D

SOCIÉTÉ

DES

ANCIENS TEXTES FRANÇAIS

LE COURONNEMENT DE LOUIS

I.e Puy. imprimerie dz Mârchessou fils, boulevard Saint-Laurent 23

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LE

COURONNEMENT DE LOUIS

CHANSON DE GESTE

PUBLIÉE d'après tous LES MANUSCRITS CONNUS

E. LANGLOIS

PARIS LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT ET €««

56, RUE JACOB, 56

M DCCC LXXXVIII

Publication proposée à la Société le 24 février 1886. Approuvée par le Conseil le 24 mars 1886 sur le rapport d'une commission composée de MM. Longnon, Meyer et G. Paris.

Commissaire responsable : M. G. Paris.

LA MÉMOIRE

DE MON FRÈRE

HENRI LANGLOIS

AVOCAT A LA COUR d'aPPEL DE PARIS

PARIS

28 NOVEMBRE il

INTRODUCTION

P. Paris appela le premier l'attention des érudits sur le Coronement Lodïs, d'abord, en 1 840, en l'ana- lysant dans les Manuscrits françois de la Biblio- thèque du roi \ ensuite en lui consacrant une ex- cellente notice dans VHistoire littéraire de la France 2. Peu après, Jonckbioet, dans son ouvrage intitulé Guillaume d'Orange ^, publia le texte du poème *, puis une étude sur ses sources histori- ques ^, enfin une traduction en français moderne ^. Littré, en rendant compte des deux premiers volumes de cet ouvrage dans le Journal des savants (janvier

1. Vol. Iir, pages i23-i3o (Paris, 1836-1848, 7 vol. in-80).

2. Vol. XXII, pages 481-488.

3. Guillaume d'Orange, chansons de geste des xi* et xii* siècles, p. p. AL W. J. A. Jonckbioet. (La Haye, 1854-1867, 3 vol. in-S").

4. Vol. I, pages 1-71.

5. Vol. II, pages 80-116.

6. Vol. III, pages 91-133.

M INTRODUCTION

1867), analysa de nouveau le Coronement LooïsK Dans la seconde édition de ses Recherches sur rhistoire et la littérature de l'Espagne -, Dozy avait essayé d'établir Torigine normande d'un cer- tain nombre de chansons de geste et en particulier du Coronement Loo?5, mais M. G. Paris, dans r//i5/oiVe poétique de Charlemagne 3, et M. L. Gautier, dans les Épopées françaises '^, ont réfuté ses arguments ; aussi Fauteur a-t-il abandonné sa théorie dans la troisième édition de son livre ^. M. Liicking aussi, en s'appuyant sur l'étude des assonances du Coronement Loois^ a attribué ce poème à un trouvère normand» mais cette étude, ne reposant pas sur un texte cri- tique, est sans valeur ^\ Très important, au contraire, est l'article dans lequel M. G. Paris "^ prouve que le Coronement Looïs contient, non pas quatre, mais au moins cinq branches, et que Guillaume de Mon- treuil -sur-Mer est un des héros du poème.

J'ai déjà cité les Épopées françaises de M. L. Gau- tier; le IVc volume, entièrement consacré à la geste de Guillaume, contient l'étude la plus complète ^

1. Littré a reproduit cet article dans son Histoire de la langue française, l, 160-1 85 (Paris, 1869).

2. Vol. Il, pages 27G et ss. (Leyde, 1860, 2 vol, in-S").

3. Page 82, note 4 (Paris, 186!), in-8').

4. édit., tome IV, pages gS et ss.

5. Leyde, i88ï, 2 vol. in-S».

6. Die aeltesten fran^oesischen Mundarten, pages 223-226 (Berlin, 1877).

7. Rnmania, I, 177-180.

8. Passim et surtout pages 334-369.

INTRODUCTION III

qui ait été faite jusqu'ici sur le CoronementLooïs K Si, malgré tous ces travaux, j'ai repris le même sujet, c'est avec Tintention de coordonner les ma- tériaux épars plutôt que d'en apporter de nouveaux. Ce qui m'a surtout décidé, c'est cette considération qu'à un poème de la valeur du Coronement Looïs une édition critique, sur laquelle on pût s'appuyer pour des études ultérieures, était nécessaire. Le texte donné par Jonckbloet a sans doute rendu d'im- portants services à la science, mais il n'a pas été publié d'après les principes rigoureux que les progrès de la philologie imposent aujourd'hui à tout éditeur de nos anciens textes. Jonckbloet s'est contenté de copier un manuscrit 2, qui, à la vérité, est très bon, en remplissant les lacunes ou en corrigeant les fautes évidentes à l'aide d'un autre manuscrit de la même famille. Il s'est ainsi privé des ressources que lui oflraient les autres manuscrits. Le texte de Jonck- bloet n'a donc rien de fixe ; les travaux qui le pren- draient pour point de départ, au lieu d'être écha- faudés sur une base solide, ne reposeraient que sur un sable mouvant. Si ce fait avait besoin d'être dé-

1. Je dois citer encore le livre de L. Clarus, Heri^og Wiîhelm von Aquitanien (Munster, i865, in-8"), les études de P. Pa- ris, Jonckbloet et Dozy sur le Coronement Looïs sont résu- mées en quelques pages (207-216), et la Chrestomathie de Van- cien français de M. Constans (Paris, 1884, in-S»), dans laquelle l'auteur a inséré, d'après le ms. B. N. fr. 774, 146 vers du Coronement Looïs (pages 37 et ss.)

2. Le ms. B. N. fr. 774 ou le ms. B. N. fr. 1449, qui n'en dirtere pas,

IV INTRODUCTION

montré, je pourrais en fournir des preuves tirées des ouvrap^es cites ci-dessus.

Kn i883,M. G. Paris m'avait charge, pour ses conférences à TÉcole des Hautes Études, d'un travail sur le début du Coronemcnt Looïs ; c'est cette étude, faite sous la direction du professeur et revue par lui, que j'ai étendue au poème tout entier pour en faire l'objet de la présente publication ; qu'il me soit donc permis de témoigner ici ma profonde reconnaissance à mon illustre et cher maître.

I. l'élément historique dans le

CORONEMENT LOOÏS

Jonckbloet avait divisé ^ le Coronement Looïs en quatre parties; depuis, M. G. Paris a montré ^ que les quarante derniers vers du poème sont l'a- brégé d'une deuxième chanson aujourd'hui perdue.

La première branche (vers i à 27 i) est le récit du couronnement de Louis le Débonnaire au palais d'Aix- la-Chapelle.

Dans la seconde (vv. 272 à 1429) Guillaume au Court Nez va en Italie guerroyer contre les Sarrasins.

1. Guillaume d'Orange, II, 8i.

2. Romania, I, 177.

L ELEMENT HISTORIQUE V

La troisième (vv. 1430 à 2224) raconte les luttes de Guillaume contre les ennemis de l'empereur Louis.

La quatrième (vv. 2225 à 2652) est le récit d'une expédition de Guillaume en Italie, il secourt le pape contre les Allemands.

La cinquième (vv. 2653 à la fin) est analogue à la troisième.

Je montrerai plus loin que dans la composition du Coronement Looïs sont entrés plusieurs autres poè- mes, mais tellement abrégés, altérés, fondus avec d'autres, qu'il est impossible de les étudier à part; c'est pourquoi j'adopterai la division de M. G. Paris.

I. Première branche.

La première branche du Coronement Looïs (vers 1-271) n'est pas une simple fiction de poète; elle re- pose sur un fonds historique. Fauriel ^ et P. Pa- ris 2 avaient déjà reconnu ce fait, Jonckbloet ^ le mit hors de doute; depuis, personne ne l'a contesté.

Cette partie, prise isolément, est le reste d'un poème qui avait pour sujet le couronnement de Louis, fils de Charlemagne. En voici l'analyse :

Le vieil empereur sent qu'il va mourir et songe à se décharger du poids de la couronne en la plaçant

1. Hist. de la poésie provençale, III, 88-89 (Paris, 3 vol. in-S").

2. Les Manuscrits françois de la Bib. du Roi, III, 123 ; His- toire littéraire, XXII, 481-488.

3. Guillaume d'Orange, II, 80-94.

VI INTRODUCTION

sur la tête de son fils. Il réunit donc sa cour dans la chapelle d'Aix : comtes, abbés, évêques, archevê- ques, tous les grands y accourent, même « Tapostoi- les de Rome Charles énumère à son fils les char- ges qu'impose le trône et termine en disant :

S'ensi vuels faire, ge te doins la corone, O se ce non, ne la baillier tu onques.

Mais Louis, ébahi de ce qu'il vient d'entendre, n'ose prendre la couronne. L'empereur, irrité, veut le faire tonsurer :

« Tirra les cordes et sera marregliers, S'avra provende qu'il ne puist mendiier. »

En ce moment, un traître, Arneïs d'Orléans, demande à Charlemagne la lieutenance du royaume, pour trois ans seulement, après lesquels, si Louis a changé.

S'il vuelt proz estre ne ja buens entiers,

il lui rendra le pouvoir « de gré et volentiers » . L'em- pereur y consent et les amis d' Arneïs s'en réjouissent : bientôt Charles mourra, son fils unique sera relégué dans un couvent et le traître sera couronné.

Mais Guillaume, fils d'Aimeri de Narbonne, qui, chose assez bizarre, était allé chasser pendant que les autres barons s'occupaient des affaires les plus graves de l'État \ rentre tout-à-coup au palais impérial, est

I . Au début du Charroi de Nintes, Guillaume est de même à la chasse pendant que les barons sont assemblés autour de l'empe- reur et à son retour apprend de son neveu ce qui se passe au palais.

l'élément historique Vli

mis au courant de ce qui se passe par son neveu Ber- trand, pénètre dans la chapelle, ronnpt la presse des barons, s'avance vers Arneïs et le tue d'un coup de poing, puis il prend la couronne sur Tautel et la pose sur le front de l'héritier légitime, en lui jurant de tou- jours la défendre ^ Le vieil empereur en verse des larmes de joie :

« Sire Guiilelmes, granz merciz en aiez. Vostre lignages a le mien esalcié. »

Il fait à son fils les plus belles exhortations.

Chacun s'étant retiré, Guillaume prend congé de Charles et de Louis et va faire « un pèlerinage » à Rome.

I . Cette scène en rappelle une autre dont Guillaume duc de Nor- mandie fut le héros et que Richer raconte ainsi : « Ludovicus rex, cum in conclavi sese cum Ottone rege ac principibus recepisset, consilio incertum an fortuitu, solus Wilelmus dux admissus non est. Diucius ergo afforis exspectans,cum non vocaretur, rem animo irato ferebat. Tandem in iram versus, utpote manu et audatia nimius, foribus clausis vim intulit ac retrorsum vibrabundus ade- git, ingressusque lectum conspicatur gestatorium, in que etiam a parte cervicalis Otto editiore, rex vero in parte extrema humilior residebat, in quorum prospectu Hugo et Arnulfus duabus résiden- tes sellis consilii ordinem exspectabant. Wilelmus rcgis injuriam non passus : « An, inquit, his interesse non debui ? Deseriorisne dedecore aliquando sordui? » Fervidusque propinquans : « Surge, iiKjuit, paululum, rex! » Quo mox surgente, ipse resedit. Dixitque indecens esse regem inferiorem, alium vero quemlibet superiorem videri ; quapropter oportere Ottonem inde amoliri regique cedere. Olto, pudore affectus, surgit ac régi cedit. Rex itaque superior, at Wilelmus interior consederunl. » {Riclieri hist., H, 3o, éd. Pertz, Mon. Genn. hist. in-f»; Script., III, SgS, 594).

VIII INTRODUCTION

Fauriel le premier a reconnu dans ce récit la tradi- tion d'un événement réel : « Les historiens contempo- rains, » dit-il, « qui ont décrit la mort de Gharlemagne et l'avènement de Louis le Débonnaire ont laissé, comme à dessein, une sorte de voile mystérieux sur cer- taines particularités de cet événement. Ils donnent à en- tendre qu'aussitôt Gharlemagne mort, quelques-uns des principaux officiers de son palais ourdirent une conspiration dont Tobjet était d'exclure Louis le Dé- bonnaire du trône. Les conspirateurs échouèrent, sans que l'histoire nous dise pourquoi, par quelles causes, ni par l'aide ou l'intervention de qui. Ce ne fut cer- tainement pas par celle de Guillaume le Pieux. Ge duc avait eu, il est vrai, des relations très intimes avec Louis le Débonnaire, lorsque celui-ci n'était encore que roi d'Aquitaine; mais il se retira du monde et des affaires plusieurs années avant celle Louis suc- céda à Gharlemagne; et s'il n'était déjà mort à cette époque, du moins est-il certain qu'il ne sortit pas du monastère fondé par lui dans un désert des Gévennes. Il ne put donc assister au couronnement de Louis le Débonnaire, ni l'aider à triompher des ennemis qui lui disputèrent la couronne.

« Les allusions faites à ce service dans le passage du roman de Guillaume au Gourt Nez sont donc fausses. Mais, cela convenu, restent les allusions à la conspiration ourdie contre Louis le Débonnaire ^ . »

I. Hist. de lapoés. prou., III, 88. Ce n'est pas dans une étude sur le Coronement Looîs que Fauriel a écrit ces lignes, mais à propos des allusions faites à notre poème dans la chanson d'Aliscans.

l'élément historique IX

Jonckbloet, après avoir cité ces lignes, reprend la question pour Pétudier à fond et mettre en relief ces allusions dont parle Fauriel.

Mais avant de chercher quelle part il faut faire à l'histoire, quelle part à la légende, dans cette première partie de notre chanson, je ferai remarquer, aprioriy que la poésie a réuni deux faits qui n'ont pu être réu- nis dans la réalité : le couronnement de Louis et la conjuration qui devait empêcher son élévation au trône. Si quelqu'un a réellement essayé de s'opposer à l'avènement de Louis le Débonnaire, ses résistances n'ont pu se manifester du vivant de Charlemagne. Celui-ci était déjà âgé lorsqu'il couronna son fils, mais les années en affaiblissant ses forces ne lui avaient pas enlevé son prestige, et il n'était personne qui ne se courbât encore sous sa puissante main.

En admettant donc qu'une conspiration ait été tra- mée contre Louis, les conjurés devaient avoir pour but d'empêcher, non son couronnement^ mais son avènement, et c'est à la mort du père seulement qu'il faut chercher les traces de leurs menées.

C'est pourquoi je distinguerai dans mes recherches ces deux points, que la légende a confondus, mais qui doivent être séparés dans l'histoire : le Couronnement et la Conspiration.

C'est en 8i3, quelques semaines avant la mort de l'empereur, qu'eut lieu cette imposante cérémonie du couronnement.

De bonne heure Charlemagne avait assigné un royaume à chacun de ses trois fils. Un testament, ap- prouvé par les grands en 806, au plaid de Thion-

X' INTRODUCTION

ville, et signé par le pape Léon, réglait définiti- vement le partage. Après la mort de l'empereur, son fils aîné, Charles, devait avoir le pays des Francs, c'est-à-dire la Neusirie, l'Austrasie et la Germanie*, Pépin le pays des Lombards, c'est-à-dire Tltalie, la Rhétie et la Bavière; enfin Louis aurait la Gaule ro- maine, c'est-à-dire l'Aquitaine, la Septimanie, la Provence et la Bourgogne.

« Mais, » dit M. Himly, « la mort simultanée de Pépin et de Charles en 8io et en 8i i avait tout remis en question. De toute la descendance de Charlemagne il ne restait plus que son troisième et dernier fils légitime Louis, des bâtards encore en bas âge et un fils illégitime de Pépin appelé Bernard ^. »

C'est pour régler de nouveau sa succession que Charlemagne tint, en 81 3, dans sa chapelle d'Aix, le grand conseil dont notre poème représente la tra- dition souvent très fidèle. Les historiens contempo- rains font mention de cette assemblée ; Thégan et le poète Ermoldus Nigellus se plaisent à en donner des détails qu'on retrouve sans grandes modifications dans la chanson de geste.

Je vais reproduire les passages d'Einhard , de Thégan, de la chronique de Moissac et d' Ermoldus Nigellus qui se réfèrent à cet événement.

Einhard s'exprime ainsi : « Extremo vitae tem- pore, cum jam et morbo et senectute premeretur, vo- catum ad se Hludowicum filium, Aquitaniae regem,

I. Waia et Louis le Débonnaire^ p. 3i (Thèse pour le doctorat. Paris, 1849, in-8*).

l'élément historique XI

qui solus filiorum Hildegardae supererat , congregatis sollempniter de toto regno Francorum primoribus, cunctorum consilio, consortem sibi totius regni et imperialis nominis heredem constituit, impositoque capiti ejus diademate, imperatorem et augustum jussit appellari. Susceptum est hoc ejus consilium ab omnibus qui aderant magno cum favore, nam divinitus ei propter regni utilitatem videbatur inspi- ratum-, auxitque magestatem ejus hoc factum et exteris nationibus non minimum terroris incus- sit ^ »

La Chronique de Moissac s'étend davantage sur cette cérémonie : « Et in ipso anno, mense septembri, jam dictus Karolus fecit conventum magnum populi apud Aquis palatium de omni regno vel imperio suo. Et convenerunt episcopi, abbates, comités et senatus Francorum ad imperatorem in Aquis; et ibidem constituit capitula numéro xlvi de causis quae erant necessariae ecclesiae Dei et christiano populo. Post haec habuit consilium cum praefatis episcopis et ab- batibus et comitibus et majoribus natu Francorum, ut constituèrent filium suum, Ludovicum regem, ym- peratorem, qui omnes pariter consenserunt, dicentes hoc dignum esse ; omnique populo placuit, et cum consensu et acclamatione omnium populorum Ludo- vicum filium suum constituit imperatorem secum, ac per coronam auream tradidit ei imperium, populis acclamantibus et dicentibus : « Vivat imperator Lu-

I. Vita Caroli Magni, cap. xxx (Pertz, Mon. Germ. hist. in-fo; Script, II, 459).

XII INTRODUCTION

dovicus! » Et facta est laetitia magna in populo in illa die K »

Mais c'est dans Thégan que nous trouvons les dé- tails les plus explicites : « Supradictus vero impera- tor, cum jam intellexit adpropinquare sibi diem obitus sui, senuerat enim valde, vocavit filium suum Hludowicum ad se, cum omni exercitu, episcopis, abbatibus, ducibus, comitibus , locopositis ^ habuit générale colloquium cum eis Aquisgrani palatio, pa- cifiée et honeste ammonens ut fidem erga filium suum ostenderent, interrogans omnes a maximo usque ad minimum si eis placuisset ut nomen suum, id est imperatoris, filio suo Hludowico tradidisset. Illi om- nes exultando responderunt Dei ammonitionem esse illius régi. Quod factum, in proxima die dominica or- navit se cultu regio et coronam capiti suo imposuit; incedebat clare decoratus et ornatus, sicut ei decuerat. Perrexit ad ecclesiam, quam ipse a fundamento cons- truxerat, pcrvenit ante altare quod erat in eminentiori loco constructum caeteris altaribus et consecratum in honorem Domini nostri Jesu Christi, super quod coro. nam auream, aliam quam ille gestabat in capite suo, jussit imponi. Postquam diu oraverunt ipse et filius ejus, locutus est ad filium suum coram omni multitudine pontificum et optimatum suorum, am- monens eum inprimis omnipotentem Deum diligere ac timere, ejus praecepta servare in omnibus, aec- clesias Dei gubernare et deffendere a pravis homini- bus; sororibus suis et fratribus, qui erant natu junio-

I. Chronicon Moissiacense , z\\ . 8i3 (Pertz, Ibid., II, 259).

l'élément historique xin

res, et nepotibus et omnibus propinquis suis indeffi- cientem misericordiam semper ostendere praecepit; deinde sacerdotes honorare ut patres, populum dili- gere ut filios, superbos et nequissimos homines in viam salutis coactos dirigere ; coenobiorum consolator fuisset et pauperum pater; fidèles ministres et Deum ti- mentes constitueret , qui munera injusta odio habe- rent; nuUum ab honore suo sine causa discretionis ejecisset, et semetipsum omni tempore coram Deo et omni populo irreprehensibilem demonstrare. Post- quam haec verba et alia multa coram multitudine filio suo ostenderet, interrogavit eum si obediens vo- luisset esse praeceptis suis. At ille respondit libenter obedire et, cum Dei adjutorio, omnia praecepta quae manda verat ei pater custodire. Tune jussit eum pa- ter ut propriis manibus elevasset coronam quae erat super altare et capiti suo imponeret, ob recor- dationem omnium praeceptorum quae mandaverat ei pater. At ille jussionem patris implevit. Quod fac- tum, audientes missarum sollemnia ibant ad palatium. Sustinuit enim filius patrem eundo et redeundo, quamdiu cum eo erat filius. Non post multos dies magnificis donis et innumeris honoravit eum pater suus et dimisit eum ire Aquitaniam ^ . »

Malgré la longueur de ces citations, je vais encore donner les vers d'Ermoldus Nigeîlus qui se rappor- tent au couronnement de Louis ; il est intéressant de comparer la poésie savante avec la poésie vulgaire sur un même sujet :

I. Vita Hludowici imperatoris, cap, vi (Pcrlz, Ibid., II, 591 , 592).

XIV INTRODUCTION

Jamquc, favcnte Deo, Frnncos pax undique habebat,

Siravcrat adverses Marsque Dcusque viros. Namque senex Carolus Caesar vencrabilis orbi

Concîlium revocat ad sua tecta novum. Aurato residens solio sic coepit ab alto,

Electi circum quem résident comités : « Audite, G proceres, nostro nutriminc frcii,

Agnita narro quidem veraque credo satis : Dum mihi namque foret juvenali in corpore virtus,

Viribus atque armis ludere cura fuit ; Non torpore meo turpique pavore, fatebor,

Francorum fines gens inimica tulit. Jam quoquG sanguis hebet, torpescit dira senectus,

Florida canities lactea colla premit; Dextera bellatrix,quondam famosa per orbem,

Sanguine frigente, jam tremcbunda cadit. Proies nata mihi superis abscessit ab oris,

Ordine functa suo, heu ! tumulata jacet, Sed quoque quae potior Dominoque placentior olira

Visa fuit, semper est mihi cessa modo, Nec vos dcseruitChristusquin germine nostro

Servaret, Franci, nunc sobolem placitam. nia meis semper delectans inclita jussis

Paruit atque meum edidit imperium, Semper amore Dei ecclesiarum jura novavit,

Crédita régna sibi contulit in melius. Vidistis quae (dona) olim Maurorum funerc misit :

Regem, arma et vinctos, magna trophaea simul. Vos mihi consilium fido de pectore, Franci,

Dicite, nos prompte mox peragamus idem. » Tune Heinardus erat, Garoli dilectus amorc,

Ingenioque sagax et bonitate vigens; Hic cadit ante pedes, vestigia basiat aima;

Doctus consiliis incipit ista prior ; « O Caesar, famose polo terraque marique,

Caesareum qui das nomen habere tuis,

l'élément historique XV

Addere consiliis nil nostrum est posse, nec ulli

Mortali potius Ghristus habere dédit : Quae tihi corde Deus miseratus contulit, hortor,

Quantocius parens omnia perficias. Filius, aime, tibi praedulcis moribus exstat,

Pro meritis qui quit régna tenere tua : Hune petimus cuncti, majorque minorque popellus,

Hune petit aecclesia, Ghristus et ipse favet ; Hic valet imperii post tristia funera vestri

Jura tenere armis ingenioque, fide. » Annuit at Gaesar laetus Ghristumque precatur,

Mittitet ad sobolem mox celerando suam. Tempore namque illo Hludowic bonus Aquitanorum,

Ut supra cecini, régna tenebat ovans. Quid moror? Extemplo patris pervenit ad aulam.

Gaudet Aquis clerus, plebs proceresque, pater. Incipit haec iterum Garolus, per singula verba,

Dilectae proli narrât et exposuit : a Nate, Deo care et patri populoque subacto,

Quem mihi solamen cessit habere Deus, Gernis at ipse meam, senio properante, senectam

Deficere et tempus mortis inesse mihi. Prima mei cura regni moderamina constant

Quae immerito mihimet contulit ipse Deus, Non favor aut levitas humanae mentis adurguet

Quae tibi, crede, loquor, sed pietatis amor. Francia me genuit, Ghristus concessit honorem,

Régna paterna mihi Ghristus habere dédit. Haec eadem tenui, nec non potiora recepi,

Ghristicoloque fuit pastor et arma gregi. Gaesareum primus Francorum nomen adeptus,

Francis Romuleum nomen habere dedi. » Haec ait et capiti gemmis auroque coronam

Imposuit, pignus imperii, sobolis : a Accipe, nate, meam, Ghristo tribuente, coronam

Imperiique decus suscipe, nate, simul.

XVI INTRODUCTION

Qui tibi concessit culmcn miscratus honoris

Conférât ipse tibi posse placerc sibi. » Tune patcr et soboles, praestandi munere laeti,

Prandia magna colunt cum pictate Dei. O fcstiva dies, multos memoranda per annos!

Augustos geminos, Francia terra, tenes. Francia, plaude libens, plaudat simul aurea Roma :

Imperium spectant cetera régna tuum. Tum Carolus sapiens multis suadebat alumnum

Diligat ut Christum ecclesiamque colat. Amplexans nimium libavit et oscula pulcra;

Dat licitum ad propria, verbasuprema sonat '.

Les ressemblances qui existent entre ces différents textes et le poème français sont trop nombreuses et trop évidentes pour qu'il soit utile d'insister sur cette comparaison.

Il est donc certain que le début du poème français a un fonds historique; on peut même ajouter qu'il remonte à une époque la tradition n'avait encore que très peu altéré Thistoire, c'est-à-dire à une épo- que presque contemporaine des événements qu'il raconte.

Je ne crois pas, comme M. L. Gautier, que le début du Coroucmcnt Loo'fs ait été calqué sur les ré- cits d'Einhard ou de Thégan^. Il est même fort probable, pour ne pas dire certain, que le trouvère

1. Ermoldi Nigelli lib. Il, vv. 1-84 (Pertz, Ibid., II, 478-480.)

2. « Le début du Couronnement Looys, qui contient le récit des derniers conseils et des adieux de Charles à son fils, paraît en par- tie calqué sur deux textes d'Éginhard ( Vita Karoli Magni, cap. xxx, Pertz, II, 459) et de Thégan (Vita Hludowici, cap. vi, Perlz, II, 591). 7> (Les Épopées françaises, 2* éd., IV, SSy-S).

l'élément historique XVII

n'a jamais connu ces chroniques. Les auteurs de nos chansons de geste, en général, n'étaient pas des clercs et ne pouvaient lire les textes latins. On pourrait ré- pondre à la rigueur qu'ils se les faisaient traduire. C'est possible, mais le cas devait être bien rare, sur- tout à l'époque oii je crois que notre poème fut com- posé.

Je n'oserais pas dire qu'il est, en tenant compte, bien entendu, des transformations qu'il aurait subies depuis, de la même date que les chroniques citées plus haut, mais je le crois de peu postérieur. « Ce début a certainement un grand air d'ancienneté, » dit P. Paris, « et la première inspiration doit en appartenir à l'épo- que Carlo vingienne ^ » Et pourtant lorsqu'il écrivait ces lignes P. Paris ne s'appuyait pas sur les ressem- blances frappantes qui viennent d'être signalées entre l'histoire et la poésie. Jonckbloet dit de son côté, après avoir cité les vers d'Ermoldus Nigellus : « No- tre chanson de geste nous a sans aucun doute trans- mis les dernières vibrations de cette hymne popu- laire '. »

En résumé, malgré les nombreux rapports qui existent entre notre poème et les textes dont je l'ai rapproché, on peut affirmer qu'il ne dérive pas de ces textes. D'une même source sont sorties d'un côté l'histoire des clercs, de l'autre celle du peuple, la chronique et la légende*, elles se sont écartées de jour en jour l'une de Tautre, pas assez cependant pour

i. Histoire littéraire, XXII, 481.

XVIIl INTRODUCTION

qu'on ne puisse retrouver leur parenté et par re- monter à leur origine commune.

« Si l'auteur de la chanson s'est inspiré de This- toire, » observe M. L. Gautier, « il n'a pas toutefois respecté, comme Ta fait Thégan, la physionomie his- torique de Louis; il n'a pas craint de le représenter sous les traits les plus méprisables ^ »

Cette différence entre l'histoire et la légende est toute naturelle. J'en cite un exemple. Quand après de sages conseils donnés à son fils, le vieil empereur dit à celui-ci :

« S'ensi vuels faire, ge te doins la corone, O se ce non, ne la baillier tu onques. »

Louis, dit le trouvère, est tout ébahi : Ot le li cnfcs, ne mist avant le pie.

Il n'en est pas de même chez le chroniqueur : « Postquam haec verba et alia multa coram multitu- dinc iilio suo ostendcret, interrogavit eum si obediens voluisset esse praeceptis suis. At ille respondit liben- tcr obedire et, cum Dei adjutorio, omnia praecepta quac mandaverat ei patcr custodire.. . At ille jussio- nem patris implevit ^. »

Thégan raconte les faits comme ils se sont passés, c'est tout naturel; mais la légende, pour comprendre le rôle d'Arneïs d'Orléans et celui de Guillaume Fiè- rebrace, avait besoin de rapetisser la figure du roi ;

1. Les Ep.fr. IV. 338.

2. Thégan, loc. cit.

l'élément historique XIX

c'est ainsi qu'elle fit de Louis un enfant de quinze ans, tandis qu'en réalité il en avait trente-cinq lorsqu'il reçut la couronne impériale.

Cette dégradation de la personne du prince pour- rait avoir aussi une autre cause. Le peuple avait bien acclamé avec enthousiasme Tavènement de Louis, il applaudit bien encore à ses premiers actes \ mais il ne dut pas garder longtemps cette admiration pour un homme qui n'était capable de porter qu'une tonsure au lieu d'une couronne ^. Quelle humiliation, en effet, pour ce peuple fier et guerrier de voir son empereur se dégrader lui-même dans l'assemblée générale d'Attigny ! Quel mépris il dut concevoir pour rhomme imbécile dont toute la vie ne fut qu'une série d'opprobres, que son étonnante faiblesse lui fit accepter de ses évêques et de son fils !

Ainsi s'explique le rôle méprisable que joue Louis le Débonnaire dans notre chanson.

Nous retrouvons encore la différence des deux ten- dances, historique et légendaire, dans les dernières exhortations de Charles à son fils. Dans Thégan, dans Ermoldus, perce surtout la préoccupation des

I. Qualia per mundum confregit gesta celidri,

Christicolis cessit munera quanta quidem, Haec canit orbis ovans laie vulgoque résultant; Plus populo résonant quam canat arte melos.

(Erm. Nig.,II, 191-4. Pertz, Ibid., Il, 482). a. Circa divinum cultum et sanctae ecclesiac exaltationcm inci- labatur animus, ita ut non modo regem sed ipsius opéra poiius cum vocilcrarentur sacerdotcm (Vita Hlud., cap. xix. Pertz, II, Ibid.^ 616). Cf. le portrait de Louis le Débonnaire par M. Himly (TFtî/ci ci L. le D. pages 84-37).

XX INTRODUCTION

intérêts de l'Église et du clergc, et toutes les recom- mandations du vieillard pourraient presque se résu- mer dans ces deux vers :

Tum Carolus sapiens multis suadcbat alumnum Dilignt ut Christum ecclcsiamque colat '.

Chez le trouvère les conseils de Charlemagne sont bien plus humains, ils sont surtout plus généraux ; l'empereur pense à tout son peuple et notamment aux faibles, aux pauvres, aux orphelins et aux veuves, doHt le nom revient jusqu'à quatre fois dans ses pa- roles : Que Louis évite le péché, la luxure, la trahi- son, les jugements injustes, qu'il serve Dieu, qu'il dé- fende les veuves et les orphelins, qu'il honore les pauvres, qu'il humilie les orgueilleux, qu'il punisse les rebelles, et enfin qu'il ne s'entoure que de bons conseillers.

Arrivons enfin à la trahison d'Arneïs d'Orléans. J'ai déjà cité quelques lignes dans lesquelles Fauriel semble croire à une conspiration ourdie contre l'avè- nement de Louis le Débonnaire. Jonckbloet, cher- chant ce que cette croyance a de fondé, invoque d'a- bord des passages d'Einhard, de Thégan, des Annales faussement attribuées à Einhard, enfin de l'annaliste Saxon. J'ai cité plus haut ^ les paroles du premier de ces chroniqueurs, j'y ai ajouté un extrait de la Chro- nique de Moissac; voici maintenant comment s'ex- prime Thégan : « Post obitum glorio.sissimi supradicti

1. Cf. page XVI. 2 Pages X et ss.

l'élément historique XXI

imperatoris Karoli, perrexit filius ejus Hludowicus de partibus Aquitaniae, venit Aquisgrani palatium et suscepit omnia régna quae tradidit Deus patri suo sine ulla contradictione ^. »

Einhard et l'annaliste Saxon disent de même : « Hludowicus... tricesimo postquam id acciderat die, Aquasgrani venit summoque omnium Francorum consensu ac favore patri successit ^. »

Je cite encore Nithard : « Hères autem tantae su- blimitatis, Lodhuwicus, filiorum ejus justo matrimo- nio susceptorum novissimus , ceteris decedentibus, successit ; qui, ut pro certo patrem obisse comperit, Aquis ab Aquitania protinus venit, quo undique ad se venientem populum absque quolibet impedimenta suae ditioni addixit ^.

Enfin la Chronique d'Adon : « Ludovicus... in- gressum imperii secunda et placida quiète habuit, porro finis ejus multis incommoditatibus et adversita- tibus fatigatur ^. »

J'ai fait remarquer précédemment qu'il faut établir une distinction entre l'avènement de Louis et son couronnement. Or c'est précisément en parlant de ce dernier fait qu'Einhard dit : « Susceptum est hoc ejus consilium ab omnibus qui aderant magno cum favore, » 11 ne répond donc pas à la question de Jonckbloet : « Louis le Débonnaire a-t-il rencon-

1. VitaHlud. cap. 8 (Pertz, Ibid., If, Sgz).

2. Einh, Ann. an. 814 (Perlz, Ibid., I, 201); Ann. Sax. (Ibid., VI, 570).

3. Nit. Hist. I, 2 (Pertz. Ibid., II, 65i.

4. Adonis Cliron. (Pcrtz, Ibid., II, 3 20).

XXII INTRODUCTION

trc de lopposiiion à son avènement? » Cette observa- lion s'applique également à la Chronique de Moissac.

Kestent les autres textes : ils sont formels et s'ac- cordent à dire que le nouvel empereur fut acclamé à son avènement.

Mais il n'en est pas de même du passage suivant de l'Astronome Limousin : « Per idem autem tempus, mortuo jam pridcm Pippino, Italiae rege, nuper- rime autem Karolo, itidem fratre, res humanas relinquente, spes universitatis potiundae in eum ad- surgcbat. Misso enim pro quibusdam necessariis pa- trem consulendis Gerrico, capis praelato, cum in pa- latio moraretur, praestolans perlatorum responsum, monitus est tam a Francis quamque a Germanis ut ad patrcm rcx veniret eique propter adsisteret -, vi- deri sibi dicentcs quod pater cum jam in senilem ver- gerct aetatem et acerbe ferret liberorum infortuna- tam defectionem , citam illius haec portenderent corpoream solutionem. Quod Gerricus cum régi, rex vero consiliariis retulisset, quibusdam vcl pêne omni- bus visum est salubre suggestum \ sed rex altiori con- silio, ne forte per hoc patrem suspcctum redderet, agere distulit. Haec tamen divinitas,procujus timoré et amore facere noiuit, ut sibi moris est amatores sui sublimius quam cogitari potest nobilitare, prudentius ordinavit. Pacem porro petentibus his quos bello fa- tigare solitus erat rex, articulo duorum annorum praestituto, libenter induisit. Interea imperator Ka- rolus, considcrans suum in senectute adclinem de- vexum et verens ne forte subtractus rébus humanis confusum relinquerct regnum, quod erat Deo donante

l'élément historique XX m

nobiliter ordinatum, scilicet ne aut externis quatere- tur procellis, aut iniestinis vexaretur scissionibus, mi- sit filiumque ab Aquitania evocavit; quem venientem clementer suscepit, tota aestate secum tenuit, de his quibus eum indigere putavit instruxit. Qualiter vide- licet sibi vivendutn, regnandum, regnum ordinandum et ordinatum tenendum foret monuit, et tandem im- periali eum diademate coronavit, et summam rerum pênes eum futuram esse, Christo favente, innotuit, et, hoc peracto negotio, reditum ad propria concessit. Qui, mense Novembri a pâtre digrediens, Aquitaniam repetiit... Defuncto autem pâtre piae recordationis, missus est Rampo ad eum ^ ab eis qui sepultu- ram ejus curarunt, liberis scilicet et proceribus pa- latinis, ut et mortem ejus mature cognosceret ad- ventumque suum nullo modo comperhendinaret. Qui eum Aurelianam devenisset ad urbem, Theodulfus, ejusdem urbis episcopus,vir undecumquedoctissimus, causam ejus adventus persensit, et velocissime misso perlatore imperatori innotescere studuit, hoc tantum- modo ei suggerendum jubens, utrum praestolaretur venientem in urbem an in itinere ahquo sibi occurre- ret venturo ad urbem. Quam protinus causam ille commentatus agnovit et ipsum venire ad se jussit. Inde ahum atque ahum hujusce rei tristes suscipiens nuntios, post quinlum diem ab eodem loco pedem movit et eum quanto passa est angustia temporis po- pulo iter arripuit. Timebaiur enim quam maxime Wala, summi apud Karolum impcratorcm habiius

I. I.udovicuin.

XXIV INTRODUCTION

loci, ne forte aliquid sinistri contra imperatorem vtoliretur. Quitamen ciiissime ad eum venit et humil- lima subjectionc se ejus nutui secundum consuetudi- nem Francorum commendans subdidit. Post cujus ad imperatorem adventum aemulati eum omnes Franco- rum proceres certatim gregatimque ei obviam ire certabant ; landemque ad Aristallium prospero per- venit itinere et, die tricesimo postquam ab Aquitania promovit, palatio Aquisgrani pedem féliciter intulit... Venit ergo impcrator Aquispalatium et a propinquis atque multis Francorum militibus eum multo est fa- vore reccptus imperatorque secundo dcclaratus ^ »

« En combinant, » dit Jonckbloet, après avoir rap- pelé ce passage, « en combinant le message pressé de révêque Théodulfe, les craintes du jeune roi et l'exil inopiné des anciens favoris -, on arrive facile- ment à admettre une conjuration déjouée, probable- ment par l'adhésion bruyante de tout le peuple dont tous les auteurs font foi. L'histoire n'en parle pas, mais elle paraît incontestable ^. »

Enfin Jonckbloet rapporte encore un passage de la Vîta Waîac et deux strophes d'un poème de Théodulfe, dans lesquels il voit des allusions aux projets de résistance ^

1. Vita Hludovici PU, cap. xx-xxi! (Periz, Ibid., II, 617-8).

2. De Wala et des siens, qui peu après ravcneraeiit de Louis furent l'objet d'une disgrâce éclatante.

3. Guil. d'Or., II, 87.

4. Voici ces deux textes : u Fascasius. Detunclo Antonio, paulo post substituitur [Wala] pater cximius ejus in loco; ob cujus nimirum electionem a fralribus egomet directus, mox obiinui

l'élément historique XXV

Mais, plusieurs années déjà avant l'érudit hollan^ dais, M. H i ml y n'avait pas hésité à reconnaître dans le passage cité plus haut de l'Astronome Limousin les traces certaines d'une conspiration, qui aurait eu

apud Aùgustum quod olim plures optabant... Mox occupavit eum nostra electio. De cujus nimirum vitae abstinenlia et rigore casti- gationis tune mihi a quibusdam optimaium, ut persensi, Auguste jubente, suasum est quod non eum ferre possemus neque vitae vestigia imitari. Ad quod ego quasi arridens : « An nescis, heus lu, nos qui sumus? Numquid caudam pro capite, ut quidam adso- lent, monstruose volumus eligere ?... Numquid, quia commeare nequimus, eum praeferre oportet qui post tergum eat, et non potius eum qui praecedat ? » Tum ille paulisper subridens Au- guste haec, ut credo, retulit, quibus ita dictis, cuncta quae volui, et ut volui, penitus impetravi; atque cogente illo, nostris, licet in- vitus, paruit votis, qui dudum subterfugerat quaniisper praelatus.

Adeodatus. Timeo ne forte qui talem eum oblatrant sentiant de quo proposueras aenigmate loqui clarius praedicari.

Pascasius. Non invisa dicimus, neque incognita. Idcirco, etsi adurabratur titulus , lineamenta taraen gestorum produnt , uti pictorura mos est qui bene pingere norunt, qui saepe ita vultus cxprimunt ut sine litteris et voce loquantur. Sed talibus, quia necdum apposui labra, etcondita sub silentio servo, erit, ut credo, illa dies mihi eum liceat ejus aperte dicere facta, et quae poiiora sunt de illo manifestius explicare. Interdum vero, sicut mones, ne quid nimis fiât, cautius loqui juvat » (Pertz., Ibid., II, b'ij

Voici maintenant les vers de Théodulfe :

Muniiint urb^'in liane proccres fidèles, qui pio Christo sua dcdicarunt hostis adversi tokrando bella

corpora casta. lii duces sancti reducesque sunto, ut lui, Cacsar, fovcantquc tcmet, horuin et obtentu supcres duelles

posciniuii omiies. 'Theod. caimina, xxxvir, lo-i i. Pcrtz, Mon. Genn., in-4, Poetae lai. asvt larolini I, bny.

XXVI INTRODUCTION

pour but de priver Louis de la couronne impériale : « On enseigne partout, » dit M. Himly, « que Louis succéda sans opposition à son père ; je n'en suis pas moins persuadé qu'il eut à vaincre, sinon des résis- tances ouvertes, au moins des répugnances profondes, et que le plus ardent de ses adversaires ne fut per- sonne d'autre que le chef même du conseil impérial, le favori de Tempereur, Wala en un mot K

« J'admets, par conséquent, comme un fait au

moins probable, que Wala s'opposa à l'association du seul fils légitime de Charlemagne, et qu'il essaya de lui substituer un autre héritier, plus capable que lui de porter le poids des affaires ^. »

Moi aussi, je suis convaincu qu'il y eut à la cour, dans les dernières années de Charlemagne, des intri- gues qui avaient pour but de s'opposer à l'avènement de Louis. Mais je ne crois pas que ces résistances se soient manifestées ouvertement. Si Wala s'était pro- noncé contre l'association de Louis à l'empire, il au- rait perdu la confiance et l'amitié de Charles; or il est reste au premier rang des honneurs jusqu'à la mort de l'empereur. D'un autre côté, c'est bien lui qui vint le premier des seigneurs réunis à Aix saluer Louis lors de son avènement.

Mais l'existence seule du complot, qui semble n'a- voir été un mystère pour personne, suffisait pour don- ner naissance à la légende que nous retrouvons dans notre chanson.

1. U^i/.T et L. le D., p. Si,

2. Joid., p. 5o.

L ELEMENT HISTORIQUE XXVII

Il reste à expliquer les rôles de Guillaume et d'Ar- neïs dans le poème .

Le peuple était incapable de comprendre les gran- des vues politiques qui avaient poussé Wala à la ré- sistance contre Louis le Débonnaire. Pour la foule, Louis, étant le seul fils légitime de l'empereur, était aussi son unique héritier, et quiconque mettrait des entraves à sa succession au pouvoir commettrait un crime. Or pouvait-on attribuer ce rôle odieux à Wala? Wala, le cousin germain de Gharlemagne, avait été son bras droit; disgracié par Louis, il s'était retiré dans un monastère, par ses vertus il édifiait les moines, qui l'élurent abbé. Il ne sortit du cloître qu'a- près le plaid d'Attigny, lorsque l'empereur eut déclaré à l'Église, en présence du peuple, qu'il se soumet- tait à une pénitence publique, pour l'avoir fait exiler injustement. Il redevint donc encore une fois l'homme le plus puissant de l'empire. Bientôt en dé- saccord avec l'empereur, il fut toujours secondé par le haut clergé, parce que dans toutes ses entreprises il avait en vue surtout le bien de l'État et celui de TÉ- glise. Après avoir rempli de très importantes mis- sions^ il mourut au cours d'une ambassade, dont il s'était chargé dans le dessein de réconcilier l'empe- reur avec son fils Lothaire.

Cet homme ne pouvait être pris pour un traître-, le peuple ne pouvait lui prêter le rôle qu'il a donné à Arneïs d'Orléans dans la chanson.

Parmi les chefs de Taristocratie militaire qui firent tant d'opposition au faible empereur et suivirent le parti de Wala l'histoire nous a conservé le nom d'un

XXVIII INIRODUCTION

Matfred, comte d'Orléans, qui fut toujours associé à la fortune de Wala, arrivant au pouvoir avec lui quand son parti était vainqueur, partageant ses dis- grâces quand il était vaincu. Il est fort probable que ce comte d'Orléans avait trempé dans les conjurations de Wala contre l'avènement de Louis*, du moins sa conduite ultérieure donne beaucoup de vraisemblance à cette supposition.

Mais les raisons qui ne permettaient pas d'attribuer à Wala le rôle d'un traître n'existaient plus pour le comte d'Orléans. Matfred n'était pas de la famille im- périale, il n'a jamais eu la gloire de Wala, et surtout il était loin de mener la vie religieuse de ce dernier. Bien plus, il fut, ainsi que Hugues, comte de Tours, dans un plaid tenu à Aix en 828, à l'instigation de l'impératrice Judith, accusé de trahison, reconnu cou- pable et publiquement dégradé . Ces deux comtes , envoyés avec une grande armée au secours de Ber- nard, comte de Barcelone, contre les Goths, avaient, par haine de ce Bernard, laissé l'ennemi piller à loisir les environs de Barcelone et se retirer tranquillement avec son butin.

C'est peut-être pour ces différentes raisons que le rôle de traître fut attribué dans notre légende au comte d'Orléans.

De même que le rôle de Matfred dans l'histoire a pu donner naissance au personnage d'Arneïs dans la légende, de même celui de Bernard, dont je viens de citer le nom, expliquerait peut-être l'introduction de Guillaume dans notre chanson. Bernard, en effet, est précisément le lils de ce Guillaume qui devint si

l'élément historique xxîx

célèbre dans les chansons de geste. Bernard, filleul de Tempereur Louis, fut son plus puissant défenseur contre le parti aristocratique, et c'est lui qui, d'accord avec l'impératrice Judith, fit condamner pour trahi- son, comme je Tai dit plus haut, ses deux plus mor- tels ennemis, les comtes de Tours et d'Orléans.

En combinant ces faits et en les résumant, on trouve dans l'histoire, aussi bien que dans la poésie, un comte de Toulouse qui se fait le défenseur de la famille im- périale et qui cause la perte d'un comte d'Orléans, ennemi de l'empereur et coupable de trahison.

Ce rapprochement me paraît expliquer assez bien le rôle que la légende attribue au comte de Toulouse et à celui d'Orléans dans la cérémonie du couronne- ment. Mais, s'il en est ainsi, pourquoi ces deux per- sonnages n'ont-ils pas gardé leurs propres noms ?

La substitution de Guillaume à Bernard est toute naturelle. Guillaume avait été nommé, en 790, duc de Septimanie et comte de Toulouse, avec charge de faire rentrer les Vascons sous l'obéissance des Francs ; il s'acquitta glorieusement de sa tâche. En 793, il se jeta au devant des Sarrasins d'Espagne qui envahis- saient la France, fut vaincu par eux sur les rives de rOrbieu, à Villedaigne, mais après une telle résis- tance que les Sarrasins, malgré leur victoire, furent obligés de repasser les Pyrénées. En 801, (ou 80 3) c'est encore Guillaume qui eut la plus large part à la prise de Barcelone par les armées du roi d'Aquitaine,

Le bruit de ces exploits ne remplit pas seulement les contrées qu'ils avaient pour théâtre, mais le pays tout entier des Francs-, nous en avons la preuve dans

XXX INTRODUCTION

les deux poèmes qui nous sont parvenus sur les deux faits d'armes signalés plus haut, la bataille de l'Or- bieu et la prise de Barcelone.

Or ce roi d'Aquitaine, au service de qui Guillaume consacrait sa vie, était précisément le fils de Cliarle- magnc, Louis, qu'on avait porté en berceau dans son royaume et qui avait à peu près douze ans lorsque Guillaume fut nommé comte de Toulouse.

Ainsi, quand s^ouvrit le ix^ siècle, Louis régnait sous la sauvegarde énergique de Guillaume, et pendant près de quinze ans le comte de Toulouse fut pour ce jeune roi et pour ses états un protecteur de tous les instants.

Dans le récit du couronnement de Louis la légende fait du futur empereur un enfant ; cet enfant trouve contre ses ennemis un généreux défenseur : naturelle- ment ce défenseur doit être celui que Louis eut pen- dant toute son enfance, c'est-à-dire Guillaume.

Guillaume devenant ainsi le protecteur exclusif et nécessaire de Louis, nous le verrons plus loin se subs- tituer dans la tradition à d'autres personnages histo- riques, qui s'étaient faits les défenseurs de la royauté contre la féodalité; substitution qui, outre la célébrité de Guillaume de Toulouse, s'explique encore par la similitude des noms de ces personnages, dont plu- sieurs s'appelaient Guillaume.

Ainsi, en admettant que dans la première partie du Coronement Looïs le personnage de Guillaume n'ait pas été créé de toutes pièces, on s'explique aisément comment ce même personnage a pu prendre la place de Bernard son fils, comme lui comte de Toulouse.

l'élément historique XXXI

Quant au nom d'Arneïs ^, il a eu nécessairement sa raison d'être, mais cette raison je ne la connais pas. Je n'ai trouvé dans l'histoire aucun personnage de ce

I. Au lieu d'Arneis, Hernaut se trouve dans les deux meilleures familles de manuscrits; le manuscrit D seul, qui offre une rédac- tion postérieure, donne Hernaïs. Mais le changement d'Arneis en Hernaut était si facile qu'il a pu s'introduire dans deux manuscrits indépendants l'un de l'autre.

Les poèmes divers qui font allusion au nôtre donnent le nom d'Ernais ou d'Arneis, avec ou sans H initiale :

Por l'amor Deu, ja vos corona il A vive force, volant voz enemis, Quant il voloient coroner Hernaïs. {Moniage Guillaume, Ms. Bibl. nat., fr. 774, f 217)

Ici la forme en is est assurée par l'assonance.

Au vers 171 du Charroi de Nimes l'exemple est moins sûr. Jonckbloet a imprimé : Li quens Hernaut, M. Paul Meyer : Quens Hernaïs. Les manuscrits sont en effet divisés; mais leur classifi- cation donne raison à M. Meyer.

Tous les textes en prose donnent de même Arneïs ou Ernais. Je les cite plus loin. En s'y reportant, on constatera que ce n'est pas par leur nombre qu'ils doivent peser dans la balance, car la plupart dérivent d'un même remaniement, qui lui-même descendait d'une rédaction différente de la nôtre.

D'ailleurs il est constant qu'à une certaine époque il y eut con- fusion dans la littérature entre les deux noms :

En Orlenois s'en vaita Hernaïs, Tout li conta de Gcrbert le marcis : « Las, > dist Hcrnaus, « or va de mal en pis. » (Anseis fils de Gerbert ; Bib.nat. fr. 4988, f" 1891).

Dans ce dernier passage la bonne leçon est certainement celle en is, qui dans le premier vers est assurée par la rime, et qui, dans le troisième, peut facilement remplacer l'autre, si l'on supprime l'interjection Las, pour rétablir la mesure.

Arneïs est un personnage bien connu dans notre plus ancienne poésie. On le trouve notamment dans le cycle des Lorrains.

Enfin la substitution du nom très répandu d'Hcrnaut à celui

XXXn INTRODUCTION

nom qui ait mérite le rôle joué dans le poème par le comte d'Orléans. Que faut-il en conclure ? Que les documents de l'époque sont insuffisants pour éclairer riiistoire, et rien de plus.

Je ne chercherai pas à expliquer les autres différen- ces qui existent entre le poème et Thistoire; elles ré- sultent de l'altération fatale des faits par la tradition orale ou par le caprice des trouvères.

2. Seconde branche.

La seconde branche du Coronement Looïs est la plus étendue; elle ne comprend pas moins de 1 100 vers (vv. 272-1429). Si on en fait une analyse exacte, de laquelle on écarte toutes les incidences, tous les détails qui ne peuvent être que le fait du poète, lors même que le fonds aurait une origine historique, on trouve ceci :

Guillaume est à Rome-, il y est venu, non dans l'intention de guerroyer, mais simplement en pèleri- nage. Deux messagers arrivent et annoncent au pape que les Sarrasins, conduits par l'émir Galafre, ont

d'Arneïs, devenu très rare déjà au moyen âge, était toute naturelle, et de plus singulièrement favorisée parce fait que Hernaut, frère de Guillaume au Court Nez, devient dans la légende épique duc d'Or- léans.

Pour toutes ces raisons j'ai adopté le nom d'Arneïs, composé des deux radicaux arn et gis de l'ancien haut allemand. Foerstemann (Altd. Namenbuch, sous le radical arj cite les formes Arugis et Arnis. Les formes Ernaïs, Harneïs, Hernaïs, données par les ma- nuscrits, sont fautives.

l'élément historique XXXIII

pris la ville de Ghapre \ avec le roi Guaifier, sa famille, et un grand nombre de soldats. Guil- laume, averti par le pape, fait armer ses chevaliers. Mais avant la rencontre des deux armées ennemies, un accord a lieu entre les chrétiens et les infidèles. Au lieu d'une mêlée générale, on remettra le sort des deux parties entre les mains de deux guerriers, qui, dans un combat particulier, décideront à qui devra appartenir le pays. Les Sarrasins ont pour cham- pion un géant orgueilleux nommé Gorsolt *, celui du pape est Guillaume Fièrebrace. A l'heure convenue, des otages ayant été remis de part et d'autre, le combat a lieu en présence des deux armées. Après une lutte acharnée, pleine de péripéties, Guillaume, qui a reçu au nez une légère blessure, parvient à terrasser son adversaire et lui coupe la tête. Ce ré- sultat épouvante les infidèles, qui prennent la fuite; il ranime, au contraire, Tespoir et le courage des chrétiens, qui les poursuivent et en font un grand carnage. L'émir Galafre est pris et se fait baptiser. Guaifier, délivré, ainsi que sa famille et ses sujets, offre à son libérateur sa fille et la moitié de ses états ; Guillaume accepte, et les noces vont avoir lieu, lors- que le héros franc est rappelé subitement au secours de l'empereur Louis. Il abandonne sa fiancée et court son devoir l'appelle.

1. Les manuscrits diffèrent sur ce nom; la famille A donne Chartres, i5, Chapres, C, Carpe; il s'agit évidemment de Capoue, en français* du moyen âge Chape. J'ai adopté la forme Chapre, parce que les variantes de tous les mss. ont un r.

XXVIV INTRODUCTION

Tels sont les faits principaux de cet épisode, les seuls auxquels on puisse espérer assigner une origine historique. Tout le reste ne doit être considéré que comme des amplifications légendaires.

Le terrain ainsi déblayé, les recherches deviennent plus faciles.

Les trois noms principaux qui figurent dans la se- conde partie du Coronement Looïs sont ceux de Guil- laume, de Gorsolt et de Guaifier. Trouve-t-on dans rhistoire un événement qui se rapporte à des person- nages de ce nom et qui ait pu inspirer notre poème ?

Les Sarrasins n'ont guère commencé leurs ravages dans la péninsule avant la seconde moitié du ix^ siè- cle. Ils y pénétrèrent pour la première fois en 838, lorsque le duc de Naples, André, en guerre contre Sicard, prince de Salerne, appela à son secours les Arabes de Sicile. Or, Guillaume de Gellone, le héros du cycle épique qui porte son nom, est mort dans les premières années du siècle. Si donc les faits que ra- conte le poème ont réellement eu lieu, ce n'est pas à Guillaume de Gellone, mais à un ou à plusieurs au- tres personnages qu'il faut les attribuer, que ces per- sonnages s'appellent ou non Guillaume, sauf à cher- cher ensuite comment les faits ont été rattachés à la légende poétique de saint Guillaume.

Le nom de Gorsolt ne nous apprend rien de plus. Ou bien Gorsolt est le même personnage que ce Gorson à qui Gharlemagne substitua Guillaume dans le comté de Toulouse \ en 793, et

I. Voyez page li.

l'élément historique XXXV

alors son rôle, comme celui de Guillaume, et pour la même raison chronologique, ne peut être que lé- gendaire ; ou bien il représente tout autre personnage historique ou imaginaire, duquel on ne sait rien.

Si, au contraire, on étudie de près le troisième per- sonnage, celui qui porte le nom de Guaifier et le titre de roi, on arrive à un résultat tout différent.

Ce nom de Guaifier est peu commun dans l'histoire ; on ne connaît guère que le duc d'Aquitaine, plus souvent appelé Waïfre, qui suscita tant de difficultés à Pépin le Bref et dont le roi n'eut raison qu'en le faisant assassiner, en 768, et Guaifier, prince de Sa- lerne, qui consuma la plus grande partie de sa vie en guerres contre ses voisins et contre les Musulmans K Il est clair que le premier n'est pas le héros de notre chanson. Dans l'histoire du second on trouve un épisode qui pourrait bien avoir été la première inspiration du poème. C'est le siège de Salerne par les Sarrasins, de 871 à 873. La Chronique anonyme de Salerne le raconte en détail ^.

Trente mille Arabes, sous la conduite du roi Abd- Allah, ayant débarqué en Calabre, vinrent dresser leurs tentes autour de Salerne, dévastant tous les environs, pillant Bénévent, Naples , Capoue. Le prince de Salerne, Guaifier, prévenu à temps de l'ar- rivée prochaine des infidèles, s'était préparé à la ré- sistance. Aidé par les Capouans et les Toscans, il avait réparé les murs de sa ville et les avait flanqués

1. Je laisse nalurellement de côté Benoît Guaifier. poète théolo- gien, moine du Mont Cassin au xi« siècle.

2. Pertz, Mon. Genn. hist.. Script. Ill, 328-533.

XXXVI INTRODUCTION

de tours hautes et solides. De part et d'autre on n'avait rien négligé, les infidèles, pour se rendre maîtres de la place, les chrétiens, pour la défendre; aussi le siège fut-il long et pénible. Chaque jour, c'était des assauts de l'ennemi ou des sorties impé- tueuses des assiégés. Plus Guaifier mettait d'opiniâtreté dans la défense, plus les Sarrasins mettaient de vi- gueur dans l'attaque; et ceux-ci recevaient quoti- diennement des renforts, tandis que les forces des Salernitains allaient s'affaiblissant de jour en jour. La famine exerçait sur les assiégés d'affreux ravages, les plus vils animaux, les chiens, les rats, étaient leur seule nourriture. Cependant chacun faisait son de- voir; la femme du prince Guaifier montait elle-même sur les murs pour encourager les défenseurs et leur porter des vivres. Malgré tous ces efforts les assiégés allaient être obligés de se rendre lorsqu'enfin Louis, fils de Lothaire, roi d' Italie et empereur, imploré par révêque Landolf, comte de Capoue, qui était venu le trouver à Pavie, se décida à porter secours à ces mal- heureux. Au commencement de Tannée SyS, il des- cendit dans le midi de Tltalie avec une armée. Quand l'empereur fut arrivé sur le théâtre de la guerre, son neveu Gontier, à peine âgé de quinze ans, lui de- manda l'autorisation de marcher à l'ennemi. Après un long refus, Louis finit par céder. Gontier, ralliant alors à sa troupe la milice de Capoue, profita d'un épais brouillard pour fondre à Timpro- viste sur l'ennemi, qui fut mis en pleine déroute, laissant neuf mille hommes sur le terrain. Malheu- reusement Gontier périt dans la mêlée, et l'empereur

l'élément historique XXXVII

ne put que pleurer sur son corps, lorsqu'il vint visi- ter le champ de bataille.

« Les Arabes, effrayés par les succès de l'armée française, levèrent le siège de Salerne, après avoir garotté leur général Abd-el-Maleck et l'avoir entraîné de force sur un vaisseau prêt à mettre à la voile ^ »

Quelque temps après, l'empereur reprit la route de ses états; il mourut Tannée suivante à Brescia (875).

« La même année, le wali Sicilien Abou-Maleck, envoya une nouvelle flotte qui débarqua quelques troupes aux environs de Naples. Cette expédition réussit à surprendre le prince de Salerne, qu'elle battit complètement et dont elle aurait occupé la capitale, sans l'arrivée d'une armée grecque, qui l'obligea à se rembarquer précipitamment ^. »

Guaifier mourut en 879, après avoir embrassé la vie monastique en expiation de ses fautes.

La durée du siège que je viens de raconter, l'é- nergie avec laquelle résistèrent les Salernitains, les longues souffrances qu'ils endurèrent, les atrocités et les déprédations commises par les ennemis dans les environs de la ville, les combats multiples qui se livraient tous les jours sous ses murs, l'importance elle-même de cette place, qui était devenue une des villes les plus prospères et les plus renommées de l'Italie méridionale, ont du donner à cet événement un grand retentissement dans le monde chrétien et

1, Famin. Hist. des Inv. des Sar. en It. du vu» au ix* siècle, p. 333 (Didot, 1843).

2. Ibid., p. 342.

XXXVIII INTRODUCTION

en particulier dans l'Italie et la Gaule. Mais la renom- mée grandit en voyageant. Le récit, grossi par l'ima- gination populaire, offrait en arrivant chez les Francs un beau sujet de chanson, dans ce pays et à cette époque les trouvères étaient si nombreux, le peuple écoutait avec enthousiasme les chants de guerre. Ce sujet a-t-il été mis en œuvre? Le nom de Guaifier, roi en Italie, figure dans plusieurs chan- sons de geste ', et ce Guaifier, je l'ai déjà fait re- marquer ^, ne peut être que le prince de Salerne. Or dans la vie de ce prince un seul fait a pu acquérir à son nom cette célébrité, c'est celui que je viens de raconter, le siège de Salerne en 873. C'est de beau- coup la plus belle page de son histoire, car la plupart de ses autres guerres ont été des querelles injustes contre ses voisins *, les relations qu'il eut avec les Sarra- sins après la délivrance de sa ville ne sont rien moins que glorieuses pour lui, puisque, après avoir été battu par les infidèles, il fit avec eux un traité d'alliance offensive et défensive, qu'il fut menacé des foudres du Saint-Siège, et qu'enfin, ayant été frappé d'une mala- die, il crut à une vengeance du ciel et se fit moine en expiation de ses crimes. Il est donc certain que la renommée qui le fit vivre dans nos chansons comme un défenseur de la foi et un adversaire des Sarrasins est née du long siège qu'il soutint si glorieusement.

1. Généralement sous le nom de Guaifier d'Espolice (pays de Spolète). Ce nom d'Espolice ne figure pas dans la a* branche du Coronement^ mais seulement au vers 2234, dans un passage ajouté par le romancier pour souder la 4* branche aux précédentes.

2. Page XXXV.

l'élément historique XXXIX

Je vais plus loin et je dis que c'est dans le poème aujourd'hui représenté par la seconde partie du Coro- nement Looïs que ce fait historique a reçu son déve- loppement littéraire. Il y a, en effet, entre le poème et la Chronique de Salerne des ressemblances tellement frappantes qu'on ne peut les attribuer au simple hasard.

Dans le Coro)iement Looïs nous voyons un Guai- fier, roi de Capoue, fait prisonnier avec sa famille et ses sujets par les Sarrasins et délivré par les Francs; dans la chronique nous trouvons un Guaifier, sou- verain de Salerne, réduit à la dernière extrémité, presque fait prisonnier avec sa famille et ses sujets par les Sarrasins et délivré par les Francs. Dans les deux récits les infidèles , après leur défaite , quittent l'Italie. Ce sont les faits principaux, ceux qui forment le fonds du récit, et ils sont iden- tiques de part et d'autre ^ C'est seulement en en- trant dans les détails qu'on trouve des différences. Voyons si ces différences sont aussi réelles qu'elles paraissent Têtre de prime abord , si elles ne dépen- dent pas de la différence essentielle des deux genres de récit, de la chronique et de la poésie. Le chroni- queur cherche à raconter les événements tels qu'ils se sont passés dans la réalité, et ces événements, une fois écrits, restent immuables sur le parchemin. Le trouvère, au contraire, prend un fait que souvent il ne connaît que très imparfaitement, qu'il déforme

1 . La confusion de Salerne et de Capoue est naturelle ; les deux villes étant relativement voisines et les habitants ayant pris une part égale à la lutte contre les Sarrasins.

XL INTRODUCTION

sciemment pour le rendre plus agréable à ses audi- teurs, et qui aura encore la plupart du temps à subir les remaniements des générations suivantes.

Dans Phistoire le théâtre de la guerre est sous les murs de Salerne, dans la chanson il est près de Rome. Mais, d'abord, on sait que les trouvères ne se pi- quaient pas d'une grande exactitude géographique dans leurs récits. Pour eux le siège du pape était un centre oiî venaient se grouper tous les événements qui se passaient au-delà de Montjeii. Le fait avait lieu en Italie, donc ce pouvait être près de Rome. Bien plus, en étudiant de près la seconde partie du Coronement Looïs, on reconnaît qu'à l'origine de la légende la scène n'était pas aussi près de Rome que dans la rédaction actuelle. En effet, Guillaume est arrivé à Rome en simple pèlerin, sans aucune pensée de combat, sans parler une seule fois des Sarrasins, sans songer à eux. Le pape lui-même n'en paraît pas davantage préoccupé, et rien ne ferait penser à Tennemi, si, au moment l'on s'y attend le moins, deux messagers n'arrivaient^ annonçant que les infidèles viennent de prendre Capoue ^

Les infidèles sont à Capoue, les chrétiens à Rome. Avant que les deux armées se rencontrent, on s'at- tend naturellement à les voir franchir l'espace qui les sépare. Eh bien, il n'en sera pas ainsi. Comme dans un rêve, l'espace et le temps n'existent pas, l'on commence dans un lieu une action que Ton continue dans un autre, sans s'apercevoir du change-

I. Vers 325-332.

l'élément historique xli

ment de scène, le poème ne tient aucun compte des cinquante lieues qui séparent les deux villes. Le jour même l'on apprend que les païens sont dans Ca- poue, le pape va trouver Fémir pour lui proposer la paix, rentre dans Rome, rend compte de son message à Guillaume, qui sort à son tour, tue le géant Cor- solt, met les païens en fuite, et délivre les prisonniers chrétiens. Bref, dans la première partie du récit, Capoue et Rome sont assez distantes pour que dans celle-ci on ignore ce qui se passe autour de l'autre ; dans la seconde partie, au contraire, les deux villes sont à peu près confondues. Comment expliquer cette incon- séquence? Tout simplement par l'ignorance d'un rema- nieur, qui, en introduisant le pape dans le poème, a transporté devant Rome le lieu du combat, lequel originairement avait lieu sous les murs de Capoue. ^ 11 y a d'autres divergences entre les deux récits. Dans la chronique, les Sarrasins sont vaincus en bataille rangée; d'après la chanson, c'est dans un combat singulier. Mais c'est une différence de détail, sans importance, qu'on pourrait même, à la rigueur, expliquer encore par l'histoire. En effet, le récit du siège est précisément agrémenté de plusieurs de ces combats particuliers; le chroniqueur se plaît même à en raconter deux avec assez de détails ^

I. «Cumque in hac obsidionem prope terminarentur annus, et nuUus sufiTragium Salernitani obtinerent, et saepissime cum Aga- renis certamen inirent, factum est ut unum eminentissimum Agarenum, très tesiiculis gerens, voci ingenti clamaret ac pro- meret : O ercescende filius Petre, veni, et iniaraus singularem certamen ; et tune conîcere poteris Agarenorum virtules ! Set dum

XLII INTRODUCTION

Dans le premier nous n'avons pas le nom du cham- pion Sarrasin, mais nous savons que c^était, comme Corsolt, un géant présomptueux et insolent, que comme lui il fut terrassé et mis à mort par le chrétien.

diu cxultaret eademque verba rcpeteret, Pctrus ille, fisus in Rc- demtoris clementiam, audaci animo Agareno exiit obviam, suos interminans hiis ut nullum auxilium illis cédèrent. Agarenus ille pone civiiaiis cum ingenti audacia moeniam vcnit, loricaque in- dutus et capite calea septus et sex lanceis propria manu gestans, super eum irruit. Petrus ille jam dictus impetum illius omnimodis cavit ; set dum iterum Agarenus cum expedito equo super illum veniret et lancea cum omni nisu, ut eum protinus in terram strarct, iniceret, christianus quamvis cum metu agiliter feritam illius evasit, et continue Deum invocavit, et suos martires, ante quorum ecclesiam certamen iniebat, silicet Cosmam et Daraia- num, asta quae manu gestabat illi protinus misit, eumque in- ter duas percussit scapulas, et statim vitalis calor aufugit, am- plexoque equi coUum, ad suos refugit, et sine mora extinxit. Christiani una oranes Deum videlicet collaudabant, necnon et vires rccipiebant. n (Chron. Salem, cap, cxiii, éd. Pertz, Mon. Germ. hist, in-f»; Script. III, 53o).

Voici maintenant le récit du second combat : « Helim filii erant quatuor, qui saepissime vehementer Salernitanos atterebant, eo quod prae ceteris Agarenis eminentiores erant; et praepotens statura illo- rum erat una, et similes equos habebant, et inter omncs illis antici- pabant. Unus illorum, audacior ceteris, Salernitanis cotidie accla- mabat : <c Unus ex vobis vcniat, singulare certamen mecum iniat, et lune experiri valebitis qualis est Helim filius. > Tune unus ex Salernitanis, Landemari nomine, ocius urbem egressus est et omnimodis ad bcllum se praeparavit. Set dum Elim filius super eum cum magna virtute veniret, et forli yctu percussit, set, Domino non sinente, ncquaquam illum namque sauciavit, Revolvente itaque ocius equum, qualiter eum prosterneret, ille christianus non segniter gessit, set continuo omni nisu lancea illi protinus misit et eum secus ilium percussit. Ille vero jam nequaquam cum illo certamen iniit, set ad suos reversas est et non diu supervixit. » (Jbid., cap. cxiv, Peru, ibid. III, 53o).

l'élément historique xliii

Le champion des chrétiens dans la chronique s'ap- pelle Pierre, dans la légende, Guillaume; j'expli- querai plus loin la présence de Guillaume dans le poème.

Mais au lieu de pousser si loin l'explication des détails, il est bien plus naturel d'admettre que la lutte entre Corsolt et Guillaume n'est qu'un épisode joint au fait historique de la délivrance de Guaifier par les Francs.

Il faut attribuer à l'altération fatale de l'histoire par la légende les autres différences existant entre les deux récits et en particulier ce fait que la chanson présente Guaifier comme étant déjà prisonnier des ennemis, tandis qu'en réalité il faillit seulement le devenir ^

J'ai dit déjà que Guillaume, comte de Toulouse, n'avait pu aller combattre les Sarrasins en Italie, et dans le récit du siège de Salerne l'histoire ne fait mention d'aucun Guillaume. Les deux champions chrétiens, vainqueurs des deux combats singuliers ra-

1. Dans le récit du siège de Salerne nous voyons la femme de Guaifier prendire une part glorieuse aux travaux de la défense, monter sur les remparts, porter les vivres aux soldats et leur donner l'exemple du courage : ^ Set dum famés valida praedictam urbem consumeret, conjux Guaiferii principis per semet ipsam per murot civitatis gradiebat, alimentaque deferebat nimirum et confortabat. » (Ibid. cap. cxv, Pertz, ibid. III, 53i.)

Les trois vers qui suivent sont peut-être un dernier souvenir de cet événement :

Pris est par force li riches reis Guaifiers,

// et sa fille et sa franche moillier.

Et trente mille de cliaitis prisonicr!>.

(Vers 35o-353.|

XLIV INTRODUCTION

contés par le chroniqueur, sont appelés Tun Pierre, l'autre Landémar. Celui qui bat définitivement les Sarrasins et délivre SalerneestGontier, neveu de l'em- pereur Louis. Non seulement le nom de Guillaume ne figure pas dans le récit du siège de Salerne, mais on ne connaît aucun personnage de ce nom qui soit allé en Italie combattre les Musulmans. Guillaume Bras-de-Fer, fils de Tancrède de Hauteville, n'eut jamais affaire à eux. De sorte qu'en donnant à notre chanson une base historique autre que celle que je propose, on n'y expliquerait pas davantage la pré- sence de Guillaume. Aussi suis-je convaincu qu'à l'origine ce nom n'y figurait pas et qu'il n'y a été introduit que postérieurement, soit lors de ce travail d'unification plus ou moins inconscient qui classa nos poèmes épiques en trois gestes, celles du roi, de Garin de Monglane et de Doon de Mayence, soit dans tout autre circonstance.

Pour P. Paris, qui le premier s'est occupé sérieu- sement de cette question et a montré le chemin à ceux qui devaient le suivre, le héros de notre chanson n'é- tait autre que Guillaume de Hauteville : « Le chef des Normands, » dit-il, « qui conquirent la Pouille sur les Sarrasins au xi^ siècle, Guillaume de Hauterive (sic), portait le surnom de Bras de Fer, évidemment le même que celui de Fièrebrace. De cette coïncidence déjà remarquée ailleurs, on peut conclure que la par- tie de la branche du Couronnement de Looys relative aux guerres d'Italie a été inspirée par les bruits ré- pandus en France au temps de la conquête du che- valier normand. Pour distribuer entre plusieurs per-

L*ÉLéMENT HISTORIQUE XLV

sonnes les exploits souvent réunis dans les chansons de geste sur une seule tête, il faut tenir compte des surnoms différents du même personnage. Guillaume d'Orange, Guillaume Fièrebrace, Guillaume au Court nez, représenteront un Aquitain vainqueur des Mau- res; un Normand vainqueur des Sarrasins d'Italie; enfin un baron féodal défenseur des droits du roi de France. Il n'est pas impossible d'expliquer la confu- sion de ces trois légendes. Tandis que les jongleurs chantaient les anciens exploits du comte Guillaume contre les Maures d'Espagne, d'autres racontaient les récentes victoires de Guillaume Bras de Fer sur les Sarrasins de Sicile, la délivrance de Salerne, les dons énormes d'argent et de terre accordés aux aventuriers normands ; ainsi les gestes de Guil- laume d'Orange et du Normand Guillaume Bras de Fer marchèrent de front jusqu'à ce que l'igno- rance de la génération suivante finit par les confon- dre ^ ))

Jonckbloet ne partage pas l'opinion de P. Paris. Il lui fait d'abord cette objection : « Si nous tenons compte des surnoms, il sera difficile de conclure des événements de la chanson que Guillaume d'Orange prend ici la place de Guillaume de Hauteville. La déduction serait parfaitement logique si le héros pre- nait ici le nom de Fièrebrace ; mais nous voyons au contraire qu'il le perd, pour en prendre un autre qui a prévalu. Guillaume portait déjà dans des chansons antérieures le surnom de Fièrebrace, qu'il tient pro-

I. Histoire littéraire, XXII, 487.

XI.VI INTRODUCTION

bablement, comme nous l'avons vu, du comte de Poitiers du même nom '. »

Cette objection n'est pas solide. Non seulement Guillaume ne perd pas ici le surnom de Fièrebrace, qu'il continue à porter simultanément avec celui de Court Nez, mais rien ne prouve qu'il ne le prenne pas ici pour la première fois. Il est appelé Fièrebrace, il est vrai , dans des chansons qui passent pour être an- térieures à notre rédaction du Coronement Looïs^ mais il faudrait, pour tirer de un argument contre P. Paris, prouver deux choses, d'abord que ces chants sont antérieurs à la première rédaction du Corone- ment Looïs ce nom ait figuré, en second lieu que ce surnom de Fièrebrace se trouvait déjà dans les premières rédactions de ces chants et n'y a pas été ajouté à une date postérieure.

La seconde objection de Jonckbloet ne me semble pas meilleure que la première. Après avoir fait une histoire succincte des expéditions de Guillaume de Hauteville en Italie, le savant Hollandais conclut : « Si Guillaume de Hauteville n'a pas défendu le Pape, n'a pas combattu les Sarrasins, il va sans dire que pour cette raison encore nous hésiterons à vouloir retrouver dans cette partie de notre poème un écho de la tradition de ses hauts faits 2. »

On peut répondre à Jonckbloet que si Guillaume Bras-de-Fer n'a pas combattu les Sarrasins, que s'il n'a pas défendu le pape, d'autres Normands,

1, Guil. d'Or., II, 106.

2. Ibid , p. 110.

l'élément historique xlvii

qui l'avaient précédé en Italie, ont fait Tun et l'autre, et que la gloire de Guillaume a fort bien pu absorber celle de ses compatriotes qui l'ont précédé, accom- pagné ou suivi dans la Péninsule. Ses exploits ont fait grand bruit ^, et on a pu lui attribuer volontaire- ment ou involontairement des faits qu'il n'a jamais accomplis.

Mais la troisième et dernière objection est plus grave : « Il faut observer, » dit Jonckbloet, « que ce n'est pas seulement ici qu'on rencontre le récit de la délivrance de Rome de la domination sarrasine par suite d'un combat singulier d'un champion Carlovin- gien. Les mêmes faits se retrouvent dans une bran- che de la chanson d'Ogier d'Ardenne de Raimbert de Paris. non seulement le nom du Sarrasin Corsolt ou Corsubles revient, mais ce qui est beau- coup plus curieux, c'est qu'on a rattaché à la gloire

I. Guillaume d'Apulée dit de lui {Gesta Roberti Wiscardi^ I, V. 530-532, éd. Pertz, Mon. Germ. hist. in-f»; Script. IX, 252) :

Is, quia fortis erat, est feriea dictus liabere Brachia, nam validas vires animumque gerebat

Et plus loin (Ibid., Il.v. 23-26; Pertz, ibid.lX, 234) :

vir ferrea dictus habere

Brachia Guilermus, cui, vivcre si licuisset, Nemo poeta suas posset depromere laudes ; Taiita fuit probitas animi, tam vivida virtus.

Geoffroy Malaierra n'en fait pas un moindre éloge dans son His- toria Sicula. 11 parle d'un combat singulier dans lequel Guillaume, « qui Ferreabvachia mincupatur , » tue le commandant de Syracuse, u unde et maxima îaudis admiratione deinceps apud Graecos et apud Siculos fuit. » Il l'appelle u laude militiae ferox^ armis stre- nuus... quasi leo furibundus.n Hist. Sic. (Lib. I, cap. vu; Mura- tori, Rer. Ital. Script. V, 55.)

XLVIII INTRODUCTION

d'Ogier le souvenir de la trahison d'Alori, complète- ment perdue dans les chansons de Guillaume d'A- quitaine. Il pourrait bien y avoir quelque connexité entre les deux branches de ces poèmes, mais l'espace nous manque pour insister sur ce point.

« En tout cas, dans le poème d'Ogier il n'y a pas de confusion de noms possible, donc pas de raison pour attribuer cette geste au fils de Tancrède de Hauteville ^ »

Cet argument, en montrant avec quelle facilité les trouvères savaient changer les noms de leurs person- nages, prouve que le combat contre Corsolt a pu être attribué à Guillaume de Narbonne aussi directement qu'à Ogier, sans l'intermédiaire de Guillaume Bras- de-Fer.

De plus, la principale raison qui semble avoir porté P. Paris à voir dans notre héros le fils de Tancrède de Hauteville, c'est son nom de Guillaume et surtout son surnom de Bras-de-Fer, « évidemment le même que celui de Fièrebrace ». Mais précisément ces deux surnoms sont bien distincts, le premier vient de Bra- chium deferro, le second de Fe7^a brachia; il n'y a donc pas moyen de les confondre. Si le Guillaume épique a emprunté son surnom de Fièrebrace à un personnage historique, c'est, selon toute vraisem- blance, à Guillaume Fièrebrace, comte de Poitiers et d'Aquitaine (gôS-ggS). Ce n'est pas dans cette par- tie de notre poème que la confusion des deux per- sonnages a pu avoir lieu.

I. Guil. d'Or., Il, 110-11 1. ^

l'élément historique xlix

Pour moi, je crois l'origine de notre chanson an- térieure aux conquêtes des Normands dans l'Italie méridionale, tout en trouvant exagérée Tantiquité que Jonckbloet est prêt à lui accorder, quand il dit qu' « elle date peut-être du temps des campagnes en Italie de Pépin ou de Gharlemagne, qui tous deux marchèrent à la défense du pape ^ » Il me paraît évi- dent que celte branche du Coronement Looïs remonte aux souvenirs du siège de Salerne en 872-873 -,

Guillaume de Bezalu, surnommé Trunnus^ cité par Jonckbloet ^ à cause du surnom de Guillaume au Court Nei, n'a rien de commun avec le poème.

J^ajouterai qu'il a exister une rédaction ne men- tionnant pas l'accident qui a écourté le nez de Guil- laume. Mais je suis loin de dire que cette rédaction

1. Guil. d'Or. y Y)' m.

2. Aux arguments que j'ai développés en faveur de cette thèse, j'en joins ici un autre; à savoir que je me suis presque rencontré sur ce terrain avec Jonckbloet, dont je n'avais pas encore remarqué les lignes suivantes, lorsque je m'arrêtai à l'opinion que je viens d'exprimer : « Dans le dernier quart du ix» siècle, les Sarrasins mirent plusieurs fois l'Italie à sac, et pénétrèrent même jusque dans les environs de Rome. Louis, roi d'Italie, leur fit un« guerre acharnée, et c'est de ce temps que figure Gaifier duc de Salerne, qui prit tant de part aux troubles qui désolèrent l'Italie, et qui mourut vers 879. Ce Gaifier revient dans notre chanson et dans celle d'Aspremont, quoiqu'il y joue un rôle tout autre que dans l'histoire. Nul doute que les souvenirs de ces guerres se sont mariés à ceux du commencement du siècle suivant pour former cette branche de notre chanson. » (Ibid.y p. m.)

Mais je ne concilie pas très bien cette dernière phrase avec celle Jonckbloet dit que notre chanson « date peut-être du temps des campagnes en Italie de Pépin ou de Gharlemagne. »

3. 76ii.,p. II 5.

d

L INTRODUCTION

fût plus ancienne que la nôtre. Je donnerai plus loin deux remaniements en prose qui ne parlent pas de cette blessure. Voici un passage d'une chronique fran- çaise du xiv^ ou du xv° siècle qui rattache cet acci- dent à une autre période de la vie de Guillaume : « Guillaume d'Orenge avoit eu le bout du nés coup- pés a la troisième bataille ou il fut devant Nerbonne. Si Tapplerent plusieurs Guillaume au Court Nés ^ » De qui donc Guillaume a-t-il pris la place dans notre poème?

Dans la 3^ partie du Coronement Looïs, au vers 1619, le nom de Guarin de Rome^ donné par les familles de manuscrits B et C, est remplacé dans la famille A par Gontier de Rome. Dans les manuscrits, les noms propres sont souvent abrégés et un copiste, dont l'esprit était rempli des noms de Guarin de Montglane et de Guarin le Loherain, résolvait tout naturellement Tabréviation G. de Rome en Guarin de Rome. Pour lire Gontier de Rome^ il fallait ou que ce nom fut écrit en toutes lettres, ou que le copiste connût un personnage héroïque du même nom. Or, ce personnage est évidemment ce neveu de Tempereur Louis, Gontier, qui délivra Guaifier assiégé par les in- fidèles, et trouva la mort, à l'âge de quinze ans, dans les bras de la victoire. C'est le même événement historique qui fit entrer l'oncle et le neveu dans la poésie. Lorsque plus tard les remanieurs identifièrent avec Louis, fils de Charlemagne, tous les rois ou empereurs du même nom, lorsqu'ils firent de Guil-

I. Bib. nat., manus. fr. 5oo3, f. 127 v^.

l'élément historique li

laume le défenseur nécessaire de Louis le Débon- naire, Gontier subit une transformation parallèle à celle de son souverain Louis II, et quand celui-ci céda la place à Louis, fils de Charles, lui-même fut absorbé par Guillaume.

L'identification de Corsolt est encore plus difficile que celles de Guaifier et de Guillaume. Il ne faut peut- être voir dans ce personnage qu'un de ces géants qu'on rencontre dans la poésie primitive de tous les peuples, créés par Timagination pour mettre en relief le guerrier qui les terrasse ^

En combinant les faits historiques que j'ai cités et les suppositions que j'ai émises plus haut, on pourrait se représenter ainsi le développement de la seconde branche du Coronement Looïs, A l'origine, un poème racontait la délivrance de Guaifier, que les Sarrasins tenaient assiégé dans Salerne, par Gontier, à la tête

I. Cependant on trouve dans la Vita Hludowici pu imperatoris un personnage qui pourrait bien être devenu le type de Corsolt. En 787 ou 788, Corson, comte de Toulouse, s'étant laissé prendre par les Gascons, fut destitué et remplacé dans sa charge par Guil- laume. Ea tempesîate Chorso, dux Tliolosanus, doîo cujusdam Wasconis, Adelerici nomine, civcumventus est et sacramentorum vinculis obstrictus sicque demum ab eo absolutus... Chorsoue porto a ducatu Tliolosano submoto, ob cujus incuriam tantum dedecus régi et Francis acciderat, Willelmus pro eo subrogatus est (Pertz, Mon. Germ. hist. in-f<>; Script. II, 609). Que devint-il après sa disgrâce.'' Il n'est plus mentionné nulle part et nous n'avons aucun renseignement sur son compte ; mais il est permis de conjecturer que, dès cette époque, Guillaume dut le compter au nombre de ses ennemis, dans les rangs des Gascons ou des Sarrasins. Un combat entre les deux adversaires a pu former la légende dont le dernier écho se retrouve dans le Coronement Looïs. Toutefois c'est une pure hypothèse.

LU INTRODUCTION

des troupes de rempereur Louis II. L'introduction du pape dans la légende transporta la scène devant Rome. L'unification de Louis II avec Louis le Dé- bonnaire substitua Guillaume à Gontier. La bataille gagnée par Gontier sur les Sarrasins fut remplacée par le combat singulier entre Guillaume et Gorsolt, champion épique qui, sous le nom de Corsubles, Gorsables, Corsabrin etc., se retrouve dans de nom- breuses chansons de geste.

3. Troisième branche.

La troisième branche du Coronement Looïs a pour objet les luttes de Guillaume au Court Nez, défendant Louis contre les vassaux rebelles qui, après la mort de Charlemagne, veulent asseoir sur le trône Acelin, fils de Richard de Normandie (vers 1480 à 2224).

Louis, obligé de fuir, s^est réfugié dans l'abbaye de Saint-Martin de Tours, mais déjà le duc de Norman- die s'est emparé de la ville, déjà les évêques et les abbés.

Qui por aveir ont le mal plait basti ',

vont livrer le prince, lorsque Guillaume, averti à temps, revient d'Italie, arrive à Tours, tue Acelin, rend le trône au souverain légitime, soumet tous les rebelles dans une guerre qui ne dure pas moins de

I. Vers i6y5.

L ÉLÉMENT HISTORIQUE LUI

trois ans, puis enfin prend Richard, qui avait voulu l'assassiner dans un guet-apens, et le conduit dans la prison du roi.

A la mort du roi Raoul, Hugues le Grand, duc de France, qui aurait pu facilement s'emparer de la couronne, préféra la donner au fils de Charles le Simple, Louis. Cet enfant, à peine âgé de i6 ans, était alors à la cour d'Angleterre, sa mère, Ogive, sœur du roi Athelstan, l'avait emmené après la défaite de son époux. C'est que Hugues le Grand, Guillaume Longue-Épée, duc de Normandie, Her- bert, comte de Vermandois, et quelques autres sei- gneurs moins connus, envoyèrent chercher le jeune prince pour le ramener à Laon et l'y couronner.

A peine Louis IV fut-il sacré qu'il voulut relever le pouvoir royal de son abaissement et secouer le joug de ses protecteurs. Ce n'est pas ce qu'avaient espéré ceux-ci. De ces luttes continuelles entre les derniers rois carolingiens et les grands vassaux du Nord.

Il semble qu'en cette occasion les seigneurs du Midi prirent parti pour le roi légitime. Sismondi revient plusieurs fois sur cette conjecture : « Les seigneurs de l'Aquitaine, » dit-il, « avaient montré en général de l'attachement à la famille de Charlemagne, moins encore par un sentiment de loyauté que par opposition aux comtes de Paris, et aux rois qu'ils avaient donnés à la France. Il est probable qu'ils four- nirent quelques troupes à Louis d'Outre-mer pour ses expéditions; mais à cet égard nous devons nous borner à des conjectures; car le petit nombre d'his-

LIV INTRODUCTION

toriens contemporains que nous pouvons consulter, fait à peine mention de tout le midi des Gaules ^ »

En 941, Louis, se trouvant à Vienne, entra en né- gociation avec plusieurs des princes de l'Aquitaine, qui ne voyaient pas sans regret le comte Hugues, auparavant leur égal, agir en maître dans la monar- chie : « Guillaume Tête d'Étoupes, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, se montra le plus zélé pour l'au- torité royale (942), parmi ces seigneurs du midi de la Loire dont Louis d'Outre-mer était venu implorer le secours; avec l'aide de ses voisins, il forma pour lui une armée ^, » Et plus loin encore : « Au printemps de 945, il (Louis d'Outremer) visita l'Aquitaine, et il y eut des conférences avec les principaux seigneurs du pays, surtout avec Raimond Pons, peut-être le comte de Toulouse, peut-être son cousin le comte de Rouergue, de même nom que lui ; tous deux étaient très puissants dans la Gaule méridionale; tous deux avaient fait pompe de leur attachement à un monar- que qui n'avait presque rien à démêler avec eux. Il est probable qu'en cette occasion Louis en obtint quelques secours ^. »

Ainsi Sismondi nous montre, d'un côté, le jeune Louis en lutte contre ses vassaux du Nord, parmi lesquels Guillaume, duc de Normandie; d'un autre côté, des seigneurs du Midi, et notamment un Guil- laume, duc d'Aquitaine, venant au secours du roi.

1. Hist. des Français, II, 244 (Bruxelles, 8°).

2. Ibid., Il, 25 1.

3. Ibid., U, 256.

l'élément historique lv

Notre poème aussi nous montre un Guillaume d'Aquitaine défendant Louis contre les usurpations du duc de Normandie. Il est vrai que le trouvère appelle ce duc de Normandie Richard et non Guil- laume, mais cette objection est sans valeur, car Ri- chard le Vieux ou le Roux est le nom épique des ducs de Normandie au moyen âge.

Cependant le principal ennemi du roi n'avait pas été le duc de Normandie, mais Hugues de France. Pourquoi donc, si notre chanson se réfère à ces luttes, n'a-t-elle pas donné à ce dernier le rôle qu'elle assigne au Normand ? Hugues triompha de la race carolingienne et sa victoire valut la couronne de France à son fils. C'était un de ses descendants qui occupait le trône lorsque les souvenirs de cette triste époque vinrent se condenser dans notre chanson. Dès lors la poésie ne pouvait lui faire jouer un rôle cri- minel.

A cette explication toutefois je préfère la suivante. Nos poèmes épiques, à l'origine, étaient pour la plu- part locaux, chantés seulement dans une région oià le héros était populaire, et ils ne s'occupaient que des exploits de ce héros. Or il est possible que le Guil- laume primitif de notre chanson n'ait eu affaire, dans la grande lutte que j'ai racontée plus haut, qu'aux Normands en particulier. (Ce qui expliquerait peut- être en même temps le lieu choisi pour le théâtre des événements. Tours, qui se trouve entre l'Aquitaine et la Normandie, sur la route de Poitiers à Rouen.) Voici d'autres événements qui se sont passés pen- dant'que Richard le Roux était duc de Normandie,

Î.VI INTRODUCTION

qui ont exciter chez les Français une grande haine contre les Normands, et qui, à mon avis, ont eu une profonde influence sur notre légende.

Lorsque Guillaume Longue- Épée fut assassiné (943), il avait depuis quelque temps fait la paix avec le roi de France, néanmoins celui-ci, feignant de prendre sous sa protection le jeune Richard, fils de Guillaume, fit venir cet enfant à Laon, sous prétexte de l'élever dans les mœurs de la cour, et Ty retint prisonnier. Les Normands, profondément attachés à leur prince, prirent aussitôt la résolution de se ven- ger. Lorsque Richard se fut sauvé de Laon, grâce au dévouement du fidèle Osmond, qui l'y avait accom- pagné, les Normands attirèrent à Rouen, sous un prétexte pacifique, le roi Louis, et, dès qu'il y fut arrivé, ils le firent prisonnier, après avoir massacré une grande partie de sa suite. Quelque temps après ils le rendirent à Hugues le Grand.

Cette trahison dut inspirer aux partisans de la famille carolingienne la haine que nous retrouvons dans notre poème contre les Normands. Il semble même que la légende ait gardé un double souvenir de ces faits dans la captivité de Richard et dans le guet-apens du duc de Normandie, qui se précipite sur Guillaume, lorsque celui-ci, confiant dans la paix qu'il a faite avec lui, vient sans escorte à Rouen.

L'opinion de M. G. Paris, qui voyait plus volontiers dans cette partie du Coronement Looïs le souvenir des luttes que soutint Guillaume de Montreuil-sur-Mer, au nom des derniers carolingiens, contre Richard de Normandie, repose sur une méprise. Guillaume de

l'élément historique LVtl

Montreuil figure certainement dans la cinquième par- tie du poème ; il y est formellement nommé :

Vait s'en li reis a Paris la cité,

Li cuens Guillelmes a Mosteruel sor mer'.

De ce Guillaume, M. Dozy fait un vassal du duc Richard de Normandie, en s'autorisant des deux vers qui suivent :

Ge te desfi, Richarz, tei et ta terre,

En ton service ne vueil ore plus estre ^.

M. G. Paris a fait remarquer qu^à la fin du x" siè- cle le Pontieu relevait déjà, comme il l'a toujours fait depuis, de la couronne de France. Cependant comme les ducs de Normandie, aussi bien que les ducs de France et les comtes de Flandres, préten- daient à la suzeraineté du Pontieu, « l'exclamation de Guillaume citée par M. Dozy s'explique merveilleu- sement dans la bouche du comte de Montreuil-sur- Mer, qui était bien réellement le contemporain de Richard « le Vieux » de Normandie. Guillaume de Montreuil, le héros de l'épisode n" 5 du poème, est donc également celui de l'épisode 3. Si ces conjec- tures sont fondées, on voit que la poésie a conservé la trace des relations de Guillaume de Montreuil- sur-Mer avec la royauté carolingienne, sur lesquelles l'histoire est muette ; qu'elle nous le montre aussi, sûrement d'après une tradition antique, en guerre

1 . Vers 2648-9.

2. Vers i6o5-b.

LVni INTRODUCTION

acharnée avec les Normands ses voisins, et particu- culièrement avec Richard I" K »

Ces déductions sont fort justes, seulement elles partent d'un principe qui ne Test pas autant. M. Gaston Paris n'a pas contrôlé la citation de M. Dozy, pas plus que M. Léon Gautier, qui a reproduit l'ar- gument 2. Ce n'est pas Guillaume qui jette à Richard Torgueilleux défi, mais un simple portier :

Quant li portiers entendi la novele

Del pro Guillelme cui proece révèle,

Vers le palais a tornee sa teste,

Et prist un guant, sel mist en son poing destre,

Puis s'escria a sa vois halte et bêle :

« Ge te desfi, Richarz, tei et ta terre;

En ton service ne vueil ore plus estre.

Quant traïson vuels faire ne porquerre

Il est bien dreiz et raison que i perdes. » 3

En voyant dans cet épisode un Guillaume d'Aqui- taine, j'ai encore pour moi cet argument, que le poème place dans l'Ouest les différents théâtres de ces luttes. De Tours Guillaume va à Poitiers (les ducs d'Aquitaine étaient comtes de Poitiers), sur la Gironde, à Saint-Gilles, en Bretagne. Ce sont des allusions à des poèmes aujourd'hui perdus, qui célé- braient, selon toute vraisemblance, les exploits des ducs d'Aquitaine.

En résumé, mon opinion est que la troisième par- tie du Coronement Loois^ dans sa rédaction actuelle,

1. Rotnania, I, 184-185.

2. Epopées fr.; 2^ éd. IV, 100.

3. Vers 1600-1608.

l'élément historique un

doit nous rappeler, non un fait particulier et isolé, mais des événements continus et constants, tels que les soulèvements des vassaux sous les derniers caro- lingiens et même sous Hugues Gapet; que certains faits plus saillants, comme la captivité de Richard et la trahison des Normands, ont cependant avoir une plus grande part dans la légende; qu'enfin, parmi les défenseurs du roi, on peut bien admettre Guil- laume de Montreuil, mais qu'il faut surtout compter des ducs d'Aquitaine, Guillaume Tête-d'Étoupes et notamment Guillaume Fièrebrace, celui qui ne vou- lut pas reconnaître Hugues-Capet à son avènement, et qui a probablement donné, en cette occasion, son surnom au Guillaume épique.

4. Quatrième branche,

La quatrième partie du Coronement Looïs est le récit d'une nouvelle expédition de Guillaume en Ita- lie (vers 222 5 à 2652). Les Allemands, sous la con- duite de Gui, assiègent Rome; le pape implore le secours des Francs; Guillaume passe les Alpes, ar- rive sous les murs de la ville sainte, tue Gui dans un combat singulier, et les Allemands prennent la fuite.

Nulle part Jonckbloet n'a mis autant de subtilité que dans ses recherches sur l'origine historique de cet épisode. Je vais indiquer le résultat de ses inves- tigations.

A la mort de Charles le Gros, en 888, Bérenger, duc de Frioul, et Gui, duc de Spolète, veulent se

I.X INTRODUCIION

partager l'empire : Bérenger aura l'Italie, et Gui, la France. Mais Gui, mal accueilli en deçà des Alpes, se rabat sur l'Italie, dont il dispute la couronne à Bérenger. Celui-ci, battu deux fois, à Plaisance et à Brescia, demande du secours à l'Allemagne. L'em- pereur Arnolphe lui envoie des troupes sous la con- duite de son fils bâtard Centebald. Pendant vingt et un jours les deux armées ennemies restent en présence, et quotidiennement un Allemand vient provoquer les soldats de Gui. Le défi est enfin relevé par Hubald de Spolète, qui terrasse son adversaire, le tue et jette son cadavre dans la rivière. Les Allemands se retirent, mais ils reviennent bientôt et s'emparent de Rome. Vers la même époque, Gui se noie dans le Taro ^

Quatre ans plus tard, Louis, fils de Boson, roi de Provence, entre en Italie à la tête d^une armée ; il est accueilli par les ennemis de Bérenger, qui lui décernent la couronne de Lombardie. Il s'avance jusqu'à Rome et le pape lui remet le sceptre impé- rial (901).

De ces faits, Jonckbloet conclut : « Il est plus que probable que ces deux événements aient été confon- dus dans notre chanson, mais non sans une grande confusion de dates et de faits, qui ont été inter- vertis d'une manière surprenante. Le roi Arnolphe avait soutenu Charles-le-Simple, Gui avait prétendu au royaume de celui-ci, il devait être odieux aux Français qui tenaient pour la légitimité. Voilà déjà

I. La vérité est que Gui est mort d'une hémorrhagie, sur les bords du Taro, en 894.

L ELEMENT HISTORIQUE LXI

une raison pour que l'imagination populaire inter- vertît les rôles et plaçât Gui à la tête des Allemands faisant une invasion en Italie, surtout depuis que ce parti guerroya contre un roi Louis, qui fut pris pro- bablement pour son homonyme français, dont la poésie chantait déjà les louanges. » »

Ces substitutions de noms et de faits sont déjà bien invraisemblables pour être vraies. Mais pourquoi Jonckbloet dit-il que Gui était odieux aux Français, qui ont le placer à la tête des Allemands, lorsqu'il vient de rappeler, quelques lignes plus haut, un poète latin contemporain, qui insiste sur les épithètes de Gaîlicus héros , Rhodaniens ductor, dux Gai- licus, appliquées au même Gui ^?

« Gui devenu le représentant des Allemands, » c'est toujours Jonckbloet qui parle, « fut enfin chargé du rôle du plus présomptueux d'entre eux, ce qui fut peut-être rendu plus plausible par cette circonstance que lui aussi avait trouvé une mort violente dans un fleuve. Il n'est pas bien clair pourquoi on ait substi- tué au nom de son vainqueur celui de Guillaume, mais il est possible que dès leur formation les tradi- tions ne furent pas d'accord sur ce point : Guillaume et Hubald étaient à la tête d'un nombre égal de sol- dats et ils sont cités d'une haleine par le poète qui dit expressément qu'ils agissaient consimili fer- vore. » 3 II s'agit d'un Guillaume simple lieutenant, mentionné seulement dans le passage suivant :

t.Guil. cTOr. II, io3-4.

2. Ibid. p. io3.

3. Jbid. p. 104.

LXII INTRODUCTION

Collectos etiam ducit Wilelmus amicos Tercentum, lorica habiles galeaque minaces, Nec jaculo segnes. Todidem propellit Ubaldus Consimilifervore...

Mais le Guillaume dont ces vers seuls nous ont gardé le nom joue-t-il un rôle capable d^inspirer un trouvère ou de créer une légende ? Il est à la tête de trois cents hommes, mais son nom est tellement commun qu'on trouverait peu d'armées qui n'aient au moins un Guillaume parmi leurs lieutenants.

« Or, en chantant les louanges d'un Guillaume se trouvant sous les ordres d'un dux Gallicus ou même Rhodaniens, l'imagination populaire a facilement voir dans ce Guillaume un miles Rhodaniens, un chevalier, un chef des bords du Rhône-, et en le met- tant en rapport avec un roi Louis, on en vint néces- sairement à le confondre avec le héros dont la re- nommée était dans toutes les bouches. » ^

Guillaume était sous la conduite d'un dux Gallieus^ mais de ce dux Gallicus Jonckbloet vient de faire un dux Germanieus, qu'il a placé à la tête des Alle- mands.

L'érudit hollandais lui-même n'est pas très satisfait de son argumentation et il avoue que ces conjectures « ne dispersent pas complètement les nuages qui obscurcissent cette partie de notre geste. »

En résumé, ce qui semble avoir égaré Jonckbloet dans ses recherches, c'est :

1. De laudibus Berengarii Augusti; Muratori, Revum Ital. Script. II, 1,391.

2. Guil. d'Or. II, 104.

l'élément historique lxiii

i^ Le combat entre Guillaume et Gui, quHl a cru retrouver dans celui Hubald de Spolète tue un Allemand de F armée de Centebald. Mais le combat singulier était une chose tellement fréquente au moyen âge qu'elle en était devenue banale dans la réalité comme dans la poésie.

Le nom de Gui quil croit être Gui de Spo^ Vête. Mais Gui est un nom germanique, qui a pu être porté par un chef, inconnu aujourd'hui, de ces ar- mées allemandes qu'on voit pendant tout le moyen âge guerroyer contre la papauté. Du reste, il peut fort bien, et c'est mon opinion, représenter un duc de Spolète, sans que pour l'identifier on soit obligé d'ac- cepter les faits que Jonckbloet assigne comme base à notre légende.

Les trois vers suivants, Jonckbloet voit une allusion à la mort du duc de Spolète :

Près fu del Teivre, si l'a dedenz lancié. Al font l'en meinelifers dontfu chargiez, Que puis par orne ne fu il hors sachiez '.

Pour raconter ce fait, la poésie n'avait pas besoin de s'appuyer sur un exemple de l'histoire ; elle en dit autant dans le Moniage Guillaume.

Enfin le nojn de Wilelmus, mentionné par le poète latin. J'ai dit plus haut le peu d'importance que j'attache à ce personnage.

Une grande difficulté, à laquelle s'est heurté Jonckbloet, est l'altération de la légende primitive

I . Vers 2606-2608.

LXIV INTRODUCTION

par les rédactions successives du poème. En compa- rant la quatrième partie du Coroncment Looïs aux allusions qui y sont faites dans le début du Charroi de Nimes, on acquiert à peu près la certitude qu'elle est formée par la réunion de deux épisodes originai- rement distincts. Dans le premier, l'ennemi des Francs était Gui, dans le second, Otton. C'est de ce principe qu'il faut partir, semble-t-il, pour chercher à rattacher la légende à l'histoire. On lit dans le Charroi de Nimes :

« Rois, quar te membre de l'alemant Guion;

« Quant tu aloies a saint Pere au baron

« Ghalanja toi, François et Borgueignon,

'( Et la corone et la cit de Loon.

« Jostai a lui, quel virent maint baron :

« Par mi le cors li mis le confenon ;

« Gitai le el Toivre, sel mengierent poisson.

« De celé chose me tenisse a bricon,

« Quant ge en ving a mon hoste Guion

« Qui m'envoia par mer en .j. dromon '.

Il est certain que le trouvère du Charroi de Nimes avait sous les yeux une rédaction du Coronement Looïs différente de la nôtre. Dans celle-ci, Louis et Guil- laume passent en Italie à la tête d'une armée pour y combattre Gui-, dans l'autre il semble que Louis, allant pacifiquement en pèlerinage à Rome, fût atta- qué par Gui et que Guillaume, ayant tué l'insul-

I. Vers 205-214; P. Meyer, Rec. d'Ane. Textes, II, 246. A noter encore que le scribe da ms. i4^, au lieu de Mor^ est Guai- fiers, avait d'abord écrit Mor:{ est rois Otes. (Vers 2284, va- riantes.^

l'élément historique lxv

teur, fût obligé de fuir parce qu'il n'avait pas de sol- dats avec lui :

« Quant ge en ving a mon hoste Guion, Qui m'envoia par mer en .j. dromon. »

Ces deux derniers vers n'ont laissé aucun souvenir dans notre rédaction.

Deux autres vers de ce passage trop court sont à noter spécialement, parce qu'ils semblent faire allu- sion aux prétentions de Gui de Spolète à la couronne de France :

« Chalanja toi François et Borgueignon, Et la corone et la cit de Loon. »

A la suite de ce poème en venait un autre, qui avait pour objet l'expédition en Italie, contre l'empereur Otton :

« Rois, quar te membre de la grant ost Oton; « O toi estoient François et Borgoignon, « Et Loherenc et Flamenc et Frison, « Par sus Monjeu, en après Monbardon, « Desi qu'a Rome, qu'en dit en pré Noiron ; « Mes cors meïmes tendi ton paveillon, « Puis te servi de riche venoison.

« Quant ce fu chose que tu eiis mengié, 0 Ge ving encontre por querre le congié ; a Tul me donas de gré et volentiers, « Et tu cuidas que m'alasse couchier « Dedenz mon tref por mon cors aesier : « Ge fis monter .11^. chevaliers ; « Derriers ton tref te ving eschaugaitier, « En .j. bruillet de pins et de loriers, « Iluequesfis les barons enbuschier. a De ceus de Rome ne te daignas gaitier :

LXVI INTRODUCTION

« Monté estoient plus de .xv. millier;

« Devant ton tref s'en vinrent por lancier,

« Tes laz derompre et ton tref trebuchier,

« Tes napes traire, espandre ton mengier ;

« Ton seneschal vi prendre et ton portier;

« D'un tref en autre t'en fuioies a pie,

« En la grant presse corn chetif liemier.

« A haute voiz forment escriiez :

« Bertran, G.,ça venez, si m'aidiez! »

« Lors oi de vos, dans rois, molt grant pitié.

« La joustai ge a .vu»", enforciés,

« Et si conquis a vous de chevaliers

« Plus de .CGC, as auferranz destriers.

« Delez .1. marbre vi lor seignor bessié.

« Bien le connui au bon heaume vergié,

« A l'escharbocle qui luisoit el nasel (sic) :

« Tel li donai de mon tranchant espié

(( Que l'abati sor le col del destrier;

« Merci cria, por ce en oi pitié :

« Ber, ne m'oci, se tu G. ies! »

« Menai le vos, onc n'i ot delaié;

« Encore en as de Rome mestre fié '. »

Ces deux poèmes ont été fondus ensemble, et dans la rédaction actuelle on pourrait faire à chacun d'eux sa part. Au premier appartient le duel entre Guil- laume et Gui, au second la surprise du camp des Francs par les Romains.

Cette comparaison entre le quatrième épisode du Coronement Looïs et les allusions du Charroi de Nimes est très curieuse : elle nous montre com- ment deux légendes distinctes peuvent se fondre en une seule, et nous avertit qu'il faut être très prudent

I. Ibid. v. 2 1 5-253.

l'élément historique lxvii

lorsqu'on veut identifier ces souvenirs confus de l'his- toire.

Il est évident que le second élément de la qua- trième partie du Coronemeiit Lodïs se rapporte à quelque secours reçu de la France par la papauté contre les Allemands, sans doute sous le long règne d'Otton I" le Grand (936-973). Otton II et Ot- ton III vécurent constamment en bons termes avec le Saint-Siège. Quant à la lutte de Guillaume contre Gui, il est probable qu'elle se rattache aux vaines tentatives de Gui, duc de Spolète, pour monter sur le trône de France. Mais c'est une simple hypothèse, et rétude des chroniques n'offre aucun renseignement plus précis à ce propos.

J'essaierai plus loin d'expliquer la présence de Guillaume dans cette partie du poème.

5. Cinquième branche.

La cinquième partie du Coronement Looïs est très courte, elle compte à peine quarante vers (vers 2643- 2688) :

Guillaume, de retour chez lui, à Montreuil-sur-Mer, croit s'y reposer de ses travaux, mais un messager vient lui annoncer que les barons ont renversé du trône le jeune roi Louis. Le comte aussitôt rassem- ble ses hommes et vient à Paris, oij il commence « la grant guerre a mener » ; mais voyant qu'en ce pays il y a trop d'ennemis,

LXVIII INTRODUCTION

11 prent l'enfant que il ot a guarder, Si Ten porta a Loon la cité '.

Une fois le roi en sûreté, Guillaume revient contre les rebelles et les fait rentrer dans le devoir. Puis il donne sa sœur en mariage à Louis. Tant de services furent payés d'ingratitude :

En grant barnage fu Looïs entrez. Quant il fu riches Guillelme n'en sot gré.

Dans ce morceau les faits ne sont pas racontés, mais simplement indiqués; c'est « un résumé excessi- vement sommaire d'un long poème et peut-être même de tout un groupe de poèmes plus anciens ~. n Mais ce résumé est du plus grand intérêt. Un vers d'une ancienne rédaction, échappé aux remaniements pos- térieurs, nous fait connaître un des guerriers qui ont composé le grand personnage légendaire de Guil- laume d'Orange :

(Vait s'en li reis a Paris la cité,)

Li cuens Guillelmes a Mosteruel sor mer 3.

M. Dozy le premier a remarqué ce vers et s'en est servi pour appuyer sa théorie sur l'origine normande de l'épopée française. Son argumentation était fondée sur la confusion de Guillaume de Montreuil-sur-Mer avec Guillaume de Montreuil l'Argillé, et sur l'attribution à Guillaume de Montreuil de la prise de Barbastro sur les Maures, en 1064.

1. Vers 2676-7.

2. G. Paris, Romania, loc. cit.

3. Vers 2648-9.

l'élément historique lxix

M. Hirsch a prétendu depuis que ce fait d'armes revient à Robert Grespin K Les arguments donnés par ces deux savants ^ en faveur de Tune et l'autre thèses ne sont pas décisifs. La question, du reste, n'intéresse plus le Coronement Looïs , depuis que M. Léon Gautier a fait observer que le Guillaume de M. Dozy était G. de Montreuil-sur-Mer ^. M. Dozy lui-même, dans la troisième édition de son livre, a renoncé à sa théorie sur Torigine de notre épopée.

M. Gaston Paris a repris ce vers, et dans une étude spéciale en a mçntré « la haute valeur histo- rique et la signification primitive ». Dans le héros de notre poème, il a reconnu Guillaume de Montreuil- sur-Mer, successeur et probablement fils de Rotgar. Guillaume apparaît dans Thistoire vers 960, mais on sait très peu de choses sur son compte : « Ce qui paraît certain, c'est qu'il fut l'allié du roi Lothaire, qu'il fit avec lui la guerre à l'empereur Otton, et qu'aidé par le roi, il agrandit considérablement ses états aux dépens de ses voisins. L'histoire du règne de Lothaire est la période la plus obscure de l'obscur x^ siècle; il ne faut donc pas s'étonner d'y voir Guil- laume à peine mentionné. Il ne faut pas surtout dire qu'un personnage aussi peu connu n'a pu vivre dans la poésie populaire. Les poèmes qui ont célébré Guil-

1. Amatus de Monte Cassino, Forschungen f«r deutschen Ge~ schichte. Goeitinge, 1868. pp. 232-234.

2. Voyez la 3" édit. des Recherches sur VHist. et la Lit. de l'Espagne, II, 353.

3. Epop, franc., édit. IV, qb et ss.

LXX INTRODUCTION

laume étaient des poèmes purement locaux; ils sont nés dans une région la poésie épique a vécu à cette époque d'une vie particulièrement intense; le petit pays du Vimeu, qui faisait partie des possessions de Guillaume, a produit, entretenu et finalement in- troduit dans la grande tradition nationale une épopée toute locale, celle de Gormond et Isembart. Nous avons, d'ailleurs, la preuve que le nom de Guillaume de Montreuil-sur-Mcr était resté célèbre dans le nord de la France longtemps après sa mort. Lambert d'Ardres, au commencement du xiii^ siècle, fait re- monter à Guillaume les comtes de Pontieu, de Bou- logne et de Saint-Pol, et combat les Boulonais, qui prétendaient que les comtes de Guines en descen- daient également. Lambert, pour soutenir la tradition de famille qui donnait pour ancêtres aux comtes de Guines le Normand Sifrid, expose ce qu'il regarde comme la vérité sur le compte de Guillaume. Il a beau dire qu'il tire ses renseignements de veterum anna- libus, non de opinione vulgari, il avoue lui-même qu'il écrit auditis etiam et intellectis plurimorum

narrationibus antiquorum et fabulis sicut a

grandaevis patribus quandoque audivimus. Le point de vue purement polémique et généalogique de Lam- bert l'empêche de nous donner des détails plus précis sur Guillaume; le peu qu'il en dit suffit à nous mon- trer en lui un héros de la poésie populaire : Fuit qui- dam de nobilissimo Francorum oriundus génère in Pontivo praepotens cornes nomine Willelmus, qui cum virtute corporis non minus quant nobilitatis génère famosissimus existeret et longe lateque ad-

l'élément historique lxxi

modum polîeret et fama personaret, etc ^ Ce Guil- laume, d'après Lambert, conquit plusieurs comtés qu'il laissa à ses fils ; la tradition racontait sans doute qu'il les avait gagnés au service du roi légitime ^. »

Si Guillaume de Montreuil-sur-Mer est incontes- tablement le héros primitif du poème que résume la cinquième partie du Coronement Looïs^ il n'est pas aussi sûr qu'il ait à revendiquer une part quelconque dans la troisième branche. J'ai montré plus haut par quelle méprise on l'avait introduit dans cette partie de notre poème.

6. Assemblage des branches du Coronement Looïs.

Cette fusion de différents poèmes en un seul est un des plus curieux chapitres de notre histoire litté- raire. Elle nous montre comment des chansons, dès

1 . Voici le passage entier de Lambert d'Ardres : « Fuit quidam de nobilissimo Francorum oriundus génère in Pontivo praepotens comes, nomine Willermus, qui, cum virtute corporis non minus quam nobîlitatis gloria famosissimus existeret et longe lateque admodum polîeret et fama personaret, cumque sibi sua non suffi- cerent sed in adjacentia multa vi et fortitudine manus extenderet, Boloniensium vastitatem suis subjugavit et continuavit interstitiis. Qui etiam, cum ex veterum reiatione cognovisset quod antiquus praedccessor suus comes Walbertus olim tantae virtutis extitisset quod usque ad mare occidentale sive juste sive injuste suae domi- nationis extendisset et exercuisset potentiam, hoc idem concepit; et quoad ipse potuit, suae satisfecit et obtemperavit voluntati... Haec igitur de veterum annalibus non de opinione vulgari contra Bolonienses dicta sufficiant [Rec. des Hist. XI, 296). »

2. Romania, I, i83.

LXXII INTRODUCTION

qu'elles avaient quelque point commun, pouvaient être réunies. par le temps. Non seulement le Carotte- ment Loois se compose de cinq poèmes, mais deux ou trois de ces cinq poèmes sont eux-mêmes formés de plusieurs autres. Dans le quatrième, j'ai distingué la lutte de Guillaume contre Gui de son expédition contre Otton ; dans le cinquième, M. G. Paris verrait volontiers un résumé de plusieurs chansons *, dans le troisième enfin, il est probable que, outre les tenta- tives d'usurpation du Normand orgueilleux, la guerre en Poitou, la bataille du gué de Pierrelate, la prise de Saint-Gile, peut-être le guet-apens de Ri- chard de Normandie, formaient à Torigine autant de poèmes distincts. Ceux-ci avaient un même objet, la rébellion des vassaux contre le roi *, c'est ce qui les a réunis entre eux d'abord, et ensuite à la première et à la cinquième partie du Coronemeni Looïs actuel. Et cette dernière union serait devenue bien plus in- time si, au lieu de l'ordre illogique qui a présidé à leur assemblage, ces poèmes s'étaient séparés plus naturellement en deux groupes; d'une part, les expé- ditions en Italie, de l'autre les luttes féodales. C'est ce qui est arrivé dans la rédaction du ms. fr. 1448 de la Bibliothèque nationale, d'où les expéditions d'Ita- lie ont été exclues. L'usurpation de Richard et les luttes de Guillaume de Montreuil n'y sont données que comme un épisode de la trahison d'Arneïs. De même dans la rédaction suivie par les remanie- ments en prose, les diverses luttes féodales, ayant été rapprochées dans un seul groupe, à l'exclusion des guerres d'Italie, ont fini par s'amalgamer à

l'élément historique lxxiii

ce point qu'Arneïs est devenu le fils de Richard. y^- Un autre côté intéressant du Coronement Looïs^ c'est la fusion de plusieurs rois en un seul : Louis le Débonnaire, Louis d'Outremer, son fils Lothaire et, à mon avis, Louis II empereur, peut-être d'autres encore, ne font qu'un seul roi, Louis, fils de Charles.

Tandis que le nom de Guillaume ou le caractère général du poème paraît avoir été le trait d'union entre la première, la troisième et la cinquième parties, il semble que ce soit le nom de Louis qui ait réuni la seconde et la quatrième aux trois autres : Louis II empereur pour la seconde, Louis IV d'Outremer, peut-être son fils Lothaire, devenu Louis dans la lé- gende, pour la quatrième.

Enfin la formation du Guillaume cyclique est ici prise sur le fait. Il est probable que Guillaume Tête- d'Étoupes ou Guillaume Fièrebrace, ou plutôt tous deux, figuraient dans la troisième partie de la chan- son, et il est hors de doute que Guillaume de Mon- treuil-sur-Mer était le héros de la cinquième. Ces différents personnages, grâce à la similitude des noms, ont été identifiés avec le vaincu populaire d'Aliscans ; celui-ci, une fois devenu le type du dé- fenseur de l'empereur Louis, a pris peu à peu la place de tous ceux qui jouaient le même rôle, dans la pre- mière, dans la deuxième et dans la quatrième parties du Coronement Looïs ^

I. Dans Ja première partie, Guillaume défend Louis le Débon- naire; dans la seconde, Louis il, fils de Lothaire; dans la troi- icme, des rois qui devaient prendre, quels qu'il» aient été, le

LXXIV INTRODUCTION

La fusion de deux personnages, l'un du Nord, Tautre du Midi, Guillaume de Monireuil-sur-Mer ei Guillaume de Narbonne, qui vécurent à deux siècles d'intervalle, présentait aux jongleurs une double diffi- culté. L'une était la différence des dates: le héros du Midi était un guerrier de Charlemagne; celui du Nord était contemporain de Louis. En réalité, il vivait, sous Lothaire, mais comme je Tai rappelé précédemment, la poésie ne connaît que Pépin, Charles et Louis. Pour faire disparaître cette contradiction, on trans- porta sous Louis tous les faits du Guillaume du Midi, ainsi que tous les personnages de sa suite. C'est l'œu- vre des jongleurs. Ce n'est que dans la traduction norvégienne du Moniage Guillaume qu'on voit celui- ci mourir sous Charlemagne. La rédaction française la plus ancienne, celle de TArsenal, met la scène sous Louis.

La seconde difficulté était la différence des lieux; pour l'aplanir l'invention se donna libre carrière. Le Charroi de Nîmes fut le pont qu'on jeta sur les deux rives du cycle. Guillaume demande en fief, comme récompense des services qu'il a rendus, les terres occupées par les Sarrasins ; il les obtient, forme un noyau de guerriers, et du Nord descend dans le Midi.

C'est ainsi qu'on rattacha l'un à l'autre les deux Guillaume, mais cette fusion de deux personnages en un seul est souvent très visible. Il arrive parfois que

nom de Louis dans la classification des remanieurs. Ceux-ci n'admettaient dans les chansons que trois empereurs : Pépin, Charles et Louis; les événements qu'ils ne pouvaient placer sous le règne des deux premiers, ils les attribuaient au troisième.

L^ÉLÉMENT HISTORIQUE LXXY

Guillaume est appelé dans les recueils cycliques com- pilés au xiu^ siècle fils d'Aimeri de Narbonne et marquis de France, Dans le Charroi de Nimes Guil- laume, en quittant la France, se retourne vers elle en disant : « Doux vent de mon pays, je te presse sur mon cœur comme la belle France, » et

L'eve li cole fil a fil sor le vis '.

II. TÉMOIGNAGES POUR LE CORON EMENT LOOlS

I. Témoignages tirés des poèmes.

J'ai dit que le Coronement Looïs est une compila- tion de nombreux poèmes originairement distincts. Ceux qu'on peut encore y reconnaître sont :

Le couronnement de Louis le Débonnaire à Aix-la-Chapelle ;

2*> Les secours prêtés au pape par les Francs contre les Sarrasins du roi Galafre ;

La lutte de Guillaume contre l'usurpateur nor- mand ;

4«> Les guerres en Poitou ;

5^ La répression de Dagobert de Cartage, battu au gué de Pierrelate ;

I. Cette explication de la fusion de Guillaume de Narbonne et de Guillaume de Montreuil-sur-Mer est extraite du cours professé par M. Gaston Paris à l'École des Hautes Études, an. 1880-81.— Cf. aussi Romania l, 189.

LXXVI INTRODUCTION

La soumission de Julien après la prise de Saint- Gile;

7** Peut-être la trahison de Richard le Roux et sa captivité;

S^ Le combat de Guillaume contre Gui;

Son expédition contre Oiton ;

10° Les luttes de Guillaume de Montreuil contre les vassaux du roi Lothaire.

Mais l'unité primordiale de toutes ces chansons n'est pas également sûre. Pour les n" i, 2, 3, 10, elle est bien caractérisée. Ce n'est qu'à l'aide des allusions du Charroi de Nimes que j'ai pu distinguer l'un de l'autre les n" 8 et 9, et que nous constatons, d'une manière indubitable, l'unité primitive du n** 5. Quant au n°'4, 6 et 7, formaient-ils réellement trois poèmes? Je considère la chose comme possible, mais non comme certaine.

L'étude des allusions faites au Coronement Looïs par divers poèmes, et celle des remaniements en prose, nous donnent de précieux renseignements à cet égard.

Le début grandiose du Charroi de Nimes est tout particulièrement intéressant ; il résume notre poème, mais d'après une rédaction différente de la nôtre. Dans rénumération des services qu'il a rendus au roi, Guillaume rappelle :

Son « grant estor champel » contre « Corsolt l'amiré » ;

2" La bataille qu'il a livrée à Dagobert au gué de Pierrelate ;

3** La trahison d'Arneïs ;

L*ÉLÉMENT HISTORIQUE LXXVII

4'* Les tentatives d'usurpation du « Normant or- gueilios » ;

Le retour de Guillaume du Mont Saint-Michel, le guet-apens de Richard et sa captivité ;

La lutte de Guillaume contre Gui ;

7" Son expédition contre Otton.

Le Charroi de Nîmes omet donc les épisodes 4, 6, 10, du Coronement Looïs. Il constate l'existence originairement indépendante d'un poème qui avait pour sujet la défaite de Dagobert au gué de Pierre- late ; il place au premier et au dernier rangs les ex- péditions en Italie, de sorte que les luttes de la royauté contre la féodalité sont réunies. Cette disposition n'ap- partient pas à Tauteur du Charroi de Nimes^ car elle se retrouve dans les remaniements en prose du Coro- nement. Elle existait donc dans une rédaction diffé- rente de la nôtre. Quelle est la plus ancienne de ces deux rédactions ? Il est difficile de décider.

M. G. Paris pense que Tallusion faite par le Charroi de Nimes à la rébellion du duc de Norman- die repose sur une rédaction plus ancienne que la nôtre, parce que dans le Charroi de Nimes le Nor- mand se contente de défier Louis, ce qui doit être plus conforme à Thistoire, et partant plus ancien que la tentative d'usurpation dont parle notre poème.

Mais l'auteur du Charroi de Nimes^ qui ne con- sacre que huit vers à en résumer un millier du Coro- nement Looïs^ a bien pu avoir en vue la tentative d'usurpation du Normand en disant :

« Qui desfier te vint ci en ta cort. »

LXXVIII INTRODUCTION

et surtout :

« N'as droit en France, » ce dist-il, oiant toz.

Le Charroi de Nîmes place la cour du roi à Pa- ris ^ et c'est que vient le Normand 2, ce qui peut être une preuve de modernité. Les remaniements en prose, que j'étudierai plus loin, font également venir à Paris Richard et son fils. Ces remaniements ont avec la rédaction connue de l'auteur du Charroi de Nimes d'autres points de rapprochement : d'abord le nom d'Arneïs, au lieu d'Hernaut Arneïs dans les textes en prose est, non le duc d'Orléans, mais le fils du duc de Normandie, confusion qui prouve que les personnages jouaient le même rôle ; ensuite la dispo- sition de différents épisodes du poème : les remanie- nients, comme le Charroi de Nimes, donnent le premier rang à la lutte de Guillaume contre Corsolt, puis font suivre sans interruption les différentes par- ties ayant trait aux luttes du roi contre ses vassaux.

Le théâtre des événements, le nom d'Arneïs, l'or- dre des diverses parties, étant communs aux rema- niements et au Charroi de Nimes^ nous permettent de croire que ceux-ci dérivent d'une même source, et, comme les remanieurs font du Normand un usurpa- teur, de conclure que la rédaction dont s'est servi le Char^roi de Nimes prêtait aussi au fils du duc de Normandie l'intention de s'emparer du trône, enfin que la raison pour laquelle M. G. Paris voit dans

1. V. 201,

2. V. 285.

l'élément historique lxxix

les allusions du Charroi de Nîmes le reste d'une ré- daction antérieure à la nôtre est insuffisante.

Les épisodes 6 et 7 du Charroi de Nimes offrent seuls des éléments que j'ai indiqués plus haut, en distinguant la lutte de Guillaume contre Gui de son expédition contre Otton * antérieurs à ceux de la rédaction actuelle du Coronetnent Looïs ; mais ils ne prouvent pas que la disposition des différentes parties du poème dont s'est servi l'auteur du Charroi de Nimes soit antérieure à celle du Coronement Looïs actuel. On conçoit facilement une rédaction O don- nant naissance à la fois à une rédaction A, qui, en maintenant l'ordre des différentes parties, fait subir à ces parties des rajeunissements, et à une autre rédac- tion B, qui conserve un caractère d'ancienneté à cer- taines parties, tout en intervertissant l'ordre de l'en- semble.

Cette diversité de combinaisons auxquelles ont été soumises les branches du poème actuel permet de constater un fait intéressant : c'est que ces différents poèmes, au lieu d'avoir été fondus en un seul par le travail réfléchi d'un remanieur, se sont groupés peu à peu, tout en restant distincts, pour former une sorte de petit cycle, comme nous voyons aujourd'hui les nombreuses chansons de la geste de Narbonne réu- nies dans des manuscrits qu'on a justement appelés cycliques. Ainsi on s'explique comment ils ont pu, sans se détacher du même groupe, y occuper différentes places. Peu à peu, les traits qui les distinguaient en-

I. Page Lxiv.

LXXX INTRODUCTION

core les uns des autres, tels que rubriques, invoca- tions, se sont effacés, des vers de liaison ont été intercalés, et la fusion s'est opérée : on a eu notre rédaction, celle du manuscrit 1448 de la Bib. Nat., celle qu'ont suivie l'auteur du Charroi de Niines et les remanieurs en prose.

Aujourd'hui nous pouvons encore constater ce tra- vail de fusion le défaut de temps Ta laissé ina- chevé. Certains poèmes du cycle de Narbonne, qui dans des manuscrits sont séparés par une rubrique, se suivent immédiatement dans d'autres. Dans sept des huit manuscrits dont je me suis servi pour établir mon texte, le Coronement Looïs est séparé du Char- roi de Ninies par une rubrique, mais déjà le premier annonce le second dans ses derniers vers. Dans le manuscrit 1448, la fusion des deux poèmes est telle- ment complète qu'on ne peut les séparer l'un de l'autre.

C'est d'un travail semblable que sont sorties les différentes rédactions que nous connaissons directe- ment ou indirectement du Coronement Looïs.

Le Charroi de Nimes n'est pas le seul poème qui contienne des allusions au nôtre; dans Aliscans^ Guillaume dit à Louis :

« Loei, sire, chi a maie saudee.

Quant a Paris fu la cours assemblée,

Ke Charlemaine ot vie trespassee,

U il [lise!^ Vil te) tenoient tôt chil de la contrée.

De toi fust France toute desiretee.

Ja la corone ne fust a toi donee,

Quant je soffri por vos si grant mellee,

TÉMOIGNAGES LXXXI

Ke, maugré aus, fu en ton cief posée La grans corone, ki d'or est esmeree. Tant me doutèrent n'osa estre vee[e] ; Mavaise amor m'en ave's or mostree '. »

M. G. Paris fait remarquer que dans ce passage le siège de la cour n'est plus Aix, mais Paris, ce qui indique une rédaction moins ancienne.

A cette preuve de rajeunissement s'en joint une autre. Ici la cour se réunit quand Charlemagne est mort, ce qui est moins conforme à Thistoire que notre version et par conséquent moins ancien. On pourrait objecter que ces vers font allusion, non à l'assemblée d'Aix-la-Chapelle, mais à la cour réunie à Paris, en présence de laquelle le fils de Richard, se- lon la version des remaniements en prose et du Char- roi de Nimes^ osa contester à Louis ses droits au trône; mais ce serait une autre preuve de rajeu- nissement.

Plus loin, la chanson à'Aliscans fait allusion à la dernière partie du Coronemenî Looïs. Elle rap- pelle les luttes de Guillaume contre les vassaux ré- voltés, le mariage de Blanchefleur avec Louis , et passe au Charroi de Nîmes :

« Loeis sire, » dist Guillames li ber, « Quant on te vaut dou tôt desireter, Et fors de France et chacier et jeter, Je te reting et te fis corouner. Tant me doutèrent ne l'osèrent veer. Et a mon père te fis ma suer douner.

I. Éd. GuessarJ et Montaiglon, p. 84.

I.yXXII INTRODUCTION

rius hautement ne la poi marier, Ne jou ne sai en nul sens esgarder Ou tu [pelisses mellor feme troverj. » '

Enfin, elle parle de la blessure qui a valu à Guil- laume son surnom de au Court-Nez, mais elle confond le géant Corsolt, tué par Guillaume sous les murs de Rome, avec le géant Isoré, tué par le même sous Paris :

Dame Guibors l'esgarde apertement,

Voit sor le nés la boce aparissant

Ke li ot fait Isorés de Monbrant,

Très devant Rome, en ia bataille grant;

Li quens l'ocist si kel virent .vii.c 2

J'ai eu déjà occasion, à propos du nom d'Arneïs, de signaler les vers suivants du Moniage Guillaume :

« Por l'amor Deu, ja vos corona il A vive force, voiant voz anemis, Quant il voloient coroner Hernaïs. Li gentix hom sor vo chief ia rasist, N'i ot si cointe qui l'en contredeïst. A son pooir t'a volentiers servi, Si t'a aidié t'anor a maintenir; Se il ne fust, ja ne fussiez serviz \ »

Un passage diAnseïs fils de Gerbert est curieux, il attribue le rôle de Guillaume à Hardré :

Che dist Gantiers : « Entendes, sire roys ; Hardre's li viens, ki mest encontre Artois,

1. Éd. Gaessatd et Montaigloii, p. 94.

2. Ibid., p. 123.

3. Mou. GnUlaione; ms. B. N. fr. 774, 217.

TÉMOIGNAGES LXXXIII

T'eut en baillie .xiii. ans et .iiii. mois; Courorina vous tout malgré les François, N'i ot si cointe ki fust outre son pois, Que trayson pense {lise^ pelist) en lui veoir '. »

Le Siège de Narbonne^ qui est censé précéder immédiatement, au point de vue chronologique, le Coronement Looïs^ annonce ainsi ce dernier poème :

De par Ghallon leur fu .i. mes tramis, Que li rois est si forment afoiblis Qu'il est boisiez de trestouz ses subgis, Et que, pour Dieu qui en la crois fu mis, Li soit G. a ce besoi[n]g amis. Li quens en jure Jesu de paradis N'avra repos, ne par nuit ne par dis, Dusques a tant au roi iert revertis. Lors fait trousser et mules et roncis. Isnelement s'est a la voie mis Droit vers Ais la Chapelle '.

Dans le roman de Lohier et Mallart^ autant qu'on peut le connaître à travers la traduction alle- mande Loher und Maller ^, on trouve un « résumé très bref de Phistoire de la tentative faite par Arneïs d'Orléans pour s'emparer de la couronne de France, au détriment de Louis, fils de Charles^ l'auteur place cette tentative après la mort de Charles, comme la chronique française du ms. 5oo3, B. N., et sans doute Albéric de Trois Fontaines (H. poét. , p. 4o3),

1. Ans. fils de Gerbert; ms. B. N. fr. 49S8, f. 2 36 v».

2. Siège de Narboune-, ms. B. N. fr. 24369.

3. G. Paris, Histoire littéraire, XXVIII, 239 et suiv.

LXXXIV INTRODUCTION

mais contrairement au Coronement Loeys ^ . » Outre ces allusions et ces témoignages, d'autres poè- mes semblent offrir une imitation du nôtre. La chan- son d'Ogier de Danemarche^ de Raimbert de Paris, raconte « la délivrance de Rome de la domination sarrasine par suite d'un combat singulier d'un cham- pion carlovingien Là, non seulement le nom du

Sarrasin Corsolt ou Corsubles revient, mais ce qui est beaucoup plus curieux, c'est qu'on a rattaché à la gloire d'Ogier le souvenir de la trahison d'Alori, complètement perdue dans les chansons de Guillaume d'Aquitaine. Il pourrait bien y avoir quelque obscure connexité entre les deux branches de ces poèmes ^. » Enfin le roman de Huon de Bordeaux débute, comme le Coronement Looïs^ par le récit de la der- nière assemblée que tint l'empereur pour le choix de son successeur. Mais ici le fils de Charles est Chariot.

1. G. Paris, Romania, II, iii.

2. Jonckbloet, G. d'Or. II, i lo. Cf. Ogier de Danemarche, pu- blié par Barrois, Paris, Techener, 1842; Les Enfances Ogier , d'Adenès le Roi, publié par Scheler, Bruxelles, 1874.

Le Siège de Barbastre résume aussi, en 14 vers, le couronnement de Louis à Aix par Guillaume, mais ne parle pas d*Hernaut. Louis n'osant prendre la couronne, à cause des recommandations de son père, Guillaume la lui pose sur la tête (Ms. B. N. fr. 1448, f<» 1 35 t^).

M. L. Gautier s'est trompé en signalant comme empruntée au Coronement Looîs une laisse intercalée dans le Roman de la Violette. C'est une laisse d'Aliscans : « Grant fu la noise en la salle a Loon » (Aliscans, éd. Guessard et Montaiglon, p. 93, v. 3o36- 3059. Rom. de la Violette, éd. Fr. Michel, p. 73).

TÉMOIGNAGES LXXXV

2. Témoignages tirés des textes en prose.

Des textes en prose qui font allusion au Corone- ment Looïs^ le plus ancien est un passage d'Albéric de Trois-Fontaines : « Abhinc super Aquitaniam certius et manifestius regnavit Ludowicus. Quod co- rnes Aurelianensis Arnaïs voluit regnare et esse tutor Ludowici, sed Guillelmus Aurasicensis fortiter restitit. Qui Arnaïs fuit pater Samsonet de una sorore Karoli ^ » .

Dans le remaniement du ms. B. N. fr. 1497, Taînédes fils d'Aimeri de Narbonne, « Hernais », ob- tient le duché d'Orléans, dont le seigneur « avoit par le sien frère Guillaume esté occis, et en espousa la duchesse, car de par elle estoit la terre venue, laquelle le comte, qui mort estoit, ne pouoit par son meffait avoir confisquée ne pardue. »

Le mariage d'Hernaut de Girone avec la veuve d'Arneïs d'Orléans se trouve encore dans une chroni- que française en prose, dont les deux seuls manus- crits que je connaisse sont du xiv° ou du xv" siècle ^ : « L'empereur donna a Hernault, le frère Guillaume, la duché d'Orliens et la duchesse, qui estoit vefve. ^ »

Ce détail est déjà dans le Siège de Narbonne :

Bernart i'aisné s'en rêvait en Brubant,

1. Pertz, Mon. Germ. hisi., Script.^ XXIII, 720.

2. L'un est à Paris, B. N. fr. 5oo3; l'autre à Rome, Vat. Reg. no 749.

3. Ms. B. N. fr. 5oo3, fol. i25 v».

l.XXXVI INTRODUCTION

Ernaul le Roux a Gyronde errant. Icis tint puis Orliens en son commant '.

La confusion qui existe entre les deux noms d'Ar- neïs et d'Hernaut a pu être facilitée par cette légende.

La chronique du manuscrit B. N. fr. 5oo3, que je viens de citer, touche en plusieurs endroits à notre chanson. Une première fois elle ne fait qu'une men- tion de la légende du couronnement de Louis. Voici le passage ; on verra la parenté qui unit ce texte à celui d'Albéric :

L'empereur Charlemaine, quant il aloit hors et menoit son ost et sa chevalerie, laissoit le gouvernement de sa terre a Chariot son filz, mais onque Chariot ne fut amé des François. Chariot avoit ung mestre qui ot nom Aymer, comte du Mans, quifl) le gouvernoit. Cel Aymer luy fist fere moult de maulvaises entreprinses. Il déshérita un duc d'Orliens apelé Arneïs, et estoit seigneur de Melun, et avoit espousee une des filles de l'empereur, seur de Chariot, apelee Belicent. Et avoit adonc a Melun ung chastelain apelé Ancellin, qui avoit .xiiii. filz, qui tint Melun .x. ans contre Chariot. Arneïs ot ung filz de Belicent sa femme, qui depuis occist Aymer devant Chariot, pour la trahison qu'il avoit mise sus a son père. Ce fîlz avoit nom Sanson- net, et dist l'istoire qui parle de luy en rommant que cestui Sansonnet tint depuis le royaume de Hongrie de par Lohier, ung des filz Karlemaine, qui se fist empereur. Et si raconte l'histoire ou roumant de la vie de Guillaume d'Orenge que cestui Arneïs, après la mort de l'empereur Charlemaine, se volt faire roy de France et débouter Loys, le filz de l'empereur, dont Arneïs fut occis de l'entreprise Guillaume d'Orenge, et donna l'empereur Loys Arnault, le fils Aimery

I. Ms. B. N. fr. 24369, 75 ro.

TEMOIGNAGES LXXXVIJ

de Narbonne, frère de Guillaume d'Orange, le duché d'Or- liens et la duchesse. '

Plus loin la chronique revient à notre chanson. Elle résume d'abord l'expédition de Guillaume en Ita- lie contre Corsolt :

Les Sarrazins a grant puissance allèrent lors devant Ronîe; toute la terre gasterent. Le pape envoya par toutes terres pour avoir secours. Sy y ala Guillaume, le bon com- batant, et la fistde moult belles proesses. La avoil ung moult fort et puissant jaiant appelé Corbaut, lequel Guillaume occist devant Rome, en ung champ de bataille qui fut d'eus .II., dont Guillaume acquist grant los et grant pris du pape et de tous les Rommains. ^

Il n'est pas question dans ce récit de la blessure que Guillaume reçut dans le combat et qui lui valut son surnom de au Court-Nez. C'est qu'en effet plus loin notre auteur nous apprend que

Guillaume avoit eu le bout du nés couppés a la .III^ ba- taille ou il fut devant Nerbonne. Si Tapplerent plusieurs Guillaume au court nés. ^

Guillaume était encore à Rome quand il apprit la mort de Charlemagne et les obstacles qu'on opposait à l'avènement de son fils :

Sy cuida bien le bon empereur Loys tenir son pays pai- sible, mais ne pot estre sacré au royaume de France sy tost après la mort de son père, tant trouva de contrariettés en son royaume de France, car plusieurs trictres voldrent fere

1. Ms. B. N. fr. 5oo3, loi v«.

2. Ibid., fol. 125 r*-

3. Ibid., fol. 127 ro.

LXXXVIII INTRODUCTION

roi d'un aultre apelé Herneïs. En ce temps que ce trouble en estoit en F'rance, Guillaume, le filz Aimery de Nerbonne, ^ se partit de Rome et vint en France.

L'empereur Loys ot ung frère nommé Doeme, qui estoit moult prcudoms, et avoit tout son cucur a Dieu, et le fist l'empereur evesque de Mes. Ces evcsque et Guillaume, le filz Aymery, assemblèrent moult de leurs amis et vindrent a Pa- ris a ung jour ou il avoit grant assemblée de princes ; et y en avoit qu'ilz voulloient débouter l'empereur Loys de la couronne de France, sy y ot moult grant débat, car aucunes croniques racontent que Guillaume occist Arneïs, que on voulloit fere roy, et moult de ces complices, et fut esmeu tout le peuple de Paris pour aidier Guillaume, et vint l'em- pereur Loys a Paris, et de la par Tesvesque son frère et le conte Guillaume fut mené coronner et sacrer a Rains, a grant sollempnite et joye. Après le sacre de l'empereur Loys, Guil- laume fut fait connestable de l'empire et desfendeur de la terre chrestienne. L'empereur donna a Hernault, le frère Guillaume, la duché d'Orliens et la duchesse, qui estoit [vefvej. ' »

J'ai déjà cité quelques vers de la chanson d'Alis^ cans, d'après lesquels, comme dans la version en prose, c'est à Paris, et après la mort de Charlema- gne, que la cour s'assemble. Nous allons encore voir successivement deux remaniements en prose il en est de même. Ces deux derniers textes, ainsi que la chronique du ms. 5oo3, placent la lutte de Guil- laume contre Gorsolt avant le couronnement et n'y font aucune mention de la blessure de Guillaume. D'autres détails encore, communs aux trois récits, prouvent que ceux-ci sont de la même famille. Mais

I. Ibid., fol. 12b V".

TÉMOIGNAGES LXXXIX

les deux rédactions qu'il nous reste à voir sont plus étendues que la précédente, et nous montrent mieux comment le remanieur a combiné ensemble, non seu- lement la première et la troisième partie de notre chanson, ainsi que l'a déjà remarqué M. Léon Gau- tier, mais encore la cinquième, car c'est dans celle-ci que se trouve la mention du mariage de Blanchefleur, sœur de Guillaume, avec Louis, mariage raconté par les remaniements.

Constatons encore que ces mêmes remaniements, pas plus que les autres textes que nous avons déjà vus, en prose ou en vers, sauf le début du Charroi de Nimes, ne font aucune allusion aux expéditions de Guillaume en Italie contre les Allemands.

Tous ces faits s'expliquent parfaitement si on admet ce que j'ai établi plus haut, et que je crois incontesta- ble, à savoir qu'il a existé des rédactions de notre poème l'ordre des parties était interverti. Le com- bat de Guillaume tenait le premier rang, puis venaient toutes les luttes de la royauté contre la féodalité, et enfin les expéditions des Francs en Italie contre Gui et Otton. Cette circonstance explique :

L'ordre suivi dans le début du Charroi de Mi- mes;

2^ La version du ms. 1448, qui n'a eu qu'à suppri- mer la première et la dernière partie du poème, sup- pression qui aurait été moins simple si ces parties avaient été enchevêtrées dans les autres;

Pourquoi, dans tous les textes en prose que nous avons, la lutte contre Corsolt tient le premier rang;

XC INTRODUCTION

Comment ces mêmes textes ont combiné ensem- ble la première, la troisième et la cinquième partie de notre version -,

Comment ils ont pu supprimer les guerres contre les Allemands.

III. REMANIEMENTS EN PROSE DU CORONEMENT LOOÏS

Les deux remaniements français en prose que je vais analyser sont contenus dans deux manuscrits du XV* siècle, conservés Tun à la bibliothèque de l'Arse- nal (n° 335 1 , anc. B. L. F. 226) et Tautre à la biblio- thèque nationale (f. fr. 1497). M. Léon Gautier en a déjà donné une analyse rapide, accompagnée d'ex- traits K

Le ms. de l'Arsenal, après avoir longuement ra- conté les aventures de la reine Sibille, nous dit que cette malheureuse princesse, étant rentrée en France avec son enfant Louis et son protecteur Varrocher, fut rencontrée par le comte Aimeri de Narbonne, qui rendit hommage au jeune fils de la reine :

Fol. 375 v°. Puis commanda ainsy le faire a ses enfans, qui mie ne lui voulurent désobéir, ains s'acointerent de l'en- fant Loys, et depuis en furent si privez que leur seur lui donnèrent en mariage après la mort de Charlemaine, et le

I. Ép.fr., éd., t. IV., p. 343-347.

REMANIEMENTS EN PROSE XCI

remist Guillaume en son royaume, dont il fut débouté par les trahitres de France, lesquelz lui imposoient que lui ne son(t) frère Lohier n'avoient aucun droit a posséder la sei- gneurie de l'empire et maintenoient qu'ilz n'estoient mie lé- gitimes enfans de Charlemaine, mais bastart, pour tant que la dame avoit geu de Louys durant le temps qu'elle avoit esté bannye, comme oy avez ça avant, et convint que Guil- laume au court nez, qui pour cellui temps estoit aie servir le saint père en Rommenie, et combattre ung payen que nul prince de chrestienté n'osa combatre, retournast hasti- vement en France, pour le débat des princes du royaume et de l'empire, qui envieusement, a tort et sans cause, avoient dechacié Louys et mis hors de Paris après la mort de son père, et vouloient couronner Harnays, le filz Richart de Normandie.

Guillaume au court nez, qui la nouvelle en ouy, lui estant a Romme, par les messages que l'enfant Louys avoit envolez pour avoir aide du saint père, fut trop dolant quant il sceust la mort de l'empereur Charlemaine et moult blasma l'outrage qu'on faisoit a l'enfant, que en Paris ne s'osoit veoir, mais s'estoit en Meleun sur Saine retrait, a tout ceulx de qui il se pouoit aidier, et la atendoit nouvelles et response du père saint, lequel ne lui pouoit aidier, sy non mettre la chose en sa main et procéder en excommeniement sur ceulx qui ce tort lui faisoient et qui le droit de l'enfant vouloient empeschier. Sy se tira le conte Guillaume vers le père saint lors et lui dist :

« Vous savez, sire apostoUe, que je sui en icestui païs venu, a vostre mandement, pour combatre Corbaut, le Sarrasin fé- lon, lequel j'ay occis puis n'a gaires, et pour ce ay vostre païs délivré de ceulx qui en son ayde estoient passez mer en sa compagnie ; sy ne reste plus si non moy donner congié, car j'ay autre part a besongnier.

Quelle besongne vous est nécessaire, beaux fieulz ? » ce respont le père saint, « je say que vous estes par deçà venu a mon mandement, et avez la chose exécutée que je

XCII INTRODUCTION

desiroie estre mise a execucion. Sy vous convient reposer et refaire, puis vous en irez a vostre bon plaisir et emporterez de mon trésor tant comme emporter en pourez, et cependant vous querray compagnie qui s'en yra en France comme vous.

De ce vous rend je grâces, sire, » ce respondi Guillaume,, « je sui pour vous aidier cy venu voiremeut, et voulentiers l'ay fait, car il en estoit nécessité; sy sui tenu par obliga- cion d'ainsy faire ailleurs, veu l'aage que Dieu m'a donné, que je considère, et vous mesmes le pouez considérer, car, quant je seray ataint de viellesse, lors ne pouray je faire ce que je puis et pouroie de présent. Sy ne me doy doncques reposer ne dormir en oisiveté, comme le me aprent le sage en ung sien dittié, fait en deux vers rimez, la ou il dit :

Par souvenir, par soing, par diligence,

Est le jeune homme tost monté en chevance.

Il m'est souvenu, sire, » fait il, « d'un cas mervilleux et extresme, lequel est, comme l'en m'a recité, survenu en France, dont je sui dolant, car on dit, et bien l'avez sceu, comme raison est, et que mieux et plus brief y pouez remé- dier que homme vivant, que Charlemaine, qui tant fut noble , riche, conquérant, puissant et doubté, est aie de cestui scie- cle en l'autre, a delaissié ses enfans Louys et Lohier, légiti- mes et vrais successeurs de son empire, de son royaulme et de sa seignourie, et Louys, en especial, premier et ainsné, lequel, sauf tous drois, a esté refusé, débouté de la couronne et fugitif; pour quoy, comme j'ay entendu, vous a envoyé ses messages pour requérir vostre aide, puisque point n'a de puis- sance ou de main forte. Je sui demouré en ce soing jour et nuit, escoutant se vous envoieriés par delà ou non, dont je me sui povrement apperceus. Pour quoy j'ay considéré qu'il est mon vray seigneur, qu'il est vray et naturel filz de Char- lemaine, comme par sa mère Sebille de Grèce vous a autre- fois esté vérifié, et vous mesmes passastes les mons, alastes en France et pacifiastes la dame avecq l'empereur, lequel

REMANIEMENTS EN PROSE XCIII

advoua et congnut Louys son filz et vray héritier. Or est ainsy que, mort le père, ne puet l'enfant hériter, par l'ostacle que les princes de France y mettent, lesquelz sont tous con- tre l'enfant qu'ilz desapointront de son bien, et lui toldront son honneur, se vostre grâce et Dieu premier n'y pourvoient, laquelle il requiert humblement. Mais je voy que nulle pro- vision n'y est par vous donnée, et pour ce me convient dili- genter et chevauchier a Paris le plus hastivement que faire le pouray, pour mon seigneur droitturier secourir et aydier a son droit soustenir contre les trahitours qui ainsy s'effor- cent de le déshériter. »

Et quant l'apostole entendi Guillaume au court nez, qui ainsi parla, il fut moult joieux, et bien dist a soi mesmes que, puisque mort estoit Gharlemaine, Guillaume devoit estre nommé et tenu pour crestienne espee, pour pillier catho- lique, soustenant la loi Jésus Grist, et pour gardien, bras et conservateur de l'église. Sy lui respondi moult doucement :

« Je envoyerai par delà, sire Guillaume, » fait il, « et y transmettray ung légal acompagnié notablement, lequel por- tera ung excommeniement sur ceulx qui ainsy vuellent Louys, le filz Gharlemaine, deffaire et débouter de son hérédité ; et se a ce ne vuellent obéir, lors y pourveray je par telle voye que en France ne sera [service] chanté ne église desservie, et vivront comme bestes ou gens non crea- bles ne dignes de nulle bonne recommandacion. »

Mais ad ce ne se voulut Guillaume accorder, ains respondi au père saint :

t Bien vous ay entendu, sire, » fait il, « mais trop seroit la besongne longue et doubteuse de atendre tant que vos légaux feussent la endroit arrivez. Ge sont gens qui ne re- quièrent mie paine ne traveil, ains apettent tous leurs aises, courte messe, long disner, couchier de haulte heure et lever tart, petites journées et grant despens ; et nous autres requé- rons tout le contraire, par especial tandis que jeunesse nous demeine, Sy n'en pouons pis valoir, car comme racompte ung sage en deux mos de rime :

XaV INTRODUCTION

Pioutlitablc est le travail en jeunesse, Que cichever tait soulfraite en vicllesse.

Je m'en partiray devant, sire, » fait il, « pour ce qu'en peu de temps seray la venu, et porteray par delà vostre commis- sion, en atendant vos légaux, sy la mettray moy mesmcs a execucion telle qu'il ne sera jamais que mémoire n'en soit perpétuellement faitte. Et se vousdemandiés quelle commis- sion je requier avoir de vous, s'est que, pour les services que j'ay fais a vous et a crestienneté, vous me oyés en confes- sion, ja soit ce que ja me confessissie's quant je voulus com- batre Corbault, et me donnez absolucion plainiere de mes pechiés. Sy m'en retourneray. »

Et quant le père saint Teust ouy, et qu'il lui eust ses pe- chiés pardonnez, lors s'en party Guillaume, et en peu de temps vint a Paris, ou sy bien arriva a point que deux ou .III. jours après se tint le parlement pour constituer le filz du duc de Normendie roy de France, auquel consitoire arriva Guillaume de telle heure qu'il rompi la presse, ou tant avoit de peuple que c'estoit grant confusion. Et lui, armé soubz son mantel, pour toutes seuretez, sans soy estre descouvert a parent, a amy, a ung ne a autre, tira une lettre que le saint père lui avoit a son partementbailliee, scellée d'un grant seel de plomb, qu'il monstra si haut que la plus grant partie la pouoitbien veoir; et, en disant : « Le pape vous salue tous, beaulx signeurs », mist la main a l'espee, haulça son mantel, sy que on vist le haulbert menu maillié, luisant et cler, s'a- dreça vers le filz du duc Richart et lui donna du taillant, dont il avoit Corbault occis devant Romme, sy qu'il le pour- fendi en deux pars, et cria « Nerbonne ! » si haultement que tout fut le demeurant esbahy, et se absentèrent les pluiseurs et plus grans, en eulx eslongnant et mussant derrière le menu commun. Et quant Guillaume eust ainsy exploitié, et il vist que nul ne se mettoit a deffense, ains s'en aloit chas- cun qui se sentoit coulpable du meffait, il se monta amont, l'espee nue, rouge et sanglante en son poing, se mist au siège royalj non mie en soy séant, mais debout, comme ung

REMANIEMENTS EN PROSE XCV

siéger ou greffier qui veult une sentence prononcer, et la se monstra plainement, en disant qu'il venoit de Romme de par le pere saint, qui luy avoit sa burle bailliee pour tous ceux, prestres, nobles, clerset lais, excommenier qui contre leur prince et droitturier signeur avoient mespris et offensé en malfait, en maldit, en pensée inique, et autrement con- tre droit et raison.

Finablement s'en partirent du palais secrètement plus de .XII. que ducs, que contes et de grans seigneurs sans nombre; mesmement Richart de Normendie se evadua, quant il vist que contre Guillaume nul ne s'esmouvoit, et en peu d'eure s'esl«va ung bruit grant et merveilleux par my Parys du commun et menu peuple, qui bien savoit Tassamblee et la besongne que l'en traittoit, mais a eulx n'estoit nul consen- tement demandé, ainçois avoient les portes du palais esté gardées et si bien fermées que nul n'y entroit se il ne sem- bloit gentil homme, ou de noble lieu issu, et quant chascun homme de mestier, bourgois ou autre, apperceurent la ma- nière de ceulx qui ainsy pensifs et mornes s'en issoient du palais, l'un par ung lieu, l'autre par ung autre, et ilz furent informez de l'aventure, lors s'armèrent ilz de rue en rue, de main en main, et tellement s'en emply le palais que moult en fut Guillaume comptent. Il enquist ou estoit Loys, qui leur roy devoit estre, et on lui dit qu'il estoit a Meleun pour la seurté de son corps, et que ja avoient ses ennemis saisies, prises, garnies les villes, citez, places et les châteaux de France, sy qu'il ne se savoit plus ou retraire; sy l'envoya quérir, fin de compte, et le couronna roy, malgré tous ceulx qui son bien et honneur avoient voulu empeschier; et a icelle heure, pour retourner au propos premier, lui donna Guillaume sa seur Blancheflour a mariage.

Ce récit fait une simple mention de la lutte de Guillaume contre Corsolt, il n'en parle qu'incidem- ment et comme pour expliquer la présence de Guil- laume à Rome. Mais s'il l'avait racontée, son récit

XCVI INTRODUCTION

aurait été semblable à celui que ie vais en donner d'après le ms. de la B. N. Les deux textes sont, en effet, de la même famille, comme je l'ai déjà fait re- marquer. Voici ce récit: Un roi Sarrasin, nommé Cor- bault, a mis le siège devant Rome. Il a tellement malmené le pape que celui-ci est obligé d'entrer en composition. Le Sarrasin accorde au pape un armistice,

pendant lequel il se devoit pourveoir d'un champion en crestienté et le livrer et présenter pour combatre le roy Corbault, par condiction telle, que se le champion chrestien qui au paien combatroit le pouoit subjuguer ou convaincre, Corbault lui devoit rendre ses places qu'il avoit sur luy prises et conquestees, et restorer les damaiges lesquieulx lui avroient esté fais. Et se au contraire le chrestien estoit desconfit et convainqu, il convient le père saint et les chas- teaux ou ilz sont retrais délivrer et rendre, par convenance et prommesse sur ce faicte, et par hostaiges bailliees, tant d'une comme d'aultre partie '.

Le pape envoie des légats de tous côtés ; deux d'en- tre eux viennent trouver Aimery de Narbonne, qui passe pour le plus grand prince de la chrétienté, car la force de Charlemagne décline déjà, Aimery ne peut absolument pas aller à Rome, obligé qu'il est de dé- fendre sa propre ville contre les Sarrasins, mais son fils Guillaume offre de partir à sa place, et sa propo- sition est accueillie avec joie par les ambassadeurs. Aussi, malgré les prières de sa mère, qui, pour le dé- tourner de son voyage, lui parle de la belle Orable, Guillaume, après avoir chargé son serviteur Isaac

I. Ms. B. N. 1497, f i5o \°.

REMANIEMENTS EN PROSE XCVII

d'annoncer son absence à sa dame, se met en route avec les prélats.

fFol. i52 y*.) Comment Guillaume^lefil^Aymery^ combat et conquist le jaiant Corbault devant Romme^la grant cité, par sa vaillance.

Ce dit l'istoire que quant le légat, le cardinal, Guillaume et leur compaignie furent de la cité de Nerbonne départis, et ils furent mis a chemin, ils chevaulchierent tant, sans faire de leurs journées menction, que ils aprouchierent Romme, que les Sarraissins maistrisoient par la conqueste que ils avoient faicte; et quant Guillaume eust veeu les tours, les chasteaux et les grans eddiffices sumptueux et anciens, il demanda esquieulx s'estoient les chrestiens retrais et com- ment ils pourroient dedans entrer. Si lui respondi le légat ; « A ce n'avra nulle faulte que n'y entrions, sire, » fet il, « car noustre saufconduit contient que nous pounos aller la ou bon nous semble quérir et pourchasser champion ou che- vallier, pour le roy Corbault le grant combatre ; le terme qu'il nous a donné durant n'est mye encore passé, expiré ne fini, sy n'aies paour se nous sommes devant luy menés par advanture, car bien me double que il ne veille savoir des. nouvelles. »

Et a itant se sont avanciés jusques aux vailles et deffences anciennes de la cité, ou ils trouvèrent gardes de par le roy Corbault, qui la les avoit commis (fol. i53 r*) pour les ad- vantures. Et quant ils aparceurent les messaigiers venir, ils cognurent legierement et les menèrent ou tref du roy Cor- bault, qui de sa parolle les festoya et leur demenda comment ils avoient besongnié,et en quel païz ; et ilz lui respondirent courtoisement ad ce que il n'eust cause de soy courousser : « De nos nouvelles ne poués vous mye savoir, sire, » font ilz, « plus tôt que le père saint, de par lequel nous sommes messaigiers. Mais en brief temps savrésce que nous avons peeu besongnier, et se vous avrés champion, ou se le père saint se rendra ou non, car le terme que vous nous avés

XCyiU INTRODUCTION

donné fauldradedens.in. jours, ne plus n'avons de delay, se de voustre grâce ne le voulés prolongier, tant que nous aronssceu es aultres parties chrestiennes que en celles que nous avons cerchiees.

Le roy Corbault, oiant les clers messaigiers ainssy parler, fut ausques joyeulx, pour tant qu'il pença que nul champion n'eussent en leur compaignie amené, et leur dist :

« Voustre langaige est vainement fondé, beaus signeurs, fet il, « et bien estes en vous mesmes abusés, se vous cuidiés que je vous donne aultre delay que celluy que vous avés eu, mais dictes a voustre pape que il se prépare de soy humilier vers nos dieu et que ilz se soubzmecte a l'obéissance de nous- tre loy, et nous lui ferons tant de honneur qu'il ara dominac- tion par dessus tous les caliphes et maistres de la loy Mahom. » Et lors demenda Corbault le vin pour en servir les seigneurs, lesquieulx ne l'osèrent reffuser, ains le prirent et beurent par son commandement, puis le fist présenter a Guillaume, qui oncques ne deigna tendre la main, dont Cor- bault se aïra en rougissant par la face et lui dist : o Pour quoy ne buvez vous, vassal, » fet il, « quant le vin vous est pour boire présenté ? » Si luy respondi Guillaume : « Pour ce, certes, » fet il, « que se je buvoye a voustre hanap, ce me pourroit estre imputé a trahison, puis que j'ay intenc- tion de vous porter nuisance avant que je m'en voyse de ces- tuy païs. » Et lors le regarda Corbault moult ententivement, sy le vist sy jeune d'aaige que de lui ne tint compte, ja soit ce qu'il feust grant et bien fourme selon sa jeunesse, ains se prist a soubzrire et dist aux .11. cardinaulx que ils feïssent son messaige au pape, ainsi qui leur avoit dit, et ils dirent que si feroient ils.

Apprès le congié s'en partirent les cardinaulx, et tant firent qu'ilz allèrent au chastel ouquel estoit le père saint, qui joyeusement les receut, espérant avoir bonnes nouvelles, comme sy eurent ilz, car si tost comme ils furent dessendusa la porte et entrés ou chastel, il vint au devant d'eulx et leur demenda comment (fol. i 53 v<^} ilz avoient besongnié, et ilz

REMANIEMENTS EN PROSE XCXIX

luy respondirent : « Au mieulx que nous avons sceu faire, sire, » font ils, « et tant saichiés que nous avons esté en Lorabardie, en Piémont, en Savoie et jusques es marches de Bourgoigne et de France, et avons enquis de Gharlemeine, qui tant est vieulx que plus ne peust, ne nul ne veult mais a luy obéir, comme on nous a raporté en chemin ; sy avons tant enquis qu'on nous a envoies a Nerbonne par devers Aymery, qui en fait d'armes et de noblesse pressede maintenant en terre chrestienne, comme filz et lieutenant de proesse et de chevallerie. Celui Aimery a tant a besongnier aux ennemis de nostre foy qu'il n'a jour, terme ne heure de repos, et non pour tant après l'exposicion du vostre caz, qui tant leur a esté pittable, que le plus dur cueur c'est asouply et baignié en larmes, c'est ung de ses fils avancé et a respondu vail- lamment qu'il feroit le champ contre Corbault, lequel l'a veu, mais guieres n'en a tenu de compte, pour tant que il n'a en- cores que prime barbe; si le vous avons avecques no u amené, et de lui pourrés savoir quant il vouldra la bataille commencer. »

Et quant le saint père entendi le légat, qui lui présenta Guillaume, le filz Aymery, il fut plus joyeux qu'il ne souloit, etl'acolla et receut moult amoureusement. Puis luy demenda comment ilavoit nom, et il lui respondi : « On me appelle Guillaume, sire, » fetil, « qui suy ça venu par grant affection, et désireux pour combatre au jaiant Corbault, qui en si grande subgection vous tient, comme je puis aparcevoir, si saichiés que je suy tout apresté quant il vous plaira, mais que voustre bénédiction me soit donnée, car j'ay avecques moy mon harnoisaporté, mon escu, ma lance, m'espee,et sy suy de si bon vouloir garni qu'il me semble que je lui donray assés a besongnier au bon plaisir de cellui pour lequel nom soustenir j'ai maint mont et maint val monté ou dessendu.» Et quant le saint père eust Guillaume entendu, il luy res- pondi lors Vous soies le très bien venu, beau fielx, » fet il, « et Dieux garl le père qui tel enffant engendra, par qui saincte chrestienté pourra par avanture mieulx valoir a tousjours

C INTRODUCTION

mais, car se venu ne feussiés, l'apoinctement de Corbault et de moy contenoit que je me dévoie a lui soubzmettre et lui rendre ce chastel et ung aultre, ouquel a moult grant et no- ble clergié, qui tout devoit estre serf a luy et subgect. Or vous a Dieux et bonne fortune par deçà amené pour le combac- tre; sy conseille que nous facions en leur ost publier la ba- taille a ung jour briefque vous nousdire's. Gara voustre bon aise et plaisir le voulons bien faire, et c'est raison. » Et quant Guillaume ouy le père saint qui ainsy parla, (fol. i54 r*) il ne fut mye trop esbahy, ains respondi : Pour vous venir se- courir, père saint, » fet il, « ay je des bessongnes laissiés moult nécessaires, lesquelles me sont touchans au cueur, si suy comtempt d'estre expédié plus tost que plus tard, affin d'icel- les plus tost eschever ; sy me consens que a demain faciès publier la journée, car mieulx vault et plus honorablement dedans le terme et le jour contenu en voustre respit et triesve que plus tart. » Sy en fut le père saint ausques joyeux, et commanda que on alast sur les murs parler aux Sarrasins et denoncierla bataille a l'endemain.

Par le commandement du père saint, par le consentement de Guillaume, et du commun acort du clergié, par le conssôil de la chevalerie rommaine,futung chevallier transmis sur le mur du chastel, pour crier en l'ost des Sarrasins a ce que quel- qu'un parlast a lui, et lors vindrent les Sarrasins a .x. ou a .xii, [Quant les] paiens furent la arrivés, lors parla a eulx le che- valier en italien haultement : « Depar le pape chrestien vous fay a savoir, beaussigneurs, »fetil,« que a demain soit la jour- née d'un champion chrestien, qui est nouvellement arrivé pour combatre au roy Corbault, en enssieuvant et entrete- nant le traictié lequel a esté fait ; sy denonciés au roy Corbault qu'il y soit, se bon lui semble, car l'intenction du père saint est de plus tost abregier que plus tard. » Et quant les Sarrasins ouïrent cellui qui ainssy parla, ils lui respondirent que ils yroient ceste chose denoncier a leur seigneur, lequel fut moult joyeux, car grant estoit, puissant et fort a mer- veilles, et ne doubtoit homme nul du monde; sy renvoya

REMANIEMENTS EN PROSE .CI

devers le chevallier pour la journée accepter et avoir aggrea- ble a rendemain; et ainsi fut la journée prise d'une etd'aul- tre partie.

Icellui jour se passa au fort et vint le lendemain, qui moult estoit désiré par le roy Gorbault, qui armer se fist par .un. rois sarrassins^lesquieulx firent moult riche tapis estendre par terre, pour les apoinctier a son devis. L'un des .un. rois luy vesty son haubert, le deuxième luy ferma ses plates, le tiers luy laissa son heaulme, le quart lui atacha son escu ; et il saindi s'espee, puis lui fut son cheval amené, sur lequel il monta, puis demanda une lance ; et quant il fut en point prestet armé, lors appellases hommes devant lui et leur disl haultement : « Vous avés tous esté de mon consseill, beaus seigneurs, » fet il, « et d'acort emssamble comme moy de trai- tieret composer avecques le pape chrestien; par ainssy que j'ay promis de mon corps exposser en bataille contre (Ms. : comme) ung chevallier chrestien et de tenir foy et loyaulté sans faulcer, ay livrez .nn. rois en ostaiges de par nous ; et ilz nous (fol. 1 54 V») ont livrez des cardinaulx pour seureté de leur partie. Or est venu celiui chevallier ou champion, comme hier ce mandèrent, lequel je vois conbatre, ainssy que je l'ay convenance, sy vous prie et requier que il n'y ait trahi- son, faulceté ne barat, car je perdroye mes hommes que j'ay bailliés et livrés, et si pourroit a nous tous par avan- ture mal venir ou mescheoir, et a bon droit, se nous avions nos dieux a essiant parjurez. » Sy lui convenancerent que le traitié tendroient ainssy qu'il estoit fait ; et lors se parti Gorbault le grant et vint devant le chastel si bien armé et monté comme mieulx le sceurent ses amis apointier et armer. Et quant il fut la arrivé, il ficha sa lance en terre pour veoir qui a lui vendroit combatre, car jamais n'eust cuidié que homme eust eu le hardement de soy tourner con- tre luy en armes, a pié ne a cheval.

Grant fut le bruit par le chastel du Sarrassin, qui la es- toit venu armé et monté; mais a icelle heure n'egtoit mye Guillaume endormy, ains estoit matin levé et armé.

cil INTRODUCTION

et ja avoit la messe ouye, comme bon chrestien, et plus n'atendoit sy non le pere saint pour sa bénédiction re- cepvoir, car moult la desiroit, après ce qu'il avoit sa cons- cience esclarcie et netoyé. Le pere saint arriva la ou il n'atendoit plus que son cheval et lui dist, en la présence de maint cardinal et de maint grant clerc, que tous lermoient de pitié' pour luy, car plus grant, plus grox et plus fourni materielement que lui estoit le roy Corbault. Et lors se mist Guillaume devant le pere saint a genouls, atendant sa bénédiction, laquelle il lui donna disant : « A celluy Dieu soies tu commandé, beaux fielx,» fetil, « qui du haultestaige cellestiel vint ça a bas pour l'umaine lignée racheter, lequel te doint force, vertu, pouoir et grâce du Sarrasin mater et desconfire, et tel pardon comme il fist a Marie la pecharresse te soit de par moy donné et octroie. » Puis se seigna, et Guillaume se leva lors et, son heaulme lassé, son escu enchantelé et atachié a sa poitrine, sailli ou bauchant ainsi legierement comme ung aultre eust sailli sans harnois nul ; puis demenda sa lance et on lui bailla, puis fut la porte ouverte, dont il issy legierement, et vint en champ devant Corbault, qui bien le vist issir et chevaulchier droit la lance, comme pour le courir seure. Et quant il fut ausques près il le regarda sans mot sonner, et quant ilz eurent l'un l'autre assés regardé, Guillaume baissa sa lance lors et vint poignant contre le Sarrasin, qui deffendre se pouoit, se bon luy sembloit; et tellement l'assena en son escu que ploierlui fist l'eschine, ou il vousist ou nom, mais a itant ne se tint mye, car il poigni oultre avant et a force de cheval, qui puissamment couroit, et rencontra au corps sy aïrement que par terre le porta, mal gré eust il, et en passant par emprès cria « Nerbonne » si haultement que bien l'entendi le roy Corbault.

Dieux ! comme fut dollant Corbault quant ainssy se senti abatu et il eust celluy ouy qui cria « Nerbonne » ainssy haultement! Il se leva lors legierement et puis dist a Guillaume : « Dy moy, vassal, » fct il, « par la foy que tu dois

REMANIEMENTS EN PROSE CHI

au Dieu ou quel est ta créance, qui tu es et sce c'est le tien cry que de Nerbonne, ou pour quoy tu l'as cy présente- ment crie'.

Je le puis bien faire, Sarrasin, » fet il, « et puis que tu m'as tant conjuré comme sur la loy que je tiens, laquelle ne sera ja par moy faulcee, te repondz je que je suy de la lignie de Nerbonne, et suy filz au conte Aymery, lequel en peut porter les armes et le cry, en despit de tous les payens du monde.

Bien pert a ton langaige que tu es dulinaige, vassal, » fet il, « car tu parles trop outraigeusement, et bien say que Aymery a fait maint mal au peuple croiant en Mahom, dont mal luy en prendra en la fin, et a toy aussy avant que de mes mains puissies eschaper, se une chosse ne veulx faire et acorder, laquelle je te diray cy présentement : c'est, pour tant que te voy vaillant homme et que je sçay que grant damaige seroit de ta mort, que tu creusses en la loy que Mahom nous donna et prescha, et que tu renonces a la loy que les chrestiens tiennent ; je te donray des terres et des seigneuries plus que tu ne vouldras demender, et sy avras ma suer Matrosne, qui tant est belle que en peannie n'a sa pareille de beaulte'. »

Et quant Guillaume de Nerbonne entendile roy Corbault, qui a sa loy le cuida atraire, il luy respondi lors: « Bien pert que tu as cueur failli. Sarrasin, » fet il, « quant, pour ung coup de jouste que tu as de moy cy receu, veulx parle- menter et entrer en composicion. Tant veil que tu saichies que tu es trop loings de ton compte, car je ne suy mye cy en- voyé de par le mien père Aymery pour toi déporter de mort ne pour toy lessier vivre longuement, ainçois y suy transmis pour toy combatre, pour toy tolir la vie, et pour le tien chief coper et porter au fer de la lance mesmes a Nerbonne, ou plus ne me oseroie trouver se ainssy ne le faisoie comme je te dy, car ainsy l'ay je convenance du faire. Et au regart de ta sueur, dont tu m'as cy parlé, ne tien je compte, car j'ay plus belle sans nulle comparaison" que

CIV INTRODUCTION

n'est Matrosne, dont je n'ay mie oublié le nom, et se tu me demendoies qui elle est, je te dirai que c'est Orable, la fille Desramc', que je conqueray si tost comme je avray a toy combatu. Sy te gardes de moy, car l'amour te feray au jour d'uy desplaisir. » Guillaume a Tespee tirée lors, et le Sar- rasin lui couru seure moult asprement et tellement qu'il convint Guillaume dessendre, s'il n'eust voulu perdre son cheval.

Quant Guillaume fut du bauchant dessendu, il rua au Sarrassin lors, qui vaillamment se mist contre luy a deffence, et d'un coup il cuida Guillaume ferir, lequel se destourna, fery son espee en terre sy avant [que] elle luy rompy ou poing an retira[nt],dontilfut sy dollant qu'il getta le demourant emmy le champ, et tira ung coutel grant et fort assés, qui au costé lui pendoit. Ils combatirent l'un l'autre longuement adonq, mais fort le pressoit Guillaume de l'espee, qui plus estoit avantaigeuse pour luy que celle de Corbault, qui bien se prouvoit non pour tant, et moult donna de travail au mar- chis Guillaume, lequel haulça l'espee a ung coup et en fery Corbault a mont sans espargnier, si que du coup, qui glissa au coste' du heaulme, lui emporta par terre l'espaule toute jus, dont il senti une angoisse sy grant que emmi le pré le con- vint verser, vousist ou non, mais mye n'y fist la longue ge- sine, ainçois se releva le plus tost qu'il peust, et, en soy aprou- chiant cautement de Guillaume, gecta son bazelere jus et a une main le prist, et tant tira et saicha que bien le cuida porter par terre, et ja lui eust fait grand desplaisir quant Guillaume se prist a luy au corps, et d'un tour françois qu'il savoit le tournya tellement que dessoubz le mist, qui que le vousist voir.

Moult furent joyeux les nobles barons, le père saint et tout le clargié de Romme, quant ilz virent Guillaume, le no- ble chevallier, ainssy maintenir contre le Sarrasin Corbault, qui [n'a] guieres avoit .nii. champions requis et demendés pour combatre, et maintenant le veoient en peu de heure par ung seul chrestien comme conquis et mené a oultrancc, car il

REMANIEMENTS EN PROSE CV

avoit l'un de ses bras pardu et copé tout jus, si que par nulle voie du monde ne s'en pouoit jamais aidier. Et si estoit son corps en si grant subgection que Guillaume le tenoit par des- soubz lui couchié de son long et renvercé. Si louèrent le hault nom de Dieu en beneïssant Guillaume et louant Ay- mery qui tel enffant avoit engendré, par lequel saincte chres- tienté seroit exssaulciee et la loy païenne confondue et ra- baissie ; et se joyeux estoient les chrestiens, vous devés sa- voir que d'aultre part estoient si troublés et couroussés les Sarrasins pour leur seigneur, que ils veoient en telle disposi- cion, que ja se feussent mis en peine de lui aidier, ne feust ce que les chrestiens avoient .un. rois en leur chastel, tenans ostaiges pour la composicion et traictié fais entre eulx, et aussy pour tant que ils eussent leur foy parjurée a leur es- siant. Et quant Guillaume vist le payen soubz lui, comme ouy avés, il rompy les lasnieres du heaulme qu'il avoit en son chief et fist tant par force qu'il luy arracha hors du chief, puis se leva pour prendre son espee, laquelle il lui avoit convenu getter par terre quant il prist le Sarrassin aux bras et au corps; et tandis se leva le Sarrassin, qui moult le- gier estoit et habillé, et bien cuida retourner au corps de Guillaume, qui d'aultre chosse ne se garda et fist ung sault arrière de luy, l'espee ou poing, dont en soy retournant fery le Sarrassin a mont sur le hanepier, tellement que jus- ques en la poitrine luy mist le taillant et le mist mort em- my le pré.

Sy tost comme Guillaume vist le paien Corbault occis, il vint a son cheval adonq, puis monta dessus et s'en ala tout droit au chastel, dont le pont luy fut legierement abaisié et la porte ouverte, sy entra ens, et lors lui ala le père saint au devant pour le festoier et recevoir, ainssi comme bien apar- tenoit. Sy devés savoir que de luy, des légaux, des cardi- naulx et aultres nobles clercs, chevaliers, sinateurs et bour- gois, qui leans estoient, fut baisié, et ses vestemens, armeii- res atouchiés par ceulx qui de plus prés ne le pouoient con- jouir et festoier. Et finablement désarmèrent Guillaume et

CVr INTRODUCTION

le firent mengicr et rcpaistre, car grant besoing en avoit, et non sans cause. Et les payens envoyèrent ou champ quérir le corps de leur seigneur Corbault, auquel fortune avoit esté toute contraire celuyjour. Puis allèrent a consseil pour leurs ostaiges ravoir, lesquieulx estoient ou chastel dollans a mer- veilles de leur avanture, qui estoit ainssy advenue, et disans qu'onques mais Corbault n'avoit homme trouvé qui contre lui durast en champ ne qui osast le sien corps seulement exposser contre lui en armes, comme avoit fait Guillaume, le filz au conte Aymery de Nerbonne. Et quant le corps fut du champ levé et emporté ou tref ouquel il avoit esté logié, lors vindrent dixSarrassins a la porte du chastel requérir que on leur delivrast leurs ostaiges, puis que la bataille estoit fi- nie ; mais les nobles chrestiens, doubtans que par leur grant mauvaitié ilz ne s'en vousissent partir ne lesser la cité, al- lèrent a consseil emssamble, et la conclurent que ja ne leur rendroient se premièrement ilz ne avoient la cité vuidiee et habandonnee du tout, car l'amiral de Barbastre, qu'ilz avoient en ostaige, estoit assés grant seigneur et puissant pour les tenir en auci grant subgection comme le roy Cor- bault; et qui demenderoitqui estoit celui amiral de Barbas- tre, respont l'istoire qu'il estoit d'Espaigne, frère du vieulx amiral Desramé, qui avoit esté occis devant la cité de Ner- bone, et père de Sallatrie, la noble jouvencelle, laquelle es- toit en Gloriete, le palaix d'Orange, aveques Orable, quant Guillaume ala jouer aux esciis de bois devant le jeune Des- ramé et Thibault d'Arrabbe.

Le conseil des chrestiens fini, fut le cardinal qui avoit esté quérir Guillaume envoyé donner la responce aux dix Sarrassins, lesquieulx l'alerent raporter aux rois Sarrassins de Tost et leur dirent : « Vos ostaiges que Corbault bailla ne rares vous point, beaus signeurs, » fet ilz, « se premièrement ne vous partes de ceste cité sans rien demollir ne plus de mal faire que fait a esté, et tout selon le traictié lequel a esté fait entre nous et vous. Mais bien ont prommis de les vous rendre et amener hors la porte si tost que vous avrés

REMANIEMENTS EN PROSE CVII

vostre sieige et voustre ost desemparé. » Sy ne voulurent mye contredire les payens, ains firent trompes, cors et buisines sonner pour deslogier et lessier la cité, et finable- ment furent les pleiges rendus tant d'une part comme d'aul- tre et la cité lessée par les Sarrassins, les quieulx s'en allè- rent ainssy que les acordances avoient esté faictes ; et les Rommains qui fuis s'en estoient es pais voisins s'en retour- nèrent pour eulx amesnaigier, et Guillaume, qui ung peu se vouloit refaire et cognoistre le père saint, les cardinaulx et ausques de leur estât, se délibéra de séjourner jusques a .XV. jours ou ung mois, mais mye n'y fut si longuement, comme l'istoire le recordera, car en France tourna sy grant meschief que merveilles, tandis que le sieige de Romme dura, par les princes et pers du royaulme, lesquieulx vou- lurent débouter Louys, le filzCharlemeine, lequel mouru en icellui temps, et voulurent faire roy le filz du duc de Nor- mendie, nommé Hernaïs, pour aulcunes causes, lesquelles vous seront cy après desclairees. Sy se taist a itant l'istoire du père saint, des cardinaulx, des Rommains, lesquieulx se relogierent en la cité, et du noble chevallier Guillaume, et racompte des pers et barons de France, lesquieulx voulurent faire ung roy au vouloir des aulcuns et au desplaisir des aultres.

Comment l'abbé de Saint Denis fut envoyé' a Romme devers le père saint, pour remédier au débat que les princes de France avoient emssamble pour faire ung roy nouvel (fol. iSy r»).

Charlemagne vient de mourir, laissant deux fils, Louis et Lohier. La couronne revient de droit au premier, mais les grands du royaume veulent priver les enfants de la succession impériale. Louis, en dan- ger, s'enfuit à Melun. Le duc de Normandie et ses partisans prétendent qu'il n'est qu'un bâtard, de la reine Si bille et d'un nain, et que le plus proche

CVIII INTRODUCTION

héritier du trône est Richard lui-même, le duc de Normandie. Cependant, il se trouve encore des sei- gneurs assez courageux pour défendre l'honneur de Sibille et les droits de Louis ; ils ont pour eux les bourgeois et le commun peuple. Pendant que les par- tisans du Normand veulent réunir à Paris un parle- ment où l'on couronnera Hernaïs, fils du duc, tous ceux qui sont restés fidèles à la famille de Gharlema- gne, et parmi eux l'archevêque de Reims, envoient Tabbé de Saint-Denis demander des secours à Rome. Le messager se rend auprès du pape, lui expose sa mission, lui dit que sur douze pairs dix sont pour Hernaïs, deux seulement pour Louis. Guillaume, qui est présent à cet entretien, gémit d'abord sur la mort de Charlemagne, puis s'écrie : « Je servi le père, sy doy aimer et cognoistre le fils. »

Il obtient du pape le pouvoir d'excommunier ceux qui s'opposeront à l'élection de Louis, et part pour Paris. Arrivé dans la grande ville, il descend chez son hôte habituel, à qui il fait connaître le but de son voyage et qu'il prie de garder le secret sur son arrivée. Cependant, le troisième jour, se tient le fameux par- lement réuni par Richard. Guillaume envoie d'abord son hôte aux informations, puis il se rend lui-même au palais, seul, une épéesous son manteau.

Comment Guillaume, le fils Aymery de Nerbonne, envoya quérir Laouys^ le filsf Charlemeine, a Melun et le fist couronner a Rains et espouser sa sueur Blanchefluer (fol. 160 v«).

Guillaume se rend donc au palais, traversant une

REMANIEMENTS EN PROSE CîX

foule qui ne le reconnaît pas, parce qu'on ne se doute pas de sa présence à Paris et parce que le soleil d'Ita- lie l'a bruni. Le portier, qui a la consigne de ne plus laisser entrer, lui ouvre cependant lorsque Guillaume se fait connaître (c'est une réminiscence de la scène du poème entre Guillaume et le portier de Tours). Celui-ci arrive dans la salle du conseil, rompt la presse et s'avance aux premiers rangs, « emmy le parc ».

Quant Guillaume fu emmy le parc entré, si que plus ne pouoit passer sans excéder le terme des aultres grans sei- gneurs, et qu'il vist les nobles princes, ducs et contes, assis par ordre comme en ung parlement, et le duc Richart de Normendie a costé d'un hault dois richement ordonné par grant magnificence, ou millieu duquel estoit Hernaïs son fils, assis comme en magesté, atendant l'onneur qu'on lui devoit par la deliberaction des ducs, contes et barons illeques assis- tens présenter, se aulcuns n'y avoit contredisans, se aparut ileq Guillaume, le filz Aymery, lequel getta par terre le man- tel endossé, et demoura en son harnaiz tout cler ou verny de roeil, ainssy et tel comme il avoit aporté de Romme, et monta sur le faulxdesteil, si que bien peust ataindre a Her- naïz, qui, comme vous avez ouy, esloit plus hault que nul aultre, et de l'espee qu'il tenoit nue lui donna ung coup si grant que le chief lui fist plus de dix piez voiler emmy le parc, voire en criant « Nerbonne » si haultement que de toutes pars peust bien estre ouy et entendu. Mais mye ne se tint a itant, ains assena le duc d'Orléans et le mist mort comme Tautre, car c'estoit celluy qui plus prés de luy estoit, et qui son fait avoit le plus suporté a son advis. Lambert, le comte de Montfort, estoit d'aultre part assiz, qui autant en receut par sa main; et quant le duc Richart vist l'cxecuc- tion que Guillaume faisoit, il fust sy esbahy que il se mise en fuite et se bouta par mi les gens qui la estoient, lesquieulx.

ex INTRODUCTION

ou la plus grant partie, furent si espardus que chascun s'es- carta l'un ça Tautre la, ne oncques n'y eust homme qui a deffence sceut le sien corps mettre par la grâce de Dieu, ainssi comme il pouoit visiblement sembler.

Alors les uns prirent la fuite, les autres se soumi- rent et obtinrent grâce. En apprenant ce qui se pas- sait, les bourgeois, marchands, laboureurs, gens d'église et de tous autres états coururent aux armes pour soutenir Guillaume, qui, en peu de temps, devint ainsi le maître de Paris.

L'ennemi dispersé, on fît des fêtes, on envoya cher- cher Louis à Melun et on le reçut à Paris avec les plus grands honneurs. Puis « Guillaume et ceulx de Paris firent de par le fîlz Gharlemeine, Loys, mander tous les princes, pers et barons de France, pour venir au couronnement et sacre de leurroy a Rains, ainssi qu'il est acoustumé. » Le sacre fut suivi de fêtes qui durè- rent huit jours, pendant lesquelles Guillaume, qui gouvernait de fait sous le nom de Louis, proposa au roi pour femme sa sœur Blanchetieur. Le roi ayant accepté, Guillaume envoya immédiatement des mes- sagers à Narbonne pour y donner des nouvelles de ce qui se faisait à Paris et pour demander qu'on amenât Blanchefleur en grande pompe.

Le mariage fut une occasion de prolonger les fêtes qui durèrent encore quinze jours, après lesquels « la cour départit » . Aimery de Narbonne et ses fils res- tèrent auprès du roi. L'alné de ceux-ci, Hernaïs, obtint de Louis le duché d'Orléans, dont le seigneur a avoit par le sien frère Guillaume esté occis, et en

REMANIEMENTS EN PROSE ^CXI

espousa la duchesse, car de par elle cstoit la terre venue, laquelle le comte qui mort estoit ne pouoit par son meffait avoir confisequee ne pardue»; Louis donna à Aimer Venise à conquérir sur les Sarrasins et 20000 hommes pour cette conquête. Guillaume vint à son tour demander au roi la permission de con- quérir sur les infidèles Nîmes, Béziers, Carcassonne, Montpellier, Orange et le pays qui entoure Narbonne. Le roi lui accorda ces terres. Suit alors la rubri- que :

Comment Guillaume, le fils Aymery, conquist la cité de Nismes par subtillité qu'il trouva^ a l'aide des gens que le roy de France lui bailla (fol. i66 v»}.

Et le récit du Charroi de Nimes commence, ex abrupto^ sans le magnifique début qui fait le plus grand mérite de la chanson de geste.

D'après les sous-familles A et B de notre poème, Guillaume était à Rome en simple pèlerin lorsque les Sarrasins y arrivèrent -, d'après la famille G, Guil- laume était encore à la cour d'Aix, il venait de couronner le jeune Louis, lorsque des légats vinrent de la part du Saint Père implorer l'assistance des Francs contre les Sarrasins. Dans le manuscrit en prose de la Bibliothèque nationale, Guillaume est à Narbonne, chez son père, quand les ambassadeurs du pape vien- nent demander des secours. Le manuscrit de l'Arsenal aurait fourni sur ce point la même version, s'il avait eu à raconter cette expédition de Guillaume en Italie. En effet, il finit ainsi :

Chascun des autres prist congîé quant bon lui sambla et

CXII INTRODUCTION

retournèrent en leur païs joieux et comptent de la paix de l'empereur, de la dame et de Louis le damoisel, qui puis fut chacié hors de Paris, après la mort Charlemaine, et re- cueilliz par Guillaume d'Orenge, le filz Aimery, qui puis donna sa suer en mariage a Louys, ainsy comme le livre sur ce fait [racompte] , que ne puet mie l'istorien tout mettre avecq cestui, qui fine a tant, et, pour commencer le surplus, faul- droit venir au père saint, qui trouva les payens en son pays et manda Guillaume en F'rance pour lui aidier (fol. 3j8).

Les remaniements semblent donc se rapprocher de la famille en vers G. Ce n'est pourtant pas une raison de croire que les remanieurs se soient servis de la leçon de G. D'abord, dans G, comme je viens de le dire, Guillaume est à Aix, à la cour, lorsque les légats arrivent, tandis que, suivant les auteurs en prose, il est à Narbonne dans sa famille. En second lieu G, comme les autres familles en vers, ne place l'expédi- tion en Italie qu'après le couronnement de Louis à Aix-la-Ghapelle, tandis que les remaniements, d'après une rédaction que nous n'avons plus, mais que j'ai prouvé ^ avoir existé, met au premier rang la lutte de Guillaume contre Gorsolt. Gette lutte, dans l'ouvrage en prose, est devenue on ne peut plus banale. Qu'on cha nge le nom des deux champions et on ne verra plus à quel poème le prosateur songeait en écrivant : Gorsolt n'est plus le champion du roi Sarrasin, c'est Gorbault lui-même qui est le roi, comme Gorsuble dans Ogier de Danemarche; il n'est plus question de Gaifier, roi de Police, ni de sa fille ; enfin, il n'est fait aucune

I , Cf. page Lxxxviii.

LE CORONEMENT LOOlS A L ETRANGER CXIII

allusion à la fameuse blessure qui valut à Guillaume le surnom de au Court Nez. L'absence de ce dernier détail nous est expliquée par la chronique française du manuscrit B. N. fr. 5oo3 déjà citée : «Guillaume d'Orange avoit eu le bout du nés coupé a la m* bataille ou il fut devant Nerbonne. Si Tapplerent plusieurs Guillaume au court nés. »

IV. LE CORONEMENT LOOIS A L ETRANGER

A l'étranger, notre chanson ne semble pas avoir été bien répandue. On crut d'abord que Ulrich von dem Turlin l'avait connue, mais il est aujourd'hu démontré que le passage de VArabellens Entfûhrung sur lequel on appuyait cette assertion a été inspiré par les quelques vers que j'ai cités plus haut de la chanson dCAliscans^ traduite dans le Willehalm de Wolfram d'Eschenbach (i).

Les traductions Scandinaves de nos vieux poèmes ne font aucune mention du Coronement Looïs,

En Italie, deux textes, Tun du xiv* siècle, l'autre de la fin du xv^, se rapportent à notre chanson.

Le premier est un passage des Nerbonesi.

Les Nerbonesi (2) racontent le couronnement de

1. Voyez Romania II, p. m, l'article de M, Suchier.

2. Le Storie Nerbonesi, roman\o cavalleresco del secoîo xiv,

CXIV INTRODUCTION

Louis, mais d'une manière tout autre que la chan- son de geste \ d'après celle-ci, le jeune empereur est couronné en présence même de son père, au grand conseil que Charlemagne a réuni à Aix ; suivant Tau- teur italien, Charles, dans l'assemblée qui se tient à Arles, désigne seulement son successeur Louis, qui ne sera couronné que dans sept ans, et lui donne un régent. Du reste, les deux versions sont tellement diffé- rentes qu'il est impossible d'établir un parallèle entre elles. Voici l'analyse du passage des Nerbonesi qui fait mention de notre légende ; on pourra la comparer au poème et se rendre compte de la désinvolture avec la- quelle l'auteur italien a donné cours à son imagination :

Guillaume était encore à Pampelune(I, 242), lors- qu'une nuit, pendant son sommeil, lui apparut une dame vêtue de blanc, qui lui dit : « Abandonne les affaires d'Espagne et chevauche nuit et jour, jusqu'à ce que tu sois arrivé auprès de Charles, parce qu'il faut soutenir le royaume de France. » Guillaume obéit et vint à XvXts^ad Arli del Bianco^oxx était Charles avec tous ses barons, « princes, ducs, rois, marquis » .

Cependant Charles avait réuni tous ses leudes dans réglise Sainte-Marie d'Arles ; il y avait fait venir son fils Louis, à qui il voulait laisser par testament les rênes du gouvernement. Là, après quelques paroles assez banales sur la vanité des choses de ce monde, sur la

pubblicato per cura di I. G. Isola, vol. I (Colle:{ione di opère inédite o rare dei primi tre secoli délia lingua; Bologna, G. Romagnoli,

1877).

LE CORONEMENT LOOÏS A l'ÉTRANGER CXV

brièveté de h vie, sur la nécessité d'être prêt à la mort, sur les origines de la famille impériale, qui remonte à Constantin, sur les services qu'elle a ren- dus à rÉglise, sur la fermeté avec laquelle elle a dé- fendu Toriflamme que Dieu lui a confiée, l'empe- reur raconte la révélation d'un ange qui lui a prédit sa mort pour la saint Pierre. « Vous savez qu'alors la couronne doit revenir à mon fils Louis, encore trop jeune pour pouvoir la garder. Je veux lui donner un tuteur qui la défende pendant sept ans, qui dirige le royaume, qui, au bout de ce temps, arme mon fils chevalier, le couronne roi de France, lui donne une femme de son lignage, afin d'unir par le sang les deux familles. Choisissez donc, je vous prie, parmi vous un noble baron capable de rendre la justice aux pau- vres et aux riches, aux hommes et aux femmes, aux grands et aux petits, aux veuves et aux orphelins, et de maintenir la sainte foi chrétienne. » Quand Charles eut cessé de parler, tous les seigneurs se regardèrent les uns les autres, mais aucun d'eux n'osa accepter la couronne. Un seul, un puissant baron, qui avait nom Macaire de Lausanne et était de la famille des Maïençais, la demanda à Charles, en lui promettant de suivre exactement ses recommandations. L'empe- reur, un peu déconcerté par cette proposition, répon- dit : « Macaire, ton offre m'est très agréable ; puisse Dieu récompenser ton bon cœur, mais je ne veux pas te donner tant de peine, c'est pourquoi ni toi ni per- sonne de ton lignage n'aura cette charge. » Ensuite Charles s'adresse à son gendre, « Bernard de Busbant » , le priant de prendre la couronne pour sept ans; mais

CXVI INTRODUCTION

Bernard s'excuse en alléguant sa faiblesse et sa crainte des Maiençais, le jeune âge de son propre fils, qui a besoin de lui ; toutefois, il défendra jusqu'à la mort Louis et sa couronne, quand on les attaquera» Charles fait successivement la même demande aux autres fils d'Aimeri, à Beuves, à Hernaut, à Garin d'Anseùne, à Guielin ; tous s'excusent. Après les Narbonnais, Charlemagne s'adresse au roi de Hongrie, puis à beaucoup d'autres seigneurs, mais aucun n'ose accep- ter. Le lendemain, l'empereur réunit de nouveau ses barons et renouvelle ses prières, mais il éprouve les mêmes refus. Déjà il perd tout espoir, lorsqu'on lui annonce l'arrivée d'une troupe de chevaliers : c'est (( Guglielmo Lancionieri » qui revient d'Espagne.

Guillaume entre dans l'église, et, pendant que tous les barons se lèvent pour l'honorer, va saluer l'em- pereur. Charles lui raconte alors sa vision et lui adresse la même demande qu'il a déjà faite inutile- ment à tout son entourage ; Guillaume répond : «Votre prière est un ordre; je reconnais votre fils pour mon seigneur, j'offre d'être son champion toute ma vie, de lui défendre sa couronne pendant sept ans contre quiconque voudra la prendre, fût-ce même contre Aimeri de Narbonne mon père ou contre mes frères » (p. 269). Charles embrasse Guillaume, le bé- nit et lui donne plein pouvoir pendant sept ans dans le royaume de France. Il veut même lui mettre la couronne sur la tête, mais Guillaume jure par le vrai Dieu qu'il ne la portera jamais ainsi, et se contente de la passer autour de son bras; puis, après avoir reçu la bénédiction du pape, il se tourne vers

LE CORONEMENT LOOÏS A L'ÉTRANGER CXVII

les barons et proclame Louis. Tous les seigneurs pré- sents promettent à Guillaume de Paider dans la dé- fense de Louis et du royaume, « bene ch'alcuno si fusse proferto ch'arebbe voluto il contrario di questo ».

Charles, plein de joie, remercie ses barons, puis fait un court testament. Il laisse le royaume à Louis, 200,000 écus d'or à l'église Sainte-Marie d'Arles, une dotation magnifique à une chapelle, qui prit depuis son nom ; à Guillaume, il laisse de quoi marier mille jeunes filles pauvres et lui recommande ses deux filles. Élise et Rosarès. Ensuite le vieil empereur marie sa fille Élise à Élie, descendant des Scipion, qu'il fait duc d'Orléans, puis arme chevalier Guibelin, qu'il envoie reprendre Andrenas. Enfin, « passato il termine, come lo re Carlo avia detto, morî il di di santo Piero, a di .xxix. di giugno, negli anni del nos- tro signore Giesu Cristo ottocento .xxvii. « (p. 267). Ce fut un deuil immense pour tout le royaume.

On exécuta le testament de Charles ;on fit porter son corps à Paris, puis Guillaume s'entendit avec ses frères et les autres barons sur les moyens de défendre Louis envers et contre tous.

Quelque temps après, Guillaume, allant à Tou- louse, au secours de Guibelin, laissa Bernard de « Busbant » à Paris pour garder Louis. Profitant de cette occasion, des seigneurs, jaloux de la puissance des Narbonnais, s'entendirent pour couronner Louis e^ chasser de Paris la famille d'Aimeri. Après avoir fait courir sur Guillaume les plus injustes calomnies et avoir gagné à leur cause la plupart des Parisiens, ils se disposaient à exécuter leurs desseins, lorsqu'un

CXVni INTRODUCTION

homme, nommé F'éricon, qui avait été mis au courant des machinations, alla prévenir Bernard. Bernard, n'étant pas en état de résister aux traîtres, s'enfuit de nuit avec Louis et quelques chevaliers seulement et vint à Avignon. Le lendemain, les conjurés arrivèrent en armes au palais royal, mais Bernard et Louis n'y étaient plus. Décontenancés, ils résolurent de cacher leurs criminelles intentions et d'aller au camp de Toulouse rejoindre Guillaume, croyant que leur trahison ne serait pas découverte.

Cependant d'Avignon Bernard avait conduit le jeune roi à Toulouse. Il avait donné pour prétexte de son arrivée inattendue au camp le désir de Louis de voir la guerre. Guillaume qui, seul avait été mis au cou- rant des événements, avait alors conclu avec les Sarra- sins une trêve de cinq ans, et le traité avait été célébré par des fêtes dans les deux armées. C'est au milieu de ces fêtes qu'arrivèrent les traîtres. Guillaume les reçut courtoisement, feignant de tout ignorer.

Les fêtes terminées, on revint à Paris, et Guillaume ordonna à tous les seigneurs d^ accompagner le roi. Arrivés là, les Narbonnais firent arrêter de nuit les principaux coupables, et quinze barons furent exé- cutés sur la place publique ; après quoi, les autres seigneurs furent congédiés et Guillaume ne garda avec lui que « Bernart de Busbant et Bueves de Cor- mariz ». Il s'occupa alors de maintenir la paix dans tout le royaume, ce qui lui valut les louanges de toute la France et de toute la chrétienté.

Lorsque la septième année de sa régence fut près d'expirer, Guillaume fit venir à Paris toute sa famille,

LE CORONEMENT LOOIS A L ETRANGER CXIX

son père, sa mère, ses frères et sa sœur Brancifîor, qui devait être donnée pour épouse à Louis, et le pape lui-même se rendit à son invitation. Le jour fixé, tout le monde se réunit sur une place de Paris luxueuse- ment ornée, et là, après de nombreux discours, Guil- laume prit la couronne à deux mains et la posa sur la tête de Louis, «e'I papa gliela confermô » (p. 36o). Et tout le monde s'écria : «Vive le roi Louis ! » Puis Louis épousa Brancifîor, et, après plusieurs jours de fêtes, tous les invités se retirèrent ; mais Guillaume resta à Paris. On l'appelait Guillaume Sans-Terre, parce qu'il ne possédait aucun domaine. Pendant sa régence, il avait été souvent appelé au secours de deux villes situées l'une au-dessus, Pautre au-dessous d'Avignon; la première, appelée Orange, assise sur le Rhône, la seconde, Nîmes, près de la mer. Guillaume résolut de faire la conquête de ces deux villes.

Ainsi s'annonce le Charroi de Nîmes.

Ici, du reste, s'arrête le traité de PoUieri, médecin d'Aimeri de Narbonne, mort avant de l'avoir ter- miné, mais on l'achèvera à l'aide des autres livres qui font mention des Narbonnais (p. 365).

C'est sur cette grossière supercherie que nous nous arrêtons. Cette analyse suffit pour donner une idée du rifacimento et pour montrer quelles modifications il a fait subir à la légende. Son auteur est-il responsable de toutes ces altérations, ou s'est-il inspiré d'une ver- sion du poème qui ne nous serait pas parvenue et qui aurait été déjà elle-même notablement changée ? Il est difficile de faire à cette question une réponse satisfai-

CXX INTRODUCTION

santc. Quant à la conspiration qui vint si piteusement échouer dans les appartements vides du roi parti la veille, répond-elle à la troisième, ou à la cinquième partie de notre poème? Est-ce un souvenir vague de ces deux parties confondues dans la mémoire du remanieur ? Est-ce une amplification inventée par celui-ci de la trahison d'Arneis d'Orléans rem- placé par Macairede Lausanne? Ici encore je ne puis répondre.

Le second texte italien a été signalé pour la pre- mière fois par Melzi dans la Bibliogvafia dei ro- man:{i e poemi cavallereschi italiani ^, sous cette rubrique : La Incoronatione del Rey A lois i fi- gliîiolo di Carlo Magno Imperadore di Fran- cia y composta da Michel Angelo di Christo- phano da Volterra ^y sen\a nota di luogo, anno e stampatore ^, in-^°. Le seul exemplaire connu est à la bibliothèque Laurentienne à Florence (Pal. E, 6, n. 25); M. Pio Rajna, à qui j'adresse ici mes plus sincères remerciements, a bien voulu me communi-

1. Milano, édition, i838, in-So, p. 298).

2. Michelangelo di Cristoforo da Volterra, en 1464, est l'au- teur de deux autres poèmes; l'un a pour sujet Ugo d'Alvernia; il fut terminé en 1484; (cf. Bandini, Bibl. Leop.; supplément II, p. 238, notice du ms. Pal. 82. Renier, Discesa di Ugo di Alver- nia allô Inferno^ dans la Scelta di curiosità letterarie, disp. 194, In- troduction, p. Lxxv et suiv.); l'autre est une description des « mira- bili et inaldite belle^e del Campa Santo; l'unique exemplaire connu de ce dernier poème est à l'Arsenal à Paris (cf. d'Ancona, N. Anto- logia. XXIX, 68).

3. M. Rajna pense qu'il fut imprimé au commencement du xvi« siècle.

LE CORONEMENT LOOIS A L ETRANGER GXXI

niquer les notes qu'il possède sur ce volume et que je vais résumer en quelques lignes. Le poème perd, du reste, beaucoup de son intérêt par le fait qu'il est ex- trait des Nerbonesi.

L'auteur indique lui-même cette source en maints endroits :

Corne in sul Nerbonese si ragiona... Corne si trova chiaro nel Nerbonese... etc.

Après la conquête de TEspagne, Charlemagne, de retour en France, épouse la fille de Tempereur de Constantinople, Bellisante. De cette union naît un 'fils, Louis. A la mort de Charles, Guillaume est chargé de la tutelle de Louis pendant sept ans. Les sept ans écoulés, Guillaume réunit sa cour à Paris. Tous les grands de l'empire y accourent ; Aimeri y amène sa fille Blanchefleur, que Louis doit épouser, selon les der- nières volontés de Charlemagne. L'auteur consacre 1 06 strophes à décrire les décorations de la place doit avoir lieu la cérémonie. Le couronnement et le mariage de l'empereur sont suivis d'un tournoi, à la description duquel l'auteur emploie encore 82 stro- phes. Le poème entier n'en ayant que 262, M. Rajna remarque justement que le titre et le sujet du poème ne sont qu'un encadrement à ces longues descrip- tions.

Voici la première strophe du poème :

O regina del cielo o vera donna deU'universo piu che imperadrice nostra vera salute et gran colonna che nelli eiecti ha messo le radice

CXXII INTRODUCTION

io ti priego xMaria di noi madonna tu che sopra dell'altre se felicie che doni tâto ingegno a mia memoria che seguir possa una gentile historia.

Le volume se termine ainsi :

Finita la incoronatioe del re Aloy si figluolo di Carlo Magno Imperado re di Frâcia composta da Michelangio lo di Christophano da Volaterra Finis.

MANUSCRITS DU CORONEMENT LOOIS.

Huit manuscrits contenant le Coronement Looïs, en entier ou en fragments, nous sont aujourd'hui con- nus. Deux se trouvent à l'étranger, l'un à Milan, à la bibliothèque des Trivulzi (fol. 22-38), et l'autre à Londres, au British Muséum, bibl. du Roi, 20 D, XI (fol. io3-ii2). Six sont restés en France: Tun est à la bibliothèque de Boulogne-sur-Mer, S^^ Bertint, 192 (fol. 21-38), les 5 autres à la bibliothèque natio- nale, fr. 774 (fol. 18-33), fr. 1449 (fol- 23-38), fr. 24369 (fol. 75-90), fr. 1448 (fol. 88-89).

I. Description des manuscrits. Le manuscrit du British Muséum est du

MANUSCRITS CXXIII

XIV* Siècle ^ Son texte, bien qu'il offre beaucoup de bonnes leçons, a reçu pourtant d'assez nombreux ra- jeunissements. Par exemple, des expressions qui se trouvent dans les manuscrits B. N. 744 et 1449, mais qui au xiv* siècle avaient vieilli, ont été remplacées par d'autres plus modernes. De même des mots ter- minés par la syllabe ien, que l'original admettait dans les assonances en ié, en ont été rejetés par le manus- crit de Londres aussi souvent que possible. Ce ma- nuscrit contient Garin de Monglane, Girart de Vienne, Aimeri de Narbonne, le Département des enfan:{ A imeri, les Enfances Guillaume, le Siège de Narbonne, le Coronement Looïs, le Charroi de Ni- mes, la Prise d'Orange, les Enfances Vivien, le Co- venent Vivien, Aliscans^ la Bataille Loquifer, le Moniage Guillaume, le Siège de Barbastre, Gui- bert d'Andrenas, la Mort Aimeri de Narbonne, Foulque de Candie,

Ce manuscrit a été décrit par Fr. Michel ^ et récemment par M. Couraye du Parc ^.

2" Le manuscrit du duc de Trivulzi a été l'objet d'une notice de M. Rajna, dans la Romania ^. Il est de la seconde moitié du xiu^ siècle^; il contient les

1. Je dois à Miss Lucy Toulmin Smith une excellente copie de ce manuscrit.

2. Rapports au ministre... (Doc. inédits.)

3. La Mort Aymeri de Narbonne (Soc. des Ane. Textes, 1884).

4. Rom. 1877, p. 257-261.

5. C'est par erreur que M. L. Gautier (Épop. fr. IV, Addi- tions et Rectifications) le place entre les années i3i2 et i328. Ces deux dates sont données par M. Rajna comme étant celles du do- gat de Giovanni Soranzo, dont le nom est écrit au verso du der-

CXXIV INTRODUCTION

Enfances Guillaume, \e Coronement Loois,\t Charroi de Nîmes, la Prise d'Orange, les Enfances Vivien, le Covenans Vivien, Aliscans, la Bataille Loquifer, le Moniage Renouart, le Montage Guillaume.

Beaucoup de ces poèmes ont été mutilés au début et à la fin par la disparition d'un ou de plusieurs feuillets, enlevés sans doute à cause des miniatures qu'ils contenaient. Le Coronement Looïs^ heureuse- ment, n'est pas de ce nombre.

Le manuscrit de Boulogne a été terminé le i6 avril 1295, comme nous l'apprennent les quatre méchants vers suivants, écrits par le scribe au lieu de Texplicit :

Chil livres fu fais l'an de grasse .MCC. et .XX. fiies .IIII. Et .XV. ans tout droit sans mentir, Le tierch samedi en avril.

Il a été décrit par Mone ^ et par MM. Guessard et de Montaiglon ^. Il contient les Enfances Guillaume, le Coronement Looïs, le Charroi de Nimes, la Prise d'Orange, les Enfances Vivien, le Covenans Vivien, Aliscans, la Bataille Loquifer, le Moniage Re- nouart, Foulques de Candie, le Moniage Guillaume.

Ce manuscrit est à un scribe picard, qui souvent ne comprenait pas ce qu'il écrivait ^ il a donc beau- coup de fautes. Néanmoins il fournit souvent la bonne

nier feuillet, mais non comme celles entre lesquelles le manuscrit a être écrit. Partout dans le courant de son livre M. Gautier l'avait daté avec raison du x:ii' siècle.

1. An:i;eiger, V, 1 81-1 91.

2. Aliscans, préface, pp. lxxxix-xcii.

MANUSCRITS CXXV

leçon, et il m'a été d'autant plus précieux qu'il cons- titue à lui seul une famille.

et Les deux manuscrits de la Bibliothèque na- tionale fr. 774 (anc. 7186% Colb. 1377) et 1449 (anc. 7535^'*, Gange 27) présentent les caractères extérieurs d'une parenté très rapprochée. Ils n'ont entre eux que de très rares variantes. L'orthographe, sauf quelques exceptions insignifiantes, l'écriture, la réglure du par- chemin, la distance des lignes et leur nombre dans chaque page sont les mêmes dans les deux manuscrits. Les lettrines aussi sont semblables, excepté la pre- mière du poème, qui est plus belle et plus compliquée dans 1449 ^"^ ^^ns 774. Tous deux ont une minia- ture représentant le couronnement de Louis, et dans tous deux l'encadrement de cette miniature, la pose du nouvel empereur et celle des autres personnages, leur vêtement, la forme de la couronne sont exacte- ment pareils, si ce n'est que 1449 a huit personnages tandis que 774 n'en a que quatre, et encore que, par une interversion tellement constante qu'elle paraît cal- culée, ce qui est en bleu dans l'un est en rouge dans l'autre et réciproquement. Cependant je démontrerai plus loin qu'ils ne dérivent pas l'un de l'autre. Ils sont tous deux du xiii^ siècle.

Le 774 est assez mutilé. M. Suchier a démon- tré dans la Romania (II, p. 335) que ce manuscrit est le « grand tome en vers françois » dont parle Ga- tel dans son Histoire des comtes de Tolose et dans les Mémoires de l'Histoire du Languedoc, et qu'il a trouvé « dans les archifs du monastère Saint Guil- laume du Désert ». Il contient les Enfances Guil-

CXXVI INTRODUCTION

laume, le Coronement Looïs, le Charroi de Nimes, la Prise d'Orange, les Enfances Vivien, le Covenans Vivien, Aliscans (fragment). Foulque de Candie A^ AJoniage Renoart, le Moniage Guillaume. Il a été décrit par M. P. Paris ^

Le 1449 contient les Enfances Guillaume , le Coronement Loois, le Charroi de Nimes, la Prise d'Orange, les Enfances Vivien, le Covenans Vivien, Aliscans, la Bataille Loquifer.

Le manuscrit 368 a été décrit par Crapelet 2, F. Michel ^ P. Paris ^, dans le Catalogue des manus- crits de la Bibliothèque nationale, et par M. Paul Meyer ^.

Il est du xiv^ siècle; il contient le Roman de Par- tenopeus, plusieurs branches de la Chanson d'Alexan- dre, la Chanson de Guiteclin de Saissongne, la Chan- son de Charlemagne et de Simon de Pouille, le Coronement Looïs, le Charroi de Nimes, les Enfan- ces Vivien, Aliscans, la Bataille Loquifer, le Mo- niage Renouart, le Moniage Guillaume.

Il est très mutilé et ne contient du Coronement Looïs que 697 vers (fol. 161 r°-i62 v°). Ce fragment, comparé aux passages correspondants des manuscrits 774 et 1 449, n'offre pas de variantes, sauf quelques ca- ractères de modernité, tels que l'apposition constante de l'épithète rois au nom Looïs qui, au xiv* siècle,

i. Les Man. français. ..V, iZb-i^/^.

2. Partonopeus de Blois, 1834, I, 39-47.

3. Chanson des Saxons, i83g, I, xxi et ss.

4. Manuscrits français, etc., I, 72 et ss.

5. Romania, XI, 3o7-3ii.

MANUSCRITS CXXVII

n'était plus que de deux syllabes, tandis que dans l'original il comptait pour trois. Il ne m'a donc pas été bien utile.

Le manuscrit 24869 (anc. Lavallière 23) est aussi du XIV* siècle. Il offre les mêmes rajeunissements que le manuscrit du British Muséum dont j'ai parlé plus haut. Il contient Aimeri de Narbonne, les Enfances Guillaume, le Département des Enfan^ Aimeri, le Siège de Narbonne, le Coronement Looïs, le Charroi de Nimes, la Prise d'Orange, les Enfances Vivien, le Siège de Barbastre, Guibert d'Andrenas, le Co- venans Vivien, Aliscans, la Bataille Loqiiifer,

8** Enfin le manuscrit 1448 (anc. 7535) est du xiu*^ siècle. Il a une version toute différente de celle des manuscrits précédents, laquelle ne comprend que 3x6 vers intimement soudés au Charroi de Nimes, Je donnerai ce texte à part. Le manuscrit contient Girart de Viane, Aimeri de Narbonne, les Enfances Guillaume, le Coronement Looïs, le Charroi de Ni- mes, la Prise d'Orange, le Siège de Barbastre, la Prise de Cordres, les Enfances Vivien, le Covenans Vivien, Aliscans, la Bataille Loquifer, le Moniage Renoart,

2. Classification des manuscrits.

Les huit manuscrits que je viens de décrire se grou- pent en trois familles, que j'appellerai a:. G*, D*. Les deux dernières sont représentées chacune par un seul manuscrit. G* par le manuscrit de Boulogne, que je

CXXVIII

INTRODUCTION

désigne par la lettre G, D* par le manuscrit B. N. 1448, désigné par D. La famille x se subdivise en 2 sous-familles, A et B. La sous>famille A est repré- sentée par 4 manuscrits : A^ (B. N. 774), A2(B. N. 1449), A3 (B. N. 368), A^ (Bib. Triv.); B par 2 ma- nuscrits : B^ (Brit. Mus.) et B^ (B. N. 24369) K

O

D

A»- /

A^

A*

B

B^ B*

D

Voici les preuves de cette classification : A = Al -}- A2 + A3 + A4. En effet, vers

2) Al,

2, 4 donnent

nonante et dix roiames, B^, G, D no-

I. M. Paul Meyer est arrivé exactement au même résultat dans le classement des manuscrits du Charroi de Nimes.

Dans le tableau ci-dessus, la distance d'un manuscrit à l'original est marquée par une série de points, pour indiquer qu'il peut y avoir solution de continuité dans la ligne, c'est-à-dire que celle-ci a pu être interrompue par des manuscrits intermédiaires, La longueur des lignes pointées est en raison directe de la distance des manuscrits à l'original, mais on comprend que ce rapport n'est qu'un à peu près; néanmoins il montre à vol d'oiseau, pour ainsi dire, le degré de confiance relative que j'ai accordé à chacun des manuscrits.

MANUSCRITS CXXIX

nante et nuef roiames.Or je prouverai plus loin que G et D constituent deux familles distinctes de B^*, on a donc ici trois groupes différents contre A^, 2, ^ (A^ manque). V. 14) A^, 2^ 4 . Li maines rois, B^ G : Li niieldves rois. V. 17) A\ ^^ ^ : Il ala prendre^ B~: Ja i apent, C: Il i apent, D : Qu'il i apent. Ici le mot apent se trouve dans 3 groupes contre A^, 2, ^, qui àonnQVit prendre, V. 34) A^, 2, ^ : A cortoisie, B, G : A convoitise, D : Par convoitise. Convoitise est donc donné par 3 groupes contre A^, ^, ^, qui rempla- cent ce mot par cortoisie. Vers 36-38) A^, 2, ^ sont encore réunis par une leçon commune évidemment fausse :

A',%* ; Deus est prodhoms qui nos governe et paist, Si conquérons enfer qui est punais, Les mal vais princes dont ne resordrons mais '.

B' : Mais Damedieus, qui estsoverains et vrais, Ses en rendra leur gueredons parfais, S'en conquerront enfer qui est punais, Le malvais puis^ dont ne resordront mais.

B': Dieusen prent droit qui nos governe et paist, S'en conquerront enfer qui est pusnais. Le mauves pui^, dont ne resordront mais.

C : Dieu lor perdonne, qui les governe et paist, S'en conquerront ynfer qui est pusnes. fie vers 38 omis)

D : (le vers 36 omis)

Dont il avront enfer lou tout punais, El puis d'anfer dont n'iseront ja mais.

Il est certain qu'il faut lire le malvais pui:{^ et non les malvais princes.

(1) ^' resordront

CXX3C INTRODUCTION

Ne connaissant de A'* que les 40 premiers vers, pu- bliés par M. Rajna, je ne puis continuer ma démons- tration en ce qui concerne ce manuscrit, mais les pas- sages que je viens de citer suffisent amplement à expliquer pourquoi j'ai groupé ensemble A^, A^et A'*. Quant à A\ A2, je pourrais multiplier les preuves de leur parenté. Ainsi le vers 65, qui est nécessaire à l'intelligence du texte, est omis par tous deux :

Or ne puet plus ceste vie mener.

Il ne puet plus la corone porter : (v. 55)

11 a un fin a qui la vuelt doner.

De même :

V. 87) A'," : Ot le li enfes, onques ne mut le pie. B, C : Ot le li enfes, ne mist avant le pie. V. 101-102) B : De granz losenges/e voldra conseillier. Droi^ empereres, faites pais, si m'oiez. G : De granz losenges le prist a araisnier : Droi^ empereres^ faites pais, si m'oiez. A',' : De granz losenges, faites pais, si m'oiez.

En réunissant ainsi le premier hémistiche d'un vers au second hémistiche du vers suivant, A^ - donnent une leçon qui n'offre plus de sens. Le vers 139, omis par AS ^ est donné par B et G. De même les vers i83, SgS.

Plus loin c'est toute une série de 9 vers (v. 427- 435) qui manquent dans A^ ^. Le copiste de A^ + A^, trompé par la similitude des deux vers 426 et 435, a pris le second pour le premier. Toutefois cette faute n'est pas très démonstrative, car on comprend qu'elle ait été commise par deux scribes indépendants, mais

MANUSCRITS CXXXI

jointe aux autres elle a sa valeur, d'autant plus que les deux scribes de A^ et de A^ sont généralement très attentifs. Les vers 622, 712, 736 sont encore omis par A^, ^, tandis qu'ils sont donnés par B et G. Pour ne pas surcharger cette énumération, je me hâte d'arriver au passage A^ vient se joindre à A\ 2 : Vers 1 128) A\ % 3 ; Se li cors, B et G : Se li Turs. Le vers 1176, nécessaire à Tintelligence du texte, et donné par B, G, manque dans A\ 2, ^. Le vers 1 282 manque encore dans A^, ^, 3, tandis qu'il est donné par B et G.

1 182) A', ', ' : Que je ne fusse el maistre renc premiers. B, G: Que je ne voise el maistre renc premiers.

1 198) A', % ^ : cil conseilz iert cre%, B, G : cil conseilz iert tenu^.

1199) A',', ' : .XXV. graisles, G : .xiiii. graisles, B: .xiiii. cors.

1233) A', ', ' : Les halbercs ont desmailliez et rompuz.

B, G : Les blancs halbercs desmaillez et rompuz. 1261) A', *, ' : devez bien repairier, B : vos doit on res- p itier^ G : dois estre respitie^. 1 329) A, C : Mais tant les orent batuz li losengier. A',*,' : Mais tant les orent batuz et ledengie^. 1427) B, G : .XXX. somiers trosse^^ A', ^, ^ : .xxx. somiers/?re-

1443) B et G : .m. chevaliers a armes, A', % ' : .1111™. homes a armes.

Dans tous ces exemples et dans bien d'autres en- core que j'omets à dessein, B et G, que je démontre- rai plus loin appartenir à deux familles différentes, donnent une même leçon contre A^, -, ^. Donc A', A^, A^ doivent être groupés ensemble. J'ai prouvé plus

CXXXII INTRODUCTION

haut que A* se rattache à A' et à A^ et par suite à A^: on a donc A' -f A^ + A=^ + A^ ~ A.

2* B iz: B' + B^. Les preuves de cette équation sont nombreuses ; j'en donnerai quelques-unes seule- ment :

V. 42) B', ' ; Gel jor i ot si bêle ofrende/ai7e.

Ce vers est sûrement mauvais, puisque le moi faite est ici en assonance dans une laisse en è entravé, ce que Toriginal n'admettait pas.

V. 88) A, G : Por lui plorerent maint vaillant chevalier. B', B' ; Esbahiz fu de ce qu'il entendié; N'osa aler la corone baillier. Et quant ce virent li baron chevalier, Molt en sont tuit (B* M. par en s.) dolent et corrocié

V. 95) A, G : Or li fesons tO!( les chevels trenchier» B', ' : Or li fesons les chevels rooignier.

Le vers 108, omis par B^, 2^ est donné par A, C, D. De même les vers 386, 447, 649, 740, 926, donnés par A, C, manquent dans B\ ~. Je pourrais multiplier ces exemples, mais ceux qui précèdent démontrent suffisamment que B' + B-=:B.

C* = G. Jusqu'ici j'ai supposé que G forme une famille distincte de A et de B. Il me faut maintenant le prouver, c'est-à-dire montrer que toutes les fois que G est d'accord avec A ou B, il a la bonne le- çon.

Parmi les exemples cités plus haut, il en est C est avec A contre B, et d'autres il est avec B con-

MANUSCRITS CXXXIII

tre A. Voici d'autres cas, pris au hasard, de cet ac- cord alternatif de C avec l'un des deux groupes A et B contre l'autre :

C est d'accord avec A contre B dans les vers 482, 433, 443, 481, 490, 504, 507, 5 14, 5 1 5, etc.

C est d'accord avec B contre A dans les vers 437, 473, 5io, 58i, 612, 642, 65o, 671, 722, 728, etc.

En résumé, on a tantôt C + A contre B, tantôt C + B contre A.

Or dans ces deux cas, il est nécessaire que C ait la bonne leçon. En effet, si dans les deux cas il avait une mauvaise leçon, il ferait partie tantôt du groupe

A, tantôt du groupe B, ce qui est impossible. S'il avait une mauvaise leçon dans le premier cas seule- ment, il ferait partie du groupe A, mais alors il ne pourrait avoir dans le second cas une bonne leçon, tandis que A^, A% A^ A^ en auraient une mauvaise, et on vient de voir qu'il ne peut donner une mauvaise leçon dans les deux cas. Inversement, il ne peut avoir une mauvaise leçon dans le second cas et une bonne dans le premier.

Donc C n'a jamais de faute commune avec A ou

B, donc il constitue un groupe distinct de A et de B.

40 D* = D. D ne peut entrer dans le groupe A. En effet, dans les vers déjà cités 12, 17, 34, 36-38, etc., AV/ ont une faute commune, D a la bonne le- çon ou s'en rapproche.

D ne fait pas partie du groupe B, puisque souvent il a la bonne leçon avec A et C contre B' et B*. Ainsi v. 99) BV : Hernalz li fiers, A: Hernalz

CXXXIV INTRODUCTION

d'Orltens, G : Hernalz cil d'Orlieus^ D : Hernais d'Orliens.

V. I i3-i 14) A, G : Sempres fust rois quant Guillelmes i vient, D'une forest repaire de chacier.

D : Il fust jai rois cant G. i vient.

Li gentis cuens repaire de chacier.

B : Sempres fust rois li culverz losengiers, Ne fust Guillelmes li marchis au vis fier. Par les degrez est entrez el mostier, A la cort vient o lui maint chevalier.

Les hémistiches quant G, i vient et repaire de chacier sont communs à A, G et D; B les a corrigés à cause de la nasale du mot vient^ qui le choquait dans une assonance en ^ comme dans l'exemple précédent (v. 99), il a remplacé d'Orliens par li fiers. Ici donc D est encore avec A et G contre B, qui a la mauvaise leçon.

V. 126) A, G : Quant li remembre del glorios del ciel. D : Gant li menbra do gloriox do ciel. B : Quant se ramembre de Dieu le droiturier. V. 191) A, G : Om miel^ se fie la le fai assegier.

D : La ou miolx se fie la lou fai assigier. B : Ton anemi fai tantost assegier. V. 202) G et D : ira por cortoier., A ; ira plus cortoier^ B :

ira por tornoier. V. 2 14) A, G : Et dist li enfes : Voir dites j par mon chief. D : Et dist Loys : Voir dites, par mon chief. B : Voir, dist li enfes, refuser ne le quier.

Il serait superflu de prolonger cette énumération, les exemples qui précèdent suffisent à prouver que D est distinct de B aussi bien que de A.

MANUSCRITS CXXXV

D doit aussi être considéré comme distinct de C, car il est impossible de constater aucune faute com- mune à ces deux versions. Toutes les fois qu'elles sont d'accord, elles ont la bonne leçon.

Ne pouvant être rattaché ni à A, ni à B, ni à C, D doit être considéré comme représentant d'une nou- velle famille D *.

b^ X = A + B. Deux de ces quatre groupes, A et B, ne sont que deux sous-familles et doivent être réunis pour constituer une famille x. C'est ce que je vais prouver par un relevé attentif des fautes commu- nes à A et à B :

V. 3) c, D : Bone chançon, cortoise et avenant. A, B : Bone et gentil, cortoise et avenant.

Le vers i Sgo, qui manque dans A et B, et qui est donné par C, est nécessaire au sens du texte. Voici le passage :

Dist li portiers : « Deus en seit aorez ! Se li conseilz m'en esteit demandez, Tost en sereit li aguaiz désertez Et par message queiement amenez. Li traïtor sont ça en^ enserre'; (v. i Sgo) Ou les querras quant ci les as trovez? »

Évidemment ce dernier vers ne peut se passer du précédent.

V. 1622) A : Qu'il viegne a moi, que noise n'i soit faite! B : Si viegne avant, que noise n'i soit faite. C : Si viegne tost, n'i ait noise ne feste.

Ce vers fait partie d'une laisse en è entravé et cette

CXXXVI INTRODUCTION

assonance dans notre poème exclut rigoureusement la diphtongue ai.

Les deux vers 1768 et 1759, donnés par C, man- quent dans A et B. Rapprochés des vers 1772 et suivants, ils paraissent représenter la bonne leçon. Mais ce n'est qu'une conjecture. Voici le passage : Guillaume demande à ses soldats quel châtiment mérite un clerc qui a trahi, ceux-ci répondent :

« Penduz deit estre corne 1ère fossiers. »

Respont Guillelmes : « Bien m'avez conseilliez

Par saint Denis, etge mielz ne vos quier ; (V. 1768) Mais l'ordene Deu ne vueil mie abaissier, (1759) Et neporquant le comparront il chier. »

Li cuens Guillelmes, a l'aduré corage,

Le jugement a 01 del barnage ;

Tresqu'al chancel en est venuzen haste,

Ou a trové et evesques et abes

Et le clergié qui a lor seignor falsent ; (1765) 7^0/^5 les croces fors des poin^ lor esrache,

A Looïs son dreit seignor les baille ;

Li gentilz cuens par mi les flans l'embrace,

Si le baisa .1111. feis en la face.

Li cuens Guillelmes de neient ne se targe,

Tresqu'al chancel en est venuz en haste,

Ou a trové et evesques et abes ; (1772) Por le pechié ne les volt tochier d'armes^

Mais as bastons les desrompent et bâtent.

Fors del mostier les traînent et chacent,

Ses comanderent a quatre vinz deables.

Qui traïson vuelt faire a seignorage,

Il est bien dreiz que il i ait damage.

L'omission du vers 1765 dans A et B semble aussi fautive, celle du vers iggi Test certainement. On

MANUSCRITS CXXXVII

vient de voir le premier cas, voici le second. Guillaume laisse Louis à la garde de l'abbé de Saint-Martin-de- Tours :

Guardez le bien ; s'il vait esbaneier, Qu'il maint o lui al meins cent chevaliers. Que, par Tapostre que requièrent palmier, Se je oeie novele al repairier Que Loois i e'ùst encombrier^ (v. 199 1) Totes voz ordenes n'i avreient mestier Ne vos feïsse toz les membres trenchier.

V. 2034) C : Tel chose fist qui a Jesu agrée :

U église garde qu'ele ne fust guastee. A : Tel chose fist qui a Jesu agrée :

Or al hernois^ franche gent honorée. B : Tel chose dist qui a plusors agrée : Or al ernois, franche gent honorée.

Le vers 2034, donné par A et C, est bon ; dans B c'est une correction; le vers 2o35, tel qu'il est dans A et B, est certainement fautif, car il ne peut suivre le vers 2034.

Toutes ces fautes communes à A et B ne laissent aucun doute sur la parenté des deux groupes. Il ne reste donc que trois familles x : C*, D*. Rien n'au- torise à réduire ce nombre.

De ces trois familles. Tune, D% ne m'a pas été d'un grand secours pour l'établissement du texte, d'abord parce qu'elle ne contient que la première partie et un résumé très succinct de la troisième et de la cinquième partie de la chanson, ensuite parce que ces parties sont elles-mêmes très modifiées. C'est rceuvre d'un copiste inintelligent ou fort inat-

CXXXVIll INTRODUCTION

teniif. Néanmoins, ce manuscrit offre souvent de bonnes leçons, qui viennent confirmer celles dcx.

X paraît s'être rapproché beaucoup de O. Or, on peut le reconstituer à peu près exactement, à l'aide de A et de B, en accordant, toutes les fois qu'on n'a pas de raisons spéciales pour faire le contraire, la préférence à A sur B, qui a subi des rajeunissements nombreux.

Pour résumer, en passant de la synthèse à l'ana- lyse, toute cette étude sur les manuscrits, le Coro- nement Looïs est aujourd'hui représenté par trois fa- milles de manuscrits, :v, C*, D*. x est de beaucoup la plus rapprochée de O, D* en est la plus éloignée. X se subdivise en deux sous-familles A et B. B est plus jeune que A, et des deux manuscrits B', B- qui la constituent, B^ est meilleur que B-. A a peu ra- jeuni a:, il est représenté par A', *, ''^, % qui n'offrent entre eux que très peu de variantes.

On peut encore se demander quelle sorte de pa- renté réunit entre eux les divers manuscrits des deux sous-familles A et B.

D'abord il est certain que A ne peut descendre de B ni B de A, puisqu'il arrive souvent à chacune de ces deux sous-familles d'avoir la bonne leçon pen- dant que l'autre en a une mauvaise. J'en ai donné plus haut des exemples.

De même B^ et B^ ne peuvent descendre l'un de l'autre. B' a fréquemment la bonne leçon contre B*.

V. 243) B' : A Looys remest ses héritiers. A, C : Et Looys remest ses héritiers. B*: A Looys demorerent ses fié.

MANUSCRITS CXXXIX

V. 795) A, C, B' : Voir, dist Guillelmesja orras vérité.

B' : Guillelme a dit : Dirai t'en vérité. V.8i2)A,C, B': desjie:^, B' vilaine. V. 992) A, C, B' : Et un et altre, le prestre et li clerçon. B' : Crestien qui aorent vo saint nom.

B% de son côté, a souvent la bonne leçon contre B'. Le début du poème suffit à le démontrer. B^ a les trois mêmes premières laisses que les autres familles, B* les remplace par une tirade qui lui est particulière. B' passe encore les vers 77, 1 1 5-12 3, 469, etc., don- nés par B'^ et confirmés par les autres familles.

Restent A\ A% A% A^

A^, qui est du xiv^ siècle, ne peut être la source d'aucun des trois autres, qui sont du xiii« siècle.

Je ne connais de A^ que les 40 premiers vers. Ils sont insuffisants pour nous montrer s'il descend ou non de A* ou de A^, mais ils nous prouvent au moins que ni A' ni A^ ne dérivent de lui, en offrant deux fautes que ceux-ci ne reproduisent pas : v, 4) ./. nain jugîere au lieu de Vilain juglere; v. 5) ./. moi au lieu de Nul mot.

A' ne descend pas de A^. En effet,

V. 825) A' : Frère Guibert d'Andernas le mein^^ né. B : Frère Guibert qui de nos est mein:j[ ne:j[. A' : Frère Guibert d'Andernas la cité. V. 1 721) A' : Filz a bon roi. A' et B' : Filz de bon roi, A' Filz a baron.

Ce dernier exemple prouve encore que A^ ne des- cend pas de A*. V. 1796) A' et B ; por tôt l'or & Avalons, A* : por l'anor de Mascons, V. 2610)

CXL INTRODUCTION

B: Deus, saint Denis, aidie\y A': saint Denis, aïdiei^ A* : saint Denis, asoiei.

V. 2619) A', B" : Fors por Corsolt a qui se combatié. A' : Fors por Corsolt le desloial, le fier.

Enfin les deux vers 1 1 2 1 et2ii3, donnés par A^ et confirmés par B et C, manquent dans A*.

A^ ne descend pas de A'. En effet, vers 99) C, B, A'^ : Hernal^^ A' : Bernard. Cet exemple n'a pas beaucoup de valeur, parce que la faute de A' était évidente et facile à corriger ; mais les autres en ont davantage. V. 147) B, G, A^ : Voit le li pères, A* : Voit Vempereres. V. io55) B, C, A^ : La vieille broigne. A' : La meillor broigne. V. i3oo) B, C, A^, A^ : conseillier, A' : compasser. V. i3oi) C, A% A3 : Sarrazin oxpaïn, A} : Sarrazin et Escler. V. i3o2) C, A% A^ : levez et bapti- siez, B : lever et baptisier^ A' : baptisié et levé, V. i58i) A% A^ A : atorne^^ A' : conrae:{.

Ces quatre derniers exemples prouvent encore que A^ ne descend pas de A', comme le vers 172 1 montre qu'il n'a pas été copié sur A^.

Ce chapitre était imprimé, le bon à tirer des feuilles précédentes était donné, lorsque j'ai reçu de M. G. Paris la copie d'un fragment de parchemin, décou- vert par M. L. Delisle dans une reliure. Ce frag- ment provient d'un manuscrit du Coronement Looïs^ j'en parlerai plus bas, appendice IIL

»

DIALECTE ET AGE CXLl

VI. DIALECTE ET AGE DU CORONEMENT LOOIS

Après avoir reconstitué, au moins approximative- ment, grâce à la comparaison des manuscrits, la ver- sion originale du poème, il reste à en revêtir le texte des formes grammaticales usitées par Fauteur. Ce dernier travail exige la solution préliminaire d'un double problème. Dans quel dialecte et à quelle époque écrivait le trouvère? Sur ce point Tétude des manuscrits ne nous apprend rien, et cela pour deux raisons. Les manuscrits souvent sont beaucoup plus jeunes que l'ouvrage qu'ils contiennent, et sou- vent aussi les scribes écrivent dans un dialecte diffé- rent de celui de l'auteur. Des huit manuscrits du Co- ronement Looïs^ l'un est picard, les sept autres français. Est-ce une raison de croire que le poème ait été écrit en français ou en picard, plutôt qu'en normand ou en lorrain ? Non ; tout au plus le nom- bre des manuscrits français constitue-t-il une pré- somption en faveur de ce dialecte. Quant à l'âge du poème, il trouve bien dans celui des manuscrits une limite en deçà de laquelle on ne peut plus le faire avancer; mais au-delà le champ est libre. Le plus ancien des manuscrits du Coronement Looïs est de la seconde moitié du xiii° siècle ; évidemment le poème n'est pas postérieur à cette date ; mais si la critique n'avait d'autres ressources que Tétude des

CXLII INTRODUCTION

manuscrits, rien ne nous apprendrait si le trouvère vivait au xni% au xii* ou au xi" siècle.

Aucun nom, aucune date, aucun fait historique ne se trouvent dans le poème, qui puissent nous éclairer dans cette recherche ; les événements les plus récents auxquels il soit fait allusion sont du x" siè- cle. Il ne reste donc d'autre moyen que d'étudier la langue de l'auteur ; mais cette langue a été dénaturée, et pour la reconstituer il faut précisément connaître répoque et le pays du trouvère. Heureusement ce cercle vicieux n'est pas aussi complètement fermé qu'il paraît l'être. Dans l'œuvre de transformation à laquelle ils se livraient, les remanieurs rencontraient des difficultés devant lesquelles ils ont reculé, ou qu'ils n'ont vaincues qu'à demi, de sorte que çà et ils nous laissent entrevoir l'œuvre originale. Grâce à ces éclaircies, on peut reconnaître le niveau pri- mitif du sol et déblayer le terrain de toutes les allu- vions dont le cours des siècles l'a en partie recouvert. Je m'explique par un exemple : le mot roiaume, roiaulme, ainsi écrit dans les manuscrits, est répété assez fréquemment dans le poème ; cette orthographe et la prononciation qu'elle suppose sont elles l'or- thographe et la prononciation du poète ? Evidemment non : ce mot assone dans la première laisse avec le son nasalisé am..e^ et pour qu'il en fût ainsi il fallait que Va fut immédiatement suivi de la nasale. La forme roiaume, roiaulme est donc celle des co- pistes et non celle de l'auteur.

Le principal obstacle pour les remanieurs était l'assonance ou la rime, quelquefois aussi, mais à un

DIALECTE ET AGE CXLIII

degré moindre, la mesure du vers. Nous allons donc voir quelles particularités caractéristiques offrent l'as- sonance et la mesure dans le Coronement Looïs,

Théoriquement, cette étude devrait reposer sur un texte déjà définitivement établi par la critique, mais comme l'établissement du texte a souvent besoin, lui aussi, de s'appuyer sur Tétude des assonances et de la mesure, il s'ensuit que dans la pratique ces deux études se complètent Tune par Tautre.

I. Étude des Assonances.

Le Coronement Looïs comprend quinze groupes différents d'assonances, dont voici le tableau : AN, EN, laisses i, xxiii, lix, lxh,

AN...E, EN...E, 11.

AT, IV, XI.

A...E, XiV, XVI, XVIII, XXIV, XXXI, XXXIV, XLII,

XLIX, LVIII. É, VII, XV, XXII, XXXIII, XXXVII, XLVII, LVÎ, LXIII.

É...E libre, xxvii, l. É...E entravé, v.

È...E, VI, XXXVllI, LIV. I, X, XXXV, XL, LX. 10** I...E, XII.

Il» lÉ, IX, XIII, XVII, XIX, XXI, xxvm, xxx, xxxii,

XXXVI, XXXIX, XLl, XLIV, XLVI, LI, LUI, LV, LVII, LXl.

12° 6, m, XXV.

i3° 6, xxvr, XLiii, Lir.

CXLIV INTRODUCTION

14° ON...E, VIII, XLV, XLVIII. l5° U, XX, XXIX.

En reprenant un à un ces divers groupes, je vais signaler ce que l'étude détaillée de chacun d'eux peut fournir d'utile à la critique.

L'assonance masculine an comprend quatre laisses, en tout i36 vers. Les mots qui la composent sont » :

Laisse 1 : aidan:{, vaillant, avenant, vant (lat. va- nitet), cornant , (lat. commandei), gent, chant.

Laisse \xin: fièrement, escient, neient , firmament , arpent, comandement, sacrement, esposemen\, vent (lat. ventîim), foleiemen^, cravent, gent, omnipo- tent, preechani , premièrement, enivrement, vilai- nement, talent, malement, veraiement, chasement, parent, sovent, vilment, errament, torment, comen- cement, hardement, acesmeement, prent, pent, mal- talent, fièrement, entent, apent, acordement, legie- rement.

Laisse lix : frans, Alemant, defent, desiranz, talent, comant^ convenant, Bertrans , malement^ champ, neient, demant^ comant, folement^ démentant, puissant, guant, reculant, Abilant^ devant, bro- chant^ aresiement, créant, escient, avant, guar- nemen^, jasèrent, arden^, luisant, flanc, corant, maintenant, prent, pesant, trenchant, pent, espero- nant, errant^ vaillan:^, combatan:^, pendant, ares- tant.

I. Je ne donne qu'une fois les mots qui se trouvent répétés dans la même laisse.

DIALECTE ET AGE CXLV

Laisse Lxii : frans, isnelement, maintenant, sere- ment, bonement, neient, colchani,

La première de ces laisses est formée de 9 vers, dont 8 sont en an, un seul en en (gent); la deuxième comprend 44 vers, tous en en; la troisième, 76 vers, dont un cinquième à peu près en e«, le reste en an; la quatrième a 8 vers, dont 4 terminés par en et 4 par an.

Donc, dans la troisième et la quatrième, le mé- lange des deux terminaisons est absolu, car si dans la troisième les mots en en ne comptent que pour un cinquième, c'est que dans le vocabulaire cette termi- naison est bien moins nombreuse que l'autre. Mais il n'est pas permis de douter que les mots en an n'aient été systématiquement exclus de la deuxième laisse. Quant à la première, elle n'est pas assez étendue pour qu'on puisse être certain du système suivi par le trou- vère; la distinction entre les deux sons paraît cepen- dant probable. En la laissant de côté, il reste, d'une part, la deuxième laisse qui sépare les deux termi- naisons en et<i«, d'autre part, la troisième et la qua- trième qui les réunissent. D'où vient cette différence entre deux parties d'un même poème ? On verra plus loin un fait analogue se reproduire dans les assonan- ces en ô : sur trois laisses, la première n'admet que V6 suivi d'une nasale, tandis que les deux autres ne tiennent pas compte de la nasalisation. Est-ce le fait d'un trouvère qui, vivant à l'époque oia les deux sons en et an étaient en train de se confondre, et la nasa- lisation de en voie de formation, se serait d'abord imposé dans ses assonances une sévérité dont il se se-

CXLVI INTRODUCTION

rail ensuite départi? Ou bien cette différence pro- vient-elle de ce que nous avons affaire à plusieurs poèmes originairement distincts et fondus plus tard en un seul? Les deux explications sont également plausibles. Seulement, en admettant la dernière, il faudrait voir dans le fait une différence entre les poè- mes, non d'âge, mais de dialecte, car celui (la lutte de Guillaume contre Gorsolt) qui admet la distinction des deux sons en et an, plus ancienne que leur confu- sion, est aussi le même qui connaît la nasalisation de l'd, à coup sûr plus moderne que la non-nasalisation. Si, dans un troisième système, on voulait attribuer cette différence à des remanieurs, qui, ayant com- mencé à réformer Tassonance, n'auraient pas mené jusqu'au bout ce travail de correction, on soulève- rait deux objections. La première, c'est que cette différence se retrouve dans toutes les familles de ma- nuscrits et que, par conséquent, elle remonte bien haut. La seconde, c'est que, pour l'assonance en an, on ne comprend guère que les deux sons ayant été confondus par le trouvère, des remanieurs plus mo- dernes les aient distingués; il faudrait admettre que ces remanieurs étaient d'une contrée oij la distinction a survécu, c'est-à-dire de la région picarde, mais le poème ne renferme aucun caractère précis qui l'as- signe à cette région ^

I. Dans un article des Mémoires de la Société de linguistique de Paris (t. I), M. Paul Meycr émet l'opinion qu'au xiii» siècle les poètes distinguaient dans les assonances les deux terminaisons an et en pour flatter l'œil, et non pour plaire à l'oreille, qui ne percevait plus de différence entre les deux sons. Mais cette théorie

DIALECTE ET AGE CXLVII

D'une part, donc, en considérant que la confusion des deux sons existe déjà dans notre poème, nous en conclurons qu'il n'a pas été écrit dans la région N.-E. ; d'autre part, en observant que cette confusion est en- core incomplète et par conséquent récente, nous fe- rons remonter notre chanson au commencement du xn« siècle, époque les deux sons ont été réunis dans le reste de la langue d'oïl. An et en sont encore bien distincts dans les poèmes de Clermont, dans le Saint Léger, dans le Samt Alexis, mais cette dis- tinction apparaît déjà moins pure dans le Roland. 11 semble même que le mélange de ces deux sons soit aussi avancé dans ce dernier poème que dans le Co- ronement Loois, et, comme il est évident que la chan-

ne peut résister devant les objections suivantes : i*> les trouvères, pour la plupart, n'étaient pas instruits et ne connaissaient pas suf- fisamment l'étymologie des mots pour en faire la base de leur système d'assonance; des chartes de la région N.-E. font au xiu« siècle cette distinction dans la graphie; enfin, dans cette même région, les patois actuels distinguent encore les deux sons. M.Meyer dit : « Les trouvères qui opèrent la distinction, et c'est ^'immense majorité, admettent cependant parmi les rimes en ant des mots qui, étymologiquement, devraient s'écrire par e et rimer en conséquence. Ce sont (si je n'en oublie point), covant (couvent), doîans, escient, noient (néant) orient (?), sans (sens), sevgans (sergent), talans, tans ». Ce fait est réel, mais comment ces trouvères se se- raient-ils entendus pour faire tous les mêmes exceptions, s'ils n'avaient été guidés par la prononciation i Bref, cette théorie peut être vraie pour quelques poètes, mais il ne faut pas la généraliser. La distinction repose sur une différence de sons ; c'est, depuis une certaine époque, un fait dialectal, qui appartient à la région N.-E. (picarde, dans le sens très large souvent donné à ce mot). Comme jC picard a beaucoup produit, on trouve souvent cette distinction. Si on la rencontre dans un texte qui n'est pas picard (ni anglo- normand), c'est un indice que ce texte est très ancien.

CXLVIII INTRODUCTION

son de Roland est antérieure à la nôtre, nous expli- querons ce fait en attribuant au Coronement Looïs un dialecte la distinction s'est maintenue plus long- temps que dans celui du Roland^ une région intermé- diaire entre celle fut rédigée cette dernière chanson et la région N.-E., probablement TIle-de-France.

Ces conclusions, il est vrai, reposent sur des pré- misses bien peu solides, et, en attendant que la suite de cette étude vienne les corroborer, je ne les donne qu'à titre d'hypothèse.

II. AN...E, EN...E. L'assonance féminine an.,.e ne nous est offerte que par une seule laisse de i o vers (laisse ii), comprenant les mots : esemple, avenante, 7^eiames, France, Charlemagne, apende, Alemaigne, Bretaigne, Toscane. On y constate :

1 ° Le mélange complet des deux terminaisons an.,.e et en...e. Dans le Roland, cette confusion des deux sons est à peine pressentie et bien moins avancée que dans les assonances masculines.

Que Va et Ve, comme le prouve leur conso- nance, sont nasalisés même devant iï, et qu'il faut prononcer Aleman-gne, Bretan-gne.

Que la lettre /est tombée, au moins dans la pro- nonciation, dans le mot reiame. Ces deux derniers faits existent déjà dans le Roland.

III. Al. Deux laisses masculines, comprenant seulement i8 vers, assonent en ai. Les mots qui y figurent sont :

Laisse iv : Ais, fai\, mais, palais, vait, ait, mal- vais, plaît, paist, punais.

DIALECTE ET AGE CXLIX

Laisse xi : fait, plait, vait, mais^palais, entresait.

De cette assonance sont exclus les mots en a pur et les mots en é. A l'origine, la diphtongue ai, lors- que Taccent tonique était encore sur Va, assonait en a pur, comme dans les poèmes de Clermont, et encore parfois dans le Roland. Plus tard, ai assonera avec é. Pour passer de Tun à Tautre de ces deux sons, ai a avoir un son intermédiaire, et alors il n'assona qu'a- vec lui-même. C'est l'âge de notre poème : le pre- mier tiersMu xii^ siècle.

Dans les désinences féminines, la transformation de ai semble moins avancée. Nous n'avons pas de laisse en ai...e, mais quelques mots de cette termi- naison se trouvent dans l'assonance a...e.

IV. A...E. Cette assonance, qui comprend plus de 3oo vers, en 9 laisses, est formée des mots :

Laisse xiv ; Fierebrace, Charle, armes, baille, large, masse, esperi table, trespasse, cage, damage, malaise, arche, pèlerinage, Chartres, creables, sa- che, barnage, contasse, lasse.

Laisse xvi : Fierebrace, sages, message, aspres, damage, Chapre, altres, glaive, esmaiables, marbre, esperitable, barnage, Charle, targe, espalle, visage.

Laisse xviii : visage, sages, esperitable, salvage, Fierebrace, pèlerinage, barnage, armes, combatre guardes, vasselage, eage, corage, aspres, herber- jage, guionages, large, sache, place, lace, paile, baille, targe, taille, marche, faille, ventaille, co- mençaille, piétaille, barres, seignacle, bataille, es- tage, maie, et rage, basse, Galafre, barges, rivage, arche, chape, vaille, abes, araisne, messages, de-

CL iNTRODUCTION

morabky aire, eritage, aves, Cesaires, damage, esmaiables, Carlage, lignage, fromage, ostage, arbre.

Laisse xxiv : salvages, combatre, eritage, Fiere- brace, armes, esperitable, Charle, Calabre, arche, giiarde, sages, assailles, avantage, miiables, barnage, bataille, large, trespasse, paile, desmaille, meaille, chape, esrache, omage, blasme, erbage, barnage, folage, damage, pasme, haste.

Laisse xxxi : barges, visage, corsage, Fierebrace, sache, esperitable, chapes, place, marches, onora- blés, larges, face, ares t âge, maies.

Laisse xxxiv : Pasques, Fierebrace, mariage, Ora- ble, message, aspres. Chatoies, marches, face, barbe, barnage, sage, armes, charge, large, lasse, con- tasse.

Laisse xlii : corage, barnage, haste, abes, falsent, esrache, baille, embrace, place, large, armes, bâ- tent, chacent, deables, seignorage, damage.

Laisse xlix : corage, Pierrelate, Cartage, sage, larges.

Laisse lviii : message, Arabe, martre, aste, paile, Charle, marche, eritage, otrage, combatre, face, ba- taille, damage, taille, meaille, Chartres, large, atarge, barnage, language, celasse, visage, cage, esrage, Fierebrace, place, lairmes, quatre, faille.

Dans cette nomenclature, on remarquera les mots malaise, glaive, araisne (3 fois), aire, Cesaires, lair- mes, al très, espalle, falsent. Ces mots remontent à l'original, car les remanieurs, au lieu de les ajouter, étaient plutôt portés à les supprimer. De plus^ araisne

DIALECTE ET AGE CLï

(v. 2433), glaive (v. 333), altres (v. 332), espalle (v. 341) sont donnés à la fois par les deux familles a: etC. Les mots en ai prouvent que cette diphtongue ai dans les terminaisons féminines n'avait pas encore passé du son di,..e au son siii generis aî...e, qui a précédé le son é...e, mais le petit nombre de ces mots, 8 seulement sur plus de 3oo rimes, nous mon- tre que cette transformation était déjà en train de s'accomplir.

Dans aucune assonance en è masculin ou féminin n'apparaît cette diphtongue, tandis que le Roland, qui fait bien rimer ai avec a, ai...e avec a..,e, admet en même temps Thomophonie des deux terminaisons ai et è masculines ou féminines. Notre chanson est donc en retard dans cette évolution sur celle de Ro- land. Est-ce une raison de croire qu'elle soit plus an- cienne que cette dernière? Non; c'est une différence dialectale seulement, mais une preuve néanmoins que le Coronement Looïs est ancien, du premier tiers du XII* siècle au moins, sinon du premier quart.

Les mots altres, espalle, falsent, nous montrent que la lettre / suivie d'une consonne n'était pas encore vocalisée à l'époque vivait notre trouvère, ou tout au moins que si al avait déjà pu produire une diph- tongue du (dou), il n'était pas encore devenu au = b.

Les diverses remarques que je viens de faire sur les assonances en ai et en a,,.e sont très importantes à plusieurs égards :

Pour l'établissement du texte, parce qu'elles nous montrent comme mauvaises deux leçons qui introdui- saient le mol faite, une fois dans une laisse en é...e

CLII INTRODUCTION

entravé (v. 42), d'après deux manuscrits, et une autre fois, d'après deux sous-familles, dans une laisse en è...e (v. 1622) ;

2* Pour Torthographe : j'ai rétabli partout la nota- tion ai lorsque les manuscrits donnent e. J'ai de même maintenu la lettre / devant une consonne, parce que, outre les exemples que je viens de donner de sa non- vocalisation, j'en indiquerai encore d'autres dans le courant de cette étude, et parce que, en admettant même que al se prononçât déjà dou, cette évolution ne pourrait être que toute récente. Or il est certain que les variations de l'orthographe ont toujours été de quelque temps postérieures à celles du son ;

Pour fixer l'âge du poème, que je ferai remonter au premier tiers du xn^ siècle.

V. É. L'assonance masculine en é forme huit laisses, en tout 455 vers. Laisses vu, xv, xxii, xxxm,

XXXVII,XLVir, LVI, LXÏII.

L'énumération des mots qui la composent serait très longue et n'offrirait aucun intérêt. Je signalerai seulement les mots fere:{ (fut. de faire, v. 66)^ tol- drei (v. 67), menrei (v. 1426), qui prouvent que les secondes personnes pluriels du futur n'étaient pas en eî:{ ni en oî:{, mais en e^; ostels (v. 283), tels (v. 324), charnels (v. 736), mortels (v. 2Ô75). Comment ces quatre derniers mots se prononcent-ils? L'/ est-elle tombée purement et simplement, ou s'est-elle vocali- sée en eu, ou est-elle maintenue? Tout en suspen- dant mon jugement sur la prononciation, j'adopterai la graphie el, pour la raison que j'ai donnée à propos dtal.

DIALECTE ET AGE CLIII

Cette assonance est distincte de celle en ié, de même que dans Tassonance en é...e n'entre aucun mot en îé...e.

VI. É...E. Cette assonance est représentée par 38 vers, en 2 laisses, xxvii, l. Elle n^offre aucun in- térêt à la critique, sinon que, comme je viens de le dire, elle est distincte de l'assonance en iê...e.

VII. Ë... E (lat. é entravé). Laisse v, de trois vers. Les mots sont : evesques, arcevesques, messe. M. Lûcking a déjà remarqué cette assonance, mais au lieu d'en faire une laisse à part, il Ta réunie à la suivante, qui est en e...e entravé ^ Pourtant il est évi- dent que les deux laisses sont absolument distinctes. Si dans les manuscrits la seconde ne commence pas par une grande majuscule, c'est que les copistes, ne percevant plus de différence entre les deux sons, n'ont cru avoir affaire qu'à une seule tirade. La distinction des deux e a cessé en effet de bonne heure. La chanson de Roland est le seul poème connu jusqu'ici qui offre cet exemple d'une tirade^ assonant en ë...e entravé sans mélange de e...e entravé. Le poème de Sainte Eulalie ne contient dans les assonances aucun e ve-

1. « Li Coronemenz Looys a trois tirades féminines en è 40-45, 1589-1618, 2i56-6g (lisez 39-44, 1600-1629, 2167-2180}. La se- conde ne contient aucun e venant d'ï, la troisième seulement grant erre 2i5y (lis. 2168); mais la première est divisée en deux par- ties, la seconde partie commençant par les mots Cel jor i ot ; la première partie a e venant de ï, la seconde e venant de e (resp. ai) cvesquc, arcevesquc, messe : fête (faite), belc, estre. Il semble que le poète ait cherché une nouvauté. » (Die Itesten aefran:{oesischen Mundarten, Berlin, 1877, p. gS.)

2. Laisse cxxxi, édit. L. Gautier.

CLIV INTRODUCTION

nant soit de é soit de è entravés. Dans Saint Léger, dans Saint Alexis, on ne trouve que Ve provenant de è entravé. « La distinction de c venant de e, » dit M. Lûcking, « d'avec e provenant de é, était de droit dans les plus anciens monuments, mais elle n'existe plus pour répopée du centre de la France au xii« siè- cle ^ » Cette distinction dans notre poème témoigne donc en sa faveur d'un âge assez reculé. Nous allons voir que ë est exclu des assonances en e...e entravé. VIII. È...E (lat. è entravé). Trois laisses : Laisse vi : bêle, feste.

Laisse xxxviii : novele, révèle, teste, destre, bêle, terre, estre, porquerre, pe?^des, overte, desserre, apele, Tudele, feste, areste (ad restât), fenestres, pesmes.

Laisse liv : tertre, empresse, bêle, celés tre, so- fer te, destre, estre, Guillelmes, terre, conquerre, boele, resne.

Aucun e venant de e ne figure dans ces trois tira- des; le mot erre signalé par Lûcking est une faute d'un manuscrit. Cette exclusion est-elle due au hasard ou à la volonté de l'auteur? Les mots en ê*..e entravé sont à la vérité bien moins nombreux que ceux en ê.,.e entravé, mais il est peu probable que parmi quarante-sept mots en è,..e il n'en fût entré au moins un en ë.,.e, si cette exclusion n'était intentionnelle. De plus il est certain que dans la laisse en ê...e citée plus haut Vè..,e a été écarté. Lors même qu'on réuni- rait en une seule les deux petites tirades successives

I . Lûcking, ibid.

DIALECTE ET AGE CLV

en ë...e eie..,e, on serait obligé d'y reconnaître un groupement réfléchi.

Faut-il voir dans les trois vers assonant en ê...e un vestige du poème primitif qui est venu se souder aux autres parties de la chanson actuelle, à laquelle il a donné son nom? J'ai déjà proposé une sembla- ble hypothèse à propos des assonances en ai et en d. Mais il faudrait attribuer au hasard l'absence de dans les trois assonances en ê..,e. Ce serait chercher des complications inutiles; il me semble bien plus naturel de faire remonter la rédaction actuelle du poème à l'époque oii la distinction de deux sons était encore sensible, et sans reculer cette époque autant que le fait M. Liicking, fixer la date du Coronement Looïs au commencement du xii« siècle.

IX. I. L'assonance masculine en i est représen- tée par quatre laisses, en tout 169 vers. Les mots qui terminent ces vers sont :

Laisse x :Jil:{, tenir, toîir, angevin, servir, ho- nir, servie, cherii.

Laisse xxxv : marchis, tenir, fin, peler in, fraisnin, avril, mis, Martin, di, Looïs, Denis, pais, maleïr, flori, maintenir j beneïr, foi, murdri, gentil, Ai- mer i, poïst, laidi\, trair, ris, basti^, partir, che- min, amis, vini (xx), pris, Savaris, vint (l. venit)^ ami, lin, guarantir, Alori,

Laisse xl : marchis, Plesseïs, Paris, pris (l. pre- tium)^ vint (xx), vis (l. vivus)^ ocis, devis, posti^, mis, parevis, vis (1. visum)^ crucefis, Looïs, vint (1. venit)^ assis, senti, menti, dit, Martin, basti, gua- rantir, pri, mi, failli, ris, nori^, respondi,vif,fini

CLVI INTRODUCTION

saisi, esba% amis, matin, requis, plevit, merci, plai- sir.

Laisse lx : marchis, mis, menti, pris (l. prehen- sum)^ venir, dit, forbi, Denis, fis, Arrabi, vis (I. ri- vus), vis (l. visum), Paris, Aimeri, ami, tenir, ma- leïr, ici, traïr, toîir, beneï:{, requis, paradis, altresi, traisist, pi^, ferir, forbi :{, volti\, desmentir, sofrir, esclis, pris (1. pretium\ croissir, venir, cheïr, sailli.

On remarquera dans cette nomenclature :

Les mots pri (preco, v. 1698) et pi'{ (pectus, V. 2539). Dans ces deux mots Vi provient de la triphtongue iei == è + j venant de c. La réduction de cette triphtongue n'a pas été la même dans toutes les régions. Dans TOuest, dans le Sud-Normand, dans le Maine, l'Anjou, la Touraine, iei de è + pa- latale s'est contracté en ie, ei; dans la Norman- die du N.-E. et surtout sur la rive droite de la Seine^ dans l'Ile-de-France, elle s'est contractée en i. Le Roland n'admet pas dans ses assonances en i venant de t latin des mots comme pri^ pi^^ dont \'i vient de e latin plus une palatale devenue j. Il n'en est pas de même de la triphtongue iei pro- venant de e latin précédé d'un j, comme dans merci de mercedem; merci assone régulièrement dans le Roland avec les mots en i de F latin. La présence du mot merci dans nos assonances ne nous apprend donc rien, mais celle des mots pri et pi^ prouve que notre poème n'appartient pas aux dialectes occidentaux.

Les deux formes mi (v. 1699), ^^^^'' (v. 2553) appartiennent encore aux régions de l'Est et du Nord- Est.

DIALECTE ET AGE CLVII

X. I...E. Cette assonance n'offre absolument rien d'intéressant. Elle n'est d'ailleurs représentée que par les 8 vers de la laisse xii : mie^ baillie, beneie^ des- fie, Marie, ocire,

XL lÉ. L'assonance masculine en est de beau- coup la plus nombreuse. Elle ne comprend pas moins de 1 120 vers, en 18 laisses, ix, xui, xvii, xix,

XXI, XXVIII, XXX, XXXII, XXXVI, XXXIX, XLI, XLIV, XLVI,

Li, LUI, Lv, Lvii, Lxi. Toutes les sources de la diph- tongue iê y sont représentées ^

On remarquera dans cette assonance les mots Orliens (v. 99, 112), vient (ii3, 1944), ^^/ew (672, 1 3o I ), crestiien ( 1 2^2) ^sostient ( 1 647), criew/ ( 1 855), tiefît (i863), sieîi (2161), qui prouvent qu'à l'époque vivait notre auteur la nasalisation n'avait pas en- core gagné la diphtongue ié.

A signaler aussi les parfaits embatié (128), convei' lié (i 1 5o), atendié (1939), rompié (21 52), respondié (2562, 2582), descendié (26o3).

Le mot Dié ne figure pas dans cette assonance, tandis que dans l'assonance en é on trouve deux fois Dé, C'est pour cette raison que j'écrirai constamment ce mot sans /.

La distinction qui existe entre et é est une preuve entre beaucoup d'autres que notre poème n'est pas anglo-normand. Le poitevin et le tourangeau ont aussi de bonne heure réuni les deux sons, mais on

I . Il ne s*agit pas ici naturellement de la diphtongue iè, de ë latin entravé, qui appartient aux dialectes du N. E.

CLVI INTRODUCTION

saisi, esbaï\, amis, matin, requis, plevit, merci, plai- sir.

Laisse lx : marchis, mis, menti, pris (l. prehen- sum)^ venir, dit, forbi, Denis, fis, Arrabi, vis (l. vi- vus), vis (1. visum), Paris, Aimeri, ami, tenir, ma- leïr, ici, traïr, tolir, beneï\, requis, paradis, altresi, traisist, pi-{, ferir,forbii, volti^, desmentir, sofrir, esclis, pris (l. pretium\ croissir, venir, cheir, sailli.

On remarquera dans cette nomenclature :

Les mots pri {preco, v. 1698) et pi^ (pectus, V. 2539). Dans ces deux mots Vi provient de la triphtongue ici = è + j venant de c. La réduction de cette triphtongue n'a pas été la même dans toutes les régions. Dans TOuest, dans le Sud-Normand, dans le Maine, l'Anjou, la Touraine, iei de è -f pa- latale s'est contracté en ie, ei; dans la Norman- die du N.-E. et surtout sur la rive droite de la Seine^ dans l'Ile-de-France, elle s'est contractée en i. Le Roland n'admet pas dans ses assonances en i venant de î latin des mots comme pri^ pi^^ dont ^^ vient de c latin plus une palatale devenue j. Il n'en est pas de même de la triphtongue iei pro- venant de e latin précédé d'un j , comme dans merci de mercedem; merci assone régulièrement dans le Roland avec les mots en i de F latin. La présence du mot merci dans nos assonances ne nous apprend donc rien, mais celle des mots pri et pi^ prouve que notre poème n'appartient pas aux dialectes occidentaux.

Les deux formes mi (v. 1699), ^hetr (v. 2553) appartiennent encore aux régions de TEst et du Nord- Est.

DIALECTE ET AGE CLVII

X. I...E. Cette assonance n'offre absolument rien d'intéressant. Elle n'est d'ailleurs représentée que par les 8 vers de la laisse xii : mie^ baillie, beneie^ des- fie, Marie, ocire,

XL lÉ. L'assonance masculine en est de beau- coup la plus nombreuse. Elle ne comprend pas moins de 1 120 vers, en 18 laisses, ix, xni, xvii, xix,

XXI, XXVIII, XXX, XXXII, XXXVI, XXXIX, XLI, XLIV, XLVI,

Li, LUI, Lv, Lvii, Lxi. Toutes les sources de la diph- tongue iê y sont représentées ^

On remarquera dans cette assonance les mots Orliens (v. 99, 112), vient (11 3, 1^44)^ paien (672, 1 3o I ), crestiien ( 1 2g2)^sostient ( 1 547), criew/ ( 1 855), tient (i863), sien (2161), qui prouvent qu'à l'époque vivait notre auteur la nasalisation n'avait pas en- core gagné la diphtongue iê.

A signaler aussi les parfaits embatié (128), convei' lié (ii5o), atendié (1939), rompié (21 52), respondiê (2562, 2582), descendié (26o3).

Le mot Dié ne figure pas dans cette assonance, tandis que dans l'assonance en é on trouve deux fois Dé. C'est pour cette raison que j'écrirai constamment ce mot sans i.

La distinction qui existe entre et ê est une preuve entre beaucoup d'autres que notre poème n'est pas anglo-normand. Le poitevin et le tourangeau ont aussi de bonne heure réuni les deux sons, mais on

I . Il ne s'agit pas ici naturellement de la diphtongue iè, de ë latin entravé, qui appartient aux dialectes du N. E.

CLVIII INTRODUCTION

ne sait pas précisément à quelle époque, si cVst avant ou après celle fut rédigé notre poème.

Enfin l'étude de l'assonance en m'a fourni d'utiles renseignements pour l'établissement du texte. Ainsi au vers 1 147, c'est à cause de l'assonance que j'ai pré- féré la leçon de A, qui donne graciier, à celle de B et C réunis, qui remplacent ce mot par mercier; mercier doit se prononcer mer-ci-er et assoner avec les mots en é, ce qu'il fait du reste aux vers 69 et 1429, de même que crier (708, 223o), desjie:[ (812), afiei (2233). Dans ces mots Ve a été rapproché de 1'/ par la chute du d médial, mais les deux voyelles ne se sont réunies en diphtongue que bien plus tard. Au vers 1950, j'ai encore remplacé la leçon de A, B : toi doi ge mercier, par celle de C'.grani merci^ en aie;; au vers 2340, celle de B : qui les devait guier, par celle de G : ques ot a justicier. Au vers 182 déjà, j'ai préféré la leçon de D : Ja al povre orne ne te chalt de tencier, à celle de A + B : Envers le povre te dois humelier»

XII. ô. L'assonance masculine en c) a composé deux laisses. Tune de 7 vers, l'autre de 26. Elle ne contient que des mots dont l'o vient de à entravé ou de au latin :

Laisse m : or^ cors, tort, bos, mort, los.

Laisse XXV :for:{, cors, hors, col, or, esfor:{, no:{, viO'{, tost, destort, dos, desclot, clos, mor^, javelot, tochot, Loth, tort.

Rien de particulier dans cette nomenclature, si ce n'est l'imparfait tochot (v. 955).

XIII. o. L'assonance masculine en ô comprend

DIALECTE ET AGE CLIX

i83 vers, en trois laisses, xxvi, xliii, lu. La première laisse, qui compte io8 vers, ne contient absolument que des mots en o + nasale; les deux autres, au con- traire, ne distinguent pas les uns des autres les mots en o suivis ou non suivis de la nasale. J'ai déjà, en étudiant Tassonance en ^w, signalé ce fait, et j'en ai proposé deux explications. La première ferait remon- ter cette diversité dans le système d'assonances aux poèmes originairement distincts qui se sont réunis pour former le nôtre ; la seconde, celle que je préfère, admettrait qu'à l'époque le trouvère rédigeait no- tre poème, la nasalisation de Vo existait déjà, mais n'était pas encore assez ancienne pour que les poètes fussent obligés d'en tenir compte.

Je ne donnerai pas la liste des mots qui composent la première laisse, celle oia Vo est nasalisé. Elle com- prend des terminaisons en o entravé et des mots en 6 libre, ex. parfont, don; mais, sauf le mot homo, qui fait toujours exception, et qui, dans le Roland, par exemple, se trouve dans les assonances en o, en même temps que dans les deux tirades xii et cclxix en ue, aucun mol en ô libre ne se trouve dans notre laisse, bien qu'elle ait io8 vers. Le même b libre, suivi d'une nasale, ne se trouve pas davantage dans les deux lais- ses qui confondent o libre ou entravé avec les mots en on, ni enfin dans les assonances féminines en on.,,e. Comme ces diverses laisses réunies comprennent près de 2 20 vers, au lieu d'attribuer cette exclusion au ha- sard, il me paraît plus logique de l'expliquer par la diphtongaison de ô libre, même devant une nasale, et, sans en tirer aucune conclusion pour l'âge ou le dia-

CLX INTRODUCTION

lecte du poème, j'adopterai pour cet o la même orthographe diphtonguée que pour libre non suivi d'une nasale, et j'écrirai bueîis comme buef, suens comme ^we?-, ctdejis comme cuer; mais au con- traire om ne sera pas diphtongue.

Les deux tirades Vo suivi d'une nasale n'est pas nasalisé renferment les mots :

Laisse xliii : chevaleros, seignor, raison, enveions, vos, otreions, baron, orgoillos, moît, sols, bastou, avons, compaignons , tôt, hontos, Avalon, ferons, Neiron, perdrons, aragon, esperon, aresteison, om, lion, menton, sont, beneïçon, font, dons, guarçon, boton, guarison, esleccion, bandon, mangons, par- don, cèlerions, mont (1. miindum)^ amor, nos.

Laisse lu : mont (l. montem)^ ros, compaignons, freor, raison, ferons, reençon, on, estions. Tors, vos, pont, amors, lion, mont (1. mundum)^ baron.

Inutile de faire remarquer, d'après cette assonance, que l'orthographe des manuscrits dans l'intérieur des vers, seigneur, chevalereus, leur, etc., n'est pas celle du trouvère; à l'époque celui-ci vivait, l'évolution d'o libre en eu n'avait pas encore eu lieu.

XIV. 6... NE. L'assonance féminine en o?/...^ com- prend 33 vers, en 3 laisses.

Laisse viii : corone, Rome, âmes, Gironde, confon- dre, joindre, onques.

Laisse xlv : persone, araisone, confonde, honte, corone, longe, demandomes, destruiromes, oncles, boche, or?ie, onques, monde, reproche.

Laisse xlviii : persone, Gironde, Amarmonde, co- rone, longes.

DIALECTE ET AGE CLXI

Dans cette série, 2 mots seulement n'ont pas Vo suivi d'une nasale : boche (v. 1922), reproche (v. iqSo). Appartiennent-ils à l'original ou ont-ils été introduits postérieurement dans le texte ? Le mot boche se trouve dans A et B, mais il est corrigé dans G, qui, au lieu du vers :

Dont la cervele li espande en la boche,

donne le suivant, assez difficile à expliquer :

Dont la cervele desrouge jusqu'à l'ongle.

Le mot reproche ne se trouve que dans A ; ce mot a peut-être choqué B, qui a supprimé le vers ; G le remplace par vergoigne, et au lieu des deux vers :

Ge l'ocirai ainceis a molt grant honte Que tuit si eir en avront grant reproche,

il donne :

Jou l'ocirai a molt plus grant vergoigne Si que li oir en avront après honte

Si, dans le premier cas, on préfère la leçon de G à celle de A B, on devra en faire autant dans le second cas et on aura une assonance féminine en 0 nasalisé pure; si, au contraire, on admet le mot boche, on ad- mettra aussi le mot reproche^ et on en concluera qu'à l'époque vivait le trouvère la nasalisation de Vo, dans les terminaisons féminines, était encore incom- plète ou au moins toute récente. Une raison qui mi- ite en faveur de A contre G est qu'on ne comprend pas pourquoi A aurait remplacé ongle par boche, ver^ goigne par reproche, tandis que les corrections de G

CLXIl INTRODUCTION

s'expliquent facilement par le désir, chez le remanieur, de moderniser l'assonance.

Enfin, dans cette assonance, je signalerai les deux premières personnes du pluriel demandomes (y . 1918), destruiromes (v. 1919). Dans son introduction à la Vie de saint Alexis, M. Gaston Paris dit que la forme en ornes est spécialement picarde, mais depuis il a re- connu qu'elle se rencontre aussi dans des textes du centre ^ Du reste, la forme la plus usitée dans notre poème, comme le prouvent l'assonance en on et la mesure des vers, est celle en om ou en ons ; c'était certainement celle du trouvère, et les deux terminai- sons ornes que j'ai citées sont dues à l'influence litté- raire ou au contact des dialectes voisins.

XV.—u.L'assonance masculine en z< compte 83 vers, en 2 laisses, xx, xxix. Son étude n'offre aucun inté- rêt. Le vers 1 1 99 se termine par le mot un, mais Vu suivi d'une nasale a rimé très longtemps avec u pur ; c'est seulement vers le xvi^ siècle qu'il a été nasalisé.

J'ai indiqué pour chaque voyelle en particulier comment elle se comporte dans notre poème devant la nasale. Voici en résumé ce que j'ai constaté :

A et Ê' sont complètement nasalisés, mais ce fait n'apprend rien sur l'âge ni sur le dialecte du poème,

I. Conférence de M. Gaston Paris à l'Éc. des H. -Études (1880-1). Dans l'Introduction de Raoul de Cambrai, M. P. Meyer dit : «Ces formes, qu'on a crues longtemps picardes, paraissent étrangè- res à la Picardie, mais on les rencontre un peu plus à l'Est, à par- tir de Tournai environ, toujours dans la région du Nord. » (Raoul de Cambrai, p. Ixxj. Pub. de la Soc. des A. -T.)

DIALECTE ET AGE CLXIII

parce qu'il est très ancien. Déjà dans Saint Alexis an et en n'assonent plus avec a ou e.

lÉ. La nasalisation n'a pas encore atteint cette diph- tongue. J'ai cité dans Tassonance les mots Or- liens, vient, paient, crestiien, sostient, crient, tien, sien. Les mots en ien étant bien moins nombreux que ceux en ié, ces exemples sont suffisants pour montrer que le trouvère confondait les deux terminaisons dans la même assonance.

I est resté pur devant la nasale.

6. Dans Tassonance masculine en d, une laisse de io8 vers en on exclut rigoureusement l'd non suivi d'une nasale, deux autres laisses confondent les deux terminaisons, mais ont une tendance à se diviser en groupe. D'où cette conclusion qu'à l'époque du trou- vère la nasalisation de l'd dans les terminaisons mas- culines se faisait déjà sentir, mais pas encore assez complètement ou depuis trop peu de temps pour empêcher les poètes de faire assoner par tradition les deux sons d et on.

Mêmes observations et même conclusion pour l'as- sonance féminine, qui, dans 3 laisses en 07i...e, n'ad- met que les deux mots boche et i^eproche, Vo ne soit pas suivi d'une nasale.

ô libre est diphtongue devant la nasale.

u. C'est au xvi^ siècle seulement que 1'// a été nasa- lisé.

2. Mesure des mots.

L'étude de la mesure des mots dans le Coronement Looïs ne nous dit rien sur le dialecte de l'auteur.

CLX[V INTRODUCTION

mais elle confirme ce que les assonances nous ont ap- pris relativement à l'âge du poème et nous donne de plus quelques renseignements sur l'orthographe.

Le point capital dans cette étude est Télision; il faut donc voir comment le trouvère en a usé.

I. Dans les monosyllabes.

Li article ms. sg. est tantôt élidé (vers 89, 273, 3o2, 320, 379, 426, 435, etc.), tantôt en hiatus avec la voyelle qui commence le mot suivant (vv. 41, 87, 214, 327, 334, 340, 404, etc.). Li n'est jamais élidé dans Saint Alexis, mais l'élision est déjà fréquente dans le Roland \ dans le Comput 2, dans le Voyage de Charlemagne à Jérusalem ^. Les poètes ont usé pendant longtemps de la faculté d'élider ou de main- tenir Vi selon les besoins de la mesure.

Li art. ms. pi. n'est jamais élidé. Il en est de même dans tous'les textes.

Li pronom personnel est élidé 3 fois (vers 697, 1822, 21 10). Partout ailleurs il est en hiatus.

La pron. pers. est élidé une fois (vers 2663).

Ma adj. poss, fém. sing. est élidé 2 fois (vers 666, 681); sa est élidé 5 fois (vers 128, 642, 1026, 1068,

2236).

Ge pron. pers. est élidé 1 5 fois dans le Coronement Looïs (vers 68, 118,437,479,646,922,962, 1089, 1 122, i565, i632, 181 1, 1849, 2198, 2220), 5 fois

1. G. Paris, Alexis, p. 32. Lœschhorn, Zum normannischen. Rolandsliede {Diss. Leipzig, 1873), p. 6.

2. Mail, Li Cumpo\, p. 33.

3. Koschwitz, Ueber die Ch. des V. de Ch. à J. {Rom. Stud, h 3o).

DIALECTE ET AGE CLXV

seulement il est en hiatus (vers 263, 927, 1228, 1259, 1990). Dans le Saint Alexis, ce pronom n'est pas encore élidé; dans le Roland, les cas d'élision sont déjà fréquents ^, dans le Comput, Télision n'a pas jieu 2; dans le Voyage de Charlemagne, M. Kosch- witz ^ pense que ge n'est jamais élidé, mais tous les exemples qu'il cite ne sont pas également sûrs.

Ce pron. démonstratif, devant le verbe être (seul cas il se trouve devant une voyelle dans le Corone- ment Looïs)^ est en hiatus une seule fois (v. 674), ail- leurs il est élidé (vers 486, 783, 861, 1022, 1087, 1410, 1547,2379). Les cas d'élision existent déjà dans Saint Alexis ^^ dans Roland ^, dans le Voyage de Charlemagne ^.

Qui pron. relatif est soumis à l'élision i fois (vers 2533). Partout ailleurs il est en hiatus. Au vers 477 il est difficile de savoir si le mot élidé est qui ou que.

Que pron. relatif est élidé 7 fois (vers 58o, 1145, 1193, 1627, 1798, 1934, 2043) et en hiatus 3 fois (vers 464 et 577, 2676).

Que pron. interrogatif se trouve deux fois devant une voyelle ; dans les deux cas il est élidé (v. 63o "

1195).

1. G. Paris, Ibid., p. 38; Lœschhorn, Ibid., p. 8; Hill, Ueber das Melrum in der Ch. de Roi. (Diss. Strasbourg, 1874), p. 18.

2. Mail, Ibid., p. 33.

3. Ibid., p. 32.

4. G. Paris. Ibid., p. 33.

3. Lœschhorn, Ibid., p. 12. Hill, Ibid., p. 16.

6. Koschwiiz, Ibid, p. 35.

7. Qu'atendereie plus ; on pourrait lire aussi : Que atendreie plus. Mais les manuscrits sont d'accord pour donner la leçon.

CLXVI INTRODUCTION

Que conjonction est de même élidé dans les vers 24, 125, i53, etc., en hiatus dans les vers 363, 376, 410, 759, 760, etc.

Se conjonction (lat. si) est tantôt élidé (vers 25, 68, 188,227,675, etc.), tantôt en hiatus (vers i83, io63, 1087, etc.).

Ne conjonction est élidé 3 fois seulement (vers i 54, 519, 868), partout ailleurs il est en hiatus (vers 23 (2 fois), 82,202, 245, 579, 712, 2539, etc.).

II. Polysyllabes.

Les cas d'élision et d'hiatus que je viens de signa- ler s'appliquent tous à des monosyllabes; dans les cas suivants, au contraire, la question porte sur des po- lysyllabes. Il s'agit de savoir si leur dernière syllabe compte dans la mesure du vers devant une voyelle ; en un mot, s'ils sont terminés par un e muet ou par une consonne.

Les substantifs suj. ou voc. sing. emperere, sire, ancestre, prestre, père, se rencontrent 9 fois devant un mot commençant par une voyelle (vers 73, io3, 464, 475, 541, 992, 1008, i8o5, 2628) et toujours leur dernière syllabe est élidée; ce qui nous montre qu'à l'époque fut arrangé le Corouement Looïs, ces mots et leurs semblables n'avaient pas encore reçu Vs analogique, qu'ils empruntèrent dans la seconde moitié du xii« siècle aux substantifs masculins de la seconde déclinaison latine en us.

Au contraire, les deux vers 736 et 948 nous mon- trent cette s analogique au sujet singulier masculin altres. Je ne parle pas du vers 634, qu'il ne m'a pas

DIALECTE ET AGE CLXVJI

été possible d'établir d'une façon satisfaisante; je crois que le i*^'" hémistiche devrait tiTç.S'uns altres ont. En tous cas, les deux autres exemples de altres suj. masc. sing. sont sûrs. Faut-il en conclure que tous les adjectifs de la même déclinaison ont reçu cette 5? Non, car altres a pu la recevoir plus tôt que les autres ad- ectifs, par analogie avec uns : li uns li altres, uns altres.

Au vers 2812, le vocatif de Guillelmes est rendu par la forme oblique. Ce n'est pas la forme générale, mais elle n'est pas sans exemple dans des textes anciens, et je n'ai pas trouvé dans ce fait une raison suffisante pour remplacer ce vers par le suivant que donne G :

Sire G., Bertrans ! c'or m'aïdiés.

Dans les verbes le / final des 3®^ pers. du sing. qui ont en latin un a posttonique a complètement dis- paru dans notre poème. On sait que déjà dans le Ro- land il n'est plus guère maintenu que par la tradition. Cette chute du / dans le Coronement Looïs se cons- tate aux vers 129, 298, 355, 65o, 670, 827, 972, 1070, 1922, 1923, 1927, etc. Si au vers ]56, l'éli- sion n'a pas lieu, c'est que Vh de honir est aspirée.

A toutes ces remarques je crois utile d'en ajouter une sur le pronom il employé impersonnellement.

Le pronom // employé impersonnellement se trouve 24 fois dans le Coronement Looïs (vers 17, 22, io5, 2o5, 23i, 3i3, 391, 444, 63i, 633, 724, 742, 787, 891, 1227, i383, 1593, j634, 1675, 1716, 1777, 2oo3, 2129, 2409). Mais tous ces cas sont loin d^être assurés. Le 1", par exemple (v. 17), n'est donné que

CLXVIII INTRODUCTION

par les manuscrits G et D; le 3' (v. io5), par C et B' ; le 4' (v. 2o5), par A'^ ; le 5' et le 6'' (v. 23 1 , 3 1 3), par X seul. Le vers répété 444 et 460, donné par x seulement, est écrit par tous les manuscrits de cette famille dans le i" cas avec il, dans le second sans il.

V. 444 : Ainz qu'il i muire tanz gentilz ornes sages. V. 460 : Ainz que i muire tanz gentilz om a armes.

De même au vers 78, A donne seul s'il vos plait, contre B et C, qui ont d'autres leçons différant entre elles.

Ces exemples, que je pourrais multiplier, montrent combien la présence de il dans Toriginal est peu as- surée, lors même qu'on le trouve dans les manuscrits. En général, l'étude d'un monosyllabe ne peut pas remonter au-delà des plus anciens manuscrits il se trouve. Du reste, l'emploi du pronom il imperson- nel par l'auteur du Coronement Looïs ne nous ap- prendrait pas beaucoup. M. Horning, dans un article intéressant sur Le pronom neutre il en langue d'oïl ^ malgré sa ferme résolution de ne pas admettre ce pro- nom avant le milieu du xn^ siècle, n'a pu faire autre- ment que de le laisser dans le Bestiaire de Ph. de Thaun, dans le Comput et, qui pis est, une vingtaine de fois dans le Roland,

Pour résumer cette étude un peu longue sur la ver- sification du Coronement Looïs et pour en tirer une conclusion générale, je vais rappeler les traits les plus caractéristiques que j'y ai rencontrés :

I. Rom.Stud., IV, 22q et ss.

dialecte et age clxix

Pour le dialecte :

La confusion de an et en prouve que notre poème n'appartient ni au dialecte anglo-normand, ni aux ré- gions du N,-E. de la France, la distinction s'est maintenue entre les deux sons.

La distinction entre e et s'ajoute à l'homophonie des deux sons an et en pour prouver que nous n'avons pas affaire au dialecte anglo-normand.

La réduction de la triphtongue iei =è+j en i prouve que le Coronement Looïs n'appartient pas à l'Ouest de la France.

Les deux formes mi, cheïr viennent s'ajouter à cette preuve.

La i""^ pers. plur. en ornes est du Nord-Est. Notre poème emploie généralement la forme om et ons et 3 fois seulement celle en ornes ^, qu'il a empruntée à un dialecte voisin. Il n'est donc pas du Nord-Est, mais il n'en est pas éloigné.

Ajoutons encore que l'esprit du poème est anti-nor- mand d'un bout jusqu'à l'autre;

Qu'aucun des caractères souvent si tranchés du dialecte picard n'y apparaît ;

Enfin qu'on n'y trouve aucun trait qui ne puisse s'expliquer dans le dialecte français.

D'oiJ je conclus que notre poème a été rédigé dans rile-de-France, plutôt à l'Est qu'à l'Ouest de cette région.

Nous avions déjà en faveur de cette conclusion une

I . Aux deux exemples confirmés par l'assonance et déjà cités, l'é- tude de la mesure des mots en ajoute un troisième dans le vers 2172.

CLXX INTRODUCTION

présomption assez forte dans l'étude des manuscrits, qui, au nombre de 7 sur 8, sont écrits par des scribes français.

Pour l'âge :

L'absence de Vs au nom. sing. des substantifs jt?ere, sire, emperere, anceslre, prestre fait déjà remonter notre poème à la première moitié du xii^ siècle.

L'incertitude qui règne encore dans le mélange des sons an et en fait reculer cette date jusqu'au pre- mier tiers du même siècle.

La distinction de la diphtongue ai et du son é, et Tassonance de la même diphtongue avec a pur, en- fin la distinction de ë entravé et de e entravé accusent un âge au moins aussi reculé.

La nasalisation des voyelles, encore toute récente pour o et nulle pour i et pour ié, confirme ces preuves d'antiquité.

Je crois donc pour toutes ces raisons que le Coro- nement Looïs a été rédigé dans sa forme actuelle par un Français, dans les premières années du xii* siècle, au plus tard vers jijo.

J'ai encore trouvé dans Tétude des assonances et de la mesure du vers des indications précieuses sur l'or- thographe que je devais employer dans le texte. Je les ai signalées : le maintien de / dans la graphie partout plus tard elle est devenue u, sa chute dans le mot reiame; le rétablissement de la diphtongue ai partout les manuscrits récrivent e; la distinction dans la graphie entre an et en, suivant Tétymologie; le mot Deus écrit sans / ; la diphtongaison de b libre même devant une nasale (j'ai adopté ue plutôt que oe, parce

VALEUR LITTERAIRE CLXXI

que c'est la forme que je crois avoir été la plus gé- nérale dans rile-de-France au commencement du xii^ siècle) -, les 2 pers. plur. du futur en e^ et non en ei^; enfin les nominatifs sing. père, emperere et au- tres de la même déclinaison sans s.

Ce sont les seuls renseignements que l'étude de la versification m'ait donnés sur cette question. Je ne pouvais en demander d'autres aux manuscrits, qui sont trop postérieurs à l'original . J'ai donc été obligé, pour compléter mon système de graphie, de m'ins- pirer des travaux qui ont été faits directement ou in- directement sur l'orthographe française au xn^ siècle.

VII. VALEUR LITTERAIRE DU CORONEMENT LOOÏS.

Il s'en faut de beaucoup que les différentes branches du Coronement Looïs aient toutes une égale valeur littéraire ; la première est de beaucoup la plus belle ; c'est même une des plus remarquables pages de notre vieille poésie épique. C'est après en avoir cité deux vers, véritablement magnifiques, que M. Paulin Pa- ris écrivait : « Je ne crains pas de dire que ces vers, dont l'harmonie est imposante comme celle des flots de la mer, doivent compter parmi les morceaux de la plus haute poésie » ^ On y rencontre en effet partout

1. Histoire littéraire, xxii, 481.

CLXXII INTRODUCTION

les sentiments d'une âme fière et honnête, exprimés dans un style noble, vigoureux, sobre, exempt des épithètes oiseuses et des nombreuses formules si com- modes aux trouvères sans talent pour cheviller leurs vers insipides. L'auteur est un Français convaincu que Dieu en ordonnant les royaumes de la terre a mis la France au premier rang :

Tôt le meillor torna en dolce France.

Le chef d'un si noble pays, celui qui en porte « la co- rone d'or », doit être un preux, capable de poursui- vre sans relâche les ennemis du royaume, de rendre la justice aux faibles, de mériter h sympathie et l'admi- ration de tous les gens de bien ; en un mot, d'être un digne successeur de Charlemagne. Mais que les temps sont changés depuis la mort du grand empereur!

Lors fist Ten dreit, mais or nel fait l'en mais.

Après cette mélancolique réflexion d'un esprit qui souffre à la vue des injustices de son temps, l'auteur raconte la cérémonie du couronnement de Louis, la trahison du comte d'Orléans, son châtiment. Dans son récit, les caractères sont nettement dessinés : Charle- magne est le vieillard qui ne peut plus imposer sa vo- lonté parce que son bras n'a plus la force de la faire respecter; Louis est un enfant timide, Arneïs un traî- tre adroit, Guillaume un baron brave et dévoué.

Ou l'auteur de la seconde branche était bien infé- rieur à celui de la première, ou l'une a plus souffert que l'autre des arrangements du remanieur. Peut-être les deux causes ont-elles concouru à faire de la se-

VALEUR LITTÉRAIRE CLXXIII

conde partie du Coronement Looïs une œuvre as- sez médiocre. L'originalité y a fait place aux banalités, aux répétitions monotones, qui ont affadi le style et ralenti l'action. C'est ainsi que dans le duel entre Cor- solt et Guillaume les deux champions, au lieu de frap- per se lancent d'interminables défis. Guillaume entre ses coups trouve le temps de réciter deux longues prières, l'une de quatre-vingt-quinze, l'autre de cin- quante-quatre vers, de ces prières trop connues, dans lesquelles le suppliant raconte à Dieu l'ancien et le nouveau Testament; et Corsolt, qui avait annoncé son intention d'en finir plus tôt

Que vos n'iriez demi arpent a pié,

le laisse faire et se contente de lui demander à la fin à qui il a « si longement parlé ».

Un caractère assez particulier de cette branche est une sorte de bouffonnerie, plus ou moins consciente, dans l'expression et même dans l'idée. Galafre ap- pelle le pape « sire al chaperon large; » Corsolt lui dit:

«... Petiz om, tu que quiers?

Est ce tes ordenes que hait ie's reoigniez ? »

Le pape permet à Guillaume d'user des femmes au- tant que ses forces le lui permettront ; quelque péché qu'il commette, le paradis lui est assuré. Ailleurs il menace saint Pierre de lui supprimer radicalement les messes dans son moûtier.

Il faut cependant, pour être juste, reconnaître qu'il y a, même dans cette branche, quelques beaux vers, par exemple ceux oii Corsolt exprime au pape sa haine

CLXXIV INTRODUCTION

contre le Dieu des chrétiens; les deux derniers du passage sont vraiment superbes :

Et mei et Deu n'avons mais que plaidier :

Meie est la terre et siens sera li ciels (v. 536, 537).

La troisième branche, sans valoir la première, est cependant bien supérieure à la seconde; le style est plus vif, les formules, les épithètes inutiles sont plus rares; l'action procède plus régulièrement, suivant un plan bien tracé ; l'auteur se rend compte des lieux il fait agir ses personnages; il connaît probablement Tours et le monastère de Saint-Martin; il connaît même la géographie du Nord-Ouest de la France, car l'itinéraire qu'il fait suivre à Guillaume après la mort d'Ancelin ne cesse d'être vraisemblable que lorsqu'on sort de cette région. Cette particularité et les noms aquitains, comme Flore du Plessis, Gautier de Tou- louse, donnés aux compagnons de Guillaume, con- firment les raisons que j'ai déjà données pour identi- fier le Guillaume de cette branche avec un des comtes de Poitiers du même nom.

La quatrième branche ressemble beaucoup à la se- conde; en modifiant quelques détails, en donnant aux Allemands le nom de Sarrasins et à Gui celui de Cor- solt, l'une ne sera plus que la répétition de Tautre.

La cinquième branche est un simple sommaire de trente à trente-cinq vers. Le remaîtieur avait évi- demment pensé à l'étendre davantage, comme le prouvent les trois vers suivants placés à la fin de la quatrième branche :

Tels li jura qui le tint bonement

VALEUR LITTERAIRE CLXXV

Et tels alsi qui ne li tint neient,

Com vos orrez ainz le soleil colchant (v. 2639-2641).

Il est en effet peu admissible que dans cette an- nonce l'auteur n'ait eu en vue que le récit abrégé que nous avons.

Celui qui a réuni ces diverses branches en un seul poème était un homme fort médiocre. En beaucoup de cas, naturellement, il est difficile de décider si l'idée ou l'expression est de lui ou de l'auteur original, mais aussi dans d'autres on reconnaît incontestablement les traces de sa main maladroite. Des vers répétés dans les différentes branches ne peuvent être que de lui, ou du moins ont été introduits par lui, et ces vers sont généralement les plus mauvais de l'ouvrage. Il a laissé les contradictions les plus choquantes dans les diverses parties. Par exemple, à la fin de la première branche, quand Guillaume quitte la cour d'Aix pour se rendre à Rome, le remanieur oublie absolument que, d'après la première branche, en même temps que Guillaume, le pape se trouvait à Aix, il était venu pour le couronnement de Louis. Dans la première branche, la cour siège à Aix ; dans les autres, Louis est le roi de Saint-Denis, ou de Paris. A la fin de la seconde branche, le vainqueur de Gorsolt est sur le point d'épouser la fille de Gaifier ; mais ce vainqueur prenant dans le remaniement le nom de Guillaume au Court Nez, le mariage devient gênant, puisque dans la poésie la femme de Guillaume est la belle Orable ; le remanieur sort de cet embarras avec un vers :

Trestot aveit entrobliee Orable.

CLXXVI INTRODUCTION

Ce mariage manque est le prétexte qui ramène Guillaume en Italie à la fin de la troisième branche, pour y devenir le héros de la quatrième. Guillaume redescend donc en Italie pour épouser la jeune fille, dont Gui d'Allemagne convoite la main et surtout les biens. Il vient à Rome, tue Gui, puis rentre en France, sans que, dans tout le récit, il soit fait la moindre al- lusion à la fille de Gaifier. Ce serait le cas de dire au jongleur ce que les messagers disent à Guillaume :

De la pulcele vos a petit membre.

Au lieu d'insister sur ces contradictions, j'aime mieux signaler encore les vers qui ont servi de sou- dure entre les différentes branches et qui dévoilent chez le remanieur une étonnante faiblesse d'inven- tion : ceux qui relient la troisième branche à la se- conde, depuis :

Es dous messages venant toz abrivez (v. 1 384),

jusqu'à :

De Looïs vos est petit membre (v. iSgS),

se retrouvent entre la troisième et la quatrième, de- puis :

Es dous messages poignant tôt abrivez (v. 2225),

jusqu'à :

De la pulcele vos a petit membre (v. 2232).

Le premier de ces vers, Es dous messages.,, est déjà dans la soudure de la première à la seconde branche (v. 32 3).

VALEUR LITTERAIRE CLXXVII

Dans le récit des voyages que Guillaume fait suc- cessivement d'Aix à Rome, de Rome à Tours, d'Or- léans à Rome, on découvre la même pauvreté d'ima- gination. Le premier voyage est ainsi raconté :

Vait s'en li cuens, de neient ne se large; De ses jornees ne sai que vos contasse : Montgeu trespasse, qui durement le lasse; De ci a Rome n'aresta Fierebrace (v. 268-271).

Voici le second :

Vait s'en li cuens, qui de riens ne se large,

Montgeu trespasse, qui durement le lasse.

De lor jornees ne sai que vos contasse;

De ci en Brie n'arestent ne se targent (v. 1446- 1449).

Dans le troisième, le changement d'assonance a né- cessité une légère modification :

De lor jornees ne vos sai deviser : Montgeu trespassent, qui molt les a penez, De ci a Rome ne se sont aresté (v. 2276-2278).

Malgré ces défauts, il n'en reste pas moins au Co- ronement Looïs un réel mérite littéraire, qui, joint à l'importance historique et à la valeur linguistique de ce poème, en fait un des plus intéressants ouvrages de l'ancienne poésie française.

LI CORONEMENZ LOOÏS

LI CORONEMENZ LOOIS

lEz, seignor, que Deus vos seit aidanz ! ^Pllil P^^^^^ ^^^ ^^^ d'une estoire vaillant. i^î^ Buene chançon, corteise et avenant? Vilains juglere ne sai por quei se vant Nul mot n'en die tresque l'en li cornant. De Looïs ne lairai ne vos chant, Et de Guillelme al cort nés le vaillant,

I a un tout autre début; il remplace les trois premières laisses de A, B^, C et D par la suivante : G. fu tous drois en son estant Il jure dieu le père tout poissant Quil ne lairoit por nule riens viuant Veoir ne voist charleinagne le grant II sapareille auec lui maint sergant Qui de laler estoienl desirrant A dieu commandent ermengart la vaillant De leur jorneez ne vos irai contant Desci a ais ne se vont arestant La ont irouue guielin et bertrant Qui por g. furent lie et joiant Pour la leçon de D, voye^ ci-dessous; après le ler vers A donne Li glorios par son coniandement 3 A et B Bone et corioise gentil et auenant 4 C A^ sen vant; /l* .1. nain j. 5 .(4 N. m. a dire; /l* .1. mot— G C De 1. ne lise 7 B^ le puissant

LI CORONEMENZ LOOIS

Qui tant sofri sor sarrazine gent;

De meillor orne ne cuit que nuls vos chant.

II

10 Seignor baron, plaireit vos d^une esemple, D'une cliançon bien faite et avenante? Quant Deus eslist nonante et nuef reiames, Tôt le meillor torna en doice France. Li mieldre rcis ot a nom Charlemagne;

i5 Cil aleva volentiers doice France;

Deus ne tist terre qui envers lui n^apende; Il i apent Bavière et Alemaigne, Et Normandie, et Anjou, et Bretaigne, Et Lombardie, et Navare, et Toscane.

III

20 Reis qui de France porte corone d'or

Prodom deit estre et vaillanz de son cors ; Et s'il est om qui li face nul tort, Ne deit guarir ne a plain ne a bos, De ci qu'il l'ait o recréant o mort :

23 S'einsi nel fait, dont pert France son los; Ce dist Testoire : coronez est a tort.

8 Q.. t. s. contre paiene gent 9 C Du nul meillor n. q. 10 B^ Plaist il vous a entendre; C plaist il vos a ensemple 1 1 B=« Bone c. b. f. por aprendre 12 A nonante et .x. 1 3 C dona a d. f. 14 A Li maines r.; B^ si ot nom c. i 5 B* G. a. a son pooir le règne 16 C qua lui ne doie aprendre 17 -^ B^ Il ala prendre; B^ isi \ a.; D Quil i apent 19 B- Et berriier et; C Et 1. auauterre et t. 26 C manque

Ll CORONEMENZ LOOlS

IV

Quant la chapele fu beneeite a Ais.

Et li mostiers fu dédiiez et faiz,

Cort i ot buene, tel ne verez ja mais; 3o Quatorze conte guarderent le palais.

Por la justice la povre gent i vait;

Nuls ne s^i claime que très buen dreit n'i ait.

Lors fist Ten dreit, mais or nel fait Ten mais;

A conveitise l'ont torné li malvai^; 35 Por fais loiers remainent li buen plait.

Deus est prodom, qui nos governe et paist,

S^en conquerront enfer qui est punais,

Le malvais puiz, dont ne resordront mais.

V Gel jor i ot bien dis et uit evesques,

27 C Q. b. f. la c. a ais; B^ , au lieu des cinq vers 27 31^ donne les trois suivants Or est g. dedens la cite de ais Segnor a yce jour que li mousiiers fu fais Et li lieus beneis adont estoit drois fais 28 B^ Et 1. m. i fu formez et f. 29 C K. tint cort gregnor n.; A B tele ne verroiz mais 3o C i gardent 3 1 C P. 1. j. se poure gent ni ait 32 A^ A"^ que très bien d. nen ait; B' que molt bon d. 33 B^ Or est ainsi que on ne le fait mais; B* mais poi en fait on mais; C On fist dont droit mais or nen fait on mais ^4 A A corioisie; C sont torne 35 A^ reraainrcnt; C eslongneiit le d. p. 36 B^ On ne fait droit ne au clers ne as lais Mais damedieus qui est souerains et vrais Ses en rendra leur gueredons parfais; B^ Dieus en prent droit qui nous gouuerne et fait; C Dieus lor perdonne q. les g. e. p. 37-4 Si conquérons 38 A Les maluais princes dont ne resordrons {A^ resordront) mais; C manque 39 jB Li jors fu bicl qui fu icelle feste Ce jor i ot bien .xxvii. euesques; C diffère trop pour qu'on en puisse mention- ner toutes les variantes; je renvoie à la copie intégrale que j'en

U CORONEMENZ LOOIS

40 Et si i ot dis et uit arcevesques,

Li apostoiles de Rome chanta messe.

VI

Gel jor i ot oferende molt bêle,

Que puis celé ore n'ot en France plus bêle.

Qui la reçut molt par en fist grant feste.

VII

45 Gel jor i ot bien vint et sis abez,

Et si i ot quatre reis coronez.

Gel jor i fu Looïs alevez,

Et la corone mise desus Taltel ;

Li reis ses père li ot le jor doné. 5o Uns arcevesques est el letrin montez,

Qui sermona a la crestienté :

« Baron, dist il. a mei en entendez :

Gharles li magnes a molt son tens usé,

Or ne puet plus ccste vie mener. 55 II ne puet plus la corone porter :

Il a un fill a cui la vuelt doner. »

Quant cil rcntendent, grant joie en ont mené;

imprime à la fin de ce volume. Quand de nouveau il se rapprochera asse^ des autres leçons pour que je puisse reprendre le système d'annotation appirqué aux vers précédents, je le ferai 40 Z> .xxv. a. 41 jB Et lapostoiles meismes c. m. 42 A^ offrande molt très bcle; B si bêle oftrende faite 43 5 Q. p c. h. en france not si bêle 44 B^ en parfist molt g. f. ; A Q. 1. r. il dut bien preudoms estre 45 J3 .xxviii. 46 Après ce vers B ajoute Quatorze contes por le palais garder 49 /^ len ot le don donc 53 B Ch. li rois b\ B Or ne vuclt 55 A mcinquc ; B vuelt.

LI CORONEMENZ LOOIS

Totes lor mains en tendirent vers Deu : « Père de gloire, tu seies merciez

60 Qu'estranges reis n'est sur nos dévalez ! » Nostre emperere a son fill apelé : « Bels fiiz, dist il, envers mei entendez : Veiz la corone qui est desus Taltel? Par tel convent la te vueil ge doner :

65 Tort ne luxure ne pechié ne mener, Ne traïson vers nelui ne ferez, Ne orfelin son fié ne li toldrez; S'einsi le fais, g'en lorai Damedeu : Prent la corone, si seras coronez ;

70 O se ce non, filz, laissiez la ester : Ge vos defent que vos n'i adesez.

VIII

« Filz Looïs, veiz ici la corone? Se tu la prenz, emperere iés de Rome; Bien puez mener en ost mil et cent ornes, 75 Passer par force les eves de Gironde, Paiene gent craventer et confondre, Et la lor terre deis a la nostre joindre.

58 B' Chascuns ses mains en tendi eniiers de; B^ T . 1. m. ont tendues v. d. bg B P. d. g. vos soyez aorez 60 B Questranges rois nait sur nos poeste 62 A manque ainsi que pour les vers suivants; Die donne 64 vous 6b B Tort ne outrage que vos ne maintendrez 66 B v. nul home ferez 67 B de son fie ne toldrez 68 B Les veues famés toi a droit maintendrez (J5» totes bon d. m.) Seinsi le fais je te dis par verte De dieu seras et de tes genz amez ôq B P. 1. c. sen s. c. 72 B Fils ce dist charles vez ici (B^ veez ci) la c. ; A veez ci 74 B En ost ponas bien mener .cm. homes yb B Passer porras les yaues de girondc 76 B P. g. tormenter et c. 77 /j' manque; B^ Ht la 1. t. d. a la terre ai oindre

Ll CORONEMENZ LOOIS

S'einsi vuels faire, ge te doins la coronc ; O se ce non, ne la baillier tu onques.

IX

80 a Se tu deis prendre, bels rilz, de fais loiers,

Ne desmesure lever ne esalcier,

Faire luxure ne alever pechié,

Ne eir enfant retolir le sien fié,

Ne veve famé tolir quatre deniers, 85 Geste corone de Jesu la te vie,

Filz Looïs, que tu ne la baillier. »

Ot le li enfes, ne mist avant le pié.

Por lui plorerent maint vaillant chevalier,

Et l'emperere fu molt grains et iriez : 90 « Ha ! las, dist il, com or sui engeigniez !

Delez ma famé se colcha paltoniers,

Qui engendra cest coart eritier.

Ja en sa vie n'iert de mei avanciez.

79 B^ O. s. c. n. fils ne la bailler onques 80 A' S. i. d. p. b. fils loier; B Fils dist li rois ge te vueil chastoier Se tu doiz prendre aucun mauues oier(B' baux filz mauuais loier) 81 BNe démesure aleuer nessaucier; A Ne démesure de noient abaissier

82 jBNe faire tort n. a. p. 83 B Ne orfclin; A B a retolir son fie 84 ^ Aucune famé t. .1111. 1. ; B' N v. f. t. le seul de- nier; JB* N. V. f. seul t. .1. d. 85 -B Geste corone qui desus lautel siet De dieu de gloire la vous defent ge bien 86 B F. 1. q. vous n. 1. bailliez H") A O 1. 1. e. onques ne mut le pie 88 B Es- bahiz fu de ce quil entendie Nosa aler la corone baillier Et quant ce voient li baron cheualier Molt en sont tuit dolent et corocie (fit M. par en sont d. e. c.) 8g 5' E. le. en fu g. e. i.; JB* en fu forment i,; B ajoute Quant son fill vit qui si ert vergoigniez Dont le mescrut lempereres proisiez Si a parle que loient maint princier 90 B^ com ge sui e.; B' o ge sui e. ; B ajoute Tels cuide auoir une bone moillier Qui la mauuaise de verte le sachiez Or jureroie par la vertu du ciel ()2 C A la leçon; B mauuais he.

93 B manque ; C J. e. s. v. niert d. m. justicier

%v •?- - v

Ll CORONEMENZ LOOIS ^

Quin fereit rei, ce sereit granz péchiez. 95 Or li fesons toz les chevels trenchier,

Si le metons la cnz en cel mostier :

Tirra les cordes et sera marregliers,

S avra provende qu'il ne puist mendiier. »

Delez le rei sist Arneïs d'Orliens, 100 Qui molt par fu et orgueillos et fiers;

De granz losenges le prist a araisnier :

« Dreiz emperere, faites pais, si m'oiez.

Mes sire est jovenes, n'a que quinze anz entiers,

Ja sereit mors quin fereit chevalier. io5 Geste besoigne, s'il vos plaist, m'otreiez,

Tresqu'a treis anz que verons cornent iert.

S'il vuelt preuz estre ne ja buens héritiers,

Ge li rendrai de gré et volentiers,

Et acreistrai ses terres et ses fiez. » 1 10 Et dist li reis : a Ce fait a otreier. »

« Granz merciz, sire, » dient li losengier,

Qui parent erent a Arneïs d'Orliens.

Semprcs fust reis quant Guillelmes i vient;

94 C B Quen ; A Qui e. f. r. c. s. péchiez ob C A la leçon; B O. 1. f- les cheuels roongnier— 96 A Moines sera a ais en c. m.; B Si le metons par dedenz .1. m. 97 B^ Tirera cordes; ]i' T. 1. c. et s. marrublier; C T. 1. c. si s. m. gH B Sa p. quan- quil porra mangier; C Sa. p. qui ne vuelt mendier 99 JB se s. h. (A^ bernarz) do.; B se s. h. le fier; C hernauz cil dorliens 100 A Qui molt se fîst e. o. e. (.; B Riches hom fu et molt fist a proisier 101 A réunit le jer hémistiche du vers loi au 2e du vers 102 : De granz losenges faites pais si moiez; B D. g. 1. le voldra conseillier ; C la leçon io3 A Mes s. iert moines ; C .vu. ans 106 B Dusqua .111. a. quen verra ci.; C Jusqua .111. a. je verrai quels il iert 107 B Sil v. preuz e. n, j. b. cheualiers; C Se il quet esire jamais bons jusiichicrs 108 B manque; C ). 1. r. sa terre volentiers; D Puis li r. d. g. e. v. 109 B On li croisira et sa terre e. s. f. ; D Croisserai 1. s. t. e s. f. (ce vers placé avant 108) -— iio B^ Le rois a dit 112 B Q. p. e. celui h. le fier; A duc hernault do. iio B au lieu des vers ii3 et 114 donne

0 LI CORONEMENZ LOOIS

D'une foresl repaire de chacier.

1 I 5 Ses niés Bcrtrans \i coru a Tcstrier ;

Il li demande : « Dont venez vos, bels nies?

En nom Deu, sire, de la enz del mostier, Ou j'ai grant tort et grant pechic. Arneïs vuelt son dreit seignor boisier :

I 20 Scmpres iert reis, que Français l'ont jugié.

Mar le pensa, » dist Guillelmes 11 tiers. L'espee ceinte est entrez el mostier, Desront la presse devant les chevaliers : Arneïs trueve molt bien apareillié;

1 25 En talent ot qu'il li copast le chief,

Quant li remembre del glorios del ciel, Que d'ome ocire est trop mortels péchiez. . Il prent s'espee, el fuere Tembatié, Et passe avant; quant se fu rebraciez,

i3o Le poing senestre li a meslé el chief, Halce le destre, enz el col ii assiet : L'os de la gole li a par mi brisié ; Mort le tresbuche a la terre a ses piez.

les quatre suivants : Sempres fust rois li culueiz losengiers Ne tusi g. li marchis au vis fier Par les degrez est entrez el mostier A la cort vient o lui maint cheualier 114 D Li gentils cuens repaire de chacier 1 15 ii* B. s. n. 1. c. a le. ; B^ omet ce vers et les sui- vants jusqu'au vers 1 23 inclusivement 116 B^ I. 1. d. d. v. sire nies 118 manque 11 ç) B' Ernaut le fel cui dieus doint encombrier Si veut leenz son droit seigneur boisier A loeys veut retolir son h^; A B'^ hernaulz si v. 120 ^ S. i. r. de france le. j. B^ S. i. r. quar les pers lo. j. i23 B^ D. 1. p. d. maint c. 124 JS H. i trueue m. b. a. Ja le voloient coroner losengier Tantost fust rois quant g. i vient Quant il le voit a poi nest mar- uoiez; A H. troua; i25 B' E. t. o. de coper li le c. 126 B Q. se r. de dieu le droilurier 128 .4 II prent le brant si le ra es- toie; B Sa bone espee ra el f. fichie 129 .4 Puis passe auant quant se fu porpense; B^ E. p. a. q. s, f. redrt-cie; B' la leçon i3o B Son poing i33 v4 M. 1. t. a terre a s. p. ; A M. 1. t. dcuani lui a s. p.

Ll CORON EMENZ I.OOIS (

Quant il l'ot mort sel prent a chasteier : I 35 « ! gloz ! dist il, « Deus te doint encombrier î Por quei voleies ton dreit scignor boisicr? Tu le deiisses amer et tenir chier, Creistre ses terres et alever ses fiez. Ja de losenges n'avéras mais loier. J40 Ge te cuidoe un petit chasteier,

Mais tu iés morz, n'en dorreie un denier. » Veit la corone qui desus Taltel siet : Li cuens la prent senz point de l'atargier, Vient a l'enfant, si li assiet el chief : f45 « Tenez, bels sire, el nom del rei del ciel,

Qui te doint force d'estre buens justiciers! » Veit le li père, de son enfant fu liez : « Sire Guiilelmes, granz merciz en aiez. Vostre lignages a le mien esalcié. »

j5o a Hé! Looïs, » dist Charles, « sire filz, Or avras tu mon reiame a tenir. Par tel couvent le puisses retenir Qu'a eir enfant ja son dreit ne toiir, N'a veve famé vaillant un angevin;

i55 Et sainte église pense de bien servir, Que ja deables ne te puisse honir.

i34 ^Q.. il l'o. m. prent le a c. i 35 J3» Fel glouz iH B C. s. t. Icuer et essaucier i3ç) A mayique 140 A G. t. c. u. p. esmaier 142 A Vois 143 B Li cuens (B> Li ber) la preni plus aiendre ne quiert 145 A el nom de dieu d. c; B^ Tien la bien sire; Tien dist il sire 146 A Qui t. d. t. a estre justicier; B Que tu de f. soies b. j. 147 A^ Voit lemperere ibi A Tu auras tost i52jB P. t. c. 1. p. tu saisir i53 Qua orfelin ne puisses rien tolir 154 B Ne veue famé de sonor desenir— i55 A Saintes églises pensez \56 B Quel ne te laist al deable honir

10 LI CORONEMENZ I.OOIS

Tes cheraliers pense de chier tenir ;

Par els seras onorez et serviz,

Par totes terres et amez et cheriz. »

XI

i6o Quant ont le jor de Looïs rei fait,

La cort départ, si sont rcmés li plait;

Chascuns Franceis a son ostel s'en vait.

Cinc anz vesqui puis Charles et non mais.

Charles li reis en monta el palais ; j65 Ou veit son till, si li dist entresait :

XII

« Filz Looïs, ne te cèlerai mie, Or avras tôt mon reiame en baillie, Après ma mort, se Deus me beneïe. Qui me guerreie, bien sai qu'il te desfie, 170 Cil qui me het, bien sai ne t'aime mie :

Se gel puis prendre, par Deu le HU Marie, De reençon ge n'en vueil aveir mie, Ainz le ferai detrenchier et ocire.

137 A pense de resbaUlir iSq B Gar {B^ Car) losengiers ne soit par toi ois Ne croire (B' crois) pas lor bordes ne lor diz Se tu le fais tu en seras honiz 160 i4 De looïs quant le jor lont r. f. 161 A si est remes; A^ remes replet 162 B C. baron en son palais sen vait 164 jB C. 1. r. monta enz {B^ hauti el palais 166 ^ ne vos c. m.) B Fils dist le rois 167 5 Or auras tu molt roial scignorie 169 B bien sait [B^ seni) quil me défie 171 manque 178 jB D. r. denier nen aurai mie

LI CORONEMENZ LOOIS 1 l

XIII

« Filz Looïs, a celer ne te quier,

175 Quant Deus list rei por pueples justicier, Il nel fist mie por false lei jugier, Faire luxure, ne alever pechié, Ne eir enfant por retolir son fié, Ne veve famé tolir quatre deniers;

180 Ainz deit les torz abatre soz ses piez, Encontreval et foler et pleissier. Ja al povre orne ne te chah de tencier; Se il se claime ne t'en deit ennoier, Ainceis le deis entendre et conseillier,

i85 Por l'amor Deu de son dreit adrecier; Vers l'orgoillos te deis faire si fier Comme liepart qui gent vueille mangier; Et s'il te vuelt de neient guerreier, Mandez en France les nobles chevaliers,

190 Tant qu'en aiez plus de trente miliers ; Ou mielz se fie la le fai asegier, Tote sa terre guaster et essillier. Se le puez prendre ne a tes mains baillier, N'en aies onques manaide ne pitié,

174 A Aincois le fai ijb A por le pueple esaucier 176 B por les bons foriugier 1 77 fi Por faire tort ne maluais essaucier 1 78 B Ne por tolira orfelin son fie 179 B N. v. f. seul tolir .1. denier 180 B Ainz dois le tort foler et abaissier; les deux vers 180 et 1 S I sont ainsi réunis 182 La bonne leçon est celle de D ; x En- vers le (A les) poure te dois humelicr i83 A manque 184 A Et si lor dois aider et conseillier i85 A Por amor Deu sa parole adrecier 187 A qui gent doie m.; B qui vueille gent m. 188 B Se il te V. 189 B Mandez francois igo fi* tresqua .xxx. m.» B^ Tant que en aies dusqua .xxx. m. 191 B Ton anemi fai tan- tosi a. 19Î fi T. s. t. ardoir et c. - 194 B Onques nen aies

12 ^ LI CORONEMENZ LOOIS

195 Ainceis li fai toz les membres trenchier, Arcieir en feu ne en eve neier ; Quar se Franceis te veient entrepiez, Diront Normant en nom de reprovier : « De si fait rei n'avions nos mestier.

200 « Mal dahé ait par mi la croiz del chief « Qui avuec lui ira mais osteier, « Ne a sa cort ira por corteier ! (c Del sien meïsme nos poons bien paicr. » Et altre chose te vueii, filz, acointier,

2o5 Que se tu vis il t'avra grant mestier : Que de vilain ne faces conseillier, Fill a prevost ne de fil! a veier : Il boisereient a petit por loier; Mais de Guillelme le nobile guerrier,

210 Fill Aimeri de Narbone le fier,

Frère Bernart de Brebant le guerrier : Se cil te vuelent maintenir et aidier, En lor service te puez molt bien fiier, » Respont li enfes : « Veir dites, par mon chief. »

2i5 II vint al conte, si li cheï as piez.

Li cuens Guillelmes le coru redrecier;

igô A en la mer noicr 197 ^ Q. s. f. le tenoient soz piez; B Q. s. félon t. tenoient e.; D la leçon 198 D /a leçon; B Li uns a laulre le voloient noncier; A Q.ui de la guerre se puissent aidier Sem" près diront li félon losengier Et li normant lecheor pautonier 199 B' auiemes mestier; B^ auions nos m. 200 A C. dahait 201 D la leçon; B A Por lui ira en grant ostostoier 202 A ira plus c. ; B i. p. tornoier 2o3 A nos peusmes paier 2o3 A Q. s. t. vuels; B Q. s. t. vis et ta. g. m. 207 B Fill de p. n. d. f. a closier 208 B II tricheroient assez tost por loier 209 B Mais vez ici g. le g. 210 B F. a. de n. au vis fier 21 1 B F. b. et guibert le proisie 212 yl Et sil t. v. m. e. a.; iJ ne aidier 2i3 -S le porras 214 B Voir dist li enfes refuser ne le quier 2i5 B Vint a g. cheoir li volt as piez 21GB Mais li frans cuens la amont rcdrecic

LI CORONEMENZ LOOÏS l3

Il li demande : « Dameisels, que requiers?

En nom Deu, sire, et manaide et pitié.

Mes père dit qu'estes buens chevaliers, 220 N'a tel baron soz la chape del ciel ;

En vos vueil mètre mes terres et mes fiez,

Que les me guardes, nobiles chevaliers,

Tant que ge puisse mes guarnemenz baillier. »

Respont li cuens : « Par ma fei, volentiers, » 225 II li jura seur les sainz del mostier

Ja n^en avra vaillant quatre deniers,

S'il ne li doint de gré et volentiers.

Lors vint a Charle, ne s'en volt delaier;

Devant le rei se vait agenoillier; 2 3o « Dreiz emperere, ge vos demant congié ;

Quar il m'estuet errer et chevalchier

Tôt dreit a Rome, por saint Père preier;

Bien a quinze anz, a celer ne vos quier,

Que m'i promis, mais ne poi espleitier. 235 Cestui veiage ne vueil ge plus laissier. »

Li reis li donc coroços et iriez,

Si li charja seissante chevaliers.

D'or et d'argent trossez trente somiers;

Al départir se corurent baisier. 240 Par tel couvent i ala li guerriers,

Puis ne revint si ot grant encombrier;

Ainz fu morz Charles que il fust repairicz;

217 B Puis li d. d. que me quiers 218 ^ A n. d. 221 A Que V. V. 222 -B' Quel me guardez ; B^ Ques me guardez 224 A Li cuens respont 225 B par les sainz 226 B la monte dun de- nier; A Jancois naura v. .1111. d. Ne vous rendra plain droit ne demi pie 227 B' de son gre volentiers -- 228 A Quil ne volt delaier.

23o B quar me donez congie 233 B B. a .v. a.; B^ ja celer nel V. q. 234 B Que li promis mais ne li poi paier 237 A .xl.

238 B Do. c. da. li dona .x. somiers 239 B A. d. se sont en- trebaisie 241 B P. n. r. sains ne saufs ne entiers 242 B A. f. m. c. quil peusi repnirier

14 I-ï CORON EMENZ LOOÏS

Et Looïs remest ses eritiers. Ainz que Guillelmes peûst puis espleitier, 245 Ne il en France peûst puis repairier, Fu il a tort enserrez et muciez, Qu^il n'i aveit fors des membres trenchier; Trop li peûst Guillelmes delaier.

XIV

Al mostier fu Guillelmes Ficrebrace, 25o Congié demande a l'empereor Charlc; Et il li charge seissante omes a armes, D'or et d'argent trente somiers 11 baille. Vait s'en li cuens, de neient ne se targe, Et Looïs le conveie grant masse; 255 Plorant apele Guillelme Fierebrace :

a Hé! gentils cuens, por Deu lespeiitablc, Veez mon père de cest siècle trespasse : Vielz est et frailes, ne portera mais armes, Et ge sui jovenes et de petit eage; 260 Se n'ai secors, tôt ira a damage. »

Respont li cuens : « Ne seiez a malaise. Que, par Papostre que l'en requiert en l'arche, Se ge ai fait icest pèlerinage,

243 fi' A 1. r. s. h. ; 52 A 1. demorercnt ses fie - 244 B^ peust puis reperier; sen peust reperier 245 H a réuni ce vers au précédent 246 B Fu si menez de païens losengiers Et si atains 1. au vis fier (B' le princier) 248 B Trop se p. 25i A .xl. 262 B Et .X. somiers dor et dargent 1. b. 253 B' V. s. 1. c. pour dieu lesperitable 264 A* conuoia; jB' omet ce vers et les deux suivants 258 ^ V. e. e. faibles ; A' si ne puet porter a. ; A* ne puet mais porter a, 260 B^ ge i aurai damage; £» bien sai quaurai damage 261 B nen soiez en m. 262 fi' Que par celui qui mist noel en larche; B' Quar par ce dieu qui mist noel en larche 2G3 /?• cesiui pèlerinage; B^ sauoie fait cestui p.

Ll CORONEMENZ LOOlS

Se me mandez par seels et par Chartres, 205 O par tel orne qui bien en seit creables, Ja ne lairai, por nul orne que sache, Ne vos secore o mon riche barnage. » Vait s'en li cuens, de neient ne se targe; De ses jornees ne sai que vos contasse : 270 Montgeu trespasse, qui durement le lasse; De ci a Rome n'aresta Fierebrace.

XV

Vait s'en Guillelmes li gentils et li ber,

Et Guielins et Bertrans l'alosez;

Desoz les chapes orent les branz letrez, 275 Et neporquant si orent il trossé

Les buens halberz et les helmes dorez.

Li escuier furent forment lassé

Des forz escuz et des espiez porter.

De lor jornees ne vos sai aconter; 280 Montgeu trespassent, qui molt les a lassez,

Par Romenie se sont acheminé,

De ci a Rome ne s'i sont aresté.

Cil escuier porprenent les ostels;

Ciquaires fu lor ostes apelez, 285 Celui a tôt son aveir comandé.

Celé nuit fu li cuens bien conreez.

Après mangier sont aie reposer,

264 B Et me m. p. s. o. p. c. 2Ô5 A qui bien soit sofisabies

266 A qui sache 270 B manque 271 B' D. c. a. r. nar- reste ne se sache; fî» D, c. a r. ne seiorna en place 273 B ber- narz la. 274 les brans dacier serrez; 1. b. dacier letrez

276 B helmes gemez 277 B résout forment 1. 278 B et des lances 281 manque 282 A ne sont mie areste 284 A Cir- taiîïes 2^6 B richcmeiU ostclez

l6 LI CORONEMENZ LOOÏS

' Li cuens se dort, qui molt par fii lassez. vSoiija un songe dont molt fu esfreez :

290 Devers Rossie vint 'uns feus embrasez, Qui esprenoit Rome de trestoz lez; Uns veltres vint corant tôt abricvcz ; Des altres est partiz et desevrez: Guillelmes ert soz un arbre ramé,

295 De cele beste csteit tôt esfreez;

Quar de sa poe li dona un cop tel Tôt le feseit envers terre cliner. Li cuens s'csveille, si se comande a Deu. Onques mais songes ne fu si avérez,

3oo Quar Sarrazin espleitierent d'aler; Li reis Galafres et li reis Tenebrez, Li reis Cremuz et Gorsolz l'amirez Pris ont de Chapre les maistres fermctez. Li reis Guaifiers i est emprisonez,

3o5 II et sa fille, sa famé a grant belté.

Et trente mile de chaitis encombrez, Qui tuit eussent les chiés des bus sevrez. Tant ama Deus Guillelme le membre Que par lui furent de prison délivré

3 10 Envers Corsolt d'oltre la roge mer,

Le plus fort ome dont l'en oïst parler. Cil detrencha a Guillelme son nés, Com vos orrez ainz qu^il seit avespré,

287 J5 A. m, se sont couchierale 288 B qui molt estoit lassez 291 5 romaigne de toz lez 292 B corant deschaenez 293 B Deuant les autres venoit tôt abrieuez 294 B G. estoit 296 B De ceste beste estoit t. e. 296 B Qui d. s. p. 1. donoit 297 B acli- ner 298 si a deu reclame— 299 B mielz auerez 3oo B nes- ploitent que derrer 3oi A garsiles 3o2 ^ omet ce vers et les 2 suivants 3o3 P. o. des mestres fermetez assez 3o4 Le roygalaffre— 3o6 B A .xxx m. de c. enserrez. 3ii ^ Del p. f. h. que (B' qui) le. o. p. 3 12 AC rctrcncha; B C. d. al franc conte le nés

LI CORONEMENZ LOOIS 17

Se vos donez tant que vueille chanter. 3 F 5 A cez paroles se trait a l'ajorner.

Li cuens Guillelmes s^est par matin levez,

Al mostier vait le service escolter;

Totes ses armes fait mètre sor l'altel ;

De Tor d'Arabe les volt puis rachater. 320 Et l'apostoiles fu molt gentilz et ber,

Qui se revest por la messe chanter.

Quant li service fu diz et definez

Es dous messages venant tôt abrivez ;

Ja conteront unes novelestels 325 Dont mainz frans om fu le jor esfreez.

XVI

Al mostier fu Guillelmes Fierebrace. Messe ot chantée li apostoiles sages; Quant il Pot dite si vienent dui message, Qui li aportent unes noveles aspres:

33o Que Sarrazin li font molt grant damage ; Pris ont par force la grant cité de Ghapre, Et trente mile de chaitis qu'uns que altres, S'il n'ont secors, qui tuit morront a glaive, Li apostoiles en fu molt esmaiables;

335 Demandant vait Guillelme Fierebrace. L'en li enseigne aval, desus le marbre,

3i4 B manque. 3i5 5 le trait— 319 B les vait puis 320 B Li a. 32 1 B II s. r. p. sa m. c. 322 B afinez 323 A Es vos paien poignant t. a. Dui messagier vinrent tôt effrae 325 A airez 328 B si li vint 3'io B li ont fait g. d. 33i C I. g. c. de carpes; A la fort c. d. Chartres Pris ont guaifier de police le sage 332 B de gent molt honorable; C Et bien .xxx. caiiis que uns que autres 333 B Sil nont par tems qui lor soit secorables Par tems morront dont ce iert granz otrages 334 A qui f. m. amiables; B^ enorables ; B* enuiable

j8 II CORONEMENZ I.OOÏS

Ou prie Dcu, le pcre esperitable, Qu'il li doint force et onor et barnage, Et son seignor Looïs le till Charle. 340 Li apostoiles de neient ne se targe ;

Prist un baston, si le hurte en l'espalle ; Li cuens se drece, monstre li le visage.

XVII

Li cuens Guillelmes se dreça sor ses piez, Et Tapostoilcs l'en prist a araisnier :

545 « Hé! gentilz cm, por Deu le dreiturier, Et quar me dites se me porrez aidier. Ja nos requièrent paien et aversier, Li reis Galafres, qui des altres est chiés. Cil est destreiz qui nos soleil aidier :

35o Pris est par force li riches reis Guaifiers, Il et sa fille et sa franche moillier, Et trente mile de chaitis prisoniers, S'il n'ont secors, qui tuit perdront les chiés. Hc! Deus aide! » dist li cuens al vis her.

355 De tant de reis se comence a seignier ; Ses niés Bertrans l'en prist a araisnier : o Oncles Guillelmes, estes vos esragiez? Ainz mais por ome ne vos vi esmaier. » Respont Guillelmes : « Merci, por Deu, bel niés

337 B Ou il prioit jesu le. SSg A Son droit seignor 342 B Si li tent le visage; B^ ajoute En seurriant a resgarde le pappe 343 B se drece 344 B le prist 345 B H. g. cuens 346 B Dites moi sire porriez moi aidier 349 B desiruiz 35 1 i^ sa cortoise moillier 352 B Et (B' Bien) .xxx.m. ont pris de prisoniers 333 B tuit i. p. 1. c. 355 B Contre tant rois qui sosera drecier 3ôG B Bertrans lentent sen fu molt corociez Ou voit son oncle sel p. a a. iby B O. dist il 338 fl' Que m. p. ho. 35(j B Merci bel nies por dcu le dioiiurier

LI CORONEMENZ LOOÏS I9

36o Contre lor force n'a la nostre mestier,

Ainz nos convient porquerre un messagier,

A Looïs le convient enveier,

Que il nos viegne et secorre et aidier,

Charles remaigne por son dreit a jugier : 365 Vielz est et frailes, ne puet mais chevalchier. »

Et dist Bertrans : « De Deu le dreiturier

Seit confonduz et morz et esragiez

Qui ira ja cest message noncier,

S'iert ses escuz et troez et perciez, 370 Et ses halberz desroz et desmailliez,

Et il meïsmes feruz d'un grant espié,

Que l'en le puisse conoistre a messagier!

Paien nos quierent a cent et a milier.

Or tost as armes, n'avons que delaier; 375 Défendons nos senz point de Tatargier. »

En cels de Rome nen ot que esmaier;

Pou ont de ^ent, ne furent cent milier.

XVIII

El mostier fu li cuens al fier visage; Dist l'apostoiles, qui fu corteis et sages : 38o « Gentilz om, sire, por Deu l'esperitable, Quar nos secor contre la gent salvage. Hé! Deus aïde! » dist li cuens Fierebrace,

36i B II n. c. 363 A secore et aidier 364 B por la terre guaitier 367 -B* et vils le messagier; B' et mors le messagier 368 J3' Qui ira la 371 B feruz de .11. espiez - 372 B que len puist bien 374 B soions preuz et legier 375 B Et du défen- dre ne soions pas lasnier 376 B' lors not que e. 377 B Poi sont paien 378 A Al m. f. Guillclmes a. f. v. 379 C qui fu et proz et sages 38o A manque. 38i X Quar nos ferons; C Q. me secore

20 LI CORONEMENZ LOOIS

« Ci sui venuz en mon pèlerinage, S'ai amené molt petit de barnage; 385 N'ai que seissanle de chevaliers a armes; Contre tanz reis ne porreie combatre.

Hé! Deus aïdc! » dist Papostoiles sages,

« Vei ci saint Père, qui des anmes est guarde : Se por lui, sire, fais ui cest vasselage,

390 Char puez mangier les jorz<ie ton eage,

Et feme prendre tant comc il t'iert corage; Ne feras mais pechié qui tant seit aspres, Se tant puez faire de traïson te guardes, N'en seies cjuites en trestot ton eage.

395 En paradis avras ton herberjage,

Que nostre sire a ses buens amis guarde; Sainz Gabriel vos sera guionages.

Hé! Deus aide! » dist li cuens Fierebrace, « Ainz mais nuls clers nen ot le cuer si large !

400 Or ne laireie, por nul ome que sache, Ne por paien, tant seit ne fels ne aspres, A cez glotons ne me voise combatre. Bels niés Bertrans, alez prendre voz armes. Et Guielins et li altre barnages. n

405 Armes demande Guillelmes Fierebrace ; L'en li aporte devant lui en la place.

383 A Ge sui venuz; B Venuz sui ci 386 B manque. 388 B^ q. e. g. d. a. ; B' quest conducteur des âmes; C s. piere 389 B faites c. v.; C S. p. 1. fais hui sire v. 390 C et le jor compenage 391 C test corage; B E. p. f. t. c. es (jB' tu es) souz eage 392 A B qui te soit aspres SgS A manque; C Sant pues f. 394 B Q.uen s. q. ; C Toz s. q. a t. t. e. 3^5 C a mis ion herbegage; B sera tes héritages —■ 397 C vos fera; B nos sera; A sera nos 398 B aide deus 399 B One soldoiers not soldées s. 1.; C Ainz clieualiers not remède s. 1. 400 C Or nel lairoie por lonor de car- tage 401 A tant soit ne fols ne sages; B ne fiers ne aspres ; C fé- lons n. a. 402 C ne men v. c. ; B que n. m. v. c, ; B' A ces paiens 403 C alez querre 404 B* et tout lautre

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LI COKONEMENZ LOOIS 2

Il vest rhalberc et le vert helme lace, Et ceint l'espee par les renges de paile. L'en li ameine le balcent en la place;

410 Li cuens i monte, que il estrier n'i baille. A son col pent une vermeille targe, Entre ses poinz un reit espié qui taille, ' A cinc clos d'or une enseigne de paile : « Sire apostoiles, » dist Guillelmes li sages,

4i5 « Combien avez de gent en vostre marcher' » Dist i'apostoiles : a Gel vos dirai senz faille : Trèi mile sômes, n'i a cil n'ait ventaille, Et fort espié, et eèpee qui taille. » Respont li cuens : « C'est bêle començaille.

420 Armer les faites, et tote la piétaille,

Qui nos tendront les portes et les barres. »

Et cil respont : « Bien est dreiz qu'on le face. »

Par tote Rome s'arote li barnages.

Quant armé turent, si vindrent en la place.

425 Li apostoiles lor a fait un seignacle :

«i Seignor baron, » dist I'apostoiles sages,

407 B' et puis lelme après l. ; B^ et après lyaume 1. 408 J3' a 1. r. d. p.; B' qui la renge auoit large; C Et auoit chainte lespee bone et large -— 409 B beaucent en mi: A lauferrant 410 .4 que il estrier ni b.; B Et il i monte; B^ que point le. ni b. 411 manque ainsi que les 2 suivants dans C. 412 B En son poing prenl 41 3 B A .v. c. dor gonfanon i {B^ li) atache 4i5 i4 de gent de v. m.; B C de gent auez e. v. m. 416 B ce sauez sans atarge; C bien le sarai retraire 417 C .111 .m. s. lacies les ventailles; B .nu. m. homes 418 C As f. c. as e. q. t. 419 C cest bone c. ; B' Et dist li quens; J5» Li quens a dit 420 C Ar- mer le fait ; B Armer les faites sire apostoiles sages Et en après (B^ Et après ce) tresiote la piétaille 421 C Qui lor ■— 422 C Et cil respondenl raison est con le f. ; A quon le sache 423 A acueillent lor voiage; C P. trestoi r. sarouent li b. 424 A^ et tuii en une place; A^ et venu en la place; C losl furent en la place

22 Ll CORONEMENZ LOOIS

« Qui en cest jor morra en la batnillc

En paradis avra son herberjage,

Que nostre sire a ses buens amis guarde; 430 Sainz Gabriel li sera guionages. »

Lors se leva chascuns en son estage

Envers la gent et orgoillosc et maie.

Si come ils vindrent, hurtent par lor otrage

A la grant porte, qui n^esleit mie basse : 435 « Seignor baron, » dist Papostoiles sages,

tt Ici endreit guarderez cest barnage ;

G'irai parler a l'amirant Galafre;

Se por aveir que prometre li sache

Vuelt retorner et ses nés et ses barges, 440 Et ses granz oz, qui sont sor cel rivage,

Ge li dorrai le grant trésor de l'arche ;

N'i demorra ne calice ne chape,

Or ne argent, ne qui un denier vaille,

Ainz qu'il i muire tanz gentilz omes sages. » 445 Et cil respondent : « Bien est dreiz qu'on le sache. »

A tant s'en torne, o lui s'esmu uns abes;

De ci ai tref de neient ne s'atarge.

Iluec trova le riche rei Galafre;

Pas nel salue, n'est pas drëiz que le face. 450 Li riches reis par fierté le reguarde.

427 C Qui hui c. ].', A omet et vers et les huit suivants; il a confondu les vers 426 et 4.3b. 428 B* sera son héritage ; B^ sera son herbergage 430 C li fera g. 482 B orgueilleuse et sau- uage 433 B Si come issir durent deuers la barge 436 B le barnage; C manque. 437 A a l'amirant aufage 439 C et sa nef et sa barge; ^ a s. n. e. s. b.; B et as n. e. as b. 440 C manque; B Et ses granz genz qui sont ci demorable 441 C le grant chite de crapes 442 C ni remainra 443 B qui .1. sol d. V. 444 B tant de gentil lignage; C manque. 446 B quon le face 446 C sen vint .1. abes; B Et cil (jB» il) sen torne o lui ala .1. abes 447 A^ ne se targe; B manque ; C De si as osts de rien ne si aiargc 449 A nen est droit quil le face; B Point n. s.

Ll GORONEMENZ LOOÏS 2 3

Li apostoiles de maintenant l'araisne : « Sire, » fait il, « ge sui ci uns messages Deu et saint Père, qui des anmes est guarde. De soe part vos vueil dire un message :

453 Que retornez et voz nés et voz barges,

Et voz granz oz, qui ci sont demorabies. Ge vos dorrai le grant trésor de l'arche; N'i demorra ne calice ne chape, Or ne argent qui un sol denier vaille,

460 Ainz que i muire tanz gentilz om a armes. Prenez conseil, gentilz reis de bon aire. » Respont li reis : a Tu n'iés mie bien sages; Ci sui venuz en mon dreit eritage, Que estora mes ancestre et mes aves,

465 Et Romulus et Julius Cesaires,

Qui fist cez murs et cez ponz et cez barres. Se ge par force puis cez pilers abatre, Quant qu^a Deu monte tornerai a damage, Les clers quil servent a dueil et a honlage. »

470 Li apostoiles en fu molt esmaiables,

N'i volsist estre por tôt l'or de Carlage; Conduit demande a l'amirant Galafre.

431 B manque ; CEt larceuesqueet lapostoile et labe 452 CSire dist il ge sui icil m.— 453 C s. piere 455 C Car; B Que retraiez a voz nés et voz barges (jB» el a vos barges) 456 A aornable; C manque 457 A tôt le trésor; B^ manque 458 A ne calice ne chace; Ce vers et les 3 suivants manquent dans C 459 A^ qui .1. denier vaille— 461 B manque 462 B^ Le roy respont 463 B a mon d. he. ; C Chi es venus 464 C Questora m. a. et m. a.; B Que mon ancestre le fist en son aage; A m. a. m. a. 465 B R. ot a nom et roi julcs c; C manque 466 B ce mur et ce p. et c. b. ; C ces pons et ces murs et ces barjes 467 C les piliers; B ce pilier 468 B Q. ad. tome t. a kantage; C La loi jesu me- terai a hontage 469 fl» Les clers qui seruent s. père et son ymage ; 5' C manquent 470 A amiables; B si esmaiables 471 C Si v. p. lonor de c. 472 A Congie demande ni a fait arestage; C a galatre le sage

24 II CORONEMENZ LOOIS

Por sait conduit treis Sarrazins li baille. Li reis Galafres encore Ten araisne :

475 « Parlez a mei, sire al chaperon large; Ne dites mie que ge nul tort vos face De la cité qu'est de mon critage ; Prenez un ome apresté de ses armes, G'en avrai un de mon riche lignage :

480 Por champions les métrons en la place; Se vo Deus a nul poeir qu'il le face, Que li miens seit conquis par vo barnage, Dont avrez Rome quite et a eritage ; Ne troverez en trestot vostre eage

485 Qui vos en toille vaillissant un fromage.

Et se c'est chose que de couvent vos faille, Ansdous mes filz retenez en ostage, Que reençon un denier ne lor baille, Ainz les pendez ambesdous a un arbre. 1^

490 Quant l'apostoiles entent la raison sage, Ne fust si liez por tôt Tor de Cartage ; Dont li remembre del conte Fierebrace Tôt adobé el mostier devant l'arche. Bien set que mieldre ne puet porter ses armes.

473 A Por sarrasins molt bon conduit li baille 475 C sire apostoiles sages 478 C adobe 479 A^ de molt riche barnage; A' de molt r. 1. ; jB Gen' prendrai .1.; C .1. en aurai d. m. r. yre- tage 480 C les meterons en place; B metons 481 5 se vos auez pooir 482 B par nul b. ; A par vasselage 483 A conquis en her.; C tôt quite 1er. ^85 C une maille - 487 C Tos mes .111. f . ; A^ receuez 489 C Ainz le pendes a larbre fustage; B andoi si quon le sache 490 B la raison taie 491 -<4 por lonor; B por lor de cornoaille 493 B qui fu armez; A quadobe ot 494 C ne puet porter armes; B mielz ne puet baillier ses armes

Ll CORON EMENZ LOOÏS 25

XIX

495 Li apostoiles fu molt bien enseigniez ; Or veit il bien que Deus li vuelt aidier, Quant par un orne puet son dreit desraisnier. Molt requiert bien son dreit vers Faversier : <( Sire, » fait il, « a celer ne vos quier,

5oo Quant par dous ornes nos convendra plaidier, Vo champion verreie volentiers, Qui contre Deu vuelt Rome chalengier. » Respont li reis ; a Tôt en sui aaisiez. » L'en li ameine le rei Corsolt en pie,

5o5 Lait et anché, hisdos come aversier ;

Les uelz ot roges com charbon en brasier, La teste lee et herupé le chief ; Entre dous ueilz ot de demi pié, Une grant teise de l'espalle al braier;

5 10 Plus hisdos om ne puet de pain mangier. Vers l'apostoile comence a reoillier; A voiz escrie : « Petiz om, tu que quiers? Est ce tes ordenes que hait iés reoigniez? Sire, » fait il, « ge serf Deu al mostier,

5 1 5 Deu et saint Père, qui devant nos est chiés. De soe part vos vorreie preier

496 B^ Or set; A B lor v. a. 499 B nel vos q. 5oo C Q. p. II. ho. VOUS; A nos poons emplaidier; A' .1. home; B conuiendra desraisnier 5oi C Ton compaignon 5o2 B vuelt home c. 5o3 B or e. s. a. 504 B corsolt le fier •— 5o5 C Deuant le roi hi. c. a.; B L e. hi. et noir c. a. 5o6 B come feu e. b. 507 C L. t. ot 1.; B manque 5o8 C E. les iex ot demi .1. grant p. 509 A despaules a b. 5io ^ ne pot estre sor piez bi2 C que tu q. 5i3 C que tu ies r. ; B ques si haut reoigniez 5 14 A seruir d.; B Sire dist il a celer ne vos quier Ge doi seruir dame- dicu al mousiier 5i5 B qui de nos toze. c; A chier

20 II CORONEMENZ I.OOIS

Que vos voz oz relorner feïssiez :

Ge vos dorrai le trésor del mostier;

N'i remandra calice n'encensier, 520 Or ne argent qui vaille un sol denier,

Que ne vos face ça hors apareillier. »

Respont li reis : « N'ics pas bien enseigniez,

Qui devant mei oses de Deu plaidier ;

C'est Pom el mont qui plus m'a fait irier: 525 Mon père ocist une foldre del ciel;

Tôt i fu ars, ne li pot l'en aidier.

Quant Deus l'ot mort, si fist que enseigniez ;

El ciel monta, ça ne volt repairier;

Ge nel poeie sivre ne enchalcier, 53o Mais de ses omes me sui ge puis vengiez ;

De cels qui furent levé et baptisié

Ai fait destruire plus de trente miliers,

Ardeir en feu et en eve neier;

Quant ge la sus ne puis Deu guerreier, 535 Nul de ses omes ne vueil ça jus laissier,

Et mei et Deu n'avons mais que plaidier :

Meic est la terre et siens sera li ciels.

Se ge par force puis prendre cest terrier,

Quant qu'a Deu monte ferai tôt essillier, 540 Les clers qui chantent as coltels escorchier,

517 5' fesissiez reperier; B^ en faciez reperier biS B don- roie oic) B remaindroit; manque ainsi que les 2 suivants dans C 520 B vaillissant .1. denier 523 A Qui deuant nos oses ici p.; B Qui 'B» Quant) deuant moi osasd. d. p. 524 C manque 525 C B' .1. efFodre; JB' .1. fodre de son c. 526 C Toz li f. a.; B n. Icn p. o. a. 527 A lot ars; B Et sachez bien dieus fait q. e. 528 C ni ot que atargier; Quant est es cieux ne veut jus reperier; B^ Qucs ciel se lient jus ne veut reperier 529 A' poroie; J5' La nen puis je; B^ La nel puis ge; C manque 53o C aidie 534 ^ Quant jou la fus 537 C et il aura le chiel 538 -<4 cel terrier 33q C ferai jou essillier 540 C Les clcrs kcl serucnt; B manque

Ll CORONEMENZ LOOÏS 27

Et tei meïsme, qui sire iés del mostier, Ferai rostir sor charbon en foier, Si que li feies en cherra el brasier. » Quant Tapostoiles Toi ensi plaidier, 545 N'est pas merveille s'il en fu esmaiez. Il et li abes prenent a conseillier : « Par saint Denis, cil Turs est esragiez! Grant merveille est quant terre est soz ses piez, Qu'el feu d'enfer ne l'a Deus enveié.

550 Ahi! Guillelmes, li marchis al vis fier, Cil te guarisse qui en croiz fu dreciez! Contre sa force n'a la toe mestier. » Conduit demande a Galafre le fier, Et il li charge les filz de sa moiilier ;

555 De ci a Rome le conduient a pié.

Li cuens Guillelmes i est venuz premiers;

Il le saisist par le fer de l'estrier :

« Sire, » fait il, « come avez espleitié?

Et quar me dites, veïstes l'aversier 56o Qui contre Deu vuelt Rome desraisnier?

Gentilz om, sire, avez tant espleitié?

Oïl, bels sire, a celer ne vos quier,

3.41 B' qui sers «iroit ou mostier; qui le sers el m. 542 C de fouier; A Ferai ardoir s. c. embrasiez 543 A el foier; C si que le cies; c. jus ou b. ; ton f. c. sus le b. 545 C sil en est e. 546 C prisent a c. 547 B par saint sépulcre 548 C est desor piez; A que sor terre est ses piez 649 B manque; A Quant f. de. ni a d. e. Ou que ne font la terre soz ses piez

55 1 A qui le mont doit jugier; B' q. e. c. fu poiez; B' qui fu crucefiez 552 B la leçon + A ces paroles ni voui plus atargier Li apostoiles ainz sen volt repairer 554 ^ ^i baille 555 A manque ainsi que les deux vers suivants; C De si au toiure; B Dusques a r. ne voldrent delaier 556 B les encontra premiers 557 B Si le s.; C par le frain du destrier 558 A font il ; C dist il 559 B' vistes vous Inurcssicr; B* Or me dites veisles vous laurcssicr 5bo C calcngicr bùi B aucz vos apcsie; C manque 302 c biax frère; B la leçon -}- Je vos di bien par dieu le droilurier

28

Ll CORONEMENZ LOOIS

Ce n'est pas om, ainz est uns aversicrs.

Se vif estaient Rolanz et Oliviers, 565 Yve et Yvoires, Hâtes et Berengiers,

Et Tarccvesques, et Tentes Manessiers,

Estolz de Langres, et li corteis Gualtiers,

Et avuec els Gcrins et Engeliers,

Li doze per, qui turent detrenchié,

Et se i fust Aimeris li guerriers,

Vo gentilz père, qui tant fait a preisier,

Et tuit vo frère, qui sont buen chevalier,

Ne Tosereient en bataille aprochier.

Deus! )> dist Guillelmes,« dites mei que ce icrt;

Or vei ge bien falsez est li clergiez.

Ja dites vos que Deus par est tant chiers,

Qui que il vuelt maintenir et aidier,

Nuls nel porra honir ne vergoignier,

Ardeir en feu ne en eve neier.

Mais, parl'apostre qu'on a Rome requiert,

Se il aveit vint teises vers le ciel,

Si combatreie al fer et a l'acier.

Se Deus nos vuelt nostre lei abaissier,

Bien i puis estre ocis et detrenchiez, 585 Mais sUl me vuelt maintenir et aidier,

N^a soz ciel ome qui me puisse empirier.

564 B r. ne o. 56b B hardrez et b.; C Hiere et yuoire 56G B et naymes al vis fier 56; A li cortois guaifiers; C et li danois ogiers 568 B guerins; B^ Et auec tous; C englehiers

570 A Et si estoit; C a. au vis fier byi C frères; A Et vo bon père qui fu bons cheualiers 572 C li vallant cheualier; A qui font tant a proisier b'/S B de bataille; C Ne loseroie 574 B bels père ce que iert 573 C qui faux est; B la leçon + Sire apostoiles dist g. li fiers 577 A quanque il vuelt ; B m. ne aidier

578 B Nuls ne le puet greuer ne damagier Ne si ne puet en nul lieu perillier ; A Puis ne porra 58i A .x. 582 B Combairai mi 583 B S. d. y vuelt n. 1. auilier 583 A nos - 586 B da- magier ; A sor ciel

Ll CORONEMENZ LOO'lS 29

Ardeir en feu o en eve neier. » Quant l'apostoiles l'oï ensi plaidier : a Ahi ! » dit il, « nobiles chevaliers,

590 Cil te guarisse qui en croiz fu dreciez! Tel hardement ne dist mais chevaliers. Ou que tu ailles, Jésus te puisse aidier. Quant as en lui pensée et desirrier! » Le braz saint Père aporte del mostier;

595 L'or et Pargent en ont fait esrachier, La maistre jointe font al conte baisier, Puis len font croiz sor son helme d'acier, Contre le cuer et devant et derrier; Si faiz joiels H ot le jor mestier :

600 Ne fu puis om quil peiist empirier,

Ne mais itant Tespès de dous deniers, Dont li frans om ot puis grant reprovier. A tant en monte sor Palferant destrier. A son col pent un escu de quartier,

6o5 Et en son poing un reit trenchant espié. De ci qu'ai tertre ne s'i volt atargier. Molt le reguardent paien et aversier; Dist Tuns a l'altre : « Vei la bel chevalier Et pro et sage, corteis et enseignié;

590 manque ainsi que le vers suivant dans C. 692 C O. q. tu aies d. t. puist bien a,; Ad. t. p. a.; B^ O. q. t. soies; B J. t. vueille a. DgS B Q. tu as tel ; C Q. en lui as fiance e. d. 694 C Le brach s. piere aporta SgS B Hors de largent le font traire et glacier; C en a fait desracier 596 C fait au conte baillier bc^-j C fait; A sor le helme vergie Ooo B Ne fu mais; C Ne fu nus hom qui le peusl empirier Ne de son cors honir ne vergoignier 601 C N. m, pourtant; B^ Ne mes sanz plus lespas de .11. de- niers; B^ Fors que sanz plus lespas de .111. d. 602 A li franz cuens; C maint recourier 6o3 C en monte el a. d.; B sen monte (£• monta) s. la. corsier; A remonte 6o3 C en son poing tint; B Entre ses poinz; A son r. t. e. 606 C Des espérons n. si v. a.; A se V. a.; B'* Dusques a. t. - 607 A lesguarderent ; C sarrazin auersier 608 A c\ a bel 609 C affaiiie

3o U COnONF.MENZ LOOÏS

6io S'elist son per ou deûst bataillicr,

Fiers fust ancui l'esiors al comencier; Mais vers Corsolt n'a sa force mestier : De tels quatorze ne dorreit un denier. »

XX

Li reis Galafres est de son trcf issuz;

6 1 5 A Ici de rei est chalcicz et vestuz ;

Le tertre esguarde et celui qui fu sus, Dist a ses ornes : « Li Franceis est venuz. Gel vei al tertre : bien li siet ses escuz; Cil deit combatre vers Corsolt le membru,

620 Mais vers lui est et chaitis et menuz. Pou i vaidra Mahotnez et Cahu, Se cil n'est tost par rei Corsolt vencuz. » Li reis le mande et il i est venuz; Vait li encontre les dous braz cstenduz :

625 « Bels niés, » dist il, « bien seiez vos venuz! Vei le Franceis sor le tertre batu : S'est quil requière n'a talent qu'il remut. » Respont Corsolz : a Morz est et confonduz ; Puis que gel vei, ja n'iert plus atendu.

63o Or tost mes armes : qu'atendereie plus? » Il i corurent set rei et quinze duc,

610 B bien dcust 611 C lestors ancui 612 A naura son cors m. 6i3 B la leçon 4- Toz les auroit maintenant detrenchiez 6i5 C fu c. e. V. 616 A est c. 618 6' Jel. v. ester b. 1. s. li e. -— 619 B le mien dru 621 B Poi maidera; C Poi mosterra mahomet les vertuz 622 B Se cil nestoit; A manque. 624 A ses d, b. e. ; jB Vait a lencontre 626 C sor cel tertre aparu 627 C Sest quel; A Sel requérez nai; B Ton cors requiert na ta- lent quil aille sus (fi' quil sen fuit) G28 A iert 629 A Puis que le voi; B' nieri ja p. a. 63o A ni ait plus arestu 63i C .III. dus; B .VI. amirals i sont tanlost coru

Ll CORONEMENZ LOOIS 3i

Si H aportent soz un arbre ramu; Mais de tels armes ne cuit qu^il en seit plus ; S'uns altre om les etist el dos vestu, 635 Nés remuast por tôt l'or qui onc fu.

XXI

Quatorze rei armèrent Taversier; El dos li vestent une broigne d'acier, Desus la broigne un blanc halberc doblier, Puis ceint Tespee dont trenche li aciers;

640 Teise ot de lonc et de demi pié; 11 ot son arc et ses turqueis laciez, Et s'arbaleste et ses quarels d'acier, Darz esmoluz, afaitiez por lancier. On li ameine Alion son destrier;

645 A grant merveille par fu li chevals fiers, Si desreez, corn j'oï tesmoignier, D'une grant teise n'i pot on aprochier, Fors que icil qui en fu costumiers. Quatre darz ot a la sele atachiez,

65o Mace de fer porte a Parçon derrier*., Li reis Corsolz i monta par Testrier;

C33 Citels; A ge cuit nen ère plus; J3' ne croit que il sont plus; B' ce croi ge nicrt il plus (I34 A Suns allrcs liom leust e. d. v.; B en son dos les eust; 635 C conques fu ; fi' nesesmeust; B' Nalast G tout 636 C Corsaut aportent ses armes li paiens; B Quant armer voldrent le païen auersier Quatorze rois lenmeinent sans targier 638 B CDesoz; B le b. h. d. 63g A B dont bien trenche (B' irencha) lacier ; C II irait 640 C manque. 641 C et son helme lacie; B et son dart afaitie 642 A et ses coltels dacier; B et quarels bien forgies 643 C por lancer afaitiez; B Si dart es- toient empene p. I. 640 li chiers 646 C coni orres dcsrais- nier; B et si oltrecuidez 647 A ni ose on -— 648 X ne mais celui 65o A a laicon de derricr

32 U CORON EMENZ LOOÏS

A son col pent un escu a or mier, Une grant teise et l^escuz de quartier; Mais ainz de lance ne deigna il baillier;

655 De doblcs armes l'ont bien apareillié.

Deus! quels chevals, quil pcust chasteier! Et neporquant il cort si li destriers Ne s'i tenist ne lièvre ne lévriers. Envers son oncle se prist a desraisnier,

660 A voiz s^escrie : « Faites pais, si m'oiez : Les seneschals faites tost avancier, Les tables mètre, atorner le mangier; Por cel Franceis ne Testuet delaier, Plus tost l'avrai ocis et detrenchié

665 Que vos n'iriez demi arpent a pié ; Ja de m^espee ne le quier atochier, Se de ma mace puis un cop empleier ; Se lot n'abat et lui et le destrier, Ja mais frans om ne me doint a mangier! »

670 Paieil escrient : a Mahom te puisse aidier! > Très parmi Tost comença a brochier; A Mahomet Tout comandé paien. Li cuens Guiilelmes vit venir l'aversier, Lait et hisdos et des armes chargié;

652 C une targe dacier; B uns escuz de quartier 653 B man- que. — 654 i>' Mais ainz; C Mais de 1. n. d. ains b. ; ^ M. arc ne 1. n. d. point b. 655 B fu b. a.; C lot ont b. a. 656 B gaai- gnier 637 J3 cil cort; C manque. —658 C Nel retendroit— ô5q Deuers son oncle commence a aprochier; B sest li turs adrecie; A intervertit avec 660. 660 B En haut sescrie faites pais si moiez Oncle dist il faites apareillier 661 -4 Le s. 662 ^4 a. a m.; B et corner 1. m. 663 A si mcstuet auancier; JB» ne les estuet d. 665 A B* Que niriez 666 B' ne le ruis atochier 667 B li puis un cop paier 669 B^ que mangier 671 ^ manque; B A ces paroles ne volt plus delaier + la leçon. 672 A Tresqua mahom lont paien conuoic; B Comande lont a mahom qui) ot chier

Ll CORONEMENZ LOOÏS 33

675 S'il le redote, nuls n'en deit merveillier.

Deu reclama le père dreiturier :

« Sainte Marie, com ci a buen destrier!

Molt par est buens por un prodome aidier;

Mei le convient des armes espargnier. 680 Deus le guarisse, qui tôt a a jugier,

Que de m'espee ne le puisse empirîer. »

De tel parole n'eiist coarz mestier.

XXII

Guillelmes fu s6r le tertre montez

De bêles armes vestuz et conreez ;

685 Veit le paien venir tôt esfreé ;

S'il le redote ne fait mie a blasmer. A pié descent del destrier sejorné; Contre Orient aveit son vis torné, Une preiere a dit de grant bonté :

690 N'a soz ciel ome qui de mère seit nez, S'il la diseit par buene volenté, Al matinet, quant il sereit levez, Ja puis deables nel porreit encombrer.

675 B Nus ne d. m. ; C nen doit on m. 677 B com il ; C com la 678 B Com p. e. b. ; C Tant p. e. b. ; ^ Molt par est proz por prodome aidier 681 Au lieu des 2 derniers vers de la laisse, B donne : De rien qui soit ne le vueil empirier Mielz lameroie se le puis gaaignier Que ne fcroie tôt le trésor gaifier Deus quel vas- sal com il fait a proisier Itels paroles nosast nuls desresnier Qui tel deable veist vers lui brochicr Mais il est voirs et le vueil tes- moignier Miels valt uns hom proz et hardiz et fiers Que ne feroient de coarz uns milliers 682 C nen eust c. m. 683 C sor un t. m.— 684 A et aiornez ; £J' armez et c. ; C garniz et c. ; B' iert molt bien c. 683 B abrieue 687 B Errant d. d. d. abrieue; C in- tervcrtit avec 686 688 B Vers o. a. s. chief t. 68q B dist de si g. b. 6(ji C de b. v. 692 ii»Chescun matin 69!^ B le peust e.'j A ne seroit encombrez

34 ^l CORONEMENZ LOOÏS

Deu reclama par grant humilité : 695 (( Glorios Deus, qui me feïstes né,

Feïs la terre tôt a ta volenté,

Si la closis environ de la mer;

Adam formas et puis Evain sa per;

En paradis les en menas ester; 700 Li fruiz des arbres lor fu abandonez,

Fors d'un pomier, icil lor fu veez;

Il en mangierent, ce fu granz foletez;

Grant honte en orent, quant nel porent celer.

De paradis les en convint aler, 705 Venir a terre, foïr et laborer,

Et mortel vie sofrir et endurer.

Gains ocist Abel par cruelté ;

Adonc convint terre braire et crier;

Uns cruels dons li fu cel jor donez : 710 Riens n^en istra n"'i conviegne rentrer.

Deus, cil qui furent de celui pueple

Ainz ne vos vorent servir ne onorer :

Toz les feïstes al déluge finer.

N'en eschapa solement que Noé, 715 Et si trei fiU, et chascuns ot sa per.

694 B Li quens g. prist dieu a reclamer ôgS A G- père; B^ qui de mère fus nez; B^ qui de vierge fus nez 696 B Qui feis ciel terre a t. v.— 697 B de toz lez 699 B les meis hosteler 70 1 C Fors du p.; A celui 1. f. v.'; B Fors que dun seul cil leur fu deueez 702 C Cil en manja 703 C quant ne porent aler 704 C seurer 703 C V. a. t. seruir et 1. ; A Foir en terre venir et 1.

709 C lor 710 A Riens ni venist qui nesteut aler; C Dauoir ynfer quant lame en dut aler Riens nisoit dels ni conuenisi aler

71 1 C De c. q. f. ; .4 D. de cel pueple cil qui ainz furent ne ; B Dieus toz le pueple qui de ceux f. n. 712 jB^ Oncj C Ainz vos vorent; A manque 713 C au delundi finer; A Toz les fcistes en larche definer Par le déluge ce fu la vérité ; B Toz les feistes en lar- che definer De la lignie ce fu la vérité 714 C fors seulement n.

yiD C Etsi doi fil cascuns i ot sa per; B o lui chascuns sa per

LI CORONEMENZ LOOÏS 35

De totes bestes, por le siècle estorer,

Masle et femele fist en l'arche poser.

Deus, de cel siècle qui de cels turent

Issi la vierge qui tant ot de bonté, 720 Ou vos deignastes vostre cors esconser.

De char et d'os i fu tes cors formez,

Et del saint sanc qui fu martir clamez.

En Bethléem, la mirable cité,

La vos plot il, vrais Deus, a estre nez, 725 Tôt veirement, a la nuit de Noël;

Sainte Anestase vos feïstes lever :

N'ot nules mains por vo cors'^C^norer ;

Vos li rendistes tôt a sa volenté.

Et des treis reis fustes vos visitez, 730 D'or et de mire et d'encens esmeré ;

Par altre veie les en feïs aler,

Tôt por Herode, qui tant ot cruelté,

Qui les voleit ocire et desmembrer.

Li innocent i furent decolé, 735 Trente milier, ce truevent clerc letré.

Trente et dous anz, come altres om charnels,

Alas par terre le pueple doctriner ;

Et si alas el désert geûner,

Quarante jorz acompliz et passez; 740 Et al deable vos laissantes porter.

As blanches pasques, qu'on deit palmes porter,

716 J5 por le mont 717 C en la terre p. ; B ot en larche pose 718 C De cel lignage qui la furent garde 719 C a de bonté 720 B aombrer. 721 J5 refu t. c. f. 722 A Et del saint cors 724 A bels sire; B^ plaist il 725 B Tôt droitement a. 1. n. dun n. 726 C qui vos rouit leuer 728 A donasies 730 B honore; C par verte j3i B râler j35 C estoient par verte; A MU. XX. mil trueuent li clerc letre 786 A manque 737 A Par terre alastes 738 B Et es deserz alas tu 739 C manque 740 B manque 741 C A bêle p. q. o. d. célébrer; B A ice jor quon dut palmes {B' palmirs) p.

36 LI CORONEMENZ LOOÏS

La vos plot il, verais Deus, a aler

En Jersalem, la mirable cité,

Par Portes Oires, que firent defermer. 745 Guerpis les riches, ce fu granz simpletez,

As povres fu vo corages tornez.

Chiés Simon fustes le lepros ostelez.

Li doze apostre i furent assemblé;

La Madeleine quciement, a celé, 750 Vint soz la table, que n'osa mot soner,

De cleres lairmes ot voz dous piez lavez,

De ses chevels en après essuiez ;

Iluec li furent si pechié pardoné.

La fist Judas de vos grant cruelté; 755 II vos vendi, ce fu granz foletez,

Trente deniers del tens Matusalé ;

En baisant fustes as fais juïs livrez

Et a Tesiache leiez et arestez,

Tresqu'al matin, que il fu ajorné, 760 Que en un tertre vos en firent mener,

Mont Escalvaire, ensi l'oï nomer.

A vo col firent vostre grant crois porter,

Et d'un mantel molt hisdos afubler,

742 C vrais d. estre honorez; B Adont vos plot sire d. (5» biaux doux sire) a a. 748 C En jherusalem; B^ Enz en jherusalem 744 A qui furent define ; C ce fu grans simpletes ; B' P. p. o. la vous conuint aler Vrai d. de gloire que firent defTermer-, B* z=l B^ + Les feuls juis pour vous la honorer Mais ce vous firent puis molt chier acheter 746 A ce fu la vérité ; C dont ce fu simpletes

75o A quel; C que 761 -4 De chères armes a v. d. p. 1.— 7D2 C De ses cauels les pies ressues— ']bo A li fu 764 A la cruelte; C vers vos g. c. 755 A Quil ; B falsete 756 J5' dont ce fu fo- letcz; par desesperaute 757 jB as juis deliurez; C El en après fu as juis liures 7^8 B et encombrez ; C et malmenés -- 759 B que jorz fuajornez 760 A Quant; B Que il vos firent sus un ter- tre m. 761 C Mont en caluaire 762 C une g. c. p. ; B* A vos espaulles vos i firent porter La sainte croiz ou vous voudrent pener

703/1 molt cruel afubler

LI CORONEMENZ LOOÏS 07

Ainz n'i passastes un pas, par vérité, 765 Que ne fussiez o feruz o botez.

En sainte crois fu vostre cors penez

Et vo chier membre travaillié et lassé.

Longis i vint, qui fu bien étirez,

Ne vos vi mie, ainz vos parler, 770 Et de la lance vos feri el costé,

Li sans et l'eve li cola al poing clers;

Terst en ses uelz, si choisi la clarté,

Bâti sa colpe par grant umilité,

Iluec li furent si pechié pardoné. 775 Nicodemus, ensemble o lui José,

Vindrent a vos, corne laron nuitel,

De la crois ont voz membres remué,

Et el sépulcre et colchié et posé,

Et al tierz jor fustes ressuscitez. 780 Dreit en enfer fu voz chemins tornez.

Toz voz amis en alastes geter,

Qui longement i aveient esté.

Si com c'est veir, bels reis de magesté,

Defent mon cors, que ne seie afolez. 785 Ci dei combatre encontre cest malfé,

Qui tant est granz, parcreliz et membrez.

Sainte Marie, s'il vos plaist, secorez,

764 B .1. pie 765 A feruz et escopez; fi» et f. et b. 766 C posez 767 fi En V. c. m. clos fichie et bote; C manque 768 B qui ert bien airez 769 B Ne vos vit mais a. v. o. p. 771 A len a es poinz cole; B Apres la lance en rouia li sanz clers 772 fi C T. a, ^ Ses eulz en tert errant vit la 775 B Joseph ; C en- semble lui josoe 776 A Furent venu corne laron proue; B Qui a pilate vos auoient roue 777 A orent ; B descloe ; C De 1. c. firent le vostre corsoster— 778 A et levé; Cet couchier el poser; B et col- chié et pose 779 ^ surrexis come de -- 780 B^ trouez ; A le grant chemin ferre-, C Brisas ynfer ni ot pooir malfcs 781 il en eustes gitez; B en volsistes git er 783 B' doux rois 784 C ni 786 B ge ; A Qui d. c. e. cel m. 786 B^ p. et fabrez 787 C et car me secoures ; B^ mcre dieu secourez ; fi' He mère dieu hui si me secourez

38 Ll CORONEMENZ LOOÏS

Par coardise ne face lascheté,

Qu'a mon ligwage ne seit ja reprové. »

790 Scigne son vis, en est a tant levez. Li Sarrazins vint a lui esfreez, Ou veit Guillclme si Ta araisonc : « Di mei, Franceis, ne me scit pas celé, A cui as tu si longement parlé?

795 Veir, » dist Guillelmes, « ja orras vérité : A Deu de gloire, le rei de magesté, Qu'il me conselt par la soe bonté, Que je te puisse toz les membres coper, Et que tu seies par mei en champ matez. »

800 Dist li paiens : « Tu as molt fol pensé. Guides tu donques tes Deus ait poesté Que il te puisse vers mei en champ tcnser?

Gloz, » dist Guillelmes, a Deus te puist mal doner ! Quar s'il me vuelt maintenir et guarder,

8o5 Tost en sera tes granz orguelz matez.

Veir, » dist li Turs, « tu as molt fol pensé. Se tu voleies Mahomet aorer,

Et le tien Deu guerpir et desfier, Ge te dorreie aveir et richeté, 810 Plus que n^ot onques trestoz tes parentez.

Gloz, » dist Guillelmes, « Deus te puist mal doner ! Que ja par mei n'ieri mais Deus desfiez.

Veir, » dist li Turs, « tu iés de grant fierté, Quant en bataille ne puis ton cors tenser.

789 C ne soit il r.; B^ Que mon 790 B^ seigna son chief si est en pie 1.; B^ Son chief seigna si est en pie 1.; C manque 791 t^ desreez; B tôt armez 793 B guarde ne soit celé 793 B^ G. a dit dirai ten vérité 797 C Qui me; B' Que me; J3» Qui hui maiut 798 C Que il te puist. 800 B^ trop f. penser 802 C en champ vers moi 804 B Se il m. v. 8o5 B Molt tost s. ; C Tost i s. ; 806 B fol penser 809 C honor et r. 810 ^ Plus te dorroie que not t. p. 812 B^ Q_uar j. p. m. ni. m. d. vilaine; C Ja li miens dieus nert par moi defhes 8i3 ^4 molt ies

Ll CORONEMENZ LOOIS

39

81 5 Corne as tu nom? Ne le me deis celer.

Veir, » dist Guillelmes, « ja orras vérité ; Ainz por nul orne ne fu mes noms celez. J'ai nom Guillelme le marchis, a nom Dé, Fill Aimeri, le vieil chenu barbé,

820 Et Hermenjart, ma mère o le vis cler, Frère Bernart de Brebant la cité Et frère Hernalt de Gironde sor mer, Frère Guarin, qui tant fait a loer, De Commarchis Buevon le redoté,

825 Frère Guibert d'Andernas le meinzné ; Si est mes frère li gentilz Aïmers, Qui n'entre en loge ne feste chevroné, Ainz est toz jorz al vent et a l'oré, Et si detrenche Sarrazins et Esclers;

83o La vosire gent ne puet il point amer. » Li paiens l'ot, a pou qu'il n'est desvez ; Les ueilz reoille, s'a les sorcilz levez : « Culverz Franceis, or as tu trop duré, Quar tes lignages a mort mon parenté. »

81 5 Cne le me soit celé; B garde nel me celer— 816 B ce dist g. ; B* ja en orras verte; A manque 817 B Quar p. n. ho. niert ja m. n. c; A manque 818 J5 de nerbonne sor mer (B^ d. n. suy ne); C li marcis au cort nés 820-4 est ma mère al vis cler; B la dame o le vis cler 821 B lalose 822 A manque 823 C manque; B la leçon + Cil danseune le gentil et le ber 825 A^ la cite; B qui de nos est meinz nez; C manque— S 26 A li chaiiis; B* Et est m. f. 827 B soz feste cheminel 828 C Qui est 82ÇJ B destruit 83o A La vostre gent 83i jB le sens cuide desuer 832 B les grenons leue Dist a g. qui ni a demore; C manque 833 C parle 834 ^ Li tiens 1. ; A Que mon lignage as mort et crauente 835 A lapele; B Li s. que li cors dieu crauent En apela g. fièrement 836 B harderaent

40

LI CORONEMENZ LOOIS

XXI II

835 Li Sarrazins Papela fièrement :

« Di va, Guillelmes, molt as fol escient,

Quant celui creiz qui ne te valt neient.

Deus est la sus, desor le firmament ;

Ça jus de terre n'ot il onques arpent, 840 Ainz est Mahom et son comandement.

Totes voz messes ne toz voz sacremenz,

Voz mariages ne voz esposemenz

Ne pris ge mie ne qu'un trespas de vent.

Crestientez est tôt foleiemenz. 845 Gloz, » dist Guillelmes, « li cors Deu te cravent!

La toe lei torne tote a neient;

Que Mahomez, ce sevent plusor gent,

Il fu profeles Jesu omnipotent;

Si vint en terre par le mont preechant. 85o II vint a Mesques trestot premièrement,

Mais il bu trop, par son enivrement,

Puis le mangierent porcel vilainement.

Qui en lui creit il n'a nul buen talent. »

Dist li paiens : a Trop mentez malement; 855 Se tu vuels faire tôt mon comandement

Et Mahomet creire veraiement,

838 B dcdenz S3q A not onques .1. arpent; C La jus 841 C Tôles les; B et toz voz; A et vostre sacrement 842 A et voz e.; B et vostre c. 843 B Ne p. g. pas 844 C manque; B est grant f. A grant tort la qui desus lui la prent 846 A manque

846 B* torne ge tôt a vent; B^ ne vaut plain poing de vent 847 B^ Quar m. c. s. molt de gent; B ajoute : Nest quune ydole quest false et deceuant 848 A a deu o. 849 A II v. e. t. ce sauent molt de gent; B le nom dieu anoncant; p. 1. m. praietant

85o C J5» manquent 85i B' tant 852 B li mangierent le vis

853 C manque 834 C vos meniez 850 B C lot vraiement

LI CORONEMENZ LOOIS 4I

Ge te dorrai onor et chasement

Plus qu'onques n^orent tuit ti meillor parent;

Quar tes lignages est molt de halte gent, 860 De tes proeces parler sovent ;

Ciert granz damages se tu muers si vilment.

Se le vuels faire, di le mei errament,

O se ce non, ja morras a torment.

Gloz. » dist Guillelmes, « li cors Deu te cravent! 865 Or te pris meins que al comencement ;

Al menacier n'a point de hardement. »

Guillelmes monte molt acesmeement,

pstrier nU baille n'a arçon ne se prent.

Prent son escu et a son col le pent; 870 L'espié brandist par si fier maltalent,

Lance a fermée a l'enseigne qui pent.

Li Sarrazins Tesguarde fièrement,

Et dist en bas, que nuls om ne l'entent :

« Par Mahomet, ou la meie ame apent, 875 Cil om est pleins de molt fier hardement. »

S'adonc seûst Guillelmes son talent

Et il volsist prendre Tacordement,

Ja trovast pais assez legierement.

858 X Plus que nen orcnt {B ont); A onques tuit ti p. SSg B Quen son lignage a. 860 B oy parler molt souent 861 C manque 862 A Se tu v. f. d. 1. m. bonement 863 A errau- ment ; C maintenant 866 A En m.', B Hom m. 867 B A cez paroles g. plus natent Ainz est montez tost et deliurement 868 C Ne si p.; il» ne arcon ; B questrier 870 B Son espie prent 871 B Lance en frémit; C Lance auoit roide et le. q. p. 871 B molt forment; A lesguardent 873 A Et dist soef; B^ que nului ne lentent. S-jS A raaltalent; B François est pleins de molt grant h. - 878BJaeust

4% LI CORONKMtNZ LOOÏS

XXIV

« Di va, Franceis, » dist Corsolz li salvages,

880 « Par le tien Deu, por qui tu deis combatre, Claimcs tu Rome com ton dreit eritage? Tu l'orras ja, » dist li cuens Fierebrace. a Ge dei combatre a cheval et as armes El nom de Deu, le père esperitable.

885 Par dreit est Rome nostre empereor Charle, Tote Romagne et Toscane et Galabre; Saint Père en est et li porz et li arche, Et Tapostoile, qui desoz lui le guarde. » Respont li reis : « Tu n'iés mie bien sages.

890 Quant tu par force vuels aveir l'eritage,

Dont est il dreiz et raison que m'assailles. Or te ferai un molt bel avantage : Prent ton espee et si restreing tes armes, Fier m^en Pescu, ja n'en serai muables :

895 Ge vueil veeir un pou de ton barnage, Com petiz om puet ferir en bataille. » Et dist Guillelmes : « Fols sui se plus m'en targe. » Le cheval point, un grant arpent trespasse De la montaigne, qui tant est granz et larges.

879 C Di va vassal 880 A te d. c. 881 B C. noient en r. Ihc- ritage 883 C Ge te dis bien comment que le plait aille Comba- trai moi a toi en ceste place Sus mon cheual et de mes bones armes 885 A large 886 B Et lombardie et trestote toscane; A T. r. de ci que en arabe. —- 887 B li pors et li riuages; C li apors 888 B Et lapostoiles de d. 1. 1. g.; C manque 889 A li turs 8qo C que par forche ; B qui veus auoir par force Ihe. Sgi A Dont il est droit; 5' Dont est li d. 892 C molt bon; A molt très bel -— 893 A Prent ton escu et altresi tes armes 894^ ja ne 895 C intervertit avec 896 896 A le puet faire 897 C matarge; B Lors dist 89S A broche 899 C qui molt est g. et 1. ; B qui est et g. et I.

Ll CORONEMENZ LOOÏS 43

900 Tôt entor lui a restreintes ses armes ; Li Sarrazins ne se mut de la place. Dist Tapostoiles : « Ja avrons la bataille. Or tost a terre et li fol et li sage : Chascuns prit Deu de molt riche corage

905 Qu'il nos rameint Guillelme Fierebrace Tôt sain et salf dedenz Rome la large. » Li gentilz cuens a choisi le barnage, Qui por lui prient; fols est se plus s'atarge. Le cheval broche, les dous rcsnes li lasche.

910 Brandist la lance o l'enseigne de paile, Fiert le paien soi: la vermeille targe : Teinz et verniz et li fuz en trespasse, Le blanc halberc li desront et desmaille, La vieille broigne ne li valu meaille ;

9i5 Par mi le cors son reit espié li passe, Que d'altre part peûst l'en une chape Soz le fer pendre, qui bien s'en preïst guarde. Li cuens Guillelmes par tel vertu trespasse, Le bon espié hors del cors li esrache.

920 Ainz li paiens n'en perdi son corage,

Ainz dist soef, que nuls om ne le sache :

900 A astreintes 902 B verrons 903 B' Or aille a terre 904 C de nniolt deuot c; B de bon certain c. goS C ameint 906 C manque; B^ ajoute : Et il respondent bien est droit quon le face Tous li clergies enuers terre sauale Et cil des murs de rorames et des estagesTuit prient dieu le père esperitable Quil lor ramaint g. au fier courage Tout sain et sauf dedenz rorae la large 90g C point; A et les resnes ~ 910 jB manque 91 1 -4 el milieu de la targe --912-4 Lor le verniz; B et fust trcstot trespasse; C Taint et vermeil et le fut li trespasse 91 3 C Le bon; A li rompit 914 jB» ne li vaut .1. maille; A .1. paille; C manque. ~ 916 C len- seigne li empale 916 C par ert bien .1. espaue; B parut len- seigne large 917 C Pendus del fer; A Pendre al fer qui sen fust pris bien garde; B^ Quon la veist hors qui sen preist garde 918 A sen passe; B tel air 919 C fors du cors; B Son b. e. 920 B^ One 1. p ; ^ Quainz 1. p. ne. p. son esiage —921 B manque

^ LI CORONEMENZ LOOÏS

a Par Mahomet, a cui j'ai fait omage, Molt par est fols qui petit orne blasme, Quant il le veit entrer en grant bataille.

925 Quant ge le vi ui main en cest erbage, Molt pou prisai et lui et son barnage, El d'altre part le tieng ge a folage, Quant desor mei li donai avantage, Qu'ainz mais par ome ne reçui tel damage.

930 Tel angoisse ot a pou qu'il ne se pasme. Li cuens Guillelmes del referir se haste.

XXV

Guillelmes fu molt vertuos et forz;

Le paien a féru par mi le cors,

Par si grant ire en a trait l'espié hors

935 Tote la guiche li desrompi del col, Qu'a terre chiet li bons escuz a or. Tuit cil de Rome s'escrient a esforz : a Refier, frans cm, Deus sostiegne ton cors! Sainz Père, sire, seiez guaranz as noz ! »

940 Li cuens Guillelmes a entendu les moz, Le destrier broche, qui li desserre tost, Brandist la hanste, le gonfanon destort, Fiert le paien sor l'alberc de son dos,

923 B^ Il est trop f. 924 B en tel bataille 926 B Quant ge entrai huimain en cestui flage; C manque 926 C Molt prisai poi ; B manque 927 C le retieng a f . ; B Sachiez de voir ge le tien a f. 928 B Ne quant sur moi 929 B' Conc; B por; C manque 930 C a poi quil ne se pasme; B qua poi que il nesrage —931 C de referir 933 B ot 934 C fors; A le fer trait hors 935 A Tote lissue 1. d. d. cors; B Tote la gorge; C li desront de son col 938 B guarisse; C manque 939 C Sire sainz père; 5* soiez aidant; JB^ soiez aide 940 C entendi bien; lor 941 B randosne tost; C qui lemporte molt tost 943 B^ sur lescu

LI CORONEMENZ LOOÏS 46

Qu'il li desmaille et desront et desclot, 945 La vieille broigne ne li valu dous clos :

L'espié li mist très par mi leu del cors,

Que d'altre part en paru li fers hors.

De meindre plaie fust uns altres hom morz.

Li Sarrazins ne s'est de rien estorz; gSo A son arçon a pris un javelot,

Envers Guillelme l'a lancié si très fort

Si bruit li cos que foldre cjui destort.

Li cuens s'abaisse, que paor ot de mort,

Triers l'armeûre le feri sor le dos ; 955 Deus le guari que en char nel tochot :

« Deus, » dist li cuens, « qui formastes saint Loth,

Defent mei, sire, que ge n'i muire a tort ! »

XXVI

Li Sarrazins se sent navré parfont : Li bruns espiez li gist sor le polmon, 960 Li sanz en raie de ci a l'esperon ; Et dit soef, que ne Tentendi on : a Par Mahomet, dont j'atent le pardon,

944 B QuJl li desront et desmaille et d. 945 C .1. tort; A li ûuoit mise hors 946/^ par mi le vuit del cors; manque ainsi que le vers suivant dans A 947 C fors 949 C nest remuez ne lors; B Voit le li turs onques plus grant (B» greignur) duel not 950 B Tôt maintenant a p. u. j. -- 951 C B' le lance; moli très f . ; B' molt très tost 952 C qui carot; B Q.ue (J3" com) fou- dre que len ot gSS B baisse; A quil ot peor; C qui paor a 934 A sor le col; C Sus larmeure le ferit enz el dos Ne lempira la montance dun poil (B» dun tros) 953 B^ quen char ne la- teignot; B' qui nateini char ne os; C Que larmeure ne li valut .11. clos 950 B qui tournastes s. pol 957 A ne muire encor ; B Guaris mon cors {B* Guérissez moi) de damage et de mort 959 A l.e bon 9C0 B^ Si ques a le ; C manque 961 B Puis

46 Ll CORONEMENZ LOOÏS

Ainz mais por orne n'oi tel destrucion. Et d'altre chose me relieng a bricon,

965 Quant desor mei li délivrai le don. » Un dart molu a pris a son arçon, Envers Guillelme le lança de randon, Si bruit li cos come uns alerions. Li cuens guenchi, qui dota le félon,

970 Porquant li trenche son escu a lion : La vieille broigne ne li fist guarison; Lez le costé li passe a tel randon Que d'altre part fiert dous piez el sablon. Veit le Guillelmes, si tient le chief embronc,

975 Deu reclama par son saintisme nom : « Glorios père, qui formas tôt le mont, Qui feïs terre sor le marbrin perron, De mer salée la ceinsis environ, Adam feïs de terre et de limon,

980 Evain sa per, que de fi le savons, De paradis lor feïstes le don, Le fruit des arbres lor meïs a bandon, Fors d'un pomier lor veastes le don ; Cil en mangierent, ne firent se mal non,

983 Mais puis en orent si cruel guerredon

Qu'en enfer furent, el puis de Baratron, Qu'adonc serveient Berzebut et Neiron.

965 B Quant desus moi li ai donc tel don Quil me ferisl auant sur mon blason Lors ni fist plus li turs darestoison 966 B' trenchant; JB* .1. dart a pris tranchant; A tenoit li gloz félon 967 B lenuoia 968 C si comme un alerions 969 A le glo- ton 972 C par le 975 C et son s. n. 976 B sire; C manque 977 A et le m. p. 978 A le closis; B' ceinsis terre 980 B' que de fi le set on; B'^ que de voir le set on 981 C En p. 982 mangue ainsi que les on:;e vers suivants dans C 983 A^ Fors du ; B* dont fu deft'ension 984 B II e. m. ne lor fist s. m. n. 986 A maie rendation ; B^ Quar il en o. ; B' Et il en o. si bien lor g. 986 B enz el puis baratron 987 B que tôt s.

LI CORONEMENZ LOOIS 47

A unes pasques feïs procession,

Que d'une asnesse chevalchas le faon, 990 Si vos sivirent li petit enfançon ;

As blanches pasques en font procession

El un et altre li prestre et li clerçon.

Et herberjas chiés le lepros Simon.

La Madeleine feïstes le pardon, 995 Qui mist ses uelz sor voz piez a bandon,

Et i plora par buene entencion ;

Tu l'en levas a mont par le menton,

De ses péchiez li feïstes pardon ;

La fist Judas de vos la traïson : 1000 II vos vendi, s'en ot mal guerredon.

Trente deniers en reçut li félon ;

Et en la crois fustes mis a bandon.

Juif en firent corne encrisme félon :

Ne vorent creire vostre surreccion. ioo5 El ciel montas al jor d'Ascencion,

Dont viendra, sire, la grant redempcion,

Al jugement, ou tuit assemblerons.

La ne valdra père al fiU un boton,

Li prestre n'iert plus avant del clerçon, loio Ne Tarcevesques de son petit guarçon,

Li reis del duc, ne li cuens del troton,

Nuls om traître n'i avra guarison.

g88 B Apres biax (B* doux) sire feis procession 989 B Et de lasnesse qgi B ramembroison 992 B* Crestien qui aourent vo saint nom 998 B Et herberjastes 994 B* f. gent pardon 995 B Qui sus voz piez mist ses ueilz a bandon ; manque, ainsi que les trois vers suivants, dans C 996 B Si plora sire— 997 B Tu len leuas sire p. 1. m. 1000 A La vos v. looi C ot des juis félon 1002 enz en 1. c. ; B sanz reson ; manque, ainsi que le l'ers suivant, dans C. 1004 B manque îoo6 A Nos. viendra; C De nos venra 1007 A^ assemblcron 1008 C Lors ne v.; B La ni v. 1009 B Ja nicri li prestre; A Neis li prestre niert a. d. c. loio C Ne li euesques 101 1 C manque ' 1012 B Fel ne trichiere; A manque

48 LI CORON EMENZ LOOÏS

Et as apostres donas confession;

Meïs saint Père el chicf del pré Neiron, ICI 5 Et convertis saint Pol son compaignon;

Jonas guaris el ventre del peisson,

Et de la famé le cors saint Simeon,

Et Daniel enz la fosse al lion ;

Et Symomague abatis le félon ; 1020 Moyses vi la flame enz el buisson,

Qui n'ardeit busche ne ne feseit charbon.

Si com c'est veir, et creire le deit on,

Defent mon cors de mort et de prison,

Que ne m'ocie cist Sarrazins félon; 1025 Tant porte d'armes qu'aprochier nel puet on,

Quar s'arbaleste li pent a son giron,

Mace de fer li pent a son arçon.

Se cil n'en pense qui Longis fist pardon,

Ja n'iert conquis, trop a d'armes fuison. » io3o Corsolz li dist treis moz par retraçon :

« Ahi ! Guillelmes, corne as cuer de félon ;

A grant merveille semblés buen champion,

De l'escremir ne resembles bricon;

Mais par ces armes n'avras ja guarison. » io35 Lors trestorna son destrier aragon.

Et trait l'espee qui li pent al giron,

1014 C Mesmes s. p. 1016 A Guéris j. 1017 A La made- leine feistes le pardon; Ce verset les 4 suivants manquent dans C 1019 A^ Symon meismes ; B^ Et symagogue 1020 B en un buisson i023 A de honte e. d. p. 1024 le s. f. 1026 B pent a son gambeson B Et sarbaleste qui li pent a larcon; C Car sa baleste li vient a son giron 1027 A voi pendre a son ar- çon ; B' li pent a son giron ; li repent au giron 1029 B trop est fors li gloton io3o C par traison; par contencon. io3i B" de lyon io32 A bien c; C manque; Le copiste de B*, trompé par la similitude des deux vers Jo3i et io58, a passé du premier au second— io33 B' De lescrenne me semblés bien bre- ton — 1034 B' Mais de tes ; C manque io35 A^ L. retorna le d. ; A' L. t. le d. io36 B' Trait a; A' manque

Ll CORONEMENZ LOOÏS 49

Et fiert Guillelme par tel devision

Que le nasel et l'elme li desront.

Trenche la coife del halberc fremillon, 1040 Et les chevels li trenche sor le front,

Et de son nés abat le someron.

Maint reprovier en ot puis li frans om.

Li cols dévale par de desus l'arçon,

Que del cheval li a fait dous tronçons. 1045 Li cols fu granz, si vint de tel randon

Que treis cenz mailles en abat el sablon ;

L^espee vole hors des mains al gloton.

Li cuens Guillelmes sait en pié contre mont,

Et trait Joiose, qui li peut al giron; io5o Ferir le cuide par desus l'elme a mont,

Mais tant esteit et parcreiiz et Ions

N'i avenist por tôt For de cest mont.

Li cols descent sor Talberc fremillon,

Que treis cenz mailles en abat el sablon. io55 La vieille broigne fist al Turc guarison ;

Ne Tempira vaillant un esperon.

Corsolz li dist dous moz par contençon :

« Ahi ! Guillelmes, çome as cuer de félon !

Ne valent mais ti colp un haneton. » 1060 Tuit cil de Rome s'escrient a hait ton.

Et l'apostoiles, qui fu en grant friçon :

Sainz Père, sire, secor ton champion,

io37 Fiert en g. io38 B^ de lelme loSg T. lauberc et la coife ; ce vers manque, aiusi que les 4 suivants, dans C 1040 B' manque 1043 Z3' par de deuant 1044 -S* en a fait; C Et fist .11. pièces del destrier aragon 1045 A de grant randon; C manque 104G C manque 1047 C hors de puins 1049 A Et tint j. io3o dessus son elme io5i X Mais tant est granz el p. e. 1. 1034 B^ en abat a bandon io55 A' La meillor b. io56 C valissant .1. bouton loSy J3' .111. moz; manque, ainsi que le suivant^ dans C io58 J5' de lyon loSg B Trestuit ti colp ne valent .1. bouton 1060 B a .1. ton; C a rion 1062 C socoures vo baron

5o Ll CORON EMENZ LOOÏS

Se il i mucrt maie iert la retraçon; En ton mostier, por tant que nos vivons, io65 N'avra mais dite ne messe ne leçon. »

XXVII

Li cuens Guillelmes a la chiere membree Fu tôt armez sor la montaigne lee; Veit le paien qui ot perdu s'espee, Dont son cheval ot trenchié l'eschinee.

1070 Li Turs passe oltre plus d'une arbalestee, Tôt en poignant sa mace a destesee, Envers Guillelme en vint gole baee ; Alsi c^cume corne beste eschalfee

Que li chiens chacent en la selve ramee. 1075 Li cuens le veit, s'a sa targe levée.

Li Turs i fiert de si grant randonee

De chief en altre li a tote quassee,

Emprès la bocle li a tote copee ;

Par le pertuis i passast de volée 1080 Uns esperviers, senz point de demoree.

io63 C la raenchon 1064 C El ton m. ; A tant com n. v. io65 B Ni aura mais ne raesse ne leçon Tôt destruiront li en- criesme félon .la ni aura qui nos soit guerison Adonc plorerent de duel maint hait baron. 1067 B Fu toz a pie; C en la m. 1. 1068 A quot perdue; B perdue io6g ^ De s. c. ; jB cope -'

1071 C A poignant vient sa la mace entesee; A destrossee 1072 A reuient loyS B lisse; C loue —• 1074 C hastent 1076 C la t. 1.; ^ manque 1076 C le fiert 1077 ^ li a rote et falsee 1078 Jusqu'au vers 108 3 les trois versions diffèrent beaucoup. J'ai, comme dans tous les cas douteux, adopté celle de A, qui est en général la meilleure : A la leçon; B Près de la bocle li a fait lele corree (B^ entrée) Quuns esperuiers y entrast de volée Li cuens le voit sa la chiere enclinee Empres (B* Apres) le helme est la mace colee Le chief baissa et la masse est passée Se ce ne fust cest vérité prouee; C Empres la lance 11 a tele donee Que sil neust la teste enclinee

Ll CORONEMENZ LOOÏS 5l

"Emprès le helme est la mace passée. Baissa le chief a icele encontree. Ja mais par lui ne fust Rome aquitee, Se Deus ne fust et la vierge onoree. io85 Tuit cil de Rome haltement s^escrierent ;

Dist l'apostoiles : « Que fais tu or, sainz Père? Se il i muert, c'iert maie destinée ; En ton mostier n'iert mais messe chantée, Tant com ge vif ne que j'aie durée. »

XXVIII

1090 Li cuens Guillelmes fu molt estoltoiez, Et de cel colp tu durement chargiez, Mais d^ne chose s'est il molt merveilliez, Que li Turs a tant duré el destrier, Por ce qu'il ot tant durement saignié;

1095 Et s'il volsist il l'eûst mis a pié.

Mais il espargne quanqu'il puet le destrier, Quar il se pense, s'il le puet guaaignier, Bien li porreit ancore aveir mestier. Li Sarrazins vint a lui eslaissiez ;

1 100 Ou veit Guillelme, si l'a contraleié :

« Gulverz Franceis, or iés mal engeigniez, Quar de ton nés as perdu la meitié ; Or seras mais Looïs provendiers, Et tes lignages en avra reprovier.

1085 C ont fait une escriee 1086 B que fais sire sainz père; C D. la. qui saint pieres est 1ère 1089 A et que; B ne com jaie d. logi B molt forment 1092 A Et du. c. est il m. m. 1093 J3» Quant; B este el d.; C Com 1. t. 1094 B' longuement 1095 A B* Que sil v. 1097 B manque 1098 C II serroit mes loey prouendier B. I. p. e. a. m. ~ 1099 A corocicz iioo B* Ou quil le voit 1 102 manque, ainsi que les 3 suivants, dans C iio3 il Qui seras— 1104-1106 B Ge sai molt (B» très)

52 LT CORONEMENZ LOOÏS

r io5 Or veiz tu bien ne te puez plus aidier ; O tôt ton cors m^cn estuet repairier, Quar l'amiranz m'atent a son mangier; Molt se merveille que ge puis tant targier. » Il s'abaissa vers son arçon premier,

1 1 10 De devant lui le voleit enchargier Trestot armé sor le col del destrier. Veit le Guillelmes, le sens cuide changier; Bien fu en aise por son colp cmpleier, Et fiert le rei, que n'ot soing d'espargnier,

1 1 1 5 Par mi son elme, qui fu a or vergiez, Que flors et pierres en a jus tresbuchié, Et li trencha le maistre chapelier. La bone coife li convint eslongier, Que pleine palme li fent le hanepier;

1 120 Tôt Tembroncha sor le col del destrier. Les armes peisent, ne se pol redrecier : « Deus, » dist Guillelmes,« com j'ai mon nés vengié! Ne serai mais Looïs provendiers, Ne mes lignages n'en avra reprovier. »

1 1 25 Son bras a fors des enarmes sachié, L'escu geta enz el champ estraier : Tel hardement ne fist mais chevaliers.

bien nen porras reperier En ton pais ne recorras arrier Ge toci- rai cui quen doie ennoier Trop longuement me fais ci bataillier Et demorer por mahom que jai chier iio8 C Molt sesmer- ueillent comment ai tant targie iiog B sus son iiio J5« Droit d. 1.; C Par d. 1. 1. v. encafigier ni3 B Bien fu a point; C empirier 1 114 Le roi feri qui (B* que); A ne le vuelt espar- gnier 1 1 1!> C Dor entailliez; ici commence A^ 1 1 16 C en tait jus t.— II 17^3 Si a trenchie— 1118 jB li fist si e. (B'esloignier) ; A conuint il empirier— II iQil lecheualier— 1121 C pot; A^ manque 1122 A trenchie; A^ B or ai ii23 A^ Ne serai rois loys p. II 24 C Na mon 1. ne sera r. ; B recourir -f Dont passe auant li vaillant cheualiers ii25 C Son brant a fors de son fuerrc s.; B hors de ses armes s. ■— 1 126 Zi manque 1 127 fi' franc guerrier; B> nul guerrier

LI CORONEMENZ LOOÏS 53

Se li Turs fust sains et sais et entiers, Par grant folie fust li plaiz comenciez ;

I i3o Mais Deu ne plot plus se peûst aidier.

Li cuens Guillelmes ne s'i volt atargier ; A ses dous poinz saisist le brant d'acier Et fiert Je rei, n'ot seing de l'espargnier, Par mi les laz de son elme vergié.

II 35 La teste o Telme fist voler quatre piez ;

Li cors chancelé et li Sarrazins chiet.

Li cuens Guillelmes ne s'i volt delaier ;

La buene espee dont son nés ot trenchié,

Il la volt ceindre, mais trop longe li iert ; 1 140 Vint a l'arçon, maintenant la pendié.

Pié et demi sont trop lonc li estrier :

Grant demi pié les a lors acorciez.

Li cuens Guillelmes i monta par l'estrier,

Del Sarrazin a retrait son espié, 1 145 Qu'il li aveit enz el corps apoié;

Tôt entor Tanste en est li sanz glaciez :

o Deus, » dist Guillelmes, com vos dei graciier

De cest cheval que j'ai ci guaaignié !

Or nel dorreie por l'or de Montpelier. 1 i5o Hui fu tel ore que molt Toi conveitié. »

De ci a Rome ne s'est pas atargiez.

1128 A Se li cors ii3o C qui tôt a a jugier ii3i il ne volt mie atargier; B ne se volt plus targier 11 32 B mains Il 33 B ne lot soing de.; -A^ » Sanz point de le.; A^ Sanz poinj de latargier 11 35 C fait v. ; -4 en vola ii36 C Li cors ses- tent ; B* L- c. c. du sarrazin si chiet ii3y A ne li volt pas laissier; C ni volt plus atargier— ii38 C fu trenchicz; B manque iiSg C il le voit; B manque 1140 A B manquent 1141 B manque

1142 B C manquent— 1143 B manque 1145 C envoie; B^ embroie 1 146 B Tôt enuiron en est li sanz raiez 1 147 B vos doi je mercier; D mercier 1149 ^», ^ ^ rendroie; A Que nel

iibo A^ B Puis f. t. o. que il li ot mestier; C II. f. t. ho. quen fui a grant mesaif iibi B Dusques a rome ne si est a.; C ni est plus a.

54 CORONEMENZ LOOÏS

Li apostoiles i est venuz premiers, Si le baisa quant l'elme ot deslacié.

V Tant ont ploré li cuens Bertrans, ses niés,

1 155 Et Guielins et li corteis Gualliers!

Tel paor n'orent a nul jor desoz ciel : « Oncles, » fait il, « estes sains et haitiez? Oïl, » fait il, « la merci Deu del ciel. Mais que mon nés ai un poi acorcié;

I i6o Bien sai mes nons en sera alongiez. » Li cuens meismes s^est iluec baptisiez : a Dès ore mais, qui mei aime et tient chier, Trestuit m'apelent, Franceis et Berruier, Conte Guillelme al cort nés le guerrier. »

1 165 One puis cel nom ne li pot l'en changier. Puis ne finerent tresqu'al maistre mostier. Cil ot grant joie qui le tint par l'estrier. La nuit font teste por le franc chevalier, Tresqu'al demain que jorz fu esclairiez,

1 170 Que d*altre chose voldront assez plaidier. Et dist Bertrans : « As armes, chevalier ! Puis que mes oncles a le champ guaaignié Vers le plus fort qui tant ert resoigniez, Bien nos devons as feibles essaier,

1 175 Oncles Guillelmes, faites vos aaisier,

Quar molt par estes penez et travailliez. »

1 152 manque, ainsi que le suivant, dans C 1 164 /4 Toi en plo- rant 1.; C Encontre vos 1. 11 55 C Tant ont plore g. et g. ii56 iJ T. p. no. a mais j. d. c; A desor ciel iibj B font il

1 158 B merci jesu d. c. iibg B est u. p. escochiez; C escor- chiez 1160 A Ge ne sai certes com sera alongiez; B Bien sai (B» sent) quun poi en sera acorcie— - 1162 Au lieu de 1162^ 11 63, C donne Dore en auant lapelent li princhier 11 63 B Vueil que ma. ii65 B* C ainz; B ne pot estre changiez; C ne li fa can- giez 1167 A a lestrier n68 A font joie; C font veille por lenfant cheualier 1169 A dut esclairier; C que il fu e. 1171 Le dist"; C arme vos cheualier 1 173 q\ii plus; C manque

1 175 ^ manque

LI CORON EMENZ LOOÏS 55

Guiilelmes Tôt, si s'en rit par feintié : « Hé! Bertrans, sire, or del contraleier! Ja vo contraires ne vos avra mestier,

II 80 Que, par Tapostreque requièrent palmier, Ge ne laireie por Tor de Montpeiier Que ge ne voise el maistre renc premiers, Et i ferrai de l'espee d'acier. » Quant cil de Rome i'oïrent si plaidier,

1 185 Li plus coarz en fu proz et legiers. Dès or se guardent li félon iosengier, Que trop i pueent demorer et targier, Quar cil de Rome se vont apareiliier.

XXIX

Li reis Galafres est de son tref issuz;

II 90 A lêi de rei est chalciez et vestuz;

Dist a ses omes : « Or ai ge trop perdu, Quant par cel ome est Corsolz confonduz. Li Deus qu'il creient deit bien estre creiiz; Guardez que tost seit mes très destenduz ;

1195 Fuions nos en, qu'atendrions nos plus? Se cil de Rome se sont aperceû, Ja de nostre ost n'en eschapera nuls. » Et cil respondent : « Cil conseilz iert tenuz. Quatorze grailes sonerent tôt a un,

1177 C si en rit; A si sen rit volentiers; fi» par faintie 11 78 C Or b. nies 1 181 C Jou nel lairoie 1 182 ^ Que ge ne fusse ii83 A de mespee 1184 B loent ainsi p. ii85 A \ i\x', B Tôt en fu lors (fi' plus) li coarz rehaitiez 1186 -4 si g. ; A^ sesgardent 1187 ^' Or trop 11 88 fi» /a leçon + Por la loi deu vers paiens dcresnicr iigo C sest c. et v.; fi fu c. et v. 1193 B^ doit estre bien cremu ; B^ doit bien estre cremu H97 A uns; B Ja de nos loz 1 198 fi» Et toz r.; A iert creuz ngq A .XXV. graile i sonent tôt a un; fi .xiv. cors sonerent a un hu

56 LI CORONEMENZ LOOÏS

1200 Et l'ost monta qui estormi se fu.

Guillelmes a le temulte entendu \

Dist a ses ornes : « Trop avons atendu ;

Paien s'en fuient, li gloton mescreti.

Or tost après, por Deu le rei Jcsu ! « I 2o5 Tuit cil de Rome s'en issent a un hu ;

Guillelmes s'est el premier renc tenuz,

Li gentilz cuens^si lassez come il fu ;

Alion broche des espérons aguz,

Si se desreie qu'a peine Ta tenu : 12 10 Legiers li semble cil qui desor lui fu.

Entre dous tertres ont paiens conseil.

La veïssiez un estor maintenu,

Tant pié colpé, tante teste, tant bu !

Li cuens Bertrans s'i est molt chier vendu. 12 15 Après sa lance a trait le brant molu :

Gui il ateint jusqu'el piz l'a fendu,

Halbers n'i valt la monte d'un festu,

Maint colp reçut et plus en a rendu;

Et Guielins i a maint colp féru, 1 2 20 Et cil Gualtiers qui de Tolose fu;

Mais sor toz altres fu Guillelmes cremuz.

lioo C qui estormie fu ■— 1201 B Et g. a la grant noise e.; C Et cil de rome ont la noise e. 1202 C Dient enireux i2o3 C Li cuuert m.; B^ sarrazin mescreu ; B> li félon m. 1204 ^ Or tost as armes i2o5 B ni ont plus atendu De la cite issirent a .1. hu. 1208 A Arion ; B A. b. d. e. a. Et li destriers qui fu de grant vertu; manque j ainsi que les 2 suivants, dans C 1209 A a peine lont tenu 1210 A celui qui sor lui fu ; B la leçon + Apres paiens sarotent par vertus Qui sen fuioient quar paour ont eu Por ce que rois corsolz estoit veincuz Que dams guillelmes ot mort et confondu Tant ont coite li nostre par vertu 121 1 B Quentre deus monz les ont aconseuz Entre eus se fièrent par force et par vertu— -121 3 A Tant poing cope; B Tant pie trenchie 1214 B scst moli bien combatu 121 5 B Apres la 1. a. t. le b. tôt nu 12 16 A est fenduz ; B jusques denz la f. 1217 B Ni vaut hauberz; C manque iiiS B' mais p. en a r.; C manque 1219 B en i a maint féru 1221 A Mais sor les a.

LI CORONEMENZ LOOlS b'J

Li reis Galafres i fu aperçeliz ;

Guillelmes point, a son col son escu,

Li reis Galafres, quant l'a aperceli, 1225 De cuer reclaime Mahomet et Cahu :

« Mahomet, sire, cornent m'est avenu?

Se il vos plaist, quar i faites vertuz,

Que ge eusse Guillelme retenu. »

Le destrier broche des espérons aguz. i23o Li cuens Guillelmes ne fu mie esperduz.

Granz cols se donent a mont sor les escuz;

Desoz les bocles les ont fraiz et fenduz.

Les blanz halbers desmailliez et rompuz.

Lez les costez sentent les fers moluz. 1235 Deus en aida Guillelme le cremu,

Et cil sainz Pères cui champions il fu,

Que par le rei ne fu en char feruz.

Li gentilz cuens li a tel colp rendu

Que d^ansdous parz a les estriers perduz. 1240 Li chevals baisse quant a le colp sentu,

Et dont cheï li reis a terre jus.

1222 A garsile 1 223-1228 C la leçon que fai adoptée; A Monte guil. a son col son escu Mahom reclaime a force et a vertu Mahomet sire moult mest mal auenu Que ge ne lai et pris et retenu; B' Monstrez g. a son col son escu Mahom redainie li rois par grant vertu Mahomet sire car i faites vertus Que ce! baron qui tant a bien féru Quil a corsult et mort et confondu Que je le puisse auoir pris et tenu Lors ni a plus galafres atendu; B* Moustre g. a son col son escu Mahom reclaime le roy et sa vertu Mahom dist il com mest mal auenu Quant par .1. home est roy corsult vaincu Le dieu quil croient doit bien estre cremu Mahomet sire quar i faites vertu Que ce baron qui tant a bien féru... (le reste comme B^) i23i A amont es helmes bruns; B Encontre lui a broche li cre- muz Granz cops se donent amont sus les escuz Desos les bocles les ont fraiz et fenduz 1232 C Desor ; A manque i233 A Les halberz ont 1234 C aguz; B* Lez lor c. s. 1. f. toz nuz; B' L. 1, c. seteint 1. f, toz nuz i235 A^ aide; A*, ^ aida; C a aidieJ B g. le membru 1 236 fi' II est s. p. ; B' Lui et s. p. c. c. i fu 1237 fi Que par galafre— 1239 A* Que de .11. parz 1240, 1241 /!

58 LI CORONEMENZ LOOÏS

L'aguz del elme est en terre feruz, Par si grant force dous des laz a rompuz Li cuens Guillelmes est sor lui arestuz, 1245 Et trait le brant dont l'aciers fu moluz : Ja li trenchast le chief desus le bu, Quant Deus i fist miracles et vertuz, Quar mainz chaitis dolenz et irascuz En fu le jor fors de prison issuz.

XXX

i25o Li cuens Guillelmes fu molt buens chevaliers. Devant lui vit le rei tôt embronchié; Se il volsist ja li trenchast le chief, Quant cil li crie et manaide et pitié : « Ber, ne m'oci, quant tu Guillelmes iés,

12 55 Mais vif me prent, molt i puez guaaignier. Ge te rendrai le riche rei Guaitier, Lui et sa fille et sa franche moillier Et trente mile de chaitis prisoniers, Se ge i muir qui tuit perdront le chief.

1260 Par saint Denis, » dist li cuens ai vis fier, « Por itel chose deis estre respitiez. » Li cuens Guillelmes s'aficha en Testrier. Li reis li rent le riche brant d'acier.

Le cheual laisse qui le fais ot eu (1241 manque) B Le cheual laisse qui le cop a sentu Si le feri g. par vertu Que li rois chiet ne pot estre tenuz Encontremont sont li talon venu 1242 B Li coing du haume li est au pie feruz 1243 A manque; C P. s. g. f. des las a desrompus 1244 B sest s. 1. a. 1245 A^ Il trait; B trenchant fu I252 C ja li tolisi; B bien li trenchast i253 B* Mais cil l. c, B nianaides et pitiez 1259 C ki perderonl le cief ; B les chiefs 1260 C Brachetier; B dist li frans berruiers 1 261 il deuez bien repairier; B Par itel change vos doit on rcs- pitier 1262 C se rafice es estriers; A* el destrier 1263 A^,- 1. tent; B Li rois galafres li rent son brant dacier Et il le prent

LI CORONEMENZ LOOÏS StJ

A l'apostoile l'enveie tôt premier, 1265 Et bien treis cenz des altres prisoniers.

Quant Sarrazin, li gloton losengier,

Veient ensi lor dreit seignor pleissier

En fuie tornent par veies, par sentiers ;

De ci al Teivre n'i voldrent atargier. 1 270 Lor nés troverent, qui lor ont grant mestier ;

Enz en entrèrent, s'esioigncnt le gravier.

Li cuens Guillelmes est retornez arrier.

Le rei desarment desoz un olivier.

Li gentilz cuens le prist a araisnier : 1275 « Hé! gentilz reis, por Deu le dreiturier,

Coment ravrons les chaitis prisoniers

Qui en voz barges sont estfeint et leié? »

Respontli reis : « De folie plaidiez;

Quar, por la croiz que requièrent palmier, 1280 Ja n'en avrez vaillant un sol denier

Devant que seie levez et baptisiez,

Que Mahomet ne me puet plus aidier.

Deus, » dist Guillelmes, « tu seies graciiez ! »

Li apostoiles ne s'est mie targiez, 1285 Ainz a les fonz molt tost apareilliez;

si ne le volt laissier Si le bailla a .1111. cheualiers 1264 C len- uoia 1265 Et .iiiic. 1266B li culuert renoie; ce vers et les 12 suivants manquent dans A 1267 C Voient le jor lor droit seignor loier 1268 C rochiers 1269 JB' De ci as nés; B* Dusques as nés 1270 J3 qui lor orent m. 1271 B Enz sont entre 1272 Bien prent 1 274 B len prent 1 277 C aues cains et loies; A Au lieu de ce vers et des 12 précédents donne Lors dist al roi de folie plaidiez 1278 A Et il respont; B Sire g. d. f. p. (ce vers interverti avec le suivant) 1279 B Por la croiz dieu 1^280 B vaillant .1111. d. ; C valissant .1. d. 1281 A^ Trusque j. s.; ^4',^ Tant q. j. s.; C Ains cre anchois 1282 B Mahom renoi quil est vains et lasniers Car ne me puet secore ne aidier; manque, ainsi que le suivant, dans C 1284 B atargiez; C au lieu de ce vers et des deux suivants donne Li a. va les fonz por famier Puis le baptise sanz point de laiargier

6o LI CORONEMENZ LOOÏS

Le rei i ont levé et baptisié. Parins li fu Guillelmes li guerriers, Et Guielins et li corteis Gualtiers, Et bien tel trente de vailianz chevaliers

1290 N'i a celui ne seit frans om del chief ;

Mais de son nom ne li ont point changié, Ainz li aferment al nom de crestiien. L^eve demandent, s'assieent al mangier. Quant ont assez ce que lor fu mestier

1 295 Li cuens Guillelmes est resailliz en piez : « Hé! gentilz reis, por Deu le dreiturier, Nobles filluels, et quar vos avanciez. Coment ravrons les chaitis prisoniers Qui en voz barges sont estreint et leié? t>

i3oo Respont li reis : « Or m'estuet conseillier ; Quar s or saveient Sarrazin et paien Que ge me fusse levez et baptisiez, Ainz me laireient trestot vif escorchier Qu'il me rendissent vaillant un sol denier.

i3o5 Mais or me faites de mes dras despoillier, Si me metez sor un guaste somier, Et avuec mei un quart de chevaliers, Si près del Teivre que ge puisse huchier. Trestoz voz omes faites apareillier

1286 B Li rois i fu 128g C de jentieus cheualiers; B de che- ualiers proisiez 1290 C de fief; B ne soit gentils de chief 1 291 ^ pas; C ne voiroit point cangier 1292 C un nom de c. ; B Ainz le baptisent 1294 B et beu et mangie 1295 B en est sailliz en pie 1298 A^ raions 1299 A Qui en voz buies sont esiroitlie; B manque l'ioo C R. guillelmes; A^ compasser; B mestuet il c. i3oi A^ et escler; B sarrazin auersier i3o2 A'^ baptisiez et leuez; B^ aussi fet baptisier i3o3 C manque i3o4 C valissant .1. d.; B^ qui vausist .1. d. i3o5 B tresiot nu despoillier i3o6 C Si me menez soz .1. gaste raostier i3o7 B Sierent o moi; B' .111. gentils cheualier; A manque i3o8 A Si près des lor; B Si près del tertre que les {B^ leur) p. h. iSog B ferez a.

Ll CORONEMENZ LOOÏS 6l

i3io Desoz cel mur, en cel brueil d'olivier.

Se Sarrazin se vuelent esforcier,

Que il me voillent et secorre et aidier,

Tuit seiez prest as lances abaissier.

Deus, » dist Guillelmes, « par ta sainte pitié, i3i5 Mieldre convers ne puet de pain mangier. »

Trestot son buen li ont fait otreier,

Ne mais del batre, de ce Tout espargnié;

Ainz l'ensanglentent del sanc a un lévrier.

De ci al Teivre ne se voldrent targier. i32o Li reis Galafres comença a huchier ;

A voiz escrie : « Champions, sire niés,

Filz a baron, quar me venez aidier.

Fai en geter les chaitis prisoniers,

Por tant istrai de prison, ce sachiez. » i325 Dist Champions : « Bien t'a Mahom aidié,

Quant por aveir est tes cors respitiez. »

Le dromont font a la rive sachier ;

Fors en ont trait les chaitis prisoniers,

Mais tant les orentbatus li losengier,

i3io C Desoz cel tor; A Desoz cel brueil qui est a loliuier; B la leçon + La les ferez quoiement embuschier i3ii C se vo- loient e. i3i2 il Q. i. m. v. secorre et aidier; B secorre ne aidier— i3i3 fi», soient; C Si soies i3i5 C Mieldres consaus ne puet estre otroies i3i6 C li font il o. i3i7 Cde batre; A a ce lo. e. i3i8 Cde .11. leuriers 1 3 19 fi' ne se sont atargiez 1 323- 1326 C la leçon) A Se deus maist or en ai grant mes- tier Li deus quil seruent doit bien estre proisie Rois a corone ne doit estre loie Mais por auoir iert mes cors respitiez; B Par maho- met or en ai grant mestier Cil crestien mont trop mal atierie Li (B' Cil) deus quil seruent doit molt estre pro^eie Qui si lor fait trestous lor desirriers Bien ma mahoms lessie et oublie Qui si me lesse as crestiens baillier (fi» traitier) Mes por auoir iert mes cors respitiez {B* replegie) Fai leur geter les chetis (B* riches) prison- niers Dist champions or ta mahom aidie Quant por auoir puez estre respitie A ces paroles ne volt plus delaier (fi' delaissier) i327 B L. d. fist a 1. r. atachier i328 B Hors en a t. I. geniilz p. i329 A baïuz et ledengiez

62 LI CORONEMENZ LOOÏS

i33o Por ce qu'il furent desconfit et chacié, N'i a celui n'ait sanglent le braier Et les espalles et le cors et le chief. De pitié plore Guillelmes li guerriers.

XXXI

La ou il getent les chaitis de lor barges, i335 N'i a celui n'ait sanglent le visage Et les espalles et trestot le corsage. De pitié plore Guillelmes Fierebrace; Veit Tapostoile, a un conseil le sache : « Sire, » fait il, « por Deu Tesperitable, 1340 Mainz gentilz om a ci nu le corsage;

Quar lor donons pels et mantels et chapes, Or et argent ait chascuns en la place, Que retorner s'en puissent en lor marches. Dist l'apostoiles : « Gentilz om onorables, 1345 A onor faire deit chascuns estre larges.

Icest conseil est bien dreiz que Ton face. » De ci a Rome ne firent arestage ; Por les chaitis destrosserent lor maies, Si lor donerent et dras et pels et chapes ;

i33o A^ fachie; A* cachie; A^ châtie i332 C et le cors et les piez i334 C La u issiereut 1. c. d. 1. b. i335 C Ni a celui qui nait 1340 B De maint prodome a ici le corsage Qui sont tuit nu molt ont soferi malage 1341 C et dras et piaus et ca- pes; B Reuestons les por dieu et por simage De nos trésors lor donons a grant masse Por respasser de ceste grant mesaise 1342 B le vers est compris dans les 3 précédents 1 344 C jenticx quens ho. 1346 B^ En ho. f. 1346 quon le face; B^ Cest bon conseil si vueil bien quon le face 1347 ^ ^^ ^^^^ "^ s' atargc; JB» Tresques a r.; C manque 1348 B desfermerent 1349 A\^ et pels et dras et chapes; B cotes sercoz et c; A^ et dras et peaus de martre; Cet dais e. p. e. c.

Ll CORONEMENZ LOOÏS 63

i35o Or et argent ot chascuns en la place,

Que bien s'en porent retorner en lor marches.

XXXII

Quant cil a Rome sont ensi repairié,

Li cuens Guillelmes sor un perron s assiet;

A tant es vos li riches reis Guaifiers.

i355 Tôt maintenant li est chetiz as piez : « Gentilz om, sire, eti m'avez mestier. Rescos m'avez des mains as aversiers, Qui en lor terre m'en menassent leié, Mais ne veïsse mes onors ne mes fiez.

i36o Une fille ai, n'a si gente soz ciel :

Ge la vos doins de gré et volentiers, Se la volez ne prendre ne baillier, Et de ma terre avrez une meitié, Après ma mort serez mes eritiers. »

1 365 Respont li cuens : « Mei estuet conseillier. Veit l'apostoile, d'une part l'a sachié : « Sire, » dist il, « prendrai ge la moillier? Oïl, bels sire, de gré et volentiers.

i35o il».» ot tant chascuns en place; C manque - i35i B Dont bien porront retorner (fi' râler) e. I. m. i352 C Q_. c. de rome sont le jor r. i353 A lez un buisson i354 C Atant es lor; fl' la leçon + Ou voit g. vers lui sest adreciez i355 C li vait cair au pie; B la leçon + Ses deus mains jointes granz merciz li rcndie Tôt en plorant li auoit escrie (B» li a dit a haut cri) ■— iSbj A C z\ auressier 1358 C memmenoient; B Qui mennmenas- sent (B» memmenoient en 1. t. loie i3b(j B^ Plus n. v. -^ i36o C Si gente na s. c. - i363 C aueres la moitié; B De mon roiaumc auiez vous la moitié {B' par trcstot la moitié) i364 A soiez i365 B* Li quens respont; B ge men vueil conseillier 1367 C fait il ; J3 la prendrai ge a moillier i368 B' Oil voir sire; C Oil biau frère; Ce dist le pappe bien le veull sil vous siet

64 Ll CORONEMENZ LOOÏS

Bachelers estes, de terre avez mestier. » 1370 Respont li cuens : « Bien fait a otreier. » L'en li ameine a veeir la moillier. Nuls om de char, pèlerins ne palmiers, Ne seiist tant errer ne chevalchicr Plus bele dame pcûst nuls acointier. 1 375 Celé preïst Guillelmes li guerriers,

Quant par essoigne convint tôt respitier, Com vos orrez ainz le soleil colchier.

XXXIII

Plaist vos oïr de la soe belté ?

Nuls om de char ne peûst tant aler 1 38o Plus bele dame pelist onques trover.

Celé preïst Guillelmes al cort nés,

Quant par essoigne convint tôt refuser,

Com vos orrez ainz qu'il seit avespré.

Es dous messages venant toz abrivez; i385 De France vienent, s'ont lor chevals lassez

Et recreiiz, confonduz et matez.

1372 B' Ainz hom; J5» One h. iSyS C Ne saroit t.; B Ne feist t. 1 874 B peust pas a. ; C trouuast nului sor ciel 1 SyS B' Icelle preist g. au vis fier; B^ Celc preist le marchis au vis fier ; B ajoute Mais ne le fist a celer ne vos quier Si come orrez Sun poi puis esploitier 1376 B Quar par; A li conuint a les- sier i377 J5* Si com orrois; B^ manque 1878 Avant ce vers B dit Molt par fu gente la dame al cors mole 1379 B Nuls hom viuant; A ne pot ainz tant aler i?8o C ne peust onques t.; B peust mie t. i38r C Et le presist ; JB* dant g. au c. n. i382 B Mais p. e. c. t. demorer i383 B Sel morrez dire a. quil s. a. Ci vos lerai de la pucele ester i384 A effraez i385 A Par deuers f. les cheuals ont 1. ; J5 De dolce f. sont venu le règne i386 A' C et lassez; ^4^ c et penez; B Puis que il furent de leur pais tome Ont .x. cheuals recreuz et lassez De cheualchier con- fonduz et matez

LI CORONEMENZ LOOÏS 65

Tant ont Guillelme et quis et demandé

Qu^il ont le conte enz el mostier trové,

Ou il deveit sa molllier esposer, 1390 Et Tapostoiles, qui fu gentilz et ber,

Fu revestuz por la messe chanter ;

Et l'anel prist por la dame esposer,

Quant li message li sont al pié aie :

a Merci, Guillelmes, por sainte charité, iSgS De Looïs vos est petit membre,

Que mors est Charles, li gentilz et li ber;

A Looïs sont les granz eritez.

Li traïtor l'en vuelent hors boter.

Un altre rei il vuelent coroner, 1400 Le fin Richart de Roen la cité.

Tôt le pais ont a dolor torné,

Gentilz om, sire, se vos nel secorez. »

Ot le Guillelmes, s'est vers terre cliné;

Veit l'apostoile, d'une part Fa torné : 1405 « Sire, » fait il, « quel conseil me donez? »

Dist l'apostoiles : « Deus en seit aorez!

Qui conseil quiert bien li deit l'en doner;

En peneance vos vueil ge comander

Que Looïs vo seignor secorez. 1410 C'iert granz damages s'il est deseritez. »

Respont li cuens : « Si com vos comandez,

1387 B enquis i388 B^ le ber iSgi A Tôt reuestuz 1 392 /l de la d. e. ; C Pris ot la neif 1 395 A^ vos ert p. m. ; C vos a p. m.; A^ D& rois looys 1396 B' Car; B^ manque 1397 C A roi looys ; B^ manque 1 398 C L. t. li ont le dos torne 1 399 J3» reueulenl c. 1400 C Del fill 1401 A ont a honte liure; en dolor ont t. 1402 A nés secoures; B* pour le secorez; et car le secourez ; B ajoute Car se de vous na secours ce sauez Mors est li rois ocis et afolez 1403 B vers terre est enclinez 1405 C donrez; A que c. m. d. 1406 B la leçon + Foi que ge doi le roi de mageste 1407 A len li doi bien doner 1408 B vos vueil dire et monstrer 1409 A^ Que rois looys; B Que vo seigneur loiaument secorez 1411 C R. guil. a vostre volente

66 LI CORONEMENZ LOOÏS

Ja vo conseilz ne sera refusez. » Guillelmes baise la dame o le vis cler, Et ele lui, ne cesse de plorer.

141 5 Par tel convent es les vos desevrez Que ne se virent en trestot lor : a Sire Guillelmes, » dist Tapostoiles ber. « En dolce France vos en convient aler. Ci remaindra Galafres Pamirez,

1420 De vostre part avra Rome a guarder. » Respont li cuens : « De folie parlez. De traïson ne fui onques retez : D'or en avant m'en dei ge bien guarder. Sire Guillelmes, » dist Tapostoiles ber,

1425 « En dolce France vos en convient aler : Mil chevaliers avuec vos en merrez, D'or et d'argent trente somiers trossez. Toz as conquis, ses en deis bien porter. » Respont li cuens : « Ce fait a mercier. »

XXXI III 1430 Un diemenche, .xv. jors après Pasques,

1413 B la pucele o vis cler 141 5 A ainsi sontdeseure 1416 A Puis ne s. v. 1419 A' exponctue Galafre et met en marge Garsile 1420 A nostre 1421 C a vostre volente; B bien fait a creanter Mes filleuis est gart ni peust maluaiste Sil le fesoit par dieu de mageste Ne remaindroit el monde desoz de Tant le siuroie quauroit le chief cope Mais gart très bien la terre et le règne Que loeys sont les granz héritez Mon droit seignor qui tant a de bontez Et dist li rois tôt a vo volente Vos sauez bien et si est veritez 1423 B Do. e. a. crerai en damede Et si ferai la soie volente Et g. raolt auez bien parle Seinsi le faites com lauez deuise Dont serez vos mes drus et mes priuez 1426 B me- nez — 1427 A .XXX. s. prenez 1428 A^ Tes as c. ; C ses en dois enmencr; B Conques les as bien les en dois porter 1429 B Et dist li c. 1430 A^ En d. ; v4- Une dimenche

Ll CORONEMENZ LOOÏS 67

Esteit a Rome Guillelmes Fierebrace,

Famé dut prendre et faire mariage,

Trestot aveit entrobliee Orable,

Quant de vers France li sont venu message 1435 Qui li aportent unes noveles aspres ;

Que morz esteit liemperere Charles;

A Looïs sont remèses les marches;

Li traïtor, cui li cors Deu mal face,

Del fin Richart de Roen a la barbe 1440 Vuelent rei faire, volant tôt le barnage. »

De pitié plore Guillelmes Fierebrace,

Congié demande a l'apostoile sage,

Et il li charge mil chevaliers a armes,

D'or et d'argent trente somiers li charge. 1445 Al départir en plore li barnages.

Vait s'en li cuens, qui de riens ne se targe,

Montgeu trespasse, qui durement le lasse.

De lor jornees ne sai que vos contasse ;

De ci en Brie n'arestent ne ne targent.

1436 C nostre emperere c. 1437 A^ A rois looys; B en sont remes 1438 C Li traitor len font honte et outrage Boisie ii ont le cors dieu mal lor face Ne il laissierent le vaillant .1. escace Tolir li voelent le chief sor les espaule 1439 C D. f. r. de meni le bar- bastre 1440 B Vouloicnt faire roi de france la large; A V. r.

f. de france le barnage; C la leçon + Sil na secors france en va a hontage Et la contrée en ert destruite et arse 1441 C la leçon + Et prie dieu le père esperiiable Quil ne lairoit por nul home quil sache Ca son pooir son secors ne li fâche 1442 C a la pucele sage Au lieu des 4 vers suivants, C donne Par tell deuoir ambe- doi se départent Puis ne se virent en trestout lor eage Pris a congie

g. t. Cele li done et bele et conuenable Dor et dargent .xv. som- miers li carge Auoec li maine .m. cheualiers as armes Et ses .xl. camena de ses marces Passent les terres et les contrées larges 1443 A .1111". a armes 1444 B .xxx. somiers do. et da. 1. c.

1446 B de noient ne latarge 1447 C qui forment les trauaille

1449 A Tant quil i vinrent (-«4» virent) ne sarresterent guère; C De si en brie acuellent lor voiage ; B^ Mes que la terre a grant esploit trespassent Si ques en b.

68 Ll CORONEMENZ LOOÏS

XXXV

1450 Vait s'en Guillelmes al cort nés le marchis.

De ses jornees ne sai conte tenir ;

De ci en Brie ne prist il onques fin.

En mi sa veie encontre un pèlerin,

L'escharpe al col, el poing le fust fraisnin; 1455 Ainz ne veïstes tant gaillart pèlerin ;

Blanche ot la barbe corne flor en avril.

Veit le Guillelmes, si l'a a raison mis :

a Dont es tu, frère ? De Tors de Saint Martin.

Ses tu noveles nules ? Quar nos en di. 1460 Oïl, bels sire, del petit Looïs ;

Que morz est Charles li reis de Saint Denis,

A Looïs est remes li pais ;

Li traïtor, que Deus puist maleïr !

Del fill Richart de Roen le flori

1450 B Vait sen li cuens g. li marchis 146 1 Bde lor j.; C man- que — 1462 A ne pristrent onques fin i^bl C acuelli son chemin 1454 C Escherme au col et un bordon fraisnin; B* manque \ jB' la leçon + Molt bien estoit afublez le matin 1455 B^ si g. p. C B' manquent 1456 B c. f. daubespin ; CB. o. 1. b. et le guernon flori 1458 C Amis biaus frère dieus te puist beneir; B D. e. t. f. g. respondi (B^ li a dit) Sire dist il de tours de s. martin Et dist g. por dieu qui ne menti 1459 C car le me di; BS. t. n. amis car (B» par amour) n. e. d. -- 1460 C de père loeys; A^ del petit rois looys; B Oil voire sire ce dist li pèlerins Del roy loys que len guerroie si 1461 B Morz est rois caries qui tant ot le cuer fin 1462 A^ A rois looys ; C Par droit doit estre la terre a . i . sien fill; Voici de suite le texte de C correspondant aux 16 vers sui- vants des autres mss. Mes li traître len ot si defors mis Quil ne li laissent vaillant .1. angeuin Jou le laissai a tors a s. martin En une croste del mostier benei Ne garde leure que il laient ocis Nen i a nul qui losast garantir Par cel apostle que quierent pèle- rin Se jou fuisse hom que aidier se peust Ja li fieus karle ne fust issi bonis Les traitors eusse départis Que cure neussent de lor seignor irair

LI CORONEMENZ LOOÏS 69

1465 Vuelent rei faire de France a maintenir.

Mais uns frans abes, que Deus puist beneïr,

En une volte del mostier Saint Martin

En a l'enfant ensemble o lui foï.

Ne guardent Pore que il seient murdri. 1470 Hé! Deus aide! » dist li frans pèlerins,

« Ou sont aie li chevalier gentil

Et li lignages al pro conte Aimeri?

Icil soleient lor seignor maintenir.

Par celé crois ou li cors Deu fu mis, 1475 Se ge fusse om qui aidier li poïst,

Les traïtors eusse si laidiz

N'eussent cure de lor seignor traïr. »

Ot le Guillelmes, s'en a geté un ris ;

Bertran apele, si l'a a raison mis : 1480 a Oïstes mais si corteis pèlerin?

Se il fust om qui aidier li poïst,

Ja malvais plaiz ne fust par lui bastiz. »

Dis onces d'or douent al pèlerin,

Molt lieen>ent le fait de lui partir. 1485 Vait s'en Guillelmes, s'acueilleson chemin.

Tant ber fu nez qui planté a d'amis:

Guillelmes guarde devant lui el chemin,

Venir i veit de chevaliers set vinz.

1465 B de france le pais 1466 B Mais uns sainz abes 146g B que il laient murtri 1470 A d. 1. cuens p 147 1 B li cheua- lier de pris 1473 B Qui si soloient 1476 B eusse malbailliz

1477 B manque 1479 ^ ^- ^- son neueu si li dist; C B. a. gautiers si lor a dit 1480 C Oistes onques s. c. p. ; 5 Amis dist il por dieu qui ne menti Oistes (5* Veistes) mais s. c. p. 148 1 C Se i fust qui aidier li peust 1482 Ja nus mais p.; A Jamais par els ne fust mal plait basti; J3' ajoute Et dist bertrans certes il est genlis; B^ ajoute Bernart respont par foy il est gentis 1483 C manque 1484 A le fist ; fi' se fist d. 1. p. ; B^ sestoit diluée parti

1485 C manque i486 B qui auques a damis; C Or entendes dieu vous puist beneirChieus est .aidies qui dieus vielt maintenir

1487 G. esgarde

70 LI CORONEMENZ LOOIS

1490 Gualdins li bruns les conduit, li marchis,

Et avuec lui fu li proz Savaris,

As clercs armes et as chevals de pris ;

Cil sont nevot Guillelme le marchis ;

En France en vont secorre Looïs.

Quant s'entrencontrent a merveille lor vint; 1493 11 s'entrebaisent, nevot sont et ami.

D'els ne se guarde li abes de franc lin

Qui ot en guarde le petit Looïs.

S'un pou le puet tenser et guarantir,

Et destorner del lignage Alori, 1 5oo Secors avra ainz que past li tierz dis.

XXXVI

Vait s'en Guillelmes li nobiles guerriers Ensemble o lui doze cent chevalier. Par sa maisnie a fait un ban huchier;

1488 B* .VIII" .; CSi voit venir 1490 C Ses a conduist viuiens li marcis 149 1 B Auueques lui fut li cuens s.; C manque 1492 C Cis estoit nies g. l. m. ; ^', ^ g. al fier vis; J5> g. o le fier vis; A Cil furent nies 1493 A^ secorre rois looys; B Si vont en france ; C Nest mie poures qui a plente damis Secorre vient son seignor loeys Or croist la force g. le marchis 1494 A^ sen- treuinrent; manque, ainsi que les 3 vers suivants, dans 1495 C et cousin; C termine ainsi cette laisse Auant cheualcent par mi le gaut foilli Tant com cheual puet jornee tenir Sen vont vers tors le droiturier chemin Li gentieus abes qui fu frans de bon lin Qui ot en garde le jouene loey Et en la croûte del mostier la- uoit mis Se or le puet tenser ne garandir Et destorner des parens alori Secors aura ains que part li tiers dis 1497 A Qui en garde ot; 51 Qui a en garde ; A^ le p. rois looys 1499 B Et destra- ver d. 1. aymeri i5oo B de ci que al tiers di ; A^ que part i3oi B G. erra qui molt fist a proisier; C Vien g. au cort ncs li guerriers— i5o2 C devient tellement différent des autres mss. que je n'en donnerai plus qu'occasionnellement les variantes. i5o3 B Par sa compaigne

LI CORONEMENZ LOOIS ni

Chascuns a point qui cheval; qui destrier,

1 5o5 Et il lor dist, senz point de l'atargier, Qu'il n'aient cure de cheval espargnier : Qui pert roncin, il li rendra destrier, a Al malvais plait vueil estre a comencier; Ge vueil par tens saveir et acointier

i5io Qui vuelt reis estre de France justiciers; Mais par l'apostre que requièrent palmier, Tels se fait ore et orgoiilos et fier Gui ge métrai tel corone en son chief Dont la cervele l'en vendra tresqu'as piez. »

i5i5 Die^it Romain : « Cist om a le cuer fier. Qui li fafdra, Deus li doint encombrier! » Ne sai que deie la novele noncier; De ci a Tors ne voldrent atargier. ^

Molt sagement en voldra espleitier :

1 520 En quatre aguaiz a mis mil chevaliers :

Dous cenz en meine molt bien apareilliez, Qui ont vestu les blans halbers dobliers, Desoz les coifes les verz helmes laciez, Et si ont ceint les brans forbiz d'acier ;

1 525 Et molt près d'els resont li escuier, As fors escuz et as trenchanz espiez, Ou al besoing porront bien repairier. De ci as portes ne voldrent atargier ;

i5o4 B Chascuns acourt en son poing son destrier i5o5 B manque i5o6 B Qui en alant puissent ades mangierJa naient cure i3o7 B^ je li donrai destrier i5o8 C la leçon; A v. estre comencie; B A. m. roy v. estour(B* esuoire) commencier ■— i5oq B^ manque ibio Bet justiciers i5i2 A molt o. et f. ~ i5i3 B iiel corone el chief i5i4 li venra; B en venra jusquau (B» dusquau) pie ibi-j B lor jornecs alongier i5i8 B* Si que a t.; A ne se v. targier iok) B enuoia ses princiers ib22 B^Em- près la char; J3* Apres la char i523 B Soz chaperons les forz coifes dacier 1524 D Les branz forbiz ont ceint H cheualier i527 A^ porrons; B manque i528 B^ Tresques as p. ; B ne si sont atargiez

72 LI CORONEMENZ LOOIS

Le portier truevent, si l'ont lors araisnié :

i53o a Uevre la porte, ne nos fai ci targier, Nos venons ci al riche duc aidier ; Ancui sera coronez al mostier Ses filz a rei, que Franceis l'ont jugié. » Li portiers Tôt, a pou n'est esragiez ;

i535 Deu reclama le père dreiturier :

« Sainte Marie ! » dist li corteis portiers ,

« Looïs sire, c'est povres recovriers;

Se cil n'en pense qui tôt a a jugier,

N'en puez partir senz les membres trenchier.

1540 ! Deus aide ! » fait li corteis portiers, « Ou sont aie li vaillant chevalier Et li lignages Aimeri le guerrier, Qui si soleient lor dreit seignor aidier? » Dist a Guillelme : a N'i métrez or les piez.

1545 Trop a ça enz de glotons losengiers;

Ge ne vueil ore que plus les acreissiez. C'est granz merveille quant terre vos sostient. Quar pleûst ore al glorios del ciel Que ja fondist la terre soz voz piez,

i55o Et Looïs fust arrière en son fié !

De malvais pueple sereit li monz vengiez. » Guillelmes Tôt, s'en fu joianz et liez. Bertran apele : « Entendez, sire niés, Oïstes mais si bien parler portier ?

i555 Qui son corageli voldreit acointier.

Bien nos porreit ancui aveir mestier. »

1529 A Le portier trueuent si lont lors araisnié i53o B Oeuvre 1, p. tont il bels (5* douz) amis chiers i53i jB Ge sui venuz le duc richart aidier ib36 B S. n. fait I. c. p. iSSy A L. s. si p. r.— 1539 B la teste t. 1541 A li gentils c. 1644 B vos ni mé- trez le pie 1546 engroissiez 1^47 A Grant merueille est •— 1548 B' au roi du firmament •— 1649 J5' Quelle fondist la terre s. V. p.; B" Que celle terre fondist desouz voz p. i55o B' fust remis en son fie; B^ fust remis en ses fiez ibb^. B^ Onques noy; B' One mais noy i535 B Q. s. c. nos a dit et noncie

LI CORONEMENZ LOOÏS 'j'h

XXXVII

« Amis, bels frère, » dist Guillelmes li ber, « Estoltement m'as ton ostel veé ; Mais se saveies de quel terre sui nez,

1 56o Et de quel gent et de quel parenté, A ceste esemple que ge foi ci conter, Molt Toverreies volentiers et de gré. » Li portiers dist : « Deus en seit abrez ! » Le guichet uevre tant qu'il l'ait esguardé :

i565 « Gentilz om, sire, se j'osasse parler, Ge demandasse de quel terre estes nez, Et de quel gent et de quel parenté. —. Veir, » dist Guillelmes, « ja orras vérité, Qu'ainz por nul ome ne fu mes nons celez :

1570 Ge sui Guillelmes de Narbonne sor mer. » Dist li portiers : « Deus en seit aorez! Sire Guillelmes, bien sai que vos querez : Vostre lignages n^ot onques lascheté ; Li mais Richarz est ça dedenz entrez,

1575 A tôt set cenz de chevaliers armez; Gentilz om, sire, petit de gent avez Por lor grant force sofrir ne endurer. » Respont Guillelmes : « Nos en avrons assez.

1 557 Avant ce vers B dit Li quens g. ne se volt arrester Le por- tier prent molt bel a apeler i559 A en quel t. fui n.; B Mais sor sauoies de q. t. sui n. i56i B manque 1662 B Tu lo. v. de bon g-; B' Moult volentiers louuroies et de gre i563 A Dist li portiers; -B Li portiers lot sen fut asseurez Quant il oy si g. (B> g. ainssi) parler i563 B Dist li portiers qui molt fisl a loer G. ho. s. si josoie p. lôôg B' Que p. n. ho.; B^ Quar onc por home 1 570 ^ de n. fui nez 1 57 1 ^4 jB tu soies aorez; B^ ajoute Glorieus sire qui de vierge fus ne 1 572 B* Sire dist il bien soiez vos trouez iby4 A est en d. e. ; B Li vieils r. 1 576 B' trop pou de gent auez i 577 B sofrir et e. 1 378 A^ auons ; ^4* n. e. auons saucz; B> Et dist g. ; B' Ce dist g.

74 LI CORON EMENZ LOOIS

En quatre aguez sont ça dehors remés

i58o Mil chevalier guarni et conreé;

S'en ai dous cenz de molt bien atornez, Desoz les cotes li blanc halberc safré, Desor les coifes li vert helme gemé ; Li escuier resont après assez,

i585 Ou al besoing porrons bien recovrer. » Dist li portiers : « Deus en seit aorez! Se li conseilz m'en esteit demandez, Tost en sereit li aguaiz désertez Et par message queiement amenez.

i5go Li traïtor sont ça enz enserré;

Ou les querras quant ci les as trovez? En icest jor, sache de vérité, O ainz qu'il seit li matins ajornez, En puez tu faire totes tes volentez.

iSgS Om qui tel fais vuelt sor lui atorner

Deit plus fiers estre que en bois li senglers. » Guillelmes l'ot, s'est vers terre clinez; Bertran apele : « Sire niés, entendez : Oïstes mais si bien portier parler ? »

XXXVI II 600 Quant li portiers entendi la novele

i58i A' garniz el conraez; A^,^ gainiz et alornez i382 B Sus les chemises les hauberz endossez -- i583 BSoz chaperon» les ba- cinez fermez; A^ manque— i584 A^ r. a. alez; B se resont apreste

i586 B^ Le portier dist i588 AVi gaainz desseurez; B li a des- fermez — 1589 A encusez i5go C la leçon; A manque; B Or le sauras dist g. li ber Puisquainsi est que le mas demande 1691 A quant tu 1. a. t. B ainz quil soit auespre 1594 B tote ta v.

iSgS A voit 1596 B^ .1. sengler; jB' D. p. ferm estre que nest en bois s. iSgy B enclinez ibgH B escoutez 1599 ^ portier si bien p. Ncnil (B» Nail) voir sire ce dist li gentils ber

LI CORONEMENZ LOOÏS j5

Del pro Guillelme cui proece révèle,

Vers le palais a tornee sa leste,

Et prist un guant, sel mist en son poing destre,

Puis s'escria a sa vois halte et bêle :

i6o5 « Ge te desfi, Richarz, tei et ta terre : En ton service ne vueil ore plus estre. Quant traïson vuels faire ne porquerre, Il est bien dreiz et raison que i perdes. » Contre Guillelme fu tost la porte overte;

1610 Tôt maintenant li desferme et desserre : Entre Guillelmes et sa compaigne bêle, Et li portiers dolcement l'en apele : a Frans chevaliers, va la vengeance querre Des traïtors qui contre tei révèlent. »

161 5 Ot le Guillelmes, si s'embronche vers terre, Isnelement un escuier apele; Es portes entrent qui lor furent overtes : « Va, si me di dan Gualtier de Tudele, Guarin de Rome en diras la novele,

1620 Qu"*encontre mei sont les portes overtes; Qui vuelt aveir guaaignier et conquerre, Si viegne tost, n'i ait noise ne feste. » Et cil s'en torne qui de riens ne s'areste. Isnelement li aguaiz se desserre.

i6o3 A E. p. .1. g. et m. e. s. p. d.; B E. p. son g. sel (B» si) m. e. sa main d. 16045 Et sescria a sa voiz quil ot clere i6o5 B roi richarz et la terre 1606 B Quen t. s. ne v. je or p. e.

1607 B Qui t. veut 1608 B* en la fin quil perde; B' que en la fin i perde 1610 B' T. m. la porte li defferme; B' manque 161 1 Entre enzg. et; B^ manque i6i3 A la vengeance v. q.

i6i5 B' sembroncha; B* scmbroncha en terre— 1617A qui li f. G. 1619 i4 Gontier de r. 1620 Leçon de C ; A Que contre moi î est la p. o. (Ce vers placé après le vers 1622); B manque 1622 il Quil viegne a moi que noise ni soit faite; B Li viegne auant que noise ni soit faite i623 B qui point ne si areste 1624 B Isnelement (B' Molt prestement) trestoz les guez va querre Quant cis oircnt quon les enuoie querre Tôt maintenant que plus

76 LI CORONEMENZ LOOÏS

1625 Es portes entrent qui lor furent overtes.

Quant cil les virent des murs et des fenestres Guident que seient cil qu'ont enveié querre, Mais il avront ancui altres noveles, Qui lor seront doleroses et pesmes.

XXXIX

i63o Li cuens Guillelmes apela le portier :

« Amis, bels frère, se me vuels conseillier, J'ai molt de gent que ge dei herbergier. En nom Deu, sire, ne vos sai conseillier, Qu'il n'i a volte, ne crote, ne celier,

i635 Qui ne seit pleine d'armes et de destriers; Et par les loges gisent li chevalier. Vostre est la force del plus maistre marchié: Lor herneis faites et saisir et baillier, Et qui nel vuelt de buen cuer otreier

1640 N'i mete ja fors la teste a trenchier. »

Respont Guillelmes : « Bien m'avez conseillié, Par saint Denis, et ge mielz ne requier; Ne serez plus ne guaites ne uissiers, Ainceis serez mes maistres conseilliers. »

1645 Bertran apele : a Entendez, sire niés: Oïstes mais si bien parler portier?

ne si arrestent 1626 B^ Et cil 1. v. ; J5' Que c. J. v. des huis et d. f., B ajoute Q.ui la estoient venu pour le roy faire 1627 B des leur que len voist querre 1628 B Mais anquenuit orront i63i B^ ses me tu c. ; B^ Amis dist il sez me tu c. i632 B qui nont ou h. i633 B En n. d. s. ge nen sai c. 1634 A ne crote ne solier i638 A manque 1639 B de bon gre o. 1640 B Ni mete gage fors {B^ que) le chief a trenchier -- 1641 B^ 'Et dist g. ; B' Ce dist g. 1642 A que ja m. n. vos quier 1643 A* ne garde ne p.; B ne sergent ne portiers 1644 B Des or serez -— 1645 B B. a. ca venez 1646 J5' parler si bien p.j B^ si bien portier plaidier

LI CORONEMENZ LOOIS 77

Adobez le a léi de chevalier. »

Respont Bertrans : « Bels sire, volentiers. »

Il le reguarde et as mains et as piez,

i65o Molt le vit bel et gent et enseignié, Si l'adoba a lei de chevalier De fort halberc et de helme d'acier, De bone espee et de trenchant espié, Et de cheval, de roncin, d'escuier,

i655 De palefrei, de mulet, de somier ; De son service li dona buen loier. Li caens Guilleimes en apela Gualtier Le Tolosain, ensi l'oï noncier, Fin de sa suer, un gentil chevalier :

1660 « A celé porte qui torne vers Peitiers, La m'en irez, filz de franche moillier, Ensemble o vos avra vint chevaliers ; Guardez n'en isse nuls om qui seit soz ciel, Ne clers ne prestre, tant sache bien preier,

i665 Que il n'en ait toz les membres trenchiez. » Et cil respont : « Bels sire, volentiers. »

XL

Li cuens Guilleimes al cort ne's li marchis En apela Sohier del Plesseïs :

1648 B* bels oncles -- iG5o 5> gentil et aligne; A et droit et aligne— lôbi B et le fist cheualier i652 B de bon helme dacier— 1654 B et de bon escuier i655 B et de molt bon s.

1657 B manque i658 B La leçon 4- En apela g. le guerrier

1660 A vers portiers; B Alez bels nies gardez ni atargiez (B» dcmourez) A celé porte queuure deuers poitiers 1661 B La en irez 1662 B Auesques vos iront .xx. c. 1664 B N. c. ne lai t. s. b. plaidier i665 B Qui nail le chief del bu jus rooignie (fi» bien roognie) 166G fi» Bertran respont; B corn vo plera si iert 1668 A tloire du p.; soihier du p. ; B^ soef du p.

78 LI CORONEMENZ LOOÏS

« A cele porte qui uevre vers Paris,

1670 La en irez, frans chevaliers de pris,

Ensemble o vos chevalier tresqu'a vint. Guardez n'en isse nuls om de mère vis Que il ne seit detrenchiez et ocis. » Et cil respont : « Tôt a vostre devis. »

1675 II n^i ot barre ne porte ne postiz

Ou li cuens n'ait de ses chevaliers mis. Tresqu'al mostier s'en vait tôt a devis. Il descendi devant el parevis; El mostier entre, crois fist devant^son vis;

1680 Desus le marbre, devant le crucefis, La s'agenoiUe Guillelmes li marchis Et prie Deu qui en la crois fu mis Qu^il li enveit son seignor Looïs. Atant es vos Gualtier un clerc ou vint :

i685 Bien reconnut Guillelme le marchis, Desor s'espalle li a son deit assis : Tant le bota que li cuens le senti ; Li cuens se drece, si li monstra le vis : « Que vuels tu, frère? guarde n'i ait menti. »

1690 Et cil respont : « Ja le vos avrai dit : Quant venuz estes secôVre Looïs, Fermez les uis del mostier Saint Martin.

1669 B A ceste porte ; A A cele p. qui vient deuers paris 1673 J3' d. et maumis; B^ afolez et mal mis iGyS B II ni ot huis 1G76 B La leçon + A cez paroles ne si sont alenti 1677 ^», », sen vont t. a. d. ; /l^ ^ g demis 1678 x paueis 1679 B en mis son vis 1680 B' desoz le c. i683 A^ s. s. rois loys 1684 B %. .1. c. gentils 1688 B se torne si li monstra le vis 1689 B li cuens g. dist 1690 B gel vos aurai tost dit Ge sui certain et si le sai de fi 1691 B Que v. e. 1691 à 1699 C Q. v. e. por aidier loeys La félonie est chaiens del pais Des traitors a chaiens .iiii. vins Q.ue clers que vesques que moines beneis Frans hom fremes les huis de s. martin As traitors faites les ieustolirT. 1. p. d. m. p. s. m. 1G92 B He gentils sire por dieu de paradis -}- la leçon

Ll CORONEMENZ LOOÏS 7^.

Clers et chanoines a ça enz quatre vinz,

Vesques, abés, qui molt sont de grant pris, 1695 Qui por aveir ont le mal plait basti;

Deseritez iert ancui Looïs,

Se Deus et vos nel volez guarantir ;

Prenez les testes, por Deu, ge vos en pri :

Tôt le pechié del mostier pren sor mi, 1700 Quar il sont tuit traïtor et failli. »

GuilJelmes l'ot, s'en a geté un ris :

a Bien seit de i'ore que tels clers fu noriz !

Ou troverai mon seignor Looïs ?

En nbm Deu, sire, » li clers li respondi, I 705 tt Ge l'amerrai, se Deu plaist et ge vif. »

Tresqu'al mostier ne prist il onques fin,

En la grant crote isnelement en vint;

Iluec trova son seignor Looïs.

Li gentilz clers par la main Ta saisi : 17 10 « Filz de bon rei, ne seiez esbaïz,

Si m'aïst Deus, que plus avez d'amis

Que ne cuidoes al lever ui matin.

Ja est venuz Guillelmes li marchis :

A doze cenz de chevaliers de pris 171 5 Vos a li cuensen cel mostier requis.

Il n'i a barre ne porte ne postiz

Ou il nen ait de ses chevaliers mis. »

Looïs lot, molt joianz en devint,

Tresqu'al mostier ne prist il onques fin.

1694 A Euesques et abez q. m. sont; B Euesque auez q. m. est

169b B ot 1. m. p. b. 1696 B fust a. 1.; A^ iert a. rois I. 1797 B ne leussiez guéri 1698 B P. 1. tours frans hom 1700 B t. foy menti 1702 B Cortoisement et en basset (B» et molt basset) a dit Bone soit leure que itels clers nasqui Amis dit il por dieu et quar me di (B« par amor or me dit) 1708 B s. s. rois 1.

1709 B le saisi 171 2 Que ne quidastes al leuer al matin 1715 B enz el m. r. 1716 B 11 ni a volte ne barre n. p. 1717 B Qui tuit ne soient de ses barons porpris 1718-4' Rois looys lot ; Ce vers et les 2 suivants manquent dans C

8o U CORON EMENZ LOOÏS

1720 Li gentilz abes l'en a a raison mis : « Filz de bon rei, ne seiez esbaïz : Vei la Guillelme qui sa fei vos plevit ; Va li al pié, si li crie merci. » L^enfes respont : « Tôt a vostre plaisir. »

XLI

1725 Li gentilz abes l'en apela premier : «X Filz a baron, guarde ne t'esmaier : Vei la Guillelme, va li cheeir al pié. » L'enfes respont : « Bels sire, volentiers. > Devant le conte se vait agenoillier,

1730 Estreitement li a le pié baisié,

Et le soler que li cuens ot chalcié.

Pas nel conut Guillelmes li guerriers,

Quar de clarté aveit pou al mostier :

a Lieve tei, enfes, » ce dist li cuens preisiez,

1735 « Deus ne fist ome qui tant m'ait corocié, Se tant puet faire que il viegne a mon pié, Ne li pardoinse de gré et volentiers. » Et dist li abes, qui fu ses emparliers : « En nom Deu, sire, a celer ne vos quier,

1740 C'est Looïs, fils Charlon al vis fier; Ancui sera ocis et detrenchiez, Se Deus et vos ne li volez aidier. » Ot le Guillelmes, sel corut embracier, Par les dous flanz le lieve senz targier :

1721 A^ B^ Filz de b. r. ; A^ Filz a baron; B^ manque 1722 A^ la f. V. p.; Voici le g. qui ; B* Vas a g. qui 1723 B^ Chie li 1 723 J3 Li gentils clercs qui moût fist a prisier En apela looys tôt premier ~ 1726 B Filz de bon roi 1728 A- Biaus frère; B Res- pont li enfes 1734 B dist li cuens al vis fier 1737 B^ Je li perdoigne son forfet volentiers 1739 A filz charle al vis fier; B* le filz charle— 1744 B le prist senz atargier

LI CORONEMENZ LOOÏS 8l

1745 « En nom Deu, enfes, cil m'a mal engeignié Qui te rova a venir a mon pié, Qaar sor toz ornes dei ge ton cors aidier. » Il en apele ses gentiz chevaliers : « Un jugement vueil or que me faciez:

1750 Puis que Tom est coronez al mostier Et il deit vivre a lire son saltier, Deit il puis faire traïson por loier ? Nenil, bels sire, » dient li chevalier. « Et s'il le fait, quels en est li loiers?

1755 Penduz deit estre come 1ère fossiers. »

Respont Guillelmes : « Bien m'avez conseillié, Par saint Denis, et ge mielz ne vos quier ; Mais Tordene Deu ne vueil mie abaissier, Et neporquant le comparront il chier. »

XLII

1760 Li cuens Guillelmes a Taduré corage Le jugement a del barnage; Tresqu'al chancel en est venuz en haste, Ou a trové et evesques et abes Et le clergié qui a lor seignor falsent;

1765 Totes les croces fors des poinz lor esrache,

1745 leçon de C \A tu mas; 5 on ma 1746 B la leçon + Molt a mal fait et moll mal enseignie [B* on men a mal paie) 1749 B te doi ge bien aidier— 1748 A Lors en a.; B ses cortois c.

1749 B vueil or a vous sachiez 175© B Puisques hem sest ■— 175 1 B Et ordenez a lire son saltier Messes matines doit tous jours versiiiier -- 1753 B N. voir sire d. si c. 1734 B Et sil 1. f. par dieu le droiturier Auoir en doit molt dolereus loier 1755 B c. 1. meurtriers 1766 B R. li quens 1757.4 ne requier

1758-9 X manque 1762 B Apres ce mot ni a fait arestage Dusqual chastel est venuz senz atarge 1763 leçon de B; A Ou ot assez [A* lessiez) et euesques et abes-, C lluec troua les vesques et les abes— 17G4 A a lors, false; Ba son s. faillent 1765 x manque

82 Ll CORONEMENZ LOOYs

A Looïs son dreit seignor les baille;

Li geniilz cuens par mi les tians l'embrace,

Si le baisa quatre feis en la face.

Li cuens Guiilelmes de neient ne se targe,

1770 Tresqu'al chancel en est venuz en hasle, Ou a trové et evesques et abes ; Por le pechié ne les volt tochier d'armes. Mais as bastons les desrompent et bâtent, Fors del mostier les traînent et chacent,

1775 Ses comanderent a quatre vinz deables. Qui traïson vuelt faire a seignorage Il est bien drêiz que il i ait damage.

XLIII

Li cuens Guiilelmes fu molt chevaleros. Il en apele Looïs son seignor :

1780 « Sire, » dist il, t entendez ma raison : Un messagier vueil que nos enveions A Acelin, qui die de part vos Viegne dreit faire Looïs son seignor. » Dist Looïs : « Sire, bien l'otreions. »

1785 II en apele Alelme le baron :

« Va, si me di Acelin l'orgoillos Dreit viegne faire Looïs son seignor Isnelement, quar de lui se plaint molt. »

1 766 A^ le baille 1 767 B Et looys 1 769 B ne satarge 1 77 1 il Ou ot assez (4» lessiez) 1 773 leçon deC\B Mais de baston ; A Mais li baron 1774 B et sachent 1775 B Puis les comandent a .1111". d. 1778 B contralios 1780 B manque 1781 B pren un mes- sage bon filz dempereor 1782 B Et si lenuoie ancelin lorgueil- los 1783 B Droit viegne faire 1. (B» a I.) 1784B manque 1785 B le comtor 1786 A a cel vieil o.; B ancelin a estros; C Alez me tosi al normant o. 1787 B looys sanz sejor

LI CORONEMENZ LOOYs 83

Respont Alelmes : « Irai ge donc tôt sols ? 1790 Oïl, bels frère, en vo main un baston.

Et s'il demande quels esforz nos avons?

Et vos li dites quarante compaignons; Et se cel plait vos refuse del lot,

Très bien li dites, oiant ses compaignons, 1795 Qu'ainz l'avesprer en sera si hontos

N'i voldreit estre por tôt l'or d'Avalon. »

Respont Alelmes : « Vostre talent ferons.

Par cel apostre qu'on quiert en pré Neiron,

Ja par message nule rien n'i perdrons. » 1800 II est montez sor un mul aragon,

Par mi les rues s'en vait a esperon,

Tresqu'a l'ostel n'i fist aresteison ;

Acelin trueve, molt ot de compaignons,

Il l'en apele haltement, oiant toz : i8o5 « Sire Acelins, nobiles gentilz om,

Savez que mande Guillelmes li frans om.

C'est Fierebrace, qui cuer a de lion?

Dreit venez faire Looïs vo seignor

Isnelement, quar de vos se plaint molt. » 1810 Acelins l'ot, s'embroncha le menton :

« Amis, » dist il, « g'entent bien la raison ;

Di de ton oncle come a de compaignons.

En nom Deu, sire, trente chevalier sont. » Dist Acelins : « A Deu beneïçon !

1789 B et irai ge-, A^ irai i ge; irai ge i 1790 A en ta main ; B 011 bels sire 17915' auons nos 1 792 B .lx.; A^ fait défaut ici pour 160 vers par la perte d'un feuillet— 1793 A' Tiegne cest plait ou refustc a estors 1794 A^ voianl; B deuant 1793 A^ en sera il h. ; B Que ainz le vespre 1796 A^ por lamor de raascons 1797 B commant i8o5 B nobile poigiieour iHoG A Ici vos mande-— 1807 A La f. qui a cuer de 1. 1810 B manque i8iiBtar. i8i2<B Dites combien auez d. c. 181 3 B' bien sont .xxx. par non; B* .xxx. somes par non 1814 A de d. b.

84 LI CORONEMENZ LOOÏS

>

i8i5 Va, si me di a Guillelme le pro

Que il otreit ce que li alire font.

De la corone m'est délivrez li dons ;

Bien sereit France perdue a cel guarçon :

Ja ne valdra Looïs un boton. 1820 Li cuens Guillelmes est merveilles prodom,

Mais ancor n'a terre ne guarison :

Ge Ten dorrai tôt a esleccion ;

Une contrée avra tote a bandon,

Dis muls chargiez entre or fin et mangons, 1825 Adonc sera merveilles riches om.

Veir, » dist Alelmes, « vos parlez en pardon ;

Il nel fereit por tôt Por d'Avalon.

Ancor vos mande, por quei le cèlerions ?

Plus cruel chose que ci nomé n'avons : i83o Se vos cest plait refusez a bandon,

Ainceis le vespre en serez si hontos

NU voldriez estre por tôt l'aveir del mont. »

Dist Acelins : « A Deu beneïçon !

Quant ge nU puis pais trover ne amor, i835 Ge le desfi, ce li mant ge par vos. »

Et dist Alelmes : « Entendu vos avons.

Tôt altresi vos redi de part nos :

Ge vos desfi, oiant toz voz barons.»

i8i5 i4 g. le franc hom 1816 B Que il motioit 1821 B et men liure le don 1822 A Ge li d. 1823 B a son bon 1827 Bdarragon 1S28 A que le cèlerions 1829 leçon de C; B que nous ci ne dison; A Pis que tel chose que noncie nen auons i83o B manque i83i manque; B^ Quainz le vespre vos donra .i. tel don i832 B' pour toute besencon; A Nel v. 1834 B^ trouuer que cuisancon i835 A ce li di de par nos; ce par vous li mandon i836 leçon de C; B entendu ai vo bon; A Respont a. bien oi v. a. 1837 du baron i838 B Défiez estes et vostre compaignon (B' et tui vo compaignon)

Ll CORONEMENZ LOOÏS 85

XLIV

Acelins fu molt orgoillos et fiers ; 1840 Alelme esguarde et as mains et as piez,

Molt le vi bel et dreit et alignié,

Bien le conut qu'il esteit escuiers :

« Amis bels frère, tu iés mal enseigniez,

Qui me dis honte, oiant mes chevaliers, 1845 Ne de ton oncle ne dorreie un denier.

Quant ge n'i trûîs ne pais ne amistié,

Ge le desfi de la teste trenchier ;

Ui le ferai par membres despecier,

Que j*ai o mei tels set cenz chevaliers i85o Et quatre contes qui molt font a preisier :

Ne me fat^ront por les membres trenchier.

Ne fust por ce que tu [es messagiers

Ge te feïsse celé teste trenchier ;

Et tôt le cors destruire et essillier. » i855 Respont Alelmes : « Dahé ait qui vos crient ! »

De la cort ist, onques n'i prist congié.

Acelins fist sa gent apareillier.

Li frans Alelmes mist pié en son estrier,

Par mi les rues s'en vait tôt eslaissiez ; 1860 Premiers encontre GuilIeJme le guerrier,

Il li demande : « Gome avez espleitié?

En nom Deu, sire, n'i a point d'amistié,

1841 B et franc et enseignie 1842 B Bien reconut 1843 B II li a dit sanz point de delaier Amis b. f. ~ 1845 J3' Voir de t. o. ; B* Voir en t. o. 1847 B a trenchier 1849 A bien .vu". i852 B escuiers i853 par les bras esracier 1864 B de- traire et depecier i855 B Kt dist a. d. a. qui ten c. i856 A ni quist congie ; B qua nul congie ni prent 1857 fi fait i858 A est montez el destrier 1859 A sen vet sans delaier; B la leçon + Bien semble effoudres (B» Ce sembloit foudre) qui des nues jus chiet 1862 A point ni a da.

86 LI CORONEMENZ LOOÏS

Ne Looïs a son seignor ne tient. Quant ge li dis les nons des chevaliers,

i865 Adonc i fustes assez tost menaciez Et desfiez de la teste trenchier; Ne fust por ce qu^esteie messagiers, Il m'eùst fait toz les membres trenchier, Ardeir en feu o en eve neier. »

1870 Guillelmes Pot, le sens cuida changier.

Toz les ostels vont et prendre et cerchier; Tôt le herneis ont en un mont ruié, Et qui nel volt de buen gré otreier Ainz n'i mist guage fors la teste trenchier.

1875 Et li borgeis sont en fuie tochié ; Li cuens les fait retenir et leier. Li traïtor, cui Deus doint encombrier, Qui le mal plait aveient comencié, En fuie tornent,par esforz de destriers,

1880 De ci as portes ne finent de brochier, Mais a chascune truevent félon portier, Le treûage lor i convint laissier, Que nuls n^en voldrent en prison estuier Por nul del mont qui en seûst preier.

i885 Li cuens Guillelmes comença a brochier Tresqu'a Fostel al franc borgeis Hungier; Acelin trueve sor un perron ou siet, Mais tant le trueve et orgoillos et fier Que contre lui ne se deigna drecier.

i863 A Na l. na s. s. nafiert i863 B Assez i fustes de trestoz menaciez— 1867 A escuiers 1868 5demon cors raehaignier 1869 >M^«<7«^» ^'«5» ^"^ ^«* -5 v^^'S suivants, dans A 1879 B Et quant il voient sur eus (B^ seur) est li merchis En f. t. 1880 i? ne voldrent atargier 1881 B auoit f. p. 1882 A 1. conuint a laissier i883 B Que puis nalerent par besoin ostoier 1884 B Por nul el siècle i885 B huchier Or tost barons pensez de vos aidier Mar en iront li culuert paltonier Li cuens g. ne fine Je bro- chier -- 1886 B le f. b. beriier 1889 Encontre lui

LI CORONEMENZ LOOÏS 87

1890 Veit le Guillelmes, le sens cuide changier; Il a soné un graile menuier : Qui donc veïst les aguaiz desbuschier ! A tant es vos et Bertran et Gualtier, En lor compaigne mainz vaillanz chevaliers.

1895 La veïssiez fier estor comencier,

Tante anste fraindre et tant escu percier, Et tant halberc desrompre et desmaillier. Et quant cil virent cel estor comencier, Grant paor orent li culvert losengier;

1900 Onques lor force ne lor i ot mestier, Toz les branz nuz geterent a lor piez, A jointes mains vont la merci preier. Li cuens les fait retenir et leier; Et Acelins s'en fuit tôt eslaissiez.

1905 Li cuens Guillelmes le suit al dos derrier, Si li a dit un vilain reprovier : a Sire Acelins, quar retornez arrier, Si vos venez coroner al mostier. Nos vos métrons tel corone en cel chief

1910 Dont la cervele vos vendra tresqu'as piez. »

XLV

Li cuens Guillelmes a la fiere persone Veit Acelin, forment l'en araisone :

1890 B Molt ot des siens poi en ol li guerriers 1892 A comen- cier — 1894 B orent .xx. cheualiers -— iSgî) B hurter tant bon destrier - 1899 B Et les g. si fièrement aidier 1900 B Et que lor force ni (B' ne) pot auoir mestier igoi A Toz les nuz bianz; B* Les branz loz nuz 1902 B^ len vont m. p.; B' li vont m. p. 1903 B^ les vet r. et 1. 1904 B A. fuit sa (B> les) gent a tôt lessiez 1903 B' le suiui par derrier; B^ le sui par d. 1909 B Quar bien lauez deserui ce sachiez 1910 B Que por traitre certes tenuz en ies 1912 B fièrement larresone

88 U CORONEMENZ LOOÏS

« Traître Icre, li cors Deu te confonde ! Por quei feseies ton dreit seignor tel honte ?

1915 Richarz tes père ne porta onc corone. » Es vos Bertran, qui ot Tespee longe. Veit le Guillelmes, fièrement l'araisone : « Bels niés, » dist il, « conseil vos demandomes De cest traître, cornent le destruiromes. »

1920 Et dist Bertrans : « Que pensez vos, bels oncles? Or li metons enz el chief tel corone Dont la cervele li espande en la boche. » Il passe avant et tint Pespee longe: Ja le ferist quel veïssent cent orne

1925 Quant li escrie cuens Guillelmes ses oncles :

« Bels niés, » dist il, t ne i'adesez vos onques. Ne place a Deu, qui forma tôt le monde, Que il ja muire par arme de prodome ! Ge Tocirai ainceis a molt grant honte,

1930 Que tuit si eir en avront grant reproche. »

XLVl

Li cuens Guillelmes fu molt buens chevaliers Vers orgoillos se feseit molt très fier, Corne lieparz qui gent deie mangier ; D'arme qu'il port ne le deigna tochier; 935 En une treille vi un pel aguisié, Passa avant, si l'en a esrachié. Fiert Acelin en mi la crois del chief,

191 3^ mal te donc 19 14 A vergoigne igiôjB» qui iespce auoit longue 1918 A Bels nies bertrans 19 19 -4 De ceste terre c. 1. d. Et cest traître comment le defferomcs 1921 ^ Quar 1. m. e. e. c. la corone 1925 A dans g, 1929 B 11 morra voir ancui

igSo B manque 1932 B Vers les glotons se par fesoit si fier

1933 B que ja doie esragier 1934 B' quil ot; B' queust 1937 5' Fiert enl celui ; J3» Fiert ent ancelin par mi 1. c. d. c

LI CORONEMENZ LOOÏS 89

Sans et cervele en ala tresqu'as piez;

Mort Tabati que plus n'i atendié : 1940 « Mon joie ! » escrie, « sainz Denis, quar m'aidiez :

De cestui rei est Looïs vengiez. »

Li cuens Guillelmes comença a brochier,

Ainz nefina tresqu'al maistre mostier;

A Looïs son dreit seignor en vient, 1945 II le coru par les flans embracier :

« Dameisels sire, de qui mais vos plaigniez?

Del fin Richart vos aige bien vengié;

Ja n'ira mais par besoing osteier,

Por ome el siècle qui l'en sache preier. 1950 Deus, » dist li enfes, « granz merciz en aiez!

Se ore esteie de son père vengiez,

Molt en sereie balz et joianz et liez.

Deus ! » dist Guillelmes, « quil me set enseignier ? »

L'en li enseigne par dedenz le mostier ; 1955 Li cuens i vait poignant tôt eslaissiez,

Et après lui quatre vint chevalier ;

Richart trova a l'altel apoié.

Nel laissa mie por ce qu'ert al mostier :

Le poing senestre li a meslé el chief, i960 Tant Tenclina que il Ta embronchié;

Halce la destre, enz el col li assiel ;

Tôt estordi Tabati a ses piez,

Que toz les membres li peûst l'en trenchier,

1 938 B en a jus tresbuchie —19395 deuant lui a ses piez 1 940 8. dénis aidiez; B' s. dénis maidiez 1941 B est rois loeis vengiez 1943 B Ainz n. f. si vint droit al mostier 1944 5' A son seigneur roi 1. en vint; B^ A son seigneur 1. quil tient chier 1946 J5» de qui plus v. p. 1947 A manque 1948 A Cist nira mais 1949 ^ ^^r nul el monde qui {B^ tant) len s. p. 1950 A B toi doi ge mercier 1953 B Qui me sait conseillier Ou ge le truisse ne le (B' si que) puisse baillier ig55 A quil na soing de lessier 1958^ Ne lessa mie— i960 5 Tant le sacha ig63 B sachier

go LI CORONFMFNZ LOOÏS

Ne remuast ne les mains ne les piez.

1965 Veit le Guillelmes, si li prist a huchier :

a Oltre, culverz! Deus te doint encombrier! » Forces demande, si li tondi le chief, Tôt nu a nu sor le marbre Tassiet, Puis s'escria, oiant les chevaliers:

1970 « Ensi deit l'en traïtor justicier,

Qui son seignor vuelt traïr et boisier. » Tant l'ont li conte et li baron preié Qu^il ont Richart a Guilielme apaié. La mort son fill clama quite premiers ;

1975 La pais fu faite a toz cels del mostier; Si se baisierent, veiant mainz chevaliers; Mais celé acorde ne valu un denier, Quar puis le voldrent murdrir et essillier Dedenz un bois a un coltel d'acier;

1980 Mais Deus nel volt sofrir ne otreier.

Li cuens Guillelmes ne volt mieatargier; Il en apele le bon abé Gualtier : « Ge m'en irai el règne de Peitiers; Des traïtors i a molt herbergiez,

1985 Mais se Deu plaist ges ferai desnichier. Mon dreit seignor ne voldrai sol laissier: Guardez le bien ; s'il vait esbaneier,

1964 £' Ni r. les membres n. 1. p. ; B^ N. r. ja pour ce bras n. p. 1965 B prent 1966 A O. glouton d. vous d. e. 1967 B la leçon + Et puis après li rompi le braier 1968 B Tout nues nages 1969 B o. maint cheualier 1970 fi' vergoignier ; S> aai- sier 197 1 B vuelt falser ne boisier 1972 A et li duc as prie

1973 B manque ; A Quil ont le conte a g. a.; C Ainz fu r. a g. a. 1974 B a loeys quittie 1975 A Apres fu faite; B La p. f. f. ains quissist del m. 1976 A Si le b. v. .c. cheualiers 1977 B^ Aine c. a.; B^ One c. a. 1979 B a leur c. da. (980 A ne volt; B manque 198 1 B^ ne si iB' ne se) volt atargier 1982 A Ainz apela 1983 B la leçon -f- Par foy dist il a celer nel vos quier 1985 B les ferai deslogier 1986 B voldrai ici 1.

1987 B Gardez quil naît joer nesbanoier

Ll CORON EMENZ LOOÏS 9I

Qu'il maint o lui al meins cent chevaliers, Que, par l'apostre que requièrent palmier,

1990 Se ge oeie novele al repairier Que Looïs î eûst encombrier, Tûtes voz ordenes n'i avreient mestier Ne vos feïsse toz les membres trenchier. » Et dist li abes: « En pardon en plaidiez.

1995 Mièîz iert guardez que li sainz del mostier. » Li cuens Guillelmes fu molt buens chevaliers : Par mi la terre a ses briés enveiez, Si fait mander les barons chevaliers ; Ainz que passast doze jorz tôt entiers

2000 En assembla plus de trente miliers ;

Puis s'en alerent tant qu'il sont a Pcitiers. Puis fu Guillelmes tels treis anz tôt entiers Qu'il ne fu jorz, tant par fust halz ne fiers, Que il n'eûst le vert elme lacié,

20o5 Ceinte l'espee, armez sor le destrier; A nule feste que l'en deiist preier, Jor de Noël, que l'en deit sorhalcier , Que il ne fust armez et halbergiez. Grant peneance sofri li chevaliers

2010 Por son seignor maintenir et aidier.

1988 B Que il ne maint o lui .c. c. 1990 B Se gen ooie parler a. r. igqi leçon de C; x manque 1992 B ne vos aront m. 1993 leçon de C; B manque; A Que nen feisse les testes reoignier Et toz les cors destruire et essillier 1994 S Ce dist 1. a. (B^ 1. a. a dit) ce fait a otroier Je vos affi ne le vous quier noier; A Mielz iert guardez dist labes par mon chief 1995 fi* dun m.; A Que ne sera li cors sainz d. m. 1996 B Voir dist li cuens il en est bien mestier + la leçon 1997 B sa terre 1998 B Et f. m, 1999 B Ainz quil p. .xv. j. 2000 B En ot ensemble 2001 B Puis erra tant quil vindrent a poitiers 2002 A manque 2004 B le brun h. 1. 2oo5 B Lespee ceinte 2008 A armez sor le destrier 2009 sosiint 1. c.j B* sosiint le bon guerrier

gi LI CORONEMENZ LOOÏS

XLVII

Treis anz tôt pleins fu Guillelmes li ber Dedenz Peitou la terre conquester; Ainz ne fu jorz tant feïst a loer, Ne jorz de Pasques ne de Nativité, 201 5 Feste Toz Sainz, que l'en deit célébrer, Que il n'elist le brun elme fermé, Ceinte Tespee, sor le cheval armez. Grant peneance sofri li bachelers Por son seignor guarantir et tenser.

XLVIII

2020 Li cuens Guillelmes a la fiere persone

S'en est tornez vers Bordels sor Gironde ; La conquist il le fort rei Amarmonde: De Looïs i reçut la corone Et ses onors, qui erent granz et longes.

XLIX

2025 Li cuens Guillelmes a l'aduré corage S'en retorna par devers Pierrelate ;

2014^ ne la n. - 2oi5 B^ N. la t.; B' ajoute Ne pentccoste ne jor de trinile 2016 B le halberc endosse 2017 B sur son cheual monte 2018 B' a li cuens endure 2019 B maintenir et saluer. 2021 J3» Sen est alez souz; B* alez a 2022 A amaronde; C marimonde 2028-24 B Et si fist tant li ber de sa personne De I. {B' De son seigneur) li fit prendre c. El retenir par grâce de sâS homes Et ses ho. 1026 A pierrelarge

LI CORONEMENZ LOOÏS çS

La conquist il Dagobert de Gartage,

Qui tint la terre de Looïs le sage

Et ses onors, qui erent granz et larges.

2o3o Li cuens Guillelmes a la chiere membree Vers Annadore a sa veie tornee; Saint Gile assalt a une matinée; Le bore ot pris senz nule demoree. Tel chose fist qui a Jesu agrée :

2o35 L'église guarde qu'ele ne fust guastee ; Prist Juliien, qui guardeit la contrée: Ostages done tant corne al conte agrée; Par itel chose a sa pais creantee. Li cuens Guillelmes a sa gent apelee,

2040 Tel chose dist qui a plusors agrée :

a Or al hërneis, franche gent onoree, Si s'en ira chascuns en sa contrée, A sa moillier qu'il avra esposee. »

LI

Li cuens Guillelmes al cort nés li guerriers

1027 fî' La conquist dagoubert la cite de c. 2028 A Et si fist tant li cuens par son barnage Qua looys vint rendre son homage Sa terre tint de looys le sage 202g B quierent granz et esparses Du roi les tint ce fu gians seignoragesTot par g. le marchis fiere- brace Le gentil conte que li cors dieu bien face 2o3i B Vers cnueudure 2o33 A ont; B aincois none passée (fi» sonnée) 2034 A fist; B manque 2o35 manque, ainsi que les cinq vers suivants, dans A, dont le copiste a été trompé par le mot agrée qui termine 2084 et 2040; B manque 2039 leçon de C ; B manque 2043 B quil i a esposee

94 l'ï CORONEMENZ LOOÏS

2045 Vers dolce France pense de chevalchier ; Mais en Peitou laisse des clievaliers Es forteresses et es chasteis pleniers; Dous cenz en meine molt bien apareilliez. Tote Bretaigne comence a costeier ; 2o5o Ainz ne lina tresqu'al mont Saint Michiel. Dous jorz sejorne, puis s'en parti al lierz, Par Costentin s'en prist a repairier. De ses jornees ne vos sai anoncier : Tresqu'a Roen ne se volt atargier; 2o55 El maistre bore s'est li cuens herbergiez, Mais d'une chose fait il molt que legiers, Que par la terre al duc Richart le vieil Osa il puis errer ne chevalchier Qu'il li tua son fill al grant levier; 2060 Mais la se fie li gentilz chevaliers Que il se furent acordé et paie ; Mais celé acorde ne valu un denier, Quar puis le voldrent murdrir et essillier. a Veir, » dist Richarz, « bien devreie esragier 2o65 Quant par ma terre vei celui chevalchier Qui m'a tolu le meillor eritier Qui onques fu por terre justicier. Mais, par Papostre que requièrent palmier, Ainz qu'il s'en parte sera molt corociez. 2070 En nom Deu, sire, » dient si chevalier,

2045 B de reperier 2046 A seç cheualiers; B laissa 2047 B chasteis, prisiez 2048 B .11". e. m. de bien a. 2049 B a prise a c. 2o53 B acointier; A ne sai conte noncier 2054 A nest li dus atargiez 2o55 A sest li dus h. 2o56 A le tieng ge a 1. 2057 B Quant 2o58 A^ Noserent plus; A^ mêmes mots ex- ponctuéset remplacés par Nosoit li dus;B Osoit errer li ber ne(£* et) c. ; C O. aine p. aler n. e. 2069 B sanz esparnier 2060 £« li filz a c. ; £=• li baron c. 2061 A Por ce quil furent 2o63 B manque 2o65 B Q.. en m. t. —.2066 A me tolit; B 1. ra. che- ualier 2069 B le voudrai corrocier

LI CORONEMENZ LOOÏS çS

a En ceste ville n'iert il par vos tochiez, Quar li borgeis li voldreient aidier ; Traïson n'est pas buene a comencier. » Et dist Richarz : « Tant sui ge plus iriez. 2075 Ge manderai al duc par amistié

Qu'en doice France vueil o lui chevalchier; Nos serons seize molt bien apareillié; Se de sa gent le poons hors sachier, Chascuns avra un buen coltel d'acier :

2080 Iluec sera murdriz et essilliez. » La li afient tel quinze chevalier, Mielz lor venist qu'il l'eussent laissié; Quar puis en furent boni et vergoignié. Deus ! qu'or nel set li cuens o le vis fier!

2085 Al matin monte, pense de chevalchier Tresqu'a Lion, un riche gualt plenier; En une lande sont descendu a pié ; Li païsant lor portent a mangier. Quant ont disné li noble chevalier,

2090 Alquant s'endorment, quar il sont travaillié. Veit le Guillelmes, molt l'en prist grant pitié: Ses armes crie por sei apareiliier;

L'en li aporte senz point de delaier : - Il vest l'albèrc, lace l'elme d'acier 2095 Et ceint l'espee al pont d'or eniaillié ;

2071 B E. c. terre 2074 B Et tant sui g. p. liez 2075 B Mander le vueil par molt grant a. 2077 ^* •*"'• "~ 2078 B 1. p. esloignier 2080 B Si le porrons murdrir et detrenchier

2081 B .XVI. c. —• 20S2 A M. li V.; Qui miex v. 2084 B nen set 2088 B la leçon + Iluec mangierent por lou cors aesier 2089 Leçon de C; A Apres mengier font les napes drecier; B Quant franceis durent de la table drecier 2090 A Desoz les arbres prenent a someillier ; B Molt durement pensent (fî» pristrent) a someillier Q.ue molt estoient pêne et trauaillie

2091 B* Voit les g.; -Bsi le. p. g. p. Dormir les lest souz .1. arbre foillie De lune part sest li quens apoiez 2094 B lelme doblier 2093 B Et ceint joieuse a son tianc senestrier

96 LI CORONEMENZ LOOÏS

L'en li ameine Alion son destrier:

Li cuens i monte par son senestre estrier;

A son col pent un escu de quartier,

Prent en son poing un fort trenchant espié,

2100 A quinze clos le gonfanon fichié;

O lui n'en meine mais que dous chevaliers Sor la rivière se vont esbaneier. A tant es vos le duc Richart le vieil, Qui tôt le jor l'aveit fait espiier,

2io5 O lui bien quinze de hardiz chevaliers. Veit le Guillelmes, molt en fu esmaiez.

LU

Li cuens Guillelmes chevaïche lez un mont; A tant es vos le duc Richart le ros, Ensemble o lui ot quinze compaignons.

21 10 Veit le Guillelmes, molt Ten prist grant freor; Il en apele ansdous ses compaignons, Tôt queiement les a mis a raison : « Baron, » dist il, « dites quel le ferons. Ici nos vient li dus Richarz li ros,

2 1 1 5 Et il me hei de molt grant reençon : Son fill ocis, que por veir le set on ;

2096 B son auferrant corsier 2097 B manque 2099 A .1. roit; B le fort 2100 -4 lacie 2101 A ne meine fors que; B* seul que 2102 B Les 1. r.— 2io3 B \. d. r. ou vient 2104 ^" Qui tôt le jor 2io5 B Aueques lui ot .xvi.h. •— 2io6J5 sien f. e. 2107 -Bcheualcha a estros 2109 Leçon de C; A^E\ o lui .xv. ; A^O lui .XV.; .4 de hardiz poigneors;B' Auuec lui ot bien .xvi. c; B* Auueques lui 01 .xvi. c, 2 no B' Voit les g. si en p. g. fri- con; manque 211 1 J5' manque 21 12 J5 Tôt maintenant 2 1 1 3 il» manque 2 1 1 5 Leçon de C ; A plus que home del mont; B II me hait ja dune grant traison Q.uil firent ja looys mon sei- gnor 21 16 5^ que de fi ; B^ que de voir

Ll CORONEMENZ LOOIS 97

Mais neporquant acordé estions,

La pais fu faite enz el mostier de Tors. »

Et cil respondent : « De quei le dotez vos? 2120 Mais chevalchiez et poignez tresqu^al pont,

Sil saluez par bien et par amors;

S'il vos defent de riens vostre raison,

Si vos tenez a l'escu a lion,

Ne vos faldrons por tôt l'or de cest mont. » 2125 Respont Guillelmes : « Vostre merci, baron. »

LUI

Li cuens Guillelmes vint al pont tôt premiers,

Ou veit le duc sel prent a araisnier:

« Dus, » dist li cuens, a Deus te guart d'encombrier !

Me convient il de riens de vos guaitier ? 2 1 3o Ja somes nos acordé et paie :

La pais fu faite a Tors, enz el mostier;

La nos baisâmes, veiant maint chevalier.

Veir, M dist Richarz, « bien savez préeschier ;

Tu me tolis le meillor eritier 2 1 3 5 Qui onques fu por terre justicier ;

Mais, par Tapostre que requièrent palmier,

Ainz que l^en partes seras molt corociez:

Ne Deus ne om ne t'en porreit aidier

2117 C M. n. a. nous en son 21 18 B' en un m.; B a tors 2120 B jusqua lour 2123 B Corez li seure a guise de baron Aiderons vos par bone entencion 2124 B por rien qui soit el mont 2125 B v. m. seignors 2128 il D. d. guillaumes; B d. vous g. de. 2129 A C. me il ; J5 Conuient il mes moi de vos riens (B* point) gaitier 2i3o B par acort apaie 2i3i B* en un m. 2i32 /l v. .c. cheualicrs 21 33 B V. d. r. tu ses molt bien pledier Mais ton sermon ne taura ja mestier 21 34 B cheualier 2i35 ^ soz la chape dei ciel

2137 il s. si c. ; £ Quant ge te tien a plain sus le grauier

21 38 A^ porront; B pona

g8 LI CORON EMENZ LOOÏS

Que ne te face celé teste trcnchier 2140 Et toz les membres hors del cors esrachier.

Gloz, distGuillelmes, « Deus te doint encom-

Ge ne te pris plus qu'un chien esragié. » [brier ^

Alion broche des espérons d'or mier

Et fiert Richart en l'escu de quartier : 2145 Desoz la bocle li a frait et percié,

Le blanc halberc desrot et desmaillié;

El flanc senestre li fait coler Tacier,

Que de dous parz en fait le sanc raier.

Li buens chevals s'est del fais deschargiez, 2 1 5o Li esperon tornerent vers le ciel,

L^aguz de Telme est en terre fichiez

Par si grant force dous des laz en rompié.

Sor lui s^areste et trait le brant d'acier :

Mien escient ja en preïst le chief : 2 1 5 5 Es vos les quinze, cui Deus doint encombrier :

Sore corurent Guillelme le guerrier.

Qui donc veïst sor toz le conte aidier,

Al brant d'acier les riches cols paier,

De gentil orne li preïst grant pitié. 2160 Si compaignon li sont venu aidier.

Tôt maintenant abat chascuns le sien.

Tant lor aida li père dreituriers - Que dis en ont ocis et detrenchiez ;

îiSg B la teste rooignier 2 141 A G. d. li cuens -- 2142 B plus quel chien e. 2143 B des espérons des piez— 2144 B sus lescu— 2143 J3 et brisie; A li fait fendre et percier ; leçon de C 2 146 leçon de C ; B Le bon h. rompu et d. ; ^ desrompre et desmaillier 2147 B entrer lacier 2 1 5o leçon de C, B en volent ; A manque -- 2 1 5 1 A Li coinz d. he.— 2ibz B que .11. laz en rompie 2i55 B .xvr. --2i56 B Sus lui trouuerent g. 1. g. Seure li queurent ne lèvent {B^ voldrent) espargnier 11 se defent a loi de cheualier 21 58 X Al brant forbi; B ferir et chaploier 2159 B' Del gentil conte 2160 Zi li s. alez a. 2 161 B' Tost fist chescun jus le sien trebu- chier

LI CORONEMENZ LOOIS 99

Li cinc s'en fuient et navré et plaie. 21 65 Li cuens Guillelmes les suit al dos derrier, Si lor a dit un vilain reprovier.

LIV

Li cinc s''en vont fuiant par mi un tertre.

Li cuens Guillelmes les enchalce et empresse ;

A vois escrie une ramposne bêle : 2170 « Seignor baron, por Deu le rei celestre,

Cornent sera la grant honte soferte?

Vo dreit seignor en menromes en destre.

Deus ! quel barnage, se rescos poeit estre ! r>

Et cil respondent: « Por Deu, merci, Guillelmes! 2175 Frans chevaliers, bien deûssiez reis estre,

O amiralz d'une grant riche terre.

Si m^aït Deus, bien nos poez conquerre;

Sor noz arçons nos gisent no boele,

Li plus alegre n'a soing d'aler en destre. » 2180 Ot le Guillelmes, si a tome sa resne.

LV

Quant veit Guillelmes qu'il ont merci preié. N'en tochast un por l'or de Montpelier.

2164 Leçon de C ; A que n. que p. ; B Li .v. {B^ .vi.) sen vont 2167 B Li .VI. barons sen fuient par un tertre 2168 B* Li ber g.; A les e. grant erre 2169 Leçon de C; A II lor a dit; B une parole lede 2 171 B si g. h. s. 2172 et C en menrons nos en d. 2174 B p. d. sire g. 2175 B vos d. r. e. 2176 amirant 2 1 78 Leçon de C et B* ; B^ Sus les a; A en g. n. b. 2179 B L. p. hetie na s. damer pucele 2180 Leçon de C et B»; sa retorne; A sa genchie— 2181 B crie— 2182 ^ por les mem- bres trenchier

100 LI CORONEMENZ LOOlS

Isnelement est retornez arrier.

Le duc Richart i ont pris et leié. 2 1 85 Tôt altresi corne cofre en somier

L'en ont mené sor un corant destrier.

De ci a l'ost ne voldrent atargier.

Quant il i vindrent si furent esveillié :

Oncles Guillelmes, » dist Bertrans li guerriers, 2190 « De vostre brant vei sanglent tôt l'acier,

Et vostre escuz n'est mie tôt entiers :

Alcun malice avez vos comencié. »

Respont Guillelmes : « Merci, por Deu, belsniés!

Quant me parti de ci por chevalchier, 2195 Ge vos vi molt pené et travailliez

Si vos laissai dormir et someillier,

One avuec mei n'oi que dous chevaliers.

J'ai encontre le duc Richart le vieil,

Qui tote jor m'i aveit espiié ; 2200 O lui quinzaine de hardiz chevaliers.

La mort son fiU me mist en reprovier

Et si me volt toz les membres trenchier.

Tant nos aida li père dreituriers

Dis en avons ocis et detrenchiez, 22o5 Et cinc s'en fuient et navré et plaie.

21 83 A ta leçon + As .x. ont tost les armes despoiHe; B A ses barons quil auoit la lessiez En la bataille ou li dus r. iert 2184 B La Ion sesi et lont pris et loie 2i85 -B Si lont trosse corne (B' c. un) cofre a deniers 2186 B Et lont monte 2188 B Quant il i furent; B^ moult par en furent liez (B» si en sont for- ment lie) 2190 J3» voi tout le poing moillie; B^ voi tout le pong •ouillie 2191 B manque 2192 B auez hui c. 2193 A Voir dist g. bertrans bels sire nies 2194 X manque 2196 Leçon de C; A fait dire ce vers à Bertrand, après le vers 2792. Je vos voi... 2196-4 manque 2197 B Si nen menai mais que (B» seul que) .11. cheualiers 2198 B Deuant .1. val lez un pont depecie La en- contrames 2200 C O lui .xv*; B Lui .xv\ iert de barons c; A Lui et .XV. altres 22o3 B Quant 22o5 B Les .vi. se.

LI CORONEMENZ LOOÏS JOI

Veez en ci et armes et destriers.

Le duc Richart en amenons leié. »

Et dist Bertrans : « Deus en seit graciiez! »

LVI

Oncles Guillelmes, » ce dist Bertrans li ber, 22 lo « Le semblant faites plus ne volez durer.

Niés, » dist Guillelmes, a merci le vueil rover,

Quar en grant peine vueil ma jovente user,

Ainz que cist reis n'ait ses granz eritez. »

Lors s'apareillent et pensent de Terrer. 221 5 Tant ont par force espleitié et erré

Qu'il sont venu çi Orliens la cité.

La a Guillelmes rei Looïs trové.

Come prison li a Richart livré,

Et il le fait en sa chartre geter. 22 20 Puis i fu tant, si com j'oï conter,

Que il fu morz de dueil et de laslé.

Or se cuida Guillelmes reposer,

Vivre de bois et en rivière aler ;

Mais ce n'iert ja tant com puisse durer. 2225 Es dous messages poignant tôt abriyez ;

De Rome vienent, chevals ont tôt lassez

Et recreiiz, confonduz et matez.

Tant ont le rei et quis et demandé

2ao6 B Vez en ici 2207 A' amenon très loie; B en ameinent foie 2208 B Respont b. 2210 B ne vueillez plus doner 2211 A proier 2212 B juenesse 22i3 B X. q. no rois— 2214 B" L. sa. erraument de le.; B* L. sa vistement de le. 22i5 B Tant ont a force soir et main chemine 2217 B le roi loeys troue 2218 B mené 221g B* fist 2221 iB' Quil i f. m. ; B* Q.ue il mourut 2225 B Que .11. m. 2226 A Par deuers r.; B D. r. V. la mirable cite Puis que partirent du lieu et du règne Ont .VI. cheuals recreuz«t tuez 2227 B T. o. les mesenquis

102 I.I CORONEMENZ LOOIS

Qu'il ont Guillelme et Loois trové.

223o Al pié H vont por la merci crier :

« Merci, franscuens, por Deu de magesté De la pucele vos a petit membre Gui vos avez voz convenz afiez. Morz est Guaifiers de Police li ber;

2235 Assez la quierent conte, demaine et per, Altre que vos ne vuelt s'amor doner. Por altre essoigne somes meû assez : Morz est Galafrcs, li gentilz amirez, Que vos feïstes baptisier et lever,

2240 Et Papostoiles est a sa fin alez.

Gui d'Alemagne a ses oz assemblez ; Pris a de Rome les maistres fermetez. Toz li pais est a dolor tornez, Gentilz om sire, se vos nel secorez. »

2245 Ot le Guillelmes, s'est vers terre clinez, Et Loois comença a plorer. Veit le Guillelmes, le sens cuide desver : « Hé! povres reis, lasches et assotez, Ge te cuideie maintenir et tenser

2 25o Envers toz cels de la crestienté,

Mais toz li monz t'a si cueilli en En ton service vueil ma jovente user Ainz que tu n'aies totes tes volentez.

2229 5Quil o. le conte zzSi B^ M. bels sire; B' M. font il 2.i33 B A cui auez 2234 A^ M. e. rois otes (otes, exponctué, est remplacé par gaifiers écrit en marge) ; B dypolite 1. b. Ni a plus doir que la bêle al vis cler A lui en est remese lirele (5» remes tout ierite) 2235 B Molt la demandent; A c. et dus et p. 2237 Leçon de C ; A \ sui venuz a.; B manque 2238 A li riches; B' "galliers; B' gaifier— 2242 A Si près de r. 2245 B enclinez 2246 B A 1. c. a parler Treslot ainsi corn ja oir porrez 2247 B manque 2248 B Rois dist li cuens por deu de majesté 225o B Vers toz les homes 225 1 B si ta. 2262 B jeunesse 2233 B Ancois que naies tôt ton règne a garder

LI eORONEMENZ LOOÏS Jo3^

Faites voz ornes et voz barons mander,

2255 Et tuit i viegnent li povre bacheler, A clos chevals, a destriers desferrez, A guarnemenz desroz et despanez; Tuit cil qui servent as povres seignorez Viegnent a mei : ge lor dorrai assez,

2260 Or et argent et deniers moneez,

Destriers d'Espaigne et granz muls sejornez,

Que j'amenai de Rome la cité,

Et en Espaigne en ai tant conquesté

Que ge ne sai ou le disme poser.

2265 Ja nuls frans om ne m'en tendra aver,

Que toz nés doinse et ancor plus assez. » Respont li reis : « Deus vos en sache gré! » Il font lor Chartres et lor briés seeler, Et lor sergenz et lor guarçons errer.

2270 Ainceis que fussent li quinze jor passé, En i ot tant venuz et assemblez, Cinquante mile les peûst Fen esmer, Que buens sergenz, que chevaliers armez. De cels a pié ne laissent nul aler,

2275 Por le secors angoissier et haster. De lor jornees ne vos sai deviser : Montgeu trespassent qui molt les a penez, De ci a Rome ne se sont aresté. Mais en la porte ne porent il entrer,

2280 Quar l'Alemans les a molt destorbez. Reis Looïs i fist tendre son tref,

ii54 B Or toi bels sire ni a que dcmorer + la leçon 2235 B la leçon + Qui mestier ont de auoir (B^ bien dauoir) conquester aa56 et 2257 B As c. c. as drapiaus d. 2261 B* ei mules afeutres; et mulets sejornez 2264 B ou je les doi poser 2266 B Qui tout ne d. 2267 Et dist li rois; B* Li rois li dist 2269 B la leçon + Par rai la terre quil orent a garder 2271 B manque 2272 B L™. en peust 2276 B aconter— 2277 A lassez 2280 B dcstornez 2281 B Li rois 1. i. f. t. ses très

104 CORONEMENZ LOOÏS

Et ses alcubes et ses brahanz lever; Fait les cuisines et les feus alumer. Li cuens Guillelmes a les foriers menez 2285 Par mi la terre por le païs guaster ; Et font la terre et le pais rober, Dont cil de l'ost sont riche et assasé.

LVII

Li cuens Guillelmes a conduit les foriers. Gui d'Alemaigne se leva sor ses piez ;

2290 Un per de Rome en aveit araisnié :

tt Hé! gentilz sire, faites pais, si m'oiez. Prenez les armes tresqu^a mil chevalier Ainz que il aient les paveillons dreciez, Ses escriez molt bien el premier chief ;

2295 S'avez besoing ge vos irai aidier. »

Et cil respont : « Bien fait a otreier. » Isnelement se vont apareillier; Les halbers vestent, s'ont les helmes laciez, Ceignent espees et montent es destriers ;

23oo A lorcol pendent les escuz de quartier

Et en lor poing les reiz trenchanz espiez. Par mi la porte s'en issent eslaissié. Une broïne comence a espessier, Qu'on ne poeit veeir ne chevalchier ;

2 283 B ses c. et ses f. a. 2284 B sus t. m. 2285 B Par le pais por la terre g. 2286 B Et font les proies et le charroi mener Et bues et vaches a motons por saler 2287 B sont tuit bien ras- saze 2288 B ses f. 2289 ^ ^^ ^st leuez en piez 2290 A Son per; B* Le père 2292 B Preignent lor a 2293 B lor p. d. 2294 B premier cl p. c. 2296 B E. c. respondent bels sire vo- leniiers 2299 jB* Espees ceignent puis; iJ» C. e. si 23oo A A. 1. cops 23oi B En lor poing prennent 23o4 A vcoir ne charoier

LI CORONEMENZ LOOÏS I05

23o5 Onques Franceis ne s'i sorent guaitier.

Tant que Romain se sont es très fichiez :

Chevals en meinent, s'ocient escuiers,

De la cuisine en portent le mangier,

Et si ocient le maistre despensier. 23 10 Et Looïs s'en vait fuiant a pié;

De tref en tref se vait par tôt mucier ;

A sa vois crie : « Bertrans, Guillelme, ou iés?

Fill a barons, quar me venez aidier.

Se Deus m'ait, or en ai grant mestier. » 23 1 5 Li ber Guillelmes ra conduit les foriers.

Premiers parla li cuens Bertrans ses niés :

et Oncles Guillelmes, pensez de l'espleitier.

En cest ost oi molt durement huchier;

Se Deus m'ait, d'aide ont grant mestier. » 2320 Respont Guillelmes : « Nos estuet chevalchier

Par devers Rome, les forz elmes laciez;

Ses poons clore defors et engeignier,

Et cil de l'ost refussent halbergié,

Molt grant eschiec i puet l'en guaaignier; 2325 Ne fust si granz depuis la mort Guaifier. »

Par devers Rome pensent de chevalchier ;

Et la broïne prent fort a espessier;

Onques Romain ne s'i sorent guaitier

Tant que Guillelmes comença a huchier : 233o « Mon joie! » escrie, « ferez i, chevalier! »

23o6 o eus fichie ; B' sus eus f.; B ajoute La veissiez un aba- teis fier Costes et bras et testes pecoier Es très comencent forment a chaploier aSo? B sergenz et e. -— 23og B Et si ocisirent I. m. cuisinier— 23ii fi' com autre sodoier; B^ aussin cun sou- doicr; B D. tr. en autre 23 1 2 B A vois escrie 2314 fi Se maist dieus 23 1 5 B Li cuens g. sen reperoit arrier Si condui- soit aucc lui les fouriers 2320 B Et dis g. nos estuet c. 232 1 B' Par deuant r. ; B les vers h. \. 2322 A Ses poions fors clore et c. 2323 B fussent apareillie 2324 B i porions g. 2325 B la leçon -f Respont b. bien fait a otroier 2326 A pense 2327 B se print a abaissier

I06 LI CORONEMEN2 LOOYS

La veissiez un estor comencicr, Tante anste fraindre et tant escu percier Et tanthalberc desrompre et desmaillier, L'un mort sor Taltre verser et tresbuschierl

2335 Et cil de Tost se furent halbergié. Si les encloent et devant et derrier. De cels de Rome ne voldrent nul laissier Que tuit ne fussent ocis et detrenchié, Et li alquant retenu et leié.

2340 Fuit s'en li sire ques ot a justicier.

Li cuens Guillelmes le suit tôt eslaissiez ; Il li escrie : « Retorne, chevaliers, O ja morras a lei de paltonier. » Lez le costé li a colé l'acier;

2345 Tôt l'embroncha sor le col del destrier. Traite a l'espee, vait li colper le chief, Quant il li crie et manaide et pitié : « Ber, ne m'oci, se tu Guillelmes ie's, Mais pren mei vif, molt i puez guaaignier :

235o Ge te dorrai un grant mui de deniers. »

Li cuens Guillelmes s'est de lui aprochiez,

Et cil li rent le brant forbi d'acier.

A Loois Ta rendu prisonier,

Puis s'en retorne arrière a ses foriers.

2355 Gui d'Alemaigne^se leva sor ses piez,

2336 B^ Si 1. escrient 2337 B Des .m. de r. ne. v. un 1. 2338 B Que toz nés face ocire et detrenchier 2340 A lez .1. mont eslaissiez ; B qui les deuoit guier 2341 A manque 2342 B A vois e. reiornez c. 2343 B' O. j. m. en fuiant com ber- gier ; B* O. j. morrez en tuiant com lasnier 2344 B De lance forte planée de pomier + la leçon ; A Lez le halberc— 2345 T. 1. courba 2346 A Vet li c. 1. c; B Volt li tolirl. c. 2347 A Q. il li prie 2348 B' se lu quens g. ies 2349 B' M^ p. mon vis m. i, puet g ; B^ bien i p. g. 235o B' un mui de bon d.— 2 35 I B sest vers lui a— 2332 A Li dus li tent son riche brant dacier— 2353 A le rendent 2353 B G. da. fu en rome li sers Si se leua en estant sus ses piez

CORONEMENZ LOOÏS iOJ

Dist a ses omes : « Faites pais, si m'oiez : Mort sont mi orne, ocis et detrenchié ; Se par bataille ne me puis espleitier Tôt cors a cors encontre un chevalier, 236o Toz nostre esforz ne nos i a mestier. »

LVIII

Gui d'Alemaigne apela un message, Sel fist monter sor un destrier d'Arabe. A son col pent une grant pel de martre, Entre ses poinz un bastonet en aste.

2365 Gui d'Alemaigne li a dit un message : « Alez me tost a ces tentes de paile, Si me direz Loois le fill Charie Qu'a molt grant tort me vuelt guaster ma marche, N'a dreit en Rome ne en tôt l'eritage ;

2370 Et s'il le vuelt aveir par son otrage,

Encontre mei l'en convcndra combatre, O chevalier qui por son cors le face. Et se ge sui vencuz en la bataille, Rome avra quite et trestot l'eritage,

2375 Ne trouvera qui l'en face damage; Et se gel veine a Tespee qui taille, Mar i prendra vaillant une maaille : Voist s'en en France, a Paris o a Chartres, Laisse mei Rome, que c'est mes eritages. »

238o Et cil respont : « Bien est dreiz que le face. » A tant s'en tome par mi la porte large,

2358 B ne mi puis apaier 236o B ne nos aura mestier 2363 B une fort pel 23645* un bastonet desrable ; B' un bas- tonet de madré— 2366 B Amis tait il entent a mon langage Alez molt lost 2368 B vient de gaster mes marches 2373 A man- que— 2376 B Et sel conquier 2377 A' Mar i perdra; A'' Mar i perdrai qui vaille; B' iMes ni p. 2379 ^ ^ "^°' '^^^ rome

I08 LI CORON EMENZ LOOÏS

De ci as très de riens ne s'i atarge.

Il descendi lez la tente de paile,

Si s^en entra el tref qui esteit larges ;

2385 Ilucc trova Looïs le fill Charle. 11 Tapela veiant tôt le barnage : « Dreiz emperere, entendez mon language; Ne vos salu, n'est pas dreit que le face. Gui d'Alemaigne m'enveie por message;

2390 Par mei vos mande, ne sai que vos celasse, N'as dreit en Rome ne en tôt Teritage. Et se le vuels aveir par ton oltrage Encontre lui t'en convient a combatre, O chevalier qui por ton cors le face.

2395 Et se il est vencuz en la bataille

Dont avras Rome quite et tôt l'eritage, Ne troveras qui t'en face damage; Et s'il te veint a Tespee qui taille, Mar i prendrez vaillant une maaille :

2400 Alez en France, a Paris o a Chartres,

Laissiez li Rome, que c'est ses eritages. » Ot le li reis, s'embronche le visage, Quant se redrece, s'apele son barnage : <c Seignor baron, entendez mon language :

2405 Gui d'Alemaigne me mande grant oltrage ; Par noz dous cors me mande la bataille, ' Et ge sui jovenes et de petit eage,

2382 A al tref; B de noient ne sa. 2383 B lez la porte de p. 2384 B Si sen lorna a la tente al fill charle. i383 B le roi et son barnage 2386 B Al roi parla oiant cels de la place 2388 5' con le f. ; car droit nesl quon 1. f. 2390 B Que a grant tort as gastees ses marches Nas d. en r. nen point de leri- tage 2393 B ten conuenra 2396 B D. auras r. et tôt le sei- gnorage 2397 B qui otrage ten face 2398 A vos 239g B manque 2400 A Alez a chartrc a p. lenorable; B Va ten en f. a p. soz montmarire 2401 B Si le lessiez estre en {B* dcdenz) son héritage 240D B grant otrage

Ll C0R0NEMEN2 LOOlS I O9

Si ne puis pas maintenir mon barnage. A il Franceis qui por mon cors le face ? »

2410 Quant cil l'oïrent, s^embronchent lor visage. Veit le li reis, a poi que il n'esrage; Tendrement plore desoz les pels de martre. A tant es vos Guillelme Fierebrace, Qui les foriers a conduiz en la place.

241 5 Tôt armez entre en la tente de paile,

Et veit le rei qui sospire a granz lairmes : Quant il le veit, a poi que il n'esrage. Lors li escrie, oiant tôt le barnage : « ! povres reis, li cors Deu mal te face !

2420 Por quei plorez? Qui vos a fait damage? » Et Looïs respondi, que n'i targe : « En nom Deu, sire, ne sai que vos celasse : Gui d'Alemaigne m'a mandé grant oltrage. Par noz dous cors me requiert la bataille,

2425 N'i a Franceis qui por mon cors le face, Et ge sui jovenes et de petit eage, Si ne puis pas bien sofrir tel barnage. Reis, » dist Guillelmes, « li cors Deu mal te face 1 Por vostre amor en ai fait vint et quatre :

2430 Guidiez vos donc que por ceste vos faille? Nenil, por Deu! Ge ferai la bataille. Tuit vo Franceis ne valent pas maaille. » Ou veit le mes fièrement l'en araisne.

LIX

« Amis, bels frère, » dist Guillelmes li frans,

1408 B porroie maintenir la bataille -— 2409 Ce vers et les 18 suivants manquent dans A, dont le copiste a été trompé par la similitude des deux vers 2408 et 242 j 2428 B a ladure corage 2429 B Ml. ou .iiii. 2480 A C. V. ore ; B* que a c. v. f. 2431 B N. p. foi g. f. 1. b. 2433 J5 il li a dit senz faille

110 Ll CORONEMENZ LOOlS

2435 a Va, si me di a Guion rAlemant

Qu^uns chevaliers, qui son seignor defent, Vuelt la bataille, molt en est desiranz. Ge vueil ostages trestot a mon talent, Et il les preigne trestot a son cornant,

2440 Cil qui veintra, qu'il ait son convenant. » En pié sailli li palazins Bertrans : « Oncles, » dist il, « trop nos vait malement ; Tôt vos eschiet, et batailles et champ. Vostre barnages met le nostre a neient.

2445 Geste bataille, sire, ge la demant :

Donez la mei par le vostre cornant. » Respont li cuens : « Vos parlez folement. Quant LoQïs s^aleit or démentant, Ainz n'i ot nul tant hardi ne puissant

2450 Qui devant lui osast tendre son guant. Guidiez vos ore qu'alasse reculant? Ge nel fereie por l'onor d'Abilant. Messagiers frère, di Guion l'Alemant Armer se voist, et puis si voist el champ,

2455 Li cuens Guillelmes li sera al devant. » Et cil s'en tome a espérons brochant. De ci a Rome ne fist arestement. Encontre lui vint Gui li Alemans : « Amis bels frère, que as trové as Frans?

2438 B Dist li mesages bels sire a moi entent De la bataille dont tu te vas vantant Vueil ge auoir estages maintenant 2489 B Vous les aiez (B' raurez) aussi a vo talent 2440 B C. q. v. la bataille et le champ Si aura tôt quite son conuenant Et dist guillelmes sen aurez a talent 2441 B se dresce 2448 B intervertit ce vers avec le suivant 2444 B^ le mien meine a n.; JB^ met le mien a n. 2447 jB R. g. 244g jB» Nen i ot un tant preu ne tant vail- lant; B* Nen i ot un tant fu preuz ne vaillant 2452 B por tôt lor dorient 2453 B di a ton alemant 2454 B viegne el champ Et bien li di ne li va pas celant 2458 A vint guion la- lemant; B sen vint li alemant 24!)9 B* quau«z t. el f . , fi' quauez t. errant

LI CORON EMENZ LOOIS I l I

2460 En nom Deu, sire, nel celeiai neient :

Uns chevaliers qui est de Fost des Frans

Vuelt la bataille trestot a son talent,

Ostages vuelt, molt en est desiranz,

Et tu en preignes alsi a ton talent. 2465 Cil qui veintra, quMl ait tôt son créant.

Guillelme a nom, par le mien escient.

En pié saillist uns chevaliers, Bertrans,

Il est ses niés, gel sai a escient,

De la bataille esteit molt desiranz. 2470 Amis bels frère, » dist Gui li Alemans,

« Quant de Guillelme avrai fine le champ,

S'adonques vuelt icil siens niés Bertrans,

Ja por bataille n'en ira en avant.

Aportez mei mes plus chiers guarnemenz. » 247S Et cil respont : « Tôt a vostre comant. »

L'en li aporte senz plus d'arestement.

El dos li vestent son halberc jasèrent,

Roge est la maille plus que n'est feus ardenz;

Et puis li lacent un vert elme luisant, 2480 Une escarbocle el nasel par devant ;

Ceinte a l'espee a son senestre flanc;

L'^en li ameine le buen destrier corant.

î46oil Et cil respont ncn c. n. 2461 B qui son seignor de- fent 2462 B molt en est desiranz 2463 B ce dist il vraiemeni

2464 B manque 2465 B quil ait son conuenajit 2466 B la leçon + Cil qui vers vos se doit combatre el champ Q.uant ge es- toie deuant le roi des franz 2467 A brebant 2468 JS' ge sai vraiemenl; B* Nies est g. qui ca venra briement 2469 B^ Pour la bataille quil ala requérant 2470 A^ dit guion la. ; A^ d'il guion le vaillant ; B' ce dist guis la.; B* A. di moi ce li dist la.

2472 B Sadont i vient 2474 B Alez bels frère ni alez demo- rant A. m. mes armes maintenant 2475 B' sire a v. talent; Bt lalent 247Ô A sanz nul delaiement 2479 B Et en son chief lace lelme luisant 2480 B ot.enz el nés deuant -^ 24S2 B son destrier aulcirant

112 LI CORONEMENZ LOOÏS

Une altre espee pent a l'arçon devant;

Sor son destrier est sailliz maintenant, 2485 Que a estrier n'a arçon ne si prent.

A son col pent un fort escu pesant,

Entre ses poinz un fort cspié trenchant,

A cinc clos d'or un gonfanon i pent.

Par mi la porte s'en ist esperonant. 2490 En pré Neiron s'en est venuz errant.

Li cuens Guillelmes l'a choisi tôt avant;

Il en apele Guielin et Bertran :

« Mon anemi vei entré en cel champ,

Se plus me targe tien mei a recréant. 2495 Aportez mei mes plus chiers guarnemenz. »

Et cil respont : « Tôt a vostre comant. »

L'en 11 aporte senz plus d'arestement.

A l'armer fu Looïs li vaillanz.

Il vest l'alberc, lace l'elme luisant 25oo Et ceint Joiose a son senestre flanc,

Que li dona Charles li combatanz.

L'en li ameine Alion le corant,

Et il i monte molt acesmeement.

A son col pent un fort escu pesant, 25o5 Et en ses poinz un bon espié trenchant,

A cinc clos d'or le gonfanon pendant.

2483 B a prise maintenant Si la pendi a son arcon deuant 2484 B Et puis monta molt acesmeement— 2485 B Questrier ni baille na a. n. s. p. 2487 A .1. roit ; B Frent en son poing son fort e. t. 2488 ^ le g. i p.; B* un g. pendant 2491 B la veu— 2493 B Seignor dist il par le mien escient M. a. v. e. enz el c. (B' voi venir cheualchant) 2494 B Se plus atarge t. m. por r. 2496 B talent 2497 A* sanz point da. ; B' sanz nul a. ; fi» sanz plus de parlement 2498 fi A lui armer fu 1. li frans ~ 25o3 B Li quens i m. ; fi» quil ni va detriant 2504 fi' .1. f. e. luisant; B' .1. f. e. grant— 25o5 B^ En son poing porte .1. roit e. t.; B* manque —• 25o6 B i pent

LI CORONEMENZ LOOÏS IjJ

Par mi les loges s'en vait esperonant, De ci al tertre ne se vait arestant.

LX

El tertre monte Guillelmes li marchis; 25 10 Gui d'^lcmaigne l'en a a raison mis : (c Qui iés tu, va, guarde n'i ait menti, Qu'as en ton cuer si grant hardemeni pris Qu'encontre mei osas en champ venir?

Veir, » dist Guillelmes, « gel vos avrai tost dit : 25 1 5 Ge dei combatre al brant d'acier forbi.

Par dreit est Rome al rei de Saint Denis Et ge meïsmes une bataille en fis, En som cest tertre, vers Corsolt PArrabi, Le plus fort ome qui de mère fust vis.

2520 Si me colpa le nés desus le vis. »

Quant Gui l'entent a pou n'esrage vis, N'i volsist estre por Ponor de Paris. Ou veit Guillelme si Pa a raison mis : « lés tu ce, va, Guillelmes li marchis,

2525 Cil de Narbone, filz al conte Aimeri? Pesons la pais et seions buen ami. Et mei et tei avrons Rome a tenir.

GloZ;» dist Guillelmes, « Deus te puist maleïr!

2607 B tentes; sen vaii arrestant; B* sen vet molt liement 25o8 Ce vers a été fondu par le copiste de B^ avec 2507-- i3io ^ lauoit a r. m. 25 1 1 B' Qui es vassal garde ne me men- tir — 25 12 B Qui en t. c. as tel h. p.; A^ manque ^bi^A je le vos aurai dit ; B la leçon + Jai nom g. fill le conte aimeri Cil de nerbone le preu et le hardi 25 1 5 £ Ci d. c. a. b. da. f. Encontre toi que voi ci aasti (i?» aaci) Par tel conuent com ja porras oir(B» sera oi)— 25 16 A charle des. dénis Et après lui la tendra looys— 25i8 B Desus cel t. a c. 25ig JB» qui adonques f. v.— 252o A Si li copai; B manque %b2i B^ manque 2522 B' pour tout lor 2523 A manque 2524 JïEscoie moi— ib^T B manque

114 Ll CORONEMENZ LOOYs

Por preechier ne vin ge pas ici ;

2 53o Ge ne vueil mie mon drtit seignor traïr, Ge nel fereie por les membres toiir. » Quant Gui l'entent a pou n'esrage vis; L'apostre en jure qu'a Rome est beneïz : a Por vil me tieng quant onques t'en requis :

2 5 35 Or te desfi de Deu de paradis. »

Respont Guillelmes : « Et ge tei altresi. » Il s'entresloignent plus qu'uns ars ne traisist, Puis s'entresguardent et se mostrent les vis. Les forz escuz tienent devant lor piz;

2540 Bien s'apareillent de ruistes cols ferlr. Les chevals brochent des espérons forbiz. Lances baissiees se sont molt test requis. Granz cols se douent sor les escuz voltiz, Dcsoz les bocles les ont fraiz et malmis.

2545 Les blans halbers ne porent desmentir,

Les hanstes brisent, qui nés porent sofrir, Encontre mont en volent li esclis. Il s'entrefierent et des cors et des piz, Ensemble joignent les forz escuz voltiz,

25 5o Et les halbers et les chevals de pris.

Sor les visages font les helmes croissir,

Sanc et suor en font aval venir,

Que trestoz quatre les convint a cheïr.

2629 B ne venimes pas ci ; A* manque 253o A honir 253 1 B Ce que tu quiers saches le tu de fi (J3» ce saches bien de fi) Ge nen feroie por tôt lor que dieus fist 2532 B Quant cil le. 2533 A qui est bien b. 2536 B Et dist g. ~ 2537 leçon de Cet B; A un arpent et demi 2538 A el vis -- 2539 B metent 2540 A Molt se penerent de rudes c. f. 2541 B Des (B» Les) espérons brochierent par air 2642 B bien requis 2543 manque, ainsi que les 3 suivants, dans B^ 2544 J8' et croissis 2545 Li bon h. 2546 B' Les lances b. ne porent plus tenir 2547 B Quencontremont 2549 B les bons e. v. 255o B Et les che- uals qui estoient de pris 255 1 A hauberz 2553 B 1. c jus c.

LI CORONEMENZ LOOÏS Il5

Li buen destrier se sont a terre pris, 2555 Et li vassal resont en piez sailli,

Espees traites, les escuz avant mis; Ja mostreront qu'il ne sont pas ami.

LXI

Li cuens Guillelmes en est saîlliz en piez, Deu reclama, le père dreiturier :

256o « Sainte Marie, vierge pulcele, aidiez ;

Ainz mais par ome ne perdi mes estriers. » Gui d'Alemaigne fièrement respondié : « Por Deu, Guillelmes, ne te valt un denier. Ge chaleng Rome, et les murs et le fié;

2565 Ja Loois n'en sera eritiers.

Gloz, » dist Guillelmes, « Deus te doint encom- Que, par Tapostre que requièrent palmier, [brierl Ainceis le vespre ne le soleil colchié Te cuit ge si del cors apareillier

2570 Qu'on te porreit d'un besant eslegier. » Il tint Joiose dont li branz fu d'acier ; Ou veit Guion durement le requiert, Granz cols li done sor son helme vergié, Que flors et pierres en a jus tresbuchié ;

2575 Ne fust la coife del blanc halberc doblier, Après ce colp n'eûst ja mais mestier. Desus la hanche est li cols apoiez,

2554^4 L. b. cheual 2558 B est resailliz 2560 B S. m. mère dieu quar maidiez 2562 B tantost li r. 2564 B les {B^ le) murs et le terrier 2566 B la leçon + Guides me tu (B* Me cuides tu) auoir si esmaie Por ce que mas fait les arçons vuidier 2367 B Por cel a. 2568 B Ainz quil soit vespre - 2569 iJ* Te cuide si 2671 B est dacier 2672 B vassalmcnt 1. r. 2573 B Tel c. I. d. 2574 B en fist j. t. 2byb B' del bon 2576 A A. le c. ; A* james neust m, 2577 B Desoz la bocle e. 1. c. abessiez

110 LI CORONEMENZ LOOIS

*Que del charnal li abat plus d'un pié. Toz remest nuz li os sor le braiçr :

25 80 « Veir, » dist Guillelmes, « de ça vos ai saignié. Or ses tu bien com trenche mes aciers. » Gui d'Alemaigne fièrement respondié : « Ahi! Guillelmes, Deus te doint encombrier ! Me cuides tu por si pou esmaier?

2585 De povre char se puet l'en trop chargier ; Mais, par la crois que requièrent palmier, Ainceis le vespre ne le soleil colchié, Cuit ge ma char de la toe vengier. » Il tint l'espee, dont li branz fu d^acier;

2590 Ou veit Guillelme durement le requiert ; Grant colp li done par mi Telme vergié, Que flors et pierres en a jus tresbuchié ; ' Ne fust la coife del blanc halberc doblier, Cuens Aimeris fust senz cel eritier ;

2595 Mais Deus nel volt sofrir ne otreier. A celui colp a Gui pou guaaignié, Emprès le poing li est li branz froissiez; Il retrait Taltre, ne s'est mie atargiez. Veit le Guillelmes, si s'en rit volentiers.

2600 II tint Joiose al riche brant d'acier ; Ou veit Guion durement le requiert ; Grant colp li done sor son helme vergié,

2578 B la moitié 258o B v. ai tochie 258 1 B mes espicz -- 2584 A Cuides me tu 2585 A De penre c. ; leçon de C et B 2586 J3» Qui est lasus e. c; B^ qui lasus est e. c. 2587 B Ainz quil soit V. 2089 B II trait le. 2590 B* vassalment; B* fière- ment— 2591 B sus son helme vergie {B* cerclie) 2593 B del bon hauberc doblier {B^ maillie) 2594 B neust point deriiier

2595 A B ne volt; B ajoute Qui les siens garde quant il en est mestier 2596 A ice cop; A A tel cop na li cuens riens g.

2597 B Delez I. p. 1. e. l. b. brisie 2598 B> targie 2600 B al brun coutel dacier 2601 J5' fièrement; B* asprement 2602 J3' lacie; B> sus Ihelme de son chief

Ll CORONEMENZ LOOÏS HJ

Dcsus l'cspalle li cols en descendié : De ci el piz Ta fendu et trenchié,

2605 Estort son colp, si Va mort tresbuchié ; Près fu del Teivre, si l'a dedenz lancié. Al font l'en meine li fers dont fu chargiez, Que puis par orne ne fu il hors sachiez. Veit le Guillelmes, si comence a huchier :

2610 « Monjoie! » escrie, « Deus, sainz Denis, aidiez! De cestui est reis Looïs vengiez. » Sor Alion est montez, son destrier, Prent Clinevent, qu'il ne le voh laissier ; De ci a l'ost ne se volt atargier.

2615 Encontre vait li cuens Bertrans, ses niés, Et Looïs, balz et joianz et liez. Tant ont ploré Guielins et Gualtiers, Tel paor n'orent a nul jor desoz ciel, Fors por Corsolt a cui se combatié :

2620 « Oncles Guillelmes, estes sains et haitiez? Oïl, » dist il, <x la merci Deu del ciel ! Bels niés Bertrans, a celer ne vos quier, Ge vos doins or cest buen corant destrier, Por la bataille que requeïstes ier. »

2603 B' le cop est si glacie; A a le cop apoie 2604 B Que dusquel piz; A De ci el pie 260b B jus trebuchie 2606 A* Près fu de liaue 2607 A^ A. f. sen vet; B A. f. lemporte 1. t, dont fu (B» iert) c. 2608 B Ne fu traiz ne sachiez 2609 B^ si le prent a h. ; si a pris a h. 2610 A^ M. e. s. d. aidiez ; A' asoiez 2612 B A cez paroles ne sest plus delaiez + la leçon ; B^ par lestrier ; A Arion 26 1 3 B' Prist c. ; B quil ne volt pas 1. 2615 Encontre vint— 2617 /l» guillelmes et g.; -B et guibers et g.— 2618 Car peor orent du vaillant cheualier Que il ne fust ou mors ou mehaigniez Norent mes tele a; B n'est plus représenté que par B^ : le dernier feuillet du poème manque dans 2619 A^ corsoble ; A* le desloial le fier 2620 B' Tuit larraisonnent li baron cheualier Voit le bertrans si len a arresnie 2623 B' Je vous en doing cel auferrant coursier 2624 B> q. demandastes hier

n8 LI CORONEMENZ LOOÏS

2625 Respont Bertrans : « Cent mcrciz en aiez! » En ccls de Rome n^en ot que esmaier; Dist Tuns a laltre : « Mal somes engeignié : Nostre sire est ocis et detrenchiez; Il nos convient trestoz umeliier :

263o Alons molt tost por la merci preier. »

Dist Tuns a l'altre : « Bien fait a otrcicr. > Les portes uevrent senz point de delaier; Bel recoillircnt lor seignor dreiturier.

LXII

Par dedenz Rome fu Guillelmes li frans ; 2635 Prent son seignor tost et isnelement,

En la chaiere Tassiet de maintenant.

Sel corona del barnage des Frans.

La lui Jurèrent trestuit le serement.

Tels li jura qui li tint bonement, 2640 Et tels alsi qui ne li tint neient,

Com vos orrez ainz le soleil colchant.

LXIII

Par dedenz Rome fu Guillelmes li ber, S'a Loois son seignor coroné : De tôt l'empire li a fait seûrté.

2625 B^ grans m. en a. 2626 jB» ni ot q. e. 2627 B* nous s. e. 2628 B' et mors et d. 263o B' Alons au roi 263i B' Dient li autre ce fait a o.; A la leçon + A granz croiz dor qui molt font a proisier A (A' Et) filatieres et encens et sautier Encontre portent les cors sainz del mostier 2632 B' Euurcnt les portes 2635 B' Prist s. s. 2636 B' manque 2637 B' au barnage 2638 B' le lige s. 263g A manque 2640 A Tels 1. j. q, 2641 B' manque 2643 B' Loeys a s. s. c. 2644 B' li ont f. s.

LI CORONEMENZ LOOÏS | Ig

2645 Lors s'aparcille et pense de l'errer.

Tant ont ensemble erré et cheminé

Qu'il sont venu en France le régné.

Vait s'en li reis a Paris la cité,

Li cuens Guillelmes a Mosteruel sor mer. 265o Or se cuida Guillelmes reposer,

Déduire en bois et en rivière aler;

Mais ce n'iert ja tant com puisse durer,

Quar li Franceis prirent a révéler,

Li uns sor l'altre guerreier et foler. 2655 Les viles ardent, le pais font guaster,

Por Looïs ne se vuelent tenser.

Uns mes le vait a Guillelme conter;

Ot le li cuens, le sens cuide desver,

Bertran apele : « Sire niés, entendez : 2660 Por Tamor Deu, quel conseil me donez ?

Li reis mes sire est toz deseritez. »

Respont Bertrans : « Quar le laissiez ester.

Quar laissons France, comandons l'a malfé,

Et cestui rei, qui tant est assotez; 2665 Ja ne tendra plein pié de Terité. »

Respont Guillelmes : « Tôt ce laissiez ester :

En son service vueil ma jovente user. »

Il fait ses omes et ses amis mander.

Tant ont par force chevalchié et erré 2670 Qu'il sont venu a Paris la cité.

La a Guillelmes rei Looïs trové.

2645 B^ Lors sapareillent et pensent d. le. 2646 5' Tant ont par terre aie et c, 265o manque, ainsi que le suivant, dans 5' 2056 A^ ne sen v.; B' ne se vuelent cesser 2658 JB* Oit le g. 1. s. cuida d. 2661 B' L. r, nos s. 2662 B^ B. respont

2063 B' Comandons la a . c". maufe ; A Q. 1. f. c. a maufe

2664 JB' Et ce fol roi qui ne vaut ne ne fait 2666 iS' la le- çon 4- Mal auez dit si me puist dieus sauuer Mon seigneur vueil et aidicr et tcnsser 2667 B^ vueil je ma vie user -— 2668 B^ Lors fct

J 20 LI CORONEMENZ LOOIS

Dès or comencent granz guerres a mener.

Quant veit Guillelmes, li marchis al cort nés,

Qu'en celé terre ne porra demorer, 2675 Quar trop i a des enemis mortels,

Il prent l'enfant que il ot a guarder,

Si l'en porta a Loon la cité ;

A cels dedenz le fait molt bien guardcr,

Et cels defors et ardeir et preer ; 2680 Dont s'acuelt il as granz barres colper,

Et as halz murs percier et esfondrer.

Dedenz un an les ot il si menez

Que quinze contes fist a la cort aler,

Et qu'il lor fist tenir les eritez 2685 De Looïs, qui France ot a guarder;

Et sa seror li fist il esposer.

En grant barnage fu Looïs entrez :

Quant il fu riches Guillelme n'en sot gré.

2672 B* commencent; A la guerre a mener 2673-2688 Pour la fin du poème j'ai adopté le texte de A; voici de suite les variantes de B^ : Quant voit g. le marchis au cort nez A lui se claime des barons du règne Qui si li gastent sa terre et serite G. lot forment len a pesé Lors fist le roi er- raument cheminer Droit a laon len a il fet aler A ceus de- denz a fet sur sainz jurer Quil garderont lor seignor naturel Et il si font volentiers et de gre Adonc ni volt li quens plus demou- rer Ceus qui guerroient commence a trebouler Leur viles proie leur terres fait gaster Tant les a fet par force démener Et leur haus murs pecoier et quasser Dedenz .1. an les a il liex menez Que .XV. contes a fet au roy aler Du roi leur fist tenir leur héritez Molt bien serui le roy li bachelers Tant en fu bien du roi et du barne Que sa serour li fist il espouser Tous les barons fist a lui acordcr En grant barnage fist loeys entrer Ses riches terres li a fet aquiter Riche le fist li vaillanz bacheler Mes ne len sot rois loeys nul gre Si com orroiz se lauez cscoute

APPENDICES

I. - TEXTE DU MANUSCRIT D

Seignor baron, plairoit vos un esanple, Bone chançon, cortoise et avenante ? Cant Deus prist primes nonante et .ix. reaumes, Nonante dus et nonnante duchesmes (sic),

5 Lou premier roi que Deus tramist en France

Coronés fut par anuntion d'angles ; Pour ce dit il toutes terre i apendent, Qu'il i apent Bavière et Alemaigne, Toute Borgoigne, Loheraine et Tocane,

10 Poitou, Gascogne dec'au marches d'Espaigne.

Seignor baron, plairoit vos c'on vos chant Bone chançon, cortoise et avenant ? C'est de Loys, lou cortois et lou franc, De saint G., lou hardi combatant. i5 Vilain jugleres ne cuit que ja s'en vent

.1. mot en die, se ge ne li comment.

Rois qui de France porte corone d'or Bien doit mener .c". homes en ost, Par mi les pors, en Espaigne la fort. 20 S'il en trove home qui l'an face nul tort,

Tant lou demoine qu'i l'ait ou pris ou mort. Que devent lui en fait gésir lou cors. Se ce ne fait, France a perdut son los; Ce dit la geste : « Coronés est a tort. »

25 Quant la chapelle fut ben[e]ïte a Aix,

Et li mostiers fut bcncïs et fais,

122 LI CORONEMENZ LOOlS

Tel plait i out tel n'i avra ja mais. Por la justice la povre gent i trait : Dont fist on droit, mais or no fait on mais; 3o Por les loyiers sont remeis maint bon plait;

Par covoitise l'ont li riche home atrait, Dont il avront enfer, lou tout punais, El puis d'anfer dont n'iseront ja mais.

Lou jor i out .xl. et .x. abés,

35 Et si out bien .iiii. rois coronés.

Uns arcevesques en est en pies levés ; Bien fut vestus des armes Damedé(s), Si faitement com messe dut chanter; Voit lou barnaige, sel prist a apeler :

40 « Châles mes sires a molt lou tens usé;

Violz est et frailles et chanus et barbés, Si ne puet mais ses garnement porter, Ses os conduire, ne an cheval monter. I lait .1. fil qui la voira doner;

45 Lo(e)ys a nom, s'il vit que molt ert bers. »

François l'entendent, s{i) 'en ont joie mené, Qu'estrange rois n'iert sus aus alevés. Cant K. voit que tuit li ont gréé. Son fil Loys a li bers apelé :

5o « Beaus filz, » dist il, « envers moi entendes

Tu avras, filz, mon realme a garder ; Or te voil ge proier et commender Que honor gardes sainte crestienté. De veves dame mesdisant n'achater {sic),

55 Ne orphe enfent ne fai deseriter,

Ne nul povre home ne faire en plait antrer. Se ce ne faites, ja mar la baillerés. » Looys l'ot, lou sanc cuide desver; N'alast avent por les menbres coper.

60 K. lo voit, lo sanc cuide desver :

« Biaus filz Lo(o)ys, voi ici la corone, Si la t'aporte l'apostoille de Rome. Paiene gent dois destruire et confondre : Se ce ne fais, France est tornce a honte.

LI CORONEMENZ LOOÏS i 23

65 Ce dist la geste, a tort porte(roie)s corone.

Looys Tôt, ne volt .i. mot respondre. K. lo voit, s'en eut au cuer grant honte.

« Biaus filz Lo(o)ys, » ce dist K. H fiers,

a Se tu dois, filz, prendre les faus lo[i]ers, 70 Fauses mesures, ne faire faus sestiers,

Ne vaives dames ses cha(s)tés retranchier,

Ne l'orfe enfent dois faire pladoier,

Ne lou povre home ne faire cortoier,

De Damedeu, beaus filz, je vos dévié, 75 Lou glorious, la corone baiilier. »

Loys Tentent, lou sanc cuide changier ;

N'alast avent por les menbres tranchier.

Gant lo voit K., a poi n'est enragiés:

« Ha! Deus, » dist K., « com or suis engingniés! 80 Delés ma feme se cocha aversier,

Ou malvais queus, ou aucuns boutilliers,

Qui engendra cest malvais iritier.

Mais, par l'apostre c'on a Rome requiert,

Je li ferai .11. des menbres tranchier, 85 An son ma table li donrai a mengier,

Mais non portant n'en aiez reprochier;

Sonez les cloches, si soiez marlerrier;

Car s'il est rois ceu iert deus et pichiés ;

Ja li reaumes n'iert par lui justiciez. » 90 Et d'autre part fut Herneïs d'Orliens ;

En toutes cors n'ot peior chevalier,

Ne plus traîtres por son seignor boisier;

IncUement s'est contre mont dreciés,

Devent lo roi en vint ester en pies : 95 « Drois enpereres, » dist Herneïs d'Orliens,

« Si m'aïst Deus, mal dites et pechiés :

Mes sire(s) est jones, n'a que .xv. ans antiers,

Ja seroit mort qu'en feroit chcvalier{s).

Mais la corone, se vos plaist, me baillie's;

74 Ms. ne! vos deviez 73 Ms. ne bailliez 87 Ms. Soner 91 Ms. paor 9g Ms. M. s. v. p. l. c. m. b.

124 ^' CORONEMENZ I.OOIS

100 D'ui en .vu. ens li garderai molt bien ;

Croisserai li ses terres et ses fiés,

Puis li rendrai de grés et volantiers. »

François l'otrient cant oient lou louier.

Il fust jai rois, cant G. i vint. io5 Li gentis cuens repaire de chacier,

En sa compaigne .iiii^x. chevaliers

De prime barbe, de novel afaitiés.

Cors ont d'ivoire, por lou soner ligier.

Isnellement sont descendu a pie, iio Desous .1. ourme, devent Tuis do mostier.

Ses niés Bertran li corut a l'estrier ;

Plus tost qu'il pot li a dit et nuntié

Si com liglos, li traître, a boisié.

Et distG. : « Dont venés vos, biau niés? 11 5 Por Deu, [biaus] oncles, ge vien de cest mostier.

Ou j'ai maint tort et maint pichié.

Herneïs velt son droit seignor boisier;

Sempres iert rois, François l'ont otrié ;

[Que] la corone li velt on mètre o chief. » 1 20 Out lou G . , lou sanc cuide changier :

Voir, » dist li cuens, « i lou conperrachier. »

Si faitement est antres o moustier,

Heuses vesties et espérons chauciés,

Desront la presse des barons chevaliers ; ia5 Trove Hernaïs, qui an la chiere siet,

Ke la corone li volt on mètre o chief.

Il passe avent, des poinz li a sachié.

Par maltalent desus l'autel l'asiet ;

Por .1. petit qu'il ne l'a peçoié. j3o Isnellement est restornés aiers,

Et mist la main a l'espec d'acier.

Or out en pens qu'il li copast lou chief,

Cant li manbra do glorious do ciel,

D'ome a o(r)cire ce est molt grant pichiés. i35 Hauce lou poing, sor lou col li asiet,

Desor lou marbre lou fait agcnoillier :

127 Ms. iora s.

Ll GORONEMENZ LOOÏS 125

« Glos, » dist G., « lichieres pautonnîer,

Por coi vels tu ton droit seignor boisier ?

Ja es tu suens et des mains et des pies, 1 40 Et si te puet et bourre {sic) et engagier.

Droit l'an feras par les iolz de mon chief,

Ou se ce non, par la vertus do ciel,

De ceste espee qui me pent a mon

Je t'en fandrai dec'au neu do braier. » 145 Cil lou regarde, si l'a molt resoignié :

« Mercis, » dist il, « por la vertus do chiel!

Droit l'an ferai, s'i lou daigne baillier. »

Et dist li cuens : « Tos est aparailliés. »

Entre ses poinz li a son guant ploie, 1 5o Droit li a fait, voient maint chevalier :

« Hei! Looys, » dist G. li fiers,

t En ceste cort te velt on forjugier ;

Mais, par l'apostre c'on a Rome requier[t],

N'i a François tant orguillous et fier, i55 Se de riens née vos velt contraloier,

C'a mon espee ne li cope lou chief.

Ja serois rois, se Deus vos velt aidier,

Lou glorious, qui lassus maint o ciel. »

Prist sor l'autel la corone d'or mier, 160 Vint a l'anfent, si li a mis ou chief :

« Tenés, beau sire, en l'onor Deu do ciel,

Qui vos laist estre veraies justicier,

Et foi porter vos barons chevaliers. »

B. li aies espérons chauciés, i65 Et dan Garin d'Anseline li vielz

Li çaint l'espee, com geniis chevalier.

A l'adouber out .vu ". chevaliers.

A la cort fut li conte Berangier,

Huel de Nantes, Landri li timoniers, 170 N. li dus et li DenoisOgiers,

.LX. conte qui molt font a prisier.

G. sert son seignor droiturier,

i38 Ms. velt 141 Àfs. ferai 149 Ms. grant ploicr 167 Aïs. Et ladouber

ia6 LI CORON EMENZ LOOÏS

C'o palais fut bien lou dut otrier : « Bias filz Loys, « ce dist K. li tiers,

175 « Coronés estes, ia mercis Deu do ciel. Bon greis en ait G. li guerriers, Il et ses freires Guibelin li prisiés. Li suens lignages alo mien esaucié. Or te voil ge proier et chastoier

180 C'a honor gardes tes barons chevaliers.

Et sainte iglise panse de l'essaucier. Et il respont : « Biau sire, volantiers. »

« Béas [filz] Loys, * ce dist K. li ber, « Coronés estes, la merci Damedé.

i85 Bons grés en ait G. au cor neis,

Il et ses freires Guiber li aloses. Or te voil ge proier et commander Que sainte iglise panses de l'onorer. Et respont cil : 0 Si com vos commandés.

190 Et de tes homes ne te chalt a blâmer; De lor talant les lai(t) assés errer : Par aus seras chier tenus et amés, En toutes cors servis et honorés. » Et il respont : a Si com vos commandés. »

195 La cort despart, li consail sont fine.

Et chascuns prince repaire an son rené. Hui mais orés comment il ont fine ; Tos est bonis qui ne seit ou torner.

« Béas filz Loys, » rois K. li a dit, 200 « Ja mal vais home ne laissier o païs:

Tant lou demoignes que l'aies mort ou pris. C'a mal guepir en fai lou cors venir. » Et il respont : « Tout a vostre plaisir. »

« Béas filz Loys, ne vos cèlerai mie, 2o5 Grant mas m'est pris ancontre la poitrine;

Ceu est la mort, n'en eschaperai mie.

178 Ms. et 1. m. e.

Ll CORONEMENZ LOOIS 1^7

Or ne lairai, baus filz, ne vos chastie : A honor gardes ta grant chevalerie, Si com j'ai fait de ma prumiere vie ; 210 Qui me menace je nou poi amer mie,

Qui me gueroie bien sai qu'il me défie ; Se jou pou prendre, il n'en out garentise, Fors que de tant ou d'ardoir ou d'ocire, Lou cuer tranchier par desos la poitrine. »

1 1 5 « Beaus fils Loys, a celer ne vos quier,

Ja au povre home ne te chaut de tancier;

Se il se claime, ne te doitesnoier,

Ansins lou dois maintenir et aidier,

Por l'amor Deu, qui lassus maint o ciel ; 220 Vers l'orguillox te dois foire (sic) si fiers

Comme leupart que gent voille mangier ;

Et s'il te velt de riens contralier.

Si mande en France tes barons chevaliers,

Tant que tu'n aies dec'a .xxx"». 225 (La) Ou miolx se fie la lou fai(t) assigier,

Toute sa terre gaster et esillier;

Et se to pues a tes .ii. poins baillier,

Mar en avras manade ne pitié,

Fors que de pandre, d'ardoir ou de noier; 23o Que se François te voient antrepiés,

Diroient Norment en nom de reprochier :

« De tel seignor n'avriens nos mestier.

Mai dahait ait par mi la crois do chief

« Qui avoc lui ira mais ostoier, 235 « Ne a sa cori ira por cortoier!

« Do suen meïsmes lou paierons nos bien. »

Mais an G., lou gentil chevalier.

Fil Aymeri de Nerbone lo viel,

Pros est aus armes et corageus et fier, 240 Se il te velt maintenir et aidier,

En sa parole te pues tu bien fier. »

Et dist Loys : « Voir dites, par mon chief. »

217 Aïs. il t. d. ft.

128 Ll CORONEMENZ LOOÏS

Tous les degrés en aval[a] a piet,

Ains ne fina si en vint au mostier. 245 La a trové G. a vis fier,

Ou proie Deu, lou glorious do ciel,

Qu'i li amaint tel terre[s] et tel fiés,

Dont dolant soient Sarrasin et paien;

Es vos l'anfent qui li chaï aus pies; 2 5o Voit lou li cuens, molt s'an est mervailliés;

I li demande : « Mes damoixias, que quiers?

E non Deu, sire, manades et pitiés.

Mes sires dit qu'estes bons chevaliers,

Et pros as armes, et corageuset fiers : 255 Si vos lairai mes terres et mes fiés.

Ses me(s) gardés, gentis frans chevaliers,

Por l'amor Deu, lou gloriox do ciel.

Tant que ge puisse errer et chevalchier:

Preu i avrés, par les iolx de mon chief. » 260 Et dist li cuens : « De gré et volantiers,

Tant con porrai errer et chevalchier. »

P{r)ur ce li vait desor les sains jurer.

I li jurait, il i entendi bien;

Et enbedoui remontent o planchier, 265 En une chanbre, n'ot si belle sos ciel,

Ancortinee de brun pailles roés.

K. i gist de la mort angoissiés.

L'anperere est confès et commeniez.

Li cors s'estant devent aus o planchier, 270 L'ame s'an vait, que n'i volt plus targier.

Plorent i dames, pucelles et moilliers,

Et clerc et lai, sergent et chevaliers;

Sonent ces cloches par anples ces mostiers;

Tout de lor greit sonoient volantiers. 275 Lou cors en portent, ne l'i volent laissier,

En la chapelle, ens en mi lou mostier.

Quant mors fu K. a la chenue teste, En l'en porta a Aix en la chapelle;

244 Aïs. An n f. 2ji Ms. P. so âmes - 276 Ms. en ens 278 Ms. En l'enportet a aiez e. 1. c.

Ll CORONEMENZ LOOIS I29

Teil sépulture n'avra mais rois en terre. 280 II ne gist mie, ançois i siet a certes....

Sus ses genolz, l'espee an son poin destre :

Ancor menace la pute gent averse.

Son fil Loys, qu'i laissa en grant presse,

Se cil li faillent qui a lui dussent estre, 285 En petit d'ore avroit perdu(e) sa terre,

Gant lou retint et B. et Guillermes.

Quant voit G. ne la pora durer,

Fort lou demoinent li traïtor prové,

C'an nul termine no laissent sejorner, 290 N'a tort, n'a droit, ne au bien, ne au mel,

I vaist l'auberc, si a l'iaume fermé,

Çainte a l'espee an senestre costé,

A son col pent .1. fort escut bouclé,

Et en ses poins .1. roi espiet quarré, 295 A .III. clos d'or lou confanon fermé,

Puis en monta .1. destier sejorné,

Lo[o]ys porte a Loon la cité.

Les plus vaillans a G. apelé :

« Seignor, por Deu, envers moi entendes : 3oo Por Deu vos pri cest enfent me gardés.

Que ne l'ocient li traïtor prové ;

Je panseroi de la guerre mener. »

Et il respondent : « Si con vos commendés. »

Aieres torne li vasas adurés ; 3o5 Sor son destier est aieres armés ;

Or encommencent li fort estor chanpés.

De ponz trenchier, de barres a coper(t),

De maintes gent ocire et afoler;

En pou de terme les out il si menés 3 10 Plus de .Lx. en fist a cort aler.

Droit a Loys, a Loon la cité(r).

As pies li vont por la mercis crier;

Trestuit li font homage et s[eJUrté,

No falront mais por nul ami charnel. 3i5 Loys fut riche, n'en sol G. gré.

3i5 Ms. : La fut riche Loys

|30 Ll CORONEMENZ LOOÏS

II. - TEXTE DU MANUSCRIT C

Vait s'en Guill. au cort nés, li guerriers, (xxxvi)

Il apela son neveu Vivien,

Bertran le conte et le vassal Gautier :

« Seignor baron, pensés de Tesploitier : 12 10 A .11. sergans faites par l'ost huchier

Qu'il n'aient cure de ceval espargnier :

Qui pert ronchi il li rendra destrier.

Au malvais plait vel estre a commenchier,

Car, par l'apostle que on requiert a pie,

Tels se fait ore et orguelloz et fier

Dont la cervele li bourra a ses pies.

Dient Romain : « Com cis hom par est fiers !

Ki li faura trop ara cuer lannier.

Diex le defFenge de mort et d'enconbrier! » 1220 De lor jornees ne vous sai anonchier :

Desi a Tors ne valrent atargier.

Defors la vile ot .i. bruelle plenier :

Illuec laissa molt de ses chevaliers.

Par molt grant sens li estuet esploitier :

En .1111. lieus les a fait enbuissier ;

Mais ses nevels ne valt il pas laissier ;

Dusc'a la porte ne fine de brochier,

Isnelement apele(nt) le portier :

« Oevre la porte, Diex garisse ton chief. i23o Jou vieng ichi roi Loey aidier :

Demain serra coronés au moustier.

Si serra rois, car François l'ont jugié. »

I. Les i2o5 premiers vers du manuscrit G sont donnés dans les variantes des i5oo premiers vers du texte critique. Le nombre en chiffres romains placé à droite du premier vers de chaque laisse est celui delà laisse correspondante du texte critique.— 12 13 Ms. : ne lestre.

LI CORONEMENZ LOOÏS l3l

Li portiers Tôt, le sens quide cangier, Tenrement pleure des biax iex de son cief, Et dist souef, que il l'entendent bien : « (E) Loey sire, con povre recouvrier! Jhesus vous puist et secorre et aidier! N'en pues aler sans les menbres trenchier! Sainte Marie, » dist li gentiex portiers,

1240 « Tôt sont perdu li vallant chevalier Et li lignages Aimeri le guerrier, Qui si soloit son bon seignor aidier. » Dist a Guill. ; « N'i i (sic) métrés les pie's. Trop i a il traïtors renoie's. Diex les confonde qui tôt a a baillier! Je ne voel pas que plus les cherissiés. C'est grans mervelle que terre vos soustient; Je volroie ore que fondist soz vos pies, Et Loeys fust a Rains a son fief:

i2 5o De malvais pule seroit li mons vengiés. » Ot le Guill., si a croUé le chief; Dist a Bertran : 0 Ascoute's, sire niés. De cest affaire n'en est cis gaires liés. Qui son corage li aroit acointié(r). Il nos poroit avoir molt graut mestier. »

0 Amis biax frère, » dist Guill. li ber, (xxxvii) « Estroitçment m'as ton mostier vaé. Se tu savoies de quel terre sui Et de quels gens et de quel parenté, 1260 A tes essamples, con t'ai conter,

Le m'overroies volentiers et de gré. » " Li portiers l'ot, si est en pies levés, Le guichet oevre tant qu'il Ta esgafdé; Dont l'en apele par grant nobilité : « Hé! jentiex hom, por Dieu de majesté. Qui estes vos? Dites moi vérités. » Respont Guill. : « Ja en orrés parler ;

1248 Ms. : sor V. p. 1257 Ms. : mestier. 1263 Ms. : les a esgardtfs.

l32 LI CORONEMENZ LOOÏS

Je suis Guill., li marcis au cort nés, Fiex Aimeri de Nerbone sor mer. 1270 Chi vieng secorre mon seignor nature,

Et vieng de Romme, molt ai mon cors pené

Ne li fauroie por les menbres couper. »

Li portiers Tôt, Dieu en a merchié :

« Sire Guill., a moi en entende's :

En ceste vile est ja .1. dus entrés,

Cil de Ruem, Ricars li viex barbés;

S'a .1. trésor mervelloz asamblé.

Dont il a tant as chevaliers donné.

As dus, as contes, as princes, as casés,

1280 Toz les plus rices a envers lui tomes, Et tôt li ont et plevi et juré De toute France fera sa volenté. Il vielt par force .1. sien fil coroner. Et Loey del tôt desireter. Grant mervelle est que il n'est mors jetés, Mes il est bien el mosiier enserrés : Ne garde l'eure qu'il ait le cief coupé. Jentiex hom, sire, petit de gent avés Por lor efiforche soffrir ne endurer. »

1290 Et dist li quens : « Nos en avrons assés ; En .1111. agais sont la defors remés .M. chevalier garni et apresté. Quant il m'orront mon maistre cor soner De grant socors ne sui pas esgarés ; Chi a .iic . ou molt me puis fier. Sous les dras ont les haubers endosés, Et avoec als les bons brans acherés. Les autres armes avons faites torser. Li escuier ont les escus bouclés. »

i3oo Dist li portiers : « Diex en soit aourés! Se mes consaus en estoit demandés, Toz li agais seroit ja désertés Et par message coiement amenés. Li traïtor sont chaiens enserré : Ou les querras quant chi les as trovés ? Toutes les portes faites molt bien fremer, Qu'il ne se peussent partir ne desevrer.

Ll CORONEMENZ LOOÏS I 33

Il est matin, encore n'est leve's : Fiex a baron, ne vos asseiirés; i3io Vengier t'en pues ains que soient armé. » OUe Guill., si a le chief crolle'. Bertran et Vivien a le quens apelé : « Diex ! quel conseil on puet en lui trouver! »

Quant li portiers entendi la novele (xxxvui)

Que ch'est Guill., qui proeche governe, Fiex Aimeri a la florie teste, Teil joie en a toz li cuers li sautele : « ! Diex, * dist il, « vrais glorious celestre, Qui vous aidiés empiriés ne puet estre,

i320 Ancui orra li dus Rie. noveles

Qui li seront dolerouses et pesmes.

En son service ne valroie mie estre.

Contre Guill. ert ja la porte ouverte,

N'i remanra ne bare ne posterne. »

Isnelement le grant porte defferme,

Et li portiers doucement l'en apele :

« E! jentiex hom, va le venjanche querre

Des traïtors qui contre toi révèlent.

Voir, » dist li quens, « ensi doit il bien estre. »

i33o Tout coiement .1. messagier apele :

0 Va me la fors a Gautiers de Tudele, Garin de Romme me dites la novele, Qu'encontre mi sont les portes ouvertes. Qui velt avoir gaaignier et conquerre Si viegne tost, n'i ait noise ne fesle. » Vait s'ent li mes, qui gaires n'i areste, Jusc'as agais ne fine ne ne cesse. Isnelement lor conte la novele. Quant cil l'entendent, si montèrent es seles,

1340 Jusc'a la porte n'i ot tenue règne. Voi le Guill., coiement l'en apele : Tenés seri les destriers de Castele. » Dusc'au marchié de noient ne s'arestent;

1 309 Ms. : Fuies baron - 1 3 1 1 Lise^ : Ot le— 1 3 1 2 vers alexandrin.

l34 LI CORONEMENZ LOOÏS

Chou quident cil qui furent as fenestres Chou fust des lor qui lor venist requerre, Des gens Rikier a la kenue teste, Mes il orront anqui autre novele, Qui lôr seront dolerouses et pesmes.

Quant voitGuill., 11 marcis au vis fier, (xxxix)

i35o Dedens la porte sont tôt 11 chevalier, Il en apele Bertran le bon guerrier : « En vo conpaigne prendés .c. chevaliers ; A celé porte irés o le portier. La m'en irés, jentiex hom, por gaitier, Que il n'en isse serjant ne chevaliers, Ne hom el mont tant com face proier. » Et cil respont : « Biax sire, volentiers. Li quens Guill. apele le portier : « Amis biax frère, .i. conseil vous requier : Jou ai molt gent, com ert de l'herbergier ?

1 36o Sire, » dist il, « molt en sui esmaié, Il n'i a croûte, ne vaute ne celier Qui ne soit plaine d'armes et de destriers. Et par ces loges gisent cil chevalier. Vostre est la force, garde's que ne targiés : Isnelement les faites deslogier. Et les ostex tolir et efForchier ; Qui se deffent batus soit et froissie's. D'autre conseil ne vous sai conseillier,

iSjo Car liproiers ne vauroit .i. denier.

Li homs qui vielt teil aise commenchier Doit plus fiers estre de sangler de ramier. Jou voi bien gens de bien faire haitiés, Desoz les costes sont li hauberc doublier, Desoz les capes li branc forbi d'achier : Faites les toz de ces dras despoUier, L'autre harnas faites mètre en lor cie's. Si gart cascun qu'il ait l'elrne lachié Et dale's lui tiegne son escuier,

i38o Cal grant besoing ait tost son recouvrier Au bon escu et au trenchant espiel. Quant vous venés por Loey aidier.

LI CORONEMENZ LOOÏS J 35

Molt fièrement le doit on commenchier, Que on en face les plus [fiers] esmaier. Voir, » dist Guill., « bien m'avés consellié, Par saint Denis, et jou miex ne requier. Ne serés me's ne gaites ne huissiers. » Il li donna .i. auferrant destrier. Molt le vit bel et gent et ensignie', iSgo Si l'adouba a loy de chevalier.

De son service a rechut son loier.

Li bers Guill. fu molt preus et hardis. (xl)

Il en apele et Gerbert et Jerin;

Si neveu furent et de sa seror fil :

« A celé porte qui oevre vers Paris,

La m'en irés, franc chevalier jentil,

En vo conpaigne de chevaliers .vu. vins,

A cleres armes et as cevals de pris.

Gardés n'en isse nus hom de mère vis. 1400 La félonie est chaiens del païs,

Si sui venus por aidier Loeys,

Sel menterrai se Dieu plaist et jou vif. »

Et cil respondent : « Tôt a vostre devis. »

Vait s'en Guill. li droiturier chemin.

Par mi les rues s'en vait vers Saint Martin.

En la cité n'a porte ne postis

Ou il n'eiist de ses chevaliers vint.

Lieve la noise, es les vos estormis ;

Encor ne sevent que chou lor soit rentis. 1410 Vait s'ent Guill. au cort nés, le marcis,

Dusc'al mostier, par dedens le parvis.

A pié descent del bon ceval de pris,

El mostier entre, crois fist devant son vis,

Desor le marbre, devant le crucefis,

Fait s'orison, a genoillons s'est mis,

Dieu reclama qui onques ne menti :

« Glorieus rois, qui le monde fesis,

Si com c'est voir que Adam beneïs,

Lui et se feme mesis en paradis, 1420 Et qu'il en fu par son pechié partis.

Et por vo cors en convint a soffrir

l36 LI CORONEMENZ LOOÏS

Le ruiste paine au jor de venredi,

Si com c'est voirs, par la toie merchi,

Si me rendes mon seignor Loey,

Mon droit seignor que j'ai de lonc requis. »

A tant es vos .i. sage clerc ou vint ;

Bien reconnut Guill. le marcis,

Desor l'espaule li a le doit asis.

Li quens se dreche, se li mostre le vis.

1430 II li demande : « Que quere's vos, amis? » Et dist li clers, qui molt bien fu apris : « Sire Guill., por l'amor Dieu, mercis, Quant venus estes por aidier Loeys. La félonie est chaiens del pais; Des traïtors a chaiens .1111. vins, Que clers, que vesques, que moines beneïs. Frans hom, fremés les huis de Saint Martin, As traïtors faites les iex tolir : Tôt le pechié del mostier preingsor mi.

1440 Voir, » dist Guill., « bon conseil m'aves dit. Bien soit del homme qui si bon clerc norri. Le fil Karlon, qui je ma foi plevi, Ou le trouvrai ? car forment le désir. » Et distli clers : « Ne vous en quier mentir, Jou l'amenrai, se Dieu plaist et jou vif. » Va en la croûte ou il estoit fuis; La le gardoit .1. abes beneïs : Ne gardent l'eure candoi fussent ocis. Es vos le clerc, par le puing l'a saisi :

1450 « Damoisiaus sire, plus iés doute's d'amis Que ne quidoies ier main a l'esclarcir. Chi te sekeurt Guill. li marcis, Cil de Nerbone, qui fu fiex Aimeri. Il vient de Romme, tous lassez et débris, A grans jornees por ton cors garandir, A .xii". de chevaliers jentis, A cleres armes et as chevals de pris. Les pues trouver devant le crucefis. Si n'i a bare, ne porte, ne postis,

1460 Ne grant destroit que il n'ait fait saisir. Or soies preus, baus et seiirs et fis.

LI CORONEMENZ LOOÏS I $7

Mar douterés nul homme qui soit vis; Garant aras contre tes anemis. » Loeys Tôt, molt joians en devint. Li clers s'en torne et li abes jentis ; L'enfant en mainent tous les degrés marbrins, Desi au conte ne prisent onques fin. Li jentiex abes l'en a a raison mis : « Entendes moi, fiex a roi de bon lin : 1470 Vois la le conte qui sa foi te plevi;

Ne te fauroit por homme qui soit vis. »

Li jentiex abes a l'enfant araisnié : (xu)

a Fiex a baron, va li caoir al pié Tant que il t'ait plevi et fianchié Qu'il t'aidera, nel laira por mescief. » Au pié li va por la merchi proier Et l'esporon li a estroit baisié. Li quens Guill. l'en prent a araisnier : « Lieve toi sus; ne te connois de rien,

1480 Mes neporquant ne m'as tant corechié, Puis c'as tant fait qu'es venus a mon pié, Que ne te soit pardoné volentiers. » Et dist li abes, qui fu ses amparliers : « En non Dieu, sire, tôt autre cose quiert : C'est Loeys, fiex Karlon au vis fier. Qui vous requiert et manaide et pitié. Por voir est mors se vos ne li aidiés. » O le Guill., le sens quide cangier; Desor le marbre se r'est ajenoilliés,

1490 Par mi les flans a l'enfant enbrachié Par grant amor, se l'a .111. fois baisié : « Damoisiaus sire, cil m'a molt engignié Qui te rova chi venir a mon pié. N'est hom, s'a tort t'a fait del tien irié, Nel te desraisne tant que sera jugié. » Il en apele les jentiex chevaliers : « .L jugement voel que vous me faciès :

1468 Ms.: les a a r. m. 148^ Ms. : Et dist Guill.

l38 LI CORONEMENZ LOOÏS

Puis que l'omme est coronés au mostier, Doit il puis faire traison por loier? i5oo Ncnil, biau sire, » respondent li guerrier.

« Et s'il le fait, quels en est li loiers?

Pendus doit estre comme leres fosiers. »

Et dist li quens : « Et jou miels ne vous quier. Par saint Denis, bien m'avrés consillic; Me's l'ordre Dieu ne voel mie abaissier, Et neporquant le comparront il chier. »

En pie's s'estut li quens au fier corage. (xlii)

Le jugement a del barnage :

El cancel entre, que de rien ne se targe ; i5io lUuec trouva les vesques et les abes

Qui otroierent le duel et le damage

Del fil Rie. de Ruem a la barbe.

A els s'en va Guill. Fierebrache,

Toutes les croces fors des puins lor esrace ;

A Loey son droit seignor les baille.

Voi le li enfes, liés fu en son corage.

Li quens Guill. par mi les flans l'enbrache.

Tout en plorant li baisa le visage.

Li quens s'en torne, voiant tôt le barnage. i520 (Tôt en plorant li baisa le visage.)

Il fera ja as clers molt grant hontage :

Drois est qu'il ait cil qui le mal porcace

Ordenés sont, si nés vielt toucier d'armes,

Me's as bastons les fait deronpre et batre.

N'i a celui tant soit de haut parage,

Ou arcevesques ou vesques ou dans abes,

Ne soit sanglens el col ou el visage.

Fors del mostier les trebucent et cachent;

Saint Picre jure, que on requiert en l'arce, i53o S'il nel laissoit por Dieu l'esperitable,

Ja les corones ne lor feroient carge.

Li quens Guill. fu molt chevalerous (xliii)

Et preus et sages et plains de grant honor : A Loey son seignor vint le jour, Il l'en apele, dit li a par amors ;

LI CORONEMENZ LOOÏS £ Sg

« Loey sire, de qui vous plaignie's vous ?

En non Dieu, sire, del fil Rie. le rous, Qui tant par est et fiers et orguellous.

Et de son père me plaing je desor tous;

1 540 Por son avoir me fait si angoissous

Hui m'eiist mort se Diex ne fust et vous. » Ot le Guill., si froncha le grenon. Il apela Aliaume son nevou : « Ale's me tost al Normant orguellous. Mais n'i parle's ne de pais ne d'amor, Mes dites li qu'il viegne a nostre court, Por faire droit Loey son seignor, Isnelement, car de lui se plaint molt. Et s'il demande quel effort nos avons,

i35o Et vos li dites .xl. conpaignons. »

Et dit Aliaumes : « Irai jou dont tous sous ?

O vos, biaus nie's, en vo main .1. baston. » Cil ne respont nule riens se bien non :

« Nie's, » dist Guill., « entendes ma raison : Très bien le dites, oiant tous les barons, Ains qu'il soit vespres estera si hontous N'i volroit estre por tôt l'or saint Simon. » Et dist Aliaumes : « A Dieu beneïchon. Bien li dirai, qui qu'en poist ne qui non,

i36o Ja n'i larai [un] point de la raison. » Il est montés sor .1. mul aragon ; Par mi l'estree s'en va a esporon. Vint a l'ostel au Normant orguellous ; Leve's estoit, molt ot de compaignons; Vestus estoit a loy d'empereor. Car coronés devoit estre cel jor. En poi de terme cangera sa raison. Encor ne seit noveles del baron Par qui il ot le jor si grant dolor.

ibyo II le tua, qu'il n'ot confession.

Es vous Aliaume qui descent au perron. Il est montés les degrés contre mont, Voit le Normant qui tant est orguellous,

1 53 jMs. : del fel Rie.

140 LI CORONEMENZ LOOIS

Il n'i parole ne de pais ne d'amor : « Sire, » dist il, « entende's ma raison : Ne vous salu, deffendu le m'a on. Seis que te mande Guill. li frans hom. C'est Fierebrace, qui cuer a de baron ? Vien faire droit Loeys ton seignor, i58o Isnelement, car de toi se plaint molt. » Li Normans l'ot, a poi d'ire ne font. Il le regarde, si li dist par irour : a Seis tu conbien il a de conpaignons?

En non Dieu, sire, .xxx. chevalier sont.

Amis biax frère, » li Normans li respont, « Di moi ton oncle, le nobile baron.

Que il otroit chou que li autre font, (bis) .IIII. sommiers li donrai a bandon, Cargie's de pailes et de molt chiglaton; 1590 Une chite' esgart tôt a son bon. Si li donrai, s'il otroie le don De le corone, si que nos le querons ; Encor n'a il ne terre ne honor, Je l'en donrai a sa devision. Ja Loeys ne valra .1. bouton, Bien seroit France perdue a cel garchon.

Voir, » dist Aliaumes, « chi a foie raison. Il nel feroit por tôt l'or de Valon.

Encor vos mande Guill. li frans hom 1600 Plus cruel cose que chi nommé n'avon ; Se vous cest plait refuse's a estrous, Encor anqui en sere's vous hontous, N'i vauriés estre por Rains ne por Soisons. » Li Normans l'ot, a poi d'ire ne font. Grant honte en ot por cels qui l'ont; Dist au message : « Je te tieng por bricon ; Toi ne ton oncle ne pris jou .1. bouton; Puis que n'i puis trover pais ne amor Bien le deffi, ce sache il de par vous; 1610 Tost i perdra le cief sor le menton. »

Et dist Aliaumes : « Entendu vous avon ;

1579 ^^- '■ ^^"^ fraire 082 3/s. : Il se r.

LI CORONEMENZ LOOIS I4I

Tôt autre teil vous redi de par nos.

Li Normans fu et orguellous et fiers; (xliv

Bien le regarde et al chief et as pies,

Et bien conut que il ert escuiers :

« Di va, vallet, tu m'as molt manechié ;

Ne fust por chou que tu es messagiers,

Jou te feïsse toz les menbre trenchier.

De cel tien oncle ne donroie .1. denier. 1620 Quant par amors ne m'i puis apoier,

S'il vielt bataille, je sui aparelliés.

Encor ai jou tex .xxx. chevaliers

N'i a celi ne tiegne de moi fief,

Que dus, que contes .xxv., par mon chief.

Qui trestot m'ont juré et fianchiét

Ne me fauront por les menbres trenchier. »

Et dist Aliaumes : « Chou m'estuet renonchier. »

A perron est au mulet repairiés,

Isnelement i monta par Testrier. i63o Li Normans fait sa gent aparellier,

Et li messages s'en rêva eslaissiés.

Encontre va Guill. li guerriers :

« Biax nies Aliaumes, com avés esploitié?

En non Dieu, sire, n'i a point d'amistié.

Assés vous off're et argent et or mier,

Et se li dis ja nel rouvriés baillier,

Et se li dis nonbre des chevaliers.

Lues maintenant i fustes manechiés.

Ne Loey a son seignor ne tient, 1640 Ne le coronne ne velt il pas laissier.

Par vive force le vaura avanchier.

Car li baron li ont tôt otroiét. »

Ot le Guill., le sens quide cangier ;

Par mautalent monta sor son destrier,

A vois escrie : « Que faites, chevalier?

Vous devés bien vo droit seignor aidier. »

Il fait soner .1. graille menuier.

Qui dont veïst la gent Guill. aidier !

As osteus prendre fu mains nus brans saciés : i65o Qui se deffent tost est a mort jugie's ;

142 LI CORON EMENZ LOOlS

Ne met escange fort de teste trenchier.

Quant cil dedens ont le buscier,

Li escuier, li armé chevalier

En fuies tornent par mons et par braiers,

Nés puet garir ne vaute ne celiers;

Et les borgois ont il pris et loiés.

Li traïtor, qui orent commenchié

Le malvais plait por le Normant aidier,

En fuies tornent par effors de destriers ; 1660 Par mi la porte s'en quident repairier,

Me's a cascune truevent félon portier.

Tel treliage lor i couvint laissier,

Onques n'i orent a preudomme mestier.

Li quens Guill. s'en retorna arrier,

En le maison au franc borgois Hungier;

Le Normant truevent ou n'ot que corechier.

Molt de ses gens l'avoient ja laissié

Por le baron Guill. le guerrier,

Mes tant se fist et orguellous et fiers 1670 Qu'il ne daigna onques merchi proier.

Voi le Guill., le sens quide cangier.

Por chou que (il) est seus et peu i a des siens,

Par vertu sone .1. graille menuier.

Qui dont veïst ces agais desbuissier,

Que li quens ot as portes envoie's 1

Mes bien les font garder et veroillier,

Et a cascune laissent .c. chevaliers.

Et li Normans monte entr'els el destrier.

A tant es vous Bertran poignant premier, 1680 Et Guielin, et son frère le fier,

Et lor cousins, li hardis Viviiens;

En lor effort orent .m. chevaliers.

La veïssie's .1. estor commenchier.

Sor les Normans est tornés li mesciés.

Quant il chou virent ne se porent aidier.

Ne lor efïors ne lor aroit mestier,

Trestot lor bra[n]s jetèrent a lor pie's;

A jointes mains vont la merchi proier.

Li quens les fait retenir et loier, 1690 Et plus de .V. en furent prisonier ;

LI CORONEMENZ LOOÏS 148

Et li Normans s'en fuit le col baissié; Li quens Guill. le suit au dos derier; A sa vois clere li commenche a hucier : « Sire Asselin, li fiex Rie. le viel, Estes .1. poi, je voel a vous plaidier. Car vous venés coroner au mostierl »

Li quens Guill. a le fiere persone (xlv)

Par les grenons le saisist, sel retorne : a Fiex a putain, li cors Dieu te confonde !

1700 Por coi pensas teil duel et si grant honte ? Ton droit signor por coi volsis confondre? Rich. tes pères ne porta aine corone. » Bertran apele, qui tint Tespee longhe : « Biaus niés, » dist il, « conseil vous requeromes De cest glouton, se nos le destruisommes. » Et dist Bertrans : « Que pense's,vous, sire oncles? Son gueredon li rendes a .c. doubles De chou qu'il volt son droit seignor confondre. Or li fermés el cief celé corone

1710 Dont la cervele desrouge jusc'a l'ongle. » Il pase avant, vers Asselin se torne, Ja le veïst se le ferist .c. hommes (sic) Ens en son chief de s'espee le longhe. Quant li escrie quens Guill. ses oncles : « Ne place Dieu, qui forma tôt le monde, Que il ja muire par arme de preudomme! Jou l'ocirai a molt plus grant vergoigne, Si que li oir en aront après honte. »

Li quens Guill. fu orguelloz et fier, (xlvi)

1720 D'arme qu'il porte ne li daigna touchier ; En .1. soif vit .1. pel enfichier, Il passe avant, si l'en a esraehié ; Fiert le Normant par mi le crois du cief, Sanc et cervele en abat a ses pies ; Mort le trebuce. Diex li doinst enconbrier! Issi doit on traïtor essillier,

I70S Ms. : De chou qui! voit.

144 Ï'I CORONEMENZ LOO'lS

Qui son seignor vielt traïr et boissier 11 s'en retorne arrière, li guerrier, Voit Loey, sel corut enbrachier.

1730 Dont li demande li quens par amistié : « Loeys sire, gardés ne me noies, Et car me dites de qui vous vous plaigniés : Le fil Rie. ai mis corone el cief, Mes il n'ira en cest an ostoier, Por homme en terre qui l'en sache proier. Dist Loeys : « Grans mercis en aies. Del traïtor m'avés molt bien vengié, Mes de Rich., le kenu et le viel, Hé! Diex, quel joie se il ert essilliés! »

1740 O le Guill., le sens quide cangier; Il le demande, on li a ensignié : En une crote ert fuis el mostier. Li quens i va après toz eslaissiés ; Au dos le sieuvent .l. chevalier; As flans ont chaint les brans forbis d'achier. Rich. trouva sor .1. marbre couchié De son juïse qui doit estre aprochié. Li quens Guill. nel daigna ains touchier D'arme qu'il porte, de lance ne d'espiel ;

1750 Lieve le puing, ens el col li asiet. Que tôt pasmé le laissa a ses pies ; Forces demande, si li tondra le chief. A .1. coutel a coupé les chevex. Toz cois estoit sor le marbre entailliés. Si doit on bien traïtor essillier, Qui son seignor vielt traïr et boissier. Tant ont li conte a Guill. proie Qu'il nel vielt mie ocire et detrenchier; Ains fu Rich. a Guill. apaisiés.

1760 Le mort son fil clama quite premiers,

Si s'entrebaisent, voiant maint chevalier, Mais celé pais ne valut .11. deniers, Car puis le valt ochire et detrenchier. Mais Diex nel valt soffrir ne otroier.

1758 Ms. : o. ne d.

LI CORONEMENZ LOOÏS l ^.b

Il en apele le bon abé Gautier : « Je m'en irai el règne de Poitiers, Por aquiter mon srgnor droiturier Ses grans contrées as glotons losengiers, Qui li voloient tolir et enforchier; Mon droit seignor vous valdroie laissier: Le nuit le faites a candoile gaitier, Que il ne soit enherbe's ne touchiés; Et quant c'est cose qu'il va esbanoier, En sa conpaigne en maint .c. chevaliers, Car, par Tapostle c'on a Romme requiert, Se jou ooie novele(s) au repairier Que Loeys i elist enconbrier, Toute vostre ordene ne vous aroit mestier Ne vous fesisse toz les menbres trenchier. » 1780 Et dist li abes : « En pardom en plaidiés. Miels ert gardés que li sains el mostier. » A tant s'en part, si demande congiét. O lui amaine dusc'a .m. chevaliers, Et ses neveus que il aime et tient chier. De ses jornees ne vous sai anonchier : Aine ne finerent, si vinrent a Poitiers. Puis i esturent .1111. jors tous entiers.

Li quens Guill., li marcis au cort nés, (xlvii-xlix)

Puis que il fu dedens Poitiers entrés, 1790 Aine ne li lut el règne a sejorner;

Des traïtors i trueve a grant plenté.

Desor Bordiaus a .1. jour dénommé : Rois Marimondes i fu enprisonés;

Puis se fist il baptisier et lever.

Quant li quens a icel camp acuité,

A Piereplate s'en est au gieu aies;

Guires d'Auborc i fu enprisonés.

Qui de Marcois estoit sires clamés :

Li quens le prist, qui molt fist a loer, 1800 En prison l'ot tant com li vint a gré,

Tant com li ot bons ostages livré,

1781 Ms. : Bien e. g.

10

146 LI C0R0NEMEN2 LOOIS

Ch'a Loeys feroit sa volenté, De lui tenroit toutes ses yretés. Por chou fu il a Guill. acordés.

Tant fu Guill. en icele contrée (l|

Qu'il [r]ot par forche Loeys acuitee.

Devers Gironde a sa voie aiornee ;

Li baronnie est avoec lui alee,

Puis prist sa terre, mais forment fu gastee. 1810 Saint Gille assalent a .1. matinée ;

Le porte assalent, n'ot gaires de durée.

Li frans Guill. a la chiere menbree

Fist .1. cose qui Damedieu agrée :

L'église garde qu'ele ne fust gastee,

Aine n'i perdirent .1. pume parée.

Juliien prisent, qui gardoit la contrée.

Si faitement ont le pais creantee

Par celi est li grans guerre afinee.

Vait s'en li quens o sa gent honorée;^ 1820 Jusqu'en Hainau n'i ot resne tirée.

Tant que il l'ot molt bien tote aquitee,

Et Juliens a ostages livrée (sic).

Li quens Guill. a sa gent apelee :

« Or as harnas, france gent honorée,

Si gart cascuns que sa maie ait torsee :

Nous en irons en Franche la loee,

Puis que j'arai ceste terre acuitee. »

Geste parole as plusors gens agrée,

Li quens Guill., o le corage fier, (li)

i83o Dels qu'il estoil el règne de Poitiers, Ne fu nul jor ne montast sor destrier, Ne qu'il n'elist vestu l'auberc doublier. Es fortereches laissa .m. chevaliers; Part de la terre, si demande congié. Il s'en repaire par le mont Saint Richier. Li jentiex hom vait orer au mostier; .11. jors sejorne, puis s'en parti au tierch. Par Constentin s'est li quens repairie's. En Normendie s'est avant adrechiés.

LI CORONEMENZ LOOÏS I47

1840 De ses jornees ne vous sai anonchier. En sa conpaigne avoit .c. chevaliers, As cleres armes et as courans destriers; Les autres ont en garnison laissié. Dusc'a Fuem ne se volrent targier. Au mestre bore s'est la nuit herbergiés, Mes d'une cose fait li quens que legiers, Que par les terres au duc Rich. le viel Osa aine puis aler ne chevalchier Son fil ot mort d'un grant pel aguisié ;

i85o La s'en afie Guill. li guerriers Que il estoit acordés et paisiés, Si se baisierent, voiant .c. chevaliers; Mais celé acorde ne valut .11. deniers, Se Diex n'en pense, qui tôt a a jugier : En teil lieu s'est li frans hom herbergiés Ou on le heit de la teste a trenchier. Ains le quart jor aconpli et entier N'i yolroit estre por l'or de Monpellier, Com vous orrés ains le soleil couchier.

1860 Li viex Rie. fu dolans et iriés ;

Il en apele son maistre conseillier : m Baron, » dist il, « bien me puis esragier Quant par ma terre voi celui chevalchier Qui m'a tolu le millor justichier Qui onques fust en terre ne soz ciel ; Mes, par l'apostle que requièrent paumier, Jou nel lairoie por les menbres trenchier, Que ne l'en rende molt dolerous loier. » Dient si home : « Tort dites et pechié :

1870 Ja fustes vos acordés et paisiés; De traïson esteriés ensigniés. En ceste vile n'ert il de vous touchiés, Car li borgois li volroient aidier, Que tôt li ont plevi et fianchié. Voir, » dist Rich., « tant sui je plus iriés. Mes, par l'apostle c'on a Romme requiert, Jou nel lairoie por les menbres trenchier

1862 Ms : ostagier 1869 Ms. : t. dient e. p.

148 LI C0R0NEMEN2 LOOYs

Que nel porsuie armés sor mon destrier; Se jou par force ne le puis juslichier,

1880 Jel manderai anchois par amistié

C'avoec li vuol en France cevauchier ; Se de ses hommes le puis defors sachier, Cascun ara .1. bon coutel d'achier : Miex voel morir que ne soit essilliés. » Dont l'en afient teil .xv. chevalier, Se cil n'en pense qui tôt a a jugier, Par traïson ert li quens depechie's. A .1. matin, que jors fu esclairiés, Monta li quens, qui ne se sot gaitier,

1890 Jusc'a midi a li quens chevalchié; En une lande est descendus a pie, Il est si homme, li jentil chevalier; Li païsant li portent a mangier. Quant ont disné li noble chevalier, Au quart s'en dorment, car il sont travillie'. Li bers Guill. ne s'i volt atargier : Trestous armé, le bon elme lacié, Sor Arondel son ceval le proisié, A son col pent .1. escu de quartier,

1900 Entre ses puins son fort trenchant espiel; O li en maine ne mais .11. chevaliers, Cascuns fu d'armes molt bien aparelliés. De sa gent part por lui esbanoier, Descent d'un tertre contre val .1. gravier, A une rive est venus eslaissiés ; Il i cuida venir esbanoier : Por la rivière qui molt fist a proisier S'en va li quens déporter el gravier, Mes d'autre cose li couvenra plaidier :

J910 A tant es vos le duc Rich. le viel.

En saconpaigne sont .xv. chevalier.

Bien sont armés sor les courans destriers.

Li dus Rich. l'aperchut tous premiers,

Dist a ses hommes : « Se vous m'avés riens chier,

Dont vous penés de ma honte vengier.

De raenchon n'i ert onques plaidié.

Vés la Guill, au cort nés le guerrier,

Ll CORONEMENZ LOOÏS I49

Qui me toli chou que (j)avoie tant chier, Mes, par l'apostle c'on a Romme requiert, 1920 S'il vous escape ne vous arai mes chier : Mon fil m'a mort, bien le doi empirier. » Et cil respondent : « Ja n'en estuet plaidier. » Les chevals brochent, cascuns a enbrachié Le fort escu et brandi son espiel; Les gonphanons ont avant desploiés. Guill. ot la noise des destriers, As garnimens conut Rich. le viel. Voi le li quens, molt en fu esmaie's.

Li quens Guill. chevalce leis .1. mont, (lu)

1930 Leis la rivière, qui bêle est contre mont; La encontra le duc Rich. le rous, Ensamble o lui ot .xv. conpaignons ; Bien fu armés cascun de ses adous. Voille Guill., s'en ot molt grant paor; Il en apele ses chevaliers barons : « Seignor, » dist il, « por Dieu quel le ferons? Chi voi venir le duc Rich. le rous, Il est .xv.simes^ que conter les puet on ; Nous sommes .111., molt forment les doton, 1940 Car il me heit de molt grand raenchon : Son fil ocis, que molt bien le seit on ; Mes neporquant acordé nous en son. G'irai avant, au passage del pont. Vous remanrés desor cest riu qui cort. Et s'il me dist nule riens se bien non. Dont n'i voi je se del bien faire non, Car li fuïrs n'i vauroit .1. bouton. » Et cil respondent : « Vous parlés de folor. Aies i tost, brochant a esporons, 1950 Sel salués par bien et par raison :

S'il vous deffent de rien vostre raison,

Ne vous faurons por tout Tor de cest mont. »

Li quens Guill. vint au pont toz premiers, (un)

1934 Ms. : lise:{ Voit le 193© Ms. : p. mi c p. a.

|50 LI CORONEMENZ LOOÏS

U voit le duc, sel prist a araisnier :

« Dus, ditli quens, a Diex te gart d'enconbrier !

Me convient il de nule rien gaiiier?

Li pais fu faite a Tors ens el mostier :

La nous baisâmes, voiant maint chevalier.

Voir, » dist li dus, « bien savés prc[e]chier; i960 Tu me tolis le mellor iretier

Qui onques fust por terre justichier ; Mes, par l'apostle que requièrent palmier, Ains que départes seras molt courechiés : Ne Dieus ne hom ne t'en porroit garder Que ne te fâche celé teste trenchier Et tous les menbres de ton cors esragier.

Gloz, » dist Guill., « Diex te doinst enconbrierl Jou ne te pris nés c'un chien csragié. »

Alion broce des esporons d'or mier 1970 Et fiert Rich. en l'escu de quartier :

Desoz la boucle li a frait et perchié,

Le blanc hauberc desrout et desmallié ;

El flanc scnestre li a colé Tespiel,

Que d'ambes pars li fait le sanc raier.

Li bons chevals s'est du fais descargiés.

Li esporon tornerent vers le chiel,

L'agus de l'elme est en terre fichiés

Par si grant [force] .11. des las li ronpie'.

Sor li s'areste et tint le branc d'achier : 1980 Mien ensiant, ja en presist le cief :

E vous les .XV., qui Diex doinst enconbrier,

Seure corurent Guill. le guerrier.

Qui donc veïst sor toz le conte aidier,

As brans d'achier les rens aclaroier,

De gentil homme li presist grant pitiés.

Tôt maintenant abat cascun le sien.

Tant lor aida li pères droituriers

Que .X. en ont ocis et detrenchiés ;

Li .V. s'en fuient et navré et plaie. 1990 Li quens Guill. les suit au dos derier,

Si lor a dit .1. vilain reprovier :

1958 Ms. : La vohs b. 19Ô3 Ms. : départ.

lTnCORonemenz looïs i5i

« Tôt i morrés, traiter losengier. »

Li .V. s'en fuient courant par mi un tertre. (liv) Li quens Guill. les encauce et enpresse; A vois escrie une ramprosne laide : « Seignor baron, por Dieu le roi celestre. Comment sera li grant honte sofferte ? Vo droit seignor en menrons nous en destre? Diex ! quel bernage se rescous peiist estre! » 2000 Et cil respondent : « Merchi, por Dieu, Guill. ! Frans chevaliers, que rois deussiez estre, U amirans d'une grant rice terre. Sor nos arçons nos gisent nos boueles, Li plus haiigres n'a soing d'aler en destre. » O le Guill., si a torné sa resne.

Quant voit Guill. qu'il ont merchi proie, (lv)

N'en touchast .i. por l'or de Monpellier.

Isnelement est retornés arrier.

Le duc Rich. i ont pris et loié. 2010 Tout en travers, comme cofre a sommier,

L'en ont mené sor .i. courant destrier,

Desi a l'ost ne se volrent targier.

Quant il i vindrent, si furent esvellié :

« Oncles Guill., » ce dist Bertrans ses niés,

« De vostre branc voi sanglenté l'achier,

Et vos escus n'est mie toz entiers. »

Respont Guill, : « Merchi, por Dieu, biaus niés!

Jou vous vi molt pené et travellié,

Si vous laissai dormir et soumellier, 2020 O moi n'och jou ne mes .ii. chevaliers.

Jou encontrai le duc Rie. le viel,

Qui toute jor m'avoit fait espiier;

O lui .xv.sJmc de hardis chevaliers.

La mort son fil me fist en reprovier

Et si me volt toz les menbres trenchier.

Tant nous aida li pères droituriers

.X. en avons ocis et detrcnchiés,

Et .v. s'en fuient et navré et plaie.

Veés cnt chi et armes et destriers.

l52 LI CORONEMENZ LOOÏS

2o3o Le duc Rie. en amenons loie',

S'en amenons .xv. de lor destriers.

Gautiers de Termes a fièrement parlé : (lvi)

« Sire Guill., molt grant tort en avés ;

Estes vous dont anuios et lassés,

Et de conquerre travilliés et penés ?

Le samblant faites n'i poés plus aler. »

Adont s'en tornent le grant cemin feré;

Dusc' a Orliens n'i volrent demorer.

La a Guill. roi Loey trové. 2040 Comme prison li a Rie. livré,

Et il l'a fait en sa prison jeter.

Puis i fu tant, si com j'oï conter,

Que il fu mors de duel et de lasté.

Or se cuida Guill. reposer,

Vivre de bos et en rivière aler ;

Mes chou n'ert mes tant com il puist durer.

ai dire, et si est vérités,

Après grant bien revient de mais asés :

« Sire, » dist il, « molt vos estes penés : 2o3o .1. riche pan de ma terre esgardés,

Si le prendés tôt a vo volenté,

Ou le pais Rie. le viel barbé;

Ja n'a il oir qui le voelle tenser. »

Et dist Guill. : « En pardon en parlés :

Puis c'a bataille l'ai conquis et matés,

Ja ne serh par moi desiretés. »

Or se quida Guill. reposer,

Vivre de bos et en rivière aler;

Mais maint preudomme convient molt endurer 2060 Es .11. messages poignans tous abrievés;

De Romme vienent, durement sont lassé,

Et ont Guill. et le roi salué.

Cil diront ja unes noveles tés

Dont maint preudons fu durement penés.

L'uns des mesages fu molt bien enparlés;

En haut parole quant il fu escoutés :

« Sire Guill., jentiex quens honerés,

Bien nos avés le païs acuité :

LI GORONEMENZ LOOIS

Toute Rommaigne et Romme la chité 2070 Est délivrée del pooir as Esclers,

Mes durement est li pàïs troblés :

Mors est Galafres, li gentiex au vis cler,

Que vous fesistes baptisier et lever,

Et Tapostoles est a sa fin ale's.

Mors est Galafres (sic) d'Espolise li bers;

Brie's et seaus vous avons aportés ;

Toz li pais en sera délivrés :

Rois poés estre, se faire le volés

Assés le cuerent et demaine et casé, 2080 Mes tôt en vont de lui bien refusé :

Autrui que vous ne valt s'amor doner.

Por autre essoigne sommes meii assés,

Car cil de Romme se voelent révéler;

.1. autre roi voelent il coroner.

Il a non Guis et d'Alemaigne est nés.

Emperere(s) ert par sa force clamés,

Et cil de Romme l'ont dit et créante,

Et Loeys est del tout oubliés.

Par force vielt saisir ses iretés, 2090 Et la pucele, qui molt a de biautés,

Vielt il par force en fin desireter.

Toz li pais est a dolor troublés,

A duel destruis, se vous nel secoures. »

O le Guill., a poi n'est forsenés;

Vint a Bertran, dit li a et conté :

« Biax sire niés, quel conseil me donrés?

Oncles, » dist il, « quel conseil demandés?

Ja, se Dieu plaist, par vo cors n'ert pensés.

Ne vo lignage ne sera reprové; 2100 Tant com puissiés vos garnimens porter,

N'ert Loeys nos rois desiretés.

-— Niés, » dist Guill., « de vostre grant bonté!

Malvais conseil n'i porroit on trouver.

Or s'aparellent li legier baceler,

Qui bien porront les paines endurer.

Aine nos lignages n'ot pais en son aé.

En nos mainsnie n'avons point scjornc.

2107 àMs. : Et n. m.

53

l54 LI CORONEMENZ LOOÏS

Et encor est niens del demorcr. » Quant Loey le mes parler,

21 lo Que il pert Romme et le grand ireté, Molt tenrement commencha a plorer. Voit le Guill., si a pris a parler : Sire, » dist il, « molt estes effreés. Mes, par l'apostle que on doit aourer, En vo service m'estuet ains dévier Que ne vous renge toutes vos iretés. Faites vos Chartres et vos briés seeler, Et vos serjans et vos corlieus aler; Les chevaliers faites par tôt mander,

2120 Toz cheus qui puent lor garnimens porter. Et les serjans, que bien font a loer, Qui ceval puent et garnimens porter. Si grans trésors li soit abandonés Ne sera povres en trestot son aé. Mes la piétaille n'i caut il amener : Longe est la voie, trop seroient lassé. Encor avons le trésor amassé Que jou conquis a Romme la chité; Et en portant (sic) en pris a grant plenté.

2i3o Tant ai argent et fin or esmeré

Que bien en puis .xxx. sommier lorser: Onques frans hom ne m'en tiegne a aver, Car contre vous n'ert il ja enseré, Ains en donrai as povres bacelers. » Dist Loeys : « Diex vos en sache gre ! » Ne sai que doie en i'estoire conter : Onques Guill. ne Loeys li bers Ne laissa terre de la lor poesté De coi il n'aient les barons asamblé ;

2140 Et il i vien[en]t volentiers et de gré, Quant il oïrent des rices dons parler. Quant sont ensemble ses a on aesmés A .c™. homes, si corn l'oï conter. Passent les terres a molt grant salveté ; Que il n'i ont ne tolu ne emblé Nule viande que frans hom doit user. Par cel païs orent si grant plenté, Li païsant ont assés conquesté.

LI CORONEMENZ LOOÏS I 55

Par tote l'ost en furent asamblé. 2i5o Ne sai que doie lor jornees conter :

Mongieu trespassent, qui molt les a penés ;

Quant furent outre, .m. jors ont sejorné,

Adont s'esmurent, a Romme en sont aie.

Quant il i vinrent ne porent ens entrer,

Car l'Alemans les avoit destorbe's.

Cil par dedens se sont asseuré,

Car bien i furent .m. chevalier armé.

Guis les apele, ses a araisonés :

a Vous m'avés tout et plevi et juré 21 60 Ne me faurés por homme qui soit nés :

Cis rois de France est molt desmesurés,

Chi vient a ost por ma terre gaster.

Dus d'Osteiise, vous i couvient aler,

A tôt l'effort que vous ichi veés ;

Et jou ferai molt bien ma gent armer.

Si remanrai en la bone chité.

Anchois qu'il aient par estendi lor très

Vuel jou qu'il soient bien par vous revidë.

S'il vous encauchent par lor grant poesté, 2170 Jou serai près, ja mar en douterés. »

Et dist li dus : « Si com vous commandés. »

Par dedens l'ost s'arment li chevalier. (lvu)

François se logent, li nobile guerrier ; De ceus de Romme ne se sorent gaitier. Molt fait souef et une plueve chiet. Roumain s'en issent armé sor lor destrier. Guill. ert ens en .1. val arrier. En sa compaigne .inic. chevaliers, Por l'ost garder qu'il ot a justichier. 2180 Anchois qu'il puist mais au roi repairicr Avéra il de son secors mestier, Car cil de Romme pensent de l'esploitier, Et cil de l'ost ne se porent gaitier, Ne mot ne sorent, si sont a els plonchiet. Une bruine lor vint devers le ciel, Que il nés porent veïr n'escargaitier, Espees traites, ens escus enbuissiés;-

lb6 LI CORONEMENZ LOOÏS

Desarmé furent, molt i ot grant mescief. Le jor i furent maint baron detrenchiét,

2190 Le mestre treif ont a val trebuchiét,

Les cordes trenchent as brans forbis d'achier, Et Loeys s'en va fuiant a pie. A la quisine sont venu li furier; Illuec ocissent le maistre boutellier; De la cuisine en portent le mangier, Et Loeys s'en fuit tous eslaissie's, Qui paor ot de la teste trenchier. François sonerent .1. grant cor menuier: L'est s'estormist et devant et derrier,

2200 Et Loeys commencha a hucier :

« Sire GuilL, e Bertrans, c'or m'aidiés. » O le Bertrans,' si l'en prist grant pitie's. Encore estoient ens el val tôt couchié... «r En celé ost oi a molt grant cris hucier Et reclamer Guill. le guerrier. » Et dist li quens : « Ja m'aront sans dangier. » L'ost trespasserent a .1. castelet vies, Et cels de Romme enclosent par derier : La veïssiés .1. estor commenchier,

2210 Tant hanste fraindre et tant escu perchier, Et tant hauberc desronpre et desmaillier, Et tant baron a terre trebuchier ! Trop i peust Guill. atargier, Car Loeys ert ja si justicie's Qu'il n'i avoit fors del prendre et loier. Quant cil de Romme se virent enginier, Cascuns se paine de sa vie alongier. Le grant eschet lor i convint laissier : Aine n'en menèrent valissant .1. denier.

2220 Et cil de l'ost pensent del raloier ;

Et cil de Romme sont tôt a mort jugie'. Des .M. qui vinrent a l'ost por gaaignier Onques a Romme n'en retorna .1. pies. Fuiss'ent li sires ques ot a justichier ; Tant com chevals puet corre et esploitier

2324 lise^ : Fuit s'ent

LI CORONEMENZ LOOÏS l5j

S'en vait fuiant lés .i. mont col baissié;

A le grant porte quide avoir recovrier.

Li quens Guill. nel volt mie laissier,

Arondel broche, son auferrant destrier, 22 3o Qui plus tost court que ne vole espervier :

En .1. vaucel les a aconsuis [sic).

Li bers Guill. par grant aïr le fiert,

Par grant aïr, sor son hauberc doublier,

Ens el costé li fist le fer baignier :

Tôt Fembroncha sor le col du destrier.

L'espee ot chainte, s'en volt prendre le cief,

Quant il li crie et manaide [et] pitié...

« Mais vif me pren, si m'en remain arrier

A Loeys ton seignor droiturier : 2240 Jou te donrai .1. grant mont de deniers,

Dont tu porras louer tes soudoiers.

Guis d'Alemaigne, trop estes atargiés,

Vostre secors ne nous ara mestier.

Le vostre orguel avons conparé chier. »

Guill. rent le branc forbi d'achier.

De si a l'ost est retornés arier.

Le duc en mainent ou n'ot que courechier;

A Loeys en rendent prisonier.

Par defors Romme ot .1. gaste mostier : 22 5o Les mors i portent, n'en orent nul gaitier*

Messe i canta li bons abes Reniers.

Au matinet, quant il fu esclariés,

Par dedens Romme fist faire .1. grant carnier :

Les mor[s] i getent, plus n'i vaurent targier.

Dont commenchierent la terre a essillier.

Li quens Guill. a conduit les forriers.

En cels de Romme n'en ot que courechier

a Seignor, » dist il, a mal sommes engigniés :

Pris est li dus, retenus et loiés. 2260 Mort sont et prins tôt mi .m. chevalier,

Ne vos effors n'i vauroit .1. denier :

Se par bataille m'i pooie acointier

Tôt cors a cors envers .1. chevalier,

2243 Ms. : n. vous a. m. - 2263 Ms. : T. jors a c.

l58 Ll CORONEMENZ LOOYs

Par chou porroie bien Romme justichicr; Et se jou sui retenus ne loiés. Toute la terre li demorra en fief. »

Guis d'Alemaigne fu molt cortois et sages, (lvih) Et coragous et hardis par ses armes. Isnelement apela .i. message :

2270 « Va me la fors, el maistre treif de paile. Si me diras Loey le fil Karle : Por coi moront tant chevalier a armes, Ne por coi ert tante contrée arse? S'el cors de lui a tant de vasselage Que cors a cors se voelle a moi conbatre, Dont avra Romme cuite et tôt l'iretage, S'il me conquiert (et) en icele bataille ; Et se jou lui puis conquerre par armes, Ou campion qui por li se conbate,

2280 Dont s'en revois ariere ens es ses marces :

Soie soit Franche qui bien est grande et large,

Et jou arai Romme, Puille et Calabre ;

Jusc'a Mongieu avra tôt l'iretage. »

Li mes s'en torne, qui de riens ne se targe.

Il est montés sor .1. mulet d'Arage.

Ist de la porte, qui fu et grans et large,

Et vint as tentes por furnir son mesage.

Ne salua le roi ne le barnage.

Chevaliers ert preus et cortois et sage,

2290 Ja parlera com hom de bon corage :

Drois empereres, entendes mon langage :

Dans Guis vous mande, o le fier vaselage,

Par vos .11. cors .1. fiere bataille.

Se tant avés en vo cuer vasselage

Que le puissiés conquerre par ses armes,

U campion qui por vous se conbate...

Tôt sans calenge velt avoir l'iretage. »

O le li rois, a poi de duel n'esrage,

Tous cheux de France .1. et .1. en regarde,

2263 Ms. : vevois n. 1. (Vencus ne peut convenir ; il faut un mot de 3 syllabes. Voye:{ vers aaSg). - 3274 ^s. : Se cors.

LI CORONEMENZ LOOÏS 169

2 3oo Les dus, les contes qui sont es très de paile ; Il en apele maintenant le barnage : « Franc chevalier, por Dieu Tesperitable, Jou sui trop jovenes por furnir tel batalle. A il celui qui por mon cors le face ? Jou li donrai Rains et Paris et Cartres. » Tôt s'en embronchent, n'i a cel quil regarde. Voit le li rois, or ne seit il qu'il face; Tenrement pleure dosous ses piaus de martre. Or ne seit il que respondre as messages.

aSio Et cil respont, qui le semont et haste :

« E! couars rois, li cors Dieu mal te face!

Comment quidés tenir teil yretage,

Qui vers .1. homme ne t'oseras conbatre? a

A tant es vo Guill. Fierebrace,

Bertrans o lui, qui fu cortois et sages,

Et Guielins a l'aduré corage.

De fuerre vienent et gastee ont le marce.

En sa conpaigne ot .c. François as armes,

Et les serjans qui lor proie lor cacent.

2320 Molt en amainent et pors et bues et vaces. A pié descent Guili. Fierebrace ; Il est entrés dedens le tref de paile, Environ lui asamble le barnage. Voit Loeys qui tient le chiere basse, Les larmes courent tôt a val le visage; Voit le Guill., si li dit par contraire : « Sire empereres, molt estes amiables ; Vous samble's feme qui ploure par usage. » Et dist li rois : « Jou ne sai que jou face,

2 33o Que au besoing me faut tous mes barnages. Guis d'Alemaigne m'a mande' par message, Que cors a cors me requiert de bataille ; Et jou sui jovenes, chou savés vous sans faille, Si ne truis hom qui por moi se combate. Drois empereres, » dist Guill. li sages, « Por vous en ai fait plus de .xxxiiii. : Guidie's vous dont que por cestui vous faille? » O le li rois, par mi les flans l'enbrace. Veille ou ne voelle, le baisa el viaire :

l6o LI CORONEMENZ LOOÏS

2340 « ! jentiex hom, Dieu te soit secourable! Toz mes cors est en vostre grans barnages. » Dist Bertrans : « Oncles, por Dieu Tesperitable, Laissie' me faire por vos ceste batalle. » Et dist li quens : « Ja Damediex ne place Qu'en lieu de moi .1. autres se conbate ! » Li quens apele hautement le message.

Li quens Guill. fu droit en son estant, (lix)

Le messagier apela fièrement :

« Amis biax frères, » dist Guill. li frans, 235o « Che me dires dant Guion TAlemant

Que por bataille mar en ira avant....

.L chevalier, qui son seignor deffent.

Par vos li mant les trieves fermement.

Ostages voel et asselirement;

Jes liverrai vers lui tôt ensement.

Li quels qui soit vencus ou recréant

Del autre avra trestot le couvenant,

Q'il n'ara garde, por nul homme vivant;

So jel puis vaintre ne conquerre ens el camp, 2 36o Que li rois ait tote Romme le grant,

Et la contrée et Puille la devant ;

Et se jou sui vencus ne recreans,

A iretage l'avra a remanant.

Et Loeys a son barnage grant,

Outre Mongiu, s'en voist mus et taisans;

Ja mais cha outre ne clamera plain gant. »

Et dist li mes : « Jou Fotroi et créant. »

Il ist del tré sor le mulet ambiant,

Desi a Romme s'en vint esperonant, 2370 Par mi la porte i est venus brochant.

Encontre va dans Guis li Alemans;

Il li escrie, par son fier maltalent :

« Que dist li rois qui justice les Frans?

En non Dieu, sire, tous fu mus et taisans.

De soie part fust bien fine's li cans.

Car il n'eiist de conbatre talent;

2 363 Ms. : nus e t.

LI CORONEMENZ LOOÏS l6l

Il ne pooit avoir nul de ses Frans

Qui por conbatre vousist prendre le gant,

Quant i survint uns chevalliers vallant :

2 38o Guill. dient Franchois, mon ensiant, Gros a le neis et le viaire grant, Et .1. sien niés, c'on apele Bertran. Cil dui plaidierententr'elsmoltlongement De la bataille dont vos di le samblant; Li uns voloit del roi prendre le gant, Mes cil Guill. jura son sairement Que nus por lui n'en est[e]roit en camp. » Et respont Guis : « Bien i venra a tans. Quant j'avrai mort cestui et recréant,

2390 Après i viegne chieus que tu dis, Bertrans. » Dist li messages : « Il veut par couvenant Que li livrés ostages a talant Qu'il n'ara garde, por nul homme vivant, Fors de vo cors et de vos garnimans. » Et respont Guis : « Couars soit qui defFant 1 » .XX. chevaliers i envoie esraument. De si au tref vinrent tôt maintenant, Guill. jurent trestot .xx. sairement Que couvenant li tenront loiaument.

2400 Li quens Guill. lor relivre ensement : Guis d'Alemaigne, a qui la terre apent, N'i ara garde de trestoute sa gent. Ne mais de lui et de ses garnimens. Li quens s'adoube par son grant hardement; Il vest Tauberc, lace l'elme ensement. Li quens Bertrans ot molt le cuer dolent Por la bataille dont n'ot l'otroiement. Guill. chainst l'espee au poing d'argent; Sor Arondel mont[a] apertement.

2410 II prent la targe et a son col le pent, Prent .1. espiel afilé et trenchant, A .V. claus d'or .1. gonphanon pendant. Le destrier broce, qui les grans saus porprent.

^392 Ms. : o. a lillant 2402 Ms. : N'i a regarde

II

î62 U CORONEMENZ LOO'lS

Desi au lieu en vint esperonant

Ou conbati a Corsaut l'amiranl.

Et Guis s'adoube dedens Romme le grant :

Il vest l'auberc, lace l'elme luisant,

Et chainst l'espee que fist Magnificant.

On li amaine .i, bon destrier courant, 2420 Noirs comme meure, mais les .111. pies ot blans; Prinsaut l'apelent li petit et li grant.

En nule [terre] n'avoit plus remuant :

Fors Arondel, on ne seit plus vaillant.

Celui conquist Guill. au cuer franc,

Si le dona au palasin Bertrant.

Quant fu montés dans Guis li Alemans,

A son col mist .1. fort escu pesant.

Entre ses puins .1. fort espiel trenchant,

A .111. claus d'or l'enseigne ventelant. 2430 Par mi la porte s'en ist esperonant;

Desi au lieu s'en est venus brochant

Ou il trouva Guill. le vaillant.

Descendus est sor .1. pui verdoiant,

Arondel ot aresné de devant ;

A une brance pendent si garnimant,

[Et] son espiel a fichie' ens el camp ;

La bone enseigne va au vent ventelant.

Guis li vins près, sel va contraliant :

« Certes, François, jou te tieg por enfant, 2440 Qui contre moi as pris tes garnimans.

Tul(e) conparras ains le soleil couchant. »

Et dist Guill. : « Tais toi, fel souduiant,

Jou ne te pris le quartier d'un besant. »

Sor Arondel est montés erraument.

A l'acointier feront autre samblant.

En TAlemant ot chevalier hardi, (lx)

Preu et cortois por ses armes tenir; S'il elist droit, assés estoit partis. Ou voit Guill., si l'a a raison mis : 2450 I Sire Guill., trop par estes hardis,

2414 Ms. : D. a lui

U CORONEMENZ LOOÏS l65

Qui contre moi osastes cha venir; De vo corage estes seiirs et fis; Bien le sot cil qui a moi te tramist. Desor mon droit est venus Loeys : Combatrai moi, se Dieu plaist et jou vif. Par droit est moie Romme et (tres)toz li païs, Puille, Calabre et Toscane autresi, Toute la terre dusc'as mons de Mongi. Voir, » dist Guill., a vous i avés menti. 2460 Par droit est Romme mon seignor Loey, Et la contrée et trestous li païs, Et jou meïsmes [la] bataille en ai pris, En icest camp, a Corsaut l'Arrabi. » Quant Guis Tentent, tous li sans li frémi, N'i valsist estre por tôt l'or Saint Denis. Il l'en apele, si l'a a raison mis : « Estes vous chou Guill. li marcis. Cil de Nerbone, fiex au conte Aimeri? Par dedens Romme m'a on maintes fois dit 2470 Que vous par armes estes preus et hardis. Gel roi de France, sel voliés guerpir, Et jou et vous partommes le païs. » Et dist Guill. : « Tais toi, Dieu anemis, Que ja par moi n'ert mes sires traïs. De Damedieu le père te deffi. » Par maltalent li a respondu Guis : « De moi te garde, jou de toi autresi. Quant jou n'i truis manaide ne merchi, Ne jou ne toi ne poons estre ami. » 2480 II se départent, les cevals ont guenchi,

Plus s'entrelongent que .1. ars ne traisist. Les cevals brochent, les frains a bandon mis, Grans cols se douent es escus qui sont bis, Desoz les boucles les ont frais et mal mis, Trencent les ais, le taint et le vernis. Tant furent fort li bon hauberc treilis Maille n'en ront, ne clavains n'en parti ; Mais as grans forces des bons cevals de pris,

2481 Ms. : Puis 2484 Ms. : D. 1. coudes

164 LI CORONEMENZ LOOYs

Et a la force des chevaliers jentis, 2490 Et as grans lances, as bons fers poitevins, Si fièrement se sont andoi requis Sele ne chaingle nés pot onques tenir, Ne li poitral ne valent .11. espis, Gascun n'estuece le sien archon guerpir. Il s*ent[r]abatent des bons cevals de pris; Par terre jurent li hauberc doublentin. Isnelement sont en pies resailli; Espees traites, les escus avant mis, Par grant iror se sont andoi requis.

2 5oo Quant li baron sont revenus en pies (lxi)

A lor chevals prendent a repairier :

« Diex, » dist Guill., « par la toie pitie's,

Ja ai jou fait itant estor plenier,

Aine mais par homme ne perdi mon estrier,

Ne desoz moi ne caï mes destriers. »

Guis d'Alemaigne commencha a huchier :

« Sire Guill., or t'ai bien assaie',

G'ainc mais par homme ne perdi mon estrier.

Gomment qu'il prenge, vous le comparrés chier. 9- 25 10 Par grant iror va Tescu enbrachier.

Et trait l'espee, dont li brans fu d'achier.

Voit le Guill., si l'a molt resoignié.

Il le connut a molt bon chevalier.

De Tescremir s'est bien aparelliés,

Gar en s'enfance detercie's en fu bien;

Il traist l'espee, en l'escu s'est plongiés.

Guis d'Alemaigne par leil vertu i fiert

Desor son elme, qui a or fu vcrgie's,

Pierres et flors en a jus trebuchiés, 2520 Le maistre cercle devant li a trenchié.

Le bone coiffe ne pot il damagier :

Encontre val coula li brans d'achier,

De la grant targe li trencha .1. quartier.

Voit le li quens, molt en fu aïriés ;

Dieu reclama, le père droiturier :

« Secor moi, sire, por la toie pitié,

Que mes lignages n'en ait lait reprovier,

LI CORONEMENZ LOOÏS I 65

Ne Loeys n'en resoit avilliés. »

Il tint l'espee, dont li brans fu d'achier,

253o Vint a Guion, qui le vaut damagier,

Par mi son elme .i. [molt] grant cop le fiert Desor l'escu, qui fu a or vergiét, Le blanc hauberc li a molt damagie't. Desoz la hanste coula li brans d'achier; Desous les os li fist la car perchier, Après l'auberc la char blance li chiet ; Reis a reis l'os li est li brans glacie's. Li Alemans fu del cop si irie's : « Gloz, » dist Guill., « or ie's tu engingnie's.

2540 De vostre char ai este'(i) machecliers ;

Se fust de porc, bien vausist .11. deniers. » Cil li respont, qui molt ot le cuer fier : « De ceste part sui jou or(e) plus legiers. De povre char se puet on trop cargier; Mes de la toie me vaurai or(e) vengier; Et [a] .1. mire ai blasteng[i]er Qui chevalier fiert autre sor braier. » Et dist Guill. : « On doit bien empirier Son anemi et en toz lieus blechier. »

255o Puis s'en requièrent ambedoi li guerrier, Ne li uns l'autre n'a cure d'espargnier. N'i a celui ne se paint d'enpirier Son conpaignon au brant forbi d'achier. Lor grans escus, que portèrent entiers, Ont il si près a lor brans detailliés Cascuns n'en a dont (il) puist covrir son chief. Tôt nu a nu, sor les haubers doubliers, Les estuet me's as brans nus acointier. Bertrans le voit, a poi n'est esragiés,

256o Et Guielins en rest molt courechiés, Et Loeys se rest en crois couchie's Devant l'image ens el maistre mostier; La proie Dieu, le père droiturier, Qu'il li ramaint Guill. le guerrier, Le jentil conte, sain et sauf et entier : « Diex, » dist li rois, « par la toie pitié, Se Jou le pert, tôt sui a mort jugiés,

i66 LI CORONEMENZ LOOYs

Car c'est ma force et toz mes recovriers. En ceste ost a maint félon chevalier,

2570 Qui de moi tienent lor terres et lor fiés, Se jou perdoie Guill. le guerrier. Qui molt seroient haut et joiant et lie ; Ja de lor terre n'averoie plain pie, Tôt me valroient par force guerroier. » Pleure Bertrans et Guielins ses niés ; Dist Guielins : « Par le vertu du chiel, Jou nel lairoie por les menbres trenchier Que ne li voise tôt maintenant aidier. » Respont Bertrans : « Que dis tu, esragiés ?

2 58o Ja vo lignages n'en ara reprovier ; Nos li avons plevi et fianchié. » As .11. barons devommes repairier, Qui se conbatent as brans forbis d'achier.

Li quens Guill. fu grains et irascus; Dieu reclama, qui el ciel fait vertus. Aine mais ne fu par homme confondus, S'or(e) ne se venge, ne se prise .1. festu; Il tint l'espee, dont li brans fu molu, Grant cop li donne en tant com ot d'escu :

2590 Li quens le trait a li par teil vertu

Le brant d'achier, qui estoit esmolus,

A icel cop li est mal avenu,

Devant le heut li est li brans rompus.

Voi le li quens, aine tant dolans ne fu,

A l'espiel vient corant par grant vertu;

Tôt son eslais est arrière venus,

Et fiert Guion sor l'auberc c'ot vestu,

Par molt grant force li a tôt derompu,

Ens en son elme li a .1. cop féru

2600 Par si grant force que il l'a abatu A jenoillons, dolans et irascus ; Par mi sa cuisse ot molt de sanc perdu : Crevés estoit del cop qu'il ot eii. Li oel li troublent, s'ot le viaire oscur, Et neporquant tint il le brant tôt nu; .L si grant cop a le conte féru,

LI CORONEMENZ LOOÏS 1 67

S'a icel cop reiist (bien) aconseli,

Mien escient, ja mais n'elist vescu.

Li quens trestorne, ne l'a mie atendu : 2610 De tel randon est li cols descendus

Qu'en terre fiert ou .un. pies ou plus.

A icel cop a il le branc perdu.

Li jentiex quens ne se fist mie mu»

L'espee prent, car grant mestier l'en fu :

« Gloz •,dist Guill., « com ore ie's deceus!

Mar fu tes cors et la toie vertus;

Dedens ton elme ai jou mon branc perdu :

Escange en ai del tien qui autés fu;

Del tien meïsme te donrai ja salu. 2620 Par ton outrage t'est enconbriers venus.

Quides tu ore ouvrer contre Jhesu,

Tolir au fil chou que le père fu ?

Tôt chou conquist Karles par sa vertu,

A Loeys est par droit revenu. »

Li quens Guill. fu jentiex chevaliers, (lxi-lxii)

Courtois et sages, se n'i ot qu'ensignier :

Se il vausist a lui merchi proier,

Il le rendist (a) Loey prisonier.

Guis resaut sus a loi d'omme guerrier, 263o Car il cuida a l'espiel repairier.

Et dist Guill. : « Or me puis trop targier! »

Grant cop li donne par mi l'elme vergie',

Pieres et flors en a jus trebuchié.

Desor l'espaule descent li cols pleniers,

Li blans haubers ne li valt .1. denier :

Desi a l'os li fist le branc baignier,

Que devant lui l'a fait ajenoillier.

D'un autre cop ot li quens reprovier :

Tel cop li done sor son elme vergié 2640 Par mi les las a son cop emploie.

La teste en vole et li Alemans chiet

En .1. fossé, dont parfont sont li lié.

Li fers pesans l'affondra el gravier

2620 Ms. : tost e. V.

l68 LI CORONEMENZ LOOÏS

Poisson en l'aiguë, qui puis n'en fu sachiés.

Li quens Guill. ne s'est mie atargie's :

Isnelement est venus au destrier. Andoi estoient par desoz l'olivier.

Sor Arondel est monte's tôt premiers,

Qui miex valoit que nus cevals soz ciel; 265o Pri[n]saut en maine, qu'il ne le valt laissier.

Desi a lost ne fina de brochier.

Encontre vienent li baron chevalier,

Encontre va Loeys li guerriers.

Teil l'a joï qui ne l'a gaires chier.

Et Guielins et Bertrans li legiers :

« Comment vous est, » font il, « biax oncles chiers?

Cousin, » dist il, « tous sui sains et haitiés.

Me's d'orbes cols ai si mon cors cargié.

Tôt mon gaaing vous donrai volentiers, 2660 Cest bon ceval, qui molt fait a proisier.

Il est molt bons por .1. prodomme aidier :

Fors Arondel, il n'a mellor soz ciel. »

Et dist Bertrans : « Grans mercis en aies;

Por vostre amor le tenra on molt chier. »

Li quens Guill. a fait par l'ost huchier

Que trestot s'arment, serjant et chevalier ;

S'iront a Romme assalir et lanchier :

« S'on ne nous ouevre les portes sans dangier,

Toz les ostages que on me livra ier 2670 Ferai ancui et pendre et essillier. »

Li baron s'arment, qui ne l'osent laissier.

De si a Romme ne se valrent targier.

Cil dedens Romme se sont aparellié,

D'eus a defFendre ne sont preu consillié :

Les portes oevrent, s'ont le pont abaissié.

Encontre vait tous li sages clergiés;

Tôt revestu issirent del mostier.

Conte Guill. vont tôt caoir as pie's.

Et Loey, le bon roi droiturier. 2680 Au jentil conte en prist si grant pitie's

Que le chité ne laissa essillier.

Son seignor fait erraument, sans targier,

En la caiere assir ens el mostier;

LI CORONEMENZ LOOÏS 169

Corone d'or li a fermé el cief. Le jor le fist Guill. roi(s) princhier. Dont fait mander les jentiex chevaliers Qui par Rommaigne pueent plus justichier; Toz les a fait plevir et fianchier Foi porteront Loey le guerrier 2690 Et a seignor le tenront volentiers.

Tôt li jurèrent et foi et sairement. (lxiii)

Tels li jura qui molt bien li atent,

Et tels li jure qui ains li puet li ment,

Si se parjurent vers lui a enssient :

« Loeys sire, » dist Guill., « entent :

Ore avés Romme en vostre casement.

Faire en poés vostre commandement,

Si comme cil a qui Tonors apent;

Or savons nos très bien a ensient 2700 Que d'apostole n'a a Romme noient.

Cil qui mors est le tint molt longement.

Mes sires estes : s'il vous vient a talent,

Metés i, sire, apostoile briefment,

A eslichon en sommes plus de cent. »

Illuec estoit li fiex Milon d'Aiglent,

Plus sage clerc n'ot dusqu'en Bonivent;

En la caiere l'asissent hautement.

Nostre empereres par son avisement

L'avoit eslit a son avisement

2710 Par le conseil dant Guill. et sa gent :

La terre en fu gardée sauvement.

Quant trestot furent doné li casement,

Li rois apele, si parla bêlement

A l'apostole, a qui la lois apent.

De ses prisons le grant raenchon prcnt :

Tôt départi et l'or fin et l'argent,

Si le donna a Guill. et sa gent.

Onques blasmé n'en fu, mon ensient.

Rois Loeys quant ot de chou fine, (lxiii)

271!) Ms. : possons

17^ LI CORONEMENZ LOOÏS

2720 Tôt li baron li ont fait feuté.

Dont s'en tornerent le grant cemin feré. Quant de la terre fu bien asselirés, Vers douce France velt li rois retorner. Ne sai que doie lor jornees conter : Vers Lombardie se sont acheminé, Desi en France ne se sont aresté. A Paris vindrent, la mirable cité. Guill. va a Most[e]ruel sor mer, Et avoec lui Bertrans li adurés.

2730 A Loeys recroist la paine teis, Cil qui li orent plevi et afié Trestot li fallent, si s'estoient fausé. Li .1. velt l'autre guerroier et fouler.

LI CORONEMENZ LOOÏS 171

III. FRAGMENTS DU MANUSCRIT E

M. L. Delisle a bien voulu m'cnvoyer le morceau de parchemin dont j'ai parlé plus haut (p. cxl), et m'appren- dre en même temps que « la reliure dans laquelle s^est trouvé ce morceau ne renfermait pas d'autres parche- mins, mais seulement des débris d'impressions de livres de droit en caractères gothiques, d'origine italienne et lyonnaise. »

Ce fragment ^ contient, d'un côté, 14 vers, et, de l'au- tre, 14 vers et demi. Ces vers sont à peu près identiques aux vers 2385-2398, 2504-25 18 du manuscrit C, et suffi- sent à prouver que les deux manuscrits sont de la même famille. Celte comparaison avec le manuscrit C permet encore de constater qu'entre le dernier vers du recto et le dernier du verso du fragment, la distance est de 119 vers, ce qui montre que le manuscrit perdu, que j'appelle E, était écrit sur 2 colonnes de 40 vers chacune, et qu'il nous reste les derniers vers des colonnes a et d. De plus, on peut reconnaître les initiales A, E, A, Par, D, O, D, A, A des 9 vers de la colonne b, correspondant aux vers 2427-2435 du manuscrit C. Le manuscrit E a été écrit par un Picard.

Li uns voloit del roi prendre le gant. Mes cil G. jura son sairement Que nus por li n'en enterroit en camp. » Et respont Guis : « Bien i venra a tans. Quant j'avrai mort cestui et recréant, .4prés i viegne chieus qui tu dis, B. »

I. 11 a été rattaché au ms. Fr. 5094, nouv. acq., volume l'on a réuni des fragments de divers manuscrits français.

172 LI CORONEMENZ LOOÏS

Dist li messages : t II veut par couvenant Que li livrés ostages a talant Qu'il n'avra garde, por nul homme vivant, Fors de vo cors et de vo garnimans. » Et respont Guis : « Couars soit qui deffant! Vint chevaliers i envoie erraument. De si au tré vinrent tôt maintenant, Guill. jurent trestot .xx. sairement

« Aine mais par homme ne per[di mon estrier,]

Ne desoz moi ne caï mes destriers. »

Guis d'Alemaigne commencha a huchier :

« Sire Guill., or sui jou bien .... ié,

C'ainc mais par homme ne perdi mon estrier.

Comment que pregne, vos le comparre's chier. 1

Par grant irour a l'escu enbrachié,

Et trait l'espee, dont li brans fu d'acier.

Voi le Guill., si l'a molt resoignié.

Il le connut a molt bon chevalier.

Del escermir s'est bien aparelliés,

Car en s'enfance dotrinés en fu bien;

Il traist l'espee, en l'escus s'est plongie's.

Guis d'Alemaigne par teil vertu i fîert

Desor son elme, qui a or fu vergiés

VOCABULAIRE

(1)

1 a 14, 23, à.

2 a voy. aveir.

aaisier 1 175, aaisiez 5o3, rendre heureux, mettre à Vaise.

aaisiez voy. aaisier.

abaissa voy, abaissier.

abaisse voy. abaissier.

abaissier 583, i3i3, abaisse (s*) 953, abaissa (sO 1109, abais- ser.

abandonez (abandoner) 700, abandonner.

abat voy. abatre.

abati voy. abatre.

abatis voy. abatre.

abatre 180, 467, abat 668, 1041, 1046, abatis 1019, abati 1939, 1962, abattre.

abé voy. abes.

abcs 446, 346, abé 1982, abes

1763, 1771 (f orme ir régulière durég.pl.), abez 45, 1694, abbé.

abez voy. abes.

abrivez (abriver) 292, 323, 1 384, 22 25, rapide, impétueux.

acesmeement 867, 2 5o3, élé- gamment, avec grâce.

acheminé (s'acheminer) 281, se mettre en route.

acier voy. aciers.

aciers 639, 258i, acier 582, 2 147, acier, épée.

acoilli voy. acuelt.

acoiniier 204, i555, faire con- naître; 1 374, fréquenter^ con - naître; ibog, connaître.

acompliz (acomplir) 739, «c- complir.

acorïter 279, conter, raconter.

(i) J'ai fait entrer dans ce vocabulaire tous les mots du texte critique, même- le& plus connus, parce que mon intention n'est pas seulement de faciliter la lec- ture de ce texte, mais encore et surtout de contribuer à l'histoire des mots. Sauf pour les mots rares, ou ayant différentes acceptions, je n'ai indiqué que deux exemples de chaque forme.

74

Ll CORONEMENZ LOOÏS

acorcié (acorcier) iiSg, raccour- cir.

acorde 1977, 2062, accord.

acordé (acorder) 2061, 21 17, ac- corder.

acordement 877, accord.

acreissiez voy. acreistrai.

acreistrai (acreistre) 109, acreis- siez 1546, accroître.

acuelt (s') (s'acoillir) 2680, acoilli 1485, se mettre à, commencer.

adesez Cadeser) 1 926, 7 1 , toucher.

adoba (adober) i65i, adobez 1647, adobé 493, armer, ar- mer chevalier.

adobé voy. adoba.

adobez voy. adoba.

adonc 708, 876, alors.

adonques 2472, alors.

adrecier 1 85, /aire droit.

aduré (adur«r) 1760, 2025, rendre dur, solide.

1416, âge.

afaitiez (afaitier) 643, préparer.

aferment (afermer) 1292, con- firmer.

aficha (s') (s'aficher) 1262, s'é- tabliry se consolider.

aficnt (afier) 2081, afiez 2233, assurer, donner sa parole.

afolez (afoler) 784, blesser.

afubler 763, revêtir.

agenoille (s') voy. agenoillier (s').

agenoillier (s') 229, 1729, age- noille (s'; 1681, s'agenouiller.

agrée (agréer) 2034, 2037, plaire.

aguaiz i588, 1624, 1620, 1579, embuscade.

aguisié (aguisier) 1935, aiguiser.

aguz 1208, 1229, 1242, 2i5i,

pointu. ahi 55o, 589, ahf ai voy. aveir. aida voy. aidier, aidanz voy. aidier.

1 aïde 2319, aide, secours.

2 aïde voy. aidier. aidié voy. aidier.

aidier 212, 34G, aida 1235, 22o3, aide 354, ^82, aidiez 256o, 2610, aït 2177, 23 14, aidanz i, aidié i325, aider.

aidiez voy. aidier.

aie voy. aveir.

aient voy. aveir.

aies voy. aveir.

aiez voy. aveir.

ailles voy. aler.

aime voy. amer.

ainceis 184, 195 (adv.), mais, au contraire; 2568, 2S8y (prép.), avant.

ainz 173, iSo (adv.), mais, au contraire; 2641 (prép.), avant.

aire 461, race, naturel.

aise iii3, aise.

ait voy. aveir.

ait voy. aidier.

ajorner voy. ajornez.

ajornez (ajorner) 159?, ajorner 3i5, séjourner,

al 7, 182 = a le, au.

ala voy. aler.

alas voy. aler.

alasse voy. aler.

alberc 943, ïob3, haubert. Voy. halbers.

alcubes 2282, sorte de tente.

alcun 2192, à quelqu'un.

VOCABULAIRE

aie voy. aler.

alegre 2179, sain.

aleit vojy. aler.

aler 3oo, 742, vait 3i, 162, vont 1188, 2167, aleit 2448, alas 737, 738, ala 240, igSS, ale- rent 200 r, irai 437, 2295, ira 201, 2473, irez 1661, iriez 665, va 161 3, 2435, alons 263o, alez 4o3, 2366, voise 402, 1182, voist 2378, 2454, ailles 592, alasse 2451, alez 2240, aie 287. i3Q3,a//er.

alerent voy. aler.

alerions 968, aigle.

aleva voy. alever.

«lever 82, i38, 177, aleva i5, alevez 47, élever, accroître.

alevez voy. alever.

alez voy. aler.

alferant 6o3, cheval de bataille.

alignié (alignier) 1841, aligner.

alongiez (alongier) 1160, a/oH- ger.

alons voy. aler.

alosez (aloser) 273, renommé.

alquant 2090, 2339, quelques- uns.

alsi 1073, 2464, autant, aussi.

altel 48, 63, autel.

altre voy. altres.

altres 404, 736, 293, 332, alire 1077, 2334, 204, 73i, 1816, autre. altresi iiSb, 2536, aussi. alumer 2283, allumer. ama voy. amer, ambesdous 489, tous deux. ameine (amener) 409, 5o4, ame- nons 2207, amenai 2262 ,

amerrai 1705, amenez iSSg, amené 384, amener.

amenai voy. ameine.

amené voy. ameine.

amenez voy. ameine.

amenons voy. ameine,

amer iSy, 83o, aime 170, ama 3o8, amez 159, aimer,

amerrai voy. ameine.

amez voy. amer.

ami voy. amis.

amiralz 2176, chef sarrasin.

amirant voy. amiranz.

amiranz 1 107, amirant 437, 472, chef sarrasin.

amirez 3o2, 1419, 2238, chef sarrasin.

amis 2434, 2459, ami 1495, 2526, amis 396, 429, ami.

amistié 1846, 1862, amitié.

amor i85, i834, amors 2121, amour.

amors voy. amor.

ancestre 464, ancêtre.

anché 5o5. Le sens précis de ce mot m'échappe. Est-ce trapu Cm. à m. qui a des hanches)? est-ce boiteux {mha. hinken, boiter. Voy. Rom., III, i52)? Dans le roman de Meraugis de Portlesguez on lit : Son duel menant par le palais Quant ele voit Belchis Tan- ches (Ms. de Vienne, d'après le Dict. de Godefroi, au mot anches); Tançais (3/5. de Tu- rin, d'après M. Michelant, Mer. de P.,p. 266, variantes). AI. Michelant a imprimé dans ^ son texte Belchis Lanchais

76

LI CORONEMENZ LOOÏS

{p. 164). Le portrait de Bel- chis. Qui a le front plus noir que pois, C'est li plus lais qu'onques nature Feïst (p. 160), ressemble à celui de Corsolt.

anconSîi, 1828, encore.

ancore 474, 1098, même sens.

ancui 611, aujourd'hui.

anel 1392, anneau.

angevin 154, angevin (petit denier de l'Anjou).

angoisse 930, souffrance.

angoissier 22-25, presser.

anme 874, anmes 388, 453, dme.

anoncier 2o53, conter.

ansdous 487, 2111,1239, même sens ^«'ambesdous.

anste 1146, 1896, 2332, bois de la lance. Voy. hanste.

anz io3, 106, an, année.

aorer 807, aorez 1406, i563, adorer.

aorez voy. aorer.

apaié (apaier) 1973, accorder.

apareille voy. apareillier.

apareillent voy. apareillier.

apareillié voy. apareillier.

apareillier 52 1 , 1 188, 2569, apa- reille (s') 2645, apareillent (s') 2214, 2540, apareillié 124, 655, apareilliez 1285, apprê- ter, préparer, arranger.

apareilliez voy. apareillier.

apela voy. apcle.

apele (apeler) 255, 2G59, ape- lent ii63, apela 835, 2386, apelez 284, apelé 61, apelee 2o3g, apeler.

apclé voy. apele.

apelee voy. apele.

apelent voy. apele. apelez voy. apele.

apende voy. apent.

apent (apendre) 17, 874, apende 16, appendre, dépendre.

aperceû voy. apcrceûz.

aperceûz (aperceivre) 1222, aper- ceû 1224, 1196, apercevoir.

apoié voy. apoiez.

apoiez (apoier) 2577, apoié 1 145, 1957, appuyer.

aporte (aporter) 40G, 594, apor- tent 329, 632, aporlez 2474, 2495, apporter.

aportent voy. aporte.

aportez voy. aporte.

apostoile voy, apostoiles.

aposioiles 41, 327, apostoile 5 II. SSS, pape.

apostre262, bSo, 2533, S. Pierre; apostres 101 3, apôtre.

apostres voy. apostre,

après 168, 287, après.

apresté (aprester) 478, apprêter.

aprochier 573, 647, aprochiez 235 1, approcher.

aprochiez voy. aprochier.

aquitee (aquiter) 108 3, délivrer.

aragon io35, 1800, aragonais.

araisne voy. araisnier.

araisnié voy. araisnier.

araisnier loi, 344, 356, araisne 45 1, 2433. 474, araisone 19 12, araisnié 2290, araisone 792, entretenir, adresser la parole.

araisone voy. araisnier.

araisone voy. araisnier.

arbaleste 1026, 6^2, arbalète.

I

VOCABULAIRE

177

arbalestee 1070, portée d'une arbalète.

arbre 294, 489, arbres 700, ar- bre.

arc voy. ars.

arcevesques 60, 566, 40, arche- vêque.

arche 887, 262, 441, 457, 493, niche; 717, arche (de Noë).

arçon 65o, arçons 2178, ar- çon.

ardeir 196, 533, 2679, ardent, 2655, ardait 1021, ars 526, brûler.

ardait voy. ardeir.

ardenz 2478, ardent.

ardent voy. ardeir.

arcsiage 1347, ^f*'^i-

arestant voy. areste.

■reste (s') (s'arester) 1623, 2i53, arestent 1449, arestant 25o8, aresté 282, 2278, ares- tuz 1244, s'arrêter.

tresté voy. areste (s').

aresteison 1802, arrêt.

trcstement 2457, 2476, 2497, arrêt.

arestent voy. areste (s').

arestuz voy, areste (s').

argent 238, 25», argent.

arme 1928, 1934, armes 25i, 2 58, arme.

armé voy. armer.

armer 420, armèrent 636, ar- mez 2415, 2273, armé lui, 424, armer 2498, armer.

armèrent voy. armer.

armes voy. arme.

armez voy. armer.

armeûre 954, armure.

arote(s') (s'aroter) 423,5c mettre

en troupe. arpent 665, 839, arpent. arrieri272, 1907, 2iS3, arrière. arrière i55o, 2354, arrière.

1 ars voy. ardeir.

2 ars 2537, ^rc 641, arc.

1 as 2i5, 374, 741, aux.

2 as voy. aveir. asegier 191, assiéger. asnesse 989, ànesse.

aspres 392, 401, 329, i435, cruel, pénible.

assailles voy. assalt.

assalt (assalir) 2o32, assailles 891, assaillir.

assasé 2287, rassasier.

assembla (assembler) 2000, as- semblerons 1007, assemblez 2241, 2271, assembler.

assemblerons voy. assembla.

assemblez voy. assembla.

assez 878, 1294, 2 235, asse:{, beaucoup.

assieent voy. assiet.

assiet (asseeir) i3i, 144, i353, 2636, assieent (s') 1293, as- sis 1686, appliquer, placer, asseoir.

assis voy. assiet.

assotez (assoter) 22^8, 2664, rendre sot.

aste 2364, M. Godefroy (Dict,, sous enhaste) lit enhaste. En- haster signifie embrocher et ne peut guère aller ici; je préfère en aste = en guise de lance, tenu comme une lance.

atachiez (atachicr) 649, attacher.

atarge (s'; voy. atargier. 12

'78

Ll CORONEMENZ LOOÏS

atargier 1981, 2 187, atargier (s*)

606, 2614, atarge(s') 447, 908,

2382, aiargiez ii5i, 2398,

atargier 143, 375, attarder,

s'attarder.

atargiez voy. atargier.

ateint (ateindre) 12 16, atteindre.

atendereie voy. atent.

atendié voy. atent.

atendrions vo^'. atent.

Etendu voy. atent.

atent (atendre) 962, 1 107, aten- dié 1939, atendereie 63o,aten- drions 1195, atendu 629, 1202, attendre.

aiochier 666, toucher. {On peut lire aussi a tochier).

atorner662, i5gb, atornez i58i, armer, préparer, attirer.

atornez voy. atorner.

aval voy. val (a).

avancier 661, avanciez 1297, 93, avancer.

avanciez voy. avancier.

avant 87, 129, avant; 2491 , d'a- bord.

avantage 892, 928, avantage.

aveieni voy. aveir.

I aveir 172, 890, ai 260, 2314, as 794, 800, a i3o, 149, avons 374, 536, avez 415, 558, ont 34, 57, aveit 247, 688, avions 199, oi 963, 2197, ot 14, 29, orent 274, 7o3, avrai 664. 247, avras i5i, 167, avéras 139, avra 98, 2o5, avrons 902, 1578, avrez 1 363, avront 1930, avreient 1992, aiez 1950, 2625, aie 1089, aies 194, 2253, ait 24, 32, aiez

190, aient 2293, eusse i228,{ 1476, eûst 610, 634, eussent 307, 1477, eu i356, avoir.

2 aveir 285, 438, fortune.

aveit voy. aveir.

avenants, avenante 11, agréa- ble.

avenist (avenir) io52, avenu 1226, advenir.

avenu voy. avenist.

aver 2265, avare.

avéras voy. aveir.

avérez (avérer) 29g, confirmer, réaliser.

aversier voy. aversiers.

aversiers 563, i357, aversier 498, 5o5, 559, 347, 607, er^ nemi, diable.

aves 464, aïeul.

avespré (avesprer) 3i3, i383, se faire tard.

avesprer iy0,tard, soir.

avez voy. aveir.

avions voy. aveir.

avons voy. aveir.

avra voy. aveir.

avrai voy. aveir.

avras voy. aveir.

avreient voy. aveir.

avrez voy. aveir.

avril 1456, avril.

avrons voy. aveir.

avront voy. aveir.

avuec 201, 568, avec.

bacheler voy. bachelers. bachelers 1369, 2018, bacheler

22bb, jeune homme. baee (baer) 1072, être béant.

VOCABULAIRE

179

baille voy. baillier. baillie 167, possession. baillier 79, 193,223,654, )362, i638, baille 252, 410, 473, 488, 868, i-]^6, prendre, pos- séder, porter^ donner. baisa voy. baisier. baisâmes voy. baisier. baisant voy. baisier. baise voy. baisier. baisié voy. baisier. baisier 239, 596, baise 141 3, baisa 11 53, 1768, baisâmes 2i32,baisierent(se) 1976, bai- sant 757, baisié 1730, baiser,

baisierent voy. baisier.

baissa voy. baisse.

baisse (baissier) 1240, baissa 1082, baisser.

balcent 409, cheval pie, tacheté.

balz 1952, -6i6,;7/eirt d'entrain.

ban i5o3, ban.

bandon (a) 995, 1002, entière- ment.

baptisié voy. baptisier.

bapiisier 2239, baptisiez 1161, 1281, baptisié 1286, 53i, baptiser.

baptisiez voy. baptisier.

barbe 1439, 1456, barbe.

barbé 819, barbu.

barges 439, 455, barques.

barnages, 404, 423, 2444, bar- nage 267, 338, 384,482, 895, assemblage de barons, acte digne d'un baron, courage.

baron voy. ber.

barons voy. ber.

barre 1675, 1716, barres 421, <lOG, clôture.

barres voy. barre.

bas 873 iadv.) bas.

basse 434 {adj .), bas.

basti voy. bastiz.

bastiz (bastir) 1482. basti 1695,

créer. baston 341, 1790, basions 1773,

bâton. bastonet 2364, petit bâton. bataille 427, 573, batailles 2443,

bataille. batailles voy» bataille, bataillier 610, se battre. bâtent (batre) 1773, bâti 773,

batu 626, batuz 1329, batre

i3i7, battre. bâti voy. batre. batre voy. bâtent, batu voy. bâtent, batuz voy. bâtent.

1 bel 2633 {adv,), bien.

2 bel {aaj.) voy. bels. bêle voy. bels. bêles voy. bels.

bels 62, 80, bel 608, 892, bêle 419, 42, 43. bêles 684, beau.

bel 1378, beauté.

beneeite voy. beneïr.

beneïçon 1814, i833, bénédic- tion.

beneïr 1466, beneïz 2533, be- neeite 27, bénir.

beneïz voy. beneïr.

ber 320, 1254, 2209, baron 220, i322, 10, 52, barons 2254, brave, guerrier.

besan 12570, besant.

besoing 1327, 2285, besoin.

beste 1073, bête.

i8o

LI CORONEMENZ LOOÏS

1 bien 3g, 45, 74 {adv.), bien, au moins.

2 bien 2121 (subst.), bien. blanc 638, giS, blans i233,

2545, blanche 1456, blanches 741, 991, blanc. blanche voy. blanc, blanches voy. blanc, blans voy. blanc, blasme voy. blasmer. blasmer 698, blasme 923, blâ- mer. boche 1922, bouche. bocle 1078, 2145, bocles i232, 2544, renflement central de Vécu. bocles voy. bocle, boele 2178, intestins. bois iSgô, 1979, 2223, bois,

forêt, boisereient voy. boisier. boisier 119, i36, 1971, boise- reient 208, trahir. bonté 689, bonté, bore 2o33, 2o55, bourg. borgeis 1886, 1875, 2072, bour- geois. bos 23, bois. bota voy. boter. boter 1398, boia 1687, botez

765, pousser, heurter. botez voy. boter. boion 1008, 1819, bouton. brahanz 2282, tente. braier 609, i33i, ceinture. braire 708, crier. brandist (brandir) 870, 910,

brandir. brant 11 32, I2i3, branz 274, i324, épées.

branz voy. brant.

brasier 5o6, 543, brasier.

braz 594, 1 125, 624, bras.

bricon 964, io33,/ott.

briés 1997, 2268, lettre.

brisent (brisier) 2546, brisié i32, briser.

brisié voy. brisent.

brochant voy. brochier.

broche voy. brochier.

brochent voy. brochier.

brochier 671, 1942, broche 909, 941, brochent 2641, brochant 2456, éperonner.

broigne 971, 637, 638, cui- rasse.

broïne 23o3, 2327, brouillard.

brueil iZ 10^ petit bois.

bruire (bruire) 952, 968, faire

du bruit. brun voy. bruns, bruns gSg, 1489, brun 2016, bruns.

1 bu (beivre) 85 1 , boire.

2 bu i2i3, 1246, bus 3o7, tronc du corps.

1 buen i3i6, ce qui plaît.

2 buen voy. buens. buene voy. buens.

buens 107, 146, 429, 2273, buen 32,677,35,2526, buene 3, 29, bon.

buisson 1020, buisson.

bus voy. bu 2.

busche 1021, bois de chauffage.

c pour ce.

1 ça 521, 528 {adv.), ici.

2 ça 258o {pron.), cela.

VOCABULAIRE

l8l

calice 442, 458, calice.

ce 94, iio, 70, 79. ce.

ceignent voy. ceindre.

ceindre ii'ig, ceint 408,639, ceignent 2299, ceinsis 978, ceint i524, ceinte 122, 2481, ceindre.

ceinsis voy» ceindre.

ceint voy. ceindre.

ceinte voy, ceindre.

cel voy. cil.

celasse voy. celer.

ccle voy. cil.

celé voy. celer.

célébrer 201 5, célébrer.

celer 174, 233, 703, 2622, cèle- rai 166, 2460, cèlerions 1828, celasse 2390, 2422, celez 817, celé 793, 749, cacher.

cèlerai voy. celer.

cèlerions voy. celer.

celestre 2170, céleste.

celez voy. celer.

celier 1634, cellier.

cels voy. cil.

celui voy. cil.

cent 74, 373, 377, cenz 1046, 1054, cent.

cenz voy. cent.

cerchier 1871, parcourir, fouil- ler.

ccrvele i5i4, igio, cervelle.

cesse (cesser) 1414, cesser.

ccst voy. ci st.

ceste voy. ci st.

cestui voy. cist.

cez voy. cist.

chacent voy. chacier.

chacié voy. chacier.

chacier 114, chacent 1074,

1774, chacié i33o, chasser.

chaiere 2636, siège.

chaitis 1248, 3o6, 332, prison- nier; 620, faible.

chalcié voy. chalciez.

chalciez6i5, 1190, chalcié 1731, chausser.

chaleng voy. chalengier.

chalengier 5o2, chaleng 2564, réclamer.

chah (chaleir) 182, importer, falloir.

champ 799, 802, 1172, 2471, 2443, combat particulier.

champion voy. champions.

champions 1 236, 480, champion 5oi, 1062, champion.

chancel 1762, 1770, grille, chan- cel.

chancelé (chanceler) 1 136, chan- celer.

chançon 3, 11, chanson.

changié voy. changier.

changier 11 12, ii65, 1870, chan- gié 1291, changer.

chanoines 1693, chanoines.

chant voy. chanter.

chanta voy. chanter.

chantée voy. chanter.

chantent voy. chanter.

chanter 314, 32 1, chantent 540, chanta 41 , chant 6, 9, chantée 1088, 327, chanter.

chape 220, 442, 458, 916, cha- pes 274, manteau^ chappe.

chapele 27, chapelle.

chapelier 11 17, capuchon de mailles de fer.

chaperon 475, chapeau.

chapes voy. chape.

l82

Ll CORONEMENZ LOOÏS

char 390, 721, chair.

charbon 5o6, 642, charbon.

charge voy. chargier.

chargié voy. chargier.

chargier 25'S5, charge 25 1, 1443, charja 237, chargiez logi, 2607, 1824, chargié 6j^, char- ger.

chargiez voy. chargier.

charité 1394, charité.

charja voy. chargier.

charnal 2578, chair.

charnels 736, de chair.

chartre 2219, prison.

Chartres 264, 2268, lettres.

chascune voy. chascuns.

chascuns 162, 2161, chascune 1881, chacun.

chasement 857, domaine.

chasteier 134, 140, 656, répri- mander, corriger.

chastels 2047, château.

cheeir 1727, cheïr 2553, chiet 936, n36, cheï 2i5, 1241, cherra 543, cheûz i355, tom- ber.

cheï voy. cheeir.

cheïr voy. cheeir.

chemin voy. chemins.

cheminé (cheminer) 2646, che- miner.

chemins 780, chemin 1485, 1487, chemin.

chenu 819, blanc.

cheriz 159, chéri.

cherra voy. cheeir.

cheùz voy. cheeir.

cheval voy. chevals.

chevalchas voy. chevalchier.

chcvalche voy- chevalchier.

chevalchié voy. chevalchier.

chevalchier 23 1, 365, chcvalche 2107, chevalchas 989, cheval- chiez 2120, chevalchié 2669, chevaucher.

chevalchiez voy. chevalchier.

chevaleros 1778, chevalereux.

chevalier voy. chevaliers.

chevaliers 222, i23, 189, 1127, chevalier 88, 233o, 104, 608, chevalier,

chevals 645, 656, 2226, 2256, cheval 883, 898, cheval.

chevels 95, 752, cheveux.

chevroné (chevroner) 827, gar- nir de chevrons.

chief vqx. chiés.

chien voy. chiens,

chiens 1074, chien 2142, chien.

chier voy. chiers.

chiere 1066, 2o3o, visage.

chiers 576, 2474, chier 767, i37, 157, cher.

1 chiés 348, 5i5, 307, chief 125,

1077, tête, bout.

2 chiés 747, 993, cAef . chiet voy. cheeir.

choisi (choisir) 772, 2491, 907,

voir, chose 486, 204, 964, chose. ci 343, 452, ici; ci (de) 24, 282 ;

ci (vei) 388. ciel voy. ciels.

ciels 537, ciel ia6, 145, ciel. cil i5, 170, 57, 212, cel 39, 42,

celé 43, 286, cels 376, 53i,

celui 285, 6i6, 2596, ce,

celui, celui-là. cinc i63, 4i3, cinq.

VOCABULAIRE

83

cinquante 2272, cinquante.

cist 1024, 221 3, cest 92, 256, ceste 54, 85, cez 466, 467, 3i5, 466, cestui 235, 1941, 2611, ce, celui, celui-ci.

cité 33 1, 477, ville.

claime voy. claimes.

claimes (clamer) 88 1 , claime (se), 32, i83, clama 1974, clamez 722, appeler, proclamer, se plaindre.

clama voy. claime.

clamez voy. claime.

clarté 772, 1733, clarté.

clerc voy. clers.

clerçon 1009, 992. petit clerc.

clercs voy. clers.

clergié voy. clergiez.

clergiez 575, clergié 1764, en- semble de clercs.

i clers 399, 469, 540, clerc 735, clerc.

2 clers 771, cleres 751, 1491, brillant, limpide.

cliné voy. cliner.

cliner 297, clinez 1597, 2245, cliné 1403, incliner.

clinez voy. cliner.

clore 2322, dosis 697, enfermer.

1 clos 41 3, 945, clou.

2 clos 2256, éclopé. closis voy. clore.

coardise 788, lâcheté, poltron- nerie.

coart voy. coarz.

coarz 682, 1 185, coart 92, lâche, couart.

cofre 21 85, coffre.

coife 2575, 2593, 1039, II 18, coifcs 1323, coiffe.

coifes voy. coife.

coilli (coillir) 22b î, prendre.

coilvert voy. coilverz.

coilverz 833, iioi, 1966, coil- vert 1899, de condition servile (terme de mépris).

col i3i, 41 1, cou.

cola voy. coler.

colcha voy. colchier.

colchant voy. colchier.

colchié voy. colchier.

colchier 1377, colcha 91, col- chié 778, 2 568, 2587, col- chant (soleil colchant) 2641, coucher.

colé voy. coler.

coler 2147, ^0^^ 77'» ^^^^ 2344, couler.

colp voy. cols.

colpa voy. colper.

colpast voy. colper.

colpe 773, coulpe.

colpé voy. colper.

colpee voy. colper.

colper 2346, 2680, colpa 2520, colpast 125, colpé I2i3, col- pee 1078, couper.

cols 1043, 1045, 123 1, 2i58, colp 1059, 1091, in3, coup.

coltel 1979, 2079, coltels 540, couteau.

corn 90, 3 1 3, comme. Voy. corne.

coraande (se) voy. comander.

comandé voy. comander.

comandement 840, 855, com- mandement.

comander 1408, comande (se) 298, comandez 1411, coman- dcrcnt 1775, comandons 2663, cornant 5, comandé 285, 672,

i84

LI CORONEMENZ LOOÏS

commander, se recommander.

comanderent voy. coraandcr.

comandez voy. comander.

comandons voy. comander.

I cornant voy, comander.

a comant 4239, 2446, comman- dement.

combatanz 2 5oi, combattant.

combatié voy. combatre.

combatre 386, 619, combatié 2619, combatreie 582, com- battre.

combatreie voy. combatre.

combien 39 1, bob, combien.

corne 39!, 433, comme, lorsque. Voy. com.

comença voy. comencier.

començaille 419, commence- ment.

comence voy. comencier.

comencemeni 865, commence- ment.

comencent voy. comencier.

comencié voy. comencier.

comencier i5o8, 1895, comence 355, 5ii, comencent 2672, comença 671, i885, comen- ciez 1129, comencié 1878 2192, comencier 611, com- mencer.

comenciez voy. comencier.

coment 106, 1226, comment.

compaigne 16x1, 1894, compa- gnie.

compaignon ioi5, 2160, com- paignons 1792, ijg^, compa- gnons.

compaignons voy. compaignon.

comparront (comparer) 1759, payer.

conduient voy. conduit.

1 conduit (conduire) 148g, con> daient,555,conduit 2288,23 1 5, conduiz 2414, conduire.

2 conduit 472, 473, 553, sauf- conduit.

conduiz voy. conduit.

confession 101 3, confession.

confonde voy. confondre.

confondre 76, confonde 191 3, confonduz 367, 628, 1192, i386, 2227, détruire.

confonduz voy. confondre.

congié 23o, 25o, congé.

conoistre 372, conut 1732, con- naître.

conquerre 1621, 2177, conquist 2022, 2027, conquerront 37, conquis 482, 1029, 1428, con- quérir.

conquerront voy. conquerre.

conquesté voy. conquester.

conquester 2012 , conquesté 2263, acquérir à la guerre.-

conquis voy. conquerre.

conquist voy. conquerre.

conreé voy. conreez.

conreez (conreer) 286, 684, conreé i58o, soigner, orner, équiper.

conseil voy. conseilz.

conseillié voy. conseillier i.

1 conseillier 184, 546, i3oo, conseil 797, conseillié 1641, 1756, conseiller, se consulter.

2 conseillier voy. conseilliers. conseilliers 1644, conseillier

206, conseiller. conseilz 1198, i4i2,conseil46i, ij58, conseil.

VOCABULAIRE

i8b

conseil voy. conseillier. conseu (consivre) 1 2 1 1 , poursui- vre. contasse voy. conter.

1 conte 1451, énumération, ré- cit.

2 conte voy. cuens. contençon io57, querelle, dis- pute.

conter i56i, 2220, 2657, con- teront, 324, contasse 269, 1448, raconter, énumérer.

conteront voy. conter.

contraires 1179, acfiou de con- trarier.

contraleié (contraleier) iioo, contraleier 1178, contrarier.

contraleier voy. contraleié.

contre 36o, 688, contre, vers,

contrée 1823, 2o36, contrée.

conut voy, conoistre.

conveie (conveier) 264, accom- pagner.

conveitise "i^, convoitise.

convenant voy. convient.

convendra voy. convient.

convent 64, 152,486, convenz 22 33, convention, condition.

convenz voy. convent.

convers i3i5, convers.

convertis (convertir) ioi5, con- vertir.

conviegne voy. convient.

convient (convenir) 36 1,362, con- vint II 18, 1882, convendra 5oo, 237 1 , conviegne 7 1 0, con- venant 2440, convenir, falloir.

convint voy. convient.

corage voy. corages.

corages 746, corage 391,904,

920, i555, 2025, cœur, désir, volonté, courage.

corant voy. cort.

cordes 97, cordes.

corocié voy. corociez.

corociez (corocier) 2069, 2137, corocié 1735, courroucer.

coroços 236, courroucé.

corona voy. coroner.

corone 48, 20, 55, couronne.

coroner 1399, 1909, corona 2637, coronez 26, 69, 46, cou- ronner.

coronez voy. coroner.

cors 721, 766, 21, 720, 2548, corps.

corsage i336, 1340, buste.

icort(corir)657,coruiii5, 1743, corurent 239, 63 i, corant 292, 2186, 2482, 25o2, 2623, courir.

2 cort 161, 29, 202, cour.

3 cort 7, 2044, court. corteier 202, fréquenter la cour. corteis 379, 567, 6o9,corteise 3,

courtois, distingué. corteise voy. corteis. corurent voy. cort i . corut voy. cort i. costé 770, 972, costez 1234,

côté. costeier 2049, côtoier. costumiers 648, habitué. cotes 1D82, cotte. cravent voy. craventer. craventer 76, cravent 845, 864,

détruire. creablcs 265, croyable, digne

de foi. créant 2463 , désir.

i86

Ll CORONEMENZ LOOÏS

crcantce (creanter) 2o38, assu- rer, garantir. creient voy. creire. crcire 836, 1004, creiz 837,

creit 853, creient iigS, creûz

1193, croire. creistre i38, augmenter. creit voy. creire. creiz voy. creire. cremu voy. crient, cremuz voy. crient, cresiienté voy. crestientez, crestientez 844, crestienté 5i,

2 25o, chrétienté. crestiien 1292, chrétien. creiiz voy. creire. crie voy. crier, crient (craindre) i853, cremuz

1221, cremu i235, craindre. crier7o8, crie 1253, 2347, 1723,

crier. croces 1765, crosse. crois 200, 762, croix. croissir 2 55i, grincer. crote 1634, crypte. crucefis 1680, crucifix. cruel voy. cruels, cruels 709, cruel o85, 1829,

cruel. cruelté 732. cruauté. cuens 143, 2i6, conte 3o, 2i3,

596, comte. cuer 399, 398, cœur. cui voy. qui. cuida voy. cuit, cuide voy. cuit, cuideie voy. cuit, cuident ï^oy. cuit, cuides voy. cuit, cuidiez voy. cuit.

cuisine 23o8, cuisines 2283, cuisine.

cuit (cuidier)9, 633, cuides 801, 2584, cuide io5o, 11 12, cui- diez 2430, 245i,cuident 1627, cuideie 140, 2249, cuideies 17 12, cuida 1870, 2222, croire.

cure 1477, i5o6, cure, souci.

dahé 200, i833, malédiction^ malheur. \

damage voy. damages.

damages 861, damage 260, 468, perte, dommage.

dame 1374, i38o, dame.

damedeu 68, seigneur Dieu.

dameisels 217, ig^6, damoiseau.

dan 161 8, seigneur.

dart 966, darz 643, 649, dard.

darz voy. dart.

d' pour de.

de 20, 85, de, par.

voy. Deus.

deable voy. deables.

deables i56, 693, 1773, deable 740, diable.

decolé 734, décoler, couper le cou.

dedenz 2606,2678 {adv.), 2634, 2642 (prép.), dedans, dans.

dédiiez (dediier) 28, faire la dé- dicace.

déduire 263 1, se récréer.

défendons voy. defent.

defent (défendre) 71, 2122, 2436, 784, 957. défendons 373, dejfendre.

definez (definer) 322, terminer.

defors 2322, 2679, dehors.

VOCABULAIRE

187

dei (deveir) 785, 883, deis 77, 80, deit 21,23, devons 1174, devait 1389, dut 1432, devreie 2064, deie 1933, deûsses i37, deûst 610, 2006, deûssiez 2175, devoir.

deie voy. dei.

deigna (deigner) 654, 1889, dai- gner,

deis voy. dei.

1 deit 1686, doigt.

2 deit voy. dei. dei pour de le.

delaier 228, 248, 374, 2632, tarder.

delez 91, 99, à côté de.

délivrai (délivrer) 965, délivrez 1817, délivré 309, délivrer.

délivré voy. délivrai.

délivrez voy. délivrai.

déluge 713, déluge.

demain 1169, lendemain.

demaine 22 35, seigneur.

demandant voy. demant.

demandasse voy. demant.

demande voy. demant.

demandé voy. demant.

demandent voy. demant.

demandomes voy. demant.

demant (demander) 23o, 2445, demande 116, 217, deman- domes 1918, demandent 1293, demandasse i566, demandé 1387, demandant 335, de- mander.

démentant (se) (se dcmenter) 2448, se désoler.

demi 5o8, 640, demi.

demorables 456, en repos, sta- tionnaires.

demoree voy, deraorer,

demorer 1187, 2674, demorra 442, 458, demoree 1080, 2o33, demeurer, rester.

demorra voy. demorer.

denier i3o4, 443, deniers 84, 179, denier.

deniers voy. denier.

départ 161, départir 239, 1443, séparer, se séparer.

départir voy. départ.

depuis 2325, depuis.

derrier Sg-S, 65o, derrière.

dès 1162, 1186, dès.

desarment (desarpier) 1273, dé- sarmer.

desbuchier 1892, débusquer,

descendi voy. descent.

descendié voy. descent.

descendu voy, descent.

descent (descendre) 687, io53, descendi 1678, 2383, des- cendié 2603, descendu 2087, descendre.

deschargiez (deschargier) 2149, décharger.

desclot (desclore) 944, ouvrir.

desconfit (desconfire) i33o, met- tre en déroute.

deseriiez (deseriter) 1410, 1696,

2661, deshériter. désert 738, désert. désertez (déserter) i588, aban- donner. desevrez (desevrcr) 293, 141 5,

séparer. desfermer 744, desferme 1610,

ouvrir. desferrez (desferrer) 3 2 56, dé- ferrer.

i88

LI CORON EMENZ LOOIS

dcsfi voy. desficr.

desfie voy. desfier.

desfier 808, desfi i6o5, 2335, desfie 169, desfiez 812, 1866, deffier.

desfiez voy. desfier.

desiranz (désirer) 2437, 2463, désireux.

desirier 693, désir,

deslacié (dcslacié) 1 153, délacer.

desmaille voy. desmaillier.

desmaillié voy. desmaillier.

desmaillier 1897, 2333, des- maille 913, 944, desmailliez 370, 1233, desmaillié 2146, briser les mailles.

desmailliez voy. desmaillier.

desmembrer 733, couper les membres.

desmentir 2546, fausser.

desmesure 81, arrogance.

desnichier 1985, dénicher.

desor 838, sur.

desoz 274, 2145, sous.

despanez (despaner) 2257, dé- chirer.

despecier 1848, mettre en pièces.

despensier 2309, dépensier.

despoillier i3o3, dépouiller.

desraisnier 497, 56o, 65g, dis- puter.

desreez voy. desrei(se).

desreic (se) (se desreer) 1209, desreez 646, être fougueux, s'emporter.

desrompent voy. desrompre.

desrompi voy. desrompre.

desrompre 1897, 2333, desront 123, gi3, desrompent 1773, desrompi 935, dtsroz 370,

2257, desrot 2146, rom- pre.

desront voy. desrompre.

desrot voy. desrompre.

desroz voy. desrompre.

desserre (desserrer) 941, 1610, 1624, être lancé, partir, ou- vrir.

destenduz (destendre) 1194, dé- tendre.

destesee (desteser) 1071, abais- ser, décharger.

destinée 1087, sort.

destorbez (destorber) 2280, gê- ner, entraver.

destorner 1499, écarter.

destort (destordre) 942, 952, dérouler, déployer.

1 destre i3i, droit.

2 destre 2172, 2179, destrier,

3 destre 1961, main droite. destreiz 349, en détresse. destrier voy. destriers, destriers 657, 2256, desirier 6o3,

2186, cheval de bataille. destrosserent (destrosser) 1348,

déballer. destrucion 963, destruction. destruire 532, 1854, destrui-

romes ig\ c), détruire. destruiromes voy. destruire. desus48, 63, sur. desver 2247, 2658, desvez 83 1,

devenir fou. desvez voy. desver. detrcncha voy. detrenchier. dctrenche voy, detrenchier. detrenchié voy. detrenchier. detrenchier 173. detrenche 829, detrencha 3 12, detrcnchiez.

VOCABULAIRE

89

584, 2628, 2i63, 2204, de- trenchié 664, Sôg, 2338, cou- per en morceaux.

detrenchiez voy. detrenchier.

Deusi,i2, Deu 58, 117, 818, Dieu .

deûssesvq/. dei.

deûssiez voy. dei.

deûst voy. dei.

dévale (dévaler) 1043, dévalez 60, descendre.

dévalez voy. dévale.

devant 123, 220)^ devant.

deveit voy. dei.

devers 290, 232i, rfu côté de.

devis 1674, 1677, souhait.

deviser 2276, parler.

devision 1037, manière.

devons voy. dei.

devreie voy. dei.

di voy. dire.

die voy. dire.

diemenche 1430, dimanche.

dient voy. dire.

dirai voy. dire.

diras voy. dire.

dire454,dis 1864, 1844, dit SSg, 961, dites 2 14, dient 111,1753, diseit 691, dis 1864, dist 26, 52, dirai 416, diras 1619, di- rez 2367, diront 198, di 793, 862, dites 346, 476, die 5, 1782, diz 322, dit 689, 2166, dite 328, io65, dire.

direz voy. dire.

diront voy. dire.

1 dis i5oo, jour.

2 dis 1483, 1824, dix (dis et uit 39, 40, dix-huit).

3 dis voy. dire.

diseit voy. dire.

disme 2264, dixième partie,

disné (disner) 2089, dîner.

dist voy. dire.

dit voy. dire.

dite voy. dire.

dites voy. dire.

diz voy. dire.

dobles 655, doubles.

doblier638,2575,dobliers i522, double [épithète du haubert qui a deux rangs de mailles).

dobliers voy. doblier.

doctriner 737, instruire.

doins voy. doner.

doinse voy. doner.

doint voy. doner.

dolce i3, i5, doux.

dolcement 12, doucement.

dolenz 1248, triste.

doleroses 1629, douloureux.

dolor 1401, 2243, douleur.

don voy. dons.

dona voy. doner.

donai voy. doner.

donas voy. doner.

donc 2430, donc.

done voy. doner.

doné voy. doner.

donent voy. doner.

doner 56, 64, doins 78, i36i, done 236, 2573, donez 3i4, 2660, donent i23i, 1483, do- nai 928, donas ioi3, dona 296, 1 656, donerent 1 349, dor- rai44i, 5i8,dorreie 141,809, dorreit 6i3,donons 1341, do- nez 2446, doinse 2266, doint i35, 146, donez 709, doné 49, doner.

i9^

LI CORONEMENZ LOOÏS

doncrent voy. doner.

donez voy. doner.

donons voy. doner.

donques 80 1, donc.

dons 709, 1817, don gôS, 981,

don. dont 25, 38. 116, 289, 483,

492, dont, d'où, de là, alors. dorez (dorer) 276, do7'ei\ dormir 2196, dort (se) 288,

dormir. dorrai voy. doner. dorreie voy. doner. dorreit voy. doner. dort (se) voy. dormir, dos 634, 637, dos. dota voy. dotez, dotez (doter) 2 119, dota 969,

craindre. dous voy. dui. doze 569, 748, ifoMfe (doze cent

i5o2, doze cenz 171 4). dras i3o5, 1349, ^^'^P- dreça (se) vo^'. drecier(se). drece (se) voy. drecier (se). drecier(se) 1889, drece (se) 342,

1688, dreça (se) 343, dreciez

55 1, 590, 2293, se lever. dreciez voy. drecier (se).

1 dreit 232, 780 (adv.), droit.

2 dreit voy. dreiz. dreiturier voy. dreituriers. dreituriers 2162, dreiturier 345,

366, Juste.

1 dreiz 422, 445, dreit 32, 33 (subst.), droit.

2 dreiz 102, 23o, dreit 119, i 36 (adj.), juite, droit.

dormont 1 327, sorte de bateau. duc voy. dus.

dueil 469, 2221, douleur.

dui 328, dous 323, 5oo, 909, 2148, deux (dous cenz i52i, deux cents).

duré voy. durer.

durée 1089, durée.

durement 1091, 1094, dure- ment, rudement.

durer 2210, 2632, duré 833, 1093, durer.

dus 2128, duc 63i, loii, i53i, duc.

dut voy. dei.

eage 259, 390, âge.

église I 55, 2o35, église.

eir 83, i 53, 178, 1930, héritier.

el 5o, 1 22, pour en le.

ele voy. il.

elme 1 o38, 2 1 5 i, 2499, heaume. Voy. helme.

els voy. il.

embatié (embatre) i 28, enfon- cer.

embrace voy. embracier.

embracier I 743, 1945, embrace 1767, embrasser.

embrasez (embraser) 290, al- lumer.

embronc 974, baissé.

embroncha voy. embronche.

embronche, 161 5, 2402, em- bronchent 2410, embroncha 18 10, 2345,embronchié i25i, i960, baisser, renverser.

embronchent voy. embronche.

embronchié voy. embronche.

emparliers 1738, celui qui parle pour un autre.

VOCABULAIRE

•9»

empereor voy. emperere. emperereôi, yS, empereor 25o,

883, empereur. empira voy. empirier. empire 2644, empire. empirier 586, 600, empira io56,

empirer. empleier 667, iii3, appliquer. emprès 1078, 1081, près de. empresse (empresser)2i 68, /7res-

ser.

emprisonez (emprisoner) 304, emprisonner.

1 en 33, 262, on.

2 en 43, 74, e«, clans {in).

3 en 37, 44, {inde).

enarmes 11 25, enannes (cour- roies de Vécu dans lesquelles on passait le bras pour se met- tre en défense).

encens 730, encens. encensier 5 19, encensoir. enchalce voy. enchalcier. enchalcier 529, enchalce 2168,

poursuivre. enchargier 1 1 10, mettre sur. enclina (encliner) i960, incliner. encloein(encloer)2336,e«/erwer. encombrer 693, encombrez 3o6,

faire dommage. encombrez i^oy. encombrer, cncombrier i35, 241, embarras,

difficulté.

1 encontre 6/4, 785, au devant, contre, vers (encontre mont 2547, en haut; encontre val 181, en bas).

2 encontre (encontrer) 1453, 1860, encontre 2198, rencon- trer.

encontre voy. encontre 2,

encontree 1082, rencontre.

encrisme ioo3, méchant.

endorment (s') (s'endormir) 2090, s'endormir.

endreit 436 (ici endreit, ici même).

endurer 706, iSyy, endurer,

enemi 2493, enemis 2675, en- nemi.

enfançon 990, petits enfants.

enfant voy. enfes.

enfer 37, 549, enfer.

enfes 87, 214, enfant 83, 144, enfant, jeune homme.

engeignié voy. engeignier.

engeignier 2322, engeigniez 90, iioi, engeignié 1745, 2627, tromper.

engendra (engendrer) 92, engen- drer.

enivrement 85 1, ivrognerie.

ennoier i83, ennuyer.

ensanglentent (ensanglanter) i3i8, ensanglanter.

1 enseigne voy. enseignier.

2 enseigne 413, 871, banderollé {de la lance).

enseignié voy. enseignier.

enseignier 1953, enseigne 336, 1954, enseigniez 493, 522, enseignié 609, lôbo, instruire.

enseigniez voy, enseignier.

ensemble 775, 1468, ensemble.

enserré voy. enserrez.

enserrez (enserrer) 246, enserré 1590, enfermer.

entaillié(entaillier)2095,c/sder.

entencion 996, intention.

entendent voy. entendre.

192

Ll CORONEMENZ LOOÏS

entendez voy. entendre.

entendi voy. entendre.

entendre 184, entent 1811,490, 873, entendent 67, entendi 961, 1600, entendez 52, 62, entendu 940, 1201, entendre.

entendu voy. entendre.

entent voy. entendre.

entiers 1128, 2 191, loi, entier.

entor 900, autour de.

entra voy. entrer.

1 entre voy. entrer.

2 entre 412 entre; 1824, l'un et Vautre.

entré voy. entrer.

entrebaisent (s') (s'entrebaisier) 1495, se baiser réciproque- ment.

entrefierent (s') (s'entreferir) 2548, se frapper réciproque- ment.

cntrencontrent (s') (s'entrencon- trer) 1494, se rencontrer ré- ciproquement.

entrepiez igj, foulé aux pieds.

entrer 924, 2279, entre 827, 16 II, entra 2384, entrèrent 1271, entrez 122, 2687, entré 2493, entrer.

entrèrent vor- entrer.

eniresait i65, aussitôt.

cntresguardent (s') (s'entresguar- der) 2 538, se regarder réci- proquement.

entresloignent (s*) (s*entresloi- gner) 2537, s'éloigner réci- proquement. entrez voy. entrer, entrobliee (entroblier) i433, oublier.

enveie voy. enveier. enveié voy. enveier. enveier 362, enveie 1264, ^389,

enveions 1781, enveit i683,

enveié 1627, enveiez 1997,

envoyer, tnve'iezvoy. enveier. enveions voy. enveier. enveit voy. enveier. envers 16,62,297, 3 10, 432,

95 1, à, vers, envers, contre. environ 697, 978, autour, à

Ventour. enz 96, 117, i3r, en, dedans. erbage 925, hcî'bage, prairie. eritage voy. eritages. eritages 2379. eritage 463, 483,

héritage. erité 2666, eritez 1397, 2684,

héritage^ domaine. eritez voy. erité. entier voy. entiers, eritiers 243, 2 565, entier 92,

2x34, héritier. errament 862, immédiatement. errant voy. errer, erré voy. errer, errer 23i, 1373, 2214, 2645,

erré 22 15, 2646, errant 2490,

cheminer, voyager. crent voy. cstre. ert voy. estre.

î es 1625, 2047, ;70//r en 'es. 2 es 323, 1415, 2i55, voici. esalcié voy. esalcier. esalcier 81, esalcié 149, élever. esbaïz (esbaïr) i-jio, ébahir. esbancier i gSj,s'esbaneier 2 1 02,

se divertir, prendre ses ébats. escarbocle 2480, escarboucle.

VOCABULAIRE

193

eschalfee(eschalfer) 1 oyS , échauf- fer. eschapa (eschaper) 714, escha-

pera 1 197, échapper. eschapera voy. eschapa. escharpe 1454, besace. esdiiec 2224, butin. eschiet (escheir) 2443, écheoir. eschinee 1069, échine. escient 836, 2164, escient. esclairiez (esclairier) 11 69,

éclairer, éclaircir. esclis 2647, éclat (de bois). escolter 317, écouter. esconser 720, cacher. escorchier 540, i3o3, écorcher. escremir to33, faire de Vescrime. escria voy. escrier. escrie (escrier) 5 1 2, s'escrie 660, escrient 670, s'escrient 937, escria 1969, escrierent io85, escriez 2294, crier, s*écrier. escrient voy. escrie. escrierent voy. escrie. escriez voy. escrie. escu voy. escuz. escuier voy. escuiers. escuiers 1842, 2307, escuier

1634, 277, 283, écuyer. escume (escumer) xo-p^écumer. escuz 369, 618, 278, 23oo, escu 604, 2123, écu, bouclier.

esemple 10, i56i, exemple.

esfondrer 2681, effondrer.

esforcier (s*) 13 il, faire effort.

esforz 236o, 937, 1791, 1879, force.

esfreé voy. esfreez.

esfreez (esfreer) 289, 295. es- freé 685, agiter, effrayer.

esguarde (esguarder) 616, 872, 1840, esguarde i564, regar- der. esguarde voy. esguarder. eslaissié voy. eslaissiez. eslaissiez(eslaissier) 1099, 1904., 2341. eslaissié 23o2, lancé cheval). esleccion (a) 1822, à choisir, à

discrétion . eslegier 2570, payer. eslit (eslire) 12, élire. esloignent (esloignier) 1271, s'é- loigner de. eslongier 1 1 18, écarter. esmaiables 334, 47o» ^ff^'<^yé. esmaier 358, 376, 1726, 2584, 2626, esmaiez 545, 2106, décourager. esmaiez voy, esmaier, esmer 2272, estimer. esmeré (esmerer) 73 o, purifier. esmoluz (esmoldre) 643, émou-

dre. esmut (s') (s'esmoveir) 446, se

mouvoir. espalle 341, 509, espalles i332,

épaule. espalles voy. espalle. espande (espandre) ig22, se ré- pandre. espargne voy. espargnier. espargnié voy. espargnier. espargnier 679, 11 14, ii33, i5o6, espargne 1096, espar- gnié i3i7, épargner. espee 122, 1 28, espees 2299, épée. esperduz i2 3o, éperdu. esperitable 256, 337, 38o, spi- rituel.

i3

»^

LI CORONEMENZ LOOÏS

esperon 960, io56, 2i5o, espé- rons 1208, ii2g, éperon. esperonant (esperoner) 2489,

2507, éperonner. espérons voy. éperon, esperviers loSo, épervier. espès 601, épaisseur. cspessier 2 3 o3, 2327, s'épaissir,

augmenter. espié voy. espiez. espiez 959, espié 371, 412, 6o5,

espiez 278, 23oi, lance. espiié voy. espiier. espiier2io4, espiié 2igg, épier. espleitié voy, espleitier. espleilier 234, 244, iSig, 2317, espleitierent 3oo, espleitié 558, 56 1, agir. ' espleitierent voy. espleitier. esposee voy. esposer. esposemenz 842, mariage. esposer 1389, 1392, esposee

2043, épouser. espreneit (esprendre) 29 t, em- braser. esrache voy. esrachier. esrachié voy. esrachier. esrachier 595, 2 1 40, esrache 9 1 9, 1763, esrachié zg36, arracher. esrage voy. esragier. esragié voy. esragier. esragier 2064, esrage 252 1, 24H, esragiez 357, 367, 547, esragié 2 ii\2, enrager. esragiez voy. esragier. essaier (s') 11 74, s'éprouver. cssillier 192, 539, >854, 1978, cssi liiez 2080, dévaster, dé- truire. essilliez voy. essillier.

essoigne 1376, i382, empêche^

ment, essuiez (ewuier) 752, essuyer. est voy. estre. estache 758, poteau. estage (en son) 431, debout. esté voy. estre. esteie voy. estre. esteient voy. estre. esteit voy. estre. estenduz (estendre) 624, éten- dre. ester 70, 699, se tenir, se tenir

tranquille. estes voy. estre. estions voy. estre. estoire 2, 26, histoire. estoltement i558, téméraire- ment. estolteiez (estolteicr) 1090, étour- dir. estor voy. eslors. estora voy. estorer. estordi (estordir) 1962, étour- dir. estorer 716, estora 464, bâtir.

créer. estormi (s'estormir) 1200, se

mettre en mouvement. estors 611, estor 12 12, 1895,

combat, assaut. estort (estordre) 26o5, estorz 949, retirer l'arme après avoir frappé. estorz voy. estort. estraier 1 126, désert, estranges 60, étranger. esire 21, 107, sui 90, 259, iés 73, 141, est 3G, 37, somes 417, 2i3o, estes 219, 337,

VOCABULAIRE

195

sont 161, 281, esteie 1867, igSi, est^iit 293, io5i, estions 2117, csteient 664, ert 294, 1173, erent 112, fustes 729, 757, fu 27, 28, furent 277, 309, serai 894, seras 69, 148, sera 97, 397, serons 2077, serez 1643, 1644, iert 93, 106, sereie 1952, sereit 94, 104, seions 2626, seiez 261, i3i3, scie 784, 1281, seies 59, 394, seit I, 265, seient 1469, fusse 1475, fust 242, 2325, fussiez 765 , fussent 2270, esté 782, esire. estreint (estreindre) 1277, 1299,

serrer. cstreitcment 1730, étroitement. estrier ii5, 557, "4'' estriers 1239, 256 1, étriers.

estriers voy. estrier.

estuet (estoveir) 23 r, 663, fal- loir.

esluier i883, enfermer {mettre dans Vétui).

esveille (s') (s'esveiller) 298, es- veillé 2188, se réveiller,

eu voy. aveir.

eûrez 768, heureux.

eusse voy. aveir.

eussent voy. aveir.

eùst voy. aveir.

eve77i, 196, 533, eves 75, c^w

eves voy. eve.

evcsque» 39, 1763, 1771, évê qui.

1 face voy. faire.

2 face 1768, /actf.

faces voy. faire. faciez voy. faire, fai voy. faire.

1 faille voy. faldra.

2 faille 486 faute. failli voy. faldra.

faire 78, 82, fais 68, 389, fait 25, 33, font 33o, 596, feseit 297, i02i,fis 25i7, feïs 696, 731, fist 16, 33, feïstes Ô95, 71 3, firent 744, 762, ferai 173, 539, feras 392, ferons 1797, ferez 66, fereie 2452, 253i, fereit 94, 104, fai 191, 195, fesons 95, 2526, faites 102, 420, face 476, 788, faces 206, face 22, 422, faciez 1749, feïsse 1853, 1993, feïst 2oi3, feïssiez 517, faiz 28, 599, fait 160, 199, faite 2118, 2i3i, faire .

1 fais voy. faire.

2 fais 1595, 2149, fardeau, poids.

fait voy. faire.

faite voy. faire.

faites voy. faire.

falzvoy. faire.

faldra (faillir) i5i6, faldrons

2124, faldront i85i, faille

486, 2430, failli lyoo, faillir,

manquer. faldrons voy\ faldra. faldront voy, faldra. fais 35, 80, false 176, /dw.v. fai se voy. fais, falsent (falser) 1764, falsez 675,

fausser^ tromper. falsez voy. falsent. faon 989, petit ((Tun animal).

196

fei 224, 1722, /oi.

feibles 11 y 4, faible.

feies 543, foie.

feintié 1 177, feinte, semblant.

feïs voy. faire.

feïsse voy. faire.

feïssiez voy. faire.

fdst voy. faire.

feïstes voy. faire.

fel 401, félon 1001,1024 (sj.

sg.J, 96g, 1019, ioo3, 1186,

déloyal. félon voy, fel. feme 84, 91, femme. femele y i y, femelle. fendu (fendre) 12 16; 2604, fen-

duz 1232, /éJiire. fenduz voy. fendu, fenestres 1626. fenêtre. fer voy. fers. ferai voy. faire, feras voj^. faire. fereie voy. faire, fereit vo>^. faire.

1 ferez voy. faire.

2 ferez voy. ferir. feri voy. ferir.

ferir 896, 2540, fiertgii, 943, feri 770, 954, ferrai 11 83, fier 894, ferez 2 33o, ferist 1924, feruz 371, 765, féru 933, i2ig, frapfcry blesser.

ferist voy. ferir.

fermé voy. fermez.

fermée voy. fermez.

fermetez 3o3 , 2242, défense, forteresse.

fermez (fermer) 1692, fermé 2016, fermée 8ji, fixer, fer- mer.

LI CORONEMENZ LOOÏS

ferons voy. faire, ferrai voy. ferir. fers 947, 2607, 1234, fer 557,

582, /er. féru voy. ferir. feruz voy. ferir. feseit voy. faire, fesons voy, faire.

1 feste44, 1622, /eVe.

2 feste ^2-], faite. fesiu 121-], fétu. feu voy. feus.

feus 290, 2478, 2283, feu 196,

333, /^«. fichié voy. fichiez, fichiez (fichier) 2i5i, 23o6,

fichié 2 100, fixer, mettre. fie (se) voy. fiier (se), fié 67, 83, 2564, fiez 109, i38,

M-

i fier voy. fiers.

2 fier voy. ferir.

fiere j/qy. fiers.

fièrement 835, 872, 2433, 2502,

2582, fièrement. fiers 100, 121, fier 186, 210, fiere

191 1, fier, fort, terrible. fiert voy. ferir.

fierté 450, Si3, fierté, orgueil, fiez voy. fié. fiier (se) 21 3, fie (se) 191, se

fer. fîll voy. filz. fille 3o5, 3b I, fille. filluelz 1297, filleul. filz 62, 70, 487, fill 7i5, 23i3,

56, 6 1, fils.

1 fin 1452, 1706, 2240, fn, mort.

2 fin 1824. yî>i, pur.

VOCABULAIRE

197

fina voy. finer.

fine voy. finer.

finent voy. finer.

finer 7i3,finent 1880,61131943, 2o5o,finerent 1 166, fine 2471, terminer, finir.

finerent voy. finer.

firent voy. faire.

firmament m^, firmament.

fis voy. faire.

fist voy. faire.

flame \ 020, flamme.

flanc 2147, flans 1767, 1943, flanc.

flans voy. flanc.

flor i456,flors 1116, ^b-]/^, fleur.

flori (florir) 1464, blanchir.

flors voy. flor.

foï voy. foïr.

foier 542, foyer.

foïr 705, foï 1468, creuser, ca- cher, enfouir.

fois i768,/o/5.

fol voy. fols.

folage 927, folie,

foldre 523, ç^b^, foudre.

foleiemenz 844, /b/ie.

folement z^^j, follement.

foler 181, 2654, fouler (aux pieds).

foletez 702, 755, folie.

folie 1129, 12']^, folie.

fols 897, 908, fol 800, 806, 9o3, fou.

fondist \b<\^, fondre.

1 font voy. faire.

2 font 2607, fond. fonz 1285, fonts.

torbi (forbir/ 2 332, 25 1 3, forbiz 1D24, zb^i, fourbir.

forbiz voy. forbi.

force 75, 146, force.

forces 1967, ciseaux.

forest 114, foret.

foriers 2284, 2288, fourrier.

forma voy. formas.

formas (former) 698, 976, forma

1927, formastes 956, formez

"j 21, former. formastes voy. former, forment 277, ig 12, fortement. formez voy. former, fors 247, 648, excepté.

1 fort voy. forz.

2 fort 951, 232^, fortement. forteresses 2047, forteresse. forz 932, 278, 232 1, fort 3i(,

418, 1173, fort. fosse loiH, fosse. fossiers 1755, qui habite dans

une caverne. frailes 258. 365, caduc, fraindre 1896, 2332, frait 2145,

fraiz 1232, 2544, briser. fraisnin 1454, de fr aîné. frait voy. fraindre. fraiz voy. fraindre. franc voy. frans. franche voy. frans. frans 325, 602, franc 1 168, 1886,

franche 35 1 , 1 257, //7>re,/r^»ic, fremillon loSg, io53, épithète

fréquente du haubert (bruis- sant). freor 2 1 1 o, frayeur. frère 826, 2434, 211, byi, frère. friçon 1 06 1 , frisson (de frayeur). froissiez (froissier) 2597, mettre

en morceaux. fromage 485, fromage.

igS

LI CORONEMENZ LOOÏS

front to^o, front,

fruiz "joo, fruit.

fu voy. estre.

fuere \ 2^, fourreau.

fuiantvqy. fuit.

fuie 1268, 1875, /«ife.

fuient voy. fuit.

fuions voy. fuit.

fuison 1029, grande quantité.

fuit (fuir) 1904, 2340, fuient i2o3, 3164, fuions 1195, fuiant 2167, 2'i 10, fuir.

furent voy. estre.

fusse voy. estre.

fussent voy. estre.

fussiez voy. estre.

1 fust voy. estre.

2 fust voy. fuz. fustes voy. estre.

fuz 9 12, fust 1454, /m/ de lance.

g'pourge.

gaillart 1455, dispos.

ge 64, 7i,mei 62, 93, mi 1699, me 169, 222, nos 1792,2130, 36, 349, je, me, moi, nous.

gel 171, 41Ô, pour ge le.

gemé (gemer) i583, orner de pierres.

1 gent 3i, 8, 76, 859, i56o, 1567, 1576, 847, nation , peu- ple, gens, famille.

2 gent i65o, gente i36o, beau, gentil.

gente voy. gent.

gentil voy. gentilz.

gentilz 272, 460, 444, genti

2159, noble. ges 1985, pour ge les.

geta voy. geter. geté voy. gcter. getent voy. geter. geter 781, i32 3, 2219, getent 1334, geta II 26, geterent 1901, geté i4jS, Jeter,

geûner yliS, jeûner.

giron 1026, io36, côté.

gisent voy. gist.

gist (gésir) 959, gisent i636, 2178, être placé, être étendu.

glaciez (glacier) iii\6, figer.

glaive (a) 333, par le fer.

gloire 59, 796, gloire.

glorios 695, 976, 126, 1548, glorieux,

gloton voy. gloz.

glotons voy. gloz.

gloz i35, 8o3, gloton 1047, glotons 402, glouton (appella- tion injurieuse),

gole i32, 1072, bouche, gueule.

gonfanon 942, 2488, gonfanon.

governe (governer) 36, gouver- ner.

graciier 1147, graciiez i283, 2208, rendre grâces y remer- cier.

graciiez voy. graciier.

graile voy. grailes.

grailes 1199, graile 1891, espèce de trompette.

grains Sg,fdché.

grant voy. granz.

granz 94, 148, 2261, 101, m, grant 118, 2o5, 1006, 2171, 44, 57, grand.

gravier 1271, gravier.

gré 108, 227, 2267, 2688, gré.

guaaignié voy. guaaignicr.

VOCABULAIRE

199

guaaignicr 1097, 2324, 234g, guaaignié 1 148, iiy2, gagner.

guage ÎS74, gage.

guaite 1643, guetteur.

guaitier(se) 2129, 23o5, 2328,5c garder.

gualt 2086, bois.

guant 2450, gant.

guarantir 1498, lôgj, préserver^

guarçon 10 10, 18 18, guarçons 2269, valet.

1 guarde voy. guarder.

2 guarde 917, 1497, garde.

3 guardes 388, 453, gardien. guardeit voy. guarder. guardent voy. guarder. guarder 804, guarde 396, 429,

guardes 222, 393, guardent 1469, guarderent 3o, guarde- rez 436, guarde 1689, 25ii, guardeit 2o36, guardez 1194, i663, guart 2128, guardent 1186, guardez iggS, garder, protéger, préserver, prendre garde, faire attention.

guarderent voy. guarder.

guarderez voy. guarder.

guardes voy. guarder.

guardez voy. guarder.

guari voy. guarir.

guarir 23, guaris 1016, guari g55, guarisse 53i, Sgo, 680, sauver, se sauver.

guaris voy. guarir.

guarison 971, 1012, 1821, dé- fense, protection.

guarisse voy. guarir.

guarnemenz 223, 2237, armure.

guarni (guarnir) i 58o, équiper.

guart voy. guarder.

guasie i3o6, hors de servce. guastee voy. guaster. guasteri92, 2285, guastee 2o3b,

dévaster. guenchi (guenchir) 969, se dé- tourner. guerpir 808, guerpis 745, aban-

donner. guerpis voy. guerpir. guerredon 985, récompense. guerreie voy. guerreier. guerreier 188, 534, guerreie

169, guerroyer. guerres 2672, guerre, guerrier voy. guerriers, guerriers 570, 2189, guerrier

209, 2 I 56, guerrier. guiche 935, courroie par la- quelle Vécu se suspendait au cou. guichet 1564, guichet. guionages 397, 43o, conduite, escorte.

haitiez (haîtier) 1 1 57, 2620, mettre en bonne santé.

halberc voy. halbers.

halbergié voy. halbergiez.

halbergiez (halbergier) 2008, halbergié 232 3, 2 335, revêtir du haubert.

halbers 370, 276, 2298, hal- berc 407, 1039, haubert. Voy. alberc.

halce (halcier) i 3 i, 1961, haus- ser.

1 hait 5i3, haut, hautement.

2 hait 1 060, halte 859, 1 504, halz 20o3, 2681, haut.

200

LI CORONEMENZ LOOÏS

halle voy. hait.

haltement io85, hautement.

halz voy. hait.

hanche aSyy, hanche.

haneton loSg, hanneton.

hanste 942, hanstes 2546, bois

de la lance, lance. hardement Sgi, 875, 25 12,

hardiesse. hardi 2449, hardiz 2200, 201 5,

hardi. hardiz voy. hardi.

1 haste 1762, 1770, hdte.

2 haste voy. haster.

haster 2275, haste 981, hdter. hautement iSoj, hautement.

1 2 25 1 (coillir en hé, prendre en haine).

2 i35, i5o, exclamation. helme 407, 597, 276, 2298,

heaume. Voy. elmes.

herbergier i632, herberjas 993, herbegiez 1984, loger, se lo^ ger.

herberjage 395, 428, logement.

herberjas voy. herbergier.

herneis i638, 1872, 2041, ar- mure.

herupé (heruper) 5o7, hérisser.

het (haïr) 1 70, 21 15, hair.

hisdos 5io, 5o5, 674, hideux.

honir i56, 578, honi 2o83, honir.

hontage 469, honte.

honte 217 I, 703, honte.

hontos 1795, i83i, honteux.

hors 52 1, 919, hors.

hu I 2o5, cri.

huchier 1 3o8, i bol, crier, ap- peler.

humilité 694, humilité.

hurte (hurter) 341, hurlent 433,

heurter. hurtent voy. hurte.

i I 7, 2g, 3 1, y, là.

icele voy. icil.

icest 263, 1346, ce, cet.

ici 72, 436, ici.

icil 648, 701, icele 1082, ce cet.

ier 2624, hier.

iert voy. esire.

iés voy, estre.

il 116, 125, 3i3, 391, 208, 275, ele 1414, le 44, 56, li i5o7, i5i7,lui 1414,1490, lor i5o5, els 1496, i523, se 4, 91, sei 2092, il, ils, elle, le, lui, leur, se soi.

iluec 448, 753, là.

innocent 734, innocent.

ira voy. aler.

irai voy. aler.

irascuz voy. irier.

ire 934, colère.

nez voy. aler.

irier 524, iriez 89, 236, irascuz 1248, se fâcher.

i iriez voy. irier.

2 iriez voy. aler.

isnelement 1616, 2i83, vite, ra- pidement.

isse voy. ist.

issent voy. ist.

issi voy. issir.

issuz voy. ist.

ist (issir) i836, 2489, issent i2o5, 23o2, issi 719, istrai i324,

VOCABULAIRE

201

islra 710, isse i663, 1672, issuz 614, 1189, sortir.

istra voy. ist.

istrai voy. ist.

itant 601, autant que.

itel 1261, tel.

y pour ge.

ja 29, 93, 104, 107, 139, i53, ^éjà, jamais (avec une néga- tion) .

jaserenc 2477, épithète du hau- bert, signifiant en mailles de fer.

javelot 930, javelot.

joianz i552, 1718, 26 iÇt, joyeux»

joie 57, 1167, joie.

joiels 599, joyau.

joignent voy. joindre.

joindre 77, joignent 2549, join- tes 1(^02, joindre.

jointe 596, articulation.

jointes voy. joindre.

jor 39, 42, 2270, jorz 390, 739, jour.

jornees 269, 2-^ g, journées.

jorz voy. jor.

jovenes io3, 2bg, jeune.

jovente 2212, 22b2y jeunesse.

jugement looy, ij^g, jugement.

jugié voy. jugier.

jugier 176, 364, jugié 120, juger, décider.

juglere 4, jongleur.

juïs 757, juif.

jura voy. jure.

jure (jurer) 2533, jura 223, 2639, jurèrent 2636, jurer.

jurèrent voy. jure.

jus 535, Il 16, 2574, en bas. justicier 175, 2i35, 2340, ren-

dre justice, gouverner. justiciers 146, i5io, celui qui

rend la justice.

1 r 33, euphonique .

2 r pour le, la, pronom.

3 r pourlif le, la, art.

1 la 96, 117, là.

2 la voy. il.

3 la voy. li.

laborer 705, travailler.

lace (lacier) 407, 2499, lacent 2479, laciez 641, i523, 2004, lacer.

lacent voy. lace.

laciez voy. lace.

laidiz (laidir) 1476, maltraiter.

lairai voy. laissier.

lairf.ie voy. laissier.

laireient voy. laissier.

lairmes 75 1, 2416, larmes.

laissa voy. laissier.

laissai voy. laissier.

laissastes voy. laissier.

laisse voy. laissier.

laissié voy. laissier.

laissier 235, 535, 2337, laisse 2046, laissai 2196, laissastes 740, laissa 1958, lairai 6, 266, laireie 400, 1181, laireient i3o3, laissons 2663, laissiez 70, 2401, laisse 2379, laissié 2082, laisser.

laissiez voy. laissier.

laissons voy. laissier.

lait 5o5, 674, laid.

lança voy. lancier.

202

LI CORONEMENZ LOOÏS

lance 654, 770, lance.

lancié voy. lancier.

lancier 643, lança 967, lancié

95 1, 2606, lancer. lande 3087, lande. language 2387, *404» langage. large voy. larges, larges i345, 2384, large 399.

475, 899, 906, 238 1, large,

vaste, généreux. laron voy. 1ère. las 90, hélas.

lasche (laschier) 909, lâcher. lasches 2248, lâche. lascheté 788, 1673, lâcheté. lasse (lasser) 1447, lasser 288,

1207, 280, i385, 2226, lassé

277» 767, fatiguer. lassé voy. lasse, lassez voy. lasse, lasté 222 {, lassitude. lavez (laver) 761, laver. laz 1134, 1243, 21 52, lacets.

1 le voy. li.

2 le voy. il.

5o8, 640, largeur.

leçon io65, leçon.

lee 5o8, 1067, large.

legierement S-jS, facilement.

legiers 11 83, mo, léger, agile.

Ici 176, 583, 6i5, 1190, loif manière.

Icié voy. leier.

leier 1876, leiez 758, leié i358, 2207, 1277, Ï299, lier.

leiez voy. leier.

lepros 747, 993, lépreux.

1ère 1753, 191 3, laron 776, vo- leur.

I les voy. li.

2 les voy. il.

letré 733, letrez 274, lettré^ qui a une inscription.

letrez voy. letré.

lelrin 5o, lutrin.

leu 946, lieu.

leva voy. lever.

levas voy. lever.

levé voy. lever.

levée voy. lever.

lever 81, 726, lieve 1744, levas 997, leva 43i, 2289, 2333, lieve 1734, levez 3 16, 692, 832, levé 1286, 53 1, levée 1075, lever 171 2, lever, éle- ver {au moral), tenir sur les fonts.

levez voy. lever.

lévrier voy. lévriers.

lévriers 658, lévrier i3i8, 2059, lévrier.

1 lez 291, côté.

2 lez 972, 2344, 2383, à côté. X li 28, 34, 3, 734, 887 {sj,fm.

5g.), le 3o, 38, la 48, 5i, les 95, 97, le, la, les.

2 li voy. il.

lieement 1484, joyeusement.

liepart voy. lieparr

lieparz 1933, liepart 187, léo- pard.

lieve voy. lever.

lièvre 658, lièvre.

liez 147, ^gi, joyeux.

lignage voy. lignages.

lignages 149, lignage 479. 789, famille.

limon 979, limon.

lin 1496, race.

lion 970, 1807, lion.

VOCABULAIRE

203

lire 1751, lire.

livré voy. livrez.

livrez (livrer) 767, livré 2218, livrer.

loer 823, 201 3, lorai 68, louer.

loge 827, loges i636, 2607, baraque.

loier, iSg, 208, loiers 1734, 35, 80, salaire, récompense.

loiers voy. loier.

lonc voy. Ions.

longe voy. Ions.

longement 782, 794, longue- ment.

longes voy. Ions.

Ions io5i, lonc 640, 1141, longe 1139, 1916, longes 2024, long, grand.

1 lor voy. il.

2 lor voy. ses. lorai voy. loer. lors 33, 228, alors. los 2 5, gloire.

losenges 101, 139, fiatteriey

tromperie. losengier m, 1186, losengier

1545, flatteur, trompeur. lui voy. il.

luisant 2479, 2499, luire. luxure 17, 65, 82, luxure.

m voy. gc.

ma vo^. mes.

mace 1081, 65o, 667, masse.

magesté 783, 796, majesté,

magnes 53, grand (Charles li

magnes). maille 2478, mailles 1046, io54,

maille.

mailles voy. maille.

1 main 925, matin.

2 main 1709, mains 58, 193, main.

mains voy. main 2.

1 maint voy. mainz.

2 maint (maindre) 1988, r«/tfr. maintenant 2636, maintenant. maintenir 2 1 2, 585, 2249, main- tenu 1212, maintenir.

maintenu voy, maintenir.

mainz 325, 1248, 1340, maint 1042, 1218, 88, maint.

mais 33, 141, i39, 29, 38, i63f 201, mais, plus (ja... mais).

maisnie i5o3, compagnie.

maistre voy. maistres.

maistres 1644, 3o3, 2242, mais- tre II 17, ii66, 2309, 596, principal.

1 mal 2627, mal.

2 mal voy. mais.

3 mal 8o3, 811, mal, malheur. malaise 261, souci.

maie voy. mais.

maleïr 1463, 2528, maudire.

malement 854, 2442, mal.

maies 1348, malle.

malfé 785, 2663, diable.

malice 2192, malice.

malmis (malmettre) 24^5, mettre

en mauvais état. mais 1574, ^^^ 200, maie io63,

1087, 432, méchant, mauvais. maltalcnt 870, colère. malvais 34, 1482, 38, mauvais^

méchant. manaide 194, 218, miséricorde. mande voy. mander, mandé voy. mander.

204

LI CORONEMENZ LOOÏS

mander 2254, 2668; mant i835, mande 623, 23go, mandez264, i8g, mandé 2423, envoyer chercher, faire venir, faire savoir.

mandez voy. mander.

mangier 3qo, 5 10, mangierent 702, mangier 287, 662, man- ger.

mangierent voy. mangier.

mangons iS2/^,pièce de monnaie.

mant voy. mander.

mantel 763, mantels 1341, man- teau.

mantels voy. mantel.

mar 121, pour son malheur; 2377, 2399, "^^<^^'0" éner- gique.

marbre 336, 1680, marbre.

marbrin 977, de marbre.

marche 415, 2368, marches 1437, 1343, i35i, contrée.

marches voy. marche.

marchis 55o, 2509, 818, mar- quis.

mariage 1432, mariages 842, mariage.

mariages voy. mariage.

marregliers 97, marguillier.

martir 722, martyr.

martre 2363, 2412, martre.

masle 717, mdle.

masse 254, masse.

matez (mater) 799, 8o5, i38ô, 2227, dompter, vaincre.

matin voy. matins.

matinée 2o32, matinée.

matinet 6^2, point du jour.

matins i593, matin 3 16, 759, matin.

me voy. ge.

meaille 914, 2377, maille {nom

d'une petite monnaie). mei voy. ge.

1 meie voy. mes.

2 meie voy. miens, meillor voy. mieldre. meindre 948, moindre. meine voy. mener, meinent voy. mener, meinz 865, moins. meinzné 825, le plus jeune. meïs voy. mètre, meïsme voy. meïsmes. meïsmes 371, 1161, meïsme

541, 2o3, même.

meitié 1102, i363, moitié.

membre 767, 195, 247, mem- bres.

1 membre (se membrer) i395, 22 32, se souvenir.

2 membre voy. membrez. membree voy. membrez. membres voy. membre, membrez 786, membre 3o8,

membree 1066, 2o3o, mem- bru.

membru 619, membru.

menaciez i863, menacier 866, menacer.

menas voy. mener.

menassent voy, mener.

mendiier 98, mendier.

mené voy. mener.

mener 54, 74. 65, 2672, meine 2607, meinent 2307, menas 699, menromes 2172, menrez 1426, menassent i358, mené 57, 2186, menez 2284, 2682, mener.

VOCABULAIRE

205

I

menez voy. mener.

menrez voy. mener.

raenromes voy. mener.

mentez (mentir) 854, menti 1689, 25 II, mentir.

menti voy. mentez.

menton 997, 1810, menton.

menuier 1891, aigu,

menuz 620, petit.

mer 697, 978, mer^ océan (roge mer 3 10, Mer rouge).

merci 359, Ii58, 2125, 2621, merciz m, 148, 2625, grâce.

mercier 1429, merciez 59, re- mercier.

merciez voy. mercier.

merciz voy. merci.

mère 690, mère.

I merveille 545, 548, 645, mer- veille.

% merveille (se) voy. merveillier.

merveilles 1820, 1825, merveil- leusement.

merveillier 675, merveille (se) 1108, merveiliiez 1092, s'é- tonner.

merveilliez yqy. merveillier.

mes Jo3, 219, 221, i359, mon i5i, 167, mi 235, ma 666, 991, mien 2154, meie 874, mon, ma, mes.

mes 2657, 2433, messager.

mescreû i2o3, mécréant.

meslé (mesler) i3o, 1959, en- tortiller {dans les cheveux).

message voy. messages.

messages 452, 323, i384, mes- sage 368, 454, 328, 1434. messager, message.

roessagier voy. messagiers.

messagiers i852, 2453, messa- gier 36 1, 372, messager.

messe 1088, 41,321, messe 841, messe.

messes voy. messe.

mestier 199, 2o5, 36o, 552, be^ soin, profit.

met voy. mètre.

meie voy. mètre.

metez voy. mètre.

metons voy. mètre.

métrai voy. mètre.

mètre 221, 3i8,met 2444, meïs 1014, mist 87, 2201, meirai i5i3, métrons 480, 1909, métrez 1 644, metons 96, 1921, metez i3o6, mete 1640, mis 1095, 25 10, 2556, mise 48, mettre.

métrez voy\ melre.

métrons voy. mètre.

meû voy. mut.

1 mi 200, i32, 25o7, milieu (par mi = parmi).

2 mi voy. mes.

3 mi voy. ge.

mie (ne) 170, 434, ne pas. mieldre 14, 494, meillor 9, i3,

858, meilleur. mielz 191, 1757, mieux.

1 mien (adj.) voy. mes.

2 mien (le) voy. miens, miens (li) 482, mien (le) 149,

meie 537, mien, mienne. mier 652, 2143, pur. mil 74, 1426, 1443, mile 3o6,

332, 417, mille. mile voy. mil. milier 373, 377, 735, miiiers

lyo, 532, millier.

2o6

Ll CORONEMENZ LOOÏS

milicrs voy. milier.

mirable 723, 743, admirable.

miracles 1247, miracle.

mire 73 o, myrrhe.

mis voy. mètre.

mise voy. mètre.

misl voy. mètre.

moiUier35i, 554,125-;, épouse.

molt 42. 44, très, beaucoup.

molu voy. moluz.

moluzCmoldre) 1245, 1234, molu

966, 121 5, émoudre. mon voy. mes. monde 1927, monde. moneez 2260, monnayé.

1 mont voy. monz.

2 mont 761 mont; a mont 997, loSo, i23i, contre mont 1048, encontre mont 2^47, en haut, en Vair.

monta voy. monter, montaigne 899, 1067, monta- gne. montas voy. monter.

1 monte voy. monter.

2 monte 1217, valeur. montent voy. monter, monter 2362, monte 410, 468,

339, montent 2299, montas ioo5, monta 164, 628, mon- tez 5o, 683, monter.

montez voy. monter.

monz i53i, 225i, mont 524, 849, monde.

raorra voy. muir.

morras voy. muir.

morront voy. muir.

1 mort voy. muir.

2 mort 168, 933, mort. mortel voy. mortels.

mortels 127, 2675, mortel 706,

mortel. morz voy. muir. mostier voy. mosticrs. mostiers 28, mostier 96, 117,

5 18, église, couvent. mostra voy. mostre. mostre (mostrer) 342, mostrent

2338, mostra 1688, mostre-

ront 2557, montrer. mostrent voy. mostre. mostreront voy. mostre. moz 940, io3o, parole. muables 894, qui bouge. mucier 23 1 1 , muciez 246,cacAtfr. muciez voy. mucier. muers voy. muir. muert voy. muir. mui 233o, muid. muir (morir) 1239, muers 861,

muert io63, morras 863, 2343,

morra 427, morront 333,

muire 957, 444, morz 104,

141, mort 24, i33, 527, 2357,

mourir, tuer. rauire voy. muirir. mul voy. muls. mulet i635, mulet. muls 2261, mul 1800, mulet. mur i3io, murs 46Ô, 1C26,

mur. murdrir 1978, 2o63, murdri

1469, murdriz 20S0, tuer. murs voy, mur. mut (moveir) 901, meU 2237,

mouvoir.

nasel io38, 2480, partie du heaume qui protégeait le ne^.

VOCABULAIRE

ao7

navré (navrer) gSS, 2164, 22o5,

blesser. ne 23, 65, ni; iq3, 243, 107, «^ ,*

196, ou; 65, 66, ne pas ; ne

que 843,17^5 |»/m5 ^we. voy. nez. ncient 188, 253, 2444, 2460,

26 3 q, rien, néant, pas. neier 196, 533, noyer. nel 2 5, 33, pour ne le. nelui 66, personne. nenil lySS, 2431, non. neporquant 275, 657, 21 17,

néanmoins. nés 635, 2266, 2546, pour ne les.

1 nés 439, 455, vaisseau.

2 nés 7, 3 12, ne:(. ncvoi vo^'. niés.

nez (naistre) 690, 724, 695, 711, 718, naître.

niés II 5, 356, nevot 1492, 1495, neveu.

no voy. noslre.

nobile voy. nobiles.

nobiles 222, i5oi, i8o5, nobile 209, noble 2089, nobles 189, noble.

noble voy. nobile.

noise 1622, tapage.

nom voy. nons.

nome voy. nomer.

nomer 761, nomé 1829, nom- mer.

nonante 12, quatre-vingt-dix.

noncier 368, i5i7, annoncer.

nons 1160, 1569, 1864, nom 117, 145, nom.

noriz (norir) 1702, éh.ver.

nos voy. ge.

1 nostre voy. mes.

2 nostre voy. mien.

novele i5i7, 1600, 161 9, novc- les 324, 329, nouvelle.

nu voy. nuz.

nuef 12, neuf.

nuit 285, 725, nuit.

nuitel 776, nocturne.

nul voy. nuls.

nules voy. nuls.

nuls9, ^2, nul 5, 22, nule 1799, nules 1459, nul, aucun.

nuz 2579, 1968, nu i340, nu.

1 o 267, 446, avec.

2 o 24, 70, ou. oci voy. ocire. ocie voy. ocire. ocient voy. ocire. ocirai voy, ocire.

ocire 127, 173, ocient 2307, 2309, ocis 2116, ocist 525, 707, ocirai 1929, oci 1254, 2348, ocie 1024, ocis 1673, 1741. 584, 664, 2338, 2357. 2i63, 2204, tuer.

ocis voy. ocire.

ocist voy. ocire.

oeie voy. oïr.

1 oi voy. oïr.

2 oi voy. tveir. voy. oïr. oiant voy. oïr. oiez voy. oïr.

oïl 562, n58, oui.

oïr 2, oi 23 1 8, ocie 1990, ot 87, 2180, 646, 761, 544, 588, oïrent 1184, 2410, orras 795, 816, orrez 3!3, 2641, oiez i,

208

LI CORONBMENZ LOOÏS

102, olst 3rr, oYant 1794, 1 18, 1760, entendre. oïrent voy. oïr. oïst voy. oïr.

olivier 1273, i3io, olivier. oltre 3io, ig6(j, outre. om 22, 345, orne 9, 127, omes

74, 25 r, homme, on. omage 922, hommage. ome voy. om. omes voy. om.

omnipotent 848, tout-puissant. onc 635, ii65,2ig'j, jamais. onces 1483, once. oncles 357, 1172, oncle 1812,

1845, oncle. onor 338, 857, 2452, 2522, onors 1359, 2024, honneur, biens. onorables 1344, glorieux. onoree voy. onorer. onorer 712, onorez 1 58, onoree

1084, 2041, honorer. onorez voy. onorer. onors voy. onor. onques 79, 194, jamais, ont voy. aveir.

1 or 33, 54, maintenant»

2 or 238, 252, or. ordene voy. ordenes. ordenes 5i3, 1992, ordene 1758,

ordre (religieux). i ore 245 1 , comme or i . 2 ore 43, 1469, heure. oré 828, tempête, orage. orent voy. aveir. orfelin 67, orphelin. orgoillos 100, 186, 1786, 1932,

orgoillose 432, orgueilleux. orgoillose voy. orgoillos.

orguelz 8o5, orgueil.

orras voy. oïr.

orrez voy. oïr.

os 2579, i32, 721, 05.

osa voy. oses.

osas voy. oses.

osast voy. oses.

osasse voy. oses.

osereient voy. oses.

oses (oser) 523, osas 25 1 3, osa

75o, 2o58 , osereient 573,

osasse i565, osast 2450,

oser. ost 1200, 74, 671, oz 440, 456,

armée. ostage 487, ostages 2037, 2438,

oîage. osteier20i, 1948, guerroyer. ostel i558, 1802, ostels 283,

1871, maison. ostelez (osteler) 747, loger. ostels voy. ostel. ostes 284, hôte.

1 ot voy. aveir.

2 ot voy. oïr.

oltrage 433, 2370, témérité, vio- lence.

otreier 1 1 o, 1 3 1 6, otreions 1 784, otreiez io5, otieit 1816, ac- corder.

otreiez voy. otreier.

otreions voy. otreier.

otreit voy. otreier.

ou 1 18, 337, où.

overreies voy. uevre.

overte voy. uevre.

overtes voy. uevre.

oz voy. ost.

VOCABULAIRE

209

paie voy. paier. paien voy. paiens. paiene voy. paiens. paiens 800, 83 1, paien 401,685, 347, 373, paiene -jô^payen. paier 2o3, 21 58, payer; paie

2061, 2i3o, faire la paix. paiie 408, 41 3, étoffe précieuse. pain 5 10, pain.

pais 2ii8,2i3i, 102,660, ^jj/at. païs 1462, 2243, 1401, 2285,

pays. païsant 2088, paysan. paist (paisire) 36, nourrir, palais 3o, 164, palais, grande

salle du palais. palazins 2441, palatin. palefrei 1 6b b, palefroi. palme 11 19, paume {mesure de dimeusion);pa\mes-j4.i, palme. palmier voy. palmiers, palmiers 1372, palmier 1180,

2i36, pèlerin. pahonier voy. paltoniers. paltoniers 91 , paltonier 2343, homme méprisable, truand, coquin. paor 953, iib6, peur. i par 64, 75, par. 2 par 44, 100 (particule aug-

mcntativé). paradis 428, 6gc), paradis. parcreûz 786, io5i, de grande

dimension. pardoinse (pardoner) 1737, par- doné 753, jy^, pardonner. pardon (en) 1826, 1994, inutile- ment. parent 1 12, 858, parent. parenté voy. parentez.

parentez 8io,parenté834, i56o,

ibôy, parenté. parevis lôyS, parvis. parfont 958, profondement. parins 1287, parrain, parla voy. parler, parlé voy. parler, parler 3 11, 437, parlez 1826,

2447, parla 23 16, parlez 475,

parlé 794, parler. parlez voy. parler, parole 682, paroles 3 15, parole. paroles voy. parole, part 454, 5 16, parz 2148, part. partes voy. partir, parti voy. partir, partir 1484, parti 2o5i, 2194,

partes 21 37, parte 2069, P^^~

tiz 293, partir, diviser. partiz voy. partir, paru (pareir) c)^j, paraître. parz voy. part, pas 764, pas. pasme (pasmer) 930, tomber en

pâmoison. pasques 741, 988, 991, pâques, passa voy. passer, passast voy. passer, passastes voy. passer, passe voy. passer, passé voy. passer. passée voy. passer, passer 75, 129, 915, passe 1923,

passa 1936, past i5oo, passas- tes 764, passast 1079, 1999, passé 2270, passez j3q, paS' ser. passez voy. passer, past voy, passer, pavcillons 2293, tente.

14

2lO

VOCABULAIRE

pechié voy. péchiez.

péchiez 94, 127, pechié 82, 118, 753, péché.

peisson 10 16, poisson.

peine (a) i20(^, peine (àj.

ipela363,pelsi34i, i3^g,peau.

2 pel 1933, pieu.

pèlerin voy. pèlerins.

pèlerinage 263, 383, pèlerinage.

pèlerins 1372, pèlerin 1453, 1455, pèlerin.

pels voy. pel.

pendant voy. pendre.

pendent voy. pendre.

pendez voy. pendre.

pendié voy. pendre.

pendre 9i7,pent4ii, 604, pen- dent 23oo, pendié 1 140, pen- dez 489, pendant 23o6, pen- duz 1755, pendre.

penduz voy. pendre.

pené voy. penez.

peneance i/[oS, 200g, pénitence.

penez (pener) 766, 1176, pené 2195, 22']'], souffrir.

pensa voy. pense.

pense (penser) 1028, 1097, pen- sez 1920, pensent 2214, 2326, pensa 121, pense i53, 137, pensez 2317, penser.

pensé 800, 806, pensée,

1 pensée bg3, pensée.

2 pensée voy. pensé, pensent voy. pense, pensez voy. pense. pent voy. pendre.

per 698, 7i5, 569, 223b, pair. percié voy. percier. percier 2332, 2681, perciez 369, percié 2 1^3, percer.

perdes voy. pert.

perdi voy. pert,

perdrons voy. pert.

perdront voy, pert.

perdu voy. pert.

perdue voy. pert.

perduz voy. pert.

père 49, 147, 267, 337, père.

perron 977, i333, perron.

perso ne 1 9 1 1 , prestance.

pert (perdre; 25, 1607, perdi 256i, 920, perdrons 1799, perdront 333, 1259, perdes i3o7, perdu 1068, perdue 1818, perduz i23g, perdre.

periuis 1079, trou.

pesant 2^86, lourd.

pesmes 1629, très-fdcheux.

1 petit voy. peiiz.

2 petit 140, 384, 2232, peu. petiz 5 12, 896, petit 259,923,

990, petit, jeune. peûst voy. puis 2. pié 87, 640, 1141, 2378, piez

i33, 180, pied (membre et

mesure). pierres 11 16, 2bj^, pierre. piétaille 420, gens de pied. piez voy. pié. pilers 467, pilier. pitié 194, 218, pitié. piz 1216, 2539, 2b j^^, poitrine.

1 place 406, ^og, place.

2 place voy. plaist.

plaidier 11 70, plaidiez 1278, 1994, discuter.

plaidiez voy. plaidier.

plaie 948, blessure.

plaie (plaier) 2164, 22o5, bles- ser.

LI CORONEMENZ LOOÏS

21

plaigniez voy. plaint, plain 23, plaine. plaint (se) (se plaindre) 1788, i8og, plaigniez 1946,5^^7/^1»- dre. plaisir 1724, plaisir. plaireit voy. plaist. plaist (plaire) 2, io5, plot 724, 742, plaireit 10, place 1927, pleûst 1548, plaire. plait voy. plaiz. plaiz 1129, 1482, plait i5o8, 35, 161, convention, combat, querelle, procès, plaid. plein voy. pleins, pleine voy. pleins, pleins 875, 201 1, plein 2665,

pleine i635, 11 19, plein. pleissier 181, 126'jfplier, briser. pleniers voy. plenier. plenier 2086, pleniers 2047,

épais. plenté t^S6, grande quantité. pleûst voy. plaist. plevit (plevir) 1722, garantir. plora voy. plore. plore (plorer) i333, i337, plo- rez 2420, plora 996, plore- rent 88, ploré 11 54, 26 r 7, plorant 255, pleurer. ploré voy. plore. plorerent voy. plore. plorez voy. plore. plot voy. plaist. plus 43, 54, 1829, plus. plusor 847, plusors 2040, plu- sieurs. poe 2y6, patte. poeie voy. puis 2. poeir voy, puis 2.

poeit voy. puis 2. poesté 801, j^owvoir. poez voy. puis 2. poi voy. puis 2. poignant voy. point, poignez voy. point, poing i3o, 6o5, poinz 412, 1 132, poing.

1 point 143, 375, point (néga- tion).

2 point (poindre) 898, 1223, poignez 2120, poignant 1071, 2225, point i5o4, éperonner, charger.

poinz voy. point, poïst voy. puis 2. polmon 959, poumon. pomier yoi, pommier.

1 pont 2120, 2126, ponz 466, po7it.

2 pont 2095, pommeau. poons voy. puis 2.

por 4, 3i y pour. porcel 852, pourceau. porent voy. puis 2. porprenent (porprendre) a83,

occuper. porquant 970, néanmoins. porquerre 36 1, 1607, chercher. porra voy. puis 2. porreie voy. puis 2. porreit voy. puis 2. porrez voy. puis 2. port voy. porter, porta voy, porter.

1 porte voy. porter.

2 porte 434, i53o, portes 1620. 421, i528, porte.

portent voy. porter.

porter 55, 278, porte 20, 65o,

i

2 12

VOCABULAIRE

portent 208S, 2 3o8, porta igiS, portera 258, port 1934, porter. portera voy. porter, portes voy. porte, portier voy. portiers, portiers i534, i536, portier

1529, i554, portier. porz 887, port. posé voy. poser, poser 717, 2264, posé 778, po- ser. postiz 1676, 1^16, poterne. pot voy. puis 2. povre voy. povres. povres 1537, 2248, 746, 2258, povre 2255, 3i, ^b^b, pauvre. pré 10(4, prairie. preechant voy. preechier. preer 2679, piller. preechier 21 33, preechant 849,

prêcher. preié voy. preier. preier 232, 5 16, pri 1698, prie 337, prient 908, prit 904, preié 1972, 2i8i,;?rjer. preiere 689, prière, preigne voy. prendre, preignes voy. prendre. preisier57i, i85o,pris843, 865, prcisai 926, preisiez 1734, estimer. preïst voy. prendre, premier voy. premiers. premièrement 85o, première- ment. premiers 556, 1182, premier

1264, 2294. /7rem/cr. prendra voy. prendre, prendrai voy. prendre.

prendre 80, 171, prent 1699, prenz 73, prent 128, 134, prenent 546, prist loi, 341, pristrent 2653, prendrai 1367, prendra 2377, prendrez 2399, prent 69, 893, prenez 461, 478, preigne 2439, preignes 2464, preïst 917, 1375, pris 35o, 2184, îoZ,iZi, prendre^ commencer.

prendrez voy. prendre.

prenent voy. prendre.

prenez voy. prendre.

prent vo^. prendre.

prenz voy. prendre.

presse i23, foule.

prest i3i3, prêt.

prestre 1009, 1664, 992, prê- tre.

prevost 207, prévôt.

prie voy. preier.

prient voy. preier.

pri voy. preier.

1 pris voy. preisier.

2 pris 1491. 2Dbo,prix.

3 pris voy. prendre, preisai voy. preisier.

prison 309, 102 3, prison 2218, prisonnier.

prisonier a353, prisoniers 3D2, 12 58, prisonnier.

prist voy. prendre.

pristrent voy. prendre.

prit voy. preier.

pro voy. proz.

procession 609, 1472, proces- sion.

prodom 21, 36, prodome 678, 1928, homme de bien.

prodome voy. prodom.

LI CORONEMENZ LOOIS

2l3

proece i5oi, proéces 860, vail- lance.

proeces voy. proece.

profetes 847, prophète.

promette 488, promis 234, pro- mettre.

promis voy. prometre.

provende 98, prébende.

provendiers iio3, ii23,prében- dier.

proz 1085, 1490, pro 609, i47'2, vaillant.

pulcele 256o, 2232, jeune fille.

pueent voy. puis 2.

pueple 711, 737, pueples 173, peuple.

puet voy. puis 2.

puez voy. puis 2.

1 puis 43, i63, 244, depuis, ensuite.

2 puis 171, 467, puez 74, 193, puet54, 55,poons 2o3, 2322, poez 2177, pueent ii87,poeie 529, poeit 2173, 23o4, poi 234, pot 526, 647, porent 7o3, i35i, porra 578, 2674, porrez 346, porreie 386, por- reit 693, 1098, puisse 223, 68ï, puisses i52, puist 98, 8o3, puisse i56, 372, puis- sent 1343, peûst 244, 245, poïst 1475, 1481, poeir 481, pouvoir.

puissant 2449, puissant. puisse voy. puis 2. puissent voy. puis 2. puisses voy. puis 2. puist voy. puis 2. puiz 38, 986, puits. panais 37, qui sent mauvais.

qu' 60, 98, pour que; 477, 2533,

pour qui. quanqu* 1096, pour quanque,

tout ce que.

1 quant 12, 27, quand.

2 quant 468, tout ce que

quar 197, 23i, car; 38i, 559,

donc {formule impérative), quarante 739, 1792, quarante. quarels 642, flèche. quart i3o7, quatrième. quartier (escu de) 604, 653, écu

écartelé. quassee(quasser) 1077, ^'''ser. quatorze 3o, 61 3, quators^e. quatre 46, 84 (quatre vinz 1693,

1775; vint et quatre 2429),

quatre.

1 que 9, 32, ^«e; 120, 262 car; (que... que 332, tant... que; n'avons que 374, nous n'avons pas à).

2 que voy. qui. quei 4, i36, quoi. queiement 749, 1 589, sans bruit. quel voy. quels.

quels 656. 1754, 1791, quel 1559, i56o, quel.

querez voy. querre.

querras voy. querre.

querre i6i3, 1627, quier 174, 233, quiers 5x2, quiert 1407, 1798, querez 1572, quierent 373, 2235, querras 1591, quis i387, 2228, chercher.

ques 2340, pour qui les.

1 qui (relat.) 36, 63, 1 1 2, cui 56, 794, que 262, 267, qui, que.

214

VOCABULAIRE

2 qui 25 II (inter.), que 21^, qui,

que. quier voy. querre. quierent voy. querre. quiers voy. querre. quiert voy. querre. quil 469, 600, pour qui le. quin 94, 104, pour qui en. quinzaine 2200, qui)i:^aine. quinze io3, 2 33, quin:^e. quite voy. quites. quites 394, quite 483, 2374,

absous, quitte.

ra (raveir) 23i5, ravrons 1276, 1298, ravoir.

rachater 319, racheter.

raie voy. raier.

raier 2148, raie 960, couler.

raison 891, 490, 1457, 2122, raison, justice, discours, lan- gage.

ramé 294, ramee 1074, branchu, touffu.

ramee voy. ramé.

rameint (ramener) 90 3, ramener.

ramposne 2169, insulte.

ramu 632, branchu, touffu.

randon 967, 972, élan.

randonee 1076, élan.

ravrons voy. ra.

rebraciez (se rebracier) 129, relever ses manches.

reclaime (reclamer) 1225, re- clama 676, 694, réclamer.

recoillirent (recoillir) 2633, re- cevoir.

recréant (recreire) 24, recreûz i386, 2227, céder ^ se rendre.

reconut (reconaistre) i685, re- connaître.

recovriers i537, secours.

recovrer ibSb, s'aider.

recreûz voy. recréant.

reçui (receivre) 929, reçut 44, 100 1, recevoir,

reculant (reculer) 2451, reculer.

reçut voy. reçui.

redempcion 1006, rédemp- tion.

redi (redire) 1837, répondre.

redote (redoter) 675, 686, redoté 824, craindre.

redreça voy. redrecier.

redrecier 216, 1121, redrece 2403, relever,

reençon 172, 488, rançon.

referir 931, refier 63ii, frapper de nouveau.

refuse 1793, refusez i83o, 1412, refuser.

refusez voy. refuse.

refussent voy. resont.

régné 2647, royaume.

reguarde (reguarder) 450, re- guardent 607, regarder.

rei voy. reis.

reiame ibi, 167, reiames 12, royaume.

reiames voy. reiame.

reis 14, 20, 46, 729, rei 94, 99, 63i, 636, roi.

reit 412, 6o5> reiz 23oi, raide, fort.

remaigne voy. remainent.

remainent (remaneir) 35, re- mest 243, 2579, remandra 5 1 9, 1419, remaigne 364, remés 161, 1579, rester.

LI CORON EMENZ LOOÏS

2l5

remembre (remembrer) 1 26, 492, souvenir.

remés voy. remainent.

remest voy. remainent.

remuast voy. remut.

remué voy. remut.

remut (remuer) 627, remuast 635, 1 964, remué 777, rc»7i«er.

renc 1182, 1206, rang.

rendent voy. rent.

rendissent voy. rent.

rendistes voy. rent.

rendra voy. rent.

rendrai voy. rent.

rendu voy. rent.

renges 408, ceinture.

rent (rendre) i263, 2352, ren- dent 2343, rendistes 728, ren- drai 108, 1256, rendra i5o7, rendissent i3o4, rendu 1218, 1238, rendre.

rentrer 710, rentrer.

reoigniez (reoignier) 5i3, ion- surer.

reoille voy. reoillier.

reoillier 5ii, reoille 832, rouler les yeux.

repaire voy. repairier.

repairié voy. repairier.

repairier 245, 2o52, repaire 114, repairiez 242, repairié i352, repairier 1990, retourner, re- venir.

repairiez voy. repairier.

reposer 287, 2222, reposer.

reproche i83o, reproche.

reprové (reprover) 789, repro- cher.

reprovier 198, 602, reproche.

requeistes voy. requiers.

requière voy. requiers.

requièrent voy. requiers.

requiers (requerre) 217, requiert 262, 498, requièrent 347, 21 36, requis 2534, requeistes 2624, requière 627, requis 1715, demander.

requiert voy. requiers.

requis voy. requiers.

resailliz (resaillir) 1295, se re- lever.

rescos (rescorre) 2173, i357, délivrer.

resembles (resembler) 1 o33, les- sembler.

resne 2180, resnes 909, rêne.

resnes voy. resne.

resoigniez (resoignier) 11 73, re- douter.

resont (restre) i525, 1584, re- fussent 2323, être de nou- veau, à son tour.

resordront (resordre) 38, res- sortir.

respitier 1376, respitiez 1261, 1 326, différer, épargner.

respondent voy. respont.

respondi voy. respont.

respondié voy. respont.

respont (respondre) 214, 224, respondent 445,1198, res- pondi 1704, 2421, respondié 2562, 2582, répondre.

ressuscitez (ressusciter) 779, res- susciter.

restreing (restreindre) 893, res- treintes 900, resserrer.

restreintes voy. restreing.

retenez voy. retenir.

retenir i52, 1876, rctieng 964,

2l6

VOCABULAIRE

retenez 487, retenu 1228, 2339, retenir.

retenu voy. retenir.

reiez (reter) 1422, accuser.

retieng voy. retenir.

retolir 83, 178, prendre.

retorna voy. retorner.

retorne voy. retorner.

retorner 439, 517, i 343, re- torne 2334, 2 342, retorna 2026, retornez 1455, 1907, 272, 2 I 83, retourner.

retornez voy. retorner.

retraçon io63, io3o, reproche.

retrait (retraire) 1144, 2598, re- tirer.

révèle voy. révéler.

révèlent voy. révéler.

révéler 2653, révèle 1601, ré- vèlent 1614, se révolter, se manifester.

revest (se) (revestir) 32 1, reves- tuz 1391, se revêtir.

revestuz voy. revest.

revint (revenir) 241, revenir.

ri voy. rire.

riche voy. riches.

riches 35o, 450, 745, 2i58, riche 267, 448, 2 176, 2287, riche, puissant.

richeté 809, richesse.

rien voy. riens.

riens7io, 2 122,2129, rien 179g, quelque chose, rien.

ris 1478, 1701, rire Csubst.).

rit (rire) 1 177, 2699, '*"'^ (verbe).

rivage 440, rivage.

rive i327, rive.

xW\txt 2.2^3 t^6bi, bord de Veau.

rober 2286, piller.

roge 2478. 3 10, roges 5o6,

rouge. rompié (rompre) 2 i 52, rompuz

1 233, 1243, rompre. rompuz voy. rompié. roncin ibo7, 1654, cheval de

service. ros 21 14, 2108, roux. rostir 542, rôtir. rova voy. rover. rover 2211 ,ro va 1 746, demander. rues 1801, 1859, rues. fuié (se ruier) 1872, se ruer. ruistes 2540, violent.

1 s , pour sa.

2 s', pour se.

3 s', pour si. sa voy. ses.

sablon 973, 1046, sable.

sache voy. saveir.

sachié voy. sachier.

sachier 1 32 7, 2078, sachiez 2608, sachié 11 25, i366, tirer, re- tirer.

1 sachiez voy. saveir.

2 sachiez voy. sachier. sacremenz 841, sacrement. safré (safrer) ib^-x, garnir d'une

panne. sage voy. sages, sages 327. 379* 444» sage 609,

490, 903, sage. sai voy. saveir. saignié (saignier) 1094, 258o,

saigner. sailli voy. sait. sailliz voy. sait, sain voy. sains.

LI CORONEMENZ LOOÏS

217

sains 1128, iiSy, sain 906, sain.

saint voy. sainz.

sainte voy. sainz.

saintisme 975, très saint.

sainz 397, 225, saint 232, 388, sainte 677, i55, 726, saint.

saisi voy. saisir.

saisir i638, saisisi 557, ^^32, saisi 1709, saisir.

saisist voy. saisir.

salée (saler) 978, saler.

salf voy. sais.

sais 1128, salf 473, sauf.

sait (saillir) 1048, sailli 2441, 2467, 2555, sailliz 2484,2558, sauter.

saltier 1751, psautier.

salu (saluer) 2 388, salue 449, saluez 2 121, saluer.

salue voy. salu.

saluez voy. salu.

salvage voy. salvages.

salvages 879, salvage 38 1, sau- vage.

sanc voy. sans.

sanglent i33i , i 335, sanglant.

sans 771, 960, sanc 722, 2148, sang.

sarrazine 8, sarrasine.

saveient voy. saveir.

saveies voy. saveir,

saveir 1 509, sai 4, 1 69, ses 1 459, 2 58i, set 494, 2084, savons 980, savez 1806, 21 33, sevent 847, saveies i559, saveient x3oi. sot 2688. sorent 23o5. 2328, sachiez I 324, sache 266, 400, 445, 2267, seûst 876, 1373, savoir, connaître.

savez voy. saveir.

savons voy. saveir.

se voy. il.

2. se 73, 168, 51 (se... non 70, 79, sinon, si ce n'est).

secor voy. secorre.

secore voy. secorre.

secorez voy. secorre,

secorre 363, 1493, secorez 1402, 2244, secor 38 1, 1062, se- corez 787, secore 267, se- courir.

secors 260, 333, secours.

seeler 2268, sceller.

seels 264, sceaux.

sei voy. il.

seie voy. estre.

seient voy. estre.

seies voy. estre.

seiez voy'. estre.

seignacle 425, signe.

seigne (seignier) 790, faire le signe de la croix sur.

seignor voy. sire.

seignorage 1776, seigneurie.

seignorez 22b8, seigneur.

seions voy. estre.

seit voy. estre.

seize 2077, seqe.

sejorne (sejorner) 2o5i, séjour- ner.

sejorné 687, sejornez 2261, dis- pos, vigoureux.

sejornez voy. sejorné.

sel, pour si le et se le.

sele 649, selle.

selve 1 07 4, forêt.

semblant 2210, semblant.

semble (sembler) 12 10, semblés io32, ressembler.

2|8

VOCABULAIRE

semblés voy. semble.

sempres ii3, 120, aussitôt,

seneschals 661, sénéchal.

senestre i3o, 2147, gauche.

senglers ibgô, sanglier.

sens 1 112, 2247, sens.

sent (sentir) 968, sentent 1234, senti i687,sentu 12/^0, sentir.

sentent voy. sent.

senti voy. sent.

sentiers 1268, 5e;i/ier.

sentu voy. sent.

senz 143, 375, sans.

sépulcre 778, sépulcre.

sera voy. estre.

serai voy, estre.

seras voy. estre.

sereie voy, estre.

sereit voy. estre.

serement 2638, serment.

serez voy. estre.

serf voy. servir.

sergenz 2269, 2273, servant.

sermona (sermoner) 5i, sermo- ner.

serons voy. estre.

seror voy. suer.

serveit voy. servir.

servent voy. servir.

service 21 3, 3 17, 32 2, service.

servir i53, 712, serf 614, ser- vent 469, 2258, serveient 987, serviz i38, servir.

sei viz voy. servir.

1 ses, pour si les et se les.

2 ses 49, i33, 109, 1 15, sa 192, 698, soe 454, 3 16, siens 537, 2472, sien 83, son 21, 23, si 733, 774, lor 77, 279, son, sa, ses, leur.

ses voy. saveir.

1 set voy. saveir.

2 set 63 1, sept (set vinz 1488, cent quarante ; set cenz i575, 1849, sept cents, etc.).

seûrlé 2644, assurance. seùst voy. saveir. sevent voy. saveir. sevrez (sevrer) 307, séparer.

1 si voy. ses.

2 si 40, 186, 424, etc., 51, ainsi, alors.

siècle 257, 716, monde.

sien voy. ses.

siens voy. ses.

siet (sedeir) 142, 618, sist 99, être assis, être placé.

sil, pour se le.

si m pieté 743, simplicité.

sire io3, 396, seignor i, 10, 119, i36, sire, seigneur.

sis 43, six.

sist voy. siet.

sivirent voy. sivre.

sivre 329, suit 21 63, 2341, si- virent 990, suivre.

soe voy. sa.

soef 921, 961, doucement.

soferte voy. sofrir.

sofri voy. sofrir.

sofrir 706, 1377, sofri 8,2009, soferte 2 171, souffrir, sup^ porter.

soing II 14, II 33, souci.

sol voy. sols.

sols 1789, sol 439, 1280, seul.

soleient voy. soleit.

soleil 1377, 2568, soleil.

soleit(soleir) 349, soleient 1473, 1343, avoir coutume.

LI CORONEMENZ LOOÏS

219

solement 714, seulement.

soler 1731, soulier.

som 25 18, sommet.

someillier 2196, dormir,

someron 1041, extrémité.

somes voy. estre.

somier i 3o6, i633, somiers 238, 2 52, béte de somme.

son voy. ses.

soner 750, sonerent 1199, son- ner.

sonerent voy. soner.

songe 289, songe.

sonja (songier) 289, rêver.

sont voy. estre.

sor 8, 60, sur.

sorcilz 832, sourcils.

sore 21 56, sur.

sorent voy. saveir.

sorhalcier 2007, célébrer.

sospire (sospirer) 24 16, soupirer.

sosiiegne voy. sostient.

sostient (sostenir) 1547, sostie- gne 938, soutenir^ supporter.

sot voy. saveir.

sovent 860, souvent.

soz 180, 220, sous.

suer i65g (rg. sg.), seror 2680, sœur.

sui voy, estre.

suit voy. sivre.

suor 2552, sueur.

surreccion 1004, résurrection.

sus 534, 616, en haut.

t , pour te.

ta voy. tes.

table 75o, tables 662. table.

taille (taillier)4i2, 418, tailler.

talent i25, 627, désir.

1 tant {adv.) 190, 223, tant; a tant 446, 790, a/ors.

2 tant voy. tanz.

tanz 460, 386, 444, tant I2i3, i8q6, tante 121 3, 1896, tant.

1 targe 411,911, targe {bouclier),

2 targe voy. targier. targent voy. targier.

targier 1108, 1187, targe 897, 2494, 253, 268, targent 1449, largiez 1284, tarder.

targiez voy. targier.

te voy. tu.

tei voy. tu.

leinz 912, couleur.

teise 640, 647, teises 58 1, toise.

tel voy. tels.

tels 2639, 324, tel 64, i52, 29, 682, tel.

temulte 1201, tumulte.

tencier 182, quereller.

tendirent voy. tendre.

tendra voy. tenir.

tendre 2281, 2450, tendirent 58, tendre.

tendrement 241 2, tendrement.

tendront voy. tenir.

tenez voy. tenir.

tenir 137, i5i, tieng 927, 2534, tient 974, tienent 2539, tint 1 167, 2589, tendra 2265, ten- dront 421, tenez 145, 21 23, tenist 658, tenuz 1198, 1206, tenu 1209, tenir.

tenist voy. tenir.

tens 53, 756, i5o9, temps.

tenser 802, 814, 2019, soutenir, défendre.

tente 3383, tentes a366, tente.

220

VOCABULAIRE

tenu voy. tenir.

tenuz voy. tenir.

terre i33, 297, terres, 109, i38, terre,

lerst (terdre) 772, essuyer,

terrier 538, territoire.

tertre 606, 616, tertre.

tes 5i3, 721, i57, ta 696, toe 552, 846. 2588, tien 808, 880, ton i36. 390, ti 838, 1059, vo 481, 571, 482, 5oi, 572, 767. voz 780, 777, 403, 453, vostre 149, 415, ton, ta, tes, votre, vos.

tesmoignier 646, témoigner.

teste 507, 2139, testes 1698, tête.

ti voy. tes.

tien voy. tes.

tienent voy. tenir.

tien g voy. tenir.

tient voy. tenir.

tierz i5oo, 779, troisième.

tint voy. tenir.

tirra (tirer) 97, tirer.

tochast voy. locher.

tochié voy. tochier.

tochier 1772, 1984, tochot 955, tocliast 2182, tochiez 2071, tochié 1875, toucher.

tochiez voy. tochier.

tochot voy. tochier.

toe voy. tes.

toille voy. tolir.

toldrez voy. tolir.

tolir 84, i53, tolis 2134, tol- drez 67, toille 485, tolu 2066, prendre.

tolis voy. tolir.

tolu voy. tolir.

ton voy. tes.

londi (tondre) 1967, tondre. torment 863, supplice. torna voy. tome, torne 846, 238i, tornent 1879, torna i3, tornerent2i5o, tor- nerai 468, tornez 746, 780, torné 34, 688, tornee 2o3i, tourner. torné voy. torne.

tornee voy. torne.

tornent voy. torne.

tornerai voy. torne.

tornerent voy. torne.

tornez PO/, torne.

tort 22, 65, torz 180, tort.

tost 374, 622, tôt.

tôt voy. toz.

tote voy. toz.

totes voy. toz.

toz 236o, 95, 713, tôt i3, 167, 260, 232, 293, tote 192, 420, totes 58, 159, tuit 307, 333, tout, tous.

traînent (traîner) 1774, traîner.

traïr 1477, 253o, trahir.

traisist voy. trait.

traison 66, 393, trahison.

trait (se) (traire) io36, 3ii?. traisist 2537, trait 934, traite 2046, traites 2556, tirer, aller.

traite voy. trait.

traites voy. trait.

traïtor voy. traître.

traïtors voy. traître.

traître 1012, 1913, 19 19 {rg. sg.), traïtor 1438, 1463, traï- tors 1984, traître.

travaillié voy. travailliez.

LI CORONEMENZ LOOÏS

'221

travailliez 1176, travaillié 2195, 767, travailler.

tref voy. très.

trei 417, 7i3, treis 106, 473, trois.

treille igSS, treillis.

treis voy. trei.

trenchant voy. trenchier.

trenchanz voy. trenchier.

trenchast voy. trenchier.

trenche voy. trenchier.

trenchié voy. trenchier.

trenchier gS, igS, trenche 639, 970, trenchast 1246, 1232, trenchant 6o5, trenchanz 23oi, trenchié 1069, 2604, tran- cher.

trente 190, 2 38, trente.

1 très 32, 9D1, très; 071, 94G, à travers, de part en part.

2 très 1194, 23o6, 2382, tref 447, 614, tente.

tresbuche voy. tresbuchier.

tresbuchié voy. tresbuchier.

tresbuchier 2334, tresbuche i33, tresbuchié 1 1 16, 2374, renver- ser, trébucher.

trésor 441, 457, trésor.

trespas 843, souffle.

trespasse (trespasser) 257, 898, trespassent 280, 2277, passer outre, franchir, trépasser.

trespassent voy. trespasse.

tresqu' 106, 17Ô2, pour très- que.

tresque 5, jusque.

trestorna(irestorner) io35, tour- ner.

trestot voy. trestoz.

trestoz 810, 291, 2353, trestot

394, 484, 85o, trestuit 2638, tout.

trestuit voy. trestoz.

treûage 882, tribut.

triers 964, à travers.

troez (troer) 369, trouer,

tronçons 1044, tronçons.

trop 127, 248, trop.

trossé (tiosser) 275, trossez 2 38, 1427, charger.

trossez voy. trossé.

iroton loii, celui qui fait les courses.

trova voy. trover.

irovast voy. trover.

trové voy. trover.

trover 1834, truis 1846, trueve 124, i8o3,truevent733, 1529, trova 448, 2383, troverent 1270, troverai 1703, troveras 2397, trovera 2375, troverez 484. trovast 878, trovc i388, 2217, irovez 1591, trouver.

trovera voy. trover.

troveras voy. trover.

troverent voy. trover.

troverez voy. trover.

trovez voy. trover.

truevent voy. trover.

truis voy. trover.

tu 39, 137, te 64, 78, i56, 169, tei 541, vos 71, 116, I, 2, tu, te, toi, vous.

tua (tuer) 2059, tuer.

tuit voy. toz.

turqueis 641, turc.

uelz 5 06, œil.

uevre (ovrir) 1364, 1669, ue-

222

VOCABULAIRE

vrent a63î, overreies 1 562, uevre i 53o, overte ibog, over- tes 1617, 1620, ouvrir.

uevrent voy. uevre.

ui 389, 925, aujourd'hui.

uis 1692, porte.

uissiers 1643, huissier.

uit 39, 40, huit.

umeliier 2629, humilier.

umilité 773, humilité.

un voy. uns.

une voy. uns.

unes voy. uns.

uns 5o, 290, 332, un 56, 141, une 525, 114, 411, unes 324, 329, un.

usé voy. user.

user 2212, 2252, 266, usé 53, user, employer.

va voy. aler.

vaillant voy. valt.

vaillanz voy. valt.

vaille voy. valt.

vaillissant voy. valt.

vait voy. aler.

val 336, 2552, basizva], en bas).

valdra voy. valt.

valent voy. valt.

valt (valeir) 837, 2563, valent 1059, 2432, valu 914, 945, valdra 621, 1008, vaille 443, 459, vaillanz 21, 2498, vaillant 7, 154, 226, 2, 88, vailli- sant 485, valu 1977, valoir.

valu voy. valt.

vant (se) (se vanter) 4,5e vanter.

vassal 2555, vassai, guerrier.

vasselage 389, prouesse.

veé voy. vie.

veeir 893, 1371, vei 575, 2190, veiz 63, 72, veit 142, 147, veient 197, 1267, vi 358, 925, 769, 1020, veïstes 559, virent 1416, 1898, verrons 106^ verrez 29, verreie 5oi, vei 388, veez 257, 2206, veisse 1359 , veïst 1892, 2157 , veïs- siez 12 12, 233 1, veïssent 1924, veiant2 i 32, 2 386, voir.

1 veez voy. veeir.

2 veez voy. vie. vei voy. veeir. veiage 235, voyage. veiant voy. veeir.

veie73i, 2o3i,veies 1268, voie.

veient voy. veeir.

veier 207, voyer (fonctionnaire d'humble condition).

veies voy. veie.

veine (veintre) 2376, veint 2398, veintra 2440, 2465, vencuz, 622, 2373, vaincre.

veint voy. veine.

veintra voy. veine.

veir 783, 1022. 214, 7q5, vrai, voire.

veirement 725, vraiment.

veïsse voy. veeir.

veïssent voy. veeir.

veïssiez voy. veeir.

veïst voy. veeir.

veïstes voy. veeir.

veit voy. veeir.

veiz voy. veeir.

veltres 292, grand chien, lé- vrier.

venant voy. venir.

vencuz voy. veintre.

LI CORONEMENZ LOOÏS

223

vendi (vendre) ySS, looo, vendu I 2 14, vendre.

vendra voy. venir.

venez vqy. venir.

vengeance 1 6 i 3, vengeance.

vengié voy. vengier.

vengier 2 588, vengiez 53o, i 55 r, vengié 11 22, venger.

vengiez vqy. vengier.

venir 673, 25 i3, vient 11 3, 144, venons i53i, venez 116, vienent 328, i385, vin 2529, vint 21 5, 228, vindrent 424, 433, vendra i5i4, 19 10, venez 1808, 23i3,viegne363i 1622, viegnent 2255, 2259, venant 323, 1384, venuz 383, 463, 2271, venu 1434, 2160, venir.

venist voy. venir.

venons voy. venir.

veni 828, 843, vent.

ventaille 417, partie du haubert qui se relevait sur la face.

ventre 1016, ventre.

venu voy. venir.

venuz voy. venir.

veraiement 856, vraiment.

verais 742, vrai.

vergié voy. vergiez.

vergiez (vergier) 11 15, vergié II 34, 2573, rayé.

vergoignié vo. vergoignier.

vergoignier 578, vergoigné 2083 , déshonorer .

vérité 795, 816, vérité.

vermeille 411, 911, rouge.

verniz 912, verni.

verrai voy. vceir.

verreie voy. veeir.

verrons voy. veeir.

vers 58, 66, 619, vers, envers,

contre. verser 2334, renverser. vert 407, 2479, 1 583, ^^'"^ » ^23,

vert. vertu 918, vertuz 1227, 1247,

force, miracle. vertuos 932, valeureux. vertuz voy. vertu, verz voy. vert, vespre 2568, 2587, soir. vesques 1694, évéque. Voy.

evesques. vesqui voy. vivre, vest 407, 2499, vestent 637,

2298, vestuz 61 5, 684, vestu

634, vêtir. vestent voy. vest. vestu voy. vesU vestuz voy. vest. veve 84, veuve. vi voy. veeir. vie 54, g3,vie. vie (veer) 85, veez 701, veé

i558, interdire. viegne voy. venir, vieil voy. vielz. vieille voy. vielz. vielz 258, 365, vieil 819, 2198,

vieille 971, gi 4, vieil. vienent voy. venir, vient voy- venir, vierge 719, 1084, vierge.

1 vif voy. vivre.

2 vif voy. vis. vil 2534, vil. vilain voy. vilains, vilainement 852, laidement.

vilains4,vilain 1906,2 i66,W/a/n. viles 2655, ville.

\

324

VOCABULAIRE

vilment 86 1, vilement. vin voy. venir, vindrent voy. venir.

1 vint voy. venir.

2 vint 58 1, vingt (vint et quatre 3429, vint et sis 45).

virent voy. veeir.

1 vis 1672, 2519, vif 1255, i3o3, 564, vivant.

2 vis voy. vivre.

3 vis 354, 55o, 2538, mine, vi- sage.

visage 3^2,'i']S,255i, même sens.

visages voy. visage.

visitez (visiter) 729, visiter.

vit voy. veeir.

vivons voy. vivre.

vivre 1751, 2223, vif 1089, 1705,

vis 2o5, vivons 1064, vesqui

i63, vivre. vo voy. tes. voiiient voy. vueil. vois 5 12, 2169, voix. voise voy. aler. voist voy. aler. voldreie voy. vueil. voldrent voy. vueil. voidront voy. vueil. vole voy. voler, volée 1079, volée. voleies voy. vueil.

voleit voy. vueil.

volent voy. voler.

volenté 691, 696, volcntez 1^94, 2253, volonté.

volentiers i5, 108, volontiers.

voler II 35, vole 1047, volent 2547, voler.

volez voy. vueil.

volsist voy. vueil.

volt voy. vueil.

volte 1467, 1634, salle voûtée.

voltiz 2543, 2549, bombé.

vont voy. aler.

I vos vo^. tu.

vostre voy. tes.

voz. voy. tes.

vrais 724, vrai.

vueil (voleir) 64, 172, vaels 78, vuelt 56, 107, volez i362, 1697, vuelent 212, 2656, vo- leies i36, 807, voleit 733, voldrai 1986, voidront 1170, volt 319, 528, voldrent 2187, 2?37, voldreie 5 16, voldreit 1796, voldriez i832, vxieille 3i4, 187, vueillent i3i2, volsist 471, 8jy7, vouloir.

vueille voy. vueil.

vuelent voy. vueil.

vuels voy. vueil.

vuelt voy. vueil.

TABLE DES NOMS'"

Abel 707, tué par Caïn.

Abilant (l'onor d') 2452.

Acelin 1782, 1786, i8o3, i8o5, 1810, 1814, i833, 1839, 1857, 1887, 1904, 1907, 1912, 1937, Ance-

.. lin man. B^, B2, fils de Richard de Normandie ; il veut s'emparer de la cou- ronne de France au détri- ment de Louis ; il est tué par Guillaume (voy. Ro- mania, I", i85).

Adam 698, 979, mangea du fruit défendu et fut chassé du paradis.

Aiglent voy. Milon d'A.

Aïmer 826, frère de Guil- laume.

Aimeri 570, 819, 1472, 1542,

2525,

2594,

Aimeri de

Narbonne 210, père de

Guillaume.

Ais27, Aix-la-Ghapeil

î.

Alelme

1785,

1789,

1797,

1826,

i836,

1840,

i855,

i858,

Aliaui

ne C

1543,

i55i,

i558,

i57[,

etc.,

écuyer

, neveu de

Guil-

laume. Alemaigne 17, dépend de

Charlemagne. Gui d'A.

voy. Gui. Alemans (Gui li) voy. Gui. Aliaume voy. Alelme. Alion 644, 1208,2096,2143,

25o2, 2612, Arion var.

1208, 2612, cheval de Cor-

solt, puis de Guillaume,

après la mort de Corsolt,

I. On ne trouvera dans cette table, sur les personnages ou les lieux qui y figurent, que les renseignements fournis par le poème. Aux noms du texte critique j'ai ajouté ceux des variantes lorsqu'ils pouvaient être intéressants C, D = appendice C, D; var. = variante.

i5.

220

Ll CORONEMENZ LOOIS

Dans C le même cheval est appelé une fois Alion (1969), et ailleurs Arondel (1898, 2229, 2409, 2423, 2434, 2444, 2648, 2662).

Alori 1499, chef du lignage des traîtres.

Amarmonde 2022 , Ama- ronde var. 2022, Mari- monde C 1 793, roi du Bor- delais, conquis par Guil- laume, se fait baptiser.

Amaronde voy. Amarmonde.

Ancelin voy. Aceiin.

Andernas voy. Guibert d'A.

Anestase (sainte) 726, man- chote, recouvra ses mains en accouchant la Vierge.

Anjou 18, dépend de Char- lemagne.

Annadore 2o3i, Enveudure var. 2o3i, ville située sur la route de Pierrelate à Saint-Gile.

Anseline voy. Guarin.

Arabe (or d') 319, (destrier d') 2362, Arabie.

Arage (mulet d') C 2285, Arabie.

Arion voy. Alion.

Arneïs 1 19, 124, Arneïs d'Or- liens 99, 112, Hernaïs D 125, Herneïs d'Orliens Z) 90, 95, 117, Ernaul var. 119, Hernaulz var. 119. (Cf. p. xxvii et suiv.)

Arondel voy. Alion.

Arabi (1') voy. Corsolt.

Ascencion ioo5.

Auborc voy. Guires.

} Avauterre var. 19.

i Avalon (l'or d') 1796, 1827,

j Valon (l'or de) C 1598 (île

1 d'Avalon, séjour du roi

' Artur).

Baratron (puiz de) 986, en- fer.

Bavière 17, dépend de Char- lemagne.

Berengiers565,pairdeChar- lemagne.

Bernart de Brebant 211, Bernart de Brebant la cité 821, frère de Guillaume.

Berriier voy. Berruier. |

Berruier 11 63, var. 1260, * Berriier var. 19, hommes du Berry.

Bertran ii5, 273, 356, 366, 4o3, 1171, 1479, i353, 1598, 1645, 1648, 1893, 1916, 1920, 2189, 2208, 2209, 23i2, 2467, 2472, 2492, 2622, 2625, 2659, 2662, comte Bertran 1 154, 1214, 23i 6, 2615, paladin Bertran 2441. Neveu de Guillaume.

Berzebut 987, est en enfer.

Besençon var. i832.

Bethléem 723,011 naquit Jé- sus.

Bonivent C 2706, Bénévent.

Bordels sor Gironde 2021, Bordeaux.

Borgoigne D 9, dépend de Charlemagne.

Brachefier voy. Fierebrace.

^

TABLE DES NOMS

227

Brebant voy. Bernart.

Bretaigne 18, dépend de Charlemaigne ; 2049, Guil- laume la côtoie.

Brie 1449, 1452, sur la route de Rome à Tours.

Buevon de Commarchis 824, frère de Guillaume.

Cahu 621, 1225, dieu des

Sarrasins. Caïn 707, tue Abel. Calabre 886, C 2282, 2457. Carpes voy. Chapre.

(; Cartage (l'or de) 471, 491, (cité de) var. 2027. l Cartage voy. Dagobert de C. Castele (destrier de) C 1342, Castille.

Cesaires voy. Julius.

Champion i32i, i325, ne- veu du roi Galafre.

Chapre 3o3, 33 1, Carpes v<ir. 33 1> Crapes var. 441, Ca- poue.(Cf. p. XXXIX, note I.)

Charlemagne voy. Charles.

Charles i5o, i63, 164, 228, 242, 25o, 339, 364, 885, 1396, 1436, 1461, 2385, a5oi, Charlemagne 14, Charles li magnes 53, Char- lemagne le grant var. 1.

Chartres 2378, 2400, var. 33i.

Ciquaires 284, Cirtaiges var. 284, hôte de Guillaume à Rome.

Cirtaiges voy. Ciquaires.

Clinçvent 261 3, Prinsaut C

[

2421, 265o, cheval de Gui d'Alemaigne, conquis par Guillaume, qui le donne à Bertran.

Commarchis voy. Buevon deC.

Constentin voy. Costentin.

Cornoaille (l'onor de) var. 491.

Corsolt 612, 619, 628, io3o, 1192, 2619, Corsolt l'A- rabi 25 18, d'oltre la roge mer 3 10, li salvages 879, l'amirez 3o2, rei Corsolt 5o4, 622, 65 1. (Cf. p. xxxiv et suiv.)

Costentin 2o52, Constentin C i838, Cotentin.

Crapes voy, Chapre.

Dagobert de Cartage 2027, roi vaincu par Guillaume.

Daniel 1018, dans la fosse aux lions.

Denis (roi de Saint) 1461, 25 16, saint Denis (cri de guerre) 2610, par saint Denis 547, 1260, 1642, 1757.

Engeliers 568, Englehiers var. 568, pair de Charle- magne.

Enveudure voy. Annadore.

Ermengart vor. Hermenjart.

Ernaut voy. Arneïs.

Escalvaire (mont) 761, Cal- vaire.

228

LT CORONEMENZ LOOlS

Esclers 829, Slaves. Espaigne 2263; (destrier d')

2261. Espolise voj\ Police. Estolz de Langres SGy, pair

de Charlemagne. Evain 698, 980, mangea la

pomme défendue.

Fierebrace 271, 382, 398, 492, 882; voy. Guillelme F.; Brachefier var. 1260. (Cf. p. xLviii et suiv.)

Floiredu Plesseïs vo/.Sohier.

France 20, 26,43, 189, 245, i385, 1434, 1465, 1493, i5io, 1818, 2378, 2400, 2047,2663,2683, Francela d'olce i3, i5, 1418, 1425, 2045, 2076.

Franceis 120, 162, 197, ii63, i533, 23o5, 2409, 2425, 2432, 2653; épithète de Guillaume 617, 626, 663, 793, 833, 879, I ICI.

Frans 2469, 2461, 2637, synonyme de Franceis.

Gabriel (saint) 397, 430.

Galafre 553, Galafre l'ami- rant 437, 472, i'amire' 1419, 2238, le rei 3oi, 348, 448, 474, 614, 1189,

1222, 1224. l320.

Garsile var. 3oj, 1222, 1419,

pour Galafre. Gascogne D 10, dépend de

Charlemagne.

Gerbert C i393, fils d'une sœur de Guillaume (peut- être faut-il lire Guibert : le signe d'abréviation n'est pas net).

Gerin 568, Gucrin var. 568, pair de Charlemagne.

Gile (Saint) 2o32, ville prise par Guillaume.

Gironde 75 , fleuve. Voy^. Bordels sor G.

Gironde sor mer voy. Hernalt de G.

Gontier de Rome var. 1619, pour Guarin de Rome.

Guaifier 2325, de Police 2234 (cf. p. xxxviir, note i), le rei 3o4, 35o, i256, i354. (Cf. p. XXXV et suiv.)

Gualdin le brun 1489, neveu de Guillaume.

Gualtier 567, pair de Char- lemagne.

Gualtier 11 55, 1288, 1893, 2617, probablement le même que Gualtier deTo- lose.

Gualtier de Tolose 1220, Gualtier le Tolosain i638, fils d'une sœur de Guil- laume.

Gualtier de Tudele 1618, probablement encore le même que le précédent.

Gualtier i684,clerc de Tours.

Gualtier 1 982, abbé de Tours.

Guarin 823, G. d'Anseiine var. 823, D i65, frère de Guillaume.

Guarin de Rome 1619, peut-

TABLE DES NOMS

229

f

être le même que le pré- cédent.

Guaulier de Termes C2o32, peut-être le même que Galtier de Tudele.

Guerin voy. Gerin.

Gui 2521,2532, 2596, Gui d'Alemaigne 2241 , 2289, 2355, 236i, 2365, 2389, 2405, 2423, 25io, 2562, 2582, GuiliAlemans2458, 2470, Guion 2572, 2601, Guion l'Alemant 2435 , 2453. (Cf. p. Lix et suiv.)

Guibelin D 177, frère de Guillaume, le même que Guibert.

GuiberD 186, vJr. 2617.

Guibert d'Andernas le mein- zné 825 , frère de Guil- laume.

Guielin 273,404, 1 155, 1219, 1288, 2492, 2617, compa- gnon de Guillaume, peut- être son neveu; C 1680, cousin de Vivien.

Guillelme 11 3, 121, 148, 209, 244, 248, 272, 294, 3o8, 3i2, 357, 359, 414, 574, 683, 792, 795, 8o3, 811, 816, 836, 845, 864, 867, 876, 897, 932, 95i, 967, 974 , io3i , io37, io58, 1072, iioo, II 12, 1122, 1147, 1175, 1177, 1201,

1206, 1221, 1223, 1228,

J235, 1254, 1283, 1287,

i3i4, i333, 1375, i387,

1394, 1403, 1413, 1417,

1424, 1450, 1457, 1478,

1485, 1487, i5oi, 1544,

i552, 1557, i568, 1572,

1578, 1597, 1601, 1609,

1611 , i6i5, 1641, 1701,

1722, 1727, 1732, 1743,

1756, i8i5, 1860, 1870,

1890, 1917, 1925, J953,

1965, 1973, 2002, 201 I,

2091, 2106, 2IIO, 2125,

2141, 2i56, 2174, 2180, 2I8I, 2189, 2193, 2209,

22II, 2217, 2222, 2229, 2245, 2247, 23l2, 23l5,

23i7, 2320, 2329, 2348,

2428, 2434, 2466, 2471,

25i4, 2523, 2528, 2536,

2563, 2566, 258o, 2583,

2590, 2599, 2609, 2620,

2634, 2642, 2649, 265o,

2657, 2666, 2671 , 2688,

comte Guillelme, 216, 3 16, 343, 556, 673, 918, 93i,

940, 1048, 1066, 1090,

ii3i, ii37, 1143, 1164,

i23o, 1244, i25o, 1262,

1272, 1295, i353, i63o,.

1657, 1760, 1769, 1778,

1820, i885, 1905, 1911,

1931, 1942, 1981 , 199Ô,

2020, 2025, 2030, 2039,

2044, 2107, 2126, 2i65, 2168, 2284, 2288, 2341, 235i, 2455, 2491, 2558, G. le marchis 55o, 818, 1492, 1681, i685, 1713, 25o9, 2524, G. al cort nés 7, i38i, 2673, G. Fiere- brace 249, 255, 320, 335, 4o5,9o5, 1337, 1431, 1441, 1806, 1807, 2413, G. de

23o

LI CORONEMENZ LOOÏS

Narbonne 2524, G. de Narbonne sor mer iSjo, cucns G. al cort nés 2044, cuens G. al cort nés li marchis 1667. (Cf. In- troduction, l'Élément his- torique.)

Guion voy. Gui.

Guires d'AuborcCi797, sire deMarcois, enfermé à Pier- replate, soumis par Guil- laume.

Hainau C 1820, soumis par Guillaume.

Hardrez voy. Hâtes.

Hâtes 565, Hardrez var, 565, pair de Charlemagne.

Hermenjart 820, Ermengart var. I, femme d'Aimeri de Narbonne, mère de Guil- laume.

Hernaïs voy. Arneïs.

Herneis d'Orliens voy. Ar- neïs.

Hernalt de Gironde sor mer 822, frère de Guillaume.

Hernaulz voy. Ernaïs.

Herode 732, fit massacrer les Innocents.

Hiere voy. Yve.

Huel de Nantes D 169, est à la cour de Charlemagne.

Hungier 1886, bourgeois de Tours.

Jerin C iSqS, fils d'une sœur de Charlemagne.

Jersalem 743, Jérusalem.

Jesu 85, 592, 848, 1204, 2034.

Joiose 1049, 25oo, 2571, 2600, épée de Guillaume.

Jonas 1016, sauvé du ventre de la baleine.

José 775, Joseph var. 775, Josoé var. 775 (Joseph d'Arimathie), ensevelit Jésus.

Joseph voy. José.

Josoé voy. José.

Judas 754, 999, vendit Jésus.

Juif ioo3, ne crurent pas Jé- sus.

Juliien 2o36, seigneur de j Saint-Gile , soumis par j Guillaume.

! Julius Gesaires 465, bâtit ! Rome.

Landri le timonier Z> 169, est à la cour de Charlema- gne.

Langres voy. Estolz de L.

Lion 2086, forêt en Norman- die. (Cette forêt est men- tionnée dans Wace, Ro- man de Rou, I, 1548, II, 5 12, éd. Andresen; et dans Benoit de StcMore, Chro- nique des ducs de Norman- die, I, 9816, 9844, II, 335, éd. F. Michel. Lions-la- Forêt est aujourd'hui un bourg du département de l'Eure. La lande voisine est appelée Corcers {Cour-

TABLE DES NOMS

23

celles?) par Wace, i^ii. II, 5ii, 529).

Loheraine D 9, dépend de Charlemagne.

Lombardie 19, dépend de Charlemagne.

Longis 768, 1028, perça le côté de Jésus en croix, j (VQX. les Bollandistes , ' i5 Mars)

Looïs 6, 47, 72, 86, ï5o, 160, 166, 174, 243, 254, 339, 362, 1 io3, 1 123, 1395, j397, 1409, 1437, 1460, 1493, 1497, 1537, i55o, j i683, 1691, 1696, 1703, I 1708, 1718, 1740, 1766, j 1779, 1783, 1784, 1787, 1808, 1819, i863, 1941, I 1944, 199^, 2023, 2028, î 2217, 2229, 2246, 2281, I 23io, 2353, 2367, 2385, ; 2421, 2448, 2498, 2565, I 2611, 2616, 2643, 2656, I 2671, 2685, 2687. j

Loon 2677, D 297, 3ii, ' Laon, résidence de Louis. !

Loth (saint) 956, formé par Dieu. i

Madeleine 749, 994, essuie les pieds de Jésus avec ses cheveux.

Magnificant C 2418, a forgé l'épée de Gui d'Allemagne.

Mahom 670, 840, i325, Ma- homet 621, 672, 807, 847, 856, 874, 922, 962, 1225, 1226, 1282, prophète de

Jésus, vint prêcher sur terre, d'abord à La Mec- que ; s'étant enivré, il fut dévoré par des porcs.

Mahomet voy. Mahom.

Manessiers (Fenfes) 566, pair de Charlemagne.

Marcois voy. Guires.

Marie 171, sainte Marie 677,* 787, 256o.

Marimondevo/.Amarmonde.

Martin (mostier Saint) 1467, 1692, Tors de Saint Mar- tin 1458.

Mascons (por lamor [/. i'o- nor] de) var. 1796.

Matusalé (del tens) 756, Ma- thusalem.

Mesques 85o, La Mecque.

Michiel (mont Saint) 2o5o, en Normandie.

Milon d'Aiglent C 2705, père du pape.

Monjoie 1940, 233o, 2610, cri de guerre des Français.

Montgeu 270, 280, 1447, 2277.

Montmartre (Paris soz) var. 2400.

Montpelier(orde)ii49, ii8r, 2182.

Mosteruel sor mer 2649. (Cf. p. xLviii et suiv.)

Moyses 1020, vit le buisson ardent.

N. voy. Naymes. Narbone voy. Aimeri, Guil- laume.

232

LI CORONEMENZ LOOÏS

Nativité (jour de) 2014.

Navare 19, dépend de Char- lemagne.

Naymes var. 566, N. li dus var. 170, pair de Charle- magne.

Neiron 987, est en enfer; pré Neiron 1014, 1798, 2490 {pratum Neronis.aux environs du Vatican).

Nicodemus 775, Nicodème, ensevelit Jésus.

Noé 714, s'est échappé du déluge.

Noël (nuit de) 725, (jour de) 2007.

Normandie 18, dépend de Charlemagne; Normendie C 1839, traversée par Guil- laume.

Normant 198, C 1684, les Normands; C 1544, i563, etc., dénominatif de Ri- chard.

Normendie voy. Normandie.

Ogier (le Danois) var. 567, D 170, pair de Charlema- gne.

Oires voy. Portes Oires.

Oliviers 564, pair de Charle- magne.

Orable 1433, fiancée de Guil- laume.

Orient 688, Guillaume se tourne vers l'Orient pour prier. ^

Orliens 2216, Orléans; voy. Arneïs d'O.

Ostelise (duc d') C 2i63, che- valier de Gui d'Allema- gne, pris par Guillaume (duc d'Osterice?).

Otes (rois) var. 2234.

Paris 1669, 2378, 2400, 2522,

2648, 2670, Paris soz

Montmartre 2400. Pasques i43o, 2014. Peitiers 1660,2001, Poitiers;

règne de Peitier 1983. Peitou 2012, 2046, Poitou

D 10, dépend de Charle- magne. Pentecoste var. 201 5. Père (saint) 232, 388, 453,

5i5, 594, 887, 939, 1014,

1062, 1086, 1236, saint

Pierre. Piereplate voy. Pierrelate. Pierrelarge voy. Pierrelate. Pierrelate 2026, Piereplate

C 1796, Pierrelarge var.

2026, ville conquise par

Guillaume. Pilate var. 776, rendit le

corps de Jésus. Plesseïs voy. Sohier del P. Poitou voy Peitou. Pol (saint) 101 5, converti par

Jésus. Police 2234, Ypolite var.

2234, Espolise C2075. (Cf.

p. xxxviii, note i.) Portes Oires 744, porte

de Jérusalem (Portae au-

reae). Prinsaut voy. Clincvcnt.

Puille C 2282, 236i, 2457, Fouille.

TABLE DES NOMS

Rossie 290, Russie.

233

Rains C 1249, Reims, fîef de Louis; C i6o3, 23o5 .

Renier C 225 1, abbé de Rome.

Richart 1574, i6o5, 1915,

1947» 1937, 1973, 2064, 2074, 21 33, 2144, 2184, 2207, 2218, R. de Roen 1400, 1439, 1464, R. leros 2108, 2 114, R. le vieil 2057, 2io3, 2198.

Richier (mont Saint) C i835, pour mont Saint Michel.

Roen 2o54, Rouen Voy. Ri- chart de R.

Rolanz 564, pair de Gharle- magne.

Romagne 886, appartient à Charlemagne.

Romain i5i5, 23o6, 2328.

Rome 41, 73, 232, 271, 282, 291, 376, 423, 483, 502, 555, 56o, 58o, 885, 906, 937, 1060, io83, io85, ii5i, 1184, 1188, 1196, i2o5, 1347, '-î^^, 1420, 1431, 2226, 2242, 2262, 2278, 2290, 232 1, 2326, ; 2337, 2369, 2374, 2391, ! 2396, 2401, 2457, 25 i6, \ 2527, 2533, 2564, 2626, i 2634, 2642. j

Romenie 281, entre Montgeu et Rome.

Romulus 465, fondateur de Rome

Sarrazin 3oo, 33o, 473, 829, 1266, i3oi, i3ii, les Sar- rasins; 79/, 835, 872,901, 949, 958, 1024, 1099, 1 136, 1144, qualificatif de Cor- solt.

Savari 1490, neveu de Guil- laume.

Simeon 1017, est pre'serve de la faim. (Probablement Sime'on le stylite.)

Simomague 1019, Simon le magicien.

Simon 747, 993, le lépreux, hôte de Jésus.

Simon (or saint) C i557.

Sohier del Plesseïs 1668, Floire du P. var. 1668, Soihier du P. var. 1668, chevalier de l'armée de Guillaume.

Soihier du Piessisvor.Sohier.

Soisons C i6o3, Soissons.

Teivre 1269, i3o8, i3i9,

2606, Tibre. Tenebrez 3oi, roi païen. Termes voy. Guautier de

Termes. Tolosain voY. Gualtier li T. Tolose voy. Gualtier de T. Tors i5i8, (mostier de)2i 18,

2i3i, T. de Saint Martin

1458, Tours. Toscane 19, 886, dépend de

Charlemagne.

.34

LI CORONEMENZ LOOIS

Toz Sainz 201 5, Toussaint.

Trinité (jor de) var. 201 5.

Tudele voy. Gualtier de T.

Turc 547, 806, 81 3, io55, 1070, 1076, 1093, 1128, dénominatif de Corsolt.

Valon voy. Avalon.

Vivien C 1207, i3j2, neveu

de Guillaume, Viviien C 1681, cousin de Guielin. Viviien \oy. Vivien.

Ypolite voy. Police.

Yve 565, Hiere var. 565, pair de Charlemagne.

Yvoires 565, pair de Charle- magne.

ERRATA

Vers 23 einsi lise{ cnsi. 29 verez /. verrez. 60 sur /. sor. 68, 78 einsi /. ensi. 84,91 famé /. feme. 100 orgueillos /. orgoillos. 104 mors /. morz.

106 verons /. verrons.

107 preuz /. proz; héri- tiers /. entiers.

125 copast /. colpast.

i54, 179 famé /. feme.

181 encontreval /. encon- tre val.

187 comme /. corne.

200 croiz /. crois.

225 seur /. sor.

256, 172 gentils /. gentilz.

276 halberz /. halbers.

291 esprenoit Z. espreneit.

296 cop /. colp.

3o5 famé /. feme.

336 aval /. a val.

342 monstre /. moslre.

354 Deus aide /. Dcus, aïde.

359 bel /. bels.

370 halberz /. halbers.

382 Deus aide /. Deus,

aïde. 388guarde/. guardes. 401 fels /. fel. 433 ils /. il; otrage /. ol-

trage. 446 s'esmu /. s'esmut. 453 guarde /. guardes. 461 bon /. buen. 5o8 ueilz /. uelz. 5i2 voiz /. vois. 5 16 vorreie /. voidreie. 348 grant /. granz. 55i, 590, 597, croiz /.crois. 660 voiz /. vois. 712 vorent /. voldrent. 74? simpletez /. simpleté. 817 noms /. nons.

832 ueilz /. uclz.

833 culverz /. coilverz. 865 meins /. meinz. 874 ame /. anme.

899 larges /. large. 919 bon /. buen. 926 prisai /. preisai. 936 bons/, buens. 948 hom /. om. 95a cos /. cols.

236

Ll CORON EMENZ LOOl's

q6o sanz /. sans.

968 cos /. cols.

980 fi /. fei.

986 puis /. puiz.

1004 voient/, voldreni.

1006 viendra /.vendra.

1017 au lieu de fame^ il faut probablement lire faim : Siméon le stylite mangeait une fois tous les quarante jours. Ce vers et les 4 suivants trou- blent l'ordre historique de la prière ; le mot abatis du v. 10 19 devrait être abateis; enfin les cinq vers manquent dans C; pour toutes ces rai- sons je regrette de les avoir laissés dans le texte. En gé- néral je crains de n'avoir pas assez tenu compte de la fa- mille représentée par C.

1078 copee /. colpee.

logoestoltoiez /. estolteiez.

II 01 culverz /. coilverz.

1 1 18 bone /. buene.

1 145 corps /. cors.

1 146 sanz /. sans. 1 159 poi /. pou. i;33 blanz /. blaiis. 1279 croiz /. crois. i3i2 voillent /. vueillent. i32i voiz /. vois.

1329 batus /. batuz. 1396 mors /. morz. 14 19 remainiira /. reman-

dra. 1426 merrez /. menrez. 1432 famé /. feme. 14 10 voianl /. veiant.

1450 le /. li.

1485 acueille /. acoilli.

i524 brans /. branz.

1526 fors /. forz.

1570 Narbonne /. Nar- bone.

1579 aguez /. aguaiz.

1643 guaites /. guaite.

i653 bone /. buene.

1684 Âtant /. A tant.

i685 reconnut /. rcco- nut.

1688 monstra /. mostra.

1694 abés /. abez.

1705 amerrai /. amenrai.

1710 bon /. buen.

1721 bon /. buen.

1740 fils /. filz.

1744 flanz /. flans.

1899 culvert /. coilvert.

1966 culverz /. coilverz.

1988 meins /. meinz. 21 33 preeschier /. pree-

chier. 2232 pucele /. pulcele. 2241 Aleniagne /. Alemai-

gne. 2261 cueilli /. coilli. 2370 otrage /. oitrage. 2375 trouvera /. trovera. 2377 nîaaille /. meaille. 241 1 poi /. pou. 2432 maaille /. meaille. 2467 saillist /. sailli. 2477 jasèrent /. jaserenc. 2493 anemi /. enemi. 25 18 Arrabi /. Arabi. Vocabulaire, amerrai /. amen- rai.

TABLE DES MATIÈRES

Pages

INTRODUCTION i

I L'Élément historique du Coronement LooÏs iv

1 Première branche v

2 Seconde branche xxxn

3 Troisième branche lu

4 Quatrième branche lix

5 Cinquième branche i.xvii

6 A ssemblage des branches lxxi

II Témoignages pour le Coronement Logis lxxv

1 Témoignages tirés des poèmes lxxv

2 Témoignages tirés des textes en prose lxxxv

m Remaniements en prose xc

IV Le Coronement Looïs A l'étranger cxiii

V Manuscrits cxxii

1 Description des manuscrits cxxii

2 Classificatioyi des manuscrits cxxvii

VI Dialecte et âge du Coronement Looïs cxli

1 Etude des assonances cxliii

2 Mesure des mots clxiii

VII Valeur littéraire du Coronement Looïs clxx[

TEXTE CRITIQUE i

APPENDICES 12 1

I Texte du manuscrit D 121

II Texte du manuscrit G 1 3o

III Fragment du manuscrit E 171

VOCABULAIRE 173

TABLE DES NOMS 225

ERRATA 23?

Publications de la Société des anciens textes français. (En vente à la librairie Firmin Didot et C'% 56, rue Jacob, à Paris.)

Bulletin de la Société des anciens textes français (années 1875 à 1888). N'est vendu qu'aux membres de la Société au prix de 3 fr. par année, en pa- pier de Hollande, et de 6 fr. en papier Whatman.

Chansons françaises du xv« siècle publiées d'après le manuscrit de la Biblio- thèque nationale de Paris par Gaston Paris, et accompagnées de la musi- que transcrite en notation moderne par Auguste Gevaert (1875). Epuisé. Il reste quelques exemplaires sur papier Whatman, au prix de.... 37 fr.

Les plus anciens Monuments de la langue française (ix*, x' siècles) pu- bliés par Gaston Paris. Album de neuf planches exécutées par la photogra- vure (1875) 3o fr.

Brun de la Montaigne, roman d'aventure publié pour la première fois, d'après le manuscrit unique de Paris, par Paul Meyer (1875) 3 fr.

Miracles de Nostre Dame par personnages publiés à'après le manuscrit de la Bibliothèque nationale par Gaston Paris et Ulysse Robert, t. 1 à VU

(1876, 1877, 1878, 1879, 1880, 188 1, 1882), le vol 10 fr.

Texte complet. Le t. VI II, qui est sous presse, contiendra le vocabulaire.

Guillaume de Paterne publié d'après le manuscrit de la bibliothèque de l'Ar- senal à Paris par Henri Michelant (1876) lofr.

Deux Rédactions du roman des Sept Sages de Rome publiées par Gaston Paris (1876; 8 fr.

Aiol, chanson de geste publiée d'après le manuscrit unique de Paris par Jacques NoRJi.4ND et Gaston Raynaud (1877) 12 fr.

Le Débat des Hérauts de France et d'Angleterre, suivi de The Debate be- tween the Heralds of England and France, by John Coke, édition com- mencée par L. Pannier et achevée par Paul Mever ( 1877) 10 fr.

Œuvres complètes d'Eustache Deschamps publiées d'après le manuscrit de la Bibliothèque nationale par le marquis de Queux de Saint-Hilaire, t. I, H, m, IV et V 11878, 1880, 1882, 1884., 1887), le vol ix fr.

Le Saint Voyage de Jherusalem du seipieur d'Anglure publié par François BoNNARDOT et Auguste LoNGNON (1878) 16 fr.

Chronique du Mont-Saint-Michel {i343-i46ii) publiée avec notes et pièces diverses par Siméon Luce, t. I et 11 (1879, i883), le vol.....' 12 fr.

Elie de Saint-Gille, chanson de geste publiée avec introduction, glossaire et index, par Gaston Raynaud, accompagnée de la rédaction norvégienne tra- duite par Eugène Koelbing (1879) 8 fr.

Daurel et Béton, chanson de geste provençale publiée pour la première fois d'après le manuscrit unique appartenant à M. A. F. Didot par Paul Meyer (««8o) « fr.

La Vie de saint Gilles, par Guillaume de Berneville, poème du xii* siècle pu- blié daprès le manuscrit unique de Florence par Gaston Paris et Alphonse Bos (i»8i) lotr.

L'Amant rendu cordelier à l'observance d'amours, poème attribué à Martial d'Auvergnb, publié d'après les mss. et les anciennes éditions par A. de Mon- TAiGJ.ON (1881) lo ir.

Raoul de Cambrai, chanson de gebte publiée par Paul Meyer cl Auguste LoNùNON (1882) i5 (i

Le dit de la Panthère d'Amours, par Nicole de Margival, poème du xiii* siè- cle publie par Henry A. Vodd (1883) 6 fr.

Les œuvres poéliques de Philippe de Rémi, sire de Beaumanoir publiées par

H. SucHiER, t. l-ll (1884-85) 25 tr.

Le premier volume ne se vend pas séparément ; le second volume seul »5 fr.

La Mort Armeri de Narbonne, chanson de geste publiée par J. Couraye du Parc (1884) 10 fr.

Trois versions rimécs de l'Evangile de Nicodème publiées par G. Paris et A. Bos(i883) 8 fr.

Frapnents d'une vie de saint Thomas de Cantorbery publiés pour la pre- mière fois d'après les feuillets appartenant à la collection Goethals Vercruysse, avec fac-similé en héliogravure ae l'original, par Paul Mever (i885).. 10 fr.

Œuvres poétiques de Christine de Pisan publiées par Maurice Roy, t. 1 {1886) 10 fr.

Merlin, roman en prose du xiii« siècle, publié d'après le ms. appartenant à M. A. Huth, par G. Paris et J.Ulrich, t. I et H (1886) 20 fr.

Aymeri de Narbonne, chanson de geste publiée par Louis Demaison, t. 1 et II (1887» 20 fr.

Le Mystère de saint Bernard de Menthon, publié d'après le ms. unique appar- tenant à M. le comte de Menthon, par A. Lecoy de la Marche (1888]. 0 fr.

Les quatre âges de l'homme, traité moral de Philippe de Navarre, publié par Marcel DE Fréville (1888) 7 fr.

Le Couronnement de Louis, chanson de geste publiée par E. Langlois, (1888) i5 fr.

Le Mistére du Viel Testament, publié avec introduction, notes et glossaire, par le baron James de Rothschild, t. I, II, III, IV et V (1878, 1879,

1881, 1882, i885),levol lofr.

("Ouvrage imprimé aux frais du baron James de Rothschild et ojerl aux membres de la SociétéJ

Tous ces ouvrages sont ia-8", excepté Les plus anciens Monuments de la langue française, album grand in-folio.

Il a été fait de chaque ouvrage un tirage sur papier Whatman. Le prix des exemplaires sur ce papier est double de celui des exemplaires en papier ordi- naire.

Les membres de la Société ont droit à une remise de 2 5 p. 100 sur tous les prix indiqués ci-dessus.

La Sociélé des Anciens Textes français a obtenu pour ses pu- blications le prix Archon-Despérouse,' à l'Académie française, en 1882, et le prix La Grange, à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en j8S3.

Le Puy. Imprimerie de Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23.

APR 1 0 1575

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UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY

PQ Couronnement, de Louis

14-53 Le couronnement de Louis

C6

1888

f

'5ï;7'