu'ils ne semblent destinés qu'à servir de base aux plus petites ramifications des vais- seaux, qui pénètrent dans la substance de la glande. Chaque lobe reçoit trois ou quatre artères ? qui vien- nent de différentes branches plus grandes, et s'anas- tomosent fréquemment dans son intérieur. C'est par ce moyen plutôt que par le tissu cellulaire que ces différents petits lobes sont joints entre eux. Parmi les Pachydermes , nous avons trouvé les lobes arrondis et entièrement séparés dans le daman. Sa forme n'est pas la même dans tous les Rumi- nants. Elle est arrondie et assez grosse, sans ruban in- termédiaire, dans le lama; plus allongée , et pourvue de ce ruban dans le bœuf\ la brebis , X antilope, où elle ne reçoit qu'une artère thyroïde supérieure. Les Solipèdes l'ont assez grosse, peu allongée; ses ART. HT. SECT. I. CORPS THYROÏDE. 677 deux lobes y sont entièrement séparés , et situés bien au-dessous du larynx. Parmi les Mammifères amphibies , le phoque com- mun a les lobes du corps thyroïde arrondis , séparés l'un de l'autre. Dans le lamantin du Nord (d'après Steller), ce corps est très grand, et rempli de deux liqueurs, dis- tinguées Tune de l'autre par la couleur et la consistance. Celle qui est contenue dans la partie extérieure de la glande, composée de grains très petits , ressemble au lait par sa couleur et sa consistance. Celle qui se trouve dans un sac membraneux, contenu dans le milieu de la glande , est beaucoup plus épaisse, et a quelque amertume , au lieu que la première est très douce. Elle semble être sécrétée par les grains, el déposée dans le sac moyen. Hunter n'a point vu de corps thyroïde dans les Cétacés ; et comme ces animaux n'ont pas de voix proprement dite, on en a conclu que ce corps pouvait avoir quelque rapport avec cette fonction; mais nous l'avons trouvé fort distinct dans plusieurs dauphins et marsouins ; il était divisé en deux par- ties, et suspendu à la trachée, vis-à-vis du bord supé- rieur du sternum, et assez loin du larynx. Les Ophidiens sont les seuls animaux des autres Classes qui nous aient offert un organe analogue au corps thyroïde. C'est une glande orbiculaire placée en avant du cœur, qui reçoit des artères considérables, pour son volume, de l'aorte droite, près de sa naissance (V. notre t. VI, p. 2 1 2), et qui paraît presque entière- ment composée de cellules très visibles, renfermant une humeur blanche, coagulée, demi-transparente. 678 XXXIX" LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. L'injection rougit toutes les parois de ces cellules sans colorer l'humeur quelles contiennent (1). II. Corps glanduleux surrénaux, appelés encore CAPSULES SURRÉNALES, REINS SUCCENTURIÉS. La description abrégée que nous allons donner de ces organes ne doit être considérée que comme un appendice de celle des reins, avec lesquels on a cou- tume de les décrire. Leur histoire appartiendrait aussi à celle du fœtus , où leur plus grand développement, dans l'espèce humaine et dans beaucoup de Mammi- fères, semblerait indiquer qu'ils jouent un rôle plus important que dans l'adulte (2). Quoiqu'il soit probablement réservé à l'anatomie comparée d'expliquer leur véritable usage, nous ne savons encore rien de positif à cet égard. Cependant plusieurs raisons nous font présumer qu'il est très analogue à celui des reins, et que c'est à juste titre que ces organes ont été nommés reins succenturiès \ 1° Leur forme est souvent la même que celle des (1) Voir le Mémoire, sur le corps thyroïde, de M, le docteur Maignien, présenté à l'Académie des sciences en 1 844 ( Compte-rendu , t. XVIII, p. 4^5), et celui de M. Simon, séance de l'Académie des sciences du 16 juin i845. L'un et l'autre de ces anatomistes considèrent le corps thy- roïde comme servant de diverticuliun au sang de l'axe cérébro-spinal. Sui- vant M. Maignien, le corps thyroïde aurait surtout pour fonction, de régulariser la circulation artérielle dans cet appareil central. M. Simon admet l'existence du corps thyroïde, qu'il appelle glande thyroïde, dans tous les animaux vertébrés. C'estla fausse branchie, branchiole des poissons. (2) Aussi notre projet avait été de n'en parler qu'en traitant du déve- loppement; mais la place nous manquant pour cette dernière histoire, nous laissons celle des glandes surrénales dans la leçon qui la compre- nait lors de notre première édition. ART. III. SECT. II. CORPS GLANDULEUX SURRENAUX. 679 reins; 2° plusieurs des animaux qui ont des reins di- visés ont également les glandes surrénales divisées en lobes et en lobules ; 3° leur tissu est ordinairement très analogue en apparence à celui des reins. Nous n'a- vons pu y reconnaître de différence bien essentielle dans Y éléphant. Dans tous les animaux dont les reins ont deux substances, les glandes surrénales en ont éga- lement deux ; mais celle qui pourrait paraître analogue à la substance médullaire, par sa couleur plus claire et par les stries parallèles quelle présente, est la cor- ticale par sa position extérieure, et la plus coloriée est intérieure. 4° ^es deux substances disparaissent en ap- parence, et sont remplacées par une seule, dans les glandes surrénales des animaux dont les reins ne pa- raissent avoir qu'une substance. A. Dans l'homme. Leur volume égale au moins celui des reins dans le fœtus (î); tandis que dans l'adulte elles n'ont que le quinzième de cette grandeur. Leur forme est , dans ce dernier âge, plate, triangulaire, souvent différente dans cbaque côté (î). Elles sont situées en dedans des reins, au-dessus de leur sinus , et surmontent plus ou moins l'extrémité supérieure de ces derniers organes. La droite est ordinairement plus élevée que la gauche, relativement au rein de son côté. Celle-ci est placée au-devant de la veine émulgente ; tandis que la pre- (i) Voir, entre autres, un Mémoire de M. Delle-Chiaje, ayant pour titre : Existenza delh glandule rénale de' Batraci e de' Pesci, 1837. Les fig. 10 et 1 1 . i-4« ART. V. DES ORCt. ÉLECTRIQUES DE PLUSIEURS POISSONS. 697 de la tête, et part de là et de l'opercule des branchies, pour se prolonger en dessus et sur les côtés du corps jusqu'à très peu de distance de l'extrémité de la queue, et forme une couche épaisse, clans le commencement, de quatre à cinq millimètres, mais qui va en s'aniiu- cissant à mesure qu'elle se porte en arrière. Cette couche membraneuse est composée de filaments ou de fibres qui se croisent en différents sens, et interceptent des mailles très fines. Le tout est séparé des muscles du corps par une aponévrose qui recouvre immédiate- ment une couche épaisse dégraisse, contribuant, avec cette aponévrose, à isoler l'organe électrique. Cet organe reçoit principalement ses nerfs et ses vaisseaux de ceux qui suivent, dans les autres poissons, la ligne latérale du corps. Les premiers viennent, comme l'on sait, de la huitième paire. Ils sont beaucoup plus petits, à proportion, que dans la torpille, [et pro- viennent d'une seule branche, qui se porte d'arrière en avant, entre l'organe électrique et l'aponévrose qui le sépare des muscles latéraux. Cette branche donne à mesure des filets qui s'en détachent successivement, à peu près à angle droit, pour pénétrer dans l'organe et s'y distribuer. La description précédente, faite d'après nature, montre l'étendue considérable, les rapports et la struc- ture générale de cet appareil électrique, sa position immédiate sous les téguments, l'aponévrose et la couche de graisse qui l'isolent des muscles, les nerfs qui Fa- niment.C'étaient les points essentiels des circonstances apparentes qui le caractérisent. Des observations récentes, faites sur des animaux frais II par M. Pèters, confirment cette description, laquelle 698 XXXIXe LEÇON. DES SÉCRÉTIONS. était d'ailleurs conforme à celle de M. Geoffroy. L'or- gane est simple de chaque côté et non double, comme l'avait cru Rudolphi (1), qui avait pris le tissu cellu- lairesous-aponévrotique,que nous avions trouvé grais- seux, pour un second organe, profond. M. Peters n'a pule séparer en six ou huit feuillets comme M. Valen- ciennes(Q). Sa structure intime se compose dune mem- brane très déliée, interceptai! tdes cellules rhomboïdales ou polygonales remplies dune masse gélatineuse, com- posée de globules. L'aspect de l'organe est celui dune gelée transparente, ayant la consistance du lard ^3)P (i) Mém. de l'Académie des sciences de Berlin pour 1824, p. i3y et suiv., et pi. I-IV. Cet auteur avait publié dans ce même recueil, pour 1 820-1 821, une nouvelle description des organes électriques du gymnote électrique , avec deux planches. (2) Nouvelles recherches sur le Malaptérure électrique, par M. Valen- ciennes. Archives «lu Muséum, t. II. (3) Archives de J. Millier pour i845, p. 3y5, et pi. XIII, f. 8-1 1. Les Transactions philosophiques de 1829 et de i832 renferment les dé- tails des expériences de sir II. Davy et de son frère J. Davy pour recher- cher, comme Walsch l'avait fait, l'électricité de la torpille et les condi- tions de sa manifestation. LEÇON XL. SECT. I. VESSIE NATATOIRE DES POISSONS. 699 QUARANTIÈME LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORGANES DE RELATIONS. [Nous comprendrons, dans cette dernière leçon, en premier lieu, la description de la vessie natatoire des Poissons, organe à fonctions multiples, qui contribue pénéralement à celle delà motilité, en variant la pesan- teur spécifique de leur corps; mais qui, dans certains cas, peut servir à l'audition, soit partiellement (les Cyprins, etc.), soit même exclusivement (les Loches), Nous traiterons en second lieu, dans cette même leçon, des organes de la voix, du chant et des bruits que pro- duisent les animaux; organes qui sont en rapport, d'un côté avec la respiration aérienne, et de l'autre avec la faculté de percevoir, par le sens de l'audition , . les vibrations des corps sonores en général, et celles de l'air atmosphérique en particulier.] SECTION I. DE LA VESSIE NATATOIRE DES POISSONS. En parlant de la natation dans notre deuxième volume (p. i40> nous avons indiqué comment les poissons pouvaient se rendre, à volonté, plus lourds ou plus lé- gers, au moyen de leur vessie natatoire, et s'élever ainsi plus facilement ou s'enfoncer dans les eaux. 11 nous reste à décrire cet organe avec quelques détails , et à le considérer non seulement comme servant aux mouvements, [mais encore dans ses rapports avec Faudi- 700 XL» LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES ORG. DE "RELATIONS. tion ;] et comme l'organe, dans la plupart des cas, dune sécrétion remarquable, celle de l'air qu'il renferme. [Cette histoire anatomique de la vessie natatoire sera divisée en deux articles. Le premier comprendra la description comparative et générale de cet organe. Nous donnerons, dans le second, ce que la science a recueilli de plus positif sur la nature de l'air contenu dans la vessie natatoire.] ARTICLE h DESCRIPTION GÉNÉRALE ET COMPAREE DK LA VESSIE NATATOIRB. § i . Des poissons qui ont une vessie natatoire et de ceux qui en manquent. La vessie natatoire n'existe pas dans tous les pois- sons : elle manque dans toute la sous-classe des Çhondroptêrygiens , à l'exception des esturgeons et des polyodons , qui en sont pourvus. Parmi ceux de l'ordre des Plectognathes , on ne l'a pas trouvée dans les moles (orthagoriscus Schn.). Dans l'ordre des Malacoptérygiens apodes elle manque aux équilles (ammodytes L.). Parmi les Malacoptén/giens subbrachiens , on n'en trouve pas dans les éc/ieneis , les porte-écaille (lepado- gaster, Gouan) , dans tous les Pleuronectes. Dans l'ordre des Malacoptéri/giens abdominaux ,elle manque aux loricaires, parmi les Siluroïdes ; aux genres notopterus, chirocentrus , stomias , parmi les Clupés ; et au genre saïris, parmi les Esoces, suivant /. Millier; et parmi les Salmones, aux genres aulopus, sauras, scopelus, odorUostomas. SECT. T. ART. 1. VESSIE NATATOIRE DES POISSONS. 701 Dans Tordre des Acanthoptérygiens , la vessie nata- toire manque aux vives (trachinus draco , lineatus); à Xuranoscope (nranoscopus scaber L.); au polynemus paradisœus , au malins barbatus , parmi les Percoïdes . Dans la famille des Joues cuirassées , les chabots (cottus) , les scorpènes , les sébastes en sont également privés. Parmi les Scombêroïdes , le thon, le maquereau , (scomber scombrus) en manquent; tandis que deux espèces très voisines en sont pourvues. Parmi les Poissons ruban, elle n'existe pas dans les g y m né très. Les Gobioïdes en sont dépourvus, excepté la plu- part des espèces du genre gobius; elle manque aux callionymes. Parmi les Acanthoptérygiens ^pectorales pédiculées, on n'en a pas trouvé dans les baudroies (lophius Guv.) et les malthèes; mais les chironectes en ont une grande et les batracoïdes en ont une profondément fourchue en avant (1). Une des singularités les plus remarquables de l'his- toire de la vessie natatoire, est celle qu'elle existe dans certaines espèces d'un même genre, et quelle manque dans d'autres. Ces observations infirment , à notre avis, parmi plusieurs autres, l'importance qu'on a voulu lui donner dans la vie des poissons, en lui faisant jouer un rôle essentiel dans la respiration; elles prouvent au contraire que la Vessie natatoire ne doit être consi- dérée que comme un organe accessoire et indirect de mouvement, dont la présence indique une perfection (i) Règne animal de M. Cuvier, t. Il, p. 253. 702 XLe LEÇON. COMPLÉM. DES ORGANES DE RELATIONS. de plus, et dont le défaut peut être compensé par d'au- tres moyens. On aurait tort conséquemment de con- clure, dans tous les cas, que les mouvements particuliers qu'elle favorise doivent être mal exécutés par les pois- sons qui ne Font pas : ceux qui présentent à l'eau une large surface, tels que les Pleuronectes , les Raies etc. , peuvent se passer facilement de ce moyen; il pou- vait aussi être remplacé très avantageusement par une grande force dans les muscles de la queue, comme chez les squales, les scombres , etc. Lorsque l'une et l'autre de ces compensations manquent , le poisson qui en est privé est évidemment destiné à nager au fond des eaux, et même à s'enfoncer dans la vase : telles sont les baudroies , etc. § ci. Position, volume relatif et forme de la vessie natatoire. La vessie natatoire est située dans l'abdomen , con- tre les vertèbres dorsales , où elle cache ordinairement une partie des reins ; mais la manière dont elle est fixée dans cette position n'est pas toujours la même. Dans quelques poissons elle adhère tellement aux ver- tèbres et aux côtes , dans toute sa longueur, qu'on ne peut l'enlever sans la déchirer; c'est, entre autres, le cas des gades. Dans les brochets , les saumons, etc., sa membrane propre , ou sa membrane péritonéale seulement, la fixent de même dans toute son étendue. Dans les cyprins , elle est libre en arrière; mais sa portion antérieure adhère si fortement à une double apophyse descendante de la deuxième vertèbre, qu'on ne peut l'enlever sans déchirer sa membrane propre , à l'endroit de cette adhérence. Dans les loches (cobi- tis), la vessie natatoire est enfermée dans un étui SECT. I. ART. I. VESSIE NATATOIRE DES POISSONS. 703 osseux que lui fournissent les troisième et quatrième vertèbres, ce qui nous avait fait dire, dans notre an- cien texte, que, dans des cas rares, ses parois pren- nent une nature osseuse. Dans d'autres poissons en- fin (le polyptère , le lépidostée), nous l'avons trouvée flottante dans toute son étendue, et attachée seulement à l'œsophage. Son volume proportionnel, dans les différentes es- pèces, confirme les réflexions que nous avons faites plus haut sur ses usages. Lorsqu'elle existe dans les poissons qui ont les mœurs que nous venons d'indi- quer, c'est-à-dire qui vivent au fond des eaux et s'élèvent peu vers leur surface. Elle est généralement très petite; les anguilles, etc., nous en fournissent plu- sieurs exemples: elle a au contraire un très grand vo- lume, dans ceux qui ont besoin de nager avec vitesse, dans tous les sens , pour atteindre leur proie, ou pour se soustraire à leurs ennemis. Son plus grand dévelop- pement est même évidemment en rapport, dans quel- ques cas, avec le poids ou plutôt avec la pesanteur spécifique plus considérable de laminai. : le bichir (polypterus nilolicus, Geoff.) en fournit un premier exemple remarquable, et le lépidostêe un second. Rien de plus varié que sa forme dans les différents genres, et même dans les diverses espèces; et, à cet égard , elle est d'abord simple ou double. On la trouve double, i° dans le èiefiif (polypterus niloticus, G.), et formée de deux grands sacs cylindriques, dont l'un, beaucoup plus long, s'étend d'une extrémité du ventre à l'autre, et qui ne se réunissent que pour se termi- ner ensemble dans l'œsophage; 1° dans les Cyprins, et parmi les Salmones\ les espèces du grand genre cara- cinus, artedî, qui ont ses deux portions placées l'une / 704 XLC LEÇON. COMPLÉM. DES OBGANES DE liEEATIOINS. devant l'autre et séparées par un étranglement, de ma- nière que l'air peut passer indifféremment de l'une dans l'autre; le bagrus filamentosus, parmi les Silures; 3° dans le gymrwtus œquilabiatus parmi les Apodes; 4° dans le myripristis , les théràpoûs , parmi les Acan- thoptérygiens ; 5° clans le têtrodon oblong\ où ses deux portions, de même forme et de même grandeur, sont placées à côté l'une de l'autre, et se tiennent par leur extrémité antérieure; 6° dans le gade lieu , où les deux portions, de grandeur inégale, sont situées à côté l'une de l'autre, et réunies par leur partie moyenne. hesp/iy* ciset lesCutostomes l'ont même divisée en trois parties. Elle est simple en forme de cœur dans les silures ; en cône allongé ayant sa base en avant dans les bro- chets , la truite ,1e saumon , Y esturgeon, etc. ; longue, conique , effilée en arrière dans Yéperlan, pointue aux deux bouts dans le hareng; courte et ovale dans la murène; plus étroite et plus allongée dans Yanguille et le congre ; conique et divisée en lobes par plusieurs étranglements dans la morue (G. morhua); plus allon- gée, bifurquée en avant, dans \a.molue (G.molva); très allongée, étroite aux deux bouts, dans la merluche (G. merluchius); ovale clans plusieurs labres ; en massue, c'est-à-dire longue, étroite eu avant, et s'élargissant en se portant en arrière, dans le quatre-œds (anableps tetrophtalmus) ; irrégulière, légèrement éebancrée en avant, un peu étranglée à sa partie moyenne, dans le coffre par allêlipipède ; ayant à peu près la même forme, avec deux anses latérales, suivant M. Fischer, dans le coffre à quatre cornes , etc. Les Sciénoïdes l'ont munie d'appendices simples ou branchus. On voit, par ces-exemples, qu'il nous serait facile de multiplier, que la forme de la vessie natatoire varie, ABT. 1. VESSIE NATATOIRE DES POISSONS. 705 comme nous l'avons dit d'abord, même dans les es- pèces d'un seul genre. § 3. Composition générale des parois de la vessie natatoire y division de sa cavité en cellules , chez quel- ques poissons seulement. Ordinairement sa cavité, ou si la vessie est double, celle de chacune de ses deux portions, est simple et sans anfractuosité. Cependant on la trouve plus ou moins compliquée dans quelques poissons : Dans plusieurs si- lures , des cloisons transversales la divisent en cel- lules; ces cloisons sont incomplètes sur les côtés (1), Broussonnet i'a trouvée de même très celluleuse dans plusieurs diodons, ce qui a donné occasion aux au- teurs qui ont pensé depuis que la vessie natatoire était un organe de respiration, de comparer cette sorte de vessie aux poumons celluleux des grenouilles : mais pour peu qu'on observe la nature sans prévention , il est impossible de ne pas trouver cette comparaison au moins très inexacte. [Le bagrus filamentosus (2) a deux vessies natatoires celîuleuses situées l'une devant l'autre, et bien sé- parées ; l'antérieure est complètement fermée et n'a aucune communication avec îe canal alimentaire.] Les parois de la vessie natatoire sont constamment membraneuses, mais leur consistance et leur épaisseur varient beaucoup. Dans la plupart des cas, elles sont (1) Voir Ha figure de la -vessie natatoire du Pimélode chat (Silurus ca- tus, L. ) , pi. LU, fig; 2 et suiv. de notre jn-ernière édition : cette figure , faite d'après mon dessin , a été copiée dans beaucoup d'ouvrages. (2) Sur la Messie natatoire des poissons, par M. J. Millier, Archives de 184^ 5p« 307, et Mém. de l'Acad. de Berlin pour i8-}3-, p. i35et suiv. On pourra juger, par ce paragraphe et par plusieurs autres de cet important rapport, de la part que M. Cuvier m'accordait lui-même, comme l'un des auteurs de cet ouvrage. 718 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES 0RO. DE RELATIONS. muscles latéraux, qui peut avoir pour effet de com- primer cette vessie et de diminuer sa capacité , soit en changeant simplement sa forme arrondie en une forme angulaire , soit en chassant par son canal excré- teur, lorsqu'il existe, une partie de 1 air qu'elle contient. Mais, outre ce moyen extérieur, quelques poissons paraissent en avoir d'autres qui appartiennent à cet or- gane. Il est pourvu, dans quelques cas, d'une ou de plusieurs paires de muscles, dont les fibres parallèles descendent sur les côtés de la vessie natatoire, et se terminent à sa face inférieure. Ils n'occupent que l'ex- trémité antérieure de cette vessie , et tiennent à ses pa- rois par leurs deux extrémités, dans la dorée (zeus faber\ Dans les gades , leur extrémité supérieure se fixe aux apophyses transverses des premières vertè- bres; [de la deuxième à la cinquième dans la Morue, qui en a quatre de chaque côté.] Ils sont extrêmement épais dans le coffre parallélipipede , où nous les avons également observés. Ils existent aussi dans le mormyre a lèvre. [Dans le dacljloptère commun, la vessie nata- toire est petite et profondément divisée en deux lobes pourvus chacun d'un muscle puissant. Dans d'autres cas, qui ne s'observent que lorsque la vessie natatoire est pourvue d'un canal aérien , elle a dans la composition de ses propres parois, des fibres mus- culaires plus ou moins sensibles et puissantes, propres à les contracter et à diminuer son volume. Nous les avions indiquées dans la vessie natatoire àupoli/ptère. Dans le lépidostée , la structure musculeuse des pa- rois de la vrssie est bien plus remarquable. Une double série de dix-neuf colonnes charnues, qui vont, de chaque côté, delà paroi supérieure à la paroi infé- rieure , s'y fixent en s épanouissant, par des rayons ten- SECT. I. A1\T. I. VESSIE NATÀTOIBE DES POISSONS. 719 dineux , dans une bande musculeuse de même nature. Les intervalles de ces colonnes offrent des cellules rondes, dont les parois sont encore divisées par un cordon plat et rouge , qui paraît musculeux, en un ré- seau à mailles de plus en plus petites. Ce réseau se dessine au dehors à travers la membrane propre de la vessie. La fente longitudinale par laquelle cette vessie communique dans l'œsophage, a deux proéminences qui servent à la fermer, et qui ont été comparées aux cartilages aryténoïdes(i). La forme de cette vessie est pointue à ses deux extrémités, cylindrique, et ce- pendant aplatie dans une grande partie de son étendue, qui a om.4o, dans l'exemplaire que nous avons sous les yeux', et son orifice dans l'œsophage om,o 1 5 Ses parois, si éminemment contractiles, ont très peu de vaisseaux sanguins et ne montrent aucun organe de sécrétion de l'air, qui semble devoir venir du dehors. 11 n'y a, comme l'on voit, aucun rapport entre cette organisation celluleuse et celle de la vessie natatoire de certaines silures, etc., dont les divisions sont des productions de la membrane propre; qui a, dans ce cas, la consistance du parchemin , et ne jouit d'aucune contractilité; c'est à tort qu'on les a confondues.] § 7 . Moyens mécaniques de dilatation de la vessie natatoire. [On les a observés en premier lieu dans des vessies natatoires entièrement fermées, celles des espèces du (1) Sur la vessie natatoire celluleuse du Lépidostée , par J. van (1er Hœven. Archives de J. Mullerpour 1841. 720 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIHE DES OKG. DE RELATIONS. çenre ophidium (i) avec des différences dune espèce à l'autre. Dans un ophidium. barbatum, il y avait un osselet médian , faisant partie des parois les plus avan- cées de la vessie. Un osselet en forme de côte, avec une apophyse postérieure, descendait de derrière le crâne sur les côtés de cette partie de la vessie, et adhérait à ses parois; il doit les écarter ou les rapprocher dans ses mouvements. En arrière de ce premier osselet, on en voyait un second, articulé sur les côtés de la co- lonne verlébrale; d'abord grêle, il s'élargissait en forme de palette très mince, pour s'unir aux côtés de la vessie et faire partie de ses parois. On a décrit, dans les silures,, un mécanisme dont les effets doivent être semblables (2); mais il faut suppo- ser, clans ce cas, pour que l'air de la vessie soit raréfié, qu'il n'en pénètre pas du dehors, par le canal aérien dont la vessie natatoire est pourvue. La première vertèbre est armée, de chaque côté, d'une lame osseuse en forme d'apophyse, étroite et *xrêledans une partie de son étendue, élargie à son ex- trémité, par laquelle elle comprime, comme un ressort, la partie antérieure et latérale de la vessie natatoire. Un muscle très fort, qui s'attache au crâne, se fixe d'autre part à cette lame osseuse , qu'il soulève par son action, et diminue momentanément la compres- sion permanente que ce ressort exerce sur la vessie; il détermine ainsi sa dilatation et la raréfacation de l'air qu'elle renferme.] m (1) Broussonnet, Trans. philos., vol. LXXI, p. 43;. (2) J. MûIJer, . c, pi. III, f. 1-10. SECT. I. ART. I. VESSIE NATATOIRE DES POISSONS 721 § 8. Rapports de la vessie natatoire avec V organe de l'ouïe. [Les différences de forme ? de proportion, de struc- ture de la vessie natatoire , qui comprennent l'absence ou la présence des corps rouges, l'absence ou la pré- sence dune communication avec le canal alimentaire, ne sont pas les seuls que présente cet organe, problé- matique à quelques égards , sous le rapport de ses fonc- tions. Nous en trouverons encore de bien remarquables dans les rapports qu'il a évidemment, dans plusieurs genres de Malacoptérygiens abdominaux et RAcan- ihoptèrygiens , avec l'organe de l'ouïe, par l'intermé- diaire d'osselets placés entre ces deux organes. Dans un assez grand nombre de cas , la vessie natatoire a des appendices de forme canaliculée , qui s'avancent de son extrémité antérieure, vers la partie du crâne qui renferme le labyrinthe de l'oreille. AinsiM.Guvier a observé que, dans le myripristisJa- cohus, les parties latérales et postérieures du crâne sont dilatées pour contenir une très grosse pierre d'oreille. Elles ont chacune une ouverture ovale qui n'est fermée que par une membrane élastique, renfermant deux ou trois petits filets osseux, et à laquelle se fixe chaque lobe latéral de la vessie natatoire antérieure (1). Dans la carpe, il existe une série de quatre osselets, (i) IL est difficile, ajoute M. Cuvier (Histoire naturelle des Poissons, t. III, p. 167), de ne pas voix- dans cette disposition une nouvelle preuve des rapports annoncés par M. Weber entre la vessie natatoire et ie sens de l'ouïe. 8. 43 722 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. qui établissent nue communication évidente, incontes- table, entre la vessie natatoire et le labirvnthe mem- braneux de l'organe de l'ouïe. Pour plus de clarté, nous les désignerons comme M. Weber. Le premier, en commençant d'arrière en avant, et de beaucoup le plus considérable, est le marteau. Cet os passe sous l'apopbyse transverse delà deuxième ver- tèbre et sur celle de la première. 11 a une apophyse mé- diane articulaire, par laquelle il se balance comme un double levier, sur son point d'appui mobile, la facette que lui fournit le corps des deux premières vertèbres. Il tient à la vessie natatoire par son extrémité posté- rieure; et par un tendon fort, qui enveloppe son extré- mité antérieure, il s'unit à i'étrier. Celui-ci est appliqué contre un osselet qui est placé, comme obturateur, sur 'une des deux ouvertures du sinus impair de l'occipital. Entre le marteau et I'étrier, se voit encore l'osselet qui a été comparé à l'enclume , et qui est attaché, d'une part, au tendon qui réunit les deux osselets précédents, et s appuie, d'autre part, sur la seconde vertèbre. Ces osselets sont dans une capsule aponévrotique, remplie d'un liquide qui communique avec celui con- tenu dans le crâne, par le grand trou latéral de l'occi- pital, et par la petite ouverture du sinus médian , à la- quelle aboutit I'étrier, par 1 intermédiaire de l'osselet obturateur. Ce sinus, creusé dans l'occipital inférieur, se divise plus avant en deux branches, qui conduisent vers chaque labyrinthe ; de sorte que les vibrations de l'air de la vessie natatoire, communiquées du dehors, peuvent être transmises par les osselets que nous ve- nons de décrire, et par les liquides qui remplissent leur capsule et le sinus moyen, au labyrinthe membraneux. SECT. I. ART. I. VESSÏE NATATOIRE DES POISSONS. 723 Nous avons vérifié toutes ces circonstances , décrites en premier lieu par M. Weber (i). Il paraît que tous les Cyprins, les Siluroides, pourvus d'une vessie natatoire, et les Salmones du grand genre caranx , ont cette communication entre la vessie nata- toire et l'organe de Fouie, au moyen dune semblable série d'osselets. Parmi les C/upés a nous avons trouvé dans le pil- ctiard un seul osselet long et grêle qui va de chaque corne de la vessie vers l'organe ce l'ouïe Ce n'est qu'un ligament en partie osseux clans le hareng (p). La vessie natatoire, singulièrement réduite dans les loches (cobitis), est enfermée dans une ampoule os- seuse, que lui fournissent, de chaque côté, les apo- physes transverses des seconde et troisième vertèbres. Ce n'est plus qu'une double caisse du tympan , ne ren- fermant, à la vérité, que la pointe postérieure du mar- teau, qui conserve ici la forme et la position qu'il a dans la carpe et tous les cyprinoïdes. Une enclume ru- dimentaire précède rétrier et l'osselet obturateur de l'o iverture du sinus médian , qui conduit aux deux labyrinthes. L'ampoule osseuse, vue par dessous, forme deux sphères rapprochées, et cette composition double se montre dans son plancher, qui est divisé par une crête longitudinale, et dans sa forme parfois asymé- trique, ainsi que je l'ai observée. Un orifice évasé, comme une trompe d'Eustache, fermé dans une grande partie de son étendue par la paroi membraneuse de la vessie, complète cette transformation de la vessie (i) De aure et auditu hominis et anirualium Pars I. Lipsiae , 1820. Pi. III et IV. (2) Ce ligament tendineux ou cet osselet a été pris par M. Weber pour un appendice tubuleux de !a vessie natatoire. /&,, Pi. VIII, f. 64~68, 724 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. D natatoire en un organe accessoire de l'appareil au- ditif (i). ARTICLE IL jrxi DE LA NATURE DE l'àIH QUE RENFERME LA VESSIE NATATOIRE, Cet air n'est pas toujours îe même , à en juger par le petit nombre d'expériences que l'on a faites sur quel- ques poissons, pour reconnaître sa nature, et qui mériteraient d'être multipliées. M. Fourcroy a trouvé dans la carpe un mélange d'azote et d'un peu d'acide carbonique, et M. Brodbelt a découvert tantôt de l'acide carbonique, tantôt de l'oxigène dans la vessie natatoire de Vespadon. Ces dif- férences peuvent avoir lieu , d'après cet expérimenta- teur, dans le même individu. Les expériences de Conhgliati, élève de Volta, de MM. Biot et De la Roche, ont rectifié ou complété celles que nous avions citées dans notre ancien texte. En général, la composition de l'air delà vessie na- tatoire est de l'azote pour la plus grande partie, et de l'oxigène pour la moindre partie; mais il peut s'y trou- ver encore une petite proportion d'acide carbonique. Cet air a donc la composition générale de l'air at- mosphérique, pour la nai ure des gaz, mais avec des proportions très variables dans leur quantité respec- tive; on n'y a pas trouvé d'hydrogène. Dans les poissons d'eau douce (les carpes), la (i) M. deBaer considère la double vessie natatoire des cyprins comme appartenant, la première à Pappâreil auditif, et la seconde comme une annexe du canal alimentaire. C'est, suivant cet ingénieux et célèbre phy- siologiste, la première seule qui subsiste dans les loches. Voir ses Re- cherches sur le développement des Poissons avec un appendice sur la vessie ualaloire. Leipsig, i83"5. SECT. 1. ART. II. NATURE «E L'AIR DE LA VESSIE NATAT. 7*25 moyenne des proportions de ces différents gaz est pour l'azote de 0,877 , pour l'oxigène de 0,07 1 , et pour l'acide carbonique de o,o52 (0. La proportion de l'oxi- gène peut être beaucoup moindre ; MM. de Humboldt et Bonpland n'en avaient trouvé que o,o4, et 0,96 d'azote dans l'air de la vessie natatoire du gymnote électrique. Cette proportion augmente beaucoup, au contraire, dans les poissons de mer, et d'autant plus qu'on les pêche à de plus grandes profondeurs. Suivantles expériences de MM. Biot (2) et De la Roche (3), une murène prise à 70 brasses avait dans sa vessie natatoire 0,871 d'oxigène; une murœnophis prise à Zj5 brasses en avait 0,896. Cette proportion était de 0,774 dans un mer- lus (gadus merlucius) pris à la même profondeur. A 4° brasses, l'air de la vessie natatoire du phycis se composait de 0,64^ d'oxigène, et de 0,794 de ce gaz à 80 brasses. Ces expériences ont été faites encore sur plusieurs espèce? de spares et sur d'autres espèces de Gades , avec des résultats analogues. Elles sont d'autant plus remarquables que l'air que l'eau de la mer prise à ces grandes profondeurs tient en dissolution se compose d'une inoindre proportion d'oxigène que celui de Feau de la surface. L'air des vessies pourvues d'un canal aérien (celle de la famille (les Anguilles exceptée) n'a qu'une faible proportion d'oxigène et une certaine quantité d'acide carbonique. (1) MM. tle Hmnboldt et Provençal, Recherches sur la respiration des poissons. Mémoires de la Société d'Arcueil, t. Iî. (2) Mémoires delà So- ciété d'Aréueil , t. ï. (3) Ihid., t. Iî, et Mém. du Muséum d'hist. natur. de Pari» , t. XIV. 726 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. SECTION II. DES ORGANES DE LA VOIX. On réserve d'ordinaire ie nom de voix au son que les animaux produisent en faisant sortir l'air de leurs poumons , au travers de leur glotte : dans ce sens il n'y a que les animaux à poumon , c'est-à-dire les Mammi* fères, les Oiseaux et les Reptiles, qui aient une voix. C'est dans ce sens aussi que nous emploierons ce terme, lorsque nous n'avertirons pas que nous en étendons l'acception; car on peut encore s'en servir pour dési- gner les divers bruits que font les animaux, pour expri- mer quelques unes de leurs passions, quoique cesbruits ne soient pas produits par le poumon. La voix, comme tous les autres sons, est toujours une vibration communiquée à l'air; elle offre, comme eux, trois ordres distincts de qualités, indépendantes les unes des autres , savoir : Le ton, ouïes divers degrés de grave et d'aigu , qui dépendent de la vitesse des vibrations. h' intensité, ou les divers degrés de force, qui dé- pendent de l'étendue des vibrations. Et le timbre, qui dépend de circonstances jusqu'ici indéterminées , et relatives au tissu , ou à la substance, ou à la figure du corps sonore. La voix est susceptible d'un quatrième ordre de mo- difications, celui que nous représentons par les lettres de l'alphabet, et qui se divise lui-même en deux sous- ordres; l'un relatif aux sons principaux, que nous re- présentons par les voyelles; et l'autre à ce que l'on nomme leurs articulations, et que nous représentons parles consonnes. SECT. II. DES ORGANKS DE LA VOIX. 727 Nous ignorons à quoi tiennent précisément ces deux sortes de modifications de la voix , et quoique nous apercevions, jusqu'à un certain point, les circonstances dans lesquelles elles s'exécutent, nous ne sommes point encore parvenus à les imiter par nos instruments Mais pour ce qui est du ton et de l'intensité , nous en connaissons parfaitement la théorie; nous savons que la vitesse des vibrations dans les cordes [de même diamètre] est en raison inverse de la longueur de celles- ci, et en raison directe de leur tension. Nous savons de plus qu'une corde qui donne un ton, donne en même temps ceux qui correspondent aux parties aliquotes de sa longueur, comme à sa moi- tié, à son tiers, à sont quart, et que l'on nomme tons harmoniques , etc. ; que ses vibrations totales sont donc simultanées à d'autres vibrations exécutées par ces mêmes parties aliquotes. Nous savons encore que les instruments à vent donnent aussi, en même temps, des sons correspondants à leur longueur totale, et d'autres relatifs aux longueurs de leurs parties aliquotes, et que, tant dans les cordes que dans les instruments à vent, il suffit de quelque circonstance légère en appa- rence pour faire dominer l'un ou l'autre de ces tons partiels ou harmoniques par-dessus le ton total, qui se nomme fondamental. On a trouvé, par rapport aux tubes des instruments à vent, que leur forme n'influe pointsurle ton, dans la plupart des cas; que si leur extrémité opposée à l'embouchure est fermée, ils ren- dent un ton correspondant à une longueur double de la leur, que si elle n'est fermée qu'en partie, ce que Ton appelle, notamment dans l'orgue, tuyaux à che minée, le ton est toujours plus grave que si elle était 728 XLe LEÇOK. C03IPLÉMEÏSTA1I1E DES OilG. DE RELATIONS. ouverte, mais moins que si elle était tout-à-fait, fermée. Enfin, ces mêmes instruments à vent ne rendraient point de son si l'on soufflait simplement dans leur tube ; il faut qu'il y ait à l'entrée du tube un corps sonore, c'est-à-dire une lame susceptible de vibrer, ou au moins de briser l'air qui passe contre son tranchant. Sans cette condition, il n'y a point de son proprement dit. L'organe de la voix des animaux à poumons est toujours le canal formé de leurs bronches, de leur tra- chée-artère et de leur bouche, c'est-à-dire un tube de largeur inégale, auquel le poumon sert de soufflet; mais les lames susceptibles de briser l'air et de pro- duire le véritable son peuvent être placées à des en- droits différents de la longueur du tube; tout l'espace compris entre les vésicules du poumon et ces lames que l'on appelle la glotte doit être considéré comme le tuyau du soufflet; ce n'est que la portion de tube placée au-delà des laines que ion doit considérer comme véritable instrument sonore, et dent la lon- gueur et les autres circonstances peuvent influer sur les modifications de la voix, Ainsi plusieurs oiseaux ont, dès l'intérieur de leurs bronches, de petites lames ou espèces de demi-glottes; et tous en ont une parfaite à l'endroit où leurs bronches se réunissent pour former la trachée-artère. Par conséquent, dans tous, c'est la trachée même que l'on doit considérer comme le véri- table instrument de musique. Dans les Mammifères et les Reptiles , au contraire., il n'y a de glotte qu'à l'endroit où la trachée-artère fi- nit et donne dans la bouche; la bouche seule doit donc être regardée comme instrument, et la trachée ne con- tribue à la voix qu'en qualité de porte-vent. SECT. II. DES OJAGANES DE LV VOIX. 729 La voix se forme donc de l'air contenu dans le pou- mon , qui en est chassé par les muscles de l'expiration, qui traverse les bronches et quelquefois la trachée-ar- tère, pour arriver à un rétrécissement bordé de deux lames minces et tendues , nommé glotte , où se pro- duit vraiment le son; celui-ci traverse un second tube, soit la trachée-artère et la bouche, soit la bouche seu- lement, où il reçoit ses dernières modifications, de la longueur, de la forme et des diverses complications de ces cavités; enfin , il sort au travers des lèvres plus ou moins ouvertes ou différemment configurées. Du vo- lume proportionnel des poumons et des sacs aériens dépend l'intensité possible de la voix : de laie volume énorme de celle des oiseaux. De la mobilité des mus- cles qui contractent le poumon dépend la facilité de moduler le chant. La portion de trachée ou de bronche placée avant toute glotte, n'influe sur la qua- lité du son qu'autant que la proportion de son diamè- tre à celui de la glotte influe sur la vitesse possible de la sortie de l'air. La glotte elle-même influe sur le son, comme l'anche d'un instrument à vent, et la portion de canal située au-delà, comme le tube de cet instrument; c'est-à-dire que cette portion, par ses diverses lon- gueurs, détermine les divers tons fondamentaux que l'animal peut prendre; et la glotte, par sa tension et son ouverture, les divers tons harmoniques du ton fondamental de chaque longueur. Enfin, la dernière issue extérieure peut être comparée à la fermeture plus ou moins complète de l'extrémité du tube. De la facilité avec laquelle l'animal peut faire varier ces trois choses dépendent l'étendue et la flexibilité de sa voix. 730 XL8 LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DB RELATIONS. Les modifications exprimables par les lettres de l'al- phabet ont lien dans la bouche , et dépendent du plus ou moins de mobilité de la langue et surtout des lèvres; de là la perfection du langage de l'homme. Quelques animaux, qui sembleraient d'ailleurs avoir assez de facilité dans leu^s organes , ont des parties accessoires qui empêchent le bon eifet des autres , comme certains sacs dans lesquels l'air est obligé de se détourner avant de passer par la glotte, etc. ARTICLE I. * DES ORGANES DE LA VOIX DANS LES OISEAUX. Nous commençons par cette classe , parce que la théorie de sa voix est plus simple, et nous paraît à peu près complète , ainsi qu'on va pouvoir en juger. A. Du lieu oit se forme la voix des Oiseaux. Il ne suffit pas de souffler dans un tube pour y pro- duire un son; quelque forme qu'il ait, on ne produira jamais de son si l'on y souffle à pleine ouverture; on ne produira qu'un transport de l'air en masse, qui ne se fera pas plus entendre que le vent en pleine campagne, lorsqu'il ne rencontre aucun corps [qui puisse le mettre en vibration ou] qu'il puisse mettre en vibration; car il paraît que le vent par lui-même ne produirait point de son, s'il ne rencontrait point de corps susceptible d'être mis en vibration, parles ébran- lements qu'il lui communique [ou d'exciter ses propres vibrations par la résistance qu'il lui oppose]. Il est d'ailleurs bien reconnu que les parois mêmes de l'instrument à vent ne sont point les parties vi- brantes; car la matière dont elles sont composées, et SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 731 la manière dont on les serre ou les empoigne, ne chan- gent rien au ton, [et à peine modifient-elles le timbre.] En examinant les embouchures des divers instru- ments à vent, il paraît que les vibrations s'excitent dans l'air contenu dans l'intérieur d'un tube, tout comme dans l'air extérieur, c'est-à-dire qu'il y faut l'interven- tion d'un corps élastique, que le souffle du joueur ébranle, et dont les vibrations se communiquent à l'air de l'intérieur du tube ; ou du moins un corps an- guleux quelconque , contre lequel l'air se brise en y passant avec violence, et se mette lui-même en état de vibration. Dans la flûte à bec, on fait pénétrer une lame d'air, qui va frapper et se fendre contre le bord tranchant d'une lame de bois , qui est ménagée dans la première ouverture nommée la coche. Dans l'espèce de tuyaux d'orgue nommée tuyaux à bouche ou à flûte, on voit la même chose; mais il y a de plus, dans l'intérieur, une lame transversale, à bord tranchant nommé biseau, contre laquelle l'air frappe perpendiculairement avant de se fendre contre la lame de la coche. Dans l'espèce de tuyaux d'orgues nommée jeux d'an- che, l'air n'entre dans le tube qu'en déplaçant une lame élastique de métal, qui prend aussitôt un mou- vement alternatif propre à donner un son. Dans le hautbois et les instruments analogues, l'an- che est formée de deux laines . entre lesquelles l'air est chassé avec force comme un coin , et dont il ébranle le bord tranchant qui est fixé dans le bord de l'instru- ment. Dans les trompettes et les cors de chasse, les lèvres, 732 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. qu'on est obligé de serrer l'une contre l'antre et de roidir, semblent remplir l'office des anches des instru- ments précédents; c'est même par leur prolongation ou par leur raccourcissement qu'on rend les sons graves et aigus. Le tuyau ne paraît donc point produire de son lui- même; et il ne fait que modifier, diriger ou augmen- ter celui qui est produit à son embouchure par le corps sonore qui v brise l'air, et qui communique ses vibrations à l'air contenu dans le tuyau, comme il le ferait à l'air extérieur. Mais il y a cette différence que l'air libre transmet des vibrations de toutes les vitesses , et par conséquent des sons de toutes les hauteurs; tandis qu'un tuyau d'une longueur donnée ne peut transmettre qu'une cer- taine suite de sons, qui sont au pins grave d'entre eux comme les nombres naturels 2, 3, 4> 5, etc. sont alu- nite , et qu'on nomme les sons harmoniques de ce son le plus grave, lequel s'appelle le son fondamental. Gela pourrait venir de ce que l'air libre peut être considéré comme un assemblage de tuyaux extrêmement graves, et tels, que tous ceux que nous pouvons apprécier et distinguer sont les multiples. Ce principe posé, si nous comparons l'organe vocal des Mammifères avec celui des oiseaux, nous aperce- vrons bientôt la différence de leur nature. La trachée-artère des Mammifères est un tube con- tinu, sans aucun rétrécissement, ni sans aucune lame susceptible de vibrer, excepté à son extrémité supé- rieure, où est la glotte. Le son ne se formant qu'à l'issue de la trachée, ce tuyau ne peut servir à le modifier : il ne peut être comparé qu'au tuyau du soufflet de l'orgue SECT. II. ART. I. ORGAKES DE LA VOIX DES OISEAUX. 733 on à tel autre canal qui. amènerait l'air à l'embouchure de l'instrument; et la seule partie de l'organe vocal des Mammifères que nous puissions comparer au tube d'un de nos instumentsà vent, c'est celle placée au-de- vant de la glotte, je veux dire la bouche et la cavité nasale. Or, en considérant non seulement 3a dissimili- tude de ces deux cavités avec tous les instruments qui nous sont connus, mais encore les moyens presque in- finis que nous avons d'en changer la longueur, le dia- mètre, la figure et les issues, moyens qu'il est presque impossible de déterminer assez exactement pour en tirer des conséquences physiques, on ne s'étonnera pas des difficultés que présente la théorie de notre organe vocal. Dans les Oiseaux, il y a an bas delà trachée, à l'en- droit où elle se partage en deux pour pénétrer dans les poumons . un rétrécissement dont les bords sont gar- nis de membranes susceptibles de tensions et de vibra- tions variées; en un mot, il y a là une vraie glotte, pourvue de tout ce qui est nécessaire pour former un son. Et ce n'est pas seulement par l'inspection des par- ties que je me suis assuré de ce fait; l'expérience me l'a confirmé. J'ai coupé la trachée-artère d'un merle vivant, à peu près au milieu de sa longueur; et j'ai secoué l'oiseau d'une manière que je savais devoir le faire crier dans son état naturel. Ses cris ont été très sensibles, quoique beaucoup plus faibles qu'auparavant. J'ai fait la même opération sur une pie ; elle na pas cessé de crier, et ses cris n'ont été ni moins forts ni moins aigres qu'auparavant. On a écarté et bouché ce qui restait de la trachée supérieure , et cela n'a rien 734 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. changé aux sons , qui ont continué pendant dix minutes jusqua ce qu'un caillot de sang, qui avait bouché l'o rifice fait par la section , eût étouffé l'animal. On a fait la même opération à une cane; elle a crié avec autant de force et avec le même timbre qu'à l'or- dinaire. On lui a bouché la portion supérieure de la trachée, et on lui a lié fortement ie bec, afin doter tout soup- çon de communication avec la partie inférieure ; les cris n'ont diminué ni en force ni en nombre. Enfin , pour rendre l'expérience complète , on lui a coupé tout- à- fait le cou; elle a marché quelques pas, et lorsqu'on lui a donné des coups, elle a jeté plusieurs cris qui , quoique plus faibles que ceux qu'elle rendait lorsqu'elle avait sa tête, étaient néanmoins très sensibles. Ces expériences prouvent bien clairement ce que Ta- natomie faisait présumer, que la voix des oiseaux se forme au bas de leur trachée-artère. Il résulte de là que cette trachée-artère n'est pas un simple tube con- ducteur de l'air, mais bien un véritable tube d'instru- ment, et conducteur du son. Aussi a-t-elle été beaucoup plus soignée, par la na- ture, dans les oiseaux que dans les quadrupèdes; elle y est composée d'anneaux entiers; elle peut s'allonger et se raccourcir davantage ; et surtout d'un oiseau à l'au- tre, elle éprouve de grandes différences dans sa lon- gueur respective, dans ses circonvolutions, dans sa mobilité, dans la consistance de ses anneaux, dans sa figure, etc. ; et chacune de ces circonstances influe sur la voix. Dans les Mammifères, au contraire, où la structure de la trachée ne peut rien changer à la voix , elle est SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 735 d'une structure très uniforme. En revanche , le larynx supérieur des Oiseaux est beaucoup plus simple que celui des Mammifères , dans lequel réside la principale fonction , celle de faire naître le son. B. Idée générale des divers moyens par lesquels les Oiseaux font varier le son. D'après ce qui vient d'être dit, l'instrument vocal des Oiseaux est un tube à l'embouchure duquel est une anche membraneuse; ou, pour parler plus exactement encore, deux lèvres qui représentent celle du joueur de corde chasse. Cette anche, que je décrirai plus en détail par la suite, est un repli de la peau intérieure de la bronche, dont le bord libre élastique est dirigé vers le haut , et les oi- seaux ont , pour l'ordinaire, un nombre plus ou moins grand de muscles qui peuvent raccourcir cette mem- brane , ou l'allonger dans le sens de sa hauteur, et la tendre ou la relâcher dans le sens transversal. Certains oiseaux ont jusqu'à douze muscles destinés à cela; d'au- tres n'en ont que deux ; il y en a de presque tous les nombres intermédiaires. Cet allongement et ce relâchement rendent le son plus grave; le raccourcissement et la tension le ren- dent plus aigu. A ces deux sources de modifications se joignent les changements de largeur de l'ouverture et les différentes vitesses de l'air qui en résultent : mais tant qu'il n'y a que l'anche de changée, et que la lon- gueur de la trachée et son orifice supérieur restent les mêmes , les variations des sons seront bornées aux har- moniques du son le plus grave. Ainsi, en appelant ut ce son le plus grave, produit 736 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. par le plus grand allongement et relâchement possi- ble de Tanche , l'oiseau ne pourra donner, en la rac- courcissant, que l'octave où Y ut en dessus, la quinte, ou le sol, de cette octave, la double octave, sa tierce ou mî, et sa quinte sol, la triple octave , et ainsi de suite; en prenant toujours les sons dont le premier sera une aliquote , et cela aussi haut que la voix de l'oiseau pourra monter. Il ne pourrait donc donner que très peu de notes dans les octaves basses; et ce ne serait que dans celles qui sont très élevées qu'il pourrait en donner beau- coup. Mais il a reçu de la nature deux moyens pour sup- pléer à celui-là. Le premier, c'est le raccourcissement de sa trachée- artère. Gomme les sons fondamentaux sont en raison inverse de la longueur des tuyaux, en raccourcissant sa trachée-artère d'un neuvième , et en laissant l'an- che dans son plus grand prolongement, il produira la seconde majeure du premier son , ou le ré de la plus basse octave. Alors il produira, sans changer la trachée de longueur, et en raccourcissant seulement l'anche, tous les sons harmoniques de ce ré, c'est-à-dire le ré et le la de l'octave au-dessus: le ré, le fa et le la de l'octave suivante, avec quelques tempéraments , et ainsi de suite. En sorte qu'en variant d'un neuvième seulement la longueur de sa trachée, et en combinant ce mouve- ment avec celui de l'anche, l'oiseau pourrait chanter quatre notes dans la seconde octave, et cinq dans la troisième, dont il ne lui manquerait que le mi elle si. En raccourcissant sa trachée encore d'un neuvième, SECT. II. ART. I. OBGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 7-37 il produira le mi de la première octave , le mi et le si de la seconde; le mi, le sol un peu augmenté , et le si de la troisième, etc. En sorte qu'en raccourcissant sa trachée de deux neuvièmes seulement , ce qui est possible à tous les oiseaux chanteurs , il aurait cinq notes clans la seconde octave et toutes celles de la troisième , sans parler des octaves supérieures, où il obtiendrait une bien plus grande variété, s'il pouvait y atteindre , parce que les harmoniques s'y multiplient toujours. Mais comme la première octave ne contient aucun son harmonique d'ut, ni d'aucune autre des notes de cette octave, il est évident que les changements quel- conques de l'anche ne produiraient seuls aucune des notes de cette octave-là, et qu'il n'y aurait que le rac- courcissement de la trachée qui le pourrait. Or, pour monter par ce moyen de Y ut en si, il faudrait que la trachée se raccourcît de près de moitié, ce qui est dif- ficile même aux oiseaux qui chantent le mieux; non quelle ne puisse absolu ment l'être à ce point en en rapprochant les anneaux , car ayant essayé de les com- primer dans divers oiseaux, j'ai vu qu'ils ne faisaient pas pour l'ordinaire plus de moitié de sa longueur, et que le reste est occupé par la partie membraneuse et compressible; mais il faudrait un raccourcissement trop considérable du cou, et une trop grande contrac- tion démuselés, pour rapprocher les anneaux autant qu'ils peuvent l'être , absolument parlant. Pour expliquer, par les deux seuls moyens dont j'ai parlé, la voix des oiseaux qui chantent très bien, et qui rendent exactement toutes les notes, il faudrait donc supposer qu'ils restent dans les octaves où ces deux 8. "47 738 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES OP.G. DE EELATTONS. moyens suffisent, et qu'ils ne font pas d'ordinaire des- cendre leur voix autant qu'elle en serait susceptible. C'est ce qui n'est pas probable du tout, lorsqu'on con- sidère la brièveté de la trachée de ces oiseaux, et qu'on la compare aux instruments que nous employons. Il est même étonnant qu'ils puissent produire des sons aussi graves que ceux qu'ils nous font entendre, avec des instruments si courts. Ils ont donc un troisième moyen de varier le son de leur voix, et c'est, selon moi, la principale fonction de leur larynx supérieur. On sait par l'expérience , et on prouve par la géo- métrie , qu'un tuyau fermé par le bout opposé à l'em- bouchure rend un son plus bas d'une octave qu'un tuyau de même longueur ouvert , et qu'il faut qu'il soit de moitié plus court que ce dernier pour produire le même son que lui. On sait aussi que des tuyaux ter- minés par une portion plus étroite que le reste, et qu'on nomme tuyaux à cheminée ou à fuseau, doivent être plus courts que les tuyaux cylindriques qu'on veut mettre à leur unisson. Mais je ne sache pas qu'on ait traité en particulier du cas d'un tuyau cylindrique, qui n'aurait qu'un trou plus ou moins grand à son extré- mité opposée à l'embouchure ; ce qui est le cas des oiseaux. On ne peut pas employer ici, sans restriction, les faits connus sur les trous latéraux de certains instruments, tels que la flûte et le hautbois , car le son ne monte pas à proportion qu'on ouvre un plus grandnombre de ces trous; il paraît qu'on doit les considérer, dans le plus grand nombre des cas, comme des moyens de raccourcir le tube de l'instrument. J'ai fait faire un SEGT. IT. AKT. T. ORGANES DE LA VOTX DES OTSEAUX. 739 instrument en forme de flûte à bec, ou un sifflet , dont le tube était cylindrique et sans trous latéraux, et à l'extrémité duquel pouvaient s'adapter des rouelles de bois dont Tune était pleine, et le fermait complète- ment, et dont les autres avaient chacune dans leur mi- lieu un trou d'une grandeur déterminée. Lorsque le bouchon plein était placé, le son baissait d'une octave- mais, lorsqu'on y mettait les bouchons percés, il mon- tait ou il descendait entre l'octave fondamentale et l'octave au-dessous, selon que l'ouverture était plus grande ou plus étroite, en sorte qu'en ajustant bien les ouvertures, on aurait pu produire les notes de cette octave-là par ce seul moyen. La pratique des joueurs de cor nous apprend la même chose , car ils font un peu baisser leur instru- ment en enfonçant la main dans le pavillon ; mais cet abaissement est borné , dans le cor, à un ton , ou à peu près, sans doute parce que sa forme fait qu'on ne peut en fermer l'ouverture qu'en enfonçant la main assez avant, et par conséquent en raccourcissant l'instru- ment, ce qui diminue l'effet de la fermeture en pro- duisant un effet contraire. Le larynx supérieur des oiseaux , ainsi qu'on le verra par la description que j'en donnerai, a une ouverture qui peut s'élargir ou se rétrécir ; mais il n'y a point de partie qui puisse vibrer, encore moins qui puisse s'al- longer ou se raccourcir, se tendre ou se relâcher de manière à produire et varier un son; je crois donc que son usage est de fermer ou d'ouvrir plus ou moins l'o- rifice supérieur de la trachée. Or, vous voyez , par les expériences précédentes, que ces diverses ouvertures peuvent faire parcourir au son toutes les notes d'une 740 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. octave quelconque, pour laquelle la trachée et ses anches seraient disposées. Il nen faut donc pas davantage pour donner à la voix des oiseaux toute la perfection imaginable , puis- que, dans toute l'étendue de leur voix, il ne sera pas une seule note par laquelle ils ne puissent passer. Si l'oiseau veut chanter texide sa première octave, par exemple, qui! ne pourrait produire que très diffi- cilement par le raccourcissement de sa trachée, il dis- posera sou embouchure de manière à chanter Vue au- dessus; ce qu'il fera facilement, cet ut étant loctave, et par conséquent harmonique du son fondamental. Alors il fermera un peu son larynx supérieur, et en baissant ainsi d'un semi-ton majeur, il donnera le si demandé. S'il laisse à sa trachée toute sa longueur, et à sou em- bouchure sa disposition pour le ton le plus bas qui corresponde à cette longueur-là, l'oiseau pourra en- core baisser presque d'une octave, en fermant ainsi plus ou moins exactement son larvnx supérieur, et c'est là la mesure de i étendue de sa voix daus le bas. Je pense que cette explication suffit pour rendre raison des sons les plus graves, rendus par des oiseaux à trachée cylindrique; car je nen connais pas qui donne aussi bas que le double de la longueur de sa tra- chée. Quant à ceux qui y ont des dilatations , nous en traiterons plus loin. 11 résulte de ce que je viens d exposer que le son est produit daus l'instrument vocal des oiseaux de la même manière que dans les instruments à vent de la classe des cors et des trompettes, ou dans l'espèce de tuyaux d'orgues nommés jeux d'anches; qu'il est modi- SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 741 fié, quant à son ton, par les trois mêmes moyens que nous employons dans ces instruments, c'est-à-dire : i° Par les variations de la glotte, qui correspon- dent à celles des lèvres du joueur, ou à celles de la lame de cuivre des jeux d'anches. 2° Par les variations delà longueur de la trachée, qui correspondent aux cors de rechange, ou aux dif- férentes longueurs des tuyaux d'orgues. 3° Par le rétrécissement ou l'élargissement de la glotte supérieure, qui correspond à la main du joueur décor, et à la fermeture ou aux cheminées des tuyaux d'orgues. La pratique étant reconnue exacte dans ces quatre points, qui déterminent évidemment l'essence d'un instrument, il ne sera pas possible aux physiciens de ne pas reconnaître, dans l'organe vocal des oiseaux, un instrument à vent pur et simple , et on n'y cherchera plus de cordes, à moins qu'on ne veuille dire qu'un cor de chasse est aussi un instrument à vent et à cordes en même temps. Mais l'analogie va encore beaucoup ^plus loin, et nous verrons, en traitant des trachées-artères en par- ticulier , que leur forme influe sur la quantité du son, tout comme celle des instruments que nous connais- sons. Ainsi, les oiseaux qui ont la voix flûtée ont tous la trachée-artère cylindrique comme les flûtes, les fifres, les sifflets, les flageolets et les tuyaux d'orgues, nommés, à cause de leur son, jeux de flûtes; ceux qui ont la trachée-artère en forme de cône, plus étroite vers le bas ou vers l'embouchure que vers le haut, ont ce même caractère éclatant que l'on observe dans les jeux d'orgues qui ont cette forme, et qui portent les noms 74*2 XLC LEÇON. COMPL^MENTAIBE DES ORG. DE RELATIONS. de trompettes , clairons , cymbales et bombardes, et que l'on retrouve en générai dans tous nos instruments à pavillon. Mais c'est surtout dans l'examen détaillé qu,e nous allons faire des structures propres à chaque oiseau que la vérité de cette théorie se montrera dans tout son jour. Car, si les fonctions que j'ai assignées à chaque par- tie sont réelles, on sent que la voix dun oiseau doit être d'autant plus facilement variable qu'il aura plus de moyens de changer letat de son larynx inférieur, d'allonger ou de raccourcir sa trachée, et de dilater ou de raccourcir son larynx supérieur ; mais on sent de plus aisément que la grandeur, le diamètre des di- verses parties de la trachée, ses inflexions, la texture de ses parois, celle des cartilages des deux larynx, des cavités qui peuvent communiquer avec eux ; et en un mot , toutes les propriétés constantes de cet ap- pareil , doivent déterminer le caractère fixe de la voix de chaque ciseau et la nature qu'elle conserve dans toutes ses modifications. G est sous ce double rapport que nous allons consi- dérer, dans les articles suivants, les organes de la voix des Oiseaux , et en décrire d'abord les circonstances générales , et ensuite les particularités distinctives. Et nous trouverons partout la confirmation de ce que nous venons d'établir a priori. I. Du larynx inférieur. Le seul oiseau dans lequel j'aie trouvé qu'il n'y a pas de larynx inférieur, sur plus décent cinquante espèces que j'ai disséquées, est le roi des vautours (vidtur SECT. II. AET. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 743 papa); ses bronches sont garnies dans leur partie su- périeure d'anneaux presque complets, et communi- quent avec la trachée, sans qu'on aperçoive à leur réunion aucun rétrécissement, ni aucune glotte sail- lante. Je ne puis dire si nos vautours d'Europe ont la même organisation, car ils sont plus rares, dans les col- lections et dans les ménageries, que les vautours d'Amé- rique; et je n'en ai jamais disséqué (1). En général, le larynx inférieur des oiseaux est pro- duit par une membrane qui fait saillie de chaque côté de l'orifice inférieur de la trachée-artère; cet orifice est partagé en deux ouvertures , tantôt par une traverse osseuse qui va d'avant en arrière, et tantôt seulement par l'angle de réunion des deux bronches. Les bronches ne sont point composées, comme la trachée, d'anneaux complets, mais seulement d'arcs osseux ou cartilagineux , d'un nombre de degrés plus ou moins grand qui ont chacun leur courbure propre dans l'état de repos, et dont la courbure peut varier jusqu'à un certain point par l'action des muscles vo- lontaires. La partie par laquelle les deux bronches se regar- dent est donc simplement membraneuse, dans un espace plus ou moins long; c'est cette membrane or- dinairement large et tendue que je nomme membrane tympaniforme. Le premier de ces arcs, c'est-à-dire le plus voisin de la trachée, a ordinairement la même courbure qu'elle; mais le second et le troisième appartiennent à (i) Le fauteur brun a un larynx inférieur avec une paire de muscles, ainsi que nousîe dirons en décrivant les larynx de cette cate'gorie. 744 XLC LEÇOJN'. COMPLÉMENTAIRE DES OlUi. DE RELATIONS. des cercles pins grands, et sont moins convexes que lui en dehors, ce qui les fait saillir en dedans. La membrane qui double l'intérieur de la trachée forme un repli sur cette partie saillante, et c'est ce re- pli qui, fermant à moitié chacune des ouvertures de l'orifice inférieur de ]a trachée, présente à l'air une lame susceptible de vibrer et de produire un son. Ce sont les divers mouvements de cette lame qui ren- dent le larynx inférieur capable de varier le son. [Examinons à présent les puissances qui peuvent pro- duire ces mouvements. Elles les déterminent indi- rectement en agissant sur la trachée-artère, ou direc- tement en faisant mouvoir les leviers mobiles ou les cartilages du larynx inférieur. D après cette considération], les larynx inférieurs se divisent en deux classes : ceux qui n'ont point de muscles propres, et ceux qui en sont pourvus. Dans ceux qui n'ont point de muscles propres., il n'y a que les muscles qui abaissent et qui élèvent la tra- chée qui puissent faire varier l'état de la glotte. îl y a deux paires de muscles abaisseurs de la trachée. 1° Les sterno-tracliéens . Leur attache fixe est un sternum , à la face interne de ses angles latéraux supé- rieurs, lis se portent obliquement en arrière, en dedans et en haut, et s'insèrent à la trachée, à des points dif- férents selon les espèces; leurs fibres se prolongent, plus ou moins, le long du corps de ce tube, et vont quelquefois jusqu'au larynx supérieur. 2° Les ypsilo-traehèem. Leur attache fixe est à los en forme d'ypsilon grec (î), ou de fourchette, qui est (j) Ce sont des cléido-tiachcenS) l'os en question ayant été détermine SECT. lï. ABT. 1. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 745 propre aux oiseaux, et qui sert à tenir leurs os cora- coïdiens écartés dans le vol. Ils s'attachent immédiate- ment à la trachée, dont ils suivent toute la longueur parallèlement aux précédents. Plusieurs oiseaux man- quent de cette seconde paire. La trachée n'a point de muscles propres pour l'éle- ver ; ce mouvement est produit parle mylo-hyoïdien , au moyen de ligaments qui attachent l'os hyoïde au larynx supérieur. L'action simultanée de ces antagonistes n'abaisse ni n'élève la trachée, mais rallonge; leur repos simultané la raccourcit en l'abandonnant à son élasticité natu- relle. On conçoit aisément, d'après cette description, que, lorsque la trachée s'élève, les bronches sont tiraillées, que le second et le troisième anneau s éloignent du premier, et que la saillie de la glotte diminue de lon- gueur , en même temps quelle augmente de tension. Lorsqu'au contraire la trachée est abaissée, les bron- ches sont relâchées , les anneaux se rapprochent. Le second et le troisième glissent même sous le premier, et la glotte se trouve allongée et détendue. Ces mouvements de la trachée peuvent donc sup- pléer, jusqu'à un certain point, au défaut de muscles propres du larynx inférieur : aussi les oiseaux qui sont privés de ces derniers muscles ont-ils ceux qui meu- vent la trachée incomparablement plus grands que les autres oiseaux. plus tard par M. Cuvier comme la clavicule des oiseaux , et celui qu'il regardait comme la clavicule étant considéré comme un développement de l'apophyse coracoïde des mammifères ; c'est l'o? coracoïdien,. Voir le t. I, p. 356 de cet ouvrage. 746 XL8 LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES OfiG. DE RELATIONS. i. Des larynx inférieurs sans muscles propres. Ces larynx inférieurs sans muscles propres doivent encore être subdivisés en deux genres; ceux auxquels tiennent; des cavités latérales ont des dilatations pins ou moins étendues, et ceux qui n ont rien de semblable. a. Des larynx inférieurs sans muscles propres avec des dilatations osseuses, cartilagineuses ou mem- braneuses. Jusqu'à présent je n'ai observé de ces dilatations que dans les espèces de deux genres, les canards et les harles. Encore plusieurs espèces que l'on rapporte d'ordinaire au genre des canards, telles que les cygnes et Voie , la bernache, Yeider. etc. , en sont-elles dé- pourvues. Ces cavités ne se trouvent jamais symétriques, c'est- à-dire égales des deux côtés; celle du côte gauche est toujours beaucoup plus considérable; labronche de ce côté-là y donne immédiatement, et ce n'est qu'a- près l'avoir remplie que l'air peut regagner la trachée par un canal plus ou moins tortueux. La cavité du côté droit est plus petite, et ne paraît qu'une légère dilatation de la bronche elle-même. On trouve aussi, dans les femelles, une légère trace de ce défaut de symétrie; le bord inférieur de la tra- chée se prolonge plus bas du côté gauche que du droit. Ges sortes de cavités diffèrent, indépendamment de la grandeur et de la figure, en ce que, dans certaines espèces, elles sont entièrement osseuses, tandis que dans d'autres il n'y a que des branches de cette der- SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX 747 nière substance qui soutiennent des membranes qui en forment la plus grande partie. Ces membranes, résistant beaucoup moins à l'air qui s'accumule dans la cavité par la force de l'expiration, doivent agir différemment de parois osseuses et in- flexibles. Le harie vulgaire (mergus merganser) et la pie f te (mergus albelius) sont dans ce cas. La dilatation du premier représente une grande pyramide à trois pans dont les arêtes seulement sont osseuses. Celle du se- cond n'a que deux faces inclinées, dont la rencontre se fait par une ligne presque circulaire et osseuse; une des faces est antérieure et l'autre postérieure. Je ne connais dans le genre des canards que le mo- rillon (anas fuligula) et le millouinan (anas marila) dont les dilatations soient en partie membraneuses. Leur forme est à peu près comme dans la piette; mais les faces regardent à droite et à gauche, et non pas d'avant en arrière. Les membranes en sont soutenues par plusieurs ramifications osseuses. Quant aux dilatations entièrement osseuses, leur forme ordinaire approche d'un sphéroïde plus ou moins irrégulier : on en trouve de telles dans le ca- nard ordinaire (anas boschas); Voie armée du Cap (anas montana) ; le canard si ffleur (anas penelope ); les sarcelles (anas querceduîa et anas crecca) ; et le ca- nard de la Caroline (anas sponsa). Le tadorne (anas tadorna) a ses deux renflements à peu près globuleux et presque égaux ; c'est celui de tous dans lequel la di- latation droite approche le plus de la gauche pour le volume. Dans la sarcelle d'été (anas crecca ), les deux renfle» 748 XXe LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES OiîG. DE RELATIONS. ments, diffèrent aussi fort peu; ils ne sont pas grenus , et leur ensemble présente la figure d'une poire. Il me paraît que c'est à ces dilatations que tient la différence considérable qu'on remarque entre la voix des mâles et celle des femelles , dans toutes ces espèces. Ces dernières ont la voix aigre et fort aiguë, tandis que les mâles l'ont grosse, creuse et sourde. Les calculs des géomètres n'ayant pas encore atteint la théorie du son produit dans des tubes irrégulièrement inégaux, dans les diamètres de leurs diverses parties, j'ai eu re- cours à l'expérience; j'ai fait faire à mon instrument un corps de rechange renflé en forme d'ellipsoïde, qui ne changeait rien à la longueur du tube. Tout le reste étant demeuré comme auparavant, le son fondamen- tal est devenu beaucoup plus grave et si sourd, qu'on avait peine à l'entendre, .l'ai donc été parfaitement confirmé dans ma conjecture. Cette voix est singuliè- rement désagréable dans les uns et dans les autres; ce qui vient peut-être de ce que les deux glottes, étant tou- jours inégales, produisent deux voix discordantes. Mais une chose plus difficile à expliquer, c'est la dif- férence spécifique des voix de ces espèces, différence qui va très loin; celui qui s'écarte le plus par sa voix du croassement de notre canard ordinaire, le canard sijf/eur, est précisément celui qui lui ressemble le plus par son larynx inférieur. b. Larynx inférieurs sans muscles propres et sans dilatations latérales. Le second genre de larynx inférieur sans muscles propres est celui qui n'a point de cavités latérales ni de dilatation. Les oiseaux qui eu sont pourvus sont SECT. H. ART. I. ORGANES DE LA VOTX DES OISEAUX. 749 beaucoup plus nombreux. Tout l'ordre des Gallina- cés est dans ce cas, sans que j'y connaisse d'exception. Elle comprend les dindons, les pintades, les paons, les coqs , les faisans , les perdrix , les cailles , les coqs de bruyère. Je vais d'abord décrire la conformation du dindon {meleagris gallo-pavo). Les anneaux de ]a partie infé- rieure de sa trachée sont très séparés les uns des au- tres par des intervalles membraneux. Les trois derniers sont fixés ensemble par deux arêtes osseuses longitudinales , une antérieure, l'autre postérieure; le dernier a son vide partagé en deux ouvertures, par une autre arête osseuse qui le traverse d'avant en arrière. C'est de ces deux ouvertures que pendent lesbronclies. Les deux premiers demi-anneaux de chaque bronche sont réunis à leurs deux bouts par un petit cartilage longitudinal qui s'articule avec la trachée, et qui fait qu'ils ne peuvent se mouvoir qu'en- semble et lorsque la trachée est abaissée; le plan com- mun de ces deux demi-anneaux formant avec là tra- chée un angle moins ouvert , le repli de la glotte s'al- longe en dedans et se détend. Dans le coq, la traverse du bas de la trachée, au lieu d'être soudée dans le milieu du dernier anneau, est suspendue à deux pièces triangulaires attachées sous la partie antérieure et postérieure de cet anneau ; les deux premiers demi-anneaux des bronches tiennent au bas cle ces deux pièces triangulaires, et il y a ainsi entre la trachée et ces deux demi-anneaux de chaque côté un espace membraneux presque demi-circulaire qui forme la glotte en se ployant. La trachée étant com- primée latéralement par sa partie inférieure, cette 750 XI/ LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG-. DE RELATIONS. glotte se trouve être fort étroite, et c'est sans doute à cela que tient le son si aigu de la voix du coq. Le faisan ne paraît guère différer du coq, si ce n'est que sa trachée est plus arrondie et que l'espace membraneux extérieur est plus court. Dans \& perdrix , la traciiéo>est comprimée d'arrière en avant; le dernier anneau produit en avant une es- pèce de bec descendant, auquel la traverse est atta- chée. ïl paraît donc que le caractère général du larynx in- férieur, parmi les oiseaux sans muscles propres, c'est d'avoir la traverse du bas de la trachée située plus bas que le dernier anneau auquel elle tient; de façon que les membranes qui constituent la glotte se répondent l'une à l'autre et n'interceptent qu'une seule ouver- ture; tandis que , dans les autres oiseaux, la traverse étant au même niveau que les membranes saillantes, il y a proprement deux ouvertures. Le caractère constant d'aigu ou de grave de la voix de chaque espèce paraît tenir à la compression laté- rale du bas de la trachée et au rétrécissement de la glotte qui en résulte. 2. Des larynx inférieurs avec des muscles propres. Les larynx inférieurs, qui ont des muscles propres, peuvent changer leur état indépendamment des mou- vements de la trachée et pendant même qu'elle est absolument immobile. On sent que c'est là une per- fection de plus dans l'organe de leur voix ; mais cette perfection a ses degrés, et il y a fort loin de la mobi- lité dans un aigle ou une chouette à celle qui a lieu dans un merle ou dans un rossignol. SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 751 a. Larynx inférieurs avec un seul muscle propre. Les larynx les plus simples dans cette classe sont ceux qui n'ont qu'un seul muscle propre de chaque côté; il tient, dune part, au corps de la trachée, et de l'autre il aboutit, à l'un des demi-anneaux delà bronche; son effet est de faire remonter les premiers demi-anneaux vers la trachée, ce qui équivaut abso- lument, pour l'effet sur la glotte, au mouvement que la trachée prend en s'abaissant vers eux, dans les oi- seaux où ce muscle propre manque. Les limites des changements que ce muscle peut opérer par ses contractions graduelles sont d'autant plus étendues qu'il est lui-même plus long et qu'il s'insère à des demi-anneaux plus inférieurs. a. Le muscle propre s'attache au premier [ou au second] demi-anneau. Les oiseaux du genrefalco de LininÈ , savoir : les ai- gles, les faucons, gerfauts, hobereaux etcresserelles , les buses , éperviers et autours , ont ce muscle inséré au premier demi-anneau. Ce sont donc ceux qui s'ap- prochent le plus des oiseaux qui n'ont point de mus- cles propres. [C'est aussi au premier demi- anneau bronchique que se fixe inférieurement le muscle propre du larynx inférieur ou le muscle broncho-trachéen, dans les griffons (le lsemmergeyer) et dans le messager du Cap. Le Vautour brun, qui a un larynx inférieur bien caractérisé, a le muscle broncho-trachéen attaché au second demi-anneau de chaque bronche.] Les foulques y les râles , les bécasses , les chevaliers, 752 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES OBG. DE RELATIONS. les vanneaux , et, à ce qu'il paraît, tous les oiseaux de rivage à bec faible, sont encore dans le même cas. Mais il ne faut pas croire pour cela que ces oiseaux se ressemblent d'ailleurs par les parties constantes de leur larynx inférieur. La position de leur muscle pro- pre n'influe que sur la variabilité de leur voix ; le reste de l'organe diffère d'une espèce à l'autre, comme le caractère général de chaque voix. Ainsi, clans le vanneau ( tringa vanellus), dont la voix est très claire et très aiguë, les deux ouvertures du bas de la trachée sont très étroites, et séparées par une traverse triangulaire très large en arrière et étroite en avant. Dans la. poule d'eau (fulica ehloropus), ces ouver- tures sont parallèles, séparées par une traverse très mince; elles sont également fort étroites. Dans la bécasse (scolopax rusticola) et la foulque (fulica atra), les derniers anneaux de la trachée sont fendus par derrière, et ce tube y est complété par une membrane qui se continue avec celle des faces inter- nes des bronches. Dans Xavocette (recurvirostra), la traverse est en forme de toit , et les ouvertures sont parallèles et très étroites. Les mouettes (larus) et le cormoran (pelecanus carbo) ont aussi leur muscle propre attaché au pre- mier demi- anneau. (3. Le muscle propre s'attache au troisième demi- anneau. Le martinpêcheur (alcecio ispida) et X engoule- vent (caprimulgus europaeus) l'ont au troisième. SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 753 y. Le muscle propre s'attache au cinquième demi- anneau. Parmi les oiseaux de rivage , les hérons et les butors ont leur muscle propre attaché au cinquième demi- anneau, et par conséquent beaucoup plus loin que tous les précédents. Le coucou et le grand duc l'ont aussi au cinquième , et ce trait de ressemblance est tout-à-fait d'accord avec la ressemblance de leur voix; car on sait que le grand duc se nomme hou-hou dans plusieurs contrées de l'Allemagne, parce que c'est là le son qu'il fait en- tendre pour l'ordinaire. S. Le muscle propre s'attache au septième demi- anneau. La chouette et la hulotte ont leur muscle propre in- séré au septième demi-anneau. Ainsi, dans cette lon- gue suite d'oiseaux qui n'ont qu'un seul muscle propre à leur larynx, on n'en trouve pas un qui se fasse re- marquer par une voix facilement variable ; ce qui s'accorde entièrement avec les principes que nous avons établis. Mais nous allons examiner à présent deux ordres bien supérieurs en perfection à cet égard; les perroquets et les oiseaux chanteurs. b. Larynx inférieur avec trois paires de muscles propres. Les perroquets ont trois paires de muscles propres à leur larynx inférieur; les pièces cartilagineuses de ce larynx sont d'une forme toute particulière à ce genre. Quoique les perroquets n'aient pas naturellement la S. 48 754 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORGr. DE RELATIONS. voix agréable, ce qui tient au timbre et à la rigidité de leur trachée, cependant ils peuvent la varier beau- coup , et pour le ton et pour l'intensité. Ceux même qui n'ont pas été instruits possèdent un prand nombre de tons très différents , par lesquels ils varient beaucoup l'expression de leurs désirs ou de leurs souffrances; et la facilité qu'ils ont à imiter le son qu'ils entendent, à siffler, à parler, à rire, etc., prouve bien que leur organe est très mobile. Voici la descrip- tion détaillée de leur larynx inférieur. Les derniers anneaux de la trachée sont soudés en- semble, et forment un tuyau cylindrique un peu aplati par les côtés. Le dernier de tous est presque carré, étant aussi aplati par devant et par derrière, où il y a deux pointes assez aiguës, il n'y a pas de cloison dans l'intérieur. De cette ouverture pendent les bronches, formant deux tubes membraneux, garnis des pièces cartilagi- neuses qui suivent. i° Le premier demi-anneau: ici il est tout plat, très élargi, ayant presque la forme d'un croissant, dont le côté convexe serait tourné en haut. Les pointes sont aiguës et tournées en bas. Il n'est pas vertical , mais dans une situation très oblique , son bord supérieur s'appuyant contre le bord de la tra- chée, et l'autre rentrant presque jusqu'à toucher celui de son correspondant. 2° Les trois demi-anneaux sui- vants sont aussi absolument plats , et soudés en une plaque demi-circulaire, aux extrémités de laquelle on voit encore leur distinction. La position de cette plaque est en tout l'inverse de la précédente; elle s'in- cline en sens contraire, et c'est son côté convexe qui est tourné en bas et en dehors. 3° Les cinquième, SECT. II. ART. î. ORGANES DE LA VOÎX DES OISEAUX'. 755 sixième et septième demi-anneaux sont souciés à la plaque précédente, et entre eux dans leur milieu seu- lement. Leurs extrémités s'écartent en se courbant vers le haut. Ils sont plats et dans le même plan que la plaque qui les précède. 4° Les anneaux qui suivent ont la forme ordinaire jusqu'à l'entrée de la bronche dans le poumon. Le côté par lequel les bronches se regardent est membraneux , et les deux membranes s'unissent à la hauteur des pointes du premier demi-anneau; de là jusqu'à latrachée, elles ne forment qu'un seul canal, et le rétrécissement qu'il éprouve entre les bords inférieurs de ce demi-anneau, peut être à juste titre , nommé la glotte de ce larynx. J'ai observé six muscles dans le perroquet , trois de chaque côté. Une paire relâche l'ouverture de la glotte, les deux autres la contractent. 1° Le premier, ou le constricteur de la glotte, a son attache fixe au pénultième anneau delà trachée-artère. Il descend presque perpendiculairement, d'abord appuyé sur le laxateur, ensuite comme en l'air sans touchera rien, et va s'implanter dans le centre de réunion des anneaux cinquième, sixième et septième. Il soulève cette partie; et comme elle est soudée à la plaque semi-circulaire, il ne peut produire cet effet qu'en faisant rentrer le bord supérieur de cette plaque, par conséquent en resserrant la glotte. 2° Le second muscle constricteur peut être nommé l'auxiliaire du précédent. Ses fibres occupent une cer- taine étendue le long de la trachée * à sa face anté- rieure; parvenu à la hauteur de l'origine du précédent, il s'écarte en arrière et de côté, et s'y colle par un 756 XLe LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. tendon assez mince. Je ne vois pas qu'il ait d'autres usages que de le seconder dans ses fonctions. 3° Le laxateur de la glotte est situé sous les deux autres muscles. 11 a son attache tout le long du bord de la trachée, une forme demi-ovale, et descend en s'épanouissant jusqu'au bord inférieur et concave du premier demi-anneau ; son effet est d'écarter ce bord en dehors et d'élargir l'ouverture de la glotte. J'observe que les deux premiers muscles, en fermant la glotte, tendent en même temps te. membrane tym- paniforme, puisqu'ils l'attirent des deux côtés: ce qui doit contribuer également à rendre le son plus aigu. Quant à celui qui dilate cette ouverture, il n'aug- mente pas la tension de la membrane, puisque celle-ci ne remonte pas jusqu'à la hauteur du cartilage en forme de croissant; par conséquent il ne détruit pas, comme il arriverait par cette tension, le son grave, effet de l'ouverture plus grande de la glotte. c. Larynx inférieur avec cinq paires de muscles. Quant aux oiseaux chanteurs s ils ont cet organe en- core pins compliqué, puisqu'on y trouve cinq paires de muscles, C'est bien une erreur d'un anatomiste (i), d'ailleurs célèbre , d'avoir attribué à ces oiseaux le la- rynx inférieur le plus simple. En voici la description détaillée : Les derniers anneaux de la trachée se réunissent en une pièce longue de deux ou trois lignes, à peu près cy- lindrique dans le haut, et évasée par en bas, où elle a deux pointes obtuses , une antérieure, l'autre posté- (i) Vieqd'Azyr. SfiCT. II. ART/1. OBGANES DE LÀ VOIX DES OISEAUX. 757 Heure, réunies par un osselet transversal, de façon que la trachée s'ouvre intérieurement par deux trous ovales, faisant l'un avec l'autre un angle obtus; cha- cun communique dans une des bronches. Les trois premiers anneaux de chaque bronche sont plus rapprochés et plus plats que les suivants ; ils vont en s'allongeant par derrière, du premier au troi- sième , de façon que l'extrémité postérieure de celui-ci fait une espèce desailiie, parce que le quatrième an- neau diminue subitement. A peine leur courbure fait- elle un arc de 60 degrés; la corde de cet arc est rem- plie par la membrane tympaniforme dont j'ai parlé plus haut. Le premier recourbe son extrémité anté- rieure vers la face interne de la bronche, où elle s'ar- ticule avec un petit cartilage ovale , qui est scellé à la membrane tympaniforme, et il fait en dedans une sail- lie qui est la lame vibrante, ou la partie essentielle de ce larynx. On voit que la coupe transversale de la bronche est d'abord presque circulaire : qu'en remon- tant elle devient un segment de cercle qui se rétrécit dans un sens, en s'élargissant dans l'autre; qu'enfin, Tentrée de l'air dans la trachée se fait par deux trous ovales, garnis chacun à son bord externe d'une lame saillante. | • '., Cet appareil est pourvu de dix muscles, cinq de chaque côté; je vais les décrire successivement et en indiquer l'usage. 1° Le releveu? longitudinal des demi-anneaux. Muscle long, situé à la partie latérale antérieure de la bifur- cation; son attache fixe est au corps de la trachée , à quelques lignes de hauteur; il colle ses fibres à plu- sieurs de ses anneaux ; descendant un peu obliquement 758 XL' LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES OBG. DE BELATIONS. en avant, après avoir formé un ventre sensible, réu- nit ses fibres en un petit tendon qui s'insère à l'extré- mité antérieure du troisième demi-anneau. Il fait mon- ter cette extrémité , et fait saillir eu dedans la petite lame de la glotte, en tendant en même temps toute la partie de la membrane qui se trouve au-dessous de cet anneau , dans le sens de sa longueur. 2° Le releveur postérieur des demi-anneaux est fort semblable au précédent et à peu près parallèle. Il colle ses fibres de même à la partie latérale postérieure de la trachée, et insère son tendon à l'extrémité posté- rieure du troisième demi-anneau. Son effet sur la lame et sur la. membrane est pareil à celui du précédent. Lorsqu'ils agissent ensemble, ils rapprochent la tota- lité des trois demi-anneaux, et fontglisserle premier sous l'arc externe de la trachée, ce qui diminue consi- dérablement son ouverture en faisant saillir la lame. La partie supérieure de la membrane doit se trouver relâchée par leur action, puisque l'espèce au-dessus du troisième anneau est diminuée; mais c'est à quoi remédie le releveur transversal. 3° Le petit releveur. Ce muscle est du double plus court que le précédent et entièrement caché par lui. Il a son. attache fixe à la partie inférieure postérieure de la trachée , et insère son tendon à X extrémité postérieure du second demi-anneau. Son action est semblable à celle du précédent. 4° Le releveur oblique est situé à côté et en avant du précédent, et également caché sous le releveur longi- tudinal postérieur. Il va obliquement de la trachée à Y extrémité postérieure du deuxième demi-anneau; il doit le tirer en haut et en dehors, par conséquent SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 759 participer de Faction des précédents et du sui- vant. 5° Le releveur transversal. Ce muscle est situé à la même hauteur que les précédents, en partie découvert en avant du releveur antérieur, et en partie caché sous lui. Il n'est pas plus long que les deux précédents, mais beaucoup plus gros, ventru, et de forme à peu près ovale. Il prend son origine sur le dernier anneau de la trachée, se porte obliquement en bas et en avant, et s 'insère en partie à l'extrémité antérieure du premier demi-anneau, et surtout au petit cartilage qui s'arti- cule sur elle. Il rapproche cet anneau de la trachée , le rend moins courbe en écartant son extrémité en de- hors, et conséquemment il rétrécit cette partie de la glotte; mais sa principale action est de tirer en avant le petit cartilage, par conséquent de tendre avec force, et dans le sens transversal , la partie supérieure de la membrane tympaniforme ; ce qui peut être nécessaire pour certaines modifications de la voix, mais surtout lorsque les autres muscles relâchant cette partie supé- rieure en même temps qu'ils tendent le reste, il était besoin d'un muscle qui mît le tout à l'unisson. Ce ne sont pas seulement les oiseaux que nous ap- pelons d'ordinaire chanteurs par excellence, tels que les rossignols , les fauvettes , les merles , les chardon- nerets, les alouettes, les linottes, les serins, les pin- çons, etc., qui jouissent de cette organisation plus complète; elle est partagée non seulement par des oi- seaux dont le chant est uniforme ou peu agréable, tels que les hirondelles, les moineaux , les étourneaux , les gros-becs , etc., mais encore par d'autres dont la voix est décidément désagréable, et n'offre que des cris ai- 760 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. près, ou des croassements sourds, tels que les geais, les pies, les corneilles et les corbeaux. Pour expliquer ce phénomène, il faut remarquer d'abord que les facultés physiques apparentes ne sont pas les seules causes qui déterminent les actions des animaux, et qu'il y en a d'une nature plus délicate, dont on désigne l'ensemble, sans en connaître la na- ture, par le nom d'instinct. Ainsi il est bien clair que c'est l'instinct seul, et non pas la forme de l'instrument musical , qui a déterminé les airs naturels à chaque espèce d'oiseau, puisque ces espèces apprennent à se contrefaire l'une l'autre, et qu'on en a vu plusieurs, dont le chant naturel diffère beaucoup, apprendre avec une facilité presque égale à chanter les airs qui leur sont enseignés par un siffleur, par une serinette, ou même par un autre oiseau. Les oiseleurs ont même observé que les rossignols , pris très jeunes, ne chantent jamais aussi bien que les rossignols sauvages, à moins qu'on ne suspende leur cage à la campagne, dans les lieux où ils puissent en- tendre ces derniers. Et d'un autre côté, des oiseaux dont le ramage na- turel est assez peu agréable, tels que le bouvreuil, qui grince comme une scie, ou Yètourneau, qui a un cri si aigre, peuvent être perfectionnés par les soins de l'homme, et devenir d'assezjolis chanteurs. Si donc les oiseaux chanteurs, proprement dits, ont des ramages si différents pour l'agrément, quoique leurs instruments musicaux soient sensiblement les mêmes, cela tient à une espèce d'éducation, et à des causes qui ne sont pas encore du ressort de lanatomie, et dont je n'ai par conséquent pas besoin de m occuper dans cet ouvrage. SE^T. II. AKT. 1. ORGANES DE LÀ VOIX DES OISEAUX. 761 Quant à ceux des oiseaux à cinq paires de muscles, qui ne donnent jamais que des sons faux , ou au moins très désagréables, cela tient , dune part, au timbre de leur instrument , et de l'autre à ce que la mobilité de leur trachée n'est pas en rapport avec celle de leur la- rynx inférieur; car on sent que si la longueur delà trachée est immobile et ne peut pas s'accommoder aux variations de ce larynx , celles-ci ne produiront que des sons faux. On sent aussi que ces sons seront désa- gréables toutes les fois que le diamètre des diverses parties n'aura pas des dimensions convenables; car Euler a montré que cela devait être ainsi, toutes les fois que le tube d'un instrument a plusieurs renfle- ments et plusieurs étranglements. Or, c'est là ce qui arrive dans presque tous les oiseaux dont la voix est désagréable. Les sons rauques des corbeaux tenant à d'autres causes qu'à leur larynx inférieur, on n'en peut donc ti- rer aucune objection contre les fonctions que j'attri- bue à cette partie; et d'un autre côté, la facilité que ces oiseaux ont à varier leurs sons, jusqu'à un certain point , tout désagréables qu'ils sont , et même à contre- faire la voix humaine, s'accorde avec le nombre de leurs muscles propres et en confirme l'importance. [Ajoutons que la composition du larynx inférieur est beaucoup plus variée que ne l'exprime cet ancien texte , et que tout en offrant le même type dans les espèces d'un même genre, ce type peut être modifié considérablement d'une espèce à l'autre, pour produire les sons de voix propres à chaque espèce, Ainsi, dans la cigogne à sac, le larynx inférieur commence avec les derniers anneaux de la trachée , 762 XLC LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. qui devient membraneuse à ses faces antérieure et pos- térieure avant sa terminaison. Ses derniers anneaux s'ouvrent, s'agrandissent et en dilatent la dernière portion. lis sont interrompus en avant, mais rapprochés, et forment une pointe descendante sur les côtés qui répond à une pointe montante, qui semble venir de la bronche correspon- dante , quoique la division se fasse plus bas. Ces der- niers anneaux sont plus forts que les précédents et soudés en arrière et sur les côtés. Au-delà , la trachée n'est plus qu'un tuyau mem- braneux dans une longueur d'un centimètre. Les bronches, à commencer de leur complète sé- paration , sont composées d'anneaux grêles et com- plets. Seulement, quatre cerceaux dont le premier à partir de la bronche est le plus grand , et le dernier le plus court, se voient de chaque côté de la partie membraneuse la plus inférieure de la trachée , et for- ment la pointe ascendante dont nous avons parlé. Il n'y a pas de traverse, ni d'autre partie vibrante que cette partie membraneuse, qui peut être plissée ou tendue par les mouvements de la trachée. Les muscles sterno-trachéens, qui ne sont pas forts, ne joignent ce tube qu'au-delà de sa partie soudée. Cette structure est analogue à celle des Fourmiliers (myrotherus et thamnophilus) , qui ont aussi la partie inférieure de la trachée aplatie d'avant en arrière, mais terminée ici par un anneau complet auquel les bronches viennent se joindre. Un muscle, de chaque côté, descend de la dernière partie solide de la tra- chée, à travers la partie membraneuse, jusqu'au der- nier anneau auquel il s'attache. Tel est l'instrument SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 763 des sons de cloche que ces oiseaux font entendre au loin. Les fourmiers (furnarius rufus) ont aussi la partie inférieure de la trachée membraneuse avec des ar- ceaux mobiles extrêmement fins. Un os pyramidal , dont la base repose sur le dernier anneau trachéen et sur le premier cerceau bronchique, et dont le sommet s'élève librement au-delà de la partie membraneuse , donne attache, par sa partie supérieure, au muscle sterno-trachéen , qui ne se fixe pas conséquemment à la trachée; et par sa base , en avant et en arrière, aux deux seuls muscles du larynx inférieur. Les procnias ont encore présenté un type tout par- ticulier, celui d'une enveloppé musculaire épaisse, qui recouvre complètement tout le larynx inférieur, et dont la couche interne s'attache à la muqueuse, au- dessus du premier demi-anneau bronchique, et forme de chaque côté une lèvre intérieure (1).] II. De la tracliée-artère. Les trachées-artères des divers oiseaux peuvent différer entre elles par leur longueur absolue, par la facilité qu'elles ont à s'allonger ou à se raccourcir, par la consistance de leurs parois; et enfin, par leur forme, laquelle dépend surtout de la différence du diamètre de leurs diverses portions. (i) Sur les types encore inconnus des différents larynx de l'ordre des Passereaux, par J. Millier. Mémoire communiqué à l'Académie des se. de Berlin ,1e 26 juin i8A5. Ce mémoire renferme beaucoup de faits nou- veaux sur l'organisation du larynx inférieur des Passereaux étrangers a l'Europe, tels que les Procnias^ les Fourniers, les Çolious, les Colibris, etc. 764 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. Nous allons les considérer sous ces quatre points de vue, après avoir indiqué ce qu'elles ont toutes de commun. Les trachées des oiseaux sont constamment formées d anneaux cartilagineux ou osseux entiers , ce qui en fait des tubes complets, dont le diamètre ne varie point et dont toutes les parties sont solides. Cela était nécessaire pour la fonction qu'elles remplissent dans la formation de la voix ; tandis que dans les mammi- fères, où elles ne servent que de porte-vent, chaque anneau a toujours en arrière un segment qui manque, et la trachée a ainsi un espace longitudinal membra- neux. Les anneaux sont le plus souvent d'une égale largeur dans tout leur contour ; mais dans les espèces qui ont la trachée peu ductile, et où ils sont très rapprochés, ils sont ordinairement plus larges d'un côté que de l'au- tre, et cela alternativement, de manière que si l'un diminue à gauche, le suivant y sera plus large et di- minuera à droite , et ainsi de suite. La longueur absolue de la trachée-artère , et par conséquent son ton fondamental , dépend principale- ment de la longueur du cou de chaque oiseau; et nous voyons que l'expérience à l'égard du ton est conforme à ce principe : les petits oiseaux chantent le plus haut, et ceux qui ont le cou long ont en général la voix la plus basse; mais la nature a allongé certaines tra chées, plus qu'on ne pourrait le juger d'après la mesure du cou lui-même; ce sont celles qui se re- plient et se contournent sur elles-mêmes de diffé- rentes façons. On en observe de telles parmi les Gallinacés, dans SECT. II. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISEAUX. 765 le coq de bruyère, du genre des tétras , et dans plu- sieurs hoccos et pènèlopes ; parmi les Oiseaux de Ri- vage, dans presque tous les mâles du genre ardea, comme hérons, butors, cigognes et grues ; et parmi les Oiseaux Nageurs, dans l'espèce du cygne. Mais les contours ne se trouvent presque jamais que dans les mâles, comme les renflements que nous avons vus au larynx inférieur des canards et des liarles, et les fe- melles en sont presque toujours dépourvues ; aussi leurs voix sont-elles constamment plus aiguës que celles des mâles dans toutes ces espèces. La facilité que les trachées ont à s'allonger ou à se raccourcir ne tient [pas seulement] à leurs muscles, mais à leur texture : celles qui ont les anneaux plus minces, et séparés par des intervalles membraneux plus grands, sont plus variables que celles dont les anneaux sont larges et se touchent presque. Aussi tous les Oiseaux que j'ai appelés chanteurs ont-ils leurs anneaux aussi minces que des fils, et les membranes qui les unissent minces et flexibles, au point qu'on peut, eu comprimant leur trachée dans le sens de sa longueur, la réduire de beaucoup plus de inoitié. Les Oiseaux de rivage et les Oiseaux palmipèdes ont3 au contraire, en grande partie les anneaux larges, pres- que contigus , et comme recouverts les uns par les au- tres, à cause des rétrécissements alternatifs dont j'ai parlé plus haut. Dans la plupart des autres, la partie inférieure de la trachée est formée d'anneaux rapprochés ou même soudés ensemble. Quant à la forme, comme j'ai déjà parlé des trachées repliées et contournées sur elles-mêmes, il ne me reste ~> 760 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. plus qu'à les diviser en quatre ordres : i° les trachées cylindriques; 2° les trachées coniques; 3° les trachées qui ont des renflements subits; 4° celles qui se renflent et se rétrécissent par degrés insensibles. Les trachées cylindriques forment le plus grand nombre; on en trouve de telles dans tous les oiseaux chanteurs, dans tous les oiseaux de rivage qui ont la voix grêle ou flûtée , dans les femelles des oiseaux na- geurs, et dans beaucoup d'oiseaux de proie et de gal- linacés; mais leur base n'est pas toujours un cercle; elles sont très souvent aplaties d'avant en arrière, et vers le bas elles le sont toujours un peu par les côtés. Les trachées coniques sont en cônes très allongés , dont la partie plus large est du côté de la bouche. J'en ai observé de telles dans le dindon, le héron, le butor, Y oiseau royal , le cormoran et le fou, qui sont tous des oiseaux à voix éclatante. Les trachées subitement renflées sont les plus rares. Je n'en connais que deux exemples : le garrot (anas clangula), et la double macreuse (anas fusca); mais les renflements , quoique placés, dans l'un et dans l'autre, à peu près au milieu de la trachée, sont cependant très différents : celui du garrot est formé par des anneaux plus larges que les autres, et sa forme est presque sphérique; celui de la double macreuse est en forme de disque circulaire ou de lentille , plat en arrière, légè- rement convexe en avant, et à parois entièrement so- lides. On voit cependant à l'intérieur des stries trans- versales , qui sont des traces des anneaux dont l'en- semble compose ce disque. Dans l'un et dans l'autre oiseau, les muscles sterno- trachéens s insèrent précisément à cette dilatation; en SECT. IT. ART. I. ORGANES DE LA VOIX DES OISE\UX. 767 sorte qu'ils peuvent faire varier sa situation relative- ment aux extrémités delà trachée, en faisant raccour- cir alternativement la portion de ce tube qui est au- dessus de ce renflement, ou celle qui est au-dessous; et mes expériences sur les instruments me font croire que cela doit faire varier le ton. M. de Humboldt a trouvé dans le Kamichi (paîame- dea bispinosa) un renflement assez semblable à celui du garrot. C'est surtout dans le genre des Jiarles qu'on voit des trachées qui ont des renflements adoucis ; dans le petit harle , il n'y en a qu'un , sa trachée-artère pou- vant être comparée à une ellipsoïde très allongée; mais il y en a deux dans le grand harle, qui sont séparés par un rétrécissement, et la trachée se termine vers le larynx supérieur par une portion plus étroite que tout le reste. Les canards mâles ont ordinairement aussi quelques dilatations et rétrécissement de ce genre (1). III. Du larynx supérieur. Le larynx supérieur des Oiseaux est situé à l'extré- mité supérieure de la trachée-artère, et à la base de la langue ; il est porté parla queue de l'os hyoïde , à la- quelle il est attaché fixement par une cellulosité serrée ; il est composé de six ou de quatre pièces osseuses; la principale est analogue au cartilage [thyroïde] de l'homme et des mammifères; elle se trouve dans quel- ques espèces [dans la plupart] divisée en trois pièces [une moyenne inférieure et deux latérales et supé- (i) Voir notre t. VII, p. 60 à 86, pour plus de détails sur la forme et a composition de la trachée-artère des oiseaux. 768 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. rieures] ; c'est ce qui porte alors leur nombre total de quatre à six. La pièce moyenne et inférieure est très grande, d'une forme ovale ou triangulaire; la portion supé- rieure est en forme de demi-anneau, [et composée de deux pièces distinctes se rencontrant sur la ligne mé- diane. Sur le milieu de ce demi-anneau [brisé] est placé un petit os arrondi [le cricoïcle] , auquel s'arti- culent deux autres pièces osseuses et oblongues, lon- gitudinales, presque parallèles à la partie supérieure du cartilage principal , la touchant par leur bord ex- terne, et interceptant entre elles l'ouverture de ce larynx supérieur [ce sont les aryténoïdes]. Cette ouverture est donc comme une fente longitu- dinale que l'on aurait faite à la face postérieure du tube qui constitue la trachée-artère; au lieu que la glotte du larynx des mammifères et de l'homme est dispo- sée de manière que son plan traverse le cylindre de la trachée. Indépendamment de cette différence dans la posi- tion de la glotte, il y en a une plut; essentielle dans sa structure, en ce qu'elle est formée, clans les oiseaux, par deux pièces osseuses | les aryténoïdes], qui ne peuvent que s'écarter ou se rapprocher, et jamais se tendre ni se relâcher; tandis que dans les mammifères, les bords de la glotte sont formés par des faisceaux de fibres tendineuses, enveloppés dans une membrane, et qu'ils peuvent être tendus ou relâchés, allongés ou raccour- cis, par la rétraction ou la protraction des cartilages aryténoïdes et l'action de leurs muscles propres. Dans les Oiseaux , les fonctions de i'épiglotte sont remplies par des pointes cartilagineuses placées sur les SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA. VOIX DES MAMMIFÈRES. 769 bords de la glotte, et disposées de manière à empêcher les substances alimentaires d'y entrer lors de la dégluti- tion. [Ces pointes manquent dans plusieurs ordres (1).] Comme le bec des oiseaux est fendu pour l'ordinaire jusque vis-à-vis du larynx supérieur, et même quel- quefois plus avant, et qu'il n'a point de lèvres qui puissent le fermer en tout ou en partie, on ne peut pas le considérer comme faisant partie de l'instrument vo- cal, et il n'influe pas sur le ton de la voix ; mais sa vous- sure et sa forme intérieure influent plus ou moins sur les résonnances et sur les articulations. Le larynx supérieur n'ayant [généralement] d'autre office que d'ouvrir et de fermer plus ou moins la tra- chée, il varie fort peu d'oiseau à oiseau. [M. Cuvier, qui avait rédigé lui-même, dans notre première édition, la leçon sur les organes de la voix des vertébrés, avait donné trop peu de détails sur la composition du larynx supérieur des oiseaux, préoc- cupé sans doute de l'importance des découvertes qu'il avait faites , dans son premier et si remarquable tra- vail d'anatomie comparée, sur leur larynx infé- rieur (2). L'état actuel de la science nous force d'y suppléer autant que possible dans le peu de lignes dont nous pouvons disposer. En étudiant le larynx supérieur des Oiseaux sous le rapport de son analogie de décomposition avec le la- rynx des Mammifères , on y trouve : i° Un cartilage principal, le thyroïde , presque tou- (1) Voir à ce sujet notre t. IV, part. II, p. 595-097. (2) Sur le larynx inférieur des Oiseaux , Magasin encyclopédique, t: II. Paris, 1795. - S. 49 770 XL' LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. jours composé de trois parties distinctes, une moyenne inférieure , qui se prolonge souvent en pointe ou en forme de bec d'aiguière, en avant de la glotte, et deux latérales et supérieures, dont les extrémités sont le plus ordinairement rapprochées de ce dernier côté , et non soudées, ou restent plus rarement écartées. Ces parties latérales du thyroïde peuvent s'ossifier et se souder avec la pièce moyenne, mais il est rare qu'elles ne laissent pas quelque trace de la suture qui les unissait. Cette pièce principale du larynx supérieur des oi- seaux a un développement proportionnel plus grand que le thyroïde des mammifères, dont elle est cependant l'analogue , de la manière la plus évidente pour nous. Dans quelques genres des ordres de cette classe, ceux des Rapaces et des Brêvipennes exceptés, la face interne du thyroïde est divisée dans sa longueur par une crête médiane cartilagineuse qui fait plus ou moins de saillie, en s'élevant vers la glotte. Cette crête existe, entre autres, dans les canards, les plongeons ,1e bec-en-ciseau, etc., parmi les Palmi- pèdes; les cigognes , parmi les Echassiers ; la pintade, parmi les Gallinacés ; le coucou , parmi les Grimpeurs ; X engoulevent, parmi les Passereaux , etc. Dans ! "albatros , elle est précédée d'un gros tu- bercule à trois pointes mousses, dont la moyenne est la plus saillante. Le bord antérieur du thyroïde a souvent une lan- guette épiglottique , ainsi que nous l'avons déjà dit, de nature cartilagineuse ou même osseuse, qui n'est pas mobile et ne se replie pas sur la glotte , mais que l'on peut considérer comme un rudiment d epiglotte , lors- qu'on étudie le larynx supérieur des oiseaux, non SECT. TT. ART. II. ORGANES DE LA YOTX DES MAMMIFÈRES, 771 plus sous le rapport de ses fonctions, mais sous celui de sa composition générale. 2° Le cricoïde est , au contraire, du thyroïde, à peu près à l'état rudimentaire. D'un côté, les premiers anneaux de la trachée-artère ne formant plus, comme chez les mammifères, des demi-cerceaux, mais des cercles entiers, de l'autre le thyroïde composant un anneau complet, le cricoïde a pu être réduit à sa partie articulaire avec les aryténoïdes. Le plus souvent, sa forme, qui varie beaucoup, est étroite et longue, un peu élargie en palette vers le haut. Dans Y albatros, il forme une lame étroite d'avant en arrière , placée comme un coin entre les deux aryté- noïdes, qui viennent s'articuler contre ses faces la- térales. 3° Les aryténoïdes existent dans le larynx supérieur des Oiseaux; ils y ont même, le plus souvent, de très grandes proportions relatives. Ils sont en connexion comme à l'ordinaire, en arrière avec le cricoïde, et en avant avec la pièce médiane du thyroïde , dans quelques cas par le moyen d'un ligament. Ils bordent la glotte recouverts par la muqueuse de la bouche, soit immédiatement, soit par l'intermé- diaire d'une bande ligamenteuse qu'ils supportent et qu'ils entraînent dans leurs mouvements d'adduction et d'abduction. Les muscles qui meuvent cette partie appartiennent essentiellement aux aryténoïdes, qu'ils rapprochent ou écartent l'un de l'autre , pour fermer ou pour ouvrir la glotte. Les premiers sont de petits muscles impairs dont les fibres transversales vont d'une extrémité de l'ary- ténoïde à l'autre, soit en avant (celles du constricteur 772 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. antérieur), soit en arrière (celles du constricteur pos- térieur}. Le dilatateur de la glotte est un muscle pair, qui s'élève du bord supérieur des pièces latérales du thy- roïde vers la crête externe de chaque aryténoïde. Le constricteur antérieur manque quelquefois (dans le canard) , mais le postérieur et les dilatateurs de la glotte m'ont paru constants.] Je crois avoir établi dans cet article : i° Que le son est produit dans les Oiseaux comme dans les instruments à vent de la classe des cors; q° Qu'il est déterminé, quant à son ton, par les mêmes moyens que dans ces sortes d'instruments; 3° Qu'autant que nous connaissons les choses qui déterminent le timbre, leur effet dans les oiseaux est le même que dans nos instruments ; 4° Que les oiseaux ont la voix d'autant plus facile- ment variable qu'ils ont plus de perfection dans les trois sortes d'organes qu'ils emploient pour faire varier le ton: 5° Que leur voix nous paraît d'autant plus agréable que leur trachée ressemble davantage aux instruments dont les sons flattent notre oreille. Je crois pouvoir en conclure que l'organe de la voix des Oiseaux est un véritable instrument à vent de la classe des cors, des trompettes, et surtout qu'il peut être comparé dans tous ses points au trom- bone. ARTICLE II. DES ORGANES DE LA VOIX DANS LES MAMMIFÈRES. Nous sommes bien éloignés d'avoir une théorie aussi complète de ceux-ci que des précédents, ni de pouvoir SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 773 observer une marche aussi ferme clans leur descrip- tion : la plupart de ces animaux ne produisent d'ail- leurs que des bruits plus ou moins bizarres, que nos instruments n'imitent point. Il y a cependant des articles déjà très évidents : ainsi l'intervalle des rubans fibreux et plus ou moins tran- chants du larynx , placé au sommet de la trachée , ru- bans nommés ligaments inférieurs delà glotte, est le lieu où se forme le son ; la grandeur, la liberté, la ten- sion de ces rubans, influent sur l'origine même du son ; toute la trachée ne sert que de porte-vent: aussi varie- t-elle peu pour ses formes; ses anneaux ne sont pres- que jamais complets, mais laissent en arrière une bande simplement membraneuse, etc. Le son produit par les rubans vocaux, ou ligaments inférieurs de la glotte, peut-être modifié : 1° Par la forme et les dimensions du passage qui lui est ouvert au travers du reste du larynx ; 2° Par sa résonnance ou sa dispersion dans les ca- vités attenantes à ce larynx , comme les ventricules de la glotte , les sinus et poches qui communiquent quel- quefois avec eux , les poches qui s'ouvrent au-devant du larynx, etc.; 3° Par la forme et les dimensions du double passage que lui fournissent la bouche et les narines , et par les variations qu'y produisent les positions diverses de la langue et des lèvres. Malheureusement l'étude de ce dernier point n'est pas même encore commencée anatomiquement ; et tout ce que nous pouvons faire aujourd'hui, c'est de donner une ébauche relativement aux deux premiers. Elle est cependant plus complète qu'on ne pourrait la recueillir des ouvrages de tous nos prédécesseurs. 774 XL' LEÇON. COALPLÉMEISTAIKE DES OBG. DE BELÀTIONS. I. Description générale du larynx. Le larynx de X homme et des mammifères est un assemblage de cartilages mobiles les uns sur les au- tres, et dont la totalité peut aussi se mouvoir par rap- port aux parties environnantes. Le cartilage principal est en forme d'anneau et porte le nom de cricdide. Au-devant de lui en est un autre composé de deux plans , ou ailes, faisant ensemble un angle , et de forme irrégulièrement quadrangulaire ; on le nomme thyroïde. La partie postérieure du cricoïde, plus large que l'antérieure, s'élève entre les deux ailes du thyroïde ; les angles antérieurs et externes de celles- ci sont suspendus aux cornes de l'os hyoïde. Sur la partie postérieure du cricoïde s'articulent deux cartilages nommés arytènoides , qui peuvent s'écarter et se rapprocher l'un de l'autre ou faire un mouvement de bascule en arrière. Un ruban fibreux , très tranchant à son bord supé- rieur, est attaché en arrière au corps du cartilage ary- ténoïde de son côté, et va fixer son extrémité anté- rieure à côté de celle du ruban correspondant à la face interne du thyroïde, dans l'angle que forment ses deux plans. C'est la fente interceptée entre ces deux rubans qui se nomme glotte; les rubans eux-mêmes sont les deux lames vibrantes qui donnent naissance au son; leur bord intérieur et tranchant restant libre , il reste un espace entre lui et la paroi interne adjacente du larynx. Cet espace, qui se prolonge quelquefois en divers si- nus, prend le nom de ventricule de la glotte. Le ruban lui-même porte celui de ligament infé rieur de la glotte. Une légère élévation qui lui est pa- SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 775 rallèle, et qui borne en dessus l'entrée du ventricule , est appelée ligament antérieur ou supérieur. Enfin , un cartilage impair, très mou, est attaché sur le bord an- térieur de la face interne du thyroïde , se porte en ar- rière, pouvant couvrir tout-à-fait l'entrée du larynx en se fléchissant jusque sur les cartilages aryténoïdes, mais restant d'ordinaire à demi relevé : c'est l'épiglotte, dont nous avons déjà parlé à l'article de la déglutition. Outre les ligaments articulaires , tous ces cartilages sont liés ensemble par une cellulosité générale , et re- vêtus en dedans d'une membrane qui se continue avec celle de la bouche, et qui se propage par la tra- chée jusque dans les moindres cellules du poumon. Dans l'intervalle entre l'épiglotte et chaque carti- lage aryténoïde,est suspendu un petit cartilage nommé cunéiforme, par Wrisberg. [Le tubercule de San- torini est un autre petit cartilage souvent confondu avec l'aryténoïde, à l'extrémité supérieure duquel il se soude. On l'appelle encore cartilage çorniculé. Sa pointe antérieure pénètre dans le ligament antérieur ou supérieur de la glotte. Il peut se former encore des cartilages sésamoïdes qui sont situés au bord postérieur des aryténoïdes. Enfin l'intervalle postérieur des deux aryténoïdes est occupé dans quelques mammifères par un cartilage impair, placé au-dessus du cricoïde entre ses deux articulations avec les aryténoïdes. M. fVagner l'ap- pelle inter-articulaire ; Dugès épicricéal. On en doit la découverte à MM. E. Rousseau et Brandt.] Les mouvements du larynx sont ou totaux ou par- tiels; les premiers tendent à l'élever ou à l'abaisser, c'est-à-dire à raccourcir ou à allonger le tube de 3'instrument musical , ou, ce qui est la même chose. 776 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. l'espace qui s'étend depuis la glotte jusqu'aux lèvres: aussi élève-t-on le larynx quand on veut chanter dans les tons aigus, et on l'abaisse pour les tons graves. C'est même sans doute de là que ces tons portent aussi les noms de haut et de bas. Ces mouvements totaux s'exécutent, ou médiate- ment par ceux de l'os hyoïde, auquel le larynx est sus- pendu , et qui l'entraîne avec lui ( qu'on voie à cet égard la leçon de la déglutition); ou immédiatement par des muscles propres au larynx lui-même : savoir, les thyro-hyoïdiens , qui vont des côtés du cartilage thyroïde à ceux de l'os hyoïde; et les sterno-thyroï- diens, qui viennent de la face interne delà pointe su- périeure du sternum, rampent le long de la trachée- artère derrière les sterno-hyoïdiens, et s'insèrent au cartilage thyroïde. On conçoit aisément que les premiers élèvent le la- rynx , et que les autres l'abaissent. Les mouvements partiels du larynx s'exécutent par ses muscles propres; ils ont pour objet principal de rétrécir la glotte en tendant ses ligaments inférieurs ou ses rubans vocaux, ou de l'élargir en relâchant les mêmes rubans ; c'est-à-dire que leur effet est de faire varier l'anche de l'instrument vocal, de manière à pro- duire les tons harmoniques de chaque ton fondamen- tal déterminé par la longueur du tube de cet instru- ment. C'est ainsi qu'on peut expliquer l'étendue de la voix humaine, qui va bien au-delà d'une octave, quoique l'élévation et l'abaissement du larynx ne puissent rac- courcir l'instrument de moitié; il y a cependant encore de l'embarras dans cette explication , parce que les voix justes exécutent tous lestons compris dans les li- SECT. Ii. ART. lî. OKGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 777 mites de leur étendue en haut et en bas, et que ces tons ne sont cependant pas tous des harmoniques des tons fondamentaux : d'ailleurs il faudrait qu'en chantant ainsi la gamme montante , le larynx descendît de temps en temps, et Ton observe qu'il monte toujours. Quoi qu'il en soit, les mouvements partiels dont nous par- lons ont surtout lieu dans les cartilages aryténoïdes. Ces cartilages sont articulés chacun pararthrodiesur une saillie du cartilage cricoïde, et peuvent écarter ou rapprocher leur partie supérieure et libre, ou bien la porter en avant ou en arrière. Ce dernier mouvement tend le ruban vocal; l'opposé le relâche; [iécartement de cette même branche supérieure et postérieure des aryténoïdes rapproche sa partie antérieure de la ligne moyenne et rétrécit la glotte. Le rapprochement de la même branche postérieure de levier courbé, en écar- tant la branche antérieure, élargit la même ouverture.] Les cartilages aryténoïdes ont chacun six muscles. 1° Le crico-arytënoïdieii postérieur, grand muscle triangulaire, qui recouvre avec son congénère toute la face postérieure du cricoïde, et rassemble ses fibres pour les insérer à l'apophyse externe de l'aryténoïde, à laquelle il fait faire la bascule [en arrière et en bas, en portant en dehors et en haut l'apophyse opposée ou antérieure du même cartilage. Ce mouvement doit tendre le ligament de la glotte , effacer en partie la saillie qu'il fait dans son état de relâchement et ouvrir la glotte.] 2° Le crico-an/ténoïdien antérieur ou latéral, atta- ché à la face latérale du cricoïde, se dirigeant en ar- rière et en haut pour s'insérer à l'apophyse externe de l'aryténoïde, [qu'il porte en avant, en bas et un peu 778 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. . en dehors , tandis que l'apophyse antérieure est dirigée en dedans, en bas et en avant. Ce muscle est l'antago- niste dn précédent. Il augmente, par son action sur l'aryténoïde, la saillie du ruban vocal et rétrécit la glotte.] 3° Le thyro-aryténoïdieii , venant de la face posté- rieure du thyroïde dans l'angle et de ses deux ailes, se dirigeant en arrière pour s'insérer à la base antérieure de l'aryténoïde, auquel il fait faire la bascule en avant. [Il agit dans le même sens que le précédent.] t$ Les arytênoidiens croisés ou obliques , et 5° Xary- tènôidien transverse , qui vont en diverses directions d'un cartilage aryténoïde à l'autre, sur leur face posté- rieure, et qui les rapprochent. Ils doivent ouvrir la glotte en écartant la partie opposée des cartilages. 6° Un autre muscle propre du larynx est le crico- thyroidien , qui va de la face antérieure du cricoïde à tout le bord inférieur de l'aile du thyroïde. Gomme celui-ci s'articule de chaque côté avec une tubérosité latérale du cricoïde , ce muscle fait faire au cricoïde un mouvement de bascule [qui porte son arc antérieur en arrière et en haut , et son arc postérieur en arrière et en bas. Ce mouvement entraîne les aryténoïdes en arrière, allonge les ligaments de la glotte, et rétrécit cette ouverture (i).] Plusieurs autres petits muscles agissent sur l' épi- glotte ; tels sont : 7* lîépiglotti-aryténoïdien ; muscle faible, souvent (i) Remarques sur la structure du larynx et de la trachée-artère, par E. A. Lauth. Mémoires de l'Académie royale de médecine de Paris. SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 779 peu apparent, qui va de la face postérieure de l'épi— glotte à l'aryténoïde de son côté. Les deux muscles tirent l'extrémité supérieure de lepiglotte en bas et en arrière. 8° Le thyro-êpiglottique, petit faisceau musculeux qui va delà face interne du thyroïde à la base de lepi- glotte, qu'il tire en bas et rapproche de l'hyoïde. 90 Enfin le glosso-épiglottique, qui vient de la base de la langue à la face antérieure de 1 epiglotte. C'est l'antagoniste des deux précédents, puisqu'il tire l'épi- glotte en avant. Telle est la disposition générale des larynx de l'homme et des mammifères; les différences dépen- dent de la forme de chaque cartilage, des prolonge- ments et de la figure des ventricules de la glotte , et de certains sacs communiquant avec différentes parties du larynx et de ses dépendances. Nous allons les exa- miner dans ces divers rapports. II. Description particulière des caractères distinctifs des divers larynx. i° Dans l 'homme , Yépiglotte est ovale, obtuse et comme tronquée ou même légèrement échancrée. Le thyroïde a ses ailes plus larges que longues. Le bord antérieur est échancré au milieu ; le postérieur a deux festons rentrant à chaque aile. Les angles se pro- longent en pointes ou cornes, dont les supérieures sont de beaucoup les plus longues. Les arytènoïdes sont deux petites pyramides trian- gulaires, dont la pointe se recourbe en arrière, s'amol- lit et s'arrondit. - Les cartilages cunéiformes sont si mous qu'à peine 780 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. ils méritent ce nom; on ne les remarque que comme un petit tubercule en avant de celui du sommet de chaque aryténoïde. Leur forme est celle d'une L, dont la partie inférieure entre dans le ligament antérieur de la glotte. Les rubans vocaux sont médiocrement tranchants. Les ventricules de la glotte remontent entre les liga- ments antérieurs et le thyroïde, pour y former une ca- vité demi-circulaire. La femme a le larynx à proportion plus étroit que l'homme, mais les cartilages m'en ont paru plus durs ( 1 ) . 2° Dans les Quadrumanes, Dans Y orang-outang, lepiglotte est courte, très concave à sa base, tronquée et échancrée; les aryté- noïdes plus petits à proportion que dans l'homme, et les cunéiformes plus grands , les rubans vocaux libres et tranchants ; l'ouverture du ventricule ovale et très large; le ventricule lui-même est une grande cavité ovale, large en tous sens, divisée en deux parties par une demi-cloison. C'est dans sa partie inférieure que donne l'ouverture qui est entre les deux ligaments de la glotte. La partie supérieure communique par un trou percé entre le thyroïde et l'hyoïde, dans un grand sac membraneux situé dans la gorge; ce sac est collé à ce- lui de l'autre côté par de la cellulosité, mais ne com- munique point avec lui , si ce n'est par le larynx. Il est clair que l'air qui vient de passer entre les deux ru- (i) C'était une observation exceptionnelle; ils sont généralement plus mou». SECT. IT« ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES, 781 bans vocaux, repoussé par la concavité de l'épiglotte, doit se répandre dans les deux sacs, plutôt que de pas- ser par la bouche, surtout pour peu que l'animal tienne son épiglotte abaissée, et que presque tout le son doit être amorti par cette dérivation. Camper, qui a le premier fait connaître les deux sacs, dit qu'il les a trouvés quelquefois fort inégaux. Les orangs et gibbons exceptés , tous les autres singes ont plus ou moins l'os hyoïde en forme de bouclier bombé, et dans plusieurs de ceux de l'ancien continent, ce bouclier, en forme de triangle très bombé, sert à protéger le commencement d'un sac membraneux simple, qui communique avec le larynx, non plus par les ventricules de la glotte, mais par un trou percé entre la base de l'épiglotte et le milieu du bord antérieur du thyroïde. Nous avons vu ce sac dans le mandrill (sim. mor- mon et maimon L.), \e cynocéphale papion, le maca- que. Il y varie beaucoup pour la grandeur, et, à ce qu'il nous paraît, selon l'âge; car dans les jeunes individus, nous lavons trouvé quelquefois qui ne remplissait pas même toute la concavité de l'os hyoïde. 11 paraît que Camper l'a vu aussi dans le magot, qu'il nomme pithè- que. Nous en avons observé un considérable dans Youandérou ou macaque à crinière. Nous n'avons pu trouver aucune trace de ce sac membraneux dans le grand babouin hamadryas. ni dans le macaque bonnet chinois L., ni dans la guenon patas , quoiqu'on y voie en dedans un petit creux , à la base de lepiglotte , à l'endroit même où le mandrill a un trou. Dans la guenon mone, il n'y avait pas même ce pe- tit enfoncement. 782 XL* LF.ÇON. COMPLÉMENTAIRE DES (TRCr. DE RELATIONS. Le calli triche manque aussi de sae. Nous en avons trouvé un petit dans une espèce nouvelle et voisine de celle-là. Dans tous les sapajous et sagouins, les rubans vo- caux sont plus libres et plus tranchants que dans les autres singes. Dans les singes du nouveau continent en général , tant sapajous que sagouins (1), il y a une disposition très intéressante : les cartilages aryténoïdes sont ex- trêmement petits et courbés en arrière; les cunéi- formes, renforcés d'une cellulosité graisseuse , forment au-devant de l'extrémité supérieure du ventricule de la glotte un gros coussin en forme de segment de sphère , qui touche à celui du côté opposé , de manière à intercepter une moitié du passage de l'air; il en ré- sulte que l'air qui a traversé entre les deux rubans vo- caux est obligé de suivre un canal étroit et recourbé entre les deux coussins et la concavité de Fépiglotte v pour arriver à la bouche. C'est un vrai tube de flûte recourbé en S, et c'est ainsi que s'explique le ton abso- lument flûte de la voix du sajou (S. apella), et du saï (s. capucina), que l'on pourrait appeler singes siffleurs. Ces deux sapajous ont d'ailleurs un hyoïde bombé comme les guenons, quoique moins long, et aucun sac ne communique avec leur larynx. Le coaka (s. paniscus) a l'organe tout semblable à celui des sapajous , mais il a de plus un sac situé tout autrement que ceux que nous avons décrits jusqu'ici. C'est une dilatation très considérable de la partie mem- braneuse delà trachée-artère immédiatement derrière (i) Le mot de Sagouins comprend ici la famille des Ouistitis. 5ECT. TI. ART. II. ORGANES DE LA VOTX DES MAMMIFÈRES. 783 le cartilage cricoïde. Ce sac n'est donc pas rempli par l'air qui a déjà vibré, mais il faut qu'il s'emplisse avant que l'air puisse passer entre les rubans vocaux ; on doit donc le regarder comme une espèce de réser- voir, dont l'animal peut se servir pour faire passer su- bitement au travers de sa glotte une grande quantité d'air, en comprimant son sac par le moyen des peau- ciers, et surtout des muscles qui vont du larynx au pharynx, et qui embrassent cette expansion. 11 doit donc beaucoup contribuer à grossir la voix. Camper a remarqué , dans le coaïta , les protubé- rances intérieures, mais non pas le sac supérieur; ce qui a droit d'étonner, c'est qu'il parle d'un singe noir de Surinam, manquant de pouce, qui avait un grand sac au-dessous. Comme il n'y a parmi les espèces connues que le coaïta qui manque de pouce , nous ne savons de quel singe il veut parler à cet en- droit (i), Dans la famille des Ouistitis, le marikinci (S. rosa- lia), qui d'ailleurs ressemble par le larynx aux autres singes d'Amérique, offre encore un caractère remar- quable : un sac membraneux, qui s'ouvre à un endroit tout particulier dans l'intervalle entre le cricoïde et le thyroïde ; ce qui est bien différent du sac des man- drills , ouvert entre le thyroïde et 1 epiglotte. Je n'ai point retrouvé ce sac, ni dans X ouistiti (S. jacchus), ni dans le tamarin (S. midas). Mais la grosseur pro- portionnelle de leurs cartilages cunéiformes y est en- (i) Ceci a été écrit par M. Cuvier en 1804, Le genre Atèle, qui com- prend les singes d'Amérique manquant de pouce, se compose, dans la dernière édition du Règne animal, de cinq espèces. 784 XL» LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORCr. DE RELATIONS. core plus sensible, et ils sont encore mieux caractéri- sés pour des siffleurs que tous les autres. La saillie supérieure de ces cartilages divise même en deux la glotte supérieure, et lui donne une ressemblance ap- parente avec le larynx supérieur des oiseaux. Celui de tous les Singes d Amérique qui a le plus singulier organe vocal , c'est ïalouate , ou sapajou hurleur (S. seniculus L.). Son hyoïde, ainsi que nous l'avons dit, t. IV, part. I , p. 467, est bombé en forme de vessie arrondie, et n'ayant qu'une entrée large et carrée. Le larynx lui-même ressemble entièrement à celui des sapajous ordinaires, il a de même les deux proémi* nences arrondies en avant des ventricules, etc.; mais chaque ventricule donne dans une poche membra- neuse , qui se glisse entre l'épiglotte et Faile contigue du thyroïde , et qui se porte vers l'hyoïde. Dans l'individu que j'ai disséqué, la poche droite seule occupait presque toute la cavité de l'hyoïde; la gauche se terminait à l'instant même où elle était près d'y pénétrer; mais il est probable que dans d'autres individus les poches seront égales, ou que la gauche aura quelquefois l'avantage. Camper s'est trompé en supposant une poche unique qui viendrait de la base de l'épiglotte comme les man- drills , et Vicq-d'Azyr en admettant un canal commun dans lequel donneraient les deux ventricules. Cepen- dant ce dernier, comme on voit , a plus approché de la vérité. L'air qui a passé entre les rubans vocaux pé- nètre donc en partie dans cette cavité osseuse et élas- tique de l'hyoïde, et c'est probablement de la réson- nance qu'il y éprouve que vient l'effrayant volume de la voix de ces singes. SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 785 Dans les Makis , l'épiglotte est grande, oblongue et obtuse; elle est beaucoup plus couchée en avant que dans les précédents 5 et presque parallèle avec le thy- roïde. Les aryténoïdes sont très petits et courts, les ru- bans vocaux bien libres et tranchants, les ventricules profonds latéralement et en arrière , et les ligaments antérieurs de la glotte si saillants , qu'il y a entre eux et l'épiglotte un second enfoncement notable parallèle à l'ouverture du ventricule. Ces ligaments formeraient peut-être un second instrument vocal, s'ils n'étaient plus écartés que les postérieurs, ou vrais rubans vocaux. Du reste , dans tous ces animaux , le larynx diffère peu de celui de l'homme; les cornes antérieures du thyroïde et l'épiglotte sont seulement plus courtes à proportion, surtout ces cornes, qui sont moindres que les antérieures; les ventricules de la glotte s'enfoncent aussi un peu davantage en dessus, les cartilages aryté- noïdes sont un peu plus petits. On sent aussi que dans les espèces qui ont un sac membraneux, une grande partie de l'air doit être ab- sorbée eu sortant d'entre les rubans vocaux ; en effet, chaque lois qu'ils crient, on voit leur sac se gonfler, et c'est probablement pourquoi tous ces animaux ont une voix plus faible que leur grandeur et leur vivacité ne semblaient l'annoncer. 3° et 4°- Dans les Insectivores et les Carnassiers, On y observe presque autant de différences notables qu'il y a de genres, L'épiglotte de la chauve -souris est si petite et si molle, qu'on en a quelquefois nié l'existence; ses rubans vocaux sont peu distincts. 8. 50 786 XLe LEÇON. COMPLÉM. DES ORGANES DE RELATIONS. Le genre canis a l'épiglotte triangulaire, les carti- lages cunéiformes saillants en dehors, et ayant l'air d'être continus à l'épiglotte , et d'en former comme un repli rentrant; leur forme est celle d'un S italique ; les aryténoïdes sont effacés et fourchus lorsqu'ils sont dé- pouillés. Les rubans vocaux sont bien tranchants , bien libres , bien prononcés; les ventricules profonds, revê- tus d'une membrane fort extensible. Leur bord supé- rieur, formé en partie par le cartilage cunéiforme , est un peu convexe vers le bas, de manière que les deux bouts de leur entrée sont plus larges que le milieu. Ils s'élèvent entre l'épiglotte et le thyroïde , et y forment un sinus demi-ovale , plus large en arrière qu'en avant. Les ailes du thyroïde sont moins hautes que dans l'homme; la corne postérieure est beaucoup plus large. Le genre des chats a une structure toute différente, et presque la même dans toutes les espèces où nous l'a- vons examinée, savoir: le lion, le tigre ,1a panthère , 1 ocelot, le lynx , le chat commun, etc. Les ligaments antérieurs de la glotte ne sont pas, comme dans les chiens , contigus aux parois internes de l'épiglotte ; ils en sont au contraire séparés par un sillon large et pro- fond de chaque côté. Leur épaisseur est considérable; mais ils n'ont en dedans aucun cartilage cunéiforme, et aboutissent directement aux aryténoïdes. Les liga- ments postérieurs ne sont ni libres ni tranchants ; ils ne sont distingués des antérieurs que par leur appa- rence plus ferme, leurs stries plus régulières , et par un léger sillon, creusé entre eux dans la partie voisine de l'épiglotte, et qui ne conduit dans aucun ventricule. Vicq d'Azyr indique deux membranes situées au-des- SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 787 sous des ligaments postérieurs dans le chat domes- tique. Il aura voulu parler des replis ou stries de ces ligaments; il n'y a point de membranes particulières. Il résulte de cette structure que , dans le genre des chats , ce sont plutôt les ligaments antérieurs qui doi- vent faire les fonctions de rubans vocaux. Leur réu- nion vers Fépiglotte forme une petite voûte contre la- quelle l'air doit heurter avec force. Le thyroïde est composé de deux ailes très obliques et étroites, qui lui donnent Pair d'un chevron; l'in- tervalle entre le cricoïde et lui, en dessous, est par là fort considérable. Les cornes antérieures sont rempla- cées par des cartilages particuliers. Les aryténoïdes sont rhomboïdaux; Fépiglotte est triangulaire. Dans le lion elle s'arrondit davantage. Dans le genre des ours, c'est encore une structure toute nouvelle : les cartilages cunéiformes sont en forme de stylets, et leur extrémité postérieure fait une émi- nence marquée, non en dessus, mais en dehors des aryténoïdes. Les ligaments postérieurs ou rubans vo- caux, qui sont épais, mais bien distincts, et qui tien- nent aux aryténoïdes, s'élèvent entre les deux liga- ments antérieurs qui tiennent aux cunéiformes, de manière que les quatre ligaments sont sur le même niveau, et que les ventricules de la glotte ne sont autre chose que deux sillons profonds, ouverts, non plus vers la cavité du larynx, mais en face de Fépiglotte. Ils s'enfoncent très peu entre celle-ci et le thyroïde. Les ligaments antérieurs, ou plutôt extérieurs, sont peu sé- parés de Fépiglotte. Le thyroïde est comme dans les chiens (eanis); Fépiglotte arrondi; les aryténoïdes en rhombe, plus larges que hauts. 788 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. Le raton diffère des ours en ee qu'il a les rubans vocaux plus profondément enfoncés. Le coati a les deux ligaments aussi libres et aussi tranchants l'un que Fautre, quoiqu'en sens contraire; son ventricule est profond, mais il n'a point de sinus. Le blaireau, si voisin des ours, a un caractère bien particulier à son larynx. Les ligaments ont la position ordinaire. Le postérieur a son bord libre assez obtus; l'antérieur a le sien, qui est le bord postérieur, au contraire très tranchant. Le ventricule est très ouvert, et donne dans deux poches qui s'étendent, lune fort avant sous la racine de la langue , où elle n'est séparée de sa congénère que par les muscles hyo-épiglottiens ; Fautre en arrière, entre le thyroïde et le cricoïcie. Le son doit être principalement produit par le brisement qu'éprouve Fair contre le bord postérieur du ligament antérieur, lorsqu'il entre avec force dans ces deux po- ches. Les mangoustes et la civette ont la glotte comme les chats. La marte a. ces mêmes sinus, mais l'antérieur est moins étendu à proportion ; la loutre ne les a point. 5° Les Amphibies. Dans le phoque commuit, le ruban vocal est obtus et peu libre; le ligament antérieur se confond, en avant, avec la base de 1 epiglotte. Le ventricule est peu pro- fond et sans sinus. Le phoque est encore remarquable en ce qu'il a les anneaux de la trachée continus. On a attribué cette particularité au lion, mais à tort. Il a seulement les deux extrémités de ses anneaux rap- prochées. SËCT. II. ART. H. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 789 6° Dans les Rongeurs, Il paraît que dans les Rongeurs on trouve deux struc- tures différentes, dont lune, plus muette, se rapproche de celle des Marsupiaux; l'autre, plus vocale, plus criante, a des rubans vocaux plus prononcés. On ob- serve la première dans le porc- épie. Presque toute sa glotte est bordée par ses aryténoïdes, qui sont très longs et peu élevés; il ne reste qu mi petit espace entre eux et le sommet du thyroïde, garni d'une membrane plissée dans la direction de la glotte; point de liga- ments ni de ventricule. L'épiglotteest demi-circulaire. L'autre structure se voit dans les cochons dinde, agoutis , rats, etc. ; mais elle varie par la force des li- gaments vocaux. Dans le paca , par exemple, on retrouve des aryté- noïdes pyramidaux, des cunéiformes, des rubans vocaux très visibles , quoique peu libres ; des ventricules à peine enfoncés. A la base de l'épiglotte, qui est demi- circulaire, se voit un petit creux aveugle, où les deux sillons qui remplacent les ventricules semblent abou- tir. Le cochon d'Inde est comme le paca. \j agouti a des rubans plus tranchants et plus libres , et des ventricules très profonds s'enfoncent vers le haut en sinus semi circulaires, comme dans l'homme; l'épiglotte est triangulaire. La marmotte a le bord postérieur du ligament anté- rieur très tranchant, plus même que le ruban vocal. Le ligament d'un côté se continue avec celui de l'autre. Les ventricules sont profonds , et ont une large fente qui communique encore avec une cavité aussi grande que chacun d'eux, située néanmoins en dedans du thy- 790 XL* LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES.ORG. DE RELATIONS. roïde. La plupart des petits ruts que j'ai examinés m ont paru ressembler à l'agouti. Les /ièvres et les lapins ont une structure particu- lière. Ils manquent de ligament supérieur; néanmoins les aryténoïdes sont pyramidaux, et donnent attache à deux rubans vocaux, très libres et très tranchants, séparés de la base de l'épiglotte par un sillon profond quoique très étroit. Entre leur commissure , à la base de l'épiglotte , sont deux petits tubercules cartilagi- neux, saillants en dedans. Ils ne donnent point attache à l'extrémité antérieure des rubans, qui se fixent en dehors d'eux. [Ce sont, à notre avis, les cunéiformes , rapprochés en chevron sur la ligne médiane du thy- roïde.] 70 Les Tardigrades et 8° les Edentés ont encore autant de structures particulières de larynx que de genres. Le plus curieux est celui des paresseux : le ruban vocal a un bord libre et détaché, mais ce n'est pas le supérieur; c'est l'inférieur qui pend contre le paroi interne du cricoïde en forme de membrane triangulaire, et, pour ainsi dire, comme une valvule qui avait à em- pêcher la sortie de l'air. Il n'y a d'ailleurs point de ven- tricule, ni de ligament antérieur; à moins qu'on ne veuille prendre pour tel le bord même de la glotte, qui est circulaire et fort éloigné du ruban vocal. Dans \ oryctérope , le bord de la glotte est formé par le ruban vocal même, et il n'y a qu'un sillon léger pour ventricule. Le ligament antérieur, s'il y en a un , est en dehors de l'autre. L'épiglotte est triangulaire et un peu échancrée. Dans le tatou , je ne vois aucune inégalité en de- SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 791 dans du larynx. La glotte est assez étroite et l'épiglotte bilobée. 90 Les Proboscidiens et i o° les Pachydermes. Parmi les premiers, X éléphant a un larynx fort simple. Les deux aryténoïdes ne se touchent point par leur face interne , qui est un peu concave. Leur bord supérieur et antérieur est en demi-ellipse; de leur partie inférieure , qui est assez enfoncée, part un ligament vocal très prononcé, bien tranchant, qui va, comme à l'ordinaire , s'attacher au thyroïde sous la base de l'épiglotte, mais en montant beaucoup; un sillon tient lieu de ventricule; il se creuse en arrière , et s'enfonce un peu plus loin que son ouverture : vers la commissure des deux rubans est, de chaque côté en dehors, un petit repli vertical qui va gagner l'épiglotte. Il n'y a d'autre ligament supérieur que le bord supé- rieur du sillon : il tient, comme le ruban vocal, à l'ary- ténoïde. Les ailes du thyroïde descendent fort en ar- rière; les cornes postérieures sont les plus longues; l'épiglotte est arrondie. Dans presque tous les animaux que nous avons vus jusqu'ici, le ruban vocal est horizontal , ou monte un peu en avant quand on tient le tube de la trachée ver- tical. Nous venons de voir qu'il monte beaucoup dans l'éléphant; sa direction est toute contraire dans le co- chon; il y descend en arrière, c'est-à-dire que son at- tache thyroïdienne y est non seulement plus basse que l'aryténoïdienne , mais plus en arrière. Les aryténoïdes sont élevés et droits; leur extrémité supérieure se re- courbe en arrière en une branche pointue et four- 792 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES OilG. DE BELATLONS. chue : c'est par en bas que îe ruban vocal y tient; il est libre et tranchant. Le ligament supérieur qui tient anx aryténoïdes est gros, et son bord arrondi; le ventricule, peu profond, donne, de sa partie posté- rieure, un sinus obîong qui monte entre la membrane interne et le thyroïde, de la grandeur de l'extrémité du petit doigt. Cet enfoncement n'est guère plus con- sidérable que celui du ventricule de l'homme, et je m'étonne qu'HÉRlsSANT lui ait donné tant d'impor- tance. Le thyroïde ne fait point d'angle en avant ; il y est arrondi, tronqué à son bord supérieur, et sans corne de ce côté. L'épiglotte est arrondie. La glotte a en arrière une partie ronde entre les aryténoïdes. Le larynx d'un fœtus d "hippopotame ne m'a point offert de ruban vocal , mais un simple relief presque longitudinal, formé par le rebord antérieur de laryté- noïcîe. D'après un dessin que j'ai sous les yeux, il parait que le Rhinocéros s. des rubans vocaux bien prononcés, des ventricules peu profonds, en avant de chacun des- quels estime ouverture presque verticale, qui répond à une excavation peu profonde, placée à la base de l'épiglotte. C'est dans le fond de cette excavation que s'attachent les extrémités antérieures des ligaments su- périeurs; entre eux est , à la base de l'épiglotte, une fosse peu profonde et très évasée. L'épiglotte est ovale et pointue. ii° Dans les Solipèdes. Les larynx des Solipèdes ont été décrits par Héris- sant, mais, selon nous, avec peu d'exactitude. Voici ce que nous y avons observé. SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈiîES. 793 En général, l'épiglotte est triangulaire, épaisse à sa base. Le thyroïde est composé de deux ailes rhomboï- dales obliques, à cornes peu saillantes, avec un petit trou près de la supérieure. La ligne de réunion des deux ailes est profondément échancrée en arrière. Le bord supérieur du cartilage rentre en dedans pour offrir une large base à l'articulation de l'épiglotte , et par là il forme une petite voûte à sa face interne. Les aryténoïdes sont grands, recourbés en arrière à leur partie supérieure. L'inférieure saille en dedans du larynx, et donne attache à un ruban vocal étroit, situé profondément, et détaché tant à son bord supé- rieur qu'à i inférieur. Le cunéiforme, articulé au bas de l'épiglotte, reste caché dans les membranes, et ne se montre point au bord de la glotte. Il n'y a point de ligament supérieur, ni de ventricule proprement dit; mais un trou percé dans la paroi latérale, au-dessus du ruban vocal, con- duit dans un grand sinus oblong, caché entre cette pa- roi et le thyroïde, et recouvert en grande partie par les muscles thyro-aryténoïdiens , qui doivent pouvoir le comprimer. Au-dessus delà commissure antérieure des deux ru- bans vocaux, et par conséquent sous la base de l'épi- glotte, est un trou impair qui donne dans une cavité pratiquée sous la voûte que forme le rebord antérieur du thyroïde. Toutes ces choses sont communes au cheval et à Ydne. Voici maintenant les différences. Le trou qui conduit dans la poche latérale est grand et oblong dans le cheval. îl est percé immédiatement au-dessus du ligament vocal de chaque côté; de ma- 794 XL8 LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. nière qu'il ressemble presque à un ventricule de glotte ordinaire. Dans Y âne, au contraire, il est petit, rond, et percé plus près de l'épiglotte que du ligament vocal . il conduit néanmoins dans une poche tout aussi consi- dérable que celle du cheval. On voit à la face interne un repli de la peau à l'endroit où serait le bord supé- rieur du trou du cheval. En second lieu, la cavité pratiquée en avant sous le rebord du thyroïde est peu profonde dans le cheval , et ne forme qu'un léger enfoncement; son ouverture est très large. Dans Ydne, elle est un vrai sinus assez grand, arrondi en tous sens, et dont l'entrée est petite, ronde , plus étroite que la cavité même ; mais, ni dans l'un ni dans l'antre, cette cavité ne communique avec les deux poches latérales. Le mulet né d'un âne et d'une jument a les poches latérales ouvertes par un grand trou ovale, près du ruban, comme le cheval : l'ouverture de sa cavité' an- térieure est aussi plus large que dans l'âne; son larynx est plutôt un larynx de cheval qu'un larynx d'âne. Je n'ai point encore examiné le bardeau ou le mulet né dune ânesse et d'un étalon ; il faut que ce soit lui qui ait été disséqué par Hérissant; car cet anatomiste at- tribue au mulet un larynx semblable à celui de l'âne. Tous les naturalistes qui ont parlé des générations mé- langées ont copié Hérissant sans examen , et en ont déduit des conséquences très illusoires touchant l'in- fluence du mâle dans la génération. Les différences de Ydne et du cheval se réduiraient donc, selon nous, à ce que le premier a les entrées des trois cavités accessoires qui communiquent avec son larynx très étroites ; tandis que le second les a larges SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 795 et bien ouvertes ; et à ce que la cavité mitoyenne est plus grande, en tous sens, clans Xâne, Dans le cheval et dans le mulet, on voit, à la com- missure des deux rubans vocaux, un repli à peine per- ceptible de la muqueuse, qui se porte de l'un à l'autre j il me semble qu'HÉRiSSANT en a beaucoup exagéré la grandeur et l'importance. Il n'est pas sensible danslV^e. La cavité antérieure de Xâne rappelle, pour la forme, mais non pour la position, celle de l'hyoïde de l'al- louate : c'est aussi sans doute le résonnement qui s'y fait qui produit ce terrible son du bruire. Un Couagga, que j'ai examiné autrefois, m'a offert un larynx de cheval: seulement, je n'y ai point aperçu la petite membrane transverse de la commissure. Je n'ai point encore disséqué de zèbre. 1 2a Les Ruminants Ont un larynx simple et assez uniforme dans presque tout l'ordre. L'aryténoïde a, outre son apophyse articu- laire, un angle supérieur qui se recourbe en arrière et fait les deux tiers du bord de la glotte, et un inférieur re- courbé en avant, auquel tient le ruban vocal. Celui-ci se porte directement au thyroïde, et s'attache à son tiers inférieur. L'aryténoïde saillant en dedans par-des- sous, le ruban en fait autant; mais son bord inférieur est obtus, et se continue avec le reste de la membrane interne; son bord supérieur est plus ou moins libre et tranchant selon les espèces: ainsi il l'est beaucoup plus dans les cerfs et daims que dans les gazelles, et il n'est presque pas distinct dans le mouton ni dans le bœuf. La face interne des deux aryténoïdes se touche, et l'air vibrant ne peut passer qu'entre leur bord antérieur et .' 796 XLe LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. l'épiglotte. Ce passage est pins ou moins étroit, selon les espèces. Il n'y a ni ligament supérieur, ni ventricule, si ce n'est le sillon qui résulte Je 3a distinction plus ou moins prononcée du bord supérieur du ruban vo- cal; il n'y a non plus aucun cartilage cunéiforme. Quelquefois le thyroïde est bombé en dehors, à l'en- droit où les ligaments vocaux s'y attachent : cela se voit dans le daim, encore plus dans le bubale , où cette convexité est presque pyramidale. C'est elle qui pro- duit la forte saillie sous la gorge de Y antilope gut- turosa. Dans la gazelle commune (A. dorcas), la corine (A. corina), et probablement dans plusieurs espèces voisines, on observe, à la base interne de Fépiglotte, un peu au-dessus de la commissure des rubans vocaux, un trou qui conduit dans un sinus membraneux , ca- ché entre Fépiglotte et le thyroïde. Camper a trouvé, au même endroit, dans le renne, un grand sac qui s'étend sous la gorge , comme celui du mandrill. Il n'y en a point dans le cerf, le daim, Yaxis et le bubale. Le thyroïde, formé de deux ailes, à peu près carré, varie pour les échancrures et la longueur relative des cornes. Dans les cerfs, les antérieures sont fort longues, les postérieures presque nulles; dans le mouton, le bœuj\ c'est tout le contraire, etc. Le lama ne rentre point tout-à-fait dans cette des- cription générale. Il a des ventricules de glotte entre dciix ligaments bien distincts , dont le postérieur est néanmoins plus tranchant que l'autre. Ils tiennent tous deux à Faryténoïde; il n'y a point de sinus; [il n'y en a SECT. II. ART. II, ORGANES DE LA YOIX DES MAMMIFÈRES. 797 pas non plus dans le chameau , dont les ligaments de la glotte sont très saillants, surtout les postérieurs.] 1 3° et 1 4°. Dans les Cétacés Herbivores et Carnivores, [Dans le Dugozig, suivant E. Home, la glotte n'a pas de ventricule, et l'épiglotte ne fait pas un tube avec les aryténoïdes.] Dans le dauphin et le marsouin}\e larynx ne forme pas, comme dans les autres mammifères, une ouverture oblongue sur le fond du gosier, que l'épiglotte couvri- rait pour laisser passer dessus les aliments, sans leur permettre d'entrer dans la trachée-artère. C'est au contraire une pyramide qui s'élève pour pénétrer dans la partie postérieure des narines, et s'y ouvrir par son extrémité seulement, et qui laisse à chacun de ses côtés un passage pour les aliments. Cette structure était, nécessitée par la manière de vivre de ces animaux : ayant toujours la bouche dans l'eau, l'ouvrant pour y engouffrer des torrents d'eau et des bancs entiers de poissons 5 toutes les précautions qui garantissent à l'air un accès toujours libre par le nez n'eussent servi de rien , s'il y eût eu toujours une colonne d'eau interposée entre ce nez et le larynx, et cela ne pouvait s'empêcher qu'en élevant beaucoup le larynx au-dessus du niveau de la bouche et du gosier. Cette élévation est formée par les cartilages aryté- noïdes et par l'épiglotte : les deux premiers sont en forme de triangles très allongés, dont le côté le plus petit est celui de leur articulation avec le cricoïde. L'é- piglotte est aussi en triangle fort allongé, et elle est réunie par les côtés aux deux aryténoïdes, au moyen de la membrane commune ; en sorte qu'il ne rçste 798 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. qu'une ouverture assez petite vers le haut, qui fait à peu près le bec de tanche, et en travers. Il ne peut y avoir, à ce moyen , ni glotte ni cordes vocales ; et lorsqu'on ouvre cette pyramide , en sépa- rant 1 epiglotte des cartilages aryténoïdes , on voit que la trachée se continue en un canal toujours rond, mais se rétrécissant peu à peu jusqu'à l'ouverture trans- versale du sommet. On ne voit à la face interne que des rides longitudinales formées par la membrane qui la revêt , et des trous qui y versent une liqueur mu- queuse propre à la lubrifier. Je suis , d'après ces observations , porté à penser, comme l'a déjà fait Hun ter, que les Cétacés, du moins les dauphins et les marsouins , n'ont aucune voix pro- prement dite ; car il n'y a dans leur larynx rien de ce qu'on peut croire propre à en produire une dans les larynx ordinaires. Le cartilage thyroïde est très large , ses cornes an- térieures sont courtes , les postérieures sont très lon- gues et larges : le cricoïde est interrompu en dessous. Outre les muscles ordinaires , qui sont comme dans les autres mammifères , et le thyro-épiglottien, qui est fort grand, il y a un stylo-thyroïdien qui va du thy- roïde à la partie supérieure de l'os styloïde. i5° Les Marsupiaux. Les Mammifères de cette catégorie ont un larynx très particulier. a. Section des Didelphes. Dans le Kanquroo , les aryténoïdes sont très grands, et font par leur bord su- périeur les deux tiers de celui de la glotte. Il n'y a ni cartilage cunéiforme, ni ligament antérieur, ni ventri* SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 799 cule d'aucune espèce. On pourrait même dire qu'il n'y a point de ruban vocal; le tiers restant du bord de la glotte est formé par une membrane libre, allant de l'aryténoïde au thyroïde , mais si large qu'elle fait plu- sieurs plis, et qu'il est impossible que l'aryténoïde re- cule assez pour 'la tendre. L'extrémité du thyroïde, qui porte l'épiglotte , forme une petite concavité dans laquelle répond cette membrane. Les bords de la glotte sont assez écartés dans leur milieu. Je ne puis aperce- voir dans cette disposition aucun instrument vocal, et je me trompe fort, ou le kanguroo doit être à peu près muet; l'épiglotte est arrondie et un peu échancrée. Dans le sarigue , les aryténoïdes ont la même gran- deur, le thyroïde la même concavité : il manque éga- lement de ligament supérieur; mais il y a un petit liga- ment inférieur, susceptible de tension , quoique très peu distinct des parois. L'épiglotte est ovale; à sa base sont deux petites saillies membraneuses , qui doivent être ébranlées par l'air sortant d'entre les ligaments, et produire quelque frémissement. La voix de ces ani- maux n'est qu'un soufflement. Les phalanqers de Cook et à longue queue ont une membrane à la fois pour ligament vocal et'pour complément du bord de la glotte, plus distincte que celle du kanguroo; mais il y a dessous, dans la pre- mière espèce , un sillon entre ce ligament et le cri- coïde, qui pourrait passer pour une sorte de ventri- cule autrement placé qu'à l'ordinaire ; leur épiglotte est arrondie. Dans le phalanger ordinaire (Did. orien- talisL.), il n'y a nulle saillie , ni distinction de ces liga- ments, et l'épiglotte est fortement éehancrée. Le phascolome ( didelphis ursina Shaw.) a le liga- 800 XLe LEÇO?s. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. ment unique aussi peu distinct que le sarigue. Lépiglotte est oblongue et un peu écharicrée. b. Dans la Section des Monotrêmes , Xéchidné a de même le bord de la glotte formé par l'aryténoïde et le ligament vocal unique, sans ventricule. Le ligament est plus long à proportion, et fait les deux tiers du bord. La même chose a lieu dans Xornilhorhynque , où Ton voit de plus le même ventricule extraordinaire entre le cricoïde et le ligament, que dans le phalanger de Gook. Il y est même très profond. L'épiglotte de IV- chidné est échancrée; celle de X ornithorhynque fort pointue. B. Des lèvres. Après le larynx, c'est la bouche qui doit être re- gardée comme l'instrument principal de la voix, ou plutôt la bouche est le tube, dont le larynx est Tanche, et les narines sont un trou latéral de ce tube. Les moyens qui changent la configuration intérieure de la bouche, et ceux qui ouvrent ou ferment plus ou moins les narines par dedans et. par dehors , ont déjà été décrits dans les leçons de la mastication, de la dé- glutition et de l'odorat, lorsque nous avons parlé des mouvements de la mâchoire, de la langue, du voile du palais et de ceux des narines extérieures : néanmoins nous n'avons pas fait d'application de la connaissance de ces organes à la théorie de la voix, parce quon n'est pas encore en état d'en apprécier l'influence; nos instruments de physique et de musique ne nous offrant rien de semblable. 11 nous reste à parler des lèvres : nous aurions pu en traiter aux articles de la mastication et de la dégluti- SECï. lï. AllT. II. 0EGANES DE LA VOIX DES MAMMIFERES. 80 1 tion, car elles aident à ces deux fonctions, en empê- chant les aliments de tomber de la bouche; mais elles aident encore davantage à la parole, car ce sont elles qui produisent la plus grande partie des modifications que nous exprimons par les voyelles et par les con- sonnes. Des lèvres proprement dites, c'est-à-dire charnues et mobiles par elles-mêmes et indépendamment des mâchoires, n'ont été données qu'aux Mammifères $ les Cétacés même en sont déjà dépourvus. Les poissons ont bien quelquefois des vestiges de lèvres [et même des lèvres très développées], mais ce sont des animaux sans voix. lies lèvres sont peut-être les parties par lesquelles Y Homme surpasse le plus les Mammifères , celles pour lesquelles il y a le saut le plus subit de lui aux Singes, par exemple. C'est dans les lèvres, surtout, qu'il faut chercher l'explication de l'impossibilité où sont les Quadrupèdes d'imiter notre parole. D'abord, les lèvres de X homme sont dans un seul plan, au-devant des mâchoires, et peuvent prendre toutes sortes de figures sans être gênées par les parties osseuses. Dans tous les Quadrupèdes à museau saillant, elles se contournent autour des mâchoires, les suivent dans leurs mouvements, et ne peuvent ni s'avancer, comme quand nous prononçons Vu, ni se disposer en cercle, comme quand nous prononçons Yo. Outre la parole, l'homme tire du jeu de ses lèvres presque toute la vivacité de sa physionomie, et cette variété d'ex- pression, autre sorte de langage dont aucun animal n'est capable. 8. 51 802 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORO. DE RELATIONS. En second lieu X homme a plus de muscles , et ils sont plus distincts que dans aucun Quadrupède. On compte, dans Y homme , dix muscles différents , dont neuf pairs et un impair, par conséquent en tout dix-neuf, savoir: i° L'orbiculaire, qui les entoure, en se fixant cepen- dant principalement aux deux commissures, et qui les ferme; 2° Le carré do menton, qui tient au bord latéral inférieur de la mandibule, monte obliquement en de- dans à la lèvre inférieure, qu'il abaisse en l'élargissant; 3° L'abaisseur de l'angle des lèvres, venant comme le précédent, qu'il recouvre, et montant plus vertica- lement à l'angle des lèvres, qu'il abaisse; 4° Le releveur de l'angle des lèvres ou canin , qui tient à un creux de la mâchoire supérieure, et des- cend directement à la rencontre du précédent, dont il est l'antagoniste; 5° Le buccinateur, le plus profond de tous, tenant aux deux mâchoires, qu'il réunit , et se portant vers les côtés de l'orbiculaire, auquel il se joint; 6° Le grand zygomatique, venant de l'arcade de ce nom, descendant obliquement en avant, se trifurquant pour s'unir par une languette à l'orbiculaire, par deux autres à l'abaisseur; il écarte les angles des lèvres et élargit la bouche; 7° Le petit zygomatique ? qui manque quelquefois, attaché un peu en avant du précédent, auquel il est parallèle, et allant à la lèvre supérieure, dont il relève le côté; 8° Le releveur propre de la lèvre supérieure ou in- cisif, attaché à la mâchoire supérieure sous l'orbite , et à la lèvre supérieure; SECT. II. ART. H. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFÈRES. 803 90 Le releveur de l'aile du nez et de la lèvre supé- rieure, descendant le long du côté du nez, et donnant une languette à l'aile du nez, et une autre plus anté- rieure à la lèvre supérieure; 2 0° Le nasal de la lèvre supérieure , naissant de l'aile du nez près du septum , et allant rejoindre Forbiculaire et Fabaisseur de l'angle; raccourcissant la lèvre supé- rieure. On conçoit sans peine quelle infinie variété de mou- vements et de configurations un appareil si compliqué doit produire : il disparaît presque subitement dès l'ordre des Quadrumanes, qui ne sait faire aussi que des grimaces uniformes. Ainsi, dans les papions, magots, etc., on voit sous la peau une expansion musculaire uniforme qui semble faire partie du muscle peaucier; sa partie supérieure se fixe sous l'orbite et à l'arcade zvgomatique; l'infé- rieure se continue avec le peaucier : ses fibres enve- loppent longitudinalement le museau, et viennent se terminer aux deux lèvres, quelles écartent l'une de l'autre. Sous cette expansion on remarque un buccina- teur bien prononcé, qui sert de plus à couvrir l'aba- joue; un releveur de l'angle des lèvres , un orbiculaire et quelquefois un vestige de zygomatique. Dans le chien, il y a pour tout muscle de la lèvre supérieure une expansion venant des environs de 1 angle antérieur de l'œil , et s'épanouissant sur toute la lèvre ; et un autre petit muscle qui descend de l'aile du nez, près du septum, au milieu de la lèvre. Sous cette expansion est Forbiculaire et le buccinateur. La lèvre inférieure a un abaisseur très mince. Mais à mesure que les animaux s^ioigaent de J 804 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. l'homme , et que leur museau , s allongeant davantage, rend des mouvements des lèvres semblables aux nôtres impossibles, la nature semble leur rendre des muscles qu'elle avait retranchés aux animaux plus parfaits. Ainsi, clans le mouton. Ton trouve : i° un orbiculaire; 2° un mentonnier, ou abaissent* de la lèvre inférieure; 3° un buccinateur; 4° un zygomatique très grand et très prononcé; 5° un releveur de l'angle des lèvres; 6° l'analogue du nasal de la lèvre supérieure, servant à en relever le milieu, et semblable à celui dont nous avons parlé dans le chien ; 70 une expansion qui vient des environs de l'angle antérieur de l'orbite, et s'épa- nouit sur le buccinateur. Les muscles des lèvres du cheval sont encore plus curieux. i°Le releveur de sa lèvre supérieure est surtout très remarquable ; il vient devant l'orbite , descend le long du nez , unit son tendon à celui de son correspon- dant entre les deux narines, et le tendon commun s'in- sère au milieu de la lèvre supérieure. C'est par le moyen cle ce muscle que les chevaux et les ânes relè- vent si fort cette lèvre, lorsqu'ils hennissent ou braient; on trouve son analogue dans le tapir. 20 Le buccinateur et 3° l'orbiculaire n'ont rien de particulier. 4° Le re- leveur de l'angle s'épanouit sur le buccinateur, et sem- ble former un second muscle de ce nom : c'est le mo- laire externe de Bourgelat. 5° Le zygomatique est bien prononcé. 6° Un muscle commençant par un principe étroit en avant de 1 arcade zygomatique, s'é- panouit sur l'aile du nez et sur la lèvre inférieure : c'est l'analogue du releveur de l'une et de l'autre dans l'homme, le pyramidal de Bourgelat, le grand sus- maxillo-nasal de Girard, etc. 70 Un muscle venant de SECT. II. ART. II. ORGANES DE LA VOIX DES MAMMIFERES. 805 la partie supérieure du nez, se porte obliquement en dehors, croisant sur lereleveur de la lèvre supérieure, se bifurque, glisse une de ses parties sous le précédent pour aller au nez, et croise l'autre dessus pour aller à l'angle des lèvres, qu'il relève. 8° L'abaisseur long de la lèvre inférieure se termine par un tendon étroit comme le releveur de la supérieure, mais les deux tendons de chaque côté ne contractent pas d'union. 90 et io° Chaque lèvre a encore un petit muscle court, que Bourgelat a nommé mitoyen supérieur et infé- rieur. Dans les animaux qui ont un nez très saillant au- devant de la bouche, comme le cochon , la taupe, IV- lépfrant, etc., il n'y a presque pas de lèvre supérieure distincte, et les muscles qui lui appartiennent sont plutôt employés à mouvoir le nez qu'à modifier l'ou- verture de la bouche. Nous en avons parlé dans la quinzième leçon (t. III, p. 70 et suiv.). Voir encore les planches 27 et 28 de notre première édition (1). (1) Consultez, pour la théorie de la voix de l'homme et des mammi- fères : ;t. La Dissertation inaugurale de M. Dutrochet ayant pour titre : Essai (Ptiue nouvelle théorie de la voix humaine. Paris. 1806. h. Le Mémoiie sur la voix humaine , par Félix Savait. — Annales de chimie, t. XXX, p. 64. Paris, 1828. c. Bennati. — Recherches sur le mécanisme de la voix humaine. Paris, l832. d. Les communications de M. Catjniard-Latour i\ la Société philomn- tique depuis i836, i838, i83g, etc. — Voir les extraits des procès- verbaux des sciences de cette Société, et le journal l'Institut, pendant ces mêmes années. e. Le Précis élémentaire de physiologie , par F. Ma(jendie, membre de l'Institut, 4e édition. Paris, i83G, l. 1, p. 279 et suiv. 806 XV LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. ARTICLE III. DES ORGANES DE LA VOIX DES REPTILES. Le larynx des différents genres ne varie pas moins que dans les autres classes. Il a cependant ceci de commun, qu'il manque [en général] d epiglotte , et qu'il se compose [dans la plupart des familles] de pièces analogues à celles du larynx supérieur des oi- seaux. Ce larynx supérieur est toujours le seul organe vo- cal. Il n'y en a jamais d'inférieur, comme dans les oi- seaux. De plus, les lèvres ni le voile du palais ne peu- vent modifier la voix, puisqu'ils n'existent pas [dans la grande généralité des Reptiles]. La plus ou moins grande ouverture delà bouche et les mouvements de la langue peuvent seuls ajouter à l'action du larynx. I. Dans la Sous -classe des Reptiles propres. [A cet égard comme à beaucoup d'autres, les trois Ordres qui composent cette Sous-classe diffèrent de la Sous-classe des Reptiles amphibies. Les pièces cartila- f. Et le Manuel de physiologie par J. Mtiller. Paris, i84!,p. i59 et suiv. Pour l'anatomie du larynx de l'homme, outre le mémoire de M. Al. Lauth que nous avons cité, on pourra consulter le travail de M. Malgaigne (Archives générales de médecine pour i83i,t. XXV). Le § VII de la I'iiilosophic anatomicjne (par M. E. Geoffroy-Saint- Hilaire) , ayant pour titre : Correspondance des pièces laryngiennes des mammifères et des oiseaux, comprend une juste détermination du thy- roule , du cricoïde et des aryténoïdes dans cette dernière classe. Nous n'avons pu adopter celle de l'épiglotte. SECT. 1T. ART. Ï1I. ORGANES DE LA VOIX DES REPTILES. 80? gineuses qui entrent dans la composition de leur la- rynx sont généralement réduites à trois : i° Un cartilage principal formant un anneau com- plet, considérable et de forme très variée, qui répond à la fois au thyroïde et au cricoïde des mammifères : c'est donc un thyro-cricdide ; 2° Deux autres cartilages , ordinairement petits et grêles, plus ou moins arqués dans la totalité ou dans une partie de leur longueur, forment une partie ou toute Tétendue du bord de la glotte; ils occupent le devant du larynx , depuis le bord supérieur et antérieur du thyro-cricoïde , auquel ils s'articulent , vers son bord inférieur, du même côté, auquel ils s'attachent par l'intermédiaire d'un ligament. Ces cartilages pairs sont les aijténoïdes ; dans beaucoup de Sauriens ou à' Ophi- diens , ils peuvent même être réduits à l'état de simples apophyses du cartilage principal. Trois muscles sont ajoutés à ces parties solides , pour ouvrir ou fermer la glotte: Les deux dilatateurs de cette fente, qui s'avancent de la partie la plus reculée du crico-thyroïde jusqu'à une apophyse de chaque aiyténoïde à laquelle ils s'at- tachent; Le constricteur, muscle impair dont les faisceaux transverses partent de chaque côté d'une ligne blanche, longitudinale, qui se voit sous la face externe et supérieure du cartilage principal. Ce muscle l'en- toure comme une ceinture , et va fixer ses deux extré- mités, après avoir circonscrit la glotte, soit à la partie antérieure et inférieure du crico-thyroïde, soit à la plaque hyoïde (les Chêloi riens). La cavité du larynx est généralement tout unie. 808 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. sans corde vocale et sans ventricule, à très peu d'ex- ceptions près. Cependant il ne faut pas perdre de vue que les bords de la glotte peuvent être en partie liga- menteux et susceptibles d'être tendus ou relâchés par les mouvements des aryténoïdes. Dans quelques cas rares, ceux des Crocodiliens, il y a des rubans vocaux, et. des ventricules, propres à faciliter et à exciter même leurs vibrations.] A. Les Chèloniens [Ont généralement un petit larynx, comparative- ment à la large plaque de l'hyoïde qui le reçoit dans une fossette plus ou moins profonde de sa partie moyenne , et dans laquelle il est comme enchâssé. Cette fossette n'est fermée quelquefois que par une mem- brane, comme nous l'avons vu dans Xérnyde peinte y dont le larynx est très bombé de ce côté]. De même, la tortue bourbeuse (emy s europaea) a, au plancher de son organe , un enfoncement arrondi , qui n'est point aussi marqué à la tortue de mer, mais elle n'a pas davantage de rubans vocaux. J'ai trouvé de plus, dans une grande tortue de terre de Madagascar, une crête membraneuse, triangulaire, attachée au bas du larynx, et montant dans la glotte, qu'elle partage en deux. C'est la répétition d'une struc- ture très commune dans le larynx supérieur des oi- seaux. Les bords de la glotte sont plats, tranchants en dehors, et se joignent parfaitement. [Dans la trionix spinifer, le thyro-crieoïde forme une boîte cartilagineuse considérable, cylindrique en arrière, conique en avant, ouverte obliquement de ce côté pour recevoir les aryténoïdes, qui sont un peu SECT. II. ART. III. ORGANES DE LA VOIX DES REPTILES. 809 irqués. La cavité de la plaque hyoïde qui reçoit le la- ynxest profonde. Le larynx de la chelone midas est le plus compliqué rai ait été observé parmi les Reptiles, puisqu'il a un hyroïde complètement annulaire, distinct du cri- :oïde. Celui-ci a une forme pyramidale, et occupe, en- re les deux aryténoïdes, la partie moyenne de l'é- :hancrure profonde que présente vers le haut le bord intérieur du thyroïde. La fente de la glotte est recouverte en avant par un epli membraneux tenant lieu d'épiglotte , et pouvant ervir peut-être à la production de quelques sons.] B. Les Crocodiliens. La charpente cartilagineuse du larynx du crocodile ;st formée de [trois] pièces; une plaque à peu près ;arrée, qui fait tout le dessous de la cavité; deux arcs le cercles, [fes aryténoïdes] ou espèces d'anses, satla- mant d'une part l'un près de l'autre, au milieu du bord intérieur de la plaque, et allant fixer leur autre extré- nité chacun au milieu du bord latéral de son côté, jeur corps se tient un peu élevé au-dessus de la plaque carrée, et laisse de chaque côté, entre lui et elle, un espace enfoncé et membraneux en forme de rein. L'ex- rémité antérieure de chaque anse forme une saillie la- érale et verticale, qui est comme un pilier sous le mi- ieu de la glotte. A l'angle postérieur externe de la claque, s'articule, de chaque côté, une branche qui rient se joindre à sa semblable, en dessus, pour f or- ner avec le bord postérieur de la plaque un anneau complet. [Cet anneau répond au thyw-cricoïde, clans 810 XL* LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. lequel on distingue rarement une plaque carrée cen- trale et deux branches latérales.] La glotte est purement membraneuse (i); elle s'é- tend depuis la jonction des deux branches dernière- ment mentionnées jusqu'à la partie moyenne de l'os hyoïde, où les membranes qui la forment s'attachent. [Dans le Caïman à museau de brochet, le premier arceau de la trachée-artère forme un bourrelet saillant en dedans du larynx. Celui-ci est un anneau cylin- drique, ou une boîte cartilagineuse composée du thyro- cricoïde. Les aryténoïdes forment deux arcs posés en bas et en haut contre le bord antérieur de ce cartilage. Leur sommet présente une apophyse pour l'attache du dila- tateur de la glotte. L'arc que forme chaque aryténoïde, en dedans de la glotte, est recouvert et un peu débordé par la muqueuse. Ce ruban vocal, de forme semi-lunaire, sépare de chaque côté la cavité, moyenne du larynx d'une ca- vité latérale correspondante , dont les parois sont en partie membraneuses et formées, en partie, parle car- tilage thyro -cricoïde, et par l'un ou l'autre des aryté- noïdes]. Deux muscles agissent sur cet appareil. L'un d'eux vient de dessous la grande plaque , entoure le larynx, en montant obliquement en arrière, et se joint à son correspondant en arrière de la glotte, qu'il doit fer- mer. L'autre vient de dessous le bord postérieur de cette même plaque, croise le premier, monte obli- (i) Les membranes qui la forment sont soutenues parles aryténoïdes, dans une partie de son étendue. SECT. II. ART. III. ORGANES DE LA VOIX DES REPTILES. 811 [uement en avant, et s'attache [ à l'apophyse de l'aryté- loïde, non loin du bord de la glotte], qu'il ouvre. [Ce que nous venons de dire de l'existence des ru- >ans vocaux et des deux ventricules de la glotte , la tiobilité de celle-ci par les muscles dilatateurs et con- tricteurs ? l'existence d'un voile du palais chez ces nimaux (voir notre t. IV, p. I, p. 602) fera comprendre [lie les CrocodiUens peuvent produire des cris plus ou noins intenses, ainsi que plusieurs voyageurs l'ont nnoncé. M. de Humboldt compare celui de Xalli- rator, dans le jeune âge, au miaulement du chat.] G. Dans les Sauriens propres et les Ophidiens: Dans le caméléon il y a des piliers (1) à peu près ommedans le crocodile; mais ils sont garnis chacun l'une membrane tendue, dirigée en arrière et bien vi- >ratile; au-devant d'eux, est de chaque côté une pro- ubérance charnue qui rétrécit la glotte, laquelle est l'ailleurs fort courte, et se termine en avant par une ente transversale. Mais ce que le Caméléon a de plus emarquable, c'est un petit sac membraneux qui s'ou- vre en dessous , entre la plaque inférieure du larynx et e premier anneau de la trachée. Ni les iguanes ni les dragons n'ont aucun sac pa- •eil, quoiqu'on leur voie des goitres à l'extérieur; mais :es proéminences n'ont pas de rapport aux organes de a voix. Dans X iguane, les piliers sont à peine plus saillants m dedans que le reste des parois; la glotte est fort iourte , et la plaque inférieure se porte en avant et (1) Les branches de chaque aryténoïde, 812 XLe LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. s élargit en se redressant , pour former le rudiment d epiglotte dont nous avons parlé (t. ï V, part. I , p . 597) . Même simplicité dans les tupinambis , les lézards communs et les Serpents; une plaque inférieure [le thi/ro*cricoïde\ et deux pièces latérales [les aryténoides] rétrécissent un peu les bords de la glotte : tous ces ani- maux ne doivent pouvoir donner que d essoufflements. Dans le scinque, le bord même de la glotte rentre un peu en dedans pour y former une membrane ten- due et libre, dirigée en arrière. [Chez les Ophidiens , les différents cartilages du la- rynx se soudent entre eux, de manière à se confondre, ou du moins à ne devenir que des apophyses du car- tilage principal. Celui-ci est à la fois le thyroïde et le cricoïde: c'est un tln/ro-cricoïdien. Il a souvent une apophyse mé- diane inférieure, saillante en avant, qui tient lieu d'é- piglotte et se replie même en arrière, dans quelques cas, sur la glotte, comme un couvercle. Dans d'autres cas, c'est une saillie médiane, angulaire on arrondie, du corps même de ce cartilage principal. 11 porte sur son bord opposé, le supérieur, deux apophyses de forme variée, quelquefois distinctes par une suture ; ces apophvses répondent aux cartilages aryténoides . Ceux-ci sont même entièrement séparés et individualisés dans le python bwiltatus, où ils ont un muscle abducteur ou dilatateur de la glotte très prononcé et un constricteur impair, disposés comme chez ies Sauriens qui en sont pourvus. Dans la couleuvre à collier , les aryténoides sont grêles et tiennent à peine au thyro -cricoïde, qui a une longue apophyse épiglottique.] SECT. II. ART. III. ORGANES DU LA VOIX DES REPTILES. 813 11. Dans la Sons-classe des Reptiles amphibies \ [Le premier ordre, celui des Ophidio-batraciens, qui unprend la famille des cécilies , ressemble, pour la imposition de son larynx , à la généralité des Ophi- iens. Les aryténoïdes ne sont plus que deux apophyses n cartilage principal qui tient lieu de tlryro-cri- ùde. Le second Ordre de cette sous-classe , celui des Ba- aciens anoures, dont les mâles surtout peuvent pro- uire des sons très variés , selon les genres et les es- èces, offre dans la compotision générale de son larynx a caractère distinctif qui n'a pas encore été re- tarqiié. Il n'y a point de thyroïde; le cricoïde et les yténoïdes seuls existent, ceux-ci comme organes prin- paux, et le plus souvent exclusifs de la voix; le pre- iier pour servir de lien entre l'organe de la voix et les ronches, ou le commencement des sacs pulmonaires.] Les grenouilles et les rainettes , qui sont si criardes, ut un larynx parfaitement approprié pour cela, par l grandeur et la saillie de ses rubans vocaux. [La partie inférieure et postérieure du larynx est un Lineau mince, ayant deux apophyses cle chaque côté >rmant un grand arc] origine de chacune des bronches; u dans ces animaux il n'y a point de tronc de trachée, ur le devant [du cartilage annulaire] s'articulent deux ièces ovales, convexes en dehors, concaves en dedans, u'on peut très bien comparer à deux corps de tim- aies [ce sont les ari/ténoïdes, de forme conique, qui ipportentàleui'sommetde très petits cartilages ciméi- jrmes]. Sur le bord inférieur de chacune est tendue a dedansune membrane qui coupe à angle droit la di- 814 XL* LEÇON. COMPLEMENTAIRE DES OEG. DE RELATIONS. rection de Pair ; le bord de cette membrane se redresse, et forme le ruban vocal, qui se trouve par conséquent plus isolé des cartilages, plus libre que dans aucun ani- mai. Au-dessus deluiest l'ouverture du ventricule delà glotte, lequel occupe tonte la cavité du cartilage que j'ai comparé à un corps de timbale. C'est le bord su- périeur de ce cartilage qui fait le bord de la glotte pro- prement dite. Vjcq-d'Azyr a imaginé que les ventricules commu- niquaient aussi avec les bronches par leur fond, et a attribué en conséquence trois ouvertures au larynx des grenouilles; mais c'est une erreur. Outre cet appareil extrêmement sonore, les gre- nouilles mâles ont deux sacs, qui s'ouvrent chacun par un petit trou, non pas dans le larynx, mais dans le fond de la bouche sur les côtés, et qui passe sous lare de la mâchoire inférieure pour venir, lorsqu'ils sont gonflés, faire saillir la peau, de chaque côté, sous l'oreille. Ces deux sacs s'enflent quand les grenouilles crient. Ils sont revêtus d'un tissu musculaire qui peut les comprimer. Les grenouilles femelles et lescrapaucls des deux sexes en manquent; chez les rainettes , on voit un sac impair sous la gorge avec deux ouvertures dans le plancher de la bouche , plus avancée chez les grenouilles. [Voir encore pour la description de ces poches notre t. TV, part. I, p. 395.) Le crapaud des joncs a de même un sac sous la gorge.] Il y a dans le larynx des Batraciens anoures un muscle de chaque côté , pour écarter les deux carti- lages ovales, et un transverse en avant qui leur est commun et qui les rapproche. SËCT. II. AKT. III. ORGANES DE LA VOIX DES BEPT1LES. 815 [Le premier de ces muscles, ie dilatateur delà glotte, est très fort dans la grenouille commune. Il a son at- tache fixe en arrière , à l'extrémité de la corne hyoïde postérieure, et il monte obliquement sur la voûte de l'aryténoïde , jusqu'à son bord moyen et supérieur, au- quel il se fixe d'autre part. Le constricteur occupe transversalement la face an- térieure ou inférieure des deux aryténoïdes, et va s'at- tacher de chaque côté aux mêmes branches hyoïdes, sous le dilatateur. Le cartilage annulaire, qui fait la base du larynx des fiatraciens anoures , est un crico'ù/e, ainsi que nous lavons dit, ayant un haut degré de développement, pour remplacer la trachée qui manque chez ces ani- maux et servir à la connexion de l'organe de la voix ^ivec les bronches. Son arc supérieur ou dorsal , clans ia grenouille rousse , est placé comme une barre trans- versale entre les extrémités des cornes hyoïdes posté- rieures, et sa partie moyenne se prolonge en arrière en une longue apophyse. En avant, ce même arc supporte les bases rapprochées des aryténoïdes. L'arceau ventral sert de même d'appui, dans sa oartie moyenne, aux aryténoïdes, tandis que chacune de ses parties latérales se prolonge en deux apophyses, ['une dorsale, qui se dirige vers la corne hyoïde, l'autre beaucoup plus longue , formant un grand arc de cer- cle , courbée vers la ligne médiane, auxquelles le pou- mon de leur côté est suspendu. La première est l'apo- physe hyoïde, et la seconde l'apophyse bronchique du cricoïcle.Les apophyses bronchiques sont réunies, dans la grenouille commune , par une barre transversale Les aryténoïdes forment ensemble un cône creux, dont 816 XLC LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. DE RELATIONS. les deux moitiés, séparées verticalement à leur sommet et clans la ligne médiane dorsale, répondent par le bord de leur paroi à celui de la glotte. C'est près de leur base, en dedans de leur concavité, qui est propre- ment celle du larynx, que sont tendus de haut en bas de larges rubans ligamenteux, ayant un bord libre en avant et en arrière, coupant conséquemment directe- ment, comme deux éperons, la colonne d'air qui leur arrive des poumons, ainsi que celle qui s y précipite. L'extrême bord de ces rubans vocaux, en arrière, est tendu entre les arcs antérieurs et postérieurs du cri- coïde, et doit être distendu ou relâché dans les chan- gements de forme dont cet anneau est susceptible. Les genres bufo et pelobales ont les aryténoïçles beaucoup moins creux. Dans le crapaud commun ils sont très grands et représentent un cône à sommet obtus. D'abord pleins dans leur partie supérieure, vers la glotte, ils ne sont creux que plus profondément. Il y a proprement deux rubans vocaux, un antérieur, repli semi-lunaire transversal, adhérent dans tout son bord externe à la paroi concave de Taryténoïde , et la parta- geant transversalement en deux. Le ruban postérieur occupe l'arc correspondant du cricoïde. Dans le bombinator igneus , le cricoïde forme la ca- vité principale du larynx. C'est un large anneau d'a- vant en arrière, ayant une échancrure semi-lunaire de chaque côté, dans son bord antérieur et latéral, dont les pointes supérieures ou inférieures donnent attache à de pelits aryténoïdes de forme conique. Cette struc- ture conduit à celle bien singulière du pipa. Dans les mâles de ce genre, le larynx est une grande boîte osseuse, oblougue, échancrée en arrière dans son 3ECT. IT. ART. III. ORGANES DE LA VOIX DES REPTILES. 817 bord moyen et inférieur, d'où Ton voit sortir deux petites bronches, cylindriques, entourées de cerceaux cartilagineux. La glotte paraît en avant comme une ouverture étroite, entre les sommets des aryténoïdes. Ceux-ci sont enfermés, en grande partie, dans le thyro-cricoïde, et sont remarquables par leur forme allongée. Deux rubans vocaux se voient de chaque côté, en avant l'un de l'autre dans la profondeur de la glotte. Si nous passons au dernier ordre de cette sous-classe, à celui des Batraciens urodèles , nous trouvons encore, dans la famille des Salamandres , deux petits aryté- noïdes, séparés des cartilages trachéens, qu'un muscle commun rapproche, qui ont chacun un abducteur. La famille des Perennibranches (les protèes ., les si- rènes , les mènobranches , les axolotls) n'a même plus, pour l'aryténoide, que l'extrémité pointue d'un long cartilage qui appartient à la fois au larynx et à la tra- chée-artère. On ne connaît pas de ruban vocal dans les familles de ce dernier ordre. Ces Amphibies n'ont conséquent ment aucun moyen de mettre en vibration l'air qui sort de* leurs poumons : aussi tous ces animaux sont- ils muets, et leur organisation, imparfaite sous ce rap- port, confirme-t-elle l'explication que nous avons donnée de l'usage d'instruments plus complets, pour la production des sons , dans les autres Ordres et dans les autres Classes des Vertébrés à poumons (1).] (i) Voir, pour la composition générale du larynx des grenouilles et des salamandres, le mémoire de M. Martin Saint- Jnqe, sur les organe* 8. 52 818 XL* LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES OP.G. DE RELATIONS. ARTICLE IV. BRUITS QUE FONT ENTENDRE LES POISSONS. Les Poissons sont complètement nmets. Ceux qui font entendre quelques bruits les produisent avec des organes entièrement étrangers aux instruments de la voix chez les autres vertébrés. [Il paraît que les bruits que font entendre les Sciti- noides et, d'une manière plus remarquable, les pogo- nias ou les tambours , bruits que l'on a comparés à celui de plusieurs tambours, sont dus au frottement des larges dents dont leur bouche est armée.] ARTICLE V. ORGANE DE LA VOIX DES INSECTES. [Les mâles de beaucoup iï Insectes appellent leurs femelles, et celles-ci, dans quelques espèces, appel- lent leurs mâles , par un chant varié selon les espèces, quoique monotone pour chacune délies. C'est une sorte de sifflement ou de stridulation qu'ils produisent le plus souvent hors des instants du vol, et indépen- damment de cette action. D'autres font entendre en volant, par les vibrations de certaines parties voisines ou accessoires de leurs ailes, ou par une organisation particulière des stig- mates qui en sont le plus rapprochés, le bruit connu sous le nom de bourdonnement, qui caractérise, entre autres, le genre bourdon parmi les Hyménoptères , et qui distingue beaucoup de Diptères. transitoires et la métamorphose des Batraciens, Annales des se. nat, t. XXIV, p. 254 et suiv. ; et pour celui de tous les. reptiles , la Mono- graphie intitulée Anatomie comparée du larynx, ayant plus particulière- ment pour but la description de celui des Reptiles, par M. HenJe , vol. in-4°, avec r> planches. Leipsift, ï83p„ 5ECT. II. ART. V. pP.G4.ftES DE LA YOIX DES INSECTES. 819 Les bruits que produisent certains Coléoptères, tels que les ceramhix, par le frottement de parties saillantes du méso-thorax, introduites rapidement dans des ca- vités correspondantes du prothorax; ceux que font entendre \esvrillettes, en frappant de leurs mandibules l'intérieur des galeries qu'elles creusent dans les meu- bles de nos maisons , ont pour instrument des organes dont la description ne doit pas entrer dans cette ex- posé anatomique des organes particuliers de la voix et des bruits. Nous n'avons donc à nous occuper que des organes de la stridulation ou du bourdonnement. A. Des organes de la stridulation. Cette sorte de bruit ou de chant est propre à plu- sieurs familles à' Orthoptères, et aux cigales, parmi les Hémiptères homoptères. Chez les Acrydiens, parmi les Orthoptères, les instru- ments en sont fort simples. Ce sont en général leurs cuisses de derrière qu'ils meuvent en guise d'archet contre certaines parties de leurs élytres, dont ils déter- minent ainsi les vibrations. La face interne des cuisses de la dernière paire de pattes est armée, dans sa lon- gueur, d'une lame saillante finement dentelée , ou tout unie. Le mâle la frotte plus ou moins rapidement en montant et en descendant , à la manière d'un archet, contre une nervure longitudinale de la face externe des élytres. Chaque espèce a une manière particulière de se servir de cet instrument, pour produire les sons qui lui sont propres. Dans le pneurnora urceolata, c'est, par exception , contre une lame cornée saillante et dentelée , située obliquement de chaque côté du second anneau abdo- minal, que l'archet de la face interne des cuisses posté- 820 XL' LEÇON. COMPLÉMENTAIRE DES ORG. 1>E RELATIONS. Heures doit se mouvoir, suivant l'observation de M.Siebold. De Geer, Latreil/e(\)et Burmeister ont décrit comme l'organe du bruit exclusif ou comme servant à le ren- forcer, dans la famille des Acrydiens , un tambour, c'est le nom que Latreille lui donne , qui se trouve précisément au-dessus de l'articulation des cuisses pos- térieures. M. Siebold, dont nous avons adopté la ma- nière de voir sur la détermination des organes destri- dulation de ces animaux , a décrit avec soin cette caisse membraneuse, et Ta déterminée comme l'organe de rouie de ces animaux (2). Les Locustaires produisent la stridulation qu'on leur connaît, par le frottement de certaines parties de leurs élytres, dont la face inférieure est armée d'une sorte de lime, beaucoup plus forte dans 1 elytre gauche. Lorsque l'animal veut produire son bruit, il soulève un peu ses deux élytres en les agitant, et porte, suivant le môme auteur, l'angle interne arrondi, et bordé d'an fort bourrelet corné, de 1 elytre droite, contre la lime de l'élytre gauche. îl paraît que, chez les Grylloniens , ce sont encore les élytres, par leur frottement réciproque, qui pro- duisent la stridulation. Les fortes nervures qui y sont multipliées rendent leurs vibrations pins sonores. Le miroir, cette partie plus lisse en forme de disque, qui se voit à la base interne des élytres , chez les mâles de beaucoup d'espèces des deux dernières familles, (1) De Pot-gaine musical des criquets. Mémoires du muséum d'histoire naturelle, t. VIII, p. \iZ. (2) Sur les organes de la voix et de l'ouïe des Orthoptères, Archives aEnchson pour 1 844- Cest M- Gourcan qui a proposé le premier cette signification. Annalpsdela Société entoinolojriqiiF de Francp, pour i83?. SEGT. II. ART. V. OKGAINES DE LA VOIX DES IJNSECTES. 821 n'est pas, comme on l'a dit, l'organe de leur stridula- tion. On peut le détruire sans faire cesser leur chant. Dans les cigales proprement dites, les organes du chant sont situés de chaque côté, à la base et dans la profondeur des deux premiers anneaux de l'abdomen, et recouverts en dessous par une espèce de volet, 1 epimère du métathorax. Une cloison divise leur cavité en deux loges. C'est sur la paroi interne des cavités latérales que sont ten- dues les timbales. Le muscle qui les meut tient à une pièce triangulaire qui se voit dans le second anneau abdominal. Ce muscle se rend à la membrane de la timbale. C'est par son action sur cette membrane que les sons se produi- sent. Sans doute que l'air, qui sort par un stigmate in- férieur, est mis en vibration par ces timbales (1). Nous rapportons, avec doute, dans cette catégorie le bruit que produit le sphinx atropos, et qui aurait pour organe un tympan tendu sut' une cavité située à la base de la trompe, dans le mâle comme dans la femelle {i\ B. Organes du bourdonnement. En général, le bourdonnement que produisent en volant certaines espèces à' Hyménoptères et de Diptères paraît dû aux vibrations de quelque partie de leurs ailes frappées par l'air qui sort des stigmates thoraciqnes. On a encore indiqué , chez les bourdons et les xi- locopes , un corps élastique, de forme cylindrique, qui répond a la face supérieure et antérieure de chacune (i) Voir les figures de cet organe, planche 95 des Insectes du Règne animal de Cuvier. Elles sont de M. Doyère. (2) Suivant M. Passerini. s/nnales des se. nat., t. XIII. p. 332. 822 XL* LEÇON. COMPLÉMENT Aï BE DES OJ1G-. DE RELATIONS. des grandes vésicules trachéennes abdominales (1). M.L. Dufour suppose que cette organisation se rapporté au bourdonnement, puisque ce bruit se fait encore en- tendre après îa soustraction des ailes. Enfin, dans les Diptères , les sons clairs du bourdon- nement seraient dus à une organisation particulière du dernier stigmate du thorax (2). La lèvre postérieure de cet orifice de la respiration a une lame rentrante, opposée à l'embouchure de la trachée. Sur cette lame sont attachées par un côté et libres par l'autre , neuf lamelles parallèles , de nature cornée, que l'air qui sort avec rapidité de la trachée, ou qui y pénètre, dans l'agitation du vol, soulève et fait vibrer. M. L. Dufour regarde les cuillerons comme l'instru- ment principal du bourdonnement des Diptères. Il se fonde sur l'existence de ces cuillerons, et sur leur dé- veloppement proportionnel à l'intensité du bourdonne- ment, chez les espèces (les Diptères cali/ptérés) qui peuvent le produire, et sur l'absence des cuillerons chez les espèces muettes (les Diptères acalyptérés). Sans doute, le sujet traité dans ce dernier article n'est encore qu'ébauché, comme beaucoup d'autres sujets concernant la science de l'organisation. Mais cette ébauche ne peut manquer d'être améliorée par les progrès incessants de cette belle science, que ce livre continuera peut-être de provoquer.] (1) M. Léon Dufour, Journal de physique, septembre 1828, cité par Latreille dans le Bè/jne animal de Cuvier, t. V, p. 267. (2) Suivant M. Burmeisler, Manuel d' entomologie , t. I. ADDITIONS fiï CORRECTIONS AU TOME IV. 823 ADDITIONS ET CORRECTIONS POUR LE TOME IV, PARTIE lre. Le copiste de l'ancien texte, pour la réimpression de ce texte, a omis, sans que je m'en sois aperçu , le pas- sage suivant (t. III, p. 112 de la première édition, lignes 3-7 inclusivement): « Mais les dents qui ne tien- >j nent qu'à la gencive seulement, comme celles des » squales , croissent à la manière des épiphyses des os, » c'est-à-dire que toute leur substance osseuse est d'a- » bord tendre et poreuse , qu'elle se durcit unifor- » mément, et finit par devenir intérieurement dure » comme de l'ivoire (1). » Si Ion compare le mémoire ayant pour titre : Re- cherches sur la structure et la formation des dents des squaloïdes , etc. , communiqué à l'Académie des sciences par M. R. Owen, dans la séance du 2 décem bre 1839, et imprimé par extrait ( Comptes-rendus , t. IX, p. 84 et suivantes), on verra que le fait principal de cet important mémoire, avait été exactement re- connu et distingué par M. Cuvier : seulement , la science n'était pas mûre, à cette époque de 1804, pour en déduire , comme l'a fait M. R. Owen, une nouvelle théorie du développement et de l'accroisse- ment des dents. Les récentes découvertes de Purkinje, de Retzius et de J. Mùlîer, sur la structure tubulée de l'ivoire, n'avaient pas préparé la voie. «^1. — ■■■■■■■■! ■■ I I — ■..!■ ■- . — — — — -,.,-l— — — — -I ■ .— ■ M ■■ ■ M ■—«■■.-—.. ■ — (1) Ce passage aurait dû être placé entre les lignes cinquième et sixitme, à compter du bas de la pa^e 210, de l'édition actuelle. 824 ADDITIONS ET COflUliCTlONS Gomme supplément indispensable à la XVIIe leçon sur les dents, je prie le lecteur de prendre connais- sance des Mémoires que j'ai lus à l'Académie des sciences en 18^2 et i843 (1) sur ce sujet, et dont voici les conclusions: « J'espère avoir démontré : i° L'absence des vaisseaux sanguins dans l'ivoire, que je désigne, dans ces mémoires, sous le nom de substance principale des dents ; 2° L'embouchure des tubes de l'ivoire dans les parois de la cavité du noyau pulpeux et leur disposition va- riée dans leur trajet, depuis leur embouchure jusqu'à la surface de l'ivoire; 3° Leur direction, assez généralement par le chemin le plus court , vers cette surface , où ils se terminent; 4° Leurs divisions plus nombreuses, et même leurs anastomoses apparentes dans quelques cas, vers cette surface; 5° La diminution sensible de leur nombre avec l'âge; 6° Le rôle que joue le bulbe ou le noyau pulpeux, cet organe producteur de la substance principale, dont il fournit à la fois le canevas et les sucs nutritifs , qu'il sécrète du sang que lui apportent les vaisseaux san- guins bien connus , qui se distribuent dans ce bulbe; 70 La distinction du cément dentaire et du cément alvéolaire ; 8° Le renouvellement de celui-ci dans la seconde dentition ; son état mou et pulpeux, au moment du (1) Voir les Comptes-rendus de ses séances, t. XV, p. 2-0-278, 3o4~ 3i4, 483-491 , 1000-1016, et t. XVII, p. 98-101, et le t. XX du Recueil des savants étrangers que publie celte Académie, dans lequel ces mé- moires sont imprimés in extenso avec cinq planches coloriées. AU TOME IV. 825 léveloppement des dents , dans la première comme lans la seconde dentition, et son passage de l'état pul- >eux à letat d'os , dans un temps probablement très ;ourt; 90 Le développement simultané de la racine et de a couronne chez les musaraignes , au contraire de ce [ui a lieu chez la plupart des mammifères ; io° L'explication, par cette circonstance, de la po- ition extérieure que les dents des musaraignes occu- >ent dès le principe de leur développement, du moins >ar leur couronne; 1 1° La démonstration que les phénomènes de la den- ition se passent dans une rainure des mâchoires en lehors de leur périoste; 12° Le développement et le durcissement chez les nusaraignes des dents, d'un côté d'une même mâ- :hoire, dans une capsule commune, renfermant aussi e cément ; 1 3° La position libre dans la cavité buccale de cette :apsule pour la partie qui enveloppe la couronne ; i4° L'existence bien constatée d'une membrane smaillante qui recouvre immédiatement toutes les par- ies de la couronne qu'elle doit revêtir d'émail, et qui ist colorée aux endroits où les dents des musaraignes loivent être colorées. « Si je ne mefais illusion, les résultats exprimésdans les paragraphes 3, ô, et 7 à 1 4, sont entièrement nouveaux. Les autres se rapportent àdes découvertes faites en Allemagne, en Suède et en Angleterre, par des anatomistes célèbres, MM. Purkinje , Retzius, J. Mùller, R. Owen , Nasmith et Erdle. Mais je crois avoir démontré en France, pour la première fois , avec détails du moins, ces découvertes, au moyen des 826 ADDITiOAS KT COKHKCTlOiSS » préparations d'un mérite incontestable , faites sous » ma directionet d'après mes idées, par M. le docteur » Maissiat, mon aide au Collège de France. Je crois » enfin les avoir présentées sous de nouveaux points » de vue, indiqués entre autres dans les paragraphes » 1 , 2, fa et 6 de ce résumé. » Page 3g5. — Le mot palais est employé, dans les ouvrages d'anthropotomie, pour désigner le plafond de la cavité buccale et ses dépendances. Dans notre texte, il désigne quelquefois le plancher de cette cavité ? comme dans les lignes 10 et 9 (en remontant) de la page 395, tome IV, partie I. « Deux ouvertures assez larges qui se voient sur les côtés du palais. » En prenant le mot palais dans l'ac- ception stricte des anthropotomistes, il aurait fallu se servir d une circonlocution, et dire : sur les côtés du plancher de la cavité buccale. ADDITIONS AU TOME V. Page 282. — On pourra voir dans la note de cette page que mon célèbre ami, M. L. Dufour, avait bien voulu me donner communication de son mémoire manuscrit intitulé : Recherches anatomiques et phy- siologiques sur les Orthoptères } etc. Cet important travail , qui a été imprimé parmi ceux des Savants étrangers de l'Académie des sciences, a paru en 1841 ; mais tous les dessins joints au manu- scrit n'ayant pas été gravés, et les numéros des figures ayant été changés, il en résulte que mes citations ne se rapportent plus à ces numéros. Le lecteur y sup- pléera facilement en ayant égard uniquement aux aioms des insectes dont l'organisation du canal alinien- AU TOME VI. 827 lire a été figurée par M. L. Dufour , et publiée dans îs planches de son mémoire. Page 35 1 et 35 2. — Au sujet de la description du )ie des squilles, il faut reprendre l'ancien texte de ï. Guvier, qu'on lira dans la note de la page 35 1, omme la détermination généralement reçue. Nous envoyons d'ailleurs à la page 5o2 du tome V, et à addition ou correction qui s'y trouve, pour la p. 232 e ce même tome; elle servira de même à rectifier la escription des pages 35 1 et 3Ô2. ADDITIONS AU TOME VI. Page 389, lignes 7 et suivantes. — L'assertion énérale que les vaisseaux sanguins paraissent for- 1er, dans tous les vrais mollusques, un système de aisseaux clos , etc. , a besoin d'être expliquée et res- •einte, en premier lieu, par l'ancien texte de cet uvrage, qui a paru, je prie le lecteur de ne pas oublier, déjà en i8o5. On y lira (p. 3o6 et 36 1 ) : — « Que, dans les Cé- phalopodes, les deux branches veineuses transver- sales, qui se rendent aux cœurs latéraux, et toutes celles qui aboutissent immédiatement à ces deux là, sont percées de trous, etc.; que cet appareil peut avoir pour fonction d'absorber une portion de la liqueur épanchée dans l'abdomen et de la re- porter dans les veines. » Les Aplysies ont montré à M. Cuvier un appareil 'absorption des liquides épanchés dans la cavité ab- ominale , bien plus évident encore (voir les pages 74 et 3-5, et le mémoire sur les Aphjsies, p. io- 16). 828 ADDITIOWS ET COBBECTIONS Ou ne conteste plus à M. Cuvier cette dernière et très importante découverte, mais on n'a pas fait assez d'attention aux lignes non moins remarquables que je -viens de citer, sur les Céphalopodes. Bien plus, je suis forcé de réclamer, pour Fauteur principal des leçons , la priorité de la généralisation de ces deux observa- tions. Qu'on lise, pour s'en convaincre, les pages 388- 3go, dans lesquelles M. Cuvier cherche à démontrer, à priori, comme à posteriori, que les Mollusques n'ont pas de vaisseaux absorbants. Qu'on remarque entre autres ces lignes: « La principale (raison positive) » consiste clans les communications naturellement » ouvertes des grandes cavités du corps, où il y a beau* » coup de fluides à résorber, avec les troncs des grosses » veines, etc., etc. » M. R. Owen (en i83s) a découvert que la veine cave est percée de quinze ouvertures arrondies dans le Nautile, comme M. Cuvier l'avait vu dans XAplysie (voir les pages 364 et 366 de ce vol.). M. Valenciennes (en 1839) a compté jusqu'à 22 per- forations dans la veine cave de son exemplaire du Nautile. Pour M. Owen, comme pour M. Valenciennes (1), ces ouvertures servent à laisser sortir le sang de la veine cave dans la cavité abdominale. Pour M. Owen, elles servent aussi à l'y reprendre quand il en est sorti; en un mot, la cavité abdominale n'est qu'un di- verticulum du sang de la veine cave. Pour M. Cuvier, ces ouvertures de la veine cave auraient encore pour emploi de résorber la grande (1) Nouvelles recherches sur le Nautile flambé, Archives du Muséum, 1. II. AU TOME VIIT. 829 uantitê de liquides épanchés dans les grandes cavités lu corps. Après ces justes rectifications, je renvoie le lecteur u mémoire plein d'intérêt, communiqué à l'Académie les sciences le 3 février 1841 , par M. M il ne-Edwards t. XX , p. 261 des Comptes-rendus); on y trouvera une ixposition claire et précise de ses propres observa- ions sur le même sujet, et de celles de M. Delle- ]hiaje, et les conclusions générales que les derniers >rogrès de la science permettent d'en tirer sur la circ- ulation du fluide nourricier dans tout le type des Mol- usques (1). Je prie d'ailleurs le lecteur de relire l'appendice que ai ajouté à ce volume. Il y verra déjà une partie des •estrictions que j'ai dû mettre, à la proposition trop • énérale que j'ai rapportée en commençant cette addi- ion, et combien il était peu juste de la citer comme le lernier mot de la science, telle qu'elle est exposée lans ce livre (2). ADDITIONS AU TOME VIII. Page 3o. J'ai eu l'occasion d'observer cette année, (1) Voir encore les p. 354-357, t. XX, des Comptes-rendus pour la réclamation de M. Pouchet sur ia circulation du saiig dans la limace, et la réponse de M. Milne-Edwards. M. Pouchet (Recherches sur l'anatomie des mollusques, p. 21 et 22) attribue à M. Cnvier une opinion et une erreur que je n'ai lue dans aucun de ses écrits. Je regrette de dire que le savant professeur de Rouen n'a pas pris connaissance des Leçons, ni du mémoire sur Yaplysie de M. Cuvier. (2) M. c. Comptes-rendus, t. XX, p. 295 , lig. 8 et 9 et Note. 830 ADDITIONS ET CORRECTIONS (août i845) un cas intéressant de matrice double , bi- corps et bicorne, recueilli à Audincourt, près de Mont- béliard, par M. le docteur Eugène Duvernoy , mon parent, et communiqué au Cercle médical de Mont- béliard le 5 mars 1 844- La jeune femme sujet de cette observation était morte a l'âge de vingt-trois ans d'une métrite chronique, après avoir accouché d'un enfant à terme, le 4 sep- tembre 1842 ; elle l'avait porté dans la corne droite. Cette corne avait, à 1 époque de l'autopsie, om,i3o de long, et la gauche om,0()0. Le corps n'avait que om,o6o. Intérieurement il était partagé par une cloison très mince qui aboutissait tout près de l'orifice com- mun dans le vagin. L'orifice de la matrice droite occu- pait les trois quarts de ce dernier. A l'extrémité de chaque corne se trouvaient la trompe et l'ovaire cor- respondant. Cette forme de matrice, qui rappelle celle des lièvres, et mieux encore celle du cochon d'Inde , n'est qu'un développement, comme nous l'avons dit dans le texte, de celle du fœtus humain à l'âge de trois mois et demi. La ressemblance de l'utérus des Tard/grades et des Edentés avec celui de la femme , et mieux avec celui des Singes, à cause de sa forme un peu plus allongée, que nous avions indiquée dans notre ancien texte, a été confirmée depuis lors par des observations multi- pliées : seulement, nous devons remarquer que la cavité simple de l'utérus a deux orifices chez les paresseux et les/ourmi/iers; elle n'a qu'un orifice dans les tatous. Dans Xoryctérope du Cap, il y a aussi deux orifices; mais ils conduisent dans deux cavités distinctes, comme chez les Rongeurs. AU TOME vin. 831 (Voir la Monographie de M. G. Rapp, professeur à l'Université deTubingen, ayant pour titre : Recherches anatomiques sur les Edentés , in-4° , avec onze plan- ches. Tubingen et Genève, i843.) Page 263. — A la fin de l'article du vagin des Mammi- fères Monodelphes, nous aurions dû parler des deux conduits de Gartner, qui ont été découverts dans le veau et la vache et dans le cochon. Chacun de leurs orifices est sous l'extrémité d'un pli transversal qui se trouve immédiatement derrière l'orifice du méat uri- naire. De là ils se portent parallèlement l'un à l'autre sur les côtés du vagin et dans son épaisseur ; ensuite ils se continuent sur les côtés du corps de l'utérus , et s'écartent de chacune de ses cornes pour se perdre dans le ligament large en s'approchant des ovaires. Suivant M. Jacobson, ces canaux seraient des traces subsistantes des canaux excréteurs des reins primor- diaux. Voir la figure qu'en ont publiée MM. Gartner et de Blainville, Journal de la Société vhilômâtique de juil- let 1826; et le mémoire de M. Rathke, Archives de Mechel, t. V, p. 379 et su iv. Page 604. — I^a glande mammaire paraît cependant exister en rudiment chez l'homme et chez les mâles des mammifères, puisqu'elle s'y développe quelque- fois assez pour sécréter une quantité remarquable de lait, ainsi que lavait déjà observé Aristote {Histoire des animaux , livre III, c. XX, 16). (Voir à ce sujet les Eléments de physiologie de HALLER,t. VIII, part. 2, p. \S;elY Histoire générale des anomalies, par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.) Ce dernier savant a fait connaître à l'Académie des 832 ADDITIONS ET CORRECTIONS AU TOME VIII. sciences, dans sa séance du 18 août i845 , qu'il exis- tait, à l'instant de sa communication, à la ménagerie du Muséum, un bouc lactifère, originaire de l'île de Lemnos, comme celui observé par Aristote. Ce bouc donnerait un demi-litre de lait par jour. (Comptes- rendus, t. XXI, p. 44*0 Page 61 3. Sur la composition du lait. D'après M. Simon (Éléments de chimie physiologique de Her- mann Hoffmann , p. 200, Heidelberg, i845) le lait de chienne ne contient pas du tout, ou seulement des traces de sucre de lait. Les recherches que M. Dumas vient de communiquer à l'Académie (séance du 28 sept. i845) sur le lait, des carnivores, particulièrement de chienne, confirment celles de M. Simon. Il différe- rait de celui des herbivores, par l'absence du sucre de lait, qui ne se rencontre dans le lait de chienne que lorsque le pain , c'est-à-dire une substance alimentaire contenant de la fécule , a fait partie des aliments de l'animal. Page 4o6. Note.— Le mémoire de M. Siébold a paru dans les Acta Nat. Curios, t. XXÏ, part. î, avec deux planches : sous le titre suivant ; Ueber die sperrna- tozoïden der Locustinen. M, Dujardin, dans son Nou- veau Manuel de l'observateur au microscope , publié en i843, a fait représenter (pi. XI, fig. 18 et 19) des aggrégations penniformes analogues des spermato- zoïdes qu'il a observés dans le sperme du testicule d'une espèce de carabique (le sphaerodrus terricola) et dans celui de la cigale. FIN DU TOME HUITIÈME ET DERNIER. IRRÀTÀ. 833 ERRATA DU TOME VIII. P. 20, note, ire ligne, au lieu de : Millier, lisez : Meckel. Id , 2' ligne, au lieu de : Zeltschrift, lisez ; Zeitschrift. 21, note, au lieu de : p. 397, lisez : p. 297. 22 , 4e ligne en remontant, au lieu de:prodigerus, lisez : proligerus. 23, 6e ligne, au lieu de ; dépouillées , lisez • dépouille'. 33, 2e ligne, au lieu de : solipèdes, lisez : Solipèdes. 53, 3e ligne, au lieu de : Téthys, lisez : Thétis. Id., 1 Ie ligne, au lieu de : caycpollin, lisez : eayopolin. 36, 7e ligne en remontant, au lieu de : couche, lisez : couche. 4o, 9e ligne, au lieu au Heu de : dite cinquième, lisez : de ce cinquième. 4745 note 1, ligne 3, au lieu dcj : les vivipares, lisez: la vivipare. 492, note 1, ligne 1, au lieu de: acires, lisez: acères. 498, 14e et '5e lignes, au lieu de : tére'bratines, lisez ( térébratules. 499, iS' ligne, au lieu de: les sthalies (salpa cristata), lisez: les lhalies (salpa cristata). £08, 1" ligue de la note, au lieu de .'zoologie figurée, Règne animal, lisez', zoologie; figurée règne animal, 5oq, i* ligne de la note , au lieu de : Land , lisez • Taind. ERRATA. 835 520, 8* ligne, au lieu de : Branchiopodes, lisez : Brachiopodes. 522, 5e et 7e ligne, au lieu de : les Naulilus, lisez: les Nautiles. 537, i3e ligne, supprimez les mots : dans ces groupes. 544> 6e ligne , au lieu de : siponeles , lisez : siponcles. Ici. 3e ligne , en remontant, au lieu de : aste'rius , lisez : astérias. 567, 5e ligne en remontant, au lieu de: adoptée, lisez: adopté. 60g, 17e ligne , au lieu de : Crabrier, lisez : Crabier. 6i3, 2e ligne en remontant, au lieu de : la poche , lisez: la poche extérieure sous-abdominale. 617 et 618, tout l'article devait être enfermé entre deux [ ] comme nouveau. 618, article II , titre, au lieu de : l'éducation intérieure ou d'incuba- tion , lisez: d'éducation ou d'incubation extérieure. Id.j en remontant, au lieu de: des insectes, des arachnides, lisez : des insectes et des arachnides. 61 g, 2* ligne, il devrait y avoir un crocheta la fin]. 622, Après la ligne 20e lisez : § 1. Chez les Entomostracés. 62g, i5e ligne , au lieu de : Ecfiinordermes, lisez ; Echinodermes 642, titre, au lieu de', des sécrétions générales, lisez : des sécrétions en général. 643, ire ligne, au lieu de ." moins intéressante, lisez; non moins intéressante. 670-687, titre courant, au lieude : Art. III , lisez : Art. IV. 688, au lieu de : Article IV, lisez : Article V. 6go, au lieu de ; Article V, Usez : Article VI. 721, 7e ligne, au lieu de : les seuls, lisez : les seules» 836 TABLE TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE HUITIÈME VOLUME. LEÇON XXXII*. Première partie. De la génération en général et de ses différents modes, dans tout le règne animal et chez les animaux vertébrés en particulier i Deuxième partie. Des organes préparateurs et éducateurs inté- rieurs, chez les femeiles des animaux vertébrés , 10 Art. I. Des ovaires et des ovules chez les Mammifères n I. Des ovaires i3 A. Chez la femme, B. Dans les autres Mammifères. . . 16 IL Des ovules 20 Àbt. II. Des organes éducateurs intérieurs, etc 25 I. Des oviductes propres , 28 IL Des oviductes incubateurs 29 A. Dans l'espèce humaine, 5o. B. Dans les autres mam- mifères 02 Art. 111. Des organes préparateurs et éducateurs chez les fe- melles des Oiseaux ^\ 1. De l'ovaire ou de la glande ovigène ib. IL Des ovules produits de la glande ovigène 44 III. De l'oviducte ou du canal excréteur de la glande ovi- gèuc 47 Art. IV. Des organes préparateurs et éducateurs chez les fe- melles des Reptiles. . . , 5o I. Des ovaires ou des (jlandes ovigènes ib. A. Dans la sous-classe des reptiles propres', 52.13. Dans la sous-clas^e des reptiles amphibies, 54- IL Des ovules produits des glandes ovigènes 56 II. Des oviductes ou des canaux excréteurs des glandes ovigènes , 59 Art. V. Des organes préparateurs et éducateurs ou des ovaires et des oviductes dans la classe des Poissons 66 DES MATIERES. 837 I. Des ovaires < • 66 A. Dans la sous-classe des poissons osseux, 71. 13. Dans la sous-classe des cartilagineux, 75. II. Des ovules et des œufs produits des glandes ovi- gènes 78 A. Développements des ovules , ib. B. composition de l'œuf mûr avant la fécondation, 80. LEÇON XXXIIIe. Des organes préparateurs ou modificateurs du sperme, chez les mâles des animaux vertébrés. 96 SECTION I. Des glandes spermagènes ou des organes prépara- teurs du sperme, de leur canal excréteur et de leur produit. 97 Art. I. Des glandes spermagènes ou des testicules ib* A. Chez l'homme ib. B. Chez les mammifères 10a C. Dans la classe des oiseaux 110 D. Dans la classe des reptiles m 1° Dans la sous-classe des reptiles propres, ib. 2° Dans la sous-classe des reptiles amphibies, 112. C. Daus la classe des poissons 1 16 Art. II. Des canaux excréteurs des glandes spermagènes, ou des voies que suit la semence pour passer de celte glande hors da corps ou dans les organes d'accouplement 123 A. Chez l'homme, 124. B. Dans les mammifères, 125. C.Chez les oiseaux, 129. D. Chez les reptiles, 100. E. Dans la classe des poissons, i55. Art. III. Du sperme. . . 157 I. Caractères physico-chimiques du sperme i38 IL Composition organique du sperme i4o III. Des spermatozoïdes i4a A. Chez les mammifères, 1 44» B. Chez les oiseaux, 1 45. C. Chez les reptiles, 146. D. Dans la classe des pois- sons, 148. E. Suite des généralités sur les sperma- tozoïdes , i5o. Tableau des dimensions des spermatozoïdes des vertébrés. . 1 54 SECTION II. Des organes modificateurs du sperme i56 Aut. I. Des vésicules séminales 157 § I. Des vésicules séminales proprement dites 169 A. Dans l'homme, ib. B.Dans les mammifères, 160. C. Dans la classe des oiseaux, 167. D. Dans la classe des reptiles, ib. E. Dans la clause des poissons , 168. S38 TABLE § II. Des vésicules séminales accessoires. i5o, Art. II. Des glandes prostates et de l'humeur qu'elles séparent. 169 A. Chez l'homme et les mammifères 170 I. De h glande. ib. § 1. Chez l'homme, ib. § 2. Dans les mammifères , 171. B. Chez les reptiles amphibies 178 II. De l'humeur des prostates 17g Art. III. Des glandes de Cowper et de l'humeur qu'elles sé- parent 180 I. Des glandes de Cowper ib. A. Chez l'homme, ib. B. Chez les mammifères, 181. C. Dans la classe des oiseaux, 188. D. Dans la classe des reptiles, ib. E. Dans la classe des poissons, ib. II. De l'humeur des glandes de Cowper. 189 Appendice à cette leçon et à la précédente ib. LEÇON XXXIVe. Organes d'accouplement chez les vertébrés. . . 194 Organes d'accouplement des vertébrés en général ib. SEGTION I. Organes d'accouplement des mammifères 197 Art. I. Organes mâles d'accouplement des mammifères ib. I. Position, formes générales, enveloppes et grandeur rela- tive de la verge 198 II. Du corps caverneux et de l'os de la verge 2o3 A. Du corps caverneux, ib. B. De l'os de la verge , 207. III. Du canal de l'urètre 209 A. De la partie pelvienne de l'urètre on de sa partie musculeuse, ib. B. De la partie vasculaire ou caver- neuse de l'urètre, 2i3. IV. Du gland 217 A. Dans l'homme, ib. B. Dans les Mammifères , 218. V. Des muscles propres de la verge 229 VI. Vaisseaux sanguins ou nerfs de la verge et structure intime des tissus érectiles de cet organe a35 A. Des vaisseaux sanguins, ib. B. Des nerfs de la verge, 236. C. Structure intime des tissus érectiles du pé- nis des Mammifères ,237. VII. Du canal de l'urètre et de la verge des Monotrêmes. 241 VIII. Glandes prépuciales 243 Art. II. Des organes d'accouplement chez les femelles des mammifères 246 I. Du vestibule génito-excrémentitiel 247 DBS MATIÈRES. 839 A. Chez la femme, 248. 13. Chea les mammifères» . . a5i II. Du vagin ou du canal génital 2&J A. Dans l'espèce humaine , ib. B. Chez le9 mammi- fères rnonodelphes, 259. C. Chez les mammifères marsupiaux, 260. SECTION II. Des organes d'accouplement dans la classe des oiseaux s64 Art. I. Du vestibule génito-excrémentitiel considéré comme organe d'accouplement chez les mâles et chez les femelles de la classe des oiseaux . s ib. Art. II. De la verge des oiseaux . . 267 Art. III. Du clitoris chez les femelles des oiseaux 277 Art. IV. De la bourse de Fabricius 278 SECTION III. Organes d'accouplement dans la classe des rep- tiles , 280 Art. I. Organes mâles d'accouplement 281 I. Du vestibule génito-excrémenlitiel chez les mâles des reptiles **• A. Dans la sous-classe des reptiles propres , ib, B. Dans la sous-classe des reptile» amphibies , s84« II. De la verge des reptiles 288 A. Dans la sous-classe des reptiles propres, ib. i° Verge des chéloniens, ib. 2° Verge des crocodiliens, 291. 3° Verges des sauriens propres et des ophidiens, 294. B. De la verge des reptiles amphibies , 296. 1° Ches les ophidio-batraciens, ib. 2° Chez les tritons, 297. III . Organes accessoires d'accouplement 298 Art. II. Organes femelles d'accouplement 299 A. Chez le* reptiles propres lb- I. Du vestibule génito-excrémenlitiel ib. II. Du clitoris , 3oi B. Organes femelles d'accouplement chez les reptiles am- phibies. 3°s SECTION VI. Organes d'accouplement dans la classe des poissons - °°3 Art. I. Des organes d'accouplement, proprement dits , chez les mâles et chez les femelles ib. Art. II. Des organes de préhension chez les mâles des chi- mères et des sélaciens * • 3o5 LEÇON XXXV\ Des orgaues de génération des animaux arti- 840 TABLE 840 culés 3io Art. I. Des organes préparateurs et éducateurs chez les fe- melles ib. A. Dans la classe des insectes ib, I. Des ovaires, de l'oviducle et de ses branches on § î. Dans les coléoptères, Siy. § 2. Les orthoptères, 52o. § 3. Les hyménoptères, 021. § !\. Les névrop- tères , 022. § 5. Les hémiptères, 023. § 6. Les lépidoptères, 024. § 7. Les diptères, ib. II. Des annexes de l'oviducte ou de la poche copulatrice, du réservoir séminal et des glandes sébifiques et sérifî- ques 326 § 1. Chez les suceurs, 328. § 2. Les coléoptères, ib. 50. Les orthoptères, 532, § 4- Les hyménoptères, 535. § 5. Les névroplères, 554. § 6. Les hémiptères, 335. § 7. Les Lépidoptères , 557. § 8. Les dip- tères , 55g. B. Dans la classe des arachnides , 34 1 § 1. Les arachnides pulmonaires, ib . § 2. Les arach- nides trachéennes, 545. C. Les myriapodes 346 § 1. Les chilopodes, ib. §2. Les chilognathes, 547. D. Les crustacés 548 I. Les malacostracés ib. IL Les entomoslracés 35 1 E. Dans la classe des cirrhopodes 354 F. Dans les annélides 555 § 1. Les annélides tubicoles, 555. § 2. Les annélides abranches, 558. Art. II. Des ovules ou des œufs produits des organes prépara- teurs et éducateurs chez les femelles des articulés 56 1 A. Dans la classe des insectes, ib. B. Chez les arach- nides, 565. C. Chez les myriapodes, 564. D. Dans les crustacés, 365. E. Dans les cirrhopodes, 367. F. Dans la classe des annélides, ib. Art. III. Des organes préparateurs et modificateurs du sperme 572 A. Dans la classe des insectes ib. i* Les coléoptères , ib. 20 Les orthoptères, 38o. 3° Les hyménoptères, 38 1. 4° Les névroptères, 38a. 5* Les DES MATIEHES. 841 hémiptères, 383, 60 Dans les lépidoptères , 387. Les diptères, 388. B. Les arachnides 389 C. Dans les myriapodes 09 1 D. Dans la classe des crustacés 3g3 I. Dans la sous-classe des malacoslracés 16. 1° Chez les décapodes, (6. 2° Chez les stomapodes, 596. 3° Chez les xyphosures. 096. 4. Chez les isopodes, ib. II. Dans la sous-classe des entomostacés 397 i° Dans l'ordre des brauchiopodes, ib. 2° Dans l'ordre des syphonoslômes, 398. E. Dans la classe des cirrhopodes 398 F. Dans la classe des annélides > 4°° Art. IV. Du produit des glandes sperruagènes et accessoires , ou du sperme et des spermatozoïdes qu il renferme 4°5 § 1. Du sperme, ib. § 2. Des spermatozoïdes, ib. A. Des insectes, ib. B. Des arachnides, 4°6. C. Des myriapodes, 4°7» D. Des crustacés, 4o8. E. Des cir- rhopodes, 4 10. F. Des annélides, 4*o. Art. V. Des organes d'accouplement chez les mâles des ani- maux articulés • 4 1 1 A. Dans la classe des Insectes ib. i° Les coléoptères , 412. 2" Les orthoptères , ^iZ. 5° Les hyménoptères, 4*4. 4°L,es névroptères, 4i5. 5° Les hémiptères, 416. 6° Les lépidoptères, 4*6. 70 Les diptères, ib. B. Les arachnides 4*$ § 1. Les arachnides pulmonaires, ib. § 2. Les arach- nides trachéennes, 421. C. Dans la classe des myriapodes 4^3 D. Dans la classe des crustacés 42^ E. Dans les cirrhopodes 4^5 F. Dans les annélides 4^8 Art. VI. Des organes femelles d'accouplement 4^9 A. Dans les insectes , ib. 1° Les coléoptères, 44i- 2° Les orthoptères, 44^. 3° Les hyménoptères, 443. 4° L.es névroptères, 444» 5° Les hémiptères, 44$. G0 Les lépidoptères. 449* 7° Les diptères, 449- Si'l TABLE B. Dans la classe des arachnides. 449 G. Chez les myriapodes 45 1 D. Chez les crustacés , 453 E. Dans la classe des cirrhopodes ib. F. Dans la classo des annélides 4^7 LEÇON XXXVIe. Des organes de la génération du type des Mol- lusques 4^9 Abt. I. Des organes préparateurs et éducateurs femelles et des organes préparateurs mâles ...» 4^5 A. Dans la classe des céphalopodes ib. I. De l'ovaire et de l'oviducte ou des oviductcs ib. II. Du' testicule et de son canal excréteur; des glandes des réservoirs accessoires 468 B. Dans la classe des gastéropodes 4?2 I. De l'ovaire chez les gastéropodes à sexes séparés 47^ II. Du testicule chez les gastéropodes à sexes séparés .... 47^ III. Des organes préparateurs mâle et femelle chez les gastéropodes hermaphrodites 4/6 § î. Chez les gastéropodes pulmonés , 4$4« § 2. Chez les nudibranehes et les inférobranches , 487. § 3. Chez les leclibranches, 490* S 4* Chez les scuti- bf anches, 49a. C. Dans la classe des ptéropodes. ib. D. Dans les acéphales testacés 494 I. Chez les acéphales testacés à sexes séparés ib. II. Chez les acéphales testacés hermaphrodites 49^ E. Chez les brachiopodes 49& F. Chez les acéphales tuniciers ib. I. Dans les tuniciers trachéens 499 organes préparateurs mâles 5oo II. Dans la sous-classe des tuniciers thoraeiques ib. § l. Organes préparateurs mâle ou femelle dans l'ordre des ascidies simples, 5oi. § 2. Dans l'ordre des ascidiens composés, 5oa. Abt. II. Des ovules et des œufs ou du produit des organes pré- parateurs femelles dans le type des Mollusques 5o5 Abt. III. Du sperme et des spermatozoïdes dans le type des mol- lusques 5io A. Dans la classe des céphalopodes ib. DBS MAT1ËRBS. 843 § i. Du sperme, ib. § 2. Des spermaphores, t'6. § 5. Des spermatozoïdes, 617. B. Du sperme et des spermatozoïdes dans la classe des gastéropodes 519 C. Du sperme et des spermatozoïdes dans les trois classes des Acéphales 5 20 Abt. IV. Des organes mâles et femelles d'accouplement chez les mollusques à sexes séparés 52 1 I. De l'organe mâle d'accouplement 523 II. De l'organe femelle d'accouplement 524 Art. V. Des organes mâle et femelle d'accouplement chez les mollusques hermaphrodites 525 A. Chez les gastéropodes hermaphrodites t'6. I. Chez les gastéropodes qui ont leurs issues rapprochées. . . 527 II. Chez les gastéropodes qui ont l'issue de la verge plus ou moins séparée de celle de l'oviducte 53 1 B. Des organes d'accouplement dans la classe des Ptéro- podes 533 LEÇON XXXVII. Des organes de la génération dans l'embranche- ment des zoophyles ou des animaux rayonnes 536 Art. I. Dans les Echino dermes ib. § l. Des ovaires dans les échinodermes pédicellés à sexes séparés, 537. § 2. Des organes préparateurs du sperme chez les échinodermes pédicellés à sexes séparés, 53g. § 5. Des organes préparateurs dans les échinodermes hermaphrodites, 5/jo. § 4- Des ovules et des œufs , 544- § 5. Du sperme et des spermatozoïdes , ib. Abt. II. Des organes de la génération dans la classe des aca- lèphes 545 A. Dans la sous-classe des acalèphes simples ib. § 1 . Organes préparateurs dans la famille des méduses, ib. § 2. Organes préparateurs dans la famille des beroës. 548 B. Dans la sous-classe des acalèphes hydrostatiques, 549» G. Des ovules dans la classe des acalèphes 55o D. Du sperme et des spermatozoïdes ib. Art. III. Des organes de la génération dans la classe des po- lypes 55i I. Des organes préparateurs et de leur produit dans l'ordre des polypes cellulaires ou des polypes à manteau 552 $44 TABLE § i. Des organes préparateurs. 553 a. Chez les Polypes cellulaires à tentacules disposés circulairemcnt, ib, b. Chez les polypes cellulaires à couronne de tentacules en fer- à cheval, 554. § 2. Du produit des organes préparateurs 555 II. Des organes préparateurs et de leur produit dans Tordre des polypes tubulaires 556 § I. Des ovaires, 558. § 2. De la glande spermagène et des spermatozoïdes, 56 1 III. Des organes préparateurs dans l'ordre des polypes actinoïdes 56a § 1. Des ovaires et de leur produit, 565. § 2. Des glandes spermagènes et de leur produit, 565. Art. IV. Des organes de propagation dans la classe des proto- polypes ou des éponges 56b Art. V. Des organes de la génération dans la classe des vers intestinaux 56y I. Des organes de la génération en général, dans la sous- classe des intestinaux cavitaires ib. § l. Des organes préparateurs et éducateurs chez les fe- melles des cavitaires 568 A. Dans l'ordre des enlérodèles ib, a. Dans la famille des ascaridiens, ib. Dans la famille des linguatules, 5y i . c. Dans les némertes, 572. B. Dans l'ordre des anentérés ib. § 2. Des ovules et des œufs 573 A. Dans l'ordre des enlérodèles, ib, B. Dans l'ordre des anentérés 574 § 3. Des organes préparaient de la semence et de leur canal excréteur ib. A. Dans l'ordre des entérodèles 575 a. El dans la famille des ascaridiens, ib. b. Dans la famille des lingualules 576 B. Dans l'ordre des anentérés 577 § l\. Du sperme et des spermatozoïdes , ib. A. Dans l'ordre des entérodèles 578 B. Dans l'ordre des anentérés £79 § 5, Des organes mâles d'accouplement. ib, A. Dans l'ordre des entérodèles ib. DES MATIÈRES. 845 a. Dans la famille des ascaridiens, ib. b. Dans la famille des lingualules, 58o. c. Dans la famille des némertes 58o B. Dans l'ordre des anentérés 58i §6. Des organes femelles d'accouplement.. . « 58a a. Dans la famille des ascaridiens , ib. b. Dans les li nguatules ib. II. Des organes de génération dans la sous-classe des pa- renchymateux 585 § l. Dans la famille des planaires ib, a. Des ovaires, 583. b. Des organes préparateurs du sperme, 58/|. c. Des ovules et des œufs, ib. d. Des spermatozoïdes, 585. e. Des organes d'accouple- ment , 585. § 2. Dans la famille des trématodes 586 a. De la glande ovigène, 586. b. De la glande spermagène, 587. c. Des organes d'accouplement. 689 § 3. Dans la famille des tœnioïdes ib. a. Des glandes ovigènes des ovules et des œufs, 58g. 6. Des glandes spermagènes et de leur produit, 595. c. Des organes mâles d'accouplement, 5q^, d. Des organes femelles d'accouplement, 5g6. §4* Dans la famille des vers vésicnlaires 597 AnT. VI. Des organes de la génération dans la classe des roti- fères ib. Aiit. VII. Des organes de la génération dans la classe des ani- malcules homogènes 598 EÇON XXXVIIIe. Des organes éducateurs extérieurs 600 Art, I. Dans les animaux vertébrés , 601 A. Dans la classe des mammifères ib. I. Des glandes mammaires dans la sous-classe des mam- mifères monodelphes 6o3 § 1. Chez la femme, 601. § 2. Chez les autres mam- mifères monodelphes 604 II. Dans la sous-classe des mammifères marsupiaux 609 § 1. Dans la section des didelphes, 609. § 2. Dans la seciion des mouolrômes, 610. III. Du lait produit de la sécrétion des glandes mam- maires ., , , 611 846 TABLE § î. Composition organique du lait. 611. § q. Com- position chimique du lait, ib. IV. De la bourse des didelphes. .. . 614 B. Des organes d'éducation extérieure dans la classe des oiseaux, 616. C. Dans la sous-classe des reptiles, 616. D. Dans la classe des poissons, 617. Art. II. Des organes éducateurs ou d'incubation extérieure dans l'embranchement des articulés . 6 1 8 A. Dans la classe des crustacés, 619. B. Dans la classe des cirrhopodes 6a3 Art. III. Des organes éducateurs ou d incubation extérieure dans l'embranchement des mollusques. 6a4 A. Dans les céphalopodes, 624. B. Les gastéropodes, ib. C. Les ptéropodes , 935. D. Les acéphales, 6 2 5. Art. IV. Dans l'embranchement des zoophytes 629 LEÇON XXXIXe. Des sécrétions excrémentitielles ou des excré- tions 63 1 Art,, I. Des sécrétions en générai 652 Art. II. Des organes servant aux excrétions générales 6A5 § 1. De la peau considérée comme organe d'excrétion. 641 § 2. Des glandes de la sueur. 648 § 3. Des excrétions visqueuses et graisseuses 65o A. Chez les oiseaux, 65 1. B. Dans la classe des poissons, ib. Art. III. Des sécrétions excrémentitielles particulières à cer- tains animaux . . 655 I. Des excrétions particulières aux animaux vertébrés. . . 656 § 1. Glandes particulières à une région des téguments.. . . ib. A. Des larmiers, 65j. B. Glande temporale de l'élé- phant, 6^7. C. Glande dorsale du tujaçu , ib. D. Glande musquée sous-maxillaire du crocodile, 658. E. Des poches glanduleuses qui se trouvent dans le voisinage de l'anus , ou qui embrassent cette ouver- ture, 658. § 2. Glandes anales des vertébrés , 660 II. Des excrélious particulières à l'embranchement des ar- ticulés 661 § 1. Glandes de la soie et filières des insectes et des arachnides 66 1 A. Dans la classe des insectes, 661. B. Dans la eous- classe des aranéides G6Ô DES MATIÈRES. 847 §2. Appareil du venin chez lesinsecteset les arachnides. . . 664 A. Chez les insectes, 664. B. Chez les aranéides fî- leuses, ib, G . Chez les scorpions. 665 III. Des excrétions particulières à l'embranchement des mollusques ib. § î. Des excrétions colorantes , 665. § 2. Du byssus des acéphales bivalves 667 Art. IV. Corps glanduleux sans canaux excréteurs. 671 I. Du corps thyroïde. . . , 672 II. Des corps glanduleux surrénaux 678 A. Dans l'homme, 679. B. Dans les mammifères, 681. C. Dans les oiseaux, 685. D. Dans les reptiles, 686. E. Dans la classe des poissons , 687. Art. V. Sécrétion graisseuse servant à la génération 688 Art. VI. Des organes électriques de plusieurs poissons 690 EÇON XI/ ET DERNIÈRE. Complémentaire des organes de relations 699 SECTION I. De la vessie natatoire des poissons ib. Art. I. Description générale et comparative de la vessie nata- toire 700 § l . Des poissons qui ont une vessie natatoire et de ceux qui en manquent, ib. § 2. Position, volume relatif et forme de la vessie natatoirej>702. § 0. Composition générale des parois de la vessie natatoire; division de la cavité en cellules chez quelques poissons , 704. § 4> Communication de la vessie natatoire avec le canal alimentaire, 708. § 5. Corps rouges delà vessie natatoire, 710. § 6. Moyens mécaniques de compression de la vessie natatoire, etc., 717. § 7. Moyens mécaniques de dilatation de la vessie natatoire, 71g. § 8. Rapport de la vessie natatoire avec l'organe de l'ouïe 721 Art. II. De la nature de l'air que renferme la vessie natatoire. 724 SECTION II. Des organes de la voix 725 Art. I. Des organes de la voix dans les oiseaux 73o A. Du lieu où se forme la voix des oiseaux, ib. B. Idée générale des divers moyens par lesquels les oiseaux font varier le son, 735. L Du larynx inférieur 742 i° Des larynx inférieurs sans muscles propres, 746. a. 848 TABLE DES MATIÈRES. Avec des dilatations osseuses, cartilagineuses ou mem- braneuses , ib. b. Sans dilatations latérales, 748. 2° Larynx inférieurs avec des muscles propres, 760. a. Avec un seul muscle propre , 751. b. Larynx infé- rieurs avec trois paires de muscles propres, 755. c. Larynx inférieurs avec cinq paires de muscles pro- pres , 756. II. De la trachée artère 761 III. Du larynx supérieur. 767 Art. II. Des organes de la voix dans les mammifères 772 I. Description générale du larynx 774 II. Description particulière et caractères distinctifs des di- vers larynx , 779 1° Dans l'homme, ib. 2° Dans les quadrumanes, 780. 5° et 4° Dans les insectivores et les carnassiers, 785. 5° Les amphibies, 788. 6° Dans les rongeurs, 789. 70 et 8° Dans les tardigrades et les édentés , 790. 90 et 10° Les proboscidicns et les pachydermes, 791. il0 Les solipèdes, p. 792. Les ruminants, 695. io° et i4° Les cétacés herbivores et carnivores, 797, i5° Les mar- supiaux 798 B. Des lèvres 800 Art. III. Des organes de la voix dans les reptiles 786 I. Dans la sous-classe des reptiles propres ib, A. Les chéloniens, 78S. B. Les crocodiliens, 789. G. Les sauriens propres et les ophidiens 791 II. Dans la sous-classe des reptiles amphibies 790 Art. IV. Des bruits que font entendre les poissons 818 Art. V. Organes du chant et des bruits que font entendre les insectes ib, A. Des organes de la stridulation, 819. B. Des organes du bourdonnement, 821. Additions et corrections au tome IV, partie 1 853 — — — au tome V 826 — — — au tome VI 827 — — — au tome VIII 829 Errata du tome VIII 835 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. : ^i /M -7 y: ^