7V 4 xr L E JOURNAL SCAVANS b POUR VANNEE M. DCC XXVll JANVIER. mw^L A PARIS, 1PH. NIC. LOTTIN, Imprimeur-Libraire, rue Saint Jacques , proche faine Yves , à laVerité. E T , H. D. CHAUBERT,à l'entrée du Quay des Au- guflins , du côté du Pont faint Michel, à la Renom- mée 6c à la Prudence. M. DCC. XXVII. AVEC PRIVILEGE DU ROY. LE JOURNAL DES SCAVANS- JANVIER. M. DCC. XXVII. **3 6*3 t&Wl S#3 Hé* -3*3 •t*î-6*î-t*3-6*3-f -!*3-t*3-î*î ■&*? -6*3 -E***** £*3 E*3 -£**■ EXTRAIT DV SECOND ARTICLE DES Transactions çu Mémoires Philosophiques de la Société Royale de Londres , pour les mois de Alars & Avril i 72 y. Nombre 387. Et Article roule fur un Eflai , touchant Hiftoire naturelle es Baleines , fuivi _ d'un détail particu- lier , concernant F Ambre-gris , qui fe trouve dans cette efpéce de Ba- leine , d'où l'on tire le Sperma Ceti , appelle communément, blanc, ou nature-de-Baleine. Le tout eft con- tenu dans une Lettre , écrite de la Nouvelle Angleterre à celui, qui publie ce Mémoire , par Paul î)Hdley,dc la Société Royale. L'Auteur commence par un dé- nombrement & une description des différentes efpéces de Ba- leines. Il y a la Baleine droite ou à Ai] 4 JOURNAL D côtes; la Baleine à nageoires fur le dos , la noiieufe, la boflfuë , ce le relie du poif- fon , outre cela , donne encore de- puis vingt jufqu'à cinquante ba- rils d'huile commune. Les dents de ce poiffon, (au rapport d'un Médecin du Pais ) râpées ou réduites en poudre, &. infufées dans quelque liqueur , égalent en vertu la corne de cerf, & on les preferit avec fuccès dans les petites véroles, & dans quel- ques maladies des femmes en couche. La dofe fe réduit à la quantité qu'on en peut mettre fur un chelin. L'Auteur entre enfuite, dans on détail tort circonftancié par rapporta tout ce qui concerne les Baleines. 11 parle 1". de la manière dont elles fe multiplient ; du foin quelles prennent de leurs petits , J A NVIE lefquels ont communément vingt pieds de long. Il décrie comment elles les nourrilTent de leur lait , qui eft aulîi blanc que le lait de vache; comment elles les portent perpétuellement fur leur queue, comment elles les défendent con- tre lesinfultesdu dehors. 11 obfer- ve que les Baleines vont par groffes troupes , quelquefois par centai- nes , faifant en mer de longues traverfées. Elles refpirent par un ou deux tuyaux ouverts fur le haut de la tête ; & c'eft par-là, qu'après s'être un peu élevées au deffusdu niveau de la mer , elles pouffent des jets d'eau mêlée d'air , tirant tôt après un nouvel air par ces mêmes canaux ; & lorfqu'on les pourfuit, elles fe plongent au fond de l'eau, & y reltent quelquefois plus de demie-heure , fans repa- roître. De là M. Dudley paffe à leur nourriture , qui confifte en une terre bourbeufe qu'elles tirent du fond de la mer , en une efpéce de fray rougeâtre qui nage fur la furface de l'eau , en quelques pe- tits poillons , tels que des maque- reaux , des harengs , &c. 11 fait aullî mention de certains poiffons qui font la guerre aux Baleines , & il vient enfin à ce qui regarde leur pêche , la manière de les tuer & de s'en rendre maître, à Poccafion de quoi il fait quelques remarques fur la force prodigieufe de cet énorme poiflon. Nous ne pouvons le fuivre exactement dans toutes ces particularités. Nous nous con- tenterons de nous étendre fur l'ar- ticle de l' Ambre-gris, qui fait le fujet principal de ce morceau. Différentes opinions ont par- R- , * 7 * 7- 5 tagé le monde fçavant , fur l'ori- gine & la nature de ce précieux parfum. Les uns l'ont regardé comme une efpéce de Bitume, for- ti des entrailles de la terre: les autres ont crû que c'étoit une pro- duction de quelques infectes, de même que le Miel , la Soye, &c. Le fameux Boyle rapporte quelque part le fentiment d'un Marchand Hollandois , qui nioit d'abord que ce fût l'écume ou l'excrément de la Baleine, & qui prétendoit en. iecond lieu , que c'étoit une gom- me graffe, qui couloir de la racine d'un arbre j ajoutant qu'on pou- roit en avoir en grande quantité, fi l'on avoit foin de planter ces fortes d'arbres fur le bord de la mer, dont le courant, après avoir entraîné cette gomme, la rejette- roit fur le rivage , ce qui feroit fort avantageux. Mais ( dit l'Auteur ) la vérité eft la fille du tems. On eft préfen- tement perfuadé à n'en plus dou- ter, que cette production cachée de la nature , naît dans le corps de la Baleine au Sperma Ceti, & qu'elle elt analogue à d'autres parfums, que produifent certains animaux du Pays, tels que le cochon muf- qué,ledaim mufqué, le mouton au bezoard,& quelques amphibies. qui portent leur parfum clans un fac ou une veffie particulière. M. Dudley eftime, que ce qui a fait premièrement foupçonner , que l'Ambre-gris pouroit bien venir de la Baleine, c'eft qu'on en a trou- vé une quantité confidérable au- tour des Ifles de Bahama , & de quelques autres, contre lefquelles les Baleines mortes font fouvenc pouffées & brifées par les vagues, 6 JOURNAL D éc où l'on rencontre l'Ambrc-gris flotant , ou dépofé fur la côte. .Mais quoique les Sçavans con- viennent tous que l'Ambre-gris vient originairement de la Baleine, ilsfe partagent là-deffus en deux opinions différentes ; les uns pré- tendant quec'eftia femence de ce (joiffon , qui fe trouve à la racine de a verge , proche des teflicules ; les autres foutenant que ce n'en eft que l'excrément , ou la matière fécale. La Relation la plus éxatte que l'Auteur ait pu recouvrer jufqu'ici, touchant l'Ambre-gris , (&iln"a épargne pour cela ni foins ni pei- nes) lui a été communiquée par Mr Atkjns , habitué à Bofton, dans la Nouvelle Angleterre , fort expert dans la Pèche des Baleines , qu'il pratique depuis dix ou douze ans, & l'un des premiers qui fe foientmisà pêcher les Baleines au Sperma Ceti , vers l'année 1720, auquel tems il fit la première dé- couverte de l'Ambre-gris. Cet An- glois étant homme nés- fenfé , Ton peut compter certainement fur fon rapport, confirmé d'ailleurs par les témoignages de plulieurs autres Pêcheurs de Baleines. Sa Relation eft conçue en ces termes. On trouve l'Ambre-gris dans la feule efpéce de Baleine , qui fournit le Sperma Ceti, & il con- fifte en plulieurs boules de diffé- rens volumes , depuis environ trois pouces, jufqu'à douze de diamè- tre, nom propre & particulier." Mais eft-il certain que les Latins n'euf- fent qu'un feul mot pour exprimer un clou ? Il n'en faut peut-être pas juger par les Livres qui nous ref- tent. On ne peut difconvenir néan- moins que la langue Italienne ne foit extrêmement riche. & abon-- dante , & qu'elle n'exprime quel- quefois en un mot ce que nous ne fçaurions du tout exprimer en François que par de mauvaifes phrafes, 5c par des définitions lan- guiffantes. Tels font les termes de Lazzi, de Coticetto, de Morbides- £.«., (Sec. » Que dirai -je, continue M. » l'Abbé Antonini , de nos Dimi- » nutifs & de nos Augmentatifs, » tels que font Cafa , cafïna , o\±ca- » fino , cafaccia , cafippola , cafottâ , » Cafottono , cafone , cafonaccia ? =• Jufqu'où ne portons- nous pas y nos idées par ce moyen ? Quelle » multiplicité , quelle variété d'i- * mages ne nous fourniffenc - elles » pas ! Et quoique les François les » aient bannis de leur langue, R 17*7- . 13 comme trop badins, ou q uedu« moins ils n'en ufent que dans le « ftile enjoué & en badinant , ce néanmoins pour connoître leur « force & leur mérite , il elt bon a d'obferver que les Poètes Latins, « après les Grecs, les ont fouvent « employés , & entr'autres le dé- « licat (Se l'élégant Catulle. *> ' XJt folatiolum fui doloris Tarn gratum tnihi , quant ferunt paella Pernici aureolum fit'JJè malum Flendo tnrgiduli rubent ocelli. On ne peut nier que cette abon- dance de termes ne ferve à rendre le difeours très-clair , & ne banniffe l'équivoque , & qu'elle ne donne lieu de proportionner les expref- fions diverfes aux chofes dont on parle, au genre & au ftile dans le- quel on écrit. De cette abondance naît aufli la brièveté , la julteffe, & la précilion. La richeiîe de la langue Italienne la met à couvers des répétitions, & parconféquens du dégoût & de l'ennui. D'ailleurs il n'eft point de langue plus douce & plus agréable à l'oreille. Le La- tin, le Grec même,ne Peit pas da- vantage. » C'eft encore un avantage ™ bien conlidérable de l'Italien , « ( ajoute-t'il ) que prefque toutes « fes régies foient confiantes & in- ce variables; en forte qu'on peut» conltamment les fuivre, fans ce être en rien ou prefqu'en rien «e aifervi à la tyrannie , & aux ca- « prices de Pufage ; ou fi Pufage « y change quelque chofe , Pufage ce elt chez nous bien plus fage & « bien plus régulier qu'il ne Peft « JOURNAL D Lirs. Il ne dépend point des „ ( ïens de la Cour, qui pour l'or- dinaire ne fe piquent point d'é- „ tude. Cène font point eux qui „ l'crablilTent ni qui le font, mais „ les Gens de Lettres ; & parmi les „ Gens de Lettres, ceux qui font » recommandables (Si accrédités «par leurs Ouvrages. Lt bien que » l'on porte en Italie les égards & » le refped pour les Dames au de- ». là de ce qu'on fait par tout ail— d» leurs , la complaifance pour » elles ne va pourtant point j « leur donner aucun droit fur la » langue : & fi quelque jeune per- ™ fonne a inventé ou jette par ha- =. zard une expreffion nouvelle , « quelque efprit & quelque agré- « ment qu'elle ait , cela ne fuffit » point pour la faire recevoir , * comme il arrive fouvent chez » d'autres Nations. ... Un au- » tre avantage que les Etrangers » ne trouvent dans aucune autre » langue à l'égard de la pronon- L E S APHORISMES D' HJPPOCRATE expliqués conformément aufens de l'Auteur , & à la pratique Mcdicina. le , & àla Mécanique duCorps Humain. Tradutlion f/rançoife ,f:ir laVer~ /ton Latine d'un Auteur Anonyme , imprimée u Paris en l'année 1725. A Paris , rue de la Harpe , chez C Maurice d'Houry , feul Imprimeur de Monfeigneur le Duc d'Orléans. 1726. 2 vol. /«-12, 1 vol. pp. 432.ll vol. pp. 507. ES S ÇA VANS, ' dation, c'elt que toutes les lettres « fe prononcent dans l'Italien , 6c ce qu'elles fe prononcent comme «= elles s'écrivent. » Les Italiens en effet, plus judicieux en cela que les autres Nations, ont égard à la facilité de l'orthographe & de la lecture, & non aux étymologies éc aux racines; ils ne croient pas qu'il faille marquer l'origine des mots, lorfqu'il faut pour cela, que la langue qu'on écrit foit dif- férente de celle qu'on parle. Il eft au relie auffi aifé dans leur langue que dans la nôtre , de connoitre les. mots dérivés du Latin ou du Grec. Les S, les H, les Y, qu'on obferve fi fcrupuleufement dans l'Ortho- graphe Erançoife à l'égard de cer- tains mors qui viennent du Latin ou du Grec , paroiflenc alTez inu- tiles. Mais c'elt l'ufage parmi nous, & il le faut refpecter, jufqu'à ce qu'infeniibiement un autre ait pré- , valu. LE Traducteur François de la Verfion Latine des Aphorifmes d' Hippocrate imprimée à Paris en 1723 , déclare ici que cette tra- duction Latine, qu'il rend en Fran- çois , eft li parfaite , qu'entre tou- tes celles qui ont été données en Latin des Aphorifmes d'Hippo- crate , il n'y en a point eu de il con- forme-que celle-là , au lens d'Hip- pocrate, &aux d rces dont la Phyfique , l'Anatomie , la Chy- mie 6: la Médecine ont été enri- chies dans les derniers fiécles. Il faut pour porter ce jugement, être bien au fait de la doctrine d'Hip- pocrate , & fçavoir bien en méme- tems, en quoi confiitent les dé- couvertes des modernes; Sa c'efl ce qui doit donner une haute idée de notre Traducteur François, en cas que fon témoignage fe trouve JANVI véritable. Au refle il eft à croire que lorfque en parlant de la tra- duction Latine, il dit, comme nous venons de voir, qu'elle eft la plus conforme de toutes aux dé- couvertes des modernes , il a pré- tendu parler fans doute des expli- cations que le Traducteur Latin y a jointes, étant impofîible , en ne faifantque traduire Hippocrate , d'en rendre la traduction auiïï con- forme qu'il dit, aux découvertes qui ont été faites de notre tems dans la Phyfique, l'Anatomie, la Chymie & la Méchanique, ce que nous remarquons feulement pour prévenir l'embarras où pour- raient être à ce fujet,de jeunes Etu- dians , en lifant ces paroles du Tra- ducteur. Il avertit qu'il n'a travail- lé à cette Traduction Françoife , que pour fe rendre utile aux Chi- rurgiens, dont la plupart étant gens fans Lettres, ne pourroient tirer aucun fecours d'une tradu- ction en Latin ; langue prefque auffi étrangère parmi eux , que celle dans laquelle Hippocrate a écrit. Notre TraduCtewr , qui fans doute nes'eft pas borné a tourner en François une Verlion Latine , mais qui, comme il le faut préfu- mer, a examiné avec foin le Texte d' Hippocrate , & toute '[l'étendue du fens de chaque Aphorifme, » dit qu'encore qu'on doive re- » garder les Aphorifmes de ce » grand homme , comme autant » d'Oracles , il ne faut pourtant pas * compter toujours 6c à la rigueur ER. 1717. 15 fur les prognoflics qu'ils annon- K cent, parce qu'il fuffit que ces « évenemens fe juftifient le plus tome IL contenant un Abrégé de C unologie , cinq Dijfertations contre la Chronologie de AI. Newton , une Dijenation fur une Médaille fr.iguliére d' Augujte. A Paris, Quai des Auguftins, chez Rollin , à la deicente du Pont S. Michel, au Lion d'or, vol in-^."' pp. 100. IL y a quelques années que le PereEitienne Souciet Jefuite , fit paroitre un tome de Differta- tions , qui la plupart concemoient la Critique 6c l'Interprétation de l'Ecriture , avec la connoilTan.ee des langues originales, & de leurs caractères. Il vient d'en donner un fécond tome , qui tout , ou prefque tout, roule fur la Chronologie. Ce fçavant Auteur débute par un Abrégé de Chronologie de fa fa- çon , qu'il conduit depuis le com- mencement du monde jufqu'à la prife de Jérufalem par Vefpaûen. Après cet Abrégé, il examine la Chronologie de M. Newton , dans cinq DilTcrtations , dont la pre- mière (Se la cinquième compren- nent les preuves Agronomiques contre le Syilème de cet illultre Anglois ; la féconde expofe les preuves hifloriqucs; la troifiéme celles qui font tirées des Médailles; & dans la quatrième l'Auteur exa- mine la durée que M. Newton pré- tend que l'on doit donner aux ré- gnes & aux fucceffions de l'Anti- quité. La dernière Differtation du Recueil eff une explication d'une Médaille finguliére d'Augufle , que l'on peut encore regarder comme un morceau de Chrono- logie , parce que la Chronologie des dernières années de Jules Ce- far, & des premières d'Augufte, y cil fort nettement expliquée. L'Auteur déclare qu'il a eu trois raifons principales de donner ici un Abrégé de fa Chronologie. Premièrement, dit-il, je fuis» bien aile de preffentir le goût « des Sçavans fur cet Ouvrage , « 6c de profiter des objections qu'- « on me pourra faire, auffi-bien « que des lumières que l'on vou- œ drame communiquer; féconde- « ment 5 en continuant ces Re- « cuëils de Dillcrtations , j'y pour- « rai , pourfuit - il, traiter de rems ladan de l'Ecriture ; mais il ne con- vient point avec ces deux Auteurs, que ces Princes ayent établi dans la même année , l'un le Royaume d'AlTyrie, «5c l'autre celui de Babi- lone, 6: partagé l'Empire de Sar- danapale ; félon lui , Tcglatpha- lazar s'empara de tous les Etats de ce Prince dès l'an -y 66 avant J. C. Kabonaiïar ou Bclefis n'en dé- membra la Babilonie,pour en faire un Royaume particulier , que l'an 747 , à la mort de Theglatphala- zar ou Arbaces , 6c i o ans après l'on invaiion. On verra avec plailîr les preuves de ce fait , aulTi-bien que de quelques autres , par exemple , celle de la naiffance de J. C. à la fin de l'année qui précède l'Ere commune , quand le P. Soucier voudra les ajouter à fa Chronolo- gie. Cet Auteur place le commen- : t du règne des Héraclides en Eydie, à Tan 1226 avant J. C. leur fin 6c l'Invufion de Gygés, qui fut le commencement de la Dynaftie des Mémnades, à l'an 7 1 1 ; l'Expédition de Xcrxcs en Europe, l'an 4.80. Il fais régnef Artaxerxes fon iîls avec lui pen- dant huit ou neuf ans, comme le P. Petau, & il commence les LXXfc- ! à la vingtième année de ce Prince régnant avec fon père, 45- 4 ans avant J. C. La Guerre du Pclo- ponéfe commença en 43 1 avant J. C. celle de Carthage en 2 6 3. Il fait connu \nccr le des l'an 39 avant J.C.& le luit finir la 4c aimée de J.C. en forte que J. C. fut 4 amen Eg; Voila quelques-uns des points que nous avons remarqués dans cet Abrégé de Chronologie. On ES SÇAVANS, y trouve, comme l'Auteur en aver- tit dans la Préface , toutes les épo- ques principales , les plus grands evénemens , les commencem ens des Empires , des règnes , des Etats , la fondation de quelques Villes célèbres, l'origine aie pro- grès des Arts , l'âge des grands Hommes en chaque genre. Mais le P. Souciet n'y admet rien que de chronologique , rien de pure- ment hiltorique, rien qui n'ait la preuve de fon tems, & une raifon pour être rangé à l'année où on là . Les Lecteurs y trouveront de plus( ce qu'on n'annonce point dans la. Préface ) les différentes Eres des Villes, ôc plufieurs Ob- fervanons céleltes des Anciens, qui dans l'arrangement de notre Auteur , quadrent parfaitement avec les années des Lois aufqucls Ptolemée 6c les autres Anciens les rapportent. Nous n'en indiquerons que deux des plus finguliéres: fçavoir , le Zodiaque avec fes conftellations formées par Chiron le Centaure , 6c l'Eclipfe du Soleil prédite par Thaïes : on place l'une à l'an 1470 avant J. C. la même année que mourut Moyfe, 6c l'au- tre à l'an <$ 9 7. Après cet Abrégé de Chrono- logie , le P. Souciet donne cinq Di fîenarions fur celle de M. New- ton. 11 paroit par cesDilTertations, i. Newton a fait un gros Ouvrage fur la Chronologie; qu'il en avoir donné un Abrégé en An- glois à Madame la 1 nncefie de , & une cette Prineeffe, du coule:. tement de M. Newton, en donna une Copie à M. l'Abbé pendant qu'il étoit en An- gleurie il y a 9 ou 10 ans. M. JJ A N V I E l'Abbé Conti revenant en France, apporta cette copie , & dans les divers entretiens qu'il eut avec le P. Souciet, il lui parla fouvent de la Chronologie de M. Newton, mais fans la lui faire voir , ni lui dire même qu'il en eût copie. Le P. Souciet ne parut pas content du retranchement que M. Newton foit à la durée du monde, il lui fem- bla que cet Auteur racourciiîbit trop les teins , & relTerroit dans un trop petit efpace beaucoup d'évé- nemens. Il propofa fes difficultés à M. l'Abbé Conti. Quelque pré- venu que fût cet illuftre Abbé en faveur de M. Newton, les objec- tions du P. Souciet firent impref- fion fur lui , & il crut que ce leroit faire plaifir à M. Newton , que de les lui communiquer. Il pria donc le P. Souciet de mettre par écrit fes difficultés ; mais afin qu'elles fulTent plus juftes , il prit le parti de lui montrer la Chronologie de M. Newton. Le P. Souciet don- na fes objections , & elles furent en- voyées en Angleterre. L'Abrégé de Chronologie de M. Newton a ete depuis traduit en François ,& imprimé à Paris , ce qui a fort dé- plu à M. Newton ; mais le P. Sou- ciet attefte, que ce n'eft point par Ion canal que cet Abrégé de Chro- nologie a été ni traduit ni impri- mé , & il en prend à témoin M. l'Abbé Conti : ceux qui connoif- fentle P. Souciet J'en croiront ai- fément fur fa parole. Il n'avoit fait d'abord , à ce qu'il paroît , que les quatre pre- mières DitTertations. La Réponfe de M. Newton aux Obfervations qui ont été données fur fa Chrono- logie , par un fçavant Académi- R. i 7 i 7. rt> cien /a fourni à notre Auteur la matière de la cinquième , en lui découvrant plus clairement les principes de M. Newton. Comme cette dernière Diflertation & la première roulent fur les preuves Aftronomiques , ainfi que nous l'avons déjà remarqué, nous les joindrons enfemble dans le compte que nous en allons rendre. Elles font toutes cinq adreffées à M. l'Abbé Conti. Dans la 1 e on fait de cet illuftre Abbé une peinture, qui, toute avantageufe qu'elle eft , n'eft point flattée , & ne furpaffe point l'idée qu'il laifla de lui en France, & que confervent tant de perfonnes de la Cour les plus diftinguées , auffi-bien que- tous les Sçavans avec lefquels il a eu liaifon , pendant le long féjour qu'il a fait en France. Au refte ce n'eft point pour at- taquer M. Newton , que le P. Sou- ciet a entrepris de publier cet Ou- vrage , c'eft pour défendre fes pro- pres fentimens; car donnant au monde joo ans de plus que ne fait M. Newton , ils'eft vu dans la né- ceiïité de détruire le préjugé que faifoit contre lui l'autorité d'un Auteur d'une fi grande réputation, & dont , dit-il , il fentoit déjà les impreifions & les effets. Aulli ce Père parle- 1- il toujours de fon adverfaire avec toutes les marques de l'eftime & de la considération qui font dues à fa capacité & à fon mérite, bien éloigné en cela de l'emportement & des manières d'un tas de vils Auteurs , qui ne croiraient pas avoir fait une bonne critique , s'ils ne l'avoient accom- pagnée d'invectives. La matière des deux DiiTerta- Çij io JOURNAL D tions par lefquelles nous commen- çons, eft l'époque de Chiron, où le tems auquel cet Aftronome forma le Zodiaque & lesConftcl- lations, ainfi que le rapporte un ancien Poëre Grec cité par Clé- ment d'Alexandrie. M. Newton fixe cette invention de Chiron l'an 039 avant J. C. Sz prétend que Chiron plaça les quatre points cardinaux au milieu de leurs Si- gnes, c'eft-à-dire, l'Equinoxe du Printems au milieu du Signe d'A- riés , l'Equinoxe de l'Automne au milieu de Libra,le Solftice d'Efté au milieu du Cancer , & le SollHce d'Hyver au milieu du Capricorne. Le P. Souciet convient de cet ar- rangement de Chiron ; mais il pré- tend qu'il le fît 1470 années avant J. C. & par conféquent y 3 1 ans plutôt que M. Newton ne penfe. Il eft étonnant que fur un événe- ment pareil on diffère de y 3 1 ans , puifqu'il le feroit même, quand on ne différeroit que d'un an. En effet la fixation de cette épo- que dépend 1". du lieu où font aujourd'hui les Affres , Se que nous . connoiffons par les obfervations les plus juftes & les plus fùres ; 2". d'unCalcul Affronomique des plus ailes & des plus courts. Quoiqu'il en foit , voici de quelle manière le P. Souciet s'y prend pour prou- ver fon fentiment. Selon les Tables de M. de la Ilire l'an 1700 complet , la pre- mière étoile du Bélier étoit éloi- gnée du colurc de l'Equinoxe de 24 dégrés une minute. Chiron le plaça au milieu d'Ariés, & par con- séquent 1 y dégrés plus loin en- core du lieu où fe trouvoit le co- lure du Solltice l'an 1700 com- plet. Chiron plaça donc l'Equi- ES SÇAVANS, noxe du Printems au point du Ciel , qui en 1 700 étoit 44 dégrés une minute à l'orient du colure , ou bien depuis Chiron jufqu'en 1700 complet, l'Equinoxe avoit rétrogradé , ou les Etoiles fixes avoient avancé de 44 deg. 1 min. Chiron forma donc le Zodiaque & les Conffellations autant de tems avant 1700 complet, qu'il en faut aux Etoiles ou à l'Equinoxe pour parcourir 44 deg. 1 min. Or l'Equinoxe parcourt yo fécon- des en un an , & un degré en 72 ans. Donc il parcourt 44 deg. 1 min. en 3 1 69 ans plus 73 jours , c'eff-à-dire .que l'Equinoxe fe fie au milieu d' Ariés l'an 3170 avant 1 700, Se par conféquent i'an 1 470 avant J. C. qui eff en effet l'année à laquelle le P. Souciet rapeorts cette invention de Chiron. ii en eft de même des autres points car- dinaux. M. Newton oppofe à cela trois chofespar le canal de AI. Kcil dans une Lettre écrite à M.Tailer , qui étoit alors en Erance , Se commu- niquée à notre Auteur. La pre- mière eft qu'il a trouvé que les Anciens nous ont tranfmis qu'au tems de Méton , l'Equinoxe fut ob- fervé au 8e deg. d'Ariés : la fécon- de , qu'au tems d'1 lipparque , il é- toitau quatrième du même Signe: la troiiiéme,qu'Hipparque cro/oic que la précelîîon des Equinoxes étoit d'un degré en 100 ans, au lieu qu'elle n'employé que 72 ans à le parcourir , 5c que la Chrono- logie des Anciens étoit générale- ment fondée fur cette faillie fup- polîtion , & qu'ils reculoient par conféquent beaucoup trop les évé- nemens. J A N V I E Le P. Soucîet convient que rien n'eft plus jufte que le calcul de M. Newton , fi Méton a obfervé l'E- quinoxe du Printems au huitième degré d'Arie's , & Hipparque au quatrième ; mais il prétend que les trois faits allégués par M. Newton, font faux ; & commençant par le dernier : Si la Chronologie des An- ciens , dit-il , étoit fondée fur la fauife opinion dans laquelle ils é- toient touchant la quantité du mouvement des étoiles ou des points cardinaux , comme ils met- toient à raifon de cela,un intervalle trop long entre Chiron & Méton , ils auroient dû mettre auffi un in- tervalle trop long entre Hipparque & .Méton; & puifqu'il y avoit quatre dégrés de dilFérence entre leurs oblervations , ils dévoient mettre 400 ans entre les tems où ils les firent. Qui cependant des Anciens mit jamais 400 ans de différence entre ces deux Obfervateurs & leurs époques? Qui compte entic eux plus de XX Olympiades, ou de 88 ans? Il en eft de même de la diftance des tems de Pto'.emée à ceux d'Hipparque. Cependant, qui jamais la fit plus longue que nous ne la faifons hous-rhêmes,qui ne donnons que 72 ans aux Equi- noxes pour rétrograder d'un dé- gré? Enfin fi la Chronologie des Anciens étoit généralement fon- dée fur ce faux principe , c'étoient les Auteurs de la Chronologie des Anciens , Eraltotcne Se Timée de Sicile qui l'y avoient fondée; mais quel anachronifme ! Ils vivoient 1 00 ans avant qu'on eût la moin- dre connoiifance du mouvement des Equinoxes. II. Venant enfuite à Hippar- R 1 7 1 7. 21 que 3 le P. Souciet foutient que cet ancien Aftronome n'a jamais trouvé les Soiftices ni l'Equinoxe au quatrième degré de leurs Si- gnes. i°. Parce que Ptolemée , qui feul nous a marqué tous les Equinoxes & les Soiftices ob- fervés par Hipparque, ne dit ja- mais le lieu où ils fe font faits , mais feulement le moment aufquels ils font arrivés , par la raifon qu'il n'a- voit befoin que de cela pour ce qu'il cherchoit ; c'eft-à-dire , pour déterminer la longueur de l'année. 2°. Qu'Hipparque ayant trouvé l'Epi de la Vierge au 24e degré de Virgo la cinquantième année de la troifiéme période de Calippe, c'eft-à-dire , l'an 128 avant J. C. & cette étoile étant alors près du coîure des Equinoxes, il eft im- poilible qu'il ait trouvé ce colure au quatrième degré de la Balance. 30. Que Columelle dit formelle- ment ^qu'Hipparque plaçoit le» points cardinaux au premier dé- gré de leurs Signes. 40. Le P. Sou- ciet montre parle calcul que pen- dant trente ans qu'obferva Hip- parque , ii n'a jamais pu les trou- ver qu'au 2 6e degré , l'un des Poif- fons , & l'autre de la Vierge. j°. Il renvoyé fur cela à Hipparque lui-même dans fes Livres fur Aratus. III. Il montre de même par le calcul d'un Solftice d'Eité obfer- vé par Méton , que cet Aftronome ne l'a pu trouver qu'au premier degré de Cancer, qu'Hipparque affure ; que prefque tous les an- ciens Aftronomes avoient placé comme Aratus, les points cardi- naux au commencement des Si- gnes ; que Méton étoit un des plus JOURNAL D anciens Aftrono- ; que Ceminus dans fes Elé- mensd'Altronomie, dit qu I laçoit les points cardinaux au commencement des Signes; qu'Euctemoii étoit non -feulement contemporain , mais encore coob- fervateur de Mécon ; que Méton n'avoit donc point trouvé les Sol- m les Equinc*es,& ne les point places ailleurs que les avoit placés Euttemon > qu'enfin les Anciens, dont M. Ne« ton s'au- torife , le réduifent à Columelle ; qu'on ne croit pas que perfonne compare Columelle , c'clc-à-dire , un Laboureur ou un Jardinier , aux plus habiles Altronomes de l'antiquité; qu'il y avoit une erreur de Copilte dans l'exemplaire dont fe fervait Columelle ; que les Grecs ccrivoient les noms de nombre en chiffres , que leurs chiffres croient les lettres capitales de l'Alphabet Grec, que la lettre A , qui lignifie un ou premier , eit très-femblable à la lettre H, qui lignifie huit & huitième , que pour peu que les deux jambes de l'A fotent écartées par en haut, ce qui arrive fouvent en écrivant ligemmentj comme font les Copiltcs , rien n'elt plus facile que de prendre un tel A pour un H , & de mettre huit au lieu d'un, l'on en rapporte des exemples. Voilà à peu-près ce que dit le P. Souciet pour foute- nir fon fentiment ; voici ce qu'il avance pour combattre celui de M. Newton. I. cri de M. Newton répandu en France & en Angleterre , fous le titre de Réponfe aux Obfervationt qiHon a faites fur fa Chronologie., réduit cette dilputc au véritable ES SÇAVANS, état de laqueftion qui n'avoit pu être ap perçu dansfaChronolo.. te, Ce qu'on m'objecte feroit vrai , ton , li je faifois com- mencer le Signe du Bélier à la pre- mière étoile de cette Conltcila- tion , mais je le fais commencer à 7 degré 36 minutes de là, plus à l'Occident. Le P. Souciet con- vient que fuppofé que Chiron & les anciens aient placé le commen- cement du Signe d'Anes , à ■ 3 G min. à l'Occident de la 1" é- toileduBelier, le calcul de M.New- ton eit à peu-près jufte , & fon fen- dillent vrai; mais il foutient que toute l'antiquité a commencé le Signe d'Ariés à la première étoile delà Conitellationdu Bélier, & il le prouve , i°. Par l'autorité de nos Altronomes , du P. Pétau , du P. Riccioli , de Lever a , de . de Copernic , qui le croyent & le difent comme lui. 2 '. Par celle des Anciens qui en ont parlé, tels quefont , Séneque , Sextus Empi- rions , Macrobe. 3". Par la ma- nière dont ces deux derniers Au- teurs rapportent que le Zodiaque fut formé en le commençant par une étoile déterminée & remar- quable, cequine feroit pas, fi on l'avoit commencé à l'endroit où. M. Newton prétend. 4". Par la raifon & la nature de l'inltitution que l'on failoitdans le Ciel. Nous ne pouvons entrer dans tout ce détail, non plus que dans beau- coup d autres articles , que ceux qui aiment l'Aftronomie, la Chro- nologie, l'Antiquité , & la Criti- que, liront avecplaifir dans le Li- vre même. 50. Il prouve fou fenti- ment d'une manière très-forte par plulieurs endroits d'Iiipparque , JANVI qui démontrent la même chofe. Le P. Souciet commence par ceux mêmes, furlefquels M. New- ton s'appuye. C'eft l'endroit où Hipparque dit que le nœud des Foirions , eft au troifiéme deg. i y min. du Signe du Bélier. Rien n'elt plus déciiif en apparence ni plus précis en faveur de M. Newton ; car cette étoile étant à plus de 4 dégrés à l'Occident de la première d'Ariés, comme on le fçaïr , & le commencement du Signe du Bé- lier étant encore à 3 deg. 1 £ min. au delà:, du même côté de l'Occi- dent , comme il s'enfuit de cet endroit d'Hipparque, il faut né- ceffairement que le commence- ment d'Ariés Se de tout le Zodia- que , fût à 7 deg. & plus, à l'Occi- le la première étoile du Bé- lier. Véritablement cela paroît dé- monftratif, Se notre Auteur en con- vient; mais il foutient que cela n'eft vrai qu'en prenant les chofes félon les Longitudes , Se que la fcéne change en les prenant fé- lon les afeenfions droites ; que le noeud de? Poiffons , qui par ia lon- gitude eft à l'Occident de la pre- mière étoile du Bélier par les af- eenfions droites, palTe a l'Orient de la même étoile , & que le com- mencement du Signe d'Ariés, eft à la première étoile du Bélier. Le point eft donc maintenant de fça- voir s'il faut entendre Hipparque de l'afcenfion droite ou de la lon- gitude. Or le P. Souciet prétend que c'eft de l'afcenfion droite que parte cet ancien Aftronome,&non de la longitude du nœud des Poif- fons .Ln effet il s'agit de la Sphère d'Eudoxe , qui éto:t Galicienne ER 1717. 13 Sphère de Chiron, & ces anciens Altronomes n'a voient pas la moin- dre idée de ce que nous appelions longitudes , par oppofition à ce que nous nommons afeenfion droite. Comment l'auroient-ils eûë, puifqu'ils ne connoiffoient point l'obliquité de l'Ecliptique, Se que c'eft Anaximandre qui en eut les premières idées dans la cin- quante-huitième Olympiade, & par conféquent plus de 900 ans après Chiron , félon notre Auteur, & environ 400 félon M. Newton lui-même ? que depuis même Ana- ximandre, on ne détermina point autrement le lieu desAftres, que par l'afcenfion droite & la décli- naifon , Se qu'on ne fçut ce que c'était que de diltinguer des lon- gitudes différentes des afeenfions droites, & des latitudes différentes des déclinaifons ; qu'Hipparque en particulier, 6c fur tout dans l'Ouvrage dont il s'agit, c'eft-à- dire , dans fes trois Livres fur les Phénomènes d'Aratus, ne paroît avoir aucune connoiffance des e.des & des latitudes, Se ne parie que-dos afeenfions droites Se des déclinaifons; ce que le P. Sou- ciet prouve par plufieurs endroits de cet Ouvrage. Cela une fois é- tabii , il s'enfuit que c'eft de l'af- c 1 m droite du nœud des Poif- fons que parle Hipparque à l'en- droit qu'on examine ici, que c'eft à L'Orient de la première étoile d . er , qu'il eft parl'afcenfion , & non pas à l'Occident; i le commencement d'Ariés étant félon Hipparqueà 3 deg. 1 y min. à l'Occident du nœud des Poiffons, Se le nœud des Poiffons par fonafeeniion droite étant à a 24 JOURNALD d . 1 y min. à l'Orient de la mê- me étoile, il s'enfuit que le com- mencement d'Ariés étoit à la pre- étoile du Bélier , laquelle n'étoit pas dans ce tems-là comme aujourd'hui l'oreille du Bélier, maisainli que le P. Souciet l'a dé- couvert dans Hipparque & dans i.une étoile de la première grandeur , qui fe voyoit au pied de devant du Bélier, éloignée de 4 y min. à l'Occident de l'oreille du Bélier ; d'où il réfulte que le commencement d'Ariés étoit ef- fectivement à 3 dcg. & plus du noeud des Poiffons,ce qui revient à ce que dit Hipparque , & fe trou- vcaulîi jutte que les obfervations de ce tems-là le peuvent permettre, & Teft toujours alTez pour détruire entièrement le léntiment de M. Newton. Nous omettons plufieurs re- marques , qu'on lira plus volon- tiers dans l'Ouvrage même, que dans un Extrait. La féconde DiiTertation , qui contient les preuves hiltoriques, fait voir que l'ancienne Hilloire eft abfolument contraire à M. Newton fur le tems de la mort d'Hercule, de l'Expédition des Argonautes, de la Pnfe de Troyes, fur l'âge de Bacchus , de Sefac & de Pan , fur le commencement des Olympiades, fur la fondation de Rome , fur la durée de la Mo- narchie Romaine & de chacun des fept Régnes. On cite fur cela Hé- rodote , Clément Alexandrin ; Velleius Paterculus, Tite-Live, Florus, Eutrope, les Failes Con- fulaires, & les Marbres du Capi- tule qui nous en confervent une partie coniidéiable , & Ton de- ES SÇAVANS, mande ii M. Newton eft plus croyable que tous ces Auteurs , que tous ces Monumens de TAntiqui- . . un grand nombre d'autres qui n'y font pas moins oppoiés. L'i liftoire étant ii contraire au Syitême chronologique de Al. Ne>vron,ce feroit merveille que les .Médailles s'y accordaflenr; auiTi le détruifent-ellcs de fond en com- ble., Une Médaille d Hadrien eit de l'an S 74 de la fondation de Rome; c'elt , félon M. Newton, l'an 27 S de J. C. Cependant Ha- drien mourut l'an 138 de J.C. voudroit-ompour foutenir le nou- veau Syftême , donner à ce Prince un règne de 1 40 ans au moins. Les Médailles des deux Philip- pesec d'Otacilia Severa nous ap- prennent qu'il y eut dans les lix années de leur empire une année feculaire , & que cette année fecu- laire fût Tannée millénaire de Rome. Cependant ils furent tués tous les deux l'an 250 de J. C. qui , félon M. Newton, n'eit que fan $66 de Rome. Où elt donc dans le cours de leur empire cette année feculaire , & bien plus en- core cette année millénaire? Les Médailles Grecques ne font pas moins décilives contre la Chro- nologie de M. Newton, que les Latines. On fe borne à 2 ou 3. Lne Médaille de Damas , frappée pour Augufte, eit de l'an des Se- leucides 325-. Cette Ere commen- ce , félon M. Newton , Tan de Ro- me 3 06. La Médaille elt donc de l'an 6 3 ode Rome; mais comment Auguite gouvernoit-il Tan 630 de Rome , lui qui n'clt né que Tan 6^o,fous le Confulat de Ciceron? Une Médaille de Tripoli, frap- pée JAN VI pée pour Tibère, eft de l'an 331 de la même Ere des Seleucides , 63 6e de Rome , fuivant la Chro- nologie de Ai. Newton, & une de Damas eft de l'an 640. Tibère te- noit-il les rênes de l'Empire dès l'an 636? Il s'enfuit enfin de ces Médailles, que félon M. Newton, Auguite eit mort entre l'an 630 & 63 6 de Rome, c'eft-à-dire , |0 ans avant qu'il fût né. Dans la quatrième Diiïertation , on prouve i°. Que les Anciens n'ont point égalé les règnes & les fuccelfions aux générations , com- me M. Newton le prétend. 20. Qu'on ne doit point réduire la du- rée des règnes & des fucceffions à 1 S ou 20 ans l'un portant l'autre , beaucoup moins à 1 j ans& demi, comme il fait quelquefois ; & on le prouve i°. par les variations de M. Newton ; 2". par les règles mê- mes qu'il donne, & par ce qu'il ap- pelle le cours de la nature; dif- euffion dans laquelle il feroit trop long d'entrer ici. La dernière Differtation n'a point de rapport à M. Newton , c'eft l'explication d'une Médaille de Jules- Cefar en apparence, & d'Augufte en effet. On y voit d'un côté le bulle d'une Victoire, avec ces mots: César Dictator ter- tiam. De l'autre , la tête nuë d'Au- gufle tout jeune, dans une cou- ronne de laurier, une feuille de laurier détachée devant la tête ; à droite A , & à gauche A , c'eft- Ù-dire ; Africa Adquifua , ou Afri- ca Augufii. Cette Médaille fut frappée en mémoire de ce que Ju- les, à fon triomphe d'Afrique, fie part au jeune Octavien fon neveu, des dépouilles qu'il diitribuoit 'Janvier. ER 1717. 25 aux Chefs & aux Soldats de fon Armée. C'eft le fentiment de notre Auteur , ce qui lui donne occafion d'expliquer fort nettement la Chronologie des dernières années de Jules, &des premières d'Au- gufte , & de montrer la conformi- té de la Médaille avec l'Hiftoire. Tout cet Ouvrage eft écrit avec une grande jufteffe , une grande netteté, & une grande érudition. Quanta ce qui regarde l'Abré- gé de Chronologie, on a déjade ces fortes d'Ouvrages, mais le P. Souciet obferve en général que « les uns font trop anciens & peu « connus, ou méritent peu de î'ê- m tre: que dans la Chronologie, œ comme dans tous les autres Arts, ce bien des chofes fe développent « & s'éclairciffent tous les jours , & « rendent par conféquent les der- « niers ouvrages qui fe font, pré-« férables à ceux qu'on a corn- « pofés autrefois dans le .même « genre: que d'autres font fi ma-« nifeftement faux , qu'il eft im- « poflible ou dangereux d'en faire « aucune application: que d'au-« très ne font point dans l'ordre» qu'il convient pour en tirer les « fruits dont il a parlé : que d'au- « très font fi longs, qu'il faudroitc. trop interrompre fes lectures* pour les confulter, la vie , où la Vérité fe montre uti- » lement à nous; dans la jeuneffe, «pour nous inftruire j dans la => veilleiïe , pour nous confoler. »> Dans le tems des pallions, la Vé- »> rite nous abandonne. . . » « Tout le monde a confenti » qu'on donnât le premier rang »aux vertus militaires: cela étoit => jufte ; elles coûtent allez. Mais il =• y a plulieurs manières âe s'ac- =*> quitter de fes obligations. Les uns n'embraffent la profeffion « des armes , que pour éviter la « la honte de dégénérer : les autres « ne la fui vent pas feulement par « devoir , mais par goût. Les pre- « miers ne s'élèvent guéres au- « deflus de leur état ; les autres fou- « tenus par l'ambition , marchent « à pas de Géant dans le chemin de es la Gloire. Les uns ont la Fortune « pour objet, les autres l'élévation « & l'immortalité. Ceux qui fe bor- «c nentà la Fortune, ont toujours K un mérite borné : tout homme « qui n'afpire pas à fe faire un « grand nom , n'exécute jamais de « grandes chofes. Dans toutes les K profeffions, quand vous êtes par- « venu à un certain degré de mé- « rite, la grande Gloire a toujours « la Fortune à fa fuite. On ne peut « avoir trop d'ardeur à s'élever, ni « foutenir fes defirs d'efperances « trop flateufes. 11 faut par de « grands objets donner un grand « ébranlement à Famé ; fans quoi « elle ne fe mettroit point en mou- « vement. Rien ne convient moins « à un jeune homme , qu'une cer- les chemins qui con- duifent à la'gloire bien préparés : c'eft un grand tréfor qu'un bon nom , & la réputation de fes pères Vous avez plus d'avance que vos pères , puif- qu'ils peuvent vous guider. Je vous dirai , fans honte , qu'ils ne vous ont laiffé aucune fortune : on ne rougit point de l'avouer, , quand on a vécu fans injuftice & fans balTeiTe. Il y a fi peu de for- tunes innocentes , que je par- donne à vos pères de ne vous en , avoir point laiiTé. J'ai fait ce que j'ai pu pour mettre quelque or- dre à vos affaires , où l'on ne , laiffe aux femmes que la gloire , de l'économie. Je remplis, au- , tant qu'il m'elt poiîible , les obli- , gâtions de mon état. Je vous , laitïerai plus de bien qu'il n'en , faut , fi vous avez le malheur t d'être fans mérite ; & affez , fi , vous avez les vertus que je vous , délire. ...» » Les vertus morales font en . danger, fans les Chrétiennes. Je R. 1727. 27 ne vous demande pointune pié- « té remplie de foibleffes & de « fuperftitions : Je demande feule- C£ ment , que l'amour de l'ordre tc foumette à Dieu vos lumières & K vos fentimens. La plupart des « jeunes gens croient aujourd'hui « fe diftinguer , en prenant un air « de libertinage , qui les décrie « auprès des personnes raifonna- « blés. C'eft un air qui ne prouve « f>as la fuperiorité de l'efpnt, mais « e dérèglement du cœur. On « n'attaque point la Religion , « quand on n'a point intérêt de « l'attaquer : rien ne rend plus « heureux , que d'avoir l'efprit « perfuadé & le cœur touché ; «c cela eft bon pour tous les tems. « Ceux qui ne font pas affez heu- « reux pour croire comme ils doi- « vent,fçavent que ce qu'on ap- ce pelle préjugé , tient un grand « rang dans le monde , & qu'il le ce faut refpefter. ..." » A l'égard de ceux dont vous « dépendes, le premier mérite eft « de plaire. Dans les emplois fu- « balternes, vous ne vous foutenez « que par les agrémens. Les Mai- « tres font comme les Maitreffes ; « quelque fervice que vous leur « ayez rendu , ils ceffent de vous ■ aimer , 1 dès que vous celiez de K leur plaire. ..." » Dans les places fubalternes , «• il faut faire fa cour aux Miniftres, <* mais il faut la faire avec dignité : « ce font des fervices qui doivent «■ parler pour nous, & non des fou- * millions déplacées. Les perfon- « nés de mérite qui s'attachent aux «c Miniftres, les honorent: les ef-« claves qui font à leur fuite les* aviliiïent. . . . Pour les per-« Dij .8 JOURNAL DE Tonnes éminentes en dignité , leur place les difpenfe de bien des devoirs , & couvre bien des défauts Pour fe déla- bufer de la grandeur, il faut la voir de près: vouscelTerez auffi- tôtde la defirer, ou de la crain- dre. ...» * Que les défauts des Grands ne vous gâtent point , mais qu'- ils vous redreffent : que le mau- vais ufage qu'ils font de leur bien vous apprenne à méprifer les richeffes & à vous régler. La ver- tu ne conduit point leur dépen- de. Pourquoi dans ce nombre in- . fini de goûts inventés par la vo- lupté S; la moleffe , ne s'en eft-on pas fait un de foulager les mal- heureux? L'humanité ne nous fait-elle point fentic lebefoinde i fecourir nos femblables ? . . . . i Les riclieffes n'ont jamais donné , la vertu ; mais la vertu a fouvent , donné les richeffes. . . » » Il ne faut pas toujours dire ce qu'on penfe, mais il faut tou- i jours penfer ce qu'on dit. Le vé- i ritable ufage de la parole , c'eft ■ defervirla Vérité. Le faux dans i les avions n'eft pas moins oppo- fé à l'amour de la vérité, que le ■ faux dans les paroles. L'homme ' faux paye de mine Il y a long-tems qu'on dit que . l'hypocrilic elt un hommage que > le vice rend à la vertu. . » » M. de la Roclïcfoiicault dit > que le deshonorant offenfe moins > que le ridicule: je penferoiscom- > me lui , par la raifon qu'il n'efl > au pouvoir de perfonne d'en def- » honorer une autre ; c'eft notre > propre conduite , ôc non les dif- 5 SÇAVANS, cours d'autrui , qui nous desho- « norent. Les caufes du deshon- « ncur font connues & certaines ; « le ridicule elt arbitraire : il dé- <■ pend de la manière dont les ob- « jets fe préfentent , de la manière < de penfer & de fentir. . . » » Les règles pour plaire font< de s'oublier foi-même , & de ra- < mener les autres à ce qui les inté- < reffe, de les rendre contens d'eux- < mêmes , de leur paffer les qua- ( lités qui leur font difputées. Us . croient que vous leur donnez ce . que le monde ne leur accorde , pas. C'elt en quelque forte créer , leur mérite , que de le rchauffer ; dans leur idée & dans celle des , autres. Il ne faut pas pouffer cela , jufqu'à l'adulation. ..." » Si vous voulez être heureux , tout feul , vous ne le ferez jamais. , Tous les vices favorifent l'amour , propre, & toutes les vertus s'ac- , cordent à le combattre. La va- , leur l'expofe , la modeftie l'a-, baiffe, la générofité le dépouille, , la modération le mécontente , , 6 le zélé du Public l'immole. , L'amour propre elt une préfé- rence de foi aux autres : l'hon- nêteté efl une préférence des au- tres à foi. . . » « En s' éloignant des hommes , on s'éloigne des vertus nécef-, faires à la Société ; car quand on , eft feul on fe néglige : le monde , nous force à nous obferver. » » La politeffe eft la qualité la, plus néceffaire au Commerce. , C'elt une imitation de l'hon- , nêteté , Se qui préfente l'homme , au dehors, tel qu'il devroit être, au dedans. Il y a la politeffe de, l'cfprit ôz celle des manières : . J A N V I E i celle de l'efprit confifte à dire . des chofes fines Se délicates; celle ' des manières, à dire des chofes i flateufes & agréables. Je ne ren- ' ferme pas feulement la politeffe dans ce commerce de civilités Se de complimens , que l'ufage a é- ■ tabli : on les dit fans fentiment ; ' on les reçoit fans reconnoilTance; 1 on furfait dans ce genre de com- merce , Se on en rabat Elle confifte dans l'attention à plaire Se à dire à chacun ce qui lui convient. ... Le moïen de plaire eit de cacher fa fupe- riorité. La plupart du monde ne demande que des manières qui plaifent : quand vous ne les avez pas , il faut que vos bonnes qua- lités doublent. ...» » C'eft aux femmes qu'on doit la douceur des mœurs , la déli- cateffe desfentimens, la galante- rie de l'efprit & des manières. Il 1 eftvrai qu'à préfent la galante- 1 rie extérieure eft bannie : les manières ont changé , & tout le monde y a perdu. . . . Laplu- ' part des hommes croient ne leur 1 devoir ni probité ni fidélité. Qui voudroit pénétrer les motifs ■ d'une pareille conduite , les trou- 1 veroit bien honteux. Les hom- mes font fidèles les uns aux au- ■ très , parce qu'ils fe craignent , Se 1 qu'ils fçavent fe faire rendre ju- 1 ftice ; mais ils manquent aux 1 femmes , fans crainte Se fans re- ■ mords. . . . Ce que vous faites ■ de moins mal , c'elt d'arracher « les femmes à leur devoir , de def- > honorer les unes , Se de défefpe- > rer les autres. Les hommes ne > font pas en droit de tant blâmer • les femmes ; c'eft par eux qu'el- R 1717. 2< les perdent l'innocence. Hors< quelques femmes deftinées au > vice dès leur naiflance , les au- < très vivroient dans l'habitude de < leurs devoirs, fi l'on ne prenoit' pas foin de les en détourner. ' Mais enfin c'eft à elles d'être en ' garde contre eux. Il ne vous elt ' pas permis de les deshonorer , fi ' elles ont eu la foibleffe de vous ' confier leur honneur. Par les1 loix de l'honneur , il faut com- ' battre armes égales. Vous ne de- ' vez donc pas faire à une femme ■ un deshonneur de fon amour," puifqu'elle ne peut jamais vous < en faire un du vôtre. . . » « Se livrer à la volupté , c'eft ■ fe dégrader : il femble que famé < du voluptueux lui foit à charge. < Pour le Jeu , il femble que ce foit « un renverfement de toutes les ■ bienféanecs : le Prince y oublie < fa dignité , Se la femme fa pu- < deur. Le gros jeu renferme tous, les défauts de la Société : on fe « donne le mot à certaines heures < pour fe ruiner & pour fe haïr; , c'eft une grande épreuve pour la 1 probité. . . » *> L'Avare ne jouît de rien. . L'argent eft un bon ferviteur , , mais un mauvais maitre. . . .La, liberalité,eft un des devoirs d'une , grande naiffance : Quand vous , faites du bien , vous ne faites que . payer une dette. » » C'eft le mérite qui doit vous ■ fepaier du peuple , Se non la di- ■ gnité. Ne regardez les avanta- < ges de la naiSance & du rang , 1 que comme des biens que la For- 1 tune vous prête, Se non comme < des diftinctions attachées à votre être. Si votre fang vous élevé au i 3o JOURNAL D » dclTus du peuple , fongez cora- » bien vous tenez au relie des » hommes. . . » » Les habiles gens n'entaflent » point les connoiffances , mais ils „ les affemblent. Faites que vos „ lectures coulent dans vos moeurs, m & que tout le profit fe tourne en „ vertu. Effayez de pénétrer les „ premiers principes des chofes, M & ne vous laiffez pas trop afier- » viraux opinions du vulgaire. . ■>• » 11 elt auffi. honnête d'être » glorieux avec foi-même, que ri- „ dicule de l'être avec les autres. . » » Ce n'eft pas trop acheter la » liberté du cœur ce de l'efprit,que *, de l'acheter par le facrifice des „ plailirs. Apprenez à vous crain- 3, dre & à vous rcfpecler. ...» » 11 ne faut pas faire fentir de •» l'éloignementpour les hommes : » ils vous échappent, dès que vous y, leur échappez. Quand on fçait « vivre avec foi-même & avec le » monde , ce font deux plailirs qui » fe foutiennent. ...» » La vanité cherche l'appro- » bation d'autrui : le témoignage m fccretde la confeience cherche à m fatisfaire le fentiment delà gloi- ■» re , qui ell en nous. Affurez-vous n de ce témoignage intérieur; vo- » tre tribunal cft en vous même. . . » 11 efl bien plus facile de nous » ajulier aux chofes , que de les *. ajulier à nous. Souvent l'appli- r» cation à chercher le remede irrite » le mal , 6c l'imagination d'intelli- »» gence avec la douleur !a forti- » fie. Il faut céder aux malheurs: » renvoyez-les à la patience , c'eit * à elle à les adoucir. *» ». Avec de grands emplois , & » des maximes vulgaires , on cit ES SÇAVANS, toujours agité : c'eit la raifon qui • ôte le fouci de l'ame , ce non pas «c les places. ..." >• Songez que le tems empor- « tera vos peines & vos plailirs, « que chaque inftant , quelque « jeune que vous foyez , vous en- K levé une partie de vous-même , « que toutes chofes entrent con- « tinucllcmcnt dans Pabimc du « pail'i , dont elles ne fortent ja- « mais. . . » Nous préfumons que le Lecteur nous fçaura gré de lui avoir fait part, de toutes ces Réflexions & Sen- tences, à la charge de nous étendre moins fur les autres Pièces. Celle qui fuit, intitulée: Mémoire desGens de Lettres célèbres de France ,p-ir M. Cuftar, a été tirée d'un .VIS. dcMM. de Sainte - Marthe confervé à la Bibliothèque de S. Magloire. Ces jugemens , ainli que ceux de Cha- pelain , dont nous avons parlé ci- devant, furent autrefois deitinés pour M. Colbert , qui perfuadé qu'un vrai Miniltre doit favorifec les progrès des Lettres li avanta- geux à un Etat , ne bornoit pasfon attention à la Finance &; aux Fi- nanciers , mais fe faifoit inlîruire exactement du nombre & des ta- lens des Gens de Lettres François & Etrangers , pour les recompen- fer félon leur mérite. Cette Lille dreflee par Coltar , ell bien plus curieufe que celle de Chapelain, étant détaillée,& accompagnée de faits. Elle fert aufli à faire connoi- tre que le Içavoir & les talens é- toient alors bien plus communs , qu'ils ne femblcnt, l'être aujour- d'hui. La Pièce fuivante efl un Mér moire pour fervir à l'Hiitoirc des J A N V I É Juifs , depuis leur arrivée en Pro- vence, jufqu'à leur entière expul- fîon, avec .quelque détail fur les Synagogues qui fubfiftent encore dans le Comtac Venaiifin. Entre plufieurs faits contenus dans ce Mémoire, nous ne rapporterons que celui-ci. Un Juif aïant mal parlé de la Sainte Vierge , fut con- damné à être écorché vif. A cette nouvelle, les Juifs d'Aix, qui é- toient en très - grand nombre , comptant fur l'affection que leur portoit le Roi René , fe jetterent à fes pies , & lui demandèrent la grâce du Criminel , en lui offrant 12000 florins. Le Prince en co- lère , leur dit , que s'il n'y avoit pas de Boureau , il en ferviroit lui- même , & qu'il ne trahiroit jamais l'honneur de la Vierge pour de l'argent. Jean de Matharon, Favori du Roi , dit enfuite à ce Prince en particulier , qu'il fçavoit un moïen de prendre la fomme offerte par les Juifs, fans que le crime de- meurât impuni. £n effet Matha- ron affura les Juifs que le Roi étoit fi irrité contre eux , qu'il avoit or- donné que quatre des principaux de la Synagogue fiuTent les Exé- cuteurs dufupplice. Plus mortifiez de ce fécond Arrêt prétendu que du premier , ils ne penferent plus à fauver le malheureux Juif, mais à fe garantir eux-mêmes de l'oppro- bre dont ils étoient menacés, & pour cela , ils offrirent 20000 flo- rins, qui furent acceptés & payés. L'heure de l'exécution arrivée , quatre Gentilshommes mafqués fi- rent écarter le Boureau , & vou- lurent eux-mêmes en foire la fon- ction barbare , pour venger l'in- jure faite à la Vierge. Ce fait eft R 1 7 2 7. 3r rapporté par Bourdigné , Auteur des Annales d' 'Anjou , par Pitton dans fon Hiftoire d'Aix , & par Bouche dans fon Hiftoire de Pro- vence. Le Roi René aimoit néan- moins beaucoup les Juifs ; parce qu'outre qu'il avoit un Juif pour Médecin , il tiroir d'eux de gran- des fommes d'argent , par les taxes qu'àl'exempie des autres Princes il leur impoloit. Les Comtes de Provence ayant pour cette raifon intérêt de les protéger , établirent un Officier, fous le ritre de Confer- fait profeffion ; & ces images » animées n'offrent pas moins à „ l'efprit dequoi lui plaire quede- „ quoi l'inltruire. Car les axem- ES SÇAVANS, pies font toujours plus de plai- «« îir à confulter que les régies; art du Czarwitz ; car tandis que e Czar étoit à Copenhague prêt à partir pour Amfterdam, le jeune rrince s'évada & fe retira à la Cour de Vienne , où il fe fia- toit de la protection de l'Empe- reur qui avoitépoufé la foeur de la Princeffe fon époufe. S. M. I. lui confeilla de fe tenir très-ca- ché & de pafler dans le Royau- me de Naples. Le Czar pendant fon féjour à Paris découvrit le lieu de la retraite de fon fils. Ayant appris qu'il étoit au Château Saint Elme à Naples, il lui en- voya deux perfonnes de fa fuite avec une Lettre pour l'exhorter à retourner en Ruffie. « Si vous m'aprehendez (lui dit-il)je vous « afiure, & je promets à Dieu& « à fon Jugement , que je ne « vous punirai pas , & que fi vous « vous foumettez à ma volonté « en m'obéiflant, &que vous re-'c veniez , je vous aimerai plus " que jamais.,, La fituation où fe trouvoit le Czarwitz, lorfque les deux Envoyés lui remirent la Lettre du Czar fon Père , lui fie prendre le parti delafoumiffion. Le lieu de fa retraite étoit décou- vert , il n'avoit pas lieu d'efpe- rer que l'Empereur voulût en fa faveur fe brouiller avec ie Czar: voici donc quelle fut fa réponfe. " J'ai reçu la gracieufe Let- " tre de V. M. par les Sieurs Toi- « ftoy & Romanzoff , par laquelle, « comme aulTi par eux de bouche, '« elle m'affure très-gracieufe- «< ment du pardon de ma fortie « fans permiffion , en cas que je " revienne. Je vous en rends gra- " ces les larmes aux yeux ; je re- « connois être indigne de toute lefquelles j'avois beaucoup d'a^ » veriion.Jene m'y fuis appliqué « qu'avec une grande négligence , »» feulement pour palTer le tems. •» Les Nanskins voïant que mon «panchant alloit uniquement à la K 1717. 39 bigotterie , à l'oilîveté , à fré- - quenter les Prêtres & les Moines, « & à boire avec eux , non-feule- « ment ils ne m'en ont pas détour- « né , mais ils ont même fait avec « plaifir comme moi. Ils m'ont de a plus en plus aliéné de mon père, « & peu à peu j'ai eu en horreur w non-feulement les affaires mili- «c taires & les autres actions démon « père , mais fa perfonne même. « .... A mon retour auprès de « mon père , revenant des Païs « étrangers à Petersbourg , il me « fit un accueil gracieux. 11 me de- « manda entr'autres chofes, fi je h n'avois pas oublié ce que j'avois « appris; je lui répondis que non. « Il m'ordonna de lui apporter «c mes Ouvrages de deffein: Je n craignis qu'il ne me voulût faire m defhner en fa préfence , parce « que je nefçavoisrkn; je fongeai w à me gâter la main droite. Je « chargeai un pifîolet d'une baie > <« & le prenant de la main gauche , «c je tirai dans la paume de la droite « pour la percer. La baie manqua « la main ; mais la poudre la brûla « allez pour ne pouvoir point def- « finer. ^ Le 24 de Juin de cette même année 1 7 1 S , les CommifTaires nommés pour juger l'infortuné Alexis, au nombre de 124, fi- gnerent l'Arrêt de fa mort. On voie ici cet Arrêt tout au long , lequel contient tous les crimes imputés au Czarwitz, & les motifs de fa condamnation , dont le principal ehVqu'il avoit celé fes pernicieux» deifeins, & beaucoup de per-« fonnes qui avoient été d'intelli- « gence avec lui , ayant en vue de « fe réferver des moyens pour l'a- « 4» JOURNAL D par-là il s'étoit s» rendu indigne du pardon pro- :» mis. w Le Czar, dit l'Auteur , fansdécla- i fcroir grâce ou non , voulut que l'Arrêt fut lu à (on fils. .Mais ce -Prince ne put s'entendre condam- ner à là mort, fans s'abandonner à toutes les imprelhons que l'horreur d'un pareil Tort put taire fur lui. •Il tomba dans une létargie convul- five. Kntin il reprit les efpfits 5c af- fez de force pour témoigner un vif repentir de fa conduite paûee,ôc en demander pardon à fon père. Cependant l'idée feule de la mort funefte & tragique , à laquelle il fe voyoit condamné, le fit mourir réellement, félon notre Hillorien. Mais fuppofons, ajoute-t'il , qu'il ait été empoifonné , n'auroit-ce pas'été de la part du Czar un a&e de clémence, d'avoir épargné à fon fils coupable l'horreur du fup- plice? L'Auteur déclare néan- moins qu'il n'entreprend point de juftifierle Czar au fujet de la con- duite qu'il tint à l'égard du Czar- vitz. 11 fe contente de nous pein- dre le malheureux Alexis, comme un Prince efféminé, lâche , enne- mi du travail,comme un efprit mal- fait,fans inclination pour la vertu & pour la gloire , craignant & haïf- fant fon père, murmurant fans ceife , & formant des projets con- tre lui. Tous ceux qui étoient entrés dans les complots du Czar\ri:z lu- rent punis de mort ou d'exil. La Czaritze mère d'Alexis déjà dif- graciée , étant convaincue d'avoir eu connoifTance des projets du Prince fon fils , fut transférée dans un autre Couvent, <5c la Princeffe ES SÇAVAN5, Marie, foeurdu Czar, fut pour la même raifon renfermée dans le Château de Sleutelbourg. Le Congrès d'Ahlandt , où fut concerté entre le Baron de Gortz &c le Confeiller Ofierman le plan de la paix entre le Czar & le Roi de Suéde , & le deflein de remettre incelfamment le Roi Stam/las fur le Trône' de Pologne ; le fataLSié- ge de fi-ederickshall, Ville de Nort- "W'erge, lituée à l'embouchure du Glammen , où le Roi de Suéde Charles Xll fut tué dans la Tran- chée d'un coup de Fauconneau qui le frappa à la tête; (trille éve« nement qui déconcerta tous les projets du Czar en faveur du Roi Staniilas, & livra le Baron de Gortz principal Miniftredu Roi de Sué- de au relfentiment de fes ennemis , qui lui firent couper la tête fur un échafraut;) l'irruption des Ruf- Gens dans la Suéde fous les ordres du Général Apraxin; l'arrivée de l'Efcadre Angloife dans la mec Baltique fous la conduite de l'A- miral Noris, la retraite de la Plote Rulliennejlamortdu jeune Czar- witz Pierre frère d'Alexis, fils unique de la Czaritze aujourd'hui régnante, &pluiieurs autres faits rempliflent le refte de ce volume. Nous en rapporterons ici quel- ques-uns des principaux. Areskin , Lcoflbis de nation , premier Médecin du Czar étant mort , S. M. fit porter fon corps d'sllonitz. à Pcursbourg , & voulut qu'on lui fit de magnifiques funé- railles. La Rufiie a de grandes obli- gations à ce Médecin , & lui efl redevable de cette riche Apoti- cairerie Impériale, dont les t lot- ies Armées de Ruffie tirent tant J AN VIE tant de fecours ; fur la fin de fes jours il fut foupçonné d'être le ca- nal d'une certaine correfpondan- ce en faveur du Prétendant , parce qu'il étoit parent, dit- on, du Com- te de Marr, & que le Baron de Gortz avoit jette les yeux fur lui pour faire réuilir fes deiTeins con- tre l'Angleterre. Le Czar voulut former une Chambre de Juftice à l'exemple de celle que le Duc d'Orléans avoit établie au commencement delà Régence. Ce Tribunal fit fes recherches avec beaucoup d'exac- titude ;& entre les coupables, le Public vit avec éronnement le Prince Afenticoff, Dolgorttki l'an- cien, le Grand-Amiral Apraxin, & le Prince Gagarin. Ils furent mis aux arrêts : quelques-uns furent punis par la perte de leurs Emplois, il en coûta mêmeia vie à Gagarin. Mais pour Aîenzicoff, le Czar lui pardonna , en vertu de la pro- meife qu'il lui avoit faite autrefois de ne jamais le difgracier. En i 7 ic) le Czar fit commen- cer le nouveau Canal du Lac La- doga , depuis la folhovva le long du Lac, jufqu'à la Neva près de Sleutelbourg; ouvrage qui joint la mer Baltique, ou pour mieux dire, l'Océan avec la mer Cafpien- ne , & qui donne la facilité de tranfporter des marchandifes d'An- gleterre & de Hollande en Perfe , fans être obligé de doubler le Cap de Bonne-Efpérance , ni de palTer la Ligne. En 1720 le Czar prit fous fa prote&ion le Duc de Holfîein. Ce Prince fils de la foeur aînée du feu Roi de Suéde Charles XII , prétendoit que la Couronne lui Janvier. R 1 7 i 7. 41 appartenoit préferablement à la Princeffe Viviane , qui n'étoit que la cadette. Mais ( dit notre Auteur) outre une Loi qui le privoit de tout droit , parce que la PrincefTe fa mère avoit époufé un Prince étranger , les Etats de Suéde ayant aboli la Souveraineté, & étant rentrés dans leur ancien droit d'élire leurs Rois, le droit héré- ditaire étoit aboli. Il elt vrai (ajoute- t-il) que les Etats avoient toujours eu égard au fangde leurs Rois ; mais c'étoit toujours par éle- ction , & non par droit de fuccef- fion qu'ils tenoient la Couronne. En 1 72 1 le Czar publia une Or- donnance pour transférer la plui grande partie du Commerce à'Ar~ ebangel à Peter sbonrg , c'eft-à-dire , les fuifs, les chanvres, les gou- drons, les cuirs, &c. Ce Règle- ment fut fuivi d'un autre un peu différent, qui concernoit la tra- duction & l'impreffion de la Bible en langue Ruffienne. Le Czar l'ayant donc fait imprimer à Am- flerdam , ordonna qu'elle feroil vendue au Peuple à bas prix, & qu'il feroit enjoint à chaque père de famille d'en avoir au moins un exemplaire. Ce fut aulTi cette année que S. M. prit le titre d'Empereur ; titre qui lui a été accordé par quelques ruiffances, mais qui lui a été re- fufé par d'autres. Tout le monde fçait la pan que le Czar a prife aux troubles de la Perfe , fes conquêtes fur les bords de la mer Calpicnne , & les fecours généreux qu'il a donnés au Sophi contre le rebelle Miry- Weys. On trouve ici en détailla Relation de cette guerre. 4i JOURNAL D Le jour des Rois de l'année 172J Pierrc-le-Grand fut atta- qué d'un Catarc auquel il n'y eut pas de remède, & qui l'emporta après 1 2 jours de maladie. Il avoic marié depuis quelque tems fa fille ainéeslriae Petrowna, au Duc de Holftein. Son Trône eft aujour- d'hui occupé, comme l'on fçait, ES SÇAVANS, par la Czaritze Catherine. L'Auteur promet encore deux autres volumes , qui contiendr ont, l'un une defeription de la Ru lie , de fes Provinces , de fon gouver-. nement; & l'autre une Hilloire métallique du Czar,où l'on rafiem- blera toutes les Médailles frappées à fon occalion. EXPLICATION LITTERALE , HISTORIQUE & Dogmatique des Prières & des Cérémonies de la Ateffe , avec des Dijfertations Hiftoriaues & Dogmatiques fur les Liturgies de toutes les Eglifes du monde Chrétien. Par le R. P. Pierre le Brun Prêtre de l'O* ratoire. Tome. IV. A Paris, chez la Veuve de Florentin deLaulne, rue Saint Jacques , à l'Empereur. CE volume contient les trois dernières Differtations , qui font la treizième , la quatorzième & la quinzième. Dans la treiziè- me on expofe les Liturgies des nouveaux Sectaires. La quator- zième fait voir en quelles langues toutes les Eglifes Chrétiennes ont célébré jufqu'à prefent la Litur- gie. La quinzième eft un exa- men de la tradition fur le filen- cc des Prières delà MclTe. L'Au- teur qui dans les douze premiè- res a montré que Feffentiel du Sacrifice de la Méfie fe trouve uniformément chez tous les Chré- tiens , excepté les Sectaires des derniers fiédes , expofe ici combien les Novateurs fe font éloignés de cette uniformité 6c combat ceux qui refpeclant l'ef- fcntiel du Sacrifice, n'ont pas craint d'abandonner en des points moins conliderables la pratique Confiante des Eglifes. Nous donnerons deux extraits de ce dernier volume , comme nous avons fait des autres; afin que ceux qui ne peuvent lire l'ou- vrage , ne laiifent pas d'être inf- truits fur des matières li belles , lï importantes , & li bien traitées. Treizième Dissertation. Uniformité des Liturgies de toutes les Eglifes Chrétiennes dans ce qu'il y a d'ejfentiel auSacri^ce, aban- donnée par les Sectaires du XfrI. Jîécle. Les nouveaux Sectaires fe font fait une Liturgie chacun à fa mo- de & conformément à fon erreur particulière. Le Père le Brun ex- pofe celle des trois principales Sectes , c'eft-à-dire , des Luthé- riens , des Calviniftes & des An- glicans. Lurher eft le premier des Sec- taires qui ait attaqué & aboli le Canon de la Melfe. Vaincu par le 'Diable dans une difpute qu'il dit avoir eue avec lui fur ce fu. jet,i! profita des inftructionsd'unr fi habile maître, 5c publia en 1 y 2 5 une formule de la Méfie & de la Communion pour l'Eglife JANVI de "Vittemberg. M. Sekcndorf 6c quelques autres Luthériens ont .prétendu que cette conférence étoit une invention des ennemis de Luther ; mais le Père le Brun répond qu'ils ont tort de vouloir retrancher de la vie de l'Auteur de leur réforme un événement qu'il a lui-même publié. Luther ayant donc appris du Diable combien la Meffe étoit pleine d'erreurs & de fuperfti- tions, compofa une nouvelle Li- turgie : il retrancha l'Offertoire comme une abomination ; il mit les paroles de l'inftitution de4'£u- chariftie immédiatement après la Préface ; il fuprima la Prière de l'Invocation &lerefte du Canon; il laiffa la liberté fur certains Ri- tes, &par ce ménagement il don- na lieu à plufieurs variations qui ont divifé les Luthériens. Par exemple , on élevoit l'Hoftie dans certaines Eglifes Luthériennes , & dans d'autres on ne l'élevoit pas. Ce Rite a excité de grands troubles dans les Eglifes Protef- rantes. Luther déclara que s'il le fuprimoit , ou s'il ne le fuprimoit pas, on n'en devoir pas inférer qu'il ne croyoit plus la préfence réelle. En effet il a toujours con- fervé ce dogme , & toutes fes erreurs fur l'Euchariftiefe rédui- fent à dire , qu'elle n'eft point un oblation & un facrifice , que Jefus-Chriit n'y eft réellement pref. nt que lorfqu'on la reçoit, que le pain y relte toujours , & qu'il cil uni avec Jefus-Chrift d'une union à qui les Catholi- ques & quelques Proteftans ont donné le nom d'irapanation & de confubftantiauon , & queplu- ER. 1717. 4} fieurs Luthériens nomment Am- plement concomitance & union iàcramentelle. Zuingle & Calvin composè- rent chacun une Liturgie très- courte & fort différente de celle de Luther, puifqu'ils n'y laiffé- renr d'autres veftiges de la Litur- gie Catholique, que les paroles de l'inftitution de la Cène. "Et " véritablement , dit le Père le " Brun, il étoit bien naturel qu'en" abandonnant l'ancienne créan- u ce de l'Egiife , on en abandon- '* nât les prières & le langage." Zuingle aidé par un efprit , dont il ne pouvoit affurer s'il étoit blane on >mr , combattit la réalité , per- fuada aux Magiftrats de Zurich que Jefus-Chriit n'étoit dans i'Eu- chariftie qu'en figure , & leur in- ftitua en 1 5^25 une nouvelle Li- turgie. Peu d'années après Cal- vin en compofa à Genève une au- tre à peu près femblable. Le Pè- re le Brun fait la defeription de la Liturgie de Zuingle , & donne celle de Calvin toute entière , & telle qu'il la fit imprimer à Genè- ve un an avant fa mort. Les Anglois furent au commen- cement de leur réformation plus modérés que les autres Seâaires. Le Père le Brun donne une his- toire fort exafte, quoique abré- gée , de cette réformatiou & des variations de l'Egiife Angli- cane fur le fujet de l'Euchariftie. 11 la tire toute entière de Burnet, de Larrey, de Thoyras , Auteurs non fufpefts aux Proteflans. Henri VIII, qui commença le Schifme , ne permit point qu'on changeât la Liturgie. Au con- traire il fit arrêter par le Parle- Eij 44 JOURNAL D ment fix articles pour conferver le dogme de la préfence réelle, & l'ancienne difeipline de l'Egli- fe fur la Communion fous les deux efpéces, fur le Célibat des Prêtres, furie Vœu de chalteté, fur les Méfies particulières, & fur l'utilité de la Confefiion auricu- laire. Après la mort d'Henri V 111, le Parlement cafia ces fix articles, laifia une liberté entière fur la Confefiion , & ordonna qu'on communieroit fous les deux ef- péces, excepté en cas de nécef- fïté. On nomma des Commifiai- res pour travailler à la réforme générale des Offices; on convint de garder le furplis & les autres ornemens, de conferver l'ufage du pain azime , de retenir le li- gne de la Croix dans Tadminiftra- tion du Batême, de la Confirma- tion,de l'Euchariltie,& de célébrer l'Office en langue vulgaire; on ordonna aux Prêtres de mettre eux-mêmes l'Euchariffie dans la bouche des Communians , & on leur permit de fe marier. Cran- mer Archevêque de Cantorberi PrélatSacramentaire dans le cœur, & fortpuifiant fous le régne d'E- douard VI, éroit le principal au- teur de ces Réglemens. LesCommiflaires nommés pour la réforme des Offices , compo- férent un ouvrage qui a pour ti- tre : Livre des Prières publiques de Vadminiflration des Sacremens & tunes Rites & Cérémonies d' Angle- terre. Le Parlement après l'avoir examiné, l'aprou va Se ordonna en i J49 qu'on s'en ferviroit par tout, à compter du jour de la Pente- côte de cette année. Cette Li- turgie elt devenue très-rare. On ES SÇAVANS, y trouve l'Introïte, le Kyrie eleifou, le Gloria in excelfis , la Colleâe, l'Epkre, l'Evangile , le Symbole, l'Olfertoire , la Préface; des Priè- res pour le Roi, les Evêques, les Palteurs , les Curez , & toute l'afiemblée. Après ces Oraifons on remercie Dieu des vertus qu'il a fait éclater dans les Saints ; on lui demande la grâce de les imi- ter ; on prie enfuite pour les morts, «Se on demande le chan- gement du pain & du vin par une Prière dont voici les derniè- res paroles : Ecoutez-nous Père de mifericorde , nous vous en fuplions, daignez. par votre Saint Efprit & par la parole bour & [.unifier ces dons & ces créatures de pain er de vin , afin qu'elles nous foient le Coips & le Sang de votre Fils bien- aimé Jefns-Chrift. Cette Prière e(t ter- minée par les paroles de i'inili- tution de l'Euchariltie. Après quelques autres Prières , dont la dernière efl: l'Oraifon Dominica- le, le Prêtre fouhaite la paix aux afiiftans; il invite ceux qui doi- vent communier à s'aprocher , il leur fouhaite la rémifiion de leurs péchés qu'ils confeflerçt en ter- mes généraux; il leur rapelle ces paroles de Jefus-Chrift: Venez, tous àmoi , &~c. il fait une Prière à ge- noux , reçoit la Communion & la donne aux autres; s'il y a un Diacre ou autre Prêtre , il donne le Sacrement du Sang, Les Clercs chantent, Agneau de Dieu,&c. pendant la Communion. On die enfuite la Poltcommunion. Le iPrêtre fait une Prière pour remer- cier Dieu, & donne la bénédic- tion au Peupb. Calvin, Buccr & leurs amis JANVI ne furent pascontens de cette Li- turgie qu'ils trouvoient trop con- forme aux anciennes. On eut é- gard à leurs plaintes, quoique le Parlement eût déclaré en i y 4.8, qu'elle avoit été faite avec l'af- uftance du Saint Efprit : on n'eut aucun fcrupule en 1 f jo de tra- vailler à la réformer: on drelTa un nouvel ordre , on n'y parla point d'ornemens ni d'autel , on retran- cha les Introïtes, le Kyrie eleifon, le Gloria in excelfïs, le Dominns vo- bifeum ; on mit à la place les dix Commandemens de Dieu , après lefquels le Prêtre récite l'Epître & l'Evangile & fait le Sermon. Il prie enfuite pourl'Eglife militan- te , ou fait la confellion générale qui eft fuivie de Pabfolution & des paroles de confolation. Le refte de la Liturgie contient la Préface & deux Prières , dont la dernière répond au Canon, renferme les paroles de l'inftitution de l'Eu- chariir.ie,& n'exprime aucun chan- gement. Après cette Oraifon l'on communie, le Miniftre récite l'O- raifon Dominicale & une Prière d'adtion de grâces; on chante le Gloria in excelfïs ; & le Prêtre don- ne la bénédiction au Peuple: on fuprime le ligne de la Croix dans cette Liturgie, &l'ufage en cft réfetvé pour le Sacrement de Ba- tème ; on permet defe fervir de pain levé , pourvu qu'il foit de froment; & on déclare que fi l'on reçoit la Communion à genoux, cen'eftpas pour déférer aucune adoration au pain & au vin du Sa- crement qui font reçus corpo- rellement, ou à aucune prefence corporelle de la chair & du fang de Jefus-Chrift. ER 1717. 4j Le Parlement autorifa cette Li- turgie, ocelle fut en ufage juf- qu'à la mort d'Edouard VI. Ma- rie fa fœur qui lui fucceda , réta- blit la Liturgie Catholique. Eli- zabeth,qui monta fur le Trône après Marie, renouvella l'ufage de la féconde Liturgie d'Edouard, après y avoir fait faire quelques changemens. Elle ordonna qu'on fe ferviroit d'ornemens , & dé- fendit aux Théologiens de cen- furer le dogme de la préfenec réelle. C'eit pourquoi on retran- cha de la Liturgie la Rubrique qui expliquoit dans quelle vue on fe mettoit à genoux pour rece- voir la Communion. Charles II. rétablit cette Rubrique & fit quel- ques autres changemens peu con- hderables. Cependant quelque* perfonnes crurent que la Litur- gie ainfi changée alloit être ap- prouvée de tout le monde. L'Au- teur de l'édition Latine de cette Liturgie dit en la prefentant,que les Papilles ne pouvoient rien fouhaiter de mieux, & que les Sec- taires n'y pouvoient rien trouver à redire. " Voilà;dit le P. le Brun, M un fingulier fecret pour former " dans une Eglife une rare uni- « formité d; croyance , quelque " dogme opolé qu'on y enfeigne. {* Loin que les Catholiques ayent ct pu aprouver cette Liturgie , il « y a même plufieurs Epifcopaux " d'Angleterre qui n'en font pas " fatisfaits, 5c qui fe font crus obli- " gésd'en compofer d'autres plus c« conformes aux Liturgies Ca- «' tholiques. „ Ce font ceux qu'où appelle les Primitifs. Quoiqu'il y ait eu, & qu'il y ait en- core de grandes difputesparmile* A6 JOURNAL DES SÇAVANS, Ingloi utdelaLiturgie, mes qui exprimoicnt le Sacrifice cette matière a caufé bien plus d'é- motion parmi les Ecoffois.Les No- vateurs le répandirent en Ecoffe fous le règne de Jacques V; mais ils firent peu de progrès. La foibleffe du règne de Marie , qui n'avoit que 7 jours lorfqu'ellc fucceda à Jac- ques V fon père , leur fut tres-favo- rable. Us introduisirent alors en Ecoffe une Liturgie Calvinifte , dreflée par Jean Knox , à laquelle pourtant tous les Minières Puri- tains ne crurent pas devoir s'affu- jetir.Pluficurs fe piquèrent d'y faire des changemens , fous prétexte de iuivre le plus pur Evangile , ce qui leur donna le nom de Puritains. Jacques \ I , (premier d'Angle- terre ) Chaule I , & Charle 1 1 tâ- chèrent en vain d'établir l'unifor- mité de croyance dans]le Royaume d'Angleterre. Charles I enjoignit aux Ëvêques de compofer une Li- turgie. Us en firent une , & la ti- rèrent des deux Liturgies d'E-. douard , fe conformant néanmoins beaucoup plus à la première qu'à la féconde. Les Puritains d'Ecoffe fe fouleverent contre ce nouvel ordre de célébrer la Cène. Ce qui leschoquoit principalement, c'é- toit la prière de la Confecration , & celle qui la fuivoit immédiate- ment. Us lifoient dans la prière de la Confecration ces paroles , qui ne fe trouvent point dans la Litur- gie Angloife : Exauce-nous Père ?»*'- fèricordieux , & dt ta bonté infinie c at'ifi bénir & fianUifier par ta parole ces tiens dons & créatures du pain & du vin , afin qu'ils nous Jotent le corps & le fang d: 10:1 lils bien-aimé. La prière qu< fuivoit la Confecration écoit pleine deter- Les Puritains empêchèrent qu'on ne lé fervit de cette Liturgie , quoi- qu'elle eût été approuvée par un Synode en 1 6 3 4. , èc dreflérent un Directoire qui ne contenoit que des règles générales, fur lesquelles les Miniftrcs dévoient former les prières & les exhortations , leur laiffant le choix des paroles. Le Parlement approuva le Directoire, & fit furcefujetune Ordonnance : le Roi ne la voulut point autorifer, & défendit de fe fervir du Direc- toire. De là vinrent ces grands troubles , qui coûtèrent la vie à tant de perfonnes , & au Roi mê- me. Les difputes fur la Liturgie continuèrent jufqu'à ce que le Roi Charle 1 1 la fit revoir & retou- cher, pour l'autorifcr, de la ma- nière qu'elle a été imprimée en 1662 , mais les tcoffois n'ont point voulu s'y affujetir. Chaque Miniftre qui célèbre la Cène , fait fat le champ les prières qu'il veut. Il faut excepter ceux qui fe con- forment aux principaux Miniltrés, Surintendans , ou l.vèques; car ils Suivent l'Ordinal & la Liturgie d'Angleterre. y On vient de voir ( dit le P. « le Brun page 1 23 ) beaucoup « de troubles 8c de difputes à •« l'occafion de la Liturgie en An- « gleterre & en Ecoffe ; & nous en « allons voir de fort considérables •« en Suéde , où l'on fentir , com- « me ailleurs, le tort qu'on avoit « eu de s'éloigner fi fort de l'anti- « quité dans un point auffi effen- « tiel que celui de la Liturgie. On « en fit un aveu public en Suéde « à la tête d'une Liturgie, qui eft « trop rare «5c trop particulière , « «pour ne lapas mettre ici.» Les Luthériens font venus à bout d'en fupprimer les exemplaires de telle manière , qu'on n'en a connu au- cun à Paris avant celui que M. le Cardinal de Rohan a acheté pour fa Bibliothèque. Pour faire voir comment cette Liturgie ûnguliere s'eft introduite en Suéde , il n'eft pas inutile de remonter ici avec notre Auteur jufqu'à l'origine du Lutheranifme en ce Pays. La Suéde fut après la Saxe le premier ;Pays imbu du Luthera- nifme. Deux frères Suédois , Lau- rent & Olaus Pétri, qui avoient étudié à Vittemberg fous Luther, y publièrent fes écrits 6c fes dif- cours. Guftave, qui regnoit alors en ce Pays , dont il avoir chaffé les Danois , & qui voïoit fon Roïau- me épuifé d'argent , reçut 6c fit re- cevoir volontiers la nouvelle doc- trine , qui lui fervit de prétexte pour s'emparer des biens Ecclé- fiaftiques. Eric , fils de Guftave , laiîTa la Réforme dans l'état où elle avoit été fous le règne de fon père j mais Jean , autre fils de Guftave, ne fut pas plutôt monté fur le Trône, qu'il réfolut de rétablir , s'il pou- voir, la Religion Catholique dans fes Etats. Il fitfaire plulieurs chan- gemens favorables a ce deffein ; il affembla en i y 74 les Evêques & quelques Curez. 11 leur fit un grand Jifcours pour leur prouver qu'on avoit pouffé la réforme trop loin ; qu'on avoit , par exemple fi fort changé l'ordre de la MefTe , qu'il y avoit entre la Liturgie Suedoifc 6c les anciennes Liturgies une diffé- rence aufïï grande que celle du jour 6* de la nuit. JANVIER. 1717 47 Ce'difcours perfuada le Clergé. On changea l'ordre de la Méfie; c'efl ainfi que le Roi préparoit lei efprits à recevoir la Religion Ca- tholique. Elle fut effjdivement ré- tablie au moins en partie , 6c ce ré- tabliffement commença par une nouvelle correction de l'ordre de la MefTe. Jean Herbert , Prédica- teur de la Reine , 6c Catholique déclaré , Laurent Nicolai Norvé- gien , qui étoit venu en Suéde avec quelques Jefuites déguifez en Prêtres Suédois j. Fectenius Se- crétaire du Roi , ôc plufieurs au- tres, compoferent cette Liturgie finguliere, que le P. le Brun a inférée toute entière dans fon Ou- vrage. Ils n'oferent pas y mettre l'invocation des Saints , les prières pour les morts, la mémoire du Pape , 6c les Signes de Croix. Dans le Canon Te igititr clementijfime Pa- ter, avant les paroles de l'Inftitu- tion de i'Euchariftie , au lieu de mettre , comme dans notre Litur- gie Latine, Vt fiât Corpus & Sari- guis , ils mirent Benedic & fanElifi- ca Spiritns fanai -jirtute propojita , & facro ufui dejîinata panem & vi- num , ut in vero uftt nobis fint Corpus & Sangais, pour s'accommoder fans douce en quelque façon au langage des Luthenrns. On lit au commencement de la ;ie des prières pour fervir de préparation, 6c d'autres qu'on de- voir dire en s'habillant. Après ces prières on trouve l'Introïce , la MefTe des Catecuménes, un Ca- non plus long 6c un autre plus court , des Préfaces 6c. des prières propres au tems, après quoi il confidere le Globe terreftre , fçavoir , fa figure , fa groifeur , fon mouvement, fa û- tuation ; les terres , les mers & tout ce qui fe trouve , tant au dedans de la terre , qu'à fa fuperficie. Quant à ce dernier article , les animaux fournirent à notre Au- teur un grand nombre de réfle- xions , il palfe en revue les cinq fens & les organes qui y fervent , il parle de la refpiration , du mou- vement des animaux , de leur flru- cture, de leurs dilTérentes habita- tions , de leur nourriture , de leurindultrie à fe défendre , & de la propagation de leur efpéce. Ce qui concerne l'homme fait ici le lujet de pluûeurs chapitres. M. J A NVIE Deiham commence par Pâme , & après avoir fçavamment difcouru fur tout ce que la raifon humaine a été capable d'inventer dans les Arts , il examine le corps humain , puis il vient aux quadrupèdes, aux oifeaux , aux infectes , aux reptiles , qu'il diftingue tous des Jnfedes , aux animaux aquatiques , dont, il ne dit qu'un mot, & enfin aux plantes, car il ne parle point des Cieux. Il finit en faifant voirqu'a- prèi ce qu'il a expofé des mer- veilles de la nature, il faut con- clurre i°. que les œuvres de Dieu font grandes & admirables ; 2°. que l'on doit les méditer fans ceffe; 3°. que ces oeuvres paroiflent clai- rement aux yeux de tous, & qu'ain- Ci l'infidélité eft fans excufe ; 4". que les œuvres de la création doi- vent exciter les hommes à craindre & à aimer celui qui les a faites. 50. que cette obligation eft un de- voir de reconnoiflance ; 6°. qu'il faut s'en acquitter particulière- ment le jour du Sabbat ou de Di- manche. En général , cette Théologie Phylique eft une démonftration perpétuelle de 1 exiftence deDieu. On y fait voir dans toutes les parties de l'Univers , à l'excep- tion des Cieux dont l'Auteur n'a point encore entrepris de parler, une fin propofée , un but ; en forte qu'en admettant une fois cette fin, ce but, il eft impofli- ble de ne pas admettre une in- telligence; nulle fin; ne pouvant être fupofée qu'on ne fupofe une intelligence : or iuôt qu'on ad- met ici une intelligence, il eft impolïible de ne la pas recon» noitre fuprémé & infinie, lesou- R. 1 7 % 7. 51 vrages qui en font les produc- tions , paflant tout ce que l'efprit humain eft capable de compren- dre , & étant eux-mêmes infinis par raport à leur excellence. Nous ne prétendons pas dire pour cela , que les preuves em- ployées par notre Auteur , foient toutes , fans exception, autant de démonftrations ; il y en a qui ne peuvent être regardées que com- me des conje&ures , telles font, par exemple , les preuves qu'il tire de la figure du corps humain, lorfqu'il dit que cette figure eft la plus commode de toutes pour un animal tel que l'homme , la plus conforme à fesmouvemens, à fon travail , & à toutes les oc- cafions où il peut fe trouver: que fi l'homme eut été un rep- tile doué de raifon , il n'auroit pu fe tranfporter affez vite d'un lieu à un autre pour fes affaires ; que s'il eût été quadrupède , il au- roit perdu entre autres chofes, l'ufage de fes mains , qui font , dit-il, les organes les plus nobles 6c les plus utiles de fon corps: que s'il eût étéoifeau, outre un grand nombre d'inconveniens. celui de voler n'auroit pas été le moindre ; qu'enfin toute autre figure que celle que lui a don- née le Créateur , ou lui auroic caufé de grandes incommodi- tés , ou l'auroit rendu moins fe- conrablt , ou lui auroit donné le pouvoir de faire plus de mal, ou l'auroit privé de mille avan- tages, de mille plaifirs , de mille commodités, dont la figure qu'il a le met en état de jouir : que fi le Créateur a fait voir un ex- cellent delTein dans la figure d» Gij 52 JOURNAL "D de l'homme, il n'en a pas montré un moins fage dans la qu'il a donnée à ce même corps; que fi c'eût été une taille rmée , ou de Géant, l'une éc l'autre auroit beaucoup nui à l'homme; la première en le ren- dant trop chetif, 6: trop peuref- pechblc pour un fouverain Alaitre des Créatures inférieures, lefquel- les il n'auroit pu gouverner comme il faut ; outre qu'elle l'auroit ex- pofé aux attaques de plufieurs animaux, elle l'auroit mis en dan- ger d'être foulé par les grands animaux, d'être écrafé fur les che- mins, OU jette dans les ordures, qu'il n'auroit pas eu affezde for- ce pour le travail & pour porter des fardeaux; qu'en un mot, il auroit été hors d'état de vacquet aux principales occupations de la vie : que fi d'un autre côté l'homme avoit eu une force xnonttrueufe , une taille énorme & gigantefque, il fe feroit rendu lui-même un tyran dangereux & redoutable dans le monde; qu'à la vérité on auroit pu forger des ferrures affez fortes , conllruire licat , je me contenterai de dire „ hiftoriquement , que l'autorité -» EcciefiailLjue & l'autorité Sé- « culiere ont concouru à con- ■» damner les Lettres Provincia- w les comme un libelle dilfama- ■» toire : qu'après une longue « fuite d'années de filcnce , de la ». part du corps attaqué, l'Ulultre 'janvier. K 1717- 57 Père Daniel a répondu â l'ou- « vrage de Pafcal dans les entre- « tiens de Cléandre & d'Eudoxe, « avec cet air de netteté , de pré- «- cifion & de folidité , qui ca- « ra&érife tous fes Ouvrages; que « le grand grief qu'on reproche « à Pafcal, elt un deffaut de fidé- « lité dans les partages cités, & « de droiture dans leur explica- « tion. Qu'au furplus depuis la« réponfe du Père Daniel, il a « paru une Apologie des Lettres^ Provinciales , & que cette Apo- « logie eft attribuée à un Béné- « diftin de la Congrégation de « Saint Vannes , nommé Dom « Petit-Didier, » M. Dupont Bertris parle enfui- te des penfées de Pafcal , de cet ouvrage, qui tout imparfait qu'il elt, combat fi bien les Athées , «5c où l'on met dans un fi beau jour cette penfée d'Arnobe , que s'il y a un Dieu , on pert infiniment à croire qu'il n'y en a point , au lieu que s'il n'y en a point on ne pert rien à croire qu'il y en a un. La vie que mena M. Pafcal, étant retiré à Port-Royal , fait ici un article particulier ; l'Au- teur obierve qu'on pouvoir lui dire & lui faire tout ce qu'on vouloit , fans qu'il en marquâc jamais le moindre reffentiment, que l'inftrument le plus ordinaire de fes macérations étoit une cein- ture de fer garnie de pointes qui lui entroient bien avant dans la chair; que dans les quatre der- nières années de fa vie , fes in- firmités l'ayant mis hors d'état de travailler, fon occupation étoit d'aller viliter les Eghfes. On finit par une remarque afllz H 53 JOURNAL DE connue, fur l'humilité de M.Paf- cal ; on dit que fa profonde mo- deltie lui faifoit trouver de la va- nité à fefervir du terme de Je & de moi, & qu'il fubltituoit en place le mot de on, comme plus mo- delte : qu'il avoit coutume dédire que la pieté Chrétienne anéan- tiiToitle moi 'humain, . ) Al. I Jacquet promet de donner bientôt le Traité du Jau- ^eaçe de la Marine. DE PARIS. PilTot a imprimé depuis peu les Négociations de Banque , con- tenant l'analife du titre de fin , poids & valeur des Efpéccs d'or & d'argent, tant anciennes due courantes dans les Etats des Princes & Républiques, avec une explication de celles des Princes, Comtes , Barons & Villes libres du Saint Empire , auffi bien que des Fiefs de l'Empire en Italie; l'explication des Changes Etran- gers par le titre de fin , poids Se valeur des Efpéces réelles avec la valeur relative des Efpéces de Change entre elles ; la méthode facile d'opérer lesconverfionsdes Efpéces d'un Royaume en celles d'un autre , fuivant le cours des Changes; l'explication analytique des négociations qui fe font fur les places de Banque , avec la Méthode facile d'en faire lesope- rations&d'en concevoir l'intrigue, fans le fecours des Maîtres ; ou- vrage enrichi des répréfentations des Monnoies d'or 5c d'argent de 1 Europe, gravées en taille-douce. Cet ouvrage elt de M. Eftienne Damoreau Négociant. Le premier volume des Mé- moires pour fervir kl' Hi foire des Hommes Illuflres dans la Républi- que dis Lettres , &c. eft en vente chez BriaiTon , qui nous en pro- met un fécond volume dans le mois de Mars prochain , c'eft une compilation. Le même Libraire vient de publiée Jof. Antelmti optts Pofthn- vttim, id eft AJfertio pro unico S'° ES SÇAVANS, Eucherio Lugdunenfi Epifcopo, cui àcccdit Conctlmm Regienfe fubRofta- mo anni AI. CC. LXXXr. Nunc primumprodit cum nous C.Antelmii Ep. Graffcji/ts deftg. 4.0. Il paroit ici une nouvelle édi- tion de F 'Hiftoire d'Angleterre de feu M. de RapinToyras en S vol. tn-^- augmentée d'uneTable des Matières pour chaque volume ; on y a joint une dilTertation du même Auteur fur les Wigts & les Torys , déjà imprimée féparé- ment ; cette édition a été faite à Trévoux. L'Efprit de Saint François de Sales È-.-iqf.c & Prince de Genève, recueilli de divers Ecrits de M. Jean- Pierre Camus Evéque du Bel- lay , Onvraac très-utile a tontes for- tes de per fonnes. S'\ A Paris chez Eftienne. Chaubert a reçu depuis peu de Hollande les Livres luivans. Théologie Pbyfique oit Démonftra- tîon de l'exiftence & des attributs de Dieu tiret des Merveilles de la nature. 8°. Mémoires poiti fervir à l'Hiftoi- re de Pierre te Grand Empereur dt Rujfie , 4. vol. in- 12. On trouvera inceffament chez le même, Nouveau Syftc'me du Ali- crocofme ou Traite de la nature de l Homme, in 8°. Hiftoire G é ni logique des Tatars* in- 12. La Vie de François-Eudes de Aie - zxray. in- 1 2 , &c. Livres nouvellement reçus des Pays étrangers , par Guillaume Cavelier fils. Boerhave ( Herman. ) Met ho dus difeendi Aledicinam. 8°. Amftelt- d.rrtti 1726. J AN VIE Che'm&i ' (Georg.)Traclattts de in- frmorum fanitate tuenda , vitaque producenda , libro ejujdem argumen- ts Anglicè edïto longe auclior & li- matior. S°. Londini 1726. Fanton(Jo.) de Thermis Valde- rianis. 8°.Geneva 172 y. Roma Sanbla, feu Bcnedicli XIII. ©" Cardinalium qui nltimo Concla- w anno 1724. interfuere , vivavir- tutum imago fol. cumfig. Aug. vin- delicorum 1726. Cregorii ( David. ) AflronomU Phyfica & Geometricœ Elementa. 2a editio auila 2 vol. 40. cum figuris» Genève 1726. Franci (Ant. ) Synopfis annalium Societatis Jefu inLufitaniaab anno 1548 ad annum \*]2$ ,fol. Aug. Vindel. 1726. Hijloria Irifingenfis ab anno Chrifti 724 ufque ad annum 1 624, à J. Meichelbek^ Beneditlino fol. 2 vol. Aug. Vindel. 1724., cumfiguris. Lunig ( Jo. Chrifloph. ) Codex Italie diplomaticus , quo non foliim multifaria invefliturarwm litterœ ab Romanormn Imperatoribus Italia concejfœ , ver uni etiam alia infignia varii generis continentur fol. 2 vol, Lypjitt 172J & 1726. Aiaittaire ( Micbatlis ) annales Typographici temus tertius. L' Hiftoire d' Angleterre de fett M. de Rapin Toyras , nouvelle édi- tion, 8 vol. 40 avec figures, il la vend yo livres. Cette même édition fe trouve encore chez la veuve Cloufier, Quai des Auguftins-, La veuve de Laulne,GifFard, rue S. Jacques &c. Le même Libraire vient de R. 1 7 i 7. 6$ réimprimer Emmenologia de fluxu mulieris menfruo ; accédant pri- ledionesChymicx/nova editio attciior & emend.itior. in- 1 2. Paris 1 727. Cette édition cil augmentée de la. Critique que les Journaux de Leipfic àvoient faite de la pre- mière, & de la Réponfe que M. Freind leur a faite , traduite de l'Anglois en Latin. On trouve auiîi chez le même, Recueil de cas de Conjcience & Me Queflions qui concernent les matiè- res du Jubilé, par un Religieux Carme DéchauiTé de la Provin- ce de Bordeaux,/»- 12. Bordeaux 1725. La Carte des Arbitrages de 1 1 France publiée par le Sieur Gi- raudeau neveu , va être iuiyie de celle des Ordres & Commijjions en Banque , &c. Le même Auteur nous promet inceffament le Gui- de des Banquiers de l 'Europe , il de- meure rue Royale à la butte S. Roch. Le Panégyrique de Saint Louis prononcé dans la Chapelle du Louvre en préfence de l'Acadé- mie Françoife , par M. l'Abbé Guichon cette année 1726, eft imprimé & fe vend chez Coignard fils. Défenfe de la Differtation fur la validité des Ordinations des Anglois contre les différentes Réponfes qui y ont été faites , avec les preuves juftifîcatives des faits a- vancés dans cet ouvrage par l'Au- teur de la Differtation. A Bruxel- les chez T'ferftevens. 1 72 6.4 voL in- 12. F I N. op , as be is t or the beft " m England. ) La proposition eft " très- faulîé Se très-cenfurable : "' mais ce n'eit pas de la vérité ou " de la SàuSfeté de cette Propofition " dont il s'agit ; mais de la preuve " de la consécration de Barlow qui " en réïiilte. Car fi Barlow n'eût "' pas été ordonné Evêque , quel " Sens pourroit-on attacher à cette " Propofition? ce Sèroit comme s'il 'fr eût dit qu'un Evêque nommé " par le Roy , Sèroit , fans ordina- M tion, auiïi légitime Evêque que" lui-même qui n'en avoit reçu au- " cune. Ne fent-on pas toute l'ab- " Surdité d'une pareille Proposition ? * FE VRI A cette preuve l'Auteur en ajou- te une autre que nous rapporterons encore. Je fuppofe, dit-il, que Bar- îow avoit quelque efprit ; on n'en peut douter : cependant on le fait agir comme un infenfé. En 1536 il cil: fait Evêque, 8cil accepte l'E- pifeopat : mais quand il s'agit de recevoir l'ordination , cet homme qu'on fuppofe allez peu conscien- cieux, pour s'être élevé à cette Di- gnité' aux dépens de fit foy & de ion honneur , on le fait tout-d'un- coup allez fcrupuleux pour ne vou- loir point fe faire ordonner , parce qu'il eft Presbytérien dans le cœur. Il n'omet rien en même-temps pour faire croire qu'il a reçu l'ordina- tion ; & y réunît fi parfiiitement , que pendant toute fa vie perfbnne n'a jamais pu découvrir qu'il s'en fût exempte'. Le Scrupule eft fort bien place'. Vouloir par hypocrifie paf- ïer pour avoir reçu ce qu'on refuie effectivement de recevoir par conf- E R I 7 1 7." 7; cience , c'elb à-peu-près comme G. un Chrétien eût appréhendé de fâ* crifier aux Idoles, & eût été publier par tout qu'il l'avoit fait ; ce con- trafte ne fe peut concilier. Ajoutez à cela le nombre d'ordinations que Baïlow a faites , & dont il pouvoit bien plus aifément fè difpenfer que de la fienne propre. Mais ce qui achevé la preuve de la confécra- tion de Barlow , eft un Acte qui l'attefte, trouvé depuis peu dans là famille, que le P. le C. produit lé- galifé, 6c dûëment authentiqué. Nous croions que cet Extrait fuftït pour donner au Lecteur une idée des deux premiers volumes de l'Ouvrage; mais il refte encore un autre article qui eft la qucftion de Droit? qucftion e'pineufêSc délicate,, contenue dans les deux autres vo- lumes, &que nous donnerons dans le Journal fuivant , avec toute la clarté Se toute la précifion qu'elle ex i sic. MAXIMES ET AVIS PROPRES POUR CONDVIR.E UN PECHEUR à une véritable pénitence. A Paris, chez Babuty, rué' S. Jacques , à faint Chryfoftome. 1726. vol. in-16. pp. 149. LE s principaux avis que l'on donne dans ce Livre , concer- nent les Pécheurs qui fe présentent au Sacrement de Pénitence. L'Au- teur compare l'épreuve qu'on doit faire d'eux, à celle qu'on ferait d'un Adulte qui ne feroit point baptifé. Le Cathechumenat étoit comme le noviciat du Baptême , & de la pro- feflion qu'on faifoit en entrant dans la Religion Chrétienne. L'Eglifè , félon notre Auteur , demande de même comme un nouveau novi- ciat pour ceux qui ayant violé les vœux de leur Baptême, veulent être remis dans les droits aufquels ils avoient renoncé par ce violement. On compare encore ici le Pénitent à un Poftulant qui demande à en- trer dans une Maifon Religieufè , & qui n'y eft admis qu'après avoir été éprouvé long-temps ; puis à un Religieux apoftat,qui voudroitêtre rétabli dans fon premier rang ôc dans lès anciens droits de Religieux, ce que fuis doute on ne lui accor? Kij 76 JOURNAL DE dcroit pas, fans les plus grands exa- mens. Notre Auteur fouhakeroit que les Miniltres de la Pénitence fu lient auffi attentifs , au ill (âges , nulli fidelks,quand il s'agit de don- ner l'Abfolution , que le font des Maîtres d'un Noviciat , des Supé- rieurs de Communauté , pour ad- mettre quelqu'un à la Prbfêffion Religictife , qui .n'efl cependant qu'un écoulement de la Religion Chrétienne. 11 dédire que ce fe- rait à un Pénitent, une erreur très- pernicieufe,de croire qu'on pût lui donner l'abfolution,afin qu'il tom- bât plus rarement , 6c qu'il fe corri- geât peu-à-peu. 11 veut de la Habi- lité dans la bonne vie. 11 ne fuffit pas , félon lui, pour authorifer une Abfolution , que le Confellèur con- çoive de l'efperancc, qu'après l'ab- folution le Pénitent tombera plus rarement. Il faut qu'une expérience folide du paifé garantille au Con- fefl'eur qu'on ne tombera plus ab- folument. Notre Auteur, pour ap- puyer fon fenti ment, a recours à di- verses comparaifons , 6c cntr'aiïtres à celle d'un Domeiliquc, qui ayant volé cent fois fon Maître., aurait tort Unis doute de prétendre que ce Maître lui confiât ià bourfe , fuis être bien fur auparavant non d'être volé plus rarement par lui, mais de ne l'être plus abfolumcnt , ce qu'il ne pourrait parvenir à fçavoir qu'après de grandes épreuves. 11 faut donc, félon notre Auteur, que les Confellèurs examinent long- temps leurs Pénitens avant que de leur accorder l'abfolution. Il re- marque que , comme Dieu a fait palier le monde par trois états , afin S SÇAVANS, de le conduire à un dernier qui eff le bonheur éternel , il arrive auiTi ordinairement que les pécheurs qu'il veut fauver, paflènt par ces mêmes états avant que de parvenir au der- nier ; 6c voici comme il s'explique fur ce fait. i°. Avant la Lov publiée par Mode , l'homme livré, du coze do fon efprit, à une ignorance prefque univcriclle , en punition de fon pé- cherait le mal comme fans le con- noître , 6c il cil vaincu fans com- bat. z ' . Sous la Loy qui diffipe l'igno- rance , en montrant clairement le bien Se le mal , l'homme malade par fa volonté que le péché a bldlëe,Sa s'imiginant être fort , fait des tenta- tives prélbmptuculès 6c inutiles pour pratiquer le bien 6c éviter le mal, il combat 6c il cil vaincu. 3°. Sous la grâce qui guérit 6c fortifie la volonté malade , l'homme combat avec humilité , 6c il elt vain- queur du péché. 4°. Dans la paix, la victoire fera pleine, 6c plus de combats. Après l'expolé de ces trois états , notre Auteur avertit les Confef- feurs, qu'ils peuvent fins fe mé"- prendre , ranger fous l'une des trois premières claflcs tous les pécheurs qui viennent à leurs pieds. Il fou- haitc que le plus grand nombre puifie trouver place dans la troifié- me ; car c'cfl à ceux-là feulement qu'il permet à un Confellèur d'ac- corder l'abfolution. La raifon qu'il en donne cfl, qu'ils font les feuls- entre tous les autres, aufquels faine Paul adrefiè ces paroles : Le yé.hé ve vcm dominera fins } farce que jeiq FE VR I h* êtes plus fous la Loy , mais fous la gr^ce. De ces avis 6c de quelques au- tres fur le même fujet , l'Auteur parle à ce qui regarde les faintes lectures qu'on doit faire dans la journée. Il recommande avec rai- fon celle du nouveau Teftament comme la plus elîèntielle ; puis il invite de lire le Cathcchiiine de Montpellier ; l'Inftruction fur la Pénitence , dédiée à Madame de Longueville ; le Directeur des Ames pénitentes ; les Confeffions de faint Augustin ; les ESfais de Morale , fur- tout le quatrie'me Tome ; la Vie des Pères du Defcrt ; les Actes des Mar- tyrs par le P. Ruinait, traduits en françois ; & le Pfeautier auffi en françois , dont il confeille de réciter de temps-en-temps quelques Pfeau- mes, fur-tout des plus touchans, afin de partager ainSi , 6c de le rendre utiles les lectures par la prière. La règle du temps fait ici un article considérable. Notre Auteur veut que l'on renferme fon fom- mcil dans l'efpace de fept heures, ou tout au plus de huit , 6c qu'on l'interrompe, s'il fe peut, de quel- ques momens , en fe jettant par ter- re , ou en fe mettant à genoux fur Ion lit, pour demander mife'ricorde à Dieu : Que le matin en fe levant, & le fbir en fe couchant, on fe prof- terne le vifage contre terre , pour imiter Jesus-Christ ,qui dans fon agonie pria ainfi fon Père ; qu'on faflè la même choie à trois heures après midi , fe fouvenant qu'à cette même heure J. C. exp ra fur la Croix ; qu'on afiifte tous les jours, *'il eft poffiblç , au faint Sacrifice , ER 1717.' 77 obfervant , fi on le peut , fans Se faire trop remarquer , de fe tenir le plus loin qu'on pourra de l'Au- tel , & de ne point arrêter fa vue fur l'Autel , fur la fainte Hoftie , ni fur le Prêtre , parce que la vue de ces faints objets a êtê long-temps abfolument interdite aux yeux des pénitens , & que de plus l'efprit de l'Eglife eft toujours que de tels yeux s'en jugent indignes , 6c fe l'interdifent par refpect. L'Auteur entre dans un grand détail fur la diftribution du temps par rapport aux exercices de la journée ; après quoi il donne aux pénitens diver- fes instructions fur ce qui concer- ne la grâce , qui doit opérer leur falut. 11 leur dit que l'homme qui n'cSt que fous la loy , 6c non fous la grâce , fe hâte de faire des pro- mefiès , multiplie fes réfolutions,6c n'amaffe alors qu'une fauffe juStice, dont la préfomption feule eft l'Ou- vrière ; ou qu'il ne fait que violer fes promeffes , retomber dans fes crimes avec plus de fureur, 6c fe de'fefperer enfin , Si par une grâce que Dieu accorde à quelques-uns , instruit enfin de fon orgueil par fes propres chûtes, il ne commence à recourir à celui qui commande, pour donner lui-même tout ce qu'il commande, 6c le faire accom- plir : Da ejucd jubés. Que le trajet de l'état d'une ame encore fous la loy, à celui qui la met fous la grâce , n'eft pas renfermé pour tous dans les mêmes bornes ; qu'il en eft à qui Dieu , par une jultice pleine de mife'ricorde , fait long-temps fentir combien il eft dur 6c amer pour eux de l'avoir abandonne, que quoi» 7* JOURNAL DE qu'il ait même par fi grace conduit leur a :; ' l'infùfc tout ce qui n'eft point nteri le 1 grâce, il ne leur accorde pas néanmoins tout-à-coup cette grâce victorieu- fe,qui délivre & enlevé pleinement îe cœur ; qu'il le contente de don* renient une grace qui fait gémir & prier : Que l'homme avant la loy,eft un malade en de- lire , un malade, qui ignore & Tes maux & leur remède ; que fous la loy,c*eftun malade qui a recou- vré fon bon fens ; mais que fi ce malade, s'imaginant qu'avec fon ex- - mee, fa maladie cft aufïï paf- fee,ôcque les forces font revenues, entreprend de fe lever & de mar- cîv.v , il fera autant de chûtes que de pas ; Se que, s' il veut prendre des afimens trop forts, il ne fera que s'étouffer , fe replongera dans fon premier écat,cc peut-être dans un plus trifte : Que c'eft-!à l'image de ceux qui, après avoir vécu dans le crime , veulent être abfous, & com- munier prefque fans délai , parce qu'if, fe trouvent plus inftruits,& qu'ils éprouvent dans eux quel- ques bons fentimens. Notre Auteur , dont le but prin- cipal dans cet Ouvrage, cil d'en- courager autant qu'il lui cft poffi- ble,les Confèflèurs àdiôèrer l'Ab- folution , termine Ion Livre en dé- clarant qu'il ne faut pas croire qu'on n'ait befoin que d'une quinzaine de jours , d'un ou de deux mois d'é- preuves , cv de délai d'abfolution , fur-tout après quelque grand cri- me ; qu'il eft certains pécheurs, dont il faut peut-être exiger plu- S SCAVANS, cuves, avant que de pouvoir les abfoudre ; que le Gonrèflèur 6c le Pénitent douent attendre l'un 6c l'autre , les momenà de Dieu , 6c chercher en n temps à les hâter par leurs gémif- femens 6c leurs larmes. A la fin du Volume cft une Prière qui a pour titre , La îriere des Humbles ; c'eft-à-dire , comme nous l'avons reconnu par la lec- ture, la Prière de ceux qui croyeht la grace efficace par elle-même : mais en la manière que nous allons voir. Ces âmes humbles y deman- dent à Dieu , qu'il / s fépare pour jamais ce Vaffetnblée des fuperles ; qu'il les garde des hommes qui ri- ji 'fient à [es droits , & qui r.e font ap- pliqués qu'a vanter la benteufe & ftmejîe puiff.ince qu'ils ont de lui ré- Jîfter , jufq:<'à fe flatter de pouvoir lé vaincre. Elles lui dilènt que , si! leur accorde fa grace , elles arplati- diront arec des trmfports d'u ■ e fa-r.te joye , a fa douce & puïffante main , qui aura lié en eV.es le pouvoir mê- me qu'elles fe fentiront de lui réjifler. Quoique nous ne foyions ni en droit ni en ulage de prétendre don- ner des avertilièmens juridiques au Public fur les livres dont nous fai- fons des extraits , fur tout quand ils traitent des matières de religion, Se qu'ils font imprimez, en confequen- ce de l'Approbation des Docteurs, on a crû qu'en parlant de celui-ci nous ferions bien de dire qu'il pour- rait avoir befoin d'être lu avec pré- caution, par rapport à quelques en- droits qui concernent la liberté, èc entr'autres par rapport à celui où il eft dit page ioi. que " dans V Ecole F E V R I „ de la grâce on éprouve combien les „ douceurs de cette grâce font diftè- „ rentes de celles qu'avec notre mifé- „rable liberté nous cherchions & „ trouvions dans nos crimes. Comme quelques Lecteurs , faute de bien prendre le fens de ces paro- les , pourraient croire qu'elles vont ER 1717. 75* à fuppofer que cette mij 'érable likrti eft bannie quand la grâce agit , ce que nous ne penfbns pas être le ièn- timent de l'Auteur, on nous a en- gagé à inférer ici ce petit avis, d'au- tant plus que le livre, très-eftima- ble par lui-même , a un grand cours. SUITE DU QUATRIÈME TOME DE L'EXPLICATION LITTERALE; h'ftorique & dogmatique des Prières & des cérémonies de la Méfie , avec des aliénations hiftmques & dogmatiques fur les liturgies de \tout le monde Chré- tien. Par le R. P. Pierre le Brun , Prêtre de V Oratoire. A Paris , chez la veuve de Florentin Dclaulne, rué S. Jaque à l'Empereur. LEs Miniftres & les Parleurs de l'Eglife, dit le P. le Brun, ne peuvent , fans fe rendre coupables , méprifer , omettre ou changer les rites de PEglife Catholique reçus , approuvez ce mis en ufage dans l'adminiftration des Sacremens. Le Concile de Trente dit anathême à quiconque foutiendroit le contraire. 11 eft vrai, ajoûte-t'il, qu'une Eglifè pourrait abolir un rite particulier , ou qui fe feroit introduit par inad- vertance • mais il n'en eft pas de même d'un ufage preferit expreifé- ment dans toutes les Eglifes Catho- liques & fuivi dès les premiers fie- cles. Tel eft, félon l'Auteur, l'ufa- ge de reciter en filence une partie des prières de la Meftê. Cependant plufieurs Prêtres, dit-il, l'ont aban- donné depuis cinquante ans , & fe font obftinez à fuivre un rite dif- férent. M. Savary Evêque de Séez donna en 1698. un Mandement pour condamner la nouvelle rubri- que. Douze ans après M. de Biify en donna un fêmblable,à l'occafion «lu nouveau Miilel de Meaux , où l'on avoit mis des $t. rouges avant tous les Amen du Canon, afin qu'ils fuflènt répondus par les affiftans , & où l'on avoit inféré après les mots de la rubn(\\ie,fubmtffa rovw?. Le P. le Brun trouve auffi le fi- lence de certaines prières de la Meflè recommandé dans les Liturgies des Syriens, des Arméniens & des Nef- toriens. Après de tels témoignages en fiW veur de ce filence myftericux , il en expofe les raifons fpirituelles. La fublimité du myftcrc de l'Euchari- ftie, la profondeur du Canon, le lecret de ce qui fe paflè fur l'Autel , le voile qui couvre l'opération du ■ S. Efprit lorfqu'il change le painôc le vin au corps & au fang de J. C. l'efiènce de la prière qui confifte à unir nos efprits & nos cœurs à Dieu , enfin l'inconftance de 1'efprit humain , qu'une récitation uniforme pourroit ennuyer , font les motifs qui ont porté l'Eglifc à faire reciter en filence les Secrètes & prières de la confecration. Seconde Partie.] La fé- conde partie eft un examen de la difeipline des dix premiers fiecles de l'Eglifc fur la récitation filenticufe., FE V RI Elle commence par une queftion ijre'liroinaire fur le mot Sécréta. M. Bofiùet dans fon explication de quel- ques difficultez fur la Meflè , après avoir remarque avec raifon qu'on a dit Miffa pour bnflïo, remijfa pour remijfîo, eblata pour oblatio, ajoute, ér peut-être Sécréta pour Sccretio. Cette explication qu'il n'a ofé ha- zarder fans marquer fon doute, a e'té adoptée par M. de Vert £c M. Théraife comme inconteftable. Le P. le Brun la rejette. On ne trouve jamais , dit-il , Secretio pour Sécréta , comme on trouve Colleclio pour Col- lecla. Le mot Sécréta n'eft point un fubftantif, mais un adjectif auquel le fubftantif c ratio eft joint fort fou- vent dans les Auteurs & les Sacra- mentaires anciens , dont plufieurs difènt qu'on doit reciter la Secrète en filence. Le Canon qu'ils appel- lent Secrète Sécréta major, eft aufli appelle par eux Secretum ôc Mjftc- wium. Cette explication du mot Secret a, Ou'on trouve dans les Miflels 8c les Auteurs antérieurs au dixième fie- tle , eft une preuve démonftrative , fdon le P. le Brun , qu'on n'a pas commencé en ce fiecle à reciter en filence une partie des prières de la Meflè, comme le Cardinal Bona & plufieurs perfonnes après lui l'ont crû. Il faut avouer que grand nom- bre d'Auteurs depuis le douzième fiecle ont fuppofé qu'on avoit au- trefois prononcé toute la Meflè à haute voix , 8c qn'on avoit ordonne' dans la fuite de reciter en filence les Secrètes £c le Canon, parce que des bergers qui avoient entendu les pa- roles fàcrées avoient e'té frappez du feu du ciel , pour avoir ofe' les pro- noncer fur du pain & du vin. Mais Durand Se plufieurs autres Ecri- vains du même tems ont regardé cette hiftoirc comme incertaine. S. Bonaventure , Albert le Grand & S. Thomas n'en ont pas feulement fait mention , & ne croyoient pas par confequent qu'elle fût la caufe du filence des prières. On ne voit dans l'Eglifè Latine aucun changement fur ce point ; 6c celui qu'on place au dixième ficelé eft entièrement chime'rique , félon le P. le Brun, qui prouve fon ftnti^ ment par une foule d'Auteurs & de Miflels des dix premiers fiecles. L'Auteur du Livre des divins of- fices fauflèment attribue' à Alcuineft le premier qu'il allègue pour fon fentiment. Toute l'Eglifè , dit cet E- crivain , fe tenant dans unjïlenee , qa fait ceffer tout bruit de paroles pour ng laiffer élever à Dieu que les vues de Vefr prit & les defîrs de tous les cœurs réu- nis en femblc , le Prêtre commence la prière par laquelle le myflere du Corps & d& Sang eft confacre. On lit après ce paf- fage l'hiftoire des bergers. Mais le P. le Brun montre que cet endroit eft ajoute'. Bernon avance dans le premier chapitre de fon ouvrage fur la Mef- fe, que dans la plus haute antiquité la communion 8c l'oblation ièfâifoit en filence. L'ufage des Dyptiques , félon no« tre Théologien, eft une preuve du filence des prières du Canon ; car le Diacre ou le Soûdiacre les lilbit en filence 8c à l'oreille du Prêtre pen- dant le Canon , comme le remarque le P. Mabftlon dans le troifiéme ro* H 84 JOURNAL DE me des Annales de l'Ordre de Saint Benoît. Rémi d'Auxcrrc dépofe aufli en faveur du filence du Canon. Taclo tctiits BCCleJtt Jïhntw , dit-il dans fon traite fur la célébration de laMeffe, in quo ceffante omni ftref nu rerborum. . . incipit facerdos orattonem f-.ndere — Te igitur t 6cc. Herard de Tours qui appelle Se- crète la prière du Canon, 6c Nico- las I. qui défendoit de mettre entre les mains des fidèles le livre qui fert à la célébration de la Mellè, font encore deux témoins que le P. le Brun cite pour fon fentiment. Il s'arrête enfuite à réfuter l'Au- teur de la coutume d'adorer & de prier debout, qui en parlant des anciens Auteurs du neuvième ficcie, dit, qu'on voit encore un formulaire de priè- res compofe par l'ordre du Roy Charles le Chauve pour l'ufage du peuple , dans lequel on trouve tou:es les Oraifons du Canon que le peuple devoit dire conjoin- ment avec le Prêtre. Le P. le Brun fait la defeription-de ces heures, qui font Je deux fortes, grandes & peti- tes. Ni les unes ni les autres ne con- tiennent le Canon. On trouve dans les grandes le Pater, le Glor'ta in ex- teljîs , le Symbole de S.Athanafe 6c Benedkamus Donvno. On lit dans les petites une Oraifon pour offrir le Sacrifice , mais entièrement différente du Canon ; une qu'on devoit reci- ter quand le Prêtre avoit dit, Orate fr.itrcs ; deux autres fort courtes , dont l'une fe devoit dire devant, Se l'autre après la communion. Le P. le Bain, après avoir ôte' à rfaircs la preuve qu'ils tirent des heures de Charte» le Chauve , rc- S SÇAVANS, prend la fuite des autoritez qu'il 4 commencé d'alléguer. Flore 6c A« malaire font 1 s premiers Auteurs qui s'offrent à lui. Flore dans fon explication du* Canon de la Mellè, dit que le Piè- tre prie non de la voix , c'eft-à-dire, en failant entendre fa voix, mais du cœur. Clamât facerdos non voce fei corde dicens : Te igitur , 6cc. Amalaire qui avoit été particuliè- rement charge de faire des îviii.r- ches fur les Offices divins, 6c prin- cipalement fur le Mifîèl, marque clairement dans fon traite' des Offi- ces Ecclefialtiques , que le Prêtre fait l'oblation de l'hoftie par une prière qui eft appellêe Secrète, parce qu'on la dit fècretement,& qu'Anne étoit la figure de l'Eglifè lorfqu'elle prioit fans faire entendre fâ voix. Il parle encore du faïence du Canon dans un autre ouvrage qu'il com- pofa fur l'Ordre Romain , 6c qu'il intitula Eclogue. Il dit que cette prière appartient particulièrement au Prêtre qui la récite fècretement , Secreto décantât , qu'il n'élevé la voiîf qu'autant qu'il cft neceflaire pour s'avertir lui-même de ce qu'il doit demander dans le fëcretde fon cœur. liane ita exaltât voce , ut feipfum ad- mov.eat qu'td m fecreto cordis fui pofiu- lare debeat. Amalaire avoit devant les yeux l'ordre Romain, où il ]i- foit ces paroles : surgit Pontifex & tacite intrat in Canonem. Cet ordre a été compofé au plûtard vers l'an 730. fuivantlesobfèrvationsde plu- fieurs Sçavans. Le filence du Canon , continue le P. le Brun , n'étoit pas nouveau lorfqu'Aïuahire éçriyqit. La MJÎ'c FE VRIE 'd'Iilyricus écrite vers l'an 900 & pleine de rites fort anciens , fuppofe ce filence ; car elle prefcrit de chan- ter des Pfeaumes pendant le Canon. L'ancien Miflèl Gallican delïgne le Canon par ces mots , les tmfîeres t les fecrets. Plufieurs autres monumcns du VI, VII, VIII 6c IX fiecles au- torilènt uniformément la recitation filentieufe du Canon 6c des Secrè- tes, fans donner fujet de croire que cet ufage fût récent. Si quelqu'un dit que cette recitation filentieufe eft une recitation oppofée au chant, le P. le Brun lui répond qu'il y avoit du temps de S. Grégoire 6c qu'il y a eu depuis , des Méfies privées où l'on ne chantoit rien, 6c que la récita- tion filentieufe étoit preferite indif- féremment pour ces Méfies , comme pour les autres. Telle a été, félon notre Théo- logien , la difeipline de toute l'E- ghfe Latine depuis le fixiéme Cécle, fur le filence des Secrettes 6c du Canon. Nous trouverions, ajoûte- t-il, dans toutes lesEghfes d'Orient la même uniformité, Il l'Empereur Juftinien n'eût ordonné dans une Conftitution qui eft la Novclle 137 qu'on recitât toute la Méfie à haute voix. Le P. le Brun en rap- porte les termes fur lefquels il fait plufieurs remarques , pour faire connoître l'ancienne difeipline d'O- rient 6c la foibleffe des railbns qui portèrent à l'abolir. La Conftitution de cet Empe- reur fut furvic en partie. „ On ne „ récita plus à voix balle, dit le P. ., le Brun, qu'une partie du Ca- „ non , 6c l'on continua de réciter n amfi des prières qui fervent à la R 1717. 8y Confécration , mais on marqua , " 6c on prononça à haute voix les " paroles qui lbnt tirées du nouveau " Teftament, 6c après ces paroles " on inféra des Amen que l'aflcmblée " devoit répondre. Iles Patriarches " d'Alexandrie 6c d'Antioche qui " avoient intérêt de ne pas dé- '* plaire à l'Empereur , fuivirent " ces changemens , 6c même dans " quelques Eglifes on mit des A- " men prefqu'à toutes les paroles '* de l'Inftitution de l'Euchariftie ; " il ne faut que voir la liturgie de " S. Cyrille qui eft en ufage chez " les Cophtes, « Ces Amen inferez, dans le Canon , eftoient une innovation, dit P. le Brun, 6c il le prouve par S. Cyrille de Jerufalem , par la liturgie des Conftitutions Apoftoliques , 6c celle de la Hiérarchie celefte 6c Ecclefiaf- tique, par les plus anciennes liturgies des Ethiopiens , 6c toutes celles des Neftoriens chafîèz de l'Empire , 6c répandus dans la Méfopotamie , la Perfe , la Tartarie , les Indes 6c la Chine 3 enfin il le prouve par les Mifièls des Eglifes Latines,qui n'eu- rent aucun égard à la Conftitution de Juftinien. Il n'y a eu de changement fur ce point que dans certaines Eglifes d'Orient, 6c ce changement ne con- fifta point à réciter en fîlence ce qu'on avoit récité à haute voix ; mais au contraire, à réciter à haute voix ce qu'on avoit récité en filence. C'efl ce qui fait voir l'erreur de ceux qui ont crû que ï'ufagede réciter le Ca- non en filence,venoit de l'iiiftoire des B rgers. Il eft vrai que}. Mofch,dans ion Ouvrage intitulé h ir: fjmtuel, *6 JOURNAL DES SÇAVANS, rapporte que de petits Bergers qui a- Bazile, le Concile de Laodicée, Ori» p oient : entendu les paroles delà Con- gène, S. Cypricn , Tertullien, S. fécrâtion , imitèrent le Prêtre , & que Irenée , S. Juftin fourniflent au P. le e feu du Ciel confuma le pain & Brun des témoignages pour établir 'Icvinqu'ilsavoientoflèrt, Sclapicr- l'antiquité de cette difeiplinc. Nous rc qu i leur avoit lèrvi d'Autel. Mais ne pouvons entrer dans le détail de il ne dit point qu'on commença alors tous ces témoignages. Nous nous à réciter en filence les paroles de la contenterons de remarquer que plu- Confécration. Le Prêtre que les Ber- fieurs Pères comme Origene êc S. gersavoient entendu, les récitoit à Bafile mettent le Canon au nombre haute voix apparemment, pour o- des chofes qu'on apprenoit par une be'ii- à la Conftitution de Juftinien, que les Eglifes, où l'on avoit com- mencé delà fuivre au temps de l'hif- toire des Bergers, ont continué d'ob tradition fecrctte;que S. Juftin, S. Irenée, Tertullien & S. Cyprien ne le défignent que par le mot gênerai de prière; qu'aucun de ces SS. Doc- ferver. C'eft donc fans fondement teurs n'a expliqué au peuple le Ca- que cette hiftoire racontée, fans avoir non , quoique plufieurs ayenr expli- etélûë dans l'Auteur, fur un fimple que d'autres parties de la Méfie. oui-dire, Se avec des exagérations confidcrables, a fait croire à plu- fieurs Auteurs du onzième & tré- Troisie'me Partie. ] Le P. le Brun examine dans latroifie'mc par- tie de fa Dilîcrtation les motifs, fur ziémefiécle, qu'elle avoit fait chan- lefquels on a crû que l'Eglife a fuit dire le Canon à haute voix jufqu'au dixième fieele ; il les réduit à cinq. ger la manière de reciter le Ca- non. Le P. le Brun qui a déjà fait re- monter la recitation filentieufe juf- qu'au fixiéme fieele, ne fè borne pas Le premier eft que fuivant le té- moignage des anciens Pères , on ré- pondoit Amen aux paroles de la Con- là. Il prouve parles Mifièls de Ro- fècration. Le Cardinal Bona, qui le me , de Gaule 6c d'Efpagne , qu'elle croyoit , cite S. Denis d'Alexandrie , a été obfcrvée dans le cinquième ôc Tertullien, S. Ambroifè , Alcuin , iixiémé fieele. Le Pape Innocent I. Flore, aufqucls l'Auteur du Miflèl qui dans fa Lettre à Decentius, défi- de Meaux joint S. Juftin, S. Cy- gne le Canon par ces paroles: omnu rille de Jerufalcm , S. Jérôme, S. qu&apenre non debeo , èc S. Auguftin Auguftin , S. Léon. Mais on ne qui diftingue en plufieurs endroits peut rien prouver par ces autoritez, ce que le peuple doit dire à hau- félon le P. le Brun, finon qu'on ré- te voix , clara voce , d'avec d'autres pondoit Amen après le Canon, prières , nous font allez entendre que II eft étonnant, ajoûte-t-il , que le lefecretefcs Prières de la Méfié étoit P. Mabillon fi exaét d'ailleurs dans en ufage dès l'an 400. Enfin l'Au- ce qu'il cite pofitivement, après avoir teur de la Hiérarchie Eccléjîajiique fous déclaré qu'il ri avoit jamais trouvé au- le nom de S. Denis l'Areopagite , cm Amen après les paroles de la Confc'- £, Ambroifc, S, Chryfoftome , S. cm'm dans Us Manufcrits de l'Ordre FE VRI 'Romain , non plus que dans les Sacramen- iairesdeS.Cregvre, ait avancé que S. Au lulté une mauvaife édition. La troifiéme difficulté regarde les Partages d'Amalaire , on pré- tend que le mot fecrete , lignifie dans cet Auteur fe'parement, 6c non pas fecretement , puifqu'il dit qu'on ré- cite la Préface fecr.te , 6c qu'on chante le Canon , fecrete décantât. Chante-t-on en filence ? Le Père le Brun juftifie par plufieurs paf- fages d'Amalaire le fens qu'il adon- né à cet Auteur. Quant aux deux partages objectés , il prouve qu'il ne s'agit point dans le premier de la Préface Surf uni corda, mais d'une prière du Canon ; que dans le lê- cond le mot décantât ne doit point être pris à la rigueur, puifqu'il eft certain qu'on ne chantoit point le Canon du temps d'Amalaire ; que ces mots chanter 6c crier iè pren- nent métaphoriquement. Chanter ,' FE VR1E c'eft exprimer vivement ce qu'on penfe. Crier , c'eft prier avec beau- coup d'ardeur. La quatrième difficulté vient, félon le P. le Brun, d'une erreur de M. Biillet qui parle dans la vie de S. Denis d'un Amen répondu aux paroles de la Confécration, à ce qu'il croit, mais qu'on ne difoit effectivement qu'après tout le Ca- non. R 1717. 8* Comme les adverfaires du P. le Brun avoient cité le P. Mabillcn , l'Auteur a mis à la fin de fa dif fèrtation une Lettre que le P. Mar- tene lui a écrite depuis peu fur ce fujet : on y voit que le P. Mabil- k>n ne pouvoit fouffrir la pratique de quelques Prêtres qui difoient le Canon de la MelTe à haute voix , & qu'il exhorta plufieurs fois le P. Martene à écrire contre cet abus. BERNARDI ORICELLARII DE BELLO ITALICO Commentarius ex authentici Manufcripti Apographo nunc primùm in lucem editus. C'eft - à - dire : Hifioire de la Guerre d'Italie, par Eern, Orkellarius , imprimée four la premier,; fo s d'après la copie d'un Manu [cm au t. nuque. A Londres, aux dépens de J. Brindley, Libr. 1724. M-40. pp. 102. Erkard Oriccllarius ( dont le nom vulgaire eft Ruflèllay , fuivant le P. le Long ) étoit proche parent des Medicis. Il avoit rem- pli les premiers Emplois à Floren- ce fa patrie , 6c il nous apprend lui-même à la page 43 de fon Hil- toire, qu'il étoit du nombre des Députes que les Florentins en- voyèrent à Charles VIII, lorfqu'il eût formé le delîêin d'entrer dans cette Ville , pour aller de-là faire la conquête du Royaume de Naplcs. Oriccllarius avoit compofé plu- fieurs Gui/rages fur l'Hiftoire : l'Auteur de la Bibliotéque des Ecrivains de Florence , en indique quelques-uns, entr'autres une Hif- toire de Florence , que Michel d'Urbain mettoit au-deffus de celle de Salufte. Cet Auteur de- voit en effet l'emporter fur Sa- lufte, s'il avoit exécuté ce qu'il dit Jkii-même dans une Lettre à Ac- lériver. ciaioli, que ceux qui s'appliquent à écrire l'Hiftoire , doivent exami- ner en quoi les anciens Hiftoriens ont excellé, & s'attacher à réuni» dans leurs écrits ces qualitez diffé- rentes ; la précifion de Salufte, la dignité' de Cclàr , l'élegance de Tite-Live , la profondeur de Ta- cite. Cette Lettre eft infcre'e dans le Recueil des Lettres écrites par divers Sçavans , eue M. Burman donna au Public en 1 725. Si Bci> aard Oriccllarius n'a point réuni en fa perfonne toutes les qualitez qu'il fouhaitoit par rapport au ftile dans un Hiftorien , on peut du moins affûter qu'il eft un des bons Ecrivains de fon temps. On en peut juger par ce morceau d'Hiftoire que M. Davenant, Envoyé extraor- dinaire d'Angleterre en Italie, avoit fait copier fur le Manufcrit authen- tique, qui eft conferve' dans la Biblio- thèque du Graud-Duc de Tolcane, M 9o JOURNAL DE Le P. Mabillon, qui avoit vu ce Manufcrit , en parle dans fon \ ■ d'Italie. Bien loin d'en fai- re un éloge auffi magnifique que celui qu'on a mis dans l'Avertiflê- ment au Leéteu r , qui cft à la tête de ce Livre, il fe contente de remar- quer , qu'Oricellarius n'eft rien moins qu'un Hiftorien définte- & qui ait écrit fous paiîion. Le P. Mabillon ne pouvoit guéres parler autrement de cet Auteur , pour peu qu'il eût de zélé pour la gloire des François ; car Oricella- rius, qui étoit attaché à la l'action des Florentins déclarés contre Charles VI il , ne cherche dans tout fon Ouvrage , qu'à rendre les Fran- çois odieux ; à l'exception de Dau- bigny & de l'Amiral de Graville, dont' il dit du bien, il les repré- fèrite comme des gens légers & in- conftans , incapables de prendre dejulks mefores, infolcns dans la proi'perité , abbatus £c (ans courage au premier revers de fortune, ai- mant le fàfteSc la débauche, d'une avarice iniàtiable, féroces Se bar- bares. A l'égard des Italiens en géné- ral, non- feulement l'Auteur n'en dit point de mal , mais il cherche par tout les occafions de les louer. Il n'en a pas fait de même pour Ls Princes qui regnoient de ion temps c n Italie. Il ne diffimule point les vices d'Alexandre V I , l'ulurpa- îion, les artifices 6c la méchanceté de Ludovic Sforcc , l'ambition , la foibleflê ex l'imprudence de Pierre de Médicis, la lâcheté d'Al- phonlè Roi de Naples ; en général il fait une peinture aftïtulo des S SÇAVANS, Souverains de fon temps, S: il a£ (lire dans le préambule de ion Hif- toirc , ou qu'il faut garder le li- lencc, Se lai lier ignorer à la pofte- rité ce qui s'eft paiïé dans le quin- zième fiecle, oii qu'il faut lui ap- prendre des evenemens , dont la plus grande partie lui fera horreur* Nous n'entrerons point ici dans le détail de l'Hiftoire de la Guerre d'Italie , telle que la décrit Oriccl- larius, les faits iont les mêmes poul- ie fond , que ceux qui font rap- portés dans d'autres Auteurs con- temporains, entre lcfquels il y en a qui font entrés dans un plus grand détail que cet Hiftorien. Il em- ployé la plus grande partie de fon Ouvrage à raconter ce qui s'elt pallé entre Alexandre VI , Ludo- vic Sforce, Sv Alphonfc, avant que Charles VIII entrât en Italie ; il s'étend auflî beaucoup fur l'en- trée de ce Prince à Florence, mais il rapporte beaucoup plus fuccin- tement ce qui s'eft pallé pendant le temps que Charles VIII étoit dans le Royaume de Naples. Il nous fuffira de donner ici un précis de ce que dirent à Charles V III les Envoyés de Florence , lorfqu'ils allèrent pour la troifîe'me fois au devant tic ce Prince. Perfbnne n'a été mieux inftruit de ce qui fe dit, Se de ce qui fe paflà alors qu'O- ricellarius , qui étoit un des Dépu- tés. Ils lui représentèrent que Char- lemagne fcmblable aux Dieux , Dus Jmillunus , avoit délivre' la. Ville de Florence des barbares qui s'en étoient emparés , Se que le jeune Charles , qui avoit mérité , comme le premier , le nom de FE VRI Grand, étoit regardé par les Flo- rentins comme un aftrc favorable, qui leur rendrait la liberté qu'ils avoient perdue , fie qu'ils accepte- raient toutes les conditions qu'il plairait au Roy de leur impoier. pourvu qu'il ne donnât point d'at- teinte aux droits de la Républi- que. Mais les Envoyés ayant recon- nu par la réponfè du Roi que l'in- tention des François étoit que les Florentins fe foûmiflènt entière- ment à la France , ou s'ils le refu- foient, que les François fe fervi- roient de cette occalion pour piller la Ville de Florence , les Envoyés s'adreilèrent au Roi, Se lui parlè- rent avec plus de hardieflè ; ils lui remontrèrent que les Romains avant forme le defîlïn de fe ren- dre les maîtres du monde , rece- voient avec humanité, fie traitoient avec beaucoup de douceur ceux qui rccherchoicnt leur alliance fie leur amitié ; que c'étoit par le mê- me moyen qu'Alexandre, fuivant les confeils d'Epheftion , s'étoit fait en peu de temps un grand Empire; que Charles de Bourgogne avoit été défait par les Suifîès , fie qu'il avoit été tué dans la Bataille , par- ce qu'il n'avoit pas voulu accepter des propoiitions de ces ennemis , qu'il méprifoit ; que le Roi devoit .traiter les Florentins en Alliés fie en amis , afin que les autres Villes d'I- talie l' honoraient , à l'exemple des Florentins, comme le plus grand des Rois. Après ce difeours , qui appro- choit fort des menaces d'une guer- re ouverte, il y avoit lieu de crain- dre pour les François que les Flo*- E R 1717. _ 5)1 rentins ne pri fient les armes ; mais le Sénat, qui ne fe croyoit point en état de réfifler à l'année de Char- les VIII, prit le parti de recevoir le Roi dans Florence , avec toutes les marques de diftinction qui é- toient dues à fa dignité. Il fut loge dans le Palais des Medicis. C'eli alors , que notre Auteur prétend que les François pillèrent la Bi- bliothèque fie le Cabinet des Me- dicis, où il y avoit un grand nom- bre de Manufcrits rares fie eu rieux, des Vafes précieux , des pierres gravées de toutes fortes d'cfpeces , des Tableaux des meilleurs Maî- tres, qui faifoient regarder cette Bibliothèque- comme une chofè des plus précieufes qu'il y eût :i Florence. Notre Auteur ne regar- de point cependant les François comme les feuls Auteurs de °cet enlèvement , il efl obligé de con- venir qu'il y en eut une partie d'emportée par des Florentins. Peut-être qu'Oricellarius , tou- jours difpofé à mal penlèr des François , leur aura attribué ce qui ne fera venu que des Floren- tins ennemis de la Maifbn de Me- dicis, qui fe feront fèrvis de cette occafion pour s'emparer de ce qu'ils y auront trouvé de plus pré- cieux. Quelques perfonnes pourront être furprifês en lifânt cet Ex- trait , que les Envoyés de Flo- rence ayent dit en parlant de Char- lemagne, qu'il étoit femblable aux Dieux ; mais ces exprelîions payen- ncs font fort familières à Oriccl- larius ; jufques-là qu'en parlant des Eglifes, il les appelle , Dwmn /.»«- M y 9i JOURNAL DF mrtarium Templa. L'envie qu'a- voient les Sçavans du quinzième fiéclewl'imiter , ou plutôt de co- I er {«vilement les exprcfllons des Auteura.de la belle latinité, les fait fbuventfparler en Pa eens , même lorfqu'il s'agit des choies qui regar- doierit la Religion Chrétienne. Mais en copiant ainfi les expref- fions des Anciens , on n'en a pas toujours le tour 6c la de'licateflè , il y a même des phraiès dans cette S SÇAVANS, Hitoire , dont la co nfrrucn'orr l n'eft point régulière , d'autj font très - obfcurcs. L'Auteur de l'Avertiflèmcnt qui eft à la tête du Livre n'olèroit décider fi cela vient de la faute du Copifte ou de celle d'Oricellarius. Au relie la beauté du papier 6c du caractère , font connoitre que l'Imprimeur n'a rien oublié de fa part, de ce qui pou- voit contribuer à faire rechercher le Livre. SECOSD ME'MOJRE POUR M. L'EVESQlJS DE SOI.V.90NS, contre les Dar.e Abbejje & Riligieufes de l'Abbaye Royale du Val-de-Grace f & les RR. PP. Prieur & Rel gicitx de S. Cornai de Corn iegne , four firvir de Réjlique au Mémoire défaits RR. PP. Prieur & Religieux Béné- dictins. A Paris, chez la veuve Mazieres. 1 726". in-fol. pp. 1 16, 6c in-jf. AYant rendu compte du pre- mier Mémoire de M. l'Evê- que de Soiflbns , 6c de la Réponfe des PP. Bénédictins, au fujetde la Jurifdiction quafi - Epifcopalc que prétendent les Religieux de Saint Corneil de Compiegne, nous nous fommes déterminés d'autant plus volontiers à donner le précis du fécond Mémoire de M. l'Evcque de Soiflbns , qu'il intereflè non- feulement ceux qui aiment ce qui concerne la difeipline Eccléfiaiti- que, mais encore ceux qui recher- chent ce qui regarde la Critique. Ce Mémoire eft divifé en trois parties \ la première contient des remarques fur l'Hiiloire de la Ju- rifdiction de l'Abbaye de S. Cor- neil, telle que les Bénédictins l'ont tracée. Dans la féconde , l'Auteur fèpropofè de taire voir que les Bé- nédictins n'ont pas répondu aux moyens de droit qu'il avoit em- ployés dans le premier Mémoire. Le Prélat renferme dans la troi- fiéme partie les remarques fur la manière dont les Bénédictins ont défendu leurs titres. Les PP. Bénédictins prétendent qu'auffi-tôt après la fondation de l'Eglife de Saint Comeil de Com- piegne, cette Eglife fut exemptée de la Jurif diction de l'Ordinaire par le Pape Jean VIII. Ils fe fon- dent fur une Chartre de Charles- le-Chauve , qui fait mention du privilège accordé à cette Eglife par le Pape Jean VIII jà quoi M. l'Evêque de Soiflbns répond , que la Chartre où il eft parlé de ce privilège n'en rapporte point les difpofitions , 6c que dans le neu- vième fîéclc ce terme s'entendoit de toute conceflîon faite par les Rois ou par les Papes , pour le temporel 6c pour le fpirituel ; par confequent que ce terme n'en*. FE VRI porte point avec lui d'exemption de la Jurifdiction de l'Ordinaire. Il ne peut lignifier autre choie dans la Chartre de Charles -le Chauve , qu'une défènfe de donner atteinte aux donations que l'Em- pereur avoit faites à l'Eglife de S. Corneil , puifqu'il n'eit parlé dans cette Chartre que de ces donations que l'Empereur veut que l'on exé- cute. Skut in privilégia Domini & Santtijfîmi Patris tioftri Joat.nis Jpo- fiolici & umverfalis Fap£ . . . cor.- tmetur adftipulatum. Il ajoute , pour prouver qu'on ne peut préfumer que la Bulle de Jean VIII contint une exemption de la Jurifdiction Epifcopale ; que ces exemptions des Chanoines étoient inconnues au I X fiécle ; que les exemp- tions les plus étendues qui aient etc accordées aux Moines en ce tems-là, confiftoient dans l'affran- chifièment de quelques droits dûs à l'Evêque , mais qu'elles ne les exemptaient point de la Jurifdic- tion de l'Evêque, bien loin de leur donner une Jurifdiction comme Epifcopale. M. l'Evêque de Soif- Ions employé de nouvelles autori- tés 6c de nouveaux raiïbnnemens pour fbûtenir ces deux propor- tions qu'il s'étoic déjà attaché à établir dans fon premier Mémoire. Il parlé de -là à huit autres points de l'Hiftoire que les PP. ont faite de l'exemption de S. Corneil de Çotnpiegne , qu'il croit pouvoir démontrer être huit fauiîêtés. En- fuite il vient à ce qu'il appelle Vlliftoïre de l'ufurpaticn de la Jurif- i'tcltm , par les Moines de S. CoriitjJ, fro« vce par leurs Pièces. ER 172-7. .9^ On voit d'abord, dit M. l'Evê- que de Soilîbns , des Chanoines , qui , quoique fous la protection cîu S. Siège , reconnoiiîènt leur Evoque , félon les Canons & la difeipline du fiécle ; on voit en- fuites des Moines fubrogés aux Chanoines qui fe trouvent bien honorés du titre & des fonctions de Doyens Ruraux. Ils font in- férer le mot vague de Jurifdic- tion dans les Brefs qu'ils obtien- nent de temps en temps ; ils fe font donner à titre de confirma- tion ce qu'ils défirent acquérir , 6v ils fçavent tirer fuccefîïvement tantôt un avantage & tantôt un autre, à proportion de la facilité de la daterie de Rome , ou de la négligence des Evêqucs de Soif- fons. De là ils paffent jufqu'à ren- dre leur propre Evêque odieux & fufpect de partialité, Se fous ce pré- texte, ils tachent de fecouer fon au- torité. Cet Evêque prétendu partial vit plus de i f années , & ce terme cft allez long pour que les Moines s'acoutument à l'indépendance. S'ils font cependant obligez de reconnoître l'autorité de l'Evêque, continué' M. l'Evêque de Soiflbns, c'eft en gagnant quelque chofe fur cette autorité même. En 1 199 ils font déjà autorifez par une Tranfa- étion à le pafiér toujours de l'Evê- que pour le Saint Chrême, & quel- quefois pour la conlècration des Eglifes , au préjudice du Décret d'un Concile gênerai qui venoit de le leur défendre. Tandis qu'on vit fur la borne foi d'une Tranfaction récente , ils pourfuivent furtivement à Rome une pcjrmiffion de faire une 54 JOURNAL DE Enquête pour prouver par témoins un; Juridiction qu'ils avouoient alors ne pouvoir prouver pur titres. Cette Enquête ne peut tromper un Pape aufii dairvoyant qu'Innocent III; mais en 1220011 amufe l'Evê- que de Soiflbns par une Tranfaction; & fous prétexte de la faire confir- mer par Honore III, on en tire un Bref, par lequel les Moines fe font reconnoître par le Pape, pour être Entièrement inde'pendans & fournis immédiatement au Saint Siège. Vingt ans après on fait glillèr dans un Bref, fous le prétexte de la mê- me Tranfaction, la Jurifdiction fur les Clercs dé Compiegne, avec fou? mifiion mai nédiafe au S. Siège ,com- pie un droit d'une ancienne po/fe/fion. M. l'Evêque de Soilfons avoue que depuis ce tems-là on voit plu- sieurs traces de la Jurifdiction Epif- Copale que les Bénédictins de Saint Corneil' prétendent aujourd'hui ; mais il eft perfuadé que ces actes : . ice de Jurifdiction ne don- nent point d'atteinte à les droits , s'il a prouvé que cette Jurifdiction éft ufùrpe'e. Enfuite il remarque fèpt contradictions dans les Balles & les Brefs produits par les Béné- dictins de Saint Corneil pour fou- tenir leur exemption. i°. Comment les Moines ont-ils pu demander en 121?, a prouver leur privilège par une Enquête, en avouant qu'ils n'avoient point de titres pour l'établir , s'ils avoient obtenu fept Bulles d'exemption ri jo jufqu'cn 1198? 20. Si lés Religieux de S. Corneil ont obtenu au mois de Novembre de |'an 1 198 une Bulle qui les confir- S SÇAVANS, moit dans la Jurifdiction fur toute' la Ville de Compiegnc, à l'exclu- fion de l'Evêque, pourquoi ont-ils demande au mois de Décembre de la même année un Bref qui leur don- nât la Jurifdiction fur les Clercs de la même Ville? 30. Si leur Juridi- ction e'toit établie fur toute la Ville de Compiegne par la Bulle de l'an- ne'e 1 198 , comment ont-ils recon- nu en 1 199 par la Tranfaction paf- fée avec l'Evêque Nivellon, que le foin des ames appartenoit à l'Evê- que dans Compiegne ? 40. Suppofé que les Religieux de S. Corneil eu fient des titres autentiques pour e'tablir leur Jurifdiction fur tout le Clergé de Compiegne , pourquoi ont-ils obtenu des Bulles particuliè- res , pour confirmer leur Juridiction prétendue fur le Chapitre de Saint Clément? 50. Des Témoins de'po- fent dans l'Enquête de 121 5 que les Curez de Compiegne font fujets à l'Evêque quoaâ Curant Laïcor»?>!. Comment accorder ces dépofitions avec les Bulles qui donnent une Jurifdiction fi étendue aux Reli- gieux de Saint Corneil fur toute la Ville de Compiegne? 6 . Les Re- ligieux auroient-ils reconnu par la Tranfaction de 1199 le droit de l'Evêque pour la Confecration des Autels , i\ des Bulles anciennes , 8c en particulier celle de 1198, leur avoient donné le droit de s'adrcilcr à l'Evêque qu'ils voudraient, pour la Confecration des Autels, & pour l'Ordination? ~°.Si toutes les Bul- les produites par les Bénédictins font véritables, comment fe peut-il faire qu'ils n'avent préfênté qu'un Bref d'Innocent 111 pour obtenir F E V R I E d'Innocent IV une confirmation de la Jurifdiétion fur les Clercs de Compiegne ? Nous n'entrerons point ici dans le détail de la féconde partie du Mémoire ; M. l'Evêquc de Soiflbns répondant aux difficultez propofées de la part des Pères Bénédictins fur les moyens de droit , y aiïèinble un grand nombre d'autorités & de moyens,qu'il n'avoit point employés dans fon premier Mémoire, pour prouver i . qu'il faut un titre pri- mordial pour établir l'exemption de la Jurifdiélion de l'Ordinaire ; z°, que les Bénédictins n'ont point de titre qui énonce clairement la Ju- rifdiélion comme-Epifcopale de S. Corneil ; 3 '. que les Bulles produi- tes par les Bénédictins font obfcu- res ; 40. que ces Religieux ont eux- mêmes dérogé à ces exemptions^0, que ces privilèges font éteints par les changemens d'état arrivés dans l'Eglife de S. Corneil. Nous ne pouvons cependant omettre un nouveau moyen, qui re- garde l'Hôtcl-Dieu de Saint Nico- las , qui a donné lieu au Procès en- tre M. l'Evêquc de Soiilbns ÔC les Religieux de S. Corneil. Pour prou- Ver que rétablilîèment de cet Hô- tel-Dieu eft pofterieur aux Bulles que les Pcres Bénédictins produi- fent dans la vue d'établir leur exemp- tion , Se pour montrer en méme- tems que cet Hôtel-Dieu étoit fujet à laJurifdictionEpiicopale. M. l'E- vêquc de Soiilbns produit une co- pie ancienne d'une Chartre de la fondation de l'Hotel-Dieu de Saint Nicolas donnée par Saint Louis en ïz6o, Se des Statuts des Frcres Se R 17Ï7: je des Sœurs de cet Hôtel -Dieu : en- fuite il obferve que dans tous ces Statuts, il n'y a rien qui fafiè corn noître que les Religieux de S. Coi-' neil en foient les Supérieurs , foit pour le temporel, foit pour le fpiri- tuel. Au contraire , ces Statuts veu- lent que les Religieux qui enten- dront les conftrfions des Frères 8c des Sœurs , ayent juiffance de l'Evê- quc. M. l'Evêque de Soiilbns rap- porte quelques morceaux de ces Sta- tuts pour juftifier qu'ils ont été ré- digez pendant la vie de Louis IX ; il ajoute que fi on y donne à ce Roi le titre de Saint, ce n'eft qu'une ad- dition du Copifre, quia voulu don- ner une marque de refpeéfc à fon Fondateur. C'eft encore dans cette féconde partie que M. PEvéquc de Soiilbns répond aux moyens que les Béné- dictins tirent de la qualité de Cha- pelle Royale, qu'ils donnent à l'E- glife de S. Corneil. Le Prélat fou- tient qu'une Chapelle peut être Royale fans être exempte de la Ju- ridiction de l'Ordinaire, & que ce n'eft que fous le Pape Jean XXII que l'on commença à décorer d'il-* ne exemption la Sainte Chapelle de Paris, fondée par le Roi S. Louis f qui ne crut point qu'il fût eficnticl à la dignité des Rois que leur Cha- pelle fût exempte de la Jurifdiction de l'Ordinaire. Venons à la troifïéme partie, elle intereflè ceux qui aiment la criti- que. Nous fommes obligez d'omet- tre plufieurs points importons qui y font difeutez, pour nous renfermer dans ce qui regarde les dattes des Chartres de nos Rois au comme»* t6 JOURNAL DE ccmcnt de la troifïéme Race, 6c la manière de compter l'année 6c les ms dans les Bulks des Papes du douzie'me & du treizième ficelé. Un desmovens employez par M. PEvêque de Soi lions pour prouver la rauflcté d'une Chaître attribuée au Roi Philippe I. par les Bénédi- ctins, étoit tire de ce que la date de cette Chaître ne peut s'accorder avec un frit des plus conilans dans PHiftoire, que Philippe I a fuccede a Henri mort le 4 Août 1060. Le Prélat cite un grand nombre de Chartres pour montrer que c'eft de ce jour-la que l'on a commencé à compter les années du règne de Phi- lipp; [danslaChancellerie 5c ailleurs. Mais les Bénédictins prétendent que ceux qui étoient chargez de rédiger les Chartres, a-, oient différentes épo- ques d'où ils commençoient a comp- ter les années de ce règne , que la caufe de ces diverfitez d'époques peut à prefent être inconnue, mais que cette variation n'en cil pas moins confiante, comme on le voit par un grand nombre de Chartres, qu'il y a beaucoup d'apparence que celui qui a rédigé la Chaître de S. Cor- ncil , a commencé à compter les an- nées du règne de Philippe I. du temps auquel ce Prince a commencé à gouverner par lui-même, ce que les Bénédictins fixent dans leur Mé- moire à l'année 1061. M. l'Evéque de Soifibns avoue qu'il y a diverfes époques de com- mencemens de règnes qui font con- nues par l'Hiltoire, comme celles des Princes qui ont régné avec leur père, 6c qui ont en fui te régné fculs, on peut admettre la variation par S SÇAVANS, rapport à ces deux temps ; mais ce feroit introduire la confuiîon , de fuppoler qu'on a commencé à comp- ter les années d'un règne de quel-? que époque qu'on ne connoit point. On ne concevra jamais qu'un Roi »« iacré , en pofièfiîon de tout fon « Rovaumedès Imitant de la mort « de fon Prédccclleur, fefoitaviié • a continuer avec | ec einprefièrnent la lcc- m Ouvrage, qui far {âge précaution , feroit tombé dans le làni d'Hiitoircs Monachalcs , ieches ou lai , & que pref- .i. Celle-ci cit fort à couvertdun pareil inconvénient, non-feulement par le choix 6c l'ar- de tous les faits qui la . , mais encore par la no- la dignité Se les autres gra- l'élocution. L'on Içait que l'Auteur cil un grand Maître en l'un & en l'autre genre : Il y a long-temps qu'il a fait ils preuves. Il divife cette Hiltoire en quin- ze livres, il yen a_ treize d'une nar- ration fuivic depuis la fondation de l'Ordre, jufqu'à la levée du Siège ' . Jte& a ia défaite des Turcs; Se c'eft à une époque G fameufe, que iè terminent toutes les Hiitoires de l'Ordre, en quelque langue qu'elles lbient écrites. M. l'Abbé de Vertot n'a pas crû devoir pouffer la tienne plus loin. Mais il ne défefpére pas de la conduire jufqu'à notre temps, fi les forces Se la fuite le lui per- mettent, & qu'on lui fourni ilè les Mémoires dont il a befoin. En attendant , il donne par forme de fupplément, dans lbn quatorzième Livre,les Annales de ce qui s'eft parle de plus confidérable dans l'Ordre, depuis l'année 1568 jufqu'au Ma- giltére du Grand-Maitre Dom An- toinc-Manoé'l de Vilhena , qui gou- verne aujourd'hui , & auquel cet Ouvrage eft dédié. Un Traité du Gouvernement de l'Ordre remplit )c quinzième Livre. Du refte,enimprirnant cette hiftoirc, S SC A VANS, on a eu g >u plaifirdesyeux, La beauté du papier ne lai (11- rien à fbuhaiter.non plus que la netteté & las proportion des caractères , fondus lur le modèle de ceux dont on s'elt lêrvi pour l'Edition iK-^.". de Jtqsu île Kc/;.< r, qui paflè pour un chef-d'çeuvr< i >n. Déplus on a eu foin de décorer ce Livre par ks portraits de tous les Grands Maîtres au nombre de 67, gravés rres-exactement d'après les Or.gi- ginaux , par le iieur Cars le fils, ha- bile Graveur , dont le travai I a été fournis à la reyifiondeM. Boulongne; premier Peintre du Roi , 6c Di- recteur de l'Académie de Peinture; On n'a peint oublié les Cartes Géo- graphiques néceflàires pour rint.l- ligenec de cet Ouvrage, 6c drclîees par feu M. Del.fle , dont le nom feu! fait l'éloge. Il y en a trois : i°. celle de tous les Pays où les Chevaliers ont fiic la guerre. 2°. celle de la Sy- rie 6c de PUle de Chypre : 30. celle de l'Iile de Rhodes Se des Iilcs Rho- diennes. On y a joint le Plan de Rhodes gravé fur celui de Duper, 6c ceux de l'Iile 6c des Fortifications de Malte levez fur les lieux par M. le Chevalier dcTign:. Comme nous ne pourrions, fans fortir des bornes qui nous font preA crites, fuivre M. l'Abbé de Vertot dans tout ce que cette hiiioire offre d'évenemens remarquables ; nous nous contenterons d'indiquer en gros ceux qui font la matière de chaque livre ; 6c fi nous entrons fur quelques-uns de ces faits dans un détail plus circonftancié , ce fera ou parce qu'ils intérefleront plus par- ticulièrement l'Ordre de Malte, q\} FE VRI parce qu'ils mériteront par leur fin- gularité d'être expofèz plus au long. Par ce moyen, nous fournirons , dans notre extrait , une commodité qui manque à cet ouvrage ; c'clt-à- dire, une efpéce de fommaire, qui fàflè appercevoir d'un coup d'œil , ce que chacun des treize livres qui le compofent , renferme de plus confidérable. Livre I. L'Auteur , avant que d'entamer fon fujet , ou de par- ler de l'établifîèment de l'Ordre en queftion, représente d'abord l'é- tat où fe treuvoit alors l'Afie , qui devint le grand théâtre , où fe Signa- lèrent nos Chevaliers ;& lcsfurpre- nantes révolutions, qu'on y vit arri- ver, par la décadence de l'Empire de Coniïantinopîe , & par la naif lance 6c les procrès de la fecte deMahomet.M. l'Abbe deVertot nous peint à mer- veilles le caractère de cet habile im- pofteur.On y voit comme ilfçut join- dre à la réduction la force des armes , pour faire embrafier aux Arabes ou Sarraîîns fes compatriotes , le nou- veau fyftêmede religion, qu'il avoit imagine' d'après le judaïfme & le Chnfiianifme ; 6c comme en l'efpa- ce de 23 ans, ou félon d'autres, au bout de dix ans feulement , il le rendit maître de toute lArabie. En- fuite on nous parle des Califes qui lui fuccédérent , de la rapidité' de leurs conquêtes en Alie,en Afrique & en Europe, des Soudansou Sul- tans Sarrafins , qui démembrèrent le vaux Empire des Califes, & le par- tagèrent entr'eux ; des Turcomans ou Sultans Selgeucides , qui conqui- rent l'Afie fur les Sarrafins, & qui embraliérent le Mahométifme. ER 1717- ïo? On nous apprend encore comme les lieux fiiints devinrent fucceiTi- vement la proye de tous ces Infidè- les , qui les mettoient à contribu- tion par les fommes qu'ils exigeoient impitoyablement de tous ceux, qu'u- ne dévotion alors fort à la mode , y conduifoiten pèlerinage, de tous les endroits de la Chrétienté. Il cft vrai que fous l'Empire deCharlemagne, le Calife Aaron Rafched , à la confi- dération de ce grand Prince, permit aux François d'avoir dans Jérufa- lcm un hofpice, pour les pèlerins de cette nation. Mais ce privilège leur fut ôté fous fis fuccefièurs , & ce n'é- toit plus qu'à prix d'argent qu'ils avoient l'entrée de la fàinte Cité j trouvant à peine pour la nuit, une retraite fùre dans la ville , où ils n'étoicnt guéres moins odieux aux Chrétiens de l'Eglife Greque , qu'aux Mahométans. Ce ne fut que vers le milieu du' onzième fiécle , que des Marchands Italiens, qui étoient d'Amalphi, au Royaume de Naples, obtinrent à force de préfèns du Calife Monfta- fer-Billah,une permiffion d'établir pour les Chrétiens Latins , un hof- pice dans Jérufalcm, auprès du fâint Sépulcre. Sur la portion de terrain afiignée par le Prince , ces pieux négocians bâtirent , fous l'invoca- tion de la Sainte Vierge , une chapelle deffervie par des Religieux Béné- dictins, & accompagnée de deux hoi piecs , pour loger les pèlerins de l'un & de l'autre féxe, fainsou ma- lades ; ôc ces deux maifons furent confacrées, l'une fous 1 invocation de Saint Jean, l'autre fous celle de fiunte Magdelaine. C'cit donc ce io4 JOURNAL DE feint établiflèment, qu'on doit re- gard r, (êlon l'Auteur, comme le : de l'Ordre de feint J ilem. A peine y àvoit-il dix-fept ans qu'il fublîlloit, qu'il courut rifque d'être ruine par la conquête que les Turcomans firentde Jérufelem furie Galifè d*Egypte,en 1 06 fious l'Em- pire de Gékleddin Malefcha , le troi- fiéme& le pins puiflànt dcsSultans Selgeucides. Ce fut pour affranchir Jérufelem de l'oppreffion de ces bar- bares , que les Princes d'Occident excitez par le Pape Urbain I,Se par les prédications du fameux Pierre l'Hermite, entreprirent la première Croifede, fous la conduite de Go- defroy de Bouillon.Nous renvoyons à l'Auteur, fur le détail de cette grande expédition, dont il raconte Jes principales cîreonftances,& qui le termina par la prife de Je'rufelem en 1090 fur le Calife d'Egypte, qui venoit de la reprendre fur les Tur- comans. Les Croifèz y trouvèrent le pieux Ge'rard , François , originaire de l'ifle de Martigues en Provence, & qui faifoit la fonction d'adminiftra- teurdans l'Hôpital de Saint Jean, où il étoit regardé comme le père commun de tous les pauvres de la ville, Se où tous les pèlerins étoient admis fans diflinétion du Grec Se du Latin des Infidèles mêmes y recevant l'aumône. Plufieurs jeunes Gentils- hommes , pénétrez de l'efprit de chanté qui régnoit dans cette mai- llon, renoncèrent au retour dans leur patrie, & fc confàcrércnt dans cet Hô] d au fervicc des pauvres 6c des pèlerins. De ce nombre furent un S SÇAVANS, ■ • ■ ■' n de Compf * tous deux natifs de Dauphiné, un Gaflus ou Caftus, de la ^ ÛJe de Ber- deiz, un Conon de ! . \uvcr- gnat, Se plufieurs autres. Godefroi devenu Roi de Jérufelem , fans pourtant en accepter le titre, & vou- lant contribuer à l'entretien de la mai/on de feint Jean, y attacha la feigneurie de Montboire avec tout ce qui en dépendoit; Se cela failbit autrefois une partie de fon domaine dans le Brabant. Cet exemple fut fuivi de la plupart des Princes Se des Seigneurs croifèz ; de fort j qu\ n peu de temps l'Hôpital fe troir. a enrichi d'un grand nombre déterres Se de feigneurics , tant en Europe que dans la Palélline. Gérard , qui n'écoit encore qu'ad- miniitrateur féculier de l'Hôpital , avant en vûë une plus grande per- fection, engagea fes confrères Se fes feeurs Hofpitalieres à prendre l'ha- bit régulier, confilîant en une fim- ple robe noire, fur laquelle étoit at- tachée du côté gauche une croix de toile blanche à huit pointes j Se à faire les trois vœux folemnels de la Religion, entre les mains du Pa- triarche de Jérufelem. Ce nouvel Inititut, quelques années après, fut approuvé du Pape Pafcal II, qui par une Bulle exempta la maifbn de Jérufelem Se fes dépendances, de payer la dixme de leurs terres , au- torifâ toutes les fondations faites ou à faire en faveur de l'Hôpital , Se ordonna qu'après la mort de Gé- rard, les Hofpitaliers fèuls, à l'ex- clufion de toute Puiflânce Eccle- fiaitique ou féculierc, auraient droit d'élire un nouveau Supérieur. FE VRI Ce fut en vertu de cette Bulle qu'en 1128 fous le régne de Bau- douin du Bourg , troifiéme Roi de Jérufalem , Gérard étant mort , les Hofpitaliers lui donnèrent pour fucccficur Raïmond Dupuy , Gentil- homme de Dauphiné. Ce nouveau Supérieur, à qui les Hiftoriens con- temporains donnent le nom de Graiid-MJtre , crut devoir ajouter aux fonctions de Phofpitalité , qui jufqu 'alors ayoit fait toute l'occu- pation de fes Religieux , l'obligation de prendre les armes pour la dé- fenfe des lieux faints ; 8c c'eft ce qu'il e'xécuta du confentement de tout le Chapitre. Il tira donc de cet Ordre Hofpitalier un corps militai- re Se comme une croifade perpé- tuelle, qui devoit être foumilè aux Rois de jérufalem , & toujours prê- te à combattre les Infidèles, dans toutes les occafions où les Chrétiens de la Paléftine auraient befoin de fè- cours ; occafions, que le voifinage des Mahornétans , 8c leur mélange avec les Européens qui venoient de conquérir la Terre-Sainte, rendoient en ce tems-là très-fréquentes. On prétend que Raimond , dès- lors , partagea tout le corps des Hof- pitaliers en trois claflès , dont la pre- mière étoit pour les Chevaliers defti- nez à porter les armes ,8c diftinguez par leur naiilànce, ou par le rang qu'ils avoient tenu ; la féconde étoit pour les Prêtres 8c les Chapelains , qui dévoient fervir tour à tour d'Aumôniers à la guerre ; 8c la troi- fiéme étoit remplie par ceux qui n'étant ni Nobles ni Eccléfiaitiques, portoient le nom de ï réres Serrans 5 jk. qui en 125-9 fuient diftinguez, février. E R. 1 7 17I ro^ des Chevaliers par une cotte d'ar- mes de différente couleur. Dans la fuite, ce nouvel Ordre s'étant ex- trêmement multiplié , on le divifa , fuivant les différentes nations, en fêpt langues, fça voir Frovcnce , Au- vergne , France t Italie, Arragcn 3 Alle- magne & Angleterre. On ne compte plus celle-ci depuis le fchifme , Se l'on a joint à la langue d'Arragon celles de Caftillt 8c de Portugal. L'Auteur nous fait voir ces nouveaux Chevaliers fè fignalant dans toutes les expéditions guerriè- res , foit des Rois de Jérufalem , foit des autres Princes Chrétiens de la Syrie 6c de la Paléifinc. Il nous parle de la prifon du Roi Baudouin II 6c de fa délivrance , de la prifede Tyr par la flotte des Vénitiens ; du choix que fit Baudouin d'un fuccef- fêur, en la perfonne de Foulques , Comte d Anjou , auquel il fit épou- fer Méliièndc fa fille aînée , de la Naiilànce d'un nouvel Ordre de- Chevalerie formé fous le nom de Templiers , ou de Chevaliers du Tem- ple , par Hugues de Payens , Gcof- froi de Saint Aldémar, 6c fept au- tres Gentilshommes , tous François , 6c qui paflbicnt pour les élèves des Hofpitaliers ; de la mort de Bau- douin , 8c de l'avénement de Foul- ques à la Couronne de Jérufalem. L'Auteur nous raconte enfuite'de quelle manière Alphonfc , Roi de Navarre 8c d'Arragon , déclara par un Tcilament folemnel, les Hofpi- taliers, les Templiers 8c les Cheva- liers du S. Sépulchre, fes héritiers 6c fes fucceillursà fes deux Royau- mes , 8c 1 s négociations faites pour l'exécution de ce Teftamcnt , mais O ic* JOURNAL DE qui furent fans fuccès. La perte que les Chrétiens firent de la V Uc d'Edeflè, que Zenghi, Sultan Sclgeucidc de MofulSc d'A- lep, enleva au jeune Courtenay ,qui en étoit le Souverain , donna occa- fion à la féconde Croifadc, prcchcc en France par S. Bernard, fous le régne de Louis VII. On voit ici comme ce Prince 8c l'Empereur Conrad fe croiférent, &: le fuccès malheureux de cette expédition, où périrent aumoinsaoooooChrêtiens. Les e'vénemcns les plus confi- dérables qui terminent ce premier Livre, font les exploits du Sultan Noradin , fils de Zenghi , dans 1-a Pal ciï i ne, après la retraite desCroi- fèz : le Siège & la prife d'Afcalon fur les Infidèles par le Roi Bau- douin III, conquête la plus glo- rieufe & la plus importante que les C hretiens eu fient faite en Orient, de- puis celle de Jërufakm ; les diflèn- fions entre le Cierge féculier & les Hofpitalicrs , au fujet des exemp- tions accordées à ceux-ci par le Saint Sic'ge : l'établifiunent en Eipagné des trois Ordres militaires de Cala- trava, de S.Jacques 8c d'Alcantara : la prife de Panéas en Phe'nicie , par Noradin, Scia défaite de ce Sul- tan à la journée de Putaha , par le Roi de Je'rufalcm , à la tête des Hoi- pitaliers & des Templiers. Peu de temps après cette Bataille, c'efi-à- dirc l'an 1 150 , mourut le Grand- Maître Raimond du Puy, âgé de plus de 80 ans. Livre IL Ce Livre contient l'Hiiroirc de ce qui s'clt pafie pen- dant près de 50 ans, c'eft-à-dire, depuis l'an 1 ijo jufqu'à l'an 1 194 S SÇAVANS, fous le gouvernement de neuf Grands-Maîtres ; Auger de Bal- ben , Arnaud de Comps, Gilbert d'Ailalit ou de Sailiy, Caftus ou Gaftus , Joubcrt , Roger des Moulins , Garnicr de Syrie , Er- mengard Daps , 8c Godefroi de Duilîbn. Auger de Balbcn fignala fon Ma- gifte'reen deuxoccafions. Il ne con- tribua pas peu à déterminer le Roi de Je'rulàkm à fe ranger fous l'obé- dience du Pape Alexandre III, mal- gré la cabale qui favorifoit l'Anti- Pape Victor III : 8c il eut aufii beau- coup de part à la réunion des deux partis qui s'étoient formez après la mort du Roi , au fujet de fon fucceficur ; les uns foûtenant que le Royaume devoit être e'iectif j les autres prétendant qu'il étoit hé- réditaire. Ce dernier avis prévalut, èc Amaulri , frère du de'funt, mort fins ciifans, fut couronné. M. l'Ab- bé de Vertot n'oublie pas de rap- porter en cet endroit la généreulê repartie, que fit le Sultan Noradin à ceux de fes Miniftres,quil'cxhor- toient à profiter de l'inter-régne , pour faire une irruption dans la Paléftine . A Dieu tu flaife , leur dit- il, que je vie prévale du malheur da Chrétiens ,dct:t même après la mort d'un Ji grand Roi , il n'y a plus rien à crain- dre. L'Auteur raconte enfuite les ex- ploits d' Amaulri, en Egypte. 11 y rétablit le Sultan Sannar, après en avoir chaflë l'armée de Noradin , commandée par Siracon, ScparSa- ladin, neveu deceGénéral Ce jeu- ne G uerrief,qui fe rendit depuis fi re- doutable à tout l'Orient , s 'étant FEVRIE alors jette dans Alexandrie, pour la défendre contre le Roi de Jérufa- km qui en faifoit le Siège, fut con- traint de la rendre par compofition à ce Prince ; & l'on dit, que fbrtant de la place à la tête de ia Garnifon , il voulut être fait Chevalier de la main du Conétable de Jérufàlem , dont il avoit plufieurs fois admiré la valeur. Amaulri remit Alexandrie à Sannar , fous la condition d'un tri- but. L'Auteur, en parlant des révo- lutions arrivées en Egypte, à l'oc- cafion des Califes Fatimides, Sec- tateurs d'Ali, qui s'y établirent vers Tan Q7X , 6c qui n'y avoient pas plus de droit que les Califes Abaf- iîdes de Bagdat , oblèrve que ce droit n'avoit d'autre fondement que la loi du plus fort ; & qu'un certain Tabéthéba ayant demandé au Ca- life Fatimide Mo.'Uedwillah qui ve- noit d'envahir l'Egypte , fous pré- texte de religion, de quelle bran- che de la mailbn d'Ali il Ibrtoit , Moèz, quiétoit alors à la tète d'une puilîânte Armée, tira fon fabre du fourreau , 6c le faifant briller aux yeux de celui qui l'interrogeoit : Voilà t dit - il , mon père , ma mère & mes ancêtres ,- puis jettant des poi- gnées d'or à fes Soldats , voici , ajoû- ta-t'il , mes encans & toute ma poflé- rttè. Le Grand-Maître Gilbert d'Aflâ- lit ternit fa gloire par la complailânce intérefiee , qui lui fit entreprendre de concert avec le Roi Amaulri , la conquête de l'Egypte, au préjudice du Traité de paix , que les Chré- tiens venoient de conclure avec le Soudan. Le Roi ayant d'abord em- porté d'ailaut la Ville de Beibeïs , R i 7 2. 7» Ï07 ( qui étoit l'ancienne Pélufc ) la céda au Grand - Maître , fuivant leurs conventions. Mais s'étant avancé vers le Caire, pour l'affiéger, l'a- varice qui le dominoit , fut caufe qu'il fe laiflà éblouir mal à propos par les fommes immenlcs que lui offrit le Soudan, pour l'amuler, en attendant le lêcours , que Noradin envoyoit à ce Prince Mahométan ; 6c le fecours étant arrivé , Amaulri le vit dans la néccfllté d'abandon- ner Beibeïs , ôc de le retirer en dé- fbrdredans laPaléftine. Le Grand- Maître fur lequel on rejettoit ce mauvais fuccès , le démit de fa Di- gnité , 6c fit naufrage, en voulant Te retirer en Angleterre. D'un au* tre côté , Siracon , Général de No- radin, après avoir fait poignarder Sannar , s'empara de l'Egypte , qu'il laiila deux mois après par fa mort à Ion neveu Saladin. Celui- ci s'étant lait déclarer Soudan par Adhad , dernier Calile Fatimide, le fit enfuite étrangler , 6c le réunir au Calife Abafîide de Bagdat. Il ne tarda pas à infulter la Pales- tine par des courfes 6c des hoftilitez ; ce qui obligea le Roi Amaulri de le rendre àConftantinoplc,auprès de l'EmpereurManuel Comnénc,oncIe de là femme, pour y folliciter du lè- cours.Pendant fon abfcnce,lc Grand- Maître Joubert affilié des Templiers, fut toujours en Campagne,pour faire tête à Saladin 6c à Méfier , Tem- plier Renégat , qui s'étoit emparé de la petite Arménie. M. l'Abbé de Vertot parle ici des Guerres entre- prifes par les Templiers, contre le Vieux de la Montagne , Roi des Afliûias , 6c donne un détail ck» P ij tc8 JOURNAL DE confrancic du gouvernement de ce petit Etat, qui s'étoit rendu fi formi- dable à tous les Souverains. Baudouin IV Prince valétudi- naire, fils fie fucceflèur d'Amaulri , pour premier exploit , défit Sala- din à la Bataille d'Afcalon. Mais l'année fui vante , ion armée fut tail- lée en pièces par le Soudan , qui avoit içû l'attirer dans une embuf- cade. En 1 1 78 , Renaud , Seigneur de Margat , donna aux Hospitaliers" ce Château fituë fur les Confins de la Judée ; Se ces Chevaliers , dans la fuite, en firent un des plus forts Bon levais de la Chrétienté , en Orient. Cela ne fut point capable d'ar- rêter les conquêtes de Saladin fur les Chrétiens ; & l'Auteur obfèrve que trois caufes principales concou- rurent à les lui faciliter ; i°. la ja— loulîe entre les Grands pour le gou- vernement de l'Etat, fous un Prin- ce très-infirme jz°. les intelligences criminelles de quelques Seigneurs avec les Mahome'tans ; Se 30. la di- vifion entre les deux Ordres mili- taires des Hospitaliers 8c des Tem- pliers. Rien,par exemple,ne mécon- tenta davantage les Grands du Royaume , fie fur tout Raimond , Comte de Tripoli „ que de voir le Roi aflbcierau Trône Guy de Lu- fignan, Prince foible, en lui don- nant une de fes fœurs en mariage. D'ailleurs les fecours étrangers lui manquoient prefque totalement, Se ce fut fins fiiccès qu'il fit iôlliciter par le Patriarche même de Jérufa- lem, une Croifade en France Se en Angleterre. Il mourut peu de temps après , & Baudouin V fon neveu S SÇAVANS, fie fon fucceflèur l'ayant fuivi an. bout de fept mois ; Guy de Lufî- gnan fie fa femme fè firent procla- mer de nouveau Roi fie Reine de Jérufàlem. Gâte proclamation acheva d'alic- ner le Comte de Tripo!i,qui de dc- fèfpoir, le fit Mahome'tan en fecret ; fie favorifa de tout fon pouvoir les deflèins fie les entreprifès de Sala- din , qui lui avoit promis la Couron- ne de Judée à condition que le Comte feroit fon feudataire. Sala- din cependant ne laillâ pas de rece- voir un échec, lorfqu'il vouloit faire le Siège d'Acre. Il fut repoufle par les Chrétiens, qui perdirent en cette occafion le Grand-Maître Roger des Moulins , tué fur le champ de Ba- taille. Mais Saladin eut bien-tôt là revanche, fie d'intelligence avec le Comte de Tripoli , s'étant emparé de Tybériade , Se ayant alfiégé le Château, il y gagna fur les Chré- tiens, qui accouroient pour lui faire lever le fie'ge, cette fanglantc ba- taille, où le Roi fie le Grand-Maî- tre furent frits prifonniers. Cette de'routc arrivée par la trahifon du Comte, entraîna la perte de prefque toutes les Villes de la Paléftine ; 8c Saladin ne trouvant plus d'obfta- cles à fes progrez, mit le Siège de- vant Je'rufalem , où la Reine s'etoit enfermée. Il s'en rendit maître par composition au bout de quatorze jours, 88 ans après la co:: qu'en avoit faite Godefroi de Bouil- lon. Rien n'eil plus touchant que la peinture que l'Auteur nous fait ici delà de ' n e'nérale des Habi- tans contraints d'abandonner la Vil- le fainte , fie de l'humanité avec la- FEVRIE «quelle Saladin voulut bien compa- tir à leur douleur. Après ce tnite événement , on nous parle de la Ville d'Afcalon li- vrée par la Reine à Saladin pour la rançon du Roy & des Seigneurs pi iibnnicrs ; on nous informe du Siè- ge de Tyr vainement entrepris parle Soudan , & de la mort du Comte de Tripoli , devenu furieux , parce que Saladin , après avoir profite de la trahifon , ne faifoit plus d'état du Traître ; on nous raconte fommai- rement la nouvelle Croifàde où s'en- gagèrent l'Empereur Fridéric Bar- be-rouflë, Philippe Augufte, Roi de France, & Richard 1 Roi d'An- gleterre. La prife de la Ville d'A- cre, dont près de trois ans aupara- vant , le Roi de Jérufalem avoit commencé le Siège , fut prcfque le feul fruit que les Chrétiens tirèrent d'une expédition entrepriië avec tant d'éclat. Il cft pourtant vrai que le Roi Richard , avant que d'arriver en Paléftine avoit enlevé' l'Ifle de Chypre aux Grecs, pour fe van- ger de leur perfidie ;& qu'avant fon départ de la Terre fàinte , il empor- ta JafFa 6c Afcàlon. Les Hofpita- liers, qui depuis la prife de Jéru- falem , s'étoient retirez à Margat , transférèrent leur principale réfi- dence à Saint Jean d'Acre , & le Grand-Maître Ermcngard d'Aps y mourut en 1 191. L'année fuivante , arriva la mort de Saladin à Damas. Ce grand Prin- ce n'en fèntit pas plutôt les appro- ches, qu'il donna ordre à l'Officier qui portoit l'on Etendait dans les Batailles , de mettre à la place un morceau de drap deitiné à l'enfèye- R 1717. 109 lir , de le porter dans toute la Viïïe, Se de crier à haute voix ; voilà tout ce que le Grand Saladin , vainqueur de l'Orient, emperte de [es conquêtes & de fes thréfors. Livre III. On trouve dans ce Livre l'Hiftoire d'onze Grands- Maîtres , içavoir, d'Alphonfc de Portugal , de GeofFroi le Rat , de Guérin de Montaigu , de Bertrand deTéxis, de Guarin, de Bertrand deComps, de Pierre deVillebride , de Guillaume de Chàteauneuf t de Hugues de Revel , de Nicolas Lorgue, Se de Jean deVilliers;lef- quels ont gouverné l'Ordre pen- dant près d'un fiécle, c'eft-à-dire i depuis ii94Juiqu'en 1291. Le Magiftére d'Alphonfc ne fut pas de durée. Son gouvernement tropdéfpotique, Se l'entreprifè qu'il fit mal à propos de reformer les Che- valiers , révoltèrent tout l'Ordre contre lui , Se il fut contraint d'ab- diquer. Sous fon fuccefîeur GeofFroi le Rat, on nous repréfente les Hofpi- taliers , ainfi que les Templiers , aulli puifîàns que des Souverains ,Scpof- fédant en Europe Se en Afie, des Principautez,des Villes, des Bourgs , des Villages ; en forte que les pre- miers avoient dans l'étendue de la Chrétienté jufqu'à dix-neuf mille Manoirs ou Manfes ; chaque Manoir évalué au labour d'une charuë à deux bœufs. De-là naifîbient très- fouvent des conteftations entre les deux Ordres • Se ils eurent alors un grand Procès au fujet d'un Vaflâl des Hofpitaliers dépouillé de fon Château par les Templiers, pour la déciflon duquel il fallut que le Pa- no JOURNAL DE pc Innocent III interpolât fon au- torité. Peu de temps après , une ré- volution furprenante arrivée à Con(- tantinople , attira dans cette Capi- tale un grand nombre d'Hofpita- liers. Ce fut la prife de cette Ville , par la nouvelle Croilâde , que le Marquis de Montfcrrat conduifoit en Paléftine , & qui proclama Em- pereur d'Orient Baudouin , Comte de Flandres. Un des premiers Exploits du Grand- Maître, Guérin de Montai- gu , fut de marcher au fecours de Lcon,ouLivron,Roi d'Arménie, 2c de tailler en pièces l'armée de So- liman , Sultan Sclgcucide d'Ico- nium, qui ravageoit ce Royaume. L'Ordre y acquit pour récompenfe ïa Ville de Saleph, & quelques for- tereflès. Dans ce même temps , un autre Guérin, Hofpitalier François , Miniftre Se Général des Armées de Philippe Augufte, Roi de France, rendit des fervices importans & à l'Eglife & à fa Patrie. 11 arrêta les progrez des nouvelles erreurs que répandoit un Clerc du Diocéfè de Chartres , nommé Amauh'i ; & il eut grand part au gain delà Bataille de Bovines, où Philippe Augufte défit l'Empereur Othon IV Se fes Alliez. Qn en donne ici la déferip- tion. L'on raconte en fuite, comme de tous les Princes Chrétiens qui fe croilérentau Concile œcuménique de Latran , il n'y eut qu'André , Roi de Hongrie, qni fatisfit alors ( en 1216 ) à cet engagement. A fon arrivée, il voulut être aflbcié à l'Ordre des Hofpitaliers , en qualité de Confrère : puis accompagné des S SÇAVANS, Rois de Jérufalcm & de Chypre, il marcha contre Coradin, Soudan de Damas , qui s'étoit mis en Campa- gne, pour affiéger Acre, & le con- traignit de fe retirer. Cet avantage fut ruivide la prife de Damiette par le Roi de Jérufalcm , affilie d'un nou- veau renfort, que luiamcnaGuillau- me I, Comte de Hollande, en 1220, Ç'eft en cet endroit que l'Auteur nous inftruit de toutes les broùil- lerics excitées entre le Pape Gré- goire IX , & l'Empereur Fridéric II . à caule de l'inexécution de la Croifade par ce Prince, que lcSou- ycrain Pontife excommunia pour ce fujet. On verra ici toutes les fui- tes funeftes de ce fameux démêlé , pour lequel il y eut tant de fang ré- pandu de part Se d'autre , Se comme Fridéric étant enfin paffé en Orient Pan 1228, il fit avec le Soudan d'E- gypte un Traité , en apparence fort avantageux aux Chrétiens , mais qui au fond n'avoit rien de réel , que le defiein d'amufer ceux de la Terre-Sainte , Se d'en impofèr à ceux d'Occident. On verra aufli comme il devint le perfécuteur des Hofpitaliers. Ce fut par leur fècours,£e fous le Magiftére de Bertrand de Téxis , que Dom Jaime , Roi d'Arragon , prit Valence fur les Maures d'Ef- pagne, & joignit ce nouveau Royau- me au fien. Il en marqua fa recon- noillànce à l'Ordre par de riches do- nations. Peut-être lajuloufie exci- té: par l'état fi floriflànt de cet Ordre, fut-elle la fource des plain- tes portévs au Pape fur le relâche-, ment de ferveur parmi les Hofpita- liers. Cependant l'ciprit de péni- FEVRI tence & de charité y regnoit en- core, puifque plufieurs Chevaliers de. ce temps-là, font aujourd'hui révérés comme des Saints. Entr'au- tres accufations , on leur repro- choit leur liaifon avec Jean Ducas , furnommé Vatace , Empereur Grec , 6c par conféquent Schifmatique ; mais qui étoit un des plus puiîfans 6c des plus habiles Princes, qu'on eût vu fur le Trône depuis Conf- tantin , 6c qui étoit regardé par les Chrétiens, comme le ièul, capable de les maintenir dans la Paléitine. L'Ordre de S. Jean avoit-il grand tort de s'appuyer de la protection d'un tel Prince , dans des temps il malheureux? Sous le Magiftére de Guarin en 1140, Thibaud V , Comte de Champagne , &C Roi de Navarre , 6c Richard de Cornoiiailles , frère du Roi d'Angleterre, étant paflez en Orient , chacun à la tête de fa Croifade ; le premier fut défait à la Bataille de Gaza par l'Emir de Ca- rac, avec lequel il fut obligé défaire une trêve ; Se le fécond conclut avec le Soudan d'Egypte un nouveau Traité , par lequel les Chrétiens rentrèrent dans Jérufalem, 6c fedif- polérent à en relever les murail- les. Mais à peine commençoient- t-ils cet ouvrage , que la Paléitine fut fubitement inondée par un dé- luge de Barbares appeliez Coral- mins , qui chaflérent les Chevaliers de la fainte Cité , 6c gagnèrent fur eux une Bataille,où les deux Grands- Maîtres demeurèrent fur la place. Le Grand-Maître Bertrand de .Comps périt aufli en 1248 dans une bataille contre les Turcomans , qui ER ryi'f. Tif menaçoient d'afiîéger Antioche. M. l'Abbé de Vertot raconte lommai- rement ce qui fe paflâ dans la mal- heureuiè Croifade entreprife par S. Loiiis j qui pourtant avant fon dé- part de la Terre-Sainte, fit fortifier Acre, rebâtir Saïde, Céiàrée 6c Jaf- ra,6c laiiîà des fècours confidérables de troupes 6c d'argent. Sous le Grand-Maître Guillaume de Châtcauneuf, éclatèrent de nou- ■ vclles diflènfions entre ks Hofpita- îiei's 6c les Templiers, qui tournè- rent leurs armes les uns contre les autres. L'intérêt commun de fe dé- fendre contre les Infidèles, les réu- nit. Pendant le magiftére de fon fiuc- celièur Hugues de Rével , qui gou- verna dix-huit ans, l'Ordre pour le temporel , prit une nouvelle forme. Ce fut alors qu'on établit desCom- manderies , 6c qu'on les mit fous diffèrens Prieurés. Ce fut dans le même temps, c'ell-à-dire en 1167 , que le Pape Clément IV donna au Supérieur des Hospitaliers le titre de Grand-Maître. En 1263 Btndocdar Soudan d'E- gypte^ le quatrième desMamme- lucs qui étoient montez fur le trô- ne, fit une cruelle guerre aux Chré- tiens , fur lefquels il prit d'abord la forterefle d'Arfur, qui appartenoit aux Hofpitaliers, puis celle de Sé- phet, qui dépendoit des Templiers , enfuite Jafla, Antioche 6c quelques autres places. Ces conquêtes abou- tirent à une trêve. Au milieu de ces guerres continuelles, les Hofpita- liers ne laifièrent pas de convoquer 6c de tenir cinq chapitres généraux. L'extrémité où ils étoient réduits no JOURNAL DE pc Innocent 111 interpolât Ion au- torite. Peu de temps après, une ré- volution furprenante arrivée à Conf- tantinople , attira dans cette Capi- tale un grand nombre d'Hofpita- liers. Ce fut la prifè de cette Ville , par la nouvelle Croifade , que le Marquis de Montferrat conduifoit en Palértine , & qui proclama Em- pereur d'Orient Baudouin , Comte de Flandres. Un des premiers Exploits du Grand- Maître, Guérin de Montai? gu , fut de marcher au fecours de Leon,ouLivron,Roi d'Arménie, £c de tailler en pièces l'armée de So- liman , Sultan Sclgcucidc d'Ico- nium, qui ravageoit ce Royaume. L'Ordre y acquit pour récompenfè la Ville de Salcph, & quelques for- tcreilès. Dans ce même temps , un autre Guérin, Hofpitalier François, Miniitre Se Général des Armées de Philippe Augufte, Roi de France, rendit des fervices importans & à l'Eglife & à fa Patrie. 11 arrêta les progrez des nouvelles erreurs que repandoit un Clerc du Diocéfe de Chartres , nommé Amaulri ; & il eut grand part au gain de la Bataille de Bovines, où Philippe Auguite défit l'Empereur Othon IV Se fes Alliez. Chi en donne ici la déferip- rion. L'on raconte en fuite, comme de tous les Princes Chrétiens qui fe croilérentau Concile œcuménique de Latran , il n'y eut qu'André , Roi de Hongrie, qni fatisfit alors ( en 1 2 1 6 ) à cet engagement. A fon arrivée, il voulut être ailbcié à l'Ordre des Hofpitaliers , en qualité de Confrère : puis accompagné des S SÇAVANS, Rois de Jc'rufalcm Se de Chypre, il marcha contre Coradin, Souuande Damas, qui s'étoit mis en Campa- gne, pour afliéger Acre, Se le con- traignit de fe retirer. Cet avantage fut iliividc la prife de Damicttepar le Roi de Jérufalcm , aïïîfté d'un nou- veau renfort, que lui amcnaGuillau- mel, Comte de Hollande, en 1220. Ç'eft en cet endroit que l'Auteur nous inftruit de toutes les broùil- leries excitées entre le Pape Gré- goire IX , Se l'Empereur Fridéric II . à caufe de l'inexécution de la Croifade par ce Prince , que le Sou- yerain Pontife excommunia pour ce fijjet. On verra ici toutes les fui- tes funeltes de ce fameux démêlé , pour lequel il y eut tant de fang ré- pandu de part Se d'autre , & comme Fridéric étant enfin paf!é en Orient Pan 1228, il fitavec leSoudand'E- gypte un Traité, en apparence fort avantageux aux Chrétiens , mais qui au fond n'avoit rien de réel , que le deflèjn d'amufer ceux de la Terre-Sainte , Se d'en impofer à ceux d'Occident. On verra aufïï comme il devint le perfécuteur des Hofpitaliers. Ce fut par leur fêcours,8c fous le Magiftére de Bertrand de Téxis, que Dom Jaime , Roi d'Arragon , prit Valence fur les Maures d'Ef- pagnc,& joignit ce nouveau Royau- me au fien. 11 en marqua là recon- noillànce à l'Ordre par de riches do- nations. Peut-être lajaloufie exci- tée par l'état fi flonflànt de cet Ordre, fut-elle la fource des plain- tes portées au Pape fur le relâche-» ment de terveurparmi les Hofpita- liers. Cependant l'efiprit de péni- F E V R I tence & de charité y regnoit en- core, puifque plufieurs Chevaliers de ce temps -là, font aujourd'hui révères comme des Saints. Entr'au- tres aceufations , on leur repro- choit leur liaifon avec Jean Ducas, furnommé Vatace , Empereur G rec , 5c par conféquent Schifmatique ; mais qui étoit un des plus puiflàns 8c des plus habiles Princes, qu'on eût vu fur le Trône depuis Conf- tantin , & qui e'toit regardé par les Chrétiens, comme le ieul, capable de les maintenir dans la Paléftine. L'Ordre de S. Jean avoit-il grand tort de s'appuyer de la protection d'un tel Prince , dans des temps fi malheureux ? Sous le Magiftcre de Guarin en 1240, Thibaud V , Comte de Champagne, 8c Roi de Navarre , 5c Richard de Cornouailles , frere du Roi d'Angleterre, étant paflez en Orient , chacun à la tête de la Croifade ; le premier fut défait à la Bataille de Gaza par l'Emir de Ca- rac, avec lequel il fut oblige' défaire une trêve ; 8c le fécond conclut avec le Soudan d'Egypte un nouveau Traite , par lequel les Chrétiens rentrèrent dans Je'rufalem, 8c fedif- pole'rent à en relever les murail- les. Mais à peine commençoient- t-ils cet ouvrage , que la Paléftine fut fubitement inondée par un dé- luge de Barbares appeliez Coraf- mins, qui chaflè'rent les Chevaliers de la lainte Cité , 8c gagne'rent fur eux une Bataille,où les deux Grands- Maîtres demeurèrent fur la place. Le Grand-Maitre Bertrand de ,Comps périt auifi en 1x48 dans une bataille contre les Turcomans , qui ER 1717I tiï menaçoient d'afTie'ger Antioche. M. l'Abbè de Vertot raconte lommai- rement ce qui fe palîà dans la mal- heureufe Croifade entreprise par S. Loiiis ; qui pourtant avant fon dé- part de la Terre-Sainte, fit fortifier Acre, rebâtir Saïde, Céfarée 8c Jaf- fa ,8c laiffa des fecours confidérables de troupes 8c d'argent. Sous le Grand-Maitre Guillaume de Châtcauneuf, éclatèrent de nou- velles dillènfions entre les Hofpita- liers 8c les Templiers, qui tournè- rent leurs armes les uns contre les autres. L'intérêt commun de fe dé- fendre contre les Infidèles, les réu- nit. Pendant le magiftére de fon fuc- celfeur Hugues de Rével , qui gou- verna dix-huit ans, l'Ordre pour le temporel , prit une nouvelle forme. Ce fut alors qu'on établit desCom- manderies , 8c qu'on les mit fous differens Prieurés. Ce fut dans le même temps, c'elt-à-dire en 1267 , que le Pape Clément IV donna au Supérieur des Hofpitaliers le titre de Grand-Maître. En 1263 Btndocdar Soudan d'E- gypte , 8c le quatrième des Mamme- lucs qui étoient montez fur le trô- ne, fit une cruelle guerre aux Chré- tiens , fur îefquels il prit d'abord la forterellè d'Arfur, qui appartenoit aux Hofpitaliers , puis celle de Sé- phet , qui dépendoit des Templiers , enfuite Jafta, Antioche 8c quelques autres places. Ces conquêtes abou- tirent à une trêve. Au milieu de ces guerres continuelles, les Hofpita- liers ne laiflérent pas de convoquer 8c de tenir cinq chapitres généraux. L'extrémité où ils étoient réduits in JOURNAL DE en Paleftine , leur fit follicitcr au- près du Pape Grégoire X une nou- velle Croiladc, où entrèrent l'Em- pereur Rodolphe, Philippe III Roi de France, 8c pluficurs autres Sou- verains. Cela n'empêcha pas que Melec-Saïs fuccefleur de Bendocdar ayant rompu la trêve, ne (è rendit maître de Margat 8c du château de Laodicée ; 8c que Mclec-Mcflbr , qui monta fur le trône après avoir tue' Mclcc-Saïs , n'emportât Tripoli , après quoi il confentit à une nou- velle tre'vc. Il ne reftoit plus aux Chrétiens que Saint Jean d'Acre. Là s'étoient renfermées différentes nations de la Chrétienté , qui avoient chacune leur quartier, rans aucune fubordi- nation. La jaloufie 8c la mefintelli- genec y regnoient ; la corruption des mœurs v étoit générale; le meur- tre, l'empoifonnement Se le brigan- dage s'y commettoient avec impu- nité. La trêve ayant été rompue par un particulier , 8c peribnne ne fe mettant en devoir de donner fatif- faction au Soudan, il marcha vers Acre pour en faire le fîége. Mais c'tant mort en chemin, il en laiflà le loin à Melcc-Séraf Ton fils Se ion fuccefleur, qui, avec une armée de 160 mille hommes de pied & de 60 mille chevaux, aflîégea la place en 1 29 1 , & la prit d'aflàut en fix fe- mairies. Les Chevaliers y firent des prodiges de valeur. Plus de 60000 pciTonncs y périrent ou demeurè- rent efclaves. Le Soudan la fie râ- ler, ainfi que Tyr, Sidon, 6c tou- tes les villes de la côte, dont il le rendit maître. Les Hoipitaliers & ks Templiers fc réfugièrent en S SÇAVANS, Chypre , où le Roi de cette ifle leuf accorda pour retraite la ville de Li- miflb. Cette trille cataftrophe arri- vée fous le magiftére de Jean de Villiers, termine le troiiiémc livre. Livre IV. Un des premiers foins du Grand-Maitre fut de con- voquer un chapitre général des Hos- pitaliers. Ce fut le plus nombreux que l'on eût encore tenu depuis l'é- tabliflèment de l'Ordre. Le réfultat de cette aflèmblée fut : Qu'on ne s'éloigneroit point du voifinage de la Terre-Sainte ; Qu'on reprendroit à Limiflb même les fonctions de l'hoipitalité ; Qu'on armeroit inetf- famment les vaiflèaux de l'Ordre venus des divers Etats de la Chré- tienté , & que ces vaiflèaux fervi- roient dxlcorte aux pèlerins qui vi- fiteroient les faints lieux. Tel fut le commencement des arméniens ma- ritimes de cet Ordre ; 8c fes vaiflèaux tombant fur ceux des corfaires infi- dèles, 8c principalement fur ceux des Egyptiens, ennemis déclarez des Hoipitaliers , firent refpecter dans toutes ces mers le pavillon de Saint Jean. Le Soudan d'Egvpte, irrité des prifes que failbient iur lui les Che- valiers, réfolut de leschaflèrde l'ifle de Chypre. Ceux-ci, pour fè met- tre hors d'infulte, obtinrent du Roi la permiflîon de fortifier Limiflb. Les ricftefles qu'ils acquirent par leurs captures, introduisirent parmi eux le luxe, la bonne chere 8c d'au- tres dérégleméns ; 8c l'on tint deux chapitres pour la réforme de ces abus en 1 202 . En 1 294 par la pro- tection que leur accorda le Pape Bo- njfàce VI11 , ils vinrent à bout de fairç FE VRI faire révoquer les Ordonnances des Rois d'Angleterre & de Portugal , par lefquelles il étoit défendu d'en- voyer au Levant les revenus de l'Ordre ; & celle du Roi de Chy- pre, qui impofoit fur les Chevaliers établis dans cette ifle, une efpece de capitation. En ce même-tems mou- rut le Grand-Maître Jean de Vil- liers. Son fucceflcur Odon de Pins, le fuivit de fort près. Il mourut en allant à Rome fe juftifier devant le Pape fur les griefs de les Religieux, qui demandoient fa déposition. L'Ordre lui fubftitua Guillaume de Villaret, Grand-Prieur de Saint Gilles, où ce Chevalier réiidoit lors de fon éleétion en 1296". Après avoir employé quatre ans à la vifîtc des Prieurez de Provence, d'Au- vergne Sç de France, & à la tenue d'un Chapitre pour le rétabliffement de la difeipline régulière, il fe ren- dit à Limiflb en 1300. Il trouva qu'on y propofbit une ligue, pour challcr de la Terre-Sainte les Sarra- fins , & que Gazan Khan des Tar- tarcs Mogols , & l'un des fùcceflèurs de Genghifcan étoità la tête de cette confédération. Les Princes liguez défirent d'abord Nazcr Soudan d'E- gypte , & lui enlevèrent Damas avec la meilleure partie de la Syrie. Par cette conquête, les Hofpitalicrs ren- trèrent dans la Terre-Sainte , dont ils trouvèrent toutes les villes dé- mantelées. Mais le Khan des Tarra- res ayant étéobiigé de reparler PEu- frate pour fës propres intérêts , les Hospitaliers trop foibles pour fe maintenir contre les Egyptiens dans ïa Paleftine, furent contraints l'an- née fuivante de fe retirer, Gazan lêyriçr. E R 1 7 1 7. "11 ? reprenant enfuite fès premiers dei- fêins, en faveur des Chrétiens , en- voya au Pape une célèbre Ambaf- fade, pour folliciter une Croifàde nouvelle. Mais les démêlez du Saint Père avec Philippe le Bel rendirent cette négociation infruéeueufè. Bonitàce étant mort , Bertrand de Got Archevêque de Bourdeaux lui fuceeda en 1303. fous le nom de Clément V. Ce fut alors , que le Grand-Maître rebuté des mauvais traitemens que fon Ordre recevok du Roi de Chypre, forma le hardi projet de s'emparer de Pille de Rho- des* peu éloignée de la Paleftine, & qui avoit un port excellent. Mais il mourut, lorfqu'il difpofoit toutes chofes pour l'exécution de cette en- treprifè. Foulques de Villaret , fon frère & fon fucceilèur en 1 308 , fe ren* dit en France, pour y conférer avec le Pape & le Roi touchant fon dei- fein fur Pille de Rhodes. Le Pape lui avança une fomme coulidérable, pour lever des troupes, & fit pu- blier une Croifàde deftinée , en ap- parence , au recouvrement de la Terre-Sainte. Le Grand-Maître afc fifté de la flotte du Roi de Sicile & de celle des Génois, après pluficurs mouvements , qui tendoient à don- ner le change, fe rabatit inopiné- ment fur Pille de Rhodes, 6c y dé- barqua fes troupes, fans beaucoup d'obftacle. L'Auteur n'oublie pas de nous décrire ici cette ifle fameu- fe, de nous repréfènter fon ancien état, & de nous informer de celui où elle fè trou voit lorfque les Ho A pitalicrs y firent leur première def- cente. Les Infidèles, qui en faifoiens P ii* JOURNAL DE » celefte. Momus applaudit au fcn- » timent de Mercure ; mais qucl- j» ques autres Dieux £c quelques »> Déeiiès le révoltent contre la >» propolition d'une Apothcofe fi =' nouvelle , & Jupiter , pour les î> mettre tous d'accord , change le >< vieux Come'dicn en une figure a> de décoration. Plufiturs peribnnes qui n'ont ni S SÇAVANS, le temps , ni l'envie de lire un ouvra- ge d'imagination & d'amufement, tel que celui-ci , liront avec plai- fir les deux traits que nous \ d'en rapporter. On y trouve beau- coup d'autres traits allégoriques , qui forment une fàtyre ingenieuiè 6v quelquefois trop maligne, comme ce qui fe lit au ch. 7 tome 2 au fu- jet du Portail. SYSTEME D't/N MEDECIN' AXGLOIS SUR 1A CAUSE de routes les efpeces de maladies , arec les furprer.antes configurations des diffe- rentes efpeces de petits infectes qu'on voit par le moyen d'un bon merofeope dans le fai" & dans les unr.es des différais malades, C" même de tous ceux qui doivent le devenir. Recueilli par M. A. C. D. A Paris, chez Alexis-Xa- vier-René Mefnier, rue Saint Severin au Soleil d'or, ou au Palais en fa boutique, Grand'Salle. Et chez H. D. Chailbert, Quay des Auguf- tins. 1726. Broch. in-8°. pp. 34. POur mettre tout d'un coup les Lecteurs au fait du fyftême qu'on leur préfente ici , nous n'a- vons qu'à rapporter les deux exem- ples fiiivans , & la conclusion que l'Auteur en tire. Exemple. Quelqu'un a la fièvre tierce ou quarte ; c'elt qu'il s'eit communiqué en lui , foit par la res- piration, foit avec le manger, ou autre voye,quelqueanimal fiévreux, dont le nature] eft de dormir com- me les Loirs, ks Marmotes & les Ecureuils , ks uns quarante-huit heures, les autres foixante ck douze, Sec. lefquels s'étant générez & mul- tipli z, caufèni d' ibord en fe réveil- lant Se en le cUfper&nt dans le iang pour trouver à repaître , le frif'bn , & enfuite par leur grande agitation, une grande chaleur & tranlport au cerveau. Autre exemple. Une perfonne ref- fènt des douleurs de rhumatifmes ] tantôt dans le bras droit , tantôt dans le bras gauche, tantôt dans une cuifTè 6v tantôt dans l'autre , îxc. c'elt qu'il s'eft communiqué en lui par la mê- me voye , quelque animal rhumatî- fant, lequel s'étant échapé aux di- geftifs de l'eftomac , cft parvenu dans la malïe du fang, où il a trou- vé un lieu qui lui clt agréable pour oui", & pour fà nourriture; làil s'eft régénéré Se multiplié, com- me le régénèrent £c fe multiplient tous les autres animaux , oc comme prefquc tous le plaifênt en compa- gnie^es rhumatilâns le plaifênt à s'at- trouper ; de forte qu'il s'en cft af- femblé un grand nombre dans ks mufclcs du bras droit de cette per- fonne , où rongeant & mordant les nerfs, ils lui caufènt fa douleur de rhumatifme. Au bout de quelques jours ces animaux fe font ennuyez ta FEVRIE ëët endroit ; ils font rentrez dans le fang par la pointe des ramifications des veines ou des artères , & la douleur de rhumatifmes a celle; quelques jours après ils fè font rai- ièmblez dans les mufcles du bras gauche, enfuite dans ceux d'une des cuillès, 6c après dans ceux de. l'autre. Après ces exemples , qui font pré- cédez de plufieurs qu'il ne nous eft pas poflible d'extraire , vient la con- clufion fuivante. Co du/ton. Vous voyez que par ce fyrtême on rend raifon de la ma- nière dont fe communiquent toutes ces différentes fortes de maladies, de la manière dont s'augmente ce qui les caufe, de l'action des différais remèdes fur ces différentes caufes , pourquoi l'une s'attache toujours à un endroit , & l'autre à l'autre ; R 172.7^ 117 pourquoi les fièvres font tantôt quartes , tantôt tierces , & tantôt con- tinues j Se pourquoi les douleurs rhumatisantes changent d'un bras à l'autre, & d'une cuiflèà l'autre. Ju- gez à prefent fi même,indépendem- ment des expériences que je viens d'indiquer, le fyftême des petits in- fectes n'en: pas par le raifonnement infiniment plus vrai-femblable que celui des Acides , des Alcalis , & des fermentations. Il ne faut pas oublier d'avertir ici que l'Auteur dit avoir vu par le moyen de fon microfeope, toutes les fortes d'infectes qui caufent, fé- lon lui, les diverfes maladies. Il donne la figure de ces infeétes dont il fait monter les différentes efpcces jufqu'au nombre de quatre-vingt- dix , ce qui fait dans fon livre au- tant de figures gravées en bois. LETTRE DE MONSIEUR RAMSAT A MONSIEUR L'ABBE' BJGNON, Bïllwthéquaïre du Roj }au fujet Livre intitulé: Abrège' des vies des anciens Philofophes. VO u s avez eu la bonté , Mon- fieur, de faire inférer dans le Journal de Paris au mois de Juil- let dernier une de mes Lettres que j'écrivis pour défavoiier au nom de M. le Duc de Chaulnes, deM.l'E- vêque de Saintes, & M. le Marquis de Fenelon, un Livre qu'on attri- bue fauflèment à M. l'Archevêque de Cambray. J'ai crû que ce défaveu formel , 8cautcntique,e ide'trompant le Pu- blic de fon erreur, arrêteroit la té- mérité du Libraire Etienne. Il a ofë cependant faire inférer dans le Journal au mois d'O&obre paflë une Lettre de M. l'Abbé Baudouin, pour donner le démenti à ces trois Meflîeurs , & il cite M. l'Abbé Bour- geois , Principal du Collège de Dreux, comme ayant le manuferit original dicté par feu M. de Cam- bray. Pour détromper le Public de ces erreurs, c'eft au nom des trois Sei- gneurs déjà nommés, que je vous fupplie de vouloir- bien inférer dans votre Journal le récit fimple de ce quej'ai fait pour démêler Se éclair- cir la vérité. Si-tôt que je fus de retour à Pa- ris au mois de Décembre dernier , n8 JOUR\TAL DE je parlav & j'écrivis à toutes les perfonn s int reliées, pour en tirer qui Iques lumières. Voici ce que me répondit M. l'Abbé Bourgeois par une Lettre datée de Dreux le 6 de » Pour ce qui regarde, Monfîeur, m le Livre en queftion, voici dans » la vérité , & dans la dernière fim- ?> plicitccequej'en puis dire. Dans a» le temps que M. de Cambray étoit » Précepteur de Noflèigneurs les » Enfans de France, ileit conftant * qu'il leur fît voir l'Abrégé des » vies des Philofophes anciens dans »» des Cayers mis au net par M. Ro- j» trou mon parent , employé a l'ar* »> rangement 6c à la difpofîtiondes ?> matières, 6c des fiijets de l'Etude »> de Noflèigneurs les Princes. a> C'eft par Ion canal que j'eus ces ■> Vies des Philofophes, dont il ne i> ne me refte aujourd'hui que quel- ?> ques morceaux détachés. « De vous dire, Monfîeur, fî le « Livre imprimé par Etienne, cil a» un original de M. de Cambray , »i c'eft ce que je ne puis aiiùrer s» avec certitude. Monfeigneur de 3> Saintes eft un Juge competant 6c »> 6c irrécufàble fur la matière en » queftion, perfonne n'en pouvant » mieux décider , puifquc perfon- ?» ne ne Içait mieux que lui quels »» ouvrages font véritablement de 3» M. de Cambray , 6c quels font »» ceux qu'on lui attribue, pour les ?> avoir feulement approuves, après 3> les avoir honorés de fa revifion. » J'ai l'honneur d'être, 6cc. Je montrai cette Lettre à M. l'E- veque de Saintes qui fe ibuvient du S SÇAVANS, fait , il m'a dit que M. de Cambray employoit quelquefois M. Rotrou à faire des extraits pour fervir à l'inftruction des Princes, 6c pour rappeller les principaux faits ce épo- ques, lorfque ce Prélat entretenoit Noflèigneurs les Enfans de France de ces fortes de matières ; il croit que M. Rotrou cft l'Auteur de l'Ouvrage. Voilà ce qui a donné occafionauxuns de croire trop faci- lement qu'il cil émané deM. de Cam- bray , 6c aux autres de féduire le Public. Je manda v en même temps à M. l'Abbé Baudouin que la Lettre du mois d'Octobre qui paroiflbit fous fon nom, étoit pleine de conjectures vagues 6c frivoles , fondées unique- ment fur le oui-dire d'un homme mort, dont l'opinion n'étoit d'au- cun poids auprès de celle des amis, des parais , 6c de la famille de flu M. de Fenelon, qui ont feuls le droit après fa mort de reconnoitre lès Ou- vrages. M. l'Abbé Baudouin touché d'un vif 6c finecre repentir de la faute qu'il avoit commilè ,me manda par deux Lettres différentes , qu'étant cnlèveli dans le fond d'une Provin- ce, où il vit dans une grande re- traite fans lire les Journaux, le Li- braire Eftienne avoit tendu un piè- ge à fa droiture 6c à la fîmplicité, en lui cachant le défaveu que j'avois fait de l'Ouvrage , il abandonneen- ticrement fes conjectures dans les termes les plus formels. Voici ics paroles mot pour mot, dans une Let- tre qu'il m'écrit, datée de Laval le 20 Décembre dernier. Le rcfpcct que j'ai pour les « FEVRIER 17Ï7: » trois Seigneurs , que vous nom- j» mez, aurait certainement retenu j» ma plume , & me l'aurait arra- a> chée de la main , fi j'avois pu s» prévoir qu'ils eu ifent délàprou- a» vé l'éclairciflèmeut que j'ai don- »> né fur l'Ouvrage dont il cft si queftion, c'eft de quoi je vous s» fupplie, Monfieur, de vouloir »» bien les aflûrer, & de croire pour »» ce qui vous regarde perfonnelle- '» ment , que je n'ay jamais eu in- s» tention de vous faire de la peine. »» Si mes expreflions ne font pas » aufiî juftes & aufli mefurées qu'cl- J» les auraient dû l'eftre , pardon- 51 nez-le à l'ignorance où j'étois de « votre lettre imprimée dans le » Journal, à ma vivacité naturelle 3> qui aura conduit ma plume avec M trop de précipitation , & aux in- s> firmitez dont j'étois accablé , lorf- *> -que je l'écrivis. Si ma prévention S) pour ce que je croyois être parti s> de la plume de l'illuftre Auteur, 3i m'a fait excéder dans le jugement » que j'ai porté de l'Ouvrage im- S) primé, ce n'a nullement été par Si l'envie téméraire de contredire ni s> de démentir ces trois Seigneurs , J) dont j'ignorais le jugement. Je Si me foûmets très-volontiers à leurs :> lumières très-au-deflûs des mien- si nés , & aux vôtres , Monfieur , s> que je refpecte , & que j'honore » infiniment. J'efpere que fi mon s> indiferetion m'a attir é vos repro- s> ches , elle m'aura en même temps s> procuré un ami , & un Protecteur « auprès de ces Seigneurs. Si vous 5» jugez qu'il foit néceflàire de m'en s> exeufer directement auprès d'eux, » je fuisdifpofé à faire ce que vous s* jugerez à propos. 119 M. l'Abbé Baudouin continue les mêmes fentimens dans une féconde Lettre datée du 1 5 de ce mois. Je n'ay garde, Monfieur , de « comparer mes conjectures aux « lumières des trois Seigneurs , puif- « que les raifons que j'ai apportées crit en queftion, en vue de s'au- « torifèr de mon fuffrage , pour * pouvoir l'imprimer , comme étant »> en effet un ouvrage de feu mon oncle. Après avoir gardé quelque temps ce manufcrit,je le rendis au Libraire Eftienne , en l'aflu- ranc que le ftyle de feu mon on- cle, fur lequel il ne me feroit pas facile de me méprendre, ne s'y faifbic point reconnoître ; que je dc\ ois de plus dire qu'après la mort de ce Prélat, j'avois eu en- tre mes mains tous fes manus- crits, tant de fes ouvrages impri- mez, que de ceux qui ne Pavoient pas e'té , & qu'il ne s'y etoit rien trouve qui eût rapport au manuf- crit en queftion; qu'enfin pen- dant le grand nombre d'années que j'avois paffées auprès de lui, Se fur-tout pendant les derniers temps , où il n'avoit gueres de fe- crets pour moi, je ne lui avois jamais rien oui dire qui me per- mît de fuppofcr qu'il eût com- pofé un tel ouvrage. C'cft après cette déclaration de ma part , que ce Libraire n'a pas laiiîë d'aller fon chemin pour en impofer au Public. » J'apprens même qu'il a encore en dernier lieu cherche à fortifier l'illufion, en publiant une Lettre pour autorifer ce qu'il avoit avan- ce' fans preuves ck fins fonde- ment ;& que lors, Monficur, que vous l'en avez fait réprimander , 5» il a ofé me citer , comme fi je S SÇÀVAN5, l'eu fie mis en quelques droits «t d'en ufèr, comme il a fait. <* J'efpcre, Monfieur, que vous « voudre's bien reprimer tant d'in- «t fidelitez & de temeritez , & met- « ne ce L ibraire hors d'état d'iin- «t pofer à la mémoire de feu mon ejj oncle, en lui attribuant un ou- «e vrage , qui n'eft reconnu d'aucuns im-» primer en un volume ««-4° , de la même forme que le N. T. de la nouvelle traduction des Pafteurs de Genève , F Abrégé de l'Hiftoire Ecc'.é- Jtafiiqtle de Monjùur le Profeffeur Tur- rettn. DE PARIS. M. Crevier s'étant enfin rendit aux fouhaits empreflés du Public ^ vient de faire paroitre fa troiiléme Lettre fur le Pline du P. Hardouin. il y répond d'abord à l'Article xc 1 1 * des Mémoires de Trévoux , du mois d'Octobre 1726, 6c après avoir- juitihé deux de fes obfcrvations at- taquées dans cet article par le Père Hardouin , il pourfuit fes remar- ques fur le Pline de ce fçavant Je- faite. Cette Lettre , ainfi que les deux précédentes , elt imprimée ir.-ix & iw-40 , de la même manière que le Journal des Sçavans; elle fe vend à Paris , Quay des Augullins, chez Chaubert. Bienvenu , Qiiay des Auguftins , à la defeente du Pont-neuf a mis de- puis peu en vente la Traduction françoife d'une Lettre critique de M. Vahfmeri, premier Profeffeur de Médecine , en l'Univeriïté de Pa- doue écrite en Italien, & adrefi'éé à l'Auteur du Livre de la Génération des vers dans le corps de Viïoihme S Brochure in-iz. Le Traducteur d& it.6 JOURNAL DE cet ancien écrit prétend qu'il cA fo- lide ; on y critique un Ouvrage cé- lcbre de M. An dr y traduit en plufieurs langues , réimprimé plu- Jieurs fois , défendu par l'Auteur contre les attaques de M. Lémeri. 11 eft vrai que M. Andri n'a ja- mais répondu au petit écrit du Mé- decin de Padoûc , mais il s'en ex- cu le ainfi dans une des dernières Edi- ditions de ion Livre, «comme M. » Valifnieri ne paroît pas au fait de » ces matières, nous avons crû qu'il « étoit plus à propos de ne lui point 5» répondre. Il paroit chczSimart un nouveau volume de la continuation des Mé- moires de Littérature ; c'eit la première partie du tome troifiéme : on v lit avec fatisfaction plufieurs pièces çu- rieulés 6c interefiântes. Briailbn va donner un fécond volume de fes Mémoires , peur fervtr a l'HiJloire des Hommes illufires dans la Rpubl que des Lettres : Ce recueil utile ne fera pas borné à deux volu- mes. Ravenel, Quay des Auguitins, a fait afficher depuis peu Réfonfe à la Préface critique du Livre intitulé : Jour- nal des Obfervatuns Phyjïques , Mathé- matiques & Botaniques du R. P. Fcuil- Jée, contre la Relation du voyage de la mer du Sud de M.Frez.icr.Nous donne- rons l'extrait de cette brochure, fi- tôt que nous aurons rendu compte du Livre dont elle attaque la Préface. Melhicr vient de publier Confeils d'un Gouverneur a un jeune Seigneur in- 4°. p. 2.4.7, on attribue cet Ouvrage a M. de S. ( rervais, Gouverneur de M. le Marquis de Roye, Lieute- nant General des Galères ; nous en 5 SÇAVANS, donnerons inceifamment l'extrait. 11 eft bien vrai qu'on avoit con- çu il y a quatre ans le projet d'une fuite de l'HiItotre Romaine depuis le temps . ou a fini Denys d'Halicar- ni'.lle, en traduifant dans le même goût les autres Auteurs Grecs qui ont écrit de l'Hiitoirc Romaine , & en remplillânt, fur de bons Mé- moires, les vuides qui fe trouvent entre ces diftèrens Auteurs. Mais le fç avant Doct< ur de Sorbonne à qui nous devons l'excellente Verjîon I rançoife de cet Aiite. r Gnr, a abandonne ce pro- jet fur les aflûrances qu'on lui a données que M. l'Abbé Tcrrailbn travailloit actuellement à la traduc- tion de Dicdure de Sicile, Se les PP. Bénédictins à celle deFolybe. L'Auteur de quelques nouvelles Littéraires envoyées de Paris à M. * * * Confeiller au Parlement de Bordeaux, 6c inférées dans la pre- mière partie du Tome III de heen- tti'ua ion des Mémoires de Littérature & d'Hijloire, s'eft trompé , en at- tribuant au Père Hengnand Je fuite , l'extrait qu'on lit dans les Mémoi- res de Trévoux du Fraité de la foi- bhffe de l'efprit humain attribué à feu M. Huct. Ce Père nous a fait témoigner que quelque honneur qu'tl croyeque puiffe t tn faire une pareille me- pnfe , il feroit bien aife qu'on reitituât cet extrait au Père Caftel ion Confrè- re , à qui il appartient véritablement. 11 va plufieurs autres erreurs pareil- les dans cette Lettre de nouvelles. M. l'Abbé d'Olivet a publié de- puis peu une réplique à la réponic du Perc du Cerceau, dans laquelle il prend occafion de faire fer.tir ce qu'il penfe des Foef.es direrfes , c\ ce FEVRÏE quc les perfonnes fenfées en doivent juger félon lui. Monsieur l'Abbé Desjardins , Li- centié de Théologie en ï'Univerfîté de Paris, vient de mettre au jour un petit Poème Latin intitule : Régales ntiptu Ludovicï & Mans.. La modei- tie qu'il fait paroiftre dans l'exorde, eft bien louable. Magnum opus aggredhr jndis eft nie a Mu fa , canenti, O Thabc afpra ; non dat Scrbona loetas. On peut dire néanmoins qu'il y y a de l'efprit & du génie dans ce petit Ouvrage , & qu'il ne fent point les Bancs. On le trouve rue S. Jacques, chez Lottin qui l'a im- primé »/-4°. p. iy. On nous prie d'avertir le Public que le catalogue fait à Reims de la Bibliothèque de M. l'Abbé Bache- lier , Doyen de PEglifc de Rheims , &: imprimé ici chez la veuve Cou- telier , fê trouvera chez Gabriel Martin , qui diftribuera dans le temps de la vente de cette Biblioteque , les liftes ou indicules pour chaque le- mainc,fuivant fa méthode ordinaire : la vente s'en fera en détail au com- mencement du mois de Mars 1727. On trouve chez Montalant , Quay des Auguftins , le Corps univerfel di- plomatique du droit des gens, &c. impri- mé en 8 vol. fol. à Amfterdam 1726, aufli bien que le deuxième Tome à.esAi.tiales des Provinces unies par M. Bafnage in-fol. à la Haye. Le même Libraire ayant receu d'Hollande pluficurs exemplaires des Négociations R 1727. iiy fecretis touchant ! a paix de ùîunjier & d'ofvalrug fol. 4 vol. nous a priés d'avertir le Public qu'il diftnbuc aufli Séparément aux Souscripteurs les Tomes 3 Se 4 de cet Ouvrage , aufli bien que les deux premiers vo- lumes du Cours du Danube parM.de Marfilly. 11 vient de naître chez Flahault un nouvel Ouvrage périodique in- titulé le Qtiart-d' 'heure amnfaht d:dié à M. Aimon , apparemment que le mois de Février en paraîtra bientôt. Le commencement de cette an- née a proJuit une foule d'Alma- nachs nouveaux , dont VÀltmtnxch eu Pamajfe ( après le Calendrier de U Colles Etrenrtfs Migxoticsfc le CaL n- dr.er cho'Jt pour l'am:é: 1 727. imprime chez Villettc fils) cfb un de ceux qui a eu le plus de débit. Lefamcux Ahv.a- nach Bo}'rf/,7f7-8a.Ouvrage de feu Lau- rent d'Houry t contient cette année des choies nouvelles & très-utiles ; com- me les noms desColonels-Gcncraux, Licutenans Généraux des Armées du Roy , Maréchaux de Camp , Licutenans - Généraux des Armées Navales & des Galères , Chefs d'ES- cadre, 6c ce qui eft curieux & Sin- gulier, il marque exactement la no- mination & réception de tous ceux quipoflldent aujourd'hui des Char- ges confidérables,ou qui font déco- rés de Titres illuftres dans le Royau- me. La veuve d'Houry continue avec zélé cet Ouvrage intéreflânt, qu'on peut appeller immortel, puis- qu'il renaît, êtvrai-femblabkmem renaîtra toutes les années. TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Février 1717. DE F ens E de la Dijfertation fur la validit; des Ordinations des Anglois t &c. far l'Auteur de la Dijfertation , page 6j Maximes & a: is propres pour conduire un Pécheur à une véritable pénitence. Jf Suite du quatrième Tome de l'Explication littérale , hiflorique & dogmatique des Prières & des Cérémonies de la Mejfe , &C 79 Bernardi Oriccllani de bcllo italico Commentarius , &c. 89 Secod Mémoire pour M. l'Eiéque de Sotjjons , contre les Dames, Abbefle & Religieufes du Val-de-Grace , & les RR. PP. Prieur & Religieux de S. Cor- neil de Compiegne f &c. yi Vlan du Corps du Droit canonique mis en règles 98 Hftoire des Chevaliers de Malthe par M. V Abbé de Vertot IOO Le Diable boiteux , par M. le Sage , nouvelle Edition, &c. 11^ Sifiéme d'un Médecin Anglois fur la caufe de toutes les efjeces de maladies , &c, 116 Lettre de M. Ramfay à M. l'Abbé Bignon , au fujet d'un Livre intitulé : Abrège de la vie des anciens Philofophes. 1 17 tourelles Littéraires.^ xzi Fin de la Table, L E J I i DES SCAVA POUR VANNEE M. DCC. XXV IL MARS A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'encrée du Quay des Augiiftins , du côté du Pont Saint Micheî, à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. X X V I L AVEC T RI V I LE G E DV ROT. L E JOURNAL DES SCAVA MARS M. DCC. XXVJÏ. PRiELECTIONES THEOLOGICjE DE SACRAMENTIS in génère quas in Scholis Sorbonicis habuit Honoratus Tournely S. Facult. Par. Doftor , Soc. Sorb. Regitis Se Emerirus Profclîbr , Sacro-fancïce Capcllx R?g. Pal. Parif. Canonicus. Pari/Tts , apud Vtduam Rajmundi Mafjcrcs , & Joan. Bapt. G Armer R-g.tu Typographes & Btbliof. via JacoUâ. 1726. un volume m-8°. c'eft-à-dire , leçons Ihédogiqucs fur les Sacremens en gérerai , &c. E Traité , quoique écrits , la clarté' du ftyle , la pre'ci- plus fcolaftique , & fion des idées , 8c l'éloignemenÊ moins rempli de faits des queftions inutiles, que le goût que les autres Tnii- de la Métaphyfique & des fûbtiïitcz tez,elr. toujours digne d'Ariftote avoit introduites dans la du Maitrequi l'a en- Théologie. Ce n'eft pas que M. peigné, ôc a le mérite de iês autres Tournely veuille abiblum^nt abc» R y ï3i JOURNAL DE lir ce goût , non plus qi mots de matiere&C déforme , dont les Pcres à la vérité ne le font jamais , mais qui ayant été mis en u- fàge par les Scolaftiques du treiziè- me fiéele, font devenus des termes confrères dans le langage de l'E- cole. Notre Théologien n'a donc garde de les rejetter ; mais leur nou- veauté,qu'il fait remarquer, l'auto- riiê à renoncer à plulieurs dilcuf- fions fténles, 8c très-fuperfluës, au fujet de la matière 6c delà forme des Sacremens. On étoit autrefois per- lliade qu'un Sacrement ne dépendoit que des Cérémonies de tout tems prelcrites Se ufitées, Scoitne^diftm- guoit point dans la fpeculatiôn l'ef- fentiel& l'accidentel. Ona toujours crû néanmoins dans l'Eglife que le Sacrement étoit un figne extérieur Se fenfible, dans lequel il entrait des chofes 8c des paroles, accedit verbum ad elementum & fit Sicramen'tum'dit S. Aug. Mais la matière confifte- t'elle eikntiellcmcnt 8c préciiement dans telle chofe, & la forme dans tels mots ? c'eft Ce qu'on ne s'é- toit point avifé encore d'examiner ayant l'an nif. Les premiers Scolaftiques même, comme Pierre Lombard, & Hugue de S. Victor n: fçavoient ce que c'étoit que ma- tière & forme dans k s Sacremens. M. Tournely adoptant donc ces termes employez, non - feulement par tous les Scolaftiques de ces derniers temps , mais par le Pape Eugène IV in décréta ad Armenos , 8c par le Concile dcTrente,s'eft vu obLi- gé d'entrer dans quelques queftions au fujet de I'efïènce de la matière & de la forme des Sacremens, fur lef- S S'ÇAVÂNS, "'/peu* Il y a eu de tour temps des dou- tes au fujet d'un Sacrement reçu», par exemple au fujet du Paterne ; mais en ce cas on n'a pas de tout temps baptifé fous condition, com- me on le fait communément aujour- dui. Il eft manifefte par les témoi- gnages des anciensAuteursEcck'fiaf- tiques, que dans le doute on baptifbit autrefois abiblumentôc fimpkment, fans craindre l'inconvénient de la réi- tération, félon la fameufè maxime de S. Grégoire le Grand : n.n n.or.fira- tiir itération quod non ccrt'n indic is c,r- tendttur nte fcralïum. Mais dans ls huitième fiéele , le Batéme condi- tionel commença à s'introduire, con- formément à un des articles des Ca- pt ni air es , & dans le douzième fié- ele , le Pape Alexandre III l'or- donna expreffément par une De- cretale, à laquelle on eut cependant afl èz peu d'égard , puifquc les Con- ciles d'York & de Londres tenus après la mort de ce Pape • ordon- nèrent , dans le doute , de baptifêr fimplement 8c fans condition , 8c que les premiers Scolaftiques, comme Pierre Lombard 8c fon Difciple , Pierre de Poictiers & autres , iè dé- clarèrent pour le Batéme abfblu,dans le cas du doute. Pierre k Chan- tre rapporte qu'en ce temps-là il s'éleva de grandes cont.*ftationsace fujet entre les Doéteurs de Paris. Cette méthode de conférer con- ditionnellement,dan^ le cas du dou- te , les Sacremens qui impriment caraérére, comme le Batéme, s'en: quelquefois et< nduë juiqu'aux au- t es Sacremens. Un Autetfr rap- porte fque ie Pape Clément \ UJt MARS ayant vu de fâ fenêtre un homme en l'air qui tomboit de la Fabrique de S. Pierre , lui donna rabfoiu- tion conditionnellernent Se prov:- lîonnellemcnt par ces paroles ; Ji es capax , abfo'.vo teapeccutis. Nous paflbns les articles qui concernent les Sacrcmens de l'an- cienne Loy, qui, lêlon notre Théo- logien , n'en e'toit pas dépourvue , quoique ces Sacremens , tels que la Circoncifion Se la Manducation de l'Agneau Pafcal , n'euffent pas la vertu des Sacremens de la Loi nou- velle. Il ne croit pas que laCircon- cifion eût celle d'effacer le pèche originel , comme quelques Théolo- giens l'enléignent après S. Augm- tin, dont M. Tournely ofe s'écar- t:r en ce point, pour iuivre lcfcn- timent de la plupart des Ecrivains Eccléfiaftiques anciens Se nou- veaux, qui difent que les Juifs n'a- yoient d'autre remède contre le pé- ché d'origine qu'un acte de foi dans le Meffie, acte auquel les Pè- res pouvoient fuppléer pour leurs enfans mourais au berceau , Se qui par - là , quoiqu'on en difê , JDuiflbient d'un avantage que n'ont pas les Chre'tiens, puiiquelafoides Parens, ou de l'Eglifê univerfelle, ne fupplée pas auBatéme des en- fans , qui meurent fans l'avoir reçu : ce que difent les Proteftans pref- fés par les objections , foit des Ca- tholiques, foit des Anabaptiltes. Si cette confequence a quelque in- convénient , il s'en trouve un bien plus grand, dans l'opinion de ceux qui veulent que le péché d'origine ait été' effacé par la Circonch'ion , dont la Cérémonie ne fe pratiquoit Ï717. 155 point à l'égard des femmes. Or qu'on nous diie ce qui fe pratiquoit d'é- quivalent à leur égard. Nos Controverfes avec les Pro- teftans ont appris à tout le monde, qu'une de leurs opinions lûr les Sa- cremens , eft qu'ils n'opèrent la grâce, que parle moyen de la foi, qui juftifie alors ceux qui les reçoi- vent, lcfquels par ces lignes exté- rieurs, font excités Se rappeliez vers Dieu. Les Catholiques au contraire loûtienncnt que les Sacremens pro- duifent la grâce immédiatement par eux-mêmes , comme des inftrumens, dans la main de l'Ouvrier, produi- fent l'Ouvrage ; c'eft ce qu'on ap- pelle ex ofere operato : terme bar- bare, uiité dans l'école depuis Sj Thomas , mais dont le fêns eft ap- puyé fur de fortes raifôns, quoique expofé à de grandes difficultez. De fçavoir fi le Sacrement agit phyf- quement ou moralement dans la production de la grâce, c'eft une queftion fur laquelle les imagina- tions des Scolaftiqucs fe font mer- veillcuicmcnt exercées. Celle de M. Tournely plus retenue, & conduite par le vrai efprit Philofophique , ne regarde les Sacremens que com- me une caufe morale Se occafion- nclle de la grâce fancrifiame , 8c non comme une caufe phyfique. Car comment une chofe matérielle Se fenfible produiroit-elle phyfique- ment une chofe fpirituelle Se toute celefte, telle que la grâce fancti- fiante, qui n'eft qu'un rapport heu- reux de l'homme à Dieu ? Notre Théologien rejette donc , comme des rêveries, les fentimens furannés des anciens Scolaftiqucs } dont les uns ij4 JOURNAL DE prétendoient que le Sacrement pro- duifoit phyfîquement la grâce Sanc- tifiante ( qui étoit félon eux un mo- de phyfique ) non pas immédiate- ment, mais feulement par une dif- pofition , ou mode ablolu , que le Sacrement mettoit dans l'ame ; & cette Entité phyfique , appellée par eux tantôt Carac7er,èc tantôt Or- tutus , produifoitinftrumentalemcnt la grâce. Les autres , comme Do- minique Soto, difbientquele Sacre- ment n'étoit pas à la vérité la caulè phyfique de la grâce , mais feule- ment la caufè phyfique de l'union de la grâce avec l'ame , comme un pere à l'égard des enfans qu'il en- gendre , ne produit pas leur ame, mais eft. feulement lacaufê phyfique de l'union de leur ame avec leur corps. Enfin les autres aflûroient que h vertu efficace des Sacremcns étoit une qualité phyfique & inhérente, attachée par la main de Dieu à ces li- gnes facrez: qualité formellement fpirituelle félon quelques-uns , & fé- lon d'autres, formellement corporel- le 8c fpirituelle virtuellement. Il cil certain que la grâce fancti- hante produite en vertu du Sacre- ment , n'en: pas le S. Efprit même uni à l'ame réellement, comme l'a enfeigné le Maître des Sentences ; ni un fimple acte d'amour de Dieu, qui rend l'ame agréable à f on Créa- teur, comme quelques Théologiens l'ont dit. La grâce fancHfiante, foit qu'on l'appelle mode phyfique Se abfolu avec les Peripateticiens , lbit qu'on l'appelle mode relatif avec les nouveaux Philofophcs,elt toujours une qualité interne & habituelle , tjui change phyfiqucment ta difpo- S SÇAVANS, fition de l'ame, & la met dans un état où elle n'étoit point, loi (qu'elle étoit dépourvue de la grâce fancti- fiante. M. Tourne! y, en Bufantvoir que cet article efi. un dogme de foi, fait remarquer qu'il n'eftpascataia que les Théologiens Proteilans faf- fent confifter la grâce Sanctifiante dans l'imputation de la jufhce de J. C. comme on le dit c on". mûrement. Les témoignages d^s Aut.ursCal- viniftes qu'il cite, adouciff.nt fort cette prétendue opinion des Protef- tans, puifqu'iis î.connoiffnt la jus- tification de l'homme comme une qualité interne & habitu> Ile , qui n'eft cependant une justification véritable que par la jultirication de J. C. de- même qu'au Barreau un homme réellement innocent , n'eft cenfé juitifié dans toutes les formes j que par un Arrêt justificatif qui le décharge , 6c qui eit par rapport à lui, comme la juftification eie J. C. eft par rapport aux hommes. Il eft certain auffi que quelques Sacremens impriment fur l'ame un vrai caractère. Quoique ni l'Ecriture, ni les Pères, ni les anciens Conciles n'en diient rien, & quoique les Sco« laitiques antérieurs au Concile de Trente ayent regardé ce point com- me] problématique, il n'eft plus per- mis aujourdui dans l'Ecole de le ré- voquer en doute, depuis la définition du Concile de Trente ; il eft permis feulement de nier que ce foit une qualité abfolué, & d'exercer fon efprit pour en expliquer la nature. M. Tournely rapporte les opinions de plufieurs Scolaftiques , dont la plus remarquable êc la plus intelli- gible elt celle du fameux Duu\ndi MARS qui compare le cara&cre imprimé par les Sacremens à la valeur ex- trinfeque de la monnoye , caufée par la volonté du Prince. Cette va- leur, qui eft une efpece de caracte- re, eft une qualité morale , relative £c purement extrinfeque; ce n'eft qu'une dénomination fondée fur l'Edit du Prince: De même, dit-il, le caractère de l'homme qui efl ba- tiié , confirmé, ordonné, eft une qualité morale, un rapport, une dé- nomination caufée par la volonté de Dieu 6c l'opération du Sacre- ment^ fcmblable en un fens au caractère de Roi, de Magiftrat, de Maître, de Général d'Armée. No- tre Théologien , fans condamner aucune des opinions qu'il rapporte, ni même celle-ci, qu'il met au nom- bre des explications qu'on peut don- ner de la nature du caractère , fait voir que cette opinion de Durand a été Soutenue 6c juftifiée par de ce* kbres Scolaftiques, tels que Scot, Vafqués, Dominique Soto, 6c Aî- fonie de Caftro. Quoique Suarez Se Beiiarmin rejettent l'explication de Durand , 6c ne croyent pas qu'il for.:;"iiicderaju{tcr avec l'imprcflïon propre, réelle 8e effective du caraî itère par le Sacrement ; d'autres Théologiens arflèz clair-voyans , croyent néanmoins qu'il n'y a au- cune difficulté. Il eft à remarquer que le premier qui a parlé expreflè- ment du caradere ineffaçable impri- mé par les tro's Sacremens de Ba- têrae , de Confirm; ûon & d'Ordre, eft le Par z I nnocent 111. Mais il n'eft pas vrai que ce Pape foit l'inventeur d ce dogme, comme le prétendait les Théologiens Proteitans. La 1717. ijy grande queftion de la rebaptifatioiï entre S. Cyprien Se le Pape S. Etien- ne, fuppofoit la croyance du caraétére imprimé par le Batême ; fans cela il n'y auroit eu aucun inconvénients, rebatifêr. Le caractère même con- fifte proprement dans VirreïterabilitS. Quoiqu'on puifîè croire, fans blefîèr la foi ( comme l'avoue M. Tournely ) que l'Eglife a établi plu- sieurs Sacremens , Se que J. C. ne les a inftitué ni en particulier ni en gênerai , cette opinion lui parait néanmoins dépourvue de folidité 6c absolument fauflè. Il n'y a effecti- vement que les Théologiens Pro- teftans qui ofent enfeigner aujour- dui que J. C. a inftitué feulement les Sacremens de Batême 6c d'Eu- chariftie. Les Théologiens Catholi- ques foûtiennent que tous les Sa- cremens ont été inftituez par J. C. au moins en gênerai. Les premiers Scolaftiques, comme le Maître des Sentences, Hugues de S.Victor, S. Bonaventure , ont cru néanmoins que les Apôtres avoient reçu de J. C. le pouvoir d'établir des Sacre- mens. Alexandre de Aies a même été plus loin, 6c a prétendu que le Sacrement de Confirmation avoit été inftitué l'an §4f , dans le Con- cile de Meaux. Si cette opinion étoit vraye, on pourrait dire que l'Eglife a aujourdui le pouvoir de faire quelque nouveau Sacrement. L'Intention du Miniftre des Sacre- mens forme une fameufe queftion dans l'Ecole. Les uns prétendent que le Miniftre doit avoir une in- tention intérieure par rapport à l'ef- fet du Sacrement, 6c par confequent croire ce que l'Eglife Romaine en- j3S JOURNAL DE feigne far la vertu des Sacremens. Les autres foùtienncnt qu'il fuffit d'accomplir extérieurement Se fe- rieufement la cérémonie de l'E? glifè,& d'obfèrveravec cormoiflàn- cc le rite eflèntiel qu'elle preferit. D'autres enfin femblent vouloir prendre un milieu, en difant, qu'il iuffit à la vérité de faire extérieure- ment Se ferieufement ce que fait PEglifc ; mais qu'il faut avec cela avoir l'intention intérieure d'agir ferieufement, Se de ne point fein- dre par rapport au Rite. M. Tour- nely prend ce troifiéme parti : mais, quoiqu'il réfute la féconde opinion, il cil bien difficile de concevoir en quoi elle diffère de la fienne. A l'égard de la première qu'il réfute auifi , comme elle entraine avec elle des confequences terribles , Se qu'elle peut faire douter s'il y a aujourdui un feul Evêque ou un feul Prêtre dans le Chriitianifme, 6c fi la fuc- ceffion n'a pas été interrompue de- puis pluficurs iiecles , elle trouve aujourdui peu de défenfeurs. Cet- te opinion en; formillement rejéttëe par Saint Thomas, par le Pape In- nocent IV, & par la plupart des Docteurs anciens & modernes. Notre Théologien s'étend fur cette queftion fertile en preuves, en objections & en équivoques, & qui par cette raifon eft très-propre àexer- cer l'efprit 6c la mémoire des Ba- cheliers, & à les fiiirc briller fur les bancs. Il ne s'étend pas moins fur ion fuivante, qui regarde la foi du Mintftre, & qui enferme la dif- cufïion de la querelle du Pape Saint Etienne oc de Saint Cypricn au fu- i (x de la validité du Batême des Hcr S SÇAVANS, retiques. M. Tournely fbûtient i0,' Que Saint Cyprien, Firmilicn, Se tous les autres Èvêques de Ion par- ti, îvgardoient la queition de la re- baptilàtion comme une queition de pure difeipline, Se que S. Etienne au contraire la regardoit comme une queition de foi. z°. Que ce Pape menaça à la vérité d'excommunier Saint Cyprien Se fes partùans ; mais qu'il ne les excommunia point. 30. Que Saint Etienne en condamnant l'erreur de Saint Cyprien, n'en en- feigna pas une autre, 6c ne préten- dit jamais que le Batême de to us les Hérétiques fut valide. 40. Qu'il cfl ailèz vrai-femblable que Saint Cy- prien changea de fentiment , Se re« traéta fon erreur. Voilà la fubitance de ce Traité des Sacrement ■■, auquel l'Auteur a jugé à propos de joindre deux articles. Le premier , touchant la traduction de l'Ecriture Se de l'Office Ecclefiaiti- que en langue vulgaire ; 6c le fé- cond, fur l'ufage de reciter à voix bailé certaines prières de la Méfié. Quoique M. Tournelv ne fbûtienne rien formellement , £c par forme de tondujîon , fur ces deux articles , il ne lailîê pas ti'improuvcr les traductions de l'Ecriture fainte 6c de l'Office de l'Eglilé , s'appuyant fur quelques Brefs des Papes, & fur des Décrets anciens de la Faculté de Théologie de Paris; 6c à l'égard de la recita- tion du Canon de la Mcilè à voix bafle, il rejette abfolument la prati- que contraire. Nous avons parlé en détail de ce dernier point dans l'en- trait du IV tome de l'ouvrage du P. le Brun de l'Oratoire, auquel M, Tournely, qui l'a approuvé, ren, yovç, MARS voye fês Lecteurs. Quelques Curez de Paris ayant préfenté une Requête à fon Emi- nence Monfèigneur le Cardinal de Noailles , dans laquelle ils ont pré- tendu que le iyfteme de la Délecta- tion victorieuiê , combattu par M. Tournely dans fon Traité de la Grâ- ce, n'étoit en rien différent , félon M. de Fenelon , du fyftême de la Prémotion phyiîque enfeigné par les Thomiftcs, M. Tournely a juge à1 propos de mettre à la tête de ce r7*7- „ 137 volume une réponfê à cet écrit, dont il fait voir que les Auteurs ont altéré & corrompu les paroles de M. de Fenelon. Il a paru depuis: une réplique à M. Tournely , où l'on avoue de bonne foi la meprife, ( corrigée dans une féconde e'd tion ) mais où l'on perfîfte à fbûtenir que ce Prélat n'a mis aucune différence entre l'opinion des Thomiftes à l'é- gard de la Promotion , & l'opinion des. Auguftiniens au fujet de la délecta- tion viclorteufe. DICTION AIRE DES ARRESTS , OU JURISPRUDENCE UNIVERSELLE des Parlemens de France & autres Tribunaux , contenant par ordre al \habe- tique les matières Bénéficiai es , Ch il es & Criminelles , les maximes du Droit Ecclejiafttque,du Droit Romain t du Droit Public, des Coutumes, Ordonnances , Edits & Déclarations. Par Pierre-Jacques de Brillon Ecityer y anc en Avocat an Parlement , Confeiller au Confetl Souverain îfo Dombes. Nouvelle édition , revue, corrigée & augmentée. A Paris , chez Guillaume Cavelier père , Michel Brunet, Nicolas Goflclin au Palais, & Guillaume Cavelier fils, rue faint Jacques, au Lys d'or. 1717. in-fol. 6. Vol. I Vol. pp. 1007. II Vol. pp. 979. III Vol. pp. 987. IV Vol. pp. 1023. V Vol. pp. iojtz. VI Vol. pp. 999. LE nombre des recueils d'Arrêts a été tellement multiplié , fur- tout dans les derniers ficelés , qu'il eft bien difficile que ceux qui s'ap- pliquent à la Jurifprudence puifiènt lire toutes ces compilations. Il efl encore plus difficile que ceux qui les ont lues avec le plus de foin , puif- fènt toujours fe rappeller leurs déd- iions, quand ils ont befoin d'en faire quelque application , dans des con- fiiltations, dans la plaidoirie, dans des écritures, ou lorfqu'il s'agit de rendre un jugement. C'eft ce qui rendoit en quelque manière necef &irc une table générale de tant dé recueils d'Arrêts, au moins par rap- tflitrs. port à ceux qui s'attachent particu- lièrement à cette partie de la Ju ri im- prudence. Mais cette table pour être de quelque utilité, ne devoit point être une fimpîe indication de mots ; il falloit que la citation fut accom- pagnée d'un précis de ce qui a été jugé, ou de ce qu'on croit avoir été jugé par l'Arrêt indiqué. M. de la Ville Avocat au Parlement de Pa* ris , fut le premier qui entreprit d'e- xécuter un û grand travail , & qui rebuterait bien-tôt ceux qui n'au« raient point un goût particulier pour ces fortes d'ouvrages. Sa table des Arrêts fut imprimée en 1692, fous le titre de.Diétionaire des Ar* i38 JOURNAL DE rets. Mais M. de la Ville avoiioit lui-même qu'il y avoit plufieurs Arrêtiftes qui n'etoient point com- pris dans l'on recueil , 6c qu'il lail- foit à d'autres à le continuer. 11 n'en fallut pas davantage pour ex- citer le zele de M. Bnllon. Il tra- vailla fur ces Arrêtiftes dont M. de la Ville n'avoit point parlé , Se fur ceux dont les recueils avoient été imprimez depuis 1692. Il crut qu'il étoit à propos d'y joindre une indi- cation des loix, tant du droit civil que du droit canonique, Se des Au- teurs qui ont traité la matière qui fait le fujet de chaque lecrion. La première édition parut en 1 7 1 1 fous le titre de Diétionaire d'Ar- rêts ; & pour fiire mieux connoître l'étendue de fon projet ,-"41 ajouta ces mots , ou J nr'tfprudence univerfelie des Pailemens de France. L'ouvrage étoit divifé en trois volumes in-folio. M. Brillon l'a augmente' depuis quinze années ; de manière qu'il fait à préfent fix volumes in-folio, qui font beaucoup plus gros que ne l'ètoient ceux de 1711. En forte qu'on peut facilement reconnoitre la vérité de ce que l'Auteur avance dans fa pre'face , que ce dictionaire eft augmente' des deux tiers. Il faut prélêntemcnt expliquer en quoi conîîftent ces augmentations. Dans la première édition , M. Bril- lon avoit rapporte' un grand nom- bre d'Edits, de Déclarations & de Lettres Patentes qu'il avoit trouvez indiquez dans la table chronologi- que des Ordonnances fiùtc en un volume in-40. par M. Blanchard Avocat au Parlement , l'Auteur de ïq dernier ouvrage l'ayant augmen- S SÇAVANS, té , de manière qu'il en a fait deux volumes in-folio. M. Brillon crut que le Public verroit avec plaifir & avec utilité , les mêmes pièces indiquées dans fon dicrionaire fui- vant l'ordre alphabétique. Le ficur Chailes en avoit déjà fait un ufage à peu près pareil , en redigeaut par ordre de matière les difterens mor- ceaux quicompofent la compilation de M. Blanchard. Notre Auteur ne defavouè" pas qu'il a eu recours à ces deux recueils , quoi qu'il les ait cités fort rarement. L a raifon qu'il en rend , c'eft que les fources dans lefquelles ces Auteurs ont puifé, font ouvertes à tout le monde. Il faut cependant obfervcr , que la ta- ble chronologique de M. Blanchard ne va que juiqu'en 17 14. Depuis I7i4jufqu'en 172.6", il y a eu un grand nombre d'Edits Se de Décla- rations , qui forment fur plufieurs matières un droit nouveau. M. Bril- lon a eu foin de les indiquer , Se même de rapporter tous entiers ceux d'entre ces Edits qu'il a cru devoir être d'un ufage plus ordinaire. Il y a joint une indication des Arrêts du? Confeil qui regardent la Juftice , la Police Se les Finances. La féconde efpece d'augmenta-- tion, qui répond plus particulière-» ment au titre du livre, eft pour les- V, : s , il y en a plufieurs qui font tirez des recueils imprimez depuis 171 1 , Se un très-grand nombre qui font des notes d'Arrêts qui n'ont encore été imprimez dans aucun recueil, Se qui lui ont été fournis par des Avocats du Parlement de Paris. L'Auteur marque la recon- noiflànce; en fajlunt connoître ceux. MARS qui lui ont donné ces notes. 11 y en a beaucoup d'autres que M. Bill- ion tire des notes qu'il a faites lui- même, fur ce qu'il a vu juger au Grand-Confeil , pendant vingt ans qu'il a fréquenté ce Tribunal , foit en y plaidant pour les parties, foit en y portant la parole pour MM. les Gens du Roi , comme il l'a fait pen- dant plufieurs Semeftres. Ces mor- ceaux concernans la Jurifprudence du Grand-Confeil répandus en dif- ièrens endroits de ce grand recueil , paroiffent devoir être d'autant plus utiles , que ce font des Arrêts qu'on ne traite point dans les autres li- vres de Jurifprudence, qu'il s'y agit lbuvent des matières qui n'ont point été' aufîî-bien éclaircies que celles qu'on trouve dans les Parlemens , & qu'il y a même eu quelque change- ment dans ces derniers temps, par rapport à la Jurifprudence de ce Tribunal ; pour les affaires dont il connoit , par une attribution par- ticulière. Comme on ne peut avoir recours aux livres fur ces articles , M. Brillon a pris le parti , par rap- port à ceux qui lui ont paru les plus importuns, de donner un pré- - cis du fait, & des moyens fur lcf- quels l'Arrêt eft intervenu ; nous nous contenterons d'en rapporter ici deux exemples. On a plufieurs fois agité au Grand- Confeil la queftion, fi un Abbé pourvu par le Roi d'une Abbaye a. la charge d'une penfion , peut fe li- bérer de la penfion , en offrant d'a- bandonner les revenus de l'Abbaye ; il a été jugé qu'il devoit remettre le brevet du don de l'Abbaye • & que tant qu'il çonfèryeroit le titre , il 17*7; 139 demeurerait oblige' à la penfion , parce que c'eft une Charge attachée à fon titre ; il y en a un Arrêt du 7 Février 1708, en faveur de M. Ra- tabon Evêqued'Ypres , contre l'Ab* bé de Voormizel ; un du 12 Juillet de la même année au profit du Mar- quis de Flamarin , pour une penfion de 2000 livres fur l'Abbaye de Lon- gueval , dont étoit pourvu M. l'E- vêque du Mans. Un troilîéme du f Avril 1 7 1 6 , en faveur de M. Ge- rin, Curé de la Paroifiê de Sainte Croix de la Cité de Paris. M. Bril- lon remarque que quand le Bénéfi- ce n'a été chargé de la penfion qu'a- près les provisions du titulaire , com- me ce n'eft point une Charge de la provifion , la penfion eft réductible, fi elle eft exceffive. C'eft ce qui a été jugé par l'Arrêt du 15" Mars 1 69 f, rapporté dans le fécond vo- lume du Jourml du Palais de l'é- dition in-folio. Quelque dure qu'ait paru à plufieurs perfonnes cette Ju- rifprudence de .ne point permettre d'abandonner les fruits du Bénéfice., pour lapenfion impofée par le brevet, Meflîeurs du Grand-Confeil iê font crû obligez de Pobfèrver , par rcfpeér. pour la volonté du Roi , & parce que le Titulaire s-'y eft volontaire- ment fournis , en acceptant le bene- fice fous cette condition. Voici un fécond exemple. On a jugé au Grand-Confeil le 18 Juillet 1719 en faveur de l'Egliic Collé- giale de Saint Barnard de Romans en Dauphiné , contre M. Louis Channat Brevetaire de joyeux avè- nement, qu'il ferait contraint à l'e- xécution des Statuts du Chapitre 9 qui portent que le nouveau Cha= s y i4o JOURNAL DE noine avant fa réception , prêtera ferment d'exécuter les Statuts , 6c qu'aucun Chanoine nouvellement reçu ne pourra être admis à réil- dence , n'y avoir part aux diftribu- tions du haut Chœur qu'il ne foit conftitué dans les Ordres facrez. Le motif de l'Arrêt fut que le Roi en accordant ces Brevets, n'exerce 6c ne prétend exercer que le droit du Collateur ordinaire. Une troifiéme efpcce d'augmen- tation qui a beaucoup contribué a m'oflir ce recueil , coniifte dans des mémoires fur plusieurs affaires im- portantes , qui fe font présentées au Palais depuis quelques années. De ces mémoires , les uns ont été infe- rez tous entiers dans ces recueils , les autres n'y ont été mis que par des extraits détaillez. Comme M. Billion a bien prévu qu'il y auroit des perfonnes qui croiroient , qu'il ne convenoit point d'inférer ces mé- moires dans un diétionaire d'Arrêts, il leur répond qu'il doit avoir pour défendeurs ceux-mémes , dont il a in- voqué le nom . que ces mémoires lont des pièces fugitives, auquel il a fixé dans fon dictionairc une démettre , qu'ils ne trouveront ni étrangère ni in- décent . « Mon travail en ce point »i n'eût-il fervi, ajoute notre Au- « teur, qu'à faire revivre utilement -» pour nous-mêmes, ces illuftres s> morts, qui ne nous ont point a» laifié leurs oeuvres imprimées , la » poiterité mefçaura grédelui avoir »> tranfmis les noms des Secouflè , » des Nivelle , des Arnault , des « Vefins , des Macé , des Ducor- =» net, des Begons, &c.» Entre les mémoires qui font partie des aua- s sçavans; mentations de cette nouvelle e'di* tion, il y en a plufieurs qui font de M. Brillon ; il y a joint des plai- doj ers qu'il a faits au Grand-Con- feil pour des particuliers , 6c d'autres plaidoyers qu'il a prononcez dans le même Tribunal , en y faiiànt la fon- ction d'Avocat General. La quatrième efpece d'augmenta- tion de ce dictionairc confiitc dans des renvois que l'Auteur a mis à la tête des titres aux écrits des Jurif- confultcs , dont les livres ont été publiez depuis 171 1 ,ou à d'autres Ecrivains qu'rr n'avoir, point citez dans l'édition précédente. Il y a même en des endroits quelques ex- traits de livres, au lieu d une iimple indication. Une cinquième efpece d'augmen- tation eft celle des traits d'hirtoire ancienne ou moderne répandue en différais endroits , des réflexions morales 6c politiques, 6e même des traits qui pourraient être revendi- quez par ceux qui font des recueils de bons mots 6c de faillies d'efprk. L'Auteur déclare quefi quelqu'un ie condamne de s'être égayé quel- quefois, il appelle de ce ccnlcur mé- lancolique , « à la neccifité de ne point entretenir l'humeur trop k lbrnbre, quand on a à travailler «« dix 6c douze heures par jour, 6c « cela pendant bien des années. « Nous allons rapporter quelques morceaux de cette cinquième efpece d'augmentation. Comme on eft fouvent bien aifc de fçavoir ce qu'un Auteur penfê de lui-même 6c de lès ouvrages , nous prendrons pour premier exem- ple une partie de ce que l'Auteur MARS 'dît fur le mot "Ènllon. « Le Conti- »> nuateur de Moreri , Auteur du si dictionaire hiftorique , a parlé de jj Pierre-Jacques Brillon, Eeuyer , *> Avocat au Parlement , & n'a point *. dédaigné de louer fes œuvres de ». Littérature Se de Jurifprudence. » C'eft moi. Le wzof , je le fçais, eft ». rarement placé à propos. C'eft »» plus fou vent Se preique toujours » une articulation ridicule , Se une j> fade perfonalité ; mais me fera-t'il s» moins permis de me ranger dans » l'ordre alphabétique de mon dic- » tionaire , que de me mettre au j» frontifpice , à la tête , dans une a> préface, ou au bas d'une épître * dédicatoire ? Au refte , que » veux-je dire ici de moi? Rien j> autre chofe, finon que dans mon s» dictionaire , citant une infinité 5) d'Auteurs, j'ai tâché de me met- w tre en état d'être cité par ceux 5< qui viendront après moi. Si je sj ne fuis pas original en tout , Se » profond en bien des matières , je s» me fuis attaché à être un indica- »> teur univerfel, un rédacteur exact, a un homme vrai , attaché aux - 3> grands principes , l'antagonifte s> des loix équivoques , le frondeur a» des confeils hazardez , le critique » des jugemens bizarres, le guide »' de la faine Jurifprudence. Les s» Parties , les Avocats , les Juges ne s» doivent point avoir honte de me »» lire j s'ils le font avec plaifir Se s» profit, c'eft-là ma récompenfè. L'article de Chaillot pourra fer- vir a l'Hiftoire littéraire, car notre Auteur ayant rapporté les lettres patente^ qui érigent le Village de Chaillot en fauxbourg de la Ville 171% I4Î de Pans, ajoute: te Chaillot eft de- venu célèbre dans la littérature , ces , 6c qui n'ont fouvent d'autre fondement que l'imagination de l'Auteur : mais comme il échape aux recherches les plus exactes, beaucoup de pièces de la nature de celles dont on vient de parler, 6t que l'interprétation de ces pièces peut même fouvent dépendre de faits qu'on a tenus cachés , ne pour- voit-il point arriver à l'Hiftorien de fe faire un fiftéme, fur ce qu'il auroit d'inftructions 6c de Mémoires, 6c d'interpréter fuivant ce fiftéme des inftruétions 6c des Mémoires qui ne feraient point afièz détaillés, mê- me de fonder fur ce fiftéme les vues que l'on prête aux Souverains 6c à leurs Miniftres. Nous laiflbns aux Politiques à examiner fi cela n'eft point quelquefois arrivé à l'Hiflo- rien des Provinces Unies. Il faudrait tranferire une partie des citations qui font au bas des pages de ces annales , pour faire connoî- tre les Ouvrages tant imprimés que manuferipts , d'où l'Auteur a tiré ce qu'il rapporte. Il nous fuffira de parler ici de quelques Ecrivains que M. Bafnage reconnoit lui avoir été d'un grand fecours. Le premier eft Moniieur de Wicqucfoit qui ayant quitté fort jeune la Pro- vince d'Hollande , s'établit en Fran- ce , où l'Electeur de Brandebourg, l'avoit fait fon réfident. Quelques Ouvrages qu'il compofa contre la Cour , donnèrent lieu de l'ar- rêter , il fbrtit de la Baftille ac- compagné d'une efeorte qui le conduilit jufqu'à Calais. De -là iï fe retira en Hollande , où il trouva un protecteur en la perlonnedcM. deWit, avec lequel il aroit long,-- 144 JOURNAL DE temps entretenu une correfpondan- ce lècrette. M. de Wit engagea Wicquefort à écrire l'hiitoire des Provinces Unies, depuis la paix de Muniter , jufqu* a celle de Nime- gue. On commençoit à imprimer cet Ouvrage , lorlqu'il fût aceufé d'avoir des correipondances avec les ennemis des Provinces Unies. Il fut condamné à une prilbn perpé- tuelle par la Cour de Jufticc , 6c tous fes biens furent confifquez. Pendant qu'il étoit en prifon, de laquelle il s'échapa après quatre ans & quelques mois , il continua fon hiftoire; M. Bafnage qui la cite très- fouvent, dit que l'équité ne per- mit point de la faire imprimer à cauiè des fatyres même groifieres qui y font répandues , tant contre le Prince d'Orange, que contre tous ceux qui avoient quelque relation avec lui , 6c contre les membres de k Cour de Juftice qui avoient fait le Procès à Wicquefort ; cet Ou- vrage auroit fait deux petits volu- mes in-folio d'hiftoire, 6c fix de piè- ces , pour fervir de preuves. Aitzema , Gentilhomme de Frifê, £c réildent des Villes Aniéatiques à la Haye , avoit fait avant Wicque- fort un grand recueil des pièces con- cernant l'hiitoire du même tems; 6c il îivoit coufu ces pièces l'une à l'au- tre par quelques récits. Londorpius clt encore plus {ce qu'Aitzema , mais on trouve dans fon recueil d'actes publiques, un très -grand nombre de pièces qu'on chercherai t inutilement ailleurs. L'hiftoirc de Charles Guflavc pafle pour le chef-d'œuvre de Puf- ÎÇIjdorf, M. Balfaage lui reproche S SÇAVANS, néanmoins de s'être trop déclaré contre la 'Re'publique des Provin- ces Unies. Il avoiie d'ailleurs que cet Auteur a compofé ion hiitone fur des actes authentiques. Le der- nier Ecrivain dont M. Bafnage fait une mention particulière , elt celui des mémoires du Cardinal de Rets. Ces Mémoires n'ont été' imprimés que deux ans avant qu'on publiât le premier volume de ces annales. C'eit pourquoi l'Auteur ne les a d'a- bord cités que comme manuferipts. Après une idée générale de l'ou- vrage nous avons crû devoir don- ner dans cet article un précis de la difîcrtation hiltorique fur le gou- vernement des Provinces Unies qui clt à la tête du premier volume. M. Bafnage déclare qu'il n'auroit point entrepris de remplir une car- rière fi difficile 6c fi peu connue , s'il n'avoit eu un guide qui L'a con- duit, s'il n'avoit ptiifé dans des rc- giitres de la République , Se dans les inltructions données pour ceux qui doivent entrer dans les Etats , dans les diflèrens Confeils 6c dans les Charges , ce qui peut éclaircir cette matière. Les grands du Royaume de Fran- ce ayant profite' de la foiblefiè des defeendans de Charlemagne, pour s'approprier les Provinces dont ils n'avoient que le gouvernement , 6c pour les rendre héréditaires dans leurs familles , les Provinces des Pais bas eurent autant de Souve- rains , qu'elles avoient de Gouver- neurs. Ceux de la Frife prirent le titre de Roi : Quelques Hiftoriens donnent ce titre à Rabdob ? Les autres avoient des Ducs ? d'autres ÇiOÏQQ[ MARS étoient gouvernez par des Comtes ; les Evêques d'Utrccht fè rendirent maîtres de la Ville 6c de fès dépen- dances. Lorfquc plufieurs Provin- ces étoient réunies fous l'autorité d'un même Souverain , comme el- les l'étoient fous les maiibns de Bour- gogne & d'Autriche, elles ne laif- foient point de conferver l'ancien- ne forme de leur gouvernement. La nobleffe 6c le peuple s'aflèm- bloient pour régler les fommes qu'on devoit fournir au Souverain , 6c pour délibérer fur les affaires gé- nérales de la Province ; le Souve- rain avoit lui-même trois Confcils ; un Confeil d'Etat compofé de No- bles èc de perfonncsdiltinguées, un Confeil des Finances, 6c un Con- feil privé qui délibérait fur les af- faires purement dépendantes de lbn autorité. Les fept Provinces qui fe détachèrent de l'obéi'ffance dePhilip- pe 1 1 , conferverent une partie de l'ancienne forme du gouvernement , mais d'une manière qu'il eil diffi- cile de la bien définir. » A proprement parler, dit M. î) Bafnage , il n'y a aucun corps de ^ l'Etat qui foiten particulier le dé- s> pofitaire de la Souveraineté de la »' République, 6c auquel on puiflè « la fixer. Les Etats de chaque Pro- a> vince , font les Souverains de s> leur Province particulière , mais s> ils ne peuvent étendre leur auto- s> rite fur les autres. Les Etats Ge- s< neraux qui reprefentent les fept »> Provinces Unies, n'en font polir- ai tant pas les Souverains. Ceux qui s> compofent cette illuftre aflèm- »> bléc , font les Députés de chaque v Prov ince , chargés des ordres par- Mars, 1717. 14Ç ti ulicrs des Etats Provinciaux , nier article que pour faire l'apolo- gie des Etats Généraux par rapport à la tolérance, & pour faire quel- ques obfervations fur le traité Je M. Stoupp Colonel Suiflè , qui a 148 JOURNAL DE été traduit en pluficurs langues, & qui a pour titre la religion des Hol- landais. M. Bafnage avoit fait imprimer quelques additions & quelques cor- rections à (à defcription hiftorique du gouvernement des Provinces- Unies. Mais depuis l'impreffion du premier volume de cette hiftoire, il a encore travaille' fur cette matière, & il a laiiié un ample fuple'ment, S SÇAVANS, que le Libraire promet de donner bien-tôt au Public, avec une Dif- fertation fur l'origine des Bataves, compoféc par le même Auteur. Nous rendrons un compte par- ticulier dans un autre Journal de quelques morceaux de ces annales , pour donner une idée de la mé- thode que l'Auteur y a fuivie , de fon rtyle Se de fès réflexions. TRAITE' DE V ALG EBRE , P AR M. DE CROUZAS,DÈ l'Académie Royale des Sciences. A Paris, chez François Montalant , Li- braire-Imprimeur-Juré de l'Univerlïté, Quay des Augultins r près le Pont Saint Michel. 1726". in-8°. pp. 489. L'Algèbre peut être en quelque manière regardée comme la clef des mathématiques ; 6c on ne peut nier quelle ne foit très-utile pour la phyfique.Mais il arrive fouvent que les jeunes gens que l'on a convain- cu de l'utilité de cette feience, com- mencent à s'y appliquer, & l'aban- donnent enfuite,les uns dès les premiers jours , parce qu'ils ont de la peine à s'accoutumer aux lignes & au langage de l'algèbre ; les au- tres , parce que les lettres 6v les li- gnes dont on le fert dans les calculs algébriques ne préfentent point d'i- dées d'objets déterminez comme les chifres de l'arithmétique èc les li- gnes de la géométrie. Pour préve- nir ces inconveniens, il faut don- ner à ceux qui commencent,des éle- mens d'algèbre, les plus clairs qu'il elt poflïble , qui contiennent les principes eflèntiels de cette feience , fans engager les jeunes gens dans la difeuffion de queftions qui deman- dent une grande connoiflànce de cette feience, leur fournir des exem- ples qui rendent les règles plus {en* libles, fans les accabler par la mul- titude & par la dryerfité de ces exemples. C'en: ce que plufieurs Auteurs ont déjà tenté. M. de Crou* zas avoue qu'il y a de ces élemens d'algèbre excellens en leur genre -y mais il ne croit point que les Au- teurs le foient allez proportionnez à l'état de ceux qui commencent à étudier cette feience, il lui paroît qu'il manque dans ces abrégés des choies eifentielles , Se que des théo- ries necclîàires , des règles très-uti- les n'y étoient point expofées dans leur juire étendue , & laiflbient trop à deviner ; il s'en: plus attaché à épargner la peine des commen- çans ; & il allure qu'en compolânt ces élemens , il a plus confulté les Ecoliers pour connoître ce qui •pouvoit embarrailèr, que les Sça- vans en mathématiques. Après quelques obfcrvations gé- nérales fur les lignes algébriques , l'Auteur donne les règles des qua- tre premières opérations , l'addition, MARS la fouflraction, la multiplication 6c la divifion , tant pour les grandeurs incomplexes que pour les comple- xes; il s'eit beaucoup étendu fur ces quatre règles , parce qu'elles font le fondement du refte de fon ouvrage. La formation des puiiiàn- ces 6c l'extraction de leurs racines , font le fujet des quatre chapitres fuivans. La théorie des proportions tant arithmétiques que géométriques, les opérations fur les incommenfu- rablcSjCaufcnt fouvent de l'embarras. Notre Auteur s'attache à bien expli- quer ce qu'on appelle grandeur in- commenfurable , & à donner des rè- gles pour les opérations fur l'idée qu'il donne de ces grandeurs , les équations du premier , du fécond, du troiiïéme & du quatrième degré , font le fujet des derniers chapitres , après lefquels M. de Crouzas don- ne une idée de l'analyfe, où il en- ièigne à faire ufage des différentes opérations de l'algèbre pour réfou- dre les problêmes , 6c les queftions 1717. Ï49 qu'on y propofè. Quoique M. de Crouzas déclare dans fa préface qu'il n'a point mêlé la théorie ou la pratique de l'arith- métique avec celles de l'algèbre, 6ç qu'il ait fuppofé que les Lecteurs fçavoient ce qu'il en a écrit dans fon cours d'arithmétique, il ne laillè pas de faire quelquefois des ap- plications de l'algèbre à l'arithméti- que, fur-tout pour ce qui concerne l'extraction des racines des quarrez 6c des cubes. Nous croyons devoir avertir en finiflànt,que quoique le frontifpice de ce livre fêmble annoncer un ou- vrage qui n'ait point encore paru, ce n'eit qu'une nouvelle édition. L'ouvrage eft dédié à M. de Reau- mur, de l'Académie des Sciences de Paris. M. de Crouzas y tait l'éloge de M. de Reaumur 6c de l'Acadé- mie , dont il dit que les mémoires font , de tous les ouvrages des hom- mes celui qui doit le plus durer. D1CTIONA1RE DES FINANCES, CONTENAIT LA DEF7XIT70N- de tous les termes de Finances , leur ufage & leurs différentes applications dans toute forte d'affaires, l'exjlication de tous les Droits & importions que fe lèvent dans V étendue du Royaume , Vétabliffement du Confetl du Roy } des Chambres des Comptes , & des Cours des Aydes ; la création des Charges , & généralement tout ce qui regarde les Finances & la pratique des Bureaux. A Paris, chez Jacques Jolie, Théodore Legras, Guillaume Cavclier, 6c la veuve Saugrain, 1727. in-12. pp. 385". L'Autheur regarde ce Diction- naire comme une nouvelle intro- duction pour api rendre facilement leftyle des Finances & de la Banque , & la pratique des Bureaux ; c'étoit la pre- mière explication qu'il avoit don- née au titre principal de fon Livre, & à laquelle il a depuis fubfb'tué celle que l'on vient de lire. L'Au- teur allure que ce Dictionnaire eft nouveau dans toutes fes parties , 6c qu'on peut dire avec certitude, qu'il n'a point encore paru d'Ouvrage qui renferme une idée fi générale 6v II tfo TOURNAT. DE les Finances, il ajoute que les s» perlbijnesjudicieufcs 6c détachées s> de tout préjugé , conviendront s» qu'il eft neceflaire à tous ceux ?> qui font dans les affaires Se dans les s> Bureaux , Se que les Lecteurs y s» verront des explications h claires »» & fi faciles, que pour peu d'at- î> tention qu'ils donnent à l'étude 3> de ce Livre, ils apprendront pal » la feule lecture, ce qu'on ne fçau- 5i roit acquérir que par quelques =) années de travail. Notre Auteur dit encore qu'on ne trouve qu'un petit nombre de termes de Finan- ces dans les Dictionaires de Riche- let, de Furetiere, Se de l'Académie, ajoùte-il , de ce nouveau Dic- => ctionnaire, ce qui fait proprement s> fon caractère diftinctif, c'eft qu'on 5> y reconnpit par tout l'efpnt du ?> Financier, qui parle en homme s» du métier , & qui a emprunté de « la pratique Se de l'uiage , ce que =» les Livres n'ont pu fournir aux ?> Auteurs des autres Dictionnaires. Après avoir vu ce que l'Auteur promet dans fà Préface, il faut rap- porter quelques traits pris à l'ouver- ture du Livre, pour mettre le Pu- blic en état de juger, fi l'Auteur exécute ce qu'il promet dans fon avertiffement. Avis. Donneur d' 4 is. Celui qui propofe un moyen pour faire venir S SÇAVANS, de l'argent dans les Coffres du Roi. Un particulier qui donne des avis , qui fournit des Mémoires au Con-* feil, fur une affaire, pour être exa- minés, Se enfui te reçus ou rejettes, félon que le Roi ou les Miniftres le trouvent a propos , Stile. On dit, donner un avis, c'eft un d nneur d'avis ,d fe mêle de donner des avis , il a eu tant peur fen droit d a is. Paraguante. Prcfent qu'on fait à celui qui s'entremet , pour nous faire avoir quelque Traité, quelque affaire , Se qui ié donne des peines Se des foins , pour la faire réiiffir à notre avantage. On lui a donné une bonne paraguante. 11 en retire la paraguante. Farties prenantes. Particuliers compris dans les Etats du Roi, ou dans un rolle pour une fomme qu'ils doivent toucher. Il y a beaucoup de parties prenantes fur les Domai- nes de France, c'eft-à-dire , qu'il y a beaucoup de particuliers aflignes fiir les Etats du Roi du Domaine, pour recevoir les parties qui leur font dues. Lorfqu'une partie pre- nante fe prefente pour recevoir une fbmme, elle doit produire le titre en en veitu duquel elle demande à re- cevoir. Il y a un Arreft du Con- feil d'Etat du Roi du 20 Février 1 720. , qui ordonne la retenue des arrérages de la Capitation Se du di- xième, furies fommes dû es aux par- ties prenantes , cmplovées dans les Etats du Roi, MARS 1717* - m M. JEGIDU HOCHMUTHI, PAST. MUHLB. ET ADJ. Ephor. Hayn. Schediaima Hiitorico-Litterarium de ritu ono'mà&l- 2ia2 fîve nominum impofitione & mutatione : Cum recenfu, nomine & cognomine CXLII. iEgidiorum , génère, fcriptis Se eruditione cla- rorum. Wittebergae s apud Georg. Marc. Knochium. 1725". c'eit-à- dire : Mémoire fur l impojition & le changement des noms ; par Me Gilles Eocb- ihMh , &C. avec un dénombrement de 14.2 Gilles, d;jîingués pur leur naiffance , leurs écrits & leur érudition. A Wittemberg , chez Georges Marc Knoch i72j,j«-8°.pp. 154. CEux qui liront cet Ouvrage , trouveront qu'il répond par- faitement à fon titre. M. Hochmuth le qualifie de Scbediafma , & nous le donne par conféquent pour un Mé- moire drefl'é à la hâte, peu travaillé, où l'érudition a été jettée fans beau- coup d'ordre ni de choix, & pref- qu'au hazard ; car c'elt précifément ce quefignifie le mot Grec Scbediaf- ma. Ainli l'Auteur ne fera pas ac- eufé d'avoir voulu prévenir favora- blement fes Lecteurs par un titre faf- tueux : l'on dira au contraire qu'il ne pouvoit impofer un nom plus jufte Cv plus convenable à cet écrit, qui doit rouler , comme l'on voit, fur fia pojî- tion des noms. Se en preferire des règles. Nous avions déjà quelques Trai- tez fur cette matière ; entr'autres ce- lui de Jean-Hcmy Cttius , intitulé Onomatologia , feu de romimbus bem'i- ■num projrïts , imprimé à Zurich en 1671 jh-8°. & celui de l'origine des noms & des fi-.rnoms , &c. par l'Abbé de la Roque , publié à Paris , en 1 68 1 JK-I2. Il femble d'abord que M. Hoch- muth veuille ici fe renfermer prin- cipalement dans ce qui concerne les noms propres , en ufage parmi les Chrétiens. Mais cela ne l'empêche pas de faire quantité d'excurfions ~ en traitant indifféremment & pefle- mêle , de ceux des Juifs , des Grecs & des Romains. Cela met dans fon Ouvrage une confuiïon qui pourra bien en rendre la lecture moins a- gréable. Nous tâcherons d'en ex- traire çà & là quelques endroits des plus intéreflâns • mais fans nous en- gager à réduire dans un ordre mé- thodique, ce que l'Auteur lui-mê- me n'a pas daigné tirer du Chaos. 11 ne manque pas d'abord de pro- duire Adam, comme le ier de tous les Komenclateurs, ou donneurs de noms, puifque non feulement il en donna ( fuivant l'écriture ) à tous les animaux , mais que fans doute il exerça cette fonction de parrain dans fa propre famille. M. Hochmuth examine enfuitc , s'il convient de donner aux hommes des noms d'a- nimaux ; 6c il trouve que c'a été un ufage univerfellement reçu parmi tous les peuples, comme il eit aifé de s'en convaincre , en parcourant avec lui les noms propres des Juifs, des Grecs, des Romains, des Alle- mans, Sec. Il obierve que chez les mêmes Nations , outre ces noms em- pruntez des beftes , il y en avoit plu- heurs qui marquoient des qualités iî% JOURNAL DE recommendables 6c dignes d'être imitées ; qu'il y en avoir d'autres d'où l'on tiroit de bons ou de mauvais augures ; & que dans la cérémonie de la Circoncifîonoudu Batéme,on a voit grand foin déchoir- fir les premiers par préférence. Il remarque de plus, que la coutume de donner aux enfans les noms de ceux qui s'étoient fignalez par leurs vertus, n'avoit d'autre fonde- ment, que l'envie de propofer aux jeunes gens ces grands noms , com- me des modèles capables de leur ins- pirer une louable émulation. L'Auteur recherche après cela, quels e'toient les jours deltinez à l'impofition des noms, chez les dif- ferens peuples. Il dit que 1 Empe- reur Antonin ordonna que cette cérémonie fe ferait le troifiéme jour après la nai fiance ; qu'avant lui les Romains ne nommoient leurs fils , que lorfqu'ils étoient parvenus à l'âge viril, 6c leurs fil- les , que lorlqu'ils les marioienr. Mais il avance l'un 6c l'autre, fans citer fes garants ; 6c oubliant quel- ques lignes plus bas, ce qu il vient d'établir , il obfèrve que chez ces mêmes Romains la/ Ftraiton ou/V.v- ■piAtion des enfans , fê fàifoit le hui- tième jour pour les filles , & le neu- vième pour les garçons, 6c que ces \ )iirs-là mêmes on impolbit les noms aux uns & aux autres. Il eft en peine de fçavoir pourquoi, encute occafion , les filles avoient le pas fur les garçons ; 6c ils'imagine que c'clt parce que celles-là font plutôt formée; eue ceux-ci. Il demande en- core pourquoi les jours deltinés à l'impofition des noms ? f : prenoient S SÇAVANS, chez les Romains après le fepticme," 6c il répond que ox\ï C'eanthes; Raùienus pour Lalienus ; Satan.ijîus pour Atbanajîus ; A f btus pour Eufebius ; Capr'tanus pour Cjpr'unus : &c. Enfin M. Hochmuth termine ce détail par plufieurs ob- fervations de même trempe fur la fatalité des noms. C'en: où nous n'avons garde de le fuivr •, pourn; point ennuyer plus long-temps les Leéteurs ; 6c nous venons promp- tement à la 2e partie du volume , c'e ft-à-dire , au Catalogue des Gilles. L'Auteur l'entame par cette remar- que finguliere, que dans fa jeuncllc lorfqu'il failbit les Clafies , fes Ré- gens 6c fes camarades lui ont fou- vent marqué l'étonnement où ils étoient, que fes parens eufllnt eu tant de prédilection pour ce nom ( Gilles ) qu'ils euiîènt pris foin de le lui foire donner fur les fonts. M. Hochmuth, bien loin d'en paroître honteux, en fait gloire ; 6c il dé- terre dans les différentes étymologies de ce nom , ( Mgidius ) les titres les plus honorables. Si d'une part on y démêle une cbevre & un chevreau , de l'autre on y découvre la redou- table JEgide de Pallas , on y voit la belle JEgine \ fille d'Afopus , Roi de Bceotie , on y reconnoît /Egée , père de Thefée, on y trouve un Collyre fouverain par les yeux, 6c nommé /Egidton , 6cc. Mais laiflànt à part tous ces jeux d'efprit ., ( dit l'Auteur) examinons combien d'hommes cé- lèbres fè font fignalcz fous ce nom dans le monde Chrétien ; 6c là-del- fus il nous étale les principales Egli- î54 JOURNAL DE (es & les principaux Monaftcres construits en l'honneur de S.Gilles. Ce font ces diverics conlîdéra- tions qui l'ont déterminé à faire en faveur de ceux qui ont illulhé ce beau nom, ce que Je an Meurjlus a fait pour les I bilojlrates , les Nicemaques, les AriJIoxénes , les Alypius , les Antt- gones , les / tolomées ; ce qu'André du Sauffa) a fait pour les André s ; An- toine Sauderus , pour les Antoines ; leo Allatius , pour les Georges , les Tfellus , les Simeons , les Nicetas , les Metb dms ; Jc.in Théodore Lcitbfcber t pour les Grrpbes ; Jean-Georges Leuk? fild pour Ls de anus ; Cbnftopblt- Samuel Martini pour les Colerus. M. Gilles Hochmuth en fait donc au- tant ici pour les illuftres Gilles , dont il diilinguc deux Clafles , fui- S SÇAVANS, vaut que Gilles eft leur nom propre ^ ou leur lurnom. Les premiers font au nombre de iz6,&. les autres de 16, ce qui fait juftement les 141 Gilles , que nous promet le titre de fon Livre. Sa méthode cft de donner fur chaque article le nom ôc le furnom du perfonnage, fon Pays, la date de fànaiffanccScdefàmort , ou tout au moins l'année où il floriilbit , quel- ques-uns des principaux e'vcnemens de fii vie, & un Catalogue de fes ou- vrages. S'il eft permis déjuger de l'e- xactitude de cet Auteur par l'arti- cle de Gilles-Ménage , notre compa- triote , on peut dire que l'ouvrage de M. Hochmuth a befoin d'am- ples fupplémens. IX TRAIT DV PREMIER ARTICLE DES TRANSACTIONS ou Mémoires Philofophiques de la Sociéé Royale de Londres, pour les mots de Septembre & d'Oclobre. 1 724. nomb. 390. CEt Article contient une Diflèr- tation Latine de M. Brtyn , Mé- decin de Dantzic, 6c de la Société Royale de Londres, touchant l'vl- gneau végétal dcT art au. , nommé vul- gairement Boranict^. L'Auteur obfcrve d'abord , que plufîeurs Naturalises du premier ordre ont parlé fort férieufement de ce prétendu Zoophjte ou 1 lantt -ani- mal. De ce nombre font le P. Kir- cher, d'après Juks-Céfar Scalger & quelques autres ; le Chancelier Ba- Ct> ; ortunio l.iccti; André Libavius; Eufcbe Kicrenberg ; Adam Clearius , & Olaus irormtus; fans compter di- vers Botaniftes, qui tiennent tous , fur ce point, à peu près le même langage. Voici de quelle manière Scaltger décrit cette mcrvcilleuiê production de la nature ; êc la des- cription qu'il en donne a été aflèz fidèlement copiée par tous ceux qui en ont fait mention après lui. Dans une Horde de Tarares ( dit Scaliger ) appellée Z.auolka , qui eft des plus anciennes 6c des plus con- sidérables , on féme une graine très fcmblable à celle du melon , & dont elle ne diffère qu'en ce qu'elle eft moins longue. De cette graine naît une plante haute de trois pieds , 6v de la figure d'un agneau , qu'elle représente par les pattes , par les oreil- les, & par toute la tête, à l'excep- tion des cernes qui y manquent, Cv MARS dont la place cft remplie par des toupets de poil. Cette plante eft couverte d'une peau très-déliée, dont les habitans fe font des bon- nets. On prétend ( continue Scalïger ) que fâ pulpe imite la chair des écre- vilîès; qu'elle rend du fang , lors- qu'on y fait quelque incifion ; qu'elle eft d'une faveur très-douce ; qu'elle eit attachée à la racine par une ef- péce de nombril • qu'elle le confer- ve dans toute fa vigueur, tant qu'elle eft environnée d'autres herbes, dont elle fèmble fe nourrir ; mais que lorfque celles-ci viennent à man- quer, la plante en queftion fe flé- trit &C meurt ; enfin , ( pourfuit Sca- lïger ) on ajoute , pour rendre la con- formité plus parfaite , que les loups font fort friands de cet agneau vé- gétal. Quelques Naturaliftes ( remar- que notre Auteur ) ont pouffé la crédulité fur cette plante jufqu'à en faire graver la figure , dont leur imagination leur a fourni tous les traits , & jufqu'à montrer parmi les curiofitez de leurs cabinets , ce qu'ils prenoient pour la peau de ce zoo- fhjte. Tout ce que l'on en raconte a paru très-fufpecr. à Antoine Deujîng, qui difeute ce fait très-exactement , dans une de fes Dtffirtato s choijïes , & qui , tout bien confidéré , le re- garde comme fabuleux , Se foûtient que Scalïger en a porté le même juge- nint. M. Brevn n'en a pas meilleure opinion ; & fa défiance eft fondée , i°. fur ce que nul Auteur digne de foi n'aflure avoir vu cette plante ; %°. fur ce que M. Kœmpfir , obfer- 1717. ifj vateur des plus curieux & des plus attentifs, qui a voyagé dans ce can- ton de la Tartarie , ou l'on fuppole que cette plante prend naifiànce,& qui a fait là-deilus toutes les perquisi- tions néccllàires , n'en a pu rien ap- prendre ni de la voix publique, ni des Botaniftes de ce païs-là, qui tous , par ce mot , Borametz. , n'entendent autre choie qu'un troupeau de bre- bis. Le même M. Ktempfer fèmble avoir parfaitement découvert l'ori- gine de cette fable. Il obferve que dans certaines Provinces voilînes de la mer Cafpienne, outre l'efpcce ordi- naire de brebis, il s'en trouve une qui en cft différente, & qui eft rc- commandable par la beauté des four- rures qu'elle produit , & dont les Seigneurs de Tartarie èc de Perfê font grand ufage. Plus les agneaux font jeunes, plus ces fourrures font fines & précieufes, parce qu'alors elles font plus fufceptibles d'une fri- fure, dont la délicatciîè & l'artifice en augmente le prix. De-là vient que pour y mieux reuflir , les ou- vriers préviennent la naiflànce de ces agneaux , en les tirant par inci- fion du ventre de leurs mères. Ces peaux bien préparées , lorfqu'on en a rogné les extrémitez , ont fi peu l'air d'une peau d'agneau , qu'on les prendrait plutôt pour la membrane d'une courge, garnie de fon duvet f & qu'il feroitaiféde s'y méprendre. Elles fè vendent jufqu'à trois loiiis d'or la pièce, à proportion de leur beauté ; & elles fervent à doubler les bonets,& à border les robes. M. Kampfer eft donc perluadé , que quelques-unes de ces peaux trani? ijtf JOURNAL DE portées dans des pays éloignez , au- ront pu en impofèr aux curieux , qui , à caufe de la qualité Gngulicre de Leur duvet, les auront prilcs pour la membrane d'un végétal ; que cette idée, foutenuë de quelque équivo- que ou de quelque mal-entendu tou- chant l'origine de cette production , aura furn" pour donner cours au ré- cit fabuleux de ce prétendu Zoo^by- te ; 6c que ce font ces fortes de peaux que l'on montre parmi les curiofitez de certains cabinets. Il y a plus; & l'Auteur a, dans le lien, une preuve convaincante, que l'agneau végétal eit un ouvra- ge de l'art. Un curieux, revenant, il y a quelques années, de Mofcovie, 6c parlant par Dantzik, parmi d'au- tres raretez , concernant l'hiltoire naturelle, fit préfèntà M. Breni d'un de ces prétendus Bcrametz. de Tar- tarie , qu'il regardoit comrne une pièce fort précieufè, & dont l'Au- teur à fait graver ici la figure. Ce Eorawet^ étoit long d'environ fix pouces; Ton y diftinguoit une tête accompagnée de fes deux oreil- les , 6c quatre jambes. Sa couleur tiroit fur le gris-de-fer. Elle étoit couverte d'une efpéce de velouté foyeux, à l'exception des oreilles Se des jambes , qui étoient fans poil , &: d'une couleur plus brune. L'Auteur, par l'examen qu'il en fit, reconnut visiblement qu'il n'é- toit point du genre animal; que ce n'étoit le fruit d'aucune plante; mais que c'étoit une racine rampante 6c velue, qui avoit pouffé plufieurs tiges ou jets, Se dont avec un peu d'induftrie , on avoit fabriqué une efpéce de quadrupède : que de ces S SCAVANS, différentes tiges, après en avoir re- tranché les feuilles , on avoit formé non-feulement les jambes , mais en- core les oreilles, qui avoient allez l'apparence de cornes , 6e qu'il for- toit de cette racine plufieurs fibres , qui lui avoient Uni à tirer de la terre le fuc nourricier. M. Brejrti, en y regardant de plus près, s'apperçut qu'une des jambes de devant étoit porta he, 6c que la tête de même avoit é:é fubl : ajuftée avec ce qui tenoit heu de col. EnfortÉ que cet agneau \ avoit été travaillé avec le même ar- tifice, qu'employent certains char- latans pour donner à des racines de mandragore ou de coukvrée la fn gure de petits hommes. L'Auteur n'a pu encore décou- vrir quel genre de plante fournit ce Boramet"^ artificiel. 11 foupçonne ce- pendant que ce pourrait être quel- que efpéce de capillaire étrangère , telle qu'on en trouve parmi celles que M. Sloane, 6c le P. Plumier ont décrifes dans leurs ouvrages, plu- fieurs defquclles pouflènt diverfès tiges couvertes d'un velouté gris- de-fer, ou d'une moufle roufsàtre. Peut-être ( ajoute M. Breyn ) cette efpéce ne le rencomre-t'clle qu'en Tartarie, 6c n'a-t elle point été dé- crite jufqu'ici. Cette conjecture de l'Auteur tou- chant l'origine du Bor/tmet^, ert ap- pu yée du luffrage de M. Sloane , qui dans les Tranfaftions ibilofobtques ; n '. 2S7. pag. 861. ) dit avoir par- mi les raretez de l'on cabinet un agneau végétal tout pareil, qui lui eft venu des Indes, 6c dont il fait une defeription ; d'où il réfulte que MARS le fîeii reflèmble bien moins à un agneau naturel , que celui de M. Breyn. Ce fçavant Anglois allure, que la mou lié ou le velouté de cette plante arrête le crachement de fang, pnfe au poids de fix grains , trois fois coniecutives ; & que Merret qui ( dans l'appendix du cabinet de Greva ) en fait mention fous le titre de Poco Sempie , ou Mouffe Dorée, lui attribue une vertu cordiale , ajoutant , qu'à la Chine on s'en fert, comme nous nous lêrvons ici de la toile d'arai- 1717. ij7 gnée , pour étancher le fahg des playes. De toutes ces obfervations , l'Au- teur conclut que ces Borametz. arti- ficiels iê fabriquent en Mofcovie Se en Tartane , pour donner crédit à la fable qui s'cft répandue touchant ce prétendu miracle de la nature ou cet agneau végétal fi célébré ; &C qu'au fond , ils n'ont rien de plus merveilleux, que ce que repréfen- tent tous les jours nos charlatans, avec leurs racines de mandragore; CONT'NLMTION DES MEMO d'Hiftoire, Tome III. Part. I. A Par au Daut bin. 1717- pp. 247. LEs premières pièces de ce volu- me font de M. Bel Confeiller au Parlement de Bordeaux. Cet in- génieux Ecrivain combat le lenti- ment de M. l'Abbé du Bos de l'Académie Françoilc , qui dans fes Reflet i(»:s f. vécu à ce Poète : Se il n'y a gué- »> res plus de onze ou douze ans » que l'on a commence de fouhaiter « le même honneur à M * * * * 5' Q pendant les poëfies de ces deux » Auteurs ont maintenant peu de j> paitifans : donc la fortune pre'- » fente d'un ouvrage ne doit pas » nous précipiter trop brufquement » à le croire bon. » Dira-t'on qu'un ouvrage, pour être bon, doit plaire & toucher pendant un certain tems ? Mais qui peut fixer ce tems , Se la re'volution précife qui doit amener la chute d'un ouvrage ? Pourquoi de mauvaifès Poëfics,goûr me génération d'hommes, ne le feront-elles pas de la génération fuivante, Se de toutes les jj rions a venir? Puifque le Jtx'tme fens d'une génération a été émû Se a ;'(!£<:' favorablement, ce fia nepeut- S SÇAVANS, il pas être pareillement e'mû dans toutes les générations , Se juger (Je même ? Cependant le fixtmt fent d'une génération entière peut fè tromper, comme il eft arrivé à l'é- gard de Ronlard. Si vous en appel- iez à la génération fuivante, qui vous alfurera que fon Jtxi me fens jugera mieux ? 11 faudra attendre une troifiéme génération , Se peut- être que celle-ci fera balancée par une quatrième. Voilà donc le fort d'un ouvrage toujours fufpendu. Quand on s'abandonne au fenti- ment Se à la feule imprellion mo- mentanée, les principes necefiàircs pour bien juger font loin de nous ; î'initant cil trop rapide pour la ré- flexion, la pénétration n'a aucunes reilbun/es pour reparer (es fuites ; toutes les impreffions font alors des impreffions fortuites , qui dépendent de la fituation actuelle de l'efprit Se du corps. M. Bel ne prétend pas néanmoins qu'on doive s'en rappor- ter a la difcnffion particulière de tel ou tel ; il foûtient feulement que l'art déjuger des ouvrages, par les principes qui leur font propres, eft l'art dont il faut fê fervir pour ap- prétier leur mérite. On pourrait lui objeéter que les principes ont été éta- blis fur le fentiment , que les règles ne font que le fruit des reflexions fur ce qui a univerfellement plù Se que par confèquent nous ne devons confulter que le fentiment, qui elt le principe des principes, S: la fource des règles. Mais ne pourroit-on pas repondrc,qu'un fentiment univerfiel, uniforme, continu, étant toujours fondé fur la raifon, ce qui a plu au- trefois de cette manière } a été exa? MARS mine par de grands efprits , 6c a été trouvé propre à plaire dans tous les tems: qu'alors, conformément aux modelés qui avoient été goûtez una- nimement , on a fait des règles , qui ont; été' jugées, dans tous les iîecles lui vans, analogues à la nature de l'es- prit & du cœur humain , & dont î'obfervation exacte a été prévue capable de toujours plaire jugement confirmé depuis parl'experience;en forte qu'il eft aujourdui fur déjuger fur les règles établies. Sans doute que M. Bel répondrait beaucoup mieux. Autre difficulté. Pourquoi cer- taines perlbnnes,qui ne connoifîènt ni principes ni règles , jugent-elles preîque toujours fainement des ou- vrages d'efprit, & pourquoi en mê- me-tems d'autres perfonnes , qui ont beaucoup d'efprit & de lumières , 6c qui fçavent parfaitement les prin- cipes celles règles de chaque genre, jugent-elles fouvent mal ? Il femble que M. Bel aurait dû s'objeéter cette difficulté & la réfoudre. En at- tendant qu'il le faftè,dans le grand ouvrage qu'il prépare fur cette ma- tière, ne peut-on pas dire que ces perfonnes, qui n'ont ni princ pus ni règles êc qui pourtant jugent bien, ont en eli s-mêmes des principes & des régit s de pratique Se d'habitude? Elles jugent par comparailbn , par imitation, par rcmrniicence ; car il faut fuppofer qu'elles ont du mon- de & cîe la lecture : leur goût , leur fêntimcnt renferme donc uneefpeee de difeuffion virtuelle. A l'égard de ceux qui , malgré leur connoilîance des principe Se leur fpcculation des règles Jugent mal , il faut dire qu'ils ne perçoivent point, ou que leur 1717. ï$9 perception eft confufè ; ce qui eft caufè qu'ils ne peuvent appliquer leurs principes aux ouvrages dont ils jugent. La bonne difeuffion fuppofè- ra toujours la perception ; &li l'im- preffion cil foible , Se que la percep- tion foit defeétueufe, c'eft en vain qu'on voudra examiner ce qu'on n'aura point fenti. Par exemple, une des premières règles de la Tragédie eft que le trouble doit croître d'actes en actes , Se caufer une gradation d'interc-t. Si ce grand Docteur, qui a lu cent fois Ariftote Se d'Au- bignac , eft d'un temperamment froid, d'une imagination dure, Se ne fènt point ou fent médiocrement, il ne trouvera point dans cette Tra- gédie ce trouble & cette gradation d'intérêt qui y font néanmoins repl- iement, ainfi il en jugera mal. Au contraire , s'il a l'imagination trop vive 6c trop tendre, il fera troublé, touché 8c intereffé fans fujet. D'où il réfulte , ce femble , que le goût fans la difeuffion, Se la difeuffion fans le goût, ( c'eft-à-dire fans le fentiment ) font des guides égale- ment infidèles , Se qu'un bon juge eft celui qui lent comme une fem- me d'efprit, Se raifonne comme un homme éclairé. ( Nous avons pris la liberté d'ajouter ces obfervadons à l'écrit de M. Bel. ) Les gens du métier , dit M. du Bos, fe font éLve^ co> tre le Mifantropc & centre les opéra de Qtdr.nv.lt. M. Bel prétend au contraire, que les Gens du nié. ter donnèrent d'abord des louanges au MtJ "avtrspe , 8c que ce fut au contraire le Public qui goûta peu cette pièce dans les premières reprefentations , n'y trouvant pas un igo JOURNAL DE certain comique théâtral. M. Def- preaux , comme en convient M. du Bos , donna très - hautement fon fuffrage au Mifantrope , 6c régla d'avance le fort qu'elle aurait dans la fuite, maigre les înjuftcs dégoûts du Public. A l'égard des Opéra de Quinault, s'ils n'eurent pas d'abord toute la réputation qu'ils meritoient , c'cÛ: que c'écoit un genre nouveau , dont les principes n'étoient pas en- core développez,. Ainfi ce n 'eft pas au fentiment qu'il faut attribuer le jugement équitable qu'on a porté dans la fuite en faveur de ce Poète , mais à la reflexion que chacun a faite infenfiblement & peu à peu fur la nature des Tragédies en mu- fique, Se fur le but qu'elles doivent le propofer. M. du Bos ayant allègue en fa faveur l'exemple de la Tragédie du Cid, M. Bel foûtient que cette Tra- gédie a beaucoup perdu de fon an- cien éclat, & que G elle cft aujour- dui eftimée précifément ce qu'elle vaut, on en eft redevable à la cri- tique de l'Académie. L'ignorance des règles & des bienfeanecs , les faux bnllans, les Tragédies qui fèr- voient alors de pièces de comparai- fon, attirèrent au Ctd des éloges in- finiment fuperienrsà ceux que Cor- neille a méritez depuis. On trouve ici une digreflion très-judicieufe fur le Cid1 en forte que l'Auteur fe fert de la preuve même de M. du Bos, pour renverfer totalement fon fyf- teme Il étoit difficile qu'un Auteur qui tient pour la difcujfion contre le en- nuient , joignit fon fuftïage à celui du rallie } au fujet de la Tragedje S SÇAVANS, de Martamtie de M. de V. Auffi trouve-t-on ici trois lettres de M. Bel , où il critique impitoyablement cette pièce. La première commence ainfi : «« Ce que je vais dire va fans doute vous paraître un paradoxe it bkn étrange ; mais n'importe , il «t faut que je me foulage ; félon moi aPrès avoir étudié en philo- fophie à Lyon fous le P. de la Chai' fe. depuis Confeflèur de Louis XIV, fut Jefuite jufqu'à l'âge de zz ans. Ayant obtenu ion congé, il pallà en Angleterre , Se fit connoiflànce avec plufieurs Sçavans de ce Royaume, De-là il revint dans fon pais,- Se le maria en 1679. ^ compofa un grand nombre d'ouvrages , dont quelques- uns trop fatyriques lui causèrent de grands remords à l'article de (ù. mort , arrivée à Chatillon-lez-Dombes en 1-18. Son frère, qui fut l'on Con- fbilêur dans ces derniers momens, lui demanda s'il ne fe repentoit pas ei avoir publié eles livres, où il y avoit des lentimcns finguliers : No», répondit Collet, parce que je les fou- rnit s au jugement de l'Eglife. Voici la lifte de les ouvrages imprimez. ItaXidfs Excommunications, iô'Sj MARS fa-ïi fans nom d'Imprimeur. L'ou- vrage a été critiqué; le P. Mabillon n'a pas laiflé de le mettre au nom- bre des livres choifis , qu'il propofe à la fin de fon Traité des Etudes Mo, fHtftïques. Cet écrit ell une hiftoire de l'excommunication. Traité de l'ufure , i v-8°. 1 690 , fans nom d'Imprimeur, Se reimprimé à Paris chez Guignard en 1693. Nous en parlâmes dans un de nos Jour- naux de cette même année. Ce Trai- te' eft l'Apologie de la Coutume de Brefiè, qui permet de Stipuler les intérêts des ibmmcs exigibles. T reface qui eft à la tête du Diclio- tiaire mathématique d'0\anam/tn-^°. J69T. Entretiens fur les Dîmes , &c. in- iz fans nom d'Imprimeur, réimprimez à Paris chez Guignard, 1693. Un de nos Journaux de cette même an- née en fit mention. L'Auteur y pré- tend que les Dîmes ne font ni de 17*7-. . **$ droit divin , ni de droit ecclefiafti- que , mais feulement domanial , & que le Cierge ne les tient que de la concefiïon de nos Rois de la fécon- de Race. Hijiorta ratienis Lugd.tr>- 12 i6af. On n'a que la première partie de l'ouvrage. Entretiens fur la clôture Reltgietife ] 1697 à Dijon. M. Collet y combat pour la liberté' de la clôture. Lettres a M. Bourdelot fur l'bijîoire des riantes de M. Tournefort. Lettres concernant la critique de l'hi- flore de Dombes. Commentaires fur les Statuts de Greffe, fol. 1698 à Lyon. Catalogue des fiantes qui fe trouvent aux environs de Dijon , in- 121 702 à Dijon. L 'Auteur finit par le portrait de M.Bonnet , dont le corps n'étoit pas moins Singulier que l'efprit. OBSERVATIONS ADRESSEES A M. Ro L LIN, ANCIEN RECTEUR & Trofeffeur Royal , fur fon Traite' de la manière d'enfeigner & d'étu- dier les Belles-Lettres, par M. Gibert ancien Recteur & Profeffeur de Rhétorique au Collège Mandrin. A Paris , chez Fr. Guill. L'hermitte, Libraire-Jure' , ancien Profefièur de l'Univcrfité, rue de la Harpe, proche le Collège d'Harcourt, 1727. in-12, pp. 476. M Gibert avoue que plufieurs * raifons ont combattu fon deffein de critiquer le livre dont il s'agit j les principales font le fuccès de l'ouvrage , la re'putation de 1 Au- teur, les égards dûs à fon mente, le titre de confrère , la liaifon & l'an- cienne amitié. Mais facrifiant tout à l'amour de la vérité & du bien pu- blic , il a crû que ces considérations • ne dévoient point le détourner d'é- crire contre un ouvrage, qui , fi on l'en croit , intereflè la réputation de l'Univcrfité , Se la liberté de fes Profefièurs aufquels il fait la loi , qui anéantit l'ancienne méthode , combat les maximes de Ciceron , de Quintilien, & de tous les Rhéteurs, établit de faufils règles, une fiiufiè doctrine , de faux principes , con- tient de mauvais raifonnemens , peut: fauffer l'efprit ôc le goût des jeunes 1*4 JOURNAL DE ProfcfTeurs & égarer leurs élèves. M.Gibert obfêrvant néanmoins cer- taines règles que preferit la charité, la bien fennec, & Part qu'il enfeigne, rend d'abord juftiee au zelc, à la pie- té, à l'eiprit délicat 6c aux lumières de l'Auteur célèbre qu'il attaque, 6c propofe la plupart de fes objections avec une politeiîè 6c une modeflie qui plaît d'autant plus, que e'eft l'ouvrage d'un Maître contre un Maître. La Critique en gênerai eft utile & louable , félon l'Auteur , parce qu'elle éclaircit les matières Se qu'elle diilipe l'erreur; elle eft de droit na- turel , parce que tous ceux qui pu- blient des ouvrages doivent s'atten- dre à trouver des Juges, s'ils trou- vent des Lecteurs. La critique mar- que de l'humilité ; car dès qu'on écrit contre un Auteur , on devient fa partie , 6ê on fe foumet au même tribunal que lui ; on fe met donc alors dans un e'tat plus humble,que fi on fe contcntoit de juger fans écrire. Elle eft utile : fi le Public eft quelquefois furpns,il fe délâ- bufe toujours par le fecours des cri- tiques judicieufès. Ainfi loin que la critique des ouvrages foit une chofè préjudiciable à la focieté , comme Pamouv propre de certains Auteurs, qu'elle accable, le veut foire croire ; c'eft à clic feule qu'on eft redevable du progrès, des talens 6c de la con- fervation des lumières 6c du bon goût. On voit même certains Au- teurs qu'on critique, malgré l'idée qu'ils ont de leur mérite , obligez de fbuferire à la cenfure par un humble filencc. M. Gibert s'appuye iie l'exemple du P. Goulu General S SÇAVANS, des Feuillans, qui ne craignit poinf d'attaquer le célèbre Balzac ; de ce- lui de M. Arnaud , qui rendit ridi- cule la Préface de la traduction des fermons de Saint Auguftin, par M. Dubois de l'Académie Françoifê ; 6c de celui de M. Defpreaux, te grand fléau de tous les mauvais écri- vains de fon teins. Par combien d'autres exemples encore ne pou- voit-il pas juftifier fon entreprifè, fans fixer fes yeux fur le tems paf- fé ? Que feroit-ce que le goût de no- tre fiecle ( que M. Gibert après M. Rolîin trouve pourtant déjà un peu altéré) fans certains écrits, tan- tôt plaiiàns , tantôt ferieux , publiez avec fuccès contre les corrupteurs modernes de la langue, du ftyle 6c du bon goût , hommes d'ailleurs recommandables par leur cfprit 6c par leurs talens. Ce n'eft pas que perfonne , ni M. Gibert même, crove que M. Rollin puillê être du nombre de ces corrupteurs , ni qu'on fe plaigne du ftyle 6c du goût de cet ingénieux Profefîèur ; mais fon livre , félon notre Auteur, donne prife à la cenfure ; cela luffit pour lajuftification de celui quil'attaquej Nous allons parcourir quelques articles , fans nous ailujettir aux détails. M. Rollin 6c M. Gibert qui s'accordent fur la définition générale du goût , avouent l'un Se l'autre que c'eft un lèntimcnt que nous apportons en raillant, qui nous fait defîrer 6c connoitre le beau; qu'il fe trouve fou vent dam les perfonnes mêmes qui n'ont point d'étude, que les préceptes le réveil- lent Se l'animent, que la lecture le nourrit , que l'expérience 6c Texci- M A RS cice le fortifient & fe pcrkébion- nent. Ce goût, félon eux, cil le dilcernement du vrai & du faux, du bon & du mauvais ; il diftinguc ce qui eft conforme aux biemféan- ces , propre aux caractères , 6c con- venable aux circonftances ; il remar- que les grâces, les tours, les maniè- res, les expreffions les plus capables de plaire ; il obferve _auffi les dé- fauts, 6c montrent en quoi ils con- finant, 8c fçait dire jufqu'à quel point ils s'écartent des règles ; ( quoi- qu'il n'ait pas toujours cette dernière qualité , qui eft la grande perfection du goût. ) M. Gibert convenant de tous ces points avec ion adveriâire, lui reproche en même-tems de n'a- voir donné aucunes règles dugoît. Le vrai goût cil immuable , fe-lon M. Rollin; mais il peut périr. Il ne faut qu'un homme accrédité pour le dé- truire, comme il ne faut qu'un hom- me de génie 6c de bon fens pour le rétablir. Mais ce goût immuable , c'eft-à-dire fondé fur des principes furs qui ne changent point, M. Rol- lin paroît le foûmettre au caprice dans fon 2 volume ( p. 39 1 . ) lors- qu'il fait cire à Ciceron , que l'Ora- teur doit former fon ftyle fur le gcût de Ceux qui ïkoutent: mais fi le goût des auditeurs eft mauvais, quel de- vra être le ftyle de l'Orateur? Le goût eft donc arbitraire. Il ne faut donc plus lire ni imiter les anciens ; il n'y a qu'à obferver le goût de fon fiecle, 8c qu'à s'y conformer ; auffi M. Gibert prétend-t'il que Ciceron à dit tout le contraire de ce que M. Rollin lui fait dire. Au refte, il eft clair par plufieurs autres endroits du livre de M. Rollin, que ce iça- 17^7» , , i^r vant Profèflèur ne croit pas que le goût ibit arbitraire. M. Rollin a avancé que pour enfeigner l'éloquence il valoit mieux propofêr des exemples que de mul- tiplier les règles , 8c que d'accabler l'efprit de préceptes. Auffi fon livre eft-il un recueil des plus beaux traits d'éloquence , & des plus parfaits exemples. M. Gibert foutient qu'à l'égard des jeunes gens il faut un corps de préceptes , expliquez par des exemples très-courts, & que les longs font inutiles , fur-tout s'ils font propofèz, fans principes , ou avec des principes mal appliques & fans fuite ; ce qui eft, félon lui , le défaut du livre qu'il attaque. Il propofe enfuite la manière de don- ner des préceptes de Rhétorique, qui étant en gênerai celle qu'on pra- tique dans les Collèges de l'Univer- fité 6c des Jefuitcs, eft trop connue pour en parler. Selon M. Rollin cette forte de rhétorique, ou plutôt de technique , refièmble à celle de Cleanthe , dont parle Ciceron , qui apprencit à ne point parler. Mais , fé- lon fon critique, elle refièmble plu- tôt à celle de Qiiintilien : fur quoi il remarque que Cleanthe étoit de la fiéte des Stoïciens, qui ne pro- duifit jamais d'Orateur , ni de bon Maître de rhétorique, étant par les manières entièrement oppofée au génie de l'ait oratoire, n'en-! ployants dans tous fes difeours que la feche- refièdu ftyle 6c la bizarrerie des ter- mes, n'étant remplie que de parado- xes ,de dogmes abftraits 6c épineux. Vo)e{7VQUs , dit Ciceron , comme ils parlent ? ils forgent des mots . ils évi ceux qui font d'itfage, ils n'oit que des tgg JOURNAL DE imagi atout à débiter. EcbAuffent-Us , remuent-ils les auditeurs Vils les glacent, Ce ne font que pointes , que fubtilite^, que petites quefiions , qu'interrogations caf tie Ces. Palîànt fous filcnec pluficurs points qui nous paroiflcnt moins importans , & d'autres qui regar- dent des contradictions reprochées au Livre qu'on critique, nous nous arrêtons à l'article 7 ( p. zzz ) où l'Auteur trouve mauvais que M. Rollin marque de l'admiration pour des traits mediocres,peu dignes d'être admirez , tels que ces mots du Canti- que de Moyfc,fletit unda fluens ( l'On- de liquide s'efi élev.'e ) fur lefquels M. Rollin fe recric, & vajufqu'à dire, y a-t'il dans Virgile ou dans Horace une exprejfivn plus fine & plus élégante? M. Gibert prétend que ce qui frap- pe dans ces paroles , c'elt l'extraor- dinaire non de la penlee , ni de la diction, mais de la chofe, Se il ajou- te que \cprarurtiis aq;t£ nions de Vir- gile cil plus beau. Dixit inimicus ( l'ennemi ,1 dit) pour les Egyptiens ont du eft quelque chofe de charmant pour M. Rollin ; mais ce fîngulier au lieu du pluriel efc très-peu de chofe pour M. Gibert,qui ne prodi- gue pas ainfi fon admiration. ' Dans ce même article l'Auteur dif- pute avec M. Rollin fur les motifs d'apprendre le Grec. Tous deux conviennent.' de l'utilité de cette langue, mais M. Rollin en aiant relevé l'importance par raport aux conteftations qui partagèrent autre- fois l'Eglife fur deux mots Grecs cMcaV/cç , 0/j.oiou'tioi;, le Cnuquc re- marque qu'on n'en peut rien conclu- re en faveur du Grec , puifque ces S SÇAVANS, difputcs ne vinrent pas de l'igno- rance de la langue, mais de l'idée différente que chacun avoit de la Nature de J. C. 11 faut apprendre le Grec, félon M. Rollin , à caufe que les Traductions font fautives, comme le prouvent quelques mé- prifes grofïïcres du P. Rapin,de M. Perrault 6c deM.Daciermême dans fâ traduction de Plutarquc Se de tant d'autres. Ce motif, qui déter- mine tant de perfonnes à s'adonner à l'étude des langues favantes , pa- roit frivole à M. Gibert , qui finit cet article en reprochant à Mon- fieur Rollin d'avoir dit que les A- tbemetis & les Roma ns étoient t arvenus à la gloire des beaux Arts par la gloire des b.llcs lettres. Du tems d'Au- gufte, reprend fènfément le Criti- que , les Romains n'avoient point encore d'excellens ouvriers dans les Arts , 6c les Arts à i\thenes avoient été conduitsà leur perfection, avant qu'on y eut commencé d'étudier l'é- loquence, comme Ciceron le dit clairement. D'ailleurs chacun fçait ces vers du fixiéme Livre de l'E- neide Excudent alti, &c. A l'article 9 le Critique con- damne dans le Livre de M. Rollin le trop grand nombre de citations de Sencque : c'eft lemoien félon lui , de remplir les jeunes gens de l'efprit d'un Auteur, dont M. Rollin lui- même a dit, queff fut lui qui contri- bua à gâter l. s efprits , & a corrompre l'éloquence , & qu'il femble que fon mauvais goût de penfées brillantes &de po:r.t"s , veuille prendre le de (fus dans notre fade: il ne nie pas cependant ouc tout ceque M. Rollin a cité de Scnequc ce ibit fort beau. Lcftile MARS de Seneque n'efî pas toujours pué- ril , précieux 6c affeété. Ce que M. Gibertexpofe au com- mencement de l'article x i touchant la vraie idée dtl Atticifme mérite d'ê- tre lu, 6c fait voir, ainfi que tout l'ouvrage, combien ce fçavantPro- feiîêur cil verfé dans la lecture des anciens Rhéteurs , Se avec quel cou- rage & quelle application louable il a étudie la fpéculation & les rè- gles de l'Art qu'il enfeigne. Le ju- gement qu'il porte dans l'article fuivant de quelques ouvrages mo- dernes , qu'on regarde comme de bons traitez d'éloquence, fait con- noitre auiîï , qu'il ne s'eit point bor- né a l'étude des anciens qui ont écrit fur cette matière. Il reproche donc à fon adverfaire d'avoir propoféaux jeunes gens , comme de bons ouvra- ges , les Dialogues fur l'éloquence at- tribués à M. de Fenelon, mais qui , félon lui , font d'une autre plume, 6c font fort mauvais , quoique fort eftimez : les œuvres du P. Rapin qui regardent l'éloquence , où M. Gibert trouve beaucoup d'erreurs 6c plufieurs faux raifonnemens qu'il fait remarquer , & enfin , La maniè- re de bien f enfer du P. Bouhours. i> Ne craignez-vous point, dit -il , » que la lecture de cet ouvrage v» n'infpire aux jeunes gens l'amour *> du bel efprit , des pointes , 6c des s> briUans? N'avez -vous pas remar- s> que qu'il ne rend prelque jamais * raifbndecequ'il blâme, ou de ce s» qu'il approuve , 6c par confequent » qu'il n'inihuit pas iuffiiàmment. (M.Rollin avoir dit de cet ouvrage qu'il le falloit lire arec pr:ca::tion,ézznt un peu dangereux pour la Jeunehe. ) 1717. \SJ 6cc. Il reproche auflî à l'Auteur de n'avoir fiit aucune mention, dans l'article de laPoéfie, du Traité du P. le Bofiii , qui , félon certains mo- dernes , eft le plus bel ourrage du pré' jugé , 6c il lui fait un crime d'avoir préféré la lecture de Platon à celle d'Homère , tant pour la religion, que pour la morale , quoique Pla- ton ait canonifé les débauches les plus exécrables , Comme M. l'Ab- bé Fleury, après Tertullien, l'a fait voir. M. Gibert finit, en difant poli- ment à M. Rollin qu'il lui femble que fon ouvrage pourra fèrvir com- me de fupplémcnt, ou de troifiéme volume au Traité de la manière d'eti- feigner & d'étudier , 6c en 1 afïurant que s'il s'efr. trompé dans fa criti- que, il eft prêt à reconnoitre fes fautes , fur tout fi M. Rollin les re- levé par lui-même , 6c non par des Anonymes. Ons'attendoit que l'Auteur, qui fait rigoureufêment le Procès à M. Rollin, reîeveroit ce qu'il a avancé, touchant l'ufagc du fyfteme poéti- que 6c l'introduction des Dieux de la Fable dans les poéfies modernes» Mais il laillè en paix fon adverfaire fur cet article , auifibien que fur la méthode d'accoutumer les enfans à parler Latin, rejettée par M. Rollin. Ce qui fait voir que M. Gibert n'a pas critiqué pour critiquer, 6c que fans s'arrêter au diversjugemens du Public , il a trouvé à-propos de ne mettre au jour que certaines obfer- vations , 6c fes fentimens particuliers. L'Approbateur ( M. Saurin ) dit qu'es peut faire une excellente critique d'un excellent ouvr.ge. Sera-ce leçon- î68 JOURNAL DES SÇAVANS, tredire ici , que de dire Amplement effet qu'une critique n'eft excel- qu'on peut faire une bonne critique lente qu'autant qu'elle démontre que d'un bon ouvrage ? 11 fcmble en l'ouvrage qu'elle attaque, ne l'efl pas. LETTRE DE M. ROLLIN A M. Gl B ERT , ANC I E N RECT EVR de iuniverjtté au fujet de [es obfervatious fur le Traité de la manière d'en- fetgner & d'étudier les belles Lettres. A Paris, chez Jacques Elticnne , rue S.Jacques, a la Venu, 172J. brochure m- 12. pp. 21. CEtte Lettre de M. Rollin à M. Gibert , eft moins une répond- qu'une déclaration que l'on fait qu'on ne répondra point. On dit, pour autorilér ce filence, que ce fe- rait entreprendre un ouvrage infini & peu important, que de s'attacher à montrer en détail, le faux de la plufpart des raifbnnemens de M. Gibert, 6c à réfuter en forme, un ouvrage de476'pages,où il n'ya pref- quequedes méprilcsjmais des mépri- fesfur des fujets fi peu intereflàns pour le Public, qu'il n'y auroit au- cune utilité à les relever. » Vous prouver , dit M. Rollin a 51 M. Gibert, quejen'ay ni penfé ni »/ ni dit bien des chofês que vous s> me faites pcnfêr & dire ; juftificr 5» Quintilien fur les erreurs que s* vous lui attribuez aufli bien qu'à a» moi ; vous faire remarquer que s» vous mettez quelquefois fur mon a» compte, des traductions vicicu- »! fês félon vous , mais qui ne font s» pas de moy ; tout cela pour être: a> développé 6c traité avec quelque 5» étendue, demanderait un volu- » me peut-être plus gros que le vô- s* trc. De quelle utilité ces fortes si de difputes la plufpart pcrfonnel- m les , fcroicnt-elles pour la Jeu- »» neflè ? 6c quel intereft le Public ? yjpreudro.t-il ? M. Rollin ne s'en tient pas a ce difeours gênerai, il envient à quel- ques exemples , pour faire voir en pafîànt, fi les raifons qu'il allègue du filence qu'il veut garder , font telles qu'il vient de dire ; nous n'en rapporterons qu'un feul pour met- tre les Lecteurs au fait. M. Rollin, dans fbn traité de la manière d'enfeigner & d'étudier les belles Lettres , dit , après Qui ntilien , que quelquefois ce n'eft qu'un trait, un fentiment jette dans le difeours, qui le rend pafïionné , 6c il rapporte la -defiiis, après le même Auteur, cet endroit de Ciceron de l'oraifon pour Ligarius : TitncLgariusdomum fpeclans , & ad [nos redire cupiens , v.nllo [e tmplicari r.egotio paffus eft. Sur quoi il remarque que Ciceron , au lieu de dire fimplemeut , tum Liganus millo fe tmplicari negotio paffus eft ; joint à cette propofition une ima- ge qui rend le récit 6c plus vrai- fcmblablc 6c plus touchant : réfle- xion qui s'accorde avec celle do Quintilien, qui dit en parlant do cet exemple de Ciceron : Ita quoi exponebat & ratione , fecit credibile , c affeelus tmflevit , c'eft - à - dire .♦ Ciceron , en rendant cette raifcv. du fait qu'il expofoit , a donné de la vrai-fem- blancea (on récit , & par ce feul trait , /',* rempli çu même fems de tout ce qui ) touroit. MARS fouvoith rendre touchant , & affectus IMPLEVIT. Selon M. Gibcit, ce n'eft point là la penfée de Quintilicn, & h rai- fon convaincante qu'il en apporte, re- marque M. Rollin , c'eft quejî quel- quefois on excite les paffions dans nn récit par des traits , cela fe pourroit donc faire quelque fui s aujft d'une manière 1 lus étendue , ce q : i cependant ne s'y fait jamais de celte manière. L'Auteur de la lettre fe fërt de cet exemple pour faire voir que chez fon adverfaire , le ton affirmatif & dcctjif n'eft pas tou- jours une freitve de certitude, Quoiqu'il en {bit , M. Gibert à la fin de fes obfervations,revient en- core aux mêmes paroles de Qiiinti- lien, & affectas implevit , qu'il traduit parcelles-ci. Cicero i en cet endroit rem- plit les paffions , paroles qu'il trouve obfcures , Se qu'il a raifon de trouver telles, de la manière qu'il les traduit. Comment en eftèt,demande M. Rol- lin, Ciceron pourroit-il en une ligne remplir les paffions ? ce qui a trompe M. Gibert , remarque-t'il , c'eft que par inadvertance il a cru qu'affeclus é- toitlà à I'accu{àtif,& il eft au génitif, jenforte que le véritable lèns de Quin- tilien eft , que Ciceron , par ces mots, domum fpectans & ad fuos redire cu- fiens , qu'il auroit pu omettre, anime .& paffionne cet endroit du récit , af- fectûs implevit. Mais ce {ènsren- verlè de fond en comble le fyftême de M. Gibert , qui a voulu pour .cette raifon, dit notre Auteur, abfo- lument l'écarter. On peut par cet exemple juger s'il a raifon ou tort de croire encore une fois pouvoir fe parler de rér j?ondre;à fon adverfaire. Nous di- ' Mars, 1727. 16$ fons encore mie fis] Car M. Gibert ayant écrit il y a quelques années contre l'édition de Quintilien par M. Rollin , & fur tout contre la Préface de cette édition , M. Rol- lin ne lui aoppoféque lefilence, de quoi M. Gibert paroit très-piqué en plufieurs endroits de {èsobfervations. Cette lettre paroit écrite avec beaucoup d'efprit 6c d'e'lcgance, & elle eft aflàifonnée d'un Ici qui n'en rend pas la lecture peu agréable. On en pourra juger par les deux exemples fuivans , l'un du commen- cement de la lettre,8c l'autre de la fin. Page 4. Le Tribunal qui nous un filcnc: confiant à votre égard, s> & de ne point répondre à votre »> critique , je fuis tres-diipolé en s» même-temps, à en faire tout le » profit que je pourrai , ce qui eft s» ce me femblc, tout ce que vous 3> avez droit d'exiger de moi. Je ne »» fuis ni allez aveugle ni aflèz vain a» pour croire que mon ouvrage » foit fins défaut ; Se je fuis trés- »> perfuadé que plufieurs de ceux w qui l'ont le plus loué, y en ont S SÇAVANS, apperçus; mais ils y ont vu aum" «t autre cholé.La lecture que j'ai faire « du votre, ne m'a point convaincu <« que jeuflè rien à changer pour le « fond ni pour les principes <« Vous auriez pu, après les prières « réitérées que je vous en avois « faites avant & depuis l'imprcfTion «« démon livre, medonnervosavisà «« moins de frais, avec moins d"é- « clat, 6c j'ofe le dire, non avec «r moins d'avantage pour vous. « LETTRE CRITIQUE DE M. VAL1SN1ERI , PREMIER PROFESSEUR de Médecine eu l'uni er /né de 1 adou? } à l'Auteur du livre de la génération des vers dans le corps de l'homme. Traduite de l'Ita icn. A Paris, chez Bienvenu, Quay des Auguftins, à la defeente du Pont-neuf, au nom de jefus. 1727. Brochure m-iz. pp. 6j. Valifnicri a commence en 17 10 à écrire contre le livre de M. Andry fur la génération des vers. Il publia dans ce deilcin une brochure intitulée : Corjiderttïoni ed êxperienz e,&c.c'ei\-à.-dire,Expc ru mes &re flexions fur la génération des vers qui fe trouvent dans le corps humain. Nous avons rendu compte de cette brochu- re, dans le 22e journal de Tannée 1712, & la choie en eft demeurée là, fans que l'Auteur attaqué fc foit mis en devoir de réponJre à fon aggreflèur. Cette tranquillité a of- fenfé M. Valifnicri, qui s'en plaint ici ouvertement. s» M'étant déclaré d'une opinion a> contraire à la votre, dit-il à M. a> Andry , vous pouviez défendre vos 3» f nti mens , & je m'attendois à une s» réponfe de votre part. p. 64. » Je ferai toujours , ajoute-t'il , « extrêmement obligé à qui aura » la bonté de me faire connoître que j'ai erré; mais celui-là me le er fera-t il connoître , qui garde un « profond filencc, & qui cherche «r même des prétextes frivoles pour ««r ne me pas répondre, p. 66. w « Ce qui a beaucoup furpris, dit-il eiccre, c'eft qu'un homme «* aufii merveilleux que vous, n'ait «c jamais ofé me ré p ndre. p.j. « Ce qui tient ici le plus au cœur à M. Valifnicri , ainlî qu'il nous l'apprend page 6",c\ftque l'Auteur' François a répondu à Meilleurs Lemeri Se rLcquct, & qu'il a né- gligé le Médecin de Padouë , comme s'il l'avoit jugé moins digne d'atten- tion que les autres. Voilà lafburce du chagrin que Fon témoigne : 1 a:c 1 a lacrynix , Ter. L'Auteur de la lettre n'en de-- meure pas à ces plaintes pour exci- ter l'Auteur François à lui répon- dre; il a recours à des moyens plus capables de le réveiller , & il env. MARS ployé pour cela des termes vifs , que le Traducteur même a trouvé trop forts , Se que pour cette railbn il n'a ofé traduire. M. Valifnieri cependant crai- gnant que ces termes tout vifs qu'ils ibnt , ne fbient pas des remèdes aflêz puiûans pour guérir une infenfibi- lité qui ne tend pas moins , félon lui , qu'à la gangrere , palîc des pa- roles aux chofes , 6c dit que le ver folitaire dont il eil parlé dans le li- vre de la génération des vers, eft un ver monftrueux que l'Auteur a ima- giné. Cette infeription de faux a quelque chofe de plus piquant que de fimples termes ; & fi notre Auteur après un tel moyen ne réuffit pas à faire rompre le filence .dont il fc plaint , on ne pourra pas dire qu'il y ait de fa faute. Un autre remède que le Médecin de Padouë emploie pour faire venir la parole à M. An- dry, c'eft de l'acculer d'ingratitu- de : « Vous avez, lii dit-il , corrigé s> dans la dernière édition de votre î> livre, un nombre d'erreurs, que » je vous avois fait remarquer ; £c 3> lorfque j'aurois dû m'attendre à a> un remerciement de votre part , »> vous ne m'avez pas même fait » l'honneur de me nommer. On ne fpecific dans la lettre au- cune de ces erreurs , qu'on dit avoir fait remarquer à M. Andry ; c'eft pourquoi nous n'en pouvons citer aucun exemple. L'Auteur Italien toujours atten- tif aux moyens de faire parler l'Au- teur François, a recours à un autre reproche. « Deviez-vous jamais , lui s» ajeûte-til , vous emporter fi dc- i< méfurément contre moi ; deviez- 1717. . 171 vous encore moins montrer tant «1 d'aigreur contre le fçavant M. le « Clerc , parce qu'il m'avoit fait te l'honneur de prendre mon parti te dans cette difpute. « Comme M. Andry n'eft point entré en difpute avec M. Valifnie- ri , puifqu'il n'a pas voulu lui ré- pondre, nous ne femmes pas plus au fait de ce dernier reproche que du précèdent ; c'eft pourquoi on nous pardonnera bien , fi nous ne donnons là-deffus aucun éclaircilfcment. Quant au fonds de la lettre , c'eft une critique de l'article, où l'Auteur du livre de la génération des vers parle de différentes formes que pren» nent certains vers en vieilliifant. M. Valifnieri tourne cet article de tou- tes les façons , 6c il n'en lailfe au-^ cun mot à couvert de fi cenfure. L'Auteur du Traité, dont il s'agit, prétend que les vers du corps prennent quelquefois en vieilliflànt des figures furprenantes , comme de grenouilles, d'anguilles, de lézards, de feorpions , 6cc. quoique ce ne foit pas pour cela de véritables grenoùilr les , de véritables anguilles , Sec L'Auteur Italien fait là-defius di- verfes réflexions , 8c répond entr'au- très chofes ce qui fuit. pag. 23. Vous me feriez plaifir , Mr. « de me dire à quelle marque on « peut diftinguer un véritable fcor- « pion d'un faux , une véritable « grenouille de celle qui n'en a que «e l'apparence , laquelle fe meut, fau- te tea 6c peut-être, s'il faut vous * en croire , coace dans notre corps. « J'en dis de même d'un léfards différence. Cependant vous ne »> voulez pas que ce foient eftèéti- 3» vernent des feorpions , des gre- s» nouilles ; d'où il s'enfuit , que a> ce feront des feorpions, ôc ne » feront pas feorpions, que ce fe- j> ront des grenouilles , & ne feront « pas grenouilles, tkc. Voilà un échantillon de la criti- que de M. Valifnieri ; mais on en jugera encore mieux par les exem- ples fuivans. M. Andry, en parlant des vers extraordinaires qui fe trou- vent quelquefois dans le corps hu- main , cite divers Auteurs fur ce fu- jet. M. Valifnieri après avoir fait là-delfus plufieurs reflexions qu'il n'eft pas poffible de rapporter ici , dit: «Vous n'avez point de peine, s> Mr. à croire par pure bonté ■3* tout ce qu: rapportent les Na- a> turaliftes tant anciens que moder- ?> nés j êc il ne vous eft. pas difficile ■»> de rendre raifon comment les vers »> qui s'engendrent dans les bois ^ pourris d'une certaine ifle,pouf- aj lent enfuite un bec, des plumes, * des aîles , & deviennent des ca- «t ttards , ou ce qui eft encore plus « merveilleux &: plus renommé , s> comment dans la Tartane , la plan- »> te nommée Borame^ ou porte- * Agréait , produit un fruit gros »» comme un melon , dans lequel ion » ttouveun Agneau en vie, blanc, 9> couvert de laine, très - bien pro- S SÇAVANS, portionné, 6c très -délicat, dont * la chair approche de celle des ft Ecrcviflês, ôc duquel , fi on le «e bleflè , il fort un fang d'un goût « très-agréable ; enfin un Agneau « qui comme les nôtres devient la « proyc des Loups, p. 20. « A ces paroles qui feraient croire à ceux qui n'ont pas lu le Livre de la génération des vers, qu'on y don- ne effectivement dans ces pucrilitcz, M. Valifnieri ajoute ce qui fuit. Vous croyez tout , Mr. vous a fçavez rendre raifon de tout , »e rien ne vous paroit impofiible. tt En effet , félon votre fyftéme , « eft-il plus furprenant qu'un ver » d'un bois, devienne un canard ; r êc un fruit , un Agneau ; ou qu'un «e ver de nos inteftins devienne une œ Grenouille, un Efcarbot,un Lai- « zard, un Scorpion ? p. 21. « Quelques pages après , car il n'eft pas poffible de les copier tou- tes , M. Valifnieri qui ne peut fê perfuader que des vers , fans être de véritables Grenouilles , de véri- tables ferpens,8cc. puifiènten avoir l'apparence , dit que s'il ne peut fouf- crire à un (Intiment fi étrange, c'eft qu'il ne voit point en Italie que ks Loix de la nature foient telles ; pui3, en s'égayant, me répondnez-vous, dcmande-t'il à M. Andry comme vous avez déjà fait touchant votre \crs fblits>ir* , qu'en France feule- ment ou voit ces merveilles ? à une réponfe ii judicieufe qu'y a-t'ilà ré- pliquer ? p. 3. 11 fembleroit fuivant ce difeours, que M. Andry aurait effectivement réponde dans quelque occafion i à l'Auteur Italien, que le ver folitai- MARS ïe ne fe trouve qu'en France , ce qui eft bien éloigné, pour le remar- quer en panant , de ce que nous avons lu là-deiîus dans fon Traité de la ge'nération des vers, où nous avons vu par plufieurs faits qui y font rapportez , que le ver dont il s'agit , eft encore plus fré- quent en Hollande , & en d'autres Pays qu'en France ; mais il eft facile de voir que ce que dit là l'Auteur Italien , n'eft dit que pour égayer fa lettre, non plus que ce qu'il femble vouloir infirmer quelques lignes plus haut ; quand il dit, comme nous venons de voir , que fi l'on en croit M. Andry, il y a dans nos corps des Grenouilles , qui non-fëulemcnt y fautent, mais encore qui y coaflent : le princi- pal but de M. Valifnieri eftdeplai- fanter, & l'on voit par cet exemple qu'il n'eft pas toujours aifé d'y réiïf- fir, même par des fichons. Le Traducteur néanmoins prê- tent que l'enjouement fait une par- tie du mente de cette lettre. On en pourra juger par les endroits fui- vans. L Auteur du Livre de la généra- tion des vers , ayant dit , comme nous l'avons remarqué plus haut que les vers qui s'engendrent dans le corps deï'homme , prennent quel- quefois en vieillifiànt , des figures jnonftrcufes , que les uns devien- nent comme des Grenouilles , les autres comme des Scorpions, des Lézards , £cc. il ajoute qu'aux uns il pouflè des cornes , aux autres une efpece de bec , Sec. L'Auteur Italien s'explique ainfi fur ce fujet. f> Helas que nous fouîmes mal- 1717- 171 heureux , fi à mefure que ces * vers vieilliftènt avec nous , il «s poulie aux uns des cornes, 6c aux <« autres un bec ; fi ceux-ci le cou- « vrent de poils, & ceux-là d'écail- « les ;fi les uns le changent en Gre- «e nouilles, les autres en Scorpions, <« quelques-uns en Léiàrds , & « quelques -autres en d'autres ani- <« maux encore plus horribles ? ah ! tt de grâce , Mr. apprenez -nous « donc un fecret pour que ces « vers fe confervent toujours jeu- «e nés dans nous , autrement nous «« courons rifque que notre ventre «« ne devienne une foreft, un ma- « rais, une Afrique entière de ces « bêtes féroces, p. 16. ,t Au fujet de ces mêmes vers qui deviennent comme des fierpents , quoique ce n'en foit pas , l'Auteur Italien s'écrie , eft -il poffible, Mr. que vous qui êtes un fi grand « Anatomifte, & qui comme vous « l'a dit M. Hccquet, connoiilèzfi <« bien les parties du bas ventre que >» vous avez finguliercment étu- K diées , eft - il poffible , dis - je , tî que vous parliez férieufement ? (« ouvrez, Mr un ferpent , car »? pour un dragon , outre que «s vous n'en trou veriés pas aifément , extraordinaire, contraire aux loix ,»• de la nature & du Ciel , 6c qui n'eft >» jamais tombe'e dans l'ide'c même »> des plus hardis Poètes. Un ani- »> mal , pour devenir vieux, n'en m devient pas pour cela monitrueux, s» les efprits commencent à man- 51 quer, les fluides s'épaiflillènt,par- :» là Tanimal lé confume , mais il »> ne prend pas en vieillillant une ?> figure plus monitrueufè , 6cc. Quelques Lecteurs curieux nous demanderont peut-être; qu'eft-ce que dans un cas comme celui-ci l' Au- teur Italien veut faire entendre par ces deux fortes de Loix , les Loix de la nature, 8c les Loix du Cul, mais nous pouvons aflurcr qu'il lie s'explique point là-deflùs. Quoi- qu'il en foit , le Traducteur dit qu'il y a dans cette Lettre du foli- de 6c de l'enjoué. Nous pouvons ajouter qu'elle renferme auffi beau- coup de variété' , on en jugera par les exemples fùivans. Dans les pages 7 8c 6 y on reproche à l'Au- teur du Livre de la génération des vers ( & on lui cite là-defius, M. Hecquet ) de fe donner dans le mon- de des airs de préférence, comme fi fon autorité devoit prévaloù- fur celle de tous les autres , & page zo & fuivantes , on lui re- proche au contraire de déférer aveu- S SÇAVANS, glément à tout ce que les autres di- lcnt & de croire par pure bonté' tout ce qu'ils avancent. On lui deman- de même dans la page 6 1 s'il feroit permis de lui donner rcjuTiieiife- ment un avis qui feroit de fe de- fier un peu plus qu'il ne fait de cer- tains Auteurs pleins de contes 8c de menlbngcs. Dans la page 63 M. Vahfnieri dit que quand on fe mêle de critiquer, il le faut faire avec po- litcflêSc bieniéance ; il veut, & avec grande raifbn, qu'une critique ne de* génère jamais en injures 6c en invec- tives, qu'on y garde les plus grands menagemens , que jamais il n'v e'cha- pe rien de contraire à l'union qui doit régner entre Gens de Lettres , il étale là-deflùs les plus beaux pré- ceptes , 8c cite l'exemple de Cice- ron 8c d'Hortenfius , qui en foùte- nant chacun une caufe contraire t ne donnèrent jamais atteinte aux devoirs de l'amitié ; enfin M. Valiinicri condamne comme indi- gne, non-feulement d'un honnête homme, mais d'un homme, les dis- putes où l'on voit éclater l'opinià- ircté 6c l'ofténiè , mais page 4. il acculé de folle pre'fompt'wn l'Auteur du Livre de la génération des vers , 6c dans la fuite de la Lettre Italien- ne, il fe fertde termes que le Tra- ducteur a trouve' fi peu conformes aux règles précédentes, qu'il s'eft crû obligé de les retrancher, com- me nous l'avons déjà remarqué. Dans un endroit il dit, ainfi que nous l'avons rapporté plus haut f que l'Auteur François n'a jamais daigné lui répondre quoique ce foit, qu'il s'en eft toujours défendu, juf- qu'à alléguer , pour s'en difpenfer. MARS des prétextes frivoles , qu'enfin il a gardé un profond filence, d'où rien n'a été capable de le faire fortir ; Se dans un autre il dit , comme nous l'avons vu encore, que cet Auteur lui a répondu que le ver folitaire étoitunc merveille qui ne fc voyoit qu'en France ; il fuppofe même dans un autre , c'eft page 6y. qu'il a été en difpute réglée avec M. Aridry. Se il dit que M. le Clerc a pris party dans cette difpute. Page. y. il traite de fable le ver folitaire de M. Andry Ce ver movjlrue ix , lui dit-il ,qttevous évt\mt,pnî ', & p. 67, il dit avoir vu en Italie tous ces vers dont parle M. Andry. Nous parlons plufieurs autres variétés fèmblables , que quel- ques Lecteurs aimeront peut-être mieux nommer des variations. Il a été obfèrvé plus haut, que dans cette Lettre on fe fêrt quel- quefois du te'moignage de M. Hec- quet contre l'Auteur du Livre de la génération des vers. Nous ne pouvons gue'res à cette occafion nous difpcnfcr de remarquer , que M. Hecquet, depuis qu'il a écrit con- tre ce Livre, a bien changé de fen- timent fur le compte de M. Andry , C'eft ce qu'on verra par la Lettre fui vante qu'il a écrite à cet Auteur le mois d'Octobre dernier, au fujet d'une perfonne de confideration , malade à Dax , Se attaquée d'un ver folitaire qui lui caufè d'e'tranges fymptomes. Voici cette Lettre telle qu'elle a e'té écrite , nous l'avons copiée d'après l'original qui nous a été' communiqué. « M . vous verrez par les » confultations cy jointes, qui ont 9» été faites par plusieurs Médecins, 1717. _ i7j Se quelques-unes par moi , com- « bien cette maladie de vers eft in- «t docile à tous remèdes. Vous avez « médité ces fortes de maladies avec « foin Se habileté. C'eft pourquoi » mémoire , à vous le f lire envoyer , «t lorfque j'ai trouvé fur la fin que «: le malade lui-même connoit votre * habileté. Comme donc je n'ai » même de vous être obligé de ce «e que vous ferez là-defîus , d'autant s plus que je n'y puis plus rien, Se »e qu'il faut une feience fingulierc »» là-delîus , comme la vôtre pour «t foulager un fi étrange mal. Je vous «« fupphedonc d'entrerdans ces vues, « Se de faire une confultation raifon- *r née Se bien détaillée,que la perfon- «. ne qui vous prefentera ce mémoire te envoyera chercher,quand on vous <« portera l'honoraire convenable. « J'ai l'honneur d'être avecrefpe£t , « Mr. Votre , Sec. he cqu et. . Ce 2i Oftolre 1726. M. Hecquet dans une autre Leî* tre écrite au même Auteur le lende- main de celle-là, lui ajoute à la fin. J'ay dit que je n'y pouvois plus «r rien, Se qu'il falloir s'en rappor- « ter à vous feul , Se que cette con- » fiance vous étoit due , d'autant «s rjê JOURNAL DE »» plus que le malade corinoit votre s» mérite & votre réputation. Je fuis s» avec refpect, Mr. Votre très-humble , & très- obéïflant fervitcur, HECQuET. ■ Ce 2Z Octobre i 726. M. Valifhieri annonce qu'il écri- ra encore contre M. Andry, & il donne avis qu'il le fera dans un Trai- té particulier , où il parlera des vers qui naillènt hors des inteftins. Si on lui demande pourquoi il s'obf- tine ainiî à attaquer un Auteur qui néglige àz fe défendre , il répond quediverfes raifons Py engagent i°. Le ton d.'cijif arec lequel parle M. An- dry y z°. Les atteftations que de grands hommes lui ont données , 30. Certans *pplaudiffe»iens qui l'on' flatté ,4°. Les différentes réimpejfions de [on ouvrage , 50. L'amour qu'on doit avoir poul- ies interefts de la vérité laquelle fc trouve offenfee dans ce Livre de la génération des vers, & même ««- trag'e , quand l'Auteur y avouludif- fourirfur les effets de la nati-. re. s sçavans, Le Médecin de Padoue avertit d« plus qu'il n'en veut nullement à M. Andry, & que tout ce qu'il en fait n'eit que par pure amitié & pure considération pour cet Auteur , fans que la paillon ni aucune envie de rabaillèr perfonne, y ait la moin- dre part. Non fer od'w d'a'.truy 0 fer Difpre^fy; En voilà plus qu'il ne faut pour donner une idée de cette Lettre. Qu'il nous lbit permis cependant de rapporter encore ces paroles de M. Valifhieri , lesquelles fè lifênt page 9. DomwL-vous tant qu'il vous flair* . le plaijîr d'affoildir dans votre Jour- nal , & de tourner mène en ridcule ma Lettre, mes raifons n'en parâtront pas moins fohdes aux Sçavans , c'eft à leur Tribunal que j'appelle. Notre extrait doit détromper M. Valif- nicri, puifqu'il y verra que nous n'avons point voulu nous donner ce prétendu plaijtr d' affoiblir & de rendre ridicule fa Lettre. Si les Sçavans , auTrtbunal dcfqucls il appelle, pro- nonçoient fur la foltditéde f es raifons, peut-être fe trouveroit-il détrompé tout-à-fait. CONSEILS D'VN GOUVERNEUR A UN JEUNE SEIGNEUR: A Paris, chez Alexis Mefnier, Libraire-Imprimeur, rué Saint Severin? au Soleil d''or , ou fin là boutique au Palais , Grand'Salle. 1 717. vol. in-iz pp. 147. LE defîcin de l'Auteur dans cet ouvrage, elt d'expofer aux yeux d'un jeune Seigneur qui fè prépare ii entrer dans le monde, les qualitez qui forment le Chrétien, le galant homme et le guerrier ; & de les lui expofèr d'une manière qui lui infpire le defir de les acquérir, On traite d'abord de la Religion, comme de l'unique fondement de toute vertu folide fie véritable. Enfuit» on fait le détail des devoirs d'un fils à l'e'- gard de fes parens ; on parle des en» gagemens du mariage, des obliga- tions des amis, de celles d'un Sei- gneur envers fon Souverain , des qualitez; MARS qualirez propres à un homme de guerre; puis du jeu, de l'amour, de la table, du choix des focietez , de la conversation & de la politeflè. On fait voir au jeune Seigneur , que la principale attention qu'il doit avoir eft de bien étudier fa Reli- gion ; on lui montre la certitude de cette Religion, 6c quel eft l'égare- ment ou plutôt la foiblelîë de ces prétendus efprits forts qui mettent leur gloire à être incrédules. A l'égard des enfàns , on repre- fente en abrégé , 6c d'une manière capable d'exciter leur plus vive re- connoiflànce , tout ce que l'édu- cation qu'ils reçoivent de leurs pa- rens exigent de retour. Pour ce qui eft du mariage , l'Auteur veut que dans cette union , les biens 6c les maux foient partagez également en- tre le mari 6c la femme, 6c qu'ils les foûtiennent l'un l'autre à frais com- muns ; il veut qu'un mari n'entre- prenne jamais rien de confidérable fans le confentement de celle qu'il a choifîe pour fa compagne ; qu'il ne fè prévale point de la qualité de chef, 6c qu'il n'affecte aucune fu- periorité contraire à l'égalité qui doit régner entr'eux. Quant aux devoirs d'un maître en- vers fes domefliques , il recomman- de principalement la douceur à leur égard , 6c beaucoup de vigilance pour n'en ehoifir que de fages 6v .de vertueux. L'article des devoirs de l'amitié eft un précis de ce qui a été dit là- defliis de plus important dans divers ouvrages, TAuteur ne peut fouftrir que deux amis ayent rien de caché l'un pour l'autre, 6c il n'ell pas de }Aars, 1717. 177 ceux qui croyent que quand on don- ne ion amitié à quelqu'un, la pruden- ce demande néanmoins que l'on ait avec lui les mêmes réièrves que fi on dévoie le haïr un jour. Il dit, après un ancien , qu'un ami à qui l'on fe cache , 6c avec lequel on dillimule , eft moins bien traité qu'un ennemi que l'on hait ouver- tement. Quant aux devoirs d'un Seigneur envers fon Souverain, ils font ici expofez conformément aux règles que preferit Saint Paul dans le trei- zième chapitre de l'Epitre aux Ro- mains ; 6c tout ce que l'Auteur dit fur cefujet,eft également édifiant 6c iblidc. Dans l'article de l'homme de guerre, on propofe d'abord l'exein-r pie d Annibal , comme un des plus parfaits modèles que puiflè fuivre un jeune Seigneur qui fe deftine à la profefîion des armes. On lui fait voir que ce grand homme rafl'em- bloit en lui toutes les qualitez ef- fentielles à un grand Capitaine. On expofê pour cela , dans le détail , l'é-, tonnant projet qu'il forma de por- ter d'Efpagne en Italie , la guerre aux Romains ; 6c on y découvre le* vertus militaires par lefquelles s'er xécutent les plus hautes entrepriiès. Mais on fait obferver au jeune Sei- gneur, qu'Annibaî né avec des dii- pofitions admirables pour la guerre, ne parvint à la plus haute réputa- tion , que par l'exercice continuel d'une vie dure 6c laborieufe. L'amour de la difeipline mili- taire entre dans l'ordre des qualitez eflèntielles à tout homme qui aime la profeflion des armes -} on n'oublie i78 JOURNAL DE point ici de foire valoir une qualité li ae'ceflàire;onobfërye,queles R.o- icgardoicnt cet attachement à la diicipline, comme la baie 6c le ton dément de leur Empire ; qu'au rapport de Salutte, il il trouve par- mi eux plus de gens punis pour avoir combattu fans ordre , que pour avoir abandonne leur polie; on cite à cette occafion la fermeté inflexible de Manl:us Torqttatus , à punir fon propre fils pour avoir vaincu con- tre tes ordres. Notre Auteur exhorte le jeune Seigneur , à joindre à la icience des armes , celle de la parole , 6c à bien connoître les affaires du dedans 6c du dehors du Royaume. Il dit que l'homme de guerre doit être de tous les états , 8c de la robe, 6c de l'épée, 6c du cabinet. Il remarque que rien n'étoit plus ordinaire chez les Ro- mains , que de voir un General quit- ter le commandement des troupes pour prendre place au Se'nat , 6c là par la fagefle de fes conlêils , fervir plus utilement la République, qu'il ne l'avoit fait par lès exploits. Il rapporte l'exemple de Sylla, qui ne croyoit pas devoir compter parmi fès actions les moins glorieufes , les iècretes négociations qui déterminè- rent Bochus à lui livrer Jugurtha. Mais pour montrer par des exem- ples moins éloignez, l'eftime qu'on doit faire du don de la parole 6c des talens de la négociation , il vient au Maréchal de Biron,6c fait voir que ce grand homme fervit mieux fon Roi , en lui gagnant les Suifles par fon éloquence toute martiale , qu'il n'avoit fait tant de fois à la tête des troupes. On joint à cet exemple ce- S SÇAVANS, lui de Sancy, qui par fa dextérité à manier les eiprits, fçut amener dou- ze mille Suiil'es au fècours de ce Prince. On recommande au jeune Sei- gneur,d'étudier les armes dans Pol vbe, dans Tite-Live, dans Cefar ; 8c la politique de la guerre, dans Tacite. Après Tacite, notre Auteur ne voit point de politiques préférables à Comw.cs 6c à Dojfat. Comines expofe avec une fidélité 6c une naïveté dont il y a peu d'e- xemples, les refibrts les plusfecrets de fa conduite , 6c il donne une hau- te 6c jutle idée de la politique que le Prince qu'il fervoit , exerça tou- jours avec avantage 6c fupenorité. A l'égard de Doflàt , ceux qui croyent que la politique eft incom- patible avec la droiture 6c la bonne foi, trouveront dans la conduite de ce Cardinil,dequoi fe détromper pleinement. Au chapitre de la valeur fuccede celui du jeu : notre Auteur dit que le jeu s'eft établi pour occuper un nombre de perfonnes qui fouvent fe connoifient peu , qui s'aiment en- core moins , 6c qui languiraient pour n'avoir rien à fè dire de parti- culier, ni d'interefiant. L'impoflîbi- lité de fuivre fans relâche , des affai- res ferieufes ÔC de folides applica- tions , le rend quelquefois necelîàire ; mais ces délafîèmens qui veulent être méritez , doivent s'acheter par les exercices de l'efprit , 6c ne mar- cher jamais qu'après des travaux qui jurlifient l'ulage des plaifirs. C'eftà peu près à cela qu 'on peut réduire les réflexions contenues dans cechapitre. L'article de l'amour 6c celui de M A R S la table viennent enfuite ; le Gou- verneur exhorte fon Elevé a fuir l'amour comme l'écuëil le plus dan- gereux ; & après plulîeurs fages re- flexions fur ce fujet, voici comme il lui parle : « Pour fe mettre à couvert des »> fautes que caufè l'amour , il s> faut le connoître,me direz-vous. 3» A quelles marques difcernerai-je s» ce maître dangereux , dont les s» coups ne font pas moins redou- 5» tables que difficiles à parer ? Je si pourrais vous répondre que dans s> ces fortes de matières , les novi- s> ces en fçavent fouvent plus que 3) ceux qui le mêlent d'en donner des 3i leçons. Pcrfuadé cependant de 3» l'heureufe innocence où vous êtes a» à cet égard, je vais vous commu- ai niquer ce que l'u âge du monde peut 3> tri avoir appris. Si votre cœur de- 3> venoit un jour fenlible , malgré si les précautions dont vous devez 3» ufer pour le fouftrairc à l'amour, »» voici, ce me fcmble, à peu près, si les marques aufquellcs vous re- 3i connoîtriez les approches de cet 3i ennemi redoutable , 8c ce qui le 3i paiîèroit pour lors au dedans de » vous-même. Le Gouverneur après ces paro- les , s'explique fur le chapitre de l'a- mour à peu près comme le Druide Adamas dans le Roman de l'Aftrée. Il fait une peinture agréable de cette paffion , de peur , fans doute , qu'une morale trop rigide ne decredite les leçons, & n'empêche fon Elevé d'a- jouter foi à tout ce qu'il lui expofe enfuite fur les écucils de l'amour. Au regard de la table, l'Auteur •avoue que c'efl le lien de la focieté 1717. 179 le plus aimable Se le plus touchant; mais il remarque eu même-temps qu'il eft infiniment rare de n'en pas abufer : il parle à cette occafion, des maux que caufent les excès du vin, & il n'oublie prefque rien de ce qui peut porter un jeune Sei- gneur à fuir ce vice. Le choix des perfonnes avec qui l'on fait des liaifons elt d'une extrê- me conlêquence dans la vie. Les jeunes gens, ainfi que le remarque notre Auteur, fe livrent pour l'or- dinaire avec trop de facilité, à des fqcietez peu convenables ; ils joiiif- fent à peine de leur liberté, qu'im- patiens de foire des connoilîànces , ils faififlènt les premières qui s'of- frent à eux ; comme ils ne penfent point encore meurement, Se qu'ils font par conféquent, incapables de difeerner les caractères qu'il con- vient de choifir, ou de rejetter, il n'eit pas furprenant de les voir pref- que toujours fe tromper dans le choix des perfonnes avec lefquelles ils fe lient. Ceux, dit notre Auteur, qui font chargez de leur conduite , les mettraient aifément à couvert de ce malheur,s'ils les appliquoient de bon- ne heure à étudier les hommes , ait lieu de leur remplir la tête d'une infi- nité de ebofes qui leur gâtent plus l'ef- prit qu'elles ne l' éclairent. On trouve- ra d'utiles] préceptes fur oe fujet dans le chapitre qui a pour titre du. choix des Çociete\. Plufieurs perfonnes ont donné des règles pour plaire dans la con- verfation : notre Auteur en fait un chapitre exprès , où il raflcmble avec beaucoup de difcernemcnt,une partie de ce qui Ce trouve répandu Z ij 180 JOURNAL DE de meilleur fur ce fujer en difTercns livres. Telles font par exemple les maximes fuivantes, qui ne fçau- roient être trop répétées aux jeunes gens. » Le moyen feur de plaire dans s> la converfâtion , eft de faire en »> forte que la perfonne que vous '» entretenez , ibit contente d'elle- w même. >» Qui fortira de votre entretien s» content de foi , le fera certaine- s» ment de vous. « Cherchez moins à briller qu'à « faire briller les autres. Nous voici arrivez au dernier chapitre du livre, qui eft de la po- litelîè ; elle s'étend , félon la remar- que de notre Auteur, à tous les de- hors de l'homme ; elle embraflè fes manières, fes difeours & lès aérions; elle confifte dans la pratique d'une infinité' de devoirs extérieurs, & de bienféances attachées au tems , aux lieux & aux perfonnes. En un mot dans une attention continuelle à ne fe rien permettre qui ne tourne à la fatisfaction de ceux que le com- merce ou les affaires mettent avec nous en quelque liaifon. La politeflè n'apporte, pour le fond du caraétere , aucun change- ment à l'homme- mais elle le fait S SÇAVANS, paraître tel qu'il doit être ; elfe lui donne des dehors estimables qui remplacent foU vent les qualitez réel- les qui lui manquent. Les hommes, heureux de ne pouvoir fè pénétrer, parce qu'ils fè verraient fouvent pleins d'indifférence ou de mépris les uns pour les autres, font, pour ainiï dire, convenus de fe flatter récipro- quement par des apparences d'eff ime, de bonté & de bienveillance. Quel- que trompeulèsquepuiflcnt être ces marques extérieures, il fuflît, com- me on l'oblèrvc dans le livre, qu'el- les nous rappellent a des qualité^ dé- Jhabl es, pour qu'on doive les ambi- tionner. Notre Auteur termine cette ma- tière par un court raifbnnement qu'il fait à fon jeune Seigneur , Se qu'il dit être des plus fenfibles , pour prouver l'importance de la politeflè. C'efl: un lyllogifme en forme. Les hommes, dit-il, doivent fe >t plaire les uns aux autres pour l'a- « grément & la douceur de la vie. •« Ils ne peuvent fe plaire mutuelle- re ment que par des manières aima- « blés, & c'efl: la politeflè qui les et rend telles : ainfi la politeflè eft «e infiniment néceflàire dans la fo- « cieté civile. « ARREST DU CONSEIL D'ETAT DU ROT , Qui ORDON X F que Sa Majefté demeurera maintenue dans P ancien droit & poffeffton de la Souveraineté & propriété du Fleure du Rhône d'un bord a l'autre. CO m m e cet Arrêt contient un précis îles moj ens des Parties fur deux queftions très-importantes, l'une du droit des gens, l'autre du droit public ,nous ayons crû en de- voir rendre compte. Un crement du Rhône formé par une digue qui avoit été conf- truite dans le lit de ce Fleuve , du côté d'Avignon depuis ijiz, MARS a donne lieu à la conteftation. Les Habitans d'Avignon avoient Eut planter des fàulcs fur ce crement , les habitans de la Communauté des Angles en Languedoc avoient cou- pé ces faules , fur le fondement que le Rhonc appartenant au Roi en en- tier & dans tout fon cours , les If- les , les Iflots , les cremens Se les ac- croiflèmens de ce Fleuve font partie du Royaume ; 6c ils avoient obte- nu un Arreft du Confcil le 16" Mars 17 19 qui leur étoit favora- ble. L'Acteur , les Confuls 6c les Ha- bitans d'Avignon prefenterent leur Requefte au Confcil , par laquelle ils demandèrent qu'il plût au Roi nommer de là part des Commiflài- res, pour décider conjointement avec ceux qui feraient nommés de la part du Pape , les différons d'entre les Ha- bitans de la communauté des An- gles, Se ceux d'Avignon au fiijct du crement contentieux. Pour foûtenir ces conclurions , on difoit que quand il furvient des diftérens pour les limites entre deux Etats voirais , les Souverains qui ne font point Juges les uns des autres, nomment des Commiflàires pour dé- cider ces diftérens ; qu'il y en avoit une infinité d'exemples dans l'hif- toire, 6c que quand il s'étoit pre- lènté des conteftations au fiijct des limites du Comtat d'Avignon , les Rois n'avoient point fait de diffi- culté dénommer dcsCommiilàires, conjointement avec les Commiflài- res nommés par le Pape , 6c que fi quelques-unes de ces commiffions n'avoient point eu leur entier effet , il étoit naturel Se même indiipenfà,- 1717. î#i ble d'en reprendre les premiers er- remens. Les Confuls 6c les Habitans d'A- vignon fe renfermant dans les con- clurions de leur Requefte , ne vou- lurent point entrer directement dans la queftion du fond , fi le Rhône ap- partient au Roi tout entier, Se d'un bord à l'autre avec tous fès Iiles, Iflots , cremens Se accroiflèmens ; mais ils ne laiflbient point d'expli- quer leurs moyens indirectement, en marquant ce qu'ils expoferoient aux Commiflàires, s'il y en avoit qui fuflênt nommés, tant de la paît du Pape, que du côtédu Roi. Voi- ci à quoi ils fè réduifoient. C'eft une règle de droit commun que quand un Fleuve fêrt de limi- tes à deux Etats voifins, le Fleuve appartient aux deux Souverains chacun pour moitié. Dans le Traité de Paris fait en 1228 entre le Roi de France Se le Comte de Toulou- fe , on convint que la rivière de Tarn, ferviroit de limites entre le Roi de France Se le Comte de Touloufe, Se qu'une moitié de la rivière ap- partiendrait au Roi, Se la moitié au Comte. C'étoit cependant un Com- te fubjuguéqui traitoitavec un Roi victorieux. On voit dans les hiftoi- rcs que lorfque les Comtes def Tou- loufe Se ceux de Provence avoient à traiter enfemble , le lieu de leur conférence étoit fou vent une Me du Rhône , preuve certaine que cette rivière appartenoit également à l'un Se à l'autre , Se par confêquerit le Pape qui a les droits du Comte de Provence dans le Comtat, a la fbu- veraineté Se la propriété de îa moitié de ce Fleuve dans l'étendue du Corn- JOURMAL DE Plufieurs Mes du Rhône, ajoû- {&> ur d5 Vyigoon, font ac- tuellement poflèdées par lcsHabitans du Comtat Vcnaiflîn, fous la fou- veraineté du Pape. La vente faite en 1 348 par la Comtcflè de Pro- vence de la Ville d'Avignon 6c de ion Territoire, donne pour confins de ce Territoire Roquemaurc, Pin- geau , Rochefort ëc d'autres lieux fitucs au-delà du Rhône. Ce fleuv e n5« if point cenfé faire partie du Lan- guedoc, puiique Mlle de la Camar- gue formée par deux branches du Rhône, & qui contient feule plus de terroirs que toutes les autres If- les enfemble, fut partie de la Pro- vence. A l'égard des titres produits par le Svndic du Languedoc , l' Acteur d'Avignon difoit que les Lettres Pa- tentes de 14-4 n'e'toient point rap- portées en bonne forme, que les Oifi- ciers d'un Prince chargés de la ré- daction de ces fortes de Lettres , ne manquent pas de faire palier les pré- tentions de leur maître , pour des droits certains , 6c que ces pièces ne doivent pas fervir de titres aux Sou- verains qui ne peuvent fe faire de ti- tres à eux-mêmes. Il répondoit de la même manière à l'Arreft du Parle- ment de Touloufc de 1495. 11 ajou- tent que le Roi Louis XII avoit lui-même regardé cet Arreft com- me inutile, nuifque par des Lettres Patentes de l'année 1498 il avoit ordonné au Gouverneur de Lan- guedoc d'en fufpendre l'exécution en nommant dcsCommillàircs pour K rminer les conteftations dont il s'a- giilbit, comme on en avoit nommé dès l'année 1431 pour terminer les S SC A VANS, différais d'entre le Pape Se le Roi au fujet du Pont d'Avignon. Pour ce qui eft des Arrefts rendus au Con- fêil du Roi en faveur de la Pro- vince de Languedoc , contre la Pro- vence 6c le Dauphiné,l'Acrcuru'A- vignon , foùtcnoit qu'on ne pou- voit tirer aucune induction contre le Pape, de ce que le Roi avoit ju- gé contre fes fujets. On foûtenoit au contraire de la paît du Syndic de Languedoc, 6c de M. Magueuxqui étoit partie en cette af- faire en qualité d'Infpeéteur du Do- maine, i°. Que h Roi ne devoit point nommer de Commiflàires , pour décider la queftion avec des Commiflàires du Pape . i'\ la pro- priété 6c la Souveraineté du Rhô- ne entier , des Ifles&Iflots, même des cremens 6c des accroiflèmens de ce fleuve appartient au Roi. z°. Que le Roi a véritablement la pro- priété 6c la Souveraineté du Rhô- ne d'un bord à l'autre, des Ifles des Iflots , des croi démens 6c des accroif- femens de ce fleuve. Ils pofoient d'abord pour princi- pe par rapport à la première propo- fition, qu'il n'en eft pas de-méme entre Souverains qu'entre particu- liers pour la décifion des contefta- tions. Entre particuliers,quelquc in- contcftablc que foit le droit d'une des Parties , elle cil obligée d'aller devant le Juge , quand une autre Partie l'y appelle , & c'eft le Juge qui doit décider après avoir entendu les raifons de part 6c d'autre. Mais en- tre Souverains , comme ils n'ont point de Juge commun , chacun d'eux eft Juge de fes droits , Se fi par prucicncc , 6c pour le bien MARS de la paix , il confent de nommer des Commillàircs, afin de parvenir à un Traite ou à un arbitrage, lors- qu'il s'agit de quelque droit douteux, il n'eit point obligé d'entrer en né- gociation, ni compromettre fur un droit qui lui paroit inconteftable. Tel eft,difoitrinfpecT:eurdu Do- maine le droit du Roi fur le Rhône entier, fur fes cremens&c fur les ac- croiifemens. Car quoique dans le doute une rivière qui fait la Sépara- tion de deux Etats appartienne à cha- cun des deux Souverains pour la moitié, il arrive fouvent, comme le remarque Grotiusdans fon traité de la guerre 8c delà paix liv. 2. ch. 3. nom. 18, qu'une rivière appartient toute entière à l'un de ces Etats , foit parce que l'un des Etats étoit déjà en poilëiïïon de toute la riviè- re , lorfque l'autre s'elr. formé , foit parce que les chofes avoient été ainfi réglées entr'eux par quelque Traité. Jérôme de Monte Brixia- no qui ne doit point être fulpccl: aux Habitans d'Avignon, établit le même principe dans fon traité des bornes & limites. Ces principes fer- vent à établir les droits du Roi fur la totalité du Rhône. Caril eft conf- iant que les Rois de France ont eu la Souveraineté de la totalité de ce fleuve fous la première & au com- mencement de la féconde Race. Quand les Comtes de Provence & les autres Seigneurs formèrent fous la fin de la féconde Race des efpeccs de Principauté d;ms les Pays arrofez par ce grand fleuve , ils n'exercè- rent aucun droit de Souveraineté , fur le Rhône qui relia tout entier à la France. Audi voyons -nous 1717. 18} que Charles VI. déclare par des Lettres Patentes du 9 Décembre 1 380, que toutes les files qui font fur le Rhône lui appartiennent en vertu de fa Souveraineté, & tous les Princes voifins reconnoiflènt ce droit du Roi. Guy Pape dit dans fa queftion 577 , que quand les Of- ficiers du Duc de Savoye faifoient quelque entreprife fur le Rhône , les Officiers Royaux de Lion ne manquoient point de les reprimer. Salvaing remarque dans fon traité de l'ufage des Fiefs , que les Dauphins de Viennois n'ont jamais eu aucun droit fur ce fLuve. A l'égard de la Provence , Marie, Reine de Jerufalem & de Sicile , Comtelîè de Provence , a reconnu par des Lettres Patentes de l'année 1 398 , que le Rhône tout entier ap- partient au Roi , & que fi elle ou le Prince de Tarente fon fils, a voit fait faire des exploits de guerre fur cette rivière, c'étoit fans préjudice de la Seigneurie du Roi, en vertu de fà pcrmifiîon , Se du eonfente- ment de lès Officiers , Se qu'elle ni fes enfans ne prétendoient acquérir droit , ni poifeffion fur le Rhô- ne pour lors , ni pour l'avenir. Si les Comtes de Prpvence n'ont jamais eu de droit fdr le Rhône , comment les Habitans d'Avignon qui faifoient partie de ce Comté, peuvent -ils prétendre avoir quel- que droit fur ce fleuve? Le Roi Louis XI permettant aux Habitans d' Av ignon par des Lettres Patentes du 26 Janvier 1474 de laiiîêr fab- fiiter une digue qu'ils avoient fait fiire pour empêcher que le Rhône ne portât préjudice à leur Ville, dit ï84 JOURNAL DE Officiers Se les Habitats d'A- \ ignon ont reconnu que la rivière du Rhône lui appartient entière- ment avec tout ce qu'elle peut en- ceindre Se comprendre, qu'ils ne pourroient fous ce prétexte préten- dre aucun droit, titre ni poflcffion fur cette rivière. L'Infpeéteur du Domaine ajoute en rapportant ces Lettres Patentes de Louis XI, qu'il D'y a point d'apparence qu'un Ma- çiitrat tel que le Chancelier Doriol, eut imaginé les faits qui y font avancés, fur les permiffions deman- par les Habitans d'Avignon pour la confervation de la digue, Se encore moins , que ce Chancelier ait fait tranferire dans un Cartu- laire un fimple projet de Lettres Pa- tentes , comme une pièce autentique. En 1493 le Parlement de Tou- loufe ayant examiné les titres & les enquêtes par rapport aux droits du Roi fur la totalité du Rhône , ren- dit un Arrêt portant de'fenfes à l'Ar- chevêque d'Avignon, aux Habitans de la même Ville, Se à tous Offi- ciers du Comté de Provence , à pei- ne de cent marcs d'argent Se de plus grande peine, s'il y échéoit,de rien entreprendre fur les bords de la ri- vière du Rhône , fur les chofes qui en dépendent , ni fur les Mes qui y font fituées au préjudice des Droits du Roi. Cet Arreft a été' exécuté volontairement, même de la part des Habitans d'Avignon , puifqu'ils ont obtenu en 1712 une permiffion du Roi , pour faire une digue ou levée du côté du Comtat. Une autre preuve confiante du droit du Roi fur les deux rives du Rhô- ne vis-à-vis Avignon, rélulte de ce S SÇAVANS, que le Roi y levé un droit de péage du côté de la Ville, fans que les Of- ficiers du Pape y avent jamais rien pris. Enfin Jérôme de Monte Bn- xiano que l'on a déjà cité, Auteur très -attaché au Pape, reconnoit que le Rhône appartient au Roi en entier, Se que les Princes qui pofledent des Seigneuries le long de ce Meuve , n'y ont aucun droit. M. Magucux rapporte en- fuite un grand nombre d'Arrêts du Confcil , qui jugent que les Lies du Rhône qui font du coté de la Provence , ne biffent point de faire partie de la Province de Langue- doc. A l'égard de l'Iflc de la Ca- margue , le Syndic de Languedoc dit que fi cette Lie étoit à-preiènt de la Provence, cen'étoit qu'une ufurpa- tion qu'on avoit bien voulu laif- ler fubfïfter , peut - être même parce que cette Lie n'étoit point regardée comme une Lie du Rhô- ne, mais comme une Lie de la Mer. Pour ce qui eft des differens Com- miiîàires nommés par le Roi pour entrer en conférence avec les Com- miflàires du Pape, l'Infpecteur du Domaine , Se lcSvndicde Langue- doc s'attachent à faire voir qu'au- cuns de ces Commiflàires n'ont été nommés fur la queftion , fi le Rhô- ne entier appartient au Roi, mais fur des contellations toutes différentes , ou fiir d'autres démêlés entre les Ha- bitans d'Avignon Se ceux des Pro- vinces voiiines. Ce il fur ces moyens propofèz de part Se d'autre , qu'eft intervenu l'Arrêt du Confêil qui porte , que Sa Majeflé demeurera maintenue , ainfi que les Rois fes Predéceilèurs l'ont MARS l'ont toujours été, comme Rois de France, dans l'ancien droit & pof- fèffion immémoriale, de la Souve- raineté & de la propriété du fleuve du Rhône, d'un bord à l'autre, tant dans fon ancien que nouveau lit , 8c des illes, illots, cremens Se atterif- femens qui s'y forment, ôc qui font partie de la Province de Langue- 1727. 18* doc ; en confequence le Roy or" donne que l'Arrêt de lbn Coula' du 7 Mars 1719, & l'Ordonnance de l'Intendant de Languedoc du 22 Janvier 1724, au iujet du crement qui a donné lieu à la con- testation, feront exécutez félon leur forme £c teneur. QUESTIONS SUR LES DEMISSIONS DE BIENS, AVEC UNE Differtatwn en la queft'umjix fur les fiatuts per fonds 3 réels & mixtes. Brochure «.'.-12. pp. 84. LEs déraillions de biens font fort ordinaires parmi le menu peu- ple , fur-tout à la campagne , & les «jueftions qu'elles font naître, font d'autant plus difficiles à décider , que les aétes qui fe parlent fur ce fujet entre les pères £c leurs enfans, par- ticipent de la donation entre- vifs & de la difpofition à caufe de mort : Cependant nous n'avons point en- core d'Auteurs qui ayent traité cette matière à fond. D'Argentré n'en a parlé dans fon Commentaire fur la Coutume de Bretagne que par rap- port aux ufages de cette Province , qui font fur ce point bien différera de ceux qui s'oblèrvent dans les au- tres Parlemens , fur-tout dans celui de Paris. Le Brun qui en parle dans fon Traité des fucceffions , n'en dit que peu de choies , ne traitant cette matière que par occaiion. Oeil pourquoi ceux qui s'appliquent à la Jurifprude"nce,fouhaitent que l'Au- teur qui a entrepris d'éclaircir cette matière , donne au plutôt lbn Ou- vrage au Public. La brochure dont il s'agit ici en contient la Préface , où l'on donne le plan de ce Traité. Maïs. Il fera diviféen 21 queftions prin- cipales, chacune defquelles contien- dra des queftions incidentes Se fub- fidiaires. Après la Préface, l'Auteur donne par forme d'elîài la queftion 6 de fon livre, où il s'agit de iça- voir ce qu'on doit oblêrver, i°. Quand un père qui fait un partage en fe démettant , a des biens dans différentes Coutumes , dont les unes permettentun partage entre enfans,la légitime fiuve,8c dont les autres veu- lent l'égalité. 20. Quand quelqu'une de ces Coutumes exige une furvie de vingt jours, les autres de qua- rante, & que d'autres n'en exigent point. Pour réfouùre cette difficul- té, il eft néceffaire d'entrer dans l'e- xamen d'une queftion plus gen; raie , quelles font les difpofitions des Coutumes , qu'on doit regard. r comme réelles ,8c quelles font celles qu'il faut réputer perfonelles \ queftion que l'on a regardée jufqu a prefent comme l'écueil de nos Ju- rifconfultes, quoiqu'elle ait été trai- tée par Dumoulin Se par d'Argen- tré. Voici les règles par le Moyen defquelles notre Auteur croit que A a iS6 JOURNAL DE l'on peut bien diftinguer ces deux efpcces de déboutions des Coutu- mes. i°. Le ftatut qui détermine l'état Se la condition d'une perfonne , eft un ftatut réel. z°. Le ftatut qui défend ou qui per- met la difpofition des biens, en coniëquence d'un autre ftatut qui fixe l'état 6c la condition d'une per- fonne, cft un ftatut pcrfoncl. 30. Le ftatut perfonel, foit pro- hibitif, foit permifïïf , a lieu par tout par préférence à un autre ftatut per- fonel qui feroit contraire. 4°. Mais le ftatut perfonel qui pennet, cède au ftatut réel qui dé- fend. j°. Le ftatut qui difpofe des cho- fes pr;ntar;o & fer fe , quoiqu'en vûë êc par confideration de la qualité de la perfonne, eft un ftatut rc'el. 6°. Le ftatut qui en laiflint à -un homme la liberté générale 8c actuelle de difpofer de fes biens immeubles , limite cette faculté pour quelque cas feulement , eft un ftatut réel dan; la partie qui limite. 7°. Mais celui qui permet de dif- rofer de lés biens immeubles dans certains cas , quoique l'état & la condition de la perfonne lui inter- dife la difpofition de fes autres biens immeubles en tout autre cas, eft un ftatut perfonel ; fi cette faculté de- S SC A VAN S, rive d'une faculté pcrfonclle Se générale qu'elle avoit avant d'être d'un tel état & d'une telle condi- tion, ëc qu'elleauroit encore cclTant cet état Se cette condition. S -. Quand la nature du ftatut ne fc développe pas bien , il faut le croi- re réel , plutôt que perionel , Se le renfermer dans fon territoire. Chacune de ces règles cft accom- pagnée d'exemples aufquels l'Au- teur en fait l'application. Il prie Meffieurs les Avocats d'envover au fieur Quillau Imprimeur rue Ga- lande , les Arrêts qu'ils pourront avoir tant fur les déraillions de bien, que fur la diftinéHon des rtatuts réels & des perfoncls , même de marquer ce qu'ils croiront fujet à correction ( ce font les termes de l'Auteur, qui fournilîènt un témoi- gnage de fa modeftie ) dans fon pro- jet ce dans la fixiéme fection. M. Froland Avocat au Parlement, s'eft aufil engagé envers le Public à lui donner un Ouvrage exprès fur les queftions mixtes, qui naifientde la réalité ou de la perfbnalité des difpofitions des Coutumes. Il ne fçauroit y avoir trop d'habiles gens qui communiquent leurs réflexions- auxjurifconfultes fur une matière fi difficile £c li importante. Il eft de l'intérêt de prefque toutes les fa- milles qu'elle foit bien éclaircie. NOVVELLES LITTERAIRES. o D'ANGLETERRE. N imprime actuellement la Traduction Angloife du Trai- té latin deslo/.v de /..* nature par feu M. de Ciimberlanti , Evéque de Pe- terborough. L'original latin de cet ouvrage (bailleurs eftimable,eftpcu M A R lu, apparemment à caufie de l'obicu- rité du ftyle de l'Auteur. C'eft à M. Maxveel que nous fommes re- devables de cette traduction. Le Ro'nan de Xénophon d'Epbefe vient aufli d'être traduit en Anglois aulfi bien que l'hifloire générale de l'A- mtrique par Antonio de Herrera dont on a publié, en i yzj. Se 1 726, 6 vol. i«-8°. Les Mémoires de feu M. Parker , Evêque d'Oxford, dont nous avons déjà parlé, paroifîbnt depuis peu ; on y trouve non-lêulement l'hifloi- re d'Angleterre , mais encore celle des Pays Etrangers. Cet Auteur Se M. Burnet font fort oppofèz dans Jes narrations des mêmes évene- mens. Cette hiftoire a été imprimée en Latin, 8c traduite en Anglois. La traduction contient 424 pages ;»-8°. 1726. M. Lomé peu content de la Gram- maire latine qu'on enfèigne en An- gleterre, en a publié une nouvelle de fa façon, intitulée : a Grammar ef tbe latin longue by Salomon Loype 1 726 ;«-8°. M. Heame a publié l'hiftoire la- tine de la fameufe Abbaye de Glas- tomburg, écrite par Jean, Moine de cette Abbaye ; elle commence à l'année 630, Se finit en 1400. M. Heame a ajouté à cette hiftoire plu- fîeurs pièces qui regardent la même Abbaye, Se d'autres qui n'y ont au- cun rapport , & qui ne déplairont pas au Public. Parmi ces dernières , on trouve deux Lettres de feu M. Thomas Switb , Docteur en Théo- logie , touchant le manuferit des Epitres de S. Ignace. 1726 2 vol. i/»-8°. de 6fo, pages, fans la Préface. 81717: 1 87 Voici le titre d'un livre nouvel- lement imprimé : ÏHiïloire naturelle de la terre, écl aime, alignent :e & dé- fendue, écrite originairement en La- tin, Se à-prefent traduite en An- glois par Benjamin Kollovpay , Bache- lier en Droit Se membre de la Socié- té Royale. On y a ajouté des preu- ves phyficjues de l'exiltence de Dieu , Se de Ion concours actuel Se perpé- tuel pour la confervation de l'Uni- vers, Se de tous les corps organifés ; des végétaux Se des animaux , Se par- ticulièrement de l'homme,avec quel- ques autres pièces fur difterens fu- jets qui n'avoient pas encore paru. Par Jean ivoodvcard. 1726 i«-8°. M. Stonc de la Société Royale, a publié un nouveau Dictionnaire mathématique 1 726 in-%°. Parmi les Lettres de feu M. To- land, qui ont paru depuis peu avec divers ouvrages de cet Auteur, 8c que nous avons déjà annoncées , il y en a une écrite à.M. de Leibnit1^, dans laquelle il infinue qu'il avoit envie d'écrire contre la Démonftration évangelique de M.Huet,fur l'arti- cle de la mythologie. M. de Leibnit^ lui répondit queM.Huet étoit un des plus îçavans hommes de notre fie- clc, 8c que l'on devoit avoir pour lui des égards. Il déclara en même temsqu'il n'approu voit pas cette par- tie de la Démonftration évangeli- que, non plus que M. Toland. Les Comédies de Térence tra- duites en François parle fieur Che- valier Hcnnebert. Tome premier, à Cambrige , dans l'Imprimerie de l'Univerfité 1 726. in-iz. pag. 42 1 . On voit au-devant de cette nouvelle Traduction françoife des Comédies Aa ij i88 JOURNAL D de Terencc une longue Pic* 68 pages. >> Madame Dacier, die M. > Henncbert, fe vante dans fa Pré- face d'avoir ràmaflë toutes les b.autcz de notre langue dans la > traduction. Mais l'a -t'eïïe fait? 1 elle avoit fans contredit du fca- > voir pour un;- Dame ; elle écri- » voit a Paris , où elle pouvoittrou- 3> ver des Scipions 8c des Laelius pour l'aider. Cependant fins par- ler de quantité d'endroits où elle a mal pris le fens de Terence , j'ofe ditc que fês remarques font ce qu'il y a de meilleur dans fa traducr'on ; encore y en a-t'il quantité d'inutiles, Se qu'elle au- rait dû retrancher. Dans tous les difterens caractères qui compofent ce bel ouvrage , c'eft toujours Ma- dame Dacier qui parle ; il n'y a ni force ni brièveté , on n'y trou- * vera même aucune de ces expref- M fions brillantes,aucun de fes tours „ fins; en quoi confiftela beautéde „ la langue françoife ; il s'en fuit „ de beaucoup que je garantillê ma 51 traduction parfaite j mais j'efpere '> au moins qu'on y trouvera plus „ de force Se de vie que dans cel- ,, les qui l'ont précédée. Peut-être „ ma hardielfe fera -t'el le bonne à „ quelque chofe, quand ce ne feroit „ qu'à exciter quelque habile hom- „ me à y mettre la dernière main. * Après l'édition du fçavant M. ■» Haie , continue ce Traducteur, „ eft venue celle du fameux Doc- „ teur Bentlei, qui femble avoir ra- „ maflë toutes fes forces pour fou- „ droyer l'édition du Docteur Ha- „ re. Ce n'eft pas à moi de me mê- , 1er dans leur querelle, qui ne peut ES SÇAVANS, être qu'utile, ou tout au moins w divertiflànte pour le Public. Ce- * pendant l'amour que j'ai pour Te- " rence , 8c l'miereft que je dois " prendir à mon petit effav,quine " pou roi t qu'être en fouffrance, fi " l.'s changemens qu'il a plu au Doc- " teur Bentlei de hure dans le fens " de mon Auteur avoient lieu , '' m'ont engage d'inférer dans ma " Préface quelques remarques, pour " juftîfier l'ancienne leçon. „ Ces remarques de M. Hennebert occupent la plus grande partie de fa Préface. On trouve dans une de (es obfervations les paroles fuivantes. Rien à mon avis ne marque plus " la décadence , non-feulement des " belles-lettres , mais encore desef- " prits que cette démangeaifon de " corriger, ou plutôt de corrom- "" pre Se d'eftropier les meilleurs " Auteurs. Qu'un Editeur en che- '*' min fiifant , corrige quelques pla- " ces où le bon fens cft en fouf- f france, qu'il le fallè avec modef- " tie 8c retenue , on ne s'en étonnera " point ; mais que de propos déli- " beré il foule aux pieds l'autorité " des manuferits les plus corrects, * pour y fubftituer des idées creu- " les Se fa ntaftiques, c'eft ce qui eft " à peine fùppottable. " Ce volume ne contient que les "trois premières Comédies de Te- rence ; le fécond paroîtra bien-tôt avec de nouvelles Remarques fur les corrections de M. Bentlev.Nous avons cru devoir inférer cette nouvelle dans les propres termes qu'elle nous a été écrite; les expref- fions de l'Auteur pouront d'avance faire juger de ce qu'on peut atten- dre de fon ouvrage. M A R S M. Jerémie loties vient de donner en 2 vol. iu-S°. Ntlfc and full method , &c. Méthode pour établir la Ca- nonicité du Nouveau Teitamcnt , chez Jean Clark, 8c Richar Hett. Voici un livre compofé en faveur des Vieillards , 8c dont ils ne fçau- roient trop marquer leur reconnoif- fance à l'Auteur : Il eil intitulé A pro- teftant Monaftry. Cet Auteur obli- gcant,nommé A ndré Moreton, indigné de l'infolence des jeunes gens, & de leur peu de reconnoiiîànce à l'égard des perfonnes âgées qui fe privent volontiers de leurs biens en leur fa- veur, propofedans cet ouvrage d'é- riger des Monaileres ,où ces derniers puiflènt finir tranquillement leurs jours , fans être à charge ni au Pu- blic, ni à leur famille. L'Auteur charitable de ce nouvel ouvrage l'eft d'un autre intitulé Evcrybody's buji- nejfis no body' s bujtntff , c'eil-àdire, l'affaire de chacun n'es? l'affaire de fer- forme. On a imprime à Londres 8c à Oxford le recueil in-fol. des ouvra- ges de l'Auteur des devoirs de l'hom- me, The vehole duty ofman. J. ir'illefcrd a fait imprimer a Col- le ftion of ballais and fome other occa- Jîonnal Poems by Tv Tunjïall. On a joint à ces Poëfies la traduction en vers Anglois de la Lettre fleurie 8c poétique de S. Cypricn à Donat. J. Dcxvnbg débite quelques ouvra- ges de pieté, dont un eft intitulé The life of Cod in the foui of man. La vie de Dieu dans lame de l'homme. Voici le Titre d'un livre dont la matière peut être fufceptible décho- is très-curicufès a Mechatùcal e([ay an Singig , Sec. Eflai mécanique fur 1727. 189 le chant, lamufique Scia danfe, fin- leurs uiàges 8c abus , 8c fur les chan- gemens que ces exercices opèrent dans le corps humain. DE HOLLANDE. Henry Scbeurleer de la Haye, a im- primé Recherche des motifs fur le (quel s eft fondée la Conduite de la grande Bre- tagne par raport aux affaires de /'£- tatprefent del'Europe \\ï-xàu\tàc l'An- glois in-11. p. ix6. Jean Vander-Linden de Leyde pro- pofe par foufeription les œuvres de Cujas. En voici le titre entier : Ja- coli Cujatii JC. prsjfantiffîim opéra mania in decem tomos dtfiributa , qmbns cor.tinentur tam priora , Jive qu& ipfe fupcrftes edi curant , quant pvfleriora; Jïve qu&poft obituu ejus édita (unt, vel nunc prtmum prcdei'.nt,opera & cura Ca- roli Annibalts Tabroti je. edttio nova c&teris omnibus qu& ante prodiermst emcndat'wr f & adfcriptis legum nume- ris aliorumve Aiitor.'ni fuppletis teftimo- niis auclior. Jo. Cottitb Heineccius JC. & antecefforj rtfatiowmprxmijît. Lug- duni Batavorum , apud Joannem V and. r - Lindcn junior em 1727,011 fouferit pour cette nouvelle édition, A Paris , chez Coignard fils , Cavc- lier, Montalant, 8c la veuve Cou- telier. Jean-Frederic Bernard, 8c N. E. Lucas impriment les Mémoires de l'A b- bé de Chet/t, contenant l'hiftoire de la Cour de France, 8cc. 2 vol. i -12. B. Picard vient de finir les plan- ches d'un ouvrage très-curieux inti- tulé : l'Abrégé du vrai mange 3 expli- qué par des leçons necef] aires .f & jf figures exacte? depuis l'affïctte de l'hom- me a cheval jufqu ai arefi ,8cc. le tout 190 JOURNAL D dcllîné d'après nature par le Baron d'j • en '. g. On fculcritpourcei ou- vrage , chez B. Picard. On doit vendre le 1 6 Juin pro- chain chez Jean S-^art, Libraireàla Haye, la Bibliothèque Se le Cabi- net de raretez du célèbre M. Sicolas Hartfoeker. DE PARIS. L'édition du Kouveau Jifième du ilicrocofme imprimé à la Haye chez M. G. de MerviBe , cft achevée. Les exemplaires en font arrivez , §C le trouvent chez Chaubert , Libraire du Journal des Sçavans. En voici le titre entier : Nouveau fjfième du Mi- crocofme , ou tra té de la nature de l'hom- n e , dans lequel on explique la cauft du mouvement des fluides , le principe de la vie , du fang & des humeurs ; la gene- rationj o~ les autres opérations des par- ues du corps humain , vol. in-8° 1 727. Nous donnerons incelfamment l'ex- trait de ce livre. Entr'autres livres que Rollin Libraire, Quai des Auguftins au Lion d'or, attend de Hollande , on trouvera chez lui dans peu la nou- velle édition faite en Hollande de l'hiftoire du Concile de Confiance de M. l'Enfant,! vol. in-40. du Dictionnaire François- Anglois & Anglois-l rançois de M. Boyer , 2 vol. in-40. Ces nou- velles éditions font confiderablemcnt augmentées. Antonin Dcshaves Libraire rue S. Jacques, vient de donner une nou- velle édition duFormaCle ri,dont voici le titre entier : Forma Cleri fecundum txen.pl.ir quod Fcclcjis. fanclifque pa- tnbus à Clmfto Domino Çi.mmo facer- dote monjlratiim esl , opéra ai sludio ES SÇAVANS, Ludovtci Tronfon , quondtm Superions Semtnarii SanCti Sulpicii , editio nor. quatuor po'slranas panes nunc prtmu. compleélens , in-40. I727- Chriftophc David vient de réim- primer in- 12 l'hiftoire Fcclejtafitquc de Mr. l'Abbé de Choifi. Montalant a aufli réimprimé un livre de droit devenu fort rare Se néanmoins fort recherché, dont voi- ci le titre : Traité de la r epre fient at ion t du double lieu , & de la règle Paterna Patcrnis , Materna Maternis,p ar rap- port a toutes les Coutumes de Irance. Par M. Guynet, Avocat en Parle- ment. Nouvelle édition revue Se corrigée, vol. in-40. Le même Montalant vient de pu- blier ,Tab:ds afironomica , ludovici Ma- gni jujfu & muntficentia exaratt & m lucem édita iv. quitus fiolisjnna rdiquo- n mqie Vianet arum motus ex ipjis ob- ferrationibus , nulla adhibita bypotejt tra ! ntur ; habenturque prœcipuarum fi- xarum m nofiro hori^onte confpic-arunt pojîttoites , &c. Autore Philippo de la Hire, Regio Mathefieos Trofefifiore , & Kegto Sctentiarum Academia Socio, vol. in-40. l7'17- Ëtneri, Saugrain 6c Martin pro- pofèntpar foufeription depuis quel- ques jours le fupplément du Diétio- naire de la Bible du Père Calmct. Ce fupplément fera enrichi de près de cent cinquante planches en taille douce de grandeur in-folio, qui re- prélenteront diverlcs cérémonies Se antiquitez des Hébreux Se des Juifs, leurs différents fupplices , leurs or- dres de bataille, leurs lièges, leurs machines, leurs ftratagêmes de guer- re, Se quelques vues des villes les plus célèbres de la Terre-Sainte. M A R Tous les deflèins font de Mon- fîcur Martin l'aîné, Peintre de Sa Majefté,6c fontgrave's fous la con- duite de M. Audran des Gobelins , Graveur du Roy. Les Libraires de leur côté pro- mettent de ne rien épargner pour l'exécution de cet ouvrage, qui con- tiendra deux volumes in-folio, auffi ample que le Diclionaire même. Les fouferiptions font de foixan- te livres , dont on payera trente li- vres en fouferivant , êc les trente autres livres en retirant l'exemplaire en feuilles. Le projet de foufcnption n'indique point jufqu'à quel tems on pourra foufcrire; on y marque feulement qu'on fe bornera au nom- bre de mille. Il paroit depuis peu une nouvelle édition du Diclionaire écologique, aug- mentée de plus de deux cent nou- veaux articles. On a mis à la tête l'extrait d'une lettre de Mr Rouffcau quiaraportau fujet. Cette nouvelle édition le trouve à Paris chez Lottin S 1717. 191 & Chaubert, Quay des Augufhns. Vincent vient de publier une ré- futation des règles pour l'intelligen- ce de l'Ecriture Sainte de M. l'Ab- bé d'Asfeld. Nous rendrons incef- famment compte de cet Ouvrage. Le même Libraire imprime ac- tuellement deux traitez du fens lit- téral & du fens myftique des faintes Ecritures, fui vant la Doclxine des Pères. La veuve Ribou débite les Mé- moires de François de Taule de Cler- niont , Marquis de Motiglat , Me/lre de Camp du régiment de Navarre, Gratid- Mahre de le G ar dérobe du Roy & Che- valier de fes Ordres : en quatre vo- lumes in- 12 contenant l'hiftoire de la guerre entre la France Se la Mai- fon d'Autriche, durant l'adminif- tration du Cardinal de Richelieu 6c du Cardinal Mazarin , fous les rè- gnes de Louis XIII £c de Loiiis XIV, depuis la déclaration de la guerre en 1 63J , jufqua la paix des Pyrénées * Fin du Journal de Mars. Fautes à corriger daus le Jourual de Février 1717^ Page Colomne Lign t Faute Correilion 68 première *f fourni fournies 74 première 26 contefta contefte IOI féconde 42 par lefquels , 6c & par lefquels , \ij au titre 24 au fujet livre au fujet du livre TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Mars 1727. PRxle&iones Théologies: de Sacramentis in génère, Sec. Autore Hon^ rournely. 131 Diction aire des Arrêts , &c. nouvelle édition , revu: , corrigée & Augmentée. 137 Les Annales des Provinces-Unies. 141 Traité de /' Algèbre far M. de Crouzas. 148 Diclionaire des Finances. 149 Mémoire fur l'impojîtion & le changement des noms, par M. Cilles Hochmuth, ôcc. ifi Extrait du Ier article des Traniàétions ou Mémoires Philofophiques de la So- ciété Royale de Londres pour les mois de Septembre & d'Octobre 1 724. 154. Continuation des mémoires de Litterat rc & d'Hifloirc , Tom. III. part. I. 157 Obfervations adreffées à M. Rollin , (ta (on traire de la manière d'enfeigner Cv d'étudier les Belles Lettres, par M. Gibert, Sec. 163 Lettre de M. Roliin a M. Gibert , au fujet de fes obfervations , Sec. 1 68 Lettre critique de M. Valifmeri } à l Auteur du livre de la génération des vers dans le corps de l'homme, traduite de l'Italien. 170 Confeils d'un Gouverneur a un jeune Seigneur. 1 76 Arrêt du Confeil d'Etat du K07, qui ordonne que Sa Maieflé d.meurera maintenue dans l'ancien droit & pofjeffion de la Souveraineté & propriété du fleuve du Rhône d'un borda l'autre. 180 Queflions fur tes démiffions de biens s avec une Differtation en la que/lion Jîx fur les fiât ut s perfonels } réels & mixtes. 185* Nouvelles littéraires. 1 S6 Fin de la Table. L E J DES SCAVAN POUR L'ANNEE M. D C C. XXVII. AVRIL A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguflins , du côté du Pont Saint Michel , à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XXVII. AVEC PRIVILEGE DV KO T. L E JOURNAL SC A VAN S, AVRIL M. DCC. XXVII. MEMOIRE EN FORME DE M AN I TE ST E , POUR S. A. S' Elifabeth-Cbarlotte de l'Efperance , Baronne du Jaint Empire , Douanière de feu S. A. S. Leopold-Eberbard, Duc de mmmberg-Montbelliard , Prince Souve- rain du faint Em\ire , & L. A. S. les Princes & Prince ff es leurs enfans. CONTRE S. A. S. Eberbard-Louis Duc régnant de irirtemberg-Stougard , aujfi Prince Souverain du S. Empire. ET George-Leopold , Comte de Sponecl^ in- fil. pp. 85. A fucceflîon du der- nier Duc de Mont- belliard mort le zf Mars 1715. fait le fu- _ jet de ce Procès im- portant, uont il y a eu des incidens portes au Parlement de Befançon & au Confeil du Roi, Se dont le fond fera jugé au Confeil Aulique. La Baronne de l'Efperance fedifant feule femme légitime du dernier Duc de Montbelliard , prétend que fes Bbij i96 JOURNAL DE cnfons doivent avoir en qualité d'héritiers de leur père h Prin- cipautéde Montbelliard , 6c les biens qui lui appartenoient tant en Fran- che Comté, qu'en Alface. Le Com- te de Sponcck prétend avoir feul les mêmes biens en qualité de fils légitime du dernier Duc de Mont- bclliard. Le Duc régnant de Wir- tembcrg-Stougard croit devoir ex- clure le Comte de Sponeck 6c les enfans de la Baronne de PEfperance comme illégitimes, 6c profiter de ces biens en vertu d'un traité qu'il a fait avec le dernier Duc de Montbel- liard le 18 May i/if. Nous allons donner dans ce Journal un précis des moyens propoféspar M. Capon pour la Baronne de l'Efperance j nous rendrons compte dans d'au- tres Journaux des Mémoires du Comte de Sponeck , 6c de ceux du Duc de Wirtembcrg-Stougard. Le Comte de Sponeck prétend que fa mère Anne-Sabine de Hedwi- ger, depuis Comtefle de Sponeck, a époufé en 1695. le dernier Duc de Montbelliard , 6c que le mariage a été célébré par un Miniftredei'E- glife de Reiowitz qui dépend de cel- Je de Skoki dans la grande Pologne ; il rapporte un aéte de célébration de ce mariage figné par Chriftophle Koch, Pafteur des Eglifes unies de de Reiowitz 6c Skoki , 6c legalifé par les Magiftrats de Skoki. On foûtient de la part de la Ba- ronne de l'Efperance, que l'extrait de la célébration du mariage dont il s'agit , eft falfifié j que celui qui eft conforme à l'original, délivré au Duc de Wirtemberg-Stougard eft une pkee qui ne peut rien prouver S SCAVANS, en faveur du Comte de Sponeck^ & qui eft d'ailleurs rempli de faufi- fès enoneiations, 6c que quand il y auroit eu un mariage ainlî célébré en 1695" entre le dernier Duc de Montbelliard 6c Anne-Sabine Hcd- wiger , ce mariage l'eroit abiblument nul. Pour établir la première de ces propofitions , on remarque que dans l'extrait produit par le Comte de Sponeck, il n'eft point dit, comme dans celui qui a été délivré au Duc de Wirtemberg-Stougard , que les deux perfonnes mariées par le Mi- niirxe de Reiowitz, étoierit venus à cheval du Duché de Tefchen en Siléfie, parce qu'il ne leur auroit point été permis de s'y marier, fans abandonner leur religion j que l'E- poux fervoit alors dans les Troupes de l'Electeur de Saxe, 6c que l'é- poufe étoit fous la tutelle de fa mè- re qui étoit veuve. Le Comte de Sponeck a, dit-on, fait fupprimer ces enoneiations dans l'extrait, par- ce qu'elles ne pouvoient convenir , ni à Anne Sabine Hedwiger, ni au Duc de Montbelliard ; ils demeu- roient l'un 6c l'autre à Oëls en Si- léfie, où Anne -Sabine Hedwiger étoit au fervice de la Ducheflc d'Oéls. Les Pairies auraient pu le marier en Siléfie , fans craindre d'ê- tre obligés de changer de religion -t le feu Duc de Montbelliard n'a ja- mais fervi que l'Empcreur,comman- dant un Régiment d'Infanterie en Hongrie. Dans l'extrait produit par le Comte de Sponeck, les noms des deux Epoux font écrits tout au long,- dans celui qui a été délivré au Duc A V R I de Wirtemberg-Stougard,il n'y a au lieu de nom que des lettres initiales. Elles peuvent à la vérité convenir au nom & aux qualitez des Parties , mais on pouroit encore les appli- quer à un grand nombre d'autres perfonnes, avec d'autant plus de rai- ibn,que les autres circonllances ex- pliquées dans l'acte ne peuvent convenir au dernier Duc de Mont- belliard. D'ailleurs le corps de l'ac- te eft écrit en Latin, &C ces lettres initiales ne peuvent défignerlenom de l'époux ôc de l'époufe préten- dus , qu'en langue Allemande. Si un pareil acte étoit une preuve de la cé- lébration d'un mariage , on ferait bien-tôt maître de fe donner tel mari ou telle femme qu'on jugerait à propos, même plufieurs à la fois, par la facilité qu'il y aurait de délî- gner plufieurs perfonnes par les mê- mes lettres initiales, fur-tout quand le Regiftre n'eft figné, ni par les Parties , ni parles témoins, comme celui dont il s'agit. On ajoute que l'infpection de la copie figurée du Regiftre, fait voir la faufieté de l'acte de célébration dont il s'agit, parce qu'il eft daté du premier Juin iégf, & qu'il fe trou- ve au bas d'une feuille, après des ma- riages célébrés au mois de Juillet &c de Novembre. Le corps de cet acte de célébration eft écrit en Latin ; les autres font tous écrits en Alle- mand. On conclut de ces obfcrva- lion, que cet acte n'eft qu'un jeu d'amans , ou un effet de l'artifice d'Anne-SabincHcdwiger, qui crut qu'elle pouroit toujours tirer avan- tage d'un acte de célébration , quel qu'il pût être, (k dont elle fe fer- L 1717.' re- vit en 17 14, pour exiger du fin Duc de Montbelliard qui vouloit fe débarrafler d'elle , la permifïïon à fon Confiftoire d'expédier une Sentence de divorce, comme s'il y avoit eu un véritable mariage entr'- eux. Quand le mariage aurait été vé- ritablement célébré à Reiowitz , dit le Defcnfeur de la Baronne del'Ef- perance, il ferait abfolument nul. Car en 169 f le dernier Duc de Montbelliard étoit fous la puiffan- ce de George, Duc de Wirtemberg* Montbelliard fon père & fon Sou- verain. Or Suivant les principes du Droit Romain, les mariages des en- fans de famille fans conlêntcment de leur pere , font nuls. Les loix Ro- maines font exactement fuivies fur ce fujet par les Luthériens , qui foû- tiennent que Dieu ne veut point unir ceux qui meprifent Ibn commande- ment d'honorer leur pere & leur mère, ne confultans que leur incon- tinence & leur cupidité. Pour éta- blir dans le manifefte que telle eft la doctrine des Luthériens , l'Auteur cite plufieurs palîàges de Luther , de Théodore de Beze , de Bezoldus dans fês confeils de Tubinge , de Carpzovius , d'un grand nombre d'autres Auteurs Jurilconfultes ou Théologiens attachés à la Doctrine Luthérienne. En fécond lieu , tous les Auteurs Luthériens conviennent que les ma- riages clandeftins font nuls. Or quand le mariage d'Anne - Sabine Hedwiger & du dernier Duc de Montbelliard, lèroit véritable, il por- terait avec lui toutes les marques de clandestinité. Il a été cekbiéfanspu- i98 JOURNAL D blications des Bans, quoique cette publication ibit en ulàgc chez les Luthériens , dans un Pays étran- ger où les Parties n'avoient point de domicile, en prefënce d'un Paf- teur qui n'étoit point celui des Par- ties , éc qui n'avoit pas même le pou- voir de marier fans le confentement du Miniitrc fuperieur ; confente- ment qu'il n'a point obtenu, pour la célébration du mariage dont il s'agit ; nuls témoins de ce mariage, mille fignaturc des Parties, nul con- fentement du pere, qui étoit en mê- me tems Souverain de l'Epoux. De- puis la célébration de ce mariage , Anne-Sabine de Hedwiger n'a point été regardée comme époufe légitime du dernier Duc de Montbelliard ; on ne 1 u i a donné ce titre,que dans laScn- tenec de diflblution , dont la Baronne de l'Efpcrance dit avoir démontré l'illufion. Anne Hedwiger n'a point porté le nom de DucheAe de Mont- belliard, elle n'en a jamais eu ni le rang , ni les honneurs. Si fon maria- ge avoit été publique en 1 70 1 , l'Em- pereur l'honorant du titre deCom- teflè de 1 ' Empire, Se élevant fes frères à la même dignité , fe feroit-il borné dans les Lettres Patentes à lui don- ner fon nom de famille, fans parler de fon mariage avec un Prince de l'Empire? Si le Comte de Sponeck avoit été fils légitime du dernier Duc de Montbelliard , fa mère auroit-clle fouffert qu'il fervît ce Prince en qua- lité de Page , enfuite comme Gen- tilhomme , £c qu'il fût marié com- me fimple particulier fous le nom de Comte de Sponeck. Dans le jraité de Wildbadc, par lequel le ES SÇAVANS, Duc de MontbJhardafTuroitfafuc- cefllon au Duc de Wirtcmbcrg- Stougard , 6c qui a été fait en 171^ àlafollicitationd'un oncle du Com- te de Sponeck , il eft dit que le Duc de Montbelliard n'avoit point con- tracté jufqu'alors de mariage légi- time, èc que les enfans qu'il avoit ne pouvant rien efpcrer a là fuccef- fion , il fouhaitoit de leur affilier 12000 florins de revenu. Ce traite fut ratifié par le Comte de Sponeck & par fa mere^c'eft une reconnoif- fânec formelle de la paît de l'un Se de l'autre, que le Comte de Spo- neck n'étoit point enfant légitime du Duc de iMontbclliard. On va même de la part de la Ba- ronne de l'Efpcrance jufqu'à con- teiter au Comte de Sponeck fa qua- lité de fils naturel du Ducdc Mont- belliard & de la ComtcfTe de Spo- neck ; on fe fonde fur ce que le Comte de Sponeck ne rapporte point d'Extrait baptiftaire , mais un fim- ple certificat délivré en 1711 par un particulier, qui dit que le 12 Dé- cembre 1 69 7, il avoit baptifé en qualité de Diacre de Freftemberg , un enfant mâle nommé George* Leopold, que fon pere étoit le Duc de WJrtcmberg-Montbelliard & fà mère Anne-Sabine Hedwiger. Mais quelle foi peut-on ajouter à un pa- reil certificat , quand on voit qu'il ne fe trouve aucun veftige de ce fait , dans les Regiftres de baptême de Feftemberg qui font d'ailleurs en bonne forme? De ces moyens par lefquels on attaque le mariage de la Comtcflc de Sponeck , l'Auteur du mani- fclte pafleà laréponfeaux objections A V R I que l'on fait à la Baronne de l'Ef- perance furie mariage qu'elle a con- tracté avec le Duc de Montbel- liard le i f Aouft 1 7 1 8 ; on lui op- pofè que ce mariage eft nul. i°. Parce que la Comtefiè de Sponcck , femme légitime du Duc de Mont- belliard etoit encore vivante. z°. Parce qu'il y avoit entre le Duc de Montbelliard 6c fa nouvelle époufe une affinité qui rendoit le mariage nul , attendu que le Duc de Mont- belliard avoit eu des enfans d'Hen- riette Hedwige, Baronne de l'Ef- perance,fceurde fa nouvelle époufe. La Baronne del'Efperance ayant repondu au premier de ces moyens dans la première propofition , foû- tient dans la féconde propofition que l'empêchement d'affinité qui fè for- me par un mauvais commerce, n'eft que de droit pofitif, 6c quefuivant la doctrine des Proteftans , le Prin- ce de Montbelliard a eu droit de s'en difpenièr lui-même , en épou- fant la fœur de la femme qu'il avoit auparavant entretenue. Pour prouver que l'empêchement du mariage au premier degré , mê- me formé par un mariage légitime, n'eft que de droit pofitif, 6c qu'on peut par confequent en être difpen- fé ; l'Auteur dumanifefte donne un précis des moyens que propoferent les Défenfeufs de Catherine d'Ar- ragon, contre Henry VIII , Roi d'Angleterre. Jacob a eu deux fceurs pour femmes en même tems , par la loi du Deu- teronome on étoit obligé d'épou- fer la veuve de fon frère qui n'avoit point eu d'enfans. Les Empereurs Çonftantins Se Conftans,qui avoient L ij%7: i99 défendu par une loi qui eft inférée dans le code Theodofien, d'epou- fer la fœur d'une première femme , avouent que ces mariages avoient été permis ; la loi des Vifigots , qui défend d'époufèr la veuve de fon frère , ou la feeur de £ \ femme , au- torifè ces mariages , pourvu qu'on en ait obtenu la permiffiondu Roi, Les Conciles d'Elvire, d'Agde , d'Epaone 6c d'Orléans , en les dé- fendant, ont déclaré expreflèment qu'ils ne prétendoient point par cet- te loi donner atteinte à des maria- ges célébrés auparavant. Saint Gré- goire 6c Innocent III ont permis aux Habitans de la Livonie, qui avoient époufé les fceurs de leurs premières femmes , de continuer de vivre maritalement avec elles. Tous les Docteurs Catholiques font d'a- vis que l'Eglife peut difpenfer de cet empêchement. Les Proteftans font auffi persua- dez que cet empêchement n'eft que de droit pofitif, 6c que l'on peut en être valablement difpenfé. C'eft fin- ce principe que Luther 6c Melanc- thon ayant été confultez fur le di- vorce d'Henri VIII 6c de Catheri- ne d'Arragon i furent d'avis que le Roy d'Angleterre n'étoit point en droit de répudier fon époufe. Brcu- ner , Carpfovius 6c un grand nom- bre d'autres Jurifconfultes Luthé- riens , prouvent que ceux de la con- feffion d'Ausbourg ne fè font point éloignez fur ce fujet du fentiment de Luther 6c de Melancthon. L'Auteur du manifefte rapporte enfuite plufieurs exemples de dif- penfes accordées par les Papes non feulement à des Princes, mais en- zoo JOURNAL DE coré à des particuliers, pour c'pou- fèr les veuves de leurs frères , où les fœurs de leur première femme. Par rapport à ceux qui font profeffion de la religion Proteilantc , ce loin 1rs Souverains qui accordent ces fortes dç difpenfes. Le Roy Loiiis XIII en donna une à un Lieute- nant de Robe-courte de la Ville d'Illbudun. En 1699 , Auguftc Duc de Holftein epoufa Sidoine fille du Comte d'Qldembourg- d'Helmenhorit, feeur de Claire la première femme. Albert Cerneft Prince d'Oéttingen , époufa en 1 631 Éberardine de Wurtemberg , feeur de Chriftinc Frederiquc fa première femme. Il cil dit en termes exprès dans le Traité de Paflàu de 1 f 5-2 , confirme par le Traite de Wcft- prniie, que le Souverain exerce la juridiction Ecclefiaftique dans fes Etats, & qu'il n'a point de Supérieur à cet e'gard , d'où Miler Confeillcr d'Etats de la Maifon de Wirtem- berg , Ariftmœus & plufieurs au- tres Juriiconfultes Proteitans con- cluent , que le Prince a le droit de fe difpenfcr lui-même dans le cas où il contracte un mariage dans un degré prohibe' , mais dont on peut obtenir la difpenle. L'effet de la difpenfe que le Duc de Wirtemberg s'eib donnée à lui- même^ été de rendre légitime non- feulcmcnt les enfans nez depuis ce mariage, mais encore de légitimer ceux qui étoient nez de lui 6c de la Baronne de l'Efperance avant leur mariage. Les enfans qui font ainfi légitimez par le mariage fubfequent font capables de fucceder aux Prin- çipautez ? même aux Royaumes , S SÇAVANS, comme ceux qui ibnt nez légitimes^ comme Itterus le prouve pour l'Al- lemagne , dans fon Traité des Fiefs de l'Empire, par les décifions de la Chambre Impériale, 6c par l'auto- rité de plufieurs Junfconlultes,tant d'Allemagne que des autres pavs. Robert III Roy u'Ecofie n'étoit devenu légitime que par le mariage de Robert 1 1 avec Elilabeth Mora qui avoit été fa concubine. Le Duc de Wirtemberg- Stou- gard fondent que quand même on lùppollroit la validité du mariage dont il s'agit, les enfans de la Ba- ronne de l'Efperance ne pourraient fucceder à leur pere, à caufe de l'i- négalité de la condition du Duc de Montbclliard 6c de ibn Epoufe. Maison répond à ce moyen, que de droit commun l'inégalité deç conditions n'empêche point que le mariage ne (bit légitime 6c indillblu- ble, que les femmes de quelque con- dition qu'elles faient , joùilfent des honneurs 6c d;s prérogatives de la, dignité de leur mari , 6c que les en- fans nez de ces mariages fuccedent à leur pere , même pour les Princi-. pautez. Miler, Auteur qui ne peut être fufpect au Duc de Wirtemberg , Itterus, Carpzovius, 6c un grand nombre d'autres Juriiconfultes AI- lemans , décident que cette règle du droit commun cft fuivic pour les Principautez d'Allemagne. Ces Au- teurs rapportent là-deflus des exem- ples de plufieurs Princes Souve- rains de l'Empire qui ont époufé de fimples demoifelles , dont les femmes ont joiii de tous les hon- neurs attachez à la dignité de leurs maris j A V R I maris, & dont les enfans ont fucce- dé aux Etats de leurs pères. On en rapporte plufieurs Arrcts rendus au Confèil Aulique, entre Iclqucls il y en a deux des années 1 7 1 y & 1 7 1 7 ; le premier en faveur d'Elther-Ma- rie de Wifleben , de Jean-Charles, Prince Palatin de Birkenfeld & de fes enfans ; le fécond entre les Prin- ces de Nafîàu-Siegen. La feule exception que les Doc- teurs Allemansayent apportée à cet- te maxime, eu: celle du cas où le mariage a été célébré du côté gau- che, ad morgonat'cam. Car en ce cas les enfans, quoique/Kiez légitimes , ne font point habiles à fucceder à leur père ; mais le Duc de Montbe- liard n'a point époufé la Baronne de PEfperance de ia main gauche ; le mariage a été célébré purement Se Amplement. Mais les pactes ou conventions faites entre les Princes de la Maifon de Wirtemberg annullent ce maria- ge. Il efr. vrai , répond le défenfêur dé la Baronne de î'Efperance , qu'en 161 7 les Princes de la Maifon de Wirtemberg qui étoient au nombre de cinq , convinrent entr'eux qu'ils ne pourraient fe marier fans le con- fentement des uns des autres , princi- palement de leur frère aîné, furtout avec une perfonne qui ne ferait point de leur condition de Prince.Mais cet- te convention qui ne regardoit que les cinq frères de laMailon de Wir- L 1717: 201 temberg , ne doit point s étendre à leur pofterité ; ce n'éro't même qu'un confeil que ces Princes fe don- noient à eux-mêmes, puisqu'ils dé- clarent Amplement dans leur traité, que cette convention cft louable , convenable Se jufte. Ce feroit mê- me une grande queftion de fçavoir, lî ces Princes auraient pu s'impofer à eux-mêmes la loi de ne fe pouvoir marier valablement à une perfonne d'une condition inégale , fans le confentement l'un de l'autre ; car tous les mariages doivent être libres, . $C toute ftipulation contraire à cette liberté eit également contraire aux bonnes mœurs , 6c par conféquent abfolument nulle, A l'égard du Traité de Wildba- de par lequel on a fait promettre au dernier Duc de Montbeliard de ne fè point mariée pendant la vie de la Baronne de I'Efperance, c'eff. une convention des plus contraires aux bonnes mœurs , non-feulement par- ce qu'elle gênoit la liberté naturelle, par rapport au mariage, mais enco- re parce qu'elle tendoit à obliger le Duc de Montbeliard, de continuer à avoir la Baronne de I'Efperance pour concubine , Se à l'exclure du droit qu'il av oit de faire cefler les re- mords de fa confeience en l'époufant. Cemanifefte eft fuivi de plufieurs pièces qui fervent de preuves des differens faits expliquez dans le corps de l'ouvrage. C c AVRIL 1747. *°3 L' I M I T A TI O N DE JESUS -CHRIST MISE EN CANTIQUES SPIRITUELS SUR LES plus beaux airs des meilleurs Auteurs , tant anciens que modernes , note £ four en faciliter le char.t , far M. l'Abbé Pellegrin. A Paris , chez Nicolas Le Clerc , rue de la vieille Bouderie, à Saint Lambert. 1727. Vol. »»-8°. pp. 491. THomas Méfier Bénédictin , a mis en vers Latins l'Imitation de Jefus-Chrift , & le fameux Cor- neille en vers François. Mais per- fonne jufqu'ici ne s'e'toit avifé de la mettre en cantiques, ou plutôt en chanfons , & fur des airs de Vaude- villes. Ce deffein , comme le re- marque l'Approbateur, étoit refer- ve à M. l'Abbé Pelegrin, qui après avoir donné l'Ancien Scie Nouveau Teftament en vers notez , a traduit de-même l'Imitation. Il a cru fans doute que des airs chantez, les uns fur des airs d'Opéra, les autres, fur des Vaudevilles , laillèroient aux ma- ximes Se aux expreffions de l'Imi- tation de Jefus-Chrift toute leur gravité, Se toute leur onction ; c'eft aux Lecteurs à décider s'il y a réuni. Pour ce qui eft de la poè'fie, on en poura juger par cet exemple tiré du quatrième livre, chap. premier. Le Chrétien parle ainjî à J. Chrift, JE mets à peine un peu de temps , Pour mériter votre prefence, A faire l'Arche d'Alliance, Noé même employa cent ans -, Il étoit jufte & moi coupable . Et cependant que nos foins foient divers, Innocent à nos yeux , il fauve l'univers. Helas .' Trifte pécheur, de quoi fuis-jc capa- ble.' Pour renfermer vos faintes loix, On cherche un bois incorruptible, Moyfe en fait l'Arche terrible, Un or pur en couvre le bois; Moy , dans un cœur plein de fouillure J'ofe placer , non les loix , mais l'Auteur Pour vous bien recevoir divin Législateur , Helasi Puis-je jamais avoir l'ame allez pure ? On peut fur cet exemple juger des vers de l'Auteur, lefquels, fé- lon le calcul de M. l'Abbé Richard qui en eft l'Approbateur, tk qui les a comptés exactement, montent a. cinq cens mille. Ce rot JOURNAL DES SÇÀVANS, LETTRE Dl E>OM PIERRE LE R1CIICUX DE NORIAS A UN DE jes Confrères , fur la Ltblhthcque hifierique & critique des Auteurs de lx Congrégation de Saint Matir y conifofee par Dons Philippe le Caf de la Vie- ville , Re'.igieux de la même Congrégation. A Orléans , chés François Rouzcau, Imprimeur du Roy Se de la Ville 1717. brochure»»- 12. DOm Pierre le Richoux de Norias perfuade'que l'ouvrage de Do m le Cerf de la Vieville 1 iu- les Auteurs de la Congrégation de •Saint Maur, ne contente point lès Confrères, a entrepris d'en faire une critique qu'il paroit avoir deflein de donner au public par des Lettres réparées. Voici quelques traits de la première de lès Lettres. Aux pages 19 & 20 Dom le Cerf met M . Toi nard au nombre de ceux qui ont entrepris de re'futer lefifté- me du P. Lamyde l'Oratoire fur la Pâques ■ cependant le P. Lamy n'a Fait que fuivre le fiftéme que M. Toinard avoit propofe' avant lui. Sur l'article de Dom Billouet,le P. le Cerf a oublié de marquer la Patrie de Dom Billouet, èc la date de fa mort. Ce Religieux étoit de Rouen , il eft mort le 2 Mars 1 720 , ce n'eft point lui , mais Dom Fran- çois Merimorten 1723. qui eft Au- teur de l'écrit intitule, dffcujjicn tri- nque & théologique des remarques de M. * * * fur le Dictionnaire de Marin ne l'édition de 17 18. L'éloge funè- bre qu'on lit à la tête du catalogue de la Bibliothèque de M.Prouftcau eft de D. Mopineau ; ce n'eft point par une difpofition teftamentaire , comme le dit D. le Cerf, mais par un aéte entre-vifs que M. Prouf- teau a donné fa Bibliothèque aux Bénédictins d'Orléans. Dom le Cerf donne à M. le Tel - •lier l'Archevêché' de Rouen, au lieu de celui de Reims qu'il pollèdoit, 8c à M. du Sauflày l'Evêché de Tulles au lieu de celui de Toul. Il dit que D.Raymond de la Motte a été aide' par le P.Mabillon dans la com- position de fes actes des Saints ; ce- pendant le P. Mabillon n'avoit que dix ans au tems de la mort de Dom de la Motte arrivée en 1643. Suivant Dom le Cerf, leP.Qua- tremaire de'dia au Cardinal de Ri- chelieu le livre qu'il publia en 1659. fur les privilèges de l'Abbaye de S. Medard de Soiflbns. Le Cardinal de Richelieu étoit mort dès l'année 1642. On peut voiries autres remarques dans la lettre même. On afllire que Dom le Cerf répondra à cette lettre de Dom Pierre le Richoux de Norias. CRITIQUE DE LA CHARLATAXERIE DIVISEE EN PLUSIEURS difeours, en forme, de Panégyriques , faits & prononce^ far elle-même. Pre- mier difeeurs. A Paris, chez la Veuve Mergé, rue S. Jacques, au Coq. 1726. Vol. «M-12, pp. I96. LE ddTeinde l'Auteur dans cette lite a peu de part dans les jugemens critKjue,eft de faire voir que des hommes : que la focicté civile l'opinion décide tout, que la réa- ne le foûtient que par les trompe. * ries. A V K 1 ries de l'imagination , Se que tout ce qui réûfiit dans le monde n'eft prcfque dû qu'aux artifices de la charlatanerie. On employé d'abord pour cela un difeours de cent qua- tre-vin^t-fix pages, lequel fera fui- vi de plufieurs autres, fi l'on en croit l'Auteur. C'eft la Charlatane- rie elle-même qu'il fait parler ici. Elle commence par dire, i°. Que .S'il y a uns Décile parmi les fem- mes , c'en: à elle qu'appartient ce titre : que fi l'on eft furpris qu'elle ait mieux aimé être une Décile qu'un Dieu , on doit confiderer que la langue de la femme étant plus déliée que celle de l'homme, cet in- ftrument fi mobile lui étoit abfolu- ment nécefîàire. 2°. Que fa famille eft auflî anciene que le monde , que le premier homme n'auroit pu faire le grand coup qu'il hazarda, fi elle n'avoit envoyé un de les élevés à la fcmme,pour lui montrer une cholè curieufe dont il falloit goûter pour apprendre à connoïtre la différence qu'il y a entre le bien Se le mal. 30. Qu'elle ne fçait point qui eft ion père ; qu'on pourrait conjectu- rer que c'eft Apollon, parce qu'il étoit fameux Médecin , Se que la Charlatanerie a toujours été inlépa- rablement attachée à la Médecine ; qu'au furplus la chofe importe peu à fçavoir ; mais que pour fa mère , elle s'appelloit rucureufe Ignorance; qu'elle accoucha encore de deux filles, l'une nommée Admiration, Se l'autre Effronterie. Que l'harmonie s'établit li bien dans la famille , que la roere Se les filles alloient Se tra- vailloient toujours enfernble ; que cette union dure encore aujourdui , L «1727. 207 fans que rien foit capable de !a dé- truire. 40. Qu'il y a plufieurs Domcfti- ques dans la maifon de la Charlata- nerie ; que ces Domeftiques font de plufieurs efpeces, tels par exemple que les apparences flatteufes , les er- reurs féduifantes , les préjugez char- mans , les tendres exagérations , les infmuations careflantes , les menfon- ges agréables , les difeours animez Se touchans, Sec. 50. Que la Charlatanerie , par le moyen de tous ces Domeftiques , à qui elle donne fes ordres qui font exécutez ponctuellement , fait du bien à tous les états, à tous les fe- xes, Se à tous les âges : qu'elle don- ne aux Grands tous les dehors ma- jeftueux, qu'elle foûtient le refpect qui leur eft dû , qu'elle les fait pa- rokre bons, fages, Se Héros même s'il le faut ; qu'elle fait prélent aux hyppocrites de cet air vénérable, de cette pieté, de cette religion qui eft gravée fur leur vifage; qu'elle prête fon fecours aux Magiltrats corruptibles Se ignorans , en les fai- fant palier pour des Juges intègres Se habiles : qu'on ne voit aucun Sçavant fameux, à la réputation du- quel elle n'ait beaucoup contribué, aucun riche marchand à qui elle n'ait donné le crédit, par le moyen de quoi il a fait fortune; qu'elle ap- prend aux artiiàns le manège Se le jar- gon artificieux dont ils tirent de fi grands avantages ; qu'il n'eft pas jus- qu'aux gens de la campagne Se au pe- tit peuple, à qui elle n'accorde fes fa- veurs; qu'elle apprend, par exem. pie, aux premiers à décrier l'abon- dance d'une récolte, pour vendre îoS JOURNAL DF. le bled plus chèrement; 6c aux fe- conds à li- défendre de l'oppreffion des Grands Se des riches, en leur infpirant la crainte chimérique d'un foulevement : que les femmes jouit lent encore plus abondamment de fa libéralité, & que pour les favorifer elle aveugle les hommes par les charmes appareils d'une beauté & d'une fidélité qu'elles n'ont pas. Enfin, que ce n'eft guêres que par la Charlatanerie qu'on parvient aux richeiiès, aux honneurs 6c aux plaifirs, trois points principaux qui font le partage de ce difeours. Nous panons les deux premiers pour dire feulement un mot du troi- iîéme. L'Auteur fe propolé d'y mon- trer que les plaifirs n'ont rien de réel , 6c que les imprcflîons qu'ils font fur les fens , ne font que l'effet du pouvoir de l'imagination. 11 em- ployé divers moyens pour le prou- ver, 6c entr autres l'autorité' du P. Malebranche, fur le compte duquel il fait parlerainfi la Charlatanerie : j> Il faut vous citer encore , mon v grand Auteur Malebranche : il >» vous fait voir clairement que les j> corps n'envoyent ni images, ni î> idées qui leur refîèmblent ; par s» confequent il demeure confiant , » felo.i mon Philofbphe , que vos » prétendues images réelles 6c veri- '> tables font de franches chimères. a* Outre cela il nous démontre in- » vinciblemcntqueles effets que les m corps produifènt , ne font pas dans m les corps,mais que ce font des com- 5> poiîtions qui viennent de mabou- » tique j de forte que quand vous di- « tes que le feu elt chaud , la glace « froide, l'eau humide, la terre fe, » che,lepairi làvourcux , le fuerc S SÇAVANg", doux, le vin pétillant Se fpiri- « tueux, 6c qu'une femme eft belle, «« ce font là des chimères de ma fà- « brique , 6c non pas des proprictez t» qui appartiennent à ces choies te corporelles. C'eft au moyen de te mes drogues que votre imagina- « tion trouve la chaleur dans le «« feu, le froid dans la glace, la fa- te veur dans le pain , 6c ainfi du « refte. Pour ce qui regarde l'agréa- <* ble ou le défâgréable , c'eft encore vement de la terre autour de la t» Lune fait élever les eaux en deux 3> parties diamétralement oppofées 3i autour de la terre. Le mouvement a» propre de la terre lurfonaxeaug- 3» mente l'élévation des eaux , 6c la 3» fait fentir deux fois par jour , 6c le a> mouvement de la terre autour du » Soleil , caufe les grands Flux des .. nouvelles 6c pleines Lunes. m Admettant l'hypothefe par la- S SÇAVANS, quelle la terre tourne en vingt- 3 neuf jours autour de la Lune , il en ie doit necefîâirement réfultcr deux Septemb. i f ? i de M. le Maître, Premier Préiident du Parlement de Paris, eft un des meilleurs livres de Ju ri (prudence qui ait paru pendant le feiziéme ficelé; mais il ajoute que la méthode de cet Auteur n'elt point du goût de notre tems, 6c qu'un grand nombre d'Edits 6c de Regle- mens ont fait de fi grands change- mens dans la Jurisprudence, que l'ouvrage de M. le Maître quoique très-mi ic, ne fuffit point pour s'in- ftruire à fond de ce qui concerne les criées. L'Auteur ayant donne' de juftes éloges , au traité des criées 6c décrets, hyporeques ôc nanti lîè- mens de Gouget , dont la féconde édition parut corrigée & augmen- tée en 1619 , remarque que la pre- mière partie de ce livre cft plus cu- rieufe qu'utile; que l'Auteur n'en- tre point aflèz dans le détail de la procédure ; qu'il aurait pu fuivre en plufieurs endroits un ordre plus naturel; qu'il n'a point traité plu- fieurs queitions importantes, 6c que depuis 1619 il cil furvenu des changemens dans notre Jurifpru- dence, qui font qu'on ne peut lire cet Auteur avec profit, à moins qu'on ne foit inftruit de ce qui fe pratique aujourd'hui. M. Brun:au cft le dernier de nos Auteurs qui ait donné un traité ex- près fur cette matière. M. Deheri- S SÇAVANS, court avoue , qu'il y a dans ce livre des chofès très-utiles, 6c qui méri- tent l'attention du Lecteur. Il ajou- te que ces morceaux utiles de l'ou- vrage de M. Bruncau font confon- dus avec une infinité de remarques, d'obièrvations 6c de citations , qui n'ont nul rapport à la matière qu'il traite, ni même a la Jurifpru- dence ; que l'on peut quelquefois fauter jufqu'à trente 6c quarante pages fans rien perdre de ce que l'Auteur dit fur les criées ; que quand il revient à fon fujet , ce n'efi fou- vent que pour quelques lignes , Se qu'il le perd fouvent de vûë, pour paflèr de l'origine des moulins à vent à celle des chapeaux , ou à d'autres matières fcmblablcs, fur lcfquelles il amaffe des citations de plufieurs Auteurs fans critique 6c fans choix. Pour éviter ce défaut, notre Au- teur s'eft ataché à mettre fon ou- vrage dans l'ordre le plus naturel qu'il lui a été pofîiblc , 6c à placer à la tête des chapitres des fommai- rcs qui contiennent le précis de chaque article. 20. a. expliquer la jurisprudence préiinte fuivant les derniers Edits 6c les derniers Re- glemens. 30. A faire connoître les difpofitions fingulieres de plufieurs Coutumes fur ce fujet. 40. A mar- quer non-feulement la juriipruden- ce du Parlement de Paris, mais en- core celle des autres Parlcmens qu'il a tirée des loix qui y ont été enre- gifirées, des Reglemens qu'ils ont frits fur les décrets, 6c des Arrêts qui font rapoités dans diftèrens Arre- tiites. Voici l'ordre qu'il a fuivi dans ce traité. A V R I s> Avant que de penfer à faifir i réellement un immeuble , pour parvenir à le faire vendre par de- > cret, il faut fçavoir quelle loi on >. fuivra pour la faille réelle, & les > criées, &c. pardevant quel Juge » on fera cette procédure; iî le bien » qu'on veut faifir réellement peut > être décrété j fi celui qui elî en » pofleffion de ce bien , en a la li- . bredifpofition, de manière qu'on > puifle faifir réellement fur lui ; fi » l'on a un titre qui donne le droit > de faifir réellement. Ces prélimi- > naires donnent lieu à plufieurs » grandes queftions, que l'Auteur a > tâché d'expliquer dans les pre- > miers chapitres. Dans les fuivans il parle i°. de la faifie réelle, z°. des baux judiciaires > 3°. des criées 6c de la manière de les certifier, 40. des différentes oppofitions que l'on forme aux criées , f°. de la procé- dure faite depuis la certification pour parvenir à l'adjudication des biens faifis , de l'adjudication Se de la re- vente à la folle enchere,quand l'adju- dicataire manque à configner le prix. Après l'adjudication , on fait la diftribution des deniers entre les créanciers , fuivant l'ordre de leurs privilèges ou de leurs hipoteques ; ce qui donne lieu à l'Auteur de traiter en un chapitre qui eft diviié en différentes fections,plufieurs quef- tions de droit fur les privilèges des créanciers , 6c fur les différentes ef- peces d'hypoteque , tant fuivant le droit commun, que fuivant les dif- poiitions particulières des Coutu- mes de faifine , de nantiflèment , 6c de mife de fait. L'Auteur expli- que enfuite les cas dans lcfquels on L 1717. iif peut fe pourvoir contre une adju- dication par décret foit par la vove de l'appel, foit par quelque autre moyen. Il fe propoié enfuite de prouver dans un chapitre féparé , qu'il ferait à fouhaiter, tant pour le foulagement des débiteurs , que pour l'avantage des créanciers , qu'il plût au Roi de faire une nouvelle loi fur les matières des décrets , Se qu'il rendît cette loi générale pour tout le Royaume. Il répond à quel- ques objections qu'on pouroit faire fur cette idée ; il va jufqu'à propo- fer quelques réflexions fur les dif- pofitions principales qu'il croit qu'on pourrait foire entrer dans cette loi ; il ajoute qu'il s'eftimeroit trop heureux, fi ces réflexion:; pouvoient donner lieu à des perfonnes plus éclairées de perfectionner ces pre- mières idées , ou de donner un nou- veau plan plus parfait. Dans le dernier chapitre , l'Au- teur traite des décrets volontaires , 6c de l'abandonnement des biens fait par le débiteur à fes créanciers. Tel eft le plan gênerai de l'ou- vrage ; nous allons voir le précis d'un morceau détaché pour donner une idée de la manière dont l'Au- teur traite les queftions, que l'ordre qu'il s'eft propofé, lui donne lieu de difeuter. Dans le troif éme chapitre qui a pour titre des biens qui peuvent être rendus par décrit, il examine au nombre huit , fi les rentes conftituées peuvent être faifies réellement 6c vendues par décret. Pour difeuter ce point important, l'Auteur diftingue les Coutumes en quatre dalles ; la première des coutumes qui déci- 416 JOURNAL DE dent comme celle de Paris , que les rentes conftituées à prix d'ar- gent font réputées immeubles juf- qu'a ce qu'elles (oient rachetées ; la féconde , des Coutumes où ces ren- tes font réputées meubles , comme celle de Reims ; la troifiéme , des coutumes , où les rentes font tantôt meubles, tantôt immeubles fuivant les différentes circonftanccs ; la qua- trième , des coutumes qui gardent le filence fur la nature des rentes conf- tituées. Comme on ne peut faifir réelle- ment 6c vendre par décret, fuivant le principe gênerai de la jurif- prudence , que les biens immeubles & qui font re'putés tels, notre Au- teur dit que dans les Coutumes de la première claflê les rentes peu- vent être vendues par décret , 6c qu'on ne peut les faifir réellement dans les Coutumes de la féconde claflê. Mais par quelle Coutume une rente doit-elle être régie, eft-cepar celle du lieu où font fitue's les biens qui y font hipotequés ? Eft-ce par celle du domicile du débiteur , ou par celle du domicile du Créan- cier ? L'Auteur répond qu'au Par- lement de Rouen, les rentes conl- tituées fë règlent par le lieu où les biens du débiteur font fitués : On fuivoit autrefois le même ufa^ ge au Parlement de Paris. Cet ufa- ge étoit apparemment fondé fur ce qu'on a crû long-tems qu'il faloit pour conftitucr une rente valable- ment, il falloit que le débiteur eut des fonds fur lefquels la rente fût hypotequée. Mais quand on eût confideré par la fuite qu'on permet- loit aux particuliers qui n'ont au- 5 SCAVAXS, cun bien en fond de conftitucr des rentes fur eux-mêmes, que ces ren- tes n'ont point d'afïkte certaine , 6c que l'hypoteque qui n'eft que l'acccffoire de l'obligation pcrfonclle n'en change point la nature, que ces rentes étant réputées immeubles pour une partie, 6c meubles pour une autre partie, quand le débiteur avoit des fonds iïtuez dans des Cou- tumes qui ont des difpofitions dif- férentes fur la nature des rentes con- ftituées,on s'eft déterminé à n'a- voir plus d'égard à la fituation des biens des débiteurs , pour fixer la nature des rentes conltituées. C'elt ce qui a été jugé au Parlement de Paris par pluiïcurs Arrêts qui font rapportez par M. LoùetêcparBro- deau. Il y a d'autres Arrêts du Par- lement de Paris qui ont jugé cette queftion delà même manière, pour des rentes affectées fur des héritages fituez en Normandie , 6c fur des biens fituez à Gravelines , où les rentes conftituées font meubles. On fixe la nature des rentes par le do- micile des créanciers, plutôt que par celui du débiteur, parce que les droits 6c les actions tels que font ceux de fe faire payer des arrérages d'une rente, étant attachés à la per- fonne du créancier, doivent fuivre fon domicile. Une autre queftion importante que fait naître la Jurifprudence du Parlement de Paris fur ce fujet, effc de fçavoir fi le créancier en chan- geant de domicile peut changer la nature de la rente. Si cette queftion fe décidoit pour les hypoteques 6c les décrets, comme elle fè décidé pour les fuccefllons , le créancier d'une AVRI cfune rente ayant transféré l'on do- micile de la Coutume de Paris dans celle de Reims , la rente conilituée devenue meuble ne pourrait être faifie réellement , car cette rente fe partagerait comme meuble dans la iùccdlîondu créancier. Mais il faut, félon l'Auteur , faire unediftinétion fur ce fujet entre les fuccciîions 6c la vente par décret. Pendant la vie du créancier d'une rente , l'héritier n'a aucun droit fur la rente ; ainfi on ne peut dire que le créancier change de domicile au préjudice d'un droit acquis à fes héritiers : au lieu que l'hypoteque étant une fois acquife fur la rente aux créanciers du propriétaire de cette rente , de même que le droit de la faire faifir réellement, le propriétaire de la ren- te ne peut dépouiller fes créanciers de leur droit par un changement volontaire de domicile. Ce principe eft tiré de la Loi if, Cod. depigno- rib. & hjpotec. 6c il a été fuivi dans l'efpccc dont il s'agit par un Arrêt du Parlement de Paris du 19 Août 1687. Dans les cas où les Coutumes de îa troifiéme claiîè décident que les rentes font meubles i on ne peut les faifir réellement ; mais on peut les vendre par décret dans les autres cas ; on doit faire l'application de ce principe à la Coutume de Luxem- bourg, qui déclare les rentes confti- tuées immeubles , quand elles font échues par fuccefïïon , 6c meubles quand elles ont été acquifes par le créancier. A l'égard des Coutumes qui gar- dent le filence fur ce fujet , l'ufage du Parlement de Paris eft de regar- Aml, L tytf. rij der les rentes constituées comme immeubles , 6c comme des biens qui peuvent être làifis réellement. L'Au- teur croit que cet ufage du Parle- ment de Paris peut s'étendrejufqu'à" dire que les rentes conftituées doi- vent être réputées immeubles dans les Coutumes , où l'on {è pourrait fonder fur quelque argument néga- tif pour les réputer meubles ; il foûtient , par exemple , que dans les Coutumes qui portent que les ren- tes nanties ou enlaifinées font im- meubles, fans dire que celles qui ne font pas nanties font meubles , il faut réputer immeubles 6c fujettes à être faifies réellement les rentes con- ftituées quoiqu'elles ne foient point nanties , parce que les rédacteurs de la Coutume n'ayant point jugé à propos de décider exprelîément la queftion fur ces rentes , hors du cas qu'ils ont prévu , il n'en faut pas moins fuivre dans les autres cas le droit commun, 6c l'ufage gênerai du Parlement de Paris. Pour ce qui eft du Pays de Droit Ecrit,l'Auteur fait voir par plufieurs Arrefts que l'ufage du Parlement de Paris , eft de déclarer les rentes , immeubles , 6c fujettes à la faifie réelle pour les Provinces de fon reflbrt qui font régies par le Droit Romain : il montre enfuite que les autres Parlemcns de Droit Ecrit ont adopté une jurisprudence con- traire; ce qu'il juftifie pour le Par- lement de Touloufe par lia Arrêt de règlement rendu le 5* May 1 706 , 6c pour le Parlement de Bordeaux par le témoignage de l'Auteur des nouvelles notes fur la Peyrere. La raifon de cette différence de jurif- Ee n8 JOURNAL DE prudence, 'vient , comme le remar- que notre Auteur, de ce que la na- ture de cette cipecc de bien n'eft point déterminée par les loix Ro- maines, & que comme les rentes conitituées participent des proprie* tez des meubles Se de celle des im- meubles, il eft difficile de déterminer à laquelle des deux efpeces de biens, elles ont plus derappott. «Au Par- »> lement de Pans on a fait beau- s> coup d'attention , fur ce que les î> rentes conibtuées produilènt un s> revenu fixe, qu'elles font unepar- » tie conlidérable du patrimoine « des familles, Se qu'elles ontquel- » que chofe de plus folide que les » effets mobiliers. Dans le Parle- » ment de Touloulc, & dans ceux » qui iuivent la même jurifpru- 3> denec fur ce fujet, on s'eft dé- « terminé fur ce que les rentes conf- » tituées n'ont point de fituation »> certaine , qu'elles périffent plus »> facilement que les fonds , Se qu'el- » les s'éteignent en rembourfant le a> créancier, qui eft par-là obligé » de recevoir un principal pure- s' ment mobilier , au lieu de la î» rente. Le fécond tome de cet ouvrage fert de preuve au premier. Les Or- donnances & les Reglcmcns que l'Auteur y a recueillis , & qu'il rap- porte tous entiers, font, avec les dif- politions des Coutumes qui regar- dent les décrets des immeubles , le fond fur lequel il a travaillé. Entre ces Ordonnances, il ycnapluficurs qui font répandues en difïerens li- vres, où il pourroit fouvent arri- ver qu'on ne penferoit point à les aller chercher ; d'autres ont été in- S SÇAVANS, (orées dans des recueils particuliers qui font devenus rares ; d'autres en plus grand nombre n'ont été impri- mées qu en feuilles volantes .Comme l'Auteur ne s'étoit pas borné dans Ion Traité a ce qui regardoit la junipru- dence du Parlement de Pans,par rap- port a la matière des décrets ,& qu'il s'eit propofé de donner une idée de ce qui fc pratique dans les autres Parlemcns du Royaume, il y a in- féré ce qu'il a connu d'Edits Se de Reglemens pour toutes les Provin- ces du Royaume, même les Ordon- nances des Princes de la maifon d'Autriche faites pour la Franche- Comté, avant que cette Province fût réunie à la Couronne, & celles des Ducs de Savoye pour les fub- haftations de la Breflê Se des pays de Bugey, Gex Se Valromey. Nous croyons devoir avertir que l'omiiîion de quelques mots à la pre- mière phrafe du derniers Itnea de la page 259. prefente un fens contrai- re aux autoritez citées par l'Auteur, Se à ce qu'il dit lui-même par la fuite. Car cette phrafe telle qu'elle cil dans le livre, fignifie que le Pro- priétaire à hipoteque du jour du bail pafié pardevant Notaire , pour les loyers qui lui font dus enconlê- quenec d'une tacite reconduction ; cependant l'Auteur cire pour prou- ver cette juriiprudcncc , Brodeau fur M. Louet lettre H. nom. 22, Se Bafnage qui difent le contraire, Se des Arrefts qui ont jugé que l'hi- poteque n'a lieu en ce cas que du jour de la tacite réconduction ; Se il fuppofe que cette règle eft fuivie tant au Parlement de Paris , qu'à celui de Rouen. Ce qui nous fait AVRIL 1727. 2,19 préfumer que l'intention de PAu- & les fermages qui lui font dûs en teur a été de dire, fuivant la Jurif- confequence d'une tacite reconduc- prudenec , que l'on donne hypote- tion , du jour de la tacite reconduc- que au Propriétaire pour les loyers tion , 8c non du jour du bail paflé pardevant Notaire. REFUTATION D V LIVRE DES REGLES POUR L'INTELLIGENCE des f aimes Ecritures , &c. A Paris , de l'Imprimerie de Jacques Vincent, rue 8c vis-à-vis fàint Se vérin, à l'Ange. 1717. in-iz pp. 480. IL y a peu de perfonnes qui ne connoiflènt le Livre intitule' : Règles pour l'intelligence des [tîntes Ecri- tures, publié en 1716,6c attribué à M. l'Abbé d'Asfeld. L'Auteur de cette Ri fut «tien fe propole de montrer la fauiîèté des Règles , de défendre le fèns littéral des hiftoi- res & des prophéties de l'Ancien Teftament, 8c d'établir des princi- pes fixes 8c certains contre l'abus du fens figure', 8c l'excès des allégo- ries. Le Livre des Règles fut attaqué en ijiz par un écrit intitulé Moua- acah ou Cet tare de douleur ; mais , félon l'Auteur de cette nouvelle Ré- futation , on trouve dans le M oua- acah trop de prévention pour le fèns littéral, 8c trop d'éloignement pour toute forte d'allégorie 5c de fens my f- tiquej en forte que l'Auteur du Mouaacab en voulant reprimer l'ex- cès de l'Auteur des Règles a donné dans un excès oppofé & très-con- damnable. Pour lui il prétend avoir pris un jufte milieu en preferivant d'expliquer dans un fens littéral ce qui eft purement hiftorique dans l'Ancien Teftament , 8c de donner un fens figuré aux véritables allé- gories, qui ont rapport à J. C. ou à fon Egl^ L'Auteur de cette Réfutation expofe d'abord certains principes qui lui font communs avec l'Au- teur des Règles , 8c qui en eftet font inconteflables ; i° Que toute l'E- criture ne contient pas un fens fi- guré. z°. Qu'il faut commencer par interpréter le fens littéral , avant 'que d'expliquer le fens figuré. 30. Qu'on ne doit jamais donner at- teinte au fens littéral , fous quel- que prétexte que ce foit. 40. Que l'abus des allégories eft très-dange- reux j 8c que la plufpart des Allégo- rifles , en éludant par de vaines in- terprétations les difticultcz du fens littéral , dégradent l'Ecriture. 50. Que toutes les figures qu'on pro- pofe, 8c qui ne font point du nom- bre de celles qu'on lit dans le Nou- veau Teftament , ne font que de fimples vraifèmblances 8c de foi- bles conjectures. Voilà, félon l'Auteur de la Réfu- tation , les principes de l'Auteur des Règles ; principes certains , mais qui forment , félon lui , une réfutation complettedu Livremêmedes Règles, parce qu'il prétend que ce Livre eft plein de maximes & d'obfèrvations abfolumcnt contraires à ces prince pes. Si cela eft vrai,il faut que le Livre des Règles, foit un tiffu groffier de 220 JOURNAL DE contradictions manifcftes , puifquc malgré la iagcflè Se la certitude de ces principes qu'il renferme, on y trouvé les erreurs les plus dange- reufës d'un igurisle outré, qui ren- verfe par tout le vrai fens de l'E- Criture,qui fubftitue mal-à-propos le fens myftique au fens littéral , qui trouve des prédictions Se des figu- res où il n'y en a pas le moindre vertige. Sans entrer ici dans le détail de toutes les obfervations critiques de l'Auteur fur les 12 Règles de M. l'Abbé d'Asfdd qu'il combat mé- thodiquement 6c avec ordre l'une après l'autre ; nous dirons d'abord en gênerai qu'il acufe l'Auteur des Règles de donner dans des écarts prodi- gieux ; de propofer pour règle d'in- telligence des goûts Se des fentimens intérieurs , ( ce qui conduit au fa- raiiftne ) d'abufer de plufieurs en- droits de l'Ecriture pour prouver que J. C. eft prédit ou figuré par- tout ; d'avoir avancé fans preuves , £c contradiétoirement à fes propres lumières , que la foy des Prophètes étoit tibfolument la même que la nôtre , & qu'ils cor.no: ffo eut J. C. fous les mê- mes idées , quoiqu'il ait dit ailleurs : L'efprit de J.C. a annoncé plus obscu- rément & de loin par les Prophètes ce qu'il a mani.efté depuis clairement par tes derni.rs. Il reproche enfin à l'Au- teur des Règles d'avoir écrit avec une élégance aflèctée ; défaut qui ne fera pas vraifemblablement re- proché à fon Cenfeur. Voici maintenant les erreurs que notre Auteur reproche en particu- lier à l'Auteur des Règles. i°. J. C. cil tellement figuré dans S SC A VANS, tout l'Ancien T. que les Prophètes n'ont eu q e lut en vue ( Regl. ch. 2. ) 2°. Il n'olê aflùrer d'aucun endroit de l'ancien T. qu'il n'ait qu'un fens littéral ( ibid. ) 3". J. C. a'eft mon- tré très-clairement en certains en- droits, qu'afin qu'on le cherche dans tous les autres. ( chap. 14. ) 40. Il admet dans un même texte plufieurs fens figurés tout diftèrens. ( ch. 18. ; 50. Il réduit la vraye étude de l'E- criture à la recherche des fens myf- tiques. ( ch. 1 j. ) 6°. 11 fonde la découverte des ftns myftiques fur une lumière particulière du S. Ef- prit. ( ch. 7. Se 15-.) 70. Il donne les figures en preuves. ( ch. 12 6c 16. ) S\ Il ajoute au Texte facré pour multiplier Se ajufter fes rap- ports figuratifs ( ch. 7,9,12,13, 14, 15-. ) 90. Le fens littéral ne contribue en rien au falut , il eft mo'ns vrai Se moins important que le fèns myftique , il eft inutile Se même dangereux. ( ch. 3, 8 Se 10. ) io°, Il fait regarder les Patriarches com- me de malhonnêtes gens, fi on s'en tient à la lettre de l'Ecriture. ( ch. 12. ) ii°. U prétend que toutes les fautes des Saints de l'Ancien T. font autant de figures, Se quelles cefient d'être fautes , par cette propriété d'être figuratives. ( ibtd. ) 120. Il fuppofê les Saints de l'Ancien T. auili inftruits de l'hiftoire de l'E- vangile Se de l'Eglife que nous au- tres Chrétiens. ( ch. 4 Se 13. ) Notre Auteur montre enfuiteen dé- tail que des 12 Règles la f0, la 6e la 9e Se la 12e font fauflès ; que la 2e, la 3e , la 7 , la 8e font au fond la même règle ; que toutes ne font ni claires ni précifes , & auroien* A V R I elles-mêmes befoin de règles ; qu'en- fin tout le Livre eit enflé 6c obiçur. On vit paraître en 1723. le Pa- rallèle de l'Hiftonedu Fetifle d'lfrael& de celé de l'Eglife. C'elt dans cet ou- vrage , félon notre Auteur , qu'eu: renfermé tout le venin du Tigu- rtfme , 6c pour cette raifon il enjoint ici la réfutation à celle du Livre des Règles. Il le compare au Livre de Cocceïus , Ecrivain Proteftant , qui a cru trouver tous les évene- mens de la Religion Prétendue- Re- formée dans le texte des Prophé- ties : De-même l'Auteur du Parallèle applique aux principaux évene- mens de l'Eglife non feulement les prophéties , mais encore les faits de l'Ancien Teftament. Suivant le Pa- rallèle , Abraham figure le Père , Ifaac, le fils, Jacob le Saint Efprit , & les 12 Patriarches, les 12 Apô- tres. Juda figure en particulier S. Pierre ; Benjamin ; S. Paul , Jofeph , S. Jean ; 6c les trois Tribus princi- pales, Juda, Ephraïm 6c Manalfé répondent aux trois Patriarcats de Rome , d'Alexandrie 6c d' Antioche. Les Juifs dans le Défert font la fi- gure des Solitaires de laThébaïde; le changement arrivé au gouverne- ment du Peuple d'Ifiaël , à qui Dieu donne un Roi , figure le change- ment qui eft arrivé dans la difcipli- ne de l'Eglife par l'accroiflèment de lapuifiance des Papes. La captivité de Babylone reprefènte la tranila- tion du S. Siège à Avignon , 6cc. Le Parallèle contient mille autres femblables applications myftiques. Toutes ces interprétations allé- goriques, félon notre Auteur, font contraires à l'Ecriture 2c à la rai- L 1727. 221 fon. Par cette méthode l'Ecriture devient un énigme , un chiffre , le fujet de toutes lbrtcs d'idées bizar- res 6c contradictoires , 6c le jouet de notre imagination. .L'Ecriture fera déformais un livre fermé , même pour les Sçavans qui n'y verront point les allégories des Figuiïflxs } ils perdront leur tems à éclaircir un texte littéral qui ne contribue en rien au faht y félon l'Auteur des Rigles. Les fidèles , qui ignorent les faits de l'hiftoire de l'Eglife, liront donc la Bible fans aucun fruit. Ce fera moins l'étude 6c le bon fens que la force de l'imagination, qui nous fera acqué- rir l'intelligence falutaire de l'Ecri- ture. Les défenfeurs du fiftême figu- ratif ne le borneront pas aux éve- nemens pafîés ; ils prétendront trou- ver dans l'Ecriture l'hiftoire de leur fiécle 6c les faits qui fê paflènt fous leurs yeux : ils perceront juf- que dans le fombre avenir, 6c tout Figuriftc fera prophète. Aufli l'Au- ter du Parallèle dit-il , que la fuite des dtfjeins de Dieu fur fon Iglife en ce qui doit arriver dans la fuite des Jîecles ,ejl feint dans l'Ecriture. Si ce fiftême prévaut , que de Sainte- Croix , de Morins , de Defmarcts , dejurieux va-t'il reflufeiter ! Le Mi- niftre Jurieu n'établiflbit aucune rè- gle pour juger des rapports du tex- te facré avec les faits eccléfiafti- ques i il en appelloit à la feule lu- mière du S. Efprit. Dans le Livre du Parallèle^ dans celui des Règles, il eft dit pareillement que c'ejl la lumière divine qui découvre les rap- ports. Charpi de Sainte - Croix , 8e JOURNAL DE Dcfmarets ont c'té deux cclc- bres Figuriftcs ou vifionnaires du pafle. M. Arnaud réfuta le premier par un écrit qui a pour ti- tre : Ri marques fur 1rs principales cr- reursd'un libre intitulé, l'ancienne nou- veauté de l'Ecriture fainte. Notre Au- teur prétend que les Figuriites mo- dernes fuppriment le plus qu'ils peu- vent cet Ouvrage de M. Arnaud. S S Ç A V A N S , l . In re d< Defînarets a été réfute par M. Nicole, 6c on ne fait point ici difficulté de prbpefer indirectement contre le Parallèle & contre le livre des Règles les mêmes argumens dont le font 1er vis ces deux ce'lc'brcs Ecri- vains pour réfuter, les idées de Sain- te-Croix & de Dcfmarets. Si l'on en croit l'Auteur, les Etgirifles font aujourdui une fecte particulière. MEMOIRES DE TRAKCOIS DE PAULE DE CLERMCST , MARQUIS de Mcnglat , Meftre de Camp du Régiment de Kavarre , Grand - Maître de la Carde -Robe du Roy, & Chevalier de fes Ordres , conteram l'htflcire de la gui ne entre la France & la Mai fou d'Autriche , durant l'admintftratton du Cardinal de Richelieu & du Cardinal Ma^artn , fous les Règnes de Louis XIII & de Louis XIV , depuis la déclaration de la guerre en l£*§$ jufqu'a la paix des Pirenées en 1660. A Amftcrdam 172.5", & fe vend à Paris, chezla veuve Ribou , Quaydcs Auguftins, à l'Image S. Louis, in 12 4 Vol.i T. pp. 431 , 2 T. p. 3x7, 3 T. p. 343, 4 T. pp. 319. ILyatant de mémoires du règne de Louis XIII, & de la minorité deLouis XIV, qu'il eft d'abord diffi- cile de croire qu'il refte quelque cho- fê à apprendre fur cette matiere.L'E- diteur afliire cependant qu'on pour- ra voir par ceux-cy que tout n'a- voit pas encore ete' dit, & qu'il eft e'chape aux Auteurs de ces tems-là beaucoup d'anecdotes curieufês , & de faits intereflàns. La pièce par laquelle commence l'ouvrage , & qui a pour titre : Difcours fi.r l'Etat de la Irance depuis la paix de Vervns juf- qia la dilatation de la guerre, ren- ferme plusieurs traits finguliers. Nous en difons autant du corps du Jivre, où l'on verra fur-tout, un récit des campagnes , meilé de circonftan- çcs que l'Editeur avertit qui ne le lifent point ailleurs. On remarque dans la Préface que l'Auteur, nomme' François dcPaule de Clermont , Marquis de Montglat, étoit de l'ancienne maifon de Cler- mont , originaire d'Anjou , d'où font (orties les branches de Clermont de Galerande , d'Amboiiê , de faint Georges Se de Refnel ; qu il étoit chef de la branche de faint Georges , & fils aîné de Hardouin de Cler- mont, & de Jeanne de Harlai , Da- me de Montglat ; qu'il fut Cheva- lier des Ordres du Roy , Grand- Maître de la Garde-robe, & Maré- chal de Camp ; qu'il e'poula lia- belle Huraut , fille du Comte de Chivernv, & héritière du Chancelier de ce nom ; qu'il eut pour fils , Louis de Clermont, Comte de Chivcrny, Envoyé extraordinaire en Allema- gne , & Ambafîàdcur en Danemark , lequel fe maria avec Madcmoifelle de Saumery, fille de Jacques de Sau- AVRIL mery, Grand- Maître des Eaux 6c Forêts de l'Iilc de France ; qu'en- fin le Marquis de Montglat mou- rut le 7 Avril de l'année 1675*. Comme là vie fut partagée entre la Cour Se l'armée, il a partagé de la même manière les Mémoires ; il y joint au détail de la guerre tout ce qui fe paiioit de plus confidéra- ble à la Cour. Au relie, dans la plupart des évenemens qu'il raconte, il parle comme témoin oculaire , Se à l'égard des autres , il a , diî-cn , fuivi fans doute , les relations qu il jugeoit les plus ridelles. Il avoit , à ce qu'on prétend , la mémoire ii heureufe 6c l'efpnt fi orné , qu'on le nommoit communément à la Cour, Monglat la BMunhcque. L'Editeur de ces Mémoires ne fc découvre point ; il dit qu'il doit iuf- fir au Public de pouvoir s'aflurer qu'ils ne font point f uppofez , & il renvoyé là - deiîus les lecteurs à l'Ouvrage même , pour qu'ils jugent, par le ltyle dont il eft écrit, 6c par l'air de candeur Se de fincenté qui y règne , fi on le peut foupçon- ncr de fuppofition , car on n'a point voulu toucher aux exprefiions de l'Auteur, de-peur, dtt-on, d'alté- rer le caractère de vérité qui s'y fait remarquer. Mais fi la diction n'eft pas tout-à-fait exacte , il ne s'en faut prendre qu'au tems 011 l'Ou- vrage a été écrit : D'ailleurs on af- fiire dans la Préface que l'Auteur n'a jamais eu dcflcin de le taire im- primer, 6c que c'eft une efpecc de larcin que l'on fait aujourdui à cet illuftre mort. Voilà la fburce des négligences qui fc trouvent dans fa narration , mais à cela près, nous 1 7 2. 7. . 11% pourrons afliirer avec l'Editeur, que fa manière de narrer eft nette 6c coulante , precifè 6c natu- relle, c'eft tout ce qu'on doit de- mander dans des mémoires. Comines , Brantôme 6c les au- tres auteurs du tems pafié , plai- fent encore aujourd'hui dans leur langue , 6c pour ainfi dire dans leur habit Gaulois. 11 femblc mê- me qu'on leur ôte une partie de leur grâce , quand on les habille à la moderne ; c'eft ce qui a fait juger avec raifort, qu'il falloit don- ner ces mémoires au Public, com- me ils font fortis des mains de l'Auteur, 6c qu'ils plairaient plus dans leur fimplicité , qu'avec tous les ornemens qu'on aurait pu leur prêter , quoiqu'après tout ils ne ïbient point aura" négligemment écrits pour la diction , qu'on fèm- ble les fuppofer dans la Préface. On ne fera fins doute pas fâché de voir ici un échantillon de ce ftyle : Nous rapporterons pour cela ce que l'Auteur dit du Maréchal d'Ancre- mais nous prendrons d'un peu plus haut, la narration. Le Roy ( Louis XIII. ) fut » déclaré majeur en 1614. Enfuite » de quoi les Etats furent afîîgnés » à Paris, lefquels après avoir dref- » fé leurs cahiers, les préfenterent au » Roy, qui leur promit d'y répon- » dre au premier jour, 6c cepen. u dant les congédia, fans avoir pro. » duit le grand fruit qu'on efpe- » roit de leurs aflèmblées. Bien-tôt « après le voyage du Roi en Guien- » ne fut refolu , qui fut le prétex- » te des féconds troubles , parce » que les Princes reprirent les ar- » r\âf JOURNAL DES SÇAVANS, » mes de nouveau pour L'empêche r , » Se faire que les cahiers des Etats »' fuflènt répondus favorablement. >. Voilà donc tx>ut en armes en 1615-. )> Le Roy mit deux armées fur » pied j l'une commandée par le » DucdeGuife, pour l'accompa- « gner ; 6c l'autre par le Maréchal j> de Boisdaupliin, pour tenir tête »i en Champagne aux Princes qui » fe vantoient d'empêcher l'execu- » tion du mariage; ce qu'ils ne pû- j> rent faire néanmoins , car Sa Ma- 5» jefte arriva heureufementa Boufr >• deaux, 6c Madame Elifabeth fa " fœur fut conduite par le Duc de » Guifè à faintJeandeLuz, oùl'a- » yant remue entre les mains des Ef- 3' pagnols , il reçut dès - lors l'In- 21 fante, Scia mena en fureté à Bour- i> deaux , où le Roy l'e'poul.i, & ■-> bien-tôt après reprit le chemin de *> Paris. Durant ce retour , on fit ;> tant de négociations avec les Prin- -<> ces , qu'enfin le Traité de Lou- s> dun fut conclu, par lequel ils re- » vinrent tous à la Cour , & le remi- » rent dans leur devoir. Mais ce ne as fut pas finis avoir chacun leur »> compte , bc le tout aux dépens du » Roi. Quand Sa Majefté fut arrivée' »• à Tours au commencement de l-'an- « née 1616. il y eut grand change- >» ment dans le Confcil ; caries trois >• anciens Miniftres qu'on appelloit 5» les Barbons ; le Chancelier de Sil- '• leri,Villeroy , 6c le Préfident Jean- 5» nin furent difgraciez,Sc Puifieux", » Secrétaire d'Etat ; les Sceaux fu- 5> rent donnés à Duvair, Premier :> Prélideut de Provence, lesFinan- ?> ces à Barhin , fous le titre de Con- ;j troleur General , Se la Charge de Puifieux .\ Mangot. Cesdeux *» derniers e'toient créatures du Ma- » rêchal d'Ancre & de fà femme, » qui e'toient auteurs de tous ces « changemens , de la fortune dei- >• quels il faut traiter particulière- « ment. » L'Auteur entre ici dans un grand détail lur ce qui concerne le Maré- chal 6c la Maréchale d'Ancre ; & voici comme il s'explique furcefu- La Maréchale d'Ancre e'toit une» pauvre fille de Florence nommée» Lcoiwr.t Calfig.it t dont la mère étoit » blanchiilèulê de laPrinccfiè de Flo- » renée, qui amena fa fille avec elle» en France, qu'elle prit en amitié ,»» 6c la maria avec Concini , Gentil- » homme Florentin, qui étoit auflî » venu avec elle d'Italie. Or durant » la vie du feu Roy ( Henry IV ) » la Reine avoit eu peu d'autorité ; » ainfi ceux qui la gouvernoient , » n'avoient pas grand crédit : Mais » comme ces deux perfonnes avoient M de l'eiprit , elles s'infinuerent fi « bien dans Ion efprit , qu'elle fit » Lconora fa Dame d'atour : hon- » ncur au-dcfiùs d'une perfonnede » fa naiiîàncc. Ellefe maintint toû- " jours dans les bonnes grâces de >» fa Maîtrell'e durant la vie du Roy; » mais après fa mort, elle la gou- » verna entièrement , 6c par même » moyen , fon mary , qui fut le mai- » tre de l'Etat, fins entrer auCon- " fèîljcaril ne fut jamais Miniitre, » mais il tenoit le loir le fien particu- » lier avec la Reine, où on de'ci- » doit de tout ce qui avoit étepro- » poie dans l'autre , à l'infçû des Mi- » mitres, 6c ainl] il étoit plus puif- » fant A V R i faut qu'eux. Sa faveur augmen- , tant, il voulut prendre un nom i plus relevé que celui de Conci- , ni , & pour cette ration il acheta i le Marquifat d'Ancre de la mai- ; fon d'Humiercs, pour en porter i le titre ; & depuis il fut fait Ma- réchal de France. Il pouflà fon i audace fi avant , qu'il ofa prcten- dreMademoif elle de Soillbns pou r i fon fils , 6c le Comte de Soillbns fon père, confentoit de lui donner , < à condition qu'il fit époufcr au Duc d'Enguien fon fils , Made- moifelle de Montpenfier , la plus grande héritière de ce tcms , def- tinée pour Monfieur , frère du Roy ; 6c la chofe eût pu réufîir fans la mort du Comte de Soif- fons : aufïî fon infolence devint odieufe à tous les Grands, cequi eau là les troubles de ces tems- là. Or durant le règne du feu Roy , la Cour étoit fouvent à Fontainebleau , à quatre lieues de Melun , dont Barbin étoit Pro- cureur du Roy, lequel ne pou- vant avoir accès chez les Mini fi- tres , s'attachoit à la Reine par le moyen de Leonora qu'il tâchoit de gagner par mille petits foins, tantôt lui portant des fruits de fon jardin , 6c quelquefois lui don- nant la collation dans une petite maifon qu'il a voit près de Melun ; en forte qu'il fe rendit fort libre avec elle, étant réputé pour fon domeftique j & comme il e'toit habile, il ne perdit pas le tems de s'avancer après la mort du Roy , 6c de profiter de la faveur de la Maréchale d'Ancre , près de laquelle il pouvoit tout. Il 4 ml. I L 1727.' 22jT réuflït li bien dans fon deflèin, que dans le changement duCon- feil qui arriva à Tours au com- mencement de 16" 10 ; il trouva fa place, 6c fut le maître abiblu des Finances fous le nom de Con- trôleur Général. Or étant à Me- lun petit compagnon , il avoit un ami intime, chez lequel illo- geoit quand il alloit à Pans , nom- mé Bouthilier, Avocat au Par- lement , qui avoit été Clerc de l'A- vocat Laportc, alors décédé. Ce Laporte étoit en fon tems un des plus célèbres Avocats de Paris , le- quel fervoitrOrdredeMalthe avec tant d'utilité, que leGrar.d-Maitre 6c leConfèil reçurent fon 2e fils Chevalier de grâce, qui depuis fut Grand-Prieur de France. Il fer- voit aufîl un Gentilhomme de Poitou , nommé Richelieu , dont le père avoit mangé tout fon bien, 6c avoit laifl'é fa maifon fort in- commodée. Et comme il étoit fon voifin, il prit affection pour lui, 6c ayant gagne beaucoup de bien dans fon métier, il lui donna là fille en mariage , avec une gran- de fomme d'argent dont il paya lès dettes , 6c parvint à la Charge de Grand - Prévôt de France , &c àladignité de Chevalier du faint Efprit. Durant ce tems, l'Avo- cat Laporte mourut, 6c laillâ fa Pratique à fon Clerc Bouthilier, qui avoit été receu Avocat avant là mort, 6c lui recommanda les petits enfans de Richelieu , qui n'avaient plus ni père ni mère. Il ne manqua pas à la parole qu'il lui en donna ; car il eut foin d'eux , comme s'ils cuiîènt été fis pro- Ff 2i6 JOURNAL DE 3> près enfans, £c les ayant fait étu- « dicr,lc fécond nommé Alphonfe, » dcltinc'à l'Eglifc, obtint par refr- » gnation,l'Evéchéde Luçon, qu'il *> ne garda guéres , pour fc rendre » Chartreux , Se le laiilà à fon ca- » det Armand qui étoit trop jeune >< pour le poflèder. Cette raifonl'o- » bligea d'aller à Rome pour avoir « difpenfe d'âge, où il fuppofa « un faux Baptiitaire, pour paroî- » tre plus âgé qu'il n'e'toit, Se par » ce moyen obtint lès Bulles. Mais » cette rufe fut découverte, & le « Pape Paul V. en fut informé, qui >» en parut fort en colère , 8c l'E- » vêque de Luçon fut contraint " d'avoir recours à l'Ambafîadcur » de France Alincourt,qui appaiiâ * le couroux de Sa Sainteté, & le » mena lui demander pardon. Le » Pape lui fit une légère répriman- » de, puis appella l'Ambaïlàdcur , >< 6c lui dit que ce jeune homme * feroit un jour un grand fourbe. „ Etant de retour en France , il „ étoit fouvent chez l'Avocat Bou- „ thilier, où il fit habitude avec 3, Barbin, qui goûta fon efprit, 8c „ le trouva fi excellent , qu'il le „ fit connoître à Leonora, laquelle „ étant depuis parvenue àunegran- j, de fortune , fe fervit de lui daiis „ de petites négociations , dont il ,, s'acquitta fi bien , qu'elle le fit „ connoître à la Reine , & la perfua- „ da tellement de fon grand mérite „ & capacité , que quelque tems „ après le changement du Confeil ; „ leGardedes Sceaux Duvair ayant „ déplu au Maréchal d'Ancre, Man- j got eut les Sceaux, 8c l'Evêque „ de Luçon fut fài: Secrétaire d'E- S SCAVANS, tat en fa place ; & dans la fonc- '9 non de cette Charge, il fe mit „ fi bien dans l'cfprit de la Reine, ,► que la confiance qu'elle eut de- ,r puis en lui , commença dès ce „ tems-là, laquelle caufera de gran- >► des révolutions dans la fuite. » L'Hiltorien revient ici au Ma- réchal d'Ancre, 8c raconte en dé- tail tout fon défaftre. » De Tours, dt -il , la Cour revint à Paris, >* où l'exceflive autorité du Mare- »► chai d'Ancre , mécontenta tout le » monde , 8c principalement les » Princes , qui le voyant méprifés >» 8c làns crédit, commencèrent à ** tenir des confeils enfcmble pour >k chercher un remède à ce mal. >• Mais il s'apperçut bien-tôt de ces >» menées , tellement qu'il crut que " le meilleur avis qu'il pourroit »» prendre pour fa fureté, étoit de »♦ s'aflùrer du chef de tous, qui étoit >» le Prince de Condé. Ceft pour- « quoi par fon confeil, il fut arrêté >• dans le Louvre par le Marquis » de Themines, qui pour ce 1er- » vice fut fait Maréchal de France. »» Si-tôt que cette nouvelle fût » fçûë, tous les Princes fe fauve- »» rent, 8c fe retirèrent en leurs gou- » vernemens , où ils prirent les ar- « mes, difant qu'on avoit violé la »» loi publique 8c le Traité de Lou- » dun , en arrêtant le Prince , 8c * qu'on eût fait la même choie » d'eux, s'ils n'y cullènt pris gar- » de. Tous leurs manifcltcs ne par- " loient que contre le Maréchal - d'Ancre qu'ils aceufoient d'être M caufe de tous les malheurs du u Royaume. Mais il' ne s'endor » moit pas d,e fon côté ; car voyant •' A V R I j) tous les Princes contre lui , il fit u fortir de la Baftille le Comte » d'Auvergne qui y étoit Prifon- a nier depuis treize ans , 8c pour le a» lier à fes intérêts , il lui donna le 3» commandement de l'armée du j» Roy, avec laquelle il mitleSie- 3» ge devant Soiiîbns, où le Duc de » Mayenne étoit enferme. Mais il ai arriva un changement à la Cour }> qui finit bien-tôt cette guerre. L'Auteur rapporte au long tou- tes les circonftances de ce change- ment , 8c voici félon lui , comme la choie le paflà. « Le Roy depuis fon avènement 3< à la couronne, avoit été tenu fort » bas par la Reine là mère, & le 3' Maréchal d'Ancre & là femme » vivoient fi peu rcfpcétuculcment 3' avec lui , qu'il en étoit chagrin » tout jeune qu'il étoit ; même dc- j» puis fa Majorité ils ne firent pas „ plus de cas de lui qu'auparavant, „ parce qu'il laiflà tout le foin des „ affaires entre les mains de la Reine „ 8c de fes Miniftres , fans longer „ à autre choie qu'à fe divertir avec „ une compagnie de petits Suiffes „ qu'il avoit levée, à un Fort qu'il „ avoit fait faire dans les Thuilerics , „ 8c à voler de petits oiléaux avec des „ Pies-Gricfchcs. Dans tous ces di- „ vcrtiilcmens , Luincs & lès deux „ frères Cadenet 8c Brantes , étoient „ ceux qui s'y intriguaient le pitre. „ Ils étoient Gentilshommes Pro- ,, vençaux ,6c Luincs avoit e'té au „ Comte duLude. „ Comme le Roy avoit été aban- „ donné de tout le monde , il leur „ étoit fort aife' de fc fourrer dans w ics petits plailirs, 8c d'acquérir en L 172 7. 127 peu de tems de la familiarité avec „ lui. On étoit ravi de le voir s'a- „ mufer à ces bagatelles , Se on le „ traitoit comme un entant , 6c quel- „ quefois trop. Car il ne le trou- „ voit pas toujours bon , comme il „ le témoigna un jour à la Mare- „ chale, quand jouant à de petits „ jeux au-defîus de fa chambre, elle „ lui manda qu'elle avoit la migrai- „ ne, 6c qu'il faifoit trop de bruit : „ car il répondit que fi fa chambre „ e'toit expofee au bruit, Paris étoit „ bien grand pour en trouver une „ autre. „ Une autre fois étant dans la „ chambre de la Reine fa mère , „ qui aimoit fort les chiens , il mar- „ cha fur le pied d'un qui luimor- „ dit la jambe jufqu'au fang ; 6c au „ lieu de lui faire exeufe , elle le „ gourmanda extrêmement. Il for- ,, tit en colère, dilant qu'elle aimoit „ mieux un chien que lui. Toutes „ ces choies l'aigriiîbient coiiLie „ la Reine , 6c contre ceux qui la „ gouvernoient, tellement que pour ,, adoucir fon efprit , on refolut de „ lui faire quelque petite grâce ; ce „ fut qu'à fa prière, quand le Prin- „ ce de Condé fut arrête', Luines „ eut le Château d'Amboife. Mais „ enluite voyant que ce favori , ., empiêtoit trop fur l'cfprit du ;, Roy , le Maréchal d'Ancre en „ prit jaloufie ; 6c pour rompre le „ grand attachement que fa Ma- ., jeflé avoit pour lui , il perfuada „ à la Reine de l'éloigner. Le Roy „ témoigna être fort affligé de cette ., nouvelle , 6c Luines (è voyant :, pei'du,crut qu'il n'y avoit point de s meilleur moyen pour fe fauver , „ Ffij ai8 JOURNAL DE „ que de prévenir ce coup par un „ autre. C'efr. pourquoi il dit au „ Roy qu'il ne fè devoit point af- „ fliger pour cela, parce que le re- „ mede étoit en fa main, puifqu'il „ étoit le maître , Se le feroit „ toujours quand il voudroit , Se „ lui fit fi bien connoitre que fon „ autorité ne le pou voit établir que „ par la perte du Maréchal , que le „ Roy dit tout bas à Vitry, Capi- ,, taine des Gardes , de parler à „ Luincs,8c de faire ce qu'il lui „ diroit de fa part. Il fut fort aife 3, du commandement qu'il reçût , „ parce qu'il n'airnoît pas le Ma- „ réchal. L'Auteur des Mémoires touche ici cet endroit d'une manière qui juftifie absolument le Roy fur la mort du Maréchal dAncre. „ Quoique l'intention du Roy , „ dit-il, fût de faire arrêter le Ma- „ réchal , la peur qu'ils eurent ( Lui- „ nés Se Vitri > que les larmes „ d'une mère n'attend ri fl'ent un fils , „ Se que tout le faix de cette af- „ faire ne tombât fur eux, fit qu'ils „ refolurent entr'eirx de s'en dé- „ faire; fi bien que Vitry l'ayant ren- „ contré fur le Pont du Louvre , „ qui entrait avec beaucoup defui- „ te , le tira par le manteau , Se lui J5 dit qu'il avoit ordre du Roy de „ le faifir de fa perfonne. Sur quoi „ le Maréchal étonné recula un pas, „ Se en même terns il tomba mort „ de deux coups de piftolet tirez „ par commandement de Vitri , di- „ lânt qu'il s'étoit mis en défenfè. Notre Auteur remarque ici qu'auffi-tôt après cette mort , les Gardes de la Reine Mère furent mis S SCAVANS, hors du Louvre ; que le Pont qui étoit entre fon appartement Se fon jar- din fut rompu , elle dormant ; puis il raconte en la manière fuivante ce qui fe pafîà à ce fujet. A fon réveil , la Reine fut „' fut fort furprife de voir fes fem- „ mes pleurer, lcfqucllcs lui ap- „ prirent ce qui s'étoit parte , Se „ qu'elle étoit arrêtée. Le Roy fut „ 3 jours fans la voir^puis il lui man- „ da qu'il déiîroit qu'elle fe retirât à „ Blois,Se qu'il lui vouloit dire adieu, „ à condition qu'elle ne lui parlât „ en aucune forte des chofes paf- „ fées : ce qu'elle promit. Le Roi „ étant defeendu dans fa chambre , „ lui pai'la fort froidement, Se la ,, Reine ne put s'empêcher de lui „ dire en pleurant, que fi elle eût „ fçû que le Maréchal lui eût dé- „ plu , elle l'eût renvoyé en Italie. „ Elle lui recommanda en même „ temps Barbin ; mais le Roy fans „ lui répondre, la baifa Sefortit;& „ la Reine partit auffi-tôt pour s'en „ aller à B-lois. „ Tout ce changement arriva au „ mois d Avril 1617, Se tout le „ Confeil du Roy fut rétabli com- „ me il étoit auparavant.Le Chance- „ lier de SiJleri fut rappelle pour en „ être chef, Se les Sceaux furent „ rendus à Duvair. Villeroy Se Pui- „ fieux rentrèrent dans leurs Char- „ ges de Secrétaires d'Etat ; Se le „ Préfident Jeannin revint fans „ avoir les Finances, qui furent „ données à Schombeit. Barbin fut „ mis a laBaftillc, Mangot exilé, „ Se l'Evêque de Luçon relégué „. à Avignon. „ Cependant la nouvelle de la „ a y r i r^ mort du Maréchal arriva à Soif- „ fons, où fans pourparler,ni né- „ gociation quelconque , les portes „ de la Ville furent ouvertes , les „ deux camps fe mêlèrent , criant : }i Vive le Roy , Se les Princes, fans „ Traité, prirent la Pofte, Se vin- „ rent trouver Sa Majefté, qui ne „ les voulut pas voir , par les con- „ feils du Chancelier Se de Vile- „ roy,jufqu'à ce que leur aboli- „ tion fût pallee ; ce qui fut fait „ fans difficulté'. Notre Auteur après ce récit, vient à la Maréchale dAncre. Elle fut arrêtée , dtt-il , Se mifë entre les mains du Parlement qui la condam- na à perdre la tête pour crime de magie , n'en trouvant point d'autre, ce qui fut exécute au grand étonne- ment de tout le monde qui trou voit cet Arrêt indigne d'une fi augufte Compagnie. La haine du Peuple fut fi grande contre le Maréchal , que 2 jours après fa mort il le déterra , Se le mit en pièces, Se traîna fes mem- bres dans les rues par toute la Ville, & puis les jetta à Monfaucon. Tout le monde fe réjoùiflbit dans Pefperance que le Roy gouverne- rait fon Etat par lui-même ; mais cette joye fut courte, à ce que re- L i 7 1 f. ' . 129 marque notre Auteur, parce que le Roy fe de'chargea de tous les foins du Royaume fur Luines, duquel la puiflànce vint à un tel point de grandeur, qu'en quatre ans Se demi, que fa faveur dura , il fut lui Se „ fês deux frères Chevaliers du S. „ Efprit, Ducs Se Pairs, Cadenet „ Maréchal , Se lui Connétable de „ France ; aufïî le m urmure de tous „ les Grands, commença bien- tôt ,, à éclater contre lu y, difant qu'on „ n'étoit pas mieux quefousle Ma- „ réchal d'Ancre, Se qu' i ho fis les jlus remarquables , arrivées en Europe, & dans les autres parties du monde depuis les négociations pour la paix de Miinf.er > jufqu'a la paix de Brida. Tome 2. contenant les cbo'es les plus remarquables arrivées en Europe , & dans les autres parties du monde depuis la paix d' Aix-la-Chapelle , jufqu'a Celle de Ni:i:egue ; Par M. Balivage. A la Haye, chés Charles Levier 1716, '«- ftho, 1 Volume pp. S28. i Vol. pp. 0)8. APre's avoir rendu comptedu delîèin de l'Auteur, & du feul morceau de ce grand ouvrage qui fut fiufeeptible d'un Extrait lluvi, il ne nous reite qu'à rapporter quel- ques traits de ces Annales, car il ne feroit pas poffiblc de donner un abré- gé de ce qu'elles contiennent. Sous l'armée 1668, M. Bafnage parle de Jean de Labadie, Se de la lècte des Labadiftes. Il donne une hiitoire abrégée du chef de cette kece , qui étant forri de chés les Je- filites, fut Chanoine d'Amiens; qui fc retira enfui te à Port-Royal ; d'où il parla dans le Diocefede Bazas, & puis dans celui de Touloufe, où il fut directeur de Rcligkuiès, auf- quelles il apprenoit à imiter Eve £c Adam dans l'état d'innocence ; qui prit l'habit de Carme dans l'hermitage de la Graville ; qui fe voyant pourfuivi par lEveque de Bazas, le fit Protcltant, devint Mi- nillre de Montauban; doù il pafîâ à Orange, enfuite à Genève , puis à Middelbourg;&qui fur la fin de fes jours, fut obligé de chercher dif- férentes retraites en Hollande. Voi- ci à quoi M. Bafnage réduit les fien- timens qui étoient particuliers à Labadie. i°. Il croyoit que Dieu pou voit 6c vouloit tromper les hommes , 5c qu'il les trompoit effectivement quelquefois. 2°. Qu'en hlànt l'E- criture-Sainte, il falloit être moins attentif à l'explication des mots ôc du texte , qu'a ce qu'il appeiloit l'inf- piration intérieure du Saint Efprit. 30. Qu'on aurait dû diflerer le ba- tême, jufqu'a ce que les enfuis fut fent dans un âge avancé. 40. Que les mechans entraient comme ks bons dans l'ancienne alliance , pour- vu qu'ils defeendiflènt d'Abraham ; mais que la nouvelle alliance n'ad- mettoit que des hommes spirituels, ex qu'elle ks mettoit dans une par- faite liberté. 50. Il difoit que l'ob- fervation du Dimanche étoit une choie indifférente, ôc que Dieu n "a- voit pas préféré un jour à l'autre. 6°. Que Jefus-Chriii: viendrait ré- gner mil ans fur la terre, 6c qu'il y convertirait ks Juifs, les Gentils Se les mauvais Chrétiens. j°. Que l'Eu- chariilien'ctoitque la commémora- tion de la mort dej. C.cv qu'encore que les figues nefujfent rien < n eux -mê- mes, on ne laùToit pas d'y recevoir fpiritucllcmcnt J. C. lorfqu'on y partieipoit , comme l'on doit. 8°. Que la vie contemplative étoit un état de grâce , & d'union divine' pendant cette vie, le comble de !u AVRIL 1747. agi perfection , & le fommet de la mon- l'Evêque de Bazas eut beaucoup de tagne chrétienne, fi élevé qu'il tou- che les nues , & atteint de près le Ciel. o°. Que l'homme dont le cœur eft parfaitement content 8c calme, joint à demi de Dieu , s'entretient fàmiliairement avec lui, 8c voit en lui toute choie. 1 o°. Que l'on parve- noit à cet état par l'entière abnégation de foi-mêmc,la mortification des fens Se de leurs objets, & par l'exercice de l'oraifon mentale. Labadie préten- doitque quand on e'toit parvenu à l'E- tat de ipiritualité qu'il imaginoit , on nedevoit point s'inquiéter de l'exté- rieur, fur-tout des mouvemens du corps, pourvu qu'on tournât dès le matin fa première penfée du côte' de Dieu , parce que là où eft l'efprit de Dieu t difoit-il , là eft la liberté'. M. Bainage ne décide point la queftion qu'il fe fait ; fi de Laba- die étoit un fanatique de bonne foi , ou fi c'étoit un impofteur, qui fous le prétexte de la dévotion miftique, fatisfaifoit le penchant qu'il avoit à l'impureté ; mais il fait voir par la fuite de l'hiftoire, qu'il fe fervoit de ces maximes pernicieufès pour s'autorifer à prendre des libertez criminelles avec les femmes qu'il dirigeoit. Il dit que le fut de Mademoifelle de Calonges que M. Bayle ne veut point garantir , & dont M. Bernard a douté , eft très-ve- «table ; il affure qu'il le tient de la bouche même de Mademoifelle de Calonges. Il n'eut point de Sectateurs, tant qu'il fut chez les Jefuites , 8c à Port- Royal , mais il s'en fit chés les Re- ligicufes qu'il fut chargé de diriger dans le Diocefe de Touloufe ; 8c peine a défabufer des Carmes de Graville qui en étoient infatués. Il eutauffi plufieurs dévotes étant Pro- teftant, tant à Montauban qu'à Oran- ge 8c à Genève. Mais ce ne fut pro- prement qu'en Hollande qu'il for- ma une lèéte. Mademoifelle de Schurman fi fameufe par fon fça- voir, fe mit fous fà direction, ^Sc elle entraîna dans le même parti la Princefîè Palatine Elifàbeth, qui le déclara la protectrice des Difciples de Labadie. Il voulut enfuite s'unir avec Antoinette Bourignon ■ èc avec M. de Coït l'un des afîbciés de cette Demoilclle qui avoit entrepris dedef- fecherunc Ille duHolftein appellée le Noordftrant j'il avoit acquis par ce moyen la direction de l'Ifle, les dixmes des fonds èc de grandes ter- res, dans lefquelles il vouloir don- ner une retraite, dit M. Bafnage , aux Janfeniftes 8c aux Bourig- noniftes. De Labadie aurait été bien aife de fe retirer dans cette Ille, mais Antoinette s'étant brouillée avec M. de Coït , de Labadie demeura en Hollande. Il y fat dépofé parle fy- node de Dordrecht , après lequel il continua fes fonctions de Miniftre à Middelbourg. Mais les Bourgue- maiftres l'obligèrent de fortir de la Ville, 8c de leur Jurifdiftion. Il fe retira à Terueer, d'où il futchafle par le Prince d'Orange qui en étoic Seigneur. Il forma un petit établif- fement entre Utrecht 8c Amfter- dam ; il y fit imprimer plufieurs de fes ouvrages. De -là il paflàà Er- furt, enfuite à Altena où il rendit l'efprit entre les mains de Made- moifelle de Schurman. 2->t JOURNAL DE Pierre Ivon , fucceilèur de La- badie dans le miniftere, & après lui chef de fàSeété, iè retira à \Vi- wcit qui efi une terre de la. Frifè échôë en partage aux Demoiièllcs de Sommelldic ; une de ces Dc- moifclles époufa clandelbinement M. Ivon. Depuis la mort de ce Chef, la focieté eft tombée en décadence , & les deux Directeurs qui la gou- v ornent, crovent qu'il n'y a point de vocation légitime, depuis la mort de Labadie fie d'Ivon. Ce qui relie de Labaddles, vivent enlèmble en focieté à Wïwert , fie ils appellent l'Eglifequ'ils ontforméeen ce lieu , l'Eglife de J. C. retirée du monde. Le Maiîàcrc horrible des deux frères , Jean fie Corneille de W ît eft décrit avec toutes les circonitan- ces fous l'année 1672. Pour ne point palier nos bornes ordinaires , nous renvoirons au livre même ceux qui font curieux de ce détail, fie nous nous contenterons de rappor- ter ici le portrait que M. jBainage fait de ces deux frères. » M. Jean de Wit, quoique né s» d'une complexion fi foible , qu'il tè ne donnoit aucune efperance de ». vie, n'avoit point laiflé deparve- »»' nir à une ftature au-deflus de la i> commune. Il avoit grand foin de j» fà fanté , fie peu de fa vie. Le foin »< de fa fanté le rendoit fobre , fie le j» mépris qu'il avoit pour la vie , ii lui donnoit de la hardielîè fie de »> la fermeté. Il aima les MathémaT m tiques 6e les autres feiences qu'il ?» cultiva depuis f es tendres années, 5» jufqu'à la mort. Il avoit un air >i grave qui lui auroit attiré le ref- ., pect, quand fon mérite fie la repu* S SC A V AXS, tation n'auroient point infpiré ce ,, fentiment a ceux qui l'abordoient ; ,, infatigable au travail, Je jour ne „ fi niilbit jamais pour lui que lorf- „ que toutes fis aftàires étoient fi- „ nies. Sa pénétration étoit proton- ,, de, fis idées nobles, fie il les tour- „ noit à la grandeur, fie à rafler- ,, milîèment de la République. ,, Ferme dans les réfolutions , il étoit „ difficile de les ébranler , lorf- M qu'il les avoit prifès, Se fà fer- ,, meté eut beaucoup de paît à fon „ malheur. Elevé par ion dé- ,, finterelfement au - de f fus des fa- u veurs des plus grands Rois, il les ,, méprilà toujours fie négligea fa „ propre fortune Son habit étoit „ fîmple fie modelte , fi table n'é- „ toit fervie que pour là famille , fie ,, pour un ami. Toute fa fuite , à la „ referve de quelques Commis en- „ tretenus aux dépens du Public , ,, étoit compofée d'un feul Valet , „ qui faifoit tout le fêrvice ordi- „ naire de la Maifon. ... Il étoit „ familier avec fes amis, mangeoit „ avec eux , fie aimoit les plaifirs „ innocens. Il ne put s'imaginer „ qu'un Prince qui n'avoit rien fait „ de grand , pût fàpper les fonde- ,, mens d'un gouvernement qu'il ,, avoit formé avec tant de foin fie ,, avec tant de peines. Au contrai- „ re il crut que l'oppofition que le ,, parti Républicain feroit à l'ele- „ vation de S. A. Prince d'Orange, .* feroit toujours allez forte pour „ l 'empêcher de parvenir au Stad- „ houderat. Iln'aimoit ni les Soldats, „ ni les Officiers, parce qu'ils étoient ,, entièrement attachés au Prince , ,, qu'ils regardoient comme leur „ chef. A V R I 7 chef. N'ayant qu'une idée f'uper- ficiclle de la guerre, il s'imagi- 3, noit qu'une armée pouvoir, fè faire en un jour, & qu'il fufilfoit de ,. commander dans une place pour 5, la bien défendre, 6c ce fut là une s) des grandes fources de fon mal- n heur. Il négligea trop les mur- „ mures du Peuple, & les Sermons des Prédicateurs féditieux qui animoient la multitude. Enfin àJ il nefçavoit ce que c'étoit que de M céder au temps ; 6c trop ferme 3J dans fes réiblutions, il exigeoit „ de fès amis qu'ils les approu- M vaflènt , & les forçoit de le faire , „ s'ils vouloient coniêrverfbnami- Voici le portrait que M. Bafnagc fait de Corneille deWith, frère aîné du précèdent. ,, Le Ruart avoit été „ Bourgue-maiftre à Dordrecht,6c „ deux fois Plénipotentiaire de leurs „ Hautes -Puifîànces fur la flotte; M ilécoit d'un temperammentdurSc ., auftere,6ctraitoitavechauteurceux 5, qui avoient affaire avec lui. On eft w quelquefois plus fier du mérite de M les parens qu'ils ne le font eux-mê- „ mes. On veut en recueillir le fruit , „ pendant qu'ils efluyent des travaux „ qui les accablent, 6c des contra- n dictions qui les humilient. D'ail- „ leurs le Ruart étoit courageux , „ intrépide , patient dans les maux. ,,,... Sa patience parut dans lator- w ture qu'il fouflïitavec un courage „ ftoïque, en récitant des vers d'Ho- t, race. Pour faire connoître les difpofî- lions d'efprit , dans laquelle fut Giul- L 172.7. 135 laume Henry, Prince d'Orange, au fujet du Maiîicrc des 2 frères, l'Au- teur rappoite deux vers Latins qui avoient été faits contre Charles V. au fujet de l'aflàfllnat de Pierre- Louis Farncfe , Duc de Parme 6c de Plaifance , 6c qui depuis en y faifant quelque changement , avoient été appliqués à Meilleurs de Guifè tués à Blois. Frinctpis injttffu cecïditfarnobilefra- trum i Sed data fub juffu prtpiia Sicariis Notre Auteur a fait aufll graver une des médailles frappées fur ce trif- te événement. On y voit les deux frères en bufte. Corneille en Guer- rier 6c fon frère en Magiftrat ; der- rière le bufte de Jean Corneille font ces mots d'Horace tnteger nr beau , &ê le moyen merveilleux ; » le fucecs ne le fera pas moins. =•> Car ou vous renverferez le fens 3» commun à peu de frais, ou vous » en demeurerez à la gloire d'avoir » mis un chevron fur un û. M. Rollin ayant trouvé mauvais que M. Gibert lui eût reproché une omifiion. » Feu M. Boileau, dit M. Gibert, ne s'offenfa point , w qu'on lui montrât dans fes ou- » Mr, parce que le procès , comme »» vous dites , eft fuffilàmment inf- j> truit.Quandpenfés-vous que vous »< l'aurez gagné ? Ce fera , ne vous »> y trompez point , lorfqu'on tien- »> dra que Ciccron donne pour rc- »» gle du ftyle le goût des Audi- »> teurs ; lorfque l'on confondra la »» la manière d'inftruire les enfans, »» avec celle d'inftruire les perfon- » nés avancées ; lorfque fur l'ain- »< plirication , les parlions , les preu- »» ves , leur arangement , on fe moc- a> quera des préceptes avouez de »' de tous les Maîtres ; lorfque l'on " confondra les divers genres d'é- »> loquence. Se que des Auteurs qui » écrivent bien , mais qui renverfènt L 17*7-. i?9 tera le principe de Scncquc , que « /' arangement des mots ne convient « point a une éloquence mâle, ou à un » toutes les règles , pafleront pour m de bons guides ; lorfqu'on adop- MEMOIRE HISTORIQUE, DIDACTIQUE ET POLEMIQUE, PRESENTE' à Ncf'igveurs les Convriff aires nommez, par Sa Majtfte pour donner leur arts fur les contefiattonj concernant l'état ey hs droits des Prêtres & des Çlera fecidiers de la Congrégation de la Dclrine Chrétienne. CONTRE le projet formé par le 1ère Gérerai , & par f on Confeil. In-fol. pag. 48. OB E RVATIONS SUR UN MEMOIRE INTITULE' , MEMOIRE hiftorqw , didactique , &c. in-fol. pag. 20, & la Déclaration du Roy qui fixe l'état des Teres de la Doclrmc Chrétienne. LA conteftation d'entre pluficurs grégation de la Doctrine Chrétien- Prêtres Se Clercs de la Con- ne, Se le P. General, Se le défini- î+o JOURNAL DE foire de la même Congrégation, fur la queftion, fi les Pères de la Doc- trine peuvent poflèder des Bénéfi- ces qui obligent à refidence , fans le contentement du General Se du Dé- fi nitoire , a donné lieu à plufieurs Mémoires de part Se d'autres. Les principaux font les deux dont on on vient de voir le titre. Avant que d'en donner le précis, il cft à-pro- pos de marquer ici en peu de mots les différentes révolutions de cette Congrégation. Elle reconnoît pour fon inftitu- feur le bien-heureux Ceiar de Bus; la première Maifon fut établie à A v i- gnon fur la fin du feiziéme iiécle. Le Pape Clément VIII. l'approuva par un Bref de l'année 1597, où il déclare que les revenus des Béné- fices, 8c du patrimoine des Clercs Doctrinaires doivent être remis en commun pour fervir à la fubfiftan- ce de ceux qui compofent la Con- grégation. Ainfi le Pape Clément VIII regardoit cette Congrégation , comme feculiere. Mais quelque tems après la mort de Céfar de Bus , fa nouvelle Congrégation fut unie par un Bref de Paul V à une Congrégation de Religieux d'Italie nommés Somafques. Plu- fieurs Doctrinaires fe plaigni- rent de cette union, ce qui donna lieu à un Arreft du Parlement de Paris du 18 May 1643 » Se à un Ar- reft du Conleii du 12 Mars 1646, qui ordonnèrent aux Doctrinaires de s'adreflèr au Pape, fur l'appel in- terjette du Bref d'union , Se fur tous les diflêrens par rapport à l'état de )a Congrégation. Innocent X donna un Bref en 1647. qui défunit S SC 4 VANS, cette Congrégation de celle des So- mafques, Se qui la remit dans Yêi tat dans lequel elle étoit fuivantfa première inftitution. Ce Bref qui n'avoit point fait céder entièrement toutes les conteftations , futluivi de plufieurs autres qui déclarent toute la Congrégation icculiere ; mais en- fin tous les députés de cette Con- grégation confentirent à la défunion dans un Chapitre General , auquel préiida le Cardinal Grimaldi ,Com» miilaire nommé à ceteftètpar le Pa- pe Alexandre VIII. Mais en 1 659 , le même Pape Ale- xandreVl II donna un Bref qui auto- rife les Supérieurs de la Congréga- tion à y attacher les Doctrinaires par des vœux fimples. Ce Bref fut fuivi de Lettres Patentes qui ne furent enregistrées qu'au Parlement de Touloufe , de Bordeaux , d'Aix Se de Dijon. En 1676 le Père Bar- raut, Procureur General de la Con- grégation, obtint un Bref du Pape Clément X , qui confirma celui d'Alexandre VIII fur les vœux fim- ples des Doctrinaires. Depuis ce tems-là , ceux qui ont été admis dans la Congrégation de la Doctrine Chrétienne , ont continué à faire les trois vœux fimples de chafteté, de pauvreté Se d'obéifiàncc. Les Supérieurs de l'Ordre ont crû que les Doctrinaires étant liés à la Congrégation par le vœu fimpled'o- béif lance ,nepouvoient accepter des Bénéfices qui obligent à réfidence fans le contentement du Supérieur General Se du Définitoire, 8c dans le Chapitre gênerai tenu en 1 71 1 , il fut arrêté qu'on demanderait au Pa- pe ^ un Bref qui déclarerait impétra - blés A V R I bîcs lesBenefîces que lesDoctrinaires auraient obtenus fans confcntement des Supérieurs. Ce Bref leur fut ac- corde par Clément XI ; mais plu- fîeurs Doctrinaires s'oppoferent à ce qu'il fût exécute' ; ce qui donna lieu au Roy de nommer des Commil- faires, pour examiner non-feulement tout ce qui regardoit cette contefta- tion , mais encore tout ce qui pouvoit concerner l'état de la Congrégation de la Doctrine Chre'tienne. Voici le précis des moyens pro- pofe's de la part de ceux d'entre les Pères delà Doctrine Chrétienne qui s'oppofoientàladélibérationduCha- pitre gênerai de leur Congrégation tenu en 171 1 , 6c à l'exécution du Bref de Clément XI. La Congrégation de la Doctri- ne Chrétienne a toujours éte'décla- re'e féculiere, tant par les Bulles des Papes , que par les Lettres Paten- tes des Rois, depuis fon e'tablillè- mentjufqu'à fon union avec les Re- ligieux Somafques , 6c depuis que cette Congrégation a été' divifée d'avec les Religieux Somafques , jufqu'à-prefent. Or des Prêtres fé- culiers, n'ont pas befoin de permif- fion pourpofleder des Bénéfices qui obligent à re'fidence , s'ils demandent à quelqu'un une pareille permiflion , ce n'eft que par pure civilité'. Le vœu fimple d'obeïffance aux Supérieurs, que font tous les Doc- trinaires depuis plus de 70 ans , iêmbloit s'oppofer à cette prétea- iion ; ceux qui vouloient fe mainte- nir dans le droit d'accepter fans le confèntement des Supérieurs des Bé- néfices qui obligent à re'fidence , pri- rent le parti de foutenir que les Avril. L 1717: 44r vœux fimples qu'on leur avoit fait faire , étoient abfolument nuls , 6c ils interjetterent appel comme d'abus de l'exécution des Bulles , par lef- quellcs deux Papes avoient autori- fés ces vœux. Ces deux Brefs,difènt-ils, font con- traires à l'intention de notre Fon- dateur, & au motif de fon e'tablif- fement. Cefar de Bus n'exigeaaucun vœu de la part de ceux qui entre- raient dans la Congrégation de la Doctrine Chre'tienne, à l'exception du Supérieur que l'on ne pourrait choifir qu'entre ceux qui auraient fait vœu de demeurer toute leur vie dans la Congrégation. L'Infti- tuteur voulut qu'elle fût compofée de Prêtres fèculiers, qui demeuraf- fent fous la de'pendance des Evê- ques, & qui nefuflènt lie's, par con- fisquent, par aucun vœu, qui les em- pêchât d'occuper les places aufquel» les les Evêques les appelleraient. Dans le Chapitre gênerai unu. fous les yeux du Cardinal Grimal- dy , depuis la défunion de la Con- grégation des Pères de la Doctrine Chrétienne d'avec les Religieux So- mafques, on arrêta que les Novices feraient les trois vœux fimples après leur probation, fans néanmoins qu'on pût réfuter ceux qui ne les voudraient pas faire. Pour changer cet état de la Con- grégation de la Doctrine Chrétien- ne, il aurait fallu que ce change- ment eût e'té fait du confèntement de tous ceux qui la compofoient , 6ç qu'il n'y eut dans les Brefs qui l'auto- rifènt ni obreption,ni fubreption.Ce- pendant on aflûre que les Commu- nautés ne donnèrent point leur con* Hh 24* JOURNAL DE fentement par la voye des Ballotcs {ecretes ; que plufîeurs Mailbns ne voulurent point confèntirau chan- gement ; 6c que celui qui obtint le Bref, ne reprefènta point les procu- rations des Maifons : ce qu'il lui au- rait été très-facile , s'il en avoit eu. On ajoute qu'on a furpris le Pape , puifqu'on a fuppofe dans la fup- plique un confentement donné fui- vant l'ufàge ordinaire , ce qui n'é- toit point, comme il eft prouvé par le Bref de Clément X obtenu en 1676. Ce dernier Bref ne fut point donné à la requifltion de la Congrégation des Doclrinaires,mais fur celle d'un particulier qui n'a- voit point le confentement des Mai- fons. Enfin obliger les Doclrinai- naires à faire des vœux fimples , c'é- tait introduire une innovation fans neceffité, 8c faire de leur Congréga- tion un corps de perfonnes qui fe- raient liées par des vœux , 6c qui relieraient cependant fèculieres. Enfin les Doctrinaires oppofàns à la de'liberation du Chapitre gêne- rai de 171 1 , pre'tendoient qu'on ne pouvoit déclarer impétrables les Bé- néfices qui auraient e'te' accepte's fans confentement du General 6c du Dé- fînitoire , quoique ces Bénéfices obli- geaient à réfidence, fans donner at- teinte aux règles de l'Eglifè 6c à leurs inftitutions ; parce que les Doctri- naires font deftinés par leur e'tat à fèrvir l'Eglifè, que c'eft aux Evê- ques à choifir les Miniftres ; 6c que fi le règlement étoit admis , il dé- pendrait du General 6c du Défini- toire de refufer à l'Eglifè unMinif- tre qui lui ferait utile. De la part du General des Doc- S SÇAVANS, trinaires 6c de fon De'finitoire, on loùtenoit au contraire que les trois vœux fimples de chafkté, de pau- vreté 6c d'obéillànce, ont toujours été' en ufage dans la Congrégation de la Doctrine Chrétienne. Le pro- jet des Statuts fait par Cefâr de Bus en 1595", porte que ceux de la Con- grégation feront des vœux de chaf- teté , de pauvreté 6c d'obéillànce. 11 aima mieux perdre quelques-uns des ouvriers qui lui e'toient les plus ncccflàires pour fa Congrégation nailîànte, que de fe relâcher fur les vœux d'obéillànce. Suivant les Sta- tuts de 160 j, aucun ne peut être mis pour Supérieur, ni pour aucun autre Office , que ceux qui auront fait vœu d'obéillànce , 6c qui auront promis de fervir Dieu toute leur vie dans la Congrégation de la Doc- trine Chrétienne. Ce ne fut que par compkifance pour deux Députez qu'au Chapitre de 1 657 , après avoir voulu que les Novices fillènt les trois vœux fimples après la proba- tion, on ajouta qu'on ne refuferoit pas ceux qui ne voudraient pas faire ces vœux. Mais deux jours après la clôture de ce Chapitre, le General préfenta un Mémoire fur ce fujet au Cardinal Grimaldy, qui promit d'en écrire à Rome. Ce n'eft point le Procureur General de la Congrégation qui expo là que les Maifons avoient confenti aux vœux fimples par des fufirages feercts ; c'efî celui qui a rédigé le Bref, lequel en voyant un-conlentement fait de cette manière, a fuppofe que tous les autres avoient été' donnés de même. Pcrfonne ne fit de difficulté dans ce tems-là fur la forme de ce Bref ; il fut A V R I revêtu de Lettres Patentes enregis- trées dans plufieurs Parlemens-reçu , & exécuté depuis ce tems-là dans toute la Congrégation. Le Bref de 1676 qui confirme celui de 1659, a étélbllicité par l'ordre d'un Chapitre General , 8c reçu avec refpcct dans un autre Chapitre gênerai de 1676. A l'égard de l'effet du vceu d'o- béïflànce par rapport à l'acceptation des Bénéfices qui obligent à réiîden- ce , le Père General 8c le Définitoi- re de la Congrégation de la Doctri- ne Chrétienne, dilent qu'il paroît par un acte des plus folemnels que Celar de Bus ne regardoit pas com- me membres de fa Congrégation ceux qui avoient pris fans Ton aveu des Bénéfices qui obligent à re'fi- dence. Par le 59e article des Statuts de 1 6 1 1 , on prend la réf olution de demander au Pape, que ceux qui fortiront de la Congrégation iàns le confentement des Supérieurs , fbient déclarés inhabiles , à poflêder des Be- nefices.Dans les conteftations qu'il y eut entre les Doctrinaires en 1672, toutes les parties convenoient qu'- aucun membre de la Congrégation ne pouvoit pofleder des Bénéfices , fans le confentement des Supérieurs ; depuis on a toujours regardé com- me infidels à leurs vœux , ceux qui ont manqué à obferver cette règle. Les Statuts de la Congrégation pri- vent de la voix active & palli ve les Doctrinaires qui obtiennent des Bénéfices fans la permiflîon du Ge- neul,qui ne peut l'accorder que du confentement du Définitoire. Le Bref de 1 7 1 3 , ajoute le Père General 8c fon Définitoire, eft donc conforme à l'efprit de laCon- L ti7x7. 245 gregation de la Doctrine Chrétien- ne ,& à les reglcmens. Ce qu'il pref- crit eft: une fuite du vœu fimple d'obéïflance 6c de Habilité que font les Doctrinaires,de l'engagement ré- ciproque entre la Congrégation , Se ceux qui la compofent. Dans la Con- grégation de l'Oratoire , où l'on ne tait aucun vœu ; ceux qui accep- tent des Bénéfices qui obligent à ré- fidence , font cenfés exclus de la Con- grégation par le feul fait, quand ils n'ont point obtenu de permiflîon par écrit du General dans les trois mois. Si l'on a demandé au Pape que les Bénéfices obtenus par les Doctri- naires qui n'auront pas la permif- fion du General 8c du Définitoire , fuflènt impétrables , c'en: que la loi n'eft. point parfaite, qu'elle ne prononce une peine concreceux qui la violeraient. Au refte le General de la Congré- gation 8c le Définitoire déclarent qu'ils ne refuferont jamais la per- miflîon fans caufes légitimes, 8c qu'ils fe feront toujours un plaifir de donner de bons fujets à l'Eglife pour remplir les places auiquelles ils font appelles. Outre ce chef fur les Bénéfices , il y en avoit plufieurs autres, fur lefquels le General 8c le Définitoi- re de la Congrégation de la Doctri- ne Chrétienne, avoient prefenté leurs Mémoires à Meilleurs les Commif- fàires. Le Roy a ftatué fur ces dif- ferens chefs par fa Déclaration du mois de Septembre 1726, enregis- trée au Parlement de Paris le 1 j Oc- tobre de la même année . Le Roy y déclare i°, que la Congrégation delà Hhij 144 JOURNAL DE Doctrine Chrétienne, cil feculiere 5c foûmiic à lajurifdiétion de l'Ordi nai- re,tant pour ce qui concerne le Servi- ce Divin, que pour ce qui regarde l'adminiitrationdes Sacrcmens & les autres fonctions eccléïiaftiques. 2°. Que tout ce qui regarde le tem- porel , le gouvernement des Mai- fons, 6c la difeipline intérieure ap- partiendra aux Supérieurs de la Con- grégation, fans que les Ordinaires des lieux puiflènt s'y ingérer , fi ce n'eft dans le cas de négligence ou d'appel. 3°. Que les particuliers qui auront fait des vœux fuivant les Brefs de 1 65-9 5c 1 676. ne peuvent recueillir aucune fucceflîon directe ou collatérale, Se néanmoins que ceux qui après avoir fait les vœux, feront conge'die's avant l'âge de 25 ans , pourront rentrer dans tous leurs droits échus ou à échoir, fans néan- moins qu'il leur foit permis de fê pourvoir contre les difpofitions en- tre-vifs , ou à caufe de mort, ni contre les Jugemcns rendus , 8c les Actes paflés par eux-mêmes avant S SCAVANS, le mois de Septembre 1 726. 40. Que ceux qui compolent la Congréga- tion pourront poflèder des Bénéfi- ces feculiers, à la charge qu'aucun d'entr 'eux ne pourra obtenir aucun Bénéfice exigeant réfidence fans le confentement du De'finitoire ou du Confeil de la Province, qu'il y fera neceflàire de faire ratifier par le Dé- finitoireau plus tard dans deux mois, à faute de quoi le Bénéfice fera im- pe'trable. Par une dernière difpofi- tion, le Roy veut que l'Arrêt du Confeil , par lequel le feu Roy a dé- claré que ce n'a point été fon inten- tion de comprendre dans la Décla- ration du 20 Janvier 1686, les Cu- res unies à la Congrégation de la Doctrine Chrétienne , Toit exécuté. En confequence, que la Congre* gation puilîè les faire defièrvir par ceux qui feront nommés aux Ar- chevêques 6c Evêques , lefquels ils pourront rappeller de la manière ufi- tée à cet égard par les Pères de la Million. SUITE DU CHIRURGIEN D'HOSPITAL , CONTINENT differens Traite^ par Augufttn Bellofle , Premier Chirurgien de feue Madame Royale, Douairière de Savoy e. A Paris, che7 Laurent d'Houry , Impri- meur-Libraire , au bas de la rue de la Harpe, au S. Efprit. 1725. vol. i«-i2.pp. 384. CE volume intitulé : Suite du Chirurgien d'Hôpital , renferme neuf petits Traités. Le premier eft du mercure ; le fécond, de la chute de l'inteftin dans le ferotum jletroi- fiéme, des injeétions^le quatrième, des playes des chiens ; le cinquiè- me , des plaies qui pénétrent la poi- trine j le fixiéme, des playes tor- rueufes ; le fèptiéme , des boutons du vifage ; le huitième , des mala- dies qui attaquent les yeux, 6c des bubons peftilenticls ; le neuvième , des tumeurs enkyflécs. Le premier Traité où il s'agit du mercure, eft le plus étendu. M. Bellofte tâche d'y montrer que le mercure crudelt un remède prefque univerfel. Il A VR I avertit d'abord qu'il lui a trouvé un frein qui l'empêche de fe fublimer ,puis il dit que la chaleur du corps n'a pas allez de force pour le fublimer, & que quand on n'employcroit pas ce frein , il y a lieu de croire que le mercure ne fe fublimeroit pas. Quoiqu'il en foit,le mercure, fé- lon M. Bellofte, cil propre pour la guerifon de prefque toutes les mala- dies ; on prétend ici qu'il eft bon pour la teigne des enfans ; qu'il a plus de vertu que le gaïac ; qu'il con- vient dans le miferere ; qu'il eft fou- verain contre la galle. On ajoute qu'à Smirne les femmes qui veulent devenir grades avalent fouvent du mercure au poids de deux dragmes ; que c'eft une erreur de regarder ce minerai comme un poifon ; que les Ouvriers d'une certaine mine de mercure avoient pris la coutume d'en avaler plufieurs livres en quit- tant le travail ; qu'étant chez eux ils le vuidoient , Se enfuitc le vendoient ; que la chofè ayant été' découverte, on les contraignit de refter après leur travail quelques heures dans unechambre, & quelà ils rendoient leur mercure, après quoi on les con- gedioit. M. Bellofte examine fi le mercu- re eft chaud ou froid , 6c il dit que puilque ce minerai adoucit le fang , appaifé les douleurs les plus aiguës, calme le tumulte des efprits, &en- graiflè; c'eft une preuve qu'il eft plutôt froid que chaud , ou du moins qu'il tient le milieu entre l'un Se l'autre. Mais qu'il foit chaud , froid ou tempère, continue l'Auteur , c'eft une chofè de fait que rien au monde n'efl capable de produire L 1717. 24f dans prefque tous les maux qui af- fligent le corps humain, des effets fi fâlutaires. Comme l'expérience eft la plus forte des preuves , M. Bellofte , pour autorifer fon fentiment , rapporte diverfes cures qu'il dit avoir faites parle mercure crud pris par la bou- che ; comme de maux vénériens , de cancers , d'écrouclles , de tumeurs au foye, de gravelle, de fuppref- fions d'urine , de coliques , de gal- les, de dartres, de puftules, de lè- pres, de feiatiques , de goûtes, de rhumatifmes , de fie'vres : guérifons qui lui font dire que le mercure eft le favori de la nature. Il expofe en- fuite fon fentiment fur les differens effets qu'on doit attendre du mer- cure crud pris par la bouche , ou infinue' au dedans par les pores. C'eft, félon lui , le plus innocent & le plus efficace de tous les remèdes , quand il eft avalé, Se un des plus grands poifons quand il eft appli- qué. Il tâche d'expliquer les acci- dens qui arrivent aux Ouvriers qui travaillent dans les mines de mercu- re, Se il employé fur cela des raifbn- nemens que nous ne pouvons^gué- res nous difpenfer de rapporter, pour faire voir s'il eft bien au fait de ces matières. Pour décrier l'ufage du mer- « cure crud, dit-il, &c le rendre a odieux, l'on a eu recours aux ac- « cidens qui arrivent à ceux qui «t travaillent aux mines d'où on le > rauonnable 6c plus naturel de lui » fubftituer un émonctoire que la >» nature a deftiné pour le plus vil & le « plus abject des emplcis. Les intefi- 3> tins Se l'anus font accoutumés à *» donner paflàge aux immondices » du corps, la railbn nous indique =» de prendre ces routes , quand nous 3> traitons les maux vénériens , avec a notre mercure. Ce que M. Bellofte appelle ici fon mercure, eft un mercure crud qu'il mêle avec des purgatifs , Se qu'il donne en pilules. Il fait de grands éloges de ce remède , 8c pour le recommander en général , il dit que fi le remède univerfel eft poiTible , c'eft dans le mercure crud qu'on le peut trouver. Il ajoute que le mercure crud agit également dans tous les Pays, que les Saifons , les tempéraniens , les âges , les fe- xcs , les maladies internes ou exter- nes , n'apportent aucun changement dans les effets falutaires qu'il pro- duit; que ce fait favorife l'opinion de ceux qui croyent qu'il n'y a qu'une feule caufe de toutes les ma- ladies , Se par conféquent qu'un fcul femede peut les guérir. Au regard de la féconde Diflèr- ES SÇAVANS, tation, qui eft fur la chute de l'in- teftin dans le ferotum, M. Bellofte y fait voir par de très-bonnes rai- ions, fondées fur l'expérience, que fi dans cette maladie l'on veut tra- vailler avec fuccès à la réduction de l'inteftin , il faut au lieu des émoi- liens, que tous les autres Chirur- giens ont coutume d'employer pour cette fin , recourir au contraire aux aftringens , c'eft-à-dire , à des remè- des qui rcilèrrent le ferotum, & ré- tablirent le refiort que les fibres de cette partie ont perdu. Il veut qu'on fuive la même méthode dans le trai- tement du farcocelle, Se il prouve parfaitement bien la bonté de cette pratique. Dans l'article des injections, no- tre Auteur attaque le fentiment de ceux qui prétendent que les injec- tions font utiles , Se même nécefiài- res pour les playes profondes , les abcès caverneux, les finus, les fif- tulcs Se autres maux femblables. Ce qu'on fe propofè en fàifant ces in- jections crt , dit-on , de corriger la mauvaife qualité des matières, c'eft d'empêcher que le pus , par fon fé- jour , n'altère les parties , c'eft de mondifier, de nétoyer. Belles Se grandes paroles, s'écrie M. Bellofte , termes de vieille Ecole, 8c fpecieu- fes imaginations ; le pus, dit-il, eft un extrait du fang Se des liqueurs nourricières. Si lelimg eft bien con- ditionné, le pus fera louable Se bal- famique, il conduira fcul les playes, les abcès Se les ulcères à une par- faite guérifon. Si dans ce cas, pour, fuit-il, l'on injecte quelque liqueur que ce foit, l'on détrempe ce bau- me, on l'afibiblit ? on l'altcrc ? il perd toute. A V R I toute fa vertu balfamique, 6c il de- vient inutile ou pernicieux. M. Bel- lofte joint pluficurs autres inconve- niens à celui-là , il remarque qu'en humectant les orifices des petits tuyaux 6c des petits vaiflèaux qui font ouverts dans toute l'e'tenduë de la cavité que l'on injecte , on les ramollit, on les relâche , en forte , qu'ils perdent leur fermeté , 6c laif- fent couler les liqueurs qu ils de- vraient retenir, ce qui rend les fup- purations plus abondantes , 6c re- tarde la guérifon. Il obferve encore que fi ces écoulemens durent quel- que tems , le fang fe dépouille de fa partie fluide , le malade s'extenuë 6c tombe dans l'épuifement ; que plus on humecte ce que l'on veut réu- nir, moins il s'incarne; qu'enfin les injections difiipent les efprits , 6c entraînent avec elles le feul 6c uni- que baume qui peut réunir les par- ties ulcérées. Un autre mal encore plus dangereux, c'eft que l'injec- tion , en écartant les parois des ca- vités où on la pouffe , agrandit la folution de continuité. Alors, fi on laifie féjourner la liqueur injectée , comme c'eft l'ordinaire, elle s'infi- nuë dans les interitices des mufcles , & y produit des facs 6c des finus : de plus , comme on ne peut l'in- jecter que chaude , elle raréfie & fond le fang, elle caufè des picote- mens, des irntations,6c de la douleur. L'air fe met ici de la partie ; car plus la cavité eft grande, 6c plus facilement il s'y introduit ; or l'air iiiffit feul pour caufer ici de la coa- gulation 6c de l'irritation. Quand ces injections ont féjour- né un certain tems , on fait forrjr la Mfll, L ijzf.- ^ 249 liqueur injectée, £c alors l'air fuc- cede; on ne fe contente pas de ce- la, on preffela partie pour n'y rien laillcr , 6c par cette compreflion, on macère les fibres, 6c on les meur- trit; ce qui donne lieu à une nou- velle fuppuration. Si au contraire le fang fe trouve mal conditionné, 6c que parconfé- quent les chairs foient molles d'el- les-mêmes 6c fans foûtien , la mé- thode dont il s'agit , caufera encore de plus grands ravages. En effet, comme le montre M. Bellofte , fi on poulie alors une injeétion dans une playe ou dans un ulcère, cette injeétion trouvant moins de réfif- tance, fera des délabremens , for- mera des cavernes , 6c enlevant à la partie le peu d'efprits qui lui ref- tent, la fera tomber dans une pour- riture totale: M. Bellofte dit ici un mot des tentes, qu'il n'approuve pas plus que les injections , comme on l'a pu voir dans un Traité qu'il a donné fur ce fujet, 6c comme on le peut voir encore par divers en- droits du Livre dont nous rendons compte. Il bénit avec raifon , l'heu- reux tems qui l'a détrompé là-def- fus ; ce tems qui lui a ôté les tentes 6c les fers, 6c où il a appris à ren- dre la Chirurgie douce, 6c exempte des cruautés que la plupart des Chi- rurgiens exercent fur leurs malades. Le chapitre des plaies des chiens qui fe les guériflent en les léchant , celui des playes pénétrantes de la poitrine, 6c celui de la tortuofité des playes , contiennent de bonnes obfervations. Nous difons la même chofe des articles concernant la face boutonnée 6c couperofée , les mala-» Iî ifo JOURNALDE dies des yeux, les boutons pellifc- rés , 6c les tumeurs enkillées. On trouve dans celui des maladies des yeux une cure linguliere. Voici ce que M. Bellolte rapporte là-dcflùs. Un principe de charité , dit-il , m'oblige de (aire part au Public de ce qui m'a été cniéigné dans ma jeunelle par un Docteur en Méde- cine de la Faculté de Reims, nom- mé M. Paris. Comme j'avois l'hon- neur d'être un de lés Diiciples, il me mena un jour voir un de lvs ma- lades, qui avoit une fièvre aigué avec tranfport au cerveau , Se qui enfin tomba dans une maladie fopo- reufë. 11 m'ordonna d'appliquer der- rière chaque oreille du malade, un demi-cercle de pierres à cautères , ce que je fis félon l'inltruction qu'il me donna. Je vis avec furpriié, que le jour même le malade recouvra la connoiilànce, Se qu'à mefurc que l'efcarre lé léparoit, Se que la fup- puration augmentoit , la maladie di- minuoit, enfin il hit allez, promp- tement guéri. Je témoignai à mon illuftre Maître ma furpriié , Se lui dis que quoique j'eufié travaillé pen- dant plus de neuf ans , Se que j'cuflè fait pluficurs campagnes, je n'avois jamais vu pratiquer cette opération ; il me répondit , que je n'avois qu'à l'employer dans toutes les ma- ladies de la tétc, mais fur tout dans celles des yeux, des dents, Se des oreilles. Quoiqu'il ne m'expliquât pas par quelle méchanique ce remè- de pouvoir.- réuflîr, je ne laifîai pas de mettre dans ma mémoire ce qu'il me dit. J'éprouvai avec fuccès fon ordonnance en pluficurs occafions, Se fur-tout tu celle-ci. Etant alors S SÇAVANS, Chirurgien-Major de l'Hôpital de Briançon, un jeune Soldat vint à cet Hôpital, ayant en apparence le globe de l'oeil confumé,6c l\ con- lumé , qu'on auroit pu mettre fans peine une grollé noiiltte dans l'or- bite, où il ne paroilfoit au fond qu'un peu de chair rouge. Cet ac- cident croit furvenu (ans qu'aucu- ne eau lé externe v eut contribué;, ayant examiné le malade, je char- geai un Garçon Chirurgien de lui faire aux deux côtés des oreilles notre opération. Je pallia environ trois fémaines làns longer au mala- de ; mais au bout de ce teras, je de- mandai au Garçon en quel état étoit le Soldat, il me répondit, II r.i bit n. Cette réponfe m'obligea de me faire conduire dans la Salle où il étoit. Le Garçon qui m'y con- duiiit me mena à un Soldat qui avoit les deux yeux bien condition- nés. Je dis alors , ce n'elt pas ce Sol- dat que je cherche , c'en eft un qui avoit un œil perdu. Le Soldat me répondit : Ceft moi. Comme j'eus peine à le croire , je vifitai fes oreil- les , Se y ayant vu les playes encore ouvertes , je reconnus à ma grande fatisfaction , que c'étoit le même que j'avois vu depuis peu dans un fi pitoyable état. 11 retourna peu après à fon Régiment, Se toutes les fois qu'il paflôit à Briançon , il me fài- foit mille careflés, Se mille rcmerci- mens. Si quelqu'un m'eût conté une pareille hiltoire , j'aurois cû peine à la croire. C'eft pourtant une vérité , Se une vérité , dont tout l'Hôpital a été témoin. M. Bcllofre examine ici par quel moyen ces ouvertures fûtes vers les AVRIL 1717. * a^i oreilles peuvent produire un effet mictions de ce fçavant Médecin , fi falutaire. Le volume finit par deux Let- tres de l'Auteur touchant la maniè- re de panier les blefîures , félon la méthode de M. Magati , fameux fv'i'édccin d'Italie ; elles font rem- plies d'excellentes obfervations fur ce fujet. M. Bellofte plein des inf- fait voir après lui , 6c d'une maniè- re très-fèniîblc, le danger qu'il y a d'employer des tentes dans le trai- tement des blefîures ; après quoi il s'exprime en ces termes. « Envoyez- moi toutes ces tentes au Diable, »t & vous verrez qu'il n'y aura ni « fuppuration ni accident. ECLAIRCISSEME N T^AU SUJET DE L'EXTRAIT du Traité des Sacremens, inféré dans le dernier Journal. T L s'eft gliiîé une méprife dans le puifle attacher à certains Symboles • Journal de Mars de cette année, au fujet du Traité des Sacremens de M. Tournely. On y lit page 135" » qus- 51 quoiqu'on puiflècroirefansblellèr 31 la foi(comme 1'avoiie M. Tourne- s» ly ) que PEglife a établi plufieurs » Sacremens, 6c que J. C. ne les a ai institués ni en particulier , ni en 31 gênerai, cette opinion lui paraît si néanmoins dépourvue de iblidi- 31 té, & abfolument faufiè. Nous nous croyons obligés de reconnoître i° que l'Eglifè n'a ins- titué aucun Sacrement, quoique fé- lon l'opinion de plufieurs Scolaf- tiques, J. C. lui ait donné le droit de fixer 6c de déterminer en particu- lier la matière 6c la forme de quel- ques Sacremens : ce qui a pu don- ner lieu à certains Scolaftiquesd'en- fèigner que l'Eglifè avoit inftitué quelques Sacremens , fans faire ré- flexion qu'il n'y a que J. C. qui le pouvoir de conférer la Grâce. 20. M. Tournely n'a point enfei- gné qu'on pùiflè dire , fans Méfier la foy , que l'Eglifè a établi plufieurs Sacremens , 6c que J. C. ne les a inftitués ni en particulier, ni en gê- nerai. Il enfeigne feulement qu'il n'eft point de foy que J. C. ait inf- titué tous les Sacremens iv médrate- ment. Mais il afîure en même tems que tous les Catholiques foûtien- nent ( comme nous n'avons pas man- qué de le remarquer au même en- droit ) que J. C. a au moins infti- tué en gênerai tous les Sacremens. M. Tournely penfe comme eux , 6c fuit en cela la décifion du Con- cile de Trente. Se (ï. 7. Can. 1 . qu'il rapporte p. 261. Au refte toute la méprifè ne vient que d'avoir omis le mot immédiatement , dont le fens étoit dans l'efprit de l'Auteur de l'extrait qui a oublié de l'exprimer- v NOVVELLES LITTERAIRES. DE FLORENCE. E Père Alexandre Politi de la 1 Congrégation des Clercs ré- guliers dits des Pauvres de la Mère de Dieu , & furnommez des Ecoles pieufes Scuole pie , a traduit en latin les Commentaires d'Euf- li ij zfl JOURNAL DE tathe fur Homère, & les fuir im- primer ici en cinq volumes in-folio , à deux colomncs, le Grec à cote de la Traduction. Le bas des pages lit chargé de notes defti nées à eclair- cir , à confirmer , ou à rectifier le textepardiversexemplesôc autorités, tirez des Ecrivains (acres £c profa- nes. L'eitimc générale dans laquel- le ont prefquc toujours été les ou- vrages d'Homère, fait juger que fi les célèbres Se amples Commentai- res d'Euftathe fur ce Poète, n'ont pas encore été traduits, depuis lare- naiflànce de Lettres, il fuit qu'il y en ait quelques raifons particulières; & entre ces raifons , on compte principalement l'inutilité, dont une fèmblable traduction paraît être pour ceux qui fçavent le Grec mê- me médiocrement, Se plus encore pour ceux qui n'en fçavent pas af- îez pour lire ces Commentaires dans l'original , & les confronter fans celle avec le Texte d'Homère : on allè- gue encore la difficulté, pour ne pas dire l'impoffibilité, de traduire cer- tains endroits de ces Commentai- res , qui confident uniquement dans des comparaifons de termes Se d'ex- preffions fynonimiques ,dont le fêns Se l'énergie peuvent d'autant moins parler dans une autre langue , que fou vent il eft rare d'y trouver de fimplcs équivalens. C'eft à quoi les notes du P. Politi, & celles de M. Salvinifuppléerontfans doute. DE ZURICH. Biblia fù incifa, vel Phyfica fa- cra: c'ell le titre du profpectus d'un grand ouvrage que M. Schcuch- S SCAVANS, zer, célèbre Docteur en Médecine de cette Ville, annonce au Public. Il s'étonne que de tous ceux qui ont travaillé fur l'Ecriture fainte , peffonne ne le foit avifé d'y ajou- ter des figures Se eftampes, qui re- prefèntaflènt tout ce qui fe trouvé dans la Bible, foit furies choies na- turelles, foit fur celles qui concer- nent les Mathématiques. C'elt à quoi l'Auteur s'ell appliqué pen- dant plufieurs années, Se ta I fajîque ce job qu'il a publiée en Latin, n'é- toit qu'un efîày de cette vafte entre- prife. M. Scheuchzer nous afllirc qu'il ne l'a formée qu'en vûëde la gloire de Dieu , pour combattre les Athées , pour concilier la nature avec l'E- criture fainte, & répandre de nou- velles lumières fur plufieurs en- droits du texte facré, qui félon lui, font mal entendus du vulgaire ig- norant , ou mal expliqués par les Commentateurs qu'il prétend pour la plupart n'avoir nulle teinture ni de la Phyfiquc, ni des Mathémati- ques. Il protefte cependant que tou- te perfonne pourra lire fon ou- vrage fins fcrupulc, parce qu'il ne s'y arrêtera pas aux différentes dis- putes qui partagent les Théologiens des différentes ieétes chrétiennes. Pour donner une idée des eftam- pes qui doivent accompagner les ré- flexions de l'Auteur fur la Bible ; on en a joint quelques-unes au prof- pectus , 6c on y voit que par rap- port à l'homme Se aux animaux , M. Scheuchzer s'efl attaché à y re- présenter en forme de vignettes Se bordures d'un goût tout nouveau , au tour de l'eftampe, où le princi- A V R I pal fujet qu'il traite, eft grave, tout ce qui regarde la formation 8c l'ac- croillèment Jufqu'à la naiiîànce,avcc des chiffres relatifs à les explications qui feront imprimées à côté. Il fiui- vra fans doute la même idée à l'é- gard des plantes , & des autres cho- ies qui lui paraîtront mériter d'en- trer dans fon projet, Au refte M.Scheuchzer perfuadé de l'utilité générale de fon ouvrage, ne s'eft pas contenté de le compo- fêr en Allemand pour les fçavans de fon pays ; il y a joint une traduc- tion latine qui fe diftnbucra fépa- rément pour l'ufage & la commo- dité des Etrangers. Tout l'ouvrage confiftant en 400 planches gravées . fera de huit volu- mes m-foiw ; chacun de ra planches , fans compter le texte des explica- tions qui fera imprimé fur de beau papier. La foufeription pour le premier, qui doit être achevé d'imprimer à la fin du mois de Septembre pro- chain , fera de deux florins ~ ,8c d'autant, quand on le délivrera. II en fera de-même desfuivans ; l'Au- teur fait efpcrer que les huit volu- mes feront imprimés en 1731 , 8c ils reviendront en tout à 40 florins pour les Soufcripteurs ,8c à 70 pour ceux qui n'auront pas fouferit. On recevra les fouferiptionschés les Libraires de 49 Villes d'Alle- magne 8c de Suiiîè , iâns compter Amfterdam, dont M. Scheuchzera eu foin de mettre les noms à la fin de fon profpcclw. DE GENEVE. Marc Michel Boufquet 8c Com- pagnie , Libraires de cette Ville , L 1717. ; zn ont acheté depuis peu la moitié de l'édition d'un grand ouvrage qui eft actuellement fous preflè à Lu- xembourg chez André Chevalier. En voici le titre &c le plan : Btilla- r.um Magnum Ronammi , ad Tafam ufque BfThtd clam XI II hodie rtgnar- lem continu atum. Cet Ouvrage lèra divifé en neuf volumes in-ftl. Les fix premiers tomes comprendront toutes les Bulles des Papes, depuis Saint Pierre jufqu'à Clément X. Le feptiéme tome contiendra celles des Papes Innocent XI , Alexandre VIII 8c Innocent XII. Le huitiè- me tome contiendra celles des Pa- pes Clément XI, Innocent XIII 8c Benoît XIII. Le neuvième 8c dernier tome fera compofé des Bul- les de tous les Papes qui ont été omifes dans toutes les éditions qui en ont été faites jufqu'à pre fent.Commc ces trois derniersvolumes ne font que des additions, on en tirera un petit nombre d'exemplaires féparez, en faveur de ceux qui ont les précé- dentes éditions. Pour cette nouvelle édition on fe fert de la copie impri- mée à Rome en 6 vol. in-fol. qu'on a préférée à celle de Lyon , parce qu'il manque à celle-ci diverfes Bulles que les Libraires ont été obli- gez de retrancher. Tout l'Ouvrage fera imprimé en beaux caractères neufs 8c fur de beau papier , 8c on en tirera même quelques exemplai- res en grand papier. En gênerai les Libraires fe flattent de donner une édition de ce livre dont le Public aura lieu d'être content. Les huit premiers volumes en paraîtront à Pâques prochain 1727. Les recher- ches infinies qu'il a fallu faire pour ÏJ4 JOURNAL D ramaflêr tout ce qui doit compofcr le dernier, ont mis les ï. dans l'impoflibilite de !e livrer en même-', ms que les autres. DE HOLLANDE. C'eft à Amfterdam chez les frè- res Vcftein , £c non à la Haye com- me nous l'avions marqué dans un de nos précedens Journaux , qu'on imprime la nouvelle édition de Thu- a dide . Les mc-mes Libraires 8c Smith qu'ils le font depuis peu allbcié, débitent actuellement, S,Auretii rro- fertu Opéra , cum v.otis varier um à' Jsroekbuju , JK-40. Bcman de Rotterdam débite Mé- moires de M. Jean Kcr de Kcrjland , contenant des réflexions & des par- ticularitez inKreflantes fur la puif- fance des François dans l'ille d'Hif- paniola,8c fur leur êtabliifemcnt dans le Miflîflipi , fur la décadence des manufactures de laine en An- gleterre , fur les dépendances fèrvi- les en Ecoffe, & fur la difgrace du Duc de Riperda Premier Miniltre d'Efpagne. Seconde partie, publiée fuivant fes ordres exprès , St tra- duite de l'Anglois, i«-8°. J. Poolfum d'Utrccht a imprimé Hadrianus VI ,Jive ar.aletta biftorica de Uadriano ScxtoTrajittn;o,rapa Romano. r.ullegit ,edidit & votas adjecitGafpanis Burmannus t tn-4.0. Le Nouveau fyfléme du Mkrocofme fe débite avec fuccès. Alberts Li- braire à la Haye a cru qu'une tra- duction de cet ouvrage en Hollan- dois ne pourrait être que bien re- çue. 11 y fait actuellement travailler par un des plus habiles Médecins de cette Ville. ES SCAVANS, DE PARIS. Le R. Père Dom Bernard de Montfaucon de la Congrégation de Saint Maur, publia il y a environ deux ans un programme de fes Mo- numents de la Monarchie Françcife ■ qu'il le trouve aujourdui en état de donner au Publie. Comme nous ren- dîmes compte alors de ce Program- me ; nous nous contenterons de dire qu'il divife ces monumens en cinq dallés , & c'eif. la première de ces cinq dalles qu'il propofe aujour- dui en loufcription. Elle fera qua- tre volumes in-folio , qui contien- dront plus de quatre cent planches. Le prix des fouferiptions fera pour le petit papier de quarante livres en fouferivant, & de quarante autres livres en retirant l'exemplaire pour lequel on aura foulent, ëc pour le grand papier , de foixante livres pour le premier pavement, 6c de foixante autres livres pour le fécond. On ne recevra des fouferiptions que jufqu'au premier Octobre de cette année 1727J& fi alors le nombre de mille lbufcriptions, tant pour le grand que le petit papier ne fe trou- ve pas rempli , les Libraires afibeiez pour l'imprcfiîon de cet ouvrage s'engagent fnlidaircment à rendre dans le courant du mois d'Octobre 172.7 l'argent qu'ils en auront re- çu. Etienne Ganeau , Guillaume Cavclier, Pierre-François Giflàrd, Libraires rue Saint Jacques, Nico- las Goilèlin Libraire au Palais , 6c Dom Bernard de Montfaucon en l'Abbaye de Saint Germain des Prcz , difiribuént des-à-prefent le projet de foufeription , Se fournif- A V R I ilnf des quittances à ceux qui veu- lent foufcrire. Mr Jean de la Grive Prêtre pro- pofe auflî par foufcription le No«- peau Plan de Par s & de [es Faux- bourgs , levé géométriquement. Cet ouvrage fera compofé de fîx feuilles gravées ; qui réunies enfemble feront une carte de fîx pieds de longueur fur cinq de hauteur , y compris les marges. Cette carte qui eft depuis plufieurs mois entre les mains du Graveur, paroîtra dans le Public en 1728. La foufcription fera de dix livres , dont on payera cinq li- vres en foufcrivant , 6c les cinq autres livres en retirant la carte. Ceux qui n'auront point foufcrit , payeront feize livres pour chaque exemplaire (ans diminution , 6c il ne fera per- mis de le faire que jufqu'au 31 Août prochain. On diftribuë les projets de cette foufcription chez Borde Graveur, au bas de la rue des Sept Voyes , devant le Puits Certain au Roy Henri. 11 eft auflî charge' des reconnoiflànces de foufcription im- primées ôc fignées de l'Auteur. Nicolas le Clerc Libraire, rue de k Vieille Bouderie ,, entre la rue de Ja Harpe 6c le Pont Saint Michel ; à Saint Lambert, vient de mettre en vente l'Imitation de Jefus-Chrifi mife en cantiques fpintuels fur les plus te aux airs des meilleurs Auteurs, tant Anciens que tnodtrnes y notez, pour la facilité du chant , Poëjïei Chrétiennes qui n'ont point encore paru ; pur M. l'Abbé Tellegrin , vol. in-8°. On trou- ve chez le même Libraire , l'Hifioire de l'Ancien & du Nouveau Teftament , aufîl mife en cantiques ,les Pfeaumes de David , les Cantiques fnr les princi- L iji7. ±ff faux points de Religion t & les Koels nouveaux i«-8°. Le tout du même Auteur , avec les airs notez. On a enfin achevé à l'Impri- merie Royale l'édition des Oeuvres de Saint Cnrm , par feu Monfieur Baluze. Les Sçavans qui l'attcn- doient depuis long-temps, font am- plement dédommagez par les foins qu'on a pris de l'exécuter magnifi- quement. Ce font les Pères Bénédic- tins, qui après la mort de l'Auteur, fe font chargez du pénible travail de la révifion. Le Traité de la imité de Mon-* fieur Tournely paroit depuis quel- ques mois ; celui de l'incarnation va être publié incefîàmment , le Batéme 6c les autres Sacrewens font fous preffe. L'Auteur donne avis qu'il travaille à un abrégé de fa Théologie^ qu'il donnera bien-tôt au Public. Gabriel Martin 6c les deuxGue- rin frères impriment la traduction Françoife des Voyages de Gulliver yen deux volumes in- 12. Cet Ouvrage écrit en Anglois a paru à Londres fur la fin de 1726 , 6c y a eu ua grand fuccès. L'Auteur eft le célè- bre MrStvift, Doyen de l'Eglife de Saint Patrice de Dublin en Irlande., qui a déjà donné plufieurs autres Ouvrages au Public, 6c entr'autres le fameux Conte du Tonneau. La tra- duction dont il s'agit paroîtra vers Pâques. On en trouvera auffi des exemplaires, chez Chaubert, Quay des Auguftins, à la Renommée. La Tragédie de Tibère fe débite chez Flahaut. L'Auteur protefte dans fa Préface qu'il n'avoit ni lu ni entendu lire la Tragédie d' Agrippa quand il a fait la fienne. ay6 JOURNAL P Le même Flahaut vient de pu- blier les tomes II &C III du Nouveau voyage autour du monde , par Mr. le Gentil. Nous avons déjà parlé du premier volume ; nous donnerons incellàmment l'extrait de ceux-ci. ES SÇAVANS, Les exemplaires du Traité de I4 Jauge utùverfe e, que nous avons annoncé au mois de Janvier der- nier font arrivez, & fe trouvent k Paris chez Chaubert , Quay des Auguitins , à la Renommée. Fautes à corriger dans le Journal de Mars ij ij. Page Colomne Ligne 147 première 8 ibid. ibid. *J Irtl féconde IS 16% féconde ît I6f première prem. 16% féconde 3* 171 féconde 17&18 17* féconde 9 191 féconde 16 Faute fuivi compofé ne vos exaltemini M. Bonnet & fe ty ratione ,/ecit credibil» , 3c ces bêtes féroces (Caltruy de le Corredion fuivie coinpofée ut vos exaltemini M. Coller & le j O» ratione fecit credihile -. de bêtes féroces d'altrui TABLE Des Articles contenus dans le Journal d'Avril 17*7. MAnifcfte pour la Baronne de l' Efperar.ce. P1?' *'^ Imitation de 'J. C mi je en Cantiques. 20 J Lettre Critique de la Bibliothèque des Auteurs de la Congrégation dt S. Maur, ibid. Critique de la Cbarlxtanerie , &c. x©£ Traité du Flux & Reflux de la mer. 3.09 Traité de la vente des immeubles par décret. HJ "Réfutation du livre des Règles pour l'intelligence des faillies EcritHICS, ai? Mémoires de Monglat. %xt, Second Extrait des Annales des Provinces Unies. x 3© Scriptores rerum Italicarum Tomus IV. x}0, Réponje di M. Gibert à M. Rollin. z}$ Mémoires pour les Prêtres de la Doctrine Chrétienne , &e. Obfervatitns fur (I Mémoire , ©• la Déclaration du Roy qui fixe l'état de ces Pères. 3-59 Suite du Chirurgien d'hôpital, Sec. 2.44 Sclairciffcment aufujet de l'Extrait Ah Traite des Sacrernens» *f 1 ^OHvelles Littéraires, ihdt L E JOURNAL SÇAVANS à POUR 7 L'ANNEE M. D C C. XXVII, MAY A PARIS, Chez CHAUBER.T, à l'entrée du Quay des Auguftins , du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. x x y 1 J. AVEC PRIVILEGE DV ROT, L E JOURNAL SCAVANS, 5 MAY M. DCC. XXVII. DISSERTATION S THEOLOGlQUES ET DOGMATIQVES* I. Sur les Exorcifmes & les autres cérémonies du Batême. 1 1. Sur fEucarijlie III. Sur l'ufure. A Paris, chez Etienne, rue Saint Jaque à la Vertu, Babuty 8t la Bottiere. 1717. in-iz. pp. ffz. A matière des E- xorcifmes & des au- tres cérémonies du Batême n'avoit point encore été traitée par rapport à la queftion , s'il eft pemis de fup- fléer les Exorcifmes à l'égard de ctux qui ont déjà été batifés dans le (as de necejfté & fans cérémonie. C'eft un morceau neuf Se curieux. On ne demande pas , fi on peut omettre alors les Exorcifmes, puif- que plufieurs nouveaux Rituels les omettent en effet dans ces cir= confiances. On va plus loin, êc on demande fi on ne les doit pas abfb- lument fupprimer , comme inju- rieux au S. Efprit déjà reçu par le Batême j car, dit S. Optât \ Qrfy->6~ Kk ij JOURNAL DES SÇAVANS, 260 t'i! de pins mjujfe 6" de plus téméraire, q ;e d'éxorcifer le S. Efprit? L'Auteur fait voir que le S. Efprit n'eft point bielle pur la conduite de l'Eglifc , qui ordonne à lès Miniftrcs d'em- ployer les cxorcifmcs fur des person- nes déjà batiiees. Il rend raifon de cette conduite 6c lajuftifie; il ré- pond aux objections , il recherche quels peuvent être les eflèts des exorcifmes après le Batcmc;il exa- jnine enfin l'origine de cette coutu- me de l'Eglifc. II. La Diilèrtation fuivante com- bat l'opinion peu fuivie 6c même peu connue d€ quelques Théolo- giens modernes, qui voulant expli- quer tous les myiîeres , 6c en com- prendre le qno modo, ont inventé un l'yftême philofophique pour accom- moder le myflere de l'Eucariftie avec les lumières riaturelles. Selon eux, i°. Le pain qui eft offert fur l'Autel eft changé en une chairtjui n'eft pas celle que Jefus-Chrift a dans le ciel. 2°. Il y a autant de corps de Jefus-Chrift réellement distingués en nombre qu'il y a d'hofties confacrêes. 30. Jefus-Chrift ne s'eft pas feulement uni à la chair qui a été' formée dans le fein de la Vierge , qui a été attachée à la croix , eft reflùfcitée, eft montée dans le ciel : mais il s'unit chaque jour à une infinité de chairs , dont le fond n'a jamais été dans le fein de la Vierge , 6c dont aucune n'a été mifè a la croix ni dans le tombeau. « Ja- »» mais , dit l'Auteur * les oreilles •" chrétiennes n'ont rien entendu » de pareil. Aucun Pcre, ni aucun >> Aut.ur Ecclefiaftique n'a enfei- » gné une telle doctrine. Tous en enfeignent une contraire. Tous tl reconnoiffent Se adorent dans «e l'Eucariftie la même 6c unique • revêtu dans fon Incarnation , 6c « qu'il a livrée pour nous à la mort, « 6cc. » C'cft ce que l'Auteur fait voir fort au long dans cet écrit. Il commence par rapporter le 11 mi- ment des Pères, 6c des Auteurs Ec- clefiaftiques,pouren compofer une chaîne de tradition , dont l'autorité fupericure à la raifon humaine doit foumettre tous les Catholiques. Il expofe enfuite l'Ecriture par rap- port à cet article, 6c y découvre des veritez que tous les Théologiens, félon lui, n'ont pas également ap- profondies. Il entreprend enfuite dé- faire voir que la nouveauté dange- reufe de l'explication du myflere de l'Eucariftie ne levé pis les plus grandes difficultés. Il y ajoute enfin des réflexions très-judicieufès fur l'impuiflànce où nous fbmmes d'ex- pliquer les myfteres , dont Dieu s'eft réfèrvé les fecrets. Il finit par l'examen d'une propofition,qui fèrt de fondement à un fyftême où l'on prétend que l'aine de Jefus-Chrift eft unie immédiatement au pain , fans que la fubftancc du pain fbit changée. Voici la proposition : Tou- te la ftdjlai.ee du pain étant changée au corps deJefus-Cfmft ; [on corps n oc- cupe exactement que la place que le pain occupait. Sous la / lus petite parcelle de l'boftte il n'a que la grandeur de citte pareille; & fous celles qui font a peine fenjtblcs t // eft réduit au mime volume , mais avec tous Ces organes. Notre Auteur foutient qu'il eft faux que le corps de Jcfus-Chnft MAY n'occupe que l'étendue que le pain occupoit, 6c qu'il foit réduit préci- fément à la même mefure. Selon lui la chair de Jefus-Chnft dans l'Eu- cariftie conferve fon état , fa me- fure naturelle 6c fes proportions. Si l'étendue qu'avoit le pain , borne celle du corps de J. C. ( ajoute l'Auteur ) ce corps devient donc cir- culaire , triangulaire , irregulier , Sec. Ce corps ne fera plus organilé, au moins d'une organifation humaine. L'Auteur combat enfuite le fyf- tême où la propofition conduit évi- demment, Se où l'on prétend que le pain demeure réellement 6c en fubftance dans l'Eucariftie , £c qu'il ne devient le corps de N. S. que parce que fbn Ame 6c fa Divinité s'y unifient. On ne reconnoît dans ce corps ni organes humains , ni fi- gure humaine, 6c on ne laiflè pas de l'appeller corps humain , parce que l'ame de Jefus-Chnft lui cil unie : fyftême hardi , qui a autrefois été enleigné dans l'Univerfité 3e Caè'n par M. Cally ( dont le cours de Philolbphie eft imprimé ) 6c qui fut cenfuré dès qu'il parut. Notre Auteur fait voir que cette fiction eft impie , infènfée , contraire à toute la tradition , 6c que les Luthériens même en auraient horreur , puif- que félon ce fyftême il fautdire ne- cefiairement que dans la fraétion del'hoftie, le corps deJ.C.eft réel- lement brifé 6c divifé. »» Ainfi fe termine ( dit l'Auteur) « ces malheureufes recherches 6c » ces funeftes conciliations de nos » redoutables myfteres avec une » raifon , que Dieu ne nous a pas » donnée pour cet ufage. Onpofe 1727. 26*1 pour fondement de ces recher- n ches 6c de ces conciliations l'i- <* dée naturelle qu'on a de l'éten- « due 6c del'eflènee de la matière, « fans fe fouvenir que nos idées « naturelles ne nous repreféntent « pas tout ce qui eft pofiible à Dieu , »t 6c qu'elles font feulement lespre- « miercs notions, 6c les premiers « fondemens d'une raifon limitée. « C'eft-â-dire que la raifon nous a été donnée pour connoitre les cho- fes naturelles , 6c non pour juger des objets furnaturels. 1 1 1. Latroifiémediflèrtation qui concerne l'ufure s n'eftpas un traité complet fur cette matière. L'Auteur fê contente de réfuter un écrit dange- reux qui lui avoit été communiqué , l'on prétendoit que la loi des Juifs qui leur défendoit l'ufure ( non fa- nerabts fratrt tuo ad uf tirant éfed alié- na ) n'étoit qu'une loi politique, 6c non une loi qui obligeât en con* fcicnce ; que l'Eglifè ancienne n'a- voit pas jugé que la défenfe de l'u- fure regardât les Chrétiens ; que ce n'étoit que dans le tréziéme fiécle que les Scolaftiques 6c les Canonif- tesen avoient fait un crime , 6c qu'a- vant ce tems, elle n'étoit point dé- fendue, du moins aux Laïques. L'Auteur réfute ces paradoxes de morale corrompue, par uneexpofi- tion fènfée des paflàges de l'Ancien 6c du Nouveau Teftament, par un grand nombre d'autoritez, tirées des Conciles, 6c des Pères Grecs 6c La- tins , qui depuis le commencement de l'Eglifè, ont foudroyé l'ufure. Si l'Auteur de l'Ecrit foûtient que l'ufure eft conforme aux lumières de la raifon, favorable au commer- r6i JOURNAL DE ce, 6c avanrageufe à la fôcicté , notre Auteur lui répond d'abord que Dieu eft aflezgrand,pour mériter qu'onlui obciïlê malgré nos faulfes lumières. >' Il a pu, dit-il, fans être obligé » de nous en dire les raifons, con- » damner l'ufurc , quelque inno- j» cente qu'elle paroillê à quclques- » uns ; comme il avoit autrefois » défendu au premier homme de •> manger d'un fruit qui n'avoit >- rien en lui de mauvais, & com- » me il avoit interdit aux Juifs tant * de viandes , qui n'étoient impu- •» res que par cette défenfè. Il fait voir enfuite que les Païens peuvent fur l'ufure faire honte à beaucoup de Chrétiens, 6c qu'ils en ont compris l'iniquité 6c Pop- poiîtion à la loi naturelle , puifque nous avons fur ce fujet des Traités d'Ariftotc 6c de Plutarquequi con- damnent l'ufure, comme un grand mal. L'ufure que l'Auteur de l'Ecrit appelle toujours d'un nom plus hon- nête Vintereft du fret, eft, félon cet Auteur , conforme au droit des gens : les loix humaines l'ont établie , 6c les Empereurs chrétiens l'ont auto- rifée. On répond ici que Dieu dé- fend fouvent ce que les hommes permettent, 6c ce qu'ils regardent comme un de leurs droits. Qu'on ne peut pas dire que l'ufure loit de droit naturel ; puifque Dieu l'a au- rrefois défendue aux Juifs : or Dieu n'auroit pu défendre une chofe au- torifée par la raifon 6c par la loy naturelle. Si les loix humaines l'ont établie , 6c fi les Empereurs chré- tiens l'ont autoriiée, qu'en peut-on conclure contre la loi de Dieu ? Le S SCAVANS, divorce n'ctoit-il pas permis par les loix Romaines ? Ne donnoient- t-elles pai aux Maitres le pouvoir de tuer leurs efclavcs , 6c ancienne- ment aux percs celui de faire mou- rir leurs enfans ? L'Evangile a re- formé ces loix injuftes. Celle qui permettoit l'ufure, étoit née dans les ténèbres du Paganifme. Un ref- te de politique empêcha les premiers Empereurs Chrétiens de l'abolir, ainli que celle du divorce. Mais en- fin ces loix payennes ont été facri» fiées à celles de l'Evangile 6c de l'E- ghfe. Après avoir expofé la conduite des Empereurs Payens à l'égard de l'ufure, 6c entr'autres d'Augufte 6c d'Alexandre Severe ; après avoir ex- pliqué quel étoit l'intérêt qu'on exi- geoit alors félon la loi , fçavoir un pour cent par mois ; l'Auteur entre- prend de prouver que l'ufure eft la ruine du commerce. Comme l'Auteur de l'Ecrit avoit avancé que ces paroles de J. C. »;«- t um date r.thil inde [permîtes ( Luc 6, 35". ) préte^fans en rien efperer, n'é- toient qu'un confeil , notre Auteur fait voir quec'eft un précepte. L'a- mour 6c le pardon des ennçmis , dit- il , eft certainement un précepte ; or il eft contenu dans le même ch. 6 de S. Luc,êcil précède immédiatement lepaflâgedontileftqueftion,6clefuit encore immédiatement. Cependant notre Auteur dit enfuite que muttium date iihiiw.de fperantes fignifie ,préte^ fansrien efperer, non pas même le prin- cipal , 6c que dans ce fens , ce n'eft qu'un confeil de perfection, qui ra- rement eft un précepte de charité, MAY 1717. 263 ABREGE* HISTORIQUE DE LA BIBLE AVEC DES NOTES littérales , &c. par le R. P. de Saint André', Religieux Minime. A Rouen , chez J. B. Machuel le jeune, rue Damiette. 1726". iw-12. 4. vol. 6c fê vend à Paris , chez C haubert , Quay des Auguftins. U Ne méthode qui facilite la con- noiflànce de l'hiiloire fainte , & qui l'imprime dans la mémoire , ne peut qu'être très-utile. Le Père de S. André, perfuadé que les vers fe retiennent bien plus aifément que Ja proie, a cru devoir les employer dans l'expofition qu'il fait de tous les chapitres de la Bible : non que fes explications foient en vers , ou qu'il fe 'propofè de mettre en rime toute l'Ecriture Sainte. Il le con- tente d'exprimer dans un dyftique la fubftance de chaque chapitre, ou plutôt ce qu'il contient de plus im- portant ; 6c quoique les vers foient purement tecniques , on ne peut nier que ce travail ne lui ait dû coûter , y ayant employé autant d'art que de choix. A ces dyftiques il ajoint des Notes littérales , & de courtes explications en profe , qui fe rappor- tent précifément & immédiatement aux mots de chaque dyftique, enforte qu'aprèsavoirappris par cœur le dyf- tique, & en avoir lu les explications qui le fui vent , on retient aifément non-fèulement les principaux faits de l'Hiftoire Sainte , mais encore la folution des difficultez, ôtlefèns littéral que les interprètes ont don- ne' aux endroits les plus remarqua- bles. Cet ouvrage renferme tous les livres de l'Ecriture, depuis la Ge- néle , jufqu'à l' Apocaly pfe. Que m It- brmn, ) dit le R. P. Bertrand Mon- Jinat , Correcteur General des Mi- nimes, dans fa Permiflîon ) rerjiius modulatis & pentis nous adornatum , fidelibus arrifurum atqite profuturum fferamus & optamus. Plufieurs Théo- logiens de l'Ordre, approbateurs du livre, aflûrent auiîi que les Notes lit- ter aies font fçavantes & judicieuses , les explications courtes , mais inftruclives & l'analyfe des chapitres , dont la fubf- tance efi renfermée dans un feul dyftt~ que, tout-a-fait Jïnguliere & unique en fon efpece. , L'Auteur , dans la crainte de fur- charger le Public, n'a point jugé à-propos de faire précéder lès dyf- tiques du chapitre même, dont ils font l'analyfe. Quelques perfonnes ont penfé que s'il eût renfermé le texte de l'Ecriture dans fon ouvra- ge, l'édition auroit été plus utile , & plus au goût du Public. Mais loin de s'en plaindre, c'eft un dé- faut dont on peut lui fçavoir quel- que gré , & qui n'influe aucunement fur le caraclere de l'ouvrage. LES AMOURS DE THEAGENE ET DE CARICLfE , HISTOIRE Ethiopique traduite du Grec d'Heltodore. A Paris, chez Briaflbn, rue faint Jacques , à la Science 1727. 2 vol. in-\x. HEliodore, fi on en croit M. gard des Poètes. Eumjibifiquentium Huet , eft à l'égard des Ro- temporum Fabulatores Romanen es tam- manciers ce qu'Homère eft à l'é- quam extmplum propofumtnt ad imi- i64 JOURNAL DE tandiim , & tant verè omîtes dtci pof- fuut ex hoc fonte , quant Poëtt ex Ho- vtcrico fuas f Jîc ut dkam , tiquas hau- Jtfie. ( Huet. deorigfab.Ront. p. ^S.) En forte que comme Homère cil la fource de toute bonne poëiîe , Hc- liodorel'cilauili de toute bonne fic- tion en proie. On fçait que les Amours de Clttopbon & de Leucippe d'Achilles Tatius , & les Etbiopiques d'Hcliodore font deux ouvrages cé- lèbres en ce genre, qui nous relient de l'antiquité. 06/b/> 1 266 JOURNAL DE ;i un paquet qu'elle portoit fous le 3> bras, Se qui imitait une beiacc , » mais qui au fond renferment fis » habits Se fes bijoux. Son carquois »» avec fes flèches furent le partage si de Calafiris. 11 les enveloppa d'un « mauvais fac de cuir déchiré, qu'il j> chargea fur fes épaules en échar- * pe : il fe 1er vit de l'arc pour s'en >i faire un bâton, après l'avoir re> « d relie & en avoir ôté la corde. » Ils marchèrent en cet équipage » jufqu'au Bourg de Befla , en s» priant la deftinée qui les gouver- * noit, de mettre fin à fes rigueurs, « £c de le contenter des maux qu'el- » le leur avoit fait refl'entir. Près >* d'arriver à Beflâ environ au foleil M couchant , ils trouvèrent un grand »> nombre de corps nions tous recem- » m m tu-'s, Sec. » Pendant que ces chofes le paf- 3) foient fur les remparts de la Vii- ï> le, il fc préparait encore une nou- » velle fcéne , à laquelle on ne s'at- « tendoit pas. Cariclèe qui venoit » après Calafiris , ayant reconnu de il fort loin Théagène ( caries per- 3» fonnes qui s'aiment, ont la t*ùe » fi fubtile , qu'ils fe reconnoi lient j> les uns 6c les autres par cent en- * droits differens ) doubla le pas , » Se courut de toute fa force à lui, « Se dans fon tranfport fe jetta à 3' fon cou, Se l'cmbrafià, fans pou- » voir expliquer là joye autrement =>* que par des larmes, des foûpirs « Se des plaintes. Théagc'ne qui ne » la reconnut point fous ce tnafqut » de boue, dont elle s'étoit déhgu- m ré le vifage à defiein , & mtme >» toute déchira- , la prit pour une de ~ ces Bohémiennes qui courent le S SÇAVANS, monde,Sc la repoulîà avec mépris^ «r jufqucs-là qu'outre' de Cole'rc,dc ce fîde. An fœtus extra titerum genitus , f.dvâ matre , pojfn excludi. C'eft-à- dire : Oueftton agitée dans les Ecoles de Médiane de Paris ■ le Mardy z% lévrier 1717 , fous la préjîdence de M. Jean-Baptific Du Buts 1Dofteur-Régem de cette Faculté; fçavoir fi un fœtus engendré hors delà matrice peut être tire, fans eaufer la mort de la mère. A Paris che's Quillau,t«-4°. pp. 8. IL paroît qu'en fait de Thèfès , M. Du Bois ne donne pas dans les questions ufées. Il y a quelque t:ms qu'il nous fournit l'occafion de parler du cidre, fur lequel, comme nous le fîmes obferver alors , nous n'avons qu'un très -petit nombre d'ouvrages. Le problème qu'il nous préiênte aujourdui, n'eft pas moins intéreflânt par la nouveauté. Tant que les Thèfes de Médecine rouleront fur des matières aufli cu- rieufes, nos Lecteurs fans doute ne feront pas fâchés que nous leur en faffions part. Quant à celle-ci, nous fbmmes encore engagés par un mo- tif particulier à ne lapas laiûèrdans •l'oubli ; elle nous intéreffe en ce que M. Du Bois , comme on le ver- ra dans la fuite, y a défendu en quel- que façon notre caufè , en y défen- dant la fienne. Le raifonnement qui règne dans les cinq corollaires, dont cette dif- fèrtation eft compofée , fe réduit au fyllogifme fuivant. Pourvu que l'enfant engendré hors de la matri- ce, puiflè trouver un chemin par où fortir , fans que le détache- ment de l'arriére -faix caufe une trop grande hémorrhagie , 6c fans que l'écoulement des vuidanges foit empêche, l'on ne doit point défef- pérer de la délivrance de la mère. Or ce chemin peut être ouvert , fans les inconveniens dont il s'agit ; par conféquent l'extraction de l'enfant, tel qu'on le fuppofe , peut fè faire , fans que la mère périflè. Suivant l'ufage établi dans les Ecoles de Médecine de Paris, ufa- ge dont on ne s'écarte que trop fou- vent, mais auquel M. DuBoiss'af- fujettit fcrupukufement , la in.aj:u- re de ce fyllogifme eft expoféedans le premier corollaire, & prouvée dans le fécond , le troifiéme contient la mineure, dont le quatrième & le cinquième renferment les preuves. Ce premier craïon peut donner une idée générale de radilîèrtation ; mais pour la faire connoitre d'une manière qui fatisfaflè davantage, il eft à-propos d'en examiner plus par- ticulièrement la conduite^; les par- ties. L'Auteur propofe d'abord com- me un fujet d'admiration , l'induf- trie avec laquelle nos di fierons or- ganes ont été conftruirs, fuivant les différentes fondrions qui leur étaient deftinées , ôc pour preuve de cette fage précaution , il ne veut que l'e- xamen des parties qui entrent dans la compofition du corps humain. La proportion des branches ayeç k Ll ij iéî JOURNAL DE tronc, l'affcmblage des os enchaînes par diverfes articulations, les points d'apuiSe les infertions des mufcles, l'ordre des ventres ou cavitésja force de leur parois, la fituation, la ftructu- re Se les attaches des vifce'res,toutes ces choies lui annoncent la prévoïanec & le defièin de la nature. Il ne veut pas cependant qu'on por- te cette réflexion , jufqu'à s'imaginer qu'un ordre fi merveilleux ne puilîé fouftrir aucun dérangement , fans que l'économie animale foit trou- blée. Il obfèrve au contraire qu'il fe peut faire des changemens indii- férens par raport à la fanté, non- fèulenaent dans le nombre, dans la grandeur, dans la figure 6c dans la fituation des parties organiques , mais encore dans les fonctions dont elles font les infini mens. On a vu, dit-il , 22, 25 Se 26 côtes à la poi- trine, 6 Se 8 vertèbres pour le cou , 1 1 Se 1 3 pour le dos, 4 Se 6 pour les lombes. On a trouvédans quel- ques hommes trois tefticules, dans les autres il ne s'en eft rencontré qu'un ; de~méme il ne s'eft trouvé quelquefois qu'un feul rein :un cœur aplati & fendu en deux par la pointe , n'eft pas un phénomène inoiii : il y a des exemples de Yepphon Se du ventricule renfermés dans la poitrine, du foye dans le côté gauche Se de la latte dans le droit , ou dans le mi- lieu du ventre. Pour ce qui efi des fonctions , il efi fait mention d'un homme qui rumi- noit comme un bœuf -y d'un autre dont le fang étoit blanc ; d'un ber- ger au ventre duquel on voyoit ex- térieurement une ronce, qui avoit ii bien pris racine dans les mufcles , S SÇAVANS, qu'elle y avoit fleuri ; de pluficur* autres perfonnes qui porroient des plantes vivantes en différentes par- ties du corps ; d'une femme qui ayant reçu une blcfllire au fourcil , Se enfuite ayant été guérie par le moyen d'une future , nourrit le reffe de là vie un végétal ailés fingulier. On s'étoit fervi d'un fil de foye, pour réunir les lèvres de la playe y ce fil refté à l'endroit de la cicatri- ce, y prit vie, Se y végéta de fa- çon, qu'il fallut s'accoutumer aie couper de tems en tems. Tous ces gens-là cependant joiiiilbicnt d'une lànté parfaite j ce qui engage M. Du Bois à regarder ces fortes de phénomènes comme des nouveau- tés qui proviennent d'une fécondité inépuilàble, Se non pas comme des erreurs de la nature. L'Auteur , après avoir encore cité quelques obfcrvations extraor- dinaires, qui concernent les règles des femmes , parvient aflés naturel- lement au point de fa queftion , en difant que la conception eft fujette à fes variétés, aufiî-bien que les au- tres fonctions. Ces variétés font de deux eipéces ; la première , dont la génération des monitres fournit bon nombre d'exemples, regarde la con- formatiqn du fœ us ; la féconde , dont il s'agit ici principalement , concer- ne le lîégcde la conception. Il s'eft trouvé des fœtus dans les ovaires, il s'en eft trouvé dans les trompes de la matrice , on en a vu dans ta capacité du bas ventre , fans qu'il parût que la matrice eût été endom- magée. De la première obfervation , M. Du Bois tire cette conféquence , que l'œuf de la femelle ne va pas M A Y toujours au-devant de l'efprit fémi- nal du mâle, comme quelques-uns J'ont prétendu , mais que cet efprit eft porté jufqu'à l'ovaire , pour y féconder l'œuf. Delà féconde il in- fère que les trompes font deftinées au même ufage , dans les femmes,que les conduits nommes oviduftus , dans les animaux ovipares. De la troifié- me, ou plutôt de toutes les trois en- femble , il conclut que la matrice n'eft pas la feule partie du corps qui foit propre à recevoir £c à nour- rir le fœt u s. On eft donc en droit préfente- ment de fupolèr une conception de cette nature ; il ne s'agit plus que de fçavoir quel en peut être l'évé- nement , Se voilà précifément l'état de la queftion. C'eft auffi en cet en- droit que la majeure dont nous avons parlé , eft propofe'e avec toute la net- teté' que demande la première par- tie d'une démonftration. M. Du Boisobferve au commen- cement de fon fécond corollaire, que les trompes de la matrice, aufquel- lcs Fallope a donné fon nom , ne laifîbient pas d'être connues d'Aé- tius Se de Galien ; il indique les en- droits où ces Auteurs en ont parle', après quoi il fait une courte des- cription des mêmes conduits, pour expliquer enfuite de quel ufage ils font dans la conception naturelle , Se comment ils occafionnent la con- ception hors de la matrice. Il exa- mine de quelle manière l'œuf fé- condé eft porté dans la matrice , par quelle méchanique l'embryon s'y de'veloppe Se s'y attache , comment le fœtus s'y nourrit , jufqu'au terme de la groiîcfîé. Il fait voir par quel 1 72-7- 4^9 accident un autre œuf, au lieu de fuivre la route ordinaire, tombe dans la cavité du bas ventre, Se de quel- le façon il fe joint à quelque vifee- re , pour en tirer fa nourriture. De ces deux fortes de conceptions mifes en parallèle, M. Du Bois tire la preuve de fa majeure. Dans le premier cas, dit-il, lorfque l'enfant eft parvenu au terme de fon accroif- fement, que refte-t-il à fouhaiter ? Trois chofes. i°. Que l'accouche- ment foit facilité par l'éruption des eaux , 6c par les forces de la mère ,. Se que l'enfant n'y mette aucun ob- ftacle de fon coté, par fa foibleflè, par fà fituation , ou par fon volume exccfîif. x°. Que la fortie des enve- loppes Se du placenta fuivent de près celle de l'enfant, de peur que les vailîcaux ouverts par le détache- ment de l'arriére- faix , ne donnent lieu à une perte de fâng mortelle , faute d'être reflèrrés. 30. Que parles voyes naturelles on puiflè donner ifîuë à cette abondance d'humeurs- fuperfluës,qui fe font amalîè'esdans la fubftance de la matrice , pendant la grofièfîè, afin de prévenir les dé- fordres qu'elles cauferoient , fi mal- hcurcufèmcnt il s'en faifoit un re- flux dans l'habitude du corps. Tous les foins n'ont donc ici pour objet que la fortie de l'enfant, le reflèrrement des vaiflàux fanguins, Se le cours des vuidanges. Ces trois points une fois obtenus , on peut fê tranquillifér. Nulle raifon, ajoute 1 Auteur , d'être plus difficile, Se d'exiger davantage, pour la- fureté de la mère, dans le fécond genre de grofîèflè. Au refte rien n'eft plus capable de" i7o JOURNAL DE faire connoître l'exactitude & la juf- teflc du raifonnement dont nous faifons l'analyfc, qu'une reftriction qui termine ce corollaire. M. DuBois fent bien que dans les moyens qu'il va propofèr pour l'extraction de l'en- fant nourri hors delà matrice, il ne pourra pas toujours avoir égard à l'é- coulement des vuidanges , non plus qu'à la compreffion des vaiflèaux qui fourniflbient le fuc nourricier, avant que le placenta fut détaché. Mais il a foin de prévenir l'objec- tion qu'on pourrait lui faire là-def- fus , en obfervant qu'après la con- ception naturelle, il y a des cas où l'on ne s'embarraflè nullement de ces circonftances , 6c que parconfé- quent on peut aura les négliger quel- quefois , dans la conjoncture qui fait la matière de fa Thèfc. Cette réflexion fe trouvera dans la fuite éclaircie Se juftifiée. Le commencement du 3e corollai- re nousrepréfente unefemme encein- te, dont les tranchées longues & fré- quentes femblent annoncer un ac- couchement prochain. Cependant après le travail le plus pénible, on ne voit rien paraître ; tous les afîjf- tans font étonnés de ce retardement, pas un n'en imagine la caufe -, l'en- fant n'eft point dans la matrice , il .eft dans une prifon iâns porte jC'eft à quoi l'on ne fonge point. D'où vient que cette raifon n'entre dans l'efprit deperfonne ? Il eft bien dif- ficile, répond l'Auteur, de pronof- tiquer ce qui n'arrive que rarement ; ce n'eft pas qu'on manque réelle- ment d'indices capables de faire pré- voir les chofes les plus extraordi- dinaircs , c'eft plutôt parce qu'on S SCAVANS, n'obferve point les fîgncs d'un évc-> nement qu'on n'attend pas. M. Du Bois prétend donc, que fi l'on examine avec foin les accidens qui ont accompagné la groflèflède cette femme, accidens dont il fait ici le dénombrement , on doit bien-tôt foupçonner l'unique obf- tacle qui s'oppofe à la fortic de l'en- fant ; qu'alors on eft en état d'exa- miner la chofe de plus près, en in-r troduifant la main par l'orifice ex- terne de la matrice, 6c en s'aflùranç par ce moyen que la cavité de ce vifcére n'eft point occupée. Après cela, continue l'Auteur , il n'y a plus à balancer ; il faut en venir à l'opération , & cette opération n'eft autre chofè qu'une incifion faite au ventre, à l'endroit qui paraît le plus convenable. L'enfant, les envclo- pes, l'arriére- faix, tout fortira par cette ouverture ; le péritoine 6c les mufcles du ventre auparavant dila- tés, reprendront leur fituation na- turelle, 6c en partie par leur propre affailîèment , en partie par le rapro» chement des vifcéres que l'accroif- fement du fœtus avoit écartés , ils comprimeront les orifices des vaif- feaux ouverts par le détachement du placer.ta ; de manière qu'ils for- meront une digue allés forte, pour arrêter le fâng. Quant aux vuidan? ges, rien n'empêchera qu'elles ne coulent par la plaie qu'on aura faite. Ce que nous venons de dire, con- cerne l'enfant renfermé dans la ca- pacité du bas ventre , fans autre en- \ v 1 ipe que les membranes propres j mais 1! peutauifi arriver qu'un/a?»** foit nourri dans une poche adhjj* MAY rante à un des ovaires , ou bien dans une des trompes de la matrice ; qu'a- près avoir acquis un certain volu- me, il crevé tout-à-coup la poche, ou la trompe qui le renferme, d'où il le trouver:1, précipité dans l'hypo- gailre. L'Auteur avertit à ce fuiet que fi l'on s'apperçoit de cette chu- te, ce qu'il allure n'être pasimpof- fible à un Obfervatcur attentif, on doit eflàyer la même opération. Voilà le premier fecours que M. Du Bois indique,pour fau ver la mère qu'il vient d'introduire fur la fcê- ne • mais s'il arrive qu'on le négli- ge , ce lêcours , le malheur ne lui paroît pas encore fans reflburce. Voyons quel eft le fondement de l'efpérance qui lui refte. Ce que l'art , dit - il , aura man- qué d'entreprendre à-propos, faute de lumières fuffilàntes , la nature qui fçait elle-même fe frayer les che- mins dont elle abefoin, fçaura l'e- xécuter dans un autre tems. L en- fant fe fera épuifé en vains éforts , pour jouir de la lumière, 8c pourfe donner la liberté : on aura refufé de lui procurer le pallàge qu'il au- ra cherché ; il reliera dans la cap- tivité dont il n'aura pu fe délivrer, il y mourra , il s'y corrompra , Se de-là que s'enfuivra-t-il ? A cette corruption fuccéderaune acretécor- rofive , qui agiflànt fur la furface in- terne des tégumens du bas ventre, ou fur le canal intestinal, par exem- Île fur le n llum , fera naître au de- ors une fupuration falutaire , par laquelle la matière corrompue fondra . auilî bien que les os du fœtus , loit que la fupuration même les entraîne , fans aucun fecours 1717. i"jï étranger , foit qu'on les tire par le moyen des inilrumens. L'Auteur avoiie que tout cela ne peut guéres fe palfer, fans que l'é- conomie animale foit confidérable- ment dérangée, 6c il cri rapporte les raifons. 11 convient donc en même tems que la nature peut fuccomber quelquefois au milieu d'un fi grand ouvrage; mais il foûtientauffi qu'el- le peut fouvent avoir allés de vi- gueur & d'habileté , pour fe déli- vrer par une victoire entière, de tous les maux qui fembloient de- voir bien-tôt l'accabler. Dans le danger où eft la femme dont il s'agit, ce n'eft pas allés de montrer deux chemins pour là gué- rifon • il eft encore à -propos de faire connoître par des railons fo- lidcs, que ces chemins font pratl- quables. C'eft à quoi M. Du Bois s'applique dans les deux corollaires qui nous relient à parcourir. Les preuves qu'il employé pour cela ont cet avantage par-defîùs tous les raifonnemens dont on peut fiiire ufàge en Médecine, qu'on ne fçauroit les regarder comme l'ou- vrage d'une imagination échauffée par l'amour des fyftêmes. Elles ne roulent que fur quantité de faits , tous également décififs, foit parce' qu'ils font précifément dans l'efpé- ce en queflion, foit parce qu'ils y ont un parfait rapport. Combien, dit l'Auteur, n'a-t'on pas vu de mères fur le point d'ex- pirer dans le travail de l'enfante- ment, & arrachées des bras de la mort , ou par l'opération Céfarienne^ ou par les fculs éforts de la nature , qui s'eft fait des routes exuaordi- vji JOURNAL DE naircs, lorfqu'clle n'a pu fe débar- raflcr de ion fardeau par la voie na- turelle. Il cft hors de doute, par le témoignage des plus fidèles oblcrva- teurs; que l'opération Célarienne a fouvent réuffi très-hcurcufement.Il cft encore certain , continue-t'il , que l'enfant n'aïant pu fortir de la ma- trice par le chemin ordinaire , s'eft quelquefois ouvert un autre partage, foit en rompant le vifcérequi lccon- tenoit, foit en l'ulcérant par fa pro- pre corruption , Se en excitant dans la fuite une fupuration extérieure, qui l'a poulie au dehors ayee la ma- tière purulente. C'ert ainfi qu'on a vu des fœtus fortir par morceaux , tantôt par la région des îles , tantôt par les hypochondres , quelquefois par le nombril , ou parles parties voifines, d'autrefois par les aînes, ou par d'au- tres endroits du bas-ventre , 6c fou- vent par Y mus. M. Du Bois non content de tous ces exemples, en cite un dernier , qui lui paroît avec raifon plus fin- gulier que tous lesautres. Une fem- me groflè étant parvenue à fon teiv me, ne put accoucher, malgré tous les éfoits imaginables. L'enfant rom- pit la matrice Se tomba dans le coté droit de l'hypogaftrc, où il rcita , marquant fa place par une tumeur ailés confidérable. Au bout de quel- que temps les douleurs cédèrent, Se la femme fe re'tablix fi bien, qu'elle devint enceinte de nouveau ; le ter- me vcqu , le fécond enfuit eut le même fort que le premier , avec cette différence, qu'ayant à (on tour déchire la matrice, il fe nicha dans îe côté gauche de l'hypogaftrc En çonféquence autre tumeur à cette 5 SÇAVANS, partie. Trois ou quatre mois fe pafc fent ainfi , fans accidens fort remar- quables , après quoi ces deux ju- meaux d'une nouvelle efpécc font enfin tirés du corps de leur mère , l'un par un abcès qui perça au côté droit de l'ombilic, l'autre par une ouverture qu'on fit au côtéoppofé, où l'un des deux crânes formoitune tumeur. Suivons préfentement la compa? raifon que fait l'Auteur. Dans l'opé- ration Céfaricnne, il faut couper non-feulement la peau du bas ven- tre, les mufcles Se le péritoine, mais encore le fond de la matrice qui con- tient l'enfant. Il ne faut couper que les tégumens communs, pour tirer l'enfant de la cavité du bas ventre ; la dernière opération cil donc moins dangercuiè que la première. Cet argument a la même force par rapport à la fupuration. L'on a beau dire que les playes de la ma- trice ne font pas toujours mortelles ; qu'on a vu même des femmes per-» dre ce vifcére, fans pour cela per- dre la vie. Il cft pourtant vrai que dans tous les cas dont on vient de faire mention , l'on ne voit rien de plus à craindre que le déchirement 6 la fupuration de la matrice. Car enfin la moindre irritation qu'elle fouffre , caufe des naufées Se des vomiflcmens infupportables ; le fé- iour qu'y fait quelque humeur étran- gère Se impure, cft capable d'exci- ter la douleur la plus vive , l'inflam- mation , la difficulté de refpirer , le hocquet , la phrénéfie , les convul- fions , Se tous les autres fymptômes qui caracrérifent la palTion hyftéri- quc. De quels maux par çonléquent; k MAY la rupture & la putréfa&ion d'une partie fi délicate ne doivent -elles pas être fuivies ? Il eft donc évi- dent que dans toute la capacité' du bas ventre, il n'y a point de lieu d'où l'enfant, par la voyede la fupu- ration, nepuilîefortirplus aifément & plusfùrement , que de la matrice. M. Du Bois eft obligé de revenir encore à ce qui regarde le détache- ment de l'arriére-faix , & la matière des vuidanges j parce que ces deux points font partie de fa mineure ; mais il obfèrve que ce n'eft pas-là ce qui doit embarraiîèr le plus dans les conjonctures dont il a parlé aupa- ravant, & qu'au furplus fi l'ons'ob- ftine à croire que ces circonftances ioient toujours eflèntielles , les hif- toires qu'il vient de rapporter, lui iournillent des armes pour fe dé- fendre. Enefièt on ne doit pas plus s'alarmer à ce fujet, dans le cas de fa queftion , que dans toutes les occa- fîons qu'il a citées. Deux opérations, qui fèmblent faites exprès pour autorifer les deux genres de curation indiqués par no- tre Auteur , ont été réfèrvées pour le dernier corollaire. La première eft celle de M. Littre, inférée dans les Mémoires de l'Académie des Sciences , année 1 702. Ce n'eft au- tre chofeque l'extraction d'un fœtus par Vttnus d'une femme , qui fe porte encore actuellement fort bien. Sui- vant le jugement de l'Obfervateur, auquel M. Du Bois conforme lefien, ce fœ< us n'avoit point été' nourri dans la matrice , mais dans la trom- pe, ou dans une poche attachée à l'ovaire. De cette enveloppe dé- chirée par une dilatation exceiîive , May. il étoit tombé dans l'hypogaftrc , il s'y étoit corrompu , il avoit ul- céré l'inteftin rectum ; ce fut par cet ulcère que M. Littre le tira par mor- ceaux. La féconde opération eft celle dont nous avons donné, dans le 16 Jour- nal de 1722, une relation que M. Du Bois lui-même nous avoit com- muniquée. C'eft pourquoi nousnous difpenferonsde la répéter ici. Il nous futfirade dire que le Sr Lucas, Chi- rurgien de Saint Lo, en Baflè-Nor- mandie , tira du corps d'une Paifa- ne, qui demeuroit aux environs de la même Ville , un enfant qui pa- roiflbit avoir cinq mois , mort à la vérité , mais fans aucune corrup- tion ;quc cet enfant fut tiré par une incifion faite à Nantis Seau reclum de la mère ; que cette femme fut gué- rie en très-peu de temps, 8c qu'elle n'en a reflènti aucune fuite fàcheufè. Par le détail 8c l'explication des cir- conftances qui précédèrent & qui accompagnèrent cette curation, nous avons fait entendre que le fœtus n'a- voit jamais eu encrée dans la matrice , 8c qu'on l'avoit tiré delà capacité du bas ventre. Comme cette obferva- tion a paru dans notre Journal fous le nom de M. Du Bois , c'eft à lui qu'on s'en eft pris, 8c il nous rend compte , à la fin de fa Thèfe,du pro- cès qu'on lui a fait là-deflus. Quel- ques efprits féconds en difficultés l'ont taxé d'un peu trop de crédu- lité. Ces gens fenfés 8c tardifs à croire, ne peuvent s'imaginer que le fœtus en queftion fût dans la ca- pacité du bas ventre , hors de la ma- trice. Us ne fe contentent pas de marquer leur répugnance à conve- M m a74 JOURNAL D nir d'un fait qui les éconne ; ils en- treprennent encore de démontrer que ce fut , tel qu'on l'a décrit , eft abfolumcnt impoflîble. Ils aflfurent donc que l'enfant étoit réelle- lement dans la matrice, 6c que s'il eft forti par Vanus, il ne faut en accu- fer que le peu d'adreflè del'Opéra- teur,qui voulant faire une incifion à l'inteftin rettum , en fit une autre à la matrice. L'Auteur ne s'arrête point à com- battre par des raifons pofitives une conjecture , qui toute hazardée qu'el- le eft , ne kiiflè pas d'être propofe'e comme un dogme. 11 croit ( 6c il n'a pas tort de le croire ) qu'on ne doit jamais rifquer fi affirmativement une telle propofition, fans avoir en main des preuves inconteftables pour la foûtenir, 6c que par confé- quent elle doit tomber d'elle-même, dès qu'on a détruit les prétendues preuves qu'elle avoit pour fonde- ment. C'eft pourquoi il s'aplique uniquement à examiner 6c à réfuter la démonftration des incrédules après quoi il les abandonne volon- tiers à leur opiniâtreté. Voici donc le grand argument de ces judicieux Cenfèurs. Si l'en- fant étoit forti de la cavité du bas ventre, & non pas de la matrice, la mère fèroit morte infailliblement , 6c pourquoi ? La matrice eft , dit- on , conftruite , de manière qu'elle peut aifément le reflèrrer,à propor- tion de la dilatation qu'elle a fouf- ferte ; il s'enfuit de-là que l'enfant étant forti de la matrice , les parois de ce vifcére peuvent le contracter aflés promptement , pour empêcher vm hémonhagie funefte , parce que ES SÇAVANS, la contraction de la matrice compri- me les orifices des vaiflèaux fan- guins , ouverts par la féparation qui s'eft faite de la merc 6c de l'enfant. C'eft donc à ces mêmes vai fléaux refl'errés incontinent après l'accou- chement que la mère doit fa vie. Or,continuè-t-on, dans la cavité du bas ventre, il n'y a point d'autre vifcére que la matrice, qui foit ca- pable de procurer cette compreflîon fi néceflàire ; par conféquent en quelque partie que l'arriére-faix ait Ion adhéranec, lorfqu'il en eft féparé, les embouchures des vaiflèaux de- meurent dans la même dilatation qu'elles avoient , Iorfqu'elles por- toient la nourriture a l'enfant. Rien ne peut donc fâuver la mère, parce que rien ne peut arrêter le lâng. A l'exemple de M. Du Bois, nous avons mis ce raifonnement dans tout fon jour 6c dans toute fa force ; il eft jufte que nous en ufions de- même à l'égard de la réponfe. Lorf- que le foetus eft contenu dans la ma- trice, il la dilate à proportion de l'accroiflèment qu'il y prend. Qu'on le rappelle à-prelènt que les vaif- feaux de la mère qui communiquent avec le placenta font partie de la fub- ftance , dont la matrice eft compo- fée, on concevra facilement que ces vaiflèaux doivent être dilatés, à me- fure que les parois de la matrice le font , 6c l'on conclura de-là que le fœtus étant dans la matrice, les con- duits d'où il tire ià nourriture, fouf- frent une diftenfion confldérablc. 11 n'en eft pas de-même des vaif- lèaux par lefquels le fœtus eft nourri dans la cavité du bas ventre. L'en» faot.par le volume qu'il acquiert MAY dans cette cavité , ne peut occasion- ner que la diflenfion du péritoine, des mufclcs Se de la peau. Or la diffcenfion de ces tégumens ne fait rien aux vaifîèaux du vifcére , au- quel le placenta eft adhérant : Ces vaiflèaux ne peuvent donc être di- latés comme ceux de la matrice. L'Auteur obferve en paflànt que cette diference eft caufe que l'en- fant hors de la matrice, ne peut ar- river à la perfection de ion accroif- fement naturel. Il s'enfuit de cette théorie que dans le premier cas les vaiflèaux ou- verts par la chute de l'arriére-faix, doivent être puiflàmment reflèrre's , au lieu que dans le fécond ils n'ont befbin que d'une légère compref- fion. Or M. Dubois a fuffifamment expliqué de quelle manière elle il- fuiioit : c'efl pourquoi il fe trouve bien fondé à croire que l'objection de fès critiques n'ert d'aucun poids , foit contre l'opération qu'ils ont voulu décrire, foit contre la conclu- fion de fa Théfè. Avant que de finir , nous dirons un mot des citations qui fe trouvent ici en allés grand nombre, eu égard à l'étendue de l'ouvrage. En toute autre conjoncture peut-être les taxe- roit-on d'érudition affectée ; mais en cette occafion elles étaient d'une neceflité indifpenfàble. Lorfqu'on n'appuyé fon raifonnement que fur des faits , il ne fuffit pas de les avan- cer ; il faut encore indiquer les en- droits d'où ils font tirés, parce que c'efl la feule manière de les prouver. SELECTE EPROFANIS SCRIPTORIBUS HISTORLE. quibus admifta funt varia honeftè vivendi prœcepta ex iifdem Scripto- ribus deprompta. Pars prima&:fècunda.ParifIis,apudJacobum Ejiicnne 1727. in-iz. pp. 492. MHeuset , ancien Profcflèur • du Collège de Beauvais , en l'Univerfité de Paris, publia l'an- née dernière un recueil des Hiftoi- res choifies de l'Ancien Teftament , exprimées dans un Latin aifé, & à la portée des enfans qui commencent à apprendre cette langue. Ce recueil fut trouvé très-utile , Se même préféré par des Maîtres judicieux à ces Auteurs prétendus faciles, qu'on donne d'ordinaire aux enfans à expliquer, 6c qui font tou- jours au-deffus du degré de leur in- telligence. Lorfque ces enfans font plus avancés , on a coutume de leur mettre entre les mains des Auteurs moins faciles , c'eft-à-dire très-diffi- ciles, qu'ils entendent comme ils peu- vent^ qui nefervent ni à former leur efprit, ni à orner leur mémoire , parce qu'on les leur fait expliquer de fuite , au lieu de ne leur en faire voir que les endroits choifis,qui puiflènt en mê- me tems leur frapper l'efprit , les inftruire & leur plaire. C'efl: ce que M. Heufet a eu en vue dans la peine qu'il s'eft donnée, de chercher de tous côte2,dans les meilleurs Auteurs Latins, les morceaux les plus inftruc- tifs & les plus agréables , ôc de les aflèmbler méthodiquement dans un nouveau recueil qu'il deftine prin- cipalement à l'ufage des enfans , M m ij 1-6 JOURNALDE mais qu'il croit néanmoins ( avec raifon | pouvoir être utile à tout le monde , 6c mériter d'éti'c lu attenti- vement par toute forte de perlbnncs M. Heufet s'eftpropolé deux ob- jets dans ce dernier recueil : la clarté des penfe'es Se des expreffions , 6c l'u- tilité des matières. Par rapport à la clarté, il a fou vent fupprimé dans les maximes 6c dans les hiftoires qu'il a empruntées des Anciens , les penfées obfcurcs ou trop fubtilcs; il a chan- gé les exprellions trop fines 6c trop relevées en d'autres plus lîmples ; il a abrégé les phrafês trop longues ; il a préféré la netteté 6c la facilité à l'harmonie. Mais comme l'arrange- ment peu naturel des mots, qui cil une beauté,dit-on,dans la langue lati- ne, eft la plus grande difficulté que ceux qui l'apprennent , a vent à lur- monter,ilacru devoirplacerles mots clans un ordre plus naturel 6c plus analogique à la langue françoife , 6c à toutes les langues modernes , qui par cet endroit lèul, paroifïènt infi- niment au-defîus des langues Grec- que 6c Latine, lesquelles dans la dii- poiition des mots, ne fuivent point du tout les opérations naturelles de l'efprit humain. L'Auteur, pour donner quelque ordre a fon recueil ( fans quoi toute compilation eft meprifablc ) a jugé à-propos de fuivre la méthode des O^o-fdeCiccron, 6c de rapportera la Prudence, à lajuftice, à la Force 6c à la Tempérance toutes les maxi- mes 6c toutes les hiftoires qu'il a re- cueillies, pourencompoferun nom- bre de li v res égal à ces Vertus mora- les, en failànt néanmoins précéder un Lyre fort court concernant l'être S SÇAVANS, fouverain la religion Se la nature de l'homme. Aucune maxime , aucune hiftoire n'elt ici fans la citation de l'Auteur dont elle eft tné^. Seneque eft un de ceux à qui on fait le plus d'hon- neur. M. Heufet dit que cet Auteur ncfehlant point ordinairement dans les chiffes , 6c demeurant fouvent in- connu auxjeunes gens pour lerefte de leurvic,ilacrudevoiren tirer une infinité de belles maximes 6c d'e- xemples remarquables. 11 eft vrai , ajoùte-t'il , que fon ftile eftprcfquc toujours affecte 6c précieux ; mais fa phrafe eft courte, fes penfées vi- ves, 6c il orne fon difeours par des comparaifbnsSc des images naturel- les , qui divertiflènt l'imagination. M. Heufet croit que ce qu'il en a em- prunté, peut plaire aux enfàns fans leur nuire. L^s maximes qui font ici recueil- lies, 6c qu'on a tirées des Auteurs Pa- yens contiennent une Morale excel- lente ; par exemple, quec'eft la ver- tu feule qui rend l'homme heureux ; que nous ne devons accorder au corps que ce qui eft necefiaire pour fa confèrvation ; qu'on doit fouftrir les injures , ne point rendre le mal pour le mal, faire du bien à tout le monde, même à fes ennemis ; que les liaifons du cœur doivent être formées par la vertu ; qu'il fàuttout facrifier à l'amour delà juftice Scde la vérité ; qu'il faut mieux perdre fon repos, ia liberté, fa vie, que de manquer à fon devoir, 6cc. Parmi les exemples , on voit tan- tôt des Généraux d'armée , qui après avoir été élevés aux pi us grands hon- neurs , Se ayoir remporté les plus MAY glorieufes victoires, meurent dans la pauvreté dans laquelle ils ont voulu vivre, 6e laiflènt à peine en mourant de quoi fournir aux frais de leurs funérailles. Tantôt ce font des Pères qui immolent leurs propres enfans aux intérêts de la liberté pu- blique, Se de la difcipline militaire, ( exemple d'une édification e'quivo- que ) tantôt ce font des enrans que la pietë filiale remplit de courage, Se rend ingénieux pour conferver la vie à ceux de qui ils l'ont reçue. Les plus riches prefens ne fçauroient donner atteinte au noble défintereflè- ment des Curius , des Fabricius , des Phocions, desXenocrates. Les plus rudes menaces , la prifon, l'exil, la mort n'ébranlent point la fermeté des Catons, des Metellus, des Rc- gulus. Les injures font foufïèrtes avec patience 6c pardon nées. L'a- mitié eit religieufe & fidèle ; la li- béralité prudente 8c induftrieufe. La frugalité, la fimplicité, la modef- tie , font autant du goût des grands Capitaines,quedcs Philofophes. Les Juges 6c les Magiftrats font éda:- rés , équitables 6e défintereilèz. Les Rois aiment leui'S fujets comme leurs enfans. La vertu eit pratiquée par l'amour du devoir, Se rien n'eu: regardé comme utile, s'il n'eitjuite & honnête. Enfin on voitrailèmblé ici un nombre confiderable de traits de morale 6c d'hiftoire, dont plu- fieurs peuvent fervir de règles 6c •de modèles pour diftêrensétatsdela vie, 6c même donner quelque plai- fir parla diverfité des matières. C'ell pour cela fans doute que l'Auteur a de temsen tems rapporté les mau- vaifes aérions, 6c expofé les por- traits de quelques hommes vicieux de l'antiquité , comme des exem- ples à fuir. Se "comme des images propres à faire détefter le vice. Le fécond livre qui fe rapporte à h Prudence, paroit le plus intereflant ôc le plus agréable, en ce que l'Au- teur y expofe les maximes 6c les exemples qui ont rapport aux feien- ces 6c au bon goût. On y voit , dans plufieurs traits empruntez des anciens Auteurs 6c joints à des exem- ples , que la feience eit la vraye nour- riture de lame, 6c qu'il yades hom- mes qui ont voulu l'acquérir, mê- me au péril de leur vie; qu'un fça~ vant n'eft dans l'indigence que par- ce qu'il le veut. V.r dotfus pot us non vult duefeere , quam non potefi ; que les Lettres font l'ornement Se la confolation d'un homme >• qu'il fied même aux perfonnes âgées de vouloir s'inftruirc • que les içavans font honorez de tout le monde ; malgré Peu: ie & l'opprejficn ; qu'il vaut mieux lire un petit nombre de bons livres qu'un grand nombre de mauvais ; que c'eft une folie d'avoir une belle bibliothèque pour l'oftcn- tation, 6cc. On peut juger fuififàmment dM caractère 6e du mérite de ce petit rc- cûeilpar ce que nous venons de dire : Heureux les enfans à qui on le met- tra entre les mains. ît8 JOURNAL DES SCAVANS," LETTRE D'UN A N'C J F. N PROE ESS E UR D E T H EOLOC, J F. de la Congrégation de S. Maur, qui a révoqué fon appel, à un autre Trofeffeur de la mime Congrégation , qui perjïfte dans le Jien. A Paris , chez; • P. Giftart , rue S. Jacques, à Sainte Thercfe, 1726. broch. m-iz. pp. 48. QUoique de fçavans Prélats fie d'habiles Théologiens ayent publie depuis quatorze ans, au iujet de la Bulle Untgcmtus, un grand nom- bre d'écrits , dont nous n'avons pas cru devoir faire mention dans ce Journal , la Lettre de D. Vincent Tiruii.LiF.R , qui vient de paraître, cft néanmoins une pièce fi inte- rellantc en fon genre , que nous nous croyons obligez d'en rendre compte. Cette Lettre n'eft point une diflèrtation dans les formes , où l'Auteur fuivant didactique- ment une ou plufieurs veritez, fe propofe de les appuyer par des e'clair- ciflèmens étendus Se par des preuves méthodiques. D. Thuillier fe con- tente d'expofer les diffèrens motifs qui l'ont porté à révoquer fon ap- pel : ces motifs font néanmoins des argumens, fie comme ils font courts fie exprimez avec efprit, nous allons en rapporter la plupart , fans rien changer aux termes de l'Auteur. » Vous dites qu'il y a des veritez » eflèntielles,aufquelles la Conftitu- 3> tion donne atteinte, 6c que ces 5» veritez font la neceflîté de la foy y au Médiateur, la gratuité 6c la ne- » ceilité de la grâce, la toute-puif- -' fanec de la volonté de Dieu , fie » la neceflîté de l'amour de Dieu 3» dans le Sacrement de Pénitence. j> . . . Je comptois trop fur votre v modération, pour foupç onner que vous accufafïicz le Pape , trois Pa- « pes , fie prefque tous les Evéques que fes Soldats lui avoicnt ame- s> née , & qui ajoute à la dot de cct- w te fille la fbmme d'argent que fes « parens avoient apportée pour fa s> rançon : contre cette fille célèbre '» qui fe jette dans la prifon où Ci- » mon fon père avoit été' enfermé , » & le nourrit là de fon lait : con- » tre un Spurina,qui fe défigura » levifage,de peur que fa beauté » ne lui fût à lui & aux femmes une »> occafion de chute : contre un jeu- >» ne homme, qui dans un bain ne »! pouvant e'viter autrement les fales »» pourfuites d'un débauché, fe jette a» dans une chaudière d'eau boiiil- « lante.Je ferois fâché que S. Auguf- « tin, S. Profper& quelques autres « Percs, eufTent eu le cœur fi peu »> compatiflànt, £c en dépit des He- « xaples , je ne puis qu'aimer les >» Théologiens, qui ont juftifié ces » Pères d'une dureté qui fait hor- « reur. L'Auteur fait voir enfuiteenpeu de mots quel eft leveritableobjet delà Bulle,& les opinionsqu'ellc condam- ne, llexpofe ces opinions en 2 pages , ôc montre enfuite avec la même briè- veté qu'elles font contenues dans les propofitions que la Bulle a condam- nées. Mais ce qui doit frapper le Lec- teur , c'eft qu'il fait voir que ces opi- nions au moins par rapporta la grâce, 1727, 279 font reprouvées par le Cathechifme de Montpellier. » Mettez de côté, dit-il, toute votre érudition Théo- K logique fur la Bulle, oubliez que moindre allufion. On fépare ce > qui devoit être joint, & on joint > ce qui devoit être féparé. En un > mot, le Livre des Réflexions ^n'eîi > à le bien définir , qu'un Cen- » ton moral , tiré des Percs de l'E- glife, 6c fur-tout de S. Auguftin, qu'on y a déchiré en mille mor- ceaux. Car plus ce Saint Doc- teur eft refpeétable, plus on af- fecte depuis quelques fiécles de le faire garant de toutes les nou- veautez. » Mais ne renverlc-t'on pas du m moins par-là le langage de la tra- « dition 6c de la pieté ? Eh ! point » du tout, mon R. P. ne foyezpas v> iufpccl: d'attachement aux erreurs S SÇAVANS; que proferit la Conftirution , 6C « parlez comme on partait aupara- « des Jefuitcs des confequences Pc- « lagiennes ; mais avec quels efforts outrageantes , les injures dont on 5» acciïeilloit alors ce décret , pal- is» fânt jufque dans nos folitudes , s» nous infpirerent pour lui un fou- s> verain mépris. ... Je me fbu- « viens encore du jour que cette ■» Bulle arriva à S. Denys. Nous « la lûmes les premiers cnkmble j> Dom * * * 6c moi. C'e'toit à »< chaque propofition les cris les plus ■» lamentables de fa part : il ne li- »» foit qu'en fanglotant , 6c à la fin, »> quelle Bulle, s ecria-t'il, il n'y a *» plus de religion , tout eft renver- »> fe ; fon air dévot , 6c fon ton pa *> the'tique firent fur moi une im- »> preffion terrible ; & depuis ce a> tems jufqu'à la fin de la Théologie 3> (je rougis d'avoir ce honteux té- î» moignage à porter contre moi- si même ) je ne penfai qu'à com- s> battre la Conftitution. « Mais lorfque le zele dont je " brûlois pour certaines opinions J» que j'avois enfèigne'cs, le fut un » peu rallenti ; que je vis les Evê- 5» ques de tout pays envoyer leurs « témoignages ; les inftructions de '> S. Charles fur la Pénitence impri- s' me'es à Rome ; le Bref d'un faint * pape aux Dominicains en faveur » de la pre'deftination gratuite, 6c => de la grâce efficace ; le mépris que =»' les oppofans faifoient des ouvra- " ges qui leur e'toient contraires , 6c »» ordinairement fans les avoir lus ; s> le peu de bienféance avec lequel s> on parloit des puiflànces de l'E- V glife ; l'affectation avec laquelle » on re'petoit fans celle les exem- «> pies d'obfcurciflemens, propofc's P par toutes les fectes condamnées , Ma). I 7 2. f. 2§ 6c réfutes par S. Auguftin, 6c par nos plus fameux Controvcrfiltes , que j'entendis dire à quelques-uns que VEghfe pourvoit fe pajfer d'E- vêques ; à d'autres, que quand un Concile gênerai fe déclarerait pour la Conftitution , ils ne fè rendroient pas ; à d'autres encore , qu'ils fè retireraient plutôt en Hollande , que de fè foûmettre. Toutes ces choies jointes enlcm- ble, firent dans mon efprit une révolution, dont je ne puis trop rendre grâces au Seigneur. Je lus la meilleure partie de ce qui s'e'- toit public pour Se contre la Conf- titution : alors le voile fè rom- pit, les ténèbres fe difîiperent , j'expiai par la honte que me fit à moi-même mon ancien entête- ment , la fotte 6c ridicule vanité que j'en avois tirée. Mais une des chofès qui accé- léra le plus cet heureux change- ment , ce fut la crainte d'être ac- cablé fous les ruines d'un édifice qui croule de tous cotez, 6c que rien n'étaye : je parle de la petite Eglife oppofante. De ce nombre de Prélats qui s'e'toient mis d'a- bord à notre tête, combien en refte-t'il ? 6c ce nombre même devions -nous le compter pour quelque chofè , Ji mens non Uva fuijfct ? Ils commencent à fè laf- fer de la guerre , 6c ceux qui ne veulent pas maintenant rendre les armes , ou les mettront bas com- me les autres , ou en mourant , céderont leurs fieges à des efprits plus pacifiques. L'Auteur fait voir enfuitc qu'un Théologien perfuadé des promeflei N n i8* JOURNAL DE d'indéfeéïibilité que J. C. a faites -à ion Eglife, ne peut dire que tous les Paftcurs joints au S. Siège, font aujourdui plongez dans l'erreur, Se que tous les Evêques du monde, à l'exception de quelques-uns renfer- més dans un petit coin de l'Euro- pe, ont bu jufqu'à la lie, la coupe empoifonnée. Le Loup eft dans la bergerie, prefque toutes les ouail- les font dévorées , & on prétend que tous les Parleurs font aujourdui des chiens muets, que la crainte del'In- quifition , ou la paflion de plaire aux puifîànces, empêche d'aboyer. D. Thuillier exhorte enfuite fon Con- frère à le tranfporter dans tous les pays étrangers , & l'allure qu'il n'entendra point là dans les Univer- fîtez ces beaux axiomes, que la li- berté conjîfle dans le volontaire , & qu'elle Se le mérite doivent aller de compagnie avec la necejfité intérieure & d'attrait : Que toute grâce em~ forte f en effet, & par une fuite ne- ceflàire , qu'on ne rélîfte jamais à la grâce intérieure : Que la grâce eft une opération de la main toute-puif- te de Dieu, que rien ne peut em- pêcher ni retarder. On ne turlupi- ne point là , dit-il , les grâces fuffiian- tes ; on y prêche , que Dieu veut flncerement fauver tous les hom- mes ; on y enfeigne , que J. C. eft mort non pour les Elus feuls, mais pour tout le genre humain ; on y de'tefte cette maxime exprimée en deux vers dans le livre des Réflexions, Se qui crt une des proportions con- damnées : 5 SÇAVANS, Quand Dieu veut fauver l'homme, en tout tenu , & en tout lieu , L'indubitable effet Juit le vouloir d'un Dieu : La charité' y eft eftimee fon prix, mais fans préjudice des autres ver- tus qui peuvent fe poflèder fans elle, ôc qui y conduifênt : Enfin dans l'adminiftration de la Pénitence , c'eft la difcrction,ce font les lumiè- res du Confeiîèur qui règlent les délais. D. Thuillier confêille au Profef- fèurde n'être plus de fi mauvaife hu- meur contre les Evêques étrangers , 6 de ne point chicanner fui- les mo- tifs de leur acceptation. Soyez fur, lui dit-il , que I'infaillibilite' du Pape, dont quelques-uns fontper- fuadez , n'a ête' pour eux qu'un motif de concomitance. Chacun d'eux a cher- ché dans la Bulle les veritez aux- quelles il s'attendoit , & après les avoir trouvées, il y a applaudi avec connoifiànce de caulê. On peut par cet extrait , juger du ftyle de l'Auteur & du carac- tère de lès raifbnnemens. M. l'Abbé Raguet, qui a approuvé l'écrit, af- fûre qu'il lui a paru folide , & tout-à- fait prope a faire l'imprejjion que l'Au- teur s' eft prepofée : jugement auquel a fouferit M. l'Abbé Tournely par une autre approbation accompagnée de la permiflîon d'imprimer du R. P. Dom Pierre Thibault, Supérieur General de la Congrégation de Saint MauK,ôc autoriiéede celle du Roy. MAY 1747: 283 TLAN D'UNE MATHEMATIQUE ABREGEA, A L'USAGE ET A la portée de tout le monde , principalement des jeunes Seigneurs , des Officiers des ingénieurs, des Thjjiciens , des Articles. A Paris, chez Pierre Simon , rue de la Harpe 1727. broch. in-^°. pp. 18. LA méthode de cet ouvrage com- pofé par le Père Caftel , eft tou- te analytique. L'Auteur commen- ce par les idées générales des mathé- matiques , 8c finit par les idées dé- taillées de la géométrie ; il avoue que le progrès des unes aux autres eft très-lent , 6c infiniment nuancé, mais il pre'tend en recompenfe,que c'en: un progrès invariable , 8c tou- jours fèurement accéléré du com- pofé au fimple. Car le Père Caftel n'eft pas de ceux qui croyent que pour aller du connu à l'inconnu , il faille pafîèr du fimple au compofé, £c du détail au tout. Il eft de fait , félon lui, que toutes les autres mer thodes qu'on ne vante pas tant, mais qu'il aflure qu'on goûte mieux, pro- cèdent au contraire du gênerai au détail , 8c du compofé au fimple par voye d'analyfè,de divifion 8c de fous- divifion. Il regarde comme une er- reur, 6c comme une erreur des plus captieufès , de prétendre que les idées fimples font les plus faciles 6c les premières dans les fciences : pour prouver fon fentiment, il demande s'il n'eft pas vray qne la plupart des efprits font diftraits , oublieux , im- patiens , fuperficiels , accoutumés à voir toutes chofes à-peu-près , con- fufément 6c en gros, d'une manière générale 6c vague ; 6c fi ces idées fimples , abftraites , précifes, indi- vifibles , qu'on prefènte à des com- mençans, n'échapent pas dès la pre- mière propofition , dès la premiè- re définition ; la chofe lui paroît fi confiante, qu'il ne fait pas difficul- té d'avancer que de cent efprits il y en a quatre-vingt-dix-neuf qui fè ré- futent avec obftination à ces idées fimples. Cet inconvénient lui pa- roît digne de toute fa vigilance , 6c furpris qu'on ait attendu jufqu'ici à y remédier, il dit qu'il eft temps de le reconnoïtre, pour y mettre or- dre ; d'eu, à quoi il deftine l'ou- vrage qu'il annonce ; il y appla- nira, fi on l'en croit, toutes les diffi- cultés des Mathématiques, il ira au - devant de tous les obftacles , 6c rien n'arrêtera plus les commençons; il fè promet que les efprits , même les plus bouchez entendront ce qu'il y a de plus myfterieux dans cette feience, quidevient par lemoyen delà métho- de dont il s'agit à la portée de tout le monde , 6c aujufte niveau de toute forte de Lecleurs. 11 ne faudra ni conten- tion d'efprit, ni aucune forte d'ap- plication pour entendre le livre du Père Caftel. Il dit en termes exprès qu'il ne croit pas que fort travail en mé- rite aucun de la part de ceux qui lui fe- ront l'honneur d'en ufer , il demande qu'on life fon ouvrage, comme on lit un livre d'hiftoire ou de morale; il avertit même que celui-ci a l'avan- tage fur un livre d'hiftoire ou de morale , d'avoir été fait dans cet ef- prit, qu'on pût le lire tout de fuite, l'entendre en le lifant, 6c le retenir Nn ij î$4 JOURNAL DE en l'entendant. Mais pour rendre cette lecture plus aifée, le Pore Cartel qui n'ou- blie rien de tout ce qu'il croit pou- voir contribuer à Ton dencin , s'eft mis d'abord à travailler fur les ter- mes qui arrêtent tout court, dit-il, & à chaque pas le plus détermine Lecteur tels que font , félon lui , les mots de Cône, de Parallélépipède , de P dièdre } de Cube, à? Angle, d'El- Ijpfe ,de Parabole, èc autres qu'il ap- pelle des termes heriffés de Grec, &c qu'il auroit volontiers bannis de fon livre, s'il n'avoitapprehendé de vio- ler à leur égard les loix de la bonne hofpitalité, mais à chacun defquels si a aflbcié fon fidèle interprète pris dans la langue même du Public. Il prie les Géomètres de n'être point feandalifez de la liberté qu'il s'eit donnée d'en u fer de la forte ;&c pour lesappaifer en cas qu'ils s'en forma- lifcnt, il leur déclare que ce n'eft point pour eux, mais pour tout le monde , qu'il a dit fans re 'pecl i i i>:- Julte, qu'un Cône cil une manière de pain de fucre, arrondi tout au tour, large par en bas , & éfilé en pointe tout en haut ; qu'imparallélépipedt or- dinaire eft une poutre bien faite, lon- gue , quarrée à fes bouts , Se dans toute fa largeur ; qu'un Poliedre cil comme vous dirie^ bien, un miroir à facettes ; qu'un Cube cft par exem- ple un dé à joiier , revêtu de fix fur- iàces plates , quarrées , toutes éga- les ; qu'un Angle efturJ pli dans une ligne ; qu'une Courbe cft anguleufè & phéc dans tous fes points ; qu'un Cercle cft un rond uniformément plié partout , qu'une Ellypfc cft une ovale plus plic'e aux deux extremitez S SÇAVANS, qu'aux d«.ux cotez ; qu'une Parabole elt une grandiflimt ovale, dont par confcquuit on ne peut jamais laiiir à la fois lcsdeuxbouts, ni de l'œil, ni peut-être même de l'efprit,&c. Le Pcre Cafte! remarque à ce iujet qu'on nelaincra peut-être pas de trai- ter encore de hardieflè & d'outrage , l'honneur qu'il croit faire à ces vé- nérables mots Grecs, en leur don- nant à chacun fon truchement fran- çois. Mais pour fe mettre ab- folumcnt à couvert du reproche dont il s'agit , il avertit que les Grecs mêmes n'étoient point fi res- pectueux , & qu'un Paifan Grec avoit bien la hardieflè de fçavoir qu'un Cône étoit un pain de fucre. QuelquesLcéteurs repondront peut- être qu'il n'y avoit point de pain de fucre du tems des Grecs ; mais le Pcre Caftel réplique qu'il parle ici de la figure, 6c non de la iubftan- ce, ce qui ne veut dire autre cholè après toutfinon , qu'un Païlan Grec fçavoit de quelle figure il vouloit parler , quand il parloit d'un cône. Notre Auteur regarde comme un grand point d'avoir fçu popularifer les termes de cône & depara'.lélépipede , & il dit là-deftus que l'efprit tou- jours ennemi des grands noms, goû- te une forte de triomphe à voir un Co- «cfçavant ,travcfti en chapeau poin- tu, & un Parallèle; ipede redoutable, transformé en un chetif foliveau. Le Père Caftel a fait fur le ftyhs la même chofe que fur les termes , il l'a pcpuls.rifé : en voici un exem- ple. LesGéometiesdifent quclaferie defcer.dante & infinie des fous-doubles '} égale le double de fon premier terme : Cet axiome lui paroit de ceux dont le fiyle MAY 'jiméantitla clarté naturelle. Qu'on ne s'y trompe pas, s' 'écrie -t 'il , » cette « proportion appartient à la haute •> Se tranfcendante géométrie de l'in- s> fini. Mais en bon françois , cela s» ne fignifie autre chofe , continue- nt t-tl, fi ce n'eu: qu'on peutdivilêr m une grandeur, par exemple une s> ligne , par moitié , fa moitié par s> moitié , Se toujours de moitié en »> moitié à l'infini. C'eft ce progrès s» de moitié qu'on appelle fçavam- »» mentda ferie descendante des fous- 3> doubles. Un autre avantage que le Père Caftel reconnoît dans Ton livre, c'en: qu'il eft fans figures. Croit-on, 'dit- il , que pour être Géomètre , il faille grifonner des figures, Se bé- gayer en enfant des A. B ? Mais pour venir au fond de l'ouvrage , nous remarquerons qu'il confifte en huit développement. Dans le premier l'Auteur fuppofant qu'il parle non a des Géomètres , mais à des hommes , débute , à ce qu'il dit , par les premières idées vagues que tout le monde a des mathématiques ; ôc en recueillant un peu ces idées il en forme comme le serine de la fcience qu'il va développant dans la mémoire de fes Leéteurs , plutôt que dans leur elprit : les mathéma- tiques , leur dit-il , font la fcience par excellence, la fcience tout co- rt, fui vant la force du mot Grec mathématique , enforte que tout ce qui eft vray , certain, feientifique, eft mathémati- que ; fon objet n'eft autre que la gran- deur bornée, figurée Se fenfible , c'eft ce monde avec tout le détail des chofes bornées qui lecompofent.Voi- la l'idée que le Père Caftel donne t7l7- . aSj de fon premier développement. Dans le fécond il envifage le mon- de de plus près ; il le confidere comme fait avec nombre, poids & mefure, il remarque que les mathé- matiques le faififiant fous ces trois afpeéîs , fe partagent en trois gran- des feienecs, \z géométrie <\mmefure la méchanique qui pefe, Se la cofmo- graphie qui compte , Sec. Il entre ici dans une explication générale de ces feiences. Dans le troifiéme développement , la géométrie fe divife en fimple,qui traite des lignes, furfaces Se corps fini- ples,trianglcs, quarrés, lignes droites, cubes , parallélépipèdes, Sec. en com-> pofée qui traite d'un certain nombre de lignes , furfaces, 8c corps cour- bes , circulaires , ovales , paraboli- ques , &c. Se en tranfcendante qui embrafie toutes fortes de lignes, de furfaces , & corps courbes. On y voit i°.ce que c'eft que lamechani-- que, qu'il divife d'abord en générale 6c en particulière , puis en mechani- que,pratiqueouartificiclle.2°.cequc c'eft que la cofmographie qu'il par- tage en trois parties, en cofmogra-^ phie viJÎMe, qui a pour objet le mon-» de vifible tel qu'il fe preiente à nos yeux, comme le Ciel, la terre, Sec. en cofmographie organique, qui con-» fidere les organes intérieurs des corps vifibles , comme des plantes , des ani- maux ; Se en cofmographie intelligi- ble , qui pénétrant dans le plus fecret intérieur des chofes, attei nt , félon no»- tre Auteurjufqu'au fyftême même de l'efprit Se du cœur, a l'art de con- jecturer, aux jeux de hazard , à la morale, à la politique, Se jufqu'à la déinonitrationde la Divinité Se de la z$6 JOURNAL D Religion, enforte que la Théologie fait partie de la cofmographie. Dans le quatrième développe- ment le Perc Caftel partage la géo- mctricJîmpU en mcthode,en élemens , 8c en pratique. La compofée en feien- ces de calcul , conique , 6c prati- que. La tranfeendante en analyfe de l'infini, feiences des courbes 8c pratique ; puis il vient aux divi- sons de la mechanique générale , de la mechanique particulière 8c de la mechanique pratique. 11 partage celle-ci en arts d'infime! , d'adreilê 8c de goût, comme font la peintu- re , la fculpture , la mufique, la danfê , 8cc. en Arts de gér.ie com- me font les diverfes fortes d'Archi- teclure , foit civile , foit champêtre , foit militaire & navale; 8c en Art d'imagination , comme font le mou- vement perpétuel , le grand œuvre , la médecine univerfêlle , la palingé- néfie , 8cc. tout ce développement a zf branches. Dans le cinquie'mc développement qui a 63 branches , la méthode fe paitage en mathématique qui regarde toutes les feiences en gênerai , 8c en géométrique qui concerne la géomé- trie en particulier. Les élemens s'y partagent en géo- métrie naturelle qui renferme tous les axiomes , routes les définitions , notions , demandes , 8c en géométrie démontrée , 8cc. Le fixiéme développement a ifi branches , feiences , arts ou traitez. Le feptiéme en a 381. Le huitième qui eft le dernier , va jufqu'au dernier détail des ven- dez 8c des propofitions ; le Perc Caf- tel er fonce plus ou moins dans ce ES SÇAVANS; détail, félon qu'il le juge plus ou moins utile à ceux pour qui fon ou- vrage eft fait, c'eft-à-dire, à tout le monde, car c'eft pour tout le mon- de que fon ouvrage eft fait. A la fin de chaque développement 8c de chaque divifion 8c lous-divi- fion, on trouvera des cfpcces d'ar- bivs fyftematiques ou analytiques , qui reprclenteront d'un coupd'ceil tout ce qu'on viendra de lire , 8c le reprefenteront dans fon ordre de lec- ture, de développement,8c comme de génération. Rien n'en: plus joli à fuivre que les dificrens dégrez par lefquels le Père Caftel veut faire parler l'efprit. Cet Auteur, avant que de prouver que les choies font vrayes , les infi- nue dit-il, comme vrai-femblabks. Cette vrai-femblance eft précédée de la conjecture qui eft une vrai-fem- blance conditionnelle. Avant que de conjecturer que la chofe pourroit être , il fait voir qu'abfolument la chofe eft poflible : enfin , avant que d'établir même la polfibilité des cho- ies , il en donne par dégrez le fou p- çon ; avant le foupçon , il en fait naître la fimple idée , 8c cette fim- ple idée même eft préparée par la première lueur. On ne peut nier qu'une telle mé- thode ne foit nouvelle, fur tout en géométrie ; mais elle ne paroît pas devoir accourcir l'ouvrage du Père Caftel, c'eft néanmoins par ce moyen qu'il prétend renfermer toutes les mathématiques en un feul volume j»-4°. aftez médiocre. Il avoue que cette prétention pa- raîtra paradoxe à quelques-uns , mais il nie, 8c qu'elle puifle paroître MAY 1717. 187 telle à ceux qui comprendront Ordiuis bac virtns erit & Venus, aut la force de ce vers d'Horace , qu'il ego fallor. a mis pour devife à la tête de fon Le Public jugera fi l'application livre, que l'Auteur fait de ce vers lui eft auiîi favorable qu'il le fuppofe. IE TREE-HOLDER OU L'aXGLOIS JALOUX DE SA LIBERTE' ; effaj politique , traduction de l'Anglois.A Amfterdam , che's Hcrman Wit- werf, 172.7- »M2. pp. 454. CEs elîàis qu'on attribue à M. Addiflbn connu dans le monde fçavant, dit le Traducteur pour une des meilleures plumes d'Angleterre, comprennent cinquante - cinq dif- cours. On en a diftribué deux dans la Ville de Londres chaque femaine depuis le Vendredy 23 Décembre de l'année 1715. jufqu'au Vendre- dy 29 Juin de la même année. Le Spectateur, le Mentor, le Babillard font des recueils de difeoursquiont été ainfi diftribués dans la Ville de Londres. Le Free-Holder qu'on fait parler dans ces eflàis politiques, eft à traduireceftnotàlalettreunpoflèflêur de Franc-Alleu.On donne ordinaire- ment ce nom en Angleterre à ceux qui font Propriétaires d'un bien de 40 chelins de revenu , ôc qui par-là joùifîènt de plufieurs privilèges, dont un des principaux eft de donner un furTrage pour l'élection d'un mem- bre du Parlement. Le but principal de ces difeours , qui ont été faits pendant les mou- vemens qui fe rirent dans la Grande Bretagne, en faveur du Prétendant , fur la fin de l'année 1 7 1 y. & au com- mencement de l'année 1716". étoit d'empêcher les Anglois de prendre le parti du Prétendant. L'Auteur foû- tient que fous un Prince qui fait pro- feflion de la Religion catholique , les Anglois perdroientleurlibertéSc leur religion : d'un autre côté il fait de grands éloges d; la forme du gouver- nement prefent d'Angleterre,du Roy George , & de la Famille Royale. Quelques-uns de ces difeours ne regardent que d'une manière fort indirecte les troubles arrivés en An- gleterre en 1715-, tel eft le 33e dans lequel le Free-Holder félicite l'U- niverfité de Dublin de ce qu'elle a prefenté fa Lettre Patente au Prin- ce de Galles pour le faire Chance- lier de cette Univerfité , Se de ce que le Prince a bien voulu faire l'hon- neur à l'Univcrfité d'accepter cette charge. « Ce n'eft point d'aujour- d'hui , dit le Free-Holder, que le " Collège de Dublin s'eft diftingué " pour tout ce qui concerne les " feiences ; mais la démarche qu'il " vient de faire eft une preuve in- " conteftable de fa fageflè & de Ion " difeernement Quand des gens " de lettres font voir par une fem- " blable conduite , qu'ils joignent à " la feience qu'ils ont puilé dans les " livres, la connoiflànce du mon- if de • quand ils font voir que leurs " études les conduifènt naturelle- " ment à aimer leur Roi & leur pa- u trie, ils alîiirent aux belles lettres <* arS JOURNAL DR „ la plus haute réputation, & ils eu „ établiflènt invinciblement l'utili- „ té. La conduite de l'Univerfite de Dublin paraît à l'Auteur d'au- tant plus digne de louange , qu'il prétend que les réfulrats de la plu- part des aflèmblées des gens de let- tres leur attirent l'indignation des gens fages, 6c le mépris des igno- rons. „ En effet , on a obfcrve, dit le „ Free-Holder, que des gens qui „ s'étoient rendus rccommandables „ par leur fçavoir, par leur candeur, „ & par plufieurs autres bonnes „ qualitez pcrfonnellcs , fe font com- „ porté de la même manière que „ s'ils n'avoient rien de commun „ avec le genre humain, & qu'ils „ ont commence' à agir contre les ,, principes de la droite raifon , dès „ qu'ils ont voulu former entr'eux „ un corps particulier. Onavûarri- „ ver à leur égard ce qu'on remar- ., que des eaux de diverfe nature , „ 6c toutes préparées par la Chy- „ mie : chacune d'elles féparées des „ autres, paroît claire 6c tranfpa- „ rente j mais quand on les mêle „ cnfcmble dans une même bouteil- , le, elles fè changent en une li- ,. queur épaifTe 6c trouble, dont la „ caufe doit être attribuée à la fèr- ,, mentation. Dans la fuite de ce difcoursJ'Au- teur confeille aux Sçavans de re- chercher la faveur des Grands. Voi- ci les motifs qu'il leurpropofe pour les y engager. « Les bontez d'un „ Prince font abfolument neceflâi- „ res pour la propagation , l'avan- „ cernent, la défenfe, l'honneur 6c „ le maintien des feiences 6c des c cr U7.NS, arts. Elles infpirent naturellement " l'ambition de le uiltinguer dans " les belles lettres, 6c elles augmen- " tent le nombre de ceux qui fe def- " tinent »à la recherche des belles " connoiflànccs ; la faveur du Prin- " ce les allure contre la violence " des brutaux, qui voudraient leur " nuire, 6c elle leur procure l'avan- " tage de pourfuivre leurs études, 'c dans un tems de paix 6c de tran- " quillité. Elle met les Sçavans en " état de paraître dans le monde , " 6c d'y tenir leur place parmi " les honnêtes gens. Sa libéralité " répand des réeompenfes , 6c par- " là elle encourage les perfonnes " fhidieufls , qui n'ont ni les occa- " fions, ni le tour d'efprit necellài- " re pour pouffer leur fortune, par " Pefperance des gratifications , des " places 6c de l'avancement. «C'cir. " par ces obièrvations 6c quelques au- tres femblablcs, que l'Auteur pré- tend établir la vérité de ce pallàge de Seneque, qu'il a mis à la tête du 35e difeours. 7/ n'y a perÇov.ne qui ait plus de recomioiffance pour les Magif- trats } t.i en niême-tetns qui doive en avoir davantage , que ceux qu'ils font joïi.r d'une vie tranquille: & c'efl auffi four cela que ceux qui trouvent cette tranquillité delà vie dans la fiureté pu- blique , doivent refpeêter comme un père, celui a qui ils font redevables d'un Ji grand bien. Le 35e difeours contient plufieurs reflexions fur les Hiftoricns moder- nes ; l'Auteur fbutient qu'il y a en Angleterre plus de perfonnes dignes de l'immortalité, qu'on ne trouve d'Auteurs capables de la leur procu- rer. « Notre patrie a donné > dit-il, des MAY „ des Ecrivains du premier ordre „ en tout autre genre. Mais elle a „ été extrêmement fterile en bons „ Hiftoriens , nous en "avons plu- ,, fleurs très-propres à ramafler les sJ faits , mais fort peu qui fçavent „ les mettre en œuvre , avec cette ,, pureté', cette élégance de ftyle , „ avec cette déheatefîè Se cette force „ de réflexions, avec cette adrefîè „ Se ce difeernement qu'il faut pour „ relever un caractère ; enfin, avec ,, ce choix de circonftanccs fi ne- „ ceflaire pour animer toute la nar- „ ration , Se que nous admirons avec 3, juitice, dans les anciens Hifto- „ riens qu'ont fourni Rome Se la „ Grèce, Se dans d'autres Auteurs „ que nous trouvons chez quelques- „ uns de nos voifins. Le Free-Holder fe plaint encore de ce que la plupart de ceux qui s'érigent en hiftoriens , font peu ver- fez dans les affaires publiques , Se qu'ils ne connoifîènt point le cara- ctère de ceux dont ils veulent rap- porter les actions. " 11 n'y a pas s, beaucoup d'apparence, que des „ gens qui ont pallë toute leur vie „ dans une condition ordinaire , „ puifîênt avoir une idée fort juftç „ des défauts Se des beaux endroits, „ qui peuvent fe trouver dans les e, actions ou dans les caractères dif- „ ferens des grands hommes. Dès qu'un homme qui a eu quel- que réputation en Angleterre , foin par rapport au gouvernement de l'Etat, foit par rapport aux feienecs, cft enterré, il cil à la diferetion de certains Auteurs qui entreprennent l'on hiftoire dans l'dperance de ga* pier quelques fous. On ne fe donne point la peine de recueillir les mé- M..V. 1 7. i .£. ■ ig9 moires néceflàires pour compofèr cette hiftoire , on attribue à celui dont on fait l'éloge des ouvrages qu'il n'a point compofez ; on lui fait faire des actions au (quelles il n'a ja- mais eu aucune part, on lui donne des vertus qu'on n'a jamais remar- quées en lui ; Se par un effet de cha- rité , on le juflifie des fautes qu'il n'a point commifes. Le Free-Holder cft perfuadé qu'on ne doit point donner au Pu- blic la vie d'un homme illuitre aufîi- tôt après fa mort. Il faut attendre pour en parler en Hiftorien defin- tereifé, que le tems ait adouci l'ai- greur de fes Antagoniftes, Se réduit à leurs juftes bornes les précautions trop favorables de fes adherans. On trouve dans le f$° difeours une fatyre ingenieufè, Se même un peu piquante du caractère des An- glois par rapport à la politique. L'Auteur dit qu'on appelloit autre- fois l'Angleterre le raïs des Saints , Se qu'elle mérite aujourdui qu'on l'appelle le Fais des Tolitiques. Il n'y aprefque point d'âge, de profeffion, de fixe parmi nous , continué le Free-Holder , qui n'ait fes Miniflres favoris , Se fon plan particulier du gouvernement. Ces morceaux furnfent pour don- ner une idée de l'ouvrage Se du ftyle du Truduéteur. Il fè flatte dans -fa Préface d'avoir rendu quel- quefois allez heureufement la pen- fée de fon Auteur; mais il ajoute qu'il cil fort éloigné de prétendre que la traduction ait confervé tou- tes les grâces de l'original. C'cft ce que nous laiilbns à décider à ceux qui auront confronté la traduction avec l'original. Oo 190 JOURNAL DES SÇAVANS, NOUVEAU SYSTEME D V M I C RÛCO S M E , OU TRAITE' DE la nature de l'hoime: d»ns lequJ on explique la calife du mànvemekt des } luu'.es ; le principe de la 1 te . du fang e~ des humeurs ; la geaei . tien , & les autres opérations des parties au corps humain. Par le Siettr de Tymogne. A la Haye, 6c fc vend à Paris clic/, Cfiaubert, Quay des Auguitins à la Renommée. 1717- in-8° avec fig. pp. 313,11ms compter la préface. EDme GuYOTcftle véritable nom de l'Auteur. DeTymoguc n'en cft que l'anagramme, lbus la- quelle cet Auteur paroît avoir eu d'abord intention de Ce cacher , s'i- maginant qu'au travers de ce voile, on ne pourrait pas le reconnoître. Dans cette confiance, il envoya le manuferit à fon fils , Imprimeur à la Haye, 6c le pria de le mettre fous la preflè, comme l'ouvrage d'un de fes amis. Le fils ayant développé le myftére , n'a pu fouftrir que fon père fe déguisât dans une occafion, où vraifemblablement il pouvoit fe déclarer avec honneur. Il lui a don- né de fi bonnes raifons , pour l'en- gager à fe faire connoître , qu'enfin il a obtenu de lui la permiflion de le nommer , 6c apparemment celle de nous communiquer cette anec- dote, par un avis du Libraire. C'cft donc à M. Guyot , Con- feiller du Roi , Préfident du Gre- nier à Sel àVcrfaillcs, que nous devons le Nouveau ijftême du Micro- cofme , ou jetit-mor.de , c'eft-à-dire du corps humain; 6c comme le naturel eft toujours plus de notre goût que le figuré, nous laillcrons-là doréna- vant le Sr De Tymogue , pour nous attacher uniquement à M. Guyot. Excepté la petite fupercherie dont nous venons de parler , jamais titre fie fut moins trompeur que celui-ci. Il promet de la nouveauté ; l'on en trouvera certainement dans le corps de l'Ouvrage, 6c peut-être même fe- ra-t-on furpris d'y en trouver tant. Cependant l'Auteur , fi nous l'en croyons, n'a point écrit dans le def- fein de fe diftinguer , par la fingula- rité de fa doctrine. Il femble , au contraire, préférer la gloire de réta- blir un fyftéme ancien à celle d'en inventer un nouveau ; 6c comme s'il vouloit le récrier le premier con- tre le titre de fon Livre , il fait des- cendre en ligne droite, de la Philofo- phie la plus ancienne , fon fy fteme , & taxe de nouveauté les ientimens con- traires aux fiens. Ce ne font point des idées r agites & incertaines que je p'opofe, dit-il dans fa Préface, nt des principes inventés à plaifr Ils ovt été recon- nus ( ces principes ) par des Fhilofophes de l'antiquité . a plus recul e . & adop- tés par Ceux qui les ont fmvis , après l'écoulement de plujicurs Jiéeles. C pen- dant ceux qu'on a imaginés dans le der- nier, ont pr.valu, & font derenus à la mode. Pour former un corps mixte de quelque nature que ce foit4 M. Guyot demande deux choies. i°. des élémens, qu'il admet au nom- bre de quatn.- , l'eau , la terre, l'air 6c le feu : %°. deux principes ; fçavoir l'e prit itnverfel , 6c 1< mat:ces qui le reçoivent. Par clérncns il n'entend MAY autre cholê que la matière dont les mixtes font compofèz ; 6c il regarde les principes comme des inftrumcns, qui fpécifîent la matière, & qui la déterminent dans les différentes productions de la nature. Comme les élcmens ont e'té beaucoup plus rebattus que les principes , nous nous arrêterons principalement à ces der- niers. L'efprit uv.iverfcl eft le principe matériel , ou du moins qui fe rap- porte à la matière : c'eft cet eiprit qui la remue, qui la développe, 6c qui la met en évidence dans la pro- duction de chaque mixte. M. Guyot donne a ce principe des qualifica- tions, qui doivent en flaire conce- voir une haute idée. C'eft , dit-il , ce qu'on appelle ame du monde , c'eft une femence cétèfteyc*ç& la femence primitive, c'eft le trémier moteur t c'eft le point férnin al contenu en chÀqtte ebofe, c'eft le principe de la vie & de la fé- condité, c'eft enfin une qmv.teffence ai- fujettie aux élémens. Ce principe eft unique; l'autre , qui eft le principe formel, fe multi- plie à l'infini, parce qu'il y a dans l'Univers une infinité de matrices , deftinées à fpécifier 6c à déterminer la matière. La fubitance célcftc,qui conftitué l'esprit umverfd , entre dans les animaux par la voye de la rcfpi- ration, dans le tems que les pou- mons fe dilatent ; fie enfuite elle eft diftribuée dans toutes les parties du corps : elle eft pompée par les raci- nes des végétaux: elle pénètre enfin les entrailles de la terre, où elle pro- duit les minéraux. Quant aux matrices néceflàires à h formation de tous ces mixtes , le 17*7- 29' nombre n'en eft pas égal dans les trois genres. Le genre animal , en qualité du plus noble, en a quatre; le végétal, comme inférieur, le paile à trois ; 6c le minéral , qui tient ap- paremment le dernier rang dans les ouvrages, de la nature, eft réduit a deux. La femence du premier mâle , c'eft-à-dirc l'efprit quintefjentié , fe change en humidité mercuriale , ou lier- mApbrodite , après qu'apparemment elle s'ert unie à quelques parties de l'humide, fur lequel elle a com- mencé fon aélion, ou plutôt ( car nous craignons d'altérer le fens de l'Auteur) après qu'elle a il trodmt la futréfaclton dans cet humide. En cet état elle eft reçue par les artères fpermatiques de l'homme, premiè- res matrices deftinées à la multipli- cation de l'cfpéce. C'cft-là que fe forme une infinité de petits œufs , qui paflant enfuite dans les fécon- des matrices ( ce font les tefticulcs ) s'y changent en autant de petits vers. L'œuf de la femme, qui reçoit un de ces petits vers,dans le tems de la conception, eft k troifiéme matrice. La quatrième eft enfin la matrice proprement dite, dans laquelle le fœ- tus le forme 6c fe nourrit, jufqu'à ce qu'il tombe , comme un fruit mur. Les artères fpermatiques èc lc& ovaires de la femme, font auiTi re- gardez comme des matrices particu- lières deftinées à la génération ; par- ce que c'eft-là que font reçus le* principes des veficules , qu'on ob- ferve dans les ovaires. Il ne faut pas s'imaginer , que dans ce fyftéme il n'y ait que la génération qui ait befoin de m.i* Oo ij %yï JOURNAL DE trions ; toutes les digi liions , toutes les fermentations , toutes les fe'cré- tions fe font par de (cmblabfes inf- trumens. Le ehvle , fe fang) la lym- phe,4a bile, les chairs, les cartila- ges, les os, tous les fluides Se tous les folidct , qui composent le corps humain , reconnoiflênt les matrices pour les principes de leur forma- tion. L'Auteur avertit, en parlant, qu'on doit entendre la même choie des autres animaux. Entre les trois matrices, dont les vége'taux l'ont pourvus, il v en a une commune à toutes les efpe'ces , & même à tous les minéraux ; c'en: 1a terre. Les deux autres font pro- pres ; la première eft la fe've, où la fëmericè univerielle s'infinuë & iè digère ; la féconde eft le grain , ou le noyau , difpofé à produire un vége'tal de la même efpéce. La pre'miérc matrice des miné- raux, qui eft leur matrice commu- ne , eft la même , comme nous l'a- vons déjà dit, que la matrice com- mune des végétaux. La féconde , qui eft la matrice propre Se particu- lière à chaque efpéce , n'eft autre chofe que la terre minérale , capa- ble de fpécifîer la qmntejfence céleft:. L'efprit univerfe! n'eft pas une in- vention nouvelle: il y a long-tems que VArchéeeH en vogue, fous diffé- rens noms, Se l'on fçait combien les matrices ont été' du goût de plufieurs Alchymiftes. Si l'on envifage de ce côté-là le fyftéme de M. Guyot , l'on trouvera qu'il n'a pas tort d'en vanter l'ancienne origine. Mais fi l'on confider: les additions qu'il y fait,Sc lesconféquences qu'il en tire, dans la fuite de fon Ouvrage ;cn s sçavans; un mot, fi l'on examine la doctrine qui règne dans les 33 chapitres , dont ce volume eft compoié ; nous ibn-,- mes perfuadez qu'on trouvera de- quoi défendre l'Auteur , contre ceux qui lui reprocheroient de donner pour nouveau ce qui ne l'eft pas. Pour ne pas faire un Extrait auftî long que le Livre même, nous nous contenterons d'en expofer quelques endroits,pour kfquels l'Auteur lem - ble avoir quelque forte de prédilec- tion ; & nous nous portons à ce choix d'autant plus volontiers, qu'il nous paroît allez propre à mettre le Public à portée déjuger du refte. I. L'Auteur ne croit point que i'ame excite les mouvemens- volon- taires, par le moyen des efprits ani- maux. Il veut que ce foit par l'ert- tremife du fang. Cela n'eft pas nou- veau , dira-t-on ; d'accord : mais voyons la manœuvre. Chaque glo- bule du fang contient dans fon cen- tre une portion de cet efprit , dont nous avons déjà tant parle'. Lame veut-elle qu'un mufcle fe contracte ? Pour cela, elle n'a pas befoin d'agir fur l'humeur contenue dans les filets nerveux ; elle fe dégraderait en quel- que façon, par une fonction fi ab- jeéte; elle a un autre moyen plus digne de fon cfîènce, Scelle fçait le mettre en ufage. Elle excite, parfâ volonté, la quint effa. ce renfermée dans les globules, qui font gonflez al'in- ftant,par l'expanlîon de l'efprit agi- té dans leur centre. Les fibres muf- culaircs, tendues par ce gonflement, deviennent extrêmement fcnfïblcs, Se cette fenfibilite' les oblige à le contracter. Pour ce qui eft des mou- vemens involontaires, l'Auteur ai- MAY fure qu'ils dépendent de l'action de Pair fur les fibres , fans beaucoup fe mettre en peine d'expliquer cette dépendance. IL C'cft dans la veficule du fiel qu'il faut chercher la véritable caufe des fièvres intermittentes, du frif- fon , de l'ardeur & des accès pério- diques, qui caraétérifent ces mala- dies. Comme M. Guyot admet des fermens dans toutes les glandes , cel- les du foye n'en font pas exemptes. S'il arrive que le ferment , logé dans les glandes de ce vifcére, foit vitie par la mauvaite qualité du chyle Se du fang ; il ne produit plus qu'une bile trop crue & trop pareflèufè , pour obliger les membranes de la veficule a le contracter. Cette bile mal digérée féjourne dans fon réfer- voir, jufqu'à ce qu'elle s'y foit pu- rifiée. Pendant ce féjour, qui doit être allez long , il ne pafiè dans les intérims & dans toute l'habitude du corps, qu'une bile froide & pblevma- tiqiie , provenant du pore biliaire ; voilà ce qui fut le frifibn. Cepen- dant la bile de la veficule, devenue plus active , irrite les fibres des pa- rois qui la renferment, & les exci- tant à une contraction violente, elle eft jettée dehors avec împétuofité : elle fe répand dans les premières voycs,elle le mêle avec les humeurs qu'elle y rencontre , elle y caufè une fermentation extraordinaire, & de-là vient la chaleur qui fuit le frif- fon. Les accidens qui précédent le premier accès, ont à-peu-près les mêmes caules. Comme la veficule du fiel s'en; v aidée par la contraction précé- dente , elle eft long-tems à fe rcm- i 71 f. _ a93 plir. Mais une partie de la bile qu'elle a pouflée dans les premières voyes , eft employée , depuis le pre- mier accès julqu'au fécond, à per- actionner le chyle ; ce qui fait que dans cet intervalle , le malade eft en repos. Or cette provifion de bile chaude fe trouve malheureufement dëpenfée , avant que la veficule du fiel foit en état d'en fournir de nou- velle. La bile froide commence donc à rentrer en jeu , & à produire un fécond frifibn, qui dure jufqu'à ce que la veficule du fiel le change en ardeur, par une féconde décharge de bile chaude. III. Tous les mois il fe détache un- œuf de chaque ovaire des femmes Se des filles, qui ont atteint l'âge de pu- berté. Ces deux œufs, reçus par les trompes de Fallope, tombent dans la matrice ; ils y fermentent, & par leur acrete mordkante t ils irritent les con- duits excrétoires Se les vaifleaux fànguins de ce vifcére ; c'cft ce qui donne lieu à l'évacuation connue fous le nom de règles. S'il arrive que l'un de ces deux œufs foit plus tardif que l'autre , l'écoule- ment eft prolongé, parce que les deux œufs font l'un après l'autre, ce qu'ils dévoient faire en même- tems. De-là vient, en différons fu- jets , la différente durée de cette purgation périodique. Les pertes de fiaig font caufées par les mêmes œufs , qui tombent des ovaires dans la rnatrice,avant leur maturité : par- ce qu'étant alors d'une fubftance beaucoup plus acre, ils irritent plus violemment lcj fibres Se les orifices des vaifièaux fanguir.s -ce qui occa- fionne une hémorrhagie, qu'on n'ai- ;94 JOURNAL DE ver: Couvent qu'avec peine. IV. Dans le foetus le coeur 6V les artères n'ont pas plus d'action que ks poumons ; le lâng ne laiilè pas d'y circuler, mais le coeur de la mè- re eft le feul principe de cette cir- culation. V. L'on voit dans l'un & dans l'autre fexe des perfonnes d'un mé- rite accompli , elles ont en partage toutes les belles qualité/, du corps & de l'cfprit. Il y en a d'autres qui ont du bon 2c du mauvais. Dans les uns les perfections font en plus grand nombre que les défauts ; dans les autres c'eft le contraire. Plufieurs paroiflènt avoir raflèmblé tout ce que la nature a de plus défectueux. Comment notre Auteur explique- t'il ces différences ? Par une hypo- thèfe très-fnnple. Il y a dans la fe- mence de l'homme des vers mâles & des vers femelles ; il y a pareille- ment dans la femme des ceufs mâles ex des ceufs femelles ; fi un ver mâ- le, qui a eu Ion principe dans l'ar- tère fpermatique droite , entre dans un œuf formé dans l'artère fperma- tique du même côté, il en viendra un homme parfait; avec cette diftin- ction pourtant , que fi l'œuf cil mâle, cet homme aura tous les avan- tages de fon fexe , dans le degré le pluséminent; & fi l'œuf eft femelle, il poflcdcra, quoiqu'un peu moins parfaitement, toutes ics bonnes qua- litcz des deux fexes. Il en eft de mê- me de la femme que de l'homme ; :l n'v a que le ver mâle à changer S SC A VANS, en ver femelle. Si le ver ôc l'œuf proviennent du coté gauche , cela formera un fiijet tics-mauvais. Si l'un eft du côté droit, 6v l'autre du côté gauche , c'eft de quoi faire un perfonage médiocre. Mais il eft im- portant d'obier ver que le principe féminal eft contenu dans le ver, & que ce principe domine toujours. D'où il s'enfuit qu'un ver droit avec un œuf gauche, doit produire un plus beau corps & un meilleur caractere,qu'un ver gauche avec un œuf droit. Suivant la même doctrine , un père viticux,flupide & mal confor- mé, a des enfans bienfaits, pleins d'efprit Cv de vertu, parce qu'il les a tirez de lbn côté droit. Qu'un au- tre perc engendre du côté gauche , fes enfans feront aulfi odieux qu'il eft aimable. Cet Ouvrage eft enrichi d'une planche compofée de deux figures , l'une de l'homme & l'autre de la femme. Il eft terminé par un chapi- tre qui a pour titre, Des réductions remineufcs du corps humain. L'Au- teur y explique la génération des vers dans le corps vivant Se dans le cadavre. Image humiliante, que M. Guyot expoiè à nos veux , pour nous faire lcntir que nous femmes tous remplis de corruption , cv pour nous infpirer par ce moyen l'hor- îvur du péché, fource de la pour- riture, a laquelle nous femmes fu- jets, MAY i j%j. *9Ï LETTRES SUR LES CANAUX PROPOSE'S POUR PORMER la jouftion des deux nier s par la Bourgogne , éc ites à mie perfonne de la pre- mière qualité. Far M. Tbomajfn, Ingénieur ordinare du Roj. A Dijon, chez Antoine de Fay , Imprimeur-Libraire. 1716. brochure in-iz. pp. 70. fans i'avertiHèment , qui en contient 20. Thomassin fait voir dans ■fon avertiiîement qu'il y a déjà long-tcms qu'on a propoié à nos Rois la jonction des deux mers par la Bourgogne, & on a donné là-defiusdcs plans différais. Les uns vouloient faire communiquer la Loire k la Seine par l'étang de Long- pendu , & la Loire à la Seine par le canal de Briare. D'autres vouloient faire communiquer la Saône à la Seine, par l'Ouche 8c par l'Armen- çon. Sous Loiiis XIII le fieur Def- cares fut envoyé pour examiner la Dehune, la Bourbince, Se l'étang de Long-pendu ; Se fur ce qu'il rap- porta que la jonétion étoit poflible , on fit la délivrance à un Entrepre- neur pour 800000 livres , mais les affaires du tems empêchèrent l'exé- cution de ce projet. On le prit une féconde fois du tems du mini itère du Cardinal de Richelieu. En 16 j6 le fieur Riquet examina, fi l'on pou- voit faire communiquer la Saône à la Seine , en joignant la Vingenne qui tombe dans la Saône, à l'Aube qui fe jette dans la S 'in; , la Tille qui coule dans la Saône à l'Ource qui drrfcend dans la Seine , l'Ynon qui tombe dans la Tille , pour le joindre à la Seine vers Billy-les- Chanceaux ; mais les obftacles in- furmontables des montagnes , firent abandonner ces grandes idées. En 1696 M. de Vauban remit à M. Thomaffin un mémoire qui con- tenoit cinq projets pour la jonclion des deux mers par la Bourgogne, 6c il le chargea de les examiner fur les lieux. Le premier étoit de joindre la Loire à la Saône par les étangs de Long-pendu ; le iècond de joindre l'Ouche à l'Armençon , en faiiant un point de partage près dePoiiilly; le troifiéme de joindre les mêmes ri- vières, mais avec un point de par- tage à Sombernon ; le quatrième de joindre le torrent de Suzon qui tom- be dans l'Ouche à Suzon , au ruif- fèau de Lozc qui fè jette dans la Brenne au-dciîbus de Sainte Reine ; le dernier de communiquer l'Ygnon qui tombe dans la Tille, Oc celle-ci dans la Saône, en faifant un point de partage à travers la montagne de Pcîlcrey,8e dc-là à la Seine vers Billy-fous-Chanccaux. L'exécution du quatrième Se du cinquième pro- jet parut impoifible à M. Thomaf- fm , à caufe des montagnes , de l'incertitude, fi l'on trouverait allez d'eau , Se de la circonltancc que le torrent de Suzon eft à fec les trois quarts de l'année ; il ne compta pas beaucoup fur le fécond, à caulè du peu d'eau que les iburces lui fai- foient cfperer, de l'aridité du ter- rain, Se de la longueur extrême des canaux. Le premier des projets lui parut le plus praticable , à caufe des deux bondes de l'étang de Long- i96 JOURNAL DES SÇAVANS, pendu. Par l'une l'eau coule dans la Régent du Royaume, du premier Loire, ôc dc-là à l'Océan ; par l'au- trel'eau tombe dans la Saune , & par- la dans la Méditerranée. Plufieurs grands étangs fe joignent au pre- mier, il n'y a point de montagne à percer, & il y a une prairie peu rampante & continuelle de la Som- me à la Loire, par où il feroit facile de conduire un canal. Cependant un Seigneur de la Cour ayant obtenu des lettres pa- tentes en 1 699 pour former la jon- ction des deux mers par la Bour- gogne, y employa des Ingénieurs qui voulurent exécuter le quatriè- me projet : mais ils ne purent y reiifïïr, 6c on ne parla plus de cette jonction , jufqu'en 1718. Cette an- née-là le fleur de la Jonchere fit pa- roître un projet pour la jonction de h Saône a la Seine par un point de partage à Sombernon. Quelque tems après un Anonyme propoià la même communication, mais fixa le point de partage près de Pouilly en Auxois. Le projet du iîeur lajoncherefutle plus applaudi en Bourgogne ; mais Monfieur le Duc deBourbon,Gou- verneur de cette Province ayant deflèin de faire examiner ce projet, 6c M. Thomatiin ayant rendu comp- te à M. le Duc d'Qrleans , alors projet de jonction par les étangs de Long-pendu , fut envoyé fur les lieux. Ce nouvel examen que M. Thomaiïin fut encore oblige' de faire fur les difiè'rens projets, fur tout par rapport à celui qui lui paroiiîbit le meilleur , ex contre les deux projets de jonction par Sombernon ôc par Pouilly , ont donne lieu aux ouvra- ges contenus dans cette brochure. Le premier tif. une lettre qui contient le détail des trois pro- jets , & dans laquelle l'Auteur prétend prouver l'impoflibilité ab- foluë de la jonéHon par Sombernon ÔC par Pouilly , 6c la facilité de cette jonction par l'étang de Long- pendu. La féconde lettre eft une ré- ponfe à un mémoire du fieur de la Jonchere. La troifie'me fert de ré- ponfe à des mémoires du fieur A- b.ille fur ce fujet. Ces lettres ibnc fuivies de quelques pièces qui ont rapport à ces matières. Comme il faudrait être fur les lieux pourfè trouver en état déjuger de ce qui a été dit de part Se d'autre, nous n'entrerons point ici dans le détail des niions fur lefquellcs fe fonde M. Thomaiîïn ; il nous fufnt de les avoir indiquées , en rapportant ce qui a donné lieu à ces lettres. HISTOIRE DES CHEVALIERS HOSPITALIERS DE SAIXT JEAJS de -tcrufalcm , afpsl'ez. depuis Chevaliers de Rbod.es , & aujourd'hui Ch v aller s. de Malte. Tar M. l'Abbé de Vertot , de l'ACadé.r.ie Royale des Belles Lettres. A Paris, chez Rollin , à la defeente du Pont S. Michel , Qiiay des Au- guftins,au Lion d'or : Quillau père 6c fils, Imprimeurs-Jurez-Libraires de l'Univerfité,ruë Galande, à l'Annonciation : Defaint, rue S. Jean de Bcauvais,viSràVvis le Collège. 1 726. in-40. 4. vol.Tom. I. pp. 6y(i. T.I1. pp. - 1 9. To. II;. pp. ffi- To. IV. pp. 240-408-211-20. Planches 77. "C N donnant l'extrait des quatre dans le Journal de Février , nous ^premiers livrcsdccettcHiitoirc, avons llu\ i cet Ordre hofpitalier 6c militaire MAY militaire depuis fon origine juiqu'à la conquête de Rhoues & à 1 extin- ction des Templiers. Nous le con- duirons, dans celui-ci , jufqu'k la priiè de cette place par les Turcs , Se à l'étabiiilèment des -Chevaliers avoir baifé deux jeunes enfans s» qu'elle avoit eus de lui, 6c leur 3» avoir fait le ligne de la croix fur 3» le front : 11 vaut mieux , mes chers i» enfans , leur dit-elle les larmes aux 3> yeux , que vous mourie^far mes 3» mains , que far celles de nostmpnoj/a- 3> blés ennemis , eu que vous foye"^ ré- ■» fervez, à d'infimes flatjtr s jplus cruels ï» que la mort. Alors pleine de fu- 3» reur,elle prend un couteau, les ■s» égorge, jette leurs corps dans le î> feu, fe revêt des habits de cet s> Officier encore teints de fon fang, 3> le faifit de fen fabre , court fur la » brèche, tue le premier Turc qui » s'oppofe à elle, en bleflè d'autres, 3> 6c meurt en combattant auffi vail- ;» lament qu'auroit pu fuie l'Offi- S SCAVANS, cier le plus courageux, 6c le fol- k dat le plus déterminé. » La conclufion de ce fanglant af- faut fut, que les Turcs battus 6c ré- pondez de toutes pans , furent con- traints d'abandonner les brèches 6c de regagner leurs tranchées , avec perte de plus de 15000 hommes. Soliman devenu furieux par un tel échec , s'en prit à fon Vifir , 6c le condamna à mort. Le Bâcha Pé- ri, qui voulut intercéder pour ce Général, fu bit une pareille condam- nation. Mais le Grand-Scignair re- venu de fon emportement , accorda la grâce à l'un 6c à l'autre, avec cette différence, qu'il ne voulut plus voir Muitapha, 6c donna le com- mandement de l'armée au Bâcha Achmet, habile Ingénieur. Soliman qui avoit paru déterminé à lever le fiége , réfolut de le continuer 6c de palier l'hiver devant la place, fur le rapport d'un déleiteur , confirmé ( dit-on) par une lettre de d'Amaral, qui apprenoit au Sultan , que les afïiégez étoient réduits à la dernière extrémité. Cela n'empêcha pas, que pendant trois moi3 , ils ne foutinfienc encore quantité d'affauts très-meur- triers pour eux 6c fur-tout pour leurs ennemis ; 6c que fans ceflè par un travail infatigable ils ne fubiti- tuaifent de nouveaux rctranchemens à ceux que ruinoit l 'artillerie des Turcs. Ce fut dans ce même tems que l'on découvrit la trahifon de d'A- maral. On trouvera les circonftan- ces de cet événement dans notre Auteur, ainlî que celles du procc3 par lequel ce Chancelier fut condam- né à perdre la tête. MAY Le Grand-Seigneur rebuté de la longueur d'un fiége, qui duroit de- puis près de fix mois, 6c pendant lequel il avoit perdu 44000 hom- mes par les armes des Chevaliers , £c prefque autant par le froid 6c les maladies, fe rendit enfin à l'avis du Bâcha Péri ,qui lui confeilloit d'en- trer en négociation avec le Grand- Maitre, en lui propofant une com- pofition honorable pour l'Ordre, 6c avantageufe pour les habitans.L'Ifle- Adam refufa d'abord d'écouter là- deflus aucune propofition. Mais confidérantenfuite, qu'il étoit aban- donné de tous les Princes Chrétiens qui ne lui fournillbient nul fècours, qu'il avoit elïuyé des trahifons de la part de fes propres fujets , qu'il avoit perdu tous fes pionniers , fes meilleurs foldars, 6c la plus grande partie des Chevaliers ; allarmé de plus par l'idée affreufe du fac d'une ville emportée d'aflàut par. des Turcs ; follicité d'ailleurs, avec les inftances les plus vives par le peu- ple de Rhodes de ne point l'expofèr à un tel défaftre ; il voulut bien en- fin consentir à une capitulation , dont les articles furent bien-tôt li- gnez 6c exécutez de part .6c d'au- tre. Trois jours après la fignature du Traité, l'Ifle- Adam fut introduit dans la tente du Grand-Seigneur , qui avoit fouhaité de le voir, 6c qui pour le confoler , lui fit dire par fon Truchement : Que la conquête ou la perte des Empires étoient des jeux ordinaires de la Tomme , 6c lui pré- fènta fa main à baifer. Ce Prince entra dans Rhodes le zf Décembre , & en vifitant la place , il voulut aî- 1727. _ 309 1er voir le Grand-Maitre dans fon Palais. Celui-ci le reçut avec tout le refpeét que méritoit un fi puif- fànt Monarque. Soliman l'aborda d'une manière très-affable , l'exhor- ta d'abord à fupporter avec courage le changement de fa fortune, l'a Aura- d'une fidélité inviolable dans l'exé- cution du Traité , 6c en fortant du Palais, fe tournant vers Achmet fon Général: Ce n'eft pas fans quelque peine , lui dit-il, que j'oblige ce Chré- tien à fon âge de fortir de fa mai fon. Le Grand-Maitre, outre fes Che- valiers , fit embarquer plus de 4000 Rhodicns , qui voulurent bien aban- donner leur patrie pour lefuivre;6c le premier jour de Février de l'année 152.5 , il partit avec toute fà flotte, 6c quitta l'ifle de Rhodes, où l'Or- dre de Saint Jean de Jérufalem avoir régné fi glorieufement pendant plus de deux fiécles. Livre ÏX. L'hiftoire conte- nue dans ce Livre va jufqu'à l'an- née 15-30, 6c appartient toute au Magiftérc de l'Ifle-Adam. Le Grand-Maître arriva en Can- die, après avoir efluyé une violente tempête , qui avoit difperfé toute fa flotte, compofée de cinquante vaif- fjbaux. Il fut reçu dans la capitale de cette ifle d'une manière confor- me à iâ dignité , 6c avec de grands témoignages de compaffion pour la perte de Rhodes. Surquoi l'Ifle- Adam ne put s'empêcher de repro- cher au Général des Galères Véni- tiennes , la timide politique du Sé- nat, qui ayant dans le port de Can- die plus de foixante galères , avoit vu prendre Rhodes, fans daigner y jetter le moindre fecours. Après avoir 3io JOURNAL D fait radouber (es vaiflëaux, il remit à la \ oile pour l'Italie ; & en même tems il dépêcha des Âmbafîâdeurs vers le Pape 6c la plupart des Prin- ces Chrétiens, pour leur apprendre I prifê de Rhodes Se pour le plain- dre d'un abandon fi général. Mais pour prévenir la difperfion de fon Ordre , qui n'avoit plus de fiéjour fixe 6c indépendant, il obtint du Pape une Bulle, qui enjoignoit à tous les Chevaliers , fous peine d'ex- communication 6c de privation de l'habit,d'obéiraux ordres duGrand- Maitre 6c du Confeil , en quelque- endroit qu'il voulût fixer fa réfi- dence. Plufieurs de fes vaiflëaux arrivè- rent heureufement à Mefline ; mais il ne put s'y rendre avec le relie de fa flotte que vers le commencement de Mai , après avoir long-tems erré fur la Méditerranée , 6c après y avoir couru mille dangers. 11 reçut à Mefline les complimens du Vice- Roi , de l'Archevêque 6c de tous les Grands du Rovaume- enfuite il fit citer devant le Confeil, les Cheva- liers qui avoient été chargez de con- duire du fecours à Rhodes, 6c vou- lut qu'ils y Fendillent raifon de leur retardement. Mais ils fçurent tous fe juftificr fi pleinement , qu'ils fu- rent renvoyez abibus ; 6c pour em- pêcher le mauvais effet d'une telle procédure, qui auroit pu lui alié- ner les cœurs de fes Chevaliers , il tint une aflèmblée générale de tous ceux qui fe trouvèrent à Mefline ; 6c là , joignant adroitement de tendres exhortations à la leéture du Bref que le Pape lui avoit accordé , il calma les efprits, 6cappaifa les mécontens. ES SÇAVANS, Une horrible pelle étant furve- nuë a Mefline, l'obligea d'en lortir. 11 le retira , avec la permiflion du Vice-Roi de Naples , dans le golfe de Bayes ; 6c il marqua un camp auprès des ruines de l'ancienne ville de Cumes. Ce changement d'air procura la guérifon de la plupart de lès malades ; 6c après un mois de lejour dans un climat fi tempéré, il le rembarqua avec fa colonie. 11 ar- riva en peu de jours au port de Ci- vita Vecchia, doù il envoya aufïï- tôt à Rome un de fes Chevaliers , pour demander audience au Pape Adrien V I. Il ne put l'avoir que le 2) d'Août, 6c il y reçut tous les honneurs qui lui étoientfi légitime- ment dûs. Ce Pape étant mort le 14 Sep- tembre, les Cardinaux entrèrent dans le Conclave, dont la garde fut confiée au Grand-Maitre 6c à fes Chevaliers. Le Cardinal de Médi- cis , qui avoit autrefois été dans l'Ordre de Saint Jean, fut élu fous le nom de Clément VII, 6c ja- mais Pape ne marqua tant d'eftime 6c d'affeélion pour cet Ordre, de- puis fa fondation. Le Grand-Maître rendit à ce Pontife en plein Conlif- toire, un compte exact de tout ce qui s'étoit pallé au fiége de Rho- des; 6c la relation qu'il en fit, ex- cita l'admiration 6c la compaflîon de tout le Sacré Collège. Le Pape aflîgna aux Chevaliers pour rélî- dence, la ville deViterbe,confentit que leur flotte reliât dans le port de Civita- Vecchia , 6c décerna de nouveaux honneurs au Grand-Maî- tre. Celui-ci, dans plufieurs confc- M A Y rences qu'il avoit eues avec le Pa- pe, lui avoit propofé différais pro- jets d'établiffement pour fon Ordre ; 8c le Saint Père , après avoir balan- cé les divers partis , s'e'toit arrête' à celui des iiles de Malte 8c de Goze, qui relevoient de l'Empereur Char- les-Quint. L'Ifle-Adam ne fut pas plutôt à Viterbe , qu'il dépêcha des Ambaffadeurs à Madrid où étoit ce Prince , pour lui demander ces deux illes. Quelque dures que lui paruf- fent les conditions auiquelles l'Em- pereur vouloit bien les lui accor- der , il ne laifîa pas d'envoyer des Commifîàires , pour reconnoître les places. Mais il ne preffa point alors la conclufion de ce traite , parce qu'il avoit en vûë un projet plus avantageux pour l'Ordre. C'étoit le recouvrement de Rhodes, pour le- quel il entretenoit de fecretes intel- ligences avec les Rhodiens , 8c avoit fait une ligue avec le Bâcha Achmet, devenu Gouverneur d'Egypte, 8c depuis re'volté contre Soliman. La moit de ce rebelle , 8c quelques foup- çons que le Grand-Seigneur eut de cette entreprife , la firent échouer. Le Grand-Maître ne prêta que foiblement l'oreille à la propofition qu'on lui fit enfuite, de s'emparer de Modon , dans la More'e ; 8c pre'- ferant à ce nouvel e'tabliffement ce- lui de Malte , il obtint enfin de l'Em- 17:^. 311 pereur, à la ibllicitation du Pape, réconcilié depuis peu avec-ce Prin- ce , la conclufion du Traite' au ilijet de cette ifle. Charles-Quint la donna donc avec fes dépendances à l'Ordre de Saint Jean, comme Fief noble , franc 8c libre , 8c fans autre rede- vance, que celle d'un faucon, que le Grand-Maître tous les ans à la Touiîaints,devoit envoyer en Sicile, comme feudataire de ce Royaume. Ce traité fut figné le 24 Mars 1 $30. Peu de tems après , l'Ordre prit pof- fefiïon des deux illes 8c de la ville de Tripoli ; 8c le 26 Octobre, le Grand-Maître avec le Confcil 8c les principaux Commandeurs , entra dans le port de Malte. Ce fut de ce dernier établiffement que les Che- valiers prirent leur nom ; fk. furent appeliez Chevaliers de Malte. Nous avons cru devoir , pour abréger, parler par defius quelques circonltances du Magifte'rc de Flfie- Adam , qui précédèrent cette dona- tion , telles que fon voyage à la Cour d'Efpagne, où il conduifit la Du- cheflè d'Alençon feeur de François I, pendant la prifon de ce Prince ; la part qu il eut à la conclufion du traité de Madrid ; Ion voyage en Angleterre vers Henri VIII, 8cc. Nous rendrons compte du relie de cet Ouvrage dans un autre Jour- nal. NOVVELLES LITTERAIRES. D'ANGLETERRE. clide expliqués par M. de Châles, LES traductions Angloifes de Se de VHiftoire Eal Jîafltque du XVII. l' Abrégé £ Anatomie du Docteur Jîkle de M. Dupin, le débitent de- Laurent Heifter , des E'cmetis d'Eu- puis peu chez de Combes. 5iî JOURNAL DE Monfieur Lrff^. Médecin Anglois du célèbre Collège de Londres,nous prépare une traduction en Anglois du Traité de la génération des vers dans le corps de l'homme, par M. An-, dry Medecin-dc la Faculté de Paris. Voici le titre d'un nouveau livre qui paraît ici depuis peu. Commen- tarïum Vofologicum morbos Epidcnucos c~ aëris variationes in arbe Eboracenjî loti/que ricinis ab anno 1715. ufque ad finem anr.i 1 715:. gravantes com- plcclens. Autore C. winieringham im- fenjts J. Clarke. Monfieur Maitaire a donné nou- vellement Pc tri Pettti Media olimPari- Jtenjïs in très prwres Araui libros com- mentant , &c . Una cum differtatitincula de Pctiti vit a , & copiofo m eofdem com- ment anos indicein/Ç. Voici les titres de quelques-uns des livres de Politique qui ont paru ici depuis quelques tems , fur les affaires preièntes de la Grande-Bre- tagne. Reafons a^ainft a Vrar. by an old Vi'hig , raifons qui doivent détourner de la guerre. Th.- Britannica Cctiftitt-tion or tbe, &c. On prétend démontrer dans ce dernier , que l'élévation de Guil- laume III. à la Couronne de la Grande-Bretagne, 6c la fucceflion de la ligue Proteltante , font une fuite fondamentale de la Conftitu- tion de ce Royaume. Excidium Angl'u t or a vieVp of tbe .fatal conséquences , atttnding tbe fmuggling of Tcool. Tbe free Breton , or the , opinion of peop le , adrefle aux Auteurs de di- vers ouvrages contre le Gouverne- ment ; fçavoir le Craftfman , le pa^ pier occàjîonel , 6c autres. S SÇAVANS, Tbe évident, ad-antages , to Great Britain, &c. C'efl à dire les avanta- ges évidens que la Grande-Bretagne c'v fes alliez retireront de la guerre prochaine ; principalement en ma- tière de commerce. Gibraltar or reafons . &c. C'eft-à- dirC raifons pour lesquelles les An- glois ne doivent point rendre Gi- braltar. F. Clay débite les Sermons du feu DuFlekpood Evéquede S.Afaph. Entre plufieurs matières particuliè- res 6c intereflàntes qui en font lefu- jet, l'action de fe marier contre la volonté ou fans le contentement de fes parens , 6c l'homicide de foi-mê- me y font traitez d'une manière à picquer la curiofité. Le même Libraire vient de pu- blier la troifiéme Edition des Con- férences duDr- Nicbolsjiveam Déifie, augmentées de deux Conférences , l'une avecunMachiavelifte,6c l'au- tre avec un athée. La traduction Angloife de la ma- nière d'enfeigner & d'étudier les belles lettres de Monjîcur Rollin , eft actuel- lement fous preflè. 11 parait ici en trois volumes in- folio, un Recueil Curieux des af- faires d'Etat, fous les règnes d'Eli- zabeth 6c de Jacques I. Il eft inti- tulé M. Secretary winxoood Mémorial s, &c. 6c contient les negotiations des Chevaliers Henry Newill, Charles Cornwallis, Dudlcy Carleton,Tho- mas Edmundsjde M. Trumball, Du Lord Cottington 6c autres. Le fécond vol. du Dictionnaire de Bayley , intitulé Mr. N. Barley uni- verfal Etymological Englipt Dtcli.nary cpmrnence à fe débiter. DE MAY DE HOLLANDE. G. Croond'Utrecht Se quelques autres Libraires de cette même ville fe difpofênt à propofèr en fouferip- tion C. A. Sahgh Hifiorta Eutichiana. , &c. 4. vol. in 40. grand pap. Abraham Kalkvierde Leydea un- j>riméJoannis Marckii fafcicfilus differ- tationum Philologico-exegeticArum ad fe- leélos testas Novi teftamenti, argumenta prxcipua, de fucceffiva conduâione ope- rariorum in vweœ , crucifixions ufa apud Jud&os , decem Virgir.um parabola, dte habiti à Judith & Chnjh Pafcha- tis ultimi , exitu Juda , p&do baptifmi decentia , duplui Gallmicto apud Pétri abr.cgaiionem , fudore Chrifti fanguirieo, latïoncCûv.verÇo,a miranda PifinaBe- thefds., fanctitate infantum cbvïftiano- rum, Sen'toribusnon laborantibus inver- ho, &c. Paido plenius expomm.ur. Cum indice textuum t rerum & vocion ne- ceffario. J. Vanduren de la Haye a impri- me les Lettres & Mémoires des Mimf- tres des Cours de la Grande-Bretagne , de Trance & d'Efpagr.e , fur lajitua- tion f réfente des affaires de l'Europe, que S. M. Britannique a trouvé à pro- pos de communiquer a. fon Parlement , traduits de l'Anglois in 40. La fé- conde recherche des motifs de la Grande- Bretagne , par rapport à l'état pré eut des affaires de l 'Europe ^traduite de /' An- glais in 40. Les avantages vijibles de la ■prochaine guerre pour la Graruie-Breta- gne & fes alliez. , particulièrement par rapport au commerce , in 40 , auflî tra- duits de l'Anglois. Lakcman d'Amllerdam , impri- me actuellement Ballonh Mcdici Pa- May. 17*7- 3*3 rifmenjts Celehnimi Opéra on/nia Médi- ta 40. 4. vol. Le même délivre aux foufcn'p- teurs la defeription du Cap de bon- ne Eiperance , écrite en Hollan- dois. PluCeurs grands ouvrages dont nous ayons annonces les projets dans leur temps, commencent à devenir publics. — De ce nombre l'ont les Oeu- vres diverfes de M.Bayle ^.volSoX.—le Pitttonaire de Furetierre , 4. vol. fol. nouvellement augmente par Mon- fieur Brutel de ,1a Rivière. — Les Voyages de la Mottraye en Europe , en Afie ôt en Afrique, fol. z. vol. Ce dernier ouvrage eft actuellement fous preflè , traduit en Hollandois. Châtelain dAmfterdam promet dans peu au public, CHifloire des Pro- vinces unies par M Le Clerc, fol. 4. vol.Cette nouvelle Hiftoire fera dit- on la plus complctte qui ait encore paru. Elle ira jufqu'a la paix d'U- trecht inclusivement : on la traduit actuellement en Hollandois. Le même Libraire a fous prefle une nouvelle Edition de la Science des perfonnes de la Cour, de l'Epée & de la Robbe; &c. corrigée 6c aug- mentée de l'Hilloire du tems , juf- qu a prêtent. Il aura fans doute eu l'attention d'en faire corriger exac- tement les drftèrentcsCaites Gcogra- phiques,Chronologiques , Genealo- giques,&:c. qui e'coient très-imparfai- tes dans les précédentes Editions de cet ouvrage faites en Hollande. LesVefteins & Smith d'Amfter- dam fè difpofent à imprimer par fbufeription les Satires Italiennes du Chevalier Barthélémy Dotti , avec des nontes hiitoriques Se critiques. R 1 314 JOURNAL DE DE PARIS. Ceux qui ont foufcrit à Paris pour Jcs Voyages de la Mottraye , peuvent s'adrefler à Rollin Libraire, Quay des Auguftinsau Lion d'or ; Seaux autres Libraires chez lefquels ils ont fait leurs foufcnptions pour retirer leurs Exemplaires. On trouve chez le même Rollin les Exemplaires de la nouvelle Edi- tion du Concih de Confiance , en grand & en petit papier : nous ren- drons inceflâmment compte des aug- mentations confiderables , dont cet- te nouvelle Edition eft enrichie. la Religion des Gaido s , &c . par le R. P. Dom Jacques Martin Re- ligieux Bénédictin de la Congréga- tion de S. Maur, eft auffi achevée d'imprimer, Se fe vend chez Sau- grain , Quay des Auguftins. On trouve chez le même Librai- re une brochure in 12. de 56. pag. intitulée Reponfe à la Critique du Dic- tionnaire univerfel de la France. On imprime actuellement chez Coignard fils, un ouvrage de pieté du R. P. Gourdan Chanoine Ré- gulier de l'Abbaye Royale de faint Victor , intitule' Méditations continuel- les de la Loy de Dieu , ou Conjtdera- tions & élévations fur tous les livres de l'Ecriture Sainte, tant de l'Ancien que duNouvcau Tefiament , fondées fur L'ex- plication littérale & morale, des Pères de l'Egltfe , & des Interprêtes facre\. Cet ouvrage fera divifé en dou- ze vol. in 12. chaque tome contien- dra des Elévations fur un certain nombre de ces faints livres ; & ré- pondra à chacun des mois de l'an- née A la lin dechaouc vol. on dref- s sÇàvans; fera une table où l'on marquera pour chaque jour du mois le nombre des Elévations 6c Méditations qu'il fau- dra lire, afin de fe conferver ainfi dans une méditation continuelle de la Loy de Dieu , qui cil tout le but que l'Auteur s'elt propofé. L«s vo- lumes fe distribueront fépare'ment. Le i'r. paroitra dans peu de jours. On trouve chez le même Librai- re un Traité fur la Religion nou- vellement imprimé, intitulé : Traite du légitime ufage de la Raifon , princi-' paiement fur les objets de la Foy ; où l'on démontre que les Hérétiques, les athées , les libertins , ne font point le légitime ufage que les" hommes font obligez de faire de leur Raifon fur les objets de la Foy ,par feu M. Brucys , Ecclefiaftique de Mont- pellier, vol. m 12. 1717. D'Houry le fils , débite actuel- lement la Defcriptwndes Tableaux du Palais Royal, avec la Vie des Peintres à la tête de leurs ouvrages dédiée à Monfeigneur le Duc d'Orléans pre- mier Prince du Sang , vol. in 12 de ^03 . pages parle fieur Du Bois de Sahit Gelais. L'ordre qu'a fuivi l'Au- teur dans cet ouvrage, a été de dé- crire tout de fuite les tableaux d'un même maître, Scde mettre à la tête la vie de chacun de ces maîtres. Il s'eft attaché à expofer fimplement la reprefentation de chaque tableau fans omettre aucune circonftance cfientielle. Il y a joint exactement • la mefure ; il a toujours cité l'en- droit d'où le fujet cil tiré, Se quand il l'a pu fçavoir, les noms des per- fonnes à qui ont appartenu ces ta- bleaux avant d'être deftinez à or- ner les appartenons de ce fuperbe MAY Palais. On trouve à la fin trois ta- bles, l'une des noms des Peintres; la féconde des tableaux mêmes ,8c la troifiéme des furnoms fous lef- quels quelques Peintres font parti- culièrement connus. Une quatrième qui eût indique en quel endroit des appartemens le trouvent chacun des tableaux , dont on lit la defcription dans ce livre , n'eût peut-être pas été entièrement inutile. Le Public au refte ne peut que fçavoir gré à l'Auteur d'un travail aufli utile & aufli agréable. On trouve aufli chez d'Houry , ainfi que chez Chaubcrt Quay des Auguftins la Réfutation de la Dijferta- tion du R. P. le Brun , Trêtre de l'Oratoire fur la forme de la Confécration del'Eu- cariflie , adrejfée à l'Auteur par lcPcre Bougeant de la compagnie de Jeius ; brochure m 12. de 183. pages. Le même Père Bougeant vient d'enrichir le Public de l'Hiftoire des Guerres & des Negotiations qui précé- dèrent le Trahi de Weflphalie , fous le Règne de Louis XIII. & le niimftere du Cardinal de Richelieu, & du Cardinal Ma\arïn } compofée fur les Mémoires du Comte d'Avaux , Ambaffadeur du du Roy trés-Chr tien, dans les Cours du Nord , eu Allemagne & en Hol- lande ; 6~ Plenpoentiaire au Traité de Munfier. Cet ouvrage qui com- pofe un volume in 40. de 599 pages fans la préface & la table des matières , a été imprimé, êc fe dé- bite chez Jean Mariette aux Co- lonnes d'Hercule. On en a fait en même tems une Edition en deux vol. in 12. Le même Jean Mariette avec Claude Heriflîint vient d'imprimer 1747. grj les Epines & EVAngiles ; avec des Explications par demandes & par ré- ponfes ; pour tous les Dimanches & Us principales Fêtes de l'année , & les Fériés du Carême & des Quatre-Tems; avec l'or tuf on , la SeCrette & la Poft- Communion, 4. vol. in 12. Briaflbn vient de publier le fé- cond volume des Mémoires pour ftr- vir à l'Hiftoire des Hommes Illufrcs dans la République des lettres 3 avec un Catalogue raifonné de lei-.rs ou ra- ges. Tout le monde fçait à préfent que c'eft aux foins du R. P. Ni- ceron Barnabite , connu déjà par plufleurs ouvrages de littérature, dont les principaux font des traduc- tions en notre langue , d'ouvrages écrits en Anglois , que nous fem- mes redevables de cette utile & im- portante compilation. Nous donne- rons inceflàmmcnt l'Extrait du Ier. volume. Robuftel le jeune doit mettre en vente dans peu de jours un nouveau livre de Jurifprudcnce , dont voici le titre : Nouvel Examen de l'ufage- gcneral des' Fiefs en Irance , pour fer- vtr a l'intelligence des plus anciens ti- tres du DomJne de la Couronne , en 2. voll. in 40. Monfieur Bruflcl Con- feiller du Roy Auditeur en fà Cham- bre des Comptes en eft l'Auteur. On trouve chez Babuty de Nou- velles Inftruclions & Prières pour la Sainte Meffe , la Confeffion y la Com- munion } & pour rendre à J.C. préfent au S. Sacrement de l'Autel, les adora- tions qui lui font dues, vol. in 1 8. 1 727, VHisloire de l'Ai face parle Père de la Guille Jeftate , imprimée à Stras- bourg, in fol. cjr in 8°. fè vend à Paris chez Montalant Quay dcsAu- gulbns. Rr ij 316 JOURNAL DES SCAVANS, La undxutkion fils, d'aller en Pologne, recher- cher les preuves du mariage qu'il avoit contracté avec demoifèlle An- ne-Sabine Hedwiger. Madame la Duchefîè de Wirtemberg - Oè'ls a toujours regardé la Comteflè de Sponeck comme fa belle-fœur , 6c George Leopold pour fon neveu , malgré l'intérêt que la branche de Wirtemberg-Oè'ls pourrait avoir de priver George Leopold de fon Etat. Le Duc de Wirtemberg-Stoutgard a lui-même reconnu que George Leopold eft fils du dernier Prince de Montbeliard par le Traité de Wildbade, 6c par les actes par lef- quels il a obligé George Leopold a renoncer à la iuccefïion de fon père. Les Sujets de la Principauté de Montbeliard, 6c les Gencalogiftes ont reconnu George Leopold pour fils aîné du dernier Prince de Mont- beliard, 6c légitime héritier de la Principauté. Ce n'eft pas par le fcul extrait de baptême que l'on prouve la filiation. Les Loix permettent de l'établir par des papiers domef tiques, 6c par le témoignage de la famille , des amis 6c des voifins. Dans la quatrième propofition le défenfêur de George Leopold s'at- tache à prouver qu'il n'y a point eu de mariage véritable entre le der- nier Prince de Montbeliard 6c la Baronne de l'Efperance. Il employé pour cela deux moyens j l'un tiré du mariage que ce Prince avoit con- tracté avec la Comteflè de Sponeck, l'autre fondé fur l'affinité d'entre ce Prince , 6c la Baronne de l'Efpe- rance. Il eft vrai que félon les principes de ceux qui fuivent la confeffion $i$ JOURNAL DE d'Ausbourg, le mariage peut être réiolu, quand l'une des perfonnes mariées refufc d'habiter avec l'au- tre, ou quand l'une des parties tom- be dans l'adultère, mais l'incompa- tibilité d'humeur n'a jamais été re- gardée parmi les Proteftans comme une caufe légitime de réfoudre un mariage valablement contracté.Ainfi l'acte de diilblution du mariage du dernier Prince de Montbeliard , £c de la Comteflè de Sponeck , qui n'eft fondé e]ue fur ce motif étant nul , le Prince de Montbeliard n'a pu contracter de mariage légitime avec la Baronne de l'Elperance pen- dant la vie de la Comteflè de Spo- neck fa première femme. En fécond lieu, c eft une règle confiante parmi les Luthériens que l'affinité contractée par un crime, forme un empêchement dirimant dans le même degré que l'affinité qui provient d'un mariage légitime, 5c que la confanguinité;ainli le Prince de Montbeliard n'a pu époufer la Ba- ronne de l'Efpcrance, avec la fœur de laquelle il avoit vécu dans un mauvais commerce; il n'a point ob- tenu d'une autorité légitime une difpenfede cet empêchement , 6c il n'avoit point de moyen pour obte- nir une pareille difpenfè. Quand on fuppofcroit que le ma- riage du Prince de Montbeliard & de la Comteflè de Sponeck aurait pu être réiblu , 8c qu'il aurait été difpenfè pour époufer la Baronne de l'Efperance, George Lcopold n'en ferait pas moins fils aîné Se lé- gitime du Prince de Montbeliard ; car la diilblution du mariage dans les cas ou elle eft pénurie chez les S SCAVANS, Luthériens , ne change point l'état des enrans qui font nez de ce ma- riage. Lcdéfenfeurdc George Leopold employé les dernières pages de fon Mémoire à répondre aux moyens que le Duc de Wirtemberg-Stout- gard prétend tirer du Traité de Wildbade , par lequel le Prince de Montbeliard a reconnu le Duc de Wirtemberg pour fon fucceflcur,k condition que le Duc donnerait dans fes Etats des terres pour douze mille florins de revenu aux enfans du Prince de Montbeliard , qui moyennant cette récompenfe dé- voient demeurer exclus de tout droit fur la fucceffion de leur père. Ce Traité eft nul en lui-même , fuivant le defenfèur de George Leo- pold , par deux railbns. La premiè- re, que c'cil une convention fur la fucceffion d'un homme vivant qui eft réprouvée par les Loix. La fé- conde, que quand il s'agit de Sou- verainetez, ceux qui en font en pof- feffion ne peuvent changer par des traitez particuliers la manière d'y fuc- ceder. Or par le Traité dont on a déjà parlé , fait entre les cinq frères de la Maifbn de Wirtemberg, la Principauté de Montbeliard a été donnée au Duc Louis-Frederic , le fécond des cinq frères, pour lui ôc les héritiers mules légitimes procréez de fon corps; ainfi George Leopold defeendant de Louis-Frederic , n'a pu être 'dépouillé par le Traité de Wildbalde de la Principauté de Montbeliard ôc de fes dépendances. Il ne faut avoir aucun égard, ajoûte-t-on , aux ratifications du Traité de Wildbalde faite parGeor- JUIN 1727^ 325- ge Leopold , parce qu'il e'toit mi- la puilfance du Duc de Wirtem- neur dans le tems de ces ratifications ; berg- Stourgard . que par ces actes il étoit lezé du Nous donnerons dans un autre tout au tout, & qu'il a ratifié ce Journal le précis des moyens du Traité dans le tems qu'il étoit fous Duc de Wirtemberg-Stoutgard. REFUTATION DE LA DISSERTATION DU R. P. LE BRUN, Prêtre de l'Oratoire , fur la forme de la confécration de ÏEuchmfite , adreffét À l'Auteur. Par le R. P. Bougeant , de la Compagnie de Je fus. A Paris , rué Saint Severin , chez d'Houry, tk chez Chaubert , Quay des Auguftins. 1727. vol. in-12. pp. 183. LE Père le Brun dans la dixième des diflértations qu'il a données depuis peu au Public, entreprend de combattre le fentiment commun, qui fait confifter dans les feules pa- roles de Jefus-Chrift, Hoc efl corpus meum , la forme de la confécration de l'Euchariftie, fans que la prière ou l'invocation en foit une partie ef- fcntielle. Il attaque d'abord ce fenti- ment par plufieurs objections néga- tives ; puis il allègue avec Catharin £c Cheftontaines , comme un fait pofitif, que ce n'eft point par les paroles , Hcc eft corpus meum , que Je- fus-Chrift a opère' la confécration. Le Père Bougeant commence par répondre aux objections du Pcre le Brun,& enfuite il fe propofe de montrer qu'il eft indifférent pour la vérité de l'opinion établie, que le fait en queftion foit vrai ou faux , fçavoir que Jefus-Chrift n'ait pas confacre par les paroles , Hoc efl cor- pus meum ; il avance même qu'en cas qu'il foit vrai que Jefus-Chrift n'ait pas confacre par ces paroles , cela va à détruire l'opinion même du P. le Brun, fur la forme de la confé- cration. Il rapporte les raifons fur lefquellcs fe fonde cet Auteur pour Jmth avancer un tel fait , 6c il travaille à montrer qu'on ne peut le prouver ni par l'Ecriture, ni par le Concile de Trente, contre ce que penfe le Père le Brun. Enfin notre Auteur veut faire voir ici au Père le Brun , que la forme par laquelle les Prêtres con- fièrent l'Euchariftie, confifte dans les paroles , Hoc eft corpus meum , quand même il feroit vrai que Jefus-Chrift n'auroit pas confacre par ces paro- les. L'Auteur de la diflèrtation, pré- tend que tous les Pères , Se tous les Auteurs des douze premiers fiecle» de l'Eglife,ont cru que l'invocation étoit neceffaire pour opérer la tranf- fubftantiation. Le Pcre Bougeant repréfente d'abord au Père le Brun, que fi tous les Pères des douze pre- miers fiecles ont ainfi penfé, il n'eft plus libre à perfonnede rejetter leur fentiment, n'y ayant point de tra- dition plus conftante Se plus géné- rale qu'une tradition qui s'eft con- fervée pendant les premiers & les plus purs fiecles de l'Eglife. Il don- ne à cette réflexion toute l'étendue neceiîâire ; après quoi il entreprend de montrer, que de tous les témoi- ;i6 JOURNAL DE gnages que le Père le Brun cite des Anciens Pères , les uns ne prouvent nullement Ton opinion , 6c les au- tres , loin de lui être favorables, four- nillent des armes contre lui Nous avons donc trois choies à faire dans cet Extrait. La première , de produire les reponfcs du Pcrc Bougeant aux objections du Père le Brun. La féconde , d'expofer les rai- fons qu'il apporte au Père le Brun, i°. pour lui faire voir que quand même Jefus-Chrift n'auroitpas con- facre par ces feules paroles , Hoc eft corpus meum ,il ne s'enfuit nullement que les Prêtres ne confacrent pas par ces feules paroles. z°. Qu'il eft plus vraisemblable que Jefus-Chrift a confàcré uniquement par les mê- mes paroles. La troifiéme enfin , de rapporter les raifons dont fe fert le Père Bou- geant pour prouver que les Pères des douze premiers fiecles, ne favo- rifênt nullement l'opinion qui met conjointement dans la prière , 6c dans les paroles, hoc eft corpus meumy\& forme de la confêcration. Quant au premier point , voici en abrégé à quoi il le réduit. Le Pcrc Bougeant remarque d'abord , i °. que depuis qu'il y a des Ecoles de Théo- logie, elles ont toutes conftamment enfeigné, que la forme de la confê- cration de l'Euchariftie confifte dans les feules paroles de Jefus-Chrift : Ceci eft mon corps , ceci eft mon fang. 2.°. Que leur fentiment en cela eft fonde fur la Tradition «mitante des Pères Grecs & des Pères Latins, fur le Concile de Florence, fur le Dé- cret du Pape Eugène aux Armé- niens , Sic. Cela fuppofé , il exami- S SÇAVANS, ne fi les objections que fait le Pcre le Brun pour détruire une opinion qu'on ne peut nier qui ne (bit bien fondée, font recevables, il les pafle toutes en revue , 6c les pelé l'une après l'autre. Nous nous contente- rons de rapporter les principales, avec les reponfcs du Père Bougeant. Dans la Liturgie Arménienne, le Prêtre, après avoir prononcé les pa- roles, ceci eft mon corps, ceci eft mon fang , fait une prière à Dieu d'en- voyer le Saint Efprit pour changer le pain 6c le vin au corps 6c au fang de Jefus-Chrift : le Père le Brun dit là-dcflus qu'il n'eft pas poflîble de faire attention à cette forme de con- facrer, fans conclure que la prière en eft une partie eflèntielle ; 6c com- me les Arméniens , félon lui, ont , de tout tems emploie cette formc,il con- clud qu'ils ont donc cru de tout tems, que la prière étoit une partie eflèn- tielle de la forme de la confêcration. Il n'en demeure pas là , il remarque qu'avant le XIV fiecle on n'a ja- mais fait aucun reproche aux Armé- niens touchant la forme de la confê- cration , Se que dans les différentes énumerations de leurs erreurs , on n'a jamais parlé du point dont il s'agit. Le Pcre Bougeant répond qu'on ne fçauroit garantir la pureté Se l'intégrité de cette ancienne Litur- gie , Se qu'il faudrait , pour que le Père le Brun en pût tirer avan- tage , qu'on pût s'aflurer mora- lement qu'elle n'a jamais fbuffèrt d'altération , Se que l'invocation du Saint Efprit, qui eft après les pa- roles de Jefus-Chrift , n'a été ni tranfpoféc ni altérée, Se c'eft ce qu'il défie le Père le Brun de prouver , parce que pour le faire on ne peut recourir à des manuferits qui ayent plus de cinq cens ans ; Se que (î l'on remonte à cette époque, on trouve dans l'Eglife un tems de trouble 8c de confufion,un fchifme déclaréjUne perfécution ouverte con- tre les Catholiques, une haine im- placable contre l'Eglilê Latine, juf- qu'à détefter fes plus fiiints ufages, mille traits de mauvaifê foi , 8c des impoftures continuelles. Comment donc s'alîurer que ces manuferits font ridelles , fur tout quand on voit que de tant d'Auteurs Grecs qui ont écrit avant ce tems de fchifme , il n'y en a pas un fêul qui ait avancé l'opinion que les Arméniens ont eue depuis ? Il eft vrai qu'Ifidore Métropolitain de Rufîie alîûra dans le Concile de Florence que la Li- turgie dont fe fèrvoient les Grecs étoit antérieure au fchifme, & qu'elle s'etoit confervée depuis fans altéra- tion ; mais le Père Bougeant remar- que ici deux choies : la première , qu'Ifidore étoit intereflé à tenir ce langage , 8c que par conféquent fon témoignage doit être fufpecr. : la féconde, que le Cardinal Befîàrion foutint au contraire qu'on avoit renverfé l'ordre de la Liturgie, 8c qu'on avoit mis après les paroles de Jefus-ChrifLdes prières qui étoient anciennement devant. Quant à la féconde objection , le Père Bougeant répond qn'il veut bien fuppofèr, quoiqu'à la rigueur il en pût difeonvenir , que les Ar- méniens abufant de leur Liturgie, ont eu long-tems avant le XIV fie- cle , le même fentiment qu'ils ont JUIN tj%y: V-7 aujourd'hui fur la forme de la con- fécration ; mais qu'il refte toujours à prouver qu'avant le XIV ficelé , l'Eglife Latine a connu leur erreur, 8c ne l'a pas condamnée ; ce qu'il fbu- tient qu'on ne peut prouver, ia. parce que l'erreur des Arméniens ne fubfiltoit pas depuis afîèz long- tems pour avoir pu venir alors à la connoiflànce de l'Eglife Latine. 2°. Parce que les Latins n'avoient pref- que aucun commerce avec les Ar- méniens, fur tout depuis le fchifme, 8c que le fentiment des Latins étoit d'ailleurs fi établi par la tradition confiante de l'Eglife même Grecque avant le fchifme , qu'on ne s'imagi- noit pas qu'il pût y avoir un autre fentiment. Ce ne fut , félon le Père Bougeant, qu'au Concile de Flo- rence que l'on commença d'en avoir le foupçon, à caufe de la commu- nication fréquente qu'on eut alors avec les Grecs. On en donna avis au Pape Eugène IV. Le Pape eut de la peine à le le perfuader , 8c donna ordre de s'en informer exa- ctement. Quand on lui eut rapporté que le fait étoit vrai , il eut encoro de la peine à le croire ; il n'en parla même aux Grecs qu'en doutant : Je ne. crois pas , leur dit ce Pape, qu'il y ait un homme ajfe\ peu éclairé , four croire que le corps de Je'us-Chnsl [oit confacré autrement que par les paroles de Jefus-Cbrift; & Ji nous exigeons de vous la cotiftj/ion de cet article, ce n'eft pas que nous vous croyions dans une autre opinion , ce n'es! que pour inftruire les ignorans. Notre Auteur prétend qu'il eft même douteux qu'à Rome avant le XIV ficelé, on connût en dé- Tt ij 3*8 JOURNAL DE tail la Liturgie Arménienne ; mais il eft toujours certain, félon lui, que du moins on n'y connoiilbit pas l'abus que les Arméniens en fàifoient. Il foutient que dès que Rome eut connoiflànce de cette opinion, clic la condamna , comme on le peut voir dans les Annales de Raiualdus. Le Père Bougeant conclud de tout cela , que l'objection du Père le Brun, loin de détruire l'opinion e'tablie, ne l'effleure feulement pas, puifqu'ellefuppofedeux faits qu'on ne fçauroit prouver ; le premier que les Arméniens ont toujours penfé fur la confécration ce qu'ils penfent aujourd'hui : le fécond que Rome a connu leur fentiment fans le con- damner. Le Perc le Brun pour ap- puyer fon opinion , dit que le Con- cile de Florence n'obligea point les Grecs à changer leur Liturgie , 8c qu'après pluficurs difeours fur ce fujet, il fut arrêté qu'on ne mettrait rien touchant cet article dans le Dé- cret d'union : le Père Bougeant con- vient de la chofe ; mais il fait voir que fi ce Concile en ufa de la forte, ce ne fut qu'après s'être afluré de la' créance des Grecs , & les avoir en- gagé ùconfeiîèr publiquement qu'ils croyoient comme les Latins, que les feules paroles de Jefùs-Chrift , tecï eft mon corps , ceci eft mon fang , opéraient la confécration. En con- séquence de cette déclaration , fans laquelle il n'y avoit point d'union à cfpcrer pour les Grecs , le Pape 8c le Concile voulurent bien ne pas inférer le nouvel article dans le Dé- cret qui fut public enfuite; 8c cela pour ne pas defobliger les Grecs , S SCAVANS, qui difoicnt que ce ferait faire at-* front à leur Eglife,que d' inférer ce nouvel-article, comme fi leur Eglifè avoit pcnlé autrement. Le Pape Se le Concile jugèrent donc , qu'une conf.ifion publique valoit bien un' article mis par écrit, 8c qu'elle fuffi- foit pour mettre la foi de l'Eglife à couvert. La confeffion eft rapportée au long par le Perc Bougeant ; tous les Grecs qui étoient à Florence vin- rent en perfonne pour faire cette confeffion par la bouche du Métro- politain de Nieée, fi connu depuis, îbus le nom du Cardinal Bcflàrion, lequel s'adreflânt au Pape, aux Car- dinaux , 6c à tous les Prélats aflèm- blez,lcur parla ainfi à la tête des Grecs : « Comme dans les difeufi- fions fur les différences qui fê trouvent entre nous , il eft fui-ve- nu un doute touchant la confé- cration du divin Sacrement de l'Euchariftie , 8c que quelques perfonnes ont fbupçonné que nous 8c notre Eglifè ne croyons pas que ce Sacrement précieux s'accomplilîè par les paroles de Notre-Seigncur ; à caufe de cela, Très-Saint Père, nous nous pré- fèntons devant Votre Sainteté , 8c devant tous les Percs, qui, au nom de la fainte Eglifè Romaine, font ici alîèmblez ; 8c après avoir certifié qu'il n'y a ici d'abfèns parmi nous que ceux que la ma- ladie ou le défaut de tems empê- che abiblument de s'y trouver, nous déclarons que nous compa- roiflbns pour donner première- ment à Votre Sainteté, 8c enfuite à tous les Vénérables Pères , un eclaircifîèmcnt touchant le doute JUI i» qui s'en: élevé, 8c fur lequel nous »> nous expliquons ainfi en peu de »» mots : fçavoir ; Que comme nous >» avons appris de tous les Saints »> Docteurs, 6c particulièrement de » Saint Jean Chryfoftome, que ce >» font les propres paroles du Sei- « gneur qui changent 6c tranfub- »» ftantient le pain au corps de » Chrift, 6c le vin en fon fang , 6c »• que ces divines paroles ont toute »» la vertu de la tranlfubftantiation, »» nous nous faifons une obligation »» de fuivre ce faint Docteur , 6c d'a- » voir le même fentiment. Voilà quelle fut la confefïlon des Grecs. Le Père Bougeant demande après cela, comment le P. le Brun peut faire entendre que le Concile de Florence a laiifé la queftion inde'- cife. Mais , objecte-t-on , les Grecs ont toujours continué de fe fèrvir de leur Liturgie. Le Père Bougeant en convient ; mais il dit qu'il n'e'toit pas nécelîaire qu'on les obligeât à la changer, après la déclaration qu'ils venoient de faire. Il fait remarquer èc plus , que l'Eglife n'a jamais condamné leurs Liturgies en elles- mêmes, 6c que fi on croit les devoir changer aujourd'hui , ce n'eft qu'en confequence de l'erreur où on fçnit que font les Grecs , qui croyent cette invocation nécefîàire , même après les paroles de Jefus-Chrift ;cn forte qu'on n'y demanderoit aucun changement , fi les Grecs d'aujour- d'hui faifoient la même déclaration que ceux d'autrefois. Le Père le Brun cite encore d'an- ciennes Liturgies ; ce font celles de Saint Jacques 6c des Conftitutions Apoftohques j où l'invocation fe N * 7 * fi . %±$ trouve après les paroles de Jefus- Chrift. Mais le Père Bougeant ne lui en laiffe pas tirer plus d'avanta- ge; il lui fait remarquer, i°. Que de l'aven de tous les Critiques , ces Liturgies font très-fnfpc&es. 2°, Que le Concile de Florence ayant décide' la queftion, il faut au moins interpréter ces Liturgies dans le fens catholique, fi on leur fait la grâce de ne les pas réformer , ou même de ne les pas rejetter tout-à-fait, comme des monumens fuppofez. Nous paflbns plufieurs autres ob- jections 6c plufieurs autres réponlês, pour venir à ce qui regarde la for- me par laquelle Jefus-Chrift confi- era, qui eft le fécond point que nous nous fommes propofé dans notre Extrait. Le Père le Brun prétend que lorfque Jefus-Chrift prononça ces paroles, ceci eft mon corps, il avoit déjà confacrê auparavant ; 6c dc-là il conclud que ce n'eft point par ces paroles que les Prêtres confièrent. Pour prouver la propofition & la confequence , il cite Catharin,à qui il fait faire ce raifonnement : Ces pa- roles , hoc eft corpus meutn , n'ont point" été' la forme par laquelle Jefus-Chrift a confacrê, puifqu'il avoit confacrê' avant que de les prononcer ; donc elles ne font point aujourd'hui la forme de la confécration. Le Père Bougeant foutient que ce raifonne- ment eft faux dans toutes fès par- ties. Il nie d'abord que le fait aile- gué en preuve par Catharin foit vrai , puifque Sanu Chrylbftome , Saint Ambroife , 6c prefque tous les Auteurs foûticnnent que J. C. con- facra parles paroles , ceci eft mon cçrps. 53p JOURNAL DE Il n'admet pas plus la conféquence, £v il dit que quand il leroit vrai que Jcfus-Chrift n'auroit pas confacré par ces paroles , on n'en pourrait pas conclure que ces paroles ne Ibicnt pas aujourd'hui l'unique for- me de la confécration. Comment cela ? C'eft qu'il n'eft pas impofli- ble, félon la remarque de Salmcron, tom. 9 , tract. 1 3 , que Jcfus-Chrift ait employé une forme, 6c qu'il en ait prefcnt une autre à fon Eglife. Pour le prouver, le Père Bougeant cite l'exempledu Sacrement del'Or- dre de Prêtrife, que Jefus-Chriit conféra à fes Apôtres par ces mots, UoC facite in meam commemor ationcm , faites ceci en mémoire de moi ; 6c que cependant l' Eglife, tant en Orient qu'en Occident , confère par une autre forme qu'elle tient de la Tra- dition Apoftolique. Le principe de Catharin , 6c la conféquence qu'il en tire font donc tous deux faux, con- clud le Père Bougeant. Pour prouver que Jefiis-Chrift ne confiera pas par les paroles , hoc eft corpus meum , 6c que ces paroles n'étoient que de'claratoires , le Père le Brun fc'pare en divers tems l'ac- tion de Jcfus-Chrift dans l'inftitu- tion de l'Euchariftie. i°. dit-il , Je- fus-Chrift prit le pain, z°. Il rendit grâces & le bénit, c' eft -à-dire le confa- çra,%0. Il le rompit, 6cc. Le Pcre Bougeant croit devoir arrêta- ici au premier pas le Père le Brun, en lui oppofant ( fans vouloir néanmoins prendre là-deflùs de parti) S. Tho- mas 6c pluficurs autres Théolo- giens qui prétendent que benir le pain, le rompre 6V le préfenter, en (fifant, Prenez. ; ceci eft. mon corps , fut S SÇAVANS, une même & lèule action de Jefus- Chrift. Ce qui oblige le Père Bou- geant à fure cette remarque , c'elt que le Père le Brun avance fon fen- timent comme une choie hors de doute, ié fondant fur l'autorité de Chcffontaines, 6c fur les mots »'-xtt" f/^TiiVat 6c tuKoy>irx< , qu'il croit de- voir être traduits par, poftqtiam gra- ti.\s egtfiet , poftquam benedixtjfet , après qu'il eut rendu grâces, après qu'il eut bem ; ne prenant pas garde que les Auteurs Grecs employent 6c plus fouvent 6c plus élégamment l'aorifte du participe pour le prefent,que le prefcnt même. Mais lailfant cette difpute comme peu importante dans le cas dont il s'agit, notre Auteur revient à la narration du Père le Brun, 6c examine ces mots : V ren- du grue es & le bénit ,c'eft-à-dire le con- fiera. Il demande où le Père le Brun a appris que, il rendit grâces & bé- nit, lignifie il confacra. Il le prie de lui dire dans quel diclrionaire , dans quel Interprète cette explication fè trouve? Si c'eft en hébreu , en grec ou en latin , que rendre grâces 6c bé- nir fignifie confacrer ? Le Père le Brun dans toute fa diflertation n'ap- porte aucune preuve pour juftifier cette interprétation ; il eft vrai qu'il dit dans une autre occafion que bé- nir dans l'Ecriture, lorfque c'eft Jc- fus-Chrift qui bénit, fignifie que Jcfus-Chrift invoque la toute- « puiftance de Dieu ion Pcre , 6c « employé la fienne pour produire «e dans un fujet , l'eftèt qu'il veut ; « 6c que c'eft ainfi que Jcfus-Chrift :che. A Amfterdam , che}^ Henry Dufaujj-r. 1723. On donna l'extrait de cet Ouvrage dans le mois JUIN de Juin ijzf des mémoires pour l'hiftoire des fciences & des beaux arcs. L'Auteur de l'extrait ne put fe perfuader que cet Ouvrage fut de M. Huet, & il dit que c'écoit quel- que Pirronien outré qui avoit vou- lu mettre en crédit une Doclnne fur an- née à l'aide d'un no n Jî refpeclable aux Scavans & aux gens de lien, il ajou- tait que quand on auroit trouve' ces rapfodies feepthues parmi les pa- piers du célèbre Evêque d'Avran- che, on devoit les regarder comme les collections d'unSçavant, qui en faifoit de toute forte lbus divers ti- tres, pour adopter les unes, 6c re- jetter les autres. On propofoit en- fuite pluficurs raifons, pour faire entendre que l'Ouvrage n'étoit point de M. Huet. En voici les principa- les. Le nom qui eft à la tête du Mil', n'eft point celui de PEvêque d'Avranche, mais de Thcocrite de Plu vignac, Seigneur de la Roche, Gentilhomme de Perigord. Si M. Huet eftimoit ce traité plus qu'au- cun autre de fes Ouvrages , pour- quoi ne l'a-t-il pas fait imprimer ? Pourquoi n'en dit-il rien dans fa vie , où il parle de fes moindres écrits, même de ceux qui n'ont point été imprimez ? Pourquoi n'en a-t'on trouvé aucuns veitiges dans un tas de papiers qui étoient dans fa bi- bliothèque' Le témoin qu'on cite eft l'Editeur de Yvfuet'ana , qui ne prouve point ce qu'il avance. Quelle appannee que l'Auteur de tant d'Ouvrages pleins d'aflèrtions , & même d'alllruons allez nouvelles & allez hardies, ait pu donner dans le Pirronifmc ? M. d'Olivet qui a fait impri- ma 7. 345- mer l'Huetiana, fe crut intereflé à foutenir ce qu'il avoit avancé dans l'éloge de M. Huet, qui eft à la tète de ce livre, que ce traité Philofo- phiqué de la foibleflè de l'efprit hu- main eft de M. Huet. Pour établit- la vérité de ce fait, il prefenta à l'Académie Françoife le MM', fur lequel a été imprimé le traité Phi- lolbphique ; & après qu'il eût été examiné par des Commiflàires qui avoient été long-tems en commerce de lettres avec M. Huet, les Com- mifTaircs attefterent le zj Juin 1726 que le MIT. eft inconteftablemcnt , & depuis la première jufqucs à la dernière ligne, de la main de M. Huet , ancien Evêque d'Avranche. M. d'Olivet répond aux raifons alléguées par l'Auteur de l'extrait , que quoique M. Huet eût d'abord compofé cet Ouvrage en latin , qu'il l'eût enfui te traduit en françois, & qu'il eût marqué par-là plus d'efti- me pour cet Ouvrage que pour lès autres écrits , il ne vouloit point le publier pendant fa vie , & que lui- même mandoiten 1 715- à un de lès amis qui le prcflbit de donner cet Ouvrage au Public, quiquà exami- ner la ch fe de fris & en elle-même le 1 h lofof hc Ircvençal fou hors de prife\ nanmotns je vois bien que j'aurai à dos les gens fuj erficiels , les gens ferupu- letix , les gens timides ; & ces gens-là font le pi: s grand nombre. L'apparence du mauvais fens frappera d'abord, & on n'entendra raifon y qu'après les réfle- xions. M. Huet n'ayant point defîèin de publier cet Ouvrage pendant fa vie, il n'eft pas étonnant qu'il n'en ait point parlé dans fon hiftoire. On ne 546 JOURNALDE peut rien conclure de ce qu'on n'a point trouvé de veftiges de cet écrit dans les papiers de M. Huct ; il fuffit qu'on en ait des copies écri- tes de fa main. On ajoute que le nom qui eft à la tète du Mfl*. cil un nom déguife de M. Huet ; car Dan il lignifie en hébreu ce que Tbeoaite fignifie en grec; f/wr en grec re- vient à notre Tluvignac françois ; il y joint Seigneur de la Roche , à caufe de Pierre, l'un de fes noms de Bap- tême. Pour ce qui eft de la queftion de croit, fi le traité Philofophique fur la foibleftè de l'efprit humain eft dangereux pour la religion , M. d'O- livet ne veut pas la traiter à fond ; jl fe contente de remarquer que M. Huet a pu fe propofer des motifs dignes de lui , lorsqu'il s'eft élevé contre la prétendue force de l'efprit humain. « Dans un tems ou règne >* une déteftable métaphyfique , ?> dont la pre'fbmption forme tant » d'impies , dans un tems où les » Docteurs de la Loi eux-mêmes , » fe permettent d'interpréter , Se ?> d'aflcrvir à leurs idées particulie- » res, tout ce qu'il y a de plus fa- 3> cré, de plus myfterieux, Se de » plus impénétrable dans le Chrif- 3> tianifme. » 11 remarque enfuite que l'Auteur établit dogmatique- ment clans le livre II du traité Phi- lofophique , que la foi fupplée au 'défaut de la raifon. Se rend très- ç£ rtaincs les ebofes qui étoient moins certaines par la raifon, Se que dans le quinzième chapitre il s'attache à montrer que le fcepricifme ne com- bat point la foumiifion à la foi. L Auteur de la réppnfê à cette S SÇAVANS, féconde partie de la premie apologie de M. d'Olivet , convient du fait que le traire Philofophique fur la foiblcfic de l'efprit humain cil écrit tout entier de la main de M. Huct ; mais il fou tient qu'on ne peut con- clure de-là, que l'ancien Eveque d'Avranche foit l'Auteur de ce trai- té. Il a pu le copier, dit le P. Caf- tel ; il a pu même le traduire fans l'avoir compofé. Le nom qui eft à la tête du Mfl" 6c qu'on applique à M. Huet, en employant trois lan- gues différentes pour l'expliquer , prouve qu'il n'a point compofé cet Ouvrage , lui-même parlant de cet écrit dans la lettre de i j i ^ ne dit point que ce foit fon Ouvrage,mais celui du Philofophe Provençal. Mais quand M. Huct aaroit com- pofé cet Ouvrage, dam qmlqv.es mo- ment de je neffe , i'éblouijjemcr.t , ou de tout autre terrs de fa rie , l'Auteur de la réponfe prétend qu'en qualité de fidel ami , il étoit en droit de défà- voiier ce traité au nom de M. Huet. La raifon qu'il en rend crt qu's» Ouvrage n'eft réellement & juridique' ment d'un Auteur , que lorfquil l'a im- primé en fon nom , & qu'il ccnjle far des freuves de faits , qu'il a au moins con- fii.t: à l'imtreffien. Or bien loin, dit l'AutJiirde la réponfe, que M. Huct ait confènti à l'impreffion du traité Philofcphiquc , qu'il ait avoue cet Ouvrage, ii l'a défâvoiié tacitement, en ne le mettant pas au nombre des écrits dont il s'eft reconnu l'Au- teur; il n'a jamais voulu le faire im- primer pendant fa vie; il s'eft mê- me oppofé à ceux qui vouloient l'engager à le publier ; Se s'il avoit pris la rélolucion de le faire impri- JUIN mer, peut-on douter, dit l'Auteur de la réponfe , qu'il n'y eût fait des changemens coniîdérabks ? Ce n'eft qu'avec chagrin que le P. Cartel voit que l'Apologilte de M. d'Olivet ait avancé qu'on trouve dans la cenfure du Cartcjfamjme de M. Huet,6c dans fa Démonjhati.n Evangelique, le germe de la doctrine, f7?* , . f. . 347 qu on voudrait faire croire que ce Pre'lat n'a fait que développer dans un traité polthume. Si les Parties jugent à-propos d'entrer dans la queftion de droit, qui eft plus intérelîànte que celle de fait, nous aurons foin de rendre un compte exact de ce qui fe publiera de part 6c d'autre. QUESTION DE DROIT ECCLESIASTIQUE. Si l'Eglife ei'Arras efi fujette à la Régale. L'Eglife d'Arras étoit autrefois fujette au droit de Régale, com- me les autres Eglifcs Cathédrales du Royaume. Le Roy Philippe-Au- gufte l'en exempta par une chartre de l'an 1205, qui porte que pen- dant la vacance du fiégc Epifcopal , le Chapitre d'Arras percevra les fruits de l'Evêché qu'il rendra au nouvel Evêque,6c que le nouvel Evêque conférera les Prébendes qui auront vaqué pendant le tems de la vacance du fiége Epifcopal , fans que le Roy puilîè ufcr du droit de Régale. Par la même chartre le Roy Philippe-Auguftedifpenfc l'E- vêque 6c le Chapitre d'Arras de fournir des troupes 6c des voitures pour le tranfport des provifions des armées Royales. Par une féconde charre de l'an- née 1204,1e Roy Philippe-Augufte reconnoît qu'il a reçu de l'Eveque & du Chapitre d'Arras une lomme de 1000 livres qu'ils lui dévoient, à caufe de la remife qu'il avoit faite à perpétuité du droit de Régale far l'Eglife d'Arras. Cette iomme de 1000 livres étoit fort coniidérable en 1204. Le fiége Epifcopal d'Arras ayant vaqué en 1 392 , le Parlement 6c la Chambre des Comptes donnèrent main-levée au Chapitre d'Arras du temporel de l'Evêché qui avoit été faiiî par les Officiers du Roy, fur k fondement de la Régale. En 145-5 la Chambre des Comp- tes qui avoit donné une commiffion aux Officiers Royaux d'Amiens pour faifir le temporel de l'Evêché d'Arras pendant la vacance du fiége Epifcopal , donna ordre aux Offi- ciers d'Amiens de déférer à l'oppo- fîtion du Chapitre d'Arras 6c du Procureur d'Artois, qui fondoient leuroppofition fur ce que le Chapi- tre avoit racheté le droit de Régale. Ces titres , fur leiqucls le Chapi- tre d'Arras prétend établir l'exemp- tion du droit de Régale , font fui vis de deux Arrêts du Parlement , qui ont jugé que la Régale n'avoit point de heu à Arras. Le premier de ces Arrêts eft du 7 Septembre 1482. Le lècond eft du 21 May 15-18. Ces deux Arrêts ont été rendus après l'examen des Chartres de 1203 6c de 1 204. Le Chapitre d'Arras ?4S JOURNAL DE iburient que ces préjugez ont d'au- ' us de force pour établir ion exemption du droit de Régule, que M. le Licvre qui avoit porte la pa- role pour le Procureur General dans Paflàire fur laquelle eft intervenu l'Arrêt de i r 1 8 , avoit foutenu que k- Chapitre d'Arras n'avoit pu le prévaloir de l'exemption qui lui âvoit été accordée parPhilippe-Au- gufte , parce que les droits de la Cou- ronne lbnt inalienablesjparceqûe cet- te aliénation avoit été faite fans for- malité , & parce que la quittance de iooo livres auroit été fimoniaque, fi cette fomme avoit été donnée pour la remife du droit de la Régale fpi- rituelle, 8c non (implement pour la remife de l'obligation de fournir des troupes Se des convois. Après ces deux Arrêts, le Cha- pitre d'Àrras vient à la capitulation du 12 Août 1640, par laquelle la ville d'Arras a été réunie à la Cou- ronne. L'article 10 de cette capitu- lation porteque l'Evêquc £c le Cha- pitre d'Arras feront maintenus dans l.urs \n ilegès t fr.wehifes , liberté^, exempt ons} collations de Fréùendes, ad- mïmfirations , c~ h f âge s quelconques, fans exception. En 1 661 les trois Etats de la Pro- vince d'Artois fuppliercnt le Roy par l'article 3 de leurs cahiers , de confêrver l'Egliie d'Arras dans le droit d'exemption de la Régale , dont elle étoit en jouïffancc ; & la réponfc à cet article porte , que Sa Majefté après avoir tait examiner en fbn Confêil les titres fur lefqucls la de- mande qu'il contient elt fondée, l'a Je & accorde. Enfin dans l'Aflcmblée du Cler- S SCAVANS, gc de i6~82,oii PEglifc Gallicane reconnut Punivcrfahté de la Réga- le, en conléquence de la Déclara- tion de 1675, M. dcBrias alors Ar- iiiedeCambrsy, 6v Député de là Province, fit des protestations pour l'exemption de la Régale par rapport aux Eglifès de Cambrav, d'Arras 8c de Saint Orner, 8c on lui donna acte de fes proteftations,que la délibération de l'Aflcmblée ne pourrait préjudicier aux droits de ces trois Eglilès , après que M. de Harlay alors Archevêque de Paris , ScPréfldent de l'Aflcmblée, eut dé- claré que le Roy avoit agréé qu'on donnât cet aéte à M. l'Archevêque de Cambrav. Des particuliers qui avoient ob- tenu des Brevets en Régale de plu- fieurs Canonicats de l'Egliie d'Ar- ras,lefquels avoient vaqué depuis que M. de Sève de Rochechoùart avoit fait une démiflion de fbn Evêché, donnèrent lieu d'examiner de nou- veau à laGrand'Cliambre du Parle- ment de Paris la quellion , fi l'Eghfe d'Arras cil exempte du droit de Ré- gale. M. de Braglion de la Salle, à préiènt Evêque d'Arras , le Chapitre de la Cathédrale d'Arras . 8c les Etats de la Province d'Artois étoient Par- ties contre les RégaliAes. Le principal moyen de l' Evêque Se du Chapitre d'Arras êtoit de dire que leur Eglife étoit exempte du droit de Régale à titre oncreux,fui- vant les Chartres de Philippe- \u- gufte de 1 205 & de 1 204. Ils ajou- taient que les iooo livres payées par le Chapitre d'Arras à Philippe-Au- guite,étoicntuncibmir.ccon(idérablc au commencement du X l V ficelé. Que JUIN Que cette fomme avoit été employée pour le bien de l'Etat , à caufe des grr ndes guerres que ce Prince avoit à fbutenir ; & que le Parlement avoit déjà jugé plufieurs fois, que l'Eglifè d'Arras étoit exempte de la Régale à titre onéreux. De la part des Régaliftes on fou- tenoit au contraire, que la Déclara- tion de 1673 ^°'t avon* neu Par tout le Royaume, en confequence qu'il n'y a qu'un titre onéreux qui puifïè exempter de la Régale, Se que les Chartres de Philippe - Auguite ne contiennent point d'exemption du droit de Régale à titre onéreux, en faveur de l'Eglifè d'Arras. Ils fe fon- doient pour établir cette dernière proposition, fur ce que la Régale étant un droit de la Couronne ina- liénable , il faut pour qu'un titre d'exemption de ce droit fait réputé 1717. 549 onéreux , que la Couronne fe trouve dédommagée , (bit par un échange , foit par quelque autre avantage ira- ble Se permanent. Une aliénation fi importante pour une fomme mobi- liairc qui peut fe difïipcr dans le moment, n'eil un titre onéreux que par rapport au Prince qui a reçu cette fomme. L'Arrêt rendu le 27 Mars der- nier, conformément aux conclufions d: M. Gilbert Avocat General ,jugc que l'Eglifè d'Arras effc fujette au droit de Régale. Ceux qui voudront voir les titres dont le Chapitre d'Arras fe fervoit pour fbutenir fon exemption du droit de Régale, auront recours au Mémoire de M. Aubry pour le Cha- pitre, où ces titres font rapportez en leur entier. REFLEXIONS SUR L'USAGE DE L'OPIUM, DES CALMANTS & des Narcotiques , four la. guéri fon des maladies , en for.i.e de lettre. A Paris , chez Guillaume Cavelier, rue Saint Jacques , près la Fontaine Saint Sevcrin, au Lys d'Or. 1726. vol. in-12. pp. 374. CEtte lettre efr., à proprement parler, une Apologie de l'o- pium. Nous ne fçaunons mieux nous y prendre pour fane connoî- tre, au jufte, le defîcin du fçavant Auteur qui l'a compofée , que de rapporter ce qu'il déclare lui-même dès le commencement de fa lettre. Je vais penfer, dit» il, d'une ma- nière un peu contraire à des idées & à des ufages autorifèz dans la mé- decine d'aujourd'hui , où plus que jamais l'on a affujetti l'art de guérir à des notions matérielles , baflès & grofïïeres. Vous avez peine, Mrs à Juin. concevoir quels feraient ces avanta- ges que pourraient avoir les narco- tiques pour la guéri fon des mala- dies, eux qui font la terreur de tant de Médecins, & l'horreur de la plu- part des malades ; & ces avantages me paroiflènt à moi, Mr, ceux-là même qui font fouhaitez pour la fo- lution du fameux problême dans fa pratique de Médecine, propofé par l'un des plus célèbres & des plus éclairez Médecins du fiecle paflë. C'efr. le fçavant Mr litc.:rne,û ha- bile dans l'étude de l'œconomie na- turelle du corps humain, lequel tout 3?o JOURNAL D occupé pendant la vie , qui fut, hé- las ! trop courte, de la meilleure ma- nière de faire la Médecine , ou de guérir parfaitement les maladies , avoit enfin borné fes vœux à un feul remède, dans lequel il deman- doitune vertu finguliere 6c générale pour les terminer toutes. C'etoit une notion de Pjh.ic ce qu'il s'étoit faite, Se dans laquelle étoit renfer- mé , félon lui , un moyen fur de gué- riibn , parce qu'un fèmblable renie Je auroit e'teint ou fait çeflèr la caufe d'une maladie, fans attirer après foi l'inconvénient de ceux qui parlent pour les meilleurs , Se qui ne réiif- îîfient cependant, qu'en faifantfuc- ceder la tempête 8c le trouble à la bonace, tant ils apportent certaine- ment de tumulte 6c d'agitation. Le comble donc des voeux de ce grand Médecin, étoit qu'il fe trouvât un remède, lequel redreflànt le fang dans fa circulation, 6c le contenant, ou fes fucs dans leurs bornes , pré- vînt en lui ou calmât en même-tems les gonflemens , les rarefeences , ou les ibulevemens qu'il contracte par l'u- fage des remèdes les plus autorifez. Ce point de vûë, Mr, s'il n'eft point fe'duifant, cft bien flateur,6c annonce de grands avantages dans un tel remède ; car outre qu'il abré- gerait les maladies, il épargnerait encore bien des langueurs, 6c de triftes fuites de guénfons imparfai- tes ou manquas, puifqu'il n'en cft de vrayes que celles qui remettent Se laiflènt un malade dans le calme d'où il étoit forti par la maladie. Cette idée paraîtrait reflembler d'af- fez près à celle d'un fpecifique uni- verfcl, s'il convenoit tout à la fois , ES SCAVANS, 6c à toutes les maladies , 6c à toutes les caules de chacune en particu- lier : de forte que ces maladies cef- fant de paraître lous les formes qu'elles avoient prifes en naiflànt, ne iè remontreraient pas fous d'au- tres apparences en fe reproduifant. Or les narcotiques , dont les effets font il efficaces, fi prompts , fi uni- verfèls , que le calme accompagne , 6c aufquels il fuccede, ne pourroicnt- il pas offrir cette forte de fpecifique , Se en ce cas, Mr, le trouverez vous fi de'nue' des avantages dont je leur ay fait honneur dans ma re'ponfc aux objections faites contre le livre des oblèrvations ? Le préjugé cft à la vérité contr'eux, 6c ce préjugé fè trouve dans les Médecins comme dans les malades. 11 cft même entré dans la phyfique moderne qui s'eft laifle furprendre aux foupçons qu'a répandu contr'eux l'ancienne Philo- fophie, dont l'aveugle vénération, comme vous le fçavez , s'étoit fait prefque autant d'idolâtres que de dif- ciples.La Médecine a copié ce préju- gé, parce que l'éducation des écoles ou les leçons desMaitres l'ont acredi- té 6c reçu. Ainfi adopté fans preuve , il a formé le raifonnement des Mé- decins, 6c influé dans leur conduite; mais quand la Médecine auroit à fe bâtir lur des raifonnements , latrou- veriez-vous,Mr, folidement établie fur des fondements aufîi ruineux , ou bien affermie fur ces principes , qui font autant ceux de l'erreur , qu'ils font peu ceux de la nature. La feien- cc des faits Se l'étude des obferva- tions, font pour elle de plus fermes foutiens 6c de plus fùrs guides , Se c'eit fur ces bazes fi certaines , que JUIN va pofer la doctrine des narcotiques pour la guérifon des maladies. Il eft facile de voir par ces paro- les cequefcpropofe l'Auteur. Voici àpréfent comme il entre en matière. Il n'eft point , dit-il , d'eftèt fi con- nu , fi conftaté , ou fi unanime- ment certain que celui de l'o- pium. Vérité tellement authenti- que, qu'elle fait le titre de fa ré- probation ; car elle eft toujours Se univerfellement confentie làns ex- ception , fans égard d'aucune circon- ftance d'âge, de tems, de fèxe , de climat, de maladie , puifquepar tout, en tout tems, toute contrée , toute pcrfonne, l'opium calme, appaife , aflbupit. Voilà donc dans un remè- de une vertu générale , aflure'e 6c infaillible ; c'eft de modérer les fail- lies du fang, de calmer fes troubles, de calmer fes emportemens. Or qu'eft autre chofe une maladie, telle nature ou tel nom qu'on lui donne, que fougue, qu'emportement , que dérangemcnt,que trouble ? L'opium eft donc un remède certain pour la guérifon des maladies , puifqu'il en bride ou en arrête les caufes. De plus , le fang calmé par ce remède n'eft point excite' à de nouveaux troubles , ni fes fucs portez à de nouvelles mutineries. Le danger même pouroitetre d'un autre genre , ce feroit que le calme n'allât trop loin , en fixant , dit-on , les efprits , en arrêtant leur cours 6c celui de la vie. Eft-ce rien moins trouver dans l'opium qui eft le premier de tous les narcotiques, que cette double vertu tant defire'e par Mr lïtcurne - de cal- mer le fang , en prévenant en lui tout retour d'agitation, de rarefeen- 1717: ifi ce 6c de trouble? C'eft que tout à la fois il lie, retient 6c modère les deux puifiances principales qui ré- giflènt l'eeconomie animale, ce font les fluides 6c les folides ; ces deux antagoniftes de la vie, qui fe réu- nifient au moyen de l'opium, pour concourir à une même paix. L'idée d'une opération fi promp- te, continu; l' Auteur t 6c cependant fi complette dans un remède qui feul fçait tout à la fois mettre d'accord deux puiflânees rivales Se fouleve'cs, ne le prend point dans les notions vulgaires des maladies 6c des cau- fes qui les produifent. Auflî eft-il permis pour l'explication d'un fait de pratique , avoué 6c convenu , de le mettre au-deflus des manières or- dinaires de penfer en Médecine. Ce font de ces facilitez qu'apportent , 6c de ces libertez que permettent à un Médecin une érudition formée fur l'étude de la nature 6c concertée avec (es manières. Ce que nous venons de rappor- ter eft extrait du commencement du livre. Voici à préient un endroit ti- ré du corps de l'Ouvrage. La confommation prodigieulè de l'opium qui le fait dans les vaftes Empires de Perfe , de Turquie , aux Indes, en Egypte 6c de-là en Eu- rope, forme un merveilleux préju- gé en fa faveur. Car eft-il poflîble de penfèr que tant de Peuples en- tiers fe paflionnent pour un poifon, comme on appelle l'opium? Eft-il imaginable que d'anciennes nations fe foient aveuglées au danger de leur vie pendant autant de fiecles qu'elles ont d'antiquité , jufqu'au point de prendre tous les jours trois Y y ij 57* JOURNAL DE dragmes de poifon ; car c'eft la dofc d'opium qu'ils prennent par jour. Cet ufage eft parmi les Indiens auffi ancien qu'eux-mêmes. Il eft même fi utile à ces nations, fie fi indifpen- fable, que l'abftincnce ou la priva- tion d'opium pendant peu de jours , les jette dans d'aft'reufes maladies. Après cela faut-il s'étonner de l'é- norme commerce qui s'en fait en Orient : jufques-là qu'il s'en tire de l'Ane, de l'Ânatolie fie la Silicicdcs charges entières de cinquante cha- meaux qui le portent aux Indes ou ailleurs ; malgré même l'injufte dé- crit où il eft en Europe , il en vient tons les ans de Smyrne par Mar- feille en France quatre mille livres au moins de pcf.im. Mais n'en paflè- t-il point en Efpagne, en Portugal, en Holland.', en Angleterre & dans toute l'Allemagne ? fie alors ne vient- il point évident que la confomma- tion de l'opium eft étonnante? Se- roit-ce donc que toutes les nations du monde auraient toutes confpiré leur propre perte en fe concertant enfèmble pour s'empoifonner elles- mêmes fie les autres qui voudraient fuivre leur exemple ? Car il n'en eft pas de l'opium comme de quantité d'autres drogues qui font employées dans les teintures , dans la peinture fie dans plufieurs fortes d'ouvrages. L'opium eft tout pour la bouche, du moins uniquement , ou pour guérir des maladies, ou pour les prévenir. Enfin, fi l'on s'étoit ap- perçu de la prétendue qualité ma- ligne ou mortelle de l'opium dans l'ufage commun en gênerai. ( Car les pauvres eux-mêmes en Orient ont le leur, qui eft plus greffier ôc S SÇAVANS, moins cher que celui des riches.) Les loix fi attentives à la conierva- tion publique fe fcroicnt-elles ou- bliées ou contenues dans le filence fi on avoit vu que l'opium empoi- fonnat. Les récoltes ou moifîbns abon- dantes de pavot noir fie blanc, dont on enfemence les terres dans les pays d'où nous vient l'opium , font des preuves bien fenfiblcs de l'étrange confommation qui s'en fait dans le monde ; car les campagnes y font couvertes de pavots comme le font de bled fie de vignes celles de l'Eu- rope. De forte que les habitans y ont des arpens de pavots comme nos payfans en ont de vignes. A ceci fi l'on ajoute cette réflexion , que l'opium ne s'employe ordinai- rement que par grains , l'on com- prendra comment quatre mille de ftfant d'une matière comme l'opium qui ne fe donne que par grains , de- vient une quantité plus confidéra- ble que quarante mille livres de pe- fant d'une autre qui fe donnera par onces ou par gros; il n'eft donc pas douteux que la confommation de l'opium ne foit prodigkufe. Orque dans un nombre fi grand de gens qui prennent de l'opium ou qui s'en foulagent, il ne fe foit pas remar- qué pendant tant de fieclcs qu'il tue le monde , ou qu'il y ait été perni- cieux ; rien peut-il plus parfaite- ment l'innocenter t ou mieux en dif- culpcr l'ufage ? 11 eft pourtant vrai, pourfuit no- tre Auteur , qu'on entend dire 5c qu'on lit ce reproche ordinaire con- tre l'opium. Les peuples , dit-on , qui font dans l'ufage d'en prendre JUIN habituellement, deviennent lourds , pefans , ftupides 8c cacochymes ; mais cela fut-il auffi exactement vrai qu'on le publie inconfidéré- ment, une drogue eft-clle rcfponfà- ble d'un abus qu'on en fait? Le vin ou les liqueurs quand on en abufc, n'ont-ils point en Europe les mêmes inconveniens ? Ne font-ils point de jeunes gens des hommes 1717. 373 ufez,pâles, mourans, bl af eX/ous gens cachectiques, hydropiques enfin ? L'Auteur parle enfuite des difté- rens ufages qu'on peut faire de l'o- pium pour la cure des maladies. Il dit là-defliis une infinité de chofes fçavantes & très-dignes de remarque ; mais qui pour être bien comprifes fe doivent lire dans le li- vre même. HISTOIRE GENEALOGIQUE DES T AT ARS ,T RADUIT E DU mamtfoit Tartare d'AbulgaJi-Bajadur-Chan , & enrichie a' un grand nombre de remarques authentiques & très-curieufes fur le véritable état préfent de l'Ajie Septentrionale , avec les cartes Géographiques neceffanes. Par D * * *. A Leyde, chez Abraham Kallevier, 8c fe vend à Paris chez Chaubert, Quay des Auguitins. 1716". deux vol. in-iz. prem. vol. pp. 386. fé- cond vol. pp. 427. CEtte hiftoire eft écrite par un Prince Tartare, ainfi que l'an- nonce le titre, Se qu'on le voit par la Préface de l'Auteur même. Cet Auteur naquit en 1605 dans la ville d'Urgens, capitale du pays de Charafs'm. Il fut nommé Aliulgajï Baiadi.r. Le mot de Chan qui termine fon nom, n'eft que pour défigner, fuivant l'ufage des Tartares , la qua- lité de Prince. C'eft quelque choie de fingulier que la manière dont il parle de lui-même. Il dit dans là Pré- face que s'il s'érige en Auteur , ce feroit lui faire injuftice, que de l'ac- eufer en cela d'aucun motif de va- nité ; 8c à la faveur de cet avertiflè- ment, il déclare qu'il a un talent particulier pour écrire des livres en toutes fortes de langues ; qu'il ne fçait même s'il eft aifé de trouver quelqu'un qui foit plus habile que lui en ce genre de littérature , à moins que ce ne fût dans les villes de Pcr/êoudes Indes ; mais que dans toutes les Provinces voifines dont il a connoiilànce, il ofe fe flatter qu'il n'y a perlbnne qui le furpailè , foit dans le métier de la guerre, foit dans la feience des belles lettres,que pour ce qui eft des pays qu'il ne connoît pas , il ne s'en embarrafle guéres-. Après ce préambule, il vient à la diviiion de Ion livre ; il l'a partaeé en neuf parties, pour fuivre, dît-il; la coutume des autres Ecrivains 5 qui ont une vénération particulière pour ce nombre. Le premier volu- me, dont nous allons rendre comp- te, contient quatre parties ; fçavoir, i°. l'Hiftoire généalogique des Ta- tars depuis Adam julqu'à Mogull ou Mung'l-Chan.z0. Celle de ces mêmes peuples depuis Mungl-Cban Jufqu'à Zingis-Chan. 30. Celle du règne de Zingis-Chan jufqu'à fa mort. 4". Cel- le d'ugadai-Cban troifiéme fils de Zingis-Cban avec celle de fes fucetf 5?4 JOURNAL DE leurs à l'Empire des Mogu!s,dc la pofterité de Zmgïs-Chan. La pre- mière partie ne comprend que trois chapitres , dont le premier traite d'Adam & de fês defeendans, jufi- qu'au déluge; & le fécond, de la pofterité de Nui jufqu'à AlanXa-Cha\ Avant que d'aller plus loin , nous remarquerons que Tatars eft la mê- me chofe que Tartans. Ce mot Ta- tar vient d'un Prince ainfi nommé, lequel étoit fils d'Ahnta-Cban, fa- meux Roy Tartarc. Quelques Au- teurs cependant ont e'erit, que c'eft une rivière appelles Tata qui a don- ne lieu aux Tartares de prendre le nom de Tatars , mais le Traducteur remarque que ces Auteurs fe font trempez ; puifquedans tout le Nord de l'Âfie il n'y a aucune rivière qui ait jamais e'té appel k'e Tata. Qiioi- qu'il en foit , voici en quoi confifte le premier chapitre, qui eft une par- tie de la Gcnefe corrompue par de pitoyables fictions. » Lorfque Dieu , dit l'Auteur 5» Tartare, eut re'folu de créer A- »» dam , il envoya l'Ange Sairaïl fur »» la terre, pour y prendre une poi- 3» gne'e de terre 6c la lui apporter ; s» mais la terre ayant demandé à » l5Ange ce qu'il en prétendoit fài- »» re, & l'Ange lui ayant répondu » que Dieu en vouloit créer Adam, '» la terre le pria de n'en point pren- » dre, difi.nt : Les enfuis d'Adam »> fc multiplieront & pécheront con- » tre Dieu , alors Dieu fera tomber s> facolcre fur eux, & je crains cette m punition divine, parce que je ne si pourrai qu'y fuccomber. L'Ange « étant revenu devant Dieu avec * cette réponfe, Dieu envoya l'An- S SÇAVANS, ge Michaël fur la terre avec la «è même commiffion ; mais il revint te avec la même défaite , fans avoir « exécuté le commandement qu'il te avoitreçu.Dicucnvoyaalorsl'An- » de 80 âmes, tout le refte s'étant »> détourné du bon chemin , cria >» vers Dieu, pour qu'il voulût ex- »» terminer toute cette génération ; »» furquoi l'Ange Sabraïl lui étant » apparu , lui dit : Ta prière eit >» exaucée , Se Dieu fera périr dans >» peu tous les hommes par un dé- » luge univerfel ; c'eft pourquoi il « t'eft ordonné de la part de Dieu »» de bâtir une arche. L'Ange lui »» apprit en même-tems de quelle »> manière il falloit bâtir cette arche. »» Alors Nui Se les 80 vrai-croyans » le mirent a la fabriquer ; à peine » fut-elle achevée que la terre ou- s> vrit fes abîmes , 8e que le Ciel >» laiilà tomber des pluycs fans celle. Lapoftcritéde Nu juiqu'à AUn\a- Chan fait le fujet du chapitre fécond. L'Auteur dit que de tous les hommes qui étoient dans l'arche , il n'y eut que Ntti avec fa femme, fes trois fils & leurs femmes, qui fortircnt vi- vans de l'arche ; tous les autres étant morts de maladie pendant le déluge. Nui, continue notre Hiftorien,dif- perfa fes trois fils par le monde , fça- voir , Ham , Sam Se Japbis. « Ce der- »> nier eut un petit-fils nommé Tau- 3> nak^, qui fut l'inventeur de l'ufage s> du fèl, pour l'affaifonnement des s> viandes,perfonne avant lui n'ayant s> fçû ce que c étoit que le fel. La ponxrité d'AlaniLa-Cban fait la matière du troifiéme Se dernier cha- pitre ; après quoi vient la féconde partie , qui en comprend quinze. On voit dans le premier l'hiftoire de Mung'l-Can , Se dans le fécond celle tfogus-chan. Cet Ogus-Qhun étant N I717: l rr , V? venu au monde, refufa de tetter ft mère; êe cette mère qui étoit Idolâ- tre, refva pendant quelques nuits que fon enfant lui difoit, de quitter l'Idolâtrie, fans quoi il ne la tette- roit jamais , quand il en devroit mou- rir. La mère, pour fauver la vie à fbn enfant, fit vœu d'embraiîlr le culte du vrai Dieu , Se alors l'en- fant fc mit à tetter. Dès le tems du règne de Mung'l- Chan fon ayeul , c'étoit la coutume de ne point donner de nom aux en- fans qu'ils n'euflênt pafié un an ; c'eft pourquoi Cara-Cba n père d'O- gus ne voulut point lui donner de nom qu'après cet âge. Alors ayant fait allembler les Seigneurs de fa Cour Se aprêter un grand repas, il fit amener l'enfant, & leur dit en le leur montrant : Vous fçavcz que mon fils ayant à l'heure qu'il eft un an complet, il eft tems de lui don- ner un nom. Tout le monde dans ce moment fe tint dans le filence , pour entendre le nom que Cara-Cba?* donnerait à fbn fils ; mais l'enfant par un prodige fans exemple , pré- vint le pere,ôc fe nomma lui-même en difant : Qtie! nom frétend^vous me donner7, je m'appele Og.s. On conjec- tura de-là que l'enfant deviendroit un grand Prince, ce qui arriva en effet. Ogus-Cban régna cent feize ans, Se laiilà fon Royaume à fon fils Ktuti'Cban , qui le partagea enfuite gendre ufement avec fix frères qu'il avoit. Ce partage fait le fujet du troifiéme chapitre. On voit dans le quatrième la vie Se le règne de Stura^-Cbs.n , Se la défaite des Moguls. L'Auteur, à l'occafion de cette dé- faite , raconte dans le cinquième cha- 3,-6 JOURNAL DE pitre e'iverfcs particularitez que voici en deux mois. Pluficurs Princes perdirent la vie dans la deftruébion de l'Empire des Mogulsi mais deux de ces Princes, l'un appelle Kaj/an 6c l'autre Vsgos, fc fignalcrcnt par une retraite qu'ils firent dans des montagnes, où mal- gré mille obflacles ils s'ouvrirent un chemin , qui les conduifit eux ÔC leurs femmes dans un pays fertile, où ils curent un fi grand nombre de i lefeendahs , que dans la iùitedes tems le pays ne pouvant fuffire pour les contenir tous , ils fongerent à re- tourner dans le pays d'où leurs an- cêtres avoient été chaflèz ; mais il s'agiflbit de trouver un chemin pour fortir de l'enceinte de ces mon- tagnes • car le (entier par lequel leurs ancêtres y étoient venus , s'étoit per- du par la fuite des tems. L'un d'eux ayant remarqué qu'une de ces mon- tagnes e'toit toute compofée de mi- nes de fer , s'avifa d'un expédient , qui fut de faire allumer du feu au pied de cette montagne, pour voir fi l'on ne pourrait pas venir à bout de la fondre. L'expédient fut ap- prouvé unanimement : chacun fe mit à porter du bois 6c des char- bons ; 6c après avoir difpofé tour à tour au pied de la montagne un lit de bois & un lit de charbons, on y mit le feu, qu'on fouffla fi bien à Paicie de 70 lôufflets de cuir qu'on y avoit appliquez, que la montagne le fondit, & laifià un chemin allez large pour le partage d'un chameau chargé. Ils fomrent tous par ce che- min ; 6c pour perpétuer la mémoire d'une f\ mnacn'eufe fortic, les Mo- guls en célèbrent tous les ans le jour S SÇAVANS, avec une grande folemnité. Ils allu- mait ee jour-là un grand feu, dans lequel on jette un gros morceau de fer pour le faire rougir. Le Chatt affilie à cette cérémonie ; 6c quand le fer cfl bien rouge, il donne un coup de marteau fur ce morceau de fer i enfuite tous les Chefs des Tri- buts 6c autres Officiers de diftin- clion , chacun félon fon rang , fui- vent l'exemple du Chan : puis le menu peuple vient qui en fait au- tant. Cette coutume s'obferve dans toute l'étendue de l'Empire des Mo- guls. Les autres chapitres confident en des détails généalogiques, très-né- ceflàires pour bien entendre l'hif- toire des Tatars ; mais qui feraient tres-ennuyeux ici. Le dernier n'eft pas tout-a-fait fi ferieux ; l'hiftoire qu'on y trouve de la Reine Alanca l'égayé an peu. Cette Reine étoit reliée veuve de Dcjun-Bajan , 6c avoit deux fils, l'un âgé de lept ans ap- pelle Setgadei , 6c l'autre âgé de fix ans nommé Bcgdfada. Pluficurs pro- pofitions de mariage furent faites à Âlauca; mais elle les rcfufa t&«T3s , difant qu'elle étoit obligée pendant la minorité de lès enfans de vacquer uniquement à la Régence. Un cer- tain jour, ayant dormi jufqu'au le- ver de l'aurore, elle vit en s'éveil- lant quelque chofe d'aufli brillant que le Soleil tomber dans fa cham- bre, par une fenêtre haute, 6c s'ap- procher d'elle fous la figure d'un homme , de couleur orangée , avec des yeux d'une beauté particulière; ce qui l'épouvanta de telle forte , qu'elle ne put ni le lever ni parler. Cependant elle ne perdit point con- uoifiince , JUIN noiflànce, &C elle remarqua que cet ciprit après avoir demeuré quclque- tems avec elle difparut foudaine- mcnt. Mais comme l'avanturc lui paroifîbit d'une efpcce à ne pouvoir être crue facilement, elle n'oia en faire confidence à perfonne. Quel- ques jours après , l'efprit revint , & dans la fuite il renouvella fès viiîtcs allez fréquemment. Enfin Alanca le trouva enceinte, &C elle fut obligée de raconter l'avanture, qu'elle n'a- voitofé découvrir- mais elle deman- da qu'on lui donnât des gardes pour qu'on pût s'e'claircir de la vérité en cas que l'efprit continuât à revenir. La chofe fut exécutée ; & les gar- des trouvèrent que tout ce qu'elle avoit dit étoit vrai , fi ce n'eft qu'ils ne purent remarquer aucune figure d'homme. Cependant Alanca ayant atteint le terme de la groflèilè , ac- coucha heurcufêmcnt de trois fils , dont le premier fut nommé Bccum- Catagun , le fécond Boskin-Zal^i , & le troifiéme Budcttdjir - Mogak. Ces trois Princes menèrent une vie con- forme à ce qu'oii penfoit de leur ex- traction ,8cplufieurs peuples confi- dérablcs font fortis d'eux. Le Traducteur remarque dans fès notes , que tous les Hifto riens Orien- taux qui traitent de l'origine des Tartares , font mention de cette avanture d'' Alanca. La troifiéme partie contient 19 chapitres. La naiffance de Zingis- Chan ; ce qu'il fit dans fes premiè- res années, jnfqu'à la mort de fon père , Se fon avènement au Tronc des Moguls , font la matière du pre- mier. Zingis-Chan vint au monde en tenant dans fa main un morceau 1727. ; t in de fang caillé. LeChan fon père en ayant été averti par l'accoucheu- fe , comme d'une iïngularité des plus furprenantes , conliilta là-dcf- fus fès principaux Officiers. Il y en eut un qui faillira, que cette parti- cularité préfàgeoit que le Prince nouvellement né foumettroit un jour a fon Empire beaucoup de nations , ce qui arriva dans la fuite félon la prédiction. La généalogie de Zingis- Chan cfb rapportée dans un grand détail. Ses grandes aérions & toutes fès expéditions militaires compofuu les 1 8 autres chapitres. Ce Prince fut d'abord nommé Tamw(ïny 8c il ne prit le nom de Ziugis que plufieurs années enfuite , ce qui arriva par une avanture finguliere: Lorfqu'il eut atteint l'âge de 40 ans , toutes les Tribus des Moguls qui lui étoient fou miles l'ayant reconnu pour leur Chan dans le pays de H.iv.r.iancitra , où il faifoit alors l'on féjour, il don- na un grand feftin à fes"" Sujets. Au milieu de cette folemnité un certain Cok£a, furnommé l'image de Dieu, vint trouver ce Prince appelle juf- ques-là Tan fon pere avoit légué l'Empire par fon tefta- ment. ugadri-Chan qui avoit un on- cle paternel & deux frères, fouhai- toit que quelqu'un des trois voulût prendre fa place 8c fe charger de l'Empire; l'oncle 8c les deux frères refuferent cet honneur, & voulu- rent abfolumcnt que les dernières difpofitions du Prince défunt fuf- fent exécutées. Ugadai-Chan demeu- rant inflexible, fes frères le prirent l'un par un bras, l'autre par l'autre, & le placèrent malgré lui fur le trône, au grand contentement de tous les Grands de l'Etat. Il régna avec beaucoup de fagcflè & de gloi- re, 6c juftifia pleinement par fa con- duite celle que fon oncle & fes frer res avoient tenue à fon égard. Le» noms des deux frères étoient Zaga- taï-Chan ôc Taulai-Chan , Princes Zz ij ;6o JOURNAL DES SÇAVANS, braves, qui mirent toute leur étude Le chapitre fécond contient quel- k féconder leur frerc dans les tra- ques actions particulières d'ugadaï- vaux de la guerre. Ugadai-Chan en- Cban, qui font voir le caractère do voya un jour pour une expédition ce Prince. Nous n'en rapporterons importante fon frère Taulaï-Chan que deux. Vgadai ayant tait publier avec un corps de dix mille hommes, un ordre portant de'fenfe à tous fes L'ennemi ayant eu avis de cette dé- Sujets de tuer à l'avenir des brebis marche , fit avancer cent mille hom- autrement que par un coup de cou- mes contre Taulaï-Chan, qui fut teau dans la poitrine, il arriva qu'un bien-tôt inverti , 6c qui auroit été Mahometan qui venoit d'acheter dans peu taillé en pièces avec toutes une brebis , ferma la porte de fa mai fis troupes , fi , à ce que prétend 1 Auteur, ce Prince ne fe fût avifé de commander à un magicien qui l'accompagnoit de faire Dfada^cû- à-dire , de faire venir un rudetems d,hy fon , pour que perfonne ne pût voir ce qu'il meditoit de faire. Alors le croyant fans témoin , il coupa la tête à fa brebis ; mais un Mogul qui avoit eu quelque foupçon du def- ver, quoiqu'on fût alors dans le fort fcin de ce Mahometan , fur ce qu'il de Perte. Le magicien, à ce que lui avoit vu fermer fi foigneufement porte l'hiftoire obéit aux ordres de la porte de fa chambre après y avoir fon maître. Il fit fes enchantemens pendant trois jours ; & au bout de ce terme il tomba tant de neige , & le tems devint tout d'un coup fi froid , que les foldats de l'armée en- nemie qui étoient vécus de foye & d'autres étoffés minces, ne pouvoient remuer ni pieds ni mains. Alors Tau- laï-Chan qui avec fes troupes avoit pris lès mefurcs contre le froid, vint fondre fur les ennemis, Se les paflâ au fil de l'épee, excepté cinq mille hommes qui le fauverent comme ils amené fa brebis, s'avilà de monter fur le toit de la maifon du Maho- metan, où par le moyen de l'ouver- ture qui y étoit , ( car chez les Tar- tares tous les toits des maifons ont en leur milieu une ouverture , qui fert en méme-tems de fenêtre & de cheminée) il fut fpectateur de l'ac- tion du Mahometan. Alors il alla fè faifïr de lui , &c ayant pris main- forte , le mena garotté au Chan. Vgadaï-Chan après avoir bien réflé- chi fur cette affaire , ordonna de faire purent Ugadai-Chan perdit peu de mourir le Mogul, èv de mettre en tems après , fon frère Taulaï-Chan , liberté le Mahometan, par la raifon qui mourut de maladie dans le Ki- que ce dernier prenant toutes les tay , où il avoit remporté cette vie- précautions poflîblcs pour n'être vu toire. Ugadai-Chan ne lui furvêquit de perfonne, avoit en quelque ma- pas long-tcms ; 8c après plufieurs nierc fatisfaità l'ordonnance, au Heu actions mémorables dont nous paf- fons le récit, il fut attaqué fubite- ment d'une maladie qui l'emporta en que le premier avoit méprifé hardi- ment la loi qui défend de monter fur le toît de Ion voifin , fans en peu de jours, au grand regret de tous avoir permiffion de lui. les Sujets. Un pauvre vieillard qui n'avoit JUIN ni femme ni enfans s'e'tant prefenté devant Ugadaï-Chan, lui donna à entendre qu'il fouhaitoit faire quel- que petit négoce pour fe tirer de la neceffité où il étoit ; mais que l'ar- gent néceiîàire pour cela lui man- quoit. Le Chan commanda dès le moment qu'on lui donnât 200 di- nars d'or. Quelques Seigneurs de fa Cour tâchèrent de le détourner de- cette libéralité, par la raifon que cet homme n'ayant ni femmes ni en- fins , l'argent qu'il lui feroit donner paflèroit néceflàirement après fa mort en des mains étrangères ; mais le Chan perfifta dans fâ première ré- fol ution , difant : Euifque cet homme a imploré mon fecours , il feroit injufie que pouvant l 'aider , je le renvoyaffe les mains vuides. Les 200 dinars furent comptez fur le champ ; mais le pau- vre vieillard ne les eut pas plutôt touchez, que tranfporte dejoye il tomba mort. Le troifie'me, quatrième Se cin- quième chapitre de cette quatrième partie ne confiaient prefque qu'en détails généalogiques. Nous parlerons du fécond volu- me dans un autre Journal. VOYAGES DV SIEUR AVBRT DE LA MOTRATE EN EUROPE; en Afie & en Afrique. A la Haye , chez Jean Johnfon & Jean Van-Du- ren. 1727. in-fol. 2. vol. I. vol. pp. 472. II. vol. pp. 496. fans les appendix & les planches, Ôc fe vend à Paris, chez Denys Mariette, rue S. Jacques, à Saint Auguftin & à PEeu de Venife. CEs deux volumes contiennent une relation de ce qui a paru de plus remarquableà l'Auteur pen- dant 26 années qu'il a voyagé en France, en Angleterre, en Êfpagne, en Italie, dans la Grèce, la Turquie, la Tartarie Crimc'e èc Nogaye, la Circaflie,la Suéde, la Laponie,Stc. M. de la Motraye y fait plufïeurs remarques importantes fur la géo- graphie, fur les mœurs, les coutu- mes, la religion cC les opinions des pays où il a fait quelque féjour. Il y joint une relation de plufïeurs éve- nemens confiderablcs arrive's dans les pays où il a voyagé , Se dont une partie s'eft pafîe fous fes yeux , tels qus font le détrônement du dernier Sultan , la guerre entre les Turcs èc les Ruffiens, la paix conclue fur le Pruth, la retraite du Roy de Suéde Charles XII en Turquie, le retour de ce Prince en Suéde , fes campa- gnes en Norwege , fà mort Se le changement qui fè fit après fa mort dans la forme du gouvernement de la Suéde. L'Ouvrage cft enrichi d'un grand nombre de cartes, de plans, de figures en taille -douce, 011 l'on trouve la repre'fêntation de plufïeurs monumens antiques, 6c de médailles tant anciennes que modernes , Se d'autres curiofitez. de l'art Se de la nature. L'Au- teur allure dans fà Préface qu'il s'eit applique' à déterrer par tout les mé- dailles, les inferiptions Se les autres monumens de l'antiquité' Grecque , Romaine, Runiquc , &c. Se que cela lui a fi bien réuffi , qu'il a pré- fente dans cet ou vrageaux amateurs de ces fortes de choies 3 quantité de \6i JOURNAL DE pièces rares 6c fîngulicres, qu'aucun autre n'avoit déterrées avant lui. Il tit encore perfuadé que le détail dans lequel iU-ll entré fur les l'.r- nieres années du règne de Charles XII Roy de Suéde, fera plailîr à Tes Lecteurs , parce qu'il a été fou- vent emplové par ce Prince dans les affaires de conféquçnce, tant durant ibn féjour en Turquie, qu'après fon retour dans les Etats. Nous ne pouvons donner un ex- trait détaillé de chaque partie de ces vovages;il nous fuffira de rendre compte de ceux de l'Auteur dans deux pays qui font des moins fré- quentez par les voyageurs, laTar- tarie 6c la Laponie. C'eft dans le chapitre 1 1 1 de la féconde partie , que M. de la Motraye parle de la Tartane Européenne d'Akerman , d'Ozacow , de Budgiak & de Cri- mée, 6c des deux parties de la Tar- tarie A fiatique dites de Noghaï 6c de Circaffic julqu'à la Mer Cafpienne. Après avoir traverfé divers villa- ges de l'Akerman habitez par des Moldaves 6c des Valaques, transfu- ges qui aimoient mieux payer un médiocre tribut au Han , que de vi- vre fous la domination des Princes de leur religion que la Porte leur donne pour Gouverneurs, il arriva à un efpece de bourg que les gens du pavs appellent Palanza, 6c qui a un château fans garnifon, fitué fur une petite éminence près du Nief- ter. Il palîà de ce bourg dans un delert de trente à quarante lieues, qui s'étend depuis leNiefterjulqu a Ozacow, 6c qu'on appelle la Tar- tarie d'Akerman. Ces Tartares vi- vent comme les anciens Nomades ; S SÇAVANS, ils n'ont ni feu ni lieu. Ils formen cependant des Hordes ou Keddis ; ce font des villages ambuîans , qui font compofez de chariots couverts , 6c de quelques tentes appellées Obas , qui fervent d'habitation à leurs fem- mes 6c à leurs enfuis. Ces chariots font couverts de gros feutres gri li- tres. Les uns fervent de magalins pour les provifions de bouche , les autres d'habitation, fur-tout en elle; il y en a d'autres fur lcfquels on met les Obas quand on décampe. Les Obas font ronds en forme de dôme ; il y en a auffi de quarrez. Les plus pttits ont huit pieds de diamè- tre, 6c les plus grands jufqu a dix- huit. Ils font faits de bâtons ronds 6c croifèz, couverts par tout de feu- tres moins épais que celui des cha- riots , avec une entrée , dont la porte eft auffi faite de bâtons 6c couverte de feutre. Il y a une ouverture en haut pour y laiflèr entrer le jour , 6c pour en laiflèr fbrtir la fumée. Une îèrpilicre de feutre tient lieu d'écu- rie aux chevaux. A quelque diltance des Obas on creufe de longues fof- fès, qui fervent de cuifine aux Tar- tares pendant l'efté. Pour l'hyver , 6c quand il fait mauvais tems , les cuifines font creufées dans les Obas des efclaves , qui ne font guéres mieux confiants que les éçuins des chevaux. Les Tartares choifilîènt pour pla- cer leur Keddis les meilleures cam- pagnes , 6c ils y relient auffi long- tems que l'herbe dure. Us fe nour- riflènt de la chair de leurs chevaux, 6c de celle d'autres animaux , de fro- mage 6c de lait, fur-tout de celui de cavales. Les uns font de fiéqucntes J U I N eourfes chez les nations voifines avec leurs chevaux frais , pendant que les autres font paître ceux qui ont bcfoin de repos 6c de nourriture. Après avoir traverfé ce défert, M. de la Motraye arriva à Ozacow. Cette ville qui eft le lieu de la réfiden- cedu Bâcha n'eft pas fort fpacieufe ; elle eft fermée de bons murs, & fituée fur le penchant d'une colline,6c com- mandée par un château. Notre Au- teur dit que c'eft-là que les anciens ont place leur Olbia,\e Fropugnacuium Alettom. Precop que les habitans du pays appellent Hor ou Horcapi, c'eft-à- dire, Porte d'or, eft fituée où Stra- bon met la Ciramerie au milieu de l'Ifthme de laCherfonefe Taurique, aujourd'hui la Crimée. Quoique cette ville ne confifte qu'en quelques maifons faites de branches d'arbres 6c de bouc, en un château dont les murs font peu e'pais 6c mal entre- tenus, il y a une garnifon Turque j fous des Officiers de la même na- tion, fur lefquels le Han n'a aucune jurifdi&ion. Il en eft de même de toutes les autres places qui entou- rent la Crimée. M. de la Motraye ne put trouver de pain à Precop pour de l'argent, parce que les Tar- tares en mangent rarement ; mais un Grec lui vendit deux médailles qu'il avoit trouvées dans les ruines d'une ville qui étoit proche de Precop. Kotlevé eft une a fiez grande ville peupléede Turcs, de Tartares, de Grecs , d'Arméniens, de Juifs. Bauhiferay eft aujourd'hui la capi- tale de toute la Crimée , fituée entre de hautes montagnes qui lui tien- nent lieu de murs. Les Arméniens, es Grecs 6c les Juifs y payent au 1747. \ ^ 363 Han une capitulation annuelle d'un écu 6c un quart ; les Turcs n'y payent rien, 6c les Tartares n'y doi- vent au Han que la dixième partie des efclaves qu'ils font dans leurs eourfes. Le Palais du Han eft à Bauhiferay. Ce Palais eft un grand corps de bâtimens , mais irregulier, En y entrant on voit dans la grande cour deux tombeaux de Hans , qui font dire, en les comparant avec le Palais , que les Hans morts font mieux logez que les vivans. Dans l'enceinte de ce Palais le Han fait battre un petite monnoye appellée Befcbclicl^, ou pièces de cinq afpres. Auprès de cette ville il y a des fon- taines d'une eau douce , 6c qui eft , à ce qu'aflure l'Auteur, la meilleure qu'il ait jamais bûe. Le Han a douze cens gardes ap- peliez Seymens , gens choifis entre les Tartares, exercez dès leur jeu- nefîè 6c payez par le Grand-Set gneur. Ils font obligez en tems de guerre de marcher contre les enne- mis de l'Empire Ottoman , aufii- bien que le Han 6c les autres Tar- tares. Ceux de Crimée doivent mar- cherau nombre de 30000 hommes, ceux d'Akerman au nombre de 20000 , ceux de Noghaï en plus grand nombre que tous les autres enfemble. C'eft moins la foumifîion aux ordres du Han que l'avidité du butin qui les engage à ce fèrvice. Ils marchent à leurs dépens, fans autre provifion que vingt ou trente livres de farine de Cumin, qu'ils détrem- pent dans du lait de cavalle ou dans de l'eau , 6c qui leur tient lieu de nourriture pour un mois entier , à moins qu'ils ne trouvent quelque 5$t JOURNAL DES SÇAVANS, village à piller. Quand le Han arri- Quand ils font prêts à partir pont ve à l'armée Ottomane, il cil admis i l'audience du Grand-Seigneur, y il commande en pcrfonnc,ou à celle du Vilïr. Il y reçoit un bonnet de zebeline, avec une aigrette enrichie de pierreries, un fibre , 6c d'autre s preiens jcnluite on le régale magni- fiquement à la manière des Turcs , Se on rôtit pour les Tartarcs quel- ques milliers de moutons ; ces mou- tons font pour ainfi dire empalez dans de gros pieux , qu'on plante à des diftanevs égales Se en allée, avec des pyramides de pain entre ces pieux. A un certain lignai les Tar- tares à cheval palîènt par pelottons entre ces allées, 6e ils enlèvent le pain,$£ les moutons en moins d'une demie heure. Tant qu'ils relient avec l'armée Ottomane ils y font nour- ris; mais dès qu'ils s'en féparent , ils font réduits à leur farine, ou à vivre de butin. Ils partagent entr'eux ce butin avec beaucoup de fidélité. Les chevaux des Tartares ne font pas moins fobres que les maîtres. Quand la terre eft couverte de nei- ges , ils la grattent avec leurs pieds pour découvrir l'herbe ; 6c s'ils ne trouvent point d'herbe, ils mangent l'écorce des arbres, ou les extrémi- tcz des branches. Ces obfervations fur la manière de vivre des Tarta- res, ne regardent que le temsoù ils font hors de leur pays ; car tant qu'ils rencontrent des Keddis, ils font toujours bien reçus ce bien ré- galez à la mode du pays par les au- tres Tartares, qui exercent entr'eux l'hofpitalité gratuitement. Les armes des Tartares font le fibre, le carquois, l'arc & la lance. quelque courfe, ils font une pnere où ils demandent à Dieu beaucoup déjeunes efclaves, garçons & filles, qu'ils puillènt vendre , oc d'autre butin ; 6c à chaque article de la priè- re , ceux qui doivent relier a la muifon répondent Amen. Les Tartarcs font généralement foit prévenus en faveur de leur na- tion ; ils font coniiftcr la beauté de l'un 6c l'autre fexe en de petits yeux enfoncez, des fourcils noirs & épais, un nez large 6c camus , un vilâge plat , 6c une taille épaiile 6c ramaflëe , fur-tout pour les femmes. On donne le titre d'Empereur au Han des Tartares; il eft, dit l'Au- teur, héritier préfomptif du Trône Ottoman , au défaut de mâle de la Maifon Ottomane. Ses enfans ne font pas renfermez comme ceux du Grand-Seigneur ; chacun d'eux a la Cour 6c fon emploi militaire. II y a dans la Tartarie quatre familles nobles par excellence ; ceux de la première famille ont droit de s'al- lier avec celle des Hans, 6c les chefs de ces quatre familles appeliez Che- rembeys font des efpeces de Ducs , fans lefqucls le Han ne doit rien entreprendre. Les autres Nobles ap- peliez Myrfa , ont droit d'opiner dans le Confeil ; les Cherembeys 6c les Myrfa commandent les Tartares. Le premier Miniftre du Han prend le titre de Vifir. Après ce détail dans lequel l'Au- teur eft entré en parlant de la capi- tale de la Crimée, qui eft le lieu de la réfidcnçc du Han, M. de la Mo- traye donne une idée des autres vil- les ou bourgs qui font fur les côtes de h JUIN de la Crimée , à l'occafion des- quels il fiait des remarques qui inte- refîèront les perfonncs qui aiment la géographie 3c les antiquite7. Notre Voyageur ayant traverfé le Bofphore Cimericn , arriva au Noghaï , dont le pays s'étend de l'Occident à l'Orient entre le Meo- tide & la mer Gafpie, ôt du Midy au Nord, entre les fleuves Trimelis & Caracuban. Il n'y a dans le pays que des Keddi; notre Voyageur y a cependant vu des reftes de quel- ques villes, & il y a trouvé des mé- dailles,des bas-reliefs & des inferip- tions en caraéleres qu'il appelle E- trufques, qu'il a fait graver dans fon livre , ôc dont il abandonne l'expli- cation à ceux qui aiment ces fortes de recherches. Il paroît par fa rela- tion qu'il fut bien reçu dans tous les Keddi, Se qu'il y fut bien traité, autant qu'on le peut être dans ce païs-là , fans qu'il lui en coûtât au- tre chofe que quelques petits pre- fèns qu'il faifoit à fes hôtes en les quittant. Du Noghaï M. de la Motraye pafla en Circafïîe, où il ne fut pas moins furpris de la beauté des habi- tans, qu'il l'avoit été de la laideur des Nogaïens. Les Circafîiens ont des Chefs aufquels ils donnent le même nom que les Tartares , mais aufquels ils font beaucoup plus fou- rnis que les Tartares à leurs Myrfas. Les habitans de la Circaffie qui font les plus près de la Mofcovie, font 1727. 36*5 Chrétiens du Rit Grec; les plus voifins des Tartares & des Perfâns font Mahometans ; ceux qui habi- tent le milieu du pays font Paycns, ou pour mieux dire, ajoute l'Au- teur, ils le font tous; car les pre- miers ne font que mêler quelque partie du culte Mofcovite ou Ma- hometan avec les cérémonies payen- nes. Ceux qui habitent les monta- gnes, font, fuivant M. de la Mo- traye , d'une efpece de feéte de Drui- des , qui fè profternent devant de vieux Chênes & d'autres arbres , où ils croyent que refident quelques Divinitezinvitîbles^iiufquellesilsne demandent que des grâces tempo- relles. Ils s'aflèmblent à certains jours de l'année , & ils marchent en pro- cefîion autour de ces arbres, aux pieds defquels ils fàcrifient divers animaux. Leurs Prêtres qui ne fça- vent ni lire ni écrire, le contentent de repeter certaines formules de prières, qu'ils tranimettent à leurs fuccefîèurs , telles qu'ils les ont re- çues de leurs ancêtres. L'Auteur confirme ce que difent les autres Voyageurs, du trafic que les Circaffiens font de leurs enfans de l'un èc de l'autre fëxe. Dans un autre Journal nous don- nerons un précis du voyage de M. de la Motraye en Laponie , 6c de quelques morceaux de fon Ouvrage qui regardent l'état prefent de la Suéde. Jntr. A«U 566 JOURNAL DES SÇAVANS, PR^LECTIONES THEOLOGICiE DE MYSTERIO S. Trinitatis, quas in Scholis Sorbonicis liabuit Honoratus Tour- ne ly,&c. Leçons Théologiques fur le Myftere de la tres-'fainte Trinité^ &:. A Paris, chez la Veuve Mazieres Se J. B. Garnicr, Imprimeurs Se Li- braires de la Reine. 1726. i»-8°. pp. 638. LE Myftere augufte de la très- fainte Trinité eft un objet de notre foi, qui confond Se humilie notre raifon , 6c que notre rai Ton néanmoins nous ordonne de croire, parce qu'il nous a été clairement révèle par Dieu même. Quoiqu'il foit également téméraire , ou de vou- loir le comprendre , ou de ne le point vouloir croire, il eft des ef- prits fuperbes, qui, parce qu'ils le croyent, veulent le concevoir; 6c d'autres , qui , parce qu'ils ne le conçoivent point , refufent de le croire. Le but de ce fçavant traite', ainfi que de tous les écrits de nos Théologiens fur cette matière, n'eft point d'éclaircir le Myftere de la Trinité 6c de le faire comprendre ; mais feulement d'engager l'efprit à le croire humblement , d'e'tablir 6c de fixer le dogme , d'expofer 6c de réfuter les erreurs. L'examen de quelques faits curieux 6c importons de l'hiftoire Ecclefiaftique 6c la dif- euftion de plufieurs pallages de l'E- criture compofent l'eflèntiel de ce Traité, que l'Auteur partage en fept Qiieftions. La première regarde la connoif- lance du Myftere & la neceflité de le croire. Claudien Mamert qui vi- voit en 460 , 6c Pierre Abailard Au- teur du XII ficelé, ont prétendu que le Myftere de la Trinité étoit fi conforme à la raifon , que par clic feule on pouvoit l'établir Se le prou- ver, indépendamment de la révéla- tion. Selon eux , Platon l'avoit en- feigné clairement. Raimond Lulle mort en 1 3 14 avoit aufii à peu près les mêmes idées. M. l'Abbé Tour- nely foutient au contraire , que le Myftere de la Trinité' ne fçauroit être prouve' par les lumières de la raifon , laquelle nous apprend feu- lement qu'il n'eft pas impoffible : C'eft-à-dire, que le Myftere eft au- defliis de la raifon, fans être contre la raiibn ; ou autrement , qu'il pa- raît contraire à la raifon ,- fins pour- tant l'être réellement. ( Car ce qui eft réellement contraire à la raifon , eft neceflàirement contraire à la vé- rité. ) Il fait voir que les Platoni- ciens puiferent dans leur commerce avec les Juifs le peu de connoilfance qu'ils eurent d'un Dieu en trois perfonnes ; Se à l'égard des fubtili- tez d'Abailard 6c des imaginations de Raimond Lulle, il leur oppofe des railbnnemens,que la bonne phi- lofophic adoptera toujours. Il eft vrai-fèmblablc que le peu- ple Juif n'avoit qu'une idée fort confufe des trois Perfonnes divines. L'Auteur appelle cette idée, imper- feftam aux fête nullatn ; mais il foutient en même teins que les Patriarches , les Prophètes Se tous les Saints de^ l' Ancien Teftament,avoient une idée difîincle de ce myftere , Se qu'il re- JUI gnoit parmi les Sçavans de cette nation une tradition obfcure que le Meflic ferait Dieu même. Si les Juifs, dit l'Auteur, n'avoient pas eu au moins une connoiiîànce légère & confufè, que Dieu devoit fe revêtir 4e la Nature humaine, ils femblc- roient ^.xcufablcs d'avoir fait mou- rir Jefus-Chrifr. qui fe difoit Dieu. C'eic au fil ce que prétendent les Juifs aujourdui , & par où ils s'ef- forcent de juftiher le crime de leurs Pcres. Des Payens 8c des Juifs, l'Au- teur pafTe aux Chrétiens , & expofè les divers fentimens des Hérétiques qui ont refufe de reconnoître trois Perfonncs divines. Sabellius enfei- gnoit que ces trois Perlbnnes n'é- toient point distinguées entr'elles réellement , 8c n'étoient par rapport à la divinité, que ce que la figure, la clarté & la chaleur du foleil font par rapport au foleil même ; c'eft-à- dire trois modalitez, qui n'étoient distinguées que félon notre manière de concevoir. D'autres ont donné dans une erreur oppofée,8c ont tel- lement diftingué les trois Peribnnes, qu'ils en ont fait trois Dieux , Se ont regardé la nature divine comme partagée en trois individus. Ce fyf- tême des anciens Tritheites,dit no- tre Théologien , a été renouvelle de nos jours par l'Abbé Faydit , dans le livre intitulé : Altération du Dogme Théologique fur la Trinité , par lesfauf- fes idées des Scolaftiques. Cet Auteur admettoit trois fubftances en Dieu , quoiqu'il n'y reconnût qu'une feule eflènce,8c ne faifoit pas même diffi- culté d'appeller ces trois fubiiances, frois Dieux. N i 7 1 fi 56*7 On doit mettre au nombre des Antitnnitdnes tous ceux qui ont nié la Divinité de Jefus-Chrifr. , tels que Cerinthus , Ebion , Carpocrate , Theodote , Paul de Samofate , Arius 8c Photin. Chacun de ces Herefku- ques expliquo^t différemment la na- ture de Jefus-Chrift ; mais tous lui refufoient l'cffence divine. De fça- voir précifément en quoi tous les Antitrinitaircs ont différé entr'eux, c'eft une connoiiîànce allez peu uti- le ; il fuffit de fçavoir qu'ils ont tous été regardez comme Hérétiques de- puis la naifîànce du Chnftianifme. De pareilles recherches font des mi- nucies, aufquelles M. Tournely n'a ni voulu ni dû s'arrêter. Nos Anti- trinitaire6 modernes ont renouvelle l'erreur des Anciens , 8c ont parti- culièrement embrafïe l'opinion de Photin, Evêque de Smyrne &c dif- ciple de Marcel d'Ancyre. Les deux Socins , Lelio & Faufte , curent pour précurfèurs Michel Servet , brûlé à Genève par l'ordre de Calvin , 6c Valentin Gentilis, que les Magif- trats de Berne firent auffi mourir pour la même erreur. Celui-ci dit en mourant ( comme le rapporte l'Auteur, après Sponde ) que plu- sieurs étoient morts pour le Fils , mais qu'il étoit le premier qui mou- rait pour le Père. Il eft certain qu'aucun Hérétique n'a jamais atta- qué la divinité de la première Per- fonne : 8c on fçait que la troifiéme n'a pas été plus épargnée que la fé- conde , 8c que la confubltantialité du Saint Efprit a été témérairement conteftée 8c niée par Macedonius. Nous paflbns les deux queflions fui vantes qui regardent les Froccjpcr.i Aaa ij 368 JOURNAL DE & les Relations de la fainte Trinité , & où il s'agit de fixer le dogme Se le langage catholique. Dans la quatrième queftion notre Théologien entreprend d'expofer les endroits de l'Ecriture, & particu- lièrement du Nouveau Tcftament , qui prouvent la réalité & la diftin- c'cion des trois Perionnes. Un des plus favorables eft le fameux paflà- ge de la i. Epître de S. Jean , chap. 5". $r. 7. Très funt qui ttftimonittm dan in ulo , lutter , Vttbum , & Spirnus f. in- clus,& b> très ur.ttm funt. Mais quel- ques-uns ont prétendu que ce ver- fet avoit été infère dans le texte ; & d'autres, en l'admettant , ont avancé qu'il ne prouvoit rien en faveur de la Trinité. Comme c'eft un article que M. Tourncly traite à fond , Se même d'une manière nouvelle, nous croyons que pour l'inftruétion du Public , il eft à propos de nous éten- dre un peu fur ce point. L'Auteur avoue d'abord que ce paflage ne fe trouve point dans plu- iîeurs Mil'.mais il eft très-éloigné d'a- dopter tout ce qu'a écrit lurcefujet M. Simon dans fon Hifloire critique du nouveau Tf /?4?wp?2r.CcThéologien fça- vant, mais hardi, a ofé avancer qu'un grand nombre de Mil". Grecs Se La- tins , qui fe trouvent dans plufieurs Bibliothèques,^ fur-tout dans celles du Roy, de M. Colbert Se de Saint Germain des Prez , ne contiennent point le verfet dont il s'agit, Se qu'il n'eft que dans quelques Mil" qui n'ont pas plus de 600 ans d'ancien- neté. Selon lui, aucun Auteur avant Viétor de Vite , qui écrivoit en 490, n'a cité le paflage. 11 eft vrai , dit M. Simon, qu'il en eft fait mention S SÇAVANS, dans la Préface de Saint Jérôme , fur les Epîtres Canoniques ; mais,ajou- te-t-il, cette Préface eft fauflement attribuée au faint Docteur. Saint Cyprien dans fon fameux traité de runité de ÏEglife, rapporte les paro- les du verfet en queftion, fans pour- tant les citer comme de Saint Jean. Auflï M. Simon prétend-il que ces paroles ne font point une citation , mais une penfée de Saint Cyprien même, laquelle n'a qu'un fens mé- taphorique. Cependant le verfet en queftion fe lit dans le Mf. de Cam- brige,qui eft très-ancien. M. Simon répond que c'eft une note marginale qu'un Copifte ignorant ou diftrait a fait paiî'er dans le texte,Se que d'au- tres Copiftes y ont enfuite inférée à fon exemple ; conjecture frivole que ce Théologien a enfuite abandon- née, dans la Dilatation en tique toi:- chtnt les Mff. de V Arcien Teftamcr.t. Car dans cet écrit qui eft à la fin de la troiliéme partie àeVHiftoirecritiqtic duNoHveau Tejlament ,il prétend que le paflage a été inféré dans quelques Mil*. Grecs du tems du Concile de Latran, fous Innocent III en 1215V que les Mil! Latins de la Bible com- mencèrent à être traduits en Grec. Suppofition abfurdc Se évidemment refutée par plufieurs Mil", beaucoup plus anciens que le Concile de La- tran. On fait allez combien il eft té- méraire Se dangereux d'admettre une pareille infertion dans l'Ecritu- re Sainte : celle dont il s'agit, quand clic feroit réelle , ne feroit pas ca- pable à la vérité de détruire la créan- ce du Myftere de la Trinité , qui nous eft révélé dans plufieurs autres JUIN endroits du Nouveau Teftament ; mais elle affoibliroit aflure'ment l'au- torité de la Sainte Ecriture en gé- néral , comme l'auteur des Lettres fur le livre de la Religion prouvée par les faits l'a fait voir, par un raifort* nement qui paroit fans réplique. Quoiqu'il en foit , M. Tournely combat démonftrativement l'opi- nion de M. Simon. Il foutient dabord qu'on doit avoir beaucoup d'égard pour l'au- torité du Mil", de Cambrige, qui eft fi ancien 6c fi rcfpectable , qu'Eraf- me même après avoir fupprimé le verfet dont il s'agit, dans les deux premières éditions de fon Nouveau Teftament , jugea à propos de le re- mettre dans les deux éditions pofté- rieures, convaincu lans doute par l'autenticite' 6c l'antiquité de ce fa- meux Mil". En effet le verfet fe trou- ve dans l'édition d'Erafme en 1J43, que nous avons actuellement fous les yeux. L e verfet en queftion fe lit dans tous les Mil", fur leiquels fut faite en 1 5 1 7 Védition de la Bible de Ximenés : or ces MA", étoient également cor-* ïects & anciens. Robert Etienne dans cette belle édition du Nouveau Teftament, qu'il donna en 1 5-5*0 at- telle que des feize Mil", très-anciens qu'il a confultez ,il n'y en a aucun où le verfet manque, & qu'il en a feulement trouvé fept où ces deux mots indiiferens (mcœlo) , ne fèli- fent p oint. Les Théologiens de Lou- vain qui eurent foin de revoir la Vulgate en 1580, témoignent que parmi une foule deMff. très anciens qu'ils ont examinez, ils n'en ont trouvé- que cinq ou le verfet ne fût 1747. 369 point. Les Cenfeurs Romains , qui fous Urbain VIII. travaillèrent à l'édition de la Bible, avouent qu'ils n'ont point trouvé le verfet dans huit Mff. Mais le nombre, l'ancien- neté 8c l'exactitude des autres Mif les déterminèrent à reconnoître l'au- thenticité du verfet dont il s'agit. Le Correclorium Biblu , qui cil en- viron du X. fiécle , & qui eft au- jourdui dans la Bibliothèque de Sor- bonne, porte en marge cette note fur le même verfet : bîc corrttpti furit qui- dam l:bn Grœcorum , ut ait B. Bieroni- ntuls fui bec catitulum von baient , in quo maxime fides Catbo'.ica roboratur. M. Simon lui-même convient (par une contradiction manifefte ) , qu'il y a dans la Bibliothèque de S. Ger- main des Prez, un MIT. de 800 ans où le verfet fe trouve , non à la mar- ge, mais dans le texte même. Enfin les fçavans éditeurs de S. Jérôme , parlent auffi d'un très ancien Mff de Corbie , dans leurs notes fur cette Préface dont nous avons parlé ci- devant. La citation de ce fameux verfet , par S. Cyprien, par S. Jérôme, & par plufieurs autres anciens auteurs, eft fans contredit une preuve de fon authenticité. Mais voici un nouvel argument, qu'un fçavant d'Italie a fourni à nôtre Théologien. En 1721 M. Maffei fit imprimer à Flo- rence un ouvrage de Caflîodorequi n'avoit jamais paru. Cet ouvrage qu'il a eu le bonheur de trouver dans la Bibliothèque du Chapitre de Vé- rone, eft intitulé; CaJfîodonSenatoris cowplexiones m epiflolas & Alla Jppfto- Icrum & Apocalypjim. Or on y lit ces paroles remarquables ; Qui rei teflï- 370 JOURNAL D fiant ur in terra tria. Myfteru , Aqua j S.inguts.C' Sp.rttu.s ? qiu m pajfîone Douant legMitur impleta. In cœlo autem J'f.ter & Films c" Spiritus Sancltis t & b pft s mus eft Detts. Caftiodore parle ainfi dans une cfpccc de recapitula- tion qu'il faitexprefiiément du chip. 5 de la première épitre de S. Jean. D'où il faut conclure, que dutems de Caflîodore , c'efWi-dire , fur la fin du j. Se au commencement du 6. fiéçle, le verfet e'toit dans les exem- plaires du Nouveau Teftament. Il cil donc faux qu'il ait été infère' de- puis le Concile de Latran fous In- nocent III. comme l'a téme'rai rement avance' M. Simon. Au relie il eft à remarquer que Caflîodore , e'toit D'ès judicieux & très délicat fur la choix des exemplaires de la Bible , puifqu'il recommande expreflément ce choix & ce difcernement aux Moines, & qu'il les exhorte à fe fer- vir des Mil", les plus anciens , les plus exaéts , Se les plus authentiques. A cette réflexion , qui eft de M. Maftèi , M. Tourncly en ajoute deux autres , qui ne font ni moins im- portantes ni moins de'cifives :1a pre- mière eft que Caflîodore e'coit un homme très curieux de livres Se d'anciens Mil" de la Bible, comme il le témoigne au chap. 8 de fes Iiif- t.tutions Divines. La féconde eft que ce Sçavant Auteur Ecclcfiaftiq.ue prenoit la peiïjede conféier les Mil*, de la Bible les uns avec les autres ,• d'en corriger les défectuofités , Se d'en éclaircir les endroits difficiles par de doctes cpmmentaires : c'eft ce qu'il témoigne encore lui-même dans la Préface tic les hflitia'ws î>h fines. ES SÇAVANS, M. Tourncly explique ici d'une manière t.r s naturelle, comment il eft arrivé que le verfet a été omis dans quelques exemplaires du Nou- veau Teftament. Un défaut d'at- tention , dit-il , de la part de quel- ques Copiftcsa produit cette omif- lïon. Le verfet 7 dont il s'agit, commence par ces mots , quoiiam très funt qui teftimov.ium dant , Sec. Se le verfet 8 commence auflî par ces mots , & très funt quitefimtoniumdant in terra Sec. Or un Copiftc inattentif Se diftrait, ayant devant les yeux deux verft ts de fuite, qui commen- cent par les mêmes mots, joint na- turellement le commencement du premier verfet avec la fuite du fé- cond. C'eft ainfi que rater i Va hum t & Sprif.is Sar.clus , Se ht très unum fur.t, a été omis très vruifcmblable- ment, par une diftrachon aflèz or- dinaire, dont les Sçavans éditeurs de la Congrégation de S. Maur dilént avoir trouvé plufieurs exemples. Mais d'ailleurs ne peut-on pas dire, que les Ariens dont la doctrine a été autrefois fi répandue, Se donc le nombre a été fi grand , ont altéré en cet endroit les exemplaires du Nouveau Teftament, afin de fiip- primer un paflàge qui leur étoit fi contraire. Saint Ambroife leur a re- proché ces indignes artifices, dans plufieurs endroits de fes ouvrages. S. Jérôme leur a fut le même re- proche , Se Sacrate témoigne expref- lement qu'ils avaient altéré Se cor- rompu l'épitre de S. Jean. M. Tourncly expolé enfuite les autorités des Pcres Se des anciens Auteurs Ecclefiaftiques , qui font mention de ce 7 verfet de S. Jean, JUIN Comme le témoignage de S. Jérô- me eft le plus clair & le plus de'ci- fif, c'eft celui auquel il s'arrête le plus ; mais félon M. Simon, & fé- lon les Pères Bénédictins même, qui ont donné l'édition des œuvres de ce Père , la Préface fur les Epi- trcs Canoniques, dont ce témoigna- ge eft tiré , eft fauflèment attribuée à S. Jérôme. Nôtre Théologien n'eft point de leur avis, pour plu- fieurs raifons, que pourtant il ap- pelle lui-même de limples conjec- tures. La Divinité de J. C. paroît fi clai- rement atteftéc en plufieurs endroits du Nouveau Teftament, qu'il fuffit de les rapporter pour fraper & con- vaincre un lecteur judicieux &: atten- tif. Ces endroits cependant ne con- vainquent point les Sociniens, qui y trouvent des (ens figurez & allé- goriques , qui déplacent les points & les virgules , qui joignent & fé- parent les mots à leur gré, qui vol- tigent, pour ainfi-dire, de veifions en verrions , & qui à la faveur de mille petites chicanes grammatica- les, fe flattent d'avoir pour eux l'au- torité' de l'Ecriture. Uln pnncipio trat Verbum Sec. de l'Evangile de S. Jean ; les paroles , Qui cum m forma Dei effet êcc. de l'épître auxPhilip- piens, chap. 2. ces paroles de J. C. même ( Jean. cap. 8. ) arneqttam Abraham fient , ego futn, & ces autres (Joan. 10 )T,go& Pater unum fumus : ces Textes & plufieurs autres, font expofe's ici avec toutes les fubtili- tés Sociniennes, enforte qu'on peut dire que le Traite' de M. Tourne- ly renferme un abrège' du fiftêmeôï 1727. - g7i de tous les raifonnemens des Antitri- nitaires modernes. Mais, il réfute tout cela ave une clarté , une éru- dition, & une folidité quifatisfont l'efprit , & qui font très-capables de fortifier la Foi. C'eft un détail qui malheureufement n'eft point fufeep- tible d'extrait, ôc dont la matière 3 été traitée dans plufieurs livres. Mais peut-être qu'on ne la trouve- ra nulle part aufiî nettement difeu- tée que dans ce Traité, où le fort ôc le foibledes argumens Sociniens paroifient fins aucun déguifement, & fans aucune obfcurité, avec les raifonnemens les plus foîides qu'on a coutume de leur oppolèr. L^s Sociniens & même quelques Calviniftes , comme Jurieu , ont avancé qu'avant le Concile de Ni- cée l'Egîife ne croyoit pas leMyftc- re de la Trinité d'une foi diilinéte & explicite. Cette même doctrine a prefquc éçhapé aufli à des Docteurs Catholiques. On fçait que le P. Pe- tau,dans fon 1. livre de la Trinité, c. j n. 7 , & c. 8. n. 2 , prétend que les anciens Auteurs Ecclefiaftiques, comme Athenagore, Taticn, Théo- phile, Tertullicn, Laciance, ont cru que le Père étoit plus ancien & plus pùiflànt que le Fils , & que le Ver- be avoit eu un commencement com- me les autres créatures. Mais dans la Préface du tome 2 , il parle autre- ment , & il fe contente de dire que ces anciens Pères, qui croyoient la fubftance du dogme de la Trinité C fubfîantiam ipfam dogmatis tenentes) ne fe font pas toujours expliqués exactement & clairement. Selon M. Huet ( Or'tgenian. 1. 2. c. 2. ) huer ri JOURNAL DES SÇAVANS, çbnfî'uKos Doélores , qui unie Ktceuam article capital, dans pluficurs en- floruerunf synedun , multide Tmutatis Myfterio parum cautè laet'.tt fttnr. M. Tournely fait remarquer que certaines cxprciTîons des Pères ne doivent pas le prendre à la lettre , parce que ce lont ordinairement les erreurs des Hérétiques qui font nai- droi es de leurs Ouvrages. Notre Théologien rapporte ici les plus clairs 6c les plus déciiifs. Nous ren- voyons le Lecteur au Livre de M. Tournely, 6c nous l'affinons qu'il y trouvera une difeuffion fçavante 6c judicieufe des exprefiîons tantôt tre le langage correct 6c exact : Securi claires 6c tantôt équivoques 6c ob- loqucbantur , quia nuUus aderat boft:s , feuves des premiers Auteurs Eccle- dit S. Auguitin. Mais ces anciens fialtiques, 6c des Pères qui ont écrit Auteurs Ecclcliaftiques mêmes , avant le Concile de Nicée. qu'on prétend avoir parlé avec fi Nous donnerons inccilàmment peu de précaution du Myfterc de la l'extrait du Traité de l'Incarnation Trinité, fourniûent une infinité de qui paroît depuis quelque tems. preuves de leur foi par rapport à cet NOVVELLES LITTERAIRES, D'ALLEMAGNE. Henri Hartung Imprimeur à Tena , doit préfentement avoir achevé d'imprimer le fixiéme volu- me de rihftoire Ealejiafiiquc du Nou- veau Tifiamcnt , publiée en forme de qucllions , fuivant la méthode de M. H«'wr,par M. J. Geo. Heinjtus, Les cinq premiers volumes in-iz qui en ont paru depuis 1724 juf- qu'en 1716, contiennent l'Hiltoirc Ecclefiaftique du Nouveau Tefta- mentjulqu'au XVI fiécle inclufi- vement ; celui-ci renfermera tout ce qui regarde le X V 1 1 fiécle. L'Au- teur de cet Ouvrage fe pique d'une très-grande impartialité. M. Jean-Henri Cnfcbonus a pu- blié à Halle en Saxe lctroifiémc to- me de iâ Traduttiou Latine de Jofcpbi Jitngb,iniif de origmtbus feu antiquttati- bus Ecclejîaficis , in-40. 1 727. Cette traduction de l'Anglois fera dix vo- lumes, 6c pendant qu'elle s'impri- me, M. Crifchovius travaille fans re- lâche à la continuation de cet Ou- vrage. D'ANGLETERRE. Le Traité de Statique que M. Motte, Mathématicien habile, a pu- blié depuis peu , plaira à ceux qui aiment la clarté dans les Ouvrages de mathématiques. A Trcati e of tbe meebanical Power s , &c. 1 727. in-8°. pp. zzz. fans la Préface. Le même M. Motte publiera in- ceflamment une Traduftion Angloife des priva; es de mathématiques du cé- lèbre M. Nf vrtott s il promet même d'y ajouter pluficurs démonftrations omiles par l'Auteur. Cette traduc- tion tion aura l'avantage d'avoir été faite fous les yeux 6c fuivant les avis de M. Newton. Comme la langue Italienne eft fort eftiméc en Angleterre , M . Haym né à Rome, a cru devoir publier en faveur de ceux qui cultivent cette langue, le Catalogue dont voici le titre : NctiQa de libri rarï nella imgua Italiana , in qtiattre parti prmeipaït ; ci- oe \ biftorta , poejîa , profe , art i e feien- T^e , ave/fovi tutto il libro délia eloquen- \a Italiana di Monf. Giufto Eontanini , (on il fuo ragionamento intotno la delta, tnatiria. Con tavole copiojîjfime , e ne- cejfarie. I» Londra : Ter Giacob Tonfon . e Giovanni watts, 1726. in-8°. pp. 301. M. Lardner vient de donner au Public un Ouvrage important , dans lequel il confirme les faits mention- nez par occafion dans le Nouveau Teftament,en citant divers parta- ges d'anciens Auteurs contempo- rains de Jefus-Chrift ou des Apô- tres, ou qui ont vécu peu de tems après. The credibility oftheGofpel-Hif- tory , &c. L'e'rudition eft fâgement répandue dans cet Ouvrage; l'Au- teur y fait de très-bonnes obfèrva- rions, dont une entr autres eft, que Saint Paul a toujours gardé les rè- gles de la bienfe'ance 6c de la poli- teflè, en difputant avec les ennemis de la religion Chrétienne. 1727. i. vol. in-8°. I. vol. pag. 534. IL vol. pag. 400 , fans la Préface , l'intro- duction 6c deux tables de matière. M. Lardner a deflêin de prouver dans un autre Ouvrage les princi- paux faits de l'Evangile. On a publié depuis peu huit fer- mons de M. Rogers , Docteur ne Juin. JUIN i7%7 375 Théologie 6c Chanoine deft'els. Ces Sermons roulent fur la neceffité d'une révélation, 6c fur la vérité de la Religion Chrétienne. in-8°. pag. 22X, fans la Préface qui eft fort étendue. Il n'y a pont de pays où l'on imprime un plus grand nom- bre de livres fur cette matière qu'en Angleterre. Inilium EvangeliiSantli J oann'ts Apo- ftoli ex antiquitate Ecclejiaftica reftitu- tutn , indidem.jtte nova ratione illuftra- tuiu. I» hoc opère ante otnnia probatur , Joannem non fcripjiffe , 6c Deus erat , fed } 6c Dei erat Verbum , tum etiant mu.lt a dicla faiptura fancl&illufîrantur, & nonpauca antiquorum Ecdejîafiicorum ac Hereticorumlocayentilanttir & cmen- dantur. Fer E. M. Artenwnium anno Do- mini 172.7. L'érudition ecclefiafti- que 6c l'heterodoxie marchent à pas égaux dans cet Ouvrage ; l'Auteur attaque l'Arianifme de toutes fes for- ces. Il croit la fatisfaétion de Jefus- Chrift. On n'en a tiré que 3 ou 400 exemplaires de ce livre. in-8°. pag. 624. Nous ajouterons ici à ce que nous avons dit dans nos Nouvelles du mois de May au fujet du livre inti- tulé , Vem Tetiti Medici Panjîenjïs in très Vriores Ar&t&i libros commentant , que le manuferit de cet Ouvrage a été trouvé parmi les papiers de M. Gracvius. Il eft imprimé en 1 726 , pag. 128, fans la vie du Commen- tateur, qui eft de la façon de M. Maittaire , à qui nous fommes rede- vables de l'édition de cet Ouvrage , 6c fans les tables. Les difeours de feu M. BlackuH Evêque d'Exefter furl'Oraifon Do- minicale, ont été imprimez depuis Bbb g74 JOURNAL DE peu in-8°. pp. 328. M. Barrjf Docteur en Médecine a publie un Traité de la confoniption du Po mon. Cette Ouvrage cft précédé d'une explication de la Nutrition , de la ftruclure 6c de l'ufâge du pou- mon. 1727. in-8J. pp. 276, fans la Pre'face. M. DaVofon Docteur en Théolo- gie vient de nous donner une Differ- feit.ition fur V apparition de Samuel a Endor. Il en foutient la réalité'. 1727. in-8°. pag. 184. Le même Auteur nous promet quelques diflêitations fur le fonge de la femme de Pilate , fur l'apparition de Moyfe 8c d'Elie, fur la délivrance de S. Pierre par un Ange, 6c fur la réponfè d'Abraham au mauvais riche. M. Colliber a fait imprimer une hifloire des expéditions navales des An- glois. 1727. in-8°. pag. 312. M. Davies publia en 1706 une nouvelle édition des Commentaires de Cxfar , &(. Comme il en reftoit quel- ques exemplaires entre les mains du Libraire, M. Davies y a ajouté de nouvelles notes de fa façon ; il a corrigé plufieurs paflages par le moyen des diverlcs leçons de plus de dix manuferits , qui appartenoient ci-devant à M. Gudius. Ces variantes lui ont e'té communiquées par M. Albert Eabricius. M. Co\e vient de publier une Def- cription de la Caroline, du grand fleuve Miffffipi , des cinq grands lacs naviga- bles , &c. 1727. in-8°. J. Walthoe débite un Sermon du Docteur W. Berriman, fur une ma- tière qui n\fb gue'res celle des Ser- mons, fçavoir, fur l'utilité des feien- ces. I^tit intitule, Himan Lcarmng S SCAVANS, recemmended front the exemple of Mo- La troifiéme 6c dernière partie des Mémoires de "Jean Ker de Kirfland paroît depuis peu par les foins du nommé M. S'gray , dépolîtaire des papiers de l'Auteur. Le Docteur Robinfon a fait impri- mer , A KeTf metbod of treattng cou- fum; tiens. J. Bowier a publié in-8". la fécon- de édition de j. Treind ad Cet. virant Rtch. Me ad M. D. de tjuiUtfdam vario- larum genenbus epiftola , & oratio amu- verfaria inTbearro Coligti Regaits Afr- dicorttm Londir.i habita, ex Hatut nifti- tuto. Il paroît chez J. Walthoe, Com- pleat Hislory of the mofl remarkables tranf actions at fea. Cette hiftoirc qui ell orne'c des cartes marines ne'cef- faires , defeend jufqu'à la dernière guerre. Elle ell de M. Burcbett. Voici le titre d'un autre livre fur le même fujet : Columna roflrata , or m critical hiflorj of tbe Etiglifl? fea affairs3 &c. Le Docteur Edouard Stbotber vient de donner , Materia Medica , or a nevp description t &c. 11 y décrit les vertus des drogues 6c des fîmples, aujour- d'hui en ufage dans la Médecine. C'efl: une traduction du latin du feu DoéteurP/»»/ Herman, Profefleur ea Botanique à Leyde. Jean Peele débite un Ouvrage fur les conjonctures préfèntes, intitule', Clodius & Cicero. Pour épargner aux femmes la honte 6c les frais de ïc découvrir aux Médecins, un Médecin Anglois vient de publier un livre intitulé : The Udtes pbyjîcal dircdorj. Le but JUIN de cet Ouvrage eft de les mettre en état de devenir elles-mêmes leur Médecin , en leur apprenant à con- noître les caufes 6c les remèdes de leurs maladies fècrettes. M. Jean Gagnier connu par plu- fieurs Ouvrages , & particulièrement par la vie de Mahomet , écrite en Ara- be par Ifmael Abulfcda, qu'il publia en Arabe & en Latin avec des no- tes très-curieufes en i7Z3,propoiê par foufcription là traduction Lati- ne ornée de notes & de cartes , de la Géographie univerfelle du même Abulfcda. En voici le titre : Ifma'dis Abulfeds, , Princtpis Hamah 1 Geographta univer faits , in tabulas , fecundum cli- mara & r.giones , digefla , cum longitu- dinibus & latitudmtbus urlitim , locor uni- que cclebrtorum , & eorttm defcriptionï- bus ad mentent doclijfimorum Oriotis Geographorum numéro \lufquam LX Au- torum. Opus prœftantif/imum , Ceogra- phiam facram mque ac profanant, tlluf- trans ;clim a Joanne Grario , Afironomia in Acadcmia Oxcnienji Profeffore Sav:- itano ( pofi prima irilhelmi Schtckardi tent anima ) ab bine jam fS annis con- fummatumjit ipfemet, prœfatione ad bi- nas ejufdem Geographta tabulas fpeci- minis loco a fe éditas anno i6fo,tefta- tur ; fed quod tempore belli avilis cum reliqtta autans domeslica fupcllctttle , a Terduelltonibus o^prefumac déperdition, lucem non r'tdit. Ntaïc vero è codicilus Mff. btblioth. Bodl. tifdem nempe quibus ufus fuerat Joannes Grarius , adhtbitis tnfupcr in fubjidiunt Doclorum virorttm, qui & idem opus ante & poft Gravium n.oliti [tint ; V'pÇj Th. Epenii , Jacobi Go- lit, Sam. Clerici, Hcnnci irildti ,fedpra titeris vin incomparabilis , von minus doilnna qttam nataltum fp'.endore con- i;7 %j. 375- fpicui , Guillelmi Guijî't Collegii Oxon. So- (ii , exemplaribus apographteis inter fe collatis. Arabicè denub defcnpjit Latine vertit , mappis Geographicis adernavit , notafque adjecit Joannes Gagnïer. A. M. Cet Ouvrage pourra faire un volu- me in-folio d'environ 160 feuilles , fans compter les cartes géographi- ques, &c. Le prix delà foufcription ell de deux Guine'es,dont on don- nera une en fouferivant, 8c l'autre en recevant l'exemplaire. On en pro- met gratis , un feptiéme à ceux qui foufenront pour fix. DE HOLLANDE. Le Mentor Moderne vient d'être réimprimé, Se fe débite à Amfter- dam en quatre volumes in-douze chez Humbert. Cette nouvelle édi- tion a été exactement revue & corrigée avec foin de quantité de fautes qui fe trouvent dans la pre- mière. Elle ell; augmentée d'une ample table des matières , avec la citation des Auteurs d'où font tirées les paflàges qui font à la tête de cha- que difcours,qui avoit été négligée dans la précédente édition. Van Durcn de la Haye a impri- mé, Reflexions f\r la recherche des mo- tifs de la conduite de l,i Grande-Breta- gne , avec la répoafe , & autres pièces fur les affaires du tems. in-40. Les Veftein Se Smith ont impri- mé & débitent , P. Ovidti ISIafoi is opéra omnia , cum integris Jac. Micyllï , Hcrcttlis Ciofam, Dan. & Kicol. Uenjti cris fecundis t & aitorum in Jîngulas partes adnotat;o-ibus,Cura & Studio P. Burmannt, qui cjr fuas in omne opus notas adjecit. Bbbij 576 JOURNAL DE Les frères Verbcck impriment à ' j SpetbttOiH naturalium exjeri- nient. rum faclerum in Jcademia del Ci- inento duia,fnb au f puits S.rcntJJmï Vrwo[is Uoi'uLt Uctruru Ducis , & deferiptorum à Sccretario diftœ Acade- m& , traduit de l'Italien en Latin. in-40. avec figures. DE PARIS. Jacques Roliin Libraire, Quay des Auguftins, D. Mariette, J. B. Delefpinc, Se J. B. Coignard le fils, rue S. Jacques, viennent de propo- fer en foufeription une nouvelle édition de Vllifloire de France du Pcre Daniel. Cette nouvelle édition fera divifée en dix vol. in-40. 1U* ferorit imprimez en caractères de S. Au- guitin. Le prix pour les Soufcrip- teurs fera de 70 livres pour le petit papier, Se de 100 livres pour le grand , dont on tirera un très-petit nombred'exemplaires.Trois éditions de cette hiftoire faites & entièrement épuife'es en allez peu de tems ; la première in-fol. à Paris en 1715,1a ièconde in-40. avcc ^es augmenta- tions considérables dans le pays étranger, Se la troifiéme aufll in-40. avec de nouvelles augmentations à Paris en 1 722 , l'ont fait allez con- noître pour nous difpenfer de rien dire ici de l'Ouvrage en lui-même. Nous nous contenterons d'aflurer fur la promette des Libraires, que rien ne fera épargné pour rendre cette quatrième édition de beaucoup fuperieure aux trois précédentes , renvoyant d'ailleurs au Trofpetlus qu'ils en distribuent, ceux qui vou- dront être plus amplement inftruits S SÇAVANS, dudegré de perfection où ils pré- tendent la y Les mêmes Libraires viennent de mettre en vente une nouvelle éution de i abreg: de cette Hiftove , en fix vol. in-40. ^c grand papier. Jacques Rolhn & fes Aflbciez pour l'hiftoire de Malthe de M. l'Abbé de Vertot , avoient imprimé cette hiitoire en méme-tems in- 12 & in-40. mîUS l'édition in- 12 fê trouvant entièrement confommée dans le pays étranger, quoique tirée à deux mille exemplaires, ils ont été obligez d'en faire une féconde édi- tion in-12, qu'ils publieront incef- famment en cinq volumes. Les frères Gandouin Libraires Quay des Auguftins, P. Fr. Gif- fard & P. Armand , rue S. Jacques, viennent auffi de propofer en fouf- cription : L'Hifioire de Toljbe nouvelle- meitt traduite du Grec par Dom Vincent Thuiliter, Baiedft'tn de la Congrégation de Saint Maur t a ec un Ccmmcnt.ire tu un corps de fcience militaire ; enrichi de notes critiques & hrfioriqv.es , ou tou- tes les grandes parties de la guerre, foit four ïojfenjïve , foit pour la défenjive , font tx\ liquées , démontrées & reprefen* tées en figures , &c. par M. de Folard, Chevalier de l'Ordre Militaire de Sam louis , Mifire de Camp d'Infanterie. L'Auteur de ce grand commentaire déclare dans le profpeclus qui s'en diftribuë actuellement dans le Pu- blic, que quoique fon but princi- pal ait été d'établir fur la guerre des principes qui puifiènt conduire ce grand art à fa perfection ; il ne s'y eft pas tellement borné qu'il n'ait fut de tems en tems quelques di- greflions , qui ne paroitront pas in- JUIN différentes. « Tantôt , dit-il , c'eft »» l'éloge de quelques perfonnages ». illuitres qui n'étoient pas allez »» connus ; tantôt la critique de cer- » tains faits, qui jufqu'à préfcnt » avoicnt été regardez comme in- « dubitables. Ici je mets dans tout j» fon jour la politique des Grecs , » des Romains, & de plufieurs au- »> très ; là je prends la liberté' de »» faire obferver les fautes , où il me »» femble que certains Auteurs tant >» anciens que modernes font tom- »» bez. Enfin tout l'Ouvrage eft }> parfemé de mille particularitez , « qui pour ne pas appartenir im- »» mediatement à la guerre, ne fe- »» ront que le rendre plus agréable »> 8c utile à un plus grand nombre »» de perfonnes. L'Ouvrage entier fera divife' en huit volumes in-40. que l'Auteur ne craint point d'allurer devoir fe furpaflèr les uns les autres , foit par l'importance des matières , foit par le nombre & la beauté' des planches qui monteront à près de 300. Le premier volume elt achevé , & fera livré à chacun des Soufcrip- teurs avec la reconnoifîànce de fouf- cription. Les fouferiptions feront de 80 livres pour le petit papier, & de -120 livres pour le grand , dont les payemens fe feront en plufieurs fois , mais toujours en recevant quelque nouveau volume. On trouve chez Giffard rue S. Jacques & Compagnie , une féconde édition indiquée à la Haye , de l'hiltoire d'Angleterre intitulée : L'hiftoire de fon tous , par le Docleur Burn:t , Evêquc de Saiisbury , contenant le règne du Roy Jacques depuis i68j 1 7 *7< .' V7 jufqu'a 1689, traduite de l'Anglois, en 4 vol. in- 12. On a imprimé en Hollande deux traductions de cet Ouvrage , l'une in-iz trois volu-r mes, & l'autre in-40 1 volume. Cel- le-ci qui eft eftimée la meilleure, a fèrvi de copie à cette nouvelle édi- tion. Robuftel le jeune rue S.Jacques à l'Image Saint Jean Se Compagnie, vient de publier la nouvelle édition de l'Etat de la Fr ar.ee , qu'on atten- doit depuis long-tems. Cet Ouvrage eft de la nature de ceux qu'il eft utile de renouvcller de teins en tems, êc que le Public ne fe plaint point de voir augmenter, changer & cor- riger à chaque édition qu'on en fait. Nous fbmmcs redevables des pre- mières éditions qu'on fît de celui-ci en 1699, 1701, 1708, 1712 & 1 718, aux foins de feu Monfieur Lotis Trabo: i.'lct , Chapelain du Roy & Chanoine de Meaux.Cct Auteur étant mort, le Père Ange Religieux Augurtin Déchauffé, fut chargé de ce travail , & il en donna en 1 722 une édition qu'il orna de recherches curieufès fur les qualitez & les préro- gatives de nos Rois , fur leur facre, leur couronnement & leurs armoi- ries, fur les minoritez, les régences , &c. Il y joignit un abrogé hiftori- que des trois Races Royales & de la branche de Bourbon ; i! inféra dans le corps de l'Ouvrage plufieurs additions importantes , principale- ment fur l'origine de quelques-unes des charges de la Maiibn du Roy. L'édition qui en paroît aujourd'hui en cinq volumes in- 12 eft faite fur le plan de cette précédente ; les changement furvenus depuis lader- --8 JOURNAL DE niere y ont ccc marques le plus exa- ctement qu'on a pu ; tout ce qui ne convient plus à l'état préfent de la France en a été foigneufement re- tranché, Se on y a fait toutes les additions qu'on a crues neceflâircs. Le Public en eft redevable aux foins du R. P. Simplicien, Religieux Auguftin Déchauffé, qui avoit long- tems travaillé avec le Père Ange fon Confrère, & qui après fa mort arri- vée le 4 Janvier 1726 s'eft chargé de continuer les Ouvrages qu'il avoit commencez. Les frères Barbou viennent de publier une Nouvelle traduction des Fables del'hœdre, augmentées de plu- fieurs fables Se des fentences de Pu- blias Syms , qui ne font point dans les précédentes éditions ; le tout im- primé en Latin Se en François, avec des notes critiques, morales Se Hifloriques qui en facilitent l'intel- ligence, & des chiffres qui en for- ment la confu-uction.C'eft.unin-12 de 363 pages , fins la préface , la table des fables , Se l'épitre dédica- toire à S. A. S. Monfeigneur le Comte de la Marche , aujourd'hui Prince de Conty. Le Père Tabre de l'Oratoire de qui l'on attend incef- famment quelque nouveau volume de la continuation de l'hiftoire Ec- clcfiaitique de Monficur Fleuri, eft Auteur de cette traduétion. L^es mêmes Frères Barbou vien- nent de publier une féconde édition d'un Ouvrage eftimé, intitulé, Les Hommes , revue , corrigée 8c augmen- tée par l'Auteur ( M. l'Abbé de V/.- reiw.es , connu dans la république très. ) C'clt une critique fort cenfee Je nos mœurs. Cette fecon- S SÇAVANS, de édition s'eft fait attendre ; mais les Libraires difent dans leur avis au Lecteur, que l'Auteur a exigé qu'on ne la donnât point qu'il ne l'eût revue. C'eft un volume in-ix de 301 pages, fans compter la Pré- face Se la table des matières. Il a paru & on a vu affiché en même-tems un petit Ouvrage d'une autre nature que le précédent inti- tulé, Les Chats. C'eft un in-8° de dix ou douze feuilles, dont M. de Montgrif le déclare l'Auteur. Les planches en ont été gravées par M. le Comte de Caylus. 11 fe vend chez Quillau fils, rue Galande. Le même Quillau fiis débite de- puis peu de jours une brochure in- 12 intitulée, Re'pwfe à la Critique de M. * * * contre un nouveau fyftème de chant. Tar M.*** Frctre. La criti- que a paru fans nom de Ville, d'Au- teur ni d'Imprimeur , fans Permif- fion , fins Approbation. Dans la r& ponfe l'Auteur fait deux chofes. i°. Il expofe les difficultez du chant fuivant les anciennes méthodes. 20. Il s'efforce de démontrer la facilité du chant, fuivant fon nouveau fyf- terne ; ces deux opérations font fui- vies du recueil des Approbations dont l'Auteur s'eft muni. La pre- mière qu'il produit eft de l'Acadé- mie Royale des Sciences. Comme fur cette approbation même on lui a fait une objection aflez ferieufe,il tâche d'y repondre. La féconde elt ele M. Guillcry, Maître de mufique de S. Germain de l'Auxerrois ; elle eft accompagnée d'un éloge que nous avons cru pouvoir inférer ici à caufe de fa fingularité. JUIN Tantum ergo inftitutum Ap\robetur rifut, Et amtquum docume, tum , Kovo cedat ritui. Ut facilitas Jît fupplementnm , Seifuum deftclw. La troifiéme cftdc M. de Campra , Maître de Mufique du Roy, qui ne fait que foufcrire à celle de l'A- cadémie des Sciences. La quatrième eit de M. de la Croix, Maître de Mufique du Roy en fa Sainte Cha- pelle de Paris. La cinquième de M. de Clairambault, Maître de Mufi- que de Saint Sulpice. La fixiéme , de M. Cottais , Maître de Mufique de Saint Euitache , qui ne craint point de qualifier le nouveau fyftê- me de fyftéme d'eu La fèptiéme, de M. l'Alouette, Maître de Mufique de Notre-Dame. L'Auteur fait ac- tuellement imprimer un Livre de chant conforme à ces nouvelles rè- gles , dont nous aurons alors une belle occafion de rendre compte au Public. Le Père le Brun; Prêtre de l'O- ratoire, nous donne avis qu'il pré- pare une réponfè au Père Bougeant Jefuite,qui l'a attaqué fur fon fen- timent touchant l'ellènce Se la for- me de la Confécration de l'Eucha- riftie. Les derniers traitez de la Théo- logie du R. P. Boucat qui ont paru , Se dont nous rendrons compte avec le tems, font de DeoTrino, Creatore, Pramotore, de Angelis, de Gratta fe- tundum mentem Auguftini & Thomœ , de Script ur a , de Conciliis , de Ecclejïa , de Inc.matione ; les Traitez de Scrip- tura , Se celui de Concilia méritent fur-tout une attention particulière. ' 7*7- i79 Nous avons a-prefent la Théologie de ce R. P. complcttc en cinq vo- lume :n-fol. Se en. vingt volumcs/w- 8°. elle fe trouve à Paris rue Saint Jacques , chez Cavelier. Chaubert, Quay des Auguftins , vient de rendre publique la De'fetife de U Bibliothèque hiflorique & critique des Auteurs de la Congrégation de S. Maur \ contre la Critique qui en a paru fous le nom de Dont le Richoux de Nor- ias , Se qui eft en effet du ficur Per- doux de la Perrière. L'Auteur de cette Défcnfe ne fe borne pas à ré- futer la Critique de ce Ccnfcur , mais par une efpece d'Enata fort utile , il y corrige quelques fautes eficntielles échappées à l'Imprimeur de la Bibliothèque, Se fupplée à bien des omiflîons, qui pour la plupart ont leur fource dans l'inattention de ce même Imprimeur. C'eft une bro- chure in-iz. qu'on pourra fans pei- ne joindre à la Bibliothèque, quand même elle ferait reliée. On trouve chez Simart , rue Saint Jacques, la nouvelle édition de la Critique des Annales de Baronius par le P. Pagi 4. vol. tn-fol. 1 727. à An- vers. On difiribue ici un difcours fur l'Unkn imprimé à Tours, Se pro- noncé par M. Mettfnrer, Procureur du Roy au Préfidial de Tours à la dernière ouverture des Audiences • celui qu'il prononça en pareille oc- cafion en 1725. fur le travail, fut aufii imprimé, nous l'annonçâmes alors.Cespiécesd'éloquencepeuvent intereflèr principalement ceux qui félon la coutume, font obligés dans Ls differens Tribunaux du Royau- me, de prononcer des difeours aux 53o JOURNAL D ouv errurcs des Audiences. La première édition de la Traduc- tion des Voyages de Gulliver qui a pa- in après Pâques de cette année , fe trouvant entièrement épuifée, les Li- braires viennent d'en faire une fé- conde édition en petit caractère 8c en un feul volume, Se une troifiéme de même caraétere que la première. 11 paraît chez C haubert 8c la veu- veGuillaume une critique de la Co- médieduPhilofophemariédcM.Dcf- touches ; cette critique eft intitulée les Caractères de la Comédie du Pbilofophe marie. C'efr. une brochure in-8°. de la même forme que la Comédie qui fê vend chez le Breton Père ; l'Auteur de cette critique fe propofe de faire voir que tous les caractères de cette pièce , qui a eu tant de fuc- cès, font défectueux. Nous annon- çons celle-ci comme la première, il en paraît quelques autres qui toutes reviennent au même but. Le mê- me Libraire vend une Comédie du ESSÇAVANS, Théâtre Italien qu'on trouve bien écrite, Se qui eft intitulée ; le Ibilo- fophe , Dupe de l'amour «;;-8°. On nous prie d'avertir ici le Pu- blic que l'on fera à Paris vers le ij de Juillet prochain la vente d'un Atlas unique &fîngulur en 78 grands volumes in-fol. relieure uniforme qui comprend toutes les cartes, 6c les deferiptions des Pays, Royau- mes , Etats , Provinces , 8c Villes des quatre Parties du monde, les plans , les vues 6c profils des places , forterefles, Châteaux, édifices pu- pliques,antiquitez,monumens,6cc. les Généalogies, les armoiries des Rois, des Princes 6c des familles, 6c un recueil de portraits des Rois, des Princes 8c des Hommes illuftres. Gabriel Martin, rue (aint Jacques, à l'Etoile, diftribue un profpeclus dé- taillé de ce grand Ouvrage, 6c doit faire voir l'ouvrage même aux eu-» rieux qui le fouhaiteront. Fautes à corriger dans le Journal de May 1717. 17s Colomne féconde 6 311 féconde première 37 ?4 Faute décrire par M. de Châles lisue Correction décria par le Père de CbaleS 1-gne TABLE Des Articles contenus dans le Journal de May 1717. Tl/fEmcire pour Georges Leopold , fils unique , & Jeul héritier de Leopold EbtrharJt •*■*■*- Duc de Virtemberg, Prince de Montbelliœrd, pi[:c , JI*' Réfutation de la diÇfcrtation de R. P. leBrnn.fttr lu forme de la confécration de ÏEn:hariflie, 3 1 f journal d.s objerv .liions Phyfiques , mathématiques , lyc.duR. P. Feuille e , 33.4. les Apohgics de M. l'abbé dO'.ivet , (y les Réponfes qui y on: été faites far les PP.Cafiel & du Cerceau , 341 Qucfiy.s de Droit Eccleflaslique ; Ci l'Eglifed'Arras , ejl fujetti à la Régale, 347 >■ fur Viifage de l'Opium j^>» Hisloire généalogique des Tatars , j f { y^yages di la M.ottrpye , &e 3 6 1 ■jyJtité de la Trin:tê de M. Tout H ly , 3 * JUïLL pofitioïl réduite en pratique. Toute propofition véritable mar- que la relation entre le fujet & l'at- tribut telle qu'elle eft : 6c la natu- re de cette relation eft fixée & dé- terminée par la nature des chofes elles-mêmes ; c'eft pourquoi rien ne peut être contraire à une pro- pofition véritable , fans être éga- lement contraire à la nature , & par conféquent naturellement mauvais. Ces natures de chofes prifes en el- les-mêmes, font des veritez que Dieu a toujours connues comme tel- les ; nier ces veritez directement ou indirectement, c'eft nier la vérité, ou plutôt 1 infaillibilité des connoif- fances divines, action qui ne peut être qu'infiniment mauvaife, atten- du que Dieu eft très-parfait , & qu'il n'y a rien en lui que de très- bon. Un exemple que l'Auteur em- ployé rendra ce fyftêmc plus fenfi- ble. Un particulier qui a contracté un engagement avec un autre , fait des chofes directement contraires à celles dont il étoit convenu ; ces ac- tions nient fon engagement. Il en feroit de même, fi ce particulier ne faifant rien qui fût abfolu ment con- traire à fon engagement n'executoit point ce qu'il auroit promis. L'Auteur appréhende qu'on ne lui objecte qu'il s'enfuit de fon fyf- tême, que toutes les actions mau- vaifes combattant la vérité font éga- lem<.nt mauvaifèsi c'eft pourquoi il a foin d'avertir que les veritez aux- quelles ces actions fè rapportent, quoique également confiantes , em- prafient des matières d'une impor- tance très-difterente, & que le cri- ET tfif, ^ 393 me eft plus ou moins grand , iui- vant que la vérité contredite par l'action eft plus importante. M. Wo- lafton réunifiant enfuite tout fort fyftéme en une feule propofition , dit que la grande loi de la religion naturelle, ou la loi de l'Auteur de la nature, ordonne que tout être in- telligent, capable d'agir & libre, fe comporte d'une manière à ne pas contredire la vérité par aucun de fes actes, c'eft-à-dire qu'il traite chaque chofe comme étant ce qu'elle eft en effet; Dans la féconde feétion, l'Auteur parle de la félicité ; il la fait confif- ter dans le plaifir, & il définit le plaifir, une connoiflànce intérieure, & un fecret fêntiment d'une chofe agréable. Enfuite il fait voir que rien ne doit être agréable à une na- ture raifonnable , s'il répugne , ou s'il eft contraire à la raifon ; d'où il conclut que la vraye félicité ne fe trouve que dans la pratique de la vérité • il réfulte du fyftême de l'Au- teur dans ces deux premières fêctions que le devoir & le bonheur des hom- mes eft de conncître la vérité, 6c de la mettre en pratique. Dans la troi- fiéme fection M. Wolafton enfeigne les moyens de découvrir la venté. Cette partie de l'Ouvrage contient un abrégé des principales règles de la Logique. Les qualkez qu'il fou- haite principalement, dans ceux qui veulent s'appliquer à la recherche des veritez, par rapport à la con- duite de la vie, font un fça voir con- venable , la pénétration, l'éloigne- ment des affaires, ledéfîntefeflèfflènt & l'impartialité, beaucoup defince- rite , une réiigaation parfaite à la 3P4 JOURNAL DE conduite de la raifon, Cv à la force de la vérité. Les veritez dont les hommes ont principalement intérêt d'être inl- truits, fe rapportent à trois chefs principaux ; la divinité , eux-mêmes, & les autres hommes. Par rapport à Dieu l'Auteur en prouve l'exiftence par la neceflîté de reconnoître un Créateur & un premier moteur , foit pour les corps, foit pour les êtres intelligens,Sc par l'ordre qui règne dans l'Univers, ou tout eftfait pour une fin qui prouve que ce tout eft l'Ouvrage d'une intelligence fuprê- me. Cet ordre maintenu conftamment depuis la création du monde , prouve que Dieu le conferve & le gouver- ne, fuivant certaines loix,& c'eft ce qui s'appelle providence. L'Au- teur diftingue deux efpcces de pro- vidence , l'une générale , l'autre par- ticulière. La premiefe eft celle par laquelle Dieu gouverne lesfubftan- ces purement corporelles, fuivant certaines lcix générales. La féconde eit, félon l'Auteur, celle par laquelle Dieu gouverne les fubftances fpiri- tuellcs unies à des corps. La necef- fité d'admettre cette providence par- ticulière par rapport aux hommes , -.. cic fondée, fuivant M. Wolaiton, 2» fur ce que les hommes devant » être traitez fuivant la raifon, il » faut les traiter fuivant ce qu'ils »> font ; les hommes vertueux, juf- >■. tes , pleins de bonté , ôtc. les î> ho.nmcs vicieux, injuries, cruels, î» exe. fuivant ce qu'ils font les uns -«< C\" i es autres ; leurs différentes con- si ditions doivent également être »i priiès&confideiécspource qu'el- S SC A VANS, les font, & c'eft ce qui ne fçau- adorer Dieu , c'eft-à-dire que nous s» devons avoiier par quelque acte a> folemnel , convenable & diftinct » de nos autres actes, que Dieu eft a> ce qu'il eft , & que nous iommes ce » que nous fommes.,c'eft-à-dire,que »» nous devons avoir recours en êtres ET i7if. 39? dépendans à l'être fupreme, 3c au a gouverneur du monde , avec ac- « tions de grâce de ce dont nous « jouirions, avec prière pour obte- <« nir ce qui nous manque , ou ce et qu'il fçait nous être expédient. « Lorfque nous prions l'être infini- ment parfait, dit M. Wolafton, no- tre dellèin n'eft pas de mouvoir fbn amour ou (à compafiion , mais d'ex- primer notre fentiment de nous-mê- me, & de notre condition , d'une ma- nière qui nous rende plus dignes de l'émanation de la bonté divine , 6c propres à recevoir les marques de fon amour, que nous appelions, 6c qui font à notre égard des effets de compaffio^quoiqu'elles ne viennent d'aucun changement dans la divinité. Dans les trois fections fuivantes M. Wolafton propofe plufieurs ve- ritez qui concernent i°. Le genre humain en gênerai 6c antérieurement à toutes les loix humaines. z°. Les focietez particulières 6c le gouver- nement. 30. Les familles 6c les pa- rentés. Enfuite il vient dans la der- nière fection aux veritez qui fc rap- portent uniquement 6c indirecte» ment à un homme privé j c'eft dans cette dernière lèction qu'il recueille ce que la raifon fournit de plus fort pour établir l'immortalité de l'ame. Dans tout l'Ouvrage l'Auteur a fuivi la méthode géométrique au- tant que le fujet qu'il traitoit a pu le lui permettre. Quoique ce livre ait été fort efti- mé en Angleterre, le fiftême de M, Wolafton n'a point été du goût de tous les Sçavans de ce pays-là ; ce que l'Auteur avance dans la première fection, que la bonté modale des ^6 JOURNAL DE aftes humains, confite dans la con- formité à la nature des choies , a été critiqué par deux Auteurs , dent l'un cil un Anonyme , duquel M. de la Chapelle a parle dans le dou- zième tome de fa Bibliothèque An- gloiiê ; l'autre eft M. Clarke , que le Traducteur de M. Wolafton qualifie Maître d'Ecole de Hull. Le Traducteur employé une partie de ce fuplément à répondre avec le plus de iolidité qu'il lui eft poiTible, aux objections de ces deux Ecri- vains , il y fait autTi l'éloge du fyf- tême expliqué dans la première ibe- tion de l'ébauche de la religion na- turelle. Ce fyftême lui paroit le plus fimple, le plus naturel & le plus étendu de tous ceux qu'on a em- ployés jusqu'à prélent pour expli- quer la moralité des actes humains • il le croit auffi le plus propre a ré- pondre aux objections des libertins. Le Traducteur n'eft pourtant point du nombre de ceux qui vou- draient faire entendre que tout eft également admirable dans les Ou- vrages qu'ils le donnent la peine de traduire, il fe déclare dans lbn fup- plémcnt contre plufieurs opinions s sçavans; de M. Wolafton , fur lcfquclles on peut prendre un parti contraire k celui de l'Auteur, fans attaquer ion fyftérae gênerai. 11 trouve mauvais, par exemple, que M. Wolafton adr mette la perception dans les bétes , qu'il foutienne que l'âme peut être pendant quelque tems fans une pen- fée actuelle, qu'en parlant de l'acr tion de Dieu fur les créatures , il n'admette pas la prémotion phyfi- que. Le Traducteur inlifte beau- coup fur ce dernier article, 6c il ta- che de prouver dans une diifertation que la prémotion phyfique eft pof- fible, qu'elle n'eft point injurieufe à Dieu, 6c qu'elle eft néceflàire ; l'incompreheniibilité de la manière dont la liberté peut être corifen ée avec la prémotion phyfique ne l'ar- rête point, parce qu'il y a , dit-il , plufieurs veritez dont nous fommes perfuadez , quoique nous ne fça- chions pas la manière dont elles le concilient avec d'autres veritez conr ftantes ; pourquoi un efprit infini ne pourrait-il point agir phyfiquc- ment fur un efprit fini, fans que le dernier perdît rien de fes facultez eilè.ntielles ? QUESTIONS SUR LES DEMISSIONS DES BIENS , AVEC DEUX offert ations , l'une en la tjueftion Jîx , fur les jlatuts pcrfonels , réels & mix- tes. L'autre en lu question dix-neuf ,fuï les impenfes & améliorations. Par M. Louis Boulenois, Avocat nu Patrie vent, A Paris, chez Gabriel - François Quillau fils, Imprimeur-Librairc-Juré de l'Uni verfité, rué Galandc à l'Annonciation. 1727. in-$°. pp.- 3.13. IL y a déjà quelque tems que M. Boulenois donna au Public la préface de cet Ouvrage, 6c quel- ques morceaux qui dévoient faire partje de ce Traité. Eu rendant; compte dans le Journal du mois de Mars dernier de cette Préface , qui contient le plan du livre 6c de la diilèrtation fur les ftatuts pcrfonels, îéels .6c mixtes , nous ayons crû pouvoir J U I L L pouvoir avancer que l'exécution de ce projet ferait plaifir à ceux qui ai- ment la Jurifprudence , parce que nous n'avions point encore de traire fur cette matière, 6c qu'on ne trou- ve dans les Ouvrages de nos Jurif- confultes François que quelques dé- diions particulières fui" un fujet fi important. Notre Auteur divifè ce traité en 21 qucftions. Après avoir donné une idée de ce contrat, que les Ju- rifconfult.es appellent démiflion de biens , il examine par qui ôc en fa- veur de qui les démiflions de biens doivent être faites , par quel acte on peut les faire, quels biens doivent y être compris , fi on peut forcer les héritiers d'accepter les de'miffions , fi le démettant peut faire un parta- ge inégal entre les démiflionaires . quelles règles on doit fuivre pour les démifïïons , quand les biens du de'mettant font fituez dans des cou- tumes qui ont des difpofitions dif- férentes , quel eft le tems qui déter- mine la part que chacun des démif- fionaires a dans les biens qui font compris dans la démiflion. De-là l'Auteur paflè aux obligations des démiflionaires , ôc il difeute les ques- tions , fi le de'miflionaire eft oblige' de rapporter les biens qui lui ont e'té donnez avant la de'miffion , s'il eft tenu des dettes antérieures à la démiflion , s'il doit en faire infinuer l'acte , comment il doit agir en cas qu'il furvienne de nouveaux biens au démettant, s'il eft dû des droits feigneuriaux pour cette efpece de contrat, & fi la de'miflion fait des propres. Dans les dernières queftions M juillet. E T l7zf: ■ 597 Boulenois parle de la révocation des démiflions des biens , foit par le prédecès du de'miflionaire , foit par la furvenance d'enfants du de'met- tant, foit par le fêul effet de la vo- lonté du démettant, ôc il examine en cas de invocation de la de'mif- fion , fi le de'mettant doit rembour- fêr les améliorations faites dans les biens par le de'miflionaire , fi le de'- miflionaire doit rendre au démettant les trefors qui ont été trouvez dans fes biens depuis la de'miflion , Se fi. un père après la révocation de la démiflion peut difpofèr au profit d'autres perfonnes. La diverfité des difpofitions de nos coutumes fur les matières des fucceflions ôc des donations , foie entre vifs, foit teftamentaires , peut donner lieu de décider ces qucftions d'une manière différente fuivant l'ef- prit de ces coutumes. Notre Auteur a foin de faire ià-deflus les diftin- ctions néceflàires ; il a outre cela traité par occafion des queftions très- importantes ôc très-difficiles fur les ftatuts réels ôc perfonels , Se fur les impenfës ÔC améliorations qui ont été faites fur les fonds , par ceux qui n'en étoient pas propriétaires. On n'attend point ici de nous que nous rapportions les décifions de l'Auteur fur chacunes de ces quef- tions principales , Ôc fur celles qui y font incidentes ; il fuflira de don- ner un précis de deux articles. Prenons d'abord la queftion troi- fiéme , où l'Auteur examine fi la dé- miflion doit être de l'univerfâlité des biens. L'Auteur répond contre l'avis de M. le Brun dans fon traité des fucceflions , que la démiflion d:,it Eee *9S JOURNAL DE être de tous les biens du démettant ; cette decifion eft une fuite de la de- finition que l'Auteur a lui-même donnée fur la démiffion-, qu'il appelle un abandonnement qu'une person- ne fait de tous tes biens à fon héri- tier pvcfomptif par anticipation de fucceffion. Si la démiffion eft une imitation de la fucceflîon , elle doit être univerfelle , parce qu'un droit fucceffif, dit l'Auteur, eft toujours univerièl, Se que la loi ne défère point une fucceffion pour partie feu- lement. M. Boulenois croit cepen- dant que le démettant peut fe réfer- ver l'ufufmit des biens dont il s'eft démis , pour que cet ufufruit lui tienne lieu d'alimens. Il eftime encore que le démettant peut fe ré- fêrver quelques meubles pour fbn ufage, 6c même quelque fomme ou quelques effets , dont il confêrveroit la faculté de pouvoir difpofer par teftament. Ces fortes de réferves ne donnent point d'atteinte à l'univer- falité d'une donation entre vifs, ni par confequent à celle d'une démif- fion de biens. L'Auteur excepte de la règle qu'il preferit pour l'univer- fàlité des biens dans la démiffion la Coutume de Bretagne, qui par l'ar- ticle 537 permet de faire des démif- fions de la totalité ou d'une partie de fês biens. La raifon en eft, que dans cette Coutume la démiffion eft irrévocable, & qu'on la regarde par S sçavans; cette raifon plutôt comme une âo^ nation entre vifs , que comme une fucceffion anticipée. Dans la queftion 20, notre Au- teur demande fi le démettant révo- quant la démiffion le démiffionaire doit rendre le tréfor qu'il a trouvé dans les biens qui lui avoient é:é abandonnez par la démiffion. Avant que de réfoudre cette queftion , M. Boulenois rappelle quelques règles générales de notre droit François , au fiijet des tréfors qu'on trouve dans les fonds , Se les Seigneurs hauts Jufticiers ; puis il décide que quand le de'miffionaire a trouvé un tre'for dans le fond qui faifoit partie de 1» démiffio^p, la moitié' de ce tréfor lui appartient, fans qu'il fbit obligé de reftituer aucune partie au démet- tant, même dans le cas de la révo- cation de la démiffion. La raifon qu'il en rend eft que l'aéte même de la démiffion rend le démiffionaire véritable propriétaire, quoi qu'elle puifîè être révoquée à la volonté du démettant. L'acquéreur fous une fa- culté de remerer retient le tréfor qu'il a trouvé dans fon fond, même dans le cas où le vendeur exerce la facul- té de rcmerer,comme le décide d'Ar- gentré fur la Coutume de Bretagne, parce qu'il étoit véritable proprié- taire du fond dans le tems qu'il a trouvé le tréfor. JUILLET 1717; 399 MEMOIRES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES HOMMES illufires dans la Republique des Lettres , avec un Catalogue ratfonné de leurs ouvrages. A Paris, chez Briaflbn, rué S. Jacques , à la Science , 1717. in-ii. pp. 388. CE que nous avons à faire ici n'eft proprement que l'extrait de ce que l'Auteur dit lui-même de fon Ouvrage, dans une Préface qu'il y a mifè à la tête, ôc où il rend compte de fon deflèin, & des rai- fons qui l'ont porté à entreprendre ce recueil ou cette compilation. Le PereNiceron Barnabite ( c'eft le nom de l'Auteur ) remarque qu'on le plaint depuis long-tems que l'Hi- ftoire des Sçavans eft trop négligée en France , & qu'on y laifîè tran- quillement périr la mémoire de ceux qui s'y diftinguent dans les feien- ces , tandis que d'autres nations font fi foigneufcs de tranfmettre à la pof- terité l'hiftoire de leurs Sçavans. C'eft pour faire ceflèr ce reproche que notre Auteur prélènte au Pu- blic cet eflài , où il tâche d'éviter trois défauts ; le premier eft celui des Allemands, chez lefquels il fuf- fit d'avoir fait profeflion de feience, où d'être Auteur d'une fimple bro- chure, pour mériter place parmi les Sçavans dont ils écrivent les vies. Le fécond eft celui des Italiens, qui donnent des mémoires trop focs & D-op décharnez, lefquels confiftent le plus fou vent en un fimple cata- logue , où l'on ne voie que les Ou- vrages de certains cantons ou de cer- taines villes, 6c encore fans dattes. Le troifiéme eft celui des Anglois , qui font un peu trop diffus dans les vies qu'ils donnent des Sçavans de leur pays, Le Père Niceron évite un qua- trième défaut, qui eft de ne parler que des Sçavans de fà nation. Il n'a pas cru devoir s'attacher feulement aux François. Tous les Sçavans de de quelque nation qu'ils foient trou- vent place dans fcs mémoires ; mais comme le nombre en eft prefquc infini, il préfère d'abord les plus illuftres aux autres qui pourront, dit-il , venir dans la fuite fur les rangs. Nous laiflons aux Lecteurs à juger fi cette méthode qui n'ad- met aucun ordre , convient bien à. un Ouvrage comme celui-ci. La quantité fuffifante de matériaux que le Père Niceron trouve fur un Au- teur, eft la feule raifonqui le déter- mine à placer l'un devant l'autre , êc il croit qu'une table alphabétique & nécrologique qu'il a mife à la fin, fuffit pour réparer cette confufion. Il a tâché de raflèmbler fur cha- que article, tout ce qu'il a pu trou- ver dans un grand nombre d'Au- teurs. Les Journaux & les Biblio- thèques lui ont fourni une partie des matériaux ; mais il afiure qu'il n'en a adopté les jugemens que lorf- qu'il les a vu conformes à ceux du Public. Il a regardé comme une rè- gle fùre en ce genre, de croire d'un Auteur & de fes Ouvrages , le bien qu'en difent fes ennemis , & le mal qu'en avouent fes amis. A la fin de ces Mémoires eft un catalogue des Auteurs, difpofc' félon Eee ij Aoo JOURNAL DES SÇAVANS , Tordre des matières fur lefquelles ils Ouvrages qui ont rapport aux fujç ont écrit ; ce qui eft très-commode jets que ces Auteurs ont traité, pour trouver fans peine tous les IMPLICATION PHYSIQUE DES FLVX ET REFLUX SURPRENANT de l'Euripe. L'Euripe eft un bras de la mer Egée, de la longueur d'environ fix milles, 8c fi étroit qu'une galère a de la peine à paiîèr fous un pont qui le traverfe. Ses flux 6c reflux , qu'on peut obferver dans plufieurs golphes , qui fe trouvent le long de ion cours , font déréglez vers les quadratures , le faifant alors douze ou treize fois en 24 heures, mais réglez vers les nouvelles 8c les pleines luncsjorfque lès retardemens journaliers font les mêmes que ceux de l'Oce'an. Ses eaux ne montent que fort ra- rement jufques à deux pieds, tant dans les jours réguliers , que dans les jours irréguliers;8c lorfqu'ellcs mon- tent, elles font portées vers les Iflcs de l'Archipel , où la mer a allez d'e'- tenduë ; au lieu qu'elles coulent vers la Theflàhe, 8c s'engouffrent dans le canal qui conduit à Salonicb:,o\i Thef- falonique, quand elles defeendent. Pour rendre raifon de ces flux 8c reflux furprenants, foit ABCD le profil de l'Euripe, dont BC foit le ibnd , par où l'eau entre dans ce bras de mer, au travers du fable 6c du gravier, comme elle entre con- tinuellement dans un puits ordinai- re , ou dans un ruiïfeau , à là fource : & foit E F G un canal fort ample, dans un rocher, par où l'eau de l'Euripe s'écoule, comme par une cfpe'ce de fiphon, dans un grand 6c large baffin , comme H I h L , dès qu'elle monte, enforte qu'elle rem- plit le canal EFG. Cela étant, il eft facile de voir que l'eau de l'Eu- ripe peut monter 6c defeendre, plu- fieurs fois par jour /entrant par le fond B C , 6c fortant par le canal EFG, qui peut être rempli de fa- ble 6c de gravier , par où l'eau peut paflèr comme en cachette. Il n'y a même rien qui s'explique plus faci- lement. Mais d'où viennent lès flux 6c reflux réglez vers les nouvelles 8c les pleines luncs?C'eft-là la difficulté'. Pour rendre raifon de ce phéno- mène, je fuppofe que le baflin HI /; L,dans lequel l'Euripe décharge les eaux , par le canal E F G , a com- munication avec une mer,qui,r,yant fes flux 6c reflux ordinaires, demeu- re au-defîbus des bords de ce bail in, vers les quadratures, mais qui le remplit, 6c monte même par-dclîiis fes bords,vers les nouvclles&c les plei- nes lunes ; 6c que l'eau , qui eft en- J U I L L trcedans ce baffin, s'en écoule fi len- tement, que d'un flux à un autre , elle y demeure toujours au-deffus de l'ouverture E du canal E F G, vers les nouvelles 6c les pleines lunes; mais qu'elle s'en e'coule pourtant allez, pour defeendre au-deflous de cette ouverture , vers les quadratures. Cela étant , il eft manifefte que les eaux de l'Euripe monteront, vers les nouvelles Scies pleines luncs,au- deiîbus de l'ouverture E du canal E F G, autant que la mer, dont je viens de parler, montera alors au- deflus,6c qu'elles defeendront avec cette mer , mais qu'elles ne defeen- dront pourtant pas au-deflbus de cette ouverture, quoique cette mer defeende bien au-deflbus. Ainfi les flux 6c reflux de l'Euri- pe peuvent être irréguliers , vers les quadratures , mais réglez , vers les nouvelles 6c les pleines lunes,6c avoir alors leurs retardemens journaliers, les mêmes que ceux de l'Océan. On pourrait m'objeéter que je fais ici bien des luppofitions gra- ET if'ïf. 401 tuites; mais quel moyen de faire autrement, pour expliquer un phé- nomène aufli difficile que celui-là ? Quoiqu'il en foit, elles ne font ni impoffibles, ni contradictoires , Se cela fuffit, ce me femble,en matière de Phyfique, où l'on doit fe con- tenter de la vrai-femblance jufqu'à ce qu'on découvre le vrai. On dira peut-être : où trouver un baffin comme H I /; L ? Mais il pour- rait être caché dans un rocher ; Se pour ce qui eft de la mer , dont je viens de parler , elle pourrait être fort éloignée de l'Euripe, 6c porter fes eaux , par un canal foûterrain, dans le baffin HI/;L. Ainfi cette mer pourrait être le golphe de Ve- nife, ou l'Océan même. Nous avons crû devoir inférer ce morceau , à caufe de la fingula- rité de la matière. Mais nous ne pré- tendons nous rendre garants , ni des circonftances du phénomène , que nous n'avons point examinées, ni de l'explication qu'en donne l'Ano- nyme. VOYAGES DE GULLIVER. A Paris , chez Gabriel Martin 6c Hyp- polite- Louis Guerin Libraires, rué S. Jacques, 6c dans la boutique de la Veuve Couflelier chez Jacques Guerin Libraire , Qiiay des Air- guftins. 17x7. in-12 2. vol. avec fig. Tome 1 pp. 248 fans compter la Préface. Torne II pp. 289. CE Livre , écrit en Anglois , eft de la compofition de M. Swift, connu par quantité d'autres Ouv ra- ges. SonTraduéteur (M.l'abéGuyot des Fontaines ) nous avertit qu'il ne l'a pas exactement fuivi partout,qu'il a changé, ajouté 6c retranché, fui- vant fon goût, ou plutôt, fi on l'en croit, fuivant le goût du Public. Il nous annonce , pour nous dédom- mager, une traduction littérale, qui fe fait enHollande, 6c qui , félon lui, ne peut manquer d'être fort mauvai- fe. Les motifs de ce pronoftic font les mêmcs,quil'ont engagé aux chan- gemens ,aux additions 6c aux retran- chemens ,dont il fait l'aveu. Quatre voyages compefent ces 4oi JOTJRNAL DES SÇAVANS, deux volumes : dans le premier font à vingt-deux roues, confiant par J.s voyages de Ldhput Se de hrob- cinq mille Charpentiers Se Ingé- dwgr.ng : le fécond renferme le voya- ge de LtputA, Se celui du pays des Houïbnbnms. 1. Gulliver part d'Angleterre, fon pays natal, pour aller a la mer du Sud. Après un naufrage, dont il échape à la nage , il arrive à Lilltput. A peine eft-il à terre, qu'il s'endort fur le rivage. Les habitans du pays, qui font des hommes de fix pouces, fort e'tonnez à la vûë d'un fi prodi- nieurs, fur lequel Gulliver cft élevé en moins de trois heures , par neuf cens hommes robuftes , dont les for- ces font multipliées par un grand nombre de moufles. La ville capita- le, où l'Empereur fait là lélidencc, cft éloignée d'un quart de lieuë. 1500 des meilleurs chevaux font heureufêmcnt 1 1 traite en deux jours. L'Emperetu affigne des fommes immenks, pour la fubfirtance du gieux corps , prennent la précaution Géant: tous les villages des environs, de l'enchaîner fi bien , qu'à fon re'- à 400 toûes à la ronde, font obligez veil il ne peut remuer ni bras, ni d'y contribuer , en fournifTant,tous jambes. Au premier effort qu'il fait, les matins,fix bœufs, quarante mou- les Pygmées s'enfuient fort eftraïez , tons, Se u'autres provifions à pro- Sc font fur lui plufieurs de'charges portion. 600 domefliques font mis de flèches , c'eft-à-dire , d'aiguilles auprès de lui,pour le fcrvir,Se 300 très-fines. Pour calmer leur fureur, tailleurs travaillent à l'habiller à la il prend le parti de demeurer tran- mode du pays, quille ; Se par cette marque de fou- Dans ces entrefaites , fes poches million , il obtient qu'on lui donne font vifitécs,par l'ordre de l'Empe- à boire Se à manger. C'eft un péni- ble travail,pour le petit peuplc,qu'un tel repas à fèrvir. Plus de cent hom- mes efcaladent les cotez du Géant , pour voiturer vers fa bouche toutes reur. Les Commiflàires nommez, pour cette grande expédition, drefi- fent procès verbal de ce qu'ils trou- vent : c'eft une pièce curieufè que cet inventaire. Le mouchoir eft un les viandes qu'ils peuvent porter tapis de pied , pour une grande dans leurs plus grands paniers. Six chambre de parade. Un journal eft pains ne font qu'une de fès bou- chées, Se les plus grands tonneaux de toutes les caves font roulez vers fa main , Se défoncez pour lui fèr- vir de gobelets : il en vuide un grand nombre, avant que d'être dc- iàltcré. Après cette réfection , il retombe un paquet prodigieux de fubftanccs blanches, environ de la grofleur de trois hommes, Se liées d'un cable bien fort. Les piftolets de poche lbnt deux grands piliers de fer , creux , attachez à de greffes pièces de bois , Se garnis d'autres pièces de fer en relief, ferrant un caillou cou- dans un fbmmeil, dont on profite, pé en talus. Le peigne eft une ra- pour le mener à l'Empereur. L'em- Jiflàde, pareille à celle qui eft devant barras eft de le tranfporter. On y la cour de fa Majcilé Ltlliputier.tte . parvient, par le moyen d'un chariot La tabatière cft un grand coffre d'ar- JUI L L gentî qu'on ne peut lever , & dans lequel un des Commifîàires étant entre', a de la poufliérejufqu'aux ge- noux , Se éternuë pendant deux heu- res. La montre eft un globe d'une groflèur énorme , qui fait un bruit continuel , à peu près comme celui d'un moulin à eau , 2c qui pafie pour un animal inconnu , ou pour la Di- vinité adore'e par Gulliver. L'Empereur , pour divertir là Cour, fait palier fon Armée en re- vue, entre les jambes du colorié, tambours battans , enfeignes dé- ployées & piques hautes ; les rangs de l'infanterie font de 24 , Se ceux de la cavalerie font de 1 6. Le voyageur demande fa hbcité avec tant d'inftance, qu'après plu- fieurs délibérations,on la lui accorde, ■ à certaines conditions , allez capables de faire connoître l'idée qu'on avoit de lui. Par exemple , on lui défend de fê coucher jamais dans un pré,ou dans une pièce de bled , de peur qu'il ne ruine un laboureur. On lui ordon- ne de marcher avec aflêz decirconf- peftion , pour n'écrafer ni hommes, ni chevaux, ni voitures ; Se de ne prendre, par force, aucun Lilliputien dans fes mains. Il lui eft enjoint de porter, dans les befoins preflans de l'Etat , un Courier du Cabinet dans fâ poche , Sec. Après lui avoir fait prêter ferment fur tous ces articles , on lui aflîgne , par jour , autant de nourriture qu'il en faut pour 1874 hommes du lieu , conformément à l'eftimation des Mathématiciens , qui avoient fupputé fes dimenlîons , Se qui avoient trouvé la même propor- tion entre le volume de Gulliver Se celui d'un Lilliputien. E T 1727: 403 Bléfu/cu eft une ifle fituée au nord-nord-eft de Lilliput , dont elle eft féparée , par un canal de quatre cens toifes de large. Il y avoit,cntre les habitans de cette ifle Se ceux de Lilliput, une guerre qui duroit de- puis long-tems : Gulliver la termine lui fèul, par une action éclatante. Il traverfê le canal , où il trouve pied par tout, excepté dans l'efpace de quinze toifes : il arrive au port de Bléfufcu t où étoit unepuifiànte flocte, toute prête à faire une defeente à Liliiput ; il attache un crochet à cha- que vaifleau ,5c par le moyen d'une botte de ficelle, qu'il a portée avec lui, il emmène toute la flotte à Lil~- liput. Malgré le fervice fignalé, qu'il vient de rendre à l'Etat, on lui fait fecretement fon procès. L'Amiral jaloux du fuccès merveilleux que Gulliver avoit eu, a grande part à cette cabale. D'ailleurs l'Empereur, qui avoit l'ambition d'agrandir fes Etats, n'étoit pas content du refus que Gulliver avoit fait d'opprimer entièrement les Blefufcudiens. On ne cherche donc qu'à former contre lui les aceufations les plus graves , Se l'on s'en acquitte il bien, qu'il eft jugé digne de mort , comme cri- minel de léze-majefté.Cependant,cn eonfidération de Ils grands exploits, on le reftraint à ordonner qu'il aura les yeux crevez, Se qu'on le laifiera mourir lentement, faute de nourri ture. Les articles du procès font rapportez ici tout au long. Le premier grief roule fur une incendie, que le grand homme avoir eu la bonté d'éteindre. Le feu avoit pris, une nuit, à l'appartement de 4o4 JOURNAL DE l'Impératrice ; Gulliver éveillé par le bruit, avoit arrêté tout à coup l'cmbrafement , en fè trouvant fort à-propos en e'tat de rendre quelques verres de vin blanc , qu'il avoit bus à fon fouper. Cette indécence c(b jugée impardonnable. Le fécond chef d'accu fation clt tire de la réllf- tance que Gulliver avoit faite aux or- dres de l'Empereur , qui vouloit en- vahir l'Empire de Bléfufca. En troi- fieme lieu, on lui reproche la vifite qu'il avoit reçue des Ambaflàdcurs Blc freudiens , après le Traité de paix conclu entre les deux Couronnes. Enfin on lui fait un crime d'avoir demandé à l'Empereur de lilliput la permùTion d'aller rendre fes devoirs à fa Majefté Blefufctidienne. Le Voyageur averti de fa difgrace, par un Secrétaire d'Etat fon ami, fe fauve dans l'hic de Bléfufcu f où il cft reçu avec de grands honneurs. Trois jours après fon arrivée, il apperçoit du rivage une chaloupe , qu'il juge être échappée de quelque naufrage ; il fait fi bien qu'il l'attra- pe, & il s'en fert, après avoir pris l'agrément du Roy, pour fe mettre en mer, dans le delîcin de retourner en fon pays. Dès le deuxième jour de fa navigation , il rencontre un vailîêau Anglois, qui le reçoit, 5c qui le. rend, peu de tems après, à (à patrie. Gulliver dit peu de chofesde cette dernière route ; il parle feule- ment d'un malheur qui lui arriva : il avoit emporté de Blcfufcu fix va- ches & deux taureaux, avec pareil nombre de brebis & de béliers,pour avoir de ces efpéces en Angleterre : malheureufement les rats du vaif- fç-.m mangèrent une de fes brebis. S SÇAVANS, II. Gulliver, deux mois après fon retour en Angleterre, fe rem- barque fur un vaiilèau , qui partoic pour Surate. Il effuye une tempête, dont il fait la defeription, avec un détail de marine, qui fait louvenir de celui qu'on trouve dans Rabe- lais 1. 4. c. 1 8 & fuivans. Le calme revient, on continue la navigation, fins fçavoir où l'on va. Dès qu'on voit terre , douze hommes de l'é- quipage font détachez avec une cha- loupe , pour aller reconnoitre les lieux , & pour chercher de l'eau. Gulliver, qui étoit du nombre des douze hommes, s'étant un peu trop avancé dans les terres , apperçoit tout d'un coup fes compagnons, qui re- gagnoient la pleine mer avec leur barque, 6c en même tems un Géant d'une ftaturc énorme qui les pour- fuivoit. Tous les habitans de ce pays, nommé BroMingnag, font de la mê- me taille, 6c voilà le pauvre Gulli- ver devenu moins que Pygmée , après avoir été plus que Géant. Par toutes les fingularitcz,que nous avons rapportées dans le voya- ge précédent , on peut juger de cel- les qui égayent cette féconde rela- tion. Notre Voyageur rencontré par un Brobdingnagien , eft pris pour un infecte ; il cft emporté dans un mou- choir au logis d'un Laboureur ; quand on mange, on le met fur la table, comme on y mettroit un moi- neau , & quelquefois , en s'y prome- nant,il trouve à fes pieds une petite croûte, qui le fait tomber. Ilfèit de jouet à l'enfant de la maifon, âgé d'un an ; il eft attaqué par deux rats, dont il a beaucoup de peine à le défendre; le berceau d'une poupée lui JUILL lui fèrt de lit ; pour peu qu'on ait ]a vue foible , on prend des lunettes pour le voir; il eft montré, pour de l'argent, dans toutes les villes , com- me un petit animal de figure hu- maine , & on lui fait faire , fur une table,quantité de petits exercices,fort réjoùiflàns pour les fpectateurs. Un nain de la Reine le laifïè tomber dans un plat de lait , d'où il eft oblige de fe fauver à la nage. Pour lui donner le plaifir de conduire un batteau , on lui fait faire une auge de bois, dans laquelle on fait entrer de l'eau, par un robinet, 6c c'eft fur cette eau qu'il vogue avec une bar- que aflêz grande pour contenir huit Européens. C'eft un habile menui- fier qui l'a faite, & elle paflè pour un bijou : ce font les dames qui en- flent les voiles, par le moyen de leurs évantails. L'exercice fini, la gou- vernante de Gulliver , qui eft une fille d'onze ans , prend le navire 8c le porte dans un cabinet, où elle le pend à un clou , pour le faire fécher. Le petit homme eft encore emporté fur les goutiéres,par un finge, qui le tient dans fa patte, 6c il ne fort de Brobd'wgnag , que parce qu'il eft enle- vé, avec une boè'te,qui lui fèrt de chambre, par un aigle, qui le laillê enfuite tomber dans la mer. Peu d'heures après cette chute , il eft rencontré par un vaifleau marchand, qni le remene encore une fois en Angleterre. Nous avons parle la defeription des villes 6c des maifons, des animaux, des plantes 6c de tout ce que Gulliver a vu dans le pays de Brobdmgnag : ce que nous avons dit fuflît,pour en donner une idée ; puifque la grandeur 6c la petiteflè, Juillet. ET '7*7- _. . 4*>ï qui ne font que des qualités relati- ves, peuvent aifément être eftime'es l'une par l'autre. 1 1 1. A peine le Voyageur avoit paflé deux ans dans fa famille, qu'il entreprend d'aller aux Indes Orien- tales. Il eft pris par des Pirates , qui l'expofènt au gré des flots, dans un petit canot , avec des rames , des voi- les 6c des provifions pour quelques jours. En s'éloignant desCorfaircs,il découvre plufieurs ifles vers lefquel- les il s'achemine. Il prend terre à la première, où il fe repofe, puis il paflè à la féconde 6c aux autres fuc- ceflivcment,jufqu'à la dernière, où il s'arrête. Toutes ces ifles n'étoient point habitées. Dans un fi mauvais pofte, Gulliver confidére qu'il va bientôt être dénué de tous les lè- cours néceflâires à la vie , 6c que la faim lui annonce une mort certaine. Pendant qu'il s'abandonne à les triftes réflexions , il s'apperçoit que le foleil,qui étoit brillant', s'obftur- cit tout d'un coup , à peu près com- me dans une écliple. C'en étoit une effectivement ; car cette obfcurité ve- noit d'une ille volante , qui paflbic entre Iefoleil 6c l'ifle,où étoit Gul- liver. Le folitaire fort étonné de ce fpectacle, l'eft encore plus,lorfqu'il voit defeendre vas lui cette terre fufpcnduë en l'air, 6c qu'il y ap- perçoit des habitans , qui le regar- dent. Pour couper couit, l'ifle def* cend jufques fur le rivage, 6c Gui-, liver y eft admis avec beaucoup d'humanité. Cette ifle s'appelle La- puta. L'Auteur en fait ici la delcrip- tion ; il y joint le cara&ére des ha- bitans de l'un 6c de l'autre fexe , dont il ne donne pas une idée fort Fff 4o6 JOURNAL DES SÇAVANS, avantagcufe : il explique enfin com- ils iraient, en rêvant, donner de la ment l')fle aérienne defeendoit 6c montoit , foit perpendiculairement , Joit obliquement, par le moyen d'u- ne groflè pierre d'aimant, dont l'un des pôles étoit attractif , 6c l'autre répulfif, par rapport aux terres lu- jettes à la domination du Roy, qui fiiifoit fa réfidence ordinaire en cette ille. Ce qu'il y a de plus fingulier dans le ge'nie des laputtens , c'eitla fureur qu'ils ont tous pour les Mathémati- ques. Un tailleur prend la mefure d'un habit, avec un quart de cercle; un cuifinier donne, aux morceaux qu'il fert, des figures géométriques, régulières, ou bien il les préfente fous la forme de divers inftruments Je mufique : les amans pafiionnez em- pruntent d'Euclidc leurs expreffions les plus tendres. Ce goût général chez les lap n- tiais, les enfévelit dans une méditation profonde 2c continuelle ; ce qui fait que, dans les conversations les plus luivies,ils ne fçavent ni quand ils doi- vent parler,ni quand ilsdoivent écou- ter. Ceft pour cela qu^ chaque per- fônne,qui a le moyen de payer des do- meftiques,en atoujours unà lès trouf- fès, armé d'une vcfUe, qui eft attachée au bout d'un bâton, ôc qui contient plusieurs pois & petits cailloux, la fonction de ce Moniteur ( on appelle ainfi celui qui porte la veille) cil de donner un coup de fon infiniment fur la bouche de fon maître , lorfque ccft à Jui de parler, Se fur l'oreille,, pour l'avertir de faire attention à ce que difent les autres. Les laputiens n'ont pas moins befbin de ces fortes de HWiu'wii dans les rues ; autrement tête contre un mur , ou contre quel- que autre rêveur, 6c ils courraient nfque de tomber dans le premier précipice, qui fe trouverait iur leur chemin. Gulliver obtient du Roy la per- miffion de quitter l'iile volante , pour aller à lagado , capitale des B,ilnibarbes,qui font partie duRoyau- me de laputa. Il y vifite une Acadé- mie compofée de foo Ingénieurs , dont les uns travaillent à diftèrens projets , pour perfectionner les arts , tandis que les autres fabriquent des iyftêmes pour les feiences. Un des artiftes ramaflè les rayons du folcil dans des phioles, qu'il fcclle hermé- tiquement. Un autre , qui cft le Doyen de la compagnie, travaille, depuis là réception, à rendre aux excréments humains leur nature d'alimens. Un troifiéme, qui eft lu r le point de publier un traité concer- nant la malléabilité du feu , a con- fiera une partie de fès veilles à la calcination de la glace, dans ledef- fein d'en extraire do. falpêtre , 6c d'en faire de la poudre à canon. Plus avant cft un Architecte , qui commence à bâtir une maifon par les toits , Se finit par les fondement» , Son voifin eft un aveugle né , qui dirige une manufacture de couleurs : tous les apprentis font aveugles ,. comme le maître. Deux autres mem- bres de ce corps célèbre s'appliquent à la culture des terres. Le premier veut qu'on enfoiiiflè dans un champ, d'cfpace en efpace , une certaine quantité de gland 6c de châtaignes , qu'enfui te on y lâche un troupeau de cochons , Se il affûte que la terre J U I L LE T fera bien-tôt en état de recevoir la femence. Le fécond eft d'avis qu'on préfère les charuës à voiles , & pro- pofe le même expédient pour ks chaifes de polie. Un Aftronome de la même Académie, fonge à placer un cadran folaire au-delibus d'une girouette ; il fait choix de cette pla- ce, parce qu'il ajufte avec le vent le mouvement diurne ôc le mouvement îinnuel du foleil, afin qu'ils s'accor- dent avec ceux de la girouette. Près de celui-là eft un Médecin, qui pompe les vents du corps, par le moyen d'un foufflet, pour guérir la colique. Nous ne nous arrêterons point aux faifeurs de fyftémes, dont les chimères répondent parfaitement à celles que nous venons d'expofer. Le Voyageur va de Lagado à Maldovada, autre ville des Balnibar- besy & delà à Clubbdubdr.b , c'eft-à- dire, ifie des fbreiers. Elle eft ainfi nommée, parce qu'elle n'eft habitée que par une tribu de iorciers , dont le chef, entr'autres facultez, a le pouvoir d'évoquer les morts , & de les faire répondre aux queftions qui leur font propolées. Gulliver profi- te de ce talent, pour fatisfaire fa cu- lïofité, & ne manque pas de dé- mafqucr des ombres de toutes fortes de conditions. Il retourne à Maldo- rad.i , puis il pallè à Lupiagg , où il trouve des hommes immortels , fu- jets,dans leur vieilleftè, aux plus trif- tes infirmité/. , & par conféquent , plus malheureux que s'ils étoient fujets à la mort. De Lugtiagg le Voyageur s'embarque pour le Ja- pon, d'où il retourne en Angleter- re , après avoir fait , en pallànt , quel- que féjour à Amfterdam. i fl 7. 407 IV. Dès le commencement du quatrième voyage, que Gulliver en- treprend , en qualité de capitaine de vaillèau , ayant eu le malheur de perdre la meilleure partie de fon équipage , par une maladie meur- trière, il eft obligé de frire une re- crue, dont il a bien-tôt lieu de fe repentir. Il engage des bandits , fans les connoître. Ils fe révoltent con- tre lui , pour s'emparer de fon vaif- feau ; ils fe défont de leur Capitaine, en le mettant à bord, dans un pays inconnu. Ce pays eft habité par des chevaux, appeliez Uouybnfmms , qui parlent, qui raifonnent, & qui par leurs lumières naturelles & leurs in- clinations vertueufes , font infini- ment au-deffus des hommes. Il y a dans cette même contrée une race d'animaux nommez Tabous , qui ap- prochent fort de l'efpéce humaine ; ils n'en différent que parce qu'ils ont des griffes allez longues , parce qu'ils grimpent par tout,avec beau- coup d'agilité , qu'ils ont la peau très-brune, & le corps prefque en- tièrement couvert de poil. Ils font fournis aux Uouyhnhnms , qui les em- ployait aux mêmes travaux que nous faifons faire ici aux chevaux & aux mulets. On peut juger de l'étonnement du Voyageur , à la première rencontre qu'il fait d'un cheval, qui lui femble,en hannifi. fant, rendre des fons articulez, & qui entre enfuite en converfation avec un fécond Houybnhnn , qui aiv rive au même endroit. Sa furprifê augmente , lorfqu'il eft conduit , par un des chevaux, dans une maifon meublée d'auges & de râteliers , où fon guide, par politefiê, le fait en- Fff ij 4o8 JOURNAL DES S AVANS, trcr le premier. Le maître du logis tir, par Arrêt du Parlement. Le eft un llouyhnbnm gris pommelé, qui motif de cet exil cil le fcrupule a femme, enfans £c domeftiques , le qu'on fait au gris-pommelé d'encre- tout en cavales, poulains, petites tenir chez lui un Tabou , avec lequel juments, 6c bidets. il vit comme avec un de fes fem- Gulliver paflè chez ce peuple blablcs; ce qui eft jugé indigne d'un pour un Tabou ; cependant , comme Houjhnbntn. C'cft pourquoi on Pex- on remarque en lui quelque étin- horte à le renvoyer d'où il eft ve- • celle de raifon, 6c que meilleurs les nu, ou à le mettre au rang des au- chevaux jugent,àfon air, qu'il a tant très Tabous, condamnez depuis peu foit peu d'intelligence, ils lui don- à la caftration, à defîèin de les ren- nent un maître, qui lui apprend la dre plus dociles. C'étoit Gulliver langue du pays, 6c ils ont plus d'é- même quiavoit fait naître cette idée, descriptions inutiles, les réflexions, les plus judicieufes fur la morale „ fur la politique, fur la vertu , & fur tout ce qui a rapport à la fociété- civile, ceux-là trouveront infailli- blement que Gulliver eft fort au- deniis des voyageurs ordinaires. La partie hillorique , ou fi l'or* veut, la partie fabuleufe de cet Oiv- F ff iij 4io JOURNAL DE vragc , n'efb donc pas ce qui mérite la principale attention du Lecteur. Il faut abiblumcnt la confidérer com- me une invention inge'nieufe, capa- ble de donner de l'agrément aux maximes folides Se importantes qu'elle renferme, & qui paroiflènt manifeftement être l'unique objet de l'Auteur. Il ell vrai qu'on trou- ve ici les raifonnemens les plus gra- ves cntrclaflèz des fi étions les plus hardies Se les plus éloignées de la vrai-femblance; mais ce mélange ne doit révolter perfonne. On fçait que îa vérité n'ell pas iïïre de plaire à tout le monde par le feul air de vé- rité. Lorfqu'elle n'eft ornée que de la beauté qui lui eft propre, elle court fouvent rifque de parîcr pour au Itère. Elle a prefque toujours be- foin de quelques grâces étrangères, pour rendre fbn abord plus doux • & jamais elle ne s'infinuë plus heu- reufement dans l'efprit , qu'en le préfentant avec un certain enjoue- ment qui la rend aimable. Si l'on peut dire que cet avantage cft nécefîairc à toutes les véritez en général, de quelle utilité n'cft-il pas a celles qui tendent à combattre les foibleffes Se les paillons humaines ? Que de précautions à prendre , que de ménagemens à obferver, pour leur faire la guerre, fans choquer ceux qui en font leurs délices Se leurs idoles ! Notre Auteur, qui en veut pré- cifément à la folie des hommes , &c à la dépravation de leurs mœurs, ne pouvoit donc fc difpenfer de recou- rir à quelque forte de ftratagême , pour attaquer des ennemis fi puil- îans ; & nous fommes perfuadez s sçavans; qu'il lui eût été difficile d'en trou- ver un plus convenable que celui dont il a fait choix. Ses réflexions philoibphiqucs , fes préceptes de morale, fes maximes de politique, fes idées fublimes fur l'honneur, fur la probité, Se fur tous les devoirs de la vie civile, les éloges qu'il fait de la vertu , l'horreur qu'il donne du vice en général , Se les fatyres mordantes qu'il feme par tout con- tre quantité de défauts en particu- lier, toutes ces choies font amenées par des préambules divertiffans , &C ibutenucs par des imaginations amu- fantes,rieu de plus propre à faire goûter les régies qu'il propofe ; rien de plus capable de prévenir favora- blement ceux mêmes qui fè croi- roitnt un peu maltraitez. C'eft ainlî que pour faire fentir que les guerres les plus fanglantes ont quelquefois les motifs les plus frivoles, l'Auteur fait mention de la guerre civile des hauts Se des bas talons , Se d'une autre guerre décla- rée entre les Bléfufcudiens Se les ha- bitans de Lilliput, dont les uns vou- loicnt caflèr les œufs par le gros bout , Se les autres par le petit ; Se qu'il fait monter la perte de chaque parti à quarante vaiffeaux de ligne, avec un plus grand nombre de pe- tits vaiflèaux,ôe à 30000 milles des meilleurs matelots Se fbldats. Le Traducteur obferve dans fa Préfa- ce, que cet endroit regarde évidem-' ment l'Angleterre, divifée en Tory s Se en nigts, c'eft-à-dire , en Confor- ii.tjlcs Se en Konconformiftes. Nous ne pouvons raflcmbler ici tous les traits de cette cfpéce conte», nus dans les voyages de Gulliver ; JUILL mais nous nous croyons obligez d'en citer encore quelques-uns des plus remarquables. C'elt dans cette vûë que nous avons commence' no- tre extrait par un précis des avantu- res ; autrement il auroit fallu le don- ner par morceaux de'tachez , à me- fure que nous aurions voulu rap- porter différens paflâges. Si nous n'avions pas prévu cette nécefiité, nous nous Tenons abftenus d'un dé- tail , qui ne paraîtra peut-être pas aflèz férieux pour notre Journal. Rien ne repréfente mieux l'in- juftice d'une caballe , l'ingratitude de quelques Souverains & l'oppref- fion de l'innocence, que le procès qu'on fait à Gulliver. C'eft encore là qu'on voit l'image d'un ami foi- ble & timide , en la peribnne d'un premier Secrétaire d'État , dont tou- tes les follicitations fe bornent à demander qu'au lieu de faire mou- rir l'accufé fur le champ , on fe con- tente de lui faire crever les yeux,£x de le laifièr mourir de faim. Le fixiéme chapitre du même voyage traite des mœurs des Lillipu- tiens , de leur littérature, de leurs loix , de leurs coutumes , & de la manière dont ils élèvent leurs en- fàns. Mais plutôt c'eft une critique des Miniftres d'Etat, des Magiftrats, des Philofophes Scholaftiques , de ceux qui fe livrent totalement à quel- que feience abftraite Se peu utile à la République , des mauvais Ecri- vains , des Maîtres & des Précep- teurs , des Percs 6c des Mères qui veillent à l'éducation des enfans. Sans doute il ferait à fouhaiter, qu'on les élevât partout , comme a. Lilliput. .Les Phyficiens ne font pas mieux E T ï 7 a 7. 411 traitez dans le 2e. Chapitre du fé- cond voyage , ou le Roi de Brobdin- gnag fait venir trois Savans depro- fefîion,pour difeourir fur la nature dcGulliver. Après beaucoup de rai- fons de part éc d'autre , on con- vient , que ce petit Corps n'eft au- tre choie qu'un jeu de la nature : Décifion,dit l'Auteur, très-con- » peuvent être quelquefois les feu- * les qualkez d'un homme d'Etat : » que ces loix font éclaircies , * interprétées , 6c appliquées le * mieux du monde , par des gens » dont les intérêts & la capacité les » portent à les corrompre , à les »' brouiller , Se à les éluder. Je re- u marque parmi vous une conftitu- >» tion deGouvcrnement, qui, dans « fon origine, a peut-être été fupor- » table , mais que le vice a tout-à- » fait défigurée. Il ne me parok » pas même, par tout ce que vous » m'avez dit , qu'une feule vertu « foit requife, pour parvenir à au- »> cun rang , ou à aucune Charge »> parmi vous. Je vois que les hom- « mes n'y font point annoblis par si leur vertu ; que les Prêtres n'y *> font point avancez par leur piété , « ou leur feience : les Soldats par » leur conduite, ou leur valeur: les " Juges par leur intégrité, les Sé- »> nateurs par l'amour de leur Pa- * trie , ni les hommes d'Etat par » leurfageflè. Pour vous, qui avez »> pane la plupart de votre vie dans s» les voyages , je veux croire que îi vous n'êtes pas infeété des vices » de votre pais : mais ,par tout ce >> que vous m'avez raconté d'abord, »> 6c par les réponfes que je vous »» ai obligé de faire à mes objections, » je juge que la plupart de vos i> compatriotes font la plus perni- » nicieufè race d'infeétes, que la na- i> ture ait jamais foufeit ramper fur »> la furface de la Terre. Les feiences , la litérature , les loix 2^ les affaires Militaires de Brobdiu- ES SÇAVAN5, giug , dont il cft parlé dans le Cha- pitre 7. font autant d'allufions,qui fè font aifément fentir ; 6c nous croyons que l'Auteur pouvoit fê difpenfcr de les faire tomber fur toutes les Cours de l'Europe , par une application un peu trop crue. Le Voyageur ouvre un Livre de la Bibliothèque du Roi de Br.Litwnag, dans lequel on fait voir la vanité du titre â'Altejfc 6c de Grandeur , parmi des hommes qui ont tout au plus 150 pieds de haut. » Que penfè- roient les Princes 6c les grands «« Seigneurs de l'Europe , ajoute « l'Auteur, s'ils hfoient ce Livre, « eux, qui avec cinq pieds 6c quel- « ques pouces , prétendent fans fa- <« çon qu'on leur donne de l'Alteffe te 6c de hGran. f«r ? Mais pourquoi te n'ont-ils pas aulîi exigé ks titres te de Groffeur , de Largeur, à' Epaiffeur? « Au moins auraient - ils pu inven- « ter un terme général , pour com- « prendre toutes ces dimenfions , «e 6c fe faire appeller Votre Etendue. te On me répondra peut-ê:re que te ces mots Altcffe 6c Grandeur fe ra- « portent à l'ame , 6c non au corps, te Mais, fi cela dl, pourquoi ne pas te prendre des titres plus marqués, « 6c plus déterminés à un fens fpi- te rituel ? Pourquoi ne fê pas faire «t appeller, Votre Prévoyance , Votre « Libéralité, Votre Bonté } Votre Bon- te feus , Votre Bel-F.fprit ? Il faut « avouer, que comme ces titres au- « roient été très-beaux 6e tres-ho « norablcs , ils auraient auflî femé te beaucoup d'aménité dans les com- « plimens des inférieurs , rien n'é- «t tant plus divcrtiflànt, qu'un dif- te cours plein de contre - vérités. <« Pu JUILLE Du moins on aiiioit pu s'épargner les frais de cette dernière réflexion , que même une complexion ro- 3> bulle 6e un air de faute vont li » mal à un homme de qualité, qu'on 3» en conclut aufli-tôt qu'il eft le 5> fils de quelque domeftique de la »> maifon , à qui Me. là mere a fait 5» part de fes faveurs ; fur-tout s'il s» a l'efprit tant foit peu élevé , jufte »> Se bien fait , Se s'il n'eft ni bourru m ni efféminé' , ni brutal , ni capri- a> deux, ni débauché, ni ignorant. Le Traducteur, à qui cette exagé- ration a paru , comme à nous , trop outrée , s'e'force de la mitiger , en avertiflant , par une Note, qu'il ne faut point la prendre au pied de la lettre, 6c en raportant, comme une efpéce de contrepoids, le témoignage avantageux que M. de S.Evremont rend de la Nobleflè Angloifc. Outre l'Académie ridicule de La- puta, 6c cette multitude prodigieufe Juillet. T *7\7- . . 4»3 de Mathématiciens, qui boivent 6c mangent géométriquement , 6c qui foupnent de même ; on peut encore obferver , dans ce Voyage, le portrait des Laputiennes , que l'Auteur lèm- ble n'avoir pas fait pour ces femmes- là feulement ; 6c les craintes frivoles des Lapntie;:s, qui apréhendent que la Terre ne foit un jour dévorée par le Soleil , que cet Âftre ne s'en- croûte, ou qu'il ne s'épuife,à force de répandre des rayons, 6c qu'enfin il ne perde entièrement fa lumière. Il y aauiii un fyftême de Politique, dont la fiction renferme beaucoup de vrai ; 6c la difpute fur la manière de lever les impôts, n'eft pas fans fi- nellê. Il s'agit de lavoir s'il ferait plus à propos de taxer chaque ha- bitant , à proportion de fes défauts , 6c fuivant le raport de fes voilins , ou à proportion de fes belles qua- îitez, tant du corps que de l'efprit, félon la propre dénonciation. L'Au- teur fnfifte davantage fur ce dernier moyen, 6c paraît lui donner la pré- férence. Il fait le dénombrement des vertus qui feraient fujettes à cette capitation , ainli que de celles qu'il en faudrait exempter , parce qu'é- tant trop rares, elles ne produiraient pas les frais du recouvrement. Parmi ces dernières font comptées la pro- bité , l'honneur, la fàgellcSe la rao- deftie ; la fidélité des femmes , leur finceriré,leur bon-fens, 6c leur bon naturel. C'eft encore là une de ces hyperboles, qu'on ferait fort bien de ne pas prendre au pied de la lettre. Le Gouverneur de Clubbdubdnb , par le pouvoir qu'il a d'évoquer les morts , fait revenir de l'autre monde quantité de perfonnages , qui , par Gks 4H JOURNAL DE leur ingénuité, ou pur leur ligure , font beaucoup de tort à la haute opinion que nous avons d'eux. Lu- crèce, Céfar, Homère, Ariftote & D. fentes y ibutiennent allez mal le rang qu'ils ont dans la mémoire de Pur pofterité; & les ayeux des familles modernes découvrent bien des myftércs,qui ne font rien moins que des titres de noblefl'e. Vraifem- blablcment i'ile des Sorciers n'a été imaginée, que pour amener ces dé- couvertes fatyriques. A l'égard des StfuUbruggs ,ou des hommes immortels , nous ne voyons pas quel peut être le motif de cette fiction ; à moins qu'elle ne tende à faire voir, d'un coté, combien il elt avantageux d'être en commercé avec des amis d'une expérience con fora- in ce ; 8c de l'autre, qu'une longue vie n'eft pas toujours une vie heu- reufe, ôc que les intïrmitez de la vieillerie font fouvent payer bien cher la prérogative de mourir tard. Du relie , comme l'Auteur paraît avoir beaucoup de penchant à la fa- tyre,nous ne lavons lî un trait mor- dant, qui trouve place élans cette fa- ble , n'auroit pas été un atrait furfi- fant , pour la lui faire imaginer. Après avoir dit que le mariage des struldlruggs eft dillbus , dès que le plus jeune des deux époux eft par- venu à l'âge de 80 ans ; « il elt jufte, » continuè-t-il , que de malheureux » humains, condamnés,malgré eux, ■» 8c fans l'avoir mérité , à vivre s> éternellement , ne foient pas en- « core , pour furcroît de dilgracc , » obligez de vivre avec une femme 1» éternelle. Quoiqu'il en foit, nous ibmmes toujours redevables au Tra- 5 SÇAVANS, duCtcur, qui, pour nous tranquilli* fer l'cfprit, nous affure,dansiuPrc- face,que le voyage de Lapt t.i ne peut avoir de raport qu'a la Cour d'An- gleterre. Le dernier voyage eft fans con- tredit celui qui renferme le plus de critique, de morale 8c de fenti- mens vertueux. Les réflexions d'un Houybnhnm , fur le menfonge, l'éton- nement que lui caufe le dénombre- ment de nos vices , fes remarques fur nos difputcs , fur nos guerres, 6 fur les caulês qui les font naître, fes penfées touchant l'inégalité des fortunes , tous ces endroits font au- tant de fages leçons , où les plus grands Philofophes trouveraient à profiter. Eh quoi ! ( interrompt le Gris- pommelé , lorfque Gulliver lui parle- de richellc 8c de pauvreté) toute la terre n'aparticnt-ellc pas à tous les animaux , 8c n'ont-ils pas tous un droit égalairx fruits qu'elle produit, pour leur nourriture ? Pourquoi y a-t-il des Tabous , ^ c'eft-à-dire des hommes ) privilégiez, quirccuciiil- lent ces fruits, à l'exclufion de leurs femblables ; 8c fi quelques - uns y prétendent un droit plus particulier, ne doit-ce pas être principalement ceux qui , par leur travail , ont con- tribué à rendre la terre fertile ? On ne peut être blâmé de faire parler des Chevaux , quand on fçait les faire parler de la forte, 8c l'Auteur ne fait pas grand toit aux Allemands, lorf- qu'à l'imitation de l'Emp-ieur Charles -Quint, il met leur langue en paralellc avec celle d'un Peuple, dont les difeours font fi raifonna- bles. J U I L L Les Européens ne font pas flatez, dans la comparaifon des hommes êc des Tabous. Les mœurs, lesfcien- ces , les convcrfàtions , le régime de vivre , 6c le gouvernement des Hoiiybnbnms 5 doivent exciter l'ému- lation du genre humain. C'cft là que les Souverains , les Miniilrcs , les Juges , les Avocats, les Procu- reurs , les Plaideurs, les Médecins, les femmes, ou plutôt les hommes en général , ne font pas épargnez. C'eft-làque l'intempérance, la cra- pule , l'avarice , l'infidélité dans le mariage , font attaqués ouvertement. Nous ne finirions pas,fi nous vou- lions nous attacher à tous les en- droits , qui peuvent plaire 6c inf- truire : nous nous contenterons d'a- jouter le jugement qu'en porte le Traducteur, dans fa Préface. « Dans a» tous ces voyages , dit-il , êc fur- si tout dans celui au Pais des « Houjbnlnmis , l'Auteur attaque «t l'homme en général , 8c fait fen- »» tir le ridicule 6c la mifere de l'ef- »> prit humain. Il nous ouvre les » yeux fur des vices énormes , que s» nous fommes acoutumez à regar- » der tout au plus comme de lé- }> gers défauts, & il nous fait fen- »> tir le prix d'une raifon épurée 6c » plus parfaite que la nôtre. Il nous refte encore à dire un mot des caractères qui entrent dans cet Ouvrage. Les habitans deVlliput & ceux de Brobdtngnag , font fi di- férens de ftature , qu'il ne leur fié- roit pas mal de fe reflcmbler un peu moins par les mœurs. Il eft. vrai qu'en les examinant de près , on y trouve quelque oppofition ; mais nous croyons qu'elle pouvoit être ET xjïj;. 4.^ mieux ioutenuc êc plus marquée. Lilltpitt ,par exemple, eft habité par un petit Peuple laborieux , entre- prenant 6c belliqueux, dont le Roi a toujours des Armées fur pied. A Brobdingnag , tout le monde s'amufe à voir, un petit homme qu'on pro- mène par les villes ; on ne fonge qu'à ce paflè-tems, 6c le Roi du pais fè moque des Princes ,qui font garder leurs frontières par des Sol- dats , êc qui entretiennent des Ar- mées en tems de paix : ces difpropor- tions font fenfibles. Mais,après avoir remarqué beaucoup d'efprit dans des hommes de fix pouces , on n'auroit pas été fâché d'en trouver moins chez ceux de 15*0 pieds : ces der- niers ne dévoient pas exceller, com- me les premiers , dans les Mathéma- tiques : puifque les Pygmées pa- roiilènt livrez aux parlions les plus vives , telles que l'ambition , la ja- loufie, l'injuftice 6c la cruauté, il falloit en exempter les Géans ; 6c après avoir fait connoître l'orgueil de l'Empereur de lilltpitt , dans- les titres faftueux , qu'il prend, à la tête de fes Edits , les titres de Grandeur &c d'AlteJfe, dévoient être proferits de Brobdingnag , autrement que par un Livre, qui en les critiquant, fupofê du moins qu'ils font en ufage. Il paroît auffi que le caractère des Uoujlmhnms , fe dément en quelque^ endroits. La raifon eft immuable, difènt-ilsf en condamnant la variété de nos opinions ) la vérité eft une : d'où ils concluent que les difputes font inutiles; 6c ils ne comprennent pas même ce que c'eft qu'incerti- tude. Cependant ils ont un Parle- ment, qui délibère, 6c qui agite des GSS'J 4i6 JOURNAL DE qucftions , où l'on propofe diférens avis j fie au fujct de Gulliver même, ks uns veulent qu'on le mutile , pendant que les autres jugent plus a propos de le bannir du pais. Ils ne peuvent fouffHr l'inégalité dans les fortunes ; pourquoi fê trouve-t'il, parmi eux des conditions très-di- ferentés ? Ils ont des domeftiques à leurs gages , Se il n'y a pas ci 'a pa- re n ce que les laquais foient égaux à leurs Maîtres. Un cheval obligé d'être valet , parce qu'il cft né pe- tit, n'a pas moins fujet de murmu- rer, qu'un homme forcé de travail- ler- pour les autres , parce qu'il n'efl pas né riche. Le même Peuple ne connoît point le menfonge , & n'a pas de terme pour l'exprimer dans fa S SÇAVANS, langue. Prévenu qu'on cft de cette idée, on cit un peu feandalifé de voir le Gris - pommelé recevoir une confidence de Gulliver, fie lui promettre le feerct. On trembla qu'un autre Houj/hnhmn curieux ne vienne à interroger le confident fur ce m\ itère, fie ne le réduiie par coniequent ou à mentir , pour te- nir là parole , ou à violer la foi , pour confeliér la vérité. Nous pourrions encore citer quelques irrégularités femblablcs , mais nous craignons d'avoir été dé- jà trop longs ; fie d'ailleurs ces lé- gers défauts font tellement éfacez par le mérite du Livre, qu'il y au- rait del'injutticeà les compter feru- puleufement- TRAITE' DES NEGOCIATIONS DE BANQUE, ET DES MCNNOTE? étrangères ; &c. Ouvrage ei.ricki de représentations dts fuf dites Mor.nojes , gravées en taille-douce. Par Etien e Damoreati, Négociant à Paris. A Paris r chez la Veuve Cavelier, dans la grande Salle du Palais, àl'Ecu de France; fiePiflbt, Quai de Conti, à ladefeente du Pont-Neuf, au coin- de la rue de Ne-vers, à la Croix d'Or. 1727.^-4°. pp. 303.Planch. 32: CE n'en, point hiftoriquernent , que l'Auteur de ce Livre s'eft propofé de traiter des Monnoyes étrangères. Ce ferait la matière de plufieurs volumes, curieux à la vé- rité pour quelques Sçavans , mais peu utiles pour le Public. Comme le but de M. Damoreau n'eft que d'inftruirc ici les Négocians ; c'eft uniquement fous ce point de vue qu'il y confide're les monnoyes. Ceux qui voudront s'inftruire des Changes étrangers, très-peu cxpli- quezjufqu'ici dans les Trairez qu'on en a. mis au jour , trouveront dans celui-ci une méthode facile de con- vertir l'efpéce d'un Royaume en celle d'un autre ; 6c cela fans le fi> cours d'aucun Maître, fie par des opérations claires fie intelligibles. Cet Ouvrage cft divifé en trois parties. L'Auteur a renfermé, dans* la première, tout ce qui concerne les ef comptes , ou les rabais, qui fè~ font, foit fur Te payement des mar- chandifès, fbk fur- la négociation des billets ou lettres de change. Et com- me ces elcomptss ne peuvent fè dé- terminer que par le moyen de la régie de trou ou de proportion ; c'eis J U I L L E par ['explication de cette régie, que débute M. Damoreau. Enluit. il en feit l'application à plufieurs efpe'ces d'eicomptes , & à plufieurs qucitions de commerce 6c d'intérêt maritime. Après quoi, il. donne un détail des opérations qui le font fur les frac- tions arithmétiques, c'eft-à-dire, des quatre régies ,. addition , fouftrac- tion, multiplication & divilîon , fans oublier la régie de trois, fur ces mê- mes fractions. Ces opérations font d'une très-grande utilité aux Négo- ciais , fur- tout par rapport à ce qu'ils nomment Èfcompti s eu dedans, le divifeur de ces fortes d'eicomptes étant le plus fouvent chargé de fra- étions. Au relie, pour le dire en pallànt, on appelle Efcem;tes en de- dans , le rabais qui fe prend fur une fomme , après y avoir ajouté le prix de l'Efcompte ; au lieu que l'£/*- compe en dehors eft le rabais , qui fe prend fur la fomme même que l'on feit efeompter. Dans la féconde partie de ce vo- lume , l'Auteur traite de tout ce qui regarde les Changes étrangers. Il en donne d'abord la définition en ces termes. « Le Change étranger n'eft »» autre chofê , que la converfîon î» des efpéces d'un Royaume en »» celles d'un autre, par le moyen » d'une cédule,ou d'un mandement m qu'un Négociant du Royaume >» tire fur fon Correfpondant étran- >» ger, dans laquelle cédule eft fpé- »> cifiée la quantité d'cfpéces étran- »» gères, quefon Correfpondant doit » compter à celui , qui fe trouvera »» porteur de cette cédule, ou de ce w mandement , & à qui Tordre en w aura été paflé. » C'eft par ces T rjï.p 41 7 cédules , vulgairement nommées Let- tres de change 7 que fe fait en Europe prefque tout le commerce. Mais , dans les autres parties du monde , obferve l'Auteur, Tufage de ces let- tres de change eft inconnu , & le négoce ne s'y fait, que par le tranf- port des matières d'or & d'argent , 6c des marchandifes, que l'on don- ne en échange de celles qu'on eu rapporte. Pour fe former une jufle idée des; Changes étrangers, il faut connoî- tre diftinctemuit les .principes fur lefqucls ils font fondés, c'elt-à-di- re , les titres de fin , les poids Se les- valeurs des efpéces réelles de l'Eu- rope. On entend par tare de fin , h quantité dfor ou d'argent fin , qui- iê trouve dans un marc de huit on- ces. C'eft furquoi M. Damoreau a; fait des recherches très-exactes , êc c'eft ce qu'il nous expolè avec or- dre dans plulleurs tables , où l'on; voit les rapports des différentes ef- péces étrangères , non feulemen1; avec celles de France, mais entr'el- les auffi. Et comme,dans ce Royau- me, la valeur du marc d'or 6c d'ar- gent eft fujette à de fréquentes v . riations, il a eu foin de dreflèr dt» Tables du pair des efpéces étrangè- res fur France , depuis 27 jufqu à- 60 livres le marc d'argent; enforte- que malgré les variations, on pour- ra, dans tous les teins, découvrir là- parité de l'efpéce de France,avec c. ' les des pays étrangers. Mais, obier- ve l'Auteur , il ne faut pas s'imagi- ner, çjue le Change réponde tou- jours à~ la jufte valeur de felpécc réelle. Il varie, en haufîant,ou et) bwilîânt,au-deifus,ou au-defibus ■: : 4i$ JOURNAL DE la valeur intrinféque des efpéces , fuivant le plus, ou le moins de né- goce, c'eft-à-dire^ comme l'explique M. Damorcau, fuivant le plus, ou le moins de demande des lettres , & fuivant que les échéances de ces let- tres font à plus, ou à. moins de jours. L'Auteur a cru devoir francifi r ( s'il clb permis d'ufer de ce terme ) les noms des Monnoyes de change des pays étrangers, pour rendre ces noms auffi familiers aux François, que le font ceux de fols &c de livret tournois: & quoiqu'il ne traite des Monnoyes que comme Négociant , il n'a pas manqué d'accompagner d'une explication hiftorique celles de ces monnoyes , dont les Mar- chands n'ont aucune connoiilànce ■ & cela, dans la vue de ne laiflcr rien à fouhaiter, fur ce fujet, aux gens du métier. Il ne reftoit plus qu'a leur mettre fous les yeux les représenta- tions des efpéces , tant anciennes que modernes ; & c'eit ce que fait auiîi M. Damorcau , par quantité de plan- ches gravées en taille-douce. Il nous avertit, par rapport à ces représentations gravées , i °. que dans l'arrangement des efpéces, il ne s'elt point aflujetti à l'ordre chronologi- que de la fabrication , qu'il a re- garde' comme une circonstance aile/. indifférente à ceux , qui feront le plus d'uiage de fon livre : x°. qu'il y a plufieurs monnoyes, dont il n'a pas marque' les valeurs courantes , parce que ces pièces n'ont plus de cours, & ne fe confervent que dans les cabinets des curieux : 30. qu'il a donné très-peu de représentations d'efpéces à bas titre, parce qu'on ne paye guéres les lettres de change S SÇAVANS, avec tes fortes de monnoyes : 4*. qu'on trouvera, dans ces planches , beaucoup plus de monnoyes ancien- nes , que de modernes ; parce que la réforme des monnoyes eft rare chez les étrangers, 6c qu'ils ne les refon- dent que lorsqu'elles font entière- ment ufées; auquel cas , on les remet au même titre cv au même poids , qu'elles avoient, fans autre change- ment, que dans l'effigie du Prince, 5c dans la datte de la fabrication. La troiiîéme partie de cet Ou- vrage roule fur les arbitrages de Banque ; matière fi utile auxNégo- cians,qui commercent avec les étran- gers, que faute d'en biai pofléder les principes, on s'expofe à effuyer de très-groflès pertes, fur les traites Se les remifes , que l'on cil obligé de faire avec eux. L'arbitrage de Banque coniîdéré en lui-même, n'eft autre chofe, félon l'Auteur, qu'une régie de proportion, par laquelle on cherche, quelle doit être la parité entre les efpéces de plufieurs places étrangères , fuivant le cours des Changes des unes fur les autres ; ëc dont l'unique but eft de voir, par le quotien de l'opération, ii le pro- duit indiquera du gain , ou de la per- te. Cette régie de proportion fe nomme régie de trois conjointe ; ik ce n'eft qu'une régie de trois directe , compoiée de plufieurs nombres pro- portionnellement conjoints. La doctrine de ces arbitrages eft fort abitraite & fort épineuiè. M. Damorcau en a fenti toute la difficul- té. Il allure que divers Auteurs, qui ont tenté de les expliquer , ont plus obfcurci la matière, qu'ils ne l'ont écîaircie. Quelques Auteurs , conti» j V I L L nuc-t'il , ôfit prétendu étemueï leur mémoire , en publiant des livres , fous le titre fpécieux d'Arbitrages fairs, mais danslefquels on ne trou- ve rien inoins , que ce qu'annonce un fi beau titre. Notre Auteur fait voir l'inutilité de ces fortes de ta- rifs, en montrant que la difficulté de l'arbitrage en queftion , coniilte, non dans l'opération arithmétique , mais dans l'intrigue de la négocia- tion , dont l'intelligence ne s'acquiert qu'à proportion qu'on s'applique à en pénétrer les principes. C'cft à fa- ciliter cette acquilition , que l'Au- teur a mis fes principaux foins. Il fournit ici les divers moyens , em- E T i -j 7. 7. ,< 1 y ployez, par les plus Habiles Négo- «.ians, dans leur commerce avec les étrangers ; il ne cache rien à ceux qu'il entreprend d'inftruire, 6c n'i- mite point ces Ecrivains, qui fe ré- fervent les coups de Maitre,& qui, à fon avis , ne méritent que le nom de Charlatans. Pour lui, fort éloi- gné d'un tel caractère, il a la mo- deftie d'avouer, qu'il n'oie iè pro- mettre, quelque peine qu'il ait priiè, d'avoir mis fes explications d'Arbi- trages à la portée de tout le monde, & qu'il laifiê aux Lecteurs à déci- der, s'il a mieux réuffi, fur cet arti- cle , que tant d'Auteurs célèbres , qui tous y ont échoué. DESCRIPTION DE LA NATURE, DES CAUSES DES MALADIFS Vénériennes , & de plujteurs remèdes propres a les guérir. Par M. Dil/cn> chi- rurgien ordinaire du Roy dans la Compagnie des Cent Suijjes de la Carde du Corps de Sa Majefié. A Paris, chez Claude Ea Eotiere, rué S. Jacques*- vol. in- il. pp. 303. COmme la plupart du monde croit que les maladies vénérien- nes ne fc peuvent guérir que par ce qu'on appelle vulgairement le grand remède, Mr Dibon qui dit avoir un remède plus doux 6c plus fur , en- treprend de defabufer le Public , 6c de faire voir que les frictions mer- curiclles font dangereufes, 6c que le remède dont il a le fêcrct, l'emporte infiniment fur celui-là. Dans ce def- fèin il expofë d'abord le fentiment d'un Phyficien de fa connoiflance , fur la nature 6c les caufes des mala- dies vénériennes, £c fur les remèdes qui v conviennent ; puis il donne un détail de ces mêmes remèdes, 6c de la manière de s'en fervir. Voici un échantillon de ce qne penfe le Phyficien dont il parle. La variété qui fe trouve dans « la tiflure des parties d'animaux * de différentes eipeces, même d'u- « ne même cfpcce, fut qu'un même *« remède ou même aliment doit « avoir différais fuccès dans l'eeco- « nomie animale de ces diiferensani- « maux. Cela eft évident, fi l'on tt prend garde que le cerveau , le « cervelet 6c la moelle de l'épine , « aufii-bien que les autres parties « du corps qui en font des appendi- « ces 6c des développcmcns, varient .» hommes, la gueule, Se toutes les *» parties des chiens, des chats, des w beeufs , 6c généralement de tous »> les animaux entr'eux - mêmes , si d'homme à homme , de char à » chat, ainfi des autres , quelle dif- « ference nctrouvc-t-onpasà l'œil ? s» D'où il fuir que la tifiure en doit ■-> être diftèrcnte. Les inclinations, î> les pallions , les fenlations difte- 3> rentes de ces animaux, prouvent ;• encore qu'il faut que la tifiure de* ï> organes de ces proprietez anima- a> les îoit abfolumcnt variée ; l'état -* où fe trouve prcfque à chaque -.' moment, chaque individu, étant » fujet à mille changemens par tout » ce qui modifie Se change le mou- -o vement des efprits , Se leur natu- •-> re, montre évidemment qu'un -• même remède, appliqué en diftè- " rens tems à une même partie, y s» trouvera des efprits differens , Se s> par conféquent une difpofition j> particulière dans les fluides Se les î> iblidcs ; il eft évident, dis-je , que » les molécules du même remède 3> ne pourront plus faire les mêmes *> combinaifons , ni donner à l'ori- s> gine des nerfs, les mêmes éma- j> nations ; ainfi les effets en feront « differens. On doit donc être at- '> tentif à l'état du malade pour don- » ncr les remèdes : lorfqu'on a fépa- => ré d'un trait de lumière le jaune, » le vert Se le bleu , Se qu'on fait j» concourir le jaune Se le violet , » ces deux dernières couleurs en- » femble forment le pourpre. Sup- -•> pofons que ce pourpre reprékn- -j te l'état des efprits dans un mala- is de , il eft certain que pour les §> rétablir dans leur état naturel , il ES S Ç A V A N S, faudra un remède dont les éma- ft nations représentent le jaune, le re vert Se le bleu , parce que ces re trois couleurs jointes au pourpre, re font le blanc , qui eft l'état natu- re îvl des efprits dans la fanté. Ainfi « un remède, loifquc par ces éma- re nations ne donnera pas aux ef- « prits ce qui leur manque, ou s'il *« donne plus qu'il faut pour être re dans leur état naturel , il ne fera k pa-; capable de rétablir les dérange- re mens que la maladie occafionne. » Immédiatement après ces paroles, le Phyficicn continué ainfi. Il arrive aufii fouvent que les « remèdes ne font pas capables de re rétablir entièrement ce qui cil: vi- re tié,Sc la cure qu'ils feront fera >< imparfaite, cela lorfque les éma- re nations ne rétablirent qu'une ccr- re taine efpcce d'efprits , comme il « arriveroit fi l'on n'ajoutoit au fc portent en trop grande quan- » tité au cœur 8c aux autres par- « ties , comme il arrive dans les fié- „ vres. Le vin , l'eau de vie, les cor- ,, diaux multipliant les clprits ,de- „ viennent dans certains cas , de „ grands remèdes. De tout cela le Phyficien tire la conclufion fuivante, après laquelle il revient à la maladie vénérienne, comme on va voir : „ On ne fera, donc, ce me femble, ,, pas furpris , après ce que nous ve- „ nons de dire , que chaque maladie „ ait fou fpécifiqueparticulicr,8c que „ les remèdes donnez à contretems „ deviennent prefque toujours inuti- ,, les ou nuifibles. Entre tous les re- M medes jufqu'à ce jour, que l'expe- „ rience a découvert convenir à la „ cure de la vérole, le mercure tient „ le premier rang. Le mercure par ET 1717. 4.Ï1 fes émanations rend lescfprits ca- " pablcs de dillbudre & fondre les " exoitoles , les nodus , les poireaux , " les grains de galle, 8c toutes les au- " très régénérations morbifiques , " caufées par le virus de la vcrole,8vC. c' Quelques lignes enfuitc , le Pbi- ficien explique les avantages du re- mède qu'il a communiqué à Mr Dibon , pour la guérifon de tous les maux vénériens ; remède qui n'excite aucune falivation , 6c qui guérit radicalement , fans que les malades foient obligez de quitter leurs affaires. On peut voir là-dclTus les approbations que Mr Boudin, Ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris , Premier Méde- cin de la Reine , 6c Mr Burette , Docteur de la Faculté 6c Cenfèur Royal , ont données au Livre de Mr Dibon. HISTOIRE DES GUERRES ET DES NEGOCIATIONS qui précédèrent le Traité de Vefphale fous le Régne de Lotis XIII. & le Mi- nislere du Cardinal de Richelieu , & du Cardinal Ma\ai'in , compofa fur les Mémoires du Came d'Araux , Ambajfadeur du Roy Très-Chrétien dans les Cours du Nord en Alltviagiu & en Hollande , & Plénipotentiaire au Traité de Mmifter. Tarie Père Bougeant de la Compagnie dejefus. A Paris , chez Jean Mariette , rue S. Jacques, aux Colonnes d'Hercules. 172.7. In 40. pp. J99 fans la Préface ,1 Epure Dédie atoire , laTable des Matières & celle des Sommaires. Et in 11 , a. Vol. Tom. 1. pag. 494 , fans l'Ejitre Dédicatoire & U Tréface , Tom. 2. pag. 484. CEt Ouvrage a été entrepris fous les aufpices de feu Mr le Premier Préfîdent de Mefmes, qui avoit communiqué au P. Bougeant tous les Mémoires du Comte d'A- vaux pour les mettre en œuvre. Ce Père commença fon travail fous les yeux de ce Magiftrat. Mr le Pre- iTiier Prefident étant venu à mou- ],tliet. rir , fa mort n'interrompit point l'ouvrage commencé ; l'Hiftorien tâcha de fuppléer par fon travail , comme il fitheureufement,aux fè- cours qu'il ne pouvoit plus atten- dre du bon goût 6c du difeerne- ment de Mr de Mefmes. Le deffein du Père Bougeant cft de faire connoître l'origine , le pro- Hhh 4ax JOURNAL DE grès Se les c'vcnemens des guerres qui agitèrent toute l'Europe pen- dant le fiecle pafle jufqu'à la Paix dç Véftpbalie , Se de dévclor.r toutes les négociations qui avant cette Paix occupèrent Se les Puif- fanecs ennemies Se celles mêmes qui gardèrent la Neutralité. Comme l'Auteur doit donner bientôt l'Hif- toire de la PaixdeMunfter Scd'Of- nabruck , il faut regarder ce Vo- lume - ci comme une introduction à cette Hîftoire. Le Lecteur pré- venu par cette première Partie, fe trouvera au fait des difterens inté- rêts qui divifoient alors les Puiflàn- ces de l'Europe : Se inftruit du rôle que joiia chaque Souverain dans cette Guerre prefque générale, il en verra avec plus de plaifir le dé- nouement dans le fameux Traité de Veftphalie. A l'égard du ftile du P. Bou- geant , voici comme il s'en explique lui-même dans fa Préface : »Heu- » reux fi ne pouvant égaler le feu »> du P. Maimbourg , la rineilè des » reflexions du P. d'Orléans, l'ele- " ganec Se la légèreté de l'Abl ié de j> Vertor, la hoblefiç & l'élévation j> des Auteurs de l'Hiftoire Ro- j> maine , je puis imiter la julkiîè » Se la folidité, l'ordre & la netteté » du Perc Daniel. » Outre cette juftefle , cette fobdité , cet ordre, cette netteté que l'Auteur ambi- tionne, & qui régnent en cftctdans tout fonOuvrag- , on remarquera plufieurs endroits traitez avec feu 6c avec autant de noblJk & d'ék- vation qu'il convient aux grands traits d'hiftoire qui le rencontrent ibus fa plume. Car on ne doit pas S SÇAVANS, attendre de notre Hiftorien qu'il ex- pofe les lenteurs d'une n tien , ni qu'il développe les chica- nes des Négociateurs , du même ftyle dont 1! raconte les exploits rapiJ.es du Duc de Bavière Se du Comte de Bucquoy dans la guerre de Bohême , ou les horribles ravages que le Duc de Brunfwich 6c le Comte de Mansfèldt rirent dans la Vcltphalie pour vanger l'Electeur Palatin dépouillé de fes Etats : il doit employer des couleurs plus vi- ves Se des traits plus hardis pour peindre Guftave Adolphe pénétrant • dans lAllemagne , Se forçant de- puis l'Elbe jufqu'au Rhin, tout ce qui s'oppofe à fon paflàge,8e mou- rant victorieux à Ludzene. Les ca- ractères demandent de 1 élégance Se de la légèreté; les négociations, de la juftefle dans les narrations, dans '. '. xions Se dans l'expofition des reflbrts lecats qui font agir les Mi- niftrcs. On jugera par la manière dont le P. Bougeant raconte ce qui fe paflà à Ambourg entre le-Cômte d'A\'aux & les Suédois ; à la Hâve çntre le même Se les Hollandois,Sc par les difièrens caractères répandus dans fonHiftoire, ncoup au-dcflôus des modclles qu'il àcki"- pere d'égaler. Les caractères du Comte de Tilly, du General Ba-« nier , de Waifh in , du Comte d'A- vaux , de Louis X! II, des Cardi- naux de Riche lie u & Mazarin, pour- ront fervir de matière à la compa- raifon. Le P. Bougeant déclare qu'il I point arrêté à faire de bril- lantes deferiptions des Sicges Se des Batailles quefonfuj.t lui prefçntok. La clarté de la narration,renc haine- JUILLE ment des faits , la pureté du ftyle, enfin un certain arrangement qui, comme un fil non interrompu , con- duit peu à peu jufqu'au dernier dé- nouement , ne doivent point faire regretter le détail pompeux d'un Siège Se d'une Bataille , ni ces ta- bleaux travaillez d'imagination fur lefquels un lecteur toujours preilè de voir l'événement , ne voudrait jetter les yeux qu'en parlant. Quant au fond de l'Ouvrage , le P. Bougeant a fuivi les Hiftoriens les plus exacts dans tout ce qui re- garde les affaires générales de l'Eu- rope; mais pour l'hiitoire des négo- ciations , il s'eft conformé aux mé- moires Se aux lettres du Comte d'A- vaux qui lui ont été communiquez, & à d'autres mémoires particuliers qu'il a eu aufli entre les mains. Il cite exactement les uns Se les autres, & il renvoyé aux manuferits de la Maifon de Mefmes & à la bibliothè- que de Mr Colbcrt, les Lecteurs qui ne l'en croiront pas. Après avoir rendu compte du deflèin 6c du ityle de cette hiitoire , 6c indiqué les fources ou on l'a puifée , il ne nous reite plus qu'à donner une légère idée des guerres 6c des négo- ciations qui en font le fujet. La première origine de ces guer- res funeitcs,qui dans les deux der- niers fiecles remplirent l'Europe de fang 6c de carnage , fut la révolte de Luther contre l'Eglife Romaine : s> La diflênfion comme un fouffle »» rapide, paria des écoles dans les si Cours des Souverains. Plufieurs « Princes que de prétendues exac- « tions de la Cour de Rome irri- ?» toient depuis long-tcms contre T i7±7. _ 4^3 les Papes , fa. firent avec ardeur te l'occafion qu'on leur préfènta de « fecouer le joug de l'Eglife Ro- « maine. Luther leur mit lui-mê- « me les armes à la main L'in- « terêt , l'ambition , l'envie , l'amour « même 6c la haine, toutes les paf- « fions déguifées fous les appareil- « ces du ztle, devinrent tour à tour « les rdibrts de ces grands mouve- « mens L'Allemagne devint le « théâtre d'une guerre funefte dont « tout l'Empire fut ébranlé, 6c qui « le mit plus d'une fois en danger « d'être enfeveli fous fes propres « ruines. L'agitation de lÂllema- « gne fè communiqua à tous les « États qui l'environnent. De ce « centre de l'Europe le feu de la « guerre pénétra jufqu'aux extre- « mitez. L'on vit en même-tems «e toutes les Puillànces armées pour « fe fècourir,ou pour fè détruire mu- teftans , Se après les avoir mena- »» gez pour devenir leur maître, il m voulut leur faire fentir qu'il l'é- » toit. » Delà les troubles de Bohê- me excite/, par le Comte de la Tour. La contagion fe répandit jufques dans la Silefîc, l'Autriche, la Lu- çcis ; les uns Se les autres réiblus de mettre des bornes aux progrès de la Maifon d'Autriche. Après la mort du Rov de Suéde, enlevé au milieu de fes triomphes , la France toujours par de grands fub- fides d'argent, le parti des Suédois en Allemagne; ménageant tellement fes fecours, qu'elle pût affoiblir la trop grande puiilànce de l'Empe- reur, làns que les Proteilans alliez ] U I L L E de la France pu fient s'en prévaloir aux dépens. de la Religion Catholi- que. On voit ici combien le Comte d'Avaux eut befoin d'adreffe , d'ac- tivité' & de patience pour retenir les Suédois dans l'alliance de la France, Il eut à furmonter les obilacks que lui oppolbient leur jaloufie , leur défiance, leurs foupçons, leur dé- couragement, leuravidite' de fè ven- dre à plus haut prix. Il eut à rete- nir, pour ainfi dire, enchaînez pen- dant cette longue guerre , les bras des Polonois Se des Danois , que leurs intérêts Se les follicit-tions de la Cour de Vienne prefloient de dé- clarer la guerre à la Suéde : il eut à ménager la délicateflè des Princes Allemands , même alliez de la Fran- ce, qui las de voir une nation étran- gère s'établir dans le centre de leur pays fur les ruines de la liberté qu'elle étoit venu leur rendre, n'ef- peroient point de voir finir les maux de l'Allemagne, qu'en s'unifiant avec leur chef pour chaflèr les Sué- dois. On peut dire qu'après le détail qu'on trouve ici des plus brillantes campagnes , on revient toujours vo- lontiers aux traitez & aux négocia- tions dont les quatre derniers livres de l'hiitoirc font remplis. Quelque éclatante que feit la conquête de la Vraltelinc par le Duc de Rohan , on goûte un plaifir plus délicat à voir les refibrts qu'employent le Roy de France & lEmpereur pour faire croire qu'ils vouloient la paix , quoi- qu'ils la craigni fient également. Le Cardinal de Richelieu trouvoit en raême-tcms dans la guerre fon inte- T i 7 a 7'. 4.?.£ . rêt particulier Se le bien de l'Etat. L'Empereur ne vouloit point quit- . ter les armes qu'il n'eût détaché la. Suéde de la France, de peur de re- cevoir la loi de deux Alliez fi pu if- fans , déterminez à ne point négo- cier l'un fans l'autre , Se obftinez à- n'accorder qu'une trêve qui les laif- foit dans la polleffion de leur con- quête, en attendant une paix éloi- gnée. Après avoir vu- le Duc de Veimar dans l'Alfacc Se dans la Sua- be aux mains avec quatre Généraux,; qu?il fait tous pnibnniers à la fé- conde journée de Rhinsfeld , Se fi- gnaler chaque jour par une victoire ou par la prife d'une ville, on n'ub pas moins charmé de voir aux pri- fes le Comte d'Avaux Se Salvius ,, deux fameux politiques, qui dc- ployent toute l'adrefic de leur art , qui tantôt fe donnent de mutuelles alarmes, tantôt fe font l'un à l'au- tre de faillies confidences pour fe mieux, tromper, uniquement occu- pez àpénetrer les dcflêins l'un de, l'autre, Se à fe mettre en garde con- tre les propoliticns defâvantageuiêsr" à leurs Maîtres. Ce feroit entendre, mal l'art de négocier , dit le Père Bougeant dans cet endroit, que de; fe piquer de cette franchife qui ne fçait rien diflîmulcr, Se qui laiflè « pénétrer les intentions les plus le- k crettes. Un habile négociateur ne «■• s'cxplicjue que dans la neceffité, «' Se le fait toujours avec réferye ; il «r affecte même quelquefois de fe « contredire , de paraître changer «- de vûë Se d'idée , il fait fcmblant « de mépriler ce qu'il craint , Se « - d'appréhender ce qu'il fouhaite. 6c non plus de vive voix. Mus a» l'autre méthode étoit trop avan- » tageufe au Comte d'Avaux, 6c 3> on ne pouvoit raifonnablcment j» l'obliger à la changer. Les conteftations fur chaque ar- ticle du Traité préliminaire pour la paix générale, duroient plus long- tems que les plus longs Sièges, 6c les Généraux François avoient plutôt décidé par les armes du fort d'une Province , que les Ambafîàdcurs n'étoient convenus du choix de la Ville où l'on s'afîèmbleroir. L'arti- cle feul de la forme des Sauf-con- duits fut plus long-tems u être dif- cuté , que les Portugais n'en mi- rent la même année à fècoiier le joug de l'Efpagne, 6c à mettre le Duc de Bragance fur le Trône de fes Ancêtres. Après la mort du Cardinal de RichelK i: 6c de Louis XIII. les nouvelle-, victoires quifignalerent les premières années du règne de Louis XIV. n'interrompirent point les né- gociations. Le Comte d'Avaux fut envoyé a la Haye , pour engager la Hollande à appuyer dans le Traité de paix les demandes de la France. On le voit négocier avec les Etats afïèmblez , 6c le rendre infcniîble- ment maître de ces efprits fi jaloux de leur grandeur nailîante. Enfin après bien des altercations, il vient S SÇAVA;NS, à Munitcr en qualité de Plénipo- tentiaire , tandis que les Suédois traitoient à Oihabruck , mais tou- jours de concert avec les François , quoique dans deux Villes différen- tes. Telle efi la matière de cet Ou- vrage qui doit faire délirer l'Hif- toue même de la paix de Vcftpha'ie. Le Comte d'Avaux a eu tant de part a toutes les négocia:ions,qu'on fera iàns doute bien aife de voir ici le caractère de ce Miniitre, tel que le l'ère Bougeant l'a tracé. Claude ae Mefmes , Comte « d'Avaux, s'étoit déjà fait connoî- * tre par les importantes affaires « qu'il avoit négociées dans fesAm- « ballades de \ enife 6c de Rome. « Quelque difficile qu'il foit d'é- « chauffer le flegme du Sénat de « Venife accoutumé à temporifer & de franchifê, qui leurinfpiroit j» de la confiance, & qui lui en raifoit « autant d'amis. Il fçavoit fin-tout » allier le cérémonial de fon Em- » ploy avec la politeilè Françoife. » Jamais pcrfbnne n'a mieux fbûte- » nu la dignité de fon caractère , Se la » pre'-émincnce de nos Rois ; fa dé- 34 penfè toujours magnifique don- »» noit un nouvel e'clat à ion Minif- »i tere , & fon zele pour la Reli- J> gion couronnok de lî beaux ta- 3> lcns. Il fembloit qu'il ne fe fût » chargé des intérêts de la Fran- »> ce en Allemagne, que pour y me- '»' nager ceux cks Catholiques, & » cet attachement à fa religion » palfant jufques dans fes mœurs , 3» en faifoit un des plus honnêtes » hommes de fon tems , bienfai- » fant, délînterefTé, droit & mode- » ré. Ces grandes qualités par lef- VOTAGES DU SJEUR AUBRÏ DE LA MOTRAYE,EN EUROPE, Ajic & Afrt.juc , eu ion trouve u> e grande variété de recherches géographi- ques, hiftoriques & politiques jur l'Italie, la Crète , la Turquie, la Tartarie Crimée & Ncgaje, laCircaffie ,la Suéde ; la Lapor.ie , éc. A la Haye, chez Jean Johnfon & Jean VanDuren 1717. in folio. 2. Vol. premier Vol. pp. 472. 2. Vol. pp. 496. quelles n '■ a toujours •« entre les plus célèbres Négocia- « teurs , fc trouvèrent jointes à une « parfaite cormoiflànce de l'hiftoi- « re, des langues & des Bclles-Lct- « très, qui l'égaloit aux plus beaux « efprits de fon liecle. Les Voitu- « res , les Balfacs, & tout ce qui « brilloit alors furie Parnaflè Fran- « çois lui rendoit une efpece d'hom-- « mage, beaucoup moins parce qu'il «t étoit leur Mécène, que parce qu'il « étoit leur Maître dans le ftyle in- « genieux & naïf, auquel il s'exer- « çoit quelquefois, pourfe donner « du relâche ;.u milieu de fes péni- « blés occupations. La Ducheiiè ?t de Savoye, & la Ducheflè eic Lon- « gucville ne pouvoient fe lafîèr de « fes lettres, & ce qu'il y a d'éton- (e nant dans un Miniftre G occuré, & il écrivoit avec la même facilité, « & la même politefieen Allemand , « en Italien & en Latin. « NOus avons rendu compte dans le dernier Journal, des diflè- rens Voyages de M. de laMotraye, & de ce qui a fait l'objet principal de fes recherches, & de fes obferva- tions dans ces diftèrens Voyages ; nous avons donné un précis cie ce qu'il rapportoit de la Tartarie, nous avons promis en même tems de donner un précis de fa relation du Voyage de laLaponie. C'eft ce qui fait le fujetdcs chapitres 16 & iy de fon fécond volume. Les Lapons font profeflîon de la Religion Chrétienne , & ils ont pour Pàfteurs des Minières Suédois • mais l'Auteur prétend qu'ils n'ont que des idées três-confulès de la Re- ligion qu'ils profciîènt. C'efl ce que lui aiîûra un Paiteur , dans la 4*8 JOURNAL DES SÇAVANS; Paroifie duquel il y avoit une par- ti: à: Tannée 40 ou 50 familles de Lapons. Il tàchoitdc leur inipiœr les fentiuiens qu'ils dévoient avoir de la Religion Chrétienne. Mais il rcmarquoit vifiblemcnt que le foin de leurs Rhenes ks occupoit bien plus fe'rieufement quecclui de leurs âmes. L'Auteur reconnut par des conférences qu'il eut avec des La- pons, que ce que ce Miniitre lui avoit dit , étoit véritable ; quand il leur demania s'ils croyoient que la Religion Chrétienne fut la meil- leure, ils lui répondirent qu'il fal- loir bien qu'elle le fût ; puifqueles Suédois ,les Norwegiens Se les Mos- covites la fui\ oient. Quand il les bois eft couvert du haut en bas cPu- ne grollè étoffe que l'on appelle E^- «»(. Leurs lits aie font que deux peaux de Rhenes , dont l'une leur lèrt de matelas, Se l'autre de cou- verture. En elle les femmes portent une robe de drap fort groflicr faite à- peu près comme les chemifes des hommes chez les autres Nations de l'Europe, excepté qu'elleeû moins ouverte pardevant, plus longue Se plus jafte fur le corps , Se qu'elle n'a point, ou qu'elle n'a que peu de plis au poignet, le col ctl large d'environ trois doigts, Se l'ouver. tare de devant ell brodée de fils de plond Se d'étain , avec quelques preilbit de s'expliquer fur quelques boutons d'étain ; une ceinture de des principaux mytïéres de la foi , cuir un peu moins large que la comme fur la Résurrection de Jc- fus-Chrift ; ils lui re'pondoient Dieu le fçait , Se c'eft tout ce qu'il en pou voit tirer; cependant ils croyent Ja prefence réelle de Jefus-Chriit dans l'Euchariilïc. Selon notre Auteur, les Lapons font confifter l'exercice de la Reli- gion a aller l'hyver à l'Eglilê, à y faire baptilêr leurs cnfans,à y re- cevoir la -Communion , & fur-tout à payer certains droits au Miniitre fuivant la quantité de leurs Rhenes, qui font leur principal bien. Les Habitans de la Laponic lo- gent fous des tentes ; elles font com- pofées de longs pieux enfoncés dans la terre en cercle, Se attaches en haut où elles fe terminent en pain de fu- cre , de manière cependant qu'il reite une ouverture'pour faire fortir la fu- mée dufeu qui fe fait au milieu de la tente. Cette ifpecc d'éuincc dç main, revêtue allez ingénieusement de petites pie'ces d'étain, ferre cette robe fur les reins, elles portent une culotte couverte comme celles des Hongrois, Se dont les canons defeen-. dentjufqu'à la cheville du pied,où ils font attaches aux fouliers avec des ru- bans de laine bjgarés de différentes couleurs. Cesfouliers font faits delà peau de jambes de Rhenes, avec le poil au-dehors Se fans talons, Se fe terminent au bout du pied par une pointe longue d'environ deux pbiil- ces . Leu r coëffu re en elle n'eit qu'un béguin de drap , dont les bords font relevés d'une petite broderie femblable à celle de la robe; en hy- ver elles porte nt une pel 1 Ile de peaux nés Rhenes i dont le poil cfl en dehors. La façon Se la forme de cet habillement eft la même que cel- le.del'habit qu'i lies port< nt en efte*. Elles n'ont ni corcet , ni eh fous J U I L L fous cette pclifîe. L'habillement des Lapons eft à -peu-près le même que -celui de leurs femmes, excepté que les hommes portent les leurs un peu plus amples fur le corps , mais moins larges ôc moins longs depuis la ceinture. Les Lapons ne mangent point de pain ; mais après avoir gratéune efpece de croûte qui paroit fur le corps des pins St des fapins,ils les dépouillent d'une ecorce blanche, graflb Sctendre,i!s la réduifeni; en u efpece de farine qu'ils pétri iici.it ,ne qu'ils font cuire, commeon tait celle du grain. Leur nourriture la plus or- dinaire cft lachair des Rhenes , qu'ils apprêtent de différentes manières , du fromage fait de lait des mêmes animaux ; ce laie leur fort auilî de boilîbn, ils ont encore la cliaflê & la pêche qui fervent à leur fournir leur nourriture. Quand les Lapons parlent d'un endroit à un autre, ils le fervent de leurs Rhenes pour tranfporter leur bagage ; ils embalent leurs enfans qui ne fout point en état de mar- cher, dans des berceaux légers & proportionnés à la longueur Se à la largeur de leurs corps , com- me de petits cercueils aufquels il n'y a d'ouverture que pour la respiration , & ils les font por- ter fur les Rhenes, qui font ce- pendant beaucoup plus propres à traîner .qu'à porter. L'Auteur af- faire que ces animaux traînent fur la glace & fur la neige plus vite & plus long-terns que des chevaux ne fe- roienten unautre Pay$;ils ne coûtent rien à nourrir la Qaturè leur a appris à chercher eux-mêmes leur nourri- Jùillet.' ET i 7 a f. 429 turc, qui confifte l'byver en une moulîé blanche qui croît ordinai- rement fur les rochers, & en une efpece de barbe délice qu'on voit pendre aux branches des vieux pins, ils gratent de leurs ongles la neige qui leur rouvre la première, & ils fecoiient de leurs cornes les bran- ches des pins pour en faire tomber celle qui leur cache la féconde. Quoiqu'il n'y ait point de par- tage entre les Lapons , du terrain , qu'ils occupent , foit en hyver, foit en été, cependant ils font conve- nus de certaine étendue de Pays qu'occupe chaque famille, fans que cela caufe jamais eutr'eux aucune diyifion , parce que chacun d'eux trouve facilement un terrain pro- portionné au nombre de fis Rhe- nes. L'injuftice , dit l'Auteur, eu; bannie de ce Pays-là, 6c par conlc» quent le Procès. On n'y connoît ni Juges, ni Avocats, ni Médecins. On aceufe ordinairement les LaP- pons d'être grands Magiciens, Une des premières curiofkez de M. de la Motraye fut d'examiner par lui- même en quoi confifte cette magie prétendue; on lui rapporta d'abord îà-defîus pluficurs faits extraordi- naires, aufquels il ne paroît point qu'il ait ajouté beaucoup de foi ; mais il nç^pou voit voir aucun de ces Magiciens , parce que ceux qui font: profeflipn de magie fe cachent à caufe de la {éventé des Ordonnan- ces des Roys de Suéde qui la leur défendent. Enfin moyennant quel- ques pièces d'argent & un peu d'eau dévie, il eut le plaifird'en voir un,, qui après avoir bien battu fur fou tambour , ou plutôt fur fa timbale^, I ii 43o JOURNAL DE car il n'y a de la peau que d'un côté , Se après avoir bien examiné les fi- gures fur lcfqucllcs tomboient les anneaux qui étoient dans la timba- le, ne dit à l'Auteur que des cho- fes vagues 8c générales. M. de la Motraye croit que la rai Ion pour laquelle les Lapons ont tant de confiance en leurs Magiciens , c'eft qu'ils vont à la pêche ou à la ehaflè , quand leurs Magiciens leur prédifent qu'elle fera abondante, èc qu'ils ne leur font ces prédictions que dans des tems où l'on trouve facilement beaucoup de gibier 8c de poiilbn, au lieu qu'ils ne vont point à la pêche ni à la ehaflè , quand leurs prétendus Magiciens leur ont dit qu'elle ne ferait point heureufe. s» Ainfi , conclut l'Auteur, ce n'eft »» point la prédiction qui vérifie »» cette pêche ou cette ehaflè, mais m ce font elles qui vérifient la pié- » diction. Nous " n'avons pas rapporte s sçavans; d'exemples de ce que l'Auteur dit de la France , de l'Angleterre , de l'I- talie 8c des autres Pays voifms, par- ce que l'Auteur ne s'étend pas beaucoup fur ces Pays-là , qu'il ne ne paroit point avoir eu intention- d'en donner une defeription aufîi- exaetc que celle qu'il Fait de plu- fieurs autres Pays. Nous laiiîbns mê- me à nos lecteurs à examiner fi le peu de chofes que M. de la Motraye a dit fur Paris 8c les environs , eft exact, 8c en cas qu'ils n'y trouvent point toute l'exactitude qu'ils pour- raient fouhaiter , fi cette circonf- tance pouvoit faire naître quelque fcrupule par rapport aux Pays qu'il a décrits avec plus de foin ■t il peut arriver fouvent qu'un voyageur foit plus en état de bien faire connoître les mœurs , les caractères , 8c les cou- tumes extraordinaires des pays éloi- gnés dont il eft frappé, que ce qui regarde fa patrie, & les pais voifins. REMARQUES SUR LA NAVIGATION ET SUR LA MANIERE D'EN perfectionner la pratique par M. de Radouay , Chevalier de l'Ordre Militaire de S. Louis, & Capitaine desVaifeaux duRoy , avec de s figure s en taille-douce de quel- ques mouvemens d' armée & manœuvres de vaijfeau à vaijfeau ; l'on y a joint la reprefentation de plufîeurs nouveaux inftrumens propres à perfectionner la na- vigation. A Paris, chez François Fournicr, nie S.Jacques, aux Ar- mes de la Ville 1727. 40. pp. 142. fans les planches. CEt ouvrage contient deux par- tics qui lont annoncées par le titre ; dans la première l'Auteur fè propofe de prouver qu'il y a des dé- fauts confiderablcs dans la pratique de la navigation. Le compas de va- riation qu'on doit regarder comme le guide du vaiflèau, n'eit félon l'Au- teur, ni fidel, ni tranquille, niconf- tant; ce qui vient, fuivant l'Auteur, des défauts de faconftruction. L'ar- baleitrillc dont les Pilotes fe fervent pour l'oblèrvation de la latitude,ne la leur donne qu'à 1 5* ou ao minutes près, 8c plufîeurs joignent encore un , grand défaut d'attention à ce qu'il y a de défectueux dans la compofition de celui qu'ils employent. Le lok eft J U I L L fuivant M. Radoiiay , un instrument: allez bon pour l'elbme, mais les Pilotes ne s'en fervent pas bien, parce qu'ils n'ont pas proportionné les nœuds de la ligne , 6c l'étendue de la lieue marine , qui fclon l'obfèrvation de l'Académie Exitc en 16 72, ell de 171 18 pieds. Dans la féconde partie où l'Au- teur propofe les moyens pour per- fectionner la navigation, il enfeigne Ja manière de conftruire un nou- veau compas qui donne la variation à toute heure du foleil 6c même la nuit , celle de conftruire un cercle qui donne la latitude à midy fans prendre la hauteur, & qui vérifie la latitude à d'autres heures que celle de midy,.& l'Auteur infifte beau- coup fur l'utilité d'une bonne mon- tre pour tous ceux qui vont en mer, 6c il efpere qu'en joignant les inf- trumens qu'il propofe , avec les montres marines que le ficur de Sully a promiies, la navigation fera bien- tôt perfectionnée. T 1 7 z j. 45l Comme on ne peut guère ren- dre feniîble ce que dit M. Radoiiay fur ces difFerens inftrumens, fins le fecours des planches qu'il ajoin- tes à fon livre , il faut renvoyer à l'ouvrage même ceux qui font cu- rieux de la manière de conftruire fes initrumens 6t de les employer , i[ nous fuffira de remarquer ici que l'Académie des feiences qui a fait examiner le livre par Meilleurs Caf- fini & de Lagny , attefte qu'il contient des pratiques utiles pour la navigation , avec des remarques nouvelles dont il eft important que les Officiers 6c les Pilotes foient inf- truits , 6c que les divers inftrumens inventez par l'Auteur pour obfer- ver les variations de l'aimant , & pour prendre les hauteurs du foleil & des étoiles , donneront plus d'e- xactitude, & dirigeront plus facile- ment la route des vaiflèaux , dans les diverfes manœuvres Se dans les évolutions navales. 'ABREGE' DE VHISTOIRE DE LA MORALE DE L'ANCTEtf Teftament , où l'on a confervé autant qu'il a été pojfible , le s propres paroles de l 'E~ criture Sainte. A Paris , chez Jean Defaint, Libraire- Juré de l'Univerfi- té, rue S. Jean de Beauvais, vis-à-vis le Collège 172.7. in-12. pp.612. CEt ouvrage qui n'a point été fait pour les Sçavans , pourra être utile à un très-grand nombre -de perfonnes ; l'Auteur s'eft pro- pofe d'y renfermer la fuite des faits les plus importans de l'Hiftoirc Sainte , de la débarraflèr de ce qu'il y a de plus difficile , Se de tout ce qui ne tend point directement à l'inftrudion des fïmples fidèles ; il y joint les vérités tirées de l'Ancien Teftament , fur lefquelles les fidèles doivent fixer leurs fentimens , 6c ré- gler leurs actions , il efpere que par ce moyen les perfonnes qui ne font pas en état de lire les livres de l'An- cien Teftament par elles - mêmes , auront une connoiflànce fuffifante de l'Hiftoire facréc, qu'il leur don- nera du goût pour la lire dans la fource , 6c qu'il les mettra en état de faire cette lecture avec fruit, lii ij 4;z JOURNAL D Le livre eft divifé en deux par- ties : La première eft toute hiito- rique, elle contient quatre livres , dont le premier comprend l'Hiftoire fainte depuis la création du monde, jufqu'à l'entrée des Ifraélites dans la Terre promife : Le fécond livre commence à l'entrée des Ifraëlitcs dans la Terre promife, Se finit au fchifme des dix Tribus. Ce quis'eft pailë depuis le chifme des dix Tri- bus , jufqu'au rétablifîcment du Temple , fie des murs de Jerufa- lcm après le retour de h captivité, fait le fujet du troifiéme livre. Les hiftoires de Job, de Jonas, deTo- bie, de Judith, d'Efther Se des Ma- cabées, font k fujet du quatrième livre. L'Auteur fait obferver qu'il a tâ- ché de ne point s'éloigner delafim- plicité du ftile hiftonque des livres de l'Ancien Teftament , qu'il a eon- ièrvé dans les récits certaines paroles pleines de fens , Se qui donnent lieu à de grandes réflexions , qu'il a eu foin de rapporter exactement les dis- cours qui fe trouvent en differens endroits des livres hiftoriques , les Prophéties qui regardent le Mefîîe , & qu'il a ajouté à l'abrège' du Li- ES SÇAVANS, vre des Roys , fie à celui dcsP.uah- pomenes pluiieurs traits des Prophè- tes, qui nous apprennent des circons- tances de l'hiftoirc de leurs tems , dont ces livres ne diiént rien. La féconde partie cil toute defti- néc pour les principes de morale tirés de l'Ancien Tellement. C'eit proprement un extrait de ce que l'Auteur a remarqué dans les livres Sapicntiaux 6c Prophétiques fur les devoirs de l'homme envers Dieu , envers lui-même, fie envers le pro- chain. 11 a été facile à l'Auteur de n'employer dans cette féconde par- tie que les propres paroles de l'E- criture fainte, il y a feulement in- féré de tems en tems quelques mots pour rendre certains endroits plus intelligibles , on trouve quelques no- tes au bas des pages fur des endroits difficiles. A l'égard des réflexions ; l'Auteur n'a pas cru en devoir faire ni dans la partie hiftorique, ni dan* celle qui regarde la morale, il eft perfuadé que la fimple expofition des faits, ou la lecture d'un paflage de l'Ecriture fainte, fournilfent par el- les-mêmes une foule de réflexions aux Lecteurs un peu attentifs. CONTINUATION DES MEMOIRES DE LITTERATURE ET D'HISTOIRE.- Tom. 3. Partie 2. A Paris, chez Simait , rue Saint Jacques , 1 727. in- 12. pp. 484. COmme ce recueil a un cours réglé, fie eft afîèz connu, il nous fuffit d'en parler légèrement , 8c de donner feulement l'idée de quel- ques pièces qui femblent mériter le plus d'attention. Telle nous paroît la DiJfcrtAtion fur Guillaume d'Auxa- re , qu'on prétend ici n'avoir jamais été Èveque de cette Ville, fie avoir été confondu mal -à- propos avec Guillaume de Seignelay , Eveque d'Auxerre : C'eft , félon l'Auteur , une méprife ,dans laquelle font tom- bez prefque tous les Bibliothecai- JUILL res, & ent'autres Gelher, le Mire, Bellarmin , Poflèvin , le père Lab- be 8c M. Dupin. 11 fait remarquer que tous les manuscrits de la Somme Théologique de ce célèbre fcolaftique font intitulez : Sun.ma Magiflri ml- Ulmi Antijiodorevjîs. Or s'il eût été Evêque, on lui eut donné cette qua- lité, Se non pas Seulement celle de Maître. On trouve ici plufieurs au- tres preuves qui paroiSlènt très-for- tes. si Je n'infîfte point beaucoup , m dit l'Auteur, fur ce que commu- « nément on croit en Sorbonne , »» qu'il eft le premier Scolartique »» qui Se foit fervi des termes de »» materia Se firma, dans le Traité « des Sacremcns. Ce Sentiment eft »> fondé fur l'opinion, qui des deux »> Guillaumes n'en fait qu'un ; 6c SI s» l'on attribue l'invention de ces s» termes à notre Guillaume, c'eft a» parce qu'on ne connoit aucun »> imprimé où ils fè trouvent avant » lui. L'Auteur ajoute après le Père Morin, que Guillaume s'étoit ren- du cfclave de ces deux mots , com- me ont fait les Scolaftiques venus depuis lui ; qu'il ne s'en eft point Servi, lorfqu'il a écrit fur le Sacre- ment de Pénitence, êc fur celui de l'Ordre ; Se quand il s'eft Servi du mot de forme iiir le Sacrement de Mariage jil l'a employé dans un Sens bien différent de celui qu'on donne aujourdui à ce mot par rapport au Mariage. On trouve ici quelques remarques curieufes fur plufieurs endroits des écrits deGuillaume d'Auxerre, comme fur celui-ci \Jicut faciuntSa- terdotes} quando dam licentiam corne- E T i 7 x 7. 455 dendi carnes in die Mercurii e'ts qui «> terfuerunt dtvinis Offiais. Ce trait, dit l'Auteur , donne à connoître par quel moyen l'abftinence qu'on ay oit con- fervée,enaboliflânt l'ancien jeûne des Mercredis, tomba peu-à-peu. L'abf- tinence du Samedi n'eft pas fî an- cienne, quoiqu'elle foit devenue de précepte. Le Mémore fur la vie & la mort d'Henry Arnaud, Evêque d'Angers , eft intéreffant, Se donne une haute idée de ce Prélat, frère du Docleur. Ce qu'il fit à Rome en faveur des varierais brouillez alors avec Inno- cent X , la réunion de Me. de Sau- celles à l'Eglife Romaine, & celle du Prince de Tarente, qu'il conver- tit au/fi , & qu'il reconcilia en même tems avec le Duc de la Tremoiiille fonpere, Sont des morceaux qui ne font pas indifferens. L'Auteur de ce Mémoire qui paroît avoir connu particulièrement cet Evêque, en fait un portrait très-avantageux 8c très- édifiant ; » tous les meubles de fa chambre, dit-il, ne valoient pas « 50 écus. J 'aurais de la peine à le « croire moi-même , ajoute - t-il , fi « je ne Pavois vu de mes propres « yeux. Il mourut en 16*92 âgé de « 96 ans, après quarante années d'une continuelle résidence. Le peupk d'Angers Se porta à de pieux excès après Sa mort, & lui attribua des miracles. I^a dernière pièce de ce volume eft une Dijfertatiou fur la Chirurgie des ac- couchenens. L'auteur commence par une réflexion , fur l'inftinét que la nature a donné aux femelles de tous Jes animaux de pouvoir elles-mêmes St toutes feules mettre au joui 434 JOURNAL DE les petits de leur efpece, & fur le trille aifujetiffement où il a réduit la femme , d'emprunter un fecours étranger dans fes accouchemcns. Mais comment accoucha la première femme ? Se donna-t-ellc elle-même le fecours dont elle avoit befoin , ou eut-elle recours à fon mari en cette occafion, foit pour l'extrac- tion du délivre , foit pour la liga- ture du cordon ombilical ? C'eft un problême qu'il cil inutile de vou- loir réfoudre , il cil certain néan- moins qu'Eve n'accoucha qu'après fa chute, & que par conféquent elle éprouva dans fes couches l'effet de ce funefte arrêt prononcé contr'elle & contre fa pofterité féminine, in do- lore fanes fili staos. Dès-lors il a fal- lu aider la femme à accoucher , & par conféquent la Chirurgie des ac- couchemcns, elt très-ancienne. L'Auteur dit qu'on a donné de terns immémorial le nom de Sages ou de fça vantes aux femmes qui exercent cette Profcffion ; parce que ce métier demande de l'intelligence 6c fur-tout de la diferétion. Les Au- teurs Grecs Se Latins font fouvent mention de ces Accoucheufês,Sc chez les Hébreux & les Egyptiens il n'y avoit que les femmes feules qui exer- çafîènt cet art, & qui fe mclaflcnt de guérir les maladies particulières du fexe. Mais à mefure que la Mé- decine fe perfectionna dans la Grèce , jufques-là qu'elle fût réduite en art par Efculapc , long - tems même avant Hippocratc, les Médecins fe mirent en poiiifîion de traiter ces mêmes maladies , de pratiquer l'art des accouchemcns , & d'en donner des préceptes. Car quoique les fera» S SÇAV'ANS, mes continuafîènt, comme elles font aujourd'huv , de s'acquitter de la fonction d Accoucheufcs , Ls Mc~ decins ne laiflbient pas d'être man- dez dans les cas difficiles. Les Athéniens pendant quelques tems , defK.-ndin.nt aux femmes Se aux efclaves de fe mêler de la Mé- decine ; Se chargèrent les hommes du foin des accouchemens. Mais, dit M. le Clerc, dans fbn Hijloire de la Médecine , quelques Dames Athénienes d'une pudeur délicate, ayant mieux aimé mourir que d'être accouchées par des hommes, une femme nommée Agnodice fe travettit en Médecin , pour lecourir les autres femmes ; ce qui occafionna la per- mifïion qui fut donnée alors aux femmes libres d'exercer la Médeci- ne, qui convenoit aux maladies de leur fexe. Pour ce qui cfl des Romains, qui fe pafferent, dit-on, de Méde- cins , pendant les fix premiers fiécles de leur République , il eft clair que les femmes parmi eux fe fecouroient mutuellement dans les accouche- mens ; Se que les hommes n'y met- taient point la main. Au tems de la naillànce du premier des Céfars , il falloir, dit l'Auteur, qu'il y eût à Rome des Médecins-Chirurgiens , parce qu'il n'eft pas vraifemblable qu'une fi délicate Se fi difficile opé- ration que l'opération Céiarienne , ait été faite par une femme. Il croit qu'il y a eu de tout tems des Méde- cins à Rome, Se que ce que Pline dit, doit s'entendre des Médecins Grecs, dont effectivement Rome fe paflà pendant 6oo. ans. Du tems de Cicéron, ajoutc-t'il, JUILLE il y avoit à Rome des Médecins Grecs du premier mérite 6c qu'on eftimoit beaucoup , moins pourtant à caufè de leur habileté par rapport à la Médecine , que pour leur éru- dition , leur politeilè & leur bel es- prit. » C'cft ce que noifs voyons , * dit-il , arriver aujourdui à la » plupart de nos Médecins , qui plus »» chargez de connoiflànces étran- »> gères à leur profeffion que de vé- »» ntable Médecine, s'ouvrent plus »• aifément l'entrée des grandes mai- »> fons , & trouvent un accès plus s* facile auprès des Dames de qua- »» lité, par leur patelinage , leurs » intrigues , leurs minauderies , que »• par de férieufès méditations fur ce » qui regarde leur art ; pendant que »» ceux qui s'appliquent unique- »» ment à fe rendre habiles dans le »» traitement des maladies, fbntfou- a» vent regardez comme des Pédans. L'Auteur donne ici une efpece de lifte de tous les Médecins 6c Chirur- giens qui ont écrit fur les accouche- mens. Celui , dit-il, qui a porté plus loin la feience fur cette ma- tière, eft François Mauriceau Chi- rurgien de Paris , auteur de l'excel- lent traité, où il a donné de fi gran- des facilites , pour opérer dans les accouchemens les plus difficiles. De- puis ce tems-là, ajoute-t'il, les fem- mes s'adreflènt plutôt aux Chirur- giens, qu'aux Sages Femmes ; 6c quelques fortes qu'ayent été les re- montrances d'un fçavant Médecin de Paris, dans fon Traité de Ytnd:- cence aux hommes d'accoucher les fem- mes , il n'a pu convertir fur cet ar- ticle les femmes de condition , qui ont lieu d'attendre plus de fecours d'un Chirurgien que d'une Sage Femme. On trouve ici un jugement fur tous les autres écrits, qui ont paru depuis l'ouvrage de Mauriceau fur la matière des accouchemens ; tels que ceux de Pierre Portai , de Phi- lippePeu,deDenisFournier,dePierre Aman,6c de Dionis, dont l'ouvrage eft allez mauvais félon notre Auteur; mais il fait un grand éloge de celui du fieurdcla Motte Chirurgien Ac- coucheur établi à Valognc , impri- mé en 1.72, i , où l'on trouve , dit- il, des réflexions fort utiles , 6c des inftrucfions qui ne font point ail- leurs. Il finit par l'éloge de M. Clément fameux Chirurgien - Accoucheur, que le Roi Louis XIV. annoblit, père d'un Confeiller au Parlement , 6c d'un Confeiller au Grand Con- feil. 43* JOURNAL DES SÇAVANS, D AVI DIS GREGORII M. D. ASTRONOMIE Profcfbris Sayiliani Ozonise, & Rcgaiis Socictatis Londincnfis fbda- lis, Aûrononào Phvfioc, & Gcomctrica: Elcmcnta ; c'cit-a-dirc : Eh- tnetis d Ajironemi- rlyjiqitc & géométrique , par M. Cregon Profejfeur d'jfîro- tiomit dans l'Uni crjitc d'Oxford, de la Soc et é Roj/alede Undres. A Gène-, c, chez Marc Michel Boufquet 6c (es AUbciez", 1716. in-40. a. vol. ils fe vendent à Paris chez Montalant Libraire, Quai des Auguitins. MGregori s'eft propofe'dans cet ouvrage, de donner les élemers de l'Ailronomie Phyfiquc £c Géométrique, fuivant lesprinci- pes île Kepler 6c du célèbre Mon- fiéur Newton ; tout l'ouvrage cil divifé en fix livres. Dans le pre- mier, l'Auteur explique les raiibns qui l'ont déterminé à préférer le Syf- téme de Copernic , ou plutôt celui de Kepler, à tous les autres fyftémes fii'r les mou vemens des corps celcftcs, il explique dans le fécond livre fui- ront ce Svitéme, le mouvement du premier mobile, 6c la diviiïon du tems ; puis il traite des paralaxes , 6c de la réfraction des étoiles fixes. Dans le troifiéme 6c dans le quatriè- me livre, l'auteur explique la théo- rie des Planetttes 6c de leurs fatcl- litcs j il parle des Comètes dans le cinquième , le fîxiéme eli deflmé pour i'Aftronomie comparative ; c'eft-à- dire , que l'auteur y traite des mouvemens des Planètes en fuppo- fànt le fpeétateur, dans le Soleil ou dans quelque Planette, ou dans les fatellites de quelque Planette. Cet Ouvragefut imprimé àOx- forten 1 701. il efi fi connu de tous les Sçavans qui le font appliqués à £'Ailrcnomic, qu'il eit inutile d'en donner ici un extrait plus détaillé; il nous fumra d'indiquer en quoi cette édition eft différente de cello d'Oxfort ; l'éditeur allure qu'il a corrigé quelques fautes d'imprcfhon qui s'étoient gliflees dans l'édition d'Oxfort, les planches qui n'étoient qu'en bois dans l'édition d'Oxfort, font ici en taille douce ;on a même changé quelque choie dans les plan- ches , pour les rendre plus claires. L'éditeur a mis à la tête de cette nouvelle édition une préface éten- due. Après y avoir donné une idée générale du fyftémc du Monde, fui- vant les principes que M. Gregori a adoptés , il fait tint analyfe exacte de tout l'Ouvrage fection par fec- tion : Il indique fur pluficurs arti- cles les livres qu'on peut confultcr, pourvoir certaines matières traitées avec plus d'étendue , que ne l'a fait l'auteur des élemens de l'Aftrono-f mie Phyfiquc 6c Géométrique ; il renvoyé fur-tout fes lecteurs aux Mémoires de l'Académie des Scien- ces ; il arrive même quelques fois que l'éditeur propofe dans fa préfa- ce, des fêntimens diftèrens de ceux de fon Auteur. 11 y a auffi quelques additions dans le corps de l'Ouvrage, à la pa- ge 530. du premier volume ; l'édi- teur a ajouté une diflèrtation de M. Gregori , dans laquelle l'A uteur fou- tient, qu'il cil unpoflible de pren- dre J U I L L dre pour orbite d'une Planette, la ligne courbe que M. Caffini a dé- crite dans l'on traité de l'origine & du progrès de lAftronomie. Cette diflèrtation de M. Gregori,eft tire'e des tranfaétions philofophiques d'Angleterre , du 3. Septembre 1704. On a au/fi ajouté dans cette nou- velle édition par forme d'Appendix, au fïxie'me livre, où il eft parlé des Comètes, un traité qui a pour titre CovietografbU par M. Hallei Pro- E T 1727. _ 437 feflèur de Géométrie dans l'Univer- flté d'Oxfort, quifèpropofe de faire voir que les Comètes ont un cours réglé, 8c que l'on peut déterminer par le calcul. Ce traité a été inféré dans les tranfaétions philofophiques du mois de Mars 1 705". L'Ouvrage fur la manière de tra- cer les Cadrans Solairs, qu'on a mis à la fin du fécond volume des éle- mens d'Aitronomie , eiï de M. Huart, à qui le Public eft: redeva- ble de cette nouvelle édition. NOVVELLES LITTERAIRES. ALLEMAGNE. De Wirtzbourg. M. Eckhart , maintenant Confeil- lerdu Prince Evêque de cette Ville, vient de publier une petite diflèrta- tion latine fur une infcription trou- vée en Alface avec ce titre fingulier : ApolliniGrannoMogovno, fur laquelle M. Moreau de Mautour a déjà donné fcs conjectures ; nous en rendrons compte dans le Journal du mois prochain. Le même Auteur travaille actuel- lement à un ouvrage beaucoup plus confiderable , qui doit comprendre l'Hiftoire de la France orientale 8c du Diocefede Wirtzbourg, il y ex- plique par les monnoyes, les Sceaux, les Chartres 8c d'autres monumcns, les antiquitcz de cette ancienne par- tic du Royaume, 8c tout ce qui peut y avoir tin rapport intercflànt. Le premier tome eft fous preflè, 8cdok paraître inccïïamment. Juillet. M. Eckhart fait encore imprimer par ordre de l'Evêque de Wirtz- bourg une critique des Annales de Fulde qui ont paru depuis peu. C'eft principalement les exemptions des Moines qu'il y attaque. ANGLETERRE. D Londres. Il parut l'année dernière dans cette Ville un ouvrage pofthume du Doc- teur Thomas Burnet, intitulé : Defiutu mortuorum & refurgentmm liber : ac- tefferum Epiftoln duo, c'trca iibellum de Archaologïis Fhiîofopbicis, 8°. pp. 302. Le deflèm de l'Auteur , nous dit- on dans une efpeced'avcrtiflèment, «toit de n'en faire tirer que deux ou trois exemplaires, foit pour le communiquer à quelques amis par- ticuliers, foit pour le retoucher en- fuite avec plus d'application. Il en fut cependant détourné par quelques Théologiens à l'avis 8c à l'autorité Kkk 4}8 JOURNAL DE defqucls il déféra. Apres là mort on trouva parmi fes papiers ce livre ou il avoit fait quelque changement. C'cft, ajoûte-t-on , pour ne pas lai lier pé- rir un ouvrage que ce grand hom- me avoit travaillé avec tant de foin, que des perfonnes fçavantes ont ju- gé à-propos d'en faire imprimer un très-petit nombre d'exemplaires , Se de peur qu'il ne fè répande Se ne devienne trop commun , onconfeillc à ceux qui en feront les pofîcflèurs de ne les prêter que fous condition expreffe qu'on n'en tirera aucune copie, Se qn'on ne le fera pas réim- primer. On vient de donner du même Docteur un autre Traité latin fous ce titre : De fide & officiis Cbnjiia- vornin Liber. 8*. pp. 190. L'avertit liment cil à peu près le même que le précèdent , 6c bien des gens font tentés de croire que tout le myikrc qu'on affecte, eif. moins pour em- pêcher qu'on ne life ces ouvrages, que pour les vendre plus chers en les rendant plus rares , à moins qu'on ne dife que la hardielfe Se la fingu- larité des fentimens Se de la doctri- ne que M. Burnet y débite, ont fait prendre aux Editeurs la précaution de ne les pas trop répandre, dans le même temps qu'ils ont crû néan- moins pouvoir les faire imprimer. L'Auteur de l'Hiftoire critique d'Angleterre vient de mettre au jour Clarendon and r\-bitlook^compared. Com- paraifon de Clarendon & de irhitlook. Onajoint àcet Ouvrage unexamen de l'hiftoirc de la guerre écrit par le Comte de Clarendon , dans lequel on le propofede prouver qu'on n'y trouve aucun caracfcrc qui ne foie S SÇAVANS, flatteur ou fâtyrique. Il paroit une troifiéme édition des MifctlUnea curïofa du Docteur EL Mead. SUISSE. d' Y V E R D O N. M. Viridet, Médecin à Morge au pays de Vaux dans le Canton de Berne, a donné au Public une difc fertation fur les vapeurs 8°. pp. 266. Il allure que depuis long-tems il s'eft ciuii rement appliqués examiner à fond la nature, la caufe Se lesfym- ptômes de cette efpece de maladie , qu'il dit être plus commune aux femmes d'un cfprit vif Se délié, Se aux hommes qui ont le plus d'acti- vité Se de pénétration, qu'aux autres. Il diftingue deux fortes de va- peurs, les générales qui, félon lui , font des chaleurs accompagnées de rougeur, lcfquelles naifîënt en tout le corps dans le moment , Se Unifient bien-tôt après des particu liercs fe for- ment dans une partie ; puis la chaleur avec la rougeur occupent tout le corps,Se elles paflèntbicntôt.Lcs pre- mières viennent de la fufpenfion du cours desefprits animaux, qui don- ne lieu à leur mouvement irrégulier , Se les fécondes d'u 11 ferment dans, ou auprès des nerfs , ou de la contra- ction de la cavité des nerfs, par Ici- quels les efprits animaux remontent ou dcfccndcnt. Tel eft en gcnei-al le Syhxme de M. Viridet fur les 1-4- pettrs , nous pourrons en donner un plus grand détail dans quelqu'un de nos lournaux. J U I L L E LORRAINE. de Nancy. Voici le titre d'un autre petit livre de Médecine, imprimé ici. Abrégé de Médecine & Chirurgie pra- tique, nouvellement tirées des principes de la Nature ; avec un petit traité de la pefie & autres accidens fâcheux : ouvrage très impart art au ïv.blic , &a tous Médecins & Chirurgiens de bonne foi. Var Mkht l Renuart Docteur en Mé- decine de l'VnivcrJité de Padou:. Ch. £ Jean de la Rivière, Libraire Imprimeur, in 8°. pp. 220. L'Auteur qui a été deux ans à Lorette en qualité de Chirurgien , Se qui femble ne faire confifter la Médecine & la Chirurgie, que dans l'ufage d'une eflènee balfamique Se anodine, auflî bien que de deux puif- fants fels incorruptibles dont il don- ne la recette dans cet Ouvrage, s'a- drefie directement à Dieu l'unique Auteur de la Nature , pour faire valoir fes remèdes. m Je viens , O Sageflè Eternelle , dit-il, dans une Epitre dédicatoire, s» me profterner aux pieds de votre a> throne adorable , 8c y dépofer ce s> petit traite de Médecine Se de Chi- a> rurgie pratique, puilées dans les a» principes de la Nature, me flatant »' d'obtenir de votre infinie bonté' » les lumières néceflàires pour corn- ai battre les erreurs Se les préven- î> tions de nombre de Médecins peu »> verfez dans leur art ; 8c dont la s> dangereufe routine tuë plus de T 1727. 459 malades qu'elle n'en guérit; trop « heureux fi pour remédier à cet « abus vifible,je puis leur infpirer « quelque goût pour mes nouvelles »« découvertes , Se leur foire évidem- « ment connoitre , que le mouve- <« ment Se le repos irrégulier font « les véritables eau fes des accidens « fâcheux dont le corps humain eft « fi fréquemment travaillé. C'cft « à quoi je me fuis attaché particu- « fièrement en cet Ouvrage, que « j'oie mettre en ce *^our ious la «« puiflânte protection de Votre « Majesté' divine , qui le pré- «« fervera fans doute des traits en- « venimez de l'envie. Je l'efpere « avec d'autant plus de confiance « que vous fçavez , O mon Dieu , . & 1726. un dif- cours qui fe trouve dans ce même volume à la page 82. a remporte le prix d'éloquence au jugement de l'Académie Françôife, oc que les deux premiers poèmes du fécond livre, & un autre difeours qui eft à la pa^e 69. ont ete couronnés par la même Académie , le premier en 17x3. 5c les deux autres dans la même année 1725". Le Père DefmoletsBibliothéquai- re de l'Oratoire rue S. Honoré, a publié il y a un mois, le fepticme volume de la continuation des Mé- moires de Littérature, il l'a intitulé tome IV. partie première ; il nous en fait efperer inceilàmment un nou- veau qui fera la féconde partie de ce même tome : Nous donnerons mcei- famment l'extrait de cette première partie du tome quatrième. On trouve chez Pierre Simon rue de la Harpe, une brochure in- 12. intitulée, Diflèrtationfurla caufeSc la nature du Tonnerre & des Eclairs, avec l'explication des diverfes phé- nomènes qui en dépendent. Cette diiïertation a remporté au mois d'Aouft 1716. le prix propofépar l'Académie Royalle des Belles Let- S SCAVANS, tres,Seienccscc Arts établie à Bor- deaux. El le eft du Perc Lozerandu Feic de la Compagnie de Jefûs , Profeflèur Royal de Mathématique dansPOnivcrfitédc Perpignan. Elle avoit été déjà imprimée a Bordeaux. Nous fommes redevables au R. P. Caftel de cette nouvelle édition qui paroit depuis quelques jours. Le même Libraire, Se Charles Moétte, débitent depuis peu un vol. in- 12. de 5-01. pages, (ans la table des matières qui en contient 24. intitu- lé, Hiftoire de Jean de Bricnne Roi de Jerulalem , 8c Empereur de Conf- tantinople. On trouve chez Prud'homme au Palais, une petite brochure in-i 2. intitulée l'éloge de la goutte. La critique de la Charlatanerie divifée en plufieurs difeours Sec. a paruàfon Auteur un ouvrage aflèz important pour ne le pas difconti- nuer, il vient d'en publier le fécond difeours in- 12. pp. 1S6. en tout. Il eft comme le premier dédié à Son Emincucc Monîèigncurle Cardinal de Fleuri. Pièce qui a remporté le prix de l'Académie Royale des Sciences, propofé pour l'année 172(5. félon la fondation faite par feu M. Rouillé de Méfiai , ancien Confeiller au Par- lement , laquelle a pour titre : Les loix du choc des corps à reflbrt par- fait ou imparfait, déduites d'une ex- plication probable de la caufe phi- fique du reflbrt. Par le Pcre Ma- ziere Prêtre de l'Oratoire. A Paris, chez Claude Jombert,ruë'S. Jacques au coin de la rue des Mathurins , 1727. brochure in-40. pp. ---. Difeours fur les loix de la corn. JUILL munication du mouvement , qui a mérite les éloges de l'Académie Royale des Sciences , aux années 1724. & 1726. & qui a concou- ru à l'occafion des prix diftribucz dans lefdites années. Par M. Jean Bernoulli, Profeflèur de Mathéma- tique à Baflè , 6c membre des Aca- démies Royales des Sciences de France, d'Angleterre & de Prufîë. A Paris, chez Claude Jombert rue S. Jacques 1727. brochure in-40. pp. 108. M. de Mayran de l'Aca- démie Royale des Sciences de Paris E T 172,7- . . 445 s'èft donné le loin de veiller à cette édition. La Veuve d'Houry vient de ré- imprimer pour la troifieme fois , un livre fort connu , intitulé : rathtls- gie de Chirurgie, dans laquelle on ex- plique toutes les maladies externes du corps humain , leurs cauies , leurs lignes Se leurs remèdes , félon les principes de la Phyfique moderne , par J. B. Verdtic Docteur en Mé- decine. Nouvelle édition : revue Se augmentée de quelques remarques de pratique, par un ancien Maître Chirurgien de Paris. 2. vol. in- 12, TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Juillet 1717. NOuveauVcy âge autour du monde, par M. le Gentil. Tome il. page 583 Ebauche de la religion naturelle , par uolaflon ^traduite de ï Anglois 39Z Q^eflion s furies démijjïons des biens &c. par M. Louis Boulenois t avocat au Par- lement 396 Mémoires pour fervir à l'Hifloire des hommes Illuflres dans la république des Lettres 399 explication phyjttjue des flux & reflux furprenans de l'Euripe 400 Voyages de Gulliver, traduits en François par M. l'AbbéGuyot des Fontain.s 401 Traité des négociations de banque , & des Monnoyes étrangères &c. par Etienne Damoreau - 416 Defcrtption delà nature , des califes des maladies vénériennes 3<£" de plujîeitr s remè- des propres a les guérir. Par M. Dibon 419 Hiflme des Guerres & des négociations qui précédèrent le Traité de n'eflphalie &c. compofée fur les mémoires du Comte cl' Avaux t par le Père Bougeant de la Compagnie dejefus 427 Voyages du Sieur Aubry de la Mctraye &c. Tom. 11. 4x7 Xemar.jUes fur la Navigation & fur la waJÛere d' en perfectionner la \ratiquc , par M. de Radoiiay 430 Abrégé de l'Hifloire & de la morale de l'ancien Teflament 43 1 Continuation des Mémoires de Littérature & d'Hiftoire, Tom. III. part, fé- conde 431 Davidis Grcgorii , AftronomixPhyfiar 3c Geometricsc Eleminra ; c'dl-à-dire : Elemns d'Agronomie lhyjique & Géométrique , par M. Gre- gcri, 436 Nouvelles Littéraires 437 L E JOURNAL SCAVANS POUR L'ANNEE M. DCC. XXVIL A O U S T- A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins , du côte' du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. X X V I I. AVEC PRIVILEGE DV ROT. L E JOURNAL SÇAVANS, AOUST M. DCC. XXVII. HENOiilNTOS E*.210T TON KATa ANP>'AN K'AI aBPOKOMhN f*p5iakqn AoroinEN ie Xcnophontis Ephefii Epheûacorum Libn V. deAmoribus Anthias ScAbrocoirue. Nunc primum prodeunt ève- tufto codice Bibliothecae Monachorum Caffincnfium Florentine ; cum Latina interpretatione Antonii Cocchii Florentini. Londini : Typis Guliclmi Bowyer. i 726. C'eft-à-dire : L? s cinq Livres des Ephéjî/tques de Xénopbon d'Epbéfe ou les Amours d'Anthie & d'Abrocoiras , imprimées en Grèce pour la première fois , fur un ancien MS. de la. Bibliothèque des Be'nédicltns de llorence ; avec la vcrjîon Lutine d'Antoine Cocchius Florentin. A Londres, de l'Imprimerie de Guillaume Bowyer. 1726. iK-40. pp.87. pour le texte Grec : pp. 72,. pour la verfion. manu faits, à-peine eft-il venu à la connoiflànce de quelques Savans , qui l'ont nomme dans leurs ou- vrages , & qui ont fait mention de fes écrits, fans entier là-deflus dans aucun détail C'eft ainfi que Suidas lu d'Ephèle .îleurs iicc'.cs Avujl, E, famcuxX énophond'A- thènes eft ailes connu de coût le monde : il n'en iii pas de-même de celui F,nfévcli depuis plu- dans Pobfcurité des 44.S JOURNAL" DES SÇAVANS; s'eft contenté de dire que Xénophon pas dans cette occafion ; M. Coahiur d'Ephèfe a compofc dix livres in- titules , les Ephéjîaqiiis , qui traitent d'avantures galantes, de la Ville d'E- phèfe, Se d'autres matières. Vofîius ne parle du même Xénophon , qu'en citant le partage de Suidas. M. Huet tire de la même fource ce qu'il en dit, dans fon origine des Romans ; & Dom Bernard de Mont- faucon dit feulement, dans fon Dia- rium ltalicum, qu'il a vu le manuf- critj dont il s'agit. Politien a fait quelque cliofe de plus , puifqu'il a , en quelque façon , porté fon jugement fur cet Auteur Grec, en le comparant, pour l'élé- gance 6c les agre'mens du ftyle, à Xé- nophon l'Athénien. Mais comme ce jugement n'en: ni précédé, ni fuivi d'aucune analyfc, capable de l'auto- rifer , c'eft une déciiion pure Se (im- pie, qui n'a rien de fort fatisfaifant pour les curieux. Ils ne peuvent donc manquer de recevoir , avec grand plaifir , le préfent qu'on leur fait aujourdui, puifqu'il les inftruit d'un point de littérature,qui n'eft pas indigne de leur attention. Ce n'en; pourtant pas à l'Au- teur de cette Edition qu'ils doivent toute leur reconnoillance. M. Sal- yini , Bibliothcquaire du Grand Duc, en mérite une partie , puifque c'eft lui qui a tiré notre Ephéfien des té- nèbres où il étoit. Aïant trouvé le manuferit dans la Bibliothèque des RR. PP. Bénédictins de Florence, il le traduifit en Italien, ôc fit im- primer cette traduction à Londres, en 1723. Au refte,fi M. Sali ;w*s'eft attiré les premiers remercimens du Public, parce qu'il a fait le premier peut faire valoir deux autres avan- tages qu'il a fur lui. i°. Sa traduc- tion eft Latine, cv par conféquent à la portée de plus de perfonnes , que la verfion Italienne. z°. Il ne s'eft pas contenté, comme fon compatriote,de publier faTraduétionùl a bien voulu nous donner fon Auteur en original , en faifant imprimer le texte Grec ; de manière que ceux qui lavent cette langue, le trouvent en état de con- noitre Xénophon l'Ephélîen , autant qu'il peut être connu. Quelque fi- dèle que foit une traduction, elle ne l'eft jamais allés, pour repréfenter un Auteur précilément tel qu'il eft. D'ailleurs il faut obfcrver , avec M. Sulvtni^que les Ipbéjîaques ne contiennent aucun trait, qui man- que dans quel temps a vécu ce Xé- nophon. Si l'on peut donc efpérer quelque éclaircillèment là-defllis ,ce ne peut être qu'en faifant uneaten- tion férieufeyau tour,au ftyle, & mê- me à certaines expreffions de l'Au- teur j£c nous fommes perfuadés que les connoillèurs , qui auront le loifîr de faire cet examen , pourront déter- miner à-peu-près dans quel liécle cet Auteur écrivoit : d'où réfulte une nouvelle obligation des Savans, envers l'Editeur du texte Grec. Cependant nous obferverons , en pafTant, que fi l'on ne trouve , dans les Amours d'Abrocomas & d'An- thie, aucune époque certaine, qui puiflè fixer le fïécle de Xénophon ; i\ y a du moins quelque lieu déju- ger que cet Auteur a écrit depuis l'Empire d'Augufte: Nous croïons cette conjecture bien fondée fur plu- fieurs endroits du Livre , où il eft A O U S parle du Commandant , ou du Gou- verneur d'Egypte. Car il n'y a eu de Gouverneurs en Egypte, que de- puis la mort de Cléopatre, c'eft-à- dire, depuis que les Romains eu- rent réduit ce Roiaume en Provin- ce. Il réitérait donc à favoir com- bien de temps s'eft écoule depuis cette époque, jufqu'à Xénophon ;& c'eit ce qu'on aura , fans doute , beau- coup de peine à trouver, fur- tout fi l'on néglige le moïen dont nous venons de parler. L'Ouvrage eit compofe' de cinq Livres : cependant le palfagede Sui- das en porte dix ; fur quoi M. Sal- viui obilrve que l'Iota, qui marque le nombre de dix , pourrait bien avoir e'té mis à la place de VEpJiïcn : à moins, ajoûtc-t-il , que Suidas n'ait voulu mettre en ligne de compte un Traité de la Ville d'Ephéié , & quel- ques autres Ecrits , qui n'ont nul ra- port à celui dont eit queflion. D'abord nous nous femmes fait feru pule de donner le précis d'un Roman , qui ne nous a paru autre chofe qu'un fommaire d'avantures. Cependant, parce que l'antiquité lui donne quelque forte de relief ,& que les exemplaires en font encore ailés rares en France, nous' avons jugé qu'on ne feroit pas fâché de favoir au moins en quoi confiaient ces avan- tures , que Xénophon décrit ; 6c c'efl ce qui nous a déterminés à en don- ner le détail , que nous allons ren- dre le plus concis qu'il nous fera poflîble. Livre I. Abrocomas , fils de Lycomède Se de Thémiite , jeune homme d'une admirable beauté, & qui , par une noble éducation , a per- T 1747. ; 449 feétionné mille excellentes qualités, qu'il avoit reçues de la nature ; chéri de tout le monde, 6c aimé de plu- sieurs jufqu'à l'adoration , paraît d'abord d'une fierté à l'épreuve de l'amour. Ce Dieu , jaloux de fapuif- fance,lui fait voir, dans une Ferle de Diane à Ephèfe , Anthie , jeune Ephéfienne, âgéede 14 ans,fillcde Mégamédc Se d'Eyippe. Abroco- mas fait envain le rétif ; il cil forcé de céder à fon vainqueur ; il ne lent que trop fa défaite, il en fait l'aveu, & commence à adreflèr des prières au Dieu, qu'il a fi long-temps mé- prifé. Anthie, de foncôté, n'eftpas moins fenfible aux charmes d'Abro- comas. L'un & l'autre font épris en même temps ; en deux jours,ils tom- bent dans une langueur amoureufe, pour la guérifon de laquelle on fait inutilement des facrifices. On con- fulte Apollon Colophonicn fur la maladie, 6c conformément à l'Ora- cle qu'il prononce , on marie les deux Amans ; après quoi, fuivant la même réponfejleursparensles font voyager, malgré le chagrin qu'ils ont de les perdre. Abrocomas 6c Anthie s'embar- quent pour l'Egypte ; ils arrivent àSamos, après un jour d'heureufê navigation : ils fè jurent une fidélité mutuelle : ils cotoyent les Ifles de Cos 6c de Gnide , Se mouillent à l'Ifle de Rhodes , d'où ils partent, après quelques jours de réfidence. Ils traverfenten deuxjours une par- tie de la Mer d'Egypte ; mais ils tombent dans un calme, qui fut la première caufe des malheurs, que l'Oracle leur avoit prédits. Quelques Pirates, qui lesavoient 45 à Rhodes,bien équipés, les pour- pefe. Apfyrthe revient de Syrie avec fuivent, les attaquent , 6c s'en ren- un mari qu'il deftine à fa fille ; Man- dent les maîtres. Abrocomas6c An- to,pour fe vanger d'Abrocomas , thie l'ont emmenés par Corymbe, l'accufc devant fon père d'avoir vou- chef des Pirates : ils arrivent a Tyr lu la violer. Apfyrthe prévenu par en Phenicie ; Corymbe les conduit l'tmpofhjre de fa fille , fait punir dans une maifon de campagne d'Ap- l'innocent ; Anthie demande inuti- fyrthe fon Maître , où ils font obii- lement grâce pour lui. Manto ma- gésde repouffer, chacun de ion côte', rie'e emmène en Syrie Anthie, Leu- des atteintes allés vives, qu'on veut con 6c Rhoda, pendant qu'Abro- porter à leur fidélité conjugale. comas rette enfermé dans un cachot. Livre II. Apfyrthe , en par- Elle arrive à Antioche , patrie de tageant fes Efclaves avec fes Com- pagnons , met dans fon lot Abroco- mas 6c Anthie, ainfi que Leucon 6c Mceris fon époux ; elle le défait de Leucon 6c de Rhoda, qu'elle en- voie fort loin, pour y être vendus, Rhoda, qui avoient été pris dans 6cellcfait prefent d'Anthicàungar- le même Vaiffeau ; 6c il les fait me- deur de cliévres, lui ordonnant de ner tousenfemble à Tyr, dans l'el- la prendre pour femme, 6cde lafor- pérance d'en avoir un grand prix. cer,fi elle ne veut pas fe livrer de Pendant un voyage qu'il fait en Sy- bonne grace.Le pâtre la conduit chez rie, pour les afaires defbn commer- lui , Anthie lui demande grâce 6c ce, Manto fa fille devient amou reufe d'Abrocomas. Elle n'oie lui déclarer la paffion , mais ne pouvant plus la contenir, elle laconfieà Rho- da , qu'elle tâche de mettre dans fes intérêts , 6c par prières èc par mena- ces. Celle-ci en parle d'abord à Leu- con, qui va fur le champ exhorter Abrocomas à ne pas faire le (cruel , 2c à ne point s'cxpofèr à la colère de Manto. Abrocomas entre en fu- reur contre le nouveau Mercure; 6c il protefbe qu'il mourra plutôt que d'être infidèle à fa chère Anthie. Ce- pendant cette généreufe époufe le prie d'obéir plutôt, que d'encourir un fi grand danger, 6c fe préparc , dit-elle, à finir fes maux par la mort. itiente Manto écrit à Abro- comas, pour lui Elire fa déclaration. I & captif , toujours confiant , lui içponâ avec une fierté qui la déièf- Lampon ( c'elHenom du Berger ) la lui accorde. Apfyrthe aïant trouvé , par ha- zard, la lettre que fa fil le avoit écrite à Abrocomas , fait délier cet inno- cent, 6c le traite en ami ; mais celui- ci auroit préféré fon aimable Anthie à toute autre bonne fortune. Pen- dant que cette charte tourterelle efl chés Lampon , Mceris , qui alloit fouvent dans le Village, lent naî- tre une vive paffion pour elle ; il en fait la confidence à Lampon , qui promet de le fervir, 6c qui ne l'aifiè pas d'aller fur le champ révéler le myltéreàManto. Celle-ci trouve fort mauvais qu'Anthie, après l'a- voir emporté fur elle dans le cœur d'Abrocomas, lui ravifjc encore un mari ; elle fe promet de punir ce fé- cond outrage, bien autrement que le premier ; 6c pendant l'ablènce de A OU S Mceris, elle ordonne au berger d'em- mener Anthie dans un bois voifin , Se de l'y maflacrer. Pour s'acquit- ter de fa commifîlon , il va trouver Anthie, quife détermine aifément à la mort , regrettant feulement de ne finir pas fes jours avec l'objet de la tendreflè. Le berger touché de la mifére de cette femme, lui fauve la vie. Mais pour éviter la fureur de Manto, ildépaïfe la captive affli- gée, en la vendant à des Marchands Ciliciens , qui l'emmènent la nuit fuivante. Après avoir fait naufrage, ils abordent en Cilicie, parlcmoien de quelques débris. En arrivant , ils font pris dans une forêt par un Brigand nomme' Hippothoùs, qui al- loit faire un facrifice , dont Anthie devoit être la victime, lorfqu'il fur- vient un libérateur inconnu , qui tue une partie des voleurs , & met le refte en fuite. Férilalis ( c'eft le nom de ce Sauveur ) a compaffion de l'état où Anthie alloit être rédui- te, il la fait paflêr à Tarfe , avec les Voleurs qu'il avoit pris. Il devient bien-tôt lui-même efclave de fa beau- té, & comme il lui propofe le ma- riage , Anthie feint d'y confentir , & demande feulement trente jours pour y penfer. Abrocomas,qui a quitté la mai- fond' Apfyrthe, pour aller chercher fa femme en Syrie, le fait inflruire, par Lampon,de tout ce qui s'étoit paflé. Il va de -là en Cilicie, où il rencontre Hippothoùs. Il fait amitié avec lui , fans le connoître, & les voilà tout d'abord camarades de voïage. Livre. III. Ils parcourent cn- femble la Cilicie , Se patient à Ma- T i 7 i f. 4ri facer en Capadoce;chemin fàifant , ils fè content l'un à l'autre leurs avan- tures. HippothoÙ3 fait à Abroco- mas le portrait de cette jeune perfon- ne, qu'il s'étoit vu fur le point d'im- moler. Abrocomas la reconnoît à cette peinture ; 2c dans l'efpérance de la revoir en Cilicie , il engage Hippothoùs à y retourner avec lui. Cependant les trente jours qu'An- thie a demandés, fè parlent ; on fonge à la cérémonie des noces. Mais An- thie fe voi'ant à l'extrémité, obtient d'un Ephéfien, nommé Eudoxe, un poifon , qui puifle la déliver des pourfuites de ion Tyran. On la mè- ne au lit nuptial , elle s'y fait appor- ter un verre d'eau , elle y met le poi- fon qu'elle avoit , Se après une invo- cation à l'ombre d'Abrocorms qu'el- le croïoit mort, elle l'avale .Elle tom- be incontinent dans un afîbupiilè- ment léthargique. Périlaùs entre, & ell fort étonné de ce fpecïacle ; il fc défoie , il plaint le fort d'Anthic , & lui fait rendre les honneurs de la fépulture, avec la magnificence la plus fomptueufe. Le poifon qu'An- thie avoit pris , n'étoit point mor- tel ; fon éict feréduiibitàjetterdans un anéanti dément, qui rellembloit parfaitement à la mort. L'inhumée fe réveille dans fon tombeau ; elle eft fâchée de fè voir rendue à la vie; mais elle efpérc que la faim l'en dé- livrera mieux que le poifon , & elle attend la mort avec fermeté. Des voleurs , qui favoient qu'on avoit enféveli beaucoup de riches habits Z< des fommes coniîdérables, avec l'empoifonnée , vont ouvrir le fépul- ere , pour le piller. Ils lont fort fur- pris d'y trouver une rellùfcitée, qui 4,*i JOURNAL DE le jette à leurs pieds, & qui leur abandonne tout lbn attirail, a condi- tion qu'Us la laiilcront mourir tran- quillement, dans le lieu de la fépul- turc. Les voleurs, peu touches de fes prières, l'emmènent à bon comp- te a Alexandrie , aparemment pour en faire de l'argent. Anthiefevoiant cxpofceide nouvelles traverfes, ne fouhaite autre cliofe que de voir le tombeau d'Abrocomas. Dans le dé- fefpoir où elle ell, elle ne veut ni boire, ni manger, il faut que fes ra- valeurs l'y contraignent. Pendant qu'Abrocomas ScHippo- thoiis courent après Anthie, ils ren- contrent les Compagnons de ce der- nier : & dans un fbûper qu'ils font avec eux , où Abrocomas lait très- mauvaife figure , une vieille nommée Chryfion, vient raconter l'avanturc de Peïilaus Se de l'Efclave qu'il avoit epoufe'e. Abrocomas occupé de fes inquiétudes, ne fait pas d'atention à ce récit ; mais Hippothoiis lui aïant fait entendre quec'étoit infail- liblement cette pcrfonnc-là même qu'il cherchoit, il ne doute plus de la mort d'Anthie. 11 conjure la vieille de le mener au tombeau ; elle lui aprend, pour mettre le com- ble à fon défefpoir, que les voleurs ont enlevé ce corps prétieux. Hip- pothoiis tâche de le confoler comme il peut ; mais il ne gagne rien. Pen- dant que tout le monde dort , Abro- comas s'efquive , 6c monte dans un vaiflèau , qui faifoit voile pour Ale- xandrie. Anthie avoit été en éfet vendue à des Marchands de cette Ville, qui pz demandoient pas mieux que de la revendre à leur profit. Un des S SÇAVANS; petits Rois de ces contrées , nomme Pfàmmis, qui e'toit venu là, pour voir le pays & pour y trafiquer, eft frape de la beauté d'Anthie. Il l'a- chette fort cher, & aufli-tôt il veut en abufer. Après quelque réfiftan- ce, elle a recours à la feinte. Elle fuppofe que dès fanaiffance elle fût coniâcre'e par lbn perc à Ifis, jus- qu'au temps de fes noces ; & qu'il s'en filloit encore un an, que ce ter- me ne fût expiré. Le fuperftitieux Pfàmmis en demeure là , craignant d'irriter contre lui la Déeflè des Egyptiens. Dans ces entrefaites , Abrocomas ell: jette fur une côte de laPhénicic, à l'embouchure du Nil. II y eft pris par des Bergers , & ven lu à un vieux fbldat, nommé Araxe, dont la femme Cyno le coëfe bien vite du jeune Efclave. Elle lui fait fa décla- ration, & dans la vûë de l'époufer, elle commence par égorger fon mari. Elle en va porter la nouvelle à Abro- comas , qui l'entend avec horreur , 6c qui la fuit , fans lui répondre. La mé- chante femme va pleurer 6c crier bien haut contre fon nouvel Efclave, qu'- elleaccufcdel'afiàflinat : on le faifit, 6c on le mène à Alexandrie, pour le faire punir. L i v r e I V. Celui qui comman- doit alors dans l'Egypte , fait bien- tôt le procès à l'infortuné Abroco- mas ; il le condamne à être cruci- fié. Les exécuteurs de la Sentence plantent la croix fur le bord du Nil ; ils y attachent l'innocent, Se le bif- fent là. Le crucifié adreflè fa prière au foleil, qui l'exauce ; il s'élève un vent impétueux, qui jette l'homme £v la croix dans l'eau , dont le patient fuie A O U S fuit le fil , Se eft enfin porté jufqu'à l'embouchure. Là des Gardes l'ar- rêtent , & le ramènent devant le Juge, comme un échapé du fupli- ce. Il eft aufli-tôt condamne' au feu ; mais lorfqu'il elt fur le bûcher allu- mé, un débordement du Nil vient «teindre la flâme. Ce fécond mira- cle étonne les afîîftans,Sc rappelle le fouvenir du premier ; on reme'ne encore Abrocomas au Gouverneur , qui aïant apris ce qui étoit arrivé , ordonne qu'on ait foin du crimi- nel, & qu'on le garde en prifon, jufqu'a plus ample information. Peu après, il reconnoît linnocence d'A- brocomas, Se l'impofture de Cyno. Jl délivre l'un,Sc fait crucifier l'autre. Dans ce même temps , Pfammis s'en retourne chés lui avec Anthie. En parlant par l'Ethyopie, il tombe entre les mains d'Kippothoiis Se de fa troupe , il eft défait & volé ; Anr thie eft emportée avec le butin. An- chiaie, un des voleurs qui la retienr nent dans une caverne , en devient l'adorateur ; il ne fauroit la gagner ni par promenés , ni par menaces , Se comme il fedifpofe à employer la force,Anthiefemunitd'un poignard, dont elle lui donne fubtilement un coup , dans le temps même qu'il eft fur le point d'éxecuter fon deftein. Les voleurs de retour,fongent à van- ger la mort de leur camarade.. Les uns font d'avis d'égorger la meur- trière , Se de l'enfévelir avec Anchia- le, les autres veulent qu'on la cru- cifie ; mais Hippothoiis invente pour elle un nouveau genre de fuplicc. 11 la fait enfermer avec deux grands dogues , dans une foffe profonde , f.fin que ces animaux prefles par la Aoujî. T r 7 * 7- 4*3 faim , la dévorent. On en donne la garde à Antinome , qui déjà épris depuis long -temps des charmes d'Ânthie, ne peniè qu'aux moïens de la fauver. Pour cet efet, il don- ne tous les jours à boire Se à man- ger aux chiens, qui par ce moïen ne font aucun mal à celle qu'on a expofée à leur rage. Livre V. Abrocomas parti d'E- gypte, après fajuftification, n'arri- ve point en Italie, comme il fe l'é- toit propofé. Il eft pouflè' fur les côtes de Sicile. Il y eft reçu fort hon- nêtement dans la maifon d'un pê- cheur , qui le nourrit de fon travail , Se qui en a tous les foins poflibles. Abrocomas lui fait le récit de tous fes malheurs , Se Egialée ( c'eft ainfi que s'appelle le pêcheur ) lui conte les Cens à fon tour. Cet Egialée eft af- fùrément un rare modèle de conf- tance en amour. La mortdefamai- trellè n'eft pas capable de le refroidir ; il en embaume le corps ; il le gar- de chés lui , Se ne retranche rien des témoignages de tendrefie, qu'il avoit coutume de lui donner. Hippothous aïant quitté l'Ethio* pie,pour aller encore enEgyptc exer- cer les brigandages ; Antrnome , qui s'étoit caché, pour ne le pas fuivre, va délivrer la belle de fa baffe-foflè, Se la confole de fon mieux. Il lui promet de n'attenter jamais fur fa perfonne avec violence;Anthie le fuit fur fa parole ; ils arrivent enfcmble à Copte, où ils féjournent quelques temps, pour donnera Hippothous le temps de s'éloigner davantage. Ce- lui-cj eft pourfuivi par une com- pagnie de Soldats, que le Gouver- neur d'Egypte a mis à fes trouflès, M m m 45-4 JOURNAL DES SÇAVANS, fous la conduire de Polyide , qui parant à de grands profics. Le dan- rencontre enfin les Brigands à Pe- Jufe. 11 en tué une partie, en prend une autre, fie laiflê échapper Hip- pothous avec quelques-uns de fes af- ibeiés. Polyide réiolu de fuivre fa pointe , remonte le long du Nil , fai- sant des perquifitions très-exaétes , & menant même avec lui les voleurs qu'il avoit pris, afin qu'ils puiflent lui lervir à reconnoître leurs Con- fre'res. Il vient à Copte ,oùétoit An- rinome avec Anthie. Il voit cette charmante afligée , il veut la con- traindre à fe rendre à fes défirs , elle fe iauve dans le Temple d'His ,eiïe y adreflè fes vœux à la Déeflè ; fie quelque temps après, Polyide y va promettre à Anthie, qu'il ne lui fera plus aucun outrage. Sur cet aflïï- rance , elle fort du Temple ; fie après avoir confulré l'Oracle d'Apis , fur la deftinée de fon mari , elle part pour Alexandrie, avec Polyide. Rhe'née , femme de ce dernier, avoit apris que fon e'poux amenoit avec lui une compagne , qui lui plai- foit fort. La Dame peu contente de ce procédé, ne promet pas bon temps à là rivale. En éfct,en l'ab- iènee de Polyide , elle lui fait don- ner les e'trivie'res , fie charge enfuite un certain Clytus , efclave afidé , de l'aller vendre à un Marchand d'efclaves. Clytus fe diipofant à exé- cuter les ordres de fa maitreflè , eft touche des larmes Se des prières d' Anthie ; mais il craint le rclîênti- ment de Rhéne'e, c'eft pourquoi il obe'it. Le Marchand , qui achette Anthie à Tarcnte, après l'avoir lailfé repofer deux ou trois jours, la mè- ne enfin dans un lieu public, fepré- ger eft preflànt ^ Anthie s'aviie d'u- ne rufe pour l'éviter ; elle fait fem- blant de tomber dans un accès d'e- pilepfie. Cet accident refroidit l'ar- deur de tous les concurrens ; on * pitié de la malade , on ne fonge qu'à la guérir ; fie dès que fa fanté paroît meilleure, le Marchand l'expofe en vente , jugeant bien qu'il n'en pou- voit rien faire de mieux. Hippo- thoiis cherchoit alors à faire quelque bonne emplette en ce genre. Il avoit demeuré , pendant quelque temps , à Tauroméneen Sicile. Après y avoir très-mal fait fes afaires, il avoit épou- fé une riche vieille, qui lui avoit laillé de grands biens. Réfolu de s'en fervir en honnête homme, il étoit allé en Italie, pour y acheter* des efclaves. Il reconnoît Anthie » dans le marché de Tarentc ; il la quef- tionne,il l'achette,fie Anthie l'aïant enfin reconnu à fon tour , elle lui apprend comme elle s'eft fauvée de lafoffeaux chiens. Kippothoiis,qui commençoit aparemment à donner plus à la tendrelîè qu'au briganda- ge , s'enflâme pour Anthie , il lui fait toutes les inftances imaginables, fie Anthie ne trouvant plus de moïens pour lui réfifter , prend le parti de lui confier les engagemens avec Abrocomas. A ce nom , Hippothoiis devient plus modéré, fie promet d'a- voir tous les égards convenables pour la femme d'un ami, qu il fbu- haittoit de retrouver. Abrocomas , qui éroit enfin arri- vé en Italie, fie qui s etoit loué, dans Tarente même, pour travailler aux carrières , ne peut foûtenir long-tems la dureté de ce travail . Il fe détermine AOU à retourner dans fa Patrie, efpe'rant encore , que dans la longueur du che- min qu'il avoit à faire, il pomroit apprendre quelque nouvelle de fon epoufe. Il parle par la Sicile, 6c par l'Ifle de Crète, 6c arrive à l'Ifle de Rhode. II y rencontre , dans le Tem- ple du Soleil , Leucon 6c Rhoda : ces anciens amis fe reconnoiflent 6c rivent enfemble. Hippothoiis, qui veut remener An- thie à Ephèfe, 6c la rendre à fa fa- mille,aiTive à Rhodeavec elle. C'eft- là que tous les Acteurs fè rejoignent, & s'embarquent de compagnie, pour retourner che's eux. Nous tenons pour maxime eflèn- tielle , que nous ne devons pas , pour l'ordinaire, nous déclarer furie mé- rite des Ouvrages, dont nous ren- dons compte dans notre Journal. Le Lecteur le plus défintérefle, n'ai- me pas à voir fon jugement prove- nu par unautre, qu'il n'attend point. Si le nôtre eft peu favorable aux Au- teurs, ils nous en favent mauvais gré ; s'il leur eft avantageux, leurs Antagonift.es font mécontens , & fbuvent l'on fe plaint des deux cô- tés. Le plus fur parti pour nous eft le filence, parce qu'il a du moins tous les dehors de cette neutralité qui nous fîed fi bien. Mais nous fommes perfuadés que cette loi , à laquelle nous nous aifujettiffons vo- lontiers, peut foufrir une exception, a l'égard d'un Auteur auffi ancien , & auffi peu connu que celui-ci. Nous ne croïons pas que dans l'ou- bli prtfque général , où il eft, depuis tant de fiéclcs, il fe foitfait ou des «dverfaires d'afles mauvaife humeur, pour nous aceufer de le flatter , ou S T i 7 * f 45T des partifans ailes zélés, pour nous reprocher trop de févérité. Nous di- rons donc librement ( & en cela nous jugeons à-peu-près comme M. Sal- vini ) que Je ftyle de Xénophon eft clair, naturel, & d'un tour fi fim- ple, qu'à peine il mérite le nom de tour ; vif cependant, concis 6c d'u- ne pureté Attique. Mais nous ajouterons que la con- duite du Roman n'eft pas des plus touchantes. Ce n'eft pas que les évé- ncmens y manquent -, ils y font fi fréquens 6c fi preflës, qu'ils ne bif- fent pas le loifir de refpirer ; 6c cer- tainement il y en d'afles merveilleux, pour réveiller le Lecteur, s'il avoit le temps de languir. Mais ils font cxpofë's avec une précipitation , qui fait un tort confiderable à l'intérêt qu'on y pourrait prendre. Cela va, en plufieurs endroits, jufqu'à lafé- cherefle ; enforte que fi l'imagina- tion du Lecteur n'ajoute rien aux fituations qu'on lui dépeint, il court rifque de n'en être pas fort ému. Nous favons que ce n'eft pointa des digrcfllons trop étrangères au fujet,ni à de longues amplifications, qu'il faut avoir recours , pour exci- ter dans l'ame le trouble fècret,qui fait tout le plaifir d'une telle lecture. Mais il y a certains détours 6c cer- tains enchaînemens à ménager, (ans lefquels la narration n'a rien de pi- quant ; parce que la douce émotion qui fe fait fentir au cœur, eft tou- jours proportionnée à l'incertitude , où l'efprit demeure jufqu'au dénoue- ment. Faire crucifier un homme in- nocent , fur le bord du Nil , le faire omberdans le fleuve, avec là croix, ^laquelle il demeure lié, le conduire M m m ij ^6 JOURNAL DE en cet état, par k courant de l'eau , jufqu'à la mer, le faire reprendre par des Gardes, qui le reme'nent de- vant le Juge, le faire auffi-tôt con- . damner au feu , trouver le bûcher tout prêt , l'allumer Se l'éteindre tout à coup, par un débordement du Nil : reprc'lênter tout cela , Se le repré- fenter dans une page , ce n'eft pas vouloir attendrir fonLoéteur, c'eft le le m.tcreàla torture, ou plutôt c'eft le déconcerter au point, qu'il ne fait s'il doit rire, ou pleurer. On peut dire que, fi l'Auteur avoit voulu le livrer à fon fujet, il aurait eu de quoi compofer un volume af- fés raifonnable.Mais,comme s'il e'toit preflë de finir dès qu'il commence , iàns faire long -temps foupirer les deux amans l'un pour l'autre, il les marie des le premier Livre ; Se dans les quatre fuivans , il parcourt le refte de leurs avanturcs,avec une fi gran- de rapidité , qu'il paraît en donner un extrait,plutôt qu'une hiftoirc. De plus, l'Auteur a négligé une régie afiès généralement obfervée par les Romanciers. Elle confifte à tranf- porter tout d'un coup le Lecteur au milieu des avantures qui doivent être racontées ; après quoi on le ra- mène au commencement, par un ré- cit que fait le plus fouvent le Hé- ros même. De cette façon, le cœur eft d'abord attaché,par une fituation qui lintércflè, & qui fait naître en même temps la cunofité d'aprendre ce qui a précédé. On veut favoir par où le Héros eft arrivé au point où il eft : on fouhaite une narration entière, on la fuit avec plaiiir, par- ce qu'on a des raifons pour la fui- xse ; Se les plus petites circonftances, s sçavans; qui n'auraient fait nulle imprcflîon dans un préambule, ne lai lient pas de plaire & de toucher, parce que l'cfprit eft prévenu. Ce lécours de de l'art n'auroit point été inutile à Xénophon. II en eft de ce Livre à-peu-près comme d'une gallerie , qui ferait propre à contenir quantité de bons tableaux, 8c dans laquelle onn'auroic mis que des cadres. Si l'on cherche ici des ientimens , des descriptions , des caractères , des images , on fera tout étonné d'en trouver les'places t & rien de plus. Tout ce que nous pouvons en excepter , ce font les premiers mouvemens d'Abrocomas Se d'Anthie,dans leur paiïion naif- fante , Se la confiance inébranlable qu'ils font voir l'un & l'autre, dans lès fermens d'une fidélité réciproque. Encore avons-nous remarqué très- peu de fécondité, dans la peinture de ces diipofitions. 11 y avoit occa- fion d'exprimer quelques pa/fions allés vives. La colère , la vangeance & l'impofture de Manto ménnlee ; fa jaloufie & fa fureur contre An- thie ; la rudelîèSc la férocité d'Hip- pothoùs j ledéfefpoir de Périlaùs ; la perfidie, lafcélératellè 2c la cruauté deCyno ; ces endroits, & tantd'au- tres fèmbiables , étoient fufccptibles de quelques couleurs , qui en au- raient fait tout l'agrément. Xéno- phon ne juge pas à-propos d'en faire les frais ; il lé contente d'un récit tout nùd. Qu'arrive-t-il de-là ? On lit, & l'on ne lent rien en lifànt. Les Epifodes, deftinés à tenir l'es- prit en fufpens,& à répandre une agréable variétédans le Roman , font de peu d'ufage dans celui-ci ; puif- AOUST 17*7. 457 qu'ils fe redutfent aux avantures la Traduction de M. Coccbiitsefth t- d'Hippothoiis & d'Egialée, racon- te'rale, jufques à conferver prefque te'es tres-laconiquement, par tout l'Helle'nilme, ou le tour de Nous finirons, en avertiflànt que la phrafe Gréque, TRAITÉ' DES PETITS TOURBILLONS DE LA MATIERE fubtile , où l'on fait voir par les feuls effets du choc , que l'univers efi rempli d'une mAtiert très-fluide, très-agitée, & compofée d'une infinité de Tourbillons de figures fphénques , qui produisent tous les refforts de la nature. Pour fer-' vtr d'introduction à une nouvelle Pbijique , & d'éclairciffen.ent a la Pièce qui a re porté le pr x de l'Aca émi. Royale des Sciences en 1716. par un Prê- tre de ^Oratoire. A Paris , chez Claude Jombert, rue Saint Jacques , près les Mathurins , 6c Noël Piflbt, à la defeente du Pont-neuf Quay de Conty,àla Croixd'Or 1717. In-40. pp. j6. CE traite' compofé par le Père Maziere, Prêtre de l'Oratoire, efi diyife en fix chapitres. Dans les trois premiers, l'Auteur confiderant les feuls eficts du choc dans les corps qui ont du reflbrt, tâche de faire voir que l'Univers eft rempli de ce que l'on appelle matière fubt le , c'eft- à-dire, d'une matière extrêmement fluide & agitée. Dans les trois autres, il confidere cette matière dans ces mêmes corps qui ont du reflbrt , & il s'efforce de montrer que la ma- tière dont il s'agit, eft compofée d'u- ne infinité de fpheres très-fluides , qui produifent tous les rellorts de l'Univers, 6c que l'on nomme, dit- il , petits Tourbillons. Voicy en abrège' ce que chacun de ces chapitres renferme. I. Le Père Maziere entreprend de prouver dans le premier chapi- tre, que le reffort eft produit par un fluide dont l'air emprunte fa fluidité & fà force ; & que ce fluide far- tant des corps au premier temps du choc, & y rentrant au fécond, caufe par cette double action le bandement & le de'bandement des reflbrts. Ces deux aérions contraires & fucceflives que l'Auteur nomme comprejfon ècreftitution, fontfenfibles dans des ballons enflez d'air, & l'ef- prit, les apperçoit , dit-il, dans les; corps les plus durs, non-lèulement par une analogie fondée fuir des ex- périences incontestables ; mais en- core indépendemment de toute ex- périence dans l'idée de deux corps qui rejalliilènt après s'être chocqués, L'Aureurconcludde ce principe,, après avoir eflàyé de le mettre dans tout ion jour, que les corps ne rc- tourneraient pas en arrière, s'ils n'avoient du reflbrt, c'eft cette force inconnue, dont il a deflèin u'expli- quer probablement la caufe phjjique* Selon le Père Maziere, dire que cette caufe eft une quai té occulte, ce n'eft pas l'expliquer, dire que c'eft le ruide alfelu , ce n'eft pas l'expli- quer probalh ment ; dire que c'eft Dieu même, ce n'eft pas expliquer pbyjî- q: ement , « tfftt naturel , c'eft ex- pliquer les loix invariables fui- vant lefquelles , lorfque Dieu vat* 4>-8 JOURNAL D cet effet, il fait que des corps agif- fent fur d autres , afin qu'il loit pro- duit. Et dc-là l'Auteur conclud que la caufe phyque du reflbrt n'eft pas Dieu même, ni aucune autre intelli- gence ; que c'eft un corps ; mais un corps mis en mouvement, puiiquc, dit-il , les corps n'ont de force qu'au- tant qu'ils ont de mouvement. Mais dans l'idée de deux corps qui fc choquent , le P. Maziere n'ap- perçoit que des parties folidesôc des parties fluides ;& fi quelqu'un croit y appercevoir de petits liens , il le ren- voyé au livre de la recherche de la vente' du Père Malebranche ; après lui avoir fait remarquer, que fi ces prétendus liens font parfaitement durs,ils ne peuvent produïrede mou- vement en arrière, & que s'ils font flexibles , ils doivent être compofez de parties folides& de parties fluides. Or, dit-il, ce ne font pas les parties folides qui produifent ce mouve- ment, ce font donc les parties de quel- que fluide, d'un fluide qui fort des corps au premier temps du choc , & qui y rentre au fécond. Maintenant pour diftinguer de quelle nature eft ce fluidc,'e Père Ma- tière imagine un ballon plein d'air, & les parties intégrantes de l'air com- me des pellicules de petits ballons. Si on comprime un ballon, dit-il , fon volume diminue, & par confe- qùent il en fort de la matière fluide; cela eft fenfible , lorfque la com- preflion eft confiderablc, ôc ne pa- roît pas moins certain lorfqu'elle eft foible. Si on cefîe de comprimer ce ballon , continuë-t-il, le même fluide qui en étoit forti , y rentre auf- fi-tôt après. ES SÇAVANS,' Le Pcre Maziere pre'tend que ce ne font pas les pellicules de l'air, pour délicates qu'on les fuppofe, qui tra- vcrfènt fi facilement la ps.au d'un ballon ; mais que c'eft une matière beaucoup plus fluide qui les pénè- tre & les inonde ; & qu'ainfi cette matière eft au moins neceflàire à la production du reflbrt ; quoiqu'elle ne le produife pas par cette feule raifon, qu'elle eft plus fluide que l'air. Car, ajoûte-il, lorfque la refit- «. tution va commencer, la matière «c fluide qui eft dans le ballon , eft te plus comprimée que celle qui «« l'environne. Mais lescerps les plus «« fluides, comme tous les autres, « ne doivent pas aller vers le coté où k i! s [croient plus prejfés. II eft donc «« neceflàire que ia matière qui pro- « duit lereflbrt(cellequi reftedans le « ballon à la fin de la compreffion ) « ait pour le produire, une force tt propre à cet eflêt ; mais une force « qu'elle n'emprunte d'aucun autre «e fluide. Car fi elle l'empruntoit ?» d'un autre fluide, ce ne feroit pas » elle, mais cet autre fluide qui fê- « roit la caufe phyfiquc de la force « elaftique. Or, continuë-t-il, dans « le ballon que je confidere ici , je « ne vois que des pellicules & de « la matière fubtile. La matière fub- « tile emprunte-t-elle fon mouve- ajoûte-t-il , les corpufculcs de la » matière fubtile fortent & rentrent. « Mais avec quelle facilité ! avec » quelle promptitude ! Toutes ces « vibrations fans nombre ne font oc- « cafionnées que par un leul coup » du battant de la cloche, St l'on « diroit que toutes enfemble com- » mencent ÔC finiflent en même 3» temps. Lrefprit humain ofera-t-il a> donner des bornes à la fluidité s» d'une matière qui produit tous »^ces effets ? Le Père Maziere tâche de prou- ver que la caufè d'un reflbrt infini- ment prompt, feroit une matière in- finiment fluide, ou que la fluidité parfaite feroit une des propriétés de la matière qui produiront des reflorts parfaits en promptitude ; & fans s'ar- rêter à ces idées metaphifiques , il confidereenfuite la nature telle qu'el- le eft en effet. Il ccnvicnc qu'il n'y a pas dans la nature de refforts infi- niment prompts -, en prenant ce mot infiniment dans toute la rigueur ma- thématique. Mais il foûtient que la matière qui produit les refforts, eft indéfiniment plus fluide que l'air, & qu'en confequence, pour raifonner avec quelque jufteflè fur les effets naturels , éc pour en découvrir les cauiès, il doit être permis à un Phy- ficien de la fuppofer infiniment flui- de. Enfin il tâche de prouver qu'el- le eft également fluide dans tous les corps, quoiqu'elle n'y produife pas des reflbrts également prompts. C'eft-à-dire, dit le P. Maziere, « que la matière fubtile a la facilité faffent leurs révolutions dans de m fi petits cercles avec tant de a» promptitude. Mais ce ne font , a> ajoùtc-t-il, ni les fens, ni l'ima- ■» gination qu'il faut confultcrdans * la recherche des vérités : C'efr. a> l'efprit par lui feui qui doit les s» apercevoir ; Se l'efprit peut voil- ai clairement que les corpufculcs de a l'Ether étant très-petits 2e très- 3< agités, peuvent & doivent faire s» leurs révolutions aufïi facilement » dans un petit cercle que dans un s> grand. De l'idée des tourbillons il tire ces deux confequences. i°. Que cha- que tourbillon a des forces cen- trifuges égales dans tous les points A o comprefïïon. Or, continue l'Auteur, les deux corps à chaque mitant de la reftitu- tion , acquièrent les mêmes dégrez de force qu'ils avoient perdus dans chaque inftant correfpondant de la comprefïïon. Ainiî à la fin de la res- titution, les corps ont acquis les mê- mes degrez de force qu'ils avoient perdus à la fin de la comprefïïon. Mais ils avoient perdu toutes leurs forces primitives à la fin de la com- prefïïon. Donc à la fin de la refti- tution ils ont recouvré toutes leurs forces primitives. VI. Le P. M.confidere enfin les rcflbrts dans le chapitre fixiémeavec toutes les imperfections qu'ils fe trouvent avoir dans la nature. Mais fans entrer dans l'examen de toutes les caufès des imperfec- tions des refîbrts , il les réduit à deux principales. La première , cit que la plupart des corps folides , ont des canaux aflez larges , pour donner paffage à l'air , ou à quel- que autre fluide imparfait. La fé- conde vient de la fragilité des corps phyliques. Le verre, par exemple, quieflfidur, fi tranfparent, ôcc. eft fragile. Ceft, dit-il, un défaut, ou plutôt une des propriétés qui le dis- tinguent du bronze, &de plufieurs autres corps. Si à tant de proprietez qui dans le verre facilitent l'action des petits tourbillons, on pouvoity ajouter celle d'être auffi peu fragile que le bronze, il aurait fans doute plus de force élaftique. L'Auteur, en fuivant fes princi- pcs,prétend expliquer physiquement d'où vient que deux boules folides J l 7 * 7'c c u ■ 4*5 de verre, qui fe font choquées avec 16 dégrez de forces égales , réjail- liflènt avec la plus grande partie de leurs forces primitives, 6c qu'elles n'en perdent que la Seizième partie ou environ. Cela provient fans dou- te , dit-il , de ce qu'à la fin de la reûiturion tous les pores des deux boules demeurent un peu applatis dans le même e'tat qu'ils l'étoient vers le commencement de la comprcfÏÏons lorfque ces corps avoient déjà per- du un dégre' de leurs forces ; d'où il arrive, continuë-t-il , que dans l'inf- tant que la reftitution finit , ces bou- les doivent avoir recouyre' leurs for- ces primitives moins un dégre' , 6c par confequent retourner en arrière avec if dégrez de force : Se cela Suivant lui, par un eftét de la force centrifuge des petits tourbillonsjorf- que cet effet n'eft pas entier, c'eft- à-dire, comme il l'explique, lorSque cet effet eft empêché en partie, Soit par le mouvement d'un fluide groS- fier qui eft renfermé dans ces corps , foit par leur fragilité, Soit enfin par divers autres obftacles qui fe trou- vent dans les corps élaftiques. Le rapport toujours exact que l'on obServe, dit le P. Maziere , entre les forces qui font détendre unreffort, & celles qui le font tendre, pourra s'expliquer , fans aucune peine , fi l'on veut SuppoSer , qu'il y ait dans la nature une force confiante , uni- forme , afl'ez grande pour pouvoir toujours être proportionnée à toutes les forces des corps qui fe cho- quent. Cette force qui dans tous cesdif- ferens rapports tient toutes choies en équilibre , qui ne l'emporte par î^ n n ij 464 JOURNAL DE fur les plus petites , 8c qui contre- balance les plus grandes, ne peut être autre chofe , à ce qu'il paroit à l'Auteur, que celle des petits tour- billons de la matière fubtile , 8c il croit l'avoir fufKlammcnt prouvé. Ce ne font après tout, dit-il, que des conjectures qu'il fera toujours prêt d'abandonner , lorsqu'il en trou- vera de mieux fondées ;c'eft-à-dire, lorfqu'on lui expliquera plus pro- bablement qu'il ne l'a fait , la caufe d'une force qui puillè faire déban- der les reflbrts foit parfaits , foit im- parfaits, fui vant des proportions tou- jours exactes. 11 fuffit même, félon lui, qu'on accorde que cette caufè quelconque, eft confiante, 8c qu'elle cft capable de fe prêter à tous les effets du choc, pour déduire de cette fuppofition le3 S SÇAVANS, loix générales du choc de tous 1 es corps qui font dans la nature, pour les rendre auflï incontcftables que font les ventés géométriques, & pour les exprimer par des formules qui fous desexprefîîonstrès-firnp'ks prefentent la folution de toutes les queftions Phyfico- Mathématiques , que l'on peut faire touchant les loix du choc des corps à rcifort parfait ou imparfait. C'eft à quoi l'Auteur a déjà travaillé dans la pièce qui mérita l'année dernière les fuffrages de l'A- cadémie Royale des Sciences. Nous pourrons parler de cette pièce qui a donné occafion au Traité des petits tourbillons , & de quelques autres que le Père Maziere promet de don- ner encore au public. DISSERTATIO DE ARTHRITIDÉ, AN Arthritidi curanda: quœrendum topicum lithontripticum propofita ab illuftriffimo viro , D D. Antonio Deidier Montpelii, apud joanneni Martel. 1726". C'eft-k-dire, Dijfertatton fur la Goûte, oit ion examine , fi four guérir dtte maladie , il faut clr.rcher un topique Ithontriptique ? far M. Antoine Deidier, Dofîcur en Médecine de la Faculf de Montpellier. A Mont- pellier , chez Jean Martel, 1726. broch. in- 12. pp. 25, L'Auteur commence fa diflèrta- tion par expofer de quelle ma- nière la goûte a coutume de prendre pour la première fois. On fent d'a- bord , dit-il , de la douleur au gros doigt du pied ; puis cette douleur va à la partie antérieure du talon , 8c enfuite il furvient une enflure à la malléole. La plupart des malades ouï peine alors a convenir que ce foit la goûte: les uns attribuent la caufe de cette douleur à leurs fouliers trop étroits, les autres à un trop grand exercice à pied, d'autres à un coup, d'autres à une foulure ;8c perfonne prcfqucne veut convenir que ce foit la goûte. Notre Auteur marque enfuite les autres accidens de cette maladie puis il la di vife en régulière & irrégulicre, Se explique ce que c'eft que la matière de la goûte. 11 obferve que c'eft toû- joursune humeur coagulée, qui par la dureté pierreufe qu'elle acquiert dans les articles où elle fejette, empê- che la libre circulation du fang, fie. A O U S produit par ce moyen les douleurs Se les autres fymptômes , qu'éprouvent les goûteux. Il tâche d'expliquer comment cette maladie peut fe com- muniquer de père en fils, 8c pour- quoi les Paylàns 8c autres gens de travail,y font moins fujets que les au- tres. Les fignes de la goûte régulière & ceux de l'irrégulierc font ici exac- tement marquez ■ puis l'Auteur vient aux prognoftics de cette maladie ; après quoi il parle de la manière de la guérir , ou plutôt de la trai- ter : il dit que quand les douleurs de La goûte font bien violentes, elles font elles-mêmes un remède au mel , parce qu'on fouffre moins long-tems ; qu'au furplus fi ces dou- leurs font fi aiguës, qu'on nepuiflè dormir ni jour ni nuit, il n'y a qu'à prendre le foir un peu de laudanum ; mais que ce remède a fês inconve- niens, parce qu'après avoir calmé les douleurs , il en furvient de plus atroces que jamais. Quant aux pur- gatifs que quelques Médecins con- feillent aux goûteux , il prétend qu'il n'en faut ufer qu'avec de grandes précautions , parce que fouvent ils convertiflent la goûte régulière en irréguliere , ce qui eft très-dange- reux , 8c que lorfqu'ils ne le font pas , ils ne manquent jamais de la rendre plus âpre. M. Deidier n'approuve pas plus ici la faignëe ; & erttr'autrcs raiibns qu'il en apporte, il dit qu'il eft à craindre qu'elle ne rappelle au- dedans, les humeurs que la forcedufangapouf- iées au -dehors. Il cite cependant l'exemple de feu M. Vieuflèns, fa- meux Médecin de Montpellier , le- T 1747-,. ^5 quel fe guérit d'un cruel accès de goûte par une laignée qu'il fe fit faire au pied ; mais il prétend que ce coup de Maître eft plus digne de remarque que d'imitation. L'e'metique ne convient pas plus aux goûteux , félon notre Auteur , les fudorifiques lui paroifibient les meilleurs de tous les remèdes , par- ce qu'au lieu de faire rentrer l'hu- meur au-dedans, ils la déterminent au-dehors, mais il trouve i°. Qu'en la pourtant au-dehors, ils la fixent quelquefois davantage fur les arti- cles. 20. Qu'en l'agitant avec violen- ce,ils rendent les douleurs plus cruel- les , & font aller fouvent l'humeur goûteufe fur des parties qui en au- roient e'té exemptes , 8c ce qu'il y a de pis, la font monter quelquefois jufqu'au cerveau , où elle produit l'apoplexie. Il rapporte fur cela l'e- xemple d'un Confeiller de Mont- pellier, homme fort robufte, qui s'é- tant guéri de certaines infirmitez par des fueurs copfeufes qu'il s'e'toit pro- curées en retenant quelque tems fon fouftleavec violence, crut pou- voir fe guérir de la goûte par le mê- me moyen , mais qui fut la victime de ce remède qui lui caufa une apo- plexie dont :1 mourut. Notre Auteur ne trouve pas que les diurétiques foient plus convena- bles dans la goûte, ils entraînent aux reins les molécules groflleres 8c ter- reftres , dilperfées dans le fang,8c caufent par cet amas la gravelle ou la pierre, maladie plus dangereufe que la goûte , 8c qui n'en eft que trop fouvent la fidelle compagne, l'une 8c l'autre ayantle même prin- cipe. Le meilleur parti que punTcnt. 466 JOURNAL DE prendre les goûteux, félon notre Auteur, l 'eft de s'abftcnir de tout vin nouveau , 8cdans lequel le tar- tre domine, c'eft de ne point boire d'eau de puits ou de marais, ni mê- me de citerne, à moins qu'elle ne (bit bien épurée. Ondeffendordinaircmentlevinpur aux sroûteux; mais notreAutcur veut qu'ils le boivent tel , fi avant la goûte ils avoient coutume de le boire de la forte. Il penfe la même chofe de Peau , en forte que celui qui avant les pre- mières attaques de la goûte buvoit de l'eau pure, doit continuer le mê- me régime, Se celui qui buvoit moi- tié' eau 6c moitié vin, doit continuer de-même à mêler l'un avec l'autre : il veut en un mot qu'à l'égard de la boiflbn, le goûteux ne change rien dansfon premier régime, fur-tout fi après yavoir changéquelqucchofc, il a lieu de croire que fa goûte vien- ne de ce changement : Ajjîdue veto perjîent in afiumptione vint merACÏ vel aqtujitnplicis , vel in ùtriufque mixturâ , prout arite primant morbtmvajîoncm af- fueverant , pr&fertïm Jî in himtttatâ bïbendt confuetudïne , is or'igtnem tra- xiffe videatur. Perfonnc ne difeonviendra que fi par exemple le goûteux s'apperçoit que fa maladie vienne de ce qu'il a difeontinué de boire fon vin pur, il ne doive fe remettre à le boire fans eau ; mais tout le monde ne convien- dra pas de-même, qu'indépendam- ment de cette expérience, un goû- teux doive continuer à boire fon vin pur , parce qu'avant que d'être at- taqué de la goûte , il le buvoit ainfi ; puifqu'il femblc au contraire que la S SÇAVANS, goûte étant furvenue dans l'ufage du vin pur, ce régime peut y avoir donné occalion. Quoiqu'il en foit, M. Deidiereft à l'égard du manger dans le même f miment qu'à l'égard du boire, il ne veut pas non plus que le goû- teux change rien fur cet article. L'exercice convient à tous les goûteux, pourvu qu'il foit mode- ré ; notre Auteur le leur recommande fort ; il leur confeille en même tems de fe coucher de bonne heure, par- ce que le fommeil Se la fituation où l'on eft quand on dort dans fon lit, favorifcle cours des humeurs, Se par confequent prévient lesobftruéHons. 11 confeille encore ici les médi- camens préparés avec le mars, pour débarraflér les vaiflèaux lymphati- ques engorgés , Se rendre le reflbrt aux fibres relâchées. Il eft d'avis que l'on joigne aux mars quelques grains de quinquina. Il trouve à propos aufli lorfqu'il y a un trop grand mouvement dans le fang , que le goûteux recourre au lait ou d'aneflè , ou de chèvre, ou de vache, félon l'avis d'un prudent Médecin. Nous voici arrivez aux douze dernières lignes de la diflêrtation, dans lefquelles l'Auteur examine en- fin le point de la queftion qu'il a propofée dans fon titre , Se qui fait celui de là diflêrtation ; fçavoir , fi pour guérir la goûte, il faut cher- cher des remèdes topiques , tels que ceux que l'on nomme ittbontrip- titjUcs ; c'eft-à dkc,brtfe-pierres. Com- me c'eft le titre de la diflêrtation, nous n'avons garde dclepaflèr fous filen- ce, Se comme l'Auteur traite ce fujet en deux mots , nous ne fçaurions AOUS mieux faire'que de copier l'article. On a beau, dit M. Deidier, être exact fur la diette , on ne fçauroit par ce fcul moyen, diffoudrc les no- dofite's des goûteux ; il faut fi on veut entreprendre cette diflblution aller à la caufe du mal qui eft une concrétion pierreufe ; c'efî donc cette concrétion qu'il faut refoudre. On n'en fçauroit venir à bout par les remèdes intérieurs. i°. Parce qu'il ne s'en peut porter qu'une très-petite portion à la partie affectée. 2°. Parce que la circulation continuelle des li- queurs qui les charient , ne leur per- met pasd'yféjournerlong-tems. 30. Parce qu'étant obligez de paiîèr par T 1 7 t y. & tant de canaux,& de fe mêler avec tant d'humeurs différentes , ils doivent perdre leur vertu , avant que d'arri- ver où ils font portez : ainficenëft gue'res qu'à un remède immé- diatement appliqué fur les articles du goûteux , £c long-temps conti- nué, qu'on peut avoir ici quelque confiance. Donc pour guérir lagoute , il faut cher- cher un topique lithontrïptique . Voilà en quoi confifte cette diflêr- tation qui fait la matière d'une Théfe qui a été foûtenuë à Mont- pellier le mois de Novembre 1 726". par Jean - Baptifte Thyflïer , Bache- lier en Médecine. NOUVEAUX ME'MOIRES DES MISSIONS DE LA'COMPAGNIE de Jefus dans le Levant. Tone 6e. A Paris, chezPiffot, Quay de Conty , & Briaffon, rue S. Jacques 1727. [in- 12. pp. 289. fans compter la Lettre préliminaire. CE fixiéme volume contient quatre Lettres 6c trois Mémoi- res. La première Lettre eft du Père Supérieur Général des Millions de la Compagnie de Jefus en Syrie §C en Egypte ; elle efl adreiïée au R. P. Fleuriau de la même Compa- gnie. C'eft une efpéce de Préface , dans laquelle l'Auteur annonce les diférentes pièces qu'il envoie ; n'ou- bliant pas de faire valoir, en paflànt, le zèle & l'alîïduité de ceux qui ont travaillé à ces recherches curieufes. Perfonne ne peut trouvera redire à de fi juftes louanges , 8c fans doute la reconnoiffance du Public eft con- forme aux fentimens du Supérieur Général. Le paffage des Ifraëlites par la Mer rouge eft le fujet de la féconde Lettre $ écrite au/fi au Père Fleu- riau, par le Père Sicard , Million- naire en Egypte. Entre plufieurs points que l'Auteur fepropofcdc- ckircir dans cette difîertation , il y en a trois principaux, fçavoir 1". Le lieu où les Ifraëlites s'afièmblé- rent,ôc d'où ils partirent ; 2°. Quel- le route ils prirent en s'éloignant de Pharaon ; 30. De quelle manière ils traversèrent la Mer rouge, qui s'opofoit à leur paflàge. i°. Le P. Sicard prétend que les Ifraëlites fe rendirent tous à Bef- fatin ,petit Village à trois lieues du vieux Caire, & que ce fut de-là qu'ils . partirent. Pour établir cette opinion , il fuffit de prouver que le Beffatin d'aujourd'hui eft l'ancien Ramefts , d'où le Texte facre fait décamper le 4r,S JOURNAL D Peuple Hébreu. C'eft aufïi à cette preuve que s'applique le Miflion- nairc, 5c il l'a tire de pluficurs cir- conftances, qui lui paroiflènt déci- fives en fa faveur. Il obfcrve premièrement que les juifs du Caire, qui de temps immé- morial enterrent leurs morts auprès de Beffatin, ont choifi cette fèpul- turc , parce qu'ils l'ont regardée com- me celle de leurs Ancêtres ; iljoint à cela les noms de quelques endroits voifins du même village, tels que le rocher appelle MejanatMouffa, ce qui veut dire lieu où Moïfe co:>?;; unie tfuoit arec Dieu ; Se les ruines du Mo- naftére de S. Ariène, nommées Afc- ravad Mouffa , c'clt - à - dire , habita- tion de M'ïfe. Ii fopofè en fuite qu'on peut faire monter le nombre des Ifraclitesjuf- qu'à 2400000 perfonnes , en ajou- tant aux 600000 combattans , trois fois autant de femmes , d'enfàns 6c de vieillards. II s'agit de trouver un camp , pour cette multitude fi pro- digieUfè. L'Auteur croit qu'on ne peut le mieux placer que dans la plaine de Beffatin , large d'une lieuë, entre le Nil Se le Mont Tora, ou Trcïen, êc longue de deux lieues , depuis le Caire, jufqu'au Mont Diou- chi : en foi te que , iùivant le calcul du P. Sicard , il pou voit y avoir, dans ce camp.fix pas dediftanced'ûn Ifraë- lite à l'autre, par les cotés, & cinq pas, devant £c derrière; ce qui four- niflbit allés de place pour les Cha- meaux , & pour les autres bêtes de fommc|, pour les tentes & les au- tres chofes néceflâires à un campe- ment. L'Auteur ne s'en tient pas à i'e'- ES SÇAVANS, tendue , que devoit avoir le camp des Hébreux : il conlidére encore qu'il avoit fallu trouver le terrain propre à y drefl'er des tentes ,8c cela, fans taire ton aux biens delà terre : qu'on avoit dû choifir une place , où l'on fût à portée d'avoir de l'eau 6c d'autres provifions ; Se qu'enfin ce camp ne pouvoit être éloigné de Pharaon , dont Moïfe alloitfouvent recevoir les ordres , pour les rap- porter aux Ifraëlites. Or, au juge- ment du P. Sicard , toutes ces cho- ies enfèmble ne peuvent convenir qu'à la plaine de Beffatin, qui eftfa- blouneufe, inculte & inhabitée, fi- tuée fur le bord du Nil , 8c fépa- rée, par ce fleuve feulement,de Mem- pliis, où Pharaon fliifoit fa réfiden- .cc , lorfque les Hébreux fortirent de l'Egypte. Quant à cette dernière circonf- tance, qui regarde la réfidenec de Pharaon, fixée à Menïphis, il cfta- propos d'obfèrvcr que le Miffion- naire a débutté par établir ce point de fait. On peut voir, au commen- cement de fa Lettre, fur quelles preu- ves il fe fonde. 1 1. Les Ifi-aclites n'avoient que deux routes à prendre , pour aller de Beffatin , ou de Rame fis , à la mer rouge. La première étoit le chemin de Babylone, ou du Cure, à Arjî- nos, aujourd'hui Sues. L'autre étoit la vallée fituée entre le Mont Tora , 8c le Mont Dwucht. C'efl par celle- ci que le Père Sicard fait marcher le peuple Hébreu. Le principal motif de cette décifion , eft la facilité d'ex- pliquer, parcemoïen, toutes les cir- conftances , dont l'Ecriture fait men- tion , par raport au départ Se à la marche A O U S marche des Ifraé'lites. Nous pou- vons dire, à cette occafîon , que le Mi/fionnaire eft fort habile à tirer avantage de tout, 6c qu'au refte {es interprétations, fimples & naturelles, donnent beaucoup de vrai-fèmblan- ce à fon fentiment. Il joint à cette preuve fondamentale certaines rai- fons de convenance, qui ne font pas à la vérité des démonstrations , mais qui pourtant méritent d'entrer en ligne de compte. Telles font les ob- fervations qu'il a faites , en allant lui-même de Beflav.nWa. mer rouge. Il y eft allé par le même chemin , dont il fe fert, pour y conduire les Hébreux, il a fait les mêmes Hâtions qu'eux , la première à la plaine de Gendeli , la féconde à la plaine de Ramli:, & la troifiéme aux fources de Tboi'airec] , fur le bord de la mer rouge. Or il prouve, & parleséty- mologies,& par la iîtuation des lieux, comparée avec les termes de l'Ecri- ture , que Gendeli , RamliJ, & Tboiiai- req font IcSocbot^l'Etbam èz le Phiba- kirobt , dont il eft fait mention dans les Livres Saints. Il a fait ce voyage entrais jours, & il n'a pas été obligé d'aller à grandes journées , puifqu'il n'a compté de Befann à Tboiïa'treq, que 2,6 à 27 lieues de France. » Cette « traite , dit-il , n'eft point excefîi- » ve , pour des gens accoutumés » au travail le plus dur, à la faim , j> à la foif & aux rigueurs d'une « longue lèrvitude , & qui de plus s» efpércnt , par cette route , pou- »> voir recouvrer bientôt leur li- V berté ; furtout , trouvant uoehe- » min uni & commode, Se dans un m tems favorable , qui étoit celui de ;.» l'équinoxe , où l'air eft doux 6ç Aouft. T 1 7 2 7. 469 la chaleur fuportable,& d'ailleurs « tempérée par la colomne de nuée « qui les ombrageoit. « Le Père Sicard a encore remar- qué que cette vallée a une lieue de large, dans l'endroit même le plus étroit , êv qu'ailleurs elle en a juf- qu'à deux & trois ; d'où il infère que cette route étoit fort commode, pour une Armée nombreufe , qui pouvoit marcher par rangs de plu- ïieurs milles. Avantage qu'il ne trouve point dans l'autre route , furtout dans la vallée qui va de Suis à Bce'fépbon , le long de la mer rouge , & qui , avec fept lieues de longueur, n'a pas plus d'un quart de lieuë de large. De plus , comme le Millionnaire fonge à tout , il n'oublie pas les chofes qui étoient nécelîàires à la vie de cette multitude fugitive. Dans le voyage qu'il a fut , il a vu la Terre couverte de prêle, de genêt, de tamaris & d'aber , dont lus Cha- meaux , félon lui , font pœjjionnés : c'étoit-là de quoi nourrir ces ani- maux. Il a trouvé plufieurs arbuftes fêcs ; par conféquent très-propres à faire du feu , pour cuire la pâte des Ifraëlites. 11 a vu, fous ces arbuftes, êc fous diférentes herbes , une quan- tité furprenante de gros limaçons , dont il dit qu'un peuple , qui n'a rien autre chofe, peut fort bien s'ac- commoder. On ne fauroit trouver cette conjecture trop hardie. Nous croions même que l'Auteur pouvoit aller plus loin. Rien ne l'empêchoit de faire faire aux Hébreux , une chère très -délicate, avec ces gros limaçons , après avoir afsûré qu'ils font excellent, O o o 47o JOURNAL D Voilà autant de réflexions , qui pintes à la première raifon , dont nous avons parle, font conclure au Père Sicard , que Dieu commanda à Moï(è, de mener les lfraëlites par la route qui pafl'e entre le mont Tora , Se le mont Diouebi. III. Avant que d'en venir à la troifiéme queftion , c'eit-à-dire , au partage de h mer rouge , l'Auteur fait la delcription des deux camps , de celui des Hébreux , Se de celui de Pharaon , qui les pourfuivoit , Se il fait voir comment ceux - là ctoient enfermés de toutes parts , ayant les deux montagnes Beclfepbon Se Magdalum ,à leurs côtés , par de- vant, la mer rouge, Se par derrière , l'Armée Egyptienne. Enfin il éta- blit la vérité du miracle, en détrui- fant le fentiment de ceux qui pré- tendent expliquer naturellement , par le flux Se reflux , le pafl'age de la mer rouge , Se la perte de Pha- raon. Mais , comme ilenvifage deux fortes d'adverfaires dans ce parti , les uns hérétiques , ou libertins , Se les autres Catholiques ; il â recours à deux genres de réponfè. Aux der- niers il n'opofe que le texte de l'E- criture , dont les termes font for- mellement contraires à l'explication phyfique. Contre les autres il em- ployé un raifonnement fimple Se à la portée de tout le monde. » Un " éfet lênfible , dit-il , qui eft vu a» par des millions d'hommes, pen- a> dant le cours de leur vie , tous » les jours, à de certaines heures ré- ;» glées , ne peut être inconnu. Le a> flux Se reflux de la mer rouge , » à l'extrémité du Golfe, étoit tel : ■h donc il n'a pu être inconnu , Se ES SÇAVANS," pour le jour Se pour l'heure , à k tous les Egyptiens , qui demeu- » roient le long des bords de la « mer Sec. » Effectivement il feroit te bien étonnant que Moïfe eût con- nu le flux Se reflux de ce Golfe , Se qu'aucun Egyptien n'en eut été inf- truit. Le Père ajoute qu'en général dans quelque grève que ce puiflè être , on peut fe Graver du flux , Se qu'à plus forte raifon l'Année de Pharaon n'auroit pas dû être fubmer- gée comme elle le tut,puifquela mer rouge , à l'extrémité du Golfe , n'ayant que deux lieues de trajet , Se les eaux ne fe retirant tout au plus qu'à une lieuë du bord , de quelque manière que l'on fafîè mar- cher dans cet cfpace les a^oooo. Egyptiens , il falloit néceflàirement qu'il y en eût un grand nombre à portée de fê fauver aifément. L'Auteur conclut donc qu'on doit regarder ce pailàge comme un des miracles les plus éclatans,Seque fi on ne convient pas de celui-là , il faut nier tous les autres. Avant que d'entrer dans cette dif- cution , au fujet du flux Se reflux , le Miflionnaire a répondu à deux autres objections , qu'on peut faire contre fon fyftêmc. La première eft tirée du pfeaume 77, où la plaine de Tant s elt citée, comme le théâtre des prodiges opérés en faveur des Hébreux ; d'où il s'enfuivroit en aparenec que Moïfe , Se le peuple qu'il conduilbit/eroicnt partis de-là, Se non pas des «environs de Mcm- phis, comme le croit le Père Sicard. La réponfe elt , que dans le langage de Dayid , Egypte , Etham Se Ta- A O U S nis , font des termes fynonimes , fie que d'ailleurs, fi le Pfâlmifte parle de Tanis , plutôt que d'un autiv endroit, c'eft parce que la ville fie la plaine de ce nom étoient plus connues des Ifraèlites, que tous les autres lieux de l'Egypte. L'Auteur , à cette oc- cafion , marque la fituation de Ta- nis , dont on voit encore les ruines au bord du lac Manzale ; il la place à une journée fud-oueft de Péluze. Un verlet du Livre des Nombres à donne' lieu à la féconde objection. Il efl dit que les enfans d'Ifraël , après avoir paflè par le milieu de la mer , marchèrent trois jours dans le dc- fert d'Etham. De là , Toflat , Génc- brard , Crotius , Marfbam &C quelques Rabbins ont conclu que les Hé- breux n'avoient point traverfé la mer, d'un bord à l'autre ; mais qu'ils avoiènt feulement fait un circuit af- fez grand , pour engager dans les eaux toute l'Armée de Pharaon , 5c qu'eniùite ils étoient retournés au même bord , d'où ils étoient partis , c'eft-à dire vers l'Egypte , puif- xju'Etham étoit de ce cote-là. Le Millionnaire réfout cette difi- culté , par l'interprétation du mot Etirant , terme générique , félon lui , qui convient à tout defert rude ôc pierreux , fiv qui ne fignifie point en particulier l'Etham où les Hé- breux firent leur féconde ftation. Non content de cet éclairciflèment, l'Auteur fait voir , par des raifbns tirées de la topographie , que ce cir- cuit cft une pure chimère. Il fait donc paflèr les Ifraèlites d'un bord à l'autre de la mer. Il ne les con- duit pas plus loin , mais il promet yne féconde difîèrcatiou , dans la- T 1717: _ 47 ï quelle on doit trouver leur route jufqu'au Mont Sinaï. Outre les trois chefs principaux , que nous venons d'expofer , le P. Sicard en décide encore quelques autres moins importans: par exem- ple , à quelle heure les Ifraèlites en- trèrent dans le chemin , qui leur fut ouvert, au milieu des eaux ; com- bien il leur fallut de temps pour le trajet ; par quel endroit ils traver- férent ficc.Mais ce que nous trouvons de fingulier, pour le dire en parlant, avant que de quiter cette difîértation, c'eft la peine que prend l'Auteur , de prouver qu'un aveuglement mi- raculeux n'étoit pas abfolument néccfîaire , pour engager Pharaon à marcher fur les traces des Ifraèli- tes , entre les flots fufpcndu1;. Les Egyptiens , objecte-t-on , quoique dans la nuit la plus obfcure , dévoient s'apercevoir que le terrain n'étoit plus ferme , fie qu'ils enfonçoient. dans la vafè : l'odeur de la mer de- voit les faifir Se les détromper ; il falloit donc néceflàirement que leur opiniâtreté eût une caufè furnatu- relle. Le Père Sicard ne fait point de cas de ces réflexions. Mais, fi l'on y joint la fituation de la mer , parfai- tement connue des Egyptiens , con- noiflance qui donnoit lieu à la fécu- rite avec laquel'e ils alloient paflèr la nuit dans leur camp , fûrs qu'ils étoient de tenir leurs ennemis envc- lopés de toutes parts ; fuffira-t'il de répondre , avec le Père, à toutes ces difficultés jointes enfèmble,que/alfiégeans vinrent camper, dit-on , après avoir terminé leurs diférens. 160. A l'ex- trémité du Keik, montagne fituée dans la plaine de Perle , à l'Occident de Damas , les relies de Céfarée : ils ne confiftent qu'en un château , qui commande fur quelques maifons à demi ruinées. 170.' Prés de-ià, une petite montagne,où les chênes verds , les fycomores , les citroniers , Se les orangers forment un ombrage agréa- ble, Se où l'on croit, par Tradition, que le Sauveur du monde fè trou- vant avec les Difciplcs, leur deman- da ce que le peuple dilbit de lui ,Se ce qu'ils en difoient eux-mêmes. 180. Au pied de cette élevation,ou de cette montagne, les deux fontaines Sor Se Dan , d'où lejourdain prend fa fource. i9°.En descendant la montagne du Keick^, près du Village de Bettima , un tombeau qu'on dit être celui de Nemrod , Se fur lequel, lî l'on en croit le peuple, la rolée du Ciel ne '7*7; . .. 475" tombe jamais, en punition de l'im- piété, qui porta ce Prince ambitieux à vouloir fe faire adorer comme un Dieu. 20°. Sur le chemin de Jeru- falem à Damas , les deux montagnes entre lefquelles celui qui fonde les cœurs , 6c qui les touche , quand il lui plaît, fit entendre fa voix au per- fécuteur des Chrétiens, Se en fit , en un moment, le plus zélédéfen- fenfeur de fon Eglife. 210. Sur l'u- ne de ces montagnes , la grotte où S. Paul, après fa converfion, fe re- tira, pour éviter la fureur des Juifs. 220. Enfin la plaine de Hauran , pais d'Abraham , appelle aujour- d'hui, pour fa fertilité, le grenier de la Turquie. Le Millionnaire pour couronner tout ce qu'il a dit de Damas 6c dé fes environs , ajoute le jugement qu'en ont porté les Prophètes , en ap- pelant la v'ûk,uneMaifon de plaifance , Se les environs , des lieux de délices. Ceux qui voudront favoir pourquoi la partie occidentale du territoire de Damas s'appelle la plaine de Perle , n'auront qu'à lire, dans ce Mémoi- re, ce que l'Auteur raconte de la ri- vière d'Abouloùaire;l'hifl:oire eft un peu trop longue , pour être inférée dans notre Extrait. Le fécond Mémoire , qui concer- ne la ville Se les environs d'Alep , renferme aulfi plufieurs curiofitez, que nous allons parcourir. L'Au- teur y décrit la ville Se le commer- ce qui s'y fait, commerce déchu conlidérablemcnt de fa première fplendeur, par lesraifonsqijienfont ici raportées. Il explique ce que c'en: que les Caravannesen général t Se il s'arrête en particulier à celle des Pé- 476 JOURNAL DE lerins de la Mecque, dont il expofê le départ, les cérémonies 6c les pré- rogatives , fans oublier le privile ge du chameau , qui a porté les pré- iens du Grand Seigneur. Cet ani- mal eft dans la fuite fort diftingué du commun. On lui drefîè une ca- bane , dans laquelle on le nourrit, avec tous les foins & tous les égards po/ïïbles, fans qu'on puifîè l'aflii- jettirà aucun travail. C'cft-là qu'il paflè le refte de fes jours , dans les douceurs du repos , & dans les hon- neurs du plus haut rang. A l'occafion de cette Caravannc , le Milfionnaire donne la deferip- tion de la Mecques de fi Mofquée, du tombeau de Mahomet, & de la Ville de Médine, où ce faux Pro- phète fe retira. Il fait aurfi à ce pro- pos , une digrerfion , au fujet du Roi des Yousbcgs, qu'il a vu palier par Alep, lorfque ce Prince, après avoir été déthroné par fon fils, alloit au tombeau de Mahomet , pour y me- ner une vie privée. Les Yousbcgs font des Tartarcs , voifins des Per- fans. L'Auteur nous apprend com- ment ils font gouvernés, de quelle façon ils font habillés , de quelles armes ils fe fervent, quel cil leur génie 6c leur commerce ; la qualité & les productions de leur pais ; en- fin leur Religion. De-là le Miflîonnaire revient ù ce qui regarde plus directement fon Mémoire. Il s'arrête d'abord à la vil- le d'Antioche, fi recommandablc , non feulement par fon agréable li- tuation, mais encore par le Siégcde Saint Pierre, parles premiers Chré- tiens, par le Concile des Apôtres , dont le Martyr Saint Pamphilc af- S SÇAVANS, iure avoir vu les Canons, dans la Bi- bliothèque d'Origène, 6c par les pré- dications de Saint Jean Chryfofto- me. Une plaine fituée entre Anthio- che 6c Tripoli, engage le P. Sicard à nous donner l'hiftoire des Arfici- des, autrefois habitans de plufieurs petites montagnes , qui terminent cette plaine. L s Arfaeides ain- fi appelles , parce qu'ils préteo- doien: defeendre dArface,qui fon- da l'Empire des Paith-s, après la morr d'Alexandre, ont eu,depuis,le nom d'AiîaifinSjà caufede leur bri- gandage & de leurs aflaifinats, fui- van: le fenriment de l'Auteur : peut- être aurfi que la corruption du pre- mier nom a eu quelque part à l'u- fage du dernier. A cette étvmolo- gie le Millionnaire ajoute quelques réflexions fur l'élection 6c fur le ti- tre de leur Chef, fur lcurRcligion, fur leur défaite par les Tartares , en 1 257 , 6c fur leurs fucceflëurs , qu'il croit trouver dans les habitans des montagnes , qu'on rencontre à deux journées de Tripoli , 6c dans d'au- tres peuples, qui habitent la plaine , vers la mer. Les premiers s'appel- lent Kefbtns, du nom de Kefbié, leur pais ; les autres fè nomment Naffa- riens, c'eft -à-dire, mauvais Chré- tiens ; qualité , dit l'Auteur , qui convient aux uns 6c aux autres. Effectivement le récit qu'il fait de leurs dogmes, de leur Religion, 6c de leurs cérémonies , ne fauroit en donner une autre idée. Il en eft de- même de la Religion des Druzcs, qui habitent, comme on le voit dans ce Mémoire, une partie du Mont-Li- ban , les montagnes au-dellus de Sey- de A O U S de 8c de Balbaq ', Se le pais de Hé- bail 6c de Tripoli. L'Auteur fait une courte diflertation fur l'origine des Druzcs , qu'il fait defeendre, non pas de ceux qui fuivirent Godefroy de Bouillon,, à la conquête de la Terre- Sainte, comme le croient les Dru- zes eux-mêmes , ni des Soldats du Comte de Dreux , défait par Sala- din,du tems des Croifades, quoi- que ce ibit l'opinion de quelques Ecrivains ; mais il dérive le nom de Drupes du mot Arabe Dcu^, qui li- gnifie la future fagittale, ou la li- gne qui joint les deux os du crâne nommés pariétaux. Cette étymolo- T 1717. / 477 gie eit fondée fur la comparaifon, que font fouvent les Ecrivains Dru- zes, entre l'union des deux parties latérales du crâne, & celle qui doit régner dans leur nation. Le Mémoire fur les Coptes, qui eft la dernière pièce de ce volume , reofenrie,en très-peu d'étendue, l'o- rigine des Coptes, l'étymologie de leur nom, leur Religion 6c leurs erreurs. On y trouve auffi le com- mencement Se le progrès de l'Euty- chianifmc , à l'occafion des Coptes , que l'Auteur dit être les Eutychiens d'Egypte. JOANNIS GEORGII AB ECKART DISSERTATIO de Apolline Granno Mogouno in Alfatiânuper detcéto ; quâ Dii loca- les varii,Thermarumiteni Aquis Granenfium 8c Wisbadenfium , nec- ,non Colmarix, Argentan'^ Argentorati , aliorumque Alfatùc & Ger- manlx locorum antiquitates quazdam breviter exponuntur Wirce- burgi. Dipertaton de M. Jean-George Echjiart fur une infcri[tion trouvée en Aif.:ce,&c. A Wirtzbourg, chez Henry Engmann , brocli. in-40. pp. 24. VOicy l'infeription latine qui fait le fujet principal de cette diflertation , 6c qui a été trouvée il y a quelque tems à Horbourg fur 1111 , en Aliàce , près de Colmar. Apollini Gr an NO MoCOVNO Q^ LlCINIUS TRIO D. S. D. M. Morcau de Mautour de l'A- cadémie Royale des Infcriptions 6c Belles-Lettres, à la prière de M. de Corberon , Prélident du Confeil d'Alface,a déjà tenté une explica- tion de ce monument. M. Eckhart , maintenant e'tabli à Ao uft ', Wirtzbourg, Se verfédans ce genre de littérature, a crû pouvoir adjoù- ter aux recherches du célèbre Aca- démicien, 6c par de nouvelles con- jectures êclaircir une matière qui lui a paru curieufe 6c intêreflante. Pour y parvenir, il avance d'a- bord comme un principe gênerai , qu'on a quelquefois donne aux Di- vinités payennes des furnoms tires des lieux, où leur culte étoit établi. Il en tire dans la filite cette confe- quence , que les eaux minérales 6c les bains chauds , dont les Romains faifoient leurs délices, ayant e'técon- fàcre's à Apollon ou au Soleil, qu'on en croyoit l'Auteur , comme l'aob- PPP 4-S JOURNAL DE ilrvc M.dcMautour, il cM allez na- turel que ce Dieu ait porte les nom? de certains endroits, où il y avoit des- bains de quelque réputation , & où apparemment il étoit adoré d u- nc manière plus particulière. Différentes inferiptions qu'on lit dans Gruter & ailleurs , avec ces mots, M ai il Ta'iattum ,Menurto A. ce- tio , Art.no , Arremo, une autre trou- vée depuis peu à Heilbrun fur le Neckre que M. Eckhart promet de donner bien-tôt en entier avec ce ti- tres , Matti Caturigi ; quelques-unes portant Hercuks deufo, Hercules M a- ct>.fa-:us , De a tiébalennia, 8c plufieurs autres qu'il rapporte en les expli- quant en palfant , mais que nous omettons, font, félon lui, autant de preuves de la folidité de -lbn fyftê- me. I! penfe par exemple qu'Hercu- les M actif. .nus n'eu, qu'un nom lo- cat , tiré non de Magufum , Ville d'Afrique , dont parle Pline, mais de Macufa ou Mecufa que le Géo- graphe de Ravenne , place fur la Moflle au-deflbus de Toul , & au- deflùs de Trêves. Deux villages qui font fur l'un 8c l'autre bord de cette Rivière appellée Rotben-Macheren & Kanigs Mâcher en lui paroiflent avoir tant de raport pour le nom 6c la fi- tuation avec Macufa, qu'il préfume que c'eft-là l'endroit, oùétoii cette ancienne Ville. Boxhorn,Vrée,Keifler Se d'autres Antiquaires ont en vain tâché de répandre quelques lumières fur l'inf- cription où fe trouve Dea ne- halenn i a. Aucun de ces Auteurs, au jugement de M. Eckhart, n'a ren- contré jutte fur la lignification de Kebalenuia. 11 cri perfuadé que les S BÇAVANS, differens fyraboles avec lefquels la Déeflê eft reprefentêe fur les bas re- liefs, dont on fit la découverte en 1647. à l'extrémité de la Zelande du coté de l'Océan, ne lignifiées autre choie que Pétablillémmt u'u- ne nouvelle colonie dans cette con- trée, que le voifmage de la mer, l'agriculture & le commerce ren- doient florilfante. 11 fuppofe que tiehalindt cil un terme Batare, qui revient allés au Ncrrlattd des Alle- mands ; qucKcba eil la même choie que N tv nouveau , & land ou an- ciennement Icnd pays -y que la Divi- nité tut, lairc de ce nouveau pays ou de cette terre nouvellement habitée, aura d'abord été appcll ce Nf /;*/««//,6ctranfportécà Blanckenhcim , fur laquelle font en- core ces mots Appollini Gran- nio Attius ne permet pas de dou- ter qu Apollon n'ait été honoré fous le nom de Crar.mus à Aix la Cha- pelle même 6c aux environs. M. Eckhart s'étend un peu plus fur la féconde difficulté. Il veut que dès le huitième 6c le neuvième fié- cle l'hiiloire parle d'Aix-la-Cha- pelle, comme d'une Ville fameufe par fon Palais, 6c comme d'une au- tre Rome en Allemagne. Il con- vient cependant que les bains chauds qui du tems des Romains y étoient fi fréquentés , ayant été détruits par les Francs pendant leurs incuifions dans les Gaules , ont pu refter afîés long-temps négligés , 6c que pen- dant cet intervalle, des deux mots Aqtu Granni , on en a formé Aquts- gr.inum qu'on a depuis appelle Aix- la-Chapelle, de la luperbe Chapelle que l'Empereur Charlemagne y fit bâtir, 6c qu'il dédia à la fainte Vier- ge- Le peuple, au raport du Notker dans la vie de Charlemagne, s'étoit imaginé qu'il y avoit dans les eaux chaudes 6c minérales de cette Ville un fpeétre qui faifoit beaucoup de mal à ceux qui s'y baignoient : mais Pépin qui n'étoit encore que Maire du Palais , informé de la vertu de ces eaux, fut le premier de fa Cour, qui fans s'embarrallèr de cette fable, voulût s'y baigner. S'en étant appa- remment bien trouvé, ce fut lui, félon notre Auteur, qui rétablit à Aix-la-Chapelle les bains que Char- lemagne fon fils, qui étoit né dans Pppii 4*o JOURNAL DE cef: Ville en 742, entretint depuis a\ c tant de magnificence. Quelques Monnoycs que Pépin avant & apiès fon avènement à la Couronne, fit frapper à Aix-la-Cha- pelle avec ce mot Aqyis ou Aquis vrbis, lele'jour qu'il y fie en diffe- renstems, font croire à M. Eckhart que cette Ville e'toit déjà confidera- ble avant même le gouvernement 6c le règne de ce Prince. D.- l'antiquité d' Aix -la- Chapelle , il pafle àl'originc,ou plutôt à la ligni- fication de ion nom latin Grannum. Les uns le tirent de Gra>nus, Hé- ros Romain, prétendu frère de Né- ron, Se cette idée fuivie par Enge- lhufe dans fa chronique, fe trouve dans un referit de l'Empereur Fré- déric I. en faveur des Habitans mê- me d'Aix-la-Chapelle ; d'autres plus fuperfiitieux le font venir de Crant, qui auroit pu erre d'autant plus pro- bablement le nom du fpectxe dont nous avons parle', que Gervais de Tilber dans fes oùa ïmperialia. Decif. 2. chap. 62. parlant d'un fpeétre qu'on difoit voir dans quelques Vil- les d'Angleterre, lui donne ce même nom de Grant : mais peu content de ces opinions qu'il regarde comme des fiables Se des traditions populaires, notre Antiquaire croit trouver la vé- ritable étymologie de Grannum dans l'ancienne langue des Celtes ou des Germains. Au pays de Galles où fe fontconferve's plus particulièrement les précieux reftes de cette langue , ainfi que chez les bas- Bretons, on dit encore gro Se graja:: , Se les Sa- xons dilênt grar.t, pour fignifier le fable Je gravier ; de ces termes Cel- tes, fi nous en croyons M. Eckhart S SC A VANS, fontvenus'en François, ceux de gra- vier, gravclleen Allemand gru s. Le vin de grave n'eit amii appelle que parce qu'il croit fur les bords de la Garonne dans un terroir fablonneu x. "De grave nous avons Bat grève roui" défigner un endroit fur le bord de l'eau , qui cil plein de gravier ;de-lk vient encore le mot gret pierre dure dont les parties ne font que du lable. Le terroir & les environs d'Aix-la- Chapclle étant tout fablonneu \ c'C Se pleins de gravier, Se y ayant mê- me auprès une collinequi n'elt que de fable, notre Auteur en conclud que dès les premiers tems cette ville prit fon nom de la nature du fol , où elle e'toit bâtie, Se que de grant fable Se fablonneux, elle a été nom- mée Grannum, nom donné dans la fuite à Apollon , comme à la Divi- nitéà qui les Bains de ce lieu étoient confacrés. Suivant la même méthode, Se s'il eft permis de le dire , avec encore plus de fubtilité, M. Eckhart propole ce qu'il penlèfur l'autre titre Mogovno, quife trouve joint dans l'infcription d'Horboiirg avec celui de Granno que nous venons d'examiner. Rien ne lui paroit aprocher da- vantage de Mogoun->s que Mogenus , le Me in, Rivière qui après avoir tra- verfé la Franconie , le jette dans le Rhin, vis-à-vis deMayencc. Pom- ponius Mêla , l'appelle M mi , Se Ammien Marctllin M. Argent.iria n'e- toit point autrefois à l'endroit où cft Colmar ou Horbourg ; notre Auteur explique l'article de l'itinéraire d'A.q- tonin où il eft qucfhon du ch:*min qu'il y a depuis Augufla Rauracorum qui eft A.igfl près de Balle , jufqu a Mayence : mais pour abréger cet extrait qui n'eft peut-être déjà que trop long , nous ne fuivrons Monfieur Eckhart que jufqu'à Straf- bourg. Après Augufla dont nous venons de parler , l'itinéraire marque Cavt- bete XII. mille pas , Stabulis XIII. Argcntouaria XII. & la table de Peu- tinger porte, Augufla Ruracmu, Cam- bete VII. Argcntouaria XII. Helel- lum XII. Argeitor.'.te. Le Cariabete de l'itinéraire cft, fuivant Monfieur JLck.\wt9GiierfpitZ< K,villageà l'en- trée Je la Hart en Alface , & le Can- lete de P<_utingcr cft Kemps , de l'au- tre côte' de la Forêt , à peu près à une e'gale diftance tfAugfl. Le Sta- bu'is que l'anonyme de Ravenneap- pellc Stafulon eft Staffelfclden grand village fur la rivière de Tbar entre Se tien ou Sernay & Ertjîfhtim. A dou- T 1 7 x 7. 483 ze mille de là doit être Arger.touana ou Argent aria. Monlîeur Eckhart juge que rien ne convient mieux à cette ancienne ville foit pour la diftance, foit pour le nom , que deux villages fur 1111 auprès du Bourg de Sainte Croix ou Creut^, bien au-deflùs de Colmar Se d'Horbourg. Au lieu de ce que les Romains apptlloient Argentaria , l'Auteur veut que les Germains ou Allemands ayent prononcé Ergcnta- rta , qu'ôtant taria qui n'eft qu'une terminaifon latine , ils en ayent fait Ergentk. que par l'afpiration qui leur eft fi commune & fi naturelle , il en ayent forme' Herckcn.C'cû. ainfi qu'on appelle les deux villages qui lui pa- rodient bâtis fur les anciennes ruines d'' Argentaria. Que fi l'anonyme de Ravenne a confondu Argentaria avec Àrgenroratum Strasbourg , Monfieur Eckhart n'en cft pas furpris. Cette ville ne fubfiftant plus ou plutôt étant changée en deux villages du tems de cet ancien Auteur , il aura pu fanspein^ confondre fous un mê- me nom,des lieux qui font cependant fort éloignés l'un de l'autre. Après s'être appliqué à fixer la pofitiondes différents lieux qui font marqués dans l'itinéraire jufqu'à Mayence , M. Eckhart revient à la ville de Strasbourg . pour nous don- ner l'Etymologie de fôn nom. S'il en faut croire l'Auteur , la ri- vière d'I//, en latin lia s\ft autrefois appellée II a & A'ja , d'où vient fins doute le nom à'Alfatia , Elifatia & Hehfatia , Allàce, Province que cette rivière traverfe dans toute fà longueur jufqu'à Strasbourg. Sui- vant la différente prononciation de 4S4 JOURNAL DE certains Peuples la lettre r fe chan- geant quelquefois en / & la lettre / enr , il ne paraît pas difficile d'ima- giner que le nom Celte d'JBrf, Alla\ ou Alg.i ctoit anciennement Arga ; ce qui a fait donner aux villes qui écoient fur cette rivière , les noms a" Argent aria & à' Argentoratum. A l'é- gard" de cette dernière il prétend qu'on a prononcé d'abord Argcn- toractum formé du mot barbare tr'teHus , traftus , trtaclus Se trailus pour trajcclus , trajet. Ainfi dans l'o- pinion de l'Auteur , Argeritorattum , ne fignifie que le trajet de 1111 , fous le nom à' Arga , qu'il lui donne pour Ma. Les Allemands dans la fuite iorfque la ville fut fortifiée , étant s sçavans; les deux premières fyllabes d' Argen- toratum, ont fait par contraction de toratutn,rr mailon d'où je fors, on s'eft dé- >' chaîné eontr'eux, & vousfçavez » combien cette injufiuce-là coûte à » fupporter. A la naïveté de ce début , fuccé- dc un étonnement, ou plutôt une plainte prcfque férieufe de ce qu'Ho- mère a décrit la guerre des Rats &c des Grenouilles , de ce que Lucien a fait l'éloge de la Mouche , la Mo- rhe-le-Vayer celui des Afnes ; de ce qu'on a loué la Fourmi , le Grillon , le Moucheron , le Ver à foye , êcc. 8c qu'on n'a point encore penfé aux Chats, qui ne doivent l'averfion de quelques cfpritsfoibles, qu'aux pré- jugez de l'enfance , à la peur des mè- res imbécilles 6c aux lots difcoursdcs Mies. Pour faire fentir toute l'excellen- ce des Chats, l'Auteur commence par relever, en quelque forte , les Autels, qu'on fçait que les Egyp- tiens leur avoient confacrez, & il pré- tend que ce culte myitérieux fut fuc- cefîivernent tranfmis aux Grecs 6c Aoujl, T i 7 a f. / 495 aux Romains. Il n'oublie pas de re- porter enfuite , les principaux mo- numens qui nous refirent de cette burlcfque divinité , dont une entr'- autres , tenant entre lès pâtes un go- belet 8c un filtre, lui donne heu de conclure que chez les Egyptiens, les Chats étoient admis dans les fef- tins, & qu'ils en fûfoient les délices par le charme de leur voix. Ce qui femble, dit-il, un miaulement dans les Chats d'aujourdui, ne prouve rien contre les Chats de l'antiquité, les arts étant fujets à de grandes révo- lutions. Notre mufique , à nous au- tres modernes, eu: bornée à une cer- taine divilîon de fons, que nous ap- pelions tons ou fcmitons • 6c nous îbmmes allez bornez nous-mêmes , pour fuppofer que cette divifion comprend tout ce qui peut être ap- pelle mufique. De-là l'injuftice de nommer Mugiffancnt , Miaulement B Hatwijfemetit, des Ions, dont les in- tervales & les relations, admirables peut-être dans leur genre , nous écha- pent, parce qu'ils panent les bornes dans lefquelles nous nous fommes reftrains. Les Egyptiens plus éclair rez , fins doute , avoient étudié vrai- fcmblablement la mufique de ces animaux; ils fçavoient qu'un fon n'eu: ni juftè ni faux en foi , 8c que prefquc toujours il ne paroît l'un ou l'autre que par l'habitude que nous avons de juger que tel aflèmblage de fons eftune diflbnanceou un ac- cord. . . Ils diïccrnoient dans un. chœur de Matoux , ou dans un ré*- cit, la modulation fimple ou plus détournée , la légèreté des paflages , la douceur du fon , ou l'aigu qui , peutrétre ,en faifoit l'agrément. De. Rrr <94 JOURNAL DE 1. ,ceq îi ne nous fcmble qu'un bruit confus, un charivary ,n'cftqucl\f- fet de notre ignorance , ou d'un man- que de delicateflc dans nos organes. La mufique des Peuples de l'Afie nous paraît au moins ridicule. De leur coté, ils ne trouvent pas le fens commun de la nôtre ; nous croyons réciproquement n'entendre que miauler : ainfi chaque Nation à cet égard, eft pour ainfi dire, le Chat de l'autre. La IIe. lettre contient encore beaucoup de monumens du Dieu Chat, dont la tête paraît pofée, tantôt lur des corps d hommes , tantôt fur des corpsde femmes, que M. de Montcrif allure être des îfis adorées fous cette forme par les Egyptiens, qui lui attribuant, d'ail- leurs, un empire abfolu fur le cœur humain , fàifoient, fans doute, delà Décile Chate , la Déelîè des Amours. 11 ajoute que cette divinité devoit avoir fes Prêtres , dont l'enjouement, la fouplelîé 6c les grâces Pantomimes fàifoient le principal mérite ; 6c peu s'en faut qu'il ne regrette queleSi- gnor Tomasini, le fameux Arlequin de notre Comédie Italienne , n'ait vécu dans un tems où il pouvoit faire un honneur infini à ces impor- tantes cérémonies. De ce culte des Egyptiens, l'Au- teur paflêà la tendre 6c refpcchicufe attention qu'ils avoient pour les Chats dans la fociété civile. On les parfumoit, dit-il, on les faifoit cou- cher dans des lits fomptucux, on employoit tous les fecrets delà mé- decine à traiter ôcconfèrver ceux qui étoient nez d'un tempérament dé- licat. On lotilîbit de bonne heure S SÇAVANS, chaque Chate d'un époux convena ble, obfèrvant avec attention les ra- poits de goût , d'humeur 6c de fi- gure. Enfin, pour donner une juf- te idée de cette extrême vénération pour les Chats, il raporte d'après Hérodote 6c quelques autres Ecri- vains célèbres, que l'ambitieux Can> byfè, ne pouvant s'ouvrir l'entrée de l'Egvpte , qu'en fe rendant maî- tre de Pelufe qui paroiflbit impre- nable, il s'avifa d'un ftratagême di- gne de fa haute politique. Sçachant que la garnifon de cette place étoit toute compolée d'Egyptiens , il mit à la tête de lès troupes un grand nombre de Chats. Ses Capitaines 6c fes Soldats en poitoient chacun un en forme de bouclier. Sous de tels Chefs fon armée s'empara de Pelu- fe. Les Egyptiens , dans la crainte de confondre ces Chats avec leurs ennemis , n'oferent lancer aucun trait , ils confentirent plutôt à rece- voir un vainqueur. On voit dans la 1 1 Ie. lettre , que les Arabes 6c les Perfans n'ont guéres été moins fuperftitieux que les Egyptiens â l'égard des Chats ; 6c l'Auteur revenant encore à l'élo- ge de leur voix, dit que fi le chant des Cigales eft mélodieux ( félon Pythagore ) il faudrait être de bien mauvaife humeur , pour difputer aux Chats le même avantage ; que nous diftinguons bien mieux la varie- té 6c le delîéin de leur chant ; qu'il eft fi fimplc 6c fi agréable,quc les enfans , à peine fortis du bcrccau,lc retiennent £c feront un plaifir de ttmiter.Qu'en- fin , les Chats font fi heureufèment organilez pour la mufique , qu'ils font encore parmi nous } comme Ta- À ou s lne d'un concert , même après leur mort , par l'ufàge qu'on fait des boyaux de Chat pour les cordes les plus déliées de nos inftrumens. La quatrième lettre renferme plu- fieurs traits d'érudition Orientale par rapport aux Chats, & cette érudi- tion eft égayée par le conte d'un Chat d'Hermite, ou Pénitent des Indes , tiré d'un fragment de l'his- toire des Dieux du Pays , com- muniqué par le fçavant M. Fre- rct. La V". lettre roule fur le méri- te réel des Chats. L'Auteur y van- te leur douceur & }eur noble fier- té , qu'il prétend éclater fur tout , après qu'on les a mutilez ; Se à pro- pos de cette opération , il s'engage infenfiblcment dans un détail badin, que l'on n'oferoit produire fous les plus ingénieurs cnvclopes. Les proverbes à l'honneur des Chats rempliffent une grande partie de la VI'. lettre ; mais , comme ils ne leur font pas tous avantageux , M. de Montcrif combat tvès-élo- quemment ces derniers. Quand on veut peindre , dit-il , un amour ef- fréné , qui s'attache aux premiers ob- jets, on dit communément, que c'eft courir les goûti res. On compromet ainfi la conduite des Chates, fans examiner fi elles méritent une pa- reille application. Pour peu qu'on ait l'efprit d'anal y fe, neconviendra- t-on pas, dit l'Auteur, qu'aceufer , blâmer les Chates , parce qu'elles courent les goutiéres , c'eft comme fi on vouloit donner un travers à une jolie femme pour s'être prome- née fur une terrafle de fa maifon , 8cc. Nous panons à la lettre fuivan- T r747- ; ;. . 495* te, par la même raifon qui nous a empêché de nous arrêter à la précé- dente. La VIP. fait valoir la propreté des Chats, & leur amour pour la li- berté ; & elle finit par l'épitaphe (î connue du Chat de Madame la Du- cheflè de l'Efdiguiéres , avec la figure de fon petit maufolée. Les perfonnescurieufes d'étymo- logics, trouveront celle du mot Chat dans la VIIIe. lettre , Se le nom de cet animal dans la plupart des lan- gues mortes 6c vivantes. Ils y trou- veront de plus une Idylle intitulée, les Chats ; & fi quelqu'un s'avifoit d'objecter que ces animaux ne pa- roiilènt pas être un fujet fort pafto- ral , l'Auteur lui répondrait que c'eft grand dommage que Thcocrite n'ait pas eu l'idée de ce nouveau genre d'Eclogues, qu'on ne p(Ut vanter dans les moutons que la blan- cheur de leur laine , les bonds qu'ils font fur le penchant d'un coteau , ou le bêlement d'une brebis , qui ap- pelle fon petit agneau ; qu'il n'y a rien là d'amufant pour le cœur ; que fi l'on veut .le remuer par des images fenfibles , il faut lui faire perdre de vûë le troupeau , pour ne l'occuper que du berger Se de la bergère ; mais que dans une bergerie de Chats , c'eft dans le fein du troupeau même qu'on puilé le fujet entier d'une Eclogue intérefiànte. Cette idée réveille dans l'efprit de l'Auteur le fouvenir de la Tragédie de Grifette ,,par M' Deshouliéres , dont , félon lui, on pourrait faire un fort bon Opéra. » J'aiconfulté, dit-il, nos connoiflèurs en mufi- te que les plus délicats , ils m'ont dé- t% Rrr ij JOURNAL DES SÇAVANSj que le chant des Chats tempéramment, ou flatc leur fen<â 495 s» clarc »» pouvoit être rendu exaetc- « ment par un grand nombre de 3» nos Muficiens modernes ;d?unau- ï» tre coté de fçavans Italiens qui »» font de bonne foi , m'ont prouvé « que leur inuiiquc devrait, à bien »» des égards , avoir la préférence , »> particulièrement pour le récita- •> tif. Les diverfes couleurs des Chats font l'objet de la IX. Lettre. On y donne la préférence à la cou- leur noire ; du moins par raportaux Chates, M. dcMontcrif nous aver- tiilànt , qu'il a remarqué qu'elles font extrêmement courues par tou- tes fortes de Chats : Elles ont, fé- lon lui , dans les yeux ce vif & ce piquant qui font le partage des bru- nes , 6c le fujet de ces vers de M. de Fontenclle, qu'il rapporte tout au long , Brunette fut U gentille femelle Qui, &c. La beauté naturelle de la figure & de la peau des Chats, fait le fu- jet de la X . lettre. L'Auteur dit qu'ils joignent au maintien foli- de des Quadrupèdes, un agrément élevés en dignité, doivent crain- j» dre les hommes de baffe condi- » tion , & fins naiflànce, parce que « que quand on a de l'efprit & de U l'adreflc , on trouve aiiement le S SÇAVANS, moyen de le venger. <*. Le Poète, pour prouver ce qu'il vient de dire, rapporte qu'une Ai- gle ayant un jour enlevé les petits à un Renard, & les ayant portez pour pâture à fes Aiglons , la merc le pria de ne pas lui caufer une lî grande affliction , mais que n'ayant pu rien obtenir , parce que l'Aigle qui e'toit fur un arbre, fe croyoïten fu- reté par la hauteur du lieu où elle fè voyoït, le Renard au défefpoirfut prendre fur un autel un tifon allu- mé, & entoura de fiâmes l'arbre où étoit l'Aigle, rendant ainfi le malheur commun , en mettant les petits de l'Aigle dans le même rifquc de la vie. Uofti dolorem damno mtfcens fanguinis , qu'alors l'Aigle, pour fàuver fes Ai- glons, implora la clémence du Re- nard, & lui rendit fains 6c faufs les petits qu'elle luiavoit enlevez : voi- ci les termes Latins. Vulpinos (atulos Aquila quondam fuf- tld.it , Nidoque pofult pullis , efcatn ut carperent: Hanc perfecuta mater, or are incipit, Ne tantum nvfers. luclum import ar et Jibi, Contcmpjît il', a , tut a quippe ipfo loco. Vulpes ab ara rapuit ardentem facem , Totamqtie flammis arborent circnmdedit ^ Bofii dolorem damr.o mifeens fanguinis. Aquila, ut peruulo mortis eriferet fuos 3 Itîcolumes natos fupplex vulpi tradidit. Voici la Traduction. » Un Ai- gle enleva un jour les petits d'un «• Renard , & les alla porter dans «« fon aire, pour fervirde nourritu- <• re à fes petits Aiglons. La mere h des Renards fe mit auffi-tôt à la douleur fi fenfible. Mais l'Aigle * rejetta fa prière , n'ayant rien à s> craindre à caufe de la nature du « lieu qu'elle occupoit. Le Renard , »> pour fè venger, alla prendre fur » un autel un tifon allume, 6c en- s> vironna de fiâmes tout l'arbre fur s> lequel l'Aigle avoit fon nid, 6c s> caula par-là beaucoup de douleur s» à fon ennemie , qu'elle mettoit en a» danger de mêler le fang de lès Ai- 3> glons avec ks pctitsRenardsqu'el- » le avoit enlevez. L'Aigle, pour s> làuver les liens de la mort qui les s> menaçoit, fut réduite à implorer « la clémence du Renard , Se à lui »> rendre fes petits fains & faufs , v fans leur avoir fait aucun mal. Nous laiflbns aux Lecteurs à ré- fléchir fur la traduction de ce vers : Hofti dolorem mi [cens damnofar.gmnis, rendu par, & caufa beaucoup de dou- leur à fon ennemie , qu'elle mettoit en danger de mêler le fang de fes Aiglons avec les petits Renards quelle avotten- leve%. LeTraductcur a cru devoir raflem- bler dans fa Préface ce qu'on lit ail- leurs touchant les premiers Editeurs de Phèdre, & les Auteurs qui ont tra- vaillé fur ce Livre. Il remarque donc i °. que ce fut François Pithou, Avo- cat au Parlement de Paris, qui trou- va lemanuferit de ces fables, & qui l'envoya à Pierre Pithou fon frère , avec lequel il le publia pour la pre- mière fois en 1596. Qu'ainfi c'elt à François Pithou qu'on eft redeva- ble de la production de ce manuf- crit que Faërno Italien du XVIe. fiécle avoit toutesfois vu , 6c dont il s'étoit fervi dans les fables qu'il a lui-même compofée>\ a0. Que M. T ''1717. 499 Nicolas Rigault, Confeiller au Par- lement de Mets, Se Bibliothéquaire du Roy de France , a enchéri fur Meffieurs Pithou, enproduifantcet Ouvrage en 1600. avec des notes , 6c le dédiant à Jacques Augufte de Thou , Préfident au Parlement ; Que de plus on trouve dans les pre- mières éditions du Phèdre de Port- Royal , deux Lettres de ce fçavant critique fur le fujet des mêmes fa- bles. 30. Que depuis l'édition de Ri- gault, un grand nombre d habiles critiques en ont parlé avec éloge , ou y ont fait des note* , comme Jo- feph Scaliger, Ifaac Cafaubon ^Clau- de Saumaife , Gafpard Bnrthlius , Gérard Jean 6c Ilàac Voffius , Ni- colas Heinfius, Lypfe, Meurfius , Demfter , Freinshcmius , Guyet , Nevelet , les Pères Bidernaux 6c Va- vafibr Jefuites , Borrichius , Mo- rhofius , Reinefius , Bricc, Titus Wagenfel , Fabricius , Colomiez , Cellarius. 40. QjLie M. Burman, Pro- fefléur en hiftoire à Utrecht, lequel en a donné une belle édition en 1 69 8. avec les notes de Conrad Rifter- fhufius, de Nicolas Rigault, de Ni- colas Heinfius , de Jean Schefîèr, de Jean- Louis Prafchius, 6c de Mar- quardus Gudius , fçavant Antiquai- re. 5-°. Que Gronovius y afaitauf- fi des notes, 6c queM.Hoogftraten en a donné une très-belle édition à l'ufage du Prince de Naflàu de Frize. 6\ Que Tannegui le Févre morten 16 jz y a fait auffi de fçavantes no- tes que l'Editeur de Hollande a join- tes à la traduction qui fut faite de Phèdre en 1725". 7°.QueM.Chrif. tophe Wafe Anglois , le publia en Angleterre il y a près de 60 ans , jrod JOURNAL DE que cependant il y étoit peu lu ,8e que ce n'eft que depuis quelques an- nées qu'on en a fait pluficurs édi- tions, lcfquellcs font accompagnées de notes à l'ufage des écoles. Après ces remarques, le Tradu- cteur dit qu'il a joint à fa traduction des notes afïcz longues, fit qui pa- roîtront exactes , que de plus il a corrigé le texte latin en beaucoup d'endroits fur les meilleures éditions. Pour l'étendue des notes, il elt certain qu'il yen a de fort longues ; quant à l'exactitude , nous laiiïbns aux lecteurs à en juger. Nous nous contenterons d'en rapporter feule- ment quelques exemples. Phèdre dans le prologue du troi- fiéme livre , dit en parlant de lui- même. JE go quetn Pïerio mater enixa tfi jugo. Moi qui fuis né fur le Parnafe. Sur ce mot de Pie rio jugo , le Tra- ducteur fait la note fui vante. Le mont Pierius entre la Macédoine & là Thrace , où les Poètes ont dit que naquirent les Mules filles de Jupiter Se de Mnémoiinc ; Jacques Gronovius fait une difîèrtation allez longue pour relever la faute de M. Danet, qui dans fon Commentaire fur Phèdre pour M. le Dau- phin , a placé cette montagne aux confins de la Macédoine cnTheflà- lic : Pomponius Mela,l'ancicn Scho- lialtc d'Apollonius de Rhodes, le place dans la Thrace ; Ptolemée dit que c'eftune contrée de Macédoine, Se Phèdre Pacru lui-même en Thra- ce , non feulement par rapport à fon tems, puifqu'il parle des tcmsd'Or- phée Se de Linus. » 11 faut donc dire î> en peu de mots , que le mont S SÇAVANS, Pierius cil proprement une mon- à tagne de la Macédoine aux con- te fins de la Theûalie proche le mont « Olympe. Comme cette monta- te gne étoit confacrée aux Mules, ts c'ell pour cela qu'on les a appel- te lées Piérides. * Un peu auparavant on lit ce vers. Legefne , qus.fo f potiùs viles n&nias ? Sur ce mot viles vantas elt la note fuivante : viles nanias. C'eft un mot hébreux Se fyriaque , qui fignifie proprement ce que les pleureufés chantoient aux enterremens des morts. « Delà ce mot a été appli- « que à toutes fortes de chanfons te badines , que les Latins ont auffi te appcllées par la même raifon , te montait a, ; Se Horace dans la pre- te miere épître du premier livre vers « 6. appelle puerorum natna, le re- te frain de la chanfon des enfans qui >% donnent l'empire à ceux qui ont Il eftaifé *» de comprendre que la Goûte con- a» fumant ëc diffipant les humeurs *» crades , terreftres 8c inutiles , le * fang devient beaucoup plus pur, 3> plus vif & plus fubtil;or qui doute » que ces bonnes difpofitions du iang ^ ne contribuent extrêmement à s» faire le bon efprit ? Ajoutez que w pendant que le corps foufrre un » peu au dehors • l'efprit fe reflèrre , »» au dedans , fe ramaflê pour ainfi a* dire , 8c en devient plus fort 8c » plus pénétrant. De plus un gou- s» teux débaraffé de tout le fracas s» des paffions , modéré dans fon s» boire 8c dans fon manger, un gou- » teux qui a le tems d'être reciieil- » li, 8c de fe livrer à la contem- - plation , doit certainement avoir ES S ÇA VANS, l'efprit plus prompt, plus nety5v « plus dégagé. » De ces raifonnemens notre Au- teur pafl'e aux exemples : il dit qu'on a fouvent eu recours aux confiais des goûteux dans des conjonctures délicates, Se que l'ons'eft toujours fort bien trouvé de leurs avis. Il cite fur cela l'Empereur Sevcre , qui ne fut jamais, dit-il, plus capable de gouverner l'Empire Romain , que lorfqu'il fut attaqué de la Goûte : il cite le Cardinal Mazarin , dont il allure que le génie 6c la politique n'ont jamais mieux éclaté qiu lori* que fes pieds ont été engourdis par la Goûte : Enfin ilciteErafme qui a compofé fes plus beaux ouvrages dans le fort de cette maladie. L'avantage qu'ont les goûteux de connoître d'avance les divers changemens des tems, n'eft pas ici oublié, 8c quoique cette fçiencene foit gueres en eux l'effet de l'efprit, l'Auteur ne laifîè pas de la citer en preuve de ce qu'il vient d'avancer, quand il a dit que la Goûte rendoit l'efprit pénétrant. Telles font les raifons phyfïques, fur lefquelles notre panegyrifie de la Goûte fe fonde pour en faire l'élo- ge. Ses raifons morales font tirées de la neceffité où fe trouve un goû- teux , de réfléchir fans celle fur fà mifëre , de reconnoître le peu de cas qu'on doit faire de cette vie , 8c de fonger à fe procurer dans une au- tre, le bonheur qu'il n'a pu acquérir dans celle-ci. A O U S T Ï717. jn NOVVELLES LITTERAIRES. LLEMAGNE. D E L E I P S I G. LEs Sçavans apprendront avec plaifir , qu'on réimprime actuel- lement par ordre del'Empereur,chez Maurice Georges n'eidmann Libraire de la Cour du Roi de Pologne , en fix volumes in-fol. les Mémoi- res ou le Catalogue que le célèbre M. Lamhecius, a donné de la Biblio- thèque Impériale de Vienne, fous ce titre : Commentant de Augnjlijfimâ Sibhotbecâ Vmdobonenjï. Ce grand ouvrage qui a paru d'abord en huit volumes petit in-fol. dont le premier fut imprime en 1665". & le dernier en 1679. eft devenu extrêmement rare. On nousafliire qu'il a été con- fîdérablement augmenté, & que M. G.u-elli qui a aujourd'hui la garde de la même Bibliothèque , prend foin de cette nouvelle e'dition. Le même Libraire a achevé la re'im- preffion du Tbeatrum Htjloncum pra- tenjîonv.m & controverjîarum Illufirium in Europâ ; M. Chrïftophle Bermann Schn-eder, Confeiller duRoi de Pruf- fe, qui en eft l'Auteur, l'avoitfait imprimer en 1712. en un vol. fol. C'eft à M. Adam Frédéric Glafeyn , Jurifcoufulte, que le Public eft re- devable de c -tte féconde édition , qui a été augmentée d'un volume Les héritiers de lankisb débitent, Lumg , Corpus jurisfeudalis , contenant un recueil des droits féodaux Stdes Coutumes d'Allemagne, avec une Bibliothèque du droit féodal , en trois vol. in f°. auffi en Allemand. ECOSSE. d'Edi mbourg On a imprimé en cette Ville chez Thomas Rufdiman», un livre du doc- teur Th. S'imfon , Profeflèur de l'Uni- verfité en Médecine & en Anato- mie, intitulé : Dere Medica differta- tiones quatuor. 8°. pp. 188. L'Au- teur y foutient que la Médecine eft encore bien éloignée de fa perfec- tion : On ne fera peut-être pas fâ- ché de voir ici les titres de ces difler- tations. 1 . De errorilus tam veterum quant recentiorum bominum ctrcà materiam hit» dicam s Cor.cio inauguralis. t. De naturali Veterum medendi vit ante refertum ab Harvœo fanguinis ar.i~> malts gjrum. 3. Quatenus hMnorum in corpore hum ano nafcentium cotijtderatio ad Me* dicum pertïneat, & qucnudmodum illt ex frigore corrumpantur. 4. Dijjertatio quart a , m quâ ulie* riùs agitatur qtuftio : quatcnàs ad hu- mons pravos refcrer.di Jint corporis bu* mani morbi ? ANGLETERRE De Londres, M. Markland, vient de donner au Public un eftai de fon génie poéti- que fur un fujet nouveau & diffr* grrj ?04 JOURNAL D cilç a traiter. C'eft un poëmc An- glois intitule Y Art de tirer en volant. \-i~- in- S', pp. 32. Un anonyme a flirt imprimer un eflav pour réformer les Loix d'An- re, & pour faciliter l'udmi- n'i hvition de la julticc. L'ouvrage cil adivflë au Lord Chancelier de laGrande Bretagne. Il paroi: livre, que t'Aùteùrèftùne perfonne d'une vertu diflinguée.8°.pp. 2;o. M. Ha h) Membre de la. Soacté Royale vient démettre au jour ,rc- getaÙ'e Sf'aitkks ârç. c'eft un fïtion d'un grand nombre d'e'xpe'- :s qu'il a faites fur la fève des 5, o£ çdmrnéun eflâi d: l'hif- toire : getation. On Y a joint un ëflày fur l'analyfède l'air : cet ojjyrâge paroît avec l'ap- [e'I'a Société Royale. & eft orné des planches néceflaircs. 8°. rr- On a achevé d'imprimer VJîipire cfite en Allemand , par , 2-e traduit en Anglois ginal de l'Au- teur, par M. J. G. SchèuçiïÇer de la So. le, 2. vol. in-fol.' oui comprennent 612. pp. fans les fies &c. N annon- n ttchiftdire'dansiiôs du mois de : dernier,' "dan; letéms qu'on fa propofoit par fqufcription. M. Ogilv'u va f. îrc i n'pfimei» par A ngloi- di :.. , t par ltti.ro c annone , furifconfultedece l hiftoiré commence au règne rfte, 6c finità l'année 1713. Ondoitmjettre inceflàmmtnt fous prclle , une biftoire des Baronics ES SÇAVANS, d'Angleterre, in-fol. C'eft un ou- vrage de M. Madox Hiiloriographc du Roi. M. Temberton donnera bientôt une explication de la PhilofophiedeM. Xixvto;: , à Image de ceux qui n'ont aucune connoiiiance des Mathéma- tiques. Il- donnera suffi une tradu- ction Angloife des fameux principes du même Auteur, avec un commen- taire. Comme il a louvent confulté M. TSevoton lui-même, 2e qu'il doit être parfaitement inltruit de i'a do- ctrine , la traduction exprimera fans doute le vrai fensde l'Auteur. Ou- tre plufieurs remarques que le Tra- ducteur fut par occuiïon, il promet d e'claircir par des notes les partages difficiles , cv de démontrer les co- rollaires &: les fcholics dont M. Ken- ton n'a pas donné les preuves. Voici un ouvrage curieux qui pafôît depuis peu. Difco:rs cù l'on examine la force de V imagination des femmes greffes, & où l'on prouve démonlvrativcmcnt , a ce qu'on nous allure , que l'opinion qui attribue à cette cauiè les marques & les dif- formttez desenfàns, eil une erreur ifé ; par un membre du Col- [( îs. in- 8". pp. 106. < ).i dit qu'il v a de fefprit 6c du fçayoir dans cet ouvrage. DE GENEVE. Joamiis Jacoii Mangcti Medicira do- clous & ferenifï. ac fotentijj. Régis i ArchiamBibiwtbeca Scrittomm Medicoruw veterum &rece tionm ce. 2. vol. in-fol. C'clt le titre dïia grand ouvrage, qui s'imprime chez l'eracbon Se Crmer , M. Manget a A G U S tnîreprîs d'y donner par ordre al- phabétique, un abrégé de la vie de tous les Médecins depuis la créa- tion, du Monde , jufqu'au commen- cement de ce iîecle : On y difeutera leurs opinions , & on y donnera une idée de leurs écrits , en faifant une critique modefte. Ce fera propre- ment une hiftoirc UniverfêUe de la Médecine, 6c un tel projet ne peut qu'être agréable aux Sçavans , ce très utile aux Médecins. Il eit ailé de s'imaginer de quel fecours l'Auteur a eu befoin pour l'exécution de cette entreprife : Mais non content d'avoir parcouru tous les ouvrages des anciens, & d'avoir feuilleté tous les livres, Dictionai- res, Recueils , Catalogues , Jour- naux qui pouvoient krvir à lbn deiléin, M. Manget s'arrête encore à tous les Médecins vivans ; il les invite par uneefpccede programme, à lui communiquer les Mémoires qu'ils pourront avoir foit fur la vie bc fur les écrits de leurs amis ,■ foit fur les leurs propres , & de les ad- dreflèr affranchis de port aux deux Libraires qui impriment la Biblio- thèque. On nous a prié de faire palier dans notre Journal cet avisait public ; & nous le fàifons d'autant plus volontiers, qu'il nefauroit que contribuer à la perfection d'un ou- vrage curieux & intereilant. HOLLANDE. de Rotterdam. Jean Hofbout a imprimé : Fortqita fora , quitus fubpcaùr Comme laarists T i 7 a f. foç deCymbalis,8°. pp. 578. On nous mande de Londres , que M. hliify membre du Parlement d'Angleterre eft auteur de cet ouvrage. Ce qu'on appelle fortuita facra > corifîïfe en différentes explications de 24. paf- fages du Nouveau Teftamcnt, dans lesquelles on remarque beaucoupdV- rudition , & une grande lecture tant des Pères , que des auteurs profa- nes. M. Èlltfy n'a voit d'abord tra- vaillé à ces explications qu'à les heu- res de loifir, fans fonger à en faire part au public. On l'a enfin engagé à les confier à un ami qui les a fait imprimer, en avertilîant les lecteurs que ce qu'il met au jour, n'eft qu'une petite partie d'un bien plus grand nombre d'obfcrvations du même au- teur , à qui il donne de grandes louanges. A l'égard du Traité de Cymbalis, M. Elit/y y a ajouté lui-même une préface ; après y avoir marqué qu'il ne l'a entrepris qu'à l'occafion du premier yerfet du chap. 13. de la, première aux Corinthiens, où il en: parlé de Cymbale , il prôtefte que quand il l'a écrit , il n'avoit encore ni vu ni lu le traité de Cymbalis vê- te, ton de M. Lampe, imprimé àU- trecht en 1703. ce que cet 01 dont il n'avoit aucune connoi ne lui effc tombé entre les mains, qu'après qu'il a eu achevé le fien, d'Amsterdam. Les weftems. avancent fort I'im- pr flfipn de Thucidide, dont ils ont entrepris l'édition que nous avons annoncée dans nos précédens Jour- naux : ils fe préparent en même teins à donner celle de Diodore de 5-0(5 JOURNAL D Sicile, à laquelle M. Waiè travaille depuis plus de vingt ans. 11 n'attend que la collation d'un manuferit de Milan , pour mettre l'ouvrage fous preflè. On fait que les mêmes Libraires donnent auffi une nouvelle édition des Métamorphôfcs d'Ovide avec la traduction de M. /' Abbé Bamiicr ; mais commCjlorfque cette traduction francoife aura été imprimée, on en doit ajouter une autre en Flamand à côté du texte latin , & que les planches dont cette édition fera or- née , doivent être retouchées 6c corrigées par B. Fient , on ne doit pasêtrc furpris fi le travail va un peu lentement. iritvrerf a fous prefl'e , Hiftoire générale 6c particulière du commer- ce de la Grande Bretagne, dans tous les Etats 6c Empires du monde , tra- duite de l' Anglais du fleur Charles *>;,£, 40. DE L E Y D E. Jean & Herinan Verbeck. de cette Ville , èC Balta^ar Lakeman d'Amf- terdam distribuent actuellement aux Soufcripteurs le Botanicon Parijîtnfe , ou de'nomb rement des plantes qui fe trouvent aux environs de Paris , par feu M. Sel-afiun V Aillant de l'A- cadémie Royale des Sciences. Cette édition, dont l'illuftre M. Boerhaave a pris foin, 6cqui eft dédiée à Monfieur Y Abbé Btgnon , eft d'une grande ma- gnificence, foit pour le papier & les caractères , foit pour la beauté des planches au nombre de trente - trois gravées avec une précilîon 6c une délicateflê peu commune , d'après les ES SÇAVANS; defleins de M. Aubrut , Cabinet du Roy. Peintre dii - D E L A H A Y E. La Monarchie des Hébreux par le Marquis de S. lbilupe,cl\ prefen- tement en vente , 6c fe débite chez Albert s, 6c Valider Klcotm-i2.^.vo\. Les mêmes Libraires impriment les Mémoires du règne de la Clarine Catherine Alexiewna , avec des cartes 6c des figures in- 12. Les Mémoires du règne de George I. Roy de la Grande Bretagne 2. vol. in-8°. Rogijfart débitera dans peu le neu- vième 6c le dixième tome de l'hif- toire d'Angleterre par M. Rapin de Thoiras, in-40. FRANCE. de Paris. M. l'Abbé Antonini pour fiire fucceder les exemples aux pré- ceptes qu'il a donnés dans fa Gram- maire Italienne imprimée l'année dernière , a publié une nouvelle édition des œuvres, tant en proie qu'en vers, du fameux Jean de U Cafa , Archevêque de Benevent , fous ce titre : Vrofe& Rir, e dure f ère Giovanni dt lia Cafa , Edi\ione nuo'va , riveduta & corretta. Ce livre le vend chez Rolitn , Coigrurd fils & Quillau , in- 12. pp. 297. Le même Editeur fait réimpri- mer Vit a' 1 a libérât a du Trijfmo en 5 vol. 8°. gr. pap. G abri l Val'eyre , rue de la vieille Bouderie J a imprimé ; Lettre d'un A O U S T Trie tir 2 tu» * fis amis , au fujet delà nouvelle réfutation du Livre des rè- gles pour l'intelligence des fainces Ecritures, in-12. pp. 146. Tra te du légitime ufage de U raifort, ■principalement fur Us objets de la foy , où l'on démontre que les Hérétiques, les Athées Se les Libertins ne font point le légitime ufage que les hom- mes font obligés de faire de leur rai- fon fur les objets de la foy. Par feu M. Bruijs% Eccléfiaftique de Mont- pellier, chez Jean-Baptifte Coignard fils , rue S. Jacques , au Livre d'Or , in-16. pp. 169. On trouve dans l'a- vertifi'emcnt qui eft à la tête de ce Livre une lifte par ordre chronolo- gique des ouvrages de l'Auteur, qui avoit été Calviniftc, Se qui eft mort Catholique dans un âge fort avancé. M. Titon du Tillet, Commiflàire Provincial des guerres, cy- devant Capitaine de Dragons , Se Maître d'Hôtel de feue Madame la Dau- phine, mère du Roy, vient de don- ner au Public la Defcrtption d'un bron- z.e, qu'il a fait exécuter il y a déjà plu fieurs années fous le nom de Tamaffe françois. Tout le monde connoît ce monument que M. du Tillet a fait élever à la gloire de la France Se de Louis le Grand, & à la mémoire des illuftres Poètes &Muficiens françois. Leseftampes quienavoient déjà été gravées Se ré- pandues, n'ont pas paru fuffifantes à l'Auteur , pour en donner une juf- te Se parfaite idée. Il a voulu en faire une defeription exaéte où il ne laiflat rien à défirer. Comme s'il eût appréhendé qu'on ne trouvât à re- dire au goût qui l'a portéàimmor- talifer les noms de nos Poètes & de 1 717- ' 507 nos Muliciens , il fe juftifie dans fa Préface par l'exemple de l'antiquité, où non-feulement des particuliers , mais des Princes Se des Etats fai- foient élever des ftatuè's Se d'autres monumens à l'honneur de ceux qui s'étoient le plus distingués de leur tems,ou parleurs vertus,ou parleurs talens extraordinaires pour les feien- cesSe les beaux arts. A la defeription des différentes faces, des ftatuè's, des médaillons , Se de tout ce quicompofele ParnaÛé. françois, M. du Tillet a joint une Lifte alphabétique des Poètes Se des Muficiens qu'il y a fait reprefenter , Se pour faire voir qu'il n'y en a au- cun qui ne mérite cet honneur par quelques-uns de fes ouvrages, il nous donne en abrégé leur origine , le tems qu'ils ont vécu , le caractère de leur génie, Se le jugement que les Sçavans ont porté fur les diffé- rentes productions de leur efprit. Ce livre fè trouve, ainfî que le pré- cèdent chésjean Baptifie Coignard filst in-iz. pp. 366 fins la Table. Il y a en vente à Paris chez le Sieur Tocquiny , Chandellier, rue neuve des Petits - Champs , près celle de Richelieu un nouvel Atlas univer- fel de 4^ vol. in-fo'io de Cartes, des principaux Plans de Villes 5 d'édifi- ces, Sec. tant en élévation qu'autre- ment , avec les deferiptions des meil- leurs Auteurs. L'on n'y a point per- du de vue la Géographie, Se l'on y a renfermé toutes les utilitez qu'elle peut avoir , en y donnant les diffé- rentes divifions du monde , Ecclé- fiaftiques Se militaires , civiles Se po- litiques connues dans l'hiftoire Se du tems preièok TABLE Des Articles contenus dans le Journal d'Aouft vjvf> XENOPHONTIS ! Gacoruin libri V, de ainoribus Amhia: & Abrobioccma? . &c. L s cinq livrés de Xénephon d'Ephefe, &c. page 448 Traité des petits Tourbillon* de lu mutifre jaunie, &c. 4!7 Diflcrtatio de Aithritidc , &c. Dijfertation jur la Goiite par M. Antoine Deidier , érc. 46+ Nouveaux Mémoires des Milftcns de la Compagnie de ^cfus dans le levant Tom. VIe 4*7- Differtatio de Apolline Granno Mogovko, &c. Vijfertation de M- Jean-George Eckharc fur une tnfeription trouvée en Alface , &c. 477 iiouvel Examen de l'ufage gênerai des Fiefs en France , ère. par M. Bruflel 484 Hifloirc éf explication du Calendrier des Hébreux , des Romains & des François , tyc. 48$ tes Chats. 49 1 Les Fables de Phèdre , Traduction nouvelle , avec des notes critiques , morales & hiftoriques, ère 49 r Eloge de la Goule J°I Heuvelks Lit ter air ci, i°) L E DES CAVANS POUR L'ANNEE M. D C C. XXVII. SEPTEMBRE A PARIS, Chez CHAUBERT , à l'entrée du Quay des Auguftins , du côte' du Pont Saint Michel, à la Renommée &c a la Prudence. M. D C C. XXVII. AVEC PRIVILEGE DV ROT. L E JOURNAL SÇAVANS, SEPTEMBRE M. DCC. XXVII. HISTOIRE DES CH E TOLIERS HOSPITALIERS DE SAINT JEAN de Jerufalem , appelle"^ depuis Chevaliers de Rhodes , & aujourdhui Cheva- liers de Malte. Par M. l'Abbé de Vertot , z/e l'Académie des BJles -Lettres. A Paris , chez Rolliti , à Ja descente du Pont S. Michel , Quajr des Au- guftins, au Lyon d'Or : Quillau père & fils , Imprimeurs-Jurés- Li- braires de l'Univerfité , rue Galande , à l'Annonciation : Dcfaint , rue S.Jean de Bcauvais vis-à-vis le Collège. 1726. in 40. 4. Vol. To. I. pp. 696". To. IL pp. 719. To. III. pp. jjy.. To. IV. pp. 240-408-221- 20. Planches y y. Ans deux de nos Ex- traits , imprimés , l'un au mois de Février , l'autre au moisdeMai de cette année , nous 'avons rendu compte des neuf premiers livres de cette liif- toire, en parcourant les principaux Sej'tcmb. t. événemens & les différentes révolu- tions, arrivées dans l'Ordre de Saint Jean de Jerufalcm, depuis fbn pre- mier établiflement jufqu'à là retraite dans l'Ifle de Make. Il nous refte préfentement à fuivre cet Ordre , jufqu'au terme où l'a conduit M. l'Abbé de Vertot, c'eft-à-dire , jufc Ttr. 5ii JOURNAL DES SÇAVANS, qu'à la levée du Siège de Malte, Se un nouveau fujet d'exercer fa pa* a la défaite des Turcs, en 1565". tience & lu fermeté, par rapport à Livre X. On trouve dans ce la nomination d'un Evéque de cette livre les quatre dernières années du ïfte. De concert avec l'Empereur1 , Magiitére de l'Ille-Adam, ceux de il avoit prefenté Thomas Bolio pour Pierre du Pont, Se de Didier de S. cette nomination au Pape , qui avoit Jaillc, qui rempliflèntà peine deux femble' d'abord approuver un fi di- anne'eSjèv le commencement de l'hif- gne choix, mais qui dans la fuite par toire duGrand-JVkîtrcJcan d'Omè- dcs. Les foins de l'Iflc-Adam , pour mettre en état de défenfe Lille de un rarintment de politique, nomma le* Cardinal Ghinucci pour remplir ce Siège Epifcopal , au grand mé- contentement de l'Empereur & du Malte, celle de Goze, £c la Ville de Gland-Maître. Cette affaire ne fur. Tripoli, nouvelles acquifitions de pourtant confomméc , que lbus le l'Ordre, n'occupoient pas tellement Pontificat de Paul III. fuecclîèur ce Grand-Maître, qu'il ne réfcrvàt la meilleure partie de fon attention pour faire réùflïr un projet qu'il avoit alors fort à cœur. C'éroitl'cn- trcpnfe fur Modon- , Ville de la Morc'e, dont i! pretendoit fè rendre de Clément. Le Grand -Maitre , après s'être précautionné dans fon llls contre les infultes du fameux Corfaire Barberouffe, devenu Roi d'Alger , qui fe faifoit redouter alors dans toute la Méditerranée, tint un maître à la fiveur de les intelhgcn- Chapitre général, où l'on fit de fa- ces dans cette place, £c dont il re- ges réglemens. Mais il furvint peu gardoit la conquête, comme pou- après dans l'Ordre, à l'occafion d'un vant un jour lui faciliter le recou- diffèrent particulier, une querelle , vrement de Rhodes. II donna la con- où quelques langues prirent part, duite de cette expédition au Cheva- en vinrent aux mains.Sc cauférentun lier Salviati , Prieur de Rome, êc tumulte fcandaleux & meurtrier, qui parent du Pape Clément VII. Mais affligea vivement le Grand-Maître, malgré les circonftanccs favorables £c tout le corps de la Religion. Ce qui fembloient promettre à ce Ge- neral un heureux fuccès ; quelques contretems imprévus l'obligèrent à fe rembarquer, après avoir pillé la chagrin , joint à plufieurs autres, 8c fur-tout aux facheufes nouvelles qui lui venoierrt continuellement d'An- gleterre, dont le Schifme ne pou- Ville , dont il s étoit emparé d'à- voit avoir que des fuites funeftts bord, & après en avoir enlevé 3oo pour l'Ordre de Malte, jetta ce grand femmes ou filles, dont if fit autant homme dans une fombre mélanco- d'efclavcs. lie, qui le conduifit infenfiblemcnt L'Ifle-Adam déchu de cette efpé- au tombeau, en 1534. à l'âge de 70 rance , ne fongea plus qu'à fortifier ans. Malte, où il paroifioit que la pro- Le Magifiére de fon fucceficur videnec vouloit fixer l'Ordre de S. Pierre Dupont, Bailli de Sainte Eu- Jean. Mais ce Prince eut bien-tôt fémieenCalabrc, n'offre qu'un évé- S E P T E M nement confidérable. C'elt la prife de laGoulctte & de Tunis, & la défaite de Barberouilè par Charles- quint, qui rétablit Muley-Hafcen dans ce Royaume , à condition qu'il relèverait de la Couronne d'Eipa- gne. L'Empereur entreprit cette conquête en partie à la follicitation du Grand-Maître de Malte , que le voifinage d'un Corfaire fi puillant faifoit craindre pour la Ville de Tri- poli, appartenante à l'Ordre : ôc ce fut principalement à la bravoure des Chevaliers qui combattoient dans l'armée de Charles , que l'on dut at- tribuer la réiiiïite de cette expédi- tion. Sous Didier de S. Jaille, Prieur de Toulon fe , qui prit la place de Pierre du Pont, & qui mourut au bout de dix mois,cn allant à Malte-on lit avec plaifir & avec admiration les ex- ploits de Botigella, Prieur de Pile, ëc Général des Galères de l'Ordre. Nul ncs'étoit encore rendu plus re- doutable aux Corfaircs, &ce Che- valier n'abandonnoit point la mer. Ses hoililitcz. continuelles & celles de fes Confrères déterminèrent les Turcs d'Afrique à les challèr de Tri- poli , s'il e'toit poffibk. Mais en ayant fait la tentative fins fucecs , Botigella fit rafer la tour de l'Al- caïde, qui bioquoit Tripoli, rem- . porta encore quelques autres avan- tages fur les Infidèles , &: revint triomphant à Malte. L'Eleélion de Jean d'Omèdes , de la. lanmjc d'Arrason, fiiccefleur deS.Jaille, parut confterner la meil- leure partie du Chapitre ; & cette inquiétude ( obferve l'Hiftorien ) fut juilifi.ee dans la fuite par la con- B R E i 717. 5*19 duite intérelîée , partiale & pleine de dureté du nouveau Grand-Maî- tre. La première entreprife qui fê fit fous fon Magiftére , fut le Siège de Sufe, Ville u' Afrique, qui s'étoit fouitraite de l'obéïfiance du Roy de Tunis. Il envoya un ft cours confidé- rable de Chevaliers à ce Roi Maho- métan j mais leur valeur ne put empê- cher que ce Siège nechouât,par l'im- prudence du Général Sicilien, qui commandait Ls Troupes de débar- quement,que l'Empereur av oit four- nies pour cette expédition. Celle que ce Prince lui-même quelque temps après,, fit contre Alger, & à laquelle l'Ordre de Malte prit part, fut en- core plus malheureuie. On en trouve' ici le détail, 6c c'elt par-là que finit le X . Livre. Livre X I. Dans le fuivant , qui appartient toutentier au Magif- tére de d'Omèdes, on voit d'abord la révolution arrivée à Tunis, dont h RoiHafèon, allié de l'Ordre, cil détrôné par ion propre fils , qui lui fait crever ks yeux. Un tel événe- ment ne pouvoit manquer d'inté- reflèr beaucoup les Chevaliers, par rapport à la confervation de Tripo- li , voifiae de Tunis, environnée des Infidèles , fans fortifications , & par- là menacée d'un Siège. On y mit pour Gouverneur le Commandeur de la Valette, de la langue de Pro- vence , qui difpofa toutes chofes peur s'y défendre vigoureufement. D'un autre coté, l'Empereur allarmé par la prife d'Africa & de quelques au- tres places fur les côtes de Barbarie dont le Corfaire Dragut Compa- gnon de Barberoufle s'étoit empa- ré, & craignant avecraifon po'irfcs 5"i4 JOURNAL DE Roviumes de Naples 6c de Sicile , rclblut de faire le fiége de cette Vil- jc-là , 6c obtint du Grand- Maître les Galères de Malte pour cette entre- prile, qui lui relit Ct , maigre' la ré- 'liirance opiniâtre des Africains. Cette conquête à laquelle avoient contri- bué beaucoup les Chevaliers, irrita Soliman, qui rompit la trêve qu'il avoit alors avec Charles-quint. 11 fit à la follicitation de Dragut, un ar- mement considérable, deitine à re- prendre les places que lcsMahomé- tans venoient de perdre, 6c fur-tout à châfler l'Ordre de S. Jean , non- fèulcmcnt de toute l'Afrique , mais encore de l'Iile de Malte. Quelque jnttance que l'on fît auprès du Grand - Maître , pour l'engager à pourvoir à la fureté des Etats de la Religion, aufqucls le Turcenvou- loit principakmentjd'Omèdes s'obf- tina toujours à marquer beaucoup de fécurité fur cet article, 6c négli- ge! d'y mettre ordre, tandis qu'il prodiguait lès Galères 6c fes Che- valiers dans les différentes occafions , où cesfecours étoicntnéceflàircsaux Généraux de l'Empereur, à qui ce Grand-Maître étoitunpcu trop dé- voiié.Maisfonaveuglementfedilfipa enfin , lorfquedcs fenêtres de fbn Pa- lais , il vit arriver devant Malte la Flotte Ottomane, commandée par le Bâcha Sinam , fécondé de Dra- gut. On peut juger de la terreur que cela répandit dans toute l'Ifle, où il n'y avoit que deux places fortifiées, le B :urg , ou le Chat cm S. Jrge, 6c la Cité notable , ou la Ville de Malte. Par l'entêtement du Grand- Maine, 1 s Chevaliers étoient dénués de tout, S SÇAVANS, hors de courage , dit l'Hiftorien -, car jamais ils ne firent paroître plus de réiblution. Sinam, qui fuivant les in il ruerions qu'il avoit reçues delà Porte, devoit faire fon principal objet de reprendre les places de l'Afrique, 6c ravager feulement en pallant l'Illc de Malte , ne jugea pas à-propos d'at- taquer le Bourg , que fa fituation fur un rocher efearpé rendoit de trop difficile accès. Mais, par complai- fance pour Dragut , il sfliégca la Cité notable , qui manquoit de troupes réglées 6c d'un nombre fuffifant de Chevaliers pour commander. Malgré des befoins fi preffàns,d'0- mèdes ne put fe réfoudre à diminuer le nombre des défenfeurs du Bourg où il s'étoit renfermé ; 6c tout ce que put obtenir de lui le Gouver- neur de Make par les plus vives ibl- licitations, fc réduifit à fix Cheva- liers François conduits par le Che- lier de Villegagnon,quc fa répuration ■6c lbn expérience mettoient en état de partager avec ce Gouverneur le commandement 6c la defenfè de laVil- le.Quclquc foible que fût au fond une pareil le recrue , elle ne laiffa pas de re- haufîcr le cœur aux Habirans , qui en firent de très-grandes réjoui llànccs , capables d'en impoler aux affiégeans ; 6c ceux-ci peu de temps après inter- ceptèrent fort à-propos une lettre écrite de Mcffinc au Grand-Maître , pour lui annoncer le fecours que l'Amiral de l'Empereur étoit far le point de lui donner. Quoique cet avis fuppofé, ne fût qu'un pur artifice hazardé par celui qui avoit écrit la lettre ; le Bâcha en fut allar- mé au point de lever le fiége , ôc de fe rembarquer, S E P T E M Mais avant que de prendre la route de Tripoli, il ravagea l'Ifle de Goze, & fe rendit maître du Château , par la lâcheté du Chevalier qui y com- mandoit, Se qui e'toit la créature de d'Omèdes. Quoique les Turcs euf- fènt mis ce Gouverneur à la chaîne, d'Omèdes eut foin de faire publier de tous cotez par des lettres , que le Château de Goze n'auroit pas capi- tule' fi-tôt, (ans l'accident arrivé au Gouverneur qui avoit e'té malheu- reufèment tué d'un coup de canon ; & cette fable pendant fort long- temps, paflà pour un fait confiant dans toute l'Europe. On n'en fut défabufé que plufieurs années après , lorfque ce Chevalier s'étant tiré d'ef- clavage à force d'argent, n'eut point de honte de reparaître à Malte. Le Bâcha Sinam , après avoir ra- vage l'Ifle de Goze Se rafé le Châ- teau, alla mettre kfiége devant Tri- poli, où commandoit Gafpard de Vallier , Maréchal de l'Ordre. Cette place étoit mal fortifiée, & encore plus mal pourvue de défenfëurs , n'a- yant pour toute gamifon que 400 hommes de mauvaifes troupes. Le Grand-Maître qui reconnut alors , mais trop tard, h faute que fon en- têtement lui avoit fait commettre , lorfqu'il avoit négligé de fè précau- tionner contre les attaques des Turcs, eut recours à Gabriel d'Aramon , Ambaflàdeur de France à la Porte , lequel retournant âConflantinople, avoit abordé à Malte. Il conjura donc ce Miniftre d'employer lès offices auprès de Sinam dont il étoit fort connu, pour difîuadcr ce Bâcha d'af- fiéger Tripoli. Mais cette négocia- tion ayant échoué, la Ville fut bien- BRE ^7^7- fif tôt réduite à capituler par In lâcheté & la rébellion des Habitans Se des Soldats, qui contraignirent le Gou- verneur à rendre la place. Les arti- cles de la capitulation ayant été mal exécutés par la perfidie des Turcs, qui retinrent prisonniers le Maréchal Se fès Chevaliers ; d'Aramon à force de prières Se de préfens , obtint du Bâcha la liberté du Maréchal Se des plus anciens Chevaliers François , & racheta de fon propre argent ks plus jeunes. La perte deTripoli confterna d'O- mèdes , Se dans la crainte que l'on n'attribuât à fà négligence un fi mau- vais fuccès, il réfolut, pour fe tirer d'embarras , de rendre fufpcéte la conduite qu'avoit tenue à ce fîége l' Ambaflàdeur de France , & de rejet- terfur ce Miniftre & fur le Couver neur la priic de cette pkce.On trou- vera ici le détail des indignes ma- nœuvres queceGrand-Maîtremit eh ufage pour faire fbupçonner le pre- mier d'intelligence avec ks Turcs dans cette affaire , & pou r perdre fan s reflburce le dernier. Mais malgré toutes les intrigues de d'Omèdes ,. l'innocence de l'un 8c de l'autre fut enfin expoféedans un plein jour , Se cela, parla fermeté du Chevalier de Villcgagnon, qui eut fcul le coura- ge de réfifter en face au Grand-Maî- tre , Ce de prendre h défenfè du Ma- réchal. M. l'Abbé de Vertot, cnfinifîànt ce livre, s'étend afièz au long fur les différentes fortunes de Léon Strozzi, Prieur de Capoiie, Se l'un des Héros de l'Ordre de Malte. Il parle des mauvais traitemensquefes liaifons avec la France, dont il corn- H$ JOUE.NAL D maneîoit les Galères, lui attirèrent de la {art du Grand-Maître. 11 ra- conte la tentative de ce Prieur, fur Zoarc, Ville de la Province dcTripo- 1 1, tentative dont l'avoir chargé d'O- pacjalou fie contre lui,ek à def- f ein de l'éloigner , mais que des ren- contres inopinées & malluuruifès fi- rent avorter, Se qui futtrès-fuiivlKà [a Rd gion, par le grand nombre des Chevalière qui y périrent. Ellenedi- minua rien cependant de la gloire que Strozzi avoit acquifê'en d'autres occafions, ni de la réputation de fâ- gc 6c vaillant Capitaine ; £c à fon retour à Make, il rut déclaré pour la féconde fois Général des Galé- îes de l'Ordre. Livre XII. Ce livre contient la fin du Magiftére de d'Omèdes ; celui de Claude de la Sangle , qui ne dura que quatre ans, & les huit premières années de celui du fameux Jean Parifët de la Valette. D'Omèdes, après 17 ans de Ma- giftére , mourut dans le temps que Pon reçut à Malte l'importante nouvelle, que Marie, Reine d'An- gleterre, avoit refolu pour la dé- charge de fit confeience , dereftituer à l'Ordre toutes les Commanderics èc tous les biens , dont les Rois Hen- ry VIII. fon père & Edouard VI fon frère s^étoient injuftement fâi- fis. La Sangle de la langue de Fran- ce , qui fuccéda au Grand-Maître d'Omèdes , en i?^. étoit actuellc- Iemcnt Ambafiadeurà Rome, où fon élection caufa beaucoup de joye. L'Empereur lui fit offrir la Ville d'Africa , pour dédommager la Reli- gion de la perte de Tnpoli , ôv lui ES SÇAVANS, fit propofer en même temps d'en faire la rélîdence de l'Ordre, & d'a-> bandonner Malte. Mais le Grand- Maître, de l'avis du Conleil, ivfufa d'accepter cette offre, qui au fond eût été très-défavantageufe aux Che- \ ahers, pour pluficurs raifons dé- duites par l'Auteur. Il nous entre- tient après cela du Généralat desGa- lércs donné au Commandeur de la Valette par la démiffion dcStrozzi, qui devint Général de ce lies de Fran- ce, 6c qui fut tué, en allant recon- noître une petite place fur la côte de Tofcanc. Il nous parle des nou- velles fortifications faites à Malte par les foins du Grand-Maître, & d'un ouragan furieux ,qui en moins d'une demie-heure abîma pluficurs vaifleaux dans le Port, mit en piè- ces les Brigantins 6c les Gaiiotes, ren- verra quatre Galères les carénés en haut, noya la plupart des Officiers, des Soldats & de la chiourme, ab- battit pluficurs maifons. & même ébranla le Château S. Ange. Une fi grande perte fut réparée par quel- ques Princes Chrétiens, qui s'y in- teVeilérent généreu finie nt , & par tout ce qu'il y avoit alors de Com- mandeurs puillâns Se riches. Cet ac- cident fut fuivi d'un autre, qui caufa de grands troubles £c de fàcheufes diilènfions parmi les Chevaliers, ôc auquel le Pape & les plus grands Princes de l'Europe prirent part. Il s'agifibit de deux Galères du Roy de France, enlevées par le Prieur de Lombardie, Se d'une uutre apparte- nante au Maréchal Strozzi, dont un Piémontois s'étoit emparé, fous la protection du Duc de Savoye. On peut voir dans le livre les particu- larités S E P T E M laritcs de cet événement, qui tou- cha lî fenfiblcment le Grand- Maî- tre, qu'il en tomba malade, & mou- rut en ijf~. Les premiers foins de la Valette fon iliccefièur furent de remettre la régularité dans le payement des çeffon/îons ou contributions que les Commandeurs dévoient à l'Ordre, Se dont ceux de quelques Provinces d'Allemagne Se des Etats de Vcnife s'etoient difpenfez depuis quelque temps fous divers prétextes. Il fit enfuite revoir le procès du Maré- chal deVallier, qui depuis la perfé- cution du Grand- Maître d'Omcdes , languiflbit dans une vie obfcure , Se illehtrétablirdanstous les honneurs. Le Viceroi de Sicile ayant alors conçu lcdcllcin de tenter la conquête de Tripoli , fît entrer fans peine dans ce projet la Valette, qui promit de lui fournir des vaiilcaux Se des trou- pes , Se ils en écrivirent de concert à Philippe II , Roi d'Efpagne, le- quel y conlentit. Cependant le Vi- ceroi, contre la parole accompa- gnée de ferment, qu'il en avoit don- née au Grand- Maître, ayant tourne' fes armes contre l'Iile de Gelvcs,au lieu de s'attacher d'abord au fiége de Tripoli ; il prit a la vérité' cette Ifie. Mais s'y e'tant arrêté mal-à-propos, pour la fortifier, il y fut furprispar la rlotte des Infidèles fort fupérieure à !a fienne, Se après y avoir perdu près de quatorze mille hommes , fans compter un grand nombre de Gale'res Se de vailleaux, il eut beau- coup de peine à fe fauver lui-même dans l'Iile de Malte, d'où il fe ren- dit en Sicile. Ce fut prefque dans ce même ?e; rentre. BRE T747. 717 temps que Cofme de Medicis.Duc de Florence , pour la fureté de fes cotes , forma un corps de marine, dont il voulut s'attacher plus particulière- ment les Oificiers , en in Primant pour eux un ordre de Chevalerie fous le titre de Saint E (tienne Pape ; Se ces nouveaux Chevaliers devin- rent dans la fuite les élèves de ceux de Malte. Le Grand- Maître ayant été invité au Concile de Tren- te qui fe tenoit alors , y envoya fon Ambalîàdeur, qui prit féance parmi ceux des autres Princes Chré- tiens, Se y foûtint les droits de fon Ordre, par rapport à la nomination aux PrieurezSe auxCommanderics, Mais le Pape Pie IV. qui s'étoitré- fervé la déeifion de ce point, au pré- judice du Concile, après la conclu- fion de cette ailèmblée , oublia les Chevaliers de Malte à cet égard, Se les fervices continuels qu'ils ren- doient à toute la Chrétienté. C'en fut un fignalé, que la jonc- tion de leurs Galères à la flotte de Philippe II. pour la conquête du Pignon de Vélés , Fort fitué fur la côte d'Afrique, Se qui fervoit d'a- fyle aux Corfaires. Le Roi d'Ef- pagne, qui l'année précédente, en avoit fait inutilement la tentative , y réiuTit alors par le fecours des Che- valiers. Cette perte allarma beau- coup tous les Corlâires de Barbarie, Se ils en portèrent les nouvelles Se leurs plaintes à Confhntinople. So- liman leur promit qu'avant qu'il fut peu, il bnferoit ces chaînes ; Se comme il eût appris que les Cheva- liers avoient eu grande part à cette expédition, il forma dès-lors ledefr fein du iiége de Malte, pour ailûrcr Vvy 518 JOURNAL DE par la conquête de cette place la li- berté de toute l'Afrique. C'eftàquoi la prife d'un Galion, dans lequel Tes femmes étoient intéreflées, acheva de le déterminer, l On arma donc par fon ordre dans toute l'étendue de fon empire tout ce que l'on put trouver de Galères & de vaiflèaux , po ir une entreprife de cette importance. Il choiiit deux Gé- néraux pour la conduire. Piali en qualité de Hacha de la mer, avoitle commandement gênerai eie la Hotte, êc Muftapha , vieil Officier , etoit Général des Troupes de débarque- ment. Soliman leur joignit le Cor- lai re Dragut, fans la participation duquel i!;> ne dévoient rien entre- prendre. Le Grand- Maître informé de tous ces préparatifs, ôc ne pou- vant douter qu'ils ne regardaient Pille de Malte , n'oublia nen pour lu mettre en e'tat de re'fifter aux at- taques des Infidèles. 11 convoqua par une citation générale tous les Che- valiers , il Ht lever des Troupes,en Italie, il follieita des fecours chez tous les Princes Chrétiens , & le Roi d'Llfpagne intérelle plus qu'aucun autre à la confervation de Malte,char- g:a leViceroide Sicile de la lecourir de tout lbn pouvoir. C'en, ici principalement que M. l'Abbé deVertot s'applique à nous taire connoître tout le mérite de la Valette, en nous peignant le carac- tère de ce grand homme ; Se pour mettre mieux les Lecteurs au fait de la (âge distribution qu'il fît à fes Chevaliers des divers polies qu'il avoit à défenclrc,l'Auteur nous donne une defen; non détaillée de l'état où l'Kk de Malte fe trou voit alors. Sans S SÇAVANS, parler de la Cité notable, qui ne fut point d'abord attaquée , il y avoit dans cette Me quatre endroits confi- dérables ; le Fort S. Lime , le Châ- teau S. Ange , le Bourg, Si Yljlede la Sang'e. Le Grand-Maître fit la re- vu- de fes Troupes , qui fe mon- taient à 700 Chevaliers, lans comp- ter les frères Servans, & a 85*00 hom- mes , tant Soldats des Galères , ou à la folde de l'Ordre, que CitadinsSc Paj lans dont on avoit fut des com- pagnies. La flotte des Turcs parut devant Malte le 18 Mai if6f. Elle étoit compofée de 159 vaiflèaux à rames, & portait ^0000 hommes de débar- quement. Dans un grand confeil de guerre, il fut rcfblu , que fuivant lavis de Muftapha, on commence- roit par affiéger le Fort S. Elme , dont la prife aflûreroit un port à la flotte Mahométane. Les Turcs fi- rent donc leurs approches, ouvrirent la tranchée, & dès le 24e de Mai commencèrent à battre le Fort, ce qu'ils continuèrent avec fuccès. Le Grand-Maître perfuadé, qu'au dé- faut des fortifications qui ne pou- voient réfuter à un feu continuel , il ne confervéroit la place que par le nombre 6c le courage de la garni- fon, donnoit là principale attention à y faire entrer les fecours néceflai- res, fans oublier en même temps de folliciter vivement ceux que le Vi- ceroy de Sicile devoit envoyer in- cefîàmment à l'Ordre , Se dont pour- tant il difîèroit toujours le départ , fous des prétextes fpêcieux. Cepen- dant l'artillerie des Turcs les mit bien-tôt en état de fe loger fur la contrefcarpe,£c c'eft où ils en étoient S E P T E M lorfque Dragut arriva au fie'gc avec fes Galères chargées de troupes, Se défaprouva d'abord qu'on l'eût com- mencé par le Fort S. Elme. Mais il ne laiffa pas de s'y porter avec au- tant de valeur Se d'aifiduité, que s'il eût été refponfable de l'événement. Les affiègeans , maîtres de la conti ef- carpe, ne tardèrent pas à emporter le ravelin, qui leur coûta près de 5000 hommes des plus braves de leur armée. Les Chevaliers fe voyant ferrés de fort près par les affiègeans Se craignant d'être pris d'ailaut , députèrent au Grand-Maîtrepourluiexpoferlatrif- te fituation où ils étoient réduits ,Sc l'impo/fibilité de tenir plus long- temps dans un pareil pofie. La Va- lette convaincu que le falut entier de Malte dépendoit abfolument de la longue réfiilancc que ferait le Fort, en donnant par-là au fecours que la Religion attendoit de Sicile, le loi- fir d'arriver, fit exhorter les Che- valiers à ne fe point décourager , promettant de leur envoyer autant de défenfeurs, que la petiteilc du Fort en pourroit contenir : 6c furce que les aflïégcz influèrent de nouveau , Se menacèrent d'abandonner la pla- ce, le Grand-Maître y envoya trois Commiffàires pour en examiner l'é- tat, Se lui en rendre compte. Sur le rapport qu'ils lui firent qu'on pou- voit encore s'y maintenir quelques jours, il ordonna de nouvelles le- vées pour en former un corps, qui devoit remplacer les Chevaliersaprès leur retraite. Ceux-ci n'en apprirent pas plutôt la nouvelle, que fe pic- quant d'honneur , & ne voulant point qu'on pût leur reprocher d'a- BRE 1 7 % y. 5-19 voir été relevez par une fimple mi- lice, dans un poire qu'ils auraient lâchement abandonné, prirent la gé- néreufe réfolution de défendre le Fortjufqu'à la dernière extrémité, & d'y périr plutôt que d'en fbrtir. Le i6dejuinilsioûtinrcntun af- fmt général pendant fîx heures, Se contraignirent les affiegeans à fe reti- rer avec perte de 2000 hommes. Mais Muftapha ayant enfin ôté toute com- munication entre le Fort & le Bourg, & ayant inverti le premier de tous côtés, les Turcs revinrent en foule à l'ailàut le 21 , le quittè- rent Se le reprirent jufqu'à trois fois fans fuccès , Se la nuit fépara les combattans. Les Chevaliers l'em- ployèrent à recevoir les Sacremens . en bons Chrétiens Se en véritables Religieux , après quoi chacun fe ren- dit à fon pofie , pour mourir les armes à la main. Ceux que leurs bief- fures empêchoient de marcher, lé firent porter dans des chaifes juf- ques fur le bord de la brèche ,SÎ te- nant leurs épées à deux mains , ils attendirent un nouvel aiîàut. Les Turcs le donnèrent dès la pointe du jour , Se après quelques heures de trêve, revinrent à la charge fur les onze heures , Se ce dernier afîàut ne finit que faute de combattans, Se par la mort du dernier Chevalier. C'eft par cette fanglante cataftro- phe, que fe termine le 12e livre. Le Bâcha entrant dans le Fort , Se ju- geant par la petitefic de cette place, combien le Bourg lui donnerait de peine, s'écria : Que ne fera pas le père , puifcjue le fils qui efl Jî petit , nous cm e nos plus Iravcs Soldats ! Livre XIII. On trouve, dans V v v ij fao JOURNAL DE ce livre, la fuite du fiége de Malte, Se celle du Magiftérc de la Valette. Ce Grand-Maître eut loin de railù- rcr fes Chevaliers, confternez parla perte du Fort S. Eltrie , & leur défendit de faire à l'avenir aucun quartier aux Infidèles. Muftapha l'ayant fait preûièntir par rapport à une capitulation, & n'ayant point été écouté , inveiîit le Château S. Ange & l'Iile de la Sangle. Les Che- valiers reçurent quelques fecoursde Sicile, & le Viceroi d'Alger en ame- na aux Turcs. Ceux-ci commen- cèrent à battre les deux places le f Juillet, & après y avoirfait de brè- ches fuffiïàntes, y donnèrent un fu- rieux ai huit, où ils perdirent beau- coup de monde. Muitapha , pour faciliter fes attaques , fit conf- truire un pont de bois, dont la def- truction coûta la vie à pluficurs bra- ves Chevaliers. Il Ht donner un fé- cond aflàut le 2 Août, 2c f jours après un troifiémc , lcfquels ne réunirent pas mieux. Pendant qu'il e'toit occu- pé au dernier, un de'tachcmcnt de la garniibn de la Cité notable fe glifià furtivement dans l'Hôpital des Turcs , dont la garde e'toit alors écartée , & coupa la gorge aux ma- lades 6c aux bleilcz ; la nouvelle de ce carnage fitceflèr l'aflâut. On ver- ra , dans ce livre , comme le Bâcha, après avoir épuifé toutes fortes d'at- taques, eut recours aux mines ; d'où il revint à divers afîàuts, dans l'un defqucls le Grand-Maître fut dan- g :reuftmentt>lefl"éjComme les Turcs firent une vainetentativcfiirla Cité retable ; comme ils élevèrent une tour de bois, qui fut bientôt mifë çn pièces ; comme ils recommencé- S SÇAVANS; rent à miner, 6c divers autres eve- nemens, fur lcfquels nous ne pou> vous nous arrêter. Enfin le Yriccroi de Sicile , après bien des obftacles Se des irréfolu- tions, conduifit aux Chevaliers un fecours confidérable , qui débarqua au commencement de Septembre , Se qui contraignit les Infidèles à lever le fiége avec précipitation, & à fe rembarquer. A peine le Bâcha fut dans l'on vaiflèau , qu'appre- nant par un cfclave que le iècours qui le fàifoit fuir avec feize mille hommes qui lui reitoiera encore , n'etoit au plus que de fix mille ; il eut honte de s'être abandonné à une terreur ii fubite , & fit remettre fes troupes à terre pour marcher con- tre l'ennemi. Mais fon Armée avant été mifë en déroute parcelle de Mal- te, il eut bien de la peine à rega- gner fes vaifleaux. Telle fut h fin* de ce fameux fiége qui acquit tant de gloire au Grand - Maître , 6c où ks Turcs ne perdirent pas moins de trente mille hommes , avec Dragut l'un de leurs Généraux. L'Ordre y perdit plus de a6"o Chevaliers, &C jufqu'à huit mille hommes tant Sol- dats qu'Habitans, & à peine, obfervc l'Hiitorien, reftoit-jl dans le Bourg Se dans le Château S. Ange , en comptant même les Chevaliers, 6oa hommes portant armes , & encore la plupart couverts de bkiîùres. La nouvelle de la défaite des Turcs cr.uià dans toute la Chrétienté une joyc qui éclata par des feux, des illuminations , & des actions de grâ- ces rendues publiquement dans ks Eglifes. Tous les Princes Chrétiens donnèrent au généreux uéfeuicurde S E P T E M Malte des témoignages de leur efti- me Se de l'eu- reconnoifiânee. Le Pape fur-tcut & le Roi d'Efpagnç comme les plus intérefièz, à la con- fervation de l'Iilc , fe iignalérent en ëcttt occafion, celui-ci par de riches prefens qu'il envoya au Grand-Maî- tre, & le premier par l'offre du Car- dinalat. La Valette, en refufant d'ac- cepter cette dignité ; -montra une mo- deftie, ou peut être unedélicateffe, que n'avoir peint eue le Grand-Maî- tre d'Aubufibn en pareil cas. Tant de complimens & de dépurations que recevoit d; tous côtés la Valet- te, ne le rafluroîent pas contre une julbe crainte de l'avenir. Lefiégcà la vérité c'toit levé , Se les ennemis s'etoient retirés : mais on armoit de nouveau dans le Port de Conftan- tinople, le Grand-Seigneur lui-mê- me memçoit Malte pour le Prin- temps prochain :, Scil faifoit travail- ler fans relâche à un grand nombre de Galères dans l'Ariênal de cette Capitale. Le Grand-Maître, pour iè délivrer d'une telle inquiétude , trouva le moyen de foire mettre le feu à cet Arfena\. L'Auteur de cette entrep ri fe, ditl'Hiftorien, fut long-temps ignoré, & en profita ; puis que Soliman renonça pour lors à la guerre de Malte. La Valette en fureté de ce côté- la , du moins pour une année, re'fo- lut de l'employer à relever les forti- fications niinérs par les Turcs, Se à conftruire pour la fureté des deux Ports une nouvelle forterefiè fur le Mont scéberras dans la prefqu'Ifie qui les fépare, & dans l'endroit mê- me où ctoit auparavant le Fort S. Ehv Ce fut donc le 1 8 de Mars ERE 1 727. fît 1566 qu'il pofa la première pierre de ce grand ouvrage, qu'il nomma kl Cité de la Valette ,& où dans la fuite les C hcvaliers ont fixé leur réfidence. La plupart des Souverains de l'Euro- pe lui fournirent des fommes peur la conitruclion de fa nouvelle ville, à laquelle il donna des foins conti- nuels pendant près de deux ans. Lorlque l'argent deiliné aux Ou- vriers, lui manquoit, il y fuppléoit par une monnoye de cuivre, qu'il faifoit frapper ; mais lorfque l'argent reparoilfoit , il faifoit auffi-tôt reti- rer cette monnoye : & une telle exac- titude établit tellement la confiance parmi les peuples, que le travail ne fut jamais ni interrompu , ni même ralenti. Divers fujets de chagrin de la pari de quelques Chevaliers, & du l' ipè Pie V. jettérent le Grand- Maître dans une profonde mélan- colie ; Se quelque temps après il tomba malade d'un coup de Soleil , 6c en mourut le 21 d'Août, en 15-68. Livre XIV. Comme tous ceux qui ont écrit Phiftoire de l'Or- dre de S.Jean, ne l'ont point con- duite au-delà du fiége de Malte; M*. l'Abbé de Vertot a cru devoir bor- ner La iienne à cette fameufe Epo- que. Mais en attendant qu'il foiten état de continuer cet ouvrage, 6c de le pouiîcr jufqu'à notre temps ; il nous donne dans fon quatorzième livre, des Annales fommaire s des prin* cipaux événemens arrivez dans cet Ordre depuis la mort de la Valette jufqu'à l'année 1725". fous 17 Grands-Maîtres; lavoir f/m^Mo;'- r , Grand -Prieur deCapoiie, élu. en 15-68 ; Jean l'Eve fejue de laCaf^- jiiït , de la langue d'Auvergne-, 6t yiz JOURNAL D Maréchal de l'Ordre, choifi en 1572: Hugues de Loubenx de Ver dalle, de la Janguâ de Provence, 6cGrand-Com- mandeur, élu en 1582 , & hue Or- dinal en 1587 : Marrrn ha l Cotoner : Bailli de Majorque , élu trois mois après : Nicola' Coto- ner, frère du précèdent, élu en 1664 : Grégoire Caraffe, Napolitain, Prieur de la Rochelle , choiii en 1680 : Adrien de Vigvacmtt , Grand- Tre'forier, élu en 1690 : Raimond Fer lies de Rpccafoull9dc k langue d'Ar- ragon, Bailli deNcgrepont,e'lu en 1697 : Marc- Antoine Zondoduri ,Sicn- nois, élu en 1720 : Anoine Mano.l dt V'ûlh va , Portugais, de la langue de Câftille, élu en 1-22, 6c qui gou- verne l'Ordre aujourd'hui. Comme l'Auteur ne donne qu'en abrégé l'hiitoire de tous ces Grands- Maîtres, nous y renvoyons le Lec- teur, 6c nous dirons feulement un mot des trois Dilatations qui font jointes à cet Ouvrage, & dont la plus importante en fait comme le XVe. livre. Elle regarde le Gouvernement an- cien & ,1 odcrr.e de l'Ordre de S. Jean de Jérufa'em , Se contient fix articles. Dans le premier , il eft parlé des trois différentes Claffcs qui parta- ES SÇAVANS, gent cet Ordre, ôc qui font i8. celle da chevaliers de Jnfiice^ que l'ancien- neté de leur nobletfc met en état d'ê- tre admis à ce degré d'honneur, ôc qui fculs peuvent parvenir aux gran- des dignitez;2°..cclle dis Religieux Chapelains, a. tachez à l'Eglifê pri- matialc de S. Jean, 6c d'où l'on tire tous les Aumôniers ; 30. .celle des 1 rires ferv ans d'armes t Religieux, qui fins être ni Prêtres ni Chevaliers , ne laiuent pas de fervir, foit à la guêtre, foit dans l'Infirmetie, fous les ordres des Chevaliers, Se font comme eux quatre Çara vannes .cha- cune de fix mois. L'Auteur dans le deuxième article, traite delà réception des Itères Chevaliers, 6c il entre dans une difeurfion exacte des preuves de nobleflè exigées diverfement fuivant les différentes langues. Dansletroi- fiéme article , il s'agit des Dignités , Trieur r^ , Bailliages & Commanderies attachée) part uni u renient auxChevaliers d.jujlice. Il y a huit grandesDignitcz, dont chacune appartient «à l'une des huit langues , lavoir la dignité de Grand-Commandeur , à la langue de Provence ; celle de MaréchaLà la lan- gue d'Auvergne ; celle de Grand- Hofpitalicr, à la langue de France; celle d'Amiral, à la langue d'Italie; celle de Grand-Confervateur, à la langue d'Arragon ; celle dcTurco- poher ou de General de la Cavalerie, à la langue d'Angleterre, lorfqu'clle fubfiitoit; celle de Grand -Baillif, a La langue d'Allemagne ; 6c celle de Grand -Chancelier, à la langue de Callille. On compte dans l'Ordre 22 grands Pricurez, autant de Bail- liages, 6c près de yoo Commande- ries. Dans le quatrième article, on SEPT E M B parle du Chapitre gtn-:ral}& des diprens Confeils de l'Ordre ; Dans le cinquiè- me , des Charges & des Emplois qui s'y trouvent ; 6c dans le dernier, de l'E- liclion du CrMid-Maître. Nous ne pouvons nous étendre fur tous ces articles, pour le détail defquels on aura recours au Livre même. Comme l'Alcoran contient la loi des Mahométans, 6c que c'eft prin- cipalement au deflèin de faire la guer- re à ces Infidèles, que l'Ordre de S. Jean de Jéruialem doit fon infli- tution ; M. l'Abbé de Vertot a cru que les recherches qu'il a faites fur ce livre fameux, entroient allez na- turellement dans une Hiltoire des Chevaliers de Malte. Il entreprend donc dans fon Difcours fur l'Alcoran, d'examiner quel en cil h véritable Auteur ; quels motifs ont pu le dé- terminer à publier ce livre ; fi c'elt le fruit d'une infpiration, ou l'ou- vrage d'un homme aidé du fecours de plufieurs favans ; enfin quelles ont été les diverfes fortunes dePAl- coran , 8c s'il n'a pas fubi , dans la fuite des temps, différentes varia- tions, & change' plus d'une fois de principes 6c de maximes. Ce 11 à re- gret que nous fommts contraints , pour abréger , de nous en tenir à la îimple indication de ces divers points, 6c de renvoyer les Lecteurs, pour plus ample éelairciflèmient , au difeours même, lu à la rentrée de l'Académie des Belles -Lettres , le 14 Novembre, 1724. Quant à la Difîértation fur le Prince Zizim , fils de Mahomet II. elle intéfeflè d'autant plus l'Ordre de Malte, qu'il eft queftion d'ydé- R E 17x7. 5^3 cider , fi ce Prince , après la more de fon Père , cherchant un afyl- contre la puiflànce de fon fre'rc Ba jazet qui vouloit le faire périr , de- manda au Grand-Maître de Rhodes une retraite dans cette Me, 6c ne s'y rendit qu'en vertu d'un fauf-con- duit qui lui fut envoyé avec uneef- cadre de vailleaux, pour lui fervir d'efeorte ; ainfi que le rapporte Caourfin, qui e'toit alors Vice-Chan- celier de l'Ordre : ou fi ce même Prince ne fe jetta dans le Port de Rhodes, Se ne s'expofa à devenir prifonnicr de guerre des Chevaliers, que pour éviter d'être pris par les Galères du Sultan fon frère, dont il fe voyoit environné de tous co- tez , comme l'écrit Jaligni , Secré- taire du Seigneur de Beaujeu , qui gouvernoit la France pendant lajeù- neflè de Charles VIII. Dans la pre- mière fuppofition, il paroît difficile de iàuver l'honneur du Grand-Maî- tre 6c de fon Ordre, pour avoirdif- pofé de Zizim , comme d'un pri- sonnier de guerre, au préjudice d'un fauf-conduit : dans la féconde fup- pofition, l'Ordre a pu retenir ce Prin- ce, le livrer, ou en tirer une ran- çon , (ans violer par-là le droit des gens. M. l'Abbé de Vertot, après avoir expofé toutes les raiions pour 6c contre 3 donne ici le texte de Ja- ligni, 6c celui de Caourfin, dans toute leur étendue , afin de mettre les Lecteurs en état de prendre parti fur un fait fi différemment raconté. On a fait imprimer, à la fin de chacun des trois premiers volumes de cet Ouvrage , les preuves juftifi- catives des événemens qu'ils con- tiennent : ce font plufieurs pafiages 524 JOURNAL DE tire'.; d'Hiftoricas contemporains ou autres : ce ibnt des Bulles ou des Brefs des Papes & des Lettres de divers Princes ou Prélats , par exemple celles du Sultan Bajazet il au Saint Pcre : ce Ibnt des Ac- tes de donations : ce font des Ex- traits des Statuts de l'Ordre , & des Ordonnances des Chapitres gé- néraux, & autres extraits deC haïtes, de Titres, de Chroniques : ce font les relations des deux derniers fiégesde Rhodes , écrites en François , l'une par Mérri DupuiJ'autrc par le Com- mandeur de Bourbon , tous deux témoins oculaires ; cVft une re- lation Latine de ia guerre de Malte fous le Grand-Maître d'Omèdcs , écrite à l'Empereur Charles-quint, par le Chevalier de Vil legaguon,&c. On trouve a la fin du IVe. volu- me les anciens & nouveaux Statuts S SÇAVANS, de l'Ordre de S. Jean de Jérufâlem, traduits fur l'édition de Borgofortc de 1676" : une lifte alphabétique des Chevaliers de la langue de Pro- vence ; 6c des liiles chronologiques de ceux de la langue d'Auvergne , de la langue de France , des Grands Prieure/. d'Aquitaine & d. Cham- pagne ; une autre lifte chronologi- que des Grands-Prieurs d'Allema- gne, depuis liji jufjuà ce jour ; l'état préfent des Chevaliers du Grand Prieuré d'Allemagne ; une bile dis Chevaliers du 110m dcSpi- nola, CdLfi , & Roflelmiûi , reçus dans la langue d'Italie ; une autre lifte des Chevaliers du nom deSpi- nola , Mirabal , Gufman & No- vella reçus dans la langue de Caf- tille. Chaque volume a là table des matières. i.A COUTUME DE NORAf^NDIE EXPLIQue'E FAR M. EEiNEf.IE, Avocat au Parlement , féconde Edition revue , corriges & augmentée far l' Ali- te r , ar c un recueil à? Arrêts & Règlement , tant du Confeil que de la Cour Reti- res la pi fart fur la Coutume ,fitnft qu'ils font rangés àlaftte de la Table des Chapitres. A Rouen, chés Jean Befogne le fils, Imprimeur ordi- naire du Roi, au coin, vis-à-vis la Fontaine S. Lo. 1727.111-4°. Quoiqu'il y ait eu plufïeurs lotie dans l'approbation qui a été Commentateurs de la coutume donnée à fon ouvrage lors de la pre- de Normandie avant M. Pefnellc, noiere édition, de js'êtreexprimé avec ceuxqui iê font appliqués à l'étude de cette coutume , ont été perfua Jçs que cette explication qui parut pour la première fois au commencement dece fîecle,feroit utile. L'auteur s'eft atta- ché àpropofcr les défini tions& les dé- cidons fur chaque matière, à propo- ser les règles générales établies par cette coutume, Se à marquer les ex- ceptions des règles générales. On le netteté , d'avoir une connoiflànce particulière du droit civil , d'où plu- fieurs articles de la coutume de Nor- mandie iont tués , £c d'avoir pris fon parti avec difccrntmtnt, quand il a trouvé les fentimens des Commen- tateurs qui l'ont précédé, partagés fur quelques quittions. Cet ouvrage cft trop connu pour que nous en donnionsiciun extrait détaillé , S E P T E M détaillé, il nous fuffira de rapporter deux exemples des additions tirés du recueil d'Arrefls & de reglemens. Il y a eu des conteiVations en Nor- mandie fur la queftion, fi la partie de la dot d'une femme qui lui eft pro- venut des meubles qui lui font échus par la fucceffion de Ion père ou de les parerfs collatéraux, doit être re- gardée comme acqueir. ou Comme propre dans la fucceffion de la fem-. me. Cette queftion cil décidée par un Arrêt de règlement du Parlement de Rouen du 29 Janvier 172,1. dont voici ledifpoiïtif. » La Cour,tou- 3i tes les Chambres aiîèmblées, fai- « fànt droit fur l'appel de la Sen- » tencedu 24 Mars 1719. a mis & » met l'appellation & ce dont eft j> appel au néant, en ce que par la- m dite Sentence la totalité de la dot de »» ladite le Canu, vivante iemmedu- *» dit le Gentil , a été déclarée être un j> propre paternel ; emendant quant » ace l'a déclarée être un aqueft,en s> tant qu'il y en a provenant des » meubles échus à ladite le Canu des î> fuccellions de ion pere & de fa a fœur ; ce faiiant a adjugé ladite s> dot, quant aux aquéts audit le »> Canu en fa qualité d'héritier aux « aquêts de ladite le Canu ... & fai- » fànt droit fur les plus amples con- î> clulionsdu Procm\urgeneral;or- »> donnequele prefèat Arrêt ençequi >< touche la nature de la dot de ladite * le Canu, frvira de règlement à l'a- »> venir pour la Province : à l'effet » de quoi ordonne qu'il fera lu, pu- »> blié & affiché par tout où beioin »» ferai & qu'à la diligence du Pro- » cureur General, copies ou vidi- w mus d'icelles feront envoyées Scftcmlre. BRE 1 747. jri? dans tous les Sièges de ce P-cfibit , <« pour y être pareillement lus, pu- <« bliés iv affichés , à la requête des « Subllituts du Procureur General « qui feront tenus de certifier la pofe composée de fels eflcntiels 8c vo- latils ,de lbu; lires ou d'huiles parfai- tement rareriez, ks uns Se les au- tres de différentes cfpeces ; Se cela fuppofé, il dit que fi ces principes tels qu'ils font dans la poudre à ca- non, ont pu acquérir par leur mé- lange 6c les préparations qu'on Lur a données, la force de produire des efïctsfi furprenans,ondoit s'attendre qu'ils auront encore plus de force dans le Tonnerre , s'ils n'entrent dms fa composition, que lorfqu'ils font parfaitement dégagez de toute matière étrangère. C'eit par cette raifon qu'il prétend expliquer d'où vient que le feu du Tonnerre eft plus pénétrant que celui de la pou- dre , Se qu'il produit des effets donc la poudre embrafée, ne fçauroit être capable. Le Père du Fefc ne s'arrête pas à rechercher comment au milieu des airs il s'aif mblc des fels Si dés fouf- fres de différentes cfpeces ; cette re- cherche paroît en effet inutile, puif- que tout le monde lçait que parmi les exhalaifons que la chaleur cen- trale de la terre, Se la chaleur exté- rieure du lokil font fans celle élever, il y a quantité d'exhalaifons falines Se d'exhalaifons fulphureufes. No- tre Auteur fe conunte de faire ob- ferver que les exhalaifons , de-mê- me que les vapeurs, ne montent que par le mouvement de touibillon qu'elles reçoivent de la chaleur ;que c'eif. ce mouvement qui les rend [lus légères qu'un égal volume d'air , par- ce que la force de leur mouvement turbinai re agifiànt en tout ièns , ré- fifte à celle qui les pouife en en-bas ^ SEPTEMB de force qu'elles ne recommencent à retomber que lorfque le tourbi: oiine- ment diminue à un certain point , ou périt tout-à-fiut ; Se même elles ne tombent pas toujours alors, la moindre agitation de l'air fuffiiant pour arrêter leur chute. Amiî. fé- lon l'hypothefè de notre Auteur, les globules des vapeurs , & ks globules des exhalaifons , répandus dans l'air, font autant de tourbillons tout prêts à fe dilater, mais retenus en violen- ce par la force de l'air qui les envi- ronne. Ce font, à ce que prétend le Père du Fefc, ces petits ballons d'exha- laifons falincs fie fulphureufes,que la sature emjUye pour la compojit.cn du Tonnerre , >> cl. M avec beaucoup d'ha- bileté, les fciiffrcs & les fels dont ils font conpofe^ , les embrafant enfin , lorfqiîi lie leur «. donné les préparations neceffaires ; c'eft ce que l'on fe pro- pofê de montrer dans l'article des caufes du Tonnerre, qui tft le fé- cond article dont nous allons parler j nous l'abrogerons le plus qu'il nous fera poflible. Le Père du Fefc, après un grand nombre de raifonnemens fur ks divers tourbillons qui fe trou- vent dans l'air, lorfqu'il eft rempli de nuées, obierve avec ks Clrymif- tes, que fi on mêle de l'efprit deni- tre avec de l'efprit de vin , la liqueur s'échauffe de telle manière en moins d'une heure , qu'on ne peut y fouf- frir la main, fie quel! le vailieau elt bouché, les vapeurs qui s'en élè- vent , font fauter le bouchon , ou caf- fent le vaifilau. Il obferve encore que l'efprit de nitre bien pur fie bien défkgmé, mêlé avec de l'huile cflèn- ticlle de quelque plante aromatique , R. E i 7 4 y. 5-29 peut s'échauffer au point de s'en- flammer ; ces expériences que pea de gens ignorent , lui font juger que les acides mêlez avec les fouphres, peuvent s'échauffer extraordmaire- ment, Se que fi les uns Se les autres font bien purifiez , ils ne pourront manquer de s'enflammer, lorfqu'ils feront mêlez en femble. D'où il con- cîud que les fels fie les fouphres au/îï parfaitement purifiez qu'ils le font dans les nues, venant à fe mêler en- feinblc d'une certaine manière, doi- vent incefiàmment prendre feu , Se s'enflammer avec violence. Or de- meme que la poudre à canon éclate , lorfque le bouillonnement de lès pe- tites parties cil devenu allez fort pour prévaloir aux obftacles qui s'oppofent à fa prompte raréfaction , de-même, félon le Père du Fefc, la matière du Tonnerre éclate, lorfque les petits tourbillons font devenus allez forts pour vaincre tous les obftacles , ce qui demande un cer- tain temps, parce qu'afin qu'un tour- billon éclate, il faut -qu'il acquière allez de force, non-feulement pour vaincre les tourbillons voifins , mais encore pour vaincre avec ceux-là tous les autres tourbillons de la nuée , puifqu'il butte contre tous. Tel eft le fentiment du Père du Fefc ; mais fi l'on veut fçavoir comment il prétend que tout cela s'accomplit : voici de quelle manière il s'explique. Tandis que le tourbillonne aient « ou le reflbrt général d'un grand « tourbillon croît incefiàmment par «« l'augmentation continuelle de la » nue d'abord leurs forces , parce »» que ce qui leur r^ite des petits « tourbillons, pouvant le dilater » vers l'efpace abandonné par ces i» vapeurs, ilsagiflent moins au-de- » hors. Le tourbillon de ia matière ,» du Tonnerre, étant donc moins a prelîé à eau le de cette diminution ,. de force dans les tourbillous voi- 11 fins , 6c fa propre lorce ayant « d'ai Luis extrêmement augmen- » té , fon rcllbrt le débande, ou agit d'abord aflèz librement , 6c par I'a( ce'eration de la dilatation deve- nant très-Iuperieur au peu d'obf- » tacles qui refte , il éclate enfin ?» avec un grand fracas de tourbil- lons voifins ; ce qui ne le peut faire lans un grand bruit, àcaufe » de la prompte & violente comprek fion de tout l'air environnant. ;. C'efl alors que cette matière devient parfaitement lumineufe ; jufqucs-lù les petites parties étoient » trop gênées dans leur mouvement, « elles ne pouvoient acquérir la vî- » telle néceflâire, à la production » d'une lumière bien vive, ni for- » mer des tourbillons aflèz réguliers » pour cela. Mais quand elle écla- i) te , comme elle nage dans une i» grande quantité de matière éthe- rée, 6c avec une grande liberté, lès petites pairies prennent tout le mouvement necellàirc pour for- mer un feu très -ardent 6c très- brillant. Du refte, quand ce tour- billon éclate, les portions de la ma- tière fubtile du Tonnerre , qui n'a- voient pasencorc receu toute la pré- paration ncccflàirc, font difperfées y toutes en feu , 6c fuivent le cours S SÇAVANS, des deux courans d'air qu'elles » rencontrent , c'cll ainli qu'elles w ferpentent dans la nuée , 6c que » l'éclair le partage en différentes « branches. « Le Père du Fefc recherche en- fuite ce qui peut donner occafion aux ravages du Tonnerre. Sa pen- fée elt que fi des courans d'air op- pofez, mais non pas dans la même ligne , viennent à rencontrer en af- fez grande quantité les tourbillons voifins de celui qui enferme la ma- tière du Tonnerre , avant qu'elle foit entièrement prête à éclater , ces courans détermineront les tourbil- lons à circuler rapidement au tour de cette matière. Pour faire enten- dre la chofe, il le fert de la compa- raifon d'une roue placée verticale- ment,que deux forces oppofées choc- queroient l'une à la paitie fuperieu- re de la roue, l'autre a la partie in- férieure , 6c qui par ce moyen dé- termineroient la roue à rouler avec violence au tourde fon axe. Il pré- tend en fécond lieu, que ces tour- billons ne pouvant rouler fi rapide- ment au tour de celui qui porte la matière du Tonnerre, qu'ils ne for- ment des tournans d'air, tantôt pi us longs ,tantot moins, félon la vî telle 6c la grandeur des tourbillons, il faut necellàircmcnt que l'axe de ces tournans tombe fur la terre , fi le plan de la circulation cft parallèle, ouà- peu près parallèle à i'horizon. Or, comme il n'y a point d'air le long de l 'axe de ces tou rnans , 6c que leurs cotez réfiltent extrêmement ( ce qui le prouve, félon le Père du Fefc , tant parce qu'ils foûriennent tout le poids de l'athmofphcre, que par la S E P T E M force furprenante des colomncs de nuées qui arrachent les arbres fit ren- verfent les maifons ) ils forment comme un long canon. Cela fup- pofe , la matière du Tonnerre ve- nant alors à éclater , doit couler pour la plus grande partie, le long de ce canon, & y couler avec une extrê- me rapidité, parce qu'elle ne trou- ve rien qui puiflè retarder fon mou- vement de ce côté-là. Arrivant donc ainfi à terre , & en grande quantité - elle y doit produire tous les eftets terribles dont on a un fi grand nom- bre d'exemples. Voilà, félon le P. du Fcfc, ce qui cauie la chute du Tonnerre. Au refte il eft facile de voir par cette explication, que lorf- que le premier tourbillon éclate, il doit quelquefois éloigner de lui les tourbillons voifins, quelquefois les partager, èc quelquefois en précipi- ter l'éclat. Dans le premier cas, les tourbillons en leur entier vont çà & là à diverfes diftances , où ache- vant de fe difpoferà éclater , ils écla- tent enfin à leur tour & un peu au loin. Dans le fécond , les portions féparées forment de nouveaux tour- billons, mais plus petits, qui écla- tent auffi lorfque leur matière a re- ceu la préparation neceflàire. Dans le troifiéme, on voit arriver à la fois ou prefqu a la fois deux ou trois éclairs , deux ou trois coups de Ton- nerre Après avoir ainfi expliqué la na- ture 8t les caufes du Tonnerre, le Père du Fefc paflè au troifiéme ar- ticle qui eft des effets du Tonnerre. Il divife ces eft'ts en trois clallès ; la première comprend 1. s phénomè- nes infeparablcs du Tonnerre, tels BRE 1717, 5-31 que font l'éclair 6c le bruit ; la le- conde , les circonftanccs ordinaires du Tonnerre comme d'être pref- que toujours accompagné de pluye, de grêle , de vents ; la troifiéme , les effts qu'il produit , lorfqu'il tombe fur la terre , tels que font quelquefois de tuer , (ans qu'il paroillè aucune bleflure, de calciner les os, fans endommager la chair ; de renverfer de grands quartiers de muraille , de mettre en éclats les pier- res les plus durs, de fondre l'or 6c l'argent d'une bourlè fans touchera la bojjrfe. Le Père du Fefc pour préparer l'cfprit des Lecteurs à l'explication qu'il vient de donner de ces effets & d'autres femblables, commence par faire obferver que toutes fortes de matières enflammées ne brûlent pas toutes fortes de corps. On fait une poudre toute femblable à la poudre à canon pour la couleur & le grain, laquelle brûle le papier, & éteint un charbon ardent. Le célèbre FeuGré- geois brûloit dans l'eau. On fçait les eftets furprenans du Phofphoie de Kunkel,il brûle les corps qui réfil- tent aux feux ordinaires, & il épar- gne les autres. Il coniérve toute fà force dans l'eau , & il la perd abfo- lumentdans l'efpritdevin. Sa flam- me eft fi fubtile, qu'elle pénétre le papier lans le brûler, à moins qu'on ne rende le papier cotonneux , en le gratant un peu avec la pointe d'un couteau. Les acides du nitre & plufieurs eaux foites diflblvcnt certains métaux, comme le fer, l'ar- gent, le cuivre, mais ne diflblvcnt pas l'or. L'efprit de fil marin & les eaux regales diflblvcnt l'or, 5c ne tyi JOURNAL D diflbl veut pas L'argent \ tiras les au- tres acides comme l'cfprit de vinai- Tolvent les moindres métaux. il y a fans doute d'autres fouphres inconnus à la chy- mic, mais parfaitement conc nature , qui ne font aucune im- prefîion iur les matières les plus combuftibles , 6x qui en braient les corps les plus durs , parce eue ces fouphres , fie ces fèls extrêmement fubtils traverfênt. aifément les pores trop larges de ces matières co.nbul- tibles,<ôt ne trouvent pas la même à travers les pores et; corps durs. Cela une fois établi, il cit facile d'en faire l'application au Tonnerre, fie nous nous croyons pour cette railbn diipenfez de rap- porter là-deflus l'explication de l'Auteur, laquelle clt détaille- avec beaucoup de foin fie de clarté. L'on traite dans le corps de la difîértation , deux articks curieux que nous avons refervez pour la fin de notre extrait. Le premier, s'il cil à propos de fonner les cloches quand il tonne, fie le fécond , d'où vient qu'il tonne quclquefoiscn plein hy- ver. Quant au premier, le Père du Fcfc paroît fort d'avis qu'on s'abf- tienne de fonner les cloches quand il tonne, ou qu'on voit qu'il va ton- ner. Il cite là-deflus un fait remar- quable tiré de l'hifloire de l'Acadé- mie Royale des Scicnces,anne'e 1 719. €?eft qu'en 17 18. le 15- Avril vers les quatre heures du matin, le Ton- nerre tomba fur vingt-quatre lès de la baflc-Brctagnc , fie précife- ment fur des Eglifes où l'on lbnnpit pour l'écarter. Des Eglifes voiiincs où l'on ne fonnoit point , furent ES S;Ç A V A N S, épargnées. Notre Auteur allègue cette uerniere circonitance comme un fait qui femble prouver que le ion des cloches futcauie de la chute du Tonnerre fur ces Eglifes, puis il dit engendrai que lebruitdesclo- ch.s peut lànsdouu contribuera faire tomber le Tonnerre iur les endroits ou l'on fonne ; 6c pour le prouver , il remarque que s'il le trouve des tour- billons de Tonnerre à-peu-près ver* i aiix aune Egliie ou à uneiocher, les lignes de Ion , qui de toutes les parties des tourbillons vont frapper ce tourbillon dans fon hemiipherc qui îvgarde le clocher, le preflènt , fie par cette compreiTion en augmen- tent lercllort ; que ccflantdansl'inf- tant de le comprimer, il arrive que ce tourbillon trouve de ce côté-là moins de réfiltanccà ion rcllbrt qu'il n'en trouve des autres cotez, fie que par conilquent s'il vient à s'enflam- mer dans cet inftant, c'efteede côté- là qu'il doit éclater, fie que la ma- tière dont il eft compofé , doit s'é- Lancer. Une autre eau le qui peut encore déterminer leTonnerre à écla- ter de ce coté-là , c'eft , dit notre Au- teur, que le fon qui diflipe les nuées, commence d'abord à diflipe ries plus ypifines . fçavoir , celles qui font en- tre le clocher fie la matière du Ton- nerre ; enforte que les nuées fediiîi- pant de ce côté-là , le tourbillon du Tonnerreeneft moins preflé, fie par cette railbn doit être plus déterminé* éclater vers le clocher. Quant au fécond roint, fçavoir d'où vient qu'en hyver où les fou- phres fie les feis , qui font la matière du Tonnerre, ne s'élèvent pas, il ne laiilè pas détonner quelquefois, comme S E P T E M comme on en a vu plufieurs exem- ples, Se entr'autres cette année à Paris où il a fortement tonne' le 9 dejanvier. Le Père du Fefc remarque qu'en- core qu'il ibit difficile qu'en hyver jl s'élève allez d'exhalaiibns falines & fulphureufes pour compofer la matière du Tonnerre, cela n'empê- che pas qu'il ne s'en e'ieve quelque- fois alors une allez grande quantité pour donner lieu au météore dont il s'agit : il ne faut pour cela , dit- iLqu'un ou deux jours d'un Ciel bien ferein où il fouffle un vent de midi mfenfîble,quiadoucifîêcxtrêmemenr le temps , Se que cette température concoure avec quelque fermentation un peu forte que les exhalaifons ar- rêtées près de la furface de la terre, doivent y. exciter quelquefois. Car alors fur-tout dans les lieux qui font à l'abri des vents froids, ces fermen- tations augmentant le tourbillonne- ment des cxhalaifons , Se dilatant un peu les pores de la terre par la cha- leur qu'elles produilènt, les rayons du fblcil, dont l'ardeur eft quelque- fois infupportable dans ces circonf- tances , achèvent d'ouvrir les pores de hterre,£e redoublent letourbillonne- ment des divertis fortes d'exhalaifons qui excitent ces fermentations. Ces exhalaifons par confequent doivent s'élever en quantité , & rcfîcmblées enluite dans les nuées qui peuvent furvenù, rien n'em née he qu'elles ne foraient un ou plufieurs grands tour- billons de Tonnerre, qui éclateront de la même manière Se par les mê- mes caufes qui ont été rapportées dans la dùlërtatjog. Voilà un précis de ce que penfe le Père dit Fefc fur la nature, les Sff timbre. B R E 1717. ftf caufes Se les effets du Tonnerre. Li route qu'il a prife pour rendre rai- fon de ce météore cil fort différente comme on voit, de celle des Carte- fiens , qui prétendent 1°. que les nuées ne font que de légères cou- ches de glaçons foûtenus les uns au - dcliùs des autres. Se liez enfemble par de petits filamens. 2°. Que le bruit du Tonnerre eft produit ou par la chute fubite d'une nuée fur l'autre, ou par la prompte dilatation de l'air enfermé Se prellé entre deux nuées qui fefont approchées par les bords. On voit qu'il n'eft pas plus du fentimentdeceux qui prétendent que le bruit Se l'éclair du Tonnerre dépendent de l'inflammation des ex- halaifons enfermées entre deux nuées qui fe font approchées parleurs ex- trêmitez. A l'égard de la chute d'une nuée glacée fu r u ne autre nuée glacée, fi c'étoit la véritable caufe du Ton- nerre, il devrait encore plus ton- ner en hyver qu'en elle , Se cette con- fequence elt fi naturelle à tirer, qu'il eft furprenant que les Cartefiens n'y ayent pas pris garde, Se que le Père du Fefc qui combat ce fentiment par plufieurs raifons Se par plufieurs ex- périences , n'y ait pas pris garde , puis qu'il n'en parle point , du moins nous ne nousfommesapperçus qu'il en dife rien. D'autres, fans fuppofer avec M. Dcfcartes , que les nuées foient des couches de glaçons , Se par confequent qu'elles foient des corps folides, croyentque pour ex- citer le Tonnerre, iliùffitque deux nuées yiennent à s'entre-chocquer , ou que l'une des deux chocque l'au- tre , mais le Père du Fefc leur ré- pond , que comme on ne diroit pas Yyy' 5)6 JOURNAL DES SÇAVANS, que ta fumée d'une cheminée ve- nant à rencontrer la fumée d'une au- tre cheminée, il doit réfulter de cette rencontre un bruit feniible., de mê- me on ne peut pas dire qu une nuée en rencontrant une autre, puillccx- eiter un fracas allez fort pour ébran- ler le Ciel Se la Terre, puifquc les nuées ne font que de petits tourbil- lons de vapeurs ou d'exhalaifons , qui n'ont pas plus de conliftan- ce qu'une fimple nuée, ou deiim- ples brouillards. On a joint à la fin de cette bro- chure une petite lettre de l'Aui ur, laquellecontientfurle Tonnerre une oblervation particulière qui ne fart pas peu à appuyer la dillertation. CRITIQUE DE LA CIURLATASERIE DIVISE'E £N PLUSIEURS difeours en forme de panégyriques fans & prononce^ par elle-ii.émc , fécond difeours. A Paris, chez la Veuve Mergé , rue S. Jacques 1727. pp. 180. NOus avons parlé dans le Jour- nal d'Avril dernier, du premier dtfcours de la Cbarlatanerie , il nous relie à rendre compte du fécond ; le delîèin de l'Auteur cft d'y faire voir que l'éloquence doit prefque tous fes avantages à laCharlatanerie. Pour cela, il commence par examiner les diverfês définitions qu'on a faites de 1 éloquence jfçavoir que c'eft la feien- ce de la parole ; l'art de parler ; l'art d'éclairer l'efpiit Se de toucher le « cœur; l'art de dire ce qu'il faut, 8c » de ne dire que ce qu'il faut : que « c'eftunemufiqueenparolesartiltc- » mententrelaffées,prononcées avec « cadence , accompagnées de mou- » vemens de tête , d'yeux, d'épau- » les, de bras, de mains, de pieds, » appris Se exercez devant un grand » miroir, après que les pièces ont j* été montées par un Faifeur d'or- » gués. L'Auteur introduit ici la Charla- tancrie parlant àfon Chancelier, qui lui dit que cette dernière définition fe trouve dansunouvrageimpriméavec privilcge. LaCharlatanerie répond que l'Auteur de l'ouvrage a voulu làns doute fe mocquerd'un Orateur à qui elle avoit faitprefent de cette éloquence en le retirant des marion- nettes. Le Chancelier lui réplique que la chofe cil ferieufe, Se pour le lui prouver , il lui montre un grand livre fur l'éloquence des bras , des épaules , des yeux , Se com- me après le mot d'yeux, il y a un Sec. il lui dit que cet Sec. laifiè peut- être à entendre l'éloquence des che- veux, de la perruque, du bonnet, du chapeau , de la cravate ou du rabat , des gands , du manteau , de la robe, de la tabatière, du mouchoir, Se même de l'eau de la Reine d'Hon- grie. Le Chancelier fait paffer en re- vue plusieurs autres définitions après lcfquelles vient celle-ci : l'éloquence elt un art de faire des difeours fi- «c élegans Se fi fublimes , qu'ils <« foient auflî impénétrables que des «t lettres écrites en chiffres dont on » intelligiblement , Amplement Se j» nettement font des gens du com- » mun , & je ne puis pas faire grand » chofe de gens qui n'ont ni difpo- 3> fition ni inclination pour tout ce » qui s'appelle fublime , de gens qui » veulent toujours i'uivre le cours na- » turcl des choies, ramper, pour ainfi j> dire, le ventre à terre, {ans jamais >» s'élever au-defius dures de Cbatif- »» fée. Ils appellent clinquant :6c amu- ?» fèment puérile, ces beautez mer- ?» veilleufes , cet enthoufiafme di- » vin qui règne dans les difeours de » mes grands Orateurs; mais, par- j» lez -moi de ces efprits allegori- >♦ ques, hyperboliques, metaphori- » ques , de ces efprits tranfeendans » dontla fublimité s'élève jufqu'aux « pointes des clochers, & qui com- » me. des Alloiiettes , chantent en »> montant toujours.. . Ce font là les »> gens avec lciquels je puis gouveiv » ner les autres. Lorfqu'au moyen » de l'incomprehcnfibilité, je leur » ai procuré cette réputation tren- » chante qui fait qu'on leur applau- » ditpar provifion avant qu ils par- * lent , je n'ai pas .grand peine à » faire le refte. Car l'homme natu- m rellemcnt curieux, admire & re- »» cherche ce qu'il croit qu'on lui ca- ip che, fur-tout lorfqu'il foupeon- >» ne du deflèin , de l'artifice , de l'ef- » prit & de la finefiè dans celui qui » lui parle. LaCharlatancrie pour faire voir combien ce raiionnemcntïft folide, rapporte en preuve l'exemple fui- vant : Un Orateur à qui elle avoit procuré par l'on art la réputation BRE 1727. 537 de connoître les chofes les plus iê- crettes , s'aviià un jour de cacher avec grand foin un petit caillou dans une cave , & de dire eiîfuite d'un ton myfterieux à un grand nombre de gens, il y a dans cette cave :n dé- pôt cacbi, on y alla auffi-tôt en foule , on chercha, & on cherche encore , & félon les apparences on ne s'en laf- fera pas fi-tot, quoiqu'on ait déjà remue' ôc déterré plus de cent fois le myfrericux dépôt. Vodà une ima- ge de ce qui fe paflè à l'égard des Orateurs dans l'empire littéraire de laCharlataneric , .& de peur que les chofes ne viennent à changer , la Charlatanerie a tenu un grand con- feil d'état où elle les a fixées par des loix inviolables. Voici ce qu'elle nous apprend elle-même là-delilis , il fut refolu dans ce Conilil 1 ". qu'on abolirait l'ordre naturel , & qu'on mettrait à la place un ordre pure- ment artificiel. 2". Que tout ce qui eft aifé, fimple Se clair, feroitreputé bas & vulgaire. 3°.Que le chimérique £c l'obfcur prendrait l'épithete, de diftingué , de rare , de curieux , d'ex- cellent, de noble & d'élevé. 40. Que défenfes feraient faites fous peine d'ê- tre privé d'efprit , d'avoir aucune communication de penfées avec per- fonne , que par l'entremife des in- terpretes de la Charlatanerie,lefquels feraient créez à titre d'office par !bn confeil. 5-0. Que ces interprètes vien- draient tous les jours à fbn lever pour prendre l'ordre ; 6"°. Que tou- tes les connoi (lances & lumières fe- raient renfermées dans un vafle fous- terrain confrruit au-deffous de fon Palais , dont les interprètes porte- raient une clef dorée pour marque eic Y y y 538 JOURNAL DE diftinétion feulement , êc fans avoir befoin de s'en fêrvir. Ces reglcmens faits, la Charlata- neric envoya d'abord les Archers du guet pour fc faifir de tous ceux qui avoient l'indiferction d'acheter fran- chement , naturellement & fans ar- tifice, des connoifianecs 6c des lu- mières, fans vouloir les dc'pofèr au- paravant dans le magazin de fon Pa- lais comme dans le lieu public des veritez ;elle fit enfermer une partie de ces Fraudeurs dans fa baliè-cour, en les reparti/sant parmi fes afnes , fe s bœufs , fes chevaux & fes cochons, e\\c les fit même nourrir avec eux, pour que ceux-ci appriflènt ce que ceux- là fçavoient. Si par hazard quel- qu'un s'e'chapoit , elle avoit une bon- ne meute de coureurs qui les pour- fuivoit, 6c les re'duifoit aux abois. Après ce fage établ i dément , elle diitribua les charges , régla les rangs , Se accorda des diitinétions 6c des prérogatives à ceux qu'elle avoit choifis pour le débit de toutes fortes de connoifianecs Les plus myftcrieux , ceux qu'elle jugea allez judicieux pour pouvoir parler pendant des journées entiè- res , (ans courir aucun rifque d'être compris, furent placez au tour de fon thrône dans le premier rang : elle leur donna en apanage, toutes îes qualitez occultes, pafiees , présen- tes êc à venir, tous les atomes êc tous les arrangemens des plus peti- tes parties de chaque corps, avec le droit de créer de nouveaux élemens, êc le privilège de tout juger fans appel. Le fécond rang fut accordé à fes interprètes avec le titre de grands ThreToricrs 6c dépoiitaires de toutes S SÇAVANS, fortes de connoifiànccs. Elle donna pour gage à chacun d'eux trois mille équivoques, 6c autant de ter- mes généraux , pour s'en lervir auprès de ceux qui leur demande- roient des cclaircillcmens fur quel- que choie que ce fût ; elle leur oc- troya de plus le droit d'exiger pour chaque réponfc une rétribution pro- portionnée à l'importance du iujet , foit en argent , foit en applaudiflè- mens. Le troifiéme rang fut accordé à ceuxqu'ellejugca dignes de remphr- cer après leur mort , fes interprè- tes. Elle leur donna le titre d'Ora- teurs des antichambres de fon Pa- lais , avec des appointemens hono- rables confiftant en bons mots , en rimes de'tachc'es , en nouvelles choi- fies, en contes à rire, en compli- mens à la mode, en airs de my lierc êc de fecret , en fragmens d'anti- quité, êcc. Cela e'tant ainfi réglé , la Décile donna ordre d'ouvrir les avenues de fon Palais, 6c de publierai! bruit des fanfares , que ceux qui tutoient quelque chofe à demander a ta fouve- rame Mattrefje des connoifjances , »'<*«- rotent qu'à fe pu j "enter à fa Cour en tel temps qu'ils voudroient, qu'ils auroient promjte réponfe, & fercient défraie"^ dans leur voyage par tout on ils paie- raient. Cette déclaration attira à la Cour de la Charlatanerie un nombre in- nombrable de curieux qui s'y rendi- rent de toutes les parties du monde. La première chofe qui le prefenta, fut une Compagnie efeortant une troupe de mulets chargez d'Hébreu , de Chaldaïque, de Siriaque, d'A- è E P T É M rabe, arec cette étiquette : fçaviirjt le premier homme a parleune de ce s lan- gues ; chaque Mulet portoit fur ion front une plaque de cuivre avec ces mots : Découverte trè:-r.eceff.\ire pour tout le genre humain. Cette troupe étoit fuivie d'une foule d'afnes char- gez de cartes géographiques , avec cette étiquette : En quel endroit du monde a été le Paradis Terrefire. Au- defibus de l'étiquette étoit écrit : Dé- couverte fiès-mtereffantc pour l' Arabie , la Terfe, la Grèce , la Suéde : puispa- ruieit gran .Inombre de têtes à cor- nes portant des tables généalogiques: avec ce titre : Que fions de la derrière importance à ré foudre pour le repos d'un grand nombre de familles. Entre ces queltions étoit. Quel fut le Fere légi- time des quatre fils d' Am.t-el!e, de rencontrer trois de mes « élevés, dont l'un couroit à tou» « tes jambes pour voir un homme « traveiti en Lucifer qui le fi 11 trern- h bler pour un écu ; Pautre pour « entendre une coquette rnafquée en <«■ veilale qui le fift pleurer pour 20 « fols, & letroifie'me pour rire tour « fon fioul au même prix, àlaCo- te médie Italienne. Quelques-uns de « mes Orateurs ont fi bien goûté « l'excellence de mes maximes , « qu'ils fe croyent au comble de « ta perfection , lorfqu'ils exci- « tenc par leur éloquence quelque « petit friflbn , qu'ils provoquent «t quelque goutte del'humeurchryf- « talline, ou qu'ils font faire au vi- >« fage quelque grimace rifible. « La Charlatanerie forme fes Ora- teurs à tout âge , & elle commence même ce travail dès leur berceau. Il lui fuffit pour cela qu'ils ayent une tête , des yeux , de la voix , des épau- les ,- des bras , des mains & des pieds s en voici un exemple qu'elle rappor- te ; l'autre jour un de fes Orateurs emmaillotas , efluya un orage de fol- ks queflions & de difeours frivoles de la part ue :à mère : le père qui étoit 5"4o JOURNAL DE prcient s'en fâcha , craignant que ces pauvtçjtez maternelles ne troubla-1- iènt l'arrangement éloquent qtK la Décile avoit deja mis c. veau de fon appr. ce mo rfer les cp.... l'enfant par me çjes puces d^s plus alertes ^ laq^uiîe picqua vivemenî: le u.ndreOratair. Il ]>auiîà les épau- les, tv par ce, mouvement perfuada à Ton perequeîjs fauaifes de ià merc lui f.ufoient pitié. La mere fut tou- chée jufqu'aux larmes de la préten- due harangue muette de ion entant, S; le pere^qui en fut aulli attendri de ion coté, ne douta plus qu'un génie fupericur ne fut caché foiis le cran; de lbn enfant. Déeiîè Charla- tan;, rie profita de l'occafion , 8c fit promptement avaler aux paivnsune dofe de fon fpecifique appelé ?'.n ;f- fc ir.t oh enchantement i ce qui mit l'Orateur en citime ce en réputation aux quatre coins de fon cmilphcre domeitique. Quand il fut temps de donner au jeune Orateur la feience de la parole, la Décile eut foin que dans cette carrière il ajoutât un dé- gré coniîderable à lbn éloquence. Le père parlant gras , la mere bé- gayant, 8c la nourrice chevretant , ces trois tons imprimez alternative- ment dans le cerveau de l'Orateur , y firent v.n mélange fi doux , fi ; . lieux & fi tendre, que là feule voix lui tint lieu de raifon, d'argu- ment ôc de preuve. Moins fes pa- roles étoient intelligibles, plus on étoit ingénieux à leur prêter un lens myftencux, jufqucs-là que l'éten- due qu'on leur donna quadrupla les fruits de fes mentions uiccm; let- irs. 11 obtint ce qu'il n'avpit ja- S S ÇA VANS, mais iuuhaité , Cv ayant ainfi ap- pris l'ait de (buhaker, il le fraya le chemin à tous les avantages de i'é- loquençe, profitant des uons qu'on lui fâjforcavecprofufîon, 8c les met- tant a ufure. On lui prefenta libéralement l'art île pai'er t c-c les myilcres de l'alpha- bet j (ans pouvoir convaincre fonef- prtt précoce que les lettres valurent qu.l- que ckofe , lorfqifcn aveh peu ' . &■ camplifftment de fes dejîrs ,iu-:le'.à tes {/arriéres de l'imagination ; amfi r..hi- iant avec obir.in.uion le don de lire, d'écrire , de déelincr,de conjuguer , il l'acquit enfin aux dépens de fes Bien- faiteurs. Images, bijoux , habits l'ac- cablèrent pour lui faire accepter un bienfait qu'il regardoit comme inuti- le, il en fç ut fi bien profiter , que cha- que lettre qu'il apprit lui porta un gros intérêt , le fit combler de louan- ges,^: lui aiiîgna toujours le bon mor- ceau dans chaque plat. Procédant enfuite aux dégrez les plus élevez de l'éloquence artificielle , c'eit-i- dire, à la compofition en profeôcen rimes ; fon génie fupericur lui apprit à troquer avec profit fon ignorance contre les talens de fon précepteur : il fallut employer prières , récom- penfes, Se toute l'éloquence de la fa- mille pour le déterminer à iè char- ger de ce petit furcroît d'art de parler. Mais il revendit bien cher enfuite à fes bienfaiteurs les dons qu'il tenoit d'eux, 8c s'empara du ihrô ne do- meitique au moyen des armes élo- quentes qu'ils lui avoient mifes en- tre les mains. Le père repuérilifé par la force de l'éloquence de ion fils, lui abandonna tout ion bien, ce le rendit à diferetion. Le Précep- S E P T E M teur ayant épuifé fa fcience, Se ne iç. ::. ût plus ou donner de la tête, s'e ma trop heureux d'être le valet du g ne fuperieurà l'éducation du- quel il avoit fi heureufement donné fes foins , c'eft ainfi , dit la Déeflè de la C harlatanerie , que je fçais conduire mes Orateurs depuis le berceau, 6c que les avantages que je leur accorde dans l'enfance pro- duifent des fruits abondans dans làge de maturité. L'art de parler étant le principal apanagedu plus grand nombre des Orateurs que laC harlatanerie ie don- ne le foin de former, elle veut qu'ils le pou fient au fuprême degré. Dans ce deflein , elle les a érigez en créa- teurs de mots Se de phrales , Se elle défend fous de grandes peines., que lorfqu'ils s'acquittent de cette noble commilfion, on les traite de Nco/o- gïfles ridicules. Elle défend tout de même, de trouvera redire dorefna- vant au terme d'Erudit qui fignifie un digne fujet de la Monarchie abé- cédaire , Se qui a été inventé heu- reufement pour dirtinguer les no- bles artiiâns de fes manufactures al- phabétiques , d'avec cesefprits gref- fiers, quipenfent, qui parlent, qui écrivent lans art, fuivant toujours indoclement le cours naturel de leur efprit vuide de do&v'me, vrai s fau- rages comptant la naiffance de leur ef- B R E 17x7. 74.1 prit Juivant la fupputation naturelle » vrays étrangers dans le pays natal de V efprit natffant. Après la création des nouveaux mots, des nouveaux tours, des nou- velles phrafes , elle a donné a fes Ora- teurs l'invention des équivoques, invention d'une commodité admi- rable pour fe difpenfcr de pefèr Se de mefurer ce qu'on veut dire. Les équivoques jettent tout le fardeau de l'éloquence furies auditeurs qui prévenus de l'excellence de ceux qu'ils entendent, ne manquent ja- mais d'épuifer leur efprit pour dé- velopper le fens de ces équivoques, Se le développer d'une manière avan- tageufe pour les Orateurs qui leur parlent. Nous pafîbns une infinité d'au- tres réflexions pour éviter la lon- gueur ; mais nous remarquerons que ce que nous avons dit du premier difeours fur la fin de l'extrait que nous en avons donné le mois d'A- vril dernier, fçavoir, qu'il paroif- foit très-conforme au caractère de la Charlatanerie qui eft d'abonder en paroles , fe peut dire avec encore plus de raifon de celui-ci, où il femble que rAuteuraitaftecl:élesredites,lesphra- fes fynonimes , les raifonnemens va- gues Se creux , pour mieux décrier la Charlatanerie , en la faifant parler d'une manière digne d'elle. 5H» JOURNAL DES SÇAVANS,' H OU VEAU VCT AGE AVTOVR Du VOS DE, PAR M. LE GENTIf , enrichi de flu/îeurs lues & perfpeCttvcs des principales Villes & Vorts du Pérou , Chili? , Trejïl & de h. Chine. Tome trotjume. A Paris, chez Flahaut, Libraire, Quft} des Auguitins, 1727. pp. 2.66, NOus avons parle du premier volume de cette hiiloirc dans k premier Journal d'Avril 1725.ee du fécond dans celui de Juillet 1727. il nous rcitc à dire un mot dutroi- fîenpe ; il contient trois lettres. Dans la première qui cil la quatorzième à compter par celle qui termine le fé- cond volume , on trouve quelques cbfervations fur les Couleuvres des rivières de la Cochinchine, fur les Lézards de l'Ifle de Java , fur les Tortues de mer, Se fur plufieurs autres animaux. Ladefcnption de Tille de Java fut un article confide- rable.M.LcGentil fie ceux de fa trou- pe curent la curioiité de parcourir cette Ille, où ils trouvèrent plu- sieurs villages confiderablcs , fie un entr'autres , divifé en deux grandes îuiës tirées au cordeau. Lesmaifons écoient uniformes, bâties à une mê- me élévation déterre fié à une égale diftance , foûtenué's chacune fur huit pilliers de bois hauts de 10 à 12 pieds. Le toit plat fie carié refièmbloit à l'impériale d'unCarroflè. Entre cha- que maifon s'élevoit un arbre qui couvrait le toit de fes branches, Se jettoit un ombrage frais , très-nc- ceflâire dans un climat auifi brûlant ,que celui-là. Il y avoit au milieu de chaque rue une cfpece de Halle ou de logis carré, ouvert de tous cô.- tez.dontle toit étoit foûtenu par quatre gros pilliers. Quatre arbres plantez aux quatre angles de ce bâ- timent , formoient une fymmetiic parfaite, fie rendoient ce village tres- riant. Les Indiens épouvantez par l'arri- vée de ces François , avoient pris la fuite, fie le village étoit déiertjlcs mai- fons d"où ils n'avoient rien enlevé , écoient ouvertes. Elles confiftoient dans une petite chambre carrée, une table,des nates,des hamacs fie des mé- tiers de Tùîêrans. Nos voyageurs pour faire connoître qu'ils ne cher» choient quàtrariqiur de bonne foi, ne dérangèrent rien. Après avoir parcouru le village de l'un à l'autre bout , ils trouvèrent au-dehors une maifon plusgrande fie plus élevée que les autres. Ils reconnurent que c'étoit la mofquee de ces peuples , qui leur avoient déjà paru à plufieurs mar- ques,êtxeMahométans.On montoit à cette moiquéeparune échelle, Se la curiofité leur ayant fait entreprendre d'y monter, ils laiilcrent quatre de leurs gens en fenti ne lie pou ries aver- tir, au cas que les Indiens panifient, parce que ces peuples auroient été plus fenlibles à la prétendue profana- tion de leur mofquée , qu'à toute forte d'outrages. L'intérieur de cet édifice étoit un efpace carré où l'on voyo:t à la par- tic orientale, une chaire femblable à celle des Prédicateurs , Se couverte d'un tapis de toille de coton. Il y avoit aux quatre côtés une fenêtre , Se auprès de chaque fenêtre une ta- ble. S E P T E M ble. Nos Voyageurs trouvèrent fur une de ces tables plufieurs feuilles de papier écrites en Arabe , 6c cou- fiië's les unes avec les autres , ce qu'ils jugèrent pouvoir être des feuilles de l'A Icoran. Malgré la con- vention qu'ih avoient faite entr'eux de ne rien prendre, ils ne purent réfif- ter à la tentation d'emporter quel- ques-unes de ces feuilles, dont les unes étoient pliées en forme de li- vre, les autres roulées dans des can- nes de bois de Bambouc. Tandis qu'ils faifoient un examen curieux des différentes choies qu'ils voyoient dans cette mofquée , les fèntinelies qu'ils avoientapoftezauxdeux bouts du village , leur vinrent annoncer qu'ils avoient entendu du bruit. On fortit auffi-tôt de la mofquee,8con fut à la rencontre de fix Indiens qui ve- noient par un chemin couvert de broflàilles, & qui (ê voyant apper- çus , prirent la fuite. M. Le Gentil 6c fa troupe pénétrèrent dans un bois où ils trouvèrent un autre village fi reflèmblant au premier, qu'ils cru- rent d'abord que c'étoit le même. Quoique l'épaiilèur du bois ne leur permît pas d'étendre la vûë fort loin, ils ne laiflërent pas de remar- quer que la terre étoit défrichée en plufieurs endroits, 6c cultivée avec aflèz de loin : ils remarquèrent fur la terre beaucoup de traces d'Ours , ce qui leur fit juger que les Indiens n'avoient élevé leurs maifonsfurdes pilliers,que pour en défendre l'entrée à ces animaux. La defeription dcl'Iflede Mafca- rin occupe ici plufieurs pages. Cette Ifle produit deux fois chaque année du ris & du bled ; mais ce bled ne Septembre. B R E ijx 7. 5-45 peut fe conferver plus d'un an , il fè corromproit même avant ce temps-là, fi on le fépaveit de fon épi ; c'eft pourquoi lesHab.tansfè- ment beaucoup de ris , l'embarras qu'ils trouvent a mouJre le bled , ce qu'ils ne font chez eux qu'à for- ce de bras , leur fait préférer le ris pour leur nourriture. M. Le Gentil croit aufli que l'habitude a beau- coup de part à cela, ne leur étant pas difficile de conftruire des mou- lins à vent dans un pays ®ù le bois eft très -commun. Quoique le terrain de cette Me fbit fort propre à produire du rai- fin , on n'y a point encore planté de vignes ; les Habitans font une boif- fon de miel extrêmement forte , dont l'ufage trop fréquent, eft très-per- nicieux. Ils en ont une autre nom- mée Franger m qu'ils prépaient avec le fuc des cannes de fucre : et lle-là enyvre, mais l'excès n'en eft pas fi dangereux que celui de la boifïbn faite de miel. M. Le Gentil obferve que l'air de Mafcarin eft fort fain , & que les peu- ples y parviennent a une extrême vieillerie. On peut, félon ce que nous allons rapporter , démêler ai- fément la caufe de cette falubrité : vers le mois de Décembre ou de Janvier, il fè levé tous les ans dans cette Ifle, un vent fi impétueux, qu'il déracine les arbres, renverfe les cabannes, 6c les plantes des habi- tations. Quand ce vent doit arriva- , on entend pendant quatre jours , un grand bruit dans les montagnes ; l'air 8c la mer font dans une tranquillité admirable, 6c la veille la lune parott comme tout en feu. Les Habitans Aaaa JOURNAL DES SÇAVANS, m pourvoyent alors a leur furcte, ils étayent leurs maifons , & les arbres fruitiers ; fi un vaifleau fe trouve dans les rades del'Iflc, l'équipage profite decesavcrtilTemcns,ck prend le large, parce qu'il vaut beaucoup mieux îbufrrir la tempête en pleine mer que dans une rade où le péril elt plus certain à caufe de la proximité delà terre. Il eft rare que ce Houragan ait manque une année a venir, & lorlcm'il a manque, on a vu des maladies épidemiques fè répandre dans l'Iile . Se enlever un grand nom- bre d'Habitans. Cettelfleacinquan- te-lèpt lieuè's de circuit, & on en fait aifément le tour à pied en cot- rovant la mer, mais iléft impofîible de la pénétrer d'un côté à l'autre par le milieu. Pcrfonne n'a encore ofé l'entreprendre, fi ce n'eft quelques Efclaves fugitifs, dont on n'a plus entendu parler. La partie du Sud eft brûle'e par les feux d'un Volcan qui répand dans les vallées , des tor- rens de fouphre & de bithume. M. Le Gentil croit que ce Volcan a fait peu-a-peu le tour de Mlle, parce qu'on a trouvé en creufànt à trois pieds de terre le Roc brûlé & cal- ciné. Les neiges qui couvrent les hau- tes montagnes decette Me, forment des rivières qui portent la fertilité dans toute la plaine. Ces rivières s'enflent confiderablement en cilé , mais elles ne caufent aucun ravage , parce que leurs bords font efcarpez.ev que leur lit eft très-profond. L'Hif- Èbrien remarque que la nature don- ne ce fecours aux Habitans,qui fans cela periroient de foif, parce qu'ils n'ont point de fontaines, Se qu-a caulê de la fecherefiè de la terre, ils ne peuvent creufer de puits. Pen- dant les mois d« Juin , Juillet & Aouft, les pâturages font fi rares, qu'on eft obligé de chaflèr les trou- peaux dans les montagnes où ils k nourriflentde feuilles d'arbres. Cha- que chef de famille imprime alors une marque à tous fes beftiaux , 6c ces peuples font de fi bonne foi , qu'ils ne fe dérobent jamais les uns aux autres leurs troupeaux. L'Hiitorien vient de remarquer que fans la fonte des neiges qui cou- vrent les montagnes, & qui forment des rivières en fe fondant, on mour- rait Je foif dans cette llîc; cependant il dit enfui te que les pluyes font con- tinuelles dans ce pays-là. Les Habitans de Mafcarin fonr Catholiques Romains, ils vivoient autrefois dans une ignorance liber- tine, à cequeditM.LeGentil ;mais depuis que la Compagnie des Indes y a envoyé des Prêtres de S. La- zare, ces peuples fe font corrigez de l'yvrogneric, Se de pkifieurs autres vices. 11 n'y a que les femmes, fé- lon notre Hiftorien, à qui les exhor- tations de ces Millionnaires ayent été inutiles ; ils n'ont jamais pu , dit M. Le Gentil , leur ôter le penchant qu'elles ont à la galanterie. L'iile abondoit autrefois en Tor- tues de tcrre,mais les vailTcaux en ont tant détruit, qu'il fuit aujourd'hui les aller chercher fort loin à l'Oc- cident de l'iilc. Les Habitans n'ont permiffion d'en tuer que pendant le Carême. On attribue pluficurspro- prietez à la Tortue de terre , cnu'- autres celles de purifier la malle du frng, & de guérir certaines maladies S E P T E M Hferettes dont les Chirurgiens fefonc attribuez la cure. Vers l'Eft de cette Ifle, on trou- ve des Chauves-Souris aullî giofi- fès que des poules, Se qui font fort bonnes à manger. Notre Hiftorien dit qu'il eut d'abord de la répugnan- ce pour un tel aliment, mais qu'en ayant ufé (ans le fçavoir, il avoua que cet animal n'avoit de mauvais que le nom 8c la figure. L'Ifle de Mafearin ne nourrit aucuns ferpen? ni autres reptiles venimeux. M. Le Gentil en attribue la eau le au Volcan dont nous avons parlé , lequel ayant calciné le Roc à deux pieds de terre , a ôté toute retraite foûterraine à ces animaux. Bien des gens croyent que l'arai- gnée eft un animal venimeux, M. Le Gentil qui eft dans ce fentiment , regardecomme un privilège particu- lier à l'Ifle de Mafearin de n'en avoir aucune de cette forte. L'uraignk , dit- il , Attirai vtrinneux dans tout le refle de la. terre, n'A aucun venitt dans celle- ci. Quoiqu'il en foit, il dit en avoir vu de groflès comme des œufs de pigeon; elles font leur toile, en at- tachant leurs files d'un arbre à un autre, & ces files font fi épais, que quand on veut traverfer les bois, on cil: obligé de s'y frayer le chemin avec de longues perches. Cettearai- gne'e cil très-laborieufe , & quand on a détruit fon ouvrage, elle le ré- pare en moins d'un demi-jour. Si on avoit dans le pays le fecret de met- tre cette toile en œuvre, comme on l'a en France, elle pourroit fuffire à l'en- tretien de tous les Habitans,n'y ayant pas un arbre où l'on ne trouve au moins deux ou trois de ces grqfles araignées, BRE i 7 z f. 5T4f M. Le Gentil ne lecontente pas tou- jours du perfonnage d'Hiftorien , il prend quelquefois celui de Méde- cin, & décide des qualitcz intérieu- res des (impies , difont par exemple que le Tamarind produit un fruit à noyau, dont la qualité eft froide & fecheau fécond degré. Nous laifibns aux Médecins à juger de cette dé- cifion. M. Le Gentil, fur la fin de fa lettre, avertit que l'Ifle de Mafearin a grand befoin de fecours, & que fi la Compagnie des Indes continue à négliger cette colonie, il eft a crain- dre qu'elle ne fe perde, & que les Habitans iv abandonnent le pays. La féconde lettre du volume t c'eft-à-dire, la quinzième du livre commence par la deferipeion de Sau- rai vador, Ville confiderable du Bre- fil. Cette Ville cil divifée en haute ôc baffe ; la baflè eft au pied d'une montagne peu haute, mais fort efr carpée, 6c n'a rien de particulier que le tumulte 8c la confufion qui en rendent le féjour peu agréable. La haute eft fituée fur le fbmmetde la montagne, les maifons en fbntafîez grandes & commodes , mais l'inéga- lité du terrain leur ôte une partie de leur ornement. ïl y a plufieurs Mo. nafteres , comme de Carmes, de Coiv deliers, de Capucins , dcRccollets, Sec. leurs Eglifes font très-propres, mais on admire fur-tout, remarque M. Le Gentil , le Monafiere, i! a voulu dire, la mai fon des Jefuites, dont le lambry de la Sacriftie eft d'écaillé tortue, mifè en œuvre d'une ma- nière fort délicate. La Cathédrale eft un édifice qui de loin a quelque apparence,mais qui n'eft rien en efièt, A a a a ij $±6 JOURNAL D à moins, comme le remarque fort à propos M. Le Gentil, qu'on ne foie du goût de ceux qui croyent qu'une Eglife , où l'on voit beaucoup de dorure, eft une belle Eglife. Il va à Sanfalvador plufieurs Paroifiès, ce deux Convcns dcRe- ligieuLs, dont l'un eft deftîné à la retraite des jeunes filles qui au mo- ment de leur naiflànce ont été ex- pofe'cs ; ces' fortes d'enfans font fort eon(îd-Tcs dans le pays. Le Koy les adopte > & ks Dames les plusqua- fè font un honneur de les re- tirer dans leurs maifons, & de les élever comme leurs propres enfans. Cette charité eft bien louable, mais aiitfi que l'obfei ve 1 Hiltorien , elle eft lirjeue à bien des înconvc- niens. Le Gouverneur de Sanfalvador étend fa Juridiction fur tout le Bre- fil ; le Viccroy eft le chef du Con- feil, 6c peut dérider fouverainement de toutes les affaires. 11 y a deux Confcils, 1 un ou le rapportent tous les procez criminels , l'autre qui juge des affaires du commerce. Notre Hiftorien qui a examiné de quelle mamerc les Procez fe traitent dans ce pays-là, dit que la jufticc y eft fort lente , & que dans un de ces Tribunaux on brouille plus de pa- pier en un mois, qn'on ne fait en France pendant un an chez les Pro- cureurs les plus achalandez. Voilà de quoi confolcr ceux qui fe plai- gnent en France des longueurs qu'ils tlluvcnt dans leurs Procès. On tire beaucoup d'or des mines du Brcfil, Se le Quint du Roy de Portugal , produit tous les ans plu- fieurs millions j le Roy^uais néan- ES SÇAVANS; moins profite peu de tant de richèt fes: les Aiiglois, ksHollandois en- lèvent tout l'or "du Brcfil, en four- niflànt au Portugal les Manufactu- res dont ce Royaume a befoin. Pour ks François ils n'en enlèvent qu'une légère partie, à caufe que la cherté de leurs manufactures rebute ks acheteurs. Le Roy de Portugal aflèmbla en 1704. fon Confeil, pour fçavoir s'il ne feroit pas plus à-propos de garder drms le Royaume , l'or du Brefil , que de le faire circuler chez les voifins par le commerce ;la quel- tion futtraitéeau long. M. Le Gentil rapporte en abrège ce qui fut dit là» defiits de part Se d'autre, ^comme cette clifcufïion n'eft pas feulement curieufê ; nuis qu'elle peut avoir fon utilité, peut-être ne Tera-t-on pas fâché de la trouver ici. » Nous reilèmblons aux Abeilles, dirent « les Portugais , la peine de tra- <* vailler aux mines eft notre par- «■ tage, oc les étrangers recueillent «• le fruit de nos travaux. Qu'avons- «- nous befoin des étoffés de France , devenus laborieux par necefïité. « Les Roys d'Efpagne & de Por- >» tugal font maîtres d'un nouveau »» monde , où la terre forme dans » fon foin l'or & l'argent. Cette >» abondance a rendu les peuples in- >' dociles , ils ont cru qu'avec deux » métaux fi précieux, ils trouve- » roient toujours l'agréable & l'u- w tile. L Or a enfanté chez eux la » paflion du luxe, mais les peuples » ont négligé les chofes qui lepou- » voient entretenir. Ce penchant à « l'indolence leur a moins été don- « né par la nature , qu'infpiré s» par la providence. Ils ont été 3> obliecz de recourir à leurs voi- r a v 1 • ' »> fins , gens pauvres a la vente , 3> mais laboricux,6c qui depuis long- »> temps leur fournifient les choies >» neceflâires à la vie. Cette Coûtu- » me de recourir à eux ? eft deve- »» nue une neceffité ; vous la regar- » dez comme un joug que ksétran- » gers vous ont irapolé,mais croyez- 3i moi, ne fecouez point ce joug, »> car fi vous entreprenez une fois j> de vous parler des François , des » Anglois , 8cc. Souvenez- vous * qu'ils ne confentiront pas de mê- » me à fe pafîlr de vous , & qu'ils * viendront à main armée vous ar- « racber cet or qu'ils regardent » comme un dépôt que la provi- >< dence a remis entré' vos rrrains. » Dieu a donné aux hommes des BRE *7*7' S\7 talens divers : vous creufozla ter-- te rc, pour en tirer l'or 6c l'argent , « nous nous appliquons à d'autres « travaux : Vous avez de l'or, nous k avons des manufactures : il n'eft « pas jufte que vous poflediez l'un « & l'autre. Cette ambition ferait ye & de fes n ala ies , troijiéme édition par \ean- Bajifte Blanchi, Dccleur e- Médecine & Profejfcur d'Atiatcmc da s PUni- verjîté deTur n. &c. A Genève, chez Gabriel de Tournes 6c fès Fils, 1725". %. vol. in 40. prem. vol. pp. 784. fécond vol. pp. 54.0. CEtOuv rage eft augmente' d'une tïoifiéme partie dans cette nou- velle édition , & les deux premières parties font aufïî augmentées d'un nombre confid jrab'e de matières . Ce qui fait monter l'Ouvrage à mille cent cinquante- neuf pages, in4°.au lieu que dans la première édition qui n'étoit qu'in 8°. le nombre des pa- ges n'alloit qu'à 156; enforte qu'on peut dire que c'eft icy un nouvel Ouvrage. Il cfï donc divife' en quatre parties comme nous venons de remarquer ; on voit d'abord dans la première, la neceffité qu'il y a que les différen- tes humeurs du corps (oient féparées les unes des autres dans des organes particuliers deftinez à cet ulâge. Puis l'Auteur montre quelles font ces dif- férentes humeurs, 6c il expofelesdi- verfes Hypoth :fes qui ont été inven- tes pour expliquer les Sécrétions. Il rejette l'opinion de ceux qui pré- tendent que c'eft par le moyen des fermens que fe font ces féparations ; la différente configuration des pores dont les uns laiffent palier une hu- meur êc les autres une autre, ne luy plaît pas davantage. Il combat ces deux fentimens, 6c après avoir confi- deré avec attention la ftruéture du foye tant interne qu'externe, fes vaif- feaux,fes nerfs,(bn parenchymejl ex. plique au long ce qu'il penfe fur la manière dont fe fait dans les végétaux ôc dans les animaux la Sécrétion des liquides qui les compoknr , après quoi il recherche ce que c'eft que la bile, comment elle (è produit dans l'animal , fi c'eft dans le foye qu'elle prend naifiànce, ou fi elle ne fait que s'y Réparer après avoir été aupara» vant travaillée dans la malle du fang ; fi elle eft d'une fubrtance plus fine ou plus épaiffe que le (ang, 6c quel eft (on ulàge. Tous ces points ex- pliquez , il examine la ftruéture 6c la fonétion de la vcficule du fiel , de qiklle manière la bile s'y décharge 6c en fort, quelle quantité de bile il y a dans le foye quand ce vifeerceft en fon état naturel ; enfin fi le foye n'eft deftiné qu'à la réparation de cette humeur. Mr Bianchi fait voir dans cet article qu'un des principaux uftgesdu foye eft d'aider à la digef- tiondes alimens. i°. En couvrant S E P T E M l'eftomac, 6c empêchant parce mo- yen que les particules du diflblvant falivaire , exaltées par 1'aér.ion de la digeftion ne tranfpirent , 2,0. en échauffant ce vifcere fur lequel il eft appliqué. D'où l'on peut conclure que plus le foye eft grand & plus la di- geftion doit être prompte & parfaite , ce qui juftifie la penféedu vulgaire qui a coutume de dire de ceux qui mangent beaucoup,qu'ils ont le foye grand. Mr Bianchi reconnoît un troi- fiéme ufageau foye , qui eft de four- nir comme un lieu de réferve au fang lorfque le fang furabonde , enfor- te que fans ce iecours, les vaiffcaux dans kfquels il circule feroicnt fou- vent expofez à fe rompre ou à fc di- later outre mefure ; il donne le mê- me ufage à la rate, 6c confirme tout cela par des expériences conftantes 6c reconnues. La féconde Partie eft fur les ma- ladies du foye ; 6c comme de ces ma- ladies les unes regardent la propre fubftance du foye , les autres les fluides qui y font contenus , 6c les autres des fub(tanc\s e'trangeres au foye, Mr Bianchi, parle d'abord des maladies qui en concernent la propre fubftance, foit dans fon en- tier , 6c qu'on appelle pour ce fujet / toto folido , foit dans quelques-unes de fes parties , comme lbnt les vaif- ftaux , les nerfs. Puis il vient aux maladies des fluides contenus dans le foye , tels que font le fang , la lym- phe , la bile , 6c enfin à celles qui con- fiftenren descorps e'trangers,tels que des pierres , des vers , des vents , des polypes. Cette féconde partie finit £ar un chapitre des plusimportans, dans lequel l'Auteur examine les di- B R E 1747. fçy verfès altérations dont la bile eft fuf- ceptible ; 6c où il fait voir les diffé- rentes maladies qui en réfultent. La troifiéme Partie roule fur la cure des maladies du foye , 5c de toutes les maladies qui viennent de bile : elle commence par une fçavan- te diftèrtation de Jean Thomas L. Gutdeti fur les affections bilieufes, 6c principalement fur une pleurefie bi- îieuiè , puis viennent d'excellentes Maximes concernant la pratique de Médecine, dont la première eft, que jamais Médecin à Syftême ne fut bon Praticien ; à ces Régies ou Maximes, fuccede un Traité des différentes ef- peecs de pleurefies, 6c particulière- ment de celles dont la bile eft la cau- fe , après quoi 1 Auteur parle des fièvres tierces printaniere- , des tier- ces bilieufes , de la bile dégénérée en bile fiévreufe , de l'occafion de don- ner l'Emctique dans les affections bilieufes , des fomentations conve- nables en ces fortes de cas, des boir- ions délayantes dans les mêmes affec- tions bilieufes , des lavemens, des cordiaux , des ventoufès , des fric- tions , des fudorifiques , des diuréti- ques 6c des veficatoires ; puis vient un Traité des maladies particulières produites tant dans le foye que hors du foye par le vice de la bile, comme font la jauniffe, les obftruétions du foye , les inflammations de ce vif- cere, les abcès, les ulcères, lesére- fipclcs , 6c autres accidens dont le détail feroit long. Tout cela eft fuivi de remarques curieufes 6c importantes fur les conf- titutions des années 171 1. 1712. 1713. jufqu'à 1724. inclufivement. Diverfes lettres ou diilèrtations , par 5-5-8 JOURNAL DES SÇAVANS, rapport aux fujcts traitez dans ce trait de tant de matières différentes ; Livre, avec de longues & exactes ex- Mr Bianchi traite les chofes à fond , plications des tables, terminent l'ou- mais en même temps d'une manière vrage. fi précifê , qu'on ne pourrait làns Nous ne fçaurions donner l'ex- leur faire tort les abréger. NOUVELLES DECOUVERTES EN MEDECINE , OU L'ON TAIT VOIR que les remèdes extraits di s métaux & des minéraux t font préférables à ceux qu'on tire des végétaux & des animaux. Par M. De * * * A Paris rue de la Harpe , de l'Imprimerie de la veuve d'Houry , au Saint Ef- prit 1727- Brochure in 12. pp. 100. DAns le Journal de May, 1 724. nous avons parlé de la première •édition de ce petit écrit, L'Auteur a ajouté dans celïe-cy quatre differ- tations qu'il avoit promîtes. La pre- mière , a pour titre : Intrvduclion à la far faite Connoiffavce de la venté far les voyes naturelles ; la féconde , Medico- phyjique conte ant la véritable Théorie & la véritable Trafique de la Médecine ; la troifiéme , Dijfertatiou fur la Pleu- rejie ; la quatrième , Differtation fur trots effets que produifent dans l'homme t le 1 m & les liqueurs cnyvr tîntes. En- ■forte qu'icy on trouve fix diflèrta- tions, en comptant les deux qui ont déjà paru dans la première édition , l'une fur l'excellence des remèdes cirez des minéraux \ ÔC l'autre fur les eaux minérales. Quant à la Differtation qui a pour titre : Introduction à la connoiffance de la vérité, l'Auteur s'y propofe prin- cipalement d'eafeigher les moyens de parvenir à la Médecine univer- fclle , moyens que les Philofophes ont caches fous diveriès emblèmes , mais qu'il croit avoir tirez de leur obfcurité. Comme il faut employer la chaleur pour les opérations que demandent cette Médecine Philofo- phique , il s'applique à faire voir la différence qu'il trouve entre les four- neaux des Chy milles vulgaires, & le fourneau du véritable Médecin. Nous ne déciderons point s'il ren- contre jufte, & fi les enfeignemens qu'il donne fur ce fujet font aufïï clairs qu'il fe le perfiiade : on en ju- gera mieux par l'expofé fuivant. Il dit que les fourneaux vulgaires fer- vent ordinairement à contenir la ma- tière du bois & du charbon embrafé; qu'on y voit des couleurs différen- tes, qui montrent le fort ou le fonde de /' inflammation , & découvrent la na- ture de la matière embrafée ; que de même la matière qui fait le fujet de la Médecine, venant à être pénétrée de differens feux, poulie diverfescour leurs à la circonférence, félon les di- vers degrczde feu que l'on donne : que cette remarque du fourneau , doit relever d'erreur ceux qui le met- tent en peine de chercher des four- neaux & des vaificaux artificiels de différentes longueurs 5c grandeurs , fans confiderer que la matière ar- tiffement travaillée ftlon les ré- gies de la nature , eff le fourneau naturel qui contient tout ce qui cil néceflàire pour l'entière perfec- tion SEP TE M lion de l'ouvrage, tans qu'il foit be- foin d'aucune cholè étrangère qui y entre ; que ceux qui veulent s'appli- quer aux opérations de la véritable Médecine, doivent fçavoir qu'en la préparant on ne fe brûle point les doigts parce que le feu dont on fe fert pour cette préparation , n'en: point le feu ordinaire des Chymiftes. Nôtre Auteur fait icy un long dé- tail des défauts qu'il reconnoît dans le feu qu'employent les Chymiftes , & des perfections qu'il fuppofedans celui dont on fe fert pour préparer la véritable Médecine ; puis il vient au caractère du véritable Mercure des Philofophes, qui eft i°. de dif- foudre également l'or & ^argent , Se de s'y radier de telle manière qu'on ne peut non plus l'en féparer, que féparcr d'avec de l'eau , des gouttes d'eau qu'on y auroit jettées. i°. De renfermer un fouffre in- combuftible, fixe, très-llanc & très- rouge. 5°. De donner aux corps métal- liques, une blancheur chryftalline. 40. De devenir moins fluide par la coétiou ; ce qui fait voir comb.cn ce Mercure eft différent du Mercure vulgaire , qui n'en: nullement celui qu'il faut employer pour la vérita- ble Médecine. Enfin, félon notre Auteur, la mar- que la plus fcnfible à laquelle on peut diftinguer le Mercure des Philofo- phes, d'avec l'autre ;c'eft que le pre- mier eft le Mercure flue ns , ôc l'autre le Mercure currens. Dans la Diflèrtation intitulée : M dicophyjùjue , nôtre Auteur veut expliquer comment la vie fe peut prolonger ; & il dit que pourvu que l'on fçache de quelle nam.re Du u s,y efi pris peur cr/er f Univers & comment fe font les productions de U nature t on Sepiefnbrg, BRE 1717. f?f peut non feulement trouver les moyens de prolonger la vie , mais même par entr à des chofes qui paffent l'imagination. Mais comment faire pour péné- trer dans ce fecret du Créateur ? La chofe, fi l'on en croit notre Auteur, n'elt pas fi difficile : il n'y a, dit-il, qu'à fçavoir que Dieu au commen- cement , n'ayant créé qu'une matière confufe appcllée cahos, il en tira les quatres Elemens , Se les fèpara les uns des autres , en mettant chacun d'eux dans fa fphere. La première fphe«e eft le ciel qui contient le feu au lieu le plus élevé j la féconde, le conca- ve de ce ciel où eft l'air , la troifié- uie, ce même concave qui dans un lieu moins exhauflë renferme l'eau, fie la quatrième , ce nrêrae concave encore, où dans un étage plus bas, iè trouve la terre qui fait comme le centre de tout ; cnlorte que les trois premières fp hères environnent celle- ci chacune dans leur ordre. Pour rendre la cholè plus fenfi- ble , notre Auteur compare l'Uni- vers à un œuf, le jaune de l'œuf, félon luy, c'eft la terre, le blanc de l'œuf c'eft l'eau, la petite peau qui enveloppe ce blanc, c'eft l'air, 6c la coque de l'œuf, c'eft le ciel. Com- paraifon qui luy paroît d'autant plus jufte, que comme le feu , l'air, l'eau. Se la terre , ne peuvent plus fe re- mettre dans cette mafle confufe oà ils étoient au commencement du monde , de même , le jaune de l'œuf demeure toujours au centre, le blanc ne fe mefle point avec la peau , ni b peau avec la coque. On n'auroit pas crû pouvoir être à fi peu de frais , au fait de la créa- tion de l'Univers ; cependant félon notre Auteur , en voilà tout le myf- tere dévoilé. C'eft ainfi, tic dans fon vaillèau propre. Il parle enfuitc,dc la réparation que Dieu fitdu jourd'avec la nuit, de la lumière d'avec les ténèbres, & ne pouvant diiîimulcr ce qu'il pen- fo- de cette merveille, il dit que c'eft encore là une charmante opération. Puis il remarque que le Créateur fait encore tous les jours mille ope- rations merveilleufes par les divers degre^ de fon feu phyjtque qui conduit à maturité les femences Se les fruits. Les divers changemcnsdela nour- riture en fang , en chair, en os , ar- rêtent particulièrement ici l'atten- tion de notre Auteur. U dit que le fourneau dans lequel fc font les ope- rations, clt muni de tous les foupi- raux fie regiftres neceifaires ; que ces foupiraux ou regiftres font la bou- che , le nez, les oreilles j qu'ils fer- vent à entretenir dans ce fourneau , une chaleur tempérée & bien réglée : que Dieu a mis dans ce fourneau , trois vailîêaux diftinéts, qui font la tête, là poitrine & l'eftomac. Il ex- plique au long ce que c'eft , félon lui , queces trois vailîêaux ; Se il aver- tit que fi quelquefois il arrive que les opérations ne fe faiîênt pas réguliè- rement dans ce fourneau & dans ces vailîêaux, on ne doit pas s'en pren- dre à celui qui les a faits Se bâtis , mais à celui qui les gouverne mal , à caufe du mauvais régime qu'il ob- ierve ; ce qui caufe les maladies dont le corps humain eft attaqué jeniorte que fi on fçavoit bien gouvern?rce fourneau fie ces vai(îèaux,on prolon- gerait conlidcrablement fa vie. Le point eft de fçavoir cormnent s'y prendre pour reuflir dans cegou- v ornement. Et c'eft ce que notre ES SÇAVANS, Auteur tâche de découvrir icy à (es Lecteurs par le rapport qu'il luppo- fè entre les planètes & les différen- tes parties du corps humain ; c'eft cette pratique , dtt-tl , que je veux mettre au jour autant qu'il me fera poflible fie permis , futvant le / en de l um ère qu'il a plu a Dieu de me donner dans cette fciince qui efi plus di. ine qu'hu- maine. Il fait pour cela un grand nombre de remarques que nous ne reporte- rons point ; nous nous contenterons feulement d'obferver que ce qu'il dit de plus clair, fur ce fujet, c'eft que pour fe conduire comme il faut quand on veut prolonger fa vic,on doit bien fçavoir extraire les vertus des mix- tes , ce qu'on ne peut parvenir à fçavoir , Ji l'on ignore le moyen de faire féduire le .frète par fa feeur , leur ayant fut al-.mdonner leur wete commune. Dans la Diilêrtation fur la plcu- refie , il veut montrer que la fài- gnée n'eft point le remède convena- ble à cette maladie , mais qu'il y faut employer les Alkalis des métaux fie d'autres minéraux volatilifez Se fpi- ritualilez parleurs acides, fie réduits en un fèl doux fie agréable au goût. La comparaifon qu'il y fait du. corps d'un pleun. tique avec les ar- ches du pont Royal de Paris , bou- chées par des amas de glaces,eft qucl- quechofêde fingulicr,aulîi bien que celle du flux Se du reflux de la mer avec le mouvement régulierdu fhng. A l'égard de la dernière Diilêrta- tion qui eft fur lès effets du vin> fie des autres liqueurs cnyvrantcs , l'Auteur tâche d'y expliquer com- ment ces liqueurs font capables de produire les effets quelles produi- fênt ordinairement ; fie pour cela il confidered'abord ce qui fe paflêdans les differens degrez de l'y vrcflê. Dans S E P T E M le premier, dit-il , l'homme quis'en- yvre , éprouve un fentiment joyeux , il pertfe avec liberté, il s'exprime ai- fément : dans le fécond , fa joye fe ralentit, il penfe confufément, il ^ex- prime difficilement ; dans le troiiîé- me, enfin il balbutie au point qu'on ne peut l'entendre qu'avec difficul- té'. Veut-il fe tenir debout ? fa tète eft fi pefante qu'il ne peut la foute- nir, il tombe par terre, & demeure plongé dans un fommeil apoplecti- que. Le vin produit fucceffivement -ces trois effets : le premier, en aug- mentant d'abord la fluidité du fang ; & les deux autres en l'épai/fillànt. Mais comment deux effets fi con- traires peuvent-ils venir de la même caufe ? L'Auteur l'explique en cette manière: li y a dans le vin, dans l'eau-de-vie, 8c autres liqueurs fem- blables , des particules extrêmement fines ôc pénétrantes , qui fe trouvent méfiées avec des particules huileufes & fulphureufes. Or , quand le vin eft arrive' dans l'eftomac , les parties les plus fluides s'y fe'parent d'abord des parties huileufes , Se fe commu- niquant auili-tot au fang £c aujiic nerveux, augmentent néceflàircment la fluidité de l'un 6c de l'autre , & hâtent par conféquent la circulation ; ce qui produit la joye que l'on éprou- ve dans le premier degré de l'y vreflé. Mais les parties huileufes Se ful- phureufes du vin , ne tardent pas à fc B R E 1717. rft méfier avec le chyle , Se entrant alors peu à peu dans la maflè du fang , y font iucceder répaiffiflèment à la fluidité, ce qui retarde la circulation , êc eft la caufe des accidens du fécond St du troifiéme degré de l'yvreiîc. Notre Auteur par une iuite de raifonnemens qu'il fait à cette occa- fion, prétend montrer q»:e toutes les mlaadies non-feulement celles qui viennent d'intempérance , mais celles même qu'une trop grande abftincn- cc peut caufer, n'ont d'autre prin- cipe que 1 epaiffifièment des liqueurs qui doivent circuler , Se de-là il con- clut i°. que ce n'eft ni dans les vé- gétaux ni dans les animaux qu'il faut chercher les remèdes, mais dans les minéraux ; parce que les premiers à ce qu'il croit, n'ont pas des parties allez fblides ni en même tems allez fines pour pouvoir pénétrer des lues coagulez, au lieu que celles des mi- néraux Se particulièrement des mé- teaux ont ces deux qualitez.2°.Que comme il n'y a point de metail qui le puiflê diviferen des parties plus fubtiles que l'or , c'eft de ce métail qu'il faut extraire le véritable re- mède pour rendre la fluidité au fang Se à toutes les autres liqueurs. Au refte il eft à'prefumer que ces diflértations ne font qu'un prélimi- naire auquel l'Auteur joindra fans doute dans quelque réimpreflion , les nouvelles découvertes qu'il promet dans fou titre. HISTOIRE CfSEALOCIQUE DES tatars. A Leyde , chez Abraham Kallevier 1726. vol. in 12. pp. 400. NOus avons parlé du premier volume de cette Hiftoire dans le Journal du mois de Juin dernier; celui-ci contient cinq parties; fça- voir j la cinquième qui renferme l'Hiftoire de Zagatai-Chan , fécond fils de Zingis-Chan , ôc celle des Princes de fa pofteritéqui ont règne fur les Villes des Royaumes deCaf- chgar & de Ma-Urenner ; la fixiéme f C c c c ij f6% JOURNAL DE où cil l'Hiftoire de Taulai-Chan , fils cadet de Zingis-Chan , Se celle de Tes defeendans qui ont régné au pays d'Iran ; la feptiéme , où l'on voit tout ce qui concerne Zuzi-Chan fils aîné de Zingis-Chan, fie fèsdef- cendans qui ont règne' iur les Kip- 7.aaks ; la huitième qui roule fur Scheij-Bani-Chan , fils de Zuzi- Chan, fie fur les Princes de là pof- terité qui ont régné au pays de Ma- Urenner , fie dans celui de Turan ; la neuvième enfin, où il eft traité des defeendans de Sche) bani-Chan qui ont régné dans le pays de Charafs'm. La cinquième partie qui eft la pre- mière de ce volume, ne contient que trois chapitres. On voit dans le pre- mier , la vie fie le règne de Zagataï- Chan. Ce Prince avoit laphyliono- mie fi terrible, que chacun aprehen- doit de le regarder ; mais il étoit plein d'efprit , fie cette confideration engagea Zingis-Chan à lui donner en partage tout le pays de Charafs'm avec les Villes de Cafchgar, 6c quel- ques autres très-confiderables. Il y avoit à fa Cour un Sorcier qui fça- voit fi bien éblouir ceux qu'il vou- loit tromper, qu'ils croyoient voir marcher des aimées entières dans le temps qu'en -effet il n'y avoit rien de tout ccla.Zagatai-Chan qui eut la cu- riofité de voir le Sorcier fie fes repre- ièntations, conçut pour cet homme une averfion extrême, fie fur quel- ques aceufations qui lui en furent fai- tes dans la fuite, il l'envoya dans une prifon où on le laiflâ périr, Mais auflï-tôt après la mort du Sorcier , Zagataï-Chan , à ce que dit l'Hif- toire, fut attaqué d'une maladie qui lcmpoita en peu de jours. Le fécond chapitre traite des Suc- ce (leurs de Zagataï-Chan, qui fu- jqentau nombre de i6, Se régnèrent S' SÇAVANS, fuco. Hivernent làns interruption pendant 109. ans dans le pays de Ma-Urenfier.Cafan-SultanChan fat le de rnier de ces Princes. Le troifiéme Chapitre renferme l'hiftoire de plufieurs autres Chans qui ont régné enfuite dans le pays de Ma-Urenner jufqu'à Amir-Ti- mur-Chan. Le quatrième contient le récit des principales aérions d'A- mir-Timur-Chan, fie le cinquième celui de la vie des Princes iifus de Zagataï-Chan : tous ces chapitres ne confiftent prefque qu'en généa- logies. La fixiéme partie ne contient en tout que deux chapitres.Oh voitdans le premier l'hiftoire de Halaku- Chan fie des Princes de fa pofterité ; fie dans le fécond celle des guerres civiles entre les diverî Succeilèurs d'Abufait-Chan , fie celle de la ré- duction du pays d'Iran par Dzani- bek-Chan. La feptiéme partie n'eft compofée que de trois chapitres fort courts ; l'hiftoire de Zuzi-Chan fie de fon fils Batu-Sagin-Chan fait le fujetdu premier, celle des Princes de la pof- terité de Zuzi-Chan celui du fécond, fie celle des Defeendans de Togaï- Timur fils cadet de Zuzi-Chan, ce- lui du dernier. Ces chapitres font purement généalogiques , fie ne con- tiennent aucunes particularitez in- terefiàntes. La huitième partie n\ft que de quatre chapitres , fie ces chapitres n'ont pas non plus beaucoup d'éten- due : mais comme ce ne font que des généalogies allez feches , ils ne huileront pas de paraître longs à quelques Leéteurs; Le premier chapitre contient la vie de Scheybani-Chan ; dans le fécond , il eft parlé de fès defeendans juf- SEPTE^ qu'à Indigar-Chan. L'on voit dans Pun & dans l'autre une fuite de fuc- celîîons dont le récit pourra ennuyer ceux qui ne cherchent que des faits interefîàns ou propres à exciter la cu- riofité, mais l'exactitude d'une hif- toire généalogique , eft indépendante de ces fortes de faits , & c'eft fur ce pied-là qu'il fout lire celle -cy, où l'Auteur ne s'eft propofe' autre chofè que de diftinguer de fon mieux les branches des familles , 8c de débrouil- ler tout ce qu'il pourrait y avoir de confus fur ce fujec. Les détails où il entre pour cela , font neceflàircs à fon delîèin,& d'ailleurs ces détails, quelques ennuyeux qu'ils paroiffent par eux-mêmes , ne laiflènt pas quel- quefois de picquer le Lecteur par une certaine naïveté qui s'y remarque , & qui a fon ici. On peut mettre de ce genre l'exemple fuivant. » Dnulac î> Scheich-Oglam eutunfilsappellé » Abulgaïc-Chan qui fe rendoit fort j» redoutable à tous fes voifins. 11 » eut onze fils, dont l'aîné s'appcl- s> loit Scabadach Sultan , qui eut » deux fils, l'aîné appelle Mahamtt »» furnommé Schabacht dont nous » parlerons dans la fuite, & le Ca- >» det Mahamet-Sultan, qui eut un « fils appelléObcit-Chan qui régna î> dans la grandcBucharic.Le fécond ^ fils du fus -nommé Abulgaic- » Chan s'appelloit Chodfa-Maho- 3» mit j mais les Usbechs le nom- » merent Chodfa Amtintak, à cau- » fe qu'il e'toit extrêmement fot ; 3> fon fils Dzanibv-k e'toit du moins « auffi-fot que fon père, & le fils de « Dzanibck apptlW Iskandtr-Chan » ne l'étoit pas moins que fon pere » 8c fon grand-pere. Mais il e'toit »> en même temps tres-dévôt , &fai- >» foit fon unique occupation de la » charte au vol du Faucon ; fon fils B R E i 7 £ y. ffy e'toit Abdula-Chan, dont le fils « Abdulmonin-Chan fut le dernier « de cette branche des defeendans « de Scheibani-Chan, Arab-Scach « frère cadet de Daulat-Scheich- « Oglan, & fils de Fulat étant ve- «t nus à mourir, fon fils Hadli-Tau- »« lai lui fucceda , & eut fon fils «' Timur-Scheich pour fucceflèur ; « Timur-Scheic-Chan perdit cou- te rageufement la vie à la fleur de « fon âge dans une bataille fans laif- « 1er d'héritier. « Quantité de fes fujets fe retire- « rent, enforte qu'il fe trouva à la te fin que la veuve du Chan qui étoit te enceinte, fans que perfonne le fçût, « n'avoit plus que les fèuls Vïgurs -t de relie, qui voyant que tous les te autres fujets du défunt Chan s'en « alloient , qui d'un côté, qui d'un » derniers , qu'après avoir tait pre- » fent au Courier d'un beau cheval « noir, ils revinrent tous fc ranger » fous l'obeïflànce de leur jeune » Maître. >» A leur retour , les Vïgurs leur » ayant donne la gauche pour leur » marquer la joye qu'ils avoient de » les voir revenir s'unir à eux, cette » complaifancc d'alors a pailé depuis >» en coutume entre ces deux Tri- « bus , enforte que maintenant » toutes les fois que les Naïmanns » fe rencontrent avec des Vïgurs , » les premiers prennent toujours la 5> gauche fur les derniers. Ces deux j» Tribus gardèrent depuis une fi- » délité inviolable à leur jeune Prin- » ce. C'eft la fin du chapitre fe- ?» cond. On s'attendrait qu'il feroit beau- coup parlé de Jadigajr dans le cha- pitre qui fuccede à celui-là, il n'en eft prcfquc pas dit un mot, & dans la fuite il n'en eft plus men- tion. On voit donc feulement dans le troifiéme chapitre que Jadi- gar eut quatre fils ; le premier ap- pelle Burga- Sultan, qui quand il fut parvenu à un certain âge, fit dé- férer la fouverainc puiflânee à fon père Jadigar qui n'étoit pas encore proclamé Chan ; le fécond Abulak ; le troifiéme Amunâk, & le quatrié me Abak. Voilà tout ce qui con- cerne Jadigar , fans qu'il (bit dit un mot de fes actions ni de fà mort. Burga-Sultanfon fils aîné eft le prin- cipal fujet du chapitre. L'Hiftorien obièrve que ce Prince avoit de très- belles qualitez , Se pour l'efprit & pour le cœur. A l'égard du corps, il fait une remarque qui paraîtra di- gne d'attention aux Anatomilks c*eft que Burga-Sultan n'avoit point S SÇAVANS, la poitrine formée comme celle des autres hommes , fa poitrine n'étant faite que d'un lcul os applati. La mort de Burga-Sultan iait ici un long article ; ce Prince s'étoit ap- proprié de fon autoiité quelques ter- res d'Abulgair-Chan , avec qui ce- pendant il avoit toujours eu une étroite liaiion d amitié : mais cette ac- tion ne demeura pas long-temps im- punie ; car quelques années tnlùite Scabacht-Sultan, p.tit-fils d'AbuI- gaïr étant revenu dans les Ltais de ion grand- père, tous ks anciens Su- jetsd'Abulgaï. vinrent fe foûmettrcà (on petit-fils. Scabacht-Sultan étant ainii rentré dans fon patrimoine , ne fit aucun fcmblant de fe fouvenir de l'injulticequc lui avoit faite Burga- Sultan , 6c il vécut toujours fort bien en apparence avec lui , difïimulant avec tout l'art imaginable fon reffen- timent , jufqu'à ce que le temps lui fournit quelque occafion de fe van- ger A la fin , un jour que Burga- Sultan avoit pris fon camp d'hvver allez près de celui de Schabacht , vers les bords de la rivière de Sirr, Schabacht commanda à un bon nom- bre de fes gens de venir fe rendre auprès de lui pour une partie de chalfe , mais dès la pointe du jour s'étant mis en marche , il tourna du côté de Burga-Sulcan , pour fe fai- fir de fa perfonne ; Burga-Sultan ayant entendu le bruit des Troupes qui s'avançoient , fejetta hors du lit où il étoit actuellement couché, 8c s'étant envclopé dans une robe de Si- belinc qui fe trouva fous fa main , gagna un étang où il fe cacha dans les rofeaux, après s'être fait une fi grande bleffure au pied , qu'il avoit de la peine à en étancher le fang. Cependant Schabacht-Sultan fait courir après ceux qui s'étoient fau- SEPTEMBRE 1717. 567 vez,8cfes gens attrapèrent entr'autres qu'il e'toit fi fot qu'on lui avoit « un homme de diftinétion , qui iè voyant furpris , leur dit qu'il étoit Burga-Sultan qu'ils cherchoient. A cette réponfe , ils le menèrent à leur Maître , s'imaginant tous que c'é- toit effectivement Burga-Sultan, mais Schabacht-Sultan qui connut fur le champ la tromperie, demanda à cet homme pourquoi il avoit pris le nom de fon Maître, il lui répondit : J 'ai tant d'obligation à Bur- ga-Sultan, que j'ai cru devoir rifquer quelque chofe en cette occajien , four le tirer de ds.nga , ne doutant point qu 'au f- Jï-tot que [es gens crotroient avoir tren- te ce I rince , ils ne revinrent au Camp commeils ot:tf«it,ce qui luifourroitdoi.ner le moyen de fe mettre en fureté , au cas qu'il n'y fût f as eiuore. Cette réponfe plut infiniment à Schaback-Sultan , Se lui donna une haute idée de cet homme ; mais Schabacht ne kilfa pas toujours de faire cherche-r Burga- Sultan. Comme il avoit beaucoup ne'gé pendant la nuit,les gens de Scha- bacht-Sultan apperçurent les traces d'un homme qui avoit marché nuds pieds. Ils fui virent ces traces , & à la fin il trouvèrent des goûtes de fang qui les conduifirentjuiqu'à l'endroit où Burga-Sultan étoit caché dans les rofeaux , ils le menèrent aufïi-tot à Schabacht-Sultan , qui l'ayant re- connu pour être véritablement le Prince qu'il cherchoit, le fit mou- rir fur le champ. L'Hiflonen après ce récit, s'ex- plique en cette forte : Chodfa-Ma- « hamtt- Sultan, fils d'Abulgaïr- >» Chan, qui avoit accompagné fon « neveu en cette expédition ,époula » la veuve du Burga-Sultan, fille « du fufditChodiach Mirfa5appei- » lée Malaï-Chanfada , c'eft le mé- » me dont nous avons dit ci-defius donné le fobriquet de Chodsà- « Âmtinth'àk ; & quoique tout le « inonde fcût que la veuve de Bur- « ga-Sultan étoit groflè , lorfqu'clle « devint veuve, il ne laifia pas de « vouloir qu'on crût que le garçon « dont elle accoucha dans laluite,& « qu'on nomma Dzanibek étoit Ion te fils. Dzanibek tint du moins cela « de Chosa-Mahamet-Sultan qu'il et étoit auffi fot que lui , fon fils If- « kander ne le fut pas moins. Mais « Abdulla-Chan,filsd'Ifkander,Sc « Abdul-Momin , fils d'Abdulla- « Chan, avoient tous deux beau- « coup d'efprt : c'eft par- là que « fe termine la huitième partie. La neuvième eft plus longue feu- le que les quatre précédentes enfem- ble, elle contient iz chapitres, dont le premier qui traite d'Ilbars-Chan, & de Bilbars-Sultan commence ain- fi : » Burga-Sultan étoit fils de Ti- mur-Scheich-Chan, fils d'Arab- « Schah , fils de Fulat, fils de Zu- tt zi Buga, fils de Bagadur-Chan , « fils de Scheybani-Chan. Il lailîà tt à fà mort deux fils ; le premier « appJlé Ilbars, & le fécond Bil- « bars. On appelloit auffi ce der- te nier Bihcatz, à caufe crue dans fa «t jeuneirë il eut une fi grande ma- «t ladie, qu'il enrefla pendant toute « fa vie perclus de lès jambes , ce tt qu'on appelle Bilieat^ en langue « Mogule. je fuis àl'àgede 50 ans, Se je n'ai »> jamais voulu fouftrir que qui ce »» foit fife la moindre dépenfe j> pour me recevoir, Se toi qui n'as « que quinze ans, tu vas dejaman- *» ger dans les villages où l'on eft * oblige pour te traiter, d'égorger « des moutons. Que ne feras-tu pas » quand tu feras plus âgé:,alors il fau- j> dra bien qu'on tue des chevaux Se j> des vaches pour te régaler. Tes » vafîàux de leur côte' ne manque- 5» ront pas de fuivre ton exemple , 3> Se par ce moyen les pauvres fu- »» jets feront bien -tôt réduits dans » l'indigence. 11 faut, pour une fois, »» quejetefallè perdre l'envie d'al- »> 1er ainfi manger davantage aux » frais d'autrui. ES SÇAVANS, Cela dit, Akattai-Chan fait dés- habiller Ion fils, Se lui donne trente coups de fouet qui le mirent tout en fang , puis il le renvoya dans cet état. Timur- Sultan, au fortir de chez ion père, ayant rencontré Hadfim-Sul- tan (on frère, lui raconta ce qui ve- noit de fe parler, Hadfim-Sultan ap- prouva ce que fon père avoit fait dans cette occafion , mais il confcilla en même temps à Timur-Sultan de ne fc point laver, Se d'aller le lende- main fe prefenter ainfi tout enfan- glanté devant fon perc, Le confeil fut fuivi , Se Akattai-Chan n'ayant pu s'empêcher d'être attendri à ce fpcetacle , exhorta fon fils de ne p[us retomber en pareille fau- te, Se il lui fit prefent de la Tribu de Ti-u -azi desTurkmanns , laquel- le pouvoit être de f. à 6000 famil- les. Timur-Sultan en cette occafion , fit ferment que dorefnavant il n'i- roit plus manger chez qui que ce fût, Se que même il ne fiouffriroit pas qu'aucun des gens de fà Cour le fit. Il fut ferme dans fon ferment j Se le tint jufqu'à h mort. C'étoit un Prince d'une grande pieté, Se qui avoit avec cela une fi excellente mé- moire, que quoiqu'il ve [eût m lire ni écrire , Une Uijj roit pas dt tenr un compte exact de fes revenus , & d'en connoître À fond les dt erfes branches. Il nous relkroit , pour achever l'extrait de ce fécond volume, de rapporter quelques articles des C\X derniers chapitres qui lecompofeht; mais outre qu'ils contiennent peu de matières interefiantes, nous ne le pourrions faire comme il faut, uns nous étendre au-delà des bornes. SEPTEMBRE 1717. &9 NOVVELLES LITTERAIRES. ITALIE. de Venise. La focLté qui prend le nomd'vl/- InXJiAna. , a fait réimprimer qne Dif- fertation de feu M. G10 Giuftmo Ciani- pani de Rome, in-8J. grand papier , lbus ce titre : ConjeÇtura de pcrpctuo Az-pnorum ufu in Ecclejiâ Latinâ , vel faltem Romanâ. La première édition de cet ouvrage avoit paru à Rome en 1688 du vivant de l'Auteur: on nous allure que celle-ci fera beau- coup plus exacte & plus correcte ; on y a ajouté la vie de M. Ciampa- ni, f.vec un catalogue defes œuvres tant imprimées que manuscrites ; la même focicté, après l'impreffion de cette diflèrtation, eft dans lcdef- fein de donner au public une e'di- tion nouvelle de celles que les Car- dinaux Bona Se Thomafi , les PP. Sirmond , Mabillon,&c. ont écrites pour & contre , fur la même matière , Se qui font devenues fort rares. de Veronne. Albert Tumermani , Libraire de cette Ville, a achevé d'imprimer à fes dépens Ilt'oria diphmatica, che ferve uititrodu^jcne ail' arte critiCA in talma- tena , in-40. grand papier. Cette hif- toire doit être accompagnée d'un re- cueil d'anciens titres ou document qui n'ont point encore paru. On y trou- vera de plus une diflèrtation fur les vers rimes , une autre fur l'origine des premiers ïtaiiens,ou des anciens Etruf- ques Se des Latins , Se M. le Marquis Scipion Maffei qui eft l'Auteur de cet ouvrage, y donne les deflèins &. les infcn'ptions de quelques monumens antiques qui n'avoient pas encore été bien connus jufqu'ici. de Milan. La Société Palatine a fous preflè un nouveau tome du grand Recueil des Hiftoricns d'Italie qu'elle fait imprimer fous la direction de M. Muïdiori. CevoLume fera le neuviè- me fuivant l'ordre , mais l'onzième pour le nombre, le premier Se le fé- cond tome du recueil ayant chacun un volumedefupplément. 11 dévoie y avoir à la téte,uncCarte géographi- que de l'Italie pour les tems,dont par- lent les Auteurs, dont on donne l'é- dition, avec une ample diflèrtation pour l'expliquer. Mais de peur de trop preflèr M. Muràtori , la focieté a jugé à-propos de la relèrver pour le tome qui doit fuivre. Celui qui s'imprime actuellement , eft dédié au Duc de Parme Se de Plaifance Antoine I. Il renfermera quatorze morceaux de l'hiftoire d'Italie, dont dix n'avoient pas encore paru au jour. Le premier qui eft une Chro- nique de Gennes , de Jacques à Va- racine, Archevêque de cette Ville, finit à l'an 1297, Se le dernier qui eft une hiftoire de Milan , fe termi- ne à l'année 1 3 1 3 : ce qui forme un corps d'Hiftoriens d'Italie, pour un peu plus d'un fiéele, M. Philippe Argelati de Boulo- gne , l'u n des membres de la Société , a fait imprimer un Programme La. tin, pour donner avis aux Sçavans de l'impreffion de ce volume. Se il y a joint une lifte Se une notice de C c c c ij JOURNAL DES SÇAVANS, 57° divers outrages qui doivent le com- pofer. ANGLETERRE. De Londres. J. Bartley , Vemberton Se autres pro- pofent d'imprimer par foufeription un nouvelle traduétion Angloifede Tite-Live, avec les fupplémcns de Treinshemiiis , ornée de cartes 6c de médailles desRoys 6c des Confuls. 11 paroît ches Straba>\Ajbort, Ejïay, êcc.ouEflày fur l'opération de tirer la pierre au-deillis de l'os pubis par le Docteur P. Mtddlcton. On y a joint une lettre fur le même fujet de M. Macgill au Docteur Douglas. Le Docteur irir.cb. HolofiVortb vient de mettre au jour A Defence of the doctrine cf Rcfurrcawn cftbc faine body. Il examine dans la première partie de cet ouvrage , le caractère, les écrits Se les principes de M. Loc- kç fur la Religion , 6c dans la fécon- de il prouve contre ce fçavant,que les hommes refiufciteront avec le mê- me corps. On propofe par foufeription un livre Anglois intitulé Acha car Cumri ou le Héraut des anciens iirenns : c'eft un nobiliaire 6c armoriai de la principauté de Galles qui pourra être très-curieux. Il parait chez Jean Robert s une hiC- toirc des révolutions de rerfe en 17x2,1723,1714, 1725-, & une d eleription du Siège d?lfpaban. Cet ouvrage pailè pour être tra- duit du François ,d'un Millionnaire qui a été témoin oculaire des faits qu'il raconte, 6e qui les man'J.oit à M'. Le Ma re Conllil de Tr*nce \ tri- polt de Syrie. Th. Grcen débite un livre Anglois intitulé, Mo/ls pincip:a,donx le but eft de défendre 6c de confirmer l'hif- toirc naturelle de la Bible. Il a déjà paru deux parties de cet ouvrage. HOLLANDE. d'Amsterdam. Les Waè'sbcrge débitent J urifp ru- dentia reflituta , Ji've Index cbromlogi- cm in tôt 11m juris Ju/lmiaiui corpus ad moduni J. Labitti, A. Augufiini, & W. Freymonïinova n.etbodo collcclus : Accef- ferunt opufcula IV. vfus indicis (uni net: s iv. Schmuccii, Hantas de ufu chro- nologie injure, Reinotdus , & BreticmaH- nus de legttn inferiptimibus. An'tmad- verjiones injecit A.wïeling , rronclor ÀmfteUdamenJts. in-8°. Les avantures deRobinfonCru- foc,in-i2. 3. vol. ng. nouv. édition. de la Haye. T. Johnfon 6c J. Van Duren im- priment l'Hiftoire Romaine, depuis la fondation de Rome par les PP. Catrou 6c Rouillé avec fig. ainfï que le nouveau Dictionnaire de l'Aca- démie Françoifc , 3 vol. avec un nouveau caractère de Garmond. Nous avons annoncé dimsles nou- velles Littéraires du mois dernier , article de Londres , qu'on v avoit achevé l'hiftoircdu Japon écrite par M. Kempfer, & traduite en Anglois par M. J. G. Sceuchyer. M. Dcs- Maifeaux a traduit ce même ouvra- ge en François j li.ire GoÇe Hcjcan Réanime, Libraires de cette Ville, doivent l'imprimer par foufeription en daix volumes i: -folio. Le projet qu'ils en débitent , nous apprend en détail tout ce que renferme cette hif- toire. Elle eft divrfe'é en cinq li- vres. On trouve dans \: premier la deferiprion générale du Japon ; le fécond traite de l'état politique S E P T E M êc le troifie'me de l'état de la Reli- gion de cet Empire. Dans le qua- trième, M. Kempfer parle de la Ville de Nangafaki , lieu de la re'fidence des Etrangers, de leur commerce, com- modités, 8cc. & le cinquie'me con- tient les deux voyages de l'Auteur à la Cour de l'Empereur à Tedo , Ville de fa réïidcnce. Pour rendre cette hiftoire plus complette , on y a ajou- te en forme d'appendix quelques piè- ces qui ont du raport au Japon, ti- rées d'un livre Latin du même M. Kempfer intitulé Amœnhates exot'tu , 8c traduites en François. L'ouvra- ge entier aura au moins 180 feuilles ct'impreffion , 8c 45 grandes plan- ches de figures , entr'autres une carte de tout l'Empire. Il fera imprime fur de beau papier , 8c d'un carac- tère neuf. On payera 20 florins pour les deux volumes, la moitié en fouferivant, 8c l'autre moitié en recevant l'exem- plaire. On donnera 30 florins pour le grand papier. Le temps des fouferiptions ne du- rera que jufqu'au ij Novembre de cette année , & huit mois après on promet de délivrer tout l'ouvrage. Les fouferiptions fe reçoivent Chez Gefft Cv Keau'.'.u- à la Haye, Se en France, en Angleterre, Se en Al- lemagne, chez les Libraires, où on voudra bien s'en informer. DE L E Y D E. Job. Van Kercbem a imprime' 6c dé- bite Jobannis Bapnfîœ Mtrgagni, Ir- tna.ru Pïof efforts Vaiavïiii, &c. EpifioU dnutoiïiu* dut, noras obfervationes & ai:ii,er/:*f?!cs cor.ipleclentes , quitus AiLitotmcorum "mrénlotàm UJîoria evol- ritur , titrdqué ,'i> trrenbus vindicatur , m-40. Il a nuffi reimprime' Con elû Staloanït Valider wiH obfervationum BRE 1 7 a 7. fjx ranorttm mei. chtr. anatomicarum Cen- turie , 2. vol. in-8". M. Pierre Burmann a publié che's Samuel Luchtmansle cinquième to- me du fjlloge Epijîolarutnàvirts ilhtf- trtbus fcriptarmn , ZK-40. pp. 86b. fans la préface. Ce volume contient les Lettres de Nicolas Heinfius auX Sçavans de Suéde , dAllemagnc , des Pays-bas , d'Italie, 6c de Fran- ce, & les réponfes que ces Sçavans lui ont faites. L'Editeur n'a pas oublie les Lettres que le même Heinfius écrivoit à la Reine Chriftine ; mais dans la longue Préface que M. Bur- mann a mile à la tête de ce recueil, il ne fait pas de cette Princefle 8c de ù Cour un portrait fort avantageux. D' U T R E C H T. Mdcbior Leonjrd Chariots a impri- me : Horafolhnis Hiercgljpbtca grâce & lath:e cum 1 tegns obfirvatiotitbus & Kottsjoan. Mirceri & David. Ho'efcbelii3 & feL clis Ntcolai Caujfini , curante Joanne Gorneliode Taun\qm fuas etiam obfervationes addidtt, in-4°.pp. 404. fans la préface 8c la table. On ne fçait pas trop qui eft cet Horapollon ; M. Fauve à qui le pu- blic eft redevable de cette édition , croit que c'eft le même Horapol- lon dont Suidas parle avec e'ioge. 11 étoit de Panopleen Egypte, Gram- mairien qui avoit enleigné à Ale- xandrie, 8c depuis à Confhntinoplc fous l'Empire de Theodofe. 11 porte dans cette édition, fur la foydes ma- nuferits , le furnom de &>*&$ du N / pour marquer que fa patrie e'toit l'E- gypte. Il avoit compofe' au raport; de Suidas pîufieurs ouvrages en Grec, mais onpre'tend que celui-ci qui contient en deux livres une ex- plication fommaire des Hiérogly- phes , a été écrit d'abord en langue 57* JOURNAL D Egyptienne, 6c traduit de cette lan- gue en Grec par un certain - hilip e, dont on ne tonnoit que le nom. Aide eft le premier qui ait publie cette verfion grecque, 6c Merceru s ou a.m-- c cr m a donne deux éditions, dans la première defquellcs en 1 5*48 il a entièrement fuivi celle d'Aide. 11 s 'cil ièrvidans la feconde en i^fi , d'un manuferit que lui avoit communi- qué Gtf/f'dM;; e Mord. Hdëfcbtlius d'Ausbourg a donne' une quatrième édition de cet Auteur fui- un manuferit de cette Ville, iàns s'embaraflèr des deux éditions de Mercier, 6c s'eft contente de mar- quer fur la flenne les variantes de celle d'Aide. M. Pauw a confère' toutes ces éditions, Se dans celle qu'il nous don- ne, il a eu foin d'en marquer exacte- ment toutes les différences. On allure qu'il a paru une édition de ce livre à Paris en 152.1 5 mais malgré tou- tes fes recherches , M. Pauw n'a pu parvenir à l'avoir. Outre les variantes qu'on trouve à la fin du texte, l'Editeur a fait im- primer enfuite les notes entières de Jean Mercier, de David Hoéfchelius , celles de Jean Cauff.n , Se enfin les Tiennes propres. FRANCE. de Lyon. M. Matbu'on, Docteur en Mcdc rifle , Auteur de deux brochures qu'il a publiées à Paris en 1726 chés Guillaume de Burre , Quay des Au- guftins, à l'Image S Claude, fur la quadrature du cercle 6c fur le mou- vement perpétuel, a fait imprimer ici chés Claude rerrot , ru- CcJifcrt , à PEpée Roy aie, un avis aux Géomè- tres ÔC aux Phyficicns , qui cil peut- ES SÇAVANS, être le feul de cette efpece, qui ait en- core paru dans la république des Let- tres. Il fuffit de le tranicrire, pour faire juger de fou importance ôc de là fmgularité. M. Mathulon, Dofteur en Mé- decine , qui prétend avoir d -montré la QuAùïa ure du Cercle, & le mouvement fer] e-.ucl, dans . eux brochures qui fu- rent tm rimes en 1726 , furpris dujï- l «ce que les fçavan* gardent 'à-deffus , & neanmeinsb en co; vaincu de la r. 'alité de fes découvertes, a mis en dépôt une j om e ce trois mille livres , pour être payée à quiconque démontrera publique- ment lafauffetédefa quadrature du Cer- cle, & il offre de faire un? gageure de dix mille :ivres, co' ire le premnr centre- àifant qui voudra l'accepter, au fujet de fa démonf ration du mouvement ter- petuel qu'il foiiier.t être recev.b'e : il a. cboijtpourj uge danse. tte affaire l'Acadé- mie Roy a' e de s Sciences, & s en tiendra à fa dkijion. Cet avis eft fuivi de la copie im- primée de l'acte pailëpardevant fVr- «0» 6c Vigniere , Notaires de Lyon , lequel contient tous les engagemen» de M. Mathulon, 6c établit en mê- me tems la réalité du dépôt de trois mille livres : il eft daté du 1 S Juillet de cette année. Mais pour donner toutes les facilités poiïibles à ceux qui pourraient s'avilcr de démon- trer à l'Auteur la fauflèté de fa qua- drature, 6c de fon mouvement per- pétuel ; il veut bien avertir qu'on trouvera les deux brochures dont il s'agit , foit à Paris , ibit dans le autres Villes du Royaume, chés les mêmes Libraires qui débitent les Mercures de France ; 6c comme il rc- nonceau prix de la vente , les Diùri- buteurs n'exigeront de ceux qui fou- haiteront les avoir, que cequ ils ju- geront être raifonnable pour leur» peines. SEPTEMB DE BEZIERS. M. Bomllct de l'Académie des Bel- les Lettres, Sciences Se Arts de Bor- deaux , Doéteur en Médecine de la Faculté de Montpellier , Profeffeur des Mathématiques, Se Secrétaire de l'Académie de cette Ville, vient de faire imprimer chez Et- Plufieurs Docteurs dont les appro- bations font imprimées à la tète de ce livre , lui donnent de grands élo- ges, ainii qu'a 1 Auteur qui ne nous cft pas encore connu. On trouve chv:z Jean-BaptifieCoi- gnard , Imprimeur du Roy , rue S, Jacques, au Livre d'Or, lel&alelle des mœurs de ce Jiccle & d. la mra'e de J.C. par le R. P. Jean Croifct de la Compagnie de Jefus. 2 vol. in-12. Cet ouvrage a été imprimé à Lyon. Le R. P.Caitel, pour fatisfaireà ï'emprefîèment de ceux qui lui ont témoigné qu ils feroient bien aifède garder le r'an aune Mathématique abrégée, qu'il a publie il y a quelque tems, vient de le faire réimprimer chez lierre Simon , au bas de la rue de la Harpe. Broch. in-40. pp. icS. il a jugé à propos d'ajoûterà cette fé- conde édition quelques éclairciflè- •mens que le Public lui paroifîbit de- mander. Nous ne pouvons qu*y ren- voyer les Lecteurs : ils ne les trou- veront peut être pas moins curieux, que le Plan même, dont nous avons \ S SÇAVANS, donné un extrait dans notre Journal du mois de Juin dernier p. 283. ] l.ibaut , Quay des Augullins , du coté du Pont S. Michel, au Roy de Portugal , débite la huitième feuil- le f\t l'indigent Fhilofophe , ou l'homme fans fo.ci. Broch. in-12. Cette ef- pecc d'ouvrage périodique écrit avec vivacité, mais où il effc allez difficile d'appercevoir qu d efl le but de l'Au- teur, cft, à ce qu'on prétend de M. de Afrf>7i4.'.'.v,quiadéjadonnéau Pu- blic le spi el.iti ur François , a-peu-près delà même manière , c\' quelques au- tres pièces dans le même goût. M. de Valenge a enfin raflcmblé en deux volumes in-16. tous les pe- tits traités qu'il a compofés fur la Grammaire latine & fi ançoife , il l'a intitule Orlhotalh Laine, ge. étale & u, 1 erfelle , qui cotn\ rend la méthode , qui enj igné le Latin en peu de tems & fans le ecoursd'ai un Maître, avec l'art d'enfeigner le latin aux enfin s , quand ils apprennent à l re &a parler. Ce livre le vend chez Jofepb Bulct , ôc chez JB. Lamejle. Dans le Journal d'Aouil 1717 page +4.7 Lgr.c? du premi c titre , liiez «* Gr/>pag 4.74. co1< premiei ligne a^iCezLycus. ', TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Septembre 1717. TTlfioire de Malte. Par M. l'Abbé de Vertot , page fjf *■ La Coutume de Normandie expliquée par M. Pefnelle J14 Dijfsrratton fur la eau je & la nature du Tonner e &> des EcLiirs , j 16 Critique de la Charlatanerie , &c. fécond Eijccurs j j fi Nouveau voyage au tour du monde par M. Le Gentil f 4 2 DDD. Gafparis Patris & Joannis ac Sebaft. Filioium a Hcrmofilla nor*, additiones & rcfolutiories ad Glollàs legum Paititarum D. G;cgorii Lopclii , 34g Suite du fyflcmc d'un Médecin Anglois , &c. f *> Mémoire pour les Dames Abbeffcs & Religieuses du Val de-Graee , & les Religieux dcl'Ab- R baye Royale de S. Cot mille de Compiegne , ej'C. Contre M. l'Evéque de Sotjjons , ff 1 Joannis Bupt. Bianchi riiûoria Hepatica', &c. C'ejl-à-dire , l'htsloire dr/fnye& de fes mala- dies , fffi Nouvelles découvertes en M edecine , &c. t y 8 Hijloirc généalogique des Tatars. ftfl Kanvdles Littéraires. S 69 L E JOURNAL DES SÇAVANS POUR ; L'ANNEE M. DCC. KKVIi. OCTOBRE* A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins , du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. X X V 1 I. AVEC TRI V J LEG £ DV ROT. L E JOURNAL SC A VAN S, OCTOBRE M. DCC. XXVII. l'HISTOJRE D£ JEAN DE BRIENN E ,ROY DE JERUSALEM & Empereur de Couftantinople. A Paris , chez Charles Moette , rue de la vieille Bouderie, ôc Pierre Simon, rue de la Harpe 1727. vol. in- 12. pp. foi. N Gentilhomme j vadàl'dcô Comtes de Champagne , & ca- det de fa maifon, de- vient Roy de Jerufa- lem, & Empereur de Conftantinople;voilà le fujet de cette hiftoire recueillie parle PereLafitau de la Compagnie de Jefus. Ce Gen- tilhomme nommé Jean de Brienne , naquit vers le milieu du douzième fiécle,&fut le troifiéme fils d'E~ rard II , Comte de Brienne , & d'A- gnès de Montbelliard. La maifon de Brienne avoit déjà donné de grands hommes & des Chevaliers d'une haute réputation , mais elle n'étoit pas relevée par les richeffes. Le Comté de Brienne t petite Ville dans le Comté de Bar fur Aube , faifbit la plus grande partie de fes biens. Auffi prefque D d d d ij 578 JOURNAL D tous les Auteurs qui ont parlé de cette maifon, remarquent qu'ils étoient très -pauvres , fur-tout les Cadets. Jean dont on écrit ici l'hif- toire , n'eut dans fon partage que quelques hameaux ou villages, dont le revenu , comme on peut juger , e'toit très-modique. Erard fon père n'étant pas en état de le produire dans le monde avec dignité-, le deftina à l'Eglifè où il lui voyoit une fortune pref- qu'aflurée, parce qu'il avoit dans fes terres la riche Abbaye de Beaulicu que les anciens Comtes de Bricnne avoient fondée, ou du moins à la- quelle ils avoient fait de grands dons , & qui e'toit ordinairement pofîèdée par quelqu'un de cette maifon- Jean de Brienne qui fe voyoit peu confideré dans la maifon paternelle, s'en déroba fecretement , Se fe retira à Clairvaux ; fes parais ayant fceul'a- zyle qu'il avoit choifî, fe eonfolerent de fafuite,parce qu'ils fe perfuaderent qu'ilprendroit l'habit de rOrdre,mais Simon de Broyés, Seigneur de Châ- teauvillain fon grand Oncle, ayant paiîe par Clairvaux, & y ayant ren- contré fon neveu , lui perfuada après quelques momens de converfation , de monter en croupe fur fon cheval. La chofe fut exécutée dèsl'inftant, &C Simon de Broyés enleva Jean de Brienne , pour l'inftruire dans le mé- tier de la guerre , 8c le faire fon Che- valier. L'Auteur raconte ici ce que c'e'toit de ce temps- là que l'emploi de Chevalier , & à quels travaux ilenga- geoit , puis il remarque que Jean de de Brienne formé par un tel Oncle , fe rendit habile dans tous les exercices militaires , 8c qu'ayant reçu l'Ordre ES SÇAVANS, de Chevalerie , après avoir paflé par toutes les rigueurs préliminaires de cet Ordre, il fe diftingua entre tous les Chevaliers de Champagne, qui l'emportoicnt alors fur toute la Che- valerie de France 8c d'Europe. Nous paflbns ce que l'on dit de l'air ma- jestueux de Jean de Brienne, de la grandeur 8c de la proportion de fa taille, 8c un grand nombre de di- gre/fions, pour veniï à ce qui con- cerne pre'cifement Friiftoire dont il s'agit. Ce Comte fut joindre l'ar- mée des Croifcz déjà en marche , pour faire le Siège de Conir.anr.ino- ple. Les Latins réduits en cette oc- Galion à la neetffité de vaincre ou de périr, fe virent forcez d'affieger une féconde fois cette grande Ville. Ils le firent avec tant de refolution. 8c d'animofité, qu'ayant emporté la Ville au fécond afîàut, & s'en étanc rendu Maîtres, l'Empire pafîà alors des Grecs aux François dans la per- fonne de Baudouin, Comte de Flan- dres 8c de Hainaut, lequel ayant été élu à la pluralité des fuftrages , fut couronné fblennellement Empereur dans l'Eglifè de Sainte Sophie. Jean de Brienne fignala fa valeur dans ce Siège , 8c s'y diftingua d'une maniè- re finguliere. Paul Emile, après avoir fait l'é- loge de la nobleflè de Champagne qui s'étoit croifée avec le Comte Thibault pour cette expédition , ajoute que Jean de Brienne y ren- dit fon nom illuftre, auflî bien que îe Comte de Saint Paul. Du Hailtan en a parlé à-peu-près dans les mê- mes termes ; fur quoi le P. Lafitau remarque quePaul Emile 8c du Hail- lan n'ayant nommé que Jean de OCTOBR Brienne & le Comte de S. Paul , en- tre tant de Seigneurs François qui fe croilèrent dans le même t.mps, .& qu'ayant fait mention de Jean ue Brienne avant le Comte de S. Paul qui étoit un des principaux Chefs , on doit conclure qu'ils donnent la principale gloire à Jean de Brien- ne. Il avoue cependant que Ville- hardouin qui a .parlé au long de cette expédition de Conftantinople, garde un profond filence fur Jean de Brienne , qu'il ne le nomme pas même une feule fois. Il prétend que e'eft fans doute ce filence qui a fait croire à quelques modernes que Jean de Brienne ne s'étoit pas même trou- véàceSiege,Sc qui leurena faitcher- eher des raifons dans l'impoflibilité qu'il pût s'y trouver, & être en mê- me temps dans la Poiiille où il a voit fuivi fon frère le Comte Gautier. Le Père Lafitau répond que le filence de Villehardouin ne prouve rien , ou qu'il prouve trop , parce qu'il s'en- iûivroit que Jean de Brienne n'au- roit été ni de l'une ni de l'autre ex- pédition, & qu'il n'auroit pas mê- me été du nombre des Croifêz ; ce qui eft certainement faux. Villehar- douin avoit occafion de parler de ce Comte, au fujet de ceux qui fecroi- ferent d'abord , dont il nomme un très-grand nombre , & en particu- lier, le Comte Gautier, frère de Jean de Brienne. Il pou voit encore en par- ler, au fujet de la rencontre que Jean de Brienne fit fur le Mont Cenis du même Gautier & de ceux de fa fixi- té dont il nomme les plus diftinguez : cependant le nom de Jean de Brienne ne fe trouve nulle part dans fon ou- vrage , non plus que fi ce Comte n'a- E ï 717; 579 voit jamais exifté ; ce qui donne grand luu defoupçonner que le filence de Villehardouin eff. une pure affecta- tion, ou du moins une négligence confiderable. Le Père Lafitau rap- porte fur cela un fait qui infirme ex- trêmement la preuve qu'on pour- rait tirer du filence de Villehardouin, contre Jean de Brienne, c*eft que Vil- lehardouin a égalementoublié Pierre de Plancy , dont Nicetas a fait un éloge accompli dans le portrait qu'il" donne de ce grand homme. Plancy „ dit Nicetas, ayant au dernier aflàut, enfoncé une des portes de la Ville dans le moment qu'on eût gagné la première tour, fe prefênta devant le corps que commandoit Murfuphle en perfonne ;èc s'y prefênta avec la confiance d'un homme qui croyoit pouvoir détruire lui feul les batail- lons entiers. Sa taille gigantefque 6c fon regard farouche mirent une telle terreur dans les Troupes qui compofoient la garde de l'Empereur, que toutes de concert fê mirent à. chercher leur fâlut dans la fuite, 8c abandonnèrent les hauteurs où elles étoient portées, fuyant par milliers devant cet homme unique , fur le- quel cependant elles avoient l'avan- tage du terrain. Ce Trait fi bien relevé par un- Grec , devoit , comme l'obferve le Père Lafitau , l'être encore plus par un François , qui aurait dû le faire honneur de l'action héroïque d'un homme de fa Nation, & mê- me de fa Province. Car ce Pierre de Plancy dont parle Nicetas , étoit un Chevalier d'une maifon quali- fiée de Champagne , dont le nom fè trouve encore dans un acte de 5$o JOURNAL D Thibaut, Comte de Champagne, 6c Roy de Navarre, en date delà Fctc de Noël de l'an 1224. où Philippe 6c Guy de Plane v font nomme?, au nombre des Bavons 6c principaux Vaflhux de ce Prince. Mais au flcnce de Villchardouin qui n'eft qu'une preuve négative , on oppofe le témoignage exprès 6c pofitif d'un Auteur illuftre 6c con- temporain , c'eil Conrad , Abbé d'Urfperg, de l'ancienne rmifon de Lichtenau , lequel n'a pu ignorer ce qui fe paflôit alors. Voici comme il s'explique fur Jean de Brienne. » En ce temps-là s'éleva en France « un Pre'dicateur nommé Foulques, » par les exhortations duquel plu- « fleurs prirent la Croix , non-iêu- « lement en France , mais encore s< chez les autres Nations où fa ré- » putation s'étoit répandue. Deux » Comtes de Brienne nobles à la »» vérité, mais pauvres, quiétoient » de ce nombre , vinrent en Italie 3> trouver le Pape. L'un fe nom- » moit Gautier 6c l'autre Jean. Le « Pape donc envoya Gautier dans 3' la Campante pour faire la guerre » à Diepol . . . Pour ce qui cil de '» Jean , il fe joignit aune armée de 3» Chrétiens, dans laquelle étoient 9 plufieurs grands perfonnages de a» France, d'Allemagne, d'Italie, 6c 5> fur-tout des pays des Vénitiens , >» qui s'étoient aflémblez fous Je fpe- m deux pre'texte de fane le voyage a* de Jerufalem, mais qui allèrent :< débarquer dans la Grèce. Le Père Lafitau fait fur ce paflà- ge divcifcs obfervations judicieufes. 11 remarque que Conrad qui parle ici en Allemand zelé pour les inte- ES SÇAVANS, rets des Empereurs , 6c en homme paflionné contre les Papes, nous ap- prend cependant trois fûts ': Le pre- mier, ccft que les deux Comtes de Brienne, fçavoir , Gautier 6c Jean étoient croifez. Le fecond,qu'ils allè- rent l'un 6c l'autre à Rome,où il pou- voit les avoir vus lui-même, pour peu qu'il y eût léjourné , puifqu'il y étoit lorlque la Reine Sibille v arri - va avec les Seigneurs Napolitains a qui l'Empereur Henry avoit hit crever les yeux, 6c lorfque le Pa- pe les produifit en plein Conhftoi- rc , pour animer par ce fpixtacle tont le monde contre Philippe de Suaube, frère 6c fucceueur de Hen- ry. Le troifiéme fut, c'eft que Jean de Brienne alla joindre l'armée qui fît le Siège de Conitantinople. Sur quoi il faut remarquer avec le Père Lafitau , que i'Abbé d'Urspcrg , fé- lon l'ufage des Annaliftes , 6c des Auteurs de chroniques, ne touche que fommairement 6c le plus fuc- cintement qu'il fe peut, les faits mê- mes les plus eflèntiels ;qu'ainfi quoi- qu'il fe borne à dire que Jean de Brienne fuivit fon frere jufqu'à Rome,ilncs\nfuit pasque Jean de Brienne ne lefuiviftque jufqucs-la , il eft bien plus raifonnablc de croire qu'il voulut aider fon frere dans fà conquête de N aptes , refolude s'em- barquer enfuite dans la Pouille, fc- ion le projet qu'en avoient fait tous ceux qui étoient de cette expédition, ainfi que te rapporte Villchardouin. En eftet , obferve le P. Lafitau , Jean de Brienne ne quitta fon frere Gau- tier, que (crique le voyant paifi ble , H crut devoir aller accomplir Ion vœu. Il n'y a au refte aucune impofn- OCTOB bilitc de la part des deux expéditions • puifque Gautier 6c Jean de Bricnne qui l'avoit fuivi , étoient enfcmble en 1 20 1 , &c que les Croifcz ne par- tirent de Venift qu'en 1202, n'arri- vèrent devant Conftantinople , qu'à la fin de Juin 1203, Se ne le rendi- rent maîtres de la Ville la féconde fois,que vers la fin duCarême de l'an- née 1204. Notre Auteur , après quelques autres obfervations hiftoriques, re- marque qu'il eft non-feulement bien eonftaté chez le plus grand nom- bre des Auteurs ; que Jean de Brien- 11e fe trouva au Siège de Conftan» tinople,mais même qu'il y e'toit dès- lors extrêmement confideré , &: fi eonfideré , que plufieurs le mettent parmi les Electeurs qui furent nom- mez pour choifir un Empereur, ôc quelques-uns au nombre des Candi- dats. Quoiqu'il en foitde ce dernier arti- cle, que l'Auteur convient n'être pas fans çonteftation ( mais qu'il éclaircit néanmoins d'une'maniere allez plau- fible;on peut,felon lui,regardcr com- me un fait certain , que Jean de Bricn- ne étoit auSicgede Conltantinople j qu'il s'y difti ngua d'une manière fin- guliere en plulicurs occafions ; qu'il y étoit déjà dans une allez haute réputa- tion pour pouvoir aller de pair avec les plus grands Princes; Se qu'enfin il s'y acquit dès-lors une cftime géné- rale qui le fit préférer à tous les au- tres, lorfqu'il fallut choifir à l'heri- tiere de Jerufalemun époux capable de rétablir les affaires de la Chrétien- té dans l'Orient. Les Terres de l'Empire d'Orient ayant été partagées entre les diiïc- R E 1 7 2 7. 5-81 rens Seigneurs qui avoient eu part à la conquête de la Ville Impériale •■ Jean de Bnenne, dont l'unique vue étoit d'atacher fa fortune à celle du Comte Gautier fon frère, qu'il fou- haitoit ardemment de revoir , ne voulut rien accepter dans la Grèce,, & ne fongea qu'à s'acquitter de fbn vœu, & paflà dans laPaleftine. Il n'eut point d'occafion d'y Jignaterfon courage. La Trêve qu'on avoit faite avec les Sarrazins du- rait encore, & c'était moins que jamais le temps de la rompre. Car quoique cette Croifade dont la pri- fe de Conftantinople étoit le fruit, eût procuré pour l'avenir, un bien réel à la Pakftine, cependant à con- fiderer les chofes dans les fuites, elle lui avoit fait un mal prefent très- confiderable , par une diverfion qur la priva des grands avantages que tant de forces réunies au- roient pu remporter dans un temps où celles des Sarrafins étoient toutes- divifées. Mais ce fut bien pis encore quand on y eût receu la nouvelle de la prife de cette fuperbe Ville. La joye qu'elle infpira, & l'envie que chacun eut d'avoir part à la con- quête de la Grèce, y caufaune dé- fertion fi étonnante , qu'Emery de Lufignan, Roy de Jerufàlem fe trou- va prcfque feul ; de forte que fi la penfée étoit venue aux Sarrazins de rompre la Trêve, ils fe fuflènt ren- dus maîtres de tout le pays. Les Lé- gats mêmedu Pape, féduits parl'ef- perance flateufe d'un plus grand bien, furent les premiers à donner l'exemple de la retraire . 8c à l'auto- rifer, en exhortant les Croifcz à les fuivre, & en leur donnant l'abfolu- fSz JOURNAL DES SÇAVANS, tion Je leur vœu. Il n'y eut qu: la cre, 6c Aymar , Seigneur de Cefâ- PrinceflêMariedeChampagne,épou fe«ie l'Empereur Baudouin , qui ne put les accompagner , quoique fon départ eût été le plus légitime. Elle mourut à Acre de la douleur que lui avoit caufé la violence qu'on lui avoit faite de la tenir fi long-temps féparée de fon époux, ôede la joye dont elle fut fâifie, dans l'efperance de revoir inceflàmment cet époux qui la faifoit Impératrice. Jean de Brienne n'eut donc dans la Paleftine d'autre occupation que celle de fatisfaire à fâ dévotion,en vifi- tant les faints Lieux. Il étoit déjà con- nu à la Cour duRoy de Jerufalem par fes exploits , & fa prefence le mit en- core dans une plus haute eftime ; mais la trille nouvelle qu'il reçut alors de la mort de fon frère Gau- tier, dont les circonfhnces fingulie- res font ici racontées au long, l'obli- gea de hâter fon retour, 6c de venir promptement en Italie, où il trou- va les chofes dans un état qui ne lui permit pas d*y faire un long fejour. Il repaflà en France la même année de la mort de fon frère, & il y de- meura jufqu'à ce qu'il fut élu Roy de Jerufalem en la manière que nous allons dire. Ce Royaume, après bien des ré- volutions qu'on peut voir dans no- tre Hiftorien , s'étant trouvé fans Chef en 1208, les Barons jetterent les yeux fur Jean de Brienne , pour lui faire époufer la Princeflè Marie leur Reine, ne croyant pas pouvoir choifir un homme plus digne de ce rang, ôc dont la réputation pût mieux jultifier leur choix. Ils députèrent aufli-tôt en France l'Evèqae d'A- rée , pour en faire fokmncllement la demande au Roy Philippe Auguf- te. Les Ambaflâdeurs abordèrent à Marfcille, d'où ayant pris le chemin de la Cour, ils y arrivèrent bien-tôt, Se firent leur proposition au Roy qui les reçut avec de grandes dé- montrrations d'amitié. 11 agréa leur demande, ôc nomma Jean de Brien- ne , les aflùrant qu'il leur donnoic un homme propre à réuflïr dans « ces pays-là , un grand Capitaine, te très-entendu , ôc très-fijr dans le « métier de la guerre , qui joignoit «t à une grande expérience , une k grande activité, un grand fens, « ôc une prudence coniommée. « Jean de Brienne , à qui l'on dc- pelcha fur le champ , pour lui ap- prendre ce qui venoit d'être fait en la faveur, fe rendit promptement à h Cour , où après avoir remercié le Roy avec tous les témoignages de refpect ôc de rcconnoillance qu'on peut imaginer dans une occafion de cette nature, il figna les articles de fon Contrat de mariage , promit avec ferment de fe rendre dans la Pakfti- ne , 6c demanda deux ans pour fe préparer à ce voyage. Le Roy Jean de Brienne prefle d'exécuter fa promeflè, lolhcita le fecours de toutes les puilîânces en tâchant d'exciter leur zele ôc leur compaifion fur les befbins prefl'ans de la Terre-Sainte. Tandis qu'il agif- foit dans toutes les Cours par fes En- voyez , il paflà lui-même à Rome i efpcrant que le Père commun des Fi- delles , dont il n'ignoroit pas les bon- nes intentioas, lêroit un effort en la OCTOB £à faveur, 5c renouvel leroit fes inftan- ces auprès des Princes Chrétiens ; mais les troubles où étoit alors l'Eu- rope, Se dont le PereLafkau fait la defcription,ne permirent pas au Pape de fuivre en cette rencontre fon in- clination ,Jean de Brienne fut oblige' de revenir en France , fans avoir pu obtenir autre chofe que quarante mille livres Tournois, que le Pape emprunta des Romains , Se qu'il lui prêta fur la Comte' de Brienne que ce Prince engagea pour cette iomme. Philippe Augufte, maigre les be- fbins où il étoit lui-même, lui donna en pur don, une pareille fomme,Sc trois cens hommes d'armes , avec les- quels il s'alla embarquer à Marfeille, après avoir mis ordre à fes affaires domeftiques en Champagne où il étoit encore au mois de Juin ixio, comme il eft prouvé par quelques actes. Sa navigation fut heureuiè. Il ar- riva en peu de temps à Conitanti- tinople, où l'Empereur Henry qui avoit fuccedé à fon frère Baudouin, Se qui gouvernoit l'Empire , le re- çut avec tout l'accueil que meritoit un Prince qui avoit contribue à la conquête de cette fuptrbe Ville. Il le combla de bienfaits, Se lui donna un nombre fuffilânt de vaiflèaux, pour lui fervir d'efeorte jufques dans la Paleftine. Jean de Brienne mouilla au Port de Cayphas , d'où ayant pris fa route par terre pour aller à Acre qui en eft peu éloignée, h Patriarche informé de fon arrivée, fut au-devant de lui en Procdlion av :c tout fon Clergé, le'- Barons fuivoient avec les troupes fous les armes , Se une multitude in- Ottolte. — R E 1717. 5-83 finie de peuple. Ce Prince fut aiiiii conduit en ce'remonie à la Cathé- drale, où après avoir rendu à Dieu de folennelles actions de grâces , il voulut dès le même jour qui étoit la veille de l'Exaltation delà Sainte Croix, accomplir fon mariage avec la Reine, Se recevoir les hommages Se les fermens des Grands Se des Ma- giftrats. Peu de jours enfuite, le Roy Se la Reine fuivis de toute la Cour , ayant laiflé dans Acre une garnifon aifez forte pour la défendre, fetranf- porterent à Tyr , où ils furent cou- ronnez le jour de la Fête de Saint Michel. Jeatt d'Ibclin , Seigneur de Ba- ruth, Se oncle de la Reine , lequel en qualité deRégent avoit gouverné le Royaume jufqu'à l'arrivée du Roy , lui remit les renés de l'état ; mais cet état fe trou voit alois dans une lîtuation des plus triftes : c:>m- me ceux qui s'étoient unis pour la conquête du Royaume de Jerufa- lcm , étoient des Princes Se des Sou- verains raflcmblcz de divers pays , il étoit difficile qu'il pût y avoir long- temps entr'eux un concert unanime Se un efprit de fubordination tel qu'il le faut dans tout état monarchi- que, pour qu'il puilTe fe foûtenir : en effet , comme le remarque l'Hif- torien , les Roys n'y eurent jamais une autorité qui les fift véritable- ment Roys. Obligez de partager leur conquête avec ceux qui les avoient aidez à la faire, Scquiyou- loient avoir un établi ilèment folide dans ces pays lointains, ils étoient contrains de fe contenter d'un hom- mage , qui fouvent n'avoit point Eeee 5S4 JOURNAL DES SÇAVANS, de réalité, chacun fe faifànt une la Syrie dans les plus grands be- » Souveraineté a parc , Huis vouloir rc- connoître de Supérieur. Le peuple imitoit les Grands, 6c fembioit en quelque forte avoir fecoué le joug. »> Confus afîèmblagc de ce qu'il y » avoir, de plus mauvais , 6c de ce »> qui e'toit le rebut des Nations dif- 3. ferentes dont il croie compofé,8c » dont chacunavoitconfervéles dé- » fauts particuliers 6c le caractère » antipatiquedelaiienne, il le trou- ai voit que ces hommes pour la pi û- î» paît, à qui l'envie de courir, ou s> la neceflité de le mettre à couvert « des pouriuites de leurs crean- » ciers, avoit fait prendre la Croix, '> plutôt qu'un vrai motif de dé- » votion , e'toient pires dans les » lieux faints que dans leur patrie, »> 6c s'alandonnoient au libertinage » avec une licence d'autant plus ef- " frenée qu'ils avoient deux portes »» toujours ouvertes pour éviter la >» punition de leurs crimes , dont »» l'une e'toit le retour dans leur pays , » Se l'autre l'apoftafie , en fe lâu- » vant chez les Infidelles. » Pour ce qui ell de ceux que » l'envie feule de viliter les lieux « faints, y attiroit, fans qu'ils euf- w lent aucun deflein de s'y e'ta- î> blir , ceux-là fouvent forcez de s» faire le voyage par la crainte des a» cenfures après un vœu formé trop »» légèrement, 6c fuivi d'un prompt s» repentir ; à peine crovoient - ils >< avoir accompli leur vœu de quel- * que manière que ce fût , que re- « butez de toutes lesdiigraccs qu'ils i» avoient efluyées, 6c prelîèzde re- voir leurs foyers , leurs femmes foins. Par toutes ces raifons , 6c un grand nombre d'autres que notre Hilto- rien laiflè entrevoir ; les Croiiadcs ayant mal réiiflî, le Royaume de Jc- rufalem n'étoit prefque plus qu'un vain titre , 6c fe trouvoit réduit , quand le Roy Jean de Brienney ar- riva, à la Ville de S. Jean d'Acre, à celle de Tyr, 6c à quelques autres- p entes places de petite importance. Autant que les affaires du Chrif- tianifme étoient dérangées dans l'A- ile, autant celles des Sarrazins y e'toient en bon e'tat. L'Auteur ra- conte à cette occafion , les profperi- tez de Saphadin, dont le pouvoir dans ce pays n'avoit prefque point de borne. Mais lorfque Jean de Brienne monta fur le Thrône , la ter- reur de fon nom porta l'épouvante dans le cœur de Saphadin , 8c les Sar- razins qui ncrefpiroientque la guer- re, furent obligez de faire une fuf- penfion d'armes. Jean â JOURNAL D te hier de France, £c épouià M rie d' Condi, veuve d'Alexandre, fé- cond Roy d'Ecollè. Alphonfc,Com- te d'Eu par la femme , fut grand- C riambeïlan , & eut une longue pos- térité, dans laquelle fe trouvent deux Connétables de France ; le troifié- me fils fut Louis , Vicomte de Beau- mont, dont une tille fut mariée dans la maifon des Comtes de Laval &de Vitré. Jean de Bricnne eut une tendrefle particulière pour fa maifon, Se prit un foin extrême de Herard de Bricn- ne fon coufin , Se de Gautier ion ne- veu ; il aima furtout ce dernier , comme s'il eût été fon propre fils. Il l'éleva dès le berceau, Se lui fer- vit de père. Gautier de fon coté fit un honneur infini à l'éducation qu'il a voit reçue de Jean de Brienne. No- tre Hi'ftorien rapporte que ce Gau- tier qui cit celui qui fut furnommé le grand Cdmte de Brienne, Se le même dont parle Joinville fous le nom de Comte de Japhe,fut un grand homme de bien Se un Prince vail- lant Se magnanime. Ayant été pris par les Chorafmins que les Tartarcs avoient chaffé de Perfe, Se qui étoient venus avec le Roy au fecours du Sultan d'Egypte, ces Barbares le pendirent par un bras à un arbre de- vant la Porte de la Ville de Japhe, afin de l'obliger parce fupplice , à engager fes fujets à rendre la place ; mais ce Prince vrayment héritier des nobles fentimens de fon perc, qui étant prifonnier du Comte Diepo- le , aima mieux mourir quedefouf- Frir une lâcheté, leur crioitde tou- tes fes forces qu'ils eu (lent à le bif- fer mourir dans les tourmens, (ans fc mettre en peine de lui , Se qu'ils ES SÇAVANS; fe défendaient de leur mieux. De- là, ayant été conduit en Egypte, les Sarrazins ennemis de (à bravou- re, ce peut-être en haine de la re- ligion, le mirent en pièces, & le ha* cherent par morceaux. Saint Louis voulut avoir fes offemens par le traité qu'il conclut avec IcSouldan d'E- gypte , Se il les donna, dit Joinville, a Madame de S.cte fa coufine,qui les fit inhumer folemnellement à Acre, Se lui fit faire des obfeques magnifiques où Saint Louis voulut affilier. La maifon de Brienne a certaine- ment produit un nombre confidera- blc Je grands hommes qui ont fait honneur à cette maifon Se à leur nation ; mais le Père Lafitau remar- que que celui de tous dont le mérite a le plus éclaté, eftjeandc Brienne dont il vient de donner Fhiftoire , Se qui ayant été la fource de la grandeur de ceux de cette mai- «• fon , a laifîéaux perfonnes de qua- « lité un exemple qui doit les ani- « mer à faire valoir les talens qu'ils « ont reçus du Ciel , Se à n'eftimer « les prérogatives du fang, qu'au- V tant qu'elles leur peuvent fervir « à s'élever à la gloire, mais à une te gloire qui reçoive tout ion prix * Se tout fon éclat de la vraye ver- « tu. « Le Père Lafitau termine fon hif- toirc par un éclaircilîêment fur l'al- liance des Comtes de Brienne avec les Comtes de Champagne. Cet éclaircilîêment eft trop court pour pouvoir fouffrir un abrégé. Se trop long, quclquecourt qu'il foft d'ail- leurs, pour être expoié ici dans fon entier , il faut le lire dans le Jivr-e même. OCTOBRE 1727. 587 CONTINUATION DES MEMOIRES DE LITTERATURE ET D'HISTOIRE. Tom.IV. p. 1. A Paris , chez Simart, rue S. Jacques ,' au Dauphin, 1727. UNe pièce longue & curieufe occupe la plus grande partie de ce volume. C'eit une lettre de feu M. l'Abbé Boifot à M. PeUffon , contenant un projet de la vie du Car- dinal de Granvelle, & un état des Mémoires & papiers de ce fom ux Miniftre : M. l'Abbé Boifot de Fran- che-Comté , allez connu dans la Ré- publique des Lettres , tenoit un rang confiderable dans la Province ; à la tête de ce recueil, on trouve fon élo- ge par M. Moreau, Avocat General en U Cour des Comptes de Bour- gogne. M. Boifot nous apprend que le Cardinal de Cranre lie ,coniërvoit tou- tes les lettres qu'on lui écrivoitjuf- qu'aux lettres de compliment. Ces Lettres après la mort du Cardinal, fu- rent portées dans un galetas, & aban- données à la pluye, aux rats, aux Epiciers, & même aux dernières i ai- g>: tez.. M. Boifot dit qu'ayant ra- maiîé U s débris de ce grand nauf- frage, & y ayant ajouté plufieurs pièces origmaks , décerrées en di- vers endroits, il les a fait relier, & en a comnofe plus de 80 gros volumes in-folio , qui contiennent «ne fort grande quantité de Lettres originales des empereurs Charles V, Fer.'inandl, Se Maximilien II; de !•' ii pj - II, roy d'Efpagnr, ele Marie . Reinede Hongrie , d'Eleo- nore reine de Frauc, de Marie Stuard reine d'Ecofih, de Chnfti- nc de Dannemark ducheflê de Lor- raine, des deux Marguerites d'Au- triche , gouvernantes des Pays-bas. Plufieurs de ces lettres qui font écrites de leur main , découvrent fouvent les raiions fceretes qui fai- foient agir les Princes , leurs irré- folutions, leurs agitations , leurs paf- fions & to a s les replis de leu rs cœurs. On y apprend les intrigues, les ca- bales , les mécontentemens , les cha- grins, les prétentions des Courtifans de ce temps-là, Se quelquefois l'o- rigine des plus grands évenemens. De ces 80 volumes, il y en a deux qui contiennent les Lettres du Car- dinal à M. de Belldontaine, fon cou- fin germain , & qui font prefque toutes de fa main. Dans ces Lettres, dit M. Boifot, le Cardinal ne le dé- guife point; il ne cache pas même le chagrin que lui donnoient la len- teur, les injuries défiances , & les foi- blellès de Philippe II ; il y fait voir cependant un zèle ardent & finecre pour le même Roy , dont les ma- nières lui plaifoient fi peu ; un ef- prit folide & pénétrant, une gene- rofite' admirable à l'égard defes plus plus cruels ennemis, une fermeté à l'épreuve de toutes les intrigues de la Cour ; un parfait mépris de la flatterie & des flatteurs, une droiture incapable du moindre déguifement, un cceur noble , au-defliis de la ca- lomnie 6c de la medifance , quoi- qu il n'y fût pas infcnfible r Jamais de penfees faunes, jamais de fend- illent bas ou foibles, jamais de rna>- 58S JOURNAL DE ximes licentieufes, ou violentes ;au contraire partout de la bonté, de la libéralité, de l'amitié, de la pro- bité, de la véritable pieté , & fur la fin de lîi vie un grand dégoût du monde & une forte réfolution de quitter la Cour. C'eft ce grand homme cependant , ajoute M. Boifot , que Strada a dé- chiré dans ion hiitoire , ou pour mieux dire , dans fon panégyrique d'Alexandre de Parme. Il a même affecté entr'autres chofes de raporter deux faits inutiles&faux ; l'un, que le Cardinal ctoit fils d'un vil artifan; l'autre, qu'en fa vkilldlé, il avoit aimé les femmes. On voit ici ces deux articles réfutés. L'Auteur donne enfuite quelques extraits des Lettres contenues dans fon grand recueil. Voici par exem- ple ce que Charles V écrit à Char- tes de Lanoy, Viceroi de Naples , après la bataille de Pavie. » Puif- j» que m'avez prins le Roi de Fran- 3> ce, lequel vous prie me bien gar- ai der & le demourant , comme je » fuis fur que bien le fçavez faire, '» je vois que je ne me lçaurois ou i) employer, fi ce n'eft contre les » infidèles ; j'en ai toujours eu vo- » lonté, 8c à cette heure ne l'ai s» moindre ; aidez à bien dreflèr les • » affaires, afin qu'avant que je de- '» vienne plus vieux , je faiîê chofè « par où Dieu peut être fervi , êc « que je ne fois à blâmer. Je me dis >» vieil , parce qu'en ce cas le temps » paflé me femblc long, Se l'ave- » nirloing; 5c a tant fais fin, que « toujours me trouverez votre bon »« Maître , CHARLES. Uneautre lettre de ce grand Prince à uaGen- S SÇAVANS, tilhomme finit ainfi : De U nain de votre vrai bon Maître CHARLES , & qui jamais tu vous faudra. Lorfque Philippe 11 fit fon pre- mier voyage en Flandres , Renard ambaflàdeur de l'Empereur à la Cour de France écrivit fincere- ment le peu de cas qu'on y avoit fait de ce Prince. Le Cardinal de Granvelle lui répondit ainfi. « Ce que les François jugent des con- « ditions de Monleigncur notre « Prince , lui imputant qu'il foit -t hautain & trop retiré , ne m'a pas « ébahi de rien , connoiifant allez « leur coutume. Mais je fuis en opi- « nion que dans le fecret de leur ef- « tomac, ils fentent qu'il foit fi gen- timoine Se plufieurs remèdes topiques. Après ce détail des remèdes de Planis-Campi, il traite des loupes, il examine , mais Superficiellement , comme il dit , la manière dont s'en- gendrent les loupes, Scies différen- tes matières qu'on y trouve, i 1 coi le encore plus légèrement lur ce qui en regarde la eu rc. Au traité des loupes fuccede ce- lui du cancer. L'Auteur , après d> ' .' JFfff ' $9z JOURNAL D1 vers raifbnncmcnsde fa façon, fur la nature 6c fur les caufes de cette maladie , en examine la cure , 6c fe propoie de montrer que l'opération n'eft pas un fur moyen de la guérir , parce que ce n'eft pas un mal pure- ment local . Tous les anciens Méde- cins, après Hippocratc 6c Galien , ont propofé l'opération du cancer , & quelques-uns d'entr'eux , comme l'obicrve notre Auteur, l'ont pra- tiquée : Paul Eginette qui la décrit avec exactitude, laconfeille ;Rha- fis, GuideChauliac,Platerus,Jou- ber,Fabrice d'Aquapendente, & Ett- muler font de même fentiment. Schinkiusen fait l'éloge , Se Paré , comme notre A uteur continue de re- marquer , dit que fi le cancer eft petit Se en lieu qui puitlê fouftxir l'am- putation , on la doit faire : il eft d'a- vis pour cela que l'on retranche tout ce qui eft corrompu,i'«i*> même , dit- il , que l'on coupe un peu davantage. Les grands Chirurgiens depuis lui fuivoientallèzcettemethode,carlorf- qu'il étoit queftion de l'opération du cancer des mammelles , ils ne fe con- tenaient pas d'amputer toute la fubi- tance transformée en cancer • ils en- fcvoient ainfi une partie du mufcle pc&oral,8c l'enlevoient jufqu'aux côtés qu'il couvre, de peur d'y laif- fer quelque levain qui pût renou- voller le mal. Les Praticiens de nos jours ont adopté la même méthode ; elle a été pratiquée en France depuis quarante à cinquante ans, Se elle y eft encore en ufage ; mais ceux qui la pratiquent aujourd'huy, évitent avec raifon, de toucher au mufcle pectoral, lorfqu'il n'eft point inte- reflé par le cancer. Au refte, il faut :s SÇAVANS, bien diftinguer ici les glandes fchir-» reufts, loit des mimrm.ll(.s,'ioitdes autres parties d'avec les glandes chancreufes. Pluficurs Chirurgiens de nos jours ont enlevé avec fuccès des glandes fchirreufes desmamm. 1- ks,ScM.Helvetius le père, inven- teur d'une Tenene , pour faciliter cette opération, a beaucoup encou- ragé les Chirurgiens à l'entrepren- dre, fur-tout en les afiûrantqueM. fon Père, Médecin à la Haye, en avoit extirpé plus de deux mille ; mais lorfque le Ichirre tient du can- cer, notre Auteur prétend que l'ex- tirpation ne réuifit jamais, quelques circonftances favorables qu'il fè trouve d'ailleurs dans le cancer. Toute tumeur devenue fchirreu- fe, foit aux mammelles ou en quel- que autre partie propre à l'opéra- tion , peut être guérie par l'opéra- tion , ou par les confomptifs ; deux façons de s'y prendre qui font afl'ez équivalentes, tant pour les foufFran- ces des malades, que pour les incon- veniens qui en réfultent. En effet , comme l'obferve l'Auteur, fi les con- fomptifs paroiflent moins efFrayans & moins cruels que l'amputation, celle-ci ne fe pouvant faire que par ane grande perte de fubftance, 6c par la ligature des vaiflèaux , ce qui caufe une exceffive douleur , l'action- des confomptifs égale bien le tour- ment de l'amputation, d'autant que l'amputation fe fait tout de fuite, Se qu'il faut renouveller plufieurs fois l'application des cauftiques pour" confumer totalement la fubftance étrangère. Quand il s'agit donc de tumeurs fchirreufes,on peut,iélon notre Auteur , délibérer fur le choix OCTOBR de l'une ou de l'autre de ces deux méthodes , parce qu'il y a lieu d'ei- perer guérifon , mais quand il s'a- git de cancers véritables, il eft inu- tile de s'embarrallèr de ce choix, puifque ni l'amputation ni les con- fomptifs ne peuvent être alors d'au- cun fecours, & que tout malade qui s'abandonne à l'un ou à 1 autre de ces traitemens , ou périt peu après , ou le voit quelques mois enfuite atta- que du même mal , quelques précau- tions que l'on prenne pour l'en ga- rantir. Il fembleroit à ce difeours que le cancer foit abiblument incurable , & qu'il ne refte aux perlbnnes affli- gées de ce mal, aucune reilburce. Mais c'eft tout le contraire félon notre Auteur : il prétend que l'on peut guérir radicalement les vrais cancers provenans de cauie intérieu- re , Se cela par les feuls remèdes in- térieurs , quand même les cancers feraient ulcérez, pourvu que le ref- te du corps foit bien couftitué , que Je malade ne foit pas d'un âge trop caduc , & qu'il ait des forces fufH- fantes pour foûtenir l'effort des re- mèdes. Dans ce cas l'Auteur croit le cancer plus facile à guérir que les écrouelleSjôc s'il arrive qu'il devienne incurable, ce n'eft , fclon lui , que par la faute des malades qui fe déclarent trop tard , ou qui fe mettent en de mauvaifes mains. Au refte, ce qui lui fait dire qu'on ne parviendra ja- mais à la cure du cancer , ni par l'am- putation , ni par les efearrotiques , c'eft qu'on ne fçauroit, ni par l'un ni par l'autre, enlever lacaufe anté- cédente du mal , laquelle a fon fie- ge dans les fluides, & que l'on cou- E ï 7 r f _ 5-03 pe fimplemcnt la tige, en laiflant fubfifter les racines qui ne provi- gnent que mieux dans la fuite. Il conclud de-là que ce n'eft pas fans raiibn que Celfe a dit de l'amputa- tion des vrays cancers, ou de leur confomption par les remèdes efear- rotiques, que l'humeur qui les en- tretient , n'ayant plus lieu de fe dépo- fer aux mammcllcs, ni de fe déchar- ger au lieu ulcéré, refte dans la mal- le qui la dépofe enfuite fur quelque autre partie où elle produit un nou- veau cancer , ou quelque autre mal aurfi cruel. Il refte ici à notre Auteur deux chofes à faire. La première de carac~ terifer le véritable cancer , & de le caraéterifer fi bien qu'on ne puiflè le confondre avec ces tumeurs lchir- reufes que l'amputation ou les con? fomptifs gueriflènt ; la féconde, de déclarer quels font ces remèdes in= terieurs , aufquels les cancciN mê me ulcerez,font obligez de céder. Quant au premier point, il n'y fatisfait pas ; pour le fécond il conieille eu gênerai ,à ceux qui ont des can- cers, d'ufer de bouillons faits avec la ruelle de veau , les vipères , les écrevilîès , les cuiflès de grenouilles f St quelques plantes de même vertu f ces bouillons étant tout enlêmble adouciflàns Se diaphoniques. Pla- nis-Campi vante contre les cancers les vertus du Tournefol , Se recom- mande furtout , les eaux diftillées de cette plante , de même que celles de la perficaire, de l'imperatoire,de la petite centaurée , du Dracuv.culus mï~ tior , du Cariojtllata , de la Pirole , de la ferpentine , Se des bayes de ge- nièvre. Notre Auteur décrit ridelle- fïff y f94. JOURNAL DES S ÇA VAN S, nient la manière de diftiller ces eaux chimyquc , fie il finit par -là foil propofees par Planis - Campi dans traité. la rkur quatrième de ion bouquet HISTOIRE DE rOLTBE , NOUVELLEMENT TRADUITE DU GREC, far Dom Vincent ihutllicr , Bencdulin de la Congrégation de faint Maur , arec un Commentaire ou un Corps de fciince militaire ; enrichi de notes critiques & hifioriques ; ou toutes les grandes parties de la guerre , fou pour l'offevjive , fait pour la deffenjive ,font explique es , démontrées & ret refentées en figures : Ouvrage très utile , non f.ulen.ent aux officiers généraux, mais même à tous ceux qui fui- ve X le paru des armes. Par M. de Folard ,Chcvali r de l'Ordre de faint Loris 4 Meftre de Camp d'Infanterie. A Paris, chez Pierre Gandouin quay des Augultins . Julien-Michel Gandouin quay de Conty , Pierre-François Giftàrt rue faint Jacques , 6c Nicolas-Pierre Armand , rue faint Jacques , 1727. in-4". TOM. 1. CE qui nous reftedes ouvrage3 de Polybs , le fait regarder com- me un des plus grands maîtres de l'Antiquité pour l'art militaire Se pour la politique ;c'eit. pourquoi M. le Chevalier de Folard a conçu de- puis long-tems le dencin de donner au public lesobfervations qu'il a fai- tes fur l'art militaire , en forme de diiîèrtationseïde notes fur diffèrens morceaux de l'Hiftoirc de Polybe. Mais pour exécuter fon projet d'une manière qui répondît à les vues , il falloit une traduction en François de cette Hiftoire qui fût plus exacte que celles qui avoient paru jusqu'alors. 11 s'eft adreflé pour cela à D. Thuil- licr, qui a cru rendre un double fer- vice au public, en lui donnant une ■ nouvelle traduction de Polybe , 6c en fburniflàntlemoycnà M. de Folard de faire paraître le commentaire dans lequel il fe propofe d'expliquer toutes les grandes parties de la guerre. Ce premier volume contient la tra- duction du premier livre de Polybe, Je Traducteur y a joint la vie de cet Fïiftorien. Il l'a tirée en partie de3 écrits de fon Auteur , 6c en partie d'autres anciens Ecrivains Grecs : en voici le précis. Polybe étoit de Mégalopolis ville du Péloponefc dans l'Arcadie , il vint au monde environ l'an 5-48. de la fon- dation de Rome ; fon perc Lycortas1, illuilre par la fermetéavec laquelle il foutenoit les intérêts de la Républi- que des Achéens , pendant qu'il la gouvernoit, l'infiruifit dans la poli- tique ; 6c il eut pour maître dans l'art militaire Philopcemen, un des plus braves capitaines de l'Antiquité. Po- lybe étoit encore fort jeune quand on l'envoya chercher en Egypte les vaifleaux 6c l'argent que Ptolomée avoit offert aux Achéens, depuis on Pavoit envoyéen ambafladeen Egip- te avec Lycortas fon père, pour re- mercier le roi Ptolomce, de dix galc- res dont ce prince avoit fait prefent à la République des Achéens. Dans la guerre des Romains con- tre Perfe'e roi de Macédoine, la Ré- publique dçs Achéens choifit Polybe O C T O B avec quelques autres defès conci- toyens pour allcKoffrirles troupes de l'Achaïe au conful Quintus Mar- fius. Le conful leur répondit, que les Romains n'avoient pas beioin de celecours,&les ambaliàdeurs d'A- chaïe le retirèrent, à l'exception de Polybe qui relia avec les Romains , juiqu'à ce que Marfius le renvoya dans le Péloponefe pour avertir les Achéens de ne point donner à Appius les cinq mille nommes qu'il deman- doit à l'Achaïe , fans aucune neceffi- té. Ce fut après le retour de Polybe que les deux Ptolomées Philomttor & Evergetcs , envoyèrent demander aux Ache'ens leurs alliés, du fecours contre Antiochus avec qui ils étoient en guerre. Lycortas èc Polybe étoient d'avis que l'on accordât aux rois d'Egipte, ce qu'ils demandoient, & cet avis alloit palier à la pluralité des voix , quand Callicrates toujours oppole à Lycortas & à lbn fils,fit lire des lettres , par lefquelles il fuppofo.it que lejconful Quintus Marliusex- hortoit les Achéens à s'entremettre pour me'nagerlapaix entre les Pto- lomées 8c Antiochus. Les ambalià- deurs des rois d'Egipte voyant que dans ces circonitances , ils ne pou- voient efpercr de fecours s deman- dèrent qu'au moins on accordât à leur maître Lycortas 6c Polybe , ce que Dom Thuillicr croit qu'on ne leur refu fa point, pareeque Callicra- tes avoit intérêt de les éloigner. Ce qu'il y a de certain, c'efl qu'a- près la défaite de Perfée, Callicrates dénonça aux Romains tous ceux des Achéens que l'on foupçonnoit d'a- voir eu du penchant pour fecourir le roi de Macédoine. Polybe fut de ce RE 1717. f9f nombre, & il fut enlevé par ordre du Sénat , avec mille autres perfonnes que l'on devoit difperfer dans diffé- rentes bourgades d'Italie ; mais Fa- bius & Pubhus cnfàns adoptifs de Cornélius Scipion fils de Scipion l'Africain, s étant liez d'une manière particulière avec Polybe lors de fon arrivée à Rome, ils obtinrent qu'ils ne fortiroient point de cette ville. Les inftructions qu'il y donna au jeune Scipion,quidétruifit depuis Numan- ce &Carthage,en firent le gênerai le plusilluilredcfontems. Cefutauffi par fes avis que Démétrius remonta lur le thrône de Syrie. Après 17. années, les Romains permirent aux Achéens quiavoient été exilés de leur patric^d'y retourner. On ignore fi Polybe uia de cette per- miffion ; mais on fçait que trois ans après, il étoit avec Scipion au fiege de Cartage , & qu'après cette expédi- tion, Scipion lui fournitdes vaiïîèaux pour faire le tour de la Mer Allant que. En retournant dans le Péloponefe , il eut le chagrin de voir là patrie rédui- te en province de l'Empire Romain.- 11 fit néanmoins conferver les ftâtuës de Philopceracn , Se celles d'Arutus • & d'Achée que quelques Romains vouloient faire renverfer. Les Aché- ens furent fi charmez du zèle que Po- lybe avoit fait paraître en cette occa- fionpourles Grands Hommes de fon pays, qu'ils lui érigèrent à lui même une ftatuë de marbre : Il fit admirer fa généralité en ne voulant rien ac- cepterdes biensde Diœus , quoique ceux qui les métraient en vente euf- fent ordre, de lui lailîer prendre par- mi ces biens, tout cequ'il trouverait à £1 bicnfeajice , fans rien exiger de &6 JOURNAL- D lui. Ce Diceus étoit le général de ceux des Ache'ens , qui avoient porte' le coup mortel à leur République , par l'inlùlte qu'ils avoient faite à Co- riflthe , aux députes des Romains. Polybe fut c::.'-.'.'.!:e chargé de la part des R.omains de parcourir les Villes de Grèce qu'ils venoient de conquérir, & d'accommoder les drf- ferens quifaifoient naître les nouvel- les loix qu'on leur avoit données; il s'acquitta de cette commiffion avec tant de prudence, de douceur & de fegene, que pluficurs villes lui éri- gèrent des ftatuës. Après avoir ainlî établi la tranquillité dans là patrie , il retourna joindre Scipion à Rome , d'oùillefuivitàNumanie. Après la mort de Scipion il retourna dans fon pays, où il mourut d'une blelîùre qu'il s'étoit faite en tombanc de che- val ;il étoit -Agé de 81. ans. Les ouvrages dePolybe dont on a conuoiflânee font, la vie de Philo- peemen , un traite' fur la Taélique, ou l'art de ranger les armées en bataille , l'hiftoire de la guerre de Numance. Un ouvrage fur la fituation deslfe- mereniens,nationfous la Zone Tor- ride,6c fon hiftoire univerfelle. De tous ces ouvrages de Polybe , il ne nous refte que les cinq premiers li- vres de fon hiftoire univerfelle, & des fragmens quelquefois allez confide- râbles des douze livres fuivans , avec les exemples de venus êc de vices que l'Empereur Conftantin Porphyro- genete avoit fait extraire de l'hiftoire de Polybe, pour les inférer dans fes pandectes politiques. Cette hiftoire univerfelle commençoitàla féconde guerre Punique, & finiflbità la ré- duction du royaume de Macédoine ES SÇAVANS, en province de l'empire. Ainfîclle eomprenoit l'hiftoire de ce qui s'eit paûë dans le monde pendant cin- QU*fi£e-trois.ans. La perte de 37. li- vres de l'hiftoire univerfelle de Poly- be, a toujours été très-lenfïble aux lu- vans, pareeque cet Auteur ne rap- portoitquece qu'il avoit vu par lui- même, ou les évenemens dont il avoit été témoin oculaire. Pour ne point fe tromper dans la defeription des lieux , ( chofe très importante dans le récit d'un ftége, d'une bataille ou d'une marche) il avoit fait un grand nombre de voyages. On le voit dans fes écrits blâmer fes amis , même fon propre père , & faire de grands éloges de les ennemis , ce qui doit rendre cette perte plus fenfible , ( fui- vant la remarque de DomThuillier, qui juge des livres de l'hiftoire uni- verfelle qui font perdus, par ceux qui ont été confervés ) ce font les règles de politique , les inftructions pour les perfonnes deftinées à commander les armées, le détail des aétions militai- res accompagné de réflexions foli- des , fur ce que doivent faire ou évi- ter ceux qui étoient chargez de les conduire ; les deferiptions que cet Auteur faifbit des pays & des villes qu'il avoit veùes. On reproche à Polybe des digreC- fions, mais elles lui paroiflènt fi in- ftructives, qu'il croit que lecritique le plus fevere ne peut s'en plaindre. A l'égard du ftile, Denis d'Halicarnafîë prétend qu'on ne peut foutenircelui de Polybe , 6c que cet Auteur n'en- tend rien à l'arrangement des mots. Dom Thuillier ne nie point ce fait, mais il repond que le ftile dePolybe, toujours grand , toujours noble par O C T O B ïui-même,Iui fait beaucoup plus de plaifir , que les phrafes nombreufës & cadencées de Denis d Halicarnaflè : il eftperfuadé que tous ceux qui cher- chent dans un hiftorien le bon , le fo- lide, l'inftructif , l'utile , en porte- ront le même jugement. Polybe a mérite' les éloges de Ciceron, de Tite- Live, & de Velleïus Paterculus. Le grand nombre de traductions qu'on en a faites en Latin , en François , en Italien , en Allemand , en Anglois , font connoître combien cet Auteur» e'técftimé parles Modernes. Le premier qui mit Polybe en La- tin, fut Nicolo Perotti Archevêque de Siponte dans le royaume de Na- ples, qui fut chargé de cette tradu- ction, par le Pape Nicolas V. Le ftile de cette traduction eft aifé , libre, naturel , Se fi pur, qu'on la croiroit faite dans les fiécles où l'on e'erivoit le plus poliment:Mais le Traducteur ne favoit que médiocrement la Lan- gue Grecque , il ignoroit le métier de la guerre, & les termes qui lui font propres, Se c'eft de tous les tradu- cteurs, celui qui s'eft le moins attache ii fon texte. » En un mot le Nicolo a» Perotty eft en Latin ce que Nico- a> las Pcrot e/ft en François. Perotty fi'avoit traduit que les cinq premiers livres de PolybejWol- fangus Mufçulus traduilît les frag- tnens qui nous rdlent des douze fui- vans. Il nelâvoit allez ni la Langue Grecque , pour rendre exactement •Ion Auteur, ni aflez la Latine, pour Je rendre élégamment j notre Auteur avoue de bonne foi, qu'il n'a point aflez lu les traductions faites par Pompilius Damafée, par Jean Laf- çaris , par Jufte-Lipfe , & parM.de RE i j i f. ^97 Valois , pour en porter fon jugement Il n'en elt pas de même deCaiaubon. Dom Thuillier convient qu'il pof- fedoit la Langue Grecque aufli par- faitement qu'on l'ait pu poflcder , de- puis qu'elle n'eft plus en uf;tge. Mais la traduction lui paroît tropfervile, 6c il croit que pour le militaire,Cafau- bon auroit dû confulter quelque per- fonne intelligente dans le métier delà guerre. Ce fut en iffj. que parut la pre- mière traduction Françoife de Poly- be , Dom Thuillier le contente de dire que le tems dans lequel cette ira» duétion a été faite, fuffit pour juger du ftile; il ne porte point de jugement fur l'exactitude Scia fidélité de cette verfion. A l'égard de Durier, il n'a travaillé que d'après Cafaubon , & outre les fautes de Cafaubon qu'il a fait palier dans la verfion Françoilè, il eft tombé dans une infinité de mé- prifes qui lui font propres. Le nou- veau traducteur ne parle que fur les témoignages d'autrui , des traduc- tions Italiennes , Angloifes ou Alle- mandes. Pour ce qui eft delafienne, il avoue avec unemodeftiequi n'eft pas commune, que Cafaubon Se M, de Folard lui ont été très-utiles ; le premier pour l'intelligence du texte ; le fécond pour la connoiflànce du militaire ; encore ne fe flatte-t'il pas avec ces fecours , d'avoir toujours dé- couvert ni d'avoir toujours bien ren- du le fens de fon Auteur. Nous laif- fbns aux Sçavans dans la Langue Grecque, qui voudront le donner la peine de confronter la traduction avec l'Original , à porter leur juge- ment fur cette nouvelle verfion. A l'égard du itile du traducteur, on en foS JOURNAL DE pourra juger par Le morceau fui vant , qui conti :nt une récapitulation du premier livre de Polybe. » Ainfi finit la guerre des Ro- « mains contre les Carthaginois 3> pour la Sicile, après avoir dure' »• pendant vingt quatre ans d'inter- » ruption ; guerre la plus longue, » la moins interrompue , Se la plus i> grande dont nous ayons jamais en- » tendu parler , guerre dans laquel- a> le fans parler des autres exploits s» que nous avons rapportés plus » haut, il fc livra deux batailles, W dans l'une delquellcs il y avoit j> plus de cinq cens galères à cinq j> rames, & dans l'autre près defepr. « cens. Les Romains en perdirent ?» fept cens en comptant celles qui * périrent darg les naufrages, & les 3i Carthaginois cinq cens : Après ce- s> la ceux qui admirent les batailles »> navales , Se les flotes d'Antigonus, v de Ptolomée Se de Démetrius , 5> pourront-ils fans une furprifeex- J> tréme , réfléchir fur ce que l'hi- 3> ftoire nous apprend de cette ex- J> pédition ? Si l'on compare les 11 quinqueremes dont on s'y eft fer- » vi avec les trirèmes que les Perles s> onc emploie'es contre les Grecs, » Se celles que les Athéniens Se les J> Lacedemoniens ont équippées les » uns contre les autres ^ on convien- 3> dra qu'il n'y eut jamais fur mer « des armées de cette force. Ce qui « prouve ce que nous avons avancé » d'abord, que quelques Grecs af- î> furent fans raifon que les Romains s> ne doivent leurs fuccez qu'à la j» fortune & à un pur hazard. A- i> près s'être formés aux grandes en- :> treprifes par des expéditions de £» cette conle'quence,ils ne poiiYoienc S SÇAVANS, rien faire de mieux que de fepro- «S poferla conquête de l'Univers, & • 544& ! 574» à Lon" dres en 1 600 ; la plus eftiméede tou- tes ces éditions , eft celle de Cologne en 1544 , dont Henri Gravius prit foin , ou plutôt qu'on fit fur un exemplaire , dont ce fçavant Domi- nicain avoit chargé les marges de variantes , de corrections Se de con- jectures , comme l'infinuë M. Ba- lufe dans l'ouvrage dont nous par- lons, page 5-98. En 1 563 , Paul Ma- nuce donna à Rome une édition complette de tout ce que jufqu'ici nous connoiflbns de vrais ouvrages de S. Cyprien. Ce fut alors que le traité des fpectacles, Se quinze épi- tres virent le jour pour la première fois. Guillaume Morel en 15 64, co- pia l'édition de Manuce , Se l'aug- menta de quelques épitres adreflées à S. Cyprien, ainfi que de plufieurs traités Se poëiies qui ne font point de ce Père. Pamelius, Chanoine de Bruges,fut le premier qui s'apperçut que les ou- vrages de S. Cyprien, Se furtout fes épitres perdoient beaucoup de n'être pas rangées félon l'ordre des tems ; il forma le dcflèin de les y ranger; les fecours qu'i 1 efpera tirer des deux précédentes éditions, l'y détermiïie- rent. II fe livra à ce travail avec tant d'ardeur qu'en 1 566 il fut en état de donner au public les œuvres de ce Père, corrigées fu r d'anciens ma- nuferits, difpofées félon l'ordre des OCTOB temps, e'claircies par d'excellentes notes , accompagnées ds tables très- amples 8c très-commodes , & aug- mentées d'une vie de S. Cyprien , tirée de fcs propres écrits. Mais les troubles de Flandres retardèrent l'e- xécution de fon projet, 8c fon livre ne parut qu'en 1568 , à Anvers. Si l'on peut compter fur les Bibliogra- phes , Pamelius fut imprimé onze fois ; fçavoir , à Anvers, en 1589 , à Cologne en 1575 , i6ij 8c 1632, à Paris en 15*74, I^°3' 1607,1616, l6$z , 1633 8c 1644. L'Auteur delà Bibliothèque univerfelle, dit que Pamelius remplit mal fon pro- jet. * La preuve qu'il en apporte , c'eft que Jean Péarfon , Evêque de Chefter n'a pas approuvé la chrono- logie de ce Chanoine ; mais M.Ba- luiè l'ayant adoptée , aflbiblit bien cet argument, s'il ne le détruit pas en entier. En 159 3, Simon Goulart fit im- primer à Genève les œuvres de S. Cyprien , 8c fuivit Pamelius , pour l'ordre & pour le texte ; mais il en combattit les notes , 8c n'épargna ni fon temps , ni celui de fes Leèteurs , pour faire de ce Père un Prétendu Réformé. S. Cyprien reparut encore à Pa- ris en 1 648 , avec les notes de Ri- gault , aufquellcs Priorius joignit celles de plufieurs autres Commen- tateurs dans l'édition qu'il en donna auffi à Paris en 1 666. En 1681 , il parut une efpecede variorum, fur les 83 épitres de ce Saint imprimées feules, & dans l'or- dre de Pamelius à Altorf, par les * Tom. 1 1 : année 1689: page 570 : deu- xième édition. RE 1727. 6or foins de Frédéric Reinhart , Miniftre de ce heu. Enfin en 1682 , parut la fameufè édition d'Oxfort ; cet ouvrage cft de deux fçavans Proteftans ; il fit beau- coup d'honneur à fes Autheurs.Jcan Fell , Evêque d'Oxfort , fe chargea de revoir le texte , & d'ajouter fcs notes à celles de Pamelius 8c deRi- gault ; Jean Péarfon entreprit les Annales Cjrpriatiiques , qui font à la tête de ce livre ; elles renferment une chronologie des Confiais, des Empereurs 8c des Papes qui vécu- rent depuis la converîion de S. Cy- prien , ôc même trois ans après fâ mort, & contiennent avec la vie du Saint, les raifons qu'on a eues de ranger fes traités & fes épitres dans un nouvel ordre. Ce livre fut réim- primé à Brefme en 1 690 , Se beau- coup plus parfaitement à Amfter- dam en 1699. Cène fut qu'en cette dernière édition, que les diflèrta- tions Cyprianiques de M. Dodwel furent jointes infeparablement à S, Cyprien. Quelqu'ample que foit le catalo- gue des éditions de S. Cyprien,l'Au- teurauroit pu l'augmenter confide- rablement , en y ajoutant le dénom- brement des traductions françoifès 8c étrangères qu'on a faites désœu- vrés de S. Cyprien. Ces fortes d'ou- vrages font les plus courts , les plus clairs 8c les plus fûrs commentaires d'un texte. Nous nous contenterons d'indiquer ici la traduction de tou- tes les œuvres de S. Cyprien par M. Lombert imprimée à Paris , chez Pralard en 1671. 8c à Rouen en 1716. Après ce que i'on vient de lire,, G g g g ij 6oz JOURNAL DES SÇAVANS; l' Auteur partage fa préface en 1 6cha- ques Se lesPrêtres -, on répond ici que pitres deitinez àjuitifier S. Cyprien par fes propres paroles,dcs calomnies dont les hérétiques de ces derniers tems , ont effayé de le noircir , pour defïèndre leurs erreurs par fon au- torité, ou plutôt deftinez à prou- ver les ventez catholiques par le té- moignage d'un Père, dont ces mê- mes hérétiques refpeétent l'antiqui- té , 6c dont le fiecle ne peut, de leur aveu même, être aceufe de corrup- tion en matière de doctrine. I. On prouve que S. Cyprien a reconnu les trois grands caractères de l'Eglife. i°. Sa vifibilité, puis- qu'il dit qu'elle répand lès rayons par toute la terre , & qu'il la fait agir par le miniftére des Evêques lé- gitimement élus, canoniquement or- donnés , Se unis de communion avec le plus grand nombre; z°. Son in- faillibilité, puisqu'il foûtient enfer- mes formels, que cette époufè de Jefus-Chnir. ne peut être fouillée d'aucune tache, corrompue par au- cune erreur, ni détruite par aucun fchifme ; 30. Son unité , puifque hors d'elle, il ne connoît point de lâlut. Neijue et int vtrere forts po/funt (gladio fpirituali ttecati ) (ton domtts Det t tid Jti , & r.emtni falus effe , ritji in 2cdejta,pjf:t. « Tous ccuxqu'el- »» le a frappés ( l'Eglife ) du glaive s> fpiritucl , ne fçauroient trouver » la vie ailleurs. La maifon de Dieu s> eft unique, 6c nul ne peutfe fau- s> ver qu'en fon Eglife. II. S. Cyprien divifant ordinai- rement le Clergé en Prêtres & en Miniftrcs , a fait dire à Meilleurs Saumaife 6c Blondel, qu'il ne met- toitaucunediilinélionentreles Eyc- fi ce raifbnnemcnt avoit lieu , il fau- droit dire auffi que la plûpait des Pères 6c S. Cyprien lui-même con- fondent non-leulemcnt les Evêques avec les Prêtres , mais encore avec les Miniitres des plus bas dégrez, puilqu'ils diviiènt ibuvent l'Eglife en Clergé 6c en peuple ; mais une divifion générale prépare une divi- fion particulière plutôt qu'elle ne l'exclut , d'ailleurs S. Cyprien attri- bue aux Evêques, fur les Prêtres, non une iimple prééminence de chaire, honorent Cathedra , mais de di- gnité , d'ordre , de facerdoce , hono- rent Sacerdotii, puifqu'ilfe plaint que quelquesPrêtres n'y avoient pas allez d'égard ; 6c qu'en cela il les accule d'oublier l'Evangik.wc EvA-.gelït mc- thores : * ce qui prouve que S. Cy- prien regardoit même cette préémi- nence comme de droit divin. Prefbjteris & Vidcoms , non déduit Sacerdotit r'tgor. Ce pafiàge de Pe'pi- tre 14 ne peut embarrafièr que hors de place • quand on le joint avec ce qui le précède , 6c avec ce qui le fuit ; on voit clairement que le Sacerdotii vgor fe rapporte à S. Cyprien, 6c qu'il faut traduire. * « La fêverité de notre Epifcopat, s'étendit mê« Dieu le Père; c'eft lui qui lepre- »> mier s'eft offert lui-même, en fa- it crifice àiôn Père, & qui nous a »> commandé de faire la même choie »> en fa mémoire. Jefus Chrifius Do- minus & Deus nofter , ipfe eft fummus facerdos Dei Patrts , & facrificium Patri, fe ipfum } riants obtulit; & hoc ficrt in fui commemor ationem pracepit. On offrait de fon tems , ce facri- fice pour les morts ; comme il eft aifé de le voir par le Canon qui deffendoit d'accorder ce fècours à ceux qui auroient nommé un clerc pour tuteur à leurs enfans ; Canon, qu'a fait obferver S. Cyprien lui- même, à l'égard d'un certain Vic- tor. Cet ufage n'étoit pas plus furpre- nant chez nos pères que chez nous , puifqu'ils croyoient , comme nous le croyons, que ceux qui mouraient fans avoir fatisfait à Dieu achevoient RE 1727. ôo? de lui fatisfiire dans l'autre vie. C'eft ce qu'on prouve par un beau pafià- ge de S. Cyprien , où ce Père com- pare l'état d'un pénitent qui meurt d'une mort naturelle, à celui d'un confeficur qui meurt fous les coups des bourreaux. « Qu'il eft diffèrent dit-il , dans fon épitre $z , d'at- « tendre fon pardon , ou d'obtenir « la gloire ; d'être retenu prifonnier, u tant qu'on ait payé jufqu'à lader- « niere obole , ou de recevoir fur « le champ la récompenfe de fa foy «t &de fa fermeté ; d'être purifié & « nétoyé de fes péchez par de Ion- « gués douleurs , 8c par le feu , ou k de s'en laver tout à coup , dans les « flots de fon propre fang ; d'atten- « dre enfin fa iéntence , peut-être m jufqu'au jour du jugement , ou « d'être couronné fans attendre, « Aliud eft ad ventant fta Le troifieme confifte à tirer la pierre duit un grand nombre d'inftrumens, par la partie fuperieure delà veiîie, ce qui ne fe peut faire fans le forcer, au lieu que dans les autres on la tire On le dilate enfuite avec une nouvel- par la partie inférieure, ce qui lui le violence quand ils font introduits, a fait donner le nom de haut appa- Mais quand on a iaifi la pierre, c'eft ml. un autre tourment pourluiouvrir un Petit appareil. Avant Jean des Ro paflàge afin delà tirer. Quedeblef- fiires , que de contufions dans des parties aufii délicates ! Que devien- nent , demande-t'on , les veficules fe- minaircs , le verumontanum , le col de la veffie ? Ces reflexions de l'e- mains , Médecin de Crémone qui inventa le grand appareil , 6c qui Je pratiqua à Rome en 1520, ontail- loit toujours par le petit appareil ; il ne faut pour ce petit appareil que deux inlbrumens ; fçavoir , un bif- diteur font d'autant plus capables toury 6c un crochet. Le Chirur- d'effrayer, que quand il vient à gien n'y abefoin que de deux hom parler du haut appareil , il le repre- lènte d'une manière qui n'y laifîè prefque entrevoir aucun inconvé- nient. Comme cette matière inte- refîe un grand nombre de perfon- aes, y en ayant peu, ou plutôt n'y en ayant point qui puifîènt fe flatter qu'elle ne le regarde pas , nous croyons que le plus grand nombre des Lecteurs ne fera pas fâche' de voir ici en peu de mots , ce qucc'eiî Cftobrt. mes pour l'aider ; l'un tient l'enfant , car comme nous venons de le re- marquer , on ne taille plus gueres que les enfans par cet appareil, 6c l'autre relevé l'urètre avec le ferotum. Le premier qui doit être un homme fort, s'aflied fur une chaife un peu haute , 6c ayant fur foi un oreil- ler, il prend l'enfant fur fès genoux, pafiè les mains fous lesjarêtsdu ma- lade, Se lui faifit les deux bras qu'il Hhh h 608 JOURNAL DES SÇAVANS écarte, de manière que l'enfant fe pouflànt vers le périnée, parce qu'a- trouve dans une fituation , commo de pour l'opération. Le fécond, com- me nous avons dit, relevé l'uretrc ôc le ferotum avec fes deux mains , puis le Chirurgien introduit dou- cement dans l'anus deux doigts de la main gauche , fçavoir l'indice 8c celui du milieu. Il a la paume de la main tournée en haut , 8c de cette manière il lent aifément la pierre qui eft dans la veffie. Quand il l'a trouvée , il l'amené avec les deux doigts vers le col de la veille, 8c la pouffant le plus qu'il peut en de- hors , il l'obligea produire unegrof- fèur, fur laquelle il fait de la main droite avec lebiftoury ,uneincifion proportionnée au volume de la pier- re ; il fend exactement tout ce qui fe trouve entre la pierre 8c l'inftru- ment , 8c ne laifîé aucun filament qui la puiflé retenir. L'incifion faite , il prend un crochet qu'il coule der- rière la pierre pour la faire fortir , il tient toujours dans l'anus, pendant ce temps-làjles deux doigts qu'il y a introduits, ce qui ne facilite pas peu l'opération. La pierre étant fortie , on examine s'il n'y en a point d'au- tre, 8c en cas qu'il y en ait, on en fait l'extraftion de la même maniè- re, ou fi l'on ne le peut avec le cro- chet , on fe fert de la tenstte. Cette opération , quoiqu'aifée à pratiquer, eft condamnée par plu- fieurs Médecins qui y trouvent di- vers inconveniens confiderablcs , 8c entr'autres les deux fui vans. i °. C'eft que fi la pierre eft grave- leufe, inégale, 8c qu'elle ait plu- fieurs angles aigus, on caufe des dou- leurs horribles au malade , en la lors les pointes de la pierre picquent la veffie qui eft très -fenfible. 2°. Ceft qu'on ne peut faire une prompte incifion fur une pierre rabo- teufe, ce qui eft caufe que le malade fouffre des douleurs cruelles. Ces raitons , Se un grand nombre d'autres que rapporte M. Colot, obligent à donner l'exclufion au petit appareil, 8c à préférer toujours le grand , qui eft celui dont nous allons parler. Le grand appai\ il. On commence par mettre le malade fur le bord d'u- ne table garnie d'un matelas , fous lequel cil renverfée une chaife qui forme un plan incliné. On appuyé le malade contre cette chaife , 8c avec deux écharpes on le licdanslafitua- tion la plus convenable. Pour cela deux hommes forts prennent chacun une de ces écharpes, dont ils met- tent le milieu derrière le col du ma- lade ; enfûite defeendant, en fai- fant quelques lofanges autour de chaque bras , les cuiiîcs du malade pliées contre le ventre 8c les talons le plus en arrière qu'il fe peut , ils lient tellement enfemble le bras , la cuiflè 8c la jambe de chaque côté , que celui qui doit faire l'opéra- tion, eft abfolument maître du ma- lade. Cinq hommes prêtent ieneurs mains ; deux dont l'un eft à droite 8c l'autre à gauche, tiennent les jam- bes 8c les cuiîfesdu malade écartées l'une de l'autre le plus qu'il eftpof- fible ; \m troifiéme monté fur la ta- ble derrière le malade, lui appuyé les deux mains fur les épaules : un quatrième fitué au côté droit, lui relevé d'une main le ferotum , 8c de4 l'autre tient une fonde engagée dans O C T O B l'urètre, pendant que le Chirurgien fait l'incifion; un cinquième a pour fonction, de prefenter au Chirurgien les inftrumens neceflàires. Le malade étant fituë delà forte, le Lithotomifte prend une fonde creufée en goutiere fur le dos de fa courbure,il introduit cettefonde dans l'urètre, & la poulie julqu'à lavef- fie contre la pierre. Quand il fent la pierre au boutde fa fonde , il poul- fe , ou donne à un aide à poullèr cette fonde en bas par la tête, afin que la partie qui eft courbe, 6c qui a été la première introduite , renvoyant vers l'extérieure , l'extrémité intérieure de l'urètre , faflè mieux difeerner l'endroit où on doit couper. Alors avec le pouce Se l'indice de la main gauche on étend la peau du pé- rinée , puis de la main droite on fait avec le biftoury une inci- fion à cette partie à côté de la futu- re , ou à la future même , fi l'on veut ; car on eft revenu de l'erreur où l'on étoit autrefois, qu'il y avoit du dan- ger à couper fur cette future. Enfin on ouvre les tegumens & l'urètre en avançant l'inftrument jufques dans la canclurc de la fonde qui fêrt de guide , pour ne couper que ce qu'il faut couper. La grandeur de cette incifion eft de deux , trois ou quatre travers ce doigts félon la groflèur de la pierre. L'incifion faite ,on prend un inf- trument nommé gorgeret, dont on introduit le bec dans la canelure de la fonde; on conduit par le moyen de cette fonde le bec du gorgeret jufques dans la veille, après quoi ayant retiré la fonde, on a foin par le moyen d'une cavité creufée le R- E i 7 x 7. 6^9 long du gorgeret, d'introduire dans la vefïïe une tenette fermée; lorf- qu'elle y eft entrée, on retire le gor- geret, èc avec la tenette toujours fermée on cherche à tâton la pierre. Quand on l'a fentie, on ouvre dou- cement avec les deux mains la te- nette qu'on tenoit fermée , on tâ- che avec cette tenette d'embraflèr la pierre, 6c quand on la tient, on la tire le plus adroitement que l'on peut. Voilà pour ce qui regarde les deux premières méthodes de tailler. Il ne s'agit plus que de rapporter la troifiéme. Le haut appareil. La troifiéme ma- nière de tirer la pierre, & qui pour les raifons que nous avons dites , fe nomme le haut appareil , confifte à faire l'extraction par la partie fupe- rieure de la veflle. Nicolas Franco, Chirurgien de Laufane, eft le pre- mier qui ait tenté cette opération. On introduit deux doigts dans l'a- nus du malade, Se au lieu d'appro- cher par le moyen de ces deux doigts la pierre vers le col de la vcfiie , on la conduit au contraire vers le fond qui en eft la partie fuperieure , en- fuite on fait une incifion au bas de l'Ypogaftre, directement au-defliis de l'os pubis. Les mufçles étant coupés , on ouvre la vefïic dans fon fond , puis avec un crochet, on tire la pierre de la même manière que dans le petit appareil.Quoique Fran- co afîùre que cette opération lui ait rcuilî , il ne confeille pas cependant de s'en fervir, mais il ne dit point pour quelle raifon il la défapprou- ve. M. Bonnet , à ce qu'on prétend, a fouvent pratiqué avec fuccès le haut appareil à l'Hôtel-Dieu de Pâ- li h h h ij 610 JOURNAL DE ris. PI » (leurs Médecins très-éclai- res qui ont fbigneufêment examiné cette méthode , ne jugent point qu'el- le puillê être perilkufe; elle leur pa- raît au contraire moins dangereufe que le petit appareil Se que le grand appareil. Pour procéder à cette ope- ration, on introduit dans l'urètre une fonde creufe, au moyen de la- quelle on feringuedanslaveffieune certaine quantité d'eau médiocre- ment chaude , enforte que la vefïie fe remplilîè entièrement ; on fait en même temps une ligature à la partie éminente de l'urètre pour empêcher l'eau de s'échapper autour de la fonde ; 6c lorique l'on juge que la vefïie eft pleine, on retire la fonde ôc on reiferre plus étroitement l'u- retre. Enfuite avec un fcalpel on fait au malade fitué dans une chaifê prefqu'à fon féant, l'incifion dont nous avons parlé. Quand l'eau com- mence à s'échapper , on introduit le crochet ou la tenette pour tirer la pierre. M. Collot improuve cette opéra- tion pour plufieurs raifons. Pre- mièrement entr'autres , parce qu'il y a peu de veflîes de malades attaqués de la pierre, qui puiflent contenir l'eau qu'il y faut verfer pour les faire gonfler au point que demande M. Franco, puifque dans ceux même à qui la pierre ne caufe pas encore des accez considérables, la vdïie ne peut tout au plus contenir que deux ou trois onces d'eau, ôc que dans la fuite elies'épaiflit , fe concentre , & lé racourcit de manière qu'elle ne peut plus s'étendre. Secondement , que quand ce n'eft pas un enfant que l'on taille , les doigts introduits S SÇAVANS, dans le fondement du malade ,à drf- fein de foûicnirla pierre, 6c de l'af- fujettir fous l'mflrument, ne peu- vent jamais être allez longs pour cela. Troilîémement , que fi l'on fait réflexion au nombre des pierres qui fe trouvent quelquefois dans une même verfic , on ne peut attendre de cet appareil qu'un très-mauvaÏ3 fuccès. Quatrièmement, que dv quel- que manière que le faile l'opération par le bas-ventre , il n'y peut avoir de chemin réglé, parce qu'il n'y a pas de point d'appuy fixe, 6c qu'au contraire tout s'afîaiife 6v s'enfonce fl-tôt que la vefïie cil touchée par par le trenchant de l'inftrument. Cinquièmement, qu'au moment de l'incifion on nefçait plus où l'on en eft ; que le fang qui fort, quoiqu'il ne forte pas en grande quantité, of- fufque l'Operateur, & fe répand avec les urines , foit dans les interfaces des parties, foit dans lacapacitédu bas- ventre, ce qui caufe des abcez ou des gangrenés Sixièmement, que les hernies étant très- familières à ceux qui ont la pierre, à caufe des efforts qu'ils font obligez de faire en urinant, il eft très-difficile que l'inteftin plus ou moins defeendu , échappe à la pointe du fcalpel. Sep- tièmement, que l'aphorifine d'Hip- pocrate fur les blcfiiires de lave/fie, îçavoir,que cesblcfliires neguérif- fent pas , n'eft que trop conforme à l'cxpi rienec ; cV que fi quelques per- fonncsbleflces au corps de cette par- tie, n'ont pas laiiîé de guérir, ce font des cas extraordinaires qui ne fçau- roient fervir de règle dans l'opéra tion dont il s'agit , parecque ces blef- fures le font fortuitement trouvées OCTOBR plus près de la partie charnue de la vcflie , que de la membraneufe : ce que M. Colot eflàye de prouver par divers exemples qu'on peut voir dans ion livre. Si cette opération eft aufïi peu fure que le prétend M. Colot, c'eft un grand bien pour le public qu'el- le ne loit pas plus en ufage; mais fi au contraire elle eft exempte de tous les incouveniens qu'il v trouve ,011 ne peut afièz déplorer l'entêtement de ceux qui empêchent qu'elle ne s'e'tabliflé , puifque delà facilite dont elle eft par elle même, il n'y a point de Chirurgien qui fâchant tant foit peu fâigner , ne fût capable de la faire. Entre les inconveniens attribuez à cette opération , M. Colotaoublié d'en remarquer deux qui méritent une grande attention. Le premier eft le tort qu'on peut faire au corps ca- verneux en liant l'urètre auflî étroi- tement qu'il le faut, pour empêcher que l'eau feringuée ne s échappe, & le fécond , les convulfions violentes qui arrivent quelques fois aux mala- des par le gonflement extraordinaire mais indifpenfable que l'eau ferin- guée caufê à la veflïe , convulfions fi dangereufès qu'on y a vu périr plufieurs malades. Quant aux corps caverneux dont nous venons de parler, nous n'ou- blierons pas ici de remarquer qu'on pourrait les épargner dans cette opé- ration, en ne faifant point de liga- ture à l'urètre, mais en appliquant au périnée un écuffon ou couflinet qu'un bandage croifépoufleroit for- tement contre cette partie. Ce remè- de eft efficace contre les inconti- nences d'urine, il ne le ferait pas E 1 7 i ;.\ 6"u moins pour retenir dans la vc/ïïc l'eau feringuée. M. Douglafs qui a écrit fur le haut apparal Se qui l'a pratiqué, fait preiîèr l'urètre par la main d'un aide , pendant que la fonde y eft enga- gée, & auflî après qu'elle en eft re- tirée, ce que l'on fait jufqu'au mo- ment de l'incifion; mais dans cette occafion la violente comprefliondes doigts ou de la main, n'eft pas moins à craindre pour les corps caverneux que la ligature ;ainfi l'application de l'écuflbn ou du couflinet au périnée paraît préférable. M. Colot pour perfuader davantage à fes lecteurs que le haut appareil quoique très- facileà pratiquer, ne doit cependant point être admis , cite le témoi- gnage de Ira co lui-même, à qui il fait dire ces paroles, namfro uno for- te fenato non funt inmimeri ocadendi; car peur un mal 'aile que j'ai tiré fir- t intiment d'affaire par cette opération il ne faut pas s'enhardir de manière qu'on ri/que a en tuer une infinité d'au- tres. Nous remarquerons à ce fujet que Franco n'a point écrit en Latin , mais en vieux Provençal , 8c qu'ainft nous ne favons d'où eft tiré ce paf- fage ; quoiqu'il en foit, l'éditeur eft bien fondé , comme on voit , de dire dans fa préface, que M.Collot avait épouféle grand a p.ireil , & qu'il n'a» voit que du mépris pour les autres méthodes. Mais le point eft de fça- voir qui des deux a raifon , ou de M. Colot qui condamne le haut ap- pareil, ou de l'éditeur qui l'approu- ve comme le fcul qui dût être ert ufage. L'Angleterre aproduit deux hommes qui ont tâché de rétablie l'opération de Franco. M Douglais- H h h h 11] 6t4 JOURNAL DE s'cft charge fans crainte de l'événe- ment. Sur les traces de Roflct fon guide, il n'a point craint de porter le fer dans le corps de la vcfîïe , par deifus le pubis. Les fuccez ont ré- pondu aux promenés de Roilet. M. Douglafs a taillé quatre perfonnes qui avoient la pierre, il n'y en a eu qu'une qui foit morte , les autres ont guéri en peu de tems. M. Chefelden fuivit bien-tôt la route tracée par M. Douglafs. 11 tail- la dix perfonnes fuivant la même méthode, 6c il ne fe repentit que de ne l'avoir pas plûtôttenté. M.Macgill animé par ce fuccès, tailla à Edim- bourg un vieux gentilhomme à qui il tira deux pierres, dont l'une pé- foit quatre onces ïèpt grains , 6c 1 au- tre cinq onces cinq grains ; la gué- rifon fuivit de près l'opération. L'éditeur conclud delà, que voilà d:>nc le haut appareil confirmé par l'expérience , 6c qu'ainfi quelque chofe que puiflènt oppoferles parti- fins de M. Calot , il n'y a pas à dou- ter que l'expérience ne doive l'em- porter fur leurs raifons. Il ne laide pas cependant de répondre à leurs objections , on peut voir là def- fus la préface. Cet éditeur de M. Colot, improuve tellement le grand appareil, quefi les Chirurgiens réiif- fiflènt fi mal tous les jours dans la plu- part des malades qu'ils taillent, il pré- tend que leurs mauvais fuccez ne doivent être imputés qu'au grand ap- pareil dont ils fc fervent, 6c dont la méthode félon lui, eft par elle-mê- me meurtrière j enforte que fuivant fon raifonnement, il faut , fi l'on veut juftifier ces Chirurgiens, condam- ner abfolument le grand appareil ; S SÇAVANS, ou fi l'on veut juftifier le grand ap- pareil, condamner abfolument ces Chirurgiens, 6c les aceufer d'igno- rance. Nous laifions aux lecteurs éclairez fur ces matières , à décider la queftion. Il y a pour l'extraction de la pierre, une autre opération, qu'on pourKoic nommer le moyen appareil , parce- qu'elle fe fait plus bas que le haut ap- pareil , 6c plus haut que le*grand6c le petit. Cette opération que quel- ques perfonnes regardent comme nouvelle, 6c que M. Colot prétend être auffi ancienne que l'invention du cathéter dont on fe fert depuis plusieurs fiécles pour foulagcr ceux qui ont des fuppreflïons d'urine, eft celle qu'a pratiquée à Paris pendant quelques années , un frère Francif- cain connu fous le nom de frere Jac- ques. Dans cette opération on fait l'ouverture au bas de la fefîe dans l'endroit le plus charnu, on coule le long du recîum un inftrumenttren- chant fait en forme de petit poignard, 6c on va percer le corps delà veffie , laquelle étant pleined'urine,favorife l'opération. On paflè alors deux doigts jufques dans la veffie, où s'é- tant afluré de ce corps étranger , on introduit une tenette , avec laquelle on faifit la pierre. Les Médecins confultez fur cette manière d'opérer , où le frerc Jacques avoit fouvent du malheur, dirent; qu'elle étoit bonne en elle-même ; que fi ce frere qui n'étoit nullement anatomifte, avoit fçu conduire fon inftrument,il aurait eu plus de fuc- cès , 6c que ce n'étoir qu'î ion igno- rance en anatomie , qu'il fàlloit at- tribuer fes fautes qui étoient entre- O C T O B autres , de couper le col de la veille , êctantôt d'ouvrir le rectum. M.Colot déclame de toutes fes forces , contre cette méthode. On peut voir dans fon livre ce qu'il en dit. Le favant M. Rau profelîèur d'anatomie 6c de Chirurgie dans l'Univerfité de Ley- de dont il étoit aufiï Recteur , a rectifié la méthode du frere Jacques qui étoit défecfcueufè en plus d'un point, 6c les corrections qu'il y a faites, la rendent préférable au grand appareil fi on en croit l'éditeur, mais corrigée ou non, M. Colot la con- damne également ; nous ne rapporte- rons point ce qu'il dit là-deiîus,il faut le voir dans le livre même. Il ne nous refte pour achever cette hiftoire des différentes manières de tirer la pierre de la vefile, qu'à rap- porter ce qui fe pratiquoit autrefois en Egypte. Profper Alpin raconte qu'on introduifoit dans l'urètre une petite canule de bois , par le moyen de laquelle on fcuâîoit de l'air dans la vefile, comme on en foufite dans un balon; ce qui obligeoit la ve/fic 6c fon col à fe dilater fufhfamment pour favorifèr l'extraction de la pier- re; cette méthode fàuvoit l'incifion, ce qui eût été un grand avantage, fi la dilatation produite par l'air en- fermé dans la vefile , eût pu favori- fer la fortie de la pierre ; mais M. Colot n'en convient pas. Cette mé- chanique , félon lui, pouvoit avoir fon mérite, par rapporta l'urètre lorfqu'ils'y étoit arrêté quelques pe- tits graviers , mais pour de grofiès pierres enfermées dans la capacité de la vefiîe , il n'y a point de vent , quel- que violent qu'il foit, qui puiflè tel- lement dilater l'orifice de cette capa- R E 1727. 6*13 cité, qu'il y ait moyen de les faire fortir par cette ifîuë. On peut juger de l'impoffibilite par les inftramens de fer & d'acier qu'on employé dans la taille ; puifque tout durs qu'ils font , à peine peuvent-ils difpofcr cette partie à recevoir les tencttes qu'on y introduit. Il n'y a prefque point de parties du corps où il ne s'engendre des pier- res , M. Colot qui en examine la formation , s'attache principalement à expliquer la manière dont il juge que fe produifent celles des reins Se de la veille. Il ne rejette pas le fenti- ment de ceux qui croyent que ces pierres fe forment de même que le tartre qui s'attache aux tonneaux de vin. Il n'a pas la même deftèrence pour ceux qui prétendent qu'elles font l'effet d'un phlcgmc falé , 6c que par conféquent le fèl eft nuifible à ceux qui ont de la difpofition à la pierre ; il n'ajoute pas plus de foi à l'opinion de quelques autres qui en mettent la caufe dans une férofité vifqueufe au commencement , 6c qui enfuite fe deflèche par la chaleur exceflîve des reins , ou de la veffie. Ce dernier fentiment furtout , lui pa- roît infoutcnable , en ce que félon lui, ce feroit plutôt le froid que la chaleur qui devroit contribuer .à la génération de la pierre. 11 rapporte là- defius l'expérience de deux verres d'urinc,dont l'un expofé au froid, pa- roît bientôt chargé de fable , 6c l'au- tre expofé au chaud ne s'en charge pas fi promptement. Quand au fèl , il ne comprend pas comment ce minerai pourroit aider à la formation de la pierre, puifque fi l'on en jette une fufiïiànte quan- 6ia JOUR DE tite dans de Tanne, ce ne de- meure plus longtems uns taire de dépôt. Au regard des mucilages , il de- mande comment ils pourroient pro- duire la pierre, puifquc la pratique apprend que ces glue's font plutôt l'accident du mal dont il s'agit , que le mal même , & viennent toujours ou d'ulcères, ou de chairs fongueu- fes,ou d'obftru&ions/uites ordinai- res de la pierre. M. Collot cil perfuade'quecequi fait la pierre dans les reins ou dans la veffie, n'elt que la dilîblution de l'urine, & qu'ainfi tout ce qui peut empêcher cette dilîblution peut ga- rantir de la pierre. Que l'on reçoi- ve de l'urine dans un vaifiiau de fayance jufqu'à la quantité de deux pintes; que cette unne vienne d'une perfonne jeune, bien conftituce, & éloignée de toute difpofition à la pierre ou à la gravelle ; qu'on lapaflê jufqu'à trois fois au travers d'un drap bien ferré; qu'on marque avec un peu d'encre la hauteur où elle fe trou- vera dans le vafe; qu'on l'y laiflère- polèr quelques jours fans la remuer, on verra i°. qu'à mefure que cette urine fe corrompra, elle diminuera de quantité; 2e. quelle enduira le vafe d'une croûte gravelcufe, 3 e. que fi on l'y l'aiûè un tems iurfilant , la plus grande partie ne paraîtra plus qu'un morceau de mortier dcflèché. Voila félon M. Collot, une ima- ge de ce qui fe pafTe dans lebaffinct des reins, ou dans la capacité delà veffie, fuivant la difpofition particu- lière de chaque fujet. Les reflexions que fait M. Colot fur le prétendu fecret de difîbudrc S SÇAVANS, la pierre dans le rein ou dans la vef- fie, fur les pierres adhérentes, fur les avantages de la faignéc cv de la purgation, furies frayeurs que l'o- pération caufe aux malades , fur les différentes fituations des pierres, fur l'opération de la taille faite en deux tems , fur le danger des Narcoti- ques que ceux qui ont la pierre prennent quelquefois pour adoucir leurs douleurs , fur celui du quin- quina qu'ils prennent pour calmer leur fièvre; fur les fupprerfions d'u- rine, Se enfin fur les fragmens &C petites pierres qui relient après l'o- pération de la taille : toutes ces re- flexions font d'une fageffe & d'une importance qui en rendent la leclure extrêmement utile , tant pour ceux qui ont le malheur d'avoir la pierre ou d'en être menacés, que pour ceux qui travaillent à la guérifon de cette cruelle maladie. L'opération de la taille demande tant de lumières , qu'il feroit à fbu- haitter pour le public, que les Mé- decins eux-mêmes vouluflènt fê donner la peine de l'exercer, c'eft ce que feu M. Paflerat, l'un des plus habiles Chirurgiens defbntcms, ne put s'empêcher de reconnaître dans un diicours public qu'il pro- nonça à S. Côme. Il fit compren- dre, remarque M. Colot , que fi Hip- pocrate s'étoit engagé par ferment à ne jamais tailler, c'eil qu'il nevoyoit pas encore de moyen allez afliiré pour reuffir; mais que fi le grand ap- pareil avoit été connu alors, ce Mé- decin fi zélé pour la vie des hommes fe feroit bien gardé d'en abandonner l'opération. Jean des Romains docteur in Médecine à Crémone,. Se auteur du OCTOBRE 1717. Gif du grand appareil , fe faifoit un de- Nous ne parlons point ici de Mrs voir & un honneur de tailler lui- même. Mariaiius fav.clus de Barlctte fon ami, docteur en Médecine de l'Uni* verfité de Padoùe , tailloit aufîi de fês propres mains , & la Faculté' de Médecine de Padoiie loin d'y trou- ver à redire, l'y encouragea. Les Meflicurs de cetteFaculte',dit M. Ca- lot , ne crurent pas qu'une telle pro- fefïion fût indigne d'être entre les mains d'un de leurs confrères : mai- gre' donc le ferment , ajoutc-t'il , qu'ils avoient prête' de ne point ex- ercer manuellement la Chirurgie , » ils jugèrent que cette opération j> étoit d'autant plus du relîbrt des î» Médecins, qu'elledemandoitplus » que l'adreiîè d'un Chirurgien. CeMarianus fanclus fameux Médecin de Crémone, dont nous venons de parler, enfeigna l'art de tailler à C iïa- viande Ville, Chirurgien dans la ville de Rome, lequel étant venu en Fran- ce, où la pierre eft d'autant plus com- mune , que les vins avec certaines eaux qu'on y boit Sclabonnechcrc Rau , Douglafs,8v de pluficurs autres Medecins,quelcur charité a portes à cultiver cette opération. Ce qu'il y a decertain,c'eft que ii lcsMedecins s'y appliquoient,on ne verroit pas tant àttaillesmalheureufcs. Un grave ma- giftrat (dit l'éditeur du traité de M. Colot ) étant effrayé des fautes meur- trières de quelques Lithotomiftcs , écrivit le mois de mars de l'année der- nière 1716.au Doyen de la Faculté' de Médecine de Paris , qu'on étoit furpris du lilence de cette Faculté fur des malheurs fi publics; on lui en ci- toit divers exemples dans la lettre. Le Doyen à qui ces malheurs étoient déjà connus , fur-tout pour ce qui regardoit un grand nombre de pauvres qui étoient péris d'une ma- nière funefte dans l'opération , fe crut obligé d'aflèmblcr fa Compagnie , pour voir par quel moyen on pour- rait empêcher ces trifies accidens. La Faculté convoquée arrêta qu'el- le demanderoit aux Magiilrats , qu'il fùtdeffenduàtout Chirumicn d'en- qu'on y fait 3 contribuent beaucoup à treprendre aucune opération de con- la production de cette maladie ,s'y féquence, fur-tout celle de la taille. acquit une grande réputation. Laurent Colot bifayculde Fran- çois^ celebreMedecin,exerç ala mê- me profeffion premièrement à Tref- que par l'avis 5c en la préfence de quelques Médecins, avec cette condi- tion , que les Médecins donneroient leurs foins gratuitement quand il s'a- nel , petite ville de Troyes enCham- giroit des pauvres. pagne, puis à Paris, où il vint s'éta- blir par ordre exprès de Henri II. qui lui donna la charge d'opérateur de fa maifon pour la taille. Enfin Fran- Cette délibération n'a pas encore eu fon effet , mais il y a lieu d'cfpe- rer du zèle de la facuképourlc bien public, qu'un defleinfi lalutaire ne çois Colot, fils de Philippes Colot, tardera pas à être mis à exécution. : étoit auffi Médecin. Octobre. liit 6i6 JOURNAL DES SÇAVANS, LETTRE D'UN PROFESSEUR DE L'VNLVERSIT E' DE PARIÇ fi.r le Pline du p. Hardoiiin. A Paris chez Chaubert, 1727. in-40. pp. 32. L'Article 93. des Mémoires de Trévoux ( Ocr. 1 726". ) eft une réponic du P. Hardoiiin à deux let- tres critiques qui lui ont été addref- fées, au fujetde Ton Pline, par un Profeflèur anonyme de l'Uni verfité de Paris , Se dont nous avons parlé dans nos Journaux précédons ( Jan- vier 6~ Septembre 1 726. ) Le Père fe plaint dans fà réponfc, de ce qu'il ne connoît point fon adverfaire. 11 doit être content aujourd'hui. M. Crevier fe nomme à la tête de cette troifiéme lettre en avouant les deux premières , & il le fait avec des ter- mes de modeftie , qui marquent en lui une complaifancé rcfpecTrueufepour celui même qu'il attaque , plutôt qu'une vaine ambition de fe faire con- noître. Le feul motif qu'il dit avoir cû pour fe cacher, cfl un éloge du P. Hardoiiin, 6c un éloge d'autant plus flatteur, qu'il vient de la paît d'un cenfeur déclaré. *> Comment î> n'avez-vous pas fenti , ( dit le Pro- « feflèur , en s'addreffant au Père ) ,i> que fi je taifois mon nom , c'étoit s> par refpecT: pour le vôtre , Se pour »» ne point paraître, par une vanité » ridicule , me mettre en quelque fa- is çon en paralcllc avec vous? Ce compliment eft fuivi d'un re- proche, qui n'eil que trop ordinai- re dans les ouvrages polémiques. 11 a pour objet quelques expreftions du P. Hardoùin. Le Profeflèur les ran - ge dans uneefpécede lifte , qu'il ap- pelleroit volontiers la lifte des inju- res qu'on lui a dites, Se il croit que fans examiner même s'il lésa méri- tées ou non, le P. Hardoiiin, en les etnpîoïant, n'a pas fait allez d'atten- tion aux bienfeances de fon sjgç, de la robe Se de fon caractère. Mais il promet en mémetems qu'il fejufti- ricra pleinement de toutes les impu- tations odieufes dont ton aceufatcur l'a chargé. Nous aurons occaiion de parler Se des reproches Se de la j uni- fication , en parcourant quelques points de d fpute, qui font difeutés dans cette lettre. i°. Le commentateur de Pline avoit dit qu'à Rome il n'y a voit ja- mais eu, chaque année, qu'un feul Tribun du peuple : enfuite, avant reconnu là méprifè , il s'étoit rétra- cté dans Yerr.au. Le Profeflèur , malheureufement pour lui , ne lit point le Pline en entier, il en oublie une partie clfentielle, qui eft Ve rrata , Se par cette négligence , il tombe dans un inconvénient , qui le fait taxer de diffi mutation. Il reprend la faute du commentaire. Mais vous la reprenez mal à propos, (lui dit le P.) puifque "vous en avez vu la correction. M. Crevier, pour fe dif- culper , allure qu'ayant jugé du pa- radoxe en queftion , comme de quan- tité d'autres, qu'il a rencontrés dans le même livre , il n'a point cru qu'il en dût trouver la rétractation dans l' errata, Se qu'il en a fait la critique de bonne foi. Il ajoute qu'un errata n'eft point fait pour des fautes de cette nature. Se il compare la cor- rection du P. Hardoiiin à celle d'un O C TO B R E i7*7- Hiftorien, qui après avoir fait Hen- de Tite-Live 1 ri IV. fils de Henri III. fe croirait quitte , en avertiflànt dans un errata que ces deux Princes n'étoient que parens à un degré fort éloigné. Voilà ce qui regarde la première lettre du Profeflèur, 6c la re'ponfc qu'y fait le P. Jéfuite. Quant à la féconde , l'éditeur de Pline n'y trou- ve que deux remarques qui mentent fon attention ; encore ne font-elles propres félon lui qu'à éblouir le lec- teur. L'une efl au commencement de la lettre, 6c l'autre à la fin ■ ordre que l'auteur , ( fi l'on s'en rapporte au P. Hardouin), a cru devoir af- fèéter , en bon harangueur, A cette plaifanterie l'auteur n'op- pofe qu'une récapitulation des autres obfervations qu'il a faites fur les er- reurs du P. Hardouin 3 6c il n'en trouve pas une qui n'ait autant de poids & de mérite, que les deux re- marques dont il s'agit. La première roule fur un paflàge de Pline , que l'éditeur & M'. Crevicr lifent Se interprètent fort diférem- ment tant pour le Uns de la phrâlè entière , que pour le mot pcllitus , qui s'y trouve, 6c dont nous avons déjà dit quelque chofè dans l'extrait delà féconde lettre.Nous ajouterons feule- ment, à ce fujet , qu'on trou vera dans celle-ci quantité d'autorités fur lef- quelles l'auteur fe croit bien fondé à foutenir que patenâ gevte pellitus fi- gnifie un hommeoriginairedeSardai- gne,du coté paternel ,6cnon pas un Préfidcnt au Mortier du côté du père, comme le veut le commcntateur.Une de ces autorités eft celle de Gronovtus , qui a donné au terme pillitus la mê- me fignification que M. Crevier^ce qui l'a porté à corriger un endroit 6if i%. n°. 40. où il change pelltdos Sardos , que portent les imprimés, en pellitos Sardos , qu'il dit être la leçon des meilleurs mfl* Cette leçon de Tite-Live, adoptée parle Profeflèur , comme très-favo- rable à fâ caufe, a donné lieu au P. Hardouin de former deux aceuft- tions , l'une contre GronovUis même, qu'il veut faire paflèr pour fufpett y 6c l'autre contre M. Crevicr qu'il t'axe d'avoir falfifïé Tite-Live. Le Profeflèur , foit par modération, dans ce qui le regarde perfonelle- ment, foit par zélé pour le fâvant critiqueront il fuit les traces, s'ef- force de juftifier Gronorius , avant que de fonger à fe défendre lui-même. Mais , dites-vous, Gronovc eft c Le Profeflêur lit autrement : At Hercules Tompeïum Paulinum, Arela- tenjis Equitis Romani filium , pattrnâ- que gente pellitum , XLII. pondo argentï bahijfe , apud exercitutn ferociJJJmis gen- tibus oppojitum feimus. Ce qui fait , fui- vant l'explication qu'il donne , un fens fort diférent du premier. " Mais aujourd'hui nous favons qu'un « Pompée Paulin, fils d'un fimple « Chevalier Romain de la ville «e d'Arles , 6c Sardiot d'origine , fer- «e vant dans une armée , qui avoit « en tête les peuples les plus belli- fe'rens corps , de manière que les deux tourbillons puiflènt n'en faire nu'unfèul,ces deux corps s'attirent & s'unifient ; au lieu qu 'ils fe repouf- iènt ou ne s'unifient pas, fi la circu- lation de la matie're iubtile fe fait à contre-fens. C'eft félon lui, en conféquence •au premier cas, que l'eau mouille le verre , cl en conféquence du fécond , que le Mercure ne le mouille pas ; îk alors il refte entre le Mercure 6c k tuyau de verre un efpace où ■"ombattent les deux Tourbillons. Cet efpace , s'élargiiîànt de bas en haut où là colonne du Mercure cil moins péfante , prend la figure d'une efp&e de coin don: la pointe eften -;rnbas , St donnant vers le lr.,ut] lus S SÇAVANS, de jeu aux tourbillons qui fe rcpou£" lent mutuellement , leur permet d'é- carter avec plus de force des parois du tuyau le Mercure , dont par con- fisquent la furfàce doit devenir plus ou moins convexe, fui vaut le dia- mètre de ce tuyau. S'il eft capillai- re , la convexité fera plus grande ; de même que l'efpace angulaire com- pris entre le verre 6c le Mercure , où les tourbillons contraires agifl'ent le plus vivement. Mais pourquoi ce combat fera-t'il defcendreleMercureaudefibusdunL- veaujfurtout fi l'on conçoit que la di- rection de la matière fubtile des deux tourbillons foit perpendiculaire aux parois du tuyau ? M. de Mairan fou- tient au contraire,que dans un tuyau capillaire, où la fiufaccdu Mercure eft toujours extrêmement convexe, cette direction lui eft inclinée, 6c qu'en la décompofant, on trouvera qu'elle n'agit fur la furfàce du Mer- cure que perpendiculairement, & qu'elle la poufle néceflairement de haut en bas. 3 . Les obfèrvations de M. Geoffroy le cadet touchant les veffies des ormes , roulent en partie fur la ftrucrurede ces fortes d'excroiflànces, Se en par- tie fur la refièmblance qu'elles ont avec une drogue inconnue, qui nous vient de la Chine, 6c qu'employent les Teinturiers. Les veffies d'ormes naiflent aux endroits où les feuilles ont été pi- quées par quelque infecte , 6c croif- fant peu-à- peu quelquefois jufqu'à lagrolfeur du poing, prennent leur pente 6c fe gercent à leur furface à- peu-près comme une figue qui fe muirit. Des diverfes ouvertures de O C T O E ces vefïïes tombe une pouffiére ailés blanche & fort fine, avec des goûtes d'une eau mucilagineuië , qui ne mouille point le papier , qui eft d'une faveur douçâtre accompagnée de quelque âpreté faline, &c qui en fe deflëchant prend une couleur am- brée , & fe durcit ainfi que la gom- me de cerifier. On attribue à cette eau une vertu balfàmiqtic & vulné- raire , furtout pour les playes des yeux. On trouve dans ces veffies , parmi beaucoup de cette pouffie're dont nous venons déparier, & au milieu d'une efpéce de duvet.plufieurs petits •infectes oblongs, fans ailes,à fi x pattes & à deux cornes, & de couleur tan- née. Ces infectes en fe dépouillant fe transforment en moucherons , no - mez f tuerons d'onre , & qui ont qua- tre ailes tranfparentes , bordées ex- térieurement d'un filet noir. Ces moucherons enfermés fous une clo- che de verre , y de'poiënt après quel- ques jours , d'autres petits infectes tout formés 8c en grand nombre, dont M. Geoffroy n'a pu fuivre plus "loin les changemens. Ces veffies ren- ferment encore deux autres fortes d'infectes , dont l'Àcade'micien don- ne la defeription, & fur la nature & l'ufuge defquels il hazarde quelques conjectures , qu'on peut lire dans fon mémoire. Quant à la comparaifon qu'il fait entre les veffies d'orme & la drogue "venue de la Chine, il enréfulte,que cette production paraît une excroif- iance formée fur les jeunes branches de quelque arbre ; quec'eft une vef- fie feche 8c.caflàntc,qui fe ramollit dans l'eau , qui eft d'une forme ir- RE,(i7Vr- Ci? réguliéreêc inégale, ebaverteaa de- hors d'un duvet, enduite au dedans d'une pouffie're blanche ou griiè, parmi laquelle fevoyent de petits in > fectes dcflëchcz, dont on diftingue la figure au microfeope. Ces veffies Chinoifes ont été apportées fous le nom d\r::!lcs c es Indes , corrompu par les marchands en celui d'oreilles dejudits. On peut regarder cette dro- gue ( dit l'Académicien ) comme un des pluspuiflànsaftringens du regne végétal , & qui pourrait fur ce pied- là, être de quelque utilité' en Méde- cine ; aulicu qu'elle n'eft employée jufqu'ici que dans les teintures. Nous renvoyons au mémoire de M. Geof- froy pour quelques autres obferva- tions concernant cette même ma- tière. Les diverfes observations dePhyuV que générale font ici au nombre de huit. Dans la première communiquée par M. de Mairan , il eft parle' des effets prodigieux du Tonnere fur un chêne de feptà huit pieds de circon- férence ,&: de 28 à 20. pieds de haut, arrache' de deflus fa racine environ à deux pieds & demi de terre, 6c rompu en quatre parties principa- les , dont les deux plus grofiès , l'une de feize pieds de long, qui n'aurait pu être foutenuë par quatre hommes des plus forts, l'autre de 2,1 à iz pieds, que huit hommes auraient eu peine à porter ,• avoient été' jettêes la première h 44 ou 45- pieds de la "fouche,;8c la féconde à 14 ou ifdu côté oppofé ; ce qui fait juger quelle doit être la force d'un petit globe de feu qui imprime un tel mouvement à de femblablcs corps. K k k k ij 6:6 JOURNALDE Il paroît , par la féconde obfcrva- cion , due .1 M. Deljle le cadet , qu'en 17 23, année plus fe'chc que 1719. la Seine lorfqu'clle fut au plus bas , étoit encore de trois pouces plus hau- te quelle ne l'étoit pendant l'été de J7J9- . r. Les fix obfervations fui vantes con- tiennent les réponfes de M. de Hau- te rive correfpondant de l'Académie, àdiverfes queftionsqueluiavoit fai- tes M. de Mairan,fur l'Hiitoire na- turelle de la Martinique. Ce font au- tant d'éclaircilîèmens, i°. fur les ma- rées de cette iile ; z°. fur les chan- gemens de couleur qui arrivent aux Mulâtres fuivant qu'ils s'allient à des blanches ou à des noires ; 30 . fur la vertu mervcilleufe d'une pierre verte apportée par les fauvages de la ri- vière d'Ore'noque , 6c dont un petit morceau, gros comme une tète d'é- pingle, enchafle dans une bague de manière qu'il touche la peau, guérit infailliblement l'épilepfiej 40. fur le Caracoit, métal compoféd'or cvd'un certain cuivre delà Terre -ferme de l'Amérique , 6c qui cil un fpéciflque contre les maux de tête 6c contre les migraines ; 50. fur une racine, qui tue les ferpens, 6c les fait fuir , & dont il fuffit de fe frotter les pieds 6c les mains pour pouvoir prendre fans péril ces animaux 6c en faire ce que l'on veut ; 6°. fur la Vanille, qui croît naturellement à la Martinique, ôc qui cil: très bonne. Ces re'ponfès de M. de Hauterive ont été' accom- pagnées des defleins de plufieurs plantes Se de plufieurs animaux de l'Amérique, Se de tout ce qu'il a pu raflèmbler de plus curieux en ce pays là , pour l'Académie. S SÇAVANS, L' 'Anatoi-.ie fournit fîx articles^ fans compter celui des diverses 1 r.ifj ;::. Le premier fur un Fœrus titonfirueux, cil de M.LV;;;m. Le fé- cond fur le Dragoiuau, ou ver, qui dans certains pays chauds , fe forme fous la peau le long des bras & des jambes , eft de M. Petit Le Chirurgien. Le troifiéme fur les orgar.es de la refpiration,cildc M.i'e- ti.u. Le quatrième fur l'adieu des muf- cles , eft de M. l'Abbé de Molière*. Le cinquième fur une tête d'Hippopo- tume , eft de M. de Jujfieu. Le lixiéme fur un rèfeau offev.x , obferpé dans les cormts du ne\ d: plufieurs quadrupè- des , eft de M . Morand. Ces deux der- niers articles font entièrement ren- voyez aux Mémoires. Le fécond ne fe lit que dans l'Hiftoirc. Les trois autres fe trou vent ici en entier 6c par extrait. Nous allons donner quelque détail du premier, du troifiéme, du quatrième 6c du cinquième. 1 . Un Foetus monftrueux venu au monde à fèpt mois Se demi , en 1 72 1 , confervé dans l'eau de vie pen- dant plus de deux ans par la fage- ftrame , 6c abandonné enfi n par celle- ci à la curiofité de M. lén.ery qui voulu: en faire la dillèction, a con- firmé cet Académicien dans la pen- fée où il eft fur la génération des monrtres. Il eft perfuadé qu'elle n'eft due qu'à l'union de plufieurs œufs ou germes , dont certaines parties tant intérieures qu'extérieures fe dé- veloppent féparément , tandis que les autres demeurent plus ou moins confondues par les divers dégrez de comprefllon qu'elles fouffrent, 6c qui en empêchent l'entier dévclopement. M.Lémcry,parce fyftéme, ne sac- OCTOBR corde pas avec M. Du Verncj , qui prétend après M. R gis ( dans le troi- ïie'me tome de fa 1-lnlojepb e ) que les monftrcs ne font point l'ouvrage du Lazard ou d'une combinaifon for- tuitede plu (leurs germes , mais qu'ils viennent d'un genre d'oeufs natu- rellement monflrueux , qui contien- nent en petit les monltres entière- ment formes , 6c aufquelsilnereftc plus qu'aie rendre viiïbles par l'ac- croillement. Le Fœtus en queftion avoit deux têtes féparées l'une de l'autre , cha- cune de la grofleur ordinaire, 6c fi- tuéefurfoncou. Voilà touteequile rendoit monflrueux extérieurement. Quant à l'intérieur , on y voyoit deux cefophagcs 6c deux eftomacs pofe's verticalement, au lieu de l'être horizontalement ; deux trachées-ar- te'res 6: deux poumons ; les marques des deux fe'xcs ; deux épines du dos, entre lefquellcs il en paroiiîbit une troifie'me, appelle'e/rfaj^ par l'Aca- démicien ; un feul cœur , qui n'avoit qu'un ventricule 6c une orëillettejiin foye d'une ftruéture extraordinai- re , qui dans la partie fupérieuredu bas ventre , occupoit , entre les deux eftomacs, l'efpace preique circulai- re qu'ils formoient par leur Situa- tion. Une telle Structure fembloittrès- propre à fortifier M. Lémery dans ion fyftéme de l'union de deux œufs, pour la production des monftres. La double e'pine , fur-tout , montrait fort diftinétement la jonction laté- rale de deux corps , dans lefqucls une forte compreSfion faite en ce même fens, avoit empêche' de fè dévelop- per, 6c par conféquent faitdifparoî- E 1717. 617 tre toutes les parties, par lefquellcs fe joignoient les deux embryons, c'eft-à-dirc, les bras 6c les épaules, les côtes , les hanches 6c les jambes ; en forte que les deux épines pou- voient s'approcher de fort près , 6c que les cavités des deux poitrines , ainfi que celles des deux ventres n'en faifoient plus qu'une feule. Une circonstance embarraflbit pourtant l'Académicien. C'étoit la faufîè épine , dont nous venons de darlcr,£c qui féparoit l'une de l'autre lesdeux vrayes.Comment expliquer, fuivant l'hy pothéfe propofée , la for- mation d'une partie fi hors d'œuvre? Cependant M. Lémery , en y regar- dant avec plus d'attention , trouva que cette épine qui lui en avoit d'a- bord impolcpardes traits de rellèm- blance aflcz marqués, avec le canal ofîcux qui porte ce nom , lui four- nillbit une preuve preique démon- strative de fon opinion. En effet, ce qu'il prenoit dans cette prétendue épine pour les douze vertèbres du dos,n'étoit autre chofe, que l'union des extrémités des douze côtes , a- néanties dans chaque fœtus par la violence delà compreffion ; 6c dont les bouts engagés départ 6c d'autre dans les véritables épines , comme le font les côtes fuivant l'état naturel, s'étoient par leur autre extrémité, collez enfemblc , renflez 6c arrondis, en forme de vertèbres , lorsqu'ils étoient encore mucilagineux, 6c a- voient ainfi compofé cette apparen- ce d'épine , qui n'avoit ni moè'le ni canal. Toutes les autres parties du fœtus fèmbloient favorifer mer vei lieu fè- ment le S'yftême de M. Lémery. Les K iiij 6:S JOURNAL DES deux poumonsmon plus que les deux eftomacs n'avoient rien perdu de ce qui leur appartenoit.IIs s'c'coient feulement ?.juilezdans cette même ca- pacité qu'ils a voient fcnfiblemcnt élargie, Se où ils avoient pris la fi- tuation la plus convenable à l'état de contrainte où ils fè trouvoient. Le cœur , quoiqu'unique Se réduit à une feule cavité, avoit adroite Se à gauche un tronc d'artére pulmo- naire, Se un tronc d'aorte, deftinez vifiblement , l'un au fœtus droit & l'autre au fœtus gauche. Nous ren- voyons au Mémoire de l'Académi- cien , pour un détail plus particulier de toutes ces circonftances. 3. On connoïtengros la ftruélu- re de la Poitrine , Se la méchanique de la refpiration. L'on (çait en gé- néral que la poitrine eft une grande cavité de figure fphéroide , formée par l'épine du dos , les côtes Se le llernum,divifée en deux parties par une cloifon appeliez M Sdiaftin ,fépa- réedu bas ventre par une autre cloi- fon nommée Diaphragme , Se qui renferme dans fà capacité les pou- mons Scie cœur. On fçait encore , que pour l'accompli iîêment de la ref- piration, ou du flux Se reflux d'air dans les poumons , il eft néceflâire que cette capacité de la poitrine s'é - ïargifle Se s'allonge pendant ce qu'on appelle mfi irdtion , quelle fê rétreciffe 'Se fe racourcifî'e pendant Vèxpirdtiôn. Mais il s'en faut bien , que l'on ne connoifiè diftinétement le jeu mer- veilleux de 'tous les refibrts , defti- nez à cette fonction fi eiléntielleà la vie , Se que l'on ait pénétré les vues fecrétes de la nature dans la fabrique & l'arrangement des divers organes qu'elle employé. S ÇA VANS, C'eft fur quoi M. 5 brique, ou des loix qui font en ufage dans les villes An- féatiques , & les autres pays voifins de la mer Baltique. ANGLETERRE. D Londres. M. Morgan qui a réfidé près de vingt ans tn Barbarie, doit publier une defeription d'Alger , fondée fur ce qu'il a vu de fes propres yeux , ou appris d«.s naturels du pays, ou lu dans les hii'toircs foit anciennes {bit modernes. Elle eft intitulée:^ com- pleat Hiftory cf Alg'nrs&c. Scelle fera ornée d'une belle carte. Un architeéhs nommé M.Roberts Caftel va mettre au jour : The plans oftifo fanions Remuais villas Sec. c'eft- à-dirc, plan des deux maiions de cam- pagne de Pline 1. Jeune , à quoi il joint des remarques iur les bains, jardins, &c. des anciens. Ca ouvra- ge eft enrichi de plufieurs grandes planches, On fe propofè d'imprimer par foufeription : A co çleatUifioryofthe Kïng< Scotl nd&Cc. Hiftoire umver- felle des Rois d'Ecolle & d'Angie- terre , depuis l'an 6 1 9 jufqu'cn 1 jz6. Elle eft divifée en huit livres, dont les cinq premiers font une traduc- tion ele Phiftoir'e d'Hector Boë'thius, Se les trois autres, une continuation de cet ancien hillorien. On y mettra les portraits des Rois tirés des mo- numens antiques, une carte exa- R E 1 717. 6*35- cte Se correcte de l'Ecoiîè , avec plu- fieurs autres pièces jiine lifte des Pairs 6c des Baronets , la datte de leur créa- tion, un catalogue hiftorique des fa- milles diftinguéçs de ce royaume Sec. Il paroît ici un projet de fouferip- tion pour ks Oeuvre s du docteur Ahba- die doyen de KiHaloVp, Parmi celles qui ont déjà été imprimées, tout le monde connoît le traité de la vérité de la Re- ligion Chrétienne ; on doit dans cette éelition y en ajouter quelques autres qui n'ont pas encore été publiez. Les iouicriptions qui feront de deux guinées ~ dont on donnera une guinée en fouferivant, fe reçoivent chez P. Du Noyer , Libraire a la tête d'Erafme dans le Strand, Se tout l'ou- vrage lira de quatre volumes in-40. HOLLANDE. de la Haye. Lettres choijtes de M.Simon Tyffot de Patot , profejfeur ordinaire en mathéma- tique de l'Ecole illuflre de Deventer en Cv.cr-îffd , écrites depuis fa jeune fie r jufqu'à un âge fort aval ci a d ff. rentes perfonnes ,& fur toutes fortes de fujetsi chez Matthieu Roguet, 1727. in- 12. 1 vol. Le fimple extrait de l'avcrtiflê- ment qui eft à la tétc de ce recueil , dans lequel M. Simon Tijfot de Patot' a bien voulu donner à fes lecteurs une idée de fa perfonne, peut fuffire ici pour en donner une de fa ma- nière ele penfer Se du ftile de fes lettres mêmes. Je fuis fort éloigné, dit l'auteur, m de vouloir tirer vanité des avan- »? tages que j'ai reçus de la nature , « L lll iij 6^6 JOURNAL DES SÇAVANS. « tant: ,-quepai' e > galères du Roi, « rapport à la matière ; puiiquc ce '» font des grâces qu'elle dillnbuë 3> dans un tems, où l'on ne fçauroit ji les mériter: mais il cil confiant, » que depuis ma naiflâncej'aipaflë 3) pour n'être rien moins que mal s' tourné à tous égards, dans l'efprit « de ceux qui avoient libre accès '> dans nôtre maifon. Rarement de » leur propre aveu ils m'ont exami a fait imprimer, fa lettre ( étrtele dernier Decei.bre i~z6. u M. le Batlli de * * * aufujitd'i.n: ùtulé: Nouvelles découvertes fur la re, par M. le Chevalier de ] o'.ard , .: ce des remarques critiques fur les trois nou- veaux fjrflémes des Trirèmes ou vatfftaux de guerre des anciens, imprimés da s les Mémoires de Trévoux , Aouft , Septembre, & octobre 1712. Chez Jean-Bap- « né de près, que l'agrément joint tifte Roi Imprimeur du Roi 1727. »» à la vigueur d'un coté, Scia vi- 31 vacité accompagnée d'une heu- w reufe conception de l'autre, ne le 3> difputaflênt tellement le prix , « qu'ils ne fçavoient à qui donner »> la préférence. En effet pour ne 31 rien dire de la beauté, je n'a vois j> pas atteint Tàge de 4 ans, que je 3' lifois couramment , 6c il n'en: pas 3> moins v rai que je vous le dis , qu'a- »» vaut que la femainc de mes an- 3> nées fut accomplie, il y avoitpeu « de jours que quelques pauvres 3» ignorants n'imploralîènr mon k- »> cours , 6c ne m'cmployafiênt ef- 3» feétivement pour fè communi- 3> quer à leurs parens ou amis ab- 33 fens. Quoique ces commencemens 3» fulîent puérils, ils nelaiiîèrentpas 3» de m'accoutumer petit à petit à 3> m'énoncer méthodiquement, 6c à 3. reprefenter avec .évidence lesima- 3» gesdemespenfëes. Bien des gens s» me paroiifoient étonnés, 6c mon « perc m'aimoit à la folie 6cc. FRANCE. de Marseille. M. de Barras de U Penne premier fol. pp. 58. On trouve à la fin de cette lettre l'explication des plans , profil & coupe de la galère de Philopator, faits fur la delcription d'Athénée li- vre 5* du premier livre de Callixe- ne , rapportée par Plutarquc. M, de la Penne ne s'eit pas con- té d'attaquer ces trois fyitêmcs fur les Trirèmes, il a fait encore des ré- flexions qui ne font à la vérité que manuferites , fur celui que M. Mai- gret a donné depuis peu dans les mer- cures d'Avril, May 6c Juin de cette année. On a de plus imprimé une lettre critique du même auteur, écrite au R. P. de Laval de la Compagnie de Jcfus profefîèur royal de mathéma- tiques, le 2 y Juillet 17:6. aufujet de la répon'fe géométrique du R. P. Caftel, furie phénomène arrivé dans le port de Marfeille, inférée dans le mercure du mois de May de la mê- me année. Nous tâcherons de rendre un compte exact 6c fidèle dans quelques- uns de nos Journaux de ces différens écrits de M. De la Penne , 6c nous aurons foin furtout d'écarter tout ce qui fe rencontrera de pcrlbncl dans O C T O B cetteforte dedifpute,qui peut d'ail- leurs avoir quelque choie de curieux &d-intéreflànt. de Bordeaux. P R O G R A M E Sel' Académie royale des Belles Lettres , Sciences & Arts. L'Académie propofe à tous les Sçavans un prix fondé par feu M. le Duc de la Force. C'eft une mé- daille d'Or de la valeur de trois cens livres. Elle eft deftinéc à celui qui ex- pliquera avec le plus de probabilité la caufe de la faleure de la Mer. Ce prix fera diitribué le vingt -cinq d'Aouit de l'année 17:8. jour de la fête de S. Louis. Il fera libre d'envoyer les diflèr- tations en François ou en Latin , mais elles ne feront reçues pour le concours que jufqu'au premier May prochain inclufîvtment. Au bas des difTertations ,il y aura ane fentence, Se l' Antcu r mettra dans un billet féparé & cacheté , la même fentence, avec fon nom & fon adreflè. les Paquets feront affranchis de fort, & addrefsi^a M. Sarrau Secrétaire de l'Académie rw de Gourgues , ou au feur fr.'i» Imprimeur de l'Académie, rué S. James. PARIS. II paroît ici depuis quelque tems trois projets de foufeription, pour des ouvrages qui ne peuvent qu'in- tcreflcr les curieux. Le premier eft : "Nouveau Traité d Architecture , contenant les cinq or dm , RE 17*7. 637 fuivant les quatre auteurs les plus ap- prouvés aujourd'hui , fç avoir Vignolle Palladio j Delorme & Scamefâi, furie principe de f quel s font compof.s différent fujits fur chacun de leurs ordres, par le JîeurP. Nativclle Architecte ; ouvrage in- fol. 2 vol. enrichi de izj plan hes d'Architecture, dont on pourra voir les épreuves actuellement chez l'au- teur & chez le Libraire, Grégoire Du- puis, rue S. Jacques à la Couronne d'Or. Le prix des fouferiptions fera de cent livres dont on payera la moitié cnfoufcrivantchczle même Librai- re, & l'autre moitié en retirant les exemplaires non reliés , qu'on fe pro- pofe de délivrer dans le mois de Dé- cembre 1 7 : 8 : ainfî on prie ceux qui auront envie de fouferire de ne pas retarder leurs fouferiptions, qu'on rccevrajufqu'à la fin du mois ele Dé- cembre eie cette année. Il eft bon de faire obfcrver que cet ouvrage a été examiné par l'A- cadémie Royale d'Architecture, qui lui a donné ion approbation. • Le "Roman Comique reprefe té en 3 S eftampes , gravées parles meilleurs »iai- très d'après les defjeins du Jieur oudti , Peintre crdinaire du Roi en fou Académie Roy aile de Peinture & Sculpture , eft le fécond projet que nous devons an- noncer. Ceux qui auront la curio- fïté de voir les dcilêins de cet ouvra- ge & qui voudront fouferire, doi- vent s'addreflêr à M. Oudri même qui en eft l'auteur. Le troifïcme projet de fouferip- tion eft , pour î'Biftoire du Théâtre Ita- lien depuis la décadence de la Tragédie moderne , par Louis Ricoboi i du Lcho , Comeaien ordinaire du Rci de France, On 658 JOURNAL DES SÇAVANS, y goûtera* la fin ûx chapitres dePârt dre de Sainte claire, & du r'nrs Italiens de la repréicntation en vers du même auteur. L'ouvrage fera imprimé en deux vol. grand in- 8°. ik le prix de la foufeription eil d'une guinéc, fans qu'on nous dife dans 1: programme ni ou il faut sadref- Jêr pour foulcrire, ni ce que doit coûter la foufeription en monnoyc de France ; ce qui nous feroit ioup- conner que M. Ricoboni feroit im- primer fon livre en Angleterre , fi nous ne fçavi&ns qu il a obtenu ici un privilège du grand fçeau pour cette imprdfion. Rolin, Dclefpnie, Coignard fils, & Mariette reçoivent les fouferiptions pour {'Hiftoire du]aron, qui s'impri- me en Hollande en 2 vol. in-fol.ôc dont nous avons parle' dans notre dernier Journal. Voici encore un autre programe imprimé, mais d'une efpcce diftè- rente des précedens; nous croirions avoir tort de ne le pas mettre ici dans fon entier. » Un auteur des Vies des Saints » [ Baillet ] a dit , en parlant de S. » François: iprestous lestravaux de » tant deperfonni s fêlées pour fa gloire , »> nous eu Comme s encore réduits à fou- » baitter une bifioire de fa vie rfuifoit » méthodique. » Le Père Candide -Chalippe » Recoller, de la province de Paris, » a eflayé de contenter le Public fur » ce point qui intercilè la pieté, ÔC » qui appartient à l'Hiftoire Eccle- » fiaftique : 11 fait imprimer actucl- >< lement, à Paris chez P. Prault , » quay de Gêvrcs , au Paradis ; La m Vie de Saint Iran fois, Tnfiituteur de n l'Ordre dis Frères Mineurs, de l'Or- Ordre de la Pénitence, un volume te in-quarto. te Il y joint l'hiftoirc particulière te des Stigmates, où il fait voir qu'en te genre de faits hiftoriques , l'im- h preffion des cinq playes de Jésus- te Christ fur le corps deSaintFran- te çois, eft un événement très-cer- te tain , lequel comme un objet de te pieté, a toutes les conditions qui « peuvent le rendre rcfpeétableaux « ridelles. (t Il donne auffi des éclairciflè- « mens fur l'indulgence de 'a Por- « tiuncule,quifervirontde rtponlë te à la cenfure des hérétiques ; Se aux « libelles anonymes de quelques cri- te tiques modernes. te Les propres paroles de Saint te François font exactement rappor- « tées dans fa vie, fur laquelle on « trouvera plufieurs réflexionscour- « tes 5c convenables ; avec des notes te qui ont paru néccilàin.s. te Dans la Prélace , le Pcre Can- » dide montre deux choies: i°,Que 614. Nouvelles Littéraires , 6 $4. Fin de la Table, L E N f. DES V 0 POUR L'ANNEE M. DCC. XXVII. N O V E M B R E- lJ A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins , du côté du Pont Saint Michel , à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. XXVII. AVEC ?R/ V I LEG E DV ROT. L E JOURNAL SÇAVANS, NOVEMBRE M. D C C. XXVII. METHODE POUR DECOUVRIR L'ERREUR DE TOUS LES prétendues folutions du fameux proble fine de U Quadrature du Cercle. Par M. Kicole de l'Académie Royale de Sciences. E qui m'a déterminé à travailler fur cette matière qui a été exa- minée par prefque cous les Géome'tres , Se fur laquelle on ne peut prefque rien dire de nouveau ; cft une Lettre de M. Mathulon , Do- cteur en Médecine, inférée dans le Mercure de France du mois d'Aoufr, & écrite de Lyon leao Juillet der- nier. Dans cette Lettre de M. Ma- thulon, eft contenue la cop'e d'un Acte parlé pardevant les Notaires de Lyon, le'galife par M. le Lieutenant General en la Sénéchauflee, par le- N nnn y 644 JOURNAL DES SÇAVANS, quel Acte , M. Mathulon s'engage à blablcs. Car les angles H E F , O G payer raille écus, actuellement dépo l'es chez les Notaires,à qui démontre- ra au jugement de l'AcademieRo vale des Sciences, la fauflètéde fa féconde foiution de la quadrature du Cercle , qu'il a donnée dans une brochure imprimée à Paris en 1726", fous le titre (PEJfais de Géométrie & de Pby- Jîque. La méthode que l'on' donne ici f peut llrvir à éclairer tous ceux qui cherchent la quadrature du Cercle, & ne fuppofe qu'une médiocre con- noi fiance de Géométrie 6c de Cal- cul. Cette me'thode confifte à trouver l'expreflion algébrique de Pefpace de tous les Pcligofncs inferits 6c cir- conicrits au Cercle, & dont le nom- bre des côtes augmentent dans la progre/ïlon double 4. 8. 16. 32. 64. 128. . &c. 6c à comparer l'une ou l'autre fuite de ces poligofnes, à la figure rectiligne que Ton prétend être égale à l'efpacc circulaire, lors- qu'il réfulte de cette comparaifon , que cette figure rectiligne, eft plus petite qu'un poligofne inferit quel- conque, ou plus grande qu'un po- ligofne circonferit. 11 eft démontré que dans le premier cas la figure que l'on donne pour être égaie à l'cfpace circulaire , eft plus petite que cet efpace , 6c que dans le le~ cond cas elle clt plus grande. Kg- '■ Soit la corde E F de l'arc E G F , 6c le diamètre H G , qui coupe en deux également au point G, 'l'arc EGF, fi Ton mené les cordcsGy,GE,FH, EH, 6c que l'on tire le rayon FO ; les trian- gles H E F , Ô F G feront fem- F font égaux ; étant chacun mefu- rés par la moitié' de l'arc F H , les angles EH F, GO F, font au/fi égaux, le premier ayant pour me- fure la moitié de l'are EG F, 6c le fécond , l'arc G F , qui eft cette moi- tié : on aura donc cette proportion F H. OF::EF. G F, d'où l'on or xEF tire FG ^ " f h. Si donc on nomme la corde E F de l'arc EGF, b, la corde F G de l'arc moitié, .v , 6c le rayon O G, a. à caufe de l'angle droit G F H , on aura F H"" -xx OF : 6c fubftituant dans F G ~~\ "h , pour cha- cune des lignes qui compofènt cette grandeur , leurs valeurs algébriques ; on aura l'équation x "~* ■ • V^aa — x x , dont fâifànÉ évanoiiir la fraâion,& 4 le figne radical , il vient 4 axx — « ~- + 4 — ■ aabb, ou x— 4 a a x x +- 4 a ~~* 4 4 — A a eft 2 A A b b , dont la racine quarre'e — - x x ZL, aY \AA'-bb qui donne xx~Zl T-aa — aV\a A~b b 2c enfin x "Z Vida- a V/^aa-BB; il eft donc e'vident que le diamètre d'un Cercle étant donné 2 a , avec la corde d'un arc quelconque de ce Cercle b , on aura toujours V xaa- uV jfda-bb, pour l'expreffion de la corde de la moitié' de cet arc. Ce qui fervira de formule pour trouver toutes les cordes a l'infini Nov. 2/z?. JeJ dhctr-aùr'. T*h, S l*ri£rri*x&£Ui filuié- Se N O V E M B des arcs qui diminuent dans la pro- greffion i. {. f. ■£• tV- tt- &c- ou ce qui revient au même , cette formule fervira à trouver un côté de tous les poiigofnes qui peuvent être infcrits dans le Cercle, & dont le nombre des cotes augmente dans la progrciïion double. Fis- *■■ Soit par exemple la corde E F, le côté du quatre infcrit dans le Cercle HPEQRFSGH. ce quarré fera z a a , Se la corde E F fera F z a a ZH, b ; fi donc on iubfti- tuè' cette valeur de b dans x 2 F z a a- a V \AA-bb , on aura .v ^ Vzaa-aV ^.aaÎ'Za aZZ aVz-Vt. pour le cote Q^R de l'octogoihe inf- crit. Maintenant fi l'on fubftituë cette valeur trouvée a F 2 - F 2 , à la place de b , on aura x ~ F z a a -a F4 a a — zaa -+ aa VzZZ aVz-Vz -+ F 2, pour le côté du poligofne infcrit de fëize côtés. Par de femblables opérations , on trouvera fucceflivement les expref- fions fuivantcs pour un côtédetous ks poiigofnes infcrits dans le Cercle, 6c dont le nombre des côtes aug- mentent dans la progreffion double. Coté du Poligofne. De 4 côtés — aV % 8 . . aVz-Vz *6 . . * vz— vz+- v z RE 17x7. 645 32 . . AVZ- F24-F2-f-F2 6*4 . . a vz-vz-{-Vz-\-vz-\-vz 128 &c. A F2-F2+F2+F2+F2fF2 Si l'on veut maintenant avoir l'ex- preflïon algébrique de l'efpace de tous ces poiigofnes, il faut trouver l'exprcllion de toutes les perpendi- culaires 04,05'. &c. ou figure pre- mière O D. la formule de toutes ces perpendiculaires O D , fera a caufe de l'angle droit D, Vaa-% bb,G. donc on met pour £,luccefiïvement les valeurs que l'on vient de trouver. pour le côté de chaque poligofne , on aura les expreffions fuivantes. Itrfctid'icul Aires fur le côté d'un Poligofne. De 4 côtes. \ aVz 8 ..1 aVz-\~Vz 16 \ AVZ+-VZ -\-Vz 3i ~ aVz-+vz-HVz-i-vz 64 I/JF2 + F2+F2+F2 + F2 - 128 fuF2 + F2+F2-TF2+F2 + Fa Sec. Maintenant fi l'on multiplie h fomme des côtés de chaque poligof- ne, par la moitié de h perpendicu- laire qui lui convient, on aura lata- N nnn iij 6+6 JOURNAL DES blc fuivante , qui exprime l'elpace de tous les poligoihes inferits dans le Cercle , & dont le nombre des côtés augmente félon la progreflion double. EfpACts des Poligofnes mferits. De 4 côtés. 4«FjxI * V i g.. SaPi-Fix ; nVi. +-Pt 16.. \6*Vi-V ttf'ixl AVifVifVz ii..)iaVi-ri4-riJr; \-iafi-r^ri-r: 64.. 64- <* Vi~Vi.-rV2-+ V i +- V lit.. 118 uVi-VtfV itFitf jtf x i a F i'+-!P i-i-r i -+ r t +- n^i'i ^ 4 • *"^ ' &c. _ En faifant les multiplications, Se effaçant les termes qui fedétruifent toutes ces grandeurs fe réduifent à cette autre table , pour les efpaces des poligofnes inferits. j De quatre côtés zaa 8 zaaVz l6.. +aaVz-Yz 5Z.. SaaVZ-VZ+- vz SÇAVANS, Pour avoir les efpaces des poli- gofnes circonferits au cercle dont les cotes augmentent félon la progref- fion double, il ne faut que faire cette proportion , le quatre ue la perpen- diculaire fur le poligome inferit , eft au quarrédu rayon du cercle, com- me l'elpace du pohgofne inferit , cor- refpondant à la perpendiculaire , eft à un quatrième terme , ce quatriè- me terme fera le poligofne circonf- crit, femblable au poligofne inferit, ou d'un même nombre de cotes que lui ; ce qui eft évident, les figures femblables étant entr'elles comme les quarrés de leurs côtés homolo- gues. Si donc on fait toutes ces ana- logies, on aura cette table pour les efpaces des poligofnes circonferits. Efpaces des poligofnes circonferits. De 4 côtes 44 a 8.. Saafz 24- Pr 64.. i6**vz-vz^-vj^-v^i 118.. izaaVz-VzWz^YzWz 16' • iôaaVz- Vz Vz Vz v~ \zaaVz-Vz-V-Vz Zje-Vz-\-Vz-+Vz ZZ 64. : 64 a a Vz - Vz 4- Vz±-Vr j^^-t-ra-r-r-r-^î NOVEMB i iS.. 1 28 a a Fz- rrz + Fz \ Fz + Vz 2+ Fz\ Fz + Fz + Vz\'Fz 6cc. Pour fçavoir maintenant fi la fo- lution de M. Mathulon eft défec- tueufe, il ne faut que comparer, l'efi- pace que cet Auteur détermine être égale à l'efpace circulaire , compa- rer , dis-je , cet efpace aux poligofnes inferits 8c circonferits au Cercle. Car fi l'on trouve que cet efpace qu'il détermine, eft plus petit qu'un po- ligofne inferit, ou plus grand qu'un poligofne circonferit, il ièra démon- tré que l'efpace déterminé par M. Mathulon fera plus petit, ou plus grand que l'efpace circulaire. Soit donc fig. 3 qui eft ( celle de cet Auteur ) le quatre c ah b inferit dans le cercle, M. Mathulon dit que fi on porte le rayon de ce cercle fur le côté du quarré inferit de c en i, 6c que l'on prolonge le côté ah, de a en e , ôc de h en / , de manière que ces prolongemens foient égaux à a i , 6c enfin que l'on achevé le rclan- gle ednl , ce rectangle fera e'gal à l'ef- pace circulaire acbh. Si donc on nomme le rayon de ce cercle a , le côté a c du quarré inferit fera a Fz, & fa partie ai par la cons- truction a i'z - rf ,1a perpenpiculaire tl du rectangle fera donc a l'z -+ 2 *Fz-ZazZ 3 a Fz-zaz laquelle étant multipliée par la baze ni , de ce rec- tangle qui eft a Vz , il viendra 6 a a- zaaFz, pour i 'efpace de ce reftan- gle. R E 1 7 2 j. 6Ar7 C'eft donc cette quantité 6a a - 2 a a Fz, qu'il faut comparer à la fuite des poligofnes inferits à circonferits. Si on la compare à la fuite des po- ligofnes inferits , on trouvera que cette quantité 6 a a - 2 a a Fz eft tou- jours plus grande ; 8c fi on la com- pare à lafuitedes poligofnes circonf- erits, on la trouvera plus petite que les poligofnes de 4, de 8 , 6c de 16 côtés ; mais plus grande que le poli- gofne de 32 côtés, 8c par confequent de tous les fuivans:En voici le calcul. L'expreffion qui a été trouvée pour l'efpace du poligofne circonf- erit de $2 côtés eft 52 aaFz-Fz+Fz, z\Fz\Fz\Fz 8c l'expreffion de l'efpace circulaire déterminé par M. Mathulon eft 6 a a-zaa Fz. 11 faut donc démontrer que 6aa-zaa Fz eft plus grand que324x^r2-^2_4-F2,oucequi z-h-Fz~{-Fz+- Fz revient au même en divifant l'une 6c l'autre grandeur par zaa que 3 - Fz eft plus grand que 1 6 Fz-Fz\ Fz z\Fz\Fz\Fz. Or fi l'on traite ces deux grandeurs comme les deux membres d'une équation, 6c que l'on faflè les opé- rations neceflàires pour faire éva- nouir les fractions 6c les fignes ra- dicaux, il eft évident que celle de ces deux grandeurs qui fe trou- vera la plus grande après toutes <ç4S JOURNAL DES SÇAVANS, | ces onérations faites, étoit aulTi la ~~ " ~ ~ _, plus grande dans le premier état. •> 5 J______ Soit donc multipliéccs deux gran- de pan & d,autre 24 - ,_ 5 rx deurs 3-^x,2c iôri-rn-T! xr2^^2-+96-32^2 s f2-Fi - 44 -+ 2 4 ^"z , il viendra 245 ;• 6 Vi Z-+VX->rVZ+-VZi xVz -+ /^2 -i- 96- 32 /^Z X Tz -/^i , /^ a 4- Vz -+ /^2 pour &" 490 -+ixTi dont le quarré eft faire évanouir lafradion, elles de- X 96- 32/^2 x Vz +- f 2 X Vz-Vi. 2c en ôtant de part Se d'autre 3 - ^2 £n fajfant jes multiplications on x Vz -+ Vz +- rion aura 6 - 2 T2 trouve 60097 -* 2940 raid r* X^JH. ^j, _+ /^2, dont le quané 1 1 760 Vz , qui fe réduifent à - I2OI94 -+ 5S80 Vz -1-60097 ^"2 eft 44-24^2, Cv2j6x2-//2+-/2 -f 5880 •*- 46172 ^2 - 2905-6 -t- - 225-28- 12288 Vl -1 1z64.vz.-i- m- 32 x -3+- VmVi.-Vl*- Vz 12288, & 240388 h- 11760 ^2. — ' En additionnant & retranchant les x V z -+ Vz +- Vz -+ 11-6 Vz termes indiqués par les lignes, il - vient, 1 3i834-t-88697r2, & X2 -+ Vz -+rz,ou 44-24^2,^1 i40588 _+ II76o fz, Otant enfin 512-256 T2-f ^2- 96^32 ^2 départ 6c d'autre 131834-H17 — 60 /^i, il vient 76937^2, & 1085- X^4-2-r2^22- 12^24- 11-6 ÏZ ^ ? dont j£ ^^ eft , ^ ^g ^ sFl-t F2 , qui fe réduifent à 44- 603 , 938 , Se 1 1 , 783 , 970 ,916. " Donc le premier terme e'tant plus 24 vz , & 534- 12^2-245-^2^2 grand qude fecond )la quantite< yrz -6 VxxVz -* VZ- 96 +-2 2^2 - •- eft plus grande que 16 Vz-Vzf Vz x T2 - Vz, ou 44- 24 ^i,gcy34 ;m+Fim - ï 2 ^2 - 245- - 6 T2 x ^2 -+ T2 - qUi eft-ce qui étoit à démontrer. On NOVEMB R E i 7 z f. _^49 On peut encore démontrer que is4 t «4 ~ i« 6aa-z a a Ti eft plus grand que ri > c'eft-à-dire V- &c V~ l ° l ioo IOO io« 3 S +00 5 i a a Vz - Vz +~ V 2 ou 3 - Vz plus ou V 6c V , qui ont encore • IOOOO IOOOO 2 4- Vz 4- VZ 4- VZ I9t pour racine quarrée approchée, — crandque i6Vz-Vz +- ^2,Sccela _ 3S> _ , • „. .. , ">• ° 3 . oc ■ — , fî donc on fubftitue dans 3- ■ rz +- vz -+ vz en prenant la valeur T2 en Fraction ri , & 16x^1-^2 -+Vz pourri , décimale de tant de zéro que l'on vou- - dra par exemple de deux , ce qui fe 1 -*. V* 7+ ^ "+ ^2 fait , comme l'on fçait , en confide- - ■ 2000. Fz -Vz^-Vz ZaVz-\Vz^Vz rant que 1 eft égal a. dont la 141 s» 10000 i+i leurs valeurs approchées — , — ce racine quarrée approchée eft — ^ 100 100 100 19s 141 î» ^ on aura donc nTTTs" ~»a vicndra 3-~& l6 x ~» __—_—__ __ ■ l«o 100 100 141 34' 34IOO fi -+ — n ^— S A" , fi l'on 100 100 10000 I9S extrait la racine quarrée de cenou- ts9 624 184 veau nombre, on aura — pour va- 100 :39s '°° étant mifes à même de'nomination qui fe réduilent à — Se — , 6c 100 ! 396 étant mifès à même de'nominatiot leur approchée de Vz ^Vz , ainfi deviennen£ ^ & ^1° . Donc3„ n ±-vz -+ri & vz-rz^ri 196o° i9S°° — =— . T^T" V2eftplusgrandquei6V2-V2tV2. feront à -peu -près Vz 4- — & l. Tr ■ r l ,00 2-+V2 +-V 2. SECONDE MANIERE DE DE'-MONTRER 0^[7 E LA Figure rcttiltgne donnée par M. Matbulon pour être égale au Cercle , cil plus grande que ce Cercle. IL n'y a point de Géomètres qui peut; c'eft-à-dire, que fi l'on fuppofe ne fçachent que le rapport de 7 à que le diamètre d'un cercle contient 2,1, que l'on fuppofe quelquefois fept parties égales , la circonférence dans la pratique exprimer le rapport de ce même cercle contient un peu du diamètre d'un cercle à fa circon- moins que vingt-deux de ces parties, ference, eft plus grand qu'il ne faut, Lors donc que l'on fuppofe que la pour exprimer exactement ce rap- circonférence d'un cercle contient Novembre. O o o o 6fù JOURNAL DES SÇAVANS; exactement iz parties dont le dia- IOO metre en contient 7, il eft e'vident 38 \. Donc Sec. que l'efpace circulaire qui refultedc Après avoir démontré en plufieurs cette fuppofition , eft plus grand que faC0ns que l'efpace que M. Mathu- l'efpace circulaire qu'on cherche , ion donne pour être égal à l'efpace puifqu'on fçait par les élemens de circulaire , eft plus grand qu'il ne- faut, nous allons examiner fa dé- monftration. M. Mathulon après avoir décrit le quané inicrit Se le quarré circonf- crit autour de ce cercle rig. 4, dit, 1/ eft queftion de connaître U portion que prend ce cercle de l'efpace que les deux quarrés laiffent entr'eux. On démontre que les quatre fegmens formés par la cir- conférence de ce cercle , & les quatre co- tés du quarré infent , font plus grands que les quatre triangles mixtes , formés par U même circonférence & les quatre côtés du quarré circonferit. Il ne s'agit donc plus, que de marquer au juile U diference d'entre les fegmens 6~ les trian- gles. Cet expofé eft bien fait, & c'eft effectivement de quoi il s'agit. Voyons comment M. Mathulon s'y prend. Je multiplie , dit-il , pour cet effet un coté du quarré circonferit , avec un côte du quarré in ferit , & je dis que le pro- duit étant renfermé dans le cercle , mar- quera cette drjftrence, & rejettera pour amji parler , tout l'excédent de es feg- mens ; or ce produit eft égal à unottogone régulier infertt. 11 eft vray que ce pro- duit eft égal à l'octogone inferit, mais pour pouvoir dire comme fait l'Auteur , d'où tl fuit que U différence des fegmens & des triangles , eft l'ef- pace que renferment les petits fegmens que forme un oclogofne inferit, il fau- droit qu'il eût prouvé que le produit du côté du quarré inferit , par le côté du quarré circonferit. fertà détermi- ner effectivement la différence des feg géométrie, que pour avoir la valeur de cet efpace, il faut multiplier la valeur de la circonférence, par la moitié du rayon. Si donc on multi- plie 22 par .. , il viendra 38 i, & cette quantité excède de quelque choie, celle qui exprimerait exac- tectement l'efpace circulaire. Si donc on fait voir que cette quantité 38 ■|, eft plus petite que 6 aa -laaVi, qui eft l'expreflion de l'efpace cir- culaire donnée par M. Mathulon , il fera démontré que cet efpace eft trop grand. Pour cela il ne faut que fubf- tituerdans cette exprefîîon pour a, f , puifque l'on fuppofe le diamètre 2 a Zl 7 , Se l'on aura 6 aa-ia aV iZZ 49 49 147 49 6x 2 Vz x — ~ Ffo * 4 - * Mais la racine quarrée de 2 eft en- 141 141 tre — Se — Si donc on met pour IOO IOO 141 V 2 , - qui eft plus grand que cette ra- 10 147 69s* 147°° «958 , eine on aura S ' ~ — 2 200 200 200 , 7742 7* — — — ^j 38 — pour l'efpace de M. Mathulon un peu diminué, puif- 6958 147 qu'en ôtant — — de — , on ôte un 200 2 peu plus qu'on ne doit, mais mal- gré cette diminution } on trouve en- 71 core 38 -=• qui eft plus grand que NOVEM mens Se des trilignes mixtes, au lieu qu'il le contente de l'affirmer, endi- fànt,je dis que le produit étant renfermé dans le cercle , marquer* cette différence. Nous allons montrer à M. Mathulon que cette propoiltion eft faullè, en lui faifant voir qu'il en réfulte une con- tradiction. Selon cet Auteur, le fegment 47 k furpaûè le triangle mixte a £ « , des deux petits fegmens a y Scy «, c'eft- à-dire que le triangle ilbceile a y « eft égal au triangle mixte a £ «. Or fi l'on nomme le rayon du cercle a , le quarré circonferir fera 4 a a , 8c ie quarré inferit fera 2 a a , d'où il fuit que la corde a u fera a V 2 , 6c fà moitié a x fera y aV 1 ~ px, car le triangle /> .y 4 eft ifocelle. y x fera donc p y - p x ~ a - \ aV 2, 8c le triangle « y a qui eft « 4 multipliée par la moitié de x ;p,{èra \ aa Vi. -\ aa , quatre fois ce triangle fera donc 2 aa Vz - 2 a a., cette exprefîion fera donc félon M. Mathulon , égale aux quatre triangles mixtes , dont le quarré circonferit furpafîe le cercle, fi donc on retranche cette quantité x 4 a V 1 - 2 a a de ce quarré qui eft 444, il viendra 4 a a - 1 aaV 1-+ 1 aaZZ 644-244V2 pour l'cfpace circulaire donné par l'Auteur. Nous avons déjà démontré que cette quan- tité eft plus grande que le poligo fne circonferit de 3 2 cotés. Donc , 8cc. Voyons maintenant comment M. Mathulon efîàye de prouver que le triangle rcctiligne 8c ifocefle uy a , eft égal au triangle mixte u £_ a. Voici fes propres paroles : Mais afin que l'ef- pnt s'affcrmtffe Lien dans ce fenttment , faifonsAui conjîderer comment le triangle BRE 17X7 JOURNAL DES SÇAVANS. EXTRAIT DES REGIST RES DE VAC AD EMTE ROYALE DES Silences , du famed: 30 Aouft 17 7. "\ T Nicole ayant lu le fame- 1/Jl. di 2 ^ Aouft , un mémoire intitulé : Méthode pour découvrir l'erreur de toutes les prétendues io- lutions du problême de la quadra- ture du Cercle, dans lequel il pré- tendoit réfuter en particulier la Co- lution de ce problème, que M. Ma- thulon doéteuren Médecine, a don- née dans une brochure qui a pour titre : Effais de Géométrie 6c de Phy- fique, imprimée à Paris au mois de May 1726 avec permiflion de M. Hérault Lieutenant General de Po- lice, laquelle folution, eft celle de fa féconde méthode, & le trouve à la page 47 de cet ouvrage. Et l'Aca- démie ayant nommé ledit jour , Mcf- fieurs Saurin, de Mairan, LagniSc Pitot t pour examiner ce mémoire de M. Nicole. Ces Meilleurs ont fait cejourdhui leur rapport, con- tenant qu'en appliquant la méthode de M. Nicole, à la quadrature que M. Mathulon propoiè ; M. Nicole démontre géométriquement, que la figure reétiligne que ledit fieur Ma- thulon dit être égaleau cercle, dans la féconde méthode de fa quadratu- re, ne lui eft pas égale ; 6c cela en faifant voir géométriquement, que l'aire de cette figure eft plus grande , que 1 aire dupoligofnc de trente deux côtés circonferits au même cercle, ce qui met en évidence l'erreur de la prétendue démonstration de M. Mathulon. Sur quoi la matière ayant été mife en délibération , il a paru néceflàire de commencer par faire la lecture des différentes pièces qui peuvent y avoir rapport. i°. L'imprimé à Lyon in-40. de 4 pages , contenant la copie d'un Acic pané le dix huit Juillet de la préfente année , pardevant Pierre Vernqn 6c Jacques Vigniere Notai- res à Lyon, qui renferme les enga- gemens de M. Mathulon, établit 1* réalité du itépôt de trois mille livres, 6c que l'Académie Royale des Scien- ces, eft reconnue par M. Mathulon pour juge de la validité de la réfu* tation que l'on fera de fa folution , laquelle coppie fe trouve légalizée par M. Pupil Premier Prefidcnt en la Cour des Monnoycs, Prcfîdent Premier, 6c Lieutenant General en la Sénéchauflée 6c Préfidial de Lyon. La coppie du même Acte imprimée danslaGazctted'Hollande,àla page 57 , qui a pour titre, fuite des nou- velles d'Amftcrdam du 26 Août 1727, 6c dans le Mercure de Fran- ce du mois d'Aouft 1727 à la page 7170. z°. Une brochure in-40. ^c 5& pages qui a pour titre : Repotife aux oljeiiwns &c. jufqu'ù la page 38, 6c Effais de Géomètre & de Ihjjîque, de- puis cette page jufqu'à la dernière ; imprimée à Paris chez Giflcy , avec permiflion de M. le Lieutenant Ge- neral de Police du 15- May 1726. 30. Autre brochure in-40. ^e huit pages, imprimée à Paris chez le mê- me, avec permiflion de M. le Lieu- tenant Général de Pohce, du troi- N O V E M B fîémc Décembre 1 7 î 6. Après quoi l'Académie ufànt du droit que M. Mathulon lui a donné déjuger de la réfutation de fa folu- tion, a jugé unanimement, que M. Nicole a démontré géométrique- ment dans fon mémoire, que la fi- gure reétiligne que ledit (leur Ma- thulon dit être égale au cercle dans là féconde méthode , ne lui eft pas égale , Se cela en faifànt voir géo- RE 1717. 65-3 métriquement, que cette figure eft plus grande que le poligolhe , de trente deux côtés circonfents au mê- me cercle. Ladite Académie ayant charge fon Secrétaire, d'expédier au dit fieur Nicole un Acle en forme de fondit jugement, pour lui fervir ce que de raifon , en foi de quoi j'ai figné le prefent extrait. Fait à Paris , le pre- mier Septembre mil fept cent vingt- fept. Fontenelle, Secrétaire perpé- tuel de l'Académie Royale des Sciences, LA RELIGION DES GAULOIS , TIRE'E DES PLUS PURES fource s- de l' Antiquité ', par le R. P. D. *** Religieux Bencdiftinde la Con- grégation de Saint Maur t ouvrage enrichi de figures en tailles douces. A Paris, chez Sa ugrain fils, Libraire-Juré de l'Uni verfité, quay des Auguftins près la rué Pavée, in-40, r vol. pp. 535". 2 vol. pp. 41 3, T* A Religion des Gaulois n'a point Ville ou d'une Province ; les autres été bien connue jufqu'à prefènt , pareeque ceux qui en faifoientpro- feffion voulant la cacher aux autres nations , s'étoient fait une loi de ne rien écrire fur ce fujet ; il n'y avoit ont entrepris d'en traiter à fond. No- tre A uteur eft perfbadé que ce que les un3 Se les autres ont dit fur ce fujet, ne. donne pas beaucoup d'éclairci fil- ment fur cette matière. Scedius qui eft même parmi les Gaulois , fuivant no^- le feul d'entre les modernes qui lui pâ- tre Auteur , que les Druides Se ceux roiflê mériter d^être cité , a rempli fon qui afpiroient à être admis parmi eux, qui fuflent bien inftruits de leurs mifteres. A l'égard des anciens Au- teurs on ne trouve que Cezar, Diodo- re de Sicile ,Mcla, Strabon, Se Pline le naturalise, qui ayera donnez quel- que légère notion de la Religion des Gaulois. Encore voit-on que ces Au- teurs, ayant avoué que cette Religion «toit bien diftèrentede celle des autres peuples, la confondoientenfuiteavec cel le des Grecs Se des Romains. Pour ce qui eft des écrivains mo- dernes, quelques-uns n'ont parlé de îa Religion des Gaulois, que paroc- cafion t en donnant l'hiftoire d'une ouvrage de chofès curieufès , mais qui font très éloignées de fon fujet. Quelques uns des Membres de l'Aca- démie des Infcriptions Se des belles Lettres, ont expliqué desmonumens finguliersqui ont rapport à la Reli- gion des Gaulois , mais aucun d'eux n'a entrepris d'en marquer pleine- ment la nature. Ainfi notre Auteur s'eft regardé , en entreprenant ce traité, comme un homme qui marche dans une route qui n'eft point frayée. Pour fè former unfiftême fur la Religion des Gau- lois ; il a recueilli ce qu'en ont dit les anciens , il a étudié l'hiftoire des Peu- 6f4 JOURNAL DE pies, aufqucls celle des Gaulois étoic liée, il a examiné ce qui nous reftoit des monumens d'antiquité Gauloiiè; il a même eu recours à la langue Ar- morique, qu'il croit être le plus pur 6c le plus précieux refte de la langue de nos ancêtres. Entre les différentes parties des fiftêmes qu'il a formes avec cefecours,lesuncslui paroiflènt certaines , 6c les autres bien plus pro- bables que ce qu'on avoit dit juf- qu'ici, ; Son Traité eftdivifé en cinq livres; dans le premier il parle de la Religion des Gaulois en gênerai , de l'antiqui- té de cette Religion,des Temples, des Autels , des Sacrifices , des Prêtres Se des Prêtrefiès, 6c des cérémonies; les principaux Dieux adorés par lesGau- lois avant qu'ils fuffent fournis aux Romains , font le fujet du fécond Li- vre ; il parle dans le quatrième Livre des Dieux Gaulois delà féconde claf- fe, c'ertainfi qu'il appelle les Divini- tezqueles Gaulois avoient emprun- tées des autres Nations. L'Auteur a mis dans le troifiéme Livre,fon explication d'une colomne trouvée àCu/fi dans l'Auxois , fur la- quelle on voit huit figures , 6c celle des bas-reliefs qui ont été trouvés au mois de Mars i 7 1 1. dans l'Eglife Cathédrale de la Ville de Paris. Enfin comme les funérailles font partie de la Religion des peuples , 6c qu'on en trouve ordinairement pluficurs verti- ges fur les tombeaux , l'Auteur em- ployé le cinquième Livre à traiter des funérailles 6c des tombaux. Suivant notre Auteur , les Gau- lois n'avoient emprunté leur Reli- gion de celle d'aucun autre peuple. *' Ils n'avoient penfé d'abord qu'à re- S SÇAVANS, connoîtrcunEtrefuprêmc,invifi-< Le chêne étoit le figne auquel ils avoient attaché la préfence divine pour l'y adorer. Ils l'attachèrent enfuite à d'autres fignes qui confervoient quel- que analogie avec le premier ; c'eft-à- dirc , qui n'étoient point l'ouvrage de la main des hommes, £c qui prefèn- toient à l'efprit , pourainlî dire, une idée abftraite de la divinité. Les Gau- lois donnèrent à cet Etre fuprême lç nom De fus , qui fignifie Dieu. Quand ils commencèrent à altérer leur Reli- gion, ils donnèrent des figures à cha- cun des différents fignes , aufqucls ils avoient attaché la préfence ou le fou- venirde Dieu. La multiplicité de ces figures introduifit le Polytifme , 6c comme chacune de ces figures avoit fon fymbole particulier, les Romains 6c les Grecs donnèrent aux Idoles des Gaulois , le nom de celles de leurs di- vinitez, avec lefquelles elles avoient le plus de reffemblance. Les Gaulois joignirent depuis à leurs Dieux par- ticuliers, ceux des Grecs 6c des Ro- mains. Au refte notre Auteur eft per- fuadé que ces changemens n'arri- voient que dans la Religion du peu- ple : 6cquelesDruidespermettansles Idoles par crainte ou par lâcheté , n'a- voient garde de pratiquer ce qu'ils to- leroient. Il prétend encore que du tems de Cefar, les Gaulois n'avoient point de N O V E M Temple,2c qu'ils fuifoient leurs facri- fices 6c les autres exercices de leurRe- ligion , dans les bois , fur les monta- gnes , au bord des ruilîêaux , des ri- vières 8c des lacs. Depuis l'entrée des Romains dans les Gaules, ils eurent des ftatuè's qui étoient pofées à l'air fur des colomncs, 8c enfuite des Tem- ples. L'Auteur nous donne la def. cription de deux de ces Temples, dont l'un eft à Montmorillon en Poi- tou , l'autre à Toulouse. Ce dernier eft à prefent l'Eglife de la Dorade. Ces Temples étoient magnifiques , fuivant qu'on en peut juger par ceux qui ont été confervés , 6c fuivant les deferiptions qu'on trouve dans les anciens Ecrivains, de quelques autres de ces Temples qui ont étédétruits. Il y avoit plulieurs perfonnes dans les Gaules , qui étoient chargées de ee qui regarde la Religion. Celles dont il eft le plus fou vent parlé , font les Druides : Voici en abrégé ce qu'en dit notre auteur, L.e nom de Drui- de ne vient point, comme Pline le prétend, du mot Grec j^ç Chefne t mais du mot Celtique Deru, qui fi- gnifie auffi un Chefne, Diodore de Sicile appelle les Druides Saronides , c eft-à-dire qui pafîènt leur vie fous les Chefnes les plus vieux, dont l'é- corce s'entrouvre 8c éclate. Le mot Senttmi eft emploie fur une des faces des monumens qui ont été trouvés dans le chœur de Notre-Dame de Paris , pour fignifier Druides : Les Gaulois nommoient leurs Druidef- lês Senas , fuivant le témoignage de Mêla. Notre auteur croit que ces mots fignifioient ancien. Cefar ap- pelle les Druides Majores tutu. Et il y a un grand nombre de nations B R E i 7 2, 7. çjf chez lefquelles !es miniftres de la Re- ligion portoient le nom d'ancien. Le genre de vie que menoient les Druides 8c les feiences qu'ils pro- feflbient, les ont toujours fait paflèr pour des grands Philofophes ; notre auteur eft perfuadé qu'il n'y a point d'école allés vaine pour fe flatter de l'emporter fur eux ,foit pour la gloi- re de l'ancienneté, foit pour la no- blefîè des fentimens , foit pour l'in>- tegrité de leurs mœurs. Polyhiftore, Diogene de Laè'rce^ Origene, faint Clément & faint Cyrille d'Alexan- drie, 8c plufieurs autres , font aller les Druides de pair avec les Mages des Perfes, les Caldéens de Babylo» ne 8c d'Aflyrie,lesGymnofophiftes & les Bracmanes des Indes , & ils les donnent pour les auteurs & les modèles de la Philofophie des Grecs. Les Druides formoient un corps diftribué prefque dans toutes les pro- vinces des Gaules , où ils avoient des collèges pour inftruire la jeunefie. Entre les privilèges dont ils jouif- foient , le principal étoit le pouvoir qu'ils avoient de créer tous les ans dans chaque cité celui qui la dévoie gouverner ; 8c fur lequel néanmoins ils confèrvoient une fi grande auto- rité, qu'il ne pou voit rien faire fans eux , pas même alfembler fon con- feil. Les Gaulois ne faifoient point de facrifices fans appeller les Druides, non feulement parce qu'ils étoient facrificateurs , mais encore , parce qu'ils paflbient pour être inftruits de la volonté des Dieux; ce qui leur avoit attiré tant de refpecl:,que quand ils vouloient terminer une guerre , ils n'avoient qu'à fe prefenter » eût- 6j6 JOURNAL DES SÇAVANS; •» on été dans la mele'e , ils arrétoient falloit auffi le recevoir en l'air, un cer- fur le champ l'ardeur du foldat. Ils c'toient juges nés Se arbitres de tous les differens tant publics que particuliers. Ils n'étoient point obli- gés d'aller à la guerre, ny de payer de tribut : Les Druides avoient à leur tète une pilonne de leurs Corps , en qui réfidoit la principale autorité. Après fa mort , celui qui avoit plus de mérite lui fuccedoit ; s'il y avoit plufieurs concurrens ,on faifoitune élection pour laquelle les feuls Drui- des donnoient leur voix. Comme il arrivoit quelquefois qu'on ne pou- voit s'accorder , on prenoit les termes & les plus forts l'emportoient. Toute la doctrine des Druides , par rapport à la morale, feréduifoit à ces propositions , qu'il falloit adorer les Dieux, ne jamais faire de mal, Se être brave dans toutes les occafions. Pour établir ces vérités, ils fe fèr- voient de grands détours Se défigu- res énigmatiques. Le dogme fur le- quel ils infiftoient le plus , étoit l'im- mortalité de l'ame. Ils fe piquoient de connokre la forme de l'Univers, le cours des Auxes, Se la volonté des Dieux ; ils cukivoient auflî la Médecine, mais ils mèloient beau- coup de fuperftitions dans la prati- que de ces arts. Us vantoient fort une efpece d'œuf inconnu à tout le monde, hors à ceux qui donnoient dans leurs rêveries ; ils difoicntque cet œuf étoit formé en Eté par une quantité prodigieufe de ferpens en- tortillés eniérnble , qui y contii- buoient tous de leur bave, Se de l'é- cume qui lbrtoit de leur corps : Ils ajouraient qu'au fifîement des fer- pens l'œuf s'élevoit en l'air , qu'il tain jour de la Lune,que celui qui l'a- voit reçu , devoit s'échaper au plus vite, pareeque les ferpens couraient tous après luijufqu'à ce qu'ils fuffent arrêtés par une rivière. On fiùfoit l'eflài de cet œuf, en lejettant dans l'eau avecun cercled'or dont on avoit foin de l'entourer. Ils lui attribuoient la vertu de procurer gain de c.iufë dans tous les differens, Se de faire avoir un libre accès auprès des Rois. Il refte encoiv quelques anciens mo- numens qui reprefententdcs Drui- des : Un des mieux confervés, effc celui d'Autun, où l'on voit deux Druides ; l'un d'eux yeft couronné de feuilles de chefne, l'autre n'a pas de couronne ; celui quiefr. couron- né tient un feeptre, l'autre tient un croifîànt : Un manteau à grands plis Se trainant , les couvre de tous côtés ; fous le manteau ils portent une tu- nique à manches , Se fi longue qu'elle a tout-à-fait l'air d'une aube, dont le poignet ferait étroit, Se aurait par defîus une efpece de manchette, qui fe replie à l'antique; ils demeuraient ordinairement dans des antres ou dans des bois. D'anciennes hiftoires, difênt que les Empereurs Tibère Se Claude , abolirent la fuperftition des Drui- des. Notre auteur croit que cela ne doit s'entendre que des défenfes d'im- moler des victimes humaines. Ces défenfes n'eurent point d'effet, com- me il le prouve par plufieurs anciens auteurs. Il croiç-encore , que la fècte des Druides ne fut entièrement abo- lie dans les Gaules, que quand le pa- ganifme y fut détruit. Ce que nous avons rapporté juf- qu'ici , NOVEMBRE! y z f. 657 K OUVEL EXAMEN DE L'VSAGE GENERAL DES FIEES EN France, pend*™* k XI , le XII , le XIII & le XÎFJîecle , pour fervir à l'intelli- gence des plus dnciei slitres du Domaine de la Couronne. Par M. BriiffJ, Coh- f iller.H Roy , Auditeur en fa Chambre des Conpte*. A Paris chez Claude Prud'homme, dans la grande Salle duPalais, devant la Cour des Ay- des ; & Claude Robuitcl,ruë Saint Jacques à l'Image Saint Jean , 1 727 in-40, 1. vol. JT Ou? avons rendu compte dans le Journal d'Aourc, du plan de cet ouvrage, & nous avons rapporté quel îucs exemples de la première Partie. Nous allons prefentement donner un extrait de quelques mor- ceaux du fécond Livre, pour mieux faire connoître combien M.Brulîèl a fait de recherches fur la matière im- portante q-i'il a entrepris de traiter. Nous avons déjà remarqué que dans ce fécond Livre.il s'agit des hauts Seigneurs & des Droits dont ils joiiif- foient. L Auteur déclare qu'il avoit lu avec beaucoup deplaifir, ce que Me- zeray dit fur ce fujet dans fon difeours for les mœurs & les coutumes des François , au tems de l'avènement d'Hugues Capet à la Couronne.Mais comme Mszeray s'eft contenté d'ex- poferles faits, fans en rapporter les preuves,M.BrulTcl a cru devoir re- chercher ces preuves, & il en a effec- tivement trouvé un grand nombre, qui foiit voir, fuivant la remarque de notre Auteur,queMezeray avoit bien approfondi la matière , ôc qu'il s'en ctoit fait unejuftc idée. Mezeray dit que les Seigneurs qui avoient droit de Régale , accordoient des Communes aux Villes , battçient monnoye , & donnoient des grâces. Voici le précis de ce que M. Bruf- f ;] a remarqué fur ces trois points, Novembre. Il remarque d'abord , par rapport aux Communes des Villes, que nos premiers Rois de la féconde race a- voient commencé à donner des privir leges à des Villes, même à des Bour- gades. L'Empereur Louis le Débon- naire en avoit accordé aux habitans defaintMaur près Paris,cn considéra- tion du Monaiterede ce lieu. Ce pri- vilège fut confirmé par Louis leGros en 1 1 19. comme on le voit par l'arti- cle du Livre Pater de la Chambre des Comptes, qui a pour titre, les Villes de la Prévôté de Paris , qui fe difent libres. Notre Auteur croit auiîi que ce fut Louis le Débonnaire , ou quel- que autre desRois de la féconde race, qui donnaà la Ville de Paris, les pri- vilèges dontelle jouit de tems immé- morial , ou que Paris tient fes privir leges de quelques-uns de fes Comtes. Il eilperfuadé que fi ces privilèges ve- noient de quelqu'un de nps Rois delatroifiémerace, le titre en auroit étéconfervé,ou du moins qu'on en auroit fait mention dans des titres poltcrieurs. Mais le tems de l'établi fîêracnt des Communes proprement ditcs,eft fixé par nos Auteur s au règne de Louis le Gros. Ce Prince eut deux vues prin- cipales dans cet éiabliilêment. La pre- mière d'apaifer les féditions qui é- tqient pour lors très fréquentes daas p PPP gy8 JOURNAL DE les Villes. La féconde de meure les habitans de ces Villes en état de le maintenir contre les grandsScigncurs qui les vexoient. Louis le Gros & ics fucccfl'curs , n'établirent ordinaire- ment de Communes que dans ks V îl- lcs de leur Domaine , il en faut excep- ter la Commune de Soiflbns , qui fut é: blie parle Roi Louis kGros,quoi- qu'il y eût un Comte de Soiflbns. Mais le pouvoir des Comtes de Soif- fons étoit bien moindre que celui des autres grands Seigneurs, parce que ccttcViSk a toujours été fous les y. ux de nos Rois, que les Comtes hérédi- taires y ont été établis plus tard que dans ks -.utres Villes , & que l' Evo- que ne dependoit en aucune manière du Comte. La Chartre de la Commune de Soif- fons , à laquelle pluiîeurs autres titres de Commune des autres Villes ren- voyent, comme à un modèle de cette cfpece d'établiflèment , n'eft point parvenue jufqu'à nous. Mais on fçair qu'elle a été donnée Iong-tems avant l'année 1 1 36. car le P. Martenne rap- porte dans fa Col btion un jugement rendu cette année en faveur de l'Evé- queSc du Chapitre de Soiflbns, pour réprimer les entreprifesde laCommu- ne , & dans cejugément ilefl: parlé de la Chartre de Commune queLouis le Gros avoit accordée à la Ville ek Soif- fons. Les grands Seigneurs ne tardèrent pas beaucoup à donner à l'imitation du Roi , le droit de Commune à leurs principales Villes. M. Bruflcl rap- porte là-deflus la Chartre par laquelle Henry Comte de Champagne & de Brie, donna le droit de Commune à la Ville dcMcaux en x 1 79. il y a d'au - S SÇAVANS, très exanpks de Communes accor- dées, mémeàdesBourgad.s &àdc$ \ . par ks mêmes Comtes de Champagne & de Brie. 11 ne paroît pas que les Seigneurs ayent obt« nu le confentement du Roi pour lctablif- fement de ces Communes. Cependant quand Eudes III. Duc de Bourgogne eût établi une Com- mune a Chàtillon-fur-Seine , l'Evê- quede L^ngrjs qui avoit un domai- nedanscette Ville, & de qui le Duc la tenoit en fief, prétendit qu'on n'a-- voit pu établir de Commune à Châ-* tillon fans fon confentement. Il fe fondoit apparemment fur ce que cette Commune diminuoit le fief qui étoit mou vant de PEvêché.êc qu'elle pou- voit donner la facilité aux habitans de s'emparer de fon domaine. L'Évêque excommunia tous ceux qui étoient de cette Commune, Se le Duc fut obli- gé pour faire lever l'excommu- nication , d'offrir de faire décider par la Cour de l'Evéquc de Langrcs, fil'on avoit pu établir une Commu- ne àChàtillon. Cette contestation ne fut pasfitôt décidée. Msis le Duc & l'Evéquc de Langres ayant choifi pour arbitre Robert , Archevêque de Lyon , la Commune de Chdnllcn fut révoquée en 1133. Quand ks grands Seigneurs vou- loient favorifer quelque Ville , fans lui donner néanmoins le droit de- Commune, ils accenfoknt la taille qu'ils avok nt droit de lever dans cette Ville, moyennant une redevance an- nuelle & fixc,& ils s\ ngageoient à ne point lever de taille plus forte , même fous le prétexte d'un nouvJ accroif- fcmentdelaVille. Tellecft la remife de la taille qui fut accordée par Henry N O V E M B îe Jeune, Co mte de Champagne & de Brie, aux habitansdela Ville de Pro- vins , 6c de touce la Châtellenia t moyennant une redevance annuelle de fix cens livres. Telles font les obfervations que fait M. BruMêl au fujet des Commu- nes^ Poccafion de celles qui ont été établies par les Seigneurs. Il paflè de- là au droit qu'ont eu plufleurs Sei- gneurs débattre monnoye. Ce droit de battre monnoye a voit .été accordé àplufieurs Evêques, mê- me à des Abbayes , dès le neuvième ficelé , Louis le Débonnaire l'avoir donné à une Abbaye du diocefe de SoiMbns, le même Prince confirma dans ce même droit l'Eglifë de Mons, qui pretendoit le tenir duRoi Thierry mort en 690. quelques Evêques don- nèrent même à des particuliers à titre de bénéfice , le droit de fabriquer la monnoye de leurs Eglifes , comme il eft prouvé par une Chartre de Bou- chard, Evêquede Meaux Pan 1 1 34. les monnoyes des Evêques rr'avoient ordinairement cours que dans laVille épifcopale , 6c ils avoient de la peine à la faire recevoir par leurs vaiîàux dans leurs Seigneuries. Mais cequiparoît beaucoup plus extraordinaire , c'eft ce que remarque M. Bruflcl , que les Evêques 6c les grands Seigneurs qui faifoient battre monnoye, joui M'oient du droit d'em- pêcher qu'aucune autre monnoye , même celle du Roi, n'eût cours dans leurs terres. C'eft ce qui refaite d'une Chartre d'Eudes III. Duc de Bourgogne , par laquelle ce Ducc- toit convenu avec PEvêque de Lan- gres , qu'il n'y auroit que la monnoye de Dijon 6c celle de Langres qui au- R E 1717. nombre de celles qui n'ont d'au- *> tre exeufe, que l'impuillanced'y »> refiflcr. Mais l'ambition de pu- " blier de pareils amufèmcns, paroît » une témérité que le fuccès peut 5» fèul juftifier. L'inclination qui m annonce quelquefois le talent, eif. » un ligne trop équivoque, pour »» s'en prévaloir. Maisnepuis-je ef- s> pererdu Public ( ajoute- t'il ) ,que »• quelques-uns de mes ouvrages , » déjà receus avec indulgence,lc pre- « viennent en faveur de ce recueil ? « S'il m'honore de les critiques, j'ai * le tems £c le courage d'en p ro- si fiter. 2 2 Eclogues qui occupent la moitié du premier vol. font précé- dées d'un difeours ingénieux fur l'E- clogue en gênerai , & l'auteur fait paroître autant de modeftie fur ion propre compte, que d'eftime pour les anciens. Il ne nous appartient pas de prévenir le jugement du Pu- blic , êc de décider fi les Eclogues , & en gênerai toutes les poëlies de M. Roy, font conformes au goût de l'Antiquité : IlnousfufHtdedirc," que félon fon Approbateur , l'auteur s' eft appliqué a fe former fur les bms mo- dèles. Comme les Eclogues de M. Roy ne font pas la partie la moins elîi- mable de fon recueil , nous croyons devoir en prefenter ici un échantil- lon. La première Eclogue efr. un dialogue entre deux bergères , Eri- xéne , 6c Iphife, dont la première ayant paifé trois années à la Cour, où elle s'efl ennuyée, cil de retour depuis peu. Iphiic lui en demande le motif, & lui dit : Mais ce lieu fi charmant c'étoit la Cour , je penfe. , E RIXE NE. C'eft ainfi qu'on l'appelle. I PHI SE. Où la magnificence L'or 8c les diamans brillent de toutes parts. E RIXE NE. Ce fpcélracle a bientôt épuifé les re- gards. I P H ISE. Mais tant d'autres plaifirs que cefé» jour apprête : Car tous les jours , fans doute , y font des jours de fête. Erixene. Tu crois donc qu'à la Cour habite le plaifir. Iphise. Eh ! Que feraient de mieux , dos gens pleins de loifir. 66% JOURNAL DES SÇAVANS, Au comble de l'honneur, au feinde fcrmefês mains, la richefiè ? Qui forme en un moment, & détrui; Erixene. fes ouvrages , Non , mille & mille foins les devo- Qui careife les fous, qui fe mocque rent (ans celle, désfages, La Cour n'a des plaifirs que l'éclat Qui donne des defîrs, allume des fu- & le bruit; reurs, Tout le jour on s'agite, on ne dort Et d'une noire envie empoifonne les point la nuit. cœurs : Ces plaifirs préparés avec tant de On l'appelle Fortune, 6c Tous ce joug de'pcnfe, fervile, Sont à leurs fpeétateurs bien moins Pcnfcs-tu que l'on goûte un fom= doux qu'on ne penfe. meil bien tranquille ? Tel gémit en i'ecret , qui montre un Iphise. cœur joyeux ; Car le trouble du cœur n'ofe palier aux yeux ; Tel fourit à l'objet, dont l'afpeéfc feul le bleflê , Contrainte, dont le poids ajoute à leur triftefie. Iphise. Pourquoi cacher l'ennui dont on eft tourmente ? Erixene. ïphife, ainfi le veut une Divinité', Dont le culte eft bizarre, 2c lesloix font pefantes. Iphise. .Quoi ! Pomone,Cerês,De'eiTesbien- faifantes , Nos Dieux , Pan , Apollon , n'y font pas adorés ? Erixene. On reçoit leurs prefens , leurs noms font ignores. Mais la Divinité' qui dans ces lieux habite , Chaque jour implorée, &C chaque jour maudite, Eft un monftre fans yeux , vrai tyran des humains, Qui toujours par caprice, ouvre, & On ciort mieux, quand on n'a que le foin des troupeaux. Pour nous eft le fommeil ; le mur- mure des eaux, Ou le ge'miilcment de quelque tour- terelle Bien loin de le troubler , l'amené , ou le rapelle. Mais aulfi la Fortune a-t'elle tous les vœux ? De l'Amour en ce lieu méprife-t'on les feux ? Erixene. On pare de ce nom quelques defirs frivoles , Un commerce indiferet , de regards, de paroles, Un lien qui fe noue , ôc fê brife crj un jour. ïphife, à ton ayis, eft-ce là de l'A- mour? Iphise. Ah! de quelque dépit ton ame eft poflede'e ' Car enfin de la Cour j'ai toute une autre idée. Ce que tu m'en as dit , m'étonne, & franchement NOVEMB Sur ce que j'en ai vu, j'en raifonne autrement. Erixene. Eh ! Qu'en as-tu donc vu? Iphise. Moi j'en ai vu le maître. Ecoute,Sc mon rccit t' étonnera peut- être. J'étois affife aux pieds de cet Orme, ou Daphnis Ecrivoit tant de fois le nom de Co- ronis , Qu'eflàça tant de fois la jaloufe Af- teric. Mes troupeaux unpeu loin paifîbient dans la prairie. J'apperceus tout-à-coup , des hom- mes, des chevaux, Mais des chevaux fi fiers, ôc des hommes fi beaux : Nous voilà, difoient-ils, égarés de la chafîë. L'un d'entr'eux, c'eft le Prince ;& lui fui les efface. L'air dont ils lui parloient , ne me l'apprit pas mieux Qu'un éclat tout divin, qui brilloit dans fes yeux. Bergère , indiqués moi , dit-il , quel- que fontaine. Auffi-tôt je le guide à la fource pro- chaine ; C'eft là que je le vis , tout comme je te vois , Il me regarda même, ôcme parla deux fois. Je tremblois , mais à tort. Il eft la douceur même. O ! Qu'heurcufê , cent fois, eft la Nymphe qu'il aime! Il n'étoit point couvert d'or & de diamans ; Il n'a pas félon moi , grand befoin «3 RE 172, y; d'ornemens. Peut-être les héros en négligent l'ufa- gc La fatigue animoit l'éclat de fon vi- fage, Et les rofes fembloient l'emporter fur les lys; C'étoit le vrai portrait du chalîcur Adonis. Je ne le reverrai peut-être de ma vie: A la Cour on le voit, Se tu veux qu'on s'ennuye ! Erixene. Comme toi de fes yeux j'admirai le pouvoir. Mais crois-tu que toujours un Roi fê laifîe voir ? Non , tel que le Soleil fe couvre d'un nuage, Tel , pour vacquer aux foins où le thrône l'engage, Dans un fecret augufte un Roi fê cache aux yeux. Iphise. Eh '.Pourquoi travailler? Erixene. C'eft pour nous rendre heureux. Les Rois font des pafteurs , mais pak tcurs moins tranquilles; Ils gouvernent fouvent des trou- peaux indociles, Et fur la foi des chiens, qui gardent leurs moutons, Ils goûtent rarement la paix que nous goûtons. C'eft ainfî que l'auteur, dans un langage fimple , champêtre Se négli- ge, peint la Cour, Se fait un por- trait aimable du Koi,fâns fortirdù génie paftoral. Dans la :■ -e Eclo- gue, il introduit pi ufieurs bergers., c'eft-à-dire,plufieurs Poètes , fe dif. puunt le cœur, Si les faveurs delà 66+ JOURNAL DES S ÇA VANS. Mule Eutcrpc, qui préfidc au chant herbe, (dit l'auteur dans des rL paftoral. E le m brille point d'ornemens em- pruntes. A la feule nature elle doit fes beau- tés. La candeur de fes mœurs regne fur Ion viiage, Erla fimpheité lui dicte fon langa- • Se Le Mantoiian Ronfàrd, Sannazar entre en lice. Bizarrement orne de joncs , d'algue & de moufle , Sannazar tout mouillé dans la foule Éè pouffe, ïl joue un air marin : à fes aigres pipeaux On crut voir Polyphêmeaflèmbicr k . troupeaux? Notre pêcheur troublé , s'e'chapant avec peine, Touche , 6c mouille un berger des rives de la Seine. Le berger en pâlit ; car il avoit com- pté Sur fon ajuftement avec foin con- certé — Enfin un berger reprefentant Se- grais l'emporte fur tous fes rivaux, & reçoit de la main d Euterpc le prix de la Poëfie paftorale moderne. L'auteur dans cette pièce a fçu fe peindre lui-même , 6c paraître dif- puter le prix. Parmi les ieces mêlées que renferme ce premier tome, on lit avec plaifir celle qui eft addreflée à Madame de Rupclmonde pag. :o8 où il s'agit de la réconciliation d'A- pollon Se de l'Amour. Un grand nombre d'Odes ferieu- fes compoient la plus grande partie du i vol. » L'Ode étoit peu « connue des François avant Mal- flex ont fut l'ode ) elle fur enfèvelie « ques. L'Ode eft , félon lui , l'ou- « vrage le plus fufceptible de poélic, parteque la hardiefîè, la vivacité, le détordre, l'entoufiafme la caractey nient , & que le froid , qui eft mor- tel à toute poèfie, l'anéantit. Etre transporté hors de fon fens naturel, & être pourtant judicieux 6c rai ton- nable , cette union difficile, eft ici luppoiée iiécefiàire,6c pratiquée heu-» reuiement par Pindare , 6c par Ho- race. Pour faire une bonne Ode,ftv Ion M. Roy , l'imagination ne doit point êtreenyvrée ce déréglée, mais feulement tendue 6c rapide , ce qui ne produit ni pointes frivoles , ni chu- tes précieuiès à la fin d'une ftro- phe. 11 croit même que Verdre exact eft le père de l'entoufiafme. Quoique les Odes d'Horace n'ayent point de titre ( méthode que l'auteur a iuivie) elles ont pourtant, dit-il, un fujet déterminé ; c'Jt à vous à le décou- vrir. « Pourquoi les nôtres ne fè* roient-elles qu'un texte donné, 6t « un rempliilàge contraint? La fable, m C ajoute t'il ) 6c les allégories lont m unefource d'entoufiafme : fource te que l'on veut aujourd'hui fermer, <« fous prétexte que ces my itères, ce « culte , ces loix des anciens ne nous t >* fi les Poètes n'avoient pas étalé s» dans les mc'tamorphofcs , les ri- cbefle N O V E M B « cheflcs de leur imagination , au- » tant pourdivertir les hommes, que » pour honorer les Dieux. L'au- teur foutientenfuiteque les traits de la fable font aulli connus chés nous, que chés les Grecs 6c les Romains ; pareeque les livres , les tableaux, les fpectacles, les mettent fous nos yeux. Il entend fans doute les traits communs ; car il y en a , par exem- ple, une infinité que Ronfard a em- ployés , 6c qu'on ne peut entendre i'ans une profonde étude de la My. thologie. La morale, continuc-t'il , peut en- trer dans l'Ode, mais fous des ima- ges brillantes, fans quoi elle eft dé- placée. Elle ne doit même , klon lui, s'y introduire .pïaUdîrobée. L'Ode ne raifonne point ; elle entraine. En- » fin la multitude des images réunies s> dans peu d'efpacc , eit la magie de s< POde. Eh ! Quelle témérité, ajou- 3> te t'il , de négliger des fecrets qui m ont rç'uffî depuis plus de mille a» ans, 6c de préférer fis fantailïes au v goût de l'Antiquité ? Tôt ou tard j» le Public la vange. Déjà Boileau, » Racine , la Fontaine , la Bruyère , u font corps avec les Anciens, tan- a> dis que les nouveaux légiilatcurs s. furvivent à leur propre réputa- » tion. Les amis de Lucilius por- î> toient des fouets fous leurs robes , » pour battre ceux qui defapprou- « voient les vers de ce Poé'ce. En - s» vain s'appuyoient-ilsfurla mode, »» & la cabale ; l'ouvrage a péri , 6c »> il n'en: demeuré aux approbateurs. j> que la honte , 6c le mépris. Il feroit peut-être à-propos d'ex- pofer ici quelques Odes de M. Roy, ÎJont » pîufieurs , dit-il , font dans le RE 1727. 665 goût de celles , que l'Académie des « Jeux Floraux a coutume de cou- « ronner,6c quelquesautresunpeu « plus dans le goût de Malherbe & « de Rouflèas. Mais comme il n'y te a aucune de ces pièces qui nouspa- roiflë allés courte pour entrer dans un extrait, nous renvoyons au livre de M. Roy ceux qui voudront con- noître le caractère de fà poé'fie lyri- que. La première Ode du 4e. livre page i2cj. au fujet de S. François Xavier, pallc pour une des meilleu- res. Nous n'en citerons que la pre- mière ftrophe. Quel eil ce mortel avide Des périls les plus affreux ? Deux fois la Zone Torride L'a vu palier fous fes feux, Il ne marche pas, il vole ; Le voila fous l'autre Pôle, 11 femble hâter le tems : Il pénètre des contrées, Et des bornes ignorées De leurs propres habitans. Les Odes de M. Roy font fuivics de 4 Poèmes, dont le premier , in- titulé le Goi.t , eit une efpece d'Are Poétique. Le recueil clt terminé par des dilcours qui ont mérite de rem- porter le prix de l'Académie Fran- çoife, 8c des Jeux Floraux. Corn*. me on connoît affés le flile ordinai- re de ces difeours , 6c le caractère de cette éloquence Académique , il cft inutile de nous y arrêter. Au refte il eft à-propos d'avertir que toutes les poëfies de M.' Roy, ne font pas renfermées dans ces deux volumes, 8c qu'on n'y trouve, ni fes Opéras ni fès Cantates, ni pîufieurs autres pièces connues, Se imprimées iepa- renient dans des recueils. Q.qqq 666 JOURNAL DES SÇAVANS, BOTANICON PARISIENSE, ou, dénombrement par ordre Alphabétique , des 1 Urnes qui je trouvent aux environs de Taris , compris dans la Carte delà Prévôté & de l'Election de ladite Ville, par le Jieur Danet gendre , année ijzz. arec plujîcurs defcr'i, ttons des riantes , leurs fj- nor.ymcs , le temps de fleurir , & de gramir • & u> e Critique des Auteurs de Botanique , par (eu M. Vaillant de l'Académie Royale des Science ï, & De'tuon- firateur des Plantes au J arum Ro)al de Parts. Enrichi de plus de trois cens fi- gures , dejfînces par le Jïetir Claude Aabriet, Peintre du cabinet du Roi. A Leide & à Âmfterdam chez Jean &HermanVerbeek,& Balthazar Lakcman, 172,7. vol. in- fol. pp. 20 j. lans compter les planches 6c la table des planches , qui montent à cinquante-fix pages. Ous ne (cautions rendre un compte plus exact de cet ou- vrage , qu'en fuivant ce que M. Boerhaave, qui en en: l'Editeur , nous en apprend lui-même dans la Pré- face qu'il y a mifè. M. Vaillant attaqué d'un afthme incurable qui le tenoit depuis quel- ques années , Se dont il prévoyoit que la mortferoit bien-tôt la fuite , s'affligea de voir que ion ouvrage des Plantes , auquel il avoit travaillé pendant trente-fix ans,alloit être per- du. Pour prevemr ce malheur, il écrivit à M. Boerhaave le premier de May 172 i. pour le prier de fe charger du foin de publier fou Li- vre. M. Boerhaave ayant accepté la commiffion , apprit que M. Aubrict avoit deflînc fous les yeux de l'Au- teur, plus de trois cens figures de Plantes pour être inférées dans cet ouvrage , 6c que ces figures étoient encore entre les mains du Deflina- tcur,qui n'en avoit pas reçu le paye- ment. Sur cette nouvelle il les ache- ta toutes , & peu de jours enfuite le Manufcrit de l'ouvrage lui fut en- voyé par M. Vaillant même \ qui fe tranquillifa,6c ne fongea plus qu'a- ie difpolèr à la mort. Il mourut muni de fes Sacrcmens le 1 6. Mai de l'an- née 1 7 1 ; . a fis heures du matin. Dès que M. Boerhaave eût reçu l'ouvrage, il fe mit à le parcourir , 6c le trouva ailés bien travaillé; mais il dit qu'il y remarqua des chofes que l'Auteur auroit corrigées s'il en avoit eu le tems. Il ajoute que M. Vaillant a fou- vent omis d'indiquer les lieux où naifîènt les plantes dont il parlc;mais ce défaut eft de petite conféquence, la plupart de ces lieux fe trouvant marquez dans l'ouvrage de M. Toui- nefort , touchant les plantes qui nailîènt aux enviions de Paris. M. Vaillant mêle quelquefois enfemble les plantes qui viennent par la cul- ture, 6c celles qui naiflènt fins cul- ture, ce qui femble être contre fon defîein. Mais il n'a fait cela qu'à l'é- gard de celles qui fè trouvent au/fi dans les lieux incultes , 6c il paraît l'avoir fait afin que les Curieux puif- fent les reconnaître auffi-tôt qu'ils les trouveront dans ces endroits ; il en a ute ainfi à Pe'gard des poiriers, des ccrifkrs, 6c de quelques autres. Plufieurs perfonnes ayant fouhaitc qu'on rangeât fuivant l'ordre alpha- bétique, les plantes rapportées clam N O V E M es fîx Herborifations de M. Tour- nefort, afin que les mêmes fe pre- fentafîèntfur le champ, & ne fullènt pas répétées autant de fois qu'elles fe trouvent dans les difterens cours , M. Boerhaave a cru devoir publier, félon le même ordre , l'ouvrage de M. Vaillant, comme étant l'ordre le plus fimple. Il a ajouté les plantes qui ont e'chapé à l'exactitude de M.Tour- nefort,6cil les a marquées chacune par une afterique. Il y avoit dans le Manufcri't de l'Auteur , beaucoup de confufion à l'égard des champignons, des chien- dents, 6c des moufles , les uns & les autres s'étant trouvé écrits fur de pe- tits papiers difperfés : ainfî il a fallu un travail incroyable pour les met- tre en ordre, 6c les rapporter à leurs figures : ce qui a augmenté la diffi- culté, c'efr. que les champignons 6c les moufles qui fe trouvent décrits dans l'ouvrage de M. Vaillant, ne le font point ailleurs , ce qui cil caufe que les livres ne peuvent être ici d'aucun fecours , 6c qu'il faut une grande habileté pour connoître ces plantes. Heureufement dans le tems que M. Boerhaave étoit occupé à mettre l'ouvrage en ordre, M. She- rard qui étoit logé chez lui , 6c qui à caufe de fon extrême habileté dans la Botanique , étoit très capable de ranger les papiers difperfés dont nous venons de parler , voulut bien fe donner la peine de les revoir ; il ache- va ce travail avec tant de fuccès , qu'il rangea dans leur ordre toutes les plantes, fans en omettre une feu- le. M. Sherard,à ce qu'allure l'Edi- teur, étoit le feul qui pût mettre cet ouvrage dans l'état ou il eftaujour- BRE 1717. 667 d'hui ; l'Editeur a achevé le .refte a- vec toute l'exactitude oc toute la fidé- lité pollible, Il a fait prefent à l'Académie de Leide , de tous les Manufcrits fur lefquels l'ouvrage a été imprimé, 6c de toutes les figures qui ont étédef- finées par M. Aubriet.Ceux qui vou- dront y recourir verront avec quelle exactitude M. Boerhaave a fàtisfait aux fouhaits de M. Vaillant fon ami. Il dit qu'il les a fuivis avec ferupu- le, Ècreligieufemettt : voici comme il s'explique la-defîiis à la fin de fi Pré- face. « S'il y a quelque chofe au monde qu'on doive obferver reli- comme le fruit de iès dernières m étudesjorlqu'ilfe trouverait quel- î» que différence entre ces deux ou- J) vrages. « Je ne nie pas qu'en quelques en- » droits de ce petit ouvrage , on ne "trouve marquées comme nouvelles, » quelques plantes dont M. Tour- » fort a fait mention auparavant : m mais cela n'eft arrivé qu'à l'égard » de celles qu'on trouvera corrigées » dans le prefent ouvrage ; M. de » Juilîui n'ignore pas aulîi, par ce « qu'il a pu re.: arquer par-ci par- « là, dans l'ouvrage qu'il a fait im- 3» primer de M. Tournefort, com- » bien il eft fiicile que de pareilles » fautes fe gliffent dans un livre par » quelque tache ou par quelque ra- * turc ; les autres remarques criti- » ques que M. de Juftîeu a cru de- -» voir ajouter pour diminuer lcmé- « rite de ce petit traite, ne meregar- j> dent point. M. Boerhaave avant que de venir à l'ouvrage de M. Vaillant , & de donner fur ce fujet lesavertillèmens que nous venons de rapporter, fait quelques reflexions générales fur la Botanique : il remarque que la pre- mière chofe qu'il faut obferver dans cette feience, eft de décrire toutes les- plantes que la terre produit, Se d'en S SÇAVANS, donner des deflèiris exacts * afin que ces deferiptions & cesdcflèins fervent de règle , loit en empêchant la con- fuiîon qu'on pourroit faire de plu- sieurs plantes , qui compnles fous un même nom , ne laiilent pas d'être dif- férentes ; lbit en empêchant qu'on ne- taliepiuficurs plantes d'une feule qui aura plufieurs noms. Un autre avis c'eft que la différence des lieux où une plante croît , la changeant quelquefois fi fort , qu'à peine eft- elle î econnoiffable , il faudrait defïi- nerchaeme plante comme elle paraît dans ces difterens lieux ; enforte que fous ces différentes apparences , on pût reconnoîtn. la même plante. Ainfi il faudrait qu'on rcprelèntàt les plan- tes lotis la forme qu'elles ont dans les lieux incultes, & fous celle qu'elles ont dans les jardins ; fous la forme qu'elles ont dans tels climats , & fous celle qu'elles ont dans tels autres. M. Boerhaave s'e'tcnd ici fuiT élo- ge de la Botanique , & après avoir parlé des progrès qu'elle a faits dans cesderniers temps fous Mr Tourne- fort Se Vaillant , rapporte quelques. circonftanccsde la vie de ce dernier. M. Vaillant naquit le 26. May 1669. à Vigny , lieu fîtué auprès de Pontoife. lierait le quatrième de lix enfans, fçavoir trois filles aînées, & trois garçons. Son père qui étoit Marchand, le nommoit Denis Vail- lant , 6c fa mère Margueritte Pinfon. Dès l'âge de cinq ans fon inclination naturelle le porta a la Botanique, il ramaffoit toutes les plantesqui lui pa- roiilbient les plusbclles,6c il en apor- toit tous les jours de nouvelles dans le jardin de Ion père. Lepercqui ne vouloit pas contrarier l'inclination N O V E M B de Ton fils , ni cependant fouffrir qu'il remplît de plantes fauvages tout le jardin, lui en marqua un endroit où il lui permit de cultiver fes plantes. A l'âge de fix ans il fut mis en peir- fion chez un Prêtre habitué dans la Paroillè de S. Pierre de Pontoife , pour y apprendre à lire & à écrire. Peu de tems après il tomba malade d'une fièvre intermittente , que les Médecins du lieu n'ayant pu guérir pendant quatre mois de traitement , il la fit palier lui-même en la manière fui vante. Un jour que tout le mon- de étoit allé à la Mefiè, il fe leva et fut cueillir des laitues dans fon petit jardin , il les aiîàifonna avec du vi- naigre, 8c les mangea, ce remède lui emporta abfolument la fièvre. Le jeune Vaillant fe voyant gué- ri , employa tous les foins à fatisfai- re le Maître d'école chez qui il étoit, & de peur de n'avoir pas ailés de tems pour apprendre fes leçons , il mettoit tous les foirs fous fa tète en fe cou- chant , un loufflet garni dans fon mi- lieu d'un gros clou de cuivre relevé en boflc. Couché fur ce chevet dur, il lui fut facile de fe lever de grand matin , ce qu'il ne manqua pas de faire pour gagner du temps , & rem- plir mieux fes devoirs. Mais à la lon- gue ce clou fur lequel il tenoit fa tè- te appuyée pour dormir moins à fon aiie , lui blella tellement la tête , qu'il lui vintàla nuque du cou une loupe qu'il porta toute fa vie. Le maître avoit coutume les jours de congé, de mener promener fes écoliers à la campagne. Sebaflien Vaillant profitant de cette occa- sion , couroit de tous les côtés pour découvrir quelques plantes qu'il RE 1 717. 669 n'eût point encore vuè's. Le père qui avoit peu de bien, 8c à qui cette incli- nation pou ries plantes, ne paroifioit pasunechofequi pût être utile à fon fils, voulut qu'il apprît la mufique, 6c à jouer du claveifin , pour appren- dre enlùite à jouer de l'orgue. Il lui donna pour maître, l'organiltc de S. Macloiïddela'ville de Pontoife. Le difciple qui n'avoit encore que dix à onze ans, profita fi bien des leçon3 qu'il receut , que fon maître l'en- voyoit Ibuvent toucher l'orgue en fa place. Cet Organifle étant mort en 1 680. M. Vaillant qui n'étoit âcé que de douze ans fut trouvé capable de lui fucceder j il remplit cette pla- ce avec tant de fuccès, que peu dé tems après les Religicufes de la mê- me ville, le prièrent de venir défier-' .vir l'orgue de leur églife. Elles lui préfènterent pour récompenfe fa nourriture 8c un logement dans leur maifon ; il accepta leur offre. Comme ces Dames font hofpita- lieres, il alloit tous les jours à fes heures deJoifir voir panier les ma- lades de l'hôpital • il fit connoifîhnce avec les Chirurgiens qui y travail- loient, 8c forma enfuite le deflèii) d'apprendre l'a Chirurgie. Pour s'y difpofer , il emprunta des livres d'A- natomie 8c de Chirurgie; il les lut avec application, 8c après s'être fait inihuire,il fut receu à l'Hôtel-Dieu de Pontoife en qualité de garçon chirurgien. Il s'attacha entièrement alors a panfer les malades ,8c pour fe perfectionner dans la Chirurgie , il pafibit une partiedes nuitsà fairedes difièéiions dans fa chambre, perfua- dé qu'il eft impoffible d'être bon' Chirurgien , non plus que bon Me- 6> JOURNAL DES dicin, Huis (avoir lAnatomie, ëc qu'il eft impollible de lavoir bien l'Anato- mie fans avoir dilfequé. Il demeura ainfi quelques années dans l'Hôpital de Pontoife, d'où il fortità l'âgé de dix-neuf ans pour alleràEvreax en Normandie exer- cer la Chirurgie fous un maître-Chi- rurgien. Deux ans après , il quitta Evreux par complaifance pour M. le Marquis de Goville, Capitaine dans le régiment des Fufeliers , qui le voulut avoir avec lui à l'armée en qualité de Chirurgien de fa compa- gnie. M: Vaillant pendant fonféjour à l'armée , marqua autant de courage que (I dès fes plus tendres années il «voit été élevé au milieu des armes. Il montra, dit M. Boerhsave, une ame vrayment belliqueufe, 8c s'ex- pofa avec courage aux plus grands dangers. In cafins bellicum & mafeu- luin aninium ofte ndk ; multis grav'tbufque ■peïkulii defunàus. Il le trouva à la bataille de Fleurus , le premier de Juillet de l'année 1690 , M. le Mar- quis deGovilley ayant ététué, il lut chercher Ton corps fous un monceau de cadavres, Se après l'avoir décou- vert avec beaucoup de peine , parce que les chevaux qui l'avoient foulé aux pieds, l'avoient entièrement dé- figuré il le fit enterrer, 8c renvoya les domefriques Se les équipages à la maifon du défunt. Il profita de l'occaiion de ce voyage pour voir plufieurs villes de Flandres , après quoi il s'en retourna à Evreux ; de re- tour dans cette ville, il continua à y exercer la Chirurgie jufqu'en 1691 qu'd en partit pour aller à Paris, afin d'y travailler dans l'Hotei-Dieu en qualité d'externe. SÇAVANS, Il ne fut pas plutôt arrivé dans cette ville, qu'y ayant appris qu'un des plus grands Botani (tes de France, qui étoit le célèbre M. Tournefort, y démontroit les plantes toutes les an- nées dans le jardin du Roy • il fentit renaître en lui fa première inclination pour la Botanique, & forma ledef- ièin d'ailîitcr à toutes les leçons de ce grand homme; ce qu'il fit avec un fiuccèsqui lui attira bien-tôt l'ad- miration de M. Tournefort même. En 1692 , un Chirurgien de Netiilli, l'engagea à venir demeurer avec lui pour exercer la Chirurgie, M. Vaillant qui dans ce bourg fe trouvoit éloigné de Paris de deux grandes lieues, ne laiflà pas d'aller affiduernent aux démonltrations de M. Tournefort. Il arrivoit tous les jours au jardin du Roy à cinq heu- res du matin , & y apportoit de la campagne pi ufieurs plantes qui man- quoient au jardin ■ il les préfèntok à M. Tournefort, Se les plaçoit cha- cune félon leur genre. A la ibrtie de la démonftration ,' il alloitàl'arnphiteàtrepour y écrire les vertus des plantes qu'un profef- feur particulier v dicroit; l'après- midi ilaffiiloit aux leçons d'Anato- mic de M.Duverney ,Scfe trouvoit enfuite à celles deChymie de M. de Saint- Yon. Après ces exercices il re- tournoit le foir à Neiiilli , Se en che- min il vifitoit plufieurs malades. Comme M. Tournefort méditoit de donner an Public l'hiftoire des plantes qui naillènt aux environs de Paris, il pria M. Vaillant de lui faire part de fes découvertes ; ce que celui- cy lui accorda volontiers, Se ce qui engacca M.Tournefortà le citer dans M O V E M pluficurs endroits defon livre. Il quitta enfuitc Nciiilli 3 ou il fut regretté de tout le monde , & entra en qualité' de feerctaire chez le Père de Valois Jefuite , alors Confeûeur de MonfeigneurleDucde Bourgo- gne. M. Fagon premier Médecin de .Louis XIV. l'y ayant un jour trou- vé par hazard , l'apperçut qui difpo- iJbit des plantes fur un herbier, il admira l'ordre 6c la propreté du tra- vail, 6c peu de jours après étant re- tourné chez le Père de Valois, où il le trouva encore, il lui dit après l'a- voir fait raifonner fur les plantes , qu'il n'avoit qu'à lui demander en quoi il pouvoit lui rendre fervice. M. Vaillant lui répondit fur le champ qu'il ne fouhaittoit rien avec tant d'ardeur que de voyager dans les païs étrangers, pour y découvrir des plan- tes inconnues, & pour éclaircir beau- coup de doutes qu'il avoit fur plu- fieursde celles que l'on connok jM. le premier Médecin lui promit fa pro- tection , & M.Vaillant pour être plus en état de la mériter s'attacha plus que jamais à l'étude des plantes, il pria le Père • de Valois de lui per- mettre de fe retirer, & il loua un ap- partement à Paris pour y faire fon unique occupation de la Botanique. M. Fagon qui avoit connu les talens deM.Vaillantrappella bientôt auprès de lui , il le fit ion Secrétaire 6c lui ob- tint du Roy la permilîïon d'entrer danstous les jardins defaMajeilé pour y herborifer. Peu après il lui donna la direction du jardin Royal. M. Vaillant ne fut pas plutôt revêtu de cette charge, qu'il mit tous fes foins à enrichir le Jardin du Roy ; ce qu'il fît avec tant de fùccès que jamais BRE 1727. 6>i on n'a vu le Jardin plus abondant en plantes, que dans le tems que M. Vaillant en avoit la direction. Au commencement de l'année 1 708 M. Fagon perfuadé plus que jamais de l'habileté de M. Vaillant, lui réli- gna la charge deProfeflèur 6c fous dé- monflrateur des plantes du jardin RoyaljCharge queM .Fagon avoit lui même exercée, &c dont M. Vaillant s acquita avec tout le fuccès imagina- ble. M. Fagon ayant fut conftruire enfuite au jardin Royal , par la libé- ralité de Louis XIV , un magnifi- que cabinet de drogues,il en donna le loin à M. Vaillant, qui fit venir des pays étrangers les drogues les plus rares pour orner ce cabinet, 6c les enfirma dans des bocaux de enflai , qu'il rangea félon l'ordre où on les voit aujourd'hui. En 1716 il entra à l'Académie Roy aie des Sciences fins avoir folli- cité cette place, 6c il s'acquit enfui- te par la continuation de fes travaux, dont on peut voir le détail dansla pré- face de M. Boerhaave , cette haute réputation qui le dilbnguoit déjà de- puis long-tems quand il mourut. M. Vaillant étoit d'une confhtu- tion forte 6c robufte, mais il altéra là fanté par fes fatigues exceilives. Il paflbit fouvent les nuits au milieu des champs , 6c fes cftudes étoient immodérées. Comme les fonctions de fa charge demandoient qu'il mar- chât 6c qu'il parlât beaucoup , ces deux exercices joints aux autres , fu- rent caufe que lbn poumon s'altéra. 11 rendit par la bouche jufqu'à 400 pierres, 6c il mourut aftmatique, comme nous l'avons remarqué. Il étoit d'une probité 6c d'un dé- 6~~i JOURNAL DE lmtereffement à toute épreuve, juf- ques-là que M. Fagon ayant voulu pour reconnoître les ferviecs qu'il avoit reccus de lui dans la maladie où il fut taillé, lui ccd.T fès droits iur les eaux minérales, il ne put ja- mais lui faire accepter ce bienfait, (-eux qui voudront un plus grand LETTRE D'UN PRIEUR A UN DE SES AMIS AU SVjET DE la nouvelle réfutation du Livre des Règles , pour l'intelligence des Saintes Ecri- tures. A Paris chez Gabriel Valle\re,ruc de la vieille Bouderie, au bas de la rue de la Harpe, à r Annonciation, i , 27. in-j : . pp. i7o. 5 SÇAVANS, détail de la vie de M. Vaillant trou- veront dans la préface de M. Bocr- haave tout ce qu'ils pourront fou- haitter fur ce fujet. L'ouvrage cil dédié à M. l'Abbé Bignon, l'épure 6 la préface font écrites en latin avec- la traduction françoilè à côté. L'Auteur de cette Lettre ne fè pro- pofe point d'entrer dans un exa- men exaft , Se fuivi de la nouvelle ré- futation des règles pour l'intelligen- ce des Saintes Ecritures; il fe conten- te de faire quelques reflexions fur le fond du Alterne de l'écrivain , qui at- taque M. d'Asfeld , Se fur la manière dont il l'attaque. Le Prieur ibutient , par rapport au premier point , que l'on ne peut trouver d'erreur en ce qu'avance l'Auteur des règles que J. C. foit pre- d rt dans tout l'ancien Teilament , & qu'il foit l'unique objet des écritu- res, parce que cette propofition con- tient,félon lui, un principe que tous les Pères nous ont donné pour une vérité capitale, abfblument riécefiaire pour l'intelligence de l'EcritureSain- te,8c qu'ils or.: exprimée dans les mê- mes termes que l'A Liteur du Livre des Règles. Notre Auteur cite là-dciîùs S. Auguitin Se S. Grégoire ; puis ve- nant aux Auteurs des derniers tems, il parle du Traité de Jofèph Acofta Telùite EfpagnoJ, de vef(L feripturam i terpretandi ratwrc, feu de Chnfto in fcùptuxis rerçltuo ; ce de Maldonat. Il cite M . Dupin 5c lesjournaliftes de Trevoux,qui adoptent Je même prin- cipe que l'Auteur des régies. On ne peut objecter , ajoute le Prieur, que le principe eft propofé par l'Auteur du Livre des règles avec des exprcflions gc ncralcs 6c exclusi- ves. CarlcsPcres s'expliquent en des termes qui ne font pas moins géné- raux. Mais ces cxpivfîîons générales n'ont pas empêché que les Pères n'ayent- mis quelques modifications X la règle qu'ils ont propofée, Se Saint Auguitin employé là-deilùs la com- paraiibn d'un infiniment de mulî- que , où tout ne rend point de lbn , quoique tout y contribue. Mais qui a dit au refutateur que l'Auteur du Livre des règles , ce font les termes de la Lettre, donne à fon principe plus d'étendue que les Pères n'y en ont donné ? ne fait-il pas les mêmes ex- ceptions ? ne le fèrt-il pas delà mê- me cômparaifbn que Saint Auguf- tin ? Lcdéfaut de jufteflè dans la ma- nie rede réfuter le Livre des Règles , , fuivant notre Auteur, dans une manière faune d'eJiyiiâger les chofes , N O V E M B chofes, Se de les montrer aux autres, qui jette de l'obfcurité fur la matière qu'on traite , qui confond le vrai 8c le faux , Se qui fait que le Lecteur ne peut quelquefois dilcerner auquel des deux on en veut. Le Prieur don- ne pour premier exemple, la manière dont l'antagonifte de M. d'Asfeld , explique fondeifein ril déclare qu'il veut défendre le fens literal de l'E- criture contre les atteintes perpétuel- les qu'y donne l'auteur des règles. Mais détruire le fens littéral , c'eft vouloir réduire les hiltoiresde l'An- cien Tcftament à une fimplc Para- bole,commc le faitOrigene. M, l'Ab- bé d'Asfeld n'a point contefté la vé- rité des faits rapportés dans l'Ancien Tcftament ; il a dit feulement que ces faits véritables étoient encore fi- guratifs. Saint Grégoire, faint Jérô- me , Se d'autres Pères , ont dit en plus forts termes que l'auteur du Li- vre des règles , que fi l'on ne confi- deroit en quelques endroits de l'An- cien Tcftament que la Lettre } il y en auroit qui ne feroient pas dignes d'être écoutés. R E i 7 2 7. 673 Notre auteur foutient encore que c'eft manquer de jufteilê d'efprit de prétendre qu'il y ait une contradic- tion dans ce que dit l'auteur des Rè- gles , que quoique l'Ecriture n'ait que J. C. en vue , elle ne le fignifie point dans toutes fes parties. Car on doit regarder le dernier membre de cette propofition , comme une expli- cation ou une limitation du principe gênerai , & comme une preuve qu'on ne prétend point que ce principe gê- nerai foit pris dans une rigueur mé- taphifique. On peut voirdans la Let- tre même, les autres endroits parlef- qucls l'auteur croit trouver des dé- fauts de juftefië d'efprit dans la ma- nière dont raifonne celui qui a en- trepris la critique du Livre de M. l'Abbé d'Asfeld. On a joint à cette Lettre, un re- cueil des paiîàges des Pères ëc des meilleurs Interprètes , par lefquels on entreprend de prouver que les rè- gles propoféespar M. l'Abbé d'Af- fildpour l'intelligence de l'Ecriture Sainte , font toutes conformes à la tradiction. HISTOIRE DE POLYBE, NOUVELLE MENT TRADUITE DU Grec par Dont Vincent T h util cr Beucdiftin ciel A Congrégation de S. Maur t avec un commentaire oh un corps de fetence milita re , enrichi de notes critiques & In f- toriques , où toute s les grandes parties de Li guerre foit pour Poffcnjïve fott pour la défi njïvejont expliquées , démontrées & représentées en figures. Ouvrage très- utile ) on feulement aux officiers Généraux , mais même a tous ceux qui promeut le parti des armes. Par M. de Folard , Chevalier de Perdre Militaire de S. Lo'.ïs, Meftre de Camp d'Infanterie. Tome premier. A Paris chez Pierre Gan- doiïin , quay des Auguftins à la Belle Image, Julien-Pierre Gandoùin quay de Conty aux trois Vertus, Pierre-François Gifiard , rue S. Jacques X fainte Therefe , Nicolas-Pierre Armand rue S. Jacques à faint Benoift, 1717. in-40. pp. z8o. fans la préface Se la vie de Polybe. ] M Le Chevalier de Folard, dé- commentaire fur Polybe n'eft pas • clare dans fa préface , que fon tant pour expliquer cet auteur célèbre Novembre. R rrr 674 JOURNAL DE de l'Antiquité, que pour tirer des faits qu'il raconte , les principes de la feienec des armes qu'il pollcdoit à un degré fi cm inent, Se pour met- tre à la portée de tout le monde lés lions qu'il nous donne lui mê- me fur ces faits. Polybe eft plus pour le commentaire, que le commentai- re ntft pour Polybe. » Je m'attache , » dit notre auteur dans un autre en» » droit, aux batailles, aux combats « que Pol \ be rapporte ,jc les éc lair- n cis : je les mets dans un plus grand a> jour , j'en tire le précepte £c la me- « thbde , Se j'accomode le tout à mon » fifteme de Tactique & à ma ma- * niere d'attaquer 6c de fedeffendre. » J'y ajoute des plans Se des figures , » des ordres debataillcs ;j'accompa- »> gne le tout d'obfervations 6c de « remarques, lorfqu'il s'agit de qucl- » que partie confidcrable de la guér- is» re , que je traite toutes fur ces prin- »> cipes. Notre auteur allure qu'il a traité avec toute l'exactitude Se le foin pof- fible,Sc autant qu'il de'pendoit de fes forces Se de fon intelligence, tout ce qui regarde les batailles, les combats, les campemens , les mouvemens gé- néraux des armées, les clv.r.gcmens & les variations e'ordre,les mfultes des camps retranchés, l.s retraites de toute cfpeec, les fùrprifès,lcsfiéges, Icspafages de rivières Se de grands fleuves, Se d'autres grandes manceu- es Se profondes. Aux an- ciens exemple s qui ne feraient peut- être point aftës d'imprefflon , l'auteur ['autres plus recens, Se ti- dernieresgi H dit librement ce qu'il pehfede cer- taines entreprifes qui ne lu; pâ S SÇAVANS, point avoir été conduites fuivant les règles del'art miliuuv,£c quelquefois fàcritiquetombefurdesperfonnesqui font encore vivantes; mais M.deFa- lard croit cesperfonnesaflës raiion- nables, pour ne lui point favoir mau- vais gré des libertés qu'il prend : en tout cas il ne veut pas qu'on l'accule d'être du nombre de ceux qui aiment mieux mentir ou déguifer un fait , que de s'expofer aux mauvais offi- ces de ceux qui pourroient les per- dre j il ajoute que quand le fort de Beliiaire lui ferait deftiné, il fe lent aliës. de courage 6c de Philofophie pour le fupporter. Un autre article fur lequel M. de Folard prévoit qu'il aura bien des contradicteurs, eft la fingularité de fes opinions. Il croit qu'on regarde- ra comme une témérité de la part de vouloir inventer de fon autorité privée l'ordre de la guerre, Se com- damner des maximes Se des règles dont on s'eit toujours bien trouvé; mais il répond que de ce qu'on a gagné des batailles en fuivant l'an- cienne méthode, on ne doit point conclure que cette méthode foit la meilleure, puiique les vainqueurs Se les \ ameus fê font fini de la même méthode, Se .que le hazard , le nom- bre Se la valeur ont eu julqu'à prê- tent plus de part que la feience au gain des batailles. A l'égard des nouvelles méthodes qu'il propofe , il prétend qu'elles font fondées com- fùrdes principes cêrtains,fitnples Se démon- r ! a cm ployer u raifon fe trouvera " i âvecPexpeïiehce. Je ne fuis pas mè- N O V E M B me encore fi vieux, ajoute-t'il , que je ne puiflê efpefcer d'ei fur la nouvelléde quelque , ic.oire remportée par ma colomne, que (i m- blabteàkipierreàéguifer, fans . jli- per moi même, je (cai Quand onr. pardeyers foi d< fervices , de: pafiion poui la'-gu rfé; qu on a vu manoeuvrer des généraux habiles & expérimentés pendant le cours de d :tfx grandes &c crue!', :s gu que l'on a pratiqt e , où du- moins que l'on a fourni dés pr jets pour l'éxecution de cerraines entre- pnfesqui on; eu u.iirc, : i; .\: qu'on s'eft perpétuellement appli- que' à Ton • is aucun foin de fà'.rbrtune. I • 1 s'eft acquis les çonnoiflànces tfêc flaires pour traiter tout ce que la feience des ar- mes a de plus grand Se de plus éle- vé, on peut ranonnablement eïpe- rer de re'iiffir dans une entreprife lî vafte, puifqu'alors on n'a rien né- gligé de ce qui peut conduire au but que l'on s'eft propofé. Maigre cela, dit l'auteur, je ne dois point croire y être arrivé : mais dumoins me fau- ra-t'on gré , fi l'on n'eft injufte , d'a- voir tenté d'y atteindre. M. de Folard a cru devoir encore pre'venir fes lecteurs fur fà manière d'écrire.Il les avertitqu'il ncs'eft pas aflujeti à un certain ordre, ny aux règles ordinaires de l'art d'écrire. Voici ce qu'il dit pour fe juftifierfur ce point. » La République des let- « très a fes Libertins & fes amu- a> fans ; de'plaifent-ils? Sont-ils rebu- a> tes? 11 s'en faut bien, ils fontau- « contraire très recherchez; ils nous >» donnent des fruits &des fleurs en P^ E 172. 7. 6jf abondance pêle-mêle eY fans ordre k comme un trophée , 6V L tout en- « f. a.ble compofè une odeur très- « douce £c très- agréable. Rien ne « pi h & ne rejoint tant que cela, « c'cll k règle que j'ai !iuvic,& le « prefèrit que je fus au Public, aux « ©èris de guerre], aux Sçavansrà « ccux-mêmes qui ne .le font pas, « ni ireliLnt que pour le de'laf- « fèr i'efpiït k A l'égard des plans tant des ba- tailles que des fiéges,6c des eltam- ^uireprefi ntenties machines mi- litants des Anciens, elles font une partie confidcrable de ce grand ou- vrage. L'auteur allure qu'il n'y don- ne point les imaginations pour des réalités comme font tant d'autres écrivains , & que tout ce qu'il y a f.u rr réfenter, eu réel & prouvé. Nous nous fommes étendu fur la préface de M. de Folard, parecque l'auteur y dorme une idée de ion commentaire fur Polybe, qui doit compofer avec la truduétion de cet auteur huit vol. in-40. ; c'eft pour- quoi nous nous bornerons ici à donner le précis de l'obfervation que fait M. de Folard furie dernier cha- pitre du premier livre de Poh be. La plupart deceux qui lifënt l'hi- ftoire, même pour s'inftruirc de l'art militaire ne s'attachent qu'aux guer- res d'affared, ce dans lefquels i! y a eu des armées nombreufes. La guer- re d'Ericc a fourni une occaiîon à notre auteur de condamner cette pra- tique. Il foutient qu'il y a beaucoup plus de profit à faire, & plus de moyens de s'inftruire dans une guer- re où les armées font peu conlidc- rables , ôc qu'on y conncît plus par-» R r r r ij 676 JOURNALD ticulicrcmcnt & plus feurement ce que valent les hommes. Pour établir cette propofîtion il obferve d'abord , que tout fc réduit au petit dans les batailles entre deux grandes armées, parce qu'il le trouve rarement des plaines capables de con • tenir de II prodigieufès forces ;de lorte . que dans une aétion la plus grande partie demeure inutile pendant que le petit nombre décide de tout dans le terrain qu'il peut remplir de part & d'autre. On objeéteroit inutilement, fuivant notre auteur, que les lignes redoublées lé fuccederoient les unes aux autres dans le combat ; car il re- garde comme un p h. nomene m:litaire que la féconde ligne ait fucccdéàla première, dans la bataille de Lcns, Se il foutient qu'il n'y a point d'e- xemple que les deux premières 1 ignés ayant été renverfées , le mal ait été reparé par une troifiéme , ny par les lignes fuivantes. Enfuite l'auteur fait voir que c'eft dans la relation des guerres où il n'y a point d'armées nombreufes , qu'on découvre tout ce que l'art peut imaginer de rufes 6c d'artifice , dans l'attaque comme dans la réfiftance , les divers portes qu'on occupe , les différents mouvemens qu'oneil: obligé défaire pour rendre inutils ceux de l'ennemy. On ap- prend infiniment dansl'hiftoirede la guerre du Péloponefcqui faifoit tou- te l'étudede Charles V dans celles des deu x guerresde Bai-cas, de Cefâr con- tre Afranius. » La campagne de M. » de Turenne de 1674 vaut bien « une des plus belles de Celar. Celle « de l'année f uivante qui fut la der- » niere de ce grand homme , eft com- » parable à celle d' Afranius ; déci- ES SÇAVANS, dons fans être trop hardis, elle eft « audefius : Car cet Afranius , quoi- « que fort habile , ne valoit pas Mon- « tecucully.Cdui-cyétoit digne d'ê- « tre oppolé à Celar & non pas à »« l'autre : Il le fut a M. deTuren- 17 I AOUS ARRIVENT par M. Viridet Médecin a Morgue. Iverdon , chez Chaques Gucnate i~z6. vol. in-8°. pp. 222.. IL n'y a guercs de maladies plus fréquentes 6c moins connues que celles que l'on appelle vapeurs , l'au- teur de cette diflèrtation fe propofe de donner fur cela des éclairciflè- mens qui puiffènt conduire les Mé- decins à une pratique plus fure pour la guérifon de ces maux rebelles. Quoique l'expérience paroiilè d'a- bord le mci!lcurguidequel'on puiflè fuivre, pour traiter les maladies qui affligent le corps humain, M. Viri- det Ta regarde comme un guide très fautif, fi elle n'eft réglée par les lu- mières de quelque fyftême qui l'em- pêche de fc méprendre fur la ref- R rrr iij 6"-S JOURNAL DES fbmblati idens. S'il ne fal- loir, dit-il, traiter les maladi par L rapport de léursacciden maladies quiontprécedé ,il faudrait que la mémoire d'un Médecin fut chargée d'un nombre prodigieux d'expériences , pour pouvoir y ac- commoder cette infinité de fymptô- mes,quc ladiverfité des maladies& de leurs degrefc, celle des lieu faifons , des temperamens , &d< produifent tous les jours , ce qui le- roit absolument itnpoffiblé, fiirtout dans les maladies compolëes. D'ail- leurs quoique les maladies Ibient fém- blables, il ne s'enfuit pas qu'elles de- mandent un même traitement, puif- que les caufes d'où elles naiflènt font quelquefois oppofées; les glaires ne le produifent pas moins par la trop grande agitation du fang , comme on le voit dans le rhume 6c dans le feor- but , que par lbn trop grand repos comme on le voit dans les pituiteux. La reflcmblance des accidens , con- clud notre auteur, ne difpenfè donc pas de raifonner pour parvenir à con- noître une maladie Se les remèdes qui y font pro] ■ Comme cette proposition feitde fondement à la difïcrtation , notre auteur a foin de l'ét; blir auparavant dans la préface, en fanant voir com- bien le raifbnnementeft utile dans la pratique de la Médecine. Une des raifons qu'on a coutume en cette occafion contre les i \ c'eft qu'il n'y en a aucun qui fuf- fifè pour expliquer tous les ; menés des maladies ; Se qu'ainii ils ne peuvent fervir à faire connoître au Médecin tous les remèdes qui con- viennent. M. Viridct repond que fi SCAVANS , ce raifonnement étoit valable , on fe- rait en droit de rejerter toutes les loix, n'y en avant aucune qui puiilè ob- vier à toutes les injuilie\s,ce qui a fait dire aux Jurilconfultcs /«« mut* jus ferma quaràoque iftju :... Que cependant elles font fi utiles , que fans elles la focieténe pourrait fe foutenir*. M. Viridet prétend que pourvu qu'un fyftême ferve à expliquer d'une manière diftinetc, les princi- paux accidens d'un : four- nit dès-là le moyen de connoître la .s autres, en allant desgroflcs branches aux petites. 11 cft vrai par exemple , dit-il , que le bouillonnement du fang vient de (es parties infenfibles, & que ces parti. s lent il petits que l'œil ne les lçauroir. apercevoir. On peut néan- moins par le raifonnement en foup- çonner la figure; il n'y a pour cela qu'à confiderer. 1rs effets qu'elles pro- duifent. On peut même en pluficurs oceafions déterminer cette figure, comme quand on dit , en voyant une piquure que l'inftrument qui a fait cette folution de continuité ,eft un corps aigu, Se en voyant une coupure , que l'inftrument qui l'a faite cil tranchant. On peut tout de même en examinant d'autres connoître la caufe de pluficurs ma- ladies. C cft ainfi qu'on dit que les intermittentes viennent des j i°. parce qne les alkalis les guérifiènt ; 2°. parce que les aigres tes rappellent ; 3 . parce que les amers1 font cellcr leur bouillonnement, ces derniers agiliànt fur le fang , com- me fait le houblon fur la bierre qu'il empêche de s'aigrir. M. Viridct remarque que fi dans N O V E M B le fîecle pafîc on a trop donné à là railon par la quantité de fyftêmes qu'on a inventez, on pourroit bien dans celui-cy l'avoir trop auujetie à l'expérience, faute de prendre gar- de, que par la raifon feule on peut prévoir un grand nombre d'évene- mens, & faire des cures confidera- blcs. C'eftde quoi il rapporte divers exemples. Un Colonel de Dragons fut atta- que' d'une violente plcurefie, dont la douleur occupoit les deux côtés & la partie fuperieure du Péritoine. Cette douleur & toui les autres ac- cidens cédèrent le quatorzième jou r , à la refèrve d'un peu de fièvre , dont la continuation fit juger au Médecin que le malade n'échaperoit pas ; la raifon e'toit , dit notre auteur , que le fang par la diminution de fon mou- vement s'épaiffiroit ,& qu'alors il ferait retenu dans le Foumon , dont les fibres Avaient hé très relâchée' par les fluxions qui avaient précédé. Sur ce fondement il demanda uncconfultation ; le ma- lade y ayant confenti, mais avec beau- coup de peine, parce qu'il fe croyoit gue'ri , on fit venir de Genève un très habile praticien , lequel n'entra pas d'abord dans le prognofric du Médecin qui avoit traité le malade ; mais la fuflbcation prédite étant fur- venuë le lendemaiiyls concoururent l'un & l'autre à en prévenir le re- tour. Les remèdes firent une partie de l'effet qu'on s'étoit propofe, le malade eut pendant la nuit une fùeur gluante & très abondante, la fièvre cefia & il dormit ; mais à fon ré- veil il ne pût parler ; on lui donna alors pour difllper cet accident qu'on avoit prévu, une potion qu'on avoit RE 1727. 6-9 préparée à ce deffein ; clic le déga- gea confiderabkment, Se la relpira- tion parut plus libre ; il fe rendor- mit peu de temps après, mais s'étant réveillé, la fuflocation revint; on eut recours au même remède qui fut inu- tile. Dans cette extrémité on rechatj f- fa extraordinairement le malade,pour rétablir la circulation du fang, on en vint à bout , mais pour un peu de terns feulement j car le malade mou- rut quatre heures après par le retour de la fuflbcation. M. Viridet dit qu'il pourroit rap- porter plufieurs autres exemples de cette nature, pour montrer que la raifon fondée fur de bons principes peut fouvent prévoir les plus dan- gereux accidens des maladies. Mais comme dans l'exemple précèdent on ne voit point que les lumières tirées de la raifon ayent pu empêcher le malade de mourir, l'auteur en rap- porte deux autres pour faire voir combien cette même raifon cft utile en Médecine. Une perfonne illuftre fut attaquée à Treley d'une cruelle dyflcnterie. Un Médecin très habile lui fit pren- dre l'Hypecacuhana, mais inutile- ment :1e jour luivant,il furvint au malade une foiblcffe, cette foiblcflc recommença le lendemain à la même heure.ComTrie la perfonne étoit épui- fée par des déjeéiions prefque con- tinuelles, & que fon corps déniché reflembloit moins à un corps vivant qu'à un fquelet, il y avoit lieu de croire que le malade mourroit à la première foibleflê qui lui prendrait; ce danger obligea 'le Médecin à exa- miner plus particulièrement d'où pou voit provejiir.la défaillance dont 6So JOURNALDE il s'agit. Il jugea à force de réflé- chir, qu'elle écoit caufée par une ficvreintennittcnte,( il ne paroillbit cependant ni chaleur ni fueur, ) 6c que c'étoit le ferment de cette fièvre qui dans le teins de l'es mouvemens périodiques eau (bit par accès lesfoi- blefles dont le malade étoit attaqué; il fuivit fa penfée 6c donna la tein- ture de Quinquina, le remède eut fon eftèt ; l'accès ne revint plus , le flux diminua & le malade guérit. Un enfant de fept ans étoit tour- menté d'une violente toux furvenué' dans une fièvre maligne , 6c cette toux le fuftbquoit. Le vifage livide de l'enfant fit croire au Médecin que la faignée étoit le feul remède qui convînt en cette occafion, nonob- stant pluficurs contrindications qui fe prefentoient. 11 fit donc ouvrir la veine, on tira une quantité con- fiderable de fang, 6c la toux fe cal- ma enfin, mais ce calme ne dura pas, b toux revint peu après avec la pre- mière fureur ; comme le Médecin avoit fait tirer une quantité extraor- dinaire de fang, il n'ofa revenir à la faignée, mais pour fuppléer à ce re- mède, 6c appaifer l'éftervefccncedu fang , il fit mettre les pieds de l'en- fant dans de l'eau froide ; la toux que d'autres qui ne fe feraient conduits que par les lumières trompeufes de l'cxperiencc,auroient cru devoir aug- menter par ce remède, s'appaila fur le champ. A la vérité il furvint à l'enfant de grands maux de cœur , mais on les fit cefièr par un cordial. Cependant le cordial ayant frit bouil- lonner le fang, 6c ce bouillonnement donnant lieu de craindre que la toux ne recommençât avec plus de violen- S SÇAVANS, ce, le Médecin fit remettre les pieds de l'enfant dans l'eau froide, pour diminuer la raréfaétion du iâng; cette alternative rcuiïït, la fougue du fang s'arrêta 6c nonobstant une effloref- cence qui paroillbit fur la peau du dos , où il fembloit qu'on avoit vcrlc de l'eau bouillante, on purgea le ma- lade qui guérit parfaitement. En 1706 pendant le printems, il y eut à Morge des fièvres malignes très dangereufes dont quelques- unes étoient accompagnées détaches noires. Ceux qui avoientde grands dévoyemens mouraient , fins que les fecours les plus capables de re- médier aux épuiièmens caufez par ces évacuations pufiènt appoiter le moindre foulagcment. Ce mauvais fuccès fit croire à un Médecin que cette évacuation qui paroillbit ex- ceflïve ne l'étoit pas , 6c qu'il rcitoit dans le fang beaucoup de fucs cor- rompus qui donnoient lieu à fa dif- folution. Cette reflexion l'obligea à donner l'émetique dès le commen- cement, 6c à le réitérer ; ccquiréurlit fi bien, que tous les malades qui fu- rent traités de la forte guérirent. M. Viridet aprè- avoir rapporté ces guérifons, dit que l'expérience n'y a eu aucune part. Il avoue ce- pendant que l'expérience cil très uti- le , 6c qu'on n'en fçauroit trop avoir, mais il prétend que c'eit un guide bien aveugle s'il n'eit conduit lui- même par la Rai fon. Ce qui fe rap- porte à ce que dit Hyppocratedans Je premier de fis Aphorifmes , que l'expérience , c'efl-à-dire l'expérien* ce feule elt trompeufe. H ii •*«.'» crÇaA.-fw. M. Viridet attribue les vapeurs qui N O V E M B qui font prefque toujours accom- pagnées de tentions violentes des fi- bres des mufcles ou des membranes, à l'action des efprits fur ces parties ; il tache de prévenir d'abord une dif- ficulté qu'il croit qu'on lui peut fai- re à cette occafion. C'eft qu'il ne luit pas les règles de la nature, en attribuant ces fortes de tendons à des efprits, dont la fubtilité ne paroît avoir aucune proportion avec la groiî'eur des fibres 6c des tendons. En effet, dira-t'on, une livre d'ef- prit de vin bien dephlegmée ne peut fondre un grain de fel, parce que les particules de l'cfprit de vin font trop fubrilespour pouvoir ébranler celles du fel qui font trop groffieres en com- paraifon ; une caufe femblable em- pêche qu'on n'entende le battement d'une montre enfermée dans un vaif- fèau dont l'air eft pompé ; & que la neige ne fe fonde à l'air fubtil du fommet des Alpes, quoique ce fom- met foit plus près du Soleil & que l'angle des rayons folairesyfoit moins obtus que dans les plaines qui font au bas. M. Viridet répond à cela que fi l'on connoiflbit bien la petitefle des filets qui compofent les fibres , on -trouverait entre les efprits & les fi- bres , la proportion qu'on demande, Scdont on voit une image merveil- leufe dans l'opération de l'Antimoi- ne, puifque le régule d'Antimoine, dont les parties font d'une ténuité incompreheniible, communique fa qualitéémétiqueà plusdecens verres de vin , fans qu'on s'apperçoive dans le régule de la moindre diminution .de poids. L'éxiftencc des efprits animaux Hovemlre, RE 1717. 6fi n'étant pas une chofe confiante par- mi tous les Médecins , M. Viridet fe croit encore obligé de prévenir là- defliis les lecteurs. Il y a , dit-il, des perfonnes aflez « fingulieres pour douter qu'il y ait iliss de fjmj t mes , de fpafme ; il n'excepte pas même Ls artires ,h s rt'.ncs & les nerfs. Après cette explication vient la Difîcrration fur les vapi urs, laquelle comprend deux parties. La première cil partagée en onze chapitres; élans S f(i' 6'«i JOURNAL DE lé premier, l'auteur divife d'abord Ls vapeurs en générales 5c en parti- culières. Les générales , félon lui , font des chaleurs qui nai lient fubitement par tout le corps qui fe diffipent bien- tôt après, 8c qui font accompagnées de rougeur. Les particulières diffèrent de cel- les-là, en ce qu'elles fe forment d'a- bord dans une partie feulement, 8c que delà , la chaleur ÔC la rougeur le répandent dans le reffe du corps. Les premières , à ce que prétend l'auteur , viennent de la fufpcnfion du cours des efprits animaux ; 8c les fécondes , d'un ferment qui rêfidedans les nerfs ou auprès des nerfs ; ou de la con- traction de la cavité des nerfs. Il faut voir dans le chapitre mê- me ce que l'Auteur dit là-dclîùs. La nature des efprits animaux , leur cours , leur ordre Se leur defordre font ici expliqués d'une manière phy- fique 8c mécanique. Nous n'entre- rons point dans ces explications, nous nous contenterons de remar- quer ce que l'auteur dit de plus gené- rique fur cette matière. Willis eft le premier qui ait ofe' pénétrer le myftere des efprits ani- maux. Ildécouvritdans la circonfé- rence du cerveau, les glandes qui fil- trent cette liqueur invifiblcul en indi- qua le pafîàge Se le cours. Il fît voir qu'il en coule fans celle une portion dans les nerfs du cœur, du poumon, 8c des autres parties dont le mou- vement eft indépendant de la volon- té; qu'une autre portion eft dirigée par une fubitance fpirituellc 8c in- telligente, que les eipnts animaux ae connoiftlnt point , 8c qui ne lont S SÇAVAN5, pas connus non plus de cette fub- ftanec mc-me,toute intelligible qu'elle eft j enforte que (ans les toucher elle les fait aller où elle veut, par le pou- voir fuprême de celui qui les lui a fournis, 8c elle les fait aller avec tant dejufteilè, qu'ils ne prennent pas une partie pour 1 autre , quoi qu'ils ignorent aulli bien qu'elle les che- mms qu'ils doivent prendre. Les artères portant continuelle- ment du lang au Cerveau , les glan- des de ce vilcere filtrent fans celle des efprits. Ceux qui font deftinez à entretenir l'ecconomie animale , re- fluent rarement ; mais ceux qui fer- vent aux mouvemens volontaires refluent quelquefois de telle manière, qu'ils remplirent trop leurs refer- voirs, comme on le voit dans Ls fièvres où les malades font ordinai- rement obliges de parler d'une ma- nière précipitée. M. Viridet dit fur cela , avoir vu deux garçons d'un tempérament extrêmement vif, lef- qtie s e t ouveient fe calmer qu'en par- lant violemment ; 8c une Dame qui étant tous les jours travaillée à fon réveil d'une grande difficulté deref- pirer , ne pouvoit la faire ceiîèr qu'en parlant. 11 eft probable , félon notre au- teur, que c'eft la plénitude de ces re'fevvoirs qui fait que le matin orr- eft plus difpôfé à la méditation Se au travail que dans les antres unis de la journée. 11 prétend que la (or- tie des efprits animaux, par les poix s des extre'mitez des nerfs eft conti- nuelle ; que tandis que ces pores font bien ouverts , cet écoulemc nt ne s'ap- perçoit pas, que c'eft pourquoi les jeunes gens qui les ont ordinaire- N O V E M * ment très ouverts, fe plaignent ra- rement de chaleurs à la paulme de la main 8c à la plante des pieds , à moins que quelque travail n'ait durci ces parties, au lieu que quand l'âge en a reilèrré les pores , les efprits n'en peuvent plus foitir en auffi grande quantité qu'ils y arrivent , ce qui pro- duit necellàirement un fentiment de chaleur. M. Viridet dit avoir preferit plu- sieurs fois des lare-pieds pour ce fu- jet ; 5c il raconte qu'il fut un jour obligé de faire faigner abondamment une Dame de foixante 6c dix ans, pour appaifer des chaleurs qu'elle reflèntoit à la plante des pieds , & qui étoient fi grandes , qu'elle ne pouvoit avoir les pieds couverts pendant la nuit , pas même au plus fort de l'hiver. Il remarque que ces fentimens ex- ceflifs de chaleur dans les extrémités du corps, fuivis d'affections hyileri- ques ou hypochondriaques , les- quelles ne viennent que de ce que les pores des extrémités des nerfs ne font pas allez ouverts pour lafortie d'une auifi grande quantité' d'efprits qu'efl celle que l'éflèrvéfcence du fang produit dans le cerveau. Les inquiétudes de bras êc de jambes , s'il en faut croire M. Viri- det , viennent auffi de la diminu- tion de cet écoulement , comme il prétend l'avoir oblervé dans plu- sieurs perfonnes , qui pendant la nuit étoient tourmentées de ces inquiétu- des, quand ils n'avoient pas allez .marché pendant le jour. Il allure > au rcfle, avoir remarqué que ces in- quiétudes fe changent quelquefois en opprcfîion de poitrine. Mais pour revenir au deflein que BRE 1717. $3 fe propofe M. Viridet dans c: pre- mier chapitre, fon but cfl ce faire voir que les vapeurs viennent du mouvement irrégulier des efprits animaux; que ces efprits font des fels , fit des fels alkalis ; qu'ils ont beaucoup de pores ; que de ces pores les uns font remplis par des foufres. très déliez, 8c les autres par les par- ticules de ÎSJÊlber qui y paffent fans cefîè ; que ces efprits fe meuvent avec beaucoup de vitelîè ; que quand ce mouvement eft fufpcndu ou chan- gé , les vapeurs s'enfuivent. Dans les fécond 6c troifiéme cha- pitres, il s'efforce de montrer que ce mouvement fufpendu ou arrêté des efprits , ne produit' les vapeurs que lorfque les efprits font plus fubtil» qu'ils ne doivent l'être naturelle- ment. La bile étant retenue, fait bouil- lonner le fang, 6c donnant ainfi trop de volatilité aux efprits caufe des vapeurs. Les fucs qui croupifîènt dans la rate \ dans le mézentere , dans les ovai- res, dans les pro fiâtes donnent lieu tout de même à la production .des vapeurs, en fubtilifant trop par leur bouillonnement les alkalis volatils des efprits animaux. Les chaleurs excefilves contri- buent encore à la trop grande fub- tilité des efprits animaux , 6c ne man- quent pas d'exciter beaucoup de va- peurs. M. Viridet rapporte là-dcllus ce qui arriva dans la Suifîé en l'an- née 1706'. dont les chaleurs furent extraordinaires, 6c pendant lefquclles un grand nombre de perfonnes qui n'avoient jamais eu de vapeurs en furent attaquées , 6c celles qui y étoient fujettes en furent plus tour- S L'CC ij 684 JOURNAL DES nientécs que jamais. Il remarque ici en partant , que pendant ces cha- leurs qui durèrent le mois de Juillet Se d'Août , le lac Léman ou de Ge- nève s'étendit au delà de fes bords plus qu'il n'avoit Fait depuis qua- rante ans, quoique le vent de midi n'en eut pas ioutenu les eaux. L'abus du vin , des liqueurs, du faléScdes épiceries faiiànt bouillon- ner le fang , donnent trop de fubti- lité aux eiprits animaux, & ne man- quent point par ce moyen ,de pro- duire des vapeurs. L'ufage immodéré du Caffé pro- duit le même effet ; notre Auteur k prouve par plufieurs exemples. Les tendons d'cfprit , furtout quand elles font fortes Se longues , fubtiîifent trop les efprits animaux , auffi les gens d'étude qui s'appli- quent extraordinairement font pref- que tous iujets aux vapeurs. Le quatrième chapitre eftdeftiné à montrer que les acides peuvent être vo'atife's , entrer dans les nerfs 6c caufer par ce moyen des vapeurs. L'érlèrvelccnce du fang ne volatife pas feulement trop les fels alkalis qui , félon notre Auteur , font les vérita- bles efprits animaux ; mais elle vola- tife encore félon lui ,les fels acides, en formant des pores dans leur fub- fiance, enforte que VjEther y en- trant plus abondamment , leur donne allez de mouvement pour être portes ;îu Cerveau Se dans les nerfs, où ils caufent tous les accidens des vapeurs. M. Viridet avance que ce raifon- ncment n'elr. pas de ce tems , mais il croit que c'eit tantpis pour ceux qui ne le goûtent pas. Il fe plaint que des perlonnes fages, des Ph\ fi- SÇAVANS, ciens, Se des Médecins qui font pro- iemon de ne recevoir que des véri- tés , partent en lî p^u de tems d'une extrémité à l'autre , qu'il ait fallu prés d'un fiécle pour faire accepter la circulation du fang , quoique ce fut une vente des plus palpables 8c des plus utiles, Se qu'il n'ait fallu que quelques années pour faire dou- ter de l'utilité des efprits animaux, Se changer leurs conduits en ten- dons ; il le plaint que les acides &C les alkalis qui fervoient à tout,ioient à preient ii defeeuvrés Se qu'on ne les employé plus à rien. On ne veut pas, dit-il, qu'il y ait des acides dans le fang, Se cependant la falive qui en fort agace quelquefois les dents, Se l'urine qui vient aufli du fangeft falée. Quoiqu'il en foit, notre Auteur qui veut qu'il y ait des alkalis, vcutaullî qu'il y ait des acides r Se c'eft fur quoi roule tout fon quatrième chapitre qui eft des plus étendus. Il s'effor- ce d'y prouver que les acides font fouvent volatifés ; qu'ils parlent par les glandes dilatées du cerveau ; qu'ils entrent dans les nerfs, aux troncs Se aux extrémités defqucls ils font en defeendant diverfès piquures fuivanc leur groflcur,Seoùcnfuite en rétro- gradant, ils caufent des chaleurs par : leur retour. Us agit à prcfènt d'expliquer quel- les peuvent être les caul'es de ce re- tour des efprits , Se c'eft ce que notre Auteur eilaye de faire dans les chapi- tres cinquième, fixiéme , feptiéme , huitième, neuvième, dixième Se on- zième de la Diflèrtation. Dans le cin- quième il prétend prouver que les alkalis volatils , Se les acides volati- N O V E M B fés rétrogradent par des fermens qui fe forment dans les nerfs, dans le Cer- veau & dans la moelle allongée. Au regard des fermens produits dans la cavité des nerfs & qui donnent lieu aux alkalis volatils & aux acides vo- latiles de rétrograder ; M. Viridet juge que l'exemple fuivant en cil une preuve. « Une fille de Languedoc âgée s> de trente ans.6c fort robuite , ayant » été Iongtems dans l'affliction , fut >» attaquée d'une infomnie 6c de » grandesdouleursd'entrailles.Quel- « que tems enfuite une portion du >» fuc nerveux ayant pris Li nature » de ferment , s'exaltoit tous les jours « 6c toutes les nuits. Ces paroxyf- 3» mes commençoient par des va- * peurs, le hocquet fui voit, puis la '» malade faifoit de grands efforts « pour vomir; enfin le diaphragme * le mettant en mouvement avec les »» mufcles du larynx & de la poi- « trine, elle aboyoit à la manière des »> chiens. Les alkalis mercuriels 6c 31 les purgatifs la tirèrent de cet état « où elle fut un mois. On voit encore mieux , félon no- tre Auteur l'action de ces fermens, lorfqu'ils refident dans des parties éloignées ; il cite fur cela l'exemple de cet épileptique dont parle Tulpius , qui aux approches des accès apper- cevoit une vapeur qui lui montoit du gros orteil à la tête, 6c lequel on ne pût guérir qu'en lui brûlant le R E i 7 x 7. 68jT nerf de cette partie. M. Viridet fe propofe de montrer dans le chapitre fixiéme, que lesef- prits animaux rétrogradent par des le- vains formés près des tendons ou des fibres ; dans le lèptiéme , que cette re- trogre/fion fe fait par la comprefflon des fibres, des nerfs, & de la moelle al- longée, par les piquures des nerfs , 6c par la raréfaction ou par lacon- denfation du fuc nerveux. Dans le huitième, quelle fe fait auffi par le relîèrrement ou l'obftruaion des pores des nerfs, foit intérieurement, foit extérieurement. Dans le neu- vième, que les foufres ontfouvent beaucoup de part à ce reflux. Dans le dixième, que la difette d'efpn'ts animaux en eft quelquefois lacaufe ; témoin ce qu'on voit arriver après des purgations violentes ou de gran- des pertes de fang , lefquelles font prefque toujours fuivics de vapeurs par l'épuifement qu'elles ont caufé. Dans le onzième chapitre, TAuteur traitederimprcffionquelesacidesvo- latifés font fur les nerfs en remontant. Les raifonnemens qui fe font fur les maladies ne fervent pas de beaucoup : l'importance eft de dé- couvrir les remèdes qui les peuvent guérir. C'eftpourquoi nous croyons devoir parler à part dans un autre Journal de la féconde partie de ce traité, dans laquelle M. Viridet expo- fe les remèdes qu'il croit être les plus efficaces contre les vapeurs, cfyrfy S Cfi iy (A6 JOURNAL DES SÇAVANS, TRAITE' DU LEGITIME USAGE DE LA RAISON PRINCIPALE- ment fur les objets de la foy , ou l'on démontre que les Hérétiques , les Atb.es , & leslibertns, ne font peint le légitime nf âge que les hommes font oblige^ de faire de leur raifon , fur les objets de U foi. P.ir feu M. Brueys > Ecdejrafiique de Montpellier. A Paris, chez Jcan-Baptiilc Coignard fils. 1727. vol. in- 16. pp. 169. CE Traité comprend trois par- tics. M. Brucys qui en cft l'au- teur, explique dans la première ce que c'eil que la foi & la raifon , 6c après avoir polé la-delîus des prin- cipes clairs , il fait voir en quoi con- fiée le légitime ufage de la raifon , principalement dans ce qui regarde les objets de la foi ; puis il montre que les Proteftans ne font point en matière de foi , ce légitime ufage de leur raifon. Dans la féconde partiejl avance d'a- bord qu'il n'y a point de vrais athées & qu'il n'y en a jamais eu ; puis il prouve à ceux qui s'imaginent être Athées , qu'ils ne font point de la rai- fon , Pillage que tout homme fenié en doit faire. Dans la dernière partie , qui cfr. celle à quoi il s'eft le plus attaché; il fait voir que la révélation des myf- teres du Chriftianifme,cft telle qu'en faifant un légitime ufage de fa rai- fon, on ne peut refuferde croire que cette révélation vient de Dieu. Comme les raifonnemens de l'Au- teur ne renferment rien de particu- lier, Se qui n'ait déjà été dit, nous croyons inutile d'en rapporter ici au- cun; mais quelques communs qu'ils foient, ils n'en font pas moins ibli- des , & les perfonnes qui ne peuvent faire de longues lectures, Se qui font bien-aifes de s'affermir dans la foi , trouveront dans ce livre de quoi s'inrtruircfuffifammcnt, il doit avoir d'autant plusde poids fur leur cfprit que l'Auteur avoit été engagé dans la Religion Proteltante. M. Brueys a compofé un grand nombre d'ouvrages , dont on voit le cataloguc,à l'entrée du livre, Se tous ces ouvrages font l'éloge de leur Auteur ; fi celui que nous annon- çons ne paroît pas tout à fait digne de la même plume, l'âge avancé au- quel M. Brueys la compofé, en eft peut-être la caufe. Voici comme il s'explique lui-même fur ce fujet. J'ai bien du regret, dit -il û:.ns Ça Préface , d'avoir attendu à compo- fer cet ouvrage dans ma dernière vicillefîe, 6c je crains bien qu'il ne fe reflentedes foibleflés démon âgej mais pour épargner l'ennui qu'il pourrait donner , j'ai évité la lon- gueur autant qu'il m'a étépofïible fans rien oublier de neceflàire. Une autre reflexion qui feprefên- te , c'eft que M. Brueys pourroit bien n'avoir pas mis la dernière main, à ce Traité, & que s'il avoit vécu , il 1 aurait donné plus parfait. Quoiqu'il en foit , ayant appris lorfqu'il le commença que M. Ré- gis écrivoit fur le même fujet, il celfa fon travail ; mais après avoir lu le livre de ce philofophe , il le trouva trop peu à la portée du corn* NOVEMBRE 1717, 687 mun des lecteurs , par les raifonne- la raifon & de la foi , ou accord de la mens métaphyfiques, Se les termes d'école qu'il y remarqua : ce qui l'o- bligea à reprendre la plume, & à fi- nir fon Traité, dont le titre eft peu différent de celui que M. Régis don- na au fien, qu'il intitula, L'ufage de foi avec la raifon. L'éditeur remarque que M. Brueys mourut à Montpel- lier dans un âge fort avancé ; mais il ne dit point en quelle année le pu- blic fit cette perte. MEDITATION CONTINUELLE DE LA LOT DE DIEU, ®U Irojet de con/i 'dération s & 1? élévations fur tous les Livres de l' Ecriture-Sainte , tant de i 'Ancien que du Nouveau Teftament , foudres fur l'explication littérale & morale des Ter es de ÏEglife ^ & des Interprètes facret. Par un Chanoine régulier de P Abbaye de Saint Viclor. Tome premier , contenant le Tentatcuque. A Paris , chez Jean-Baptifte Coignard fils, Imprimeur du Roi, rue Saint Jacques au Livred'or , 172,7. 1. vol. in 12.pp.596.lans fa Préface Se les Tables. LE R. P, Gourdan, fi connu de tout le monde , Se fi refpeété du -peuple , eft l'auteur de ce pieux ou- vrage , qui , quelque jour,compofera douze volumes. Il le dédie à l'unique Dieu Tout-puiflant , Roi des fic- elés, immortel , invifible, fouverai- nement faint ; Se jamais dédicace ne fut plus légitime & plus naturelle , puifque ce Livre eft la Bible même, dont on n'a fait le plus fouvent que changer le tour des phrafes , pour en fane une perpétuelle apoftrophe de l'a me chrétienne à Dieu. L'Epître Dédicatoirc eft une vi- ve exprefllon de ce que penfe ce Pè- re de la majefté de Dieu , delà pro- fondeur des Saintes Ecritures , 6c de fa propre bailcflè. Ces trois véritez péfées au poids du Sanctuaire, lui font condamner fon projet , Se s'é- crier au Seigneur : « J'ai donc, 6 »» Dieu Tout-puifiânt, à m'aceufer » d'une hardieflè infuportable , Se ■» à trembler dans un extrême éfroi ? Hcureufcment pour les ames pieu- fes, fà timidité le difllpe , la pure- té de fes motifs le raiîiire. « Je ne fuis entré dans cette carrière , dit- « il , que pour contribuer à votre « gloire , ô mon Dieu ; je n'entre- te prend de publier ce Projet, qu'à te la prière de vos fervitcurs , Se par te Je motif de l'obéiflânee , & je n'ai «e autre défir que celui d'offrir à vo- k tre adorable Majefté ce tribut de te mes louanges & de mes prières , te Se à votre Eglife celui de mes pe- « tits fervices, Se démon inviola- t« ble attachement, en lui procurant te des Elévations comme un pâtura- tagès fpirituels de la lecture des >< divines Ecritures, Se furies ado- » rations, les prières, Se les ferven- 3. tes élévations qui leur font dues >> avec une pratique fidelleSccon y parle de lui comme d'une tierce perfonne , & qu'il femble ne parler lui-même que vers la fin. Quoiqu'il en foit , on la finit en nous annon- çant les matières des onze volumes qui fûivrontcclui-cy,& qui chacun contiendront des oraifons jaculatoi- res pour un des mois de l'année. Ce volume contient encore des avertiflèmens, ou des confiderations fur chaque livre du Pentattuque, fiante de leurs faints préceptes. De Ces avertiflèmens font des cfpcces ce que la prière eft un entretien avec d'abrégez de ce que renferment ces Dieu ; l'auteur conclud , que c'eit dans l'Ecriture qu'il faut puiier les fentimens dont elle doit être animée, & prouve fort au long qu'on les y puife en effet, i °. par un grand nom- bre de pnflàges des Pères fur l'excé- lence & la fécondité des Livres Saints ;z". par les divifions généra- les qu'on a faites de ces livres ; 30. par lesdiflèreris feus dont ils font fufeep- tibles, le littéral, l'allégorique, Sec. 40. par les bons exemples qu'il nous fournit , jr°. enfin par la faintetéde ceux dont Dieu s'eft fervi pour les écrire , & principalement par celle de Moj tè. Toutes ces raifons font autant de motifs qui ont fait naître à l'auteur le deffein de travailler au livre qu'il préfente au Public, & font apparem- ment autant d'apuis qui l'ont fou- tenu dans la longue carrière qu'il a fournie; car il a beau, parmodeftie, appellcr ce livre un petit ouvrage, tout lecteur judicieux le trouvera long, Se très long. Au refie nous n'ofons pas aflurcr livres , pour en conclure que chacun d'eux cil très propre à l'ulage qu'on en fait ici, c'eft-à-dire, à fournir de faunes élévations Sec. Il ne nous refte plus qu'à don- ner ici une de ces Elévations pour en faire connoîtrel'efpritSc le ityle, au petit nombre de ceux qui n'ont encore rien vu du R. P. Gourdan. Nous la tirerons au hazard. XXXVE Elévation à Dieu « tirée du Lévitique fur les lampes k. toujours allumées dans le San- « cluaire, Scies douze pains depro- « poiition. , * Je vous adore, Dieu Saint, qui « preferivez ce qui regarde les km- « pes déftinées à brûler dans le Ta- « berna'cle. Vous ordonnez que les te enfàns d'Uraè'l apportent de l'hui- te le d'olive très- pure Se très-claire, « pour en faire toujours brûler dans ordonnez aufli qu'on faliè cuire « douze pains chacun de deux di- « xiémes pétris de la racfure de i'e'phi j> ou de huit livres de la plus pure « farine ; qu'ils foyent expoièz fur » latabled'ortrès-puren votre pre- »> fence, fîx d'un côté, & fix de 5> l'autre j qu'on mette dellus de l'en- >> cens très-luifant,afin que ce pain 3) fbk un monument de l'oblation »> qui vous cft faite ; que ces pains a» fè changent, pour en mettre d'au- »> très à chaque jour du Sabbat, ou »» au feptiéme jour de chaque femai- » ne , après qu'on ks aura receus »J des enfans d'Ifraël , par un pacte « éternel, & qu'ils appartiennent à » Aaron, 6c aies enfuis, afin qu'ils s> les mangent dans le heu Saint, a> comme une chofe très-fainte, & » comme partie des facrifices qui » leur appartiennent par un droit »> perpétuel. Adorable Jefus, vous » êtes véritablement notre lampe ?> 6c notre lumière dans le ciel 6c »> dansl'Egliie,auffi-bien que notre ?> pain vivifiant, 6c notre nourriture s» divine. L'onclion de la Divinité s» vous anime, 6v vous fait comme MRRE1H7. 689 briler fins celle devant la facçdu b; oiiie , ajoûte-t-i! , eft un ou- s> vrag d'une invention nouvelle & n de 1 1 plus grande compoiition qu'il « y ait jamais eu en fculpturc de ron- 3>\lj-boflé. M. Titon donne aujourd'hui la dclcription de cet ouvrage. Les gens de Lettres doivent lire avec plailir la préface, où l'auteur pour juftifier le deiî'ein de Ton monument , fait voir quels honneurs on a rendu de tout tems à ceux qui fe font distinguez dans les feiences Scdans les beaux arts; médailles, pyramides,colomnes, buf- tes, ftatuës,templcs même , après leur mort, fans compter les liberalitcz des Princes ôc les refpeéts des peuples pendant leur vie. L'auteur à ce fujet parcourt tous les ficelés 2c finit ce dé- tail pompeux.à notre fiecle exclusive- ment. J'ai rail emblé, dit-il, pour s> ma propre Satisfaction , plusieurs « exemples des honneurs Scdcsmo- 3> numens accordez aux grands au- M teurs , dont je fe,rai volontiers part » aux curieux dans un ouvrage plus » étendu que celui-ci ; ce font ces grands honneurs qui ont animé M. Titon à faire exécuter en bronze le Ta.najfe François, qui eft un groupe de Poètes & de Muficiens,au-deflùs defquels s'e'leve la Statue de Louis X I V. fous la figure d'Apollon. Il s'eft borné à ces deux arts par l'im- pofllbilité de raiîcmbler dans un feul groupe de fculpturc en rondc-boflè, les autres François illuftres dans d'autres genres. Les groupes ordinaires n'ont que peu de figures : celui du Parnafle fans compter les médaillons, le che- val PcgaSe, les animaux Symboliques Scies arbres. Notre auteur iouhaite- roit de voir fon Parnafle exécuté en grand , ôc Situé à Paris dansunepla- ce publique; par exemple dans la cour du Louvre, ce qui convien- drait bien , dit-il , à caulé des diffé- rentes Académies quis'yallcmblent; mais ce font des projets,ajoûtc-t-il, n qu'il n'appartient qu'aux Princes « les plus puiflànsd'executcrdepar- ,e ticulier qui peut donner une vafte « carrière à Ion imagination, fe k trouve reflèrré dans fa petite fphe- « re pour l'exécution , 6c doit fe bor- « ner félon fes moyens 6c fes forces : «t c'eft à quoi j'ai été réduit dans « l'exécution du Parnafle François. « Cette defeription eft divifée en trois parties, dans la première on fait con- noître toutes les figures qui font pla- cées fur le monument ; dans la fécon- de on montre la difpoSition 6c l'arran- gement du groupe , & on explique les attributs 6c les accompagnemens de chaque figure; dans la troisième on fait fentir en quoi ce Parnafle eft al- légorique , Se on montre qu'il eft ana- logique au Parnafle de la Grèce, Cette defeription eft fuivic d'une lifte alphabétique des Poètes 6c des Muficiens placés fur le I'arnafseTran- fois. On marque en abrégé leur ori- gine 6c le tems où ils ont vécu. On les carafterife, 6c on porte un juge- ment fur leurs ouvrages; tous font louez, Roniird, Chapelain, Colletet, Defmarets , le Moine, Du ryer, S. Pavin , le Noble , la Chapelle font ici honorez de magnifiques éloges, ou que M. Titon leur donne lui-même, N O V E M B ou qu'il leur fait donner par des au- teurs qu'il cite; il avoue néanmoins en gênerai que plufieurs des Poètes qu'il a placez for (on Parnaflè font médiocres ; mais maigre la maxime d'Horace, Mediocribus efie Vo'h'is Non Dii , non hommes , non conceffere columna. Et celle de Defpreaux, Qui ne vole au fommet , tombe au plus bas degré. M. Titon ne juge pas, comme la plupart du monde,qu'un Poète médiocre foit un e'erivain très mé- prifable, & il prétend d'ailleurs qu'il n'y a aucun de ces Poètes qui n'ait fait une fois en là vie quelque chofe de bon. Cette raifon folide auroit pu l'engager à placer fur fon Parnaflè plulkurs Poètes François qu'il a né- gligez,& furtoutquclques- uns qui font fort connus,comme S. Amand , Boifrobcrt , Patri 6cc. Comme le catalogue des Poètes 5c des Muficiens avec l'abrégé de leur vie , eft ce qui fe lit le plus volontiers dans le livre de M. Titon, nous don- nerons ici pour exemple ce qu'il dit au fujet de feu M. Lainez. » Alexandre Lainez natif de Chi- » mai , Ville de Hainault mort à j> Paris le 18 Avril 1710 âgé de >» 60 ans , enterré à S. Roch , il étoit »» de la même famille que le P. Lai- * nez fécond Général de la Compa- s» gnie de Jefus. C'étoit un homme » d'une grande érudition pour tout » ce qui regarde les Belles Lettres; » il fçavoit parfaitement le Grec, le « Latin, l'Italien Se l'Efpagnol, 6c »' poflèdoittous les bons auteurs qui s» ont écrit dans ces langues; c'étoit R E 1 7 2 7. 691 aufli un excellent Géographe : il « avoit voyagé dans les plus b:aux te pais de l'Europe Se dans une bonne u partie de l'AficjOÙ il s'étoit appli- « que à connoître les moeurs des « differens peuples: fa mémoire mer- « veilleufe jointe à fon grand fçavoir te rendoit fa converfation très inf- te truclive 6k: des plus aimables : fon te efprit naturel , enjoué 6c badin y te donnoit mille agremens. Un hom- te me qui renfermoit tant de beaux «e talens étoit fouhaitédes perfonnes «c du premier mérite & de tous les « amateurs du bel efprit qui fe fai- <« foient une grande fête de pouvoir n le poflèder. Il étoit aufli un excel- « lent convive 6c jamais perfonne «« n'a animé les plaifirs de la ta- il m'avoit flatte de me remettre » quelque jour tous fes ouvrages ; »> mais comme j'e'tois éloigne' » de Paris dam, le tems de la dernière a» maladie & de fa mort , Chai nbon »» fon Me'decin s'en eft cm paré & les a> a remis entre les mains de Jombcrt »> Libraire à Paris, dans un allez a> mauvais ordre, à ce que j'ai appris. L'Auteur vante fort le Poème de Charles X 1 1. Roy de Suéde ; ou- vrage de Lainez, qu'il allure que Jombcrt n'a point ; & il ajoute que M. l'Abbé de Veyrac lui a dit qu'il avoit ce Poème en fa poillffion ; il en cite quelques endroits avec plu- SÇAVANS , fleurs chaulons de ce Poète. M. Tuon n'a placé fur lbn Par- naflèque flxMuiicicns, dont il don- ne aulll la vie en abrège'. Lambert, Lulli , Charpentier, Coiallè, Gau- tier. &t la Lanue. Comme ce dernier n'eft mort qu'en 1726'. l'Auteur qui n'admet fur fon Parnaflê que les morts , l'a fait apparemment ajouter depuis peu au groupe de fon monu- mentachevèen 17x3. Quelques per- fbnnes auraient fouhaité que M. Ti- ton eut tait graver fon Parnaflê l 'ran- çois. en petit , Se l'eût mis dans ion livre. Il lemble que la deîçription qu'il en donne aurait été plus intel- ligible Cv plus agréable. NOUVELLES DECOUVERTES CONCTR^'AST LA SAXTESET les maladies les plus fret], entes , leurs caufes & leurs remèdes , avec des ob- ftrvations fur Us maladies, & des éclair ciffemens furies grands médicament t fur la volât Ai fation du fel fixe ; & fur le diffolvant tu.irer fel & naturel. Par M. DuSdidx, Doclettr en Médecine , & cj-Aevant Médecin cela Char t> de Ver faille s. A Paris chez la veuve de Florentin Delaulnc,ruè S. Jacques à l'Empereur. 1727. vol. in- 12, pp. 328. CET ouvrage eft divifé en qua- tre parties ; dans la première , l'auteur parle de l'eau primitive qu'il regarde comme la matière de toutes choies ; puis il vient à l'efprit uni- verfel , & rapporte à cette occafion , une expérience qu'il fît en 1710 vers l'e'quinoxe de Mars. Il amaflà de l'eau de rofée qui tombe fur les fromens , & de l'eau de pluye ; il filtra pluficurs fois ces eaux à travers le papier gris, elles devinrent très- claires , & les ayant goûtées il les trouva iiifipides. Il Icsexpoiàcnfuitc au lbleil de May ; elles s'évapore-- rent & taillèrent une petite poudre infïpide, de couleur cendrée , laquelle nepeioitau plusqu un grain. 11 mit cette poudre fur un morceau de verre concave, & l'expola dès l'aurore, du côte du fpleillevant.-unquart d'heure après, il trouva dans le creux de ce verre une liqueur rouge, tranfpa- rente £c qui fembloit huileufe entre les doigts • il en goûta, elle lui pa- rut d'une faveurlaline agréable & douce , Lus acidité, fans aercté &: 'fins chaleur. 11 verfà cette liqueur dans un petit bocal de verre , Se la remit à l'air ; elle s'exhala promptement dès que le Soleil fut levé ; le lende- main il expolà la poudre dès Tau- N O V E M B rorc,au folcil levant, & un quart d'heure cnfuite il trouva comme la première fois , une liqueur rouge &C tranfpaivnte toute lemblable à celle dont nous venons de parler. 11 re- commença l'expérience pluiicurs autres fois, & elle lui rcu/fit de la même manière ; enforte qu'il auroit pu avoir par le moyen de cette pou- dre une fource intarniîàblc de cette liqueur, fans un inconvénient qui furvint:c'eftqu'unmatinqu'ildev.oit aller pour la recueillir comme à l'or- dinaire ; il s'endormit , Se fe laifla pré- venir par le Soleil qui rappella à foi la liqueur étherée & l'efprit de la poudre ; enforte que cette poudre dé- pouillée de Ion efprit, que l'auteur appelle magnétique, n'eut plus la mê- me vertu qu'auparavant. Notre auteur tache d'expliquer ici ce que c'eft que l'cfprit univerfel ,& après diverfes réflexions fur ce fujet, il remarque que les anciens Philofo- phes ont reconnu cet efprit univer- fel ; qu'à la vente' ils ne l'ont pas dé- finit, mais qu'ils l'ont iuftifamment décrit pour faire connoitrece qu'ils entendoient. Virgile obferve que cet efprit va par tout. ire fer omîtes 1t terras & maria. Il dit fuis énigme quefon origine eft celefte. Jgneus eft olli vigor & cœlenis origo. qu'il agite toute la malle de l'univers. }a agitât mole n Qu'il anime tout ce qui a vie , foit fur la terre foit dans l'air. Inde bominumpt cudumque genus vit&qiie volantum. Hippocrate parlant de cet efprit uni- verfel , l'appelle le principe de tout R E i 7 2, f . gâ Kg? NOUVELLES NOVEMBRE 1727. JOURNAL DES SÇAVANS, Fautes à corriger dans le Journal d'Octobre 17x7. quatre ans iàns interruption. Fautes à corriger dans le Journal de Novembre 1 727. Page première, ligne j, pour tous, lifés toutes. . Page 645 , première colomne ligne 1 6 , pour V 4 a a |- 2 a a , lifès, f'4 aa-zaa Page 650, première colomne , après par, lifés, ~ Ligne 27 , pour ||- lifés -èi Ligne 28, après on aura, lifés, if* - m\ Ligne dernière pour 38 -- lifés 38 ^5 Seconde colomne , première ligne , ôtés 1 00 Page 65-2, fécondé colomne, ligne 27, pour 7170, lifés 1770 Page 656 , colomne féconde , ligne dernière , ajoutés : cit. tiré du premier livre de cet ouvrage. Nous donnerons dans un autre Journal, l'extrait de quelques morceaux des livres fuivans. TABLE Des articles contenus dans le Journal de Novembre 1727. Méthode pour découvrir l 'erreur de toutes les prétendues folutwns du fameux problème de la quadrature du Cercle, par M. Nicole de /' Académie Royale des Sciences , page 64$ Seconde manière de démontrer , que la figure retliligne donnée par AL. Mathulot pour être égale au Cercle , eft plus grande que ce Cercle , par le même M, Ni- cole, 6457 Atle en forme de jugement de t Académie Royale des Sciences , expédié à M. Nicole par Ai. de Fontene lie pour lui fervir à ce que de raifon , extrait des Regi~ flres de la dite Académie du famedi 3 o Aoitjl 1717 652 l,a Religion des Gaulois , tirée des plus pures fourecs de l'Antiquité 65$ Nouvel examen de fufage gênerai des fiefs en France 6 5 7 OEuvres diverfes de A f. Roi 6G1 Botanicon Pariiïenfe,o« Dénombrement p ir ordre alphabétique des plantes qui fe trouvent aux environs de Paris, &c. Par feu AL Taillant de l'Académie Royalle des Sciences 666 Lettre d'un Prieur à un de [es amis , au fujet de la nouvelle réfutation du livre des règles , pour l'intelligence des Saintes Ecritures 6jt Hijlnre de Polybe nouvellement traduite du Grec, par Dom Vincent Thutl- her religieux BenedicJin , avec un commentaire ou un corps defcience militaire , &c. Par M. le Chevalier de Folard Cj $ ViJJertationfur les vapeurs par Al. Vindet Médecin à Aiorge 677 Traité du légitime ujage de la rai/on &c. par feu M. Brueys 6%6 Méditation continuelle de la Loy de Dieu , ou projet de conjiderations & d'éléva- tions fur tous les livres de l'Ecriture Sainte &c 6%j Defcription du Parnajfe François de Aï. lit on du Tille t 689 Nouvelles découvertes concernant la famé & les maladies les plus fréquentes, (3c. Par AI. du Saux .% 6 9 2 Nouvelles Littéraires 6 9/ Fin de la table; L E URNA DES CAVANS POUR 1 L'ANNEE M. DCC. XXV IL DECEMBRE A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins , du côté du Pont Saint Michel , à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. XXVI I. AVEC TRI V I LEG E DV ROT, I L E DECEMBRE DCC. XXVII. la deffensedes ordinations anglicanes re'fute'e par le P. Hardoinn , de la Comf agnie de Jcfus. A Paris , chez Chaubert à l'en- tréeduQuaydesAuguftins,ducôtédu Pont-Saint-Michel à la Renom- mée &à la Prudence. 1727. z vol. in-12. 1 vol. pp. 502. 2 vol. pp, 5*22, fans la Préface £c les tables. E Père le Cou rayer ayant cru pouvoir répondre à tous les Cenfeurs de fa fa- meufè Diflèrtation, vient de donner au Publicla Denxn- fe des Ordinations Anglicanes. Le P. Hardoiiin,qui fetrouve perfonnclle- ment plus maltraité qu'aucun autre dans cet ouvrage, fe croit obligé de le réfuter, & c'eft ce qu'il fait ici. Il commence par fe plaindre dans fa Préface , du procédé de fon ad ver- faire en difant ; qu'au lieu de rc~ X xxx ij 7o8 JOURNAL DES SÇAVANS, pontes folides,» les airs méprifans , Ne voulant pas enlever aux au- »> les traits hautains, pleins d'orgueil, très Cenfeurs du P. le Courayer la »> de colère, 8c de haine, avec les gloire, ouïe plaifir de repou lier eux- 3» plus groflle'res injures, au-delà de mêmes les coups que ce Pcre leur ». ce que les hérétiques les plus ani- a portez « je m'appliquerai unique- a» mez ont jamais dit aux Catholi- ment, dit-il , à fatisfaire mon le- « j» ques, fe font remarquera chaque éteur, fur tout ce que le Père le ' j'ai été le premier qui ait qui peut terminer le procès. J'a- découvert quelques-unes de fes vois prefque tout compris en abré- « 3» fabrications , & ion hérefie fur le gé dans mes deux Traitez. «e « facrificcdela Meflè,& fur la pré- Sur ce dernier principe , le Père 3> fence réelle ; mais c'a été fans lui Hardoiiin fe croit difpenfé de fuivre 3> dire la moindre injure mépnfan- un ordre méthodique. Il fc conunte 3> te. Je lui ai feulement dit, qu'il de tranferire mot-à-mot les mor- 3» avoitfalfifié deux Actes Royaux, ceaux qu'il veut réfuter, 8c d'y ajou- 3> fur la queftion de fait ;&C fur celle ter fes réflexions , ou fa réi onle. » de droit , qu'il faifoit voir à tout Une telle méthode nousôtant abfb- 3> lecteur inftruit qu'il en vouloit lument les moyens de donner au 3> aufïï à la Melfe, qu'il penfoitde Public une Annlyfe de fonlivre,nous « ce facrifîce 8c de la tranfubitan- nous contenterons auffi de mettre 3» tiation , comme. Jofeph Méde , fous les yeux du leétcur , les traits 3> Forbès Evêque Proteftant d'E- que nous croirons les plus propres 3> dimbourg, Andrews EvêquePro- à faire juger de tout l'ouvrage. » tvibmtd'Ely ,Thorndick,8cGra- A peine , dit le Père le Courayer, 3» be. Je tâchois à lui faire voir, ma Dijsertation eût-elle été publiée en 3» qu'il tendoit à détruire outre cela Trancc, qu'on la vit paroîtreen Av.glois 3> l'efficacité de nos Sacremcns, 8c a Londres. Bonne preuve , répond « particulièrement de l'Ordre , 8c le Père Hardoiiin, que Londres »* »> à anéantir l'idée du vrai caractère 3> Sacerdotal Se Epifcopal. En ce cas » les qualifications qu'on employé, « tombent plus directement lur la ■» doctrine , que fur celui qui l'en- »> feigne. Le P. Hardoiiin trouve dans l'ou- vrage qu'il réfute, de nouveaux mo- y reconnoillbit fa doétrine d'un bouta l'autre , mais fans être Pro- »• phete , je puis aflurer que l'Ou- n vrage ne fera jamais imprimé en « Latin , ou en Italien à Rome ; ni « en Efpagnol à Madridmi à Vienne « en langue Allemande. Un Cha- « noinc Régulier de Sainte Gène- r cations 8c quelques autres de mê- des Catholiques en France, 8c « me nature , 8c le fait , en ménageant partout ailleurs , contre fon livre , foi, le Rit d'Ordination intimé par s» l'Apôtre de qui elle a reçeu la foi. »> On ne peut allez admirer en cela , » continue le Pcre Hardoiiin , la « conduite aimable du Seigneur »> Dieu ; il fçavoit l'antipathie & /' roient jamais reçu l'Evangile , qui »> kurferoit venu de Rome. LeSei- »> gneur le leur fit prêcher , avant »> que Rome en eut entendu parler, *> & leur fit intimer par Saint Paul, »> une forme d'Ordination particu- « liere , comme un ligne tndubita- » bit- qu'ils ne tenoientpas la Foi par » Saint rierre ou par des Miffion- »» naires envoyez par lui, mais par » SaintPaul immédiatement lui-mê- 709 RE 1717: me, 6c avant Rome! » Le Père le Cou rayer prétend que la Congrégation du Saint Office n'a condamné les Ordinations Anglica- nes, qu'en fuppofant comme vraye, l'hiftoire de l'Auberge, & plufieurs autres faits. Le Père Hardoiiin au contraire foutient que ce Tribunal a jugé indépendamment de tous les faits alléguez, & fur le feul examen du Rituel d'Edouard. Trois lignes Se deux raifons ré- pondent au troifiéme chapitre de la Deftènfe, la première raifon, c'eft que ce chapitre ne regarde pas le Père Hardoiiin; la féconde, c'eft qu'il ne fert nullement, dit-il , à éclaircir la conteftation prefènte. La réfutation du 4. 5. & 6e. cha- pitre confifte à convaincre de faux les Regiftres de Cranmer, de Par- ker, de Bonner même & de plufieurs autres , en s'eftbrçant de prouver qu'ils ont été fabriquez depuis l'an 1604. Cette difcufïion ne fçauroit s'abréger, il faut la voir. Nous en difons autant de tout ce que le Père Hardoiiin répond au fécond ôcau troifiéme livre de la Deftènfe. L'Or- dination de Parker, & celles de fes confécrateurs en font la matière. On y examine tous les Aétes citez parle Père le Courayer ; on rejette tous ceux qui n'ont pas l'attache Royalle, dans la collection de Rimer ;& l'on s'inferit contre les autres. Par exem- ple, le Père le Courayer prétend prouver l'ordination de Parker à Lambcth , par une note écrite, dit- il , de la propre main de Jean Par- ker fon fils» nous ne feaurions en effet , répond à cela le Pcre Har- «< douin , nous refufer fansinjuftice, « 7io JOURNAL DES SÇAVANS. d'auflî puifîàns témoignages de certaines cérémonies qui IeOTr >t » qu'eft celui du fils de M. 6c de >* M'. Parker ( M. Parker s'étoit m marié étant Prêtre) c'eft une » conviction manifefte de l'Ordina- >• tion de Parker faite à 1 ambeth. » Pourroit-on être allez effronté » pour la contredire? Les Anglois »» Proteltans , qui peut-être,ont écrit » cette découverte au Père le Cou- j> rayer , ne voudraient pas mentir » non plus que le fils de M. Se de ?» M*. Parker. Dans le fécond tome qui regarde le droit, on reporte ces paroles de la Dcftènfe. Les Anglois n'ont prétendu rien altérer a l'inftitution { de l'Euchariftie ) ils ont voulu Jtmplement réformer un lan- gage dont ils ont cru qu'on [oavoït abu- fer ; & fut frimer des cer.moni. s dont V 'augmentation leur 4 paru ontreufe & propre a nourrir la fuperflition. Voila proprement tout leur aune nous devons nous réjouir de nous trouver Jî proches, après nous être crus Jî éloigné^. 3< Ne le difois-je pas bien, répond w le Pcre Hardouin, que ce Reli- ai gieux de Sainte Geneviève entre- » prenoit dans cet ouvrage, l'Apolo- ontparu onéreu les, Se capable s de nourir la fuperftition ; comme les fort éloignez, près décent quatre t »> gie de la Cene,aufTi bien que des damnation de la Sainte Eglife? « j< Ordinations Anglicanes? Les An 31 glois, félon lui, ne font point cri- ai minels fur le chapitre du Sacrifi- »* ce ; ou, s'ils le font, ils ne le font 31 gueres. Qu'ont-ils fait ? Ils ont a» voulu tout réduire à la (implicite s> de l'inftitution primitive .Pour ce- 3* la , ils ont voulu réformer notre 31 langage ; abolir de certaines ex- v pref fions , comme Autel , Meflè , jî Se Sacrifice ; parce qu'on en peut si abufer ( en les prenant dans le fens *i propre.) Ils ontvouly fupprimer Mais elle condamne ( l'Eglifeapa- te remment ) avec anathéme , les An- »« glois Se leur apologifte,aii7e.canon tradition des Apôtres, pour rendre par- s> laplusrccommandable la majeftéd,im » ji grand Sacrifice &c. Cet Ecrivain, s» qui ne doit pas ignorer ces ana- * thèmes du Concile, ne les craint- s> il pas plus que les Anglois , pour s< qui il plaide? Le Père le Courayer pourapro- cher la Cène des Anglois delà Mefiè des Catholiques , avance , que ni la tranfubftantiation,ni lapréfence réel- le ne font neceflàires au Sacrifice , Se qu'il fuffit que J. C. foit rendu préiént à l'efprit dans u n e'tat de mort; ce qui le fait par la feparation actuel- le des fymboles de ion corps 6c de R E i : 7 2 f. -jw fon fang, pour être véritablement offert à ion Pcre. Le Père Hardoiiin combat cetre doctrine par tout où il la rencontre, & prouve que quoi- que l'idée du Sacrifice ne fe tire, ni de la tranfubftantiation , ni de la pié- lènce re'elle , mais de l'état de mort où la victime eft repréfentée , cette représentation pour être un vérita- ble Sacrifice,doit néceflâirement con- tenir la victime offerte. Ce qui ne fe peut dire que de la Méfié des Ca- tholiques. En un mot, le PcreHar- doiiinnous fait voir que le Sacrifice des Anglois cft reprefentatif , 6c de la victime, 6c de l'immolation de la victime , 6c que le nôtre contient ré- ellement la victime , 6c n'eft repre- fentatif que de fon immolation. Ce qui met entre nous une différence immenfè. IA RELIGION DES G AVLOI S TIRE' E DES PLU S IVRES SOURCES de /' Antiquité , par le R. P. D. *** Religieux Benediclin de la Congrégation de Saint Mtiur; ouvrage enrichi de figures en taille-douce. A Paris chez Sau- grain fils , Libraire-Juré de l'Univerfite',quay des Auguftins près la rué Pavée. 172.7. in-40. 2 vol. 1 vol. pp. J39. 2 vol. pp. J13. NOus avons vu dans le Journal précèdent que notre auteur em- ployé le fécond livre de fon ouvra- ge , à traiter des Divinités qui étoient adorées dans les Gaules, depuis que les Romains y e'toicnt entrés fous Jules Céfar. Nous ne parlerons ici qued'Efusquifaitlefujet du fécond Se du troifiéme chapitre de ce livre. Lucain,La£tance,Sc Minutais Félix , difent expreflèment que les Gaulois offraient des hommes pour victimes à Efus ; mais qu'eft-ce que c'étoit que ce Dieu Efus ? Plufieurs per- fonnes ont cru que c'étoit le Diea Mars des Romains ; notre auteur n'eit pas de ce fentiment. Il cft per- fuadé que c'étoit Dieu même que les Gaulois adoroient ious le nom d'Efiis. La raifon qu'il en rend, eft que ce mot fignifie Dieu ; pour prou- ver ce fait, il remarque qu'en langue Etrufque , Efar fignifie Dieu fuivant Suétone , qu'Efus fignifie la même chofe dans cette langue fuivant Hé- fychius. Notre auteur ajoute que les anciens Ombriens vc noient des Gau- lois fuivant le témoignage de Solin, d'Ifidore de Scville, 6c de l'ancien interprète Grec de Licophron. En JOURNAL DES SÇAVANS, 714 fécond lieu, Pline donne le nom in- défini de Dieu, à la Divinité que les Gaulois adoroient dans le Guy. Cette Divinité e'toit Efus; donc Efus eft Dieu , l'Être Suprême, le Créa- teur de toutes chofes , le véritable l);^u auquel les autres peuples éle- voient des autels fous le nom de T>teu inconnu. L'auteur demande cn- iliite pourquoi les Gaulois hono- raient le véritable Dieu dans le chef- nc, Se il répond que c'eft parce que Dieu apparut à Abraham auprès du chefné de MambréjainG dans le fy- ftême de notre auteur , la religion primitive des Gaulois confiftoit dans le culte du vray Dieu , Se la manière de l'honorer étoit fondée fur la ma- nière dont Dieu avoitapparu à Abra- ham. Les Gaulois n'avoient point de ftatuts ni de figures d'Efus ; ils ne le reprefentoient que par un chelhe. Sous Tibère les Nautes Parificns lui donnèrent une figure humaine ; car fur les monumensquiontété trou- vés en 1 71 1 dans l'Eglife Cathédrale de Paris , Efus eft reprefenté fous la figure d'un homme à demi-nud, il femble frapper avec une hache ou une ferpe qui cil prefquc effacée , fur un arbre , vers lequel il eft tourné avec l'attitude d'un jardinier qui émonde un arbre. A l'occafion du culte d'Efus, no- tre auteur parle des cérémonies ob- fervées par les Druides , lorfqu'ils es de refpcc! ; c'eft en tout tems le n fixicme jour de la Lune, jour fi « célèbre parmi eux, qu'ils l'ont « marqué pour être le commence- * ment de leurs mois , de leurs an- « nées 6c de leurs fiéelesmème, qui « nefontquedetrenteans. Lcchoix .s Scnonois, qu'ils étoient les derniers venus de tous les étran- gers. Nous ne rapporterons qu'un exem- ple du cinquième livre, qui fera tiré des chapitres > Se 6. On trouve dans les Gaules plullcurs tombeaux, dont les inferipnons portent qu'ils onte'te' de'dies fub Afcia. Les critiques ont éte'jufqu'à prefentfort partage's fur la lignification de ce mot; les uns ont cru qu'il étoiteompolé d'un al- pha négatif Se d'un mot Grec, qui lignifie ombre, & que fub Afcia dc- dicire étoit bâtir un tombeau à l'air. D'autres ont penfé que X Afcia étoit une doloire dont fe fer voient les gens d'une condition me'diocre pour po- lir leurs tombeaux qui n'étoient que de brique ; quelques auteurs ont cru qu'on vouloit marquer par ces ter- mes , la peine de mort à laquelle fe- roient condamnes ceux qui auraient la téméritéde violer lesfepukres. Le Père Ménétrier croyoit que l'inftru- ment qu'on voit reprelcnté fur les tombeaux , avec les termes f b Afcia ES S Ç A V A N S, eft un gàchc à détremper la chaux^ dont le lervoit celui quifaifoit la dc- dicace du tombeau, il y en a qui inent qael? Afcia 3 eit un teau qu'on mettoit fur les tombeaux une t (pece de talilman , poul- ies rendre inviolables. Après avoir rapporta ces dii fentimens, notre auteur propofe le fieii ; félon lui l'mltrumcnt appelle' Afcia, n'eft ni une doloire , ni une gâche , mais une houe ou marre , dont fe fervent Ls vignerons pour remuer la terre, Se qu'on appelle en- core en Languedoc Ajf.idas ou Aiffa- das. On trouve fouvent dans les au- teurs iffe vnbi Afciam i crus im^egi : je me fuis donne moi-même un coup de hoiie à la jambe ; c'eft ce qui ar- rive fouvent à ceux qui le fervent de la hoiie, parce que cet infiniment eft difficile à manier. Nous croyons devoir avertir en finillànt cet extrait, que l'auteur ne regarde point fon ouvrage comme étant de pure curiofité. 11 eft per- fuadé qu'on y trouvera le lêns na- turel de plulieurs paflages de 1 Ecri- ture,des Pères 5c des Conciles , qu'on chercherait peut-être ailleurs inuti- lement ; on ne doit point être fur- pris , ajoutc-t'il , que la Religion des Gaulois ferve à entendre «Se à expli- quer l'Ecriture, parce que la Reli- gion primitive des Gaulois n'e'toit qu'un écoulement de celle des an- ciens Patriarches Se des Juifs. DECEMBRE 1717: ?If lBRAHAMI VATERI.D. &PP.&BOTAN. SUBST. ut 6cSociet. Imper, nat. Cur. & Regias Britann. focii, Epiftola gra- tulatoria ad virum vere illuitrem Dominum Celeberrimum Frederi- cum Ruyfchium MedicinaiDoctorem , Anatomes 6c Bocanices Profellb- rem , necnon Academia; Cacfarex Curioforum collegam , & Rtgice Societatis Anglicans Sodalcm , Anatomicorum principcm , fautorcm, patronum , ac plim prxceptorem fuum, in quâ de mufculo orbiculari infundo uteri detecto gratulatur, fîmulque communicationem eorum quxnoviter in Anatonnà plantarum detexit,perquamofhciofè fibi ex- petit, dubiumque exponit circà lacunas uteri gravidi. Amitclodami apud Janllbnio- Vaesbergios , ' 1717. c'eft-à-dire , Lettre de congratula- tion, écrite far M. Abraham Vater , à M. Frédéric Ruifch 3 où il le félicite de la découverte du mufcle orbiculaire dans le fond de la matrice ; où il le / rie de publier au plntot ce qu'il a nouvellement a; erç eu dans VAnatomie des plantes , & où il lui prepofe un doute fur les lacunes de la matrice pendant la greffe fe. A Amfterdam chez Janflbn 8c Vaesberge 1717. Broch. in-40. pp. 12. A découverte que M. Ruifch a > faite du mufcle orbiculaire dans le fond de la matrice, eft une des plus utiles qui ayeni encore été fai- tes en Anatomie ; 6c c'eft fur cela principalement que M. Vater félicite ici M. Ruifch. Les accoucheurs, 8c les fages femmes ne craignent rien tant d'ordinaire, que de ne pas tirer aflez-tôt l'arricre-faix , lorfqu'il ne fuit pas de près l'accouchement ; 6c pour prévenir le danger qu'ils s'ima- ginent qu'il y auroit de le laifîèr quel- que tems, il n'y a forte de viohsice qu'ils ne tentent pour le lèparer du fond de la matrice,1orique les moyens doux 6c ordinaires ne leur réuflîflènt pas; Ces violences font fbuvenî à la matrice des déchiremens 8c des con- tufions qui caufent la mort aux ac- couchées, ou qui les rendu, tes à desinfirmitezconfldcrables. La connoiiîânce du mufcle orbiculaire Se de fon ufàge, met les femmi s à couvert de ces malheurs; elle apprend qu'on peut fins rifquc, laifier quel- que tems l'arriére faix dans la matri- ce, 6c que le mufcle orbiculaire dont la fonction eft de féparer par des ef- forts qui lui font propres , cet arriere- faix,de la partie où il eft attaché, difpenfe d'en venir à aucune violen- ce pour le faire fortir ,6c c'eft ce que l'expérience confirme. M. Ruifch; qui depuis plus de cinquante ans en qualité de Profcilèur en chef dans l'art des accouchemens , préfide aux inftruétions des fages femmes , dit avoir veu pluiieurs accouchées gar- der fans danger leurs arricre-faix , les unes plufieurs jours, les autres plusieurs femaincs , les autres plu- fieurs mois , 6c le rendre enfiiite heu- reufement. Il ailure même n'avoir jamais vu d'accouchées périr par le féjour de l'arriére faix, quelque long- tems qu'il ait été retenu. M. Vater joint ici fon témoigna- ge à celui de M. Ruifch, 6c ditqu'il eft perfuadé par un grand nombre Yyyy ij jri< JOURNAL DES SÇAVANS, d'exemples qu'il a veus, que l'arriere- faix peu!: même fe corrompre dans la matrice, 2cfortirenfuitcpar mor- ceaux , fans que les femmes en (oient incommodées. Il ajoute que les mo- les font ordinairement l'effet des vio- extraéHons de ï'arriere-fàix , 2c que Le meilleur nioyen de prévenir ces maladies , tft d abandonner à la nature le foin d'exj ulftr elle cet arriere-fai I ï les'moyens iii.s font inutiles. Nous paflons les deux autres ar- ticles de cette lettre , comme moins utiles & moins intereiiâns. ISOftS DE DEMOSTlirKE ET D E C7CERON. A Paris , chez Jacques Efuenne , rue S. Jacques , à la Vertu. 172,7. in-i?.. pp. 368. LEs gens naturellement ennemis des Préfacés ce des Epitrcs dé- dicatoires, ou qui en négligent vc- la lecture, ne manqueront pas de fe prévenir favorablement pour un livre , qui paroît d'abord épargner ces fortes de prélimi- naires. Ceux , ru contraire, qui font " s d 'a p p re ndrë d'un A u te u r, quels motifs l'ont engagé à écrire , 8c quel efl le plan de fon ouvrage, le plaindront de ne trouver à la tête de celui-ci nul éelairciffcment fur ces deux points ,2c diront qu'il pouvoit débuter un peu moins fechement. Ces derniers n'y perdront rien. Qu'ils cqnfultentla page j6 de ce volume. Elle leur offrira de quoi fe dédom- mager , puifque fous l'apparence d'une Note, ils y liront une cfpe'ce d'avertifTement , qui les inftruirade ils veulent fàvpir. ',',■ . verront que M.l Abbé d'Olivet, de l'Acadé- mie Françoifè, à qui nous devons cette veriion , a eu lès raifons pour croire, que les Philippiques de Dé- moftbéne 2c les Catiïinaires de Ci- ce'ron, quoique déjà traduites plu- fîcurs fois en notre langue , 2c par de ce'lébres Ecrivains, avoiènt grand befoin de l'être encore tout de nou- veau. Il pre'tend que ces Traducteurs qui l'ont devancé . : deMaucrdx £c M. tems ( ajoute-t'il ) où l'exprefiîon s» dontjemefers, a une énergie tou- î» te particulière. Dans les Harangues de Démo- fthéne, le iil du difeours fc trouve ibuvent interrompu par la lecture que l'Orateur fait lui-même ou fait faire d'une Lettre , d'un Mémoire, ou de quelque autre Pièce fèmblable ; après quoi , il reprend fon difeours. C'eft. conformément à cet ulage, que notre Académicien croit être bien fonde à remplir un vuide tres-con- iîdérabledela féconde Phiîippique ; èc c'eit de quoi nul éditeur, nul tra- ducteur , nul fcholiafte, à ce qu'af- fure M. d'Olivet, ne s'étoit encore avifé. Après que Démoithéne a dit aux Athéniens (page 72 ). Qw Lui (Philippejcependant à quelle info- vous comme il convient ? Apres s» quelque difgrace ou quelque né- 3> ceflité fu'rvenûe ? Eh que faut-il >' donc penfer de l'état pvefcnt? Car m franchement moi , pour des hom- 3> mes libres, je ne connois point de s» neccnité plus preilànte ; que la * honte qu'ils ont encourue par leur ?» mauvaise conduite. Voulez-vous, » dites-moi , vous promener éternel-. » lement dans la place publique , en 3» vous demandant les uns aux autres , 3i dit-on quelque chofe de nouveau ? 33 Eh quoi , fe peut-il rien de plus s> nouveau, qu'un homme de Macé- 3» doine vainqueur des Athéniens , £v »' fouverain arbitre de la Grèce ? * Philippe cft mort, dit l'un : non, J' il n'eft que malade , répond L'ai 3> Mort ou malade, que vous importe, '» Messieurs ? A peine le Ciel vous *en auroit-il délivrez, qu'à vous « comporter de la forte , vous vous » feriez bien vite vous-mêmes un S SÇAVANS, autre Philippe , puifque celui-ci a doit les accroiflèmcnSjbien moins t à fa force, qu'à votre indolence. « M. l'Abbe' d'Olivet. » Vovcz Athe'niens , où cil montée 1 arro- « gance de Philippe. 11 ne vous donne « point à choifir entre la paix, ou la« guerre; il vous menace, tv n dit-on , avec une hauteur outra- « géante; fon avidité n'eft point en-« corc aiîbuvic de tout ce qu'il a<» conquis; il avance toujours, & pen-« dant que vous temporiiez non-cha-« lamrnent, il vous envelopeÎAi/&;v àri\yâat aïSpuwoî , oç tf »,- ipatri , Af>« • «j ï'x °'*@~ ~S «V/V Îxwï * Jcal; çpaTT=y , ^-'ï; = t;; è-xnJ'à.t t( }f'.'>iTa/ ; {'«««fàv , ï» A12, aVajX» tiç tj ; vCv J T* £pn ra >i>Vo- jify/a »>«^i ê)w ^ }S i/jita/ to7{ êAei/5fi«-'Ç /<£>' râu aVa;*it/ , rtu, virt? r lofixy/ua'rul ui^iitlu, «Va/. » &-!\i&t , art fioi , «Sni'oV- Têç ayr «•vvSa'.'e&a/ , «carà TfTa/ ri Jcayvo V ; jlu/aiTO $ àv -rt >ta/Voi-CîfV , h SlMiJili aï»'p Aôiuâivç (caTaToASiXT , ^ TC4 f . MiuÏMÏ /«1KHÏ ; T{&/»>t£ $ J AlTTOÇ J cv , ^à A<" , àM' K\9>a« , t/ ar/riç ri vrai* , raxci "' '/««Ç îtc^v $ lAisrToy ••srs/:>5-;T = aV -arf." y-w -3/>o- / / « '» _. ï.. C' " r6X"Tê T»'Ç *}»Sl>yUS[»'l T ViV. Oi/'' jo GKTOÇ /ara a ri^aura pw^u^u/ Toc-gJ T e^M^^cTa/,off"OV •&«•£« rii/ vu'.rtrOj/ a.iui\^aii. Nous remarquerons en pâflânt, que ni l'expreffion de M M. de Mau- croix & d'Olivet ^a'*/ »;«*re o« <7«'// rivf , ni le Mort ou malade de M. de Tourreil , ne font, point de Démo- fthéne , qui dit tout fimplement , Philippe efl-il :,.oit7. Non s par Jupiter , mais il eft malade. H ■ ! que vous importe &c. ce qui , peut-être , donne plus de force & de vivacité au difeours, fur- tout lorfqu'il eft foutenu du gefte de l'Orateur ,.& des différens tons de la déclamation. Nous remarquerons encore que M M. de Maucroix 5c de Tourreil prêtent à la promenade des Atb nier s fur la place publique, les qua- lifications, l'un de non-chalante , l'au- tre à?éferneUe , qui ne paroi lient point dans le texte ; ce que M. d'Olivet pour fc conformer à fon original, à eu foin d'éviter: Mais en récorn penfe , il y ajoute , au fujet de la même pro- menade . cette phrafe ■ Tout ce que vous &e\* .faire : en forte cp'au lieu que Décembre, RE i7i7, . 721. Démofthéne ne dit précifément ici que ce que lui font dire les deux autres Traducteurs , ne vonle^^-vous , dites-moi , que vous proment r , ou voulez- vous , dites-moi t vous pron encr ; M. d'Olivet le fait parler ainfi:To« ce que vous ave^ à faire , eft-ce , dites-moi , de vous demander l'un a l'autre en vous pro- mena t &c. Cela ne jette-t'il point quelque langueur dans l'interroga- tion ? D'un autre coté, l'Auteur n'en fait-il point autant, lorfqu'il fuppri- me la répétition que Démofthéne , pour donner plus d'énergie à fon difeours , employé en cet endroit , quand donc,Athéniens, quand agne^-rous comme il convient ? Voici le commencement de la fé- conde Philippique. M. de Maucroix » Quand on vous dit, Messieurs, que « Philippe en toute rencontre viole «t fon traité de paix , au mépris de la « foi qu'il vous a jurée, vous trouvez faites de beaux difeours , il fait de belles conquêtes. M. de Tourreil.» Toutes les fois qu'on parle ici,MESsiEURS, de ce que Philippe trame £c attente chaque jour contre la foi des trai- tez : je vois que ces fortes de dis- cours ne manquent jamais de vous paroître pleins de raifon Se de ju- ilice , ni d'attirer vos applaudiflè- mens à quiconque déclame contre l'ufurpateur ; mais que jamais pourtant ils ne vous rappellent à votre devoir, ni ne vous condui- fènt à l'unique fin , pour laquelle il vous importe de les entendre. Les chofês mêmes en font venues au point, que plus on prouve,que plus on démontre qu'il enfreint la paix , qu'il dreflè des pièges à tous les peuples de la Grèce ; 8c plus l'embarras de vous bien con- M feiller augmente. Or la caufe de *> ces de'ibrdres , Messieurs , c'eft 3> qu'encore qu'il foit vrai que pour « réprimer des entreprifes injuftes, '» il faut non de fîmples difeours , « mais des eflits £v des actions , nous 5 SÇAVANS, autres Orateurs nous n'ofôns tou- * cher ce point cflcntiel, ni pr< ipofèr « foit de vive vo:x , (bit par écrit, « un bon avis , de pi_ur d'encourir « votre haine ; mais nous nous trou- « vons réduits uniquement a crier « d'une manière vague contre les •» violences , les perfidies , & les « autres attentats de cet homme. de tous les Grecs en général , plus « on fe trouve embarrané à vous 3» bienconfeiller. Quand il s'agit en »> effet, de réprimer des ufurpatcurs, J> ce qu'il faut , Athe'niens, ce font s» les œuvres, c'efr la force, mais non » pas de fimples paroles. Or c'efr » fur quoi vos Orateurs n'ofent trop 5> s ouvrir ; ils ont à craindre de vous il déplaire, s'ils en viennent à vous « faire des propofitions ; enforte »' qu'ils fè bornent à vous repréfen- »» ter ce qu'il y a dans la conduite J> de Philippe , & d'injurieux , Se J) de violent. Vous, tranquillement a> affis , vous trouvez, foit dans vos a> lumières , foit dans nos harangues, 31 de quoi raifonner mieux que Phi- » lippe , félon les principes.de la S) juiiice. Mais aujourd'hui qu'il « s'agit de repouflèr vivement fès » efforcs^une énorme indolence vous » retient. Delà , & c'en cit une fuite » nécefiairc, il arrive que vous 5c *» lui , dans ce qui fait l'objet de votre ** étude, vous réiilliflèz : lui, à bien s» faire ; vous , à bien r arlcr. Nous aurions pluficurs obferva- tions à faire fur ces trois verfions , comparées avec l'original Grec. Mais comme nous nous difpenfons de le tranferireici, à ouife de fon étendue, nous fupprimerons auffi nos remar- ques , pour abréger , & nous finirons notre parallèle par l'endroit qui ter- mine la féconde Philippiquc. Démo- fthéne infifte fort à la fin de cette harangue , fur la punition des traîtres domeiliqucs , ( ce qui tombe fur Efchine en particulier ) lefquels par de faux rapports & des efpérances trompeufes , ont amufé le peuple, 6c l'ont jette dans la traite fituation où RE 1727. 723 il fe trouve ; après quoi l'Orateur ajoute ce qui fuit : M. de Maucroix. » Plaife au Ciel de faire eeflêr nos allarmes. « Qu'il vous fuffife , Messieurs , te pour vous dérober à un fi trifte te fort, d'en avoir été avertis. Puific te enfin l'Auteur de cette paix , quel- « que fupplice qu'il ait mérité, s'en te voir à jamais exemt , fi pour le « punir des maux qu'il nous caufera, te il faut auparavant les éprouver. te M. de Tourreil. » Mais je vous en ai dit affez aujourd'hui, pour te vous deffiller les yeux fur la ma- ce qui pourrait faire conjecturer que ce dernier mot ferait un régime , non de la pre'pofition ^ , mais du fubitantif ïUtu^ au- quel cas , tous les Interprètes s'y fe- raient mépris, 6c il faudrait traduire ainfi ce pafl'age. Car je neroudroispas qiï aucun homme, eût-il mérité même la mort , fttbb feulement la peine d'une amende, fi pour cela toute la République devoit péiicli er. En voilà fuflîfamment pour faire connoître au Public , combien Dé- mofthéne avoit befoin d'un Médecin tel que M. d'Olivet , qui le mît en c'tat de paraître enfin dans notre lan- gue, parfaitement gue'ri de ces deux maladies , c'eft-à-dire de la langueur 6c de la bouffiffure , qu'il y avoit mal- heurcuiement contractées. Dans la crainte d'allonger excef- Mvement notre extrait , nous nous contenterons de tranferire ici pour e'chantillon des Catilinaires Françoi- fes , l'exorde de la première de ces oraifons ; où nous ne donnerons à M. l'Abbé d'Olivet d'autre Con- current que M. de Maucroix. M. de Maucroix «Jufqu'à s» quand abuferez-vous encore de m notre patience, Catilina ? Serons- E S S Ç A V A N S, nous long-temps encore le jouer * de votre fureur ? Ne venons- umquem- que nofirum. Nos autem , vin fortes t fatisfaccre Reipuliica vtdcmur , Jî ifius furorem ac tela vitcmus. Ces mots du Texte nihil conçut fus bororum omnium , c'eft-à-dire , ni le \ele unanime de tous les bons citoyens , ne font point rendus en François , dans la verfîon de M. l'Abbé cl'O- livet. C'eft fans doute, uneomilîîon de l'Imprimeur , dont on devoit avertir dans l'errata. HISTOIRE PHYSIQUE DE LA MER , OUVRAGE ENRICHI défigures données d' après le naturel^par Louis Ferdinand Comte de M arjtlly Mem- bre de l' AcadéiÀe Royale des Sciences de Paris. A Amfterdam aux dépens de la Compagnie. 1725". in-foL pp. 173. fans les planches. M Le Comte de Marfilly nous • apprend dans fâ préface, que pendant plufieurs Voyages qu'il a eu occafion de faire prefque dans tous les pays de l'Europe , il s'eft particulièrement appliqué à recon- noître, s'il y avoit dans le corps en- tier de la terre une harmonie réglée de toutes les parties qui le compo- iènt. Il lui fèmbloit que la maflè qui contient tant de corps animez & ina- nimez qui font organifez, pourront -i6 JOURNAL DE I mflî-bien qu'eux ; 6c qu'il ne ferait point impoffible de trouver par là l'ordre qui lui fut donnée par le Créateur. Les remarques qu'il fit fur un fiijet fi digne de Ton atten- tion, le pouflèrentjufqu'à l'examen de la ftructure du bailîn delà Mer. II travailla la première foisà cet exa- men de la Mer en i68o,Jùr la pe- tite étendue du Canal deConftanti- noplc. Ses obfervations furent com- muniquées à Chriftine, Reine de Suéde , qui les fit imprimer à Rome. Le féjour qu'il fit à Conftantinople en 1691 , lui avoit donné lieu de faire de nouvelles obfervations , mais qui n'ont point encore e'té impri- mées. Celles qui font le fujet prin- cipal de cette hiftoire Phyfique de la Mer, ont été faites fur les côtes de Provence 5c de Languedoc. » Tout >> ce que j'expoferai , dit l'Auteur, » eft fonde' fur les expe'riences 8c les » obfervations que j'ai faites moi- » même fur les lieux ; car pour les » relations que j'ay eues d'ailleurs , » les ayant examinées 6c ayant trou- » ve' qu'elles le contredifoient, je » n'ai pas voulu du tout m'en fèr- „ vir. L'ouvrage eft divifé en quatre parties ; la première fur le baflin ou le lit de la Mer ; la féconde fur la couleur 8c le goût de l'eau de la Mer ; la troifiéme fur les mouvemens de cette eau ; la quatrième fur les plantes maritimes.M. de Marfilly parle d'une cinquième partie où il devoit traiter des animaux qui naifient 8c qui vi- vent dans la Mer, furtout par rap- port aux infectes qui femblent ayoir été négligés parles Ecrivains, com- me par les pêcheurs. L'Auteur n'a S SC A VAN S, point compris cette cinquième par- tie dans le volume dont nous allons rendre compte. M. de Marfilly eft perfuadé que le lit de la Mer n'eft qu'une fuite du continent; qu'il eft compofé de diverfes couches de pierre horizon- tales , que de petites lignes de terre ou d'argile glutineufes lient enfem- ble , à peu-près de la même manière que les lignes de chaux lient les pier- res que l'on a pofées artificiellement les unes fur les autres ; que les lignes de fcl 6c de bitume qui donnent aux eaux de la Mer la divcrlité de leur goût , s'y étendent par des interfa- ces de pierre, dans le même ordre qu'en notre continent ; il préfume que les lignes des plus fins métaux s'y trouvent auffi , 6c qu'elles y cau- fent toutes ces couleurs que nous voyons fur plufieurs corps folides qu'on trouve dans le fond de la Mer ; 6c particulièrement fur les plantes qu'on appelle pierreufes. Suivant ce fyftéme, la pierre foutient les eaux, comme elle foutient dans notre con- tinent les terres où croifiènt les her- bes, les plantes, & les fruits. M. de Marfilly prévoit qu'on lui objectera que les mariniers trouvent rarement un fond de roche, mais prefque toujours un fond de fange, de fable, d'herbes pouries , 6c d'une infinité d'autres corps. Il répond que ces differens corps ne font que couvrir le véritable fond de la Mer, qu'il compare à un tonneau, dans lequel on a confervé du vin de- puis longtems ; il femble èrreenfon intérieur de lie 6c de tartre , quoiqu'il foit de bois. Les différentes choies qui naifient dans la Mer ou qui y D E C E M B tombent, & la nature gîutineufè de les eaux contribuent à former cette incruftation. Pour connohre la température de la Mcr,notreAutcurs'eft fervid'ua thermomètre ; il le plongea au mois de Décembre, de Janvier, de Mars & d'Avril, en divers lieux, à dix, vingt, trente, 120 brafles de pro- fondeur, Se il le trouva toujours à dix degrez Se demi. Delà il con- clud que la température de la Mer cft égal en hiver Se au printems ; il neparlepoint fi affirmati vement pour l'été, parce qu'il n'a pu achever les expériences qu'il avoir commencées en cette faifon ; mais il préfume qu'il en eft de même que de l'hyverScdu printems , Se qu'en toutes les faifons de l'année, la température de la Mer eft égale. Il ajoute cependant que les plantes maritimes commencent à vé- géter au milieu du mois de Mars, comme celles de la terre. Dans la féconde partie il y a deux chofes aufquelles l'Auteur s'attache particulièrement , la couleur Se le goût. L'eau de la Mer eft naturel- lement claire 6c brillante, comme on le voit en la mettant dans un vafe de verre, qui ne reçoive point de ré- flexions; les différences ele couleur qu'on y remarque, ne font caufées que par le mélange des torrens , Se par les différentes réflexions ou ré- fractions des rayons du fblcil parles nuages , par le fond de la Mer, ou par la brifurede fa figure naturelle, contre les corps folides qu'elle heur- te. L'Auteur rapporte pi ufieurs ex- périences qui juftifient cette propo- fition , puis il vient au goût de l'eau de la Mer. R E 1 7 2 7. jï j Comme on Içait q.u*on tir.: le ici de l'eau de la Mer , perfbnnc n'ignore pourquoi cette eau cft falée ; il n'en eft pas de même du goût amer ; no- tre Auteur eftime qu'il vient du bi- tume qui nage en plulicurs endroits de la Mer, & des matières bitumi- neufes qu'on trouve dans les monta- gnes, & qui continuent danslcbaf- fïn de la Mer, fuivant lefyftéme de notre Auteur. Il s'eft convaincu que l'amertume de l'eau de la Mer ve- noit d'une fubftance huileufe 8c mê- lée d'efprits volatils, en mêlant un efprit de cette efpece dans l'eau qu'il avoit auparavant imprégnée de fel. Notre Auteur croit qu'on n'a pas encore trouvé le moyen d'ôter cette amertume à l'eau de la Mer; il ajou- te que fi les Anglois l'avoient trou- vé, comme on l'a publié dans plu- fieurs relations , ils auroient fait ufa- ge d'une invention fi utile, & qu'ils 1-aurpient communiquée aux autres nations, comme ils leur ont mit part de plufieurs autres de leurs décou- vertes. Par rapport au mouvement de l'eau qui fait le fujet de la troifiéme partie, M. de Marfilly en diftingue de trois efpeces ; les courans dont les uns font fur la fu perfide, les au- tres dans le fond de la Mer , les uns continuels, les autres interrom- pus , les ondulations , le flux Se le reflux. Le courant que caufe le Rhône à fon embouchure , s'étend jufqu'à 1 5 Se 20 milles. 11 y a des courans qui vont du levant au cou- chant, d'uutres vont du couchant au levant ; il y en a qui ont un mouve- ment ffemblable à celui du foleil ; quelques-uns fui vent le mouvement JOURNAL DE d > vents , d'autres ont un mouve- ment contraire aux vents. Ces diffé- rences ont fait connoître à l'Auteur que pour dire quelque choie d'allure fur la nature des courans, il faudrait que l'on eut fait des oblèrvations fur les courans de diflèrens pays. L'ondulation ell caulée par les vents , Se l'ondulation naturelle eil proportionnée à la force des vents , mais quand les ondulations fe cho- quent, qu'elles roulent fur des pla- ges fabloneufes , ou contre des ro- chers , ces accidens les font monter beaucoup plus haut qu'elles ne le feroient naturellement. Les obfcrvations que l'Auteur a faites fur les côtes de Provence , l'ont convaincu qu'il n'y a point de flux & de reflux fur cette côte .-mais feulement quelques altérations dans le plus ou le moins d'élévation des eaux cauiée par les vents , & plu- fieurs autres irrégularités qui pro- viennent de celles des courans. . A l'égard de la quatrième partie qui regarde la végétation des plan- tes maritimes, elle comprend plus des deux tiers du livre L'Auteur obferve d'abord , que les plantes ter- reftres qui doivent tirer à quelque profondeur l'humidité qui s'en; in- iinuée dans les pores de la terre , ont une racine propre à y pénétrer &à y faire monter l'aliment jufqu'au fommet par une continuelle circu- lation j au lieu que les plantes ma- ritimes nageans dans leur propre ali- ment , n'ont point befoin de racine. Auffl M. de Marfilly ne connoît-il que l'algue marine qui ait des raci- nes ,& dont l'organilàtionfoit à peu- pies lemblable à celle des plantes S SÇAVANS," terreftres ; elle ne croît que dans la fange ou terre argillieufc. Les au- tres croiilènt fur des pierres, des co- quilles, même fur d'autres plantes pierreufes; l'Auteur a découvert que les plantes maritimes ont leurs fleurs êc leurs femences comme celles de la terre. M. de Marfilly divife en trois claf- fes toutes les plantes maritimes dont il parle. La première eft des plantes molles, la féconde de celles qu'on appelle communément litophytes , mais que notre Auteur nomme fian- tes prefque de kis, parce qu'il les re- garde en quelque forte comme les arbres de la Mer , la troifiéme des plantes pierreufes. Entre les plantes molles, l'alcion qui a fourni aux Anciens le fujetdc tant de fables, mérite une attention particulière • notre Auteur dit qu'il a amaffé dans fon cabinet, plus de vingt fortes d'alcions differens en couleur & en ftruéture. Il croît quel- quefois d'une forme plate couvrant de gros morceaux de roche , d'au- tres font en forme de pomme , de la grollèur d'une orange. Us croiilènt tous fur des pierres ou fur des co- quilles,.l'écorce qui les entoure eft poreufe & d'une fubftance coriace ; quand on la nettoyé de la moullè qui croît dellus en abondance , cette fub • fiance paroît blanche & molle , com- me celle d'un porreau pelé ; dans ceux qui croiilènt en globe , la fub- ftance intérieure eft un amas d'éguil- les de couleur blanche cendrée, dif- pofécsdela circonférence au centre, & qui fe divifènt en autant de peti- tes aiguilles qui piquent la main, comme 11 on manioit des figues d'indcs. D E C E M d'indes. La peau de cette plante veuë avecIemicrofcope,paroîttouteplcine de trous d'une figure aprochante de celle des étoiles , elle eit couverte de petits globes en façon de chagrain. L'Auteur fait l'analyfêchymique de cette plante , comme de toutes les autres plantes maritimes dont il par- le ; il faut la voir dans le livre mê- me. On diftingue deux efpeces de plantes pierreulès, les unes qui ont une e'corce , les autres qui n'en ont point. Le Corail fuivant l'Auteur, eft la feule des plantes pierreufes qui ait une e'corce ; lorfqu'illbrtfraiche- ment de la Mer, cette écorce peut être fepare'e de fa fubftance , avec la même facilité qu'on le fait aux plan- tes de la terre. Le Corail rouge ne change point de couleur hors de l'eau, comme les autres plantes pier- reufes ;fon e'corce feule prend enfê fe'chant une couleur plus livide. Le Corail naît dans des cavernes , qui font tantôt dans la roche vive Se tantôt dans des amas terreftres liez en forme de tuf, par la gluë de la Mer. Ses rameaux tombent perpen- diculairement vers le centre de la terre, £c fon pied refte verticalement pôle dans les cavernes, par une pla- que qui eft une extenfïon des bran- ches du Corail , & qui prend la figure du corps folide, fur lequel il s'e'tend. Les anciens ont cru que le Corail en fortant de la Mcr,étoit aufïï mol que la pâte ; mais notre Auteur allure qu'il l'a trouvé même dans l'eau de la confiftanceôcde la dureté de la pierre. Quand on examine l'écorce du Corail avec le microfeope , on voit BRE i 72,7. 729 en fa fuperficie des tulules ronds ôc convexes , qui fur le haut ont des trous de figure oblongue , on y découvre auffi des gîandules , dont la couleur eit de minium mêlé en certains endroits de blanc diaphane. Dans l'in- térieur de l'écorce on voit des canaux avec des cellules qui répondent à la convexité de l'intérieur, & qui ont chacune un trou au travers de la grofîêur de l'écorce. Ces concavités font toutes remplies d'un fuc gluti- neux, qui dans le tems que la plante cil fraiche eft de couleur de lait; mais qui en fe fechant fe confolide en forme de croûte , & prend une cou- leur de fafran qui tire fur le rouge. Lorfque la fuperficie de la plante eft dépouillé de ion écorce , on la voit toute pleine de canaux , qui continuent depuis l'extrémité de la plaque Jufqu'à l'endroit où les poin- tes de la plante commencent à fè ramollir : il y a plufïeurs cellules rondes , creu fée s dans la même fub- ftance , qui font aufîl remplies d'un fuc de lait glutincux , lequel en fè fechant devient jaune, de même que celui destubules del'écorec. Lcsex- trêmitez des branches font molkscn- fortantde l'eau , 6c en fe fechant elles deviennent très- faciles a broyer. En coupant horifontalemcnt un rameau de Corail dans fa véritable dureté , en n'aperçoit avec le microfeope, aucun canal , aucun vuide , ni au- cune porofité , mais feulement une fubftance très dure & très-unie de couleur rouge,ayantde petits points blancs , comme du porphyre : Cette anatomie du Corail fuppo- fée, voici comme l'Auteur en expli- que la végétation. L'écorce reçoit h A aaa 730 JOURNAL DE plue bitutnineùfè qui eft dans l'eau de la Mer , elle la filtre Se la re'duir au lait gluant qui refte en l'écorce , pour lui diftribuer l'aliment necef- fàire,8c qui fe répand abondamment entre l'écorce Se la fuperficic de la fubftancedu Corail, où elle remplit les cellules vuides de la plante, juf- qu'à ce que tout foit parvenu à la dureté de la pierre. Quand les parties les plus proches de la plante du Co- rail font parvenus à leur dureté' , le lait nourricier ne difeontinuant point, l'e'corce s'alonge en une nou- velle bourfe, qui fe remplit comme l'autre , Se la plante étend ainfi fa végétation , tant que la ftruclure glanduleufe de l'e'corce eft capable de féparer de l'eau , la iubftancc glutineufe qui fert d'aliment à la plante : lorfque les organes de l'é- corce font ufées , la plante ceflè de croître , puis fe fe'chant . elle tombe au fond de l'eau, du lieu où elle pen- doit. Cette plante pierreufe eft auf- fi fouvent attaquée par des vers qui en rongent le pied , de manière que quoi qu'elle foit encore ve'getable , elle tombe dans le fond de la Mer , de même que les plus vieilles. Si après avoir tiré de la Mer les branches de cette plante, on les met dans des vafes où il y ait allez d'eau pour les couvrir , au bout de quel- ques heures on voit fortir de cha- que tubulle une fleur blanche, ayant fon pédicule 6c huit feuilles ; le tout enlêmble eft de la grandeur Se de la figure d'un clou de gerofle ; de's l'in- ftant qu'on ôte la branche de l'eau , toutes les fleurs fe retirent dans les tubulles ; mais fi on regarde promp- ternent la branche avec un verre , S SÇAVANS, on apperçoit la diviiîon ie l'écorce en autant de parties que la branche a de feuilles ; la plante étant remile dans l\au, ne manqucpointde fleu- ri r comme auparavant. M. de Mar- filly a trouvé de ces plantes, qui fc font confervées avec leurs fleurs en- viron douze jours , après quoi la ftruclure glanduleufe de Tccorce commençant à fe rompre , les fleurs, perdent leur figure , Se (b changent en une petite boule qui devient jau- ne, & qui tombe au fond de l'eau ; on pourrait croire que ces petites boules font les graines defemencede corail. Mais l'Auteur penfe que l'on n'a point encore fait allez d'expérien- ces fur le Corail Se fur les autres plantes pierreufes , pour qu'on puiflè établir là-dellùsun fyftéme ; ce qu'il a remarqué par rapport aux plantes molles, dans une diiîèrtation fépa- rée, fert à prouver qu'elles ont des fleurs, des fruits, Se des graines, M. de Marfilly divife les couleurs du Corail en naturelles Se en acci- dentelles. Les couleurs naturelles font de difterens degrez de rouge , depuis le cramoifi foncé, jufqu'à la couleur de chair pâle. Cette couleur lui vient du lait vifqueux qui le con- lblidant dans les premières couches, prend une couleur jaune, qui fert de fondement au rouge, comme le fçavent ceux qui ne font point ig- norans dans l'art de la teinture. Les couleurs accidentelles font le jaune, la couleur de Cafl'é taché, en la fu- perficie de noir Se de rouge pâle ; l'Auteur croit que la caiife de ces couleurs accidentelles , eft le man- quement de nourriture, Se l'altéra- tion du limon qui eft au fond de la D E C E M Mer. On fait aufiî changer de cou- leur au Corail par artifice , par le moyen d'une décoction dans la cire blanche, ou dans le lait où il devient jaune, puis blanc cendré, enfin d'un blanc mol. Le Corail fert pour l'ornement furtout aux Indes & au Japon, Se pour la Médecine. L'Auteur mar- que comment on le polit pour l'or- nement ; à l'égard de la Médecine, il prétend que les incruftations de lait feché qui fe trouve à l'extrémité des branches , devraient fervir à la BRE 1717 751 véritable poudre de Corail , il l'a ainiï employé pour lui même dans des crudités d'eftomac. Nous renvoyons au livre même, ceux qui veulent s'inftruiredece que dit l'Auteur fur les autres plantes de la Mer. Nous remarquerons en finiflânt, que c'eil M. Boerhaave Profeflêur en Médecine, ChymieSc Botanique dans l'Univerfitéde Leyde , qui s tfl chargé de l'impreffion de cet ouvra- ge ; il a mis à la tête un éloge de l'Au- teur & du livre. DISSERTATION SUR LE S VAPEURS, PAR M, VIRIDETt ME' dcc'm à Morge. Iverdon, chez Jacques Gucnate ,1726. vol. in- 1 2 . pp. 116. NOus avons parlé de la premiè- re partie de cette Dilîèrtation , dans le Journal dernier ; il nous reite à parler de la féconde 3 où l'Au- teur en feigne les remèdes qu'il croit convenables dans les vapeurs. Il com- mence par déclarer que la caufe des vapeurs n'eft pas froide , ce qu'il tâ- che de prouver par plufieurs raifons que nouspalfons; après quoi il vient au traitement de ces maladies , dans lequel il veut qu'on fe propofe d'a- bord d'aftbiblir l'eftervefeence du fang , & la chaleur des entrailles , comme la véritable caufe des va- peurs. Il enfeigne divers moyens de calmer cette cfia-vefcencc & ces cha- leurs ; & quand on en efl venu à bout par les remedes qu'il confeille, il faut alors, félon lui , fongerà com- battre les eau fis occafionndles. Ces caufesoccafionncllesfont, â ce qu'il prétend, ou une matière qui croupit près d:s nerfs , ou une pitu te qui les comprime, ou des glaires dans les glandes dts parenchymes , ou un re- lâchement dans les fibres de l'eflo- mac, ou un défaut de mucofité dans ce vifeere , ou des vers qui piquent quelques parties, ou un manque de reiîbrt dans les fibres du mézente- re , ou de l'opium qu'on aura pris , ou des liqueurs trop froides qu'on au- ra bues , ou des ahmens trop gluans dont on aura ulé, ou le tranfport trop violent des efprits animaux iur quel- que organe, ou la trop petite quanti- té de ces même> eij nts , ou un fang trop diffious, ou enfin un polype au cceur. Voilà , autant que nous avons pu le démêler , à quoi fe reduifent , fé- lon M. Viridet , les caules becafion- nelles des vapeurs ; il faut voir à pre- fent quels font les remedes qu'il op- pofe à toutes ces caufes différentes. Comme ces remedes nous ont pa- ru pouvoir être utiles à aux qui font incommodez de vapeurs , nous avons cru qu'on ne feroit pas fâché de les trouver ici. Quand les vapeurs viennent d'u- A aaa ij -3i JOURNALDESSÇAVANS, r.e matière qui croupit près des nerfs foit que ce relâchement vienne de la ou des tendons, le meilleur parti à prendre félon lui, eft de vuidercette matière par la lancette , ou par le cauftique. Quand elles viennent d'une pitui- te, qui comprime les nerfs, & prefle coniiderablement leurs fibres , les purgatifs doivent être employez tels par exemple que celui-ci. Prenez demi-once de fenne',deux gros d'agaric récent , coupe' en tran- ches , demi-gros de gingembre con- caile, &une dragme de chryftal mi- nerai. Faites infufer le tout fur les cendres chaudes , dans deux grands verres d'eau , jufqu'à la diminution du tiers ; 2v l'ayant coulé, difiblvez- y deux onces de manne , pour deux matins confe'cutifs , ajoutant à cha- que prife fix à fept goûtes d'eau d'é- corce de canelle ; quelques jours a- près il faut réitérer. Si les glandes font remplies de glaires , on ufera pendant dix ou dou- ze jours de la décoction fuivante , dont la doze fera de deux verres , deux heures avant le repas. Prenez racine de chicorée amere, une once ; racine de gentiane , deux onces ; coupez le tout en tranches : fommitez de chardon bcnit,de ger- mandrée , ôc de petite centaurée, de chacun demi poigne'e : rieurs de ca- momille, une poignée ; faites infufer le tout dans la valeur de huit verres d'eau , jufqu'à la diminution du quart , &: le coulez fans l'exprimer. De trois en trois joui s on fera infu- fer dans une des prifes , deux gros de fènné. Si les vapeurs font caufe'es par le relâchement des libres de l'cftomac, trop grande diftenlïon qu auront foufKrt ces fibres par des vents ren- fermez, foit qu'elle vienne du ramo- lifièmcnt qu'auront produit des ftr- rofitez amaflees, on peut fe fervir de la compofition fuivante. Prenez e'corces d'orange & de ci- tron confites , de chacune une once & demie ; extrait d'églantier une on- ce; racine d'angelique & d'impera- toire parlées par le tamis, de chacu- ne une dragme , rhubarbe deux drag- mes : mêlez le tout avec une iuffi- fante quantité' de fyrop d ecorce de citron, pour réduire cela en conft- ftanced'opiate,&:deux heures avant le repas, avalez-en la grofleur d'une noix mufeade. Si les vapeurs viennent de ce que l'cftomac eft trop dépouillé de ion enduit, c'eft-à-dire, de ce que la tu- nique veloutée de ce vifeere eft trop à nud ; ce qui arrive ordinairement par des purgatifs ou des déterfïfs trop forts, ou trop réitérez, on doit ufer d'alimens onctueux , comme d'or- geats, de gruaux, & autres choies femblables ; fi ce défaut de mucoiité dans l'cftomac eftcaufépar lediflbl- vant ftomachal qui eft trop fort; il faut recourir à l'ufage des Alkalis , prendre, par exemple, des vcuxd'é- creviflès, du millet du foleil , Se du corail rouge bien pulverilé, de cha- cun quatre ferupulesjde la corne de cerf, & de l'y voire préparée, de cha- cune un gros, du chryftal déroche, 6c de la pierre de hematte , de cha- cun demi gros, de lanti-hcctiqucde poterius, un gros ôedemi. Le tout étant réduit en poudre impalpable 6v très-bien mêle', faites-en des paquets D E CE M B de demi gros chacun , Se en prenez un deux heures avant chaque repas. Si ce font des vers qui donnent occafîon aux vapeurs, prene's racine de fuccife, debrione, 8c de rhubar- be, de chacune deux gros ; graines de citron , de chardon bénit , 8c de pourpier, de chacune un gros , ai- gle blanche, coralline, & diagrede, de chacun quatre fcrupulcs ; piles les feparement 6c enfuite les mêlés. La doze eft d'un demi gros, quatre heu- res après le fouper, 8c d'un gros le matin à jeun ; obfervant de ne point manger de trois heures après. Quand les vapeurs viennent de ce que les fibres du mezentere ont per- du leur reflbrt,il faut recourir aux bains fouphrez , tels que font ceux d'Aix & de Bade. Quand elles viennent de ce qu'on a pris de l'Opium , il faut examiner 1°. fi c'eft parce que cet Opium a lie les efprits ; 6c alors notre auteur pre'tend qu'en augmentant la doze de l'Opium, on viendra à bout de délier les efprits qu'il avoit liez. Le Public jugera fi c'eft là le remède le plus convenable en cette occafion. z°. Il faut examiner fi c'eft parce que les glaires dans kfquelsétoit engagé l'O- pium font fondues, 8c en ce cas un peu de Thériaque ou de décoction de fleurs de Camomille , prife chaude- ment diffipjra les vapeurs. Si elles font cauiées par l'ufage des boiffons froides, il n'y a qu'a re- courir au Thé, ou au Cafté. Si c'eft par des alimens trop gluans, tels que font les inteftins , les têtes, ôc les pieds de veau, ou par des ali- mens trop lourds, tels que le froma- ge, les légumes, les chairs falées , les R E 1717. _ 75-3 poiffbns fecs , les racines , il faut alors recourir au vin, à la Théria- que, à l'eau cordiale, au Roifoli j & fi ces remèdes ne fuffifent pas, on les aidera par la décoction d'Azaron ou par le tartre Emctique. Si les vapeurs viennent de ce que les efprits animaux fe portent avec trop de véhémence fur quelques parties, ccqui caufe fouvent des mou- vemens con vu lfifs, il faut ou faire des frictions dans les parties oppofées ou recourir aux narcotiques, ou bien ouvrir la veine. Les conventions agréables font d'une grande utilité dans ces occa- fions , dit notre auteur, aufîi bien que la Mufique. Si cette maladie eft produite par la difettedes efprits animaux, il fuit recourir aux bouillons faits avec les poulets, les pigeons, 6c les perdrix, il faut recourir aux jaunes d'œufs^ mêlés avec le fucre, 6c délayez dans le lait. Le fuc des chairs à moitié rôties , le chocolat , 6c les fomenta- tions fûtes avec des décoctions d'her- bes fpiritueufes,font encore de bons moyens pour remédier à la diffipa- tion des efprits. Si les vapeurs ont pour caufe un fang trop diflbus , ce qui eft aufïî toujours accompagné dediffipations d'cfprits, le lait d'aneflè,ou de chè- vre , mêléavec la décoction d'Efqui- ne, font très convenables, au/fi-bien que les gelées de corne de cerf, 6c les bouillons de tortue. Lorfque les vapeurs font caufées par des polypes au cœur, ou auprès du cœur , la guérifon en eft très dif- ficile, pour ne pas dire impofîible^ à caufe de la difficulté qu'il y a de 734 JOURNAL DES SC A VANS, difibudre la matière qui fait ces ior- de leur force , avant que de parvenir tes de tumeurs, puifqu'il faut pour cela, changer toute la qualitédu iang & employer des de'terfifs, qui quel- que puiflàns qu'ils foient par eux- mêmes , perdent toujours beaucoup au lieu où eft le polype. Voilà ce qui nous a paru déplus utile clans la ieconde & dernière par- tic de cette dillèrtation fur les va- peurs. HISTOIRE DES RE'VGLVT ION S DES PATS-BAS, DEPUIS depuis l'an ifjo. jufqu'Zl'an i 584. A Paris, chez Briaflbn, rue S. J •:- ques a la Science. 1727. in- 12. 2. vol. 1. vol. pp. 307. 2. vol. pp. 271. CEtte Hifloire comprend fept Livres , nous parlerons ici des quatre premiers , Se nous renvoye- rons les trois autres à un autre Journal. On voit d'abord dans le premier Livre, comme Charles-Quint fur la fin de fes jours , ayant pris la réfo- lution de renoncer à toutes les cou- ronnes qu'il avoit portées avec tant de g'.oire ; fit fon abdication à Bru- xelles, où il convoqua les Etats Gé- néraux , & en leur pre'fence céda à Philippe II. fon fils , la Souverai- neté des Pays-Bas , les Royaumes d'Efpagne, de Naplcs,de Sicile, des Indes, le Comte' de Bourgogne , Se le Duché de Milan. Les Pays-Bas , ainfi que l'obfcrve I'Hillorien , n'étoientpas la moindre partie de l'héritage de Charles V. ni la moins difficile à gouverner. Les Ducs de Bourgogne a voient lai fie jouir ces peuples de plusieurs privi- lèges , dont ils e'toient extrêmement jaloux, Se comme ils ne pou voient s'accomoder au génie de leurs maîtres il falloit pour les gouverner, trouver l'art de s'acommoder au leur. C'efi par ce moyen que Charles- Quint avoit fçu les maintenir dans l'obciflàncç, Se c'elt pour avoir pris le contre-pied que le fils de Charles- Quint donna lieu aux révolutions étranges qui font le fujet de cette Hifloire. Le caractère de Charles -Quint, étoit de n'en avoir point d'autre que celui que les temps, les lieux, Se les occafions demandoit qu'il eût. Il ne paroiffoit pas le même homme en Ef- pagne, Se en Flandres, en Allema- gne, Se en Italie. Il n'avoit dans ces divers pays , ni les mêmes manières d'agir,ni les mêmes principes de gou- vernement. Et par-la il étoit devenu l'idole de tous lès peuples. Il s'en falloit bien que Philippe fon fils eut des talcns auffi rares Se auffi nécef- faires ; une politique fbmbre , un abord difficile, une fierté auftére ,1c rendoient peu propre à vivre ailleurs qu'en Efpagne , auffi y fixa-t'il fon féjour , Se auflî-tôt qu'il eut fait la paix avec la France, il réfolut de fe retirer à Madrid. Avant que de quitter les Pays-Bas, il fallut pourvoir au gouvernement de ces Provinces, en choififiànt une perfonne capable d'y tenir la j lice du Roi même. Ce que nous allons expofer là-deflùs d'après l'auteur, eft le point d'où il faut partir pour bien entrer dans cette Hiltonc C'elt DECE pourquoi nous croyons qu'on nous pardonnera fur ce fiujet un peu de détail. Philippe 1 1. fut long-temps à fè déterminer fur un choix fi impor- tant : de tous les Seigneurs Flamans celui qui avoit le plus de droit de prétendre au gouvernement gênerai des Pays-Bas, étoit PAncoral,Comte d'Egmont; ce Seigneur , dont la fin, comme on le verra dans la fuite de cette Hiftoire,fut des plus tragiques, étoit entièrement chéri de la nation, il avoit gagne tous les cœurs par une certaine franchifè noble 6c éclairée qui dédaigne plutôt les artifices , qu'elle ne les ignore ; les vœux des Peuples & des Soldats l'appelloient au miniftére; mais ce qui parloit le plus en fa faveur, c'étoit les victoi- res de S. Quentin, & deGravelines, dont l'Efpagne e'toit redevable à l'habileté 8c à la valeur de ce guer- rier. Cependant Philippe e'toit bien éloigné de penfer au Comte d'Eg- mont. Le Comte étoit Flamand , £c fes intérêts paroiflbient trop liez avec ceux d'un peuple que Philippe vouloit gouverner avec une autorité abfolue. Le Prince d'Orange prétendoit au gouvernement des Pays-Bas jiflu d'une maifon qui avoit autrefois figuré en Allemagne avec la Maifon d'Autriche , allié aux plus grands Princes de l'Europe ; il ne fc croyoit pas au-deflbus d'un employ qu'En- gelbert de Naflàu un de fes ancêtres avoit exercé cent ans auparavant. Il avoit d'ailleurs de grandes qualitez que lui avoient attiré l'eftime & la confiance de Charks- Quint, mais M B R E 1717. 75J ces liaiïons avec les Princes Prote- itans d'Allemagne qui etoient tous fes parens , rendoient fa Religion fufpeéle , quoiqu'étant né Luthé- rien , il eût embraflé la Religion Catholique ; enfin le Roy ne fc fioit ni au Prince d'Orange , ni auComte d'Egmont. Tandis que toutes les Provinces étoient dans l'attente de ce qui arri- verait , Philippe fit partir d'Italie fa fœur Marguerite d'Autriche , Ducheflè de Parme , fille naturelle de Charles-Quint, pour venir pren- dre poiîcffion du Gouvernement. Le Roy alla au-devant d'elle, Se elle fut amenée à Gand , où fe dé- voient tenir les Etats. Le Roy les avoient convoquez , afin que là fœur prît avec plus de folemnité poilef- iion de fon Gouvernement. Granvelle Evêque d'Arras êc de- puis Cardinal , parla au nom du Roy, Borlut Député de Gand, ré- pondit au nom des Etats. L'Evêque rendit compte des motifs qui enga- geoient le Roy à faire le voyage dEfpagne , & déclara les pouvoirs de la Gouvernante. Il s'étendit beau- coup fur le progrès des nouvelles héréfies , &c recommanda principa- lement la confervation de la Reli- gion Catholique & l'obéiflanec due à la fœur du Roy. Charles-Quint avoit établi trois Confeils dans les Pays-Bas : le Confeil d'Etat pour les affaires po- litiques , le Confeil Privé pour les diftèrens des particuliers , & le Confeil des Finances pour Padmi- niflration des deniers publics. Le Confeil d'Etat étoit compofé du Prince d'Orange , du Comte JOURNAL DES SÇAVANS, du Cotçtc de Horn qui entretenoient un grand com- merce avec l'Allemagne, la France Se l'Angleterre ne fuilcnt infectez de la contagion de l'héréfïe qui défoloit alors ces Royaumes. Des familles entières e'toient (orties d'An- gleterre , pour fe fouftrairc a la domination de la Reine Marie , St s'e'toient réfugiées dans les Pays-Bas. Les Proteftans de France & d'Alle- magne y envoyèrent des Minières deguifez en Marchands , qui y prê- chèrent d'abord en fecret, & enfuite en Public,Sc bravèrent hautement les Edits de l'Empereur Charles-Quint, que Philippe 1 1 fon fils avoit confirmez. Ce fut à Tournay , à l'ifle Se à Valcncicnnes que ces dé- fordres commencèrent à éclater. Au mois d'Octobre de 1561. deux Miniftres prêchèrent la même nuit publiquement , l'un à Tournay Se l'autre à Valencienncs , & après leur fermon firent faire au peuple une efpece de proce/fion , où l'on chanta les pfeaumes de Marot. Les Magiitrats avertirent de ces aflemblêes nocturnes la Gouver- nante , qui aulîi-tôt envoya ordre au Baron de Montigni Gouverneur de Tournay , Se au Marquis de Berg- op-zoom Gouverneur de Valen- cienncs, de fe rendre incefîâmment dans ces Villes pour réprimer la licence des Hérétiques. Le Baron de Montigni fit pendre le Miniltre qui avoit prêché à Tour- nay , & jetter au feu tous les Livres Hérétiques qui fe trouvèrent dans la Ville , cette punition appaifa pour un temps le tumulte. Le Marquis de Berg-op - zoom fit arrêter le Miniftre de \ alcucicnnes, avec 736 d'Egmont Amiral , du Comte de Barlaimont Prcfident du Confeil des Finances, du Docteur Viglius Préfident du Confeil Privé , Se deGranvelle. De ces fix perfonnes Philippe exclut totalement de la confiance de la Gouvernante, le Prince d'Oran- ge , le Comte d'Egmont Se le Comte de Horn , Se il ordonna expreflë- ment à fa feeur de ne confulter que les trois autres dans toutes les affai- res délicates. Ainfi les trois Princi- paux Seigneurs des Pays-Bas ne dé- voient preique affiiter au Confeil que par cérémonie. Le Roy , après avoir laiflé fes ordres Se fes inltruétions à la Gou- vernante , s'embarqua au port de Flelfingue, Se arriva en Efpagne au mois d'Août de l'année 1559. la Gouvernante partit de Gand avec tous les Confeils pour fe rendre à Bruxelles, où elle arriva au mois de Septembre de la même année. Elle fuivit exactement les ordres du Roy fon frère ; elle confultoit avec une confiance apparente le Prince d'Orange , le Comte d'Eg- mont , Se le Comte de Horn. Mais le fecret du Gouvernement leur éroit caché, Se comme des trois autres Confeillers, Granvelle étoit celui qui avoit le plus de capacité, il eût bien-tôt pris l'afcendant dans le Confeil , Se il devint comme l'ame du Gouvernement; ce qui lui attira beaucoup d'ennemis dont le Prince cPOrange n'e'toit pas le plus foible. Apres ce début,l'auteur entre en ma- tière, Se vient aux révolutions, dont il s'eft propofé d'écrire PHiitoire. Il étoit difficile que les Pays-Bas DECEMBRE 1717. n? avec un autre Miniftre qui l'accom- & les deux Minières furent délivrez. pagnoit ; mais au lieu de les faire exécuter comme la Gouvernante le lui ordonnoit , il s'en alla à Liège dont fon frère étoit Evêque,ÔC écri- vit à la Gouvernante, qu'il n'étoit ni d'un rang , ni d'un caractère à faire exe'cuter à mort des Héréti- ques. Là-deflus la Ducheflè de Par- me envoya ordre aux Magiftrats de les faire brûler , ils prononcèrent la fentence ; 8c afin que le peuple ne pût s'oppofêr à l'exécution , ils tinrent leur Jugement fecret, & réfolurent de faire mourir les coupables à la pointe du jour. Les préparatifs ne purent le faire fi fecrettement que plufieurs n'en fufîènt avertis. A peine le jour com- mença-t'il à paraître que la place de Valenciennes lé trouva remplie d'une populace mutinée , qui par fès menaces , & les violences, obligea les Magiftrats à foire rentrer prom- ptement en prifon les coupables qu'on menoit au f upplice , & qu'elle alloit enlever. Les Magiftrats eux- mêmes eurent bien de la peine à gagner leurs maifons au travers d'une grefle de pierres que 1? peuple failbit tomber fur eux. Les Pro- teftans recommencèrent à chanter dans les rués les pfèaumes de Marot, ôc comme ils fê trouvèrent près de deux mille,ils réfolurent de îcfigir.kr par quelque coup d'éclat , qui étoit d'aller piller & brûler le Couvent dus Dominicains ; en y allant quelqu'un d'eux leur fit foire réflexion qu'il valoit mieux enfoncer les portes de la prifon pour en retirer leurs Mini- ftres ; cet avis qui leur parut le meilleur fût exécuté furie champ, Décembre. Delà les Proteftans allèrent chez les Magiftrats/2c leur déclarèrent qu'ils nedemandoientque le libre exercice de leur Religion, & que fi on le leur accordoit, ils feraient les plus fou- rnis 6c les plus fidèles citoyens. La Gouvernante infirmité de cet attentat , envoya à Valenciennes le Comte de Boûu avec des troupes , ôc manda au Marquis de Bcrg-op- zoom de fe rendre dans cette piace, où l'autorité Royale n'étoit plus refpeéèée depuis qu'il en étoit forti: le Marquis ne pût fe difpenier d'y retourner • on y jetta des troupes ; & la Gouvernante propofâ au Con- feil , de dépouiller cette Ville de tous fes Privilèges ; mais on jugea qu'il ne (èroit pas jufte de confondre les innocens avec les coupables , & on craignit d'ailleurs d'irriter une Ville qui aurait pu fe donner à la France. Il fût déclaré feulement que les plus féditieux feraient punis de mort , & le Marquis de Bcrg-op- zoom , qui voyoit qu'il ne pouvoit plus mollir fans fe rendre complice d'une rébellion ouverte, fuivit avec beaucoup de fermeté les ordres de la Gouvernante. Ces premiers troubles firent com- prendre à cette Princeiîê, de quelle importance il étoit de couper pied à l'héréfie 6c de l'empêcher de pren- dre racine. L'établiflèment de plufieurs Evo- ques nouveaux paroiiloit pour cela un moyen également facile & effi- cace ; Charles-Quint l'avoit iuggeré à Philippe , & Philippe avoit ddi- gné toutes lcsVilles'qui dévoient être érigées en Evêché. Le Pape approu- B bbb b 758 JOURNAL DE voit fort cet établi lll ment : mais quand ce vint à l'exécution , il fe préfenta de grandes difficultcz : le Prince d'Orange mit tout en œuvre pour traverfer ce projet. L'Hifto- rien expofe ici tous les troubles qui arrivèrent à cette occafion , 6c quel fut le foulevement cic toutes les Provinces contre un tel étabïifiè ment ; Les Hérétiques regardoient l'érection des nouveaux Evêchez, comme la chofe du monde la plus fatale à leur fecte , 6c le Prince d'Orange ne négligeant aucune occafion de fervir 6c d'animer les mécontens , femoit la révolte dans tous les efprits. On voit ici aux prifes le Prince d'Orange es; le Cardinal de Gran- velle , qui ne ccllènt de s'oppofer l'un à l'autre ; on voit l'autorité du Cardinal de Granvclle monter à fon comble , & puis déchoir tout à coup , la Gouvernante qui le con- fultoit préferablemcnt à tous les autres de fon Confeil , fe dégoûter de fes avis , 6c être la première à prier le Roy de le rappeller ; ce qu'elle eut bien de la peine à obte- nir, mais ce que le Roi accorda enfin dans le commencement de l'année 1564, vaincu par les folli- citations non-feulement de la Gou- vernante, mais du Prince d'Orange, du Comte d'Egmont, & du Comte de Horn , qui écrivirent pluficurs lettres au Roy contre le Cardinal ■ c'eft par là que finit le premier livre. La Gouvernante s'étok flattée que l'éloignemcnt du Cardinal de Granvclle q h •'croit rendu odieux à tous , mettrok fin aux troubles de S SÇAVANS, la Cour , & J.s Provinces ; maïs cet éloignement fut fort inutile i comme on le voit dans le fécond livre. La diverfitéde Religion, qui co-.nmençok à s'introduire dans les Pays-Bas , étoit la véritable caufe de la déiobéiiîànce des Peuples 6t des Grands. Et il n'étoit pas aufli aile de remédier à ce mal que d'éloi- gner un Mmiftrc odieux. L'héréfie avoit dans toutes les Villes des Par- tifans feercts 6c accréditez qui fai- filîbientles moindres prétextes pour révolter les Peuples. Les Catholiques trompez par l'ap- parence du bien Public , 6c par le de- firdefoutenirles privilèges de Luis Villes ou de leurs Provinces, fui- voient aveuglement les imprefiions des Hérétiques, qui employoient toutes fortes d'artifices , pour cou- vrir leurs mauvailês intentions. Le Roy d' El pagne avoit connu la véritable fource du mal. Il ne recommandoit rien tant à la Gou- vernante que d'arrêter le progrès des nouvelles héréfics , 6c la Gou- vernante écrivit aux Gouverneurs 6c aux Magiftrats des Villes , de procéder contre les Hérétiques fé- lon la rigueur des Edits. En peu de temps les prifons furent remplies de Réiigionaires , 6c les places pu- bliques d'échafauts 6cde bûchers. On arrêta à Rupelmonde un Prêtre qui avoit embraiîë la nou- velle Religion ; 6c comme il fut enfermé au Château dans une cham- bre qui étoit proche desArchives, il mît le feu à fa prifon , cfpérant que le foin qu'on prendrait de fauver les Archives, lui donnerait lieu de s'é- chaper plus facilement. D E C E M La chofe lui réuffit comme il l'avoit efperé ; mais à peine fut-il forti que le feu ayant e'te' éteint par la garnifon , on courut après lui & on le renferma dans la pnfbn. Quelques jours après il fut condamne' à avoir la tête tranchée : avant que de mourir , il abjura les er- reurs de Calvin, 6cexhorta le peu- ple à s'en pre'ferver ou à y renoncer. Il fe fit à Anvers plufieurs exé- cutions qui n'eurent pas des fuites auffi heureufes. Un Carme nommé Chriftophe Fabricius étoit forti de ion Couvent, pour aller fe marier en Angleterre , d'où il étoit revenu pour prêcher le nouvel Evangile à Anvers. Il fut pris 6c condamné à être brûlé. A peine fut-il attaché au poteau que le peuple fe mit àjetterdes pierres fur l'exécuteur , qui n'ayant pas le temps d'allumer le bûcher , Se craignant que le criminel ne lui écha- pât.tira promptement de fa poche un couteau, dont il lui coupa la gorge ; après quoi il fe fauva dans la foule. Le lendemain parut dans la place un placard écrit avec du fang, où l'on avertiflbit le peuple , que la mort de Fabricius feroit bientôt vang^'e ; quelques Proteftans ayant rencon- tré ce jour là une femme que l'on aceufoit d'avoir indiqué la demeure du Religieux Hérétique, ils fe jette- ï ent fur elle, 6c penferent l'a'Iommer. Le Roi d'Efpagne averti de ces attentats , en écrivit à la gouvernante qui fut obligée pour lui obéir, de faire pendre un de ceux qui avoient atraqué cette femme . Dans le même tems , la gouver- na iite travailloit à faire recevoir les décrets du Concile de Trente, mais BRE 172.7. 759 elle y trouvoit de grandes difficul- tés ;quelquesUniverluczpublioiLnt que plufieurs de ces décrets étoient contraires à l'autorité du Roi d'Ef- pagne 6c aux droits delà couronne ; le Prince d'Orange fomentoit ces bruits, 6c le Roi en ayant été averti par la Gouvernante , répondit que perfbnne n'étoit plus interefié que lui à maintenir les droits de fa cou- ronne ; qu'il avoit fait recevoir le Concile de Trente en Efpagnc, Se que les Flamands ne dévoient pas être plus délicats que lui là-deflus ; qu'en un mot,ilvouloitque les dé- crets de ce Concile fuiîènt reçus dans tous fes états fans exception. Il en- voya àlaGouvernante un exemplaire des lettres patentes qu'il avoit fait expédier en Efpagne pour la publi- cation du Concile. La Gouvernante fe trouvoit hors d'état d'exécuter les ordres du Roi, elle ne pou voit cependant fê réfou- dre ni à lui déibbéïr, ni à commet- tre l'autorité royale , en voulant for- cer les peuples à fe foumettre en tout aux décrets du Concile. Dans cette extrémité , elle propofa au com- te d'Egmont d'aller en Efpagne pour inftruire à fond fa Majefté de l'état des Provinces fur ce fujet. Le comte partit le if. Février de l'année if6f. £c étant arrivé à Madrid , il repre- fenta au Roi qu'il n'y avoit que deux partis à prendre fur cette affaire , le premier d'exterminer l'hérefie parla force , 6c le fécond delaifier aux peu- ples la liberté de confeience ; que fi on s'obftinoit à lùivre le prunier parti , il y avoit lieu de craindre qu'on n'augn.entât le mal au lieu d'y re- médier ; qu'au contrpire, il v avoit B bbbb ij ' J O U R N A L D El S S Ç A V A N S, tout à efperer dcsvoycsdc douceur. Le Roi répondit qu'il confulte- roit les Théologiens fur la réfolu- tion qu'il avoit à prendre , Se il en aflèmbla en i ffet plufieurs des plus habiles ; ils lui répondirent que fa Majefté pouvoit permettre la liberté des deux religions , pour éviter un plus grand mal , mais qu'elle n'y étoit pas obligée. Alors le Roi fe jetta aux pieds d'un Crucifix qui étoit dans fon cabinet , 6c s'écria : s> ne permettez pas , mon Dieu , que »je quitte jamais la réfolution que a> vous m'avez infpirée vous-même, s> de ne plus reconnoître pour mes »» fujets, ceux qui n'auront pas voulu s» vous reconnoître pour leur maître. Ainfî le Roi plus déterminé que jamais à maintenir par la force dans les Pays-Bas la Religion Catholi- que , renvoya le Comte d'Egmont avec une inftruction qui avoit pour titre : « Inftruction fur les chofès »» que vous Comte d'Egmont, Prin- »» ce de Gaves , mon coulin , deve's »• dire de ma part , à la Ducheilè s* de Parme, ma feeur. L'inftruction portoit » que fa » Majefté étoit réfoluë de ne fouf- » frir jamais aucun changement de m Religion dans fes e'tats , quand »> même il lui faudrait mourir pour » l'empêcher ; qu'ainfi elle fouhait- 31 toit que la Gouvernante aflémblàt *» un Confeil extraordinaire , on elle j» appellerait quelques Evêques ; Se » furtout, le fieur Rithow Evêque » d'Ypres, avec des Théologiens, » Se ceux des Confeillers d'Etat, »» qu'elle fçauroit être les plus affè- »> cîionnez à la Religion Catholi- »» que , le tout pour prendre avec eux des mefurcs efficaces, afin de' « maintenirla Rel igion Catholique, je leurkiflèjC'eft la moindre grâce »• qu'il me puiflè accorder pour les s> fervices que jelui ai rendus. II écrivit enfuitc au Roi une let- tre des plus touchantes pour fejufti- ficr. Mais elle ne fervit de rien, 8c il futdécapité le 5 Juin, par la main d'un bourreau qui à ce qu'on dit, avoit été un de fes valets de pied. Le Comte de Horn fubit enfuite le même fort. On enfêvelit honorablement les corps de ces deux Seigneurs que l'on joignit h leurs têtes. Par tout où paflbit le corps du Comte d'Egmont, les peuples accouroient en foule & s'empreflbient de baifer fon cercueil. Quelques jours avant que de les faire mourir, le Duc avoit fait tran- cher la tête à dix-neuf Gentil-hom- mes dans la place de Bruxelles. Le lendemain de cette grande exécution, Villiers eut auffi la tête tranchée avec quatre autres Officiers. Antoine Stralle Bourguemeftre d'Anvers, fut enfuite exécuté àVil- vorde^Cafembrot Secrétaire duCom- te d'Egmont fut tiré à quatre che- vaux dans la place de Bruxelles ; 8c quatre Hérétiques furent brûlez vifs au même endroit. On voit dans le quatrième livre, comme le Duc d' Albe, après ces fàn- glantes exécutions , fongea à chaflèr des provinces , les troupes des con- féderez. L'hiftoire de ces conféde- rez qui du tems de la Gouvernante où ils commencèrent, prirent com- me l'on fçait , le nom de gueux , 8c par leurs foule vcmens continuels , mirent aux plus rudes épreuves la prudence de cette Princefle ; eft ra- contée au long 6c avec toutes fes cir- çoaihnces dans le fécond livre , on y SSÇAVANS, peut recourir.Ils vouloientà quelque prix que ce fut,que leRoi permit le li- bre exercice de la Religion Protcftan- te. Leur nombre s'accrut confîdéra- blement , 8c toutes les provinces en étant infectées , le Duc d'Albe n'ou- blia rien pour les en chaflèr. Le fuc- cès qu'il eut d'abord dans cette af- faire , 8c qu'on peut voir dans ce qua- trième livre , lui ayant obtenu du Pape la toque 8c l'épée enrichie de pierreries , que l'Archevêque de Ma- lines lui donna de la part de fa Sain- teté , comme au deftenfeur de la Re- ligion , il ne put fc contenir, 8c fê livrant un peu trop aux mouvemens de fon amour propre, il donna or- dre que l'on fondit des canons qu'il avoit pris au Comte Louis de NafTàu à la bataille deGuémingue, 8c s'en fît faire une rtatue de bronze , où il étoit reprcfentéfoulantaux pieds les images de la rébellion 8c de l'hére- fie. Cette ftatuë qui lui relîèmbloit parfaitement , fut placée dans la ci- tadelle d'Anvers. Elle tenoit d'une main le bâton de commandement , 8c elle étendoit l'autre fur la ville comme pour la menacer ; fur la baze du monument étoit écrite en lettres initiales cette infeription : F. A. A. T. A. D. PH. II. H. A. B. P. Q. E. S. R. P. R. P. J. C. P. P. F. R O. M. F. P. " Ce qui fignirioit : Ferdinando , Alvares A Tolcdo , Albaz Duci , Philippi II. Hifpaniar. Apud Bcl- gas Prxfeéto , Quod Extinéba Scdi- tione, Rcbellibus Pulfis, Religio- ne Procurata, Juftitiâ Cultâ , Pro- vinciarum Pacem Firmavit, Régis Optimi Miniftro Fideliffimo Poil* tum. C'eft-à-dire : A Ferdinand Alvares de Tolède ? D E C E M Ê Duc d'Albe , Lieutenant en Flan- dres de Philippe II. Roi d'Ei ;ne, êc très-fidellc miniftre du mt Heur de tous les Rois ,cft érigé ce monu- ment, pour avoir appaiié les trou- bles, chafle les rebelles, rétabli la Religion, fait fleurir la Ju(tice,af- furé la Paix dans les Provinces. Il y avoit diverfes devifes fur les autres cotez de la baze , & au pied on lifoit le nom du fculpteur avec ces mots : ex are captivo. On ncfçauroit croire combien les Flamands furent indignez de cette ftatuë;Ie Roi qui e'toit naturelle- ment ennemi du fafte,& qui n'avoit pas même voulu qu'un fculpteur d'Italie lui e'rigea un femblable mo- nument , défapprouva fort la vanité du Duc d'Albe , tous les courtiïàns le blâmèrent ; Se le Duc qui apprit combien il s' e'toit rendu odieux par- là , s'abftint d'envoyer en Efpagne une ftatue pareille , qu'il vonloit fai- re placer dans une de fes terres. Nous palîbns un nombre confiderable d'autres articles de ce quatrième li- R E î 7 2 7. 745 vre , de peur de nous trop e'tendre. Nous remarquerons feulement que le Duc d'Albe fe fit détefter de tous les peuples par fes cruautez , Se que voyant croître tous les jours la pui (Tance & l'audace des confede- rez, nonobftant les foins qu'il avoit pris d'abord avec allez de fuccez de les réduire ; il pria le Roi de le dé- livrer d'une autorite' qui e'toit de- venue funefte au repos des Provin- ces , & qui commençoit déjà à lui être à charge à lui-même ; il obtint fà demande. Dom Louis de Requefens grand Commandeur de Caftille lui fuc- ceda ; Se la première chofe à quoi fongea ce nouveau gouverneur, qui arriva à Bruxelles le 1 7 Novembre de 1S7} » Pour prendre la place du Duc d'Albe dans le gouvernement des Pays-Bas , fut de faire abbatre la ftatuë que ce Duc s'e'toit érigée. Nous reprendrons à cet article , la fuite de l'Hiftoire dans notre fé- cond Extrait. LETTRE E'CRITE A M. P E N N A PREMIER MEDECIN de S. A. S. Monfeigneur le Prince de Monaco ; far M. Boïïtllet , de l'Académie Royale des Belles Lettres , Scierces & Arts de Bordeaux , Docleur en Méde- cine de la Faculté de Montpellier ,Brofeffeur des M atbénudiqui s & secrétaire de l'Académie de Bé\jers , au fujet de la Rhubarbe. Chez Etienne Barbut Imprimeur du Roi & de l'Académie de Béziers. in-4°.pp. 8. CEtte lettre n'efl autre chofe que l'Extrait d'une dilîërtation que M. Bouillet a lue à l'Académie de Bordeaux , 6c dans laquelle il prétend faire voir qu'on peut fort bien fè palier delà Rhubarbe dans la prati- que de la Médecine. Il paroît que Pexceffive cherté de la Rhubarbe, eft le motif qui a déterminé l'Auteur à traiter cette matière, 6c à décider, comme il fait, contre Tufage d'un remède fi familier. La rareté des cho- fes n'en fait pas réellement le mérite, mais elle en fixe ordinairement le- 74+ JOURNAL DES SCAVANS. prix. On fait cas de ce qu'on n'a pas autres purgatifs. Ce qui fait c">njc- à proportion de ce qu'il en doit coû- ter pour l'avoir, fie fort fou vent on fc figure en avoir d'autant plus be- foin , qu'il eil plus difficile de l'ac- quérir. Sic'eft un goût naturel, ou la bifârrcrie d'une imagination dé- pravée , nous n'ofons porter là-def- î'us notre jugement. Quoiqu'il en fbit , un certain nombre d'Acadé- miciens comme M. Bouillct, feroit d'un très-grand fecours à tout le monde. 11 fe trouverait toujours quelque homme fenfé tout prêta dé- montrer l'inutilité de ce qui feroit devenu rare ; les beibins de la vie moins multipliés 8c plus faciles à remplir, fe réduiraient à ce qu'il y aurait de plus commun. Les diffi- cultés, qui ne fervent pour l'ordi- naire qu'à rendre nos défirs plusar- dens, funroient pour les éteindre, fie par l'habitude que les hommes prendraient de nefouhaitter que des chofes faciles à obtenir, ils parvien- draient au bonheur de ne fouhaiter jamais en vain. L'embarras feroit de faire voir bien clairement le peu de mérite des chofes, dont onvoudroit preferire l'ufage ; on ne feroit pas fur de payer toujours d'auffi bonnes raifbns , que celles dont M. Bouillct fefërt à l'occafîon de la Rhubarbe. Il obfêrve prcmiercment.qu'Hip- pocrate Se Galien parmi les Grecs, Scrapion fie Avicenne entre les Arc» bes, n'ont point connu !a Rhubarbe; qu'à la vérité Paul Egincte emploïoit le Rbéon dans pluficurs comportions purgatives , mais que ce Rbéon n'étoit peut-être autre choie que LRhapem- tique dont il fc fervoitcomn.--- d'un remède propre à aider l'action des éhnerà l'Académicien, que 'e Rbéon d' Egincte pou voit n'être que !e Rha- pontique, c'eft que cet Auteur dans Ion Traité des fimplesnc parle point de la Rhubarbe , mais feulement du Rhapontique. Du refte il importe fort peu à M. Bouillct, comme il le dit lui même, que la connoiflance de la Rhubarbe foit fixée au 4e. fiéele, qui étoit ce- lui de Paul Egincte ; ou au 1 2e. pen- dant lequel vivoient MefuéficAver- rhoës, les premiers qui aient recon- nu, clairement la vertu purgative de cette racine. On s'en cft paflé pendant les quarante deux premiers fiécles du monde ; on n'en fauroit di (con- venir , il n'en veut pas davantage pour être en droit de conclure qu'on peut fans inconvénient s'en paflèr aulli de nos jours. Car enfin, dit-il, pourquoi ne le pourroh-on pas ? Nos ma- ladies f croient-elles dif. rentes de (elles de ïos pères ? Ou aurions-nous mainte- nant beaucoup moins de purgatif* qu'ils n'en a"o:ert de leurtems ? Or il mande à M. Penna qu'il a prévenu ces deux objections, en fai- îànt voir dans (âdiflèrtation , i°.que les maladies d'aujourd'hui font à peu -près les mêmes que celles du tems d'Hippocrate, de Galien fie de Celfe, fie que fi la diférence des cli- mats , des alimens, des inclinations, des exercices , Sec. a occafïonné quel- que nouveauté, ce ne peut être que par rapporta quelques fymptômes, ce qui ne met point dans la néexffi- té de multiplier les purgatifs, puif- que la diverfitédes fymptômes exige plutôt quelque diférence dans la mé- thode de pratiquer, que dans la qua- lité DECEM îité des remèdes. C'cft une réflexion que M. Boiiillet infère dans les notes qui accompagnent fa lettre , & qui font beaucoup plus étendues que le texte. z°. Il a fait le dénombrement des purgatifs les plus ordinaires parmi les Anciens, & de ceux que nous employons aujourd'hui, & la lifte de ces derniers eft fi longue , qu'il pré- tend ce fcmble avec raifon , qu'on ne fauroit fuppofèr autant de nou- velles maladies , ni même autant de nouveaux fymptômes , que les Mé- decins modernes ont adopté de nou- veaux remèdes pour purger. L'Académicien indique après cela les médicamens qu'on peut fubftituer à la Rhubarbe , fbit que l'on ait feu- lement égard à la qualité purgative, loit que l'on confidére les autres ver- tus qu'on attribue communément à cette racine, comme de fortifier, de refîèrrer, de déboucher, de tuer les vers. Il va plus loin, car il donne plufieurs moïens pour fupléer à la purgation , par exemple , le régime, B R E 1747.' 74^ les lavemens, & la faignée. Et par- là, il femble infinuer non feulement que la Rhubarbe n'eft pas fort nécef- faire dans la pratique de la Médeci- ne, mais qu'on pourrait encore en retrancher la plupart des autres re- mèdes dont on ne fe fert que par rapport à leur vertu purgative. M. Boiiillet entend parler , félon toute apparence , des purgations de pré- caution. Vraifemblablcment dans l'intention de purger un homme at- taquéd'unemaladieaiguë, par exem- ple, d'une fièvre maligne, ou d'une maladie chronique, telle que l'hy- dropifie, il ne s'en tiendrait pas aux trois moïens qu'il enfèigne pour remplacer la purgation. Enfin il a prié M. Gros, Docteur en Médecine delà Faculté de Mont- pellier, & de l'Académie de Bor- deaux, de vouloir bien examiner foi- gneufement la Rhubarbe qui croît dans le pais, afin que toutes les qua- lités en étant parfaitement connues, l'ufâge en pût devenir aufll fur qu'il eft facile. NOVVELLES LITTERAIRES. D ITALIE. Florence. ELenchus priorum Invejfigationum FENERIS PLi4NET/££.W- titattonis Agronomie*, gratta expojîtus , *b Audttoribus Scbolarum Supcrwruni in Templo Sanfti JoAnnis Evangclijltt Pa- trurn Societatts Jeftt , publiée habendt «nno îyzj. Ex Typographiâ Michaclts Jlflletius, pMVttfùre. On a mis à la tête de ces pre- mières recherches , ou plutôt de ces Tbefes fur la Planète de Venus , une préface dans laquelle les Répondans faifant d'ingénieufès allufions aux noms de Venus & del' Amour, rendent raifon de leur travaux Aftronomi- ques fur cette Planète , qu'il leur paraît qu'on ne s'étoit pas encore attaché à connoître afîèz parfaite- ment. Le Soleil , la Lune , Mars , Jupiter , Saturne , ont eu chacun dey Q Çcçc 74$ JOURNAL DES SÇ A VANS, Agronomes fameux qui fe font ap- faire voir en même temps ,jufqu'o& cliquez à les obfervcr , 2ê a nous en on a porte en Italie les recherches donner en détail une connoitîâncc fur Venus, & pour montrer qu'il ne exacte. Pourquoi , difent ks Ré- faut de'Ièiperer de rien , quand on * pondans , Venus , non fenus pro- P Amour pur guide , ils nous annon- fànc, I >/ us impudique, mais la charte cent de plus nombreufes èc de plus Venus , Venus celcflc , cette Venu s (pi importantes Obfervations , que Aï. a toujours été regardée comme le Biar.chini a faites fur cette Planète , plus bel aftre du Ciel , & fur le &C qu'on doit faire paraître bien-tôt, nom de laquelle , on ne devrait, pds feu* avec quelque nouvelle Idée fur un Itment entendre une Jïntfle lUncte , Syfiéme Planétaire. Au refte, cette mais encore toute l a nature celefte t efpeced'eflài, fur-fa PlanetedeKflMïj, n'auroit-elle pas auili les interpre- eft dédié à un feavant du premier tes en particulier ?Eft-on curieux de ordre qu'on a eu apparemment des fçavoir d'eux , qui peut kur avoir raifons de ne pas nommer ; on eit fervi de guide & de maître , pour feulement bien-aiiède preflèntir fon découvrir & expliquer tout ce que goût , afin de pouvoir lui prefen- dans leur fyitême . l'idée de Venus ter avec plus de fûretéde lui plaire, renferme de relevé & de fubiime ? le refte de l'Ouvrage , qi and il fera Qui leur a infpiré le noble deifein , achevé'. de tenter ce que jufqu'ici perfonne On s'efr. contenté de le défi gner n'avoit entrepris ? C'eil Y Amour , ré- par ce Diibque. pondent-ils ;car la ce' eft. Venus a. aujji Phofphorus eft vrtu VENUS , occafti fon Amour , bien différent de Y Amour F.efperus ; at tu aveugle , de cet Amour vulgaire , dan- Befperus Mou , rbcfj horus Occiduis^ gereux 6c criminel. C'eit au con- traire 1' mo.r des chofes ecleftes , cet Amour le plus beau des immortels , celui à qui le monde eft redevable de l'ordre admirable , qui a fuccedé de Milan. Onfieur Philippe Argelati a plr> blié un nouveau Programme, au chaos , V Amour qui donne le cou- pour avertir le Public , que la So- rage, qui porte à la vertu, Sec. Nous cieté Palatine a achevé de faire im~ ne Cuivrons point ks Répondans primer le Douzième Tome des loi- dans les éloges pompeux qu'ils font vains de PHijhire d'Italie , dédié au de cet A- our : Les Lcéleurs aime- Duc de Lorraine. On y trou- ront mieux fans doute en apprendre vera la Diilèrtation Latine , que' les effets. la même Société avoit promife de- Ces jeunes Aftronomes, après un puis long- temps , pour expliquer Index des noms Grecs & Latins don- la Carte de l'Italie , telle qu'elle étoic nez à Venus, comme Planète, ne pu- connue dans les fiéclcs , où après blient , quant à préfent , que quel- larum. de l'ancien Empire Romain,' ques propofitions fur fon exiftence, elle fut vo \:péc fucceJfivcnicnt par fes caufes ,&fes pbafes ; mais pour . les Grecs, ks Lombards SçltsFrarj- DECEM Coîs,jufqu*à l'etabliflêmentdes nou- velles Principaucez qui y ibnt au- jourd hui. Le Içavant Auteur de cette Diflcrtation,a voulu par mode- ftie , que Ion nom tût ignoré: M. Ar- gelati nous apprend feulement , qu'il cil de Milan , & Lecteur Royal dans l'Univerfité de Parie. Voici les titres des autres Ouvra- ges qui lbnt compris dans ce Dou- zième Volume. Alberti i Muffati Paduani Hifto- ru.gr aphi & Tragœdi de Gefiis Henrici VII Ctfarts Hftorta Augufia XVI iibris cont] reheti a. Félix Ojtus avoit déjà fait imprimer cette Hiftoire: Mais elle paroîtici de nouveau avec les Notes du même Ofius , de Pigno- rius , & de Vilîanus , auxquelles on a ajoute' des Variant, s , d après les Ma- nulcrits de la Bibliothèque d'Elr. t & de la Bibliothèque Ambroficnne. Ejufdei. Albcrtim Muffati H ftorici Pa- laiini de Gefiis Italicomm pijl moriettt he'rta VII Cafaris ^Hiftoria, Cet Ou- vrage aulîi publié pjr Ofius , a été corrigé & augmenté dans cette édi- tion , fur les Manufcrits des deux Bibliothèques qu'on vient de nom- jner. Chroniccn Sici'u , Auflore Avonjmo, *b ar.no archer D. CCCXX. ufqtte ad étnnum M.CCCXXVIII. Les P. P. Martene & Durand ont donne' cette Chronique dans leur Trelbr des Anecdotes. Uicolai Specialis Hiftoria SictiU in VIII Libros diftributa ab anno M. CC. L X X X 1 I. ufque ad annum M. CGC. XXXVII. M. Baluze a aufiî fait imprimer ce morceau d'Hi- ftoire dans Ion Appendix du Marc* fiijpanicat BRE fjvfi 747 M. Argelati fait remarquer que les deux Ouvrages â,A!bertin Mujfat rempliiîéntprefque tout le Volume : Mais ce qui doit faire le plus de plai- fir à bien des gens, c'eft que la Société Palatine fera débiter féparément la Difiertation Chorographiquede l'I- talie f par où ce Volume commence. DEGENEVE. Fabri 8c Barillet , Libraires , im- priment l'Hiftoire de Genève eu z. vol in-40 avec des Planches. Duvillard eit occupe' à imprimer une Traduction Italienne du specta- teur Moderne , dont il paroît déjà un volume. ANGLETERRE. D' O X F O R D. XEXOPHONTIS de Cjrï Infii- tutione Libri oclo. Craca récogriovit cum CodiceManufaiptoOxonienJt, & omnibus ferè lilris editis contulit , plumais in locis erendavit , Verjîonem La- tinam , O ! fervatiombus fuis , Tabula Cecgraibicâ t fwfque Diff-.rtationibus prom.ijfis auxit & illufîra tt , Rotas Hr Stephani , Leurclarii, M. Porti , & Mur eu rectnjîtas & cafii; atas , varian- tium lefttonum d. lectum , indice [que ne- ce farios adjttnxit Tbon.as KUTCHIN- SON A. M. Oxonii eTheatro Scheldo- niano 1727. in-40. pp. 695. fans les deux Dillèrtations qui contiennent fi. pages , & la Préface. La première Difiertation , con- cerne la Vie & les Ecrits de Xeno» phon ; & dans la féconde ; l'Auteur traite des Loix & des Coutumes Ç c c c c ij 71-8 JOURNAL DES SÇAVANS, des Anciens Perfes. Cet Ouvrage te.' by llifloria- s.%°. pp. 137.' de Xenophon cil bien imprimé. M. Hum , qui elt très-verfé dans ia Littérature Orientale, promet de donner inceilàmmcnt de fçavantcs Obfervations , fur le Livre de Job. de Cambridge. La nouvelle édition de l'Ouvrage de Sfeidr t intitule , de Legi'-us He- l>raornm Rituàhbas & earumrationibus, par'oît ici depuis quelque temps en deux volumes in-folio, pp. 1232. fans les Tables. Cette édition eft con- fîderablcmcnt augmentée. Voici encore une nouvelle édi- tion d'un Ouvrage Italien , imprimé en beaux caractères Italiques. Rac- co'ta di Lettere feritte del S. Cardinal Bemivoglio m tt » po délie fue Kun^ia- turet t T ranci a , & di Tlandra a diverji ferfonaggi. Cambrigi , ove iî ven- dono apprcJlb G. ibuilbourn , & in Lotidra apprefîb G. Grocn\regen e N. Trevofi nello Strand. in-12. 2. voll. pp. 201. ÔC IO^. D O N D R E S. M. Turner , Cure' de Saint Pierre, à Colchelrer , vient de donner un Livre intitulé : The Cal arums upon tbe Primitive Cbifiidns ateounted for. L'Auteur y recherche les Caufes des diverfes Calomnies des Payens , con- tre les Anciens Chrétiens. Vol. iri- 8°. pp. 228. Un Anonyme a auflî recherché les raifons qui ont engagé les Hi- ftoriuis à rapporter un grand nom- bre de Prodiges & de Miracles. .4 Cri- tic al and I htloroplncal enqwrj in ta tbe Caufes } of Vrodigiçs , and Miracles rela- On a publié la Vie du Comte dé Liicefter , Favori de la Reine Eli- zabeth. In-s°. pp. 277. fans l'Ap- pendix 6c la Table. M. Middleton , Docteur en Mé- decine, a fait imprimer un Dilcours fur la Taille de la Pierre au-dellus de l'Os Pubis , avec une Lettre de M. Maegtll , d'Edimbourg, à M. Douglas > fur le même fujet. in-40. pp. 70. J.-P. Coderc , Libraire , imprime une Hiftoire naturelle de l'Or Se de l'Argent , traduite du X X X 1 1 1. Livre de Pline , far M. Duran , avec des Notes , en un volume 111- folio. HOLLANDE. D' A M S T E R D A M,' Henry du Sau"(et,tÇt furie point demettreen vente une nouvelle édi- tion de Y Hiftoire des Juifs , par M. Pmeaux , laquelle fera très-augmen- tée. de la Haye. M. Aulry de la Mottraye , a donné au mois de Juillet dernier , un Avis au Public , fur une nouvelle ReUtion de [es Vo âges , qu'il veut faire impri- mer , en trois volumes in-8°. » On y trouvera une grande variété de " Remarques Géographiques , To- " pographiques , Hiftoriques , Po- " litiques, & un grand nombre de '*. Cartes , de Plans , & de Figures, *'. qui n'ont point encore paru. Le troifiéme volume renfer- '* mera , outre une Dcfcriptiûn deJJ, D E C E M ",] la L'ironie , de l'Eftome , 6c de l'Jw- »> Sriei jufqu'aux environs du lac La- „ doga , une Hiftoire du feu Czar „ Fierre-AlexoWts , 6c de la feuë Cur à Peter fhurg , que dans d'au- „ très Cours du Nord , par des per- „ fonnes d'honneur , incapables de „ partialité , qui ont été prefque con^ M tinuellcment auprès de Leurs Ma- „ jetiez. Cet Ouvrage paroîtra en Anglois & en Iran fois , en même temps , dans le commencement de l'année pro- chaine ; 6c M. de la Mottraye , aura foin qu'il foit au/fi bien exécuté , que fapremicre Relation , en 2. vol. in-fol. l'a été mal. A cette occafion, l'Au- teur renouvelle fes griefs 6c fes plain- tes , contre fes Libraires , dont la conduite odieufe 6c téméraire , à fon égard , l'a déjà obligé de donner une efpecedeFrfcTaw; , avec deux Errata, pour fe juftificr auprès de ceux qui avoient fouferit pour fes premiers Voyages. Mais M. de la Mottraye , n'eft. pas le premier Auteur, qui ait été mécontent de fes Libraires , 6c félon routes les apparences , fes Li- braires ne feront pas les derniers , dont les Auteurs auront à fe plain- dre. PAYS-BAS. d' A n v e n s. Les Sçavans 6c Laborieux Edi- teurs , qui font actuellement char- gez de continuer le Recueil de: Acles des S tint s , commencé par BvlUndus, BRE 1 747. 749 ont publié chez. Jacques Dumoulin , Libraire de cette Ville . Synopjîs tornï V. de Aclis SancToruw Juiii tColleéft- Digeftts, & llluftratis , ajo. Bapt. Soe lerioJo.Timo,Guil. Cupero, Tetro Bo- febio , Societatis Jefu Prefbytens. Ce Volume , qui eit le cinquième du mois de Juillet, efr. déjà le trentième de cet immenfe Recueil. Il ne con- tiendra que cinq jours du mois, ainft que les deux précedens , c'eft-à-dire, depuis le 20. jufqu'au 24. inclufi- vement , 6c le nombre des Saints, dont on donne les Actes dans ces cinq jours, fe monte à 179. Saints, connus par leurs noms , 126". Ano- nymes , fans compter plu-fieurs au- tres , dont le nombre n'eft pas ex- primé. Tous ces Saints , font à l'ordinaire diftnbuez en trois Claflès, fuivant les trois Etats de l'Eglife , VEccle- Jïafttque , le Monaffique , 6c le sécu- lier. Les Saintes compofent la qua- trième 6c dernière Claflè. Mais on n'a pas compris dans cette Divifion, Elle 6c Dauul , deux Saints de l'An- cien Teftament , dont on donne ce- pendant la Vie. Tel eft l'ordre „ que lesBollandiilesont fuivi , dans l'ar- rangement du cinquième Volume du mois de Juillet ; mais ils ne fe font pas bornez dans leur Synopjïs , à ce fîmple détail. Us y expofent encore d'avance, quels font leurs fentimens, par rapport aux Actes de quelques Saints,6c de quelques Saintes en par- ticulier , qui fe trouvent dans cha- cune des quatre Claflès. A l'égard d'un Auteur , qui fous le nom d'o- doacer llbathius, a écrit depuis peu contre eux , au lieu de s'arrêter à lui répondre ,ils fe contentent de le ren- -5-0 JOURNAL DE voycr au livre Apologétique du Car- dinal Baronuis , imprime à Rome en 1604. où il pourra ailémcnt, à ce qu'Us précendent , fe convaincre de Ton erreur , ainfi que de Ion peu de difèernemcnt , dans ce qui re- garde les Actes des Saints. F R A N C E. de Paris. DELA MASTURE DESVAISSEAUX. Pièce quia remporté le Prix de l'Aca- démie Roy de des Sci nets ,propofé t our l'année ijzj. félon la Fondation aite par feu M. Rouillé de Meflay. Chez Claude Jomlrcrt , rué' Saint Jacques, au coin de la rue des Mathurins. In- 40. pp. 164. fans les Planches. Oh trouve chez de Lu feux t Li- braire , & Chevalier Romain , rue Saint Eftienned'Egrès : Tratc Dog- n.aùq e de la Meffe ,pottr fi rvir dejufti- fi 'cation a la Cenfure d s Evéques , con- tre le Père le Cottrajer , Religieux 1 e Sainte Geneviève , &les Anglois; Par M. Claude le Pelletier , Prêtre , Do- cLur en Théologie , Chanoine de i'Eglifc de Reims, ln-120. pp. 229. Quoique le titre de ce Traité , énonce qu il eft Elit pour fervir deju- flifiCiition à la Cenfure des Evê/ues , il ne faut cependant pas s'imaginer , que cette Cenfureait le moindre be- foin d'être juitirïée , puifquc juf- qu'ici, perfonne nes'eftavifé de l'at- taquer , ou de s'en plaindre. Heures , ou Manuel , pour affîfler a la Meffe , & ai.tr s offices de l'Egltfe , & pour paffer chrétienneme t la journée. Par le Père h Brun , Prêtre de l'Ora- toire. Chez la veuve Delaulne , rue S SÇAVANS, Saint Jacques , à l'Empereur. In- 18'. Le Père le Brun vient de faire im- primer chez la même veuve D. 'aulne, un Ouvrage beaucoup plus confide- rable , que le précèdent , fous ce ti- tre. Defenfe de l'ancien (intiment , fur la forme delà Confétration del'Euchari* ftte , ou Report fe à la R fut. non publiée par le R. P. Bougeant , Jefuite , contre un Article de fer Differtat;ons ,Jur les liturgies. 8°. pp. i4f. Cette Ré- ponlè , que le Père le Brun a cû fes rai- fons de faire approuver,par un grand nombre de Docteurs en Théologie, Séculiers 6c Réguliers , eft écrite, au jugement de tous fes Approba- teurs , avec folidité 6c avec mode- ration. Jean Mariette , rue Saint Jacques , aux Colomnes d'Hercules, débite, Elévations à Dieu fur tous les Myftaes de la Religion Chrétienne. Ow. rage po- fibumede Mejfire J acques-Benigne Bof '• fuet , Evêque de Me aux , 6cc. in- 1 1. z. vol. pp. 469. 2c 5-29. M . ! 'ojfuet , E vêque de Troyes , Ne- veu del'illuftre Auteur >6c à qui le Public eft redevable de cette e'dition, Ta accompagnée d'un Mandement, où en recommandant à ces Dioce- fains la lecture de ces Elévations , il s'attache à en donner l'idée la plus magnifique , 6c le plan le plus dé- taillé. Pour çonfolcr les Lecteurs , de ce que cet Ouvrage n'eft point achevé' , le même Prélat promet de publier inccflàmment un autre Ou- vrage pofthume de M. de Mcaux , in- titulé : Méditations fur les Evangiles ,' lequel fera comme la fuite , ou le fupplémcnt des Elévations, On mettra en vente , êc on déli- DECEMBRE vrei'a aux Soufcriptcurs , à la fin de ce mois , les Pvejtes d'Horace , difpofces fuir.mt l'ordre Chronologique , & tra- duites en François t avec des Rea arques, & des Differtations Critiques , par le R. P. Sauadvn , Je la Compagnie de Jefus. In-40. 2. vol. Ouvrage pro 1717. 7^1 in-12.cn 1722. le Père labat avoir écrit comme témoin oculaire , 6c on fçait avec quel plaifir , ces Voyages furent reçus du Public. Dans cette Defcription de l'Afrique Occiderita- le,l'Auteur avouë,qu'il n'a parlé,que fur la foi d'autrui. Mais il infinuë pofé par Soufcriprion l'année der- dans fa Préface , qu'il ne faut pas , aiere , chez de la Rscbe ôt Chattbeit, Quai des Auguftins , Cavclicr , Robu* ftd & Huart , rue Saint Jacques. Pierre-François Gi(f.:rt , au/fi rue Saint Jacques , à Sainte Thercfe , ■ vend actuellement, La nouvelle Rela- tion de l'Afrique Occidentale , contenait une Defcription exacte du SENEGAL, & des Tajs Jitue^entrc le Cap-BUtic, & la Rivnre de Serrelionne , jufqua plus de 500. lieues en avant dans les Terres, l'Hifloive Naturelle de ces Pays , les diffé- rentes Nations , qui y font répandues , leurs Religions , & leurs Mœurs , avec ïétat ancien & préfent des Compagnies qui y font Commerce , Ouvrage enrichi de quantité de Cartes , de Plans , & de Figures en Taille-douce. Par le Père Jean-Baptifte Labat, ât l'Ordre des Frères Prêcheurs. In-12. 5. vol. Dans fes Voyages des lf.es de VA merique , imprimez en fix volume» que cette circonftancefaiîè rien per- dre de fon prix à ce fécond Ouvrage. Il allure , qu'il ne s'eft fervi pour le compofer, que des Mémoires les plus fidèles , dreflez par des gens fages , éclairez , d'une probité reconnue , £c qui ont demeuré long-temps dans les Pays qu'il décrit ; on peut ajouter, que le Père Labat a d'ailleurs fi bien travaillé à fe rendre propre la plus grande partie de ce qu'il a emprunté des autres, qu'il cftaifé, en le filant , de reconnoître par-tout fon ftyle , fon exactitude , Se fur-tout fa ma- nière de penfer. Le même Giffart à fous Prcflê ; Seconde Lettre de Dom Vincent Tbuiïlier, Benediclin de la Congrégation de Saint Maur, ferrant de Réplique à la Réponfe que lui a faite un de fes Confr, res , qm pcrjifle dans fon Appel. Voi in-12, Fautes à corriger dans le Journal de Novembre 1727. Page 6j^, ligne 20. colomne féconde, Defus, lifez d'Efus. Page 665-, ligne dernière , colomne première 2c féconde ôtez, dit-il , Se Se les Guillemets qui font en marge. rô| DECEMBRE 17*7: TABLE Des articles contenus dans le Journal de Décembre 1717. LA réfutation des Ordinations Anglicanes , refutée par le P. Hardoiiin,page 707 La religion des Gaulois , Sec. 7 1 1 Abrahami Vateri , Sec. ad virum verè illuftrem Dominnm Cclcberrimum Fre- dericumRuylchium, Sec. Epiftola gratulatoria in quâ de mufeulo orbi- culaii in fundo uteri detefto gratulatur ,&c. C'eft-à-dire , Lettre de con- gratulation écrite far M. Abraham Voter , à M. Frédéric Ruifch , ou il le félicite de la découverte du mufcle orbtculaire dans le fond de la matrice, &c. 715 Oraifons de Démoflhene & de Cicémi , 716 Hiftoire Phyficjue delà Mer , 715 Dijfertation fur -les vapeurs par M. Fïrtdet , j 3 j Hifloiredes Révolutions des Pays-Bas, depuis l'an 1 5 ^ 9. jufcjuà Fan 1 5 84 7 54- Lettre écrite k M. Penna par M. Boùillet aufujct de la Rhubarbe , 7 4 J Nouvelles Littéraires, 74$ Fin de la tabl% Bibliographie, 751 BIBLIOGRAPHIE, O U CATALOGUE DES LIVRES Dont il ejl parlé dans les journaux de t Année 1717. Les "litres des livres qui nt font qu'annoncés dans les Nouvelles Littéraires feront indiqués fur cette marque § Biblia Sacra ,Intêrpretes,Concilia. iT E Nouveau Teflament,fuivant la JL/ nouvelle copte des Pafleurs de Ge- nève , 124 § Biblia aeri incifa , vel Phyfica fa- cra , 1 5 2 f Hijloire de t Ancien & du Nouveau Teflament , mife en Cantiques fpi- ntuels par A4. C Abbé de Pelle- grin, 25 5 •$ Les Pfeaumes de David , aujfi mis en Cantiques par le même , ibid. Abrégé Hijloriquc de la Bible, avec des notes littérales Ce par le R. P. de S. André , Religieux Alini- me, 26; $ Joannis Marckii, fafeiculus difler- tationum Philologico-Exegetica- rum ad fele6tos textus Novi Te- (tamenti Cr. 313 § Les Epi très C Evangiles , avec des explications , par demandes & par réponfes , &c. 3 1 J § Initium Evangelii S. Joannis Apo- ftoli, ex antiqnirace Ecclcfiaftica reftimrum ÇSc. per J. M. Artemo- ninm, 375 § Dijfertation fur t apparition de Sa- muel à Endor , par M. Dawfon , &c. J74 Abrégé de Fhiftoire de la morale de r Ancien 'Teflament ,où l'on a con- fervé autant qu'il a été poffible les propres paroles de [Ecriture Sain- te , 431 § Fortuita facra , quibus fubjicitur commenrarius de Cymbalis, 505 § Reflexions morales fur le livre de Tobie , 63? § Obfervationsfurlelivredefob, 74 S Patres ,Theologi, Ascetici , Liturgici , Scriptor.es Ecle- fiailici . &c. Heterodoxi. Xplication Littérale Hiflorique & 1 Dogmatique des Prières i3 de s Cé- rémonies de la Mtffe , avec des Diffèrtations Hifloriques & Dog- matiques , fur les Liturgies de tou- tes les Eglifes du monde Chrétien, Décembre. Par le R. P. Pierre le Brun Prêtre de l'Oratoire , 42,79 § Grocii Tradarns de veritate Reli- gionis Chriftiana?, cum nous Se additionibus Koeleri , 59 § Parapbrafès £5> Commentaires dft D dddd 75-4 JOURNALDE Doyen S-anhopc_/«r les Epitres ($ Evangiles des Dimanches C? Fêtes de f années ibid. S Le paffe-par-tout de ÏEglife Romai- ne, 60 5 Recueil de feizje fermons fur la Reli- gion, par le Docteur Tloomas Burnet Chanoine de Salijbttri, ibid. 5 Jos. Antïimii opus Pofthumum , id eft affertio pro nnico Sto Eu- cherio LugdimenfiEpifcopo, cui accedit Concilium Rcgienfe fub Roftagno anni M. C C. LXXXV. (Se 61 $ Vejprit de S. François de Sales Evê- que & Prince de Genève , reciieilli de divers écrits de AI. Jean-Pierre Camus Evoque dit Bellay , ibid. § Recïtcil de Cas de confcience , & de que fiions qui concernent les matières du jubilé, 63 Dejfenfe de la dijfertation fur la vali- dité des Ordinations des An- glois, ibid. Aiaxirms Û> avis propres pour con- duire un pécheur a une véritable pénitence , 7 5 § Recueil de fermons fur le véritable ufage de la liberté de penfer en ma- tière de Religion , par le dotleur Benjamin V.bot, 122 § The facred interpréter Ce. ou In- troduction à. l'étude de l'Ecriture Sainte, ibid. * Traduction Angloife de fintrodu- tlion à la leiture de l' Ecriture fain- te , de MM. Beaufobre & l'En- fant, ibid. $ The antient mode of baptizing, (Se. Ancienne manière de baptijer far immerfion , défendue contre les chicanes d'un livre intitulé ' , The manner of baptizing withwater, ibid. $ A. Short and eafy method With the Dcirs, 123 S SÇ A VANS, § Triomphe de la venté , ïl^ ç Stephani Viri apologia, ibid. j Dialogue entre S. Pierre & Jules II. à la porte du Paradis :ou, La doctri- ne Catholique touchant l'autorité des Papes , 1x5 Prxledtion'cs Theologicae de Sacra- mentis in génère > (Se. C'ejl-à dire, leçons The'ologiques fur les Sacre- ments en gênerai, par M. Tourne- ly, l$i Eclaire iffement au fujet de cet Ex- trait , 2^1 I Méthode pour établir la canonicite du Nouveau Tejlament, par AI. fe- remie Iones , 189 § La vie de Dieu dans Famé de l hom- me , The iife of God in The iouI ofman, ibid. § Forma Cleri, (Se. opéra & ftudio Ludovici Tronfon , 190 § Supplément du Dictionnaire de la Bi- ble du P. Calmet, ibid. V imitation de f. C. mife en cantiques fpiritucls , &c. par M. F Abbé de Pcllegrin, 203 Réfutation du livre des règles pour l in- telligence des S. Ecritures , 219 § Sti Aurelii Propertii opéra , cum notis variorum & Broikhusii , <»-4°. 254 § Les cantiques fur les principaux points de Reh oion , (S les Noels non 1 eaux par M. f Abbé de Pellegrin , 2. s > Differtations Tbéologiques (S Dogmati- ques,!, fur les Exorctfmes (S les au- tres cérémonies du Baptême. II. fur FEucbartjlie. III. fur FVfu- re, 259 Lettre d'un ancien Profeffeur de Théo- logie de la Congrégation de Saint Maur qui a révoqué fin appel , a un autre Profeffeur de la même Congrégation qui perfijte dans le Jie», *7S D E C E M Sermons de feu Docleur Flekwood , Evèque de S. Afaph , 311 S Troisième édition des conférences du Docteur Nichols ,avec un Déifie, t3c ibid. § Nouvelles infirucliens & prières pour la Sainte Mejfe,8cc. 3 I 5 Réfutation de la dijfertation du R. P. le Brun , ur la forme de la Con- sécration de F Euchanfiie , adrejfée a l' Auteur ,par le Révérend Père Bougeanc de la Compagnie de Je- f»S, }2? Prade&iones Théologien de Myfterio S. Trinitatis, &c. Leçons Théolo- giques d.e M. Tournely, fur le Myflere de la trés-famte Trinité', &c. s66 § The credibility of the Gofpel-Hifto- ry> 37? § Sermons de Ai. Rogers , fur la né- cejfité dune révélation , (3 fur U vente' de la Religion Chrétienne , Sec. ibid. j Dfcours de feu AL BlackhuII Evè- que d'Exefler , fur fOraifon Do- minicale, ibid. $ Les derniers traitez, de la Théologie du R. P. Boucat , 379 Ebauche de la Religion naturelle , par AL Wolafton , traduite de l'An- glois,Scc. 391 § De ftatu raortuorum Se refurgen- tium liber , 437 $ De file & officiis Chriftianorum liber, 438 S Conjectura: de perpetuo Azymorum ufu in 1 cclefiâ Latinâ , vel fal- tem Romanâ , (3c. 569 $ A Dcfenfe of the doctrine of re- furredion of the famé Body , Ç3c 570 * Molîs principia , ibid. Nouvelle édition des Afcettques de S. Bafile , <} 7 j B R E ^7^7 • 71)') S Explication de la Généalogie de no:re Seigneur , àkc. ibid. S Traité du fens littéral , & du fens myflique des Saintes Ecrituret , fuivant la dotlrtne des Pères , ibid. S Le paralelle des mœurs de ce Jîécle , (3 de la morale de ?. C. par le R. P.Jean Croifct de la Compa- gnie de]. ^ 574 Sancli Caîcilii Cypriani EpifcopiCar- thaginenfis , & Martyris opéra , ad MIT. Codices recognita & il- luftrata,ftudio& Iabore Stepha- nijBaluziiTutelenfis, &c. 599 S Cenfure des livres de frère Pierre- François le Couraycr &c. intitulés: DilTercation fur la Validité des Ordinations des Anglois , & Def- fenfe de laDilIertationfur la Va- lidité de ces Ordinations , 639 § Mandement de fou Eminence M. le Cardinal de Noailles Archevê- que de Paris , portant condamna- tion de ces deux mêmes ouvrages , t3c. ibid. Lettre d'un Prieur à un de fis amis , nu fujet de la nouvelle réfutation du livre des règles pour l'intelli- gence des S. Ecritures , 67 Z JlLéditatton continuelle de la Loi de Dieu, on projet de confédérations Ç3 d'élévations fur tous les livres de l'Ecriture Sainte, &c. 687 $ Vindiciae AmbroGiCatharini, 697 f Traité de la morale des Pères , par AL de Barbeyrac , ibid. $ Projet d'un Bréviaire a l'ufdge du Diecefe de Chartres , 699 $ La Babylone demafquée , ibid. $ La vie réglée des Dames qui veulent fe fantlifier dans le monde , 700 $ Traité Théologique de M. Tournely fur les facremens de Baptême (3 dt Confirmation, ibid. 5 Bréviaire noté félon un nouveau Jj- D dddd ij 7!5 JOURNAL DES Jlcrne de chant , 700 3 La fclide dévotion du Rofaire, 701 Réfutation du Père le Cotiraycr par le P. HArduùm-, -joj S De legibus Hebracorum ritualibus & carum rarionibus, 748 The cilumnics upon the Primitive Chriftians accounred for ibid. I A Critical and Philofophical cncjui- ry in to the Cauies ,of Prodigies and Miracles related by Hifto- rians , ibid. f Traité Dogmatique de la Alefe ,pour fervtr de juftif.cation à la cenfure des Lvêques , contre le Père le Cou- SÇAVANS. rayer, î II <. mes oh Alanuel pour afî/rer à U Mejfe Ç$ autres Offices de l"Eç!ifi, par le Père le Brun, ibid $ Défenfe de l'ancien fentiment fur la forme de la forme de la Confecra- tion de lEucharijhe , ou répoufe a la réfutation publiée par le Père Bougeant Jtfuite, contre un arti- cle des dijjcrtations du P. le Brun furies Liturgies, îbid § Elévations à Dieu fur tous les Mj- fleres de la Religion Chrétienne , Sec. ibid, Historici Sacri et Prophani. Hljloire de la Comtcjjè de Savoy e , &c. 7 Recueil des Dijfertations du P. Etienne Soaciet de la Compagnie de fefus , lom. II. contenant un abrégé de Chronologie , cinq Dijfertations con- tre la Chronologie de M. Newton une dtffertation fur une Médaille finguliere d' Augufle , 1 6' Mémoires du règne de Pierre le Grand Empereur de Rujfw , Tom. IV. 37 Eloges tS caractères des Philofophes les > plus célèbres, depuis la naifance de J. C. jufqu'a prefent , 5 5 $ Raimundi Duelii VendibonenfisRe- gul. S. Auguftini Canon. & Bi— blioth. fand Hippolitenfisexcep- torumGenealogico-Hiftoricorum libri duo, 5 8 Tfoificme édition de l'Hiftoire de {Erudition de M. Stole ProfeJJêur à lena , 5 9 { Hiftoria Erudirionis Medicae du même Auteur , ibid. i Hifiotrc de ! Erudition juridique (3 Théologique > auffi dit même Au- teur , ibid. $ Thomafii Hiftoria contentionis in. ter Sacerdotium Se Iir.perium , 59 S ACADEMIA TERTIA ANGLI- CANA', or the antiquarian an- nals of Stanford in Lincoln , Ru- flandjNorthampron, Shires, ibid. j Tradublion Angloife de thiftoire des Grands- Maître s de Malthe , par AI. l 'Abbé de Vertor, 60 $ Les huit livres de la Ctropedie de Xe- nophon en Grec , avec une verfion Latine , &c. ibid. $ Tradutlion Françoife des Veyagesau- tour du Monde , par la Aler du Sud faits dans les années 1 7 I 9 , 1720, f7 2 1 , £5? 17 2 2 ,par le Capitaine Shelrook, ibid. i Le grand Tljcàtre du Duché de Bra- bant , ibid. 5 Ditlionnaire Géographique de M. Bruzen de la Marriniere , 6 1 § Nouveau Voyage aux grandes Inde s y ibid. § AIcmoires pour fervir à thiftoire des Hommes llluflrcs dans la Républi- que des Lettres, &c, 6 i, 3 1 y } 70 1 D E C E M Extra' t du premier vol. de £ ouvrage cj-de(fus , 3 9 9 § Nouvelle édition de [hifloire d ' An- • gh terre de feu Ai. Rapin de Thoi- ras , 6 z BERNARDIORlCELLARIIde belio ïtalico commentarius ex au- thenrici rhanuferipti apegrapho, nunc piimum in lucem edirus, C'eft-à-dire , Hifloire de la Guerre d Italie , par Bernard Oricella- rius (je. 85? Hifloire des Chevaliers de Afalthe ,par, M, [Abbé de Verrot , 100, 296,5 1 1 S Les antiquités Etrttfques , 121 * Les fameux Médaillons de Moufle ur Cornaro , ibid. $ Seconde édition de C Hifloire de la Chancellerie d Angleterre ,par will. Nelfon, 122. $ Hifloire du Japon , ibid. § Hifloire de la Vie de f. C. de celle des Apôtres & de la Sainte fier- ge , par Guillaume Reading , ibid , Vie des Poètes Romains en Anglais , par M. Crtifius, ibid. •$ La vie d'Erafme en Anglais , par M. Knigth, ibid. $ Abrégé de l Hifloire Eccleflaflique de M. le Profejfeur Turetin , 125 Les Annales des Provinces unies , & c. par Af. Bafnage, 142, 250 $ Traduction Angloife de l'hiftotre générale de t Amérique ,par An- tonio de Herrera, 187 Les Mémoires de feu M.V 'arker Evè- que d Oxford., ibid. % Hifloire Latine de l'Abbaye de Gh- ftomburg écrite par Jean , moine de cette Abbaye , ibid. S Les Mémoires de T Abbé de Choifi, contenant l' Hifloire de la Cour de France, &c. igjj § Hifloire Eccleflaflique de A4. ? Aube àe Choifl , I g o Afcmoires de ' François de Paule de Clermont , A4arqtus de Mon- glat,efc. 122 Rcrum Italicarmn Scriptores, abanno /Era; Chtiftianae 500. ad annum 1500. Tomus Tertius, 254 S Nouvelle édition de Thucidtde , M4>5°5 * Mémoires de Ai. Jean Ker de Kerf- land , ibid. 3 7 4 $ Hadrianus VI,five AnalecTraHifto- rica de Hadriano Sexto Trajecti- 110 , Papa Roroano &c. collegir , edidit & notas adjeeit Gafparus Burmannus, 254 $ Monitmens de la Monarchie Fran- foife , par Dom Bernard de Mont- faucon , ibid. § Nouveau Plan de Paris , & de fis F.iuxbourgs , 2 << Les Amours de Theagene d de Cari- clée , Hifloire Ethiopique , traduite du Grec d'Heliodore , 263 Selcdheè Prophanis ScriptoribusHi- ftorix , &c. \-j>t § Traduction Angloife de tHiflmrv Eccleflaflique de A4. Dupin , 2 1 1 § Recueil des Affaires d'Etat , fous les Règnes d'Elisabeth & de Jacques L .. 3" § C. A. Saligii Hiftoria Eutichiarra , &c. 313,698 § Defcription du Cap de Bonne Efpe- rance , écrite en Hollandais 3313 § Hifloire des Provinces - Unies , par M. le Clerc, ibid. § Hifloire de l' A Iface , par le Pcre de h Guille Je fuite , ,j ç Hifloire Généalogique des Tatars , &c, 353,561 Voyages du Sieur Aubry de ia Mot- traye , en Europe , en Afle , 0 en Afrique, $61,42? 7yS JOURNAL DES SÇAVANS, $ Hiftoire Eccltfiaftique du Nouveau naldc Richelieu ,parle PereRou Teftament, par M. f. Geo. Hcin- fius , . 571 § TraduElio» Latine de Jofcphi Bin- hami de Originibus , (eu Anti- cjuitatibus Ecclefiafticis ,par M. Grischovius, 371 § Hiftoire des Expéditions Navales des Anglots , 37+ j Nouvelle édition^/ Commentaires de Cefar , &c. tbtd. e Defcriptfon de la Caroline , du grand geant , fefuite ,&c. 411 5 Hiftoire de la France Orientale , & du Dtocefe de Wttzjoourg , Sec. 457 $ Critique des Annales de Fulde , ibid. § Clarendon and Witlook Compar red. Comparaifon de Clarendon & de Whitlook , 458 Nouveaux Mémoires des Mi (fions de la- Compagnie de Je fus , dans le Le-, vant , ^.Gj Fleuve de Miffiffipi-, des cinq grands Dijfertation de M. Jean-Georges Eck- Lacs navigables , &c. ibid. hart , fur une lnfcription , trouvée $ Compleat Hiftory of the moft re- en A/face, &c. 477 matkables Tranfactions at fca. Hiftoire & Explication du Calendrier ibid. des Hébreux , des Romains ,iS des 5 Columna roftxata , or a Crirical François , &c. 488 Hiftory of the English fca affairs § Theatrum Hiftoricum praetenfio- ç£c. ibid. num & Controverfiarum illu- * La Géographie Univerfelle d'Abul- ftrium in Europâ , Çcj feda , traduite en Latin , par M. § Traduction Angloife de [Hiftoire fean Gagnier , 375 du Japon , écrite tn Allemand , par J Nouvelle édition de f Hiftoire de France , dit Père Daniel , & de f Abrégé de cette Hiftoire , 376 ibi^. S Nouvelle édition de [Hiftoire de Alalthe , in-i 2. ibid. f Seconde édition de F Hiftoire de fort Temps , par le Doïïeur Burnec , 0e, 3 7-7 * Nouvelle édition de (Etat de la France , ibid. § Nouvelle édition de la Critique des Annales de Baronius , par le Pcre Pag'> 3 7? « Athsfingulier , 380 Nouveau Voyage autour du Monde ,par M. le Gentil , 3 8 3 , 5 4Z Hiftoire des Guerres £2 des Negotia- tions , qui précédèrent le Traité de Weftphalie ,fous le Règne de Louis X I U, Et le Mimftere du Cardi- M. Kempfcr, 504 § Tradutlion Angloife de [Hiftoire de N.iples , par Pietro Giannone » ibid. * Hiftoire des Baronies d'Angleterre , ibid. § Nouvelle édition deDiodorede Si- cile , 5 o £ * La A'fonarchie des Hébreux , 506 *" Les Mémoires du règne de la Clarine Catherine Alexiev/na, ibid. i Les Mémoires du Règne de Georges /. Roy d' Angleterre , ibid. * Atlas Univerfel , 507, * Hiftoria Diplomatica , che ferve d'introduzione all'arte critica in tal materia , 569 f Neuvième Tome du Recueil , intitulé Scriptorcs rerum Italkarum , ibid. § Traduction Angloife de T,tc Livet DECEM avec les Supplément de Freittjhe- mius , 570 § Achacur cumrî , oh le Hérault des Anciens Bretons , ibid. i Hijloire des Révolutions de Perfe , &c. ibid. 5 Nouvelle Edition de F Hiftoire Ro- maine des Pères Catrou Si Rouillé, ibid, * Traduction Françoife de ÏHiftoire dit Japon , écrite en Allemand , par M. Kcmpfcr , ibid. S Les Aiemotres , & l' Hiftoire del'A- cademie Royale des Sciences , pour [ année 1 72. 5 . 573 Hijloire de Polybe , nouvellement tra- duite du Grec , par Dom Vt ncent Thuillier , &c. Avec un Commen- taire ou Corps de Service Aïilitaire, &c. Par Al. le Chevalier de Fo- lard, 594. <>7? Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences. Année 1724. 610 i Caméra, cd inferizzioni fepulcrali de' liberti.fervied ufficiali délia cafa di augufto feopene nella via appia, £$e. 634. $ Defcripttond'Alger,a. compleat Hi- ftory of Algiers , 635 J The Plans of tves famous Romans Villas , &c. C'eft-à-dire , Plan des deux Afaifins de Campagne de Pline le jeune , ibidU J A compleat Hiftory of the Kings Scotland , &c. Hiftoire Univerfelle des Rois d'EcoJfe (3 d' Angleterre , &c. ibid. 5 Hiftoire du Théâtre Italien , depuis la Décadence de la Tragédie mo- derne , par Louis Ricoboni , dit Lelio , Ctmedien erdinairt du Roy de France , (, 2 7 § Vie de Saint François ■> ïnfti tuteur de l'Ordre des Frères Mineurs , de l'Ordre de Sainte Claire , CS> du Tiers Ordre de la Pénitence , 6 2. S La Religion des Gaulois , tirée des plus pures Sources de l Antiquité ', ôcc. § L Hiftoire de VUnivrifité de Padoue, par M. F Abbé PJpadopoli , 6pj $ Les ATemoires de Jean de Wir , Grand Penfionnatre de Hollande , § Les Mémoires de la Famille , & de la Vie de M"** contenant plufieur s particularités du Gouvernement de la République de Hollande , ibid. § La Vie (3 la Mort des deux Frères Corneille & Jean de Wir , maffà- crez,en 1672. ibid. § Aïémoires pourfervir à r Hiftoire du Différend , entre le Pape , & le Can~ ton de Lucerne , &c. 700 Hiftoire des Révolutions des Pays-Bas, 734> $ Le Douxiéme Tome des Écrivains de i Hiftoire d'Italie , 74.6 § L' Hiftoire de Genève. 747 § Xenophontis de Cyri Inftitutionc libri oclo , &c. ibid, $ La Vie du Comte de Leicefter , Fa- vori de la Reine Eliiàbeth, 74S § Nouvelle Edirion de F Hiftoire des- fuifs,par M. Prideaux , ibid. § Nouveaux Voyages de M, Aubry de la Mottraye , ibid. § SynopfisTomi V. de A&is Sandto- rum JuIii,Û?r. 749 § Nouvelle Relation de l'Afrique Occi- dentale , &c.par le Père Jean-Bap- ùfte Labar, 751 y6o JOURNAL DES SÇAVANS," Or.atores,Poet^e jGrammatici , 8cc." Traite de la Grammaire Italienne , par M l'Abbé Antonini , 1 1 Entretiens de Ctceron , fur les Orateurs Illujlres , avec des Notes. Par .'■■/. de Villeforc. 54 î Seconde Edition de [EJfai fur [ A- tlion de [Orateur , du Douleur Henly , 60 * LesPoefm du Guidi , 121 * Ltfte des Auteurs Claffiques , impri- mez à Londres , chez. J. Tonfon , e?J. Watts. 12} j Contes z£ Nouvelles du Sieur Ver- gier , Ç$de quelques Auteurs Ano- nymes , 1 2 S i Dictionnaire Anglais François , & François Anglois , par M. Boyer , ibid, i Regales Nuptix Ludovici & Ma- rix ; Petit. Poème Latin , de Af. l'Abbé Desjardins , 127 Observations adrefjées k Af. Rollin ,/wr fort Trahé de la Manière d'Enfei- gner & d'Etudier les Belles-Lec- trcs , par Af. Gibert , &ff. 1 6 3 Lettre de AL Rollin à M. Gibert , au fujet de [es Obfervations fur le Traité de la Manière éCEnfeigner (S d'Etudier les Belles - Lettres , i îSc ibid. $ Iralialiberatadu Triffino, ibid. § Nouvelle Edition du Dictionnaire de [Académie Françoife , 570 § Orlhosalie latine , générale & uni- verfetle,Szc. 574 [Hijloirc de Je an de Brienne , roy de fe- rufalem , &c. 5 7 S. ç Les Oeuvres du Docteur Àbbadi;, Doyen de Killalow , 6 3 f Oeuvres Dtvcrfes de AL Roy , 6 6 1 Oraifons de Démojlhene £$ de Ciceron , traduites en François , par Af. [ Abbé d'Oïivct , 716 i Les Poe fies d'Horace , dijpofées fui- van t l'Ordre Chronologique , &c. Par le Père Sanadon , de la Compa- gnie de ftftts , 751 Philosopha DECEMBRE i7z7. 7Ci Philosophi. Extrait du fecend article des Tran- factions , ou Alémoires Philoio- phiques de la Société Royalle de Londres , pour les mois de Alars & Avril 1725. Nombre 387. Cet Article roule (ur un Elïai tou- chant l'Hiftoire naturelle des Ba- leines , 3 Théologie Phyfîque , oh Démonjlratwit de CExJhnce c£ des Attributs de. Dieu , tirée des Oeuvres de la Créa- tion , &c. Par Guillaume Derham. Traduite de l' Anglais , 50 Chriftiani Wolhi, Conlilii Aulici, &c. Oratio de Sinarum Philofophiâ. Pracricâ,&c. Cefl-à-dire,DiJcours fur la Philofophie-Pratique des Chi- nois , &c. 5 5 f Introduction à la Philofophie Natu- relle , par AI. Jean Keil , traduite du Latin en Anglois , 60 $ Pradeftiones Chymicae , in quibus omnes ferc Operationes Chy mica; ad vera principia&iplîusnatura; leges rediguntur anno M. DCC. ÎV.Oxonii in Mulaeo Ashmoleano habita: à Joanne Freind. M. D. editio altéra priore emendatior , &c. ibid. Diiïertazioni fîfiche ed un Egloga intorno l'origine délie fontane , Cfc. 121 De Mcdicina mentis , 124 § Claudii Oeliani de natura animaliuni libriXVII. ibid. § La Philofophie Occulte de Henry Cor- neille Agr/Dpa. 1 i 5 $ J. Ode , Philofophiâ: Profclïbris , Trajc&ini principia Philofophiâ: naturalis. ibid. Extrait du premier Article des Trajî- faûionsfl» Alémoires Philofophi- ques d: la Société Royalle de Lon- dres pour les mois de Septembre cj d'Oclobre 1724. Nombre 3 90. ou DiJJertation Latine de AI. Brevn , fur /'Agneau Végétal de Tartarie, nommé vulgairement Borametz , 154. § Traduction Angloife de F Hifloire Naturelle de la Terre , é clair cie , augmentée , & défendue , 187 Traité du Flux Ô> Reflux de la Aler, Ç$c.par le R. P. Dow Jacques Ale- xandre , Bénédictin de la Cewre- gation de Saint Alaur , 209 § Specimina naturalium experimento- rum fa&orum in Academia del Cimento diifra , Ç£c. 376 Explication Phyfique du Flux & Reflux furprenans de lEuripe , 400 Traité des petits Tourbillons de la Ala- ticre fubtile , ôcc. 457 § Vegetable Statieks , £&\ Ou Effai de l' Hifloire naturelle de la Végé- tation , 5 ° 4« § Explication de la Philofophie de AI. Newton, £&. ibid. DiffevtatioH fur la Caufe Çj la Nature du Ttnnerre , £> des Eclairs , avec (Explication des divers Phénomè- nes cjui en dépendent , Sec. 5 16 Botanicon Parihenfe , ou Dénombre- ment par ordre Alphabétique , des Plantes qni Je trouvent aux envi- rons de Paris , &c. Par feu AI. Vaillant ,&c. 666 Hifloire Phjfi'jue de la ALer,par AI. le ^omte de Marfilly , 725 § Hifloire Naturelle de f Or cS> de l'Ar- gent, 74S Dcccmbrt E ceec ?6i JOURNAL DES S Ç A V A N Sr M ATH E M AT I C I. * Nouvelle édition du Traite des For- cer ALuv.intes , pour la Pratique des Arts zS Métiers , 5 9 S Traité de la Jauge Univerfelle de Blninville , 61 § Optique de M. Rizzeti , 1:1 Traite de l' Algèbre , par Ai. de Crou- zas , de l Académie Royalle des Sciences , 148 i Dictionnaire de Mathématique de M. Stonc , 1 S 7 S Tabula: Aftronomica: , &c. Auctore Phiiippo de la Hjre , 190 Fla/i dune Mathématique abrégée , &c. 2 8 3 § TV.ducliion Angloife des Elément d'Euclide , expliquée par de Châ- les , 511 journal des Obfirvations Fhyfiques , Mathématiques ?3 Botaniques , faites par ordre du Roy ,/ftr les Co- tes Orientales de l'Amérique Mé- ridionale ,&c. Par le R. F. Louis Feuillée , Religieux Minime , 334 $ A Treati e of the mechanical Po- wers , &c. 372 $ Traduction Andoife des Principes de Mathématique , de Ai. Newton, ibid. Remarques fur la Navigation , (£ fur la Manière d'en parfetlionner la Pra- tique ,par M. de Radoiiay ,420 Davidis Gregorii M. D. ?■ ftronomiae Phyficae & Geomecrica; Elcmen- ta , 4 ; 6 $ Difcottrsfur les Loix de la Gmmiini' cation du Mouvement , &c 44;* $ Avis de M. Mathulon aux Géo- mètres £? aux Phyficienty 572 S Lettre de Ai. Boiiilfct a Ai. I'cnna au fujet de la Rhubarbe , 575 § Nouvelle édition du plan de la Ma- thématique abrégée du Père Cartel, , 574 $ Nouveau traite c£ Architecture ,&îg. 617 Méthode pour découvrir r erreur de tou- tes les prétendues folutions du fa- meux problème de la quadrature du Cercle , par Ai. N icole de F . é - cadémie Royalle des Sciences, 643 Seconde manière de démontrer atte la figure recliligne donnée par Ai. Ma- thulon pour être égale au Cercle , eft plus grande que ce Cercle, far le même M. Nicole r 649 jicle en forme de Jugement de ["Aca- démie Royalle des Sciences , expé- dié à Ad. Nicole , far M. de F ontenelle pour lui fer vir à ce que de raifon , extrait des Rcgijires de laditte Académie du fvrtedi 30. Aoufl 1717, 652 § Elenchus ptiorum inveftigarionum Veneris planera; , exercitarionis Aftronomica: gvarii expoiïuis ab auditoribus icholarum (upetio- rum in tcmplo S. Joannis E\v..\- gelifta: patrum S. j. publiée ha- benda:, 74 c $ De U Aiàtmc des Vaiffeaux , 755 DECEMBRE 1727; M E D I C I. 7*1 Les Aphorifmes d' Hypocrates expliques conformément au fens de l'Auteur, & k U pratique Médicinale , Sec. 14 i Emmenologia de fluxu maliens menftruo ; accedunt pradectiones Chymica: , nova editio auctior & emendanor, 65 Sjflème d'un Médecin Anglois fur tou- tes les efpeces de maladies , & c. 1 16 , Ç4? Lettre critique de JÏÏ. Valifnieri à l'Auteur du livre de la génération des vers dans le corps de l'hom- me traduite de t Italien, 170 Suite du Chirurgien d' Hôpital, &c. par Auguflin Belloite , 244 Queftio Medica; an fœtus extra ute- rum genitus, falvâ matre poflic excludi. C'efr-à-dire , Queflion, &c. fçavoir fi un fœtus engendré hors de la matrice peut être tire, fans caufer la mort de la mère , &c. 267 Nouveau fyflème du Microcofine, ou traité de la nature de l'homme , Sec. 290 S Traduction Angloife de f 'abrégé 'd ' a- natomie d.u Docteur Laurent Hei- fter , 211 $ Traduction Angloife du Traité de la génération des vers dans le corps de l'homme , Sec. 812 g CommentàriumNofologicum mor- bos Epidcmicos& aëris variatiG- nes, in urbe Eboracenfi locifque vicinis, ab anno 17 15 ufque ad lînem anni 1725 gravantes complectens, ibid. > Pttri Periti Medici olim Parifienfis in très prières Arïtxi libros ( om- mentarii , t£c . ibid ,373. $ Ballonii Medici Parifmeniîs celc- j berrimi opéra omnia Medica , Réflexions fur tufage de C opium ; des Calmants Cî> des Narcotiques , &c; 34? § Traité de la confomption du poumon par M. Barry, 2 74 $ J. Freind ad Cel. vinim Rien. Mead. M. D. de quibufdam va- riolarum generibus Epiftola , &c, ibid. § Materia Medica. Or a new def- cription, CV. ibid. Defcription de la nature , des caufes des maladies vénériennes , & de plu- fleurs remèdes propres à les guérir, 419 § Abrège' de Médecine & Chirurgie pratique nouvellement tirée des prin- cipe s de la nature , &c. 439 § Pathologie de Chirurgie, 443 Dilîertatio de arthritide, Sec. Dijfer- tation fur la Goutte , par M. An- toine Dcidier , 464 E'oge de' la Goutte , 'joi § De re Medica dilTertationes qua- tuor , par le Doèleur 1 homas Sim- fon 5 o 5 § Di rcours oit l'on examine la force de l'imagination à.es femmes grojfes , 504 Joannis Jacobi Mangeti M. D. Sec. Bibliotheca feriptorum Medico- rum veterum Se recentiorum , &c. ibid. Hifloirc d.u Foye & de fes maladies , par-9-ean-Baptifte Bianchi -, troi- fiéme édition , 556 Nouvelles découvertes en Médecine, 5SS $ EJj'aifur l'opération de tirer la pier- E e c e e ij 76\ JOURNAL D re au - dejus de l'os pubis , îkc. $ Johannis Baptiftx Morgagni , (£c. Epiftolae anatomicac dua: , iSc 571 Nouveau traite' des Scrophules ou tu- meurs f rudes , des cancers & lou- pes , Sec. 589 Traite de F opération de la taille , avec des obfervations fur la formation de la pierre & les fupprejfions d'uri- ne , 606 Dijfcrtatiou fur les vapeurs qui nous arrivent , pur M. Viridct A-iede- cin à Marge , 67 7 , 731 Nouvelles découvertes concernant la fan te' & les maladies les plus fré- quentes , &c. par Ai. du Saulx , 692 § De fuperfaztione falfo prœrenfâ Dif- fertatio , &e . 697 S Joannis Chriftophori Bohlii Reg. boruir Med. DocT:. DJifertatio ES SÇ A VANS; epiftolica ad vitum Clariflunum Fredericum Ruyfchium , &c. de ulu Novarum Cavae piopaginum in fyflemate Chylopaco, uc de corticis cerebri rextuca, 6 9 S § La réponse Latine de Ai. Ruifcli à cette lettre, ibid. $ Caroli Dielincurcii viri longé ce- leberrimi, Regii in G.iiiiis Mc- «lici &c. opidcula Medica qua; repérai porucre omnia , nunc primo fimul édita, ibid. $ Introduction aux médicamens (CHol- l.mde , 700 Abrahami Vateri, &c. Epiftola gra- tul.uoria ad virum vciè illuftrcm D. Celeberrimum Frcd. Rnvi- chium &c. m quâ de mufculo orbiculari in fundo uteti dete. tecto grarulatur , (£c. 7 1 5 § Difcours fur la taille de la pierre au dejjus de l'os pubis , &c. 748 JuRIDICI ET PoLlTICï. f Freeholder , oit Anglais Jaloux de fa, Liberté , Ejfais Politiques , 6 1 S Traité des Ambaffades <2 des Am- baffadeurs , ibid. i La Carte des Arbitrages de la France , par le Sieur Giraudeau. Celte des Ordres £5 Commiffwns en Banque , par le même. Le Guide des Banquiers de l'Europe , . par le même , £> $ Second Mémoire pour Ai. FEvèque de Solfions , contre les Dame AbbeJJê & Religieufes de (Abbaye Roy aile du Val- de -Cr ace , Se les R. P. Prieur (S les Religieux de Saint Corneille de Compiegne , &c. 9 2 Plan du ( orps du Droit Canonique mis en Règles > 9 g $ Diilittacio de Métro policico Jure, 0e. Auclore Jofepho Motta, 1 11 § Maflîme politiche neccflàrte à Sov- rani per conofeere i vih del Mini- ftro di ftaro o altro Fayorico , (Se. ibid. $ An E/Tai , on The publiks debts of This Kingdorn. 123 § Remarks on a late book intirlcd , an May on The pubiick debts of this N Kingdom , ibid. S E vf a' a rdi Ottonis Juris Pu- blici & Privari Profcdoris Tra- jectini Differtationcs Juiidicx de- cem , & très orationes , 125 * Prima: lineac notitiae rcrum Publica- rum , ibid. 5 Merillii Synopfis Inftimtio- num Impcrialiam cum animadver- DECEMBRE 1717: 76^ {lORÎbtiî & prœfaticne Eyerardi feil , 2->o Ottonis, ibid. § Bullirium Magnum Romanum, ad Dictionnaire des Arrêts , ou Jurifpru- Papam nique Benedictum deuce Univerfelle des Parlcmens de XIII. hodie regnantem conti- France , &c. Par M. de Bril'on , nuatum , 2 5 3 , 699 157 Ze Freeholder , ou ? Anglais Jaloux de Dictionnaire des Finances , Sec. 149 fa Liberté , £#Îm Politique , Tra- Confeils d'un Gouverneur à un jeune duel ion de t Anglois , 2 S 7 Seigneur , 176 Arrêt au Confeil d'Etat du Roy , qui ordonne , que Sa Majejté demeu- rera maintenue dans l' ancien droit Ç3 poffeffwn de la fouveraineté. £5? propriété du Fleuve du Rhône , d'un bord à l' autre. § Reafons againft à War. by an old Wliig , Rai/ons qui doivent dé- tourner de la Guerre , 3 1 a § The Britannick Constitution or che, &c. ibid. § Excidium Angliœ , &t. ibkK Ouef lions fur les Dcmijfwns de Biens, avec une D.'jfcrtation en la Que- fiionfix ,fur les Statuts Perfonnels, Réels & Mixtes , 185,596 5 Traduction Angloife du Traire La- tin des Loix de la Nature ,par Aï. de Cumberland , 1 S6 5 A Proteftanr Monaftry , 189 j Every body's bulîneiT il no body's bufineiî, ibid. 1S0 § The free breton 5 or the, opinion of pcople , ibid. The évident, advantages, to Great britain , &c. ibid. § Gibraltar on Reafons , &c. ibid. § Lettres Û? Mémoires des Ministres des Cours de la Grande-Bretagne , de France £5 d' Efpagne ,fnr la Si- tuation préfente des Affaires de l'Europe, tkc. Traduits de l' An- glais; 313 $ Devoirs de l'Homme , The Whole § Seconde Recherche des Motifs de la dutyofman, ibid. Grande-Bretagne , par rapport: i Recherche des Alotifs ,/ùr lefquels efl l'état prèft nt des Affaires de fondée la Conduite de la Grande- I Europe , traduite de l' Anglois , Bretagne , &c. ibid. ibid. § Projet d'une Nouvelle édition des Mémoire pour Georges - Leopeld , Fils Oeuvres de Cujas , ibid. unique, & feul Héritier légitime S Traité de la Reprefentation , du Dou- de Leopold-Eberhard ,Ducdel¥ir~ ble Lien , Sec. 190 temberg , Prince de Montbelliard, Mémoire , en forme de Manifeste , pour 520 S. A. S. Elijabeth - Charlotte de Queftion de Droit Ecclcfiafcique ,fi l'Efperance , Baronne du Saint- l'Egltjed' Arrasejl jujette à la Re- Empire ,&cc. 195 Traité de la Vente des Immeubles par Décret , Sec. Par Mc Loua . .. Hericourt, Avocat a . lement , Mémoire des Pères de la DoEtr tienne , contre le Pro\e, leur Père General , &$ai ■■■ . gale , 347 1 dius & Cicero , 374. '■' Réflexions fur la Recherche des Mo- ' ■ \ de la Conduite de la Grande- è , &c. 375 rA .'■' de Banque , Sec. - •■ ■ iem D n >r< ui , 4.16 vende 1 Vf âge des Fiefs en 766 JOURNAL D France , &c. par Ai. Brullel , 48+, 657 § Lunig , corpus Juris feudalis, 503 $ EJfaipaur reformer les Loix d'Angle- terre , & pour faciliter PAdtnini- f /rat ion de la juflice , 5 04, Seconde Edition de la Coutume de Nor- mandie , expliquée par Al. Pef- nelle , Avocat au Parlement , 524 Notes , Additions fif Réfolntions de Gaf- pard , feMi & Sebaflien de Her- ES SÇAVANS, mofilla , Jur les G lofe s des Loix Par- tîtes , par Grégoire Lope's , 5 4, 8 Mémoire pour les Dames Abbefje & Re- ligieufes de l' 'Abbaye Royalle du Fol de-Grace , & les Religieux de Saint Corneille de Compiegne , &c. Contre M. £ Eve que de Soijfons , Sec. 551 $ Jurifprudentja reftituta fivc Index Chronologicusintotum Juris Ju- ftinianxi corpus , £&. 570 M I S C E L L a N E I. Continuation des mémoires de Littéra- ture & d Hijhire, Tom. II. Part. 11. z6 $ Atles Juridiques £> Philofophiques , Sic. du célèbre Al. Thomalius, ç Le Panégiriqne de S. Louis , par M. l'Abbe Guichon , 5 5-35 § Silloge Epiftolarum a viris illuftri- bus feriptarum , 571 § Horapollinis hierogliphica Graecè Se Latine , &c. ibief. § L'indigent Philosophe, ou t homme fans fouci, ^ 574, Continuation des Mémoires de Litté- rature & d'HiJloire , Tome Impart. 1- , 587 Lettre d'un Profejfeur de l'Univerfité de Pans fur le Pline du P. Har- doiiin , 616 § Pétri Friderici Arpi Jurifconfuki, ferix xftivales , five feriproram korum hiftoria liber fingularis, § Lettres de AI. Simon TifTot de Pa- tot , (3e. 6 3 5 c Lettre critique écrite le dernier Dec. 1 7 2 6 à AI. le Baitly de *** au fit jet d'un livre intitulé : Nou- velles découvertes fur la guerre par M. le Chevalier de Folard, avec des remarques critiques fur les trois nouveaux fiflcmes des Trirèmes , Sec. par AI. de Barras de la Penne, 636 § Lettre du même Auteur au R. P. de Laval de la CD.], au fttjet de la reponfe géométrique du Père Cartel fur le phénomène du port de Alarfeille , inférée dans le Mercure du mots de Mai de la même an- J .:r?.MAL DE net , ibid. i Le Roman comique reprefenté eu 3 8 Eflampes , Sec. 6 3 7 Description du Pamaffe François Z principalement fur les objets de Ix Foy , (Se. par fett M, Brueys , 686 Fin de la Bibliographie. Faute à corriger dans la Table des Articles du iiiois de Décembre 1717. Premier Article , lifez. La Défenfe des Ordinations Anglicanes , réfutée par le Fere Hardomn pag. .707, #"'«. ^*y V: 1