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LE FOLK-LORE DE FRANCE

TOME TROISIÈME LA FAUNE ET LA FLORE

LA FAUNE ET LA FLORE

CHAPITRE PREMIER

LES MAMMIFÈRES SAUVAGES

$ 1. ORIGINES ET LÉGENDFS

La légende de création dualiste qui, en Bretagne, plus rarement dans les autres pays de France, s'applique aux diverses particularités du monde physique, s'allache aussi à l'origine des mammifères sauvages. Plusieurs sont la réplique ridicule, laide ou malfaisante faite par le Diable à l'œuvre de Dieu. C'est ainsi qu'en Auvergne comme en Bretagne le singe est une imitation maladroite de l’homme, et dans le Puy-de-Dôme c'est la taupe. En Rrelagne celle concurrence s'établit à propos de la créalion des mammifères, Lorsque le Tout-Puissant eut fait le mouton, le Diable fit le loup ; Dieu ayant fait le chien, le Diable fit le renard :Ille-et-Vilaine) ou le loup (pays de Tréguier). Quand Dieu eut créé le lièvre, le diable créa le lapin ou, suivant la version trécor- roise, le putois!.

Le Roman de Renart présente une conception assez voisine, avec cette différence que ‘e rôle de Dieu est rempli par Adam et celui du Diable par Êve, et que la scène a lieu après la sortie de l'Eden.

Come Diex ot de paradis

riens mestier auroient, De cele verge en mer feroient. Adams tint la verge en sa main,

En mer feri à Sitost con en

Assez i auront conpenage Eve en son cuer se porpensoit une encor en avoit

L. Pol Sailot. Littérature orale de FAurergne, p. 19 1; G. Le Calves, in Res. des Traditions populaires, t. 1, p. 202.

6 LES MAMMIFÈRES SAUVAGES

dans les pays les ours existent encore ou se sont montrés autrefois, ont sans doute élé inspirées par la faculté qu'ils possèdent de se tenir debout, el c'est d'ordinaire la grossièreté d'un homme qui motive sa punition. On sait que dans le langage populaire, ours est parfois synonyme de personnage bourru el mal appris. La plus ancienne version francaise a été recueillie en Lorraine vers la fin du XVIII‘ siècle : au lemps Dieu vivait sur la lerre, un rustre caché dans un bois voulut lui faire peur el cria brusquement : « Oche ! » Dieu lui dit: « Tu seras comme lu l'as dit, un ours » {oche en palois: el c'est comme cela que les ours sont venus au monde. Un récit des Pyrénées rapporte que, lorsque Dieu passait, un homme se mil à grogner. et que Dieu le changea en ours, pour qu'il grogne à son aise!. On raconte en Béarn que Jésus-Christ rencontra un jour un paysan caché derrière une barrière: « Qui est ? demanda-t-il. Un ours, répliqua l'autre par manière de plaisanterie. C'est bien, répondit Jésus ; tu as dit : Ours, ours tu seras?. » Un forgeron, lier de son arl. frappa sur son enclume en présence de Notre-Seigneur, un fer rouge, dont il fit voler les éclats jusqu'à lui. Dieu lui dit : « Ours tu veux ètre. ours Lu seras, el à tout arbre tu grimperas. hormis au hêtre. » À quoi l'insolent répliqua: « Eh ! je le déracinerai! » Une lradition basque parle d'une sorte de mélempsyeose: pour punir un chasseur présemplueux, Dieu permit qu'il fut tué par un ours ; aussitôt l'âme de l'ours passa dans celle du chasseur. et réciproquement *.

La forme quasi-humaine des pattes de la taupe et de la chauve-souris a suggéré des légendes qui les représentent aussi comme des personnages ayant éprouvé une métamorphose. On dit en Forez que Dieu, pour punir les évollees contre lui, les changea eu darbons ou Laupes, et les condamua à ne jamais voir le jour. C'est pour cela que les pattes de La taupe ressemblent à de petites mains! : en Anjou ce sont les curés qui, jaloux de la puissance des fées, leur ont fait subir cette transformation”; dans les Vosges, les brnnes dames ont disparu depuis que les prêtres récitent l'Evangile selon L Jean: elles demandèrent alors à être changées en taupes, et aujourd'hui on ervit que les ravages commis par elles dans les potagers sont l'œuvre Celles qui habitai le Puy de Préchonnet

Fan de la

3 E. Rolland. Le Joureit 4. Gras. ! 5. Paul Sèbi $. Farietes dibliocrap

de Fram, pt mes, LS, vol 4e, d'a. let Fuestes up. de ia France,

36 LES MAMMIFÈRES SAUVAGES

charme et je vous conjure au nom de la très sainte et sursainte, comme nôtre Dame fut enceinte, que vous n'ayez à prendre ni à écarter aucun des oiseaux de mon troupeau, soil coqs, poules ou poulets, ni à manger leurs nids, ni à sucer leur sang, ni à casser leurs œufs ni à leur faire aucun mal. Une variante abrégée est encore usitée en Seine- et-Marne, aussi pendant trois jours, mais elle est suivie d'une neuvaine. Quelques pécheurs des environs de Saint-Malo allaient au terrier du renard, et prononçaient cette incantation pour l'empècher de venir la nuit sur la grève manger le poisson pris aux lignes de fond :

Renard, ne va pas demain matin

Manger les les plies,

Si eur les lign' à en d'pris ;

Car si tu te prenais sur les hamecons Nous te hacherions

A grands coups de bâton !,

La huée à l'ours, qui ne semble plus en usage, existait aussi au moyen âge:

Or ça! or ça! à l'Ors! Ayde | ayde ! Harou | Harou ! à l'Ors ! Ocis ! ocis 1 Plusieurs saints possèdent, parfois en raison d'épisodes de leur vie légendaire, un certain pouvoir sur une espèce déterminée de bêtes sauvages. C'est pour se les rendre favorables qu'on leur adresse des prières, qu’on leur fait des offrandes, ou que leur nom figure dans des conjurations traditionnelles destinées à empêcher les carnassiers de nuire. Dans les Vosges sainte Geneviève défend les troupeaux, les chiens el les bergers des attaques du loup. On croyait dans le Finistère que ceux qui donnaient du beurre à saint Hervé n'avaient rien à craindre de ce méchant animal, depuis que ce saint aveugle s'était fait guider par un loup ?. Au XVI: siècle, saint Blaise était invoqué pour la protection du troupeau :

Si le loup de sang ardent

Prend un mouton en sa dent, Quand du bois il sort en queste, Huans tous apres la beste : Que soudain il soit rescous de te prie, escoute-nous *,

En Basse-Bretagne, chaque année, le 24 juin, les bergers se rendent, un peu avant le jour, au carrefour du loup le plus rapproché de leur

4. 1.-B. Thiers. Traité des Sup, L. 1, p. 419: André Lefèvre, in Rev. des Trad. pop, t. VII, p. 247; Paul Sébillot, in l'Homme, 1884, p. 234.

2.'Blavignac. L'Empro genevois, p. 265-266.

3. L.-F. Sauvé. Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, p. 15; Cambry. Voyage dans le Finistère, p. 16

4. Rons:

4. Hymnes, éd. Bibl. elrév., t. V, p. 254.

40 LES MAMNIFÈRES SAUVAGES

aller à tel endroit, qu'il y a un pont pour passer l'eau, et parfois ils posent une planche sur le ruisseau. Il en est de même dans la Meuse, certains envoient les rats et les souris chez qui ils veulent en écrivant sur de pelits morceaux de papier des mots cabalistiques. S'il ya de l'eau à traverser on fait pour eux un pont formé d’une simple planche. En disant le jour saint Nicaise une oraison spéciale, on peut également envoyer rats el souris l'on veut, en leur faisant un pont au besoin!.

Les procédés matériels pour chasser les rongeurs sont nombreux : dans les Côtes-du-Nord, on prend, sans qu'il le sache, un peu de pain à un de ses voisins el on le donne aux rals que l'on a dans sa maison : ils la quittent immédiatement pour se rendre dans celle d'où vient le pain?.

Des pratiques cruelles qui semblent avoir pour but d'inspirer la crainte sont encore plus fréquentes; un récit du XVI* siècle fait allusion à l'une d’elles, dont plusieurs similaires sont encore d'un fré- quent usage : Ayant ouy dire que les Sergens lourmentoient les gens de village. Ce sont de grands fols, dit-il [Gaulard], qu’ils n'en escorchent vn tout vif, comme fist mon voisin qui pour chasser les rats de sa maison en a fait escorcher vn en celle façon et puis l'a laissé aller, de sorte qu'il a fait enfuir Lous les autres?. Aux environs de Lamballe, quelques-uns croient que pour les éloigner, il suffit de rôtir un peu un rat vivant, et de le lâcher: ses compagnons, en sentant l'odeur de roussi sont effrayés et ne reviennent plus dans le grenier ; dans le pays de Liège, le supplicié va, dit-on, les prévenir. En Hainaut,

a coud l'anus à un rat et on lui rend ensuile la liberté. La plus ienne Maison rustique indique un procédé qui ne semble plus connu : L'on dit que si l'on prend un beletle, et on lui coupe la queue etes testicules, l'an l'envoie loute vive, que depuis on n'en verra plus au lieu *.

L'usage d'outils dent la condition essentielle est d'être en fer, métal odieux aux esprits, i s abservances qui ont pour

but de rendre les en Bretagne, au comme pour la sauvegarde du troupeau. des proces 4 te relevés de nos jours, Quelqu uteur dela Vie de Miche! Le Noblet:, jetloient Rolland, Pas ve pop : te ls pe 23-

2 H. Labourasse. L €. pe 150.

F: 2te. Ce recueil qui est sarent joe au caves de Tabountt à ce compote au LU siecie

EAP LS: AU Hana, ALL eù.

de Gvdar-

nat

68 LES MAMMIFÈRES SAUVAGES

de faire bonne garde et de n'ouvrir qu'à bon escient, et parfois quand elle revient, elle les sauve du loup.

Le proverbe: la chèvre a pris le loup, dont Lucien donne un similaire grec, est aussi, dit un de ses traducteurs du XVI' siècle, usité en notre langue, et l'on feint qu'une chèvre poursuivie d'un loup, se sauva dans une maison déserte, dont elle ferma la porle avec ses cornes, après que le loup fut entré, qui fut pris par ce moyen*. Ce conte est encore très populaire, mais le plus or rement, la scène se passe dans une église : une sculpture de celle de Bouteilles près de Dieppe représentait un loup, un mouton et un pieu, et commémorait une aventure bien connue dans le pays :

Un loup, quérant une proie Yint à passer par ce lieu. L'agneau bondit et se sauve, Tralnant la corde et le pieu, Et pour fuir la bête fauve, Vole à l'église du lieu.

Après lui, comme son ombre, Le loup court, flaire le pieu ; Tout deux en détours sans nombre S'épuisent dans le saint lieu. Mais l'agneau, passant la porte, La referme avec le pieu,

Et la rage en vain transporte Le loup captif dans ce lieu? !

Le plus ordinairement c'est une chèvre qui enferme son persé- cuteur, par un procédé analogue et des dictons rimés le constatent :

Et vla comme à Papleux La cabre a pris le leu*.

la cbieuve print le loup.

La chèvre contribue aussi à faire prendre le loup dans une église elle est entrée avec lui par une ouverture étroite ; elle lui persuade de manger un gros pain, el comme il ne peut plus sortir, des gens accou-

LE. Cosquia. t. Il. p. 243: E. Rolland, t. 1, p. 131, t. V, p. 202; Paul Sébillot. 3 . orale. p.312 ; H. Carnoy, p. 43-15 (Normandie) ; L. Lam- bert. p. 134: À. Gitiée. p. 143, 14 Loiseou. in Wallonie, LL, p. 68 ; F. Sluse, itid.. L IV. p. 13415: Jules Lemoine, ibid.. t. VI, p. obannès Plantadis, in t.IX:p. 4%: Coundes biarnés, p. abbé L. Dardy, t LE, p- SW: in Rer. des Trad. pop. t. Ll, p. #92 (Alsace). La chèvre vavre ie ventre du loup ses cabris étaient encore vivants et les remplace par des cailloux : Gabrielle Sébillot. ibid. t. XV, p. 424 (Auvergne) ; Ed. Edmont, ibid, t NI. p. {62 pays de Saint-Poll. 2. Ferrot d'Ab'anc surt. Note sur Lucien : Leroux de Lincy. Le Livre des Prouerbes,

& d'Anglemont. Légendes françaises. Paris, 1829. in-%v, p. 118. . Fortier. Dictons de Seine-et-Marne. p. 90: La T'hiéreche. Vervies, 4872, p. L aité par Rolland. Faune pop. !. |, p. 1

DANS LES CONTES nel

dans sa barque échouée involontairement sur le sable du banc des Pourceaux, fut réveillé par des voix de femmes qui dansaient en chantant autour de son bateau. Quand elles l'aperçurent elles pous- sérent des cris, et, s'élant jetées sur le dos des marsouins qui grouillaient dans le voisinage, elles disparurent dans la direction de la Goule aux Fées !.

Ce célacé figure aussi, à litre épisodique, dans quelques contes: c'est lui qui, sur l'ordre du roi des Poissons, va chercher au fond de l'eau les clés lancées par la belle princesse, el c'est aussi lui qui, dans un autre récit, dit est situé le château suspendu dans les airs ?.

Un livre brelon, écrit vers 1835, parle à deux reprises de la baleine des morts, dont le rôle est assez vaguement indiqué, et que je n'ai pas retrouvée ailleurs : elle mord à l'épaule un marin et frôle les bateaux en faisant un grand bruit. Il semble qu'on la regarde surtout comme de mauvais présage.

4. À. Orain. Curiosités de l'Ille-et- Vilaine, 1885, p. 15.

2. Paul Sébillot, 1. c., t. LIN, p. 148, 185, 3. L. Kerardven. Guionvac'h, p. 108, 90.

fut pris d'une telle frin- <rgë d'avoine el de foin, æuilles des arbres el sur

: 47e ingénieuse pourquoi le < que l'homme le vit, il se ner des objels pesants : le #3 d'un pas rapide les plus +. aaues années de labeur, il 2222 enfin se reposer : « Jamais,

fin de Les jours. S'il en ai plus désormais

existe entre les chiens el les << = + soient domesliqués et vivent estconslalée par de nombreux ane, elle à été motivée, il ÿ s hôtes de la maison. Les < crsueur de s'asseoir au foyer de at l'Eternel. Les chiens firent sai leur ÿ à leurs maitres leur paresse. Dieu reconnut il int compte du service qu'ils Etun compromis futsigné sur craient les maitres pendant le aient errer eu liberté par toute 2: quelque temps la convention, puis + pendant le jour la meilleure place sser, et en appelèrent de nouveau

s rendirent au ciel avec le parchemin : see, chats et chiens se lournaient le Las sa des chats s'élance apres el le chien arme la lèle, malgré lui; aussitôt un LU pièce el la dévore ; il s'élève une

5 eg met tout le monde à la porte. Mais : une telle haine, qu'ils ne peuvent

sn cts poursuite

chic au derrière Sp curieuse pour ne pas avoir été l'objet Les à une légende bien antérieure au siècle

s de se [air

HS LAUSESS DOMESTIQUES

urprise, à faire avaler au chal un

_ ande, el dès qu'il se mettait en D ar | Mer igiaient dans leurs trous. Les chats, er es - sur congénère dont l'estomac contenait

ans crane vis qu'ils mangent, ils ne manquent 4 = 2 maux. de peur d'absorber un autre grelot!.

saress en existe, el il ne ser. TU 4 à secte suivante ait élé empruntée à la tradition:

sus 2 aites crient si furieusement quand le matou

eu à à savent l'antipathie qu'il y à entre le chat et

LT qu ax à matou ne s'en aille de leur compagnie, si de sai au devant. la femelle crie et se tourmente afin

Does ue verni les bêtes Croquemilaines dont on menace

À xivuraer de certains acles ou pour qu'ils n'aillent Marbois, dans le Brabant wallon,

sas HUIeeeUx

Rs à Wargotiat. En Eure-et-Loir pour les empêcher S Q sa «4 +u de monler au grenier on leur fail croire

“as à deux queues, ce dont ils ont une crainte

{is UIUURS ET LA NAISSANCE

Las depuis leur enfance à voir aux champs, sur la ivs fvrmes les accouplements des animaux reuraellement parler des circonstances qui uesares à prendre pour assurer leur réussite,

AZ aves res différentes de celles des habitants des

es phases de ces acles, ct ils en causent tout È us ane songer à employer les formules d'excuses, ES LL simplement quelques bestiaux répu- SONT NE aservennent alors, on peut être certain qu'elles FUN QUux sgrsement des animaux, mais à leur espèce. For Tec et personne n'y trouve à redire, de voir des ar ateprochables, non-seulement assister, mais

* ateots des bêtes dont elles ont garde. tee s'adressent pour l'accroissement de leurs

us ads pop, L IX, p. 646.

me ET vcaues de Tabarin. Œuvres de Tabario, 1. Il, p.97,

Eh ee Prud. pepe, t: XVI, p. 4713 E. Rolland, Faune po-

478 2OMESTIQUES

<, quate coches », sans quoi la En Ille-et-Vilaine. le condue- “re à l'envers son bonnel on que, il faut qu'il la retourne. ruie doil mettre un sabot et un mer, les pelits pores viennent la portée comprendra plus de aduit la truie pense aux gar- parfois au cou du bouc, saux faiguillelte, ua collier de toile en place entre les cornes de la

leur forme . le valet et la ui donner courige : « Sus, Robin, », formule qui se rapproche st belle, elle est belle, sus, à sus, SUS, sus, à bure, sus !# », En aits cochous aura une truie, il faut opération pendant lout le temps son aura atteint ce nombre, autant

ecouplement : celle qui consiste à dans le Côte-d'Or on danne un

urmandie, on ue manquait jam d'une baguette de coudrier ; da 8 La passent un bâton sur l'épine dors Finistère, on lui frotte les reins, s caillou. Dans le Loiret, on pique le 2 asile, y fait une incision, puis on la sadie on fendait autrefois en quatre lu uce orléanaise, on fait ngée avec du sou ; dans 1 e de chou dans laquelle on à

sue. Dans la Br

: pilée mél rune fe:

126:

Dot-

. 22: C. Moiset. Usuyes de l'Yo 2€. Rolland. Faune pop., LV. p. B. Souché. Cruyunres, ete, p. 1 3. Tuchæann. in Melusine, t. VII, col. 234 fabrique des excellents traits le vérité, p. T4: Dm STères. +75 Godarville, p. 29-23.

7.

it une croix sur le dos de + eux-Sèvres, il est prudent : -< qui viennent de nailre, de

L Je certaines bôtes tiennent e leur naissance, Au XV*

chiens el les chatons d'une « aragent facilement, les autres 228 chats de mars sont regardés . sat dans le Finislère pour être au sabbal: ceux d'avril sont

< 2 «x mois d'aoûl ne savent prendre triomphe à la maisont, Au

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ir: S'en vostre maison avez une + may, faittes-les incontinent r que jamais ils ne font nulz

un dit d'une personne méchante 2x: de mai, on lue ceux qui sont nés ui même se charge ordinairement Sèvres, on accuse . mais dans Le second de ces pays contrairement à la croyance la plus n Wallonie, les chats nés après la sont généralement dédaignés : à se, on à soin de leur couper le bout

de la Lozère des personnes ayant la as on doit présenter les petits chic s été soumis à cette

< sens qui n'ont p

te lp. 251 : J.-B. Thiers. Traité des Sup. EVA pe AB: E IVe pe 4945 Vop. 1: ÿ. 21: Euile Guillemin. La vie d'un simple,

WU, 31: Fr. Daleau. Trad. de la Gironde, + tom pe 133 IL Le Carguet, in lee. des Sare IE, 35.

Uo:B. Souché, Créyances, udareille, p. A6

Paul Sébil- in Hev. des

Ea Nsemsnde,

: é. Le F.-L des Ha k n #4 : Maison rustique, { BAR mou mages pt, Mtied Harou, in Rev, des Trad., pPr Dore dent MeV Prologue :Guillaume Bouchet, 8 î ï He tehuns pe fau, Ch, Bellier-Dumaine, in Rev. 4 OR RTS U 17, LL, ch, XXIV, ei ERA EN db A à Murson rustique, 1597,

CONTES DIVERS 455

m'a été fait en Haute-Bretagne, il y a une vingtaine d’années, et que je n'ai pas publié.

Un conte, populaire au XVI* siècle et sans doute avant, racontait qu'un moine ayant élé appelé par son seigneur pour confesser un chien qui mourait de vieillesse, fit sortir tout ‘le monde, et lui prenant l'oreille, dans un bâton fendu, lui pose diverses queslions auxquelles le chien répond : Quan ! ouan! En Haute-Bretagne, un vicaire appelé aussi à confesser une chienne, emprunte deux alènes, les lui enfonce dans la chair en lui posant chaque fois une interrogation, et celle-ci répond: houoh! houoh ! et c'est ainsi qu'il lui fait approuver un don de plusieurs milliers de francs, aux pauvres et à lui-même.

Le proverbe : Il est comme le chien du jardinier qui ne mange pas de choux, mais qui ne veul pas que les autres en mangent, s'applique à un envieux, et il est fondé sur un petit conte dont un parallèle était connu au XI1l° siècle :

Li samble par droite raison Le chien, qui garde le mulon Eau le pré ; et il avient

Que por mangier à ce fain vient La vache seule. Li chien salt Contre la vache ; si l'assalt

Et chace loing. Tex est li chiens : Il ne lairoït pour nuls riens Mangier la vache, qui a fai N'il ne puet mangier du fai Tel est la vie au losangier?.

4. Béroalde de Verville. Le Moyen de parvenir, p. 338-329 ; Paul Sébillot, in Rev. des Trad. pop., t. XI, p. 392-393. 2. Leroux. Dict. comique ; Räoul de Houdanc. Des eles de corloisie, p. 149.

SOCIOLOGIE CENITHOLOGIQTE s71

peirgan i pre dans les arbres: au temps jadis à trouva son père PeLOL à D1 HU. a fut tellement frappé qu'il Jéserta le pays: Sœuemen: “hague aznée iv revient et x chante pendant trois mois le de sui ma heureux père’.

Sarvanc 1e des -priaires. D existe une espèce d'assreiation amicale nm Ge immucs à #speces differentes : Om crcit daus la Gironde que M Tone: vivuet sons lait de ia bécasse: en Haut<Bretagne. la dupe = 2 ciuupugnt da pivert. qui ni est rerennaissant d'un acte accumpi + npe epoque icintain avaient resolu d'émigrer : mais il

E je pivert. lassé. s'endormait Se ui qier pe 9oupe! pourie ranimer. Ces ams qu'i frz jar arriver au Eu: de sen vovage: pour la remer- Ce de SUE EuÔ À Se IL: à crenser dans le true des arbres des trons our ser ur de s boppe. Les Srocpois disaient au XVIII siècie, Que LOL Ut reur déeouver: un nié de ramier. on pouvait étre assuré QUI sacac dans + viusirage 10 nid d'émeriion. parcsque l'emerillon praeg # amie squre jes antres ciseanx de p: Lars le Bocage man # DILSOL Qu part ei revient en Inéme temps que la crive. <dibe sorven: SUL L1C ôz sien et dars + rvéme arbre*. chesox 2e crevent pas les veux aux cherchent 2 crever les veux des oiseaux guise eumuanen. Ia QU'EDUE SEX acisseni pas de même:on

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Emme es Dhuts-puans +: jasaroes Corneilies Env ie Craroimnets et prreler Marns Le meme muguet ef AUX AMEDS TES".

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en disant auprès d'eux: Hi

des conseils d'économie, = Wallonie la caille, dont un teur :

! Paie qui doit! ; le mäle 2 sn Wallonie un interprète de : charbonnière :

ali; fais-lui ce qu'il te fait». me eyniquement sa voracilé ; se rapprochent de celle-ci usitée en + 4 la car ! vole de la rar ! Couac! de Rennes, il répèle: Cadavret!

<a? Dans ce charnier. rheaux, l'un dans l'arbre, l'autre dialoguent ainsi :

s per?

n. bre,

“ag he! yoag he! 3009 +

= ts Est-il mou? {ter} Mou, mou.

eut lous les cris des animaux : ils Le comme les moutous, miaulent comme

Antenin Perbore, in Lu Tradition. E. Holland, L e., t. 1, p 9. Salle. Cry. du Centre, À. pe E. Rolland, I pe 363 Leun Mouseur. Le. p. 15.

Wès, p. {6x : Comm. de M. Guyot. Daubés:

CONJURATIONS 183

Îes chats, etc. Ils savent aussi contrefaire les bruits de divers métiers comme celui du tisserand :

Tric trac de olu (bis)

ou des scieurs de long : Hire o zigue!

ou parlent comme les charretiers ou les conducteurs de charrue!. Des surnoms tels que : limeur de scies appliqué à la mésange charbonnière, indiquent l'assimilation de leur chant à des occupations humaines*.

Les enfants et parfois aussi les grandes personnes adressent aux oiseaux, pour les éloigner, plusieurs conjurations, parfois assez bruyantes, Lorsque les pelits garçons Normands voient les corneilles s'abattre dans un champ pour manger l'avoine naissante, ils se mettent à chanter à plein gosier :

Cônille, cônille emmantelée, Ta mère est brûlée, Ton père est pendu, elc.

Aux environs de Brest ils crient :

Corbeau, corbeau, Le feu est dans La maison. Dans le Genevois, ils saluent les corbeaux et les corneilles par

diverses formulettes : Corbeau, corbeau, Voici le petit fi Qui te coupera le p'tit niet ' Aux environs de Lorient, ils disent : Corbi, c La mort t'eimbrasse, Car dein ton nid, petits son péris !* Eo Languedoc, on récite aussi une formule de malédiction, dont voici le commencement :

Corb, Corb, Vai l'en a la mar, ete.

Corbeau, corbeau, va-t-en à la mer. Les pêcheurs de la Haute-Bre- tagne adressent aux goëlands pour les chasser ces rimes menaçantes :

Goeland, Va-t-en aux bruments (hannetons), Si tu n'y vas pes, Je te couperai ton sang'. B

Plusieurs observances ont pour but de chasser les oiseaux de proie

4. Paul Sébillot. Trad., t. 11, p. 17980.

2. Arthur Deguin. Faune pop. de la Haute-Marne, p.11.

2.3. Lecœur. Esquisses du Bocage, 1.1, p. 259; E. Rollaud, L. c. p. 143; Bla- vignac. L'Empro genevois, p. 153.

4. Revue des langues romanes, 1813, p. 516; Paul Sébillot, l, &., p. 1.

pie LES OISEAUX DOMBSTIQUES

Les os des aiseaux domestiques ont vraisemblablement servi à plusieurs consultations : celles qui suivent ont trait au mariage : Dans la Gironde, quand on mange des poulets, on donne la clavieule aux enfants ; ehacun tire de son côté celte sorte de fourchette, et celui à qui reste le plus gros morceau se mariera le premier ; c'est pour cela qu'on le nomme : 08 qu'an tire ; en Anjou, la même épreuve est prall- quée par les jeunes filles, at en Poitou par les deux sexes !.

Au XVI: siècle, la Pronostioation ancienne des laboureurs décrivai ainsi une divination par les entrailles: Prenez de la poitrine d’un canard en automne ou apres, et gardez bien. Si elle est partout du long blanche, il signifle que nous aurons ung yver chauld. Et si elle est au commencement rouge, et après blanche, signifie que nous aurons l'yver au commencement ; et si elle est devant et derriere blanche et au milieu rouge, signifie grant froit au milieu de l'yver. Si elle et rouge vers le bout derriere signifie que nous aurons l'yver à la fin?. On 8 vu p. 208 une consultalion contemporaine analogue faile au moyen d'un oiseau sauvage.

$ 4. LA MÉDECINE

La chair de certaines parties des oiseaux domestiques a passé, pour des raisons qu'il n'est pas loujours aisé d'expliquer, pour exercer de l'influence sur eux qui s'en nourrissent. Un préjugé du XV* siècle interdisait de laisser manger de la crêle de coq aux jeunes filles à marier#. Actuellement c'est la Lète qui est réputée dangereuse : dans l'Albret, celui qui avant d'être majeur mange celle d'une volaille, sera épileptique ; dans la Gironde, on risque de devenir fou en mangeant celle d'un pigeon. Il semble que vers la fin du XV siècle, on allribuait à la chair de ce volatile le pouvoir de modifier la voix : le médecin Joubert demande s'il est vray, que pour avoir mangé des pigeons on parle gros. En Poilou, manger des palles de volailles fait dormir, En Haule-Brelagne, en mangeant quelque chose que les poules ont Lec- queté, on est exposé à altraper un cancer‘.

Au XVI siècle, on cherchait dans le gésier du chapon une pierre aussi grosse qu'une fève qui rendait les hommes hardis el vertueux au combat du lit, et les rendait favorables et gracieux envers les femmes *.

Le coq intervenait dans des opérations de sorcellerie médicale : l'une

1. F. Daleau, Trad. de la Gironde, p. XVII. p. 499: Léo Desaivre. Croyances, etc., p.

2. Anciens poètes français, Bibl, elz.. t. Il, p. 95.

3. Les Evanyiles des Quenouilles, 1, 9. App. B. 9.

4. Abbé L. Dardÿ. Anthologie de l'Albrel, L. 1, p. 233: U. de Mensignac. Sup. de la Gironde, p. {14: L. Joubert. Seconde partie des erreurs, p. 182: Léo Desai vre. Croyances. etc. p. 9: Paul Sébillut. Additions. p. 32.

5. La Maison rustique, 4597, 1. 1, ©. 15.

Fraysse, in He. des Trad. pop. L.

TRANSMISSION DE LA MALADIE 243

d'elles consistait à tuer un coq en présence d'une personne qui est en langueur ol qui semble ne pouvoir mourir, afin qu'elle meure ou guérisse bientôt". Un Lémoin interrogé à l'époque des procès de sorcel- lerie raconte qu'un homme lui demanda s'il vouloif qu'on baillast son mal à un coq qu'il avoit en sa maison, el sur ce l'estranger fit enterrer le coq au jerdia de Mathieu qui guérit. Voici une autre déposilion : un jour que le fermier du père d'un jeune garçon que l'on eroyail avoir été ensorcelé, passait devaut la maison du soupçonné, celui-ci lui dit: qu'estant arrivé en la maison de son maitre, il deust mettre la poule qu'il portoil à terre, el que si le garçon la Luoit il guériroit, mais que l'on se gardast bien de manger cesle poule ; le garçon qui estoit malade la Lue, et à l'instant guérit,

On a relevé quelques exemples du rile si souvent usité de la Lrans- mission de la maladie au moyen d'une conjuration, ou de l'application directe de la partie douloureuse sur l'animal qui devient une sorte de victime expiatoire. En Béarn, lorsqu'un enfant a le muguet, on le porte près d'une volière à poules, et, après eu avoir ouvert la porte, on l'y introduit neuf fois en disant chaque fois :

Passe, passe, passerie, Peu hourat de la garie.

Passe, passe, muguel par la porte de la poule. En Haute-Bre- tagne, pour se débarrasser du hoquel on répèle aussi neuf fois de suile à un dindon: « Plus rouge que loi!" ». En Provence, un jeune pigeon, placé sur ‘la tête d'un mourant, attire à lui et boit tout le mal. À Lille, on a constaté dans des cas de méningite l'inter- vention de trois pigeons vivants: on les mel successivement sous l'enfant, le bec placé dans son anus ; pour que l'effet produit soit favo- rable, le pigeon doit gonñer, se débattre et crier. Le premier el le second moururent élouffés, le troisième se déballit et cria, mais si peu que l'on conclut que le pauvre petit malade était perdu ; le pigeon ait-on, débarrasser l'intestin. En Hainaut, on applique le errière d'un pigeon volant déjà sur celui de l'enfant ; l'uiseau qui se débat doit être maintenu énergiquement el meurt d'autant plus vite: sa mort est expliquée par la maladie qu'il a prise. À Guernesey, pour faire disparaitre une affection assez peu délinie, connue sous le nom de mal volant, le patient frictionne le siège de la maladie avec une poule noire, qui doit avoir été achetée, mais non donnée. Après l'opé- ration, elle ne duil être ni gardée ni Luée, mais il faut en faire cadeau

4.3.-B. Thiers. Traité des Sup. L. 1, p. 388. 2. Henri Woguet. Discours des Sorciers, ch. 3. M. Barthety. Pratiques de surrellerie en Béurn, p. . Trad. pop. t. XVUI, p. 4. E. Rolland, p. 138 Harou. Le F.-L. de (:

XV, p. 307, 390. Paul Sébillot. in Rev. des

l'laan, in Bull, de la Soc, d'Anthrop. 1807, p. 126; A dureille, p. 31.

246 LES OISEAUX DOMESTIQUES

qu'on finit par tuer à coup de bourres de pistolets ; dans les Vosges, la poule était également attachée sur une haute perche, avec des quenouil- les en sauloir et celui qui en élail chargé Lirail de Lemps en Lemps un ruban noué & une des ailes de l'oiseau, et le l'aisail crier pour témoigner des regrels de la liaucée de cesser bientôt d'être virge; celle poule n'était porlée que devant les filles de réputation intacte, Dans la Creuse, la poule confiée à un des garcons de la fète est le plus ordi- nairemenht noire ; le soir après diner, on la fait danser en la Lenant par les pattes et ôn l'assomme en frappant de sa Lète les uns et les autres; d'autres fois, c'est avec un chat qu'on l'assomime. On fait cuire ensemble le chat et la poule et on les sert aux mariés quaud ils sont au lit ; ce sacrillce est accompli pour que la mariée soit féconde et bonne nourrice. Sur quelques points du Berry, on apporte à l'église une poule ornée de rubans, dans l'espoir que le couple qui va se marier aura de nombreux enfants.

Aux environs de Niort, quand un mariage à lieu entre le dernier gatçon et la dernière fille de deux maisons, les garçons invités par le marié preunent un coq et les filles invitées par la mariée une poule, que l'on suspend au bout d'une perche ; on les promène en chantant, puis on les lue, on les fait cuire, et ceux qui ont la tête hoivent des rasades en l'honneur des époux. Dans la Gironde, s'est le lendemain de la noce qu'a lieu la promenade d'une poule, vivante également, placée sur une perche: quand elle a été montrée par les chemins, on met à lour de rûle un bandeau sur les yeux des convives qui. armés d'un bâton, vont à tâtons la frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive ; dans la Côte-d'Or le dernier jour d'une fête de noces les garçous d'honneur s'en vou par le village avec nne gaule au bout de laquelle sont attachées plusieurs poules destir être mangées le dimanche suivant dans un repas offert aux maric

Lors de cerlaines fêtes des oiseaux domestiques ent et sont encore la récompense de l'adresse de eux qui parviennent à les e. Voici comment se pratiquait un de ces jeux une treutaine des avant la Révolution: Gravir l'Oye est un plaisir assez ordinaire pour le peuple troyen, dans les temps de réjouissance. On prend une perche, la plus longue qu'on peut trouver, de 25 on 30 pieds que l'on suxpeud en l'air par le moyen d'une vonde qui traverse la d'un grenier à un autre, de façon que le gros bout de la perche est en haut et le petit bouLen bas; on la choisit la plus unie qu'il est

4. Laisnel la Salle. Croyances du Centre, t. Hp. 31: À. Montémont. Fi à Dresde et dans les Vosges, p. Si-36 : E. Roltand. Faune pop. t. VI p. 102 uel de la Salle, €. Il, p. A1.

2. B. Sourhé. Proverbes, e E. Rolland, t. VI, p. 403.

1 P. 434; F. Daleau. Trad. de lu Gironde, p. 3;

LES OISEAUX BT LES JEUX 247

possible, et on la graisse d'huile pour la rendre plus glissante ; il y & environ deux pieds à dire qu'elle ne Louche le pavé ; au bout d'en haut on attache un oÿe vivant, enjolivé de rubans, avec une lasse d'argent ou quelques effets semblables pour servir de prix à celui qui parviendra en grimpant le long de cette perche, à prendre l'oye', Au milieu du XVII siècle un jeu plus cruel était pratiqué sur la Seine, à Paris,

Comme l'ou voit dens la saison Les Mariniers tuant l'Oison,

Ces rustras sans miséricorde Sautét à l'envy eur la corde,

Et s'escarbouillant le museau Secouëz et plongez en l'eau Empoigher de la pauvre beste Les aisles, le col ou la teste

Et des ongles ou bien des dents, Tordans, déchirans et iordans, À la fin emporter la piece

Et pour marque de leur prouësse Faire voir au peuple aussi fou Les aisles, la teste ou le cou. Jamais le pauvre Conchini

Ne fut par le peuple effaré

En tant de pièces dechiré®.

A Grez-Doiceau, dans le Brabant wallon, le second jour de lakermesse, une oie vivante élait suspendue à une corde qui réunissait les extrémités supérieures de deux longues perches fichées en lerre. Un personnage juché sur un tréteau rappelait toutes les calamilés dont la commune avait été frappée dans l'année, ét aceusait l'oie d'en être la cause ; elle était aussi rendue responsable des faits et des farces qui élaient relatées par de grossiers dessins sur de grandes feuilles de papier, el finalement elle était condamnée à mort. Les membres de la jeunesse, à cheval, couraient l'oie ; armés de pistolets chargés à blanc et bourrés de papier, ils passaient à la file, au galop ou au trot entre les deux perches el tiraient dans le cou de la victime expialoire ; celui qui décrochait la tête était proclamé vainqueur ”.

A Saint-Malo, jusqu'au milieu du siècle dernier, tous les ans, le dimanche erépier, on se rendait sur la grève une oie était atlachée au haut d'un piquet. Chacun tirait sur celle cible vivante ; le vainqueur était celui qui lui traversait le cou. Dans la même ville, un autre jeu; celui du tire-jars, a existé jusque vers 1840: Un jars était suspendu par les pattes à un arbre dans une avenue; des hommes à cheval, rangés sur deux files après avoir tiré au sort, parlaient tour à lour à un signal donné, passant au galop sous l'arbre étall suspendu le jars, dont on

1. Grosley. Mémoires de l'Acudémie des sciences, inscriptions, ete, ci-devant élablià à Troyes en Champagne, s. |. 1168, p. 163 n.

2. Richer. L'Ovide bouffon, WA, 4

3. G. J. Schepers, in Wallonia, t. À, p. 160-411.

280 LES DISEAUX DOMBSTIQUES

Alors que les olseaux sauvages servent assez fréquemment d'enveloppe à des personnages imélamorphosés, on n'a relevé qu'un seul exemple des niseaux damesliques jouent ce rüle : trois jeunes lilles quittent pour se baigner leur plumage de colombes !.

Les récits dans lesquels l'âme. au moment de le mort, s'échappe du corps sous la furme d'un oiseau familier sont lrès nombreux : dans la cantilène de suinte Eulalir, le plus ancien spécimen des légendes chantées, quand elle a subi le martyre, son âme

In Gigure de colomb volat a ciel.

Un des hommes d'armes qui avaient assisté au supplice de Jeanne d'Arc, déclara qu'il avait vu en l'émission de l'esprit de la dite Jeanne une colombe blanche sortir de la flamme du bûcher®. On retrouve Par- fois l'âme s'échappe, non aa moment de la mort, mais à celui le cadavre reçoit sa destination définitive : en Auvergne, l'homme qui peut mettre le pied sur celui du prêtre à l'instant il jette la pulletée de terre, voit l'âme s'envoler dans les airs*. Dans la chanson populaire de Malbrough, lorsque le cercueil du héros a élé déposé dans la Lombe.

On vit voler son âme A travers les lauriers.

quelques traces de ces idées dans les tradilions contemporain.

A la fin d'une messe dile pour uu chrélien enterré sous un dolmen. une colombe prit son vol vers les voûtes de l'église, et disparut ensuite. Lorsqu'une demoiselle mariée an diable à passé trois nuils le recteur ne la retrouve plus, mais ayant remue avec Sa ci petit tas de cendre blanche, il s'envole un beau pe sn blanc qui lui dit q pla ns le éiel*. Deux colombes blanches emporten de linge qui contenait les cendres de péni- tents. Di nue oiseaux pour ven baigner,

nent ki 6 les trois pigeons blanes d'une

anson

à l'anniversaire de TNT

avec les os d'un enfant qui avait el lué par sa ou par ue un petit pigeon blanc qui parle? ueilli dans le région du nord une singulié

légende que

4.

LIL p.235 : Paul Sébillot, in Sue arch. ny. in Cubinec des furet NL p. AAA:

in. Contes de Lorrain XD p. 224: Me d'A

pi du Fini Sand, in Her, des Tru. pop VU

. Webster. Bucque Le dry. Eau 40

rues, pe IS. < Pot papes À NI pe HE telnpersure avant Chestorre, les rretieunes. Vannes. IN

Musset, La Unes 4 Paul sébillot. Les LE M. Lust. Lesrndes Che ve. LU, pe 7. Paul Sébillot. Cunées, L. 1. p

: Lévn Pineau, Contes, p. Ti.

cog nOf! Qui CHAxTE ss

voici en subslance : un jeune ouvrier lillois qui rentrail d'habitude tard le soir, voit, au moment d'arriver chez lui par une nuil sombre, une douzaine de pelits poulets qui, par leurs cris, semblaient le prier de les prendre ; il les met dans sa blouse. mais quand il l'ouvre pour les montrer à sa mère, il s'en échappe douze lèles de mort qui vont se placer sur les meubles : par le conseil du curé, il va les teporter, entre minait et une heure, à l'endroit il a vu les poussins, et les tèles de mort se transforment en oiseaux qui s'envolent : dens l8 version lié- geoise, un ivrogne emporte les poussins qui, au logis, dévienhent des ossements et non plus des têles de mort ; par le conseil du curé, il va les remettre dans le cimelière, mais il reçoit unie formidable raclée de mains invisibles,

Les Juifs d'Alsace racontaient que pendant les jours lerribles un bedeau fut assailli par une troupe d'oles blanches, péclieurs ainsi mé- tamorphusés et en peine, qui tournaietit autout de lul en poussant des cris lamentables ; ils l'accompagnèrent jusqu'à la synagogue et dis- parurent subitement sous Lerre pour reparaitre au mêtne endroit les jours suivants ®

D'après les démonologistes, le diable assistait parfois au sabbat sous l'apparence d'une poule *. 3

Plusieurs récits d'Alsace parlent de sorcières qui empruntent la forme de volatiles domestiques : un homme du guet ayant rencontré un énorme canard qui ballail des ailes le jela dans le soupirail de sa cave qui élait ouverte. Le lendemain il $ vit sa femme qui boilait el qui l'accabla d'injures et d'insultes *.

On trouve dans la tradition contemporaine des parallèles d'une légende célèbre au moyen âge, qui figure aussi dans les complaintes du Pélerinage de Saint-Jacques et dans les images populaires : un pèlerin innocent ayant été pendu ne mourut pas grâce à la protection de l'apd- tre; ses parents étant venus raconter ce miracle au juge. celui-vi s'écriä: « Si céla est vrai. je veux que le cog qui lourne embroché saule sur la table et chante ! » ce que fait aussilôt le coq par permission divine‘. Dans un gwerz brelon, un personnage dit qu'il n'ajoutera pas foi à ce qu'on lui dit, à moins que ne chante le chapon rôti qui est sur la lable : à peine avait-il dit ces mots que le chapon chanla sur le plat d'une voix claire. Une des oies de saint Seny ayant été volée, le saint

1. Desrousseanx. Murs de La Flandre française, t. 11, p. 32-922: Joseph Vrindts, in Wallonia, t. Il, p. 164.

2. Stauben. Scènes de [1 vie juiré en Alsace, p. 84.

3. Heuri Boguet. friture des Sarciers, ch. 11.

4. A. Stæber. fie Sagon des Elsasees, n. 219.

5. Alexandre Nicolaï, Monsieur saint Jacques de Compostelle, Bordeaux, 1897, An-8e, p. 3-5, 9, 19, elc. et planche 1 ; ef. Mélusine, t. VI, col. 26, 69.

254 LES OISEAUX DOMESTIQUES

et la rivière ou la flaque d'eau ; dans une variante gasconne, le coq qui va s'amuser à la foire, porte des mouches, des frélons, un bœuf ; dans ua récit de l'Albret, ce sont le loup, le reuard, un essaim!.

Des oiseaux de basse-cour se débarrassent par ruse des animaux sauvages ; c'esL ainsi que le coq attrapé par le renard réussit à lui faire desserrer la gueule (cf. p. 66 du présent volume). D'autres, assnci: pour voyager avec d'autres animaux domestiques, leur aident à triompher des fauves ou des voleurs dans la maison desquels ils ont pénétré ; lorsque ceux-ci y rentrent à la nuit, ils les mordent, leur donnent des coups de bec*, ou bien les effraient par leurs chants ?.

Des poules qui se sont imprudemment risquées à courir le monde construisent ou 8e font construire de pelites maisons, que le loup ou le renard essaient en vain de détruire; un conte franc-cumois pré- senlé un dénouement différent : le loup parvient à démolir les cabanes dans lesquelles yne aie et une cane se croyaient à l'abri.

otai Rev. des Trad. pop. t. IV, p. 493: Morel-Retz, ihid., rnoy. Lité. orale de la Picardie, p. 214: 3.-K. Bladé. Contes de Gascogne. L. Il, p. 235, FM : L. Dardy. Anth. de l'Albrel, 1. Il, p. 183.

2. E. Gosquin. Contes, t. il, p. 102: 3,-F. Bladé. Contes dle Gascogne, t. 11, p. 471 ; Paul Sébillot. Liti. orale, p. 240; Contes. t. 11, p. 328.

3. Henry Carn , L. c. p.113; Aug. Gittée et 3. Lemoine. ë

4. Paul Sébillot. Contes, L 11, p. 323. in Rer. des Trad. pop..t. XI. p. SA et suiv. ; L. Lambert. Contes du Languedoe, p. 46: C. Roussey. Émies de Tournois, P- 87-88. ;

4. Jobannès Xp 362: H.

CHAPITRE V

LES REPTILES

$ 1. ORIGINE ET PARTICULARITÉS TRADITIONNELLES

D'après les légendes bretonnes de créalion dualiste les reptiles sont la contrefaçon diabolique de l'œuvre de Dieu: Lorsqu'il eut créé l'an- guille, le diable fit la couleuvre, et quand le Créateur eut fait les poissons. Salan fi les serpents qui vivent dans l'eau.

Quelques reptiles ont été, postérieurement à l'origine des êtres, pri- vés dans des circonstances légendaires, de certains de leurs organes. On raconte en Picardie que lorsque Dieu eut liré une côle à Adam pour eréer la femine, il la déposa à côté de lui pendant qu'il recousait la plaie. Le serpent s'en empara furlivement, et comme à cette époque il avait des pattes. il s'enfuit rapidement. Dieu envoya à sa poursuite l'archange saint Michel qui réussit à lui saisir les pattes: mais le serpent se dégagea par un violent effort, en les lui laissant entre les mains. L'archange les rapporta au Père Eternel qui souflla dessus et créa ainsi Eve: voilà pourquoi la femme est perfide, el c'est aussi depuis ce temps que le serpent n'a plus de pattes *.

Suivant une croyance générale en France, constatée par la plupart des noms patois ou dialectaux de l'orvet (anguis frugilis L) el aussi par des dictons, ce pelit serpent est aveugle =: des récits populaires que donnés au chapitre des Oiseaux sauvages disent qu'il a perdu la vue pour s'être trop fié au rossignol ; celui-ci lui a emprunté ou dérobé ses yeux et a ensuite refusé de les lui rendre. Le crapaud avait autre- fois une queue : d'après les paysans du Languedoe, de la Gironde, de l'Armagnac et des Landes, il l'a cédée à la taupe qui, en échange, lui a donné ses yeux*, On raconte aux environs de Dinan que jadis les crapauds étaient de couleur verte, et que, comme les grenouilles de ce temps, ils étaient poürvus d'une queue: ils ont perdu ces avantages

4. G. Le Calvez, In fev. des Trad. ., t. I, p. 203.

2. E. Rolland. Faune pop.. t. IN, eri à

3. Voir la série réunie par E. Rolland. Faune populaire. t. : 17-19.

4. E. Rolland. p.58: Fr, Daleau. Traw. de la tironde. p. 61; Vanétés biblio graphiques. À. col. 104: J.-F. Bladé, Proverhes, p. 116.

ORIGINES SISGTLIÈRES 257

Une ripere proprement

Corcoit par la gueale sen fruict. Puis serre :es denis fermement Dont je masie estrangie et destraict. Poar sortir les petits ay mangent Le ventre. dont leur pere vengent : Et pour ce on dit que la Vipere

Ne vit iamais pere ne mere.

Celle croyance est encore répandue en plusieurs régions : en Franche- Comté, la couleuvre qui est. comme on sait. ovipare ne porle qu'une fois el seulement trois petils : ceux-ci lui fendent le ventre el elle périt : sans cela. ces reptiles se multiplieraient tellement que bientôt la terre deviendrait inhabitable ‘. Une particularité rapportée par Pline IX. 12 semble avoir été populaire à l'époque de la Renaissance : On dit, séion le conte des bonnes femmes que les tortues couvent leurs œufs avec les veux?.

IL est vraisemblable que la superstition d'après laquelle des poils ou des cheveux peuvent produire des reptiles est basée sur une analogie d'aspect entre des petits serpents très déliés, et des crins auxquels l'eau communique une sorte de mouvement. Suivant les paysans poite- vins les aspics naissent de crins de cheval plongés dans l'eau dormante, au lever du il nes époques de l'année : d'après ceux d'Auvergne un crin mis dans l'eau ou daus du fumier se {rans- forme en serpent. Dans les Côles-du-Nord, si une jument en chaleur perd ies poils de sa queue et qu'ils tombent dans une mare, le soleil les chauffe, ils ne lardent pas à devenir serpents: dans le Fin tère, le crin remonte le couraul du ruisseau et se change en reptile. En Poitou les cheveux mis dans l'eau, mème abandonnés à l'air libre, se métamorph en reptiles : une vieille sorcière de ce pays avait infecté de serpents le champ d'un voisin en venant s'y peigner chaque jour. Un conte de la Basse-Bretagne suppose aussi celle crosance : une magicienne s'arrache deux cheveux el les présente au héros en lui disant d'atlacher avec son cheval el son chien : le jeune homme souffle dessus el les cheveux se changent en deux vipère: Quelques personnes du Fiuistère croient que le morceau de pain bénit que l'on fait manger à une vipère se lransforme en serpeul

L'erreur populaire qui fait de deux êtres d'une espèce différente, mais présentant une ressemblance physique, le mäle et la femelle,

4. B. Aveau. La description philossphale des oiseaux. p. 36: une explication analogue, en prose. estdonnee a la page suivante : cf. aussi Joubert. Seconde partie des erreurs, p. 293: Ch. Thuriet. Trad. de la Haute-Saône. p. 635.

2. Bérualde de Verville. Le Moyen de partenir. p. 182. 3. Guerrs, in Soc, des Ant. t. VIN, p. 454: De Pommerol, in Rer. des Trad, pop.

t. XIL p. 55 p. 64, 65 Rolland, 1. €. t. IV, P- 495: Léo Desaivre. Croyances, p. 29; F.-M. Luzel. Contes bretons, p. 13 : Cou. de M. À. Dagnet.

a

260. LES REPTILES

oa trouve dans les os de la grenouille les instruments de la Passion !.

On dit en Haute-Br:lagne d'un couteau bien aiguisé qu'il coupe comme ua v'lin ireplilei, peut-être par allusion au pouvoir attribué aux animaux à sang froid de rendre les outils plus tranchants. En Ille-et- Vilaine, la faucille qui a coupé un crapaud sera en meilleur état pendant toute la moisson. Dans le pays de Liège, la langue de la cou- leuvre est utilisée pour aiguiser les faux *.

On sait qu'un chœur de grenouilles figure dans la comédie athé- nienne qui porte leur nom ; il est fort possible que l'idée en ail été suggérée à Arislophane par une inlerprélalion populaire de leur coassement, apparentée à celles qui sont usilées en plusieurs pays. Parfois c'est une pelile saynèle le dialogue s'engage entre un corÿphée et une sorte de chœur. Dans le pays fougerais, la première grenouille qu'on entend le soir est la reine el elle dit aux autres :

Qu'est-ce qui lavera L'écuelle au roi?

Alors toutes de répondre :

Ça n'est pas ma, Ni ma, ni me, etc. Jusqu'à ce qu'elles soient endormies l'une après l'antre ; alors leur prière est finie. À Genève, on lraduil ainsi leur coassemenl : Le roi Est allé, ! où! A Cognac!

Aiosi qu'on le verra à la section des contes, des gens savent com- prendre ces bêtes et se faire entendre d'elles. On interprète aussi par des espèces d'onomalopées les coassements des batraciens : en Haute- Brelagne le crapaud répète pour annoncer la pluie : Alouk ! klouk ! il en est de méme dans le Midi:

Quand canto le grapaud bits : Plau ! Plau ! Plau !

La grenvuille répète : Lous teus, lous meus. lous teus, lus meus. lous teus*.

Aux environs de Dinan, on entend quelque orlir de dessous terre une musique délicieuse : ce sont les crapauds qui chantent.

Je parlerai ailleurs des récits papulaires qui rapportent que des seigneurs obligeuientleurs vassaux à balire l'eau pour Les faire taire Les

Louis Westphal. in Wallonia. t. 1. p. #2. Paui Sebillet. Fra. L. Il, p. 229: Alred Harou, in Re

p.12 3.

. Paul S-bailot. Trad, €. I. p. 234-235 Blavignac. L'Empro generois, p. 110. 4. Paul Sébillot. L. . p. 227: La Tradition, 1906, p. 169

A. Dagnet. Lu Pine

262 LES RBPTILER

c'est pourquoi les grenouilles de Behoute sont devenues mueltes !.

On &-pu voir au chapitre des fles, qu'en raison de circonstances légendaires, aucun reptile ne pouvait y vivre. Plusieurs pays de la terre ferme possèdent ce privilège : à Lucé dans la Beauce, saint Pantaléon a la spécialité de préserver des couleuvres tout le Lerritoire de sa paroisse ?. Les couleuvres meurent dès qu'elles onl louché le territoire de Brévilly, parce que saint Gery les a maudites. Jadis pour une question de limite, une dispule s'élevait entre les habilanls de Mairy el ceux de Brévilly; une couleuvre trancha le différend. On l'avait posée sur les bords d'un petit ravin que revendiquait Brévilly : elle mourut, donc le terrain n'appurlenail pas à Mairy. De même jemais les couleuvres ne purent vivre à Noyÿers Pont-Maugis, parce que saint Lambert les avait maudites ; mais lorsque la section de Thelonne fit construire une église, qu'elle dédiait à saint Lambert, les couleuvres arrivèrent en foule et sans danger vécurent dans cette section. À Chaumont, écart de Noyers, les eaux de la fontaine saint Hilaire, qui lui aussi avait maudit ces reptiles, cicatri- sent et rendent inoffensives la morsure des couleuvres ?.

Les gens de Bonfol dans le Jura bernois, oùilya beaucoup d'étangs, remplis de crapauds, onl comme sobriquel « les Bats crapauds »; un fait accroire aux enfants et aux naïfs que le « gros bat » est enchainé à une arche du pont et qu'on doit le saluer en entrant sur le tablier *.

Quelques reptiles passent pour avoir avec des animaux d'espèces différentes, non seulement des rapports sexuels, {voir p.258: mais des relalions affectueuses. En Haute-Bretagne, la couleuvre est amie de Vanguille : on prétend dans le pays de Liège qu'il existe une grande sympathie entre le crapaud et la couleuvre, el que quand ou en voit une, le crapaud n'est pas loin 5.

Par contre d'autres ont une sorte de haine eonslitulionnelle soit à l'égard de reptiles, soit à l'égard de mammifères même d'insectes. En Limousin, le crapaud est l'ennemi du sérpent, el sa présence sulfit pour l'éloigner de l'étable. Dans le Bessin on raconte des choses merveilleuses des combats de la salamandre avec le crapaud, son ennemi mortel *. Le serpent charme l'oiseau ou le crapaud pour en faire sa proie : en Poilou, ce dernier ne peut résister à sa fascination ; dans

4. Albert Le Grand. Vies des saints de Brelugne : saint” Hervé, ÿ 1: Jordan. Voyages hirtoriques ; Aro Harou, in Be des Trad. pop., L. XIV, pe A0.

Merin. Le Prêtre et le Sorrier, p. ER À Meyrac. Villes et villages des Ardennes, p. 403. 4: À. Daucuurt, in Archives euisses des Trad. L. NIN, p. 50. 5. Paul Sétillot. Trad., t. I, p. 223: A. Harou, in Her. des Trad. pop. L XVI.

p. 42. M. M. Go yeux, p. 43.

Au bas pays de Limosin, p.213; Fr. Pluquet. Contes de

266 LES AUPTILUS

serpent ou d'un léard ; dans la Suisse romande, si un serpent coupe le chemin à une femme enceinte, son enfant aura une vie pleine de malheurs. En Poitou, si le premier serpent que l'on voit dans l'année est mort, c'est signe qu'on n'en verra pas de vivant ; naguère encore en Saintonge, la vue du lavert ct des reptiles était redoutée le matin, comme l'est, dans la Côte-d'Or, celle d'un gros crapaud avant le déjeûner. Le crapaud est plus ordinairement de bon augure : au XVII° siècle, il devait arriver du bonheur à celui qui, le matin en voyait un ; dans le Bocage normand et en Saintonge, c'est encore un présage de chance !.

Ou peut par divers procédés se préserver des repliles : Dans le Loiret celui qui tue. le premier papillon qu'il aperçoit au printemps eat garanti pendant toute l’année de la morsure des couleuvres ; dans la vallée d'Aoste, ou est à l'abri, pendant le même espace de lemps, de celle des serpents et dés vipères, si, le jour Saint-Pierre, on a eu la précaution de n'employer aucune épingle ou aucun objet pointu ?.

Plusieurs passages d'écrivains du moyen âge conslalent l'idée encore populaire, suivant laquelle des reptiles, qui sont parfois des incarna- tions du diable, sont en rapport avec le cadavre des damnés: Au moment une dame venait d'expirer « il sembla par advision à cellui chapelain qui confessée l'avoit, que il veoit l'ennemi, qui emportoit l'âme et veoit un gros crapaut 8or le cœur d'icelle. » On fit ouvrir le cercueil et l'on y.découvrit un crapaud qui, ayant été conjuré par le prêtre, répondit qu'il était un diable, que pendant vingt-cinq ans l'avait Lentée el spécialement d'orgueil, et la dame ne fut pas mise en terre sainte”. Lorsque les amis d'un chevalier qui avait élé excommunié et dont le corps était en dehors du cimetière, voulurent l'ensevelir, ils virent un grand serpent qui entourail son cou et son ventre, et quand ils essayèrent de le chasser, il entra dans sa bouchet. La présence de reptiles dans le cimelière indique que le mort avec lequel ils se trouveul en relalion est damné. En Auvergne quand on déterre le cadavre d'un réprouvé, un crapaud ou un serpent s'échappe de sa bière. Une jeune bretonne voit sortir du cercueil descendu dans la fosse, au moment le prêtre l'asperge d'eau bénite, des couleuvres, des erapauds, des salamandres qui y rentrent dès qu'il a cessé l'aspersion. Huit jours après le défunt apparaît et dit qu'il est damné t.

4. 3.-B. Thiers. T: vaudoises, p. 31; us

ja: le pe 209: à. Ceresgle. Léuendes des Alpes . Proverbes JM. Noxuès. Maurs d'autrefois en F p.50: J. Lecwur. Esquisses du

Christillin. Dans la Vallaise, p. 381.

. Luel. Légendes

‘268 LES REPTILES

dant nommer, elle ne crôt qu'on l'appellait et ne vint faire du mal. En Languedoc, des paysans pour la même raison, au lieu de désigner la couleuvre par son nom, lui donnaient celui de longo En Poitou, il ne faut pas dire en parlant d'un serpent, qu'il est gros comme la jambe, le bras, elc., parce qu'il pourrait entendre et ne manquerail pas de venir se mesurer au membre auquel il a été comparé !. Une conjuration usitée en Gascogne suppose aussi que les reptiles sont aux aguets et la comprennent: les enfants se servent pour maudire un nid, découvert par un camarade qu'ils envient, de la formule suivante, à la suite de laquelle les œufs ou les petils oiseaux sonl voués aux cou- leuvres :

Serp dessus, serp debat ; L'i trouberas pas douman.

Couleuvre dessus, couleuvre dessous, Tu ne l'y trouveras pas demain *. :

J'ai parlé à la seclion des puits, t. II, p. 309, des fabuleux basilics qui y demeurent et dont le seul regard suffit pour foudroÿer celui qu'ils voient avant d'être aperçus de lui. Au moyen âge, on croyait que ce reptile pouvait exercer sa malfaisance même en plein air. Un vieil historien de Paris rapporte: qu'un pélerin qui esloil venu faire ses dévotions à l'église Saincte Opportune el s'en relournant fut occis par l’aspect d'vn serpent Basilic qu'il lrouva en son chemin. Eustache Deschamps lui compare les femmes:

Hasiliques les puis bien appeller Qui de son vir tue l'omme en present.

Au XVI siècle, on disail en proverbe : Le Besilic tue Seulement avec sa vüe?.

On est encore persuadé dans beaucoup de pays que le coq pond un œuf qui, en certaines circonstances, donne naissance à un reptile douë des mêmes proprièlés que le basilic, dont il porte parfois le nom ; la te aussi dans l'effet mortel de son regard. Les paysans emploient divers moyens pour l'empècher de naître; dans le Loiret, ils_plantent sur le fumier, le 1* mai, avant le lever du soleil, une longue branche d'aubépine garnie de ses feuilles; dans les Côtes-du- Nord, dès qu'on aperçoit un œuf de coq, on crie: Baselic! Baselic ! pour qu'il n'éclose pas ; mais la conjuralion reste sans effet, si le coq a vu auparavant celui qui l'a prononcée; il en sort un « baselic » qui mange les gens auxquels apparlient le coq. En Auvergne, on esl sauvé

4. Dom Le Pelletier. Dictionnaire de la lanque bretonne, 1353, ve Bouzar ; E. Rol- laud Desaivre. Croyances, elc., p. 29.

. Proverbes recueillis en Armagnac, p. 11-12.

iquitez de Paris, p. 611; Eustache Deschamps. Œuvres, t. 111, p. 341; Bail. Mimes, t. 1, p. 404.

Eu LES REPTILES

tasses os reptiles suffit quelquefois pour amener la mort de ceux :. at son action peul s'exercer jusqu'à une assez grande sie Puy-de-Dôme, le souffle, petil serpent qui vit dans 2e mass. #s pus sous les pierres humides, est ainsi appelé parce «1 souffle celui qu'il voit le premier ; mais on n'a point apervoitfavant ; suivant d'autres, c'esl une salamandre ement ln peur à celui qu'elle voit la première. La de gros lézard noir ct jaune qui respire une dus murs es vingt-quatre heures; sielle se trouve alors près d'un au, ae arbre d'une plante, son souffle les tue. Dans le dau. à répiration de salamandre fait qu'une personne enfle aus ve qu'elle erève dans sa peau; en Auvergne, ce reptile qui ue 6 mere de soufflet, souffle, enflebeuf, cause la mort des bwufs et es vaches, ei Berry, sa présence, inème assez él ée, suffit pour DNS Le peuple de Provence croit que le crapaud tue, par son tane sinpestee, les petits oiseaux qui se trouvent dans son voisinage !.

aus tes Mantes-Pyrénées, le reptile sorti d’un œuf de coq aspire qui sont à sa portée et les dévore : il fait venir à lui par »n haleine les petits oiseaux et les petits enfants. Dans » crapaud exerce sa fascination sur lus rûches : il se place 1e, sure ln gueule et les abeilles viennent s'y précipiter. Au eut du NIX® siècle, on disait en Franche-Comté qu'il y re Aaron personne ne praspérail : un basilic, d'on œuf ne ag ceuse par un crapaud el loul couvert d'eux, y était caché sous

+ dans quelque trou des murs,

4 < out l'attotehement des reptiles qui est funeste, el parfois uns, sans mordre l'homme, sans lui lancer du veuin, + mer en peu d'instants; celte malfaisanee est attribuée même 2, comme le erapaud et ln salamandre, sont inoffensifs. Dans un crapaud qui montérait la nuil sur une personne la ferait

dur 4 sun

tauuvs

0

toutes: en Haute-Brétagne, il tue anesilét l'homme couché

tre il parvient à grimper sur son dos: parfois arriv Au il s'écrie trois fo e dresse sur ses pattes de dre, et quand les camarades du dormeur s'approchent de In, il à mort Plusieurs récits populaires parlent de cette malfaisance des a, comme d'une chose arrix lement, dont ils donnent le se-Normandie, voulut autrefois paul x que la salamandre; on plug

avoir si le & SOUS UN Vi du

4 Faut Sebillot. Lift, orale de l'Aurery $a nel de la Salle. Crey. du Centre, Le 1 à “es-du-Hhône, LL. p. 808.

: Fugène Gondier. Légendes des Hautes-Pyrenées, p. 36: 3. Tuchurann. in V. col. 482: M. Monnier, In Antig. de Frunre, &. LV. p. 405

Le Rolland, Les pe de Villeneuve. Srtstrque

- , 2% S &

# ! a

LES BEPTILSA

. de on disait autrefois qu'il lui fallait autant de médecins qu'elle à nécessaire de

taches sur le corps. et dans le Jura on assure qu'il oinls pratiquer autant d'incisions sur la partie lésée que l'animal a de P : jaunes sur le dos‘. Dans les Ardennes. si après avoirété + piqué * PU une vipére, on se rend sur le lerritoire de Margut près de Cris la plaie se cic dès qu'on 5 a mis le pied, etl'on n'a plus Fi® craindre? Dans les Vosges la piqûre des reptiles de la Vierse reste sans effet : en Franche-Comté on assure 2 montrer pendant cette périod :vant üae croyance très répandue. les reptil ie l'homme, parfois sans que le patient L la couteuvre peut

entre les deux fêtes que jamais

penetret sushe de:

ur guerir ceux qui sou has, au-dessus d'un va rmands de ce breuvage. méme remède est apf esza a5 NV sic: J'as dit fers Je

serpent entre dedans

278 LES REPTILES

Morvan, et on parle aussi au serpent au féminin ; quand on en rencontre il faut le regarder en face et lui dire : « Te voilà. servante du Peut ; je 1& dis que Noël était ‘indiquer le jour de la semaine de la dernière fête de Noël. et je l'ordonne de ne pas aller plus loin ». Dès qu'elle a éntendu ces mots. la mauvaise bête rebrousse chemin. Eu Poilou, on récite ce verset des Psaumes : « Tu marcheras sur l'aspic et le basilic », et lorsqu'on a fait un signe de croix le serpent fuit. Au XVI' siècle, on le récilait dans son texte latin: Super aspidem etc: et le baron de Fæneste qui parle gascon et indique des recettes de magie dit: à prendre les serpens bou abez ? Et conculcavis lronem et draconem *.

On emploie aussi pour arrêter les reptiles, une sorte de mimétisme qui est en relation analogique avec leur forme : Dans la Gironde et en Saintonge, on enroule quelque chose, le plus souvent son mouchoir ou s0n tablier. Les paysans des Deux-Sèvres lordent leur mouchoir en forme de serpent au repos et chantent d'une voix langoureuse en regardant la couleuvre : « Je l'endors, belle demoiselle. je l'endors ». Lorsqu'une femme replie un coin de son tablier, à la vue d'un reptile, il ne peut se traîner et on l'assomme facilement ?. Pour se garantir de la salamandre, les habitants du Vivarais ôtent leur veste et en mettent les manches en croix en disant :

Lebrens qué lebrénoras Lo crous soubre lu aouras.

Daas la Loire-laférieure, celai qui croit savoir conjurer les serpents prend un jour une vipère et fait sur elle trois signes de croix en pro- nonçant successivement en trois mots : « Ozi, oza, oza?

Certaines essences d'arbres, parfois mème des plantes fragiles. font périr les serpents, sans qu'il soit besoin de leur en donner des coups violents, En Poitou, on tue sans peine un reptile en le frappant modé- rément avec un brin de noisetier n'ayant jamais eu de fruits : en Ille-et- Vilaine, toute baguette de ce bois est bonne pour le met mort. En Haute-Bretagne, l'aspic frappé avec un brin de faugère crève aussitôt ; dans la Loire-Inférieure, on tue raide l'orvet de la mème farun *

Les ménagères connaissent des moyens d'empécher les reptiles de s'introduire dans les étables pour sucer le pis des vaches. Celies de Haute-Bretagne les éloiguent en mettant du sel sur les hitiéres neuves,

4. Tabourot. Les Bigarures du sieur des Accords. Paris, 15 p.32: L. Pineeu. Le Folk-Lore du Poitou. p. 514: Les R d'Aubigné. Les Aventures du baron le Fæneste, p.

2. F. Daleau. Trad. de La Gironde, p. 61 : J.-M. Nogues. Mrs. à Saintonge. p. 111; E. Rolland. Faune p#p., & Ill. p. 32: P. Svucue. À ete.

R6:E. Réiand, urss, LC: ASTRA

Rolland, 1. e.. p. 19. 32. 46: A. Dagnet. Au pass fougensre, p (53: Paut p- 107; L B., in ;

280 LES REPTILES

Eu plusieurs pays, certains reptiles sont encore torturés avec des raffinements cruels ; ils s'exercent surtout sur le crapaud : un passage Au célèbre pamphlet royaliste Les Actes des Apôtres x fait allusion, et ja fin du XVILI' siècle, leur supplice le plus ordinaire était 11 faudrait se repaitre du spectacle de voir lous les dé- magogues subir le mème sort que nous faisons subir aux crapauds dans les campagnes, en les accrochant au bout d'une perche pour les faire mourir, à petit feu'. Dans le Finistère, le crapaud est détesté. on l'empale au moyen d'une baguette aiguisée, et on l'expose daus un lieu apparent ; les paysans du Centre enfoncent l'extrémité aigüe d'une baguette tichée en lerre daus une des pattes de derrière de l'animal qui ronto anni suspondu la tête en bas jusqu'à ce que mort s'en suive ; cent ce qu'ils appollent lui faire faire de la toile ; les enfants poitevins, qui ont do méme jou cruel, l'exposent aussi au soleil. En Auvergne comme dan ln Lolre, on lui introduit dans la bouche une petite bran- ge ou une paille rocourbée comme ua hameçon, puis on le suspend à que beam d'arbre il gigotte jusqu'à ce qu'ilexpire : on dit qu'il MENU de nes bourreaux. Eu Ille-et-Vilaine et dans les Deux- DATSS ME) wseute en pauvre batracien : on le place sur l'extrémité dune planches #t pub on le lance à une grande hauteur: comme il a la ae rue at fl { pan mort du premier coup, on recommence deux qe Late fun, que lu porcs d'un bois pointu asi empalé. on l'ex- NA lat pur terminnr sa malheureuse existence. Dans la Loire, que eur une planche qui forme baseule, el en frappant avee un

ut queteene mur le bout qui lève, on le fait voler en l'air at que haut ste l'on frappe plus fort®. Dans les Pyrénées si le ee at a tra le bétail, il est urgent de faire louruoyer dans te du crapaut evirI uu bout d'un Hil?.

Rae quelques ville dex Pyrénées. on place dans le feu de la ae trait qui nunt introduites dans des fagots cernés de

anges, et l'an #'amuse à voir les efforts qu'elles font pour EE deu Plat, low enfants mettent les serpents aux 1rois ; «tan le feu pour leur faire tirer les pattes, la seule ne parfois mt ne sorte de phallus hifide * ee tes a at contraire respectés à cause des services dat 66 veux qu ae montrent cruels à leur égard peuvent Re Vouatoe, 1 huE #'abatenir de tuer les crapauds dans les

montre qu'à 1 bien connu :

qua dun qu sure

aris, 1833, in-18, p. 199. ; D' Powmerol. in Rer. des Trad. pop. oyances, elc., p. 2; E. Rolland. t. Ill. p. un LV 3 Le, p. Su. : mes de lluutes-l'yrénées, p. 58. a Ave one Pres papes te XIV, pe

; B. Souché. Croyances,

2 LES REPTILES

crapaud sor le blanc de l'œil contre la prunelle, ou au pli de l'oreille ; ea Béarn les sorciers el les sorcières, outre les autres marques qu'elles pouvaient porter sur le corps, avaient à l'œil celle d'une patle de crapaud. C'est à cette croyance que font allusion les termes : Qu'ha pales à l'ælhk ou Crepaut à l'ælh, qui sont l'équivalent de : C'est un sorcier ou une sorcière :. Les juges des procès de sorcellerie recueil- laient des témoignages de cette opinion : Une fille nous a dit que toutes les sorcières de Béarrix esloient marquées à l'œil gauche d'une marque semblable à une patte de crapaud, ce que celles de la dicte Paroisse qui confessoient avouoient aussi ?.

Ce batracien n'est pas le seul replile auquel on attribue des vertus magiques. On croll en Haute-Brelagne que si une femme parvenail à apprivoiser le verl-creux, grand lézard qui ne peut souffrir les personnes de son sexe, elle verrait, quand elle le porterait dans son corsage, ce qui se fait ou ce qui se dit à dix lieues à la ronde, elle aurait le don d'ubiquité el pourrrait guérir loutes les maladies. Suivaot une croyance de Basse-Bretagne, pour se mettre en rapport avec le diable il faut prendre une grenouille verte, le jour de la plaise lune et la déposer dans une fourmilière en disant :

Heb aoun na spount,

Gueskler glaz, en da roud

Gra konesans gant ann diaoul

Bvit ma zigaso d'in eun neubeut aour,

Bag ovit ma vezo moïenn Da choum hep labourat da

Sans peur ni effroi, grenouille verte, poursuis La roule, fais connaissance avec le diable, pour qu'il m'apporte un peu d'or et que j'aie le moyen de rester à jamais sans travailler‘.

Le crapaud est fréquemment associé aux malélices préparés pour nuire au bétail. Agrippa, que Cyrano fait parler, dit qu'il instruit les paysaus à meltre sous le seuil de la bergerie qu'ils veulent ruiner un crapaud, avec maudissons, pour faire mourir éliques les moutons qui passent dessus. Celle pratique n'est pas oubliée: daus le Bocage normand le crapaud doit avoir été baptisé, comme au temps de la sorcellerie ; si on parvient à le tuer, la mauvaise influence cesse; en Lorraine et dans la région ardennaise, il suilit de placer ce batracien sous une pierre de l'élable, comme en Basse-Brelagne, l'on cite des exemples récents: c'est ainsi qu'il y a quelques années un fermier de Guingamp, dont les chevaux mouraient sans cause

en.

4. Léopold Dardy. Anthologie de l'Albret, 1. 1. p. 23: V. Lespy. Preterbes du Béarn. p. 185.

2. De Laocre. De l'Inconstance des démons, 1. III, p. 184.

3, Lucie de V.-H. in Rev. des Trad. pop. L. XI, p. 398,

4. L.-F. Sauvé, io Rev. Cale. L, VI, p. 84.

2 LES REPTILES

le maison de ses ennemis. qui moururent misérablement !.

Le cœur d'un vieux crapaud forme l’un des ingrédients d'un maléfice assez compliqué du XVI* siècle. Des chants populaires de Basse- Bretagne montrent qu'il élait aussi considéré comme puissant. Jeanne la Sorcière avoue au juge que dans le sorlilège qui doit faire périr les biés figure le cœur d'un crapaud, et que dans un petit coffre elle a trois vipéres qui couvent un serpent destiné à incendier le monde entier; ces traits se retrouvent dans une pièce de Bar:az-Brei:. la sorcière est devenue Héloïse, l'amante d'Abélard. Dans le Calvados, on obtenait une huile excelleate pour les philtres ou pour la transmuta- tion des métaux en l'extrayant du corps des serpenis nés des œufs pondus par les coqs*.

Les campagnards attribuent un pouvoir somaifère ou calmant à des poussières ou à des breuvages composés avec le corps des batraciens. Des receltes que l'on trouve dans des livres du XVII: siècle, qui n'étaiént pas uniquement destinés au peuple, sont fondées sur cette eroyance. 11 faut. dit l'un d'eux, couper subtilement la tète à un crapaud tout vif. el tout d'un coup. et laisser sécher en observant qu'un œil est fermé l'autre ouvert: celui qui se trouve ouvert fait veiller et le fermé dormir, en le portant sur soy?. Les paysans des Côtes-du-Nord croient que celui qui prise la poudre provenant d'un os de crapaud. introduite à son insu dans une tabalière, restera vingt- quatre heures endormi: dans le Mentonaais une grenouilie séchée, pdiée et hue avec du vin ou de l'eau. endort comme du chloroforme *. L'eau de crapaud est connue aux environs de Dinai <a faisant bouillir dans une chopine d'eau un de ces hatraciens coupé

ea deux : un seul verre de ce breuvage suit pour rendre doux comme 3 mouton l'homme le plus mechant”.

apaud sur la mameile gauche pendant qu'eie de mème que 0 attrbuait à une partie de a grenoai

286 LES REPTILES

tête ou seulement sa langue, ou sa queue. En Basse-Normandie et en Haote-Brelagne, les sorciers el les charlatans ne peuvent en imposer à celui qui a sur soi ou dans un paquet un replile queltonque ‘.

$ 5. ménucue

Le médecine populaire contemporaine fait encore usago de reptiles. C'est souvent à eux que l'on a recours pour qu'ils débarrassent le patient de sa maladie en le prenant. En Poitou le crapaud est placé dans la chambre du patient pour absorber le mauvais air ; à Marseille, on l'introduit dans celle du fiévreux, parce qu'il attire à luile mal: plos il est gros el hideux, plus grande est la dose qu'il aspire-de la malignité de la fièvre. En Ille-et-Vilaine, on met un crapaud sous l'oreiller des varioleux pour les empêcher d'être marqués ?.

D'autres emplois sont fondés sur l'idée si répandue de la transmis- sion da mal par le contact. En Basse-Normandie, un crapaud, pris dans son trou avant le lever du soleil, est appliqué tout vivant entre deux linges sur le pouls du bras droit du fiévreux, el laissé seulement jusqu'au premier frisson. Dans l'Ain, pour faire disparaitre les névral- gies. on le maintient pendant une nuit sur la tête; en Haute-Bretagne et dans le Maine, on le place sur un cancer, et il le guérit en suçant le venin ?. Cette pratique était en usage au XVII* siècle, mais sous une forme plus compliquée : quand le Cancer est ouvert, il faut prendre un crapaud tout vif sans luy couper quoy que ce soil et l'appliquer immédiatement sur la playe : un gros si la Playe est grande, un petit si la Playe est petite : quand il sera appliqué. il le faut bien bander pour le faire tenir. Vous le laisserez sur la Playe l'espace de vingt- quatre heures. Quand vous l'osterez il faut prendre garde s'il est mangé : car s'il est mangé, c'eel un lémoignage que le cancer est mort. Pourtant pour bien connoistre si le cancer est mort. il y faut appliquer d'autres Crapaux jusqu'à ce que vous remarquiez qu'ils ne sont plus mangés. Ce même remède élail conseillé contre la Pesle: prenez un Crapaut tout en vie, appliquez-le sur le Hubou ou Charbon et changez souvent cette appliquation #. Dans la Gironde on frictionne les verrues avec un crapaud vivant. A Lille, des Belges traitent les angines en mettant dans la bouche du malade une forte grenouille, qui dit gontler

1. Cereole. Lg. des Alpes euudres, p.382: E. Rellaml L HI 12 . p. 02 E. Rolland, t. III. p. SC; Paul

2: Regis de Ia Colombière, Les Cr des Trad, papes À NI “3.3. Lecwur, Esgursses du Bocage. LI p.12 : Let alt Trade & IL pe le la Perraudiére. 4. Madame Fouquet. Recueil tie Keceptes choisies experimen Villefranche, 1675. pe 136-159, 265

Paul Sebillot, i

288 LES REPTILES

Les parties solides ou liquides des animaux à sang froid entrent, soil seules, soit mélangées à diversingrédients, dans la pharmacie populaire; elles étaient d'un usage courant au moyen âge:

Et si ai-ge conter

C'on trait triacle de serpent

Qui molt a grand mestier sovent

À cels qui sont envenimé +.

Dans le Mentonuais, la graisse de serpent est employée contre les rhumatismes : dansles Vosges on se débarrasse des verrues en les frottant avec du sang de lézard *.

Certains sorciers du Morvan appliquent sur la figure d'un malade atteint d'érysipèle un crapaud bouilli; d'autres font frire un lézard qui, réduit en poudre, est ensuite absorbé par les épileptiques. Dans les Vosges, pour se guérir de la hernie, on introduit un lézard vert vivant dans une chopine d'huile d'olive ; au bout de trois jours, on remue fortement la bouteille, on frictionne le mal avec quelques gouttes, el l'on imbibe des compresses que l'on place sur le ventre.

On disait au XVI° siècle : la chair des Tortues de bois est medicinable, ear elle recouvre la vertu qui est perdüe par maladie, et pour ce elle est bonne à ceux qui sont phthisiques el éthiques. A la même époque on prescrivait aux syphilitiques de la chair de vipère. En Savoie un #mploie parfois comme tisane un bouillon de la carcasse de ce reptile ; dans les Alpes Maritimes une infusion de sa peau est eflicace contre le somnambulisme. Dans la Gironde ceux qui souffrent des dents frottent la partie douloureuse avec un os de crapaud Luë au mois d'avril‘.

Plus que Loute autre partie de leur corps, li peau dent les reptiles se quement est regardée comme douée de vertus les. En Lorraine. lorsqu'on à mal à lu gorge. il suffit de prendre au clou elle est accrochée une peau de couleuvre et de s'en servir en guise de cravale pendant quatre ou cinq jours. Suivant une eroyance wallonne. elle guérit les clous si on la place sur la partie du corps opposée à celle Le mal se trouve : en Ilaute-Bretagne, elle est ures: aux environs de Lorient, ou l'emploie pour faire sortir les épines entrées dans la chiir. Dans le Bas-La . une peau de serpent fait disparaitre le lait des femmes

Lu bible liuiot de Procins, cité par Francisque Micbel, Row:

y %. 4.4. Andrews. in Rer. des Trad. pop. L IX. p.22: LP.»

des Hacter- bosses. pe 26.

cales du Merian. p

cripl A Euhrapel. XXNI :

ews. in Her. des Trad. pop. CE

Gironde,

290 LES REPTILES

qu'elle est exposée sous celte forme. quand elle n'a pas sur la tête son petit chaperon de roses!. Cetle idée n'est nulle part exprimée avec autant de netteté que dans les récits’de la partie centrale des Côtes-du- Nord: il semble cependant que la fée des forêts d'Alsace. qui avait pris la figure d'une grenouille pour éprouver le bon cœur d'un jeune homme. n'aurait pu, sans le secours de celui-ci, échapper au renard qui voalait la manger *. D'après les traditions la vallée d'Aoste, les fées des eaux se métamorphosent fréquemment en serpents : c'est la forme que prend l'une d'elles qui voulait échapper à la-brutalité de son mari : une fée lacustre. pendant la construction d'un canal d'irrigation, sortait tous les matins d'un lac, et marchait devant les ouvriers pour leur indiquer le tracé à suivre : la fée d'un lac de Corse dont j'ai donné la légende. L. Il. p. 413. se montrait sous la farme d'une couleuvre ?.

Les sorcières peuvent emprunter l'apparence de repliles: on racon- lait dans le Canada français, vers 1850. qu'une vieille femme se changeait en greuvuille pour manger la crème du lail de ses voisins: on jour qu'elle sautillait près des terriues qu'elles avaient éerémée: elle fut prise par la fermière qui La mit sur un fer rougi au feu. mais la grenouille s'échappa et sortit de la maison: le lendemain quand elle vint voir sa voisine, ses mains semblaient brûlées. et elle fut plusieurs jours sans pouvoir travailler #: en Walloni». une sorcière éprouve une aventure pareille : une femme avant donné un coup de fourche à an crapaud qui tétait , ds lendemain. sa voisine qui avait la main percé, Pans Le \ ueais, une servante sorcière s'étant un soir cl tat battue à grands coups de bälon par ses galants qui ne lt recsnnai-saient pas sous ce déguisement ».

D'autres personnages qui Lous tisurent dl dits, on été changes en replies par des mine. soit jusqu'au moment une produite La ll a moins qu'elle ne trouve que! Lauss la condition impasce un garçon, avant celle qui parle de son cheval : dont la derut

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292 LES REPTILES

teau, on retire de son corps le bâton qui avait servi à l'y transporter!.

Certaines métamorphoses sont temporaires, comme celle de Serpentin vert qui est un prince condamné par une fée à rester sept ans sous celle forme ?, Dans un conte limousin, le tils d'un roi est serpent le jour et homme la nuit, et sa pénitence est près de finir lorsqu'une jeune fille vient demeurer avec lui. Il en est de mème du prince de récits basques: il n'a plus que deux jours à passer lorsque la jeune fille qui vivait avec lui dans la forèt, et qui élait allée voir son père, reste quatre jours absente ; dans un conte mentonnais, un garçon doit prendre l'appa- rence d'un crapaud pendant le jour, comme celui qui figure dans un récit de Basse-Bretagne; alors que celui-ci voyage, les méchantes sœurs de sa femme brûlent sa peau de crapaud, ce qui allonge sa métamorphose qui devait finir au bout d'un au el un jour.

La métamorphose des personnages transformés en reptiles cesse. comme celle des gens changés en bètes, quand leur sang a coulé. C'est ainsi que la grosse tortue d'un conte de la Haute-Bretagne redevient une jolie demoiselle lorsqu'elle a été blessée par mégarde. Celte con tion ne figure pas dans un récit de l'Albrel, pourtant il faut employer la violence pour détruire un enchantement : Un jeune homme à qui l'on avait dit que sa fiancée était sorcière, fait venir le curé le soir de la noce, el tous deux en rentrant dans la chambre devait être l'épouse, virent une belle couleuvre étendue sur le lit conjugal; Après une prière, le curé remit au mari un bâton. en lui disant de frapper sur la couleuvre jusqu'à ce qu'elle fût redevenue celle qu'il fallait : lorsqu'elle eut été battue elle redevint une belle jeune tille *.

Dans un conte wallon une vicille femme métamorphose des j gens en erapauds, en leur faisant manger des mets magiques : une sorvière d'un recil de Lorraine fait, d'un coup de baguette, subir celle transformation À tous ceux qui viennent à $ d'un conte de Li Ha Rrelagne, qui à ma tortue ?,

La croyance aux défunts condamnes à faire pe anmale est très ivpandue : en ce qui con ete jusqu'ier eleves qu'en Bretagne,

nce sous forme ne les reptiles. elle n'a Dans à Finistere. suivant une idée er de tuer les crapauds qui

Webster. t P-

29% LES REPTILES

que lui avait apportée un bonhomme qui gardait ses vaches, et tous les matins, elle en coupait un morceau. L'homme ayant eu la curiosité d'y goûter, fut bien surpris de comprendre le langage des oiseaux: mais la fée s'en aperçul, el quand elle lui eut soufflé dans la bouche, il perdit ce don !. Dans un conte breton, l'écume qui sort de la bouche d'un serpent renouvelle la force de celui qui la lèche °.

Plusieurs contes parlent de personnages qui, jour des raisons qui ne sont pas clairement indiquées, savent ce que disent les grenouilles, el c'est grâce à celle connaissance qu'ils arrivent à découvrir qu'un sacrilège a été commis. Dans trois récits de la Haute-Brotagne des gens ont celte fucullé ; un garçon qui passe au bord d'un étang il voit toutes les grenouilles sauter en l'air en faisant entendre un chunt mélodieux, apprend en les écoutant qu'elles dansent et qu'elles chantent parce qu'une fille a eraché l'hostie dans l'étang el qu'une grenouille l'a avale; une légende de Basse-Brelagne présente un épisode semblable ?. Co trait de l'hostie, jeléc par une communiante et recucillie par un replile, figure dans d'autres contes du même pays : une princesse ayant vomi dans la cour du palais une hostie, qui a été avalée par un crapaud, est enflée depuis ce moment et elle ne pourra être guérie que si après avoir reliré le reptile de la fontaine il se cache, on fait boire à la princesse son sang, mélé à du vin, et qu'on lui donne à manger sa chuir frite dans du beurre. La fille du roi d'Angleterre, conseillée par le diable, a jeté l'ho: dans la mare aux canards, elle a été avalée par un crapaud ; dès lors elle est possédée du démon, el ne fait que jurer el blasphémer ; la lille du roi de France est malade depuis qu'elle a lancé les saintes espèces dans un étang un lézard les a prises dans sa bouche‘. Dans un conte basque le sacrilège esl moins grave : une femme qui a jeté un morceau de pain bénil ne sera guérie que sielle mange un morceau de ce paiu qu'un crapaud caché sous une pierre à la purte de l'église, Lien dans sa bouche 5.

Plusiours contes parlent de maladies causées par un molif que tout le monde ignore el qu'un homme apprend dans des circonstances merveilleuses. Suivant un récit limousin, la fille du roi de Paris est malade depuis sepl ans, parce qu'il ÿ a un serpent dans son lit ; elle

4. Paul Sébillot. Contes des Landes elfdes tirèves, p. 180482. Traditions, 4. Il,

224.

. F.-M. Luzel, Contes, 3. Paul Sébillot. Contes, L. Hp. in Alu. du Phare, 4894, p.118 Contes. : FM. Luzel. Légeñutes chrétien es, LL pe

3 unles, t ". Dh. 1; Légendes chré- Cujou Breiz, p. 102. Les sorciers du

Baies Le fléau des Soreierss IVe €. 5 5. Julien Vinson. Le Folk-Lore du pays basque, ps 11.

296 LES REPTILES

Daas un petit conte du Forez, trois frères en train de manger un poulet aperçoivent leur père, el pour ue pas parlager le plat avec lui, le cachent dans une armoire ; quand ils l'ouvrenl après que le bonhomme s'est éloigné, il n'y avait plus dans l'assielle qu'un hideux crapaud noir. Un récit de l'Albret roule sur ce même Lhème : un fils avare ayant recu la visite de ses père et mère au moment il faisait cuire un poulet, ordonna à sa femme de le cacher entre deux assiettes ; lorsque les vieillards partis, les jeunes gens voulurent le manger, ils trouvèrent une vilaine bête latouée qui se cacha sous la vaisselle ; Dieu pour punir le mauvais fils avait fait du poulet une tortue et des deux assiettes la carapace!, Dans une chanson de la Corrèze, à la première bouchée que veut manger un fils qui a refusé l'aumône à son père, il en tombe un serpent *.

Le crapaud est, en d'autres cas, une sorte de justicier : en Haute- Bretagne une fille maudite par ses parents, esl poursuivie par un gros crapaud jusqu’au jour le recteur lui jelle de l'eau bénite et lui passe son étole au cou ; d'après une autre version, la personne ainsi persécutée est une fille-mère qui s'est débarrassée de ses neuf enfants en les tuant. Un conte corse présente un épisode apparenté : une femme s'étail fait avorler trois fois, et les crapauds qui Lombent de la chemise qu'elle portait au moment elle commit ces trois crimes sont les fils qu'elle aurait eus, et dont l'un aurait été un évêque, un autre un prètre savant el le troisième un peintre?. Une légende de la Haute-Brelagne, qui fait songer à certains sacrilèges du moyen âge, raconte qu'une femme a fait cuire une hoslie ; aucun prêtre n'ayant pu lui donner l'absolution, elle va à Rome le pape lui dit que son péché lui sera pardonné si elle embrasse une bêle ; il fail paraître devant clle un crapaud, puis un sourd, puis une couleuvre : elle refuse de les embrasser ; vient enfin un serpent qui, avant qu'elle ait eu le temps de répondre, lui saute au cou et l'étrangle t.

Le conte des Fées de Perrault a rendu populaire l'épisode de la fille orgueilleuse qui va à la fontaine, el esl, en punition de son insolence, condamnée à vomir des crapauds et des serpents à chaque parole. Il a ses parallèles dans la tradition contemporaine ; une bonne femme qui a refusé de donner à boire à une Margot la Fée trouve sa buie remplie de grenouilles et de erapauds, alors que celle de sa compagne obli- geante est pleine de pièces d'or; dansunautre conte dela Haute-Bretagne, une fée à qui une jeune fille a donné du pain, change en vin blanc

4. V. Smith, in Mélusine, L. 1, col. 403: Abbé L. Dardy. Anthologie de l'Albret, til p. 81. 2. G. de Lépinay, in Mélusine, t, VIII, col. 10. 3. Paul Sébillot. Traditions, t. Il, p. 232-: . Ortoli, Contes de Corse, p. 6-1. 4. Paul Sébillot. Légendes chrétiennes, Vannes, 1892, in-8, p. 114-2.

LES TRÉSORS 297

l'eau de sa cruche, tandisque des sourds, des grenouilles et des crapauds grouillent dans l'eau de celle qui lui a‘refusé la charité’. Dans les Ardennes, un jeune fille compatissante à l'égard d'une vieille femme crache des perles et des diamants; l’autre qui l'a rudoyée, vomit des crapauds chaque fois qu’elle parle ; le même épisode se rencontre en Nivernais*. Une sorcière, suivant une autre version, des danseurs de nuit» pour punir l'insolence d'une fille font sortir de sa bouche un crapaud à chaque parole qu'elle prononce ; un pelit garçon mal poli à l'égard de la Vierge crache des vipères en parlant 5.

Ainsi qu'on l'a vu les reptiles sont en relation fréquente avec l'eau ; quelquefois ils l'empéchent de couler: dans un conte limousin un crapaud lient une source qui se met à jaillir quand il en a été ôlé ; dans un conte des vallées vaudoises, l’animal doit être exterminé avec six boulets de canon ‘.

Les serpents ou les dragons à plusieurs têtes auxquels an doit livrer, pour qu'ils la dévorent, une victime humaine, figurent dans plusieurs récits. Les héros ont aussi à combattre un serpent qui vomit du fe Souvent le caractère de reptile qu'avaient ces monstres a été oubli ce n'est plus qu'une bête à sept Lêtes assez vaguement décrite ®.

Plusieurs princesses sont sous la garde de serpents, et des serpents ailés surveillent celles qui sont prisonnières dans un château suspendu entre le ciel et la mer‘.

Dans nombre de pays on croit que les serpents sont gardiens de trésors: en Auvergne ils portent au cou, en marque de leur mission, un anneau d'or. Le héros d'un conte gascon coupe en deux un reptile de l'espèce de ceux qui veillent sur l'orcaché sous la terre”. Celle croyance a été relevée tout récemment: lors des fouilles faites en 1900 dans les dolmens de la Roche-Vernaize (Vienne), lespaysansavertirentlesouvriers qu'un énorme serpent, gardien caché du moaumenl, devait punir dans l'année les Léméraires qui oseraient troubler le repos de sa retraite *. Dans le Puy-de-Dôme, pour s'emparer des pierres précieuses gardées

e pal Sébillot. Trad. t. 1, p. 408'; Paul Sébillot, in Rev. des Trad. pop. t. IX,

Pa. Meyrac. Trad. des Ardennes, p. 481 ; Paul Sébillot. Contes des provinces de France,

3.F. | Las Légendes chrétiennes E. Coiquia. Contes, L. Il, p.

4. Johannès Plantadis, in Rev. des Trad, pop. t. XII, p. 540-541; 1-3. Chri in La Tradition, 1903, p. 163.

8. E. Cosquin. Contes de Lorraine, t. 1, p. 61, L. 1, 51, 165 ; Paul Sébillot. Contes, 126, 16 Luzel. Contes, L. 11, p_ 284, 308, 1, p. 251,4. III, p. 322. Paul Sébillot. Contes, L. 1, p. 166; F.-M. Luzel, L. 1II, p. 320.

. Sauvé. Le des Vosges, p. 307: eribier du Châtelet. Stat, du Can- tal, t. N, p. 102: Durif. Le Cantal, p. 335 : J.-F. Bladé, Contes, t. 1l, D. 41. 8. F. René, in Rev. de l'Ecole d'Anthropologie, [àv. 1902, p. 106.

11, p. 298-299 ; Contes, t. LIL, p. 108.

298 LES REPTILES

par les serpents, il feut les tuer au moment ils les apportent. En Basse-Normandie, on voit parfois, dans les belles nuits d'été. de petites sautillent sur la route ; si on Jes assomme, et que l'on ste jusqu'au matin à veiller à ce que persoune ne s'approche de leurs cadavres, on doit voir à ses pieds le lendemain matin autant de-pièces d'or que l'on aura tué de mourons', Ona vu au chapitre des Eaux dermautes que lus les ans des serpents s'assemblent pour former une pierre préciel

Quelques légendes parlent d'êtres fantastiques et puissants qui se montrent sous l'apparence de reptiles. Dans le Médoc. on représente le loup-garou sous la forme d'un lézard monstrueux, sortant la nuit des vignes et des buissons, pour dévorer les hommes el les bestiaux. En Berry la croyance au grand serpent se réveille de temps à autre ; il a quarante picds de longueur el sa lèle est faite comme celle d'un homme: en 1887, une hergère assurait qu'elle l'avait vu dans un buisson ?,

La vouivre, dont ila été question déjà «dans les chapitres des Forêts, des Montagnes, et au livre des Eaux douces, a d'autres résidences : en Franche-Comlé, elle habile les donjons déserts: on l'a vue, maintes fois. partant du château d'Orgelet, aller se désa’térer à la fontaine d'Evle. Elle ressemblait à une barre de fer ge traversant les airs. in serpent aile qui n'a pour se conduire qu'un diamant qui lui il au milieu du front : pour aire. 22e Le depase sur le rivage. Si pouviez alors vous emparer an. vous seriez le

qu'as moment à l'un sur

LES DRAGONS 299

caverne résidait jadis ua dragon ; sainte Marguerite qui habitait un ermilage voisin détacha sa ceinture, et la passa au cou du monstre qui se laissa conduire facilement. En Provence, ces monstres ont été nom- breux : À Arles un dragon venu de la mer avait établi sa résidence dans des prés voisins, et pendant trois ans, il mangea un grand nombre d'individus : un habitant d'Arles 8e couvrit d'une armure, et, accompa- gné de son fils, après s'être confessé et avoir communié, il attaqua la bête, et après un long combat, il finit par lui enfoncer sa lance dans la gorge ; pendant que son fils malhteoait le dragon, il sauta à cheval sur son dos, el lui trancha la tête. A Marseille, saint Victor armé comme un guerrier, Lua un dragon qui dévorait les gens et avait son repaire à l'endroit fnt bâtie la célèbre abbaye qui porle son nom; à Aix, saint André Lua aussi un dragon, el à Draguignan saint Armentaire en Lua un autre qui se retirait dans une grotte, et dont le souffle empesté pouvait & lui seul donner la mort. En Savoie, le sire de Langin fut vain- queur d'un serpent à huit têtes qui désolait le pays, et qui fut changé en un monolithe qui domine la vallée de Boëze'.

Les reptiles se trouvent assez rarement en relation, dans les récits légendaires ou dans les contes, avec d'autres animaux ; cependant, ainsi qu'on l'a vu, la légende de l'orvet se rallache à celle du rossignol, el celle du crapaud à celle de la taupe. Dans un conte du Languedoc, le renard qui ses associé avec le crapaud pour culliver un champ carré, gage avec lui que celui qui aura fait le premier le tour, en aura toute la récolte. Le crapaud va trouver iruis de ses compères qu'il place aux trois angles du champ, lui-même reslant au premier ; à chaque angle il crie : « es-tu, crapaud ? » Et une voix lui répond : « Ici devant », et quand il croit être arrivé le premier, il trouve que le cra- paud, qui n'avait guère bougé de place, l'a devancé *.

1. Ch. Bigarne. Pabois et Locutions du pays de Beaune, p. 80 ; Bérenger-Féraud. Réminiscences de la Provence, p. 43 ; . Orsnt, in Rev. des Trad. pop, t. XVIII, p.

307. 2. E. Rolland. Faune pop, t. Il, p. 61-63;

CHAPITRE VI

LES INSECTES

SL omeNE

La legende de création dualiste. prpulaire ainsi qu'on l'a vu maintes fs en Kretagne, s'applique a queiques insectes: quand Dieu à fait

Des qui eme 2e NP aan dans lequel

302 LES INSECTES

piquerait eu mourrait. D'après la tradition morbihanaise elles furent logées dans des palais d'or, et ceux qui osèrent y toucher furent blessés par elles el moururent; mais Dieu, voyant qu'elles étaient devenues orgueilleuses et malfaisanles, les punit en les réduisant à habiter sous de petits toits de chaume, et maintenant, quand elles piquent les hommes, ce sont elles qui périssent. En Haute-Bretagne, les avettes n'existent que depuis la venue de Jésus-Christ sur terre, lorsqu'elles furent sur le point de le quitter pour essaimer par le monde, l'une se mit à dire : « Tout ce que je piquerai avec mon dard mourra! Non, répondit Nolre Seigneur ; loute personne que vous piquerez s'en ressentira, mais après l'avoir piquée, vous mourrez ! ».

Une particularité bien connue du bousier ;Meloe: qui, lorsqu'on crache sur lui, secrète une sorte de liqueur rouge, est l'objet d'une explication populaire dans l'Aude, l'on dit que cet insecte s'abreuva des goutles de sang tombées au pied de la croix, el les enfants en le couvrant de crachals jusqu'à ce qu'il ail émis sa goulte rouge, y font allusion : Rend la sang de nostre Segne ou Le tui! ou :

Escarbat de Sant Jan De nosire Segne rand ie sang Ou te tui, biell mayssant®.

Le peuple attribue les filandres, non pas aux petites araignées. mais à des fleuses surnaturelles: leur nom vulgaire est : Fils de la Vierge, et en Provence, on dit quand on les voit: Zu santo Vierge file: on les appelait en ancien français: Filasse de la Vierge Marie : en Picardie. ils se nomment Filés-Madame, à Langres. Coton de la saiute Vierge, en Berry, Jetons de Marie ou Jetons de la bonne Ange. parce que la Vierge les jelle en filant sa quenouille : dans les Ardennes helze de la lune une fille qui y a élé reléguée par punition, les file sans relâche. Les termes: Filets de saint Martin en francais vulgaire, Fils ou Bilots de saint Rémy, dans la Marne, les ratlachant à des saints popu- aires, peut-être en raison de quelque legrude oublice, On les assimile aussi à des cheveux : dans le centre on les nomme Cheveux de la bonne Vierge ou cheseux de la bonne ange, de la bonne dame sainte Ange ; dans les Côtes-du-Xord, cheveux de Madeleine. surtout lorsqu'ils sont particulièrement longs *.

1 lle Millien, in Aer. des Ti

billet. L

- A uvé, ibid. : Lucie Guillaume, Le. : Paul 2 pe 1.

2. E. Rollaud. Faune pu sston Jourdanne. Contribution au F.- L. de l'Awie, p. 39. Plus ordinairement les enfants se contentent de lui adresser des formulettes comme celle.< K et je te donnerai du sang blanc. Paul Sébillat. Trad. LIL. p. 2S4: F. Dateau Tet£ de it tiremie, p. He

3. F. Mistral. Treso : E. Rolland 3: Laisnel de la Salle. Croy imoes du Cent et IL p. 28 : 0. 1892. p. 168 ; ef. Folk- Lore de France, 1. Rolland, Le. p. 24: Lucie de V-I. in Rev. des Trad. pop t

304 LES INSECTES

met deux grillons sous le même chapeau, ils se battent et il ne reste plus que les pattes’. On ne parle guère, si ce n'est dans les conles, d'amitiés ou d’inimitiés entre les insecles el d'autres animaux ; le pelit récit de la Haute-Brelagne qui raconte que deux grillons ont creusé leur petit trou au bord de la mer près de celui d'un crapaud, avec lequel ils vivent familièrement, ne semble pas fondé sur une croyance actuelle*. D'après unrécil du moyen âge, des insectes se livraient bataille, comme les chats et les oiseaux le faisaient en certaines circonstance: tous les ans des scarabées de grosses espèces el pourvus de cornes se rassemblaient à la Saint-Jean dans un certain endroit du royaume d'Arles il y avait deux lours ; ils se battaient avec frénésie pendant huit jours auprès de l'une d'elles, et le sol disparaissail sous leurs cadavres ?.

Les paysans redoutent, parfois à tort, la morsure, la piqûre et mème le contact de certains insectes, et ils exagèrent la puissance de ceux qui sont vraiment à craindre. On dit en Haute-Bretagne que le frélon, en mordant, emporte le morceau ; ses mandibules sont aussi . malfai- santes que son dard, sept frélons tuent ua cheval, et il n'en faut que trois pour meltre un homme à mort. Suivant une croyance très répandue, l'araignée esl venimeuse, et un poëte du XV: siècle y fait allusion :

C'est par péchié.…… Qui nous enfle plus que venin l'yraigne.

On croit en Haute-Brelagne que le panaris est produit par un de ces insectes qui s'esL introduit dans le doigt; en Wallonie une petite araignée rouge peut tuer le bœuf qui l'a avalée *.

La libellule est, en divers pays. un sujet de crainte; plusieurs de ses noms l’assimilent à un reptile: en Basse-Normandie, on appelle mouron lamandrej celle de la grosse espèce et sa morsure est tout aussi dan- gcreuse que celle de la salamandre ; en Basse-Bretagne, on nomme la demoiselle Vadoz er, aiguille-serpent, dans le: Nord, aiguille du diable, en Wallonie scorpion. En Haute-Bretagne les lavandières qui ont peur de sa piqûre, récitent une conjuration pour éloigner cet « agent du diable »; en Wallonie, on l'appelle martui-dialr, marteau du diable, il faut pour éviter la mort, faire l'ablation de la partie qu'elle alleinte ; au pays de Liège on prétend que ses ailes sont tranchantes comme un couteau; de sun nom de Avuté. En Ille-et-Vilaine, la mor- sure de la courtilière passe pour ètre presque loujours mortelle, et le

4 A1 in Jtev. des Trad. pop. t. XVIII, p.399: Paul Sébillot, l. c. p. 294. Paul Sébillot, in fbnanach du Phare, 1892, p. 96.

rvasius de Tilbury, Otia imperialia, 64. Leibnite, p. 967.

ustache Desch Œurres. t, 1, p. 292: à: Defrécheux. Foc. de lu Faune wallonne, p.209.

3. $. Paul Sébillot. Trad. t. 11, ji

Paul Sébillot. 1

310° LES INSECTES

à Bouley en Lorraine, quelques années après, que des filles apportaient dans les jardins des chenilles cachées dans des hottes recouvertes de linge blanc ; dans la Suisse romande, les sorcières pouvaient leur faire ravager les récoltes ‘. Jadis-n Wallonie des sorcières envoyaient à la rencontre des voyageurs des mouches appelées Faunels qui ressem- blaient à des taons, mais plus minces et plus effilées ; il en fallait sept pour tuer un cheval. On croit en Champagne, en Normandie, en Anjou eten Haute-Bretagne, que des gens peuvent donner des poux par ensorcellement. En Ille-et-Vilaine pour se débarrasser de la vermine qui semble provenir d'un sorlilège, il faut ‘aller, avant le lever du soleil, au bord d'une rivière et battre sa chemise, pendant une heure avec une branche d'épine noire ; dans le Bocage normand les men- dients sont accusés de ce méfait, on les contraint parfois à le défaire. En Anjou, pour se délivrer des poux venus par maléfice, on en enfile trois avec une aiguillée de fil et on les suspend dans la cheminée à la crémaillère ; la personne éprouvée est définitivement délivrée de ces insectes, et, à mesure que ceux-ci dessèchent, le sorcier lui-même dépérit ; il ne tarde pas à venir désensorceler celui ou celle à qui ile faitua tour?. Dans la Beauce, on chasse les chenilles en déposant un nombie impair, de 9, 41, 43 principalement, de ces insectes à un carre- four de quatre chemins, en leur faisant prendre une direction opposée à celle de la maison ; en Anjou, une femme qui a ses mois fait périr les chenilles qui infeslent un champ de choux, en le traversant à diverses reprises ‘.

Au XVI: siècle pour expulser les hannetons d'un verger, on récilait un verset du 35* Psaume : /bi ceciderunt qui ojeranturiniquitatem, expulsi sunt, nec poluerunt stare5. Des cérémonies dans lesquelles intervient plus directement la religion, ont pour but de détruire ou d’éloigner les ecles nuisibles ou importuns.

En Huute-Bretagne, la procession de la Saint-Marc (25 avril) ext destinée à faire crever les langousses (mouches d'eau); jadis elles faisaient périr les chevaux et même les hommes; elles étaient grosses comme des Lètes de cheval et pouvaient traîner des pierres : depu slitution de la fête, elles ont été réduites à la taille qu'elles

4. 4.-H. Thiorn, Traité des Sup., t. 1, p. 15}: Réaumur. Abrégé de l'histoire des

insectes, LIN, p. 94: E. Auricoste de Lazarque, in Rev. des Trad. pop., L. XIX,

MS; Légendes des Alpes Vaudoises, p. 180.

Dela, in Wallonia, t. XI. p. 183.

nd, L. c., p. 206: L. du Bois. Recherche.

billot. Trad. t. 1, p. 309: A. Orain. Le F.

39. Locuwur, Bequisses du Bocage. t. Il. p. 89:

Le KIX, p.408.

Félix Chapisoau, Le F.-L. de La Beauce, L. 1 p. 915; C. Fraysee, in Rev. des L XX, p. 359.

Les Bigarrures du seigneur des Accords, 1662, p. 506.

sur la Normandie, p. 349: . de C'ille-et-Vilaine, t. IN, : Fraysse, in Her. des Trad.

3i4 LES INSECTES

placés aux portes : mais d'autres bouchers en firent honneur au bienheu- reux saint Loup, dont ils montraient la statue érigée depuis longtemps pour perpétuer le ssuvenir de son intercession. Les baucheries de Limoges jouissaient aussi. par no privilège à une statuette du même saint, d'anesemblable immunité. Les araignées se gardaientbiende tisser leurs toiles dans la Tour sans venin en Dauphiné *.

NS. INSECTES FAMILIERS PROTECTEURS -

Dans un grand nombre de pays de France. le grillon est associé au bonheur de la maison. Des noms comme Cheral du bon Dieu Loiret}, petit cheral du ban Dieu. en français dialectal. montrent le respect que l'on a pour cette bête du foyer. On dit en Béarn : il y a des grillons, Dieu habite. Suivant une croyance assez repandue: les sorciers n'ont aucun pouvoir sur les personnes qui ont chez eux ces insectes de bon augure : dans la Loire. on dit qu'il ne peut x en avoir dans un logis réside un grillé : en Anjou tend chanter. c'est l'indice qu'il n'yenapas dans ia maison®. Cette idée semhle en contradiction avec un passage de Richard, Guide aux nur d'Air. d'après lequel l'agricul- teur qui devient riche tout d'un ewup. passe pour avoir des grillels. c'est-à-dire pour avoir fait un pacte avec le diable*. Le chant du grillon présage le bonheur ou la richesse : en Haute-Bretagne on lui dit, pour l'engager à venir se faire entendre :

Guersälin. Viens dans ma maisn

En Berry et dans la des unis d'or dars la maison. On dit les bau.anzers ne fout pas plus suivent banquereute,

rs des érinche ne autour d contraire le grill . est un presage de isreae der sn Haute-Prelagne et Vas, aura bientôt un i ante. à ceux si quelqu'un la vois, « ait eut à

Ni :n Ler. des Trad.

tés. ©. Fraysse, mn

318 ° LES INSRCTES

un rayon de miel ; aux environs de Lorient on apporte de la cire aux chapelles de saint Pierre, qui est préposé aux essaims. À une fontaine de Saint Martin, à la Grande-Verrière, on fait des offrandes pour la réussile des ruches !,

Les avelles sont susceptibles et il ne faut pas leur manquer d'égards: au XV* siècle, on leur faisait des présents : Quant un homme trouve en son pourpris un vaisseau d'eeps atachiés en un arbre, s'il ne l'estrine d'une pièce d'argent, c'est mauvais signe. celui qui approprie à soy les eeps sans les estriner, elle ne feront que picquier celui. et jamais ne l'aimeront ne lui feront prouffil> Dans les Deux-Sèvres, on doit dire que l'abeille est more et non qu'elle est crevée : en Normandie, il était d'un bon usage, en leur adressant la parole, de les appeler: « Belles, Belles ! Abeilles ! Abeilles ! » ou « Mes petites belles » ; si on les dési- gnait sous le nom de Bêtes, elles réprimaient cette grossiérelé à grands coups d'aiguillons®. Dans plusieurs provinces de France, si on médit des abeilles, elles meurent ; en Franche-Comté, elles dépérissent si on les regarde de travers; aux environs de Lorient, sion se dispute à propos d'elles ; en Lorraine, si les personnes auxquelles elles apzar- tiennent ne vivent pas en bonne intelligence. Suivant une croyance très répandue, jurer ou prononcer des paroles impures devant les abeilles les fait périr ; dans le Luirel el dans la Gironde, la Normandie, elles piquent les jureurs ; dans le Mentounais les vers À soie sont éga- lement sensibles aux blasphèmes el en souffrent ?.

Les paysans de plusieurs provinces altribuent aux mouch le don de reconnalire ceux qui ont failli à leur devoir. el ils qu'elles les poursuivent de leur haine, comme celles qui figurent dans l'éloquente apostrophe de Victor Hugo. Suivant une eroyance générale, elles piquent, seule au milieu de ses compagnes, fille qui n'a pas conservé sa chastelé ; dans les Deux-Sèvres, les avettes et aussi les guêpes —, ne s'attaquent qu'aux coureurs de filles*. Un passage d'un poële du XVI: siècle fait allusion à une idée, qui n'a pas ëlé relevée de nos jours, d'après laquelle elles faisaient sentir leur colère aux paresseux :

Apprendz, waraull, appreudz La lecun de es mouches Qui sont aux faineants comme toi si farouches +.

1. Léon Pineau. Le F.-L. du Poitou, p. 1: E. Rolland, p. L. Lex. Le eulle des eaux en Saëne-et-Loire, p. 41.

2. Les Evangiles des Quenouïlles, I, 48: B. Souché. l'roverbes, p. 2: L. du

Bois. Hecherches sur In Normandie. p. . Perron. Prov. de Franch : Richard. Trad. de la Lorraine, y. 48: F. Daleau. . du Hois, p.

339: 1.-B, Audrews, in Jen. des Trad. pop. à 4.°Les Chdtiments: Aux abeilles du manteau imperial. dl, p. 266.

5. Claude Gauchet. Le plaisir des chumps, p. 109.

E. lolland. Faune pop,

322 LES INSBCYES

de l'Aude la prient d'enseigner le chemin du ciel!. En plusieurs pays d France et aussi en Wallonie, les jeunes filles consultent la coccinelle en Provence, elle s'appelle Catharinetto, elles tâchent en la faisan envoler de tirer quelque augure de son vol, el lui disent : Catharinetto, digo-mi mounte passarai Quand mi maridarai ?

Catherinetle, dis-moi je passerai Quand je me marierai ?

Si elle se dirige vers un jeune homme, c'est l'indice d'un mariag très prochain; si elle va dans la direclion d'une église ou d'un chapelle, on crie à la jeune fille : « Tu Le feras religieuse ! Les jeune vendéennes récitent ce petit couplet :

Vole, vole. Ma petite Nicole, De quel coûté me marierai-z-y ?

Dans la Côte-d'Ur, le pays Messin, les Cévennes, l'Auvergne, 1 Poitou, la Wallonie, il y a aussi des formulettes pour interroger la coe cinelle sur le lieu doit avoir lieu le mariage ou sa possibilité. À Aix l'un des cinq doigts de la personne qui consulle la « catherinelte » reçoit le nom de son prétendu, et elle est ensuile placée dans la mai que l'on ferme un moment ; si lorsqu'elle est rouverte, la petite bél va sur le doigt en question, le mariage est rertain*. autres insecles servent aux consultations amoureuses : Dans 1: Gironde, pour savoir une jeune lille se mariera, on place entre le: deux mains une pute (faucheux\, et en agilant, on dit : « Du cété qu le cul de la pute se trouvera. la gouyate (fille) s'Y mariera ». En Sain Longe, on récite une formulette;analogue en lui arrachant les pattes dans les Deux-Sèvres, autant de fois remuent ses pattes détachées di corps, autant d'années à encore à vivre la personne pour laquelle ui tire ce présage ; les enfants Wallons s'imaxinent que ces mouvement sont volontaires el répondent à la question qu'ils font?. Dans l'Ile Vilaine, dans la Beauce, on leur coupe les pattes. et on les met dans si main ; si elles remuent, on aura de la chance. Dans les Vosges, le faucheux sont appelés chances, et les enfants leur disent. en les tenan par uue deux pattes : «Chance, dis-moi ou est le loup, je li tue!» La première patte de devant que l'araignée lève indique E

1. Rerue des Trad. pop. t. V1, p. 550: Her. des l'inquee romanes, 183 ton Jourdanne. Contribution au Folk-Lore de l'Aurlr, p. 39.

2. Jules Lemoine, in La Tradition. 1890, p. 281 : Regis de la Colombière. Lex Cri de Marseille, p. 145-6.

3. Léo Desaivre. Formulettes el enfantines du Poitou, p. 4:E. Rollaod. l. c.. p 354: D Pommerol, in Rer. des Trad. pop. t. XII, p. Alfred Harou. Le Folk lore de Godarville, p. 18 : 0. Colson, in Wallonin, L IV, p.51: de la Colom bière. L. e., p. 148.

4. F. Daleau. Trad. de la Gironde, p. 58: E. Folklore wallon, p. 9: Mfred Harou. Folklore de 0

pe 5

Gi

E. Monseur. L

324 LES INSECTES

si l’araignée pendue à son fil descend, on recevra de l'argent d'un dé- biteur, si elle monte on ne sera pas payé; dans le Beauce, il suffit qu'elle pende au plafond; dans le Mentonnais, trouver le soir une fourmi sur soi est un présage favorable‘. On croit en Ille-et-Vilaine, que si on tient longtemps un petit violon (criocère) auprès de son oreille, on ne devient jamais sourd, parce que cet insecte prie le bon Dieu de conserver l’ouïe à celui qui l'a écouté ; à Mons, une coccinelle qui se pose sur une personne est un kigne de chance ; en Wallonie, les vers luisants, qu'on appelle vers de la Saint-Jean, portent bonheur à ceux qui les possèdent"; en Ille-et-Vilaine, lorsque lesfaucheux montent sur l'épaule d'une personne, elle mourra avanl peu; en Wallonie, si la libellule qui s'appelle Marté de dyäl, marteau du diable, ou makrë, (sorcier), frappe quelqu'un au front, il doit mourir dans l'année*. À Seraing un pou rouge trouvé sur une personne indique qu'elle n'a plus que sept années à vivre‘.

Dans les Hautes-Vosges, la grande araignée (phalangium opilio), qu'on appelle chance, porte bonheur à quelque moment du jour qu'on l'aperçoive ; il n'en est pas de mème des autres araignées, la chance dépend de l'heure. Les marchands girondins prétendent que lorsqu'ils voient une araignée le matin, ils vendront beaucoup dans la journée. Sur le littoral de la Saintonge, on disait ce proverbe : Araignée du malin, trouvaille ou gain. En Normandie, la vue de cet insecle annonce de l'argent : la somme à recevoir dépend de sa grosseur. Dans les Vosges, si le premier papillon que l'on aperçoit au commen- cement de l'été est jaune, il entrera de l'or dans votre pochette ; s'il est blanc, ce sera de l'argent. Dans la vallée d'Aoste, le papillon noir vu pour la première fois au printemps est signe de maladie ou de mort pour la famille dans le courant de l'année *. La rencontre d'une cigale le matin passait, au XVII: siècle, pour un présage excellent ©.

Autrefois dans le Limousin, les araignées porlaient bonheur dans les étables ; dans les Cévennes on croit que les toiles qu'on } laisse préservent les chevaux du grips, sorte de lutin qui vient les tour- menter. En Lauraguais, en Anjou, en Provence, elles absorbent le venin de l'élable, en Poitou, elles en purifient l'air. Dans les Vosges

Thiers. Traité des super. L. 1.p. 211: Amélie Bosquet. La Normandie ne. p.249 : sscob Defrecheur. Poc. de la Faune wallone, ÿ 81: H. La- de la Meuse, p. 119: Félix Ch Le PL. dela

Andrews, in Rer. des Trud. p.35 des Trad. pop.,

. t. Il. p. 388 : Amé Demeulire PB.

318. Bionreur. Le Le Folklore ballan. p- 14. 4: Aifred H Rer. des Trad. des Hautes-

VI, p. 49.

ges. p. A5 de. so Re je

uvé, P- S Trnité des

326 LES INSECTES

Les inseetes servent aussi à la prédielion du lemps. Dans la Côte. d'Or, on dit à la première apparition des fils de la Vierge : Feulaure de coton, Feule pou qu'a faisse bon, —_ Fileuse de coton File pour qu'il fasse beau.

Dans les Vosges lorsqu'il doit pleuvoir les ubeilles se tiennent à In

porté de leurs ruches; les libellules volent à la surface de l'eau,

© l'eraignée lisse sa loile avec précipitation, les papillons voligent près des fenêtres ; avant l'orage les puces piquént ou les mouches <e servent dès le matin de leur aiguillon. Lorsque le temps esl au beau les hêles à bon Dieu saulillent de fleur en fleur, l'araignée délaisse les coins sombres, les borgnes frétillent gaimentdans l'herbe; en Haute- Bretagne les hannelons volent sur la mer.

Des formulettes usitées, presque sous la méme forme, en Basse-Nor- mandie el en Haute-Bretagne constatent la croyance d'après laquelle le papillon jaune est un signe de froid, et le papillon blanc de temps doux?.

Le rôle des insectes dans les songes est assez restreinL: Au XVII siècle réver que l'on prenait des mouches signifiait qu'on recevrail quelque injure / dans la Côte-d'Or, rêver d'abeilles est signe de malheur. Dans les Côtes-du-Nord. rèver de puces annonce des disputes, dans les Vosges des disputes de femmes. En Haute-Brelagne, en Vendée, en Wallo dans les Vosges, lu Gironde, des poux vus en songe sont un présage d'argent3.

$ 8. LES Jeux

Plusieurs insecles servent aux jeux, souvent cruels, des enfants: cependant il est rare que ceux-ci leur adressent, pour les inviter à se laisser prendre, des conjurations. accompagnées de gesles, comme celle-ci qui est en usage dans le Loiret, où, armés de branches d'arbre ils cherchent à abattre les luranes en leur criant : « Cerf bas! » dans croyance que ces parles les feront descendre : en Wallonie les petil* chasseurs de hannetons leur font les promesses les plus allée

antes :

Abalowe, vivez d'lez mi, Vos ârez pan rosti +.

3: Marion, in Mélusine, t. 1, col. 71 F p. 138: Paul Sébiilot. Légendes de Li Mer,

1. E. Rolland, Faune pop. Sauvé. Le F.-L. des Hautes te IL, p. 2.

2.'E. Rolland. 1. e. p. 315 : Paul Sébillot. Trad. p É E. Rolland. Faune pop. p. p. 38 : Paul Sébillot. Coutumes, p. 368 :

& XVII, p. 286: A. Harou, thé. xl. de la Gironde, p. 60. oseph Delrecheux. Les Enfantines

'osges Trad. pop

L.F. Sauré, Le. p. 25: F. Rollaod. Faune pop., 1 liégeoises, p. AT3.

328 LES INSECTES

initiale habituelle: La reine voit trois gros hannetons qui tenaient chacun dans leurs pattes une de ses filles, et trois grandes demoiselles qui portaient sur leur dos ses trois fils ; tout cela en s'envolant par la fenêtre, chantait en chœur el fort mélodieusement: Hanneton, vole, vole, vole‘. D'autres rimettes lui conseillent de se hâter d'aller voir ce qui se passe chez lui ; c'est ainsi qu'on dit à Lille :

A Bruants, à Ronchin,

V n'y du fu dans tin moulin :

Et qu'on lui récile en Alsace une chansonnette dont voici la traduc- tion : « Hanneton, envole-toi! Ouvre la grange à ta mère, les Juifs viennent, les paysans viennent ; ils veulent compter avec toi, ils veulent le mettre à mort, Loi et tes chers enfants*. Une comparaison d’un poète du XVI: siècle montre qu'on le traitait de la même manière :

11 (Marot) gagna l'huis faisant des esses Une quenouille entre les fesses,

Tel qu'un hanneton quand au cu

Lui pendille un brin de fêtu.

A Audierne (Finistère), c'est un bois d’allumette qu'on lui introduit sous la queue *. En Franche-Comté on appelle faucille le fétu que l'on enfonce dans l'abdomen du taon, que l'on fait ensuile envoler, en lui disant de partir pour la moisson ‘.

Lorsque le hanneton, qui a le corps très lourd, enfle son abdomen en y faisant pénétrer par ses stigmates le plus d'air possible, il élève et abaisse alternativement ses élytres pendant quelques secondes avant de s'envoler. Les enfants disent en nombre de pays de France qu'il compte ses écus, en Wallonie qu'il compte ses heures et qu'il fait ses paquets ; à Liège, ils se mettent à lui chanter :

Abalowe. fez vosse paquet, IL est timps d'enn’ éraller. lne heûre. Deux heùre. Treus beûre. Yole évote?.

On adresse à la coccinelle qui. ainsi qu'on l'a vu, est consultée même par les grandes personnes, de nombreuses formulettes pour l'engager à s'envoler: mais au lieu d'être menac: ce sunt ordinairement des espèves de prières pleines de promesses : lelles sont celles du Langue- doc, dont v a plus simple :

Galineta monts au ciel Te dounanti de pan 'aÿ

- ae Cadichou. Cabinet des Fées, t. XXV, p. 400. pe 339-340.

ane Œures. AI. Paris. (TM. LL p. RS: Coma. de M. Jus Le Carguet. 2.

5. Joseph Defrecheux. Les Enfaxtines beyevins. p. 11

330 LES INSECTES

censé attaché: l'idée qui préside à celle offrande esl indiquée avec netteté dans le pays de Liège les campugnards atteints de fièvre tierce font cuire un œuf dans leur urine, et vont le cacher dans une fourmi- lière : le mal décrott à mesure que l'œuf est rongé par les insectes, Ea Basse-Brelagne le dépôt est accompagné d'un quatrain dont voici la traductio: Fourmilière, je vous salue. La fièvre suis venu vous apporter avec un morceau de pain el un œuf ; ne requiers que de ne plus la trembler ». En Ille-et-Vilaine, pour la même maladie, on \ porte, pendant neuf jours conséculifs, des œufs frais ; les paysans de Saar-Union en Alsace placent des œufs et 77 boulettes de pain dan: la fourmilière. En Franche-Comté, pour guérir une sciatique opiniâtre, un œuf frais percé d'une quantité de pelils trous y est posé au milieu par quelqu'un qui, durant tout le trajet, ne doit parler à personne, ni prononcer aucune parole. Dans le Bocage normand, uriner pendan! neuf jours sur une fourmilière fait passer la jaunisse. Le nid de la mante guérit les dartres, suivant les paysans du Mentonnais !

Parfois c'est l'iüsecte lui-tnéme qui, mis en contact avec le malade, opère la cure; dans la Seine-Inférieure une araignée posée sur ls poitrine mange la fièvre : en Lorraine, on lui faisait mordre les verrues; dans le Bocage normand la grosse sauterelle verte appelée chevrette passe pour manger ou détruire ces excroissances*.

Suivant une croyance encore enracinée dans le peuple, ‘pour guérit la piqûre venimeuse du scorpion, il faut laver la plaie avec de l'huile dans laquelle on a fait mourir quelques-uns de ces insectes. Un vau- de-vire du XVe siècle montre que celte pralique était alors courante :

On nous dit : comme de paturs

Le scorpion Mesme est bun contre sa blessure,

aux bons vins Comme à la beste*

+ des insectes pa ent rares: l'une d'elles usitée au XVI siècle: pour ne pas avoir la barbe trop touffae. il fallait dès son enfance frotter ses joues d'œufs de fourmis Leur usage enmme medicament interne semble plus fréquent : daas le: Basses-Alpes, on avalait le matin. à jeûn, troi pour se débarrasser de la lèvre: en Eure-et-Luir. on fait manger ?

rain. Le F.-L. de fete, ser ve de Baurnors p. 1: 4. Leur JR Aadrews. in fer. de

tx. a desk Aie p fe Richant 4. de Lorraine, p. 368

sed. Delabavs p 2"

4

332 LES INSECTES

Suivant des croyances fort répandues, l'âme peut se présenter sous l'apparence d’un insecte, presque toujours ailé; celui-ci sorl même de la personne vivante, pendant qu'elle dort. C'est ainsi que dans le Mentonnais, le double de la masca ou sorcière endormie s'envole parfois de sa bouche sous l'aspect d'un papillon noir ôu d'un laon, pour exécuter des maléfices ; si on change le corps de place pendant son absence, la sorcière meurt !.

Cette donnée est beaucoup plus rare que celle l'ame s'échappe de la bouche du mourant sous la forme d'une mouche ou d'un papillon : Daos un récit de Basse-Bretagne, une grosse mouche vient voltiger et bourdonner autour de la têle d'un homme qui avait tué un de ses voisins ; elle ne le quitte plus, et il se dit que c'est sans doute l'âme de sa viclime : le prêtre auquel il va se confesser, lui conseille de l'inter- roger et elle lui répond*. Plusieurs récits de Haule-Bretagne parlent de papillons que l'on voit sortir de la bouche d'un agonisant ; dans le plus complet, le papillon est tout gris ; il se pose sur la poitrine du défunt, puis, après l'ensevelissement, sur le bout du cercueil ; quand celui-ia élé mis en terre, le papillon s'envole et un pauvre qui a assisté à la cérémonie, le suit jusqu'à la lande, il est condamné à rester pendant un temps pour expier ses fautes*. On raconte en Basse-Brelagne qu'un homme. veillant un de ses voisins à l'agonie vit s'envoler de sa bouche un moucheron qui, après avoir disparu, revint, sc laissa enfermer dans la bière avec le mort, et s'échappa du cercueil aux premières molles de terre qui tombaient dessus, pour se rendre à une lande il dit à son ami, qu'il doit y accomplir sa pénitence*. Un conte lorrain semble supposer que l'âme peut avoir une résidence souterraine sous forme d'insecte: un homme menacé de la vengeance d'une lèle de mort qu'il avait insullée, va, sur le conseil d'un prêtre, frapper du pied sur la Lombe de son filleul pour demander son aide ; l'âme de celui-ci en sort sous l'apparence d'un papillon blanc, qui délivre son

parrain de tout dangers. Un récit facétieux des Côtes-du-Nord prétend que lorsqu'un pêcheur de Saint-Jacu meurt, son âme quiltela maison sous la forme d'un joli papillon blanc, au lieu que, lors du décès d'une femme de ce village, c'est une mouche noire qui sort de ses lèvres. et l'on assure qu'autrefois lous ceux qui assistaient à un décès pouvaient être témoins de ee fait*.

Dans le sud du Finistère on voit souvent une “ra mouche, pas du

Bretagne. à Me Br La Léo de la Mort. L ni p. 200-202. 5. E. Cosquin. ! vnles de Lorraine, t. Il, p. 115. ETS Rene Trad pop, LAN, D. 656,

334 LEX INSECTES

probable qu'elle se trouvait, comme dans les contes recueillis de nus jours, daus une version antérieure à celle de Des Periers : cependant lu reine des fourmis d'un récit breton vient aussi au secours d'un pâire qui ue lui u rien donné‘. Souvent le chercheur d'aventures a fait un passage équitable entre divers animaux et une fourmi; celle-ci lui remet une de ses palles un morceau de peau qui lui servira à se ger en fourmi, ou lui accorde celle facullé sans qu'il soit besoin de 1 ; dans un conte de Basse-Bretagne l'insecle secourable est un bourdon. D'autres fois le héros a apporlé de la nourriture à des fourmis affamées ; el elles lui donnent aussi une palle qui servira à les avertir qu'il a besoin d'elles, ou lui disent simplement qu'il sut de demander le roi des fourmis ?

Un aventurier gascon, qui a entrepris de faire rire la lille du roi, entend un grillon, puis une puce, qui par simple obligeance lui propo- sent de les emporter, en lui disant qu'ils pourront, ce qui arrive en effet, contribuer au succès de sa Lentalive. Dans un conte du Luxembourg belge. un garçon achète successivement à une sorcière trois boiles con- tenant un grillon qui joue de la musique, un hannelon el une araignee tous les Lrais lui sont fort uliles pour les läches difliciles qu'il a à ceomplir 2. On a recueilli dansle sud de la France plusieurs versions du conte un pelit insecte acquiert une telle dimension que sa dépouille sert d'enveloppe à une caisse : Une punaise était devenue si grosse que In lille du roi. quand elle ereva, fit lanner sa peau pour en recouvrir un coffre, el le roi fitannoncer qu'il donnerait sa fille en mariage à eclui qui devinerait a quelle hète appartenail celle peau: dans le pass basque, c'est celle d'un pou. dans le Mentonnais celle d'une puce

Les insectes qui, donnés par un génie, accomplissent en peu de Lermps une hesogne. figurent dans plusieurs reeits du Sud-Ouest: deux cour basques parlent de dix mouches enfermees dans un etui. qui en sortent quand on l'ouvre et font lut l'anvrage: ee n'est que par ruse que lt fermiire qui. après s en debarras-

n etre servis en a peur, parvient

L..F. Sauvé, in fer, Cestgue, 2 Ne pe A Nodier, pe RTS: FM. 2 FE Cosqun, Comte de D Henry Carnuy. Contes Lérquant Lépenses

pORes FM Luiel st

: Bonaentre des Periers, Fontrs D Contee se Rech sta LM Re ET nU Lpoiee, Paul sel Cet L pe 68 Picardie à Le Caen, pe Ai JF. No tes di a De PL hrques SIM Lu

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342 LES POIS80;

pour se les rendre favorables; sa graisse mélangée au suif de bouc était employée jadis par les sorciers poitevins. En Vendée, un amou- reux ayant mis, pour se venger d'une jeune fille qui l'avait rebulé, quelques goultes de sang d'anguille dans le verre elle allait boire, elle fut ensorcelée, et, comme le poisson est, dit-on, agité sur le matin. dès trois ou quatre heures elle ne pouvait rester dans son lil ; elle ne recouvra le repos que quand la bête fut morte; dans la Gironde, la poussière de foie de saumon renfermée dans un petit sachel cousu dans ua des vêtements que portera le conserit le jour du Lirage, lui assure un bon numéro !.

Les poissons jouent un cerlain rôle dans la médecine superstitieuse : en Wallonie, pour faire croître les cheveux d'un enfant, on les lui lie avec de la peau d'anguille ; elle est excellente contre les crampes el contre les rhumatismes: pour se guérir de la névralgie, on en lie une autour du genou droil, et on place un cercle de fer sutour de la tête du patient : dans le Loir-et-Cher. on l'emploie comme jarrelière contre les varices el la jaunisse. En Limousin, on fail manger aux enfants atteints du muguet la chair d’un poisson qui, entrainé par le courant, aura passé par-dessus la roue du moulin *.

Les bateliers de la Meuse appliquaient sur la poitrine de celui qui avait la jaunisse, une carpe ou une tanche vivante et l'y laissaient jusqu'à ce qu'elle tombe en putréfaction. Au XVII siècle. pour désenfler le ventre, on mettait sur le nombril du patient uue tanrhe vive que bandail avec une serviette : après vingt-quatre heures ilait l'enterrer dans du fanier et l'enflure disparaissait?. La ersyance à l'ellicarite du sang d'anguille pour corriger les ivrognes est plus ancienne que le seinème siècle la recette est aiosi formulée : Prenr tris q anguilles toutes vives. mettez-les à Lremper en vin jusqu'à ce qu'eiles neurent, puis faire buire de re vin aux svrongnes. Eu Gironde et en Vendée. on administre cs rem: élé au vin: en Auverene on à fait seulement degoutter un peu de sang: dans Le Luir- doit avoir eté pris à un marguin, angui dans le pays de Li-e, on dennait aux buveutes iré d'une boutoille ou l'empirique

rare:

cité par Rest 5.8 ontes du Barre rude. pe 1

344 LES POISSONS

méprisé à une imitation infructueuse du diable : un jour que saint Guénolé l'avait défié de fabriquer un poisson, il arriva en nageant au milieu d'un banc de maquereaux. et se dit en les voyant si nombreux qu'ils ne devaient pas être difliciles à faire. 11 se met à l'œuvre, et a vite façonné un poisson : il était prêt à lâcher, lorsque la bête, sentant l'approche de l'eau, déploie ses ailerons, et le diable pousse un cri de douleur en secouant ses doigts : au lieu d'un maque- reau il n'avait fait qu'un chinchard [Caranx trachurus avec des piquants sur le dos, et sur les côlés, la marque de ses griffes !.

Les pècheu uent par des légendes postérieures à la création les particularités que présentent certaines espèces: ceux du pays de Trèguier racontent qu'un jour une étrangère qui passait sur la grève. en marchant très vite, demanda à une petite plie qui se chauffait au soleil dans un ruisseau. si la marée montait ; au lieu de répondre, celle- ci se mit à répéter ses paroles en faisant des grimaces. À ce moment le flux commenca. et l'étrangère. qui élait la Sainte Vierge, dit au poisson moqueur : « Petite plie à la bouche de travers. une autre fois vous serez plus sage. » Et depuis les limandes de cette espèce ant cette difformité®. Le Poisson Saint- re Zeus faber a. des deux côtés du corps, deux marques noires, fort distinctes, qui ont donné lieu à des explications légendaires : en Provence quelques-uns prétendent que ce nom lui a été donné parce que saint Pierre avait péché un de ces pois- sons sur l'ordre de Notre-Seigaeur. pour en retirer la pièce de monnaie qui devait servir à payer le tribut à C: eille on dit que saint Pierre l'asant pris avec la main. lui laissa l'empreinte de ses deux doigts. Les pécheurs de Picardie racontent que l'apôtre ramena jadis dans ses filets une petite diorade, qui ie suppiia de la laisser rojnindre au fond des eaux sa nombreuse famille : il à eunsentit. eten souvenir elle garde la marque de ses doigts. Sur le littural dr la Haute-Bretazne. ée puissou porte non pas deux, mais cinq emprsintes: elles ne sul au prince des ap'tres, mais au ban Dieu jui-méme: un jour Lenvi- de manger du appela la poule de mer. qui . eus lui sembla si aigts sur le epheie pour être faire rec :0- teur qui voyant L'avoir marg+.

350 LES POISSONS

pêcheurs de la baie de Saint-Malo ‘. En Normandie, on jette la laite de hareng au plafond ; si elle s'y attache, on aura un habit neuf à Pâques ; c'est aussi un moyen de savoir si on réussira dans ses affaires. A Pari cousullait aussi le hareng : vers 4858, les chiffonniers qui déjeu- naïent sur le pouce dans un cabaret de la rue Clopin, n'oubliaient pas, quand leur poisson de mer favori élail Lout frais, de jeteren l'air cer- laine petite membrane, luisante comme de l'argent, qu'ils appelaient l'âme du hareng: si le boyau restait cullé au plafond, cela portait bonheur à l'homme ou à la femme qui l'avait lancé. En Wallonie des jeunes filles pour voir en rêve leur futur mari mangent entièrement un hareng eru el non nettoyé ?.

Les poissons dangereux pour ceux qui les caplurent sont assez rares sur nos côles, et leur folk-lore ne semble guère avoir préoccupé les pêcheurs. La turpille dont les propriétés électriques redoutables causent chaque année des accidents, parait être l'objet de peu de eroyanres, et l'on à oublié le procédé euratif de sa blessure, usité au XVI siècle, et qui était fondé sur l'idée, si souvent constatée, de la transmission du mal à un objel inanimé : si quelqu'un a esté blessé de la Tareronde, l'on prend sa queuë que l'on applique à ua chesne, lequel seche et meurt et le patient guérit. À la mème époque. la turpille était appelée à Marseille - domillouse » parce qu'elle endor- mait les membres de celui qui la touchait#. Le seul poisson que les pacheurs semblent vraimeut redouter est d'ordinaire as: c'est la vie Zrastiius Cuvier. qui se nommait vivre en ancien francais, parce que son venin passait pour fire atssi dangereux que celui Le la \ipère. et que l'un appette a i te midi peur de sssure fait croyance $

364 LBS POISSONS

Ainsi que les animaux terrestres, les poissons se montrent recon- nts envers ceux qui leur ont apporté de la nourriture ; le roi des Poissons de mer donne une arête au filleul du roi d'Angleterre en récompense des miettes de pain qu'il avait jetées à ses sujets, el il vient à son appel quand il est en péril. Lorsque Petit-Jean a sauvé les poissons de la famine en répandant des grains sur la mer, leur roi le remercie, et plus tard il lui remet les clefs d'or que la princesse avait jetées dans les flots : un petit poisson rouge auquel un garçon a donné du pain, lui rend aussi ce service ‘.,Il arrive assez fréquemment que des animaux ou des oiseaux fon! présent à un homme d'un frag- ment de leur corps qui lui permet, en cas de besoin, de se transformer. Cet épisode figure dans un conte poilevin : un jeune aventurier appelle un poisson qui lui donne une écaille, grâce à laquelle, devenu poisson lai-même, il traverse la rivière.

Quelquefois des poissons jouent un rôle protecteur ou servent de talisman : La reine des fées jette à bord d'un navire un petit poisson doré et dit au capitaine de le mettre dans un vase rempli d'eau et de s'adresser à lui quand il aura besoin de quelque chose: une vieille fée donne à un pêcheur un lançon, grâce auquel il prendra autant de poisson qu'il peut le désirer. Une monstrueuse carpe parle à un jeune prince, el lui dit que s'il veut se fier à elle. il lui fera voirla plus agréable chose qui soit jamais tombée sous les jeux d'un mortel?.

Les poissons fantastiques ou merveilleux occupent une petite place dans nos traditions maritimes. Le poisson d'or des côtes du Morbihan passait pour être gros comme un veau: il avait une tête de grondin avec des cornes, le corps d'un homard et la queue d’une hirondelle ; on le preuait, on lui décousait le ventre, puis il demandait à être rejeté à l'eau. Nans la baie de Saint-Malo. on parle d'un poisson appelé le Glon qui est le plus ingénieux de tous ceux de la mer: il a sur la lête deux petites perches au bout desquelles il a deux ligues: c'est avec cela qu'il pache le poisson et il peut ainsi s'en procurer tant qu'il en On disait eu Anjou de quelqu'un qui tentait une entreprise impo: que c'etait « vouloir pécher Le poisson Buband »: énorme et fabuleux qui n'a jamais existé ?,

U arrive parfois que des <, après avoir eté abandantes, deviennen: rare s - la cite, ou même en dispa-

386 LES POISSONS

griso, appelée sauterelle ; pour cela, il suffit d'extraire délicatement deux pelits appendices silués près de la tête; avec un peu de bonne volonté, on arrive à distinguer Eve d'Adam par la longueur différente de ce qui simule leurs cheveux. Aux environs de Saint-Malo, on fail voir dans l'intérieur de la tête du homard la Vierge avec deux anges !. En plusieurs pays, nolamment en Haute-Brelagne et en Poitou, le bopyre parasite qui produit sur la têle de la crevelle une excroissance ronde passait pour contenir une petile plie ou limande, parfois une sole?, Certaines personnes croient que la laugouste est la femelle du homard, et le boue le mâle de la crevette, qui est appelée chevrelte. Les pêcheurs des environs de Saint-Malo disent que le homard est l'ami du cougre, parve qu'on les trouve assez fréquemment dans le même trou. Surles côtes de la Manche, le Bernard l'Ermite est regardé comme venimeux : si on porte la main à ses veux après avoir louché à un poisson qu'il a tue pour s'emparer de sa coque on s'expose à une maladie incurable #. Les présages tirés des gestes des crustacés sont assez peu nombreux. Lorsque dit un écrivain maritime du XVII’ siècle, les cancres saisissent, des pierres entre leurs serres ou s'enfoncent dans le sable, c'est l'indice de quelque tempeste pluvieuse En Haute-Bretagne on croit que quand on voit les puces de mer talitres! sauter sur le sable, le dimanche, il fera beau pendant huit jours *. Saivant une croyance géneraie les er:

: pas ausci pleins

38, : LES POISSONS

soleil, pour l'espace de dix jours, puis ils arrusoient les graines par deux fois, l'une avant que les semer, l'autre huit jours après .

Les crustacés figurent rarement dans les contes : on n'a pas retrouvé dans la tradition les épisodes du début de la Biche au bois : une reine qui se lamentait de n'avoir pas d'enfant voit sortir d'une fonteine une grosse écrevisse ; c'est une fée qui y vit sous celle forme et Jui indique le moyen de devenir mère ; ayant été oubliée au moment de la naissance de l'enfant, elle le soumet à une condition difficile à réaliser?.

Onraconteen plusieurs pays que des gens voyant pour la premiérefois uncruslacé le prennent pour le diable. Un conte du XVII* siècle semble fondé sur une croyance analogue : Le cancre qui ne demandoit qu'à sortir [du palé] ayant été enfermé un jour entier prend l'homme par le nez el s'y attacha si fort qu'il fut presque impossible de luy faire quitter prise. Ce pauvre bonhomme croyant que ce fut quelque diable, s'écria d'une étrange façon: Vade Sathanas!? Dans les Joyeuses histoires des Jaguens (S'.-Jacut de la Mer, Côtes-du-Nord), un homard ayant sauts d'une charretté de poissonniers dans la rue du village est aussi pris pour le diable par des pêcheurs auxquels il élait inconnu ; ils vont chercher leur recteur qui leur dit qu'il va les en débarrasser, et qui l'empôrle au presbytère il le fait cuire et le mange‘.

85. LES MOLLUSQUES *

En Basse-Brelagne, c'est le Diable qui a créé le minard ou pieuvre. A Boulogne, les plaisants disent que les sèches sont de l'écume de mer solidifiée ; en Haule-Bretagne, les méduses sont nées de la crasse de la mer. Au XVII siècle, on eroyait que le calmar était le mâle de la sèche. Quelques pêcheurs de la baie de Saint-Malo prétendent que la margale ou sèche ala figure d'une personne .

Les pêcheurs de la Manche exècrent les pieuvres ; ils les injurient et les appellent mangeuses de moules et enfants du diable. Ils s'amusent à leurs crever les yeux, ou à les enfiler daus un morceau de bois el à les rejeter à la mer, et ils leur adresseut des formulettes d'imprécation. Cependantilssemblenteroirequ'elles peuvent leur porter chauce ; on disait aux environs de Saint-Malo qu'un pécheur prenait

4. Maison rustique, 1391, 1, . 68. 2. Mme d'Aulnoy, in Cabinet des fées, t. 111, p. 350, 354, 357 3. Le facecieur Rerreille matin des Exprits Mélancoliques, Rouen. 1656, in-12, p.

418. Les anciens conteurs parlent avec des détails ultra naturalistes, de cancres

de homard, qui glissés dans un pot de chambre, saisissent d'une facon cruell

its sensibles ceux ou celles qui re mettent dessus {Béroalte de Vers

168-169. Perboguet le généreur. Rouen, 1626, in-12, p. 33°.

ü Mélusine, t. Il, col. 47

lex insectes lea mollusques te

in Rev. des Trad.

rès Duez ; Paul

Rolland. Faune pop.

364 LES POISSONS

ajouter que quelques courts récils. Dans un parallèle de la fable du Rat et de l'Huitre, recueilli aux environs de Saint-Malo, c’est Le courlis qui est pris dans les valves du ricardeau (pecten jacobæus) qu'il voulait dévorer; on raconte en Basse-Brelagne que le loup, sur le conseil du renard, ayant mis sa langue sous une rangée de grosses patelles, celles-ci se laissèrent brusquement retomber, et prirent le loup. Autre- fois un pêcheur de la Manche prit une coquille Saint-Jacques si grosse ‘il avail peine à la porler ; c'était le roi des Poissons, qui lui promit s'il consentait à le remettre à l'eau, de lui faire faire des pêches ahon- dantes ; les poissons, furieux contre lui, ne le voulurent plus comme chef et c'est depuis que le rouget est devenu leur roit. Daus un conte menlonnais, un dragon qui garde une jeune fille dans un suuterrain devient une moule pendant trois heures par jour. Un prince marié à une sorte de fée lui demande un bateau ; elle prend dans la mer une coquille Saint-Jacques, et quand elle l'a posée sur l'eau, elle se trans- forme ea un petit navire qui marche comme le vent ?.

Les pêcheurs de la Manche racontent celte pelite fable: le vignot porte envie à deux grapillons (petits crabes) qui se promènent sur la grève, tandis que lui reste sur son rocher ; mais peu après la tempèle s'élève, les grapillons se réfugient dans un trou, dont ils lui refusent l'entrée ; bientôt il en sorl une pieuvre qui lui dit qu'elle vient de dévorer les deux petits crabes, et qu'elle va le transporter sur les herbiers sans lui faire de mal ; la pieuvre est allaquée à son lour par un congre. Le aot conclut philosophiquement qu'il ne porte plus envie à aucun poisson, et qu'élant toul pelit il est moins exposé à être mangé ?.

1. Paul Sébillot. Contes, t. 111, p. 364; L.-F. Sauvé, in Rev. des Trad. pop., 64 ; Paul Sébillot, . IX, p. 354.

J.-8. Andrews, Contes ligures, p. 30; Paul Sébillot, in Almanach du lhare. Nantes, 1860, p. 108.

3. Paul Sébillot. Contes des Landes et des Grères, p. 223.

LIVRE SECOND

LA FLORE

CHAPITRE PREMIER

LES ARBRES

$ 1. ORIGINE ET PARTICULARITÉS

Ainsi qu'on l'a vu dans la plupart des monographies de cet ouvrage, la croyance à une créalion dualiste a surtout été relevée en Bretagne; mais en ce qui concerne les arbres; des trails isolés supposent qu'elle a existé dans d'autres régions. Une tradition béarnaise le constate très nellement : lorsque Jésus eut créé le laurier, le Diable voulut l'imite mais il ne réussit qu'à faire le houx; c'est pour cela qu'il a des piquants: en Bretagne cel arbre est la contrefaçon diabolique du chêne qui est l'œuvre de Dieu. Voici le tableau des espèces dont l'ori- gine est attribuée dans ce pays, sans récit explicalif, aux deux puis- sances rivales :

Œuvres de Dieu Cuntrefaçons du Diable Le poirier, le pommier. L'épine. Le châtaigoier. Le marronnier. La vigne. La ronce. Le gonêt. L'ajonc. Le rosier. L'églantier ou rosier du diable. La noix. Le gland *. \

La petite légende de l'origine des myrtilles qu'on raconte à Autun est fondée sur une analogie entre la forme el la couleur des baies et celles d'un objet conau : cet arbuste et ses fruits ronds el bruns sont nés des grains du chapelet qu'un saint ermite égrena, avant de mourir, sur la montagne de Saint-Claude

On ne trouve guère les Epines du diable que dans quelques coins des dunes : elles y ont poussé lorsque Satan eut emporté une jeune fille coquette, dont l'emoureux s'élail pendu de désespoir; partout elle avait passé, on vit surgir des arbustes aux dards longs et acérés que l'on

4. Daniel Bourchenin, in Rev. des Trad pop., t. IV, p. 361; G. Le Calver, ibid, £ 1, p. 203. (Les baies de l'épine blanche s'appellent en Heute- Bretagne : Poires du diable).

2. Mns Jules Lambert, ibid., t. XI, p. 202.

374 LES ARBRES

ins de la garenne voisine viendront manger lu vigne taillée en croissant. En Anjou, on étêle les cassis en décours, pour qu'ils aient uue récolte abondante‘. Le Vendredi saint influe sur cette opération : au XVII siècle, on disait dans l'Orléanais qu'on ävait beaucoup de ralsin en la faisant avent midi el à jeun, et dans l'Ain, on croit que les rats ne mangent pas les fruits de celle qui a été taillée ce jour-là ?.

Les fruits sont en relation avec plusieurs fêtes chrétiennes, et d'ordi- naire les paysans croient qu’ils seront peu abondants si le Lemps est mauvais le jour consucré au bienheureux qui est spécial à l'espèce. En Limousin, saint Eutrope, appelé sent Estropi, s'il est trop mouillé « estropie » les cerises, et pluie de saint Gcorges les emporte ; celte superstition existait aux environs de Rennes au XVI siècle: S'il pleuvoit à lu sainct Georges, les cerises seroient en danger. Dans le Maine, c'est ce saint qui les noue ; s'il fait trop de vent le jour de sa fête, il ne peut monter dans les arbres el ils n'ont pas de fruils ; dans le même pays, s'il pleut, il n'y a ni prunes ni cerises sauvages : en Poilou, ni cerises ni cormes, mais les noix sont abondantes s'il pleut le jour du mardi gras ; dans les Deux-Sèvres et dans le Loiret, plus il fait noir dans la veillée de Noël, plus il y aura de prunes, car elles ne voient pas se placer : en Touraine. pour la même raison, les noix seront nombreuses: dans la Charente, c'est pendant la messe de minuit que les pommes viennent se poser sur les arbres : par un lemps clair, elles se mettent à l'a i la nuit est noire, elles assent en désordre 2.

Lasuperstitiond'aprèslaquelle certainsêtres ou certaines choses, pour avvir de la chance pour en procurer à leur possesseur. ne doivent pas être achelées, s'applique, à Guernesey, au romarin : pour qu'il ne soit pas fun celui qui l'a mis dans son jurdin, il faut qu'il n'ait pas été paye, mais qu'il ait elé élevé el offert par un ami bien inteutionné *

Les pa mise, font parler les arbres, qui dans certains dictons agricoles leur donnent des conseils utiles : ainsi que la vigne indique comment il faut la trava

Huutye-m, en Mes ei

en vertu d'une sorte d'ai

ler : m Aoutues

HaphastRlanchand. in re. des rrt.

d'a Bauday.

424 LES ARBRES

une prière devant la croix en fer du cimetière, déposaient pour fixer le mal, une épingle sur un des bras'. A Trédaniel, près Moncontour, les jeunes filles allaient licher des épingles dans l'intervalle entre le bras et le fût de lu croix ; depuis qu'elle est abattue, les épingles sont enfoncées dans le trou du piédeslal *. A Sainle-Savine, près de Troyes, les filles pour se marier dans l'année vont jeter une épingle sur le tertre qui sert de piédeslal à la croix ou déposent une molle sur l'un de ses bras; en Poitou elles plaçaient le soir près de celle de Sailly, des pierres qu'elles allaient voir le lendemain, et qui leur indiquaient si elles devaient se marier, si elles seraient oui ou non heureuses en ménage ?.

En ce qui concerne le culte qui s'attache aux arbres eux-mêmes, on n'a relevé en France el dans les pays de langue française, qu'un assez petit nombre de fails probants, alors que l'on conslatait par milliers les dévotious populaires, purement païennes ou légèrement christi: nisées, qui sont en relation avec les pierres, et surtout avec les fon- taines. Qu'il s'agisse des arbres placés au milieu des forèts ou de ceux qui sont isolés, les hommages qu'on leur rend sont presque toujours individuels, et la plupart du lemps clandeslins. Ceci explique la rareté relative d'exemples authentiques que l'on rencontre dans les auteurs qui se sont occupés de ve folk-lore.

Au point de vue que l'on pourrait appeler géographique, ceux qui ent été relevés appartiennent. à quelques exceptions près, aux pays de langue d'oil, el on les trouve surtout dans région au nord de la Loire. alors que des vestiges du cuite des fontaines el des pierres ont été constatés d'un bout à l'autre de l'ancienne Gaule. Bien que, si l'on en excepte quelques parties du sud-ouest. l'exploration traditionniste ait été beaucoup mieux menée e nord et dans le centre. il a lu un fait que l'on peut noter, sans qu'il y ait pourtant à en tirer unw ion ferme. dressé, comme on l'a fait pour ies fontaines. la liste des arbres qui. dans une région determinee, sent l'objet d'un eulte plus ou moins apparent. I est probalie qu'elle surpreuirait beancoup de gens, agues à ceux quiontele relevés dans parlement peu vivigne de P: cerise par Graves en ISBE 1 4 à arbres ventes, qui se repart ers {

Vite archéologique = dans ve departe- 4. chènes

ment

27. epnes 24 ro

VID 1883. pi Fijeau.

Fe-enre. LS92 p. SE

isa LES ARBRES

ments de musique. On lira au chapitre suivant comment des roseaux dévoilèrent de cette façon l'infirmité du roi de Portzmarc'h ; un autre roi breton, Gwiwarc'h, avait fait jurer à son barbier, sons peine de mort, de ne révéler à personne que ses oreilles ressemblaient à celles d'un cheval. Le barbier auquel le secret pesait alla le confier à une touffe de sureau qui croissait sur un talus ; l'élé suivant, un joueur de biniou en coupa une branche pour en faire une anche ; dès qu'il y eut soufflé, le biniou se mit à répéter : Ar roué Gwiwarc'h En deux diou scouarn marc’ Le roi Gwiwarc'h a deux oreilles de cheval. Dans une autre version, un des barbiers de ce roi ayant élé mis à mort après son indiscrélion, un sureau poussa sur sa tombe, el un sonneur en ayant cassé une branche pour réparer son instrument, le biniou se mit à jouer le distique révélateur ! ; d'après une variante, le roi vint à une noce 1e biniou faisait entendre ces sors, el menaça de mort le sonneur ; celui-ci lui tendit l'instrument, qui dès que le roi eut soufflé, répéta : «Le roi Gwiwarc'h a des oreilles de cheval * ». Dans un conte wallon, un frène croît sur la tombe d'une sœur assassinée par son frère pour lui prendre la fleur merveilleuse qu'elle a réussi à cueillir: longtemps après, un berger se fait avec un rameau de cet arbre un sifflet, qui en passant de main en main, nomme le meurtrier *. L'arbre d'un conte de la Nièvre ne révèle pas le secrel qui lui a été confié, parce qu'il est en réalité une sorte de canal destiné à le transmettre en lieu sûr : le héros doit être changé en pierre s'il parle de celui qu'il a surpris : il .est sur le point de le laisser échapper lorsqu'il apprend qu'il peut éviter la mélamorphose, si après avoir mangé une orange et fai! un trou dans un trone d'arbre, ily applique ses lèvres, eL ÿ murmure tout bas ce qu'il a entendu dire : les paroles suivront le tronc, descendront par les racines et se perdront dans la rivière*. Un fruit à la mimique révé- latrice figure dans un conte g stla Pomme qui danse, rouge comme un coquelicol : elle découvre la méchante femme qui a ordon_ de jeter à la mer deux orphelins, en se mettant à danser, danser, jusqu'à ce qu'elle se pose, sans plus bouger. sur la Lte de la coupable. Des arbres, qui souvent doivent ce privilège à des cireonslances en rapport avec la naissance du personnage, indiquent par leur état Je danger auquel il est exposé. Lorsque des fils de pécheurs vont courir

on : €"

Alain, in Bull. arch. du Finistère, t. IX, n°3 et 4 p Les Bigouxens, p. 380-381, d'a. Ducrest de Villeneur d'autres variantes out eté recueillies à Lust March en Urozou et a Ports March en

E! Monseur, in Bulletin de Folkiore. L. 1. F5 hilie Millien, in Rer. des Trad. pay. L Il, p. J.-F. Blade. Contes de Gascosme, LL p.56, 72

450 LES PLANTES

une menthe qui disaient : « Sola la garberota ! sous la gerbe. » La mère de Jésus dit à la menthe :

Tu ets menta y mentirie,

Floriras y no granaras.

Tu es menthe. et tu menliras toujours; tu fleuriras, mais tu n'au- ras pas de graines. Puis s'adressant au basilic, elle lui di :

Enfalgue, Deu te salvia loriras y granaras.

Basilic, Dieu te sauve, tu fleuriras, et Lu auras des graines. Depuis lors, il est la plante favorite des jeunes filles qui en accrochent un bouquet à leur corsage !.

Suivant une légende des environs de Bruxelles, la Sainte famille au moment de la fuite en Egypte s'élant réfugiée dans un fossé, le bout pointu d'un jonc vint efleurer l'œil du petit Jésus qui dormait : il se réveilla et se mit à pleurer : la Vierge maudit la plante malencontreuse. et depuis la pointe de son épi est noircie el brûlée. L'herbe aux couleuvres porte le nom de pain en Haule-Bretagne parce que les hommess'en nourrissaient avant de connaitre l'usage de la farine; mais une méchante fée l'empoisouna, el la plante, honteuse du mal qu'elle ferait désormais, se cacha au fond des fossés parmi les ronces el les épines ®.

Quelques espèces, qui ne poussent que dansdesendroilsassezrares, s'\ lrouvent à la suite de circonstances légendaires : On raconte à Kaint- Amand {Cher) que la farsetia clypenta, appelée herbe de Jérusalem, herbe des Croisades, et qui semble n'exisler que dans celte localité. ya élé apportée de Palestine par un croisé dans les sabots de son cheval ; celui-ci. ayant frappé violemment le sol en passant près d'une forteresse qui existait alors à Montrond, on y vil. peu de temps après, une pelile étendue de lerrain couverte d'une plante inconnue. A Saint Valery-sur-Somme. une jolie fleuretle que l'on remarque sur les anciennes fortifications, s'appelle le muguet des Croisades, et l'on dit qu'elle a été rapportée de la Terre Sainte par un seigneur du pays. On attribue la même origine à une gracieuse fleur rose, de la famille des carsophyllées {iathus caryophyllear qui y pousse également. Les paysans de la Bigorre disent qu'un bœuf ayant pénétré dans la grotte de Mountharran, y resla huit jours, et qu'à son retour de la terre des nains, on ramassa dans ses déjections une graine que l'on eultiva: c'est le millet, autrefois très abondant en cette région ®.

1. Horace Chauvet. Légendes du Roussillon, p. 95-96. 2. Pelit Bleu de Bruxelles, 9 Mai 1903; Lucie de V.-H. in Rev. des Trad. pop XVII, p. 595. 3. E. Rolland. Flore pop. L.

tifque du Bourbonnnis, 1904,

p. 99 : Revue s

452 LES PLANTES

le jour Saint Abdon, le seigle dans un vase orné de fleurs. Il est vraisemblable que cette pratique n'a pas loujours une forme aussi orthodoxe, et qu'il s'y joint des observances apparentées à celles qui ont été relevées duns quelques régions. Au milieu du siècle dernier. les femmes de Labruguière mettaient dans leur poche des graines de violier avec un peu de Lerre, el le Jeudi saint, pendant qu'on chantait le Stabat, elles agitaient vivemeut ce mélange, convaincues que par elles obtiendraient des fleurs doubles ; en Lauraguais, on remue pen- dant toute la durée du sermon de la Passion les grains que l’on désire produire des fleurs doubles, et on les sème le lendemain. Jusque vers 1863, les paysannes apportaient leurs pépins de courge pour les faire balancer par la grande cloche de la cathédrale de Lausanne, le 25 mars, pendant qu’elle sonnerait midi, ce qui devait leur donner de la vertu, et augmenter leur volume : dans la vallée d'Aoste, on se con- tentait de les porter durant la procession de Saint-Marc*.

Au XVII siècle on préservait le blé de divers inconvénients en vbservant les pratiques suivantes : Pour empêcher la nielle, le premier qui revient de la messe de minuit met à part une pellée de cendres. celui qui revient de la messe du point du jour, de même que celui qi revient de la messe du jour en fait autant, puis ils mélent ces trois pellées avec le blé des semailles prochaines ; d'autres. au retour de la messe de minuit, ferment la porte du logis sur eux, ramassent les cendres du Trefouer de la bûche de Noël et les mélent avec les graines destinées à ensemencer les terres l'année suivante. Un mélail aussi à la semence de la chaux cuile entre l'Assomption et la Nativité de la Vierge *. Dans la Brie, on prévenait la carie du blé en jetant des frag- ments de la bûche de Noel dans l’eau destinée à chauler. En Poitou des lsboureurs saupoudraient leur semence avec la cendre du bûcher de la Saint-Jean, Aux environs de Melz, quelques persounes répai dent de la bi e de ce feu sur les oignons atin de les faire devenir plus beaux : au AVI siècle, un lison des Branduns procurait le mème lat: en Hainaut on mélait à la semence des céréales des feuilles

de buis benits *. La coutume, signalée au AVI siècle, servi le jour de Noel

le porter dans La nappe que a n qu'il vivune mieux. est

ble de semence

t+ P Fast de Fou < s'itue Parset Lavsaone, LRUNp. #5. d4. Christ.

454 LES PLANTES

Jeudi saint, entre l'office et les Ténèbres. Quoi que l'on dise en plusieurs pays que la Lerre saigne si on l’ouvre le Vendredi saint, el que certaines cultures soient rigoureusement prohibées en ce jour de deuil, on le considère comme excellent pour d'autres. En Picardie, les graines produisent des fleurs doubles ; en Poitou el dans le Pas-de- Calais ce privilège semble restreint aux giroflées de jardin, et à Boulogne le semeur doit être à jeùn, comme celui qui, en Seine-et- Lise, dans les Deux-Sèvres et en Touraine dépose aux mêmes intentions les graines de giroflée jaune ; dans le Loiret et dans l'Yonne, l'opéra- tion doit être faite avant le lever du soleil. En Wallonie, les balsamines semées à trois heures de relevée ont des fleurs de toutes couleurs. Dans quelques localités des environs de Liège, on plante les fèves le Vendredi Saint, dans les Ardennes belges le blé et les pommes de terre, qui réussissent infailliblement‘. En Haute-Bretagne les citrouilles semées ce jour-là deviennent énormes ; en Picardie les oignons sont préservés de la sécheresse el insectes. À Valenciennes, si on ne peut parvenir & avoir des raves dans un jardin, il faut attendre le Vendredi saint pour les semer. À Menton, les graines de courges, en Haute-Bretagne, celles de citrouilles doivent être mises en terre le Samedi saint pendant que le Gloria sonne, pour annoncer que les cloches reviennent de Rome, comme dans le Maine, l'on dit qu'elles deviendront grosses comme des cloches ?.

Dans la Gironde, le persil semé le Mardi Gras dure deux ans et ne monte pas: cerlains paysans du Maine et de l'Anjou, en raison d'une idée analogique déjà constatée, sèment le chanvre le jour de l'Ascension atia qu'il soit plus haut.

Dans la Brie. au commencement du XIX: siècle, pour préserver le blé de la carie, on commençait à en enfouir en terre quelques grains le dernier vendredi de septembre, quelle que fût la petite quantité de la culture. Cette ohservance ne semble pas aussi motivée que celle de la Haute-Brelagne. l'on dit que le blé semé le deruier jour d'octobre. vigile de la Toussaint, donne la meilleure farine, parce que lous les ssiats dont on célèbre la fête le lendemain viennent benir les champs *

Les eultivateurs ont aussi égard. sans qu'il soit aise d'en découvrir

dus Ledieu. Fnr£. de Demuin and. Flo e por. t 1. p. 215. 233

Leu Desuvre. Crogances, p Ê 37: Alfred Haroscio Rer. des red. pop.

F Le. Misset. Usages de à Yon

St up A es Tea pop. t

ass LES PLANTES

Les opérations qui précèdent ou accompagnent l'ensemencement sont parfois l'objet d’actes qui se rattachent à d'anciennes croyances: au XVI siècle, il ÿ en avait qui tournaient trois lours autour d'une charrue lenant daus leurs mains du pain, de l'avoine et de la lumière, avant de commencer à labourer une pièce de terre afin que leur travail fat plus heureux ‘. La superstition d'après laquelle il est bon de jurer au moment l'on confie des semences à la lerre, n'est peut-être qu'une survivance des conjuralions religieuses usitées autrefois ; au XVI° siècle. elle s'appliquait à deux plantes : L'on dit chose admirable du basilic qu'il croit plus haut et plus beau s'il est semé avec malédictions et injures ; il en est de même de la rue et du cumin. À Guernesey pour qu’une plate- bande de petites herbes réussisse, il faut en les plantant jurer quelque peu. En d'autres pays l'ensemencement est accompagné de gestes el de paroles qui ont parfois une forme fixe : en Seine-et-Marne, celui qui sème du blé noir prend une poignée de grain, puis porte le pied gauche le premier en disant : « Blé, je Le sème, qu'il plaise à Dieu que tu viennes aussi saint et pur comme la sainte Vierge a enfanté Notre- Seigneur Jésus-Christ ». En Hesbaye, le semeur, en entrant dans le champ, lance une forte poignée de grain en disant: P6 mohon, ce quidoit garantirla moisson future du pillage des moineaux ?. Lorsqu'une vieille paysaune des environs de Liège sème ses pois. elle en jette une première pincée au-dessus de ses épaules, en disant : « P6 l'hon I Une seconde pincée suit le même chemin aux mots de: « |:

Vierge », puis une troisième : « Sin Pire » «le patron du village, une quatrième : « les mohon » pour les moineaux’. Eulin elle prend une dernière pincée qu'elle sème en disant: « PO mi pour moi: elà

stelle es defin d'toucher » ?. Au moment de lancer la dernière poi- gnee de graine, le paysan brelon réeile une priére composée de vingt vers. dans laquelle il invoque « sainte Geneviève. intrépide fileuse » en lui promettant, si le lin reussit, de faire l'aumêne aux malheureux. Quand il arrive a l'engagement de la tin. il fai une croix avec un râteau sur ie dernier sillon. En Seine-et-Marne, le laboureur prend de l'eau aite. se rend à chaque bout de la pièce dant l'ensemencement est 1e, en fait trois fois le tour et recite einq Patr el cinq Are en soneur des cinq plaies de NS. En Limousin. on croit etre assure que Les raves suribunderont à ia recolle si au Carnaval on fait neuf fois e tour de ia pièce elles sont *

-B. Taies. T La mastique, 1 . Auure Lefrire

Foit-Lore. Le FL

60 LES PLANTES

dimanche qui suit la Saint-Mathieu. il se fait a Beuvry, près Bélhun ‘Pas-de-Calais, une procession dite : el procession à naciaur, au retwr de laquelle les membres de la Confrérie des Charitables mangeaien: tradilionnellement autrefois un plan de navets".

Quelques pratiques sont en relation avec le feu de la Saint-Jean: dans la Vienne, celui qui y jette la plus grosse pierre récaltera les plu. gros nuve.: les ménagères de Touraine lancent des pierres dans cendres chaudes aux mêmes intentions. bans quelques communes d- ee pays, quand le feu était tombé, quelqu'un prenait de la braise dan une pelle, et en jetait vers les quatre points cardinaux en dismt: « Ceei est pour mou champ de tel endroit ! Cela pour le champ de id autre endroit ! »! Autrefois duns le pays messin, le jour du Mardi Grat, a lu fin du diner, le plus jeune des garcons de la famille montait surle toit et lan une omoplaté, après avoir crié une sort vocation danx lnquelle étaient formulés des souhaits de bons récol

Que les biés, les ourges. les avouènes et les vègues Sint aies Que m' vente at beun’ soulé #,

On a déjà vu qu'on essaie par divers procédés de les préserver des ; en Normandie pour garantir sa récolle de la dent des souris pendant l'année, le lnboureur doit prendre un épi dans chacun de se champs, le jour de la Saint-Jean, et le suspendre dans ses greniers. Au XVI siècle, on touchait à certains jours avec un balai les légumes du jardin pourles préserver d'être gâlès par les fourm et autres in . En Périgord quand le blé les oiseaux de manger le grain, on mellail une un pot de terre eLon enter

les sauterelle. Lépié. pour empècher

e de buisson dan Lau milieu de la pièce 5.

ect

Suivant une croyance très répandue autrefois, les récoltes peuvent étre maleticives par les sorcières : au poète du NVI* siècle disait eu S'adressant à l'une d'elles :

Par Lo les labuureurs lainentent curs bled: perdur.

Un savant du reste comment se faisaient ces pratiques coupables à gettant leurs poudres disent en basque : Ceey pour lee

secs pour les pammes, vous iendrez en fleur et non en grain

Mobart Les ee ie 6 nope XL D 8, LF. Sauve

un Ker. di

Trad. p3

DAT ua ee Fagene Le Rev

2-8. Thiers. Joue ve

462 LES PLANTES

Dans la Gironde, si une femme va ramasser des cèpes pendant se jours menstruels, il n'en repoussera plus, au moins pendanl une année, dans le bois elle les aura cueillis ; elle fait flétrir et mourir Lous ceux qui se trouvent dans la forêt quand elle y entre. Aux envi- rons de Dinan, lorsqu'elle a touché du bout du doigt une feuille d'ab- sinthe, Loute la plante semblera mourir ; mais peu de temps après elle repurail à dix mètres plus loin ; « l'herbe sainte » est allée se puri sous terre pour se montrer ensuite plus vigoureuse que jamais. On disail au XVE siècle: La femme cslant en ses mois se pourmenant par les planches de pompons, courges el concombres, les fait seicher el mourir ; le fruit qui en rechappe sera amer. En Poitou, elle les empéche de mûrir. Au XVI" siècle, la rue mourait incontinem si une femme qui avait mal versé de son corps ou avait ses mois la touchait ou en appro- chait tant soit peu. Dans le traité qui constale ces préjugés, on ren- contre les suivants, qui n'ont pas été relevés de nos jours: Quand la menthe a cru, il ne la faut toucher avec ferrement aucun, autrement elle mourrait. Il ne faut approcher près de la couche du concombre quelque vaisseau plein d'huile, parce que le concombre surtoul hait l'huile rl ne peut profiter si celui qui le cultive a manié de l'huile ®.

Les plantes sont aussi soumises à des influences diverses: si le persil réussit bien dans un jardin, on dil en Poitou que le jardinier est bon étalon. ou qu'il n'y a pas de jaloux dans la maison. Dans les Vosges. qui lessive entre les Rameaux et Päques lessive aussi les fleurs :.

Des préjugés relevés jusqu'ici en petit ombre, parlent d'étrauges générations de plantes. On en rencontre uu exemple curieux au XVI siècle: Aucuns disent ‘chose loutefois admirable) qu'il ne faut que percer les cornes de moutons ou beliers sauvages enfouis en terre bonne pour produire asperges. Noël du Fail y faisait allusion quelques années auparavant : Ce n'estoil comme à Paris il x avoit abondance de cornes. dont issent et proviennent icelles asperges. Dans la presqu'ile guérandaise un prétend que les sorciers out danse. un champignon pousse sous chacun de leurs pus‘. Certains paysans de la Haule-Bretagne croient que le cresson ne vient que dans les ruisseaux l'on & roui du lin, et qu'il est produit par la graine de

#. Eustache Deschamps. Œuvres, 1. Il. p.257: C. de Mensignac. Sup. de la Gironde, p. 1; Comm. de Mme Lucie de V.-l. : Maison rustique. 1. H,ch. 40: Leu Desaivre. Croyances. ele. p. 6.

. Maison rustique, 1397. 1. H, ch.

3: B. Suuché. Croyances, p. 8. Un dit aussi que c'est + pas caché dessous (Léo Desaivre. Croyances, etc, p. : L

Hautes- Vosges, p. 111. 4. Maison rustique, 1591. 1. 29 : Contes et discours d'Eutrapel. XXXI. (Euvres,

< Ie p. 267: Henri Quilgars, in Rev. des Trad. pop. L. XV, p. 541.

u'un trésor n'est F. Sauvé. Le F.-L. di

LES TRANSPLANFATIONS 463

cetle plante, Comme les carottes sont longtemps à germer. on dil en Franche-Comté qu'elles vont six mois en enfer avant de sortir de terre. En Haule-Brelagne, si on va regarder son blé dans les champs avant le premier dimanche de mars, il sera exposé à ne pas pousser‘. Dans le Gers, c'est entre la Saint-Jean et la Saint-Pierre qu'on place les trois nuits il fait le plus de progrès : mais il est dangereux de vouloir s'en assurer. On trouva mort le lendemain un paysan qui s'était blotti dans ses blés La nuit qui suivit la Saint-Jean, pour marquer la hauteur des épis. Suivant la croyance de l'Albret, en sept soirs, les Lrois derniers jours d'avril eL les quatre premiers de mai, le blé el le seigle croissent beaucoup plus qu'ils n'ont fait en sept moi

Les lransplantations sont l'objet de croyances apparentées à celles qui accompagnent les ensemencements. Dans les Ardennes, pour empécher la salade de monter, on la pique le jour de la Trinité, avant le lever du soleil. On ne voit pas bien la raison de cette pratique, alors que les deux qui suivent s'expliquent par l'analogisme, Dans la Gironde. ou ne plante pas les oignons à la mer montante, car ils monteraient aussi pour fleurir ; si on les repique quand elle descend, leur bulbe sera plus beau. En Poitou, les oiguons plantés en jeune lune cornent : dans la Gironde, les choux piqués alors sont plus exposés à être mangés par les poules, dans le Mentonnais. ils perdent leurs feuilles inférieures. Dans le Finistère, on obtieut des navets qui montent bien en graine, en les transplantant la veille de Noël*.

Suivant une superstition très répandue, on s'exp des disgräces pour soi ou pour les siens en transplantant Le persil : au XVII* siècle, celui qui le faisait mourait dans l'année. Dans la Gironde, chacun de ves plants porte un malheur: en Wallonie el dans les Ardennes. en Loir-et-Cher, celui qui le repique fait mourir sou parent le plus proche : en Lorraine il est exposé lui-même à la mort, ou il amèue celle du chef de la famille : dans la Meuse : « Qui plaute persil, planté mari », c'est-à-dire creuse une fosse pour le maitre de la maison‘.

Une pratique relevée en llle-et-Vilaine semble supposer que les

4. Paul Sébillot. Trad. L. Il. p. 334: Roussey. Glossaire de Bournois. p. 185 : Paul Sébillot. Coutumes, p. 182.

2. Auricoste de Lazarque. in Mev. des Trad... X, p. 531: L. Dardy. Anthologe de T'Albret, &. 1. p. 225.

3. Nozot. Urages des {rdennes. p. 430: F. Daleau. frad. de La Gironde. p. #1: 8. Souché. Croyances, p. 12: F. Daleau, 1. c. : J.-B. Andrews, in lien. des Trad. pop. L. IX. p. M8: E. Rolland. Flore populaire. 1. 1

4.1-B. Thiers. Traité des Sup. t. 1. p. aul Sébillot. Frad., t. I. p. 461: F. Daleau. Trad. de ln Gironde. p. 32: C. de Mensignac, p. 122: AUf. Uarou. F.-L. de Godarrille, p. 26: À. Mesrac. Trad. des Ardennes. p. 181; Francois Houssay, in Rer. des Trad. pop. t. XV, p. 316; Cb. Sadoul, ibid. t. XVIII, p. &1; H. Le- bograsse. Anciens uselc. de la Meus, p. 183.

466 LES PLANTES

Dans le centre des Côles-du-Nord, j'ai vu le chef de fauche faire w signe de croix avant de donner le premier coup de faux. On dil en proverbe en Haute-Bretagne en parlant du chanvi

IL faut chanter en le cueillissant Ou les laudières s'endorment en le filant.

IL en est de même du lin, et il’ y a des chansons que l’on chante « faisant celte besogne ’. Dans le Mentonnais, pour trouver des champi- gnons, on doit mettre sa veste à l'envers. En Gascogne, quand on ena cueilli un, on récite cette formulette :

Champignon, petit champignon, Fais moi trouver ton compagnon *.

En Wallonie une formule est destinée à assurer la propriété de la découverte à celui qui l'a faite. Lorsque les enfants vont faire la cueil- Jette des violeltes celui qui en rencontre une touffe s'écrie :

Caka lot fait nin part avou !

Et les autres enfants respectent sa trouvaille *.

Les ofrandes de plantes aux génies de la terre bu aux oiseaux ont été rarement constatées, surlout les premières, peut-être parce qu'elles sent elandestines. Cependant l'une d'elles et la plus curieuse, relavée au commencement du XVII: siècle, semble avoir élé pratiquée publique- ment par des paysans bas-bretons qui croyaient que le diable avait produit le blé noir, « de manière qu'après avoir fait la récolle de celle sorte de grain, ils en jelloient plusieurs poignées dans les fossez qui bornoient les champs d'où ils les avoienl recueillis, pour eu faire présent à celuy à qui ils s’imaginoient eu avoir l'obligation ». À Sainl- Pôtaa (Côles-du-Nord) on abandonne parfois des gerbes dans les champs, c'est la part du malin‘.

$ 3. POUVOIR, INFLUENCE ET EMPLOIS

Plusieurs plantes, auxquelles on attribue une sorte de puissance sur- naturelle, sont parfois imaginaires ou tout au moins difficiles à assimi- ler à des espèces rérlles el classées en botanique.

ne rencontre l'herbe d'or qu'en Basse-Bretagne : l'avur-yroten croît dans les plaines ; on l'apervoit de très loin, elle brille comme de

Sébillot. Trad. t. Il,p. 432; A. Daguet. Au pays fougerais, p. 161

1. Pa . Andrews, in Rer. des Trad. pop. L. IX, p. 218; J.-F. Bladé. Proverbes,

pe ti. 3. Julien Delaite. Glossaire des Jeux wallons, p. 51. 42 11. Gaidoz, in Revue Cellique, L M, p. 485: Lucie de V.-H. in Rer. des Trad pop. t XX, p.149.

468 LES PLANTES

à celle des vers luisants ; mais on peut faire cesser sa puissance e retournant son vèlement ; dans le Léon, celui qui est monté sur l'herbe qui trouble la vue doit, pour retrouver sa roule, changer ses sabols de côté. Ea Franche-Comté le dicton veut que l'on perde son chemin si on à marché sur du plantain.

On dit en plusieurs pays que le pic peut rentrer dans son nid lorsque celui-ci est bouché, au moyen d'une certaine herbe dont on parlail ainsi au XIV® siècle: Quand il le trueve en lel manière estoupé que sa force n'i puet valoir, si vaint la force par engien el par sens. Car il conoist de sa nature une herbe qui a pooir de deffermer. Si le quiert tant qu'il le trueve et l'aporte en son bech et le touche à la kieville, el ele saut tantost hors del trau ?. Actuellement, l'herbe du pic communi- que une force surnaturelle à ceux qui s'en frotlent les membres: il faut pourse la procurer épier altentivement le vol et les allures d’un pic- vert, et, lorsqu'on le verra s'arrêter près d'une herbe à laquelle il froltera son bec, on pourra se flatier d'avoir rencontré ce précieus lalisman. Il se trouve aussi quelquefois dans le nid même de l'oiseau: celte herbe est, dit-on, en loute saison el à loute heure. couverte d'une rosée abondante, Pour la cueillir ou pour l'arracher, il faut éviter de se servir d'un instrument de fer ; à son contact, elle perdrait toute sa vertu. Dans le pays de Guérande, cette herbe a le don de changer tout en or”.

On assure dans le Bocage normand qu'une herbe rompt comme du verre Loul morceau de fer qui se trouve en contact avec elle ; en Haute- Bretagne, c'est l'anis qui le coupe, et le pivert qui s'y est frollé le bec traverse facilement les bois les plus durs. Eu Pieardie on attribue la mème propriété à une plante dont la classe n'est pas bien déterminée, En Normandie l'herbe à la faulx produit un effet out opposé : si le fau- cheur a la malechance de la rencontrer sous sa lame, son oulil cesse aussitôt de couper*. L'hippocrepis comosa a, dit-ou en Savoie, le privilège de déferrer les mulets, parce que sa gousse esl contournée en forme de fer à cheval, el que la plante croit duns des endroits pierreux et acciden. tés. Autrefois dans les environs de (Genève. les anciens de villa parlaient encore de l'herbe qui arrache les fers aux chevaux, à laquelle faisait allusion un poële du XVT sièele :

Meu. iu Bee. Cell. 1. 1, pe 422 ; Boucher de Perthes. Chants urmoricauns. p. 65 ; Armand Daguet, in Rev. des Trad. pop., t. XX, p. 499 ; G. Raÿoaud, in Romania, t. XIV, p.450

2. Richard de Fournival. Le Bestiaire d'amour, p.

3. Laisnel de la Salle. Croyances du Centre, t. 1. p. 217-248: Henry Quilgare, in Rec. des Trad. pop., t. XVI, p. 590.

4: Lecœur. Esg. du Bocage, t. |, p. 291; 1. Cai Paul Sebillot. Trad. & I p. 328: J. Lecœur. p.

y. in Mélusine, t. 1, col. 71 :

418 LES MANTES

M'avez altrapat Quand avez amassa

Le vehio de la san-Jan

De mento e de trescolan.

Vous m'avez atlrappé. Quand vous avez amassé. La veille dela Saint-Jean. De la menthe et du mille-pertuis ‘. Au moyen âge on faisait en Picardie des ceintures avec de l'armoise récoltée à la Saint-Jean, et des couronnes qui suspendues dans les maisons les étables et les ber- geries élaient conservées pendant une année ?.

Le feu allumé traditionnellement au solstice d'été communique aux plantes des vertus spéciales ou augmente celles qu'elles possèdent déja. Lorsqu'on fait passer au travers les bouquets de millepertuis, pour en préparer une huile vulnéraire, on chante par trois fois : Sen Jan la grano ! ou :

Lou trescalan Bon per out l'un!

Herbe de trescalan bonne pour tout l'an. En Languedoc. on en forme des croix que l'on attache aux portes des maisons et des étables pour les préserver de tout maléfice ; dans la Bigorre on ÿ met des fleurs passées sur le bûcher el tressées en croix ; en Béarn il suflil qu'elles y aient été placées le matin de la fête ?.

Dans le Lot-et-Garonne, le millepertuis entre dans la composition de la croix de Saint-Jean que l'on prépare pour être brûlée au feu solennellement béni la veille dela fête. En Provence on jetait dans la cendre chaude des gousses d'ail que les enfants mangeaient à déjeuner pour ètre préservés de la fièvre ; elles portaient aussi bonheur et garanlissaient des Dans le Mentonnais elles sonL_ elMeaces coutre la fièvre, et dans le Var contre bien d'autres maladies : dans la Corrèze les ails passés neuf fois dans le feu sacré guérissent les douleurs de ventre: des liges de blé qui, après cette sanclificalion, ont été atla- chées à la ceinture pendant quelques instants, donnent de la force aux moissonneurs el préservent des douleurs de rein la même croyance existe en Limousin : les Liges doivent être au nombre de {rois et les neuf fois ne sont pas obligatoires ?. En Poitou, la le femme qui se ceint les reins de lierre terrestre, l'herbe à Saint-Jean. pendant que ses parents et amis iront baller autour du feu, el qui conserve celte ceinlure jusqu'à son coucher, évile les douleurs de l'âge”.

!.E. Holland. Flore pop. L. IL, p. 439

2- Ducauge, cité per À. de Gubernatis. My/hologie des plantes, t. 1, p. 489-490. M. et L. L. in fev. des L. romanes, t. \V, p. 568 : la mêuie pratique a lieu en

Dordogne : N. Rosapells. Au pays de Bigorre, p. 35: V. Lespy. Prov. du Béarn

tp. 479 : : Andrews. in Her des Trad. pop. L.

ileneuve. Sinlistique des Bouches. des Trad. pop. ÎX. p. 215 : Mistral X. pe 930 : M. M. Gorse. .fu bas paye

de Limosin, p. 24 5. 4. Bujeaud. Chansons pop. de l'Ouest, t. 1, p. 186.

4850 LES PLANTES

L'heure de la cueillette, les phases de la lune et diverses autres &i rconslances influent sur l'eflicacité des plantes: au XILIe siècle une sor- cière. à laquelle une jeune femme demandait par quel moyen elle pour- rai t vivre en paix avec son mari et se faire aimer de lui, lui conseille de se Le ver avant le jour, el d'entrer dans le jardin de la vieille, en ayant soin de ne parler ni à l'aller ni au retour ; elle devait fléchir le genoux vers l'Orient, dire trois Pater, cueillir un brin d'averoneet lui demander par trois fois pourquoi son mari la maltraitait, elque l'herhe donneraitla réponse‘. Trois cents ans plus lard, on faisait, comme aussi de nos jours attention à l'heure ; on taxait de superstition ceuxqui pour se garan les autres de malétices ou de charmes allaient cueil de grand malin à jeun, sans avoir lavé leurs mains, sans avoir prié Dieu. sans parler à personne, el sans saluer personne en leur chemin, use certaine plante et la mettaient ensuite sur la personne maléficiée ou ensorcelée. En Franche-Comté la fougère mâle ramassée à jeun, quelqu'un ayant communié avant le lever du soleil, garantit des sortilèges ; trempée dans l'eau bénite et salée avec du sel béni, elle æuéril de Loutes les maladies les bestiaux qui la mangent. Suivant la tradition du pays de Liège, la mousse prise entre onze heures et minuit en pleine lune, à l'ombre d'un frène, près d'un ruisseau el pendant que le coucou répétait trois fois son chant, était employée naguère par les laïques qui chassaient le diable 2.

Jadis le trèfle à quatre feuilles devait être récollé de nuil à la nou- selie lune. Noël du Fail fait allusion aux sorciers de Retiers qui élaient “opposés être mis en campagne pour le chercher, et Cyrano de Berserac parle des joueurs qui allaient le ramasser sous le gibet *. Eu Bretagne, il fallait le cueillir à genoux et le couper avec les dents : rbe l'or n'avait de vertu que si elle avail ele ramassee pieds nus. schemise, saus etre tranchée par le fer et par quelqu'un en etat de

Une superstition du XV siècle s'attuchait a une plante potagere q prise à une certaine heure. pouvait devenir funeste : Qui cuville ou est la purve Le samedy après noune pour le dimence cuire el mengier. ie vient de legier, à celles qui ee tant, | Nostre Dame:

mal que lon distle josel

Blusieurs plantes sont asséciees à des operaliuns magiques de a faire perir les geus ou a leur causer de natables dommai

Les Mers en

interne. thrté

484 LES PLANTES

romande pour être à l'abri de toute mauvaise rencontre en voyage. on mel de la verveine dans ses souliers, et pour éviter la fatigue on en place danssses jarrelières. En Wallonie on peut voyager sur l'eau sans crainte si on a sur soi du trèfle à quatre feuilles ?.

En Saintonge les colliers el bracelels de mandragore qui préservaient de lous les accidents, étaient particulièrement connus des insulaires el des côtiers qui se livraient à la pêche ou à la récolte du varech. eles vieux pécheurs cueillaient de la fougère mâle aux mêmes intentions’.

En Basse-Brelagne, le trèfle à quatre feuilles mel en fuite le diable lui-même ; il ne damne personne parce que c'est toujours le signe de la croix; dans les Vosges, pour la même raison, il garantit de tous les enchantements ; celui qui l'a sur lui sans le savoir, peut percer avec sa balle la peau d'un loup-garou ; en Saintonge, quand on faisait bénit des balles destinées à le blesser, il fallait avoir sur soi un trèfle à quatre feuilles arrosé d'urine de pendu. En Touraine, le trèfle à cinq feuilles fait trouver des filles à son goût et gagner au jeu : la fougère grainée procure la fortune ?. Dans la Gironde un morceau d'amaranthe ou une feuille de rue fait réussir dans loutes ses entreprises celui qui les porte dans sa bourse ou dans un sachet. Au XVII: siécle, un trèfleä quatre feuilles trouvé sous le gibel était un lalisman pour les joueurs, comme l'était naguère en Saintonge, le trèfle à quatre ou à cinq feuilles arrosé avec de l'urine de pendu. Dans la Gironde, celui à quatre, cinq ou six feuilles est un porte-veine excellent, mais il arrive malheur à celui qui eueille ou conserve un trèfle à sept feuilles. Dans les Vosges, le trèfle à quatre feuilles fail gagner le joueur qui l'a sur lui sans le savoir : à Liège, celui pourvu de quatre ou de cinq feuilles assure le gain des procès #.

Dans presque lous les villages de la Manche, on mel des feuilles desséchées de la Toute-Saine (Hypericum androsaemon) entre les pages des livres de messe à cause de son parfum, mais plus vraisem- blablement parce que cela porte bonheur ; en Haute-Bretagne, lors- qu'elles ont été à l'église, elles conservent la vertu des femmes et des filles : quelques-uns attribuent surtout ce pouvoir aux élamines, parce

1. A. Ceresole. Légendes des Alpes raudoises. p. 332: Alfred Ilarou, in fer. des Trad. pop. L XVI pe 16.

2. JM. Noguës. Murs d'autrefois, p. 187 L. Rerardveu. Guionvach, p. 2

pe 8. 173: J.-M. Noguës. Mæurs d'autrefois in Rev. des Trad. pop, t. XIX, p. 419.

4. C. de Mensignac. Sup. de la Gironde, p. 122; Cyrano de Bergerac. Lettre pour Les Sorciers Noguts, 1. c., p.152 : E. Rolland. Flore pop..t. IV, p. 147; C. de Mensignae, 1. 6. p. 125: L-F. Sauvé. Le F.-L. des Hautes-Vosges, p. 81 : Aug. y. du pays de Liège. p. 59.

Sauve, Le F. Hautes-Vusues en Saintonge, p. 141 : Léon Pineau.

490 LBS PLANTES

telisman contre Les douleurs ; à Liège une petite pomme de terre dans chaque poche du pantalon enlève les rhumatismes !.

Oa attribue des vertus prophylartiques à des plantes mordues ou mangées à cerlaines époques : pour se préserver de la fièvre il suffit en Haute-Brelagne de mordre lu première tige de fougère que l'on voit au printemps ; dans les Vosges de manger la première fleur de froment que l'on aperçoit : duns le Loiret, dans le Cher, c'est la première vio- lette ; dans ce dernier pays Il faut l'avaler sans la mâcher et en levant les yeux au ciel. En Loir-et-Cher celui qui entend le coucou à jeun peut éviter la fièvre que ce chant lui pronostique en mâchant h première violette qu'il rencontrera dans les bois; dans la Gironde on se préserve du mal de denis en mordant la première fougère qui sorl de Lerre ?. Lorsqu'il s'agit de plantes alimentaires, leur efficacité est en relation avec des fêtes religieuses. À Marseille, celui qui mange des pois chiches le dimanche des Rameaux est à l'abri des furoncles: en Franche-Comté les repas faits le Vendredi saint avec des herbes telles que des épinards, de l'oseille, etc., garantissent de la gale*. Les préser- vatifs végétaux destinés aux bètes sont d'ordinaire l'objet d'obser- vances chrétiennes préalables : à Broye-les-Fresnes ,Franche- Comté. on fait bénir à la messe, le jour de saint Antoine, un chaudron d'avoine avec un morceau de pain salé, et on distribue ces grains, après l'office, au bétail, aux pores. aux poules pour les empêcher d'être malades. Dans les communes rurales de Provence, on passe sur des reliques appelees Vertus enfermées dans un coffre, des herbes el du ble que n qu'elles les preservent de la colique *, Au XVI siècle les aulx elaient bons à la peste : au AVI sicele, on disait en Anjou : un bouillon de choux fait perdre cinq sal u. La rave de mai a le privilège d'éviter les taches de rousseur aux filles, qui avant le lever du soleil, se débar- bonilent avec ef, EL p.4£et suiv. : dans le Loir-et-Chercelle du char- don-peigne est surtout ettieace : dans le Tarn-et-Garonne, elle doit être recueiile Le matin de la Saint-Jean. avant le jour. Un croit en Haute- Bretagne qu'en se lvant les mains deux ou trois fois avec du j fraise, on n'a prus d'engelures. Ce remede était usite au XVH sic

l'on donne aux bêtes de somme, dans la persuas

mede

Aue. Hxk. Le

ex Haies Vosges. s Houssay, in Her. des

quier Les Mo: + Vileneurs. Sictistique dec

erreurs. D 16e: Memagrese, 1085, D. 384.

494 LES PLANTES

le malin, au long des champs une plante appelée mendras (mentha. Lorsqu'il en a trouvé sept pieds, dépourvus tous de rejetons, il s'agenouille devant chacun d'eux, fait le signe de croix, jette sur l plante cinq, sept ou neuf miettes de pain, el cinq, ou neuf grains de sel et prononce ces paroles :

Adiu, que-t saludi, mendras,

Qu'èy la frèbe, Lu nou l'has pas :

Aci que-t porti paa el sau,

Ta que-m goarerques lou me mau.

Adieu, je te salue, mendra. J'ai la fièvre, tu ne l'as pas. lei je Le porte du pain et du sel Pour que lu guérisses mon mal ». Après avoir procédé sep fois à celle cérémonie, il se hâie de rentrer et regagne son lit, La cure est renouvelée le lendemain et le surlende- main à pareille heure *. En Basse-Bretagne la digitale est efficace contre le goitre, si on lui adresse cette conjuralion :

Salut d'e-hoc'h burlu gwenn, Me a :0 deut d'ho tispenn,

Evit m'am lakafet iac’h, Rak klaur oun gand ar pennsac'h.

Salut à vous, blanche digitale. Je suis venu vous cueillir. Pour que vous me rendiez la santé, Car d'un goitre je suis affligé *. Dans le Morvan les vieilles femmes observent exactement pendant la journée les licux croit la verveine, et vont la cueillir au clair de la pleine lune de mai, en marchant à reculons. Les feuilies de cette plante, appelée herbe d'efforts, étaient appliquées en calaplasmes sur les reins En Franche-Comté la fougère mâle ramassée par une personne à jeun el en état de grâce, le jour de la Saint-Jean, avaut le lever du soleil. devient un excellent spécifique pour le bétail malade lorsqu'elle à ete mélée à l'eau benite el au sel béni ?.

En Périgord, le jour de l'Assomption, et avant le lever du soleil, on allait cueillir à reculons neuf brins de petite gentiane que l'on attachait au cou d'un fiévreux, el qui le guérissait radicalement : il est vrai qu'on lui faisait boire aussi de celte plante en infusion $.

Les pêcheurs de la Haute-Bretagne appellent gui maria une sorte de goëémon qui éroit sur le dos de certains crabes : il guérit de l'épilepsie. à condition qu'il soil détaché le jour de Päques, à trois heures du malin, par une personne ayant la conscience parfaitement nette. Gerlains

1. Barthety. Pratiques de sorcellerie en Héarn. p. 16-17.

2, L.-F. Sauvé. Lavaron Roz, p. 140-141.

3. Dr Paul Bidault. Sup. médicales du Morvan, p. 36 : M. Mouoier, in Antiquaires, t. IV, p. 399. Les paysans franc-comlois malades du lombago se passent autour des reins une ficelle de chanvre mäle. (P. Bounet, in Mélusine, L. 1, col. 40!

4. À. de Nore. Coutumes, p. 484 : W. de Taillefer. Antiquités de Vérone, t 243.

300 LES PLANTES

frotte les parties les plus ordinairement visibles de sou corps avec ue herbe appelée en breton anvie: {Galium sanatile et il récile ue conjuration il interpelle le mal redouté".

Le contact seul de la plaute suflit parfois pour mettre fa à uo ét génant, ou mème pour chasser le mal. Dans le pays de Dol, un pied& lamberge mercurialis annua\ guérit l'estomac malade lorsqu'il est por dessus. la racine en haut ; pendant l'opération une vieille se mel es prière, et au bout de trois jours le mal a disparu. Au XVI* sièck existait une pralique qui n'a pas élé relevée de nos jours: Le co combre mis de son long près d'un pelit enfant qui ait la fièvre, de même grandeur que l'enfant, le délivre enlièrement de sa maladie!

Au XVI: siècle, pour arrèler tout « llus de sang il falloit metre une palhe an crois sur le doz de celuy qui saigne, estant vestu et quil n'an sache rien, ou le faire saigner sur une palhe en crois. » Dansl: Vivarais on saigne du nez sur des félus de paille en croix ?.

Dans le Loir-et-Cher on applique sur la tête du malade atteint du muguet entre le bonnet de baptème el le crémieux. deux feuilles de l'herbe au chancre. que l'on dispose en croix. et deux autres. en croit également, entre deux linges sur la poilrine. et quelques-uns joutent une prière ‘. On se sert en plusieurs contrées contre la jaunisse du sut de la chélidoine ou grande éclaire, qui est d'un beau jaune. en raison de son analogie de couleur. et plusieursde ses noms vulgaires ou patois font allusion à son pouvoir. Au AVI: siècle une de ces feuilles purter souliers contre la plante nue des pieds guérissait cettr

eux pratiques suivantes sont peut-être fondées sur une analour de furme. assez lointaine du reste. entre la ravine et l'organe malade sait au XVI siècle : La racine de l'asperge appliquée sur la dent > la douleur, sèche el tichée aux dents. vile les déracine. En Saintenge cetle racine desséchee à l'embre. faisait tomber sans qu'on S'en aperçoive. la dent gâtee : dans le Morvan Nivernais, y applique une racine de fraisier ‘.

Les paysans du Taru-et-Garonne recueillent di écial à elle plante qui. rerace + sontre de mal de dents Haute-Brotasns, la à

cœur des char: res gencives.

ne dr

es Frad. por. 4 XV. pe 383

SD J.-M. ae Ven + Ju Mor-an. pi

RÉCITS COMIQUES 533

aussi un champ de lin qu'ils croient être la mer; ceux de Bayonvillers se baignent dans un champ de trèfle.‘ Des simples d'esprit, s'imaginant que leur récolle s'en va, essaient d'en empêcher l'exode : Un jour que. les seigles élaient agités par le vent, el ressemblaient à une mer dont les vagues courent se briser sur le rivage, les gens croient qu'ils vont s'enfuir, el on cherche le moyen de les arrêter ; le conseil assem- blé décide que les femmes feront une bouillie et la porteront devant les seigles afin de les coller et de les arrêter. Dans la Côte-d'Or, on raconte que les habitants de Saint-Jean-des-Bœufs, croyant aussi que leurs blés s'en allaient, firent sortir de l'église le petit saint Jean, et que les blés s'enfuyant de plus belle, ils firent sorlir le grand qui, à peine dans les champs. fit rester le blé en place.

4 Alcius Ledieu. Blason pop. de la Picardi

2 C. Roussey. Contes de Bournois. p. 151-1 d'Or: Châtillon, p. 90.

1, p. 124. Clément-Janin. Sobriquets de La Côte

TABLE ANALYTIQUE

LIVRE PREMIER

LA FAUNE

CHAPITRE PREMIER LES MAMMIFÈRES SAUVAGES

$ 1. Origines et légendes. Création dualiste. Métamorphoses d'hommes

en bêtes. Explications de particularités. .… 39 $ 2. Erreurs el préjugés. Le sexe et l'amour. Anomalies. Les ani- maux dormeurs. Les malfaisances des bêtes. Associations animales. Prénoms. Noms interdits. Le loup. …. 9-2 83. Rencontres et présages. Préservatifs contre les bêtes de mauvais augure. Fascination. Présages Songes 22-26 $4. Les Hommes et les animaux, Bêles protégées Les

meneurs de loups, de taupes, de rat Conjurations, prières, huées. Les saints. Préservatifs contre geurs ; conjurations et talismans. Animaux lutins...............

8 5. Charmes e! médecine. Talismans et charmes composés de parties d'animaux. Malfaisances du contact, Animaux guérisseurs. Emploi médical de leurs fragments. . 44-51

3 6. Contes et légendes. Les Métamorphoses. Les loups-garous. Sor- ciers, lutins, revenants sous forme animale. Femmes accouchant d'ani- maux. Les bêtes reconnaissantes ; l'homine domptant les animaux. Le loup et le renard. Les carnassiers et les bêtes domestiques. . . 52-69

$ 7. Les Mamn.ifères maritimes. Relation avec les hommes et les fées. Rôle dans les contes.… 69-74

Offrandes aux carnassiers,

CHAPITRE II LES MAMMIFÈRES DOMESTIQUES

# !. Urigines. Création dualiste. Modifications légendaires. Les chiens et les chats. Pourquoi les chiens se flairent. Partirularités des ni 21.)

536 TABLE ANALYTIQUE

$ 2. Les amours et la naissance. Moyens d'assurer la fécondité ; incan- tations. Pratiques à la naissance. DA ate Eds nat AIBNE 83. Le lait. Procédés pour l'augmenter. Les sorcières et les moyens de s’en préserver. Le pouvoir du lait. Le beurre maléficié.….. 83-88 $4. Erreurs et préjugés. Particularités réelles ou supposées. Le lan- gage des bêtes. Animaux nobles ou méprisés : noms en rapport avec cette

idée re 88-99 8 5. Présageset rencontres. Augures divers. ‘Animaux de couleur noire. Les cris. Pronostics météorologiques. Les bêtes et la chance, Les songes ni Rene PEN ÉRRe MA2s 2 2 99-103 $ 6. L'homme et ses bites. Prévenances à leur égard. Les bêles, la rel gion et les saints. La domestication el le dressage: les bêtes achelées ou vendues. Rareté des traitements cruels. ... 103-113 N 7. Les lutins de l'étnble et de la pâture. Leurs noms. L'embrouillement des crins ; préservatifs, Malices des lutins. . 113-119

8. Lutins et esprits sous forme animale. Animaux trompeurs ; se faisant porter; rédant pour mal faire. Les gardiens de trésors. .….... 119-122

$9. La Sorcellerie, Les sabbatsde chats. Les chats noirs. Magie et talismans, Fascination et sorcelages. La force prise aux animaux. Les chiens charmés. HE . 122-129

$ 10. Maladies el:médecine. Chair dangereuse. Emploi médical de parties solides ou liquides. Les guérisseurs ct les bêtes. Procédés divers de prophylaxie ou de guérison... ne 1945

$11. La rage et les béle Patrons des chiens fous. Amulettes_ préservatrices $ 12. Contes et légendes. -— phoses ciers, Revénants saus for Contes merveilleux, Récits mie.)

mes accouchant d'animaux. éssesessesesse SDS

CHAPITRE III

LES OISEAUX SAUVAGES

$ 1. Origines et particularité:

Création dualiste : empreintes et couleurs

Particularités physiques. Origines des cris, Le chant du rossignol. Le départ du coucou, Le éhat-huant, Oiseaux torturés respectés pour des causes légendaires. Les Riads ET

$2. Les Amours, lu auissance et la sociologie. Le mariage et les amours

Particularités des nids tions familiale Charité à l'égard « ons, eris el cunjurations. Prénans et <ébrique des chants. Conjurations. L'arri eaux, L'alouette, 179-486

$4. Erreurs et préjugés divers. Explications traditionnelles, Les viseaux respectés ou tracassés. Les oiseaux captifs..…... 186-191

speet qu'on leur porte. nel ou filial, Socivlo

a couvaison. Rela- e ornithologique. .…. 168-147 Interprétation

nour pl s homines,

e des ul

TABLE ANALYTIQUE 537

85. Présages et rencontres. Augures tirés du vol ou de la position. Oiseaux fatidiques. Les chants et la santé ou la chance. Oiseaux aver- tisseurs, Le coucou consulté, Présages du temps. Songes. 191-202

8 6. Sorcellerie et médgcine. Les oiseaux, les sorciers et les enchante- ments. Influence de leur chair. Emploi médical des oiseaux on de leurs fragments... 203-206 Contes et légendes. Les métamorphoses. L'me sous forme d'oi- seau. Les oiseaux du monde irréel. Oiseaux révélateurs. Oiseaux secourables. Les oiseaux et les saints. Légendes diverses... 206-216

CHAPITRE IV LES OISEAUX DOMESTIQUES

$ 1. Origines et particularités. Création dualiste. Amours et naissance. Procédés pour la domestication ou la santé des oiseaux. Présages et pronostics, Interprétation des chants. 217-227 $2. Les œufs. La fécondité des poules. La couvaison, Les œufs anormaux. Les coques brisées ou brûlées. Pouvoir des œufs. Consultations et magies. Coutumes: les œufs gâtés ou choqués Songes. .… 227-239 $ 3. La Sorcellerie et la chance. La poule noire. Les oiseaux et la sor- cellerie, Consultations par les oiseaux. 239-242

$ 4. La Médecine. Transmission de la maladie aux oiseaux. Emploi 242-245

médical de parties de leur corps 5. Coutumes et jeuz. La poule et le mariage. Jeux barbares.

: 6. Contes et légendes. Métamorphoses. Ames sous forme d"

Sorcières sous forme d'oiseau, Le coq rôti qui chante, Moiti

Les oiseaux et les carnassiers. .

CHAPITRE V LES REPTILES

$ 1. Origines et particularités. Création dualiste.: Changements post i Les reptiles et la légende dorée... 6 Croyances et préjugés. Naissance et transformations. Erreurs physiques. Le langage des grenouilles, Pays préservés de reptil Rapports avec l'homme, Influence en bien ou en mal. Les reptiles et les damnés, Pronostics et songe 256-267 $ 3. Malfaisances et pouvoirs. Les Basilics. La fascination. Le souf- Île et l'attouchement, La salamandre, Venin des reptiles, Remèdes et pèlerinages. Conjurations. Reptiles qu'il faut tuer. Reptiles res- pectés ou tourmentés 267-281

$ 4. Sorcellerie et talismans. Les crapauds et les sorciers, Breuvages

340 TABLE ANALYTIQUE

S9. Légendes et contes. Métamorphoses d'hommes en arbres. Les arbres en relation avec le monde surnaturel et les morts. Arbres venus par magie. Animisme, Arbres qui saignent ou qui parlent, La légende de Midas. Les parcelles révélatrices. Arbres avertissant. Arbres qui transforment, Fruils guérissants ou merveilleux. Pénite des morts sur les arbres, Le bâton qui reverdit. Végétations miracu- leuses. L'arbre qui monte au ciel. L'arbre dont on ne peut descendre. Les arbres desséchés par magie. Le miracle desroses. . . 428-452

es

CHAPITRE Il LES PLANTES

X 1. Origines et particularités. Création dualiste. Origines surnatu- relles. La légende dorée. Les Haricots du Saint-Sacrement. Pourquoi l'épi est court. Herbes merveilleuses ou imaginaires. . . .

$2. La Culture, L'ensemencement : époques favorables ou défavorables. Influence des astres, du semeur. Coutumes, conjurations et danses La sorcellerie et la fascination. Générations singulières, La transplantation. La destruction des plantes parasites. La cueil- (CICR à À Yi Li 3 à 451-466

$ 3. Pouvoir, influence et emplois, L'herbe d'or. L'herbe qui égare. L'herbe qui coupe le fer. L'herbe qui fait comprendre le langage des animaux, Action des plantes sur les personnes. Plantes dangereuses. Plantes pi MEN 4 à ue 8 à

S #. Les herbes à sortilèges ou a talismans. la cueillette, le passage à travers le feu. Plan servatifs contre la sorcellerie ou le mauvais œil. Les pe sprits. Herbes magiques ou aphroi

$5. Les herbes et la santé, Les herbes et les matela Plantes mordues mangées, Attonchements funes! l'emploi médical des herbes, Observances et conjur

466 474 int-lean, + Talismans. graines et LOF

. Les colliers.

iaques

L'analogisine et ivns

au moment «

la euvillette, Oraisons et pratiqu transmission du mal aux plante Les verrues. La friction, l'infusion et la mastication. $ 6. Consultations et présayes. L'effeuillement et le comptage des p

Consultations par le souflle, La pu Les herbes mises dans 1

sse des pla au ou soumises à une pré

me 1

pelur

Epreuves par le contact, par l'éclatement. Les grains blé devant le feu, mis à vignons, Les herbes de mer et le temps

Herbes qui décélent les sorciers, Les grains donnés ant diable. Plantes porte-honheur, Présages de chance, de damnation, ele, Les Songes, de a LE FR Op Co & + Pad er #8 6

Coutumes et emblémes. Les plats rituels figurent les 1 F

Le mariage, les choux et les graines. = Le langage rustique des fleurs. Plantes Fun . Emblèmes de pélerinages, Les plantes et les

défenses, La paille... 4 4 4. . . 2. 4 . M3

20

TABLE ANALYTIQUE 5H

$ 8. Les Jeur. Fleurs ou fruits lancés. Instruments de balistique ou musique. Petits ustensiles, Marionnettes. Plantes à gratter ou à attraper. Jeux à deviner. Je vous prends sans vert. . . . 520-525

8 9. Légendes et Contes. Métamorphoses en plantes d'êtres animés. Les plantes qui parlent, qui chantent, qui indiquent ce qui se passe au loin. Fleurs miraculeuses. Plantes qui font concevoir ou qui donnent nais- sance à de petits êtres. Plantes qui métamorphosent ou endorment tem- porairement. Plantes qui ressuscitent ou guérissent. Plantes q roissent miraculeusement pour favoriser des fugiifs, qui montent au ciel. Les plantes dans les récits comiques. . . . . * . . . 52-533

Baugé (Maine-et-Loire). Imprimerie R. DANGIN.

STANFORD UNIVERSITY LIBRARIES . CECIL H. GREEN LIBRARY STANFORD, CALIFORNIA 94305-6004 (415) 723-1493

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