k /j- m «p/*3 W I T ' IS — ' •>&• 1 "w V >/•„.. LS-^ 5-: *:•«.-. W^S" .^ 5*4 ~^ ' '-•* t& ^ S; -v. r~^. L>t- > ' ^x -^ X -fc Jjfe: j^fM to . vi{- >3 5.K ^fel b.«^ :^» ^ ' '.:V: ^^.'Jfe .'^^^ - >t ilL >.-? "v-i ^ ^y v^~ rv- s U'.. :tl A .; A y, SJ ^*\* \, uk& f^ ^^Tff" -^ ' s '^^i^s'^y ;S^ • /- I1 ""^ " C • . ' ' ^!>^ ' f ^^*«1' * - V ^ ^ **wH&]m^ • 3?^^^- ssfe y^ v yt-^i • I •5^i oA^ vC" h A, •--f •>i ^V *J> •4V • ,* * •TXt- ^^ LECONS sea LA PHYSIOLOGIE ET LA PATHOLOGIE DU SYSTEME NERVEUX. H. OUTRAGES DE M. CL. BERNARD. CHEZ LES MEMES MERAIRES. • do physiologic experimentale appliquee a la medecine, failes an College de France pendant IPS annees 1854-1 855. Paris, 1855-1856, 2 volumes in-8 de chacun 512 pages, avec figures intercal^es dans le texte H fr. Separemenl, le tome, II. Paris, 1856, in-8 dc 512 pages, avec "8 fig. 7 fr. Cours de medecine du College de France, l,S5(i : Eiecons sur les efiets des substances toxiques et mediramenteuses. Paris, 1857, 1 vol. in-8 de 492 pages, avec 32 Cgures intcrcale'es dans Ic texte 7 fr. Cours de medecine du College de France, 1857-1858: lemons sur les proprietes physiologiques et les alterations pathologiques des difTerents liquides de 1'organisme. Paris, 1858, 2 vol. in-8 de chacutl 500 pages, avec figures intercalees dans le texte. (Sous presse.} Bffemoire sur le pancreas ct sur le role du sue pancreatique dans les phe'nomenes digestifs, particulierement dans la digestion des matieres grasses neutres. Paris, 1856, in-4 de 200 pages, avec 9 planches gravies, en partic color'u'es 1 2 fr. Recherches experimentales sur le grand sympathique, et specialement sur rinfluence que la section de cc nerf exerce sur la chaleur animalc. Paris, 1834, in-8 2 fr. 50 Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. COURS DE MEDECINE DU COLLEGE DE FRANCE. LECONS SDR X^* LA PHYSIOLOGIE ET LA PATHOLOGIE DU SYSTEMS NERVEUX, PAR II. Claude IIEKXARI), MEM1IRE DE L'INSTITLT DE FRANCE, Professem1 de medccine ;ui College de Fiance, ProfeBSeurde pliysiologie genera I c.ii la l-'acti He , corre.ipondunt n. LECONS SDR LA PHYSIOLOGIE ET LA PATHOLOGIE DU SYSTEMS NERVEUX. PREMIERE LE^ON 29 AVRIL 1857. SOM.MAIKK : Klal de nos connaissanccs sur Ics proprietes ct les mani- festations generalcs du systeme nervctix. -- DCS ncrfs craniens en particnlicr. — Classifications ana lomiques. -- Proprietes et fonctions des ncrfs craniens. - - Ncrfs scnsoriaux. — Filets du grand sympa- tliiquc. — DC rassocialion dcs memes elements nerveux dans !cs ncrfs cranicns et dans Ics nerfs racliidicns. — Conservation prolongcc des proprictcs du lissu nerveux aprcs la mort chez nn animal a sang o.haud. — Experience. MESSIEURS, En commenciint IV'-tudc du systemc nerveux, nous vous avons annonce I'intenlion dc trailer d'abord des plH'nomenes gencraux qui so rattachent a ce systeme, et d'aborder ensuitu 1'hisloire particuli^re de ses diffe- rentes parlies. Nous avons, dans le cours du dernier semestre, rempli, autant que le permettait 1'etat de nos connaissances sur ce sujet. la premiere partie de ce programme. 11 nous reste it ctudicr les nerfs isolement, a nous rendre compte de leur influence propre sur les B., SVST. NERV. — II. 1 2 SEPARATION DES PROPRIETES PHYSIOLOGIQUES manifestations fonctionnellcs de 1'individu sain et a suivre les alterations qui, chez I'individu malade, viennent les modifier ou les suspendre. Mais d'abord faisons une revue sommaire des con- naissances que nous avons acquises et de celles qui nous restent a considerer. Nous avons vu que les questions generates que sou- leve la physiologic du systeme nerveux sont loin d'etre toutes rosolues. Ainsi, luules les experiences d'electro-physiologie, qui sont si inleressantes el si instructives, ne nous out encore rien appris sur la nature essentielle de 1'agent nerveux. Nous avons rneme vu que les proprieles elec- Iriques des nerfs et des muscles, qu'on doit regard er coinme des conditions normales, paraisseut cepen- dant distinctesde lapropriete nerveuse proprement dite. Lorsqu'on so* pare de I'individu vivant un muscle et un nerf el qu'on les laisse mourir spontane'menl. on voit il est vrai. ces organes perdre pen a pen leurs pro- prieles physiologiques d'irritabilite1 el d'excilabilile en meme temps que leurs facullt's electro-molrices s'anean- lissent. Mais si. an contraire, on a lue brusquement le nerf ou le muscle par un agenl loxique, il semble alors que la propriele physiologique r-uisse s'evanouir, tandis que les proprieles eleclro-inolrices, restanl dans leur elal ordinaire, ne s'eteignent que lentemenl, a mesure que disparaisseut les phenomenes nulrilifs encore entretenus probablemenl par le sang qui baigne lelissu organique. On a constate par exemple. que lapropriete eiectronio- trice persiste normalementdans mi nerf qui. apres avoir ET ELECTRO-MOTR1CES DES NERFS. 3 etetue par le curare, a perdu completement ses proprie- tes physiologiques motrices. Cette experience prouverait clairement, si elle se verifiait pour le tissu inusculaire, que la propriete physiologique des tissus n'est pas inherente a leur propriete electro-motrice et qu'elle est sous 1'influehce de conditions qui nous echappent encore ; a moins qu'on admette que les manisfestationselectriques qu'on a vu persister dans le nerf mixte crrur s' ient dues exclusivement au nerf sensitif, qui est respecte par ce singulier poison. Relativement a la nature de 1'agent nerveux, nous no sommes done en realite guere plus avances que les anciens; et si nous n'admettons pascomme eux des es- prits animaux, nous admettons uu agent nerveux egale- ment inconnu. Toutefois nos connaissances sont bien superieures a celles des anciens sur toutes les questions qui touchent non plus a la nature, mais a la distribution de 1'agent nerveux; et nous savons que les memes parties ne servent pas a transmettre indistinctement les actions sen- sitives et motrices. Nous savons en outre que ces proprietes nervetises ne sont pas differenciees seulement par la separation des organes charges d'en operer la distribution, mais encore qu'elles sont de nature essentiellement differente, puis- qu'iinous a ete possible, par certains reactifs, de detruire les unes en rcspectant les autres. De plus, nous savons encore que, bien que distincis et pouvaut meme etre se pares Tun de i'autre, ie mouvei^eiit et le senti- ment n'en sont pas moins u ihysiologiquement par k CLASSIFICATIONS ANATOM1QUES la solidarite la plus etroite : il est impossible en effet qu'ils agisseut normalement Fun sans 1'autre. A cette distinction cles propri&es nerveuses et a la constatation de leur influence reciproque se bornent a pen pres les notions generates qu'il nous a ete jusqu'ici possible d'acqumi1 , les fails qu'il nous a ete possible de de'montrer experimentalement. Nous devons maintenant faire Tbistoire topogra- phique des nerfs craniens, qui pr&sententdans leur con- stitution , dans leur distribution ct leur origine une complexity bien plus grande que les nerfs racbidiens. Vous avez vu, dans ccs derniers, la paire nerveuse presenter une individuality complete et bien definie, due a la reunion de deux elements anatonriquement et phy- siologiquement distincts. Dans les nerfs encephaliques, cette association, qui fait une unite physiologique des deux ('li'ments moteur et sensitif. cxiste encore, mais elle est beancoup plus difficile a saisir. Dans lYlude des nerfs craniens, il ponrrait paraitre avantageux de commencer par ceux que leur simplicite ra})proche le plus des nerfs rachidiens. Ce classement, qu'ont suivi Tiedemann, Arnold, Bischoff, precede des nerfs qui partent de la partie posterieure de I'ence'phale a ceux qui sortent de sa partie anterieure. Get ordre, peut-etre plus logique au point de vue anatomique, nous conduirait, dans Texamen des caracteres physiologiques, a fractionner les fonctions nerveuses et a e'tablir, pour lesbesoins del' exposition systematique, des divisions qui nuiraient a la clarte des notions physiologiques d'en- semble: c'esl pour cette raison que nous suivrons une DES NERFS CRANIENS. 5 autre marchc, qui nous a para plus commode pour grou- per les phenomenes nerveux que nous avons a etudier. Les anatomistes ont propose diverses classifications des nerfs craniens. Willis les classa d'apres 1'ordre do succession des orifices de la dure-inere, par lesquels ils s'engagent d'avant en arriere pour sortir par la base du crane. D'apres cette base de classification., il distingua les nerfs de la maniere siiivante : lrc pairc. . . nerfs olfactifs. 2e — ... optiques. 3C — ... moteurs oculaircs communs. Zi* — ... — pallieliques. 5e - ... — trijumcaux. 6C - ... — iiiotcurs oculaircs cxterncs. 7C — ... faciau v ct acoustiques. 8e — ... glosso-pharyngiens,pneurao-gastriques ot spinaux on accessoircs de Willi-. • Oc — ... grands hypoglosses. Be plus, Willis adnietlait encore une dixiemc paire constituee pur le nurf sous-occipital. Une autre division anatomique des nerl's craniens, due a Soemmerring et Vicq d'Azyr, les a Croupes par paires dans 1'ordre suivaiit : lrc paire. . . nerfs olfactifs. 2e — ... ncri's opti([ucs. 3° — ... moteurs oculaires cointnuns. /ie - ... pallietiques. 5g - ... Irijunicaux. Ge — ... iiiotciirs oculaires externes. 7C . . . — faciaux. 8C — ... — auditifs on acoustiques. ye - ... — glosso-pharyngiens. 10e — ... — pneumo-gastriques. 11' - ... — spinaux ou accessoiresdc Willis. 12* — ... — grands liypoglosses. 6 PROPRH-.T1N COMMUNES lei chaqtie puire cranienne est clue a I'ensemble de deux nerfs symeiriques par rapport an plan median : on ne tient compte. dans sa composition , que de la confi- guration, et il ne faudrait pas voir, dans ces douze paires anatomiques, des paires physiologiques telles que nous les avons comprises. A notre point de vue, purement physiologique, 1'in- dividualite nerveuse est constitute par im element sen- sitif pur (racine posterieure), un element moteur pur (racine anterieure) , et enfin un element, sympatliique agissant sur les organes de la vie nutritive, qu'on a en- core appele nerf trophique et que nous avons consi- ders eomme un element moteur special, tenant surtout sous sa dependance les phenomenes physico-chimiques de 1'orgauisme, Nous aurons, par consequent, a pour- suivred'apres le me" me point de vue F etude des nerfs de la tete ; seulement, la determination de notre unite ner- veuse deviendra plus difficile. Dans la moelle epiniere, les racines anterieure et posterieure (rune merne paire nerveuse se correspondent anatomiquement et entrent visiblement dans la consti- tution du meme nerf mixte. Dans la tele, les correla- tions anatomiques des nerfs sont beaucoup plus com- plexes; mais, heureusement, nous avons donne, a propos des nerfs rachidiens, un caractere physiologique d'association des elements d'une paire nerveuse qui deviendra ici tres precieux pour nous diriger ; nous vou- lons parlor de la sensibilite recurrente qui associe tou- joiirs iV-li'inont neneux moieur a un element sensitif determine. Nous rappellerons done ici le principe que AUX PAIKES RAC1 I V\ES ET CUANIENNES. / nous avons posn a propos ties paires rachidiennes, asa- voir : qu'un nerfmoteur joue le role de ratine anterieure par rapport a un nerf sensilif, toutes les foisqu'il recoil de ce dernier sa sensibilite recurrente; et que, reciproque- ment, un nerf sensitif j one, par rapport a un nerfmotcur, le role de ratine posterieure Louies les fois qu'il lui fournit la sensibilite recurrente. Quant a 1'element sym- patlriquequi, emanant de lamoelleepiniere, enlre encore dans la constitution de I'unitc nerveuse, il nous serait diiiicile de dire, pour le moment, s'il est plus speciale- ment associo a ['element inoteur d\jne paire ner- veuse qu'a son element sensitif. Notonsseulement tjue les inouvemenls reflexes auxquels les nerfs sympathiques donnent lieu pouvcnl avoir pour point de depart, soit des sensations internes, soit des sensations externes, soit enfin des sensations speciales. Parmi les proprietes nouvelles que nous prr'sontcnt les nerfs craniens. nous dcvons surtout signaler celles qui appartiennent a un ordre nouveau de nerfs qni ne se rencontrent que dans 1'ence'phale; cesont celles des nerfs speciaux des sens, on nerfs sensoriaux. Relativement a la sensibilite des nerfs rachidiens, nous avons dejalonguenieivl insiste, dansle seiuestro dernier, sur ce fait, ijue les nerfs sensitifs et les nerfs moteurs in tacts sont les tins et les autres sensibk;s quoiqu'a des degres divers; seuleinent, que Tun de ces elements, le nerf sensitif, possede une sensibilite directe (m'il tientdu centre nerveux et qui, apressa section, persisto dans son bout central, tandis que 1'autre, le nerf moteur, possede une sensibilite recurrente, qu'il tii'e du nerf sensitif et 8 PROPRIETIES SPtfCIALhS qui apres sa section persisle clans son bout peripherique. A la tete, les nerfs posse-dent les memes proprietes et les monies caracteres physiologiques qu'au rachis; celanous permettra done toujours de distinguer un nerf moteur d'avec un nerf sensitif. Toutefoisles nerfs des sens spe- ciaux, on nerfs sensoriels, presentent des proprietes tout a fait differentes. Pendant tres longtemps on avait cm quo les nerfs, charges de percevoir les impressions les plus dedicates, devaientetre doues d'une sensibilite exquise. Magendie, le premier, a montre qu'il n'en etaitpasainsi, et que le nerf optique, le nerf acoustique, lenerf olfac- tif, pouvaient etre dechires , contus, sans provoquer les moiudres signes de douleur. Mais 1'excitalion deces nerfs developpe cependant des mouvements reflexes qui ne sont plus, dans ce cas, seulementle resultat d'une sen- sibilite inconsciente, mais celui d'une sensibilite subjec- tive, analogue aux proprietes du nerf sensitif surlequel on experimente. En effet, la contusion, rirritation du nerf optique determinent, meme dans robscurite, des sensa- tions lumineuses et la contraction de la pupille comme sous I'influence de la lumiere exterieure elle-m^me. Ici le nerf sensoriel se comporte, pour la direction de son action, comme un nerf sensitif, car le pince- mentdu bout central du nerf optique determine la con- traction de la pupille chez I'animal rendu aveugle par cette section, tandis que le pincement du bout nerveux peripherique ne produit rien. De m^rne aussi, rirrita- tion du nerf acoustique determine des sensations audi- tives subjeclives. II estdes nerfs specianx qui sont, enquelquc sorte, in- DES NERFS SENSOR1ELS. 9 termediaires par leurs proprietes aux nerfs sensorielsdont notisvenons cleparlerel aux nerfs sensitifs rachidiens. Tels sont le glosso-pharyngien et le lingual. Us sent tres evi- ct eminent sensibles aux irritations mecaniques; cepen- dant. ils paraissent 1'etre moins que les racines rachi- diennes proprement diles. Nous examinerons plus loin si ces nerfs, qui semblent partager les proprietes des nerfs desensibilite speciale etcelles des nerfs de sensibilite ge- nerale, doivent etre considered com me etant constitues par des fibres ncrvouses d'une nature speciale on bien par un melange de fibres nerveuses sensitives tactiles, et de fibres sensitives sensorielles. Outre les nerfs que nous avons examines jusqn'a present, nous trouvons encore parini les nerfs craniens 1'element clu grand sympathique, qui, la, sedivise en une multitude de ganglions qui tons out des connexions plus on moins intimes avec les rameaux des nerfs encepha- li([ues. Nous avons vu qu'il etait prouve que le grand sympathique prend dans certains points son origine de la moelle e'piniere. L'origine de ce uerf dans la region cilio-spinale est une des mieux cHablies. Nous verrons qu'a 1'origine des nerfs craniens, on trouve des branches qui doivent etre considerees comme branches d'origine du grand sympathique. En resume, nous aurons a tcnir compte, dans Tetude des nerfs de la tete, de cjuatre elements an lieu de trois que nous avons seulement eu a considerer dans les nerfs rachidiens. Ce seront : 1° les nerfs de sensations speciales ; 2° les nerfs de sensations generates ; o° les nerfs de mouvement; /i° le grand sympathique. 10 DE LA YARIETE Toutetbis, dans les nerfs rachidiens,on aurait pu avec raison considerer cgalemeut un element sensoriel qui transmet les sensations speciales relatives aux impressions tactiles. Cela serait d'autantplus ration nel qu'on sait au- jourd'hui qu'il y a ties corpuscules speciaux affectes aux sensations tactiles ; op sait de plus que, dans lescaspatho- logiques, la sensibilite tactile pent etre isolee de la sensi- bilite" generale. II y a des cas, en elfet, dans lesquels une diminution de la sensibilite generale coincide avec la conservation de la sensibilite tactile. Les iiidividus qui presenlent cette lesion n'eprouvent plus de douleur par le piiicement ou par rirritation directe de la peau, quoiqu'ils percoivent le contact des corps les plus legers, le frottement de la barbe d'une plume, par exemple. On observe des cas dans lesquels, an contraire, la sensibilite generale est exagereo douloureusement avec diminution de la sensation tactile. On donne le nom d' hyperestMsie a cette augmentation de la sensibilite generale, et le nom (Vanesthesie a la perte complete de sensibilite generale et tactile, et enfin celui (Vanalgesie a la perte de la sensibilite generale seule, avec conser- vation de la sensibilite tactile. 11 existe encore un autre cas dans lequel la sensibilite generale est conservee a peu pres a 1'etat normal, tandis que la sensibilite tactile se trouve emoussee. Dans plu- sieurs de ces cas, la lesion m'a paru se rattacher a une lesion du grand sympathique en connexion avec le nerf de sensation speciale. Nous verrons que la corde du tym- pan, par exemple, exerce une influence de cette nature sur les sensations de la langue. UKS HJRMliS DE SLiXSlBILlTE. 11 En fin, nous rappelleroi s quo la sensibilite pent re- ve"tir les formes les plus variecs; que celle cle la cornee transparente offre, sous ce rapport, les particularity les plus curieuses. Les nerfs tie la te"te ne different done pas dans leur na- ture des nerfs ties autres parties du corps. Toutefois 1'in- tensite des proprietes nerveuses est plus considerable dans la face qu'ailleurs. Aussi la cinquieme pairn est sans contreditle nerfqui possede la sensibilite la plus exquise; et lorsque cette propriete disparait de I'orgamsme, c'est en general dans les branches de ce nerf qu'elle disparait en dernier lieu. Le facial tient sous sa dependance les moiivernents les plus varies. D'ailleurs cette suractivite des fonctions nerveuses dans la face pent etre consideree comme liee a la suractivitr circulatoire qui existe dans cette partie du corps. En effet, il y a un rapport conslanl entre Tintensite des pi-upricli's nerveuses et celle de la circulation. Nous savons que chcz les animaux a sani; froid, lorsquela circulation se ralentit avec Fabaissement de la temperature, Pactiyite des phe'nomenes nerveux di- minue ; lorsque au contraire la temperature s'eleve, 1'ac- tivite des mouvements et des sensations se releve avec la temperature, qui amene line activite plus grande de la circulation. II y a alors chez ces animaux un pheno- im'iie remarquable, sur lequel ilest important d'insister. C'est que les proprietes nerveuses et celles des autres tissus disparaissenl apres la mort d'autant plus rapide- ment qu'elles etaient plus iuleiisos pendant la vie ; tandis ju'au contraire, elles se conservent tVautant plus long- temps que 1'animal se trouvait, au moment do la mort, DES DIVERS DEGRES dans un etat plus prononce d'abaissement, de depres- sion de toutes les fonctious. C'est ce qui fait quc Ton pent employer si utilement les grenouilles et autres animaux a sang froicl, pour eludier apres la mort les proprietes de leurs nerfs et en general de tons lours tissus; c'est encore pour cette raison qu'il vaut mieux faire ces etudes sur ces* animaux en hiver qu'en ete. Chez les animaux a sang chaud , on ne pent pas se livrer avec la meme facilite a ces etudes, parce quo les proprietes nerveuses disparaissent d'autant plus rapide- ment que Fanimal sur lequel on operea une circulation plus active et une temperature plus elevee; plus rapi- dement chez Fanimal adulte que chez 1'animal tres jeune, plus rapidement chez 1'oiseau que chez le main- mifere, etc. Nous avons deja dit ailleurs (1), qu'en abaissant la temperature et. par suite, en ralentissant la circulation chez u n animal a sang chaud, on voyait les proprietes nerveuses et musculaires persister apres la mort beau- coup plus longtemps. Aujourd'hni nous allons revenir un instant sur ce sujet pour vous montrer que 1' ani- mal place dans ces conditions ne dilfere pas sensible- ment d'une grenouille, et qu'on pent e'tudier comme chez la grenouille les proprietes nerveuses avec toutes leurs particularites. De sorte que si , tres souvent , on decrit certaines proprietes electriques, certains courants musculaires comme propres a la grenouille, cela tient uniquement a ce qu'on pent les etudier plus commune- (1) Effets des substances toxiqucs et medicamenteuses. Paris, 1857, p. 1L>8. DES pROPRii'iTE's NERVEUSES ET MUSCULAIRES. ment ct plus conveuablement sur cet animal; mais il ne fauclrait pas croire que le systeme iierveux de la gre- nouille a des proprietes que ne possede pas celui des animaux pluseleves. Si on n'apasetudiees ou constatees ces proprietes chez ces derniers , c'est qu'elles dispa- raissent trop vile apres la mort. Mais elles doivent etre eonsiderces comme existant chez ces animaux. Pour vous donner la preuve de ce que nous venous d'avancer, nous avons prepare un lapin en lui coupantla moelle epiniere, entre la cinquieine et la sixieme vertebre cervicale, a la partie superieure du plexus brachial, de tellesorte que rmiimal respire encore par le diaphragme, peut-eire un pen par In partie supmeure du thorax, car il ;< conserve quelques mouvemenis uans les mem- bres asilri'ieurs. L' animal a respire d'abord d'une ma- niere plus acceleree , ses oreilles se sont echauftees, la section ayant porto sur la ivgion cilio-spinale.Bienlot les respirations se sont ralenties, ranimal a eu une defe- cation continuelle et les autres symptomes que nous vous avons deja decrits. Mais il ne parait pas autrement malade, car il mange des carottes qu'on lui a donuees. 11 y a sept heures que la section de la moelle a e"te faile. L'aniuial est refroidi dans tout son train pos- terieur, les mouvements reflexes y sont violents , la cir- culation est tres ralentie dans toute cette partie du corps; et si nous observions la pression du sang dans les arteres, nous la trouverions certainement tres affaiblie. Nous pouvons maintenant etudierles proprietes nerveuses sur le train posterieur de cet animal dont les foiictions out ainsi abaissees. et nous verrons qu'elles ne different 1/1 IDENTITY DES PROPRIETIES NERVEUSES ET MUSCULAIRES pas sensiblcment de celles ([iron observe chez la gre- nouillc et qu'elles sont meme plus energiques sous cer- tains rapports. Nous sacrifions d'abord I'animal par la section du bulbe rachidien, afin de vous montrer qu'apres sa mort ces proprietes persisteront longtemps; mais nous au- rions pu conserver ce lapin vivant et voir les memes phe'nomenes pendant plus longtemps encore. Maintenant je fais une incision a la cuisse et je decouvre le nerf sciatique. On peut voir deja, en faisant 1'incisiou des muscles, qu'ils jouissent d'une contractilite Ires grand e. Actueilementje coupe le nerf sciatique, j'isole cenerf dans une certaine longueur, et lesoulevant avecun petit lube de verre, je fais toucher son extre'mite de section sur la surface longitudinale d'un muscle voisin, et vous voyez aussitot une contraction brusque avoir lieu dans toute la partie interieure du membre ou se rend le nerf sciatique. On peut voir icitres bien quela contraction n'a lieu que lorsque le nerf touche la surface externe du muscle par la surface eoupe'e de son extremite ; tandis que si on releve 1'extremit^ du nerf et si Ton fait tou- cher la surface externe du muscle par la surface externe du nerf, il rfy a pas de contraction. Cela s'explique tres facilement : la surface du muscle etant electrisee positi- vement, sa coupe est electrisee negativement; ilen estde meme pour le nerf, sa coupe est electrisee negativement etsa surface exterieure positivement. Or, pour obtenir une contraction , il taut toujours mettre en contact deux surfaces electrisees en sens inverse : soil la coupe CHEZ LES ANIMAUX A SANG CIIAUD ET A SANG FROID. 1 5 du nerf avec la surface longitiulinale du muscle, soit la surface longitndinale du nerf avec la coupe du muscle. En ce moment je desarticule la jambe du lapin, en conservant le nerf sciatique qui s'y rend, et jepeux, avec le long bout du nerf qui tient a la jambe, r6peter toutes les experiences que nous avous faites durant le semestre dernier avec la patte galvanoscopique de la grenouille. Nousconstatonsici que, en nicttani une portion du nerf en contact avec la surface longitudinale d'un muscle de la cuisse qui reste attachee au tronc. et une autre por- tion du nerf en contact avec la coupe du meine muscle, en ayant soiu de soulever le nerf en anse outre cos deux points de contact, on voit sunvrir une contraction brusque par le courant musculaire. absolument connne cela a lieu pour les pattes galvanoscopiques. Nous pouvtms egalrment cunstatiT ici qu'il y a une contraction dans la patte quand on pose le nerf sur la pointe et la surface des ventricules du coeur del'animal. Nous observons encore la contraction par F excitation que nous avous appelee excitation inctallique. qui con- siste a faire toucher deux points d'un nerf sur une sur- face metallique homogene. Nous obtenous dans ce cas encore, avec le nerf sciatique de notre lapin, descontrac- tions absolument semblablesa cellos «}ue nous a dormees la patte galvanoscopique de la grenouille. II y a plus de vingt minutes que F animal est mort,et les proprieties que nous examinons ne sont encore en rien affaiblies, et si Fanimaln'eutpase^ amenea cet etat d'abaissement des fonctionsdanslequelvous Fave/vu, au bout dequelques 16 PROPRIETIES NERVEUSES ET MUSCULAIRES. instants les proprietes nerveuseset musculaires auraient completement disparu. Nous n'avons, du reste, qu'a comparer, pour nous en rendrc compte, les muscles du cou du meine animal, au-dessus cle la section de la moelle, avec ceux du train posterieur. Ces derniers se contractent au moindre attouchement de la pointe du bistouri, tandis quo les autresont perdu dejadepuis long- temps leur contractility. Nous pourrions encore continuerlongtemps les memes etudes avec ces nerfs et ces muscles de lapin ; niais ce que nous avons vu suftit pour vous prouver de la ma- niere la plus evidente qu'il n'y a pas de difference ra- dicale entre les proprietes du systeme nerveux des ani- maux superieurs et celles des animaux infrrieurs , et qu'en les ramenent dans des conditions de circulation et de calorification ideutiques, or, obtient les memes phe- nomenes. Cettc demonstration n'est pas sans impor- tance, car souvent on entend dire qu'il n'y a pas de comparaison a faire entrc les proprietes des nerfs d'une grenouille et celles des nerfs de Thornine, par exemple. 11 faut savoir au contraire que, quant a leur essence , ces proprietes sont exactement les memes, et que tout ce qu'on peut const aier sur uue grenouille peut etre constate sur les unimaux pluseleves. De sorte, done, que nous pouvons parfaitement invoquer les experiences faites sur les animaux pour eclairer 1'histoire de la phy- siologie du svsteme nerveux chez 1'homme. «J Dans la procbaine lecon , nous commencerons 1'his- toire des nerfs de la face. DEUXIEME LECON 1" MAI 1857. SOMMAIRE : Le nerf facial ct le ncrf trijumeau appartiennent a une inenic pa ire pliysiologiquc. — Nerf facial. — Anatomic. — Precede pour couper le nerf facial clans la caisse du tynipan. — Experiences. - Lo nerf facial est nioteur. — Son devcloppement en rapport avec la varie'te" de scs fonctions. — Fillets de sa paralysie. — Lc nerf facial est sensible : il tient sa sensibilitr recurrente de la cinquierne pa ire, et , a la face, il ade la sensibilite directs qu'il doit a 1'accolementde rameaux venant de la cinquieme pnire. — Le nerf facial estdeja sensible au sortir du crane, cettc sensibilite lni viontd'unebranchequ'il revolt dupneumo- gastrique. — Experiences. MESSIEURS , Deux nerfs craniens, 1'un de mouvement, le facial, 1'autre de sentiment, lo nerf trijumeau, doivent d'abord appeler notre attention. Lat£te, en effet, se distingue surtout des auties parties du corps en ce qu'elle forme un epanouissementde 1'axe central destine a porter les organes des sens. Or. les deux nerfs qne je vous signale sont precisement charges de donner la sensibilit^ gvnerale et le mouvement a presque tous ces organes sensoriels ainsi qu'aux parties qui y sont an- nexees. En commencant nos etudes par le facial et la cin- quieme paire, nous rapprochons en outre les deux ele- ments physiologiques d'une m6me paire nerveuse dans laquelle le facial joue le role de la raciue anterieure, tandis que la cinquieme paire represents 1'e'lement sen- sitif ou la racine posterieure. Le nerf facial a etc decrit avec grand soin par les B., SYST. NERV. — i;. 2 18 EFFETS DE LA SECTION anatomistes; tout le monde estd'accordsurses fonctions motrices, bien que son histoire presente encore divers points a elucider. Avant d'entrer clans 1'histoire physio- logique de ce nerf, nous devons indiquer rapidement sa disposition anatomique : le nerf facial etant un conduc- teur du mouvement, il est utile de connaitre la distri- tion desrameauxparlesquelss'opere cette transmission. Le nerf facial est un nerf moteur, on le prouve, de meme que pour tous les autres nerfs, d'une maniere negative, en en faisant la section et voyant qu'apres sa separation de 1'encephale , la transmission des exci- tations motrices ne se fait plus. Cette demonstration est tres facile a donner en operant la section du facial qui pent se pratiquer soit sur la face, en agissant successivement sur ses differentes branches, soit au-dessous de 1'oreille, a sa sortie du trou stylo-mas- toi'dien, soit dans la caisse du tympan, soit enfin dans le crane, a son entree dans le conduit auditif interne. Le procede que nous mettons le plus habituellement en usage et que nous allons employer ici devant vous, a pour objet de faire la section du nerf facial dans la caisse du tympan. On cherche d'abord a sentir la caisse, ce qui est facile chez les chiens, les chats et les lapins, a cause de la saillie que forme au-dessous de 1'apophyse mastoi'de cette portion de 1'oreille moyenne. Avec un instrument bien trempe et en forme de petit ciseau , on penetre directement dans la caisse par sa paroi inferieure qui est tres mince. Alors I'instrument se meut avec facilite dans 1'oreille moyenne. On dirige sa pointe en haut et en arriere en la faisant marcher DU NERF FACIAL. 19 transversalement et en appuyant fortement sur 1'os, on divise le nerf facial a son troisieme coude, lorsqu'il s'inflechit en has vers le trou stylomastoi'dien. Lorsqu'au lieu cle porter 1' instrument vers la partie posterieure de la caisse, on le porte vers sa partie ante- rieure et superieure, on pent aller detruirc le facial au moment de son entree dans le canal spiroi'de. Dans ce cas, on dt-truit en meme temps le nerf acoustique et presque toujours les animaux inclinent la tele du c6te ou a e"te pratiquee Foperation , par suite dime lesion des canaux demi-circulaires. Chez le chien et chez le chat, a la rigucur me' me, chez apin, on pourrait encore, au lieu de penetrer par la partie inferieure de la caisse, introdiiirerinstrument par le conduit auditif en perforautla membrane du tympan. Nous faisons instantanement 1' experience dcvant vous sur ce lapin en penetrant par la caisse du tympan du c6te gauche. Vous voyez maintenant que 1'animal pent encore re- muer le globe de 1'ceil, mais qu'il ne saurait fermer les paupieres ; la narine gauche est iniiiiubile, 1'oreille est basse, la joue est flasque, agilee k peine dans les mou- vements respiratoires par ces soulevements alternatifs que vous avez tons pu observer chez I'homine et qu'on dcsigne en disant quele malade fume la pipe. La sensibilite de la face est parfaitement conservee, le mouvement seul est aboli. Pendant 1'operation Fanimai a pousse quelques cris, a cause de la sensibilite de la membrane qui tapisse la . caisse du tympau. Quant UUK dcsordres que presente 20 DISTRIBUTION ANATOMIQUE actuellement la face, nous les verrons persister dans les seances prochaines; Foperation n'entrainera pas la mort du lapin. Get animal a conserve la sensibilite dans les parties qui out perdu le mouvement et quand on le pince, on y provociue evidemment de la douleur. Le nerf facial, en raison de son action sur les mou- vements de la tete, est le nerf de Pexpression de la face. C'esta ce titre que Ch. Bell 1'appelait un nerf respira- teur, appli quant cette denomination aux nerfs qui con- courent a F expression de la physionomie. II regardait les mouvements auxquels president ces nerfs comme tout a fait involontaires; mais a ce nom de respirateurs, il ne rattachait 1'idee d'aucun rapport avec 1'acte respi- ratoire puisque le grand oblique de Tosil etait pour lui un muscle respirateur. Le developpement du nerf facial est chez les animaux en raison directe de la variete des mouvements de la face. Ainsi , rudimentaire chez les poissons, les reptiles et les oiseaux, chez lesquels il ne constitue nieme pas toujours un nerf distinct, il est an contraire tres volumineux chez les mammiferes, et surtout chez ceux dont certaines parties de la face sont pourvues de mouvements tres developpes. Chez 1'elephant, chez lecochon,le facial est extremement developpe surtout dans les branches qui se rendent au nez ou a la trompe. Chez rhomme,le nerf facial est7 ainsi que je viens de vous le dire, le nerf de la physionomie. On connait 1'im- mobilite et 1'absence d'expression qui caracterisent sa paralysie etlecontrastequi existe entre les deux moities de la face lorsque cette paralysie n'existe que d'un seul DU NERF FACIAL. 21 c6te. Lorsque la paralysie existe ties deux c6tes, la face semble etre couverte d'uu masque. Dans im cas de paralysie double clu facial que j'ai pu observer avec Magendie. cette impression d'un masque sous lequel les globes oculaires avaient conserve leur immobilite etait ffappante. Etudions done actuellement la distribution et 1'usage cles differentes parties du nerf facial. Le trajet de ce nerf esttres complique. II emerge des e6tes de la moelle allongee et vient se repandre sur la face apres avoir parcouru dans 1'os temporal une route tres sinueuse. Mais si le nerf facial nait en arriere du pont de varole, ses racinesremontentdansl'epaisseurdii bulbe, puisse reflechisseutet tapissent le plancherdu qua- trieme ventricule. Au sortir dc la moelle, il sedirige vers le conduit auditif interne, accompagne par le nerf auditif situe en arriere de lui et un peu au-dessous, et aussi par le nerf intenm'idiaire de Wrisberg qui nait entre les deux et s'unit plus tard avec le facial. Au fond du conduit auditif interne, le facial, re'uni au nerf intermediaire de Wrisberg, se separe du nerf acoustique et penetre dans le canal de Fallope, coude en forme d'S. La, au niveau du premier coudey existe un ganglion, le ganglion genicule. Or, a ce ganglion aboutissent deux filets (nous verrons plus tard si ces filets arrivent au ganglion on s'ils en partent; nous n'exami- nerons actuellement que les rapports). Ces deux filets sont le grand nerf pelreuco super ficiel et le petit petreux super ficiel; ce dernier va au ganglion otique, le premier au ganglion spheno-palatin. ANASTOMOSES Ensuite, le facial passe au-dessus de la caisse du tyrn- pan, se rcflechit et donne deux filets, Tun an muscle de retrier et un autre, la corde du tt/mpan qui, apres un trajet assez singulier, va se rendre au ganglion sous- maxillaire.- Les filets, nes dans le canal spiroi'de, mettent deja le facial en rapport avec plusieurs nerfs craniens. Ainsi les deux nerfs petreux le mettent en commu- nication avec la cinquieme paire, ainsi que la corde du tympan. Le nerf facial offre en outre une anastomose avec le pneumogastrique dans le canal osseux du temporal , et au sortir du crane, par le trou stylo-mastoi'dien, il com- munique encore avec le glosso-pharyngien. Ensuite le nerf facial se distribue sur la face. On pent done distinguer au facial deux portions : Tune intra-cranienne, 1'autre faciale proprement dite. La premiere affectant une direction spiroide, recevant des anastomoses nombreuses et tres complexes. Au sortir du trou stylo-mastoi'dien du temporal, le nerf facial vient s'epanouir sur la face apres s'etre divise en plusieurs faisceaux. Chez Fhomme on trouve deux divisions principales q::i se subdivisent et s'anasto- mosent en reseau. Ce reseau, tres serre chez I'liomnie, est, d'une facon generale, d'autant plus riche que 'es mouvements des parties sont plus multiplies et plus va- ries. Nous avonsvu, dans son trajet intra-cranien, le facial communiquer deja trois fois avec la cinquieme paire. Sur la face, ces communications vont se repeter. Une !)U KERF FACIAL. anastomose existe au nivean do i'oreille, au-dessous de la parotide, anastomose auricula- temporale avec la branche maxillaire inferieure. On trouve encore, an ni- veau des nerfs sus-orbitaire. frontal, sous-orbitaire, men- tonnier, des anastomoses nouvelles avec la cinquieme paire , anastomoses multipliers auxqnelles on a donne le nom de plexus. Voila pour la distribution generate du nerf facial. La premiere question physiologique que nous ayons a examiner est celle des proprietes de ce nerf. Je n'ai pas a y insister longuement ici. Lorsque, dans le cours du semestre dernier, il a etc question de la distinction a etablir entre les proprietes des nerfs et leurs fonctions, j'ai longuement insiste sur les phenomenes de la sensi- bilite recurrente que Ton trouve dans les racines ante- rieures ou motrices. sensibilite qui , vous le savez, leur vient par la peripherie des racines posterieures. Le nerf facial est de HieTne sensible quoique ce soit un nerf mo- teur. Comme les nerfs moteurs, il tient sa sensibility d'ime racine sensitive et cetle racine sensitive c'est la cinquieme paire. On rencontre en effet, entre la cin- quieme paire etle nerf facial, la relation qui unit les ra- cines posterieures aux racines anterieures, relation telle que la section de la cinquieme paire fait perdre, aiusi que nous le verrons, la sensibilite recurrente au facial. Mais avant de verifier experinien'alement cette re- lation physiologique, il est necessaire de nous rendre compte de quelques details anatomiques sans la con- naissance desquels nous arriverions infailliblement a faire des experiences incompletes ne rt3pondant pas a la 24 PROPIUETES question quo nous avion s en vue de resoudre en les instituant. Chez les animaux sur lesqucls nous opererons, le tronc du facial qui aborcle la face en arriere et au-dessous de 1'oreille fournit trois branches prineipales : Une branche inferieure, destinee a la levre inferieure et au menton. Une branche moyenne, qui se distribute a la levre su- perieure, au ncz et a la joue. Une branche superieure, qui se rend aux muscles de Pceil, de 1'oreille et du front. Peu apres leur separation, chacune de ces branches recoit une anastomose avec la cinquieme paire. C'est done avant ces anastomoses qu'il taut interroger la sen- sibilite du facial; sans quoi on aurait cles manifestations sensibles appartenant, non au nerf interroge inais au filet sensitif qu'il a recu du nerf de la cinquieme paire. Chez le cheval ou, par exemple, Tanastomose est plus volumineuse quo la branche du facial elle-m^me, il est Evident quo la douleur provoquee par le pincement du rameau mixte tient a cette anastomose. Pour verifier le fait en question , il est ne'cessaire de couper les branches du facial dont on interroge la sensibilite. Apres cette section, on trouve que chez le chien les deux bouts sont doues de sensibibilite dans les branches du facial. La sensibilite du bout central ne saurait surprenclre personne puisque, grace a 1'anas- tomose recue de la cinquieme paire, ce bout central represente partiellement le bout central d'une racine posterieure, c'est-a-dire d'un nerf sensitif proprement dit. DU NERF FACIAL. 25 La sensibilite qu'on y observe est done une sensibilite directe, tout a fait semblable a celle que nous avons notee sur le bout central d'une racine rachidienne posterieure conpee. Mais le bout pe'riplierique est sensible aussi. Cette sensibility ne saurait lui venir du centre puisque la con- tinmte a ete detruite. Elle ne pent done lui venir que de la peripherie, et elle vient encore du trijumcau. C'est en effet ce qui a lieu, coimne on peut s'en assurer en drtruisant la cinquieme paire : toute sensibilite disparait alors dans le bout peripherique done de la sensibilite recurrente. Par ces propriety's le facial se comporte done connne un nerf moteur et repivsente une racine ante'rieurc; il tientsa sensibilite recurrente de la cinquiemc paire qni joue ainsi par rapport a lui le role d'une racine poste- rieure. Ces deux nerfs appartiennent done a line paire physiologique. II sembleraitau premier abord. et. d'apres ce qui pre- cede, que pour placer le facial dans les conditions exactes d'une racine anterieure. il suffirait de prendre ce nerf avant qu'il ait recu les anastomoses qui lui viennent du trijumeau, a sa sortie du canal de Fallope. Ce serait une erreur. A ce moment le facial n'est deja plus un nerf moteur pur, et 1' experience rnontre qu'il est sensible en ce point, indepentlaniment de la sensibilite recur- rente qu'il tient de la cinquieme paire. En effet si on le coupe en ce point, on trouvede'ja son bout central sen- sible. Nous verrons que cela tient a ce que, pendant son trajet intra-crauien, dans le canal spiroi'de du tern- 20 poral, il reroit im liiet anastomotique du pneumogas- trique, filet qui lui donne une sensibility directe. Exp. — Yoici un petit chien sur lequel nous avons pre- pare 1'origine du facial : on voit tres bieu 1'anastomose auriculo-temporale qu'il recoil de la cinquieme paire. Nouspinconsla branche moyennedu facial ;l'animalcrie. Lorsque maintenant nous coupons cette branche du fa- cial, I'animalcrie encore et nous constatonseu outre que les bouts periphcriqueet central resultant de cette section sont d'une sensibilite tres evidente. Maintenant, nous coupons le rameau de la cinquieme paire qui s' anas- tomose avec la branche moyenue du facial, le chien pousse des cris tres forts. Apres cette section, nous piij(;ons le bout peripherique de la [tranche anastomo- tique coupe'e, r animal ne crie pas, tandis que le pince- ment du bout central produit au contraire une clouleur vive. Ce rameau est done sensitif et c'est a lui que le bout central du facial devait sa sensibilite. Quant a la sensibilite du bout peripherique, elleluivientaussi de la cinquieme paire, mais par les anastomoses qui out lieu dans les reseaux terminaux. J'ai toujours rencontre1 la sensibilite re'currente chez le chien en agissant dans des circonstances favorables indiqueesdausle semestre dernier. Mais chez certains ani- maux. tels que le cheval et le lapin, la sensibilite recur- rente est quelquefois tres obscure et parait meme man- quer, comme cela a eu lieu dans ('experience suivante : Exp. — Surun vieux lapin, on decouvritla branche moyenne du facial au uiveau de son anastomose auri- culo-temporale. DU NEHF FACIAL. ^T En pincant la branche, en masse, au-devant de son anastomose avec la cinquieme paire, on la trouva sen- sible. Lorsqu'on Feat coupee, le bout central seul etait sensible. En pincant la portion du tronc facial qui pre- cede 1' union avec F anastomose, on la trouva insensible. De sorte que la sensibilite parut resider ici uuiquement dans la branche anastomotique de la cinquieme paire, et le facial se montra insensible. Cela tiendrait-il a la vieil- lesse de I' animal on a son peu de sensibilite propre ? Nous avons dit tout a 1'heuro que chez le chien, la sensibilite que possede le nerf facial a sa sortie du trou stylo-mast oid ien depend d'un filet anastomotique qu'il recoit dans le canal spiroi'de, filet provenant du pneu- mogastrique. Cette sensibilite ne peut dependreen effet que de 1'adjonction d'un filet sensitif dans le canal spiroi'de, car a son entree dans ce conduit le facial n'est pas sensible d'une maniere evidente. II est vrai que pour F examiner il faut toujours ouvrir le crane, ce qui peut lui enlever sa sensibilite recurrente. Toutefois les nerfs sensitifs out conserve leur sensibilite directe et le facial, s'il la posse'dait, 1'aurait egalement conservee. La sensibilite que le nerf facial presente a sa sortie du trou stylomastoi'dien a ete 1'objet d'opinionsfort diverses. AutrefoiSj lorsqu'on admettait que le nerf vidien etait une branche de la cinquieme paire qui , du n»axillaire superieur, venait se rendre au facial pour Faccompagner dans le canal spiroi'de, on admettait que le facial etant deja devenu mixte a la sortie du trou stylo-mastoidien par cette anastomose, donnait a cause decela des signes de sensibilite dans son bout central. Mueller a emis 28 PROPIllliTE DE L' ANASTOMOSE AURICULAIRE 1'opinion beaucoup plus probable que cette sensibility du facial a la sortie du trou stylo-mastoi'dien depen- drait de L'anastomose quo ce nerf contracte . clans sa portion descendante , avec le pneumogastrique , anas- tomose qu'il ne faudrait pas des lors considerer comme fournie par le nerf facial an nerf pneumogastrique, mais bien par le pneumogastrique au facial. Jusqu'a pre- sent, a ma connaissance, aucune experience directe n'a ete faite sur ce sujet. Pour jugercependant dela valeur de cette opinion, il est indispensable de faire une ex- perience directe et c'est ce que nous avons tente avec succes. Cette anastomose entre lepneumogastriqueet le facial, qui emane de la branche auriculaire du pneumogas- trique, se montre tres volumineuse chez le cheval et le bosuf. Inexperience que nous avons faite relativement a cette anastomose sur nn chien n'est pas de nature a etre pra- tiquee a I'amphit'he'atre. Elle est fort longue, trespenible, et c'est avec peine que i'operateur lui-meme pent en suivre les details. Nous r avons executee hier matin ; au bout de deux heures nous avions a peine termiue. Le precede a consiste , prenant un gros chien bien portant, a lui abattre 1'oreille gauche, de maniere a pouvoir facilement arriver sur le facial a sa sortie du crane. Alors, suivant le nerf, en nous aidant de la gouge et du maillet, il nous a fallu sculpterle rocher, detruire 1'apophyse mastoi'de clont les cellules donnaient une hemorhagie souvent tres considerable qu'on arretait en bouchant les sinus avec de la cire ramollie, nous reinon- DU NSRF FACIAL. 29 lames ainsi le parcours da nerf facial dans le canal spiroi'de avec de graudes precautions pour ne pasle bles- ser. L'auimal etait, bien enlendu, prealablement soumis aux inhalations du chloroftirme. Apres deux heures environ, nous avionsreussi amettre a nu la branche anastomotique qni unit le facial an pneumogastrique. La plaio fut recouverte ct nous lais- samesl'aninialse reposer, et ce n'est que quelque temps apres 1'operation qu'il sortit du sommeil dans lequel Favaient plonge les inhalations de chloroforme. La plaie fut decousue et nous pinrames le tronc du nerf facial an-dessous de son anastomose avec le ra- meau auriculaire ; il se inontra e videmmcnt sensible. L'ayant alors coupe a ce niveau, l<\s deux bouts furent trouves sensibles. Nous avions done, en ce point, affaire a un nerf mixte, sensible par ses deux bouts. Aussitot apres cette observation, nous coupames la branche anastomotique du vague et cette section causa une douleur vive. Pincant alors de nouveau le nerf A facial, nous reconninnes que la sensibilite du bout cen- tral avail disparu. Elle lui venait done de cette anasto- mose avec le pneumogastrique. La sensibilite du bout peripherique qui etait recurrente venait de la cin- quieme paire et persistait tout entiere. Ces observations ont ete faites dans de bonnes conditions, quatre heures apres 1'operation; Tanimal etait suffisamment repose puisqu'on a pu constater la sensibilite recurrente du nerf facial coupe. Voici la tete de ce chien qui a ete sacrifie apres Texpe'rience et sur laquelle vous pourrez recoimatlre 30 ANASTOMOSE DU FACIAL ET DU VAGUE. 1'etendue et la nature des delabreuients produits. Au fond de la plaie se trouvent a decouvert le nerf facial et le filet anastomotique qui le reunit au pneumogastrique. Vous pouvez voir les points ou ont e'te pratiquees les sec- tions de ces nerfs. A propos de la cinquieme paire, nous reviendrons encore sur cette sensibilite du nerf facial. Concluons seulement pour le moment que I'anastomose du facial avec le pneumogastrique est un ranieau de sentiment qui vient du pneumogastrique au facial. TROISIEME LECON. 13 MAI 1856. SOMMAIHE : Partie extra-cranienne du nerf facial. — Son influence sur les inouvemcnls de la face. — Mouvements des paupieres; influence qu'exerce sur eux la section du nerf facial et du grand sympathique. — Mouvements des narines. - - Effcts de Ja paralysie des narines chez les chevaux. — Mouvements des levres et des joues. -- Efletsde leur paralysie sur la mastication ct la prehension des aliments. -- Influence de la section du facial sur les niouvements de Toreille. — Resume. — Experiences. MESSIEURS, Dans 1'histoire dii nerf facial quo nous aliens con- tinuer aujourd'hui, nous etudierons successivenient le role des rameaux qui naissent de ce nerf dans son tra- jet intra-cranien , et extra-cranien. De chacune de ces parties du facial enmnent des filets qui out des fonctions differentes. Les premiers, ceux qu'il donne pendant son trajet dans le eanal spiroi'de du temporal, sont tous, excepte un, en communication avecdes ganglions: nous laisserons la leur histoire, pour la reprendre plus tarcl comme une dependance du nerf trisplanchnique an systeme duquel ilsappartiennentsuivant nous. II n'enest plus de meme des rameaux qu'il donne plus loin sur la face et qui offrent une distribution nioius cornpliquee. Le facial, considere dans sa portion externe , termi- nale, est un nerf qui emerge a la partie posterieure de face et va se distribuer presque exclusivement aux muscles peauciers de la face et de la tete, donnant le EFFTS DE LA PARAI.YSIE DU XLRF FACIAL mouvement aux parties exterieures des organes cles sens. Nous clevrons done examiner successivement 1'in- fluence des deux portions du nerf facial sur chacunedes parties des differents organes des sens. (Test le nerf facial qui donne le mouvement aux pau- pieres, et lorsque les filets qui s'y distribuent out ete coupes ou paralyses d'une facon quelconque, les pau- pieres sont immobiles bien que leur sensibility soit rested intacte. \7oici un lapin sur lequel nous avous tout a Theure coupe le facial dans le crane. Vous pouvez voir (pie 1'opil reste ouvcrt, les mouve- ments des paupieres sont abolis du cote ou a porte la section, du c6te gauche. Si Ton vient a toucher le globe del'ceil a droite, on y provoque 1'occlusion despaupieres. Rien de semblable n'a lieu a gauche ou le globe do Tceil seul se deplace : Tanimal a, en eflet, conserve les mou- vements du glol)e oculaire auxquels preside des ra- meaux autres que ceux du moteur facial. L'ceil gauche reste ici completement a decouvert, et, lorsque Familial dormira, Foeil droit seul sera ferine. La meme chose s'ob- servechezrhomme dans les casdeparalysiedu nerf facial. Par quel mecanisme 1'ceil reste-t-il ainsi ouvert? Deux muscles donnent le mouvement aux paupieres: le muscle prbiculaire, qui ferme les paupieres, et le muscle elevateur propre de la paupiere superieure qui, au contraire, decouvre le globe de 1'oeil. L'etat d'ecarte- ment permanent des paupieres qui s'observe lorsque le rameau palpebral du facial est coupe, tient a ia predo- SUR L'OEIL. 33 minance de Faction d'un de ces muscles. Dans ce cas, 1'orbiculaire seul est paralyse ; quant an releveur de la paupiere superieure, il conserve son action parce que son nerf, reconnaissant une autre origine que le facial, est reste intact. Relativement aux paupitVes, la consequence de la paralysie du facial est done leur ecartement permanent par suite du defaut (Faction du sen! muscle qui puisso en determiner Focclusion, du muscle orbiculaire. La se borne Faction du nerf facial sur Fceil; aucune lesion consecutive de la nutrition nese remarque apivs la section ou la paralysie spontane'e dece nerf. Plus lard, quand nous envisa^M-ons Finfluence do la cinquierne paire sur Fceil, nous verronsla paralysie de ce nerf me du pneumo-gastrique. L'operation est faite depuis deux jours, et deja les accidents consecutifs sont tres visibles. L'oeil est rouge, la 58 NliKl TRLIUMIiAU conjonclive ost injcctee; deja on voit nne tache snr la cornee qui a perdu son brillant et un pen de sa trans- parence. La cornee est pins convexe. 1'iris est comme chagrinee. Cette alteration est nne consequence de la section de la cinquieme paire; elle ne tient pas, comme on 1'ii pretend u, uniquement an defaut d'occlusion ties panpieres, quoiqii'on ait dit que si Foeil etait sonstrait an contact de 1'air , 1'alieration consecutive arriverait plus lentenienton ineine n'anrait paslien. (> (jui pronve que ce n'est pas du lout nne consequence forceedn con- tact prolong'1 dr Fair avec le globe ocnlaire, c'est ce qui se passe sur uu lapin auquel nous avons coupe le facial il y a sept jours. L\ril est sain, tpioique la section du facial, paralysant le. muscle orbiculaire, ne permette plus le rapprochement dcs paupieres. L'altei'ation de Voeil, apres la section de la cinquieme paire dans le crane, a ete tres hitMi ('tiidiee dans ces derniers tomps par M. Schiff. 11 y a des causes diverses, causes qui peuveut retarder ['alteration de la cornee. J'ai reinarqui'1 encore qu'apres de simples contusions du nerf lorsqifil n'y avail pas nne solution de continuity jmrfaile, ralt('ration etait plus tardive ou meme n'arri- vait pas quoitpie la sensibility eut parfaitement disparn. Exp. — Sur nn lapin deja affaibli et par consequent predispose a ralteration de la cornee, je coupai la cin- quieme paire dans le crane du cote droit. L'animal cria au moment de la section, inais il n'y eut pas saillie de 1'ceil comme a Tordinaire, et il y eut aussitot apres 1 'operation qnelques mouvements de clignenient dans la paupiere. Cependant l'(jeil, le nez, les levres, etaient SliS FO.NCT10.YS. 59 Gompletenaent inseiisibles. L'aniinal vecut quatre jours en prescntant les memes symptomes d'insensibilite sans qu'il y cut aucune alteration cle la cornee, raninial mourut d'affaiblissement , et non cle la section de la cinquieme paire. A I'autopsie on tiouva que la cinquieme paire etait tres nettement con pee. excepte une portion de labranche ophthalmique (jui tenait encore comme un fil,nmis qni avait cependanl etecontondue, car 1'animal ne manife&- taitancune sensiltilitc dansl'ooil pendant sa vie. Immediatement apivs son lianulion, la cinquirnK) paire se divise en truis branches qui donnent la sensi- bilitt'^ tiV'iici'ale aux orpines des sens. La branchc ophtalniit|iic sc rend a iVril; la hranche niaxillaire supericurc a 1'organc de 1'odorat: la branchc niaxillaire infericnre au.x organes dn s;-ont. (les trois branches naissentdn tnuicde lacinquiemc paire sur lequel sc ren- contre le ^anii'lion de dasser. ^aii^lion diujiiel ne nail ancim nerf. Cc dernier caractere tjui le rapproche des ganglions intervertebraux, le diflV-ivncie en meme temps des ganglions du grand sympathique deslus en plus : la taclie qui s'etait d'abord niontrce sur la cornee, se creuse. devieiit un veritable ulcere. la cornee se per- fore. Alors 1'oeil se vide : la perforation de la cornee donne issue au cristallin, a 1'huineur vitree; cVst une surte de fonte de I'CLM!. Si raninial y survit, il ne reste de 1'oeil qu'un inoignon petit et dur. En general, les animaux succombent a ces desordivs, qui finiraientd'apresMageiidie par aniener unegangrene de toute la inoitie de la face, surtout chez des animaux a sang froid qui resistent inieux aux suites de cette ope- ration. Je n'ai jainais vu les lapins vivre que quinzc jours ou trois semaines au plus; et ce n'est pas assez longtemps pour qu'on assiste a la perte complete de I'oail. G/l NERF TRUUMEAU Apresla section de la cinquieme paire, on remarque encore ilu cote des aulres membranes muqueuscs des drsordres de nutrition. Du cote du nez, il y a souvent un ecoujcment mu- queux ; du cote de la bouche , on en voit egalement par la commissure du cote opere. Des les premiers jours qui suivent la section de la cinquieine paire, on observe aussi des ulcerations sur le bout de la languc et sur les levres, qui tiennent bien certainement ace quo ranimal morel ces parties devenues insensibles, morsures qui deviennent ensuite le sir^r d'ulcerations (voy. fig. 3). On sail qu'il y a aussi paralvsir des mouvements de la machoirc du cote oil Ton a coupe la einquieme paire ; les dents ne se correspondent plus, d'ou resulte quo ranimal se nourrit plus didicilement. coinme nous le verrons en etudiant les phenomenes qui sont speciaux a la paralysie du maxillaire infe'rieur. Quand on a coup*' les deux cinqim-mcs paires on ne pent pas observer les pbe'nonienes consecutifs, parce que ranimal ne pouvant plus se nourrir meurt de faim. Quand on a coupe une seule einquieme paire, ou seule- ment une de ses brandies, ranimal pent encore se nour- rir de maniere a vivre quelque temps, on pent avoir ainsi isolementles de'sordres qu'entrainent la destruction de chacune de ces brandies. Certaines influences peuvent avoir une action sur la rapidite de la production des lesions de nutrition. Nous avons dejta parle de 1'etat de faiblesse des animaux , qu'elle qu'en soit la cause; nous avons remarque que Pablation du ganglion cervical superieur semblait au EXPERIENCES. 65 contraire retarder les desordresde nutrition. Cefaitest tr&s interessant parce que nous savons que 1'ablation cle ce ganglion active les phenomenes circulatoires ties parties auxquelles sVtend son influence; ces parties paraissent avoir alors une vitalite plus grande, ce qui lour permettrait par lit une plus longuo resistance aux causes de disorganisation qui tiennent a roper.it ion. Nous allons actuellement vous donner un certain nombre d'experiencesdanslesquelles vous trouverez les preuvesde ce que nous venous de vous annoncer, expe- riences qui comprcnnenl des rxi'inples de destruction cle la cinquieme paire suit des deux cote's, suit d'un seul, soit meine simplement d'une liranche isolee de ce nerf. Exp. — Sur un lapin de taille inoyennc et tres vit', on coupa dans le crane la cinquieme paire du cole gauche. L'aiiimal cria pen au moment de la section; cependanl les phenomenes ordinaires apparurent : saillie de 1'ocil, constriction de la pupille. insensibilile de la conjonctive et de la inoitie correspondante de la face. Apr6s 1'op^ration, le lapin avail consei've sa vivacite. Ce qu'il y cut de reniarquable dans cette experience, une des inieux reussies qu'on puisse trouver, c'est la liberte des mouvements du globe de I'cril dans tous les sens. Ces mouvements paraissaient s'effectuer aussi bien du cote gauche que du cote sain. 11 y out egalement des mouvements de clignement de la paupiere, mouve- ments qui etaient peut-6tre moins prononces du c6te mahulc, mais qui survenaient en meme temps dans les deux yeux. Tous les phenomenes precedents fureut observes imme'diatement apres 1'operation. B., SYST. NEHV. — n. 3 60 NKRF TRIJUMEAU. Un quart d'heure apres la section du nerf, 1'animal etait dans le memeelat; seulement la pnpille gauche, d'abord fortement contractee, s'e'tait deja notablement dilatee. L'iris du c6te opere presentait un aspect plisse en rayonnant. La cornee semblait un pen plus seche a gauche qu'a droite. Les mouvements du globe oculaire etaient toujours tivs libres. Trois quarts d'heure apres reparation, la pnpille gauche etait a peu pres aussi dilatre que la droite, et elle se contractait trt-s maiiifestement sous 1'mfluence de la lumiere d'une cliandelle, puis elle se dilatait quand on la placait dans 1'obscurite. La cornee du c6te* gauche etait deja terne et comnie poisscusc. taudis que celle du cdte1 droitavait conserve son aspect brillant ordinaire. L' ani- mal qui j usque-la avait portt'1 haut Toreille gauche, la tenait baissee a ce moment. Le lendemain. vingt-quatre heures apres Tope" ration, 1'animal avait 1'oreille basse du cote gauche; lorsqu'il cli- gnait du c6te droit. il ne s'executaitplusdemouvement de clignement a gauche. La conjonctive etait injectee et presentait deja une opacite vers sa partie interne et inf<>- rieure. L'ceil et la face etaient insensibles, et tous les sympt6mes de la section dela cinquieme paire existaient tres bien caracterises. Les mouvements du globe ocu- laire gauche etaient toujours tres bien conserves. Lapu- pille gauche, quoique dilatee, etait toujours un peu plus resserree que celle du c6te oppose, et Ton constatait a plusieurs reprises qu'elle se resserrait davantage sous 1'in- fluence de la lumiere d'unechandelle ; ce qui prouve que 1' opacite coinmencante de la cornee n'empechait pas EXPERIENCES. Faction cles rayons lumineiix. L'iris etait rougeatre . bombe en avant, oifrant des plissements radies pro- fonds; la surface de 1'oeil etait enduite d'une chassie vis- queuse; il y avait un pen d'ecoulement muqueux par la commissure labiale clu c6te gauche, et Taile du nez paraissait un peu moins mobile de ce cote. Le surlendemain, l'animal fut trouve mort. A son autopsic. on ne constata pas d'epanchement dans le crane; la cinquieme paire etait tres bien coupee et la section portait avant le ganglion qui etait a peine atteint. Tous les nerfs moteurs del'ocil e"taient parfaitement me- nage's, ainsi que les nerfs petreux qui semblaienit eliv restes parfaitement intacts. La conservation de lamobilite du globe oculaire ob- servee dansce cas tenait-elle a ce que les nerfs moteurs de Fceil avaient ,rtr m^nag^s7koe que la cinquieme paire avait etc ooupre avant son ganglion, on bien ;i ce que les nerf petreux et carotidiens n'avaient pas ete atleints? Exp. (30 avril 1841). — Sur deux jeunes lapins je coupai la cinquieme paire d'un seul c6te. Aussit6t apres 1'operation, Tosil devint saillant et la pupille fut contracte"e com me a Tordinaire. De plus on observa 1' insensibility de tout le cote correspondent de la nice. En faisant cligner les paupieres du cote sain, celles du c6te opere n'executerent aucun mouvement. Quatre heures apres 1'ope'ration, I'oail opere etait, cbez les deux lapins, dejii convert de chassie, bien que lacornee fut encore transparente. La pupille etait moins resserree qu'elle ne 1'avait ete au mtmiont de 1'opera- 68 NERF TRIJUMEAU. tion ; nmis elle etait toujours plus contracted que cell*1 du c6te oppose. Lorsqiron appfochait une lumiere cle I'oail ope>e, la pupille se eontractait ; puis, apres, 1'ani- mal fermait la paupiere ; ces phenomenes s'observaient chez les deux lapins. Le lendemain, quinzc heures apres reparation, les paupieres etaientcollees; la partie superieurede lacon- jonctive oculaire etait tres injectee; la cornee transpa- rente blanchissait deja, 1'alteration commenrant par la partie inferieure. La pupille etait toujours plus contractt'-e du c6te opere que du c6te sain. Les phenomenes observes (Haient toujours identiques chez les deux lapins. Le surlendemain, 5 mai, la cornt'e etait devenuc de plus en plus opaque, etc. L'un de ces lapins succomba le 5 mai, c'est-a-dirc six jours apres Toperation, et 1'autre le 7 mai , c'esl-a- dire huit jours apres. Exp. — Sur un autre jeune lapin, on lit a droite la section de la cinquienie paire. Du c6te correspondant a la section, la narine se mouvait bien, mais elle paraissait rester plus dilatee que celle du cote oppose. Le lendemain Fanimal mourut. La cornee etait deja opaque; mais le cristallin et 1'humeur \itree avaient parfaitement conserve leur transparence. L'autopsic montra que le nerf de la cinquieme paire avait et6 bien coupe. Exp. (8 aout 1849). — Sur un lapin rouge, vivace, on coupa a midi la cinquieme paire a gauche en r^ussissant a passer derriere le rocher pour couper le nerf avant son ganglion. Apres la section, il y eut insensibilite de EXPERIENCES. 69 tout le c6te gauche tie la face ; les mouvements de ce cote, compares a ceux du c6te oppose, ne paraissaient pas sensiblement modifies. La pupille etait plus contractee du cote de 1'operation que du cote sain; cependant elle paraissait Fetre moins que dans les sections ordiuaires de la cinquieme paire. Le globe de 1'ceil etait mobile. Six heures et deinie apres 1'operation, le m&me etat persistait. Toutefois, il semblait y avoir dejaun commen- cement d'injection danslaconjonctive, et la cornee etait peut-etre un peu plus seche que du c6te oppose; la pupille etait dilatee et redevenue pour le diametre sem- blable a celle du cote" oppose'1. Le 9 aout, vingt-six heures apres F operation. 1'oeil gauche semblait faire legerement saillie. La cornee. un peu tcrne, etait cependant humicle et avait conserve sa transparence. L'iris etait pliss<; d boinbe en avant. La pupille etait plus contractee que celle du c6te oppose. On avait observe qu'il y avait une convexite moins grande de la cornee du cote coupe. C'est la cornee de ce lapin qui a ete representee (fig. 3). L'animal fut conserve sept jours, etce n'est que vers le cinquieme jour que commenui a se manifester une tres legere opalescence de la cornee. L'animal presenta en outre rallongement par absence d'usure dans les deux dents incisives, qui avaient perdu leurs rapports naturels. II ofTrait egalement les ulcera- tions caracteristiques qui surviennent aux levres et a la langue apres la section de la cinquieme paire ; ce sout les dents et les levres de ce lapin qui ont ete repre- sentees(fig. 5, page 103). 70 NERF TRIJUMEAU. A 1'autopsie, on trouva que la cinquieme paire etait tres nettement con pee avant le ganglion. Cette experience concorde avec les resultals observes par Magendie, a savoir que les alterations de I'oeil sont beaucoup plus lentes quand le nerf a ete coupe avant son ganglion. Toutefois, il taut noter ici que raninial etait (Tune vigueur remarquable; etnous avonsvu que, toutes choses egales d'ailleurs , I'alteration de 1'ceil est d'autant plus rapide que les aniinaux sont plus jeunes et plus aflaiblis. Exp. (aout 18/12). — Sur un lapin, on coupau gauche I'anastomose du facial et clu pneumogastrique : il y eut une legere diminution de 1'activite des mouvements respiratoires de la uarine. Alors on fit a gauche la section de la cinquieme paire dans le crane. Les traits de la face ne furent pas pousses en avant autant qu'a r ordinaire, ce qui tenait peut-etre a ce qu'on avait prealablement arrache" le spinal et le ganglion cervical superieur de ce c6te. Le 7 aout, on fit la section des branches du plexus cer- vicalqui se rendental'oreille. Aprescette section, 1'oreille etait eompletementparaly see : ay ant ete privee de sa sen- sibilite par la section de la cinquieme paire et du plexus cervical, elle semblait avoir perdu oompletement la mo- tilite. Avant la section du rameau auriculaire, lorsqu'on irri- tait le nerf auriculahe lui-meme ou quand, d'abord, on pincait 1'oreille dulapin. qui recevait unepartie desasen- sibilite de ce nerf, on deter minait une demi-occlusion de la paupieregauche quoique la cinquiemepaire fut coupee. EXPERIENCES. 71 La cornee gauche, malgre la section de la cin- quieme paire, etait transparente et humide ; la pupille, resserree, se contractait encore davantage sous 1'in- fluence de la lumiere; 1'iris etait convexe en avant et commeneait a offrir des plis rayonnes. Le 8 aout, vingt-quatre heures apresroperation, Trail gauche etait toujours humide ; la cornee etait transpa- rente ; la pupille, plus resserree que du c6te droit, se contractait encore sous 1'influence de la lumiere, De plus, on observa que, depuis 1' ablation du gan- glion cervical superieur, il y avait un ecoulement mu- queux par la narine gauche et par la bouche, du meme c6te. On mit alors ranimal sous Tinfluence de Topium, ce qui diminua les mouvementsrespiratoiresdans les deux narines, mais sans les abolir entierement ni d'un c6te ni de 1'autre. Le 9 aout, ranimal etait toujours ii pen pres dans le meme etat; il etait vif ; son oreille gauche etait toujours paralysee du mouvement etdela sensibilite, maiscequ'il y avait de plus remarquable, c'est 1'e'tat de Tceil qui etait humide et partaitement transparent. La pupille etait mo- bile, seulement elle etait plus resserree que celle duc6te oppose. L'iris, brun et comme tumefie, etait bombe en avant et offrait des plis rayonnes. La conjonctive etait injectee dans sa partie moyenne en haut et en bas; le globe oculaire gauche etait mobile; les paupieres se fermaient quand on exposait Fanimal au soleil ; la pupille se contractait alors davantage aussi. A onze heures du soir, Tanimal etait mourant avec une respiration exces- 72 M;KF TRIJUMEAU. sivement genee : on opera la tracheotoiuie, et les niou- vements exageres des narines n'en furent en rien climi- nues. Le 10 aont r animal etait mort. A 1'autopsie on constata quo la cinquieme paire avail ete bien coupee avant son ganglion, qni etait iontefois rouge et un pen enflamme. Les poumons etaient engor- ges et tres malades ; ce qni sni'fit pour expliquer la mort de 1 'animal Exp. — Stir un antre lapin, la section de la cinquieme paire amena unesaillie considerable de 1'ceil ; la pupillc e"lait fortement contractee. En touchant 1'ceil sain pour le faire cligner, il n'y avail aucun clignement dans Yodil du c6te ou avait ete pratiquee 1'operation Quatreheuresapresroperation.lapupille, quid'abord etait fortement contractee, s'etait dilatt'-e; ellc 1'etait toutefois moins que celle du c6te oppose1. Alors, etant dans Tobscurite, on approcha une lu- miere del'oeil; la pupille se coiltracta et le mouvement de clignement eut lieu. Le lendemain. qninze heures apres 1'operation, 1'oeil commencait deja a se couvrir de chassie ; la pupille etait restce legerement plus contractee que celle du c6te oppose. Exp. — Sur un lapin, on lit la section de la cinquieme paire dans le crane. Aussitdt apres, Tceil etait saillant, la pupille contractee et immobile. Parfois il y avait des mouvements de clignement dans 1'oeil opere sansqu'il en resulta des mouvements synergiques dans 1'ceil oppose. Six heures apres Toperation, r animal ne paraissait pas y voir : une lumiere approchee de 1'oeil ne determina ni EXPERIENCES. 73 coutractatioii delapupilleni clignement. L'ceil etaitlar- moyanl et la conjonctivepalpebrale commencail a s'in- jecter. Dix-huit heures apres 1'operation , 1'oeil etait ton jours larnioyant, la cornee transparente devinl le siege d'une opacile qui commenca par le centre. Six jours apres, I'ammal mourut. En examinaniroeil, on trouva la cornee enlieremenl opaque. Le cristallin et les autreshiimeurs del'ceiletaient restes parfaitemenl tran sparents. Exp. — Sur un jeune lapin, on ]»r;itiqua la section de la cinquieme paire. Au moment de la section, on observa les phenornenes ordinaires; le lendeniain, une opaciir- existait deja dans le centre de la rornee; 1'aiiiinal tonte- fois ne paraissait pas compl^tement aveugle et il se diri- geait lorsqu'on le laissait aller, ;ipi»\s lui avoir bouche I'o3il sain avec une bandelette d*,1 diachylon. Exp. — Sur un lapin. apivs la section de la cinquieme paire des deux c6tes, les deux pupilles pouvaient se contracter. Seulement le clignement n'existait quo d'nii seul cote parce quo, de I'autiv, le facial avail e'te coupe prealablement. Exp. — Sur iiu gros lapin. on enlevale ganglion cer- vical superieur a droite. II y out aussitot apres un retre- cissement de la pupille, en nieme temps qu'elle se de- fornia et qu'elle prit un plus grand dianioti-e vertical. Une heure apres, il n'y avail rien de change dans la pupille quietait restee dans le menie etat. Un pen plus lard, on coupa, du memo cote, la cin- quieme paire. Aussitot la deformation de la pupille dis- 7/1 NERF TRUUMEAU. parut; elledevint arrondie et excessivement conlraclee; le globe cle 1'oeil elaittres saillant. line heure apres la section de la cinquieme paire, la pupille etait redevenue comme avant, c'est-a-dire que 1'influence du ganglion s'y faisait toujours sentir, car la pupille avail conserve son diametre vertical plus considerable et sa forme elliptique. L'oeil etait reste saillant; mais le globe oculaire paraissait mou et flasque. Exp. — Sur un jeune lapin de septsemaines, bieu por- tant,on cmipa la cinquieme paireduc6te* gauche. Aussitol 1'ceil devint saillant et il y eut un resserrement conside- rable de la pupille. Les paupieres etaient largement ou- vertes; la conjonctive et la peau du nez furent trouves insensibles aussit6t apres 1' experience ; 1' animal etait tres vif. On tourna Foeil gauche du lapin du cote de la lu- miere et il pivsenla tres bien les mouvements de tota- liie du globe oculaire. Une denii-heure apres, on constata que la pupille de Toail opere s'etait dilatee ; cependant elle ne 1'etait pas autantque celle du c6le oppose. II faut ajouter qu'au mo- ment de 1'operation, la pupille ducote droit n'avait pas eprouve de changement appreciable dans son diametre. Une lumiere dirigee sur 1'oeil, prealablement dans 1'obscurite, determina des mouvements non-seulement de la pupille mais des mouvements generaux du globe de 1'oeil, absolurnent com me du c6te sain. On s'apercut en outre que la cornee etait redevenue brillante conime avant 1'ope'i ation et que le globe de 1'oeil avail cesse d'etre saillant. C'est alors que Ton reconnut que la brancbe oph- EXPERIENCES. 75 talmique n'avait pas ete completement coupee, et que 1'insensibilite qui etait survenue dans 1'oeil au moment de 1'operation dependait probablement d'une compres- sion de ce nerf. En eff'et, voici quels phenomenes preseniait a ce moment Tamma! : le globe oculaire oilVait une sensibilite evidente, mais le nez , les levres , etaient parfaitement insensible ; c'est-a-djre qu'on avail les signes de la sec- tion complete des nerfs maxillaires superieur et infe- rieur. Alors je reintroduisis I' instrument pour achever hi division de la branche ophtalmique; et, au moment ou je lacoupai, 1'animal poussa des cris aigus. 1'oeil redc- \irit saillant, la pupille tres contracted et la cornt'e completement insensible. Aussitot apres cette operation, on lit eprouver a la tete un inouveinent de rotation, de mani6re a voir si le globe oculaire restait immobile. Les mouvements de rotation de 1'oeil en dehors etaient excessivement faibles. Au moment de cette seconde operation , il n'y avait pas eu non plus de contraction dans la pupille du cote oppose, du c6te droit. Une demi-heurc apres, Toeil gauche etait reste saillant, la cornee etait deja devenueterne ; ce qui n'avait pas eu lieu lors de la premiere operation, alors que le nerf n'avait ete que comnrime. La pupille s'etait un peu dilatee depuis 1'operation. Deux heures apres la section du nerf, Tceil etait tou- jours insensible, la pupille etait un peu plus dilatee qifavant, bien qu'elle le fut toujours moins que celle 70 NERF TRUUMEAU. du cot6 oppose. Les mouvements du globe oculaire etaient toujours tres faibles du cote gauche, tandis que du cote* droit ils etaient tres marques. Dans robscurite, la lumiere artificielle delerminait une contraction tres lente cle la pupille ; 1'iris etait bombe et coniine plisse ; 1'oeil, toujours terne, commencait a devenir un pen sec. Apres la seconde operation, le lapin demeura moins vif qu'apres la premiere. Le lendemain , dix-huit heures apres 1'operation , le lapin etait a pen presdans lememe etat quelaveille. On constata que du cote gauche il existait une insensibilite parfaite de 1'oeil et de toutes les parties de la face ou se distribue lacinquiemepaire; 1'oeil etait terne et sec; il etait moins saillant qu'au moment de 1'operation ; les mou- vements du globe oculaire avaient absolument disparu. La pupille etait immobile et largement dilatee ; elle 1'etait plus que celle du c6te sain. Toutefois, cette immobilite de 1'iris, par suite de la section de la cinquieme paire. n'etait pas une paralysie absolue ; et, sousTintluence de rameaux du sympathique venant par le ganglion cer- vical superieur, elle pouvait encore se contracter. Cette source multiple d'innervation molrice semblerait exister aussi pour d'autres organes, tels que les glandes sali- vaires. Lebord pupillaire gauche etait iuegal, ondule sur quelques points; 1'iris paraissait flasque, terne; compare a celui du cote sain il semblait lave, decolore, prive de Faspect veloute que presente celui du cote non opere. La cornee transparente gauche etait terne, ainsi qu'il vient d'etre dit, inais elle n'etait pas encore opaque; _- EXPERIENCES. /7 seulement, du c6te interne deToeil, un image blanchatre commenoait a apparaitre. Dans 1'obscurite, la lumiere artificielle, projetee alter- nativeraent sur les deux yeux, donna les resultats suivants : Dn cote gauche, la lumiere projetee en plein dans 1'oeil faisait cligner 1'animal, et ce clignement avail lieu par abaissement dcla paupiere superieure sans que 1'in- fe'rieure se rclevat; on n'observa pas le moindre mou- vemenl dans lapupille qui restaitdilatee.. On constata ce phe'nomeue a cinq on six reprises differentes; toujours les monies phenomenes se manifesterent : clignement et immobilite de 1'iris. De sorlc que 1'animal avait la sen- sation lumineuse. Du cote droit, le clignement se faisait, sous 1'influence de la luinirre, sirnultaneinent avec une forte constriction dela pupillc.Ce clignement se faisait connne a gauche, surtout par Tabaissement de la paupierc superieure. Le lapin mourut pendant la journoe, vingt-quatre lieures apres I'expt3rience. Apres la mort, la pupille de I'o3il sain s'etait fortement contractee, tandis que celle du cote oppose etait restee tres elargie, comme cela se trouvait pendant la vie. A Tautopsie, on constata que lacinquiemepaire avait ete completement coupee. Le nerf de la troisieme paire etle pathetiqueetaient completement in tacts; peut-etre le nerf pathetique et les petreux avaient-ils ett3 atteints par la section? II y avait un pen d'epanchement, parce que le sinus caverneux avait ete blesse. Dans cette experience, il y avait done deux choses qui 78 NERF TRMUMEAU. meritent d'etre notees, parce qu'elles peiivent, jusqu'a un certain point, servir cle caractere pour reconnattre si on a coupe la cinquieme paire : 1° L'aspect de 1'oeil. Lorsque apres 1'operation on voit I'oeil et la face devenir insensibles mais la cornee con- server sou aspect brillant, on pent elre a pen pres certain que bientot la sensibility reviendra et que la cinquieme paire n'a etc" que contuse ou comprimee mais non com- pletement coupee. W2° II en est de meme pour les mouvements du globe oculaire. Dans 1'etat normal, lorsqu'on deplace laterale- mentla tete du lapin en observation, leglobe oculaire se meut dans un sens oppose comme pour chercher a rester dans sa direction premiere. Lorsque la cinquieme paire a ete completement coupee. le globe oculaire reste le plus sou vent completement immobile et suit les rnouve- ments de la tete. Exp. — Sur un lapin de taille moyenne, on essaya: l°De faire la section de 1'anastomose entre le pneu- mogastrique et le facial a gauche. L' animal poussa un cri a ce moni(3nt, et on n'observa pas de changement appre- ciable du cote de la narine correspondante; il etait probable que 1'operation n'avait pas re'ussi. 2° On essaya ensuite de faire la section de la me" me anastomose du c6te droit et on coupa le facial, ce qui se reconnaissait a la paralysie du mouvement de la face de ce cote et a la retraction des traits en arriere. o° On opera la section de la cinquieme paire du c6te gauche : il y eut immobilite complete dansle cote gauche de la face et persistance des mouvements de la narine. EXPERIENCES. 79 [\° On coupa la cinquieme paire a droite. Avant la section de la cinquieme paire, les mouve- ments etaient abolis par la section du facial, et les traits tires en arriere. Aussit6t apres la section dela cinquieme paire, les muscles se relacherent et les traits tomberent en avail t comme cela arrive generalement dans la sec- tion de la cinquieme paire. Les mouvements de la narine gauche persislaient toujours. 5° On fit la section des branches superficielles du plexus cervical et la section du pneumogastrique et do 1'hypoglosse du cote gauche. Les mouvements do la narine correspondante persisterent toujours, me" me avec une grande intensite, lorsque la respiration etait genre. Le lapin examine trois heures apres la section des deux cinquiemes paires. on mnstala quo los pupilles etaient mobiles sous riniluonce de la lumiore, qu'il y avait quelques ciignomeuts dans la paupiore gauche, du c6tO",ou lo facial olait intact. Les yeux otuient d('j;i plus sees, mais il n'y avait aucunc opacito. 1'anijnal avail conserve la vue ; il courait dans Se laboratoirc en se guidant tres bien c-\ sans se heurier aux objets environ- luints. Les deux machoires otaient ocartoes et la ma- choire intorioui'o pondante. On fit respiror a P animal du chloro et del'hydrogene sulfure, qui le firent tousser, mais rien ne domontrait pour cela qu'il percevait la mauvaise odour. L' animal ne pouvait plus manger; lo lendemain, il mourut. A 1'autopsie, on trouva les deux cinquiemes paires coupoes; le facial gauche otait. reste intact; le droil (Hait loso pros de sa sortie du trou stylo-mastoidien. 80 NERF TRIJUMEAU. Exp. (21 jiiillet 18/12). — Sur un lapin de taille moyenne, on coupa la cinquieme paire clu cote gauche inais la section ne porta que sur les deux branches in- terieures; la branche ophtalmique restait intactc. II y avail, comme symplomes: insensibilitedela moitie dela langue de ce cote, sensibilite vive de la conjunctive, de lanarine, sensibilite du lobe du nez; loulefois, la sensi- bilite du lobe du nez e'tait plus faible qu'a 1'etat normal. On remarqua des clignements plus tVe'quents de la paupiere gauche, qui tombait en quelque sorte involon- tairement, 1'animal etant force de faire une sorte d'effort pour la relever. Le lendemain ranimal se portait bien ; il presentait les nieines phenomenes ; les mouvements de la narine gauche etaient diminues, seulement quand 1'aninial etaitau repos. 11 s'etait mordu la langue ducote gauche, et Ton y remarqua deja une petite ulceration. Exp. (2/1 juillet 1842). — Sur un jeune lapin, on fit a gauche la section de la cinquieme paire. Les deux branches superieures etaient seules atteintes. L'animal presenta : insensibilite complete de 1'ceil, du nez et de la levre superieure; sensibilite normale de la levre inferieure. Les mouvements de 1'oreille etaient parfailemenl conserves; 1'animal la portait droite. Les mouvements de la narine paraissaient diminues, surtout quand ranimal etait au repos. Le lendemain , 25 juillet , 1'animal se portait bien. L'oreille, mobile encore, ne se mouvait pas en harmonic avec celle du cote oppose. La cornee etait opacpie dans son centre. EXPERIENCES. 81 Aii moment de la section du uerf, 1'oeil n'avait pas ete aussi saillant qu'il Test generalement. Le 28 juillet, 1'animal seportaittoujoursbien, il etait tres vif: il presentait lesmemes phenomenes que le pre- mier jour. La cornee gauche etait opaque dans un seul point : en dedans et en bas. La pupille elait plus con- tractce qifa droite; 1'oeil rtail chassieux; Tiris. d'nn brim rouge, rtait ^onlle, rayonne, et offrait une convexitr anu'rieure. Cependant cette membrane etait contractile, et la pupille pouvait se resserrer. L'oeil etait clair d I'mi voyait ses humeurs transparenles ;i travel's la partie conservcMi de lacornre. La conjonrlive palprbralc (Hail inject/'e et 1'ceil etait huiiiide. Le "29 juillet. les phenomenes etaienl Ics HHMUCS du cote de P.oeil ; tandis que la sensibililr jiaraissait «Mre un pen revenue dans la Icviv suprnrmv ct dans le ne/. surtout a la parlie inti rnr. et les mouvciiirnls rcs- piratoires paraissaient aussi s'executer mieux. L'animal mourut le .'>! juillet. A I'autopsie, on trouva que les l)ranches ophlbal- mique et inaxillaire superieure ctaicnt eoupees, a part quelques filaments tres lins de la branche inaxillaire superieure. La branche inaxillaire interieure etait intacte, de nieme que le filet auriculo-temporal. Exp. (ill aout 18/r2). - • Sur un lapin de taille moyenne, on tenta la section de la cinquieme paire ii droite ; la section ne fut que partielle ; voici les phe- nomenes qu'on observa : II y avait scnsibilit/' normale de. la face a droite, B., SYST. NF.RV. — n, 6 82 NKRF TRUUMKUJ. excepte rceil qui etait insensible. La pupille etait con- tracts •. Le 18 aout, 1'oeil etait toujours insensible, mi peu chassienx. inais transparent: la pupille, mobile . etait toujours un pen plus contractee. L'iris. elait fortement bombe en avant et presentait des plis rayonnes. Le 21 aout, sept jours apres I'operation : me pairo. On fit I'autopsieavecsoin et on constata que la branche maxillaire superieure de la cinquieme paire r-tait seule bien coup(;e; les branches ophthalmique et maxillaire iiilV'rieure paraissaient in- tactes. Sans un epanchement considerable (jui existait, il serait difficile d'expliquer par cette lesion les symptomes observes pendant la vie. (juoique cependantlenerf maxil- laire superieur fournisse une branche orbitaire. II sem- blait y avoir eu en outre les sympt6mes de 1'ablation du ganglion cervical superieur. Exp. 24 juillet 1 842). — Sur un jeune lapin, on coupa a gauche 1'anastomose entre le facial et le pneumo- gastrique. II y eut diminution des mouvements de la iiarine quand 1'animal etait au repos. On tenta ensuite la section de la cinquieme paire du EXPERIENCES. 83 meme c6te, a gauche; la branche inferieure seule fut coupee, ce que Ton reconnut aux symptdmesque presen- tait 1'animal. En effet, il y avail insensibilite complete de la levre inferieure, de la moitie gauche de la langue, avec sensibilite conservee dans tout le reste de la face: 1'oreille etait basseet pen mobile. Les mouvements de la narine etaient modifies; ils presentaient line notable diminution quand Tanimal etait an repos, et, dans les mouvemenls forces, ils restaient un pen plus failiies a gauche. Messieurs, d'apres toutes les experiences que je vicns de vousrappoi'ter et (}ue je pourrais multiplier encon1, vous avezacquis iinc id«'r nVMii'-ralr sufBsante des troubles nombreux et varies que la section complrtc uu partielle de la cinquieine pent produire. 11 nous restc mainte- nant a cntrer dans I'cxamen de certains pb^noraenes plus sprciaux qui soul propres a la paralysic de cer- taines branches de ce nerf. Ce sera 1'objet de la pn>- cliaine lecon. CINQUIEME LECON. 20 MAI 1857. SOMMAIRE : Du nerf trijumcau ; suito.— Branche ophllialmiqne. - Sensibility de lacornee et do la conjunctive; filets ciliaires directs ol indirccls. — Experiences sur les nerfs ciliaires. — Observation de para- lysie de la cinqniome paire avec conservation de la sensibilile de la corm'c. — De la photophobia. — Son siege. -- Influence de la section de la cinquieme paire sur la glande lacryinale et sur les glandes de Meibomius. -- Branche inaxillaire superieure , exchisivemenl sensi- live. — De I'influence de cette branche sur refaction. — Arrachemeni du ganglion spheno-palatin. — Sensibilitc spe"ciale d'nn filet emananl de la branche maxillain- snpe'rieiire. — Branche inaxillaire infe'rieure, M'usiiive et mot rice. - \ccroissementdes incisives chez le lapin apivs la section de ce nerf. — Les lapins chezlesquels on a coupe" la cinquieme paire nieurent surtoul de fuim. — Ulcerations de la langue et des levres. — Influence de la cinquieme paire sur les secretions salivaires. MKSSIl.t HS. Apros avoir vu d'une maniere generale quels son! les syinptoines do la section de la cinquieme paire, syniptomes qn'on peut classer en iminediatset en con- secutifs. il nous reste a entrer dans quelques details vetatifsa certaines particularites de paralysie de la cin- quieme paire, details qui se rapportent aux alterations dont les organes des sens sont le siege. Nous ferons porter cet examen successivement sur les trois branches de la cinquieme paire : la branche ophthalmique . la branche inaxillaire superieure et la branche inaxillaire inferieure. A propos de la branche ophthalmique, nous vous avons df'ja longuemeut entretenus de 1'alteration de 1'npil BRANCHE OPHTHALM1QUE DU NERF TRIJUMEAL. 85 qui suit la section de la cinquieme paire, nous n'y re- viendrons pas; nous vous rappellerons qua les premiers syrnptomes qui apparaissent sont une vascularisation de 1'oeil, un aspect terne de la corne'e, une alteration de I'iris, avec constriction de la pupille et une plus grande convexite de la corne'e du cote opere, etc. (voy. fig. 3). FIG. 3 (1). Lorsque la braiiche ophthalmique a e'te coupe'e en masse, toute sensibility a disparu dans 1'oeil. Mais en (1) Alterations de I'osil apres la section de la cinquieme paire. - Fig. I. OEil normal du cote" non open*; Toeil cst brillant et tres sensible ; la paupiere superieure etant sotilev«5e, on apercoit apeine qtielqnes vais- seaux greles en a; — 6, reprcsentc la convexite noimale de la cornee de Toeil sain. Fig. II. OEil malade, du cote oper^ ; la col-ne'e transparente insensible est lerne , la conjunctive fortenient injeclee, la pup lie contract^e, I'iris decolor^ et lle.iri ; un commencement d'opacite se montre au centre; — o, represcnte la convexite exagdrde de la cornde de TORJ! opere. 86 NERF TRUUMEAU. etudiant les paralysies partielles cles divers rameaux de la branche ophthalmique, on peut \oir qu'il en est qui sent doue's cle proprie'tes sensitives particnlieres. La branche ophthalmique se distribue a 1'oeil apres sY'tre divisee en trois rameaux : Le rauieau lacrymal, qui va a la glaude lacrymale; Les rameaux frontaux, a la peau du front ; Le rameau nasal, au boutdu nez. Ce dernier fournit une racine au ganglion ophthal- mique, apres quoi des filets partent de ce ganglion pour aller a 1'iris. Outre les filets indirects que le rameau nasal (Mivoie a 1'oeil en passant par le ganglion ophthalmique, il tVuirnit encore a cet organe des filets ciliaires directs. La sensibilite que 1'ceil recoil par les filets qui lui vien- nent du ganglion ophthalmique se presente avec desca- racteresspeciaux, qui la differencientde la sensibilite qui lui arrive par des filets ciliaires directs venant du nerf nasal. L'iris parait recevoir les deuxordres de filets; les nerfs ciliaires, directs, donnent la sensibilite a la conjonc tive el a 1'iris ; les filets indirects, ceux qui out passe par le ganglion ophthalmique, donnent la sensibilite a la cor- ne e transparente eta I'iris. On concoil deslors qu'il puisse exister telle lesion qui entraine Tinsensibilite complete de toutrceilmoinslacornee transparente, el reciproquemenl que la coruee transparentedevienne insensible, toutes les autres parties de Toeil ayant conservi1 leur sensihilite. Lorsque la sensibilite disparait chez un animal souinis a une intoxication ou a une cause de mort quelconque, lacinquieme paire parait 6tre atteinte la derniere. Mais, chose singuliere. (jui je crois n'avail pas ele signaleeavant BRANCHE OPHTHALM1QUE. 87 inoi, c" est que, clans cette abolition des proprie'tes sen- sitives de la cinquieme paire,Ja cornee et la conjonctive ne perdenl pas leur sensibilite en inline temps, mais suc- cessivement et dans on ordre qui varie avec la cause qui produit la niort. Ainsi, dans la mort par la strychnine, la conjonctive reste sensible apres que la cornee est devenue insensible. Dans la mort par section du bulbe rachidien, la cornee reste encore sensible apres que la conjonctive est deve- nue insensible. ftvidemment , cette sensibilite de la cornee a un caractere special. £tant interne a l'H6tel-Dieu , j'ai observe un cas dans lequel elle etait conservee. Le sujet de cette observation etait une t'eimne of Iran t d'un seul cote une paralysie complete de la cinqiiiemr pain-, paralysie sans alterations de nutrition. Tout Trail etait insensible a 1'exception de la cornee transparent!'. Je ne connais de cet remarquable phenomene quo ce seul exemple che/ 1 'homme, qu'on trouvera rapporte dans la these de M. le Dr Demeaux (1843). Souveut j'ai fait che/ des chiens 1'ablation du gan- glion ophlhalmique. La cornee transparente devient alors insensible. D'autres desordres de nutrition s'obser- vent encore, ainsi qu'on va le voir. Exp. ("29 mars 1 848). — Sur un chieii adulte, j'ai mis les nerfs de 1'oeil ii decouvert. Le procede consista a fendre en dehors la peau de Torbite, et a diviser le muscle crotaphyte jusqu'au-devant de 1'oreille, a enlever par deux traits de scie 1'arcade zygomatique ; a resequer 1'apophyse coronoide de la machoire, puis dissequer les 88 NERF TRl.irME.U'. nerfs en e'tanchant le sang qui s'ecoulait on abondance. Apres avoir isole le nerf optique, je constatai quo les nert's ciliaires qui rampent dans le tissu cellulaire en~ vironnant le nert' optique sent sensibles. Car apres avoir ilepnuille le nerf optique des nerfs ciliaires, il etait com- ple'teinent insensible. En coupant les nert's ciliaires, j'ai constate les pheno- fnenes suivants du cote de Tiris : ayant d'abonl coupe seulement les lilets ciliaires situes sur le cote externe du nerf optique, j'ai vu la pupille paralyse'e sinilenient en dehors; de sorte que la pupille se contractant apres. sous rintluence de la luiniere, elle se resserrait ])artout (;xcept('1 en dehors, ce qui lui donnait alors une forme allonge'e transversalement. Chex les animaux qui out la pupille disposee en long on en travc^rs, cela tiendrail-il a ce que les nerfs ciliaires ne se distribuent pas aux points de 1'iris ijui servent de commissure a la pupille? Apres avoir coupe les nerfs ciliaires tout autour du nerf optique, la pupille etait largement dilatee et immobile. Apres la section des nerfs ciliaires, je vis la cornee devenir snbitement insensible et il me sembla aussi qu'elle devint aussitot terne et seche, comme cela a lieu apres la section de la cinquieme paire. D'ou il re- sulterait que ces nerfs ciliaires out une intluence directe sur I't3tat de la cornee transparente. L'animal guerit de cette operation, mais son oeil fondit completement, ce qui tient sans doute a la foisa la destruction des vaisseaux et a celle des nerfs. Exp. — Le 31 mars18/i8, surun lapin bien portant, j'ai, par le interne precede, mis le nerf optique a de- NliRFS CILIA IRKS. 89 convert. 11 me parut egalement sensible au pineement lursqu'il etait entoure des nerfs ciliaires. Je vis de meine que la cornee transparente recoil sa sensibilite des nerfs ciliaires ; car, apres avoir denude I'o3il de la conjouctive tout autour de la cornee trans- parente, celle-ci etait restee toujours sensible; et ellc ne perdit sa sensibilite que lorsque les nerfs ciliaires eurent ete coupes. Un fait singulier s'est manifesto1 relativement a la pupille. Sous rintluence de 1'operation, sans doute a cause de la lesion des ranieaux de la ciiiquieme paire. la pupille s'etait ivssenve. .Mais, au moment de la section des nerfs ciliaires, elk? ne se dilata point comnie cela avail eu lieu chez le chien, de telle sorte (jiie, apres la section des nerfs ciliaires, la pupille etait forlr- ment dilatee chez le chien, tandis qu'elle etait restee for- tement contractee chez le lapin. Nous noterons en passant que ces aniinaux presentent des differences analogues lorsqu'oii vient a couper chez eux la ciixpiienie paire. Plus tarcl, nous reviendrons sur ce sujet quand nous nous occuperons specialement du ganglion ophthalmique. Sur un autre lapin j'ai pince le ganglion ophthalmique qui ne possedait pas de sensibility, tandis quo les nerfs ciliaires qui en emanaient etaient sensibles. Celte sensibilite parait devoir s'expliquer par la jonction apres le ganglion des filets ciliaires directs, venant de la cinquieme paire, avec les filets ciliaires indi reels. Maintenant, messieurs, ces considerations, ainsi que les experiences qui precedent, m'amenent a vous entre- 90 NERF TRIJUMEAU. tenir d'une question qui se rattache a la sensibilile de roeil; je ve-ux parlerde la photophobie. On sail combien ce symptome est frequent clans les inflammations de 1'oeil, particulierement dans les alte- rations de la cornee, de 1'iris; la photophobie n'existe pas lorsque la conjonctive senle est malade. D'ou vient la photophobie? La sensation doulourense est-elle due a 1 'action de la lumiere sur 1'iris, sur la retine, on sur les nerfs de la cinquieme paire qui out traverse le ganglion ophthalmique? Cette question a deja pivoccupe les physiologistes, el quelques epreuves out ete lentees dans le but de la resoudre. Magendie avail deja montiv qne la retine est insen- sible. Des operations chirurgicales out montre que la section du nerf optique chez riiomme n'est pas non plus doulou reuse. D'autres raisons portaient encore a penser que la photophobie n'avait pas son origine dans la retine. En effet, on avail rencontre ce symptome chez des malades porteurs de laches de la cornee qui ne leur permeltaient pas de voir; ainsi desamaurotiquesquietaienlpris d'oph- Ihalmie eprouvaienl alors de la photophobie. Depuis longlempsj'avais ele amene par mes experiences acon- siderer dans mes cours la photophobie comme n'existanl pas dans la retine, mais dans les parties de Toeil qui re- coivenl les nerfs ciliaires indirects. M. Caslorani, que j'avais 1'anneederniere engage a elucider ce sujel par des experiences directes, a reprislaqueslion. Ses experiences sonl arrivees aux memes resullals el onl monlre que PHOTOPHOBIE. chez un animal auquel on a prealablement coupe le nerf optique. une plaie de la cornee determine de la photo- phobie. Cesontla desphenomenesextremement curieux et qui semblent prouver que les nerfs qui se sont associes avec le grand sympathique, out recu de cette association des qualites particulieres. On avait d'nn autre c6te signale deja la sensibilite de 1'irispour la lumiere. M. Brown-Sequard avait montn'1 qu'apres la section du nerf optique, 1'iris conserve encore la propriete de se contracter sous I'influence de la lu- miere et de se relacher dans I'obscurite. Son experience consiste a enlever les deux yeux d'une angiiille ou d'une grcnouille, et a les placer srpiirement sur des eponges humides pour eviter une perte trop rapide des proprietes de tissus par la dessiccation. L'un de ces yeux restant a la Iumi6re, et 1'autre etant place dans une boite ferme'e, on constatait bientot, en les comparant, que la pupille etait contractee seulement dans Toeil qui etait reste expose a la lumiere. On changeaii ensuite ces yeux de place, laissant a la lumiere celui (|ui avait d'abord ete enferme et placant dans la boite celui (}ui avait et6 expose a la lumiere. La pupille se contractait sur le premier et se dilatait sur le dernier; le phenomene e'tait renouvele par le renversement des conditions. L'iris parait done jouir crime sensibilite" a la lumiere in- dependante de celle de la retine. Or la cornee recoit les nerfs de la memo source que Tiris : c'est done dans les filets ciliaires iudirecls de la cinquieme paire qu'il faudrait, suivant nous, localiser le symptome de la photophobie. &2 Nfc!RF TRUUMEAU. Quant aux modifications organiques quo la section de la cinquieme paire apporte dans 1'oeil, nous avons cite a propos des experiences leurs principals parti- rularites, sur lesquelles nous ne nous etendrons pas da- vantage parce que ce sont des phenomeues bien connns. M. Schift" a public sur ce sujet un travail tres complet. La glande lacrymale parait , apres la section de la cinquieme paire, secreter moins. Au contraire , les glandes de Meibomius sembleraient fournir une secre- tion plus abondante. Nous aurons ulterieurement a revenir sur les nerfs qui president a la secretion des glandes de 1'orgaue de la vision, a propos des fonctions du grand sympathique de la tete en general, et de celle du ganglion ophthalmique en particulier. Nous aliens continuer I'histoire physiologique des autres branches de la cinquieme paire, par la branche inaxillaire supe'rieure<, Comme la branche ophthalmique, la branche inaxil- laire superieure est exclusivement sensitive. Chez 1'homme la branche maxillaire superieure sort du crane par le trou maxillaire superieur ou grand rond, traverse la fosse pterygo-maxillaire et vient, s'epanouissant sur la face, clonuer la sensibilit(3 a la levre superieure et a la narine. Cette branche porte sur son trajet un ganglion, le ganglion de Meckel ou ganglion spheno-palatin. Ce gan- glion, qui appartient an systemedu grand sympathique communique avec la septieme paire. BRANCHE MAXILLIARE SUPKR1EURE. 93 Chez certains animaux,lelapin, le chien, lecheval, le trou grand rond n'existe reellement pas ou plutdt il n'existe qu'en dehorsdu crane. Les branches maxillaires superieures et inferieures sortent de la base du crane par un meme trou, le Iron ovale, et c'est a la sortie de cette ouverture (pie la branche maxillaire superieure se dirige en avant dans une sorte de virole osseuse qui representerait le trou grand rond. Je n'insisterai pas ici sur la propriete qu'a la bnmrhe maxillaire superieure de donner la sensibilite aux tegu- ments des parties auxquelles elle se distribue, non plus que sur la sensibilite qu'elle tburnit aux dents par scs filets dentaires; sensibilite que nous examinerons tout a i'beureen parlantdela branche maxillaire mfrrieure. La branche maxillaire supi'-rieure donne encore la sen- sibilite generate a la membrane muqueuse du nez. Quaud nous exarainonsce lapin chcz lequel la cinquieme paire a ele coupee, nous voyons qu'ori pent, sansqu'il trinoigiu1 la moindre douleur, lui introduire un instrument dans les narines. La section de la cinquieme paire a done aboli la sensibilite, non-seulement dans les parties superflcielles, mais encore dans les parties profondes de la face. En parlant de 1'influence que pouvait exercer la sec- tion de la cinquieme paire sur les organes des sens, je vous ai signale une influence indirecte, secondaire. sur les phenomenes de la vision qui sont consecutivement rendus impossibles par suite de 1'alteration de certains milieux de 1'uMl. Ce qui se passe du cote de 1'organe de Todorat presente-t-il quekpie analogic avec les NERF TRUUMEAU. menes que je vous rappelle? Quelle influence pent avoir la cinquieme paire sur 1'olfaction? C'est la une question sur laquelle on a beaucoup dis- cute. On aete porte par analogic a penser que la branche riiaxillairc superieure donnait la sensibilite generale a la membrane muqueuse nasale, etque lasensibilite spe- ciale en rapport avec la perception des odeurs etait due au nerf ol fact if. Pour verifier Inexactitude de cette vue, a laquelle il est naturel de s'arreter d'abord, il etait neces- saire de faire des experiences ; or, la pratique de ces experiences et surtout I'appreciation des phenomenes produitsoflrait de serieuses dillicultes. Ici encore des fails de deuxordres pouvaientconduire a la connaissance dela verite : des experiences physiologiques et des observa- tions pathologiques. Nous verrons. a propos de I'ol fac- tion, ce qu'ont donne les lines et les autres; toutefois je dois vous faire remarquer d'avance qnelle importance relative prennent ici les observations faites sur 1'homme, et combien elle peuvent fournir de renseignements plus nets dans une question aussi delicate que celle de la perception des odeurs. Nous avous, messieurs, essaye il y a deux jours d'en- lever chez uu chien le ganglion de Meckel, ganglion du grand sympatbique qui afl'ecte des rapports assez inte- vessants avec la branche maxillaire superieure. Nous voulions voir si cette ablation etait possible ; et si, a la suite de 1'operation, quelques phenomenes nou- veaux ne pouvaient pas etre observes. L'experience ne fut pas fort difficile. Chez I'honiine, ce ganglion est colle au nerf lui-meme; chez le chien. BRANCHE MAXILLAIRE SUPER1EURE. 95 il en est separe et se trouve a cote de lui dans la fosse pterygoide. Nous avons done, sur un chien, enleve 1'arcade zygomatique , souleve 1'ceil, suivi vers I'orbite le nerf maxillaire superieur; et, arrive sur le ganglion spheno-palalin, nous 1'avons arrache. Avant d'enlever ce ganglion, nous avons vu que quand on le pincait on ne provoquait pas de sensibilite bien e>idente, tanclis que quand on 1'arracha on produisit une douleur tres vive, ce qui est d'accord avec ce que nous avons vu des autres ganglions du grand sym- pathique. Nous avons ensuite observe ce chien , et n'avonsrien vu qui parut se rattacher aux consequences de reparation. Aucun symptome particulier nc s'est manifest*' du cote de 1'oeil; rien de precis du cote dcs nariues ou se distribue le nerf maxilluirc superieur. La sensibilite de la membrane muqueuse nasale paraissail aussi developpee du c6te ou avail ete enleve le ganglion de Meckel, peut-etre meme 1'etait-elle davantage? Les filets qui emanent du ganglion de Meckel von I se distribuer a la membrane muqueuse du no/ avec une branche dela cinquieme paire. Examinantchez le chien le nerf naso-palatin qui va a la membrane muqueuse du nez, nous avons et6 tres surpris de le trouver en apparencecompletement insensible, taudis que la (tran- che principale, la sous-orbitaire . nous offrait tons les signes d'une sensil)ilitr vive. Cette insensibilitt- d'un ra- meau apparteuant a la cinquieme paire porterait a penser qu'elle renferme des filets de sensibilite speciale ; Magendie ayant prouve que les nerfs de sensations speciales sont completement insensibles aux irritations mecaniques. 96 NERF TRIJUMEAU. Dejaautrefois, experimental)! sur la cinquieme paire, il m'avait semble quo le nerf lingual, nerf de sensibilite generale et speciale a la fois, etait moms sensible qne les rameaux superficiels de la cinquieme paire. Cela pourrait peut-etre tenir aussi a cette double aptitude fonctipnnelle. En resume, dans roperation citee plus haul, nous avions done remarque que le ganglion spheno-palatin, insensible quand on le pince, ne pent etre arrache sans produire une vive douleur. Un autre fait nous avail snrtout frappe, je veux parler de ['insensibility d'un filet nerveux de la cinquicme paire qui sr rend u la nuiqueuse nasale. Aujourd'bui nous avons repete sur le meme animal cette experience, de I'autre cote, avec les memes resul- tats. Ce filet singulier a done ete coupe des deux cotes. En introduisant un stylet dans les narines on trouve que la membrane muqueuse nasale est toujours sensible ; d'ici aux procbainesleeons, nous observerons raniuial et tacherons de voir si 1'odorat a ete modifie, et, dans le cas ou il 1'aurait ete, quelle alteration il aura subie. Si les observations precedentes se verifiaient, la cin- quieme paire se trouverait aiiisi composee de trois par- ties : un nerf moteur, petite branche d'origine qui se rend tout entiere dans le nerf inaxillaire inferieur; des nerfs de sensibilite generale, et des nerfs de sensibilite speciale qui presideraient a 1'olfaction et a la gustation. II ne s'agira plus que de verifier ces vues experimentale- inent en analysant convenablement les fails; il faudra couper les branches que nous sommes dispose a regar- 'iUANCIIi; MAXIU.AIKK Si PKRlliURIi . 97 dor comnio presidanl ;'i la sensibilite speciale. et voir si apres bisection deces branches I'olfactipB a etc delruite on troublee. Sans insisler aujourd'hui sur ce fait de savoir si la cinquienic paire preside oti ne preside pas, dans le ne/, pour une certaine part a la sensibilite olfactive, question sur laquelle Inexperience doit prononcer. je me borne a vous poser la proposition quo nous examinerons plus lard . Nous savons que la einquieme paire tieut sous sa de- pendance certains plienoineiiesde nutrition. Vous 1'avez MI pour la branche ophlhalniique; on pent le constafer aussi pour les branches maxillaires superieure et infe- rieure. La membrane imiqueuse nasale est goiifleo el rpugeatre. >"ous eonstaterons cette apparence le jour on nous 1'erons Taulopsie de ee lapin. Je vous signalei'ai ;i ce propos une precaution a prendre dans les conclusions a lirer des experiences eptreprises pour juger de 1'in- llnenee de la cincpiieme paire sur I'olfaction : il ne lan- drail evidemment pas attendre, pour etudier les modifi- cations de ce sens apres la section du trijumeau, ([ue les alleralions de nutrition se fussent produites clans le ne/>. I. experience ayant pour objet de rechercher si le sens oll'aelit' est atleint [trimitivement, son alteration, apres que les desordres de nutrition soul survcnus. nV'taltlirait pas plus son aptitude sensoriale que la cecite, apres les alterations de 1'a'il consi'cutives a la section de la branche ophthalmique, n'etablit une influence directe dc cettc branche sur la vision. Passons maintenant a rexamen des usag'es delabran- chc maxillaire inferieure. B., SY»T. NFnv. -- ii. 7 98 NERF TRUUMEAU. La branche maxillaire infi'rieure du nerf trijume-iu sort du trou maxillaire inierieur ct vicut se dislribuer a la Ix niche. Ce nerf dillr-tv ties autrcs branches dc la cinquieme paire en ce qu'il n'estpas exclusivement sen- .sitif. Lorsqu'au dela du ganglion dc Gasser, la cin- quieme paire s'est divisee en trois branches, la branch*1 inferieure do cette Irifucation. branche maxillaire in- fe'rieure, reooit un filet d'origine distincte qni passe au- dessous du ganglion sans se confondre avec lui. Ce filet represente la partie motrice d'unc paire nerveuse, dont le Ironc principal du trijuniean rentermc rclement sen- sitif. Cette branche motrice n'abandonnant i-ien auxdeux branches superieures du trijumeau, le nerf maxillaire inferieur se trouvc scul dans la cinquieme paire reprp- senter un nerf mixti1. Dans 1'etude du nerf maxillaire inferieur, nous avons done a considerer des phenomenes cle sentiment et des phcnomenes de mouvemcnt. Je vous ai dejii dit quo la branche maxillaire inlV1- rieure donne la sensibility aux parois de la bouche el !<• mouvement aux muscles de la machoire intV'i-ieure. Tandis que le facial donne le mouvement aux muscles superficiels, le nerf maxillaire inferieur preside au mouvement des muscles masticateurs profonds : masse- ters, mylo-hyoidiens . pterygoi'diens (>t cmtaphytes. Apres la section de la cinquieme paire, on constate en ffM. une paralysie des muscles de la machoire. Lorsque la lesion n'a etc produitc que (Fun cote, cette paralysie n'empeche pas immediatement 1'animal de se nourrir : la machoire tbruiaut un seulos, et les mouvements du BRANCHE MAXILLAIRE IXFERIEURE. 00 cote oppose etant conserves, la mastication pent encore s'effectuer. Cepenclant cette mastication est incomplete. 1'animal se nourrit mal, deperit et maigrit. FIG. l\ (1). Je dois vous signaler a ce propos un fait interessant a noter, fait rclatif a 1'accroissement des dents. La sec- (1) Portion motrice de la cinquieme paire chez le cheval. — Fig. I. A, portion motrice de la cinqnicmc paire qui embrasse en forme de collier le nerf niaxillaire inlerictir; — A', branche aiiriculo-tempo- rale qui est entourde par une anso provenant dc la portion motrice ; — 0', autre portion du ncrf auriculo-temporal provenant exclusivement de 100 NhHF TKI.il Mi-.U . lion ties rameaux dentaires que louniil la eiiiquieme paire. n'einptk-he pas les dents de pousser. On pent Ic eonstater sur les animaux chez lesqueis raccroisscnienl des dents est continue!, chez les lapins. par exemple. Lorsque die/ ces aiiiinaux. on coupe la cinquieme paire d'uu seul cute, les dents incisives correspondantes ne sont plus eu rapport ; elles ne s'usent plus les unes sur les autres. Cette alteration des rapports entre les dents tient a ee qu'apres la section de la cinquicmc paire. la destruction de sa petite ratine motrice a para- lyse les muscles masticateurs d'un cote. La inachoire etant devii'-e et altin e du cote sain, la dent incisive superieure du role sain i'rotte seule sur I'in- eiM\e iiderieure du C(Ait(; paraiysr-. Mais alors 1' incisive superieure du cote o})ere et 1'incisive int'erieure du eoti' sain portant ii vide continuent a s'accruitre. An bout de eiiuj on six jours on pent deja reeonnaitre (pie ees soul plus lonifues ,V(»y. tiu. .">). l,i porlion scnsilivo tin niaxillairc infi;ri<.'iir, cl cii\ovnnl un lilcl a niuli([iii' S a la corrtc du lympan I ; — S ', aulio fik-l allanl du uia\i!kiii c infrrii'iir a la rordo du tympan I: — 13, rauioau huccal du niaxillaiiv ir.lV-rieur vcnant en plus Brando parlie dc la porlion ninlrin1 du ucrf; - CT, lilot uiotour pour 'c muscle crolapliylo ; -- V. lilcl motcur |)uiu lo voile du palais ; -- U . ran;eau inoteur [xiin- Ic ptcrygoidicn ; - /,, brauchco phlhaliiiiquc dc la cinqui>'ine paire; — U. hrnnclie niaxillairc superieurc de la cinrjuicnio paire; - - X . nerf lingual ; -- "i . nerf den- l lire inferieur. riy. II. Mcine ncrl' quc j>r»'cedcinincni vu | ar la face exlernc : - C/M, lilets niesscteriens el crotapli\lcs venaiil dc la porlion molrice du niaxillaire inleneui cl auxquels se uielenl tependanl quelqiies lilm^ \ciianldelaporlion sensitive du nerf: — D, branche ophllialmiquo ; - K, ncrl inaxillairc suporieur ; — K, nerf denlaire; - II. nerf lingual; A . porlion de la branelie auriculo-leniporalc. s JiR \\CHI- MAXILLAIRF. INFKRIKl'RE. 101 L'aceroi^sement des dents est dour indcpendant do ]' influence nervouse. 11 est tros probable quo e'est la iin fait general . car, ehez le fetus, le developpemefat des organesse fait alors qifils no sont pas encore pnurvus de norfs : I'mlliionce nervonse no parait. en ofl'et, intervenir dans les phcuo- mones de nutrition quo comine inoyon d'harmonisntion e^enerale. Le lapii: quo nous avons montn! tout a 1'henre p<;rira dans ([ii<»l(jues jours. 11 no inourni pas par Topc'ration nirine de la section de la cinquieine paire; il inourra de' faitn. A lautdpsic. on trmivera dans Testoinae pen d'aliinents, beaucoup nioins tpio dans les conditions nor- inales: on pourrait .peut-iMre prolonger son existence en lui injectant dans I'cstoniac- des aliments sullisamnient divises on dissous, dn bouillon, par oxomple. (lette imperfection de la mastication doit recoianaltre deux causes: d'une part, ranimal se sort nioins bien de si'sdonls niolaires, dont le contact ne se fait plus quo par imo portion rostreinte de lour surface trilurantc: onsuilo, Faction des incisives est singnlierenient amoindi'ie par ce d(''placement lat(;ral qui no perinet qn'a deux dents do se inettre on rapport. Ohex un clnen cos incoiivonients seraient nioins pro- nonces, les inoiiYoinenis do didudion des inachoires pronant uno }»arl boaueoup mains large dans la mastica- lion dtjs carnivores. Toutoibis , le rapprochement des donls so faitassez faiblement due6to paralyse pourqu'on puisse, en niettanl lo doigt entre les deux machoires dn cote lose, sentir qn'il ri'est serre que legerement. 102 NERF TRIJl'MEAU- Lorsque au lieu de couper la cinquiemo paire d'un c6te seulement on la coupe des deux c6tes, 1'aninial ne pent plus ni niacher, ni avaler. Alors il meurt de faim; la bouche reste beante et la machoire inferieure pendante. Vous voyez done que la section de la cinquieme paire amene des desordres du mouvement qui sont limites a la machoire ; voila tout pour ce qui concerne son in- fluence motrice. Mais, outre cela, le nerf inaxillairo inferieur[est aussi un nerf de sentiment. C'est lui qui donne la sensibilite aux joues, a la bouche, a certaines parties de 1'oreille. 11 fournit des anastomoses au facial par une branche auriculo-temporale. La section du nerf maxillaire infe- rieur est suivie d'une paralysie du sentiment, non- seulement dans les parties profondes, mais encore dans les parties superficielles ; c'est ce qu'il est facile de con- stater sur ce lapin. La sensibilite a disparu dans la muqueuse comme dans la peau des joues; nous pouvons aussi sans causer de douleur a 1'animal pincer la langue duc6te paralys^. Les effets dela paralysie dela branche maxillaire infe- rieure ou de sa section ne paraissent pas se bonier aces lesions du mouvement et dela sensibilite : nous trouvons sur leslevreset la langue des alterations consecutives qui peuvent porter a penser qu'il y a en meine temps des alterations de nutrition. La muqueuse des levres est quelquefois rouge, gonflee ; elle est, aux levres supe- rieure et inferieure, le siege d'ulcerations ; le bout de la langue presente aussi une ulceration. Toutefois, avaut de seprononcersur la nature de ces ulc^rations, il convient BRANCHE MAXILLAIBE INFERIEURE. 103 dese demantler si elles sont la consequence d'une alte- ration de nutrition, ou si elles sont clues simplement aux morsuresquese ferait 1'animal qui a perdu la sensibilite. Je crois quo cette derniere supposition est plus fondee, parce que les alterations quo je vous signale, et que vous III FIG. 5 (1). pouvez encore voir sur ce lapin , se montrent des le lendemain de Topr-ration et siegent pre'cisement dans les parties qui sont exposes a Vaction des dents (fig-. 5, ' (i) Fig. 5. — Fig. L Ulcorailons survenucs du cole correspondant a la section do la cinqniemc paiiv; olios sont ordinairement an nombre de trois : 1" 11110, la phis larso. a la levrc superieure: 2° une plus petite a JO/I NERF TRUUMKAU. Pour computer 1'histoire de la branche maxillaire inferieure, il me resterait a vous parlor de son influence sur le sens du gout. Cette influence cst ici incontestable : elle s'exerce sur la partie anterieure de la languc. Elle est due an nerf lingual, qui donne a cette partie a la fois la seusibi- lite generale et la sensibility speciale. Ces deux sensibi- lites disparaissent apres la section du lingual. Nous reviendrons -sur les phenomenes de la gustation lorsque nous aurons a examiner 1'action des autres nerfs du gout;qu'il noussuffise de vous Lndiquer auj&urd'hui que, dans certaines parties de la langue, elle est d'une maniere absolue sous la dependauce du nerf lingual. Ouant aux alterations de nutrition qui, consecutive-- meut a lasection de lacinquieme paire , seremarqueut dans 1'oreille moyenne, on pense qu'elles peuvent ameuerquelques troubles second aires de Taudition ; mais primitivement on n'apercoit rien d'appreciable. La cin- quieine paire aaussi une iiitluence sur les s<'civtions de I.-i lace et particulieremeiii sur la secretion salivaire. Nuns viMTons qu'apres la section de ce nerf. les excila- la UHre intcriciire; 3" line autre sur le boul do la lunguc et sur le rolo correspondant a la paralysie du sentiment. Fig. II. Dents incisives norniales de lapin ; elles se coriespondonl exactement ctsont taillees cam'-inenl. Fiij. TIF. Dents incisi\csde lapin, le septiemejour apres la section de lacinqiiK-me paire ; lesdcnts tetft'secorrespondentseulespendanl la mas- tication, les dents a, a' ne se correspondant plus, ne s'usenipasot s'allon- gent, d'ou il resulte que la coupe dcs dents, an lieu de former une li^ne iransversale, forme une lii^ne oblique de haul en baset de droite a yaurlic quand la cinquieme paire a ele coupee a droite, et oblique deliaul en bas el de p;auc!ie a droile quand la cinquieme paire a e'te coupee a INFLUENCE SUR LES SECRETIONS. 105 tions sensitives qui determincnt IPS secretions par action retlexe ne peuvent plus avoir lieu. Toutefois, les secretions ne sont pas pour cela abolies cornpletement .; elles sont seulemc-nt diminuees. Et lorsfju'on met un corps sapide sur la lang'ue. par exemple, la senvlion a lieu laibleinent tin rote ou la cinquieme paire a ete coupee, 11011 plus par excitation du nei'f lingual de ce cote mais par excitation du meine nerf du cote oppose, clout les fibres agissent alors par action reflexe croisee sur les glancles du c6t<; ou la cin- (juieine paire a etc coupee. Nous avons deja donne ailleurs des experiences sur Wrisberg, comjoae une racine poslrrieure. rtaient ties analogies troinpruses. Kn examinant Irs paires rachidieniics. on pent con- slaler que jaiuais il iiVmane de filets d>H ganglion inter- vertebral. Or. id, le ganglion genieule dormant nais- sance a des filets nervenx. s'eloigne par re caractnr des ganglions interverlebraux ptmr se rappi'oeher drs ganglions dn grand sympathique. Ce earactere, qui n'a jainais ete invoque. me parait eependant livs bon pour earacteriser les ganglions du grand sympa- thiquc et les faire distingner des ganglions interveri*'1- braux. J'espere \ous demontrer plus lard que le nerl' de VVrisberg est une racine du grand sympathique, racine qui naitrait do lanioelle allongee, eomnie une antn; ra- cine, signaleepar MM. Budge et Waller, nail de la inoelle raehidienne enli-e la region cervicale et la region dorsale, d'un point aiujuel ces observations out donne le noni de region dlio-spinale. Ouant an ganglion qui dans la paire eranicnne. a laqucllc appai'tient le nert' I'acial. rej)resente le ganglion intei'vertebral. il landrail le chereher \ers Torigine dn nert' trijuineau : e'est le u'anii'lion de Gasser. o cj ,]v pense done que la septieme paire cranienne des anatoinistes doiL ar les observa- tions pathologiques , juslilicrnnt done pleinement la distinction que nous venous dYtablir. Avant d'entrer dans relud«; exp^rimentale des fonc- tions du nerf internukliaire de Wiisberg, il faut savoir que les diilei'ents ordres de pheuomenes ivpondant aux trois ordrcs de nert's que nous venous d'indiquer peuvent se rencontrer isolement. Tout le inonde adnict que les paralyses du nerf acousli(i[iie peuvent cxister independamnient de cclles du nerf facial. Quant a la paralysie du nerf facial pro- prement dite, les auteurs reconnaissent que tantot elle est simple, c'est-a-dire qu'elle n'atteint (jue les mouve- vements exterieurs de la face et a'alterequeFexpressiofl de la physionomie en laissant intactes toutes les parties profondes : voile du palais, langue, etc. D'autres fois, au contraire, la paralysie faciale, outre les symptomes exterieurs qu'elle manifesto, atleint aussi B., SVST. NERY. — 11. 8 11/1 PARALVSli: DU NERF FACIAL. cei! .ins orpines in!. : tangue, voile du palais. pharynx, et determine alors des alterations particu- lieres dans le gout, dans la deglutition, etc. II est tres frequent de rencontrer des paralysies du nerf facial quine donnent lieu qu'a des phenonienes ex- ti'rieurs sans aiteiiulre Irs organes interieurs. Descas de cette paralysie simple due a des misses tres divcrses, out ete rapportes par beancoup d'auleurs. 11s sont Irop counus pour qu'il soit mressaire de nous y arreter; nous rapporterons seulement conime exemple le cas suivant pris dans la pratique de Magendie, et publie par M. C. James. OBSERVATION. - -Mademoiselle X..., agee dc 22 ans, cl'un teiiiperanieiit d'apparcMice lymphatique.se ;:resente, Ic2avril 18/40, a la consultation de M. Magendie. Sa taille est inoyenne, ses che- veux blonds, ses trails ;>eu colores. Elle dil avoir loujours joui d'une sante parfaite, Icrsquc, il y a 15 jours, elle eprouva, sans cause connue ni meine appreciable, les premiers syniptomes de la nialadie dont elle est mainleiiant adectee. Ces syinptoiues, je vais leseiiuinerer en sui\aut 1'ordre de ieur apparition, (ie lour succes- sion et de leurs progn . Je divise done mon observation en quatre periodes. A cliacunc de ces periodi's correspondra tin groupe pai ticulier de symptomes, ainsi qu'ur.c phase speciale de la paralysie. Premiere period^. - - Deviation des traits du c6t? droit ; ]>n- ralysie dc la se^ticine /jairc gauche. — Le premier symplou.e i'ut un leger embarras danslejeu des paupieresdu cote gnuclie Bieulot le front et la tempe de ce cote cesserent de se mouvoir. i'uis la moilie gauche des levres et du menton perdirent Ieur contractility et furent enlrainees a droiie. Jusque-la, la malade u'avail aucune- ment soulTert. <;'est alors qu'elle ressentit de I'engourdisseinent dans la moitie gauche de la langue, sans aucnne gene dans les o EN '. noNs. H5 uiouvements de cti organe, en meme temps qu'une exaltation vive do Tou'ie, a lei point que les moindres bruits provoquaient a I'in- lerieur cle I'oiville gauche un penible relenlissemenl. Au bout de viii— quatre lieures, i'oreille et la langue avaieni repris ieur sensi- oilile normale; mais les signes de la parahsk- faciale persislaient. Us avaient acquis Ieur maximum de deyeloppement a l'£poque ou la ma lade \intconsuller M. Mager.die. Ainsi, distorsion drs traits, siirloul de la boncbe el du nicnlon, du cole droit. Jmpossibilile de les redresser, de piisser le front, ni de rapprocher completement 1'une de i'aiun1 les paupieres gaudies. La levre superieure dc ce cole est pendante et parait plus longne que du cote droit, I'inferieure est egalemenl paralyses dans loule sa moilie gauche. L'intiTv.dir de ces deux ie\:< s donue issue ii un ecoulement iinolonlairede saiive. l.ajour e, tirailleeh droile, esl teudue, lisse. appliquee sur I s rononciation fut redevenue aussi facile qu'avant 1'invasion dela paralysie. Pendant les premiers jours qui on I suivi la guerison, les yeux 120 PARALYSIE PROFOXDE sont restes un peu larmoyants par suite tie 1'aclion irritanle que 1'air avail exercee a Icur surface' alors que les paupieres nc pouvaient se fermer. Lc rctour el la persistancc tics motivemenls do cligne- meutont promptcment fait cesser cc-tte legere incommodite. Depuis ceUe epoque, mademoiselle X... n'a plus eprouve la moiudre gene dans les mouvemeiUs tie la face. Ses traits out repris touteleur vivacite", tonic lew expression, ct il nc resle aujourd'hui aucune trace des deux paralysies. Cette observation est d'auUiut plusinte'fessantequ'elle offre success! verncnt les plu'nomhies d'tine paralysie simple, puis ceux d'nuo paralysie double. Cette paralysie ne'anmoins est un cas simple dans le- quel on n'a pas signal;' do troubles du cote des organes interieurs. M. Ricord a eu, dans son service a I'h6pital, un malade affecte d'une paralysie double du nerf facial, chez lequel il n'y avail (jue rimmobilite exterieure de la face sans aucun desonlre des organes internes. La deglutition, la gustation etaient restees sans lesions appa- rerites. D'autres fois an contraire, il y a, en m6me temps que les signes exterieurs de la paralysie de la face, des troubles du cote de la langue et du cote du voile du palais. Ces troubles peuvent exister tantot avec une paralysie d'un seul c6te, tant6t avec une paralysie double. Dans les paralysies du facial, beaucoup de malades se sont plaints d'uue alteration du gout. Ce synip- t6me, signale d'abord par M. Montault, a etc souvent observe depuis. Cependant ce phenomene n'est pas constant et il est des malades chez lesquels on no le DU NERF FACIAL. J21 rencontre pas. II etait assez naturel d'attribuer cette lesion du gout a une alteration de la corde du tympan, ce nerf etablissant la seule communication anatomique qui cxiste entre la langue et le facial. Lorsqu'on a exa- mine avec soin les malades chez lesquels une lesion du gout se wttachait a la paralysie du facial, on a vu que 1'alleration remontait tres haut. On ne 1'observe pas dans les affections de la portion superficielle du facial, dans les paralysies dont la cause n'a atteint que les bran- ches superficielles du nerf. Or, nous verrons en elfet que ce nhenomene s'observe chez les auimaux aux([iiels on a coupe la corde du tympan. Lorsqif un malade oll'rant la lesion du gout qui nous occupo vicnt a tirer la langue, ct qu'on depose une substance sapide, de 1'acide citrique par exemple, alternativement du cote sain et du oMr malade, la sen- sation (rune savour acide esi immediatement et tres nettement percue du cote sain. Du cole de la paralysie, au contraire, il y a settlement perception d'une sensa- tion obscure, et encore cette sensation n'est-elle pas immediate. Si, apres cette epreuve, on vient a toucher la langue alternativement a droile el a gauche, on pent voir que la sensibility generale est parfaitement nette des deux cotes. Ces observations, faites sur rhomme, montreut done que les paralysies profondes du facial s'accompa- gnent, non pas d'une abolition complete de la faculte gustative, mais d'une diminution et d'une perversion notable de cette faculte sensitive. 12:2 I'AtULYSlE DU NERF FACIAL A une epoque ou j 'avals entrepris des experiences sur la corde du tyiupan. j'avais apprivoise des chiens assez bien pour pouvoir , sans e"prouver de resis- tance , ouvrir la bouche et deposer sur la langue des substances sapides. L'mipression produite par ces ap- plications etait immediatement peirue. et ces animaux retiraient et remuaieiit aussilot la langue. Apres la section de la corde du tympan, la meme epreuve ne provoquait que des mouvements de retrait nioins ener- gique, et un intervalle de temps appreciable s'ecoulait toujours entre rimpression etla reaction motrice qu'elle determinait. La section de la corde du tyiupan amone done une diminution dans la faculte gustative du cote correspon- dant . Quant it la nature de rintluence qu'exerce la corde du tympan sur la sensation guslalive, nous I'examine- rons longuement, mais je veux auparavant signaler un certain nombre d' observations que nous avons deja pu- bliees dans un memoire , sur les bemiplegies faciales avec alteration du gout OBSERVATION I. — La ferame Pinot , agee de trente-trois ans, placee a la Salpetriere, dans le service de M. Falret, eut en 1835 une heiniplegie faciale a gauche, a ia suite d'un coup de tabouret sur la region temporale du meme cote : la sensibiliteetaitconservee. Peu a pen la paralysie diminua et avail completement disparu au bout de deux ans. Mais cinq ans plus tard, la malade fut prise d'accidents cerebraux et de douleurs violentesdans tout le cote gau- che de la lele, et 1'hemiplegie faciale, celte fois accomnagnee de surdite, reparut et persistait d'une maniere complete depuis seize AVEC ALTERATION DU GOUT. l"2o mois, lorsque je pus voir la malade et constater les symptomes de sa maladie, sa\oir : paralysie complete du mouvement des muscles de la face dans tout le cote gauche, avec conservation de la sensi- bilite. La langue possede tons ses mouvements, n'est pas device et n'offre aucune deformation parliculiere. Legout estaltere a gauche, et voici ce qu'on observe a cet egard : si Ton place sur la pointe de la langue un pen d'acide citrique pulverise, la inalade eprouve inie sensation beau coup plus promple et beaucoup plus intense du cole droit que du cote gauche Si Ton agit avec le sulfate de quinine, la sensation d'amertume est egalemcnt beaucoup plus rapide du cote droit que du cole gauche, inais ce pSienomene, quoique tres evi- dent, esl inoins pror.oncc pour celte derniere substance que pour 1'acide cilrique. Du resle, l\ sensibililc tactile de la inuqueuse linguale n'offre aucune alteration el est aussi exquise d'un cote que de 1'autre. (;es experiences out ete repetees un grand uonibre de fois avec les meines resullats. Les troubles intellectuels et la sur- dite, qui out coincide avec la reapparilion de I'heiniplegie faciale, doivent lui fa ire snpposer pour cause une lesion organicjue siegeant a 1'origiue de la septieme pairc et situee . par consequent, au- dessus de la uaissancede la corde du lympan. OBSERVATION II. — Le uialade qui fait le sujet dc cctte deuxieme observation est uu jeune hoimne que je n'ai pu voir qu'une scule fois. Je vais rapporler ce <;u'il m'a dil et ce que j'ai pu observer : Depuis 11 n mois la paralysie faciale existuit adroile et elait surve- nue brusquementapres quelques douleurs nevralgi(jues dans le cote correspondent de la face : la sensibilile elait eulierement conservee, aiusi que tons les sens, excepte le gout. Des les premiers jours de la paralysie, le nialade avail remarque qu'il goutait moiiis hien sur le cote droit. de la langue ; les impressions gustatives etaient obtuses, comme s'il avail eu, disait-il, la inuqueuse linguale legerement brulee de cc cole. Je me sin's moi-meme assure du fait avec de Facide tartrique en poudre : le nialade eprouvait la saveur fraiclie et acide de celte substance d'une maniere moins prononcee et beau- coup plus lenlement du cote droit que du cote gauche. 124 I'AllALYSIL 1>U NKRF FACIAL OBSERVATION III. — Ilourlier (Henry), age cle dixans, et d'une bonne constitution, entra a I'hopkal des Enfants malades le 10 decembre 1843, sulle Saint-Joan, n° 17. A la suilc d'une lievre eruptive (rougeole),i!survint dans 1'oreille droite des douleurs pro- f ondes ct tres vives qui firent diagnostiquer par M. Meniere, con- suite pour cet enfant, la formation d'un abces dans 1'oreille moyenne. En effet, bientot un ecoulement purulent se manifesto, et en menie temps les douleurs diminuerent d'inlensite. Cet ecoulement de pus durait depuis douze ou quinze jours et etait presque tari, lorsqu'un matin, en sereveillant, 1'enfant s'apercut qu'il parlait plus difficile- mentetqu'il ne pouvait plus feruier 1'oeildu cote droit. 11 appela sa mere, qui fut effrayee par la deviation de la face qu'elle remarqua, elamena aussitot son enfant a 1'hopiial (16 decembre IS'i.')). En ce moment I'ecoulement purulent de 1'oreille droite est reduit a un simple suintenientsereux. Lasensibiliie dela face est conservee partout, mais la paralysic du niouvement est complete du cole droit. Les traits sont consider ablement devies a gauche; le front ne se ride qu'a moitie ; les paupieres ne peuventplusse fermer a droite ; la narine du meme cole I'este immobile et largemcnt deprimee. La luette non plus quo la langtie, dont les mouvemenls sont restes libres, nepresenlent aucune deviation; la prononciation des labiales est seulement un pen genee, etc. Voici ce qu'on observe relative- ment a la gustation : lorsque la langue est tiree hors de la bouche, si Ton place a la surface de cet organe du sulfate de quinine ou du sel marin en poudre, la saveur de ces substances est obtuse ct se manifeste lentement du cote droit, taiidis qu'elle est vive et promptement percue a gauche. Le 7 Janvier 1SW, lorsque je vis le malade avec M. H. Gueneau de Mussy, tons ces symptumes existaient encore tres bien caracle- rises. iNous pumes constater que la surface linguale, egalement bumide des deux cotes, n'offrait pas de difference sensible dans son aspect. Quand on touchait la muqueuse de la langue ou qu'on la piquaitlegerement, la sensibilite tactile etait aussi exquise a droite qu'a gauche : c'etait seulement pour I'apprecialion des substances sapides qu'il y avail une diflerence remarquable ; ainsi, la bouche AYKC ALTERATION DU GOUT. 125 elant onvertc, si l'on placait de 1'acide cilrique reduit en poudre tres fine sur le cote droit et anterieur de la langue, la saveur etait faible el deniandait un laps de temps tres appreciable pour elre sentic : du cote gauche, ;;u contraire, la saveur etait penetranteet instantanee. A (later du 'JO Janvier, les symptomes exterienrs de la paralysie faciale dirainuerent, et la difference dans la sensibilite gustative s'eflaca progresshi'-cr.t. Ce dernier pbenomenc sembla meme dis- parage un peu plus rapidement que les autres, car 1'alteration du gout n'etait plus appreciable, quoiqu'il existal encore une legere deviation dans les (raits de la face. Lo i8 fevricr 184^, le malade sorlit de I'hopital parfaitement guf-ri. OBSERVATION IV. - - Louis Gauvin , age. dc trcnte-cinq ans, serrurier, enlra, le 29 juin 1 8/i3, a rhupi!;;! de laCharile, salle Saint- IMichel, n" 9. !<;n oclohre IS'il, apres avoir rU: atteint depuis quelque temps de tpux et de crachemcnt dc sang, le malade Tut pris d'uu ('coulement purulent pen abundant par 1'oreille gauche. En mai 18/i2, la face du cole gauche, et 1'reil en particulier, devinrent le siege de rougeur el d'une inmefaction douloureuse accompagnee de IViss",). (>t appareil de symptomes se termina par la rupture d'un abces qui se fit jour par le conduit auditii' externe. A dater de ce moment, 1'^coulemrnt par 1'oreille fnl tres abondant, etun jour, au dire du malade, il sortitavecle pus un petit os presentant deux dents et une petite tele ronde ; quand je me mnucliais, ajoule-t-il, il me passait cooime un vent par 1'oreille. Le 3 mars 18^3, 1'ecou- lemenl purulent par 1'oreille gauche persisiait toujours, mais il survint alors dans 1'organe de 1'ouie des douleurs vives et profon- des ; au bout detrois on quatre jours elless'apaiserent et laisserent a leur place une paralysie du mouvement dans lout le cole gauche de la face. Tels sont ies principaux symptomes que Ic malade eprouva de- horsde I'hopital ; lorsqu'il y entra, le 29 juin 1843, on reconnut chez lui une affection tuberculetise des pouinons deja assez avancee. Voici les phenomenes qn'on ohservait pour I'hemiplegie faciale dont PARALYS1E DU NERF FACIA!. nous avons seulcment ii nous occuper id : les traits sont conside- rablemem devies et la paralysio du mouveuient est complete du cote gauche de la face ; la sensibiliteestconservee partout. Les pau- pieres ne peuvent s'occlure; la vision est intacie pour 1'oeil du cote paralyse, seulement il y a parfois un peu d'epophora. L'ou'ie est tout a fait perdue a gauche et. 1'ccoulement purulent existe tou- jours assez abondanl. Les mouvements de la langue sont libres, la luetle n'est pas device ; il y a un peu de gene pour la pronunciation deslabiales. La gustation offre une difference remarquable du cole droit et du cote gauche de la laugue. Ouand on place a gauche du sulfate de quinine, par exemple , la saveur y esl plus faible, et il faut un certain temps pour quVlle soit percue, landis que du cote droit, le malade la reconnait el I'apprede instanlauemeut. Cos obser- vations faites pa;' M. Ra\vr furent rej;etees souvent devant ics personnes qui suivaient sa visile. La paralysie laciale fut attribute a une lesion de la septieme ; aire consecutive a uue affection luber- culeuse du rocher. Pendant loute la durce du sejour du ma'ade a I'hopilai , I'ccoulement purulent de 1'oreille ne disconlinua pas; il ;;e survint non plus aucun changement dans les pheno- inenes relatifs a I'h^miplegie faciaie , si ce n'est une petite luineur allongee et douloureuse a ia pn-ssio . qui appami au-devant du conduit audilif exlerne. Les sympiomes de la plilhisie pulmo- naire marchaient toujours, et le '15 decembre 1848 le malade suc- comba. Autopsi'.1. - Les poumons preset! taient de vasles cavernes ; tous les ganglions bronchiques et ceux cu cou etaient considera- blement engorges de matiere tubercuieuse. /esl a une alieraiion de cette nature qu'etait due la i elite tumeur qui s'elait deveiop- pee au-devant du conduit auditif externe du cole gauche, etc. Je recherchai avec beaucouj) de soin les alteraiio.:s ifathologiques relatives au nerf facial gauche. A 1'ouveiiure du crane, et apres avoir souleve le cerveau, on voyait, du cole gauche, sur la du re- mere qui recouvre la face exlerne et superieure de la base du rocher, une solution de continuite de forme arrondie, de deux centimetres de diametre environ. On apercevait dans ce point de- AY EC ALTERATION DU GOUT. 127 mule la substance o.sseusc c!u rocher ; la portion qui repoiuiuil: a la partic superieure dc I'orei'le moyenne etait dure ct necrosee, tandis que plus has, au niveau de 1'hiatus de Fallope, 1'os petreux friable et infiltre de matiere luberculeuse ramollie, penneltait au stylet de penetrer a travers cette substance jusque dans la caisse du tympan. La partie correspondante du lobe moyen du cerveau par- ticipait a ces alterations ; on y voyait u;;e perle de substance de la ineine grandeur, ere u see en forme d'uiceralion de 3 millimetres environ de profondeur, et offrant un fond jaunatre et coniine in- dure. Au pourtour de celte perle de substance du cerveau, les meniuges cerebrales avaient contracledes adherences avec les bords de la dure-mere petreuse, et dc cette facon le pus du foyer cir- conscril s'ecoulait par 1'oreille moyenne. Le nerf de la septieme paire (portion dure el portion molie) etait allere jusque vers son origine : a son entree dans le conduit auditif interne, il presentait sur son trajet une petite tnmeur ovo'ide blanchStre, visible dans Pinlerieur du crane, (lette jietite lu:nciir eiait du •• a de l;i matiere tnberculense infiltrc'e au-dessous du nevriieuie. l-ln suivant avec precaution le facial dans le canal spiroide du rocber, il etait gonile, jaunatre , et offrait la meme de^eneresceuce tuberculeuse jusque vers son premier coude environ. agre dans le crane par I'hiatus de Fallope, ei, \ers i origine du nerf, parle conduit au- ditif interne. Le facial, avons-nous dit, avait completetnent disparu au milieu de ces alterations profondes : ce n'est que vers 1'extre- mite interieuie du canal de Fallope qu'on retrouvait le bout peri- pberique a He re et gonfle; de sorte que, dans Joule sa portion petreuse, le nerf facial etait degenere ou desorganise par la suppu- ration. Les brandies du irijnmeau, et le nerf lingual en parlicu- lier, furent examines avec beaucoup de soin : on n'y decouvrit aucune lesion. 128 PARALYS1I-: Mi: NERF FACIAL OBSERVATION V. — Lagarde, age do trcnic-sepl ans, tourneur, enlra u niotel-Dieu, le 20 fevrier 18/i/i, sallc Sainle-Agncs. Le 17 fevrier, le malade, sans cause do lui connue etsans am re clian- gemcnt dans sa sante generale, ressenlit unc sortc d'engourdisse- mcnt dans la langue, qui lui semblait plus grosse el plus lourde qu'a 1'ordinaire. La parole ni la deglutition n'etaienl pas gcnees ; mais le malade lui-meme remarqua avec surprise qu'il ne percevait la saveur des aliments que du cole droit do la langue. « i'our m'as- surer, dil-il, que je ne me trompais pas, je mis de la moutarde et du sel sur lecote gauche de ma langue; je les scniaisa peine, tandis qu'a droile cola m'emportait la langue. » Le 18 fevrier, les symptomes soul les rnemes, seulement 1'oeil gauche cst pris d'un pen de larmoiement, et devient !e siege d'une sorte de baltemenl profond. Le malade dormil ires bicn pendant la nuit; mais en s'Ovcillsm le matin (19 fevrier), il vilque sa bnuciie etait deviee. Los innnes plienomenes persistaient du cole de la gus- tation ; il y out un epistaxis dans la jouraee. Le 20 fevrier, le malade enlra a 1'liopiial, el voici les symplomes qu'on observe a la visile du lendeniain (21 fevrier) : les traits de la face sont tiivs a droitc. Tout le mouvement est paralyse a gauche; le sentiment est conserve partout. L'wil gauclic ne se iermc qirimparfaiiement ; le malade ne pout sii'ller et fume la pipe, comme on di- ; pendant la masli- cation, les alimenls s'accumnlent entre les dents etla joue gauche. La parole et la deglutition sont lih.-es; il n'y a pas de deviation de la Incite nidela langue. On essaye la sensibilife gustative ties deux cotes de la langue avec du sel et de I'alnn : la sensation estinegaie, et beaucoup plus prononcee a droite qu'a gauche. L'etat gtMieral du malade est du reste excellent ; il a bon appetit, dorlbicn, n'a pas de cephalalgie, etc. On nc remarquc non plus aucune douleur ni au- cune contusion sur le trajetou a la sortie du nerf facial gauche. Des le 23 fevrier, tousles symptomes dela paralysie ci-dessusmentionnes s'amoindrirent et disparurent })rogressivement sous 1'influence des vesicatoires. Le 16 mars, le malade sortitde L'Holel-Dieu comple- tement gueri de son hemiplegie lacinle. OBSERVATIONS. 129 OBSERVATION VI. — Broson (Andre), age do quaranle-cinq ans, inacon. Le 2 ft inai 18ft3, a une heure, Ic inalade fit une chute sur la tete,de la hauteur d'un premier elage. II y cut pertede connais- sance, plaie sur le cote gauche de la tete, et ecoulement d'un peu de sang par 1'oteille du memo cote. Le malade, saigne aussitot apres sa chute, ftit immediatement transporte a I'hopital, et il ne recouvra sa conuaissance que le 25 mai, a six heures du matin. A la visile, on ohservales symplomes suivants : il y a paralysie du facial gauche, et le malade accuse unedouleur vive dans le cote gauche de la tele: M. le professeur Velpeau diagnosliqua une fracture du rochcr. L'elat grave du malade m'empecha de me livrer a un examen de- taille des symptoines de I'heraipl^gie faciale. Lcs jours suivants, sous ['influence d'un traitementconvenable, les accidents cerebraux avaient disparu, la plaie de la tete s'elait cicatrisee et la cephalalgie dissip6e ; mais la paraljsic du facial persistait loujours avec la meine intensite, et elle etait complete. A gauche, le front ne se plissail plus, les paupiercs ne pouvaient s'occlure; les traits etaient entraines h droite. La parole cst assez libre, la luette n'est pas deviee. Pen- dant la mastication, les aliments s'accumulent enlre la joue etles dents. La vue est conserv6e ; 1'ou'ie et 1'oclorat ne sont pas scnsible- ment alteres, mais il y a une inegalite remarquable pour la (justa- tion dans les deux cotes de la langue et seulement vers la partie anterieure. Si Ton place sur cet organe de 1'acide cilrique ou tar- trique en poudre, la saveur est promptcment sentie avec son caractere acide du cote droit, tandis qu'a gauche la saveur, plus lentement percue, cst affaiblie et le malade n'en reconnait pas exactement la nature. Malgre cctte inegalite dans la faculte gusiative, la surface de la langue offre partout le meme aspect; elle est egale- ment humectce dans tous les points, et la sensibilile tactile y cst aussi exquise a droite qu'a gauche. La paralysie faciale nc fut que peu amendee par 1'emploi des vesicatoires et du galvanisme, et le IZi juin 18/!t3, le malade voulnt sortir; il etait parfaitement re- tabli, quanta sa sante generale, mais non gueri de son hemiplegie faciale. ISO TARALYSIE PROFONDE DU NERF FACIAL. Dans toutes les observations precedentes , il y avail les phenomenes exterieurs de la paralysie du facial tres prononces en m6me temps qu'il y avait des lesions ca- racterisant une paralysie des rameaux profonds de ce nerf. Voici un autre cas dans lequel il y avait surtout , au contraire, predominance des symptomes internes de la paralysie du facial, tandis que les symptomes exterieurs etaient moins prononces. Si notre maniere de voir est exacte, et si les pheno- menes internes dependent du nerf de Wrisberg, on pourrait comprendre a la rigueur que les phenomenes interieurs existassent seuls en 1'absence des phenomenes exterieurs. Ce sont la des resultats qu'on peut obtenir chez les aiiiuiaux. Voici cette observation, que j'emprunte au memoire de mon ami, M. le docteur Davaine : OBSERVATION. — Dansle courant de 1'annee 1851, iM. le doc- teur Davaine fut consulle par M. X. .. La singularite et 1'obscurite du cas 1'engagerent a me montrer le malade. De sorle que j'ai pu cousiateravec M. Davaine les phenomenes dont je vais vous donner la relation. Voici d'abord une note qui a ete r^digee et remise par le malade, M. X... : J'ai trente-quatre ans, mon pere esttres sain ; ma mere jouissait aussi d'une bonne same, mais elle etait sujelte a un rhume presque constant. A part 1'afiection dont je parlerai, je suis tresbien portant et je n'ai jamais fait de grandes maladies; je u'en ai pas eu de syphi- litiquesjje n'ai euque deux gonorrhees tres benigiies, qui ont ete facilement gueries avant 1838, epoque ou ma maladie acluelle s'est declaree. OBSERVATIONS. 131 En avrii 1838, a Funiversite de Saint-Petersbourg, ou je i'aisais mes etudes, un jour en discourant j'eprouvai tout a coup, el c'est encore le cas aujourd'hui, une difficulte a parlor distinctement. Depuis lors j'ai toujours send que le siege du mal etait en arriere du nez, dans Fendroit ou les fosses nasales s'ouvrent dans le pharynx. Si un doigt pouvait y penetrer, je pourrais dire tres facilement : C'est ici ! neanmoins je n'ai jamais senti la moindre douleur. Voici les symptomes de mon mal : j'ai dit que le principal etait de ne pouvoir parler distinctement. Ceci s'applique surtout a de certaines lettres et combinaisons de syllabes; il rn'est surtout difficile de prononcer IX; cependant je parle tout a fait distinctement en commenca nl. Lorsque je parle beaucoup, je sons que les parties inalades s'irritent, je crache beaucoup, ot quand mon langage de- vient indistinct apres avoir parle qiiclque temps, jo le rends de nou- veau plusclairen expectorant, ne fut-ce qu'une fois. Plus ma maladie a empire", moins j'ai eu de rhumes, lesquels ofaienl tres frequents autrcfois; il m'arrive rarement de mo motichcr, en re- vanche j'etcrnue bien frequemment ct violemment. Je sens aussi sou vent une espece de paralysic do la langue, qui s'etend meine quekjuefois aux levres, dc fac<>n a nc pas pouvoir contenir Feau quand je me gargarise; en avalant les liquidos, il en sort quelquefois par le nez, si je suis uu pen penche en avant J'ai aussi de la difficulte a avaler, mais ceci a surlout empire depuis Fete de 1850; cela m'a fait contractor Fhabitude de macher tres soi- gneusement; mais souvent les plus petits morceaux, qui ne m'em- pechent nullement de respirer, s'arretent dans le gosier, et je bois alors de Feau pour les faire descend re. Ce symptome est fait pour impressionncr Fimagination, et il esi possible que j'avale mieux quand je n'y pensepas. II y a des 6poques, mais cela ne m'arrive qu'en me couchaut et avant de m'endormir, ou je sens le sang se porter a la tele. A moilie endormi, je in'eveille aussi quelquefois en sursaut ayant le sentiment que Fair manque, et il n'en est rien ; ceci ne date que de 1'annee 1849 ou 1850. Je souffre jusqu'a un certain degre de constipation, mais cela ne dure jamais plus de deux jours; c'esl un 132 PARALYSIE PROFONDE symptome tres variable. J'ai atissi quclquefois senti un rhuma- tisnic dans un des pieds, du rcstc tres pcu douloureux el passager. J'avais avant ma maladie une voix de tenor forte et liaule qui s'est perdue; j'ai aussi souflert un peu des yeux plus ou moins depuis. Je dois dire que tons ces symptomes soul tres variables, el quo souvent les uns empirent, landis que d'autres disparaissenl. II y a aussi des epoques ou j'etais presque corame tout a fait retabli, et elles out dure quatre a six mois, mais alors meme je n'aurais pu faire sans interruption unc lecture a haute voix de trois a quatre pages ; il est vrai que dans un mauvais ctat de sante, je puis a peine lire distinctemenl cinq a six lignes. Aucun cliinat n'a indue sur mon etat, et j'ai vecu a Pelersbourg, en tgypte, en Perse et en Portugal. J'ai remarque qu'un cms rliume me retablissait pour quntre a six semaines au moins. Telle a ete atissi rinfluence de grands voyages. J'etnis parfaitement bien porlant aussi longlemps qu'ils duraient, el 1'effel s'en faisail sentir encore six semaines a deux mois apres. J'ai ete unc fois violemrnent amoureux, et en conse- quence tout a fait bien porlant pendant plus d'une annee. En ge- neral, quandj'ai mcnG unc vie agilee et moiulaiiie, je me suismieux porte, tandis qu'une vie retiree a empire mon mal. Je m'en suis surtoul apercu pendant unc annee de deuil. J'ai aussi observe que mon elal erapirait considerablement en etc et plus particulierement dans les pays meridionaux, par exemple a Lisbonne et a Naples ; mais a part cela et malgre une observation constanle, jc n'aijamais pu d^couvrir les causes qui me font parler dislinclement aujour- d'hui, indistinctemenl demain et qui produisent meme des varia- tions d'un moment a 1'autre. Je dirai maintenant cc que j'ai fait en treize ans pour me guerir. 1838. Commencement de la maladie. Cautere au bras. Amelio- ration instantanee, mais qui n'a dure qu'autant quele caulere. 1839. Unpeu d'iode, mais comme essai seulement. Bains d'eau salee ct chaude a Jsc/il. Aucun effet. A \ienne, se declare mon mal syphililique, et Ton me fait faire la cure complete de mcrcure par voie de frottement. Pas d'eflet. DU NERF FACIAL. 133 1840. A Berlin, quatre semaines de salsepareille; puis, enet6, deux mois de curcd'eau froide. Meme ttat. A Paris, on me louche les parties malades avec la pierre infer- nule, deux fois par semaine, pendant quatre mois. Jeme portetout a fait bien, mais aussi longtemps seulement que dure cette opera- tion. Gilet de flanellc pendant huit mois. ISM. Cure d'eau froide pendant cinq mois. Je me rends ensuile a Naples ou je passe deux ans et dcmi. 1842. Cure de rob La/fecteur, quarantc jours, avec diete exacle- ment severe. Bums d'hchia; puis voyage de cinq mois en Orient, pendant lequel je me porte parfaitement bien. Depuis lors jusqu'en 1849, je n'ai rien fait pour ma sant£ ; mais jc me suis en general assez bien. porte, et j'ai meme pu me croire quelquefois tout a fait retabli, car c'est dans cette periode que torn- bent dc frequents et longs voyages, de meme quo la passion amou- reuse don t j'ai pa He. 1849. Monmal elant atlribue en panic a ma faussc circulation du sang, je pris en U TYMPAN pu entendre, nous avertit que nous perforons la mem- brane clu tyinpan en peneirant dans la caisse ; je coupe maintenanl la corde du tympan, ce qui arrache des cm a 1'animal, probablement a cause de la sensibilite des parois de 1'oreille moyenne. Nous allons maintenant melt re du vinaigre sur la langue de 1' animal. Si la secretion continue, il faudra chercher une autrevoie a la transmission de I'excitation motrice et nous avons dit qu'il en pourrait exister une, venant soit de la portion motrice de la cinquieme paire, soit de la septieme paire. Nous injectons maintenant le vinaigre dans la gueule du chien. Yoici une goutte de salive qui etait au bout du tube, mais cette goutle enlevee , il ne coule plus rien. Ce que nous observons ici prouve done que c'est la corde du tympan qui estla voie de transmission a la glande salivaire. La sensation produite sur la membrane muqueuse lin- guale par I'lnstillation du vinaigre est cependant encore transmise au cerveau par la cinquieme paire. mais elle ne peut plus 1'etre jusqu'a la glande. Un de mes anciens eleves, M. Yella (de Turin), a fait ici quelques experiences relatives a 1'influence de la cinquieme paire sur la se- cretion salivaire. Des tubes avaient ete fixes clans les con- duits parotidien et sous-maxillaire d'un chien. La cin- quieme paire etait ensuite coupee de ce c6te, puis apres on mettait clu vinaigre dans la gueule de l'animal. La cinquieme paire etant suppose 1'agent de transmission de la sensation, on pouvait penser que sa section em- DANS L'OHEILLE MOYEXXE. l/l9 pecherait 1'impression de se transmettre. Or la secretion continuait; elle etait seulement diminuee. Quese passsait-il done danscecas? — L'influence qui procluit 1'excretion de la salive suit la loi ordinaire d'un inouvement reflexe. Lorsqne la substance sapide est de- posee sur la langue chez un animal sain, 1'impression est transmise au cerveau par la cinquieme paire des deux cotes. Ce nerf etant coupe d'un seul cote, celui qui est intact reste 1'agent de transmission de la sensation gustative qui arrive ainsi an cerveau, centre qui la re- flechit en la transformant en action motrice. Vous avez souvent ici etc temoins de phenomenes re- flexesde lamoelle epiniere, offrant ranalogielapluspar- t'aite avecles phenomenes reflexes croisesque nous consi- elerons en ce moment. Lorsque, sur des grenouilles. nous avions coupe les racines posUh-ienres qui se rendaient a un membre, vous avez vu Tirritation du membre du cote oppose mettre en mouvement, non-seulement le membre irrite, mais aussi, et en mthne temps, celui dont les racines posterieures avaient etc coupees. Un autre exemple semblable d' action retlexe croisee se montre, lorsqueapres avoir coupe le nerf optiquc d'un cote, on en irrite le bout central, on produit des deux c6tes des mouvements reflexes de la pupille, contractions dont 1'agent actif de retour est un nei'f moteur. Ces fails renti'ent completement dans les vues que nous vous avons exposees dans la premiere partie de ce cours, a savoir que. tandis que les influences motrices restent locales, on voit toujours dans les actions reflexes une generalisation des reactions du sentiment. 150 EFFETS DE LA SECTION DE LA CORDE DU TYAIPAN Mais revenons a 1'exper-ience quo nous avons faite : la section tie la corde du lympan a du abolir.completement lasecriHion dela glandesous-maxillaire. Eneffet, dansce cason u'agit plus sur un des ncrfs qui portent 1' impres- sion au.cerveau, ou la sensation se generalise, mais bien sur le nerf qui rapporte du cervcau 1'excitation motricc essentiellement localisee, limitee. Lorsqu'on coupe le nerf lingual d'un cote, le lingual du cote oppose transmei au cerveau la sensation gustativc percue sur la languc ; cettc sensation, qui s'y generalise plus on moins, eveille la reaction du centre parliculier dans lequel elle vient retentir, reaction qui se reflechit sous forme d'excitation motrice dans les nerfs moteurs et la corde du tympan, qui sont sous la de'pendance du centre impressionne. Apres avoir, par la section de la corde du tympan, arrete la secretion de la glande maxillaire, nous galva- nisonsle bout peripherique du nerf que nous venous de couper, et la secretion vase produire sous cetle influence. Si nous avions voulu produire la secretion salivairc apres la section du lingual, et en agissant sur lui, c'est son bout central qn'il cut fallu exciter. La corde du tympan est done bien un nerf motenr. et c'est elle qui provoque la secretion de la glande sous- maxillaire. A cause de son importance, nous aliens encore repeter clevaut vous cette experience qui montre de la maniere la plus nette ce fait que je vous ai deja signale, a savoir que Taction des nerfs sur les glandes, sur les organcs (in'on regai'de comme charges de racconiplissement de phenomenes chimiques, est bien une action motrice. DANS L'OREILLL MOYENNE. 151 Nous n'avous pas encore etudie hi secretion paroti- diennc dans ses rapports avec le systeme nerveux. Nous allons en meme temps essayer d'etre renseigne's a cet egard; ou. an moins, acirconscrirele champ desrecher- ches expd'imentales propres a e'lucider cette question. Void un petit chien sur lequel nous avons, d'un c6te, mis a decouvert les conduits parotidien et sous-maxil- laire, dans chacun desquels nous avons engage un lube. Lorsque nous mettons du vinaigre dans la gueutedecet animal, vous voyez ([ue des deux tubes s'ecoule de la salive. On va vous faire passer cessalives. recueillies separement dans des verres de inontre, et vous pourrez voir, ainsi quejel'ai signale depuis longtemps, qu'elles ne se ressemblent pas du tout : dies sont il'imc con- sistance toute diflerente ; la salive parotidienne est par- faitement liquide, tandis (jiu; la salive sous-maxillaire se recommit a sa viscosite. Nous allons maintenant. sur ce chien. couperlacorde du tympan. Vous vcrrex. puisque nous 1'avons deja con- state a la suite de cette section, cesser la secretion sous- maxillaire. Quant a la secretion parotidienne, j'ignore ce qu'elle deviendra : je ne serais cependant pas eloigne de penser qu'elle continuera a s'etl'ectuer. Je ne vous decrirai pas de nouveau le procede ope- ratoire de la section de la corde du tympan que nous avons employe il n'y a (ju'un instant : nous faisons cette section en portant rinstrument dans la partie su- perieure de la caisse du tympan. Maintenant que cette section est faitc, nous mettons du vinaigre dans la gueule dc 1'animal. Auciiu ecoule- 152 EFFETS DL LA SECTION DE LA CORUE DU TYMPAN ment n'u lieu par le tube de la glande sous-maxillaire; la secretion parotidienne, au contraire. continue a couler com me avant 1'operation. Nous allons main tenant galvaniser la corde du tympan au-dessous du point ou elle a ete coupe'e : la secretion sous-maxillaire recommence. II vous est done encore prouve, par cette epreuve, que la corde du tympan est mi nerf moteur. La glande sous-maxillaire excrete done sons Tin- iluencede Texcitation de la cinquieme paire, mais cette influence est indirecte. L'excretion est directement su- bordonne'e a une action motrice : c'est cette action mo- trice qui est mise en jeu par 1' excitation sensitive. II n'y a done pas lieu de voir lit une action spe'ciale, specifique en quelque sorte, une deces influences mysterieusespar lesquelles cerlaines theories placent sous la de'pendance directe du systeme nerveux des actes dits vitaux. Nous y voyoiis. au contraire. le systeme nerveux agir d'une I'anjn uni forme, provoquer des phenomenes purement moteurs et exercer par ces phenomenes une action reelle ; quoique indirecte, sur les phenomenes chimiques qui appartiennent a im autre ordre de taits. a des actes vraiment vitaux analogues aux phenomenes du develop- pement organique. L'experience que nous \L-IIUIISJ de t'aire ne nous per- met pas d'attribuer a la corde du tympan rintluence motrice qui produit I'ecoulenlent de la salive paroti- dienne. La glande sous-maxillaire a done avec 1'appareil gusiatif des connexions plus intimes que la parotide. La secretion parotidienne intervient dans des phenomenes DANS L ORE1LLE MOYENNE. 153 d'une autre nature : elle se rattache plus specialement a Tacte cle la mastication. Quel est le nerf qui preside a 1' excretion du liquide parotidien? — Jusqu'ici on n'a fait pour le voir aucune experience directe. La question est d'abord de savoir si 1'excretion du liquide parotidien est sous la dependance des nerfs faciaux superficiels oudes nerfs profouds. Est- elle due a l'intervention du facial qui preside aux mouve- ments superficiels de la face? Est-elle due a 1'action du nerf intermediaire de Wrisberg qui, analogue an nerf grand sympathique de la face , viendrait clonner le moLivement aux parties profondes de cette region? Nous savons que c'est ce nerf profond qui agit sur les membranes muqueuses, sur les glandes: il estle nerf des mouvements organiques. tandis que le facial superficiel est le nerf des mouvements de relation, d'expression. Vous savez qne la glande parotide est traversee par le tronc du facial. Les anatomistes sont di vises sur la question de savoir sile facial, en la traversal) t, lui aban- donne quelques filets, on si elle recoit ses nerfs des ra- ineaux du grand sympatbique qui accompagnent les ra- meaux des arteres qui s'y distribuent. En presence de ces deux sources nerveuses possibles. L' experience seule peut prononcer d'une maniere se- rieuse, Pour le voir, il nous faudra mettre a nu le facial au sortir du trou stylo-mastoi'dieii , puis le couper a cet endroit.etnousconstateronsalorssi, sous rinfluenee des sensations gustativesetdes mouvements des machoires, la parotide ne secrete plus. Dansle cas ou il en serait ainsi. on devrait aclmettrc que le facial lui abandonne des filets, 15/1 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL Au cas contraire, il fauclrait chercher dans les nerfspro- foncls 1'agcnt determinant desa secretion. Void maintenant not re chien sur lequel on a mis le facial a decouvert an sortir dn tron stylo-masto'idien. Avant de couper ce nerf , pour juger de 1'influence qu'il pent exercer sur la secretion parotidienne, nous nous assurons encore, par nne instillation devinaigre dans lagueulede 1'animal, quecette secretion se faittresbien. Nous coupons maintenant le facial. Lescris que pousse 1'animal vous montrent ce que vous saviez deja, qu'au sortir du trou stylo-mastoi'dien le facial est sensible. Une arteriole a ete coupee qui nous donne du sang; on en fait la ligature. Le facial est bien coupe; Tanimal ne pent plus fermer 1'a'il; tout ce c6te de la face est para- lyse du mouvement. En plarant du vinaigre sur la langue de ranimal, nous voyons que la secretion parotidienne continue toujours comme avant la section du nerf. L'influence nerveuse qui la tient sous sa dependance vient done des nerfs profonds. Nous chercherons ulterieurement a en preciser 1'origine, en experimental^ sur les ganglions du grand sympathique : nous essayerons si nous ferons cesser la secretion parotidienne par 1'ablation du ganglion oti([ue. En definitive, nous veuons de constater ici deux fails qui se re'sument ainsi : 1" La section de la cor tie du tympan dans roreille mnyenne fait cesser la secretion de la glande sous-maxil- laire. SUR LA StiCRtfTIOX SAL1VAIRE. 155 2° La section du facial, a sa sortie du mine, n'a pas fait ccsser la secretion parolidienne. Lorsqu'on detruit le facial a son origine dans le crane, experience quo nous avons faite plusicurs fois, on trouve que les secretions salivaire sous-maxillaire et parotidienne sont abolies. Le nerf facial agit done reellement snr les mouvemonts profonds comme sur les mouvements superficiels de la face. Cette derniere ac- tion, celle qu'il exerce snr les mouvements superficiels, appartient an facial proprement dit ; rinfluence sur les mouvements profonds appartient an nerf de Wrisberg, ainsi que nous I'avons deja dit. Les raisons a invoquer en faveur de cette maniere de voir, sont les suivantes : Lorsque attaquantle facial cbez un chien, par tin in- strument qui. introduitdans lacaisse du tympan, permet de detruire ce nerf dans le crane, les mouvements de la face sont abolis, les glandes sous-maxillaire et parotide ne secretent plus. Dans cette operation, le nerf acoustique est detruit anssi; mais nous verrons que celte lesion ne doit modi- fier en rien nos conclusions relativement aux secretions qui sont deversees dans lacavite buccale. Quand on coupe le facial an sortir du trou stylo- mastoi'dien. les monvements des muscles de la face sont abolis; les secretions continuent. C'est done aux filets qui se detacbent du facial pen- dant son trajet intra-cranien que les glandes doivent la propriete de sOcreter. L'experience qu'il faudrait faire pour resoudre defi- 156 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL nitivement la question par une epreuve directe, consis- terait a separer le facial clu nerf cle Wrisberg en detruisant le premier seulement. Nous verrions, en Tarrachant et respectant le nerf de Wrisberg, si 1' in- fluence que nous attribuons a ce dernier nerf persiste. L'experience n'est pas possible sur les chiens. Chez ces animaux, les deux nerfs sont trop etroitement unis pour qu'on puisse arracher 1'un d'eux seulement. Chez les lapins, la separation est possible, mais les pheno- nienes de la salivation sont trop obscurs, les conduits salivaires sont trop petits pour qu'on puisse facilement juger des modifications qui pourraient survenir dans leur production. C'est sur des chats que nous pourrions tenter 1'experience. Chez ces animaux. 1'avulsion clu facial n'entraine pas toujours necessairement celle du nerf de Wrisberg, et les conduits salivaires sont assez gros pour qu'on puisse y introduire des tubes. Nous avons commence tout a 1 heure une experience qui a du etre interrompue, et dont je vous rendrai eompte dans la prochaine lecon ; mais nous en avons fait une hier dont je vais vous exposer les resultats. Nous avons pris un chat et mis a decouvert les con- duits salivaires des deux cotes. Apres quoi, voulanl arracher le facial, nous 1'avons rompu a sa sortie du Iron stylo-mastoidien. Les glandes ont continue a se- creter sous rintluence des excitations sapides. De 1'autre cote, le nerf facial a ete arrache ; mais il ne 1'a pas ete seul et le nerf de Wrisberg a ete detruit en meme temps. Le nerf acoustique etait reste intact. Les choses se sont passees alors corame lorsque nous SUR LA StfCRtfTlON SALIVAIRE. 157 avions deiruit le facial dans le crane, avec le nerf acoustique; c'est-a-dire que toutes les secretions out et£ suspendues. En mettant a ce moment du vinaigre dans la gueule de I'animal, la salive coulait seulement du c6te ou le facial avait ete rompu au sortir du trou stvlo-masto'idien. V II semble done qu'on cloive admettre que du facial se detachent, pendant son trajet intra-cranien, des filets (corde dutympan, nerfs petreux ou autres?) qui se rendent aux glandes el determinant la secretion. Nous avons verifie 1'exactitiide de cette vue relative- merit a la glande sous-maxillaire, en montrant qu'elle cesse de seereter apres la section de la corde du tym- pan. II restait a faire la meme epreuve pour la glande parotide. Ici les inductions tireesde 1'analomie nous font com- pletement defaut. Nous savons ce qu'il fatidrait penser de 1'opinion qui fait provenir les nerfs parotidiensde la partie extra-cranienne du facial. Cette opinion, sur la- quelle les anatomistes n'etaient pas meme d'accord. vous avez dil y renoncer en voyant la glande continuer a secreter apr^s qu'on avait coupe le facial au point ou il sort du crane. Les nerfs de la parotide lui viennent done necessai- rement des filets qui emergent du facial clans le canal spiroi'de du temporal. Viendraient-ils du grand nerf petreux? — Messieurs, cela parait impossible a admettre apres une experience que nous avons faite et qui a consiste a enlever le gan- 158 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL glion do Meckel, ou ganglion spheno-palatin ; la parotide continual! a secreter. Nous nous trouvons aiusi conduit, par exclusion, a supposer que la secretion parotidienne est re-glee par le petit nerf pe'treux qui irait au ganglion otique. Cette hypothese suppose entre la parotide et le ganglion otique des communications que les anatomistes n'ont pas signalees, mais que la physiologic nous porte a ad- mettre. Si 1'ablation du ganglion otique ou du ganglion genicule tarissait la secretion parotidienne, notre hypo- these serait confirmee : c'est une experience que nous tenterons ultmeurement. Sauf ce detail relatif a la secretion parotidienne, nous avons done des a present des notions exactes stir 1'usage de la corde du tympan relativement a la glande sous- maxillaire. Des considerations dans lesquelles nous venous d'en- trer resulte un fait qui, an point de vue pathologique, n'est pas sans interest. Je veux parler de ['influence possible du systeme nerveux sur la persistance des fis- tules salrvaires. Yous savez que ces fistules gue'rissent tres difficile- ment chez rhomme, et que, meine dans les casheurenx, elles ne guerissent pas par le retablissement de la conti- nuite des voies salivairesnaturelles. II est aussi assez rare qu'elles guerissent de cette facon chez les animaux Que sur un chien, dont le facial est intact, on cree une fis- tule salivaire, elle donnera lieu a un ecoulement de salive. Qu'on fasse la meme operation sur un animal SUR LA S£CR£TION SALIVAIRE. 159 chez qui on auradetruit le facial on lacorde dutyinpan, la salivation n'aura pas lieu. Void, par exemple, un chien auquel nous avons pratique cles fistulas salivaires, apres quoi on lui a detruitle facial a son origine. L'ope"- ration remoiite a quelques jours ; la plaie ne donne pas d'ecoulement do salive ; elle est en voiede cicatrisation. Je ne sache pas que quelque chose d'analogue ait ete" observe chez 1'homme, et qu'on ait eu 1' occasion d'ob- server simultanement une iistule salivaire se tarissant par une paralysie profonde du facial. Dans les consequences que nous pouvons etre tentes de tirer des experiences qui vous out ete exposees, ou dont vous avez ete temoins, il ne faudrait peut-tMre pas etre trop exclusif pour le moment. II existe une proposition parfaitement exacte etd'une haute importance en physiologic, c'est que lorsque plu- sieurs nerfs de memo ordre se distribuent a un meine organe, c'est pour lui donner des influences variees et non pour y accumuler la me" me activite nerveuse. Les muscles qui, comme ceux du larynx, out des actions multiples, recoivent des nerfs moteurs de differentes sources. II en est de meme des glandes qui recoivent plusieurs nerfs et qui peuvent etre en rapport avec plu- sieurs phenomenes fonctionnels. Dansce cas,chaque in- fluence est apportee par des filets nerveux differents. C'est ce qui s'observe pour les glandes de la face. II ne faudrait done pas encore affirmer que tout se borne, dans les glandes, a ce queje vous ai signale jus- qu'ici. Ces glandes, apres la destruction du facial, nese"- cretent plus sous 1' influence des excitations venant de la 160 EFFETS DE LA SECTION DU NERF FACIAL houche ; quand le nerf de Wrisberg manque, les actions qui portent sur la cinquieme paire ne les font plus secre- ter : voilatoutce que nous sommes en droit d'affirmer. Est-ce a dire qu'elles ne puissent plus secre'ter sous I'influence d'excitations apportees d'ailleurs? — Nous, ne le savons pas; il est d'autres influences qui peuvent y e*veiller ce mode d'activite, influences moins connues, plus profondes, mais incontestables. Ces excitations viendraient, par exemple, de 1'esto- mac. II estdes animaux chez lesquels on en a constate plus specialement 1'effet apres 1'insalivation, et alors que le bol alimentaire est parvenu dans 1'estomac ou il excite la secretion gastrique. Ce phenomene parait trrs evident chez lecheval. En dehors des conditions normales, on voit frequern- ment un ptyalisme abondant uve que les mouvenients reflexes du voile du palais. pn-Ydqiies par Texcitation du glosso-pharyngien, son! en inirtie transmis par le nerf facial, les in ou Yemenis des piliers dece voile n'etant pasproduits par des filets appartenant a ce nerf. Le nerf intermediaire de WrishcrLj: nous donne encore le nerf petit petreux qui se rend au ganglion otique, et que nous avons suppose fournir a la glande parotide; enfin, le nerf petreux superieur qui va au ganglion spheno-palatin, que nous avons suppose sedistribuer aux glandules de la membrane muqueuse du nez. II nous a semble. en effet, que sur un chien, chez lequel nous avions enleve les deux ganglions spheno-palatins, il y avail eu ensuite par le nez un ecoulemenl s^reux ana- logue a celui du coryza, mais, ainsi que nous 1'avons deja dit, nous ne sommes pas, pour le moment, en etat de clonner des conclusions positives relativement a Tar- 180 MOUVEMKXTS T)E L\ FACE. lion de ces nerfs. et nous renvoyons leur tMude a celle de la portion cepbalique du grand sympathique auquel ils appartiennent. En attendant, nous resterons dans la meme incerti- tude relativement aux nerfs qui meuvent les muscles des osselets de 1'oui'e; proviennent-ils du nerfintermediaire de Wrisberg. et les muscles du marteau et de 1'etrier sont-ils an hues par ce nerf ? Ici, messieurs, se termine ce que nous avions a dire sur la paire nerveiise de la face, constitute, d"al)ord, par un element sensitif, qui estla grosse portion do la cinquieme paire; puis par un element moteur, constitup principa- lement par la portion extra-craniemic du nerf facial etla petite portion de la cinquieme paire; enfin. par un ele- ment sympathique que representerait la portion intra- cranienne du facial on le nerf intermecliaire de Wrisberg. Nous avons vu que la section de I'tMement sensitif amenait ici des lesions de nutrition tres caracteristiques. A la face nous retrouvons, entre les phenomemes mo- teurs et sensitifs. la meme independance que dans les racines rachidieilnes. Toutefois, nous avons signale, a propos des racines racbidiennes, une influence tres re- marquable des nerfs de sentiment sur les nerfs de mou- vement ; a tel point que les mouvements volontaires ne semblaient plus s'executer dans un membre prive com- pletement de sensibilite. Nous avons du nous poser la meme question relativement a 1'influence qu'exerce la perte de sensibility de la face sur les mouvements vo- lontaires de cette partie. On voit, en etfet, qu'apres la section de la cinquieme paire et la perte de la sensibility, EXPERIENCES. 181 qui en est la consequence, la paupiere reste immobile et n'est le siege d'aucun mouvement volontaire. La joue parait etre de merne ; elle est comnie flasque et sans mouvement. II y a neanmoins un mouvement de la face qui con- tinue toujours apres la section de la cinquieme paire et qui a contiuuellement suffi a faire penser que les mouvements du facial etaient inalteres d'une ma- niere complete a la suite de cette section. Ces mouve- ments sont ceux des narines qui persistent, en effet, d'une maniere tres evidente apres la section de la cin- quieme paire. Toutefois, il taut remarquer que lorsque cette cinquieme paire est coupee, le facial recoit encore des anastomoses sensitives d'autres nerfs, tels que du plexus cervical superficial, unpeu du glosso-pharyngien et particulierement du nerf vague qui, ainsi que nous nous en sommes assure experimentalement, fournit dans 1'aqueduc de Fallope la sensibility au tronc du facial. Nous avons voulu voir si la persistance des mouve- ments de la narine, du cote ou la cinquieme paire avaitete coupee, n'etait pas due a la persistance de cette anasto- mose; nous avons, par consequent, tente sa section par un procede qui consiste a inciser verticalement la por- tion du temporal iniermediaire a 1'aqueduc de Fallope et au Iron dechire posterieur, incision dont la direction coupe transversalement celle du filet anastomotique. Quoique apres cette section il n'y eut pas abolition complete de ces mouvements respiratoires , neanmoins on ne peut s'emp^cherde reconnattre qu'il y a line in- fluence evidente exercee par la section de cette anas- 182 MOUVEMKNTS i)U NEZ. I tornose sur les mouveuieiits rospiratoires lies Marines. Nous avons vu e'galement, qu'en galvanisant le pneu- mogastrique dans le crane chez le chieu et chez le cheval, on obtenait clans les narines et dans les oreilles des mouvements tout a fait caracteristiques, qui sem- blaicnt se trunsmettre par I'intermediaire de cette anastomose qui parattrait ainsi etre mixte, c'est-a-dire sensitive et motrice. On pourrait nienie penser qu'il entre clans la consti- tution de cette anastomose des filets sympathiques, car, dans le point meine d'ou emane ce filet, le pneumogas- trique forme un coude pour s'inflcchir en has et c'est sur la convexite de ce coude que setrouve un ganglion qu'on pourrait appeler ganglion genicule du vague, qui donne naissance an filet que nous examinons en ce moment. Nous allons vous faire connaitm les experiences cjue nous avons faites sur cette singuliere inlluence du pneu- mogastrique sur les mouvements de la uarine ; plustard, nous aurons encore occasion de revenir sur cette anas- tomose au sujet du pneumogastrique : Exp. — Sur un lapin de forte taille, on coupa la cin- quieme paire du c6te gauche. Les phenomenes ordi- naires survinrent : la sensibilite disparut dans tout le c6te correspondant de la face. On fit alors la section de 1'anastomose du vague dans le rocher. Apres cette double operation, on examina la narine gauche de Tanimal : elle paraissait immobile .et elargie; du cote oppose, la mobilite de la narine ptait parfaite. Lorsqu'on comprimaitlatracheede ranimal, les mou- EXPERIENCES. vements apparaissaient Ires forts dans les deux narines ; inais la narine gauche paraissail se dilater uu peu diffe- remmenl, el surloul aux depensde lademi-circonference inferieure. Le lendemain, Familial elail bien portanl, la cornee n'etait pas encore opaque, mais 1'ceil etait chassieux , la conjonclive injeclee el la pupille forlemenl contractee. L'animal elail dans le meme elal que la veille, quant aux niouveinenls des narines. On enleva alors le ganglion cervical superieur du cdte gauche : celte operation nouvelle n'apporta Hen de parliculier dans les mouvemeiits de la narine qui. a peine visibles quand ranimal etait Iranquille. apparais- saient Ires evidenls quand on genail la respiralion en comprimanl la Irachee. II y avail quelques fremissements musculaires dans la levre du cote gauche, fremissemenls qui seniblaient augmented lorsqu'on pincait du meme c6te nne partie sensible, 1'oreille. par exemple. Le surlendemain, U juin, onobservales inemes phe- nomenes; seulemenl la cornee etail plus alleree el coin- mencait a se ramollir. II y avail toujours des fremisse- menls musculaires dans la levre superieure gauche; ce jour meme ranimal mourut. A Faulopsie, on trouva que le facial etail intact dans toul son Irajel dans le canal spiroi'de. L'anastomose enlre le facial el le pneumogaslrique paraissail avoir ele bien coupee. Les poumons etaient gorges de sang. 11 y avail un peu de liquide transparent dans le pericarde. La cinquieme paire avail ele bien coupee. 18/J MOU YEMENI'S Dl NE/. Exp. — Sur un jeune lapin, on fit a gauche la section de Tanastomose du pneumogastrique avec le facial; les mouvemgnts de l;i narine du cote correspondant disparaissaient quand ranimal etait tranquille, pour reparaltre quand ongenait la respiration en comprimant la trachee. On enleva le ganglion cervical superieur. Ce ganglion, pince etlacere, nedonnait lieu a aucune manifestation de douleur; il y cut sculemcnt indice de sensibilite lurs- qu'on 1'extirpa. Cette operation n'apporta pas de mani- festation sensible dans les mouvements respiratoires. On nota du cote de I'tri! les phenomeues ordinaires. On opera ensuite la section des branches superficielles du plexus cervical du meme cote; celte section IK; nioditia pas les mouvements des narines. Enfin, on opera la section de la cinquieme paire du meme c6te et on produisit un epanchement qui amena la mort de ranimal. Exp. — Sur un lapin de forte taille, on fit a droite la section de 1'anastomose du pneumogastrique et du fa- cial. A la suite de Toperation, les mouvements de la narine furent dummies quand ranimal rtait calme et reprenaient de leur energie quand la respiration de ranimal etait genee. On fit ensuite la section de la cin- quieme paire du cote droit, mais le facial paraissait avoir ete blesse en m^me temps, et non-seuleinent les mouvements de la narine cesserent tout a fait, mais aussi presque completement ceux de la face et de 1'ceil. Le 22 juiu, Irois jours apres, ranimal ne mangeait plus et sa respiration paraissait etre devenue difficile. La EXPERIENCES. 185 cornee etait tres alteree et formait une espece de cham- pignon considerable, blanchatre. II y avail, sans qu'on sut pourquoi, un oedeme considerable de 1'oreille gauche ; cette oreille avail perdu sa sensibilite . tandis que 1'oreille droite, qui nY-tait pas cedeniatiee, avait con- serve la sienne. On fit alors la section de la cinquieme paire a gau- che ; lesmouvements de la narine n'etaient pas sensible- inent modifies. On essaya ensuite de faire la section du pneumogastrique dans le crane et 1'animal mourut. A 1'autopsie, on trouva que la cinquieme paire avait etc bien coupee des deux c6les; le facial etait broye et contus a droite, tandis qu'il etait parfaiteiucnt intact a gauche. Exp. — Sur un gros lapin. on fit ['ablation du gan- glion cervical superieur du cote gauche. L'extirpatiou de ce ganglion ne detennina aucune manifestation de douleur. Aussitot up res roperation, on constata du cote de Toeil les phenomenesordinaires. On fit ensuite I'ablation du ganglion cervical infe- rieur. L'extirpation et le tirailloment de ce ganglion donnerent des signes de douleur tres evidents. Apres cette double operation, l'o?il gauche, dont la pupille etait contractee, paraissait larmoyant et plus humidequecelui ducote oppose. On examina avec soin si le mouvement dc la narine avait subi quelque modi- fication ; il etait tresdifficilede s'en rendre compte. Le lendemain, 3 juillet, 1'animal paraissait triste. On constata que rouverture pupillaire et 1'ouverture palpe- 18G MOUVKMEMTS 1>U NEZ. brale gauche etaient plus petites qua celles du cote op- pose ; la narine paraissait peut-etre un pen moins dilatable a gauche. On coupa alors la cinquienie paire du c6te gauche: 1' animal mourut pendant Tpperati on ; et on observace fait singulier que les rnouvements do la face et de la narine cxistaient encore du cote gauche lorsqu'ils avaient cesse completeinent du cote droit, 1'auimal etant inou- rant. A I'autopsie, on trouva un pen de serosite dans le pericarde. Le lobe supe'rieur du poiunon gauche etait altere, comme infiltre de sang et son tissu allait au fond del'eau. Lepoumon droit n'elail pas alteresensiblemeut. Exp. -Sur uii jeune lapin, on fit ;i droite 1'ablation du ganglion cervical superieur. II n'y eut pas dedouleur manifested quand on pincale ganglion ; il yeut unelegere douleur lorsqu'ou 1'arracha. II se produisit line hemor- ragie arterielle abondante au moment de 1'avulsion du ganglion; 1'h^morrhagie s'arreta bientot et 1'aninial revint a lui. quoique affaibli par I'hemorrhagie. Examine aussitdt apres 1'operation, ce lapin presentait une diminution notable del'ouverturepalpebrale droite ; la paupiere inferieure seniblait evideminentrelevee; la pupil le etait retrecie et deformee : elle presentait son pi us grand diametre dans le sens vertical, comme celle des chats. II y avait une diminution semblable dans 1'inten- sitt3 des mouvements respiratoires delanarine droite ; ces mouvements revenaient quand la respiration etait genee, maisla narine droite paraissait tout a fait moins dilatable du c6te oppose. Une heure apres I'operation, les memes EXPERIENCES. 187 phenomenes existaient; Tceil droit paraissait etre un peu plus humide que le gauche ; les mouvements de la narine elaient faibles : elle elail le siege d'un fremisse- ment. Cinq heures apres 1'ablation du ganglion cervical superieur, on coupa la cinquieme paire du merne c6te a droite. Au moment de 1'operation, 1'animal elanl agile", il y avail des mouvements respiraloires violents dans les deux narines ; mais, peu a peu, 1'animal redeve- uant calnie, ces mouvements respiraloires cessaient d'etre apparenls dans la narine droite. Au moment de la section de la cinquieme paire, la pupille droite etait excessivement contracted, etl'oeildeviiit saillanl comme a 1'ordinaire. II y eut insensibilite complete de loute la face a droite. Une heure apres la section de la cinquieme paire, la pupille droite avail repris la forme elliplique verlicale qu'elle avail avail t la seclion de la cinquieme paire et apres 1'ablation du ganglion cervical superieur. Le globe oculaire droit paraissait mou el flasque; les mouvements respiratoires elaient a peu pres mils a droite, dans les in- spirations ordinaires, elnese manifestaienl evidemmenl que dans les inspirations forn'rs. Lelendemain. 8 juillet, 1'animal elail a peu pres dans le meme elal. Les deux pupilles semblaient presque egaleinenl dilalees. Les mouvements dela narine droite etaienl faibles dans les inspirations ordinaires, plus pro- nonces dans les fortes inspirations; les traits etaient lires a gauche. L'oiil droiletailchassieuxelplus humide que dans les sections ordinaires de la cinquieme paire; la 188 MOUVEMENTS DU NEZ. cornee etait peu alteree , seulement il y avait vers le centre un faible commencement d'opacite. On fit chez ce lapin 1' ablation bien complete du ganglion cervical inferieur. Quand on y toucha, I'aui- mal donna des signes evidents de douleur. Apres cette operation, les mouvements respiratoires qui se manifestaienf dans les deux narines e"taient un peu acceleres. Alorson fit la ligature de la trachee, a laquelle on pra- tiqua une ouverture au-dessous de cette ligature. A ce moment, les respirations furent accelere'es et a peu pres aussi fortes a droite qu'a gauche; mais peu a peu le calme se retablit et les mouvements de la narine droite redevinrent beaucoup plus faibles que ceux de la narine gauche. On observa alors ce fait singulier : si, 1'animal etant calme, on venait a eomprimer le cou au-dessus du point ou la trachee etait ouverte, les mouvements des narines et ceuxdu thorax se suspendaiejat comme si 1'animal etouf- fait, puis ils reprenaient avec une graiide rapid ite, comme chez un animal qui n'aurait pas eu d'ouverture a la trachee. L'oail droit, parfaitement insensible, n'etait ni opaque ni sec; en Texposant au soleil, ^1 se fermait presque completement. On fit alore la section du pneumogastrique a gau- che, ce qui n'amena aucun changement clans les mou- vements de la narine. On tua ensuite 1'animal par hemorrhagie en ouvrant la carotide gauche. Au moment de la mort, ranimal fit avec les narines des mouve- ments inspirateurs tres forts, bien que la trachee fut liee l-APKRIKNCES. ISO et ouverte nu-dessous tie la ligature, de tellc sorte que rair ne pouvait pas passer a t ravers ies narines. De la il resulte cvideimner.t que Ies mouvements respiratoires semblent etre sous la depeudance de nerfs dont 1'exci- tation motrico n'a pas son origine danslanarine me" me. On a, en outre, observe chez cc lapin que 1'alteration de la cinquieme paire paraissait plus lente apres I'ablation du ganglion cervical superieur et que la cornee, humide, restait plus transparente. Lorsqu'on exposait 1'oeil au soleil, il clignait plus Ibrtement; son ceil paraissait plus sensible a rintluence de la luniiere apres 1'ablatiou du ganglion. Exp. — Sur un jeune lapin, on fit d'abord I'ablation des deux ganglions cervicaux iniV'rieurs. On observa un retrecissement notable des pupilles, qui devint encore plus prononce a gauche, apres I'ablation du ganglion cervical superieur gauche, et qui donna a Touverture la forme allongee verlicalement. Aussitot apres roperation, Ies mouvements inspira- toires furent difficilesetlents; Ies deux yeux paraissaicnt pluspetits, la paupiere inferieure etait releveeet le globe oculaire comme enfonce; Ies deux pupilles etaient con- tractees, mais elles pouvaient encore se resserrer sous I'influence de la lumiere solaire; Ies mouvements res- piratoires etaient lents dans Ies narines et dans le thorax. Le ill juillet, Tanimalu'etait pas encore rnort, mais il etait triste. Les mouvements respiratoires des narines, tres lents, etaient genes; ils etaient plus forts a droite qu'a gauche. Les deux yeux etaient a demi ferni(3S et pen saillants. 190 MOUVEMENTS 1W NEZ. On fit alors la section de la cinquieme paire. Au moment meme de 1'ope ration, il y cut une agita- tion extreme dans la face ; il y eut meme des mouve- inents de clignotement repetes dans la paupiere gauche. De ce cote, la pupille etait beaucoup plus retrecie que du c6te oppose, et elle etait arrondie comme dans les cas de section de la cinquieme paire. Les globes ocu- laires par u rent plus petits, comme s'il y avait eu eva- poration des milieux de l'ceil. L'animal inourut des suites immediates de 1'opera- tion. Exp. — On fit la section de 1'anastomose du facial et du pneumogastrique des deux cotes, sur un lapin. Apres cette double operation, il y eut, comme a Tor-- dinaire, diminution dans les mouvements respiratoires de la narine quand I'auimal etait calme; mais ces mou- venients differaient peu de ce qu'ils etaient a 1'etat nor- mal , lorsqif il etait excite et que sa respiration etait acceleree. L'animal portait bas les deux oreilles. Le 20 juillet, il etait dans le meme etat. II y avait une petite diminution, une modification legere des mou- vements respiratoires des narines mais non abolition. Alors, sur ce lapin. on fit la section de la cin- quieme paire u gauche. Au moment de reparation, I'excitation causee par la douleur determina des mou- vements dans les narines, qui parurent moins forts du cote gauche. Bieniot ranimal toniba dans un coma du a une hemorrhagie acciclentelle produite par 1'ope- ration , et , dans cet etat, il ve'cut encore cinquante- deux minutes, sans uonner aucun mouvement des EXPERIENCES. 191 narines. Settlement, lorsqu'on lui serrait la trachee, que la respiration se trouvait genee, il apparaissait des mou- vements tie dilatation dans les narines, peut-etre un peu plus faibles a gauche. Quand on coupa la peau, 1'ani- mal poussa des cris et les mouvements respiratbires augmenterent. On decouvrit 1'artere carotide droite qui contenaitdu sang rutilant. malgre la lenteur dela respi- ration. On detruisit alorsle nerf pneumogastrique droit, qui etait tres sensible a la partie snpe rieure du cou,et on observa ce fait singulier, que la narine droite. qui etait fermee et sans motivement pendant lerepos, resta, apres la section du nerf. ouverte, dilatee, et n'etait le siege d'aucun mouvenient. excepte dans les respirations for- ce" PS. On coupa le pneumogastrique a gauche, et Ton observa le me'me ph^nomene de dilatation de la narine, inais moins fort que du c6te droit. Vingt minutes apres la section des pneumogastriques, le sang etait toujours rouge dans les deux arteres carotides. On ope'ra alors la section de la deuxierne paire cervi- cale et 1' extirpation du ganglion cervical superieur a gauche; mais 1'artere carotide ayant etc dechiree en arrachantle ganglion, il en resulta une hemorrhagie qui fit perir i'animal. Pendant qu'il inourut, le lapin iaisait des mouvemeiits respiratoirestres violents avec la narine droite, tandis que du c6te gauche la narine etait com- pletement immobile, ainsi que le reste de la face. Cette absence de mouvements pouvaitteuir a la destruction de Fartere de ce cote. A I'autopsie, on trouva que la cin- quieme paire gauche avait ete bieu coupee, et que le fa- cial de ce c6te etait intact; 1'anastomose du facial et du 192 MOUVF.MENTS Di; KE/. pneumogastrique avait ete contusionne'e sans etre entie- rement coupee ; a clroite, cette anastomose paraissait a pen pres entierement menagee. Exp. — Stir un lapin, j'ai coupe du cote gauche la cinquiemepaire dans le crane, et, du cote droit, le facial a sa sortie du trou mastoidien. II y eut insensibiiite, qui survint aussitdt avec les phenomenes ordinal res de la section de la cinquieme pal re du cote gauche, tnndis qu'a la droite, il y eut immobility des traits : quaud on touchait Fceil gauche, il ne clignait pas, parce qu'il etait insensible, et le globe oculaire ne se mouvait pas. Quand on louchait la cornee droite, Fanimal le sentait tres bien, faisait des mouvements avecle globe oculaire et sa troisieme paupiere, mais ne pouvalt pas cligner avec ses paupieres qui etaient inimobiles et ouvertes. II est a remarquer que I'attouchement de Fceil droit sensible ne determinait pas de clignement du cote gauche insen- sible. Le lendemain, viugt-quatre heures apres Foperation, 1'oeil gauche presentait sa cornee blanchatre, depolie, terne; la pupille elait retrecie et 1'iris comme fletri et bombeen avant. Du cote droit. au contraire, 1'ceil qui etait egalement reste expose a Fair presentait une cornee transparente, luisante, sansaucune alteration. Lorsqu'on fit mouvoir la tete de F animal, les globes oculaires paraissaient se mouvoir egalement a droite et a gauche. Lorsqu'il mangeait , la machoire inferieure etait entrainee du cote droit, de sorte qu'il en resulta un de- faut de parallelisme entre les dents incisives. Lorsque EXPERIENCES. '193 rai)iinahuangeadcravoine,illabroyaitencoreassezbieii; mais les fragments restaient eutre les dents et les joues. Du cote gauche, ou il y avail insensibilite, a cause de la section de la cinquieme paire, les aliments s'accumu- laient en plus graude quantite et faisaient une petite tumeur sous la joue, tanclis quo du cote droit, ou la sensibilite existait, 1'animal essayail constammeut, avec sa langue, de retirer les aliments qui s'accumulaient en plus petite quantite eutre les dents et la joue. En operant la section du nerf facial, on avail blesse la glande parotide et ilen etait resulte une listule salivaire qui laissait e'couler de la salive lors de la mastication l\ mars. — 11 etait survenu depuis la veille uu pheno mene singulier du cote des narines. Au moment de 1' operation, la narine droite etait complelement immobile, et la narine gauche se dilalait tres bien. Aujourd'hui, la narine gauche offre a peine quelques le'gers mouvements dans le lobe du nez au mo- ment de 1'expiration; on ify remarque pas de mouve- ment de dilatation au moment de 1' inspiration. Le 5 mars, Tanimal est toujours vivant .; il mange bien, et les aliments restent accumules eutre les arcades den- taires et les joues, surtout du cote gauche. Les narines sont toujours immobiles. La cornee du cote gauche est blanche en totalite et commence a seramollir. La cornee du cote droit est parfaitement limpide et transparente ; 1'animal mange tres bien , seulement en usant d'un artilice particulier : lorsqu'il prend mi grain d'avoine avec les dents, il le laisse d'abord echapper, parce que la moitie sensible de ses levres etant immobile ne B. , SYST. NERV. — n. 13 19/1 MOITVEMENT DE LA NARINE . pent retenir 1'aliment dans la bouche, tandis qu'a gauche les levres mobiles etant insensibles ne le sentent pas H rie le retiennent pas non plus. C'estalors que r animal, apres avoir saisi le grain entrn les dents , levail la tete pour le faire tomber en arriere sous les dents molaires. Le 0 mars, le lapin parait malade, la cornee est Ires alteree et seche; il y a un ecoulement sereux par la narine du cote de la section de la cinquieme paire ; les narines sont ton jours immobiles; 1'animal meurt pen- dant la journee. L'autopsie niontre que la cinquinn^ paire a bien etc coupee a gauche sans que le facial ail ete lese de cecote; seuleinent, ['instrument a penetre profondement et les nerfs pe'treux out duetre interesses. L'estomac contenait pen d'aliments parce (pie. bien que Faninial niangeat toujours. il ne niachait que tori inconq)letenient. Exp. — (5mars.)Surun lapin, on con pa d'abord du c6tecln)it le nerf facial dans la caisse, an niveau de la trosieme portion. L'aninialn'eprouvapasdedouleur;seu- leineni, lorsqu'on appuyait sur le facial, il y avail des inouveinents convulsifs dans la face. AussitiM apres la section du nerf facial, il y eut immobility des traits qui ftaient aplatis et tire's en arriere; cepbenomene. qui est I' in verse de ce qui a lieu chez rhomnie. in'a semble nepas se presenter lorsqu'on coupe lesraineaux du facial sur lajoue. II n'y avaitancun changement du cote de la pupille droite. On coupaaussitotla cinquieme paire du cole gauche; il y eut en meme temps saillie de 1'oeil, constriction ener- gique de la pupille avec apparence terne et fletrie de 1'iris. EXPERIENCES. 195 msensibilite de toutce cdte de la face, etc. Apres cette double operation, on constata que les traits etaient de- vies a droite ; la levre gauche etait abaissee et porte'e en avanl. tandis que la levre droite etait relevee, aplatie et porte'e en arriere. On constata avec soin que la narinc droite etait immobile, tandis que la narine gauche SP niouvail et se dilatait parfaitement bien. Le lendeniain, 6 mars, lelapinse portaitbien ; la con- jonctive oculaire etait injectee eu haut et en has; la eorne'e transparente etait devenue blanche, opaque, du centre a la cif conference. L'iris etait bombe en dehors. plisse, d'une couleur rougeatre t'oncee. ce ((ui u'avait pas lieu du c6te oppose. Quand on i'aisait mouvoir la tete de I'auiinal. on re- connaissait que le globe oculaire se mouvait des deux rotes ; la pupille gauche paraissait encore jouir d'une cei'- taiueiuol)ilite. La narine gauche se dilatait parfaitement hien et n'etait pas le siege d'un ecoulement. Le 7 mars, les meiues phenoinenes persistaienl : la conn-e gauche devenait de plus en plus opaque; TOM! flait lannovant et huniide : du cote droit il etait sain. V Les niouvements tie la narine gauche etaient toujours part'aitement intacts. 8 mars. — Menies phenoinenes, seulement plus pro- nonces; la cornee etait opaque, sans ulceration ; la con- jonctive, t'ortement injectee, surtout en haut et en has. oiTrait des ramifications vasculaires qui circonscrivaient la cornee a son union avec la sclerotique. L'oeil gauche etait moins humide que la veille ; 1'animal etait devenu languissant ; la narine se mouvait ton, jours. L'animal 19() MOUYEMliM DE LA XAR1NE. avail toujours pre'sente, depuis le commencement de Inexperience, Toreille haute du cote oil la cinquieme paire avait ete coupee, et basse du cote oppose oil 1'ou avail fait la section du facial. Le globe oculaire etait reste mobile a gauche, quand on provoquait des mouvemenls de latete. Sur ce lapin, on coupa alors la cinquieme paire du c6te droit oil le facial avait e'te divise precedemment. De sorte que le lapin of frail : section de la cinquieme paire des deux cotes, et section du facial a droite. Aussitot apres celle operation , le lapin presentait les phenomeiics suivants : l.,a l)ouche rlail ouverlc, et la machoire inlerieure pendante. Quand on placait le doigl entre les dents, le lapin ue leserrait pas. Quand Tanimal etait dans lela- boraloire, il se sauvail en evitant les obstacles et sans parailre aveugle, quoique la cornee fut opaque a gauche el la pupille forlemenl contraclee a droite, par suite de la section de la cinquieme paire. La narine droite se inouvait loujours dans les mouvements respiratoires. Trois heures apres 1'operation. on revit 1'animal qui presentait les memes phe'nomenes. Le lapin fut sacrifie, el 1'autopsie montra que les deux cinquiemes paires etaient bien coupees ainsi que le facial. On n'a pas verifie, pour les nerfs pe'lreux, atin de savoir si la persistance du mouvement de la narine gauche ne tenait pas a ce queces nerfs avaient ele menages, ou plutot a rintegrite du filet provenant du rameau de Jacobson qui, emanant du glosso-pharyngien , vient s'anaslomoser avec le nerf pe'lreux. EXPERIENCES, 197 Exp. — Sur un jeune lapin, on eoupa a gauche le facial dans la caisse clu tympan et on observa les pheno- menes ordinaires de cette section : absence de dilatation de la narine, impossibility d'occlnsion dn globe ocu- laire, etc. Alors je fis a droite la section de I'anastomose du pneumogastrique avec le facial, par un precede qui consiste a divisor verticalenient laparoi posterieurede la caisse du tympan cntrele facial ct le pneumogastrique. Aussit6t apres la section, les mouvements de 1'aile du nez de ce c6te cesserent. La narine se dilatait encore : mais cette dilatation avail lieu seulement par 1'abaisse- mentde la demi-circonference inferieure de la narine qui etait constitute par la levre. 11 if y avait plus de mou- venient appartenant an lobe du nez ; et cela se voyait d'autant mieux que, le facial ayant etc coupe de 1'auliv cote, le nez n'etait pas entraine. De sorte qu'on pouvait mieux juger de rinfluence de cette anastomose sur le mouvement de la narine. On coupa ensuite, sur lememe lapin, successivemenl la ciiKuiieme paire du cote droit et le plexus cervical superficiel, de maniere a rendre la face completemenl insensible ; on enleva enfin le ganglion cervical suptM-ifiir du cote droit, et on divisa I'anastomose du pneuinogas- trique et de Fbypoglosse. Apres tontes ces operations, il ivy avait rien en depreciable dans les monvements de la narine qui etaient peut-etre un pen plus atl'aiblis. mais ivavaient pas change de caractere. 11 aurait fallu, pour que 1'experience fut complete, couper la cinquieme paire dn cote oppose, parce qiu-, ainsi que nous le veri'ons dans iVautres circonstanees, 198 MOUVEMENTS DBS NARINES rinllnence de la sensibilite de la oinquieine paire non divisee pouvait parfaitement avoir une action sur les nionvenienis rdloxes , . puis les hemispheres cerebraux, et Ton peut voir t[ue la cinquieme paire a ete conpee, ([ue la section a ete bien complete. En avant de la section, nous trouvons un pen de tumefaction; nousexaminerons cette petite tumeur a\7ec soin pour voir s'il est possible de Texpliquer parqnelque mecanisme connn. Yous voyez aussi 1'alteralion de ro?ih La cornee ue tonne plusqu'une large cronte U'un blunc jannatre. 200 ORGANE BE LA VISION. Nous aliens 1'ouvrir et voir en quel etat soiit les milieux de 1'ceil qui sont les derniers a s'alterer. Ici I'humeur vitre'e et le cristallin n'ont pas perdu leur transpa- rence; 1" alteration, qui de 1'iris s'etend d'ordinaire an cristallin, n'a pas encore envahi celui-ci. Si done cet ceil etait perdu pour la vision, cela tenait uniquement a 1'alteration de la cornee qui formait un ecran opaque aii-devant des milieux restes suffisainment sains pour permettre aux impressions Inmineuses d'etre pereues par la retine. Yens pouvez en outre constater sur cette piece 1'obliquite des dents qui ne sont plus en rapport, ainsi que le developpement exagere des deux incisives qui out cesse d'etre usees contre les dents correspondantes. Cette derniere modification anatomique est surtout frappante lorsqu'on la compare a la disposition normale que presente cette autre tete de lapin, venant du lapin auquel nous avions coupe la septieme paire et que nous avons sacrifie hier. Apres vous avoir expose le role et la distribution physiologique des deux grands nerfs qui donnent a la face. 1'iin le mouvement, Fautre la sensihilite, nous passerons aujourd'hni a 1'examen d'uii certain nombre d'autre nerfs qui setrouvent groupes, en quelque sorte, aulour des nerfs speciaux des organes des sens. Dans la cavitr orbitaire, nous avons deja vu que la sensihilite generate etait sous la dependance de la cin- quieme paire ; que cette paire presidait aussi a des pbe- nomenes de nutrition. Nous savons encore que le facial exerce une influence sur lesmouvements exterieurs de 1'teil; qu'il donne le mouvement an muscle orbiculaire NERFS MOTKURS. des paupieres et determine ainsi Pocclusion de 1'organe visuel. Mais la ne se bornent pas les mouvements de 1'appareil do la vision, et trois autres nerfs moteurs s'y distribuont encore; ce sont : le nerf moteur oculaire commun, le nerf pathetique etle nerf moteur oculaire externe. L'histoire physiologique de ces nerfs est cx- tremement simple ; elle se resume toutentiere dansleur distribution anatomique. Le nerf moteur oculaire externe se rend an muscle droit externe du globe de 1'oeil. Lorsque le nerf est detruit, ce muscle est paralyse et il y a strabisme in- terne. Le nerf pathetique va an muscle grand oblique, qui preside a des mouvements de rotation de 1'oeit sur son axe. Les phenomenes consecutifs a sa paralysie n'ont rien de bien apparent, en raison meme de la nature de ces mouvements. Nous vous montrerons des animaux chez lesquels ces deux nerfs aurontete coupes separement, etvouspourrez ainsi juger de la nature des modifications qui survien- nent lorsqu'ils sont paralyses. Le nerf pathetique est remarquable par I'anastomose qu'il off're avec la cin- quieme paire (fig. 9). Le role du nerf moteur oculaire commun est beau- coup plus important; il preside a tons les autres mou- vements de Foeil. J'ai souvent detruit ce nerf dans le crane, en 1'arra- chant par un procede analogue ii celui que vous nous avez vu mettre en usage pour detruire la septieme on la buitu'ine paire. Inexperience n'a pas rtr faiteaujour- 202 NERF DE LA TROISIEME PAIRE ; d'hui faute d'uii instrument convenable. En attendant t jue cette experience soil execute ici, je vous rappellerai deux experiences qui vous montreront les modifications nmsmilives ;i ['extirpation dii la tro isieine paire (ncr FIG. 9 (1). uioteur oculaire commiiu). II y a simplement paralysie du mouvement des muscles auxquels ce nerf se distri- bue, sans aucune alteration de nutrition. Vous pouvez, d'apres cette simple indication, prevoir t|uels symptoines nous presentera 1'animal auquel nuns (1) Fit). 1. Xerf pathtiiq-ue che:, I'homme. - - \I , miisclo ^ra ubliqiie dans leqnel se distribne 1*^ nerf patluMiqne P, P ; — \. noil moteiir occulaire externe ; — 0, nerf optique ; — C, ner! nioleur occu- laire commun pr^sentant la, dans le sinus caverneux, un aspect grisair.- comme ganglionnaire ; — T, ironr de la cinquieme paire;— I, nerf maxillaire inf^riour ; — S, nerf inaxillaire siip^rieur ; — X, nerf 1'ronta SON ARRACHEMKNT. aurons enleve la troisieine paire. Tons les muscles etanl paralyses, excepte IP grand- oblique et le clroit. externe. ce dernier agira pour produire le strahisme externe. Eu memo temps, le relachemeut des autres muscles d roils et du petit oblique de IVjeil amenera uue saillie a- tlietique avec le frontal interne ; — F, nerfs fronlaux de. ia brnnche ophthalniique. Fig. 2. Nerf patht'tique cliez If lapin. -- M, muscle dans leqnel se distribuo le nerf P, I''; — A, A', anastomose du paihethique avec la branche frontale 0; — 0, branche froniale de la cinquieme paire: F, F' extn'-mite anterieure du nerf facial. 20/1 NERF DE LA TROISIEME PAIRE ; Au moment oil Ton pratiqua 1'operation, on touoha la branche ophtaalmique de la cinquieme paire, car r animal cria et sa pupillc se contracta violemment, en me" me temps que 1'ceil clevint saillant. Ancnne modifi- cation n'etait survenue dans 1'oeil oppose. Bient6t ce trouble cessa; et voicice qu'on observa sur 1'oeil gauche chez lequel la troisieme paire avait ete arrachee : 1° Strabisme externe de 1'oeil; 2° Immobilite complete du globe oculairc, except*; en dehors; 3° Chute de la paupiere interieure qui pouvait so fenncr davantage mais non se relever; h° Enfin, la sensibilite etait parfaitement conservee dans la face et dans toules les parties de 1'oeil ; 5° Enfin, il y avait une saillie du globe de 1'oeil plus considerable que du cote oppose. On observa qu'au moment de I' operation, il y avait eu une injection subite et passagere des vaisseaux irienset des vaisseaux de la conjonctive. Pour demontrer que les mouvements de 1'ceil n'exis- taient plus ({lie pour porter Foeil en dehors, voici com- ment on s'y prit : En exposant 1'ceil de 1'auimal a la lumicre, et en tournant la tete en dedans, on voyait que le globe ocu- laire tendait a se porter en dehors par de petits mou- vements; mais quand on tournait la tete en dehors, le globe oculaire restait completement immobile. Du cote sain, an contraire, le globe oculaire se por- tait en dedans imand on tournait la tete en dehors, et en dehors quand on tournait la tete en dedans. SON ARR\C11EMKNT. 205 Apres I'ablation lle n'est pas 11011 plus transmise par les autres 208 NEKF DE LA TROIS1EME PA1RE ; nerfs inoteurs de 1'oeil, comme le prouve 1'experience suivante : Exp. — Sur mi jeunelapin. j'ouvrisle crane, j'enlevai les lobes anterieurs d u cerveau, et je divisai les deux nerfs upfiques. L'aniraal etait alors completement aveugle, et les pupilles etaient largement dilutees et immobiles. Cepenclaut le globe oculaire avait conserve ses mouvements, que Ton rcndait inaniiestes en laisant tourner la tete de Taiiinnd. Le lapin etait toujours bien vivant, et la corne'e et la conjouctive avaient conserve paiiaitement leur sensibilite . Alors, du cote gauche, on cassa dans le crane le neii'de la troisieme paire. L'oeil devint saillant; il survint le strabisrae en dehors, la chute de la paupiere superieure, et tons les symptomes de la destruction de la troisieme paire. Au moment de la destruction du moteur oculaire commun, la pupille n'avait pas eprouve de changement; elle ne s' etait ni resserree ni dilatee. Alors, avec un petit crochet, je cassai le nerf pathetique dans le crane. II n'y cut rien de change du cote de la pupille ; seulement, les mouvements du globe de 1'oeil avaient toujours lieu en dedans, quand on faisait tourner la tU GLOBE UK 1/oWI, Lorsque les muscles du glol)e oculairo, animes par le moteur oculaire commun, viennent a se contracter, le globe oculaire, se retiraut dans le fond de 1'orbite, presse le pedicule cartilagineux de la troisi&me paupiere et la chasse en avant comme un noyau de cerise qu'on pres- serait entre les doigts. Cette propulsion de la base de la troisieme paupiere la porle au-devant de 1'ocil dont elle recouvre une partie plus ou moins grande suivant les animaux. Ici done, quoique le mouvement soil deter- mine par la troisieme paire, il 1'est d'une maniere me- canique et passive. Co qui le prouve, c'est qu'on peut le produire m^caniquement, meme chez 1'animal mort, lorsque avec le doigt on presse sur la cornee pour enfon- cer 1'ceil dans 1'orbite. Toutes les fois qne 1'oeil tend a s'enfoucer dans 1'orbite le meme phenomene a lieu : c'est ce que Ton voit, par exemple, apres la section du grand sympathique au cou, parce que cette operation entraine la retraction du globe oculaire dans le fond de 1'orbite. La galvanisation du nerf sympathique, en amenantle prolapsus de 1'ceil en clehors, fait rentrer la troisieme paupiere. L' action dela nicotine, en amenant la retraction violente du globe oculaire, produit la saillie de cette troisieme paupiere d'une maniere si forte qu'elle couvre completement la cornee trausparente, etque 1'animal en est comme aveugle. Quelquefois 1'animal semble mouvoir cette troisieme paupiere volontairement dans des mou- vements destines a remplacer le clignement ; mais c'est toujours par le meme mecanisme. C'est ce que nous avons vu tres nettement sur un chat, chez lequel les ET DE LA TROIS1EME PAUPIERE. deux nerfs faciaux avaient ele arraches. Lorsque cet animal se chauffait devant le feu, ne pouvant plus fer- mer les paupieres, comme les animaux le font habituel- lement, il faisait avancer au-devant de Foeil sa troi- sieme paupiere, seul organe de clignement dont il put faire usage. Le nerf pathetique, ou de la quatrieme paire, prend naissance de la valvule de Vienssens, pres des tubercules quadrijumeaux ; de la il vient contounier la petite cir- conference de la lente du cervelet, se loge dans le repli de la ilure-mere. puis dans la face externe du sinus caverneux, et penetre dans 1'orbite par la partie la plus interne de la fente sph&io'iclale, en croisant les nerfs optique, nioleur oculairc commun, et moteur oculaire externe, qui sont places au-dessous de lui. En ce point, le nerf pathetique se trouve superficiellement place a cote de la branche ophthalmique, et particulierement du nerf frontal interne avec lequel il sr anastomose en formant une anse, comme 1'indique la figure S. Apres ([uoi il va se rendre vers le milieu du ventre du muscle grand oblique dans lequel il se termiue. Ce nerf, par ses fonctions, est evidemment moteur ; mais il doit probablement, comme tous les nerfs de cet ordre, posseder une sensibilite recurrente. II serait vrai- semblablement possible, en agissantsur la portion iutra- cranienne de ce nerf, de verifier s'il possede la sensi- bilite recurrente : les anastomoses qui 1'unissent a la cinquieme paire font penser que c'est de la brancjie ophthalmique qu'il tiendrait la sensibilite recurrente. Nous devons ajouter que le nerf pathetique presente 222 NERFS MOTEURS encore une particularity reinarquable : il offre au ni- veau du sinus caverneux un aspect grisatre, gangli- forme. Le microscope serait necessaire pour decider si cette apparence est liee a 1'existence de cellules gan- glionnaires dans cette portion du nerf. Le nerf moteur oculaire externe ou nerf dela sixieme paire nait par deux racines, Fune provenant du pout de Varole, 1'autre delapyramideanterieure. Bient6t il pe- netre dans un orifice de la dure-mere, et vient se placer dans la paroi externe du sinus caverneux. De la il enlre dans 1'orbite, a cote du nerf moteur oculaire commun, et va se distributer dans lc muscle droit externe de 1'oeil. Ce nerf, dont les fonctions sont rnotrices, doit con- tracter des anastomoses avec la cinquieme paire dans le muscle droit externe, qui recoit des filets sensitifs de la cinquieme paire. Ce serait la la source de la sensibilite recurrente que 1'exigui'te du nerf rendra difficile a con- stater. En resume, le nerf moteur oculaire commun, le plus important des nerfs moteurs de 1'oeil, fournit, ainsi que nous 1'avons vu, a tous les muscles droits, rnoinsle droit externe, au petit oblique et au muscle releveur de la paupiere supefieure chez rhomuie. Chez les animaux, le bo3uf et le cheval, c'est le moteur oculaire externe qui fournit au muscle conolde. II y a chez le cameleon, a lapartie externe de 1'oeil, un autre groupede muscles qui recoit du nerf moteur oculaire externe. Le nerf moteur oculaire commun prend naissance a la partie interne des pedoncules du cerveau, d'une DU GLOBE OCULAIRE. masse grise que 1'examen microscopique a montre formee de cellules ganglionnaires motrices. Le nerf penetre dans un repli de la dure-mere, puis vient se placer sur le c6te du nerf optique, se divise en deux branches dont 1'une passe au-dessus, 1'autre au-dessous du nerf optique. La branche superieure se distribue au muscle ^releveur de la paupiere superieure, au droit superieur et au droit interne ; la branche inferieure se distribue aux muscles droit inferieur et petit oblique. Un des points les plus interessants de 1'histoire du nerf moteur oculaire commun, est la presence d'un ganglion sur le trajct de sa branche inferieure. On de- crit generalement ce ganglion, appele ganglion ophthal- mique, qui se trouve situe sur le cote cxterne du nerf optique, comme etant un ganglion du grand sympa- thique qui recoit sa racine motrice du nerf moteur ocu- laire commun par une anastomose qu'on appelle chez 1'homme la racine courte et grosse, anastomose qui se detache du nerf au moment ou il va fournir le filet qui se distribue dans le muscle droit inferieur. De plus, il communique avec le nerf nasal de la cinquieme paire par un rameau qu'on regarde comme sa racine sensi- tive, et qu'on appelle racine longue et grise. Nous nous sommes explique ailleurs relativement a la sensibility speciale que les nerfs ciliaires coinmuni- quent a 1'iris et a la cornee transparente, ainsi erne sur 1'iniluence qu'exercent ces nerfs sur la secretion des hu- meurs de 1'oeil. II parait bien evident que lasensibilite des nerfs ciliaires a pour point de depart lacinquieme paire. II s'agit ici d'examiner si la faculte motrice des nerfs MOUVJiMENTS DE LA I'll'II.LE. ciliaires provient exclusivement du nerf moteur oculaire commun. La plupartdesanatomistesradmettent, depuis Herbert Mayo, en se fondant sur le pretendu relache- meiit de la pupille apres la paralysie do la troisieme paire. Nous verrons toutefois que cette explication n'est pas satisfaisante, parce que les mouvements de la pu- pille ne cessent pas apres la destruction du nerf moteur oculaire commun, de la quatrienie, de lasixieme paires, et meme apres la destruction des nerfs optiques. II suffit alors de pincer la branche opbthalmique pour determi- ner une contraction tres violentede la pupille. Du reste, le volume du ganglion opbthalmique ne parait point en rapport avec Fintensite des mouvements de la pu- pille. Quant a 1'auastomose que le nerf moteur oculaire cominun contracte avec le ganglion opbthalmique, on pourrait anatomiquement plutot soutenir que c'est le ganglion qui fournit des filets au nerf moteur oculaire commun que de pretendre que c'est ce nerf qui lui en envoie. D'ailleurs la section du filet cervical du grand sympathique, de meme que sa galvanisation, produisent, coinnie nous le, verrons, des mouvements de la pupille, de maniere a faire penser que la faculte motrice de nerfs de 1'iris viendrait aussi de la region cilio-spinale de la moelle epiniere. La nature cles mouvements de la pupille est encore entouree aujourd'hui de la plusgrande obscurite, quelques auteurs regardant le tissu de 1'iris comme musculaire, lesautrespensantqu'il estconstitue non par des muscles, mais par un tissu vasculaire erectile. L'action du grand sympalhique sur la pupille, c'est-a-dire d'un nerf qui aait MOUVEMENTS DE LA PUFILLE. 225 spe'eialement sur les vaisseaux, serait t dans la these de M. Pressal. a, ' \ / FIG. 10 (l). La base dn crane de Marie Leinens a ete longtemps conservee ici. En voici iindessin sur lequel on pent voir (1) Fig. I. Partie anlerieure de la base du crdiic recrtue dela dure- mere. — a, parlie correspondante a la lame criblec de retlimo'ide ; on y voit de chaqne cote des series de petils portuis par oil penelrent des filaments celluleux el va^culaires tres delies ; — //, faux du cervean ; - c, sinus longitudinal inferienr ; — ddf, artere carolidc interne ; — e, by- pophyse ; — f, nerf de la cinqnienie paire. Fig. II. -- Meme base du crane qne precedeminent ;totiteslcs parties niolles ct la dare-mere out ete enlevees ; — a. trou borgne ; — 6, apo- DE NERFS OLFACTIFS. 233 que la lame criblee n'existe pas on plutot qu'elle ne pre- sente pas de trous (fig. 10). Void maintenant la figure dc la face inferieure du A FIG. 11 (1). cervean (fig. 11). D'un cute on a conserve les meninges et rle 1'autre cote elles out rte enlevees. Toutes les ori- pliysc crisla-galli tres pen developpe'e ; -- c, fossotte corresponclant ;i hi lame criblee de I'ethmoifde ; on ne voit pas do perinis pour les nerfs ollactifs; — NERFS OLFACTIFS. mais n'en percbiveht pas le fumet, qui n'ont pas con- science du bouquet d'un vin, etc. 11 semble qu'il y ait dans ces exemples combinaison de sensations gusta- lives avec des sensations olfactives ; la perception des aronies serait, en quelque sorte, ropuvred'un sensmixte. Se basant sur la perte de ce sens particulier -pendant un coryza intense, on s'est demande si chez les sujets qui soul d'une facon pennanente dans rimpossibilite experiences pour prouver que la cinquieme paire n'y prencl aucune part, Car, je le repete, les faits qu'on a invoques jusqu'ici ne sont pas suffisamment probants. Nous avons commence quelques experiences sur la des- truction des nerfs qui se rendent dans la membrane mu- queuse des fosses nasales. Nous avons delruit, d'une part, les branches de la cinquieme paire sur des chiens, et sur d'autres nous avons detruit les nerf olfactifs par un nou- veau precede, qui consiste a couper la partie ante'rieure des lobes cerebraux. Mais nos animaux ne sont pas encore suffisamment re'tablis de 1'operation pour que nous puis- sions faire 1'observation dans des conditionsconvenables. Nous les observerons et nous vous donnerons ulterieu- rement les resultals de ces observations. En attendant, comme le temps nous presse. nous allons passer aux nerfs des autres organes des sens. Le sens de la guslalion n'est pas exclusiveiiieut sous \ERFS. 239 rinfluence de la cinquieme paire. En eftet, la branche linguale qui vient de cette paire nerveuse ne se distri- bue que dans les deux tiers anterieurs de la langue. Dans la partie posterieure, la gustation est sous 1'in- tluence du nerf glosso-pharyngien. Toutefois, cette FIG. 12 (i). localisation n'est applicable qu'a 1'ensemble des tilets et n'est pas d'une rigueur absolue, car il y a des filets de la cinquieme paire qui se distribuent dans la region posterieure de la langue, et sur les piliers du voile du (1) Graeme du gout. (Figure emprtmte'e a la Nevrologie de MM.Lu- dovic Hirclifeld et Leveille). - - 1, grand hypoglosse; -- 2, branclic lingtiale du trijumeau ; — 3, brunche linguale du glosso-pharyngied; — /l, corde du lyiupan ;— 5, rameau lingual du facial qui, apres s'fitre anas- lamosc' avec le glosso-pliaryngieu, parvient a la langue ;— 7, plan ner- veux accompagnant Parterc linguale et sa division ; — 8, ganglion sous- maxillaire donnaut des ramifications a la glande sous-maxillaire ; — 11, anastomose du nerf lingual avec le grand hypoglosse ; — 12, nerf fa- cial; — 13, e"pidermc detache du dernie et de"jete en haul. NEKFS DL; GOUT. palais, de inline aussi qu'il existe un grand tilel ner- veux decnt par M. Lwlovic Hirschteld fig. 12), qui provient a la tbis du facial ct du glosso-pharyngien, el qui s'avanee jusqif a la pointe dc la langue. Nous n" avons rieu a ajouter sur la physiologic dcs ncrf's gustatifs, a cc qui cst connu depuis longtemps deja. Nous I'cinarijiicrons seulemcnt que le sens de la gustation offre ceci de particulier, qu'il cst erideinment sous I'influence de deux nerfs, le glosso-pharyngien et la cinquicnie paire. La cinquieme paire est done, d'aprcs cela. un ncrf inixte possedant toutes les proprictcs nerveuses co.nnues. II preside it la sensibilite generale par ses trois branches, et. de plus, par sa branehe inferieure, il pre- side au mouvciiient et a la sensibilitc speciale. On s'est demandc si dans la partie antcrieurc dc la langue la sensibility tactile et la sensibilitr speciale ctaient dctcr- ininces paries memes filets nerveux, ou bien s'il fallait considc'rcr le ncrf lingual connne possedant les deux ordres de fibres. C'cst Ki line question qifil est a pen prcs impossible de resoudrc expcrimentalement. Nous avons vu qifoutre la cinquieine paire, il y avail encore la corde du tympan qui agissait sur la gustation dans la partie antcrieure de la langue. Nous nous somnies expliquc sur son action, ct nous avons niontre cc qui peut survenir comme phenomenc isole conse'cutif a la section de ce filet nerveux. Toutefois il nous a semblc quelephenoincne ne devcnait surtout evident quelors- qu'on coupait la corde du lympan, aprcs sa sortie de 1'oreille inoyenne. On sait, en effet, que dans ce point la corde du tym- NhRFS DE I/OEIL. W2/| 1 pan contracte ties anastomoses avec cles filets du grand sympathique , qui accompagnent 1'artere meningee moyenne. Nous n'avons pas essaye si , en enlevanl le ganglion sous-nuixillaire, on obtiendrait les monies resultats. Chez le chien, ce ganglion est a peinc visible. IA>rgane de la gustation, comine tous les organes des sens, possede des nerfs inoteurs. Ces nerfs inoteurs sont le glosso-pharyngien. considers conime un nerf mixte, et plus specialement le nerf grand hypoglosse, qui est le nerf motetiressentiel de 1'organe. Nous n'avons rien a ajouter a ce qu'on sait sur les fonctions de ce nerf, si ce n'est que nous avons constate sa sensibilitt- recurrente, et vu qu'elle lui (Mail luurnie par la cin- quieme paire. De sorte qu'ici nous voyons que la cin- ([uieme paire tient sous sa dependance. non-seulemeiit le nerf facial, les nerfs moteurs de 1'oe-il, inais encore T hypoglosse. L'organe de 1'oui'e possede, comrne tous les organes des sens, trois especes de nerfs : 1° le nerf de sensation speciale, nerf acoustique, qui est bien evidennnent le nerf de Taudition, niais que M. Flourens a divise en deux, conside'rant la partie liinacienne comme la por- tion acoustique par excellence , et la portion vesiibu- laire comme presidant a des mouvements d'equilibra- tion de la UHe. En effet, quand on blesse les canaux demi-circulaires, on voitsurvenir dans la t6te des mou- vements de torsion qui persistent pendant un temps plus ou moins long. Nous produisons quelquefois cet efTet, lorsque voulant couper le facial dans le crane B., SYST. NEUV. — u. 16 NERFS DF LOEIL. nous venous a blesser les canaux demi-circulaires. L'appareil auditif recoil sa sensibilite generate du plexus cervical pour la peau de 1'oreille externe ; de la cinquieme paire et du pneumogastrique pour le conduit auditif; pour 1'oreille inoyenne et la tronipe d'Eustache, de la cinquieme paire et du glosso-pharyngien par le filet qui emane du ganglion d'Andersch. La sensibilite de 1'oreille moyenne et du conduit au- ditif n'est pasdouteuse. Quaud on pratique la section de la corde du tympan chez le chien, on trouve que 1'in- terieur du conduit auditif est doue d'une sensibilite vive due a la cinquieme paire. Le pneumogastrique fournit aussi au filet auriculaire que nous avons vu expe"- rimentalement etre tres sensible, lorsque nous 1'avons examine" avant et apres la jonction an facial dans le canal spiroi'de. Lorsqu'on agit sur le nerf auditif, le nerf de Wris- berg on le nerf facial, il est tres difficile de ne pas leser tous ces nerfs a la fois. 11 serait impossible par exemple, meme en operant sur de grosanimaux, sur des chevaux com me nous 1'avons fait, de couper isolement a leur en- tree dans le conduit auditif interne, le facial, Tacous- tique, ou le nerf de Wrisberg ; de facon qu'il est diffi- cile d'examiner I'influence que pourrait avoir sur le sens de 1'oui'e la soustraction des nerfs moteurs qui animent les muscles des osselets de 1'oreille. Nous avons pu ope- rer cette separation des nerfs par rarrachement qui permet d'enlever quelquefois le nerf facial seul, quelque- fois aussi avec lui le nerf intermediaire de Wrisberg; mais en respectant toujours le nerf acoustique. Or, nous \ERFS DE LOEIL. avons remarque, ainsi que le prouvent les experiences deja citees, qu'apres Tarrachement du nerf facial le sens cle 1'ou'ie n'est pas perdu. Toutefois, il serait impos- sible de dire s'il n'a pas ete modifie, parce que les ani- maux ne peuvent pas rendre compte de ce qu'ils eprou- vent. Nouspouvons remarquer cepenclant, en parcourant les observations prises chez rhomme, que la paralysie du rierf facial, lorsqu'elle n'est pas due a une lesion de I'oreille, n'entraine generalement pas d'alt^ration sen- sible dans le sens audit if. DIXIEME LECON. 10 JUIN 18o". SOMMAIRE: Nerf spinal. Son histoire pliysiologique ; Oalien , Willis, Scarpa , Cli. Bell, Bischoff. • - Anatomic clu nerf spinal chez riiomme et chez les animaux. — Propri^tes cln spinal. MESSIEURS , Nous avons sou vent repete que la distribution anato- miquc d'un nerf etant connue. la methode physiolo- gique experimentale qiTon einploie pour determiner ses usages consiste a le couper. Le nerf ainsi separe du cerveau ou de la moelle n'exerce plus son influence dans les parties du corps ou ses branches se ramifient. Les phenomenes auxquels il donnait lieu ne se produi- sent plus; en coustatant leur absence, on etablit par voie negative le role qui appartient au cordon nerveux. Si les fonctions du spinal sont restees longtemps inde- terminees, cela tienl uniquement a ce que ce nerfetait plus diHicilement accessiltle que beaucoup d'aulres au mode d' experimentation que je viens de rappeler. L'idee de detruire ses origines noinbreuses et d'aller les at- teindre au milieu du trajet bizarre qu'elles parcourent dansle canal rachidien, parait, au premier abord, d'une realisation presque impossible. Cependant cette expe- rience a ete tentee et executee dans ces derniers temps. Mais, les mutilations considerables qui accompagnaient I'op6ration entrainant toujours rapidement la mort des animaux, les experimentateurs n'ont pu etablir leurs NERF SPINAL. opinions que sur des phenomenes de courte duree, et consequemment incomplets. Les resultats obtenus au milieu de ces circonstances defavorables ne m'ont pas paru, ainsi qu'a beaucoup de physiologistes, suffisamment concluants, et on ne pou- vait en attribuer la faute qu'au procede experimental, qui etait defectuenx, car le sujet avait ete etudie avec autant de conscience que de savoir. J'ai entrepris autrefois des recherches a ce sujet, dans la pensee que si on trouvait le moyen de conserver la vie aux animaux, et cependant de detruire chez eux completement toutes lesorigines du spinal, le probleme serait resolu. Apres des epreuves longues et multipliers, j'ai enfin reussi a faire ce que n'avaient pas fait mes devanciers , a observer et a etudier pendant un temps considerable les troubles apportes aux fonctions des animaux aux- quels j'avais enlev«3 completement les nerfs spinaux ou accessoires dc Willis. J'ai pu en consequence presenter des faits nouveaux, qu'on trouvera, jel'espere, deduits d'une experimentation aussi rigourense que possible. Dans 1'expose des travaux qui ont ete entrepris pour arriver a etablir le r61e physiologique du nerf spinal, je passerai succinctement en revue les principals opinions emises jusqu'ii ce jour sur les fonctions de ce nerf. Je m'arreterai principalement au travail de Bischoff, et je discuterai avec soin cette doctrine actuellement re- gnante, d'apres laquelle on voudrait confondre le pneumogastrique et le spinal comme les deux racines d'une paire nerveuse rachidienne. L'importance de NKRF SPINAL. ceiie theorie et la celebrite qu'elle a acquise justifieront sans doute 1'etendue des developpements que je donnerai a son examen. Je vous rappellerai ensuite les recherches anatomiques et physiologiques a Taide desquelles j'ai determine les functions du spinal. Sous le rapport anatomique, je crois avoir ete conduit a des vues nouvelles, qui eclaire- ront et simplifieront les descriptions tres diverses et sou- vent confuses qu'on a donne'es sur les origines et la dis- tribution du nerf spinal. Sous le rapport physiologique, si j'insiste sur les precedes d'experiences qui me sont propres, c'est qu'ici plus que jamais les resultats depen- daientdes moyens d'analyse et d'experimentation. 1° WILLIS (1664). Galien n' avail sur le spinal que des connaissances fort incomplete, et il considerait ce nerf comme un rameau du pneumogastrique (6e paire de Galien). Willis le premier decrivit comme un nerf par- ticulier le spinal, auquel il reconnut une origine et une distribution distinctes de celles du pneumogastrique. II assigna egalement un r61e physiologique different a ces deux nerfs. W7illis signala parfaitement les origines du spinal a la moelle epiniere cervicale; il decrivit son trajet ascen- dant dans le canal vertebral et sa sortie du crane avec le pneumogastrique par le trou clechire posterieur. II in- sista sur les connexions que le nerf spinal offre dans le trou clechire posterieur avec le pneumogastrique, et il regardait deja cette anastomose comme un lien physio- logique entre les deux nerfs. « C'est dans ce point, dit- il, que le vague (on pneumogastrique! peut, a la faveur IHSTORIQUE. tl'iine elroite union, eonmiuniquer ses fibres, et. par suite, ses proprietes a 1'accessoire (ou spinal). » Or, voici comment Willis interpretait physiologique- ment cette union nerveuse. Suivant lui, le spinal etait un nerf moteur volontaire, qui remontait dans le crane et s'adjoignait au vague, non pour lui fournir, mais au contraire pour lui emprunter des fibres et par suite une influence motrice involontaire. D'ou il resultait, d'apres Willis , qu'independamment de sa verlu motrice vo- lontaire qu'il tirait de la moeile epiniere cervicale, le spinal possedait de plus, par cet emprunt de filets au vague, une faculte motrice involontaire acquise, qui lui permettait d'agir sympathiquement avec le pneuino- gastrique dans certains mouvements des passions se pas- sant dans le cou et dans le membre superieur. Puis 1'auteur supposait que c'etait afin de contractor cetle anastomose importante dans le trou dechire posterieur (jue le spinal ne de la moeile epiniere cervicale avec les nerfs volontaires etait oblige de remonter dans le crane et de parcourir un trajet si bizarre. Eufiu, Willis ajoutail qu'au moyen de cette anastomose nerveuse le spinal deveuait 1'auxiliaire ou, suivantson expression. Yacces- soire du pneumogastrique. Cet expose de la theorie de Willis sur les fonctions du spinal prouve clairement que cet auteur admettait que le pneumogastrique fournit une anastomose an nerf spi- nal, tandis (me Scarpa et tons les modernes admettent au contraire que c'est le pneumogastrique qui recoil une anastomose da spinal. Dans la deuxieme partie de ce travail, je prouverai que la description de Willis n'eii 2/|S XERF SPINAL. est pas nioins tres exacte, et que si elle differe de celle de Scarpa, cela tient uniquement a ce que ces deux au- teurs out delimite diffe"remment les origines du nerf spinal. 2° SCARPA (1788). Scarpa, commc Willis, chercha a expliijuer les fonctions du spinal parl'unionanatomique quo ce nerf offre avec le pneumogastrique. Seulement i! donna une description de cette anastomose tout op- posee a celle de Willis. Scarpa, en effet, a de'crit, sous le nom de brancke interne du spinal, un raineau consi- derable ({ue ce nerf envoie dans le tronc du vague an niveau du trou dechire posterieur, et il considerait deja cette anastomose coinme une sorte de ratine mot-rice fournie par la nioelle cervicale an nerf pneumogas- trique. Cette interpretation, qui fut adinise par Seem- merring, Arnold, etc., se retrouvera plus tard soutenue par Bischoff avec des developpements nouveaux. Coniine doctrine jmysiologitpie, Scarpa pensait que le nerf spinal (ou accessoire de Willis) ne s'insere si longuement dans le canal vertebral qu'afiu de porter au pneumogastrique ['influence nerveuse de toute cette etendue de la moelle. « Le uerf accessoire, dit-il, qui a la meme origine que les nerfs du bras, remonte dans le crane pour envoyer un raineau dans le vague ou pneumogastrique , et Her ainsi sympathiquement les mouvements qu'il regit a ceux du membre superieur et du con. » Bien que cette opinion semble se rapprocber de celle de Willis, en ce que le nerf spinal servirait a, etablir une relation sympatbique entre les mouvements de la respiration et ceux du bras et du cou, elle en dif- H1STOKIQUE. 2/|9 fere cepcndaut essentiellement quant an fond. Pour Willis , c'etait le pneumogastrique qui communiquait son influence an spinal, tandis que, pour Scarpa, c'etait au central re le spinal qui apportait au vague 1'influence de la moelle epiniere. Ces deux theories, au lieu de se confondre, sent done en pleine opposition. II nepouvait en etre autrement, puisque les deux auteurs ont base leurs explications sur le meme fait anatomique (!' anasto- mose du spinal et du vague) interprets d'une maniere tout opposee. o° CH. BELL (1821 ) . Tel etait 1'etat de la question sur les fonctions du spinal lorsque la decouverte de Ch. Bell et Magendie sur les usages des nerfs rachidiens vint doniier 1111 nouvel elan a la physiologic du systeme nerveux. Ch. Bell et Magendie, comme on salt, fu rent les premiers qui demontrerent expe'rinientalement la localisation des nerfs de sentiment dans les racines posterieures et celle des nerfs de mouvemcnt dans les racines anterieures de la moelle epiniere. Mais le phy- siologiste anglais subdivisa de plus les nerfs moteurs en deux ordres : les uns, moteurs volontaircs, lies exclusivement du faisceau anterieur de la moelle, et les autres presidant aux mouvements involontaires ou res- piratoires et prenant leur origine sur le faisceau medul- laire lateral. Dans cette derniere classe, il range le fa- cial, le glosso-pharyngien, le pneumogastrique, le spinal ou Yaccessoirc et Yhypoglosse. Toutes les recherches de Ch. Bell sur le spinal fureut faites dans le but de con- firmer sa theorie des nerfs respiratoires. Pour cet auteur, le spinal doit 6tre un nerf respira- 250 NEHF S1MN.M . toire, paree qu'il nail clu faisceau lateral tie la moelle epiniere, et c'est a ce litre, (lit Ch. Bell, qu'il va porter aux muscles stemo-mastoi'dien et trapeze une influence motrice involontaire en rapport avec les mouvemeuts normaux du thorax; et comme les muscles auxquels se dislribue le spinal ret-oivent encore des filets des ratines anterieures par le plexus cervical, il s'ensuit qu'ils pos- sedent a la fois une double faculte motrice, Tune volon- taire, Fautre involontaire. Cctte double source motrice expliquerait, d'apres Ch. Bell, comment dans certains cas d'hemiplegie, lorsque les mouvemeuts volontaires soul abolis, les muscles sterno-mastoi'dien et trapeze peuvent encore servir a la respiration en soulevant le thorax dans les grandes inspirations. Les opinions cle Willis et de Scarpa sur les fonctions du spinal furent, ainsi que nous 1'avons vu, de simples inductions anatomiques, tandis que Ch. Bell, et ensuite Shaw, qui aclopta sa maniere de voir sur le spinal, furent les deux premiers auteurs qui essayerent de ve- rifier leur theorie par la voie experimentale. L'experience suivante, qui est la principale, appar- tient a Ch. Bell. Sur uu ane, chez lequel les muscles de la respiration etaient en action, ce physiologiste coupa tous les filets du spinal qui se rendeut clans le sterno- masloi'dien. « Aussitot, dit-il, tous les monvements involontaires ou respiratoires cesserent dans ce muscle, tandis que 1'auimal pouvait encore s'en servir comme muscle volontaire. » J'ai repete cette experience sur des chiens, des chats et des lapins sans obtenir des resultats de la me" me nature. HISTOR1QUK. 251 que ceux qu'indique Ch. Bell. Quclques autres physiolo- gistes n'ont pas non plus reussi. Bischoff rapporte ega- lement deux experiences dans lesquelles il coupa sur des chieus les spinaux sur les c6tes de la moelle allongee : six semaines apres, la plaie du con etant guerie, il constata que les mouvements des sterno-mastoi'diens etaient Ires visibles quand on provoquait de grandes inspirations en comprirnant les narines de 1'auimal. En definitive., il demeure incontestable qu'en rese- quant lesnerfs spinaux on paralyse certains mouvements dans les muscles sterno-masto'i'dien ct trapeze. Mais, contre Topinion de Ch. Bell, il srinblerait plul6t qu'on abolit les mouvements non respiratoires , puisque nous avons vu ces mouvements persister sous la seule influence du plexus cervical. Du reste, Ch. Bell n'etablit pas assez nettcmcnt dans son rxwTience sa distinction entre les mouvements volontaires et respiratoires. Plus tard, nous aurons encore a revenirsur ces experiences de Ch. Bell, qui se rapportent uniquement, cornme on le voit, a la branche extcrne du spinal, et nullement au r61e fonc- tionnel de sa branche interne on portion anastomotique avec le pneumogastrique , qui avail au coutraire spe- cialement fixe ratteution de Willis et de Scarpa. k° BISCHOFF (1832). Depuis la de'couverte de Ch. Bell et Magendie, les etudes physiologiques poursuivies de tout c6te avec perseverance avaient suscite des re- cherches anatomiques plus minutieuses, qui avaient assis la doctrine de la separation des nerfs moteurs et sensitifs sur des preuves nouvelles. Comme tout systeme en faveur, celui-ci tendait de jour en jour a se genera- 252 NERF SHMAL. liser. Deja des travaux importants de Soemmerring , de Ch. Bell, d'Eschricht, etc., sur la cinquieme paireet sur le facial faisaient penser que Ton pourrait aussi, de meme que pour les paires rachidieimes, distinguer dans les nerfs craniens 1'element moteur de 1'element sensi- tif et par la les ramener a la meme systematisation. La jonction anatomique du pneumogastrique et du spinal semblait se preter a cette maniere de voir. Deja Goeres, en 1805, c'est-a-dire avant la decouverte des proprietes des nerfs rachidiens, avait dit qu'on pouvait comparer les origines du vague et de 1'accessoire aux deux racines d'une paire rachidienne. Gette vue, deja indiquee par Scarpa et plus tard partagee par Arnold et quelques atiatomistes , fut reprise par Bischoff, qui eut le merite de I'introduire dans la science. Get auteur, dans mi travail reinarquable, s'appuyant d'une part sur I'anatomie humaine et comparee, et d'autre part sur ^experimentation physiologique directe, verifia pleine- ment le theoreme de Gceres et avanca cette proposition absolue , que le pneumogastrique (nerf sensitif) et le spinal (nerf moteur) ont des origines distinctes et se trouvent entre eux dans le m6me rapport anatomique et physiologique que les deux racines d'une paire rachi- dienne : Nervus accessorius Willisii est nervus motor ius atque eandem habet rationem ad neruumvagum quisen- sibililati solummodoprceest, quam antica radix nervi spi- nulis ad posticam. Une semblable demonstration, dans laquelle les pre- visions de la theorie se trouvaient si pleinement confir- mees par ['experience, produisit une vive sensation. Le NEftF SPINAL. 25o nom de Tauteur ct des illustres temoins (levant qui il fit son experience contribuerent a porter rapidement la conviction dans les esprits et firent accepter cette doc- trine avec ton to la confiance qu'elle paraissail mr- riter. Cependant la difficulte de reproduire 1'experience telle que 1'indique Bischoff, qnelques objections anato- miques faites a cette maniere de voir, qui ne semblaient pas suffisammeiit resolues dans le travail du physio- logiste alleinand , laisserent encure des doutes dans 1'esprit (I'un certain noinbre de physiologistes , qui ne i'urent pas entieremenl convaincus. Muller . Magen- die, etc., etaient de re nombre, et attendaient , avant de se prononcer sur cello (jueslion, qu'on cut ras- seniblr de nouveaux fails. Magendie, ayant repet6 ))lusieurs to is 1'cxporience de Bischoff, n'obtint pas des resultats seniblables, et il signala le premier certains desorclres qui surviennent dans la demarche de Fanimal, et particulierement dans les mouvements des membres anterieurs, a la suite de la section des nerf spinanx dans le crane. Du reste. en lisant le travail de Bischoff, il est facile de voir que cet auteur est sous 1'influence de la ten- dance scientifique regnante, etqu'il se preoccupe, avant tout, de confirmer une analogic theorique entre une paire rachidienne et les nerfs pneumogastrique et spi- nal. Aussi, le probleme, tel que Bischoff se Test pose, n'a pas ete d'etudier d'uue maniere generate les fonctions du spinal ; mais, domine par le point de vue systema- tique, il arrive de suite a se demander : 25/1 NERF SPINAL. 1° Le spinal est-il analomiquement une racine ant^- rieure associee au nerf pneumogastrique ? 2° Le spinal est-il physiologiquement une racine ante"- rieure motrice, tandis que le vague serait la racine pos- terieure sensitive correspondante ? Toute la these de Bischoff a pour but la demonstra- tion affirmative de ces deux propositions. Nous devons les reprendre et les examiner chacune a part clans 1'ap- pre"ciation critique quo nous allons faire de la doctrine qu'elles represented. PREMIERE PROPOSITION. • Le nerf spinal peul-il $tre compare sous le rapport anatomique a la racine anterieure d'une paire rachidienne dont le pneumogastrique repre- senlerait la racine poslerieure ? Les principaux arguments apportes par Bischoff et par les autres auteurs qui ont soutenu cette comparaison anatomique so ri'sument en disant : 1° Que le nerf spinal, comme une racine rachidienne anterieure, nait du faisceau ant^ro-lateral de la moelle ; 2° Que ce nerf, comme une racine rachidienne an- terieure, est toujours depourvu de ganglion sur son trajet ; 3° Que le spinal, en s'anastomosant dans le trou d&- chir^ posterieur, par sa branche interne avec le pneumo- gastrique au-dessous de son ganglion jugulaire, se com- porte a 1'egard de ce nerf de la me" me maniere que le fait une racine rachidienne anterieure, quand elle s'unit a sa racine posterieure correspondante dans ie trou de conjugaison , apres son jganglioii interver- tebral ; NERF SPINAL. 255 4° Enfin, on ajoute que la distribution cle la branche externe du spinal dans les muscles sterno-mastoi'dien et trapeze etablit pleinement sa nature motrice. Tout le monde ad met, en effet, et cela est incontes- table, que le spinal possede les caracteres anatomiques d'un nerf moteur. Ce qui n'empeche pas, ainsi qu'il sera facile de le demontrer, que les rapprochements prece- dents, qui tendraient a faire considerer ce nerf comme la racine anterieure de pneumogastrique, ne soient completements inexacts et forces. D'abord, lo mode d'origine du spinal n'est pas le m6me que celui d'une racine anU-rieure. Ce nerf prend naissance dans une etendue tres considerable de la moelle epiniere, tandis que chaque racine rachidienne nait d'un point tr6slimite. Ensuite, au lieu de s'inserer comme les racines anterieures, dans le sillon de separa- tion du faisceau anterieur et du faisceau lateral, les Glets originates du spinal emergent d'une partiede la moelle beaucoup plus reculee et tres pres du faisceau posterieur comme nous le verrons bientot. Sous le rapport de ses variations de volume chez les animaux, le spinal ne se monlre pas, comme une racine rachidienne anterieure, d'autant plus volumineux que les organes musculaires auxquels ils se distribue pren- nent un plus grand de"veloppemenl. Ainsi le spinal n'augmente pas chez les animaux donl les organes pharyngo-gastriques acquierent un volume considerable. Chez le bceuf , ou il y a quatre estoniacs tres musculeux et des mouvenients speciaux de rumi- nalion, le spinal n'est pas plus gros que chez le cheval, 250 NKHl SPINAL. oil il y a un estomac simple, tres petit, duns lequel les aliments sejournent pendant tres pen de temps. Mais le rapprochement le plus errone qu'on a vouhi etablir entre le spinal et line racine ant^rieure, c'est d'avoir compare son anastomose avec le pneumogas- Irique dans le tron dechire posterieur a runion qui s'e- tablit entre les racines rachidiennes anterieure et poste- rieure danslo trou de conjugaison. En effet. les deux racines rachidiennes, un peu au dela du ganglion intervertebral qui appartient a la racine posterieure, se joignent et se reunisser.t de telle ma- niere qu'il y a une decussation intime enti'c leurs filets. Cette intrication est entiere et se montre comme une fusion complete des deux racines en un nerf mixle ; de telle sorte qu'il devient impossible de distinguer si un rameau ne au dela de cette union provient de la racine anterieure plutot quo de la racine posterieure. Pour le spinal, au contraire, c'est une simple jonction partielle de sa branche interne avec le tronc du pneumo- gastrique. BischofT, partageant 1'opinion de Scarpa, de Gceres, etc., pensait quo cette branche anastomotique interne resultait indistinctement de filets emanes de toute 1'etendue des origines du nerf spinal. Mais les dis- sections de Bendz, de Spence, ainsi que les miennes, prouvent clairement que le rameau anastomotique. qui se jette dans le tronc du pneumogastrique, provient uniquement des trois ou quatre filaments origiuaires les plus eleves du spinal, qui naissentde la moelle allongee, tandis que toutes les origines situees au-dessous et s'inserant sur la moelle cervicale composent la branche MERP SPINAL. 557 extern e tin spinal, qui reste coinpletement etrangere a 1'anastomose clu spinal et du pneumogastrique. II n'y a done, d'apres cela, que les filets originates du spinal provenant de la moelle allongee qui s'anastorno- sent avec le vague, et ce seraient les seals qu'on pour- rait reellement chercher a consiclerer comme represen- tant la racine anterieure du pneumogastrique. Mais la comparaison, meme ainsi restreinte, est en- core fautive. En effet, si nous supposons que la branche interne clu spinal seule joue le role d'une racine ante- rieure a regard du pneumogastrique, elle devrait se confondre avec lui comme le fait Line racine anterieure avec sa racine posterieure correspondante. Or, au lieu d'une fusion complete il existe un simple accolement, et on constate clairement par la dissection la plus facile que. parmi les filets de cette anastomose interne du spi- nal, il en est qui se continuent directement avec la branche pbaryngienne du vague, tandis que, a regard des rameaux qui naissent apres runion des racines ra- cbidiennes, ainsi que je Fai deja dit, le scalpel le plus habile ne pourrait debrouiller, tant la fusion des deux nerfs a ete intime. Spence, qui a soutenu cette opinion que la branche interne du spinal representait seule la racine auterieure du vague, n'a pas aclmis la fusion des deux nerfs, car il compare tres ingcnieusement cette anastomose a la petite racine mot rice de la cinquieme paire. Une objection grav<5 doit encore etre faite a la ma- mere dont on a considere 1'anastomose du spinal dans ses rapports avec le ganglion clu pneumogastrique. On B., Svsr. NEUV. — ii. IT 258 NERF SPINAL. salt en effet que cbaque raciue rachidienne anterieure s'unit a la racine posterieure un peu au dela clu ganglion intervertebral deceite derniere. Laplupartdesauteurs, regardant le ganglion jugulaire du pneumogastrique, qu'on voitexistersur son trajet au moment ou il penetre dans le trou dechire posterieur, comme 1'analogue du ganglion intervertebral (Tune racine posterieure, ontcru trouver la un argument en faveur de leur doctrine en disantquele spinal s'unit au pneumogastrique au-dessous de ce ganglion. Mais il fallait prouver d'abord que ce ganglion du pneumogastrique etait 1' analogue du gan- glion intervertebral d'une racine rachidienne poste"- rieure. Or, il est facile de demon trer que le seul gan- glion qui pourrait etre rapproche de celui des racines posterieures est celui qui existe sur le trajet du pneumo- gastrique . au-dessous du 1' anastomose du spinal. Ce ganglion est tres visible et nettement delimite chez certains animaux, tels que le chat et le lapin (fig. 14, n, n), tandis que chez Thomme il est represente par une sorte d'intumescence ganglionnaire diffuse du tronc du pueumogastrique a laquelle on donne le noin de plexus gangli forme, et qui avait ete decrit deja parfai- tement par Scarpa. De sorte que 1'anastomose du spinal differe encore de celle d'une racine anterieure, en ce qu'elle se jette dans le pneumogastrique reellement au- dessus du ganglion, qui est 1'analogue de celui d'une ra- cine posterieure. En resume, a cause de toutes les differences pre- cedemment signalees, je conclus « qu'au point de vue » anatoimque. , les nerfs pneumogastrique et spinal ne NERF SPINAL. 259 » sont pas dans les memes rapports que les deux racines » cl'une paire rachidienne, et que le rapprochement » qu'on a voulu etablir entre eux a cet egard me parait » fautif. » DEUXIEME PROPOSITION. — Le nerf spinal peut-il tire compare physiologiquement a la ratine anterieure d'une paire rachidienne dont le pneumogastrique representeratt la ratine posterieure? 1° Sous le rapport de sa sensibilite recurrente. Aujourd'hui il est parfaitement etabli (voy. Ier vol.) que les racines anterieures rachidiennes, qui sont spe*- cialement motrices, manifestent cependant aux irrita- tions physiques ou mecaniques une sensibilite qui est tout a fait particuliere, en ce qu'elle semble venir de la peripherie, ce qui 1'a fait nommer sensibilite en retour ou sensibilite recurrente. II s'agit actuellementde juger avec cenouveau carac- tere la question d'association du pneumogastrique et du spinal. 11 s'agit, en un mot, de savoir si le spinal est la racine anterieure du pneumogastrique, Pour cela, on le comprend , il laut rechercher si la sensibilite recur- rente du spinal provient du pneumogastrique, de meine que la sensibilite recurrente d'une paire rachidienne anterieure provient de sa racine posterieure correspon- dante. Si le pneumogastrique fournit la sensibilite au spinal, on pourra dire qu'il remplit relativement a lui le role d'une racine posterieure. Dans le cas contraire, la question devra etre jugee en sens inverse, puisque la propriete essentielle qui caracterise Fassociation des deux 260 NERF SPINAL. racines d'une paire rachidienne ne se rencontrera pas entre le spinal et le pneumogastrique. Or, j'ai constate que la sensibilite recurrente dn spinal, que j'ai trouvee excessivement nette et evidente chez le chien, lelapin, le chevreau, ne subit auciinc diminu- tion par la section du pneumogastrique ; ce qui prouve peremptoirement que ce n'est point ce nerf qui Iburnit la sensibilite recurrente an nerf spinal. Je montrerai nlterieurement que cette sensibilite recurrente du spinal provient des racines posterieures des quatre premieres cervicales, de sorte que. a ce point, de vne, il faudrait considerer le spinal comme nne racine rachidienne an- terieure surajoutee aux racines anterieures des quatre premieres paires cervicales, puisqu'il tire sa sensibilite recurrente de la meme source qu'elles. Pour le moment, je veux seulement deduire de tout ce qni precede que le spinal ne recoil pas sa sensibilite recurrente du pneumogastrique. conime cela arrive pour les racines rachkiiennes anterieures, qui recoivent cette propriete de lenr racine posterieure correspondante. D'ou je conclus « (iue, sons le rapport de sa sensibilite » recurrente, le spinal ne peut pasdu tout etre considere » comme I'analogue de la racine anterieure d'une paire » rachienne, dont le pneumogastrique representerait la » racine posterieure. » line remarque ([lie je n'ai vu faire par ancun physio- logiste et qui sulfirait, ct; me somble, a elle seule pour montrer clairement que le pneumogastrique ne peut pas etre compare physiologiquement a une racine posterieure rachidienne , c'est que ce nerf presente aux irritations NERF SPINAL. 201 mecaniques ties phenomenes cle Sensibilite essentielle- ment differents de ceux qui caracterisent une racine posterieure rachidienne. En effet. tandis que lesracines posterieures rachidiennes ou le nerf mixte qu'elles for- nient sont invariablement doues d'une sensibilite tres vive, le pneumogastriqne, an contraire, examine an mi- lieu du con, presente, au moins dans la moitie cles cas, chez le chien, une sensibilite nulle ou tres obtuse; et cbez le lapin. je ue I'ai jamais pu trouver doue d'une sensibilite tres evidente. 2° Sous le rapport de ses proprietes matrices a I' excita- tion galvanique, le spinal est-il comparable a une racine rachidienne anterieure ? Midler le premier s'est servi convenablement de 1'ex- citation galvauique pour distinguer les racines rachi- diennes entre elles. L' experience pent etre faite sur un animal vivant ou immediatementapres la inert, et voici comment on s'y prend : apres avoir coupe les racines du nerf et les avoir separeesdu centre nerveux, on applique le galvanisme a leur bout peripherique et on constate, en agissant avecles precautions necessaires, que I' irrita- tion galvanique portee sur le bout peripherique d'une ra- cine anterieure coupce donne lieu sur-le-champ aux con- vulsions les plus violentes, tandis que lorsquon agit sur le bout peripherique d'une racine posterieure on n'en pro- voque jamais. Muller avail conseille, pour jugerla ques- tion de savoir si le pneumogastrique et le spinal e'taient dans les memes rapports physiologiques qu'une racine anterieure et posterieure, d'employer I'excitalion galva- nique. Yoici comment il indiqua 1'experience : « 11 fan- 262 NERF SPINAL. drait , pour re'soudre cette question , employer la me- thocle dout j'ai fait usage pour les nerfs rachidiens, et qui consiste a faire agir des irritants taut mecaniques que galvaniques sur ces racines, afin de voir si ces ir- ritations appliquees au nerf accessoire dans 1'interieur meme du crane, chez un animal recemment mis a mort, occasionnent des convulsions du pharynx , et si le nerf vague, traite de la m6me maniere, n'en determinerait pas. » Ces experiences galvaniques, indiquees par Muller, out etc faites par MM. Van Kempen, Hein , Bischoff et Longet. Les recherches de tons les auteurs precites sont d 'ac- cord pour deuiontrer que le spinal se comporte aux ir- ritations galvaniques comme un nerf moleur; maiselles different quand ils'agitde determiner si les mouvements qu'on provoque dans ce nerf se transmettent au pneu- mogastrique. Hein assure que P excitation du pneumogastrique de- termine des convulsions dans le pharynx et dans le voile du palais. Van Kempen avance, de son c6te, que ces mouvements du vague ne viennent pas du spinal, car 1'excitation de ce nerf ne determine pas, suivant lui, de convulsions clans le larynx. M. Longet est en opposition avec Hein et Van Kem- pen , et il soutient que le pneumogastrique n'a aucune faculte motrice par Iui-m6me, parce que son excitation galvanique dans le crane ne determine aucune convul- sion dans le pharynx ni dans le larynx, tandis que rex- citation galvanique du spinal provoque au contraire des contractions violentes dans le larynx. NERF SPINAL. 263 Cette difference dans les resultats provient do lama- niere differente dont chaque anteur a delimite son experience, ainsi que je le montrerai plus loin. Pour le moment je dirai seulement que je partage pleinement Topinion generalement admise aujourd'hui par la plu- part des physiologistes, que 1'excitation galvanique ap- pliquee au pneumogastrique pent determiner des mou- vements dans le pharynx et le larynx. J'admetsdonc que le galvanismeconvenablement ap- plique met en evidence dans le pneumogastrique une source motrice propre, independante de celle que la branche interne du spinal porte au larynx. D'ou je con- clus que « le pneumogastrique ne se comporte pas a » 1'excitation galvanique comme une racine rachidienne » posterieure, et quo le spinal ne lui fournit pas exclu- » sivement sa faculte motrice, comme cela a lieu pour » une racine anterieure a 1'egard de sa racine posterieure » correspondante. » 3° Sous le rapport de sa fonction molrice, les vivisec- tions demontrent-elles que le spinal est la racine anterieure du pncumogaslrique ? II s'agit encore d'examiner, a 1'aide d'autres expe- riences, si le spinal est la racine motrice du pneumo- gastrique, autrement dit, si tous les mouvements du pharynx , de 1'cesophage, de Testomac, du coeur et des poumons auxquels preside le nerf pneumogaslrique, ti- rent exclusivement leur source de 1'anastomose que le spinal (nerf rnoteur) envoie dans le nerf pneumogastri- que. G'est la 1'opinion que Bischoff a developpee dans le travail que nous avons deja cite. Voyons les argu- 26fl NERF SP1N\L. ments qu'il avance et les tails sur lesquels il is'appuie. Partons de ce fait quo lorsqu'on coupe a leur ori- gine toutes les racines poste^rieupes de la moclle dpi- niere qui se rcndcni dans un membre . la sensibilite seule s'y trouve complclement abolie ; taudis quo si Ton agit uniquenient sur les rarines anterieures correspon- dantes, la molilile est seule detruite dans le membre, qui a nt-anmoins conserve touto sa sensibilite. Eh bien , il est facile decomprendre que c'etait de lameme maniere qu'on devait pouvoir demontrer les proprietes de la pretend ue 'paire pneumospinale. Cela se resume done, comme le dit BischofT, a coupcr le spinal avant son union avec le pneumogastrique, et la question sera re- solue si, apres cette section, la faculte motrice du pneu- mogastrique est eiiticrcment abolie, ainsi que cela arrive apres la destruction des racines anterieures qui se ren- dent dans un membre. C'est dans la vue de chercher cette demonstration que Bischoff a institue ses expe- riences, que je rappelle ci-apres. Experiences de Bischoff. - Des sept experiences que cet auteur rapporte, une seule lui parait probante : c'est la derniere. Nous lesmentionnerons toutes, cependant, a cause de certaines particularity qu'elles out offertes et pour ne rien negliger des arguments sur lesquels Bischoff appuie sa theorie. Premiere experience (chien) . — Essai infructueux pour arriver sur les origines du pneumogastrique et du spi- nal, au moyen d'une couronne de trepan. « La niort survint rapidement, dit Bischoff, par rhemorrhagie qui resulte de rouverture des sinus veineux. » NEKF SPINAL. 265 Pour ses aulres experiences, 1'auteur choisit un pro- cede qui consistait a fendre la membrane occipito- atloi'dienne apres avoir disseque les muscles poste'rieurs du con au moven d'uue incision en T. d Deuxieme experience (chien). — L'aniraal, e'puise par la perte considerable de sang, meurt avant la fin de 1'experience. Troisieme experience (chien jeune et vigoureux). — Le ligament occipito-atloi'dien etant mis a decouvert et la dure-mere ayant e'le divisee, il s'ecoula une grande quantite de liquide cephalo-rachidien. Bischoff, voyant alors dislinctement les deux nerfs spinaux places sur les c6tes de la rnoelle allongee, parvint a les diviser facile- ment au-dessus de la premiere paire racbidienne. Lors de la section du nerf spinal droit, le cliien hurla et pen- cha la tele a droite. Au moment de la section du spinal gauche, 1'auimal poussa le meme cri et peneha la tete de ce c6te. Mais le sinus veineux latf'ral droit ayant ete blesse, Tanimal mourut aussitot. «Cette experience, de meme que les precedents, ne prouve rien,» ditBischoff. « L'expe'rimentation est tres difficile , ajoute-t-il , a cause de la grande quantite de sang qui gene le manuel operatoire et clout la perle af- faiblit les animaux au point de compliquer singuliere- ment les resultats. » Cependant il poursuit ses tenta- tives. Quatrieme et cinquieme experience (sur deux chiens). — BischolT parvint a diviser la membrane occipito-atloi- dienne et a couper les deux spinaux dans le canal ver- tebral au-dessus de la premiere paire rachidienne. Apres 260 NERF SPINAL. cette operation , les deux chiens eurent la voix rauqueet alteree. Tons deux purent etre conserves jusqu'a gueri- son, et ce qu'il y eut de remarquable, c'est qu'apres quelques semaines, la voix revint avec son timbre ordi- naire. L'autopsie faite alors avec beaucoup de soin prouva que les spinaux etaient bien coupes, mais elle laissa aussi constater, dit Bischoff, qu'au-dessus du point de leur section il restait quelques filets originates du spinal, qui permettaient a ces nerfs d'executer encore leurs fonctions. L' ablation des spinaux n'avait done etc" que partielle. Sixieme experience (chevreau). — BischofF commen- cait a desesperer d'arriver a une experience complete, quand par hasard ii observa que sur les chevres 1'espace entre 1'oceipital et V atlas, etant beaucoup plus grand, permettraitd'atteindre les racines superieures du spinal. II se decida a tenter de nouvelles experiences sur ces ani- maux qui, plus criards et plus sensibles que les chiens, lui semblaient encore sous ce rapport devoir etre plus favorables a ce genre de recherches. Sur un premier chevreau, Bischoff;, apres avoir ouvert la membrane occipito-atloi'dienne, fut encore oblige de diviser les os pour atteindre les racines superieures du spinal. Malgre le sang qui coula en abondance, il coupa autant qu'il put les racines des nerfs accessoires. Cependant L' animal ne perdit pas entitlement la voix. L'autopsie etant venue apprendre qu'il restait encore quatre ou cinq filets ori- ginaires intacts de chaque cote, on s'expliqua comment la voix n'avait pas ete entitlement abolie. Septieme experience (chevreau). — Sur un second che- NERF SPINAL. 267 vreau plus vigoureux, Bischoff repeta la meme expe- rience avec un plein succes. Apres la section complete de toutes les racines du spinal droit, la voix devint, rauque. A mesure qu'on les coupait du cote oppose, la voix s'eteignit graduellement, et a la fin 1'animal ne rendit plus qu'une espece de son qui ne pouvait etre qualifie du nom de voix, « qui neutiquam vox appelari potuit. » Tiederaann et Seubert e'taient presents a cette exp6- rience : Fautopsie du chevreau faite en leur presence demontra que toutes les racines des spinaux avaient ete coupees et que le vague etait reste intact des deux cotes. Bischoff ne refit plus cette experience, et il se felicite beaucoup d'avoirpu reussir une fois devantdes temoins aussi illustres que ceux qui Fassistaient. C'est d'apres cet unique fait que Bischoff a conclu que le spinal representait la seule racine motrice du vague. La the"orie de Bischoff s'introduisit rapidement dans la science, et fut soutenue par des physiologistes de tous les pays: mais nulle part, sans doute a cause de sa dif- ficulte, 1'experience de Bischoff ne futreprocluite, si ce n'est en France, ou M. Longet parvint a la repeter tres incompletement sur un chien, qui eut la voix rauque apres la section des origines du spinal d'un cote. Cependant 1'experience de Bischoff, qui seule etait complete, restait ton jours comme 1'unique argument sur lequel reposait toute sa theorie. Elle etait evident- ment insuffisante ; ensuite elle prouvait simplement qu'a la suite de I' ablation des spinauoc, la- voix avait cte abolie dans un cas. On ne pouvait pas rigoureusement inferer 208 M'RF SPINAL. de ce simple resultat, comine 1'ont fait Bischoff et ceux qui out soutenu sa theorie, que Ic spinal preside a tons les mouvements de la moilie superieure du tube digestif, a ceux des apparcils vocal, respiratoire et circulatoire. L'analogie pouvait sans doute conduire a cette conclusion generale, mais, en physiologic experimentale, 1'analogie ne suffit pas, il faut avoir la preuve directe. Comment pouvait-on faire pour demontrer cette in- fluence du spinal sur les mouvements du cceur, de 1'es- toniac, de 1'cesophage, etc.? II fallait t'videmment con- server les animaux apres la section des deux spinaux et s'assurer sur eux que, outre 1'abolition de la voix (par suite de la paralysie du larynx), le pharynx, 1'oesophage, 1'estomac, etc.. etaient egalement paralyses et ne fonc- tionnaient plus sous le rapport de leurs mouvements. Or jamais, dans 1'etat ou se trouvaient les animaux que BischofF avail operes, il ne fut possible de constater ces faits, car ils ne survivaient a 1'operation que quelques heures au plus. Le precede experimental que j'ai employe permet la survie des animaux, et laisse tout 1(3 temps necessaire pour observer 1'ensemble des phenomenes qui soul la consequence de la destruction des nerfs spinaux. Pour le moment, il me suffira de dire ([ue j'ai con- state, apres I'ablation bien complete des deux spinaux par mon precede, que la voix etait abolie, comme 1'avait vu BischofF dans son experience. Mais, de plus, j'ai pu coustater que la voix seule etait eteinte, tandis que les mouvements de la digestion, de la circulation et de la respiration, etc., continuaient sans presenter aucune le- NERF SPIRAL. 269 sion evidente. Je me suis assure de ces resultats en con- servant les animaux pendant des mois cutlers. Vabolition de la voix est done un fait confirmatif de F experience de Bischoff, mais I'integrite des mouvements fonctionnels de 1'estomac. de Voesophage, du cceur, du poumon, etc., sont des resultats en opposition avec sa theorie. En effet, il est evident qne si, comme il 1'avance, le nerf spinal e'tait la racine fliotriee unique dupneum<£- gastrique , non-senlement le larynx , mais encore tons les mouvements auxquels preside ce nerf dans 1'oeso- phage, 1'estoniac, etc.. auraierit du ainsi qu'on le verra plus loin. Labranche interne du spinal, apres s'etre separee de ce qu'on a appele le tronc du spinal, se jettc dans le pneumogastrique par un. deux on plusieurs filels, /, m (fig. 13). Ces filets viennent se placer en arriere el un pen on dedans du tronc du vague, auquel ils ne font que s'accoler. sans se confondre dans I'intumescence gangliforme que ce nerf presente en ce point. Spence, se fondant sur cette particularity, compare ingenieuse- mentlemode d'adjonction de cette branche interne du spinal au vague a la maniere dont se comporte la petite racine motrice de la cinquieme paire avec sa grosse racine sensitive. II est difficile de poursuivre longtempsles filets emanes de la branche interne du spinal, et, anatomiquement, il est impossible de les distingue? aussi loin que nous le ferons plus tard a Faide de 1'experimentation physio- logique. On voit en effet la branche interne du spinal se diviser et s'eparpiller en filaments blancs sur le tronc du vague, qui presente uue intumescence gangliforme, grisatre, marquee, ence point. On pent constater ceperi- dant directement la continuation des filets de la branche interne du spinal j usque dans le rameau pharyngien, ainsi que 1'avait tres bien figure Scarpa. Sur des pieces convenablement macerees, les filets de la branche interne tranchent par leur blancheur sur le fond gris du tronc du nerf pneumogastrique ; on les voit se com- ANATOMIE. 283 poser et se decomposer, sans qu'il soil possible anato- miquement de les suivre isolement. II ne m'a pas ete possible de se"parer, ainsi que Bendzl'afait, les filets de la branche interne j usque dans le nerf recurrent ou larynge inferieur. On ne pent pas non plus constater d'anastomose bien nette de la branche interne du spinal avec le glosso-pharyngien et 1'hypoglosse dans le trou dechire posterieur. La branche externe du spinal, a sa sortie du trou dechire posterieur, se dirige en clehors et en bas au- dessous des muscles digastrique etstylo-hyoi'dien, puis au-dessous du muscle sterno-mastoidieu, traverse sou- vent ce muscle ou s'accole a sa face profonde pour gagner le muscle trapeze dans lequel le spinal se tor- mine. Ghemin faisant, la branche externe du spinal donne des branches an sterno-cleido-mastoidien, et forme, au niveau de ce muscle, une sorte de plexus auquel concourcnt des rameaux venant des paires cer- vicales et, en particulier, de la troisieme. Les anasto- moses ont une disposition en anse tres marquee. Apres avoir franchi le sterno-masto'idien, le spinal afTaibli recoit encore des communications des deuxieme et 4 troisieme paires cervicales. A la face profonde du trapeze, il recoit deux branches des troisieme, quatrieme et cinquieme paires cervicales. C'est a tort qu'on a clit que chez 1'homme le spinal se rendait dans d'autres muscles que le sterno-mastoi'dien et le trapeze. En resume" : 1° Le nerf spinal ou accessoire de Willis, etudiechez 1'homme, est compose par une serie de filaments ner- NERF SPINAL. veux a oi'igiues superficielles et bifurque^es qui s'im- plantent sur la ligne de separation des cordons poste- rieurset lateraux do la moelle. 2° Ces filets d'origine du spinal commencenten haul sur les cotes de la moelle allongee, au-dessous du nerf vague, et desceudent infe'rieurement jus(]u'au niveau de la racine posterieure de la cinquieme paire cervicale environ. o° Le nerf spinal doit etre divisc en deux portions : 1° la petite racine bulbairc qui nait de la moelle allon- gee au-dessus de la premiere paire cervicale, et qui est destinee a former la 1 tranche interne du spinal dite anastomolique du vague; "1" la grande racine medullaire qui prend naissance sur la moelle epiniere cervicale, et est destinee a former labrancheexternedu spinal. 4° L' anastomosfc entrele spinal et lepneumogastri(|ue dans le trou de'chire post^rieur n'est pas constituee uni- quement par les anastomoses de la branche interne qui sejettent dans le tronc du vague, mais il y a aussi mi uuplusieurs filets plusanterieurementsituesS (fig. 13 , qui proviennent du pneumogastrique et vont se jeter dans la branche externe du spinal. De sorte qu'en realite il y a un echange de filets entre le spinal et le pneumogastrique. 5° Le uerf spinal doit etre considere comms un neri essentiellemenl moteur. Sa branche interne se jettedans li- vague et s'associe de plus an glosso-pharyngien et an grand sympathique par L'interme-diaire du plexus pharyngien, tandis que la branche externe va s'associer aver le plexus cervical. ANATOM1E. 285 Chez les auimaiix, nous devous muiutenir la division (jue nuns avons elablie (Mitre les deux portions origi- nal res du uerf spinal, Chez tons les mammiferes que j'ai pu examiner (singe, chien, chat, lapin. dievreau, cheval, boeuf), on pent distin'guer nettement et niemc })lus parfaitement (jue chez I'lioinine, que la grande racine medullaire va coustituer la branche externe du spinal, tandisquela courte origine bulbaireva former la branche anastomotique interne du spinal. J'ai sur- tout eludie cette disposition dans If chat et dans le lapin. Les origines medullaires du spinal descendent chez certains mammiferes beaucoup plus bas que chez riiomnie; ainsi chez le bu'iif, le chcvaL le chat, les derniers filets radiculaires descendent jusqu'au niveaudc la Iroisieme on de la quatrieme veilebre dorsale. Comme les origines medullaires sont destinces, ainsi que IKHIS 1'avonsetabli, aconstituer finalenient la branche externe du spinal, il en resulte que cliez les mammiferes^ plus les origines du spinal s'etendent inlerieiireinent, plus la branche externe devient volumineuse. et vice versa. Je n'ai jamais constat(; chez les mammiferes des anastomoses intra-rachidiennes entre les racines pos- terieures de la deuxieme paire cervicale, ainsi qiron en a signale chez riiomnie. Chez ie lapin. le chien. le cheval, etc., la branche externe se distribute aux mus- cles de Tepaule, ce qui apporte quelques differences avec ce qui a lieu chez Thornine. Les origines bulbaires du spinal vont, chez ces auimaux comme chez rhomme, constituer finalement la branche interne du spinal qui •286 NERF SPINAL; sc jelte dans le vague, loujours au-dessus du ganglion cervical nn , ainsi qu'on le voil aussi sur le chat cl sur le lapin. Chez le chien, lechat, le lapin, lebceuf, j'ai toujours vu. comme chez I'homino, la branche interne du spinal s'anastomoser et se contbndre avec le vague. II parai- trait cependant que cela if est pas un i'ait general, car Vrolik dit qne chez le chhnpanze la branche interne dn nerf spinal ne se rennit pas an vague, et va directe- nient an larynx, tandis que la branche externe de ce nert' chez le meme animal se distribue an sterno-mas- toi'dien et an trapeze, mais presque exclusivement a ce dernier muscle. Chez les oiseaux el les reptiles, la grande origine medullaire du spinal a tout a fail disparu et il ne resle plus que la courte origine bulbaire, ainsi qu'on peut le voir sur le coq. Aussi chez ces animaux il u'y a pas de branche externe du spinal, et cela est facile a concevoir , puisque sa partie originate a la moelle epiniere manque. II faul encore noter comme conse- quence, chez les oiseaux et les reptiles, Tabsence des muscles analogues aux sterno-mastoi'diens et trapezes. Bischoff avail deja remarque que chez les oiseaux toutes les origines du spinal se jettent dans le vague; mais, comme il ignorait la division de ce nerf en deux por- tions, Tune bulbaire, 1'aulre medullaire, il if avail pas donne a ce fail sa ^feritable interpretation en e'tablis- sant, ainsi que je viens de le faire, cette pcrsistance des origines bulbaires du spinal quand les racines medul- laires out disparu s Nous ferons ressortir ulterieurement SI.S 1'HOl'RIKTKS. 287 I'lmportance physiologique de ce fait d'anatomic com- paree. Chez les poissons, le nerf spinal n'existe pas, par cola soul qu il n'a plus ancun rule a remplir, ainsi epic nous 1(3 montrerons. Les proprietes du nerf spinal se rapportent, (rune part, a sa sensibilite recurrente, et, d'autre part, a son irritability a I' excitation yalvanique. La sensibilite recurrente existe dans le nerf spinal (••online dans les racines rachidiennes ante'rieures et dans quelques autres nerfs de mouvenient. Je 1'ai constatee chez le chien, le chat, le lapin, le chevreau. II taut avoir soin de ne pas divisor la premiere et la deuxieme paire cervicale en faisant la plaie. sans quoi on no trouve plus la sensibilite recurrente, et c'est pour cola qif il m'e'tait arrive de ne pas la rencontrer dans quelques expe- riences. J'aid'abord expe'rimente sur la sensibilite recurrente clu spinal avant son entree dans le trou dechire pos- terieur, et je Fai ensuite examinee apres sa sortie du crane. Premiere experience. Sur la parlie intra-rucliiclienne du spinal. — Apres avoir mis a decouvert la membrane oecipito-atloi'dienne sur un gros chien, je I'ai fendue et j'ai pu voir les deux troncs formes par les racines me- dullaires du spinal, qui etaient places sur les cotes de la moelle allongee. Ayant laisse reposer 1' animal quelque temps, j'ai souleve le spinal gauche au moyen d'un petit crochet, et avec beaucoup de precautions; puis, afin d'avoir plus de liberte pour le pincer, je 1'ai divise 288 NERF SPINAL; immediatement au-dessus de la premiere paire cervi- cale. Agissant alors sur les deux bouts du trouc nerveux divise, j'ai constate claireinent (jue le bout superieur ou peripherique etait sensible, land is quele bout inlerieur ou central ne paraissait posseder aucune sensibilite. J'ai obtenu les memes resultats sur le spinal du cote oppose. Pour m'assurer d'oii venait cette sensibilite du bout pe'ri- pherique, j'ai coupe le vague, qui, theomquement, avait ete regarde comme la racineposterieure du spinal, et au- ra it du, a ce titre, lui t'onrnir la sensibilite recurrente. La section du pneumogastrique du meine c6tr,ou ineine du cote oppose, ne produit pas la disparition ni aucune diminution de la sensibilite recurrente du spinal. Alors, j'ai divise dans le canal rachklien la racine posterieure de la premiere paire cervicale qui s'ollrait a ma vne, et aussitot apres la sensibilite du bout superieur ou peri- pherique i'ut considerablement diminuee , mais 11011 entierement abolie. Pour 1'eteindre, il me i'allut encore conper la deuxieme et la troisieme paire cervicale : pour cela, j'allai chercher ces racines avec soin a leur sortie du trou de conjugaison, en renversant les mus- cles posterieurs de dehors en dedans, afin de ne pas diviser les anastomoses du plexus cervical etdu spinal. Cette experience prouve done : 1° Que le spinal possede la sensibilite recurrente. des son origine; 2° Qu'elle ne lui esl point fournie par le pneumo- gastrique, mais par lestrois premieres paires cervicales. Deuxieme experience. Sur la partie exlra-craniennc du spinal. — Sur un gros chieu. bien nourri et bien s SES PROPRIETIES. 289 portant, j'aidecouvert aussi haut que possible la branche externe du spinal, ce qui a exige une operation assez laborieuse. J'ai ensuite recousu la plaie, qui etait re- froidie, et j'ai.laisse reposer quelque temps 1'animal de son operation. Alorsla plaie s'etant rechauffee, j'ai pince la branche externe du spinal a sa sortie du tron dechire posterieur : elle etait nettement sensible. Alors je la divisai pour obtenir deux bouts, Tun central et Tautre peripherique, et je constatai, en les pincant . successi- vemeut, qu'ils etaient sensibles tons deux. Le bout peri- phn-ique etait sensible evidemment par la sensibilite •recnrrente qui provenait des paires cervicales, et je la (is disparattre en coupant les racines on memo les anas- tomoses i'li anses qui e\istt»nl entre le spinal et les branches du plexus cervical. Ces anastomoses sont sur- iout tres facilcs ii voir enti'e la premiere paire et la branche externe d'u spinal. Mais d'ou provenait la sen- sibilite du bout central? II est probable que c'etait la un phenomene de sensibilito directe, et non de sensibilite rccurrente ; car cette derniere ne s'observe que dans les nerfs qui ne tiennent plus directeinent aux centres ner- venx. Cette sensibilite du bout central provenait tres vraisemblablement du vague par I' anastomose indiquee par Willis. Mais il aurait fallu, pour s'en assurer, couper le pneumogastrique dans le crane et produire des desor- dres qui auraient modifie les conditions du phenomene. J'ai repete ces experiences, avec les memes resultats, sur le chevreau, le chat et le lapin. Troisieme experience. Sur Virritabilite du nerf spinal a {'excitation galvanique. En excitant au dedans du B., Svsr. NERV. — ii. 19 290 NERF SPINAL. crane le tronc des racines medullaires (longue racine medullaire), on determine des mouvements seulement dans les muscles sterno-mastoi'dien et trapeze, et abso- lument rien dans le larynx. En agissant sur les filets qui composcnt la courte racine bulbaire B' (fig. 13), on produit des convulsions dans le larynx, le pharynx, et sensiblemerit rien dans les muscles du eon. En agis- sant sur les origines du pneumogastrique on produit des mouvements dans le pharynx et dans le larynx , inais qui paraissent d'tine autre nature quo les prec.«> dents en ce qirils sefont un pen attendre. Pour obtenir ces resultats, il faut agir rapidement sur des animaux liien nourris ; inais si on laisse quelques instants s?e- couler, on voit les origines du pneumogastrique cesser d'abord d'etre irritables au galvanisme, puis la racine bulbaire, puis la racine medullaire du spinal, qui per- siste pendant plus longtemps excitable : de sorte qu'il seinblerait qu'on pent, par le galvanisme, distinguer les filets moteurs du pneumogastrique de ceux du spinal, par la duive moins grande de leur excitabilite au gal- vanisme. Quoi qu'il en soit, de ceci je conclus que le vague possede a son origine, et independamment du spinal, une propriete raotrice evidente sur le larynx et le pha- rynx; ce qui est, du reste, comme nous le verrons, part'aitement en harmonie avec 1 is experiences sur les animaux vivants. ONZIEME LECON. - / 12 JUIN 1857. SOMMAIRE : Des fonctions du nerf spinal. — Precedes de destruction du spinal chez les animaux vivants. -- Ablation complete des deux spinaux. — Discussion des experiences et conclusion ; mecanisnie de ('abolition de la voix. --De la gene de la deglutition consecutive a la destruction des spinaux. — Usages de la branclie externe du spinal. MESSIEURS, Nous avons deja clit, dans la derniere leoon, que la methocle de section , qu'on emploie g'eih'ralement pour determiner les usages des nerfs. ne pouvait etre appli- quee aux spinaux. Les clangers a colonne d'air produisait seulement, en passant, le souffle assez rude qui avait remplace la voix chez cet animal, tlepuis que les spinaux avaient ete detruits. L'expiration vocale (aphone) etait en general pen prolongee et entrecoupee par des mou- vements inspiratoires Itrusques. qui produisaient parfois une sorte de ronflement. Sur les lapins, j'ai obsorve des phenoinenes seni- blables dans le larynx, c'est-a-dire que j'ai constate, apres Tablation des spinaux, que chez ces animaux comme chez les chats, la glotte. qui avait conserve toute EXPERIENCES. 309 sa sensibility, restait dilutee, et avait perdu la facultc de s'occlure completement. Seulement les lapins presentent souvent apres 1'abla- tion des spinaux une paralysie tres complete des muscles crico-thyroi'diens , cc qui permet aux cartilages de s'ecarter et a la membrane crico-thyroidienne de faire saillie a 1'interieur du larynx ; cela donne alors a 1'inspi- ration un caractere tres hruyaut. Ouand on coupe les nerfs pneumogastriques ou leurs rameaux larynges, la chose se passe tout diffeiemment dansle larynx. La voix se trouveabolie, il est vrai, mais tout le moncle sait qifil y a en meme temps une occlusion de la glotte qui occasionne une gene plus ou inoins grande de la respiration. siii\*int 1'age des ani- maux. De sorte quo nous devons etablir des a present comme resultat experimental : lu Qu'apivs I'ablation des spinaux, Taphonie coexiste avec une dilatation persistante de la glotte et avec une impossibilile de rapprochement des cordes vocales; W2° Qu'au contraire, apres la section des pneumogas- triques ou des nerfs larynges, 1'aphonie coexiste avec une occlusion et une impossibility d'ecartement des cordes vocales. L'experience suivante, faite sur un animal adulte. nous rendra encore ces fails plus palpables. Si Ton attire 1'ouverture superieure du larynx en dehors sur un chat vivant, en evitant la lesion des nerfs larynges, on verra d'abord les mouvements de resserre- ment et de dilatation de la glotte se succe'der rapide- ment dans les efforts que fait Fanimal pour crier et se 310 NERF SPINAL. debattre ; mais, si Ton attend quelques instants, 1'ani- mal se calme pen a pen, et finit par respirer tranquille- ment. Alors la glotte respiratoire reste dans une dilata- tion pourainsi dire permanente, et les mouvements de resserrement et d'ecartementexcessivement bornes, qui s'accomplissent dans Inspiration et 1' expiration, sont a peine appreciates : comme ceux qui se remarquent clans les narines des animaux lorsque la respiration est calme. Vient-on, dans ce moment, a pincer fortement 1'animal ou a piquer la muqueuse laryngienne, aussitot le larynx change de role, et devient ie siege de pheno- meiies nouveaux. Les deux cordcs vocales tendues subitement se rapprochent au contact; une expiration puissante et prolongee vient les faire vibrer, et des cris percants se font entendre. Si, apres avoir constate ces faits, on arrache le spinal d'un c6te, on verra la moitie de la glotte correspon- dante rester ecarlee, et a pen pres immobile ; tandis que celle du cote oppose continue a se mouvoir et a se rapprocher de la ligne mediane. Lorsque 1'animal veut crier, la colonned'air, expulsee des poumons, franchis- sant I'ouverture de la glotte a moitie ferme'e, et cir- conscrite d'un cote par une corde vocale tendue, et de 1'autre par une corde vocale relachee, ne prodnit plus qu'un son tipre ou rauque au lieu d'un timbre clair par- ticulier a la voix du chat. Si Ton extirpe 1'autre spinal, I'ouverture glottique execute bien encore de legers mouvements de resserre- ment comme ceux que nous avons notes dans la respi- EXPERIENCES. 311 ration calme, mais elle a perdu la faculte de s'occlure completement. Malgre ses tentatives pour former ces cris que lui commande la douleur, 1'auimal ne peut plus tend re on rapprocher au contact ses cordes vocales flas- ques et separees, et il ne prod u it qu'un souffle expira- toire tres bref. 1 y a alors aphonie complete, et les mouvements vocaux sont eteints ; la respiration conti- nue pourtant a s'exercer par la glotte dans toute sa ple- nitude. Veut-on se convaincre que c'est bien le pneumo- gastrique qui maiiitient les levres de la glotte dans I'e- cartement oil on les voit, et lui communique les mou- vements le'gers dont nous avons parle, il suffira de diviser les nerfs recurrents, et aussitut Fouverture du larynx, devenue complctemenl immobile, se trouvera retrecie. Les cordes vocales, comme des soupapes flot- tantes, s'accoleront mecauiquement dans 1'inspi ration sous la pression de IViir exterieur, qui tend a penetrer dans le larynx, et seront soulevees par la colonne d'air expire. II en resulte alors une gene de la respiration, analogue pour son mecanisme a celle qu'on observe dans 1'oedeme de la glotte. Aiusi, cette experience demontre clairement que rablatiou des iierl's spinaux paralyse partiellement le larynx en taut qu'organe vocal, mais le laisse intact en tant qu'organe de respiration. En effet, la glotte beante et dilat^e ne peut plus se resserrer pour produire la voix, mais elle laisse tres librement les mouvements respiratoires s'accomplir. Les experiences suivautes donneront la meme de- 012 MiKF SPINAL. monstration d'une autre mauiere, qui sera encore plus saisissante. Destruction comparative des nerfs larynr/es et des nerfs spinanx sur de tres jeunes animaux. — 11 etait impor- tant de faire line experience sur de tres jeunes animaux. et voici pourquoi : Nous savons que la section des nerfs larynxes int'e- rieurs paralyse tons les muscles du larynx, moins les cri- cothyroidiens, et determine Talxtlition de lavoix et 1' oc- clusion de la glotte. Cette derniere circonstance devrait produire constamment la mort par suffocation. Toutetbis, chez les vieux aniiiiaux, il n'en est pas ainsi, parce que, chez eux. il reste en arriere, dans 1'espace inter-arytenoi'dien, une ouverture beante qui permet encore 1'entroe et la sortie de 1'air des voies respiratoires , malgre la paralysie complete du la- rynx. Mais chez les jeunes animaux, une semblable dispo- sition n'existant pas, la paralysie complete qui suit la section des nerfs recurrents amene immediatement la mort par suffocation. Nous le verrons en etudiant le pneumogastrique. Des lors on conceit que, grace a cette particularite, nos experiences ne laisseront aucun doute, parce que si 1' ablation des spinaux determine, chez ces jeunes ani- maux, Taphonie sans produire la suffocation mortelle, il sera naturel de conclure que la destruction de ces nerfs a paralyse le larynx comme organe vocal, mais lui a permis de continuer ses fonctions comme organe de respiration. EXPERIENCES. 313 Premiere experience. — J'ai ope're la section des la- rynges inferieurs sur un petit chat de trois semaines ; apres la section du recurrent droit, la voix est devenue rauquc et la respiration genee. Apres la section des deux recurrents, le chat est mort subitement par suf- focation . Deuxieme experience. — J'ai enleve les deux spinaux sur un autre petit chat de la memo portee que le prece- dent par cornparaison avec 1'experience prece'dente. Aussitot apres, 1'animal est eleven u aphone. mais la respiration et la circulation sont demeurees aussi libres (jiravau 1. (La dilatation de la glotte persistait done en- core, et la respiration se faisait apres I'ablation des spi- naux souls.) Le 19 mai, douziemc jour, ce petit chat a ete sacri- iie", et 1'aulopsie a prouve que les spinaux etaient bien conipletement detruits. Troisieme experience. — Le 3 jinn 18/|3, sur un autre jeune chat age de cinq semaines environ, j'ai extirpe les deux spinaux; aussitot la voix a ete abolie, mais les autres fonctions, sous 1'influenco dupneumogastrique, out continue a s'exercer librement. Le 5 juin, deux jours apres, sur le me"me animal, qui etait aphone, mais, du reste, bien portant, j'ai excise les deux nerfs larynges inferieurs. Bientot le chat est mort suflbque, preuve que lo larynx, paralyse settlement conime organe vocal par 1'extirpation des spinaux, fut, de plus, paralyse comme organe de respiration deux jours apres lorsque je fis la section des nerfs larynges. Toutes les experiences rappoi tees precedemment me NERF SPINAL. semblent conduire directement a cette conclusion , qu'il y a dans le larynx deux ordres do mouvements, les uns qui president a la phonation, et qu'on paralyse en detruisant les nerfs spinaux ; les autres qui sont re- latifs a la respiration, et qu'on paralyse en coupaut les nerfs pneumogastriques on leurs branches laryngees. De sorle que nous admettrons que le pneumogastriuue possede une puissance motrice propre et independante du nerf spinal. C'est cette puissance motrice propre an penumogastrique qui influence les organ es circulatoires, digestifs et respiratoires, et perniet aces appareils d'ac- complir leurs fonctions organiques, et aux animaux de survivre quand la voix a ete abolie par 1'ablation com- plete des deux spinaux. (Test encore cette puissance motrice, provenant du pneumo-gastrique, qui fait fonc- tionner le larynx comme organe respiratoire involon- taire sur les tres jeunes animaux, et les empeche de suiibquer lors de 1'ablation des spinaux, comme celaa lieu apres la section des nerfs larynges. Toutefois, si nous prouvons physiologiquement que les mouvements vocaux du larynx sont animes par les filets des nerfs spinaux, tandis que les mouvements res- piratoires sont influences par des filets moteurs, distincts des premiers, et venant des pneumogastiiques, nous devons ueaninoins reconnaitre qu'anatomiquement il n'est pas possible de poursuivre et d'isoler ces deux or- dres de filets nerveux. Chez I'hoimne et chez la plupart des mammiferes, avant leur arrivee dans le larynx, ils se melangent dans le tronc du vague, et ils sont unis et confondus dans les nerfs larynges ; le nerf larynge in- EXPERIENCES. 315 ferieur se trouve done compose, comme la physiologic le demontre, par des filets du vague et du spinal, qui apporlent au larynx la double influence motrice clont il a besom pour I'accomplissement. de ses fonctions res- piratoires, qui sont inyolontaires et permanentes, et de ses fonctions vocales, qui sont temporaires et volon- taires. II faut ajouter que, cependant, chez certains animaux, la double distribution nerveuse, dont nous venous de parler pour le larynx, se trouve anatomiquement clis- tincte. Ainsi, chez le chimpanze, Yrolik a montre que labranche interne du spinal ne s'unit pas au tronc du vague, mais vadirectement se distributer dans le larynx. De sorte que chez cet animal il y a des filets larynges isoles arrivant directementdu spinal. En resume, nous formulerons notre conclusion ge- nerale de la nmnitTC suivante : « Quoique dans le larynx, la respiration et la phona- » tion semblent analomiquement confondues , parce » qu'elles s'accomplissent dans un meme appareil, ces » deux fonctions n'en demeurent pas moins physiologi- » quement independantes, parce qu'elles s'exercent sous » des influences nerveuses essentiellement distinctes. » Mais quel est done le mecanisme de F abolition de la voix apres la destruction des spinaux? En se rappelant quelles sont les conditions physiologiques de la phona- tion, on comprend que la voix ne puisse plus s'effectuer apres les modifications que la destruction des spinaux apporte dans le larynx. En eflet, il est necessaire, pour produire le son vocal, qu'il y ait une occlusion active 310 NKKr SPINAL. de la glotte, c'est-a-dire tension et rapprochement des corcles vocalcs. Or, nous avons vu, par nos experiences, que, chez les animaux qui n'ont plus tie spinaux, les corcles vocales sont detendues et ecartees sans pouvoir drsonnais se rapprocher activement. II est naturel, des lors, que la colonne d'air expulsee parlatrachee ne pro- duise plus de vibrations sonores, et que sa sortie se fasse par la glotte beante en donnant lieu a un simple souffle expiratoire ; mais la question qui se presents ici est de savoir si, de nieine que in HIS avons rte conduit a re- connaitre pour le larynx une intluence nerveuse, mo- trice, vocale, volontaire, provniant du spinal, et uue intluence mot rice involontaire, rinanant dn pneumo- gastrique, nous pouvons et nous devons admettre dans le larynx un ordre de muscles vocaux et un ordre de mus- cles respiratoires. Evidemment 11011, ce serait une distinction inutile d'abord, et ensuitc insoutenable. En eilet, si nous rellcchissons un instant, nous ver- rons que la dilatation prrmanente de la glotte, qui suit r ablation des spinaux, nous donne bien plulot la raison de la persistance des phenomenes respiratoires qu'elle ne nous explique le mecanisme de 1'aphonie. II serait impossible d'inferer de nos experiences que le spinal abolit la voix en paralysant les muscles constricteurs du larynx, car nous serious oblige desupposer que les mus- cles constricteurs du larynx sont exclusivement vocaux, tandis que les dilatateurs seraient uniquement respira- teurs. Une semblable distinction serait inadmissible, car nous verrons plus loin que la glotte peut s'occlure sans EXPERIENCES. SI 7 produire pour ccla la phonation. Du reste, cctte dilata- tion glottique, qui suit I'ablation des spinaux, sans la- quelle on ne pent cpmprendre la persistance de la res- piration, n'est pas un phenonieuequi soit necessairement lie a rabolition de lavoix; nous voyons que, chez les animaux auxquels on excise les nerfs larynges. 1'apho- nieexisteavec des conditions diametralement opposees, c'est-a-dire avec son occlusion. Nous ne pouvons done pas Irouver dans 1'appareil moteur laryngien deuxordresde muscles correspondaut aux deux ordres de nerfs moteurs que nous avons de- montres dans cet organ e. Nous sommes force d'ad- inettre que tons les muscles du larynx sont indivisibles dans lour action, et nous devons les considerer comme formant dans leur enseinble un systeme moteur unique, qui pent, cependant, realiser deux ionctions disiinctes, parce que les deux influences nerveuses qui 1'animent sont separees dans leur oriaine, et consequemment in- d(;|ieiHlantesdans la transmission de leur influence. De sorle qu'apres I'ablation des spinaux ce n'est pas la paralysie de tels <>u tels muscles laryngiens speciaux u la pbonation qu'il faut chercber, c'est laperte d'une des influences nerveuses de 1'appareil moteur laryngien qu'il taut ounstator. Nous ferons encore remarquer que cette diversite fonctionnelle d'un meme muscle ou d'un ensemble de muscles en rapport avcc la plural ite" des influences ner- veuses motrices qui s'y rendent, n'est pas un fait isote qui soit particulier seulement .ii 1'appareil musculairedu larynx; c'est un moyeu do.nt la nature se sert souvent 318 NERF SPINAL; pour harmoniser les fouctions entre elles, et pour eco- nomiser, en quelque sorte, les organ es moteurs; et, sans sortir de notre sujet, nous voyons que ce fait do- mine 1'histoire physiologique tout entiere du nerf spi- nal. En effet, chacun salt qu'en se ramifiant dans les muscles sterno-mastoi'diens et trapezes, ce nerf anime des muscles deja influences par des filets moteurs pro- venant du plexus cervical. Chacun sait aussi, et nous le de'montrerons plus loin, que ces deux ordres de nerfs sont en rapport avec deux ordres de mouvements spe- ciaux. Eh bien, pour le larynx il ne se passe pas autre chose : le spinal apporte aux muscles du larynx une fa- culte motrice distincte de celle que le pneumogastrique leur donne; et, par ce moyen, les muscles laryngiens peuvent se preter a deux fonctions disliuctes. Sous ce rapport, le larynx est done bien, ainsi que nous 1'avons deja dit, un orgaue physiologiquement double, et 1'aria- lomic comparee appuie cette maniere de voir. Chez les oiseaux, on voit le larynx vocal separe anatomiquement du larynx respiratoire. En resume, chez les mam in i feres (et animauxa larynx unique), 1' appareil musculaire laryngien est un appareil vocal quand le nerf spinal 1'excite, et il est seulement un appareil respiratoire quand le pneumogastrique seul rinfluence. Apres r ablation des spinaux la voix est abolie, mais le larynx n'en continue pas moins son role d'organe respirateur parce que ses muscles obcissent toujours a 1'excitation incessante du pneumogastrique. La glotte, maintenue be'ante, reste identiquement dans les monies conditions cVactivite ou elle se trouve chez un SES FONCTIONS. 319 animal sain qui ne fait que respirer ; mais, pour ainsi dire, dedouble et reduit acelte seule fonction, le larynx est condamne an repos absolu en tant qu'organe vocal, parce qu'il a perdu les filets nerveux qui appropriaient la glotte a la phonaiion. Apres la section des nerfslaryn- ges, les deux influences nerveuses sont detruites a la ibis ; le larynx est alors paralyse completement, c'est-a- dire frappe de mortdans 1'accomplissement de cesdeux fonctions ; la glotte, encore entr'ouverte comme chez un animal mort, ne pent plus servir ni a la phoiialion ni a la respiration. La mort par suffocation ou par gene de la respiration est la consequence normale de cette, double paralysie fonctionnelle du larynx. Et si, chez les vieux aniraaux, la grande rigidite des cartilages arythe- noi'des, s'opposant a lour aflaissement sous la pression de 1'air inspire, pennet parfois a la respiration de s'exe- cuter encore, c'est un phenomene passif qui explique seulement ces cas exceplionnels ; car cet ecartement dii a la solidification des cartilages par les progres de 1'age ne depend en aucune facon de 1'activite musculaire du larynx, et ne meriteconsequemment pas plus le nom de glotte que nele meriterait Forifice d'une canule adaptee a la trachee cFun animal qui suffoque. En se placant a un point de vue different de celui que nous venous d'exposer, et tout en admettant les - fails qui ne sauraient etre recuses, puisque ce sont des re"sultats d'experiences, on pourrait repousser Tinter- pretation que j'ai clonnee et soutenir que, dans le la- rynx, 1'influence motrice vocale n'est pas distincte, comme je 1'avance, de 1'influence motrice respiratoire, ,V2G NERF SPINAL. et que les resultals quo j'ai obtenus ne proviennentpas tie la suppression d'une influence nerveuse spociale, mais qu'ils sont simplement une consequence d'une di- minution d'intensite dans la puissance motrice du la- rynx. En effel, dira-t-on, le larynx recoil dans Fetal normal une certaine proportion de filets moteurs. et, consequemment, une certaine dose de puissance motrice sans destination speciale, mais qui, par sa seule quan- lile, sera capable deproduirea lafois et les mouvements respiratoires qui exigent moins d'energie nerveuse, et les mouvements vocaux qui exigent au contraire une plusgrande e'nergie musculaireet nerveuse. Or, quand onenleve lesnerfsspinaux. continuera-t-on, on detruit une grande proportion des fdets nerveux moteurs du larynx, et par suite on lui enleve une grande partie de sa puissance motrice, qui alors, devenue trop faible, est incapable de produire les mouvements energiques que reclame 1'acte de la phonation, bien qu'elle puisse en- core permettre quelques mouvements respiratoires qui exigent une depense motrice moins considerable. Cette theorie qui a ete einise est d'abord basce sur une hypothese toute gratuite, la supposition qu'il faut plus de puissance motrice pour la voix que pour la res- piration ; elle est ensuite inadmissible. En effet, je de- manderai a ceux qui la soutiennent d'expliquer ce fait que j'ai observe et qui a ete depuis constate par d'au- tres physiologistes, a savoir que lorsqu'on detruit les spinaux, le larynx est paralyse avec dilatation sans pou- voir s'occlure, tandis que par la section des vagues ou des larynges. le larynx est paralyse avec occlusion sans SES FUNCTIONS. O'2l plus potiYoir se dilater. 11 cst evident quo ces deux etats opposes ne pen vent el re les degres d'une nieme para- lysie ; si cela elait, en effet, 1'ahlation des spinaux devrait amener un commencement d'occlusion de la glotte, qui serait ensuite completee par la section des pneumogas- ti'i([uesou des nerfs larynges. En admettant lii deux influences nerveuses, et par consequent deux causes differentes de p'aralysie, jecrois etre mieux d'accord avec les faits. Dans le larynx, le spinal est nerf inoteur vocal, et le pneumogastrique nerfmoteur respiratoire. La proximite d'origine de ces nerfs ne prouverait rien centre cette difference fonc- tionnelle devoluea chacun d'eux. Les experiences phy- siologiques n'ont-elles pas deinontre qne les filets ori- ginaires du pneumogastrique seuls viennent pivndiv naissance dans un espace tres limite et iirs important de la nioelle allongee, aiujnel on a du donner le noin de point premier inoteur des mouvements respiratoires? .le persiste done dans mon opinion, en conclnant avec Ch. Bell : « One, lorsqu'nn organe recoit des nerfs de plusieurs » sources, ce n'esi pas pour y accumuler la force ner- » veuse, niais pour lui apportcr des influences nerveuses » dillerentes. » Chez nn animal sain, noussavons qu'au moment ou le pharynx recoit lebol alimentaire, il y a reaction des mus- cles constrictenrspharyngiensqui le poussent versl'oesu- phage ; mais nous savons aussi qu'il y a simnltanement abaissement de 1'epiglotte et occlusion plus on moins complete de 1'ouvertufe.glottique, De sorte que, dans la B , Svs. XERV. — ii. 21 ;V22 NKKF SP1VU.; drglutition normals, il so passo deux actions inusni- laires distinctes, I'une ((iii dirigc Ics aliments clans les voies digestives, 1'autre qui ferme le larynx et previent leur entree clans les organes respiratoires. Les fonctions toutesjne'caiiiques de re'piglolte ue sut- fisent pas pour operer cette occlusion indispensable cle I'ouverture laryngienne. Beauconp d'experiences ainsi qin.iiie foulede cas pathologiques s'accordent aprouver que repiglotte pent etre detruite sans gener sensiMe- ment la deglutition des aliments solides: d'ou il resulte que c'est principalement le emplacement du larynx et son resserrement, plutut que la soupape epigloUique, qui s'opposent a Tentree des particules alimentaires dans les voies respiratoires. Nous devons rappeler (pie c'est par Y action des mus- cles pharyngiens que I'ouverture superieure du larynx se trouve fermee et la respiration suspend ue pendant que la deglutition s'opere. Les experiences sont posi- tives a cet egard ; ('lies demontrent, en etfet, que cette constriction de la glotte qui accompagne la deglutition est independante des muscles du larynx, puisque, stir les animaux (chiens) auxquels on a excise tons les nerfs larynges et 1'epiglotte, cette occlusion pent encore s'operer et prevenir le passage des aliments par la glotte. Consequemment aux iaits que nous venons de citer, nous admettrons qu'il taut, pour Taccomplissement re- gulier de la deglutition, que les muscles pharyngiens aient une doultle action , I'une qui a pour effet de pousser les aliments dans Toesophage, et cle metlre en SES FONCTIOXS. 323 aetivite les voies de deglatitbo ; i'autre qui a pour but de feriner le larynx et d'arreler le jeu des voies respi- ratoires; afiii d'empecher le conflit perturbateur de ces deux fonctions. En enlevant les spiuaux, le pharynx ne perd qu'un seul ordre de niouvements, celui qui est relatif a roc- elusion dii larynx. En effet, nous avons vu que die/ nos animaux, la deglutition proprenient dite n'ctait point abolie. Le bol alimentairc, pousse paries muscles constricteurs vers 1'oesopbage, descendait encore dans 1'estomae; niais le larynx ne pouvant plus se resserrer, nous avons la raison du passage dcs aliments dans la ira- che'e, ct nous nmipreiiuns des lors. avec facilitr. com- ment ce phenomene snrvient priticipalement lorsqu'on irrite les animanx. el (piand on provoque chez eux des niouvements d'inspiration an moment on la drglutilion s'effectue. Nous avons trouvf'- celte gene de la degluli- tion plus marquee chez les lapins que chez Icscluds. Ori s'explique quand on retleehit ([lie les lapius trilurent I'lierlie et la reduisent en nn bol alimentaire, dont les particules tenues out pen de cohesion entre elles, tan- el is que les dials, incisanl simplement avec les denlsla viande dont ils se nourrissent, avalcnt nn bol alimen- taire dont les parlicules restent unies, et sont moins susceptibles de se dissocier pour entrer dansrouverture beante du larynx. Che/ les lapins, la quant ite d'herbe inachee qui passe dans les bronches est quelquefois con- siderable, et celte circonstance peut amener an bout de peu de jours une gene de h respiration et une pneu- monie qui fait perir les animaux. On peut facilement 32/j. NERF SPINAL; faire cesser cette complication si, com me nous 1'avons fait, on deplace artificiellement Fentree des voies res- piratoires en adaptant line canule a la trachee, et en mettant line ligature au-dessus. i Or 1' anatomic nous apprend qne le pharynx recoit des nerfs de plusieurs sources, et que le spinal lui envoio tin rameau tres evident (ramean pharyngien). La phy- siologic nous indique que pendant la deglutition le pha- rynx accomplit deux actes : 1'un qui ouvre en quelque sorte Foesophage, 1'autre qui ferine le larynx. Nos experiences nous demontrent qu'apres rablation des spinaux, les muscles pharyngiens out perdu la fa- culte d'occlure le larynx, et out conserve cellc de pous- ser le bol alimentaire dans 1'cesophage. Comme conclusion rigoureuse, il s'ensuit quelesdeux actions du pharynx s'exercent sous des influences ner- veuses motrices dislinctes, etque les mouvements d'oc- clusion glottique s'operent exclusivement par 1' influence du rameau pharyngien du spinal. Maintenant, pour formuler d'une maniere generate le role physiologique de toute la branche interne du spinal sur le pharynx et sur le larynx, ilsuffitde rappeler qu'a- pres 1'ablatioude ces nerfs, les voies respiratoires laryn- giennes restent toujours ouverles, et ne peuvent plusse resserrer ni s'occlure lors de la phonation on de la de- glutition, et nous dirons : Qu'en agissant sur les muscles laryngiens, la branche interne dn spinal a pour effet de resserrer la glottc, de tendre les cordes vocales, de rend re r expiration sonore, et de changer momentanement les fonctions respira- SES FONCTIONS. 325 toires du larynx pour en faire un organe exclusivement vocal ; Qu'en agissant sur les muscles laryngiens, la branche interne du spinal a pour but de ferrner 1'ouverture su- perieure du larynx, et d'intercepter temporairement le passage de 1'air par le pharynx, pour approprier cet or- gane exclusivement a la deglutition. Mais si nous reflechissons que, dans toutes ces cir- constances, la branche interne du spinal agit unique- ment comme constricteur momentane du larynx, nous resterons convaincusquele but final de 1'influence ner- veuse des spinaux est toujours le meme, celui de former un antagonisme temporaire a la fonction respiratoire, afm de permettre aux organes qui sont places sur les voies de la respiration d'accomplir des fonctions etrangeres a ce phenomene. En effet, pour que le pharynx execute sa fonction de deglutition, il taut que sa fonction relative a la respira- tion (conducteur beantde 1'air qui arrive aux poumons) soit abolie. Pour que le larynx execute sa fonction vo- cale, il fa ut que sa fonction d'organe respiratoire (con- ducteur qui laisse arriver Fair aux poumons) soit mo- mentanement arretee. Dans tous ces actes diffe'rents, ce sont les memes organes qui fonctionnent. Mais les memes appareils musculaires qui, sous une excitation nerveuse donnee, s'approprient a la respiration, peu- vent, par le moyeu d'uneautre influence nerveuse, agir en sens contraire, et diriger leur activite sur une autre fonction qui eteint ou re m place temporairement la premiere. 326 NERF SPINAL; Or, pour le pharynx ot le larynx, c'est la branche interne clu spinal qui apporte cette derniere influence nerveuse antagoniste a la premiere (respiration), Ainsi doit etre compris le r61e fonetionnel double du pharynx et du larynx; ainsi se trouvent expliquees 1'abolition de la voix et la gene de la deglutition, qui ne sont que la consequence de la persistance des pheno- menes respiratoires dans le larynx et dans le pharynx. II nous reste encore a examiner la brievete de I'expi- ration, Yessoufflement et Y irregularity dans la demarche de certains animaux. Avant dYludier les causes de ce dernier ordre tie phe'nomenes, nous aliens voir, par les experiences, qu'il taut les rapporter a ia branche extcrne du spinal, et nous constaterons que cesdiflerents troubles dependent d'un defaut de reaction du spinal sur les agents inspirateurs du thorax, reaction sur 1'appartjil thoraciijue qui est toujours eongenere de celle exercee sur I'appareil laryniiUMi par la branche interne du menu? nerf. Les resultats qui vont suivre ayant (l<''ja <-te observes a la suite de ralilation totale des nerfs spinaux, nous ne ferons que les indiquer succlnctement dans nos expe- riences nouvelles. Nous ferons seulementremarquerque les phenomenes dont il s'agit sont plus prononces apres la destruction totale des nerfs spinaux qu'apres la sec- tion isolee de la branche externe. Premiere experience. • • Sur nn chien encore jeune et bien portant, j'ai disseque avec soin la branche ex- terne du spinal, et je 1'ai divisee des deux cotes le plus pres jiossihle de son (''mergence par le trou dechire pos- SES FONCT10NS, 3*27 terieur, en ayant soin de ne pas inte'resser les filels du plexus cervical qui vont au sterno-mastoi'dien. L'ani* inal remis en liberty, ^7oici ce que Ton reraarqua ; Rien n'etait change clans 1' allure de 1'animal quand il restait au repos. La deglutition n'avait pas subi la moindre atteinte. La voix avail conserve son timbre clair et normal, mais les cris etaient en general plus brets, et ils etaient souvent entrecoupe's par des inspi-* rations, surtout quand on irritait lechien. L'animalsem- blait etre, en un mot, dans les conditions de quelqu'un qui a hi respiration courte. Aussi devenait-il assez promp- tement essoufflc quand on le faisait courir; et c'est alors settlement, quand la respira- tion etait de venue acceleree, qu'on remarquait quelques troubles dans les mouvements des membresanlerieurs. L'ani- mal fut sacrifie le m6me jour a d'autres experiences. Deuxwme experience. — Les In-anches externes des ,o . , N u . spinaux r (fig. 14) ayant ete seules arrachees sur un chat adulte, la deglutition resta parfaitemerit libre. Les miaulements spontanes avec leur (1) Moeile allongee avec les origines des nerfs dc la Imilieinc i/ain- rlicz le chat (In piece est vue par sa face laterale et i)osterieure). - A, origine du pneumogastrique ; — B, porlion nu'-dullairc du spinal; - B', porlion bulbaire du spinal; — C, glosso-pharypgicn ; — I), 1'epaule et des cotes comme dans 1'expiration respiratoire, elle s'opere tantot par un abaissement lent et graduel du thorax (dans les sons graves), tant6t par les muscles abdorainaux (dans les sons aigns). Cette contraction des muscles sterno-mastoidiens et trapezes, qui a pour but de suspendre 1'inspiration pour permettre ainsi an thorax d'adapter la colonne d'air pxpiree aux modulations de la voix, cette contraction. SES FONCT10NS. 331 dis-je, est d'autant plus marquee, que 1'action des mus- cles laryngiens devient plus e'nergique. C'est le cas des chanteurs,qui font effort pour produire les sons les plus varies; tout le monde sait combien le larynx et les mus- cles sterno-mastoidiens et trapezes acquierent de cleve- loppement a cet exercice. Maintenant, pour en revenir a nos animaux. il nous sera facile d'interpreter toutes les particularity qu'ils nous ontoffertes du cote de la voix. Quand ils n'ont plus de spinaux, le thorax tout aussi bicn que le larynx res- tent organes respiratoires, et ne peuvent plus se modi- fier pour la phonation. Lorsque les animaux veulent crier, ils se trompent. et nVxenitenl que des mouve- ments respiratoires plus act it's. Quand la branche ex- terne du spinal a ele drlniite seule, le larynx a con- serve la faculte de produire le son . mais le souffle thoracique ne pent plus 1'^tendre on le moduler : de la brievete de la voix. qui est cntrecoupee et ne depasse jamais en etendiie la duree de rcxpiratiou respiratoire ordinaire. Ainsi, dans 1'appareil vocal . il y a deux choses : IM'organe formateur de son (larynx); 2° le porte-vent (thorax). Mais ce que nos experiences demontrent, le voici : c'est que, an moment ou le larynx est approprie a la phonation par la branche interne du spinal, en meme temps le thorax, par Tinfluence de la branche externe, cesse momentane'ment d'appartenir a la res- piration proprement dite, ponr s'nnir a 1'appareil pho- nateur. Ces deux modifications du larynx et du thorax con con rent. doncaumAme but final, etellesdoivente'tre 332 NERF SPINAL; liees, puisqu'elles proviennent de la memo source ner- veuse. Les muscles stern o-mastoi'diens ct trapezes ne sont pas antagonistes des mouvements respiratoires thoraci- ques uniquement dans la phonation. Comme tels, ils agissent encore dans les autres cas ou la respiration s'arrete pour permettre an thorax, devenu immobile, de servirde point fixe anx differents muscles de 1'epaule on de 1'abdomen, etc. Tons ces actes musculaires, qui demandent pour s'accomplir nne suspension des phenomenes respira- toires, meritent le nom (V effort. II pent se rencontrer deux cas distincts dans la production de ce phenomene. Quand 1'effort est violent et durable (effort complet), il y a action simultanee on synergic des branches interne et externe du spinal pour arreter la respiration ; le la- rynx se ferme sous I'influencedcs muscles pharyngiens, et les muscles sterno-mastoi'diens et trapezes se contrac- tent vigonreusement pour s'opposer a 1'expiration et maintenir le thorax plein et dilate : ainsi, dans les vio- lents efforts abdominaux on des membres, etc. Si 1'acte musculaire de r effort est de courte duree, au contraire, et pen intense, le thorax n'a plus besoin d'une aussi grande fixite. Alors ce synchronisme d' ac- tion des deux branches du spinal n'est plus aussi neces- saire : ainsi, dans beaucoup d' efforts passagers qu'on execute avec les membres superieurs, Faction de la branche externe sur les muscles sterno-mastoi'diens et trapezes maintient suffisamment le sternum fixe et 1'epaule elevee, pour suspendre temporairement 1'expi- SES FOXCT10.NS. o33 ration thoraciqire, sans qu'il soil necessaire que le la- rynx se ferme hermetiquement. Ainsi, dans la degluti- tion, la branche interne clu spinal suspend Texpiration glottique sans avoir besoin clu concours des muscles qui agissent dans le me" me sens sur le thorax. Nous placonsla deglutition danslacategoriedes efforts passagers, parce que. ne pouvant s'effectuer sans arre- ter la respiration, c'est toujours le mecanisme cle 1'ef- fort. a la duree et a 1'intensite pres. En effet. 1' effort devient tres evident et complet quand la deglutition se prolonge, com me chez les individus, par exemple, qui boivent a la regal ad e. Ainsi, la premiere condition de reffort. c'est I'arret de la respiration. Or, nos animaux, (jui n'avaient plus de spinaux, ayant perdu la faculte" d'arreter leur res- piration, ne pouvaicnt plus fa ire d'efforts : ils sont alors toujours trompe's dans leur attente. parce que a mesure qu'ils veulent suspeiidre leur respiration, ils ne font que 1'accelerer. Chez les animaux non davicuk's. il se passe pendant la course une serie d'actes musculaires cmi nous sem- blent pouvoir rentrer dans la classe des efforts passa- gers. D'abord. si Ton examine chez ces animaux les insertions inferieures des muscles sterno-mastoi'diens et trapezes, on voit que le trapeze s'inseie a 1'omoplate comme dans Thornine ; mais le sterno-mastoi'dien se separe en deux faisceaux musculaires bien isoles, dont Tun se fixe a la partie superieure clu sternum et 1'autre (portion claviculaire chez rhomme) va s'attacher a rhu- merus. Chez le cheval, la portion sternale du sterno- oli'i \KKI- SPINAL: masloidieM forme un musele bien sc'pare (sterno-maxil- laire), s'inse'rant d'nne part au sternum et de 1'autre a Tangle de la macboire inferieure. Ouand ce muscle prend son point iixe en haut. il pent agir sur le sternum; mais (juand il prend son point immobile infe'rienrement nous admettons, avec M. Rigot, qn'il pent agir pom1 ouvrir la machoire, on, si eelle-ci est iixr'e, pour abais- ser. la tete et prodnire le monvement de rengorgcincn't ducbevat. Tons ces muscles s petits efforts successifs, (jui tendraient a etablir I'accord des mouve- uients respiratoires du thorax uvec ceux du inembre anteiieur, chez les aniinaux sails clavicule. pouvant rentrer. coinni(3 nous I'avons dit, dans les efforts tie tres courte duree. uc n'vlameut pas 1' occlusion du larynx. Kn elfet, les ehevaux coruards auxquels on a praticjue la tracheotomie, soul encore aptes a la course, et ce n'est que dans les grands efforts musculaires qu'ils se troiivent un pen genes. En resume, apres la destruction de la hranche externe du spinal, les muscles sterno-mastoi'diens et trape/es ne peuvent plus anrter les mouvemenis respiratoires thoraciques, et, partant, ils sontdevenus inaptes a faire servirle thorax comme point fixe dans reffort,etcomrne porte-veul dans la phonation. Cependant ces muscles ne sont pas paralyses comple- tement; car si alors on les met a decouvert, on voit qu'ils se contractent dans certains mouvements de la tete; et, ce qui est le plus remarquable, c'est qu'ils 3oG Mill!-' SPINAL. agissent encore eomme inspirateurs quand en vieiit a gener mecaniquement la respiration. Unc experience va nous fixer sur ce fait. Si 1'on pi-end un chien on un chat, et qu'on mette a decouvert les muscles sterno- mastoi'dienSjVoicicequ'on observe : quand on comprime moderement la trachee de rauiinal, les deux sterno- mastoi'diens so contractent pour soulever le steruiiiu et produire Inspiration; mais cette contraction est de tres courte duree . coiinno Tiuspiratioii elle-meme. Quand , eessant de comprimer la trachee, on fait crier rauiinal, les deux sterno-niasioidieus se contractent encore vigoureusement et umiutieinieut le thorax soulevt'1 pendant toute la duree du cri. Mais si Ton vieiit a cou- per le spinal du cote droit. par exemplc, et a reproduire apres cela les circonstances precedentes, on verra que, pendant le cri, le sterno-mastoidien gauche parait se contracter plus fortement; quo. pendant la respiration forcee. au contraire, les deux sterno-mastoi'diens se coniractent ('galeiiKMit et continnent d'agir coniine inspirateurs. 11 est preferable de couper les origines de la branchc externe dansle crane, pour ne pas tirailler les sterno-mastoi'diens et etre certain (jiron n'a pas les<3 les filets du plexus cervical qui serendeiit a ces muscles. Cette experience prouve bien nettement (jiie la con- traction vocale, si Von pent dire, dusterno-mastoi'dien, et sa contraction respiratoire, sont sous des influences ner- veuses ditlerentes. En effet, elles out des buts bien dis- tincts : dans un cas, c'est pour amMer la respiration; dans Tautre, c'est pour 1'aider on la produire. La, nous retrouvons encore ce fait remarquable que SES FOXCTIONS. 337 nous avons deja observe relativement aux muscles clu larynx, savoir : qu'un meme muscle peutservir a deux actesphysiologiques opposes, suivant I'influence nerveuse qui 1'anime. L'exemple du sterno-masloi'dien est me' me plus frappant quo celui des muscles laryugiens , parce que c'est un gros muscle, a insertions bien determinees, dont il semhle qu'on pent d'avance bien preciserTaction. Et, pour expliquer sa duplicite" fonctionnelle, ce n'est pas dans un ehaogement de point fixe qu'il faut la chercher : il rcste toujours le meme (c'est la tele) ; ce n'est pas non plus dans tin mode special du raccourcis- sement de la fibre musculaire qui existerait dansun cas et non dansl'autre; ce serait une supposition absurde, puisque tonics les fibres musculaires ont la me'me direction. Mais d'ou vient done cette duplicite fonction- nelle? Elle vient simplement du temps d' action du muscle. Ainsi, quand le sterno-mastoi'dien agitcomme inspirateur (sous I'influence du plexus cervical), il se contracte et souleve le thorax jusqu'a ce que lepoumon soit rempli d'air : alors la fonctiou est finie, il se relacho et laisse agir les muscles expirateurs. Quand, au con- traire, le sterno-mastoi'dien agit dans la phonalion (sous Tinfluence du spinal, il attend que le thorax soit plein d'air; alors il fai'rete clans cot etat : la voix com- mence et le muscle sterno-mastoi'dien, s'opposant tou- jours aux autres muscles expirateurs, accompagne la voix taut qu'elle dure et maintient de 1'air dans le thorax pendant tout le temps que la voix en a besoin pour se produire : c'est une influence nerveuse qui succede a 1'autre. Voila 1'explication de ce fait singulier, et ce B., SVST. hEuv. — ii. 22 338 NERF SPINAL; que nous venous cle dire pent s'appliquer aux muscles du larynx. De tout cela, nous conclurons qu'a 1'egal des appareils musculaires pharyngienetlaryngien, les muscles sterno- mastoi'diens et trapezes peuvent s'approprier a deux fonctions differentes, parce qu'ils obe'issent a deux in- fluences nerveuses distinctes : 1° Qu'ils agissent essentiellementcomme inspirateurs, quancl ils recoivent leur influence du plexus cervical; toutefois leur action n'est necessaire que lorsque la respiration est difficile. 2° Qu'ils arretent la respiration et forment un anta- gonisme aux mouvements respiratoires du thorax, quand la branche externe du spinal les excite, et qu'ils sont alors congeneres d'une action semblable exercee dans le larynx par la brancbe interne du me" me nerf. II y a done, pour les actes fonctionnels ou la respira- tion doit etre arretee temporairement, deux antago- nismes musculaires destines a cet eftet : Tun, qu'on pourrait appeler interieur, qui agit to u jours sur 1'ouver- ture du larynx et qui est re'gi par la branche interne du spinal ; Tautre. qu'on pourrait appeler exterieur, qui agit sur le thorax et qui se trouve regi par la branche externe du meme nerf. On concoit qu'il ne pouvait pas en etre autrement, parce que le larynx et le thorax sont animes de mouvements respiratoires incessants; et si, par exemple, au moment ou le thorax aurait ete fixe pour servir de point d'appui dans 1'effort, le larynx avait continue afonctionner commeorgane respiratoire, et vice versa, on sait le desordre et la desharmonie qui SES FONCTIONS. 339 en seraient resultes : nos experiences nous Tout de- mon tre. Ainsij la constriction du larynx ne suffisait pas pour arreter la respiration ; a elle seule, elle ne pouvait s'op- poser viclorieusement aux mouvements expiratoires du thorax. Elle avait besoin d'un antagonisme exterieur, autrement dit, cle 1'action auxiliaire et indispensable cle la branche externe du spinal. Cette derniere etit seule- ment pu devenir inutile, si le thorax, par tin mecanisme quelconque, avait pu rester immobile. Ceci n'est pas une simple conjecture : 1'anatomie comparee nous le prouve. Chez les oiseaux, la respiration se fait, com me on salt , tout autrement quo chez les mammiferes : ils n'ont pas reellemcnt de diapfaragme, les poumons sont fixes, etc., mais ce qui est important a notre point de vue, c'est que leur thorax, a cause de sa structure os- seuse , reste a pen pres immobile. II est ainsi tou jours dispose a servir de point lixe aux organes musculaires qui s'y attachent, et il ne ivagil. pas non plus sur les poumons pour en expulser 1'air. Aussi les oiseaux, comme nous 1'avons deja vu. n'ont-ils pas de branche externe du spinal. Nous savons maintenant que tons les troubles remar- quables qui accompagnent la destruction des nerfs spi- naux se coucentrent uniquement sur la partie motrice ou dynamique de 1'appareil respiratoire (mouvements laryngiens, mouvements thoraciques). Mais, avant de rapprocher dans notre esprit toutes ces experiences, aim d'en deduire quelques fails generaux. il importe de nous rappeler que les agents respirateurs (larynx, tho- 340 NERF SPINAL; rax) peuvent, a raison des deux ordres de nerfs moteurs qui les animent, se trouver, chez un animal sain, dans deux etats fonctionnels bien distincts. Tantdt, comme cela se voit chez un animal qui reste en repos ou qui est plonge dans le sommeil, une seule fonction organique s'accomplit : c'est la respiration ; le larynx beant livre a 1'air un passage facile dans les pou- mons ; le thorax se dilate etse resserrealternativement; enfin I'inspiration et 1' expiration j a pen pres egales, s'exercent irivolontairement d'apres un rhythme regu- lier que rien ne vient troubler. Tels sont les phenomenes de la respiration simple. Dans un autre etat, qui accompagne seulement la veille, et qui est appele etat respiratoire complexe, par opposition au precedent, il se manifeste d'autres phe- nomenes, qui, bien que se produisant toujours au moyen des agents respirateurs, sont cependant en de- horsdu but de la respiration. Tels sont la phonation, la deglutition, ['effort, etc. Les agents respirateurs (larynx, thorax) out done un double but fonctionnel, et il serait vrai de dire que, dans le premier etat de respiration simple, ces organes appartiennent exclusivement a la vie interieure ou orga- nique, tandis que dans le second etat, dit de respiration complexe, ils intervertissent provisoirement leur fonc- tion respiratoire pour s'approprier a d'autres actes dela vie exterieure. Or, il ne faut pas oublier que c'est uni- quement a ces organes que le nerf spinal va distribuer ses rameaux et porter son influence. Maintenant, qu'est-ceque nos experiences nous ap- SES FONCT10NS. prennent? C'est que, clans 1'etat cle repos. quand la res- piration simple s'effectue, les nerfs spinaux n'ont aucun rule a remplir ; car, lorsque nos animaux sont calmes ou qu'ils clorment, on ne voit pas le moindre trouble dans leurs functions, et il serait tout a fait impossible de dire alors s'ils out des spinaux, ou s'ils n'en out pas. Mais quand 1'etat oppos6 au repos arrive, et lorsque 1'animal (sans spinaux) veut accomplir les differentes fonctions qui etablissent des rapports entre lui et le monde exterieur. il se trouve arrete dans tous les actes qui, pour s'operer, reclament des modifications parti- culieres dans les agents respirateurs. La volonte de 1'animal se manifesto pourtant toujours, inais elle n'a plus de prise sur sa respiration pour I'arreter, la mo- difier a son gre. et produire la phonation, V effort, etc. Le larynx et le thorax ne sont plus avertis en quel- que sorte des actes de la vie ex-lerieure qui se passent autour d'eux ou dans eux : ces organes, demeures agents dela respiration simple, continuent perpetuelle- ment, malgre 1'animal, a executer cette fonction, etils ne peuvent ])lus en remplir d'autres. Quand 1'animal croit former un cri, il respire; quand il veut avaler, il respire en meme temps; quand il cherche a faire un effort, il respire encore plus vite. Ainsi, les agents actifs de la respiration (muscles qui agissent sur le larynx, muscles qui agissent sur le thorax) reooivent done deux ordres d'influence nerveuse motrice. i> Dans l^tat de respiration simple, 1'influence du spinal sur elle estnulle; ce nerf n'excite des mouvements qu'en vue des actes de la vie exterieure, et c'est lui qui preside NERF SPINAL; a tons les changements qui surviennent dans la motilite du thorax el du larynx lors do la respiration complexe, telsque 1' effort, lavoix. Aussi, sous ce rapport, le nerf spinal doit-il etre considere com me le nerf vocal ou nerf des chanteurs par excellence ; car sans lui toute modu- lation de son est devenue impossible. De tout ce qui precede nous demons conclure que : 4° Pour le moment, il serait difficile de ramener les nerfs craniens au type simple des nerfs rachidiens. Et pour le cas qui nous occupe, il est demontre par les faits quele pneumogastrique et le spinal ne sont pas dans les memes rapports anatomiques et physiologiques que les deux racines d'une paire de nerfs rachidiens. "2° Le nerf pneumogastrique est un nerf mixte qui regit les phenomenes organiques moteurs et sensitifs de trois grandes fonctions, savoir : la respiration, la circu- lation et la digestion. 3° Mais parmi ces fonctions il en est une, la respira- tion, qui participe a la vie volontaire ou de relation. Aussi elle a un nerf de plus, c'est le spinal. /i° Le spinal est done un nerf moteur qui regit les mouvements du larynx et du thorax toutes les fois que ces organes doivent produire la phonation et etre ap- propries a des actesqui sont en dehors du but de la res- piration simple. Autrement dit, c'est un nerf de la vie de relation an- nexe a Tappareil respirateur, de meme que les actions auxquels il preside, la voix, etc., sont des phenomenes de la vie de relation annexes a la fonction respira- toire. SES FONCTIONS. 3/J 3 Consequemment Ic spinal ne saurait 6tre consider^ comme un nerf respirateur on accessoire de la respira- tion ; il agit toujours en sens contraire, et il a constam- ment pour objet de suspendre 1'accomplissement decette fonction organique, en meme temps qu'il adapte le la- rynx et le thorax aux phenomenes de la phonation, de 1'effort, etc. Si Ton voulait donner a ce nerf un nom qui rappelat le mecanisme de sou influence, il faudrait plut6t Tappeler nerf antagonists de la respiration. Avecde semblables usages, le spinal forme dans 1'eco- nomie un nerf tout a fait exceptionnel, et cela n'a lieu de surprendre, puisqu'il appartient a une fonction (la respiration) elle-meme exceptionnelle, en ce que les organes moteurs qui 1'aceomplissent (larynx, thorax) peuvent tour a tour se preter a la vie de relation on rester dans la vie organique. Nous avons vu qu'apres la destruction des nerfs spi- nanx I'appareil respirateur redescend pour ainsi dire dans la vie organique, et que 1'animal aphone ne parait desormais avoir pas plus de prise sur les niouvements de son larynx ou de son thorax qu'il n'en a sur ceux de son coaur ou de son estomac. Dans la prochaine lecon nous passerons a 1'etude du pneumogastrique, qui se trouvera simplifiee par ce que nous avons deja dit du nerf spinal. DOUZIEME LECON. 17 JUIN 1857. SOMMAIliE : Nerf pncumogastrique. — Ses proprietds : sonsibilitd non constanle. — Hameaux larynges superieur et infe"rieur. — ResuUats varies de leur section. - Explication. — Experiences. — Eflets de la section des pneuino^astriques sur les poumons. — Experiences. — Lorsqu'on a coupe les pneumbgastriques a un animal , la rnort qui survient n'est pas necessairement la consequence de I'asphyxie. — Apres la section des pneumogastriques, les respirations sont plus rares et plus larges. MESSIEURS , Nous aliens passer aujourd'hui a 1'etude du pneumo- gastrique. Le nerf pneumogastrique est connu depuis fort long- temps; c'est un de ceux sur lesquels on a experiment^ le plus anciennement, sans doute a cause de la facilite avec laquelle on peut le mettre a decouvert dans la region du cou. Galien a experiment^ sur le pneumo- gastrique, il parait meme qu'avant lui on 1'avait disse- que ou comprime sur 1'animal vivant. Depuis, ces e"preuves se sont considerablement multipliers : il n'est peut-etre pas un physiologiste qui n'ait appele 1'expe- rimentation a prononcer sur ses fonctions. Malgre cela le nerf pneumogastrique est un de ceux dont 1'histoire est encore le moins connue. Bichat le presente comme un nerf d'une nature diffi- cile a definir anatomiquement, paraissant participer a NERF PKEUMOGASTRIQUE. 3/1 5 la fois des nerfs de la vie de relation et du systeme du grand sympathique avec lequel nous verrons qu'il se confond dans les especes inferieures. Nous avons examine a propos du spinal la question de savoir si le nerf pneumogastrique devait ou ne devait pas etre considere comme une racine posterieure dont le spinal serai t la racine ante'rieure. Pour resoudre cette question nous avons eu recours au criterium de la sen- sibilite* recurrente, qui nousamontre que ces deux nerfs ne sont point reunis par cette propriete et que I'acces- soire de Willis recoit sa sensibilite des paires cervicales. Un autre fait, extre'mement curieux et propre a montrer que le pneumogastrique differe parses proprie- t6s des racines posterieures rachidiennes, est son mode de sensibilite directe. Nous savons que les racines rachi- diennes posterieures sont toujours donees d'une vive sensibilite; il n'en est pas de meme du nerf pneumo- gastrique qui, clans diverses circonstances, chez I' animal sain , se niontre completement insensible. Voici un lapin sur lequel nous pincons le pneumo- gastrique dans la region du cou sans produire aucune douleur; nous le coupons ensuite sans que I'aniinal paraisse le sentir. Cependant on pent se convaincre, en lui pincant 1'oreille ou une patte, que 1'animal a sa sen- sibilite generale parfaiternent intacte. Sur un chien, nous pincons egalement le pneumo- gastrique sans faire crier 1'animal. Tout a 1'heuro nous faisions 1'experience sur un chat et nous obtenions les memes resultats. Lorsque le pneumogastrique est sensible, sa sensibilite est le plus 3/j6 NERF PXIiUMOGASTRIQUE r souvent obtuse. Mais le point le plus interessant a elu- cider, c'est la determination des circonstances dans lesquelles ce nerf est sensible on insensible. J'ai beauconp experimente sur des chiens pour cher- cher a etablirces conditions de la sensibilite on del'insen- sibilite du pneumogastrique. Quelques faits panni ceux quc j'ai pu observer ecbappent jusqu'ici a toute interpre- tation ; cependant, j'avais cm voir, d'apres le plus grand nombre des cas , que le pneumogastrique est insensible chez les cbiens a jeun, tandis qu'il serai t sensible cbez cesanimaux en digestion ; toutefoisje suis loin de donner cette proposition coniine sullisamment etablie. II y a done la une modification relative a la sensibilite qui tient sans doute a la nature speciale du nerf etdemontre clairement que, sous ce rapport, le rapprocbement qu'on a voulu faire entre lui et une racine posterieure n'est pas exact. Les fails dont je vous parle seront si- guales dans des experiences que nous signalerons plus loin et qui se rapportent en meme temps a d'autres questions relatives a la pbysiologie du nerf pneumogas- trique. Ceci m'amene encore a vous parler d'uue question sur laquelle nous aurons plus tard a revenir, celle de savoir si les nerfs sont sensibles seulement quand ils se ren- dent a des parties sensibles. N'y aurait-il pas lieu de gent3raliser cette proposition dans certaines limites et de retrouver, outre les nerfs des sens proprements dits, des divisions de nerfs sensitifs qui anraient les pro- prietes des nerfs de sensibilite generale , ou celles des nerfs de sensibilite speciale. II est constant que quand SES PROPRltTES. 3/1 7 ut) nerf va a ia peau, dont les perceptions soul doulou- reuses, le nerf est lui-meme extremement sensible aux irritations mecaniques. Nous voyons . en effet . les nerfs qui se rendent a certains organes jouir de pro- prietes speciales en rapport avecles fonctions dont 1'ac- complissenient est confie a ces parties. G'est ainsi que le nerf optique ne transmet pas d' impressions doulou- reuses , mais bien des sensations lumineuses ; que la contusion de ce nerf, en laissant de c6te la douleur percue par les nerfs des enveloppes de Fcei! , se traduit par une sensation lumineuse subjective, qui fait dire vulgai- rement que le patient voit trente-six chandelles. Or. il semble qu'il en soit de ineme pour les nerfs qui se rendent a des membranes muqueuses ou se percoi- vcut des sensations speciales. Aucune impression dou- loureuse n'est peut-etre plus vive que celle qu'on fait naitre en pincant ii la face le nerf sous-orbitaire. Ce- pendant vous savez qu'un autro rameau de meine nerf, pince en arriere des fosses nasales, nous a semble com- pletement insensible. Ces vues expliqueraient jusqu'a un certain point 1'in- sensibilite du pneumogastrique dans la region du cou. Ce nerf, en effel, se rend a Testomac, aux voies respi- ratoi res, organes qui sont doues d'uue sensibilite parti- culiere, et dont la sensibilite generate parait a })eu pres nulle dans les circonstauces ordinaires. Dans les voies respiratoires, cependant, noustrouvonsun organe d'une sensibilite extreme, la glotte. Or, il taut noter que le nerf qui s'y rend, le larynge superieur, est tres sensible et que c'est plus haut, au-dessus du point sur lequel a 3 AS NERF 1'NEUMOGASTRIQUE. porte notre exploration, qu'il se de"tache du pneumo- gastrique. II resulterait done de la qu'un m£me nerf sensitif pourrait avoir des filets sensibles et des filets insen- sibles aux excitations douloureuses. Ce nerf serait tou- jours sensitif, inais certaines de ses parties ne perce- vraient normalement que des sensations speciales. Ainsi, lorsqu'on introduit un liquide dansle larynx par en haut, le faisant tomber par une sonde sur les bords de la glotte, on provoque une toux violente et extieme- ment penible. Cette sensibilite parait n'exister que sur la muqueuse de la face superieure de la glotte, car on ne laretrouve pas lorsque apres avoir fait une ouverture a la trachee et renversant la tete de 1'animal on fait la meme instillation de liquide de la trachee vers le larynx. De sorte que le liquide touch ant les bords de la glotte produit une sensation tres penible lorsqu'il tombe de haut en bas, et non lorsqu'il passe de bas en haut; etcependant c'est le me' me tronc nerveux qui fournit des filets aux deux parties de la muqueuse qui sont si diver- sement impressionnees. Arrivons maintenant a 1'etude des fonctions du pneu- mogastrique. en recourant aux moyens d'exploration qu'on emploie d'ordinaire; voyons quels sont les effets de la section du pneumogastrique sur les diflerents organes auxquels il se rend. Pour conserve!1 quelque clarte a cet expose, nous exarninerons successivement les elfets produits par cette section sur chacun des or- ganes auxquels le nerf envoie ses filets. Apres avoir indique les particularities relatives a la SERFS LARYXGtiS. 3^|9 sensibilite du larynx , il nous reslerait a parler de ses mouvements ; nous ne nous y arreterons pas ici : nous les avons deja examines a propos du spinal qui est le nerf moteur par excellence de cet organe. Nous avons vu que sous ce rapport le larynx etait le siege de deux orclres de mouvements, les mouvements vocaux et les mouvements respiratoires. Quancl on detruit les nerfs larynges. on abolit les mouvements vocaux et les mouvements respiratoires. Les effets produits, lorsqu'on coupe Fun seulement de ces nerfs, different suivant que la section porte sur le nerf larynge superieur, ou sur le nerf larynge" inferieur. Apres la section du larynge superieur. la sensibilite de la glotte est abolie, ainsi que celle du restc du larynx; la voix n'est pas eteinte, inais elle devient rauque ; Tanimal pent toutefois continuer a vivre. Ces effets sont connus, je ne m'y arreterai pas. Lorsque Ton a coupe le larynge inferieur, la voix est comple" lenient perdue; mais les sympt6mes qui s'ob- servent du c6t£ de la respiration sont assez remar- quables. Tantot , en effet , r animal auquel on a coupt^ le larynge inferieur peut respirer et continuer a vivre, tan tot il ne peut plus respirer et peril asphyxie. Cette difference si prononcee dans les phenomenes conse- cutifs a la section d'un meme nerf tient a 1'age des animaux sur lesquels ou a pratique 1'operation. Comment peuvent s'expliquer les phenomenes qui s'observent apres la section des deux nerfs larynges. Quand on a coupe le larynge superieur, la raucite de 350 NERF PNEUMOGASTRIQUE. la voix tient a la paralysie du muscle cricothyroi'dien et a mi defaut de tension des cordes vocales. Quand on acoupe le larynge inferieur, tons les autres muscles du larynx sont paralyses, d'ou resulte une perte complete de la voix. Voyons main tenant pourquoi apres la section du larynge inferieur, les animaux sont quelquefois asphyxias et quelquefois peuvent, au contraire, continuer a res- pirer. Legallois qui a observe ce fait par hasard , en operant sur de petits chiens, en a fort bien saisi la condition. Pour abolir la voix, il avait coupe le larynge inferieur; 1'animal jeune cessa de crier, mais il suffo- qua et succomba rapidement. Legallois fut tres etonne de ce resultat, car il avait souvent coupe le nerf Iaryng6 inferieur sans observer cette asphyxie. 11 attribua a 1'age les differences qui se presentaient dans les resul- tats de ses experiences, et vit qu'en effet, la section du larynge inferieur, rapidement mortelle chez les tres jeunes animaux, cesse de l'6tre a un age plus avance. Toutefois., Legallois avait constate le fait sans donner la veritable explication. On a reconnu ensuite que cette explication ressort de la solidite variable des differentes pieces du larynx , suivant les ages. Chez les jeunes animaux, apres la pa- ralysie du larynx, les levres de la glotte sont flasques dans toute leur etendue ; elles se rapprochent dans les mouvements d'inspiration , et ne permettent plus a 1'airde penetrer dans le larynx. Chez les animaux plus ages, les cartilages arytenoi'des, plus resistants, laissent en arriere des levres de la glotte une ouverture qui ne LARYNG1' INFtfRIEUR. 351 peut pas s'obturer. C'est par cette ouverture que con- tinue a passer 1'air. Les troubles fonctionnels qui s'observent chez les jeunes animaux apres la section du larynge inferieur, tienneut ^videmment a une obstruction survenue dans le larynx. En effet, on peut, lorsqu'ils sont sur le point d'asphyxier,lesfaire vivreen pratiquant la trache'otomie. Voici mi petit chat age de sept ou huit jours ; peut- etre est-il deja un peu tard pour observer chez lui 1'as- phyxie consecutive a la section du larynge inferieur. Nous allons ueanrnoins faire 1'experience. Nous coupons le larynge inferieur d'un cote : deja les cris deviennent plus sourds; la voix a perdu beaucoup de son intensite. Maintenant nous coupons le larynge" inferieur de Tautrecdte : la voix est completement abo- lie. En meme temps vous voyez que l'animal ne peut plus respirer, le sang qui s'ecoule par la plaie est noir; la langue prend une coloration foncee comme si on (Hranglait l'animal ; il asphyxie. Tout ;i Tlieure nous le ferons revenir en lui ouvrant la trachee. Mais le voici deja sans mouvement, je crains quelatracheotomie n'arrive unpeu tard. La trachee est. ouverte ; voici bientot une large inspiration ; nous ai- dons le retablissement dela respiration par des pressions alternatives exerces sur les parois thoraciques ; bientot l'animal ouvre les yeux et est revenu a la vie. Nous lui placons une petite canule dans la trachee ; si ce chat peut teter, il est probable qu'il survivra a 1'operation et que nous pourrons vous le presenter encore vivant dans la prochaine lecon . 352 NERF Voilapourle laryng^ inferieur. Examinons mainlenant r action du pneumogastrique sur les organes thoraciques, sur le pounion d'abord, et ensuite sur le cocur. On sail depuis fort longteinps que le pneumogas- trique a une influence tres marquee sur 1'appareil res- piratoire. Cette influence a ete tres diversement inter- pretee par les physiplogistes ; et nous verrons, passant en revue les resultats des experiences, qu'il etait dif- ficile qu'il en fut autrement. La section du pneumo- gastrique sur un mam mi fere ou sur un oiseau amene la mort au bout d'un temps qui varie cle deux a quatre, et rarement au dela de cinq jours. Les reptiles peuvent vivre davantage, mais ils finissent aussi par y succom- ber. Legallois croyait que. clans ce cas, la mort etait produite necessairement par une lesion pulmonaire. En effet, a 1'autopsie des animaux qui ont succomb^ a la section du pneumogastrique, il a signale une lesion des poumons. Aussilut apres 1'operation, il notait une perturbation profonde des ])henomenes respiraloires ; il pensait que la respiration devenait alors insuffisante, que les pbenomenes chimiques qui s'y rattachent etaient incomplete et que I'aniuial mourait asphyxie au bout d'un temps variable. Les alterations des poumons pouvaient porter a penser qu'il en estainsi. Legallois, ayant coupe ies pneumogas- triques sur de jeunes lapins, trouvaqu'ils succombaient en presentant une alteration des poumons qui rappelle 1'he- patisation ; leur tissu, rouge et dense, ^taitfortement con- gestionne; certaines parties meme nesurnageaient plus. ALTERATION DBS POUMONS. 353 D'autre part, des travaux entrepris sur leme'mesujet nous montrent quo cette alteration pent 6tre fort legere, qu'elle pent inline manquer completement. Dans leurs experiences sur le pneumogastrique, de Blainville et Provencal n'ont trouve aucune alteration anatomique dans les poumons d'animaux qu'ils avaient fait perir en leur coupant les pneumogastriques. Us en avaient conclu que ces animaux mouraient , non par 1'appareil respi- ratoire, mais par 1'appareil digestif; qu'ils mouraient de faim. Les experiences de de Blainville et Provencal mon- trent seulement que 1'alteration du pouinon n'est pas conslante, qu'elle pent manquercomple'tement, sans que les animaux survivent pour cela a rope" ration ; que par consequent 1'opinion qui vent trouver dans cette altera- tion pulmonaire la cause de la mort par section des nerfs pneumogastriques est une opinion errone'e. Enfin cette lesion du poumon n'existe pas chez les oiseaux, bien que chez eux, comme chez les mam mi- feres, la section des pneumogastriques soitmortelle. Repetant a mon tour Inexperience, qui consiste a couper les nerfs pneumogastriques dans la region du cou, et a suivreles perturbations fonclionnelles ou ana- tomiques qui en sont la consequence, je suis arrive a des resultats variables. Toujoursou presque toujours (j'aurai a revenir sur cette restriction), les animaux ont suc- combe dans un temps, qui avarie de quelques heuresa trois ou quatre jours. Mais tant6t j'ai rencontre les lesions pulmonaires signalees par Legallois, t:int6t les poumons etaient completement exempts de cette infiltration san- B., S7ST. h'ERV. — II. 23 NERF PNEUMOGASTRIQUE. suine sia'nalee. Je me suisdes lors attache a chercher o o clans les conditions de 1'experience, la raison de cette divergence des resultats, et je crois F avoir trouvee. Cette earn ificat ion du poumoii se montre plus spe- cialement chez les jeunes animaux, chez ceux qui sont en meme temps plus petits, comme les lapins , ou les cochons d'lude. Un lapin jeune, auquel on a coupe les pneumogastriques, ineurt generalement avant vingt- quatre heures ; or, si on le sacrifie une heure apres 1'operation, on trouve deja de la congestion ; un peu plus tard, un epanchement sanguin se fait; les pou- mous sont alors marbres par le sang ; 1'auimal peril plus tard reellement asphyxie. Mais cette asphyxie n'est qu'accidentelle, il y a en effet des animaux qui ne Teprouvent pas et qui n'en meurent pas moins. J'ai vu des chiens survivre trois ou quatre jours a Toperation sans presenter de signes d'asphyxie et conservant les poumons sains et le sang arteriel parfaitement rouge. Lorsquon a coupe les pneumogastriques a un animal., la mort qui survient riest done pas necessairement la con- sequence de Vasphyxie. M. Trauhe, de Berlin, a experiment^ sur des lapins pour tacher de saisir la cause de 1'alteration que pre- sentent chez eux les poumons. II a cru remarquer que, chez eux, Falteration des poumons etait due a Fintroduc- tion, dans les bronches, des liquides secretes dans la bouche ou remontant de 1'estomac dans 1'oesophage pa- ralyse. La presence de ces liquides dans les bronches expliquerait, suivantcet auteur, 1'asphyxie et les altera- ALTERATION DBS POUMONS. 355 tions anatomiques qui I'accompagnent. Les observations de M. Traube sont exactes en ce que les phe nomenes qu'il signale sont possibles ; mais je ne saurais admettre les conclusions qu'il en tire, parce que I' introduction des liquides dans les bronches n'est pas plus necessaire pour produire les desordres anatomiques observes dans les poumons, que ces desordres ne le sont eux-niemes pour produire la mort. C'est la encore un accident qui vient s'ajouter au phenomene, mais qui en est independant et ne saurait etre regarde cooime sa cause productrice. En effet, on peut, chez les memes animaux, empe- cher les mucosites, les liquides venant du pharynx d'en- trer dans les bronches, la congestion pulmonaire n'en a pas moins lieu. Pour le voir, j'ai pris deux lapins et j'ai, sur tous deux, coupe les nert's pneuinogastriques, coiniue nous le rapporterons plus tard. Ensuite, j'ai pratique sur Tun d'eux la tracheotomie, et introduit dans la trachee une canule qui a ete convenabiement liee. II est evident que chez ce dernier, aucun liquide ne pouvait penetrer dans la trachee, qui ue communi- quait plus qu'avec 1'exte'rieur directement. Tous deux cependant out succombe en meme temps, pre'sentant les alterations du poumon a un meme degre. Les experiences qui suivent montrent que chez les animaux de meme espece (chiensj, on peut trouver tant6t cette alteration et tant6t la voir manquer. Ces experiences contiennenten outre des observations hemo- metriques qui out ete faites en vue de constater Tin- fluence de la section des vagues sur la pression du sano- dans le systeme arteriel. Nous donnons ici ces resultats 356 NERF PNEUMOGASTRIQUE. quoiqu'ils se rapportent en partie aunsujet sur lequel nous aurons a revenir plus loin. Exp. — Sur tine chienne de taille moyenne, on fit la section des nerfs vagues dans la region moyenne du cou. Avant reparation, les pulsations etaient au nombre de 72 a 75 par minute avec I'irregularit6 etl'intermittence qui s'observent chez les chiens. Les respirations etaient au nombre de 16 a 17 par minute. L'hemodynamo- metre place alors sur 1'artere carotide droite oscillait de 150 a 210. L'instrument restant en place, on fit la section du nerf vague droit ; les pulsations atteignaient le chiffre de l\k par minute, avec de grandes intermittences. On comptait 11 respirations par minute. L'hemodynamo- metre oscillait de 180 a 230 au moment meme de la section du nerf ; puis, au bout de dix minutes environ, il etait revenu de 75 a 105. L'instrument restant toujoiirs en place, on fit la sec- tion du nerf vague gauche. Alors, apres la section des deux vagues, les pulsations devinrent si nombreuses qu'on ne pouvait plus les compter, et elles n'offraient plus aucune interrniltence. L'hemodynamometre , au moment meme de la section du nerf gauche, r animal restant calme, monta jusqu'a 240, 250 et 260; la chienne fit a ce moment des efforts tellement violents, que 1'instrument echappa de 1'artere d'ou s'ecoula une certaine quantite d'un sang rutilant. Apres une demi-heurc, 1'animal etant calme, on reappliqual'hemodynamometre ; les pulsations n'etaient EXPERIENCES. 357 plus que de 80 a 85, et les respirations de 6 a 1 par minute. Apres la section cles deux nerfs vagues, on remarqua que le plus grand abaissement de la colonne mercurielle coincidait avec 1'expiration, comme cela se voit d'habi- tude. D'abord 1'animal avait eu la respiration libre ; mais, trois quarts d'heure apres, il fut pris d'une g6ne de la respiration excessivement prononcee, qui semblait tenir a la presence de mucosites qui venaient peut-etre de 1'estomac. Le lendemain, 19 octobre, seize heures apres la sec- tion des vagues, 1'animal etait plus calme, quoique sa respiration fut toujours genee. Pulsations de 145 a 150, sans irregularite. L'hemodynamometre, applique sur la meme artere que la veille, oscillait de l/iO a 170, puis ensuite il baissa et oscilla de 120 a 130, puis de 110 a 90, lorsque 1'animal devenait parfaitement calme. Le sang etait noir dans 1'artere, tandis que la veille il etait rutilant. Quaiul on mettait 1'animal dans la position horizontal, il y avait vomiturition d'un liquide alcalin, bilieux, venant de 1'estomac. L'inspiration et Fexpira- tion etaient separees par un temps considerable, pen- dant lequel la colonne mercurielle se tenait toujours a son minimum. On pinca alors le bout superieur du nerf vague gauche qui etait tres pen sensible ; ce pincement parut donner lieu a un phenomene singulier de fremissement dans le c6te correspondant de la face; la temperature prise dans le rectum de 1'animal etait de 35°5. 358 NERF PNEUMOGASTRIOUE. Le 20 octobre, qnarante heures apres 1'operation, I'animal fut trouve mort. A I'autopsie, on vit les pou- mons gorges de sang dans leur tissu. L'estomac etait rempli d'un liquide jaune-verdatre, bilieux,alcalin,qui refluait directement par 1'oesophage flasque et paralyse", lorsqu'on venait a comprimer Festomac. Cette sorte de reflux, qui avail lieuquandranimal etait dans la position horizontal, avait semble" se produire pendant la vie. Exp. - - Dans un autre cas nous avons vu survenir de 1'hemoptysie apres la section des nerfs vagues : sur un chien adulte et en pleine digestion, on resequa les deux nerfs vagues dans la region moyenne du cou. Ce chien presentait les sympt6mes ordinaires de la section des vagues ; settlement, vingt-quatre heures apres, la res- piration devint beaucoup plus gene'e, le chien fut pris d'une hemoptysie abondante et mourut quelques heures apres. A 1'autopsie, on trouva les poumons marbre"s, comme earnings, avec des mucosites sanguinolentesdans les branches. Exp. - - Un vieux chien, de taille moyenne, etant couche sur le dos, on compta, 1'animal etant calme, de 85 a 90 pulsations, et23 ou 24 respirations par minute. Alors on fit une incision dans la region du cou et on isola les deux nerfs vagues au-dessous desquels ou passa une anse de fil. On compta de nouveau les pulsations qui etaient alors au nombre de 9/i, et les respirations au nombre de!2a!5. On placarhemodynamometre sur lacarotide droite ; il accusait une pression de 150 a 180 millimetres. EXPERIENCES. 359 On fit alors la section du vague gauche, 1'hemocly- namometrerestanten place. Aussit6t il y cut une acce- leration comme convulsive cles pulsations ; 1'animal s'agita, fit cles efforts, et la pression monta dans Tin- strument cle 180 a 220, pen a peu le calme se retablit; mais I'hemodynamometre allait encore de 100 a 200 millimetres. Un quart d'heure apres la section du premier nerf. on coupa le vague du c6te" droit, I'hemodynamometre e"tant toujours applique". L'animal s'agita de nouveau et le mercure monta dans 1'instrument de 260et270 milli- metres. Le calme revint peu a pen, et la pression resta stationnaire entre 250 et 260 pendant un quart d'heure environ qii'onobserval'instruinent. Les pulsations etaient devenues regulieres et excessivement prdcipilees. Les respirations etaient rares. L'animal perdit un peu de sang arteriel qui etait parfaitement rutilant, ce qui prouvait que la respiration n'etait point genee; ce chien etait, du reste, calme. Peu a peu, la pression baissa ; et, dans ce moment, on apercut tres bien les effets de la respiration : a chaque inspiration, ily avait soulevement de lacolonne mercu- rielle, et abaissement au moment de 1'expi ration. Mais la quantite dont la colon ne mercurielle s'abaissait etait toujours plus considerable que celle dont elle s'elevait, il en r^sultait qu'elle ne remontait janiais aussi haut que dans 1'ascension prt3cedente, d'ou un abaissement successif de la colonne mercurielle. Ce qui fit qu'apres avoir observe pendant une demi-heure 1'hemodynamo- metre en place, il etait descendu entre 160 et 150. 360 NERF PNEUMOGASTR1QUE. Alors oil enlcva rhemoclynamometreetonlaissarani- mal en repos. line henre apres, on replaca 1'instniment. Le cliicn avail perdu peu de sang dans toutes les manoeuvres. Le sang etait tou jours rutilant dans les arteres. L'hemodyna- mometre donna alors une pression qui oscillait entre 130 et 150. Les pulsations etaient excessivement faibles et avaient perdu, apres la section des vagues, leur inter- mittcncc qui etait naturelle chez le chien. Les respira- tions etaient au nombre do 8 par minute, les pulsations de 132. On laissa 1'animal en repos. Cinqheures apres la sec- tion des vagues, on revit ce chien ; il etait calmc ; il y avait 6 inspirations par minute et 17/t pulsations. L'he- modynamometre place successivement sur les arteres carotides droite et gauche oscillait entre 150, 100, et memo descendait jusqu'a 80. II y avait toujours ascen- sion de la colonne pendant Tinspiration et abaissement pendant 1'expiration. Le sang etait toujours rutilant dans les arteres. Le len domain 5 octobre, vingt heures apres la section des nerfs vagues, le chien etait couche, calme, n'avait pas du tout la respiration g£nee. II y avait 5 respirations et 175 pulsations par minute. On prit 1'artere carotide gauche dans laquelle s'e"- tait forme un caillot noir. En donnant issue a ce caillot, il sortit un jet de sang tres rutilant. On appliqua I'hemo- dynamometre. Au moment de Uapplication del'instrument, 1'aninial fit quelques efforts et la colonne mercurielle monta a EXPERIENCES. oGl 150, 160, alia meme a 200. Pen a pen le calme se reta- blit ; et, apres dix a douze minutes, 1'animal etant bien tranquille, on observa ce qui suit : Pendant 1'intervalled'une expiration et d'une inspira- tion, le mercure oscilla entre 70 et 80; puis, dans 1'ins- piration, il monta a 90 pour clescendre a 70 dans 1'ex- piration. Apres chacunede ces experiences, F animal paraissait tres fatigue, ce qui acceleraitun pen le nombre des res- pirations. Lelendemain 6 octobre ahuitheures, le chien fut trouve mort, sans doute depuis pen de temps, car il e'tait encore chaud. A Tatitopsie, les pournons etaient d'une couleur rose magnifique, ne contenaient point de sang epanche et Etaient partout permeables a Fair. Les bronches ne con- tenaient pas de mucosites. La plevre, seche, ne renfer- mait point de serosite. Le coeur etait rempli de sang coagule dans toutes ses cavites. Le pericarde etait sain ; il ne contenait pas de liquide. L'estomac etait vide ; il ne renfermait qu'un liquide biliaire fetide. Exp. — Sur un chien encore jeune, amene depuis deux jours dans le laboratoire, et qui, depuis ce temps, avait refuse toute nourriture, on fit la section des nerfs vagues apres avoir pratique une ouverture a 1'estomac, dans le but d'emp&cher le reflux par Toesophage des liquides gastriques. 1° On decouvrit 1'artere carotide gauche ; les pulsa- tions etaient au nombre de 115 par minute, intermit- tentes; les respirations, de 13 par minute. On appliqua 362 NERF PNEUMOGASTRIQUE. rheniodynamometre qni oscillait de 1/|0 a 160. 2° On fit alors une incision ahdominaleet on attirasur les bords de la plaie la paroi de 1'estomac, qu'on ouvrit et qu'on fixa a la plaie par quelques points de suture. L'estomac etait vide ; sa membrane muqueuse etait pale et livide ; il s'ecoula seulement une petite quantity d'un liquide clair, tres nettement acide. On chercha a exciter la surface de 1'estomac, dont la sensibilite etait assez obtuse; les points qui furent touches devinrent rouges et comme le siege de vergetures. Alors on cberchales deux nerfs vagues dans la plaie du con, ils etaient completement insensibles an pince- ment. On en fit la section ; et voici ce qui se passa a ce moment du c6te" de 1'estomac : La couleur pale de la membrane muqueuse ne chan- gea pas. En promenant le doigt dans 1'estomac, sa sur- face paraissaitplussecheetil n'yeutpas cette formation abondante de mucus qui fut observe dans un autre cas (voir plus loin). En introduisant le doigt par le cardia, dans Tcesophage paralyse, il y penetrait avec une grande facilite, tandis qu'avant la section des vagues cela n'avait pas lieu a cause de la constriction de 1'cesophage. II est a remarquerque, bien que cet animal fut jeune, il ne se manifesta aucun pbenomene de suffocation. Cela tient-il a ce qu'il etait a jeun depuis deux jours, on a ce qu'il n'y avait point de liquide dans 1'estomac? Le 30 octobre, dix-sept heures apres 1'operation, 1'animal nepresentaitaucune gene de la respiration. La membrane muqueuse de 1'estomac s'etaiten partie ren- verste au dehors par la plaie, etelle offrait une couleur EXPERIENCES. 303 rouge brique ; ce qui provenait, sans donte, cle son con- tact avecl'air. La membrane muqueuse offrait une reac- tion neutre au papier de tournesol, et aucun mucus no s'echappa par laplaie. La temperature cle 1'estomac etait de 32 degres ; cello du rectum de 33 a 34 degres. A trois heures du soir, vingt-quatre heures apres la section desnerfs vagues, 1'animal etait tresfaible, coucho sur le flanc ; les respirations etaient treslentes, mais nul- lement g^nees; le| pouls n'etail plus perceptible aux arteres; 1'animal s'etait considerablement refroidi. On ouvrit 1'artere caroticle qui contenait a peine du sang ; il etait trcs rutilant et s'ecoulait en bavant sans jet sensible. Cependant le sang etait toujours noirdans laveine jugulaire. L'animal etant mourant, on ouvrit le thorax : les pou- mons s'aflaiss6rent et il fit des efforts de respiration seu- lement avec la bouche mais nullement avec le thorax. Des 1'ouverture du thorax, le sang de 1'artere etait de- venu noir. On vit alors le coeur, excessivement petit, ne rernplissant pas le pericarde, coutinucr a battrc de la maniere suivante : 1° Contraction des deux oreillettes; 2°aussit6t apres, contraction des ventricules; 3° an moment dela contrac- tion des oreillettes, il y avait reflux du sang dans les veines pulmonaires par la contraction de 1'oreillelte gauche, et reflux dans les veines caves par contraction de 1'oreillette droite. Le tissu des poumons n'etait nullement altere ; on n'y rencontra aucune ecchymose etleur insufflation se faisait parfaitement. On remarqua, en outre, qu'il y avait un 364 NERF PNEUMOGASTR1QUE. emphyseme considerable dans le tissu cellulaire des me'- diastins anterieur etposterieur. Get emphyseme, qui etait du a 1'entree de 1'air par la plaie du cou, soulevait la plevre jusqu'a sa reflexion sur les cotes. Eoop, — Un chien loulou, vivace, depnis quatre jours dans le laboratoire, ay ant ton jours mange avec vora- cite, fit son dernier repas trois heures et demie avant 1'operation. L'animal etant place sur la table, et une plaie ayant e*te faite auxparois abdominales pour y fixer 1'estomac ; puis une plaie faite au cou pour mettre a decouvert 1'artere carotide gauche ; 1'animal etant reste" parfaite- ment calme durant toutes les operations : 1° On compta les pulsations de 1'artere en la tenant sous le doigt. Ces pulsations irregulieres, au nombre de 90 par minute, sont pleines et vibrantes. 2° Les respirations sont au nombre de 15 par minute. 3° L'hemodynamometre applique sur 1'artere caro- tide gauche, 1'animal etant tres calme, oscille de 160 a 190. Alors on enleva 1'hemodynamometre eton ouvrit les parois de 1'estomac. Un thermometre mis alors dans 1'estomac marquait 38 degres ; son indication n'avait pas varie lorsqu'ensuite on avait fait la section des vagues. La surface interne de 1'organe etait rouge ; 1'estomac contenait beaucoup de tripes non encore digerees ; il s'en ecoula une grande quantite de sue gastrique. On retira la plus grande partie des aliments contenus dans 1'esto- mac afin d'observer plus facilement la membrane mu- queuse. Alors, on coupa le nerf vague gauche qui se EXPERIENCES. 365 montra sensible au pincement. Cette section du nerf n'amena pas de decoloration dans la membrane mu- queuse stomacale. Alors on coupa le vague droit, e'gale- ment tres sensible au pincement; il y eut une decolora- tion tres sensible de la muqueuse. On observa quelques efforts; bient6t 1'animal se calma et la respiration n'e'tait pas sensiblement g6nee. On compta de nouveau les respirations et les pulsa- tions : Pulsations : 192 par minute, sans intermittence. L'artere 6tait beaucoup moins pleine et moins tendue qu'avant la section des vagues ; le sang y etait reste ru- tilant. Respiration : 9 par minute. L'hemodynamometre, 1'animal etant parfaitement calmc, oscillait del 20 a 130, Lespulsationsetaientdeveiuiesbeaucoupplusfrequentes, en m&me temps qu'elles etaient moins energiques ; elles ne presentaient pas d'intermittence. On examina alors la surface inte'rieure de 1'estomac, qui etait devenue rouge brique dans certains points; en- suite on delia 1'animal et on le remit en liberte. Le lendemain, ler novembre, dix-neuf heures apres 1'operalion, on reconnutque ranimal avait eu pendant la nuitdes evacuations fre'quentes; il etait calme et sa respiration n'etait pas g^nee. Les respirations elaient de 11 a 12 par minute; les pulsations de 19/j. a 196. L'hemodynamometre place sur la carotide gauche qui contenait un sang tres rutilaut, oscilla de 130 a 'l^iO ; les oscillations etaient a peine perceptibles. Alors j'ap- pliquai 1'instrument sur la carotide droite, et il donna 360 NERF PNEUMOGASTRIQUE. del 50 a 160, augmentation depression qui suit toujours la ligature d'un nouveau vaisseau. Le thermometre introduit dans 1'estomac accusa une temperature de 38 degres. Le 2 novembre, trente-six heures environ apres 1'operation , 1'animal fut trouve mort, depuis peu de temps sans doute, car iletait encore chaud. A 1'autopsie,. les poumons etaient sains; ils s'affaissaient parfaite- ment, no contenaient pas d'epanchement de sang; toutetbis, ils etaient conime iletrisetpeu crepitants sous le doigt. L'estomac etuit vide. On remarqua, en outre, un emphyseme dans les m&- diastins anterieur et posk;rieur, emphyseme qui s'elait propage depuis le tissu cellulaire de la plaie du cou j us- que dans la poitrine. Messieurs, ce n'est qu'apres 1'examen et le controle desfaits que je viens de vous signaler que je dus cher- cher a determiner la cause de cette lesion du tissu pul- monaire. Je pense que la cause qui la produit est une cause physique, que la lesion du poumon est primitivement une lesion traumatique occasionnee par les troubles qui surviennent dans les actes mecaniques de la res- piration. Observons, en effet, un animal sur lequel on vient de couper les pneimiogastriques : les mouvements respira- toires sont beaucoup moins frequents ; mais ils sont devenus beaucoup plus larges, beaucoup plus profonds. Dans ce cas, il semble que les mouvements respira- toires gagnent en amplitude ce qu'ils perdent en fre- EXPERIENCES. 367 quence, et qu'ils tenclent a introduire une mfone quan- tite d'air dans le poumon. La dilatation du thorax peut alors devenir telle que, pour le suivre, le poumon se trouve distendu au dela des limites ordinaires et se de- chire. Cela expliquerait comment Falteration cle cet organe s' observe, surtout chez les jeunes animaux dont le tissu pulmonaire est moins resistant. L'observatiou directe est d'ailleurs presque possible ici . En effet, nous avons, sans entamer la plevre pulmonaire, pratique en en levant les muscles intercostaux, une ouver- ture, unesorte defenetre par laquelleon pouvait suivre les mouvements du poumon. Des que les pneumogas- triques sont coupes, il y a de 1'emphyseme; on distingue des bulles d'air sous la plevre. Cet emphyseme s'accom- pagne ensuite de ruptures vasculaires, d'^pancljement sanguin, ({'obstruction des vaisseaux aeriens, etc. Cherchant a verifier directement 1'existence de la cause a laquelle nous a\ions d'abord attribue la produc- tion possible d'un emphyseme, nous avons fait respirer un animal avant et apres Topcration, en lui faisant faire sa prise d'air sous une cloche. Nous avons vu ainsi que si, avant I'operution, il prenait, a chaque inspiration, une certaine quantite d'air , il en prend une quantitu notablement plus grand e apres que les pneumogastriques out ete coupes. Si 1' animal n'est plusjeune, remphyseme arrive plus lard. Chez^les vieux chiens il ne se produit pas. Dans ces experiences, un autre fait assez singulier s'est presente a noti'e observation, fait dont je n'ui re- conn u la cause que longtemps apres. 368 NERF PNEUMOGASTRIQUE. Pour saisir les nerfs pneumogastriques, on fait une plaie an cou de 1'animal. Dans les inspirations forcees que nous avons vues apres la section de ces nerfs, le mediastin entraine par la face interne de chacun des poumons tend a suivre le mou- vement des parois thoraciques, tend a s'agrandir. II en resulte un emphyseme produit par 1'air que 1'aspira- tion du mediastin a introduit par le tissu cellulaire de la plaie. Get emphyseme peut quelquefois 6tre prevenu en cousant bien la plaie. La lesion pulmonaire consecutive a la section des pneu- mogastriques produit done un emphyseme traumatique, par une distension mecanique du tissu du poumon. La realite de ce fait nous parait assez bien e"tablie pour que nous puissions, faisant 1'experience, annoncer a 1'avance si Ton aura ou si Ton n'aura pas cet emphy- seme. Sur un jeune animal on produira cette lesion; sur un tres vieux chien, on est a peu pres sur de ne pas la rencontrer. 11 est des animaux chez lesquels les conditions meca- niques de la respiration sont autres que celles que nous venous d'examiner : chez les oiseaux , par exemple, dont les poumons sont fixes et dans d'autres rapports. C'est pour cela qu'operant, sur des oiseaux, la section des pneumogastriques, on ne trouve pas chez eux d'alteration des poumons. La lesion n'est done pas, com me on 1' avail dit, un effet special du au defaut d'action du pneumogastrique. On ne saurait, comme on a fait, la comparer a Valleralion de nutrition que presente I'o3il apres la section de la cinquieme paire ; EXPERIENCES. of)9 en ef'fet, il peutmanquer, laud is quo la fonte de 1'ceil, apres la section du trijumeau, est gene'ralement ine'vi- lable. ' :. Voici le detail des experiences qui prouvent que les inspirations sont plus larges apres la section des vagues que dans Tetat normal. Ecep. — Sur un jeunc lapin, on plaoa dans la trachee, prealablement ouverte dans la region ducou, line sonde de gomme elastique de 3 a 4 millimetres de diametre interieur, diametre sensiblement egal a celui de la trachee de r animal. Apres cette operation, on en- leva quelques fibres musctilaires, vers la partie ante rieure des derniers espaces intercostaux, en menageantle feuil- lel parietal de la plevre qui eiait transparenl et permet- lait de voir, comme a Iravers une vitre, le bord inferieur despoumons, executant a chaque respiration des mou- vementsd'elevation et d'abaissement. Alorson introdui- sit la sonde qui tenait ;i la trachee dans une eprouvette graduee placec sur Teau, etl'on constata qu'a chaque in- spiration 1'eau moutait dans 1'eprouvette d'une cerlaine hauteur, par suite de Tentree dans le poumon d'une certaine quantite d'air. On coupa les vagues dans la region nioyenne du cou, en menageant les deux filets sympathiques. On constata alors que, a chaque inspira- tion, 1'eau montait plus haut, ce qui indiquait evi- demment que la quantity d'air introduce dans le poumon, etait plus considerable qu'avant la section des vagues. Les respirations de 1'animal etaient tombe'es a 52 apres la section des nerfs. Pour mesurer plus exactement la difference qu'il y B., SYST. NF.RV. — n. 24 370 NERF PNEUMOGASTRIQUE. avait entre la capacite respiratoire avant et apres la sec- tion des pneumogastriques, on refit une nouvelle expe- rience sur un autre animal. Exp. — Sur un lapiu vif et bien portant, en digestion, on adapta a lat racbee une sonde cle 3 a k millimetres de diametre ; ensuite on mesuni exactement la difference qu'il y avait dans la capacite respiratoire du poumon avant et apres la section des vagues. Voici ce qu'on observa : Avant la section des pneumogastriques, 1'animal in- spirait 190 divisions de 1'eprouvette , c'est-a-dire pres de 20 centimetres cubes d'air. Aussitot apres la sec- tion des vagues, il inspirait 310 divisions c'est-a-dire 32 centimetres cubes environ. Dans les deux cas, le la- pin etait dans la meme situation, etendu sur la table. Deux heures et demie apres, on mesura encore de nouveau la capacite inspiratoire eton trouva qu'elle etait de 32 centimetres cubes , exactement comme imrne- diatement apres la section des nerfs. Le lendemain ranimal etait mort ; on en fitl'autopsie et on trouva que la soude etait bien adaptee sur la tra- chee,de sorteque rien n'avait passe dans les bronches et gene me'caniquement la respiration. Le poumon presentait des eccbymoses, qui toutefois ne semblaient pas aussi profondes que dans certains cas ou il n'avait pas ete mis de tube a la trachee. Ce tube avait bien empeche les mucosites de la bouche de tomber dans les voies respiratoires, de meme que les parcelles d'aliments que ranimal avait mangees apres 1'operation etqui s'etaientaccumule'esdansroesophage. EXPERIENCES. 371 puis celles-ci, arrivees au pharynx, n'ayant pas pu des- cendre dans le larynx, etaient sorties par le bout supe- rieur de la trachee dans la plaie du cou. Toutcfois, il y avait de 1'emphyseme du poumon, par- ticuliereinent sur les bords de 1'organe, et on voyait de plus des echymoses sanguines bien caracterisees. Nous devons maintenant, Messieurs, vous clonner des exemples des faits que nous vous avons indiques conime consequence de la section des vagues. Nous vous rendrons aujourd'hui temoins des phenomenes primitifs; dans la prochaine seance, nous observerons les phenomenes consecutifs. Exp. — Yoici un chien boule-dogue; ilest d'une taille moyenne mais de"ja un pen vieux. Les chiens ont nor- malemcnt de 16 a 20 respirations par minute. Nous lui en trouvons 16 d'abord, puis 25. II a etc" agite lorsqu'on 1'a place sur la table, mais il se calme; nous lui trou- vons encore 25 respirations par minute. Le thorax se dilate pen : tout a 1'heure vous le verrez se dilater beau- coup plus largement et bien plus rarement. Nous saisissons les pneumogastriques entre les deux nerts larynges : nous paralyserons, par consequent, le larynx; mais 1'anirnal, qui n'est plus jeune, ne succom- bera pas immediatement a cette lesion. Nous couperons le pneumogastrique des deux cotes. Si on se bornait a en couper un seul, 1'animal ne suc- comberait pas ; on pourraitlegarder longtemps et obser- ver chez lui une alteration semblable a celle dont je vous parlais , mais dans le poumon correspondant au nerf coupe. Nous faisons d'abord la ligature cl'im des pneu- 372 NF.RF PNEUMOGASTRIQUE. mogastriques 5 Vanimal s' agile et fait quelques ef- forts pour s'ecbapper; puis il redevient calme. Nous lions egalement le pneiimogastrique du cote oppose ; la ligature est ici equivalente a la section ; elle nous per- mettra de plus de saisir a volonte le nerf si nous vou- lons, plus tard, le galvaniser. La ligature de ce second pneumogastrique produit encore quelques efforts vio- lents, puis une suffocation qui se dissipera tout a 1'heure ; suffocation qni m'a paru plus considerable quand les animaux sont en disgestion (jue lorsqu'ils sont a jeun. La respiration est ralentie et le deviendra de plus en plus, mais elle est beaucoup plus large; la dilatation des parois thoraciques s'accompagne d'une contraction des muscles abdominaux tres facile a constater. Les mouvements respiratoires sont deja tombes a 6 par minute; ils deviendront plus rares encore. Nous suivrons cet animal et je vous le presenterai dans la prochaine seance. Nous allons reproduire Inexperience surun lapin. Je vous montrerai d'abord celui-ci ; c'est un lapin auquel nous avons, il y a deux jours, coupe un pneu- mogastrique dont la section n'a pas ete doulou reuse. Ce lapin pourra vivre encore longtemps avec une alteration du poumon, du c6te qui correspond a la section. Lors- que, comme celaa eu lieu cbez cet animal, on coupe les pneumogastriques d'un seul cote, 1'auimal respire plus largement dece cote. Toutefois, si Inspiration est plus active, Fexpiration parait Tetre moins. Si Ton place un petit corps leger devant les narines de 1'animal, on voit - du ciMe ou le pneumogastrique a as retrouvee chez le cliien : la inspiration s'arreta ainsi que le coeur; et apres la cessation de la galvanisation, les battements de 1'artere reparaissaient toujours plus vile que les mouvements respiratoires, qui tardaient a revenir. Quand on galvanisait les bouts supe- rieurs, et que la respiration s'arrelail tandis que le cow continuait, les mouvements respiratoires revenaient immediatement apres la cessation du galvanisme, plus rapides qu'avant, pour ensuite diminuer de frequence. Si Ton galvanisait les bouts inferieurs des vagues, on voyait aussitot, avec 1'arret de la circulation, des mou- vements peristaltiques se faire dans le venire et les liquides de 1'estomac remonter par Toesophage et sortir par le nez. Toutefois c'etaicnt la des effets de vomituri- tion plutot que de vomissement : les efforts de voinis- 390 NERF PNEUMOGASTRIQUE; sement reels se produisaicnt lorsqu'on galvanisait les bouts superieurs des nerfs values, et plus specialement du nerf droit. Lorsque la galvanisation etait trop faible, elle n'ar- irtait pas les respirations, niais au contraire elle les accelerait. Lorsque la respiration s'arrete completement, peut- on dire que cela est du ii la douleur? — il faudrait, pour le savoir. re-peter I'experience sur des animaux etherises. L'apparition des mouveinenls peristaltiques, notee dans ce He experience, s'accorde avec d'autres observa- tions dans lesquelles re liiirnoinene a coincide aver un arrtH de la circulation. Aprestoutes les operations, le lapin, etanttranquiilr. j)i'*;sentait un rhonchus tres fort avec des inspirations profondes. Les respirations etaient an nombre de 3/i ]>ar minute. Apres une premiere galvanisation, on laissa raniiiial en i*epos pendant environ deux lieures, puison appliqua de nouveau la galvanisation avec les monies rcsultats, si ce n'est que 1'arret de la respiration etait nioins facile a obtenir. On prit 1' urine du lapin, qui eiait alcaline. mais ne contenail pas de sucred'une maniere evidente.L'animal avail 30 respirations par minute; les pulsations etaient tellement nombreuses, qu'on ne pouvait les compler. Le 6 decembre, vingt-quatre heuresapres 1'ope'ration, 1'animal avail loujours le rhonchus note la veille; son urine, jaunatre, alcaline et limpide, ne contenail pas de sucre. On le sacrifia. A 1'autopsie, on trouva les poumons emphysemaleux, ne s'atTaissanl pas quand on ouvrit la SA GALVANISATION. 391 poitrine et presentant des ecchymoses, surtout du c6te" gauche sur lequel le lapin etait resle couche pendant les dernieres heures de sa vie. A droite, les ecchymoses etaient pluspetites etmoins prononcees. Le cceur ren- fermait du sang dans toutes les cavites. L'estomac con- tenait des aliments et desgaz; sa reaction etait acide; celle do 1'intestin grele etait alcaline. Le foie ne conte- nait pas de sucre, parcc que 1'animal etait mort lente- ment. Ccltc mort lente tenait a la temperature basse, car pendant 1'ete les auimuux meurent beaucoup plus vite et leur foie pout alors contenir du sucre. On examina la plaie au cou : les deux nerfs sympathiques avaient ete pari'aitement respectes. Eocp. — Sur un jeunechien on fit, dans la region du cou, la section des nerfs vagues entredeux ligatures, de maniere ii avoir attaches a des fils les deux bouts infe- rieurs et les deux bouts superieurs. Apres la section des vagues, on observa avcc soin la forme des respirations, et Ton conslata que les c6tes restaient presque immobiles et que la respiration se faisait surtout aux depens des mouvements du dia- phragme. On o-alvanisa alors a la ibis les deux bouts superieurs des nerfs vagues. Quand la galvanisation etait tres legere, la respiration n'etail pas arretee, mais an contraire ello etait frequente et entrecoupee. Les c6tes se mouvaient alors rapidement. Lorsque la galvanisation etait forte, les mouvements respiratoires s'arretaient; puis, quand on cessait la galvanisation, les mouvements respiratoires re- prenaient au bout de quelques instants avec une grande 392 NERF PNEUMOGASTRIQUE; frequence et les mouvements des c6tes les accompa- gnaient. Pendant la galvanisation des bouts superieurs des vagues, on vit 1'oeil devenir stiillant, les pupilles ct les paupieres elre tres dilatees, 1'oeil et 1'oreille palir; mais quand la respiration ctait eompletement arrelee, on voyait la languc (levenir brune et les phenomenes de Fasphyxie se prononcer; le thorax etail arrete dans I'inspiratioo forcee. am point que les cartilages des cotes etaient de formes. On cessa la galvanisation : 1'aninial en etait moii. Exp. — Sur un chien de chasse on mil a nn les deux nerfs vagues, on les souleva sur une anse de fil, et on les galvanisa tous les deux u la fois sans les co u per. Pendant la galvanisation il yeut arret du cauir. arrtH de la respiration et saillie des yeux, ce (\\\\ prouvait qu'il y a a la fois action centripele et cenlrituge dans le nerf vague, ('eci ivsulle encore de rcxpur par min'ite . , du coeur par minute en plus uvant l'..|>|ilit-..iiii'i .i|jr •< I'upplicatiua sous I'mlluence de la chaleur. 75 100 58 Le vehicule qui sert a appliquer la chaleur semble 6tre sans influence; les metaux, 1'air, un grand nombre d'acides, lesang defibrin^, I'urine, qui ont etc employes, out toujours donuy le meme resultat que 1'eau. INFLUENCE DE LA CHALEUR. 397 Ces premiers resultats imprimerent une autre direc- tion aux recherches de M. Calliburces. Ayant sous les yeux un animal a sang froid en quclque sorte meta- morphose en animal a sang chaud, eu egard au nombre des pulsations, il crutl'occasion favorable pour resoudre par voie d'experimentation la question des rapports qui existent entre 1'influence de la chaleur animale et 1'activite du centre circulatoire. Les grenouilles ctaient d'autant mieux appropriates a ces recherches, qu'clles se trouvent tres sensibles a cette action, et qu'elles se pre- tent admirablement a 1'analysc physiologique. Par quclle voie physiologique Faction de la chaleur est-elle transmise depuis la palto an coeur? C'etait la le point important du prohleme. On pourrait admettre a priori plusieiii's explications de ce phenomene, et il s'agissait de les soumcttre successivement ;'i 1'examen experimental. I. L'acceleration de la circulation provient-elle de ce que la chaleur modifie les conditions de mouvement du sang? La chaleur est-elle ainsi la cause premiere de la frequence plus grandedes mouvements du coeur? Se fondant sur les resultats d'experiences repete"es, M. Calliburces se crut dejii autorise a repondre par la negative a cette premiere question. Apres avoir mis a nu le coeur d'uue grenouille, il appliqua une ligature a la partie supe'rieure des extremites posterieures de 1'ani- mal, en ayant soin de ne pas y comprendre les nerfs cruraux, de maniere que la communication par les vais- seaux entre le tronc et les extremites etait interrompue, tandis que celle par les uerfs continuait a subsister. 398 MOUVEMENTS DU COEUR. Les extremites poste'rieures ayant ete plongees jusqu'au voisinage des ligatures dans de 1'eau a 39 degre's centi- grades, les battements du coeur monterent a 88 par mi- nute, et le merne re'sultat se produisit chez des gre- nouilles que Ton plongea dans de 1'eau a la m6me temperature, mais auxquelles on n 'avail pas lie les extremites posterieures. L'accroissement de Factivite du coeur cst aussi la consequence de la modification physique du mouvemenl du coeur par Fapplication de la chaleur sur Forgane lui-mthne. Apres avoir enleve a une grenouille la paroi thoracique anterieure, on disposa r animal de telle sorte que le coeur, qui avail l\k pulsations par minute, vint plonger dans un petit verre, de maniere que Faction de Feau chaucle ne putetre que locale. On versa ensuite dans ce verre deFeau a /il degres, et aussitot le nombre ties pulsations monta a 64 par minute. On ne pent plus supposer ici que, dans un espace de temps relati- vement si ininime, toute la masse du sang ait subi Fin- tluence de la temperature de Feau contenue dans le verre, et qu'elle soil ainsi devenue la cause de la fre- quence plus grande des pulsations du cceiir. Yoici quelques-iins des resullals obtenus : BVTTEMKMS DIGRES BATTEMGNTS DIFFERENCE du cceur uviint . du coeur ii)iic;-i t-ii plus Pappliciiiion locale 1'upplic.il.inii loculc sons 1'inlluence de la chaleur. de cbalenr. de la chaleur. de la chuleur. 50 25 6/1 Id 50 hi 68 18 32 70 52 20 hk 55 82 38 62 65 64 22 42 65 82 AO INFLUENCE DE LA CHALEUR. 399 La deuxieme experience a ete faite sur la grenouille n° 1, et la sixieme experience sur la grenouille ne 5, lorsque le nombre des battements du coeur fut redevenu le me~me que dans la premiere et la cinquieme expe- rience. II. La chaleur agit-elle sur le coeur par Pinterme- diaire du systeme nerveux? D'apres une serie d'experiences repetees a plusieurs reprises, il semblerait que raccroissement de ractivite* du coeur, consecutif a 1'augfflentation de la chaleur ani- male, n'est pas directement lie a I'action du systeme nerveux. Premiere experience. — Apres avoir opere dans les extremites poste'rieures d'une grenouille la section des neri's cruraux , on les plongea dans de Teau chaude, et Ton remarqua que les mouvements du coeur aug- mentaient exactement de la memo maniere que chez des grenouilles auxquelles il iravait pas fait la section des nerfs cruraux. Deuxieme experience. — An lieu d'employer de 1'eau cbaude, on appliqua sur des grenouilles saines de 1'acide acetique et azotique, depuis la plus faible dilu- tion jusqifa la concentration la plus forte : I'activite du coeur ii'i'prouva aucun changement dans quelques cas., dans d'autres elle s'accrut seulement de quelques con- tractions ; et, Sors de Implication de 1'acide azotique concentre, elle s'arreta meme compietement. Troisieme experience. — On ouvrit le canal ra- cbidien d'une grenouille dans la region de la moelle allongee, et Ton y introduisit la canule d'une petite 400 MOUVEMENTS DU COEUR. seringue remplie d'eau chaude; les mouvements du coeur s'arreterent au moment menie de 1'introduction de la canule, sous rinfluence mecanique du contact de 1'eau chaude et avant que 1'injection eut pu etre faite. Plus tard ils reparurent, mais leur nombre avait dimi- nue de trois a cinq par minute. Quatrieme experience. — On detruisit completement 1'encephale et la moelle epiniere d'une greuouille, et Ton observa cependant, lors de 1'application de la chaleur, la meme augmentation des contractions du coeur. Dans la premiere experience de ce genre, elles monterent de 36 a 8/1 par minute. Cinquieme experience. - - On paralysa les nerfs mo- teurs d'une grenouille en 1'empoisonnant par du curare. Dans la premiere de ces experiences, le cosur de 1'animal battait 50 fois par minute, tant avant qu'a- pres 1'intoxication, et avant 1'application de la chaleur. Les extremites posterieures avant &<$ plongees dans de 1'eau a 55 degres, le nombre des pulsations monta a 92 par minute ; et puis il commenra a diminuer, et lors- qu'il n'y en avait plus que 60 par minute, on mit les extremites posterieures dans de 1'eau a 73 degres, ce qui fit remonter le nombre des pulsations a 92 par minute. Dans une autre experience, le cceur de la grenouille battait 38 fois par minute apres 1'intoxication et avant 1'application de la chaleur. De 1'eau a 39 de- gres ayant ete appliquee sur le cosur, le nombre des battements monta a 86 par minute, puis il diminua insensiblement ; etlorsqu'il n'y eut plus que 7/i pulsations par minute, on fit cesser 1'application de 1'eau chaude INFLUENCE DE LA CHALEUR. 601 sur le coeur : les pulsations de cet orgaiie continuerent a diminuer peu a peu en nombre; ce qui prouve que Tact ion de la chaleur sur le coeur a continue encore a se faire sentir lors meme qu'on avait cesse de fy ap- pliquer directement; des experiences ulte'rieures ont pleinemont confirme ce resultat. line nouvelle appli- cation de chaleur provoque chezla meme grenouille. au moyen d'eau a 35 degres, fit remonter le nombre des contractions du coeur de 40 a 88 par minute; mais ces pulsations etaient doubles, inv^uliiTes et intermittentes, resultat qui t'ut egalement confirms par des experiences repetees et qui terait voir que la chaleur a de I'influence, non-seulement sur la quantite. mais encore sur la qualite des contractions du coeur. III. L'acceleration des mouvements respiratoires qui, lors de 1' augmentation de la chaleur animate, coincide avec 1'accroissement des contractions du coeur, peut en etre independante dans certains cas. Chez les grenouilles empoisonne'es par le cu- rare, les mouvements respiratoires cessent complete- ment, et neanmoins 1'application de la chaleur provoque line augmentation de ceux du coeur. Du reste, nous avons deja vu que 1'application locale de la chaleur sur le coeur en accelere 1'activite, sans avoir pour cela d'intluence sur les phenomenes respiratoires de la gre- nouille. IV. L'acceleration de 1'activite du coeur, parait de- pendre uniquement de Faction locale et specifique de la chaleur sur le coeur meme. Yoici de quelle maniere M. Calliburces fit ses expe- B., SYST. NEHV. — n. 26 402 MOUVEMENT DU COEUR. riences : II extirpa le cceur crime grenouille qui avail 36 pulsations par minute: apres 1'operation, il en avait encore 18. On placa alors le cceur dans un verre de montre contenant de 1'eau a 40 degres, et aussitot les pulsations monterent a 94 par minute. Dans ladeuxieme experience, la chaleur de 1'eau (40 degres) fit monter les contractions du coeur de 38, qu'il avait avaut 1'ex- tirpation a 80 par minute. Un troisieme coeur battait encore 30 fois par minute apres avoir ete excise ; mis dans de 1'eau a 25 degres, il se contracta 62 fois dans le meme espace de temps. Dans la derniere experience, eufin, on mit le coeur d'une grenouille, qui avait 36 pul- sations avant d'etre extirpe, dans de 1'eau a 50 degres, ce qui fit monter les contractions a 72 par minute ; alors on placa le coeur dans de 1'eau qui n'avait que 10 degres de chaleur, et aussitot les pulsations cesserent completement, mais elles reparurent de nouveau (82 par minute) lorsque le coeur fut remis dans de 1'eau a 50 degres. M. Calliburces a observe d'une maniere generate que le nombre des contractions du coeur augniente en rai- son du degre de temperature employe; mais il ne lui a pas ete possible d'y trouver une proportion directe : ainsi, pour citer un exemple, une temperature de 22 de- gres fit monter les mouvements d'un coeur de 32 a 45 par minute ; lorsque le coeur fut revenu a 32 battements, on 1'exposaa une temperature de 32 degres sous I'influence de laquelle il y eut 65 pulsations par minute. Conclusions — 1° La chaleur parait avoir une action specifique sur le coeur ; 1'augmentation des pulsations INFLUENCE DE LA CIIALIiUR. /lOo qu'elle provoque chez la grenouille semble etre inde- pendante , noii-seulement des conditions hydrauliques de la circulation, mais encore du systeme nerveux et des mouvemenls respiratoires ; elle peut n'etre duo qu'a 1'action directe de la chaleur sur le centre circulutoire; 2° La chaleur animalc petit done exciter le coeur d'une maniere locale et en entretenir 1'activik' ; 3° Le nombre des contractions du coeur s'accrolt sans qu'il y ait proportion directe, en raison du degre de chaleur qu'on emploie, si le coeur se trouve pres de son etat physiologique, c'est-a-dire s'il n'a pas deja servi a plusieurs experiences de ce genre; 4° La chaleur influe non-seulenient sur la quantilo mais encore sur la qualile des contractions du cceur; 5° L 'action de la chaleur sur le cuiui1 continue u stib- sisler lors memo qu'il ii'y est plus expose d'une maniere directe. Messieurs, je vous signale ces tails sans vouloir en dckluire maintenant une loi physiologique geuerale. Yous potivez sur ces cceurs cnleves a des grenouilles, voir les re'sultats que nous YOUS signalons. La meuie chose s'observerait sur la grenouille vivante, si, mettant le C03ur a decouvert, on Tobservait pendant qu'on trernpe une partie de la grenouille, alternativement dans 1'eau froide et dans 1'eau chaude. Cette influence de la chaleur sur les mouvemeiits du coeur est tres interessante a constater, mais si nous avons YU que chez les grenouilles le systeme nerveux n'a pas d'influence sur ces mouvemeiits du coeur, il n'en est plus de memo chez les animaux superieursou cetteiuihience /lO/| NERF PNEUMOGASTRIQUE. est des plus manifestes. Serait-ce dans des differences de ce genrequ'il faudraitchercherles caracteres spe"cifiques des anirnaux a sang chaud et a sang froid? Lesnerfspneumogastriquessont, en effet, des voies de transmission par lesquelles les actions nerveuses peuvent etrecommuniqueeau coeur etau poumon. C'est ce que demontrent encore les experiences suivantes sur les effets de la nicotine avant et apres la section des pneumogas- triques. Exp. (12 novembre 18/j5). - Sur une*chienne a jeun, d'assez forte taille et adulte, on deposa trois gonttes de nicotine dans une plaie sous-cutanee faite a la partie interne de la cuisse. Les pulsations etaient an nombre de 115, les respirations de 28, par minute, avant 1'ad- ministration de la nicotine. Une minute apres F administration de cette substance, la respiration e'taitgenee, Tamma! etait essouffle, titu- bant, les oreilles penchees en arriere : les respirations abclominales et diaphragmatiques etaient alors de /i2? les pulsations, 232. Apres huit minutes, vomissement de mucosites blancliatres. Apres dix-neuf minutes, le globe de Foail paraissait renverse; mais en examinant de pres, on voyait que cet aspect etaient du li la tension au-devant de I'oail de la troisieme paupiere; de telle sorte que les deux tiers in- ternes et inferieurs de 1'ceil etaient recouverts et que 1'animal etait comme aveugle. Vingt-cinq minutes apres I' administration de la nico- tine, 1'animal allait uiieux. Les respirations etaient de 36 et les pulsations de 129 par minute. EXPERIENCES. &05 Apres trente minutes, tous lessymptomesproduits par la nicotine avaient a pen pres cesse, sauf la respiration et la circulation qui etaient encore un pen troublees. Sept jours apres, le 19 novembre, le me1 me animal se portant bien, on fit 1'experience suivante : L'animal avait mange a onze heures et demie. Deux heures apres, on fit la section cles deux nerfs vagues. Avant la section des nerfs, les pulsations etaient de 120, les respirations de 20 et I'hemodynamometre oscillant de 150 a 170. Les deux nerfs etaient d'une insensibility complete. Au moment de la section, l'animal n'eprouva aucune souffrance. II se manifesta chez lui un sympt6me qu'on observe generalement cbez tous les animaux aux- quelson irrite ou on coupe lepneumogastrique, Cesont des mouvements de la queue tout a fait semblables a ceux quo fait l'animal pour exprimer sa joie. Ces mou- vements paraissent ici lies a une gftne de la respiration, car on les observe de meme quand on suffoque l'animal. On les observe encore souvent quand on vient de faire la section du bulbe rachidien. II serait interessant de savoir par quelle voie se transmet cette action reflexe pour produire les mouvements de la queue. Apres la section des nerfs vagues, 1'animal n'eprouva aucun phenomene de suffocation ; mais on observa qu'aussitot la carotide avait perdu de sa tension, de sa plenitude, et me"me en apparence de son volume. Les pulsations etaient alors an nombre de 206 sans intermit- tence; les respirations, an nombre de 9, tres profondes. L'hemodynamometre restait fixe a 200 : les oscilla- tions etaient excessivement courtes. AOG NERF PNEUMOGASTRIQUE. Alorson administra a 1'animal trois gouttesde nicotine dans le tissu cellulaire de la cuisse non operee, car de Fauire cote la plaie etait encore un pen enflammee. Apres deux minutes, 1'animal eprouva qnelquc trouble, se tourmenta et s'agita; eependantla circula- tion et la respiration no paraissaient pas avoir snbi de trouble du a la nicotine. Apres dix minutes, les pulsations etaientde 195 sans interniittence ; les respirations, an nombre de 7, abdomi- nales, profondes. L'hemodynamometre oscillaitentre 160 et 170. Le sang, qui etait rntilant dans la carotide apres la section des vagues, paraissait plus fonce depuis 1'ad- ministration de la nicotine. Apres douze minutes, la troisieme paupiere etait tendne devant I'oail et rendait 1'animal aveugle; la pnpille etait fortemeut contractee. Le lendemain, 20 novembre, qninze heures apres la section des vagiics, r animal etait calme ; les inspirations etaient lentes, profondes, abdonn'nales, au nombre de 9 par minute. L'animal etant sur ses quatre pattes, on voyait ;i l'arropium, on enleva 1'occipital et on lit la section des deux pneumogastriques a leur origine, en conservant les.spinaux. L' animal etaittres affaibli; mais, lorsqu'on eut coupe les pneumogastriques, les mouvements res^ piratoires cesserent aussit6t et 1'animal mourut. Exp.— Le 20.mai 1843, sur un jeune chien, on en- leva Toecipital en partie et on accrocha les deux nerfe /1 10 NERF PNEUMOGASTRIQUE. spinaux stir les cotes de la moelle; on arracha toute leur partie inferieure : la voix ne fut pas modifiee. Ensuitc, on detruisit successivement, en montant vers les pneu- mogastriques, les autres filets d'origine du spinal, et, lorsque les filets les plus elevcs furent detrnits, la voix fut voilee. Quand ranimal criait, il rendait un souffle plutot qu'un veritable son. Ce souffle produisait line espece de sifilement dans 1'expiration. Si on faisait faire de grands efforts ;i ranimal pour crier, 1'expiration res- tait soufflante, mais Finspiration devenait bniyante ct produisait une espece de braieincnt. Alors on coupa Ic pneumogastrique ii droite et Fanimal continua en- core a respirer. On le coupa a gauche : aussitot ranimal mourut sans donner de signe do suffocation. 11 faut noter encore que dans cette experience 1'animal etait affaibli par 1' operation. On a pn se convaincre dans cctte operation que le spinal n'etait pas d'une sensibilite evidente, tandis que le pneumogastrique, quand on le touchait, provoquait les signes d'une sensibilite vive. Le pneumogastrique paraitrait done plus sensible a son origine que dans la region du cou. Exp. (27 avril 1841). - - Sur un jeune lapin on fit la section du pneumogastrique gauche dans le crane. Aussit6t tons les mouvements de la respiration ces- serent dans le cote correspondant. La narine gauche resta immobile et plus dilatee que la droite qui avait conserve sa motilito" normale. L' animal avait conserve toute la sensibilite de la face du c6te gauche. Lorsqu'on le pincait, il relirait les levres; il clignait, ce qui EXPERIENCES. /ill prouve que le nerf facial eiait intact. De sorte que les mouvements de la face semblaient conserves, excepte eel u i de la respiration dans la imrine. En examinant 1'animal en face, la levre superieure paraissait un pen relevee et retiree en arriere. Exp. — Sur un chien, chez lequel on avail determine le coma par line fracture du crane qui avail du reste pro- duitle diabete (v. 1. 1, p. Sft/i), on conpa les deux nerfs pnenmogastriques dans la region moyenne du con, et, ce qu'il y cut de remarquable, c'est que 1'animal cessa de respirer aisssitut apres la section des vagues. Mais on reproduisit des mouvements respiratoires el de degluti- tion, en excitant le bout central des nerfs vagues. On ne produisail absolumenl rien en agissnnt sur les bouts pe- ripheriques;ce qui prouve ('videmmenl que les mouve- ments respiratoire s'operent dans ce cas par action reflexe; seulement chez le chien, il scrait difficile de dire si c'e"- tait par le pneumogastrique ou par le grand sympathi- que, car ces deux nerfs se trouvent rennis. II y avail en meme temps chez ce chien, dans le coma, une sali- vation Ires abondante. Alors j'ai decouverl le canal de Stenon : rien ne s'e'coulailpar ce canal, ce qui semblerail prouver que la salivation etait, dans ce cas, produite surtout aux depeiis des glancles sous-maxillain^s. Enfin, a 1'autopsie, on observa des ecchymoses dans le foie, ecchymoses surtout Ires visibles dans les parois de la vesicule du fiel. Les ganglions lymphatiquesdelaface et du con etaient marbres par desepanchements sanguins. Ces lesions etaient sans doute la consequence des chocs sur la tete qui avaient produitla fracture des osdu crane, 412 NERF 1'NEUMOGASTRIQUE. car on ne saurait attribuer de semblables resultats a 1'insufflation. Ces ecchymoses du foie sont surtout «. interessantes, en ce qu'on a signale des lesions du foie, commc coi'ucidant souvent avec les fractures du crane. Exp. — On lit sur un lapin la section de la moitie de la moelle, dans la region cervicale, au niveau de I'articulatioti occipito-atloi'dienne gauche. Les mouvcments du nez etde lalevre furent abolis a droite, et les traits etaicnt pousses en avant de ce c6te". La sensibilite existait des deux cote's de la face et les oreilles n'etaient point paralysees, non plus que les yeux qui se fermaient des deux c6tes; les membres avaient tons conserve leur sensibilite. Quand on excitait 1'ahimal, il se produisait des mou- vements dans la levre droite, mouvements qui n'avaient pas la forme respirateire. En resume, on pent dire que les mouvements respi- ratoires sculs etaient abolis dans la face ; tons les autres, ceux de rueil et de 1'oreille etaient conserves. Alors on essaya de faire la section de la cinquieme paire et Tamma! mourut. On constata a 1'autopsie que la moelle etait blessee k droite, au niveau du calamus scriplorius ; la moiti^ gau- che n'avait ett3 nullement interessee. La plaie siegeait un peu au-dessous de 1'origine des pneumogastriques. La section de la moelle en ce point avait done fait cesser les mouvements respiratoires sans leser la cinquieme paire ni le facial, puisque la sensibilite . et les mouvements des yeux etaient parfaitements conserves. EXPERIENCES. II nous reste main tenant a examiner 1'influeiice qu'exerce la section du pneumogastrique surles organes contenus clans rabdomen. sur les organes digestifs etsur le foie. Cette etude sera le sujet de la prochaine lecon; nous devrons y rechercher encore la cause de la mort des animaux qui succombent a la section des nerfs vagues, cause que nous n'avons pas trouvee necessaire- ment clans les alterations produites sur les organes thoraciques. QUATORZIEME LECON 24 JUIN 1857. SOMMAIHE : Effcls de la section du pneumogastrique sur les organes abdominaux. - - La sensation dc la faini persiste. — Les aliments s'accumulent dans 1'cesophage paralyse. — La secretion gastrique est troublee. -- Experiences sur des inainmiferes et sur des oiseaux. — Modifications apportees par la section des nerfs vagues dans I'ab- sorption sur la membrane nuiqueuse stomacale. — Elfels de la sec- tion des nerfs pncumogastriques .stir les fonctions du foie. — La fonc- tion glycogenique est troublee. — Experiences. - - Modification du cote des urines. --La galvanisation du nerf pneumogastrique deter- mine rapparilion du Sucre dans le sang et dans les urines. -- Expe- riences. — Observation du relour des propriett-s nervcu-es dans un pneumogastrique fatigue par la galvanisation. - - Observalion du retour des actes physiologiques aaxquels preside le pneumogastrique, apres la section de ce nerf. MESSIEURS , Nous continuous aujourd'hui I'liistoire du pneuino- gasirique, et nous ullons cherclier u voir comment suc- combent les animaux chez lesquels on en a pratique la section. Nous avons vu qu'ils pouvaient mourir asphyxies ; mais il r.e faudrait pourtant pas generaliser cette conclusion, parce que dans certaines conditions, dans certaines especes animales, 1'hepatisation du poumon n'a pas lieu. Cette lesion est done une cause de mort accidentelle. Examinons maintenantce qui arrive chez les animaux qui, apres avoir en les pneumogastriques coupes, ne NERF PNEUMOGASTRIQUE. presenlent pas la lesion pulmonaire et meurent cepen- dant. On ne peut pas admettre que les animaux meurent par suite de troubles de la digestion, car ils succombent beaucoup plus vite que les animaux soumis al'abstinence. Cependant il y a aussi dans les actes digestifs des troubles qui ont sur la mort une influence evidente. Le larynx , I'ossophage , 1'estomac sont paralyses : niais les animaux ne perdent pas Fappetit pour cela. On avail presente 1'estomac comme le siege de la sen- sation de la faim, et on avail pretend u que la section des pneumogastriques fuisait disparattrelebesoinde prendre des aliments. II n'en est rien : apres 1' ope rat ion, les animaux continuent a manger ; nous avons vu beaucoup de lapins manger surtout lorsqu'ils ont etc operes etant a jeun. Dans ces conditions les animaux continuent done a manger ; mais ils rendent ordinairemenl apres un certain temps ce qu'ils ont pris. On a chercbe a expliquer ces vomissements qui suivent Fingestion des aliments en pretendant que ces animaux avaient bien garde la sensation de la faim , mais qu'ils avaient perdu celle de la satiete. Desireux de verifier, aussi directement que possible, ce quise passe dans cette circonstance, j'avais autrefois coupe les pneumogastriques surunchienporteur d'une fistule stoniacalc, assez large pour pcrmettre 1'observa- tion. Au moment de Foperation, ce chien etaitajeun. Apres la section, il mangea avidement; rien ne par- venail cependant dans Festomac. Bientot Faniinal se mil a vomir; tout s'etait accumule dans Foesophage. . ftlG NERF PNEUMOGASTRIQUE. Je vous ai dit que la section ties pneumogastriques paralysait 1'oesophage ; il se trouve des lors constituer une poche inerte qui cede a 1'action mecaniquo des ali- ments ingeres et se dilate. Totitefois le cardia reste ferine" etce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'ilse relache a son tour. Ces observations sont d'accord avec celles de Magcn- dieet de Muller qui avaient \u que lorsque 1'oesophage est en repos, le cardia est le siege de contractions ver- miculaires qui comprennent le cinquieme intV'rieur do 1'oesophage environ. Le lendemain de rop&ration, il n'en est plus ainsi; les aliments s'accumulcnt encore dans I'oesophage, mais ils finisscnt par penetrer dans 1'estomac peu apres, sol- licites par les contractions des piliers du diaphragme. 11 y a en meme temps paralysie de 1'estomac. En y introduisant le doigt, on ne le sent plus presse par les contractions que sa presence determine lorsque les pneumogastriques sont intacts. On a signale encore, comme consequence de la sec- tion des pneumogastriques, la suppression de la secrtHion gastrique. Cette influence, toutefois, a ete tres contro- versee. Tandis que certains auteurs 1'admettent, d'autres 'la nient. Je vous dirai ceque m'ont appris, a eet egard, mes experiences, qui ont porte sur deux ou trois ob- servations directes. Lorsqu'on prend un chien qui a a 1'estomac une fis- tule large etpouvant permettre d'observer 1'etat de 1'or- gane, on voit que Tanimal etant a jeun, son estomac vide est enduit d'un mucus a reaction alcaline. Ce SECRETIONS GASTRIQUES. 417 mucus etant enleve avec une eponge douce, la membrane muqueuse devinl immediatement rouge, turgide; elle se recouvrit desgouttelettes du sue gastrique qui bientdt ruisselerent le long cles parois de I'organe. C'est a ce mo- ment et dans ces conditions, que j'ai coupe les deux pneumogastriques. Aussilot la membrane muqueuse (Halt devenue pale, de rouge qifelle etait; la secretion gastrique, acide, limpidc, avail immediatement change" de caractere et avail etc rcmplacee quelquefois par une secretion muqueuse alcaline, visqueuse et filante. Telles sont les conditions dans lesquelles j'ai deux ibis observe" ce phenomene. Si maintenant on taisait 1'experience autrement : que Ton donnat a manger a Tanimal et qu'on lui coupat ensuite les pneumogastriques, on ne serait plus dans des circonstances aussi salisfaisanles pour observer, dogage d'influences e'trangeres, 1'eflet tie la section des nerfs vagues. II y aurait eu secretion de sue gastrique, au moment de I'arrivce des aliments dans 1'estomac, et ce sue gastrique, pre'alablernent secrete et cmprisonne avec les aliments, pourrait, etant retrouve, iaire croire que la secretion a continue' apres I'op6 ration. II est encore, dans 1' appreciation de cefait, uneautre cause d'erreur, que j'ai pu constatcr dans des expe- riences directes. Sur un chien, dont nous rapporterons plus loin 1'observation , j'ai mis, apres 1'operation, de la soupe dans 1'estomac. La fir.lule fut bouchee avec une eponge maintenue par un bandage de corps. Le lendemain, la soupe etait encore dans 1'estomac ou elle se trouvait a 1'etat d'une bouillie tres acide. Devrait-on B., SYS, NEBV,— ir, 27 a 18 NERF PNEUMOGASTRIQUE. en conclure qu'il y avail en secretion de sue gastrique? — Ce serait, Messieurs, tirer de cette observation, des conclusions erronees qui dependraient d'une simple apparence. On se tromperait en admettaut que la reac- tion acide fill due au sue gastrique: elle provenait de la fermentation lactique de F aliment. Eu effet je vidai alors 1'estomac, dans lequel j'intro- duisis de la viande hachee. Le lendemain, cette viande etait infecte; elle exhalait uneodeur ammoniacale Ires prononcee, etdonnait une reaction alcaline, resullat de la decomposition spontanee de la viande. II est done important de ne pas se placer, pour juger de rintluence de la section des pneuniogastriques sur les secretions de 1'estoinac, dans des conditions qui expo- sent a prendre la reaction des aliments pour celle du sue gastrique. En resume, si, au moment de 1'operation, il se trouve des aliments dans 1'estomac , le sue gastrique secrete pent continuer ii les digerer ; niais, si le sue gastrique est enleve, la section des pneumogastriques empeche la secretion de se produire apres qu'elle a ete pratiquee. Nous verrons bientot si la secretion gastrique pent plus tard se montrer de nouveau ; car il est des cas ex- ceptionnels dans lesquels les animaux ont survecu a la section des nerfs vagues. Dans tons les cas, la conclusion immediate est qu'apres la section des pneumogastriques, la secretion du sue gastrique est au moins momentane- ment troublee et suspendue. Voici maintenant les details des fails dont nous ve- nous d'indiquer les principaux resultats : EXPERIENCES. Exp. — Deux lapins. Fun a jeun, 1'autre en digestion, eurent les pneumogastriques coupes dans la region clu cou. Tons deux etaient morts le lendemain ctleur esto- mac presentait toujoursla reaction acide, etles intestins une reaction alcaline. Apres 1'operalioii, on avait presente" des carottes aux deux animaux; scul, celui qui etaitajeun, en avait mange. Mais bientot il ne put plus avaler, eterntia, cut des etouffements et fit des efforts de vomissement, sans rien rendre toutefois. II avait la respiration anxieuse comme s'il cut eu quelque chose dans la trachee. A 1'autopsie, on trouva I'cesophage distendu par des carottes niacheesqui le remplissaient jusqu'au niveau du larynx, et on reconnut des fragments de carottes qui avaient penetre dans la trachee. Vers la partie infe- rieure, les carottes s'arretaicnt imme'diatement au-des- sus des piliers du diaphragme. Exp. — Sur un cheval, a jeun depuis vingl-quatre heurcs, morveux et farcineux, amaigri par la maladie, on lit la resection (rune certaine longueur des deux nerfs vagues, dans la region moyenne du con. A droite, le nerf ne parut pas sensible; a gauche, il parut done d'une legere sensibilite quand on le pincait et qu'on le tiraillait en meine temps. Les deux vagues etant coupes de chaque c6te, a pen pres au niveau de Tarticulation du larynx avec la tra- chee ; raiiinml ne seinbla nnlleraent gene et la respi- ration rcsta libre. On donna alors 3 litres d'avoine a manger a 1'animal ; /| 20 XKRF PMUiMOGASTRlQUE. * il les mangea d'abord assex bien, mais, apres 45 ou 18 minutes, lorsqu'il arriva alaiin de son avoine, il parut gene dans la deglutition et eternua comme si quelque parcelle d'aliments avail penetre dans le larynx. On lui donna alors du foin qu'il mangea, mais assez Icntemenl, ct en n'en prenant quo de petites bouchees a la fois. Au bout de cinq a six minutes, il fut repris plus fort par la gene de deglutition, clcruuail violem- menl, baissait la tete et s'arretait de manger pour re- eommencer, lorsque la quinte de toux etail passee. Alors, on donna a boire au cheval. 11 pril une gorgee d'eau, et aussitotelle lui ressortit par les naseaux, entrainant avec elle de 1'avoiue broyee, melangee a du foin ires iinement mache. De violenls elernuments s'ensuivirenl et se cal- merent au bout de quelques minutes. L'animal repril alors une nouvelle gorgee d'eau ; les iiiemes phenomenes survinrent, et prouverent evidemment qu'il ne pouvait pas avaler 1'eau (ju'il buvail. Alors on le sacrifia par 1'ouverture de 1'artere carotide. En examinant I'cBsophage, on le Irouva rempli d'un boudin alimenlaire s'ciendant depuis les piliers du dia- phragme jusque au pharynx. Aucune parcelle alimen- taire n'avaitpenetre dans 1'estomac, qui contenait seule- menl un peu d'un liquidc verdatre. La partie superieure de la malierealimentaire eontenue dansl'oesophage, for- mait une pate plus fiuide que culle de la partie infe- rieure. Cela etait du a Teau avalee; ce qui le prouve, c'est que cette bouillie se relrouvail jusque dans le pharynx et les fosses nasales. *• tj Cette experience montre clairementque les sensations l-iXI'KRIENCES. /| 21 de lafaim et tie la soif ne sont pas abolies par la section des nerfs vagues et que si les animaux se remplissentalors 1'cesophage jusqu'au pharynx, ce n'est pas, comme on ravaitcruancieimement,parcequ'ilsont perdu la satiete; mais parce que les aliments ne peuvent plus pe"netrer dans 1'estomac et s'arretent dans 1'oesophage paralyse. Exp. — Deux lapins a jeun, qui eurent les pncumo- gastrfques coupes, presenterent des phenomenes analo- gues. Le pain que 1'un mangea lui resta dans 1'oesophage ; 1'autre mangea des carottcs qui s'y amMerent aussi. Chez ces deux animaux, la presence de ces aliments dans 1'oesophage arnena des phe"nomenes de suffocation. Exp. (10 decembre 1843.) • • Sur un chien, muni d'une large fistule gastrique qui datait do deux mois, on fit la section des deux nerfs vagues de la maniere sui- vante : La fistule examinee avant la section, 1'animal e"tant a jeun, offrait une reaction tres acide ; et, en promenant le doigt dans 1'estomac, on le retirait humecte par un liqnidc tres acide. La membrane muqueuse de 1'estomac tbrmait antour de la fistule un bourrclct d'un rouge vif et turgide. On fit alors la section des deux nerfs pneu- inogastriques dans la region du con. Aussitot apres cette section, la membrane muqueuse se decolora instantanement, devint livide et blafarde comme celle d'un animal mort ; la secretion acide cessa et la membrane offrit une reaction neutre sur les bords de la fistule; ce n'est qu'en 1'enfoncant profondeinent dans 1'estomac que le papier bleu rougissait encore. Au bout de vingt minutes, il n'y avait plus nulle part de NERF PNtiUMOGASTRIQUK. reaction acide, et le liquide qui s'ecoulait de la fistule etait neutre. Lorsqu'on introduisait le doigt par la fis- lule, les parois de 1'eslomac no se contractaient plus; et 1'animal n'eprouvait plus de sensation. Aussitot apres la section des nerfs vagucs, on donna a manger a ranimal de la soupc an lait sucree ; il la mangea avec peine et en faisant beauconp d'eflbrls pour 1'avaler ; mass on ne la vitpas descendre dans 1'estomac et sortir par la iistule, ainsi qne cela avail lieu pour les aliments inheres avant la section des piHjimiogastriques. Un in- stant apres, ranimal vomit sa soupe. melee d'unogrande quantitc de mucus fllant. L'animal essaya a quatre reprises differentes de man- ger sasonpe sans pouvoir la faire entrer dans 1'estomac. Trois heures apres la section des vagues, 1'estomac etait toujours nentre. On introduisit alors dans son cstomac, a 1'aiilc do la fistule, des morceaux de sucre, de Talbu- inine el un pen de lactate de fer. Treize heures apres la section des vagues, 1'estomac e'tait loujours neutre; 1'animal paraissait malade; on retira de 1'estomac une certaine c[iiantit(3 d'un liqnide filant a reaction neutre. Yingt-qualre heures apres 1'operation. 1'animal etait tres malade, et a ce moment, 1'animal etant couche, on vit s'ecouler par 1'estomac un liquide blanchatre tres acide qne Ton reconnut visiblement pour etre clu lait qui elait descendu de I'oesophage dans 1'estomac et qui, pendant son sejour dans I'cesophage, avail subi !a fer- mentation laclique. L'aniinal mourut quelque temps apres. EXPERIENCES. 423 A 1'autopsie, on trouva des matieres alimentaires empilees dans 1'oesophage distendu, j usque dans le pha- rynx. Les parties solides des aliments etaient arretees par les piliers du diaphragme ; il u'y avail eu que les par- ties liquides qui avaient coule dans la cavite stomacale. Dans 1'oesophage, il y avail du pain et des morceaux de viaiule qui n'avaicnt subi aucune alteration. Les poumons etaient sains et exempts d'ccchy- moses. Exp. ( \ 3 decembre 1 8/i5 . ) — Unc jeune chiennc por- tait depuis un inois Line fistnle gastrique parfaitement cicatrisee, maisqui avail ete dilatee depuis quelques jours avec de I'eponge preparee, afin de voir plus facilement la surface interne de 1'estomac. Sur celte chienne on fit la resection des deux ucrt's vagues dans la region moyennc du cou. L'animal, a jeun depuis trente-six heures et affame, veiiail d'avaler quelques debris de lapin qu'il avail trouyes dansle laboratoire. Avant de faire la section des deux nerfs vagues. je debouchai la fistulo en enlevant 1'eponge preparee qui 1'obslruail. L'eslomac contenait une grande quantite de sue gastrique que j'eulevai , ainsi que les debris d'aliments qui s'y trouvaient. Avec une eponge fine, j'essuyai partout la surface interne de 1'estomac. Une portion de la membrane muqueuse faisait saillie vers la partie infericure de la fistule ; elle etait rouge et turgide. Alors je coupai le nerf vague droit, prealable- menl mis a decouverl ; il se montra nettement sensible. Aussilot la membrane muqueuse devintpale. Je coupai ensuite le nerf vague gauche , qui parut moins sensible NERF PNEUMOGASTR1QUE. que le droit. Lapaleurde la muqueuse n'augmenta pas d'une facon appreciable. Apres cette operation, 1'animal, quoiquo jeunc, n'e- prouvapas de phe"nomenes do suffocation, il fit scule- ment quelques efforts de toux. Alors on essuya de nouveau la muqueuse avec une eponge ; il n'y avait plus aucune secretion a sa surface, et elle etait tout a fait insensible quand on lapincait. tandis qifavant la section des vagues, die etait tres sensible. Apres la section des nerfs vagues, ranimal avait con- serve 1'appetit voracequ'il manifestait avant Toperation. Onlui donna a manger du fromagc d'ltalie, qu'il mangea et deglutit en faisant des efforts. On regarda dans 1'esto- mac, au moment ou 1'animal avait drjadi'gluti nne cer- tainc quantite d'aliments : rien if y etait descendu. Apres quelimos instants, j'examinai la reaction de la muqueuse stomacale; elle etait sensiblement neutre au juipier de tournesol, seche, visqueuse et collante. Voulant savoir si 1'absorption n'avait pasete modiflee par la section des vagues, on concha 1'animal sur ledos, et, a 1'aide d'une pipette, j'introduisisdans 1'estomac, par la fistule, quelques gouttes d'acide prussique au quart. Apres quelques instants, 1'animal mourut avec tous les phenomenes de 1'empoisonnement par 1'acide cyanhydrique. Apres la mort, on ouvrit le thorax : les poumouss'af- faissaient; le sang etait rutilant dans les arteres et moins noir qu'a 1'ordinaire dans les veines. Le coeurbatiit pen- dant quelque temps et les vaisseaux ouverts donnerent du sang qui devint de plus en plus rutilant ; et, lors des EXPERIENCES. dernieres contractions clu coeur, le sang veineux etait aussi rutilant que le sang arteriel: ce qui etait du. d'une part, a Tinfluence de 1'acide prussique, et, de 1'autre, a ce que dans les dernieres portions des hemorrhagies vei- neuses le sang finit par offrir une couleur plus claire. En ouvrant 1'oesophage, on le trouva dilate par les portions d'aliments qu'avaient avalees 1'animal et qui se trouvaient entourees d'un mucus filant. Toutes les parties des aliments etaient restees au-des- susdu diaphragme; aucune parcelle n'etait lombeedans 1'estomae. Exp. — Sur un jeune ehien de taille nioyenne, on lit la section des deux pneumogastriques eton appliqua une canule a la trachee. L'animal etait tres sensible et tres indocile. Les pneumogastriques etaient sensibles lorsqu'on en fit la section. Apres la section des pneumogastriques, {'animal ne voulut pas manger. Environ un quart d'heure apres. il fut pris d'attaques d'epilepsie qui se renouvelerent tres frequemment. On injecta dans Testomac de ralbumine d'ceuf frais m^lee avec de 1'eau, que 1'animal vomit en partie, parce que toute la substance n'avait pas penetre dans Festomac. Deux heures apres, on introduisit jusque dans 1'esto- mac de la gelatine. Six heures apres 1'operation, on vifc 1'animal qui etait toujours dans un etat epileptiforme. Yingt-quatre heures apres le chien etait mort. A 1'autopsie, on trouva dans 1'estomac quelques par- celles alimentaires. L'estomac oftrait une reaction neutre. 420 Nlilir I'XKliMOUASTlllQUE. Les poumons etaicnt ibriemci't congest ionncs sans presenter precisement des epancheinents. Les experiences sur les oiseaux monirenl queles phe- nomenes digestifs sont completement arretes par suite de la paralysie du jabot et des orpines situes au-dessous. Mais co-mine la mort survient chez eux sans alterations des pouinons, le ternie s'en trouve retarde. Exp. (Mai 1850.) — Sur un jeune pigeon de six sc- maines a deux niois. mangeant tres bicn soul, ct a jeun depuis vhigt-qualre heures, j'ai coupe les deux nerfs values dans la region sup^rieure du con, en denudant un pen le bout inimeur pour ('-viter qu'il se trouvat en contact avec le bout superieur. Lcs deux vagues parais- saientpeu sensibles. On laissa ie pigeon ji!S([u'au lende- main avec des vesces qiii etaient son aliment ordinaire, et avec de Veau. Le lendemain, le pigeon n'avait pas mange et son ja- bot contenait a peine quelques graincs; mais il etait rempli d'air et d'un liquide clair qui regorgeait par le bee du pigeon, quand celui-ci faisait un mouvement uu pen violent ou quand on lui pressait le jabot. Les jours suivants, le pigeon restait dans le m^me etat; il paraissait malade, mangeait a peine quelques graines et son jabot etait toujours plciu tie liquide et de gaz. Ce liquide ne me paraissait pas provenir directe- ment de ce que buvait le pigeon, car 1'eau n'avait pas sensiblement diminue dans le vase. An bout de quel- ques jours de cet etat, le pigeon allait un pen mieux; la plaie du cou etait cicatrisee ; il prenait un peu do vesces, le liquide de son jabot diminuait; ce pigeon EXPERIENCES. avait beaucoup maigri ; cependant il paraissail en voie de re'tablissement, lorsque le douzieine jour cle Topera- lion, ayantmis dans uneeage cet animal, reste jusqu'a- lors en liberte, je le trouvai le lendemain etrangle pour avoir passe la tete entre les barreaux de sa cage ou elle etait restee prise. A 1'aulopsie, on trouva quo les deux nerfs vagues etaientbien reseques ; leurs Units otaient bien cicatrises; mais on ne rechercha pas s'il y avait cntre eux des filets de communication. Le foie, examine le lendemain, ne contenait pas sensiblment de sucre. Exp. (U juillet 1850.) — Sur un pigeon de trois inois environ , bien nourri , vi^ounuix , mais n'ayant rien dans son jabot, ou vosO'qua les deux pneumogas- triques a la partie superieure du cou, et on trouva pen- dant l'operation que les nerl's etaient assez sensibles. Apresla section des nerfs, la respiration baissa consi- derablement ; les pulsations ne furent pas comptees. Aussitut apres l'operation, 1'animal parut essouffle, mais bient6t il se remit. On forma la plaie du cou et on laissa ensuite 1'auimal dans une cage sans lui clonner iii a boire ni a manger. Le 15 juillet, le pigeon avait 1'air assez bien portant, il becquetait quelques graines egarees dans sa cage et cssayait de les manger. On constata qu'il n'avait aucun liquide dans le jabot et on le laissa encore ce jour-la a rabstjnence. Le i6 juillel, le pigeon paraissait toujours dans le memo etat; point de licjuide dans le jabot. Alors on lui donna a boire et a manger : aussitut le pigeon se jeta NEUF I'MKU.MOI.ASTKIOUE. sur 1'eau qu'on lui presentait el on but avecavidite et a plusieurs reprises line grande quantite. Aussitol quc le pigeon eut bu, il pa rut gene dans sa respiration ; il se eambrait en arrierc et ouvrait largement le bee pour respirer comme s'il etail essouffle. Deux heures apres, on revit le pigeon qui paraissait assez tranquille; mais aussitot qu'on lepritdans la main il s'echappa de son bee du liquide, dont le jabot etait plein et distondu : pnis. aussitot apres, 1'animal parul essouffle et ouvrit largement le bee pour respirer. On replaoa 1'animal dans sa eage et il se mit encore aboire a di verses reprises, quoique eela parut lui g£ner de plus en plus la respiration. La soif paraissait inextinguible; mais il n'en etait pas de memo de 1'appetil, car on ne lui -vit prendre aucun aliment solide. Alors on enleva 1'eau de la cage du pigeon pour savoir si son jabot se desemplirail. Le lendemain, 17 juillet. le pigeon etait a pen pres dans le m^me rtat. Aussitot qu'il se remuait violemment, 1'eau de son jabot etait rejetee et 1'animal otait es- souffle. Toutefois 1'eau avail disparu en partie et le jabot etait moins pleiri que la veille. Les jours suivants, lepigeon parut aller un pen mieux quoique de la bile se trouvat parfois melee an liquide des regurgitations. L'animal avail considerablement mai- gri; il s'afTaiblissait continuellement et mourut le 26 juillet, c'est-a-dire douze jours apres 1'ope" ration. D'apres les experiences qui precedent, on pent voir que chez les oiseaux la section des nerfs vagues arr^te la digestion. On voil aussi que ces animaux resistent. EXPERIENCES. /1 29 en general, plus longtemps quc les mammiferes aux suites de cette operation. Nous clevons vous parler actuellement cl'un autre effet de la section des nerfs vogues sur les phenomenes d'absorption dans la membrane muqueuse de 1'estomac. Apres la section des pneumogaslriques, la membrane muqueuse de 1'estomac, par suite des modifications circulatoires qui sont survenues dans son lissu, absorbe plus lentement : on a meme dit qu'elle n'absorbaitpas du tout et on a cite des experiences dans lesquelles, apres la ligature du pylore, on pouvait injecter dans 1'esto- mac une solution de noixvomique sansque r animal fut empoisonne. Ces experiences out ete laites par M. le professenr II. Bouley (d'Alfort) sin1 des chevaux et sur des chiens. Nous avons repete ces experiences avec le prussiate de potasse, quo nous avons vu cependant passer dans les urines. Dans les experiences cilees plus haul, la de-ligature du pyloi'e ainenait de suite rempoisonne- menl, d'ou on avail conclu que c'etait dans 1'inlcslin quo I'absorpliori avail lieu. Miiller avail deja dit qu'apres la section du pneumogaslrique, I'absorption etait ra- lentie dans 1'eslomac. Dupuy, experimentant sur des chevaux avec la pond re de noix vomique apres la sec- tion des pneumogaslriques , etait arrive a conclure que cette poudrc n'avait pas d'action. Nous avons fail (juelques experiences qui, d'accord avec les fails observes par Miiller et M. Bouley, montrent uii ralentissement dans ^'absorption par la surface stomacale. Exp. — Sur une cbienne jeune et a jeun, on coupa les deux pneumogaslriques el on placa une canule a la /|30 NERF PNEUMOGASTRIO.UE. trachee. Les pneumogastriques no se montrerent pas sensibles a la section. Les phenomenes orclinaires de la section ties pneumo- gastriques se manifesterent. Trois heures apres, on i'njecta dans I'estomac de I'a- cide tartrique, aihi de le rechercher dans 1'urine. Mais, chose singuliere, quelques instants apivs, le venire de I'animal s'eluriiit en se dilatant considerablement. Quatre heures apres la section des pueumogastriques, on injecta une solution saturce a 1'nml de cyanure de inercure. L'effipoisoiinenient surviut bientot, inais un pen plus leiitemeiit, en upparence, quo die/ les chiens qui n'oiit pas eu les pneumogastriques coupes et avec des troubles de la circulation moins prononces et moins de convulsions. A 1'autopsie de Faniinal, on sentit dans les poumons 1'odeur caracteristiip^ie de Tacide prussique. L'estomac etait enorme'ment distendu }>ar des gaz qui ne passaient ni dans ra'sopliage ni dans Piniestin grele. L'estomac etait parfaitement vide d'aliiueuts. Le gaz contenu dans Testoniac, recueilli sous 1'eau dans une cloche, no brula pas : ce u'etait done ni de 1'hydrogene, ni de 1'oxygene Apres la section des pneumogastriques, les effets de retherisaiion paraissent plus durables. Exp. (6 novembre 185 i .)— Sur un gros chieu caniche on fit une injection d'ether dans le peritoine et dans la plevre. Au moment ou Tetherisation s'titait manifestee, on fit la section des deux nerfs vagues dans la region moyenne du con. La section des vagues out pourresultat que les effets de Tetherisation se dissiperent tres Ion- EXPERIENCES. llO\ temcnt. Touteibis, il sembla qu'apres la section des vagues, la diminution des mouvements respiratoires n'avaitpas ete aussi considerable chez ce chienquechez les animaux non etherises. L'animal servit ensuite a des experiences sur la se- cretion salivaire qui durerent line heure environ, apres quoi il fut sacrifie, et on ne trouva pas d' urine dans la vessie. Remarquez bien ici. Messieurs, quejusqu'a present nous ne trouvons rien encore qui puisse expliquer la mort qui survient chez nos operes. Mais il y a dans rabdomen un autre organe sur Icqucl le pneuniogastrique a une influence reelle quoiqu'elle semble indirecte : cet organe, c'est le tbie. Voyons si nous pouvons regarder les troubles qu'y amene la section des pneuniogastriques coinme cause de la mort. Lorsqu'on coupe les pneumogastriques sur un animal en saute, le ibie contient, au moment tie ('operation, tout ce qu'il doit normalement contenir; ce n'est que plus tard que des changements peuvent y survenir. Lorsqif on a coupe les nerfs pneumogastriques a un lapin, qu'il est mort an bout de trente-six heures, par exemple, on trouve que toujours le ibie a cesse de con- tenir du sucre. Chez cechien, chez ce pigeon, qui mour- ront sans Irsions du pouinon, nous ne trouverons plus tard. dans le foie, ni sucre, ni matiere glycogene. Peut-on rattacher la mort a la cessation des fonctions du foie, fonctions que d'ailleurs nous ne connaissons pas toutes? — Les experiences tendraient a le faireadmettre. NERF PNEUMOGASTRIOUE. En suivant 1'animal dans son developpement, on voit la fonction glycogenique s'executer des la vie intra- uteriue; plustard, elle persiste pendant tout le coursde la vie et dure jusqu'a la mort. Chez les animaux soumis a 1'abstinence, on voit cette fonction persisler ; toujours leur foie renferme du sucreet de la matiere glycogene; ce n'est que quclques jours avant la mort quc la matiere disparait. A ce moment, 1'animal est perdu, irre" vocal >le- rnent , memo quand on lui donne a manger. Or, quand les animaux sont arrives a ce point d'epuisement, qui cor- respond a la disparition de la matiere glycogene dans le foie, ils succombent generalement au bout de trois ou quatre jours, conimc apres la section des pneumo- gastriques. Je crois que chez les animaux qui out subi cette operation, lorsqu'on ne trouve rien dans le coeur, rien dansle poumon, rien dans 1'estomac qui puisse ex- pliquer lamort, ilfautserattacheracesfonctionsdu foie qui ne peuvent 6tre suspendues sans causer la perte de ranimal. Apres la section des pneumogastriques, les ani- maux se refroidissent ct perissent dans lY-puisement qu'on observe dans F inanition ; seulement, daiisl'inani- tion, cette periode derniere n'arrive qu'au bout d'un temps assez long, tanclis qu'ici elle commence de suite apres la section des vagues. Pour toutes ces raisous, je crois que la cause de la mort est extremement compliquee. et que la cessation des fonctions du foie doit y avoir une large part. Du reste, les experiences qui suivent monlrent com- bien est profonde 1'influence de la section des pneumo- gastriques sur les phenomenes de la nutrition, et quelles EXPERIENCES. modifications cette operation amene, soit du c6te du foie, soit du c6le des urines, qui, par leur composition, represented jusqu'a un certain point 1'etat de la nu- trition. Exp. (22novembre 1848). — Sur un chien loulou, ayant, deux on trois heures auparavant, fait un repas de viande. on coupa les deux vagues dans la region moyenne du cou. Le chien etait mort le troisieme jour ; il n'y avail pas trace de sucre dans son foie. Exp. — Sur un gros lapin, on coupa les deux nerfs vagues dans la region moyenne du cou et on divisa, en meme temps, le filet sympathique. Le vague droit parut tres sensible et le gauche retail heaucoup moins. Aussilot apres la section des nerfs, la respiration fut ralenlie et devint abdominale. L'animal n'avait pas de suffocation. On prit de 1'urine avant 1'opera- tion : elle etail tres trouble et tres alcaline, coloree en jaune rougealre. Trois quarts d'heure apres, on retira de 1'urine de la vessie du lapin ; elle elait limpide et beaucoup plus faiblement alcaline. Exp. (11 mars 1846). - - Aun lapin a jeuu, ayant les urines acides et claires, on donna a midi des carottes a manger. Trois heures apres, il avail les urines troubles, blanchalres, nettement alcalines. Alors on coupa les deux vagues en ayant soin de ne pas toucher au filet du sym- pathique. Les signes ordinaires de la section du vague apparurcnt , moins le rhonchus que 1'animal ne pre- senta pas, cequi pourrait peul-elre dependrede la non- section du filet du sympathique. 15. , Srsr MKHV. — n. 28 NERF PNEUMOr.ASTRIQUK. A quatreheures el demie, les urines tin lapin examinees etaient neutres; u cinq lieures et demie, les urines etaient claires et bien nettement acides. A six heuresles urines etaient to u jours claires et tres acides ; le lapin se tenait dans un coin, respirait lentementet avec peine, mais il ne faisait pas entendre de rhonchus. Le lendemain, le lapin etait mortet on trouva a I'au- topsie que les recurrents el les filets sympathiques avaient ete menages. Exp. (17 mars 18/iG). — Lapin atlulte, ajeun depuis trente-six heures, ayantles urines tres acides, citrines et claires. On lui donna des caroltesqu'il mangea avec avi- dile. Apres une demi-heure, les urines etaient troubles, mais encore acides quoiqu'elles le fussent nioins. Apres une heure quarante minutes, elles etaient tres troubles, blanchatres, et alcalines. Alors on fit la section des deux pneumogastriques en menageant le larynge et les filets sympathiques. 11 n'y eut pas de rhonchus. Apres une heure, les urines etaient de- venues acides et moins troubles, quoiqu'elles le fussent encore. Apres une heure et demie, les urines n'etaient plus acides, mais toujours un pen troubles. Alors, pensant que cette acidile des urines provenait d'un arret de la digestion, on fit une injection del 00 grammes de sue gastrique nalurel de chien dans Fes- lornac du lapin. Apres cette injection, les urines resterent toujours acides ettres limpides. D'apres les fails precedents, on voit done que la section des pneuinogastriques a en pour elfet d'ame- EXPERIENCES. /1 35 nerla disparitiondu sucre danslefoie au bout d'un cer- tain temps. Nous savons que sou excitation, au contraire, produit 1'apparitiou du sucre dans le sang et dans les urines. Quoique nous ayons deja rapporle des fails de cette nature clans le premier volume de ces leoons, a propos de la theorie du diabete, nous allons vous signaler ici une nouvelle serie de ces resultats se rappor- taut plus specialement a la physiologic du nerf pneu- inogastrique. Exp. ('23 avril 1849). — Sur un chien , nourri de viande depuis trois jours, et ayant fait son dernier repas deuxheures auparavant, 1'on retira vers dix heuresduma- tin de I'lirine de la vessie, puis on saignaranimal a la ju- gulaire gauche, ensuite on mit a decouvert les deux neri's vagues dans la region du cou, et, en soulevant ces deux nerfs sur un fil sans les couper, on les excila en faisant passer sur leur tronc un courant electrique, assez faible pour ne determiner sur la langue qu'un leger picote- rnent. Les nerfs vagues etaient excessivement sensiblesa cette galvanisation, eton provoquait de la part de 1'ani- mal des cris et des mouvements de deglutition. Toute- fois, pendant cette galvanisation, le timbre de la voix ne parut pas scnsiblement modifie, et, ce qu'il y a de particulier, c'est qu'au ni6me moment, pendant la gal- vanisation, la pupille gauche t'-tait contractee, la mem- brane clignotante devint saillante, tandis que du cote droit, la pupille semblait elargie. II y avail, en m6me temps aussi, des mouvements convulsifs dans les muscles sourciliers. On galvanisales ncrts a trois reprises difft'-rentes {HMI- 436 NERF PXEUMOGASTRIQUE. tlant une heure ; on reprit alors cle 1' urine dans la vessie et du sang dans la jugulaire. L'animal fut pris d'un treinblement considerable comme s'il avail froid. Apres une heure le chien ne tremblait plus. La pupille gauche etait toujours contractee et non la droite. On ivtira alors de 1'urine de la vessie et du sang de la jugu- laire, puis on galvanisa de nouveiui les vagues. 11s paraissaient encore sensibles acetic galvanisation ; 1'ani- inal cria, inais la voix etait devenue rauque et voilee. L'animal etanl reinis en liberle. fut encore repris de cette espece de treinblement dejii observe une Ibis. Alors on enleva le fil passe au-dessous des deux vagues. et on mil 1'animal an repos. 11 presentait de 20 a 22 respi- rations et de -UO a 150 pulsations par minute. Vers quatre heures du soir, le chien paraissait elre dans les conditions d'un animal qui a eu les pneumo- gaslriques coupes, ses respirations etaient tres lentes; mais il y avail un signe contraire, c'cst que les pnpilles rtaient dilatees, la droite toujours plus que la gauche. On retira alors de 1'urine de la vessie et du sang de la veine jugulaire, puis le chien fut laisse en repos. On fit 1'examen comparatif du sang et des urines pen- dant le cours de Voperation : BRINE. Avant I'experiencc. Ambrde, clairc. acide, pas de sucre. SANG. Aiant I'experiencc. Scrum limpide. alcalin, contenant des traces dc sucre. Pendant toute la duree de la galvanisation, 1'urine et le sang conserverent les memes caracteres. Le lende- main.le sang comme I'm ine etaient depourvusde sucre. EXPERIENCES. d'ou il resulte quela galvanisation clu pneumogastrique dans les conditions precitees n'apas procluit 1'apparition du sucre dans les urines et 1'aurait meme fait disparaltre du sang. On a conserve ce chien : les jours suivants, pen a peu il se remit a manger et revint a son etat normal, ce qui prouve que les nerfs galvanises avaient pu reprendre leurs fonctions, car 1'animal serait mort, si les pneumogastriques avaient ete coupes ou alteres d'une facon cquivalente. Le 28 avril, Vanimal ctait ii pen pres revcnu a son etat normal et il servit plus tard a d'autres experiences. Exp.^Lct avril 1849). — Sur un gros lapin, on mit a decouvert les deux nerfs vagues, on les soulcvaal'aide d'un fil place sous eux et on les galvanisa avec un con- rant faihle pendant quelqucs instants. Avant rcxpe'ricnce, les urines etaient troubles, blan- ch sitrcs, alcalines, no contenaient pas de sucre. Quelqucs hcurcs plus tard. les urines etaient toujours claires, elles etaient inoins alcalines et renfermaient du sucre d'une manic-re tres nette, quoiqu'en petite quan- titr. Le soir, neuf hcurcs aprcs la galvanisation, les urines etaient troubles, alcalines et paraissaient contenir encore des traces de sucre. Le 24 avril, le fil etant toujours reste autour des va- lues tut retire avec Line certaine difficult^. o Des ce moment, I'animal parut avoir la respiration g^nee et il mourut la unit suivante avec tousles sym- ptomes de la section des nerfs vagnes. Les poumons etaient ecchymoses. Le foie donnaitune /|o8 NERF I'.M-iPWHlASTRIQUL:. decoction jaimatre, limpide. qui ne contcnait aueune trace de sucrc. E.rp. (10 novcmbre 1852). - - Sur une chienne en pleine digestion ct bien portante, on fit la section des pneumogastriques dans la region moyrnne du cou el on galvanisa Irs deux bouts superieurs prealablement lies ensemble. La galvanisation dura environ une demi- hcure. inais elle rlait iriterrompue et on agissait alter- nativement sur chacun des deux nerfs. L'animal vomit abondarnment; les yeux devinrent saillants. Dans les premiers instants de la galvanisation, la pupille se res- seiTii: mais bient6t elle se dilatait fortemeot si la galva- nisation continuait. Pendant la galvanisation, I'aiimial preseuta des con- vulsions assez violcntes. Une demi-heure apres la gal- vanisation, ce chien rend it de 1'urine qui ne contenait pas de sucre. Une heure apres la premiere operation, on galva- nisa encore I'aniinal pendant un quart d'heure avec des interruptions. Lc galvanisme di'termina toujours des convulsions avec efforts de vomissement. Unpeu plus tard, on fit la ponction de la vessie pour obtenir de 1'urine qui fut trouvee legerement alcaline et contenait une grande quantite de sucre. Une heure apres la ponction de la vessie, Tanimal rendit spontanement de 1'urine tres chargee de sucre. Le lendemain matin, environ dix-huit heures apres, Tanimal fut trouve mort, mais encore chaud. Aulopsie. Le foie ne contenait que des traces de sucre. La vessie et les intestins e'taient vicles. Les cornes de la EXPERIENCES. 439 inatriee rcnfeniiaient six petits, donl trois seulement etaient morts. Le foie de ces petits chiens contenait du sucre de meme que le liquide anmiotique. Le cerveau et la moelle allongee etaient tres injec- tes, ce qui tenait peut-elre a la galvanisation du bout superieur des nerfs vagues. Le coeur etait plein de sang coagule; il y avail une ecchymose hemorrhagiquc dans I'epaisseur de la valvule mitrale. Les pouinons etaient engoues et comme hepa- tises. Exp. — Sur mi chien en digestion, on fit, le 12 no- vembre 1853, la piqure dc la moclle allongee, apres avoir, (jiiatre jours auparavant. tente la section des nerfs grands splanohniques. La piqure reussit bien. et, an bout d'tine heure envi- ron, Faniinal s'etait releve et marchait. Seulement il avail vomi ot il salivait beaucoup. La pupille, qui etait tres dilatee iinniedialement apres la piqure , 1'etail encore beaucoup quatre heures plus tard. On saigna Taiiinm! deux heures environ apres la pi- qure et on trouva une grande quantite de sucre dansle sang de la veine jugulaire. On exaniina de Turine que 1'animal avail rendue spontanement quelque lenips apres, on y constata une quantite considerable de sucre. Deux jours apres, le 14 novembre, 1'animal n'avait plus de sucre dans son urine. Alors on decouvril les deux nerfs vagues dans la region moyenne du cou ; on les lia ensemble, el on galvanisa au-dessusde la liga- ture avec 1'appareil electro-magnetique de Breton. La /|/jO NERF PXlimOfiASTRlQlJE. premiere ibis, on galvanisa pendant quelques minutes. Vingt cinq niinules apres, on les galvanisa de nouveau : Tanimal mourut pendant I'operation, ce qni tenait,sans doute, al'arret desmouvements respiratoires quielaienl comme suspendns pendant la galvanisation. A 1'autopsje, onconstataqne les nerfs splanchniques if e"laienl coupe's ni a droite, ni a 'gauche; rinslrurnenl avail porte trop en dehors. Le sang de I'animal renfer- mait dn sucre, de meine que le foie qui, au dosage, donna 0,77 pour 100. 11 if y tivait point d'uriuc dans la vessie. Exp. (G Janvier 1853). — Sur un chien loulou, ayaut fait le matin un repas copieux de viande et de soupe, on praiiqua la section des deux vagues dans la region moyenne du con afin de pouvoir les galvaniser ensuite. Le chien. etant etendu sur la table et fixe par des liens, of frail par minute 28 respirations ct 152 pulsations a 1'arlere crurale. On fil la ligature des deux nerfs vagues ensemble, et ensuite lew section, de maniere a tenir reunis dans des ligatures separees les deux bouts supe- rieurs et les deux bouts inferieurs. Les nerfs vagues parurent completement insensibles, et, an moment ou on en fit la ligature, Tanimal remua la queue seulement comme cela arrive frequemment. Apres la section, les respirations etaient de 12 par minute, el les pulsations de 192. Cette augmenta- tion des pulsations n'a paru se manifester que cinq a six minutes apres la ligature des nerfs. Ilserait curieux de savoir s'il en esl de me"me dans d'autres cas. Alors on galvanisa successivemenl les bouts centraux et pe- EXPERIENCES. 4,'l I ripheriques des uerfs vagues. On galvanisa moderement el a diverses reprises, pendant cinq a six minutes, les bouts superieurs. Quand on galvanisait le vague droit, il y avait ton jours vomissement des aliments et arret de la respiration. Quand on galvanisait le vague gauche, il n'y avait pas de vomissement et ilsemblait que la respi- ration ne s'arretait pas aussi facilement. D'ailleurs, lors- qu'on galvanisait ces nerfs, il y avait du c6te des yeux les symptomes ordinaires; et du cote de la face, tirail- lernent en arriere des commissures de la gueule, etc. Aprescette galvanisation, Tanimal fiit detach^ etmis en liberte dans le laboratoire. La respiration etait lente et difficile ; apres une heure on recommenca de nouveau la galvanisation ; et aussitot apres on retira de la vessie des urines qui etaient devenues alcalines, d'acides qu'elles etaient avant; on constata qu'elles contenaient manil'estement du sucre. Dans la seconde galvanisation, les symptomes provo- ques par cliacun des deux vagues en particulier ne fu- rent pas aussi nets que la premiere fois. Enfin on galvanisa plus tard tres fortement 1'animal, et le sucre disparut de 1' urine. Dans aucun cas, on n'irrita le bout periphe'rique des nerfs vagues. Le lendemain matin, 1'animal n'etait pas encore mort; il n'avait plus que 8 respirations par mi- nute. II mourut le soir. On trouva a 1'autopsie son foie depourvu de sucre. Exp. (11 juin 1853). — Sur un chieu , de taille moyenne et adulte, en pleine digestion et ayant faittrois heures aujiaravant un repas de viande cuite (t6te de jr M-:KI i-N iiiouton),oii compta les respirations qui rtaientde 30 par minute Tanimal e"tait un pen agik-). les pulsations etaienl dr 06 a 100. Ensuile on fit la section des deux nerfs values dans la region nioyenne du con. entre deux liga- tures porlees sur les deux nerfs a la fois qui elaienl pen sensibles. Apres la section de cesdeux nerl's on avail du cdterie 1'oeil et de la face les phenomenes ordinaires de la section du grand synipathique faite en mt^me temps quo celle des vagues. On galvanisa alors les deux bouts superieurs, tanlolalafois, tantot allant d'un nerf al'autre, ])cndant dix minutos environ, avec des inter- in ittences. Les mouveinents respiratoires etaient suspen- dus pendant cette galvanisation. L'animal n'eut pas eu de vomissements reels, inais il avail de la tendance a vomir pendant qu'on galvanisait, allant toujours d'un nerf a 1'aulre. Apres qu'on eut cesse la galvanisation., on constata que les respirations etaient de 12 par minute, et les pul- sations de 112 a 120. Le chien etant remis en liberle, les respirations etaient difficiles et ses yeux etaient de- forme's el injecles. On retira des urines de la vessie et on constata qu'elles etaient alcalines. Une heure apres, on galvanisa le chien ; on prit de F urine avant la galvani- sation et on n'y constata pas la presence du sucre. Apres la galvanisation, qui avail dure environ dix minutes avec inlermittences, on reprit les urines. Les urines paraissaienl alors moins alcalines qu'elles ne 1'elaienl une beure auparavant el elles ne conlenaienl pas de sucre. Une heure apres la seconde galvanisation, on retira de Furine qui etail loujours legeremenlalcaline. KXPERIEXCKS. 443 et on y reconnut la presence d'une gran lie quantite do sucre. On trouva alors les respirations de 13 par mi- nute, et les pulsations de 152 a 160. Alors on sacrifia 1'animal par la section du bulbe rachidien et on re- cueillit, par le procede ordinaire, le sang de differents vaisseaux, savoir : de la veine porte, des veines hepa- tiques, du coeur droit et du coeur gauche. On constata la presence du sucre dans tons ces sangs, mais beaucoup plus dans le sang des veines sus-hepatiques. Le serum e"tait clair et limpide dans tous les sangs, excepte dans celui du coeur droit ou il presentait une teintelaiteuse. II existait dans le pericarde un epanchement conside- rable deserosite.qui se prenait par le refroidissement en une masse fibrineuse et quicontenait beaucoup de sucre. On fit fcrmenter alors, comparativernent, les urines avant les galvanisations, et les urines qu'on avait retirees de 1' animal apres la inort. La fermentation fut nulle dans la premiere ; dans 1'autre, elle fut tres active et donna une grande quantite d'acide carbonique. Le chien pesait 16kil, son foie pesait 180 gram.; il donna unedecoctionlimpide, danslaquclle ontrouvaque le tissu de 1'organe contenait lsl,4'15 de sucre pour 100. L'examen du foie fut fait le lendemain di5 la mort. On examina de memo le contenu de 1'estomac, qui ne renferniait pas de sucre ; la bile ctait, au contraire, manifestenient sucre'e. Exp. ("21 Janvier 1853). — Sur une chienne de moyenne taille, tres grasse, ayant deja servi a d'autres experiences, et ayant eules deux nerfs recurrents coupes par un procede sous-cutane. On pent, en effet, couper PNtUMOGASTRKjUK. les nerfs recurrenis chcz le chicn par la methode sous- cutanee. Pour cela. avcc notre crochet a couper les nerfs, on pique la peau et on va sur les c6tes de la tra- chee, vers sa partie supmeure. Cela fait, on rcmonte le long de la face externe droite et gauche de la trachee, on accroche et on coupe les nerfs recurrents qui sont accoles sur les parties latoralcs des premiers anneaux du tuyau respiratoire. On rcconnalt que la section est opere'e a la raucite de la voix de raniinal. Mais revenons au sujct de 1'expe- rience actucllc. On coupa les nerfs vagues dans la region moyennc du cou. puis on galvanisa les bouts supe'rieurs, et, a trois reprises, on constata qu'alorsles mouvcments du thorax etaient arretes. Puis, on galvanisa les bouts inferieurs cton vit que le cceur etait arrete. Ensuitc, on revint gal- vaniser les bouts superieurs, en prolongeant davantage la galvanisation, afin de faire voinir raniinal; la chienne ne vomit pas et n'eut pas memo des envies de voinir; mais 1'autopsie prouva plus tard que 1'animal etait a jeun, qu'il n 'avail rien dans 1'estouiac. Une heure apres, on galvanisa les bouts inferieurs des vagues seu- lement, a deux ou trois reprises, a un quart d'heure d'intervalle ; puis, une demi-heure apres la demise galvanisation, 1'animal fut sacrifie par la section du bulbe rachidien. L'autopsie montra que le foie contenait beaucoup de sucreetquel'urme, qui etait acide, etaitsucree, ainsique la bile. Lefoie contenait I5r,67 pour 100 de sucre. On observa sur cette chienne differentes particulari- EXPERIENCES. A ft 5 tes : 1° le vague droit paraissait bien evidemment plus petit que le gauche (cette disposition ne serait ici qu'exageree). 2° Les vagues etaient sensibles avant qu'on iv en fit la section ; mais apres la section, il sembla que les bouts inferieurs excites, donnaient lieu a des mani- festations de douleur, qui ne pourraient s'expliquer la que par 1'irritation du bout central du grand sympa- thique, qui restait uni au bout peripherique du vague. 8° 11 sembla quechez ce'c animal les phenomenes du cote des yeux etaient nioins prononce's qu'ii Fordinaire. k° Enfin cette experience prouve encore que la galvani- sation des bouts pe'riplx6riques n'a pas empe'che le dia- b<'ite de se produire, par suite de la galvanisation des bouts centraux. 5° On constata rhez celte diienne, au moment cm elle fut sacrifiee, que dans la mort par section du bulbe rachidien la conjonctive devient in- sensible avant la cornee. Knfin, cette experience montre que le diab(He peut parfaitement se manifesterFanimal etant a jeun. Exp. (Octobre 1851). — 1° Un petit chien, de six a huit jours, fut etherise^ d'une maniere continue, pendant une heure, dans le but de voir si cette etherisation pro- duirait Tapparition du sucre dans 1'urine. Une heure apres, en examinant I'lirine dont sa vessie etait remplie, on n'y rencontra pas de sucre d'une maniere sensible. On tua ensuite I'animal par decapitation. Son sang contenait du sucre, de meme que la decoction du foie qui etait transparente. Dans les experiences de diabete, on ne saurait at- tribuer 1'apparition du sucro dans les urines au ralen- /1 46 NERF PNKUMOGASTRIQUE. tissement de la respiration qui accompagne la section des pneumogastriques et qui donnerait lieu a une sorte d'asphyxie. L' experience suivante montre qiiel'aspliyxie aurait plutot un effet contraire. Exp. — 29 Un autre chien,du me' me age que le pre"ce- dent, cut les deux recurrents coupes dans la region du cou ; il devint de suite cyanose ; il suffoquait ; mais, comme il e'tait ne depuis quelques jours, son asphyxie fut lente et dura une heure et quart. La vessie elaitpleine d'urinequi ne reufermait pas de sucre; le sang contenait seulcment des traces de sucre et la decoction du foie n'en contenait pas. Exp. — 3° Un troisieme petit chien, de la meme por- ted que les precedents, fut tue directement par decapita- tion pour etre compare aux deux precedents. Son sang contenait du sucre. La decoction de son foie e'tait opaline et sucre'e. L' urine ne ren term ait pas de sucre. II ivsulte de ces trois experiences faites sur ces trois petits chiens, dans les memes conditions de digestion a peu pres terniimio, que 1'asphyxie lenle a detruit le sucre au lieu de le faire apparaitre dans le sang et dans les urines. L'ether, au contraire, quoiqu'il n'ait pas fait apparaitre le sucre dansrurine,d'unernaniere evidente, semble avoir augmente sa production dans le sang et dans le foie. Quant au troisieme chien, nous voyons que la decoction de son foie se distinguait des deux autres par 1'opalescence, caractere qui, d'apres ce que nous avons vu depuis, indique que son foie contenait de lamatiere glycogene, tandis qiril n'y en avait plus chezles deux autres. Cette experience prouve de plus que, sous s EXPERIENCES. ce rapport, il ne fund rait pas assimiler Tether aux agents asphyxiants. La section d'un seul pneumogastrique n'est pas mor- telle chez les chiens ; et, si an bout d'un certain temps, cle six semaines, par exemple, on pratique la section de 1'autre pneumogastrique, on dit que 1'animal resiste a cette section successive des deux nerfs. On a pense que le temps qui s'etait econle entre les deux operations avail etc suffisant pour permettre le retablissement des fouc- tions du vague coupe. Toutefois, apres ce temps, les phe- nomenes que la section amene ducote de I'oail et du c6te" de la temperature de la tete n'ont pas encore disparu. Exp. — Une grosse chienne avait eu le pneumogas- trique 'droit coupe dans la region moyenne de cou, et eprouva, comme consequence, tons les symptomes ordi- naires qui sont observes du cote de Toeil et du cote de la chaleur de la t6te. Deux mois et demi apres, ces sympt6mes n'avaient pas encore disparu. L'oeil du cote coupe etait plus pe- tit, la pupille plus contractee, etc. Alors, on coupa le pneumogastrique bien au-dessous du point ou il avait et^ coupe la premiere fois, et on galvanisa son bout su- perieur, afm de voir si la galvanisation aurait quelque efTet sur 1'ceil, en d'aulres termes, si les proprietes des nerfs etaient retablies dans le point coupe. Cette galva- nisation ne produisit aucun effet sensible sur la pupille : 1'oeil ne devint pas saillant. Cette experience semblerait prouver que, apres deux mois et demi, le pneumogastrique ou plutot le sympa- thique qui lui etait uni, ne s'etait pas re'genere, de ma- NERF PNEUMOGASTRIQUli. niere a reprendre ses fonctions. Cela peut paraitre sur- prenant , parce qu'on (lit que la section ties deux pneumogastriques est ordinairement suivje de mort, tandis que la section successive des deux nerfs a six se- maines de distance ne Test pas. On explique ce resultat en disant que le nerf coupe a eu le temps de reprendre ses fonctions. Cette experience prouverait cependant que le nerf n'avait pas recouvre ses proprietes physiologi- ques ; il eut fallu , pour savoir si le nerf pouvait entretenir la vie, faire la section du cote oppose. II auraitete neces- saire encore de faire la section du nerf au-dessus du point de la section primitive, afin de voir si la galvanisa- tion du bout peripherique n'aurait pas arret^ le coeur, effet qui apparticnt exclusivement an pneumogastrique, Nous citerons a ce propos ['experience suivante quoi- qu'elle renferme d'autres resultats qui se rapportent plut6t a 1'histoire du grand sympathique. Exp. (28 octobre 1853). — Sur un chien ayant, comme dans le cas precedent, un pneumogastrique coupe" depuis longtemps, on constata qu'il y avail encore un peu de chaleurdans 1'oreille correspondante et les desordres earacteristiques du cote de I'ceil ; ce qui montrait que les fonctions du grand sympathique n'etaient pas retablies. Apres avoir etherise I'animal, on decouvrit le pneumo- gastrique vers le point de sa cicatrisation, puis on laissa revenir l'animal de son etherisation. On galvanisa le nerf au-dessus de la cicatrice et on n'observa rien du c6te du cteur, tandis qu'il y avait saillie du globe de Foail et les phenomenes ordinaires du cote de la tete. On galvanisa ensuite au-dessous de la cicatrice et on observa un arret EXPERIENCES. du copur et rien du cote de la tete. Ge qui prouve evi- demment que 1'excitation electrique nc passait pas a t ravers la cicatrice. On sacrifia ensuite 1'animal par la section du bulbe rachidien et aussit6t on observa qu'en galvanisant le premier ganglion thoracique du c6te" gauche, le coeur se remitabattre et des mouvementsenergiquesapparurent dans 1'intestin grele et dans 1'estomac. Quand ou galva- nisa le ganglion coeliaque du ineme cote, on vil. an contraire, les mouvemcnts de 1'intestin grele s'arreter tandis qu'il en apparut dans le gros intesiin de Iresvio- lents. A plusieurs reprises on constatale^m£mespheno- menes, apres quoi on galvanisa de ineme les ganglions, premier thoracique et cceliaque du cote oppose, avec les menies resultats. Knfin, on coiq)a le filet nerveux qui unit inf(;rieure- inent le ganglion premier thoracique an ganglion sui- vant, et on obtinttoujours le ineme n'sultat par la galva- nisation du ganglion, ce qui prouverait que 1'influence du ganglion se transmet aux intestins par une action reflexe passant par la moelle. En elTet,on galvanisa alors le bout superieurdu nerf coupe tenant au ganglion et on produisit les menies pbenomenes cle contraction ; tandis qu'en agissant sur le bout inferieui') on ne vit aucun mouvement se developper. II reste maintenant a deter- miner par quel filet cette action reflexe se propage aux intestins; tout porte a penser que c'est ]iar les nerfs splanchniques. Nous reviendrons sur ces ({ueslsons a propos du nerf sympalhique. R., SVST. NERV. - II. 20 450 NERF PNEUMOGASTRIQUE. Lorsque les nerfs ont etc fatigues par uno cause quel- conque; par la galvanisation, par exeinple, ils repren- nent leurs proprietes assez vite, contrairement a ce qui a lieu apres leur ligature ou leur section ; c'est ce que prouve ^'experience suivante : Exp. (25 avril 1849). — Sur un chien,on mit anu les deux vagues et on les gal vanisa dans la region moyenne du cou. On fit passer un courant assez faible pour ne pas trop alterer les nerfs ; cependant, apres avoir cesse la galvanisation , la voix de I'animal etait devenue rau- que, voilee ; la pupille du cote gauche etait retrecie et la membrane clignotante faisaitsaillie au-devant de 1'ceil comme lorsque le sympathique a e'te coupe ; les res- pirations ne paraissaient cependant pas sensiblement ralenties. Pendant qu'on galvanisait les pneumogas- triques, ranimal faisait de frequents mouvements de deglutition. Le 30 avril, 1'aninial se portait bien ; il mangea, el les symptdmes precedemment observes avaient disparu : la voix etait redevenue claireet la pupille de 1'ceil gauche avait repris son etat normal. Alors cet animal tut pique an plancher du quatrieme ventricule. et, a la suite de cette operation, on observa rapparition du sucre dans les urines avec les phenome- nes que nous avons signalos. Cette experience raontre que I'altt.Tation des nerfs, qui a <'te produite par le fait de la galvanisation, a cesse plus rapidement qu'on aurait pu le penser, puisque au bout de cinq jours le nerf avait repris ses propriete's. Ce qui prouve que le nerf etait simplement fatigue par EXPERIENCES. A 51 la galvanisation, mais non pas detruit, car les choses se fussent passees tout autrement apres la section. Enfin, il semble que le pneumogastrique soit un nerf capable d'offrir des exemples de toutes les anoma- lies possibles, car on a vu deschienssnrvivre a la section des deux pneumOgastriqu.es sansqu'on puisse en donncr ^explication, si ce n'esl en disant que 1'influence ner- veuse a pu se continuer par 1'auastomose que Galien avait dt'ja signalee entre le larynge superieur et le larynge iuferieur, anastomose qni serait dans ces cas plus fortu1 qu'a 1'etat ordinaire. Nous considerons cette explication comme une simple hypothese. Quoi ([u'il en soit, divers observateurs, M. Sedillot en particulier, out signal*' des exemples de survie prolongee chez des chiens a tjui on avait coupe les nerfs vagues. Nous allons vous en rapporter un cas que nous avons observe nous-meme. Eocp. (20 mars 1847). — Je resequai, sur un chien, les deux vagues dans la region moyenne du con. Avant 1'operation, les pulsations e'taient au nombr«' de 85 avec irregularite. Apres Toperation 178, et re- gulieres. Les respirations, qui (Haient avail t au nombre de 16, etaienttombees a 12 apres la section des nerfs. On remarqua pendant 1'operation qu'apres la section du nerf vague gauche, la circulation etait de'ja acce- leree. Aussitot apres la resection des deux nerfs vagues, 1'animal suffoquait convulsivement; bient6t le calme se retablit. On observa, en outre, du cote des yeux une constric- tion de la pupille, un enfoncement du globe oculaire, NERF PNEUMOGASTRIQUE. une deformation de rouverturepalpe'brale, consequences de la section du grand synipathiqne ine'vitablement coupe avec le pneumogastrique* Le 27 mars, 1 'animal allait bien, ne paraissait pas triste, les symptomes de la veille persistaient du cote de la respiration et de la circulation. On donna a raniinal un morceau de viande qu'il mangea, mais qu'il ne put avaler; il le vomit bientot, essaya de uouveau de le manger, le revomit et ainsi de suite. Le 28 mars, r animal allait toujours bien; les memes symptomes persistaient; raniinal buvait assez bien les aliments liquides; cependant, en buvant, il toussait et vomissait de temps en temps; mais unererlaine quantite des aliments arrivait cependant dans I'estomac, car il en rendait beaucoup moins qu'il n'cn prenait. Le 29 mars, meme etat ; le chien mangeait toujours et vomissait la plus grande partie de ce qu'il prenait. Du 30 mars an 2 avril, le chien resta toujours de meme : il rendait toujours la plus grande partie de ce qu'il prenait. De temps en temps il rendit des excrements qui etaient durs, et son urine etait tres foncee. L'animal paraissait calme, il se courbait en rond pour s'endormir conime a 1'ordinaire ; ses respira- tions etaient toujours excessivement laborieuses et 1' in- spiration commencait toujours par la contraction tres forte des muscles abdominaux, a laquelle succedait recarternent tres marque des cdtes. Au moment ou 1'inspiration commencait, tous les muscles de 1* animal etaient pris d'une sorte de tremblement convulsif qui se voyait meme jusque dans les muscles de la cuisse, EXPERIENCES. /J53 et ce tremblement convulsif clurait dans les muscles pendant tout le temps de I' inspiration et cessait un instant au moment ou 1'expirationse faisaitpar un rela- chement brusque des forces inspiratrices, pour recom- mencer bient6t avec line nouvelle inspiration, Les jours suivants, 1'animal presenta toujours les memes pheno- menes. Huit jours apres la resection des vagues, on placa une canule a 1'estomac de 1'animal. On trouva qu'il y avail une certaine qnantite de liquide acide dans 1'estomac ; qu'uue partie des aliments y avail pe'netre et paraissait v 6tre diu'ei'ee. On nourrit. le chien avec du bouillon et v diflerents autres aliments. Le chien maigrissait toujours de plus en plus, et il mourul dix-sej)t jours apres la section des vagucs. A 1'autopsie, on trouva un poumon eutieren suppuration, 1'intestin grele presenta, en grande quantite, des villo- sites blanchatres gorgeesde chyle, ce qui tenail a la len- leurde 1'absorption. car ce fait s' observe aussi chez des animaux auxquels on fait la section du vague en pleine digestion. La dissection de la region du cou montraque les deux nerfs vagues elaienl bien coupes ; il exislait une solution de continuite cntre les deux bouts qui pre- sentaient chacun un rentlement tres manifeste. Nous avons aussi repete plusieurs fois la section du pneumogastrique au-dessous du coaur et du poumon, de telle facon que les effets de la paralysie de ce nerf ne peuvent se manifester que sur les organes abdominaux. Nons avons decrit ailleurs (l)le precede a 1'aide cluquel (1) Tome I, p. 328. /JO/1 NERF PNEUMOGASTRIQUE. on coupe le pneumogastrique dans la poitrme. II n'y a, dans I'op^ration ainsi pratique^, aucuii phenomene du c6te du cxrur. ni do la respiration qui reste normalc, inais. ce qui est plus remarquable, c'est que les desor- dres que la section de ce nerf apporte dans les fonclions des organes abdominaux irintluent pas d'une maniere immediate sur la saute de riiuiniul. Ost ainsi qu'apres cette operation, nous avons vu la digestion continuer, et la formation du sucre avoir lien dans le foie aiusi que le prouve rexpt'rience suivante. Exp. — Sur un chien, jeunect detaille moyenne, on prati([iia 1'etherisation pour couper les nert's pneunio- gastriques au-dessous despoumons. par le procede dejii d(;crit (t. I, pag. 328 . Apres Toperation on observa ce (\m suit : L'urine avant Toperation (Hail coloree, acide, et elle doniiii directement du nitrate d'uree par Taddition d'aridr a/oti({ue. line heure apres Toperation. rurinc ctiiit It'ii-civinent alcaline, pas de pre'cipite alltuuiineux par Tacide azotitpie. ni par la dialeur; mais il y avail toujours precipitation de nitrate d'uree par Tacide azo- tique: pas de sucre d'une maniere evidente. Deux heures apres ropeiation, les urines oifraient Ion jours les memescaracteres; leur reaction etaitlegere- inent alcaline. En laissant se'cher le papier rouge qui etait devenu bleu par son iinniersion dans Furine, on le voyait redevenir rouge, ce ([ui semblerait indiquer que 1'alcalinite etait due a de rammoniaque. En taisant bouillir ces urines qui etaient nettement alcalines, elles devenaient e'galement acides. EXPERIENCES. 455 Le 14 juin, le chien mangea else portait bien. L'urine presentait toujours les memes caracteres. On avail constate que les pupilles clu chien n'of- raient pas de deformation. Le sympathique, qui agit sur la pupille, n'etait done pas encore uni dans ce point avec le pneuinogastrique. Le 19 juin 7 1° chien etait toujoars bien portant, il mangeait bien ; Furine. au moment de 1'emission. etait legerement alcaline; nuiis ralcalinite disparaissait sur le papier quand il s»?ehuit, ct Turine merne finissaitpas devenir acide a 1'air. "21 juin. — Lc chien etait toujours danslememe e'tat On I'ccueillit de 1'urine qui presentait toujours les monies caracteres; alcalinite legere, au moment de remission , qui disparaissait par f Ebullition. On fit servir ce chien a des experiences sur la salive, expe- riences qui out ete rapjiortees (t. II, p. 113). L' animal fut empoisonne par injection de strychnine dans le canal parotidien. A Tautopsie, on trouva vers le ([iiart inferieur de I'ojsophage, quc le vague, applique centre la partie droite de ce canal, etait coupe et presen- tait des cicatrices renflees a ses bouts. Sur le cote gau- che, on trouva egalemeni mi lilet coupe. On constata done que les filets nerveux, qui a ce niveau represen- tent les deux pneumogastriques reunis, etaient tres bien coupes. L'animal avail ete sacrifie au commencement de la digestion, 1'estomac etait rempli de viande; le canal thoraciques et les lymphatiques etaient distendus par un liquide blanchatre. Le sang conlenait clu sucre; le tissu du foie en ren /|5(> NhKF J'.NKl MOIiASTUlQL'E. form ait uiiegrande quantitO, tandis que le contenu cle rinU'stin n'en donnait pas de trace. Cette experience prouve done qu'apres la section des pneumogastriques au-dessous du poumon, la vie a pu conliiiucr sans lesion pulmoiiaire et sans que les fonc- lioiis digestive et glycogeniquedu foie aient ete suspen- dues. Ccs derniers resultals sont tres importants en ee qu'ils scmblent Men niontrer que Faction mortelle de la section du pneumogastrique ne pruduit pas ses effets t'unestes par une action directe sur les organes- abdo- ininraix. mais tres probablement par une action reflexe (jui aurait sa source soit dans le poumun, soil dans le caMir. Le grand sympathique doit probablement avoir un role dans ces sortes d'actions reflexes organiques, et c'est precise'ment a cause de ce melange des pro- prie'te's d'un nerf de la vie exterieure et d'un nerf de la vie organique, que le pneumogastrique nous offre dans son bistoire des obscurites qui ne pourrout elredissipees (jue lorsque le sympathique lui-meme sera mieux connu. Aiin de distinguer les actions qui appartiennent aux pneumogastriques et atl grand sympathique, il faudrait i'ai re la physiologic comparee de ces nerfs chez des ani- maux ou leurs filaments se trouveraient separes. Chez les invertebres, il y a des nerfs qu'on a compa- res an pneumogastrique et au grand sympathique. Ces deux nerfs affectent un developpement inverse. Chez les insectes, deux filets partent du cerveau de memo qu'un autre du ganglion median ou ganglion EXPERIENCES. 4~>7 frontal. Le filet eniane du ganglion frontal vient passer clans 1'anneau oesophagien et accompagne le canal di- gestif. Les filets emanes du cerveau se rendent aux trache"es et au vaisseau dorsal. Quand on suit le filet oesophagien chez les dystiques, on voit qu'il se distribue a 1'espece de jabot dans lequel descendent les aliments : on ne peut le suivre an dela. Si Ton vient a couper ce nerf, I'animal deglutit con- stamment; s il ne mange pas, il drglutit de Pair. L'arret brusque de ce 'nerf a la fin de 1'organe de la deglutition se retrouve dans les especes animales ^le- vees : lorsque, sur unchien on sur un oiseau, on galva- nise le pneumogastrique, on fait contractor 1'estomacou le jabot; on ne produit rien au dela. Chez les asimaux invertebres il scmble en etre de meme. Tout u 1'heure, sur le pigeon que vousavez vu ouvert sur cette assiette, nous avons galvanise les pneumogas- triques et fait ainsi contracter le gesier ; les contraclions n'ont pas ete au dela de cet organe. Sur ce chien qui nous a deja servi au commencement de la lecon et qu'on vient de sacrifier, nous aliens gal- vaniser le pneumogastrique. L'estoniac se contracte (1'aninial est en digestion) •, mais nous ne voyons aucun mouvement des intestins. Ces mouvements sont provoques surtout iorsqu'on gal- vanise le pneumogastrique vers la partie inlerieure dc Toesophage. Les mouvements peristaltiques intestinaux sont independants de ceux qu'on provoque ainsi dans restonmc. En portant lesconciucteurs de 1'appareil gal- vanique sur le point dout je viens de parler, nous oble- nons des mouvements beaucoup plus violents, surtoul NEKFS MIXTKS RACH1D1ENS. vers le pylore. 11 faut, pour que ces mouvements aient line grande intensite, que Familial soit en digestion. Les mouvements qui out pour siege les fibres contrac- tiles des conduits pancreatique et biliaire ne son! pas sous 1'influence du pneiimogastrique. Chez les pigeons, ou ils sont tres prononces, ils continuent apres la section du pneumogastrique conmie le font les mouvements du coeur. Ils ne sont pas non plus, chez ces animaux, arretes par la galvanisation. D' apres ces faits, Faction motrice du vague semblerait done s'arnMer a Vestomac. Messieurs, eiifinissant 1'histoire du pneumogastrique, nous terminons celle des nerfs craniens. Nous avons cleja, dans le premier semestre, vu les racines rachidiennes, de sorte qu'il ne nous reste plus a etudier que le grand sympathique dans ses differentes portions. Toutefois, avant d'aborder ce sujet, nous devons revenir sur quel- ques points de 1'histoire des nerfs cerebro-rachidiens. Ainsi on a signale frequeinnient des paralysies partielles de certaines branches iujrveuses qui dependent de lesions centrales du systeuie nerveux. etqui a cause decela sont assez difficiles a expliquer. Ainsi, dans les affections sa- turnines on voit survenir une paralysie qui affecte plus specialement les muscles extenseurs. Quant au siege de cette paralysie il est difficile de s'en rendre compte,soit qu'on le place dans les muscles, soit qu'on le place dans !a moelle epiniere. Cependant nous devons rappeler que nous avons vu dans nos experiences qu'il y avait cer- taines parties de la moelle affectees plus specialement aux mouvements d'extension ou de flexion. On a encore signale, comme consequence de 1'as- phyxie par le charbon. la paralysie isolee de certaines PLEXUS NERVEUX. branches uerveuses des membres. Enfin on sait qu'il existe clans 1'hysterie et dans d'autres affections, des le- sions passageres on durables de la sensibilite, lesions tres exactement circonscritesa certaines regions, etdont il est, dans 1'etat actuel de la science, impossible de donnernne explication physiologique. A propos des nerfs mixtes rachidiens. nous ne vou- lons pas ici faire leur histoire detaillee, je dirai quel- (jues inols sur le role de leurs anastomoses ou plexus. Nous savons que tous les nerfs rachidiens s'associent deux a deux , une racine de mouvement avec une racine de sentiment. Nous savons encore que ces nerfs mixtes, sur leur trajet, s'associent les uns aux autres dans des plexus d'ou emanentdes nerfs qui proviennent d'un cer- tain nombre de paires nerveuses. De telle sorte qu'on pent dire que bien que les nerfs rachidiens soient inde- prndants les uns des autres, cependant ils forment, par la reunion d'un certain nombre d'entre eux, des fais- ceaux nerveux destines specialemenl ;i tello ou telle partie du corps. Malgre cette reunion des nerfs rachidiens entre eux dans les plexus, on ne peut pas en conclure que leurs proprietes y soient confondues, et on voit souvent des paralysies partielles et limitees a un muscle paraissant provenir d'une lesion des centres nerveux et mon- irant ainsi (jue dans un nerf il pourrait y avoir a la fois des fibres alterees et des fibres restees saines. C'est dans les plexus nerveux que les nerfs rachidiens semblent contractor cette union sur laquelle nous avons longuement insiste dans le premier semestre, union en vertu de laquelle la racine posterieure sensible commu- /|60 M'RFS M1XTKS RACHIDIENS. nique sa sensibilite, elite rccurrenle. a la raciue ante- rieure. Nous savoiis, en effet. que lorsqu'on vient a couper le nerf rachidien mixte immediatement apres la reunion des deux ratines, on trouve que la racine anterieure a perdu sa sensibilite recurrente. Ce qui prouve que le retour de la sensibilite de la racine pos- terieure a la racine anterieure s'effectue plus loin. Mais si Ton vient a couper les nerfs an dela de leur plexus, on trouve que la racine anterieure rachidienne ne perd pas sa sensibilite recurrente. parce que la communica- tion de la sensibilite a eu lieu plus haut que la section. Iv existence de cette sensibilite recurrente se retrouve probablement dans tons les nerfs qui s'anastoniosent enire eux. (Test ainsi qifen preuant un lameau colla- teral du nerf spinal ou un rameau du nerf facial et en operant la section, on constate, en attendant un temps convenable, que les deux bouts qui resultent de cette section sont sensibles. Le bout central possecle une sensibilite directe, qui vient directement de la racine posterieure, et le bout peripherique possecle une seusibi- lite recurrente qui revient au moyen des anastomoses peripheriques. On trouve, par exemple, en coupant les differentes anastomoses que les nerfs cervicaux envoient au nerf spinal, que ce dernier perd sa sensibilite re- currente. II faut done admettre que les nerfs peuvent, par leurs anastomoses peripheriques , communique!* non-seule- ment de facon a s'accoler pour marcher vers une des- tination commune, mais de maniere a s'echanger des filets dont les tins remonteut par un trajet recurrent vers les centres nerveux. Nous nous sommes deja Ion- SENSIBILITY RECURRENTE. /j61 guement etendu dans le premier semestresur la maniere dont il fallait cornprendre ce retour des filets d'une ra- cine dans 1'autre. Nous allons ici revenir en quelques mots sur ce sujet, 1'un des plus importants de la phy- siologic des nerfs. Nous avonsdit qu'il fallait evidemment supposer que des fibres sensitives emanees d'une racine posterieureH (fig. 15), se recourbaient en A, apres un certain trajet, pour retourner par la racine anterieure V dans le centre nerveux meme. De telle sorte ijue cette fibre nerveuse sen- sitive prend son origine a 1'emergence de la racine poste- rieure.etsetenninearemergencedelaracineanterieure. Or, coinine nous savons que les fibres sensitives perdent leurs proprietes de laperipherie vers le centre, il devient facile de pomprendre comment, chc/un animal epuisc, la fibre sensitive a perdu ses proprie^s a son extri'niitt'1 la plus reculce, c'est-a-dire dans la racine anterieure. Cette maniere de comprendre le retour de la fibre sen- sitive dans la racine anterieure, permetparfaitement de comprendre comment il arrive, lorsqu'on a divise la ra- cine anterieure apres avoir constate qu'elle etait sensi- ble, que ce soit le bout periph('ii'ique qui conserve sa sensibiiite, tandis que le bout central de cette racine devient completement insensible. C'est qu'en effet, en pincant le bout peripherique de la racine anterieure, on pince en realite le bout central de la fibre sensitive qui manifesto ses proprietes ; tandis qu'en pincant le bout central de la racine anterieure, on irrite, en rea- lite, le bout peripherique de la fibre sensitive qui se re- connatt aux proprietes negatives de cette fibre. Comment maintenant cette fibre sensitive recurrente SENSIBILITY RECURRENTK. se termine-t-elle flans la substance meme de la moelle epiniere? Nous savons que ses fibres naissent par des cellules dans la come posterieure de la substance grise. Lorsque apres un longtrajet elles reviennent a la moelle par la racine anterieure, elles se terminent, sans cloute. ou par une cellule on par quelquc autre mode de ternii- naison qu'on ne saurait preciser actuellement. En resume, la paire rachidienne constitute par deux racines pourrait etre considered com me presentant des fibres dans quatre directions. Deux especesde fibres, qu'on pourrait appeler directes, emaneraient de la racine anterieure V, on de la racine posterieure H, pour aller directement se rendre a la peau P ou dans un muscle M. Deux autresespeces de fibres, qui seraient recurrentes : Tune provenant de la racine posterieure H, remontant par la racine anterieure V, irait se terminer dans les faisceaux moteurs de la moelle epiniere; 1'autre, dont 1'existence n'est ici donnee qu'hypothetiquement, ema- nerait de la racine anterieure V, se recourberait egale- ment en A, et remonterait par la racine posterieure H, pour venir se terminer soit par une cellule, soit autre- ment dans la partie sensitive de la moelle epiniere. EXCITATIONS ELECTRIQUES DBS NERFS. 463 Le r61e physiologique de cette communication ou de cette recurrence, qui est bien etabli pour les fibres sen- sitives, serait assez difficile a determiner actuellement pour les fibres motrices. Nous savons seulement que les deuxracinesdes nerfssont toujoursassociees entreelles. Si nous vonlions emettre une hypothese sur ce sujet, ce qui est toujours necessaire pour ouvrir une nouvelle voie aux recherches, nous dirionsque lamoelle epiniere, con- stituant en re'alite un organe, a besoin de recevoir elle- ni6me, dans chacune de ses parties, des nerfs moteurs et des nerfs sensitit's. Or, la partie motrice de la moelle epiniere recevrait par recurrence ses nerfs sensitifs de la racine poste'rieure ; et, de m6me, la partie sensitive de la moelle epiniere recevrait par recurrence ses nerfs moteurs de la racine anterieure. 11 est singulier que cette sensibilite de la moelle paraisse resider surtout a sa surface ainsi que le montre ['experience suivante : Exp.— Sur un chien, dontla moelle avait etc coupee dans la region lombaire. on enfonca tres proioiidc'ment des aiguilles dans le tissu medullaire sans y cle'velopper de la sensibilite, tuiulisqu'a la surface des faisceaux. et sur- tout des faisceaux posterieurs, il y avait une sensibilite tres vive. Ce qui semble prouver que la surface nerveuse de la moelle est plus sensible que la partie inte'rieure. La substance grise parut comple'tement insensible. Je desire placer iciquelques-unes des observations qui m'ont prouve que la quantite d'electricite necessaire pour manifester Tactivite physiologique d'un organe est bien difTerente suivant le tissu auquel on s'adresse. II y a plus de dix ans que. pour la premiere fois, j'ai EXCITATION ELECTRIQUE ete a meme d'observer un fait de ce genre : c'est lors- que voulant etudier les ctfets que le curare produit sur les uerfs, je priai M. Pulvermacher de construire les pinces clectriques bieu connues aujourd'hui des phy- siologistes. D'al.)ord ces pinces etant d'nn tres petit ca- libre, voici ce que j'observai sur les grenouilles tuees dans lY-tat phvsiologique, et preparees a la maniere de (ialvani : j'avais constate que les pinces appliquees sur les nerfs determinaienl des convulsions violentes dans les muscles, tandis qu'au eonlraire je reconnus que lurs(|ue la grenouille avail ete empoisonnee par le curare, la meme pince a^'.-liquec sur les nerfs ne determinait aucune contraction musculaire. Maisalors, voulant sa- voirsi le curare avait detruit I'irritabilit6 musculaire en memo temps que I'excitabilite nerveuse, je portai la pince electrique sur le tissu musculaire meme delagre- nouille tucc iiar le curare, et je ne constatai noiijtlus aucune contraction dans le tissu musculaire. Pour savoir si le muscle etait egalement paralyse par le curare, je rcnrtai la m6me expth-ience sur des cuisses de grenouilles non empoisonnees, et je vis que chez ces grenouilles, Jorsqu'on agissait seulement sur le tissu musculaire, sans exciter le nerf, on n'obtenait aucune contraction musculaire. II me tut demontre par cette experience, que j'ai depuis repeU'e et publiee. que, sur un meme animal, on peut, avec uu m^mecourant elec- trique, obtenir une contraction tres violente dans les muscles quand on agit primitivement sur les nerfs, tan- dis qu'il faut employer un courant beaucoup plus ener- gique pour obtenir la contraction musculaire en agissant directement sur le tissu de 1'oixane. DES NERFS ET DES MUSCLES. /|G5 C'est a cause de cela quo je fis faire a M. Pulverma- cherun modeledepincesbeaucoup plus fort, afin qu'elles fussentcapablesd'exciter non-seulement lesnerfs, mais encore les muscles eux-memes lorsqu'on agit directe- ment sur leur tissu. II resulte doncde cequi precede, qu'ilfaut. pour faire agir un muscle, unequantite d'electricite beau coup plus considerable que pour agir sur un nerf. Je ne saurais indiquer avec quelque precision quelle est cette diffe- rence; je puis seulement dire qifelle est considerable. Cette simple remarque pent expliquer, je crois, des fails en apparence contradictoires qui out ete emis par M. Duchenne (de Boulogne) et M. Remak. M. Duchenne a adrnis que I'irritabilitc inusculaire etait plus facilement mise en jeu lorsqu'on agissait avec des courants assez faibles sur certaines parlies des mus- cles. M. Remak a fait observer que les points repon- daient a Tentree des nerfs dans les muscles, et que I'ac- liou de 1'electricite etait alors portee directement sur eux, et il en conclu que, sur le vivant, il n'etait pas pos- sible de produire des contractions en agissant directe- ment par Telectricite sur le tissu inusculaire sans 1'in- termediaire des nerfs, et qu'ainsi , sur le vivant, Tirritabilite inusculaire n'etait pas mise en jeu. La divergence d'opinion entre MM. Duchenne et Re- mak me parait s'expliquerquand on sail quelacmantite d'electricite qui est necessaire pour faire contractor un muscle, est bcaucoup nioins considerable quand on agit sur lesnerfsquelorsqu'on agit directement sur le muscle. Cette difference d'excitabilitr a Telectricite entre les H., SYST. MEHV — u. 30 EXCITATIONS liLECTRIQUES. tissus nerveux et musculaire, me semble, ainsi que je 1'ai ditdepuislongtemps, etre un excellent argument pour demontrer que 1'irritabilite musculaire et 1'excitabilite nerveuse sont deux choses distinctes. II est un a utre fait que je veux signaler et qui, je crois, avait deja ete observe avaut moi : c'est la difference d'excitabilit6 sous I'influence de I'electricite qui existe entre le nerf moteur et le nerf sensitif. Lorsqu'on excite le tronc du nerf sciatique d'une gre- nouille, tenant d'une part a la moelle e"piniere et de I'autre aux muscles de la jarnbe. avec une pile tres faible ouavecle courant musculaire d'une grenouille, on n'ob- tient jauiais de contraction reilexe par suite de Texcita- tion du nerf sensitif. tandis qu'on obtient constamment la contraction dans les muscles ou se rend le nerf scia- tique par 1' excitation du nerf moteur. Un troisieme point serait relatif a la difference d'e- lectricitt'1 necessaire pour manifester les proprietes d'un nerf moteur du systeme cerebro-rachidien et d'un nerf moteur du systeme sympatbique. En efl'et. pour faire contracter la pupille ou les vais- seaux sous 1' influence du filet cervical du grand sympa- tbique, il faut une dose d'electricite plus considerable que pour exciter un nerf de la vie animate. Pour faire secreter la glande sublinguale sous I'in- fluence de la corde du tympan, il faut un courant plus energique que pour faire contracter un muscle en agis- sant sur un des rameaux du nerf facial, etc. Les nerfs mixtes, lorsqu'ils out ete coupes, sont sus- ceptibles de se regenerer. M. Waller, en particulier, a RETABLISSEMENT DE LA SENSIBILITY. &(>7 beaucoup insiste" sur le mecanisme de cette regeneration. Je veux seulemenl rappeler ici un fait quej'ai plusieurs foi.s observe. (Test un retour de la sensibility apres la section des racines rachicliennes. Nous devons signaler aussi le retour de la sensibilite dans certaines parties qui out ete se'parees du corps. Ainsi. dans certaines opera- tions, dans la rhinoplastie, par exemple, on voit des lainbeaux qui, apres avoir ete separes de toutes parts, reprennent leur sensibility. On a constate que dans ces circonstances, il y avail en line regeneration des fibres nerveusesdonlon ne pentreconnaitre dircctement lacon- tinuite avec le scalpel, inais dont le microscope donne parfaiteinent la demonstration, line question qui pour- rait etre soulev^e a cette occasion est celle de savoir si deux branches nerveuses peuvenl sesouderet reprendre leurs proprietes sans etre detrnites prealablemcnt. On a essaye, et nous avons essaye nous-m£me, de souder des nerfs jouissanl de proprietes differentes, sans pou- voir arriver a aucun resultat decisif. Maisquand, par une greffe aniinale, on soude a une partie quelconque du corps un appendicc tel que la queue ou 1'oreille par son extremite libre, et qu'ensuile on vient a couper cet ap- pendice vers sa base, il paraitrait qu'on trouve la sou- sibilite conservee dans les deux moignons. La question serait de savoir alors si on pent admettre que le me'me uerf sensitif puisse transniettre les impressions sensitives dans deux sens opposes; ce qui devrait avoir lieu s'il n'y a pas eu formation de nouveaux nerfs et si ceuxqui existaient anterieurement restaient encore charges de I'accomplisscment des fonctions. II nousreste encore a indiquer une precaution impor- /j68 NERFS SENSITH'S ET MOTEURS. tante a prendre dans les experiences relativement aux proprietes des filets nerveux inoteurset sensitifs que nous savons etre parfaitement distincts, au point qu'on ait ]>u lesdetruire isolement. Lorsqu'on a empoisonne une grenonille avecle curare, apres avoir lie les vaisseaux qui se rendent soil dans un nienibre isole, soil dans les deux membres poste- rieurs, on voit qu'apres rempoisonnenient la grenouille a conserve la propriete d'operer des mouvements reflexes quand on vient a pincer line partie du corps dans la- quelle le poison a penetre, et qu'elle semble meme se mouvoii- volonlairement lorsqu'on la ])lace dans 1'eau, apres avoir empecbe le poison de penetrer dans les deux membres posterieurs. Ce que je desire faire remarquer ici, c'est que la reaction des nert's sensitifs sur les nerfs moteurs n'a lieu que lorsque renipoisonnement paralt tout a fait complet. En effet, lorsque 1'animal est sous la premiere in- fluence de rempoisonnemenlet qu'on vient a pincer une partie du corps cmuoisonuee, on n'a aucune espece de reaction de la part des membres preserves de Faction du curare par la ligature des vaisseaux; on n'observe rien non plus qui puisse etre attribue a 1' influence de la volonte sur ces membres. J'ai meme observe qu'a ce moment les proprietes electriques des muscles et de la peau etaient aneanties. Cen'est que quelques instants plus tard que la grenouille reprend sa sensibilite et que les reactions sur les nerfs moteurs deviennent alors tres t3videntes et pen vent durer pendant un temps souvent tres long. QUINZIEME LECON. 26 JUIN 1857. SOMMAIRE : Systeme norvcux du grand sympathique.,— Difficult^ actuclle dc son histoirc physiologiquc. — Examcn de rinfluencc qu'exerce la section du sytnpalhiquc. — Section du sympathiqne au cou. — Eflets note's du cdle dc I'u'il. — Modification dc la tempdra- ture de la tete. — Experiences comparatives sur les nerfs qui se dis- tribuent a la face. MESSIEURS, On divise le systemc ncrveux en deux grandcs par- ties: le systeme nerveux cere'bro-spinal que nous avons ctudiV1 jns(iu'ici, et le systeme du grand sympalliique que nous allons maintenant examiner, line telle etude scrait impossible dans son ensemble aujourd'hui, les notions que nous avons sur ce nerf se reduisent a des faits detaches, entre lesquels il scrait difficile d'etablir mi lien systematiquc. Nous allons commencer par unc influence des plus remanuiables de ce nerf sur laquelle nous avons fait un grand nombre d'experiences, je veux parler de 1'in- fluence que la section de ce nerf exerce sur la chaleur animate et sur la circulation du sang. Je n'ai pas 1' intention de rapporter ici toutes les hypotheses qu'on a pu faire sur les fonctions du grand sympathique ; je desire seulement rappeler dans leur ordre chronologique les principales experiences qu'on a ten tees sur ce nerf a diverses epoques. Cette indication •|70 M-IU GUAM) ^Y.Ml' bislorique montrera, uiioux quo loute a u Ire discussion, la part ot la succession des cftbrls de chacun dans Fe- tude experimenlale, si difficile, de cetle partic du sys- teine nerveux. La pivmuTi1 experience sur la portion ccrvicale du iierf grand sympathique appartient ii Pourfour du Petit. Dans nn memoire tres romarquable , public dans les Memo ires de l\-tcadi^nic. des sciences pour 17*27 (me- moire danslequel il est demontrt} quo lesnerfs intercos- tanx fournissent des ramcaux tpii portent des esprits dans lesyeux. p. 1), eel auteur soutient dejacjuela por- tion eervicaledu grand sympathique ne nait pas dans la lete (dc la cinquienie etsixieine paire) pour descendre vers le thorax comme I'avaient cru Vieussens et Willis, mais qirelle inonte an eontraire ds la partie posterieure du corps (chez les quadrupedes) vers la tete, pour se termiucr dans les yeux, avec les deux nerfs precites. La preuve que Petit en donne, c'est que quand on coupe le nerf sympathique clans le cou, chez les animaux (chiens), les effets de sa paralysie se manifestent au-des- sus de la section vers les yeux, qui ofirent alors un re- trecisseinent de la pupille, un affaissement de lacornee, une rougeur et une injection de la conjonctive ; de plus, la troisieme paupiere est saillante et s'avance au-devant de l"(ril. Chez les chiens, le cordon sympathique au cou est uniavec le vague, qu'il est impossible par consequent de menager. Petit, qui n'ignore pas cette disposition, distingue tres bien dans cette experience coinplexe les ei'i'ets qui dependent de la section du pneumogastrique de ceux quiappartiennent acelle du sympathique. Petit HISTORIQUE. 471 ajoute (jue le sympathique influence les glandes et les vaisseaux de 1'oeil qui, apres la section du nerf, perdent leur ressort et s'emplissent de sang ; il explique tres bien aussi le retrecissement de la pnpille parla paralysie des fibres du sympathique qui, apres 6tre unies aux filets ciliaires, doivent aller dilater la pupille. Enfin il signale encore un rapetissement du globe oculaire quand les animaux vivent un certain temps. Tons les phenomenes signales pre'cedemment se pro- duisent lorsqu'au lieu de couper le filet sympathique au cou, on extirpele ganglion cervical superieur ou 1'infe- rieur. Dupuyen ISlG.Brachet en 1837, John Reid en 1838 n'ajftuterent Hen de bien essentiel a Inexperience de Pour- four du Petit. Us signalerent tous, comme consequence de la section du filet sympathique au cou, ou comme re- sultat de 1'extirpation des ganglions cervicaux de ce nerf, le retrecissement de la pupille. la rougeur de la conjonctive, l'enfoncement du globe oculaire dans 1'or- bite et la projection du cartilage de la troisieme pau- piere au-devant de rceil. Quoi qu'ilen soit, c'est ce phe'nomene du retrecisse- ment de la pupille qui avait attire plus specialement 1'at- tention des experimentateurs, dans ces derniers temps; c'est a ce fait surtout quesesont adressees toutes les ex- plications proposees et toutes les experiences nouvelles qui firent faire quel([ues progresa cette question. En 18/iG, M. Bit'fi (de Milan) observa cet autre fait nouveau que lorsque la pupille estretrecie par suite de la section du nerf sympathique, on peutlui rendre son elar- 472 NERF GRAND SYMPATHIQUE. gissement en galvanisant Ic bout cephalique du nerf sympatbique coupe. A peu pres a la memo epoque, le docteur Ruetc (de Vienne) ayant remarque que, dans la paralysie de la troi- sieme paire de nerfs, la pupille dilutee et immobile peut encore s'agrandir sous 1'influence do la belladone, en conelut que 1'iris recoil deux especes de nerfs moteurs correspondant a ses deux ordres de fibres musculaires, et que le grand sympathique, en animantles fibres mus- culaires radices, produit le mouvement de dilatation, tandis que le nerf motcur oculaire commun, en ani- mant les fibres circulaires, determine an contrairc le mouvement de contraction de 1'iris. En 1851, MM. Budge et Waller reconnuient que, dans son action sur la pupille, le filet cervical du grand sym- pathique n'agit que comme un conducteur qui transmit une influence dont le point de depart cst dansune re- gion de la moelle epiniere quo preciserent ces experi- mentatcurs, et a laquelle ils donnerent le nom de region cilio-spinale. Cette region est comprise entre laderniere vertebre cervicale et la sixieme vertebre pectorale inclu- sivement. Toutefois ces auteurs, en signalant ce resultat, s'atta- cberentuniquement a 1'explication du retrecissement de la pupille. Ils admettent aussi qu'apres la section du sympathique, les fibres radices de 1'iris (muscle dilata- teur) sont paralysees, d'ou il suit que 1'action cles fibres circulaires (muscle constricteur) predomine et retrecit 1'ouverture pupillaire. Si, quand on galvanise la region cle la moelle a laquelle le sympathique prend naissance, HISTOR1QUE. on voit la pupille se dilater, cela vient encore, suivant eux, de ce que, sous 1'influence galvanique, le nerf sympalhique moteur excite Faction des fibres radices ; leur contraction energique surpasse alors temporaire- ment 1'action des fibres circulaires et determine la dila- tation de la pupille. Depuis plusieurs annees, en montrant dans mescours publics les effets de la section de la portion cephalique du grand sympathique , j'ai insiste sur ce point qu'au lieu de pourstiivre une explication exclusive pour rendre compte des modifications de la pupille, il faudrait en chercher une pour tons les autrcs phenomenes qui, sur- vcnant et disparaissant simultanrment, semblcnt naitre sous 1'influence d'une cause commune. Tous cespheno- menes simultanes et connexes sont, ainsi que nous 1'a- vons vu : 1° Le retrecissement de la pupille et la rougeur de la conjonctive ; 2° La retraction du globe oculaire dans le fond de 1'orbite, cc qui fait saillir le cartilage de la troisieme paupiere et le porte a vcnir se placer au-devant de 1'ceil ; 3° Le resserrement de rouverture palpe"brale et en meme temps une deformation de cette ouverture qui devient plus elliptique et plus oblongue transversale- ment ; h° L'aplatissement de la cornee et le rapetissement consecutif du globe oculaire. Outre les phenomenes precedents, j'ai encore signale le retrecissement plus ou moins marque de la narineet NliUl-1 (,l{\Nli SVMPATI11QUK. de la bouche clu cote" cnrrespondant ; mais j'ai surtout indique une modificiition touto speeiale de la circula- tion, co'incidantavec une grande augmentation de calo- j'icite et meme de seusibilito dans les parties. J'etudiai ces faits. qui n'avaient ete signales par per- sonne avant moi, couime ivsullat de la destruction du nerf grand sympathique, et le 29 mars 1852, je lus a 1' Academic des sciences une note sur I' influence du nerf grand sympathiqne sur la chaleur animate. Bien que ce phenomene de calorification et d'aug- mentation de sensibilite out du se manifester eutre les mains de tons les experimentateurs, personne ne 1'avait ce])endant remarqut', ni ne lui avait donne sa signifi- cation : c'est a peine s'il avait ete not*'. Dupuy parle, dans deux de ses experiences sur des cbevaux, de cha- leur passagereet de sueursmeme survenues dansquel- ques parties de la face on de la nuque. Mais cet obser- vateur ne pense pas le moms du monde a caracteriser le phenomene, qu'il con fond, du reste, dans la des- cription des symptcjmes d'une carie de 1'occipital qui existait coincidemment dans un cas, et d'une carie de 1'os maxillaire qui existait dans 1'autre. II le signale, au reste. chez d'autres animaux qui n'avaient pas eu les ganglions extirpes, mais qui presentaient des maladies des fosses nasales ou des os maxillaires (1). II reste done evident que Dupuy n'a pas distingue ni compris le phenomene commeresultat physiologique de 1' extirpation des ganglions sympathiques, ainsi que nous (1) Voyez Dnpuy, De I' affection tuberculeusc. Paris, 1817, iu-8. IllSTOUIQLIii. 475 le demontrent les conclusions do son meinoire, quo je transcris litteralement et completement : « Des experiences que nous avons rapportees, il re- suite : » 1° Que la situation profonde des ganglions supe- rieurs des nerfs grands sympathiques ne s'oppose point a leur excision sur ranimal vivant ; » 2° Que F operation necessaire pour enlever ces gan- glions est simple, pen douloureuse, et n'est accompa- gnee ni suivie d'eveneinents iacheux; » 3° Que les phenomenes qui se manifestent et qui sont independants do I'opiTalion sont le resserrement de la pupille, la rougeurde la conjonclive, I'amaigrisse- ment general accompagne de riniiltration des membres et do renq)tion d'une especede gale qui finit par atTec- ter toute la surface culanee; » [\° Enlin qu' on est en droitdeconclure que ces nerfs exercent une grande influence sur les fonctions nutri- tives. » En lisant le memoire de Dupuy avant la publication de mon travail, aucun des nombreux auteurs qui Tout cite if a pu y voir et if y a vu que la calorification des parties fut la consequence de 1'extirpation des ganglions cervicaux : car cela if y est pas dit. Mais aujourd'hui que j'ai caracterise le phe'nomene, si on trouve, en lisant retrospectivement les experiences du professeur d'M- fort, on nieme celles d'autres auteurs, qu'il y a dans les descriptions, des mots, des phrases, des passages qui doivenl se rapporier a ce que j'ai decrit, ce if est pas la question que j'examine; car il est clair, ainsi que jeTai A76 NERF GRAND SYMPATHIQUE. deja dil, que les experiences out du donner les monies resultats entre les mains de tons les experimentateurs qui ont du, par consequent, avoir tousle phenomeneen question sous les yeux. Mais il estsi facile d'avoirun phe"- nomenc sous les yeux et de ne pas le voir, tant qu'une circonstance quelconque ne vient diriger 1'esprit de ce cote! En 1842, j'ai fait un grand nombre de sections du sympathique et d'ablations des ganglions cervicaux de ce nerf sans me douterque cette operation produisit le re"chauffement des parties, bien que je connusse ce- pendant les experiences de Dupuy. Si, dix ans apres, c'est-a-dire en 1852, j'ai decouvert le fait, cela tient a ce que je m'etais place a un point de vue different pour observer les resultats de I'experience. Dans ma note lue a 1' Academic des sciences je me bornai ii decrire les phenomenes et a signaler leur con- dition de production sans vouloir cntrer aucunement dans leur explication. Cependant au premier abord il etait difficile de ne pas croire que cette augmentation de caloricite et de sensibilite ne fut pas consecutive a une plus grande activite circulatoire. Mais comme j'avais observe des cas dans lesquels Tactivite circulatoire sem- blait 6tre le phenomene secondaire au lieu d'etre le fait primitif, je me bornai a indiquer la possibilite des deux hypotheses, en disant que la caloricite n'etait pas toujours en raison directe de la vascularisation des parties. Depuis lors je continual mes recherches et jesignalai la mfcrne annee, dans mon cours, que le galvanisme ap- plique sur le bout superieur du sympathique au cou. HISTORIQUE. 477 faisait disparaitre tous les troubles produits par la sec- tion du nerf. Ces resultats furent publics plus tard dans les Complex rendus de la Societe de biologie (octobre et novembre 1852). Mais pendant que je poursuivais mes experiences en France, M. Budge en Allemagne, M. Waller en An- gleterre, et M. Brown-Sequard en Amerique, chacun de leur cote, etaient a la recherche de Implication du phenomene que j'avais decouvert. M. Budge rattacha cette calorification a la region ci- lio-spinale de la moelle, ce qui pouvait confirmer sans doute que la partie cervicale du sympathique nait en ce point, mais ce qui n'ajoutait en realite rien au pheno- mene lui-ineme. M. Waller fit pour les arteres le m6me raisonneinent que pour la pupille. 11 admit que la section du filet cer- vical du sympathique qui est moteur, amene une para- lysie des arteres de la face, qui se relachent, se dilatent et se remplissent d'une plus grande quantite de sang. Ainsi s'explique pour lui la calorification des parties. Si Ton galvanise le sympathique, on fait contracter les ar- teres, le sang en est expulse et le refroidissement sur- vient. A son retour en France, M. Brown-Sequard reclama pour lui la theorie de la stase du sang par la paralysie des arteres, et il annonca avoir vu le premier en Ame- rique que la galvanisation du sympathique amene le re- froidissement des parties et la contraction des arteres. Je n'entrerai pas dans des discussions de priorite relati- vement a des faits qui (latent tous de la me"me anne"e, et /i78 NERF GRAND SYMPATHIQUE. qui se sont developpes immedialement comme corro- laires tout naturels cle ma premiere experience. Je me felicite seulement de rempressement que les expe"rimen- tateurs cites plus liaut out mis a rue suivre dans Tetude de ces phenomenes de calorification, Cela me promt1 qu'ils les out trouves important? et digues d'intertH. M. R. Wagner (de Go3ttingae) s'est encore livre dans ces derniers temps a des experiences tres intoressantes sur le grand sympathique, iriais (jui ne se rapportent point directemeut a la question d'augmeutation de ca- loricite et de sensibilite (jue nous examinons ici. Depuis la publication do nos premieres experiences sur rinflueuce du sympathique sur la calorification, un grand nombre d'expe'rimentateurs out verifie et repete nos experiences. Depuis longtempsj'avais ete IVappedu grand nombre de faits eontradictoires qui existent dans la science relativement a rinlluence des lesions nerveuses sur la calorification des parlies paralyses. On a observe en effet. dans ces c:rconstances,taut6t la diminution, tantot ^augmentation de caloricite. II y avait done a recber- cher la raison de ces dissidences dans une specialit*'1 d'influence desdiverses especes de nerfs; carquand, en physiologic, un phenomene s'offre avec des apparences eontradictoires, on pent etre assure que ses elements sont encore complexes et que ses conditions d'existence n'ont pas etesuffisamment analysees. II fallait examiner ainsi successivement rinfluence sur la calorification des nerfs de mouvement, des ueris de sentiment et deceux du grand sympathique. Je commencai par ces derniers, et je EXPERIENCES COMPARATIVES. dois dire que, etant sous ttnfluence de 1'idee tres aucienne quele grand sympathise qui accompagne specialement les vaisseaux sanguins arteriels doit etre le nerf qui preside aux phenomenes des mutations organiques s'ac- complissant dans les tissus vivants, j'eus la pensee que sa section, en amenant une atonie des vaisseaux et un ralentissement on une abolition dans les phenomenes circulatoires et nulritifs, serait probablement en rap- port avec le refroidissement des parties. Je fis done 1'experience et je choisis le lapin, parce que chez cet animal le filet cervical sympathique, qui monte a latete en allant d'un ganglion a 1'autre, se trouve facile a at- teindre et est tres nettement distinct du nerf pnemno- gastrique. Le resultat fut loin d'etre d'accord avec ma prevision, et, au lieu du refroidissement que j'attendais, je constatai une graude elevation de temperature dans tout le cote correspondant de la tete. Mon hypothese s'evanouit aussit6t devant la realite ; 'mais elle m'avait mis sur la trace d'un fait nouveau qui devait rester ac- (piis a la science; il s'agissait de 1'etudier, de Tisoler et de lui donner une signification parmi les phenomenes qui se rapportent a 1'histoire du systeme nerveux sym- pathique. Comme c'etait sur le le nerf sympathique de la face que j'avais d'abord experiment^, je pensai qu'il valait inieux agir sur les nerfs de sentiment et de mouvement de cette inline partie du corps afm d' avoir des pheno- menes plus facilement comparables. 1° EXPERIENCES SUR LE NERF DE LA CINQUIEME PAIRE. — . — Le 21 decembre 1851, sur un gros lapin vif et 480 NERF GRAND SYMPATHIQUE. bienportant, j'ai fait la section de la cinquieme paire a gauche dansle crane par le precede deMagendie.L'ope- ration, qui reussit parfaitcment, fut suivie immedia- tement des symptomes d'insensibilite de la lace bien conn us. Avant 1'operation on ne sentaita la main qui saisissait 1'oreille, ou avec le doigt plonge dans le pavilion auri- cuiaire, aucune difference sensible dans la chaleur d'un cote a Fautre. Environ nne demi-heure apres la section de la cinquieme paire, on appre'ciait au contraire mani- festement a la main quo 1'oreille gauche qui correspon- dait au cote de la section etait plus froide; on ne me- sura pas la diftV'rence a 1'aide d'un thermometre. Le lendemain 22 de'cembre, dix-huit heures environ apres 1'operation, il existait toujours la me~me difference tivs marquee entre la temperature des deux oreilles; celle du cote gauche etait plus froide. La chaleur, prise au therinometre, donna 34° C. a droite et 31° C. a gauche ce qui faisait 3° C. d'abaissement de temperature apres la section de la cinquieme paire. L'animal avait, du reste, conserve toute sa vigueur. Ace moment lesphenomenesd'alteration de nutrition de Toeil decrits par Magendie commencaient a se ma- nifester du cote gauche. La conjonclive etait rouge, les vaisseaux dilates et gorges de sang, 1'ceil chassieux, les paupieres collees et la cornee deja alteree ; mais, comme je 1'ai dit, la temperature de ces parties etait cependant abaissee malgre 1'existence de ces troubles circulatoires qu'on rattache gen^ralement a ce qu'on appelle des inflammations. EXPERIENCES COMPARATIVES. /j8l Alors je Pis la resection du filet sympathique an con a gauche, du meme cote ou la temperature des parties avait ele" abaissee par la section de la cinquieme paire, el aussilol la calorification se manifesta. Apres quelques instants la temperature de 1'oreille gauche depassa de beaucoup celle de 1'oreille droite, el le thermometre plonge dans les deux pavilions auriculaires environ trois quarls d'heure apres donna pour 1'oreille gauche 37° C. el pour 1'oreille droite 31° C. En resumant les varialions de lempe'rature observees voici les chiffres obtenus : A gaucliP, A droite, cole opere". cole sain. 1° Apres la section de la 5*" paire. . . 31° cent. 3A0cent. 2° Apres la section da sympathiquc. . 37° cent. 31° cent. II est bon de noter que 1'elevation de temperature a gauche a coincide avec un abaissement a droite. Nous retrouverons plus lard des choses semblables dans des experiences analogues. Le 2 decembre, les deux oreilles offraient toujours la meme difference de temperature que la veille; les phenomenes d'allcralion de Toeil marchaienl loujours. Laconjonclive elail loujours Ires injectee, la corneeetait devenue enlieremenl opaque et ramollie ; il y avail aux levres des ulceralions du ineme cote. II est inutile de dire quel'insensibilite complete de la face persistait lou- jours a gauche ; cependanl il y avail encore dans le pa- vilion de 1'oreille de la sensibilite qui provenail des branches auriculaires du plexus cervical. Je fis alors la re.Neetion de ces nerfs an con. a leur emergence sur le B.( S\6T. NKHV. — II. 31 482 NERF GRAND SYMPATHIQDE. bord posterieur du muscle sterno-mastoi'dien, et im- mediatement Toreille deviut compleiement insensible ; mais cela ne changea rieu dans la temperature de cette oreille qui resta toujours plus elevee que celle du cot£ oppose. Les jours suivantsjusqu'au 27 decembre I'anirnal tut observe, et il offrit constamment unc plus grande ele- vation de temperature dans le cote gauche de la tete. J'ai bien souvent repete la section de la cinquieme paire sur des lapins dans le but de verifier I1 experience qui precede, et toujours j'ai vu cette operation etre sui- vie d'un abaissement de temperature dans la partie cor- respondante de la tete. Mais si alors on fait la section du sympathique, les phenomenes de calorification sur- viennentde me'me et independamment des lesions que produit la paralysie de la cinquieme paire; et genera- lenient on pent meme dire que chacun de ces pheno- menes atteint son maximum d'intensite dans des condi- tions vitales opposees, c'est-a-dire que les alterations dues a la section de la cinquieme paire se manifestent avec d'autant plus de rapidite et d'intensite que les ani- maux sont plus faibles et languissants ; au contraire le phe'nomene de calorification se produit avec d'autant plus de force et d'instantaneite que les animaux sont plus vigoureux et mieux portants. 2° EXPERIENCES SUR LE NERF FACIAL (SEPTIEME PAIRE). — Le 21 decembre 185! , sur un gros lapin vif et bien portant, j'ai fait du cote gauche la section du nerf facial non loin de sa sortie par le trou stylo-mastoi'dien, en penetrant avec un stylet aigu dans la caisse auditive. EXPERIENCES COMPAttATIVtS. /ineralemenl '1 de- j^rea 1 clegiv \/'l d'abaisseme'ntde temperature relative, dans le cote de la face paralyse du mouvement et ayant EXPERIENCES COMPARATIVES. ft«S5 conserve loutesa sensibilite, ce qui temoignait cle 1'inte- grite de la cinquieme paire. Un phenomene momentane d'elevation cle chalcur des parties pe'ripheriques a pres- que toujours lieu quand on blesse brusquement, d'une maniere quelconque, un point des centres nerveux ; mais cela ne pent pas £tre confondu avec les pheno- menes durables que je decris ici. II sc manifesto done, ainsi qu'on le voit, des eft'ets calorifiques diffe'rents, suivant que le nerf facial est coupe dans son trajet extra-cranien. ou suivant que ses fibres originates sent coupees dans la substance morne de la moelle allongee. Dans ce dernier cas, la paralysie du facial amene, an point de vuc de la calorification, des effets qui ne different pas notablement de ceux que produit la section de la cinquieme paire ; et si, pour ce dernier nerf, I'abaissement de temperature est ordinai- renient plus considerable, on pom-rait 1'attribuer aux lesions de nutrition qui surviennent apres la section du trijumeau. lesions qui ne se man ifestent pas apres la section du facial. Quand an contraire on coupe le facial apres qu'il s'est engage dans le canal spiroide du temporal, et surtout apres qu'il en est sorti, les effets de sa section se rappro- chent beaucoup de ceux que produit le sympathique, en ce sens qu'il y a toujours une elevation marquee de temperature. Cette opposition entre les experiences precedemment citees me fait penser qu'en agissant sur la moelle allon- gee on paralysait uniquement les origines spe'cialement motrices niusculaires du facial, car on avait une para- /j8() NKRl-' (HUM) SYMI'A lysic complete des muscles de la face sans augmenta- tion dc temperature ; qu'en coupant, an contraire, le facial dansle canal spiroi'de, on agissait non-seiiletnent sin1 les origines motrices nuiscuiaires, mais encore sur les fibres sympalliiques qui s'y irouvaient adjointes, puisqu'on obscrvait ^'augmentation dc temperature. J'e- tais, du rcste, porte a cclle interpretation des pbeno- menes par d'aulrcs experiences. En effet, s'il est incon- testable, f-n s'appuyant sur 1'anatomie comparee et sur la physiologic, que le sympalhique en prenant naissance dans les centres nerveux cerebro-spinanx a des rapports de contact avec lesnerfs moteurs. il fant nj'anmoins ad- mettre une origine sp('ci;ilc- dans la substance nerveusc pour les nerfs sympathit-emq minutes il y avait a la main deja une ti'cs ^randc difference de tempera- ture entre les deux oreilles : Toreille gauche, oil Ton avait coupe le sympathiqne, dnnnait 23 degres, tandis que cellc dn c6tr sain marquait senlement 20 degres. II fut done demon! iv par la que la calorification se deve- lopjiait ciiciuv hvs aetivemeut chez cet animal, et que par consequent ce phe^nomene auraif dilnecessairement se produire, si la section desracines anterieures eilt ete dans le cas de le determiner. En resume, il me semble ivsnlter clairement desex- p^riences contenues dans ce paragraphe les propositions qui suivent : 1° La section des nerfs du sentiment, outre 1'abuli- tion du sentiment, produit la diminution de temperature des parties. 2° Celle des nerfs de mouvement , outre 1'abolitiou du mouvement, a donne lieu egalement a un refroidis- sement des parties paralysees. o° La destruction du nerf synqtatbique, qui ne pro- duit ni 1'iinmobilite des muscles ni la perte de sensibilite, amene une augmentation de temperature constante et tres considerable. /i° Maintenant. si Ton coupe un tronc nerveux mixte qui renferme ii la fois des nerfs de sentiment, de mou- vement et des filets sympatbiques. on a les trois effets I-XPKRIENV.KS CO.Ml'AIlATSVt-S. (\\}[ reunis, siivoir : paralysie do mouvemenl, paralysie de sentiment et exaltation de caloricite. C'cst ce que Ton pent obtenir par la section du nerf sciatique. par ex em- pie ; toutefois, on comprendraque la calorification doive etre dans ce dernier cas un pen moins prononc<'e,parce qifelle est alors contre-balance"e par 1'abaissement que determine sirnultanement la paralysie des nerl's de mouvemenl et de sentiment. 5° D'apres cela je crois done avoir e'tabli avec raison que cette augmentation de caloricit est le resultat spe- cial de la section du ncrf sympathique. CVst cot effet isole qu'il s'agira d'etudier dans les paragraphes sui- vants. J'ai observe que lorsque sur un animal mammifere, sur un chien, sur un chat, sur un cheval, sur un lupin ou sur un cochon d'lnde, par cxeni])le, on coupe on on lie dans la region moyenne du cou le filet de commu- nication (1) qui existe entrele ganglion cervical infericur et le ganglion cervical superieur, on constate aussitot que la caloricite augmente dans tout le c6te correspon- dant de la tete de ranimal. Cette elevation de tempe- rature debute d'une maniere instantanee . et elle se developpe si vile qu'eu quelques minutes, danscertaines circonstances, on trouve entre les deux c6tes de la tete (1) Chez le lapin , le cochon cVInde,le cheval, ce filet est isole du pneumogastrique, et se trouve place" enlre ce nerfet 1'arlere carotide. Chez le chien, le chat, le lilet syinpalliique est confondu avcc lt> vague, et il devient impossible dc couper isolement ces deux nerfs. Le ganglion cervical moycn manque gi'-neralcment chez ces aniinaux, oxceptO chez le cochon d'lnde, oil je Tai u peu pros loujours rencontre. •V.)"2 MillF GRAN!) SY.Mr-ATHlO.ri;. line difference de temperature qui pent s'elever quel- quefoisjusqu'a li on 5 degres centigrades. Cette diffe- rence de chalenr s'apprecm parfaitement a 1'aide de la main, maison la determine plus convenablement en in- troduisant comparativement, et avec les precautions convenahles, nn petit thermometre dans la narine ou dans le conduit auditif de ranimal. J'ai souventextirpe les ganglions cervicaux superieurs du grand sympathiqne chez le chien et chez le lapin ; chezce dernier animal, je les ai trouve's insensihles a la pression d'une pince, ainsi (me 1'avait deja constate M. Flourens; settlement leur arrachement senible ton- jours accompagne d'une douletir plus on moins vive. Chez lechien, cette sensibilite parait un pen plus grande. I/ablation du ganglion cervical superieur est suivie des monies effets calorifiques que la section du filet cervi- cal ; toutefois ces effets sont toujours plus rapides, plus intenses et plus durables. II est inutile de citer toutes les experiences excessivement nombreuses que j'ai prati- quees; je dirai seulement qu'apivs la section du filet sympathique chez les lapins, les phenomenes de Texces de calorification et de sensibilite ne sont guere evidents an dela de quinze a dix-huit jours, tandis que chez les chiens cela pent durer six semaines a deux mois. Apres 1'ablation des ganglions chez ces animaux, la persis- tance de la lesion pent etre consideree comme indefinie; car sur un chien a qui j'avais fait 1'extirpation du gan- glion cervical superieur a gauche, tons les phenomenes d'exces de caloricite et de sensibilite dusa cette extir- pation etaicnl encore tres intenses un an et demi apres INFLUENCE SUR LA CALORIFICATION. /|9o 1'extirpation du ganglion, lorsque 1'animal fut sacrifie pour d'autres experiences. Cette difference de k a 5 degres est remarquable comme difference de calorification relative entre les deux cotes de la face. Mais si Ton compare la chaleur de 1'oreille et de la narine (ainsi echauffee par suite de la section du nerf) a la chaleur du rectum ou des parties centrales du corps, le thorax ou 1'abdomen, on voit qu'elle est a pen presla meme. Toutefois, j'ai constate assez souvent que 1'extirpation du nerf sympathique ele- vait dans 1'oreille correspondante la chaleur jusqu'a bO degres, land is que la temperature normale dans le rectum, chez cet animal, nr depassait alors pas 38 ou 39 degres centigrades. Toute la partie de la tete qui s'echauffe apres la sec- lion du nerf devient le siege d'une circulation sanguine plus active. Cela se voit tres distinclement sur les vais- seaux de 1'oreille chez le lapin. Mais les jours suivants, etquelquefoismeme des le lendemain, cette turgescence vasculaire a souvent considerablement diminiK', bien (jue la chaleur de la face, de ce cote, continue a etre tres developpee. On peut constater, en faisant penetrer le thermo- metre al'aide d'incisions prealables, que cette elevation de temperature qu'on apprecie superficiellement s'etend egalement aux parties profondes, et meme dans la ca- vite cranienne et dans la substance cerebrale. Cela se remarque mieux apres 1'extirpation des ganglions sym- pathiques. Le sang lui-meme iiui revient des parties ainsi echauffees possede ur.e temperature plus elev^e, NERF GRAND SVMi'ATIlIOUE. ainsi que je 1'ai constate plusieurs fois sur ties chiens, en introduisant un petit tbermometre dans la veine jugu- laire a la region inoyenne du cmi. II est bien entendu (jue la cuvette dn thermometre doit etre dirigee en hunt, de maniere a etre baigne'e par le sang veineu.v qui descend de la ttMe. J'ai voulu rechepcher comment le coir de la tete echauiVf par la section du nerf sympathise se compor- teraitcomparativement avecles autres parties du corps, si Ton venait a soumeUiv les auiisiaux a de grandes va- riations de temperature ambiante. Je placai done un animal (un lapin aiiquel j'avais pratique la section du nert'j dans une eluve, dans un milieu dont la tempera- ture etait au-dessus de celle de son corps. Le cote de la tete qui etait dejti cbaud ne le devint pas sensiblement davantage, tandis que la moitie opposee dc la face s'e- chaufla; et bientot il ne tut plus possible de distinguer le cote de la tete ou le nerf sympathiijue avait ete coupe, parce que toutes les parties du corps, en acquerant leur sumnuim de caloricite, s'etaient mises en harmonie de temperature. Les choses se passent tout autrement quand on re- froidit ranimal en le placant dans un milieu ambiant dont la temperature est beaucoup au-dessous de celle de son corps. On voit alors que la partie de la tete cor- respondante au nerf sympathique coupe, resiste beau- coup plus au froid que celle du cote oppose ; c'est-a-dire que le cote normal de la tete se refroidit et perd son ca- lorique beaucoup plus vite que celui du cote oppose. De tellesorte qu'alorsla desharmcnie de temperature enlre INFLUENCE SUR LA CALORIFICATION. les deux moities de la t£te devient de plus en plus e'vi- deute, et c'est dans cette circonstance que Von constate une difference de temperature qui peut s'elever quelque- fois jusqu'a 10 ou 12 degres centigrades. J'avais eu Tidee de faire la section du ncrf sympa- thiquesur des aniniaux hibernants, pour savoirsi cela les rendrait moins sensibles a Faction engourdissante que le froid leur fait eprouver. Je n'ai pas encore eu 1'occasion de re'aliser cette experience. Ce phenomene singulier d'une plus grande resistance au froid s'accompagne aussi d'une sorte d'exaltation de la vitalite des parties, qui devient surtout tres manifeste quand on fait mourir les aniniaux d'une maniere lente, soit en les empoisonnant d'une certaine fai-uii, soit en leur resequant les nerfs pneumogastriques. A mesure que I' animal approchede 1'agonie, la temperature baisse progressivenieut dans toutes les parlies exterieures de son corps ; mais on constate toujours que le cote de la tete ou le nerf sympathique a etc coupe ofi're une tem- perature relativement plus elevee, et au moment ou la mort survient, c'est ce c6te de la face qui conserve le dernier les caracteres de la vie. Si bien qu'au moment ou Tanimal cesse de vivre, il peut arriver un instant ou le c6tt3 normal de la tete presente deja le froid et I'im- mobilite de la mort, tandis que 1'autre moitie de la face, du c6te ou le nerf sympathique a ete coupe, est sensi- blement plus chaude et offre encore ces especes de mou- vements involontaires qui dependent d'une sensibilite sans conscience et auxquels on a donne le nom de mou- * vements reflexes. A96 NERF GRAND SYMPATIIIQUK. En observant pendant longtemps les animaux aux- quels j'avais fait la section tie la partie cephalique iln grand sympathique, j'ai pu suivre les phenomenes de calorification ainsi que je 1'ai dit plus haul. Si les ani- maux restaient bieu portants, je n'ai jainais vu, apres cette experience, survenir dans les parties plus chaudes aucun cedeine ni aucun trouble morbide qu'on puisse rattacher a ce qu'on appellede rintlammation. J'ai dit : si les animaux etaient bien portants, car en effet, lors- qu'ils deviennent malades, soit spontanement, soit a la suite d'autres operations qu'on leur faitsubir, on voit les membranes muqueuses oculaire et nasale, seulement du c6te ou le nerf sympathique a rte coupe, devenir tres rouges, gonflees, et produire du pus en grande abon- dance. Les paupieres restent habituellement colle'espar du mucus purulent, et la narinc en est frequemment obstruee. Si Tanimal guerit, ces phenomenes morbides disparaissent avec le retour a la sante. D'apius cela jeivadmets pas I 'inflammation de la con- jonctive signalee par Dupuy, John Reid, etc., comme une consequence normale de la lesion du nerf sympa- thique : je considere ce phe'nomene comme accidentel et comme ne survenant qu'a la suite d'un etat d'affaiblis- ment consecutif de r animal. Je signale du reste le fait comme je 1'ai observe, sans vouloir essayerd'expliquer pour le moment, comment il se fait que cette augmen- tation de caloricite et de sensibilite des parties arrive a se changer subitement sous certaines influences en ce qu'on appelle une inflammation violenle avec forma- tion purulente excessivement intense. INFLUENCE SUR LA CALORIFICATION. 497 Les fails de calorification de la tele que j'ai precedem- nient signales, apres la section, la ligature, la contusion ou la destruction de la partie cervicale du grand sym- pathique, sont facilesa reproduire et a verifier. Toute- fois, comme toujours en physiologic experimentale, il est necessaire de prendre quelques precautions pour obtenir des resultats constants et bien tranches. Voici les conditions qui me paraissent les meilleures : 1° II est preferable de faire 1'experience lorsque la temperature ambiante est un pen basse, parce qu'alors la difference de chaleur entre les deux c6tes de la face est d'autant plus facile a saisir qu'elle est plus conside- rable. 2° II faut choisir des animaux vigoureux et plutoten digestion, 1'observation m'ayant appris que les pheno- menes de calorification se manifestent d'autant plus fai- blenieut et plus tardivemcnt que les animaux sont prea- lablement affaiblis ou languissants. 3° II faut eviler les grandes douleurs et 1'agitation de 1'animal pendant 1'operation. II arrive en effet, si celle- ci est laborieuse, que I'emotion et I' excitation generate que 1'animal eprouve en se debattaut masquent com- pletement le resultat immediat. Bien qu'on n'ait coupe le nerf sympathique (jue d'un seul cote, on pourrait trouver les deux oreillespar exemple aussi chaudesl'ime que 1'autre immediatement apres la section. Mais bien- t6t, si on laisse 1'animal en liberte, les choses repren- nent leur equilibre et le cote correspondant an nerf coupe reste seul avec une temperature plus elevee. l\° Ainsi qu'il a ete dit, les phenomenes sont toujours B., STST. NERY. — H. 32 /| 98 M'-tU- GRAND SVMP.VTIIIQUE. plus marques et plus durables, quandau lieu do couper le filet d'union du sympaihique uu con, on cxtirpe lo ganglion cervical superieur. 5° Du reste, en revenaut ailleurs sur les phenomenes de calorification produits par la section du sympathique nous yerpops qu'ils paraissent suivre les variations phy- siologiques de la chaleur auimale. Us sont plus marque's generalement pendant la periode digestive et plus fai- bles pendant Tabstinence. J'ai pratique encore 1'extir- pation des ganglions et la section des filets du sympa- thique dans le thorax et dans rabdomen. Je ne decrirai puint ici ces experiences, parce qu'elles out ete faites a d'autres points de vue. Je dirai seulement qu'elles sont suivies quelquefois inais non toujours des memes effets vasculaires et calorifiques qu'a la tete. Lorsqu'on galvanise avec une forte machine electro- magnetique le bout cephalique du nerf sympathiquo coupe, chez uu chien par exeuiple, ce n'est pas seule- ment la pupille qui reprend son elargissement, mais tous les autres phenomenes qui avaient suivi la section du nerf disparaissent egalement et mdme s'exagerent en sens inverse; c"est-a-dire, que sous cette influence gal- vaniquc, la pupille retrecie devientplus large que celledu c6te oppose, 1'oeil enfonce devient saillant hors de 1'or- bite, la vascularisation des parties s" efface et leur tempe- rature baisse au-dessous de 1'etat normal. C'est en me fondant sur ces faits que j'ai insiste depuis longtemps sur la connexion evidente de tous ces desordres et sur la possibility deles rainener tous, malgru leur variete, a une explication unique, puisqifilsapparaissent et dispa- SA GALVANISATION. 1} 99 raissent constammenl tous sous riuflueuce iles menies causes. J'ai fait connaitre ces resultats dans mon cours cle 1'annee 1852, et ilsontete imprimes aux mois d'oclobre et novembre fie la me" me annee, dans les comptes ren- dus de la Societe de Biologie. Voici une partie de 1'ex- trait qui s'y Irouve : « Si Ton galvanise le bout supe- rieurdu grand sympatbique divise, tous les phenomenes qu'on avail vu se produirc par la destruction de Fin- fluence du grand sympathique cbangent de face et sont opposes. La pupille s'elargit, Touverture palpebrale s'agrandit; 1'a'il fail saillie liors de Forbite. D'active qu'elle etait la circulation devient faible; la conjonctive, les narines, les oreilles qui elaient rouges })alissent. Si Ton cesse le galvanisme, tous les pbenouienes priiniti- vement produits par la section du grand sympathique re,- paraissenl peu apeu pour clisparaitre denouveau a une seconde application du galvanisme. On peut conlinuer a volonte cette experience, la rcpeter aulant cle fois que Ton voudra, toujours les resultats sont les monies. Si Ton applique une goutte d'amnaoniaque sur la conjonc- tive d'un cbien du c6te ou le nerf a ete coupe, ladou- leur determine ranimal a tenir son ceil obstinement et constamment ferine. Mais ace moment si Ton galvanise le bout supe'rieur du sympathique coupe, malgre la dou- leur qu'il eprouve, le cbien ne peut niaintenir son ceil ferme; les paupieres s'ouvrenl largemeul en meme temps que la rougeur produite par le caustique diminue et disparait presque entierement. » Parmi les experiences tres nombreuses que j'ai faites 500 NERF PNEUMOGASTR1QUE. relativement a 1'influence de la galvanisation sur la ca- lorification, il me suffira cle decrire une de celles qui out ete faites avec des mesures thermometriques pour don- ner une idee exacte de la nature du phenomena. Les chiffres indiques ci-dessous represented des nombres arbitraires pris sur des thermometres metastatiques a cleversemenl cle M. Walferdin, qui a bien voulu me pre- ter son concern rs dans ces recbercbes dedicates. Mais la comparaison n'en est que plus facile et plus sure ; du reste on pent avoir les valeurs reelles par le calcul en se reportant a un thermometre etalon (1). Ces experiences ont ete faites pendant 1'ete ; la tem- perature ambiante etail elevee et oscillait entre 20° et 22° C. Cela doit etre note, parce que la difference de caloricite entre les parties saines et celles ou le sympa- thique avail ete coupe a du se montrer moins grande qu'elle ne 1'aurail ete par un temps plus froid. Exp. - - Sur une chienne, de petite taille, j'ai fail la section du grand sympalhique dans la parlie moyenne du cou, du cote droll. II est impossible, ainsi qu'il a ete dil, de couper le sympalhique seul chez le chien, parce qu'il est intimement uni au tronc du nerf vague. Mais ce nerf n'a aucune part dans ces pbenomenes de calo- rification, ainsi que cela se prouve par la meme expe- rience donnant les memes resultats chez le lapin, ou Ton (1) 56,7 parties du thcrmometre mt-taslatique mis en usage = 1 de- gre centigrade, 1 partie — par consequent 0°,0176; d'oii il resuite que dans cetle se"rie d'experiences on a pu lire directement des fractions tres faciles a apprecicr a I'onil nu, et correspondant a une fraction plus petite que la centieme partie d'un degre centesimal. Ce thermometre avail etc" r^glO de 35° a /|0°. La temperature ambiante de 20", 5. SA GALVANISATION. 501 pe;it faire la section du synipathique isolement. Si j'ai choisi le chien, c'est parce que le volume plus conside- rable des nerfs se prete mieux a la galvanisation. On prit la temperature dans les deux conduits auditifs 9 minutes apres la section du nerf. Oreille gauche = 280. Oreille droite = 287. Difference 7. Le thermometre restant place dansl'oreille droite, on galvanise le bout cephalique du sympathique du meme c6te, en alternant a pen pres avec une minute de repos, et on constate pendant la galvanisation Fabais- sement de temperature dans 1'oreille de la maniere sui- vante : 287 point de depart. 269 apres 7 minutes. 255 apres 11 minutes. 2/46 apres 15 minutes. 2/iO apres 16 minutes. On cesse la galvanisation et bient6t la temperature s'eleve ainsi tju'il est demontre par les nombres sui- vants : / Seize minutes apres qu'on avail \ cesst5 la galvanisation, on re- 2iO. Point extreme d'abaissemcnt. I place le thermometre dans I Torcille , et il donne les nom- \ bres suivants : 2/i5 apres 16 minutes de repos. 259 19 268 22 273 24 276 25 (la temperature mon- tant toujours , on cesse Tobservation). On voit done que 1'oreille droite qui, par la section du sympathique, e'tait montee de 7 parties au-dessus de 1'oreille gauche saine, est descendue par la galvanisation 50:2 Mette espece de renversement ou d'antagonisme des phenomenes calorifiques d'un c6t^ a 1'autre, esttres re- niarquable et nous allons le retrouver encore a Tocca- sion des effets de la chloroforrnation. Les inspirations d'ether ou dechloroforme, qui out la propriete d'eteindre la sensibilite, produisent ce meoie effet quand le sympathique a ete detruit; seulement, si on fait agirle chloroforme lentement, on voitquece re- sultat arrive ordinairement un pen plus tard a cause de Texccs de sensibilite qui existc toujours dans les parties. Mais c'est la calorification qui nous offre le plus d'inte- INFLUENCE DliS ANESTIlr'SlQUES. 503 ret en co qu'elle se comporte comme s'il s'agissait de relectricite. Premiere experience. — Une chienne de petite taille et encore jeune avait subi la section du filet sympathi- que dansle con du cote droit, elle avait egalement ete" soumise a la galvanisation du bout peripherique de ce nerf, et avait fourni les resultats qui out ete consigned prece'demment. Lequatorziemejour apres 1'operation, laplaiedu cou etait depuis longtemps cicatrisee ; mais les phenomenes de calorification persistaient toujours tros evidemment, 1'oreille droite etait plus injectee et plus chaude que celle du c6te oppose. On chloroforma alors ranimal a 1'aide d'un masque de caoutchouc serre autour du nm- seau et cominuniquant avec de Tair charge de vapeur de chloroforme : bientot 1'insensibilite se manifesta, et au moment ou elle etait devenue complete au point que I attouchement des conjonctives ne produisait plus de cliguement, 1'oreille droite baissa rapidement de tem- perature, devint froide et pale ; tandis que celle duc6te sain a gauche devint plus injectee et plus chaude. On intro- duisit un thermometre dans les oreilles et on trouva : Oreille droite corrospondant au nerf sympathique coupi: pen- dant la chloroformation et 1'insensibilite complete 36°, 8 C. Oreille gauche saine au meme moment 37°, 2 C. On cessa alors les inspirations de chloroforme, pen a peu ranimal reviut, et une heure et demie apres, lors- qu'il etait a peu pressorti de son ivresse chloroformique, on trouva : Oreille droite, cote" de 1'opuration 37°,8 C. Oreille gauche , cote* sain 3i",4 C. 504 NERF GRAND SYMPATIHQUE. On soumit de nouvcau Tanimal a Faction du chloro- forme. et aii moment on I'lnsensibilitc devint complete, la temperature des oreilles etait : Oreille droite, c6te" de 1'op^ration 37°,3 C. Oreille gauche, cdte sain 37°,8 C. Deiixieme experience. — Sur line chienne de forte taille. adulte, je fis la section a droite du filet cervical du grand sympathique. Quelques instants apres, la tem- perature fut prise avec un thermometre metastatique a deversement de M. Walferdin, a echelle arbilraire; on obtint : 1° Cold gauche sain. |Sine'au moment dc'rcxpiration! 105,5 On voit dans la narine une oscillation d'une demi- division environ pendant la respiration ; il y a un abais- sement a chaque inspiration par 1'action de 1'air froid, et elevation a chaque expiration par sortie de 1'air chaud. 2° Cote droit correspon- ( Oreille 177,5 dant au nerf coupe . | Narine 174,2 On n'observait plus alors ces oscillations respiratoires indicmees precedemment ; il semblait qu'il passait a peine de 1'air par cette narine. Cela dependait de la section du vague qui avail e"te operee avec le sympathique. On soumit alors 1'animal a la chloro formation, et aussit6t que 1'insensibilite fut obtenue, on mesura la temperature des oreilles qui fut trouve'e : 1° Oreille droite , nerf coupe* . . . baisse'e de 177,5 a 175,3 2° Oreille gauche , c6te sain . . . monte'e de 165,5 a 174,3 EFFETS SUR LA VASCULARISATION. 505 Je me borne a citer ces deux 'experiences ; elles de- montrent que le chloroforme n'agit pas de memesur les parties saines et sur celles ou le sympathique a ete coupe. Plus tard ces fails seront repris a un autre point de vue. Ainsi que je 1'ai indique dans ma note lue a 1'Aca- demie en mars 1852, la section du filet cervical du grand sympathique et surtout Pextirpation du ganglion cervical supe'rieur, anienent immediatenient et en memo temps que {'augmentation de chaleur, une tres forte turgescence vasculaire dans Foreille et dans tout le cote correspondant de la tete. Les arteres, plus pleines, semblent battre avec plus de force ; la circulation est activee et Fabsorption des substances toxiques ou autres, drposees a quantite egale dans le tissu cellulaire sous- cutane de la face ou a la base de Foreille, paraissent toujours plus vite absorbees du c6te ou a ete operee la section du sympathique. 11 y a, sans aucun doute, des rapports intimes que personne lie pent meconnaltre, entre les phenomenes de calorification et de vascularisation des parties du corps; mais est-ce a dire pour cela que dans le cas qui nous occupe, on devra attribuer raugmentation de cha- leur de 1'oreille ou de la face purement et simplement a ce que la masse de sang, qui est devenue plus consi- derable, se refroidit moins facile ment et fait apparaitre les parties plus chaudes ? Cette interpretation par la stase toute mecanique, qui devait d'abord se presenter al'es- prit, serait insuffisante pour expliquer ces differences de 6° a 7° C. de temperature qui existent quelquefois entre les deux cdtes de la face. J'ai ete encore porte a 506 NliRF GRAND SYMI'ATHIQUK. repousser cettc explication, parccquc Ton voit tres sou- . vent I'engorgement des vaisseaux diminuer considera- blemcnt des le lendcmain do I'operation, bicn quo 1'orcille ne vario pas sensiblement do temperature. Pai'ini un tres grand nombrc d'experienccs cle cette nature que j'ai pu observer, j'en citerai Une seule pour clonner une idee plus cxacte du fait. Exp. - - Sur un gros lapin, vigoureux et bien nourri, j'ai fait 1'extirpation du ganglion cervical superieur du c6te droit. L' operation fut faite an mois de decembre et la temperature ambiautc etait basse ; avant I'operation la temperature prise dans Ics deux oreilles etait : Pour Poreillp droite 33" cent. Pour ToreiHe ganchc 33° cent. Aussitot apres 1'extirpation du ganglion 1'oreille droito devint tres vascularisee et tres chaude, tandis que celle du cote oppose ivavait pas sensiblement change d'as- pect. Un quart d'heure apres renlevement du ganglion on reprend la temperature des deux oreilles et on trouve : Pour I'oreille droite 39° cent. Pour Toreille gauche 33° cent. Ainsi en un quart d'heure la chaleur de I'oreille et de la face avail monte" de 6° C. Le phenomene n'e'tait pas encore arrive a son summum, car une heure apres on trouva 40° C. dans I'oreille droite. L'animal fut laisse jusqu'au lendemain ou il fut de nouveau soumis a 1'observation. L'oreille droite etait alors beaucoup moins turgescente que la veille; les ar- teres etaient considerablement diminuees de calibre, et Ei-'FIiTS SULl LA VASCULA1USATION. 507 il fallait une assez grande attention pour voir une diffe- rence cntre les deux oreilles au premier abord. C'etaient seulement les tres petites ramifications vasculaires ou les capillaires qui etaient restes plus visibles et plus nom- breux clans Toreille droite; mais la main percevait toujours tres manifestemeat une grande difference de temperature cntre les deux cotes de la tete. Le ther- mometre plonge dans les deux oreilles donna : Pour roreille droitc 37° cent. Pour TorciHe gauche 30", 5 cent. On voit ainsi que 1'enorme turgescence vasculaire et raccumulation d'une grande quantite de sang qui sui- vent immediatement 1'oprration, peuventdiminuer con- siderablement, sans entrainer un abaissement de tem- perature notable. Cependant, comme je 1'ai dil, la circulation capillaire rcstc toujours plus visible dans 1'oreille plus chaude. Toutcfois il ne faudrait pas encore conclure de la que la temperature sera toujours plus elevee quand les vais- seaux capillaires seront plus visibles. A la suite de la section de la cinquieme paire, comme on sait, la con- jonctive devient tr6s rouge et les vaisseaux capillaires y sont tres visibles ainsi que dans d'autres parties de la face, et cepeudant il y a dans ces cas un abaissement de temperature. Si it cela on objectait avec raison qu'il y a, apres la section de la cinquieme paire, une paralysie des vaisseaux qui enraye la circulation et produit le re- froidissement, je repondrais qu'il est etonnant de con- siderer aussi comme une paralysie, la section du sympa- thique qui fait apparaitre aussitdt la caloriflcatiou dans les 508 NERF GRAND SYMPATHIQUE. tissus ou la turgescence vasculaire existait deja cepcn- dant, mais avec refroidissement. Cotte influence calori- fiante du sympathique, memesurles parties ou le cours du sang se trouve gene et diminue par une inertie vascu- laire, sera encore renduc plus evidente par Inexperience suivante : Exp. — Snr un lapin adultc et bien portant, j'ai fait la ligature des deuxtroncs vasculairesveineuxdeehaque oreille. Apres cette operation les veines se dilaterent, devinrent gorgees par le sang qui stagnait. Apres trois quarts d'heure, les deux oreilless'elaient manifestement refroidies par suite de cette stase de sang. Alors je fls la section du filet sympathique cervical du c6te droit, et aussit6t Toreille correspondante devint plus chaude ; il etait cependant impossible d'expliquer cette calorifica- tion parl'accumulation seule du sang qui precedemnieut produisait un phenomene inverse, le refroidissement qui s'observaittoujours sur I'oreilledu cote oppose. Alors je fis la ligature de 1'arterede facon a emprisonner autant que possible le sang dans 1'oreille, la temperature di- minua un pen, mais elle resta toujours plus elevee que dans 1'oreille opposee. Quand, an lieu de la ligature primitive des veines, on pratique celle des arteres, les parties se refroidissent aussi, mais par un mecanisme inverse. Dans le premier cas, le refroidissement est la consequence de I'impossi- bilite du renouvellement du sang, et dans le second, le resultat de son absence. Nous avons vu qu'en resequant le sympathique apres la ligature des veines, la calorifi- cation peut se produire, ce qui n'a pas lieu quand on SA PARALYSIE. 509 fait la section de ce nerf apres la ligature exacte des arteres seules ; mais tout cela demontre simplement que si le phenomene de calorification ne pent pas se produire dans les parties dont les vaisseaux sont completement vides de sang, il peut an contraire avoir lieu dans des parties ou le sang stagnait, quand son mouvement peut devenir plus rapide. J'ai encore remarque que si chez les chiens ou les lapins, ou la calorification d'un des c6tcs de la taraissait pas contenir PAR L'ABLATION DE GANGLIONS DU GRAND SYMPATHIQUE. 521 de pus. L'injection de la plevre semblait plus prononcee parce qu'elle n'y etait pas masquee par cle fausses mem- branes. Outre les vaisseaux assez volumineux qui etaient gor- ges de sang, on voyait dans les deux plevres des ecchy- moses et des extravasations sanguines. On voyait une arborisation tres riche autour de 1'aorte et desgrostroncs nerveux et veineux, autour du pericarde, ainsi que sur la face supe"rieure du diaphragme.En examinantensnite rinterieur dc I'aorte, de 1'a'sophage, on ne retrouva plus la inline injection; la membrane interne de ces organes etait blanche et avail sa coulcur normale. Le tissu du poumon ctait gorge de sang, et magnifiquement inject*' dans tonics ses parties. Le tissu du coeur n'offrait rien de particulier, 11011 plus que sa surface interietire. Dans rabdomen, Ic peritoine n'offrait aucune injection; il semblait. meme que les organes abdominaux fussent plus pales qifa IVtat normal et comme anemiques. L'es- tomac contenait des morceaux de viande en partie digc- res ct oil rant nne n'iaction neutrc on meme legerement alcaline, ce qui pourrait dependre de ce que les ali- ments scjournaient depuis longtemps clans 1'estomac, et de ce que la grande chaleur avait, depuis la niort, amene un commencement de decomposition. Le foie ne conte- nait pas de sucre dans son tissu. Exp. (29 novembre 1845) (1). — Sur un gros chien mouton, jeunc, iijeun. on enleva les deux ganglions so- lairespar une plaie faite a I' abdomen . Aussitotapres Tope- ration on retiraaranimal 100 grammes cle sang veineux. (1) Experiences dcji cilee a un aulrc point dc vuc, t. I, p. 369. 522 EFFETS INFLAMMATOIRI-S Quand on toucba simplement les ganglions solaires, il n'y eut pas manifestation dedouleur ; settlement, quand on fit, en qnelque sorle,vibrer les nerfstendusqui en par- tent, par nn frotteinent rapitle, il en resultades inouve- ments de totalite clu tronc et particulierement des mem- bres inferienrs, mouveineiits saccades et invulontaires. Quand on pinrait tbrtement le ganglion solaire on qu'on le tiraillait, r animal eprouvait manifestement de la doulenr et poussait des cris. Lorsqne le ganglion on uu des gros nerfs qui en par- tent eut ete ainsi contus par la compression, il resta noi- ratre et comme ecchymose a la place de la contusion, ce qui n'a pas lieu pour les nerls du system e cerebro- spinal. Pendant Tope'ration, 1'animal rendit des matieres te- cales diarrbeiques. Apres Toperation, laplaie fut recou- sue et 1'aninial laisse en repos jusqu'au lendemain. Le lendemain, 30 novembre, 1'animal paraissaittriste et refnsa les aliments. Le ler decembre, le cbien etait toujonrs triste. L'ayant amene dans le laboratoire, il urinaet rendit des matieres fecales diarrbeiques. II ret'usa toute espece de nourri- ture solide ou liquide et but seulement un peu d'eau. Le 2 decembre, Tanimal etait morne; la plaie de 1' abdomen s'elait onverte; ellefumait etlaissaits'ecouler une grande quantite d'un liquide sero-purulent. Le o decembre 1'animal etait mort. Autopsie. A Fouverture de 1' abdomen, on vit une rougeur ecarlate de toutes les parties contenues dans le ventre.Cette rongeur appartenait essentiellement aupe- PAR L' ABLATION DE GANGLIONS DU GRAND SYMPATIIIQUE. 5U23 ritoine etelles'etendaitsurtoute la surface desinteslins, sur le mesentere, sur ses appendices graisseux qui pre- sentaient la meme coloration rouge. Cette teinte rouge vif, resistait parfaitement an lavage; elle ctait partout tiniforme et ne paraissait pas, a 1'oeil nu, offrir d'arbo- risation; mais, an microscope, on voyait une injection capillaire excessivement fine et abondante. Les ganglions solaires avaient ete bien enleves; il res- tait seulement une grande quantite de nerfs qui allaient sur les arteres dans tons les sens. Les poumons etaient sains, exempts d'ecchymoses ; ily avait tontefois un pen deserosite dans la plevre, maiscette membrane n' off rait aucunement la rougeur et ralto" ration du peritoine. Cette experience montre done que les ganglions so- laires sont sensibles aux fortes contusions on au tirail- lement; que I'excilation des nerfs qui en partent deter- mine des mouvements dans les membres, et que rablation de ces ganglions produit une peritonite particuli6re avec dilatation (Miorine des vaisseaux capillaires. Neanmoins j'ai vu cette intlammution ne pas se mani- festerdans deux casou lesanimaux avaient ete etherises : Exp. (lojuin 1853). - Sur un chien adulte , de taille moyenne, on pratiqua la chloroformisation et on extirpa le ganglion coeliaquc du cote gauche, 1'animal ayant sa digestion terminee et 1'estomac vide. L'opera- tion etant achevee, on cessa les inhalations de chloro- forme ; 1'animal etant revenu peu a peu on fit les obser- vations suivantes : La temperature du ventre au moment ou on com- menca 1'expmence etait de 39°, 5, prise dans le peri- 524 EFFETS 1NFLAMM.VTOIRES toine, 1'animal nYtant pas encore completement .anes- thesia". Apres 1'operation, I'animal etant encore sous 1'influence du chlOrofprme, la temperature du peritoine etait de 39 degres. Deux heures apres Toperation, les effets du chloroforme ayant cesse, on repritla tempera- ture qu'on trouva de 39%2, de sorte qu'elle no paraissait pas avoir varie sensiblement par le fait de 1'ablation du ganglion coeliaque. On examina Turine avant et apres 1'operation. Avant 1'operation, 1'urine etait acide, con- centree; elle precipitait directement par 1'acide azotique du nitrate d'uree. Apres 1'op^ration, 1'urine etait moins concentree; elle ne precipitait plus directement du ni- trate d'uree par 1'acide azotique et, elle presentait unc reaction alcaline, qui ne disparaissait pas en faisant se- cher le papier reactif. Par la chaleur, il y avail un pre*- cipite d'apparence albumineuse ; ])ar la jiotasse ajoutee a 1'urine, il y avail un precipite tloconneux que le m6me reactif n'y denotait pas avant I'opmtion. II n'y avait pas de sucre d'une manieiv evidente dans cette urine. Deux heures et demie apres 1'operation, on retira en- core de 1'urine de la vessie ; elle off rait les caracteres que nous venous de signaler et ne renfermait pas de sucre. On observa que les pupilles n'avaient subi aucune deformation , ce qui montre que la lesion qu'on avait produite n'avait pas eu d'influence sur Toeil. Lelendemain (Hi juin) le chien se portait assez bien ; il n'avait pas mange, mais il ne paraissait pas avoir des sympt6mes de peritonite. Les urines etaient acides, ne contenaient pas d' album in e et donnaient directement du nitrate d'uree par 1' addition d'acide azotique. PAR L'ABLATION DE GANGLIONS DU GRAND SYMPATHIQUE. 525 Le 15 juiu, le chien allait bien ; il avait mange. Urines acides, pas d'albumine ; 1'acide azotique y pre- cipitait directenient du nitrate d'uree. 19 juin,le chien va bien;la plaiedu venire se cicatrise. 23 juin, meme elat ; on fit alors servir 1'animal, dans le but de le sacrifier, a des experiences sur la se- cretion salivaire (voir t. II. p. 113). A 1'autopsie, ou ne trouva dans le peritoine aucune trace de peritonite ; seulenient, on trouva les ganglions lymphaiiques ine'sent^riques tres volumineux. Les lymphatiques paraissaient tres pleins, et le canal tho- racique tres distendu par de la lyinphe Cette disten- sion du systeme lyinphaiique pourrait etre le resultal de rempoisonneinent par la strychnine qui tut injectee dans le conduit salivaire chez ce chien, car cette ui6me distension du systeme lymphatique a ete observee chez un autre chien einpoisonne de la nieme mani(3re. La dissection du plexus solaire a montre que le gan- glion ctt'liaque droit etait entierement conserve, land is qu'ii gauche, il «'tait presquc completement enleve". II resulte de cette experience, que la peritonite qui s'est developpee avec beaucoup de violence dans d'au- tres circonstances apres la destruction du plexus solaire ne s'est pas montree ici. Est-ce du a 1' ablation partielle du plexus solaire ou a 1'emploi du chloroforme dont on n'avait pas fait usage dans les autres experiences. C'est ce quepourront etablir des experiences ulterieures. Exp. ("2/i juin 1853). — Sur un chien, on extirpa un ganglion solaire et on dilaceia 1'autre, 1'animal etant soumis aux inhalations de chloroforme. 5'2f) EFFETS DE LA SECTION Les jours suivants, 1'animal n'eut pas tie peritoniie et pr&enta des phenomenes analogues a ceux notes chez 1'aninial clout il vient d'etre question. II guerit assez rapidernent. II est remarquabte que cette pe'ritonite que nous avions notce si violente chez le chien de la premiere observation ait manque dans ces deux cas. Est-ce parce qifil y avait en dans le premier cas extirpation plus complete des ganglions solaires, on parce que I'aniinal n'avaii pas ete etherise? Kufin, il y a certaines parties du grand sympathique (pi'on peul couper impunement sans qu'il en resulte aucun phenoniene apparent de calorification ui de vas- cularisation dans les organcs, qui si mt en rapport avec ces nerfs. C'cst ce qui arrive dans la section des nerfs splanchniquesdont nous rapporterons quelques exam- ples, en signalant les procedi s quo nous avons employes pour faiiv les experiences. Si Ton voulait couper les nerfsqui, parlant du ganglion cervical interieur, le reunissent au premier thoracique, il t'iiudrait laire une incision vers la pariie inferieure du cou, puis trouver le pneumogastrique qui passe en dedans des scalenes et tirer ces muscles en dedans, en abaissant 1'epaule. et on trouverait 1'artere verte'brale sur laquelle rampent les nerfs qu'il s'agit de couper. Pour couper le grand sympathique dans la poitrine, on a fait une incision imniediatement au-dessous de la derniere cote, aussi pres que possible, et dans Tangle rentrant, que forme son articulation avec la colonne vertebrale. Le bistouri introduit jusque dans la poitrine sert de guide a un crochet ad hoc; puis, le bistouri etant DES NERFS SPLANCHNIQUES. 527 degage de la plaic, on pousse le crochet transversale- ment vers la colon ne vertebrale. Des qu'on sent 1'instru- ment arr£te par le corps des vertebres, on tourne le c6te tranchant du crochet du c6te du dos et on retire 1'instrument en coupant ce qu'il accroche. On arrive au meme resultaten enfonrant rinstriiment entrc les apophyses transverses de la derniere vertebre dorsale et de la premiere lombaire. Puis on fait glisser le crochet tranchant sur la face laterale du corps de la vertebre ; et, en inclinant la pointe de rinstriiment en dehors, on le retire en coupant le nerf qui est accroche. L'aorte est a eviter. Exp. - -Sur un chien, de taille moyenne, on fit la section des deux grands splanchniques, en pene'trant danslapoitrine par les procedesindii[iirs. i^cliien ('tail etherise et n'oprouva aucune douleur au moment de Toperation. II revint des eflets do re'th^risation comme a I'ordinaire et il ne se manifesta, a pros I'operation, aucun phenomene general qui put otro altribiu'1 a la sec- tion des nerfs sympathiques. Le lendernain, r animal paraissait tresbien portantet mangea comme a rordinairo. 11 tut consent pendant Irois jours sans qu'on reconniU aucun changement no- table dans sa sante. Le quati'ieme jour, 1'animal etait en pleine digestion, on repeta le procede de la section des nerfs splanchniques, dans la pensee ou 1'on^tait que 1'operation n'avait peut-etre pas reussi la premiere fois. Cette seconcle operation, faite egalement pendant rethe"- risation, produisit une blessure de 1'aorte qui causa imiiiediatemont la mort. 528 SECTION DKS NERFS SPLANCIIMOUKS. KM faisant avec soin 1'autopsie de raninial. on con- stala que les deux neiis splanchniques avaient etc ires bieu coupes la premiere fois, sans lesion d'aucun urgane voisiu. On conslata aussi chez ee ehien, qui etait en di- liestion, que lesvaisseaux chyliferes etaientremplis d'un chyle blanc, que les mouvementsperistaltique existaient, que la vessie etait pleine ; enfin, on n'observa rien d'u- normal dans les organes abdominaux. On recueillit en- suite le sang des veines he'patiques qui contenaient du sucre; et le tissn du Ibie donna une decoction laitcuse Ires sucree. On iit ensuite avec soin la dissection des nerfs cou- |)cs, et on trouva que la sectimi du furrand synqmthique avail (;te operee entre la dou/ieme et la treizieme cote. Kile avail laisse au-dessons d'elle deux filets cominuni- (juant encore avec la inoelle. Exp. (15 decenibre 1etit foyer hemorrha- gique et dans la moelle allunget^ on retronva la trace do la piqure qni avail ete iaite ;i droite, au-dessus des origines du pneuinogastrique et qui s'elendait oblique- ment en avanl dans le pont de Varole. La piqure ne.pa- raissait pas avoir atteint le point donl la blessure fait constamnient apparaitre le sucre dans les urines, de sorte qu'il est difficile d'atlribuer la non-apparence du sucre dans 1' urine a la section du grand syinpatlnque. Enfin, Messieurs, le grand sympathique a sur les pro- prieles de 1'oeil, soil sur sa sensibilite, soit sur sa nutrition , une influence tres evidence. Nous savonsdeja queTabla- B., SYS. NERV. — ii. 3i 530 INFLUENCE DU (1RAND SVMPATIIIQUE tion du ganglita Ophthalftiique ;i une influence marquee sur les inouvcmeuts cle la pupille. la sensibilite de hi corneeetla secretion derhumeuraqueuse. .Mais desphe- nomenes semblables pcuvcnt se nianifester lors menu1 qu'on agitsur des portions pluseloignees du grand sym- pathique, comme le montrent les experiences suivantes : Exp. — Deux lapins avaient on d'un c6te le cordon syinpathique coupe an cou. L'un deux fut etherise ct la sensibilite ne parut pas. iPune maniere evidente, per- sister plus longtemps dans I'd-il du cote correspondant au c6te du syinpathique coupe. Chez 1'autre lapin,tu<; par le curare, on observa quc I'o3il du c6te ou le syinpathique avait (He coupe restait sensible lorsque 1'autre ne 1'etait ])lus. Au moment de la mort, lorsque la dilatation terminate cle la pupille sur- vint, elle apparut beaucoup plus lard dans 1'oeil du cote ou le syinpathique avait «He cuupe, ce qui indique, en un mot, ([ue cet 031! avait, en quelque sorte, survecu a 1'autre. Exp. — Un chien adultc, en digestion, tut asphyxie par la ligature de la trachee. On observa Ires nettement les phenomenes qui suivent : pendant Tasphyxie, il y cut successivement elargissement, puis retrecissement cle la pupille, et enfin, elargissement terminal avec saillie du globe oculaire au moment cle la mort. On observa egalement que c'est la conjonctive qui devint d'abord insensible ; la cornee transparente ne perdit sa sen- sibilite que beaucoup plus tarcl et tres peu apres 1'e- largissement terminal de la pupille. Presque aussitot apres la perte de sensibilite de la cornee transparente, SUR L'OEIL. 531 1'animal sembla fairc quelques efforts inspiratoires. On pratiqna alors rinsufflatinn par la trachee a 1'aide d'un soufflet; maisce fut inutilement, car les battements du coeur qni avaient cesse ne reparurent pas et la mort fut definitive. Pour enlever Ic ganglion cervical superieur chez le chieii. il faut faire unc incision en T, dont la branche transversale passe imm^diatement au-dessous de la con- que auditive; la branche verticale est prolongee en bas, le long du bord posterieur du sterno-mastoi'dien. On trouve d'abnnl le bord posterieur de la uiande parotide, <|iii sera dejetc en avant en menugeanl la veinc jugulaire qifon repoussera dans le menu1 sens. On tire en arriere le bord de la plaie forme par le muscle splenitis, et on apeivuil au fond de la plaie le venire pnsl.Tiem1 du di^aslricuie dunl on divise Tinser- tion postei ieure ii 1'os le plus exactement possible. Par sa relradinn. le muscle laisse l\ decouvert, au-dessous de lui, les vaisseaux et nerJs profonds du cou traverses par I'liypoglosse qui est place sur le premier plan. C'est irnmt'diatement au-dessous de 1'anse que forme ce nert' ([lie se trouve le ganglion cervical superieur qu'il devient alors facile d'extraire, parcequ'en ce point il est sepure du pneumogastrique. Jlxp. (4 juillet 1842). — Le ganglion cervical supe- rieur gauche fut extirpe sur un jeune chieu. Aussitot apres cette operation , rouvertnre palpebrale gauche e'tait deformee et plus petite que celle du c6te oppose, et la paupiere inferieure semblait plus relevee qu'a Tordi- naire.Lesde ux yeux utaient chassieux, mais particu- 532 iNKLrexcE m; GRAND SYMPATHIQUE lieremcnt celui du cute ou le ganglion cervical avail ele enleve. L'anhnal paraissait soufFnrdcs plaies qui elaient enflammees. Lc 7 juillet, on obscrva tie nouveau 1'auinial et on constata les monies phenoinenes. On exainina la narine gauche, et on reconnnt qu'elle etait plus excitable et coiinne agitee cle fremissenients niusculaires con- stants. Le (S juillet , nieme etat. — Les plaies se cicatri- sent. Le 23 aout, cinquante jours apres 1'operation, 1'ani- mal etait parfaitement gueri tie toutes ses plaies; I'a'il gauche seul elait reste chassieux : il elait baigne par un liquide inuco-piirulent, sans que (Dependant la cornee fut alten'r. 11 paraissait y avoir exaltation de la sensi- bilite de I'lril gauche. La pupille et rouverlure palpe- brale sont toujours plus resserrees ipie du cote oppose. L'aninial avail, drpuis reparation, conserve une petit*' toux (\\il sunenait par quinlcs. Ce cbien I'ut ensuite soumis a une experience de la commission qui examinait les travaux de Darcet sur la gelatine. Le 6 novembre, deux cent six jours apres 1'extirpa- tion du ganglion. l'o?il gauche est dans le m6me etat, chassieux ; Vouverture palpebrale et la pupille sont tou- jours resserres; le chien a toujours cette espece de toux quinteuse. Ce jour-la, on fitsurl'animal uneautre ope- ralion consistant dans la section de tous les nerfs du plexus brachial a droite, afin de voir quels seraient les troubles que cette operation apporterait dans la nutri- SUR L'OEIL. 533 tion clu membre. En memo temps on nourrit r animal avec de la garance, afin de voir si elle passerait dans le membre paralyse de meme que dans I'autre. Le 13 novembre, laplaie de 1'aisselle etaila pen pres cicatrisee. II n'y avail ricn d'apparent dans la nutrition du membre : pas d'cedeme; la patte offrail une certaine rigidile et etait entrainee dans le sens de la flexion. Le 15 novembre, neuvieme jour de 1'alimentation a la garance, les urines etaienl rouges et I'ammoniaque les rendait pourpres. Les excrements etaient brun noir et I'ammoniaque y ivvclait claiivment la presence de la garance. Sur le membiv antmem1 droit paralyse, on mit a decouvert FarttVe et laveine. L'artere conlenait du sang rutilant, et laveine clu sang noir. Les muscles de la jainbe, qui avaient leur couleur normale, etaient excita- bles; il n'y avail aucune douleur quand on tiraillait les nerfs du membre. On chercha si dans le pus qui provenait de la plaie il y avail de la garance; il ne parut pas y en avoir; rammoniaque ne fit pas apparaitre de coloration rouge. Le 28 novembre Tamma! 1'ut sacrifie. Les memes pluniomenes deja observes du cote de 1'oeil persis- taient. On {itl'autopsie et on examina sile ganglion avail etc parfaitement enleve. On le trouva enleve completement sauf une petite portion de sa partie superieure. Les pou- mons etaient sains; il n'y avail rien d'anormal du cote du COP ur. Exp. (-20 novcmbre 1845). — Sur un chat adulte, on INFLUENCE Dlj GRAND SYMPATHIQUE dccouvrit le filet de communication des ganglions cervi- casix et on en fit la section des deux nMes. Ce tilet etait nni an vague, situe ois arriere de lui. et contenu dans la inline gaine; la separation en fut assez difficile. Apres la section du filet d'un cn!e. la voix pivsenla un timbre moinsfort : en coupant 1'autre filet, le timbre dela voix diminna encore d'inleiisite; la respiration ire'tait pas genre. Alors, desdeux coles, lapupille Ires sensible etait arrondie et seniblait rlai^ie. La troisirnie paupiere re- couvrait la inoitie au inoins (in i^lobo de Toei!. On fit dcs essais infructneux pour suivre le filet jusqn'au gan- glion cervical inferienr; et, en faisant cello operalion, on observa (ju'a cbaque cri d'expii'ation de raninial, 1'oesophage se gonflait d'air qui vcnail de I'estomac. Alors, on ouvrit r abdomen de Tanimal, il etait en pleine digestion. On titilla le ganglion solaire et Ton n'obtint riiMi. C'est apres celaque Ton coupa les deux nerfs vagues dans la region dn con, ce qui ne delermina pas de phe- nornenes de suffocation, Apres cette section, on oxcita les deux ganglions solaires et on dctermina dans le thorax et dans le train posterieur de Taniinal des monvements convnlsifs involonlaires. On coupa et on arracha alors les ganglions du plexus solaire. On ouvrit ensnile le thorax, le cceur battait avec force ettres regnlierement. Alors on arracha les ganglions cervicaux inierieurs et aussitot les battemenls du cceur, de reguliers qu'ils etaient, devinrent irreguliers; et les contractions confuses paraissaient moins energiques. Exp. — Sur un cochon d'Inde, on coupa le filet sym- SUR L'OEIL. 535 pathique au cou, apres quoi Ton observa que 1'ouverture palp^brale ctait devenue plus petite et plus ohlongue que celle du c6te oppose. An moment de la section du nerf, on vit diminuer considerablement le calibre de Tartere carotide. On ne put pas voir bien clairement les effets pro- duits sur la pupille. Plus tard, ranimaletant place a la cave, dans 1'obscurite. on constata, a la lumiere, que la pupille etait bien plus dilatee du cote opere que du cote sain. L'oreille etait egalcineiit plus vasculaire de cec6te et sa chaleur plus developpec. La section du filet sympathique a done chez le cochon d'lude les menu's diets que chez les autres animaux , sauf la pupille qui est dilatee au lieu d'etre retrecie. Enfin, Messieurs, sur les animaux sains, la section du grand sympathique manifesto uussitot ses efTetsparune injection violente dans tout le c6te correspondant de la face; tandis que sur les animaux aflaiblis et tres d6- biles, les phenomenes sont excessivement peu marques. En outre, chez les animaux faibles, il arrive de la sup- puration comine consequence de la section du grand sympathique, ce qui n'a pas lieu chez les animaux ro- bustes. Sur deux chiens chez lesquelsle vague et le sym- pathique avaient ete coupes d'un cote, dans la region du cou, les animaux etant devenus malades, il y cut suppuration dans le nez et dans Toeil du cote correspon- dant. Mais lorsque ensuite les animaux reviennent a lasante et reprennent de la force, ces phenomenes inflamma- 536 INFLUENCE DU SYMPATIIIQUE toires disparaissent ; cVst-a-dire que la suppuration cesse. Lc syinpathique parait avoir encore une intluence sur les exhalations des membranes soreuses ainsi ([ii'il pa- raitrait resulter d'experiences que nous avuns faites sur les ganglions cervicaux : E'xp.-- Surun lapin. on enlcva le gang-lion cervical infe'rieur du cote droit; la niorl arriva au bout do six jours et on trouva a I'autopsic in:e pleuresie ei surlout une pericardite inlenso avcc formation d'une quantite considerable do t'ausses meinbranes. Les poumoiis eluicnt p:ori?es de sang, particulierement du coti* opi'-iV-. Exp. (1 juin l«s/ii). — Sur nnjinme lapin, on enhna de chaque colt'1 le ganglion cervical siiprrieur al'aide du procecle suivant : L'angle de la macboire inlerieureet Papophyse trans- verse de 1'alliis elanl pris cs, le ganglion cervical superieur fui pince, tiraille, laccre, sans donner aucune trace de sensibility. Le pneumogastrique pince dans cette region donna, an contraire, des signes de sensibilite evidente. Le 2C2 juin iS/jl, treize jours apres, le lapin mourut apres quelqucs jours de langueur. SUR LES EPANCHEMENTS SEREUX. 5o7 A I'autopsie, on trouva un epanchcrnent considerable dans la plevre; et des fausses membranes epaisses qui couvraient entierement la face exterieure du pericarde etune partiedupoumon gauche. L'interieurde la poche pericardique e'tait entierement tapisse par des fausses membranes mais rnvjoiilenait pasde liquide. La surface exlri'ieure du cceur, recouverte par des fausses mem- branes, offrait un aspect comme chagrine. Les plaies du cou rlaient parfaitement cicatrisees et on s'ost assure qu'il n'y avail anemic relation directe entre rintlamma- tion de cette plaie et la lesion du cirur. On Irouva chez ce lapin , comme cela arrive sou- vent, une grande quantito d'hydatides dans le foie et dans les feuillels du nn'senlere. Exp.(\.^ juillet J8/j2). — Sur un jenne lapin, on extirpa compl&ement les quatre ganglions cervicaux. On coniiiKMsca par F ablation INIERE. d'insuffier Familial, il moui'ut. On a remarque quo les muscles etaient plus irritables qu'a 1'ordinaire, et a Faulopsie les ganglions solaires out puru plus rouges. Entin, Messieurs, dans cette lecon, la derniere. rela- tive an systenie nerveux. nous ilevons reimir ce qui nous reste a dire sur ee sujet. Nous vous avons dcja rappolo beaucoup d'exp^riences isolees el sc raltachanl en meme temps a des sujets divers; il nous reste en- core a ajouter quelque chose a des experiences dont in nis vous avons souvent entrelenus. rnais dont rex- plication physiologique est fort dillicile, et en meme temps 1'ort imporlanle. II s'agil tie recherches sur la piqure du plancher du (juatrieme ventricule, et du mccanisinc par lequel cette lesion vienl rcagir sur le foie. Nous vous avons deja dit que celte piqure ne se tiansinel ]>as par lespneurno- gastriques. D'apivs des experiences que nous vous avons citees precedemment, elle ne se transmettait pas 11011 plus par les filets du grand splanchnique. il s'agiraitde savoir si la moelle epiniere est 1'agent de cette transmission. Nous avons fait a ce sujet quelques experiences que nous allons vous rapporter; nous y joindrons, en m6me temps, quelques nouveaux resultats relatifs an diabete artificiel dont nous vous avons deja, a d'autres points de vue, cite beaucoup d'exemples. Celles que nous allons d'abord vous rapporter eta- bliront, qu'en suivant notre precede ordinaire, quicon- siste a Iraverser le cervelet avant d'arriver sur le plan- cher du quatrieme ventricule, la blessure du cervelet n'a aucune action sur la production du sucre et que SUR LE DIABETE ARTIFICIEL. 5/|5 cette production de sucre pout avoir lieu lorsqu'on ar- rive sur le plancherdu quatrieme ventricule sansblesser le cervelet. Nous avons montre, en outre, dansd'autres circonstances. que les blessures stiperficielles de la moelle allongee, soit sur sa partie anterieure, soit sur sa partie posterieure, ne produisent pas le diabete arti- ficielet qu'il faut, pour le determiner, atteindre la partie moyenne de 1'epaisseur de cette partie des centres nerveux. Exp. (2'> juin 1850). - -Sur trois lapins de la m6me portee on fit les experiences suivantes : 1° Sur Tun deux, on decouvritla membrane occipito- atloi'dienne en ecartant les muscles de la inique sans les diviser en travers, a fin d'eviter la titubation qui en est la consequence. On divisa ensuite la membrane occipito- atloidieimed'ouresultarecoulement du liquide cephalo- racbidien ; apres on introduisit Finstrument a piqure par I'orifice inferieur du quatrieme ventricule, de maniere a en blesser le plancber au niveau de Vorigine des pneumogastriquessans leser le cervelet. An moment de la piqure, qu'im mouvement de 1' animal rendit un peu plus etendue. il y eut une espece de sideration, les respirations s'arrelerent et les conjonctives devinrent insensibles. Mais bient6t 1'animal se retablit, la res- piration s'effectua de nouveau et les yeux reprirent leur sensibilite. Toutefois 1'animal resta coucbe sur le cote. . Apres une heure, les urines recueillies etaient alca- lines, troubles, jaunatres et ne contenaient pas de sucre, Plus tard, I' animal t'tait toujours dans le m&me etat, I/., SVST. KKRV. — II, 35 5/lG EFFETS DE LA SECTION DE LA MOELLE mais ses urines abondantes, toujours troubles, conte- naient beaucoup de sucre. Cinq heures apres la piqure. ranimal etant toujours couche sur le flanc et dans le meme etat, ses urines etaient claires, abondantes, et contenaient toujours du sucre quoique enquantite moindre que pivnnlemment. L'aninial fut saerifie par decapitation et on recueillit tout son sang. Apres 1'autopsie, on retira le tbie qui pesait 45 gr. II donna, par decoction un liquide laiteux sucre qui renfermait pour la totalite du foie Osr,lG de sucre, ce qui fait Ogr,35 pour 100 grammes de foie. Le sang contenait Ogr,225 de sucre par 100 centi- metres cubes de sang. L'autopsie de la tete montra que 1' instrument avail produit une large piqure oblique qui sYtendait sur le plancher du quatrieine ventricule dupuis le bee du cala- mus scriptorius jusqifaux tubercules de Wenzel, prrs de 1'orifice posterieur de 1'aqaeduc de Sylvius. 2° Sur un second lapin, on perfora 1'occipital avec 1'instrument qu'oii enfonca dans 1'cpaisseur du cervelet sans aller assez profondement pour atteindre le plancher du quatrieme ventricule. Aussitot apres 1'experience, 1'animal pre'senta des respirations plus accelere'es; il e'tait comme cbancelant sur ses pattes. L'urine examinee avant Fexpe'rience etait trouble, jaunatre et alcaline, ne contenant pas de sucre. Trois quarts d'beure apres, les urines presentaient les memes caracteres et ne contenaient pas de sucre. SUR LE DIABETE ARTIFICIEL. 5/j7 Deux heures apres, les urines examinees ne ren- fermaient pas de sucrc et n'avaient pas change d'as- p'Ct. Plus tarcl encore, les urines de 1'animal n'offraient pas de sucre. 3° Sur letroisieme lapin, on piquala moelle allongee en traversant Iccervelet. Aussitot apres 1'animal presenta d(!S respirations plus accelc'rees; puis il eut des mouve- ments de roideur convulsive dans ses membres sur lesquels il se tient souleve. Avant 1'expericnce les urines etaient troubles, jau- i nitres, alcalines et ne contenaient pas de sucre. Trois quarts d'heure apres, les urines etaient troubles, alcalines et contenaient des traces douteuses de sucre. Une beure apres lapiqure, il y avail evidemnient du sucre ({unique en petite quantiie. Tne beure et demie pins tard, les urines toujours troubles et alcalines renferniaicnt une grande quantity du sucre. Un quart d'beurc apres on tua 1'animal par decapita- tion, en recueillantson sang. Son foie pesait/il grammes et donnaii une decoction sucree qui accusa Qs',88 de sucre pour 100 grammes de tissu frais du foie. Le sang, dose, contenait O3'yj69 par \ CO centimetres cubes de sang. Eniln, Turine la plus sucree contenait une quantite de sucre corresponclant a 42gl,5 pour 100 centimetres cubes d'urine. Exp. — Sur un lapin adulte, bien portant, on fit la piquredu plancber du quatrieme ventricule par le pro- cede ordinaire. Au bout cVniieheure environ, 1'urine dn 5'i<3 EFFETS DE LA SECTION DE L\ MOF.LLE lapiii contenaittres 6videmment du sucre, dont la pre- sence fut constatee par la reduction du liquide cupro- potassique et par la fermentation. L' animal n'avait pas de desordres tres marques dans les mouvements, si ce n'est un pen d'inclinaison de la tete a droiie. Environ line heui'e et demie apres la piqure, lorsque la quantite de sucre etait considerable dans les urines et dans le sang de la veine jugulaire, on coupa la moelle epiniere tout a fait an commencement de la ivgion dorsale. Aussitot apres cette section de la moelle, le lapin fnt completement paralyse de tout le train poste'rieur. Les cotes etaient ini mobiles et V animal respiraitpar ledia- phragme seulement. La formation de Tnrine scmbla arnMee par la section de la moelle; car, apirs cette operation, il fut impos- sible d'en fa ire rendre a Tani'mal. Deux heures environ apres la section de la moelle, n'ayant pu obtenir de Tanimal aucime quantite d'urine, on retira du sang de la veine jn^ulaire et de Tartere carotide, et on constala (|ue le sucre y avait conside- rablement diminue sans avoir toutefois disparn. D'apres cela, i! paraitrait vraisemblable quela section de la moelle epiniere aurait fait diminuer la production du sucre dansle sang et dans Turine, si la formation de ce dernier liquide n'avait pas ete completement arretee. L'animal fut alors tue par hemorrhagie, et son foie etant examine donna une decoction tres laiteuse qui contenait tres peu de sucre. L'autopsie de la tete rnontra que la piqure avait ete faite au niveau des tubercules de Wenzel et un peu sur SUR LE DIABETE ARTIFICIEL. 5/l9 le c6te" droit, ce qui explique 1'inclinaison de la tete de Fanimal de ce c6te. La quantite d'urine qui s'etait ecoulee avant la section de lamoelle ne paraissait pas pi us considerable quedans les conditions normales. Exp. — Sur un autre lapiu, adulte etbien portant, on fit la piqure du plancherdu ventricule, et, une heure environ apres. on exaniina Turine qui contenait beau- coup desucrc. Le lapin avait quelques troubles dans les mouvcmenls et etait un pen cbancelant. On suivit 1'ani- rnal pendant troisheureset on constata que 1'urine, qui n'etait pas augmented de quantite, contenait toujours beaucoup de sucre. r.rlte particularity que I'liriue etait sucree sans etre plus abondante, faisait supposer, d'a- pres d'autres experiences (h'-ja indiquees (t. \) que la piqure dcvait sieger un pen haul. On sacrifia raniinal pour la ire 1'autopsie de sa t6te, et on trouva, en ellet, que la piqure siegeait un pen au-dessus des tubercules de Wenzel et sur la limite de la region dout la lesion produit le diabete. Chez le lapin, la quantitV1 de sucre commencait deja a diminuer dans 1'urine, trois beures apres la piqure, au moment ou il fut sacrifle. Exp. — Sur un jeiine chien, bien portant et en diges- tion, on fit la piqure du plancher du quatrieme ventri- cule. II en resulta un pen de deviation dans la tete du cote gauche, et un desordre marque dans les mouvements. Environ une heure et demie apres la piqure, on rctira de V urine de la vessie an nioycn de la soncle, et Ton y constata, d'une maniere ires evidente, la presence du 550 SliCRtTlON SAUVAIRK sucro. Chez cet animal, on rernarqua en mAinc lemps (ju'iine salivation tr&s abondante s'etail d&velopp6e a l;i suite de la piqnre, ct on mil a drconverl les conduits salivairesparolidien el sous-maxillaire. tFabord du cote gauche, puis di: cote droil. Du cole gauche, il y avail line secretion de la Claude sous-maxillaire plus forte que la seeretion parotiiiienne du meme cole ; inais on conslaiait tres uetteineiit qu'ii druite la secretion sous- inaxillaire etait beaucoup plus forte ({lie celle dn cut«i gauche. On mil un tube dans chacun des conduits sons- c ' inaxillairesetonobserva encore dc nonveau (jue la (juan- titi'1 cle salive (jui s'ectuihiit par le tube droit ('tail beau- conp plus consid('irable ([lie cello (jui s'ecoulait par le tube gauche. A droite. lYcoulement de la salive etait continu, tandis qu'ii gauche il etait quelquefois presque mil et s'accelerait surtont lorstfu'on irritait la plaie dans laquelle se trouvait le nerf lingual. Ace moment, on coupa It,1 ueif lingual des deuxcotos eton pinca successiveinent les deux bouts perinluTiqnes et les deux bouts cculiaux de ces nerfs. Lorsqu'on pin- rait les bouls periphe'riques. on n'observail d'augmenta- tion de la secrelion salivaire ni a droile ni a gauche. Lorsqn'on pincail, au conlraire, les bouts centraux, il y avail augmenlalion de st-crelion it droile el a gauche, pour le pincemenl de chacun des bouls. On observa seulement ceci de particulier que, lorsqu'on pincail le boul central du nerf lingual droit, on provoquail de ce cole un ecoulemenl tres abondant de salive, et du cote oppose un ecoulement faible; tandis que, en pincant le bout central du nerf lingual gauche, on provoquait un ET DIABETE ARTIFICIEL. 551 ecoulement rnodere de salive dans la glande clu meme cole, et uu ecoulement tres considerable dans celle clu cote clroit. On voit par la quo le pincement des bouts centraux des deux nerfs linguaux agissait toujours plus energi- (juement sur la secretion salivaire du cote droit ; ce qui prouve quo la piqure avail apporte a 1'origine du nerf de ce c6te nne excitation fonctionnelle. Cependant, il paraitrait qu'il y cut effetcroise, car 1'animal deviait la tele a gauche. Apres avoir fait toutesces constatations, on a essaye la section des nerfs splanchniques dans le thorax d'apres le precede deja indique ; puis on a laisse ranimal en repos. Cette nouvelle oprration no changea rien a I'ecou- leinent de la salive qui rlait toujours tres abondant et continue! du coir- droit, tandis qifa gauche cet ecoule- ment etait tres iaible. Environ trois heures apres la section des nerfs splanch- niques, on retira de 1'urine de la vessie de F animal, et on y constata r absence du sucre, tandis que dans les urines recueillies avant, on avait reconnn sa presence au moyen de la fermentation et duliquidecupro-potassique. Al'autopsie, on vit que la piqure siegeait imme- diatement an-dessus de 1'origine du pneumogastrique, et un pen a droite, du cote oppose a la deviation de la tete. Le siege de cette piqure explique tres bien la presence du sucre dans 1' urine, la deviation de la tete a gauche, et la secretion plus abondante de salive du c6te droit. On trouva chez ce chien des traces de vas- cularisation, com me inflannnatoire, dans les ventri- 552 EFFETS DE LA SECTION DE LA MOELLE cules. Le foie el I'urine ne contenaient pas cle sucre. Exp. — Sur un lupin, en digestion et bien portant, on coupa la moclle epiniere an commencement de la region dorsale, apres qnoi on piqua le plancber du qua- trieme ventricule coinnic pour rendre lo lupin diabe- ti(|ue. Mais, ainsi que nous 1'ont montre les experiences pnvrdentes. comnie il esl impossible d'avoirde 1'nrine dans ces conditions, nous avuns en recours a 1'examen du sang pour y constater la pivsence du sucre. On avail, avaut la piqnre du plancher du quatrieme ven- tricule, saigne Familial et vide la vessic de Turine qu'elle contenait. Ensuiie mi laissa en repos 1'animal qui etait panilysi'1 du train posterieur. couclie sur le cote, ne respirant que par rabdnmen. Tne beure el demie aj)res, ranimal etant toujours dans le ineine etat, on le saigna de notiveau a la memo vein*; jugulaire. et on vit tm'il n'y avail pas d'urine dans la vessie. Kn t'xaminant, an point de vue du sucre, le sang des deux saignees, on constata qifil existait du sucre dans toules deux, el il etait diilicile de determiner s'il y en avail plus dans un cas quo dans Tautre. Trois heures el demie apres I' operation, 1'animal etant toujours dans le meme etat, on fit de nouveau une sai- gnee a la veine jugulaire. et on conslala qu'il n'y avail plus de sucre dans le sang. On observa cle plus qu'a ce moment la temperature de Fanimal avail conside'rable- ment baisse dans le rectum, et que de 38 degres, tem- perature normale. elle etait descendue a 23 degres. \lors on tua 1'animal par bemorrhagie, et on con- SUR LE DIABETB ARTIFICIEL. 553 stata de nouveau clans tout son sang qu'il n'y avait pas de sucre. Le foie donna une decoction tres laiteuse qui etait depourvue de sucre. L'autopsie de la t6te montra que la piqure avait ete faite dans le lieu convenable pour produire 1'apparition du diabete. Cette experience est interessante en ce qu'elle nous montre, d'abordqu'apres la section de la moelleepiniere 1'urine cesse de se produire et que le sucre disparait du sang, d'on il resulte clairement que 1'action dela piqure, qui a pour effet d'augmenter cette transformation de ma- tiere sucree, ne pent plus se transmettreau foie lorsque la moelle ('pim'ere a (Hi'1 couple. De plus, nous avons vu lo tissu du foie lui-meme ne plus contenir de matiere sucree. mais il renfermait la matiere glycogene qui, dans ce cas, ainsi que cela alien dans toutes les sections dc la moelle, semble s'etre formee en quantite plus abon- dante, comme si le tissu du foie avait acqnis un surcroit de vitality, comme cela a lieu, dans ces conditions, pour les tissus muscnlaire et nervenx. Exp. - - Sur un lapin adulte etbien portaut on fit la piqure du plancher du qnatrieme ventricule, en cher- chant a tomber un pen plus bas que le point ordinaire, pour obtenir vine augmentation de 1'urine en m£me temps que 1'apparition du sucre. Apres la piqure, I'animal eprouva un desordre considerable des mouvements et une espece d'opis- thotonos. Apres cette piqure, la quantite de Turine augmenta considerablement, et de trouble qu'elle etait avant 1'operation, elle devint limpide et transparente. 554 DIACtTE ART1FICIEL. Pendant trois on quatre heures apivs 1'operation, on constata raugmentation de la quantite d'urinc , mais il u'apparut poini de sucpa, On tua alors raninial par hemorrhagie et on constata clans son sang dcs traces excessivement faibles de sucre; on nYn put pas trouver ilans la decoction de son foie, qui etait a pen pres transparent*?. L'autopsie de la tete- inontra que la pi- qure otait faite bien exaclement sur la %ne mediane ; mais beaucoup au-dcssous des tubercules do Wenzel, et c'est la mi des cas quo nous avons dt'iii signales, dans lesquelson pent produire raugmentation de Turin*; sans 1'apparition du sr.civ. E;rj>. - - I'n ehien de forlc taille, eten digestion, fut pique an plancher du quatrieme ventricule, apresqu'on eut fait prealal denicnt. iiTaide (run perforatcur, nn trou a 1'occipital jiar lequel on put diriger riustrument. An moment de la piqure, raninial fit un moiivemcnt qui causa une blessure plus large el drs (h'-sord res conside- rables dans les mouvfiiicnts. L'animal avail la tete fortement inclinee a droite, poussait des hurlements Ires forts, fut pris de vomissernents ct d'une salivation tres abondante. Une heure apres environ, on examina 1'urine qui contenait des quanlites considerables de sucre, et elle resta sucree justm'a la uiort de Tanimal, qui cut lieu pendant la nuit. En effet, le lendemain on retira de 1s urine de la vessie. apres la mort, et on constata ({n'elle etail tnujours sucree. Le tissu du foie donna une de- coction qui contenait egalement du sucre. L'autopsie de la tete montra que la piqure siegeait a droite, qu'elle etail oblique, tres etendue, et reniou- DIABETE AHTIFICIEL. 555 tait jusqu'au-clessus f!e 1'origine cles pneumogastiiques. On pent voir, d'apres les experiences precedentes, que les resultats obteuus offrent une grande variete quant au rapport entre 1'apparition du sucre clans les urines et sa production dans le foie. De plus, dans ces experiences, nous avons vu que la section dc la moelle epiniere fait disparaitre le sucre du sang ainsi que de la decoction du foie; mais, dans ce cas, le foie contient de la matiere glycogene en tres grande proportion. Quant a la section des nerfs splanchniques et a 1'in- lluence que cette operation peut avoir sur la production du diabetc artificial, nous voyons que la section de ces nerfs ne parait pas einpiVher ce phenomene. II en re- sulterait que c'est probablemeot par les filets splanch- niques IK'S plus haul que peut se transmettre cette action de la piqurc du plancher du quatrieme ventri- cule, qui doit rvidemment se propager depuis la moelle allongee jusqu'au foie par une continuity nerveuse. Aujourd'hui, le cours de ce semestre se trouve ter- miiic', cl l;i doivent s'arreter pour le moment nos etudes sur le systeme nerveux. Nous n'avons pas eu la preten- tion d'epuiser notre sujet. Nous avons voulu vous montrer seulement que la science est loin . comme on 1'a voulu montrer, d'etre faite sur cette partie, et qif elle offre encore matiere a d'abondantes decouvertes pour ceux qui voudront s'en occuper. Nousavionschemin faisantajournecertaines questions qui, malheureusement, restent encore a resoudre. Ainsi, relativement aux nerfs olfactifs, nous avons cmis notre opinion sur les fonctions exclusives de ces 556 DIABETE ARTIF1CIEL. nerfs dans le sens do I'olfaction. Nous avions a ce sujet projete ties experiences quo nous n'avons pas eu le temps de realiser. Relativement a rinflucnce ties clifferents rameaux qui partciit du nerf intermediaire de Wrisberg pour se rendre aux glandes, nous n'avons pas non plus tcnnine les experiences que nous avons projetees. Mais, dans un cours prochain, nous aurons certainement 1'occasion de revenir sur ces questions. Nous n'avons pas non pins cpuisr anssi comple'te- ment que nous reussions desire la recherche des pro- prietes de sensibilite recun-eute dans les nerfs de la face, ni les diflterentes rtudrs (pn» nous aurions pu pour- suivre sur la nature de ce phenomene. Touteibis, nous vous avons indique toutes ces questions (Vune nuiniere suffisamment precise, pour (ju'elles puissent servir de point de depart a ceux d'entre vous qni d^sireraient poursuivre quelques-uns des probkMnes si inlercssants que nous presents encore Tetendue du systeme nerveux. FIN DU TOME SECOND. TABLE DES MATIERES I)U TOME SECOND. IT.I \m 1:1 LECON. — Etai de nos connaissances sur les proprie'te's el les manifestations grnerales du systeme nerveux. -- Des nerfs craniens en parliculier. -- Classifications analomiques. -- Pro- pnY'it's el functions des nerfs craniens. - - Nerfs sensoriaux. - Filets du grand sympathique. — De ('association dt.-s meines e'le'- nienls nerveux dans les nerfs craniens et dans les nerfs rachi- diens. — Conservation prolong^1 des propriety's du lissu nerveux apres la inert clicz nn animal a sang c.hnud. — Experience. . . 1 I»M \ii.\n; LECON. -- Le nerf facial et le nerf trijnmeau appar- tiennent a tine nn'Miie paire physiologique. - - Nerf facial. — Anatomic. — 1'romle pour conper le nerf facial dans la caisse dn tynipan. - Experiences. - - Le nerf facial est niotenr. — Son developpement en rapport avec !a varied de ses fonctions. — Experiences 17 TROISIEMK LEC01V. - Partic cxtra-cranicnne du nerf facial. - Son influence sur les inouveinents de la face. — Mouvemenls des paupieres ; influence qu'exerce sur eux la section du nerf facial et du grand syinpatliique. -- Mouvements des narines. — Efl'ets de la paralysie des narines clic/ les clievaux. — Mouvements des levres ct des joues. -- Elfcts de leur paralysie sur la mastica- tion et la prehension des aliments. -- Influence de la section du facial sur les mouvements de 1'oreille. — Re*siune. — Expi5- riences 31 QIIATRIEME LECOiv. — Nerf trijumeau. — Ses fonctions. — Ana- lomie de la cinquiemc paire. — Section de la cinquieme paire dans le crSne. -- Precede". — Experience. — Efl'ets de cette operation, immediats et consecntifs. - - Effets compares de la section de la cinquieme paire avant et apres le ganglion de Gasser. — Accidents qui surviennent du cdte de To?]'! apres la section du nerf trijumeau. — > Experiences ........... 48 558 TABLE I)ES AIATIERES. ClNQUlEME LECON. — Du ncrf Irijiinicau : suite. — Branclic ophlhalmique. -- Sensibilite de la cornee ct de la conjonctive; iilets ciliaircs directs et indirccls. -- Experiences sur les ncrfs ciliaircs. — Observation de paralysie de la cinquieme pa ire avrc conservation de la sensibiliic" dc la corne'e. — De la photophobie. - Branclic maxillain1 supe'rieure,exclusivcment sensitive. — Hranclie niaxillaire inferieure, sensitive et molrice. - \remissement