--,> '■^*i„ ^ I l \ i \ 1* ; i 1 ,'*v_ :V é^m 'X^ .^%* jvf L E JOURNAL se A VANS, FOUR LANNe E M, DCC, XXXI. JANVIER. A PARIS, Chez GHAUBERT, à l'entrée du Qyay Augiiftins, du côté du Pont Saint Michel j à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XXXI. AVMC AFFROBJTION ET F KIV IIEGE DU KOY.^ L Ë JOURNAL DES s C A V A N s D JANVIER M. DCe. XXXI. P LES MONU VIENS DE LA MONARCHIE FRANÇOISE ^ qui comprennent l^Hifloire de France , avec les Figures de chaque R-gne^ que l'iTjJHfS des tems A épargnés. Far le R. P. Dom Bernard de Montfaucon, l'^eligieux BenediBin de la Congrégation de Samt Màur, A Paris , chez Julien Michel Gandouin, ôc Pierre François GifFart.- 17Î0. in-fâlia , Tome IL pp. 342. LE premier Volume de ce grand d'une partie delà Tapiflerie qu'on R ecucil finit par l'explication met à certain |our de i'année dànS- '^mvitr Aï). 4 JOURNAL' DE l'Erlife Carliedrale. de Baveux. Cette TapilTcrie reprefcnte l'HUtoi- le de la Conq icie ;-le l'Angleterre par le Roi Guillaume I. on croit qu'elle a été faite fous le règne de ce Prince. Elle a iii.piedsdelong, le morceau fur lequel ont cté delli- nécs les planches qui font à la fin du premier Volume des Monumens de la Monarchie Françoife n'eft que de 30. aulnes ; & il ne contient que les Préliminaires de cette fameufc eï- pedirion. Les neufs autres morceaux qui fe trouvent gravés en neufs planches , & que le P. de Mont- laucon explique avec étendue , re- prefentcnt la révolution de l'Angle- terrejufqu'àlamortd'Harold.Onn'y voit point leCouronnementdeGuil- laumc I. ce qui fait croire qu'il y a une partit- du dellein qui n'a point ère exécuté ou qui i été perdu. L'Hi- ftoire reprcfentée dans la peinture Scdans les InfcriptionsdclaTapif- fcrie eft parfaitement conforme aux meilleurs Hiftotiens de ce tems-là , dit le P. de Montfaucon, & nous apprend bien des faits qu'ils avoient palîé fous Iilence. En voici un de cette dernière efpece. On voit par une des bardes de cette Tapilfcrie , qu'immédiate- ment avant que Guillaume le Con- quérant paiïat en Angleterre, il y eut une guerre entre lui &: le Duc de Bretagne. Le Duc de Norman- die ayant alTcmblé fes Troupes , marcha du côté du Mont S. Michel êc paffa la Rivière de Cocfnon. Harold qui accorapagnoit le Duc de Normandie dans cette expedi- fion , tira du péril pluficurs Nor- S SÇAVANS; iuands qui s'ctoient engagés dans le lable. H.c , porte l'Infcription , tranfi?nim fltmen dfnoms ; hic H.irold:is Diix trthebat eos de arenâ. Guillaume ayant pénétré jufqu'àDol, le Duc Conon prit la fuite avec fes Bretons & fe retira à Rennes. Le Duc de Bretagne palTa apparenx- ment de Rennes à Dinan ; car on voit dans la Tapifferie une Ville affiegée , aux palilfades de laquelle on met le feu , pendant que les ba- bitans (e détendent > on lit dans~^ l'Infcription , hic Milites U^ilUlm Ditcis pugnant contrit Dinantes^ D'un autre côté de la Ville on voit un homme d'armes de la Place , qui prcfente des Clefs mifes au bout d'une lance & un homme à Cheval du côté du Duc de Normandie ^ qui les reçoit &: qui les enlevé du bout de la lance , à laquelle ctoit attachée une bannière, l'InfcriptioQ perte & Cunam claves porrexn. Ce qui fait connoître que Conam ren? dit la Ville à Guillaume. Cette céré- monie pour rendre une Place p.iroît fort fingulicrc. Après l'explication delà Tapidc- riede Baveux , le P. de Montfaucon donne l'Abrégé de l'Hiftoirc de Louis le Gros &; de fes SuccefTeurs , jufqu'au Roi Jean IL iiiclufive» mentj avec l'explication des Mo- numens qu'il a trouvés concernant ces Rois , les Reines leurs époufes, les Princes du Sang Si les Grands de la Cour de France de ces tems-là. Il n'y a que deux planches pour le règne de Louis le Gros, la pre- mière rcprefente ce Prince & fon fils Philippe qu'il avoic fait ccluoiî- J A 1^: V ner Roi , mais qui mourut avant fon pcre. Notre Auteur croit que ce Monument ell: du tems de S. Louis. ■On voit fur la même planche trois Sceaux de Louis le Gros , dontl'un cft du tems que ce Prince n'étoit en- core que déligné Roi 5 on y lit ces mots Sigillum Ludovici dejtgnati M^gis ■ la féconde planche ell: le portrait de Charles le Bon Comte de Flandres, Il a été copié par ordre deM.de Gagnicrcs fur l'original qui écoit chez le Prélident Richardot. Son bonnet , la forme de fon habit & fes boutons ont quelque chofe de Singulier. Maiscn quel tems cet ori- ginal a-t-il été fait. C'eft ce que le P. de Montfaucon ne détermine point. La première figure de Louis le Jeune qui ell fur Ion Tombeau au milieu du Sanduairc de l'Eglifcde ;Batbeau paroît au P. de Montfau- con être originale. Sa Couronne eft à Heuron fans fleur de Lys , & fon Sceptre efl: terminé par une touffe de feuilles qui approche de la (orme d'une pomme de pin. La figure fui- vante eft tirée des Vitres de TEglife de S. Pierre de Chartres, on l'a xnvoyé au P. de Monttaucon, com- me reprcfcntant Louis le Jeune :j mais notre Auteur croit plutôt que le Peintre a voulu reprefenter faine Louis depuis fa Canonifacion , parce qu'on y voit le Nimbe ou cercle lumineux , qu'on ne donnoit en ce tems - là qu'aux Rois qui étoient tenus pour Saints , & que la Tunique eft chargée de Fleurs de Lys mifes en lofange ; car notre Auteur ne croit pas que la mode de î E R 1731. f fe vêtir de fon blafon & de le mer-; trc dans des lofanges fut établie du rems de Louis le Jeune. La derniè- re figure de la planche qui regarde le règne de Louis le Gros rcprefen- te Gcohoi Comte du Maine. Elle eft tirée d'une Table de cuivre émaillée qui eft confervée dans l'Eglife de faint Julien du Maine. Le Cafque du Comte a la forme d'un bonnet Phrygien , fon bou- clier eft fort creux , il lui couvre les épaules & dcfcend en pointe juf- qu'aux pieds. 11 eft chargé d'azur aux Lionceaux rampans d'or , lam- palTc de gueule. Il a une grofte poin- te fur le milieu. Qiioique Geoffroy tienne une épée nue de la main droite , le rcfte de fon habillement n'a rien de militaire. Il a une Tuni- que qui lui defcend jufqu'aux pieds, une Veftc qui tombe au - deffous des genoux &:un Manteau. Le P. de Montfaucon n'a trouvé de ftatuë du Roi Philippe Augufte, que celle qui eft confervée dans l'Abbaye de la Vidoire près de Senlis , qu'on croit avoir été faite lorfque ce Prince ht bâtir l'Abbaye de la Vicloire , après a voir g.igné la viéfoire de Bovines. Philippe Augu- fte eft, fuivant notrcAuteur, le pre- mier de nos Rois qui le foit lervi d'un contre-fcel , celai de ce Prin- ce étoit une Fleur de Lys. La Tuni- que de Philippe Coinre de Boulo- gne, l'un des fils de Phi'ippe Au- gufte eft de couleur d'azur chargé de Fleur de Lys fans nombre avec un lambel de gueule à trois pcndans, mais qui luppolcnt d'autres pcn !.;ns qui ne paroiilentpouit fur la ftatuii. 6 JOURNAL T>tS SÇAVANS, Philippe Augullc eft rcprcfenté Une planche dans laquelle oa fans barbe dans la ft.inic & dans les voit Jean de Mehun,dit Clopinel,, fceaux , cependant le P. de Mont- continuateur du Roman de la Ro- faucon n'ofe point allurer que nos fe qui prefente au Roi Philippe lo Rois ne port.iirent point alors de Bel la Tradudion du Livre de la- barbe. Ce tait ne lui paroît certain que depuis le rcç^nc de fiin: Louis jufqu'à celui de François L Nous pafTûrs l'explication de plulîeurs figures pour venir à celle d'une bourfc que le P. de Montfau- con ppcUe Eourfe poui'hs Croifadet. Celle quiedici rcprefeiuée eltcoii- fervce dans l'Abbaye dcfaint Jued de Braine. Cette Bourfe eft dorée Confoluion de Bohcce ,. meritc- l'attention des Curieux. Le delîein de cette planche cil: tiré d'une mi- niaiure qu'on voit au commence- ment du Prologue manufctit de ce Livre. Un Tableau fur bois que le P. de Mon faucon croit avoir été peine dj rems de Fiançois L reprefentc Ch ilo de faint Mard qui reçoit un ic divifée en lofangcs , on y voit pri.'ileg: ds la main du Roi, derric- les armes de diflerens Seigneurs re- re Chalo do faint Mard on voit fa pétées plufïeurs fois ; on croit que femme ,, & lix petites hlles. La cette Bourfe a fervi à Pierre de jlûpartdenos Auteur- croyent que Dieux , dit Mauckre Duc de Brcta Î;ne qui cfl: enterré dansl'Eglife de aint Jued. On y voit fur la Bourfe jufqu'à quatre fois les armes dos C.ialo de faint M/.rd ayaat fait le Voyage de la T-rre Sainte pour le Roi Phdippe I.obrinc de ce Prin- ce une cxempr o.i de tout fubfide Ducs de Bretagne de la Maifon de ' & de tout p?age pour fe-; defcen Dreux échiquetés d'or & d'argent, dans, tant par nâlesquepar filles, au carton feneftre d Hermine , à la L'A iteur du Convoi de la Reine bordure de gueule. M. dcGagnieres Anne dit que ce fur pour Philippe avoit fait tirer cette Bourfe fur l'o- le Bel que Chalo fit le Voyage de ieinal , Se la Note portoit : Bourfe la Terre Sainte , que ce Prince lui aam laquelle les Pnnces& Seigneurs accorda en recompcnfc le privilège ont app«rié des Reliques d Outremer, dont on vient de parler ^ & qu'il lui Le P. de Montfaucon demande il permit de porter un quartier des cette Bourfe ne fcroit pas la même arm:s de Jerufalcm. Notre Auteur chofe que h Sporta peregrinatioms, ne décide point à laquelle de ces que le Roi Philippe Augufte prit deuv R Jations il faut s'arrêter. La avec l'oriHamme & le bourdon , décifion de cette qucflion paroîc îorfqu'il partit pour aller à la guerre d autant m-jins importante que les fainte- Pour lui il n'ofe rien décider privilèges d: ceux qui fe difoicnc là-deiTus. Il avertit feulement que defcendis de Chalo de faint Mard l'on confcrvc pludeurs Bourfes ont été révoques. fcmblablcs dans i'Abbayc de Cor- On confcrvc à la Chambre des ■bic. Comptes de Paris deux peintures JA N VI tqiiî rcprefcntent le Lir de Jufticc tenu fous Philippe de Valloiî pour juger Robert Conire d'Artois. Le •Roi y eft affis fur fon Thrône fous un grand Dais dont les rideaux & le fond fo't parfcmcs de fleurs de lys , il a une Couronne fur la tête , une robe longue 6i un Manteau parfemc de fleurs de lys. A côté droit & proche du Thtônc font allîs fur un ban le Roi de Bohême •& celui de Navarre , comme on le voit par leurs armes qui font au- defiusde leurtcrc ; fur le banc fui- vantdumême côté les Pairs Laïcs font au nombre de huit , avec des robes longues & de larges man- ,ches doublées d'hermines. Du côté gauche font les lîx Pairs Ecclelîafti- ques en Chape & en Mitre. Dans le Parquet huit perfonnes font afli- ■fes fur une efpece d'eftrade qui n'eft E R. i7jr; 7 élevée que'dc qu '.trc OU ci«q doigts. Au bas du Tab'eau , auprès d'ua grand banc , il y a douze perfonnes debout j entre lefquellcs il y en a deux qui femblent parler. Les dernières planches de ce Volume regardent l'Ordre dufaint Efprit , du faint defîr ou du nœud inftitué par Louis d'Anjou Roi de Sicile & de Jcrufalem. Ces figures font tirées d'un Manufcrtt des Sta- tuts de l'Ordre que le P. de Mont- faucon dit être écrits du tems mê- me de l'Inftiturion de cet Ordre. Les Statuts qui font en François Sc que notre Auteur ioint aux figures fervent à les e\:pliquer. Comme eet Ordre eft fort connu par ce qu'on en a dit dans les Hiftoircs des Ordres Militaires , nous ne nous y arrêterons pas. PANEÇYRIQVE DE SAINT AVGUSTITSf , Evêcjtte d'Hinpone yfrêchê dans l'EgUfe des Grands Augiijîtns , le 28. uiottft 1750. Pitr M. l'Abbé Seguy. À Paris , chez Jean - Baptiftc Coignard fils , Imprimeur du Koi & dcl' Académie Françoife. 1730, Erochure ;«-8°. de 43. pp. CE Difcours eft du même Au- teur que celui qui firt pronon- cé dans la Chapelle du Louvre en prcfencc de Meilleurs de l'Acadé- mie Françoife le 2j.d'Aouft 1729. &C dont nous avons donné l'Extrait dans notre Journal de Janvier S7?o. & cet Ouvr3ge,au jugement •d'un de fes Approbateurs , juge- ment qui , félon toutes les appa- rences , -fera celui du Public , eft très-propre à foiitenir la réputation ,Que le premier a méritée à M. l'Abbé Seguy. Cet Orateur Chrétien trouve tout l'Eloge qu'il a entrepris de fai- re dans ce peu de paroles de la pre- mière Epîrre de fiint Paul aux Ephéfiens , in laudem Gloria GRATIS : à U gloire de la Grâce. Parce, dit-il , que le changement d'Auguftin a été un des coups les pluséclatsns de la puiflance de la grâce , 6i qu'Augufti ^ depuis fon changement n'a vécu que pour les ■interêcs de la grâce j en un mot la 9 JOURNAt DE Converfion d'Augiiflin a été la con- quête la plus belle de la grâce. Pre- mière Partie , & faint Augullin à fon tour a été le Dctenfeur le plus glorieux de cette même Grâce. ' Tel elT: le plan de l'édifiant Spcâia- cle , que M. l'Abbé Seguy a offert à refprit & au cœur de fcs Auditeurs, après les avoir avertis qu'il vient moins dans l'efperance d'égaler l'i- dée qu'ils ontd'Augullin , ni même de pouvoir leur rendre parfaite- ment la llenne. que fuccomber fous le poids qu'il s'elt laiffé impofcr. Notre impuifTance à foûtcnir la grandeur de certains fujets eft après tout , dit-il , une autre forte d'Elo- ge , & le Dodeur de la Grâce fe- roit trop rarement lolié , s'il ne l'é- toit que par ceux qui peuvent lui payer tout le tribut de loiiangcs qu'il mérite. Première Partie. Pour prouver que la conquête d'Auguftin eft la plus glorieule conquête de la Grâce, M. l'Abbé Seguy emprunte l'idée des conquêtes qui nous font admi- rer les Héros. Ces conquêtes pour les combler de glcirc doivent être , dit-il , x". difficiles , z*, importan- tes, & 3°.cntînfolides. Or voilà les trois caractères qu'il découvre dans la conquête que la Grâce a faite d'Auguftin. 1°. Conquête difficile. Il nous prcfente Auguftin comme un grand exemple des erreurs & des foIblelTes humaines. Il le prend à quinze ans & nous fait voir en lui un vif amour du grand ou de ce qui en a rapp.!-» rcnce , mais un panchant prefquc invincible pour le plaifir ; une foif 5 SÇAVANS; infinie de la vérité, mais hors du< feul fyllême où l'on la trouve ; un- caradlere affable , mais urv fecreC" fentiment de fa fupériorité naturel- le; idées nràllantes de fortune , fa- lens fuprêmes pour y parvenir, VzÇ" prit d'aiTurance qui fubjugue,l'efprir d'inlinuation qui fcduit , l'ardeur funcPcc d'aimer , le don prefquc aulïi funefte de plaire. Tels étoienc de fi bonne heure fcs traits les plus marquez. Apres cette forte d'ébauche , l'O- rateur Chrétien entre dans le détail,. 6 décrit les égaremens de la raifon &: les foibleflcs du cœur d'AugU'» ftin. Sa vanité , dit-il , fut la fource de fes égaremens. Mais cette vanité même devient un Eloge pour faine Auguftin par les couleurs dont fe fert fon Panégyrilfe pour nous la peindre. Ce n'étoit pas , remarque f-il , cette forte de vanité grollierc, révoltante, dont l'épaille fumée cn- y vre le cœur , 6c qui au lieu d'efti- me, n'attire que le mépris du pro- chain dont elle blefle 1 amour pro-» pre. C'étoit une vanité de retour intérieur fur fon mérite , de con- fiance aveugle en la p 'nétration de fon efprit , de palhon immodérée pour tout genre de gloire auquel un grand génie peur prétendre De là, h raifon préférée à la foi dans la recherche de la vérité j la ledure des Divines Ecritures négligée pour fe livrer aux vaines fables des Poètes, le defir de partager avec Dieu la connoi fiance des évcne- mens futurs , l'engagement d'An» guftin dans une SetAe ( le Muni- sheifme J A N V I <â>eifmi) qui lui épargnoic la con- fufion de rougir de fes fautes en les ïejccranc toutes fur un principe (Étranger , de là enfin Auguftin plongé dans un affreux Pirrlio- îiifme. A ce portrait de l'cfprit d'Augu- ilinfuccede celui de fon cœur. Le dod:c Abbé nous le reprcfentc à Tagafte où il avoit reçu le |our fc forgeant fes premiers liens , & fe livrant au crime en ctfrené en Af- frique & en Italie , traînant publi- fiueraent l'objet de fes feux coupa- bles & l'opprobre de fes mœurs, promettant à Monique le Tactifice de fon fcandaleux commerce s mais lui manquant de parole & fe replon- geant dans denouveax dciordres , parce que l'obiet du premiers fe voiioit à la pénitence. Ces traits qui peignent Auguftin comme l'efcla- vc d'une volonté perverfe qui s'é- toit changée en paillon déréglée , celle-ci en coutume S>c la coutume en nccelîîté , & qui font voir clai- rement combien cette conquête étoit difficile , n'offufqueiit point M. l'Abbé Seguy , & ne l'cm pè- chent pas d'apperccvoir que ja- mais la Grâce n'eut à éclairer un cfprit Se à toucher un cœur fupé- lieur au lien. z". Conquête importante. L'e- xamen du cœur & de l'cfprit de faint Augullin compofe tout ce morceau i génie facile dès l'âge de douze ans , le dcfcfpoir de fes jeu- nes Emules, & l'étonncment de fes Maîtres > il fcmbloit pKitôt rappel- Jer des chofes oubliées qu'en ap- prendre de nouvelles > génie pénç- Janvie? E R r 75 i, ^ trant à qui n'échappoît rien de ce qui eft à la portée de l'cfprit hu« main. La tacilité , la pénétration , l'é- tendue , la fubtilité , le feu de l'cf- prit de faint Auguftin ouvrent un vaftc champ à fon Pancgyrifte. Il vient enfuitc à fon cœur , l'huma- nité, la douceur, la noblcffe , la gtnérofité s'en développent dès fes plus tendres années, &: font com- me garans de la folide amitié, de l'cxade probité , de l'attachement inviolable au devoir de la vie civile (k. de toutes les vertus morales en- fin^ que M. l'Abbé Scguy découvre en grind Maître dans celui dont il fait l'Eloge , & de façon à faire convenir que la Grâce , après la Conquête de Paul j n'eut jamais de vidoire plus importance à rempor- ter. 3°. CoK^uête folide. C'eft le der- nier caraâere que remarque notre Orateur dans le triomphe de la grâ- ce fur Auguftin. Sa converlîoiî audi durable qu'elle étoit fîncere ^ le fauva conftamment en effet du malheur de la rechute , & c'eft ce qu'a grand foin de nous faire re- marquer fon Panégyrifte. Suivez déformais le cours de fa vie , dit-il , après nous avoir peint le miracle de fa Converhon , voyez-le fe difpo- fer au Baptême par une préparation, de cinq mois , confidcrcz-le en- fuite dans fa retraite avec fes amis , ou revêtu du Sacerdoce qu'on le force de recevoir trois ans après, ou élevé depuis malgré lui à 1.^ dL^ gnité Epifcopale , éc vois lui trou- vez, toujours une v-rtu vraiment ïo JOURNAL DE digne d'un Dilciple de J. C d'un Miniltrc de l'Aurel , d'un Evcque. M l'Abbé Sc'^viy , convaincu qucleMinifteredela parolcEvange- lique ne fc doit pas borner à éclairer rcfprit , mais qu'il doit tout em- ployer pour toucher 5c pour con- vertir le cœur , termine cette pre- mière partie par dire à fcs Audi- teurs : Il y a une autre Conquête à faire , 6i qu'il n'a pas tenu à la Grâce qu'elle ne fît. Celle de votre cœur. Conquête à laquelle il cft étonnant qu'il taille que nous vous prenions féricufement de ne pas ■ mettre d'obftacle , &:c. Seconde Partie. Pour nous faire avouer que faint Auguftin a été le Défenfeur le plus glorieux de la Grâce , l'Orateur Chrétien nous fait remarquer que faint Auguftin a combattu, i°. Contre tous ceux qui l'attaquent dans fon effence. 2°. Contre tous ceux qui l'altèrent dans fes dons, &c }". contre tous ceux qui l'étouffent dans fes inlpi- ratioHS , car voilii , félon lui , les feuls ennemis de la Grâce. L'hérélîede Pelage, ce témérai- re , qui ne pouvant fonder les pro- fondeurs de la Grâce , ofa la mé- connoître & l'attaquer au fein du Chriflianifme, cft le fujetde fa pre- mière foufdivifion. Il y décrit d'a- bord combien cette opinion mon- ftrueufc ctoit injurieufe au Rédem- pteur , èc dangcreule pour nous, par les intelligences fecrettes qu'elle avoir avec notre amour propre , puifqu'elle fubflituoit aux fccours d'en haut les Iccours du libre arbi- ire. Le portrait de Pelage ôc de fes S SÇAVANS, deux fameux partifans , c'cft-à-dirc de Cœlcftius & de Julien mettent encore dai.s un plus grand jour le danger de cette héréhe , &:. la gloire des avantages qu'Augultin rempor- ta contre elle. Après nous avoir indiqué les Ouvrages où ce Pcredc l'Eglife détruit les blafphêmes de Pelage iS.: de fes Seélareurs pout nous en garantir ; M. l'Abbé Seguy nous avertir qu'il y a fur la nature corrompue Se fur la Grâce un autre Livre à nous indiquer , non moins excellent , plus connu &c plus à la portée du commun des Fidèles, c'eft îaint Auguftin lui-même. » Il eft, «dit-il, une grande preuve de la » chute de la nature , dont la toiblc n raifon eft fujctte aux erreurs les M plus grollieres , dont les pallions » égalent l'aveuglement , dont les » efforts dans les plus belles âmes M ne peuvent produire que des ver- » tus inutiles pour le falut, quo- »> qu'elles ne foient pas des crimes; » & il eft encore auftî une grande » preuve de l'exiftence de la Grâce » qui prévient , qui infpire la crain- " te comme elle tait naître l'amour » qui éclaire , qui anime , qui pref- » ie , tantôt avec moins tk tantôt >' avec plus de force ; qui dans les " plus petits fecours , rendant » l'homme vraiment capable d'agir, « ne lui lailfe aucune excufe de ne >s pas le faire , & qui dans les plus »5 grands n'impofe , quoique lûrc »de vaincre & toute paillante, au- » cune ntcelllté de lui céder. Auguftin né pour détendre la Grâce dans toute fon étendue ne confondit pas moins ceux qui l'alte- JANVI ■foicnt dansfes dons , que ceux qui l'alreroienr duis foneflencc. Tous les ennemis de la toi fonr les enne- mis de l.i Grâce j parce que la toi .cH un préfcnc, & des plus ellcnnclSj de la Grâce. C'eft donc à nous rap- porter les diftcrens combats de faint Auguftin contre les ennemis de la foi que M. l'Abbé i>cguy employé le fécond Membre de cette partie. Il y paroît palier Icg^'renicnt fur ce qu'a fait faint Auguftin contre les Idolâtres , & contre les Philofophes Payens ; mais il indique le Traité de la Cite de Dieu , !k le Traité con- tre le Pirrhonifme , avec des Eloges fi précis qu'ils font équivalens aux plus grands Difcours , & rapporte enluite fcs viitoires fur Jovinien, Prilcillicn, Fortunat , Félix, Fir- me^ &c lur tous les Hérétiques de ion tems , & même du nôtre. C'ell flans l'Ouvrage même qu'il faut lue ce détail. Pour prouver que faint Augu- ftin a tout tait pour foûmettre à la Grâce ceux qui l'étonftent dans [es infpirations, M. l'Abbé Seguy par- le des fainrs établilTemens, des tra- vaux Apoftoliques , &i des grands exemples d' Auguftin, trois moyens par lefquels ce faint Doéteur tra- vailla fans relâche à la faire fructi- fier dans les cœurs. Après avoir par- couru le riche champ que ce plan luiprefente^ notre Auteur s'apper- çûit qu'il a pj'Tc trop rapidement fur l'humilité du Saint , & rcvienc fur fes pa~ pour nous parler des deux grands effets que produiiît cette vertu , c'eft-à-dire du Livre de fes Confeflîons & de celui de fa rétrac- tation. Il appelle le premier un Livre , après les divines Ecritures , le plus plein d'ondion & le plus connu de tous , mais un Livre d'hu- miliation pour fon Auleur , & tel que Pelage n'en eut pas ofé mettre au jour contre lui un Icmblable; in Livre où il étale à l'Univers fa hon- te pafléc, E Littérature & d'HiJioire. Tome IX. Parti'; I. A Paris , chez Simarc , rue S. Jacques , au Dauphin ^ 1730. vol. /«-li.pp. 224. NOUS avons commencé à parler de la première Partie de ce neuvième Tome dans le Jour- nal dernier , nous reprendrons dans celui-ci ce qu'il nous reftc de cette niêmc Partie , qui eft la Lettre d'un Auteur qui fe dit Confeiller au Par- lement de R&iien , écrite contre un Difcours du Comte de Boulainvil- liers au fujet de la Nobleirc. Nous avons remarqué dans le dernier Journal^que le deiïein de l'Auteur ttoit de retuter lix propofitions du Cointc de Boukinvilliers concer- nant la NoblelTe : fçavoir, 1°. Qii'il n'y a eu autrefois en France que deux Ordres : la NoblcfTe & les Efclaves : i". Qiie toutes les Villes des Gaulois ont été foumifes à l'cf- clavage par les François ; 3°. Qiie tous les Bourgeois de ces Villes loiit devenus efclaves : 4". Qiie tout ce qu'il y a de Magiftratsquinefont point Gentilshommes de nom & d'armes , fortent d'efclavcs qui ctoient Secrétaires des anciens No- bles : 5°. Qu'il appartient au pre- mier Ordre de la Noblefle de gou- verner l'Etat , & d'adminiftrer la Juftice , comme dans les premiers tems , & que la manière prefente du Gouvernement eft un abus : 6". Qiie ce premier Ordre eft le plus utile de tous. Telles font les propofitions que l'Auteur entreprend de réfuter dans la Lettre dent nous allons rendre compte. Comme on pourroit croire qu'il ne s'emprcfTe de les combattre que par quelque intérêt particulier qui le porte à défendre la Bourgcoi- fie , nous avertirons que c'eft peut-être pour éloigner ce loupçon, qu'il a foin de dire dès le commcn'- ccment , qu'il eft d'une famille no- ble, n Je fuis prêt , dit-il , d'aban- »s donner mes fentimens & de rcn- >5 dre les armes à la première lueuc »> d'évidence , foit hiftoriquc , foit »métaphyfique , dont on voudra M bien m'éclairer , étant auftî efcla- »j vc de la vérité que je le fuis de ma » Nobleffc. «' Quoiqu'il en foit , voici d'abord en gênerai un précis des raifons fur lefquelles on s'ap- puye pour combattre M. le Comte de Boulainvillicrs, Ces raifons font fondées fur cinq préjugez. Le premier eft que lorf- qu'on ignore quelles ont été les mœurs & les coutumes d'un peuple ou qu'on en doute, on doit préfu- mer que ces mœurs S< ces coutumes ont été celles qui paroiftent confor- mes .1 la nature & les plus univerfel- les. De cette propofition, notre Au- teur tire quatre confequences : la première , que l'efprit & l'état de liberté , ét/int l'être & le goût natu- rel de l'homme , il s'enfuit que le peu- ple dont le premier état n'cft pas fùrement connu , a été , comme les autres hommes, dans cet cfpric !iC JANVIE îftte libefié ; à moins qu'il n'y aie pi'ciiv'C certaine du contraire. La féconde , que l'état de Noblelfe ôc de f"u[3erioritc au-delTus des autres hommes , n'étant point dans la nature , m-ais étant purement acci- dentel , dépendant de caules étran- gères , & oppofé aux qualitez natu- relles des autres hommes , lefquelles font la liberté &c l'égalité ; cet état ne doit point fe préfumer , mais doit fe prouver , fur quoi l'Auteur cite Tiraqueau qui dit que la No- hlejfe efl une cjiinliré adventice , ejitg 7JQUS ne tenons Point de la nature, ^He ds-lk vient ejiton ne veut fe l'attri- buer (t on ne la prouve par de bons titres. La troifiéme , Qiie tout hom- me qui ne peut prouver fa Noblelfe doit être prélumé Plébcïen , puifquc c'cft l'état naturel. La quatrième , que la famille du plus ancien Gen- tilhomme doit être cenféc avoir été ignoble dans le tems où il ne peut prouver qu'elle ait été noble. Le fécond pré)Ugé fur lequel fe fonde l'Auteur de la Lettre pour combattre M. de Boulainvillicrs , c'efl: que ce n'ell pas connoîtrc les hommes ni l'Hiftoirc que de leur fuppofer des ufagcs & des mœurs femblables dans un vafle Pays & pendant un long cours de fiécles. Il lire de là trois confequenccs : La première, qu'on ne doit point attribuer d'ufage gênerai à un auiîi grand Pays que la France , compo- ié de divers peuples , &c dont toutes les parties ont été conquifes en differcns tems , & fous diverfes conditions. La féconde^ Queccfcioitpéchet R I 7 5 ï. if doublement contre cette règle d'Hiftoire & de bon fens , s'il fc rencontroit que cet ufage prétendu gênerai fut oppofé au droit naturel, comme l'eft celui de la fcrvitudc dont il s'agit. La troiiiéme , Qii'un Syflême Hiftorique eft ordinairement enne- mi de la vérité , qu'il engage fon Auteur dans une efpece de fanatif- mc j qu'il ôte la viië de la réalité & du vrai , qu'il fait voir ce quin'eft pas ,. & induit les autres hommes dans des erreurs dangcreufes pour ce qui regarde la conduite & la morale. Le troifiéme préjugé eft qu'autant que les hommes ont été diffe- rcns entr'cux par leurs ufages ^ au- tant ils ont été femblables par leurS' pafllons , lelquclles font devenues plus fortes à proportion qu'ils fc font vus plus élevés , &: qu'ils ont éré plus injuftes ; ce qui eft caufc que la plupart des fervitudes tirent leur origine de l'ufurpation injufte ôiT cruelle des Scigneursi Le quatrième préjugé eft que le Prince , dans le gouvernement de fon Royaume , doit uniquement fongcr à la confervation de fon Etatj & au bonheur de fon peuple , d'où' l'on tire les trois confequenccs fui-- vantes. Sçavoir , i°. Que l'adminiftra-; tion des affaires & de la Juftice dois être confiée par le Prince aux plu» capables & non aux plus nobles^ parce que les véritables titres , pouii être admis à cette adminiftration-^ font ceux de la fagefte , de la vertus, de lacajjacicc, ôc non les titres gé^- 14 JOURNAL DE néalogiqiics , qui ne font , dit notre Auteur , que trop (ouvcnt accom- pagnés des qualitez contraires à ccUes-là : i°. Qnc c'cft avec grande raifon que M. le Duc d'Orléans Régent ne voulut point écouter les bienféAnces que le Comte de Bou- lainvilliers 3; fes adhcrans lui pro- pofoicnt j pour être mifes à la place des ufages établis , & qu'il fe con- tenta de loiier leur travail fans les croire. Le cinquiénse & dernier pré- jugé cft que pour être en état de pger d'une matière hiftorique qui comprend beaucoup de Coutumes différentes, il faut avoir parcouru les Hiftotiens particuliers des Pro- vinces & des Villes , un tout ne pouvant bien fc connoîcrc que par fes parties : d'où notre Auteur con- clud qu'il a dû prendre cette peine pour ne point décider cavalière- ment comm< un ancien Seigneny ^ & fur tour pour fe a/transir de /<« déman- ge.itfôn du Syflème , ce grand enne- mi de In térité hiftorique. Qiielques raifonnables que foient res préjugez j notre Auteur appré- hende qu'il ne fe trouve des gens qui les traitent de préjuge'^ Bonr~- geois. Nous ne fçavons fur quoi eft fondée une telle crainte-, bien des Lcdleurs fans doute auront peine à comprendre qu'il y ait jamais à craindre que pcrfonnc regarde comme un préjugé Bourgeois de dire par exemple , Que le Prince dans le goHverneme-nt de [on Royau- me doit HnicjHetnent for.ger au falut de l'Etat , & au briiheur de fon Peu- ple ; non plus que de dire : Que pour S SÇAVANS; être en état de juger d'une matière htfloricjue <]ui comprend beaucoup de Coutumes différentes , il faut parcou- rir les Hijhriens particuliers des Provinces & des Filles. Mais enfin notre Auteur ne laifTe pas de le cr«indrc , Si il fe ferc même de cette raifon pour entrer prornprement en matière, afin de prévenir le plutôt qu'il fepeut l'er- reur qu'il appréhende. Dans la crainte , dit-il , tjiie ces préjugcl^ ne foient regardés de i^ueU Il vous dira, le bon fens, aulli »>bicnquevos yeux, que ce beau M pied d'eftal garni de iî pompeufcs lïlnfcriptions ne (ert qu'à élever j^plus haut, \o\lt la dcrifion pu- s'bliquc , un petit monftre compo- ïjfé de parties contraires, fcavoir j>de gloire étrangère & d'u^famie M perfonnelle , parties d'où relulte » le plus fotorgneil Je le plus mé- »> prilable alTemblagc. Voilà, félon notre Auteur, ce que dit le bon fens , puis vient à l'appui de ces paroles du bons (cns l'hi- ftoirc fuivante. Canut Roi des Van- R I 7 5 I.' I j" dales ayant commandé qu'on pen- dît certains Voleurs , l'un d'eux s'écria qu'il ctoit parent du Roi , & que cette conhderation dcvoit lui fauverlavie-, il eft |ufle, dit le Ro- , que notre parent foit honoré ; qu'on lui élevé une potence beau, coup plus haute que celle des au_ très. A cette Hiftoirc notre Auteur fait fiicccdcr plulieurs réflexions morales , fur lefqucUcs il ne cite aucun Ectivain , îk qu'il tire fans doute de li richeCTe de fon fond : A quoi , dit-il , fcrt à un aveugle k perfpicacite defcs peresî A quoi lui fert un Miroir ? A quoi fert à un efprit & à un cœur bas la grandeur & la noblciTe de fentimens de Tancien Héros dont il dcfcend f" A le faire paroître encore plus bas SiC plus méprifable. Nous avons remarqué que notre Auteur (ufpendoit pour un fcms les citations. Il y revient , & on voit ici Diodore de Sicile qui die que la lage Nation des Egyptiens détendoit que dans les éloges funè- bres on pailât de la gloire des pères- & desparens, cette gloire n'appar- tenant point aux dcfcendans j on voit Callîodore qui alfure que les Bulgares achettent leur grandeur par le fang de leurs ennemis , & qu'ils ne connoiffent d'autre No- blede que celle qui s'acquiert fur le Champ de Bataille. OnvoitClau-i dien qui atrcflc que chez les Ro- mains on ne parvient à l'Empire & aux premiers Emplois que par la vertu & par le courage , & non par le dioic du Sang. Nous par i6 ' JOURNAL DE plufieurs autres témoignages allé- gués par notre Auteur , entre Icf- quels celui d'Ariftote ne tient pas le moindre rang, f'ai , dit - il , cité ty4rifiote plufieurs fois pour repre- fcnter en fa perfonne l'opinion des hommes fages de fan tems , furltt No- bief;. Le mépris que Meffieurs les M.odernes ont pour ce nom en gênerai ne manquerait -il point autant d^i- gnorance (jue de prévention ? Qiioiqu'il CD foit, notre Auteur a~ près avoir cité Philofophes,Orateurs & Poctcs,pour'faire voir que UNg- bleiïe n'eft rien fans le mérite , dé- clare qu'en bonn€ Philofophie , on peut légitimement conclure de tout ce qu'il a dit , que félon l'exade #aifon il n'y a de différence réelle «ntre les hommes , que celle qui fc trouve entre le riche iS: le pauvre , entre le foible & le fort , entre le iàgc & le foL Puis revenant à fon premier paffagc de Ciceron , il re- marque que le Philofophe pourroit idire comme cet Orateur le difoit à Verres. Vous me prefentez. une chi- mère de Nohlejje ; c'eft-à-àire , les noms des plus artogans de tous (es hommes ; ëc délînir l'idée de Noblejfe reçue parmi nous , une quinte ftnve chimérique estraite d'ignorance ^ dt vanité , de néant ^ laquelle fortifie le! bons cerveaux & renverfe lisfoi- iles. Nous nous fommes attaches à bien expofer le début de cette Let- tre , pour faire voit d'abord le ca- ladtere de l'Auteur. Voici en quoi conilftela fuite , il s'agit de la No- blclTe d'inftiturion. L'Auteur com- mence cet article par dire q»e la S SÇAVANS; Philofophie & l'exade raifon ne font pas propres au Gouvernement des hommes & au maintien de 1» Société i qu'il faut convenir que la NoblclTc d'inllitution eft une cho- fe utile à cette Société , &: que c'cft un bonheur véritable d'avoir pris naiflance dans une Maifon Noble. La NoblelTe d'inllitution eft uti- le à la Société , fclon notre Auteur , pour pluhcurs raifons : i*. Pour le bien de la paix : 2°. Pourla confer» vation de l'Etat : 5°. Pour le foû- tien de la Religion : Q^iant au pre- mier point , il prétend que la No- blelTe , & la préférence donnée à la nailTance confolc l'orgueil de ceux qui font de balTe cxtradion , qu'elle ôte la haine attachée à la fujetion , qu'elle bannit la difpute & procure b paix. Pour rendre la chofe fenfible , il a recours à uii exemple familier, s) Si , dit-il , M. »le Duc de *** étoit élevé au- » deffus de moi par fon cfprit, par » fcs lumières , par les fentimens, "Comme il l'cft par fa Nobleffe 8i » par fon titre , les Satellites d^c j> mon amour propre , la laloufie &C j) l'envie fe lâchcroienr contre lui , » & ne lui patdonneroient pas mon «humiliation^ miisleS. hfpritqui » eft fur fon Jufte-aii-corps, & qui » n'a pas paffé plus avant , en un jj mot tour l'éclat qui l'environne , >5&qui m'.'.bbat devant lui ne blef- >s fe point mon amour propre , qui >î trouve fuftifamment à fc dédom- « mager dans les qualitcz interieu- » res , & qui mer de fon côré l'a- >3 vantagc ellenticl. Ainfi M. le » Duc j5c moi vivons en paix , con» tcnt J ANVI .«•t-sns l'un de l'autre , & de nous- ». mêmes. Il n'en va pas de même à jd'égard de cec infolent belefpric , » qui veut me primer S< me domi- w ner par la prétendue fupcriorité » de fon génie : mon amour propre » fe révolte contre fa prétention , & "palTc à la haine de la pcrfonne. » Mon orgueil cft toujours aux pri- X fes avec le ficn ^ &c fait tout ce » qu'il peut pour l'opprimer. Qi^ian: à ce qui regarde la con- fervation de l'Etat , la preuve qu'apporte là-dellus l'Auteur de la Lettre, & qu'enfuite il appuyé de pludeurs pallagcs de Ciceron , de Salullc , de Pline le jeune., de Ta- cite , de Lampridius Se d'AriftotCs c'eft que l'honneur que la NoblcfTe tire de fcsfcrvices, & qu'elle voit fe perpétuer en elle de génération en génération , l'engage à vcrfcr fon (ang avec joye pour fa Patrie , ce qui cil: caufe que les plus grands politiques ont toujours regardé le naintien de la NoblclTe comme un des principaux rcmp.urs de l'Etat , fur quoi notre Auteur obicrvc que la principale caufe de l'abaillement de la Republique de Lacédemone fut le Gouvernement des Ephores , qui étant tirés du Peuple & n'ayant pas l'élévation & la dignité nccef- faire pour commander , avilirent enfin le Gouvernement. Pour ce qui eft de la troificme propolîtion ; fçavoir , que » la No- » blelfe de nailTance n'eftpas moins » propre au foûtien particulier de » la Religion , qu'à la confetvation l' générale de l'État: « Notre A u- ipur l'appuyé fur quatre raifons^ dont la première pourra bien n'être pas du goût de tous les Nobles , cette première raifon eft l'ignoran- ce^ où il fuppofeque vivent toutes les pcrfonnes de qualité & dont il femble faire leur appanage. Or cette ignorance lui paroît très-propre à la foûmiflion que demande la Reli- gion. La féconde raifon eft la Tradi- tion des ancêtres, de laquelle on fe fait une loi dans la Noblelfe. La troifiémc eft l'honneur que la Noblelfe attache à ne fe point dé- dire. La quatriém.e enfin , fon cfperan- ce fur les grands biens de l'iiglife. Tout cela , félon notre Auteur j,' répond de la foi de des (ervicesdc la haute Noblelle pour le maintien de la Religion. Voilà à l'article près de l'ignoran- ce , cette haute Nobicfle un peu élevée par notre Auteur , il va bien- tôt la rabaiifer , &: la rabailfer au- dcffous de la Bourf^cnife ; il com- mence d'abord par établir que la moyenne Noblelle eft plus utile que la grande , & pour cela il s'cftoicc de prouver, 1°. Q^ie cette moyenne Noblelfe eft propre à un plus grand nombre d'emplois utiles. z". Qii'elle eft plus utile pour l'adminiftrarion des affaires. 3°. Q^ielle eft fujectc à moins de défauts. 4°. Q^i'cUc eft plus utile au Gen- tilhomme même. Pour montrer que la moyenne NoblcfTe eft propre à plus d'em- plois utiles , il reriiarque que les gens de qualité n'ont que deux oii C i8 JOURNAL DE trcis vo es pour fervirTErat, au lieu que les gens d'une Noblefle commu e en ont une donz.aine. Otez aux nens de Qiialicé , dir-il , la Profcfllon des Armes , les négo- ciations lïcrétac Ecclclîartique, ils tombent dans une oifivcté dangc- rcufe à eux-mêmes & à tout ce qui les environne. Les Nobles du com- mun au contraire n'étant point cm- barralTés de leurs vieux parchemins & de leurs chimères , fc prcfcntent au fervice de leur Pays , fous toutes les formes honnêtes. Notre Auteur prend de là occafion d'élever U Bourgeoifie au-delTus de toute la NoblelTe, Comme la Bourgeoifie , félon lui , fait tous fes efforts pour fe rendre utile en quelque manière quccefoit,il prétend qu'elle eft en- core plus necelfaire à l'Etat que les Nobles. U remarque , \°. Qu'elle cft moins contrainte & qu'elle entre dans le commerce &: dans beaucoup d'autres emplois honnêtes, interdits à la NoblelTe & neceflaires à la Re- publique. a°. Qu'elle eil exempte de la vanité & du faftcque le Gen- tilhomme croit effcntiels à fon état , qu'ainfi elle cfl; bien moins portée à la diffipation , .à l'injufticcj à l'orgueil , & que par confcqucnc elle cft plus ferme dans la vertu que les autres Ordres, j". Que placée entre les Nobles & le bas peuple , elle fait l'équilibre ncceiTaire pour le maintien de la paix , fe rangeant tantôt du côté da Peuple lorfqu'il eft opprimé par la Nobleffe , & tan- tôt du côté de la Ncblefte , lorfquc la fureur du Peuple fe porte contre «lie i qu'ainfi elle préfcrve de fédi-. S s ÇA VANS; rion & de ravage la République, enfin que c'eft par le moyen de cette Bourgeoifie , & du commeicc qui eft entre fes mains, que la Richefie &c toutes les commoditcz de la ter- re abondent dans l'Etat. il pofe pour principe que îa confi- deration des hommes doit être fon- dée fur l'utilité dont ils peuvent être, & là-defiusil dit que M. le Gendre devoit être fans doute plus confide- rable par fes Magazins, qu'un Gen- tilhor/.me de Kom & d'Armes ^ par fon Chartrier plein de vers. On objciftcra que la haute No- blcftc honore l'Etat & le foûtient , mais notre Auteur répond que cela ne fe peut faire qu'en deux maniè- res : ou par les vertus militaires ,- ou parles vertus civiles; qu'au re- gard des vertus militaires il netauC qu'ouvrir les yeux pour voir >' h ces » Meilleurs qui font tant de bruic » & portent leurs prétentions Ci haut » détendent mieux l'Etat par leur » valeur & leur habilcré dans la «guerre, que le Gentilhomme du «commun &c même le Bourgeois. Sur quoi il rapporte ce mot du Prince d'Orange : Qucce (juiren- doit autrefois les Bataillons François invincibles étaient ces Plumets blancs ojiCon y voyoit voltt^er en foule dAns les Régimens. Or d'où fortoicnt ces Plumets blancs; demande l'Auteur de la Lettre , ils fortoient , répond- il , de la petite Nobkjfe , & fur tout de la Bourgeoifie de Guyenne 3 de Languedoc , &c. Quant aux vertus civiles , notre Auteur prétend qu'en ce point la Bourgeoifie l'emporte encore beau- JA N Vî coup fut la NoblcfiTe , & pour le prouver il ne croit pas avoir befoin de dire autre chofe , iiiion j 1°. Qii'il ell aifc de jucher par les occupations & par les mœurs de la plus grande partie de la Noble (fe , il elle doit être plus inftruite de ce que doit fçavoit un Magiltrat , ou un Miniftre , fi elle eftplusdéfintc- ■refTée, plus fage que les autres lioni- mes > 1°. Qiie Ci ces qualitez fe trouvent plus difficilement chez elle que dans les autres Etats , &C s'il eft vrai qu'elle ait excelHvement .abufé de fon autorité & de fon Mi- niftere , lorfque l'adminillration «des affaires a été entre fes mains , il :cfl: difficile de comprendre com- ment M. le Comte de Boulainvil- licrs peut taire des vœux pourramc- ;i)er cette ancienne barbarie. Voilà, pour le coup, la Nobleffe rbien rabaifféc par l'Auteur de la lettre , qui prend la quali- té de Coniciller au Parlement ■deRoiieni mais il larabaifle enco- re bien plus , comme on va voir: Il examine qu'elle peut être la caufe .de cette infériorité où il fuppofe <\a'e[\ la Noblcfle à l'égard de la Bourgcoifie. Cette caufe eft d'abord , félon îui , une fimple décadence , une dcgénération pour ainfi dire , de ce qu'étoit l'ancienne Noblcffc , puis la chofe change tout d'un coup , & cette même Noblelfe n'eft fi inférieure à tous les autres Ordres que par ce qu'elle tient de fa premiè- re origine. La fingularitéde l'article mérite bien qu'on le rapporte ; d'ailleurs le mélange que l'Auteur E R I 7 î i; i^ y fait de la Phyfique Scdc la Mora- le, a de quoi attirer l'attention des Ledeurs. Il remarque que fi on veut ctt Philofophie recourir à la caufe Phy- fique de l'infériorité dont il s'agit , on verra que la plupart des meilleu- res races des anima'ix i'abatardifient après un certain nombre de généra- tions-, Qiie cette liqueur appelléc cfprits animaux , lajud/e , dt-il , forme l'homme auffi-bien - fe d'aujourd'hui vient de ce que les Nobles ont dégénéré.- Voici à prefent le contraire : les Nobles n'ont tant de défauts que parce qu'ils tiennent de l'ancienneté de leur origine. Il faut écouter là - de(-^ fus notre Auteur qui immédiate- ment après les paroles que nous venons de citer , dit de ces hom- mes qualifiés dont il a parlé: Qii'ils prouvent eux-mêmes le vrailem^ blable de la découverte du principe ou de la caufe première des défauts de la Noblede: découverte qu'il dit avoir apprife d'un Florentin , bon Gentilhomme d'ailleurs : voici ce qucc'ell. Ce Florentin difputant un jour fur la plus ancienne NoblelTc de Florence , foiitint que c'étoit celle des Baronzi \ les aluftans mar- quant leur furprife , vous n'avez , leur dit-il, qu'à confiderer les pcr- fonncs de cette Maifon. Vous ver- rez la preuve de ce que j'avance : l'un a Icsyeux de travers , & voit les objets tout autrement que les autres hommes; l'autre a une tête pointue ëc trop étroite , d'où for- îcnt des jugemens extravagans ; pas un d'eux enfin n'a cette harmonie de tous les membres qui fait un homme accompli ^ ce qui prouve évidemment , Mef* fieurs , qu'ils font Préadamites ^ & qu'ils defcendcnt d'un coup d'eflai du Créateur , & d'un modè- le imparfait de l'homme. Pour nous , Meilleurs , nous fortons d'Adam, Ghef-d'œuvrc parfait du S SÇAVANS, Créateur ; ainfi nous avons de qucî nousconiolcrde n'être pas fi anciens que les BaroRzi. La plupart de nos anciens Barons tirent leur nom & leur origine du premier Baronzî Préadamite. Comme un tel Difcours , par l'ap^i plicarion que le prétendu Confeillcr au Parlement de Roiien,veut qu'ort en fa Ile à l'ancienne NoblciTe , n'efl pas des plus obligeans pour elle , cet Auteur croit devoir recourir à une petite cérémonie pour fe difculper. C'cft de dire qu'il feroit bien fâché qu'on regardât ce Difcours comme une Satyre contre la haute NoblefTe en gênerai ; Qii'il honore cette No- blcfl'e & lui cft attaché autant qu2 perfonnc , qu'il la plaint feulement des obftacles qu'elle trouve pout bien faire , qu'il déplore le malheur qu'acné a de s'avillit dans l'inutilité, plus cite cft obligée au fcrvice de la Patrie , & qui s'abailTe ordinaire- ment en fait de mérite à proportion qu'elle fe hauiTc en caraélcre & en dignité : Que lesperlonnes dont le mérite eft paré des dehors brillans de cette Noblelîe, rendront toiijours plus de fervice au Public que ceux qui n'ont pas le même avantage , mais que c'eft dommage pour l'Etat que le nombre de ces Seigneurs fait fi petit. L'Auteur vient enfuite aux ar."* noblilfcmens : il fait voir qu'il y en a eu dans tous lestemsde la Repu- blique Romaine ; & à ce fu)ct il réfute M. le Comte de Boulainvil- liers qui prétend que la première Nobleffe a en propre la NoblefTe ,' que cette qualité de Noble ne fe JANVIER 17 51; 21 pciit acquérir & que le Prince n'a n viAorieiix delà Gaule, où je dois pas le pouvoir de la donner. Il montre qu'il y a eu dau', tous les teins, £c chez les Nations les plus policées , des annobUlfcmcns tels que ceux d'aujourd'hui , foit par la concellîon du Prince, foit par les Charges, foit par l'ancienne pof- fellion des richellcs. Il n'cntrcprciid point de faire l'Hiftoire de la NoblcfTe ; il recon- noîc que ce deiTcin lemeneroit trop loin i c'eft pourquoi il n'entre point dans le dct.iil des differens Etats de- cette Noijlelfe fous les Monarchies d'Orient &c fous les Gouvcrnemcns de la Grèce. Les Romains feuls lui rcprefentent toute l'Antiquité , parce qu'ils ont pcriredtionné les ufages des Grecs pour les tranfnict- tre dans la fuite à la plus grande partie de l'Europe. Cet article eft plein de recherches curieufes, aulE bien qu'un grand nombre d'autres aufquelsla longueur de cet Extrait nous oblige de renvoyer, & où l'on fait voir au long qu'il y a eu de tout tems dans la Gaule ancienne &c dans la Gaule Françoife des Bourgeois libres : ces articles qui montent au nombre de huit , & qui terminent la première Partie du Tome, font précédés d'un petit Difcours qui y fcrt comme d'introdud:ion,dans le- quel l'Auteur s'explique fur M. le Comte de Bjulamvilliers d'une manière qu'à caufe de fa lîngularité on ne fera peut-être pas fâché que nous rapportions ici. Voici l'en- droit mot à mot. »Je tremble en approchant de î»ïe redoutable Camp des François 141:endre ma liberté contre un im- » pitoyable Capitaine de Merovéc >j qui a toujours le Sabre haut con- » tre les Legiftcs,^: lui prouver que »je ne luis point fon efclave fugitif. » Cependant je fens en mcme-tems » un fonds de liberté gauloifc qui » me radure Se qui me prcfente des M raifons fans réplique pour ma dé- » fcnfc. Cette dctcnie toute légitirai^ *» qu'elle clf , me paroîtroic à moi- 31 même une efpece de cruauté , fi «elle guérilToit l'imagination de nos » anciens Nobles , de l'idée enchan-, n terelîe qui leur reprcfcnte leurs » ancêtres comme de petits Souve-; » rains conquerans , qui fortenc » l'épéeà la main de ce Camp poun ») foûmettre à leur efclavage toute- >3 la brave Nation Gauloife , & fur-. >» palTer par là Jules-Cefar. Oui 3, » elle feroit injufte cette défenfe , G. «elle ôroit à un homme de qualité >' tel que M. le Comte de Boulain- n villiers , qui a fi bien mérité de la »5 Republique des Lettres , une va- M peur de gloire qui le contente. )j Mais je fais fur de ne lui faire au- ') cun tort , parce qu'il n'eil pas » croyable que les dcmonftrations » puident vaincre un préjugé de » trois cens ans, appuyé de l'amour » propre le plus noble , c'eft-à-dire » quife(oûmet le moins à la Jufti-. »»ce. Et d'ailleurs Ci cela étoit poflî- )> ble , le Philofophe , qui eft cru • » lui , me remercieroit d'avoir rc-: udrelfc le Gentilhomme, & délai 3J avoir montré le chemin- de U »ï vérité. La Lettre de notre Auteur n'eH?'- »2 JOURNAL BESSÇAVANS; pas encore finie, l'hditeur en ren- de ce ncuvicme Tome, nous en voye la fuite à la féconde Partie ^ parleronsdansle Journal prochain. RECVEIL des EDITS , DE'CL/iRAT/ONS , ARRESTS tS^ Rsqlemens qui font propres & particuliers an Rarlcmcnt de Flatt" dres imprimé par l'ordre de Aionfeigneur le Chancelier , divifé en. deux Parties. A Doiiay , chez J.icqucs-François Willerval , Impri- meur du Roi Si de la Cour de Parlement. 17JO. in-^° . 2. vol. pp. 1020. IL n'y a point de Parlement dans le Royaume qui outre les Or- donnanccs^qui font le Droit gênerai de la France", n'ayent des Edits, des Déclarations & des Reglcmens qui leur font particuliers , ce qui a lieu fur tout pour les Parlemens des Provinces qui on: été réunies à la Couronne tous le règne de Louis XlV.pafce qu'en les afiujetiflantaux Loix générales de l'Etat dont elles font partie , le Roi en a excepté celles qui fe trouvent contraires aux anciennes Loix & aux anciens ufa- ges de ces Provinces aufquelles il n'a point expreffément dérogé par les Edits qui y font enregiftrés. Un Recueil de ces Reglemens particu- liers ne peut être que trcs-utile aux habitans de chacune de ces Provin- ces , & à toutes les perfonnes qui veulent s'inftruire à tond du Droit Public de chaque partie du Royau- me. Nous avions déjà une compila- tion de cette efpece faite pour le Parlement de Bcfançon. Mais il n'avoir rien paru de pareil pour le Parlement de Flandres , quoiqu'il foit d'autant plus important de con- noître les Loix particulières de cette Province , que par les capitulations Jk/cviRo^açw la bonté d'accorder aux Peuples de la Flandre , le pri- vilège de vivre fuivant les Loix qu'ils avoient recrues des Ducs de Bourgogne & des Princes de la Maifon d'Autriche ; ils ont été de- puis maintenus dans toutes les fran- chifes & dans tous les ufages , auf- quels il n^a point été dérogé par des Edits ou par des Déclarations pofte- ricurs enregiftrés au Parlement de cette Province. Qiieiques-unes de ces nouvelles Loix particulières pour la Flandres avoient été inférées dans differcns Ouvrages de Jurif- prudence , d'autres ne fetrouvoient qu'en feuilles volantes entre les mains de particuliers ; & fouvent les perfonnes qui en avoient befoin avoient beaucoup de peine à les re- couvrer , à prefent qu'elles font réunies en un corps , il fera plus facile de s'en inftruire. L'Editeur a jugé à propos de joindre aux Edits & aux Déclara- tions enregiftrées au Parlement de Flandres , un grand nombre d'Ar- refts du Confeil d'Etat rendus en confcquencc des Edits & des Dé- clarations enregiftrés au Parlement de cette Province. Toutes ces Pièces font rangées fuivant l'ordre Çhionologiquc. La J A N V ï E ôremicre eft du mois de Novembre 16'^ I. & la dernière du iS.Novem- brci7i9- on n'attend pas de nous que nous entrions dans le détail de routes ces Pièces. Il fuffira d'en in- diquer quelques-unes fur des ma- tières particulières , pour mieux faire connoître l'ufage de cette compilation. Nous commencerons par ce qui concerne le Parlement de Flandres. Apres la paix des Pirenées, le feu Roi, par un Edit du mois de No- vembre iô6i.foijmit à la Jurifdic- tion du Parlement de Metz , tous les Pays qui lui avoient été cédés par les Traitez de Munfter & par celui des Pirenées ^ Si qui ne rcUor- tiflbient point avant ces Traitez au Parlement de Paris > ce qui com- prenoitles Prévôtés de Linchamp , Avefnes, Philippe-Ville, Maricn- bourg , Landrecy , le Quefnoy Sc d'autres lieux de la Province du Hainaud. Mais les nouvelles Con- quêtes que le Roi iît' en Flandres l'engagèrent en i662. à établir à Tournay un Confeil Souverain , pour y faire juger fes nouveaux Su- jets par des perfonncs inllruites des Loix 6c des ufagcs du Pays. Il y eut la même année deux Chevaliers d'honneur crées pour ce Confeil. Ce fut par des Lettres-Patentes du 2i. Février 16^6. que ce Confeil fut décoré du Titre de Parle- ment de Tournay. Le nombre des Officiers en fut augmenté par un Edit du mois de Mars 169 j. qui porte que le Parlem.ent fera compo- fé d'un premier Préfident , de trois autres Préfidens à Mortier pour être R I -75 I. 13 diftribués dans les trois Chambres , de deux Chevaliers d'honneur j de vingt-deux Confeillers Laïcs , & de deux Confeillers - Clercs ; d'un Avocat General , d'un Procureur General , d'un Greffier en Chef pour ligner les Arrcilt , de trois Greffiers du Plumitif , un pour chacune des trois Chambres , de trois principaux Commis auGreffc, d'un Subflitut du Procureur Gene- ral , d'un Payeur des gages , d'un premier Huiffier ôc de fix autres Huillîers ordinaires. Toutes ces Charges , à l'exception de celle ds premier Préfident, furent érigées en titres d'Offices formés & héréditai- res. Il y eut au mois de Décembre 170Z. un Edit portant Règlement gênerai pour la Police & la difci- pline de ce Tribunal. Le Roi ayant cédé Tournay 5C plufieurs autres Villes des Pays-Bas par le Traité de paix , le Parlement de Flandres qui tenoit fes Séances à Cambray depuis 1705. futtransfe- ré à Doiiay , & comme le Reiïbrt en étoit diminué , la quatrième Chambre qui avoir été établie en 1704. fut fuppriméc. On peut voir dans le Livre mê- me les Edits d'ctabliffiementde plu* fleurs autres Jurifdidions dans l'ér tendue des Provinces des Pays-Bas réunis à la Couronne , depuis la- pix des Pirennées & les change- mens qui fe font faits dans ces Jurif- diélions. Une matière de procédure nous fournira un fécond exemple. C'eft' un ufage obfervé de tems immémo' rial dans le Pays-Bas de permeître 44 J OURNAL p aux pitties qui ont été condamnées par Arrefts de fc pourvoir par la voyedelaRcvilion quand elles croi- roient l'Arreft contraire aux Loix. Louis XIV. ayant autorife la voye des Requêtes Civiles contre les Ar- rcftsdu Parlement de Tournay par un Edit du mois de Mars 1674. avoit défendu d'y rettader les Ar- refts fous prétexte de mal jugé au fonds, à moins qu'il n'y eut dans la forme une ouverture de Requête Civile. Par .là les Refcifions d'Ar- refts ou propofitions d'eireur fc trouvèrent tacitement abrogées. Mais en ié88. le Roi jugea à pro- pos de rétablir dans le Parlement de Tournay cet ancien ufage , de fixer les cas dans lefqucis la Rcvifîoa d'Arrefts pourroit avoir lieu, les procédures qui y feroient obfervées & les Juges qui feroient appelles pour prononcer fur ces affaires. C'eft ce qu'il exécuta par un Edit qui contient trente Articles, dont le quatorzième veut que les Rcvifions d'Arrefts foient jugées par la Cour du Parlement de Tournay les Chambres aftemblées, avec huit Adjoints ou Revifcurs , dont fix dévoient être des Confeillers du Confeil Provincial d'Artois , ôc les deux autres , des Profeiïeurs dans la Faculté de Droit Civil de rUniverfité de Doiiay. Le Roi ayant créé en i^Sj. une ttoihéme Chambre au Parlement de Tournay, dérogea à l'Article de l'Edit de Uii. fuivant lequel les icvifioîis dévoient être jugées par ics Chambres alTemblécs , &: il vou- Jliat que par U fuite les rcvifions ES S ÇA VANS; fulfent jugées par la Chambre toù l'Arreft: auroit été rendu , par une autre des Chambres du Parlement &: par les huit Adjoints. Enfuite il fut ordonné par une Déclaration du 6. Mai I 690. que quand il ne fc trouveroit point deux Profefteurs en la Faculté de Droit Civil qui n'eulfenc point éréconfultés lut l'at^ faire , ou qui n'eulfent point été rccufés , le Parlement pourroic prendre pour Adjoints un ou deux Profcdeurs de Droit Canon en la, même Univerfité , pourvu qu'ils cuffent été admis au fermcm d'A- vocats. Comme les Voyages des Adjoints & les Vacations qui leur étoient dues coafornmoicnt les parties en frais, le Roi donna une Déclara- tion, fuivant laquelle la troifiémc Chambre du Parlement de Tour- nay tient la place des Adjoints dans les jugeraens des rcvifions d'Arrefts; de manière que ces revilions ne font à prelent )ugées que par lesOfticierS de ce Parlement les trois Chambres aftemblées. Enrecabliftant la revifion le feu Roi avoit défendu de fc pourvoir en caifarion au Conleil contre les Arrcftsdu Parlement de Tournay , quelques perfcnnes prenant trop à la lettre cette difpofition de l'Edit de 16^88. crurent que la voyc de la. caftation ne fcroit pas même admifc dans le cas où le Parlement de Flan- dres auroit jugé directement contre les Ordonnances ; mais le Confeil 2 cafte des Arrefts de ce Pa:lement qui contenoient des difpofitions contraires aux Arrefts , Edits & JANVI aux Déclarations enrc^iftrces. C'eft ce qui a donné occafion aux Etars de rifle alTemblés en 1719. de îupplicr le Roy de vouloir Lien expliquer fon inrention fur ce fujec , Se de décider pour éviter les frais , dans lefquels les parties s'engagent mal à propos que îa caflation d'Arrefts ne feroit point admife , quand il ne s'agiroit que d'affaires qui dépendent de l'interprétation des Coiitumcs ho- -îTiologuées parle Souverain ; & que ia calfation auroit lieu quand on auroit jugé diretflement contre les -Ordonnances , ou quand le Parle- ment auroit quelque intereft dans l'affaire. Le Roi répondit à ces re- montrances , qu'il auroit une ■attention particulière à maintenir •l'obfcrvation de l'Edit de 1^88. fi des contraventions manifeftes à fcs -Ordonnances , ou des interpréta- tions de ces Ordonnances qu'il s'eft •cxpreffement refcrvces , ou quel- •ques circonftanccs particulières qu'il n'cft pas poiTible de prévoir, n'obligeoient leConfcil à admettre ■la caffation. Pluficurs Pièces de ce Recueil regardent les matières Ecclehafli- qucs ; nous ne nous arrêterons qu'à •celles qui concernent le Brevet de- joyeux avènement. La qucftionfut a'TJtée auConfeil de Co.nfcience en ijiS &: 1717. Il le Roi donneroit des Brevets de joyeux avènement fur les Eglifcs d'Arras , de S. Orner & de Cambray. M. d'AguelIeau , alors Procureur General du Parle- ment de Paris , fit le rapport desrai- fons qui étoient contenues dans les janvier Mémoires qui avoicnt été prefentés, cnfuite il conclut à ce que IcRoi ac- cordât dcsBrevets fur ces trois Egli- fes. Pour foûtenir ce droit il fit voit qu'il étoit trcs-ancien , que nos Rois en avoient ufé dès le douzième fié- cle dans pluheurs Mon.illeres, qui l'avoient regardé comme une mar- que de rcconnoiffance duc au Roi, à caufc de la garde &c de la pro- tection des Eglifes ; que tourcs les Eglifes Cathédrales étoient fous la protedion du Roi, & qu'elles no dévoient pas moins donner aux Rois des marques de fa reconnoif- fance , que ne lui en donnoient au- trefois les Abbayes les plus célè- bres. Il ajouta que les Pays qui étoient de l'ancien Domaine de France & qui y étoient réunis, après avoir été long-tems fous la domina- tion d'un Prince étranger , y ren- trant J«w poft:imi»:i , étoient fou- rnis à toutes les Loix générales du Royaume. Il obferva, par rapport à l'Eglife de Cambray , que le Roi pouvoit nommer à une Prébende, à caufe de fon joyeux avènement à deux Titres , le premier à caufe de la qualité de Protefteurâi du Droit Commun , le fécond comme ayant fuccedé à l'Empereur qui a voit un droit de premières Prières fur les Canonicats de cette Eglife , mais qu'il feroit moins avantageux au Roi de nommer à ce dernier Titre, à caufe des conteftations au fujet de Tinduk que la Cour de Rome pré- tend que l'Empereur doit obtenir du Roi pour ufer de ce droit. Les Empereurs en ont joiii avant le Concordat Germanique fans pren- D 26 JOURNAL DES SÇAVANS, dtc tl''ndult ; depuis le Concordat Doiiay une Chaire de M.ithémati- G- iriianique )ulqii'à la paix de qucs qu'il afteifta aux Jcluites. Le "W ^ fcphalic , les hmpereurs ont pris Roi autorifanc cet érablilfcmcnt par dci Induits pour en tacilitcr l'exccu- des Lettres - Patentes du mois de tion , mais depuis h paix de Wcft- Novembre 1704. voulut que cette phalie les Empereurs ont ccfle de - Chaire fut Académique , que demander au Pape ces Induits. ceux qui la rempliroient fuflent du Sur le rapport fait par M. d'A- corps de l'Univcrfiré , & qu'ils en- eiTelfeau leConfeil deConfcicnce a traffcnt dans toutes les ademblécs été d'avis que le droit de joyeux avè- nement dcvoit avoir lieu fur les Dioccfes de Cambray, d'Arras Scde S. Omer , & qu'il etoir plus avan- avec droit de futfrage , èc tous les autres droits dont joililToicnr les Profeffeurs Royaux du Collège de cette Univerfité. Mais comme on tageux au Roi de faire valoir ce prétendit par la fuite que laquali- droit fur l'Lglifc de Cambray que té de Réguliers cmpéchoit les Je- celui de premières Prières. fuites de pouvoir remplir la Place Nous finirons cet Extrait par le de Redeur , Si de joiiir des émolu- prccis des Pièces qui doivent entrer mens de 1 Univerfité , les Jefuites dans l'Hiftoire Littéraire. confentirent que le Profefleur de Le Roi Philippe II avoir fondé à Mathématiques n'eut pas même de Douay une Chaire de Mathémati- voix pallîve dans toutes lesaiïem- ques. Mais cette fondation n'avoit blces où il s'agiroit du temporel^ point eu d'exécution, tant que la des honneurs, dignitez &: émolu- ViUe de Doiiay avoitété fousla do- mens de l'Univerfiré. Ce qui fut miration du Roi d'Efpagnc ; M. de confirmé par un Arreft du Confeil. Prmmercuil , Marquis de la Bretc- Pour toutes les autres affaires ce chc j Gouverneur de Doiiay , fça- chant combien l'étude des Mathé- matiques cfl: utile , pafla un Contrat avec la Ville, par lequel il fonda de nouveau dans l'Univcrfiré de Profefleur eft admis dans le Confeil de l'Univerfité , même dans celui de la Faculté des Arts , fuivant qu'il cfl ordonné par un Arreft du Con- feil du 25, Juin 1707. PARALLELE DES DIFFERE NTES MANIERES de tirer U pierre hors de la ve^if. Far Henry-François le Dran delà Société AcAdemique des Arts ^ Chiringien Juré à Paris ^ ancien Prévît de fa Con.miinaHté , & ancien Chirurgien Major de l' Hôpital de la Charité , Démonflrateitr en Anattmie dans le rr.éme Hôpital. A Paris chez Charles Ofmont, rue S. Jacques, à l'Olivier. I730. voL /«-S*. '■ pp. IJ5. ON compte cinq différentes horsdcla vciTic. La première s'ap- manicrcs de tirer la pierre pelle le petit appareil s la féconde , JANVIE le grand appareil ; la troifiéme , le haut appareil; ia quatrième , l'opé- ration latérale de M. Rau ; la cin- «[uiénie, l'opération de M. Chezel- dcn. Nous n'expliquerons point ici en quoi confiftcnt ces diîierentes Méthodes , nous l'avons fuffifam- mcnr fait voir dans lejournal d'Oc- tobre 1717. on y peut recourir. M. le Dran compare enfemblc ces cinq manières de tirer la pierre hors de la vellîe. Il remarque au fujet de la première, 1°. Qi^i'cUe peut convc- Xiir pour ôtcr une pierre qui étant engagée dans l'Urethre , y a acquis trop de volume pour pouvoir fortir comme tant d'autres par ce con- duit. 2°. Qii'il y a même peu de cas de cette efpcce où il [oit plus à propos de tirer la pierre par cette opération , que par une incillon fairefur la fonde. 3*^. Qii'à l'égard des pierres contenues dans la veille il eft abfolument pernicieux d'entre- prendre de les tirer par le petit ap- pareil. A l'égard du grand appareil , le manuel de cette opération a fubi bien des variations entre les mains des Chirurgiens : chacun d'eux y ayant ajouté ou retranché fuivant fon idée. M. le Dran décrit ces va- riations , &C après avoir choili la manière d'opérer qu'il croit la plus convenable dans l'appareil dont il s'agit, il compare ce même appa- reil avec les autres Méthodes , & déclarant qu'il ne prétend l'élever au - dcflus d'aucune il demande feulement qu'il lui foit permis de faire l'apologie de cette opération contre ceux qui la condamnent. R 175 r- 27 Il dit dans cette Apologie , I'. Qi'en 1728. & 1729. de feize malades qu'il a taillés dans l'Hôpi- tal de la Charité , & à pluficurs dcfquels il a tiré des pierres du poids de Cix à huit onces , il n'y en a pas un qui ne foit parfaitement guéri. 2°. Qu'il eft vrai cependant qu'il a VII pcrir quelques malades , les uns plût 5t , les sut es plus tard j après l'opération du gr md appareil, mais qu'outre qu'on pourrait imputer la mort de quelques- uns, à leur rempcrammeit , on à quelque vice pa ricu.ier, tels que ceux q le conrradtc fouvent la vcilîe en pareil cas , il ne feroit pas fans exemple , que le Chirurgien eût contribué à cette mort par fon ma- nuel. Notre Auteur infiftc beaucoup fur ce dernier point , & pour f.iire voir que quand un Chirurgien, qui taille par le -grand appareil , ne réullit pas , ce n'ell nulle ncnt la faute du grand appareil , mais uni- quement celle du Chirurgien , il entre dans le dérail des fautes que les Chirurgiens , foit par ignorance, foit par précipitation , ont coutume de commettre quand ils raillent; fautes qu'il fupp.ife être li commu- nes parmi eux, qu'il ne fait pas diiK- culté dv -dire que s'il les rapporte , c'cft-non fculcincnr pour faire voir qu'elles fontétrangéresau grand ap- pareil , mais pour engager les Chi- rurgiens qui viendront après lui à les éviter , & à ne pas être co nmc le font la plupart , f lus attentifs a finir qu'il bien faire. Après avoir fait le dét.iil des fau- Dij a8 JOURNAL DES tes qu'on doit imputer au Chirur- gien & non au grand appareil , M. le Draii examine quels font les in- convcniens dont cette Méthode eft par elle même fulceprible , iS%: qui en font même inlcparables. Entre ces incon vcniens il en rap- porte un confiderable , auquel nous nous bornerons ici , c'ell: l'mconti- iience d'urine qui a coutume de fucceder àl'extradiond'unc grolle pierre. Mais il prouve par des exemples,que quelquefois cet acci- dent ne duro que peu de jours ou peu de mois. " C'ell: de quoi, dit-il, "j'ai l'expérience dans deux mala- »> des que j'ai taillés en 1718. à «l'Hôpital de la Charité , & auf- »> quels )'ai tiré des pierres du poids s> de fix à huit onces , & dont cha- ,» cune avoit de circonférence cinq » poulces (Se dix lignes. L'un tut ïj entièrement guéri en moins de «trois mois , n'ayaiitjété incom- »> mode de l'incontinence d'urine 35 que pendant une quinzaine de »> jours, l'autre guéri en mêmc-tcms, 3> mais avec incontinence d'urine efl «retourné dans fon Pays, & fon »ï incommodité n'a duré que huit «mois, fuivant le rapport d'un de ïjfes parens qui au bout de ce tems, »> étant arrivé à Paris, eft venu à la » Charité nous l'apprendre. Au récit des inconvcnicns du grand appareil , fuccede celui de fes avantages , qui , félon M. le Dran , fe reduifent à ceux-ci : 1°. Qiic la vcOie foit grande ou petite , faine ou malade ; que la pierre ait peu ou beaucoup de volu- me , qu'elle foit dure ou moUe , ï moins que la groll'cur ne foit excef- five , le grand appareil peut toii- jours convenir , fuppolé que Is Chirurgien n'ait pas prisl'habituda d'une autre Méthode. 1". Si par malheur on a écrafé la pierre en la tirant , il eft facile d'in-' troduire de nouveau les tenettes, pour tirer les gros fragmens ; Qiiant aux petits fragmens & au limon ils fortent aifcment avec l'u- rine. 3°. Si pour attendre que les mor- ceaux d'une pierre calléc , fe prefen- tent au pallage par la fuppuration^ ou fi pour faire fuppurer une veille malade , & y introduire cnfuita quelques injediions , on trouve à propos de mettre dans la playe uns canule qui y pénétre , il eil: aifé de l'y mettre , ôi de la.ohanget auffi fouvent que l'on veut. 4°. Si pour ne pas fatiguer uns veflie malade on juge convenable de lailler la pierre comme M. le Dran dit l'avoir vu faire à un grand Chirurgien de ce fiecle , qui en ce cas attcndoit pour en faire l'extrac- tion , que la veflie fut relâchée par la fuppuration , le chemin demeu- re toujours libre & facile pour l'in- troduction d'une tenette. 5°. Les parties qui n'ont fait que fe prêter , reprennent leur relTort , 6i celles qui ont été divifécs , com- me l'urethre, le col de la veiBc , fon orifice , & les proftates , fuppu^ rent & reprennent leut rcffort. Nous venons de voir que félon M. le Dran , un grand Chirurgien de ce fiecle pour ne pas fatiguer une veliie malade après les travaux J A K V I E â'une opcration commencée , a quelquefois trouve a propos de laif- fcrla pierre, ôc d'attendre à en taire l'extraulion , que la blelfurc fuppu- râr ; Nous remarquerons fur cela qu'en ïjië. le ii. d'Avril il a été foûtenu fur ce lu)et aux- Ecoles de Médecine de Pans une Théfe dont le point eft : Vtrum in Lhhatomia integri calculi exitiim , vitlneris fup- jinratiorii committere maliim f & où l'on conclud » e^go '« Lithotomia , integri calculi exnum vidneris fiip- ■purationi committere malum. Cette Théfe compofée &i foûtë- nue par M. Méry , alors Bachelier delà Faculté de Médecine de Paris, ^' aujourd'hui Dodcur de la même Faculté , n'eil: pas favorable à la Pratique dont M. le Dran fait ici mention , & qu'il paroît approu- ver : nous y renvoyons lesLe6teurs. A l'égard du haut appareil, quel- ques-uns crôyent que cette Métllo- de eft plus facile à pratiquer que toute autre-, ils prétendenfde plus qu'elle efl moins dangcreufc pour la vie du malade , &c qu'on n'y court aucun nfque de laifler des fi- ftules au périnée , ou des inconti- nences d'urine. M. Douglafs Chi- rurgien de Londres & quelques au- tres du même Pays , l'ont quelque tems pratiquée . après quoi ils l'ont quittée , dit M. le Dran. Qiieiqu'il en foit , voici les inconveniens qu'il trouve dans cette opcration. Comme il faut injcder dans la veflîe une fuflifante quantité d'eau pour la remplir , M. le Dran de- mande s'il eft toujours poflible d'en jnjçctet aiTcz j & fi quelque faille R r 7 ? I.' 2p & quelque fpatieufe qu'on fuppofe la velîîe , on peut s'aiïlirer que les fibres mufculeules en fc contraéfant ne refiileront pas de concert avec lès fibres membrancufcs iS; tendi- neufcs , à l'introdudion de l'eau qui doit lesalonger. Il remarque qu'ou- tre la difficulté qu'éprouve le Chi- rurgien à poulTer le pifton de la Se- ringue , les cris du malade , en con- fequence de l'extenfion prompte & doulourculc que caufe l'injedion de l'eau , ont plus d'une fois arrête cette injection. D'où il s'enfuit que la dilatation qu'on fait à la velîie , peut avoir l'un des deux inconveniens que voi- ci : ou cette dilatation fera infuffi- fante, parce que la reiîftance de la veflîe , (Se la douleur que le m.ilade refîent en confequence , auront ar- rêté l'injedion , auquel cas on court nfque , comme il arrive plus d'une fois , d'ouvrir l'Abdomen plus haut que la cloifon qui enferme la veille dans le baflîn ; ou il la dilatatiori eft fuffifante , & qu'on foit venu à bout de la faire malgré les cris du malade, on aura tellement violenté le reffort des fibres de la vdfic . qu'elle reftera paralytique. C'eft peut-être pour juger plus furcmcnt de la dilatation , Se ne pas poufler l'injcdion trop loin, qu'un Praticien propofe de commencée par l'incifion des tégumcns, pour faire enfuite l'injeélion , & puis ccifer d'injeéler dès que l'on ient fuffifammcnt au-delTus dû penil îa voutc que forme la veflîe. Mais Mi le Dran répond à cela que fr la vef- fic eft de nature à ne pouvoir êtrç- 50 JOURNAL D dilatée, le malade aura cfluyé inu- tilement la douleur d'une incKion , de aura ainfi deux maladies au lieu d'une, fçavoir une pla^e au ventre & une pierre dans la veille, pour l'extraition de laquelle il faudra faite une autre opération , c'efl-à- dirc fuivre une autre Méthode. Notre Auteur examine ici deux objedions qu'on lui peut faire : la première , qu'il cfl: facile de juger par la quantité d'urine que le mala- de garde ordinairement , Ci la vef- fîe cfl: capable ou non d'être dilatée; la féconde , qu'il n'y a qu'à lai/Ter remplir luffifammcnt la vcfîle par l'urine même , &: ne tailler le mala- de que lorfqu'elle eft: pleine. M. le Dran remarque au fujec de la première objc£tion , que l'expérience journalière ap- prend que ceux qui ont la pier- re , urinent à tout moment , pour peu qu'elle foit grolTe, qu'aiii- fi ilefl: très-difficile de juger faine- mcnt par la quantité d'urine que les malades rendent à chaque fois , quelle quantité de liqueur leur vef- iie peut contenir. 11 répond à la féconde que puif- que ces fortes de malades urinent à tout moment , il efl parla même raifon très-difficile que leur veffic ie puifTe remplir alTez pour faire la voûte au-deflusdes os pubis. Nou5 palTons quelques autres inconveniens du haut appareil , pour venir aux avantages que notre Auteur ne peut s'empêcher d'y re- connoîtrc. Si la veffie eft naturellement grande , Se qu'elle n'ait pas encore ES SCAVANS; alTez fouilert pour caufer au malade ces fréquentes envies d'uriner qui accompagnent prefquc toujours les grolles pierres , l'injeétion eft prati- cable , & la veffic faifant la voutc au-dellus du penil , peut être our verte fans peine , parce qu'elle eft à la portée du Chirurgien. Elle peut aulli être ouverte fans péril , parce qu'il n'y a point de vaiileaux ^ craindre en laifant l'incifion , Sc que l'expanfion du péritoine qui fépare la veffic d'avec le ven- tre , eft repouflee du côté de l'umbi- lic. Si en même - tcms la pierre fc trouve d'une grofteur fuffifantc pour pouvoir être prife facilement elle fort fans peine , pourvu toute- fois qu'elle air allez de coniift.mce pour ne pas fe brifer quand ^on la touche. Si CCS circonftances réunies fc rencontrent , M. le Dran avoiic que le haut appareil eft une excel- lence Mérhode àfmvrc, pour les raifons fiiivantcs : la première , &C qui eil bien conllderable , c'clt que l'urerhrc , le col de la veffie , &C fon oiilicc , rcftent en leur entier : la féconde , Qiie les proftatcs ne font ni meurtries , ni fendues , ni dépoiiillcGS , comme elles le font dans le grand appareil : la troiflc- me , Qiie la playe de la veffiie peut être ptoinptcment refermée 6ca»i(ÎI promptemcnt qu'une playe iunple ; fur tout fi l'on taitcnforte qu'après l'opération elle ne foif plus mouil- lée ni par l'eau qui a été inieClée , ni parl'unnc, ce qu'il eft très -facile de faire en prenant les précautions J A N V convenables. Il ne refteroit alors que la playe des tcgiimens , & cette pLiye (eroit bien plûtôcguérie. Après ces reflexions M. IcDran vient à l'opération latérale de M. Rau , qui , à proprement parler , n'efl: autre chofe que celle du Frère Jacques. Cette opération , quoique faite peu méthodiquement par le Frère Jacques, lui a fouvcnt réutTî , mais plus fouvcnt aulîi les malades, comme le remarque M. le Dran , ont étélesvidimes de fon ignoran- ce £v de fa témérité. La Sonde , qu'il mettoit dans la veflîe n'avoir point de crenelurc , ainii rien ne conduifoit le lithoto- me , elle nefervoit qu'à approcher de la playe extérieure , la vclîîe que l'Operateur vouloic ouvrir , Se le hazard feul dccidoit du chemin qu'il fuivoit pour arriver jufqu'à la pierre. Tantôt il ouvroit le col de la veifie , & tantôt le corps, comme on s'en efb convaincu par l'ouvertu- re des Cadavres de ceux qui ont pé- ri entre fes mains. M. Rau célèbre Dodteur en Mé- decine dans l'Univerfité de Leyden ayant vu travailler le Frère Jacques Se ayant ouvert plufieurs des Cada- vres dont nous venons de parler , reconnut que cette opération, pour- vu qu'elle fût bien pratiquée, étoit excellente en elle-même , & qu'el- le n'avoit fi fouvent manqué de fuccès que par la faute de l'Opera- teur qui ne connoilfant pas fon fujet operoit au hazard. M. Rau l'a cor- rigée, & enfuitcil l'a pratiquée lî heureufement que l'on compte plus de mille malades de la pieiie guéris I E R I 7Î3 I. ji entre fes mains. M. Albinus , célèbre Profefleur en Médecine à Leyden^ lequel a écrit la Vie de M. Rau , a mis à la fin de cet Ouvrage un détail delà manière dont M. Rau operoit , ôc M. le Dran a copié ici ce détail -y nous y renvoyons les Lecteurs. Voyons ce que penfc M. le Dran , des inconvenicns &: des avantages de cette operation-.ccs inconveniens fe reduilent, Iclon lui , à deux feu- lement , le premier eft que 11 la vef- fie eft malade Se qu'elle (uppure , le mouvement de la fonde qui doic l'alfujettir caufe de la douleur, &c qu'au cas qu'elle (oit racornie, on a de la peine à la faire céder , & à l'approcher contre l'incifion exté- rieure : le fécond eft que fi la veflic doic fuppurer on ne peut fe difpen- fer de mettre dans la playe aulîi tôt après l'opération , une canuUe povir entretenir le chemin ouvert , & que fi alors il arrive que la canullc forte de la veille par quelque mouvement que falle le malade , ou qu'on foit obligé de la retirer pour la nettoyer, il eft prefque impolîîble de la re- mettre. Mais ces deux, inconve^ niens ne paroi iTent pas bien confi- derables à M. le Dran. Qiianc au premier , il dit que cela ne l'a pas- empêché de placer la fonde comme il le falloit , dans deux malades ,, dont les velîîes étoient très-petites &c très-racornies ; &c quant au fe^ cond , il alTure que dans les deux malades dont il vient de parler cela n'a pas empêché leur veille de fup- purer & de jettermême par la playe beaucoup je glaires pendant crois 5a J O U R N A L D Semaines. M. le Dran , comme on voit, panche beaucoup pour l'opcrarion latérale de M. Rau , mais la ma- nière dont il parle des avantages de cette opération le fait voir encore. ^e ne m'étonne pas, dit-il , de ce ^ue cette opération pratiqnée avec métho- de par l'auteur _, a eu tant defitccès, mais je m'étonne de ce qu'on l'a Abandonné: , car pour deux fenls iit- conveniens dont elle ejl [ufceptible > j'y vois hien des avantages qui eit refitltent. Après cette reflexion , il entre dans le détail des avantages dont il s'agit , puis il finit par les paroles fuivantcs : » Ce n'eft pas fur les opérations » que le Frerc Jacques a faites que 55 je me fonde , ce Frerc opcroit au » hazard, S<. de même que pîuficurs M malades ont péri par fa faute , » d'autres auffi par fa faute font re- >5 ftés fiftuleux ; mais je me fonde :ofur ce que )'ai vu dans les malades 55 que j'ai taillés de cette manière ; "je me fonde fur les fuccès qui ont ■Mconfacrcà jamais la mémoire de 55 M. Rau. Habile & attentif Ope- 55 rateur il avoir quitte le grand ap- »> pareil , quoique par cette métho- 3> de il eût acquis une grande repii- 55 tation , 6i il ne l'avoit quitté que 55 pour pratiquer une opération qui :.> lui paroi (Toit meilleure, & moins 5» fufceptible d'accidens. Si fes mala- 55 des étoient reftcs fiftuleux après »fon opération latérale, bien-toc »il auroit connu l'abus de cette 55 Méthode, & auroit repris le grand « appareil. Le nombre d'expcrien- «><3es qu'il' a" faites aux yeux de tout ES SÇ A VANS; 55 le monde, d'une méthode qifi| 55 n'a jamais quittée, doit tenir lieu 55 de tous raifonnemens , & ce n'eft » que d'après elles qu'il faut con- »j dure. Voilà comme s'explique M. le Dran fur l'opération latérale de M» Rau. Il n'eîl pas difficile de voit qu'il la préfère à toutes les autres. Quant à l'opération latérale de M.Chelfeden , notre Auteur , après l'avoir exadement décrite , dit qu'elle approche fort du grand ap- pareil , & que la différence qu'il y a ici d'une Méthode a l'autre , con* fifte en ce que dans celle de M/. Chefclden j on coupe ( à la refetvc delà partie tendincufc de l'urètre , à laquelle on ne touche point ) tout ce qui dans le grand appareil , eft obligé de céder au dilatatoire,au vo- lume de la tenette, ou bien au doigt de l'Operateur. M le Dran parle enfuite des inconveniens , & des avantages de la méthode de M. Chefclden ; puis vient un long examen de l'état des parties qui ont été intereiïees dans chacune des opérations dont on vient de parler ; examen important qu'il faut voie dans le Livre même. L'Auteur finit par diverfes reflexions de pratique fur le choix qu'on doit faire d'une opération plutôt que de l'autre , eu égard feulement , i". A la nature ■ de la vedie, i°. Aux differens états de la velTîe , 3'*. Aux différentes parties qui font interclTécs avec la veflîe dans la pratique de chaciibe des quatre Méthodes en queftioh, 4°. Au volume &: à la niture de la pierre, en i;as qu'on puifle s-'en affil- ier J A N V lE ffer , Se on ùk voir par le détail dans lequel on entre là-deflus , que le fucccs de la Lithotomie dépend au- tant &C quelquefois plus de la natu- re des parties qui fouffrcnt dans cette opération , que deTadrcllc du Chi- rurgien , enfortc qu'il feroit à fou- haiter que tous ceux qui fe mêlent de tailler fulfent au fait fur cette matière, & eulîtnt pris l'habitude d'opérer fuivant les quatre Métho- des , pour choifir celle qui convient le mieux par rapport aux circon- ftances qui accompagnent la mala- die Ce n'eft que par un fevere exa- men & après de meures reflexions qu'un Chirurgien doit fe détermi- ner à tailler un malade ; il ne fullît pas , comme le remarque très-judi- cieufement notre Auteur , d'avoir fondé le malade & touché fa pier- re , il faut faire attention au tcms qu'il y a qu'il en efl: attaqué, à la manière dont fes urines fortcnt , à la quantité que la vciîie en peut contenir, à la qualité de ces mêmes urines, à l'efpecc de douleur qu'il reffent , au lieu où il la lent davan- tage , au tcms &c à l'attitude où il fo'utïre le plus , aux diftérens états où peut le trouver l'h.ibitudc du corps attaque d'incommoditez qui paroiffent quelquefois n'ayoir au- cun rapport a la pierre , &: qui en dépendent cependant , telles que font fouvent des iîevres defuppu- ration ou autres accidens. C'eft d-e -quoi le Chirurgien doit s'mflruireà fond avant que d'cmbraiTer la Pro- felllon de Lithotomifte ; par là , comme le remarque encore notre R 1731: n Auteur , il connoîtra l'état prefent de la velfic 6: même celui des reins qui fouvent fouffrent avec la vellîe, " par là il jugera, à peu de chofe » près , du volume & de la figure " de la pierre , fi la pierre efl grolTe " ou petite , ronde ou irreguliere , >' lice ou inégale , s'il n'y en a M qu'une ou s'il y en apluficurs; » par là il connoîtra s'il peut cfperet » de fauver la vie au malade par n l'opération , & enfin qiielie forte » d'opération convient : toutes cho- w fes qui demandent qu'il recoure » aux lumières des Médecins , s'il »ne veut expofer fa réputation , 6C » la vie de fes malades. Nous avons donné dans le Jour- nal d'Oèfobre de l'année 1727 un ample expofé des différentes maniè- res de tailler, par lequel on peut juger aifément de celle qui mérite la préférence; nous croyons devoir y renvoyer les Lecteurs , auflî-bien qu'à ce que nous avons rapporté da haut appareil dans le Journal d'Aouft de l'année 1728. on trou- vera dans ces deux Journaux bien des chofes utiles f ir la matière donc il cft queftion. Il paroîtdt^puisprès de deux ans uneDilfertarion de M» Heii1:cr , intitulée : De alto appara- m , hnc efl d: Msthodo c^dcHlumve- fca ftiper gjfe pubis , evtrahendi. L'Auteur y relevé le haut appareil , par deffus toutes les autres Métho- des de tailler. Il entre dans un grand détail fur ce fujet & fa Dilfcrtation mérite d'être confultée , elle eft im- primée àHelmftad, & fe vend àPa- ris , chez Guillaume Cavelicr, rue S. J.icques , au Lys d'or. 54 JOURNAL DESSÇAVANS; PRINCIPES GENER y4V X ET RyilSONNrs de lit Çrammaire Françoife , par Demandes & par Réptmfes. Dédiis à Monfeigitsur le D:ic di Chartres. A Paris , chez Deriint , rue S. Jean de Beauvais , Ch.mk'rt , Qiui des Augullins^ &c le Gras, au Palab, 1730. vol. /k-12. pp. 3 il. LE deiïein de l'Auteur dans cet Ouvrage , n'eft point de don- ner une Grammaire Françoifecom- plette ; il reconnoît qu'on en a d'ex- cellentes & qui ne laiflent prefque rien à dclîrer. Son objet unique eft d'aider ceux qui n'ont jamais appris par règles la Grammaire Françoife, Se qui veulent étudier la Langue Latine. Il fe conforme en cela aux vues de M. Rollin ci-devant Rec- teur de rUniyerfitc de Paris , &C Principal du Collège de Beauvais, lequel dit dans fa Alaniere d'enfei- gner & d'étudier les Belles-Lettres ^ n qu'il feroit à fouhaitcr que l'on »» compofât exprès pour les jeunes «gens, une Grammaire abrogée, » qui ne renfermât que les règles Se M les reflexions les plus necelTaires* Notre Auteur , imbu des excel- lens principes de M. Rollin fur ce fujet , remarque qu'auflî-tôt qu'on poiïede par raifonnement , ce que les Langues ont de commun entre elles > & qu'on fçait expliquer.par des définitions précifes , tous les termes & toutes les difficultez Grammaticales , il ne refte plus , pour palTcr à une Langue étrangère, qu'à fubftituer de nouvelles expref- fwvis à celles dont on connoît do]a la valeur & la nature : ce qui n'efl: plus qu'un jeu d/ mémoire. H re- connoît qu'il s'eh faut de beaucoup que les je ancsgcns trouvent cette facilite dans la méthode qu'on leur fait fuivre ordinairement, » A pei- »ne , dirait ^ fçavent-ils lire, que " fans leur avoir donné aucune nO- » tion de leur Langue naturelle, on n les met tout d'un coup dans les " principes d'une Langue qui leur »eftabfolument étrangère & donc » ils ne parviennent à entendre les n règles , qu'après bien des années >j de peines &: de travaux , au lieu » que fi on leur apprenoit ces «mêmes règles, en ne les appli- M quant qu'à une Langue qui leur M efl: tamilierc , il feroit beaucoup «plus aifé de les leur faire conce- » voir , parce qu'ils ne trouvcroient n rien dans les explications qu'on "leur en donncroit , ni dans les »> exemples dont on fe ferviroic » pour leur en faciliter l'intelligcu- » ce , qui ne fût à leur portée. Notre même Auteur inftruit de l'abus qui fe commet là-dellus dans les Collèges ne peut s'empêcher de Elire le? plaintes fuivantes. n Quels » Livres met - on entre les mains >' des jeunes gens pour leur appren- 1» dre les principes de la Langue » Latine ? Des Rudimens qui pour M la plupart font fi peu méthodi- »ques , ôc où les définitions des » termes font fi peu exaiflcs"&: fi )> mal ex pliquées , que tout le fruic J AN VI n qu'ils en rapportent d'ordinaire/e n rcdiiit à une routine de mors où » h mémoire a beaucoup plus de »}partque(le jugement. L'cxpcrien- «ce ne confirme que trop cette j> vérité , & l'on voit fouvent des » Ecoliers de Rhétorique qui fe >9 -trouvent embarrailûs des qu'on »>leur fait quelques queflions fur nies premiers Principes de la 31 Grammaire , &: cela fans doute , 3> parce qu'ils n'en ont jamais fait M une étude méthodique. Il eft en- 3> corc plus ordinaire d'en trouver « qui n'ont aucune connoillancc >i des règles de la Langue Françoi- »fe, & qui en écrivant, pèchent ".contre l'orthographe dans les j>, points les plus eilentielsi enfortc j> que s'il leur arrive de parler ou ai de compofer corrciflcaicnt dans n l'une 5c dans l'autre Langue, on >» peut dire que c'ell: fouvent plutôt » un etfct du hazard ou del'habi- w tudc, que de la connoiflance des » Principes. Voilà comme s'explique notre Auteur fur la raauvaile méthode qu'on fuit dans les Collèges pour inftruirc les cnfans. C'elt dans le dclTein de prévenir lesinconveniens qui en arrivent , qu'il a entrepris de donner ces Principes Çemraisx CT* raifonnéi de la Çrammnire Fran- f'jife. Il a rangé dans un ordre très- ilmple Si très-naturel , les Principes 6c les Règles , & il a expliqué &. déiîni'tous les termes ; mais un avantage confiderable de ce Livre , c'cft qu'il ell exempt d'un défaut ev^Tentiel qui fe trouve dans prefque toutes les autres Graramaiics , où E R 17?'.^ 3T l'on fuppofe la connoilTancc des Noms &c des Verbes avant que d'en parler , &c où l'on explique la natu- re des Tems des Verbes & leui formation , avant que l'Ecolier fça- chc par la Conjugaifon , ce que c'eft qu'un Verbe. On a obfervé ici une Méthode plus ailée : on a rangé les matières de bçon qu'elles dépen- dent fuccelllvcmcnt les unes des autres ; un Chapitre ne contient jamais que celles qui y font annon- cées dans le tïtre , &: les premières n'anticipent jamais fur celles qui les fuivcnt.Un autre avantagecncoredc cette Grammaire , c'eft: qu'elle n'eft point trop chargée, & que l'Auteur y évite tous les termes qui pour-' roient rebuter par leur nouveauté^ c'eft ce qui lui fait croire qu'elle pourra aulîî être très-utile aux Da- mes. Au refle , notre Auteur , pouc prévenir toute critique , dit qu'd eft bien aife d'avoiier que dans la com- pofition de cet Ouvrage, il s'eft fer- vi avec fuccès des trois meillcursLi- vres que l'on ait (ur la Langue Fran- çoife, tels que font : La Grammaire générale & raifontiée , la Grammaire de M. l'ylbbé R;qnier "Defmarais , & celle du P. Bufjier. Je ne fuis pas , dit-il , ajfez. JA- loux de la rephtation d' Auteur , jur tout en pareil qenre d'écrire , pour rougir de cet aveu. Si l'on trouve dans les matières ejue je traite, l'ordre , la netteté , (jr la clarté ^ ne j'ai eu inten- tii/n d'y mettre , je n'ai rien à fm- haiter de plus , c'efl ait public à en JHger. Il ne nous reft:c plus, à prcfent , pour achevex de donner une idée de Eij 36 JOURNAL DE l'Ouvrage dont il s'agit , qu'à en citer quelques exemples. Nous rap- porterons pour cela le début même du Livre, il s'y agit de laGram- niairc en gênerai. £>. Qircntendez - vous par le mot de Grammaire ? Ji- J'entends l'art de parler. T>. Qii'cft-ce que parler ; R. C'eft exprimer fes penfces. •D. De quoi fe fert - on pour ex- primer fes pcnfécs î R. On fe fert de fignes que l'on appelle mots ou parties du Dif- cours, ou parties d'oraifon. D. De quoi les mots font - ils compofés î R. Ils font compofés de Lettres. 2). Combien y a-t-il de fortes de lettres ? R. Il y en a de deux fortes , fça- voir j les Voyelles 5c les Confon- nes. D. Combien y a-t-il de Voyel- les ? R. Cinq , a , e , i , o , u. D. Qu'entendez-vous par voyel- les? R. Ce font des lettres qui pro- duifent un fon d'elles-mêmes , & par la fimple ouverture de la bou- che. D. Combien y a-t-il de Con- fonnes ? R. Dix-huit : fçavoir , b , c , d , f,g,j, k, 1, m,n,p,q,r,f, t, V,X,2. D. Qu'entendez-vous par Con- fonnes ? R, Ce font des lettres qui ne peu- vent fe prononcer qu'avec le fc- couts d'une des cinq voyelles» S SÇAVANS; D. Apportez des exemples? R. Qiiand je dis b , je joins un é avec b , ce qui fait bé. Quand je dis- 1 , je joins un c avec 1, ce qui fait el. Qiiind je dis m , je joins un c avec m , ce qui fait em. D. N'y a-t-il pas quelques obfcr- vations à faire fur le Ion &c la pro-, nonciation des Voyelles ? R. Oui, il y en a quatre ; fçavoir, a , i , o j u , qui gardent toujours leurs fons propres quand elles fonc précédées d'une confonne , qu'elles finiflcnt une fyllabe & qu'elles ne font point lices à quelques lettres fuivantes. Mais il n'en ell pas de même de la voyelle e qui dans le même cas produit dirterensfons, & qui par confequent fe prononce de différentes manières. D. Combien y a-t-il de façons de prononcer la voyelle e } îî. U y en a trois principales , ôc c'eft ce qui fait que l'on diftingue trois fortes de; fçavoir, l'e muet, l'e fermé &c l'e ouvert. D. Qii'eft-ccque l'e muet? R. C'eft un e qui n'a qu'un fon fourd &c obfcur , & qui fe pronon- ce comme .à la fin de ces mots : monde. Livre , homme , &c. D. Qii'cft-ce que l'e fermé ? R. C'eft un e fur lequel on met toujours l'accent aigu (' ) , &: qui fe prononce comme .à la fin des mots , Café, bonté , charité , &c. D. QLi'ell-ce que l'e ouvert ? R. C'eft un e qui fe prononce par une ouverture de bouche plus ou moins grande : ainfi il y en a de deux fortes , l'e un peu ouvert, & l'e fort ouvert» J A N V I E D. Qu'eft-cc que l'e un peu ou- vert ? R. C'eft un e qui ne demande qu'une ouverture de bouche un peu plus grande que celle qu'il faut pour la prononciation de l'e fermé, comme au milieu des mots , mife- re , mufette , fidelle , trifteiïe, &c. 2). Qu'tft-ce que l'e fort ouvert? R. C'cfl: un e qui fe prononce avec une ouverture de bouche plus eonfiJerable. Qiiand il fe trouve dans la dernière fvUabe d'un mot , èc qu'il eft fuivi d'une f , il a ordi- nairement l'accent grave ( ^ ) , comme dans ces mots , après , fuc- 37 R 175 I. ces , progrès , accès , &c. Quand il fe trouve dans la pé- milticmc fyllabe d'un mot, il a or- dinairement l'accent circonflexe ( A ) comme dans conquête , tem- pête , extrême , fuprême , même ," &c. Nous ne croyons pas qu'il foie necelfaire de rapporter un p>lus graiid nombre d'exemples , nous finirons en remarquant que l'Ou- vrage dont il s'agit eft d'une clarté & d'une netteté qui le mettent à la portée de toutes fortes de perfonJ nés. PROLEGOMENA AD NO VI TESTAMENTI GR^CI cdirionem accuratiffimam à vetuftilTimis M (T. denuo procurandam. C*eft-à-dire : Prolégomènes d'une nouvelle Edition du Nouveau Tef' tament Grec cjui fera faite fur les f lus Anciens A^Anufcrits. A Amfterdam, chez les Wefteinôi Smith. 17} o. /»-4°. pp. 201, CE S Prolégomènes , qui peu- vent être regardés comme la Préface de la nouvelle Edition du Nouveau Teftanient Grec qu'on préparc à Amfterdam,font compo- fés de feize Chapitres. L'Auteur y parle des Manufcrits du Nouveau TeftamentGreCjdes Auteurs anciens qui l'ont cité , des verhons qui en ont été faites en différentes Langues des différentes Editions du Texte Grec, de ceux qui ont recueilli les diverfes Leçons des Manufcrits &c des Interprètes des derniers fié- cles. Dans le feiziéme Chapitre l'Auteur explique les règles qu'il a cru devoir îuivre pour le choix en- tre les différentes Leçons qu'il a jrouvées , (bit dans ks Manufcrits , foit dans les anciens Auteurs. Entre les Manufcrits Grecs de la première claffe l'Auteur place d'a- bord celui qu'on nomme commu- nément Alexandrin , parce que Ci- rille - Lucar qui en fie prcfent à Charles L Roi d'Angleterre , l'a- voit porté d'Alexandrie àConftan- tinople , où il le remit à l' Ambaffa- deur d'Angleterre à la Porte. La qualité d'Archevêque donnée à S, Athanafe , & quelques autres ex- prelTions qui fe trouvent dans des pièces qui font jointes au Texte du Nouveau Teftament ont fait juger à plufîeurs Sçavans que ce Manuf- crit eft du fixiéme fîécle ou tout au plus du cinquième. Ainfî on ne doit point s'arrêter à ce que poite jg JOURNAL D rinfcription Arabe, que ce Texte du Nouveau Teftament a été écrit pai Sainte Thecle Martyre. Ilrnan- cjue dans ce Manufcrit pluileurs Chapitres de S. Mathieu , une par- tic de la féconde Epure de S. Paul aux Corinthiens, 5c de la premiè- re Epître de S. Jean. On y trouve fouvent , dit l'Auteur, des Leçons faufleS ic abfurdes. Celui ou celle qui l'a écrit ignoroit abfolument l'orthograpl^ , car elle met très- fouvent \'t pciir 1'" ou V» pour 1'» , & elle a tau de pareilles fautes pour d'autres lettres. Le Manufcrit delà Bibliothèque du Roi qui fe trouve fuivant l'Au- teur au numéro 1905. eft fort fin- gulier. 11 contient diffcrcns Opuf- cules Grecs de S. Ephrem le Syrien, 6c fur les mêmes feuilles , on peut encore lire plufieurs Mcrccaux con- fîderables du Nouveau Teftament Grec éait d'une encre plus blanche, ou plutôt effacée avec une éponge ; mais de manière qu'on peut encore les lire. C'eft M. Boivin qui a fait cette découverte , £c qui l'a com- muniquée au P. Lamy, Auteur de l'Harmonie Evangelique , Se à M. Kufterlorfquc ce dernier donna une nouvelle Edition du Nouveau Te- ftament Grec de M. Mill. Le Tex- te Grec eft beaucoup plus exad dans ce qu'il contient, que celui dont Cyrille - Lucar a fair prefent 3U Roi d'Angleterre. Nous ne fuivrons pas l'Auteur dans le détail dans lequel il entre d'un grand nombre de Manufcrits du Texte Grec , dont il a eu con- jiojffancc , foit par les Livres dans ES SÇAVANS; lefqucls il en eft pirlé , foit de ceux qu'il a vus par lui-même ; ces deux exemples fuffiront pour exciter la curioiué du Led:cur fur une matière fi interefTante & iî digne de l'atten- tion des Sçavans. Apres la defcription des Manuf- crits du Texte Grec du Nouveau Teftament dont l'Auteur a eu con- noiflance , vient un Cjtal gue Chronologique des Auteurs Grecs qui ont cité le Nouveau Teftament. Ce Catalogue eft beaucoup plus étendu par rapport aux Auteurs Grecs qui ont écrit pendant les pre- miers (lécles de l'Eglife, que par rapport à ceux des derniers fiécles. Notre Auteur dit , en parlant d'O- rigcnc ^ que tout ce qu'on a publié contre ce Père &c contre fes fenti- mens , n'a point empêché qu'il ne fût regardé pendant la vie 6c après fa mort, comme celui de tous les Ecrivains Ecclefiaftiques de l'Eglife Gréque qui étoit le plus verfé dans l'EcritureSainte.D'où il conclut que fi on avoit en Grec tous les Ouvra- ges de ce Perc , on en tireroit plus de fecours que de tous les autres Ecrivains Grecs , & que de tous les Manufcrits pour donner une Edi- tion exaéte du Texte Grec du Nou- veau Teftament. Mais les Verfions des Ouvrages d'Origene , ajoute notre Auteur , ont été faites avec tant de négligence, qu'il n'cft pas poffible de diftinguer ce qui eft du Texte d'Origene ou ce qui eft de Ruffin. Toutes les Editions de ce qui rcfte du Texte Grec de cet Auteur lui paroilTcnt avoir été faites avec beaucoup de négligence. Ji efpere J A N V r dilcla nouvelle Edition d'Ori^ene de Dom Charles de la Rue , que le Public attend depuis pluhcurs an- nées , fera ceiïer les plaintes que font les Sçavans fur les Editions prcccdentes. La première verfion qui ait ctc faite du Texte original du Nouveau Tcftamcnt , cft , félon notre Au- teur , l'ancienne Italique , qu'il croit avoir été faite vers le milieu du fécond fiécle ; on ne la connoîc que parles paflagcs qui en font cités par differens Auteurs qui ont écrit avant ou du tcms de S. Jérôme. On croit que c'eit fur cette veriion Irali que qu'ont été faites les anciennes Verilons Anglo-Saxones ^' la Goti- que. L'Auteur parle enfuire des Sçavans de differens fiéclcs qui ont travaillé à rétablir dans fa pureté le Texte de la Vulgate £<. de la Ver- fion d'Erafme faite fur le Texte Grec. Il rapporte à cette occafion des morceaux des Apologies qu'E- rafme fit de cette Verfion. Notre Auteur eft perfuadé que la verfion Coptique a été faite fur un Texte Grec trcs-exaâ: , mais il ne penfe point comme pludeurs Sçavans , qu'elle ait été hite du tems d'Origene. C'eft fur cette Verfion Coptique qu'a été faite la traduftion en Arabe, après que les Sarazins fc furent emparés de l'Egy- pte. Notre Auteur fait moins de cas de la verfion Syriaque que delà Coptique ; aulll n'eft-il pas de l'avis de ceux qui foûtiennent que cette verfion cft des tcms Apoftoliqucs , il n'en fixe l'époque qu'au fixiémc ©u aufeptiéme fiéclc. Des verfions faites fur le Texte Grec , l'Auteur paflc aux différen- tes Editionsdc ce Texte. Lapremic- fc cft celle qui a été publiée à Al- cala de Hennatcs par l'ordre & aux dépens du Cardinal Ximenés. Quelque eftime que la plupart des Ecrivains Catholiques, & plufieurs mêmes d'entre les Proteftans ayent fait paroîtrc pour cette Edition , notre Auteur n'en cft pas fatifait. Il la croit non feulement imparfaite , mais vicicufe ; il reproche aux Editeurs d'Alcala , des négligences qu'il appelle grofficrcs & des omif- fions confiderablcs ; il prétend qu'ils n'ont confulté que des Ma- nufcrits modernes, quoiqu'ils ayent dit qu'ils avoient luivi les plus an- ciens; il leur impute d'avoir chan- gé dans le Grec plulieurs endroits, fans avertir le Leâreur ,■ fans être autorifés par les Manufcrits , & d'avoir accomodè en plufieurs en- droits le Texte Grec à la Vulgatc. Il n'y a point jufqu'aux endroits qu'on regarde comme des fautes d'impredion dans l'Edition d'Alca- la, où l'Auteur ne prétende trouver de raffe(fl-ation. Il ne s'élève pas avec autant de force contre les Edi- tions d'Erafme & de Robert-Etien- ne que contre celle d'Alcala , quoi- qu'il les croye très- défeâ:ueufes. Mais il maltraite beaucoup l'Edi-- tion &la petfonne de Théodore de Beze j qu'il accufe de mauvailc foi. On peut juger par là de ce que notre Auteur penfe des autres Edi- tions du Texte Grec quiontété k- plûpart copiées fur celles dont on' 40 JOURNAL DE vient de parier. Celle de M. Mill qu'il clevc au-dclfusdcs aurjres , ne lui parole pas exempte de défauts confiderablcs. U alïiire qu'il eft échappéà cet Editeur plulleurscho- fes importantes qu'il auroic pu re- marquer dans les Manufcrits , dans les Pères & dans le& anciennes Ver- rons i qu'il Te trouve des contradi- d:ions entre les Leçons que M. Mill a adopté dans les Prolégomènes & les Notes, qu'il a fouvent manqué à citer quels étolent les Ouvrages des Pères qu'il avoir en vue , qu'il fe trouve dans fes Notes une infinité de taulfcs citations, qu'il a fouvent preferélaverfion Italique, à la Le- çon des Manufcrits & des Pères Grecs, même dans les occadons où S. Jérôme & toute l'Eglife Latine ont abandonné l'ancienne Veriîon Italique , & qu'il a quelquefois pré- féré la Leçon que lui fournilToit un Manufcritde peu d'autorité à une Leçon plus authentique. Il s'agit dans le quinzième Cha- pitre de ces Prolégomcnes/des Pro- îeftansqui ont explique le Nouveau Tcftamcnt , l'Auteur ne parle que des plus célèbres , à la tête defquels il met Luther , dont il ne paroît point tort content. Le feiziéme Chapitre contient les règles deCritique que l'Auteur s'cft propofé de fuivre dans la nouvelle Edition qu'il prépare du Texte du Nouveau Teftamcnt. Elles font au nombre de 19. en voici quelques- unes de principales , fur Icfquelles nouslaiffons à nos Let;l:eurs à por- ter lent jugement. Qiiand on ttoHVC différentes Leçons dans les S SÇAVANS; Manufcrits , on n'eft point foûjours obligé de fuivre celle qui a été ado- ptée dans le plus grand nombre des Editions du Texte. On doit accor-i der plus de liberté aux Editeurs , quand il s'agit des accens , de la ponduation ou delà diftindion des verfets qui ne viennent point des Ecrivains Sacrés , que quand il s'a- git des raots.On ne doit ni permettre ni rejettcr trop facilement les cor» redions du Texte fondées fur des conjedures.EntrcdifferentesLeçons il ne tant pas toujours préférer celle qui prelente un fens plus clair ^ ou qui paroît plus conforme aux règles de la Grammaire , parce que les Ecrivains Sacrés fe font quelquefois exprimés d'une manière obfcure,6c qu'ils n'ont point recherché l'exac- titude dans le Langage. La Leçon qui contient une exprelîîon peu ufi- tée, eft ordinairement préférable aux autres Leçons,caril eft ordinai- re à ceux qui copient de fubftituer des mots qu'ils entendent à ceux qu'ils n'entendent point. Entre les différentes leçons qu'on trouve dans les anciens Manufcrits,la préférence eft due à celle qui fe trouve autorifce par les anciennes verllons. Toutes chofes étant égales , la Leçon qui eft autoriféc par les plus anciens Manufcrits & par le plus grand nombre doit être préférée. Voici une des règles de critique que l'Au- teur aura apparemment prévu de- voir lui attirer bien des adverfaires ,' inter ditc.^s variantes LcSliortes^ea ifint maais Oi'thodoxa videtuy , non eft protinus alteri prafcren.iit. Il ap- plique cette règle au fameux paf- fage JANVIER 1751. 41 fage Je S. Jean furie triple [(-moi- tant de Diflertations & dont les gnage. Ce qui pourra faire renaître nouveaux Ariens prétendent tirer la dispute qui a déjà donné lieu à a.vantage. HISTOIRE, DE V ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , année i-ji%. auecles Alémoiresde A^athématiijne & de Phyjîque pourld même année , tirés des Ràgiftres de cette Académie * " ■ ■ •- Phyfqne po A Paris , de l'Im- primerie Royale , 17^0. .'«-4°. pp. 120. pour l'Hiitoire , pp. 430. pour les Mémoires^ Planch. détach. zi. DA N S la partie hiftorique de ce Volume , qui cft le 3i°de- puisi'année 1^99. fe lifcnt 25. arti- cles differcns , après Icfqucls vien- nent 27. Mémoires. Mais comme parmi ces 25. articles hiftoriques , il y en a 15. qui ne font que les Ex- traits d'autant de Mémoires impri- més ici en entier , il s'enfuit que les divers fujcts traités dans ce 5 1^ To- me fe reduifcnt au nombre de 37. Il y en a trois qui appartiennent à la Phyftque générale. Le premier fur ijnelqites expériences de l'Ai>nant eft de M- du Fay , & fe trouve dans l'Hiftoire , ainfi que parmi les Mémoires. On renvoyé entiere- meut .1 ceux-ci les deux autres arti- cles , qui font i. MHiftoin des Tei~ gnes , divifée en 2, Parties , par M. de Reaumiir , 5c 3. le Journal des Ohfcrvatiojis Météorolngiijues de M. Maraldi. Nous rendrons compte ici des deux premiers. I. Après le grand nombre d'ex- périences faites {mV'^Jimant ^ & les difterens Syrtèmes imaginés pour en expliquer les proprietcz mcrveilleufcs ; qui ne croiroit que tout eft dit fur cette matière î Ce- pendant M. du Fay , curieux Obfer- yateur de ces Phénomènes j en a Janvier trouvé un qui lui a paru digne d'une nouvelle attention , par quelques circonflanccs bizarres , & contraires en apparence au Syftème gênerai de l'Aimant , lié d'ailleurs avec celui du monde entier. On fait que la pofition verticale d'une barre de ter fuffit pour l'aimanter. C'eft ce que nous ont appris la croix du Clocher de Chartres , les pelles & les pincettes lailfées pendant l'Eté en pareille (îtuation aux conis des Cheminées, On fait de plus qu'une barre de même métal polée horizon- talement en quelque diredion que ce puilîe être , n'acquiert point la vertu magnétique. Mais ce qu'on ue favoit pas auflî exademcnt que nous l'apprend ici M. du Fay , lê réduit aux expériences fui vantes. Si l'on approche d'une aiguille aimantée parfaitement mobile fur fon pivot , une barre ou tringle de fer non aimantée , enforte que po- fée horizontalement elle faite avec l'aiguille deux angles droits ; celle- ci rcftera immobile. Mais (i l'on bsilfc le bout de la barre ie plus éloigné de l'aiguille , jufqu'à ce que cette barre fait en (îtuation vertica- le ; alors le bout fupcrieurdc cette berre attirera le Nord de l'aiguille , 42 JOURNALDE & Icboutintérieuc cL-vc perpendi- culairement jiifqa'à une diûance convenable de l'aiguille , en attire- ra le Sud. Si l'onchan.^e la fituarion de hbatiequant à- fes extrémitcz , de façon que le bout qui étoit fupé- ricur , deyientie inférieur de réci- proquement , alors le bout devenu fupcrieur, qui auparavant attiroit le Sud , n'attirera plus que le Nord, &c le bout devenu inférieur, qui au- paravant attiroit le Nord , n'attirera plus que le Sud : & ce changement de pôles dans la vertu magnétique , lequel n'efb que l'ouvrage d'un in- ftant , arrivera conftamment & fans aucune variation tout autant de fois qu'on voudra repeter l'expérience. Il faut de plus y obferver cette circonftance , qu'en élevant le bout fupcrieur de la barre , jufqu'à ce que fon milieu fe trouve dans le plan horizontal de l'aiguillCjOn voit toii- jours le Nord de celle - ci s'appro- cher de la barre ; mais que pallé ce milieu , en continuant toujours a la hauffcr )ufqu'à ce que fon bout in- féiinir foit vis-à-vis de l'aiguille ; on s'apperçoit alors que c'eft le Sud de celle-ci qui s'approche de la bar- re dans toute fa moitié inférieure; où il faut remarquer avec l'Acadé- micien, que le milieu de la barre n'cft pas toujours le milieu ou le centre de fa figure , mais que Couvent lorfque celle - ci manque ci'ùniformité , d faudra fubftituer au centre de figure , celui de gravité. Il s'agij prcfentement de découvrir quelle peut être la caufe d'une tranfpolition de pôles aullî fubice & aufll aifée que l'offre ce 5 SÇAVANS, Phénomène magnétique. M. du Fav , dans cette vue, ado* pte en partie l'hypothéfe Cartéfien-- ne fur l'Aimant , laquelle conhfte , comme l'on fçait , à regarder le fct comme un aimant imparfait , &C dont les pores hcrifles de petits poils roides attachés par l'une de leurs extrémitez , mobiles du r^fte ,' 6 fituéf en tous fens, ne prcfentent qu'un palTage allez difficile à la ma- tière magnétique , à moins que celle-ci par la force de fon courant ne s'y fraye un chemin plus libre, en couchant tous ces poils du même fens ; & alors voilà du fer aimanté. A cette propriété des petits poils d'être couchés par l'effort de la ma- tière magnétique, l'ingénieux Aca- démicien ajoute celle de pouvoir tomber par leur propre poids , fans fc détacher pour cela des pirois où ils lont implantés par leur bafe , & fans rien perdre de leur mobilitCo- Ainli , non feulement le cours de la matière magnétique en couchant les p.iils tous du même côté dans une barre fituée verticalement , pourra l'aimanter & lui donner deux poles , mais le feulrenverfc- mcnt de cette barre en procurant la chiite de ces mêmes poils par leur feule pefanteur , lui fera fubitemenc changer fes pôles. C'ell pourtant de quoi M. du' Fay n'ofoit fc promettre toute la réalité que des expériences réitérées & de plus d'une efpece l'ont pour ainfî dire forcé d'y reconnoître. En effet la feule pcrculTîon d'une barre non aimantée & trappée par fon bout inférieur d'une manière capa- J A N V ble de faire tomber en cb as les petits poils en qiieftion, lui a com- muniqué tout à coup la vertu ma- onétiquc, avec fes deux pôles. Mais ce qui paroît bien plus iinguHer , la feule fecoude donnée à la barre de haut en bas & fans aucune per- ■cudîon y a fliit naître la même vcr« tu. Et ce qui femblc mettre le fccau à cette hypothéfe , c'cft qu'il eft arrive précifcment ce qu'avoit pré- vu l'Académicien, fçavoir, qu'en opérant dans cette même barre par ^es fccoulTes alternativement con- traires , & tantôt plus ou tantôt moins viveSjUneconhilion despetits poils qui fe coucheroient en tous fcns , on la dépouilleroit de fon magnétifme &: on la rcduiroit à fa première condition de ter ou d'ai- mant impartait. Il refulte des expériences de M. du Fay que le tourbillon magnéti- que qui enveloppe l'aiguille &c la barre , n'cft point double , comme l'a fuppofc Dcfcanes , mais qu'il ell dirigé dans fa première moitié du Nord au Sud & de haut en bas , & dans la féconde du Sud au Nord & de bas en haut. Les mêmes expé- riences faites iur les pincettes ont foutfcrt quelques variations que l'Académicien n'attribue qu'à cette unique circonflance, que ces pin- cettes étant fouvent chauffées & en- fuite refroidies par leur extrémité inférieure , ont eu fuccefllvement leurs poresélargis, puis rétrécis., & confcquemmcnt leurs poils arran- gés d'un certain fôns & affeimis' dans cette fituatiotî , dont ils ne peuvent plus s'écarter fi facilcmpHC I E R I 75 I. 45 Nous renvoyons au Mémoire même de NL du Fay fur d:v;rfcs autres expériences curieufes&: nou- velles , qui tendent toutes àjuftificc de plus en plus fon hypothéfe des petits poils j qu'il efperc mettre dans un plus grand jour par un fé- cond Mémoire qu'il promet. II. M. ds Re.iumur toujours fé- cond en Obfervitions curieufes , cxaifics & propres à l'éclaircilTe- mcnt de l'Hilfoire naturelle , ne dé- daigne pas d'étendre fes recherches jufqucs fur les inledteslcs plus vils en apparence. Tel eft: cette cfpece de ver connu fous le nom àcleigne^ & par les ravages qu'il fait aux étoffes de laine éc aux pelleteries en les rongeant. Un fujet fi méprifable aux yeux du Vulgaire devient des plus intereffans entre les mains de l'Académicien , qui nonfeulemenc ne laiffe rien à fouhairer pour la dcfcription de l'infcde , dont il nous apprend la naiffance , l'ac- croiffcmcnt, le travail Se lesdiver- fes métamorphofes , mais encore £ ce qui eft beaucoup plus impor- tant ] nous fournit les moyens les plus efficaces pour nous en garantir. C'eft ce qui remplit deux Mémoi- res affez étendus , dont nous allons donner le précis. 1. Parmi les divers genres de' Vers ou Teignes, qui toutes offrc'nt ' des fingubritcz dignes de l'atren- ' tiond'un Naturalifte^ celles dont il s'agit ici naiffent véritablement \ nues, à l'exception de la tete'j-de''''i 1 deux ferres (5c de fix pafes fort voi- fines delà tête, qu'clie^ontcfailleu- fes. Cette nudité les rend' fart foi- Pij 44 JOURNAL DE gneufes de fc fabriquer une forte de vêtement , de l'on peufdire qu'elles en tbnr leur principale occupation. A. peine font-elles éclofcs , qu'elles travaillent à ledonncrun fourreau cylindrique &: proportionné à leur volume. Ce fourreau ne doit pas Être conÊondu avec les coques des Vers à Soycs & des Chenilles , en- voloppes , elofes de toutes parts , oùl'mfccle demeure immobile. Se d'où , après fa métamorphofe , il fort en les perçant ; au lieu que les fourreaux dont nous parlons ont deux ilTuës , que les Teignes ne les quittent jamais , &i les traînent par tout avec elles. Ils font tilTus à l'ex- térieur de poils de laine ou de four- rure , lies enfemble par des filets d'une foye très-fine , &c quiconfcr- vetit les mêmes couleurs qu'ils avoicnt dans les étoffes rongées par les Teignes. L'intérieur de ce four- reau eft i^ris-blanc , & formé d'une foye filée par le Vct , enforte que celui - ci porte un" vêtement fiit d'une étoffe tilfuë de laine dans la plus-grande partie de fon épailîeur, & de foye dans le reftc : efpecc d'étoffe [ obferve l'Académicien ] ^ue nous ne nous fommes pas en- core avifés d'imiter. Les Teignes , ainfi que les Che- nilles, palTent de l'état de V er à ce- lui de Papillons, fous la forme dcf- quels les femelles dépofent les œufs neceffaircsà la propagation de l'ef- pece. Ce font ces Papillons que de- puis le milieu du Printcms jufques vers celui de l'Automne , on voit voltiger fur les meubles. Se aufquels «n a grand foin de donner lachaf- 5 SCAVAN'S; fe. Mais ce qui mérite le plu l'at- tention des Lcdeurs, c'ell le détail circonftancié où entre M. de Reau- mur fur l'artifice merveilleux em- ployé par les Teignes pour la fabri- que de leurs fourreaux i artifice dont la découverte cil; le fruit des Obfervatious les plus alliduës & les- plus variées. Il nous décric donc la maniè- re dont les Teignes s'enveloppent d'abord de leur propre foye-, qu'el- les recouvrent enfuitcd'un tiffudc laine, ce qui compofe le premier canevas de leurs fourreaux : il nous raconte comment elles s'y prennent' pour allonger ce fourreau par les deux bouts, à proportion de leur ac- croiffemcnt & pour l'élargir félonie befoin, ce qui conhfte dans une ma- nœuvre des plus hngutiercs , c'eft- à-dire , à fendre le fourreau en deux endroits diamétralement op- pofés , & dans toute fa longueur , mais à différentes reprifcs , pour y appliquer fucccllivement des pièces de même étoffe , Se d'une longueur proportionnée à celle de la fente ; d'où s'enfuit l'élargi ffement du tuyau d'un bout à l'autre. Il faut pour fe tormer une jufte id^c de" toute cette opération , recourir au Mémoire même de l'Académicien 6 aux figures qu'il a tait graver. Ou y verra auili de quel ex- pédient il s'eff fcrvi pour découvrir fi l'infcifte commençoit la fabrique de fon fourreau par le tiffu de foye pure qui cil l'intérieur, ou par celui de laine mêlée de fove qui cff l'ex- térieur : 5c pour fçavoir là-dclTus à quoi s'en tenir , il a fallu dépouiU JANVI îer la Teigne de fon fourreau , & la forcer de fc vêtir de ncui: , ce qu'elle exécute alors en peu dejours, aalieu que naturellement elle mec pluficurs mois à s'habiller. M. de Reaumur obfervc encore que leS' jeunes Teignes prennent par pré- férence à la laine des étoffes celle des vieux fourreaux- abandonnés , qui leur prcfcntent des matériaux tXDUt préparés , c'eft-à-dire des brins de laine coupés de longueur ou àpeu près. Il remarque de plus la précau- tion avec laquelle les Teignes ont foin de fixer leur fourreau aux en- droits où elles s'ctabliflcnc pour quelque rems; ce qu'elles exécutent en attachant les bouts du fourreau contre l'étoffe par le moyen de plulicurs paquets de fils qu'elles y collent , ce qui [ au fendment de l'Académicien ] indi- que une véritable futfocarion dans' ces infeâcs , caufée par l'obflruc- tion fubitc des trachées qui font" leurs poumons j &: que bouchent les corpufculcs huileux & fubcils , exhalés de la Térébenthine. C'efl à quoi M. de Re.iumur aime mieux attiibucr leur mort qu'à leur an- tipathie pour cette forte d'odeur, quantité d'épreuves lui ayant appris que les Teignes n'ont point d'o- dorat. Après la vapeur de l'huile de TérébenchiFie , nulle autre ne lui a paru plus pernicieufe à ces infectes j que la fumée de Tabac. Uenfeignc à parfumer avec l'une ou l'ancre vapeur les meubles &i. les habits ^j de la manière la plus propre à yfai^ 48 JOURNAL DE re périr cette vermine ou à les en garantir j &; il fpecific en même- tems les moyens de faire perdre promptcmentaux uns & aux autres une odcuc qui les mcttroit hors d'ufaoe. Bien entendu qu'il faudra leur donner un nouveau parhim , non pas chaque année , mais fi-tôt qu'on y verra naître de nouvelles Teignes. L'Académicien , en travaillant •contre celles-ci , a fait des excur- sions contre d-ivers autres infcûes ; &: il a trouvé que ces deux vapeurs ne font pas moins mortelles aux ■Chenilles, aux Mouches, aux Arai- gnées , aux Fourmis, aux Perce- oreilles , aux Punaifes , 6cc. Il fc- ïoit à fouhaiter £ ajoute M. de Reaumur ] qu'elles le fuffent éga- lement à <;et infedc qui ravage les l)leds dans les greniers , 6c qu'on nomme Calandre ou Charanfon. Ccft un fait qu'il n'a pii encore éclaircir , & qu'il fe propofe d'exa- miner dans la fuite. Il termine fon fécond Mémoire par un projet de compenfation en faveur des Teignes , qu'il voudroit eflayer de nous rendre auffi utiles par leur travail , qu'elles font natu - tellement occupées à nous nuire. Il prétend donc que comme on tire de certain Ver la foye , des Abeilles la cire 6cle miel , d'une efpccc de Fourmi aîlée, la Laque : de même on pourroit tirer des excrcmens de nos Teignes des couleurs de routes \£% fortes & de toutes les nuances. Ces excremens colorés ont tout l'éclat des laines dont ils font les produdions , &: ont de plus la pro- S SÇAVANS; prietc de fe lailTcr broyer à l'cail. La nourriture des Teignes deftinées à ce travail, fe pourroit faire à peu de frais. Il n'en coûteroit que des ton~ titres de draps de différentes cou- leurs : & la fécondité de ces infedtes qui fe multiplient prodigieufement allureroit pour chaque année une récolte des plus abondantes,. Les articles d'v^^^row/V font ici au nombre de fept , (ans compter celui des diverfes ObfervMions & les Extraits de deux Ouvrages compo- fés par deux Académiciens. Le pre- mier de ces articles ^ fur la rupture complète on inco^npleie dit tendon d'yichille , eft de M. Petit le Chi- rurgien. Le fécond , fur une hydro- pifie du Péritoine, eft de M. Chomel, Le troidéme , fur le Sac odorant de la Civette , eft de M. Morand. Le quatrième , fur la ftriiElure Aesyeux^ cft le précis du premier Mémoire de M. Petit le Médecin , deftiné à démontrer (jite dans les yeux de l'hmim: t'XJvee ef} plane. Ces quatrç articles paroifTcnt ici dans l'Hiftoire & parmi les Mémoires. Le 5', le é* & le 7^ , abfolument renvoyés à ceux-ci , font , 5°. Un fécond mor- ceau du même M. Petit fur les di- vers moyens de déterminer dans l'oeil Li grandeur des chambres de l'hnmsnraijtteiife. 6". L'Ecrit de M. Alaloet fur une yink^ylofe pnguliere : & 7". les Oblervations de ^L des Landes f jr des vers d'une efpece in- connue jitfcjii'ici. Nous entrerons dans quelque détail fur ces trois dernières Pièces. V. Pour faire avec fucccs l'opéra- tion de la Catarade , on ne f>jau- loit JANVIER 173 I. jEoit connoîtrc avec rrop de jiiftelfe retranchant celle de la cornée. 4:9 ëc de précifion quelle eft la capacité des deux chanibrcs de l'œil deftinécs à contenir riiumeur aqiieufe. C'cft .donc pour mefurcr cxadlemenc cette capacité que M. Périt toujours attentif à pcifedionncr une opéra- tion fi délicate (?c h importante, a imaginé une Machine des plus in- gcnieufes fous le nom à'Ophthalmo- métre. Elle étoit d'autant plus ne- ccllaire, quela dilTedion ordinaire de l'œil ni fa congélation ne peu- vent conduire à cette connoilTance. Par la preniiere , qui procure l'éva- cuation de l'humeur aqueufe , les membranes de l'œil s'atlaiflant d'a- bord perdent leur convexité & leur tenfion. Par la féconde , qui félon fcs divers degrcz de force, caufe dans le volume de l'humeur aqueu- fe des changemcns plus ou moins confiderables, il efl trcs-difhcile de découvrir au jufte la véritable épaif- feur des chambres qui renferment cette humeur. M. Petit a donc eu recours à trois autres moyens , qui à l'aide de fa nouvelle Machine , lui apprennent fûrcmcntrép3illeur de ces chambres & leur foliditc. Le premier de ces movens confi- fle à mefurer l'œil depuis la partie la plus antérieure de la cornceiufqu'à la partie pofteticurc du globe touc auprès du nerf optique , après quoi, en enlevant la cornée , on met à dé- couvert l'Iris de mêwic que la partie antérieure du Cryftallin ; Se alors en mefurant l'œil depuis cette partie intérieure du Cryftallin jufqu'au- près du nerf optique , on trouve TcpailTeur des deux chambres , eo Le fécond moyen efl: de féparer la partie antérieure de l'œil de la partie pofterieure; puis de mefurer l'cpailTeur de la première depuis la p:rtie antérieure de la cornée juf- qu'à la partie pofterieure du cry- ftallin ; après quoi en prenant l'é- paiffeur de celui - ci &: celle de la cornée pour les retrancher de l'é- paifteur trouvée depuis la partie antérieure de cette membrane juf- qu'à la partie pofterieure du cryftal- lin , on a de refte l'épaiiTcur des deux chambres. Le troifiémc movcn fe réduit à connoître, 1°. Le diamètre de la fphére , dont la cornée eft un feg- mcnt , & la corde de ce fegment: 2°. Le diamètre de la fphére dont la partie antérieure du crvftiUin eft un fegment j &: la corde de ce feg- ment; d'où l'on rire par le calcul la folidité des chambres de l'humeue aqueufe, & la quantité de liqueur qu'elles peuvent renfermer. De cette notion générale de ces trois moyens, l'Académicien paflc à un détail plus circonftancié de chacun, ce qui le ménejulqu'à la Géométrie- Il donne d'abord une dcfcription très-exat^e de fon Oph' thalmomctre , &: en explique les ufa- ges par rapport aux découvertes qui doivent en être le truit. Mais com- me tout ce détail ne fauxoitêrre bieii compiis fans le fccours d'un grand nombre de figures que l'Auteur a fait graver dans cette vue, & qui mettent fous les yeux la vérité de fes démonftrations ; nous croyons devoir renvover iur tout cela le» Q yo JOURNAL DES SÇ A VANS; Lcdcur'; cutuux a:i Mémoire me- étantcqale à7. 354. 519. 288. elle" me du fçavanr Acjdcmicien ; & conricnc un t;rain -^ de cette même nous nous bornerons à donner feu- humetir : 3°. Quries deux cham- lement ici les principaux relultats bres en contiennent enfcmble 4. de toutes (es opérations. -^^^ ±^ ^c qui cependant doit 11 a donc trouve par (on premier ? r ■ ^ - 1 j j r 1 1 "^ 1 erre luiet a beaucoup de variations de melurcr lesdeux cham- , jor ■ r les dirrcrences qui le rencon- par les dirrcrences qi: trent dans les convexirez de la cor- née & du cryftallin , dans le bizcai! de cette membrane , dans la lon- gueur des cordes , Si dans l'épaif- fcur des chambres : toutes circon- moyen bres de l'œil , qu'elles ont enfemble une ligne ± d'cpailTeur. Par fon fé- cond moyen de les mefurer , il lui cft venu encore la même épaiiîeur d'une ligne ~i- Qiianc à l'épaifTeur de chaquecliambre en particulier, ftanccs que l'Auteur promet d'exa- il n'cft qucdion pour h dcKrmincr miner dans un Supplément, que de connoître celle de la cbam- VI. Il eft parlé dans le Mémoire brc antérieure , qui étant retranchée de M. Aïaloet d'un mal de jointure derépaiircur totale, laitTera celle de fort flngulier dans fes circonllan- la chambre poflericurc. Or il décou- ces. Un jeune homme de 23. ans vre par le moyen de VOpkthalmomé- avoit depuis plus d'un an la jambe m & du calcul , que l'épaillcur droite tellement pliée, qu'il lui étoit qu'il cherche eft de f^ & ~ de li- impoffible de l'étendre en nulle ma- gne; épaifTeur néanmoins ,. qui eft nicrc. Il reflencoit de lî grande: fulceptible de diftercntcs variations douleurs au genou , qu'il ne pouvoir àcaufc des divcrfes manières donc emprunter pour marcher ni le (z- ic peut faire l'union de la partie in- cours d'une jambe de bois , ni celui terne de la cornée Si de la fcleroti- de deux crofles , ni même celui des que : fur quoi il faut confulter le bandes qui cuftent pu foûtenir fa Mémoire même. jambe, en forte qu'il étoit dans I2 M. Petit cherche cnfuite la foli- necellirc de garder perpétuellement dite de ces chambres , pour conclu- îe la quantité d'humeur aqueufe qu'elles contiennent ; & il trouve , le lit. Des Chirurgiens expérimen- rés, tant de Province que de Paris j confultés fur ce mal , le qualifièrent 1". Qiie la foHdité de la chambre d'^«J^)'/ci/?,& conclurent que l'am- anterieure étant égale à douze li- putation de la cuiffeenétoit lefeul- gnes cubiques -^j- & le poids d'un remède. M. Maloet appelle pour «,,;„ J'„-,. „^^ -1' r J difpofer le malade à cette opcra- grain d eau occupant 1 elpace de 4. • ^ , . ^ ,• 1 . 6 -, , r ■ non , crut devoir commencer par lignes cubiques -, il s enfuit que >■ n ■ 1 ■ r j ° , ,' '". , "'•■ ijui, s inftruire plus particuherement dç cette chambre contient deux grains 1^ maladie. 1^ d'humeur aqueufe : 2". Que la ParVin/pedion de la partie , ^ ioliduc de la chambre pofterieurc par la forte extcnfion qu'il y donna , J A N V I E il reconnut qu'encore que l'extré- mité inférieure du Femnr Se \^ (u- pcrieure du Tihia tiffent appercc- voir quelque léger qonHemenc, la tumeur , quoique prelfce , croit in- dolente ; que la plus vive douleur du malade occupoit prccifément l'endroit du lis^amenc qui attache la rotule au Tiha ; que les chairs étoient exemptes de tumeur, &la jambe notablement exténuée ; que .iargagni , ont fuppofé comme un fait bien confiant, que de ces Sinus qui font au nombre de quatre principaux , le longitudinal fupériciir arrivé au derrière de k tête fur la Tente du Cervelet , fc divifoit en deux autres Sinus, qui^ font les deux latéraux , & qui rcce- voient chacun du premier une éga- le quantité de fang j & que ju'flc- mcnt à l'endroit de cette divifion ou Bifurcation , le 4' Sinus appelle- Torcidar fe dégorgeoit dans le con- fluent des crois ancres Sinus. Mais 54 JOURNAL D M. Garcngeot , i^uidé par M. Morr;agni , a rrouvé que dans la prétendue Bifurcation du Sinus longitudinal fuperieur , le fang, loin de fe partager également dans les deux latéraux , coule , pour fa plus grande partie , dans le Sinus latéral droit , le longitudinal n'ayant proprement de continuité qu'avec celui-ci , pendant que le latéral gauche reçoit principale- ment le fang du Torcularquï ne le verfe que dans .ce dernier , après que celui-ci s'eft féparé du longitu- dinal. Ce qui paroît d'autant plus vrai , qu'il feroit impolTible que le Torcularfe déchargeât dans le con- fluent des trois autres Sinus , où il ES SÇAVANS; rencontrtroit l'obllacle d'une li- queur dont le cours feroit entière- ment oppofé à celui de la fîcnne. A la faite de ces deux Obferva- tionsl'Hiftorien donne l'Extrait de deux Livres qui ont rapporta l'A- natomie. Le premier eft l'Ouvra-^e de M. Helvetiu! intitulé: EcLiircif- fermnt concernant la manieye dont l'air agit fur le Çamr dans les poumons. Le fécond eft le Traité de la TA.lle an haut appareil par Ai. Aiorand. Nous avons rendu com- pte de ces deux Ouvrages dans nos Journaux. Nous renvoyons à un autre Jour- nal les articles de Chimie , de Bota- nique 5cde MathémutiqHe. MEMOIRE POVR SERVIR A DHISTOIRE DES HOMMES Jltujîres dans la Repnblicjite des Littrcs , avec un CatalogHs ratfonné àe leurs Ouvrages. Ta»if A". A Paris , chez Briadon , Libraire , rue S. Jacques , à la Science. 1730. vol, /«-12. pp. 190. pour les chan- gemens , corretflions , &c. & 170. pour les Tables générales , fans compter la Préface. U A N D le Père Niccron a ^^ entrepris l'Ouvrage donc nous annonçons le dixième Volu- me , il s'eft bien attendu que quel- que foin qu'il prît pour le rendre cxad & curieux , il s'y glilfcroit bien des fautes. Mais il a regardé cet inconvénient comme un mal- heur attaché inféparablemcnt à tous les Ouvrages des hommes , & fur toutà ceux d'un genre aulîî va- rié & aulfi étendu que celui qu'il s'étoit propofé ; cet inconvénient ne l'a donc point arrêté , il s'eft contenté d'apporter tous fes foins & ,toute fon attention pour remplir fon dcffjin /bien refolu de profiter des avis & des inftruclions qu'on vouloir bien lui donner , &: de corriger les fautes qu'on lui feroit connoître. Les fautes qu'on peut trouver dans toutes fortes d'Ouvrages font, félon luij de deux efpcçes. Les unes font réelles , les autres ne font qu'i- maginaires. Qt-iant aux fautes qu'il appelle réelles , & qu'il avoiie fe trouver dans fon Livre ^ voici ce qui les a produites &: ce qui les ex- cufe. Qiiclqucfois il s'eft trouvé obligé de fuivre des guides dont il fern- .. JAIN V })loit qu'il ne dcVoit jamaii le déhcr, &: s'eft trompe en les fLuvanr. C'ell ainù qu'il a dit , fur l'autorité de M- BtiliiTj ^ de M. Graverai , & de quelques autres que M. Cotelier avoir été Doiâeut de Sorbonne. Des autorircz Ci confidcrables ne lui lainoicnt pas le moindre doute à ce iujcc ; cependant le fait eft taux. Quelquefois les faits font fi em- barraflcs, &les Auteurs s'accordent fi peu fur le même , qu'il faut avoir recours aux conjectures •, c'eft-à- dire, s'attacher au plus vraifcmbla- ble , qui très - fouvent n'efl: pas le vrai. Que pouvoit - on faire de mieux ? c'ell: à ceux qui ont en main les preuves du fait donc il s'agit , à les faire connoître , le Myftere qu'ils en font clï l'excufe de celui qui les ignore. Les Livres qu'on doit naturelle- ment confulter ne renferment prefque jamais tout ce qu'on y cherche. Les Anecdotes ne fe trou- vent que dans le recoin de quelque Ouvrage où l'on ne s'aviferoit ja- mais de les aller chercher ; le petit nombre deSçavans que le hazard en a infttuit peuvent-ils raifonnable- raent faire un crime de les avoir ignorés, à un Auteur que le même hazard n'a pas favorifé comme eux? ne doivent-ils pas plutôt lui fça voir gré d'une infinité de chofes qu'ils ignoroient , & qu'il leur apprend, que de mcprifer fon travail pour ne leur avoir pas répété une baga- îelle qu'ils fçaventî Au filence des Livres qu'on con- fulte , fi l'on ajoute la rareté de ceux qu'on f<^ait devoir confulter > I E R\ 1730. 5J mais qu'on ne trouve point & dont on cft oblige de fe palier, on aura encore une féconde fource d'erreur Se d'omillion. Qiiclquefois l'inat- tention inévitable en certains mo- menslaifTegliircr dans un Ouvrage des fautes dont l'Auteur mêmeeft plus furpris que fes Le(51:eurs , lorf- qu'il les voit imprimées ■■, enfin les fautes d'impreflîon qui échappent aux yeux du Gorrefteur le plus exad , le plus attentif & fouvent le plus interefic. à la réputation d'un Livre , contribuent infiniment aux erreurs qui s'y trouvent. On a relevé quelques-unes de ces fautes , & le Pcre Niccron en a lui- même apperçû d'autres , comme on le peut voir par ce Volume qui n'efl autre chofe qu'un afiemblage des- changemens , des corredtions & des additions à faire à ceux qui l'ont précédé. On auroit pu , dit-il , avec autant de modeftie que de vérité , en découvrir un plus grand nom- bre , on lui a même communiqué depuis qu'il eft imprimé quelques Mem-Oires dont il n'a pu faire ufa- ge , parce qu'ils font venus trop tard ; mais ils ne feront pas perdus pour cela , puifque notre Auteur fc propofe de donner dans la fuite une féconde Partie de ce dixiém.c Volu- me , qui contiendra de nouvelles additions 5c de nouvelles correc- tions. Il en ufera ainfi^ dit-il , pour ne point confondre les articles compris dans les dix premiers Volu- mes , avec ceux des Volumes fui- vans, dont le premier paroîtra dans le mois d'Avril prochain, & les autres régulièrement de trois mois S6 JOURNAL D en trois mois, à ce que promet le Libraire. Apres avoir expofé les fourccs des d.'tauts réels que le P. Niccron avoiie fc rencontrer dins fes Mé- moires , & que ce Volume eft de- ftinéà corriger, il palTe à ceux qu'il a appelle imagin.iircs-, c'eft-à-dire , qui ne font fondés que fur les idées particulières de quelques perfonnes. Il ne répète point ici ce qu'il a dit à ce fujet dans les Préfaces des Vo- lumes préccdens ^ il fe borne à ce qu'*on a repris depuis, & dont con- fequcmmcnt il n'a pu encore parler. Quelques-uns lui ont fait fçavoir qu'ils auroient fouhaité trouver dans fes Mémoires les Vies des Sça- vans avec toutes les particularitez & toutes les circonftances qui les accompagnent dans les fources d'où il les a tirées. Le P. Niccron leur répond qu'ils n'ont pas fait at- tention que ce feroit s'éloigner de fon defTcin , qu'il faudroit quelque- fois un Volume entier pour une feule Vie ; que la plupart des Vies originales dont il fc fert font rem- plies de mille chofes inutiles , pour faire connoître ceux dont il parle comme Sçavans & comme Au- teurs , & qu'enfin ceux qui en veu- lent fçavoir plus qu'il n'en dit n'ont qu'à confulter les fourccs qu'il a foin dindiquer à la fin de chaque arti- cle. D'autres auroient voulu que no- tre Auteur eut marqué à chaque Ouvrage le nom du Libraire qui l'a imprimé , il leur répond qu'outre que cela auroit alongé confîdcra- ]blemcntlcs articles j fuiîout lorf- ES SÇAVANS, qu'il y a plulieurs Editions , ç'au»- roit été une chofe inutile à l'égard. de plufieurs Livres , & impoOîblp par rapport à un grand nombre d'autres j il a cependant eu foin de le marquer , i°. Lorfque le nom du Libraire donne un mérite au Livre donf il parle, i". Lorfque certaines Editions meilleures 5c plus rccherchccs que les autres fonp diftinguées communément par là. Quelques perfonnes ont trouve à redire que le P. Niceron fe foit borné aux Sçavans qui ont publié des Ouvrages , & ont voulu lui per- fuader de parler aullî de ceux qui fe font diiliingués dans leur Profelîion, fans rien donner au Public , comme des Avocats, des Médecins , &:c. Notre Auteur avoiie que ces Grands Hommes méritent fouvcnt plus que bien d'autres qu'on falTc palier leur nom à la pofterité en écrivant leur Vie i mais il ajoute à cet aveu que f^{,n projet eft déjà aflez étendu fans l'étendre encore davantage , & qu'il laide ce foin à d'autres. De tout cela , notre Auteur en conclud qu'il ne changera rien à fon premier deffein , qu'il le conti- nuera comme il l'a commencé, & qu'il apportera feulement tous fes foins pour rendre fon Ouvrige plus parfait , Sc pour éviter les fau- tes réelles quel'onareprifesdans les premiers Volumes. >•> Le Public s'eft » apperçià fans peine , continuc-t-il, » que mon exaélitudc s'eft augmen- »■) tce à mefure que j'ai avancé dans n mon travail , &c j'efpere qu'elle » s'augmentera encore dans la fuite. 11 ne nous lefte plus qu'à dire quelque J A N V ÈjUeîquc chofe des Tables ajoutées ,à ce clixitnie Volume. On y trouve d'abord une Table crcnerale & alphabétique des matiè- res qui ont été traitées par les Au- teurs contenus dans les dix pre- miers Volumes de ces Mémoires. Elle n'a rien de particulier que fon abondance, elle contient izj. pa- ges. 1ER 173 t; 5*7 On trouve enfuïte une Table de ces mêmes Auteurs rangée aufli pat ordre alphabétique. Entin la Table Nécrologique termine le Volume. Comme elle efl: par ordre de date , ceux quiauroient voulu que le Père Niceron eut aflcrvi fon travail à l'ordre des tcms n'ont qu'à lire les articles comme cette Table les leuc indique. JSIOVFELLES LITTERAIRES ITALIE De Rome. DO M Pierre Toliâori a publié en Latin la Vie du Pape dé- nient XI. imprimée en un grand Volume in - folio , à Vybin , aux dépens du Cardinal yilbiini. On regarde cet Ouvrage plutôt com- me un Panégyrique que comme une Hiftoire : mais on parle d'une autre Vie du même Pape écrite en François , & qui doit être bien-tôt fous Prclfe. On afTure que l'Auteur cju'on ne nomme pas encore, tra- vaille à cette Hil^oire fur les Mé- moires du Cardinal Albani , & que les faits y leront exadiement rapportés. Rojfi a donné au Public un Ou- vrage Pofthume de Jean - Pierre Beliori, en un Volume in-folio , fous ie titre ^" Annota\iom fofra i . XII. Cefari di Enea Vico , avec une fça- vantc Préface compofée par l'Abbé Vahft. L- Abbé Pafcoli, à l'imitation du ^Ativier. V.ifari ^ fait imprimer les Vies des Pemtrcs Italiens qui ont vécu dans le fiécle paffé & au commencement de celui-ci. M. le Cardinal ^ï/V/»;, nou- veau Bibliothécaire du Vatican , fonge , dit-on , à procurer une Edi- tion des Ouvr.iges de S. Ephrem , augmentée de divers Traitez qui n'ont point encore vu le jour. On ajoute que ce (çavant Cardinal a en viië dercn.lre fon rom rccomman- dable , en publiant divers Ouvra- ges impoitans , dont le Porte qu'il occupe le met en état d'enrichir la Republique des Lettres. L'Abbé Fmncefco - M^^iriani ,' Chapeliain de S. Pierre 'k Ecrivain de la Bibliothèque Varicane en Langue Gréque , a dc-nc depuis peu Brève 7\(j)tiz.ia délie Aruicbtta dt f^iterbn. in-4''. Cet Ecrit cft une efpcce d'Apologie A'Anniiis de Vi- terbe , ou une rcponfe à un endroit de la fçavante Dilicrtation du P. Beretti Bénédictin fur la Geogf.iphie de l'Italie dit moyen âge , inlerée dans le XT Tome du Recueil ds H j8 JOURNAL DE M. Mnratvri , ians nom d'Aiiceiir. Ce P. y avoic crirïqué M.Aïanani , au fiijet de l'Ouvra^^c publié p^r celui-ci en 1728. fous ce titre : De Etrnaa Me'ropoH , (S:c. dans lequel il s'étoitfervi de l'autorité d'î-^»- nius pour prouver l'Antiquité de la Vilk de ync;h Nous avons déjà parlé de ccrte difputc Littéraire dans uoi Nouvelles Je l'année paf- fcc. Après les Ecrits qui ont paru au fujet de h découverte du Corps de S. Auguftin dans l'Eglife de S. Pier- re de Pavie, 3c les Procédures Ju- diciaires faites pour conlUter la vé- rité de cette découverte , fur tout après la Bulle de Benou XIII. qui la confirme , on auroit du s'atten-dre à voir cette affaire entièrement ter- minée. Il fe trouve cependant en- core des incrédules & des contra- didlcurs. Cette découverte efl: de nouveau révoquée en doute , ou plutôt on veut en démontrer la fauffeté dans un Livre imprimé de- puis peu fous le titre de : Motivi di credere tuta vietafcofoenoi^ ifcopeno l' Anno itf'î5. il Sacro Corpo di S. jiioflino. Cet Ouvrage , à ce qu'on aflure , eft bien écrit , mais on y ménage peu feu M- Fontanini, qui'i en 1718. fit inaprimer une Differta- tion pour prouver la vérité de la dc'- couvertc. De Florence, Quelques perfonnes deconfidc- ration de cette Ville ont fait entre elles une Société pour faire graver la Galletic du Grand Duc, Le S SÇAVANS; jiTcmier Volume de ce be.iu Re* cueil doit paroître bien-rôr avec de curieules explications de M. Gm connu déjà par des Ouvrages donc le Public a paru co;;tent. Il pirûî: ici une nouvelle Edi- tion du Ripijo di R.iphaelo Borahl- ni , a-j-quel on a ajouté plufieuîs fi- gures. C'efî un Dialogue très - bien écrit fur la Peinrurc & la Sculpture. L'.^teur y enfeigne tout ce c«i concerne l'Invention , la difpoll- tion , le choix des attitudes , le dîf- fein & le coloris. Cet Ouvrage eft fort eftimé en Italie. On réimprime aulVi Le Opère del Menz.ini ,S>i le premier Tome in-^°, cft dé)a en vente. On imprime à part les Pocfies de cet Auteur dans un Volume in-%°. Le P. Grandi Profefleur dan? l'Univeriité de Ptfe , a publié a Faefiza, fous un nom emprunté^ un nouvel Ouvrage , concernant la difpute qu'il a depuis quelques an-l nées avec M. Tannuci ^ ProfelTeur en Droit dans la même Univcrfité,' fur les famcufes Pandectes Florenti- nes. 11 cft intitulé : Nova DifamiKd délia Storia délie Pandette Fiorenti-^ ne. in-'4''. Le P. Grandi y prouve ce qu'il avoit avancé dans fes Ecrits préccdens, que l'ufage des Pandec- tes fubfiftoit un fiécle avant l'Epo- que de leur prétendu recouvrement à Amalfi , & que Lanfranc les ia- terpretoit publiquement à Boulogne en 125 i. On reproche feulement à l'Auteur d'avoir trop n-.iltraité fon advcrfaire , & de s'être donné à luir même des loiiangcs cxceiïïyeSv J A N V I E î?. I 7 î I.' S9 DeVenise. DeMiian. ^avaritta & aurres Libraires tra- vaillent fans relâche à l'imprcllion (des divers Ouvrages im|)orcans dont nous avons plulieurs fois an- iioncé rEditioa^ comme de l'/://- ^ûire BiTjinùne ^ du Commentaire du P. Calmet traduit en Latin , des Conciles du P. iMe , de rHiaoi- fe Eccleliaftique du P. j^Iexandrâ ^ &CC. On allure que ces Editions fe- ront fuivies de celle de tous les Ouvrages de ^.«.' - Efpen 5«: des deux grarvds Recueils des Antiqui- tcz Gréques & Romaines de Ç'A- vtKS Se de GronovÏHs. De Vérone. La nouvelle Edition des Ouvra- ges de S Hilaire par les PP. Bene- didins de S. Maur, qui paroît ici depuis peUjCft d'une grande beauté. Elle eft de plus recommandable par quelques rragmens de ce Père de l'Eglife, qui n'avoient pas encore été imprimés , & par un grand nombre de f^ariantes , dont on eft redevable aux fçavantcs &: pénibles recherches de rilluftrc Marquis JMtijfei , lequel s'eft fcrvi avec (uc- cès de divers Manufcrits cnnfervés dans les Archives de la Cathédrale de cette Ville. Il s'eft fait ici une Edition de ia traduition Italienne du Paradis Perdu de Milton ^ par M. Antoine RoUij fur l'Edition de Londres, Voici le titre d'un Ouvrage cu- rieux Cv)inpofé en Latin par L' célè- bre P. 0^77 Dominicain ,& qui a été imprimé l'année d^-rnicie en cette Ville : Di/Jerra'io Hilhrica ;../; -jf. UndittirCathotteAm Ecclefiam tnbut pyi9'ibu! facitlis Capitaliitm C'-imi" rinrn Rois p.îcjm & alfoluti mem nemicjuiim dcmgajfe , (^ p!uris alia ir.cidcntes ^juxftiones nd eommdcm tempo7-Hm Chromloq^iam Ecde/itifli- c.tm per:ine}i'.es cjuibiifdam digrejjte- vihtts data gperâ cxaminAn'iir. yiu- ilore R P. L, F. 7ofepljo-^u{rnfiina Orsi, O'-dinis Pradicatornm. Afud ^'ifeph Riehiam Mdateflam, Jyjo. m - 4^ De g e n e V Eo Enfin Fabri ^ Barillet ont achè- ve d'imprimer & ont mis en vente V Hifio.re de (jinev; pa^ M Spon , rcftifiée & augmentée par d'amples Notes , avc£ les A(^es & auties Pièces fcrvant de preuves à cette Hiftoirc. 1750. ;»-4'. 2. vol Nous ne manquerons pas d'en rendre compte, dès qu'elle nous fera par- venue. Bottpjnet débite Traité delà Ve- nté de la R.'liq^ion Chrétienne ^ tiré du Latin de \\.?. A'phonfe Turre- tin , ProfelTeur en Théologie & ca Hiftoire Ecclefiallique à Genève. Seft. I.& 11.^? la mcefi:é& des C4- raSleres de la Révélation. 1750. ;»-8°. Ce premier morceau doit être fuivi d'un autre du même genre , aufli Hij 6o -JOURNAL D tiré des DiÎTerurions Latines du même Auteur , fur la Vérité de la Religion ^ndaijHc. ANGLETERRE. De Londres. On doit imprimer ici par Souf- cription , un Recueil de Lettres du Chevalier Thomas Roi , Ambaffa- deur des Rois Jasants I. 8i Charles I. en Turquie , en Allemagne , en Pologne , eii Suéde de en Danue- marck. Ce Recueil confiftcra en 5 Volumes in-fol. dont on ne tirera que 500. exemplaires en petit pa- pier , & 50. feulement en grand papier. Les premiers coûteront aux Soufcripteurs cjuaire livres &: demie j}e>-!i>is , & les féconds /fpf guinées Se demie. La moitié fe payera en foufcrivant &: le refte en recevant l'exemplaire. Ceu>: qui ont vu le Recueil en Manufcrit, prétendent qu'il contient bien des chofes intc- relTantes par rapporta l'Hiftoire de cetems-U, depuis 1^10. jufqu'en DES PAYS-BAS, De Bruxelles. Jean Léonard , Libraire de cette Ville , a entrepris d'imprimer aufli par Soufcription Les Mémoires de Meffire Michel de Castelnau, Siigneur de Mauvijjiere. illujlre's &' augmentés de phijïeurs Commentaires 6 Manttfcrits ^ tant Lettres , /«- fimUions , Tr-titez. , <]n'(tuires Picces ES SÇAVANS, Secrettes & eaginales , fervant "< donner lu vè-^ité de l'Hiftoire des Be- gnes de François IL Charles IX, ^ Henri lll. & de U Régence & d,i Gonverncvient de Catherine de Mè- dicis. Avec les Eloges des Rois , Reines , Princes & autres perfonnes Illiiflres de l'une & de Vmtre Reli- gion joKS ces trois Rignes. UHiftoi- re Généalogique de la Maifon de Caftelnau , & les Généalogies de ■pUifteurs Mjijons llliift-es , alliées à celle de Caftelnau ^ farf. le La- boureur , Conseiller & Aum»nief du Roi , Prieur de Juvigné. Nou- velle Edition, revue avec foin ^ & augmentée de plufteurs Manuf- crits , avec près de 400. Armoiries , gravées en taille-douce , &c. in-fol. 3. vol. Les Soufcripteurs payeront 27. florins pour le petit papier , Sc 3 6. pour le grand. Ils coûteront un tiers de plus à ceux qui n'auront pas foufcric. FRANCE. De Strasbourg." M. Schoelpfiin, ProfefTeur d'Elo- quence &: d'Hiftoire dans l'Univer* fitéde cette Ville , de l'Académie Royale des Infcriptions Se Belles- Lettres de Paris , & de la Société Royale de Londres , vient de met- tre au jour, chez Dulffecker, un nouvel Ouvrage Latin , digne de lacuriofité du Public , fur l'ancien Royaume de Bourgogne. Il cil: in- titulé : Dijfertatie Hijlorica de Etir- gitndià Cis & Transjurana. 17 ^i in-/^°. Cotte DilTertation cft feule- J A N V ï ment diviTéc en trois Chapitres , dans le premier dcfquels 1 Auteur îraite de la Bourgogne fous fes pre- miers Rois. Il en parle dans le fé- cond comme fai&nc partie du Royaume de France fous nos Rois de la première Rjte. II rcprefente dans letroifiéme_r£tat & les Limi- tes de la Bourgogne Cis & Tranf- jurane fous Charlcmagnc & fa po- âerité» Paris. La Compagnie des Libraires dé- livre aux Soufcripteurs les Tomes VIlI. & X. des Mémoires de l'Aca- mie Royale des Sciences , depuis iSdg.JKfi^n'À i6^S). 1750. i«-4''. On trouve chez Guillaume D^- vid^ rue du Hurpoix^ à l'Elpcrance, Jacques CloHz.icr ^ rue S. Jacques , à l'Ecu de France , Jean de Nnlly , Grand'Salle du Palais , à l'Ecu de France , Nouvelle traduUion du Li- vre linique des Lettres de Ciceron a ja.^. BnttHS , avec des Remarques Hiftoriques &C Critiques. Dédiée à Monfcigncur le Dauphin , par M. de L Aval ^ 173 1. in-ix. 2. vol. Cette Tradudion eft précédée d'une Préface Hiftorique , dans la- quelle M. V Ahhc de Laval donne un précis des principales affaires dont il cft qucftion dans les Lettres refpe6lives de Ciceron Se de Brutus , lefquelles ren- ferment une partie des Evcnemens qui font arrivés depuis la mort de J. Céfar jufqu'à l'éleAion d'Oc- tave à fon premier Confulat. Vérltez,âe foi & de morale ptar tons les Etats, tirées des feules paroles de E R, I 7 3 ï; Ct l'ancien & du Nouvsau Teftamenr, chez Jacques Vincent , rue 6c vis- à-vis l'Egliic S. Scverin.iyjî. /«-12, Reflexw/is F 0 iniques de Baltafar Gracian fur les plus grands Princes , ér particulièrement fur Ferdi- nand le Catholique. Ouvra p-e tra- duit de l'Efpagnol avec des Notes Hiftoriques & Critiques. Chez Barthélémy Alix ^ rue S. Jacques,' près la Fontaine S, Sevcriu ^ au Griffon. 1730. /«-i 2. £loge de la Médecine & de la Chirurgie. Défenfc de la Médecine contre les Calomnies de Monta- gne , en tormc de Dialogue ,, par le "ii'itwxBeevervvyl^^ Médecin, Eche- vinde la Ville de Dordrecht , en FloUande , traduit du HoUandois , par Madame de Zoutelandt , à prc- lent l:cmnie du Sieur Botffon ^ Ingé- nieur du Roi. Chez la Veuve Re-. ^/.j^', rucDauphine, 1730. in-\i. Tome premier. Lettres de la tns-fameufe Demoi' file Anne-Marie Schurmans , Académicienne de la fameufe Uni- verhté d'Utrecht,traduites du Hol- landois par la même M' de ZoutC' . landt. Chez la même Veuve Rebuf- fé. Tome fécond. Entretiens Noiïuntes de AiercH= re & de la Renommée , mt Jardin des Thuilleries , par Madame de Go- més. Chez Saugrain & Prault^ Quai de Gêvres. i73i.iK-i2. Il paroît chez le même Frank ^ Quai de Gêvres , un Ouvrage Allé- gorique fur plulieurs Sujets diffc- rens , comme de Religion , de Mo- rale , de Politique , de Commerces &c. Il a pour titre : La Décenverte 6i JOURNAL DE de l'Empire de Cantahar. 1730. in - 12- RolUn fils , Qi'.ai des Autruftins , à S. Arhanafe, a imprimé La Bi- bliothèque ds P/é es Latins & FrAtiçois. Ouvrage , annonce le ti- tre , aiiilî utile pour former le cœur iju'agtcable pour orner l'efprit , 1-75 1. in ~ 12. Cette Bibliothèque n'eft autre chofe qu'un Recueil des plus belles pcnfées des Poètes La- tins & François fur toutes fortes de matières rangées par ordre alphabé- tique. La Veuve Guillaume , Qiiai des Auguftins , au Nom de Jefus , & Charles Guillaume , rue du Hur- poix , du côté du Pont S. Michel , à S. Charles , ont en vente Les ^vantures d" Arides & de Télajïe ^ Hiftoire Galante Se Hcroïque.17 ^ i . in-ii. u vol. Ce Roman eft de S SÇAVANS; M. du Ca/ire d'Auvigny , jeune Auteur , fous le nom duquel ii a. déjà paru quelques Pièces qui ont ctédu goûr du Public. On répand ici un Avis imprimé conçu en ces termes : » On vient de *• faire à Londres une no'ivellc » Edition du Poëme de la Henriade nàs M. DE Voltaire , qui a été » imprimée d'après un nouveau n Manufcrit de l'Auteur , qui vient nàc mettre la dernière main à cet n Ouvrage , & n'en donnera plus » d'Edition au Public. Elle contient «des Additions très - fin^ulieres , »avec une Piéhce Hiftoriquc & «Critique, & des Notes curieufes. n II en eft arrivé quelques exeni- » plaires à Paris qu'on trouvera » chez Jo[fe le fils , rue S. Jacques. » On vend ce Poème ceat fols jj broché en papier marbré. TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Janvier 1 7 5 i. LE S Monumens de la Af anarchie Fratiçoife , <]Hi comprennent l'/Jijfoire de F''ance , avec les Figures de chaque Règne , que l'injni'e des tems a épargnés. Par le R. P. Dom Bernard de Moncfaucon , Reli~ gieHX Bcnedi6lin de la Congrégation de Saint Mattr , pag. j panégyrique de S. Anguftin , Evêque d'Hippone , prêché dans l'Eglife des Grands Auguflins je i'&. yîouft 17 30. Par M. I'j4hbé Seguy , 7 Continuation des Mémoires de Littérature & d'HiJîoire. Tome IX^ Tante î. it Recueil des Edits , Déclarations , & Reglemens qui font propres & par- ticuliers au ParUfr.ent de Flandres , &c. 2 s Parallèle des différentes manières de tirer la pierre hors de lit veffîe. Par Henry-François le Dran , &c. t,6 Principes Généraux & raifonnés de la Grammaire Françoife , par Demandes & par Réponfes ^ 5cc. 34 Prolégomènes d'une nouvelle Edition dit Nouveau Teftament Çrec , &:c. 57 Hifioire de î'Acaâemie Royale des Sciences , année lyzS. avec les Aie' moires de Alathémati^ue & de Phyjique ptur la même année. Sic. 4I1 'Mémoires pour fervir à l'JJifitire des HommtS JUufir;s , dans la Ré- publique des Lettres y Sct, Tome XI IL 54 Nouvelles Littéraires , ' iS? L E JOURNAL se A VANS, FOUR L'ANN E' E M. DCC, XX X L FE V RI E R. A PARIS, CLez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Aiiguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. X X X I. AVEC AP FRQBATIOJS ET F KIV ILEG E DU KQY. L E JOURNAL DES XXXL mtr ^t> <«• «l^ li»' f "^ "^ "^ *^ "^ *<^ ■<#* *^ "«^ ^^ "^ x^ X»* •«•I HISTOIRE ANCIENNE DES EÇYPTIENS , des Canha^irois , des AJfyriiHs , des Babyloniens , des Médes ér des Perfes , des Macédoniens^ des Grecs. Par M. \\o\\'m ^ ancien ReElear de l'UniverJitc de Taris ^ Profeffenr d'Eloquence au Colleire Royiû , ?$* AJJecié à l'Académie Royale des Infcnptions & Belles - Lettres. Tome II. A Paris , chez Jacques Efticnne , Libraire , rue Saini Jacques, à la Vcrcu. 173Q. ;'«-ii. pp. ^z8. lij €Z JOURNAL DES SÇAVANS, CE fécond Volume a fuivi le premier de fort près ; & en voilà deux en moins d'une .innte. On ne peut remplir f:s cngaç;emens avec plus de diligence -, Se M. Roi- lin mérite qu'on lui en tienne d'au- tant plus de compte , que l'Ouvta- gc n'en a fouftert ni pour le tonds , ni pour la forme. C'cft toujours même abondance de taits intei-ef- fans & infttudifs : toujours même ordre, même cxaditude & même clarté dans la manière de nous les cxpofer : toujours même folidké dans les réflexions Se même julleffe dans les confequences. A l'ancienne Hiiloirc des Egyptiens Se des Car- thaginois , que rentermc le sremicr Tome , il tait fucccder, dans celui- ci , celle des Allyriens Se des Baby- loniens , celle des Médes avec les commcnccmens de celle des Pcrfes, des Macédoniens Se des Grecs : Se c'eft le fu)Ct de trois Livres ; qui font le III. le IV. & le V= de tout l'Ouvrage. Tous ces peuples fa- meux de l'Antiquité lui préfentent une foule de grands évencmens , dont il puife une partie des plus eonlîdcrables dans les Livres Saints, par la liaifon intime de l'Hiflioirc de ces Nations Orientales avec cel- le des Juifs. Il entre donc d'abord en matière , fans autre préambule , qu'un avertiiremcnt très-court ^ qui roule feulement fur ces deux points: l'un , qu'il redonne ici , Se dans les mêmes termes , divers morceaux d'Hiftoire , qu'il avoir déjà publiés dans le IIF Tome de fa manière ri &iljuftifie ces répétitions par des raifons très-phufibles : l'au- tre , que quelque honorable que lui paroi (Te le reproche qu'on lui a fait dans le Journal des Sçavans de- Paris , d'avoir exclu de fon plan hiftorique l'Hiftoire Romaine ; il ne peut changer de refolution pour ce regard , &: il en allègue plufieurs- caufes dont nous lai'Ions le juge- ment au Public. Livre m. Il paroît à la tête du III' Livre , après une divifion géné- rale du Volume Se quelques refle- xions fur la variété des gouverne- mcns , une dcicription Géographi- que & Sommaire de l'Aiie, le prin- cipal Théâtre des grandes révolu- tions dont on doit entretenir le Lecleur. Enfuiteon entame le récit hifcorique partagéen4. Chapitres, pour l'Hiltoire Airvricnnc , la Ba- bylonienne , celle des Médes Se li Lydienne. Sur les divers Syftèmcs imagines- pour l'éclaircilTement de l'Hiftoire Aflyricrine , fi incertaine 6^' lî brouillée ; l'Auteur renvoyé aux ^ilTertations de MM. l'Abbé B.t- nier Se Frèret^ publiées dans les Mé- moires de l'Académie des Belles- Lettres Se à celles du ^ .Toiirnemme ^ imprimées dans l'Edition nouvelle de Âienoch'ms. M. Rollin , fur quelques conicdutes qui lui paroif- fent vraifemblables , croit pouvoir donner ici Nemrod pour Fondateur du premier Empire des Alîyriens, «ju'il fait fublifter avec plus ou moins d'éclat & d'étendue pendant plus de 1450. ans , depuis ce pre- mier Roi jufqu'à Sardanapalej c'eft- FE V R I E à-dire, depuis l'an du monde i Sco. jiifqu'à 3257- DcNemrod oui, fé- lon lui , efl: le même que Belits , & qui fonda Babylonc & Ninive , il palfe à Nmas , fils de ce Prince , puis à Semiramis femme de Ninus, & à fon fils Ninyas , fuivi de Phui &deSard.mapale. L'article de Sé- miiamis cft le plus étendu , par la defcription d,!raiUéc où entre l'Au- teur, au fujct des fomprucux Edifi- ces conltruits à Babylone par cette Princclle , &c fur quoi il ne fait prefque (dit-il ) que copier M. Pri- àean.v. Cette Dcicription concerne les murailles de cette grande VUle, fcs Qiiais & fon Pont , fon Lac , fes Digues , fcs Canaux pour la dé- charge du Fleuve j fcs Palais , fes Jardins fufpendus , & le Temple de Bel , donc les richelTes furpaf- foient il valeur de i2o. millions , fi.iivant le calcul de notre Auteur. Il vient enfuitc au fécond Em- pire des AtTvriens , tant de Nmivc que de Babylone , dont il pallc en levûcles principaux Rois, tels que Bclefis , autrement appelle Baladan ou NabonalTar , fon fils Merodach , Thégiath-Phalafar , Salmanafar , Sennacherib, Afarhaddon , Saof- duchin , ou Nabucodonofor I. Chynaladan , fous lequel Ninive futprife & détruite par les Babylo- niens & les Médes v Nabopolanfar , Nabucodonofor IL Evilmérodac , NériglilTor , Laborofoarchod , & Labynit ou Nabonid , qui eft le Bdltafar de l'Ecriture , & fous qui Babylone fut prife par Cyrus Roi de Perfe. Dans le Chapicrc fuivant ^ il cfl R. I 7 3 T. Cp queftion du Royaume des Médes , établi d'abord par Arbace après fa révolte contre Sardanapale , mais qui , félon Hérodote , ne prit vc- véritablement la forme de Monar- cliic que 37. ans après fous Déjoce. Celai - ci bâtit Ecbatanc , & eut pour fucceffeur fon fils Plnaorte ou Aphraartc , qui , félon notre Au- teur , eft VArohaxad du Livre de Judith , vaincu & rué pat Nabu- codonofor I. Cyaxare I. fils &C fuccelleur de Phtaorte , rétablit les affaires des Médes , aRiégca deux fois Ninive , la prit enfin , aidé du fecours de Nabopolafiar Roi de Babylone , après l'irruption des Scythes dans la haute Afie. Il lailTa l'Empire de Medie à fon fils Aftyage , père de Cyaxare II. ou DArius-Medus [ fuivant l'Ecriture ] Hc grand père de Cyrus- M. RoUin parcourt après cela les principaux Rois de Lydie , s'atta- chant plus particulièrement à Candaule , Gyges , Alyatte & fut tout à Créfus dont il fait contem- porain non feulcçnent Efope , mais encore Solon ; quoiqu'il avoLie, que dès le tems de Plutarque , quelques Sçavans trouvoiert cette entrevue peu d'accord avec les dates Chrono- logiques. L'Hiftoire de Crcfus con- duit de plain pied notre Auteur à celle de l'Empire des Perfes fondé par Cvrus , laquelle occupe tout lô IV= Livre. Livre IF. L'Hiftoire de Cyrus , qui fait une partie confiderable de ce Volume , eft écrite conformé- ment à ce qu'en raconte Xénophon dans fa Cyrepédie ^ où cet Hiftorieji' 70 JOURNALDESSÇAVANS, fcmble beaucoup plus digne de foi qu'Hérodote à M. RoUin , qui conrentc de rapporter fommairc- mcnc les variations de ce dernier. Entre divcrfes raifons qu'il allègue pour juftificr cette prétcrence , il fait valoir fur tout la contormitcdu rccit de Xénophon avec l'Ecriture Sainte, & renvoyé furcc point à la Diflertation de M. l'Abbé Banier ^ imprimée dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres, & dont nous avons donné l'Extrait dans un de nos Journaux. M. Rollin prend d'abord Cyrus ^ès fon enfance ; il en confiderc l'éducation : il le conduit chez Aflyagc fon grand pcre , d'où il le ramené en Perfe : il lui fait faire fa première Campagne contre les Ba- byloniens, avec fon oncle Cyaxare: il parle d'une féconde expédition de ces deux Princes contre les mêmes peuples , & décritune première Ba- taille au fuccès de laquelle le jeune Cyriis eut la meilleure part. L'Au- teur lui attribue toute la gloire de la défaite de Crc'fus à la Bataille de Thymbre'e, dont il nous donne 'e détail très-circonftancié ^ en partie d'après ce qu'on en trouve dans un^ DilTertation de M. F-'ént , publié^ parmi les Mémoires dcja cités. Cet- te adion fut terminée par la prife de Sardes & par la captivité de Creuis i &: c'cft ce qui termine aulîi le premier article de l'Hiftoire de Cyrus , dont la prife de Babylone fait le fécond. Il mérite une attention particH- îiere par toutes Icscirconftances qui précédèrent cette prife , qui l'ac- compjgnerent & qui la fuivirent- Telles lont les Prophéties qui l'an- noncèrent , lefquelles furent ac- complies à la lettre &: dans toute leur étendue , comme l'Auteur s'efforce de le montrer ici par une comparaifon détaillée des évene- mens avec les prédi.'l:ions ; fur quoi nous renvoyons au Livre m'me. On y verra , dans un tcoilléme article , l'Hiftoire de Cyrus depuis l'aflerviffement des Babyloniens jufqu'à fa mort i c'eft-à-dire , fon voyage en Perfe après cette conquê- te , fon retour à Babylone , où il dielTe un nouveau plan de toute fa. Monarchie , compofée de celle des Médes ic de celle des Perfes ; fon célèbre Edit en faveur des Juils, les d?rnieres années d: ce Prince : la plus étendue de ces Satrapies rcmpHlToic feule le tiers de cette contribution , dont les deux autres tiers fe trou- voient diftribucs fur toutes les au- tres : (ScStrabon nous apprend qiiC le Satrape d'Arménie envoyoir tous les ans 20. mille Poulains au Roi de Perfe. On peut juger des autres tributs à proportion. Platon remarque auHî qu'on refcrvoit certains Cantons pour fournir aux frais de l'entretien delà Reine; qu'il y en avoit un pour fa Ceinture , un autre pour fon Voile, &: ainfi du relfe; &: que ces Can- tons , qui étoient d'une grande étendue , puifqu'un feul faifoit la journée d'un Voyageur à pied , fc déiîgnoient par deS noms tirés de leur deftination , l'un s'appellant U K 74 JOURNAL DES SÇAVANS; ^ _ Ceinture de la Reitie , l'autre le ceirains rems , i^ cuinflc d'airaîn , Voile de la Retfie , &c. C'cd à q!:ot les Biaifars & les Ctiiiîsrs des Cava- f cllcmbloir tore la manière dont ce licrs , les Chanfreins » les Poitrails Monarque faifoit penlîon à ceux & les Bardes des Chevaux , les qu'il vouloir recompcnfcr. Xerxès , Boucliers d'abord alTcz pcrirs , fore comme l'on fait , alîigna le revenu légers Se tiffus d'olicr , dans la fuite de quatre Villes à Thémiftocle, plus longs & couverts d'airain. Les pour fi fublîftance , & Cyrus , Soldats armés à la légère taifoient avant lui , en avoit marqué fepr au commencement le gros des pour l'entretien de Pytharque de Troupes Pcrfanncs , oùilsn'étoicnt Cyzique qu'il confideroit. bons que pour l'Efcarmouche. Mais II. Les Perfes , avant Cyrus & Cyrus en diminua le nombre , & y fousce Prince; peuvent être mis au fubftitua des Soldats pcfammenc nombre des Peuples de l'Afic les armes , pour combattre de pied plus belliqueux. Ils dévoient cette ferme. Ce même Prince introduiùt qualité à la lîtuation rude & mon- l'ufagc des Chariots armés de faux, tagneufe de leur Pays , jointe à l'ex- & leur ht prendre la place des hm- cdlente éducation que recevoir chez eux la icuncife. On Tindrui- loit de très-bonne heure aux exerci- ces militaires ; elle fervoit depuis 20. ans jufqu'à ^o. elle étoit oblieée pies Chars fur lefquels on combat- toit des le tcms d'Homère & de la guerre de Troye. L'Auteur pefe les avantages & les inconvcnicns de cette cfpecc de Cavalerie , qui dans de s'enrôler dans le tcms marqué , la fuite &: lorfe^ue l'art militaire fe & ne pouvoir s'en difpcnfer (ans fut pcrfedionné , devint tellement infamie. Elle portoit toujours l'épée à charge qu'elle fut entièrement foiten guerre foit en paix , comme fait notre Noblefie ; &: contre l'ufage des Grecs &c des Romains. Un des principaux Corps des Trou- pes Perfannesétoit celui des Immor- tels au nombre de dix mille hom- mes d'élite, deftinés pour la garde du Prince , & dont les pertes abandonnée. La difcipline militaire des Trou- pes de Cyrus, foit en paix , foiten guerre , doit être propofée comme un modèle qui ne laiflc rien à fou- haitcr. Il tant confolter là-dedus M. Rollin , qui examine ces Trou- pes dans leurs exercices, danskurs croient reparées fur le champ, d'où marches, dans leurs campemens , ils tiroicnt leur dénomination. dans leur ordre de bataille , fur Les armes , tant ofïenfives que tout dans celui qui fut obfcrvé à la défenfivcs des Soldats Pcrfans , bataille de Thymbrée , dont nous étoient le Sabre ou Cimeterre , le avons parlé plus haut;dans l'attaque Poignard pendu à la Ceinture , la & la défenfe des Places ; fur quoi ,' demi-Pique , les Javelots , l'arc & pour abréger , nous renvoyonst au le Carquois garni de flèches, rare- Livre même ; où l'on verra auiïi jncn: la Fronde , le Cafque en combien les Perfes , depuis Cyrus , F E V R cîcgcnércrent en fait de valeur &c de difciplinc militaire. III. A l'égard des Arts 5c des Sciences culdvécs^chez les Orien- taux ^ où l'on trouve , pour ainfi dire , le berceau des unes & des autres , M. Rollin parcourt la Pocfie, l'Architedure, la Mufique, la Médecine , l'Artronomie & r Aftrologie Judiciaire. L'Ecriture Sainte fournit (félon lui ) des morceaux précieux de la plus bcUe&de la plusfubliniePoëfie. Les Villes fameufes de Ninive & de Babylone offroicnt des prodiges d'Architefture pour les Temples , les Palais , les Tours, les Remparts & les autres Edifices publics : mais ileft difficile de déterminer, dit-il, <]ucls étoicnt les Ordres fuivis dans cette ArcIiitCLliure. Parmi les ditfe- rcns Modes uiités dans l'ancienne Mufique, le Mode Lydien & le Mode Phrygien font foi que cet Art étoit fort en vogue chez les Afiatiques; ce qui paroît encore par ce que raconte Xcnophon dans fa Cyropédie , Que Cyrus , en parta- geant le butin , fit mettre en reicrve pour fon oncle Cyaxare deux Mu- liciennes très-habiles ^ qui accom- pagnoient une Dame de Sufe , & qu'on âvoit fait prifonnicres avec elle. Hérodote & Strabon afifurentque les Babyloniens avoient coutume d'expofcr leurs malades à la vue des pafTans , pour apprendre d'eux s'ils îi'avoient point éprouvé de pareil- les maladies , & par quels remèdes ils s'en étoicnt guéris. Le grand Cyrus 3 au rapport de Xcnoplaon , n ER 173 r. 7; ne manquoic jamais , conformé- ment à l'ancien ufage desGeneraux, de] mener avec lui à l'Armée un certain nombre d'excellens Méde- cins qu'il recompenfoit noblement, & qu'il avoit en grande confidera- tion : Se le jeune Cyrus ( félon cet Hiftorien) en ufoitde même. Qiiant à la Science des Aftrcs , les grandes plaines de la Babylonie, jointes à l'air pur & ferain qui y regnoit & à la hauteur démefuréc de la Tour de Babel , rendoient ce Pavs Uun des plus favorables aux Obfervations Aftroiiomiques.AufTî cft-cc là qu'ont étc faites les plus anciennes & les plus fures que nous ayons de ces tcms reculés , ainfî que des fiécles pofterieurs , fous les Califes & les Sultans Seljoukides. Celles dont Callillhcne rendit com- pte à fon Maître Arillote embraf- foient 190}. ans, ôipar confequent remontoient affez près du tems de Nemrod. Autant que de fi exactes &C Cl utiles Obfervations font honneur aux Babyloniens ', autant leur entê- tement ridicule pour l'Aftrologie Judiciaire doit-il les avilir aux yeux des Juges pleins de raifon & d'é- quité. M. Rollin n'a pas de pcmc à réfuter les principes &: à mettre dans un plein jour toute la vanité d'une telle Science. IV. Le favant Auteur pafle de ces Superftitions Aftrologiques à ce qui concerne plus particulièrement le Syftême de Religion admis par ces peuples d'Alie & fur tout par les Alfvriens & les Pcrfcs. Le Trai- té de Thom. fJyde favant Anglois de Rdigione veumm Perfgntm , Kl) •jS JOURNAL D panhoyKm & Meaomvi , a déjà communiqué aux Savans tlivcrles lumières fur ccr article , alnfi que ce qu'en a publié M. P'tdcaitx au lujct de Zoroaftrc , le Légiflareur des Mages, dépoiîc.nres de la Plû- lofophie Si de la Théologie chez ces Nations Orientales. Elles ont toutes comnaencé par le culte du Soleil , de la Lune &■ des autres Aftres : ce qui a conduit les Perfes au culte du feu , dont la gar- de étoit contiée aux leuls Mages, Si dont l'extiiidiion ctoit regardée comme un grand malheur. Sans doute [ obfcrve M. RoUin ] la cruelle cérémonie de faire mourir les enfans dans le feu , étoit une fuite dn.! culte rendu à cet Elément. Les Perfes n'érigeoicnt ni Statues , ni Temples , ni Autels à leurs Dieux, offrant leurs Sacrifices en plein air & pour l'ordinaire fur des hauteurs £c des montagnes : ce qui engagea [ dit-on J Xcrxès à brûler tous les Temples de la Grèce. Les particuliers en Perfc nefacrifioient jamais que pour le Roi&: pour tout l'Etat , & nullement pour leur pro- pre intérêt. Ces Mages , qui étoient leurs Prêtres , ne compofoient qu'une feule & même Tribu , Se renfer- moicnt dans leurs familles toutes leurs connoilfanccs , dont ils ne pouvoicnt faire part aux étrangers fans la permiflîon du Prince. Cette Science de la Religion s'appelloit Aïagie du nom de ceux qui en étoient les Miniftres ; &c le Roi même , avant que de monter fur k Trône j dévoie apprendre d'eux ES SÇ A VANS, l'art de bien régner, dc le Culte Divin. On cfl: en peine de fçavoir quand vivoit Zoroallre leur Chef. Pline coucilic fur cela les divers fcnrimens , en obfcrvant qu'il y a eu deux Zoroaflres à tfoo. ans de diftance j que le premier où l'Infti- futcur vivoit vers l'an du monde 2900. & le fécond ou le Réforma- teur entre le commencement àii rcgne de Cvrus & la fin de celui de Darius filsd'Hyflafpc. M. RoUin remarque ici' que dans tout l'Orient, l'Idolâtrie le parta- gcoiî en deux Scclcs ; celle des Sabéens qui adoroient les Simula- cres, (Si celle des Mages Adorateurs du feu. Leur doctrine iondamenta- le étoit celle des deux principes fouverains , l'un tout bon , l'autre tout mauvais; l'un tout lumineux , l'autre plein de ténèbres. Ilsnom- moicnt le premier Oromafdes ôc le fécond Arima/iius. Ils fe parta- geoient en deux Seéfes, fur l'origine de ces deux principes , les uns les fuppolant co-éternels , les autres regardant le mauvais comme un être créé. Mais toû)ours s'accor- doicnt-ils à croire que ces principes fcroient en guerre jufqu'à la hn du monde -, qu'alors le bon prévau- droit fur le mauvais , & que chacun auroit fou propre monde fans aucun mélange. Le feconi Zoroaftrc fit dans c& Syftêmc de Religion quelques changemcns , dont le principal fe reduifoit à établir un principe fupé- ricur aux deux autres , c'eft-à-dire, un Dieu Suprême Créateur d'un Ange de Lumière Si d'un Ange de y F E V R î E tcncbrcs , defquels procède tout le bien & tout le mal , qui font pcr- pctuellcmenr en guerre l'un contre l'autre, avec diffcrens fuccès , & dont les débats ne finiront qu'avec le monde ; auquel tems , après une refurredion univerfcUe 5i un )uge- ment déciiit & (ans appel , l'Ange de ténèbres & les Suppôts feront relégués dans une obicurité éternel- le , où ils fubiront les peines ducs à leurs cirimes , & l'Ange de lumière &c fes Difciplcs recevront la recom- penfe de leurs bonnes œuvres ; en forte qu'il n'y aura plus alors aucun mélange de la lumière avec les ténèbres. Et ce qu'il y a de lîngu- lier dans cette Dodrinc ( remarque M. Rollin ) c'cftque les rcftes ds ces Mages qui fubfiftent encore dans la Perfc & dans les Indes, foûtiennent aujourd'hui même , depuis ta'nt de lîéclcs , tous ces articles , fans aucune variation. L'Auteur termine fes Obfcrva- tions fur la Religion des Perfes , en difant un mot fut leurs mariages & fur leur fépulture. L'incefte y étoit permis , même au premier degré. Mais Alexandre le Grand après la conquête de la Perfe , défendit ces fortes d'alliances par une Loi cx- prefle. Quant à la fépulture , on ne brûloit point les Cadavres ; on les inhumoit , après les avoir enduits de cire , pour les conferver plus long-tems. V. M. Rollin attribue la déca- dence de l'Empire des Pcrfes à 4. caufes principales; fçavoir , » i'. La " magnificence & le luxe portés au j' dernier e.xcès ; x°, L'afTervifTe-; R I 7 3 r. 77 " ment des peuples Si des Sujets » pouflcjufqu'àrelckvage : J°. La » rmauvaife éducation des Princes , » qui fut la fourcc de tous les defor- »drcs : 4°. Le manque de bonne n foi dans l'exécution des Traitez «6c des Scrmens. « Après les ma- gnifiques éloges que le favant Au- teur a donné au grand Cyrus dans prefque toutes les occadons, après nous l'avoir rcprcfcnté comme un Prince incomparable Se à qui la Perfe devoir toute fa grandeur &C toute fa puillancc-, on auroit peine à s'imaginer que le même M. Rol- lin pût fe refondre à lui imputer les trois premières caufes de la décaden- ce de cet Empire. C'ert: pourtant ce que l'amour de la vérité ne lui per- met pas dediaunuler; & quelque paradoxe que puilTe être un tel fen- timcnt , il l'appuyé d'une autorité des plus rcfpcètables , qui cft celle de Platon , & il le prouve par des faits qu'on ne peut révoquer ca doute. Ce fut Cyrus lui-même ( dit M. Rollin ) qui jetta les premières fe- mences de ce luxe que l'on vit bien- tôt gagner &: corrompre toute la Nation , & ce Prince lui porta ce dangereux coup , lorfque dans l'au- gufte cérémonie où il le montra pour la première fois à fes fujets nouvellement conquis , il fit éclater toute la magnificence & toute la pompe la plus capable d'ébloiiir les yeux , changeant pour lui & pour fes Officiers la manière ordinaire de fe vêtir , & y fubftituant l'habit des Médes tout brillant d'or & de pourpre. 78 JOURNAL DE Ce tut encore Cyrus [ continue notre Autc ir ] qui contribua oeiit- être à introduire parmi les Perles ce fol orgueil des Rois & cette lâche & fervile flaterie des peuples , d'où s'en.'uivirent ces refpeds outres & poulfis jufqu'à l'adoration. L'origi- ne en eft encore due ( félon M. Rollin ) à cette même cérémonie dont on vient de parler, Si. dans laquelle les Perfcs julques - là très- jaloux de le-ur liberté, fléchirent le penou pour la première tois devant le Prince , & s'abaiirerent jufqu'à l'adorer. En troifiéme lieu , la mauvaife -éducation des Princes Perfans fut encore une fuite de l'exemple qu'en avoit donné Gvrus. Ce Monarque oubliant en quelque forte qu'il étoit père , &: prefque uniquement oc- cupé de fes conquêtes , abandonna entièrement le foin de fes enfans aux femmes , c'eft - à - dire à des Princeflcs nourries dans un Pays où regnoit le fafte , le luxe & les déli- ces : car la Reine fa femme étoit de Médie. Ce fut dans ce goût qu'on éleva fes deux fils , Cambyfe & Smerdis. On alloit au- devant de tous leurs delirs , on ne les contre- difoit jamais, on n'ouvroit la bou- che que pour les loiier , tour le monde rampoit en leur prefcnce , êc on les accoûtumoit à mettre une diftance infinie entre eux & les autres Ijcnu^'cs. C'cft Platon qui 5 SÇAVANS; rendce témoignagci car XénophoBj fans d^ute pour épargner fon Héros ( obrerve notre Auteur ) ne dit pas un mot de l'éducation de ces Prin» ces , lui qui a décrit fi exacflement celle du père. Il ne nous apprend pas même , non plus qu'aucun autre Hiftorien , que Cyrus dans fes der- nières Campagnes ait mené fes file avec lui , pour les tirer de cette vie molle & eftéminée , &c les inltruire dans la profeffion des armes. De routes ces confidcrations & de plu- ficurs autres , Platon conclut que la principale caufe qui ait procuré la décadence de l'Empire des Perfes , a été la mauvaile éducation de ces Princes , puifque ces premiers exemples en établilTant la règle ^ influèrent fur tous les SuccclTeurs. A l'égard di manque de bonne foi dans les Traitez ; c'eft Xéno- phon lui - même qui nous certifie qu'elle fut une des caufes de la cor- ruption des mœurs chez les Perfes ^ 6 de la ruine de leur Monarchie : fur quoi l'on peut lire les morceaux tranfcrits ici d'après la Cyropedic de cet Hiftorien , & d'après fon ex-, pcdition du jeune Cyrus. Nous renvoyons à un autre Journal l'Extrait du VTivre de cet Ouvrage, où M. Rollin donne l'Hi- ftoire de l'origine &c des premiers commencemens des differcns Etats de la Grèce ; matière , comme l'on voit, des plus intcrellantes. 1[F E V R I E R 1751; 19 OSSER rJTIONS eu RIEVS ES SVR TOUTES tes parties de la Phy(t--]nc , extraites & recueillies des meilletrrs Auteurs. Tome trot férrir. A l'.nis, chrz Claude Jombert , rue S. Jacques , au coin de la rue des Mathurius, à l'Image Nôtre - Dame. 1730. vol. <«-i2. pp. 586^ NOUS avons pnrlé du premier Tome de ces Obfcrvations, dans le Journal du Lundi 15. May, de l'année 171 9. & du fccond dans le Journal de Décembre de l'année i-jiG. le croilîéme dont nous allons rendre compte eft un peu plus étendu que les deux prccedens ; les Oblervations qu'il contient font puifées , comme celles des deux autres, dans les Journaux des Sça- vans, dans les Mémoires de Tré- voux , dans les Nouvelles de la Republique des Lettres , dans la Bibliothèque univerfelle , dans les Tranladtions Philolophiques, dans l'Hiftoirc de l'Académie Royale des Sciences , & dans pluiieurs Ou- vrages particuliers. Il etl divilé, comme les autres , en fix articles > Içavoir , la Phyiique générale , rAftronomie , la Chymie , l'Ana- romie, la Botanique, & l'Hiftoire naturelle des animaux. L'article de la Phyfiquc générale contient di- verfes Obfervations fur le feu, fur l'optique , fur l'eau , fur les miné- raux i & pour donner d'abord une idée du goût & de la méthode du Compilateur , nous citerons ce qu'il remarque ici du fentiment des Phyficiensfur la nature du feu. M II y a deux principales opinions " fur la nature au feu : la première -> eft que toutes les particules de "matière , de quelque nature M qu'elles (oicnt,peuvent fe changer » en feu , pourvu feulement qu'el- " les puilTent recevoir affez de » mouvement , ou être divifées en »> des parties allez petites. Ce mou- n vcment eft occafionné , félon n Defcartes, par la matière du pre- 5>mier clément. •n La féconde opinion eft celle 3> de certains Philofophcs , qui » foûtiennent que le feu eft un j' fluide particulier , comme l'eau " Si l'air , que , de même que ceux- "ci , il s'attache à pluiieurs » corps , iSc fournit quelque chofe à »leur compolition. M. Nieuwcntyc » qui s'cft déclaré pour ce fcnti- » ment , allègue pluiîeurs raifons " pourquoi il paroît croyable que le nfeu conferve toujours fa propre Meffcncc,&: fa figure, ne cclfant >' jamais d'ccrc feu , quoiqu'il ne « brûle pas toujours. 1» La première r?ifon qu'il rap- n porte eft que fi le bois &: la tour- •>be brûlent, 5i que les cendres, » qui s'en forment ne fçauroient >» brûler , c'eft parce que les parti- }> cules de feu qui étoicnt aupara-, » vantdans le bois & dans la tour- "be, s'échappent en brûlant , & nlaifient les cendres qui en font » privées , ce qui les rend incapa= >5 blés de brûler. 8o JOURNAL D la féconde railon c'elt que , »s'il ne filloit qu'un mouvement »>rrès rapide pour réduire tous ks n corps cil feu, 6: s'il n'étoit pas » nccefliire pour cela d'une certai- » ne matière particulière , on ne M voit pas pourqiioi l'eau dont on » augmente l'agitation en fouftlant, » fe refroidit au lieu de s'cchauftcr, » L'air cependant ell fî necc(faire » pour le feu, que fans lui il s'étein- » droit entièrement. » La raifon eft que toutes les » parties de" l'air en gênerai ne font 5> pas propres à entretenir le feu ou » la flamme , mais quelques - unes » feulement. D'où s'enluit , félon » les apparences , qu'on doit fe for- »> mer une idce plus limitée du feu, M que ne font ceux qui croyent »5 qu'il n'cft que le mouvement 3' rapide, ou vcrtiqueux de certaines « particules. M II eft très-probable que le feu «étant entretenu par certains corps sj plutôt que par d'autres , eft com- îî pofé d'une cfpece particulière de M matière , &c qu'il eft par confe- n quent d'une nature fingulierc. »C'eft ce que M. Nieuwentyt »> prouve par une expérience qu'il a i> faite avec une Chandelle qu'il » entretcnoit allumée dans une j) bouteille en y foufflant de l'air ») avec la bouche. Il remarque que » la Chandelle ne brûloir que pen- » dantl'efpace d'environ dix minu- ntes, lorlquc l'ait qu'il fouffloic » dans la bouteille avoit refté quel- » que tcms dans les poumons , au «lieu qu'elle brûloit plus long- K>iei->« lorfque l'air foufflé n'avoit ES SÇAVANS, » refté que dans la bouche , 5c » n'étoit pas dcfcendu jufques dans »îlcs poumons. »M. Nieuwentyt conclut de ià a que l'air perd dans les poumons " la propriété qu'il a d'entretenir la » flamme ; qu'il femble par là que » pour la flamme & pour la refpira- » tion il faille neceflaircmcnt la •j même efpece d'air ; qi'ainfi l'air » en gênerai eft non feulement ne- ') cellaire pour le teu , mais qu'il y » a de certaines parties qui font les » feules propres à cctufage , Se que M s'il n'eft pas aifé de le prouver , il neft du moins très-probable que le M feu eft aullî une lubftance ou ma- ».tierc particulière. »La quatrième raifon eft que II " on peut montrer par des expe- » ricnces , que ce que l'on découvre M en examinant le feu , reftcmble "beaucoup aux effets de l'eau 6c de )! l'air , par rapport aux matières n que ces deux élemens liquides " peuvent dilToudre , cela prouve- 1) ra qucles Pnilofophes , qui foû- n tiennent que le feu eft un men- » ftrue &; un menftrue capable de » divifer prcfque tous les corps, ap- M prochent le plus de la vérité. n En effet le feu agit fur les corps »dcla même manière que l'eau agit >3 fur le fel , Ck l'eau forte furie fer, » de forte qu'il y a certain corps » qu'on ne fçauroit brûler qu'en les "fondant , ou en agitant leurs par- » ties dans la flamme. Ainfi lorf^ M qu'il y a beaucoup de particules « de feu dans ces corps , comme » dans le bois , dans la tourbe , &c. »j elles aident à augmenter la flam' me FE V'RI s» me en s'cchappant du bois , ou *»de la t.'urbc ; mais lorfqu'il n'y ï» en a pas,ou quMLs ne peuvent fe » développer , la flaiîlme n'aug- »j mente point , &: les corps mis au « feu ne font que (e fondre 5».' deve- »> nir fluides. Ce il ce qu'on voit »dans les cendres. M Or comme les autres men- » ftrues ou dilTolvans ne peuvent » pas diiToudre facilement certains jj corps , le feu tout de même trou- » vc des fubftances qui lui refiftent » quelque tems. Le Compilateur ajoijte fur le même fujet un grand nombre de remarques que nous palTons , après quoi on voit une curieufe Relation des divers effets que produit le feu contenu dans les entrailles de la terre ; cette Relation ell fuivie d'un grand nombre d'Obfervations , fur le fecret d'éteindre les incendies , •fur les Phofphores , fur les lampes perpétuelles , fur les flammes qui paroiflent à l'ouverture des tom- -beauxj fur les proprietcz de la lu- mière, fur fa viteiïc j fur f.i pollibi- iité à devenir un corps folide, &c* L'article de la Phyfique générale ■finit par diverfes remarques : fur l'optique, fur l'eau , furies miné- raux & fur la caufe de la concordan- ce de deux Pendules fufpenduës à trois ou quatre pieds l'une de l'autre. Dans l'article de l'Aftronomic, .qui eft le fécond du Recueil , il s'a- git de la grandeur des Planettes, de celle des Etoiles fixes, de leur «lïoigncment de la terre , de leur nombre, des changemens quileui février E R 17 5 1' 8r font arrivés , des révolutions des Planettes , de leur dillance du Soleil, de leur mouvement, de leurs orbites; ce que le Compila- teur termine par deux Obfcrvations d'Aftronomie que voici. M Ceux qui font fous un méri- 1) dien plus oriental de quarante- » cinq dcgrez, ont midi trois heures » plutôt que ceux qui font fous un » méridien plus occidental de qua- >jrante-cinq degrez. De là naiflent » divers paradoxes : conime de » deux hommes nés dans le même » lieu , au même moment [ à midi » par exemple ] & morts dans le nmêmeinftant. L'un qui fera re- »> tourné dans fa Patrie quarante- M cinq degrez vers l'Orient , mou- M rant à midi , feroit cenfé avoir >5 vécu trois heures plus que celui » qui étant mort en Occident au » même moment , n'auroit vécu n que )ufqu'à neuf heures du matin. »> Voici un autre Paradoxe re- 1» marqué par d'Acofta dans fon Hi- M lloitc des Indes Occidentales , &c >> que les Hollandois ont confi mé » pat leur expérience dans 1 urs » navigations. Il raconte que les » Efpagaols ayant navigé vers l'Oc- »> cidcnt , & les Portugais vers » l'Orient , ils fe retrouvèrent dans »lcs Ifles Philippines , où par la " confrontation de leurs Journaux » ils s'apperçurcnt qu'ils varioient » d'un jour entier ; les Efpagnols « n'étant encore qu'au Samedi , & « les Portugais comptant déjà Di- » manche. Dans un autre voyage «les Portugais ayant fait le tour du » monde par l'Qccident^trouvcrenc 82 JOURNAt DE » à leur retour que l'on étoit en » Portugal au Jeudi , lorfqu'ils M n'étoient encore qu'au Mercredi. » Le contraire arrive à ceux qui «font le tour de la terre de l'Ocei- » dent à l'Orient. Ainfi des perfon- 55 nés parties de même lieu ^ les unes- " vers l'Occident Se les autres vers » l'Orient, pour faire le tour du » monde , éprouveroient à leur re- )j tour trois fortes de dates. Ceux i)du lieu auroient le Dimanche i les » Voyageurs de l'Orient à l'Occi- » dent auroient le Samedi ; & ceux »> de l'Occident à l'Orient auroient »>le Lundi. «Cette différence cfl: caufe que wRome a fait un règlement, que " pour l'obfervation des Fêtes & » la célébration de la Pâque , l'on st doit fe conformer au jour du lieu M où l'o;i aborde. Par ce moyen «ceux qui vont de l'Csicnt a l'Occi- » dent , pourroient quelquefois îj gagner un jour maigre , en abor- ») dant dans un Pays où l'on compte w le Dimanche , lorfqu'cux-mêmcs j> ne fe croyent qu'au Samedi. » foannis Lnycs jiftromm'u Jnftitu- » tio. L'article de la Chymie , qui cft le troifiéme du Recueil , offre pla- fieurs Obfervations fur les végéta' rions Chymiques , fur le verre , fur l'or , fur le fer , fur le changement du fer en cuivre , & fur l'Antimoi- ne ; on trouve ici une courte Rela- tion de ce qui s'cft paffé autrefois au fujet de ce minerai dans les Ecoles de Médecine. Comme notre def- fein eft de rapporter un exemple de chaque clafle , nous rapporterons celui-ci.. S SÇAVAKS; » Les Chymiftes ayant trouvé le >jmoyen de préparer l'Antimoine , » commencèrent dans le fixiéme » iiécle à s'en fervir comme d'un » purgatif ; mais la Faculté de Me- wdecine de Paris condamna auflî- » tôt cet ufage , & déclara par un M décret folcmnel, que l'Antimoine » avoit une qualité venimeufe qui M ne fe pouvoit corriger par quel- M que préparation que ce fût ; en-» » fuite de quoi le Parlement donna 3> en l'an 15 6^6'. un Arreft par lequel » il lit défenfc de fe fervir d'Anti- » moine , & cet Arreft fut exécuté » avec tant de rigueur , que Paul- nmier , célèbre Médecin de Paris , » pour s'être fcrvi d'Antimoine èc » d'autres remèdes Chymiques , fut jjchaflédela Faculté. Ce qui arriva » en iSo^. »> Néanmoins comme les Medc- !' cins virent que les Empiriques fe >j fervoient utilement de ce remède »jen plufieurs maladies, & par ce »j moyen acqueroient beaucoup de » réputation au préjudice des Me- "dccins, quelques-uns de ceux-ci «commencèrent à s'en fervir , & » pour en autorifet l'ufage , trouve- » rent moyen de le faire mettre au M rang des médicamens purgatifs «dans l'Antidotaire qui hit fait en » \6iJ. par l'ordre de la Faculté de » Pans. ï> Depuis ce tems là, plufieurs » Médecins croyant que la Faculté » de Médecine avoit en quelque «façon révoqué fon ancien décret »par cette nouvelle Déclaration ,. « ne firent plus difficulté de s'en «fervir. Il s'en trouya même qui FEVRIE » foûtinrcnt hautcTient dans les »» Ecoles j que ce remède croit très- «urile en plulïeurs rencontres. » Néanmoins la plus grande partie »> s'oppofa encore à cette nouvelle "doârine, & empêcha qu'on ne »> l'enfeignât publiquement. » Ce ne tut qu'environ l'an M 1650. que plufieurs célèbres »> Médecins s'ctant ouvertement » déclarés pour l'Antimoine , l'ufa- n ge de ce remède devint très- ïj commun , 8c la queftion, fi on 3) pouvoir s'en fcrvir , fut regardée »>dans l'Ecole comme problémati- »>que. Divers Auteurs écrivirent «depuis ce tcmslà plufieurs Livres, n les uns pour combattre l'ufage de "l'Antimoine , les autres pour le «juftifier. Enfin, la contcftation j) s'échauffa fi fort que pour l'appai- " fer on fut obligé d'avoir recours à » l'autoricc du Parlement , qui or- s> donna que la Faculté de Medc- » cine s'aiîembleroit pour délibérer » fur ce fujct. » En exécution de l'Arreft, les î> Dodeurs s'étant affcmblts au j> nombre de 102. le 29. du mois «jde Mars i66é. il s'en trouva 92. « qui furent d'avis de mettre le vin M Êmétique au rang des remèdes »> purgatifs , & fuivant leur avis la >j Faculté fit un Décret par lequel » elle approuva l'ufage de l'Anti- » moine. » Le 10. d'Avril fuivant la Cour, «conformément à ce Décret , don- j) na un Arrefl , par lequel elle per- sj mit aux Doâreursen Médecine de »fe fcrvir d'Antimoine pour la » cure des maladies , d'en écrire , R 173 r. '\ 85 ïid'en difputcr , Sc ft défcnfes à » toutes fortes de pcrfcnnes de s'en » fcrvir que par leurs avis. Voilà » quelles ont été les différentes for- M tunes de l'Antimoine qui efl au- M jourd'hui l'un des plus communs >i& des plus accrédités remèdes de » la Médecine, journal des Sçav. jj du 7. fHtn 1666. Le Compilateur , après cette Relation , rapporte ce qui a été ob- fervé par quelques Auteurs , fur la nature & les proprietez de l'Anti- moine. Et c'eft par là qu'il finit l'article de la Chymis. On vient de voir dans la Rclation,qu'il fe com- pofa plufieurs Ecrits pour .\' contre l'Antimoine, & que la contcftation s'échauffa fi fort qu'on fut obligé, pour l'appaifer , d^avoir recours à l'autorité du Parlement > le Com- pilateur auroit pu, à cette occahon , rapporter quelques endroits du Li- vre de Jacques Perreau intitulé : If Rabbat-joye de l' Antimoine , par lefquels on auroit vu jufqu'à quel excès alla cette difpute. La feule; Epître Dédicatoire du Livre dont il s'agit lui en eût fourni bien des exemples! Elle commence ainfi: 13 A la plus faine & meil 'e:irc partie » de Mejfietirs les DoUe:trs - Ré~ n gens de la Faculté de Aiedccine lide Paris. Messieurs; » Le reffcntimcnt des obligation^ >'quc j'ai à notre Echoie , qui m'a , » comme enfant de fes entans , » nourri peut , du lait le plus pur Li, §4 JOURNAL D »>de fa véritable doftrine , élevé » jeune à la dignité de Doéieuf- m Régenr , S< favorifc de toutes fcs n Charges honorables , a fait un tel » mouvemenc dans mon ame &: n tellement agité mes efprits , q-uc «de muet que j'étois , ma langue fc jj déliant tout à coup , par un effort » extraordinair-c d'amour , je me >• fuis trouvé, fans y penfcr, aflez »jde voix pour m'écricr , comme le » fils de Créfus dans l'apprchenfion ») de voir tyer fon père , contre » deux Dodeurs entr'autres , lef- n quels trahifTant la caufe de leur M merc , & fe rangeant du parti de .5 fes ennemis , lui tiennent le poi- "gnard fur la gorge , pour la con- ïs traindre à fc dédire de ce qu'autre- » fois employée par autorité du «Parlement , à rechercher plus » curieufement, &c décider en der- » nier reflort , la nature Scies ver- » tus de l'Antimoine > elle a pro- » nonce folemnellemcnt contre lui, «le condamnant de venin , après j> en avoir mûrement examiné les n raifons , l'an 15 (é. par la bouche »j d'un digne Doyen, Maître Simon » Piètre , furnommé le Grand, pour » fon ém inente Do(Slrine. » Le premier de ces faux Frères » eft Maître Jean Charrier-^ qui, j> commeGapitaine des Enfans per- »dus, s'avançant en étourdi, &c n franchilTant le faut , fans confide- *>rer l'iraponancc de l'affaire , 3j commença l'attaque, il y a envi- si ron deux ans , par le plus indigne u Livre que jamais Dodcur de 3, Paris ait mis en lumière, inti- 3„tulé le Flemh fatrc des Saga , ES S ÇA VANS, "fagoté fur les Mémoires d'an' » ccrtiin SoutFieur EcolTois , nom- ■ mé Davilfon , à la pcrluafion de " quelques efprits ennemis de l'An- „ tiquité & amateurs dcnouveauté, »> qui fe flattoientde quelques efpc- " rances imaginaires , mais Ointn " in nomlne , ce fut fans aucun fuc- »» CCS ; cette feuille volante n'ayaiit » été Jugée bonne que pour les beur- >ï reries, & pour les plus fales offices j> de l'infirmité humaine. "Le fécond, fui vant les mêmes >» brifées , eft Maître Eufebc Re- n naudot , aufli jeune que le prc- " micr, qui pour fe mettre en crédic i> & s'acquérir les bonnes grâces des ,, Médecins de l'aveugle fortune, j, polllble auflî poufle d'un defir ,, ardent de recueillir une moi (Ton j, dorée, pareille à celle que rem- „ portent , à fon dire , les donneurs „ de vin émetiquc, a compilé cePi- „ négyrique de l'Antimoine judifié j, & triomphant , traînant après j, fon Char viclorieux un nombre ,, infini de Souffleurs , Empiriques, 3, & Charlatans, parmi lefquels- , „ chofe étrange & inouie ! on voie „ trop de nos Dodeurs enchaînés ,, comme efclaves chantans tous ,, enfemble à fon honneur , avec ,, grand applaudiflemcnt de fauiïcs ,, loiianges , à l'envi les uns des ,, autres. Livre d'autant plus dange- ,,& reux plus à craindre que l'Au- „ teur eft plus cauteleux & plus „ artificieux ; couvrant du manteau ,,de quelques loiianges le mal „ talent qu'il a contre notre Echoie, „ tant de fon chef , que comme hé- „riticr de fon pcre Théophiaûc ,FE VR "y, Renaudot , Auteur de Gazettes , qui a fait durant fon vivant tout ,^ ce qu'il a pu pour la ruiner , ainil que ce bon tils s'y prend encore j, fort bien ; déguifant fa calomnie, ,, de Préfaces d'honneur , & com- j, me retirant à foi fa médifance , ni „ plus ni moins que l'Archer fa „Fltclie tant qu'il peut , pour la „ décocher Se darder plus puillam- ,j ment , &c la faire pénétrer plus ,, avant dans le cœur de fes Lec- ,_, teurs. L'Echoie de Paris, dit-il , ,, cft la plus florilTantc , & fes Doc- j, teurs , les plus célèbres de tout „ l'Univers : mais pour dire vrai , ils „ n'ont point connu jufqu'à prefent, „ la nature de l'Antimoine. Qu'eft- ,, ce autre chofe cela , que tremper ,, la lancette dedans l'huile pour la ,, faire couler plus doucement , &c ,, trancher avec moins de rcflenti.- ^j ment ? Cacher le Stilet dans le y, cotcon mufqué , Se dire avec ^j l'Apôtre pcifide qui trahiffoit fon „ Mairie par un baifcr , A V E ,i R A B B I ? Miferables & déna- „ turcs enfans, l'un & l'autre, qui „ par une obftination d'intereil ^ particulier font gloire de femoc- j, quer de leur mcre , comme autre- ,, fois le maudit Cam de fon père ! j-, Engeance de vipères , qui eflaye j, de fe mettre au monde, en ron- „ géant les entrailles de celle qui les ,,. a conciles 1 Efprits malins, qui „ prétendent , à l'exemple de cet j^ Incendiaire du Temple de Diane „ d'Ephefe, fignaler leur mémoire j, en jettant le feu de dilTcnfion „ dans celui d'Apollon de nette j, France poui le réduire en cen- lE R 173 r. g; jjdrcs, Se de fes ruines en rebâtir j, un nouveau, dont l'Antimoine , ,, le fcandale à prefent de notre „ Echoie , fera la pierre fondamcn- „tale. Se fervira d'ornement à tout j, le refle de l'Edifice, rel que Dieu ,, promettoit aux maifons de fon „ Peuple , les faifant paver de ce j, Minerai & enjoliver, de même ,, que les Dames en embelilTent ,, leurs fourcils , & fur le frontifpicc ,, duquel , au lieu du divin Hippo- „ crate, Galien , & autres Princes j, de Médecine , fera élevée la fta- „ tue maflîvc de cet homme de vin, „cet ennemi forcené des bonnes „ Sciences ; Paracelfe , avec (es ,5 SuccclTeurs Forgerons , premiers ,, Inventeurs des préparations di- „ verfcs de fon Antimoine. Anti- „ moine leur Dieu de Médecine , ,, pour lequel établir , ils imitent „ l'artifice des anciens Pàycns ; car „ comme ceux-ci , pour fe flatter » en la créance qu'ils avoient , » que Jupiter étoit le pcre , le Chef » & le fouverain maître des Dieux » lui donnoient les titres de très- M bon , très-grand , très-puilTant ^ » victorieux , triomphant , libera- » teur , nourricier , hofpitalicr , » tonant , fulminant , foudroyant, nSc autres éloges honorables -, eux » aulîî à cet exemple , pour faire de » ce métail un phantôme de Divi- » nité , le nomment le Plomb facrê » ^dori par les Philofophes , &c. Le relie de l'Epître , qui eft très- longue , eft en termes encore plus forts; elle eft fui vie des témoignages de plufieursMedccins de ce tems-là» qui par des Lettres exprès, fclici- S6 JOURNAt DES SÇAVANS tent M. Perreau de fon zclc contre pour juger de ce Recueil , nous l'Antimoine ; il y en a une entre autres du célèbre Gui-Patin, dans laquelle il traite l'Antimoine de poifon plus à craindre que le venin du Serpent. A l'article de la Chymie fuccedc celui de l'Anatomie , les Obferva- tions qu'il renferme concernent , les unes le cerveau , la mémoire , îes fomnambules , la vue , l'ouie , l'odorat , le goût , le toucher , la lefpiration,- le cœur & l'cftomac 5 îes autres le Pancréas , le Foye , la Ratte, les Reins, les Uretères, la Vcflîe , les Mammellcs , le Nom- bril , les os , les dents , la force des mufcles j les vers du corps , le fang & la Saignée ; les autres , la tranf- piration , la grofTefre , le rajeunifTe- ment , la peur & la triftefTe , l'af- iîidion hypochondriaque , la rage, les poifons , les cheveux , la barbe Se le poil i les autres , l'incorrupti- bilité de quelques cadavres , la communication de certaines mala- dies^ la convcrfionderaireneau , jufqu'à fournir à une perfonne qui ne prenoit aucune boiiîon , de quoi rendre deux cens livres d'urine par jour ; les autres , la propriété du miel pour faire vivre long-tems les perfonnes qui en ufento Celle de la neige pour la gucrifon de plufieurs maladies , 5c la vertu du tumier pour refTufciter des animaux gelés. Sur quoi le Compilateur rapporte qu'un Chat qui avoit été glacé pat le froid , ôc réputé mort pendant plufieurs jours, revint en vie par la chaleur d'un fumieroù on lejctta, Comme il faut des exemples joindrons à cette Obfcrvation celles que le même Compila- teur rapporte fur le rajeuniifemcnt de quelques perfonnes. » Plempius témoigne être pcr- »fuadc que ceux qui font parvenus >'à une extrême vieillefle, peuvent » naturellement rajeunir i ce qu'il »> prouve par plulieurs Hiftoires, 8c » cntr'autres par celle de ce fameux » Gentilhomme Indien, qui vécut » 340. ans , & qui rajeunit jufqu'à » trois fois. Il en rapporte une » autre d'un Miniftre d'Angleterre ,' » qui mourut à Ncuchatel en lé'é'o. » Cet homme ayant toutes les in~ î> commoditez de la vieiUefTe ,' i' commença à fc mieux porter à » l'âge de plus de 105. ans, il lui » poufTi alors des dents nouvelles, «les cheveux lui revinrent, fa vue 3> fe fortifia , & il fc fit en lui un » renouvellement fi fenhble qu'on »croyoit qu'il dût vivre plus de » deux cens ans , néanmoins il »> mourut peu de tems après & ne ^, pafia pas ccnc quatorze ans. /^a- ,,pifci Fortunati Plempii fini'- „ damentA Midicintt , Edith ^, qttarta. ,a On lit dans THiftoirc des In- „ des par Maftée , que quand j4cit- „ «4 entra dans la Ville de Diou „ en 15 J5. il fe prefenra à lui un ,, Vieillard âgé de 3 5 ç. ans , avec j, fon fils qui en avoit 90. le pcre ,, avoit changé trois fois de denrs &c , , de barbe , & fa barbe émit deve- j, nue noire autant de fois après ,, avoir été blanche ; il demanda à „ Acutia une roupie par jour , en F E V R ï jjliii difaot que le Sultan Bacjour „ lui en allouoit autant ; le géné- reux Portugais au lieu d'une en ,, donna trois à ce Phénix Indien , en faveur d'une vieiUelTe fi vene- ^,rable. On rapporte que tout ce j, qu'il racontoit s'accordQic très- ,, bien avec les Hiftoites du tems jj pafle , encore qu'il ne fçût pas ,j lire. Enfin il mourut âgé de 400. ,,ans Scplus, félon le rapport des ,j gens du Pays , Sec. Voyage du ,, tour du Monde far Gemelli Carari, „ Tome 2. Les Obfervations contenues dans l'article de la Botanique , regardent le Cèdre, les Orangers , les limons, le Gui , la Cire , la Canelle , la noix de Galle , l'Indigo , la vanille, le Magnoc , le Noftoc , les Cham- pignons , le pain , 6cc. A l'égard de ce dernier , le Com- pilateur rapporte que M. Hoffman de la Société Royale de Londres,eft perluadé & prouve folidement que le p.iin groiller dont fe nourrilTent les Wcftphaliens , dans lequel il entre autant de fon que de tatine , vaut mieux pour la ianté S>c pour fortifier le corps , que le pain mol- let & délicat fait de pure farine. Le dernier article du Recueil concerne l'Hiftoire naturelle des animaux ; ceux dont il y eil fait mention , font les Chameaux , les Gazelles , les Chamois , un Veau couvert d'écaillés , un Chien par- lant , les Vipères , les Serpens à ' Sonnettes , les Sauterelles, uneef- pcce particulière de Limaçons , les Oifeaux , les Poiffons , les Tortues, les Vers du vinaigre , ceux qui E R I 75 I. 87 percent les vaififeaux ^ &:c. On ra- conte ici de ces derniers , Qiie dans la merdes Indes il y a une efpccc de petits vers , qui s'attachent aux Oeuvres vives des VailTcaux , les percent de telle forte que ces Vaif- leaux prennent eau de tous cotez ; ou fi les vers ne les travçrfent pas entièrement , ils en affoiblilTent tellement le bois qu'il eft impofiîble de le racommoder. On a employé jufqu'à prefent tous les moyens imaginables, pour remédier à ce mal , & l'on n'a jamais pu y réuflir. Tantôt on a doublé de lames de fer blanc ou de plomb , les Oeuvres vives des Vailfcaux -, tantôt on y a attaché des têtes de clous , fi pro- ches les unes des autres, qu'il n'y avoit point de place entre deux -, tantôt on les a revêtus d'ais de Sapin j &: on a mis entre les ais du bordage 5c ceux du doublage, quan- tité de poil de Vache , quantité de cendre , de chaux , de moufle & de charbon ; mais outre que tout cela n'a pas empêché que les vers ne pénétraflent jufqu'au corps du Vaif- feau , on a trouvé que ce doublage en retardoit le cours. Les Portugais fe font feryis d'un autre moyen , qui , à la vérité , ne diminue en rien de la vîtelfe du Vaillcau , mais qui n'empêche pas tout-à-fait que ces vers ne l'endom- magent. Ils flambent leurs Navires jufqu'à ce que le charbon en tom- be, & qu'il fe fafle dans les Oeuvres vives une croûte de charbon épaifie d'un doigt ", mais ce moyen ne fe pratique pas fans hazard ■■, car il arrive fouveut que l'on flambe {%■ JOURNAL DES SÇAVANS, bien le Vaifleau qu'il brûle entière- ment. Et Cl les vers s'attachent moins aux Vailîeaux des Portugais qu'aux autres ; ce n'eft ^ à ce qu'on pictend,qu'à caufc que les Portugais cmployent du bois plus dur que celui dont fe fervent les autres Na- tions , &:c. ^oiirn. des Sçav. du i^. Fev. 1 666. En voilà fuffifamment pour donner une idée de ce Recueil. Il arrive fouvent qu'un Livre , en groflîlTant , n'en dei)ient pas meil- leur ; mais ceux qui compareront les deux Tomes prècedens avec celui-ci, verront que l'ouvrage n'a pas empiré par l'augmentation. PR^LECTIONES THEOLOGIc\dE Sacramento Matrimonii , quasin Scholis Sorbonicis habuit Hondratus Tournely, Sacrx Facultatis Parifienfis Doctor , 5ocius Sorbonicus, Regius ôi Emeritus Profeflbr , Sacro-Sanftx Capellx Rcgii Palatii Parifienfis Canonicus. Accedit ejufdcm Autoris brevior Tradatus de Cenfuris. C'eft-à-dire : Leçons Théologieiues fur le S Acrernent de Ma- riage , avec un court Traite des Cenfu^es , far A4. Tournely , DoBew delà Faculté deThéologie deParis , delaMaifen de S ordonne , Trofejfeiir Royal Emerite , & Chanoine de la Sainte Chapelle. A Paris , chez la Veuve de Raimond Mazieres &: Jean - Baptifte Garnier , rue S. Jacques , à lia Providence. 1730. in-î°. pp. 6$6. AP R E' S quelques Obferva- tions fur le Mariage confidcrc comme un Contrat purement civil^ M. Tournely l'envifage comme Sa- crement de la nouvelleLoijCe qui lui donne occafion de prouver contre les Nicolaïtes , les Encratiftes , les Manichéens , ^c plufieurs autres Hérétiques des premiers fiécles de l'Eglife , non feulement que le Mariage n'eft point condamnable j mais encore que Dieu même l'a inftitué , & que c'eft une chofc fainte. 11 prouve enfuite par l'Ecri' ture Sainte & par la Tradition, contre les Luthériens Se contre les Calviniftes , que le Mariage eft un Sacrement proprement dit. Ilavoiic néanmoins qu'avant que l'Eglife fe fut clairement expliquée fur cet ajticle , S. Thomas , S. Bonaven- ture Se Scot avoient foûtenu ce fentiment comme le plus probable , fans ofer décider qu'il fût de foi. Durand , 6c quelques autres Scola- fiiques fes contemporains avoient même été jufqu'à dire que le Ma- riage n'étoit point un Sacrement. L'Auteur répond aux objecl:ions de CCS Scolaftiques , & à celles deî Luthériens ijc des Calviniftes. En- fuite il décide que le Mariage con- tradé par Procureur entre les Chré- tiens eft un véritable Sacrement. Il ajoute que quand l'Eglife a toléré les Mariages entre les Fidclcs&les InfidcUes , comme elle l'a permis quelquctois pendant les premiers fiécles ; le Mariage étoit un vérita- ble Sacrement pir rapport à la partie qui F EVRI qui faifoit profcflîon de la foi. A l'égard des Mariages contraftcs entre un Hérétique & une Carholi- t]uc,notre Auteur efl: pcrfuaJé qu'il n'efl: nul ni de droit divin ni de droit Ecclcfiaftique ; mais il avoiic qu'il cft très - difficile de prendre parti fur la qucftion, fi le Pape peut rendre licites ces Mariages par des difpenfes telles que font celles que le Pape Clément VIII. accorda au Duc de Bar pour époufer Catherine fœur d'Henri IV. Se celles qu'Ur- bain VIIL accorda à Henriette de France pourcpoufcr Charles II. Roi d'Angleterre. A l'égard delà Fran- ce, dit M-Tournely, la queftion ne peut plus taire de difficulté de- puis la Déclaration du mois de No- vembre itfSo. qui porte exprefifé- mcnt que ces fortes de mariages feront nuls , & que les enfans qui en naîtront feront illégitimes. Le confentemenr des parties con- rradantes cft , fuivant notre Au- teur , la matière du Sacrement de Mariage, Se les paroles que pronon- ce le Prêtre , en béniffant les con- joints j en font la forme. Il adopte comme l'opinion qui lui paroît la plus probable , celle des Théolo- giens qui croyent que le Prêtre eft le Miniftre de ce Sacrement , quoi- qu'il avoiie que ce fentiment eft contraire à celui du plus grand nombre des anciens Scolaftiques , même à celui de plufieurs Théolo- giens modernes d'un grand nom. Notre Auteur conclut de l'opinion qu'il a embraffé fur le Miniftre de ce Sacrement , que les Mariages qui fe faifoient avant le Concile de Février E R r 7 ^ r. 8p Trente , fans la prefence d'un Prêtre étoient valables , mais que ce n'c- toient point de véritables Sacre- mcns. De ces queftions M. Tournely paiïe à celles qui regardent l'unité du Mariage , Se fon indiflblubilité. L'Eglife auroit fouhaité que les Fidèles fe fuflent abftenu des fécon- des èc des troifiémes ncices , il y a même eu un tems pendant lequel l'Eglife Gréquc &c VhgViic Latine condamnoient .à une pénitence SC privoient pendant ua certain tems de la Communion , ceux qui paf- foient à de fécondes noces , fuivant les Conciles de Néocéfarée , d'An- cyre & de Laodicée. Le 1-5'^ Con- cile de Tolède défendoit d'époufcr les Veuves des Rois d'Efpagne , Sc pour que ce Canon fut obfervé plus exad:ement par les Veuves de ces Rois , le troifiéme Concile de Sa. ragocc vouloit qu'elles fulîent en- fermées dans un Monaftere , & qu'elles y filfent profeffion. Hors de ce cas fingulier l'Eglife n'a point défendu de paflct à de fécondes noces & ne les a point déclaré nulles. Ce n'eftquedansle neuviè- me fiécle que l'Empereur Léon le Macédonien déclara nulles cnOrient les quatrièmes noces. A l'égard de la poligamie , qui confifte à avoir plufieurs femrriés en même-tems , l'Auteur foijticnt quelle eft contre le droit naturel, & que ce n'eft qu'en vertu d'utie difpenfe particulière que Dieu a bien voulu accorder aux Patriarches & aux Juifs , qu'il leur a été permis d'avoir en même - cenis plaficur» M ^o JOURNAL' DE femmes; mais la Loi duChriftia- nifme a rétabli Iss chofcs à cet égard dans l'état naturel. M. Tour- nely s'objedte à lui - même fur cet article , ce que l'Hiftorien Socrate rapporte de l'Empereur Valcnti- nicn , qu'il avoit eu deux femmes en même-tems, £c qu'il avoit fait un Edit pour autorifer la pluralité des femmes. Mais il répond avec M. de Vallois , que tout ce récit de Socrate eft fort fufped , parce qu'aucun autre Hiftorien , foie Chrétien , foit Payen ne fait men- tion de ces deux Mariages , non plus que de cette Loi , & qu'il n'y a pas d'apparence qu'un Empereur Chrétien eut autorifé par un Edit la pluralité des femmes , qui avoit été défendue dans tout l'Empire Romain par les Empereurs Paycns. Il ajoute que quand le fait rapporté par Socrate feroit véritable , une Loi fi contraire à l'Evangile ne de- vroitêtre regardée qu'avec horreur. Notre Auteur met dans le mênie rang cette famcufe confoltation de Luther j & de Mélandton , par la- quelle ils permirent à Philippe Landgrave de HelTe d'avoir deux femmes en même-tems. Les Ana- batiftes ont fuivi en ce point le fentiment de Luther. Mais Calvin &c fes Scdateurs ont été fur ce point fî oppofés à Luther , qu'ils ont oféfoûtenirque tous les Patriarches qui avoient eu plufieurs femmes en même-tems étoient coupables d'a- dultere. M. Tournely raifonne fur l'in- difTolubilité du Mariage , comme il a feit fur l'unité ;, c*eft-à-dirc , S SÇAVANS; qu'il cioit le Mariage indifToluble , non feulement fuivant la Loi de l'Evangile , mais encore fuivant la Loi naturelle ; il eft perfuadé que ce n'eft qu'en vertu d'une diipenfe particulière que la répudiation a été tolérée parmi les Juifs, L'Autcuf fait voir enfuite contre M. de Laii- roy que les Pères de l'Eglifefe font toujours élevé contre les Loix des Empereurs Chrétiens , telles que font celles de Conftantin & de Ju-- ftinicn qui permcttoient le divorce en plufieurs cas j il afTure même que ces Loix Romaines étoient encore en ufage du tems de Charle- magne > & il cite , pour prouver ce fait, non les Capitulaires , mais les Formules du Moine Marculphe , fur lefquellcs il fuffit de jetter les yeux pour être convaincu qu'elles ont été rédigées fous la féconde Race de nos Rois, De l'indiiTolubilité du Mariage- en gênerai M. Tournely paffc à la^ queltion particulière , fi le divorce peut avoir lieu dans le cas d'adulte- re , de forte qu'il foit permis aux parties de palier à de fécondes noces j comme fi le Mariage étoit rclolu par la mort de l'une des par- ties. Luther & Calvin ont ofé re- garder comme un&iiraKnie la prati- que de l'Eglife Latine ^ d'empêcher les parties de fe remarier , en cas de féparation de corps pour caufe d'a- dultere. L'ufage de l'Eglife Gréque eft de ne point déclarer nuls ces fortes de mariages. Notre Auteur croit que cet ufage s'eft établi in- fenfiblement chez les Grecs , parce que les Evcques n'ont point eu aflet F E V R I E âc courage pour s'oppofer aux Loix Civiles , en particulier à celles de t'Empereur Juftinien, qui regar- dcicnt le Mariage comme abfolu- mcnt rcfolu dans le cas de l'adultè- re d'une des parties. Qiielques Théologiens de l'Eglife Latine qui ont écrit avant le Concile de Tren- te, ontaufllcru , comme Cajetan & Catliarin , qu'en cas d'adulrerc un Chrétien pouvoir répudier fa femme &: en époufer une autre. Depuis le Concile de Trente le Doftcur dcLaunoy a\âché de prou- ver qu'avant ce Concile on regar- doit comme une chofe confiante , tant dans l'Eglife Gréque que dans l'Eglife Latine , que l'adultère donnoit lieu à la diiîolution du Mariage. Notre Auteur combat ces diffe- r-cns fentimens par une feule con- ckifion , dans laquelle il établit que le lien du Mariage n'eft point rcfolu par l'adultère de l'une des parties. Après avoir cité là-dcifus les paflages ordinaires de S. Marc, de S, Luc Se de S. Paul dans la première Epîtrc aux Corinthiens , 8c avoir explique , comme le font les autres Théologiens , le fameux pafTage de S. Mathieu. Il vient à la Tradition de l'Eglife Gréque. Il rapporte des paffagcs d'Hermas dans fon Pafteur , de S. Juftin Martyr , -de S. Clément d'Alexan- drie, de S. Grégoire de Naziancc & de S. Chrifoll:omc pour hire voir que plufîeurs Ecrivains Crées des premiers fiécles ont entendu le paifage de S. Mathieu comme on iî;xpliquc s. prefent dans l'Eglife R Ï73I.' 51 Latine. Mais il avoiie qu'il eft diffi- cile de déterminer quels ont été là- delfus les fentimens d'Origene , de S. Bafile , de S. Epiphane , & il abandonne au Dodeur de Launoy , Théodore! ôc Aftere Evêque d'A- mafée. A l'égard de l'Eglife Latine , l'Auteur fe contente de citer Tertu- lien , S. Auguftin & quelques Con- ciles particuliers des Eglifes de France , d'Efpagne & d'Angleter- re, & il répond à quelques Conciles qui femblent contenir des difpofi-! tions contraires , qu'il ne faut les entendre que de la fcparation de corps , ou que ces Conciles n'ont parlé que de ce qui ctoit toléré pat les Loix Civiles, fans les approuver exprelTément. Pour ce qui eft du Concile de Trente , le Canon 7"^ de la Seffion 24*^ ne permet point de douter de la manière dont il a en- tendu le paffage de S. Mathieu, mais tous les Théologiens ne font pas d'accord entr'eux fur la quc- ftion , fi le Concile a voulu que la décifion fut regardée comme un dogme de foi; M. Tournely foù- tient l'affirmative; car quoique le Concile , dit -il, ait changé, par condefcendance pour les Véni- tiens, quelque chofe à la manière dont ce Décret avoit été d'abord redigéj&qu'il n'ait point condamné diredement comme une héreiic le fentiment des Grecs , il a décidé la même chofe d'une manière in- dircélc , en déclarant anathêmes ceux qui difent que l'Eglife fc trompe lorfqu'cUe enfcigne, fui- vanc la dodrine de l'Evangilc 6c Mij 92 JOURNAL DE des Apôrres ^ que le lien du Mariage n'eil point relolu par l'adultère de l'une des parties. Notre Auteur parlant des forma- litez du Mariage, décide que les Mariages des cntans deFamiUc faits fans le confentemcnt des percs & jneres ne font nuls , ni de droit na- turel , ni de droit divin. Il avoLie néanmoins que les Loix Civiles , & même les Loix Ecclefiaftiques les ont déclarés nuls pendant plufieurs iiécles , muis que cet ufage ayant été changé infenfiblement , le Con- cile de Trente a fait , pour la vali- dité de ces Mariages , une Loi gé- nérale qui doit être fuivie dans tous les lieux où le Concile a été publié. A l'égard de la France , notre Au- teur aflure que les Ordonnances n'y déclarent nuls que par rapport aux effets civils , les Mariages contrac- tés par les entans de Famillejfans le confentemcnt des pères & meres , & que quand les Arrefls des Cours Supérieures en ont prononcé la nullité, fans y ajoiiter la reftriiftion par rapport aux effets civils , ce n'a été qu'à caufe de la clandcftinité ou du rapt de fédudion. Les empcchemens du Mariage font le fujet des deux dernières queftions ; nous ne fuivrons pas notre Auteur dans le détail où ileft entré fur cette matière : il nous fuffira de faire connoîtrc fes fenti- mcns fur le point , fi les Princes Séculiers ont droit de mettre des cmpêchcmens dirimans aux Maria- ges-, M. Toutncly foûticnt l'affîr* mativc ; mais il croit que la nullité prononcée par les Loix fe borne aux S SÇAVANS; effets purement civils , fans don- ner d'atteinte au Sacrement. A l'égard du grand embarras qui pourroit naître , fi le Prince dccla- roit abiolument nuls des Mariages qui ne feroient point déclarés tels par l'Eglife , l'Auteur ne s'y arrête point , parce qu'il croit que les fouvcrains Catholiques ne pronon- ceront jamais de nuUitez abfolues contre les Mariages que du confen- tement de l'Eglife. Le Traité des Cenfures contient deux Parties , dans la première l'Auteur traite des Cenfures en gênerai , & dans la féconde de chaque efpcce de Cenfureen parti- culier. Ce ne font prefque que des définitions & des divifions , auf- quelles l'Auteur a joint des déci- fions , où il a foin de remarquer en quoi l'ufage de la France ell différent des difpohtions des Dé- cretales , ou desufages d'Italie. Comme tout le monde fçait que M. Tournely efb mort dès le vingc-lîxiéme Décembre 1729. &: qu'ainlî ce Traité n'a pas été mis en vente durant fa vie , il cil bon de commencer par avertir que ce n'eil: point un Ouvrage Poithumc , de qu'il a été achevé d'imprimer fous les yeux de l'Auteur. C'eft ce que nous trouvons à la tête d'une Préface dont on a jugé à propos d'orner le Livre dont nous vei- nons de parler , pour fuivre la mé- thode de l'Auteur dans tous ceux qu'il a donnés. On y voit à cha- cun des Préfaces qui ne font pas moins inftrudives ni moins curieu- fes que le fond même des Traitez -,,- FE V R il croit cîonc jiiflc de fupplcer à l'égar J de celui-ci , ce que l'Auteur n'àuroic pas manque d'y joindre , s'il avoir vécu quelques jours de plus. Au ftile dont cette Préface cft écrite , ou reconnoîc que iî celui qui l'a compofce eft un des plus 2elés admirateurs de teu M. Tour- nely il s'exprims-auflîavcc toutek pompe & l'éloquence que peutinf- pirer la plus jui^e admiration des Héros qu'on fe propofe de loiier. Quelque éloge que mérite cette cfpece de court Panégyrique , cer- taines gens pourront rcgreter de ce que le magnifique tour des phrafes n'a pas permis d'y defcendre en de fimples détails de la vie d'un Doc- teur aufll célèbre que M.Tournely. Nous avons donc penfé qu'on nous fçauroit bon gré d'inférer ici ce que nous en avons pu apprendre» ■ L'Hiftoire des Sçavans & la Lifte de leurs Ouvrages n'eft pas ce qu'on cftime le moins dans nos Journaux. No is diions donc que M. Ho- noré Tournely cft né à Antibes en Provence le 18. Aouft 1^58. &: qu'étant venu étudier la Théologie à Paris, il y fut reçu en la Maifon & Société de Sorbonne, &:reçûtle Bonnet de Dodeur en légtf. Peu après , c'eft-à-dire en 1^88. l'Uni- vcrfité de Doiiay fe trouva dans le bcfoin d'appellcr quelque Profcf- feur des mieux iuftruits , & le feu Roi fit choix de M.Tournely &de M. d'Efpalongucs comme de deux fujets les plus propres à 7 enfeigner le plus parfaitement la Théologie. Quatre ans enfuite en 1692. ilfut lappellé à Paris pour y remplir Iç I E R. I 7 3 I p5 même emploi dans les Ecoles de Soibonnc , où il l'a exercé pendant 24. ans avec un concours d'Etudians qui ne faifoit qu'augmenter chaque année. Lorfqu'en 1716'. il quitta (x Chaire , ce fut dans le dilTcin de le ménager le loifir de revoir avec im nouveau foin les Ecrits qu'il avoit,d-i(tlés,pour contenter le grand nombre de perfonnes qui en de- mandoicnc l'imprelllon. Elle contient aâuellement i^. Volumes »»-8'. donnés au Public dans l'ordre & avec les titres que voici. 'PfxUBionss TheologicA de Gratta Chr'tfii , Imitas in Schelis Sorboni- cis habiiit Honoratus Tourne- ly , Sacra FMultaiis Parifienfîs DoUsr , S oc tus Sorbonicus Regiui & EmeritHs Profejfor Sacro-Sunc- î& CapelU Régit Palatii ParifieH' fis Canon icus , 2, voL in - 8". PrdcSiiones Théologien de Deo é' Divinis Attributis^ 2. vol. /«-8°. 1725. PrdeUiones Théologie* de Eeetefta Chrifli , Editio secunda ab AuTORE RECOGNITA , 2. VOl.- /«-S". 1727. PraleBiones Theologica de Sacra- mentis in génère ^ i. vol. /»-8°. 1726'. Prale£îiones Theolegica de Mijïer'io SanSliffimit Trinitatis , i. voL /«-8°. 172^. Trde^liones Theologica de Incamtt- tione Verbi Divini , i. vol. /«-S'» 1727. PrAleEliones Théologien de SacrAmen- fis Baptifmt &, Cenfirmatio'm ; 94 JOURNAL D I. val./»-8°. 1717. PntleSlioHes TTicologicA de Sacntmen- fis Pœniientix & Extrema-Vnc- tiofiis , 2. vol. in-î". 1728. Prdle^ianei Théologien de AHgufiif- ftmo Euchariflin SacrAmente , 2. vol. /«-8°. 1729. Prxle^iones Théologien de Saeramen- to Ordtnis , I. vol. ;«-8°. 1719. Pritle^iones Theologica de Sacra- mento Matrimonù , i. vol. /«-S". 1730. Pendant que M. Tourncly tra- vailloic à donner ainfi fa Théologie entière, il crut la rendre encore plus utile en la reduifant en un abrégé à l'ufage des jeunes Ecclefiaftiqucs : 3 vol. en ont déjà paru en 1719. & 1730. en offre cinq , fans y comprendre celui des diverfes Ob- fefvations.Le premier fur les HuiUs £ffent telles des Plantes , &; le fécond fuï les differens Fitriols & fur l'A- ,Ih{i , font l'un 6c l'autre de M. Geoffroy le cadet , & fe lifent dans l'Hiftoire ainfi que parmi les Mé- moires. Les trois autres articles ren- voyés entièrement aux Mémoires, font V- l'Ecrit de M. du Fay fur la teinture & la dijfoltttion defliifietiTS efpeces de pierres ; 4'-'. Celui de M, Léjnery fur le Borax; 5". Les Ob- fervaiions de M. Bowdelin fur la formation des Sets Lixiviels. Nous donnerons l'Extrait de ces urois dcr- ni\-'rs articles. in. Parmi les Pierres de diverfes couleurs^ telles que ks Agathes , F E V R I E lcsjafpes& les Marbres i il y en a qui reprefcntent naturellement des ruines , des Payfages , des arbres , comme les pierres de Florence ; il y en a d'autres j comme les Agathes, connues fous le nom de Dendnres ^ fur Icfquelles patoifTent des buifTons ou des végétations : Se il ne s'eft point trouvé jufqu'ici d'Artillcs allez indullricux pour imiter ces lortes de pierres. Mais leurs eflais Se leurs tentatives furies autres pierres figurées qui font voir des animaux , des fleurs , des dcfleins réguliers ^ des veines bizarres , leur ont beau- coup mieux réulÏÏi&ils font venus à bout d'imiter fi parfaitement & fi facilement les plus finguliercs, qu'il faut être connoifleur pour ne s'y méprendre pas en admirant comme une production de la Nature ce qui n'eft qu'un pur Ouvr^ige de l'art- Un fonds de fagacité naturelle joint aux recherches les plus ingé- nieufcs ont enfin conduit M. du Fay à la découverte d'un fecret , que certains particuliers avoient tenu fort caché jufqu'à prefent : & comme dans fes travaux Académi- ques , fon principal but eft de fe rendre utile au Public , & de le prc- cautionner contre la fraude Se l'ar- tifice , il lui apprend ici non feule- ment les divers procédez par lef- quels on pem imiter les pierres fr gurécs , mais encore les moyens de diftinguer en ce genre ce qui nous vient des feules mains de la Nature d'avec ce que le fecours de l'art peut nous fournir. L'Académicien nous apprend donc dans fonMemoire, i". ]ûinanicie de colorer les pierres du: res, c'eft-à-dire cellejqui refiflent aux plus violcns acides , telles que prefque toutes les pierres précieufes IcsAgathcs, les Jalpcs,le Cryftal de roche , les Jades , le Porphyre ,les Granits, le Serpentin , les Dendri- tes Orientales Se de Catalogne , la Cornaline, &:c. 1'. Celle de colorer le Marbre: 3°. Une opération qi^ tient du preltige , par laquelle on exécute très-aifcment Se très-prorrt- ptement ce qui à la première viië fembleroit être le fruit du travail le plus épineux Se le plus long, I. Quoique les Agathcs & les Jafpes de toute efpece puiiTent ai- fémentfe colorer ; cependant com- me celles de ces pierres qui font naturellement veinées j ne peuvent changer entièrement de couleur; cette raifon a engagé M. du Fay à pretcrer pour fes expériences à toute autre forte d'Agathe celle qui eft blanchâtre, & qu'on appelle CaIcc- doins La diflblution d'argent dans l'efprit de Nitre appliquée fur cette forte de pierre la teint au bout de quelques heures , d'une couleur brune tirant fur le rouge , Se la pé- nétre jufqu'à une ligne d'épaifieun. Cette couleur eft fufceptible de plufieurs varietez» lorfqu'on joint à la dilTolution d'argent divers in'- grédiens fpecifiés par l'Auteur , qui ' nous apprend de plus, qu'à la refer- ve de la diflx)lution d'or Se de celle de Bifmuth , dont l'Agathe n'em- prunte qu'une légère teinture bru- ne, elle n'en reçoit aucune des au- tres diflblutions de métaux ou de minéraux. Il obferyc que l'expofi- tion de l'Agathe au Soleil j pins ^S JOURNAL D dans un lieu humide, cft abfolu- ment necefTaire au luccès de cette opération ; Si il enfeignc la manière qui réuflit le mieux pour tracer fur la Calcédoine des figures avec exac- titude , lefquelles cependant n'ap- prochent jamais de la délicateflf'e de ces petits arbres formes naturelle- ment dans les Dendrites. Mais au cas qu'elles vinflent à les imiter parfaitemenr,l' Académi- cien indique pluficurs moyens de découvrir iî la teinture de l'Agathe cft naturelle ou artificielle. Cela fe réduit, i". A chauffer l'Agathe, qui perd fa couleur fi elle n'eft due qu'à l'artifice -, 2°. A y mettre un peu d'eau forte ou d'cfprit de Nicre, qui déteint entièrement l'artificiel- le dans l'efpace d'une nuit : 3°. A examiner li les taches font unifor- mément enfoncées , auquel cas elles ne font nullement naturelles. L'Auteur obferve de plus à cette occafion , que l'adion du feu fur prefque toutes les pierres fines en change les couleurs -, qu'elle blan- chit les Saphirs &; les Amethyftes ; qu'elle donne un blanc opaque à la Calcédoine 6i à la Cornaline ; qu'elle ôtc toutela tranfparence à la Dcndritc , & y fait difparoîtrc les petits arbres. H nous entretient , après cela, des eflais qu'il a faits de la diflolution d'argent fur la plupart des autres pierres dures , fur plu- i^eur^ defquelles cette dilToIution n'a rien opéré ; & de ce nombre ont été le Cryftal de roche , les pierres prccieufes , la pierre à ra- ibirs, la Dendrite de Catalogne, ôcç. Celles qui ont reçu quelque ES SÇAA^ANS, teinture , font l'Agathe Orientale , le Jade , la prime d'Emeraude commune, le Granit , le Serpentin. Mais la diflolution n'a point agi fut l'ardoife , non plus que fur toutes les efpeces de Talcs & d'Amiantes ; pierres d'ailleurs indidolubles aux acides les plus violens. 2. La teinture du marbre eft d'autant moins difficile , que cette pierre eft beaucoup plus tendre que l'Agathe. Auflî divers Phyficiens onr-ils cherché les moyens de le colorer ; Se l'on en trouve des recet- tes dans quelques Ouvrages du P. Kircher , dans les TranfaElions Philofophiejues , Sc dans quelques Journaux d'Italie. Mais elles font prefouc toutes fi peu détaillées & fi peu certaines , que M. du Fay n'en ■a pu tirer que très-peu de fccours. Quelque fautives qu'elles foient la plupart , elles n'ont paslailTé de lui en faire imaginer pluficurs dont le fuccès a été plus heureux ; Se. il nous rend compte des unes & des autres. Il a choifi pour (es expériences le Marbre blanc, par préférence aa coloré, comme plus pénétrable que celui-ci : raifon , qui par rapport à fes clTais fur les Agathes , l'avoir déterminé en faveur de la Calcé- doine. Il a commencé fcs épreuves par les dilTolutions métalliques. Celle d'argent pénétre le Marbre jiifqu'à la profondeur de pUis d'un pouce : elle lui donne une teinture rougcâ- tre ou pourprée , qui brunit dans la fuite , 6c elle le dépolit. La difTo- lution d'or , moins pénétrante que la première , communique au Mar- bre F E V R I E brc une couleur violette : la diiïb- lurion de cuivre très-peu pénétran- te le verdie , & la rouille de fer le jaunir allez profondément. L'Aca- démicien peu content de ces eflais , a eu recours aux matières huilcufes, qui toutes imbibent le marbre , mais dont pluficurs le terniffcnt , & lui ôtent l'on poli ; ce qui a fait donner l'cxclulîon aux huiles tirées par cxprclîloH 6c aux graiflcs ani- males , pour mettre en œuvre l'ef- prit de vin , l'huile de Térébenthi- ne , la Cire blanche , après les avoir chargées des tcmtures qu'on vouloir introduire dans le m.irbrc. Quelques gommes fins le fecours d'aucun Àicnjîme on didolvant , le teignent & le pénétrent d'envi- ron une ligne. Telles font le Sang- dragon &: la Gomine-gutte , qui lui donnent le premier un rouge diverfement foncé , l'autre un beau couleur de Citron. M. du Fay pafTe ici en rcvûë plufieurs teintures tant végétales rju'animalcs taircs dans l'efprit de vin , ou dans l'huile de Tci cbenthi- nc ; telles que font celles de bois de Brcfil , de Cochenille, d'Orcanct- tc , de Tourne-Sol , de bois de Campêchc , de Terrâ-mcnta , de Roucou , de Safran , de verd-de- vedle; 5c il nous informe de leurs differens effets pour la teinture du marbre. Il vient enfuite à ceux de ia Cire imprégnée des couleurs de ces diverles matières , & il nous fait part de toutes fes découvertes à cet égard. Il obfervc que toutes ces teintures oleagineufes appliquées fur le marbre , y prennent des Fevrief R 173 r; p7 nuances infiniment plus claires qu'elles ne les avoient auparavant; d'où il croit être en droit de conclu- re que bien qu'il fût peut-être im- polîiblc ou du moins très- difficile d'arriver au noir parfait , il ne le feroit pas de réulîîr au bleu -, & c'eft ce qu'il a exécuté fajfahlement bien [ dit-il ] par certains procédez dont il nous communique le détail , au- quel nous renvoyons les curieux. Ils y verront quelles font lesteintures qui doivent être appliquées à froid fur le marbre , &c celles dont l'ap- plication demande qu'il foit chaud : la manière la plus convenable de lui donner les differens degrez de chaleur neceffaires pour la réuffitc de chacune des opérations qui exi- gent un tel fecours; fc pluiicurs au- tres circonftances que nous omet- tons pour abréger. 3. Mais parmi tînt de découver- tes heureufes fur cette matière, SC qui font honneur au laborieux Académicien , nous n'avons garde d'en oublier une , qui femblc cou- ronner toutes les autres. On admi- roit, depuis quelques années , des Tables fi des Cheminées de mar- bre blanc fi délicatement fculptécs, que pour être l'ouvtigc du cifeau &c des autres inftrumcns elles euffcnt coûté un tcms infini. On jugeoit de rcfte , avec un peu d'attention , & malgré le myftcre qu'en faifoient les Ouvriers , qu'ils dévoient creu- fcr les fonds de ces Sculptures, à l'aide de quelque dilTolvant, qui n'altérât en rien la blancheur du marbre , & de l'action duquel ils fcuffent preferver les reliets. Mais N jS JOURNAL DE il étott difficile de deviner jufte fur / 'un ôi lui l'aurre point. C cil pour- rant ce que M. du Fay , après plu- iieurs tentatives infrudueufes , a trouvécomme par hazard. Le prcfervatit coniîfte en une diffolution de cire d'Efpagne dans. l'cfprit de vin , ce qui devient un vernis capable de fe iccher en moins de deux heures, 6c dont on cnduK délicatement avec le pinceau les endroits qu'on veut garantir du diffolvant, ■& dont on a d'avance tracé le delTein au crayon. Qiianc au diffolvant , nul ne lui a paru d'une artion plus uniforme &c moins pte|udiciable à la blancheur & à l'éclat du marbre qu'un mélan- ge de parties égales d'cfprit de fel & de vinaigre diltilc. A l'égard de l'opération qui fc trouve à la portée des Ouvriers les moins expérimen- tés &: les moins inteiligens, on peur en voir les particularitez dans le Mémoire de l'Académicien , qui nous avertit qu'on peut travailler i'Yvoire de la même manière . mais que celui-ci rcîifte plus long- temsi l'adiion du dilTolvant. Du relie, à propos decesdilTo- lutions procurées par des acides , l'Auteur obfcrve , i°. Que l'efprit deNitre dilTout pluficurs pierres qui palTentpcur précieufes, telles, par exemple, quclaTurquoife de vieil- le roche & celle d'Armagnac , la Malachite , la Crapaudine , le La- pis : 1°. Que le même efprit dilTout encore , avec ébuUition , la plupart des pierres figurées , comme la Be- Icmnite , VÈntrochus , les Terebm- fhU^ h pierre Judaïque , l'ctoilcc. 5 SÇAVANS ; rAftroïte, le bois pétrifié: 5'.Qi.i'iI dilTout far.s peine la Pierre Ponce , cclie de Boulogne , le Cryftal d'if- landc , les Selenites , les Albâtres , les Gvps : 4'. Qu'il dilTout trcs- fingulieremcnr la pierre de Floren- ce nommée Albcréfe ,. c'cft-à-dirc , qu'il y agit feulement fur les fonds, fans touchet aux arbres 5: aux ter- rafles, qui deviennent autant de re- liefs ; 5c il en arrive prefquc autanc dans la dilTolution des Aftroïtes , dont les petits points étoiles , com- me plus durs que le relie , demeu- rent relevés , pendant que leurs in- tcrfticcs fe creufent. IV. M. Lémery s'cft propofé dc" pénétrer plus avant qu'on n'a taie jufqucs ici dans la compolîtion inti- me du ^o^^.v , lel , dont la nature & les proprietez font encore aiTtz peu connues. Pour l'ciccurion df ce projet , il a combiné le Borax avec différentes fortes d'acides , &C ce font les rcfultats de ces mélan- ges , dont le détail remplir un pre- mier Mémoire , qui ell celui donc nous rendons compte. L'Académi- cien en promet un leçon d , où il tâchera de tirer partie de toutes les expériences déduites dans celui-ci, pour découvrir en quoi confiftent les vertus médicinales de ce Sel , &: dc quelle façon il opère dans la fu- fion des métaux. L'Académicien rapporte d'abord les tentatives faites par feu M. Lé' mery Ion père , fur TAnalyfe du Borax. Ce Sel pouflédans la cornue par un feu gradué , n'a rendu qu'u- ne eau claire, infipide, fans odeur, 6 cou:-à-fait étrangère au Borax , F E V RI qiii eft reRé au fond du vaillcau avec coûte la rrani'parence du verre, quoique difloluble à l'eau &c par conlequcnt toujours Sel , mais iin- prégnc de parties de teu , qui iui communiquent les proprictez de la chaux. Mêle avec trois parties d'ar- gile , qui luifervoiencd mtcrméde. Si. poulie de nouveau par le teu, il n'a donné qu'un phlej^me chargé d'un peu de fel alkali urincux , lequel alkali avoir été fourni par l'argile feule, comme l'Académi- cien le prouve par plulîcurs expé- riences que nous n'alléguerons pas ici. La vove de la décompofitionne nous ayant donc rien appris jufqu'a prcfent fur la nature du Borax , M. Lémery a voulu éprouver s'il ne réuîliroit pas mieux à cet éga.rd par le inclange dec- fel avec des acides de divers gemcs , tels que ceux du V-irriol , du SouFre commun , de l'Alun , da fel Marin ^ du Sajpccre, du Crylfal de l'arrre , du Vjnai;3;rc oïdinsirc, & du Vinaigre diftillé. •On fçaic que de l'union du Borax avec le Colcorar que laiiîc dans la cornue la dilfiilation de l'huile de Virriol , feu M. Hombtrg riroit un fel volatil , qu'il noaimoit Sédatif ou Calmant : & le procédé de cette opération eft lullâfammcnt connu. Sur quoi l'Académicien obferve que le fel Sédatif en queftion n'cft <]u'un compofc de Borax &: de l'a- cide vitriolique rcfté dans le Colco- tar : pulfqu'employant , au lieu de celui-ci , l'huile de vitriol , il en a tiré un -fcl-fLdatif tout femblable .à c^ui de M. Hombcrcr. Il en a fait E R I 7 5 I; 99 autant , par le mélange du Borax avec l'eiprir d'alun , puis avec l'efpricdc foutFre , fublUtués à l'hui- le de vitriol, enfin avec le fel extraie de la tête morte du Colcotar du vitriol blanc : & de ce dernier mé- lange , auquel il a fait fubir fepc dilhlations confecutivesdont il dé- taille trcs-exadlement les procédez que nous fupprimons ici pour abré- ger , il lui eft venu à chaque difti- lation une quantité plus ou moins confldcrable de fel fédatif : ce qui lui a également réulli p:r les mêmes procédez mis en œuvre fur un mé- lange d'alun celui du Tamarifc , qui eft un véritable fcl fa lé , & nuUc- mcntun alkali. Il fc propofe donc d'exammer de plus près qu'on n'a fait jufqu'ici , les fels lixiviels , fur tout , ceux qui entrent dans les alimens ou dans la Médecine ; Se de découvrir Li caufe de l'inégalité de leur alkali fat ion , qui devient nulle , en certains cas. Mais avant que de s'engager dans une pareille difcullîcn qui fera le fujct d'un fé- cond ^iemoire , il a cru devoir communiquer au Public fes refle- xions fur la manière générale donc fe forment ces iels ; matière , qui jiifqu'à prcfcnt, n'a pas été [ félon lui ] fuffilamment approfondie , &i qui lui paroît exiger de nouveaux éclairciliemens. Il convient d'abord avec tous les Chimiftcs, que ces fels n'exiftanc Eoint dans le mixte tels que nous ;S voyons , ils ne font que l'Ouvra- ge du feu. Mais de quelle manière" celui-ci peut-il leur procurer cette nouvelle forme ? Eil-ceenles dé- compoCint , ou en leur aftociant de nouvelles fubftanccs ? Car c'eft à ces deux Syftêmcs que fe reduifcnc les diftcrcntcs opinions fur ce point. Suivant la première hypothéfe , dont la grande fimplicité femblc ■porter avec elle le caraBere de la vé- rité ( dit l'Auteur ) les fels alkalis ou Ùxiviels ne font que les fcls F E V R I E e/Tcntiels (les plaines , dépouilles d'une certaine quantité de leurs acides, &c par là rendus beaucoup plus poreux qu'ils n'étoicut aupara- vant , & capables de recevoir au- tant de nouveaux acides , que le teu leur en a enlevé : or de ce mécha- nilme fuivenc très - naturellcnienc toutes les proprictez qui caraderi- fent ces fels. Mais ce qui femblc njettre la fuppolition hors de dou- te , c'eft qu'en leur reftituant les acides qu'Us ont perdus par la vio- lence du feu , on les rétablit dans leur premier état , comme le montre évidemment l'exemple du Nitre fixé par le charbon, dont on refait un véritable Nitrc en lui re- joignant fes acides. Suivant la féconde hypothéfe , qui cil celle de M. Stahl dans fon Livre intitulé Phndamenta ChimU ^ les fels alkalis font de nouveaux compofés , formés par l'union de riîuile de h plante avec fon fel ellentiel, procurée par le feu : S<. ce Médecin en allègue pour preuve , Qii'une plante qui réduite en cen- dres fournit beaucoup de fel fixe , étant dépouillée de fa partie huilcu- fc par l'efprit de vin , ne donnera plus de fel fixe , étant brûlée , &c ne laiifera qu'un Nitrc pur. Mais cette expérience atteftée pir M. Stahl loin de favorifer fon Syftême , fournit au contraire à M. Bourdelin de quoi expliquer dans le Syftême oppcfé l'alkalifation des fels elTentiels d'une manière nouvel- le-, & qu'il n'a empruntée de per- fonnc. Au lieu donc defuppofer , Avec le Médecin Allemand , -^,s'enfl.immeau!îi-tôt qu'on tire que trois onces de fel fixe : au l'expofeà l'air, &: dans la compoh- lieu que ce mélange, dans l'hypo- tion duquel entrent demi-once de fhéfe de M. Stahl , devroir en pro- limaille de ter nouvellement faite , duire au moins une livre. D'ailleurs, deux gros de fouffre commi;,! , lix continue M. Bourdclin , comment gros d'eau commune , & , ii l'on expliquer, dans ce Syftême , la veut, dix grains de Colophone. La régénération du Nirre opérée çn lui féconde Obfei vation envoyée cn- rcftituant fes propres acides , rcge- core à l'Académie par le même M. reration qui devient par là entière- le févr?^xou\e fur k moyen de dif- mcntinintclligible?Au lieu que dans foudre plus facilement le Tartre ou 1 nypothcfe de l'Académicien, tou- la crçme de Tartre dans l'eau ; tes ces difficultcz s'applanifTent , & moyen dont on a fait mention plus elle offre une méchanique trcs-fim- pic, très-naturelle bc très-facile à concevoir,pour expliquer la forma- tion du fel alkali. haut , dans l'Extrait du Mémoire de M. Lémery. La tîoihéme Obfer- vation communiquée par M. ^« Fay enfeignc la manière de revivi- L'Auteur termine fon Mémoire fier l'eau forte avec un profit confi- par quelques reflexions fur les hy- rab'e, lorfque cette eau , après les pothéfcs qu'on regarde la plupart différentes opérations aufquclles on comme des jeux de l'imagination , l'employé , eft devenue de nul ufa- cn fait de Phyfique , & dont on ne ge, fa^iroit trop fe défier. Mais il eft Les articles de Sûr<««/i7«f font au perfuadé qu'une hypothéfe mérite nombre de quatre , ians compter d'être adoptée , » Lorfqu'avcc les une Ohfervaiivn particulière. Le » faits qui font fa bafe , &C dont la premier fur une maladie du Saf-an » vérité eft prefente à l'efprit , elle & le fécond fur /./ multiplication des "peut encore, par le moyen du rai- efpeves de fruits ^ font l'un (?s' l'autre »)fonncmcnt , lui prouver, non de M. ^« Miwt/, & paroidcnt dans M pas la podîbilité de ces mêmes l'Hiftoire de même que parmi IcS "faits, de l'exiftence defquels il Mémoires. Le noifiéine & le qua- " eft intimement convaincu, mais triéme entièrement renvoyés à M la façon dont en peut vraifembla- ceux-ci , font les deux Ecrits de M. » blement imaginer & concevoir ^^ Jiijfieu fur les Champifi^nons.'^ous w qu'ils arrivent. donuetens le précis du premier FEVRIE article & du dernier. I. La culture du Safran , dans le Gâtinois , fait, comme l'on lait, une des richefles du Pays. Cette plante eft , fur tout , recommanda- ble par fa fleur , dont le pilHllc fert aux Peintres en miniature , aux Teinturiers , aux Médecins &; aux Cuifuiicrs. Malgré les foins de ceux qui la cultivent , elle ne laille pas d'être fujette à plnficurs maladies , dont la plus danj^ereufe n'eft con- nue des habitans que fous le terri- ble nom de la Mort. C'eft une ef- pece de contagion qui attaque l'oi- gnon du Safran , fe communiquant à la ronde aux oignons voifins , en forte qu'elle ctcndroit fcs ravages jufqu'aux extrémitez du Champ , fi l'on n'avoitla précaution de lui couper chemin par de protondes rranchces faites dès le commence- ment du Printems. M. An Han.el , comme Botanifte très-curieux , & d'ailleurs zélé pour le bien public , fe mit à rechercher quelle pouvoit être la caufc d'un mal li domma- geable ;&: aptes les pcrquiiitions les plusexades, il découvrit enfin que tout le dommage ne devoir être imputé qu'à une plante farajite , qui s'attache aux oignons du Safran & leur dérobe la fève qui devroit les nourrir. C'eft un corps glanduleux , de la ^rofîeur d'une aveline au plus , de figure irrégulicre , fort fcmblablc à la Truffe , velu à fa fuperficie & de couleur rouge-brune , d'un goiàt tirant fur celui du Champignon , jcttant en tout fcns des filamcntî' violets & velus qui font fes racines. R- ï 7 ? !•" lOJ lefquelles produifent de nouveaux tubercules, eninrçant de tous cotez: d'où il arrive que les oignons qui font au centre de l'endroit du champ le premier attiqué , font toujours les plus endommagés , &z les autres moins , à proportion da leurs diltanccs. L'Académicien trouva par fes expériences & pat fes recherches , que cette Mon n'c- toit pas feulement à craindre pour le Safran , mais qu'f//? exerçait fa tyrannie fut les oignons de lis , &: fur ceux du Mufcari , fur les raci-- nés d'Hieble, de CoronilLi-florez-aria- &C d'arrefte-Bœuf j pendant qu'elle ne touche point au bled , à l'orge y au fencçon , à la Motgelinc , &c. La raifon en eft que les racines de toutes ces plantes n'étant que fuper-- ficielles , n'atteignent jamais à la- profondeur de demi pied , où naîc toujours le Tubercule dont il s'agit.- Cette circonftance a fait ima^i-- ner à l'Académicien , qu'on pour- roit tirer quelque utilité d'une plan- te fi pcrnicieufe , en détruifant par fon moyen tant d'herbes inutiles ou nuifibles qui pullulent parmi les bleds. Mais en reflechiflant fur les- moyens de mettre à profit une plante fi mal faifantc , il n'a point encore découvert ceux d'en garantir entièrement le Safran, qui en reçoit: un tort fi confiderable ; & il ne- propofc pour cela d'autres rerrtedeS' que la tranchée profonde faire au- tour du Safran maléficié , enforte que la terre n'en foit pointrenveifée fur la partie faine du champ ; 2°.. L'attention à dépouiller de leurs té- gumens les oignons qui ne font ©n- I04. JOURNAL D core que légèrement endommagés &c de les expofcr au Soleil pendant quelques jours. La rcfTembUncc de cette plante Ci peu connue jufqu'ici, avec la Trufe , lui a valu le nom de Tuhtroidss^ par lequel M.du Hamel a cru pouvoir la défigncr. III. IV. Des deux Mémoires de M.dejujfieu concernant lesChampi- gnons , le premier roule fur U ne- Ceffité des Obfemaiions à faire ton- chant la neutre de ce! fiantes & fur la defcnptien de celui (jiii peut être nommé Champignon- Liche/J : Le fé- cond 1-ait voir que dans ta n.éthode nouvelle des plantes , on ne peut fe difpenjer d'éiahiir une cLijSe particu- lière pour les Fungus , à Usuelle doivent fe rapporter, non feulement les Champignons , les /ig-irics ^ mais encore les L'cbens. L'Académicien obfetvc que cet- te partie de la Botanique a été juf- qu'ici très - peu approfondie , & qu'on n'en a donné que des ébau- ches trcs- imparfaites , que l'on trouve dans Cufins & Jean Baithin, dans Sterheeck , dans Rai & dans Dillen. Il eft cependant pcrfuadé qu'en ralfemblant fur cette matière les 2IO. defctiptions d'un pareil nombre d'efpeccs de ces plantes peintes fur le vélin pour la Biblio- thèque du Roi , les figures qui rem- pliffcnt 3. volumes de la Bibliothè- que Vaticane mentionnés par M. Lancifi , près de 500. autres dcllî- nécs par le P. Barrelier aux environs de Rome , & qui font entre les mains de l'Académicien , & les defleins des Champignons des cn- viren: air ou non cftle précis d'un Mé- moire non imprimé de M. ^f Mai- r*n. Nous allons en tendre compte d'après l'Hiftorien. On fe perfuade ordinairement j qu'en joiiant à pair ou à non ^ il cft ndifferent de répondre l'un ou l'autre , fur ce principe qu'il y a autant de nombres pairs que d'im- Fevriiï' pairs. Mais à examiner la chofe plu s exadcment , la réponfe ne doit point être faite au hazard , &c M. de Mairan démontre qu'il eft plus avantageux de répondre non pair , ce qui cft juftilié par l'expérience de quelques Joueurs des plus raffi- nés. Il faut toujours fuppofer que les Jettons renfermés dans la main de celui qui joue ont été pris à l'a- vanture dans un certain tas , & que le Joiieur a pu le prendre tout en-; ticr. Maintenant , dans la fuppofitiora que le tas foit impair , s'il cft de trois Jettons , le Joueur n'y en pou- vant prendre qu'i ou 2 ou 3 , il fc trouve deux cas pour les nombres impairs contre un feul pour le nombre pair , & par confequcnt 1 à parier contre i pour l'impair , d'où il refultc l'avantage de y. Si 1g tas eft de 5. Jettons , le Joiieur y pouvant prendre 3 impairs & feule- ment 2 pairs, ila 3 à parier contre X pour l'impair , ce qui fait l'avan- tage de y. Le tas étant de 7 l'avan- tage de l'impair eft -^ & de même à proportion pour les nombres im- pairs fuivans , en forte que tous ces avantages de l'impair fur le paie formeront la fuite i , i, i. , —, i-, ôCc. où il eft clair que le tas i don- ncroit un avantage infini , c'cft-à- dire de i. contre ^^ro, le fort du pair contre l'impair fe trouvant ex- primé dans toutes ces_fra£tions par leurs dénominateurs dont on re- tranche l'unité. Dans la fuppofition contraire , où les tas feront totijours pairs , on voit alors que l'égalité qui o io5 JOURNAL D s'y trouve des nombres pairs & des impairs , empêche qu'il n'y ait au- cun avantage ni pour le pair ni pour l'impair. Mais il arrive j que dans l'incer- titude où l'on cft , quand on jolie , fî les Jettons ont été pris dans un tas pair ou non , de 2 ou j , 4 ou 5 , £cc. l'avantage de l'impair diminue de moitié , &: fe réduit à la fuite \t.t> f ^T» Sec. ce qui devient plus icniîblc par l'exemple de deux Totons, l'un à 4 faces marquées i , z, 5,4, l'autre à cinq. Si le pre- mier tourne , le pari fera égal pour le pair 8c pour l'impair quant à la chute duToton, à caufe qu'il a au- tant de faces paires que d'impaires. Si l'on fait tourner le fécond il y aura de l'avantage à parier pour l'impair ; à moins qu'il ne foit per- mis au Joueur de faire tourner l'un ou l'autre à difcretion , auquel cas l'avantage de l'impair deviendra la moitié moindre qu'il ne feroit fî l'on n'cmployoit que le Toton im- pair. Les deux fuites exprimées plus haut font connoîcre que plus le nombre de Jettons qu'on peut prendre augm.ente , plus l'avantage de l'impair diminue ; dont la raifon c(k que le nombre des impairs ne furpaiïant celui des pairs que de l'unité dans tout impair , celle-ci devient toujours moindre, eu égard à un plus grand nombre. Pour joiier i Jeu égal , [ obferve M. de Mai- ran ] il faut que le Joiieur déclare fi le tas où il prend les Jettons eft pair ou impair ^ &c quel impair. Dans le premier cas^ quel qu'on le ES SÇAVANS; fuppofe , l'égalité y cfl toute entîe re. Dans le fécond une fois déterm J né , on fait de combien il y a plus à parier pour l'impair, & celui qui parie doit mettre ce furpkis contre l'autre : & alors l'égalité dans le Jeu efl parfaite. L'Académicien remarque de plus , que fl au lieu de l'alternative d'un tas pair ou impair , on fuppo^ foit trois tas , l'avantage du Joiieuc qui dit noH-pair, pourroit diminuer dans le cas où il feroit pofTible qu'il y eût un fcul des trois tas impair contre deux pairs ; & augmentée dans celui de deux tas impairs con-! tre un pair : ce que M. de Mairan éclairât par un exemple , auquel nous renvoyons : Se d'où il fuit ,' »Que l'avantage du non-pair dans » un nombre de tas polîîbles quel- wconques, ou pairs avec non-pairs^ » ou feulement impairs , fera toû- " jours exprimé par la fomme des « avantages de chacun des cas poflî- »bles, divifée par le nombre des >»tas, y compris les pairs ^ s'il y en »a j lefquels donneront toujours n zéro d'avantage. « Ce qui conflit tue la formule ou la règle générale. ' L'ingénieux Académicien recher-- chc encore quel feroit l'avantage du non-pair , fuppofé que le Joueur s'engageât à ne prendre les Jettons que dans un tas qui n'excederoit pas un certain nombre , mais qui pourroit être plus petit à foB choix : & il trouve que cet avanta- ge eft compofé du fort de tous les tas pofTibles depuis le plus grand nombre déterminé par le Joijcur^ jufqu'à l'unité inclufivcmcnt. FE V R On a fait ; contre la maniete dont M. de Mairan évalue l'iné- galité du Jeu de pair ou non , piu- £eurs objeâions ^ dont voici la plus fpccieufe. L'Académicien prétend que dan s le ras de trois Jettons (par exemple ) où fe trouvent 2 impairs contre un pair , il y a 2 à parier pour l'impair , & par confequcnt l'avantage de ~. Cela feroit vrai ( dit-on ) s'il s'agifloit d'un Toton à 5 faces marquées i , 2. , f. Mais le tas des trois Jettons eft fort difFe- lent, puifqu'il offre quatre cas pour l'impair , le Joiieur y pouvant prendre chaque Jctton feul ou les trois enfcmble ; & trois cas pour le pair, y ayant trois manières de prendre trois chofes deux à deux. Il y a donc j dans le tas de trois Jet- tons, 4 à parier contre 3 , ou l'a- vantage de — & non celui de -|- , comme l'adure l'Académicien. Celui - ci répond , que le tas de trois Jettons ne donne pas quatre pofllbilitez pour l'impair , ni trois pour le pair , mais deux feulement pour le premier & une pour le fé- cond , puifqu'il n'importe nulle- ment pour le Jeu , lequel des trois Jettons le Joueur choifilfc , lorf- qu'il n'en prend qu'un , ni , qu'en les prenant deux à deux , il joigne le fécond au troifiéme ou le pre- mier au fécond : ce qui devient plus intelligible dans le tas de deux jet- tons , où tout le monde convient de l'égalité du Jeu. Cependant , fuivantl'objedion , il y auroit iné- galité , puifque le Joiieur pourroit prendre feul l'un ou l'autre Jetton , pour l'impair ^ ce qui feroit deux 1ER 17312 107 casj & feulement les deux pour le pair, ce qui n'en feroit qu'un. Cet exemple fuffit pour faire fentir que CCS diverfes combinaifons ©u chan- gemens d'ordre font des circonllan» ces tout-à-fait étrangères au fort des Joueurs ^ dans la queftion pre- fente. Il n'y a que deux articles de Gés- mitrie , & ils figurent l'un & l'autre dans l'Hiûoire & parmi les Mé- moires. Le premier fur let Soiidé-_ veloppécs , eft de M. de Maitfertuis'. ôc le lecond fur le rapport dtsfolidi- tez. & des fnrfttces , eft de M. Pitot: 1. Dans le premier de ces deux articles , M. de Maupermis pouffe la fpéculation fur les Développées plus loin qu'on ne l'a portée julqu'i- ci ; &: non content de regarder toute Courbe comme formée par le déve- lopemènt d'une autre , & de s'en tenir là ; il confidere cette féconde comme formée par le dévelope- mcnt d'une troifiéme , celle-ci par le dévelopement d'une quatrième , &C ainfi à l'infini : ce qui l'engage à examiner la relation qui eft entre les longueurs de toutes ces Courbes, & à donner les formules générales de tous les arcs des Soudéveloppées» tant pour les Courbes Géométri- ques que pour les MéchaniqueSjfans qu'il entre dans ces formules d'au- tres grandeurs , que les Coordon- nées de la première Courbe avec leurs différences. a.Dans le fécond article , M. Pitot propofe des remarques nouvelles , quoique fort fimples , fur les farfa- ces des corps. On eft informé que les Solides fçmblables étant comme Oij ic8 JOURNAL D les cubes de leurs cotez homologues, leurs furfaccs font comme les quar- rez des mêmes cotez ; que plus on divife les corps, plus on augmente les furfaces , & que, par confc- quent plus les corps font petits, plus ils ont de furface par rapport à Ipurs foliditcz. Mais on en demeure là. M. Pitot va plus loin. 11 décou- vre & démontre un rapport fimple pour toutes fortes de Solides, & une analogie très-commode pour l'application de la Géométrie à la Phyfiquc : en voici quelques exem- ples. Il établit en premier lieu , fur le rapport des furtaces des grands & des petits corps comparés à leurs foliditez , cette propriété générale , Que fi il découvre que le mouvement de l'Aphélie de Saturne eft de i' 20",- en un an , & de deux Secondes moindres que ne le donnent les Tables de M. de la titre. Le mou- vement des Nœuds , obfervc l'A- cademicicn , ne mérite pas grande attention pour la Théorie de Sa- turne , dans la révolution annuelle, duquel il ne caufe d'autre variation que de 2 ou 3 fécondes , pendant que celle qu'y procure le mouve- ment de l'Aphélie peut aller jufqu'à 5 minutes de degré. Toute cette Théorie du mouve- ment de Saturne conduit M. Cafli- ni à la recherche du moyen mouve- ment de cette Planète refultant de • lacomparaifon des différentes ob- fervations que l'on en a jufqu'à pre- fent, &:,en voici le rcfultat. Nous ne repetons pas ce que nous avons • dit plus haut fur celle des Chal=- iio J OURNAL D déens comparée à celles de l'Obfer- vatoire , depuis 16^85. Parcelles-ci^ comparées avec celles de Tycho , ce mouvement efl: le plus fouvent plus périt, & quelquefois plus grand. Les obfervations d'autres Aftrono- mcs célèbres, tels qn'Heveliiis & tlamfieed font paroître la même irrégularité. Les différences dans les lîtuations réciproques de Jupiter & de Saturne, offrent des variations , mais toijjours irrégulieres & fans aucune uniformité, Qjiel travail refit encore anx ftecles à venir ( s'écrie i'Hiftorien ) & à quel nombre de Jîecles ! Les articles de Afe'chaniqtie fe reduifentàtrois. Le premier lin Lt force des corps en mouvement cft un Extrait fort étendu de trois Mé- moires di^is à MM. le Chevalier de LoHville , l'Abbé Camus & de Mai- ran , & dont les deux derniers font imprimés en entier. Le fécond fur les mouvemens en Tourbillon cft de M. l'Abbé de Moliefes. Le troifié- me fur les contreforts des Revèteniens efl de M. Couplet. On trouve l'un & l'autre dans l'Hifloirc & dans les Mémoires. C'efl .1 regret, que pour abréger, nous fommes contrains, fur des pièces de cette importance , de nous en tenir à la fîmplc indica- ES SÇAVANS. tion. Les Machines ou Inventions ap- prouvées par l'Académie font, i". Un Soufflet à courant d'air continu, inventé par M. Ragnes de Mont- pellier : z". Deux Machines venues d'Angleterre & prefentées à l'Aca- démie par M. Fayolle Ingénieur , l'une pour laminer des tables de plomb à telle épaiffeur égale qu'on voudra ; l'autre pour mouler des tuyaux de plomb de toutes fortes de diamètres & de longueurs : 3°. Une Machine de M. de Aiontigny pont élever des fardeaux, à peu près fem- blable aux Crics circulaires connus depuis long-rems : 4°., Un Inflru- ment du même pour obfcrver les hauteurs du Soleil en mer : 5°. Une Pendule de M. le Roy l'aîné, avec les quarts , &: le tout ou rien : 6°.Une autre Pendule de M. le Roy le cadet, laquelle non feulement marque le tems vrai , mais encore le fonne : 7°. Une troifiéme Pendule de M. Collier Horloger , laquelle fonne les demi quarts avec des tons diffe-. rens , & a le Tout ou rien. La partie hiilorique de ce Volu- me efl terminée par les Eloges du P. Reynem & du Maréchal de Tal- lard. FEVRIER 1731. III RECUEIL DES PRIT^CIPALES DEC IS IONS fur les Dixmes , les Portions congrues , & les Droits & Chartres des Curez primitifs extraites des Canons des Coneiles & des plus célèbres JiMeitrs 3 conformes aux Edits & Détlarations du Roi ^ ^ à la Jti- rifpriidefice des Parlements du Royaume & du grand Confeil. A Paris chez Nicolas-Pierre Armand, rue S. Jacques^ à S. Benoît. 1730. /«■» 12. pp. 484. TO U S les Auteurs qui onttrai- té du Droit Canonique de France 3 ont parlé des Dixmes qui en font une partie confidcrablc -, il y en a qui comme Forger, Grimau- det & M. Simon ont donné des Traitez particuliers fur cette matiè- re ; d'autres comme M. Dupcrray ont fait des Ouvrages fur les por- tions congrues & fur les autres Charges dont font tenus les gros Décimaccurs& les Curez primitils. Nous avions auiFi des Recueils par- ticuliers d'Ordonnances & d'Ar- lefts concernant les Dixmes. Notre Auteur ne [c propofe pas dans l'Ou- vrage dont il s'agit ici de traiter à fond les queftions qui peuvent naî- tre fur une matière lî importante , & qui pourroit taire le fujet de plu- fîeurs Volumes. A l'exception de trois ou quatre articles , fur lefquels il a fait quelques Obfervations plus étendues, il s'eft renfermé dans des décifions exprimées en peu de li- gnes,& qui font tirées la plupart de quelques Arrefts qui lui fervent de preuve , ou d'Auteurs qui ont trai- té la queliion. Entre les Arrefts cités dans ce Recueil , il y en a quelques - uns qui ont été rendus dans ces dernières années, & qui n'ont été encore inférés dans aucun Livre imprime. Les autres font tirés des Compilations d' Arrefls des diftercns Parlemens du Royaume, Il faut que ceux qui liront ce Re- cueil ayent foin de faire attention à. la Jurifprudcnce divcrfe dcsdifle- rens Parlemens du Royaume & des • autres Cours fuperieures. Ceux qui font inftruitsdes premiers principes fur cette matière , ne manqueront point non plus d'obferver qu'il y a dans cette matière, par rapport aux Dixmes , plus que par rapport à toutes les autres queftions de Jurif- prudence, un grand nombre d'Ar- refts qui font fondés fur l'ufage par- ticulier des Parroiftes pour lefquels ils font rendus, de forte qu'on ne peut tirer aucune confequence de ce qui a été jugé pour ou contre le gros Décimateur d'une Paroifte , à moins que le même ufage ne foie obfcrvé dans le lieu pour lequel la même queftion fe prefcnte à juger. Avec ces précautions le Recueil de CCS décifions pourra être utile à ceux qui étant déjà inftniirs des principes généraux fur les Dixmes voudront fçavoir quelles font les queftions qui fe font prefentées en diftcrens Tribunaux , & de quelle manière elles y ont été décidées. Ce qu'ils pourront approfondir en rc« m JOURNAL D courant aux Compilations d'Arrêts qui font indiquées dans les décidons qui en font tirées. Les Textes des Edits ^' des Déclarations du Roi fur les Dixmes qu'on y a inférées feront aullî commodes pour ceux qui auroient de h peine à réunir ces Loix qui font dilpetfécs en diffe- rens endroits. Tout l'Ouvrage eftdivifé en iS. Chapitres dont les deux derniers regardent les Curez primitifs ^ & les Charges dont font tenus , tant les Curez primitifs que les gros Dé- cimateurs. Dans les 24. autres Chapitres l'Auteur traite d'abord des Dixmes en gênerai, enfuite il entre dans le détail de ce qui con- cerne les grolTes & les menues Dix- mes, celles de charnages , les Dix- mes des foinsjcclles des enclos ?cdes Jardins , la Dixme de Suite &c celle des Domaines de la Cure , & les Dixmes inféodées, celles qui font infolites ôc les Dixmes abonnées. Dans les autres Chapitres l'Auteur a renfermé les décifions fur les quê- tions qui ont rapport à l'union des Dixmes, aux Tribunaux devant lef- quels les conteftations fur cette ma- tière doivent être portées, .nu chan- gement de fupcrficie des fonds fur iefqucls la Dixme a coutume d'être payée, aux cas dans lefquels la Rein- tegrande , ou la prefcription pcur vent avoir lieu fur cette matière , & aux exemptions de la Dixme ac- cordée à des Ordres Religieux. Comme ce Livre eft du nombre de ceux dont on ne peut donner un précis , nous allons en tranfcrire ■quelques décifions , nous rendrons ES SÇAVANS, compte enfuite de deux des Ob- fervations plus étendues, pour faire connoître la méthode de l'Auteur. Voici le 6' article au Chapitre des Dixmes inféodées, c Par Arreft » du Parlement de Paris rendu le » 15. Mai 166S. il a été jugé que » les menues Sc vertes Dixmes & » de charnages , appartiennent aux » Curez ou Vicaires perpétuels pri- Mvativement aux Seigneurs de fiefs » poiïedans les Dixmes comme in- >' téodées dans leurs Paroiffes , quel- » que poffeirion immémoriale que « lefdits Seigneurs de Fief, puilTent » avoir juftihé par titre ancien. Bi- n bliot. Can . Le Ledeur ne doit point s'arrê- ter à cette décilîon pour prendre fon parti fur laqueftion, fi un Sei- gneur Laïc peut podeder les me- nues Dixmes comme intéodées ; il faut qu'il attende pour fe détermi- ner qu'après avoir lu les articles 6 ; 7 , S , & 9 , où il s'agit de matières différentes de celles-ci, il foit par- venu à l'article 10. où il verra citer un Arrêt du z 2. Décembre 167 2. rap- porté dans le Journal du Palais, qui juge qu'un Seigneur peut pofledcr lesmenuesDixmes comme inteodccs au préjudice du Curé. Le Ledeur judicieux qui réunira ces deux déci- fions , après avoir confulté les four- ces dont elles font tirées, en pourra conclure , que les menues Dixmes n'étant pas plus confacrées à l'entre- tien des Miniftres de l'Eglife , & en particulier des Curez que les grofles Dixmes , les menues Dixmes ont pu être inféodées comme les grolTes & par confequent que le Décima- teui FEVRIER 17? î' "î teur doit être maintenu dans le droit de percevoir les menues Dix- nies, quand il a pour cette efpccc de Dix mes j une preuve d'intéoda- tion aullî (olide que celle qui eH neeeflaire pour établir rinféodation des groffes Dixmes. Décifion 40, du Chapitre } . >» on » ne doit point la Dixme des fruits H tombes par l'mTpetuolité des " vents avant leur maturité , à » moins que laCoûtume i?c la polfef- î> fion ne s oppolent à cette maxi- 3} me. j4rreft du Parlement de Paris 3> du II. y^ouji 1701. Dcciiion ^5, du même Chapitre, M Arrert du Parlement de Paris du »> lî. Mars 1719. qui infirme une » Sentence dcsRequétes du Palais, n en ce qu'elle avoir .,. igé à un Cu- ï) ré , Jcs Dixmes de charnage dans s» l'étendue de la ParoilTe. Cet Ar- M reft i:ondé fur ce que les Déclara- î5 tions 'de 16% 6. S<. 1690. ne con- julervent aux Curez à portion con- n gtuc , que les Dixmes novales dé- » trichées depuis l'option. L'Article 67. de ce Chapitre co:t- tient unefemblable décifion. n Ar- j> rcftdu zj\. Avril 1702. qui con- »•« damne le Cardinal Dedrées a » payer la portion congrue au Curé » d'Hérin ^ en abandonnant par le- »' dit Curé , les menues Dixmes , SI fiuf fon recours contre les Codé- M cimateurs. Art. 7(f. » Les Dixmes verres, «menues & novales font adjugées «aux Curez outre la femme de XI joo. liv. de portion congruëfans M Vicaire, ou de 400. liv, avec Vicai- scrc. L'Auteur indique encetea- fnr/er »droitcinq Arrefts pour confirmer "fa décifion. Et dans l'article 77. il M cite trois Arrcfts, dont deux font ndes années 170 1. & 1705. & un » troifiéme dont il ne marque point »j la date, qui ont maintenu les gros » Déciraateurs Ecclefiaftiqucs dans y> le droit ôi la polTeiiion de perce- » voiries menues Dixmes, même >j celles de laine &C de charnage M contre les Curez. Dans rObfervation plus étendue &c qui fait un Chapitre entier , fur l'origine des Dixmes inféodées , l'Auteur diftingue trois opinions. Les uns difent que les Romains Ic- voient la Dixme fur les biens qu'ils avoient conquis, & que les François s'étant rendus les maîtres desGaules ils fe mirent en pofleliîun de cette pecc diftri- bucrent une partie aux Seigneurs Laïcs , i!^: que le refte a été affecfté par nos Rois aux Ecclefiaftiqucs pour leur entretien. D'.uit.es foû- tiennent que les Dixmes dans leur origmc appartenoient toutes à l'E- glile , & que Charles Martel tut le prcmierqui les inféoda pour rccom- penfer les Officiers des fes Troupes des ferv'ices qu'ils avoient rendus à leur Patrie dans la guerre contre les Sarazins. Il y en a qui prérendent que Charles Martel n'a point intéo- déles Dixmes , mais auc les Curez dans le tcms des guerres d'Outre- mer firent prcfent des Dixmes aux Seigneurs pour les engager à fc ctoifer , que ces Co; ce lions n'é- toicnt qu'à vie , & que les Sei- giieurs fe rendirent propriétaires dff CCS Dixmes par ufuî-pation. No- P 114. JOURNAL D tre Auteur rejette abfoiument la première de ces trois opinions, mais il unit les deux dernières, c'eft-à- dire qu'il croit qtre les premières inféodationsontétc faites par Char- les Martel, mais qu'enfuitc les Evc- ques ont eux-mcmcs donné en fief des Dixmes de i'Eglife, & qu'ils ont continue à diipofer des Dixmes de cette manière jufqu'au tcms du Concile de Latran. Pour éta- blir la première partie de ce Syftê- me , l'Auteur cite des Ordonnances jdcs premiers Rois de la féconde Race, &: des Décrets deplufieurs Conciles tenus dans le neuvième fîecle , qui enjoignoient aux Laïcs de reftituer les Dixmes des Eglifcs , dont ils étoient en poifeirion. Pour prouverqu'ily a cudesintcodations des Dixmes Eccleiîaftiques faites dans le dixième 5c dans le onzié- ES SÇAVANS; me ficelé, il rapporte les plaintiês de Fulbert Evcque de Chartres contre les Evoques fur ce fujct , Hc le Canon pervenit du Pape Grégoi- re VII. inféré dans le corps du Droit Canonique , qui menace des feux éternels les Evêqucs qui ven- dent les Dixmes aux Laïcs , ou qui les leur donnent en fiet. L'Auteur adopte avec plufieurs Ecrivains un fait avancé dans les derniers fiécles, que tous les titres des infcodations des Dixmes avoicnt été brûlés dans une des Chambres du Palais, où ils avoienc tous été renfermés , & que c'eft de- puis c; tems-là qu'on n'a peine obligé les Décimateurs Laïcs à pro-- duire des titres d'inféodation anté- rieurs au te^^' du Concile de La- tran tenu fous Alexandre III. DES TROPES OV DES D I FFE R E NS SENS dans lefeinels on peut prendre un même mot dans une mhn? Langue. Ouvrage Htde pour ^intelligence des yiuteurs & fjnipeut fervird'mtro- du^ion kla Rhétorique & ala Logique : par M. du Aiarfais. A Paris , chez la Veuve de Jean - Baptifle Brocas , rue S. Jacques, au Chef S. Jean , 1730. /m-8°. pp. 300. DANS notre Journal du mois de Janvier 1724. nous avons parlé de i'cxpofition de la méthode raifonnée pour apprendre la Langue Latine, par M. da Marfais, &dans le Journal du mois deMars fuivanr, nous avons inféré les éclairciire- mens que l'Auteur nousdonna alors fur cette méthode. Elle confifte à faire d'abord expliquer le Latin par le fecours d'une verfion interlinéairc «illçsmots font ri Dgésdins l'ordre de la conftruiftion , & où l'on fup= plée , félon la liaifon & la fuccefîîon naturelle des idées, tout ce que la vivacité de l'imagination fait ordi- nairement foufentendre. Mais cette verfion toute feule nc fuffit point , félon M. du Marfais : jQiiand les jeunes gens font devenus capables de réflexion , on doit leur montrer , dit - il j les règles de U Grammaire & fair-e avec eux les ObfervAtitm Crammaticalis qui font F E V RI E ftccf/fitires pour l'intelligence du Tcx- Z! (jiCon explique •, cV// dans cette vue ^ ajoiuc-t-il^ que j'ai rompofé une Grammaire ok j'ai raJfei/Mé ces Obfervations. M. du Marfais divife la Gram- maire en fept Parties, le Traite des Tropes en eft une , & c'eft la feule qui fûic imprimée -, ainli nous nous bornerons à ne parler aujourd'hui que de celle-là, en attendant que l'Auteur nous mette en état de ren- dre compte des autres. Nous obler- verons feulement qu'<7 adreffe fa Grammaire aux Alahres. Je crois les Maures necejfaires , pourfuit il, parles raifons c^ue j'explique dans la Préface générale de la Grammaire. Mon objet efi que les A'Iattres trou- vent dans cet Ouvrage les Reflexions & les exemples dont ils peuvent avoir hefoin , fi ce n'efi pour eux-mêmes , Ml moins pour leurs élevés, L'Auteur divife le Traité des Tropes en trois Parties. I. Des Tropes en gênerai, t. Des Tropes en particulier. 3. Des autres fens dans lefquels un même mot peut être employé dans le difcours. I. Avant que de parler des Tro- pes , l'Auteur croit qu'il doit don- ner d'abord une idée f:;enerale des figures. Il rejette la définition que l'on donne ordinairement des figu- res : ce font , dit-on , des manières de parler éloignées de celles qui fjnt naturelles & ordinaires ; i> Ce qui ne » veut dire autre chofe , dit M. du «Marfais, finon que les figures «font des manières de parler éloi- î> gncesde celles qui ne lont pas fi- îj gurécs , ^' qu'en un mot les figu- R I 75 T." uj- n res font des figures & ne font pas »j ce qui n'eft pas figure. M D'ailleurs , pourjuit-d , il n'y a » rien de fi naturel , de fi ordinaire » & de fi commun que les figures « dans le Langage des hommes. Qu'eft-ce donc que les figures ? )> Ce mot, dit-il , fe prend ici dans »>un fens métaphorique. Figure » dans le fens propre , c'clt la forme «extérieure d'un corps , tous » les corps font étendus , mais M outre cette propriété générale, >3 ils ont encore chacun leur figure ij & leur forme particulière qui fait >j que ch.ique corps paroît à nos M yeux dirtcrent d'un autre corps i "il en cftde même , dit-il , des ex- >j preflîons figurées , elles font d'a- rt bord connoître ce qu'on penfe , >5 elles ont d'abord cette propriété «générale qui convient à toutes les ■îphrafes &à tous les alfemblagesde » mots & qui coniifte à fignifier « quelque chofe en vertu de la con- )' llrudlion Grammaticale ; mais de « plus les cxprelTîons figurées ont «encore une modification particu- « liere qui leur eft propre , & c'eft i> en vertu de cette modification » particulière que l'on fait une cfpc- » ce à part de chaque forte de figu- «re. L'Antithéfe, par exemple, cft diftinguée des autres manières de parler en ce que dans cet affcmbla- ge de mots qui forment l'antithéfe, les mots font oppofés les uns aux autres. « Ce n'eft que dans la Pro- >» fopopée que l'on fait parler les !s mots, les abfensou les êtres inani- » mes. Il en eft de même des autres ii6 JOURNAL' DES SÇAVANS; » figures; elles ont chacune leur une forme empruntée qui n'efl; pas M carachre particulier qui les cîi- celle qu'il a eue d'abord ; alors on "(lingue des autres aircmbla:^es de dit que ce mot eft au iiguté ; par "mots qui font un fens dans le Lan- exemple ^ le ^eu de vos yeux , leteu. M gage ordinaire des hommes. Ainll de l'imagination , voilà des Tropcs. "les figures font des manières de La liaifon qu'il y a entre les idées >> parler diftinguées des autres par accclloircs, c'cft-à-dire entre les M une modification particulière qui idées qui ont rapport les unes avec ï>faic qu'on les réduit chacune à les autres. , & dont l'une reveille «une cfpcce à part , Se qui l'autre, efi: la fource & le principe «les rend ou- plus vives, ou plus des divers fens figures que Ton don- :» nobles , ou plus agréables que les ne aux mots ; le nom propre de î>-manieres de parler qui expriment Ildée accelfoire efl fouvent plus '3>lc même fonds de penféc fans prefent à l'imagination que celui » avoir d'autre modification parti- »j culicre. On divife les figures en figures de penfécs èc en figures de mots , de l'idée principale, & fouvent aufli ces idées accelToires dcllgnant les objets avec plus de circonftances que ne feroient les noms propres de M. du Marfais en obfervc la diffe- ces objets , les peignent ou avec rence , Se û remarque que parmi plus d'énergie , ou avec plus d'agré- les différentes fortes de figures qui ment; ainfi l'un des plus fréqucns regardent les mots, il y en a que les ufagcs desTropes, c'efl: de réveiller Grammairiens appellent ^^«r^^ (^e une idée principale par le moyen dc' d:Uion &C d'autres qu'ils appellent quelque idée accedoire , comme Tropes ^ du Grec TfsVw , verto ; les quand on dit cent voilis pour cent Tropes font des figures par lefquel- F'aijjeaitv , cent feux pour C£»r mai- les on tait prendre à un mot une fons , le fer pour l'épée , la plume on iïgnification qui n'eft pas précilé- le (} île pour l^i manière d'écrire. ment la Signification propre de ce Les Tropes donnent plus d'éner- mot , ainfi pour entendre ce que gie à nos cxprclîlons , ils ornent le c'eft qu'un Tropc, il faut commcn- difcours , le rendent plus noble ,, cer par bien comprendre ce que ils font d'un grand ufage pour dé- c'eft que la fignification propre d'un guifer les idées dures , défigrcables,, mot. Le fens propre d'un mot, c'eft triftes ou contraires à la modeftie. la première fignification du mot: M. du Marfais développe tous ces un mot ert pris dans le fens propre, ditferens ufages par divers exemples, lorfqu'il fignifie ce pour quoi il a mais il ne croit pas que les Tropes été premièrement établi : par exem- n'a vent d'abord été inventés que pie , le feu brîde ^ feu S<. brûle (ont par neceirité, à caufe du dctaut & dans le fens propre j mais quand un deladifette des mots propres; ce mot cft pris dans un autre fens , il n'eft point là, félon fon expreflîon,/*! jparoît alors , pour ainfi dire , fous marche , pour ainfî dire , de la nattt- F E V R I E )V , » L'imagination a trop de parc » dans le Lanc^age & dans la con- «duite des hommes pour avoir été " précédée en ce point parla nccellî- )■> té •, fi nous d'iions d'un homme «pailionné, qu'il fe lailTc emporter M au torrent de fes pallions , c'eft » que la vivacité avec Vaquelle nous » rclTentons ce que nous voulons c\'- )j primer excite en nous ces images , » nous en fommcs occupés les pre- j> micrs y &c nous nous en fervons » enfuite pour mettre en quelque » forte devant les yeux des autres ce « que nous voulons leur faire entcn- »dre. A cette occafion M. du Marfais remarque que Ciccron , Qiiintilien èc M. Rollin difent que c'eft par emprunt Se par métaphore qu'on a appelle gemma le bourgeon de la vigne, parce ,difent-ils, qu'il n'y avoit point de mot propre pour l'exprimer ; mais fi nous en croyons les ttimologiftcs, dit M. du Mar- fais , gemma c{[ le mot propre pour fîgniher le bourgeon de la vigmc , 5: c'a été enfuite par figure que les Latins ont donné ce nom aux perles 5: aux pierres précieufcs-, en effets pourfuitil, c'eft toujours le plus commun & le plus connu qui eft le propre , &c qui fe prête enfuite au fens figuré iles Laboureurs du Pays Latin connoifloienc les bourgeons des vignes & des arbres , & leur avoient donné un nom avant que d'avoir vu des perles & des pierres précieufcs. Pour juftifier cette Re- marque M. du Marfais s'autorifc du témoignage de Martinius & de 5abcr, R I 7 3 r. 117 Il fait enfuite des Remar- ques générales fur ce qu'on doit oblervcr fc fur ce qu'on doit éviter dans l'ufage des Tropes j il examine pour quoi ils plaifent & il finit par quelques Obfervacions fut la manière dont il voudroit que les Dicl:ionnaires rendillent les mots Latins, fur quoi nous rcnvoyonsaii Livre même. La féconde Partie de cet Ouvra- ge traite des Tropes en particulier, &; l'on y voir toujours l'application des principes qui font détaillés dans la première Partie ; tel eft , par exemple, le jeu des idées acceftbircs que M. du Marfais met fouvcnt en œuvre. Nous ne fçaurions entrer ici dans le détail de la manière dont il traite chaque Tropc en particu- lier. Nous obfervcrons feulement qu'il paroît s'être attaché à recueil- lir des exemples qui puftcnt éclairer Se attacher l'efprit du jeuneLedeur. On peut auftî remarquer quelque- fois une Critique qui paroît n'avoir d'autre but que l'inftrudion ; par exemple , dans l'Antonomafe il obfcrve qu'Edipe célèbre dans les tems fabuleux pour avoir deviné l'énigme du Sphinx, a donné lieu à ce mot de Terence : Ditvits fum non tySdiptis , Je fuis Dave Seigneur, èc ne fuis pasEdipe : C'eft-à-dirc , je ne fçai point de- viner les difcours énigmatiqucs. Dans notre Andricnne Francoife, ajoute M. du Marfais, on a tra- duit .... Je fuis Dave Monfieur, Se ne fuis pas Devin : ce qui fait gcrdrc l'agrémenc & la jufleflc de ,i3 JOURNAL D l'opolîtion entre Dave &C Edipc ; je fuis Dave , donc )e ne fuis pas Edi- pe : la conclufion eft jufte ; au lieu que je fuis Dave, donc je ne fuis pas Devin , la confequence n'eft pas bien tirée ^ car il pourroit être Dave & Devin. Dans la Sinecdoque il obferve qu'il n'eft pas permis de prendre ia- diffcremment un nom pour un au- tre , que les cxprelîlons figurées doivent être autorifécs par l'ufage , ou du moins que le fcns literal qu'on veut faire entendre doit fe prcfentcr naturellement à refpric fans révolter la droite raifon Se fans blelTcr les oreilles accoutumées à la pureté du Langage. Ainfi quand Horace a dit que les combats font en horreur aux mères, bella 7?iainbns detefiatài; je fuis perfuadé , dit M. duMarfais, que ce Pocte n'a voulu parler précifément que des raeres ; je vois une racre allarmée pour fon fils qu'elle fçait être à la guerre ou dans un combat dont on vient de lui apprendre la nouvelle ; Horace excite ma f<;nfibiliré en me faifant penfer aux allarmes où les mères îont alors pour leurs enfansi » ainfi, 3' continue M. du Marfais , quelque » déférence que faye pour le lavant SI p. Sanadon , je ne faurois trouver » une Sinecdoque de l'efpece dans nbella matnbus detejiata , ni croire « avec ce Pere,quc tnatres fe prenne »en gênerai pour les femmes Si >.>C0mprenne même les jeunes fil- •>les Les mtrts redtutem la guerre M pour leurs époux & pour leurs en- ES SÇAVANS, >3/rf«f , dit le l'. Sanadon [ Pocf. "d'Horace, Tom. i. pag. li. ] >» Aiais les jeunes filles , ajoûte-t-il, » ns doivent pas moins la redouter » pour les objets d'une tcndrefle » légitime que la gloire leur enlevé n en les rangeant fous les Drapeaux » de Mars , c'efi-k-d:re ^ comme »j l'explique M. du Marfais, lorfqug » leurs Amans font à la guerre, « M. du Marfais prend ici le mot de mères dans le fcns propre. Dans l'article de l'Euphemifme il obferve que fouvent pour congé- dier quelqu'un , on lui dit voilà qui cft bien , je vous remercie ; plutôt que de lui dire , allez-vous-en. Les Latins fe fervoient dans le même fcns de leur rcêle , qui à la lettre fi- gnihc bten. * Dans une Comédie de Tcrence Clitiphon dit que quand fa Maîtreffe lui demande de l'argent, il fe tire d'affaire en lui répondant relié , c'elVà-dire en lui donnant de belles cfperances ; Ma- dame Dacier a mieux aimé tradui- re , lorfqu'cUe me demande de l'argent je ne fais que marmotcr en- tre les dents. Si Madame Dacicr eue été plus entendue qu'elle ne l'étoic en galinrerie , elle auroit bien fenti, dit M. du Marfnis, que marmotter entre les dents, n'ctoit pas une con- tenance trop propre à faire naître dans une coquette l'efperance d'un prelent ; il y a toujours un verbe fous-entendu avec riUe , rcRè admo- ne s, ego ijlhicc reBe itt fiant , videra, M. du Marfais finit cette fécon- de Partie par quelques Obfervatipws * iipattt. A«ft. i. Se. I. V, \6. & félon Mad. Dacier , Aft, i . Se. 4. v. 16. F E V R I E gcnerales qu'il a cm rendre plus intelligibles en les plaçant ici. Il obfcrve , par exemple , cjuc les Auteurs donnent quelquefois des noms diftcrens à la même cfpcce d'expreffioia figurée : l'un appelle hipallage ce q^u'un autre nomme Métonimie; par exemple , dit-il, M. Gibert appelle métaphore ce que Qiiintilien ^ les autres nom- ment Antonomafe y il y a ,* àkM. Gibert , quatre efpeees de tne'tapho- ns , /<« première emprunte le nom du çenre pour le donner à l'e/pece , corn- ?r,e quand on dit l'Orateur^pour Ci- ceron; on le Philofophe^pour Ariflote. Ce font là cependant les exemples ordinaires que les Rhéteurs don- nent de l'Antonomafe ; mais après tout, le nom ne fait rien à la chofe, le principal cft de remarquer que l'expreffion cft figurée , & en quoi elle eft figurée. 3. Outre les Tropes dontl'Au- reuc a parlé dans la féconde Partie , il y a encore d'autres fens dans lef- quels les mots peuvent être em- ployés, Si ces fens font la plupart autant d'autres différentes fortes de Tropes , c'efl ce qui fait la matière de la troifiéme Partie de cet Ouvra- gc.Les fubftantifs font piis quclquc- ?Rhet.pag. hj. R T 75 I. ii5> fois adjedivemcnt , & lesadjedits fontfouvent pris fubftantivement, fouvent les uns Hc les autres font pris dans le même fens que les ad- verbes. M. du Mariais en apporte des exemples ; il y a un fens déter- miné v3c un fens indéterminé , un- fensadif, un fens paOîf, un fens neutre , un fens ablolu ^ un fens relatif j un fens équivoque , unfçns louche , un fens compofé, un fens- divifé , ^'c. Dans le neuvième article de cette troifiéme Partie , M. du Marfais s'arrête à expliquer en détail le fens literal &: le fens fpirituel : il divife le fens literal en deux fortes , le fens liccral rigoureux , & le fens literal figuré ; le fens fpirituel eft de trois fortes, le fens moral, le fens allégo- rique, le fens anagogiquc , tout cela eft éclairci par des exemples. En parlant du fens adopté , il ex- plique la Parodie & les Centons } enfin après avoir parlé fort au long; du fens abftrait & du fens concret , il finit cet Ouvrage par examiner s'il y a des mots Synonimes; nous renvoyons à l'Ouvrage même pour voit les raifons qui lui fontadoptet le fcntiment de ceux qui n'en ad-- metcent points 120 JOURNAL DES SÇAVANS, NOVFELLES LITTERAIRES. ANGLETERRE. De Londres. IL paroît ici une rroiliémc Lettre en Anglois , adrelfée à M. le Dodeur Adead , fur la nouvelle Edition de VHiftoire de M: de Tho»^ cntreprife par Bitckjey Libraire. Cette Lettre doit faire d'autant plus de plaifir à ceux qui ont foufcrit pour cetOuvrajTc , qu'elle indique un grand nombre d'additions im- portantes qui doivent donner un nouveau mérite à cette Edition , Se dont il n'ctoit pas fait mention dans le Projet publié pour ks Soufcrip- tions. L'Ouvrage attribué au Dodcur Tyndaly tait toujours beaucoup de bruit : il eft intitulé : Chnfiianity Ai old as the Création : La Religion Chrétienne anjfi ancienne i^ne U Création, vol. /»-4''. première Par- tic. L'Auteur y prétend prouver que l'Evangile eft une nouvelle pu- blication de la Religion Naturelle. Il y a déjà eu plufieurs Ecrits contre ce Syftême , & M. Tyndal eft occu- pé à y répondre. M. Charles Lamoite Doifleur en Théologie , Membre de In Société Royale, & de la Société des Anti- quaires, a mis au jour, chez Fayr- man , An Eff^y on Poetry & p^in- ttnçr: c'eft-à-dire, EJfay/itrU Poe fie 0" fur la PeiHtHn , relaùvement À V Hifteire Sacrés & Profane , avec un Appendix concernant l'ol'fcenité chez, les Ecrivains dr chez, les Pein- tres. in-8°. Cet Ouvrage confifte en trois Lettres , oii l'Auteur , à ce qu'on afllire, hit beaucoup plusparoîtrc d'érudition aftcz inutile que de vé- ritable connoiftancc des Arts dont il traite : on lui reproche , par rap- porta fon Appsnd^x , où il parle de l'obfcenité , d'être tombé hu-mêmc dans le vice qu'il y condamne. W. M:ars débite une cinqiiicmc Edition/» 8°.duLivreAngloisdeM. Bradley de la Société Royale , inti- tulé; 7V^.'Ve/'/j/7oyo^fc/^/« ^ Pratique de la culture dts ^i^iins , »Oii l'on » explique le mouvement de la fe- n vcdcs Plantes, ^ leur génération, »-ivec d'autres dccnuvcrres qui n'a- » voient point encore été publiées "touchant la manière de cultiver "avec fucccs les arbres fruitiers, «les Heurs £c les Parterres. On y a "joint la defcnption d'un Inftru- »> ment , par le moyen duquel on M peut trouver en une heure de » tems plus de plans de Jardins >? que n'en contieni-vcnt tous les Li- " vtes cnfemblc qui traitent de cette «matière. Enfin on trouve dans py en Ouvrage plufieurs beaux Se- » crets tendant à perfei?iionncr la » culture des Vergers , des Jardins M potagers , & des Orangtrits- Ce Livre eft fort cftinré Se eft d'un FE VRIER 1751. f2i d'un sTtand ufagc en Anglcterrc,où du Traire de l'O'ùie dans notre l'on fuit de l'agriculture le cas tout qu'elle mérite. HOLLANDE, De L e y d e. Jean-Arn. L^«w<î)^ vient d'im- primer une nouvelle Edition du Traité de l'organe de l'Oùte , conte- nant, lu ftrntltire , les lifages & les maladies de tomes les parties de l'O- reille , piir M. DU Verney de l'yi- endemie Royale des Sciences, in-i 2. avec figures. 1731. Cet Ouvrage du fçavant M. du Verney , mort à Paris le 10^ Scptemb.de l'année der- nière dans un âge fort avancé , fut imprimé pour la première toisàParis en 1^85. chez Etienne Michallet : il fut traduit en Latin & imprimé l'année fuivantc à Nuremberg, chez .Tv'an Zieger, in-î". &C cette traduc- tion fut inférée dans la Bibliothè- que Anatomique de Mflnget ^ im- primée à Genève en 1^85. chez ChoUet , in-fol. Cette^ tradudion Latine a aufiî été imprimée in-^, chez le même Lxngerac en faveur de ceux qui n'entendent pas le François. Il eut été à fouhaiter que M. àa Verney eût voulu avant fa mort donner lui-même une nou- velle Edition de ce Traité , & l'en- richir des Obfervations qu'il avoit faites fur ce fujet depuis la première Edition. Ce n'auroit pas été un mé- diocre avantage ; & c'eft ce que feront peut-être un jour ceux entre les mains de qui font tombés fes pa- piers. Au rcftc on nouvc un Extrait 'Sevo Journaldu 31. Maii683, D' A M s T F. R D A M. Les Wetfieins & Smith ont en vente Caii ^€liani So phi fis Varia Hifioriii , citm Notis imegris Con- rad: Gcfneri , Johann is Schefferi ^ Tana.jHilli Fabri , ^oachimi Kuh- vii , ^acobi Periz^omi , ^ Interpre- tatione Latinâ Jitfti Vitlreji , innu- meris in hcis emendatâ. Citrants Abrahamo Gronovio j 'tfiei''& fuas adnotationes adjecit. 1. voL w-4°. Penfées Secrcttes , divifées en deux Parties. Première Panie , Re- flexions fur la Religion , avec des refolutions pratiques qui en font tirées. Seconde Partie ^ Reflexions fur Li Vie Chrétienne. Par M. Guil- laume 5fwnW^^^ Evêque de Saint Afaph. Ouvrage traduit de l'An- glois. in-iz. 2. vol. On attend incedamment des mê- mes Libraires Une nouvelle Edition de Thucydide , Crée-Latin , in-fol. à laquelle ont travaillé M. Vajfe ^ Sçavant d'Angleterre , connu 4éja par une belle Edition de Sallufte qu'il a donnée au Public , Se M. IDnl^er ^ ProfciTeur à Uirecht. On affure que le Texte de l'Auteur Grec , ainlîqucduScholiafle, a été cxadement revu & corrigé fur les meilleurs Manufcrits , & qu'il fera accompagne de Notes curicufes ^. foit pour l'éclairciflementduTeïtCj, foit pour l'Hiftoire , la Géographie^ la Chronologie ancienne , &c„ ©n dit auflî que les mêmes U^gp^ ,î2 JOURNAL D Jleins ^vsc 3. Bofhont Libiàitcàc Roterdam , ont entrepris une Edi- tion des plus magnifiques du Te- LEMAQUE de M. de Fenelon, /«-4'*. elle doit être ornée de 14. planches dellinécs & gravées par Bernard Pican &C par d'autres habiles Maî- tres , & clic fera enrichie des Noces de M. de Ramfay , qui doit aug- menter le difcours qu'il a publié lur le Poëme Epique à la tête de la dernière Edition du Telémaque im- primée il y a près d'un an à Bmi, in - 4«>. SUISSE. De Genève. Perachon Si Cramer qui depuis y-jië. fc font chargés d'imprimer ia Bibliothèque Latine des Méde- cins anciens & modernes , pnr M. Manget, avoient d'abord annon- cé cet Ouvrage comme devant être en deux Volunjcs iri-fil. Us le pco- pofent maintenant en quatre , & les Editeurs continuent de prier tous les Médecins du monde qui enfei- gncntla Médecine , & qui ont écrit ou écrivent fur cette matière, de leur envoyer francs de port , des Mémoires exads foit de leurs Ecrits faits & à faire , foit de leurs Vies , pour en faire mention dans cette Bibliothèque. Voici le titre d'un autre Ouvrage non moins intereffant que celui dont nous venons de parler, mais dont furement le Public n'attendra pas l'impreflîon pendant fi long- tpmi ; quoiqu'il foi: d'une bien ES SÇAVANS, plus grande étendue. Joann'is Lau- Noii , Confiant! en fis , Tarlfîenjîs Theologi , Socii Navarrai , Opéra omniti , ad feleBiim Ordmem revoca- ta. Ineditis Opiifcalis alignât , Netis nonnullis Do^m^ticis , Hijiontis & Criticis , Aurons Vi'à. , var'ns Mo- numemis tum ad Lannoinm titin ad Seripta tpfiiis pcrunentibiis , Vrafa- tionibi'.s cuicjHs VMimini affixis , In- dictbus locupletijfirms , aiiHa ^ illu ■ fir/ita. Accejfit Tra^atus de varia Laimoii Librorumfonunà. 17^1. Ce Recueil des Oeuvres du célèbre M. de Liiunoy , de l'Edition duquel un Sçavant , demeurant à Varis , a. entrepris d'enrichir la Republicjue des Lettres, doit être partagé en cinq Tomes qui tcront dix Volu- mes in~fol. imprimés fur beau pa- pier Entre les pilfajjes que vous »> rapportez de notre Préface , il y en »»aun, où nous nous exprimons »> fans doute d'une manière un peu » louche : c'cft celui qui regarde » les exprellîons de notre Philofo- » phe au fu|etde l'Harmonie pré- " établie de Monlîcur Lcibnitzdéja « Dynamique , &c. Nous vous "prions de croire que notre deifcm n n^a nullement été de faire un pa- »rallele des exprclTlons de Mon- wfieur de FontencUe&dc celles qu'il » a défapprouvées dans Monlîcur ï» Hartfoeker, mais que notre uni- » que but a été d'infinuer que le wicntimentde Monfieur de Fontc- » nelle & celui de notre Auteur fur »lc Syllème de Moiilïeur Leibnitz "font les mêmes. Si vous voulez R ï 7 3 r; iij" » bien avoir la bonté d'en infoij..cr » le Public , vous nous obligerez » fcnfiblement. Ch. & 77;. HmÇctker. En nous acquitant de ce que ces Meilleurs ont fouhaitc de nous nous remarquerons que la déclara- tion qu'ils font par cette Lettre , eft à peu près la même que celle qu'on lit dans une autre Lettre qu'ils ont addreiïee le 25. Aouft 1730. aux Auteurs du ^OKr«f/ai-'e Hcbrdt~ que fans j>oints y par M. M.tfchf^ Cbanoins d'Amkns. StcoNDE Edi- tion , diins laquelle l'Auteur 4, ajouté trois autres Grammaires fiti- •vAiitU rr.in.e Méihode ^ fçavoir la Chald:iijus , la Syriaque & la Sa- maritalm. Q\\tz la Veuve Paidiis- Dumsfn.l , tue Fromentel , près le Puits-Certain, I75i.i«-ii. i. vol. La Grammaire Hébraïque qucM. Jl^afclef publia pour la première fois en 17 16. chez Cvllombat, in-12. &c dans laquelle il prolcrivoit l'ufa- 2t des points ^ fut diverfemcnr re- çue parmi les Sçavans qui s'appli- quent à l'étude de la Langue Sainte: quelques - uns y applaudirent & même l'adoptèrent^ la Méthode du DolIc Chanoine parut à d'autres infoûtenablc , & Dom Gnarin de la Congrégation de S. Maur^ l'un des plus habiles hommes en ce gen- re , prit li plume pour la combat- tre &C la réfuter. Notre deflcin n'eft pas d'entrer dans le détail de cette Difpute Littéraire, ni de marquer les difterens Ecrits qui ont paru fur cette matière : la queftion dont il s'y agit n'eft pas également intcref- fantc pour tout le monde. Il nous fuffit d'obferver que M. Mafclctnc fc jugeant pas vaincu, 6c perfuadé au contraire de plus en plus de la ES SÇAVANS, foliditè o.c fon Syftcmc , avoir tr\- vaillc à donner de fon Ouvrage une Edirion plus complettc. Il fe pro~ pofoit d'y mettre dans im plus grand jour les raiions fur lefquelles il rcgardoit les points comme inuti- les pour la ledture &; pour l'intelli- gence de l'Hébreu , mais encore d'y ajouter les Grammaires Chaldaï- que , Syriaque &c Samaritaine com- pofées furie même plan. La mort l'enleva à la Republique des Let- tres & à fi Patrie dont il n'étoir pas un des moindres orncmcns par fa probité de par fon fçavoir , au mois de Novembre I728. dans le tems qu'il étoit occupé à faiie im- primer le premier des deux Volu- mes que nous annonçons ", il atten- doit alors une réponfe que Dom Guarin avoir promife : mais celui- ci étant mort aulîî quelque -tems après, cette réponfe n'a paru qu'af- fez tard dans le fécond Tome de la Grammaire du même DomGuarin, publié l'année dernière, dans lequel elle occupe ici. pag. il fembloic que la difpute dut finir par la mort des deux Sçavans advcrfaires :mais le R. P. de la Bletefie de l'Oratoire, par ellime pour M. Aî:ifcicf y au- tant que parce qu'il eft dans les mêmes principes a jugé à propos. d'entrer fur les rangs & de prendre la dctenfe du Chanoine contre la nouvelle Critique du Bcncdidin : c'cll ce qui l'a engagé à donner au Public le refte de l'Ouvrage de M». Mafclef i en taifant imprimer le fécond Volume, dans lequel outre les trois Grammaires dont nous- avons parlé , on trouve encore fous F E V R I ïc titre de yirgurtienta novtt Grum- maticif, ëccc que M. Af.1fclef3.voit écrit pour foi'itenir fa Mcthode , ôc ce que le P. delà Bleterie lui-même y a a]oûté pour répondre aux der- nières cbjcétions de Dom Guarin : au (urplus nous ne devons pas ou- blier qu'il doit paroître incelTam- ment un Ouvrage François d'un des Difciplcs de M. Mafclef, inti- tu\c;Racines J-Jébrai^ues fans points, Jacques Eftienne débite I)iflruc- tio» d'it/7 pire à f on fils ^ fur la ma- nière de fe conduire dans le monde. Dédié à la R E I N E. Par M. Du- puy , ci-devant Secrétaire au Trai- té de la Paix de Rifwik. \jio.in-\i. Les P/incipes de la Nature ou de la génération des chofes. Par M.- Co- lonne. Chez AndicCailhau , Pont S. Michel. I730. in-iz. Defcription H ftori^iie des Châ- teau , Bourg. ^ Foreji rfi' Fontai- nebleau, n contenant une explica- M tion hiftorique des Peintures, " Tableaux , Reliefs , Statues , or- » nemens qui s'y voyent ; & la Vie » des Architedes ^ Peintres &: Scul- "pteurs qui y ont travaillé. Enri- » chie de plufieurs plans &: figures. "Par M. l'Abbé Gmlbert , P. D. » Q. du Roy, Chez le même An- » dré Ciiilleaii, E R I7jr. 127 ffcjfi , rue S. Jacques , à la Fleur de Lys d'or , a iniptin:é in-8°. le Brutus de M. de Voltaire , avec un Difcours fur la Tragédie, adrelTé à M y lord Beliugbrooke ; ce Difcours , qui elt de 29. pages , eft écrit avec tout l'enjouement, toute la vivaci- té &r toute la délicatefle qu'on peut attendre de l'ingénieux Auteur ; & nous ne pouvons que taire plaifir au Public d'en donner inceflam- ment un Extrait fidèle. Pierre Çandoum , Quai des Au- guftins , à la Belle Ima';;e , débite î H Ivoire de Mademoifelie de la Char- Cl de la, Maifon de la Tonr-dn-Tin enDauphiné. On Mémoires de ce (jin s'efl pajféfoiis le règne de Louis XIV' 1731. ;w.-I2. Cette féconde Partie du titre, ou Mtmoires , &c. pourroit tromper quelques Ledcurs qui s'imaginc- roient trouver dans cet Ouvrage quelque chofe de ferieux & d'hifto- riquc. Ce n'eft cependant qu'un pur Roman. On trouve chez Haan , rue faint Jacques, à lajuftice, les Voyages & Avanturcs du Capitaine Robert Boyle , traduits de l'Anglois , 2. vol. in-\%. imprimés à AmUerdam^ chez les Wet^eins. I2t TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Février 1731." H Iftoire Ancienne des Egyptiens, des Carthaginois , des jlfyriens ^ des Babyloniens , &c. Par M. RoUin , page 67 Obfervations cnrieufes fur toutes les fontes de la Fhyftque , extraites & recueillies des meilleurs Auteurs. Tome troifiéme , 79 Leçons Théologiques fur le Sacrement de Manage , avec un court Traité des Cenfures , par M J'jibhé Touincly , 88 Hiftoire de V Académie Royale des Sciences , année lyzS. avec les Mémoires de Mathématique & de Phyjîque p»ur la même année ^ &c. 94 Recueil des principales Décifîtns furies Dixmes, Us Portions congrues , & les Droits & Charges des Curez, primitifs , S/-4*'. Tome premier, pp. 552. fans des Préliminaires de 6â,. & la Table de 38. Tome fécond, pp. 580. fa,ns des Prt liminaires de 28. & une Table de 38. Tome troi- licme, pp. 5.84. fans des Préliminaires de 30. &une Tablede 42. Tome tjuarriéme , pp. 547. lans des Piélimiuairesde 50. & une Table de 34. R ij J32 JOURNAL DES SÇAVANS, COMME nous efperons don- ner autant d'Extraits de cet Ouvrage qu'il en paroîtrade Volu- mes, nous nous bornerons aujour- d'hui à parler du premier. CeVolume efl: compofé d'une Pré- face , d'un Difcours ilir U Religion Ôc les mœurs des anciens Gaulois ; d'une Diiïcrtation Préliminaire fur le tems de l'écabliflcment de la Religion Chrétienne dans les Gau- les', de de trois Livres de l'Hiftoire de l'Eglifc Gallicane , depuis cet établiflement jufqu'en l'an 434. Nous allons rendre compte de ces differens morceaux avec toute î'exaditude que permet la brièveté d'un Extrait. 1°. Le P. Longueval s'eft apperçu que l'Hiftoire de l'Eglife Gallicane étoit un Ouvrage qui manquoit à la gloire du Clergé & de la Nation. De fçavans Auteurs en avoient, à la vérité , formé le projet avant lui ; mais aucun ne l'a encore exécuté. M. Bofquet , par exemple , publia en Latin , il y a près de loo. ans , les commencemcns de notre Hiftoi- re Ecclcfiaftique ^ jufqu'à la Paix donnée à l'Eglife par la converfion de Conftantini mais fon Ouvrage n'ayant que 16 z. pages, fi on en féparc les Pièces qu'il a mifes à la fuite , n'eft propre , tout au plus , qu'à faire dcfirer une Hiftoirc plus complette & plus détaillée. Jf, Le P. le Cointrc , Prêtre de l'O- tatoire , a travaillé depuis fur un dcffcin plus vaftepar un endroit, & plus rertcrré par un autre. Il publia en Latin, U y a plus de ^o. ans j plufieurs gros Volumes intitules : Annales Ecckfiajlici tr^ntorum.. Mais en fe bornant aux Annales Ec- clcfiaftiqucs des François , illaifTc à part tout ce qui cft arrivé dans l'E-' glifc Gallicane avant la domination des François, c'efl-à-dirt pendant prefquc les cinq premiers ficelés, aulïi bien que ce qui s'eft palTé dans les parties de la Gaule qui compo- fotent le Royaume de Bourgogne , & cckii des Vifigots avant que les François eulTent conquis ces Etats , tout cela n'étant pas de fon fujet , d'ailleurs fes Annales BnilTent vers le milieu du neuvième lieclc , & ne' peuvent confequcmment fatisfairc toute la curiolité des Ledcurs. Le feul titre à' Hiftoin àe i'Egli' fe Çallicane ouvre un bien plus va- fte champ. On voit par cette an- nonce que tout ce qi'i s'eft paflc dans les Gaules concernant la Reli-! gion , fous l'Empire des Romains, lous les règnes des Bourguignons , des Vihgoths &c des François , en- tre dans cet Ouvrage. On y trouve- ra en effet l'ctabliflcment du Chri- ftianifme dans les Gaules, les Aâ:es des Martyrs qui y ont fouftert, la fondation des diverfcs Eglifcs, la fuccefîion de ceux de leurs tvêques qui méritent d'être connus ; une Notice de tous les Conciles des Gaules , les differens ufages de la difcipline, la fondation des Chapi- tres & des Monaftereslcs plus celé, bres , l'établidement des Ordres Religieux , l'abrégé de la Vie des Saints & des plus grands Hommes qui ont illuftrc l'Eglife «le France MA R S ; ^Hiftoirc cîcs Hcrélîes qui l'ont troublée , avec une notion des Ou- vrages hits dans les Gaules en ma- tière de Religion , Si tout cela lié dans un Corps d'Hiftoire fuivi i car quoique notre Au'eur ait tâche de luivrc l'oidre des tems dans ces narrations , il s'en faut bien qu'il ait compol'cdcs Annales , ce genre d'écrire qui a fes avantages pour la Critique , & même pour l'Auteur auquel il épargne des liai fons tou- jours difficiles à trouver , lui a paru ennuyeux pour le Lefteur qu'il oblige fans celle à revenir fur fes pas , & cette reflexion le lui a fait abandonner. Tel eft le plan que s'efl: tracé le P. de Longueval. Pour le remplir , il n'a , dit-il , épargné ni fa peine ni fon tems dans un affez long loi- fir que la Providence lui a ménagé. Pour découvrir la vérité , il nous affure qu'il a puifc dans les fources > qu'il a lu avec attention les anciens Hiftoriens; qu'il a profité des dé- couvertes des nouveaux Critiques , & qu'il n'a rien rapporté , comme aiïnré, que fur des Mémoires beau- coup plus dignes de foi, que ceux qu'on a pour la plupart des Hiftoi- res Prophanes. Il n'a pas pris la li- berté de rapprocher de notre goiJt les traits des anciens Auteurs qu'il cite, ni les difcours que des Aâes authentiques attribuent aux Saints Martyrs ; il agit de la même maniè- re à l'égard de nos Conciles dont il a rapporté prefque tous les Canons, ôc à l'égard des Extraits qu'il a faits pour donner une notion des Ou- Yragcs des anciens Auteurs Eccle^ '7 5 I. tn fuftiques dont il a eu ôccafion de parler. Le defir qu'a eu notre Auteur de rendre fon Oavragc aulTi complet qu'il lui fcroit pollible, lui a fait ajoi^iter au bas des pages quelques Notes Critiques fur des endroits qui lui ont paru avoir bcfoin d'é- claircilTcitienc ; mais il a eu foin qu'elles fullent en petit nombre , & s'eft donné la peine de les faire courtes, afin qu'elles ne fiffcnt pas perdre de vue le fil del'Hiftoire. Il y a certains points importans ; ou du moins curieux que le P. Lon- gueval n'a pas cru pouvoir bien éclaircir dans le corps de fon Ou- vrage ni dans fes Notes. Il en a fait la matière des Diflcrtations ou des difcours qu'on trouvera à la tête de chaque Volume , s'ils font tous comme ceux que nous avons déjà , nous ofons affurer que les fujets en font intereiïans par eux-mêmes & utiles pour l'intelligence de l'Hi- ftoire qu'il entreprend. Il auroit pù^ dit-il, donner à ces difcours beau- coup plus d'étendue; mais il a cru que l'on lui fçauroit gré d'ometrc un vain étalage d'érudition qui coil- tc fouvent plus au Ledteur qu'à l'Auteur. Dans le choix des matériaux que notre Hiftotien a été obligé de mettre en œuvre, il nous affure qu'il a tâché d'être également en garde contre une Critique outrée encontre une trop grande crédulité. De là il s'eft fouvent trouve réduit à ne dire que peude chofc de quel- ques - uns de nos Saints dont les noms font d'aiUsuis célèbres , parce 134 JOURNAL D que ce qu'on en raconte n'eft fondé que fur des Ecrits apocriphcs. De Uauffi plufieurs Miracles rapportés, parce qu'ils font tirés d'Auteurs conteinporains dont les lumières , la probité , & même quelquefois la fainteté font conHues. Quant au ftilc qu'a fuivi notre Auteur , il n'y a rien d'aftcdé , il a cru que le plus naturel étoitle meil- leur , c'eft une leçon , dit-il , que j'ai rcçîi d'un de nos plus habiles Ecrivains; « Lebonftile, me^ii- u foit-ilj doit être comme la bonne >■) eau qui n'a point de goût , c'cft- » à-dire, qu'il doit être naturel, 53 clair & coulant. « Cette maxime eft fur tout vraye , de l'aveu de notre Auteur , quand il s'agit d'une HISTOIRE SAINTE, par- ce qu'une noble fimplicité cft le caradtere le plus marqué de la vérité qui en eft l'ame.Ceferoit dégrader, continue-t-il, la majcflé d'une Hi- ftoire de l'Eglifc , que de chercher à lui concilier des agfémens par des parures étrangères. Elle ne doit plaire que pat la gnivité & la no- blellc , tout y doit refpirer la fainte- té & le fcricux de la Religion , tcc. Le P. Longucval termine cette Préface par nous découvrir les vues qu'il a eu dans la compofition de cet Ouvrage , fc protefte qu'il s'eft particulièrement propofé l'mflruc- tion ^l'cdificarion dcsFidéles.Quûi de plus propre en eflet à les inftrui- re qu'une Hilfoirc que le feul amour de la Patrie leur rendra pié- cieufe ? quoi de plus propre à les édifier que les exemples de leurs Feres en Jefus - Chrift î ES S Ç A V A N S ; Notre Auteur , avant que de fi- nir, rend raifon de quelques points particuliers qui pourroient arrêter leLecftcur. Il avertit, i°. Que pourfe con- former au teras dont il écrivoit l'Hiftoire, il a défigné les Villes & les Provinces par les noms qu'elles portoient alors, & nommé les di- gnitez Eccléfiaftiques ou Séculières félon l'ufage decestems-lài 2°. Que dans la date desAdea qu'il a cités,il a rapporté le Confulat, l'indidion, les années du règne iles Empereurs & des Rois , comme elles croient mar- quées , mais qu'il y a ajouté par forme d'explication l'an de J. C, auquel elles répondent, afin d'épar- gner au Leélcur un calcul ingrat. Pour laJate des jours paries Calen- des , les Ides & les Nonej , il s'eft contenté de la rendre par notre ma- nière de compter. En agir autres ment, dit -il, comme ont fait quelques Auteurs , c'eft parler La- tin en François ; 5°. Comme il a omis des laits qui intereflent quel- ques Eglilcs, il prie ceux qui le remarqueront de confidercr que~ des détails qui méritent d'avoir place dans l'Hiftoire d'une Egiife particulière ce convicndroient peut-être pas dans une Hiftoire ge- iiprale , h ces faits «cependant font j> certains & importans , dit-il on ".pourra y fupplccr , fi l'une de ces » deux qualitez leur manque , j'ai " dû les ometre. (t 40. Pour faire connoître f>iufieurs Saints dont notre Auteur n'a pas eu occafion de parler, il donnera dans la fuite une Liile de ceux qui feront venu^ à la M A R Connoitï'ancc , avec un Catalogue (ics Saints de l'Eglife Gallicane qui font marqués dans un ancien Mar- tyrologe tort eftimé &c donné au Public par le P. Labbe; 5°. Outre les Tables alphabétiques des raatie- ïes qu'on trouvera à la fin de cha- que Volume , on lit au commence- ment les Sommaires de chaque Livre qui fûnt en forme de Tables Chronologiques. Il n'a rien négli- gé j dit-il , pour rendre exadcs les unes &c les autrest C'cfl: un travail , comme il le remarque fort bien , aufll utile auLedeur qu'il eft ingrat pour l'Auteur. Ilaflurc enfin que fi ion travail ed goûté , il ne fera pas îong-tems attendre la fuite de cette Hilî;«ire , Se que les Volumes fe fui- vront de près. Mais il avoiic qu'il ne peut en déterminer le nombre. II. Voilà ce que le P. Longuevsl nous apprend de la Religion & des mœurs des anciens Gaulois. Ils n'adorèrent pas d'abord les Ouvrages de leurs mains &c demeu- rèrent long-tems fans Temples &c fans Idoles. Les forefts , les vieux troncs de chênes, les pierres brutes, les iacs, les rivières furent les pre- miers objets de leurs adorations. Ils ne tardèrent pas à donner des noms £c des attributs à ces Divinitez. £fns, Theutates , Tarants , Belenus, Camnlus ^ Pluton furent leurs pre- miers Dieux. Et yirdoine^ Nthale»' nia , Onuava & Hafva leurs pre- mier-sDccffes. Qrioiquele P. Lon- gucval femble adopter le Syftême de ceux qui prétendent trouver les Divinitez des Romains fous ces "noms j ce qu'il y a de certain , c'eft 81751. ijj- que la Théologie des Gaulois nous eft très-peu connue. Les Gaulois fe pcrfuaderent que le plus agréable Sacrifice qu'Us puf- fent offrir à leurs Dieux , fur tout à Efus & à Thcittateshohàc faire couler le fang humain fur leurs Au- tels i ils choiliffoicnt ordinairement des Criminels pour Vidiimcs , mais à leur défaut on immoloit fouvenc des innocens. La forme de ces Sacrifices ctoic aufîî cruelle que le Sacrifice même. La Sacrificateur frappoit long-tems de l'Epée le dos de la Vidimc, prétendant conneître l'avenir dans les contorfions que la douleur lui feaifoir faire , quelquefois on la perçoit de flèches facrées , ou bien on la faifoit mourir en Croix. Dans les Sacrifices folemnelsorl érigeoit une srande Idole d'ofier où l'on entermoit les malheureux qui étoient deftincs aux Sacrifices, en- fuite le feu confumoit l'Idole &: les Vidlimes. On fe contentoit , quel- quefois de les brûler dans un tas de foin avec un grand nombre d'ani- maux qu'on facrifioir avec eux. Les Druides étoient les Miniftres de ces barbarcsSacrifices.C'étoit une Sede de Philofophes & de Sacrifi- cateurs qui étoient tout à la fois les Interprètes des Loix , les Dépoiitai- resde la Dodrine , & les Oracles des Dieux. C'étoit dans la Breta- gne qu'étoit leur plus célèbre Ecolc. Hsn'enfeignoienrque de vivevoix^ & défendoient fèvércment à leurS' Difciplcs d'écrire aucun des vers nombreux qu'ils leur apprenoient par cœm. Auffi ignoions-nous leur nS JOURNAL DE SÇAVANS, Svftcmc Tlîcolocique, toutceque exercer cet art qu'une imaginatioa r ^ _'™n-«ii*il •■rtiil/M f fur nous fçavons , c'eft qu'il rouloic fur la Mécempfycofe &c fur l'immorta- lité de i'ame. Ce dernier article ctoit fi fermement établi parmi les Gaulois, qu'ils pi êtoient de l'argent à condition qu'on le leur rendroit dans l'autre monde. On a fait un pareil ufage de ce dogme dans des temsplus refpedlables. Le Collège des Druides étott purement Monarchique , c'eft-à- Abat élément. Terme ufité parmi »>les François dans les Echelles du M Levant. Il fignifie une fcntencc «duConful, portant interdiction »dc tout commerce contre les M Marchands & Négocians de la « Nation y qui défavoiient leurs j) marchez, ou qui rcfufent de payer » leurs dettes. Cette interdidion eft »» fi rigide qu'il n'eft pas même per- >î mis à ceux contre qui elle eft J' prononcée , d'intenter aucune ac- n tion pour le payement de leurs » dettes, jufqu'à ce qu'ils ayent fa- »tisfait à l'ordre du Confeil , »>& fait lever l'Abatelement , en » payant & exécutant ce qui y eft » contenu. M. Savary avoit donné un article fut le Commerce de l'acier dans le premier Volume de fon Didion- nairc univerfel. Il ajoute dans ce Supplément un article fur le nouvel acier de France; il aflurc que M. de Rcaumur a fi bien découvert la nature de l'acier, & la manière la plus parfaite de le fabriquer , que les François ne peuvent plus regret- ter aucun acier étranger , &C qu'ils font en état de mettre le leur en parallèle avec ceux qui jufqu'ici ont été les plus eftimés. L'Auteur déda- le enfuite qu'il n'entrera point dans le détail de toutes les découvertes 5 ii^i: 141 de l'Académicien fur ce fujet. Il fe contente d'obferver qu'il y a une Compagnie établie à Cône qui tra- vaille à une Manufodure des fers & des aciers fur les principes de M. de Reaumur , que cette Compagnie tient fon Bureau à Orléans &c qu'elle a un Magazin ouvert à Pa- ris. Il donne enfuite une Lifte des différentes efpcccs d'Ouvrages de fer&d'acier tondus, qu'on trouve dans ces Magafins , qui font , dit- il, finis comme ceux d'Orfèvrerie. Il parle des vernis de différentes couleurs, qu'on met fur ces Ouvra- ges de fer & d'acier , & de leur dorure , qui eft beaucoup plus belle 6 plus durable que la dorure fur le cuivre. Sous le mot Commerce il y a un grand nombre d'articles très- inter reffans , non feulement fur le Com« merce de France & des autres par- ties de l'Europe , mais encore fur celui de l'Afie , de l'Afrique & de l'Amérique. A l'égard du Com- merce de France, un des articles qai mérite le plus d'attention , & qui eft auffi des plus étendus eft celui- dc Marfeillc.On y verra après quel- ques Remarques générales fur la Ville de Marfeille par rapport au Commerce , les privilèges qui ont été accordés à cette Ville en faveur de ce Commerce , les Arrefts du Confeil qui ont été rendus pour l'augmenter, les Reglemens qui ont diminué la franchife du Port , & un état gênerai de toutes les Marchandifes dont on fait com- merce à Marfeille , avec l'explica- tion de leur qualité , de l'ufage au- 142 JOURNAL DES quel elles fontdeftinées,du lieu d'où elles viennent , fi c'efl: parterre.ou par mer , Ci elles y font tranfportées brutes ou fabriquées , quelle quan- tité il en arrive à Marfeille année commune , quelle en étoit la valeur en 1^88, que cet état a été drcfiTc , en quels lieux s'en fait la confora- mation. Cet Etat eft divifé en huit colonnes, fur chacune !defquelles on trouve marqué un des articles dont on vient de parler pour cha- que marchandife. Ce Mémoire eft de M.Gafpar Carfeueil célèbre Né- gociant de la Ville de Marfeille. M. d'AguelTeau Confeiller d'Etat & M. le Bret aufquels l'Auteur avoit envoyé des copies de cet Etat, lui ont témoigné combien on lui étoit redevable d'un Ouvrage qui peutctre û utile pour le commerce. M. Carfeueil a donné d'ailleurs des preuves du déiîntereflement avec lequel il travailloit pour le Public. Car on marque dans une Préface qui eft à la tête de fon Ecrit à huit colonnes , qu'il refufa une gratifi- cation confiderable qu'on avoit délibéré de lui donner, & des Let- tres de NoblelTe. Dans l'article du Commerce gênerai des Indes Orientales qui remplit plufieurs pages , l'Auteur donne un état des affaires des An- glois à Suracte & de la manière dont ils s'y conduifenr. Il paroît par ce Mémoire que la Compagnie Angloife eft de toutes les Compa- gnies de l'Europe établie à Surattc, celle qui fait la plus belle figure; &c que fi fon négoce n'y eft point auflî confiderable que celui de la Com- SÇAVANS.^ pagnie d'Hollande, les Anglois y foûtiennent leur réputation avec plus d'éclat que les HoUandois. La maifon où les Anglois demeurent à Suratte & qui appartient au Mogol eft une des plus belles & des plus commodes de la Ville. Le Préfi- dent ôc les principaux Commis ne paroillent en public qu'avec ua grand cortège. Lorfque le Préfi- dcnt fort en cérémonie , il eft por- té dans un riche Palanquin, précédé de deux grands étewdarcs aux armes de la Compagnie , après lefquels marchent quelques Chevaux de main Arabes ou Perfans de grand prix avec des harnois magnifiques. Les jeunes Fadeurs ont des Che- vaux très-richement harnachés. Le Maître des Domeftiqucs eft àCbe» val avec quarante ou cinquante de fes gens qui le fuivent à pied. Le Confeil vient après dans un Caroffc fuperbe tiré par des Bœufs. Les anciens Fadrsurs ferment la marche achevai ou en Carolîe. Le Préfi- dcnt tient aulli une Table abondan- te & délicate , où l^on fcrt toute forte de mets à l'Angloife , à la Pormgaife èc à l'Indienne. Pour foûtenir cette dépcnfe , la Compa- gnie Angloife employé tous les ans cent mille livres fterlin. Le Préfi- denc & les autres Oificiers du Com- ptoir , ont la permiffion de faire le commerce pour leur compte , ce que la Compagnie HoUandcife n'a jamais voulu accorder à fes Offi- ciers. Ce Commerce eft très-avan- tageux pour ceux qui le font, car l'Auteur remarque qu'il eft fort ordinaire à ceux qui iont le Com- 'MARS 1751: 145 fùeice de furatK à la Chine de ga- quand on n'y envoyé que de l'ar- gncr cent pour cent , & au moins gent» de gagner cinquante pour cent LE THEATRE DES GREC S. PARLE M. P. Brumoy de la Comfagnie de Jefus. A Paris , chez R-oUin père, Qiiai des Auguftins, Jean- Baptifte Coignard hls , Imprimeur da Roi , rue faint Jacques , & RoUin fils , Quai des Auguftins. 1730. 3. vol. ;» - 4°. premier yql. pp. 50^. fécond vol, pp. 757. troi- iiéme vol. pp. 425. CE T Ouvrage eft d'une éten- due qui ne neuspermet paSd'en borner l'expofé à un feul extrait. Nou; nous attacherons donc d'abord au premier Volume feulement , Se encore ne fera-ce qu'aux Préli- minaires. Ces Préliminaires confi- ftent en trois Difcours , l'un furie Théâtre des Grecs , le fécond fur l'origine de la Tragédie , & le troi- fiémefur le parallèle des Théâtres. L'indifférence où l'on eft tombé infcnfiblement à l'égard du Théâ- tre des Grecs^ & dont le P. Brumoy dans le premier Difcours dont nous allons parler , rapporte di- vcrfes caufes , a fait plus de tort , Iclon lui , aux Poètes Grecs, que tous les traits qu'on a lancés contre eux en divers tems. C'eft pour ren- dre à ces Poètes la juftice qui leur eft due , ou les tirer du moins en partie, des ténèbres où ils paroiffenc avoir été condamnés, que le P. Bru- moy a compofé cet Ouvrage. Son deficin eft de les citer de nouveau au Tribunal du Public , afin qu'ils foient jugés avec quelques connoif- fance de caufe , fans égard aux au- toritez favorables ou défavorables , mais avec l'cfprit Cattcficn , autant que cet efprit peut s'appliquer aux chofes de pur goût. H remarque que la fourcc des jugemens peu avanta- geux qu'on a portés du Théâtre des Grecs , eft la difficulté de fe tranfporter au tems & au lieu où ils ont écrit; que fans cela il eft impoflî ^ ble de les juger avec quelque forte d'équité. 11 n'eft pas qucftion icî de prononcer entre les anciens 6c nous fur la préférence des mœurs , des coutumes , & peut-être même des vertus morales. Le P. Brumoy' foûtient que dans les Ouvrages des Grecs ,1a peinture de leurs mœurs, de leurs coutumes & de leurs vertus, quelque bizarres qu'on les veuille fuppofer,ne doit pas plus nous offen- fer que la réalité de ces mêmes mœurSjde ces mêmes coûmmes&de ces mêmes vertus,a offenfélesGrecs; il croit qu'au moins nous devons faire grâce à leurs Poètes Tragiques pour avoir imité la nature telle qu'ils la voyoient de leur tems , fî nous voulons que la pofterité ait pour nous les mêmes égards. Mais il prétend que par équité nous fommes obligés de nous mettre ^ autant qu'il eft poffible , dans le point de vûë où les Auteurs ont 14^ JOURNAL D voulu nous placer en travaillant leurs Tragédies. C'cft une juftice , dit-il , qu'on ne refufc point à la Peinture qui eft une imitation de la nature pour les yeux , comme la Poefic l'cft pour l'cfprit ; toutes ces réflexions font précédées d'exem- ples fenfiblcs qui paroiiïcnt dépofer naturellement en faveur du P. Bru- moy. Notre Auteur rend enfuitc com- pte de fon travail Le Théâtre des Grecs prefenté aux François dans un point de vûë capable de mettre tout le monde en état d'en porter un jugement alfuré , eft un Ouvrage de goût , dont le P. Brumoy , à ce qu'il témoigne j, fentoit depuis long-tems , que la Republique des Lettres avoit befoin. Quatre ou cinq Pièces , foit Tragiques , foie Comiques , données féparément par quelques perfonncs fçavantcs, ne lui paroiflbient pas remplir ce dcf- fein. Il remarque que pour former une idée précife éc complettc du Théâtre ancien , il falloit en re- cueillir tous les reftcs , faire de ces reftes un alTemblage fuivi ^ compa- «er cnfcmble les Oeuvres de chaque Poëcc , Se chacun de ces Poètes avec fes rivaux , faifir par cette compa- taifon , leur caradcre & leur génie, en marquer cxadement les traits généraux , & les traits particuliers , fans lailTer échapper les plus délicatsj réunir, confronter , aiïbrtir , lier les parties, en compofer un tout , j beaucoup d'un côté , ils peuvent )> regagner un peu de l'autre. «< Non pas , itit le Père Brumoy^ »» que je » me flatte d'y avoir entièrement » réufll j ni que je croye non plus y> avoir tout-à-fait échoiié. Dans un n Ouvrage qu'on donne de propos »> délibéré au Public , il ne faut ni »préfomption ni faulTe modeftie , «&c. Nous lailTons plufieurs autres réflexions du P. Brumoy fur ce fu- jetj mais il cft important de ne Mars S , 1 -7 3 t: 145- point paiTer fous filencc ce qu'il tait remarquer enfuite ; fçavoir , qu'il n'a rien épargné pour peindre fur tout le caradere particulier de chaque Poète , & pour lereprefen- ter dans un ftyle diflcrcnt. Car quoique les trois Maîtres de la Tra- gédie ayent quelque chofe de com- mun dans leur manière ^ ils ont ce- pendant , dit notre Auteur , un genre propre qu'il taut attraper^ femblables à ces Phyhonomicsd'un même climat , Icfquclles fe rappor- tent en quelque chofe, fans toute- fois fe relTembler. Au refte comme il a fallu necef- fairement des Notes pour l'intelli- gence du Texte , le P. Brumay avertit qu'il en a fait quelques-unes, mais le moins &c les plus courtes qu'il lui a été poifible , perfuadc qu'une pièce de Théâtre doit être iûë fans interruption , fi l'on veut en fentir le tragique , & en voir l'ŒCûnomie. Pour ne rien lailTer d'obfcur iî'a mis à la tête de chaque Tragédie l'explication du fujet ; mais il dît que c'eft fans prévenir le plaifir de la furprife. On trouvera à la fih quelques Obfervations critiques fur le tour &c le goût de chacune des Pièces. Il n'a pas cru qu'il fôt pofllble dé traduire tout au long la plupart des Tragédies Gréqucs î il en expliqua lesraifons, & dit comment il s'y eft pris pour fuppléer à ce défaut , quî eft de recourir à des Analyies rai- fonnées , où prefque tout eft tradu» (filon , où nul trait conllderablê n'cft omis. Si où enfin le Poète fe t^e JOURNAL D fait autant connoîcre que dans une tradudion fiiivie. Les Uluftres modernes qui ont pris quelque fujct des Poiites Grecs n'ont pas échappé à notre Auteur, Se les imitations qu'il rapporte , comparées avec les modèles , ne peuvent, comme il le remarque, que jetter une grande lumière fur les originaux qu'on veut connoître. Quoiqu'il en foit , on trouvera que dans cei; Ouvrage le P. Brumoy lend compte d'environ foixante Pièces j dont fept font d'Efchyle , fept autres de Sophocle , dix-huit d'Euripide, & onze d'Ariftophane. Du Théâtre Tragique des Grecs, le p. Bruraoy paffe au Théâtre Co- mique : ilfaitunlong Difcoursfur îa Comédie Gréque ; on y trouve ^n expofé fort ample des onze Pièces d'Ariftophane , rangées fui- vant l'ordre de leurs dates , & une conclufion générale de tout l'Ou- vrage. Le Difcours commence par di- ycrfes remarques fur la perfonnc & les Oeuvres d'Ariftophane , fur fes Partifans , fur fes Ccnfeurs , fur ce qu'il faut penfcr des uns &c des au- tres ; on parle enfuite de la Comé- die Romaine , on examine lequel cft le plus difficile ; du Tragique ou du Comique. Puis on prépare à la ledure d'Ariftophane par des Ob- feivationsncceliaires &: par les fa- ites de la guerre du Péloponcfe , à laquelle , félon la remarque du P. Brumoy , prefque toutes les Pièces font de fréquentes .illufions. Nous ne f<^autions mieux faite voir la peine que s'cft donné notre ES SÇAVANS,' Auteur qu'en difant aprcs4ui , que dans les détails des Pièces , il expli- que tous les évcncmens hiftoriques avec leurs rapports , qui méritent d'être expliqués : Qu'il traduit tout ce qui peut être traduit , en fe pro- pofant de remettre devant les yeux , particulièrement le gouvernement d'Athènes dévoilé dans les allégo- ries du Poète , & le génie de la Comédie antique ; Qiie la conclu- fion générale retrace toutes les dé- marches &c tous les égaremens de Fcfprit humain dans l'invention , le progrès & les diverfes décadences du Théâtre j Qii'en un mot il a tâ- ché de ne rien omettre pour faire connoître à fond Ariftophane, le tour de fes railleries , fes bcautez, Jfes défauts , fes peintures allégori- ques : qu'il s'eft arraché à tirer le même fruit de l'expofition d'Ef- chyle , de Sophocle &c d'Euripide : Quec'eft cet affeniblage complet , & cet enchaînement fuivi de tra- ductions , de critiques , de raifon- nemens , £.<. de comparaifons de goût, qui compofe une forte d'Hi- ftoire du Génie Théâtral , & une nouvelle efpece de Poétique par les faits , comprife fous le titre de Tbciître des Grecs. Notre Auteur finit cette premiè- re Préface , en difant qu'il n'attend du Public ni indulgence ni neueur. que il (on Ouvrage ne plait point au grand nombre de ceux qui font capablesd'enjuger,!! n'aura paspour les anciens la fup;rfiition de prendre toute lu faute fur Lui , comme l'a fait Zd. Dacler^ ni affcz^d' amour propre pour ne s* en attribuer inwwje. MARS KotiS nous Tommes un peu étcn- «lu fur ce premier Diicours , cela croie neceflaire pour donner une idée du dedcin fc de la méthode de l'Auteur, qui y font décaillés. Nous tachetons d'être plus concis dans l'expolc des deux luivacs quoiqu'ils foient cependant chacun moins courts ouelc premier. Ils'agitdonc de voir ici d'abord ce que notre Auteur penfe fur l'origine de la Tragédie. Nous viendrons enfuite à fon Difcours fur le parallèle des Théâtres.' Le P. Brumoy , après divcrfcs conjetfliires fur les premiers com- mencemcns ou plutôt les premières ébauches de la Tragédie , pofc pour principe , Qii'Efchyle eft le veritîble Inventeur de la Tragédie proprement dite, que Sophocle &C Euripide ontcouru après lui la mê- me carrière , & qu'en moins d'un fiecle la Tragédie Gréque qui avoit pris forme tout d'un coup entre les mains d'Efchylc , arriva au point où les Grecs nous l'ont laiffée. C'eft dans ce point de maturité que notre Auteur confidere ici la Tragédie pour en rechercher la vrayc fource dans l'efprit humain. Il commence par avancer que c'eft fans doute le Poëme Epique d'Ho- mère qui eft la fource de cet art ; il cite fur cela Ariftote , Platon & yElien ■■, puis il en appelle à la raifon feule qui nous le feroit , dit-il , ai- fémcntappcrccvoir^ cnconfiderant le rapport de ces deux genres de Poëfie. ^lien , dit le P. Brumoy , fait sncntion d'un Peintrç qui s'avifa de 3 ï 7 5 I. T47 rcprcfcnter Homete , de même à peu près qu'Horace nous peint le génie de Pindare : de la bouche d'Homcre fortoit une fource fécon- de qui fc partageoit en diffèreiis ruiffeaux où l'on voyoit une troupe de Poètes puifer avec emprefTemcnt comme C\ c'eût été pour eux la fon- taine de Cailalie. Le P. Brumoy prétend que ce n'eft point ici une flatterie pittorefquc en faveur d'Homère , mais une juftice que lui rendoit Efchyle lui-mcme, qui avoitcoûtume dédire que fcs Piè- ces n'étoient que des reliefs des fe- ftins étalés dans l'Iliade &: dans rOdiffée. Pour développer avec netteté la fuite des raifonnemens d'Efchile & de fes contemporains dans l'art tragique, le P. Brumoy examine de quelle manière Homère a dû rai- fonner par rapport au genre Epique. Le raifonnement qu'il lui prête ici eft un morceau travaille avec beau- coup d'art , ilfaudroit pour l'expo- fer comme il but , le copier en en- tier , & c'eft ce que nous ne fçau- rions faire à caufe de fon étendue j nous nous contenterons d'obferver que tous les fccrets , tous les myftc- rcs d'Homère y paroiflent dévelop- pés avec une clarté qui femblc ne rien lailTer à defircr. On y voit à nud tout le plan qu'a fuivi ce Poète, & d'où ont été puifees , félon notre Aiiteur j toutes les règles de l'Arc Epique. Le P. Brumoy vient enfuite à Efchyle qu'il fuppofe avoir tiré d'Homère une idée plus nette &C plus précifc de la Tragédie , il fait 14-8 JOURNAL D raifonner Elchyle à fon tour fur ce fujet & lui prête les reflexions fui- van tes. » Lire '<: voir une adion font "deux chofes fort différentes. Ln » Adeur touche plus que ne fait »> une fimple ledure , parce que >y l'imitation eft quelque chofe de M plus parfait. Thefpis a été heu- «reux d'imaginer un Adeur qui » récitât des hiftoircs ou des fables » propres à émouvoir les Auditeurs. "Mais l'imitation feroit , ce fem- n ble , plus intereiïante encore , Ci « de même qu'Homère fait parler » Achillcs &c Agamemnon , je pro- » duifois deux Adeurs fur la Scène. M'Ce ne feroit plus une fimple iiïîi- » ration , mais en quelque forte une n adion véritable , du moins les » ^Spedateurs plus agréablement «trompés verroient en effet, ce » qu'ils ne font qu'entendre Si fup- «pofer , quand un feul 6c même M Adeur fait l'un après l'autre le » double rôle d'Agamemnon & M^'Achilles. Les yeux &c •l'ei'prit ïjféduits par cette peinture , fi ap- a> prochante de la vérité , oublie- wroient plus aifément que c'eft une » peinture ; ils croiroient voir la n chofe même. Dans ce raifonnement fi naturel , qni certainement , dit le P. Bru- moy , a éclairé l'Inventeur ( quel qu'il foit ) de la Tragédie , ou voit luire le premier rayon de la Tragé- die. Mais notre Auteur remarque qu'il en dut coûter à Efchyle bien d'autres reflexions , pour former tout cet édifice lumineux dont il Kanftcit unt de modèles à fes con- ES SÇAVANS, temporains. Il obferva d'aborH ~^ félon le P. Brumoy , que l'Iliade d'Homcre n'étant qu'une vérité morale revêtue d'une table pour amufer utilement le Ledeur , il pouvoir plaire de même à des Spe- dateurs , par une compofition arti- ficieufe d'évenemens .qui renfcr- maffent quelque inftrudion & dont l'efprit pût tirer une moralivé.. Mais comme ce font deux chofes differenteSj d'être témoin & de lire, il vit bien que fonOnvrage devoir a- voirla même différence d'avec celui d'Homère , qu'un Spcdacle d'avec une fimple ledure. L'Iliade ( c'efl: toujours le P. Brumoy qui parle ) ne pouvoir produire fon effet qu'à diverfes reprifes : on in- terrompt &C on reprend une ledure à fon gré -, il n'en eft pas ainfi d'un Spedacle : le bon fens veut qu'on le voyc de fuite, & qu'il ait fon effet dans un tems affcz court ...<..,. Efchyle donc devoir fenfémcnt fe borner à un Ouvrage plus court, &: p.ir confequent plus animé; car un lentiment quine fait que paffec doit être plus vif pour pUire qu'une continuité de fentimens dont le terme eft plus éloigné. Aullî les pallions principales que touche Ho- mère font-elles conformées à la du- rée dcibn Poème Z<. à la nature de l'Homme. Ces paffions, remarque le P. Brumoy , font la joye , la cu- riofité 6c l'admiration , paflîons douces , dit-il , qui peuvent atta- cher long-tems le cœ«r fans le fati- guer , au lieu que la terreur , l'indi» gnation , la haine, lacompallion^ ôc ouantité d'autres dont la vivacité M A R s ; peut épuifer Vsme , ne font traitées d.ins l'Iliade qu'en partant , & tcû- joiirs avec fubordinatioii aux paf- iîons modérées qu'on y voitregncr. IVIais dans un rpcctaclc qui doit peu durer, les pallions vives peu- ventjoiicr leur jeu, &c defubalter- ncs qu'elles font dans le Pocme Epique , devenir dominantes dans la Tragédie fans lafler le Sped:ateur, que des mouvcmens trop lents ne feroient qu'endormir. Notre Autcur.fait voir par plu- fi-eurs exemples & avec des traits vifs £c éloqucns que ce raifonne- iBent eft fondé fur la nature des paflîons mêmes : il entre à ce fujet dans une fuite des Ouvrages Poétiques. Il trouve qu'Efchyle , Sophocle & Euripide ont un air Athénien fans fe reffembler ; Que Corneille & Racine ont la Phyfio- nomie Françoifc fans aucun autre rapport. Il va plus loin : il prétend que les Théâtres delà Grèce, de l'ancienne Rome, de l'Italie mo- dernes de l'Efpagne , de l'Angle- terre , &dcla France, ont quelque chofe de commun , mais qu'en même-tems ils ont des différences Ci marquées qu'une feule Scène fuffic pour les faire fentir aux moins con- noifteurs; même en fupprimant le nom du Pays. Orc'eft par rapport à ces différences que le parallèle devient difficile : on peut, dit le P. Brumoy , porter ce parallèle jufqu'à un certain point , au-delà duquel le fil de la coraparaifon fe perd ; c'eftqu'ily a, rematquc-t il, une règle fixe & une règle arbitrai- re , dont l'une eft inféparable de l'autre quand il s'agit de comparer le moderne avec l'ancien. Le Perc Brumoy reconnoîc que prefque toute comparaifbn a ce défaut , particulièrement celle dont' il s'agir, dans laquelle le goût univcrfel n'eft le fouvcrain Juge que juf- qu'aux limites où le goût arbitraire commence fon empire avec un Def- poufme qui emplette le plus fou- jfz JOURNAL d:es sçavans; vent fur U juriftiiclion du premier. » pcrc de la Trac;édie , cft un tct= Notre Auteur détermine en de rail , autant qu'il lui eit poiîible , les bornes de ces deux goûts ; il di- ftingue enluite ce que le TiiLatrc moderne &: leThéatrc ancien ont de commun & de particulier par rap- port au goût des Spectateurs anciens & des Spectateurs modernes. Pui5 il tait voir ce qui frappe le plus les mêmes hommes [ les François pair exemple ] dans les Tragédies Gré- w rcnc qui coule a travers les ro- n chers , les torêts , lei précipices ; n\it fécond elf un canal qui airofe >' des Jardins délicieux ; 6: le troi- >j liémc un fleuve qui ne fuit pas- )vtoû)ours- fa coutle de droit til , » mais qui aime à lerpenrcr dans n des Prairies émaillées de fleurs. Tous ces caractères une fois établis par les Pièces qu'on verra traduites en Francots , il fera aifé . I ques & dans les Françoifes , foie en dit le P. Brumoy , d'appercevoic bien , foit en mal. C'eft-là le carac- jufqu'où l'on peut poufler la com- rcreccmmun des unes&des autres, paraifon & quel en doit être lere- Après un grand nombre de refle- lultat. Ici notre Auteur entre dans xions magnihques furcefujet^ no- un examen détaillé de ce que le tre Auteur remarque que le carac- tère gênerai des trois Poètes Grecs , lailfc entrevoir en eux des difleren- ces qui font leur caraiflere particu- lier , comme les Maîtres delà Scè- ne Françoife ont chacun le leur. » Car de même , dit-il^ que Cor- xneille, après s'être ouvert une car- " riere toute nouvelle ,& fil on ofe -•>ainfi parler , un nouveau Ciel, Théâtre ancien & le Théâtre mo- derne ont de commun ou de diffé- rent: 1°. Pour la nature des Sujets : 2,°. Pour les Perfonnages : 3°. Pour l'œconomic & la conduite des Piè- ces: 4". Pour la fimplicitc : 5°.Pour les Chœurs: 6°. Pour ce qui regar- de la Galanterie, Tour ce que remarque là-delTus le P. Brumoy ne tend, félon ce qu'il ;>fembie un Aigle qui s'élance déclare , qu'à taire connoître com- j>jufqu*aux nues par la fubtilité , ment &: en quoi on peut compa- 5} par la force , par la fuite non-in- rcr le Théâtre ancien & le Théâtre "terrompue, 5c par la rapidité de moderne pour juger mieux da » fon vol , de même que Racine , premier qui eft moins connu par 3>en fuivant les traces des anciens le contrafte du dernier qui l'cH sa d'une manière nouvelle , imite plus. C'eft tout l'avantage qu'il die "les Cignes qui tantôt planent , vouloir procurer au Théâtre Grec « tantôt s'élèvent , tantôt s'abaifTent fans aucun préjudice pour le Théa- » à propos- avec une grâce qui ne treFrançoisi&c'elt de quoi on juge* «convient qu'à eux , auili voit-on r* tacilement par les remarques ï5 qu'Efchyle , Sophocle & Euripi- qu'il fait fut les fix points que nous Bjdccnt chacun leur marche & leur venons de rappcrter; Tout ce que- saconduitc toute particulière. Le nous a fourni jufqu'ici le P. Bru— «premier comme rinvenceur 2c le j»oy ne font prefque que des gene»^ ralitez ; M A R ralirez , voici quelque chofe de plus précis. Il obfcrve fur le premier point , Que l'apcien Théâtre & le Moder- ne ont cela de commun qu'ils re- jettent tous les Sujets teints &c nés de l'imagination du Poète ; mais qu'ils différent effcntiellemcnt dans le choix des Sujets hiftoriques &C fabuleux. Tous les Sujets font bons iux François , dit-il , pourvu que ce foient des Sujets Tragiques Se capables de la forte de régularité que l'ufagc a jugé fufïifante ; au lieu que les Grecs ne veulent que des Sujets qui puilîent s'allier avec la rigueur des trois unitez , & des Chœurs. Les François ne fouffrent guéres que des Sujets étrangers , les Grecs n'en veulent que de Dome- ftiques , tirés de leurs Annales vieilles ou nouvelles. Notre Auteur trouve que l'un £c l'autre goût ell fondé en raifon par la diverlîté des efprits 5c la différence d'intérêts, qui fe rencontre entre un Etat Monarchique & un Etat Républi- cain ; qu'au furplus fans faire le procès aux uns & aux autres dans la comparaifon des Sujets , tout ce qu'on peut accorder au Théâtre moderne au - defTus du Théâtre ancien à l'égard des Sujets , c'eft la variété prife du côté des mœurs , parce qu'en mettant fur la Scène , ainfi que fait le Théâtre François , divers Sujets étrangers > & parcon- fcquent divers peuples , comme Grecs , Romains , Efpagnols , Turcs, on eft oblige d'y varier les mœurs , comme on eft obligé d'y varier les habits. A'Iars, S . 17? r; lyj A l'égard des Pcrfonnagcs que préfcntcnt la Scène Gréque &i celle de nos jours , ce font des Héros & des Rois de part Se d'autre ; mais le P. Brumoy remarque que les idées de l'Héroïfmc & de la Royau- té ont bien changé. Les anciens ne connoiilentde Héros que des hom- mes diftingués du vulgaire par les qualitcz perfonnclles autant du corps que du cœur,parla force & la taille autant que par la valeur S>c la prudence : les modernes regardent les Héros , par les fentimcns & par les paroles beaucoup plus que par les effets. Les Rois & les Héros ne font que des hommes chez les anciens,' l'égalité Républicaine les ramené à leur condition naturelle. Mais chez les modernes ils font un ordre à part, ce ne font plus des hommes , mais des Dieux j & quelque chofe même de plus. Ils ne reffemblenc aux Dieux &c aux hommes que par les foibleffes de l'amour. Du rcfle ils font infiniment au - defflis des hommes ; & fur la Scène ils s'ar- rogent ledroitd'infulter les Dieux; Notre Auteur ne dit rien des Efcla- ves & des Divinitez qui paroiffcnc fur la Scène Gréque. Le change- ment d'idées eft vifible en ce point. Pour ce qui eft du troifiéme articlcj fçavoir , de l'œconomie 8i de la conduite des Pièces, le P. Brumoy prétend que le Théâtre moderne n'a rien en cela qui ne mérite la cenfure : fes défauts tréquens, dit-;, il , de liaifon , d'unité & d'art à faire entrer ou forcir les Adcurs , fes Epifodes éternels , & fes Cafca- des donc les degrez font fouvcnt V 1^4 JOURNAL D bril'és^c intcrtonipus, donnent pour cet éc^ard une fupcrioritéinçontefta- ble au Théâtre Grec. De cette fupenorité s'enfuit une autre , félon le P. Brumoy , laquel- le n'efl: pas moins prc'cieufe ; elle naît delà lîmplicité, qui taitla ma- tière du quatrième article. L'ima- gination 5 dit-il , n'eft point dé- tournée dans le Théâtre Grcc,com- me dans le notre , de l'objet princi- pal ; & ce qui eft encore plus re- marquable-, c'cft que par cela même le jeu de la paillon y eft conduit avec plus de préciilon , de fagede ,. Se de vérité. Cela eft: fi frappant , félon notre Auteur, qu'il eft: im- poffible de n'en êac pas touché dès la première ledure. Au regard des Chœurs, le Perc Brumov penfe que le Théâtre mo- derne , en s'en pallint , gagne à cela un plus grand nombre de beaux Sujets , mais qu'outre qu'en revan- che il fe charge de confidens , il y perd la continuité de l'adlion Se un fpedaclc magnifique qui fert .i la foûtenir , & qui eft pour ainfi dire , félon le P. Brumoy , le fonds ou l'accompagnement du Tableau. Pour ce qui eft de la galanterie ES SÇAVANS que le Théâtre ancien rejcttoit &: dont le moderne tait fon capital ; le P. Brumoy foû tient que le bon fcns iSc la raifcn , en dépit du goût dominant, fe mettent du côté des Grecs. Pour rendre lachofe fenlîble, il remarque , » Qii'outre le fcandalc M inconcevable que donnent des î> Chrétiens moins fcrupuleux fur » la pureté du Théâtre , que des » Paycns , on ne fçauroit avoir î> quelque élévation dans les fcnti- » mens fans être choqué de voir li " Tragédie dégradée par une tcn- " drefte vainc qui n'a rien de fc- »> rieux , & dont tout l'art , vu k » manière dont on l'employé , eft >» d'arrêter à chaque pas l'impref- »> fion que devroit faire la terreur » & la pitié , ou la paillon principa- » le de la pièce. Notre Auteur traite plus haut de d'une manière plus étendue les fix articles que nous venons d'extraire, mais nous avons cru , pour abréger^ devoir nous reftraindre à ce qu'il en dit ici. Nous parlerons dans un autrs Journal de ce qui concerne la tra- duélion des Pièces que donne le P. Brumoy. LES AFANTURES D' ^ R 1 S T E' E ET DE Télafie , Hiftoire Calante & Héroi^ue. A Paris , chez la Veuve Guillaume, & Charles Guillaume , rue du Hurcpoix, lyji. 2. vol.- in-\i, premier vol. pp. 166. fécond vol. pp. 252. LES grands exemples de vertu répandus dans cet Ouvrage , félon le témoignage avantageux qu'en rend M. de la Motte dans fon Approbation, nous engagent à en donner ici une idée. C'eft un Ro- man qui pafle pour ingénieux & bien écrit. Il eft rempli d'évenc- mens fingulicrs & tragiques , tous plus intcreftfanslesunsquelcsautrcSj M A R 'ic l'cxpofé que l'Auteur en fait eft accompagné d'images vives & de peintuics brillantes , aiilîî-bicn que de fentimcns nobles &: touchans. Le ftvle poétique dans lequel l'Ouvrage eft écrit , le rend par cet endroit, un peu fcmblablc au fa- meux Roman des Avantures de Télémaque ; mais du rcfte , il eft (Tun genre trcs-different, & il ne roule que fur la palîîon de l'amour. Il s'y agit d'une jeune perfonne très-vertueufe & très-riche , nom- mée Télajîe , enlevée par Ariflée : l'un & l'autre efliiycnt mille tra- veiles, & fe voycnt tous les jours dans les plus grands périls. Ariftée fauve deux fois la vie à Télafie,dans le tcms même qu'elle le croit mort. Ils fe perdent ainfi l'un &C l'autre plulîeurs fois , & fe retrouvent , mais pour éprouver toujours de nouveaux malheurs, ce qui donne lieu à deslîtuations intereffantcs. On trouve dans le ccsurs du Livre plufieurs Epifodcs furprenans , qui hés avec le fujet principal fervent beaucoup à l'orner. On voit par exemple dans le premier Volume Antiloque qui tue fon hls en lui voulant fauver la vie ; dans le fé- cond la generofité d'Hyppias qui cède ce qu'il aime le plus à Softratc fon ami & fon rival , pour le pre- ferver de la mort. La fidlion des ^eux Fontaines de chafteté a été imitée du Roman Grec A' Achille Tatius , mais elle eft changée & embélic. Malgré le grand nombre des pcrfonnages & la nniltipliciré des fevcnemens , il règne dans l'Ouvra- ge une véritable unité d'adion , qui fe termine à un dénoiiement jufte & naturcL Au refte il eft écrit avec beaucoup de prccifion , mais il con- tient tant de chofcs divcrfes , qu'il nous eft impolllble d'en faire ici aucune Analyfe; nous nous conten- terons , pour donner une idée du ftyle de l'Auteur , de rapporter ces paroles d'Antiloquc à Ariftée Se à Cineas, lefquelles commencent à la page 72. du Tome premier. n J'avois un fils nommé Cléobulc,' cVunc beauté rare : il avoit déjà remporté un prix dans les Jeux Solemnels, & fon adrefte à manier un Cheval le diftinguoit de tous les jeunes gens de Tyr, quoiqu'il n'eût que dix-fept ans. Sa vertu l'empor- toit encore fur fa beauté & fur fes talens ; il avoit pour moi & pour fa mère l'amour le plus tendre ; le moindre de nos fignes étoit pour lui un ordre auquel il ne refiftoit ja- mais. Son tefpetfl: envers les Dieux Se fa politeiïe à l'égard des Citoyens Se des étrangers le taifoient cftimer de tous ceux qui le connoilToicnt. Ce portrait eft fait par un père , mais il n'eft point flatté. Plût aux Dieux que mon fils eût été moins accompli! La douleur que j'ai de fa perte feroit moins vive.<« » Je le menois fouvent hors d'A- lexandrie pour chafler aux Che- vreuils de aux Daims , animaux timides , qui fuyant avec légèreté devant les Chafteurs qui les pour - fuiventj font plutôt briller l'adrcffc que le courage de ceux qui les ab- battent. Mon fils fe laft^a bien-tôt d'un tel exercice : ces vils animaux, Vii 1^5 JOURNAL D me dit -il , ne font point dignes d'être blcfÏÏs de mes dards ; mon Ciieval s'eft; déjà tatigiié à les pour- fuivrc ; ils fe dérobent par une prompte fuite aux flèches que je leur lance à regret ; quand l'aurois dépeuplé cette foret de Ccifs & de Chevreuils , ma gloire feroit-cUe augmentée? Les Sangliers ravagent nos Campagnes , 5c détruifent l'cf- poir du Laboureur &c du Vigneron i c'eft à ce$ bêtes féroces que nous devons faire la guerre; nous devons nous attacher à les détruire. Je vous conjure, mon père, continua-t-il, de me laifTcrfuivre mon penchant, afin que j'aye la gloire de prefenter la hure d'un de ces monRres à ma mère , & que tous mes Compa- gnons voycnt les effets de mon courage. « "Je ne pus m'oppofcr à cette noble ardeur de mon fils. Il court dès l'inflant à travers la forêt , fuivi d'une troupe de Chiens qu'il avoit lui-même drefles. U les excite par la voix ; tantôt il s'arrête pour les voir chafler ; tantôt piquant fou Cheval , il franchit les brouflailles en les appellant à lui. Aux cris aigus de cette Meute , un Sanglier monftrueux fort d'un bois irorc épais , fes yeux étoient enflammes de colère , il regarde avec fierté les Chiens , qui déjà commencent à fuir ; mon fils les rappelle , mais le Sanglier furieux les déchire , Se plein de rage s'avance vers Cléobu- le qui vient de le blcfler. Ce jeune homme plein de feu & de courage ne craint point l'approche de l'ani- mal féroce , U lui lance un fécond ES SÇAVANS; dard , qui , en h perçant , accroît fa fureur. Il s'chncc fur le Cheval de mon fils , & le renvetfe ; mais prompt comme un éclair , Cléobu- le fe dégage, fe relevé , & le Jave- lot à la main , attaque encore le Sanglier. Je le vis de loin & ma haycur fut extrême , quand j'ap- perçus fon Cheval abattu , & tous les Chiens étendus dans leur fang , j'accours , & dans mon trouble je lance, avec précipitation , un dard que je tenois à la main. Mais quel fut mon malheur ! Grands Dieux ; puis-je le redire ! Mon dard lancé contre ce Sanglier, frappe mon fils, dans le mêmc-tems que l'animal furieux eft renverfé par fes coups.Fu- ncfte moment toujours prefent à ma penfée , Se dont mon amc pénétrée confcrvera un éternel fouvcnir.Mon fils abattu m'appelle à fon fecours : J'y vole , mais déjà fes yeux alloicnt fe fermer à la lumière. Mon pcre, me dit-il , en me tendant les bras , je ne pouvois périr par une main plus chère ■■, confervez vos jours & ne les palfez point dans la trifteflc. Soyez feulement perfuadé que votre filsconferve , en rendant le dernier foupir , la tcndrclfe !k le refped qu'il a toujours eu pour vous depuis qu'il refpire , & fi ma mcre .... Il ne put achever : fa voix s'affoiblit ; il par.che fa tête mourante ; fes yeuxfe terment, & fon amefortant avec un foupir s'envole dans le fé- jour des âmes pures. J'cmbraflc alors le corps de mon fils , je l'arro- fede mes larmes , & j'allois mêlcc mon fang avec le fien, lorfque mes gens accoururent aux lamentable? •MARS cris que le dcfcfpoir me faifoic poufler. Les uns enlèvent le corps de mon cher Cléobule pendant que d'autres me défnrment, iSi me font montera Cheval." » Nous reprîmes triftement le chemin d'Alexandrie , & nous arrivâmes bien-tôt à la maifon que j'habitois. Mon cpoufe accourt en tremblant , au bruit qu'elle entend. Qliel fpcdacle pour une mère ! Elle voit fon fils fans vie , & dont le vifage charmant défiguré par les traits de la mortn'infpiroit plusque de l'horreur ; mon cher Cléobule , s'écrie-t-elle , eft - ce vous que je vois dans cet état , ne vivez-vous plus Hc votre raere ne pourra-t-elle plus vous donner des marques de fa tendrefTe, ni en recevoir de vous ? Non les Dieux impitoyables vous ont ravi pour toujours à la lumière. Je vais vous rejoindre , attendez- moi mon cher iils. A ces mots elle le faifit du dard qui avoir tranché les jours de l'infortuné Cléobule , elle s'en frappe *, elle tombe en l'embraflant, &C va le joindre chez les morts, « » Quel devins-je alors ! defefperé furieux , je cherche une mort qui me fuit. J'appelle à grands cris mon ; I 7 5 I. IJ7 époufc &: mon his ; je me trouble & croyant être defcendu fur les bords du Cocyte , )e les cherche l'un &c l'autre. Mes eiclavcs effrayés ne s'approchent plus de moi qu'en tremblant. Cependant mes plaintes les touchent , ils cherchent mes amis , les inlhuifcnt du funefte malheur qui vient de m'arrivcr , Se les amènent chez moi. Leur prefen-' ce me rappelle la raifan , j'ai re- cours aux Dieux , j'implore leur puiffant fecours, Ils m'ordonnent par la voix de leurs ficrés Intcrprc. tes de quitter Alexandrie , j'obéis § j'abandonne des lieux qui avoienc été le Théâtre de mon malheur. Depuis cinq ans j'ai vifité toutes les Villes de la Grèce. Un fi long-tems n'a pu effacer de mon efprit la douloureufe image de mon fils. Se de mon époufe expirans à mes yeux. Prêt à revoir ma patrie & des lieux fi funeftes , je ne puis m'em pêcher de répandre des larmes. Elles vous ont attendris : vous avez voulu fçavoir ce qui les caufoitj je vous l'ai dit. « Cet Ouvrage eft dédié à M. le Marquis de Nejh , Chevalier des Ordres du Roy : & l'Auteur eft M, du Cajlre d'jiuvigni. LA HENRIADE, N OW ELLE EDITION revM ^ corrigée & augmentée de beaucoup ^ xvec des Notes. A Londres chez Hicrôme Bold-Truth, à la Vérité. 1730. /'«-S", pp. 349. On en trouve quelques exemplaires chez JolTe le fils , rue S. Jacques. \ CE Pocmc de M. de Voltaire Grand, Poème Epique; & nous erl parutd'abord en 1723, impri- rendîmes compte dans notre Jour.- mé à Genève fous un titre différent, nal d'Avril de 1714. Depuis , il a C'étoit alors la Ligue ^ m Henri It été léimptimé à Londres fous fo» ij8 JOURNAL DE SÇAVANS, vrai titre , qui cft celui qu'il porte Icmi , cft le fcul qui n'ait fubi aucun aujourd'hui , ôc fous lequel ou l'a publié , d'après les éditions de Lon- dres , à Amrterdam , à la Haye lie à Genève. On trouve ici , dans une Prctacc alTcz étendue ( & où , celui qui en eft Auteur, parle toujours en troifiéme perfonnc de M. de Voltaire ) l'Hiftoire de ces différen- tes éditions , détaillée avec cette franchife Sc cette modeftie , qui font tant d'honneur à toutEcrivain, principalement à ceux qui ont le plus mérité les fuffrages du Public On y apprend donc que l'Auteur de cet Ouvrage l'entreprit dès l'année lyiy- n'étant âgé que de 19 ans , & par confcquent ( dit-on ) étant très - incavttble de faire »» Poème Epii^ue. D'ailleurs , le triftc féjour de la Baftille ( oii il étoit alors prifonnier par Lettre-de-cachet, int une calomnie , reconnue dans la fuite ) eût fuffî pour éteindre dans tout autre que lui ce beau feu fi necelTaire à un Poète de ce genre. Malgré une fituation li peu favora- ble au génie poétique , l'Auteur nô laiiTa pas d'y concevoir le dcfifein de ce Poëme , Sc de l'y exécuter jufqu'au point d'en compofcr les fix premiers Chants , fans papier , fans Livres , & fans autre fecours que celui de fon imaginstiGn & de fa mémoire. De ces fix Chants, qui ne furent écrits qu'après fon clar- giffement , il y en eut cinq , que leur foiblelTe l'obligea de remettre , pour ainfi dire , far le métier , & de les travailler de nouveau fur un ^utre plan. Le fécond Chant,où font 4«cric5.ksnufracres de laS°£aiche- changement jufqu'ici ; & peut-être (nous dit-on dans la Préface ) ^//w/ le plus fort de tout L'Ouvrage. On nous parle , après cela , de la première édition de ce Poème en ryij. &c quoique l'on avolie ingé- nument qu'il étoit alors informe , plein de lacunes , tron^jy.é d'un Chant , & dérangé quant aux neuf autres , fans compter la prévention peu avantageufc attachée en France au titre de Poëme Epique fous le- quel il paroifloit : on obferve cepen- dant que , grâces à la mémoire de Henry IV- il précieufc aux Fran- çois , le Poëme de la Ligue ne laiifa pas d'éprouver \indidgence des LeAeurs , ayant été réimprimé plus d'une fois. On vient enfuke au Voyage cjue fit l'Auteur en Angle- terre , trois ans après , à la protcUion générale &î aux encouragemeris qu'il y rencontra, à l'empreffement qu'on y témoigna pour la publication d'un Ouvr.ige François écrit avec liberté ^ & d'un Poëme plein de veniez., fans fiitîterie. Ce fut donc alors que l'on le vit pour la première fois fous fon vrai titre de la Henria' de ,&c compofé de dix Ch^ints , fur quoi nous remarquerons , qu'entre les éditions qui en ont été faites à Londres ,ceilc de 1718. ifj-^". fe diftinguc par la beauté du papier & de l'impreffion , ainfi que par l'éle- gauce &C la variété des gravures de route efpece. Mais l'Auteur, peu facile à contenter fur cette produc- tion de fa veine , y a bit encore de- puis ce tems-là des changemens ucs - coniiderables ^ moyennant MARS lefquels il en donne aujourd'hui cette nouvelle édition , qu'il regar- de ( dit-on ) comme moins mau- •vaife c]ue toutes les précédentes, quoique fort éloignée de la ferfeSiton dmt il >is s'efijiWiais [ pourluit-on ] ûatté d'approcher. Après une décla- ration fi modelle , que ne doit-il pas fe promettre de l'équité des Leâeurs î A ces éditions de la Hcnriade fucccde une Hiftoire abrégée des évenemens fur lelqucls eft fondée la fable de ce Poème. Gomme ces éve- nemens font fuffifamment connus , & ne font expolés ici fonimairc- ment qu'en faveur des étrangers &c des jeunes gens qui pouroien: ou les ignorer en partie , ou ne les avoir pas auffi prefens que l'exige la nar-, ration poétique pour être bien en- tendue V nous n'avons garde de nous y arrêter. Mais nous ne fçaurions palTer fous lilence l'endroit où l'on difcute s'il eût été à propos démet- tre à la tête de cet Ouvrage une DilTercation fur le Poème Epique. Il eft vrai (remarque-t-on d'abord) que nous avons celle du P. le Bojfu , laquelle remplit fur ce fujet unjufte Volume. Mais cela ne concerne que l'Epopée Gréque ou Latine ; & il s'agit ici de la Françoife ,. qui roule fur des mœurs bien différentes de celles des anciens : fur quoi l'on fait cette reflexion , Que c'cft » le dé- 5» faut ordinaire des Savans, qui sjconnoilTent mieux leurs Auteurs sj Claffiques que leur propre Pays, «& qui fâchant Plante par cœur ^ » mais n'ayant jamais vil reprefenter » une Pièce de Molière , fe mêlenç . Ï7 3I- iT«> n de prefcrirc des règles pour le >j Théâtre François. » On ne nous dit point qui font ces Savans. Q.uelqucsperronnes[ajoiite-t-on] auroientfoiihaité qu'au défaut d'une Diffcrtation plus complctte fur cette matière, on eût fflic imprimer ici l'EJJttifurU Po'éfie Epique compofé en Anglois par l'Auteur en \-ji6, &c traduit en Franijois par M. l'Ab- bé Gi'.yot des fontaines , n qui écrit " ( à ce qu'on nous affure ici ) avec M plus d'élégance & de pureté que >» perrpnnc , &: qui a contribué » beaucoup à décrier en France ce " ftilc recherché , & ces tours afïecr »tés qui commençoient à infedcr » les Ouvrages des meilleurs Au- M tcurs. « Mais comme cet Efaf doit paffer pourun Ouvrage Hillo-j rique plutôt que dogmatique i l'Au- teur fe contente de renvoyer fur ce' point les Curieux à la traduction Françoife dont on vient de parler, & qui fe vend à Paris chez Chan- hert Libraire du Journal, On nous apprend encore que cet Efjny n'eft proprement que l'cfquifTe d'un Ou= vrage de plus longue haleine y achevé depuis par M. de Voltaire ,.> mais qu'il n'ofe mettre au jour 4> pcrfuadé qu'il eft que a n'efi point a lui de donner des règles pour courir dans une carrière , dans laquelle ?/' n'a fait que broncher. Le relie de la Préface eft employé à nous tracer une idée de la Henriade , & à nous faire connoître dans quel efprit elle; aété compofée. - jp Le lujet de ce Poëmeou i'adlioh' principale qu'on y rcprcfente eft le Siège de Paris commencé pat Hcn- 1^0 JOURNAL D ri de Valois (5c Henri le Grand , & terminé par celui-ci. On voit par là que la Scène de cette ad;ion cft renfermée dans les environs de cet- te grande Ville , &c ne s'en éloigne que de la diftancc de Paris à Ivry , lieu fî connu par cette fameufc journée , ^ «/' décida du fort de la France & de la Ad^ifon Royale. Le fonds de la Hcnriadc eft donc une Hiftoire aflez récente ^ dont on a mis en œuvre , fuivant l'exade vé- rité , les évencmens les plus mar- qués , fans prétendre en ufer de même par rapport aux moins inte- fcflans, qu'on a ou totalcmnt fup- primés , ou difpofés félon que l'œ- conomic du Pocme fembloit le demander : en quoi on a eu princi- palement en vûë de fe garantir du reproche fait à Lucain fur l'ordre Chronologique de fa Pharfale , qu'on appelle ici une Çazette em- foulée. Sur ce pied-là on foîitient que la Hcnriade n'cft pas plus hifto- rique, que les Lufîades du Camoens, que la Jcrufalcni du TafTe , que l'Enéide de Virgile j que l'Iliade & l'Ody liée d'Homère , tous Poëmes dont le fujet ou la fable eft puiféc dans 'des faits hiftoriques avérés ou regardés comme tels. Aux évencmens réels , dont l'af- femblagc fait le principal fonde- ment de notre Pocme , fe joignent diverfes fiélions , toutes empruntées du Syftême du Chriftianifme. Les unes tiennent de ce merveilleux , qui eft , pour ainfi dire , l'ame de l'Bpopée ; & de ce genre font la predidion de laconverfion du Roi Henry IV. l'appariEion de S.Louis ES SÇAVANS; à ce Prince , & la protcdion qu'il lui accorde ; les opérations magi- ques foudroyées , 6:c. Les autres ne font que des allégories , & telles font le voyage de la Difcorde à Rome, la politique perfonifiée, ainfi que le Fanitifme , les paftîons & les vices; leTcmple de l' Amour^ &c. Quant aux attributs donnés ici à CCS perfonnagcs allégoriques d'a- près le Syftême paycn , ils font ea quelque forte confacrés par un ufa- ge fi univerfellemcnt reçu , que bien loin d'en faire des excufes, on eft indifpenfablementobligé de s'en fervir. Il feroit, en eflet , aufti ridi- cule de refufer des Heches à l'A- mour , une balance à la Jufticc, Sec, que de s'etïàroucher, en trouvant dans notre Pocfie ^mpbitrite prifc pour lamer, ou les Cbampi de Aîan pour fignifier leThéarre de la guerre; fur quoi l'on renvoyé à l'autorité du célèbre Defpreaux. De cette idée générale de la Henriade , on pafte à l'examen de l'cfprit qui règne dans la compofî- tion de ce Poème. On déclare d'a- bord , que ce n'cft ni celui de flate- ric ni celui de médifancc. Si l'Au- teur, en caradlerifant les principaux Adeurs de ce Poème , donne aux mauvaifes adions des uns & aux vertus héroïques des autres les qua- lifications qu'elles méritent : les defcendaus de ces hommes ou dér tcftés ou loiiés ne lui doivent pour cela ni haine , ni rcconnoiftance , puifqu'cn offrant aux yeux de cette pofterité de fi grands exemples à imiter ou à fuir il ne s'eft propofé d'autre but que celui de rendre té- moi^naçrc M A R lïîoignage à la vérité. On averti: en- core, que 11 l'Auteur a éla^né le morceau qui concerne le Pape Ale- xandre VI. ou s'il a fubftitué beau- coup de noms à ceux qui paroif- Ibicnt dans les premières éditions ' de la Henriade -, ce n'a été par au- cun ménagement politique , mais feulement pour éviter rcxceflive longueur, ou pour fupprimer des ycrs moins heureux & en rendre d'autres plus fonores- La lionne po- litique dans un Pcëme ( ajoûtc-t-on) doit être de faire de hons vers. On allègue de plus les raifons pourquoi i'Auteur a retranché la mort d'un ^une Bouflers , qu'il fuppofoit tué par Henri IV. pourquoi ilfait palTcr en Angleterre auprès de la. Keiiîe Elifabeth , du Plcliis-Momay , i<. fait joiier à ce Seigneur , dans tout le Poemc , le rôle de confident du Roi. A l'égard de la Religion, !e point capital de la Henriade , dont elle fait prcfquc tout le nœud , &: l'iini- qviedénoiicmcnt ; l'Aureur fe flatte [dir-on ] de s'être mis en beaucoup d'endroits à couvert des traits de la cenfure , par la preci/îon r'tgoureufs avec laquelle il s'eft expliqué ', & il en cite un morceau de neuf vers, dont voici les deux premiers ; Lapuiffancc , l'-iitiour avec l'intelligence. Unis & divifés , conipofent fon eflênce , Si quelquefois ( pourfuit-on ) l'cx- prelCon déroge à l'e>:i(?citude Théo- logique , c'eft au Leiîlîur équitable à y fuppléer. Un Poëme (rem.u.- quc-t-on en finiflant ) qui ne refpi , Mars. 5,1751; i5i re c_ge/«r;/« mot^ ni exami- né en Theje de Théologie. Nous pourrions, au fujetde cet- te nouvelle édition de la Henriade nous en tenir à ce iîmple cxpofé de la Préface. En effet, un Poème aufli répandu que celui-ci par la multi- tude des rcimpreHions qui en ont paru dans la plupart des Villes les plus renommées de l'Europe , doic être connu à tond de tous les gens de Lettres; & chacune de fes par- tics ayant déjà fubi plus d'une fois le jugement des connoiïïcurs , n'a pas bcfoin du fecours de notre Journal pour être appréciée au j'ifte. Cependant nous ne pouvons nous difpenfer d'en tranfcrire ici quel- ques morceaux de ceux qui nous ont femblé des mieux frappés ■■, 5c cela, moins pour les taire connoître, puifqu°ils ne peuvent erre ignorés au)ourd'hui,quepour fervir d'orne- ment à cet extrait. Dans cette vue , nouschoifiions trois éndxoirs delà Henriade , lefquels malgré la diffé- rence de leurs caraderes qui ne Ce reffemblent en nulle façon , nous ont paru également interelTans. Le premier eft le Mallacre de la Saint Barthelemi , décrit au deuxième Chant : le fécond ett le lîécle^e Louis le Grand que faint Loiiis dans le feptiéme Chant fait voir à Henn IV. après l'avoir tran.'porté dans le Palais des D^ftins , pour lui montrer fa poflerité , i?>: les grands hommes £u^ la France doit produire : le troifiémc cH la def- 162 JOURNAL B Siècle heureux de Louis, ficelé que la Tour-à'tour la terreur & l'appui de fon Nature Maître ; De fes plus beaux prcfcns doit combler Turenne de CoUdélegenereux rival, fans meiurc ; C'efttoi, qui dans la France amènes les Moins brillant , mais plusfagc , & dia beaux ans ; '"o«nS fon égal , &c. Sur toi tout l'aveuit va porter fes rc» j , , . . , _ , , . gards ; ^-^ delcription du Temple de ■s ,, r >■ • r I . l'Amour terminera notre Extrait, les Mules a jamais y fixent leur empire, ■ La toile eft animée , & le marbre refpire. Sur les bords fortunés de l'antique Ida- Quels Saoes laiîcmblcs dans ces aiieuftes * 1- ^ ;■ -' "^^ Lieux oîi finit l'EurO|{^j, & fommepcej Mefurent l'Univers, & liftfit dans les lAfîe, ^ . i,.^'^"''* . S'éleyeunvicuxPalais,, refpeaé parlcs- Et dans la nuit obfcure apportant la lu- temps : '^^'^'^ > La nature en pofa les premiers fondemensj Xij i(f4 JOURNAL DES SÇAVANS; Errart ornant depuis la limp:cArchitec- ^^^^ ^^ J^;;;!;: ' '"^"^' s'empreflbrd. turc , 1 j r /Il vu^,„» La flateuCe ! fpcrance, aufronttoûjouis P^festravauxhardis.furpafla la Nature ferciny Là tous les champs voifiua peuplés de ^ .,^^^, ^^^ .'Amour les conduit pat la Mirtesverds» ^^-^^^ N'ont jamais reflenti Toutr^ge d«s hivers. j,^. ^ j__ .j.^^^^,^ ^^^^, ^ j^^ ^^^^^^ j^^j^j. Par tout on voit mcurir , par tout on voit nues écloce Accordent à leurs voix leurs danfes ingé- Et les fruits de Pomone & les prefcns de nues. ï^'°r^ '' La nio' le Volupté , fur un lit de gazons , Et la Terra n'attend , pour donner fcs ^^^.^^^.^^ ^ .^^^ ,^^^^ 1^^^^ ™""^°l^^' . Chanlons. Ni !es vœux des Humains , ni l'ordre des Sailons. On voit àfes cotez le Miflereen fiience. L'Homme y femble coûter dans une paix !•« ^«"■'i'-e enchanteur ,- les foins , la com- profonde, plailance. Tout ce que la Nature , aux premiers Les Plaifirs amoureux , & les tendres jours du Monde, ^^^^^^ De fa main bien-faifante accordoit aux Plus doux , plus féduifans encor que les Humains , Pa.firs. Un éternel repos , des jours purs & fe- De" ce Temp'c fameux telle eft l'aima - reins , b!e entrée. Les douceurs , les plaîfîrs que promet Mais lorfqu'en avançant fous la vouti l'Abondance , facrée Lesbiens de l'âge d'or , hors la feule in- On porte au Santluaire un pas audacieux, nocence. q^^j fp^^jd;. funefle épouvante es yeux! On entend, pour tout bruit, des concerts ^ , n , , , -r • L^ ' Ce ncft plus des plaiiirs ia troupe aima- enchanteurs , 1 1 » j ' ble & tendre , Dont la molle harmonie infpire les lan- ^^^^^ ^^^^^^^^ amoureux ne s'y font plus §"'^"« » entendre : Les voix de mille Amans , les chants de -^^^ plaintes , les Dégoûts, l'Imprudence, leurs Maîtreflès , \^ p^yr , Qui célèbrent leur honte , & vantent p^^^ j^ ^.ç beau féjour un féjour plein leurs foibieirrs. d'horreur. Chaque jour on les voit , le front paré de l^ foutre Jaloufie au teint pâle & livide ,■ fleuis , De leur aimable Maître implorer les fa- Suit d'un pied chancelant le foupçon qui veuts ; la guide : Çt dafis l'art dangereux de plaire & de La Haine & le Courroux répandant lent ieduite , venm , MARS Marchent devant Tes pas un poignard à la main. la Malice les voit, & d'un fouris perfide, Aj'plauditfnpaflànt àleur troupe homi- cide. Le repentir les fuitdéteftant leurs fureurs, rtbaifle, en foupirant , fes yeux mouillés de pleurs. C'cft-l.î , c'eft au milieu de cette Caur atiVcufe , Desplaiiîrs d-s Humains compagne mal- heurcufc. Que l'Amour a choififonféjour éternel, &c. Nous ne devons pas oublier d'a- vertir , que dans cette édition , les Notes imprimées à la fuite de cha- que Chant, & dcftinées .\ lescclair- cir, ont été compofces par un Ami de M. de Volraire ; &: que cVft fous les yeux de cet Ami qu'a été impri- mé ce Volume. TRAITE' DES PRESCRIPTIONS BE L'ALIENATION des biens d'Eglife , & des Dîmes , fmvant les Droits Civil' ^ Canon , U f^nrifprudence du RuiMme , & tes Vfages du Comté de Bourgogne , par M. F. J. Dunod , ancien Avocat en Parlement , & Profejfeur Royal en l'Vniverfité de Bejançon. A Dijon , chez Antoine De Fay, Imprimeur- Libraire des Etats, de la Ville & de l'^Univerlîtc , 1750. in-^°. pp. 51. pour la Prefcription de l'Aliénation des biens d'Eglife pp. 5*. pour le Traité des dîmes & de la manière dont elles fc prelcrivenc pp. 408. pour le Traité des Prefcriptions, POur fçavoir à fond le Droit François, il taut être informé des ufages des différentes Provin- ces, &: de la Jurifprudcnce des Parlcmens ; mais nous avons des Parlemens pour lefquels il y a très- peu de livres imprimés , dans lef- quels on puilTc apprendre de quel- le manière les loixy font expliquées Si. obfervées. Tel eft celui de Fran- che-Comté. Henri Boguet ancien Juge Mage de S.Claude, a fait des notes fur la Coutume du Comté de Bourgogne, mais qui font cour- tes. Les cent-cinquante décifions du Parlement de Dole , rccuciillies par Jean Grivel , Seigneur de Per- rigni , méritent beaucoup plus d'at- tention que le Commentaire de îoguct. Grivel avoit acquis beau- coup d'expérience , aïant été fuc- ceflîvement Avocat Se Confeiller au Parlement de Dole, puis appel- lé au Confeil d'Etat de l'Archiduc Albert dans les Païs-bas , où il mourut le 14. Odobrc 16^24. fon Recueil eft dans fon efpece , fui- vantque le remarque M. Dunod après nos meilleurs Auteurs, un modèle pour le ftile , l'ordre , la clarté Se l'érudition. Depuis les décifions de Grivel, M. Dunod n'a marqué d'ouvrage d'imprimé par rapport aux ufages de cette Pro- vince , que des Thefes foutcnuës en 166-7. en l'Univcrfité de Befan- çon , fur le titre des Mains-mortes de la Coutume de Franche Com- té , qui eft un des titres des plus embaraflans de cette Coutume. Ces t66 JOURNAL D Thcfes font de i laude - François Talbett , qui aïant brillé depuis dans l'exercice de la profelîîon d'A- vocat , fut choifi pour remplir une place de Confeille-- au Parlement de Bcfançon , trois années avant que la vénalité des Charges fut établie dans la Franche Comté. Le Traité desRcftitutions en entier par Jean de Saint Maurice , qui a été fuccelîîvement Profefleur en Droit , &c ConfeiUer au Parlement de Dolcs ConfeiUer d'Etat en Flan- dre , puis Prefident de ce Confeil , enfin AmbafTadeur en France, Se qui eft mort en 1Ç55. regarde plus le Droit commun que les ufagcs particuliers de la Franche-Comté, 11 n'en efl: pas de même des ou- vrages Manulcrits de Jacques Ter- rier , mort en 16^3 9. Doien des Confeillcrs du Parlement de Fran- che Comté, de Jean Boivin , qui mourut en 16^50. après avoir rem- pli avec honneur , pendant cin- quante années s k place de feul Préfiderjt du Parlement de fa Pro- vince : de Jean-Ferdinand Jobc- lot , qui , après avoir paffé par les Charges d'Avocat General , & de ConfeiUer , eft mort en 170*. Pre- fident au Parlement. Ces trois Ma- giftrats ont fait des notes fur le Droit, fur la Coutume de leur païs, ic des Recueils d'Arrêts. On at- tribue outré cela à M.Jobelotune inftrudion pour dreffer les procé- dures conformément à l'Ordon- nance de léëj. M. Dunod , voïant le peu de fecours qu'on trouvoit dans les li- wies imprimés pour s'inftruirc des E S SÇAVANS, ufagcs de la Franche-Comté, avoit entrepris de donner au public un Commentaire étendu fur la Coûf tume de cette Province , il tut en- gagé par M. le Garde des Sceaux d'ArmenonviUe,à executerce grand delfein j mais il avoit à peine dif- pofé fes matériaux , que le Roi , à la requifition du Parlement de Befançon , donna des Lettres Pa- tentes pour la reformation de la Coûmme du païs , & M. Dunod fut lui-même nommé Commiflaire pour le tiers Etat à cette retorma- tion. il abandonna alors le projet de fon Commentaire. Mais com- me à l'occafion du Titre de la prcf- cription , qui contient très peu de difppfitions dans la Coutume du Comté de Bourgognejil avoit com- pofé un Traire complet lur cette matière , tant fuivant le Droit com- mun , que fuivant les ufages de fa patrie ; il a cru pouvoir donner ce Traité au public avec d'autant plus de raifon que nos Jurifconfultes François , au moins les modernes , n'ont parlé de la prefcription qu'en commentant des Coutumes , & que le Traité de Tiraqueavi fur cette matière , n'eft pas fuffifant pour s'en inftruire à fond. L'Au- teur a joint à ce grand Traité deux autres ouvrages , qui font des par- ties qu'il a jugé à propos de déta- cher du premier ; ce font des dif- fertations fur la prefcription en ma- tière Ecclefiaftique , par rapport à l'aliénation des biens d'Eglife Si aux dîmes. Nous rendrons compte dans un autre Journal du grand Traité de la prefciiption , nous M A R ïious bornerons dans celui-ci aux deux DilTertarions. Par rapport r. la première, l'Au- teur entre d'abord dans le détail des loix, tant des Empereurs Chré- tiens que de r£glifc,qui ont dé- fendu l'aliénation des biens Eccle- flaftiques ; cnfuite il explique l'cx- ceprion marquée dans les loix , de Taiienation des biens Ecclefiafli- qucs faite pour le bien de l'tglife, ou par nécelîiré , en obfervant certaines formalités établies pour connoîrre s'il y a néceflité ou utili- té ; puis il traite la qucftion , fi les pofTefleurs de biens qui ont appar- tenu à l'Eglife , peuvent oppo- fcr la prefcription de quarante an- nées contre la lefion ou le défaut de Formalité ; il foutient l'affirma- tive , avec ces conditions , que les quarante années ne commencent à courir que du jour de la mort du Bénéficier qui a mal aliéné^ &: qu'il n'y ait point eu une mauvaife foi politive de la part de l'acquéreur , ou de (es héritiers , en cas que l'E- glifc agifle contr'eux. Pour foute- nir cette propoluion , qu'il recon- noît lui-mcme être combattue par quelques Auteurs du Parlement de Paris, il emploie deux moïens , l'un tiré du Droit commun , l'autre de la Jurifprudencc du Parlement de Bclançon. Onne doit point admet- tre facilement les Lcclefiaftiques, dit l'Auteur qui cite Van - Efpen à attaquer après un long-tems, les aliénations des biens d'Eglifc, fous prétexte qu'il n'y a point eu de jufte caufe d'aliéner , ou que les foruialués n'ont point été obks~ S : 1751. i(?7 vécs , quand l'Eglife ne prouve pas qu'il y ait eu de la fraude, ou de la coUufion entre les polTefleurs de ces biens .^ le Bjneficiet -, au- trement on jcrteroit le trouble dans toutes les familles, : perfonne ne voudroit plus commercer avec l'E- glife. Des que les biens de l'Egli/c peuvent être prefcrits par une pof- fcflîon de quarante années fans ti- tre, il faut qu'on puiffc prefcrirc contre elle par le même tems^le dé- faut de formalité , & la lefion.' C'eft, dit l'Auteur, ce qui eft dé- cidé par le Canon Sacerdotes ^ qui porte que quand les Miniftres de l'Eglife ont difpofé de fes biens , la prefcription ne commence à cou- rir que du pur de la mort de celui qui a fait l'aliénation. En 1^82- le Roi rendit en fon Confeil un Ar- rêt par lequel , fur les reprefenta- tions du Procureur General de Be- fançon , il releva les Ecclefiafti- ques du Comté de Bourgogne de la prefcription qui auroit pu cou- rir contr'eux pendant la guerre, au fujetdcs aliénations vicieufcs qui avoient été faites des biens de l'E- glife. D'où M. Dunod conclut que fi le Roi n'avoit point rcftitué les Ecclefiaftiquescontrecette prefcrip- tion , à caufe de la circonftancc particulière de la guerre , on au- rait pu la lui oppofer , nonobftant les vices de l'aliénation. A l'occafion de la prefcription en matière Ecclefiaftique , notre Auteur traite la queftion, fi dans la Franche-Comté les Collateurs peu» vent prefcrire contre la huitième legle de Chancelkiie d« la iiefa: idS JOURNAL D va:ion des mois. Pour bien enten- dre cette queftion , il hut obferver que la ville de Befançon avoit été du corps de l'Empire, jufqu'en 156^4. qu'elle fut échangée contre Frankcndal, Se réunie au Comté de Bourgogne pour en être la Ca- pitale , comme elle l'avoit été dans les anciens tems. Le Chapitre de la Métropole s'eft conformé au Con- cordat Germanique, pour l'éleiîlion de fon Archevêque , & pour la collation dès bénéfices de fon Egli- fe , mais les autres Chapitres delà ville & de la Province ne fe font pas prévalu de ce Concordat , & le Pape a pourvu aux bénéfices, fuivant la referve de la huitième règle de Chancellerie, comme dans ie refte de la Province. Ainfi cette règle de Chancellerie y a formé le Droit commun , quoiqu'elle ne foit autorifée par aucune Ordon- nance publique. ïl y a cependant des CoUateurs particuliers qui ont des titres pour s'en afFran- chir , d'autres qui n'y ont jamais été alfujetris. Notre Auteur décide que les CoUateurs qui fcKit rcftez en poiïelîîon de conférer dans tous les mois , doivent être maintenus dans cette poflelîTon. Laraifon<]u'il en rend , eu. que l'on prcfcrit con- tre tout ce qui eft de Droit hu- main & pofitif , & que dans une matière aulîî peu favorable que cel- le des referves Apoftoliques , qui privent les CoUateurs ordmaires de leurs droits, la poiïeffion immémo- riale feroit préfumer un titre , h le titre étoit néceffaire pour conferver la liberté de ces Coilateurs. Il alTu- ES SÇAVANS, re que e'elt fur ce principe qu'cft fo idé un Arrêt rendu pour l'Ab.- belfe de Baume en iifyj. Notre Auteur prévoit qu'on lui obiecflera que la huitième règle de Chancellerie déroge à toute polfef- fion même immémoriale , & à tout privilège contraire : mais il répond que cette dérogation , fuivant la re- marque de Gonzalés , n'a été ajou- tée à la huitième règle de Chancel- lerie que par le Pape Sixte V. & que dès l'année 1497.il y eutuneOr-, donnance pour la Franche-Comté ; renouvellée en 1530. qui défendit d'admettre aucune expedative dans le païs fans la pcrmilîion du Souve- rain. Mais la referve des mois aïant été une fois admife dans les Eglifes Collégiales de la ville de Befançon, les CoUateurs ne peuvent fc dif- penfer de s'y foumettre, fous le prétexte que cette ville a eu long- tcms le titre de Ville Impériale, Sc que le Chapitre de la Métropole s'eft réglé par cette raifon par ie CencordatGcf manique. Car leCdn- cordat Germanique porte en termes exprès qu'il ne fcrvira de loi que pour les Eglifes qui l'auront accep- té ou obfervé. L'Auteur cite un Ar- rêt rendu au Parlement de Befan- çon le z. Juillet 1714. Dans le traité des dîmes , Scde la manière dont elles fe perçoivent, M. Dunod examine plulîeu;s que- ftions fuivant les principes du Droit commun , 8c d'autres fui- vant l'ufage particulier du Parle- ment de Befançon. Nous nous bor- nerons à quelques exemples de ces dernières. Suivant MARS Suivant la jiirifprudcnce gcne- ïale du Roïaumc , les Paroilles en- tières , & à plus forte raifon les par- ticuliers ne peuvent acquérir par la ptefcription l'exemption de la totalité de la dîme. La jurifpru- dcnce du Parlement de Befançon ne s'accorde pas fur cet article avec celle des autresParlcmensduRoïau- mc. Notre Auteur en rapporte deux Arrêts , l'un du 3. Mars 1715. qui déclare exempts de dîme pour le tout les habitans de Boilmarie, dé- pendans de la Paroillc de Corcon- dray , parcequ'ils prouvoicnt que de tems immémorial ils n'avoient poient paie de dîme. Les habitans de Veneux turent admis à prouver contre le fieur Pautener , qui prc- tendoit la dîme intéodce, qu'ils n'a- voient point paie de dîmes depuis trente années. L'Arrêt cft du 4. Septembre 1717. Un autre Arrêt sHujettilIoit à la dîme la Générali- té du territoire de Peregny, fans aucun préjudice du droit des parti- culiers , qui )uftitîcroicnî: par titre eu par poireiVion immémoriale de l'exemption de leurs hfritages. Les raifons dont l'Auteur fe fert pour |uftificr cette jurifprudcnce du Par- lement de Befançon, font 1°. que la dîme n'étant x^ue de droit pure- ment pofitif , peut être fu jette à la ptefcription , comme tous ks au- tres droits de cette nature. z°- Que le Concile de Latran tenu fous In- nocent lll. & dont la difpofition a été inférée dans le Chapitre, in ali- e^nibus^ Extra de daïnoïs , parle de certaines nations qui n'ont pas cou- 3;ume de païet la dime , fans con- y I 7 5 !• I<^P damner cet ufage. j'.Que les Grecs ne l'ont jamais païée , qu'elle ne fc paie ni dans les Indes, ni dans l'A- mérique; qu'elle n'a été établie dans l'Eglife Latine que parl'ufage , &c par confequent qu'on peut en ac- quérir la libération par la même voie. Enfin que les dîmes ont été établies pour fournir une honnête fubliftancc aux Curés, & qu'il n'y a point d'inconvénient à autorifer la prefcription contre cette prelU- tion , quand les Cures font d'ail- leurs fuffilainment dotées. Autrefois on jugeoit en Franche- Comté qu'on devoit païer aux gros Déciniateurs à l'exclufion des Cu- rés , les dîmes des fonds qui avoicnt été mis depuis peu de tems en la- beur , quoi que ces fonds cuflent portés auparavant des fruits qui n'étoient point fujets à la dîme , comme du foin &c du bois. Il y en a deux Arrêts, l'un du 10. May i(?45. l'autre du 13, Septembre 16 52. L'opinion contraire paroît à notre Auteur plus équitable & plus conforme aux regles,parccqiie l'aug- mentation de la culture augmen- tant le nombre des habitans, il eft jufte d'augmenter le revenu de la Cure ; on l'a ainfî jugé en faveur du Curé contre le gros Dccimateur par un Arrêt du Parlement de Be- fançon du 17. Avril 1718. En voilà affez pour faire con- noîtrc que fi dans ces deux Trai- tés il y a beaucoup de chofes par ra- port au Droit commun , qui font répandues dans d'autres livres, il y a desobfervations importantes par ra~ port à la jmifprudence de Franchcr 170 JOURNAL DE SÇAVANS; Comté, qu'on ne trouvcroit point aiUeurSr RE'PONSE AUX OBJECTlOiNS ^U'ON TJiOVVE dans le journal des Sçavans du mois de Novembre 1729. & à qnsl:jnes difficultés letton a faites contre la Dijfenation de la Refpiration , ir»' prmés à Jidonifellier en 1729. far M. H. Gourraignc , DoUeur r» Médecine , & Vice Profejfeur de la Faculté de Médecine de Adoni- fellter. A Montpellier, chez Jean Martel, près l'Incer.dancc j 17301 Broch. />;-4*'. pp. 8. I LEs objedions aufquelles M. Gourraignc , Codeur, & Vi- ce-ProfcfTeur en Médecine à Mont- pellier , fc propofe ici de répondre, le réduifentà quatre. Cet Auteur dans la diflertation qu'il a donnée fur la refpiration, Sc de laquelle nous avons rendu comp- te dans le Journal de Novembre 1729. foûtientque lorfque l'air en- tre dans les poumons, ce n'eft point parccque la poitrine fe dilate, mais que les côtes ne fe relèvent , & le coffre de la poitrine ne s'ouvre que parccque l'air entrant dans les pou- mons , en dilate &c gonfle les vef- fîcules ; ce font fes termes, Là-def- fus nous avons dit , en rapportant ces mêmes termes dans l'extraie que nous avons donné de la dif- fertation dont il s'agit i tjue nous laijftons aux LeSieurs à examiner , s'il ne refioit point de difficulté fur se <]ui peut faire ainfi entrer l'air dans les poumons^ &Jt l'mtromijfion & l'expHl/ion de cet airnefefent pas ici comme dans un foujflet , cjui apu- rement ne s'ouvre pas parce^ue l'air y entK , mais ou l'air ti'entre au €ontraire, que parccque le foufflet s'ou- vre ; enforte que ce que des matnsfont kl' égard du/ouffei , lorfque Us pan- neaux s'en écartent , les mufcles le font à l^égard de la poitrine lorfqiCel-^ Ig fe dilate. Cette opinion , avons- nous ajouté, en faveur de laquelle plufietiïs expériences paroiffent dépo- fer j eft l'opinion commune , mais ce ii'eflpas celle de M. Gourraigne, Voilà ce que nous avons dit. M» Gourraigne pour y répondre recher-- clie 1°. la caufe pourquoi l'air n'en- tre pointdans le foufTlet qu'on n'en écarte les panneaux, z". Pourquoi il entre dans les poumons , avanc même que le coffre de la poitrine s'ouvre.,, De même , dit-il, que j, l'air d'ici b,is fait équilibre par „ fon poids avec le poids de tout „ le relie de l'air dont il ell char- „ gé , auffi toutes les parties d'air,i „ Se les colonnes de cet air , grof- „ fes ou petites fe contrebalancent ,, & font en équilibre. De l'aveu- „ de tous les Phylîciens , cet équi- „ libre dépend du poids de l'air ,. „ & du rcffort de chacune de fes> ,, parties , d'où il s'enfuir, & corn- „ me l'expérience le démontre, „ que les colonnes d'air , de même j, que fes parties, ccfTeront d'être ,,en équilibre fi les unes devien- „ nent plus pefantes ou plus élafti-J ,, qucs que les autres , ou fi leur M A R ^ pcfanteut' diminue, ou leur ref- j, fort i enfin fuivant qu'elles fe- j, ront plus ou moins de prelîîon ; yj &c par raifon des contraires, el- ,j les demeureront tout autant de ,, tems en équilibre , qu'elles con- 3, fcrveront &: le même poids & le j, même reflort. C'efl; de- là qu'un j, balonàdemi plein, fljfque & j, mol, s'enfle de lui-même, fi j, on le porte au bout d'un fil fur 9, une montagne haute de 500 „ toifcs , & qu'en redefcendant il j, s'applatit peu à peu , defortc ,, qu'étant revenu au bas , il fera 3, revenu au premier état ; c'eft j, auflide-là qu'une veffie à demi 3, pleine d'air s'enfle ii on l'apro- 3, che du feu ; que la chair s'élevc ,, fous les ventoufes. ,, Cela pofé, notre Auteur prétend qu'il n'eft pas difficile d'expliquer pourquoi l'air n'entre point dans un fouftlet qu'on n'en écarte les panneaux , & pourquoi il doit au contraire entrer dans les poumons avant que le coflie de la poitrine s'ouvre. Pour le premier point il dit que l'air contenu dans un foufflet étant abandonné à lui-même , en quel- que petite quantité qu'il y foit ren- fermé , fe trouve en équilibre avec l'air du dehors j enforte que ces deux airsjfe contrebalançant , il n'y a pas plus de raifon que l'air extérieur entre dans le foufflet , qu'il y en auroit que l'air intérieur en fortît, puifque de même que l'air intérieur ne fçauroit fortir fans vaincre la refiflancc de celui qui environne le fouftlet , de mê- s . I 7 1 i; 171 me auflî l'air extérieur ne peut y en- trer, que l'intérieur ne lui faile moins de refiftance , ou que l'exte- ricLir , ayant acquis plus de for- ce , ne l'emporte fur l'intérieur. Mais CCS deux airs , remarquet-il , font en équilibre , faute de quoi le foufflet devroit contiru^liementfe gonfler , ou fes panneaux s'apro- cher de plus en plus, d'où s'enfuit que l'air ne doit donc point en- trer dans le foufflet qu'on n'en écarte les panneaux. Tel eft le raifonncment de no- tre Auteur pour ce qui regarde l'air du foufflet ; mais il prétend que la chofe fe paffe bien diffé- remment dans les poumons. Pour le prouver il dit i^.que l'ait qui dans le fœtus en remplit les vet lîcules , les bronches & la trachée artère , eft en petite quantité &c fort léger , puifqu'ilcft continuellement échauffé par la chaleur des pou- mons & des parties voifines. z°. Qu'au(iî-tôt que l'animal eft né , l'air qui le faifit & qui l'environne de tous cotez , étant fort pcfant , le prelfe fur toute la furface de fon corps; & que cette preflîon iroit à environ 7000. liv. quand même le corps n'auroit que deux pieds de furface. 5°. Que cet air doit donc par (en poids fe précipiter par le nez , ou par la bouche , ou par tous les deux à la fois , dans la canne des poumons , puifque r.iir que l'animal , en venant au monde ^ porte dans fa trachée artère, dans les bronches, & dans les veflkules des poumons , pefe moins que celui qui l'environne dès qu'il eft né» Yîj I7Î JOURNAL D 4°. Qu'il en ell: à peu près de même dès que l'animal a refpiré, & du- rant font le cours de fa vie , puif- que l'air oui entre dans les poumons pour faire la première inlpiration , s'y raréfie auflî tôt , que par confe- quent il devient plus léger, & par cette même raii'on , ceffe d'y être en équilibre avec l'air extérieur ; cnforte que ce dernier , fuivant les loix de l'hydraulique , pefant da- vantage , doit le précipiter dans les poumons ,• &c aidé de toutes les Câufes qui font l'expiration , fou- lever celui qui y étoit entré dans le tcmsde l'infpiration. D'où il arrive que ce nouvel airn'eft pas pKitôt entré dans les poumons , qu'il y fouffrc les mêmes altérations, c'eft- à-dire , qu'il s'y débande , qu'il y perd parconfequent de fa pefantcur, &c que devenu plus léger , il cède facilement à l'air extérieur , ce qui fe perpétue, félon notre Auteur , durant toute la vie. Voilà quelle eft la rcponfe de M. Gourraigne à la première ob- jedtion qui fe trouve dans notre Journal du mois de Novembre 1719. Nous laidons aux Leéleurs à faire leurs reflexions fur les trois exemples qu'il rapporte; fçavoir , celui du balon à demi plein d'air , qui , flafque & mol , s'enfle de lui- ' même lorfqu'on le porte fur une haute montagne > celui de la velîîc auffi à demi pleine d'air, laquelle s'enfle quand on l'aproche du feu , &c celui de la chair qui s'élève fous les ventoufes. Nous leur laiflbns à juger fi ces exemples quadrent avec cc^i fe paflic dans les poumons. Si ES SÇAVANS; f\ le balon, la veille i< la chair don' il s'agit dans ca exemples, s'cnfle- roicnr au cas que ie balon, la vef- ilc Si les ventoufes fuffent ouvertes, comme le font les poumons. Nous leur lailTons tout de même à jugée fi de la manière dont la refpira- tion c(l expliquée dans la réponfe que nous venons de rapporter , il ne s'enfuit pas que quand une fois l'air extérieur feroit entré dans les poumons , Se les auroit gonflez, les poumons ne pourroient plus s'af- fâilfer , qu'ainh il ne fe feroit nulle expiration , & que par conlequent la refpiration feroit abfolumenc éteinte. A cette difficulté s'en joint une autre, qui eft que l'on peut pendant quelque tcms retenir , fi. l'on veut, fa refpiration ; ce qui, ce fcmble , ne pourroit arriver jQ les mufcles de la poitrine étoient pu- rement palTits dans les mouvemcns de la refpiration , comme le fup- pofe M. Gourraigne. C'eft un point que nous abandonnons encore à l'examen des Lecteurs, carnousnc prétendons rien décider. Pour entendre la féconde objc- dhon , Se la réponfe qu'on y fait, il taut fçavoir que M. Gourraigne, afin de prouver que c'eft l'entrée de l'air qui fait dilater la poitrine, & non la dilatation de la poitrine qui fait entrer l'air , remarque que fi l'on foutïle de l'air dans les pou- mons d'un animal mort, par exem- ple d'un chien , on voit aullï tôt la poitrine fe relever, &que lorf- qu'on ceflc de fouffler , la poitrine s'abaiflc. Nous avons dit là-deflus que quelques Ledeurs en reflcckii- MARS fant fur cette expérience trouveront peut-être que l'air qui entre dans ks poumons de ce chien, n'y entre point de lui-même, mais par une torcc étrangère , qui eft celle de la perlonnc qui poulFe le fouffle , ce qui change la thefc. Nous avons ajouté que fi par le tuyau d'un fouf- flet on Hîtroduit avec force de l'air dansce foufflet , on en fera fans doute écarter les panneaux , & le foufflet s'ouvrira , mais qu'il ne s'enfuit pas pour cela qu'un fouf- flet , quand on s'en fert pour fouf- fler , ne s'ouvre que parceque l'air y entre , puifqu'il demeure toujours vrai que l'air n'y entre que parce- que le foufflet s'ouvre. Foilk^avom- nous dit ensuite, ce tjite pourroiem ob- jeBer à M. GoUïraigne qitel(^nes Critiques ; nous ne frenons aucun parti. Notre Auteur cite l'objedlion comme nous l'avons rapportée dans le Journal , aptes quoi il y fait la réponfe fuivante, qui contient neuf articles. 11 dit premièrement qu'il a prou- vé dans fa diffcrtation , & dans la réponfe précédente , que l'ait entre par fon feul poids dans les poumons, qu'ainfi l'exemple du foufflet dans lequel on introduit avec force de l'air, n'a point ici lieu, & que le foufflet lui-même n'a aucun rap- fTort avec les poumons 6c le coftire de la poitrine , comme on l'a pré- tendu jufqu'ici. Ces paroles de M. Gourraigne pourroient bien paroî- trc à ceux qui les examineront, une pure pétition de principe. Quoi- qu'il en foie , il dit en fécond lieu qu'il ne lui refte donc antre chofe à montrer finon que l'air qui en- tre dans les poumons les gonfle & les dilate , & par là relevé les côtes Se ouvre la poitrine. Pour pcrfuader qu'il ne lui reffe plus que cette feule chofe à mon- trer , il fe met à l'aife , &: fuppofe que fcs adverfaires conviennent que dans l'animal vivant, les poumons cnfe gonflant ouvrent eux-mêmes le coffre de la poitrine , comme il arrive dans l'expérience de l'animal mort lorfqu'on y fouffle de l'air avec violence. Et en effet cela étant fuppofé , il n'y a pas de doute que ces mêmes adverfaires ne doivent convenir avec lui que c'eft l'air qui dans l'animal vivant relevé les cô- tes, & dilate la poitrine ; la confe-; quence eft néceffaire, & on ne peut, après une telle fuppofition , qu'ap- prouver ce raifonnement de M. Gourraigne. Si mes adverfaires , dit- il , conviennent , ain/i ^iCil confie far mon expérience , ejue les poumons en fe gonflant ouvrent le coffre de la poitrine *, s'il ejl vrai , comme on en convient anjfi , tjue l'uir cjui entre dans les poumons les dilate , il doit Aujft relever les côtes & dilater la poitrine. M. Gourraigne dit en troifiémc lieu, que c'eft un principe chez- les Phyficicns , que la chaleur dilate & raréfie l'air; que cet air fe dé- bande plus ou moins fortement ,' félon que la chaleur eft plus ou moins grande. Il dit en quatrième lieu , qu'il eft auffi très-certain qu'un corps à «eflbxt , l'ail , par exemple » len- 174 JOURNAL D fermé dans une vellîc , agit en fe débandant , & agit avec d'autant plus de force contre les parois de cette vedle , que ces mêmes parois lui oppofcnt plus de refiftance. Il remarque en cinquième lieu , que dès que l'ait eft entré dans les poumons , cet air y efi: échauffé &C parla chaleur des poumons, & par celle des parties voifines. En fixiéme lieu , que cette cha- leur eft fort grande , que par con- fequent l'air dont il s'agit , doit fe raréfier , & fe raréfier d'autant plus qu'il eft chargé de l'humidité qui tranfpire continuellement dans l'intérieur des véficules pulmonai- res i que l'air ainfi échauffé fe dé- bande , qu'il porte fur les parois de ces véficules , que celles-ci refi- ftent, que l'air à caufe (de cette refiftance agit avec plus de violen- ce fur elles , qu'enfin elles font for- cées de céder , de fc dilater , & que toute la maftc des poumons eft obligée par confequenc d'occuper un plus grand volume ; en un mot^ que l'air de la canne des poumons pafle dans les bronches , fe divife en autant de colonnes , que les bronches foufftent de divifions , parceque ces colonnes font autant de coins qui écartent & les bron- ches & les véficules où les bron- ches vont fe terminer. En feptiéme lieu , M. Gourrai- gne déclare que fi une veflîc à demi pleine d'air , s'étend & fc gonfle lorfqu'on l'approche du feu , il ne voit pas pourquoi l'air dans les bronches , & furtout dans les vcfi- ci^les, échauffé comme il y doit ES SÇAVANS, être par la chaleur du lieu ^ ne dî- lateroit pas les parties où il fup- pofe que cet air eft enfermé, d'au- tant plus que ces vélicules cèdent au moindre fouftle, & que d'ailleurs l'air qui cfl: entre les poumons & les parois de la poitrine, ne fait à celui là que peu de rcliftance. No- tre Auteur ajoute à tout cela que les Uqueurs qui circulent dans^ les vailTeaux , femécs & répandues au- tour des véficules , peuvent couler librement des veines du poumon au ventricule poftericur du cœur. En huitième lieu , M. Gourrai- gne, qui revient toujours à fa velîle à demi pleine d'air , dit que fi l'on met cette veille entre les panneaux d'un foufflet , & qu'on approche du feu le foufflet & la veflîe, celle- ci en fc gonflant écartera les pan~ neaux , & ouvrira plus ou moins le foufflet. Là dcffus il demande pour- quoi l'air qui fe dilate dans les bronches & dans les véficules des poumons 5 ne peut pas en gonflant ces mêmes poumons ^ relever les côtes , & ouvrir le cotiredela poi- trine ? En neuvième & dernier lieu « M. Gourraigne juge à propas de dire que les divifions de la trachée artère ôc des bronches tendent pref- que toutes v^s la furface convexe des poumons , que cette furface convexe regarde les côtes , que la furface concave des côtes regarde en haut , 6i la convexe en bas, que les poumons enfe gonflant doivent donc agir fur la furface concave des côtes, relever ces mêmes côtes, di- ftendrc &applanit le diaphragme , MARS; ©UVTÏr le coffre de la poitrine , & en agrandir la capacité j enfin taire l'inlpiration. Car s'il efl vrai, inC\{ict-il, com- me mon expérience le démontre , cjiie Us poumons gonfiez. par le foi/ffls qu'une perfonne y pouffe , dilatent la poitrine , pourra-t-on dtfconvenir , ( pitifqite l'air , ciiti eft entré par ^ [on feid poids ^ jufqites dans les dernières véjicules des poumons , s^y débande , ipano'àit ces -jé/îcules , gonfle les poHmons)poHrra't-en dtfcenvenire^ue ces mêmes poumons gonflez. n'Agijfent fur les côtes, qu'ils ne les relèvent, &' qu'ils ne dilatent la poitrine ? M. Gourraigne , comme on voit, en revient toujours à fa vejfie h demi pleine d'air, qu'il regarde comme une parfaite image des poumons , où il fuppofe que l'air eft enfermé comme dans une veflïe fouffléc & bouchée ; ce que les Anato- miftes examineront. Une autre reflexion , c'eli qvie dans le fîxié- me , le fcptiéme , & le huitième ar- ticle , l'Auteur fait tout dépendre de la rarcfaiîlion de l'air , & non de fon poids. D'abord, félon lui, com- me on le voit dans la réponfe à la première objedion ^ l'air extérieur n'entre dans les poumons que parcc- que celui qui y eft enferme , étant plus raréfié , fe trouve plus léger que celui de dehors , cnfotte que cet air extérieur parfonfcul poids fe précipitaHt dans les poumons y les oblige par l'impétuofité avec laquelle il y entre , à fe dilater S< à fe gonfler. Mais dans le fixiéme , le fcptiéme , & le huitième article , c'cft cet air même raréfié , cet air 175'- . Î7J intérieur , qui par fon expanfion feule , Se indépendamment de tout poids , comme dans une vellie bou- chée qu'on approche du feu , fait toute la dilatation dont il s'agit ce qui cil bien à remarquer pour avoir une jufte idée de la réponfe de i'Au» teur. Ce que nous venons de rappor-; ter dans le neuvième & dernier ar- ticle ne demande pas moins de ré- flexion j & il ne contient prefque pas un mot qui ne mérite une dif-i' cution particulière. Au refte^la ma- nière dont l'Auteur termine toute cette réponfeà la féconde objedion,' ne doit pas être omife ici. En voila affez. j dit-il , pour cette 9hj:Elion ; je me flatte, pour peu cjiie les LeUeurs reflech:ffent fur ma d,ff:rtation , & fur ce ^ueje viens de dire , fjti'ils n'y trouveront ^o:nt les difficultés ^ue 2^Iid. les JournaLfljs leur prêtent. Nous fouhaitons , pour la fatif- fa(5fion de M. Gourraigne, que cela foit ainfi. La troifiémc objedion que les Journaliftes ont dit que pourroienc faire quelques Leiieurs , c'eft que il l'air entre par fon fcul poids dans les poumons d'un animal en vie s'il en dilate les véficulcs , & en ouvre la poitrine , ilfemble qu'il y devroit encore entrer quelque tems après la mort de l'animal , tandis que le corps de l'animal eft chaud & y étant entré, gonfler comme à l'ordinaire, les poumons, relever les côtes , ouvrir le coffre de la poitri- ne, & enfin entretenir la relpira-- tion. M. Gourraigne répond à«elaqu& ij$ JOURNAL' D l'ait qui entre dans les poumons ne relevé les côtes que parce qu'il gon- fle les velllcules des poumons. jipih U mort de l^ animal , dit - il , l'atr ne [ç aurait dilater Ces vejjicnles, & pur là il eft hors d'état d'ouvrir le coffre de la poitrine. Mais d'où vient que l'air ne fçauroit dilater ces vefiîcuies après la mort de l'ani- mal ? fur- tout tandis que les pou- mons font encore chauds , puifque en y fouftiant de l'air lorfqu'ils font froids , on vient bien à bout de les dilater ? En effet (î du vivant de l'a- nimal l'air entre dans les poumons par fon feul poids , & en dilate les véficules , ce poids étant le même après la mort de l'animal , il fem- ble que l'air y devoir entrer comme auparavant , & en dilater les véfi- cules , fur-tout tandis que l*animal confcrve encore fa chaleur. M. Gourraignc réplique à cette diffi- culté que la vie dépend de la cir- culation des humeurs , que l'ani- mal meurt uniquement par l'anéan- tiflement de cette circulation ; que les humeurs ne circulant plus dans leurs vaifTeaux, elles preiïent & furchargent les parties des envi- rons; que d'ailleurs les vaifleaux des poumons font après la mort d'autant plus gorgez de fang , que celui q\ii eft venu du ventricule droit par l'arterc pulmonaire, n'eft pas revenu au cœur ; enforte que les véilcules des poumons trop chargées par le fang qui ne coulç plus alors , oppofent à l'air trop de refifîancc. M. Gourraigne ajoute qu'après la mort la chaleur des poumons s'éteint bien-tôt , que ES SÇAVANS, l'air contenu dans les poumons n'eft plus raréfié , que les humeurs faute de mouvcmtntj s'epaillilTcnt preflent ^ furchargent de plus en plus ces véhcules , qu'enfin l'air intérieur devient par-là bien tôt en équilibre avec l'air exterieurnu'ain' fi l'air n'entre dans les poumons ni n'en fort , &c quç la rcfpiration ne fe fait plus. Ceux qui examineront de près cette réponfe , demanderont fans doute pourquoi donc aulTi-tôt après la mi>rt jlorfque l'animal eft enco- re tort chaud , la relpiration ne continue pas ? M. Gourraigne s'ex- pliquera peut-être ladeflus dans un fécond écrit. Quoiqu'il en foit, il finit fa réponfe en reprcfentant que il le défaut de rcfpiration ne venoit point de la caufe qu'il a rapportée , on n'auroit alors qu'à relever les côtes , les porter même plus haut qu'elles ne fe portoient pendant la vie ,& qu'il arriveroit, par ce moïen qu'ayant ainfi donné du large aux poumons , l'air en- fermé dans leurs véficules , ou qui y viendroit, les dilateroit, ce qui eft contraire à l'expérience. Nous fouhaitons , pour le con- tentement de TAutcur , que les 1 eâ:eurs critiques ne trouvent rien à redire à de telles réponfes. Nous voici enfin arrivez à la dernicre otjeftion. Nous avons dit fur la fin de notre Journal du mois ài Novembre 1719. que M. Gourraigne expliquoit du mieux qu'il lui étoit poilible , comment la rcfpiration contribue à la joie , au rire , au bâillement , & à l'é- tcrnuëment M A II s tetnuHment ; qu'il finifloic fa diflcr- tation en recommandant à fes Le- dieurs de ne pas croire avec les an- ciens , qu'un des ufages de la ref- piration foit de rafraîchir le fang des poumons , & qu'atîn qu'on ne croie pas qu'il parle fans preuve , il avance que le lang qui rctoiune au cœur par les veines pulmonaires , eft plus fluide , plus mobile fie plus chaud qu'aucun autre ; que com- me ce point que notre Au- teur ne touche qu'en pafTant & en deux lignes , eil un des plus im- portans qui puilTent concerner la rcfpiration & la circulation , nous jugions à propos de renvoïcr là- deffus les Ledeurs àla fça vante dif- fertation de M. Helvetius touchant la manière dont l'air agit fur le fang dans les poumons ; d'autant plus que dans cette dilTertation on trouve traitée à fend la queftion que M. Gourraigne ne fait qu'tf- ileurer. La réponfc que fait notre Au- teur à ces paroles, eft i°. Qii'il ne s'agit pas de fçavoir s'il lui a été fort difficile de rendre raifon des iifages qu'il a a pelle ufagts fccon- tlaircs delà rcfpiraticn ; que l'ex- plication qu'il en a donnée étant une fuite de ce qu'il a dit dans tou- te fa diflcrtation , il ne paroît pas qu'il lui en ait beaucoup coûté pour le faire , mais qu'après tout , quel- le que foit fon explication, les .TournaliRes ne difant pas que les critiques y trouvent des difficultez, il s'en tiendra à ce qu'il en a dit ï75r. ,77 comme difcnt I« Journaliftes, dii mieux qu'il lui a été pollîble. z°' Qu'ayant prouvé dans les premiers articles de fa dilTerta- tion, que l'air entroit avec force dans les poumons , qu'il s'y rarc- tioit , qu'il en agitoit les véficules les fecoLioit, &quc par divers coups redoubler il ébranloit les vailTcaux d'alentour , avec les humeurs qu'ils contiennent , il femblc qu'il n'étoïc pas obligé de prouver plus au long, mais feulement de conclure en deux lignes , que le fang qui retourne au cœur par les veines pulmonaires eft plus fluide , plus mobile , & plus chaud qu'aucun autre, parccque s'il eft vrai , comme on ne fçauroit , dit-il j le révoquer en doute , que l'air qui entre dans les poumons heurte contre les véilculcs, qu'il fccoiic les vaiftcaux voilîns Se les humeurs dont ils font remplis, qui ne voit que le fang y doit devenir plus fluide j plus coulant & revenir plus vite au cœur , enfin s'échauft'cr plus ou moins , fclon qu'il eft plus ou moins agité , puifquela clialcur du fang ne dépend que de l'ofcil- lation des vaiflcaux ou des parties ignées , que les coups réitérez de ces mêmes vailTeaux dégagent. 3 '.Qiie dans toute fa dilTertation il n'a en viië que d'établir fon fv- ftême fur la méchanique de la rcf- piration , &: que du relie il i'eft peu rnis en peine de réfuter les autres fyftémes qu'on a eu jufqu'à prefcnt fur cette matière , perfuadé qu'on ne réfute jamais mieux les fentimens contraires , qu'en hien établillmt le fien j laiflant aux Sçwans delînte- 178 JOURNAL D relTcz à en décider, parcequc c'eft à eux & non aux Auteurs que ces fortes de jugemens appartiennent. Qii'au furplus // Ht avec plaijîr h ffavante dijfertapion ai M. Helvetius fur les itfages de U ref- firation , âe même que les antres feavans ouvrages de cet ilhtftre Mé- decin ; tfn'H les étudie dans la vûë de profiter de fes lumières , parce- qu'on y trouve , avec une bonne Thyftque , des découvertes ^Ana- tomie des plus intereffantes , & des règles fnres pour la pratique de U Médecine. Il nous vient de tomber entre les mains une Brochure intitulée : Differtatio Fhyfiologica de rejpira- iione , cujus veritatem tueri cona- Sfstur , in attgufiijjlmo Adonjpellienfi ey^pollinis Fano ,GuiLi.EtMus Pblissier, MmiispeffiiUms , ES SÇAVANS; Praftic R. D. ANTONIO MA- GNOL , Reris CoKJiliario & J/r- dico , in almâ Aîonfpellienfnim Aïe- dicorum Academtà , '^Profeffore Re~ gio dignijfimo. Die . » . . menjïi J'fartii 1729. Cette dillertation, à la première vue , nous a paru tort feniblable à celle de M. Gourraigne, fi ce n'eft la même ; nous en parlerons plus certainement dans le Journal prochain. Au refte il fcroità fouhaitcrquc tous les Auteurs qui répondent aux difficultez qu'on leur propofc con- tre leurs ouvrages , le fillcnt avec autant de modération & de fagefie qu'en fait paroître Monficur Gourraigne dans fa réponfe ; c'eft une loiiange qu'on ne peut lui rc- tufer , & nous lui rendons avec plaifir ce témoignage. MARS; 1751: «7i> S.ECUEIL DE roVTES LES FEVILLES DE U SpeElatnce , «]ui ont pam , & de celles qui n'ont point paru. A Paris , chez la Veuve Piiroc , Qnû de Conty ; & au Palais , chez Jean de Nully. 17J0. vol in-lz. pp. 341. CES Feuilles font au nombre de quinze : S: on voit dans la première quel efl: ici le deflein de la ipedatrice. Trois ou quatre Spcda- tcurs qui ont paru en France ont 4donné quelques brochures , & en font demeurés là. N'auront-ils point <àe honte , dit notre Spectatrice , foii éaibonpoinc , y font fut tout rcprefentés , &c cet endroit renferme de petits traitsde cenfure qui ne font pas indiffcrens : le Ba- ron vi voit tranquille , dit la Spcéla- trice , » mais comme il n'y a rien n de permanent dans ce monde , &c »> particulièrement dans i'horrtmc ^ »ïfa tranquillité fut dérangée par »> les appas de ma mcre : à force À& «la. voir, il l'aima un peu & il fe » détermina à lui faire une déclarfr- Mtïon. de ec qu'il fentoit, j'ai fçû »> cela de ma meic & bien d'autres s» chofes encore. .. - '--■-- . '- ■ ■ Ici notre S pcdatriee déclare fans dcguifcmSni fon origine ^ qit'èll* arouc n'être pas bicni flatteufc' , a|)i:ès qtloi. elle dit;un mot de là manière dont elle a été élevée. Ma mère , £it • elle j eut de li bonté pour moi , mais niôii éduca- tion lui parur une affaire rftôins prenante que ceïie dqs ânitflàUîi d'une baiïe -^ cour. ' Elle négligea donc tout-à-fait ma petite amë. Uh heurcut naturel m'4 dédomtilâgée* J'aipaiTé mon enfance avec qUél-" ques enfans du Village Si bVté les IbÊtcs du Château* Mais^j'ai^eMâé bonne hfeure d'être enfaîifi lapcn- fée a été précoce chei mol , comhic je l'ai dit , enfuies Uénvie rn'tft venue de ipenfer rttiÉuS , 3c d'aji-i prehdre Jaji penfëêfe'^e; C'eUît t)8fî peiifoienciMlièux qltô' rflôi. »Mds4l s'y eti aVoirnl'danS fe ChâteSû fti" dans le voifinâgtf.' je fiiîâVifai à'éti chercher dans les Livres du Cufé du lieu , car le Batoâ m'iYeit -laie S SÇAVANS, apprendre à lire •• Ce Curé jn'en picta quelques - uns , il en avoir de plus d'une forte. Je trou- vai prefquc tous les Romans,plats & dégoûtans , les Livres de morale me paroifToient pires , à quelques-uns ^rcs , où un peu de bon fc trouvoic mêlé avec beaucoup de mauvais. Je m'attachai à ce peu de bon , j'y pris gbût. Je me fentis invitée par un certain penchant à réfléchir fur de certains endroits d.e ces Livres Mo- raux. Notre Spectatrice n'^ii demeura ■pas là , le goût lui vint aufli de lire :dans le Livre de la nature, qui , À ce qu'elle conte , lui fcmbloit rem- pli d'une infinité de fujets de rcfle- ^xiôn } elle y lut avec plus de plaitk que dans les Livres artitïcicls. Et •elle Sfftiïé qu'une infinité de chofes ^uc les hommes ne regardent pref- que pas , lui parurent dignes de fon attention , enforte qu'elle fentic dcflors qui la nature l'avoit fait Spedatrice. £lk ne s'en tint pas là : com- it\c elle avoif entendu dire au Curé beaucoup de bien de quelques Au- teurs Latins , & qu'il l'avoit alfuréc que les tradudions qui en avoicnc £Û -faites n'en approchoicnt pas, elle Voulut apprendre de lui cette Langue , dont elle le voyoit citer fouvéttt de grands lambeaux à fes Payions j ellâ s'y appliqua avec tant «le fucCcs atfen ipeu de tems elle devint Capàbi'ê d'entendre quelques êhdtoiés de Ciceron ^ de Virgile ^ d^HùtUCé i & de quelques autres, te qui ne lui fdtvit pas peu pour lui ctcfldre l'efjJtit $c La rendre emcorc MARS plus propre aux reflexions qu'elle dévoie taire en qualité de Spedarri- ce. Nous nous fommes un peu éten- dus dans l'extrait de cette première Feuille, parce qu'elle ell: une intro- duiSion à toutes les autres ; nous ferons plus courts pour celles qui luivent , & à l'exception de la der- nière ; nous n'en rapporterons , comme nous avens dit, quelefujec ou le tond. Nous remarquerons donc que la féconde Feuille ou le fécond Dif- cours renferme diverfcs reflexions fur Montagne , fur le Mariage , fut les Philofophes & fur les Gens de qualité. Montagne a été taxé d'or- gueil & de fottife par de grands efprits , parce qu'il a beaucoup par- lé de lui dans fcs Eflays. La Spcda- rrice prétend qu'il n'étoit cepen- dant ni fot ni plus orgueilleux que quantité d'autres; elle croie même qu'au fond il écoit plus modefte dans fes penfécs que ceux même qui l'ont repris, puifqu'il avoiie ingé- nument qu'il s'cft trompé , qu'il fe contredit lui-nnême , & qu'il ne penfe plus comme il faifoit. Il efl: vrai que Montagne a beaucoup parlé de lui 3 mais, felcnliSpeda- tricc , e'eft qu'il étudiait l'homme en s'étudiant lui - même. Nous partons plufieurs autres reflexions femblables. Quant aux Philof. notre Auteur fait voir combien l'entête- ment où ils font de leur prétendue Icience, eft ridicule : ilsfe regardent comme les Seigneurs titrés , les Ducs , les Princes du fçavoir. Un Sjavant qu'on appelle du premiçs ; I7 5r« 185 ordre , fut-il dans l'indigence , fe regarde comme le Monarque de la Republique des Lettres. Un hom- me fenfé , qui ne fe pique pas de fcience , qui ne fçait que les chofes neceflaires àla vie , comme gagner de quoi fe nourrir & fc vêtir hon- nêtement & commodément , de quoi établir fes crrfans , de le relie - eft un gueux pour le Sçavanr. A' peine ce Monarque lui parlc-t-il ^ ou s'il lui parle 4 ce n'cft que par bonté qu'il s'abbailfe jufqu'à lui ^ comme quand un Prince veut (s divertir de la converfation d'un Laboureur. Le Ridicule qui règne chez I3 plupart des Grands fournit «ne ample matière aux reflexions de notre Spctîlatrice , mais il nous faut pafler au troifiéme Difcours : ce font des reflexions faites dans une baflc-cour : on compare dans ces reflexions le monde des hommes à celui des bêtes , & c'eft uiie ccnfure perpétuelle de la vie humaine. On voit dans le quatrième Dif- cours combien les femmes font malhcureufes , & quelle fottife c'eft à un fexc de méprifcr l'autre. Il a paru depuis peu un Ouvrage intitulé : Lu méchante Femwer. Cet Ouvrage fait la matière du cinquième Difcours , où on voit cntr'autres chofes, un combat ré- jouiflant de deux femmes à l'occa»^ iîon de ce Livre. Le fixiéme Difcours roule fur la manière d'aimer des Turcs , qu'on prétend être celle de quantité de François. .Une Critique de la Satyre M i84 JOURNAL DE SÇAVANS; Defpreaux, qui commence ainfi : penfer , pendant le c^lme 5c la 2>^ tous les animaux , £<.c. fait le quiétude d'une nuit tranquille, début du feptiéme Difcours. La Le douzième ell: tout divertif», Spcdarnce trouve que Defpreaux faat : comme la Spedatrice fc tra- patle dans cette Satyre plus pocti- vcftit quelt^uefoib en homme pour quement que raifonnablemcnt. les raifons que nous avons dites au Que c'eft un Ouvrage apparem- commencement , elle s'avifa un ment fait pour divertir , ou que s'il jour , d'aller habillce en homme , eftferieux l'Auteur n'elt point judi- acheter des coctfes de papier pour cieufement Philofophe : elle pré- mettre fous fa Perruque i comme tend qu'il critique plufieurs chofes elle en choififfoit , eUe apperçut fur en franc - Mifantrope ■■, elle prend une tête de bois une calotte de toile occalîoH dé là de taire quantité de cirée d'une figure ditîerentedes au- teflexions non moins ingémeufcs très ; on lui dit que celles-là étoienc que fenfées , fur ce qui concerne le pour femme ; notre Auteur fut fort caradere des hommes & des ani- étonné d'apprendre que les têtes des I ijnaux. La Spedatrice a trouvé le fecret d'avoir avec les morts un commer- ce de viiion qui l'anuife quelque- fois , & la confole , dit-elle , de ce que lui font fouffrir les vivans; elle donne fon fecret qui n'a rien de magique , 5c elle rapporte enfui- te un fonge où elle a vu les deux Gâtons , Sencque , Montagne , S. Evtcmont , Pétrone , &c autres. C'eft le fu)et du huitième Difcours. Diverfes reflexions très-folides fur le mauvais caradere de ceux qui fe pUifent à voit des exécutions de criminels ; & l'Hiftoirc d'un jeune homme qui ne put fe refou deux fexes , Icfquellcs font le liége dp leur raifon , tulTent d'une forme ditlerente, cela lui donne occafiotî de faire là-dclTus pluheurs reflexions plaifintcs , aufqucUes nous ren^ voyons. Les difputes qui s'élèvent ordi. nairement entre perfonnes de divers fentimens , paroiflcnt à notre Spec- tatrice comme ces combats que fe livrcntquclquctois les Cocqs ; elle fait fur cela divers raifonnemcns enjoués & inftrudifs qu'on peut voir dans le treizième Difcours. Le quatorzième prelente une Scène Comique qui fc paffa entre riotre Auteur &un Normand , au dre qu'avec des peines extrêmes à fujet de l' Almanach Gourmand qui fucceder à fon père dans la Charge fut annoncé pour l'année 1729. ou de Lieutenant Criminel , font la trouve dans ce Difcours bien des matière du neuvièrne Difcours. traits convenables à ceux qui ne On voit dans le dixième un grand connoifllnt d'autres délices que nombre de fages précepte? fur I'a- celles de la bonne chcrc , 6c qui ne initié. fçavent ce que c'eft que les plaifirs Et dans le onzième quel ufagc del'cfprit. ytilç on peut faire de k faculté de N6treSpe(ftatrice fc troj^Vâ ,ilj . MARS; a quelques jours , chez une Dame de fes amies , pendant que cette Dame faifoit manger elle-même de la bouillie à un de lesenfans , & lui en taifoit manger jufqu'à l'étoufter; dans le même-tems une Nourrice en faifoît téter un autre par l'ordre de la Dame. Cette Scène triviale fans doute pour quantité de Lec- teurs , à caufe qu'elle efl: trop natu- relle^ parut à la Speiftatrice un fujet digne de fpéculation. C'efl: ce qui fait la matière du quinzième & dernier Difcours. Le premier de ces enfans , après avoir avalé de tonne grâce une Certaine quantité de bouillie , paroifToitrairafié^ mais accoutumé à obéir à une mcre qui lie fouffroic point de refillnnce ,, il mangeoit le refte avec peine. Notie Spectatrice n'approuvoit pas cette contrainte , cependant elle ne difoic mot ; mais la Dam.c pénétrante ju- geant bien de la penfée de Ton amie^ £t une petite Apologie de la con- duite dont il s'agit. Cette bouillie , difoit-elle, eft excellente & ne peut faire de mal ; d'ailleurs il faut que les enfans foient nourris, &: celui-ci fera bien de la manger , ajoûta-t-el- le j en le regardant d'un air fevcre qui fit fon effet ; car le pauvre petit avança aulTî-tôt la tête , faifant la moitié du chemin 6<: ouvrit la bou- eheune fois trop grande, dont l'a- mie de notre Spcdatricc fut fort contente; la bouillie fur achevée & le Poêlon bien gratté. Enfuite re- gardant l'autre enfiantqui commcn- çoit à lâcher le teton : allons , Nourrice , dit-elle, ilfautl'inviteri jie fçavcz-vous pas qu'un enfant nç ï 7 5 r; i8j t)cut téter trop de bon lait comme e votre : le pis aller eft qu'il rende ce qu'il aura pris de trop ; j'aime- rois voir cela de tems en tcms, caE C'eft une marque qu'un enfant ne manque point de lait. Malgré toutes ces railons , l'embrion n'en vouloir plus , ce qui fâchoit fort la mère: a h que je le terois bien téter, difoit-elle , s'il ctoi( capable de correiSion comme fon aîné ; je l'at- tends à fon âge. Et quoi , lui dh notre Spedlariice , voulez - votre qu'il vuidc ccsdcuxgrolles mamel- les, comme l'autre a tait le Poêlon, & qut .... Mademoifclle , inres^- rompitla Dame, quand vousaurci des enfans vous leur ferez faire dièc- te. Je voudiois bien en voir un éle- vé par une Philofophe -, allez , mi chère amie , mêlez - vous de vos Livres. Vous avez vos raifonspour penfer de cette façon-là ; j'ai les miennes pour faire ce que je fais, en un mot je gouverne mes cnlans en bonne mère , (5c lelon la meilleu- re méthode : telles étoient fes rai- fons , m.ais la Spedatrice ne put garder pluslong-temslc fîlcnce, & elle allégua de fon côté d'autres raifons qu'il feroit bien à propos que la plupart des parens confidc-» raîTent attentivement. Ecoutez , dit-elle à fon amie, ce que je vais vous dire , comme une fantaifie fans conlequencc : il eft vrai que ce trop de nourriture eft peu de chofe , mais vous accoutu- merez peu' à peu votre enfant à' charger fon cftomac de ce fuperflus^ & à de petits excès qui augmente- lont avec l'âge , enfin à pafTer lej iS6 JOURNAL D bornes que la nature a prefcrites. Elle les marque d'une manière fen- fible dans fon tempérament par le dégoût dont on s'appcrçoit > c'eft qu'elle a fon compte, comme dans un petit Chien qui ne veut plus téter quand il a le fien. Heureufe- ment pour ces petits animaux , pourfuivit la Spedatrice en riant , les Chiennes ne raifonnent point fur l'éducation de leurs petits , comme vous autres femmes fur cel- le de vos enfans , & elles ne s'avi- fent point de forcer leur inftinâ: : jamais petit Chien ne fut invité à téter plus que fon faoul , encore -moins tapé par fa mère pour avoir îaifTé un petit os qu'elle lui aban- donnoit; elle le prend doucement .^oui elle , au refus de fon petit , ou ES SÇAVANS; le laifTe comme lui , Ci elle en a fa- tieté. Cela n'cflil pas mille fois plus raifonnable qucnos maximes? Pen- dant que les enfans des bcres ont befoin de leurs mores, celles-ci font toujours également prêtes à leur donner l'aliment qu'elles poiïedent, & à les laider digcrcr en repos quand ils font raflalîïez. Pourquoi, continua la Spediatrice , dédai- gnons-nous d'imiter des bêtes à qui nous reffemblons par tant d'endroits humilians ? Les copier dans ces chofes là , ce feroit leur reflemblec moins que nous ne faifons. La Speûatrice ajouta plufieuts autres reflexions que nous pafTons , pour terminer notre extrait qui eft plus que fuffifant pour donner une idée de ce Recueil. 1 MARS, 1751; i$7 NOVVELLES LITTERAIRES, ANGLETERRE. De Londres. ED. Symon doit inceflamment délivrer aux Soufcnptcurs le quatrième Volume in-fol. de l'Hi- ftoire , cane Eccleliartique que Civi- le , du règne à'Eliz.al>eih , comme une fuite des v^nnalcs de VEglife anglicane depuis la Reformation : par M. Sirype.Cc Volume contient un ample Recueil de Pièces origi- nales concernant les affaires d'An- gleterre pendant les 1 1. dernières annécrs du règne d'Elizabeth , & les premières années de celui dejacques 1. Roi d'Ecolîe, fon fuccelîeut. On y a joint plufieurs Notes pouréclair- cir ce qui s'y peut trouver d'obfcur, avec un Supplément d'un bon nombre de Pièces qui n'ont pu être inférées dans les Volumes precc- dens , quoiqu'elles y ayent du rap- port. Il paroîc ici une Tradudion An- gloife de l'Ouvrage Latin du feu Dodleur W. Kmg ^ Archevêque de Dublin ^ intitulé; Ejfay f ht l'O- rigine du 'Diable. Le Traducteur y a non feulement ajoiité des remar- ques pour expliquer quelques prin- cipes de l'Auteur & les défendre contre les objedions de Mis Bayle &c Leibnitz.^ l'Auteur de la Re- cherche Philofophique fur la liber- té humaine , & quelques autres. Il a encore fait précéder fa TraducTiion d'une Dllfertation fui le principe tondamental,&: le caraClere dillinc- tif de la vertu , ôi fur l'origine des paillons. Ce Livre qui ell imprimé à Cambridge , chez W. Thurlboitm, fe vend chez Knaptan , Knapleck j 6c W. Innji. On trouve chez U^ilford en deux Volumes Ihe Hijiory of Aîany mé- morable Things in tife among the An- cients ^ but nuvv lo((. C'cit-à-dire , l'Hiftoirc de plulieurs Secrets con- nus Ik mis en ufage par les anciens mais perdus maintenant; avec un détail de plufieurs excellentes dé- couvertes , foit par rapport à la Na- ture , foit par rapport à l'Art , faites par les Modernes. Cet Ouvrage traduit de l'original de Guy Panci- rolle , eft enrichi d'un grand nom- bre d'Obfervatioris cuiieufes , utiles & agréables , d'une Hiftoire de \' Imprimerie , où l'on marque le tems de fon origine ^ &: les Livres qui ont écé imprimés avûnt l'an 1500. &C de l'Hiftoire de ce qu'ont trouvé les Modernes & que les An-, ciens ont ignoré ; le tout tiré des, Ecrits de divers Auteurs, & parti- culièrement des Mémoires de l'A- cademie Royale des Sciences de Paris , & de la Société Royale de Londres. R. Cushée débite un Livre en* Anglois intitulé : Defcription &' ' ufage des globes Celejie & Terrefire: Aaij i88 JOURNAL D par M. lofcph HArris , qui a mis à la tête , par forme d' Introduction , un petit Traité du Syftême Solaire. Zl y parle de l'ordre & des périodes des Planètes , de leur mouvement annuel 6<: Journalier^ de leur gran- deur , deleur diftance du Soleil, & de leur diftance entr'elles, ainfi que de la méthode dont fe fervent les i\ftronomcs dans leurs calculs , tomme aulîî des caufes desEclypfes, des Comètes &: -des Etoiles fixes. On afTure qu'il y a dans cet Ouvra- ge bien des chofes qu'on ne trouve pas ailleurs. M.J.Cwoi^ a publié en 2. vol. »«-8*. imprimes chez W. Aiea- àovvs. An Anatomical and Mecha- Ktcal £Jfay on fije vvhole Animal Oecmomy : ou EfTayAnatomique & Méchanique fur toute l'Oeconomie animale , dans lequel l'Auteur fe propofe de montrer par une nouvel k Théorie de quelle manière la Nature fe conduit dans tous les Phénomènes qui regardent le corps humain. DiJJeriatio mentis lumandi , ou i'Anatomie de l'efprit humain , qui fe vend chez Th. Usâmes , eft un Pflay Satyrique écrit en Anglois fui une infinité de fujetsdifferens , qui n'ont entr'eux aucune liaifon , & Tels qu'ils font venus à la fantaifie (de l'Auteur. M. W. Bohnn a mis au jour «» 7raiiê en Anglais fur les Dixntes ^ imprinié chez Bickerton , ;«-8°. W. Innys a imprimé l'jEwf^w- ^ent du Cap de Bonne-E/perance , ou Defcription particulière de plu- ^euu Nations de Hottentxots , .de ES SÇAVANS; leur Religion , de leur Gouverne- ment , de leurs Loix , Coutumes Cérémonies , ôic. avec une Rela- tion abrégée de l'étab'.iflTcnîent des HoUandois dans cette extrémité de l'Afrique ; Ouvrage écrit en Alle- mand par M. P. Kolben, Si traduit en Anglois par M. Adadlcy , enri- chi de figures &; de planches gra- vées./«-8'*. 5i laforme de ce Volu- me eft /«-S", comme on le marque ce ne fçauroit être qu'un abrégé trcs- fuccint en Anglois de l'OÙvracre Allemand de M. Kolben, lequel eft ungros/w/o/.de }>4iîpag. imprimé fur deux colomncs, lans compter une ample Table des Matières. Cette Defcription du Cap de Bon.. ne-Efperance , par l'Auteur Alle- mand eft imprimée à Nuremberg ' chez Pierre-Conrad Montith , en Les Knaptons doivent mainte- nant avoir achevé dimptimer toute l'Hiftoire d'Angleterre, par M. Ra- pin de Thoyras , traduite en Anglois par M . Tyn ial , avec des Notes , ea 14. Vohuxics m-j^. SUISSE.. De Z u g. M. Pajfionei , Nonce du Pape en Suille , a tait imprimer en cette Ville : A^a Apojiolicb:f;t du Dioce/e j & un Poïttllé exaS. 173 1. /w-4°. 2. vol. On fçait de quelle utilité feroit une Hilloire générale de l'Eglifede France , & que rien ne peut contri- buer davantage à l'exécution d'un tel dedein , que l'Hiftoirc de cha- que Diocefe en particulier. Celui de Me aux ^ quelque diftinguc qu'il foit par tout ce qui peut rendre une Eglile recommandable avoit jul- qu'ici manqué d'Hiftoriens. Dom Duplejfis nous apprend que c'eil au zélé de M. le Cardinal de Bijfy Evê- que de Meaux que le Public eit re- devable de l'Ouvrage que nous annonçons. Il paroît par le compte que l'Auteur rend de fes recherches dans fa Préface , qu'il n'a rien né- gligé pour répondre parfaitement aux viiës de ce Prélat. Cette Hiftoire , divifée en j. Livres ne contient que 550. pages. Tout le refte du premier Volume qui efl: de 75^^. pages, n'y efl: pour ainfi dire qu'accelîoire , aulli bien que le fé- cond Volume de 66^. pages , & qui contient les Pièces Jnfiificatives, 3> Ce font , dit l'Hifl:orien , des » Ades ou des Extraits de titres ?> qu'il falloic donner, farce qu'il ES SÇAVANS; » n\fl plus permis k un auteur de »rien avancer ij/ue la preuve à la main. Mais il y a deux (ortcs de Lec- teurs à qui cette obligation que s'eft impolée Dom Duple/Jis poura ne pa- roître pas h bien fondée^ les uns ac- accoûtumcs aux llmples citations en marge , quand U s'agit de Pièces ou d'Auteurs dcji imprimés , lui auroient peut-être permis volontiers de s'en tenir à cet égard à l'ancien- ne méthode. Son Ouvrage, difent- ils n'auroit pas été en deux Volu- mes d'une jude épailleur : mais il auroit beaucoup moins coiité , 6c c'eft plus fouvent ce que l'on cher- che , qu'à s'épargner la peine de veriher des citations. Il femble à d'autres qu'il feroit à fouhaitcr que du moins il fut libre d'acheter ou de ne pas acheter ces fortes de Vo- lumes de pièces juftificatives puif- qu'elles ne font deftinées, (elon|Dom Ditplcjfis lui-même , que pour un cer- tain nombre de LeBeurs, Décijïons fur chajue Article de la Coutume de Normandie , 35 & Ob- M (ervatlons fur les Ufagcs Locaux " de la même Coutume , & lur les » Articles placitcs ou arrêtés du « Parlement de Rouen ; avee une » explication des termes dillîciles &C M inufités qui fe trouvent dans le »> Texte de cette Coutume ; Se aufîî j> les anciens Reglemens de 1 Echi- «quierde Normandie; " par M'^ Pierre de Merville , ancien Avocat au Parlement. Chez Gabriel Falley- re t rue de la vieille Bouderie. 1731. in - folio. Coutumes du Comté & Bailliage de .Aiontfon Lamanry , » Gambais^ MARS MNeauflc-le-Chaftel , Sainr-Ligcr «en Yveline, Enclaves &c an- »>cicns Relforts d'iceux , avec le M Commentaire de défunt Maîrre n Claude Thourette , Avocat au j) Parlement , & au Bailliage & » Siew e Roval de Monrfort ; revu , ij corrige & augmente de nouveau, » par M. Claude Thourette , Avocat ï» du Roi au même Siège , &Co " Chez^Mques Clouz.ier , rue S. Jac- ques , à l'Ecu de France , 1731» in - 8°. Théodore k Gras , au troifiémc Pilier de la Grand'Salle du Palais , a mis en vente , Efprit des Conver- fations agréables , » ou nouveau 3> mélange de pcnfées clioihes , en SI vers & en profe , fericufes &.' en- »» jouées , & de plufieurs traits >• d'Hiftoire curieux , intereflans, j> d'Anecdotes finguliercs , d'Hifto- s'ricttesinftrudives , &: de Remar- iï ques Critiques fur plufieurs Ou- i» vragcs d'efprit , l73i. /«-12.5. M vol. « Par M. Gayot de Pitaval ^ connu par quelques Ouvrages eu ce ,173?- Ipl genre, & entr'autres par la Bibiio- theijue des gens de Cour , en 5. vol. in-ii. qu'on trouve auiVi chez le même Libraire. La Veuve de Pierre Rihou , vis- à-vis la Comédie FrançoiCe,, débite les Oeuvres de M. Rcgnard ^ nou- velle édition , imprimée à Rotien : revûë, corrigée & augmentée. 173 r. in-t z. 5. vol. Oeuvres mêlées en profe (^ en vers^ par M. le Comte Antoine H amilton. Chez J. F.JoJfe, rue S. Jacques , à la Fleur de Lis d'or. 1731. i«-i2{. Anecdotes Gréquss , ouAvantUr res Secrètes d'Aridée , traduites, ( félon le titre ) d'un Manufcrit Grec , par M. * Chez la Veuve Guillaume , Quai des Auguftins , au Nomdejefus. 1731. /«-i 2. Le Théâtre des p/iffions & de Is Fortune , ou lesAvantures furprc- nantcs de Rofamidor cv de Thco- glaphire. Hiftoire Auftralc , par M. de Cafîera. Chez Brimet fils, au Palais. 1731. /«-i 2. 1$2. TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Mars 173 ïV L'Hifloire de l^Eglife G.tUicMie , dédiée à Mefî.'iirfisnrs du Clii-gè: par le P. ^.icyies Longueval , de la Compagnie de ^j fus , pag. 131 Millionnaire U'iiverjel de Commerce , &^c. Tome lll. Par feu Ai, Phite- mon-Louis Siviti , 139 Le Théâtre des Grecs. Par le R. !'• Brumoy , de la Compagnie de feftts, I4Î Les Avamiires d'Anflie & de Télafle Hijloire Ç.danie & HérotjHe. Par ^. du Caftrc d'Auvigny , 154 X(î Henriade , nouvelle édition , revîté , corrigée & augmentée dî beaucoup , avec des Notes , 1 57 Traité des Prefcriptions de l'aliénation des biens d' Eglife & des Dtmes,S<.c. Par M. F. J.Dunod, i^5 Réponfe aux OhjeElions qu'on trouve dans le Joitrual des Sçavans du mois de Novembre 1729. &c. Tar M H. Gourraigne , 1 7° Recueil de toutes les Feneilles de la SpeUatrice qui ont paru & de celles qui n'ont point paru > 179 Nouvelles Littéraires , ■ 1^7 Fin de la Table. Fautes à corriger dans le journal de Février 173 1; PAge 98. col. 2. lig. jo. tirer partie, life\^ tirer parti: Pag. 105; - coi. I, lig. 34. lejfolution , lifez. révolution, L E JOURNAL sçavÀns, F 0 UK L'JNNE'E M. Dec. XX XL AVRIL. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. X X X L AVEC AFFRQBATION ET FKIVILEGE DU KOY. L E RN A L DES se A VA b AVRIL M. D C C. X X X I. , A'INDICI^ LIBRORUM DEUTERO-CANONICORUM Veteris Teftamenti, in quibiisTradirionis & Concilii Tridentii i menS de eoruin autoricare accumtc dviàdmn. C'cù. -i-àuQi^La Dcfenfe dis Livres Detitera-Canoniq'.as d: l'Ancien Tcfiament ^ on on expofe exacieme/n le fentiinem de la Tradition (3" du Concile de Trente. Par un chanoine Régulier d: l^ CongregHtion de France. A Paris ^ chez le Mer- cier iils , rue S. Jacques, à S. Hilaire , 173I. in-ii. pp. 359. fans compter la Préface ^J'Epîtrc Dcdicatoire k M. dt Roye de la Rouche- foiiCiiult Arch. de Bourges, Avril B b i; j^6 JOURNAL DES SÇAVANS; L'A U T E U R de cet Ecrit eft le P, Barre , Chanoine Régu- lier &c ProfciTeur de Théologie dans l'Abbaye defainte Geneviève. Son deffein eft de prouver deux Points qui regardent les Deutero- Canoniquesde l'ancien Teftamcnr; le premier , que la Tradition eft favorable à leur autorité divine -, le fécond , que le Canon du Concile de Trente les égale en autorité aux Proto - Canoniques , & que cette décifion eft légitime. La Préface développe le plan de l'Ouvrage. On y fait une courte énumeration de ceux qui traitent cette matière j mais l'Auteur ne paroît pas adez fitist'ait de leurs Ecrits pour les fui- vre comiTïe modèles. Il a recours à de nouvelles preuves , qui ont échappé à la recherche de ces fça- vans Théologiens. On voit enfuite en abrégé les caraderes des princi- paux adverfaircs des Deutero-Ca- noniques ; comme Raïnold. An- ■ glois, Gerhard, Witacher , Dom Martianai, & l'Auteur d'une Dif- fertation Manufcrite attribuée à M. l'Abbé de Longruë ; laquelle , fans être imprimée , fe trouve entre les mains d'un grand nombre de per- f on nés. Le P. Barre , qui divife fon Ou- vrage en huit Sedions , expofe dans la premiere*!es confeflions des nou» veaux Hérétiques & leurs variations' fur les Deutcro >- Canoniques de l'ancien Teftamcnt. Il commence parla Confeffion des Calviniftesde France faite à Amboireeni559. où ces:- Livres font regardés comme apocryphes ; celle d'Angleterre en 1561. en porte le même juge- ment, adoucilfant toutefois le ter- me A' Apocryphe en ce fêns , que l'Eghle ne s'eft jamais fervidenos Deutero-Canoniques pour prouver fes Dogmes, mais bien pour former les mœurs des Fidèles. L'Auteur aflure que tous les Calviniftes n'ont pas été de cet avis. Dumoulin, dans (on Bouclier de la Foi , leur ôte cet avantage , prétendant que nosDeu- tero - Canoniques font remplis d'Hiftoircs taulîes Se indignes d'être lues des Fidèles. Gerhard plus miti- gé ne les élevé pas à l'autorité divi- ne , mais il expofe le mot d'apocry- phe par le doute s'ils ont été écrits ou non par des Auteurs infpirés. C'étoit le fentimcnt de Luther & de Carloftadc en 15 15. dans la fameufe dilputede Leiplikc. L'Hé- réfiarque a changé depuis dans fes- derniers Ouvrages , où il uivedive contre nos Dcutero - Canoniques fans même refped:cr l'Ecclefiafte , qui a toujours été regardé comms" un Livre infpiré. Il ne paroît pas - que les Luthériens aycnt embralTé tout d'un coup l'erreur de leur Chef fur nos Deutero-Canoniques. • LaConfcilîon d'Ausbourgen 1530. Scelle de Saxe en 1551 .gardent un protond filence fur l'autorité de ces Livres. Cependant cinq ans 'avant cette dernière contclîîon le Conci- ■ le de Trente avoit décidé , que nos Deutcro - Canoniques étoient du nombre des Saintes Ecritures: & il eft furprenant que les Luthériens de Saxe dans leur confeffion ne fe AVRIL ioicnC pas élevés contre cette dctîni- tion du Concile : ils attcndoient ,. dit le P. Barre j que le Concile leur demandât une profeffion de foi fur ce dogme ; & Us s'en fe-- roient toujours tenus à la Confcf- lîon d'Ausbourg , où ils ne difent rien des Ecritures Saintes , fi le Concile ne les eut prefics de Çc dé- clarer fur le Canon des Livres di- vins; ce qu'ils ont fait en 1551. danslaConfeiîIon de Wittemberg, où ils ne reconnoilfent pour Ecri- tures Canoniques que celles dont on n'a jamais douté dans l'Eglifc ; ce qui eft exclure du Canon nos Deutero-Canoniques , fans cepen- dant donner dans les excès de Lu- ther. L'Auteur pafFc enfuiteàla Con- feflion des Proteftans de Pologne & à celle des Vaudois du 16^ hé- clcj où il fait voir que ces derniers- dans leur réunion avec les Luthé- riens ont changé de fentimens fur l'autorité de nos Deutero-Canoni- ques. Il cite pour cet effet deux Manufcrits des Ecrimres à l'ufage des anciens Vaudois , & fur roue- lïn qui appartenoit à M. de Mazau- gue fils du Confeiller de ce nom au Piirlement d'Aix : les Vaudois , ■ avant Is Lutheranilme, y refpec- îoient les Deutero-Canoniques de l'ancien Teftament comme les Ecri- tures Saintes. Pour lesSuilTes Zuin- gliens , ils ont fuivi dans leur Cen- teffion de 15^6. celle d'Angleterre furie Canon des Livres divins. La féconde Section contient des preuves nouvelles ^ tirées des ^crfions anciennes &c récentes j >^ I 7 5 r- in étrangères & nationales pour dé- montrer l'autorité divine des Deu- tero - Canoniques. Cette démon- ftration eft neuve , & il ne paroît pas qu'aucun Théologien l'aie mife en ufige. La verfion Italique ou Vulgate avant S. Jérôme comprc- noit, fans aucune diftindion , les^- Proto-Canoniques & les Deutero- Canoniques. L'Eglife Latine par fon ufage l'avoir déclaré authen- tique , & on la confideroit alors comme le Canon des Ecritures.' Eft-il vraifemblable\, dit l'Auteur ,-. que l'Eglifc d'Occident eut regardé comme authentique une verfion , qui avoit contenu des Livres apo- cryphes ? Qu'elle l'ait propoféc aux Fidèles comme une règle de [of fans diftinguer les Livres CanonU ques des apocryphes ? Rien n'au- roi: été plus pernicieux au dogme- de l'Eglife fur les Ecritures , que'' ce mélange de Livres ipfpirés rSç, apocryphes, fans aucun caradlrecc; diftindif. A pe raifonnement iW-;' cède un autre qui fait voir que les- Eglifes Orientales ont regardé les Deutero-Canoniques de l'ancien Teftament comme des Livi;es di- vins ; pour le prouver on pafl'c en revue les Manufcrits Grecs ,. Ara- bes , Perfans&: Syriaques de l'Ecri- ture , où les Proto-Canoniques Sc les Deutero-Canoniques font ét^ak-r-, ment contenus : on ajoute aulîl les - Interprètes d,es mêmes' Nations ,. qui commentent indifféremment les uns 5c les autres comme des Ecrits infpirés. Dans le Chapitre- cinquième de cetteSedion l'Autei^r,'. levicnc à l'£:glife Occidentale ,;.(^'; 15)8 JOURNAL D cite les Bibles Manufctites Fran- coifes , Italiques ^ Belgiqucs , An- gloifes & Saxoncs du onzième , douzième & treizième ficelés, 6cc. qui toutes fuppofent que Tobie, Ju- dith, &c. font du nombre des Sain- tes Ecritures : on finit cette Sed:ion en remarquant que les Calviniftes font les premiers qui dans leur Sy- node de Dordrecht ont ordonné qu'on fcpareroit les Proto-Canoni- ques des Deutero-Canoniques. La troifiéme Sed:ion forme une chaîne exade des Conciles , des Pères & des Théologiens des Egli- fes d'Occident & d'Orient , qui ont placé les Deutero-Canoniques dans le Canon des Ecritures : on y donne un tour nouveau & accom- pagné de reflexions , qui rendent les preuves prefque neuves. D. Martia- îiai Bencdidin de faint Maur dans fon Canon des Ecritures , prétend que le Concile de Carthage n'a jam3iségalé en autorité les Deutero- Canoniques aux Proto-Canoniques, & que fon intention n'a point été de confacrcr un Canon des Ecritu- res. Le P. Barre accorde volontiers qu'au quatrième & cinquième fiecle il n'y avoit encore aucun décret de l'Eglife Univerfelle qui déclarât l'autorité Divine des Deutero-Ca- noniques ; mais il foûtient que le .defTein du Sinode de darthage ^toit de mettre les Deutero-Cano- niques de l'ancien Teftament au nombre des Livres infpirès , qu'au- trement on ne pourroit fçavoir fur quoi tomberoic la décifion du Con- cile : l'Auteur prouve arnplcment - cette< féponfc dans ks- Chaptnrtfs' ituvans. ES SÇAVANS; Il n'eft pas de l'avis des Théolo- giens au fu;ct du Décret d'Eugène qiutriémeaux Arméniens, jamais, lelon lui , ce Dc-crct n'a parlé du Canon des Ecritures , mais bien celui que le mcme Pape en 1441. a adrellc aux Jacobites. Il faut, dit- il , mettre une grande différence entre ces deux Décrets , qui ont été donnés en differens tems , & dont le fujet n'eft pas le même : Barthe- lemi Carrança Arch. de Tolède a été le premier qui les a confondus,& les Théologiens l'ont fuivi fans examen. Après avoir parlé des Ecrivains qui ont mis nos Deutero-Canoni- ques dans le Canon des Ecritures , le P. Barre dans la quatrième Sec- tion pafte à d'autres qui les ont qualifiés de Livres infpirès fans les placer dans le Canon. Il admet comme un principe conftant,qu'un Livre peut être divin uns être Canonique; parce que fa Canonicité dépend del'.v.itoritcde l'Eglife , Se que fon infpiration vient du faint Efprif. Cet Axiome une fois admis, il n'eft pas difficile de faire voir qu'un grand nombre de Pères ont foijrenu l'infpiration de nos Deute- ro-Canoniques , fans toutefois ad- mettre leur Canonicité : les éloges qu'ils leur donnent _, de qu'ils tirent de la fainreté de leur origine prou- vent efficacement cette vérité : car lorfqu'ils parlent de nos Deutero- Canoniques, tantôt c'cft lapnrole de Dieu , tantôt c'eft l'Ecriinre Divine , tantôt ce font les Oracles dit Si Efprjt. On termine cette Scôibn ' en refutanî M. Fiich . A V R I Théologien d'Ulm , qui dans fon Commentaire Critique imprimé en lyzS. furie Canon des écritures prétend qu'aucun Pcre n'a admis l'infpiration divine de nos Deutero- Canoniques. La Scélion cinquième cû confa- crée à montrer que l'Eglife a tou- jours tiré des Ecritures les Leçons de h Melle ; elle n'a donc pu en pren- dre de nos Deutero - Canoniques fans les égaler aux autres Livres de la fainte Écriture. Le P. Barre voue que dans ce genre de preuve on s'en tienne aux Leçons & aux Epîtres : il a voile qu'il y a des Introïts & des Offertoires , qui ne font point compofés des paroles de l'Ecriture ; mais cela n'crt: pas capable d'infir- mer fon raifonnement , qui ne roule que fur les Leçons , & qu'il aiitorife du futirage des Pères, & d'une fuite de MilTels Manufcrits de la Bibliothèque de fainte Gene- viève, qui cil, fclon lui, une des plus riches en ces fortes de Livres. Dans la fixiéme & la feptiéme Seiftion on répond aux difficultez que M. Frich Si les Protcftans pro- pofcnt contre l'autorité divine de nos Deutero - Canoniques : elles font pour la plupart tirées des Percs 1^ des Théologiens qui ont vécu avant le Concile de Trente; l'Au- teur les met dans un nouveau jour •, Si. les folutions font telles , qu'il n'y a que le préjugé qui empêche de s'y rendre. On accorde fans beaucoup de difficulté que faint Cyrille de Jcrufalem , S. Grégoire de Nazianze , & faint Philaftre ne font pas tout - à - bit favorables à t ï 1731* y $9 l'infpiration de nos Deutero Cano- niques •, ce qui ne peut cependant empêcher que la Tradition fur leur divinité n'ait été conllante , & que la décifion du Concile de Trente , qui les place dans le Canon des Ecritures, ne foit légitime; comme l'opinion de faint Cyprien & des Evêques d'Afrique fur l'invalidité du Baptême donné par les Héréti- ques n'a pas empêché que l'Eglife n'ait décidé le contraire. Pour faint Jérôme on le voit quelquefois pencher pour l'infpira- tion des Deutero - Canoniques de l'ancien Teftament. S'il embrafle un fentiment oppofé , ce n'eft que dans fes Ecrits contre la verfion des Septante: mais ceci, loin de nuire à nos Deutero-Canoniques , fem- blc prouver que faint Jérôme auroic cru que les Septante les auroienc traduits avec lesProro-Canoniques, parce qu'ils les croyoient avoir la même autorité. Ce fentiment attri- bué aux Septante ne doitpas paroî- tre extraordinaire : les Juits, félon le P. Barre, Sedl:. 7. Chap. premier, avoient une vénération toute (ingu- liere pour nosDeutcro-Canoniquesj il eft même tenté de croire que quelques - uns , comme Jofeph l'Hiftorien, Moïfe, Bar-Crachman, avoient plus de penchant pour dé- fendre leur autorité divine que pour la révoquer en doute. On omet les autres difficultez qui font en grand nombre , &c aufquelles l'Auteur répond amplement , fur tout à celle - ci , fi l'Eglife avant le Concile de Trente a douté de l'inf- piration des Deutero • Canoniques» 200 JOURNAL B On ne peut toutefois paffer fous filencc la réfutation du fentiment du P. Martianai fur l'autorité de nos Deutero - Canoniques avant le Concile de Trente. Ce fçavanc Benedidin , Partie 2. Ch. z. dit Canon des Ecritures , foutient que l'Eq^life n'a point eu de Canon des Ecritures fcellé & confacré jufqu'au Concile de Trente ; cj ne ceux dej Synodes de Laodicée & de Carthage ne [ont que de fimples Recueils ; ^ue ces Conciles n'ont pas eu en vue de déclarer ou de diftmguer les Livres tjfu'ils rangeaient dans le même Ca- non .... Aiais qii'ils laijfoient aux Fidèles la liberté d'en faire le discer- nement. Cette dodrine de D. Martianai , dit le P. Barre , eft manifeftemenc oppoféc à celle de S. Auguftin ; on ne peut choilu: un meilleur Inter- prète de la Tradition & fur tout du Concile de Carthage , auquel il eft vraifemblable que ce faint Dodeur ctoit prefent : c'eft du Chap. 31. du Livre fécond contre Crefccnce que nous apprenons que de fon temsl'Eglife d'Afrique avoit confa- çré un Canon des Livres divins que les Evêques confultoicnt lorfqu'il furvenoit quelque dilpute fur le nombre des Ecritures. Les Conciles n'avcientdonc paslaifié aux Fidèles la liberté d'en faire le difcernemcnt; ce qui autoriferoit l'elprit particu- lier des Enthoufiaftes , qui n'ont point d'autres règles pour juger des Saints Livres- Dans la huitième & dernière Sedion on expofe le Canon des ^Utitute^ fait par le Concile de ES SÇAVANS, Trente. On fait voir i'. que le Concile a attribué la même autori- té aux Deutcro-Canoniques qu'aux Proto - Canoniques : 2". Qiie fa décifion eti légitime. Le P. Barre établie la première vérité contre quelques Théologiens , qui la com- battent dans des Ecrits turtifs qui font parvenus jufqu'à lui. Pour prouver que l'intention du Concile étoit d'égaler en autorité divine les Deutero - Canoniques aux Proto- Canoniques i l'Auteur apporte la décilion du Concile de Trente , le témoignage des Evêques &: des Théologiens qui y ont afllfté, 6c celui des Hérétiques. Les uns & les autres conviennent que le Concile n'a eu d'autre vûë dans fon Canon que de faire une délinition dogma- tique , qui alTure aux Deutero-Ca- noniqucs l'autorité divisic qu'on a toujours reconnue dans les Proto- Canoniques. L'Anonyme de la DilTertation Manufcrite attribuée à M. l'Abbé de Longruc attaque la juftice de cette decilion : il prétend que le Concile n'a pu la faire , fans tom- ber dans la prévarication du Concile d'tyîrimini , farce qu'elle n'efi pas appuyée dit témoignage clair & net des S.iints Pères. Le P. Barre fou- tient l'équité de ce Décret , en prouvant que le Concile a con- fulté la Tradition avant que de le faire, & qu'il l'a trouvée favo- rable à la divinité de nos Deutero- Canoniques ; peu avant le Concile ni Erafme , ni les Théologiens les plus hardis dans leur fentiment n'ont ofé leur difputer cette préro- A V R I gativc; Cajctan étoit pour lors le îciil qui foûrenoit le contraire : mais ia conduite que les Pcresde Trente ont obfcrvce à l'égard de fes Ouvra- <;es , tait aiïez voir que du tems de ce Cardinal il n'étoir plus libre aux Théologiens de révoquer en doute L i ï 7 î i- soij. ii nos Deutero-Cancniqucs ctoien infpirés. L'Auteur r:Ievc encore d'autres Fara mais on leur accorda la Commu- nion j parce qu'ils avoient reconnu leur faute» On y dépofa Armentaire & on ordonna de procéder à une autre éleèlion ; mais en confidera- tion du repentir qu'il avoir fait paroître , on lui lailla la qualité de Corévcquc en cas que quelqu'autrc Evêque vouKiî par compalïïon lui commettre le foin de gouverner quelqu'EgUIc de la Campagne. Qiiant aux Clercs qu'Armentairc avoit ordonnes , le Concile ftatua que s'il s'en trouvoit d'excommu- niés, comme on le prétendoit, ils fcroient dèpofès i mais que ceux qui feroicnc fins reproches pour- roient être gardés par celui qui fe- roic canoniquement élu Evêque d'Embrun ^ s'il n'aimoit mieux les renvoyer à- Armentaire dans l'Egli- fe qu'on fuppofoit qui lui feroic afiîgnée. Ce Concile donne aux /impies Prêtres la permiiîîon qu'ils avoient dtja ^ dit-il , dans quelques Provinces , de donner des bénédic- tions dans les maifons particulicref Se dans les champs , Se pour préve- A V R. I nîr un fcandalc pareil à celui qui venoit d'anivcr à Embrun , ce Concile ordonna que quand un Evêque mourroit j l'Evêque le plus prochain fe rendroic fcul dans f:i Ville pendant le tcms des tuncrail- les pour prendre foin de fon Eglifc en qualité de Viliteur ; mais que ce tems palTé , c'eft-à-dirc , après le fcptiémejour , il s'en retourneroità fon Eglifc pour attendre aullî-bien que les autres Evcques de la Pro- vince le Mandement du Métropo- litain , qui peut fcul les aflcmbier canoniqucmcnt. Enfin le Concile finit par ordonner qu'en rems de paix les Evcques s'alîemblcroient deux fois l'an , félon les anciens Reglemens. Le fécond, dont parle notre Au- teur, cft le premier Concile d'O- range , tenu en 441. Il regarde totalement la difcipline Ecclenafti- que , on y lit trente Canons ^ les 4. premiers concernent la reconcilia- tion des Pénitens publics à la more. Le cinquième , fixiéme & feptiémc les immunitez des Eglifes. On y défend de livrer ceux qui s'y font réfugiés. Les 4 fuivans regardent la Jurifdidion Epifcopalc , & ôtentà tout Evêque la connoiiïancc des caufes d'un Clerc condamné par le ilcn propre. Le douzième & les fuivans jufqu'au 16' , décident que ceux qui perdent fubitementl'ufage de la parole , les infenfés , les éncr- gumenes peuvent erre admis aux Sacremens , mais jamais dans aucun Ordre du Clergé. Le dix-feptième porte qu'il faut offrir le Calice avec la Caple ( c'cft-à-ditc avec le Vafe L" » ï 7 J i: 20| eu eft le pain ) & le confacrer ( le Calice) en y mettant une portion de l'Euchariftie. A cette occalîon , notre Auteur remarque que la Con- fécration dont il cft ici parlé , n'eft pas le changement du vin au fang de J. C. que ce changement ne le fait que par les paroles facramen- telles hic eflCalix , &c. mais que le Concile nomme ici Confécration d'une manière moins propre , le mélange même des deux efpeces , cxprellîon qui femblcêtre autorifée par ces mots du Canon de la MetTe, Commixtio & Cntifecrmio Corporis & Sanguhiis. Les autres regardent prefque tous la continence des Dia-: cres. L'année d'enfuite il s'en tint un à Vefon. Les plus confiderables de fes Canons font les deux derniers , ils concernent les enfans expofés ; Conftantin avoit ordonné en 331. qu'ils appartiendroicnt ou comme enfans ou comme efclavcs à ceux qui les auroient élevés. Honorius avoit ajoilté en 412. que celui qui leveroic un enfant ainfi expolé , prcndroit pour fa fureté une atte- ftation des témoins fignée de l'Evc- que. Malgré ces loix on obligeoic (ouvent ceux qui les avoient nourris à les rendre quand ils étoient en état de leur devenir utiles. Audî pcrfonne n'ofoit-il plus les recueil- lir. Le Concile ordonne donc que les Loix des Empereurs feront ob- fervées , & veut en outre , pour en rendre l'exécution plus équir.nble , que le Dimanche fuivant le Diacre avertifîe le peuple qu'on a recueilli un enfant cxpofé, afin que ceux Ce ij 204 JOURNAL D c]Ui vouiironc le leconnoître puif fen: le reJeniancler dans i'eipace de dix jours , ce ccms palTé il veut que ceux qui le rcdemanderonc foicnt excommunies comme des homici- des. On rapporte ordinairement le fécond Concile d'Arles à l'an 4J 2. & la meilleure ra.lon qu'on ait de le rapporter à ce tcms,c'ell: qu'entre les 5^. Canons qui le compofent, ce- lui Cl ui regarde les caufes des Clercs paroit n être tau que pour s oppoler à une Loi de Valentinicn poitée le jS. d'Avril l'an 452. Ce Prince dit dans cette Loi , qu'ayant fouvent reçu des plaintes fur les jugemens dcsEvêques, il détend au Clergé de fe mêler dans la fuite d'aucune caure,exceptcdecellesquiconcernét l'Eglife -, que cependant les Clercs qui ont quelques procès cntr'eux , pourront , fi les deux parties le fouhaitent , prendre l'Evêque pour arbitre , permilllon qu'il donne aulfi aux Laïcs , ainfi les Clercs n'avoient en cela aucun privilège. Il déclare aullî qu'un demandeur Laïc dans une caufe civile ou cri- minelle , peut pourfuivre un Clerc devant le Juge Séculier, c'eft ce qui engagea , à ce que l'on prétend, ce Concile à dcpofcr les Clercs qui s'adrelTcroienr aux Juges Laïcs p\ûtôt qu'à leur Evêquc. C'eft ce qu'ils confirmèrent l'an- née fuivante ( 45 }• ) dans le pre- mier Concile d'Angers. Ce Conci- le fit douze Canons qui n'ont pref- quc rien de différent des prcccdens, ic qui font voir feulement que les loix Ecclcfuûiques n'étoient pas ES SÇAVANS, cxaftement obfcrvées , puifqu'it taîluir les réitérer h fouvent. Le piemier Concile de Tours tenu par S. Perpétue avec plulîcurs Evé-qucs qui s'étoien: rendus à Tours l'an ^ëi. pour y célébrer la Fête de S. Martin , contient trerzc Canons qui regardent la dilcipUnc. On n'y voit rien de iingulier , (i ce n'eft la manière dont les Pères de c« Concile les terminent, n Nous cfpc- » rons , difent-ils , que l'intercef- » fion de S. Martin , laquelle cft fi M agréable à Dieu , nous obtiendra " de fa divine mifcricorde que ces » prefcns Reglemens foicnt confct- » vés (Se confirmes par les autres » Evêques. " Ils envoyèrent en etlsc ces Actes à leurs contreres abfens, les invitant à y foufcrire. Talafius d'Angers le fit en ces termes, « Ta- » lalius Pécheur , )'ai lu , foufcrit , " ^ approuvé dans ma petite Ville » ces Reglemens de Meireigneuis »les Evcques qui me les ont cn- )> voyés. « Cette torme de foufcri- ption que Talafius a le premier employée , eft devenue très - fré- quente dans la fuite. On en tint un autre à Vannes vers l'an 4^5. le Canon le plus fingulier des IS, qui le compofent , cft celui qui excommunie pendant fept jours un Cletc qui demeurant dans la Ville n'alllfteroit pas àl'Of- fice du matin fans une excufe légi»- time. Le Prédeftinatianilme prêché ouvertement par un Prêtre nomme Lucide , fut le fujet d'un Concile renuii Arles l'an 47^. Ce Concile commença à détruire les erreurs des A V R I Prcdcftinaticns , & fongcoic à pro- céder contre Lucide qui les avoir enfeignées , mais Faulle de Riez fit fufpendre les procédures du Con- cile dans l'efpcrance de convertir Lucide ; il s'efîorca d'abord à le gagner dans des convcrfations par- ticulières, mais Lucide iouhaitant d'être inlhuit par quelques Ecrip; , Fauftc eut pour lui cette complai- fancc, 6c pendant la tenue du Con- cile il lui écrivit une Lettre qui contient tous les Dogmes oppofés à fes erreurs , &c qui jointes aux Ca- nons du Concile, fie retrader cet Hérétique dans les termes les plus précis ; ces deux morceaux font rapportés par notre Auteur , & équivalent, dit-il, aux Canonsdc ce Concile que nous avons perdu , ic que quelques Ecrivains mêmes ont îbûtenu n'avoir jamais exiftc. En 506'. les Evêques du Royau- me d'Alaric jugèrent que pour remédier aux abus qui s'étoit glifTés dans la difcipline depuis que l'A- rianifme étoit fur le Trône de cette partie des Gaules , rien ne fcroit plus efficace qu'un Concile. Ils t'alfemblerent donc à Agde par la permiffion de leur Roi qu'ils com- blent de benedi<5tions , &c qu'ils appellent un Prince très-pieux tout Arien qu'il étoit. Entre plufieurs Canons il y en a un qui ordonne que les Laïcs qui ne communient pas à Noël , à Pâques , & à la Pen- tecôte , ne doivent pas être réputés Catholiques. On voit aufli que ce que nous appelions Bénéfice étoit depuis long- tcms en ufagc dans les Eglifes des Gaules , puifquc ce L ; ï 7 3 '♦ aoy Concile renouvelle d'anciens Ca- nons qui défendent aux Clercs d'aliéner en quelque manière que ce foit les biens de l'Eglife dont oh leur a accordé l'ulutruit. Ce fut en 511. que Clovis , dit notre Auteur , afTembla le premier Concile d'Orléans , après avoir in- diqué aux Prélats les articles fur lefquels il convenoit de faire des Rcglemens; ce qu'il y a de plus remarquable dans ce Concile , c'eft la Lettre que les Pcres qui le com- pofoient écrivirent au Roi , la voici de la txadudlion de notre Auteur. » A leur SeigneHr le très-glorieux » Roi Clovïs, fils deiEglife Catho- n lii]ne , tous les Evê^nes aJJembUs n au Concile par fon ordre ; comme n c'ell: l'ardeur de votre zélé pour le » culte de la Religion Catholique " & de la foi , qui vous a porté à n faire affembler ce Concile, où » nous puiflîons traiter enfemble »i comme il convient à des Evêques "de plufieurs points neccfi"aires ; >»nous voui envoyons les réponfes » que nous avons jugé à propos de » faire aux articles que vous nous >j avez propofés. Si vous jugez ces xReglcmens dignes de votre ap- » probation l'autorité d'un fi grand >jRoi, concourant avec celle de » tant d'Evêques , en afiurera l'ob- >» fervation. « L'année d'enfuitc les Evêques des Gaules s'aficmblerent, mais on ne fçait où fe tint leur af- femblée ; ce qu'on peut préfumer , c'eft que ce ne fut pas à Reims puifque i'Hiftoire de ce Concile porte qu'on y invita S. Rcmy mal- gré fon grand âge pour y confondre 20^ JOURNAL D un Evêquc Arien , fort vcrfé dans la difpucc Se dans les fubtilkezde la Dialedlique. S. Remy s'y rendit en effet & y fit un grand difcours contre l'erreur qu'il y venoit com- battre ; chacun attendoit avec im- patience les réponfes de l'Evêque Arien , mais il perdit à l'indanc l'ufage de la parole ; & fans pou- voir proférer un feul mot , il alla fe jetter aux pieds du Saint pour con- fefler fon péché ôc fes erreurs par fes gémifl'cmcns & par fes larmes. S. Rcmy lui ordonna de parler, fa langue fc délia , & il fit à la vûë de tout le Concile uneconfedîon claire & diftinde de la foi de la Trinité Se de l'Incarnation. L'an 5 17. après la mort de Gon- debaud , S. Avite de Vienne , & S. Viventiole de Lyon convoquèrent un Concile à Epaone , qui efl: , à ce qu'on croit , une petite Ville du Bugex , nommée aupurd'hui Ycn- ne-, ce que ce Concile a de fingu- lier , c'eft que tous les Laïcs y fu- rent invités, afin , dit S. Avite dans fa Lettre de Convocation , que le peuple eut connoiflance de ce qui devoit y être réglé par les fculs Evêques , & comme il cft jufte , continue-t-il , que tous les Catho- liques défirent d'avoir des Clercs de bonnes mœurs 5 nous donnons la liberté à un chacun de les accufcr de ce qu'il jugera être reprehenfible dans leur conduite , pourvu qu'on le fafie fans difputc &c fans murmu- re ; & que l'accufateur puiffe prou- ver ce qu'il dénoncera au Concile. Entre plufienrs Canons , conccr- nans tous la difcipline ; le 3 3* efl le ES SÇAVANS, plus fingulier , il ordonne que les Eglifes bâties par les Hérétiques ne pourront être purifiées , mais feule- ment celles qu'ils avoient enlevées de force aux Catholiques , aulU cette difpofition n'a-t-clîc point été fuivie. La même année onze Evêques de ceux qui avoient alîîffé au Con- cile d'Epaone , en tinrent un à Lyon au fujet d'Etienne Préfet du Fifc du Roi Sigifmont. Ce Sei- gneur avoir cpoufé Palladie fa pa- rente , ou comme le marque la Vie de S. Apoliiiaire, la fœur de fa première femrne. Les Evêques i'ans égard pour fa puilTance l'avoient excommunié , Sigifmont prit la défcnfe de fon Miniffre & menaça ces Prélacs de fa colère. Ils s'affem- blercnt donc , & fans refped hu- main confirmèrent la fentence qu'ils avoient portée contre ce mariage inceftueux , fe promettant mutuellement : 1°. Que fi quel- qu'un d'eux fouffroit quelque vio- lence à ce fujct, tous les autres y prendroient part & le dédommage- roicnt de fes pertes : 2®. Qiie fi le Roi fc féparoit de leurCommunion ils ferctircroient inceflammcntdans des Monaficres Se qu'ils y demeu- reroicnt jufqu'à ce qu'il lui plût de [c îaidcr Hcchir, La Dédicace de TEglife du Monadere d'Agaune fut l'occafion d'un Concile en fij. nous n'avons point fes Canons. Ce qu'on en fçait, c'cft qu'il inftitua une Pfalmodie perpétuelle en ce Monaflcre , auili partagea -t -il les Moines en neuf bandes qui fc fuccedoient conti- A V R I nucUemcnt pour chanter jour & nuit les loiianges du Seigneur. Si l'on en croit une ancienne Fïymnc à rufage de ce Monaftere , il étoit doté pour neuif cens Moines. C'cft le premier exemple que notre Au- teur ait trouvé de la Plalmodie perpétuelle. L'Eglife, après la confcrvation du dépôt de la foi , n'ayant lien plus à co^ur que le digne choix de fcs Miniftres, tint à ce fujet un Concile à Arles , à roccafion de la Dédicace de l'Eglifc de la Vierge, l'an 514. on y décerna de nouveau qu'on n'ordonneroit lesDiacrcs qu'à 25. ans , &c les Prêtres & les Evo- ques qu'à 30. qu'aucun Laïc ne fcroit promu à l'Epifcopat , à la Prêtrife , ni même au Diaconat qu'il ne fe fût écoulé au moins quelque tems depuis fa converfionj qu'on n'ordonneroit point les Biga- mes , les Pénitcns , ni ceux qui avoient époufc des veuves , & que ceux qui recevroient des Clercs va- gabons , ou les protegeroient con- tre leur Evcquc feroient excommu- niés. Comme l'objet des Conciles n'eft pas feulement de faire des Loix , mais encore de punir ceux qui tranfgreffent celles qui ont été faites 5 S. Céfaire ayant appris qu'Agrcce d'Antibes , n'obfervoit pas ces derniers Canons , convoqua un Concile à Carpentrasen 5*7. où cet Evcque flit cité. Il refufa d'y comparoîtrc , mais fon refus n'em- pêcha pas les Pères du Concile de le déclarer fufpendu pendant un an de la célébration des jfaints Miftsrcsj t ; 1 73 1." 207 Deux ans après il s'aflembla un fécond Concile à Vaifon ; les Pcres y relurent les Canons des Conciles précedens, & eurent la confolation de reconnoître que les Evêques pre- fens les avoient fait obfccyer. Ils firent en outre , pour ne pas fe féparer fans établir quelques autres Reglemens , cinq Canons dans lefquels Us ordonnent qu'on recite- ra fouvent Kyrie eleifon à Matines , & le SanUus à toutes les Mefles , Sc qu'au Glana Pat ri on ajoutera toû-- jours y?crtf erat inprincipio , &c. S. Céfaire, non content d'écrire contre les Semi - Pélagicns , les combattit encore plus efHcacement en recourant à l'autorité du faint Siège. Le Pape Félix lui envoya pluiîcnrs articles que Céfaire pro- pofa 5: fit ioufcrirc dans le fécond Concile d'Orange ^ tenu aulîî l'an 529. Concile qui pat l'importance des matières qui y furent traitées cft devenu un des plus célèbres de l'Eglife Gallicane. Les décifions de ce Concile trouvèrent quelques contradidions & l'on ofa même attaquer la Doc- trine de S. Céfaire Les Evêques de la Province de Vienne tinrent à Valence un autre Concile à ce fujer, où , conformément à la Doèfrine du précèdent , on montra » Qiie M l'homme ne pouvoit entrer de «lui-même dans la voye du falut , »s'il n'ètoit prévenu de la grâce, »j appuyant tout ce qu'on avançoit » de l'autorité desSaintesEcritures.« C'eft tout ce que nous fçavons de ce Concile, encore paroît-il à notre Auteur que c'efb faint Cyprien de io8 JOUP..HAL DE SÇAVANS; Toulon , envoyé pat faintCéfairc , s'élevèrent en ce tenis-là far qui fe rend à lui-même ce témoi- gnage. En l'an 553. il y eut un fécond Concile à Orléans. On voit par les Canons que le Paganifme éroic encore en vigueur dans les Gaules & que l'Eglife Catholique avoir aulîî beaucoup d'égard pour les préce- ptes de la Loi de Moyfe, puifque le 20' Canon ordonne que les Ca- tholiques qui retournent au culte des Idoles , ou qui mangent des vian- des immolées leront excommuniés aufll-bien que ceux qui mangent de la chair des animaux misa mort par les morfures des bêtes, ou morts tic maladie , ou fuffoqués- L'an 5 3 5 . il fe tint un Concile à Clermont , fes Canons n'ont rien de remarquable , il ce n'eft la note que hit notre Auteur fur le douzié - me , il excommunie ceux qui contrarient des mariages inceftueux •& nommément celui qui époufe la veuve de fon frcre & lafeeur de fa -femme. »> On ne pouvoir, dit-il »> a cette occahon , dcfigncr plus j» clairement le Roi Clotaire -, mais »' les Pères du Concile ne jugèrent y» pas à propos de parler des maria- » ges adultères , dans la crainte «d'aigrir Theodcbert leur Souve- M rain ; un zèle fage diflîmule quel- "quefois les abus pour mieux les n corriger. Il fe tint en ce même lieu fur les anariages inceftueux & fur la difci- pline Hcclefiaftiquc un Concile en -i'année 538. Le quatrième Concile d'Orléans /c tint en 541, les difputes qui : jour qu'on devoit célébrer h P.ique tut la principale caule de (a convoca- tion. Il y fut ordonne que tous les Evêqucs célébreroient la Pique le mênac jour , félon le Cicle de Vic- torius , que chaque Evcque annon- ceroit cette Fête à fon peuple le jour de l'EpipIianie , >c que s'il arri- voit quelque doute là-delfus , les Métropolitams confulteroient le S. Siège & s'en tiendroient à fi réponfe. Ce Cicle de Vidorius n'étoit pas lans erreur , Se notre Auteur remarque que Viiilor de Capouc fit voir vers le même tems que Vidorius s'étoit trompé en marquant la Pàque de i'année 455. le 17. d'Avril , au lieu qu'elle de- voit être le 15. S. Nicet de Trêve ayant excom- munié pluiicurs Seigneurs François qui avoient contratié des mariages inceftueux , abus que tant de Con- ciles n'avoient encore pu déraciner, ils s'en plaignirent avec aigreur , & firent à ce fu;et diverfes infultes au faint Evêque : ces querelles furent l'occafion d'un Concile à Toul , convoqué vers l'an 549. nous n'a- vons point fes Canons , mais vrai- femblablement l'ancienne difcipli- ne y fut confirmée. Ce fut alors que Clotaire demanda aux Evêqucs affemblés la troifiéme| partie des revenus de l'Eglife. Ils y eonfcn- toient prefque tous& foufcrivoienc quoiqu'à regret à fa demande, mais Injuiiofus de Tours le rcfufa hardi- ment & fortit brufquement de l'alfemblée fans prendre congé du Roi. Cletairc en tut effrayé , & craignant À V R ï craignant de s'attirer l'indignation de S. Martin , s'il mépriloit les remontrances d'un de fes fiicccf- fciirs , il fedchlla de fon cntreprifc. Le zcle qu'Injuriofus avoit montré en cette occalion devint un peu fufped à (s. mort , .puifqu'on trou- va dans le trcfor de fon Eglife plus de vingt mille fols d'or , fomme exorbitante pour lors. Notre Au- teur remarque ici » Qiie c'ell là la » première tois qu'on ait demandé ivdcs (ecours au Clergé pour les » beloinsdc l'Etat. Ce n'ctoit point »îun impôt , dit-il , puifqu'on vou- ïiloir Icconfentement des Evcques, Mc'ftoir un don gratuit que plu- pfieurs cependant iaifoicnc malgré «jeux. La même anntc {49.onafrc'm- bla un cincjuicmc Concile à Or- léans contre les erreurs de Ncftorius & d'Euticbes. Celui qui fe tint à Paris en 553; s'aflembla pour dépoter canonique» ment Saffarac de Paris, accufé de pluficurs crimes qu'il avoir avoiiés , & pour lefqutls on l'avoit déjà en- fermé dans un Ivlonalfere. Ce Con- feil jugea fes crimes capitaux & fuiîifamment prouvés: on croit qu'il s'agilloit de Simonie. Le cinquième Concile d'Arles n'a rien de fîngulicr que fon pre- mier Canon : il ordonne que les Jvêqucs de la Province n'offriront L , ï 7 î ï- ^o^ les pains pour le Sacrifice que fé- lon la forme qui eft en ufage dans l'Eglife d'Arles. On donne à ce Canon deux interprétations , qui toutes deux paroillent plaufiblcs à norrc Auteur : 1°. On le peur expli- quer , dir-il , de la figure des pains ofFctts pour le Sacrifice , Icfqucls dévoient être uniformes dans toute la Province. Ils étoient communé- ment ronds & marqués d'une croix.' i°. On peut croire que le Concile parle de la manière de ranger lut l'Autel les pains qui étoient offerts & qui dévoient être confacrés. PUi- fleurs Eglifes avoient là-deffus dif- ferens ufages , le plus commun étoit de les ranger en croix: mais ces croix mêmes tormoient divcifes figures. Le dernier Concile dont parle notre Auteur dans ce Volume efl: le troifiéme de Paris de l'an 547- fon Canon le plus remarquable eft le huitième , il porte que perfonn'c n'entre dans l'Epifcopat par l'auto- rué du Prince , ou par quelque autre moyen que ce foit , contre la volonté du Métropolitain , du Clergé & du peuple; que fi quel- qu'un ofe ufurper cette dignité en vertu d'un ordre du Roi , il ne foie pas re<^û des Evêques Comprovin- ciauXj & que quiconque le recevra demeure féparé de la communion des autres. Avril, DJ 210 JOURNAt CES SÇAVANS; DISSERTATIO MEDTCA DE MARCORE SENILÎ, quam annuenre Deo ter Opr. Max. ex aurhoritate magnifici Rec- toris , D. Hermanni Boerhave , Philofoph. &c Medicinx Profefloris ordinarii, nec non amplillimi Senatîis Academici confenfu & no- biliirimac Faculratis Medicx Decrcto , pro gradii Dodorauis^ crudi- Tonim examini fubmittir Joanncs Pringle Scoro - Briranniis. Lug- duni-Batavoriim apud Joannem - Arnold. Langerack. 1750. C'eft- à-dire : Di/J'en/ition de Msdccins fur le deffschement dis vieillards par ^ean Pringle. A Leiden , chez Jean-Arnould Langerak. I7|0. vol. /»-4°. pp.4'- LE deflein de M. Pringle dans cette Dillcrtarion eft de faire voir, 1°. Quelle eft la différence elTcntielle qui diftingue le corps d'une jeune pcrfonnc d'avec celui d'une perfonne âgée : z°. QiicUcs fontles caufes des maladies qui atta- quent ordinairement la viciUcirc. Il pofe d'abord pour principe que dans la jcunelTe les parties foli- dcs du corps font tendres & plus délicates que dans la vieilleflc , & les humeurs plus abondantes : ce qu'il confirme par l'ouverture des Cadavres. 11 examine ce que c'eft que le corps d'un fœtus nouvelle- ment formé. Il remarque que c'eft un allemblage infini de vaiffeaux de toute efpece , & que ce nombre innombrable de tuyaux & de con- duits differens, ne paroît cependant qu'une fimple humeur contenue dans une vélicule. Ces vaifleaux fe développent enfuite peu à peu , juf- qu'à ce qu'enfin fe forment les mem- branes^les chairs,les os,&tout ce qui fait la ftrudure folide du corps. L'enfant eft-il né? ces mêmes parties acquièrent de jour en jour plus de fermccc, les fibres deviennent plus dures & plus fortes , quelques membranes Si quelques cartilages s'o(rifient,&: lors même que le corps eft parvenu au dernier point defon accroilTement , & que non feule- ment il ne croît plus , mais qu'il eft caduc ; ces fibres ne cellent pas d'ac- quérir tous les jours une nouvelle dureté , ce qui eft fi vrai que dans les Cadavres des Vieillards plu- fieurs tendons , pludcurs cartilages , & plufieurs vaillcaux fe trouvent quelquefois tout-à-fnit oiîînés, en forte que plus on avance en âge & plus les organes du corps paroilTent approcher de la dureté des os ; ce qui ne vient que de la dillîpation des fucs. Aind plus les parties de notre corps font termes & inflexi- bles , & plus on doit conclure qu'elles manquent d'humidité. Semblables en cela aux chairs des animaux , lefquelles ne font tendres ou dures , fucculentes ou féches , qu'autant que les animaux aufquels elles appartiennent , font plus ou moins jeunes. De ce principe notre Auteur pafle à un autre , qui eft que la pliiparc des parties du corps animé •À V R I L tendent d'elles - mêmes à fe con- tradcr , ce qu'il tait voir par divers exemples : y a-t-il une blefllire à la peau ; aiiifi - toc les lèvres de la bleffure s'écartent. Un teudon ou un iniifclc font-ils coupes; on voit des le moment les deux extremitez ie retirer. La même chofe arrive à tous les vailTeaux du corps : une artère n'cll pas plutôt coupée que les deux cotez de l'artère s'éloignent l'un de l'autre , & vont fe cacliet fous les chairs. Cette difpolition naturelle à fe retirer &: à fe racour- cir, qu'on remarque dans les dit- fcrentes parties du corps , fe remar- que auili dans ces mêmes parties , à l'éj^ard de ce qui concerne leur diametredcs artères tendent naturel- lement à fe rétrécir , & fans le iang qui les remplira: qui vient heurter -avec force contre leurs parois ^ elles fe rellerreroicnt de telle manière qu'à peine coiiierverGienc-elIes la moitié de leur diamètre. Or plus ces parties ont de roideur & de dureté & plus elles le icllerrent ; d'où il arrive qu'elles font moins propres à battre le fanj^ , & à diflri- buer parconfequcnc les lues nourri- ciers -, ce qui doit faire necclTaire- ment tomber le corps dans le defle- chement , comme il arrive aux Vieillards à raifonde leur âge, où toutes les parties qui les compofent ont perdu leur louplclle, &. font devenues h inflexibles ^ que le fanc^ ne peut prefque plus les dilater > à'on notre Auteur conclut , en palTant , qu'il ne fautfiigncr que le moins qu'on peut les Vieillards , ni même les purger j en quoi il s'auto- ; I 7 5 '• 2U rifedu témoignage d'Hippocrate. Que dans les Vieillards les vaif- feaux fe retrccilTcnt , & que quel- ques-uns même fc rerrccilTent au point de difparoître & de fe pei drc, c'eft ce que notre Auteur fait voir par l'exemple des vieux animaux , dans les os defquels on n'appcrçoic plus de vaiifeaux ianguins , au lieu que dans la jcunelfe ces mêmes os étoient fi remplis d'artercs & de veines, qu'on les y appeicevoit de tous cotez. Une autre remarque de notre Auteur pour prouver com- bien le nombre des vailleaux diminue par l'àgc , c'ell que dans la vieillellc le mefci itère n'a prefque point de glandes , tan- dis que dans la jeunefle il en eft tout parfemé. On obfcrve encore que toutes les glandes du corps dimi- nuent de volume à proportion du nombre des années , comme font, par exemple , la glande innominée de l'œil, les parotides, les mam- maires, le pancréas. Or que font les glandes, qu'une multitude innom- brable de vai fléaux .? Ce defleche- ment au refte , cette dureté & cette conftridion des vailTeaux , eft ce qui efl appelle ici par notre Auteur, Marcor Sentlis. Il s'agit de voir à prcfent ce qu'il en doit tefultcr par rapport aux humeurs , car de l'état des conduits qui tranfmettent les liquides , dépend neccflairemcnt l'état de ces mômes liquides. Le principal changement qui anive ici aux liquides, {elon M, Pringle, cû la lenteur du fang ; ce qu'il irif ère , i". du retreciflement des artères & des veines; étant impolliblc, fui- Dd jj 212 JOURNAt DES SÇAVANS; vanc les loix des hydrauliques , que marque que cetre roideur procède' le fang coule librement , lorfque les chemins qu'il doit parcourir ont moins de diamètre qu'il ne leur en faut : 2°. -de la dureté & de l'infle- xibilité de ces mêmç.s vaillcaux , qui rcfiftent d'autant plus au fang qui vient heurteic contre leurs mem" branes , qu'ils font moins en état de fe dilater ; ce qui fait que le fang éprouve plus de frottemens , & coule par confequent moins vite, d'où il arrive que les perfonnes âgées font plus fujettes que les jeu- nes à fentir du froid aux pieds fie aux mains , ce hoid ne venant que de ce que le fang n'a pas la force de fe diftribucr m fuftifantc quantité aux extrcmitcz du corps. Un autre inconvénient bien conlîdcrablc de cette lenteur du fang , c'eft que les vailfeaux capillaires de tout le corps , demeurent comme engour- dis , Hc que la tranfpiration qui fe faifoit abondamment dans la jeu- nclTe ne fe tait prefque plus. C'ell de là , félon notre Auteur, que viennent ces dcmangeaifons géné- rales fi ordinaires aux Vieillards, & contre lefqucUes il s'étonne qu'on n'employé pas plus communément les bains , &: les frictions , dont les anciens fe fervoient avec tant d'uti- lité en cesoccafions. L'examen des maladies qui ont coutume d'atta- quer les Vieillards terminent la Differtation : l'Auteur recherche d'abord d'où provient la difficulté qu'ils éprouvent à marcher ; il en attribue la caufc à la roideur des mufdcs 6c des licramcns , ^ il re- du dcfcaut de la Synonie qui dans la- jcuncfTe humeAe abondamment ces- parties , & dans la vieillclfe les laiffe comme à fec ; fynonie au' relie , qui , félon lui , cft une tran- fudation de la moelle des os , & qui" par confequent doit ncccllairemenc- manquer dans la vieillcfle , puifque dans cet âge , les os n'ont prefque plus de moelle, ce qui les rend plus caffans I M. Pringle cil perfuadé que cette difficulté à-marcher qu'é- prouvent les Vieillards , les obli- geant a mener une vie fédentaire,leS' rend fujets à la gravelle , & il pré- tend qu'il n'y a pas de caufe plus- efficace de cette cruelle maladie que- le repos ; ce qu'il confirme par l'exemple même des jeunes perfon- nes qui s'étantcalle une jambe , ou quelque autre partie , &: ayant été obligées pour cette raifon , de gar- der long-tcms ledit , ne relèvent- prefque jamais fans être atteintes de la pierre. Notre Auteur palTe de là aux autres maladies de la vieilleire , telles que font, les catarrhes , l'apo- plexie , les vertiges , l'aftme , la goûte , la furdité , la foiblelTe de vue , la langueur de tout le corps , la dctaillance de nature , &: il les rapporte toutes su racorni iTement &: au rctrccilTemcnt des vaifleaux , comme à la caufe commune. Il ne prétend pas , au relie , qu'on regar- de cette Dillertation comme un Ouvrage complet , il ne la donne que comme un elfay qu'il foumet à l'examen des Sçavans. avril; 1731. 113 tRAlTE' DES PRESCRIPTIONS '^'-im' 'VAUENJTIOI^ des biens d'Eglife & des Dixmes , fuivam les Droits Civil (^ Ca- tion , la JiirifprudfKce du Royaume , O" les ufages du Comté de Bour- gogne. Par A'I. P.f. Duncd , Ancien Avocat an PArlcment & Profejfeur ''RaydiîtrVniverfité de Befançon. A Dijon, chez Antoine cîc Paye j Imprimeur-Libraice dcsEtacs de la Ville & de rUniverlirc. 1730. /«- 4°. pp. jf, pour le Traire de la Prefcription des biens d'Eglife, pp. 52. pour le Traité de la Dixmc & de la. manière dont elle fc prclcrit^j pp. 40S. pour le Traité des Prefcriptions. LE S deux Traitez dont nous avons rendu compte dans le Journal du mois de Mars ne font , à proprement parler , que deux DilTcrtations fur ce qu'il peut y avoir de particulier fur la Prefcri- ption en matières Eccledaftiques , fiivant la Jurifprudcnce du Parle- ment de Bcfançon. Le Traité de la Prefcription en gênerai eft le prin- cipal objet de l'Auteur. Ce Traité eft divifé en trois Parties. Dms la première M. Durtod établit les principes généraux fur cette matière. Pour exécuter ce delfein , il remonte jufqu'aux pre- miers principes qui ont fait établir îa Prefcription , &C il donne une idée hiftorique de fon origme & de fon progrès , fuivant les Loix Ro- maines. Il parle enfuite des condi- tions que les Loix exigent pour acquérir la Prefcription , le titre , la tradition & la polTellîon. Il examine comment la Prefcription eft fufpen- duë, interrompue ou intervertie, ce qui l'empêche de courir , comme la mauvaife foi , la clandeftinité , le précaire , fi l'abfence ou l'ignorance ibnt des moyens pour faire reftituer contrelaPrefcriptlon,queIlesfontlcs chofes qui paftent pour imprcfcripti- bles. 11 réunit dans l'av.int'demier Chapitre quelques queftions fur la Prefcription en gênerai dont il n'avoir point parlé dans les Chapi- tres précedens. Nous ne rapporte- rons ici que quelques exemples de cette première partie. Dans le .Chapitre de la Poffejfion où l'Auteur a réuni ce que d'Ar- gentré a dit de plus utile fur cette matière, il traite la qucftion , Çx des reftes d'un bâtiment peuvent fervir à conferver la poftefïîon , foit à l'effet d'acquérir la Prefcription , foit pour empêcher qu'on ne pref- crive contre celui à qui le bâtiment appartenoit. II fc détermine pouf l'affirmative fur le fondement de Ix Loi Stiqmdta ou Codf; de Fabnce. Nam ctim Jïnt temporis fneceffivi e^ permaneniis , fgnatum retinent ire pofftffione Jitris. Il cite deux Au-- tcurs célèbres qui font de cet avis , d'Argentré dans fon Commentaire? fur la Coutume de Bretagne , &c Pcck au Chapitre 4. de fon Traité' des Servitudes , Queft. 22. 5i'û rapporte un Arreft du Parlemenr rendu fur ce principe , en voici l'cfpece. M. de Renac voulut reta- 514 JOURNAL D blir un Moulin , que fes Aureurs Seigneurs d'Amoncourt avoienr eu furla Rivière de Lanarne , au Ter- ritoire de Conflandc. Madame de Grammont , Dame de Conflandé ^s'y oppofa , Se dit que ce droit de MouUnfur la Rivière avoit été une fcrvitude , mais qu'elle étoit per- due par le non-ufagc de plus de cent ans. M. de Renac répondit qu'il avoit confervé fa polTcllion par les veftigcs de l'éclufe , qui paroi (Toit encore dans la Rivière , & il gagna fon procès fur ce fait , par un Arrcft rendu en la Chambre des Eaux & F orefts du Parlement de Befançon , au rapport de M. Matherot de Dofnes le ij. Aouft 17 lo. Notre Auteur obferye que c'eft fur le nicme principe qu'eft fondée h Déclaration du Roi du 6 Mai 16 80^ fulvant laquelle la convcntualité ne fe prefcrit point dans les Bénéfices, tant qu'il rcfte des lieux réguliers. Le Chapitre 9. où il eft parle de l'interruption de la Prefcription nous fournira un fécond exemple, il efl: certain que la poffcllîon ne- cciïairepour acquérir une fcrvitude par la Prefcription eft interrompue quand celui contre lequel on a pré- tendu prefcrirc , s'eft oppofé à la jouiffance. Mais notre Auteur déci- de que quand l'empêchement n'a confifté que dans des voies défait, qui n'ont point empêché celui qui prétendoit la fcrvitude de continuer d'en joiiirj on achevé de prefcrire comme -s'il n'y avoit point eu de trouble. Ces tentatives donnent même plus de force à la poircffion , pmcc qu'clks fcat counoître gue ES SÇAVANS, ceux qui avoient intereft d'empê- cher la Prefcription , ont eu con- noilfance de la polTellion , & qu'ils ne (c font point cru en droit de faire taire des détcnfes en Jufticc d'ufer à l'avenir de la fcrvitude. On l'a ainli jugé au Parlement de Befançon en 1717. pour undroitde parcours en faveur des habitans de la Mare contre ceux de Baume. Les habitans de Baume prouvoient qu'ils avoient fou vent chafTé les belliaux des habitans de la Mare , qu'ils les avoient même faifis- Mais ils les avoient rendus , ils n'a voient fait aucune pourfuite en Jufticc j & les habitans de la Mare avoient continué de joiiir du droit de par- cours , nonobftnnt cesoppoiîrions. Les diverfes efpeccs de Prefcrip- tion par rapport aux différons tems déterminés par les Loix pour pref- crirc font le fujec de la féconde Partie de ce Traité. L'Auteur com- mence par les Prcfcriptions qui fc comptent par jours ^ d'où il paile à celles qui le comptent par mois, puis à celles qui fe comptent par années , & enfin à la pollcllion im- mémoriale. Il nous fuifira de rap- porter quelques traies de cette fe- ronde Partie. En voici tirés du Chapitre où l'Autctir traite des Prcfcriptions de cinq ans. Les ancicnr.es Oidonnances de Franche-Comté portent que nul ne fera admis à demander les arrérages des rentes, ccnfcs foncières & di- fcdcs ou autres preftations pour plus de cinq ans. Sur quoi l'Auteur demande li celui à qui on oppofeU Prefcription de cinq ans eft en di"oic A V R I Redemander que le débiteur affir- me qu'il a eftcdivemcnt payé les arrérages ou les prédations de cinq annéeSr II décide qu'on ne peut exiger ce ferment du détendeur ^ parce que ces Ordonnances font conçues en ternies négatifs , fini ne fera admis. Quand les Loix font conçues de cette manière , ditl'Au- teur , le créancier n'a pas droit d'agir, ni par confcquent d'exiger le lernicnt. Il ajoure qu'il n'a point vu qu'on ait admis en ce cas le criîancier à déférer le ferment, 5c qu'il a appris des anciens Juges & Avocats du Pays qu'on ne devoit pas l'y admettre. Une autre queftion qui peut fouvent fe prefenter fur ces Ordon- nances , cft de fçayoir fi on ne peut demander que cinq années des arré- rages de la dot. On jugeoit autre- fois au Parlement de Beiançon que la Prcfcription de cinq ans avoit lieu en ce cas , mais cette Jurifpru- dence a changé. Se on y adjugea prefent ving-ncuf années d'arréra- ges de la dot. Ce changement de Jurifprudencc paroît très-jufte à notre Auteur; il cft perfuadé que les arrérages de la dot étant dûs au mari à titre onéreux , on ne doit point reltraindre le droit d'en de- mander les arrérages à cinq années, comme on le pratique par rapport aux rentes conftituées. Néanmoins l'ufage du Parlement de Befançon cft, fuivant M. Dunod, d'affujet- rir à la Prcfcription de cinq années, les intcrefts d'une rente due pour le prix d'un héritage , quoique ces ancrages tiennent lieu des fruits. L; î75T« 21 j- C'cft auffi à caufe des termes géné- raux dans lefqucls font conçues les Ordonnances anciennes de la Fran- che-Comté, qu'on y juge que la Prcfcription de cinq années peut être oppofée même à l'Eglifc pour les rétributions des anniverfiiircs & des autres fondations. On juge aulB au Parlement de Befançon , que les intercfts dûs pour les fimplcs obli- gations fc prefcrivent par cinq an- nées. Mais il y a eu un changement de Jurifprudencc au Parlement de Befançon au fujet du tcms auquel les intérêts commencent à être dûs pour les fimples obligations. On y jugeoit autrefois que les intérêts pour les fim.ples cédulcs étoicnt dûs du jour du terme marqué pour le payement , ou du moins du jour du commandement extrajudiciel de payer. Mais le Parlement de Befan- çon rendit un Arreft en forme de Règlement le 8. Janvier 1707. qui défend d'adjuger à l'avenir des interefts des cédulcs , autrement qu'en confequence d'une demande torméc en juftice , qui eft feule cenfée mettre fuffifamment le débi- teur en demeure pour le condamner à payer des intérêts. Dans la troifiémc Partie l'Auteus parle de la Prcfcription par rapport aux pcrfonnes, aux mineurs, aux fils de famille « aux femmes ma- riées, & par rapport à différentes efpeces de biens comme font ceux du Domaine , des Droits Seigneu- riaux & de la Jurifdiétion. Le feul morceau de cette troifié- mc Partie , dont nous rendrons un compte particulici , eft celui qui 2i5 JOUIINALD ref^arje l'ufage du Parlement de Befançon pat rapport à la Piefcrip- tiou des ccnfives. L'Auteur aflure que l'opinion commune du Bar- reau en Franche - Comté cfl que toute cenfive , foit Seigneuriale foit emphytéotique eft imprefcriptible dans le Comte de Bourgogne par celui qui l'a conftituce ou reconnue, ou auquel elle a été dénoncée dans l'acquifîtion qu'il a faite de l'héri- tage , &: par fes héritiers. Il n'en cil: pas de même du tiers acquéreur à titre particulier , auquel le cens n'a point été dénoncé , &c qui n'en a point eu de connoiffance. Il ac- ES SÇAVANS, guicrt la Prefcription , quand il a joui de l'héritage pendant quarante années fans payer aucun cens. On l'a ainfi jugé par un ancien Arrefl: du 17. Oiîlobre itfoy. la Commu- nauté des Avocats du Parlement de Befançon fc les gens du Roi du même Parlement en on: des Acles de notoriété en l'année 1714. on prétend que cette Jurifprudence du Parlement de Befinçon eft fondée fur quelques Loix qui l'ont ainfi décidé pour des fonds du Domaine du Prince tenus à cenfive , Se ven-i dus à de tiers acquéreurs , fans au- cune charge de cens. ELEGIES DE M. L* B* C. AVEC VN DISCOURS fur es genre de Poéfie , & quelques autres Pièces du mcme Auteur. A Paris, chezCHAuBERT , à l'entrée du Qiiai des Auguftins , à la Renommée 2c à la Prudence, 1731- vol. /»-S°. pp. li^j. CES Elégies font de M. le Blanc de la Société Académi- que des Arts , déjà connu par quel- ques Ouvrages tant en profe qu'en vers , imprimés dans les Mémoires de Littérature & autres Journaux. Il commence par un Difcours fur l'Elégie, dans lequel, après s'être cxcufé de ce que l'ennuy que la plupart des Elégies qui ont paru jufqu'ici ont caiifé au Public , ne l'a pas porté à fupprimer les fiennes , il croit devoir expliquer ce que c'cft que ce genre de Pocme -, Qu'cft-ce qu'une Elégie ? du - il , c'eft un Pocmc trifte & plaintif. Il établit cette diftindion fur l'exemple d'Ovide , qui a donné le nom d'Elégies à routes les Epîtres qu'il a éprîtes pendant fon exil. Il remar- que que les Poètes François ont re- ftraint les Elégies aux plaintes que la paillon de l'amour fait faire. Il avoiie qu'on en a quelques-unes fur la mort d'iui ami , d'un Prince , d'un Héros. Telle eft, par exemple, celle de M. de la Monnoye fur la mort de M. de Turenne ; mais il prétend que les Elégies F rnnçoifcs qui ne roulent pas fur l'amour, n'ont d'Elégiaque que le nom. Il prend ici occadon de critiquer M. Dcfprcaux , qui dit, en parlant de l'Elcgic : Elle peint d'un Amant h joye ou la triftcffe. Notre Auteur n'en reconnoîc point d'autre que celle que ce Poè- te appelle lui - même ht plaintive Eléaie ; il s'étonne que M. Def- preaux AVRIL prcaux iVaît pas fris garde à cette C9ntradiBion , il dit que le nom IcLil fuftifcit pour l'en avertir , piuf- qiic le mot Grec ^ dont ce terme eft terme ne fignitic autre chofe que deuil & lamentation. On peut objeder ici à notre Auteur la remarque d'Horace : fçavoir , que les vers Elcgi.iques ont d'abord fervi à exprimer la plainte , &: enfuite la joye : Mais il répond que Defpreaux , pour ne pas s'écarter des anciens , a beau donner le même privilège aux Elégies Françoilés , que pour lui il ne cioit pas qu'on doive fuivre l'exemple de ce Poërc. Il décide cnlîn que l'Elégie n'efl: autre chofe que U pLunte cCitn amour mécontent^ ou du moins il dit que c'en là la penféc. Mais de peur qu'on ne regarde .une plainte amoureufe comme quelque chofe d'inlipide en foi , il oppofc à ce fcntiment la plainte de Didon dans le quatrième Livre de l'Enéide , £c le Monologue d'A- jTiarillisdansleP.?j'?o>-F/<^a : il fait à cette occafion plufieurs remarques que nous palTous. Après quoi il compare l'Elégie à la Tragédie. Il prétend que l'Elégie doit être plutôt Dramatique qu'Épique , qu'à la vérité clk ne peut être intercffante qu'autant qu'elle e(l la rcprefenta- tion d'une acT;ion {împle, & dénuée de tout ce qui doit former celle de la Tragédie , mais quV//f n'en doit vas moins avoir jon expofition , fou accroiffement & fa f». Les mal- licurs précedens d'une Amante feront . félon lui ^ l'exporuion j les Aîars. r 7 yr. 217 troubles que lui caufe le dernier qu'elle vient d'épiouver en feront l'accroiffement, & les refolutions qu'elle prend en feront la fin. M. le Blanc établie ici plufieurs principes pour l'Elégie , & comme fon fentimenteft que fans l'amour il n'y a point d'Elégie , il foutient que les véritables Elégies d'Ovide font celles qui n'en portent pas le nom , & qu'il a intitulées Héroides, C'elt-là , dit-il , que ce Poète a peint l'amour tel. qu'il doit être pour faite la matière de la belle Elégie j l'infortimée Didon , h fidcUe Penîloppe , la furieufc Me- dée s'y plaignent de leurs malheurs. Le plus grand défaut que M. le Blanc croye qu'on puilfe reprocher ici à Ovide, c'eft d'avoir trop d'ef- prir , chaque didiqne étant terminé par une penfée faillante qui relTem- blc un peu trop à l'Epigramme. Il pjnfe la même chofe des quatre Lettres en vers de M. de Fontenel- Ic. Comme Elégies , dit - il , ;> Us trouve dèfcElmufes peur s' éloigner irjp de la nature , par tout l'efprit ijti'il y a mis. ^e les admire ccmme des Ouvrages oh il n'a cherché cjuk faire briller fon talent pour la Po'éfie. La difficulté générale de réuOîr dans l'Elégie fait un des principaux articles du DHcours de M. le Blanc , mais outre cette difficulté commu- ne , il y en a ici une particulière qu'il auroit pu s'épargner j& qui eft toute de fon choix. Nous fommes dans un fiécle^ dit-il , » oii l'on Ce » roidit contre toutes les nouveau- )' tcz , & tout ei^ nouveau dans «mon Ouvrage : le ftyle & le Ec 2i8 JOURNAL D » tond. En cftct prefque tous ceux «qui nous ont donné des Elégies jjn'y ont hit parler que des liom- »me5, & Mad. de la Sufe nicnie » dans h plupart des lienncs a fuivi j> leur exemple. Dans les miennes , M au contraire je n'ai introduit que » des femmes. Quelque défiance que notre Auteur paroilîe avoir du fuccès de ies Elégies à caufe de la nouveauté dont il s'agit, il ne peut s'empêcher d'infinuer qu'en cas qu'elles vien- nent à déplaire par cet endroit ; ce fera moins ù faute que celle des Lcdeurs : il prétend que fi on avoit tait attention .iu caraÂcre des fem- mes , & à la vcrirable nature de l'Elégie , les femmes auroient occu- pé la première place dans ces fortes de Pièces ; de comme , félon lui , le caradrerc du fcxe eft d'être fu- rieux en amour, fuivant ce vers , qu'il a mis pour enfeignc au Fron- tifpicedefon Livre , Sitvic amor , wagnoejne irarumflue- mat (!iJ}u.JLnciÂ. Lib. iv. il entreprend de juftifier par là te ftyle nouveau qu'il a pris. >» Cet amour furieux & defefperé, ii dit-il , qui tait la matière de mes «Elégies, demande des vers plus "forts de plus frappans, &liron s» trouve de tems en tems quelque " rudefle dans les miens, ce n'eft »pasj fi je ne me flatte , que je » n'euflc pu l'éviter , mais j'ai cru » que les fujets le comportoienc , 3» l'exigeoient même Com- as ment peut-on afteder d'être fleuri •» & délicatjloifq^tt'il s'agit de pein- ES SÇAVANS; >3 dre la fureur ou le defcfpoirî Notre Auteur , après bien dfcs reflexions fur ce fujet , s'objcde que, félon M. l'Abbé Fraguicr , dans fa Dllfertation fur l'Eglogue Grecque & Latine , l'Elégie n'eft nullement propre à ces grands mouvemens , & que ce Poëme n'eft autre chofe qu une mélancho- lie palîîonnée. Mais il répond que M. Fraguier s'eft contenté de l'a- vancer fans le prouver ; 5c qu'ainfl fon fentiment là-dcflus ne doit pas faire beaucoup d'imprellîon. Ce qui fait beaucoup pencher notre Auteur pour le fentiment oppofé à celui de M. Fraguicr , c'crt que le véritable but de la Poc"- fic de quelque efpcce qu'elle foie , doit tendre à corriger les hommes ■■, or il prétend que le dcfcfpoir cîi l'amour réduit certaines femmes , étant bien reprefenté , devient très- capable de donner de l'horreur pour cette paillon ; (ïc comme il compte avoir bien dépeint dans fcs Elégies, les excès où le portent les tcmmcs qui aiment , il dit que fes Elégies font autant d'tirmes contre l'amour on dn moins contn f:s excès. Ovide confcille aux pcrfbnncs chartes de ne point lire (es vers : notre Auteur veut qu'on fa (Te tout le contraire à l'égard des ficns. 3> Les pcrionnes chartes, dit-il, n'y M trouveront rien de dangereux , & «furement elles y apprendront « mieux à fe détîerdeleur foiblelTe » & à dompter leur penchant qus M dans le Livre d'Ovide du remède n de l'amour. C'eft pour elles , con- »tinue-t-il, que j'ai travaillés dC A V R r vr'ai chef elle à plaire aux hommes, 3j en devenant utile aux femmes. Ce foin , au rcfte , que notre Auteur prend ici de fc rendre utile a.ux temmes pourra bien n'être pas de leur goût , il avoue lui-même qu'il s'en trouvera beaucoup parmi elles qui regarderont comme une infulte les fentimens qu'il leur attribue dans fes Elégies ; mais il prétend qu'il ne leur attribue rien oe faux , ôc qu'il prend feulement la liberté de démAfcjuer leur coeur s de leur o.er ce rjode dinj'enfbilité dont elles aff cfent de fe conirir , â'humilier en cjitelcjitejorte cet orgueil qui les fait fonvent fnujf-ir plus qu'elles ne le difent ■■, enfin de mettre nu jour toutes leurs foihL'jfes. Ce font fcs -propres paroles. Apres quoi il ajoute, qu'au furplus fi quelques- unes trouvent mauvais qu'il en agilTeainfi , il s'en confokra par le grand nombre de celles qui plus fen^ fpis lui rendront jiijUce , & qui re- connoiffam , dans les peintures qii'tl fait du cœur, celle du leur propre , lui fçauTont qncl^jue çre du but qu'il s'efî propofé. Pour confirmer fon fentiment fur ce fujct , il dit qu*une Dame d'efprit à qui il recita tm jour ta neuvième de fes EUirics , lui avoïia que dans les mêmes circonjlances elle avoir eu les mêmes fentimens , & qu'elle ne fe feroit pas autrement e v- ■primée fi elle avait pu les mettre an jour. Voilà une déclaration bien favorable à notre Auteur , fi toute- fois on la doit regarder comme dt-ifive ; xar il rcconnoît qu'on n'en doit pas attendre dcfemblable de toutes les femmes. 11 ajoiîte même qu'il feroit fâché de leur attribuer à toutes ce qu'il dit d'el- les en gênerai ■, il conleille à cha- cune de celles qui liront fon Livre, de fe mettre du nombre des ex- ceptées, S<. pour leur faire une plus grande réparation d'honneur fur tout ce qu'il dit à leur défavantage , il déclare c[\\'onvoit tous les jours un grand nombre de femmes qui , de même que celle qu'il peint dans la onzième Elégie , n'ont d; tendreffe que pour leur mari ^ & qui filles ont toujours eu plus de vertu que d'a- mour. A la faveur de ce mot , notre Auteur croit que fes Elégies , quel- que peu obligeantes qu'elles foient pour lefexe, pourront trouver grâce auprès des Uames. C'cil'de quoi nous ne fommcs point garands. Il ne nous rcfte plus à prcfent qu'à rapporter quelque exemple des Elégies dont il s'agit ; & comme l'Auteur paroît avoir une prédilec- tion pour la neuvième qu'il dit qu'une Dame d'efprit n'a pu sem- pcchcr d'approuver , nous croyons ne pouvoir mieux faire que de la choilîr. La voici i les Ledeurs ei» cx.maincront la morale. I S M E N E. Dieux Cruels ! dont fouvent la haine illégitime Pouifuit également l'innocence 5: le crime : RougilTcz : car enfin que peut votre coa- roux Contre un cœur qui s'eft mis au-dedu? de vos coups î D'un tiranniquc amour je n'ai pu me défendre , Ee jj :i20 JOURNAt DES SÇAVANS, Etcen'eftquavousfeuls, Dieux', que J'immole ma ralfon à rardeur quî me je dois m'en prendre : preflè , Vous fcduîfez nos cœurs & vous les pu- ^°"f g^g"" '"o" amo""' ' ou du moins fa niffez ?'"*= = T-. ' „!., ,„f -, „,„^ 1„- ,-.,, Parcns , vertus, devoir , j'ai tout facrifié; Des maux ou queîqucrois vous les avez 3 j . j , formés. Toutefois fe peut-il un fuplice plus rude ! Que ne me laifîlez-vous toujours dans je n'ai pu triompher de fon ingratitude ; l'innocence, , . . , , . Et pour le tropauncr, je le rends aujour- Gouter tout le bonheur de inon indifle- d'hui Indigne de l'amour dont j'ai brûlé pour Tranquille chaque jour je voyois mille lui, "^ ^"^' _ Ah ! puis-je , fans frémir , rappcUer la Soupirer vainement pour mes foibles mémoire attraits. . „ - . , , De ce jour malheureux ii fatal a ma Heureufe liberté que j'ai trop tôt per- " oloire , due ! Où le cœur plein d'effroi , la rougeur fur A peine Alcidamis s'cft oftert à ma vue : j^. (^^^^^ ^ Qu'éprife tout à coup du plus ardent je ni'expofai moi - même au plus morte] amour aftront î Je prévis tous les maux que je foufFre en yç,[i[ lui déclarer l'ardeur qui me dévore ,■ ce jour. . , , o ■ r ■ Sans pouvoir le toucher , & je relpire Je l'aimai , je cherchai les moyens de un encore , plaire , FiUcindignedu jour ! & jentrctiens un Comment auroi>je pu m'empêcher de le feu faire? , . > t Qui me couvre dopproure après un tel Tout me parloir pour lui. Son uom par aveu : tout vanté. Le Cruel ! infenfible à toutes mes allar- Sa vertu , fon efprit , que fai- je ? . . . va- nies , Me vit lui reprocher fon crime par mes Tout m'abufoit alors. On écoute fans larmes ; Hé qui fçait fi l'ingrat dans le fond de Ce qui flatte un penchant où le cœur fon coeur nous entraîne ; . , r n j N'infultoit pas peut-être a ma folle dou- Mais hélas ! que mes vœux furent bien- leur ? lôc décûs ! . Hélas fi mon amour, mon deleipoir, ma Que mes feux par l'ingrat ont été mal rage De tous mes fens alors m'euflènt permis reçus fis ! pa vain pour lui prouver l'excès de ma i'ur,p. A V R I t; I75Ï' 221 Sans emprunt» d'un autre , ou le fer ,ou P»"»^ P°^voir de m« maux augmenter la le bras, "§»«"^' J'auroisfait parfa mort trembler tous les Us ont contre moi-même armé mon pro- ingrats. Pf= cœur. Vains projets que m'infpire une aveugle Oiii, tandis qu'un ingrat me méprife, colcrc! m'abhorre. Non , non , quoiqu'ilait fait , & quoiqu'il L.îche ! je le chéris. Que ùis-je ■ je l'ado- puille faire, •'"• Mon cœur à ces tranfports loin de s'a- Et quoique rien enfin ne flatte mon ef- bandonncr, po'r , Mon lâche cœur eft preft à lui tout par- Je ne puis renoncer à l'aimer , à le voir. donner. Des vœux que fi Couvent j'ai faits pour Que dois-jc enfin refoudre .' & quelle in- 'o" '''P'i'^c , quiétude Grands Dieux ! ne croyez pas que mou Me fait fouffrir l'horreur de cette incerti- cœur fut complice , tude ! Je deraandois fa mort , fans vouloir l'ob- Qui pourra me tirer d'un trouble fi hon- tenir , '^"^ • Et m'exaucer alors c'eût été me punir. Ne pourrai-je aujourd'hui fcavoir ce que ^ , ,. • • "^ ' j ' * ' Uubliez pour jamais ces vœux que je Ne pourrai-je fcavoir .... Ah fans doute -,r .. r - • ,. ' ,, ! ' Votre bonté pour moi ne peut au être J^'^""*^' funefle. ^ ^ Je ncle fcns quetrop.Moncœur.cedou- , -/i- - a /- i te même Laiflez-moi mon Amant. Gardez votre ' couroux. Tout m'apprend que l'ingrat plaît encor à q^^^ j^^;,,^ ^ ■^.. ,^^,, ^^^^ ^^^j '""y^«='- tout de vous. Je n'en douterois pas s'il m'ctoit odieux. ^i malgré les malheurs où vous m'avez Qiioi je ne puis hair un cruel qui m'ou- plongée, trage ! Vous vouliez cependant m'en voir enfin vengée , Qui méprife mes pleurs , qui fcnt de ma rage '■ Dieux ! s'il en eft pour moi , changea mon trifte fort , Qui .... c'en eft trop. J'éprouve à ces , , , . -r r • terribles coups, Fkchiliez la rigueur , ou me donnez la mort. Tout ce que peut des Dieux l'implacable ^°"'^°"''- . Telle eft l'Elégie qu'une Dame C'eft peu que de leur haine innocente d'efptit , fi tuée dans les mêmes ^'■-^""^ ' circonftanccs , trouva Ci conforme Je me trouve engagée à la fin dans le cri- à fes fentimcns , fi l'on en croit •""^ '■ notre Auteur , qu'elle ne pue s'cni» 222 JOURNAL' DES SÇAVANS; pêcher de lui dire qu'elle ne fe fe- Ali je fuis mort, dit-il, de la blcflureî roic pas autrement exprimée fi elle avoit pu les mettre au)our. Nous nous en tiendrons à ce feul exemple pour ce qui reç^arde les Elégies de M. le Blanc. Qiiant aux Poëlies diverfes annoncées dans le titre , ce font des Odes , des Son- nets j des Epigrammes, &c. Nous n'en rapporterons que deux exem- ples. Galien homicide après fa mort. Chez un Libraire un jour certain Doc- teur Chcrchoit un Livre , & pendant qu'il ne ccflb D'en parcourir de différente crpecc , Un Galien d'énorme pefanteur Çlieoit fur fon chef. Il fe tourmente , il jure , Tf op bien fçavois qu'un (î grand Médecin En occit plus en fon tems que la pcfte , Mais j'ignorois qu'il eût le don funeftc Après fa mort d'être encor alTaflln. Contre un mauvais Poète, \ En Tes vers l'AbbéJodclct Guidé par le Didionairc Que nous a laiflé Richelet , Rinieauffi-bien qu'il le peut faire ; Teut ce qu'il écrit fcroit bon. S'il pouvoit chez quelque Libraire En trouver un pour la railon. Nous ne croyons pas qu'il foit necclfairc de nous étendre davanta- ge , & nous nous flattons que ceux qui auront lu ce Livre , ne nous trouveront ni trop longs ni trcp ceurts. C. CRISPI SALLUSTII OPERA Q.U^ EXTANT , ad ufum Scholarum Univerfitatis Parilîenfis : Pariliis , apud Joan. Defaint, Bibliopolam Juratum c ufdem Univcrfitatis , via S. J. Bcl- lovacenfis, è regione CoUcgii. 1729. C'cft-à-dire : Les Oeuvres deC. Crifp. Salliifie , k l'iifage des Ciiffcs de l'VfUvcrfiié. A Paris, chez Jean Defaint , Libraire Jure del'Univerfité, rue S. Jean de Beau; TaiSj vis-à-vis le Collège. 1715. petit /'w-ii.pp. 255. CES Oeuvres de Sallufte, à l'ufage desClalfcs de l'Uni- verfité de Paris , font imprimées au nom de la même Univerfité , com- ine il paroît parle Privilège. On les a accompagnées de Notes courtes &c précifcs pour l'intelligence des ter- mes qui pourroient embarralfcr les jeunes Commençans , & on a mis à la tête du Volume, un petit Dif- coitis dans ieq uel on dit un mot des N ites dont il s'agit , & de Salluftc. On fait d'abord un expofé des principaux detlauts où tombent la plupart des Commentateurs. Les uns, dit-on , ne fongent qu'à faire un vain étalage d'érudition, foit par des recherches tirées de loin , & fouvcnt étrangères , foit par des ci- tations Grecques &C Latines fur des chofcs communes que tout ,1e mon- de fçait ; les autres s'appliquent uni- A VR ffiiement à débrouiller des points de Géographie , ou d'Hiftoirc ; les autres à difcuter des minuties de Grammaire; les autres à corriger le Texte qu'ils prétendent avoir été corrompu , è<. à débiter là-defTus les idées de leur imagination ; les au- tres à citer toutes les dilTerentcs Leçons d'un même endroit , fans déterminer le Leéteur à rien s les autres à traiter des qucftions diffici- les qu'il eftimpodible de refoudre ; & les autres à donner de longues & cnnuyeufes explications (ur les plus petites diflîcultez. Tous def- tauts que les Auteurs des Notes de cette édition de Sallufte déclarent avoir évités. » Nous nous fommes , ytdifent'ils , attachés à ce qui nous na paru pouvoir être le plus utile 5> aux jeunes gens qui cultivent les ïj Belles-Lettres , & dans cette vue n nous avons méprifé les vains or- «nemens & toute érudition Iraftucu- jsfe, ne nciK attachant qu'à être «(impies, clairs (Sc précis , foi: «qu'il s'agilïc de Grammaire , n d'Hiftoire , de Chronologie , ou " de Géographie. C'elHa coutume des TraducSleurs, des Commentateurs & des Editeurs de prendre autant qu'ils peuvent !c parti de leurs Ecrivains. Mais dans l'édition de Sallufte que l'Univerfî- té donne ici &: qu'elle accompagne de Notes , elle ne fuit cet ufage qu'en partie : ellejuftifie Sallufte à l'égard de quelques points , mais elle en abandonne la défenfe à l'é- gard des volcries qu'on lui reproche d'avoir faites durant fon gouverne- jucnt de Numidic , SiC qu'on pré'- I t; î 751: 225 tend être encore plus atroces par le foin qu'il a eu dans fes Ecrits , de déclamer contre l'avarice. M. l'Abbé Thyvon , ainfi que nous l'avons rapporté dans le qua- trième article du Journal de May dernier, foûtient que Sallufte n'clt nullement coupable des injuftices qu'on lui impute ; Sc pour le prou- ver il obfcrvc qu'Hirtiiis dans fa guerre d'Atrique, hiifant mention de ce gouvernement donné pat Cefar à S.ilUifte avec le titre de Proconful , ne dit pas un mot des rapines ôc des exatlions dont on veut que ce Gouverneur ait été coupable,' Qiiant .1 ce qu'on ajoute pour rendre Sallufte plus odieux, fçavoiî qu'il a rempli lesEcrits de belles ma- ximes , tandis qu'il n'en pratiquoic aucune : je veux , dit la -deflus M. Thyvon , comme nous l'avons en- core rapporté dans le même article, que Sallufte foit coupable , s'enfuit- il qu'il le foit davantage , parce qu'il a déclamé contre levice donc il étoit atteint ? n'eft-ce pas là faire un crime à un homme d'avoir fcâ preferver fon efprit de la cor- ruption de fon cœur î Si Sallufte, pourfuit-il , a fcandalifé ceux qui étoient témoins de fes voleries, il a du moins fourni dans fes Ecrits quantité de règles &i de maximes propres à inipirer une conduite contraire à la fîcnne. M. Thyvon , pour ne manquer à rien de ce qui peut juftifier ici un homme qui n'eft plus en état de fe défendre , fait obferver que le Sallufte dont il ^'agic n'étoit jas le feul de fon temS' Î224 JOURNAL D qui tût ainll nommé , puifqu'il avoit un neveu de fon mcme nom , lequel fut fon héritier , & qu'il y avoit outre cela un Cnéjus-Sallufle qui tut Qiiefteur de Bibulus en Syrie , & auquel Céfar pardonna d'avoir pris les armes contre lui. Enforte , conclut M. Thyvon , qu'on pourroit fort bien avoir char- gé mal à propos des vices des autres le Sallulle dont nous avons les Ecrits. Melîlçurs de rUnivertîté de Paris font de Salluil;e un excellent Au- teur. Ses Préfaces, félon eux , n'ont rien que de convenable , fes digref- fîons rien qui ne ferve à orner le ^ifcours, (Se à confirmer les faits ^ rien qui ne fe trouve autorifé par l'exemple des Ecrivains les plus approuvés; Sallulte , remarquent- ils plus haut , ell appelle par faine Auç^uftin fiobilitaia veritatis Hifto- ricus. Mais avec tous ces éloges, ces Meilleurs , bien diffcrens de M. i'Abbé Thyvon , le rcprcfentent comme un voleur public. ij Les Numides , difent - ils , 5> ayant été réduits fous la domina- s> tion Romaine , Sallufte alla par «l'ordre de Célar dans leur Pays, M en apparence pour le gouverner , îjmais en etiet pour le piller; l'a- ï> moût du gain fut le fcul mobile «de tout ce qu'il y iit , & après 31 avoir fnccagé toute la Province »> par fes voleries , l'intamie dont il »3 le couvrit par ce procédé , fut }' d'autant plus grande que fes Ecrits S) contcnoicnc les déclamations les «plus vives contre les avares : à jjfon retour d'Afrique ayant été ES SÇAVANS; 3î acculé pardevant Ccfar , il fut «renvoyé abfous par Céfar. Voilà , lopourfuivent ces M jfieU'S ^ ce que n nous avoas pu recueillir d'Afco- « nius , d'Aulu-Gcile , d'Hirtius a» & de Dion. Ceux qui fouhaitc- nront quelque choie de plus, » quoique moins certain , peuvent "hre la réponfe contre Salluife, » fiulTcmcnt attribuée à Ciceron , » ôic. Numidis in ditionem Romans- rum fubaUis , Cafarillis Sdlujiiitm verbo cjiiidem regend.t , re tiutem ipfa dirimoid^Regionis canfâ vr&fe- cit , ffr ex compilât â Provinctâ eo majoyem infamiam reportavir , cjnod ipfe in fuis Hifloriis acerbns aliène avaritm ftieric infeElator. Reverfiim ex u4f/icÀ , & accufatum , Cs.[ar abfolutum dnmjît. H ac finit quét de Sallnjlii vitÀ ex Afconio , Gellio ^ Hirtio d^ Dione colligrre potuimus. Si cjuis phtra , fed nen ita certa , defidcmbit , leget , fi tanti efi, illam, cjuA Ciceronis nomen faifo pntfert , rrfpo/ifioneni in Sallnfliiim , &c. Ces derniers mots , fi ^nis phira , fed non ita cena defide/abit ^ font voir que ces Meilleurs ne doutent point que Sallufte ne fût véritable- ment coupable des volcnes dont quelques - uns l'ont accule. Nous lailTons à ceux qui s'interelTent à la mémoire de cet Auteur à décider là-dellus entre Meilleurs de l'Uni- yerlué& M. l'Abbé Thyvon. Nous remarquerons (eulcment , fans vouloir prévenir le jugement de pcrfonnc , qu'il paroîtbien diffi- cile qu'un homme qui auroitcom- nais des voleries aulH publiques &C auiîi A V R ï auiïî CûtiniiL's que celles donr on accufe Sallufte , eût ofc après cela tliclamer aiifli fortement contre l'ararice , que s'il eût été innocent. Nous paiTons quelques autres articles delà Préface pour venir aux Notes fur Sallufte ; ^' nous croyons ne pouvoir mieux fàire,pour donner une idée de ces Notes , que d'en rapporter quelques exemples. Voici celles qui fe trouvent dès le com- mencement ; elles fuffiront pour faire juger de toutes les autres. Sallufte commence fon Hiftoire par ce début : Omnis homines ^iti fe fe jiudent fraflare CAteris animalibus^ fummâ ope nitt decet , ne vitamfilen- tio tranfeant , velmi pccora , ijua îiMura pyoxa , Atç[Uc vcrnri ohdie»~ tiafnxit. C'eft-à-dirc : les hommes, i^iti font tons Jt jaloux de leu'" fitferioriiè an- àejfits des autres animaux , doivent par confequeiit faire tous les efforts pojftiles pour ne point paffer la vie (Uns un abjcHfîlence comme les bêtes oue la nature a courbées vers U terre , & affujetties k leur ventre. Les mots dont fc fert ici Sallufte pour exprimer tous les hommes font ^ comme on vient de voir dans le paflage latin , omnis homines ; or fur ce mot omnis employé pour cmnes , Meffieurs de l'Ùnivcrfité remar- quent que c'étoit la coutume chez les anciens de terminer par la fylla- be longue is ou eis les accufatifs pluriels des noms niafculins & fé- minins dclatroifiémc déclinaifon , principalement quand ces noms ont le génitif pluriel terminé en L , t 7 3 r; 225* ium •■, qu'ainfi ils difoient également à i'accufatif pluriel omnes , omneis , omnis. Le mot dont fe fert Sallufte pour exprimer let animaux , c'cft anima- lia j & celui qu'il employé pour fignifier les bêtes , c'eft pecora. Sur ces deux mots animalta Se pecora on obfervc que le mot «^/ con- vient à l'homme & à la bête , mais qu'il n'en cft pas de même de celui de pecus. Pour exprimer que les hommes doivent faire leurs efforts , il dit , fummâ ope niti debent ; fur ce mot ope il y a une Note qui avertit l'E- colier que ope cft la même chofc que operà , labore. Pour exprimer que ce qiic les hommes doivent fc propofet eft de ne pas pafler la vie dans un al))e(5l fdencc, il fc fert de x;cs termes : ne vitam Jilentio tranfeant. Et fur ces termes eft la Note que voici : Ne inertes & ignobdes traduca-nt vitam. Pour faire entendre que les bêtes font courbées vers la terre , il les appelle prona pecora ; ce mot de prona eft ici expliqué par habcntia cabut inclinatum in terram ( ayant la tête panchée contre terre ). Pour exprimer que la nature les a ainfi formées , il fe fert du mot fin- xit. Ce moz finxit eft expliqué dans une Note qui porte qu'il eft mis là élégamment TpoMxfecit ,formavit. Toutes les autres Notes font de ce caradere , c'cft-à-dire courtes , faciles , fenfécs & proportionnées chacune à l'intelligence des jeunes Ecoliers pour qui elles font faites. ^vriL ïf 225 JOURNAt DES SÇAVANS; ^LE THEATRE des GRECS : PAR LE PERE BRUMOY ; . Ae la Compagnie de fjefus. A Paris, chez Roi lin pçre , Qiiay des ■ Auguftins s Jean-Baptiftc Coignjrd fils, ruij S. Jacques , au Livre d'or •, RoUin fils , Qiiay des Auguftins , à S. Arhanafe. 1730. 3. vol. /k-4°. premier vol. pp. jcé. fécond vol. pp. 737. troificme vol. pp. 4^5. lans compter une Prcbce de 80, pages. NOUS avons donné dans le dernier Journal, une idée gé- nérale de cet Ouvrage , en parlant des trois Difcours qui le précèdent \ il ne nous refte plus à prefent qu'à tendre compte des Pièces qui le compofent. Celles du premier Tome font l'Oedipe de Sophocle avec des re- flexions , l'Oedipe de Seneque , l'Oedipe de Pierre Corneille ^ l'Oedipe de M. Orfato-Giuftinia- no , l'Elcdre de Sophocle , les Coephores d'Efchyle , i'Eleclre d'Euripide , le Philodete de So- phocle , l'Hippolytc d'Euripide & riphigenie en Aulide du même Euripide. Le fécond Tome com- prend l'Iphigenie en Taùride d'Eu- ripide , l'Alcefte dii mêrae Poète , lesTiagédies d'Efchyle, fçavoir , Promethéc lié , les fept Cheîs au Siège de Thébes , les Perfes, & Agamemnon , les Eumenides, & les Danaïdes ; puis ki Tragédies fuivantes de Sophocle , fçavoir , Ajax furieux , Antigone, Oedipeà Colonc, les Trachiniennes, à quoi l'on a joint l'Antigone de Rotrou , l'Hercule mourant du même Au- teur François , avec l'Hercule au mont Oeta de Seneque. On voit enfuite l'Hécube d'Euripide , l'O- «ftc du même j les Phéniciennes du même , avec la Thcbaïde de Seneque , une partie de l'Antigone de Rotrou , la Thébaïde de Racine, Jocafte de Lodovico-Dolcc,laMe- dée d'Euripide , celle de Seneque , celle de Pierre Corneille, & celle de Lodovico-Dolcé , l'Androma- que d'Euripide comparée à celle de Racine. A ces Pièces fuccedent les Ar- giennes , Rhefus , les Troyennes , toutes trois d'Euripide 3 la Troade de Seneque, les Bacchantes d'Euri- pide , les HéracUdes du même , Jon & Hercule furieux du même encore ; le tout fuivi de l'Hercule furieux de Seneque. Le troilamc Volume offre d'a- bord un Difcours fur la Comédie Grecque , avec des Obfervations Préliminaires , &: des Faftes de la Guerre du Peloponnefc. Puis on voit les Comédies d'Ariftophane , rangées félon le tcms de leur com- pofuion , fçavoir , les Acharniens , les Chevaliers ^ les Nuées , les Guefpes , la Paix , les Oifeaux , les Fêtes de Cérès , Lyfiftrata , les Grenouilles , les Harangueufes ( ou l'aflcmblée des femmes ) ^ Plutus; le tout terminé par une conclufion générale , fuivie d'un Difcours fur le Cyclope ( Pièce d'Euripide , la- quelle vient après ) & fur le Spec- A V R I Câcle Satyrique. Nous ne fçaiirions donner des exemples de taiu de Pièces diverfcs; nous nous bornerons à l'Oedipe de Sophocle , aux reflexions donc le P. Brumoy accompagne cette Pièce 2c au Difcours qu'il hit fur la Co- médie. Quanta l'Oedipe de Sophocle le P. Brumoy avertit qu'il ne prétend point préférer la tradudlion qu'il en donne, à celle qu'en a donnée M. Boivin. Voici comme il s'explique. » Outre l'Oedipe de M. Dacier , »^qui ne m'avoit pas rebuté malgré »»mon refpeiSt (incerc pour la me- » moire de ce S(^avant , il en a paru "une autre en 1719. de teu M. » Boivin ; comme le mien étoic » achevé avant le (îen , j'ai cru de- M voir le donner tel qu'il étoit , " avec h fcrupuleufe attention de " n'y rien changer ^ fans prétendre M pour cela me comparer, ôc moins » encore me préterer à un homme " de ce mérite. Les Partifans de M. Dacier ne feront peut-être pas tout-à-fait con- tens d'un tel avis , où le P. Brumoy témoigne fi clairement avoir moins de déférence pour le premier Tra- ducîleur que pour le (ccond , mais en recompenfe il préfère l'expoii- tion que M. Dacier a faite du fujet de l'Oedipe , à celle qu'en a faite M. Boivin. >» Pour cxpofer , dit-il Mcnfuite, le fujet de cette Tragédie, » il fuffit de citer M. Dacier , qui a 5> traduit l'Oedipe avant moi. Il lîdémêle très-bien en peu démets sî ce que l'Hilloire a fourni au Poë- » K Se ce que le Poëte y a ajoÛTé. L ,- 17? I. 227 Après ces paroles le P. Brumoy copie l'expolé de M. Dacier, qui eft en effet très-bien détaillé & ttès- fuccinc ; nous ne le rapporterons point , il faut venir à la tradudion de la Pièce. Pour mettre les Lec- teurs en état d'en bien juger , il conviendroitde leur rapporter ici le Texte même de Sophocle , afin qu'ils puflTcnt comparer fur le Grec de ce Poète le François du Traduc». teur ; mais comme peu de perfonJ nés , parmi les plus Içavans mê-' me , voudroicnt entrer dans cet examen qui demanderoit de l'application Se du travail , nous croyons plus à propos d'expofer fimplement quelques morceaux de la tradudion du P. Brumoy , lef- quels puifTent être comparés avec les endroits que nous cirerons de la tradudion de M. Boivin, qui eft celle que le P. Brumoy paroîtefti- nier le plus, & afin qu'on ne nous accufe pas de partialité dans le choix des exemples , nous n'en prendrons point d'autres que le début même de la Pièce. Pour entendre ce début , il faut remarquer, i^.Qiie l'ouverture de la Scène prefentc aux yeux une Place , un Palais , un Autel à la porte du Palais d'Oedipe, des en- fans Se des Vieillards profternés , parmi lefquels eft le grand Prêtre :■ 2°. Qvie les anciens portoicnt à. la main ou fur la rêîc, des rameaux fe des bandelettes quand ils alloient demander quelque faveur confide- rable ou aux Dieux ou aux hom- jncs. Cela pofé , voici -comme le P.^ Ff ij â28 JOURNAt D Brumoy commence fa tradudion , nous rapporterons enfiiite le même endroit traduit par M. Boivin.C'eft Oedipe qui parle : •" Infortunés cnfans , tendre race .-> de l'antique Cadnms , quel fujet )) de triftcflc vous rallcmble en ces »> lieux ? que veulent dire ces baii- jîdelettes, ces branches, ces fym- M bolcs de fuppliansî Thébes lume M d'encens , tout retentit de cris &C »de prières. Quel fpedacle pour M Oedipe ! Oui , cet Oedipe votre »j Roi 11 célèbre par tout le monde , 35 a voulu en être le témoin. Je pou- » vois envoyer vers vous pour ap- » prendre la caufe d'une Ci trilte 3' cérémonie, je viens moi-même " m'inftruite , par votre bouche. » Mais non, c'eftàvous, ô Vicil- » lard , de parler pour eux. Quel clt » votre delleiu ? Quelle crainte , "quelle calamité , quel malheur » prefent oututur , vous réduit aux » pieds des Autels ? Parlez , me » voici prêt à vous fecourir. Je "feroisinfenilble fi je n'étois émû «d'un /peittaclc fi touchant. Tel eft le début du. P. JBrumoy. .Voici celui de M. Boivin. » Tendres rcjettons de l'antique » Cadmus , Qu'eft-ce donc , mes wenfans, que cette affemblée ex- » traordinaire ? Quelle pompe , «quel appareil ! Vos têtes ibnt «couronnées de rameaux verds , ïïomement facrc des Supplians. »» L'encens fume par toute la Ville; » l'air retentit tout à la fois , & de » chants harmonieux &c delamen- »»«bles gémiflcmcns. E SÇAVANS; »»Je ne commets à perfonne le » foin de m'intormer de vos de- M mandes , je viens moi - même j) vous écouter ; oui , mc5 cbers j> enhns , c'eft votre Roi , c'eftccc » Oedipe Cl vanté de tous les honi- îs mes, qui vient au-dcva,ntde vous. "Vénérable Vieillard , il vous M convient de parler pour cette » troupe innocente. Qiiel motif » prellant vous amené ici , crai- n gncz - vous , ou fouftrcz - vous ? » Parlez , il n'y a rien que je ns jifalTc pour vous fecourir. Hé , 5> pourrois - je avoir le cœur alfez «dur pour n'être pas touché du 51 triftc état où je vous vois ? Telle eft la tradudion de Mv Boivin ; il eft facile à prefent de comparer l'une & l'autre enlémble. Se de voir par cet échantillon quel jugement à peu près on doit porter furtoutlereftc. Nous difons, à peu- près j car ilfaudroit, pour en juger décifivenient j confronter enfemble un nombre confidcrable d'autres endroits , qu'il n'eft pas polîible de rapporter ici. Nous ne fçaurion? cependant nous difpenfer d'ajouter encore un exemple. Comme les In-- termédes font des Difcours à part qui demandent un ftyle très-poëti— que , il eft à propos de voir com- ment le P. Brumoy & M. Boivin s'y font pris pour traduire ces fortes d'endroits. On peut , félon quel- ques-uns, s'exprimer auifi poéti- quement en profe qu'en vers, & c'eft ce que penfe le P. Brumoy , qui traduit en profe les Intermèdes comme tous les autres endroits. M. Boivin penfc au contraire que poiu: AVRIL ïiien traduire ces Intermèdes il faut les rendre en vers. Un exemple de ce qu'ont pratique là-dellus l'un &C l'autre Traducteur paroîc donc très- convenable. Nous ferons aulli im- partiels dans le choix de cet exem- ple que dans celui du précèdent , piiifque nous prendrons le premier Intermède , en en choiliffant néan- moins l'endroit le plus interefTant , qui eft celui où les maux de la pcfte de Thcocs font répréfentés; LE 'P. BRUMOr. » Hélas , nos maux font innom- « birables. Vous voyez tout un peu- M pie viètime de la mort defcendre » dans le tombeau. Plus d'cfpoir , 3) plus de reflource. La terre terme )) fon fcin , &: fe refufe à nos tra- » vaux j les nicres meurent dans ft les travaux de l'enfantement : »>Pluton, le fier Pluton voit tom- -5Î bcr les morts fur la rive du Styx 31 pluspromptemcnt que les éclairs, » 5c comme une foule d'Oifcaux n qui fc précipitent les uns fur les » autres. Des monceaux de cadavres »j-privcsdes derniers devoirs cou- » vrcnt la campagne. On voit de M tous cotez de jeunes époufes & des » matrones refpedables par leur J5 vieilleffe , embrafler les Autels » comme un azile facré , & percer svlcs airs de leurs gémilTemens. On n n'entend' de toutes parts que de « lugubres accens , & le nom d'A- 3> poUon mille fois répété fe confond M avec les cris douloureux. 17 3'- "^ M. BOiriN. Hélas , je gémis fous le poids De mes peines cruelles , Tout ce peuple aux abois RelTent du même mal les atteintes mor- telles. Hélas pour prolonger nos jours Tous les fccrets de l'art font de foiblcs fecours ; Rien ne meurit , rien ne profpere « La terre dans Ton fein rellbrre Tes tréfore. Tout languit; l'enfant meurt dans les flancs de (a merc , Et fait pour voir le jour d'inutiles efforts. Comme une troupe fugitive D'Oifeaux par l'orage chafles y Comme des flots l'un fur l'autre pouf- fes , Telle vers l'infernale rive D'ames fans nombre une foule plaln* tive Fuit loin des corps l'un fur l'autre ca- (affés. D'un peuple autrefois innombrable^ Qu'en cendres la pefle a réduit, Thébes pleure aujourd'hui la perte irré- parable. Il n'eft point à nos maux de moment fa» vorable , le jour n'eft pas pour nous moins fatal que la nuit. De toutes parts couchés fur la terre in- feélée , Abandonnés de leurs plus chers parens,. Les morts & les mourans Mêlent aux vents inapurs une haleine empeftée. Sur les bords de l'Ifméne , autour des faints Autels, Par des foupirs ardens , pat des larnus firaercs. 23© JOURNAL DE LesEpoufes , les mères Demandent aux Dieux immortels La fin de leurs longues miferes. 'Aux Cantiques Sacrés mille cris dou- loureux Inceflamment s'uniffent. lE P. B RU MO Y. »s Témoin ck tant de miferes ; »j Minerve , volez à notre fecouts , » mettez en fuite cette Divinité M barbare-, ce Mars exterminateur, » qui plus redoutable que le Dieu «des Combats nous faitimpitoya- 3>blement périr fans armes , fans » Egide , fans appareil de guerre , » écartez-le de nos climats , précipi- » tcz-le ou dans le vafte fein d'Am- n phitrite , ou dans les abîmes pro- » fonds de la mer Thracienne &L du 55 Pont Euxin. Hélas ce qu'une nuit )j a épargné devient la proye du jour ut fuivanc i Grand Jupiter qui faites » gronder le tonnerre , ccrafez ce M génie de vos foudres. Dieu de jjLycie, Apollon, préparez pour «nous fecourir votre arc , votre » Carquois d'or , Se vos flèches ; & » vous Diane , lancez fur lui , com- » me des traits enflammés , ces » rayons Si ces feux que vous dar- î> dez fur les montagnes de Lycic ; n Recevez enfin nos vœux , ô Dieu » qui portez le nom de Thébain, & » que nous parons d'une Thiare «d'or-, Chef des Ménades, puif- »fant Bacchus , venez avec vos "torches allumées, écarter loin de »noas cette horrible Divinité. S SÇAVANS; M. BO 1 FIN. Minerve, vois nos maux , entends les cris affreux Dont nos murs retentiflënt. Contre un Dieu meurtrier , Dccfle arme ta main ; Que loin de nos rivages Ce Démon inhumain Tombe fur les rives fauvages i Ou dans le vafle fein j De l'orageux Euxin"; Qu'une chute fubite L'entraîne jufqu'aufond De l'abîme profond , Où fc cache Amphitrîte. Père des Dieux ! ô toi qui dans les airs Sur les ailes des vents promenés les éclairs , Jupiter prends ta foudre, Pourfuis ce monftreaSreux , & le réduis en poudre. Paiflànt Roi de Lycie , accours : Apollon prends ton arc. De tes mains in_ domptables , De tes traits redoutables Contre ce noir Démon j'implore le fc- cours. Vous qui de la Lycic effrayez les monta- gnes. Qui dans l'horreur des plus fombres vallons , Tracés de lumineux filions , De la terreur , de la fuite compagnes. AVRIL O flèches JcDIaiie , éloignez de ces lieux Un Démon, ennemi des hommes & des Dieux. Et toi , fils de Séméle , Bacchus , viens , il eft tems , c'eft Thébes qui t'appelle , Le front ceint d'unfacré bandeau , .Viens, Dieu Thébain, défends tes Autels, ton berceau , Eteins ce feu dont l'ardeur nous dévore. Des Menades fuivi, cours armé d'un flam- beau j Pourfuis ce Dieu cruel que l'enfer même abhorre. On peut aifément , par ces exem- ples , juger de la profe du P. Bru- moy &C des vers de M. Boivin , & en comparant l'un avec l'autre voir laquelle des deux tradudions eft préférable. Qiiant aux réflexions du P. Bru- moy fur l'Ocdipe de Sophocle , c'cft de quoi il nous faut à piefcnc dire un mot: le but de ces reflexions eft de chercher j i*. Qiielles font les raifons du plaid r qu'a toujours caufé la Pièce dont il s'agit. Notre Auteur remarque d'abord que rien n'eft plus régulier que cette Pièce ; il obicrve que l'unité de lieu y eft exaâe & naturelle , que l'unité nt cetinte- rêt inexplicable qui pique d'abord la curiofité Se qui la fait croître à chaque pas , à mcfure qu'il la fatis- faif. Pour peu , dit-il , qu'on s'étu- die foi - même en lifant Ocdipe, l'on obfcrvc qu'on palTe fans inter- ruption de la crainte à l'efperance , & de l'efperance à la crainte, pour aboutir enfin à la pitié confondue ^vec la terreur. Heureux effet ! Le P. Brumoy, après quelques autres reflexions, conclut que l'in- térêt bien conduit , qui fait la grâce 6: l'ame de la beauté tragique , eft ce qui a réuni tous les fuftrages en faveur d'Oedipe , excepté ceux , peut-être, de quiconque n'a pas la force de fe tranfporter au Tliéatre d'Athènes , & d'oublier pour 4in moment celui de Paris. Ce fcroit peu de chofe d'avoir cxpofé aux yeux des Le nous ne fçaurions , fins nous trop étendre ^ expofcr ce qu'il en dit ; nous remarquerons feulement que M. Boivin , dans fa Préfice fur Oedipe , répond à la même difficulté j & que pour être bien au fait Kà-delfus il eft très-à ptopos de comparer fa réponfe avec colle du P. Brumoy. Il eût été à fouhaiter que le P. Brumoy eût fait ici mention de M. Boivin &C qu'il eût rapporté la réponfe de ce fçavanc Académicien , cela n'auroit pu que faire plaiiîr aux Lecteur?. La dernière objection eft que le fond A V R I fond mcmc de la Pièce paroît re- ■prehenfible. Qiicl eft le crime ci'Oedipc,demandc-t-on j un brii- ■cal lui reproche en face qu'il n'ell: pas fils de Polybc. Il va confultcr l'Oracle ; le Dieu, au lieu de repon- dre à fa queftion , lui prédit qu'il tuera fon père & qu'il cpoufera fa mère : Oedipe confirmé parie filen- cc d'Apollon j dans l'opinion que Polybe eft fon pcre , eft tellement vertueux que pour éviter d'accom- plir une fi terrible prédidion , il s'exile de fon Pays. Il erre à l'avan- ture , il arrive à Thcbes , la fortu- ne lui rit y il confond le Sphinx , le voilà Roi de Thcbes ôc mari de Jocaflc. Il ignore abfolument que la mcre eft devenue fa femme. En toutcela s'il y a du crimc^c'eftApol- lonqui clf coupable &: non Oedipe, c'cfl: pourtant Oedipe qui paye le crime. LeP. Brunioy fait à cette objec- tion une réponfe fort étendue qui fe réduit à mettre pour principe que la fatalité étoit parmi les anciens , le grand mobile des principaux évcne- mens. Cela pofc le P. Brunioy pré- tend que il l'on veut joiiir d'un Spedacle Grec, il faut épouler pour un moment ce Syftcmc. Il avoiie que c'eft un Sylfême infenlé , mais il foûticnt qu'on doit faire effort pour ne le pas trouver tel , puifqu'il ne paroilToit pas tel aux Spedfateurs Grecs, avec qui nous nous mêlons. Qu'un Prince François , dit-il, qui feroitrcprefcnté far notre Théâtre, s'avisât de donner dans les idées du Paganifmc, on le (ifflcroit ; mais qu'un Augufte s'y Uvrc, cela nous L; 1751: 2JÎ paroît dans l'ordre : Rendons la même juftice à Oedipe, 6c ne le condamnons pas par l'endroit mê- me qui le rend le plus intereiïànt. Aux Reflexions du P. Brumoy fur l'Oedipe de Sophocle , fuccede un abrégé de l'Oedipe de Senequc & un autre de celui de Pierre Cor- neille. Tous deux accompagnés de remarques très- curieufes , &c auf- quelles nous fommcs obligés de ren-. voyer. Nous pafTons au Difcours fur la Comédie Grecque. Les Comédies d'Ariftophane font des morceaux importans pour la connoiiïance de l'Hilfoirc Grecque dans ce qui re- garde les Athéniens en particulier , & cette confidcration fuffiroit feu- le pour rendre Ariflophanc rccom- mandable quand on ne le confide- reroit pas comme Poète Comique. Mais fi l'on a encote égard cà cette qualité , il eft l'unique, comme le remarque le P. Brumoy, dont on puifle tirer l'idée de la Comédie de ion tems. On voit de plus que dans fes Pièces il en veut prcfquc tou- jours aux Poètes Tragiques , & ce qui eft de pis , à l'état cc aux Dieux. Ces confiderations ont engagé le P. Brumoy à donner des Analyfes exactes des Pièces de ce Poète , pour en déduire , dit-il, quatre Syftêmes effcntiels : 1°. Sur le cara- élere de la Comédie de fon tems fans omettre celles de Mcnandre: î.". Sur le gouvernement & les vices des Athéniens : 3". Sur ce qu'on peut penferdes fcntimcnsd'Ariftj- phane touchant Efchyle, Sophoc'c .& Euripide : 4'. Sur les raillericj 23^ JOURNAt D qu'il fait des Dieux. Il ne traire point ces chofes par oidre comme il femblc qu'il le devroit faire dans un difcours fuivi, mais elles naiflent tantôt féparc- ment , tantôt enfemble , de l'expo- fé de chacune des Comédies &C des réflexions que permet la liberté de la méthode qu'il fuit : ce font fcs termes- Il prétend, quoi qu'il en foit, que la Comédie eft polterieure à la Tra- gédie , que comme celle-ci eft uni- quement l'ouvrage d'Efchyle,celle- là doit paflcr pour en être , à plu- fieurs égards , une fuite Se une imi- tation ; que la Comédie , en effet , ii'ell: qu'une aftion mife en fpcûa- cle avec le même artifice que la Tragédie , que l'objet feul cfl: diffé- rent , cet objet n'étant autre que le ridicule. Le P. Brumoy s'appuye ici du témoignage d'Horace &. d'Arifto- te, après quoi il conclud. j» Voici » donc la Comédie Grecque : née » après la Tragédie, & par confe- » quent de la Tragédie même & de »>l'imitation d'Efchyle inventeur de « celle-ci , ou pour remonter plus »>haut, née d'Homère qui avoir 5» fervi de guide à Efchyle ; car à en «croire Ariftotc, le Margités, Poc- ï> me Satyrique d'Homère, adonné 55 lieu à la Comédie , comme l'Ilia- » de & rOdyflee à la Tragédie. " C'eft-à-dire , que l'objet & l'art >jde l'Oeuvre Comique ont été » puifés dans Homère ôc dans Ef- M chyle. Notre Auteur examine quels fu- irent les premiers Auteurs de la ES SÇAVANS,. Comédie, quel hitcnfuite le pro- grès 5c la perteclion de cet art \ 5c pour ne rien omettre d'clTenticlfur cette matière, il dit un morde la Comédie Latine» aprcs quoi il re- vient .1 Ariftophanc Poète unique, où l'on puilTe voit ce que c'eft que la Comédie Grecque, parce qu'il eft le feul que l'injure destcms ait épar- gné en partie , après avoir envelop- pé dans les ténèbres tant de Grands Hommes dont iln'eft refté que les noms , &c quelques légers fragmens, le P. Brumoy tâche nonobflant cela de former un portrait de la Comédie Grecque , le plus appro- chant de la vérité qu'il lui eft pollî- blc. Nous renvoyons là - delTus les Lcèleurs au Dilcours même , où ils trouveront bien des réflexions dignes de leur curiolîté , & entre autres une excellente Apologie d' Ariftophanc contre les accufa- tionsde Plutarque. Notre Auteur iinit fon Difcours par un parallèle détaillé de la Tra- gédie & de la Comédie , où il rend à Molière toute la juftice qui lui eft due en ce dernier genre d'écrire, & où après bien des difcuHlons cu- rieufes , il déclare enfin que s'il falloit juger de la difficulté de la Tragédie Ss. de la Comédie , par l'imprellîon que l'une & l'autre, fuppolées également bonnes , ont coutume de faire , on trouveroit peut - être dans l'examen de cette imprcilîon , que le fcl d'un bon mot qui répuit tout le monde , a du coûter plus de reflexions que tel trait qui aura plu extrêmement dans une Tragédie i il croit même que AVRIL; î7?i' 257 û Ton panchera d'autant plus de ce intitulé: Obfeyvjations Vrèlin^'nair-s V côté-là , qu'on fera plus d'atten- & dans un autre intitulé • L s t ^hi » tion qu'une veine heureufe en fait de la guenre du Peloponn.i'e ^ p,jnr «de Tragique , coûte fouvent fervtr aux Comédies d'A^, fi ^ploane. » moins à ouvrir &: à laider couler. Nous ne fuivrons point norrc «qu'un mot bien placé dans le Auteur plus avant. Ileittemsde " Comique ne coûte à placer ain(î.« finir ce fécond extrait , don: l'éren- W'^KtenA y fur tout ^ <\\i on en juge- due, au(li-bien que celle du pre- ra de cette manière , ejuand on vou- mier que nous avons donné du drafemir le pnx d'un met mis en /a même Ouvrage , pa(Te nos bornes place, & Indifférence d'un tel mot ordinaires. Nous ajouterons feule - en toutes fortes d'écits , d'avec le ment que pour bien juger du Livre fur bon Cens, & l'imagination même du P. Brumoy, il faut le lire en la plus ornée ejtii fouvent fait ilUifton. entier & non par partie , fans quo i Puis revenant à Ariltophanc , on ne fçauroit fe former une idée notre Auteur remarque » que tant jufte d'un Ouvrage aulTl rempli de » de Grands Hommes de l'Anti- recherches fçavantes & curieufes > » quité 2 conne & facile paur apprendre l'U/floire aux enpms , dédiés a S. A. S. Jldonjeignsur le Duc de Chartres. A Paris, chez André CaïUeau, Place du Ponc S. Mkhel, à S. André. 1750, z.vol. ;«- 11. premier V.? pp. 217. fécond v. pp. 234. non compris rA.vettiffement ôc les Tables Chronologiques de lxv lii» pp. PAR rAvertifTement que l'on trouve à la tête de cet Ouvrage, nous apprenons que c'eft ici laTra- dudion du Livre d'un f^avant &C ingénieux Jcfuite , qui uns vouloir être connUjCntreprcnd de renfermer dans un petit Volume l'Hiftoire de tous les (leclcs. Nous y apprenons auiîl que cette Traduction n'efi: pas abfolument littérale , parce qu'elle eût peut-être été trop feche &c trop peu interelfante. L'expérience que M. Droiiet de Maupertuy , Auteur de cette Traduction , a taite dans celles qu'il a déjà données au Pu^ blic , l'a convaincu qu'il cft quel- quefois non feulement permis de s'écarter d'une exaâitude fcrupu- ieufc , mais même utile &c fouvent néceiTairc, foit pour jetter quelque agrément dans la copie , foit pour ajoi^iter à l'original quelques nou»» velles circonftances dans les faits qui y font rapportés & qui y man- quoienf, foit enfin pour s'accom- moder au goût desLedieurs qui n'eft pas le même dans toutes les Coi'w- îrées. C'eft fur ces principes que notre Tradudeur a entièrement KCtouché plufieurs endroits , ôc qu'il les a ornés , dit-il , par des îouts . des expreflîons, des augmen- tations, &c des traits qui font pure- jment de lui, De telle forte qu'on peut dire ( de fon aveu ) que l'Ou- vrage a été prefque tout refondu", ne s'étant alfervi qu'au deffein Sc qu'à la méthode de fon original. Cette Méthode confifte unique- ment à faire l'abrcgé très - fuccinc de l'Hiftoire de l'ancien Teftamenc en quatre Livres , dont le premier contient les principaux faits depuis la Création du Monde jufqu'à la. mort d'Abraham; le fécond, depuis Moyfc jufqu'au dernier des Juges' j le troifiémc , depuis Saiil )ufqu'auX derniers Rois d'Ifraél &: de Judaj le quatrième renferme les difterens états des Juifs fous les Rois d'Aftî- rie , fous les Rois de Perfe , fous les Grecs , fous les Rois d'Egypte^ fou-s les Rois de Syrie , fous les Grands Prêtres , & fous les Romains. Telle cft la matière du premier Volume. Le fécond eft divifé en cinq Livres -, le premier traite de l'Empt- re d'Aillrie ; le fécond , du Royau- me de Perfe ; le troifiémc , des Royaumes de la Grèce -, le quatriè- me, delà Monarchie des Romainsf, ôc le cinquième enfin des Empe- reurs, depuis le premier liccle d& l'Ere Chrétienne jufqu'au dix-hui- tième fiecle. On voit aftcz qu'un tel Livre n'eft pas fufceptible d'extrait , nous ne pouvons qu'en copier un mor- A V R I ccau pour faire juger du ftile du Traducteur. Nous choifirons l'arti- cle de l'Empereur Kcnri IV' fils de Henri III. dit leNcir. On le trouve à la page JOb'. du fécond Toine. »»'I L n'avoit que fix ans lorfqu'il fucceda à fon père , foii éducation fut confiée au bienheureux Annon, Archevêque de Cologne , fous la tutelle de l'Impératrice Agnès fa merCjtrcs-vertucufe Princefle ; mais quelques Grands de l'Empire n'ap- prouvant pas la manière dont on élcvoit leur Empereur [ fans doute parce qu'elle n'étoit pas conforme à leurs maximes ] lui ôterent l'Ar- chevêque Annon , & lui donnè- rent Adalbert Evêque de Brêm.e. Ce nouveau Précepteur , ou n'ofant s'oppdfer aux: paillons nailTantes , jnais vives & ardentes de fon Dif- ciplc , ou même les lomenrant & les fortifiant par une complaifancc criminelle , le jeune Empereur s'y livra entièrement , 6c n'en fut plus le maître. « 3) Il eft certain qu'il ne faifoic pas des biens del'Eglife l'ufage que i'Eglife elle - même & les Canons prcfcrivent. Deftinés à des ufages pieux , il les employoit à payer fes Troupes ; il vendoit les Dignirez des Eglifes , ou les donnoit fans choix & fans examen à fes Courti- fans j ou à ceux qui lui en don- noient le plus. Le Pape Alexandre II. lui fit là-deflus de charitables & de paternelles remontrances. Il Ti'y eut aucun égard ; enfin les fa- méufes Inveftiturcs le brouillèrent entièrement Si fans retour avec les L ; 1 7 3 r: i237 Papes , difons mieux , avec la Conc de Rome." >5 Lorfque les Evêqucs , ou les Abbez nommés par les Empereurs venoient leur prêter le ferment de fidélité , ils recevoicnt en même- tems l'Invcftiturc du temporel dé- pendant de l'E vêché ou de l'Abbaye aufquelsils étoient nommés ; c'eft- à-dire, la faculté d'en joiiir. Cette Inveftiture qui n'étoit dans le fond qu'une cérémonie purementcivilc, fe donnoit par l'Anneau &: laCrofie; fignes arbitraires , indifferens , Se aufquels n'étoit attaché aucun pou- voir fpirituel -, c'eft ce que prote- ftoient hautement les Empereurs ; & c'a été le fentiment d'une infiniré de sens de bien &c de pieux Auteurs qui ont traite de ces matières. « » Quelques Papes n'en jugercrit pas de même , ilscrurènt appercc.. voir dans ce don de l'Anneau Se de laCrode une afFed:arion de la part des Empereurs & mi defiein formel de s'arroger un pouvoir qui fans doute ne leur a jamais été donné, qui étoit de conférer aux Evêques une PuifTancc Spirituelle fur les chofes faintes , fur la difcipliné. Parmi ces Souverains Pontifes , Grégoire Vlî. fut celui qui fe fi- gnala le plus. Il regarda ces Invefti- tures comme un abus intolérable , une cérémonie impie , facrilegc , un attentat contre la légitime & inconteftable PùitTance qui refide dans les feuls Miniftres de J. C, peut-être poulfa-t-il trop loin fon zélé , peut-être employa-t-il trop facilement &trop fréquemment les foudres que les Canons jnettefit »38 JOURNAL D entre les mains des Grands- Prêtres delà Loi nouvelle. Je vais fimple- ment Se fuccintement raconter les faits , lailTant au Ledeur Catholi- que à en porter fon jugement. Grégoire commença par excom- munier quelques Membres du Con- fcil d'Henri , qu il foupçonnoit de donner de mauvaifes imprellîons à leur Maître. Henri défendit la pu- blication de la Bulle qui portoit cette excommunication & qu'on y eut aucun égard. Il fit plus , & il en fit trop , il convoqua tumultuaire- ment à Vormes une aflemblce de quelques Prélats qui lui étoicnt en- tièrement dévoués , de ces Evêques de Cour , qui déshonorent &c avil- lilTent leur divin caradere , en s'af- fujettifTant baflement & par des motifs d'intcrefts& d'ambition aux paflîons des Princes. Cette alîem- bléc déclara Grégoire VII. déchu de fa Dignité , le priva du Souve- rain Pontificat comme coupable de plufîeurs crimes , &: défendit à tous fes Sujets de le rcconnoître comme Chcfdel'Eglifc. " » Il faut l'avouer^ l'attentat étoit snoui , auffî le Pape crut devoir s'y oppofer. Il convoqua de fon côté un Concile à Rome , dans lequel il lança l'excommunication fur la per- forine même de l'Empereur. Gre« goirc fit plus , car s'attribuant UQ droit , qu'affurement J. C. n'a point donné à fon Vicaire , il ôta l'Empire à Henri , & ordonna à tous les peuples de fon obéiflance de s'en fouftraire , les abfolvant du ferment de fidélité qu'ils lui avoient tait ôc que tout fujct doit à fon Sou- ES SÇ A VANS; verain. ce » Ilfe trouve affez de ces Sujets qui ne tiennent à leur Prince , ni par le lien de la Religion , ni par celui de la commune patrie , ni par celui de la nature , qui porte les Membres à fe tenir unis à leur Chef. Henri n'en trouva que trop dans cette vafte étendue de fes Etats. Soit par la délicated'e d'une confcience timorée,foit par un défit de la nouveauté , foit par quelque motif d'intérêt, de haine , de dépit, plus d'un Seigneur de la Cour d'Henri l'abandonna , on le mena- ça de l'abandonner , ii dans l'année il ne donnoit fatisfadion au Pape. C'étoit le terme que Grégoire avoit prefcrit à l'Empereur , poux obtenir Ion abfolution. « » Le peuple avoit fuivi l'exemple des Grands , & chaque jour on le voyoit fc djtacher de fon Souve» rain. Henri appréhendant avec beaucoup d'apparence une dcfer- tion générale de tous fes Sujets , fe refolut delà prévenir en fefoûmet- tant à Grégoire. Il fe hâta donc d'arriver en Italie avant que le Pa- pe en fortît pour fe rendre à Auf- bourg , où il avoit indiqué une af- femblée générale des Princes de l'Empire, pour Téleârion d'un nou- vel Empereur. Henri le rencontra à CanolFe , ForrcrelTc appartenante à la Comtelfe Mathilde toute dé- vouée à Grégoire. Il s'en approche èc demande à y être introduit. On le lui permet , aux conditions qu'il y entrera feul en habit de pénitent , en chemife , nue tête , & pieds nuds. Le Ledieur remarquera que A V R I r Ï75 I.' 255 cVtoit dans le plus fort de l'hyvcr , phe Duc de Soiube : il n'en jouit qui, quoique court en Italie, ne laille pas d'être rigoureux. Henri accepta les conditions , toutes hu- miliantes, toutes pénibles, toutes dangereufes qu'elles fulTent ; voilà donc le premier &: le plus pcifTant Monarque de l'Europe , feul dans la première Cour d'une Fortereffe , cxpofe aux infultes d'une Soldatef- que infolente ; à la merci d'un homme qu'il a offenfé, d'un Saint Pontife à la vérité , mais qui le per- fuade peut - être qu'il venge J. C. en vengeant fon Vicaire i cependant Henri pafla trois jours en cet état qui fait frémir , qui attendrit & ne peut que revolter l'cfprit , qui s'é- chappe au murmure & à l'indigna- tion , malgré le profond refpecft qu'il doit à l'Oint du Seigneur : enfin Grégoire le laiflc fléchir &c accorde l'abfolution à Henri. « » La rigueur ayoit été trop grande & la pénitence trop rude pour n'a- voir pas laiilé dans le cœur du pé- nitent quelque aigreur contre celui qui laluiavoitimpofée : il croit que l'indigne traitement qu'on lui a fait le difpenfe de tenir au Pape ce qu'il lui a promis. La guerre recommen- ce , on court aux armes de part & d'autre. Henri veut employer les armes temporelles , Grégoire fc fcrt des Spirituelles ; & elles font leur effet , les Princes s'unifient au Souverain Pontife, dépofcnt Henri 4e l'Empiïe , & le donne à Rodoî- paslong-tems , & le perdit bien-tôt avec la vie dans un combat que lui livra Henri avec quelques troupes qui lui étoientreftécs fidèles, m M Henri ne rcfpirantque vengean- ce contre l'Auteur de fcs malheurs , aficmble quelques Evêques dans le Tirol , on y excommunia Grégoire, on le dépofa pour la féconde fois , &c ce qu'on n'avoit pas fait la prc-; mierejOn lui donna un Succefieur, Guibert , qui prit le nom de Cle-. ment III. " » Cependant Conrad fils d'Henri prend les armes ^ non en faveur de îon père , mais pour achever de l'oprimer. Dieu ne pouvoit pas fa- Yoriferles defieins de ce fils impie j une mort prompte &c prématurée l'emporta peu de jours après qu'il eut levé l'étendart contre fon père. Le fécond fils de l'Empereur ^ nommé Henri , non moins impie que fon frère Conrad , voulut aufli fignaler fon zèle en pourfuivant, les armes à la main , fon perc & fon Seigneur. Il fallut enfin que ce perc infortuné fuccombât. Les Grands lui étoient toujours opporés , & fa- vorifoient la révolte du fils. Henri lui fut livré , on le dépouilla folem- nellement de toutes les marques de fa dignité , & Ton en revêtit fui l'heure le rebelle , qui fut proclamé Empereur. Henri mourut peu de tcms après, ayanc régné 50. ans» 240 JOURNAL DE SÇAVANS; OBSERVATI ON SVR LA MALADIE DE M. M^not de Bergerat , Bourgeois dans le Diocèfe de Confo-ans , en U Province de Guienne. A M. de Chicoineau , Cor,feiller en la Cour des Ajdes , Chancelier & Profepur en l'VniverJîti de Med-cine de Mont- pellier. Brochure m-ii. pp. 17. Sans nom D'iMrRiMEiTv,. L'ObfervatioH dont il s'agit eft de M. VieulTcns Médecin à S. Liziers en Conférons , lequel fut appelle le mois de Février de l'an- née dernière 1730- chez le Bour- geois ndmmé dans le titre que nous venons de rapporter. Ce Bourgeois, âgé alors de } 1. ans , fe plaignoit d'une grande douleur au gozier , ôc difoit ( ft.îon le rapport de M. Vieuflcns , dont nous copions ici les termes .) ^u'H jentoit de^ix cens crochets de fer [^ dont on fe fert pour Attacher la viande a la Boncherie ] qui déchiraient fans ceffe fon go\ier jafcju'a l'extrémité des boyaux , dj' eju'il y avait des momens aufjuels il craignait de rendre les derniers fon- firs. • M. Vieii/TcnEobrcrvc que le ma- lade en queftion étoit attaque de- puis huit jours d'une fièvre double tierce , que fon pouls étoit naturel- lement concentré , fa langue fort ari- de , & couverte en fon milieu d'un limon verdâtre-, que la circonféren- ce de cette langue étoit d'un rouge très -vif & parfemé de diflerens boutons relevés en pointe, dont une partie éroit rouge H^ les autres ti- roient fur le violet ; qu'on fentoit fur la région épigaftrique une pul- fation continuelle qui augmentoit .dans le cours des redoublemens , .quelquefois immédiatement après avoir Wf« le bouillon ^ è<. dans Tope- ration des remèdes prefcrits ■■, que tout l'abdomen étoit allez fouple,' quoique douloureux ^ar le taEl^ que ce malade , malgré un «.fToupidre- ment continuel où il étoit tombé depuis cinq à fix )ours, fe plaignoit d'une douleur très-vive dans toute la région des reins ^ qu'il fut trouve dans unextxême abattement de for- ces à caufe de la violence d'un pur- gatif qu'on lui avoit donné fur les ii:^ heures du matin, lequel lui avoic procuré plus de cinquante déjec- tions dans l'efpace de 14 heures-, que pour remédier à cet accident Ai. Vieu liens lui iît prendre fur les neut heures du foir un julep avec les.eatix de pourpier & de chicorée, dans lefquelleson délaya demi drag- me de confedion d'hyacintc, un fcrupule de corail rouge préparé , autant d'yeux d'ccreviiîcs , demi once de fyrop de limon & un grain de laudanum -, ce qui fie dormir le Bourgeois fix heures de fuite , après quoi il s'éveilla pour demander du viti , on lui en apporta , & M. Vieuffens s'approchant alors du malade , qui avoit à peine quelque pulfation dans le pouls, lai trou va toutes les extremitez froides & aufïî tendues que dans un véritable téta- nos. Il ne crut pas devoir prendre en cette occafion d'autre parti que de A V Jl I L, r 751; :4, de faire a%'aler promptemenc au ^iies ufités peur détnitre te principe malade dans un peu de vin deux d'un dévoycm:nt dont il ètott trava'd- gros de contciftion d'hyacinte \ le lé de % en S jours pour l'erdindire. Le malade un quart d'heure après avoir malade m'aptra cju'il é:o ' exrê'ne- pjis la potion , eut la parole plus ment épuifé parle fréquent tifasc des libre qu'auparavant , mais les ex- remèdes violens qu'on Inifai fan pren- tremitcz refterenc dans le même drs , poicr emporter une hile poracée état. qu'on avoir reconnue dans [on eftomac Nous pourrions nous contenter & dans les autres vifceres. Cepen- de cctexpofc , pour faire connoîtrc dam il n'était foulage drus la violcn- Icscirconrtanccsdcla maladicdcM. ce de fes douleurs , que par l'opéra - Manot de Bergerat , mais il ne fera tion des purgatifs, ^e m^apperçus en pas inutile de prendre les chofes mime-tems , que malgré une grande d'un peu plus hautj pour mettre les d/fficulté de refpirer , dont il était Lcdeurs plusau fait. M. Manot de travaillé depuis trois jjurs fuivanê Bergerat, que pour ne rien oublier j l'expofé du Chirurgien ordinaire il nous avertirons être ( fuivant le fe plaignait vit ement, rapport de M. Vieullcns) d'««rfw- Les plaintes dont parle ici M. perament rr.éUnchgl'.que quoique vo- VieufTens font celles que le malade, r4(r(? , fut extrêmement maigre dès félon ce que nous avons rapporté fa tendre jeunelfe , il avoir deflors plus haut , faifoit de ces deux cens une couleur bafanée , & le cercle crochets de fir^ qu'il difoit fentir à des yeux fous la paupière inférieure fon gozier ptfqu'à l'extrémité des paroilfoit livide. Son humeur ce- boyaux. M. Vieuffens radcmbla pendant fut toujinirs en|ouce )uf- toutes ces circonftances , & les qu'à l'âge de 8 a 9 ans qu'il cora- comparant enfemble ^ il prononça mença à devenir trifle , & fi trifte devant dix ou douze témoins , à ce qu'il cherchoit routes les occafions qu'il afiure, &r tous témoins dignes de fe dérober à fes camarades. de toi , à ce qu'il afTiue encore. Depuis l'âge de 14. à 15. ans, /'/ -qu'on n'avait jamais connu la ruala- avoit , dit M. Vieuflens , été fujet die de Ad. Ai.inot de B'.r^erat & A des douleurs vagues dans toutes les qu'on ne devait attribuer tous les extremiiez. inférieures avec une toux accidens ci-deffus mentionnés , qu'a y» opiniâtre qu'il ne peuvoit recevoir tin feul ver d'une longueur ^ d'une la refpiration dansle tems que la di- g^ijfitr extraordinaire. Que pour gefiien desfolides était faite , ou im- foittenirla vérité du fait , le malade médiatemcnt après avoir refu le u ferait jufju'à nouvel ordre de diffe- bouillon. Ces dt rniers accidens , rens remèdes contre les vers , dont la pourfuit notre Auteur , avaient dé- baze ferait une décoU.> 14. heures , à lept heures du ma- 3î tin , le douzième jour delà mala- î) die, & le 1 2. du mois «le Février, M il rendit par bas un ver dont une >j partie du corps , avec la queue » que je conferve dans l'eau de vi?^ M tire fur trois aulnes de longueur , s> &deux aulnes &; quelques pouces, >' que la tête avec une partie du 3> corps avoit [^ que je n'ai pu con- » ferver , parce qu'où la jetta im- ?> prudemment dans le Jardin J » taifoient avec la queue , cinq aul- » nés &c quelques pouces que cet » infecife vermineux avoit de lon- s>gueur. Il fortit mort du corps du «malade, coupé par le milieu dans » la diftance que |'ai marqué. Il ctoit sï plat de fa nature , 6i large d'un "pouce j depuis la tête jufqu'à la M diftance de trois pans Se quelques M lignes vers la queue. Tout le corps >»étoit fort luifant , & formé à di- » verfes reprifes de la même manie- Èïre qu'on autoit pu joindre plu- ES SÇAVANS, n lieurs vers àla.qacuc l'un del'au- » rre d; la longueur d'an demi pou- " ce & réunis pu une couture affez M-relevceo- Telle eft la defcription que M. VieulTens fait du ver dont il avoic prédit avec tant d'atTurance la fortic. On y voit, par rapport à la dimen- fion de cetinfedtcj qu'il avoit cinc^ aulnes tant de pouces de longueur, mais on n'y voit rien qui concerne fa grofTeur , & cependant M. Vieulfens dans fon prognoftic an- nonce ce ver comme étant d'iiia grojfeii-r extraordinain. On peut donc demander ici à M. VieuiTens, fi ce ver étoit effec- tivement d'une groflcur extraordi- naire , car tous les Auteurs qui ont parlé du Tx.nia ou vci pUt, autre- ment nommé par M. Andry dans fonTraité de la génération des vers Ver fûlltaire^c^yn eft l'efpccedever dont il eft qucftion ici , en ont parlé comme d'un ver mince, mars feulement très - long ; nous en avons vii chez M. Andry un très- grand nombre de cette efpece &: de morts (Se de vivans, lefquels nous ont tous paru d'une longueur ex- traordinaire 5 les moindres ayant cinq à fix aulnes de long , mais étant du refte très-minces pat rap- port à leur longueur. Qiioiqu'il en foit , M. Vieuftcns- termine la defcription de fon ver & fi Lettre , par demander à M»- Chicoincau (x le ver dont il s'agita été formé dans M. Manot de Ber- gerat, au moment que M. Manot de Bergerat a pris naifance dans It i/entre de fa mère , ou fî c'eft depuis- A V R î l'â^e de ^ à <} ai? s ^ ijiton s' ap perçût que ce jeune homme changeait tous les jours d'inclinitnon & tombait dans une maigreur confi ieïabk ^ quoiqu'il fût vorace. Il prie M. Chicoinciu fie lui fai- re au plùcôc réponfe là-defllis , lui difant qu'il artcnd cette rcponle avec impatience : la Lettre eft écri- te de S- Lizier en Conferans , & dattée du 28. Juin 1730. M. Chicoineau pour fatisfaire l'impatience de M. VieufTens , lui répond des le 21. du mois de Juil- let de la même année. Sa réponfe fe reduic à quatre chefs : 1°. II avertit M. Vieullens que ce ver cft de l'efpece de celui que M. An- dry appelle le verfalitaire : 2°. Il informe le même M. Vicudcns que J'obfcrvation du ver folitaire eu elle-même , eft un fait alfez com- mun , qu'il n'y a gueres de prati- ciens un peu exerces qui n'ayent vu ,& traité cette efpece de maladic;que M. Andry dans Ion Traité des vers du corps humain rapporte nombre d'Obfervations fur cette matière , & que lui M. Chicoineau a vu de- puis 9. à lo. ans , cinq à fix étran- gers attaqués du même mal, fçavoir entr'autres , un Capucin &: un Négociant de Bordeaux , lefquels avoient rendu un nombre prodi- gieux d'aulnes de cet infeftedont ils portoient fur eux plufieurs pie- ces d'une longueur confiderable , faites en forme de dentelle & allez minces , larges d'un pouce , & di- flinguccsd'efpace en efpace par de petits nœuds en manière de coutu- re affez relevée : y. Il marque un grand étonnement que depuis plus de 2c. années que ce ver avoic fans doute commencé à k développer dans le corps de M. Manot de Ber- gerat , comme il y a lieu de l'infcrer du changement de carade - re ou de temperamment qui arrivi au malade dès l'âge de huit à neuf ans , ce même malade néanmoins n'ait jamais rendu le moindre lam- beau ou le plus petit morceau de fon ver , quoiqu'il eût pris nombre d'émetiques & de violens purgatifs. Chofe que M. Chicoineau trouve avec grand fujetjdes plus fingulieres & qui lui paroît fans exemple. 40. Une autre fingularité qui frappe ici avec raifon , ce fçavant Médecin , & dont il marque fon adm.iration à M. VieufTens, c'eft que M. Vieudens , fans avoir vu aucune parcelle de ri'ifecte en que- ftion , ait pourtant deviné (1 juflc en voyant les divers fymptome* qui ont paru en dernier lieu comme font les douleurs atroces ou déchi- rantes , le grand abatem.ent , la con- centration du pouls , l'aridité de la langue , fa couleur violette , li- vide ou verdatc , la pente à l'afTou- pifîcment , le froid des extremitcz, leurtcnlien convuKîve , &c. Tous ces fymptomes , dit M. Chicoi- neau , pouvant être attribués à quel- que autre efpece de ver , ou à la malignité d'une bile porracée telle qu'on l'a voit déjà apperçûc dans l'é- 'vacuation excelïïvc produite par le dernier purgatif qui avoit canfé en 14. heures plus de 50. déjetlions fans faire fortir la moindre portion de Tinfedc. Hhij N 244 JOURNAL D Il faut avoïier de bonne foi , dic là - defTus M. Chicoineau à M. Vieil iïens , ^«'// eft très-peu de Me- decins , même ■parmi nos plus grands ALîî.'res ^ qui eufent renconirè aiijji fitjle que vous. Ces fortes de préfages marquent un homme confommé dans la pratique de notre art , & fuffifent pour vous en acquérir U réputation. Parolesfagcsqui méritent toute l'at- tention de celui à qui elles s'àdref- fcnt. Il rcfte ici une petite difficulté à M.Chicoineau : ilvoudroit Tçavoir comment M. Vieud'ens a pu ii fort compter fur les remèdes qu'il, vou- ioit employer ^ qu'il a employés... Bien loin , Monfieur , lui dit-il , de vous avoir trouvé [ pour me fervit de vos propres termes ] peu laconi- que fur ce fujct , il m'a paru au contraire que vous l'ctcs un peu trop , puifquc vous m'avez laiflé à defirer d'être inftruic à fond du ES SÇAVANS; nom de ces remèdes qui ont pro- diiitun elîctfi faliitAire. Comme la tougére mâle , i'ccorcc de miirier ^ la petite centaurée &' le fuc de cref- fon , reconnus pour antivermineus des plus fpecifiques , ne répondent pas toû)ours à notre intention , je iouhaiterois palîïonnément fçavoir quels font les autres fecours que vous avez employés ', je fuis incapa- ble de m'attribuer l'honneur que leur réuffire pourrait me procurer ^ &c je ferai toujours prêt à le rame- ner à fon principe. M. Chicoineau finir par la quc- ftion que M. VieuiTens lui a pro- pofée au fujet de la nailTanccdece ver dans le corps de M. Manotdc Bergerat : il traite cette queftion comme il paroît qu'on la doit trai- ter, c'eft-à-dire comme un point trop diflicile à démêler, ^ qui ne mérite gueres qu'on fe donne la torture pour le débrouiller. avril; 1 7 3 I. â4j" tlISTOlRE DE MADEMOISELLE DE LA CHARGE de la Mitifon de la Toitr-Dufin en Dauphini , ou Afemiires de ce ejui s'efi pr.jjé fous le règne de Louis XI F. A Paris , chez Pierre Gandoiiin , Quai des Aut^iîltms , à la Belle Image , 173 1. vol. /«-12. pp. 452, SI ce Livre étoit intitulé comme Pour prouver que ce Livre n'a le Manulcri: fur lequel M. do rien d'interelîant pour ceux qui Bcauchamp a donné fon apptoba- cherchent des connoilTances foli- tioHj nous n'en parlerions point ici, des, nous rendrons compte en peu parce que ce titre ne tromperoit ni de mots de tout ce qu'il contient. le Public ni les Sçavans. En effet Mademoifelle de la Charce , un Livre annoncé lïmplement corn- «près s'être attiré l'indignation de fa me Hiftoire de Mademoifelle de la famille en refafant une alliance CHARCE/croit tout au plus regardé convenable , fanstropfçavoir pour- comme un Roman , ou comme quoi, cft attirée à Paris avec elle une Nouvelle , & n'inrerelferoit par les fêtes qui doivent précéder, que ceux qui feplaifentàla ledurc accompagner & fuivre le mariage de ces fortes d'Ouvrages ; mais de Monfeigneur & de la PrincefTe l'addition qu'on a faite à ce titre, de Bavière. Une avanture inopinée en l'annonçant comme Meynoire de lui fait faire connoiOance avec le ce cjui s'eft paffé fous le règne de Gomte de Caprara , jeune Seigneut Louis XIV. le place dans un ordre Allemand. La fierté de ces deux bien fuperieur. On a tant d'avidité perfonncs s'évanouit à leurpremie- de fçavoir les Aiîecdotes de ce re entrevue. Le Cavalier s'intioduit règne glorieux , qu'on confulteroit chez Monlîeur & Madame de fans doute ce Livre , fî nous n'a- la Charce, qui logeoient à l'Hôtel vions foin d'avertir que ce n'eft de Tours , &: ne tarda pas à décou- qu'un pur Roman dont les princi- vrir fes fentimens à celle qui les a pales Adrices font des Provinciales avoitfaitnaîtrc.Mademoifelle de la que le hazard a jointes avec des AI- Charce eft trop franche pour lui lemands.Ainfi que ceux qui veulent cacher les fiens. Les Lettres fuivent inftruire eux , ou les autres des de près cette déclaration mutuelle, grands évenemens du fiécle pafle , & les rendez - vous nodurncs fui- iz. gardent bien de les chercher dans vent de près les Lettres. Ces Amans ce Livre. Ils n'y trouvcroient tout auroicnt vécu long - tems dans cet au plus que la date des mariages de état , fi des jaloux n'avoient pris nos deux derniers Dauphins , parce foin d'avertir M- & Madame delà que c'eft entre ces deux Auguftes Charce que les fréquentes vifites du Cérémonies que l'Auteur de cette Comte de Caprara faifoient tort à Hiftoriettc a placé les avannucs leur fille, & ne les enflent contraints dont il regale le Public. à doignci ce Seigneur. L'adiCM 2^6 JOURNAL DE des deux Amans eftaullî tendre que l'Auteur a pu le décrire ; mais enfin il faluc fe quitter. Le Comte de Caprara ne le coufole de cette ab- fencc que par l'efpoir de découvrir ceux qui l'ont défervi. Il apprend enfin , à n'en pouvoir douter^ qu'un Marquis , bas Normand, amou- reux de Midcmoifelle de la Charce, eft le feul qu'il doive en accufer. Il fe bat contre lui , le blelTe dange- reufement , & par là, eft obligé de retourner en Allemagne. Il y con- ferve pendant quelque te ras l'idée de Mademoifelle de la Charce , & entretient un commerce de Lettres avec elle. Mais enfin l'abfence fait fon effet , & Mademoifelle de la Charce eft oubliée, en faveur d'une belle & riche héritière que le Com- te époufa. Mademoifelle de la Charce pafTe fa vie dans la douleur & le dépit , que l'exercice de la ChalTe adoucit quelquefois. U n jour qu'elle étoit (ur les fron- tières du Dauphiné , on vint fonncr l'allarme de dire qu'un parti d'Alle- mans s'approchoit de fcs terres pour s'emparer du Dauphiné. Ma- demoifelle de la Charce , loin de s'évanouir à cette nouvelle comme toutes les autres femmes du Châ- teau , courut avec le peu de Dome- ftiques qu'elle pût ralTcmbkr , S SÇAVANS; s'emparer d'un défilé par où les Al- Icmans dévoient pairer.Elle crperoit cnfecret que fon perfide comman- deroit ce détachement , c'étoit en ctfet lui , dit notre Romancier. A fon afpc<â les armes tombèrent de la mam de notre Héroïne. Au lieu de fang on ne répandit que des pleurs, le Comte de Caprara cxcu- fa le mieux qu'il put fon inconftan- ce , enfin le portrait de la Comteiïe de Caprara , que fon mari portoit fur lui , fit voir à fa rivale que le Comte n'avoit pas fi grand tort de la lui avoir préterée. Après avoir parlé des affaires de leur cccur , ils en vinrent enfin aux affaires d'Etat, &c la capitulation fut que le Comte de Caprara teroit faire volte face à fes Troupes , ce qu'il fit. Ce coup de main fit beaucoup d'honneur à Mademoifelle de la Charce. Le Roi le Içût & la coucha fur l'Etat , ( on ne dit pas pour quelle fomnie ) mais elle ne jouit pas long-tems de ce bienfait , une vie languiflante la conduit à k mort , & termine fesavantures. Voilà certainement tout ce qu'on trouvera dans cet Ouvrage , qui n'a pour Epilode que de longues con- verfations, que le récit de quelques fêtes imaginaires , iSi que quelques tracas d'A-uberges. AVRIL; 1731. 247 LETTRE D V '?. E. S O V C 1 E T DE Compagnie de fjefns , & je vous aflure Mef- ficurs, que cet original , les ratures, les correâions , les additions, les renvois dont il eft plein , tout en un mot , eft de la propre main de M. S SÇAVANS; Simon , &c fi l'on ne veut pas m'en croire fur ma parole , cet originai m'a été remis après rirapreOion , je l'ai entre les mains i il y a grand nombre de perfonnes dans Paris qui connoiflent l'écriture de M. Si- mon aufll-bien que moi , ils n'ont qu'à venir , s'ils veulent s'en don- ner la peine , je leur ferai voir cet original en deux Volumes écrit d'un bout à l'autre de la main de M. Simon , à la referve du mot de . CritKjue que l'on a fubftituédans le titre à celui à' Errata que l'Auteur y avoit mis & que l'on verra encore écrit de fa main comme tout le refte. J'ai l'honneur d'êcre, &c. NOUVELLES A V R I L , I 7 i r: 2 4P NOVVELLES LITTERAIRES. celles qui n'ont point encore piru. ITALIE. De Florence. N a entrepris ici de faire gra- ver non (eulcmenttouc ce que renferme de monumcns de l'Anti- quité ic Cabinet du Grand Duc, mais encore tout ce qui fe trouve de rare & de précieux en ce genre dans les Cabinets & dans les maifons des particuliers à Florence. Michel Neflenus ^ & François Moucke , im- primeurs de cette Ville, font déjà chargés de l'imprcdlon des cftam- peSj lefquelles feront accompagnées des explications de M. Gori , célè- bre ProfelTeur en Hiftoire. Ce curieux Recueil qu'il nous fuffit d'annoncer pour en faire l'élo- ge , aufîî-bien que pour exciter l'at- tention du Public ^l'emprcircmenc des Sçavans , doit paroîtrc fous le titre de Adiifanm Florintinnm , il fera de dix Volumes in -fol. grand papier impérial , & chaque Volume contiendra au moins cent planches gravées , fans compter les explica- tions qui feront imprimées féparé- ment. Les deux premiers Volumes rcn- ■fermeront les Pierres gravées anti- ques de toute efpecc. Le troilume fera deftiné pour les Statues de marbre,arrangées dans va\ ordre convenable. Le quatrième pour les Bulles. Le cinquième pour les petites Sta- tues 5c autresMonumens en bronze. Leslixiéme , feptiémc& huitiè- me comprendront les Médailles choifics & les plus rares , fur tout Avril. Dans le neuvième & dixième feront les portraits des plus fameux Peintres qui fe font peints eux-mê- mes , & dont les originaux ne font pas un des moindres orncmcns du ■Palais Midicis. On alfure que toutes les planches qui doivent former ce Re- cueil font deffinècs par un habile Maître & gravées par les plus ex- cellens Graveurs d'Italie , qu'on a même fait venir exprès à Florence pour donner plus de pcrfedion à leurs Ouvrages , en les faifant tra- vailler d'après les Originaux. Il eft aifé de fenrir combien une telle entreprifc demande de dèpen- fes. Aulli pour en Ucilirer l'éxecu- tion , a-t-on pris le parti de propo- fcr ce Recueil par Soufcription : mais pour fonder le goût du Publie avant que de s'engager dans de plus grands frais , on ne propofe aquée par Marie Sthille Merlan. » Où l'on traite de la génération & ij des différentes métamorphofes »»des Chenilles , Vers , Papillons , » Mouches &; autres Infedes, & j> des Plantes , des Fleurs & des jv Fruits dont ils fe nourrilTent. Tra- 3>duire du HoHandois par Jean ^ Marre t , Dodeur en Médecine, 175 1/ 2^1 » augmentée par le même d'une » Dcfcription exaûe des Plantes '•> dont il eft parlé dans cette Hirtoi- " re , &C des explications de 18. » nouvelles Planches , delluiécs par " la même Dame , &C qui n'ont '> point encore paru. 1730. forme 1) d'Atbs. On ziouwc chez U^'arflerge His- toire de Dannemark, avance^ depms rêtablijjement de la Monar- chie ., par M. J. B. des Roches ^, Ecuycr 5 Confeiller & Avocat Ge- neral du RoY tre's-Chre'tien j. au Bureau des Finances & Chambre des Domaines de la Généralité de la Rochelle. 1730. grand in - 12. 6. vol. Cette Hiftoire de Dannemar^ fera fans doute d'autant mieux reçue du Public , que c'eft la première qui ait encore paru en notre Langue. FRANCE. Paris. Voici les titres de quelques" Li- vres imprimés depuis peu. Pr(zleUiones Théologien de T)ec &" divinis attributis. Adufiim Semina- riorum , & examinis ad gradus' TheologiCos prAvii contraElx. Optis- Eminentijjlmo S. R. E. Cardmali- DE Fleury , Regni Admimftro di- catPtm ad Honorato Tournely ,. 5cc. ToMus PRiMus , apud Viduam Mazieres. 1730. /«-12. Méditations fur l'Evangile. Ott-^ vrage Pojlhnme de M ejfire 3 acqves- Benigne Bossuet , Evêque de- Meaux , Sic. chez Pierre -Jean Mariette , rue S. Jacques aux Co-- lonnes d'HcXCuIet 173 i' in -II* 4. vol. aSi. JOURNAL DES SÇAVANS, Retraite Spirituelle fur les vertus de Cavalerie, contenant VOjleolo^aie, de^.C.avecunDifcours fur laneeef- le Traité des Maladies, celui des ftté de le connaître & de l'aimer. Opérations Chirurgi^ues ^ui fe préi- Chcz RolUn fils , Quai des Augu- titjuent fur les Chevaux. Le tout di- ftins. 173I. ««-li. ftribuc par Leçons , par le fîeur culpteufS,Pein- trcs , Graveurs, Afchitedes; mais ce qui concerne fimplement les beaux arts lui a paru depuis une ma- tière étrangère à une Hiftoirc Litté- raire qui doit fe renfermer unique- ment dans les Sciences. D'ailleurs il auroit trop grodi ce Volume en ES SÇ AVANS, cherchant à l'enrichir. Le public efpere que le P. Colo- nia donnera ce morceau de l'Hi- ftoire des Lyonnois illuflres dans les beaux arts par forme de Suppléa ment à fou Hifloire Littéraire II attend auilî de lui l'édition des Let- tres de Bembe qu'il lui a promife. itLII ARISTIDIS ADRIANENSIS OPERA omnia Gr.Tcè& Latine , in duo Volumina diftributa ^ cum Notis & cmendationibusGul. Canteri , Tiiftani ^ Palmerii , T. Fabri , Spanhe- mii jNormanni & Lamb. Bofiij adjundliî infuper Vcterum Scholiis i Se Prolegomenis Sopatri Apamcenfis , ab erroribus ut plurimum tepurgatis. Grzca , cum M(T. Codicibus vatiis &i prïftantifSmis collata j recenfuit , ê< obfervationcs fuas adiecic Samuel Jebb, M. D. Oxoniijè Theatro Sheldoniaiio. 1730. Impenfis Davidis Lyon. C'eft-à-dire : Les Oeuvres d'^riftideen Grec & en Latin , avec les 4tncletines Scholies , les Notes & les correBioas ds divers StîVAtis , les prolégomènes de Sopater ^ cr les Obfervations de Samuel ^ebh , DoBeur en Ad.'dicirie , ejui a revu le Texte Grée fur plu-fieitrs excellefis vî//?. A Oxford", du Théâtre de Sheldon , aux frais de David Lyon. 1730. in~if". i v.Tomc I. pp. 57Z. Tome IL pp. tf 3 1. & fe vend à Paris , •chez Hippolycc-Louis Guerin ^ rue §. Jacques , à S. Thomas d'Aquin. LES Ouvraj^es dont il eftiei quefiion , iont tous dans le genre Oratoire. Ce font des Hym- nes en profe à l'honneur des Dieux èc des Héros -, ce font des Panégy- liquesou des Eloges d'Empereurs Romains , de grands Capitaines Grecs ^ de Villes célèbres , telles que Rome , Athènes , Smyrnc, &: quelques autres ; ce font des Orai- fons Funèbres , des Apologies , des Harangues , où l'on foûtient le pour & le contre , &c. Ariftide , Auteur de toutes ces Pièces , paili pour le plus grand Orateur de fon tems, c'eft-à-dire du fécond âge de Jf Eloquence Gréquc. Le premier fiK affcz court, &c ne Jura gucres plus long-ccm« que la profperité des Athéniens. Ce fut chez eux que brillèrent alors Gorgias , Ifocrate, Démofthcnc , Efchine , & tant d'autres , qui fe hgnalerent dans le grand art de la parole. Mais la con- quête de la Grèce parles Macédo- niens ^ enfuite par les Romains , y caula une longue éclipfe de l'Elo- quence, amfi que du relie des beaux arts , [ufqu'à l'Empire d'Adrien. Ce Prince . en rendant aux Grecs leur sncienne liberté , & enretabliffant la Ville d'Athènes dans fa première fplendeur , ht renaîrre en ce Pays- là le goût des Lettres i l'Eloquence y MAY, 7i"ut de nouveau cultivée , fous la ' proteélion non feulement de cet ijnpereur , mais encore d'Anto- nin-Pie , & fur tout de Marc-Au- tele, fcs fuccelleursi & l'on y vit pnroître avec éclat quantité de Rhé- teurs & d'Orateurs dillingués , tels qu'un Hcrodc-Atticus , un Polé- reon , un Hcrmogéne , un Lon^in & plulkuts autres , entre Icfquels Ariftide eft mis au premier rang par lescontemporains , Phrynique , Philoftrate , Libaiiius , 5cc- Qiitlq le lullice qu'on ait rendue 1 fon mer' ce , les cd irions de les O'i- vjragcs fe loiit peu multipliées, & l'on en compte a peine quatre de- puis la naillance de l'Iiuprimeric. L.i première qui ne concenoit que le Texte Grec de deux Harangues , celle des Panathénées , &c celle où cft célébrée la Ville de Rome , pa- r-ut à Vcnife , chez Aide en 1513. it!-folio , à la fin des Oeuvres d'Ifo- crate. Qiiatrc ans aptes , c'cft-à-di- tc, en 1517. elle tut fui vie d'une autre plus complette publiée de la même forme à Florence chez Phi- lippe Junte. Ces deux premières éditions fouxmilloient deiautes ; Se elles avoient grand befuin de toute la fagacité de Cttinerits pour devenir plus intelligibles, de recouvrer leur première pureté. Canterus entre- prit donc une verfion Latine de toutes ces Harangues: ce qu'il exé- cuta , aidé du fecours du favanc Jean à'^nrat , Se de celui d'un exemplaire contcré autrefois fur un Mf. par Arlenius Se communiqué à l'Editeur par Oporin. Cette vcriïon de Canterus vit le jour à Bafle en 1 7 î i; 2.6t 1^66. in-folio. Ce fut fur cette édi- tion Se iur celle de Florence que fut taitc à Genève celle de Paul Etienne l'an 1604. en 2. volumes /«-s'*. & c'cft la dernière qu'on ait vue jufquesà prefent. Paulttienne la rendit contormc à celle d'Aide quant aux deux Pièces contenues dans celle-ci, & cela , (ans au. un égard pour les corredioi s , que la verlîon Latine de Cai.tc U'» ai,. tic pu lui fuggercf. M. Jcbb , de la Préface du- quel nous avons extrait en pnirir ce détail , s'efl: chargé du fo n de re- voir le Texte d'Arilliide lue plu- fîeurs Md. dont il nous donre la lifte , ^: à l'aide defquels il eft venu àbinit de le corriger en une infinité d'endroits, ik d'y remplir quantité de lacunes , fuppléant quelquefois par fes propres coniedrures au dé- faut des Mir. qui ne l'éclairoient pas toujours. Mais pour faire con- noître plus précifément la multitu- de , la fidélité de la ncccflîté de fes corrccflions, il a fait imprimer au bas des pages toutes les F'iirÏAntes. Il y a long-tems que cette nouvelle édition d'Ariftidc a été niifc fous la preife , & dès l'année 17,12. on en vit paroître le premier Volume Le fécond ne l'a fuivi que de fort loin , puifqu'on ne l'a mis en vente que l'année dernière. Malgré ce rerar- dementj on doit être charmé de trouver l'Orateur Grec aulïï nette- ment Se aufii corredement imprimé qu'il méritoit de l'être , foitpour le Texte Grec , foit pour la verfion Sc pour les Notes. Peut-êtr^cependant la plupart des Ledeurs pourront-ils Lî 25t JOURNAt D renouveller la même plainte , qu'ils ont cié;a faite plus d'une fois par rapport à plufieurs éditions d'Au- teurs Grecs données en Angleterre^ ëc où les Editeurs , après avoir rempli du Texte Grec toute la lar- geur de la page , font imprimer au- delTous la verlion Latine à deux colonnes ; ce qui cft beaucoup moins commode , &c fait perdre un tems confidcrable à ceux qui par un vrai befoin , ou par fîmple curiofi- té , veulent confulter cette vcrfion iC la confronter avec l'original, A l'égard des Notes deftinées à l'cclaircilTement du Texte d'Arifti- de , elles font de plus d'une main. Les anciennes Scholies Gréques recueillies de divers Manufcrits,&; qui n'accompagnent pas toutes les Pièces de l'Orateur , garnifTent le bas des pages , &c paroifTent pour la première fois. On y voit déplus les petites Notes de Canterus , im- primées au-dclTous de ces Scholies, parmi les variantes. Outre cela M, Jebb a extrait des divers Ouvrages de Triftan , de Tanegui leFévreSc d'Ezcchiel Spanheim toutes les re- marques qui concernoient Ariflide, &c il les a renvoyées à la fin du fé- cond Volume , ainfi que les Hen- nés, celles de Palmerius , celles de Laurent Normann (publiées à Upfal en \6%-j. in-%°. conjointement avec quelques difcours d'Ariftide ) & celles de Lambert Bos. Il y a joint auffi l'Ecrit de Canterus fur la ma- nière de corriger les Auteurs Grecs. Il a fuivi le même ordre que cet Editeur , dans l'arrangement des difFcrentes Pièces d'Eloquence , qui ES SÇAVANS; compofent les deux Volumes. On s'attendtoit d'y trouver un Catalo- gue txaift de CCS Pièces , du moins tel qu'il eft dans l'édition d'Etien- ne : mais c'eft une commodité qu'on chcrcheroit ici vainement ", & fî l'on veut s'inftruire en gios des fii- jets traités dans ces Harangues, qui font au nombre de plus de 50. il faut fe refoudre à feuilleter les deux Volumes d'un bout à l'autre. Eq iccompenfe , les Libraires ont eu grand foin de faire imprimer, im- médiatement après la Préface , une lifte alphabétique très - exadlc des noms , des furnoms & des qtialitcz de tous ceux qui ont foufcrit pour l'édition de ce Livre. Ceux qui ne fe croiront pas fuffifamment dé- dommagés pat là , auront recours , s'il leur plaît , au quatrième Livrt de la Bibliothèque Gréque de M.- Fabricius ( chap. xxx. ) qui leur fournira un Catalogue détaillé, non feulement des Ouvrages d'Arillidc qui nous reftcnt , mais encore de ceux que nous n'avons plus j & qui vont à plus d'une vingtaine. A la fuite de la Lifte des Soufcri. fteurs fe lifent quelques Préfaces des Editeurs &: des Commentateurs d'Ariftide , fa Vie écrite en Grec par Philoftrate , les témoignages des anciens &c des modernes rendus au fujet de cet Orateur , les Prolé- gomènes de Sopater d'Apaméc , qui roulent fur la perfonne S<. fur les Harangues du même Ecrivain. On nous les donne, ces Prolégo- mènes, revus &i corrigés fur un Mf. de la Bibliothèque Bodlcienne. On n'auroit pas mal fait d'y joindre -M A Y, one vcrfion Latine. Etoit-ce la pei- ne de remettre ce petit fccoiirs à qiielqu'autre édition ? Us font fui- vis d'un morceau confidcrablc qui remplit dix feuilles d'imprcllion , & dont M . Aî-tjfon fi connu déjà par de femblables Ouvrages , elH'Au- teur. Ce font des Collcdtions Hifto- riques concernant le (lécle iS: la Vie d'Ariftide , tirées ptefque toutes de fcs Ouvrages mêmes , ou de ceux de fes contemporains , difpofées ielon l'ordre Chronologique &C pleines de beaucoup d'érudition. Nous ne pouvons nous difpenfer d'en donner ici une idée plus parti- culière. C'eft le moyen de mettre les Ledicurs plus au fait fur le méri- te (Se fur le Caradere de notre Ora- teur. Nous nous contenterons d'ar- ticuler limplcment les principaux faits , renvoyant pour les preuves à la DilTertation même. Ariftide , à qui l'on donna le pré- nom à't/£liiis 5 fans doute à caufc de l'Empereur Adrien qui portoit ce nom , y joignit encore dans la fuite le furnom de Théodorel^Dieu-donne] en mémoire de fa gucrifon miracu- Icufe. Il étoit fils à' Eudemon ^ qui à la profelfion de Philofophe réunif- foit la dignité de Prêtre de Jupiter dans fa propre Ville , nommée Hadnani ^ & fituée dans cette par- tie de la Myfie , qui eft voifine du mont Olympe. C'eft donc où naquit Ariftide , l'an de Rome 8 S 2. de l'Ere Chrétienne 1 29. la douzième année de l'Empi- re d'Adrien , fous le fécond Confu- iit de JiiventiiiS & de A-iarcellus. Il nous informe lui-même de plufieuxs I 7 î I- î<^| minucies touchant fou enfance & ceux qui en eurent les premier? foins , jufqu'à nous apprendre le nom de la Nourrice & celui de fa fœur de lait. Mais il ne nous inftruit pas avec la même exactitude de ceux qui préfiderer.t à fonéducation. On peut feulement recueillir de fes Ouvra^^cs qu'au fortir de la maifon paternelle , il eut pour premier maître dans la Littérature Alexandre de Cotice , Grammairien célèbre en Phrygie, dont parle l'EmpercurMaic-Ânto- iiin , & de qui il fait gloire A'avoir appris a, s'abliemr d'injures dans la difpute , à. ne reprocher ni barb*rij- me ni folecifme , &cc. Ariftide reçut à Athènes les premiers préceptes de l'Eloquence , dans l'Ecole d'Héro- de-Atticus fameux Rhéteur, d'où il vint à Pergame prendre les leçons de l'Orateur Ariftocle ; pour palfer enfuite à Smyrne , tk y continuer fes études de Rhétorique fous Polé- mon. Après s'être formé à l'Eloquence fous de fi grands Maîtres , il fe mit à voyager , pour peitciilionncr les connoiffances & fcstalens. Il par- courut toute l'Egypte , jufqu'aux Confins de l'Ethiopie & il s'iniftui- fit à fond de toutes les merveilles de ce Pays-là, dont il nous entre- tient dans quelqu'une de fci Haran- gues. En revenant d'Egypte ilvifi- ta la Syrie & la Paleftine , fans ou- blier la Judée , où il trouva encore des Juifs , dont il parle avec le der- nier mépris ; ce qui fait voir que malgré les Edits rigoureux d'Adrien contre cette Nation , elle habitoit Li ij 2(f4 JOURNAL B encore en pjrrie fon Pays , & ne i'avoit pas entierenTent abandonné. Ce fur pendant le fcjourd'Ariftide en Egypte qu'arriva cet horrible fremblement de terre qui rcnver fa prefque toute la Ville de Rho- de ; & c'eft de quoi cet Orateur nous a laiffédansune de fcs décla- mations , une peinture des plus vives ic des plus pathétiques , y décrivant par occafion les magnifi- ques Edifices de tout genre qui décoroient cette Ville fameufe. Il en parloit comme bien infiDrmé , y ayant fait quelque fé|our avant fon voyage d'Egypte , & avant ce dé- faire. L'Auteur des CoUedions Hiftoriques dont nous rendons compte , croit être bien fondé à placer ce trille événement dont la date précifc eft fort incertaine , entre la 153° & la Ij9° année de l'Ere Chrétienne. On peut voir fes preuves. Il obferve de plus qu'Ari- ftide avoit auflî voyagé à Cnide 5c dans rifle de Cos. Ariftide de retour ai fa Patrie , après ces voyages , y relfentit les premières atteintes d'une maladie de langueur très - extraordinaire accompagnée d'accidens très - fâ- cheux , & dont il ne put partaite- ment guérir qu'au bout de i J. ans. Le commencemenr de cette mala- die , qui répond à l'année 159. de J. C. & à la J i"^ d' Ariftide , Fournit ànotreHiftorien ou Biographe une Epoque certaine , d'où il peut fui- vre , année par année , plufieurs circonftances de la Vie qu'il entre- prend d'écrire. Ariftide , lorfque fa famé devint chancelante , ES SÇAVANS; croit aux Thermes ou eaux chau- des , fituécs dans le voifinage del'.tfépe , Fleuve de la Myfie, fon Pays , & c'étoit au commence- ment de l'hy ver. Malgré ce contre- tcms , il ne laifla pas de partir pour le voyage de Rome. Il ne put y arriver qu'en Avril , à caufe de la mauvaife faifon , & des fymptomes- de fa maladie qui le multiplioient de jour en jour , £c qui feroient trop' longs à détailler. Il eut la confola- tion de trouver a. Rome le Gram- mairien Alexandre , Ion premier Maître , duquel il reçût tous les fccours qu'il pouvoit fouhaiter- Mais tous les remèdes n'opcranc rien pour fa guerifon , il prit la rcfolution de regagner fon Pays» s'il étoit polliblc , ^ il partit de Rome , au mois de Juillet luivant.. Q!.jelque peu d'apparence qu'il y ait àfuppofcr qu'il fût alors en état de. faire &i de prononcer des Haran- gues; notre Biographe néanmoins- eft fort porté à croire que ce tue pendant le fcjour de Rome qu'Ari- ftide mit au jour le Panégyrique de cette Capitale du monde &: celui de l'Empereur régnant , qui [ félon notre Auteur ]' croit Antonm-Pie. Les preuves qu'il en apporte ont beaucoup de probabilité. Le malade revint par mer en fon Pays : S.I de Milec où il aborda , il fe ht tranfporter à Smyrne , vers le commencemenr de l'hyvcr. Il y confulta fuT fa maladie les Méde- cins & les Gymnafles ou Maîtres d'Exercices les plus expérimen- tés , qui ne fâchant rien de mieux y l'envoyèrent aux eajjxi M A y; 17 J!. 2(îy minérales chaudes au voifinage. pourtant pas à la lettre ) de boire L'année fiiivante, qui fut la pre- mière de Marc-Auréle , &c la 161^ dcj. C. peu content des eaux, 5c fur un ordre d'E.'culape reçu en fonge , il fe fit porter à Pcrganie , dans le Temple de ce Dieu , fa- meux par quantité de guerifons prétendues miraculeufcs. Ce tut là qu'Lfculape lui ordonna de repren- dre fes compolitions oratoires qu'il avoit difcontinuées depuis un an ; & notre Hiftorien en alleeuc ble boilTon pendant deux jours ; &C ce remède f dit - il ] lui procura une infulion d'abfinthc dans le vinaigre , de continuer cette agréa- fend: dit quelque foulagement ; de n'être vêtu que d'une fimplc tunique de lin pendant le froid le plus rigou- reux , de marcher nuds pieds , d'aller fe laver dans une fontaine hors la Ville , & de venir enfuite pafler la nuit dans l'enceinte du Temple , le plus fouvent à la belle quelques-unes qu'il croit pouvoir étoile. Voilà quels ctoient en gros erre rapportées à ce tems - Là. Du les remèdes confcillcs en fonge à refte il nous rcprcfcnte Ariftide notre Orateur par Efculape , fui- comme un Orateur des plus reli- vant les divers fymptômes qui fur- gieux , pour ne pas dire des plus venoient à la maladie , & dont fuperfliticux, entièrement livre aux un des plus confiderablcs fut une fonges, aux vifions, aux révélations, fîevrc de 40. jours & y conformant toute la conduite de fa vie 5c de fes études. Maisétoit- Jl fanatique de bonne toi , tous fes fonges ctoient-ils bien réels, & n'y avoit-il pas beaucoup de charlata- nerie dansfon tait î Ql!0! qu';l en foit , notre Chro- nologifte nous rend un compte fore exact de tous les fonces dont Arifti- Nous ne luivrons pas l'Hiftorien dans l'énumeration de tous les éve- nemens concernant Ariftide , lef- quelsil range fous chacune des 13. années de la maladie de celui-ci ■, ce' qui nous meneroit trop loin. Nous nous contenterons d'indiquer les plus remarquables, fçavoir; Qii'ii' demanda au peuple de Pergame le de fait mention , & dans lefquels Sacerdoce d'Èfculape , dans leut Efculape lui prcfcrit , tantôt des Ville , ce qui lui fut accordé, quoi- pclerinages en ditFerentcs Villes qu'il ne paroilTe pas qu'il en aie pour s'y purifier par des expiations, exercé les foncfions : Qy'il fut élu tantôt ditierens remèdes , comme Aftarqiie , c'eft-à-dire Souverain de fe baigner dans la mer &: dans Sacrificateur de toutes les Villes de divers fleuves , de s'enduire de la petite Afie -, dignité dont il foUi- boué par tout le corps, &: de courir cita la difpenfe , fans qu'on ûche ainli trois fois autour du Temple de s'il l'obtint : Qu'il alla par le con- ce Dieu i de fe faite faigner du bras feil d'Efculape à Lcbcdos pour y & de fe faire tirer )ufqu'à 100. livres prendre les bains , d'où il envoya de fang (ce qu'Ariftide, malgré confulter à Colophon fur fa mala- toute fa refignation , D-'executa die l'Oracle d'Apollon Clatien ; 266 JOURNAL DES SÇAVANS; Qu'il fit le voyage de Cyzique pour Prince donna tous les ordres necef- affîfter à la fête folemnelle du ma- faires pour la rétablir. Les Smyr- gnifique Temple de cette Ville Qu'il fut nommé à l'emploi c Receveur gênerai des fubhdes : Que dans la io° année de fa mala- die , il commença à s'appercevoir de quelque acheminem ent vers la convalefcence : Qu'alors il tut nom- mé par le Sénat de Smyrne à deux dignitez confiderablcs , celle de nèens en reconnoiflancc y cri2;erent une Statue en l'honneur d'Ariftide* Quant au voyage de celui - ci à Athènes , où il prononça cette Ha- rangue qu'il nomraçP anathénaiejue ^ parce que ce fut pendant la fête des Panathénées, & qui eft proprement le Pan:^gyrique d'Athènes ; notre Chronologifte avoiic ingénument confervateur de la paix , &cellede qu'il n'a pu en découvrir l'année. Prytane\ mais qu'il fe fit exempter II ne nous apprend rien de pus au de l'une & de l'autre pour route fa fuiet d'Ariftide, de la mort duquel vie : Qii'il fit le voyage d'Epidaure il ne peut fixer au jufte ni l'année ni toujours par dévotion pour Efculà- le lieu , les uns le faifant mourir pe. L'Hiftotien en donnant le détail dans fa patrie à l'âge de (>0a ans , les de tous ces faits & de plufieurs autres autres à Smyrne en ayant 70. Le touchant Ariftide , a foin de rap- porter à chaque année les Haran- gues de cet Orateur qu'il juge être de ce tems-là; car Ariftide , tout malade qu'il étoit , ne laifToit pas de premier fcntiment paroît le plus vraifemblable à notre Hiftorien. Du refte il ne fc borne pas dans fcs CoUecTiions à ranger chronolo- giquement les feuls faits qui regar- compofer &: de prononcer des Dif- dentl'Orateur Grec. Ilfairdefre cours publics , & fes amis alloient quentes cxcurlions fur l'Hiftoire quelquefois l'eiitendre déclamer dans fon lit.- Ariftide ayant enfin recouvré toute fa fanté vers l'année 173. de l'Ere Chrétienne , auquel tems il pouvoit avoir 44. à 45.. ans ; il fit le voyage de Corinthe , où il affifta aux Jeux Ifthmiques, 6*: y haran- gua avec fuccès. Nous avons encore fa Harangue. L'année fuivante il harangua publiquement à Smyrne l'Empereur Marc-Aurele : Se deux ans après arriva le tremblement de terre qui ruina totalement cette grande Ville , où Ariftide étoit alors. Il en écrivit à l'Empereur une Lettre il touchante , que ce de ce rems - là ; il en difcutc plufieurs évenemens dont l'année étoit incertaine , & il tâche de les fixer par le témoignagcd'Ariftide , &: par le fecours des Médailles , ayant foin de relever, chemin fai- fant, les méprifcs de plufieurs Sa- vanSj tels que Spanheim, le P. Har- doïtin , M. Fabricius Sc quelques autres. M. Jebb n'oublie pas de faire, dans fa Préiace , une mention ho- norable de ceux qui l'ont aidé dans fon entreprifc. Il nomme en pre- mier lieu M. Jean Ai.i{[o?t , qui a bien voulu lui communiquer la vie d' Ariftide écrite avec la dernière MAY exaftitudc pat ce Biographe diftin- gue. Il allègue de plus Dom Ber- nard de MontfaHCon , MM. Salvi- tii &C Ravvlinfon , qui lui ont fourni des variantes tirées de plu- lieurs Mfl. Si il taie aulll des remer- ï 7 5 I." 2^7 cimens publics à plufieurs Mem- bres de l'Univcrfité d'Oxford , qui lui ont fait part des riclieiTcs Litté- raires de ce genre , confervées dans les Bibliothèques de divers Collè- ges. L'HISTOIRE DE L'EGLISE GALLICANE, dédiée a Noffeigneurs du Clergé. Par le Père Jacques Longueval , de la Compagnie de pefns. A Pans, chez Pierre -iiimon j Imprimeur du Clergé de France èc de Monfeigneur l'Archevêque, rue de la Harpe, à l'Hercule , 1730. 4. vol. »«-4°. Tome premier , pp. jjj. fans des Préliminaires de 6'4. & la Table de 38. Tome fécond , pp. 580. fans des Préliminaires de 28. &c une Table de 38. Tome troifiéme , pp. 584. fans des PréUminaires de 30. & une Table de 41. Tome qua- trième , pp. 547. fans des Préliminaires de 30. & une Table de 34. CE troifiéme Volume contient aulTi trois Livres, comme les deux précedens, favoir le feptiémc, le huiciéme & le neuvième. Le 7° commence à l'an jtfi , & finit à l'an 584. Le 8' commence à l'an 584. Se finit à l'an ^02. & le 9' en- Rn nous conduit depuis 602, juf- qu'cn 647. Le Difcours Préliminaire qu'on trouve <à la tête de ce Volume roule fur la Religion & fur les mœurs des François avant l'établiiïement de la Monarchie , & fous les deux premières Races de nos Rois. Après avoir rejette les origines fabuleufes que les Hiftoriens don- nent à la Nation Françoife , notre Auteur convient de bonne foi que ce ne tut qu'après le milieu du troifiéme fiécle , que les Romains commencèrent à faire mention des Frarçois , nom fous lequel ils dcfi- gnoient plufieurs peuples que l'a- jnour de la liberté ayoit réunis con- tre les entreprifes de Rome , & qui habitoient au-delà du Rhin , entre la Saxe & l'Allemagne , c'eft-à-dire la Suabe. Car ce font là les limites que S. Jérôme affigne à la France , Trans - Rhénane, n Entre les Sa- i> xons & les AUemans, dit-il, cil » fituée une Nation qui a moins »> d'étendue que de torce. On nom- » moit auparavant ce Pays Germa- » nie , on l'appelle aujourd'hui » France. Dans l'article qui regarde la Re- ligion des François avant leur con- verdon à la foi Chrérienne , le P. Longueval ne nous dit rien qu'il ne nous ait dé)a dit dans fon premier Volume à l'occafion de la Religion des Gaulois , fi ce n'eil qu'il paroît que l'Idole particulière des François étoit la tête d'un Bœuf. On en trou- va une d'or en etfet , remarque- t-il , dans le tombeau de Childeric, & c'eft peut-être à cette fuperfii- îion, continue-t-il , qu'un Concile 2^8 JOURNAL D d'Orléans taie allufioii , lorlqu'il détend de jurer, fur la tête des Be- ftkux. Ce qu'il y a de certain , c'eft que les François ont toujours paru atta- chés à la Religion du Prince , puif- que dJs que Clovis eut cmbrairé le Chriftianifme , on vit piefque tous fes fujets renoncer a l'Idolâtrie. De telle forte cependant qu'en aban- donnant leurs Dieux ils gardèrent une infinité de pratiques kiperfti- ticufes que les Evêques eurent bien de la peine à extirper totalement dans la fuite. Dans l'article où notre Auteur traite des mœurs & du caradlerc des anciens François , il le borne à prouver la bonté , la prudence , k magna^nimité & La bravoure de cette Nation. La manière gcnéreufc dont ils exerçoient l'hofpitalité eft garante de la fenlibilité de leur cœur. Un article de la Loi Salique qui condamne à l'amende le Fran- çois qui auroit pris la moindre liberté avec une femme, comme de la toucher à la gorge ou au bras , fait voir leur modeftie. Leurs con- quêtes fur les Romains, les Gaulois, les Bretons , les Viligoths , les Bourguignons , les Lombars & les Saxons , démontrent ftiffifamment leur bravoure. Il eft vrai que Sal- vien les accufe d'être menteurs & perfides , &c notre Auteur oppofe à ce témoignage , qu'une manière d'agir ouverte & (mccrc tut appel- lée franchife , comme qui diroit , vertu favorite des François. Le quatrième article de ce Dif- cours regarde les Loix des Fxançois. ES SÇAVANS. On parle de la Loi Salique qui fut long-tems la Loi des François Se des Cipitulaires que les Rois de la féconde Race publièrent en grand nombre pour prévenir de nouveaux abus. Ces Capirulaires n'étoient que le relultit des alfcmblécs géné- rales de la Nation , compofées du Roi , des Evêques , des AbfccZ , & des Seigneurs Laïques. Le nombre prodigieux de ces nouveaux Rcgle- mens nuilit , dit notre Auteur, à leur obfcrvation , quelque zélé qu'euflént les Supérieurs à les faire exécuter. Ce zélé n'ctoit pourtant pas tira- nique, puifque les Francs laifferent à prefque toutes les Nations qu'ils conquirent la liberté de confervec leurs ufages. De là la divcrlité de Loix 6c de Coutumes qui exiftent encore en France. Comme le Roi de France eft cf- fenticUement le chct de la Jufticc dans fes Etats, le Palais de fes pré- decelfeurs étoit celui delà Juftice ; mais comme ils ne pou voient fuftîre à tout , ils établirent dans toutes les Villes un peu confiderables des Comtes pour juger des matières civiles & criminelles. Ce Magiftrac avoir des Alfelfeurs nommés Ra- chembiirgn ou Stabint , d'où nous eft venu le nom d'Echevin. Ces Comtes tenoient communément leurs audiances en public , & fur quelque hauteur dans laCampagnc, & terminoientcn bref tous les pro- cès. Ceux qui étoient d'une grande importance étoient jugés par le Roi, ou par le Comte de fon Palais , ainfi que les Sentences des Comtes Pro- MAY Provinciaux dont il y avoir appel. Malgré ces ctabliffemcns , il étoit permis en certain cas au parti- culier de fc faire juitice. Si quel- qu'un, par exemple, avoitétéaf- fafliné ou tué dins quelque querelle toute (à famille avoit le droit de pourfuivre le meurtrier à main ar- mée. Celui-ci cngagcoit fes parens fie fes amis à fa défenfe , ôc la Fran- ce par là fc trouvait remplie d'une infinité de petites guerres civiles. Ce fut pour les prévenir que nos Rois obligèrent les parens du more à fc contenter de l'amende pécuniai- re à laquelle ils condamnèrent les homicides-', 6c quand le meurtrier n'étoit pas en état de payer l'amen- de, la Loi lui fourniffoit une ref- fource. Il en étoit quitte pour re- noncer à fes biens. Mais tout cela n'empêchant point les abus que l'on vouloit prévenir ^ on fut oblige de décerner la peine de mort contre les grands criminels , ou du moins de les condamner .à des peines in- famantes. Ces peines pour les No- bles étoient de porter nuds Se en chcmife un Chien d'un Comté à un autre , 8c pour les Roturiers de porter dans le même équipage une Selle de Cheval. La coutume de faire amende honorable en cheraifc vient vraifemblablement de là. Quand les Nobles étoient griève- ment coupables, on les condamnoit quelquefois à la peine des Rotu- riers. Notre Auteur pafTe cnfuitc aux principaux Officiers de nos Rois. X'Apocrifiaire , nommé quelque- fois l'Archipré:re de France ci plus May. ; 1751- 25^ fouvent l'Archichapclaiii eft ce- lui dont il parle d'abord, aulTi étoit- cc le premier Officier du Palais. Non feulement il étoit Supérieur du Clergé, qui defiervoit l'Oratoire du Palais ; mais il avoit encore inf- pedion quant au Spirituel fur tous les Courtifans. Tous les procès Ec*- clefiaftiques , toutes les contefta- tions des Clercs ^ des Moines ref- fortilToient à fon Tribunal , pecfonc même ne pouvoir parler au Roi d'une affaire Ecclefiaftique fans l'a- voir auparavant communiquée à l'Archichapelain , & fans avoir pris fon attache. On peut juger par là de fon crédit. Il parle enfuite des Aumôniers , c'eft-à-dire des Ecclcfiaftiques ou des Abbez chargés de dillribucr les aumônes de nos Rois & de nos Reines. Le premier qu'il trouve revêtu de cette Charge c'X S Chau- mont Aumônier de la Reine Sainte Batilde. Peut-être qu'avant ce tems les fon«Slions d'Aumônier étoient réunies à -la charge d'Archichape- lain , comme la plupart de celles d'Archichapclain le font prcfen-- tementàla Charge de Grand Au- mônier. Outre ces deux Officiers Eccle- fiaftiques , les anciens Auteurs par- lent encore d'un Abbé du Palais. Le P. de Longueval , fans s'arrêter aux fentimensde ceux qui en con- cluent qu'il y avoit des Moines dans le Palais pour y faire l'Office DivinjCroitqu'il ne fut ainfi nonimc que parce qu'il étoit le Supérieur des Clercs , & Maître de la Cha- pelle fous l'Archichapelaia. 270 JOURNAL D Il p-ifTe cnfuitc aux Charges Ci- viles. Le Maire du Palais , le Com- te du Palais ^ le Ri!fcrendaire, le Chancelier , le Chambêhn , le Connétable qui pour lors n'a voit rinrcndance que fur l'ccuric du Roi,leSenéchal terminent cecarticlc qui n'a rien de ion confidcrablc. Dans le fuivant notre Auteur traite de la NoblelTe Françoifc. Il allure qu'avant que Ccfar eut con- quis la Gaule , il y avoic déjà quel- que diftiniflicn de Noblcffe parmi les Gaulois ; mais il avoLie que les Romains la marquèrent davantage en créant plufieurs Gaulois Séna- teurs Romains. Malgré cela , c'eft aux François qu'il rapporte proprement l'origine de notre NoblelTe. Car des qu'ils fe furent rendus Maîtres d'une partie des Gaules , ils partagèrent entr'cux la meilleure portion des terres , èc comme ils continuèrent de s'occu- per à la guerre , ils firent cultiver leurs terres par les Gaulois , ou les leur cédèrent à charge de redevance & d'hommage, C'eil: là la première origine des Fiefs , quoique ce nom n'ait été en ufage que iong-jcras- après. Ces anciens habicans chargés de la culture des terres payoient auflî les tributs. Les François en croient exempts & ne foûtenoient l'Etat qu'en payant de leur perfonne. II n'ell pas étonnant que des Gonqué- rans fc refervent des prérogatives dans un Pays conquis : c'eft ce qui fit la diftindion des Nobles & des Roturiers, Comme ces derniers ^(oUnc chargés 4e k culture des ES SÇAVANS, terres j ils dcmcuroier.t à la Cam- pagne ,./'» nilis. Ils furent appelles r'iiUins , ydlani. Les Nobles furent nommés Ç^>itihhon,mes , foie parce qu'ils croient iiTus de nations barbares qu'on nommoit Grntes ^Ço\.t parce que chez les Auteurs Latins Gentiits ou ejUiGcntem i^ifr^fignifie qui eft d'une ancienne famille. Comme les Seigneurs François* fuivoicnt leur Loi Salique & per- mettoient aux Gaulois de fuivreles Loix Romaines , il eft arrivé que dans la même Province les Cou- tumes Légales furent différentes pour les Nobles & pour les Rotu= ri ers. Les divcrfcs Charges que les Nobles remplirent 3 8c qui ne de- vinrent héréditaires que fous les derniers Rois de la féconde Race font l'origine des differens titres de Nobleffe. Un Duc étoit le Com- mandant d'une Province entière , un Comte étoit le Juge d'une Ville & de fon Territoire , un Marquis étoit un Ofiîciet charge de garder & de défendre une frontière , un Vi- Comte n'croit que le Vice-Gérant d'un Comte.Il n'eft pas fi ailé de di- re quel étoit l'Office de Baron. On croit que ce terme fignific fimplc- mcnt un homme, & qu'il fut cm- ployé pour defigncr un homme il- luftrc. Après nous avoir dit de la No- bleffe ce que n©us venons d'en rap- porter j notre Auteur parle des ef- claves, il prétend que tous les Do- meftiques tant à la Ville qu'à la Campagne l'étoient. C'étoit le fort de tous les prifonniers de guerre» M A Y ; On rcduifoit quelquefois dans h fcrvicudc des familles entières , Sc quelques-unes par indigence croient obligées pour vivre de vendre leur liberté. Tous CCS efclaves n^avoient pas un fort également dur. Le plus grand nombre étoit de ceux qu'on nommoit fimplement Serfs , Servi, & c'étoit les plus malheureux. Il y en avoir d'autres qu'on nommoit Lites , Liti ou Ltdi. Leur condi- tion étoit beaucoup plus douce que celle des Serfs , (?c allez femblable à celle des Colons , Coloni , qui ctoit comme mitoyenne entre la .condition des libres & celle des Serfs , ils écoienr feulement char» gés de cultiver les terres, à charge de redevance. Après nous avoir inftruit de la condition des efclaves , notre Au- teur pade à la manière de les affran- chir. On pouvoit 1°. leur donner la liberté par un ade publique , qui ctoit nommé Cherra ingmttitatis. 1°. Par Teftamcnt , 3". entîn par une cérémonie lîngulicre & parti- culière aux François. Le maître conduifoit devant le Roi fon efcla- ve , qui tenoit dans fa main un de- nier , comme prix de fa Ubcrté, & iuifecouant k main ilfaifoit tom- ber le denier à terre. Alors l'efclave étoit légitimement affranchi , & le Roi demcuroitgarand de fa liberté. Ceux qui avoient été affranchis des deux premières manières étoient v.ommés Chartularii , ceux qui l'a- voient été de la troiliéme étoient jiommés 7)ef/andles. Pour rendre plus facré dc plus I751; 271 folcmncU'ade de Manumiilmn,on .îffranchilfoit trcs-fouvent les eicla- ves dans l'Eglife , (oit en leur met- tant (iir la tête l'aifte de leur liberté ," foit en leur y faifant lâcher le denier qu'ils tenoient. Alors non feule- ment les Loix de l'Etat , mais les Loix Ecclcftaftiquesles défendoicnc envers & contre tous- Ces aftranchiflcmcns n'étoienc pas toij jours fans refervc. Ils fc faifoient fouvciit à charge de cens , de Capitation ou de Corvée. Aufli nommoit-on ces demi - affranchis, Homines de Capite , ou Hommes de cerpori. Dans le neuvième article de ce Difcours j le P. Longueval traite de quelques ufages particuliers aux François ; il s'y borne à traiter , 1°. de leur mariage , 1°. de leur divorce > & 3 ". de leur façon d'ac" quérir. C'étoit le mari qui donnoit la dot à la femme. Il l'achettoir pour ainfî dire de fcs parens , en leur prc- fcntanr, félon la Loi Saliquc, un fol & un denier. Cette fonime donnée & acceptée, devenoit un engage- ment réciproque de contra<3:er le mariage. Les Princes même ne donnoicnt pas une fomme plus con» fiderablc , £c notre Auteur rcraar-. que que les AmbalTadcurs de Clo-<> vis n'épouferent Clothilde à foiii nom , qu'en dotmant paceille fom- me ; mais le lendemain des noces le mari faifoit à fon époufc un prcfcnt proportionné à fon rang. C'efl: pourquoi nous voyons que les Rei- nes de Fraiacc , comme Frcdegon~ de j avoient des Villes où elles Ic- Mmij a72 JOURNAL D voient des impôts en leur propre & privé nom. Grégoire de Tours marque que les cérémonies civiles des Fian>.'-illes ctoieiit, que l'Epoux donnât le bai- fer à fa future, lui mît l'anneau au doigt &; le foulier au pied > mais Kotre Auteur croit que cet ufage appartcnoit plutôt aux Gaulois qu'aux François. Q^iand un François vouloir cpoufcrune veuve, il étoit obligé me rcprefenter que ces fortes de » prcfages que vous accufez dans » mon Obfervarion par la décou- »j verre de cet infede vermineux , » feront familiers fuivant l'idée de S3 cet illuftre Romain dans la prati- "que des autres Médecins, dont 3> je tâcherai de fuivre leurs traces à » l'avenir. M. de Chicoineau fouhaictoit fçavoir trois chofcs, i". comment M. ViculTens avoit pu deviner fi jufte que le malade avoit ce ver , 2°. Comment il avoit pu compter fi certainement que les remèdes- qu'il alloit ordonner le feroient fortir j 3'. En quoi coniîftoient ces remèdes. De ces trois cbofes M^ Vicuflens laiflè les deux premières & ne fatisfait la curiofitc de M. de Chicoineau que fur la dernière ; mais avant que d'y venir il trouve à propos d'entretenir M. de Chi- coineau fur la ftrudele , & qu'au lieu de m 'éloigner s>dc vos fentimens fur la queftion »propofée, pouiTétedlion de cet ES S ç:A V A N S ; » infedc vermineux , ou fon déve^ »3 loppement , je me foûmette vo«' )5 lontiers à votre décifion. Je fuis au- » jourd'hui convaincu par les dif- » ferens examens que j'ai faits avec ï> un bon Mlctofcope , que ce n'ell »î qu'un feul ver & non plufieurs «accrochés enfemble, fuivant l'o- » pinion vulgaire. Voici de quelle » manière j'en ai fait la découverte: » je pris la partie la plus large , que >'j'ai regardée comme la tête de cec » infede , & je la fis enfermée » entre les deux lèvres d'un » homme vigoureux qui en cxpul- M fant l'air vers le corps de ce ver 5> folitaire , forma un petit conduit " ovale , d'un noeud à l'autre , &C » après différentes reprifes , il fe » communiqua , jufqucs à la dif- » tance d'une demi - aulne avec » beaucoup de peine , quoique l'air » fût pouffé avec vigueur , d'où je >5 conclus que ce conduit étoit in- nterrom.pu par autant defoupapes, >) qu'il y a des ncuds , & qui font » renfermées dans le corps de cette M couverture relevée , qui a donné » lieu de croire que c'étoit plulicurs » vers unis enfemble. Ce conduit neft pofé orizontalcmcnt au mi- 3>lieu du corps de cet infc(il:e , & w dans le tcms qu'il fe manifeftoit , »en tenant d'une main mon Mi- » crofcope fixe , j'en déchirai avec » la pointe d'un Canif la membra- " ne , d'où ilfortit une fcrofité lim- " phatiquc , enfuite je diffequai n avec la même pointe de ce Canif » le corps de ce ver , & je ne pus » découvrir qu'une infinité des M membranes fort minces nourries MAY «par 11 même férofité limphati- I» que , unies les unes aux autres; » je voudrois que vous culîîcz été M témoin de l'exaiflitude avec la- «quelle je le diffequai. Ce conduit, »> fuivant mon idée , ne peut être »> que le ventre de cet inlertc , oii » les humeurs dcflinées pour fa ») nourriture &c fa croidancc , font » préparées & que de là elles font î> diftribuécs par la chaleur naturelle s>dans ce tilîu de membranes qui » forment le corps de ce ver appelle » Solitaire: " Telles font les paro- les deM. VicufTens. Nous lailTons aux perfonncs qui font au fait de ce ver , pour en avoir vu plus d'un , à faire leurs reflexions fur divers arti- cles ici avancés par M. Vieulfeiis , & entr'autres fur celui où il dit qu'il regarda comme la tête de ce ver la partie la plus large , & celui où il ajoute qu'il la fit enfermer entre les deux lèvres d'un homme vigoureux pour y fouffler de l'air. Car ic la tête de ce ver eft fi petite que (î c'en eft la partiela plus large il tant que le ver dans fa longueur ait moins de largeur que le plus fin cheveu ; 2°. Il eft difficile de comprendre j J'attri- » bue , ait-il , cette forme plac- M te à la compreflion des matières » fécales &c grolîîeres qui fe trou- » vent d'ordinaire dans les boyaux , « de telle manière que cet infedlc «eft fans ceffc comprimé , d'un n côté par les fibres des boyaux qui »i font dans un mouvement conti- « nuel , & de l'autre par les matie- >> res contenues dans les boyaux où » il ne peut fe difloudre pour pren- » dre une dimenfion en rond & en » large à caufe de la foibleffe de fon M tempérament [ s'il eft permis de » l'expliquer ainfi] dansletemsde jsfa croilfance , & les membranes •>dont il eft compofé étant exttê- » mement délicates , font ainfi n obligées de fe diftendre en long , » iSc de conferver cette figure plâtre. » Ce qui confirme cette hipothéfc ^ jj c'cft que tout corps en mou- »»vement s'éloigne de fon centre j,' » Se c'eft de cette manière que >j les matières fécales , groflleres de Nûij JOURNAL DES SÇAVANS; 280 » leur nature ; &: d'une furface large 5» apurant de concert avec les fibres 5) des boyaux dans leur mouvemenc >î continuel , tantôt plus ou moins^ yy donnent cette figure platte Se 5) longue au ver folitaire. Notre Auteur ne borne pas ici fes recherches , il examine encore ce que c'efl que ces nœuds ou efpe- ce de coutures qu'on remarque fur le corps de cet infedle. Nous ne rapporterons f)oint ce qu'il dit là- deffus j ceux qui en feront curieux peuvent confulter fa Lettre ; quant à ce qu'il vient de dire touchant la forme platte du ver , fçavoir qus cette forme lui vient de la compref- fion des boyaux £i des matières qui y font contenues , quelques Lec- teurs objcdreront peut-être, 1°. que cela pofé il nedevroity avoirdans les boyaux aucun ver qui ne fût plat. z". Qii'on trouve des vers lolitairesconftruits de manière qu'Us font plus plats d'un fens que de l'au- tre, enforte qu'ils ontundelTus & un dcffous, à peu près comme les Carrelets , les Limandes & autres poiiïons plats , ce qui paroît difficile à expliquer par la compreflîon des bovaux & des matières; on peut voir là-deffus la planche VII. fig. 19. du Livre de M. Andry fur la génération des vers. 3°. Qu'il y a des enfans nouveaux nés qui ont le ver foliraire , ^ qui , comme le re- marque Hippocrate j en rendent de grandes portions , ce qu'il n'eft pas moins dilîicilc d'expliqutr par la comprclfion des matières contenues dans les boyaux, puifquc les boyaux ji'Uaçnfanc nouveaUr néneienfeir: ment qu'un limple mcconium 1 très-peu capable de faire compref- fion , ôc qu'avec cela , les boyaux de l'enfant au ventre de la mers n'ont pas le même mouvement qu'ils ont après la naitTancc , ni la même fermeté. 4°. Que les bœufs font fujets à avoir dans la veffie du fiel j certains vers particuliers qui font tout plats , quoiqu'on ne voyç point quelle comprellion ces vers peuvent foutfrir en cet endroit. Au regard de la queftion ii le ver plat eft un fcul ver , ou (1 c'en eft plu- fieurs attachés enfemble , M. de Vicuflens , comme nous l'avons vu , prétend avoir découvert que ce n'eft qu'un feul ver. Nous avons rapporté fon expérience fur ce point , mais nous ne pouvons gueres à cette occafion nous difpen- 1er de rapporter celle que M. Winflow a faite avant M. Vieuf- fens j fur le même fujct , il ne nous faut pour cela que communiquer ici au public deux Lettres , l'une de M- Andry à M. Winflow & l'au- tre de M. Winflow à M. Andty : les voici mot à mot. ^-I o H s I E u R ^ Je vous prie de vouloir bien me mettre par écrit" l'obfervation dont vous fîtes part vers le com- mencement de l'année dernière à l'Académie Royale des Sciences, au fujet de ce vailTeau de commu- nication que vous avez trouvée dans les vers folitaires que je vous donnai il y a quelque tcms & qi;c vous vîtes tout yivans chez moi, où. MAY vous amenâtes Monficur Tranc notre Confrère qui les examina auiÏÏ avec vous , après quoi vous les em- portâtes pour les clilFequer.Ce vaif- icau de communication , félon ce que vous avez déclaré à l' Acadé- mie , s'étend depuis une extrémité du ver jufqu'à l'autre. On ne peut produire un fait plus décifif que celui-là , pour montrer que le Ta- via , ou , comme )'ai trouvé à pro- pos de l'appeller , le ver folitaire , car je fuis le premier qui lui ai don- né ce nom, cft un feul &c unique ver ; & non , comme l'ont cru quelques Auteurs , une file ou chaîne de vers qui tiennent les uns aux autres. Comme je fuis fur le point , Monfieur , de donner une fixiéme édition de mon Traité de la géné- ration des vers dans le corps humain , & que dans ce Traité je foijtiens que le ver dont il s'agit n'eft qu'un feul ver , il m'eft important, pour confirmer mon fentiment , d'avoir par écrit un témoignage auffi in- contcftable que le votre ^ & aprcs lequclil n'y a plus à rcvenir.J'efpere donc, Monfieur, que vous voudrez bien m'accorder cette grâce , & la juftice de me croire le plus humble & le plus obéiflant de vos Servi- leurs AN DRY. 'A Paris ce 15. Décembre 1730. Monsieur, Le Vaiiïeau de Communication que j'ai découvert dans les Vers Solitaires que vous me donnâtes , 175 r- , agi l'ao née dernière &que je vis tout vivans chez vous, confiftc, ainfi que je l'ai rapporté à l'Académie des Sciences,, en un conduit infor- me très-délié &:tranfparent, lequel par le moyen de ma loupe me parut du diamètre d'une petite foye de cochon. Il contenoit une liqueur très-claire pareille à celle que j'ai vue autrefois dans les vaiiTeaux Cmguins des limaçons & des lima- ces , & même dans ceux des vers de terre. J'ai injedé dans ce vaif-, feau par le moyen d'un tuyau extrê- mement fin & fcmblable à peu prts à ceux dont on fe fert depuis quel- que'tems pour faire des injedions médicamenteufes dans les points lacrimaux , une matière ttès-cou- lanre , dont je terai part dans quel- que tems à l'Académie des Scien- ces , & en poufiant cette matière , je l'ai vu enfiler ce même conduit ou vaifleau en ligne droite tout le long du Ver , précifément en- tre les deux bords fous la mem- brane externe > fans être arrêtée par les nœuds ou coutures dont ce Ver paroît entrecoupé. Comme l'Aca- démie , lorfqueje lui rapportai le fait , me recommanda de fuivre cette expérience , & qu'elle vient encore tout récemment de me le recommander, j'avois deflein de vous prier , Monfieur ^, comme il vous arrive fouvent de faire fortir de ces Vers tout vivans , de vouloir bien m'avertir quand il vous en viendroit quelques-uns , afin que je pufle fatisfaire à l'engagement que j'ai pris là-dcfTus avec l'Acade- nûc. Mais comme il£autuu beau- 282 JOURNAL D Soleil pour faire l'expérience dont il s'agit , j'attendrai jufqu'au Prin- tems , où j'efpere que vous voudrez bien m'accorder la grâce que vous m'avez déjà faite. J'ai l'honneur d'être avec tous les fcntimens que yous me connoilTez : Monfieur j Votre très-hum- ble Se uès- "i/î Taris le 20. obciflant Ser- JDeccmb.i-jiQ. viteur , W I N s i O W. Après cette Lettrcde M. Winf- low, il y aura peu de Ledeurs fans doute qui veuillent révoquer en doute que le Ver Solitaire ne foit un feul & unique Ver. Il ne nous refte plus qu'à parler des remèdes que M. Vieuflens an- nonce dans fon titre , Zi. dont il fait ;le dernier article de fa Lettre. Ces remèdes confiftent en une potion compofée d'une decoRion de fougère mkle , de <^nel(j(tes feuilles de erejfon de fontaine , dans laejuelle en mit dix grains d'extrait d'aloes , mitant de trochifqnes Alandhal , un fcrtfpHle d'écorce d'orange amere & autant de coraline qu'on rediiifit en poudre.On déUya dans chaque bouil- lon <^ue le malade preneit de trois en trois heures deux cuillers de fiic de crejfon , ladite potion fut réitérée fur les trois heures après midi. On en continua l'ufage deux jours de fuite dans le même intervalle cjHe la veille , ferfuadé , dit M- Vieuflens , qu'il »e fallait point perdre de vue un in" feue de cette nature , e^ejî-àr'dire tel que je me Pétais reprefcnté. .... Le ES SÇAVANS; troifiéme jour je demandai qu'on laijfât prendre au malade a d/verfes reprifes un remède que je lui fis don- ner fur l' in fiant a cinq heures pre'cifes du matin , il fut compofide trois on~ ces d'huile de Rue , da^is laquelle f avais fait cuire jufques à confom- ■ption du tiers , un fcrupule de colo- quinte , autant de eoralUne , demi dragme de racine de Brionéa hachée à petits morceaux, & la cuite faite . feus un gobelet de verre qui me fervit de monter , dans lequel j'éteignis environ demi dragme de Mercure crû , une heure après avoir pris cette potion , le malade rendit cet infeSe vermineux -, // ufoit pour boiffon or- dinaire d'une ptifanne avec l'écorce de grenade , les feuilles de coquelicot^ C^ quelques jujubes. Dans chaque verre on mettait huit À neuf goûtes d'huile de fouphre. Tel eft l'amas de remèdes dont notre Auteur dit s'être fervi pour faire fortir du corps de M. Manot de Bergerac le Ver Solitaire. Nous venons de recevoir une Brochure où les deux Lettres de M. Vieuflsns font imprimées enfemble avec les réponfcsde M. de Chicoi» neau , ce qui fait un petit recueil. Ces deux Lettres de M. Vieuffens nous ont paru renfermer dans cette impreirion quelques différences lé- gères, M. Vieuflens dit par exem- ple dans la féconde Lettre réimpri- mée qui vient de nous tomber en- tre les mains. » J'ai pris une ferme » refolution de m'appliquer avec y> toute l'attention dont je ferai ca- « pable , à bien obferver tout ce «que les diffezens malades que MAY, M j'aurai à ttaiter pourront m'offrit " de curieux & d'utile pour la gue- 3J rifon des maux pareils à ceux 31 dont ilsferotn attaqués , étant trcs- » convaincu de la vérité de cette m célèbre Sentence à'y4nnausSe?ie' aca ^ l'un des plus illuftres Se des «plus judicieux perfonnages de at l'ancienne Rome , qui difcourant » fur l'état des Sciences & des arts >)déja parvenus à un haut degré » d'accroiflcment , ne laifle pas de M prononcer d'un ton décifif que n mtdtmn egerimt ^hi ante nesfue- i>ru»t, fed non peregeriint , ajoutant j> encore multum adhuc reftat operis, 3» multHW^Hi reftahit nec ulli nato » poft mille fecula practudetur occafio vt Alicjuid adjiciendi. Cequife trou- » ve évidemment confirmé par » toutes les belles & utiles dccou- » vertes qui ont été faites depuis le 3> tems auquel vivoit cet illuftre 33 Philofophe. Cet endroit, comme on voit ^ cfl un "peu différent de celui de mê- me genre que nous avons cité mot à mot au commencement de cet extrait. Voici trois autrss différences: l*. M. Vieuffens , ainfi qu'on le peut voir dans la première impref- fion de la même féconde Lettre , dit , comme nous l'avons rapporté au commencement du même ex- trait : ?e pris la partie la plus large ^uej'ai regardée comme la tête de cet ÎTjfeBe , Se dans la réimprefllon il dit : Je pris la partie la plus large que j'ai regardée comme une portion immédiate de la tête de cet infeEle. Il n'explique point ce elle Senten- ce qu'il cite à'^^nnstisSeneca^ pro» met de s'appliquer avec tout le loin pofllble à bien obferver ce e/ue les differens malades pourront lui cffnr de curieux & d'utile pourla guen fon- des maux pareils à ceux dont ils feront attaqués. M. de Chicoineau qui' comprend ce que M . Vieuffens veut ' dire , l'exhorte à perfcverer dans le louable deffein de donner fa principale attention à obferver le caractère des maladies les plus rebelles^ leurs caufes & Us remèdes les plus prspres à les réduire. Voilà à quoi fe réduit fa ■ Réponfe, a84 JOURNAL DES SÇAVANS; D.E CRITICIS ORATIO, HABITA IX. KALENDAS Februarias, anno Domini 1731. in Regio Ludovic! Magni Collegio, Socieratis Jefu. A Carolo Porée, Societacis ejufdem Sacerdoce. Parifiis apud Marcum Bordelet , via Jacobxâ , c RegioncCoUcgii Ludovici Magni , fub figno Sandi Ignatii. 1730. C'eft-à-dire : Difcoiirs fur les Critiques prononcé par le Père Porée de la Con.fagnis de ^efm , le -iji^. janvier 17} 1. dans le Collège âe Louis le Grand. A Paris , chez Marc Bordelet , rue S. Jacques , à l'Image S. Ignace , vis-à-vis le même Collège. 173 1. Brochure /«-4''. pp. 45. L'E X O R D E de cette Pièce en montre d'abord tout le deflein: c'eft la coutume , dit le P. Porée de juger des Proférions , non par leur nature , mais par le bon ou le mau- vais ufage qu'en font ceux qui les exercent, enibrte que fi ceux-ci par îeur faute viennent à nous être inu- tiles j ou préjudiciables , nous les méptifons ou nous les hailTons avec leur protelTion même : tel cft le caradterc de l'cfprit humain. De là ce mépris , de là cette hai- ne que tant de perfonnes témoi- gnent pour la Critique des Livres ô: des Ecrivains , & pour les Cen- seurs qui l'exercent. De quelle utilité eft la Critique , demande- t-on d'ordinaire, &àqui eft-ellc profitable?Efl:-cc auxAuteurs qu'elle décrie impitoyablement, à qui elle ôte la tranquillité delà vie, ôi qu'elle décourage fouvent au point de leur faire perdre toute vo- lonté d'écrire? Eft-ce aux Lecteurs à qui elle enlevé la liberté de juger , & le dedr de s'inllruirc î Eft-cc à îa Republique des Lettres ? où elle s'érige fans autorité , un Tribunal Souverain , où elle exerce fans Ju- jfifdidioni'inquifition la plus vio- lente , où elle juge fans équité , oii elle ccnfure fans mifericorde. Ne faudroit-il pas bannir du monde Littéraire un artfi pernicieux î A Dieu ne plaife , dit là-dcffus le p. Porée, que [e veuille prendre le parti d'une profeffion mal faifan- te , ni d'aucun de ceux qui l'exer- cent , je fçai qu'il y a peu de diffé- rence entre faire le mal iSc foûtcnir ceux qui le font , mais qu'il me foit permis d'examiner la queftion dont il s'agit , & de voir fi l'art de la Critique eft tel en foi qu'il faille abfolument renoncer à en pren- dre la dctcnfe. L'Orateur , pour mettre à la portée de tout le monde la décifion de ce point , fe fCrt de la comparaifon fuivantc. »Si je difois qu'il y a quelque «part des Juges, qui bien diffe- »jiens de ceux que nous voyons »> parmi nous , mais fcmblables à » CCS Juges iniques que l'Hiftoirc i> nous apprend avoir été autrefois » en grand nombre dans la Ville de j'RomeJugentdc tout fansconnoif- « fance , décident les plus impor- » tans procès fans fidélité , rcn- »dent des Sentences toutes con- » traites à la Juftice ; ^ qu'à l'occa- fion MAY n fioTi de ces mauvais Juges , je dc- »> mandafle s'il ne faudroit pas ban- " nir abfolunient de l'Etac &c de la » Republitjue tous les Juges gene- n ralement ? Que me répondroienc » les ennemis déclarés des Criti- n ques ? Ils diroienr lans doute qu'il » y aurait de l'injuftice d'abolir a> pour une telle raifon la Judicatu» " re , mais qu'il faudroit , à l'exem- »> pic de ce que fit Rome , rejetter «les mauvais Juges , corriger l'a- w-bus desjugemens, & retenir la » Judicature , parce que l'ordre M civil des Citoyens ne peut fubli- »> fter fans Judicature & fans Ju« » ges. Or je foûtiensla mêmechofe o> de ce qui concerne la Republique "des Lettres , ôc je dis qu'autant »> que les Juges font neccflaires dans » un Etat , autant les Critiques le "font dans laRepubliqueLittcraire, » & que les mêmes qualitez qui sj font requilcs dans les uns le font » dans les autres. «' y4t idem ob ftmii lem catifam de re Litteranâ ftatno^ & aio quantum & cjittiles in re civi- U fjudices , tantnm & taies in re Litteraria Criticos recjiiiri. Lapropofition paroîtra peut-êtr-e Singulière, le P. Porée en convient, mais elle n'en eft pas moins vérita- ble i & il en fait le fujec de deux Parties, dans la première dcfquel- les il fe propofe de montrer com- bien il eft important à la Republi- <^uc des Lettres qu'il y ait des Cen- ieurs , & dans la féconde quelles qualitez ils doivent avoir s matière convenable au tems prefent où le nombre des Critiques furpalTe de beaucoup celui des Livres. : 17? r- iSy Cet Exorde eft accompagné de plufieurs reflexions fur la difficulté de réullir dans un tel deflein j après quoi le P.- Porée dit qu'il prendra le coHtre-pied de la pliîpart des Cenfeurs ; Que ceux-ci ont coutu- me de préférer leurs fentimens à celui des autres , mais que pour lui il préférera toujours celui de fcs Au- diteurs au fien.Heureux,ajoûte-t-il en finiflant fon Exorde , fi le Dif- cours que je vais prononcer tou- chant les Critiques, peut avoir l'ap- probation de i'iUuftre Cardinal * devant qui j'ai l'honneur de parler, de ce Cardinal , qui n'eft pas moins éminent par fcs vertus que par fcs dignitez , & fur l'éloge duquel je fuis forcé de me taire pour ne pas contrevenir à fes ordres > heureux enfin a je puis obtenir une audiance favorable de ces illulbes Princes de l'Eglife dont la conftance invinci- ble à repouiïer ou à méptifet tant de faux Critiques , a mérité les élo- ges de la France , l'admiration de Rome , & l'approbation générale du monde Catholique. Ici le P. Porée a donc deux cho- fes à montrer : la première , com- bien il importe qu'il y ait des Cen- feurs dans la Republique des Let- tres : & la féconde , quelles qualités doivent avoir ces Cenfeurs. Pour montrer la première , il établit d'abord cette propofition ; fçavoir, que jOÙ naiflentdes ditFé- rcnsjoù fe commettent desfaufletez, où fe viole la bonne toi , là font neceiïaires des Juges qui terminent les procès, qui vengent le menfoa- ? Le Cardinal de BilTv. Oo 2S6 JOURNAL D ee , &C empêchent que la bonne foi ne ioit violée. Cela pofé il taie voir qu'il n'y a point de nation au mon- de plus fertile en difputes que celle Aes gens de Lettres ^ Qii'il n'y en a point où la vérité èc la candeur fouf- Frent plus d'atteintes ; il employa à cela un détail qui met la chofe hors de réplique , détail qu'il ne nous eft pas poiîïble de traduire en en confervant les grâces ; fur quoi nous citerons l'exemple fuivant pour nous juftifier. C'cft au fujct des difputes qui s'élèvent de tous cotez parmi les gens de Lettres. Efi ne Aliquoi difciflinamm gB" nus _, ifuod non [ponte fiiâ , & exfita eiuajî fundo pariât rixas , & conten- tiones ? Gemiinant ilU m campo RhetorlcA in ter ipfos eloejnentit fions j pullulant m fiadio Phiiofophia inter 'DialeUicd VepretA 5 fntticant in bicipiti monte , inter Apollinii La,H~ reta \ f obole [cum in GramrnatïCA puliere j inter linguarum elementa ; fuccrefcunt in ijuovis Schoiarum vel Acaàcmianim folo , itbi jalia funt doUrinarum femina. T^et^ue ager die [parfis Caàméti Draconis dentibus fctcundatus , tkm[uit rixarnm [evti- lis j cjuàm e[i paUjlra Litteranim. Il faudroit , pour donner une idée des autres endroits de la Piccc^ les pouvoir ainfi rapporter dans les termes mêmes de l'Orateur. La necelTité qu'il y ait des Juges dans la Republique des Lettres , étant une fois établie, il s'agit de fçavoir qui feront ces Jages , & c'eft ce que le P. Poréc examine ki. Il demande, 1°. ficeferontlcs Auteurs dont U caufc fait le fujet ES SÇAVANS; de la dilputc; mais outre que plu- fieurs d'cntt'eux font morts , ils ne pourroient , quand même ils vi- vroient , être écoutés dans leur propre caufc, fi ce n'cft pour la dé- tendre. 1'. S'il faudra s'en rappor- ter au public .'' Mais le public en gênerai ne fçauroit être Juge capa- ble , puifqu'il eft plus rempli de gens fans lumière que de gens éclairés. 3°. Si les gens de Lettres devront être choilîs ? Mais com- ment recueillir tous leurs fuffriges ? Le feul parti à prendre , dit le P. Porée , eft de confentir que quelques perfonnes lettrées fe char- gent de ce fardeau , Si veuillent bien ic donner la peine de juger au nom de toute la Republique LittCr raire , comme on voit dans l'Etat, non tous les Citoyens , mais quel- ques - uns feulement exercer la foniftion de Juges , foit au nom du Prince , foit au nom de la Republique. Mais les Auteurs qui fe verront condamnes par le jugement des Critiques , ne manqueront pas de fe plaisdre &c de crier : hé bien foit, dit le P. Porée , qu'ils fc plaignent, & qu'ils crient : les Juges Civils a'empêchent pas que ceux qu'ils ont condamnés ne fe répandent en plaintes , les Juges Littéraires ne doivent pas trouver mauvais non plus que des Auteurs chagrins d'a- voir perdu leur caufe , en mar- quent leur peine : mais, infiltera-t- on, ils en appelleront au peuple Lit- téraire : » hé bien, foit, répond le P. » Porée , qu'ils le faffent , ils en »ont toute liberté 5 ce n'eft que M A Y ; M dans les matières de Religion «qu'il eft défendu d'en appeller au » peuple -, mais Ci les Cenfcurs font M tels que nous montrerons dans la w féconde partie qu'ils doivent être, »»on n'aura pas lieu de craindre que n le peuple Littéraire foit d'un autre >j fentiment qu'eux. Il en eft de cela »» comme des fentenccs des Tribu- » naux Civils, qui quand elles font njuftes & équitables ne trouvent "dans le public aucune contradic- s> tien. On croiroit ici que le P. Porée va pafler à fa féconde partie , mais il ne perd pas de vue fon point qui cft de montrer que les Cenfeurs font neceffaires dans la Republique ■des Lettres, non feulement par rap- port aux difputcs qui s'y élèvent, maisencore par rapport au préjudice que l'ignorance ou la mauvaife foi de quelques-uns, portent aux meil- leurs Ouvrages , en y introduifant des fautes conliderables. Il rappelle fur cela les avantages qu'on a retirés des Budécs , des Turnebes, des Murets, & il de- mande quels Auteurs Grecs ou Latins nous aurions aujourd'hui fi CCS fçavans Critiques n'avoicnt pris foin de corriger les fautes qui s'é- roient gliiTces dans le Texte de ces anciens Ecrivains. Certes , dit-il , nous ne les aurions pas dans cette pureté & cette élégance qui repre- fentent fi bien le goût de leur fiecle ; mais nous les verrions défi- gurés de milles fautes grolîleres, plus dignes d'un ficelé barbare que du leur. Il n'oublie pas ici les lumiè- res que nous ont données , pat 1731; 287 rapport à la Chronologie , les Scaligers , les Correfteurs des Sca- ligers , les Petaus , les Ulfetius, non plus que celles que par rapport à la Géographie on a reçues des Cla- viers , des Briets, des Samfons ; des Cellarius. On juge bien que les Sirmonds , les Labbcs , les CofiartSj les Hardoiiins , ont ici la place qui leur eft due , par rap-; port à ce qu'ils ont fait pour la rc- da(5fion des Conciles en un corps, &: par rapport aux differens tems où ces Conciles fe font tenus. Nous difons le même de pluficurs autres Critiques , par rapport aux éditions des Pères de TEglife , par rapport aux faites des Saints , par rapport aux Médailles , & par rapport à la Diplomatique. Le P. Porée ne borne pas la fondion de Critique à venger le tort que l'on fait aux Lettres en tant d'occafions , il l'é- tend encore à la réparation de celui que l'on fait aux gens Lettrés. Car la Republique Littéraire n'eft pas à couvert des fraudes , des fuperche- ries & des larcins. Un homme de Lettres qui fe fera confumé dans la compofition d'un Ouvrage impor- tant , & qui avant rimprefllon l'aura imprudemment confié à des mains infidelles , fe le voit quelque- fois ravir par un lâche Plagiaire qui fc l'attribue. C'eft à vous Critiques, dit le P.Porée, qu'appartient le foin de chalTer du Parnafle ces ufurpa- tcurs , & de reflituer aux Abeilles leur propre miel. L'Orateur fait ici une peinture des adrefles Sv: des rufes dont fe fervent ordinairement les Plagiaires pour tromper le pu- Ooij 288 JOURNAL D .blic ôc cacher leurs vols. C'efl: une ehofe à lire que cet article , plus d'un Plagiaire peut s'y reconnoître. Si c'eft une injuftice criante de s'attribuer l'Ouvrage d'un autre , ce n'en eft pas quelquefois une moins grande d'attribuer à un autre celui dont il n'eft pas l'Auteur : ou plutôt l'injure eti fouvent moins pardonnable ; &c c'eft , remarque le P. Porée, ce qu'on voit arriver très - fréquemment : Il invite ici les Critiques à ne point laifler im- punies de telles fraudes , qui font , ielon lui , d'autant plus drgnes d'être reprimées que ceux qui en font coupables les regardent comme innocentes. La mauvaife foi de quelques Libraires qui pour don- ner cours à certains Livres , qu'ils appréhendent de ne pas vendre , les mettent fous des noms illuftres , n'échappe pas aux traits du l''. Po- rée. 11 compare ces fortes de Librai- res à ces Marchands impofteurs qui pour débiter de mauvais vins leur donnent des noms de terroir où ils ne furent jamais cueillis. Quelque jaloux que l'on foit d'ordinaire de fes propres Ouvra- ges , il fe trouve néanmoins des Auteurs, qui, pour aflurer à leurs Livres un crédit qu'ils n'oferoient fc promettre , les produifent fous des noms célèbres ; le P. Porée les compare à ces nourrices, qui , pour procurer à leurs cnfans la fortune qu'elles font incapables de leur donner , les introduifent furtive- ment dans des familles étrangères. D'autres déguifent fîmplemenc leurs noms , fans dérober €c- ES SÇAVANSr lui de pcrfonne ■■, mais de quel- que manière que les Auteurs fe cachent, le P. Porée veut que les Critiques leur ôtent le mafque , &C les fallent connoître : ce qu'il dit fur ce fujet , comme fur tous les autreSj doit être lia dans le Difcours même ; il pcrdroit trop par la tra- duâiion que nous en pourrions faire , &c Ci l'on en veut un exemple, on peut lire ces paroles où l'adrelTc des Auteurs qui prennent d'autres noms eft fi bien décrite. Simt etiam ( nam qiitd non fitadet amor glorie , ctti adJHnUiis fit infamm timor ) funt ^ui opufculafita tandin aliéna indu- cunt nomine , ditm popidi gHfium exploraverim ; ijitifi re/piMt, filent, y fi appâtât , de je ultro confitentur ^ ^iiomodo faltatores ejuidam in Theii- tmm produSli ciim larvà , abfoliito faltationis ordine ^fi frigeat pUufiis y latent fiib ptrfonâ \ fi crebro conmr- rant manus , revelato vultii fi fe indicant. Ouociincjiie tandem cuiifi- lio ^ vel modo fiât i!U Librorur» finp- pofitio , ferendacertenon eft. Ici le P. Porée revient à ceux qui imputent à des Auteurs illuftres des Ecrits indignes d'eux , & il prend de là occalîon de rappcller ce que les Hérétiques ont fait pour mettre fur le compte de rEglife,dcs Ouvra- ges fuppofcs; ce qui lui donne lieu de montrer quelles obligations l'on ne doit pas avoir aux fçavans Criti- ques qui fe font donné la peine de démêler ces impoftures. La liberté que certains Auteurs fc font donnée , de corrompre par des traduûions infidelles les Livres Saints ; & le fer vice fignalé qu'en MAY nne rencontre fi importante les Critiques ont rendu à la Religion attaquée ne font pas ici omis. Un autre devoir des Critiques , félon le P. Porée , eft de confeivcr aux Lettres & aux Sciences , leur intégrité, en empêchant qu'elles ne dégénèrent & ne fe corrompent par la faute de ceux qui les profelTent. Semblables en cela aux Juges Ci- vils qui doivent empêcher parleurs foins , que les affaires publiques ne reçoivent aucun dommage ; les Lettres Se les Sciences peuvent décheoir en mille manières , & le détail dans lequel defcend ici le P. Porée n'eft pas une chofe à palier fous filence. Entre ceux qui cultivent les Lettres humaines , les uns fc pic- qucnt de les orner, & de leur pro- curer de nouvelles grâces ; mais tandis que l'envie de plaire les fait courir avec un foin exccfTif après les agrcmens du Difcours , tandis qu'ils s'occupent à inventer de nouveaux jeux de mots j à frap- per l'imagination par des traits recherchés & à farder leurs expref- fîons , ne font-ils aucun tort aux Mufes , dont la beauté iïmple, ne connoît point le vermillon, à ces Mufes qui aiment la vertu & non Taffeûation ? D'autres fe pro- pofent dans la culture des Belles- Lettres, d'ouvrir de nouveaux che- mins pour parvenir facilement aux Sciences ; mais tandis qu'ils inven- tent de nouvelles méthodes , tandis qu'ils tracent des voycs abrégées, ne portent - ils aucune atteinte aux Sciences mêmes , donc le chemin ; I 7 5 T. 28p abrégé eft fouvent le fur chemin de l'ignorance î ad imitas iter compen- diariiim vidgo iter efl ad icfioraii' tiam certijft7num. Le P. Porée recommande ici aux Critiques ce qu'on rccommandoic autrefois aux Confuls de Rome lorfque la Republique étoit en danger de quelque dommage. JUandabatitr Confulihns , ut vide- rent ne ^uid Refvublica defàmenti Ciiiperet ; il veut que les Critiques faiïcnt la même cliofe dans ce qui regarde la République des Lettres. Id ipfitm Critici totidem verbis fibi mandatum exiflimefit , videant, NE QylD RES LiTTERARIA DETRI- MENTI CAPIAT. Il veut qu'ils s'impofent es de- voir par rapport à la Théologie , à la Jurifprudence , à la Médecine , aux Mathématiques , à la Philofo- phie, à la Rhétorique, àlaPoëfic,' à l'Hiftoire, à la Grammaire, Sc enfin par rapport au nombre prodi- gieux de Livres dont on accable tous les jours le public. Les Obfervations qu'il fait fur chacun de ces articles renferment de grandes leçons : peut - être ne fera-t-on pas fâché d'en trouver ici un exemple , nous cho'.firons celui qui regarde le nombre des Livres ; article intereflant pour Meflîeurs les Examiniteurs. n Que les Critiques prennent 3ï garde que la Republique des "Lettres qu'on croit s'enrichir » par le grand nombre des Livres , » ne s'appauvrifie en effet ; qu'ils » prennent garde qu'on ne l'acca- »îble d'Ouvrages méprifables par 29©! JOURNAL D » leur matière , d'Ouvrages vuides »de chofes & pleins d'inepties , » d'Ouvrages que la mifere enfante, >) que l'avarice vend , que la folie »> acheté , que la fainéantifc lit, que » la fatuité admire , & que la fagef- »>fe ne voit qu'avec indignation. Le Texte reparera la roiblclle de notre tradudion. Videant Critici ^ ne res Litteraria crefcendo minnatur: nsLibris ohmarur argitmento pittidis^ titulo inficetis, remm vachis, ineptie' rumpleaiy, quos par'it famés , vendit Avaritia , émit jtolidttas , legit dé[i- dia , admiratur fatuitAs , fapiemia reprobat & indignatur. La vigilance du Critique doit, félon le P. Porée , s'étendre à )a Critique même, qui n'efl: autre chofc que l'art de bien juger, il faut que le Critique prenne garde que cet art ne dégénère en licence effienée , & que les Cenfcurs ne s'arrogent le droit de décider de toutfouverainement. Leçon impor- tante qui donne lieu au P. Porée de paffer à fa féconde Partie , où il fc propofe de montrer quelles font les .qualitez d'un bon Critique* Les Juges Civils doivent avoir une grande fcience , une grande prudence & une grande probité ; les Juges Littéraires doivent avoir les mêmes qualitez. La preuve qu'on en donne, c'eft que ceux-ci , félon l'occafion , ont à juger de toutes fortes d'Ecrits & de tou- tes fortes d'Ouvrages. Ain fi ils ont befoin d'une fcience fi non univerfelle,du moins prefqu'univcr- fclle : on le fait voir au long par 4es exemples incontcftablcs. Quant ES SÇAVANS, à la prudence , on n'en prouve pas moins bien la nccefiité. On m'offre un Livre à examiner , dit le P. Porée , j'en confiderc d'abord le titre , ce titre me donne ou une idée haute de l'Ouvrage , ou une idée médiocre , ou une idée baffe. Que fait la prudence; Elle me fait fufpendre mon jugement , parce que je fçai que les Livres, comme les Edifices , annoncent quelquefois plus par leurs Frontifpices qu'ils ne renferment au-dedans , & quelque- fois moins. Je jette les yeux fur le nom de l'Auteur ; ce nom , fuivant la réputation de l'Auteur , me paroît d'un bon ou d'un mauvais augure : Que fait la prudence î elle m'arrête encore , parce que je fçai qu'un Auteur n'eft pas toujours fembiable à lui-même. Je feuillet- te l'Ouvrage , &c en le parcourant je me fens enclin à en former tel & tel jugement ; que fait la prudence î elle m'arrête encore , jufqu'à cequ; j'ayc vu d'où l'Auteur part , où il tend , & s'il va <à fonbut- Le P. Porée parcourt ainfi plu- ficurs autres circonftances qu'il faus voir dans le Difcours même , après quoi il conclud que la prudence n'eft pas moins nccefiaire que la (cicnce dans un Critique pour le régler dans fcs jugemens , foit en ce qui regarde les Ouvrages propha- ncs , foie en ce qui regarde tous les autres. A l'égard de la probité , l'Ora- teur montre qu'un Critique doit être vrai & intègre , ne fe laifier prévenir ni par l'amitié , ni par la haine , ne rien accorder ni à la fa- MAY, veur ni à la recommandation , rien à la patrie ou à la parenté , excufer les défauts de fes amis dans ce qui regarde le commerce de la vie , mais ne leur ricnpader dans ce qui regarde les fautes qu'ils peuvent commettre en écrivant. Ne donner dans aucun parti , & fe voiler uni- quement à la vérité , ne reprendre perfonne avec aigreur ^ ne donner aucun tour malm aux chofcs pour ks faire paroître plus reprehen/î- blcs , ne rien tronquer dans les paffagcs pour les affoiblir ; ne point affeder de prcfenter aux yeux du Leâ:eur certains endroits deffcc- tueux d'un Livre , tandis qu'on lui cache avec foin ceux qui pourroient mériter fon approbation : ne point faite femblant d'être l'ami d'un Ecrivain pour lui lancer plus fûre- mcntlc trait dont on le veut percer, ne point contrefaire l'homme fin- ccre & de bonne foi , pour mieux déguifer fon infidélité. Ceux qui feront curieux de voir ici une Critique complette, quoi- que abrégée , du Diftionnairc de Bayle, peuvent lire la page 3 8. ils y trouveront une peinture naïve du caradcre de cet Auteur. La troifiéme qualité du Critique eft d'être doux. Le P. Poréepropo- fc en cela l'exemple des Juges Civils quiprononcentlcurslcntcn- I 7 3 !• 2pi ces fans les accompagner d'aucune invedive. Ce point eil traité au long j & il eft peu de Critiques qui n'y trouvent de quoi profiter. La difpute qui s'éleva il y a peu d'an- nées entre Madame Dacier & M. de la Motte fur le mérite des An- ciens & des Modernes, faitlefujec du dernier article du Difcours. Le P. Poréc y dépeint la conduite que tinrent ces deux advcrfaires en fe critiquant l'un & l'autre, l'use un peu emportée, &; l'autre pleine de politeflc de d'urbanité , ce qui lui rait.dirc que fi l'on ne peut pronon- cer qui des deux a remporté la vic- toire , pour le fond , du moins on ne peut nier que le dernier ne l'aie remportée pour la modération. Il y a des cas cependant où le P." Porée permet de ne point épargner la force des termes , c'eft lorfqu'iî s'agit de venger l'honnêteté publi-. que , ou la Religion attaquée , quoique cependant, félon le P. Poréc, il faille encore le faire avec une certaine referve & une certaine gravité de Juge , laquelle marque qu'on n'en veut qu'au crime Se non au criminel. L'Orateur finit par le parallèle du Juge Se du Critique, & fait voir la parfaite conformité qu'il y a entre les fondions de l'un Se celles de l'autre, 2^2 JOURNAL DES SÇAVANS, LETTRES D'VN DOCTEVR ALLEMAND DE l'Vniverfité Catholique de Strajbonrg ^ a un Çentil homme Proteflant ^ fur les fix obstacles au falut , cjh'i fe rencontrent dans la Religion Luthé- rienne. Seconde édition , reviië , corrigée & augmentée des Sommaires & de la Table. A Strasbourg , chez Jean-François le Roux , Imprimeur- Libraire de Monfeigneurle Cardinal, Evêque Se Prince de Strasbourg, du grand Chapitre & de l'Univerfité Catholique. 1730. un vol. in-j,°, pp. 49<î. non compris l'Avertiircment & la Table. 11 fc trouve chez Bfiaffon , Libraire., rue S. Jacques , à la Science. CE S fix Lettres ont paru fépa- rément , & cette édition an- noncée comme la féconde ^ peut être regardée comme la première , puifqu'elle eft la feule qui les ait encore réunies. Le Docteur Allemand de lUni- verfité Catholique de Strasbourg , qui en eft l'Auteur, eft le Révérend Père Jean-Jacques Scheffmacher , de la Compagnie de Jefus. L'ai- greur, l'animofitéSc toute amertu- me de zélé en font entièrement tannics. L'Auteur fe pique de n'a- voir penfé qu'à cons'crtir & nulle- ment à contondte. Il a jugé à pro- pos de faire un Recueil de ces fix Lettres , 1". Afin que Melîîeurs de la Confefllon d'Ausbourg en fen- tifient d'autant mieux la force en les voyant réunies. 2°. Afin que les Catholiques y trouvallent un plus ample fujetde conlolation. Il con- jure les uns S<. les autres de les com- muniquer à leurs amis Luthériens. t> Peut-être que Dieu n'attend , »du-il , que cet aéte de zélé pour » en éclairer un grand nombre , qui M fans cela rcfteroient dans leur » aveuglement. Le but gênerai de ces Lettres , comme on l'a vu dans le titre, eft de prouver aux Luthériens qu'ils font dans la voye de perdition.Pout leur prouver cette trifte vérité , on employé fix argumens quircmplif- Tent autant de Lettres. Par le premier on leur objedlc , qu'ils font ftparcs de la véritable Eglife de J. C hors de laquelle il n'y a point de falut. Par le fécond , que n'ayant qu'une foi humaine & chancelante, fondée fur de pures opinions , ou fur des interprétations incertaines £c arbitraires de l'Ecriture, ils n'ont pas la foi divine , fans laquelle , félon S. Paul, il eft impofiible de plaire à Dieu. Par le troifiéme , que perfiftant dans la révolte contre les Fuiftances Ecclefiaftiques établies de Dieu , par le refus qu'ils tont de reconnoî- tre le Pape 5c leurs Evêques , qui font leurs Pafteurs légitimes , ils attirent la condamnation fur eux- mêmes. Par le quatrième, que la Con- feflîon qui fe fait à un Prêtre , en lui déclarant en détail les péchez dont on fe fcnt coupable, n'étant point d'ulage parmi eux , ils fe frouvent M A Y ; 1751. apj trouvent prives dii moyen que 2". Que l'Eglife à îaquellc les -Dieu a établi comme nécefiairc promciïes ont écé faites, n'a pas pour obtenir h reminîon de leurs ceflé depuis fon crabliffemcnt dé- pêchez , & que par là la voye de la tre la véritable Eglife , quoiqu'en reconciliation avec Dieu leur cfl; difent les Proteftans. 3°. Que l'Eglife Romaine ne peut enfcigner d'erreurs contraires à la toi , m mal adminiftrer les Sacremens. 4°. Qiie hors de cette Eglife , - ■ il f-ermcc. Par le cinquième , que ne fatis- faifant point aux Préceptes de J. C. qui leur ordonne , fous peine de perdre la vie éternelle , de recevoir fon Corps & fon Sang , ce qu'ils ne toujours conftamment vifibl font pas une feule fois pendant n'y a point de falutà efperer. toute leur vie , leur Pafteur ne leur j°. Que tous ceux qui fe fonc donnant que du pain ôc du vin, féparés de cette Eglife ont toujours faute de cara<5lere & de pouvoir . auUî palfés pour Hérétiques ou pour confacrer , ils relient néceflài- Schifmatiqucs. reraent dans la mort. 6". Que Luther &: fes adherans Par le (ixiéme enfin, qu'adhcranc font véritablement fépatés de l'E- a un corps de doctrine mêlé de glifedeJ.C plufîeurs Héréilcs condamnées par l'Eglife , £c reconnu pour tel par fes plus anciens , fes plus faints & les plus éclairés Docteurs , ils ne fe ferment pas m.oins par là l'entrée du Ciel , que par les péchez les plus grolîlcrs de la chair. Par cette légère ébauche, on voit que ces fix Lettres font autant de Traitez Dogmatiques & Polémi- ques fur l'Eglife , la foi, l'autorité £cclefiaftique , la Contelllon auri- culaire, l'Euchariftie c^ le Schifme. Il ne nous eft pas pofiible d'en- trer dans un grand détail fur cha- cune de ces matières , nous tâche- rons pourtant de donner une légère idée de la méthode qu'a luivie notre Auteur. Dans fa première Lettre il éta- blit , i". Qiie c'cft à l'Eglife Catho- lique , Apoftolique Se Romaine que J. C a fait fes pioaiefics. May. Ces fix Propofitions que notre Auteur appuyé de tout ce que l'E- criture & la Tradition lui fournif- fent, & dont il écarte toutes les objedtions, en les réfutant folide- ment , lui fervent à établir deux véritez qui terminent la Lettre. La première , qu'il cil abfolu- lîient nécelTairc d'être membre de la véritable Eglife pour pouvoir fc fauver. La féconde , que les Luthérien* ont le malheur d'en erre féparés , d'où refaite un obllacle invincible à leurfalut , tant qu'ils perlillerontà profelfer le Luthéranilme. La Lettre qui fuit eft deftinée à faire voir que les Proteftans n'ont qu'une foi humaine. On établir d'abord que la foi, pour être méritoire , doit être ferme & prudente; ferme, parce que fans cette qualité , elle dégénereroit e« Pp 2p4 JOURNAL DE pure opinion ; prudente, parce que ians cehjCe fcroit un fentiment ou- tré, pris légèrement (Se foiitcnu avec obftination ; en un mot , plutôt un vice qu'une vertu del'efprit. Or on foûticnr que la foi de toutProtef- tanc manque nccéffairement de l'une de ces deux qualitez, c'cft-à- dire qu'elle eft foible & chancelan- ts fur tous les articles qui font & qui ont jamais été en difpute , oa bien qu'elle e(l imprudente , fi elle s'attache irrévocablement au parti dont elle a fait choix fur les matiè- res conteftées. On voit aflez par là que notre Auteur attaque les Luthériens fur îeur façon d'expliquer l'Ecriture Sainte par leurs lumières particu- lières, & non par une Tradition confiante iScfuivie. Onleur foûtient que cette méthode ne peut les con- duire à la certitude, parce qu'ils ne trouvent de quoi fe raiïiirer ni dans •eux-mêmes , ni dans leurs Paftcurs, ni dans leur Eglifc , puifqu'cux , leurs Pafteurs & leur Eglife ne peu- vent compter fur l'infpiration da S. Efprir. On vient enfuiteà examiner fi b confrontation des diffcrens palTages de l'Ecriture fur une même matière, cntr'eux Se dans ditierentes ver- rons , eft une reiïburce fuffifante contre l'erreur , &c l'on fait voir , 1°. Que la confrontation feule ne peut donner à la foi le degré de certitude neceflaire. C'eft ce que Ton prouve par la confrontation même des pafTages fur la Divinité de J. C.la Prefcncc réelle & le Ba- iptêjne des enfans, S SÇAVANS; 1^. Que le plus grand nombre' des Chrétiens e(f incapable de fui- vrc la méthode de la confrontation. Donc les Proteilaus n'ont aucune fureté fur la Canonicité des Livres Saints , fur la fidélité des verfions r ni fur le fens d'aucun de leurs paffar ges. 3". Qiieles Proteftans, même les plus éclairés, abandonnent dans la pratique la méthode de la confron- tation , puifqu'ils donnent des Catéchifmes à la jeunefîe pour lui cnfeigner des Dogmes que , félon eux , la feule confrontation lui devroit apprendre , & puifqu'ils reçoivent les quatre premiers Con- ciles & les Livres fymboliques fans dilcuter ce qui y eft contenu. La troidéme Lettre convainc les Protcftans de révolte centre les Su- périeurs légitimes. On y montre que le Pape étoit avant Luther etï polTedîon d'une autorité fupericure, autorité qu'il n'avoit poiat ufurpée, que S. Grégoire a exercée fur toutes les Eglifes Chrétiennes, & que S. Cyprien , S. Hilaire , S. Ambroife,' S. Jérôme , S. Auguftin , S. Lcon , S. Profper , S. Chryfoftome , S. Epiphane , S. Bafile ôc S; Irencff ont reconnue. Au témoignage de tous ces Percs notre Auteur aïoûte l'autorité des' Conciles deNicée , de Confiranti- nople , d'Ephefc i.V de Calcédoine,- qui tous ont reconnu , dit-il, l'au-- torité fupcrieurc des Papes. Les Hiftoriens Eccléfiaftiques font dans le même fentiment , &' notre Auteur rapporte des Textes d'Eiifebc , de Socrate^ de Sozomc-î' MAY ne , de Thcodoret , d'Evagre & de Severe-5ulpice pour le prouver. Après toutes ces autoritez, le Père Scheffmacher entre dans le Dogme même, &c prouve que J. C. a établi S. Pierre Chef &: Pafteur de tous les Fidèles , que l'autorité de S. Pierre a dil palfer à fes Succcf- feurs , que les Évêques de Rome font enfin les Succefleuts de Saint Pierre. Sur la Confcffion auriculaire , qui fait le fujcc de la quatrième Lettre, notre Auteur fait voir que les Proteftans meurent dans leurs péchez , faute de fe foûmetre à ce Tribunal de réconciliation. Comme Kemnitius a avancé qu'Innocent III. eft l'Auteur du précepte de la Confefîïon , c'eft à détruire ce fcr.dmçnt qu'il s'atta- che , il fait voir : i". Que l'obligation de fe con- férer a été reconnue long - tcms avant le Concile de Latran , puif- que Pierre de Blois, Richard de S^ Viotor , S.Bernard , Hugues de S. Viâor , Yves de Chartres , Saint Anfclme , Pierre d'Amiens, Regi- non j Jonas-Rnbban-Maure , le deuxième Concile de Châlon , le Concile de Pavie , Bede , Théo- dulphc & S. Jean Climaque en parlent clairement. 2^. Qiie les Empereurs & les Roisfeconfcfloient , qu'il y avoit des Confelfcurs dans les Armées , qu'une multitude de Pénitens fe prefentoient à la Coiifeflîon , que les Prêtres en difant la MelTc prioient pour leurs Pénitens, qu'on pxen«it: de grandes précautions pour empêcher les malades de mourir fans ce Sacrement , qu'on a enfin toiâiours regardé comme hérétiques tous ceux qui refufoient de recon- noître l'obligation de fc confefier. Pour prouver l'obligation de confelfer en détail fes pcchez fecrets aux Prêtres ^ notre Auteur rapporte le témoignage de tous les Pcres , depuis Tertullien jufqu'à S. Grégoi- re le Grand , 5i foûtient que ces Auteurs ont prétendu que l'obliga- tion de fc confeffer étoit de droic divin. Cette Lettre finit enfin par une Hiftoirc finguliere Se bien circon- ftanciée , par laquelle il paroîc qu'en i6'7o. les Miniftres mêmes de Strasbourg , ont fait de grands efforts pour rétablir dans leur Egli- fe , les confelîlons privées & defeul à feul. Dans la cinquième Lettre notre Auteur a pour but de prouver que les Proteftans ne reçoivent jamais le Corps de J. C. il le fait en établif- fant trois propofitions principales. Premisre Propofition. Chaque Chrétien n'a pas le pouvoir de con- facrer &d'abfoudrc; ce Dogme eft purement de Luther , les taits de l'Antiquité en démontrent l'erreur, &c les Protellians mêmes ne font pas perfuadés que le pouvoir Sacerdo- tal foit commun à tous les Fidèles. Seconde Propofition. Le pouvoir de confacrer & d'abfoudre ne peut être conféré par la Commrnauté , ^ on en tire les preuves des mêmes fources qui ont fourni les précéden- tes. Troiféme Propofition. Il n'y a^ Ppij 2^S JOURNAL D que l'Evcque qui puiffc conférer le pouvoir de confacrer& d'abfoudre, puifque l'Eglilc n'a jamais approu- vé aucune Ordination faite même par de limples Prêtres ^ &: que l'Ecriture & la Tradition font con- formes à ce Dogme. D'où notre Auteur conclut que les Miniftrcs Protcftans n'étant ordonnés par aucun Evêque , n'adminiftrcnt aux Lutlieriens que du pain &: du vin. Ceft donc à tort qu'Us nous accu- fent d'enlever aux Fidèles le Sang de J. C. ce font eux qui leur enlè- vent &c ce Corps &c ce Sang pré- cieux , en leur faifant croire qu'ils ont une autorité , un pouvoir qu'ils n'ont reçu de pcrfonnc. Dans la fixiéme Lettre, dcftinée à faire voir que les Proteftans font engagés dans pluiieurs hcréfics an- ciennes & nouvelles 3 on leur re- proche qu'ils pcnfent , comme Ac- ïius , fur la prière pour les morts , fur l'obligation du jeûne & fur la diftindion des Evêques &: des Prê- tres •, comme Eunomius , fur la certitude infaillible que la foi donne du Salut ; comme Jovinien , ES SÇAVANS; fur la Virginité ; c(*mme les Lam-- petienSjfur l'état Ri-ligieu'x ; comme Vigilance , fur le culte .5: l'invoca- tion des Saints ; comme Novar, fur la Confirmation ; comme Petilicn, fur la Chaire de S. Pierre; comme de certains Hérétiques du tcms de S. Cyrilc, fur l'Euchariftic; comme prefque tous les Hérétiques , fus l'autorité des Conciles Généraux. On vient enfuite à définir ce que- c'eftque l'Héréfie, & l'on prouve qu'en combattant la Dodrine Uni- verfelle de l'Eglife , Luther cft tombé non feulement dans pluficurs anciennes Héréfies , mais encore dans de nouvelles , ce que l'on prouve par plulicurs explications qui lui font particulières , & pour la défcnfcdcfqucUes il s'efc trouvé d'abord fcul de fon fentimcnt. On termine enfin cette Lettre par fcû- tenir avec raifon que c'eft danscc point de iingularité , vraye marque d'hércfie , qu'il faut toujours le regarder , pour être convaincu qu'on ne fçauroit le fuivrc en fure- té de confcicnce. DISSERTATIO HISTORICA DE BURGUNDIA Gis 6: Transjuranâ. C'eft-à-dire : DifferttJtion Hiflorit^ue fitr U BoHrftccne Cis-^uranne & fur la Bourgogne Trans-juranne. Tar M. ^ean-Duniel Schocpflin , Pyofepitr d'Hifloire & d'Eloquence a Snnjboitrg^ de l'^c^- demie Royale des Infcripions , & de la Société Royale de Londres, A Strasbourg, chez Jean-Reinhold Dullîcker. 173 i. /«-4''. pp, 16. CETTE Diflertation eft pro- prement un abrégé de l'Hi- ftoire de Bourgogne , depuis l'éta- bliffcment des Bourguignons dans ics GaiJcs jufqu'à l'établiflcjncnc des deux Royaumes de Bourgogne fur la fin de la féconde Race de nos Rois. L'Ouvrage efldivifé en trois Chapitres. Dans le premier l'Au- Ccur parle des Rois particuliers qu'a MAY eu la Bourgogne avant que les en- fans de Clovis fe fiifTenr rendus maîtres de la partie des Gaules dans laquelle les Bourguignons s'écoicnt établis. Notre Auteur prétend que les Bourguignons faifojcnt autrefois partie des Vandales , qui avoicnt eu d'abord leur établillcment dans le tond de l'Allemagne , dans la PrufTc ou dans le Pays qui forme aujourd'hui le Royaume de Polo- gne. Ils s'avancèrent plus proche du Rhin fous le règne de ProbuSj & ils y eurent de grandes guerres con- tre les AUcmans , ceux-ci s'étant établis dans le Pays des Helvetiens, les Bourguignons occupèrent les lieux abandonnés parles Allemans. Ayanrcnfuite paffé le Rhin,ils fe fi- xèrent danslaGermanic fupcrieurCj, fous l'Empire & peut-ccre du con- fentcmcnt de l'Empereur Hono- rius. Les Bourguignons avoient alors pour Roi Gondiac. Ce Prin- ce , voulant étendre fes Etats , fut battu pat Actius; enfuite Valenti- nien II ï. donna la Savoye à ce qui ctoit refté de Bourguignons depuis la Bataille gagnée par Aetius , ceux- ci s'étendirent dans le Pays des Se- quanois , des Eduens &c des Segu- fîcns. Us eurent alors deux Rois en mêmc-tems Gondiac & Hilperic. M. Scoepflin croit que c'eft fous ces deux Princes que les Bourgui- gnons fournirent du fecours à Aë- lius contre Attila , & qu'ils donnè- rent du fecours à Théodoric Roi des Vilîgots contre Riccoire Roi des Suevcs. Sidonius - Apollinaris ç^yi parle des anciens Bourguignons , 17 5/'. 25)7 comme témoin oculaire , les rcprc- fente comme les plus barbares des peuples qui s'étoicnt établis dans les Gaules depuis la décadence de l'Empire Romain ; Ammien re- marque qu'ils dépofoicnt leurs Rois qu'ils nommoicnt Hrr.dir.os y quand ils avoient été battus par leurs ennemis , ou quand il arrivoit quelque flcrilité; mais ils refpec- toient toujours leur Souverain Pon- tife, qu'ils appelloient Sinific, No- tre Auteur ell perfuadé que les Bourguignons font les premiers des peuples Septentrionaux qui ont embraffé le Chriftianifme ; il leur donne pour Apôtre Severe Evêquc de Trêves, mais les liaifons qu'ils eurent par la fuite avec les Vifigots leur firent embrarrerl'Arianifmc. Après la mort de Gondioche fe% quatre enfans Gondcbaud 3 Gode- gifile , Chilperic & Godemar par- tagèrent entr'eux le Royaume de leur pcre & celui de leur oncle. Il y eut de grandes divifions entre ces quatre frères , Gondebaud fut d'a- bord vaincu par Chilperic & Go- dcmar,qui avoient appelle les AUc- mans à leur fecours; mais les AUe- mans s'étant retirés ^ Gondebaud vainquit fes deux frères & les fit mourir. Clotilde nllede Chilperie fut dans la fuite femme de Clovis. M.Schoepfiin eft perfuadé queGon- debaud fit tout ce qu'il put pour empêcher ce mariage, mais il ne croit point qu'on doive ajouter beaucoup de foi à ce que rapporteat là-deffus Roricon, Frcdegaire Se Aimoin. Notre Auteur ayant raconté cet 398 JOURNAL D événement mémorable , parle de la "uerrc de Clovis contre Gonde- baud , de la trahifon que Godcgi- fîle fit à fon frère , du Siège d'Avi- gnon , de la manière dont Atidius, Favori de Gondebaud , engagea Clovis à lever ce Sitge , puis il ex- plique comment Godegifile fut pourfuivi & tué par les troupes de ion frère après la retraite de Clovis. M. Schoepflin fuit dans re récit ce ^ue rapportent Grégoire de Tours, Frecuiphe & Roricon ; mais il re- marque qu'Hincmar & Roricon ne s'accordent point dans toutes les cir- conftances, avec ce que difent les trois Auteurs précedens. A l'égard de ce que dit Procope fur ce point de notre Hiftojre , l'Auteur eft per- fuadc qu'on ne doit point s'y arrê- ter j parce qu'il efi: contraire à ce que rapportent nos anciens Hifto- liens François qui dévoient être mieux inftruits que lui des circon- fiances de cette guerre. Gondebaud fe voyant feul maî- tre de la Bourgogne, fit la famcufe Loi appellce Gondebcte ; il fit tenir des Conférences fur la Religion en fa prefence entre les Catholiques, il parut même , après cette Confé- rence , avoir été convaincu de la divinité du Verbe , mais il ne vou- lut jamais en faire une profelîion publique , & on croit qu'il mourut dansl'Arianifme. Il laifla deux iîls, Sigifmond 5c Godomar, Sigifmond fut feul Roi de Bourgogne : les évenemens de fon règne & ceux du règne de Godomar fon fuccelTeur font trop ■fouYcnt répétés dans nos Hiftpriens ES SÇAVANS; pour que nous nous arrêtions ici à donner le précis de ce qu'en dit M. SchoepAin; ce fut après une grande vid:oire remportée par les François fur Godomar que la Bourgogne fut réunie à la Couronne de France. Les entans de Clovis , Clotaire , Sigebert & Theodcbert partagèrent entr'eux la Bourgogne ; après la mort de Clotaire L la Bourgogne échut à Comtram avec une partie des Etats de Clovis. On donna à fon Royaume le nom de Bourgo- ne. Depuis ce tems-u jufqu'à la fin .de la première Race de nos Rois, l'Hiftoire des Rois de Bourgogne fait une partie effentielle de notre Hiftoire de France , c'eil pourquoi nous ne nous arrétetoiiô pas à rap- porter ce que l'Auteur dit de ceux de nos Rois, à qui la Bourgogne étoit échûë en partage. Nous de- vons cependant oblerver que dans ce récit l'Auteur traite quelquefois des points controverfés entre nos Fiiftoriens. En parlant par exemple de Daniel qui avoit été élevé daiw la Clcricature, & qui prit le nom de Chilperic , lorfqu'il fut élevé fur le Thtône , il foiiticnt qu'il éroit fils de Childeric. Pour pirouver ce fait il cite deux Chartres des Archives de faine Denis , rapportées par le P. Mabil- Icn dans ia Diplomatique. Dans ces Chartres Chilperic !e dit fils de Childeric. Il s'objcde à lui-même ce que dit M. de Valois après Her- man-Contraétj que Childeric avoit été tué avec fa femme, fes fils & fa fille, 6c il répond que Childeric a pu être dérobé à la fureur des parri- I M A Y cides l comme faint Cloiid fils de Clodoniir a été fauve en une pareil- le occafion. Il foûrienr encore con- tre Adrien de Valois que les Rois Mérouingicns portoicnt une Couronne , &c il en cite pour preu- ve le Portail de l'Eglifc de S. Gcr- mai-n des Prez , qui efl: cerraine- mcnc, dit notre Auteur , un Ou- vrage du tems des Rois de la pre- mière Race j ôc où on voit cepen- dant Clovis &c d'autres Rois les liicceffeurs avec la Couronne lur la tête. M.Schoepflin a dit peu de chofe des Rois de la féconde Race qui ont polledc tout le Pays qui pertoic alors le nom de Bourgogne. Il ne fait aulîi que marquer en peu de mots de quelle manière fe font éta- blis ces deux Royaumes de la Bour- gogne Cis-Juranne & de laTrans- Juranne.Bofon quiavoitépouféRs- childe fœur de la féconde femme de Charles le Chauve fut comblé d'honneurs & de dignitez par ce Prince. Il lui donna entr'autres le gouvernement de Vienne & des Pays voilins. Bofon fçût profiter de la foiblefle de Louis & de Carlo- Hian hls de Louis le Bègue , pour fe faire reconnoître Souverain du Pays dont Charles le Chauve ne lui àyoit confié que le gouvernement. Il fut facré & couronné Roi par un grand nombre d'Archevêques & d'Evêques qui étoicnt aflemblés à Mante. Ce nouveau Royaume forme par un ufurpatcur fut nommé Bourgogne Cis-Juranne. Quelques Auteurs l'ont appelle fimplement le JR.oyauree de Bourgogne , d'autres ; ï 7 5 r. app le Royaume d'Arles ou de Pro- vence. ~ Voici de quelle manière l'Auteur dit que s'eft forme IcRoyaumc de la Bourgogne Trans - Juranne ; ce Pays étoic échu à Charles le Gros dans le partage des Etats de Louis le Cermanique. Mais Louis le Germa- nique qui après la mort de fes frères étoit devenu le maître de l'Allema- gne & de l'Italie, & qui avoir été reconnu par ks François Occiden- taux , étoic un Prince loible Sc in- capable de gouverner. Ce qui don- na occafion à pluiieurs Seigneurs ds démembrer fes Etats , & de s'atr tribuer la Souveraineté.Dece nom- bre ^ fut Rodolphe fils de Conrad & petit fils de l'Abbé Hugues qui fe rendit maître des Pays qui font lîtués entre le Mont Jura & les Alpcs-Pennienes , & qui fe fitcou- ronner Roi de la Bourgogne Cis- Juranne en prefcnce de plufieurs Evêques & des Grands du Pays à' S. Maurice en Valais. Ce qu'on appelle à prefent le Duché de Bourgogne avoir été gou- verné par Eudes & Robert avec le titre de Ducs de Bourgogne j Ro- bert laifla ce Duché à Henri Ipn fils , frète de Hugucs-Capet , d'où il paffa à Robert fils de Hugucs- Capet, &c enfuite à un autre R obère aufïî fils de Hugues-Capet qui fut la tige de la première Race des Ducs de Bourgogne, laquelle fub- iîfta jufqu'au tems du Roi Jean. Il femble que l'Auteur, pour remplir entièrement le titre qu'il a- mis à la tête de fon Ouvrage , au- loit dû continuer l'Hiftoire de la- ,oo JOURNAL DES SÇAVANS, Bourgogne Cis-Juranne îk de la ration. Ce qui fera plaifir au public, Trans-Juranne jufqu'à la dcftruc- artcndu que ce morceau de notre non de ces deux Royaumes; c'eft Hitloire ne paroît point avoir été, ce que l'Auteur fait efperer qu'il jufqu'ici , fuftifamment éclairci. exécutera dans une féconde Dilîer- LE MINISTRE PUBLIC DANS LES COVRS étrangères , fes fondions & Jes prérogatives. Par le Suur f. de la, Sarras du FranqHcttay, A Paris , chez Etienne Gancau , Libraire , rue S. Jac- ques, aux Armes de Dombcs. lyj i. /»-ii. pp. 293. LE but de notre Auteur eft de faire connoître les différentes efpeces de Miniftres que les Souve- rains envoycnt dans les Cours étrangères , & de tirer autant qu'il le peut du droit naturel quelles (ont les prérogatives dont ils doivent joiiir , & leurs fontflions, tant par rapport aux Princes^ auprès defqucls ils font envoyés , que par rapport au Souverain qui les envoyé. A l'égard des .exemples qui font fou- vent d'un grand poids fur cette matière , &; qui rendent la ledlurc de CCS Traitez plus interclTante , iSc quelquefois même plus inftrudti ve j M. de Franquenay a cru apparem- ment que le pUn qu'il s'étoitpro' pofé, & les bornes qu'il s'ctoitprcf- crites ne lui pcrmettoicnt pas d'en japporter. Après quelques réflexions genc- yalesfur le Droit public , l'Auteur parle de l'origine de la Million des Miniftres Ik. de la différence de Ifurs caraifleres. Les Souverains ont mieux aimé traiter cntï'eux par des Minjftres que par eux-mêmes , parce qu'il v a dans cette manière plus de dignitc , que les Princes (ont difpcniés. par-là d'un grand nombre de voyages qu'ils auroicnt été obligés de faire , que la dépenfe d'un Ambadadeur elt moins gran- de que celle que teroit le Souverain en perfonne , que le cérémonial en eft moins embarraffant, & que les Minilirresfont plus accoiitumésquc les Souverains aux tormalitez des négociations , Se à la manière donc les Traitez doivent être dreffés. Deux motifs ont déterminé à don- ner differens caraétcres aux Mini- ftres des Souverains dans les Cours étrangères j le premier a été un ..fiiotit d'teconomie , qui engage fou- vent à donner un turc moins élevé à celui qu'on envoyé que celui d'Am- balladeur ; le fécond de mettre une dilHncfion entre les Souverains , qui , quoiqu'egaux entr'eux par la fouveramcté prile en elle-même, font néanmoins differens à Texte- rieur , par l'étendue de leurs Etats , par leur puilTance & par le titre que k's différentes Nations de l'Europe font convenues de leur donner. Ces Miniltreî differens entr'eux par le titre , & qui font le fu)ct du premier Livre, iont lesAmbalfa- deurs, les Envoyés & les Refidens , ceux quioiit limplcment la qualité de M A Y de Miniftrcs, les Dcpucts , les Con- lu!s j les Secrcraires d'Aiiibaflade & ceux d'un ordre inférieur , qui font envoyés par leurs maîtres dans les Cours étrangères. Les Ambafladcurs ticnnenc le premier rang entre les Miniftres de Souverains , quoiqu'ils aycnt , die l'Auteur , un caraiStere reprefenta- tif de leur maître , ils ne le reprefcn- tcnr point toiâjours ; dans la focicté, l'Ambaffadcur cft à demi dépouillé de la grandeur de foii rang. Ce n'eft: que dans des cérémonies d'éclat , comme dans les Audianccs publi- ques de réception & de congé que rAmbaffadeur déployé pour ainlî dire tout le luftre & toute la gran- deur de Ton caraillere , parce qu'a- lors il a droit de fe couvrir en pre- fcnce du Prince auquel il eft en- voyé, & d'entrer par là pour quel- ques momcns dans une elpcce d'é- galité avec lui. Les AmbalTadeurs Extraordinaires ont le pas fur les AmbalTadcurs Ordinaires du Prince qui les envoyé- Notre Auteur réduit à neuf chefs les prérogati ves qui font com- munes à tous les Miniftres des Sou- verains dans les Cours Etrangères , ôc il en marque fept particulières aux Ambaftadcurs , qui ne font que des marques honorifiques de diftindlion , comme font celles d'être falucs par le Canon des Pla- ces fortes de la Puiflance à laquelle ils font envoyés , &c d'avoir les grands honneurs des Audiances publiques. Un des principaux privilèges de tous les Miniftres dans les Cours May. ; rjlTl 301 Etrangères eft de ne pouvoir eut pourfuivis, ni pour dettes, ni pour crimes dans les JurifJiâiions da Souverain auquel ils (ont envoyés. C'cft ce que notre Auteur explique d.ms trois Chapitres. li n'cft pas de l'avis de ceux qui croyent qu'on peut faire faifir les meubles d'un Ambaftadeur pour fes dettes aulTî- tôt après qu'il a eu fon audiance de congé. Les raifons qu'il en rend font , que les Ambalîadeuts font encore regardés comme perfonnes faciées , même après leur audiancc de congé jufqu'à ce qu'ils foicnt de retour chez eux , puifqu'ils font falués à leur retour par le Canon des Phces fortes de la Puilfance à la- quelle ils font envoyés , qu'il feroit contre la bienfcance que l'Ambaf- fadeur tombât de la coiifideration au mépris fous les yeux du Prince à Il Cour duquel il a refidé _, & que la faifie des effets necoflaires pour fon voyage pût retarder fon déparc & faire piéjudice aux affaires de fon maître. Les Ambafladcurs ne font pas fujets , par rapport à leur perfonne_, à la Juftice du Souverain auquel lis font envoyés , &: s'ils font coupa- bles de quelque grand crime , c^H au Souverain qui les a envoyés à les en punir. Cependant s'ils croient convaincus de crimes d'Etat ^ com- me d'avoir attaque diretlemcnr les intérêts de l'Etat auquel ils font envoyés , s'ils y favorifoient les Cabales , s'ils appuyoicnt les fac- tions ou les féditions, & qu'il y eue un danger éminentà leur laiffcr plus long-tems la liberté dont ils abu- 302 JOURNAL fent , le Souverain peut s'afTurer de leur pcrfonne par une garde fuffifantc , demander leur rappel S>c une réparation proportionnée au crime , & fi leur maître ne les rap- pelle point , le Souverain eft en droit de les faire conduire fur les frontières avec une fuffifante efcor- te , le tout cependant fans infultc ni violence. Un Minière ne peut en ce cas réclamer le droit public qu'il a lui-même violé , & il eft jufte que le Souverain puifle lui- même défendre fon autorité. Les Domeftiqucs d'un Ambaf- fadcur participent en quelque ma- nière aux privilèges de leur maître , & il a fur eux une Juridiélion qui va , fuivant notre Auteur, jufqu'à la prifon inclufivcment. A l'égard des peines aiîlidives , M. de Fran- quenay eft pcrfuadé qu'un Ambaf- fadeur ne peut y condamner Tes Domeftiqucs , quand même ils {croient fujets du Prince qui les a envoyés , parce que fes inftrudions ne lui donnent pas ce pouvoir , Se qu'il ne le tire point du droit public qui n'accorde point le droit de vie 8c de mort aux maîtres fur leurs Domeftiques. On peut voir dans l'Ouvrage même ce qui regarde les autres Miniftres envoyés par leur Souve- ïain dans les Cours Etrangères. Dans le fécond Livre l'Aufeur traite des connoiftances qui font Jieceflaires à un Miniftre , il com- mence parlaconnoiftance du mon- de qu'il diftingue en deux Parties , dont l'une confifte à connoître les snfinicres du monde , l'autre à con- DES SÇ AVANS, noîtrc le rclfort des actions des hommes. De là il pafleàla con- noiftance des Langues, Se il faic voir les grands avantages qu'il y a pour un Minirt:re de fçavoit la Lan- gue du Pays où il eft envoyé. L'Hi- ftoire ne lui eft pas moins ncceftai- re , fur tour celle de l'Etat qui l'envoyé Se celle de l'Etat où il eft envoyé. Le droit public , la con- noiflance des intérêts des Souve- rains, & la fcicnce des Traitez de plaids, fur tout de ceux des derniers fiecles, & celle du cérémonial ne lui font pas moins necelTaires que l'Hiftoire. Les talens neceftaires aux Mini- ftres dont l'Auteur fait le fujct de fon troifiéme Livre , font le génie , le bon fens , la pénétration, l'at- tention , le fecret , l'intrigue , la libéralité Sc la probité. L'Auteur entend par intrigues toutes les ma- nœuvres que les Miniftres peuvent faire 6c qu'ils font ordmairement, pour tâcher de découvrir ce qui fc pafte déplus eftentiel dans li Cour où ils refident , Se il exclut abfohi- ment de ces intrigues toutes celles qui peuvent porter ^nelcjue tache fur le caravftere dont leMiniftrc a l'hon- neur d'être revêtu. Le quatrième Livre ne contient , non plus que le précèdent , que quelques reflexions générales fur les matières qui y font traitées , il s'y agit des fondions des Miniftres dans les Cours Etrangères , tant à l'égard du Souverain auquel ils font envoyés, & de fes Miniftres , qu'à l'égard de la manière dont ils doi- vent rendre compte à leur maître MAY de leurs négociations , foit dans les Cours , foie aux Congrès ; ce qui s'obferve dans rcxamcn des pleins pouvoirs des Plénipotentiaires aux Congrès eft explique avec affez d'étendue dans le Chapitre IV. de ce Livre. L'Auteur recommande fur tout dans le dernier Chapitre de cette Partie , à tous les Miniftres d'entretenir une grande correfpon- danceavecles Minillresdes autres Cours. DESCRIPTIO COMPARATA MUSCULORUM CORPORIS humani & Qiiadrupedis, eorum inventores, ortus , progrelT'us , infer- tiones , ailiones , ac difierentias exhibens , cui accelîerunt hiftoria mufculorum feminx lîngularium , Tabula cxplicans mufculorum no- mina, plurimique necelTarii indices. Autore JacoboDouglafs, Dodo- re Medico. Prodiit Londini Anglicè. A. P. C. N. cioioccvii. /»-?". Verfio Latina. Lugduni , Batavorura , apud Gerardum Potuliet, A. P. C. N. 1729. C'eft-à-dire : Dijfertation comparée des mufeles du corps de l'Homme , gj» de ceux du J^itadrupede , oit l'on examine leur origine , leur progrès , lettr infertion , lenr aUion , leurs dijferefices, & on l'on a joint une Hifioire des mufdes particuliers k U Femme. Avec une Table oit font expli^iue's les noms de tons l:s mufeles. Ouvrage compofé en Anglais p.iï Jac/jues Dou- glafs , DoUeur en Mcdecme , ^ nouvellement traduit en Latin par fean Frédéric Schreiber , DoBeitr en Aîedecine. A Leide, chez Gérard Po- tuliet. i/ij. vol. in - S°. pp. 21 1. CO M M E les Etudians en An.uomie commencent d'or- dniaire par diilequcr des Chiens , il eft important qu'ils Cachent les difTercnccsquife trouvent entre les parties de ces animaux &; celles du corps humain , fans quoi ils feroicnt expofés à un grand nombre d'er- reurs , en voulant toujours juger de l'un par l'autre ; c'eft pour prévenir ce-s mccomptes,par rapport aux muf- eles, que M. Douglafs célèbre Me- dccinAngloiSj a compofé l'Ouvrage dgnt il s'agit, où entre les QuadàU- pedes , il choifit le Chien. Il le publia en Anglois en 1707. «Je M. Schreiber vient de le traduire en Latin en îyij. ce qui nous donne occafion d'en parler ici. L'Auteur ne décrit aucun mulclc qu'après l'avoir examiné lui-mêmq, il ne s'efl: fié à aucune des Delcri- ptions répandues dans les Livres , & il a voulu tout voir de Tes yeux. Ce que M.Douglafs fait ici à l'égard des Chiens , Galien l'a fait aut;re-; fois à l'égard des Singes -, & notre -; Auteur remarque que c'efl: fe trom- , per groiÏÏerement de croire , com- me font quelques - uns , que ce grand Homme fc foit borné à la dilTedtion des Singes , & qu'il ait négligé d'ouvrir des Cadavres hi> , mains. En effer Galien décric avec 504 JOURNAL D cxadricudc un grand nombre de mufclescels qu'on les rrouve daus l'homme , &c qu'on ne les trouve pas dans le Quadrupède. Ce fçavanc Auteur adonné l'Hirtoirc desmuf- cles du Singe Se de ceux de THom- me , fur quoi il faut remarquer avec M. Douglafs que les Defcriptions que Galien a laites de ces mufcles dans fcs ^dminijîirations yinatomi- ^ftts 8c dans fon Traité de ladiffec- tion des mufcles , eft pour la plus granae partie , tirée de ce qu'il a ebrervé dans les Singes; mais que celles que l'on trouve dans fon ad- mirable Ouvrage de l'ufage des par- ties , font toutes tirées du corps humain. Il eft fâcheux, dit M. Dou- glafs , que le grand vefale n'ait pas fait cette oblervation. Dolendumefl magnumVefalnim idnon co»/td>ravif- fe: ce font les termes duTradudlcur. Il y a des mufcles qui fe trouvent dans l'Homme &qui ne fe trouvent pas dans le Chien-, enfin il y en a qui fe trouvent dans le Chien, & qui ne fe trouvent pas dans l'Homme. En- fin il y en a qui fe trouvant dans l'un & dans l'autre , ont des origi- nes & des infertions diverfes. On voie ici toutes ces différences , & pour en citer quelques exemples : ic mufcle pyramidal , qui , félon Fallope , fert à abbaifler le ventre , à comprimer la velîie , & à provo- quer la fortic de l'urine , lequel manque , quelquefois à un côté &C quelquefois à tous les deux dans l'HommCj ne fe trouve jamais dans le Chien. Le mufcle fufpenfoire de l'œil fe trouve dans le Chien , ic ne fe trouve jamais dans l'Hom- me. E S S Ç A V A N S, Nous nous contenterons de ces deux exemples , & nous remarque- rons que les mufcles qui fe trouvent dans 1 Homme fans fc trouver dans le Chien montent à plus de trente , & que ceux qui le trouvent dans le Chien fans le trouver dins l'Hom- me , montent à pli;s de vingt. A la tête de l'Ouvrage cl: une Préface duTraduâ:cur,dans laquel- le il remarque que les mots à' origine &C de queue du mufcle, font des dé- nominations bizarres , uniquement propres à embarrafler les Commen- çans , & qu'il faudroit abfolument bannir de l'Anatomie. Ce fenti- ment eft fort conforme a celui de Sténon qui vouloit qu'on fe fcrvît du mot d'extrémité au lieu de celui de tête Se de queue. Notiemême Tradufteur remarque que ce qu'on appelle l'origine & ce qu'on appelle l'infertion du mufcle , varie félon la /îtuation du corps , où on confi- dere le mufcle \ & qu'ainiî on ne peut fixer cette origine ni cette in- fetrion. Il éclaircit la chofe par un exem- ple : le mufcle de patience , lorfque le col eft fixe , paroît venir des ver- tèbres du cervix , & s'inlcrcr aux épaules; mais lorfque le col eft en mouvement , il paroîr venir des épaules 5r s'infereraux vertèbres du cervix. Il paflelous (ilencepluheurs autres exemples femblables , ^' cite fur ce fujetle fçavant M. WinfloW qui montre que félon les différentes fituations du corps , un mên)e mufcle a diffère i tes f- .'■ ■•.•,3 , comme- on le peut voir dans /# hic^p interne du coude , qui iorf- MAY que la paume de la main eft tournée en bas, fert à relever la main , ce qu'on appelle lupination. Le même Traduâeur ob(erve que ce n'eft qu'au moyen de ces diftcrcnres fituations qu'on peut rendre raifou des mouvemens de certains pantomimes. Et c'cft aulli ce qu'a pratiqué le même M.Winf- low, en expliquant les mouvemens extraordinaires des omoplates & des bras, du Vénitien Domin'ufue Créate qui parue il y a peu d'années à Paris. On peut voir ces excellentes explications dans l'Hiftoire de l'A- cadémie Royale des Sciences, de l'année lyîj- p. 6'). & fuiv. des Mémoires : & dans l'Hiftoire de la même Académie , de l'année 1728. p. 175. ôc fuiv. des Memoi- rts. M. Douglafs a mis à la tête de fan Ouvrage une explication claire & détaillée de ce que c'eit que fibre, membrane (5: mufcle. Ce qu'il dit là-delfus peut beaucoup fervir aux Commençans. On trouve à la fin du même Ouvrage une explication de tous les noms des mufcles : on y voit par exemple, que ces noms font tirés les uns de l'adtion des mufcles, comme le nom d'abdufteur , qui vient d'abducere^lcs aurref^de l'ori- gine du mufcle , comme le nom de Zigomatique qui vient de ce que lé mufcle de ce nom tire fon origine de l'os appelle Zigoma ; les autres de la couleur , comme celui de li- vide , parce que le mufcle quand il eft dccouvert fe corrompt aifément & devient livide -, les autres , de la compofition du mufcle , comme le biceps , à caufe que le mufcle ainfi appelle a deux têtes ; les autres, de la fituation des fibres, comme IV- hli^ue , l'orhicnUire , h droit ^ le tranfverfal ; les autres, de la figure , cammtXc Deltoïde , a caufe de fa refl'emblance avec la lettre grecque nommée delta • le foleaire à caufe de la rcifemblance avec le poiffon nommé S olea , S< amfi du te^e. H ARMONIE DES DEVX SPHERES CELESTE & Terrefire •, ou la correfpondance des étoiles aux parties de la terre : dé- diée rf Son -Altejfe Serenijfime Monfeigneur le Dite du Maine, Prince Souverain de Dombe. A Paris, chez Etienne Ganeau, rue faint Jac» ques, aux Armes de Dombe, un vol. in-\z. pp. 43 1. fans la Préface de 28. '"T^ eus ceux qui ont traité de .%. l'A ftronomie & de la Géogra- phie , ont établi un rapport cffentiel entre les Cicux & la terre, c'cft-à- dite une corrcfpondance mutuelle des parties de la Sphère Célefte aux paTtifS de la Sphère rerreftre , rap- geit & correfpondance qu'il impor- te infiniment de connoître à tous ceux qui défirent étudier ces deux Sciences. Ce font ces reflexions qui ont engagé M. Goiflon Principal du Collège deDom.be, à fonder un fyftême neuvcau fur leurs prin- cipes, & à donner en détail ce qui concerne l'Harmonie des Cieux jo5 JOURNAL D avec la terre , ea indiquant les moyens de fe reptefenter la (îtua- tion des différentes régions tcrrc- ftres par différentes obfervations des Corps Célcftes. Pat ce Syftême il fait du Firma- ment une vafte Mappemonde , & marque avec des étoiles les endroits ^u Globe de la terre , où font les plus reculées Contrées des deux Continens, nonobftant la viciditu- dc continuelle du mouvement des Cieux & la révolution des Aftres. Les Cartes deftinéesàdiftingucr la fituation des parties de la terre ont paru à notre Auteur de trop petits inftrumens pour faire con- noître le Globle terreftrc. Le Firma- ment lui a femblc un inftrument plus convenable pour procurer cet- te utile connoillancc , &C c'eft à ^ous apprendre l'uCage de cet in- ilrumenr immenfe qu'il fc borne dans cet Ouvrage. C'eft au public À juger fi ce Syftême mérite le nom de Nouveau , puifque dans tous les tcms on a étudié la Géographie pour parvenir à l'Aftronomie , & i'Aftronomie pour parvenir à la Géographie. Quoiqu'il en foit , le goût que quelques perfonnes ont pour l'A- ftronomie leur fera vraifcmbl.ible- ment rechercher ce Livre, puifquc fcn Auteur s'eft attaché fpeciale- ment à la connoiflance des étoiles fixes & de leurs mouvemens , en déterminant leur correfpondance aux parties ne la terre. Il eft vrai qu'on peut oppofer à ce projet la difficulté de fixer la .correfpondance des parties d'une ES SÇAVANS, Sphère aux parties de l'autre , fans des connoillances anticipées d'A- ftronoinie&de Géographie acquifes féparément ; mais notre Auteur répond que cette objeétion n'a de force qu'autant qu'elle fuppofe une defcriptlon fort détaillée des parties du Firmament. Il avoiie qu'on au- roit en effet de la peine à décider comment ces parties fe répondent mutuellement li l'on ne s'étoit pas auparavant appliqué, par une étude fcrieufc , à ces deux connoiffanccs ; mais comme il ne s'agit dans fon Livre que d'indiquer feulement la fituation des parties de la terre les plus connues par les plus brillantes étoiles j il foû tient que cette diffi- culté ne peut avoir lieu contre lui. Qielqiie foiide que foit cette réponfe , M. Goiffon a cependant eu égard à la difficulté qu'il femble méprifer , puifqu'il a fait précéder à fon Syftême des notions prélimi- naires qui produiront furcment une connoiffance rccUe & de l'Aftrono- mie & àc la Géographie priles féparément , ou réunies. Voici en quoi conhftent ces pre- mières notions que notre Auteur a cru néceffairespour développer le miftecc de l'Harmonie des deux Sphères. Nous expoferons enfuitc le delfein de tout l'Ouvrage. Le premier Traité eft une def- criptlon abrégée des parties de l'une &C l'autre Sphère. On y décrit leur Cercle , leur ordre Se leur tlivifion, afin d'apprendre aux Commen- çansl'ufage des Globes artificiels. Le deuxième Traité inftfuit du tems auquel le premier point du MAY Bellier doit arriver au Méridien une fois chaque mois, ce qui pré- pare à fçavoit le rems où les étoiles doivent paflTer fous ce Cercle , &: peut les faire diftinguer plus ai- îénient. Le rroifiéme Traité ajoute à cette connoiffance la manière de compter combien durera l'appari- tion de chaque étoile au-dciïus de l'honfon ; à quelle heure elle com- mencera , & quand elle doit finit : fuppofé qu'elle ne foit pas d'éter- nelle apparition. Ces trois tcms d'obferver les étoiles les faifant proniptemcnt difcerner , difpofe- ront peu à peu à déterminer leur correlpondance à divers lieux de la terre. Le quatrième Traité explique ce qu'il y a d'épineux pat rapport au pallage du premier point du Bellicr par leNléridisnj ou Cercle vertical, pour indiquer l'heure , la minute & féconde de tems auquel chaque étoile doit fe lever , arriver à fa médiation & difparoîrre. Notre Auteur indique dans fa Préface le moyen de profiter des notions qu'il donne ici , fc d'en faire un facile ufage , par le moyen des Globes ou des Planifpheres Célcftcs. A ces quatre Traitez M. GoifFon en ajoute huit autres qui fatisferont, dit-il, amplement la curiofité que l'idée dcfon Syftême infpirera. Le cinquième Traité propofe une dcfciiption fommaire de l'Har- monie des deux Sphères entières , pour le t-cms où les mêmes degrez de l'une & l'autre fe répondent ; 17 31. 307 mutuellement ; cette Harmonie des Cieux avec la terre eft , dit-il , la plus naturelle &: la plus facile à compter. Le fixiéme Traire contient en abrégé la table des Confcclbtions. Ce morceau eft purement dcBclles- Lcttrcs , & pour égayer la matière, c'eft:-.i-dire qu'on y rademble ce que les Poètes & principalement Ovide , nous ont dit des principales étoiles. Pour jetter de l'ordre dans toutes ces citations , on divife le Firmament d'un Pôle à l'autre en- ïz. parties que l'on nomme décora- tions ôi qui font de 30. degrer chacune en afcenfion droite , fclon le nombre & l'ordre des Signes du Zodiaque. Les Conftellâtions con- tenues en tout ou en partie dans chaque décoration , font indiquées dans ce Traité par les plus brillantes étoiles, & défigncnt plu/îeurs Etats confidcrables de l'Europe Se de l'Afrique aufqucls elles font verti- cales. Le feptiéme Traité établit au Ciel & fur la terre 24. parallèles , com- me autant de cercles ou d'arcs de cercles dont la trace eft marquée par 24. étoiles choifies qui font toutes à cinq degrez de déclinaifon les- unes des autres , &c donnent occa- fion par leurs révolutions diurnes dcciter ou de décrire IcsPays connus des quatre parties de la terre , dans l'un & l'autre continent : au mo- ment où chacune fera zenit des peuples qui les habitent. La déter- mination qu'on en fait eft fondée fur la combinaifon des degrez de- l'une & de l'autre Sphère,- 308 JOURNAL D Le huitième Traicé prefente k defcripcion de 12. cercles ou arcs de cercles , parallèles à l'Equateur que le Soleil parcourt pendant les douze mois de l'année. Comme cet Aftre durant fes révolutions voit perpen- diculairement au-defTous de lui une partie des plus vaftes Régions de l'Afie , de l'Affrique Se de l'A- mérique , notre Auteur s'en fert pour défigner leur fituation. La correfpondance de cet Aftre à ces Contrées eft ici décrite pour tous les jours Se pour toutes les heures de chaque jour dans les principes du Traité précèdent. Le neuvième Traité eft un Ca- lendrier des étoiles , rempli d'Ob- fervations à faire chaque nuit de l'année. Ce Traité réduit à la prati- que prefque tout !e contenu des précédentes Se la manière fure de faire toutes les Obfervations qui y font indiquées y eft fuffifamment expliquée. Le dixième Traité n'eft qu'un ES SÇAVANS, Supplément in précedeiir. Il con- tient douze Obfervations nouvelles qu'on peut faire chaque joui du mois en un tems marqué de la nuit. Le onzième Traité décrit de nouveaux Orncmcns Aftronomi- ques & Géographiques que M. Goiffon propofe de placer dans l'intérieur d'un Cadran Solaire, &C dont le but eft de marquer la diffé- rence du midy d'un Pays à un autre. Le douzième & dernier Traité eft une Diftertation pratiquefur le moyen mouvement de la Lune, pour prévoir en tout tems & fans Calendrier le lieu du Firmament auquel cette Planette répond en parcourant les Signes du Zodiaque. On ne doit pas douter que cet Ouvrage ne foi: rempli d'une infi- nité de Tables , & confequcmment on ne doit pas attendre de nous un extrait plus détaillé que celui qu'on vient de lire. NOUVELLES M A Y ; I 7 3 I. 30^ NOVFELLES LITTERAIRES. ITALIE. De Naples^ IL s'cft fair ici en deux Volumes in-^". ornés de planches gravées une Edition des Tragédies Chrétien- ««dcM.le Duc^nnthalA^archefe: on y a mis à la fin la Mulîquc des Chœurs qui fc trouvent dans ces PieceSjdonrlcsSujetsfontDomitien, les Maximins, Maximien , Flavius- Valens , Draomifte , Euftachc , Sophronie , Ermenegilde , Mauri- ce &: Rodolphe. De Florence. Afanni , Libraire diftingué par fon érudition , a imprimé Henrici SeptimellcnfiSjdc Divtrfnate Fortuna (îr Philofophit, Confolationi. 17 Jo. ;K-4°. Hznù ,àQ Senin.ello ^ petit Château à cinq milles de Florence, vivoit dans le XIT Iiécle. Il fut maltraité de la fortune j & c'eft de quoi il fe plaint dans le Poëme que cous annonçons ; mais il chercha à s'en confolcr avec la Philofophie. Polycarpc-Leyferus eft le premier qui ait publié ce petit Ouvrage à Leypfîc. Au Poëme Latin l'Editeur de Florence en a joint la traduâion Italienne, qui, félon lui , eft du XlV'fieclc, & a laquelle le Dic- tionnaire de la CrufcA donne rang parmi les modèles du bon langage. De Venise. Un Bcnedidin de Ragufc a mis au jour DivHS Paulus t^^oftolas in Mari tjuod niinc Venetus-Sinus di- citur, NaufragHS , & Aiditit Dal- matenfîs iHfuU pojî Naufragium fjofpes. in-4''. Dans cette Diflerta- tion qu'on aflure être fçavante Sc curicufe , l'Auteur prétend prouvée que l'Ifle de Malthe , près de la- quelle S. Paul fit naufrage , n'eft pas celle que l'on croit communé- ment , mais une autre de même nom j près des Côtes de Dalmatie , appellce aujourd'hui Meleda. M. Antonio Pajft , Chanoine de Trente & Secrétaire de l'Ambalfa- dc Impériale à Rome^vient de don- ner au public la Vie de S. Jean NéporriHCene , Chanoine de Prague & canonifé par le feu Pape Inno- cent XIIl. Ion Ouvrage eft dédié au Cardinal Cicnfiiegos. Cavanna réimprime par foufcri- ption toutes les Oeuvres du Chia- hrera fameux Pocte Lyrique-Ita- lien , en 10. Tomes /'«-S". Le V & dernier Tome des Oeu- vres de la Cafa in-^°. eft achevé. On dit qu'il y a dans cette Edition quelques Pièces qui ne font pas dans celle de Florence. Temmafîni débite en un Volume in-\i. quelques pièces anecdotes dii- Guidi, aycc la Vie de ce Poète j,, Rr jjo JOURNAL DES SÇAVANS, par M. Crefcem-'Beni , &: deux Dif- vient de taire imprimer chez Jean cours de M. Vincent Gravina, l'un adreffé à M. le Marquis Scipion Maffei fur l'Académie des Arcides, &c l'autre fur la Poëfie & les plus illuftres Poètes. Il paroît ici une nouvelle Edi- tion du Liv le, de Roman â Republicà^ five de Re Militari & Ctvili Roma- norum ad explicandos Scriptores jin- ■ ti^uos. AuUore Petro-fjofcpho Can- TELiOj 'e Soctetate fsfu, in-8',Pour rendre cet Ouvrage plus complet, on y a joint des planches & deux Diflertations. La première de praci', puis Veterum Romanomm Sacrificiis, ta féconde de ipfomm Nuptiis. De Padoue. M. Sijîmo Peraftiano de Cepha- lonie & Etudiant dans l'Univcrfité de cette Ville , ayant foùtenu dans une Differtation les fentimens de l'Eglife Gréque par rapport à la Pâque célébrée par J. C. & au paia levé ; le Père S^rry Dominicain , ProtelTcur en Théologie , lui a repondu par un Ecrit intitulé; GrAci Theologt de ChriJloPafcha fuitm prx- maturi atque m pane fennentato edehrante Dtffertaiio , à Theologo Latine Cenforiis Notis difpunUa & eonfutata. 1730. /'«-8°. SUISSE. De Zurich. M. ScheuchXsy , connu par fon application infatigable à tout ce qui peut perfcûionner la Phyllque , ]r{cnn Byrgkltn nnz Brochure itz/o/. de 14. pages intitulée : Nova ex Summis Alpibns^vitlgata & Tabulis ey£neis collujirata k Johanne-Jaco- bo ScHEUCHZERO , Mcd. DoB. Math. Prof, Académie Impenalis Caroline (é" Soc. Reg. AnglicA (x PruffiCA Membro. i-jiï. Ces Nou- velles du haut des Alpes que l'Au- teur adrefle à Meflîeurs de l'Acadé- mie Royale des Sciences de Paris ^ confîftent en desObfervations exac- tes fuivies qu'il a faites fur le Baro- mètre à Zurich, lieu de fa refidencc & en même - tems au fommet du Mont S. Gothard , la plus haute Montagne de la SuifTe^depuis le 12' Aouft 1728. jufqu'au dernier de Décembre de la même année. De pareilles Nouvelles ne fij^auroient être reçijcs des Sçavans qu'avec applaudiflemcnt S<. avec reconnoit- fance. Di Genève. Fahri & Bayillot ont donné une Edition des Satires & autres Oeu- vres de Reignier , in - 4°. corrigée fur la dernière Edition de Londres de 1729. ANGLETERRE. De Londres. Voici les titres de trois Livres de Mathématique en Latin , dont le premier a été imprimé à Cam- bridge , & les deux autres en cette Ville. SeSlionttm Conicarum Ekmenta MAY Jffethoda facillmà demonlhaia , m nfurn fuvenuitis y^carier/iide.^-iuBore L. Trevioeir. A- M. Aidit Liarenfs Socio. Camahrigia , TjDis Academi- eis , 1731. in-Z". FhdofophU Afathffftatica Nevv- toniana lilufirata Totni duo. Prior tr*dit Elementa Adathcfeos^ ad com- tirehendendam dcmonjîrattonem hujits Philofophia , fcitu neccjfarta. Pufte- rior continet , 1°. Définit lofies dr Leges motus gencrdiorcs. 1°. Leges Z'irium Centripetamm , & Theoriam AttraHionis feu gravitAtionis corpo- rumin femutuo. 3°. Alundi fyfiema. ji Georgio-Petro Dumckio. Londi- ni. Apud Tho. Aîeigham. 1730. /«-8°. Afethodus d'fferentiaîis , Jrue T'-aElatus de Summatione & interpo lAt'ione Seriermn infinitarum. Auro- re Jac. Sterling. Reg. Soc. Socio. Lund.ini. Avud Straham. I/JP* FRANCE. Jacques Guerin , Quai des Au- ^uftins , a mis en vente V Abrégé de l'Hifioire Vniverfelle ; par feu M. Claude de l'Isle , Hijloriographe & Cenfeur Royal. 17 3 1 . /'«- 1 z. lept Volumes , ornés de Cartes Géo- graphiques. La Préface qui eft à la tête du premier Volume contient quelques particuhritcz concernant la Vie de Claude de Liflc , Auteur de cet Abrégé. Nous y apprenons qu'il étoit né à Vaucoulcurs le cinq Novembre 1^44. que fon père qui ,1731- ,511 étoit Médecin lui fit faire fes études aux Jefuites de Pont-î-Mouflon , qu'il prit des déferez en Droit, & fut reçu Avocat à l'âge de 17. ans. Mais fe fentanc peu de goût pour cetfe Protcfllon , il abandonna l'étude de la Jurifprudencc pour s'appliquer entièrement à l'Hiftoire & à la Géographie. H vint peu de rems après à Paris où le lucccs de fes premières Etudes Hiftoriques le Ht bien-tôt connoître , & où il donna prefquc jurqu'.i la fin de fa vie des Leçons paticulicres d'Hiftoire& de Géographie à ce qu'il y avoit de jeunes gens le plus diftingués à la Cour & à la Ville. Claude de Lifle avoit époufé en i6'74. Nicole-Charlotre MUlet de la Croyere , fille de Maître Jean- Dominique Millet , Avocat en Parlement, & dcDamoifelle Anne Grofgnet , de laquelle il a lai/Tc quatre fils qui ont tait honneur à fon nom dans la Republique âcz Lettres. Le célèbre Guillaume de Lifle mort en 172^. premier Géographe du Roi & de l'Académie Royale des Sciences. Simon - Claude de Lifle mort auflîen 1726'. lequel a fui vi l'exem- ple & les traces de fon perc en don- nant des Leçons particulières fur l'Hiftoire. Jofeph & Louis de Lifle tous deux ad:uellement à Pctersbourg avec perraillion du Roi , le premier ProfelTcur au Collège Royal & Affocié de l'Académie Royale des Sciences pour l'Aftronomie , &c=. Se le fécond Adjoint pour rÀftro- Rr 312 JOURNAL DE nomie<3ansla même Académie. Claude de Lifte fut attaqué d'A- poplexie en 1718. & eft mortcn lyzo. dans la 76' année de fon âge. Le feul Ouvrage qu'il ait publié pendant fa vie eft une Relation Hiftorique du Royaume de Siam , imprimée en ié'84. A l'égard de celui que nous an- nonçons , voici comment on en parle à la fin de la Préface. » L'Hi- »ftoire Univerfelleque l'on donne » au puHlic eft fon Ouvrage favori, » ôi celui auquel il avoit travaillé »route fa vie, quoiqu'il n'ait pen- n fé à y mettre la dernière main que "fur la fin de fcs jours. C'eft au » public à juger du mérite de cet ») Ouvrage , &c aux Editeurs à at- 5> rendre ce ivTgement qu'il ne leur » appartient pas de prévenir : ils fe » croyent Cependant obligés d'aver- H tir les Led:eurs que dans un Ou- » vrage tel que celui-ci,dont l'objet » principal eft d'inftiuirc les jeunes M gens j l'ordre ^c la mcrhode dans » !a manière de dirpofer les taits , » amfi que la clarté 5c la précifion wdans la manière de les raconter, "font prefque tout ce que l'on y j>doit chercher. Il ne faut pas '» s'attendre d'y voir les points ob- )■> fcursde Chronologie , de Genea- nlogie, ficcdifcutés profondement; » c'eft allez que les plus importan- » tes difficiiltez foient indiquées. » Les Didcrtations qui trouvent >' rarement leurs places dans les « Hiftoires étendues font à plus '! forte raifon abfoUimcnr bannies » d'une Hiftoire Univerfelle abre- ■>>géc , comme eft celle-ci. S SÇAVANS, La Veuve Delaulne , rue faint Jacques, à l'Empereur, débiteunc cinquième Edition , revûë 2c aug- mentée du Livre du R. P. Bernard Lamy , Piètre de i'Oratoire , inti- tulé : Elemtns dis A'fathématiijHes , ou Traité de la Çrandeur en gênerai ^ ^ui contient l^A'-ithnJticjne , l'Algè- bre , l'^yinalyfe , ^ les principes de toutes les Sciences qui ont la Grandeur pour objet. 175 1. in-i 1. On trouve chez la même Veuve Delaulne , Difcmrs fur la Comédie , ou Traité Hifiori(jite & Dogmatique des Jeux de Théâtre & des autres diven'tjfemens Comiques , foufferts eu condamnes depuis le premier Jîécle de l'Eglife jitfqu'à prefen; . Avec un Difcottrs fur les 'Pièces de Théâtre , ti^'ées de l'Ec-iture Sainte. Seconde Edition , aurmcntéc de plus de la moitié. Parle R. P. Pierre le Brun , Prêtre de l'Oratoire. 173 1. in-iz. Cet Ouvrage avoit déjà paru Anonyme en i6'94. fous le titre de Difcours fur la Correâie , oh l'on volt la reponfe if'i T'Holoaien qui la déf.ni ^ avec l' fJ jljire du Thé,nre , dr les femimens des Doreurs de FEglife depuis le premier Jiécleptf- ffu'à prefent. Cette premieie Edition ne contcnoit que deux Difcours prononcés par le P. le Brun au Séminaire de S. Magloire le lé. Avril 5c le7. Mai i6'94. àl'occa- fion d'une Lettre attribuée au P. François Caffara Thcatin, &.' impri- mée a la tête de> Pièces de Théâtre de M. Bourfault imprimées alors. L'Editeur explique en peu de mots cette Anecdote Littéraire, & rer.d compte en même tems , foit des MAY ciiangemens, foie des augmenta- tions confidcrables qiic le P. le Bri.n a fait avant fa mort à fon pre- mier travail. Il marque aufli ce qu'il y a ajoiité lui-mtme , comme Éditeur , avant que de le donner au public. » Quoique cet Ouvrage » foir pofthume , ajoLite-t-il , on Hofecfperet qu'on ne le trouvera i> pas indigne de la réputation de »>1 Auteur. On n'a encore donné «aucun Ouvrage en notre Langue »> fur les Jeux de Théâtre , où il y »»ait tant de chofcscuricufcs. L'tdittur avoit d'abord refolu d'y joindre l'Eloge Hiftorique du P. le Brun : mais il a cru devoir le rcfcrver pour un Ouvrage plus confiderable qu'il nous apprend ctre aduellcmcnt fous Piefîc : c'cft le T^ai lé du mcnic P. le B'-nn , du DifrciTiemeni des efin naturels d\ivec ceux cjui ne le font pas ^ avec ï th~ fioire Cniii/tte des p- aiiques fiiperfli- tieujes cjui ont [éhiit les peuples & embanajfclcs S^avtns. V. A. le Airrcier pcrc , Ph. N. Lottin , rue S.Jicqi es j près faint Yves , &: Herifjûnt , rue neuve Nôtre-Dame j cntachfvc d'impri- mer le huitième Tome des Ser»,ofts theifsJurLs Myflercs , la rente de 1.1 Religion j dijfirens i^nj;ts de Lt Morale Chrétienne^ f^c. ij^i-in-M. Ce Volunir contient les Myllcres depuis Pâques jufqu'à la Fête du S. Sacrement. Il paroît cliez François /f B'-cton ^ au bout du Port-Neuf, à l'Aigle d'or, une Brochure in-ii. de 57. pages, intitulée : Lettre de M. de Sal .... Médecin a Al. l'Ai, hé de . 173'- i^i M. D. L. ou Differtatien Critique fur l'apparition des Efprits. Traité d' Horlogerie pour les Mon- tres & les PenduUs ^ y>i,onzznnnz\z )) calcul des nombres propres à » toutes fortes de mouvemens. La » manière de faire èc de noter les >' CariillonSjde changer & de corri- " gcr le mouvement du Pendule. »» L'Hiftoire ancienne «5c moderne » de l'Horlogerie, & plufieurs Ta- » blcs toutes calculées & autres » matières curieufes & utiles. « Traduit del'yf;7^/o/^de M.Derham^ de la Société Royale de Londres. Avec figures. Chez Grégoire Dh- pnis , rue S.Jacques , à la Couron- ne d'or. 175 1. in-iz. Nouveau Syjième fur la manière 'de défendre les Places par le moyen des Contremincs. Ouvrage pofthu- me de M. Daz.in. Dédié au Roi. Chez Jacques Clouziîr ^ rue fartlt Jacques, au coin de la tue de la Parcheminerie. 1731. in-ii. avec figures. Cet Ouvrage cft précédé de deux Difcours Préhminaircs , l'un de l'Auteur M. Dazin ^ & l'autre du R.P. Crf/^/Jefuitc. F.jJayfurl'Efprit^ Jes divers ca~ ramures , & [es différentes eperarions. Divifé en fix Dilcours. » i. Dif- '» cours fuir la natufe du véritable »»Efprit. 2. Sifr les c.iufes de la htff- » fcté de l*£fprit.3.Sur ic bel Efpnt. » 4. Sur le bon Efprit conlideré » mcraphyfiqucment. 5. Sur le bon M Efpnt confideré comme une ver- »tu civile. 6. Sur l'Efprit fupeih- >'cicl f Chez André Cailleau , Place du Pont S. Michel. 1731. 3T4 JOURNAL D Ofteologie on Traité des Os, dans lequel on confidere chaque Os par rapport aux parties qui Icscompo- fcnt , aux Câvitez qui s'y trouvent , & à fesjondlions aux autres Os. Par Jean Baget , Maître Chirurgien Juré à Paris , Démonftratcur en Anatomie & Chirurgie. Chez Louis ^ Hctelfort , rue S. Jacques , près S. Benoît , à la Refurreîtion. 173 1. in-\%. La Catanoife , ou ///)?ozVf Secrè- te des moiivemens arrivés au Royau- me de N'iples , foHS la Reine Jeanne I, Chez Pierre Gandoum ^ Quai des Auguftins, à la Belle Image. 1731. «7-12. Monfieur l'Abbé de la Grive , Auteur du nouveau Plan de Paris en fix feuilles j vient de mettre au jour la féconde feuille de fa Carte ES SÇAVANS;. des Environs de Paris. Elle comi-' prend leCoursdela Marne jufqu'à cinq lieues de cette Ville, & 57. tant Villages qu'Hameaux , groffes Fermes & Châteaux détachés de- puis le Château de Vincennes juf- qu'à Torci d'Occident en Orient , & depuis la Forêt deLivri jufqu'aux Bois de S. Martin en Brie du Nord au Midi , avec les chemins qui fe communiquent des uns aux au- tres. Le tout levé fur les lieux &C détaillé de forte que l'on y recon- noît diftindrement les plans de tou- tes les belles Maifons comprifes dans cette étendue. Elle fc vend chez l'Auteur , Cloître S. Benoît : il donnera à la fin de cette année la troiiîéme feuille qui comprendu le côté de la Brie- Fxittes à corriger dans le Journal d" Avril. P Age 2 3 1 . col. 2. lig. 7. quelques importantes que foient, lifez quelque importantes que foient: Pag. 24^. col. i. lig. 27. veulent inftruirc eux, ou les autres, Ufiz. weulent s'inftruirc, ou inftruire les autres. Fautes à corriger dans le /Journal de May 173 1. Page I79. col. 2 lig. e. l'un à l'autre. On , lifez. l'un à l'autre , on : Ibid. lig. 28. iz diiïbudrc^ lifez. fe diftendre : Ibid. lig. 32. l'expliquer , U[ez. s'expliquer : Page 281. col. 2. lig. 4. informe , \\[e^ uniforme : Page 28 2. col. 2. lig. 10. brionca, lifez, biionia: Page 283. col. 2 lig. 2S. le dernier, l^fez. ce dernier. s^s TABLE Des Articles contenus dans le Journal de May 173 r; HIfloire Littéraire de la faille de Lyon , avec une Bil>lJothétftie des Auteurs Lyonnais , &c. Par le Fers de Colonia , page 25 j Les Oeuvres d'Anfiide en Grec ^ en Latin , &c. ' lé'o L'Htftoire de l'Eglife Gallicane , dédiée à Nojfeigneurs du Clergé. Par le Père Longueval , 16-7 Hijhire générale de Languedoc ^ &Cc. Par deux Religieux BeiiediBins , 27 j Remèdes qtHon peut employer pour Ut [ortie du ver appelle conimunément Ver Solitaire. Répgnfe de M. Vieuffens Doreur en Médecine de la Fa" culte de Montpellier ^ à Ai. de Chicoineau ^ &c. ïjS Difcours fur les Critiques , prononcé par le Père Porée de la Compagnie de JeÇus , le 24. janvier I7 Ji. dans le Collège de Louis le Grand, 284 Lettres d'un DoUcur yîllewand de l'Univerfité Catholique de Strasbourg , à un Çentil- homme Proteftant , &c. 292 "DijfertatioH Hifloriejue fur la Bourgogne Cis-Juranne & fur la Bourgogne Trans-^uranne. Par M. fean-Damel Schocpflin , &c. t^6 Le Miniflre Public dans les Cours Etrangères ^ fes fonUions & fes préroga- tives. Par le Sieur J. de la Sarras de Franquenay , 300 Dijjertatien comparée des Mufcles du corps de l'homme & de ceux du Quadrupède ^ Sic. 303 Harmonie des deux Sphères , Celejle & Terrejîre , &r. 305 Nouvelles Littéraires , 30^ Fin de la Table, f L E JOURNAL sçavÀns r OUK L'ÀNNE'E M. Dec. XX XL JUIN. A PARIS; Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Aiîguftins, du côcé du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XXXI. AVEC JPPRQBATION ET PRIVILEGE DU ROY. JOURNAL DES s Ç A VA N S • JUIN. M. D C C. XXXÎ. HISTOIRE LITTERAIRE DE LA VILLE DE LYON, Avec une Bibliothèque des Auteurs Lyonnais , [Acrés & méthanes , difl/ibués par fiéeles^ par le Père de Colonia , de la Compagnie de fefus. Seconde ©* dernière Partie. A Lyon, chez François Rigoler ^ Libraire, fur le Quai des Celeftins, au Mercure Galant. 1730. /«-4*. pp. 838^ LE premier Volume de cet Littéraire de Lyon depuis la fonda- Ouvrage dont nous avons tion de cette Ville jufqu'au feptié- ^cnda compte contient l'Hifloire me fiéclc de l'Eglife. La féconde "jum. S S ij 520 JOURNAi: D Partie dont il s'agita prefent com- mence l'an ^oo. de l'Ere Chrétien- ne & fini: à l'année 1730. On ne trouve dans le fepticme & le huitième fiécle aucun Auteur Lyonnois. La France entière ne pourroit même fournir à l'Hiftoire Littéraire de ces deux ficelés , que i'Hiftonen Fredegaire , Grodegand Evcque de Mets , Angrade , le Maine , Marculphc , & quelques Ecrits peu confidcrables. Les irrup- tions des Sarazins , les guerres civiles , la foiblcfle de la plupart de nos Rois , la tirannic des Maires du Palais , les inondations , les maladies contagieufes , avoicnc concouru , dit le P. Colonia , à étouffer dans les efprits l'amour de i'étude. Au défaut d'Ecrivains Lyonnois pendant ces deux fiécles , notre Auteur a eu recours à des naits d'Hiftoire & de Critique qui méritent l'attention des Lecteurs. Après avoir parlé des Lettres de S. Grégoire Pape à Etherius Arche- vêque de Lyon, il réfute ceux qui croyent que ce fut cet Archevêque qui facra S. Auguftin Apôtre de l'Angleterre. Le vénérable Bedc «lit que ce fut à Arles Se par l'Ar»- chevêque de cette Ville que faine Auguliin fut facré. Il efl: vrai qus Bcde donne à cet Archevêque le nom d'Etherius; mais le P. Colo- nia aims mieux croire que Bede s'eft trompé en mettant le nom / d'Etherius au lieu de celui de Vir- gile j que de foûtenir avec fes Con- frères les BoUandiftcs que S. Augu- fiinacté facré à Lyon par les mains d'Etherius. Ce fut cet Archevêque ES SÇAVANS, qui fit S. Aulhegifile Abbé de faint Nizier ; ce Chapitre étoit alors compofé de Clercs, fuivanrlePere Colonia , qui reproche à M. Baillet de s'être laiffé tromper par le nom d'Abbé , & d'avoir cru que faint Auftregifile avoir été mis à la tête d'une Communauté de Moines. Les Litanies du Samedi Saint du Dioce- fe de Lyon, Si quelques Catalogues des Archevêques donnent à Ethe- rius le titre de Saint, de même que le Martyrologe de l'Eglife Galli- cane. Ce fut du tcms d'Arige fuccef- feur d'Ethere que l'Abbaye d'Aif- nay fut rebâtie par la Reine Brune- haut i cette Abbaye avoit été fon- dée , félon notre Auteur, dès le commencement du quatrième fié- cle par faint Badulphej on y fuivit la Règle de S. Martin jufqu'aiî douzitnie ou au treizième fiécle , que la Règle de faint Benoît y fut introduite & obfcrvée jufqu'e« 1685. que le Chapitre fut fccula- rifé , un des Monumens des plus, refpcdables de cette Eglife d'Aif^ nay q\\'\ fut confacrée par le Pape Pafcal II. cft rinfcription qu'on voit que M. Spon a eu la bonne foi d'inférer dans fes Recherches des' Antiquitez de Lyon ; quoique ccs- vers contiennent une preuve con- fiante du kntiment de l'Eglife du tcms de Pafcal II. fur la prcfencc îcclle de J. C. dans l'Euchariftie. C'ell aufll dans cette Eglife qu'on voit encore une Chapelle de l'Im- maculée Conception , qu'on dit avoir été bâtie du tems de S. Anfel- mCj Archevêque de Cantoibery ^'^ JUIN qui paffa une partie du tems de fon exil à Lyon , où il compofa fon Traité deConceftn Firginait, A l'occafion du rétabliflcment du Monaftcred'Aifnay le P. Colo- nia parle de ce que differens Au- teurs difent les uns en hvcur de la RcincBrunehaut,&.' les autres contre elle. Il conclut de ce contraftc que cette Princeilc eut l'art de concilier en elle beaucoup de bien & beau- coup de mal; ce qui n'eft pas fans exemple , ou que fés mœurs ne fe corrompirent que durant fa Régen- ce & après la mort de faint Gré- goire le Grand. Fredegaire accufe Arige Arche- vêque de Lyon d'avoir été le prin- cipal Auteur de la dcpofition, de l'exil & de la mort de S. Didier ; cependant Jonas Auteur contem- porain 3 qui a décrit le martyre de faint Didier , ne fait retomber la haine de ce crime que fur Théo- doric & fur la Reine Brunehaut fon cpoufe. Adon de Vienne impure aux mêmes perfonnes la mort de faint Didier, fans parler d'Arige- & fi Fredegaire lui impute cet événe- ment" , c'cft une fuite de la partiali- té de cet Hiiloricn en faveur des Rois de Bourgogne, & de fa haine contre Brunehaut & contre tous ceux qui ont eu part à fon affection. D'ailleurs l'Hiftoire de Fredegaire eft farcie de beaucoup de fables ; or l'autorité de cet Auteur n'cfl: point aflèz grande pour faire ôter à Arige letitre de Saint que les anciens lui ont donné. Lcydrade , Agobard, Amelon- ïlotus & faint Remy font les qua- ; 17 5 r; 321 rre Auteurs qui fourniflent la ma- tière de l'Hiftoire Littéraire de Lyon pour le neuvième fiécle. On cfb redevable à Leydrade du reta- bliflemcnt des Lettres & des Ecoles dans la Ville de Lyon. Le plus confiderable de fcs Ouvrages eft un Traité fur le Baptême. Notre Auteur divife les Ouvra- ges d'Agobard en trois claffes , il met dans la première le Traité con- tre Félix d'Urgel , contre l'Eglife de Lyon &i contre les articles des Loix des Bourguignons qui autori- foient le duel , foit pour la décifion d'une queftion de Droit , foit pour fçavoir fi un homme étoit innocent ou criminel, contre les jugemens qu'on appelloit les jugemens de Dieu. Le P, Colonia regarde tous ces Ouvrages comme excellens ; mais il lui paroît qu' Agobard a été au-delà des bornes dans fes trois Trairez fur l'Office divin , non feulement parce qu'il a traire avec aigreur Amalarius homme refpec=< table par fa pieté , par fa fcience & par fon caradere, mais encore parce qu'il ne vouloir admettre dans le- Service divin que les paroles de l'Ecriture Sainte , en excluant mê- me les Hymnes &c les Homélies des Pores. Notre Auteur met Agobard au rang des Iconoclaftcs , à caufc de fon Traité des Images, dans lequel il ne prétcndoit foufFrir que la Croix dans les Eglifes. Il n'a pu lire fans indignation l'Apologie desenfans de Louis le Débonnaire- contre leur pcre. J-'£crit d'Ameloiï fur lequel le Père de Colonia infiftc ' le plus , eft celui quecet Axchevê- : 522 JOURNAt D que compofa contre Gotefcalquc. L'Ecrit de Florus qui l'a fait le plus connoître eft celui qu'il com- pofa contre Jean Scot furnommé Enegine ; notre Auteur renvoyé à une DilTertation du P. Alexandre, ceux qui voudront fe convaincre que Florus ^ en combattant les erreurs Pélagiennes de fon adverfai- le , n'a point autorifé le Syftême de <îotefcalque. Il foûtienc contre Baroniùs , Briet , Voffius & Fabri- cius, que les Poëfies publiées fous le nom de Florus font du Maître de l'Ecole de Lyon : i' . Parce que le Poète y prend lui-même la qualité de Diacre de Lyon : i°. Parce qu'il défend fon maître Agobard : 3*. Parce qu'il parle de pluficurs chofes qui coBCernent les Eglifes de Lyon. Au fujet de la réponfe de faint Remy faite au nom de l'Eglife de Lyon , aux Archevêques de Mayence&; de Reims, & àl'Evê- quedcLaon: notre Auteur fepro- pofe de prouver , d'après le Pcre Alexandre & M. Dupin , que fi l'Eglife de Lyon a paru favorifer en quelque chofe la perfonne de Go- tefcalquc , c'a été par une fimple erreur de fait , & qu'elle a toujours dételle le Syftême de ce Moine fur la prédeftination au mal ; le P. de Coloniafouhaiteroit néanmoins que i'aint Remy fefût fervi du terme de réprobation au lieu de celui de prédeftination à la peine qu'il em- ployé dans fon Ecrit. Le dixième & le onzième fiécle n'auroit prefqucrien fourni auPere 4eColpniapouri'HiiloireLittg:aire^ ES SÇAVANS, fj le tems que faine Anfelme Arche- vêque de Cantorbery,a pafféàLyon pendant fon exil, ne lui avoit donné lieu de parler de quelques Ouvrages de ce faint Archevêque , & fur tout de l'argument pour la preuve de l'exiftence de Dieu , tirée de l'idée de la divinité , & qui n'a point donné lieu à moins de difputcs, quand Defcartes l'a renouvelléc , qu'elle n'en a caufédu tems de faine Ânfelme. La fameufe Lettre de faint Ber- nard aux Chanoines de Lyon , au fujet de la Fête de l'Immaculée Conception , a hit trop de bruit dans l'EgUfe, pour que le P. Colo- nia n'en fît point une mention par- ticulière dans l'Hiftoire Littéraire du douzième Hccle. Notre Auteur cite un Concile de Londres tenu en 1 3 28. qui nous apprend que la Fête de l'Immaculée Conception avoit été établie en Angleterre par faint Anfelme ; on la celebroit auflî en Efpagne àh le tlixièmc fiécle ^ fuivant que Julien de Tolcde l'affu- re dans la Vie de faint Udcphonfe. NotrcAuteur conclut de-là que faint Bernard n'a pu traiter de nouveau- té la celcbration.de la Fête de l'Im- maculée Conception par les Cha- noines de Lyon , que parce que cette Fête n'avoit point encore été établie^ la feule autorité de l'Evêque fuffifoit encore en ce tems-là pour les Canonifations , & par confc- quent pour h célébration des Fêtes. C'étoit-là , dit le P. Colonia , un abus de l'ancien ufage qui avoit ré- gné plus de mille ans, S. Bernard venant au Dogme , J U I N dans fa Lettre» dit que le privilège d'être conçu fans péché ne convient qu'à J. C. Mais notre Auteur pré- tend que par le terme de Concep- tion de Marie, S. Bernard a enten- du , non le moment auquel fon ame fut créée & unie à fon corps , tnais le tems auquel fon corps fut conçu dam le fein de fa mère : puif- qu'il dit que Marie n'a pu être Sain- te avant ^ue d'être , & <^u'elle «'« tu être avant «}ne d'être coKfuë,^ L'Auteur fait voir enfuite que mal- gré l'oppofition de faint Bernard, ia Fêre de la Conception Immacu- lée fut établie de fon tems dans un très-grand nombre d'Eglifes, qu'el- le devint enfuite univerfcUc , qu'on la celebroit chez les Jacobms dès le commencement de leur Ordre , comme le Père Martino le prouve par un Martyrologe des Jacobins de Dijon qui a plus de cinq cens ans. Enfin que faint Thomas d'Aquin a foûtenu l'Immaculée Conception de la Vierge. Il cite la page 1 57. du Tome 6. de l'Edition de Rome des Oeuvres de faint Thomas , où il eft dit: talisfhit puritas beat a f^irginis^ qua à peceato mginali & aSittali immtims fuit. Cette Edition de Ro- me a été faite par l'Ordre du faint Pape Pic , vue & corrigée fur les Mif. les plus exa£h. L'Auteur parle encore dans l'Hiftoire du 12'nécle des Hérétiques appelles les pauvres de Lyon , Si de l'Archevêque Ray- snaud de Semur qui a écrit la Vie de fâint Hugues 6' Abbé de Clugny , qui étoit fon oncle , & un autre "Traité dont le P.le Long fait men- tion , qui eft intitulé Synopfis -vit*- ■metriç*. 1751; 525 Ce qui regarde le tj* & le 14' fiécle eft aflez étendu dans cette Hiftoire , mais la plus grande par- tic regarde les deux Conciles de Lyon , dont le premier fut tenu fous le Pape Innocent IV. & le fécond fous Grégoire X. Le Perc Colonia donne un abrégé de l'Hi- ftoire de l'un & de l'autre de ces Conciles; & comme faint Bona- vcnture mourut à Lyon dans le rems qu'on tenoit le fécond Conci-; le dont il étoit l'Ame , le Père Co- lonia fait quelques remarques fur l'Hiftoirede ce Saint & fut fcs Ou- vrages. Il vient cnfuitc aux Auteurs qui ont fait à Lyon une refidence plus longue que celle qu'y a fait faint Bonaventurc. A la tête de ces Au- teurs eft Guillaume Renault , Reli* gieux de l'Ordre de faint Domini- que ^ & que quelques Ecrivains difent avoir été Evêque Suffraganc de Lyon. Son principal efl la fem- me des vertus & des vices. Gerfon en a fait un grand éloge. On a fait paroître fous le nom de différons Auteurs des Ouvrages qui font de Pclault 5 & on lui en a attribué d'au- tres qui ne font pas de lui. Le Cardinal Aygler qui avoir été long-tcms Religieux de Savi- gny , a compofé plusieurs Ouvrages pour les Moines , dont les princi- paux font une expojttion de U Règle de faint Benoît , & le Miroir des Moines. Le Cardinal de la Grange très- connu par l'Hiftoire de Charles V. & de Charles VI. occupe dans le Livre» une place entre les Sçavans 3Î4 JOURNAL DES SÇAVANS; de l'Eclifc de Lyon , 8c cela avec pins fùblime , & qu'on pourrok d'auranc plus de raifbn que c'cft fon prefque les mettre au niveau des içavoirqui lui a procuré les digni- révélations de faint Gertrudc&dc tez dont il a été honoré. Notre Auteur parle auffi de la i)ienheureufe de Lyon , Prieure .d'une Maifon de l'Ordre de faint Bruno. Il afllire que les Ecrits de .cette Religieufc refpirsnt la pieté U fainte Mathilde. Nous rendrons compte dans un .autre Journal du relie de cette Hi- ftoire , dont les trois derniers fiedes fournilTent plus de matière poui i'Hiftoire que les fiécles prcccdens. NOUVELLE TRJDVCTION DU LIVRE VNIQVE des Lettres de Ctceron à Ai. ^.Bruttts , avec des Remarques Hiftoriques df Critiques , dédiée à, Jiionfeigneur le Dauphin. Par M. de Laval, A Paris, chez Guillaume-Denis David ^ Quai des Auguftins, à l'Ef- ^erance. 1751. deux yol. ;'«-i2. premier vol. pp. 151^. fecpnd vol. pp. IL y a une Préface à ce Livre, & à quels Livres n'en trouve-t-on point î Celle-ci paroîtra peut-être fmguliere,cn ce que l'Auteur , en y rapportant des chofes connuifs , fça- voir quelle conduite gardèrent les differensChefs des partis qui fe for- mèrent après la mort deJules-Cefar, & qu'eft-ce qui fcrvit de prétexte aux ennemis de Céfar pour le faire périr , dit qu'il le rapporte pour ex- citer la cuiiohté du Ledeur. Mais comme par ce mot de Ledeur , il faut fans doute entendre les jeunes gens pour Icfquels M. de Laval a traduit ces Lettres de Ciceron , on ne peut qu'approuver fa penfce 8c loiierle foin qu'il s'eft donné; on trouvera donc dans la Préface de notre Auteur, tout ce que ceux qui ont quelque connoiffancc de I'Hi- ftoire , fçavcnt déjà de la guerre qui s'alluma entre Jules - Céfar & Pompée. Ce qu'il y a d'efl'cntiei ici à re- marquer , .par rapport aux Lettres que M. de Laval traduit , c'eft qu'elles renferment une partie des évcnemens furvenus depuis la mort de Céfar jufqu'à réle Dans » les Lettres de Ciceron , à M. M Brutus , cet Orateur lui mande k » détail des affaires de la Republi- » que , & lui reproche les fautes )5 qu'il a commifes. Dans les Lettres » de M. Brutus à Ciceron, ce Chef »de la confpiration contre Céfar , 5> fe plaint très - fortement de la « conduite de Ciceron. C'eft en racourci , dit M. de Laval, tout ce que contient fc Livre. Il s'agit à prefent de donner quelques exemples de la tradudion & des remarques qui l'accompa- gnent , après toutefois que nous aurons averti que la Préface dont nous venons de parler , eft fuivie d'un abrégé de la Vie de Brutus , laquelle avec cette Préface & deux Tables qui la fuivcnt , l'une des IlîOtS JUIN mots Latins contenus dans le Tex- te , & l'antre des matières , fait la plus grande partie de ce premier Volume. La Table des termesLatins mérite bien que nous en di(:ons un mot en paflant , nous viendrons enfuite à la traduction. Pour avoir une idée de ce que c'eft que cette Table, il faut f<^avoir quelle en eft l'exadlitude. Elle eft telle qu'on y marque prcfque tous les endroits où fc trouve un même mot , quelque indiffèrent d'ailleurs que puilLc paroître ce mot. Veut- on {çavoir par exemple en quels endroits du Texte Latin de ces Lettres, eft le mot in qui iigniheen François dans ou-en , la Table vous marque là-de(Tus un nombre confi- derable de pages ; ces pages font indiquées jufte , en forte qu'il n'y en a pas une où le mot in ne foit effedivement. Si l'on en doute , on n'a qu'à confulter la quatrième pi- j»e , & on y lira : Nihil enini milii minus hominis videtur ejuhn non n'fpolidere in amore Us ^-^ à (juilms frovocere. On n'a qu'à confulter la pag. 5. & on y lira : Jn eum antern locum rem adduSîam intelliTit ut , iÙ'c. On n'a qu'à confulter la page I tf. & on y lira : Aîaxin-.cjue mirabi- le j DolahelUm cjuincjite Cohortes mifijfe in Cherfonefnm. Le mot in , comme on voit, fe trouve dans ces trois exemples : Que l'on confulte tous les autres endroits indiqués, on l'y verra tout de même. Voudroit-on encore fçavoir où fc tiouve dans ces Lettres le mozac qui C\gn\f\c(&] en François, la Ta- ble avertit en quelles pages. Juin, . i7?r- ^ 325- Eft- on curieux auflî d'apprendre en quels endroits de ces mêmes Lettres, fe trouve la conjond:ion ^, la Table l'indique. Qiielques Lec- teurs demanderont peut - être à quoi fert une telle Table ? Mais ceux qui font un peu au fait de la compofition Latine^n'en feront pas en peine , puifqu'ils fçavent que ces fortes de Tables fervent à faire voir les ditfcrensufages que les Au- teurs ont faits d'un même mot , foit pour la fîgnification, foit pour li manière de le placer , ou autres cir- conftances femblables ; le motc/î, par exemple, qu'on trouvera indi- qué dans cette Table avec la même exaditude que tous les autres , fc met quelquefois au commencement delà phrafe , quelquefois au milieu & quelquefois à la fin , fans que cela foit tout-à-fait indiffèrent pour rékgance du difcours , & c'eft ce qu'on apprend par la confrontation des divers endroits où ce mot eft employé. Les conjoniftions & , atijne , <«• qui femblent abfolumcnt fynoni- mes,nc laiflent pas en certaines ren- contres, de rentermcr quelques dif- férences, enforte qu'il n'clt pas tou- jours arbitraire de les placer l'une pour l'autre i & c'eft ce qu'on ne peut connoître , qu'en examinant avec foin les difterens endroits où les Auteurs en ont fait ufage. Il nous fcroit facile de donner là- deftus des exemples en faifant k confrontation des endroits de ces Lettres où la Table indique que Ciceron & Brutus fc font fervis de i figniiîe e>iCore davantage, plus èner- gtquement , plus emphatiquement. Enforte qu'il femble qu'on auroit du traduire , Clodius a une grande inclination pour moi , ou pour dire encore davantage , il m^aime beau- coup. Mais nous laiffons cesdifcuf- fions aux Grammaincgs. Ciceron pourfuit : Quod cum mihi ita perfuafitm fît , non dubito ( bene enim me nojti ) quin illum cjHoque judices k me am.iri , nihil enim mihi minus hominis vidctur quam non refpondere in amore iis , k ^uibus provocere. La traduction , porte : Ce- la étant ainfi , vous me eonnoijfez trop bien , pour que je fajîe difficulté de croire , qu'étant perfuadé , comme je le fuis , de lafincerité defesfenii- mens k mon égard , vous ne penfiez. aujft que je le chéris pareillement^ car il me femble qu'il n'y a rien de moins conforme a l'humanité , que de ne pas répondre k l' amitié de ceux qui nous préviennent. Ces mots : cela étant ainfi ^ vous meconnoi^ez. trop bien , pour que je fajfe difficulté de croire qu'étant per- fuadé, comme je le fuis, de lapnceri^ té de fes fentimens k mon égard, vous ne penfiez. aujfi que je le chéris pa- reillement , ces mo:s paroîtronc peut-être à quelques Lcdeurs avoir befoin de plus de clarté^puifqu'ils ne peuvent fe réduire pour le fens qu'à ceux-ci : convaincu comme je le fuis de la tendre amitié de Clodius à mon égard , je ne doute pas que vous ne me faffiez. la jufiice de croire que je lui rend la pareille , car vous connoijjez. mon cœur. Mais fur ce point , non plus que fur d'autres, nous nous garderons bien de rien prononcer; nous irions contre nos règles. Notre but eft d'expofer, & rien davantage. Ciceron pourfuit. Is mihi vifus eft fufpicari , nec fine magna qutdem dûlore j édiquid k fuis , vsl perfnoi Ttij 328 JOURNAL D potins in'mieos ai te ejfe delatum , quo tiins animus àfe effet alUnior, La rradudion dit : » Il m'a paru »que L. Clodius foupçonnoir, ce >j n'écoit pas fans une vive douleur , »>que fes ennemis, ou plijtôt ceux » qui font enliaifon avec eux , vous «avoienc rapporté quelque choie «qui vous avoir indifpofé contre n eux. Quelques Ledcurs chercheront fans doute en quel fens il faut enten- dre que Ciediiis a foiipconné avec doitleHr, que [es ennemis , oh des per- fonnes liées avec fes ennemis ^ avaient rapporté à Bmtits quelque chofe qui ejui l'indifpofoit contre eux; car c'eft ce que fignifîe la traduction que nous venons de citer. Nous avoiions ingénument que nous aurions delà peine à refoudre cette difficulté / ne îeroit-ce point que le tradudleur fc feroit mépris en prenant le pronona Je pour un pluriel , au lieu de le prendre pour un fingulier, &c de le faire rapporter à Clodius même-, car en le faifant rapporter à Clodius lefcnsferoic tout naturel ^ puifquc Ciceron ne voudroit dire autre chofe alors , fînon que Clodius a foupçonné avec douleur que fcs en- nemis ou des perfonnes liées avec fes ennemis , avoient rapporté quel- que chofe contre lui à Brutus ^ en iortc que Brutus en avoit reçu de mauvaifes impreffions contre Clodius ; cela paroît d'autant plus vraifemblable qu'il n'y a guércs d'apparence qu'une perfonne qui fçait avoir des ennemis, foit fâchée qu'on indifpofé quelqu'un contre sux^ ou il faudroit que le Clodius ES SÇAVANS; dont il s'agit , eût eu une vertu bien éminente. Mais la fuite fait voir que ce n'elt que contre lui- même que Clodius avoit foup- çonné qu'on avoit fait à Brutus des rapports délobligeans ; car Ciceron immédiatement après les paroles latines que nous venons de copier , ajoute : JVon foleo , Tni Brute ( quod tibi notum ejfe arbitrer ) temere affirmare de altero. EJi enim pericnlofum ,. propter occultas hominHm voluntates^ multiplicefque naturas, Clodii ani- mKm perfpeSlum habeo , cognitum , judicatum, multa ejiis indieia, fed ad feribendum non necejfaria. Vol» enim hoc tefiimemum tibi videri , potiùs quam Epifiolam. Voici comme le Traduileut rend ce pallage : » Je crois que vous î> fçavez , mon cher Brutus , que je » n'ai pas coutume de répondre de »» quelqu'un au hazard. Il cfl: mê- î> me dangereux de le faire , parce » que les fentimcns des hommes ôC M la multiplicité de leurs pcnfées M font cachées^ Mais pour Clodius , » je connois fon bon cœur , je l'ai M éprouvé, j'en ai jugé. Il y en a "bien des preuves , mais il n'eft: pas » necelfaire de les écrire , car je » veux que celle - ci vous paroilîe » plutôt un certificat qu'une Lettre. Nous ne garantiflons pas que ces termes , pour recommander une perfonne ; je connais fofi bon cœur , je l'ai éprouvé, f en ai jugé /oient du goût gênerai. Je connais fort bon. cœur, je l'ai éprouvé pourra l'être }■ miisj'enaijugéle fera-t-il de mê- me ? Ciceron par ces mots : habea juâicatum , n'auroit-il point voulu faire entendre que ccft une affaire jugée , après laquelle il n'y a plus d'examen à faire? Enforte que le fciis feioic : je comiois fin bon cœur , )! l'ai éprouvé , cV/? une affaire ju- gés. Nous laifTons cela à la décifion lîième du Tradudtcur. Ciccron continue ; ^iiSlus ty4ft- tonii Bénéficia efl. Ejus ipfius benef,- eii Tn*gna pars à te efl. Ita^ue eum fitlvis nobis vellet falvum , in eum autem lecum rem adduSlAm intelUgit^ ( e^ enim , ut fais , minime fîultus ) M Htriqne falvi ejfe non pojjint > ita- qne nos mévuU. Voici comme on le fait parler danslattadu(5bion : // a été défigné Tribun par le crédit d'Antoine ; /<* meilleure partie de ce bienfait vient dé vous. Ce/} pourquoi il fiuhaiteroit qu'il ne lui arrivât aucun mal hrf- ejue nous ferons en fiweté , parce qu'étAnt hotxme de bon Cens , comme vous le [{■^veT^, il comprend bien cjue la chofé efl au point ^ iju'il ejl necc flaire cjue l'un des deux partis Jkccombe, Cette confideration lui fait prendre le notre. Ceux qui font vcrfcs dans la lec- ture des Lettres de Ciccron exami- neront à quelle perfonnc fc doivent rapporter ici le mot//& le mot lui , dont fe fert le Tradudeur quand il dit : Il fouhaiteroit cju^il ne lui arri- vât aucun mal. Si c'efl: à Clodius , on demandera pourquoi dans le Texte il y a eum au lieu àefe. N'é- tant pas naturel de dire en ee fens , Clodius eum falvis nobis vellet fal- vum , au lieu de Clodius fe falvis nobis vellet falvum. Sic'cfl; àAntoi- N ; I 7 5 i: 529 ne,(car ces mots ne peuvent fc rap- porter qu'à l'un où à l'autre ) le mot eum convient proprement , mais alors il femble qu'il faudroit tradui- re d'une manière qui fixât le rap- port & fît entendre que c'eft cet Antoine, le bienfaiteur de Clodius qui fouhaite qu'il n'arrive aucun mal à Clodius à qui il a fait du bien. Or comme cela n'eil: point démêlé dans la tf adu(5tion , il refte , comme on voit , une grande diffi- eulté de part & d'autre j car fi ces mots de la tradudion convicnnent^^ il fouhaiteroit qu'il »e lui arrivât aucun mal , il faut/^dansle Latin, parce que , félon l'ordre de laconï- ftrudion Françoife , il & lui fc rap« portent plutôt à Clodius qu'à An- toine, &: s'il faut les faire rapporter à Antoine , la tradudlion ne le fai- fant point connoître , cft pat confe* quent embarralTante , deux diffi- cultez que les Grammaiiicns difcu-- teront. Ciceron continue & finit en ces termes : De te vero amiciffimè & lo~ ^uitur , & fentit. ^are jt quis feciis ad te de eo fcnpfît , aut ft- coram locutus efl , peto à te etiam atcjue etiam , mihi m potiùs credas , tjui,& facilius judicare pofitm & pour reprimer ceux qui trou-; blcnt l'Ordre de la Société par des crimes font le fujct de la première Sedion, Dans la féconde il parle des qualités que doit avoir un bon Juge. Il traite dans la troifiéme de la manière dont la Juflice doit être adminiftrée , des cas où les Juges peuvent être pris à partie , & de la manière dont ils doivent être punis quand ils ont prévariqué dans les fondions de leur Charge. Cette addition étoit d'autant plus conve- nable , que Carleval traitant la matière des Jugemcns , a dit très- peu de chofe des fondions & des devoirs des Juges. 35^ JOURNAL DES SÇAVANS; HISTOIRE GENERj^LE DE LANGUEDOC ; avec des Notes & les Pièces juftificatives , compoféc fur les Auteurs & les titres originaux , & enrichie de divers monumens. Par deux Re'i- çietix BenediElins de la. Congrégation de S. ALwr. Tome premier. A Paris , chez Jacques Vincent , Imprimeur des Etats Généraux de la Province de Languedoc^ rue & vis-à-vis de l'Eglife S. Severin, à l'Anf^e. 1730. ;'«-/«/. pp. 758. pour l'Hiftoire &C les Notes , pp. 139. pour les preuves. NOUS avons donné une idée dans le Journal précèdent des trois premiers Livres de cette Hiftoire , qui contiennent les expé- ditions des Gaulois , fur tout celles des TetSofagcs en differens Pays , & ce qui s'cft paffé dans la partie des Gaules à laquelle les Romains ont donné le nom de Province Narbonnoife , depuis qu'ils fe font rendus maîtres de cette Pto- 'Vince , jtifqu'au tems auquel les Vifigots y entrèrent. G'eft où com- mence le quatrième Livre. Nos Auteurs remontent jufqua ^'origine des Gots , qu'ils font ve- nir de la partie de la Suéde qu'on appelle le Gotland, ils les font paf- ferde-là dans la Germanie , & vers ies Palus-Mcotides , d'où ces Bar- bares s'étendirent le long duDanu- be, & firent des courfes dans l'Em- pire Romain. Ils écoicnt divifés en Oftrogots & Viligots , ces derniers entrèrent dans les Gaules fous la conduite de leur Roi Ataulphe, ils s'emparèrent d'abord de Narbonne & d'une partie de la Narbonnoife ; mais peu de tems après ils furent obliges d'abandonner le Pays & de fc retirer en Efpagnc. Apres avoir icndu de grands fetvices aux Ro- mains en Efpagne; ils repaiïcrènc les Pirenéesfous la conduite de leur Roi Valliaen4i8. & ils établirent un nouveau Royaume dans la par- tie des Gaules que l'Empereur Ho- noré leur céda. Ce nouveau Royau- me avoir la Ville de Touloufe pour Capitale, il s'étendit peu à peu dans la Narbonnoife & l'Aquitaine pfqu'à la Loire , &: comprit avant la fin du cinquième ficcle , tout le Pays renfermé entre cette rivière , lcs"Pirenées , la Méditer- ranée & l'Océan. Clovis ayant défait Alaric Roi des Vifigots , devint maître d'une partie de fes Etats , & en particulier de la Ville de Tou- loufe ; ce qui donna lieu au Roi des Vifigots d'établir fon Siège à Nar- ijonne. Mais le Roi Childebert ayant pris la Ville de Narbonne ; Theudis , qui fut élu en Efpagne Roi des Vifigots , transfera fon Siè- ge au-delà des Pircnées , en confer- vant néanmoins dans les Gaules les Pays dont les François ne s'étoient point rendu maures. Au commencement du huitième fiéde les Sarazins défirent les Vifi- gots , & s'emparèrent non feule- ment de TEfpagne , mais encore de la Scptimanie^ d'où ils firent des courfes .courfes en France ; ils furent fou- vent battus par Charles Martel & par Eudes Duc d'Aquitaine. Mais ce ne fut que l'cpin le Bret qui les obligea de fe rctiicr au-delà des Pirenécs , & qui réunit par-là à la Couronne le Languedoc , dont fes prcdccclfeurs n'avoient podedé julqu'alors qu'une partie. Ces différentes révolutions font expliquées fort en détail dans le quatrième Livre de cette Hidoire ; où les Auteurs fc font attachés com- me dans les trois premiers Livres, à prouver ce qu'ils rapportent par le témoignage des Ecrivains les plus fixads. Nous ne pouvons les fuivre dans ce détail , il nous lufïira d'en avoir donné une idée, & de rap- porter quelques traits de ce qu'ils difent fur les mœurs des Vifigots, afin de faire connoître par- là de quelle manière ilsfefontacquittcs de leurpromclîe de faire connoître le caraiîlerc &: les coi!^itumes des peu- ples qui ont été fuccelUvement les maîtres du Languedoc. Les Rois des Vifigots ctoiei>t élcdifs ; l'élcdlion s'en faifbit par la Nation alTemblée ^ ou du moins reprefentéc par les Ducs , les Com- tes & par les Offi-cieis du Palais. Dès que le Roi étoit élu , tous fes Sujets lui prctoicnt le ferment de fidélité i on envoyoit des Officiers dans les Provinces pour recevoir le ferment & celles- ci roulées en tuyaux forment les pre- miers vaifleaux vafeuleux ou garnis eiw - jnsmes de vaifleaux ; à'm 345 JOURNAL D naiflent par une femblable progcef- fion les organes de notre corps les plus compofés , lefquelsfe refolvent comme on voit , en fibres très-fira- ples , qui doivent être confiderées comme les premiers élcmens de c«tte merveilleufe fabrique Quant à la fibre fimple , le fa- vant Auteur en attribue l'origine à une matière vifqueufc, & cela pour cinq raifons : i°. Parce que les fi- bres molles fe converti (Tent par la feule ébullition en une gelée , donc on fait une colle des plus fortes : 2°. Parce que les fibres les plus dures , telles que les fibres ofleufes, fe changent aulîî, par la diflblution, en une forte de gelée : 3°. Parce que la partie fibrcufe du fang ré- duite en feuilles & fcchée , repre- fente des membranes artificielles d'un ti (Tu fibreux, &: fe peuvent con- ferver long-tems, félon M. Ruyfch: 4°. Parce que cette même partie fibreufe^ dont les globules rouges & la fcrofité ont été exprimés, ref- femble tout-à-fait à une véritable cnair fibreufe : 5°. Parce que dans les commencemens de la formation du Fœtus , fes premiers Unéamens font en confiftencc de gelée , & ne s'affetmiffent que par fucccfllon de tems- A l'égard des corpufcules élémentaires qui compofent la fibre piimitive, M. Fizescnlaiifedifpu- tcr entr'eux les Phyficiens à Syftc- me , & peu inquiet de leurs déci- fions fur ce point, qui n'intereffe ' nullement fon objet ; il fe contente de rechercher quelle eft la caufe qui procure tant de force & de foli- ,di<é à des fibres naturellement Ci ES SÇAVANS, tendres & fi molles , &: il en trouve deux qui n'ont ni l'obfcutité ni l'incertitude de la plupart des hypo- théfes. La première eft la prelTion des fluides contre les parois de chaque vaiffeau , d'où s'enfuit la compref- fion mutuelle de tous les vailléaux voifins , preiTés d'ailleurs par des forces externes , fuivant une infini- té de direûions différentes ; d'où il arrive que les fibres prennent peu à peu 5c par degrez plus ou moins de fermeté à proportion qu'elles font plus ou moins comprimées , & fé- lon les diverfes conditions de leur première tilTure : en forte que pen- dant tout le cours de la vie les foli- dcs ne tendent qu'à l'acquifition de plus de fechcrclle & de dureté, ce qui a fait dire aux anciens avec allez de fondement \_ remarque notre Auteur ] que vivre n'efi autre chafe ^ue fe dejfecher (^ s'endurcir. La féconde caufe de la folidité qii'ac- quicrent les fibres eft leur nutrition , qui n'eft que l'introducffion des particules d'une lymphe très-fine, entre celles de la fibre fimple & pri- mitive ; car celle - là feule ( fe» Ion M. Fizes ) eft fufceptible de nourriture & d'accroillement. Or l'un &: l'autre ei^ encore l'effet de la comprelîïon procurée par le fiic nourricier pouOé félon differens degrez de torce , & capable par confequent d'agir diverfcment fur les fibres & de leur communiquer plus ou moins de confiftance : fur quoi il faut voir dans la DilTertation même le détail de toute cette mé- chanique , laquelle nous ne faifons qu'in- JUIN qu'indiquer Ici fommaircmcnr. II. L'Aiircur vienc enfuire à h iccondc Partie de Ion Ouvrage , dans laquelle il travaille à expliquer l'aiition &C le )eu des parties folidcs ^iniquement compolces de libres , comme on vient de le voir. Il ne s'agit donc pour cela que de déter- miner en quoi conlifte l'action de ces fibres mêmes , & de prouver qu'elle n'cll pas différente de leur force élaftique ou de leur rclTort. En voici la preuve. Coupez quel- que partie molle que ce puifle être , membranes , vailîeaux , fibres , aullî-tôt vous verrez les deux por- tions coupées fe retirer fubitemcnt chacune de Ton ccité , & rcfter opi- Eiâtrement en cette fituation , quel- que effort que vous taillez pour les rapprocher : ce qui arrive non feu- lement dans les fujets vivans , mais encore dans les cadavres dont les parties confervent leur élajîic'ué ^ comme on le voit dans les cuirs At^s animaux 6c dans les cordes d'in-. Ihumens de Mudque. Or cette ten- dance à fe racourcir , obfervée dans toutes les fibres, y fuppofe nccef- fairemcnt une extenlion , qui les tienne dans un état violent , foit en les allongeant ov.tre raefurc , foit en leur faifant décrire une ligne courbe entre deux points regardes comme fixes ou immobiles. Il efli^onc certain que toutes les parties de notre corps dans leur état naturel , font doliées de rclTort , qu'elles fe trouvent perpétuelle- ment dans une forte d'cxtenfion forcée , fufceptiblc de plus ou de moins , Se par confcquent dans une Juin. > I 7 5 ï- . ^ ?47 tendance continuelle à fc racourcir & à fe reflcrrcr en tout fens. C'cfl: dans cette extenfion forcée & dans cette tendance à le racourcir que conlifte la vie de l'animal ( félon M. Fizcs ). Mais quelle force peut empêcher que les hbrcs ne fe ra- courcilTent ou ne fe contradtent au- tant que l'cxigcroitlcur nature pour être dans une parfaite inatT:ion î Deux obftacles principaux s'y oppo- fent [ dit notre Auteur] : i". La iiru(5iurc méchanique des parties formées par les fibres claftiques , laquelle les tient toujours plus ou moins bandées : 2°. Le Volume 6c le mouvement des liquides conte-; nus dans les vaifTeaux , &qui cau- fent plus ou moins d'extenfion dans leurs parois. Ainfi c'efl: à cette in- égalité de tenfion qu'eft dû le mou- vement de dia/ïole & de fyjfole , c'efl: - à -dire de dilatation & de conftridion, qui fe perpétue dans toute la machine de l'animal pen- dant tout le cours de la vie , & qui la maintient dans l'état de fanté ; enfortc que celle-ci auffî-bicn que la vie même, ne confiite pas dans une forte à'éijiiilibre , comme on le prétend d'ordinaircj mais qu'elle cfi: bien plutôt l'effet d'un défaut d'é- quilibre , qui devient pour l'animal un principe elfcntiel de mouve- ment. L'Auteur recherche après cela quelle efl: la caufe &C de la diaftole & de la fyftole des vailfeaux ■■, Se il la trouve uniquement dans l'impul- iion d'un liquide opérée à ditlcrcn- tesreprifes par des i:orces oppofécs. C'efl: ce qu'il me: dans un plein joue 348 JOURNAL DE par l'explicndon mcchanique du mouvement du cœur & de tou: le pente vafciiletix. Cette explication n'efr pas conforme , dans toutes fcs tirconftances , au fentiment ordi- naire. M. Fizes prétend que le cœur en fe contraÂant dilate non feulement les artères , par l'impul- lîon d'un liquide de furcroît qu'il y fait entrer, mais encore les veines fanguines , les artères &c les veines lymphatiques ^ les canaux fecretoi- res; en un mot tous les vaifleaux de quelque nature qu'ils puilTent être , (déjà remplis de leur fluide) & juf- qu'aux oreillettes mêmes du cœur. Il foûticnt aulîl que tous ces vaif- fcaux fouffrcnt alors un- diftenfion &en confcqucnceont une pulfation plus ou moins fenfible , fuivant la refiftance plus ou moins confidera-- ble de leurs tuniques , & les varie- rez de leurs diamètres. Mais les tu- niques de tous ces vaifleaux dilatés par lafyftoleducœur j au-delà de leur portée nanireUe , font agir aufli-tôt leurs vertus derefifort tou- tes enfemble , & en fe contraiflant pouiïent dans les ventricules du cœur la même quantité de liquide qu'elles en ont reçue un moment auparavant ; & cette féconde im- pulfion produit la diaftole du cœur. Il faut donc concevoir que celui- ci , en fe reflerrant, pouffe toute la malTe des liqueurs au point de gon- fler tous les vaifleaux : mais il ne s'enfuit nullement de-là ( remarque M. Fizes) que la force de ce vifcere foit immenfe , comme fe le figu- rent quelques Difciples de Borelli. En effet la plénitude 8c la continuité S SÇÂVANS; des vaifleaux qui ne font nulle part interrompues diiiiinuent totale- ment les refi fiances ■, & pour de- meurer convaincu de leur mcdio- crirc , il fuflît d'obferver le peu d'obftacle que trouve à furmontcr un liquide pouffé par une feringue dans les vaiffeaux d'un cadavre , où- tout eftaffaitfé & dans uneinadion totale. Comme le volume de fan g que fournit le cœur à tous les vaifleaux dans fa contr.-nîVioneil: égale à celui qu'il en reçoit dans fa dilatation J cela donne occafîon à M. Fizes de refoudre un Problème qu'il propofe. Se qui confifle à évaluer la folidité du liquide , qui dilate l'aorte &C tous les autres vaifleaux jufqu'au ventricule droit du cœur, pendant la fyftole de celui - ci. Il refulte de ce calcul (que nous fupprimons pour abréger ) que cette quantité de liquide eft égale à un folide de 2. pouces 432. lignes cubiques. Sur quoi l'Auteur obferve que les vaif- feaux feuls du poumon recevant à chaque pulfation un pareil volume de liquide , fouffrcnt une diftenfion beaucoup plus grande que le refte du genre vafctdeHx , &c ont befoin par confequeot d'un agent extérieur tel que l'air, qui leur aide à foûtcnir des dilatations fl violentes- Pour confirmer cette explication méchaniquc de la diflenfion alter- native du cœur & des vaiffeaux ,\ cauiée par l'introduâiion altcrnati- veîd'un liquide , M. Fizes allègue' plufieurs expériences. Si l'on fait (dit-il) une ligature .\ la veine- cave, on arrête auffi-tôt Icmouve^ J U I ment du cœur : fi on lâche la liga- ture , l'orcilletcc droite recommen- ce à fe mouvoir , puis le cœur , cntîn toutes les artères. Si dans un animal fuffoqué ( continuc-t-il ) l'on fouffle doucement de l'air par la veine-cave ou par le canal thora- chique , le mouvement du cœur fe reveille pour quelque tems. Notre Auteur muni de ces expériences qui ( félon lui ) mettent fon hypothéfe Jiors de doute , combat celles de quelques Médecins , dont il fait voir le peu -de vraifemblance ; &c il répond à diverfes objetUons qui fe reduifent à celles-ci. 1". Dans certains animaux , tels que les Oifeaux , les PoiiTons , fur tout la Tortue , la Grenouille , ôc le genre des reptiles , le mouvement du cœur , même arraché , perfevcre aifez long-tcms après la mort de Panimal. 2". Le cœur d'un Chien coupé par morceaux palpite encore fendant quelque-tems. 3". La liga- ture de la veine-civc n'arrête pas fur le champ le mouvement du cœur. Donc ce mouvement ne dé- pend point de la chute d'un liquide dans les cavitez du cœur. M. Fizes répond , i'^. que ce prétendu mouvement d'un cœur ar- raché n'eft qu'une fimplc palpita- tion , telle qu'on la voit dans les autres mufcles du corps après la mort , fans qu'il foit bcfoin de fup- pofer pour cet effet des fibres anta- goniftes dans celui-là , non plus que dans ceux-ci , ni l'influence des cfprits animaux , ni aucune matière explo/tve ; mais feulement beaucoup à'éUfiiciié dans les fibres mufcuieu- ÎS ; 1731; ^ 34^ fcs & quelque raréfaûion dans les liquides qui les humcélent encore : fur quoi ilobferve que cette e7^yî/W- îé ed infiniment plus forte & plus durable dans les animaux les plus froids , tels que la Tortue , par exemple , laquelle vingt-trois jours après qu'on l'a tuée , retire encore avec force fcs pieds de devant & de derrière , pour peu qu'on les picque; & fait divers autres mou««mcns. Il répond en fécond lieu , qu'on doit expliquer de la même façon le mou- vement qui s'apperçoit dans un cœur coupé par morceaux :&en troî- fiémc lieu , que fi après la ligature de la veine-cave , le mouvement du cœur continue encore quelque tems, ce n'eft qu'en vertu d'une petite quantité de fang que verfent dans fon ventricule gauche les vaiiïeaux du poumon •■, ce qui don- ne lieu à quelques pulfations très- imparfaites & de peu de durée. Après cette expofîtion méchani- que du mouvement du cœur & des vaiiïeaux , il ne relie prcfque plus à M. Fizes , pour remplir fon projet, qu'à nous expliquer le jeu des muf- cles dans les mouvemens volontai- res , involontaires &: mixtes. Il commence par nous donner une idée générale de la ftrud:ure de cet organe , compofé , comme l'on fait, de pluficurs faiffeaux de fibres charnues , liées tranfverfalemenc par des fibres nerveufes , garnies de vaiiïeaux de toute efpece , & enve- loppées chacune d'une membrane particulière , fans compter la com- mune. L'Auteur trouve encore dans ï'éUfiiciti des fibres muCadeufes la Yyij 3^0 JOURNAL D principale caufe du mouvement de cette merveilleufc Machine. Selon lui , le liquide dès nerfs poutTé par quelque caufe que ce puille être, dans les fibres nerveufes du mufirle^ avec plus d'effort qu'à l'ordinaire , excite la vertu élaftique de ces fibres , qui venant à feracourcir, Xerrcnt alors tranfverfalement &c plus vivement d'cfpace en efpace les fibres charnues, pleines de tout leur îiquidc , les froncent , & en confe- quence ,' les accourciffent aufli , il'oii s'enfuit l'attraiftion de la partie à laquelle le mufcle eft attaché. Par cette méchanique li fimpic en apparence , ( & qui n'eft pas exempte de diiïicultez ) l'Auteur rend raifon des principaux Phéno- mènes du mouvement des mufcles, fur quoi nous renvoyons à la Dilîer- tation même , aufli-bien que fur l'explication qu'il nous donne des fenlations , communiquées au cer- veau ( félon lui ) par l'entremife i5>: les vibrations des feules fibres ner- ES SÇAVANS, veufes [car il ne veut point d'cf- prits animaux ] di fur ce qu'il ob- ferve d'ailleurs touchant la fénétrA- hiliié en tout fens des parties folides^ fur tout des molles , au travers def- quelles certaines liqueurs fe font jour , comme le prouvent diverfes expériences curieufes, alléguées ici par l'Auteur, d'après M. Mitjfchenr. hroek^. Du redre , rien de plusfimple; comme l'on voit , que la ftrudfurc & la méchanique des folides , expo- fées ici par l'ingénieux Auteur : il ne lui faut pour cela que des fibres douées de reffort , d'une part , &C de l'autre des liquides, qui mettent ce reflort en mouvement. Peut-on s'en acquitter à moindres frais ? Nous ne devons pas oublier d'avertir que cette Dilfertation a été foûtcnuë publiquement en for- me de Théfe à Montpellier pour le Baccalauréat en Médecine , par M. Pierre Brocars très-digne fujet , qui l'a dédiée à M. Hehetius, HISTOIRE NATVRELLE , CIFILE ET ECCLESIASTIQUE de l'Empire du ^Apon : compofee en u4llemand par Enaelbert Kampfer, DoSleur en Médecine k Lemgovv ; éf traduite en François fur laverfioit jingloïfe de fjean - Gafpar Scheuchzcr , Membre de la Société Royale, éf du Collège des Médecins , k Londres. Ouvrage enrichi de (juamité de fgures^ dejfmées d'après le naturel , par l'^ittenr même. A la Haye , cher P. GoiTe, ôc J. Neaulme. 1*29. in-fol. 1. vol. Tome I. pp. iiy.Tomj II. pp. 313. fans compter l'Appendice ou Supplément de pfi". pp. &C les Préliminaires de 52. pp. plauch. détach. XLV. CE T TE Hiftoire avoit été pro- mife par l'Auteur dès l'année 17 1 2. lorfqu'il publia (^sAmœnita- tes exotica comme un Effai ou un Avanc-couieur de cet Ouvrage , ainfi que de plufieurs autres , qu'il devoir mettre au jour. Cependant, étant mort en 171^. fans s'être ac- quitté de fa promelîe , le public couroic rifquc d'être privé peut- JUIN; 1731- 3Tï être pour long-tcms de ce qu'il at- ponois , par un ferment renouvelle rcndoitdudéhintavec tant d'impa- tience. Mais M. H,xn-Sioane , fi connu par fou Hilloire naturelle de la Jamaïque , &: par les richeffcs de fon précieux Cabinet, ayantapptis que les Manufcritsde M. Kxmpter étoient à 'vendre, il n'épargna ni foin ni dépenfe pour en taire l'ac- quifition , & pour les joindre à tant . d'autres de même genre qui diftin- gucnt fa Bibliothèque. Il a de plus engagé M. Scheiichz.erà traduire en Anglois d'après le Mf. Allemand l'Hiftoire du Japon ; & c'eft fur cette verfion Angloife que la Fran- çoifc qui paroît aujourd'hui a été faite ; enforte que nous n'avons cette Hiftoire que de la troilîéme main. Trop heureux encore de pou- voir eniîn y puifer de nouvelles lu- mières fur un Pays, dont l'entrée efl: interdite à prefque tous les étrangers, depuis près d'un fiécle, & dont M. Kxmpternous apprend ici tant de particulatitez curieufes èc interelTantes. Mais comment a-t-il pu s'en in-' flruire , malgré les obftacles pref- que invincibles , qui fembloient retrancher fur ce point toute efpe- rance / Depuis l'extirpation totale de la Religion Catholique dans cet Empire , on n'y tolère plus pour le commerce que les Chinois èc les HoUandois ; encore font-ils empri- fonnés , pour ainfi dire , &c dans rimpoiiibilitc de tirer aucun éclair- ci iTement fur l'état du Pays, fur la Religion , fur les affaires fecrétes de la Nation &c de la Cour. On prend la précaution d'engager tous les Ja- chaque année ^ à ne rien déclarer fur tout cela aux étrangers, à s'ob- ferver réciproquement & à fe trahir les uns les autres , en cas de contra- vention à un tel ferment. Qiielquc capables de rebuter un Voyaaeur que paroilfcnt de telles difficultez ; on peut cependant, avec un peu d'induftrie , venir à bout de les furmoiîter : outre que la foi des fcr- mens , prêtés fur tout au nom de certaines Divinirez , ou ignorées ou nullement adorées de la plupart des Japonois, eft fouvent peu refpeiflée par ceux-ci. Il ne s'agit donc pour cela que de fatisfairc leur curiofité naturelle , qui cft grande pour les Hiftoires , les Sciences Se les Arts des Etrangers, (Se de les mettre dans fes intérêts par des largcffes , par des fervices , & par beaucoup de complaifance pour eux fur tout ce qui peut flatter leur vanité. Ce fut ainlî que notre Auteur fl^c fe concilier la bienveillance Se ga- gner la confiance des Interprêtes Sc des Oflîciers de l'Ifle où s'arrêtent les Négocians ; Si qu'en leur don- nant des confeils fur leur fanté, des médecines, des leçons d'Aftrono- mic & de Mathématique , en leur prodiguant des cordiaux Sc des li- queurs d'Europe , il fe mit en droit de pouvoir les interroger utilemenr fur les affaires du Japon , fur le Gouvernement Civil ou Eccle/îa- ftique , fur les coutumes des habi3 tans , fur l'Hiftoire Politique ou Naturelle du Pays, & de fe mettre fuffifammcnt au fait fur ces diflerens Chefs. Mais rien ne lui fut d'uii 552 JOUKnrkL D plus grand fecours par rapport à fon but ,' qu'un jeune Japonois qu'on avoit mis auprès de lui pour le fer- vir à fon arrivée , & pour étudier fous lui la Médecine & la Chirur- gie. Cet Elevé ayant gucri fous la diredion de M. Ksmpfer le pre- mier Officier deTlfle , ce Seigneur pour ïccompenfe lui permit non feulement de reftcr auprès d'un fi habile Maître pendant tout le féjour de celuif-ci au Japon , c'efl-à-dirc pendant deux ans ; grâce qu'on n'a voit jufqu alors accordée à per- fonne pour fl long-tems ; mais en- core d'être des deux Voyages que fît à la Cour notre Auteur à la fuite de î'AmbafradcurHollandois.M.Ka:m- pfer fut profiter d'une occafîon Ci fa- vorable pour fa propre inftrudion par celles qu'il donna au Japonois, auquel il apprit le HoUandois à fond , y joignant d'utiles leçons d'Anatomie ôc de Médecine fans compter de gros gages. Son Elevé lui fournit en échange tout ce qui pouvoit fatisfaire la curiolitc d'un Voyageur avide de nouvelles con- noiflanccs , &c lui communiqua tous les Livres qui pouvoient con- courir à la même fîn , Se qu'il lui expliquoit en mcme-tems. Tels font les principaux moyens employés par M. Kœmpfer pour s'inftruirede tout ce qui regarde un Pays fl éloigné de nous & devenu prefque inaccelliblc aujourd'hui. C'cft à des perquifîtions fi difficiles que nous fommcs redevables de cette Hifloire du Japon , la plus exade Se la plus fidelle qui ait paru jufqu'ici , Se qui eft partagée en ES SÇAVANS; cinq Livres. Nous avons emprunté ce détail de la Préface qu'a mifc l'Auteur à la tête de fon Ouvrage. A la fuite de cette Préface efl la Vie de M. Kxmpfer recueillie pat le Tradudcur Anglois , c'efl-à-di- te par M. Scheuchz.tr; après quoi vient une efpece d'introdiidion ou un Difceurs Préliminaire , dans le- quel celui-ci donne l'Analyfe de l'Ouvrage dont il s'agit , fuivip d'un Catalogue raifonné de tous les Livres concernant le Japon , lef- quels fe trouvent dans la nombreu- fc Se curieufe Bibliothèque de M. Sloane , fans oublier une Notice de 5 2. Auteurs Japonois dont ce Mé- decin elV propriétaire , &c dont la plupart ont été apportés en Europe par feu M.Kxmpfer. Venons main- tenant au corps de l'Ouvrage. Livre 1. Le premier Livre con- tient une Defcription générale du Japon , divifée en onze Chapitres, dont les deux premiers roulent fur le Royaume de Siam. L'Auteur , qui en kTjo. s'étoit embarque à Batavia , ca qualité de Médecin de l'AmbalTade , que les HoUandois cnvoycnt tous les ans au Japon , vit en pafTant ce Royaume des Indes , où à peine il féjourna un mois. Un tems fl court ne fut pourtant pas infru<5tueux à un Voyageur tel que lui. Il y recueillit de nouvelles circonftanccs Hifloiiques , dont il nous fait part ici , Se qu'avoient ignorées les Voyageurs qui l'ont précédé , quoique très - exaâs la plupart, & à portée de ne rienlaif- (ei échapper. Du nombre de ces circoaflances font en premier lieu JUIN; '75i.\ 3n te qu'il raconte fur la dernière rcvo- pées à peu près de la même façon , lutionde Siam , fur la dirgrace& la mort du premier Miniftrc Coff~ fiiintln-FiiHlkon , Ci connu fous le nom de Conftiînce ; z°. Ses remar- ques fur la Religion, les ctrémonieî Si. les coutumes des Siamois ; j". Ses obfervations fur les Edifices de la Capitale Se des environs , tels que la Pyramide de Pukftbon , èc les Cours des Temples du Bcrkiam , dont il nous donne les delfeins. Parmi fcs remarques fur la Reli- gion Siamoifc , fa conjcdure fur l'origine deSial^ onSamana-Khn- tatna ^ le grand Légiflateur des Sia- mois, mérite d'être lue. Il fait ve* nir d'Egypte cette Religion , & fé- lon la Chronologie des Siamois , ^ia^a parut chez eux précifémcnt dans le rems où Cambyfe Roi de Perfe détruifit la Religion des Egyptiens , tua leur Dieu Âpis ; maiï'acra ou exila leurs Prêtres. Qiielqu'un de ceux-ci échapé du maiîacie, porta aux Indes le culte de ce Bœuf j qui fe répandit juf- qu'aux extremitcz de l'Orient. Il f^ut voir fur cela les preuves de M. Kxmpfer. Il commence fon Hiftoire du Japon par une Dcicription Géogra- phique de cet Empire. Ses habitans l'appellent Nipon ou Nifort , que les Chinois Méridionaux pronon- eent Chippen , & qui fignifie le fondement du SoleiL Sa plus grande longueur cfl d'environ 200 milles d'Allemagne. Trois Ifles principa- les le compofent & lui donnent aflTez de redemblance avec lesîlles Britaniques , étant rompues 8i cou- quoique plus profondement le long de leurs côtes. Ces trois grandes Ifles appellées Nififi , Satkokf fc Sikskf, en ont autour d'elles une infinité de médiocres ôc de petites dont les unes font habirées & les autres dcfertcs. Ce puidànt Empire eft partagé en fept Contrées , qui eontiennent tf 8. Provinces j fubdi- vifées en 604. Diftrids, L'Auteur décrit d'abord trois Pays voifins du Japon qui n'en dé- pendent pas ablolumcnt, mais qui font en quelque forte fous la prote- ction des Japonois. Ce fonti'. les Ifles de Liquejo ; z". La partie la plus bafle de la Prcfqu'ifle de Co- rée i 3°. L'Ifle At f/efo. Par-delà cette Ifle vers le Nord eft un grand Pays appelle Okii-fjefo ou lefo fupc-^ rieur par les Japonois , & qu'ils regardent comme faifant partie d'un Continent. Mais ils ignorent jufqu'à prefent s'il eft joint à la Tar- rarie ou à l'Amérique , & quelques recherches qu'en ait pu faire notre Voyageur pendant fon fcjour au Japon j il ne lui a pas été poftible d'éclaircir ce point de Géographie, M. Scheuchzer, dans fon Dif- cours Préliminaire , nous en ap- prend davantage là-defTus. Il s'ef- force de prouver en premier lieu que malgré les incertitudes du célè- bre M. Delifte , qui n'ofoit décider que le Japon fût entièrement fépa- ré du Continent Septentrional ; c'eft de quoi ne permettent pas de douter les Cartes Japonoifes appor- tées de ce Pays-là par M. Kaempfer, non plus que le témoignage imani«" 5J4 JOURNÀr I>ES SÇAVANS, me des Japonois, qui doivent en Japon Oriental , fans l'obftacle in- ctre crus fur cet article , ayant fait plus d'une fois par mer le tour du Japon. Le Tradudeur Angloisfaic voir en fécond lieu^quele grandPays fltué au Nord du Japon , & nom- mé en cette Langue Okit-^ffo eil la grande Prelqu'ifle de Kamtfchatk/t^ qui eftcontigue à la partie la plus .Septentrionale de la Sibérie , s'éten- dantjufqu'au Cap 5«^^oi«o/ le der- nier de ce vaife PaysauNord-Eft, &c baignée de la Mer au Sud , à l'Eft &c à l'Oueft. Cette prefqu'Ifle vers le milieu, efl: tributaire des Rullîens ou Mofcovitcs , &c vers le Sud-Eft eft de la dépendance des Japonois : d'où il paroît que l'Empire duCzat eft aujourd'hui plus étendu qu'au- cun autre que nous connoiflions , puifque confinant vers l'Oueft à la Suéde &c à la Pologne , il eft limi- trophe de la Turquie , de la Perfe , duTurqueilan , de la Tartarie Bul- garienne , de la Chine & même du Japon. Ce dernier voiiînage eft confirmé par les nouvelles décou- vertes des Rullîens faites depuis quelques années , & par les Cartes qui en ont été deirinécs. De cette Defcription du Kamt- fchatka tirées des Obfervations cu- rieufes fur l'Hiftoire Généalogique des Tartares , publiée depuis peu , M. Scheuchz.er conclut, i°. Que l'Afie n'eftpascontiguc à l'Anfieri- que, & que par conlequentla Mer Glaciale communiquant avec celle des Indes , les VailTeaux Européens pourroient palfcr de la première dans la féconde , en côtoyant le Jf/o ou Kamtfchatk,'* &c eniuice Iç furmontable des glaces qui ne fon- dent prefque jamais dans le détroit de Wetgats : z°. Qiiele Kamtfchat' k.a eft feparé du Japon par un dé- troit rempli de pluficurs petites Iflcs , dont la principale eft nom- mée Marmansk^ dans les Cartes RuflîenneSj & ÂiatfHmat àms les Japonoifcs , d'où il s'enfuit que le Japon eft véritablement une Illc. Revenons à M. Kxmpter. Il parcourt dans fon V Chapi- tre les 7. grandes Contrées du Ja- pon divifées en ^8. Provinces ^ def- quelles il décrit la grandeur , la fer- tilité 3 les produdions & le revenu, conformément à ce qu'il en a trou- vé dans une Defcription Japonoifc de cet Empire , publiée au Japon.. Nous ne prétendons pas le fuivre dans un femblable détail. Nous re- marquerons feulement que les re. venus de chaque Province font éva- lués ici non en monnoye , mais en Mans & en Kokfs de ris ; le Man contenant 10000 Kol^fs , Se le KoK;f 3Q00. baies ou lacs de ris. Suivantcettc évaluation , le revenu de tout le Japon monte par an à la fomme de 2318. A-Uns &c éioo. Kokfi ; ce qui fait en tout foixantc- ncuf billions 858. millions 6oo'. mille facs de ris. Dans le Chapitre fui vant, l'Au- teur examine les diverfes opinions fur l'origine des Japonois. On les croit communément une Colonie venue de la Chine , & les Voya- geurs Européens appuycnt ce fcnti- ment fur deux Hiftoircs qu'ils tien- nent des Orientaux , i?c qu'on fup- pofe JUIN pofc avoir occafionné cette tranfnii- gration. M. Kïmpfcreftd'unavis fur le refped qu'on leur porte , &C fur ce qu'ils font pour le conferver ^ fur l'ordre de fucceflîon établi parmi eux , fur leur Cour , fur leurs reve- nus , fur les rangs & les titres de leurs Courtifans , fur leurs habits ,, fur leurs divertiflcmens, fur le lieu de leur refidence qui eft la Ville de ifiaco. Cela eft fuivi de quelques obfervations importantes touchant la Chronologie des Japonois , leurs^ Epoques , leurs Signes Celeftes (qui font la Souris, le Bœuf , le Tigre , le Lièvre , le Dragon ,. le Serpent , le Cheval , le Mouton , îc Singe , le Coq , le Chien, le .Verrat 5 ) fur leurs heures , leurs jours , leur année & leurs élemens', G^\\ font le bois , le feu , la terre ^ la mine & Teau. Après CCS remarques préliminai- ses M. Kaempfer nous donne cri nois Chapitres [ III. IV, V. ] une Hiftoire détaillée des 'Dairi : i*". De ceux qui ont régné avant J. C» & qui font au nombre de II. 2*. De ceux qui ont gouverné avec une au- torité fans bornes depuis la NaiflTan- ce de J. C. jufqu'au premier Em- pereur Séculier , établi en \ 1 54. &i ES SCAVANS; qui font au nombre de é'j. 3°. De? j8. jy^ïrï qui font venus enfuit: jufqu'en \6<)X. A pics l' Hiftoire de ces Empereurs Ecclefiaftiques on lit celle des 3^, Généraux de la Cou- ronne ou Empereurs Séculiers , appelles Cwi'o , lefqueUfe font fuc— .^__^ cédés depuis yontowa jufqu'à Tfi-^ WÊwk haJos qui regnoiten 169Z. CcsCulxy fe font emparés de toute l'autorité , ne laiftant aux Datri que la puiftan- ce Ecclefiaftique , revêtue cepen-r dant de tous les honneurs &C de tou- tes les prérogatives qui peuvent les confoler en quelque forte de la per- te qu'ils ont taite du pouvoir illimi» té dont ils joiiilToient avant cette révolution. L'Auteur fur cette longue fuite de Princes rangés félon l'ordre Chronologique, & furies principaux évcnemens de leurs rè- gnes , entre dans un détail auffi nouveau que curieux , & tel que le lui ont fourni les Annales Japonoi- fes , dont pcrfonnc jufqu'alors n'a- voit entrepris de faire un pareil ufa-- ge. On ne s'attend pas fans doute que nous particularifions davantage ce morceau hiftorique peu fufcepti- ble d'extrait , 6c qu'on lira plus uti- lement & avec plus de plaifir dans» le Livre même. Livre 111. Ce Livre divifé en^ VII. Chapitres, roule furl'e'tatdc la Religion dans le Japon. L'Au- teur obferve d'abord que la liberté de confcicnce a toujours été permi- fe danscct Empire, pourvu qu'elle ne troublât en rien la tranquillité de l'Etat ; d'où il eft arrivé que les: Religions étrangères y ont trouve un favorable accès , & s'y font ré.— |)â,nclue5 en peu âc tems , aux dé- humain. Il expofe enfaitc les prin- pens de l'ancienne Religion. Celle- ci appellée Sintos & qui confiflc dans le culte des Idoles Japonoifes^ eft crablie de tcms immémorial dans \c Pays : mais malgré cette an- cienneté j elle n'y eft pas la plus ac- créditée. La féconde nomrace Bud- /e, elHe culte des Idoles étrangères,, apportées de Siam ou de la Chine au Japon. Latroifiéme connue fouj le nom de Sinto n'eft autre chofe que la DodlrinePhilorophique des Moraliftes. A l'égard de la quatriè- me , qui ell: le Chriftianifme , elle y eft totalement éteinte. Les Sedateurs de la Religion Sintes que profefle le Dairion Sou- verain Pontife, ne £: propofe d'au- tre but principal que la félicité dans ce mondej n'ayant qu'une idée très- imparfaite de l'immortalité de l'â- me , non plus que des biens & des maux futurs ; n'adorant & n'invo- quant qucJcsDivinitez fubalternes qu'ils s'imaginent préfider fur leur Pays, & n'adoptant pour tout Sy- ftênic Théologique , qu'un tilTu bi- zarre des fables les plus folles & les plus impertinentes, qu'ils au- roient honte de découvrir à leurs propres Dévots , 6i qu'ils cachent encore avec plus de foin aux autres Sedcs. Notre Auteur décrit exade- inenrles Mins ou Temples des Sln- totftes y dont les portes font des plus fimplcs;les MikpfisoMCh^^eWcs qui en dépendent, & les otnemens de ces lieux facrés , qui font delTervis [ dit-il ] par des Laïcs , gens d'une fierté mfupportable , & qui fe croyenc fupcrieurs auieftç du geiue cipaux Dogmes du Sintoïfme qu'il réduit à cinq , favoir; i**. La pureté du cœur; 1°. Le retranchement de tout ce qui peut altérer celle du corps ; 5". La cclcbration des Fêtes folcmnelles J 4°. Les pèlerinages aux Lieux Sacrés , fur tout à Jsjé; 5°. La mortification de la chair. M. Kimpfer explique fortaulong chacun de ces pomts ; il fait un dé- nombrement cxadde leurs Fêtes &C décrit la façon dont ils les célè- brent; il fpccifie les divers pèlerina- ges du Japon , les tems propres pour les faire , quel doit être l'é- quipage du Pèlerin , fa pureté ^ fa conduite ; ce que c'efl: que les Ofa~ vviti ou boëtes d'indulgences qu'on leur donne , & qu'on envoyé dajns tout l'Empire ,. &:c. Gela conduit l'Auteur à nous parler amplement Àcs^ammabos ou Prêtres des mon- tagnes ôi de divers autres Ordres Religieux, aufquelslafupcrftition Japonoife n'eft pas moins livrée «ju'aux pèlerinages , & qui par des preftiges & des tours de main , qu'ils font pafTcr pour de vrais char- mes , abufent de la crédulité popu- laire. Il faut lire ce Chapitre entier. ,, qui eft le V^ Il s'agit dans le fuivantde la fé- conde Sede y qui eft le Budfo ou le culte Idolâtre étranger , venu origi- nairement des BramincSj & dont le Fondateur eft nommé "Bnds Se Siaka pat les Chinois Se les- Japonois , Prab - Pudi - DfaH Se Sammona-Khodum par les Siamois j Sammana - KhHtama par les Pé- guans, On nous entretient de ibs» 56© JOURNAL D Pays natal , de Ta naiffance , de fa vie , de fa mort , de fa dodrine , de fes difciples , &c. Les principaux points de fa dodrinc étoient l'im- mortalité de l'ame , tant dans les hommes que dans les animaux , les recompenles & les punitions après la mort , le retour des âmes dans des cerps d'animaux pour s'y puri- fier entièrement , puis dans de nou- veaux corps humains ; le culte d'A- midd chef fuprême des habitations celeftcs, Protedeur des âmes hu- maines , & par la feule médiation duquel elles peuvent obtenir la re- milîion de leurs péchez : Tobfer- vance de cinq Gommandemens, favoir i l'.De ne rien tuer de ce qui a vie ; i°. De ne point dérober ; 3'. De ne point paillarder \ 4"". De ne point mentir -, 5°. De ne point boire de liqueurs fortes. L'Auteur obfervc que cette dodrinc de Siak^ s'introduifit au Japon vers l'an ^3. dcJ.C. ES SÇAVANS, Enfin le Siuto ou la Sede Philo- fc phiquc, due originairement au fameux Chinois Confucius,(c réduit à cinq articles appelles D/în , Gi Ré ^ Tfi & Sin. DJîn enfeigne à vi- vre vertueufement , Gi à rendre juftice à tout le monde , Ré à être civil & poli , Tfi à établir un fage gouvernement , Sin à purifier fa confcience. Ils nient la tranfmigra'. tion des âmes : ils admettent une ame du monde , ou un cfprit uni- vcrfel , qui abforbe toutes les autres âmes , qui les diftribue de nouveau à des corps , & ils le confondent avec l'Etre Suprême ; ils regardent comme légitime l'homicide de foi- même. L'Auteur, en finiiïant le dernier Chapitre de ce Livre , nous décrit leur genre de vie ^ fur quoi l'on peut le confulter. Nous donnerons l'extrait du fé- cond Volume de cette Hilloire dans un autre JournaL REFLEXIONS POLITIQUES DE B^LTHASAR. Gratian , fur les plus grands Princes , & farticuUerement fur Ferdinand le Catholique. Ouvrage traduit de l'Effagnol , avec des Notes Hifloriques & Critiques. A Paris , chez Barthélémy Alix , Libraire, rue Saint Jac- ques, près la fontaine de S. Scverin , au Griffon, 1730. vol. /«-12. pp. 350. fans la Préface & les Tables, B ALT AS A R Graciai» eft allez connu parles tradudions de l'Homme de Cour , de l'Homme Vniverfel & du Héros. Chacun fçait que c'eft un Auteur diflScile à entendre, plus encore à traduire , grand ami de la métaphore & de l'Iaiperbolle , &: toujours entraîné pai fon imagination. Dans l'Ouvrage qu'on donne ici il n'a pas fûremcnt corrigé fon goût, puifque c'e(t un Eloge ex- cellif de Ferdinand le Catholique. Chacun en peut juger par fa pre- mière phrafe. ^c mets ^ dit Gracian, îin Roi en parallèle avec tous ceux dssftécles faffés , je fropofe un Ro> J U I tour exemple ci tons ceux des fîécles k venir j Ferdinand le Catholique , Oracle de prudence , Maître dans V art de gouverner, Ce^ plutôt ici la critique de plufisurs Rais que le Pa- négyrique d'un feid Roi. Ce début cft garant du refte. L'Ouvrage Efpagnol a pour titre: El Politico Don Fernando el Cathoiico. Mais notre Traduc- teur s'eft trouvé dans la même né- ccflîté où ont été les autres Traduc- teurs des Ouvrages de Gracian. Il a été obligé de changer ce titre , & d'en fubftitucr un plus propre à faire concevoir une jufte idée de ce que cet Ouvrage contient. L'origi- nal Efpagnol eft dédié au Duc de Nochéra. C'étoit François-Marie , Duc de Nochéra , Comte de Soria- no , Marquis de S. Ange Se Grand d'Efpagne , qui mourut difgracié en 1^42. après avoir été Vice-Roi d'Arragon &C de Navarre. Il def- cendoit d'une branche de la famille des Caraffes , Maifon illuftre du Royaume de Naples , où eft fitué le Duché de Nochéra , qui après différentes fuccefîîons eft venu au Prince P lo qui le poflede aujour- d'hui. Ce qu'il y a de fingulicr dans cette tradudion, c'eft que l'Auteut n'admire ni Gracian ni Ferdinand. 11 avoiie de bonne foi que cet Ou- vrage péchc par l'ordre & par la méthode ; qu'il abonde de traits brillans , mais que les tranfîrions des uns aux autres font forcées, que les métaphores y font outrées , que les Eloges qu'y fait Gracian le font encore davantage , que les termes N : 1751. 5tfi en font peu exads j que l'Ouvrage en un mot eft dans le goût qui re- gnoit en Efpagnc au tems de foa Auteiu. Il dit encore que beaucoup des penfées de Gracian ont grand befoin de reftridion , que fon ima- gination échauffée lui fait fouvent avancer des chofes peu exades^ que dans ce Traité enfin l'obfcurité de l'Hiftoire fe joint à l'obfcurité qui enveloppe prefquc toujours les penfées de Gracian» A l'égard de Ferdinand j ce Tradudcur eft fi peu prévenu en fa faveur qu'il faint avidement la première occafion de dire ce qu'il en penfe, Gracian dit , avant que d'entrer en matière , qu'il envie à Tacite & à Commines leur efprit & leur plu- me , mais qu'il n'envie pas leurs Héros. Cette penfée , remarque notre Tradudeur , n'eft point du tout à l'honneur de Feidinand , 5c Gracian , qui , dans le refte de cet Ouvrage , en fait des éloges outrés , a , contre f6n deffein , parfaitement défigné le caraétere de fon Héros par le parallèle où il le fait comme entrer avec deux Princes les plus politiques & les plus fourbes de leur fiécle , Tibère ôc Louis XI. Nous ne pouvons enfin mieux faire fentir ce que penfe ce Traduc- teur de Ferdinand le Catholique, qu'en remarquant qu'il fait environ foixante Notes Critiques pour ra- battre des éloges que Gracian lui donne. Quel motif peut donc l'avoir en- gagé à traduire cet Ouvrage ? C'eft que fcs défauts , nous dit°il , n'es-; 5^2 JOURNAt DES SÇAVAKS; clucnt point certaines pcnfécs rem- » d'Alexandre , fut remarquable plies de fel , certains fentimens qui touchent le cœur & qui élèvent l'efprit , certaines maximes qui in- ftruifcnt. Ce corapofé , continue- t-il , cft biiarrc , mais il plaît ; à peu près comme l'Architeôture Goti- que qui a fes partisans , quoique vraifemblablcment perfonnc ne la préfère à l'Architeiturç^Grecque & Romaine, Il éclai-rcit par des Notes les principaux traits d'Hiftoires qui fourmillent dans ce Panégyrique. Tous les Rois , tous les Princes , tous les Héros qui y font nommés ont leurs Notes pour apprendre au Ledeur ce qu'il faut favoir de leur .vie j pour approuver ou pour défa- prouverce que Gracian en dit. On conçoit bien qu'un Livre dont le Texte cft un Eloge outré de îous les talens vrais ou faux d'un Prince comparé avec prefque tous ies Princes qui l'ont précédé , &C dont ies Notes font des traits d'Hi- ftoires tous détachés les uns des au- tres j ne peut jamais produire un Extrait méthodique &fuivi, auflî «l'entreprendrons - nous pas d'en donner ; nous nous contenretons , pour faire connoître l'exacftitude île notre Traducteur , de rapporter la Note qu'il fait à l'occafion d'An- tiochus &deSeleucus, dont Gra- cian dit que le premier reformoit les abus de fon Empire , &: que le fécond eftimoit la jaftice plus qvic £ès yeux -, il dit lui : » Il y a eu dou- u ze Rois de Syrie du nom d'An- sjtiochus, & fix du nom de Séleu- *axus. Nicatoij un des Capitaines M par fcs vidoires & fon ambition* » il ell le premier Roi de Syrie. Il « eut pour fils Antiochus-Soter, qui » devint amoureux de Stratonice « fa bcUe-mcrc ; ce Prince la céda » à fon fils. De cet incefte naquirent » les Rois de Syrie , qui ont fi fou- " vent tourmenté &c perfécuté le » peuple de Dieu. Antiochus II. M époufa fa fœur. Sous ce Roi plu- »fieurs Gouverneurs révoltés fc « rendirent maîtres de leurs Pro- « vinces. Séleucus II. fut deux fois » fur le point de fe voir enlever fes M Etats , la première fois par des en- 3> nemis de dehors , la féconde fois 1) par fon frère. Séleucus III. fon » fils , Prince toible régna peu. Il » fut tué dans une confpiration tra- » rnée par fes Officiers. Son frerc »3 Antiochus le Grand lui fucceda j » heureux dans fes premières an- » nées , malheureux dan? fes der- » nicres , il devint tributaire dc$ M Romains. Il vole un Temple 6c n meurr aflommé. Séleucus-Philo.f ». patorfon fuccefieurcftempoifon- isné par Hcliodor , qu'il avoir aur » tretois envoyé à Jexufalem pour » dépouiller le Temple. Antiochus- n Epiphane eft connu par fes crimes^ » fes vexations , fes impietez , & le ji genre affreux de mort dont turent » fuivis fes tortaits ; Antiochus-Eu- yj pator , fon fils & fon fucceffcur, !> monta fur le Trône à l'âge de 9. «sans. Il fut pris 5c mis à mort par M fon concurrent Démétrius-Soter » avant d'avoir atteint l'âge de gou- « verner. Les troubles continuerenc » dans la Syrie fous les règnes des '' autresf J U I N • atitres Antiochus &c Sékiicus; la » plus grande partie des Rois de M Syrie ayant porté l'un ou l'autre "de ces deux noms, phifieurs fi- »rci)t la guerre aux Juifs; tous mé- writerent d'être malheureux , & •>prcfquc tous périrent de mort » violente-, la Syrie enfin fut mile » au nombre des Provinces Romai- »nes. « Voilà ce que l'Hiftoire U plus connue & la plus certaine nous apprend des Antiochus &c des Sé- Icucus, fans qu'aucun paroifle digne du rang; où les élevé Gracian. CONTINVATION DES MEMOIRES DE LITTERATURE & cfHiftoire. Tome IX. Pttnie II. A Paris, chez Simart , Libraire- Imprimeur de Monfeigneur le Dauphin j rue S. Jacques , au Dau- phin. 1750. vol. in -11. pp. 483. EN parlant de la première Par- tie de ce neuvième tome dans le Journal de Janvier dernier, nous avons commencé à faire mention d'une Lettre écrite contre M. le Comte deBoulainvillicrs , par un Confciller au Parlement de Roiicn, & nous avons promis d'en expo!er la fuite lorfquc nous parlerions de la féconde Partie de ce même to- me J à laquelle cette fuite étoit ren- voyée par l'Editeur ; c'cft par où nous allons.débuter ici, après avoir rapporté les titres des Pièces que contient cette f>;conde "Partie. Ces Pièces font j 1". La fuite de la Lettre dont il s'agir, 1". L'Hiftoire de Zénobie Reine de Palmyre, 3°. Une Lettre de M. le P. B. à M. le B. D. L. B. au fujet de la fameufe Médaille de VabalathuSj avec cette légende VABALATHUS. F er im p r. /^°. La. réponfe de M . de L. B. à la Lettre précédente, 5°. l'Abrégé de la Vie d'André le Noftrc , 6°. l'explication d'une Irifeription de Charles le Chauve; ce font fix morceaux dont nous alions rendre compte par ordre ^ Si le plus fuccindcmcnt qu'il nous fera poflîble. La première Pièce eft intitulée ; Suite de la. Lettre cl un Confeillerdu Parlement de Rouen , /?« fujet d'un Ecrit du Comte de BonUinvilliers. Qiiel eft cet Ecrit du Comte de Boulainvilliers ? C'eft ce que nous ne répéterons point ici , on peut voir là-dcfTus le troifiéme article de notre Journal de Janvier der-r nier. Nous nous y fommes allez étendu fur ce fujet, aulll-bien que fur ce qui concerne la première par- tie de la Lettre dont nous allons détailler la fuite : cette fuite , où il s'agit de la Noblefte civile, com- mence par un préambule qu'il eft à propos de rapporter dans fon entier, d'autant plus qu'on verra tout d'ua coup par là, de quoi il eft qucftion , & quel eft le but , aullî-bicn que le génie de l'Auteur. Voici donc mot à mot ce préambule. " Tous les dehors deM.de Bou- lainvilliers font emportés ; il ne lui refte plus que le Fort, d'où il tire l'origine de b fuperiorité & de U grandeur dont il eft le plus jaloux^ A a 3(?4 JOURNAL D j; veux dire le droit de maîtrifcr fur tousks Ledcurs. CeForr, four- ce de fciencc , de vertu & d'autori- .té , ce For: refpedtable , & Ii on en croit M. de Boulain villiers , la Gar- de-robe des Laquais de fes ancêtres. C'eft-là où il a trouve fi heurcufc- ^inent la véritable fource de notre Jurifprudence &c de notre Magi- ftrature. La mervcilleufe fubtilirc de fon fyftcme l'a tait remonter jufqu'à ces précieufes Garde-robes , ©ù il croit avoir découvert que fes ancêtres ont fait apprendre à écrire Se un peu de chicane à quelques- uns de leurs petits Laquais cfclaves, pour en former des Secrétaires; que ces petits efclaves font devenus Lé- girtes , qu'ils ont été admis cnfuite en cette qualité dans le Parlement ; que s'y trouvant les plus habiles , ils en ont comme chalTé les Nobles , Se qu'ils ont enfin compofé feuls , ces auguftes Parlemens, qui déci- dent àc nos biens & de nos vies. Heureux Laquaislheureux Syftême! qui mettent à fes pieds ces compa- gnies fouvcraines, qui lui doivent le refped & la reconnoifTance qui ap- partiennent à un détendant de leurs anciens Créateurs Se anciens Maîtres. t« Notre Confeillet de Rouen ne termine pas là fon préambule , voi- ci comme il continue: n Enchaîner tous les Bourgeois des Villes , palTe; l'idée en efttrop no- ble & trop conforme auxfcntimens des anciens Seigneurs , pour ne la pas excufcr , route monffrueufe qu'elle eft , dans un de leurs fuccef- &urs> mais établir l'efclavage fur ES SÇAVANS; les fleurs de lys pour y être maître du fort des p'us qualilics Seigneurs du Royaume dl jjuiiL^. , c cit un paradoxe oppofé à toute bienféance , à tout relpeél divin & humain ; un para- doxe qui demandcroit des démon- ftrationspour être toléré. La poli- reflc m'empêche d'exiger de M. de Boulainvilliers une chofc qui n'eft pas de fon goût ; mais au moins nous devoit -U quelqu'une de ccs> preuves légères qui ne lui déplaifent pas. Pour moi qui n'ai ni grandeur ni autorité pour me faire croire fans ces fecours ^ je vais tâcher de lui en fournir pour lui faire voit l'excel- lence ôc la prééminence de la Magi^. ff rature dans tous les tems. « Après ces mots , le Confeillcr entre en matière : ZJn DoUeur tyil~ lemand , dit-il , ferait Ici pa/fsr tn revue toute la Aiagifîratiire ancienne & moderne , & toits les peuples h genoux devant elle : pour mot je me contenterai de déclarer le fentiment de tout le mon de raifonn able , autre- ment dit le fcns commun ^ par la voix d'un petit nombre de témoignages ref- pcElables de 1.4 déctjion defquels il n'eft pas permis d'appeller,. Ces témoignages relpctîfables- dont notre Auteur dit qu'il n'eft pas permis d'appeller, font ceux de Ciceron,deSymmachus, de Caf- fiodorc , de Gautier , qu'il cite en- la manière fuivante : car il eft à propos de rapporter fes propres pa- roles : o Ciceron , :n ylmfpscum î) rcfponjts , appelle le Sénat Ro- » main, Vy4uteur du Salut & l'ame ndes dejfeins de II Republi(j/ue , îîPriNCIPEM SaLUTIS^ MENTlSCiyE J U I N ,- i75t: B^S Syramachus , la plus ft-ature dans tous les tems. Il entre- .»> PUBLICS S) illii[lye portion du genre humain , >3 MELIOREM PARTEM HUMANI U GENERis,& Calîîodorc ûir, Ccft n »> la vérité un avantage conjïderabls ï> <^He d'é ire grand par fa naijfance , >• mais c'en efl un plus grand encore s> de pouvoir juger les Grands. Gran- MDEEST QUIDEM PROCEREM ESSE , n SED MULTO GRANDIUS DE PROCE- s'RIBUS JUDICARE. » Pour ce qui regarde notre Se- » nat particulier j Gautier, playd. « 22. applique avec raifon au Par* .»>lement de Paris, ces vers que le » Poète Corippius met à la bouche ."de l'Empereur Juftin. » Vosô mihi proxima membra, ssConrcriptl patres, nouri pars niaxima 1) rsgni ; -»> Vos cflis peftiiE , vos brachia pediorts w hiijits. " C'eft à ce grand Parlement, dit- n il , que l'on peut juftementappll- s» quer ces paroles : P^ous êtes ceux » ^ui approchez, le plus près de l'au- n tort lé Royale , & comme c'eft par nlajuftice que régnent les Rois , ce iifacré miniftere vous fait reprefen- j> ter la plus noble & la principale »partie du corps de l'Etat, Ceji ce n corps qui répond a la tête du Sou- ri verain ; & ce font ces bras pnif- >yfans ^ qui, par le châtiment des n coupables apprennent attxftijets la » règle de leur obéijfance. Tels font les témoignages que le -Confeillcr de Roiien produit pour faire voir d'abord en gênerai IV.v- ^ëlence&la prîémiaencs deUMagi- prend cnfuitc d'établir dans le dé- tail cette prééminence. Et pour ce- la il fc propofe de prouver , i°. Que {'excellence & l'utilité du (gouverne- ment civil c(i au-dejfiis du militaire; l'.Que l'avantage du Gouvernement civil d'kprefent eft au'dejfits de l'an- cien ; 5°. Que la Nobleffe cfl: atta- chée naturellement à la A'îagiftratu- re ; 4°. Que la Noble ^e de la Magi- ftrature eft plus conftderable que U Nobleffe nouvelle militaire. Nous renvoyons à la Lettre mê- me ceux qui feront curieux de voir les preuves qu'on y rapporte de toutes ces propofitions. Nous re- marquerons feulement que le Con- fcillcr qui parle dans cette Lettre a grand foin d'infinucr , par tout que la fagelTe & la capaciré iont l'appa- nage des Magiftrats , 6c que rare- ment ces qualitez fe trouvent dans la Nobleffe , ce qui lui fait dire comme à mains jointes , Dieu veuille que la Nobleffe puiffante tôt'." jours à craindre ne foit jamais préfé- rée à la capacité & à la fageffe toujours à deftrer , & qui fe ides peu- vent procurer le bonheur (^ la gran- deur d'un Etat : Peut-être ne fera-t- il pas hors de propos de rapporter quelques endroits d'une cfpcce de plaidoyer que le Confeillcr de Roiien fait en faveur des Magiftrats contre la Noblefte : ce morceau pourra paroître curieux à quelques Lciîteurs , c'eft pourquoi nous le rapporterons mot^ mot"^ n L'Hom- »me de qualité , dit-il, fâché de «s'humilier devant le Magiftrat » dont il a befoin , vange fa dégra- A aij S66 JOURNAL D "darion préccuduc, en méprilant » dans fon cœur , & en dégradant M de route NoblcfTc le nicme Ma- •'giftra:, qu'il tait femblant d'ho- " norer. Il tant pardonner cette Foi- » blelFe à un orgueil abaill'c iSc qui na un tondcment apparent. Lachl- j> mcre d'une haute NoblefTe a une » efpcce de réalité. Les fantômes j> des ancêtres parés de cordons Se »>de bâtons de commandement , « voltigent continuellement dans » le cerveau d'un ancien Noble ^ *> & y produifent necelTairementun s> gonflement & un dérangement n de tous les efprits,qui engendrent » des idées phantaftiques de gran- " deur &■ d'excellence , c'cft une » maladie excufable & peut-être » defirable en ce qu'elle produit un n hux bonheur. Mais qui peut " s'empêcher de rire de la fottife de "CCS petits Gentilshommes qui as croyent que la Noblelfe Sénato- » riale eft une véritable Bourgeoifie^ " qui fe pcrfuadent que la defcente 3>d'un riche Marchand qui a ache- » té la Nobleffe d'un riche Fermier, >' qui a acquis la terre de fon Maî- » tre , eft incomparablement plus » noble & plus illuftrc que celle » d'un Magiftrat ? Ce mépris du petit Noble de Campagne pour la Magiftrature , «ft , félon notre Auteur , une folie fi contagieufe , qu'elle infede ceux même qui ont le plus d'intérêt à la repoufTcr. Voici ce qu'il dit pour le prouver. . » Le fils d'un Magiftrat a mérité » l'honneur d'être décrété comme wlcs gens de qualité , Se ne peut ES SÇAVANS; "plus avoir de Charge de Judica- jjturc; il (c retire dans une petite » Terre , où il fonde une Noblefte «Campagnarde. Cette Nobleftc "meurie fur la paille pendant cent >) ans , prend les idées Campagnar- M des , devient ennemie de fon orî- » gine, &s'élcvc plus ridiculement » ôc plus hautement que les autres M contre la Nobleiïe Sénatoriale. » Parvient-elle par fcs richefles à »des alliances illuftrcs , ou à des n dignitez militaires ? elle fonge à " égarer la fource d'où elle fort. » Elle imagine une généalogie ma* »>gnifique, & fe faiiît d'un nom M illuftre éteint , qui a rapport au » iien. Par ce moyen l'on voit le >' petit fils d'un Confciller de notre n Parlement , & arrière petit fils "d'un Marchand, dcfccndre d'un »Amiral. Notre Auteur auroit bien envie d'en dire davantage : pln/tenrs exemples femhlahles fe prefentent aa bout de pi plume ; mais il veut bien facrifier tout cela , Se en bon Legifte fe foîïmettre au privilège de la pnf- cription c]ne Cignorance du vulgaire & la fottife des gens de cjitalité ont acjiiife à ces transfuges de la Afagi' (l rature. On doit donc lui fçavoir gré de h modération s'il s'en tient à ce que nous allons rapporter. H Le mépris ridicule , dit-il, que wpluficurs Nobles font delaMagi- « rtrature eil tonde fur ce que la fon- " (flion du Magiftrat n'eft pas noble " à leur avis. Alais je voudrois bien » fçavoir de ces Meilleurs , ce qu'ils n trouvent d'ignoble & de bas à les » cîcfendre cux-mcmcs contre l'in- 39 juftice des méchans & l'opprcf- n fîon des plus torts ; à régler Icirrs «differcns, à établir h paix dans »j leurs familles , à décider de leurs »> biens & de leurs vies. Je les prie »de me faire voir ce qu'il y a de » roturier à commander dans une » Ville comme Paris, à y établir M desloix , à punir de mort ceux >j qui les cnfraignent , à y procurer wla fureté & le repos à un million jïd'ames , à commander de même » dans les Provinces entières , com- >» me font les Intendans. Le Confeiller de Roiicn remar- que ici que lorfque ces emplois de la Magiftraturc étoient entre les mains de la feule Noblciïe dans les fiécles paffés , ils étoient regardes comme le plus bel appanagc de cet- te Noblelfe , & fa plus honorable foncflion après le commandement des armées ; or , dit-il, ils font tels pfefentement qu'ils étoient alor,*; Il fe fait cependant là-defTus une objeâion qu'il juge bien ne lui de- voir pas donner grande peine à rc- foudre. » Il cft vrai , dit le petit Noble ] » que ces emplois font tels à prefeht » qu'ils l'étoient autrefois , mais les » Jufticiers de ces premiers tcms » portoicntdesépées&: alloient à la M guerre, point de Nobleffe fans ce- »la. Elle n'habita jamais fous ces M grandes robes, vrayes couvertures » de Roture. Voici la réponfc du Confeillet de Roiien. »N'auriez-vous point oiii dire ?>par hazatd , Meflieuxs de Robe ôC J U I K; 173 T. 5 Robes , que les Nobles de Veni- » fe les portent fcmblables aux » nôtres ; que les Robes de nos Pré- » fîdens à Mortier font l'habille- 'y ment des anciens Pairs & des » Rois mêmes.'' NosMagiftratSj il » eft vrai , ne vont plus à la guerre , M mais nos Rois , la nccedité ^ & » la Noblclfe elle-même , ont déci- » dé que la fondion de Magiftrac »demandoit un homme tout en- " tier. Cela a été caufe que la No- " blelTe obligée d'opter entre le me- J> tier des armes &; celui de la Magi- » fl:rature,obligée de fe rendre capa- » ble dans une profefTion qui de- » mande beaucoup de travail & n d'efprit ; cela , dis-je, a été l'urri- » que caufe pour laquelle le com- n mun de ta Noblelfe a préféré les »ï armes à la Magiftrature. Si la » grande NoblefTeavoit étéperfua- » dée comme nos petits Nobles , » que cette fonftion ne convient pas » à la Nobleffe , elle n'en eût pas n rempli anciennement tous les » emplois dans les Parlemens &r >» dans les Provinces. Elle n'eût pas' «accepté en grand nombff^ le parti «de la Magillraturc lorfqu'il fut » queftion d'opter entr'elle & les » armes. Les anciennes Liffes des >î Parlemens nous rapportent les »noms des illuftres Nobles qui » étoient de ce corps. Notre Confeiller termine fa rc- ponfe par dire que fi Meffieurs les Nobles fe veuloient rendre jufiice , ils conviendroient que f emploi de chafftr , boire , oh ne rien faire , n'efi 3^8 JOURNAL D vas toHt-à-fait fi relevé & Jl utile à U patrie , ^ue celui tient il vient de parler. Il fe fait de leur part une fccondc objcdion. » Nous allons à la guerre, difent- » ils , & faifons profcllion de la plus ■j» noble de toutes les vertus , qui cil ï> le courage. 11 répond : » Mais eft-cedonc M fout un de commander fur cent n Soldats ou fur un million d'hom- î) mes, fur yons-mêmes, Meflîcurs » les Gentils-hommes , & fur ce » qu'il y a de plus confiderabledans s>un Etati" Il n^en demeure pas là ; il prétend qu'à l'égard du courage dont fe vantent les Nobles , les Magiftrats ne leur cèdent en rien. Pour prouver fon fentiment il de- mande fi les Magiftrats ne doivent pas avoir du courage pour rcfiftci , par exemple ^ à un Miniftre ou à un Prince : vous faites profcjfian de courage , dit-il aux Nobles , mais stn Aiagiflrat n'en doit-il pas avoir pour renverfer l'injuftice des plus fuiffans , pour reftfter à un Miniftre & À un Prince tout - puiffant : ce font fes propres termes. Notre Auteur va plus loin : il veut que les Nobles n'ayentau-dcf- fus des Magiftrats que la force & l'adrefle du corps & qu'en tout le refte ils leur foient inférieurs. Vous avez. , leur dit-il , une force & une (tdrtjfe corporelles au-deffus des Ma- gifirats y mais la force d'efpr'n & la vertu du Magiflrat , ijui furmontent toute forte d'intérêt , & qui le ren- d:nt maîtrtdelui'-mme, & par-l^ ES SÇAVANS; maure des autres ^ ne valent-ils point vos talens ? Ces réflexions ne fuffîfent point au Confeillcr de Roiien, il en vient aune conclufion qui enchérit en- core fur ce qu'il a dit. Il l'adreftc aux Nobles, ôc leur parle en cette forte. » Vous conclurez de tout cela ,' wMeffieurs, fi vous avez quelque » notion de ce qui rend un homme » illuftre,& le met au-delTus des au- »tres, c'cft^à-dire , de ce qui le '■> rend véritablement noble , vous j> conclurez dis-je , quela profeffion M du Magiftrat eft beaucoup au-def* n fus de la vôtre , & que votre » bonheur eft de vous foûmettrc » entièrement à fes confcils &C à fes «ordres , comme vous êtes obligé » de le faire extérieurement & pat j> force. Souvenez - vous de ce que » dit Ciceron dans fon Cato Ma- ."joR : tyfjjiirer j dit ce grand » homme , que l'homme de guerre » traihiUle plus pour fa patrie que le >' Magiftrat , c'eft ajourer que les n Moufjes d'un Vatjjeau en font toute » la befogne & le falut , & que le nPilete ny fait rien. Il y opère fans »j doute bien autrement iSc plus uti- » lement , car les grandes chofes ne 3> s'exécutent pas par la force & l'a- j) gilité du corps , mais par mure » délibération, par autorité & juge- j> ment. Non enim viribus aut cele- » ritate corporis , Res magnx gerun- n tur , fed confiHo , autoritate ^fen- }> tentia. Nous laiffbns aux Lecteurs à ju- ger de tous ces difcours de notre Auteur fur la Noblefle ^ peut-être J u I fc trouvera-t-il quelques Critiques qui ne les approLiveronc pas, mais qu'ils écoutent là-dclhis le Confcil- ler lui-même , parlant à la perfon- neàqui il écrit: »Excufcz, Monficur, la perte » de tems Se l'ennui que cet Ecrit »> vous aura caufé , c'cft une fror- «malité à laquelle nos Loix ^l'u" » fagc de notre Palais m*ont forcé. Notre Auteur , après cet avis , rapporte diverfes preuves de la li- berté des Citoyens des Villes de France. M.de Bonlainvilliers , dit- il , s'étoit infcrit en faux contre notre ancienne liberté : tien avoit attaqué le droit & lapojfejfion imrriêmoriale , cela ni A jette dans la necejfité d'un aUe d'exercice de cette liberté ^ pour la maintenir & la confirmer. Le Confeiller de Rolien com- mence par Amiens , puis il palFe en revue Bcauvais, Orléans, Roiien , Tournay , Valcnciennes , Bourges, Rlicims, Saint - Qiientin , Arles, Aix , Toulouze , Lyon , Bezançon, Marfeille , fc tâche de montrer que de tems immémorial ces Villes ont joui de la liberté. Nous rapporte- rons pour exemple l'article d'Aix : le voici mot à mot : » On voit dans cette Ville, aufll- rabien que dans Marfeille , &:c. »une Communauté de Bourgeois n libres, dont on ne voit point le » commencement dans la concef- » fion que Béatrix héritière de Pro- »vence &C femme de Charles L j> frère de S. Louis , fit à la Ville sj d'Aix , où elle avoit fait convo-- jjqucr les Etats généraux de fes «Provinces. Elle du; Kid^ntes fidt ;^ N; 175 1. 36^ » Utatem , &c. & Ciifladiam prebo- n riim hominitm de yiquis & qiias niifijue nnnc babncriint erga no/lrum nparentem & e--j tes ] ademptis ( emprunts ) & » mutiiis coatis , & ( Prêts forcée »an. 1245. "On ne fçauroit foupçonnec » d'efclavage ancien dans cette Vii- j'ie. Cependant la Princeflc fe fcrc » des termes employés dans les af- » franchilTemens des Villes fufpec-» » tes d'efclavage. Hift. d'Aix , Liy; « 3.P.155. M Voyez, Liv. 4. p. î8^. la jour-^ »» née des Epinards §c du Pin , où le » peuple , & fur tout les Bouchers j »fe vangerent de l'infolence des » Soldats Huguenots ^ les tuèrent , jachaflerent, pendirent leurs corps >5 au pin du Confeiller d'Aguilles , "fous lequel les Huguenots fai- M foientlc Prêche. Nous en demeurerons à cet exemple , qui cfl: un des plus courts, & nous finirons par là l'extrait de la Lettre du Confeiller de Roiien. L'Hiftoire de Zénobie Reine <îc Falmyre , qui fait la féconde Pièce de ce Recueil, occupe plus du tiers du Volume, nous nous contente- rons , pour en donner une idée ^ d'extraire ce qui en eft dit dans un avcrtillement qu'on voit à la tête. Cette Pièce efl: un Eflai d'Hiftoi- j^« qui offre en fpedacle une Héroï-' 370 JOURNAL D ne d'un genre extraordinaire. Zéno- bie ne le borne point aux vertus paifibles ^ convenables à fon fcxe, tout ce qu'elle fait.tend à la gloire par le bruit des armes, & ce qui donne encore plus de relief à la vie de cette PrincefTe , c'eft que cette viefe paffe dans un cercle d'années, où l'Empire Romain tantôt prefque ^envcrfé &c tantôt triomphant éprouve des révolutions étranges , avec lefquellcs les avantures de Zé- nobieontdes liaifons infcpatables. L'Auteur de l'Hiftoire a été obligé, pour cette raifon , de rappellcr quantité de faits arrivés avant que fon Héroïne paroifTe fut la Scène ; ce qui efl: caufe qu'on trouvera peut-être les Préliminaires de cette Hiftoire un peu longs ; mais à me- /^ure que le Leâeur avance , il voit la neceflké où a été l'Auteur d'en ufcr de la forte , outre queceséve- nemens épifodiques font atfez cu- rieux pour faire plaifir à lire. C'cft tout ce que nous dirons de cette Pièce qu'il taux lire en entier pour en avoir une idée jufte. Quant à la troisième Pièce qui concerne la Médaille de VabaUthus U C R I M P R , nous remarque- rons avec l'Auteur qu'elle roule fur lin fujct C\ énigmatique , qu il vau- droit peut-être mieux laiflcr h Mé- daille dans fon obfcutité que d'ef- fayer d'en donner aucune explica- tion. Cette raifon cependant n'em- pêche pas l'Auteur de tenter l'entrc- prifc. Ceux qui feront curieux de voir ce qu'il dit là-delTus pourront .ç^nXulter la Pièce. Ils n'y verront ^ ES SÇAVANS; de l'aveu même de celui qui l'j écrite , que des chofes fur la certitu- de dcfqcelles Us ne peuvent com- pter , nuis enfin ils y verront ces chofes mêmes , £c c'eft alfez pour ceux qui ne lifent que pour lire. Ce que nous difons de la Lettre nous le difons de la Réponfe à la Lettre. L'abrégé de la Vie d'André le Noftre , qui fait la quatrième Pièce de ce Volume renferme quantité de remarques curicufcs. André le Noftre né en lé'ij. Sc defîinateur des Jardins du Roi , étoit de ces Hommes rares qui font honneur à leur fiecle. Non feule- ment il a créé l'art des Jardins , mais on peut dire qu'il l'a porté au plus haut degré de perfection ; il n'eut point de bons modelles , &c il en a laifTé que l'on ne peut trop imi- ter. Entre pludcurs preuves que l'Auteur de cet abrégé en apporte , 5c que nous pourrions citer ici , nous no'.is contenterons de rappor- ter ce qu'il remarque du Jardin des Thuileries. Ce Jardin eft un des Chcf-d'œu- vrcs de le Noftre. Il n'y a perfonne qui ne fente la difficulté qu'il y a voit de faire paroître ce Jardin , de niveau , des qu'on fçait qu'il y a fur la largeur une pente de cinq pieds. En effet ^ le dellus de la Ter- i-afTe des Capucins eft de niveau au bas de la Tcrralfe du côté de la ri- vière , & celle-ci a cinq pieds de haut. C'cft plus de trente mille toifcs cubes de terre , qu'il ci": t fallu rapporter. Il n'y avoit qu'un aufll heureux génie qui pût furmontcr une JUIN line fi gcanJc difficulté & rendre ce lieu aulllbeau qu'il étoit .ivanc les derniers changemens que l'on a été obligé d'y taire pour les amufc- mens du Roi pendant fon enhnce. Les diverfes cifconllances de la Vie de M. le Noftre font ici rap- portées en détail ; il y en a de trcs-cutieufcs j nous n'en citerons <]u'une. En lé'yS. le Noftre demanda au Roi la permidlon d'aller à Rome & de voir l'Italie. Le Pape Innocent XI. Odefcalchi qui vivoit alors , ayant appris par M. le Duc d'Eflrées Ambafladeur de France , que le Noftre étoit à RomCjVoulutle voir •& lui donna une aflez longue au- dience. Le Noftre qui ne fçavoit pas l'Italien , prit avec lui le Sieur Defgots fon neveu qui fçavoit la Langue , & qui alors étoit Penfion- naire à l'Académie de Peinture , Sculpture & Architcdure , que le Roi cntretenoit à Rome. Apres les génuflexions de le Noftre, le Pape le fit lever , & demanda à voir les plans de Vcrfailles dont il avoit beaucoup entendu parler. On les lui montra , & Sa Sainteté fut étonnée de la quantité de canaux , de fon- taines , de jets d'eau & de cafcadcs; elle crut qu'une rivière fourniftoit cette prodigieufe abondance d'eau ; mais fa furprife redoubla quand oji lui répondit qu'il n'y en avoit point , que l'on avoit fait un nom- bre infini d'Etangs, & que pat des conduits & des tuyaux on faifoit ve- nir les eaux dans de grands refer- voirs. Cela coûte donc desfommcs prodigieufes , dit alors le Pape? S. Juin. Père ^ répondit le Noftre par fon Interprète, cela ne palfe pas encore 200. millions. A cette réponfe la furprife de Sa Sainteté augmenta à tel point, qu'il fcroit difficile de le décrire. Le Noftre alors s'écria en s'adrefTant au Pape : Je ne me fou- cie plus de mourir ; j'ai vu les deux plus Grands Hommes du monde , Votre Sainteté & le Roimon Maî- tre. Il y a grande différence , dit le Pape , le Roi eft un grand Prince vidorieux , je fuis un pauvre Prêtre, Serviteur des Serviteurs de Dieu j il eft jeune, je fuis vieux. Le Noftre charmé de cette réponfe , oublia qui la lui faifoit, 6c frappant fut l'épaule du Pape , lui répondit à fon tour ; mon Révérend Père , vous vous portez bien , &: vous enterrerez tout le Sacré Collège. Sa Sainteté, quientendoit le François , rit du pronoftic. Le Noftre charmé de plus en plus de la bonté du Saint Père & de l'eftimc particulière qu'il témoignoit pour le Roi, ne confulte plus que fcs entrailles \ il étoit fi fort dans Thabitudc d'em- brafter ceux qui pub'.ioient les louanges de fon maître , qu'il era- brafta le Pape. De retout à fon logis il écrivit à M. Bontemps , premier Valet de Chambre du Roi , 6c lui fit un dé- tail exadl de cette convccGition. La Lettre fut lue au Roy à fon Icvcr^ M. le Duc de Ciequi , qui étcic prefent , dit qu'il gageroit mille Louis contre un que la vivacité de le Noftre n'avait pu aller jufqu'aux cmbrafttmens. Ne pariez pas, lui répondit le Roi : quand je reviens Bb 372 JOURNAt DE de la Campagne , le Noftre m'cm- brafle ; il a pu cmbraffcr le Pape. Le Noftre mourut à Paris au mois de Septembre 1700. â^^é de 87. ans, ayant confervé fon bon fens & toute la vivacité de fon efprit , & fut en- terré à S. Roch , où l'on voit fon Epiraphe au-delTous de fon Bufte en marbre blanc. La dernière Pièce de ce Volume concerne une Infcription de Char- les le Chauve, queD. Mabillon dit avoir vûë à Rome dans le Mona- ftere de S. Callifte fur une ancienne Bible Manufcrite , où eft à la pre- mière feuille le portrait de Charles S SÇAVANS; Roi des François , qui tient en fa main un Globe chargé de pUifieurs lettres majufcules qu'on reprefentc dans la Pièce , & fur la plupart defquclles D. Mabillon a voiie n'en- tendre rien : l'Auteur de la Pièce dit que fans avoir les lumières de D. Mabillon , il tentera d'expli- quer ce que ce fçavant Homme a trouvé inexpliquable,6c là-deffus il entreprend l'explication des lettres donc il s'agit. Nous renvoyons les LecTteurs à ce qu'il en dit , cet ex- trait étant trop étendu pour nous permettre de rien ajouter davanta- NOVVELLES LITTERAIRES, ITALIE. De Rome. LE Bibliothécaire du Cardinal Imferiali vient de donner au Public un Ouvrage qu'on allure être digne de la curioiîté des Sça- vans. Il eft intitulé : De Litnrgia RomAni Pontificis in fokmni cele- hratione Mtffamm , Ltbri duo , ubi facra Myfteria. ex Anticjuis Codici- hus , prafertim Vaticams , aliifque Jlionitmentis pliirimhm iHufirantun Cura & ftiidio Dominici Çcor-gii Rhodigini , TrafeBi Bthliothecit Jo- fephi Renati Impérial i s S.R.E. Pref- byteri Cardinalis Amplijfimi. Ex Typographia Rochi Eern.ibo , in Vtco ad MitratasAJi i.in-âf°.z.yo\. De Milan. M. Argslati a fait imprimer en cette Ville la Differtation fuivantc du P. Orfi\^ cclcbre Dominicain de Florence. J^ifinatio Theolo^ca d: Invocations Spiritus SanSli in Litur- giis Gracomm & Orisntaliitm. Aue- tare Rev, Pâtre LeElore Jofepho- AHguftino Offi , Oràinis Prsdica- tontm. Apnd ^ofephum - Richinum MaÏAteiiam , Rcgittm Ducalem'^iie TypogrAphuw. i73i.;>?-4°. Le but du P. Orfi dans ce Traité eft de réfuter le fentimcnt des Grecs &des Orientaux qui préten- dent que la Confecration de l'Eu- chariftie ne fe fait pas feulement par les paroles Evangeliques , mais qui la font encore dépendre des prières de l'Invocation. Il fe plaint dans fa Prctace que depuis un cer- tain tcms des Théologiens Catho- liques ayent adopté un fentiment ii contraire , félon lui , à la tradition de toutes les Eglifes tant d'Orient que d'Occident. Il nomme en par- ticulier Dom Toute; de la Congré- gation de S. Ma LU , qui dans le JUIN Chapirrc il* Je la troificmc Diiîer- tadon qui cil à la tête de fon cxcel- Icnre Edition de S. Cyrille de Je- riifalem , imprimée à Paris en lyzo. a fait un article particulier pour foûtenir cette doi1:rine , comme conforme à quelques paffages de S. Cyrille fur l'Eucharil^ie , & en- tr'âutres à celui -ci : Catcchcf. 19. N°. 7. Panis & Fmum Eucharifii^ ante fantlam (idoranda Tnnitatis Jnvocatiofiem , mtdits Panis & Vi- num erat^ Invocatione aittem peraBâ^ Panis fit Corpus Chrifli ^ & Vinum Sangitis Chrifti. Le P, Orfi infmue qu'il s'cfl principalement attaché à combattre les raifons que le Sçavant Bénédic- tin a alléguées en fa faveur. Qiioiqu'aprLS le P. Tontéeh mê- me quellion ait été traitée & plus à fond & avec plus d'étendue par le R. P. le Brun de l'Oratoire , .dans le troilîcme Tome de fon Ex- plication de la Aiefie qui a paru en IJ16. l'Auteur avoiie que lorfqu'il a travaillé à fa Diflertatlon , il n'a- voit pas encore vu cet Ouvrage , & que l'ayant eu depuis, il n'a pas'eu le tems de le lire. Il eft à prélumcr que ce qu'ont écrit les PP. Bougeant £cNongnandJe[imes en 1727. 172S, Se 1729. contre le P. /e5?««, &:ce que celui-ci leur arépondu,n'cft pas non plus encore parvenu à la con- noiffance de ce Dominicain. Au relie , nous ne manquerons pas de rendre compte au plutôt de ce Traité du P. Orfi , qui ne peut que contribuer à éclaircir une matière aulîî importante. > ï 7 3 ï. 371 SUISSE. De Genève. Faèri Se Bartllot^ MM.BoufifUet & Compagnie délivrent aux Souf- cripteurs les deux premiers Tomes de Joannis Launoii Opéra. ANGLETERRE. D' O X F O R D. M. Robinfon va donner une nou- velle Edition Grecque Se Latine à'Hefîode , en un Volume in-i^". qui fera propofée par foufcription , furie pied de 11. Shillings pour le petit papier j & d'une guinée pour 1g grand ; on en payera la moitié en foufcrivant , Se l'autre moitié en recevant l'exemplaire; De Londres. On délivre adtuellement aux Soufcripteurs le : 8' Volume des Ades Publics de Rymer , lequel fe- ra bien-tôt fuivi de deux autres qui font fous laPrelTe. W. Innys Se J. Brindky ont en vente la troilîcme Partie de VEJfay furl'Hiftoire naturelle Acsld^s de la Floride , de la Caroline Se de Baha- tnt; par M. Carejby. Cet Auteur ayant demeuré plulieurs aniîées dans ces Pays de l'Amérique , il a été à portée de décrire Se de faire delîîner , d'après nature, les Oi- feaux, les Bêtes, ics Poiiîons, les Serpens , les Plantes , &c. qui s'y trouvent. Le même J. "Bnndley , Fayram^ Jackjon Se autres Libraires débitent le premier Se le fécond Volume in-fol, de la tradudion Angloife de V Hiftoire de M. de 'Thon , faite pai M. Bernard Wd[on ^ Chanoine de Lincoln^ fur l'Édition, de Genève Bbij 374 JOURNAL D de 1610. On y a ajouté la traduc- tion de la Vie du même M. de Thon en 6. Livres. Prevoji a imprime la Vie de M. Clevcliind fils naturel à'Oliviey Cromvvel , écrite en Anglois par lui-même , ;>;-S°. 2. vol. On trouve auflî chez le même Libraire une nouvelle Edition tn-S". des Odes d'Horace , publiée par M.li^'ade Chanoine de Lincoln. Ouinti JHoratii Flatct Carminmn Lihri jQ^itin^ite. Recenftùt & ex ve- tiijfis exemplarihns , editionibits & Commemarils ad certijfimas Critica iirtis régulas (jititm plitrimis in locis emcndavit Georgius Wade , &c. Pour faire juger à nos Ledeurs du mérite des divcrfes corredions que l'Edircur a faites auTcxte à' Horace, nous croyons qu'il nous fuftît d'en citer un exemple , & nous le tire- rons de la première Ode du pre- mier Livre. Nd. ïVade prétend que cette Ode, telle qu'elle efl dans tou- tes les Editions , ne prefciite qu'un fcns abfurde & ridicule ; il ne lui en coûte que deux légers ehangemens, imaginés pourtant en partie avant lui , comme il en convient par ^annus Rutgerjîus , pour remettre cette Ode en honneur & lui donner un plus beau jour. Voici en peu de mots en quoi ils confident. 1°. Les Editions ordinaires por- tent : .... Palmaque nobilis , TerrarumDominos eyehit adDeos. M. Wade veut qu'après nohilii ©n mette un point , & qu'au lieu du point après Dees , on mette une yirgulsj enlifantainfi : ES SÇAVANS; Sunt quos curiiculo pulverem Olympï- cum Collcgifl'c jiivat : metaque fervidis Evitata votis , palmaque nobilis. Par là , félon l'Editeur , Horace défigne les exercices , par Icfquels les Grecs acqucroicnt des honneurs. Terraruin Dominos cveliit ad Dcos ^ Hune , fi nobilium turba Quiritium Certat tergcminis tollere honoribus : lUum, &c. Le Poète par ces autres vers , û on en croit M. "Wade , fait enten- dre que les Romains , maîtres du monde,s'èlcvoient jufqu'aux Dieux, quand par les fuffrages du peuple ils méritoicnt d'entrer dans les gran- des Charges de la Magiftraturc. La fecor.dc correftion à faire dans la même Ode regarde ce vers , Me doâarum hcders pra;raia frontiuin, qui ne fignihc qu'une impertinence au jugement de M. Wade ^ Sc qui rend une penfée trcs-flatteufe pour Mécène , fi on lit : Te doB^ntm he- àers, , par oppofition à ce qui fuit & qui regarde Horace : Me gelidum nemiis. Nous laifions aux Critiques à juger de la folidité &: de la jufteffc de ces ehangemens. On foufcrit chez les Knaptons Sc W. Jnnys pour l'Ouvrage fuivanr : ^ Nez'v PandeB of Roman Civil La-vv , 6v.'c. c« Nouveau Corps des Loix Romaines , telles qu'elles ont été établies dans l'Empire Romain , &c qu'elles font maintenant reçues êc en ufage parmi la plûpan des Nations de l'Europe. On y a ajoute pluficurs Obfervations utiles , SC dans lefquelks on fait yoir en quoi- juin; 1751. ces Loix différent des Loix Muni- cipales de la grande Breragne, 6c du Droit Canon dont on fe fert maintenant en Angleterre. On y trouvera par forme d'inrrodudion un Difcours Prélinjinaire fur l'ori- gine Se le progrès des Loix depuis les premiers commencemens de l'Empire Romain, avec un Cata- logue des Livres de Droit, de leurs Auteurs & de leurs Compilateurs ^ de leurs différentes Editions & des Commentateifrs les plus célèbres , &c. par M. J. ylyUffe Dodcur ca Droit. Cet Ouvrage fera en deux Volu- mes in - folio , dont on ne tirera qu'autant d'exemplaires qu'il y aura de Soufcriptions. Le prix de la Soufcription en petit papier cft de deux guinces , dont on payera une guintc en foufcrivant , une demie guinée en retirant le premier Volu- me, 6c l'autre demie guinée en re- cevant le (ccond. On ne tirera qu'un petit nom- bre d'exemplaires en grand papier, dont le prix eft de trois guinées pour les Soufcripteurs. HOLLANDE. D' A M s T F. R D A M. Hijloire des Révolutions de PEni' fire de Maroc, depuis la mon du dernier Empereur Muley Ifmael ; » qui contient une Relation exaâic » de ce qui s'eft paffé dans cette » Contrée pendant l'année lyiy. » & une partie de 1728. avec des » obfctvations naturelles, morales » & politiques fur le Pays & les » habitans , traduite du JourHal wAngloiSj écrit par le Capitaine Î7T M Brait hvvaite, qui a accompagné » M. Jean Rufel , Ecuyer, Coniul » General de Sa Majeftc Britaniquc n en Barbarie , Se qui a été témoin »o oculaire des plus remarquables » évenemens mentionnés dans cet n Ouvrage." Chez P. Aiortieri-j^i, in- I 2. P. Brimd, R. J. Wetjîein ; Smith , U^aeperge Ôc Châtelain , Libraires de cette Ville , Hujfon èc Levier, Libraires de la Haye , déli»- vrent aux Soufcripteurs les Tomes VIL &: Vin. du Corps Diptomati- gfiie du Droit des Gens : par feu M. Dumont. Ces Libraires , après avoir fatis- fait à leurs engagemens par la pu- blication de ces huit Volumes qu'iîs avoient propofés par Soufcription , fe préparent à donner une autre Colledtion du même Auteur , la- quelle ne fera ni moins curicufe ni moins importante que celle qu'ils viennent d'achever d'imprimer. EUeconfifteen deux Parties ,dont la première eft un Supplément au Corps Diplomatique , & la féconde un Corps Cérémonial Diplomatique , qui fera augmentée d'un Ouvrage auquel le célèbre M. Barbeyrac travaillé depuis long-tems, & qui eft prefquc achevé. lia pour titre : JntroduÙion & Supplément au Corp Diplomatiijue du "Droit des Gens. Le tout fera fix Volumes in-folio. Nous pourrons rendre un compte plus détaillé Si plusexaftdece que contiendra ce nouveau Recueil ^ lorfque les Libraires publieront les conditions de la Soufcription. Ils aiTurcnt que la Prcflc roule déjà, Ss ^j$ JOURNAL P qu'ils pourront imprimer ces fix Volumes plus proraptement qu'ils n'onc imprimé les huit donc nous venons de parler. C'efl: M. Roitffet , connu par fon Recueil Hijhnqite dss Traitez , Mémoires & »yi3es , &:c. imprimé j«-i2.à laHaye,chez i-îenti Scheuder , & dont le cin- quième Volume paroît aâiuelle- mcnt , que les Libraires ont chargé du fom de l'Edition qu'ils entre- prennent. De iaHaye. Gojft & Néaitlme ont imprime en 4. Volumes/» -4°. &c en 6. Volu- mes /«-II. une nouvelle Edition des Oeuvres de Clément Marot , Va- let de Chambre de François Pre- n;iier , Roi de France , » revues fur » plulieurs Manufcrirs , & fur plus «de quarante Editions , & aug- jjmentées tant de diverfes Poëiies «véritables , que de celles qu'on n lui a fautlemcnt attribuées ; avec M les Ouvrages dç Jean A^^yot fon npere , ceux de Niichel A^amfon sjfils, &: les Pièces du diflèrend de s> Cléoaent avec François Sa^on , i» accompagnées d'une Préface Hi- s> ftoriquc &c d'Obfcrvations Ciiti- » ques. 173 t. Cette Edition a plus d'un Cen- feur. Les uns n'approuvent pa? les libertez qu'on a prifes dans la prétendue Préface Hiftorique , en faifant le l^oman des Amours chinicriciues de Clément M^irot à la Cour de François L D'autres fon.t choqués de l'alïedation qu'on a eue d'ajouter aux, endroits déjà trop li- cçntieux du Textç de ce Poëte un ES SÇAVANS, re ; ce feroit là un fujet de reprocke beaucoup plus grave. Qiioiqu'il en foit^ cette Edition des Oeuvres des trois Matois eft; la plus ample qu'on ait encore eue juf- qu'ici , maison ne la trouvera cer- tainement pas la plus correiîte. D'Utre CHT. Ddnielis Vink^ Aieà. DoB. AmA- nitates Philologie^ MediCit ; in ijiti- bus /Vtedicifta àfemitiite Uberatur : T^arn prêter ejus originem , progref- fum j prajîamiam , nscejfitatsm ,' itfitm j pramia. , honores atque privi- légiât, Medicis conceÇ>t^ injuiritur an Medicina anti^iiitus fiterit Jiu- dium ilUberde , fervifi^ue tantkm proprium. yfpud GuiUslmum Croon» 1730. in-%". Ces Axnsnitez. Médicinales font divifécs en trois Parties. Dans la première M Vinl^z ralTemblé tout ce que l'Antiquité nous a lailfé de plus remarquable fur l'origine &: les pro_;tcs de la Médecine. Il traite dans la Icconde de l'excellence, de la necelllté (5c de l'uûge de la Mede- cine,auiri-bien que des privilèges & des honneurs accordés aux Méde- cins : 6c dans la troifiémc , après avoir donné une efpece de Catalo- gue Chronologique de seux qu'il prétend s'être appliqués à laMedcci- ne parmi les Hébreux , les Egy- ptiens , les Grecs Hc les Romains ; iLxâqhe de prouver que bien loin q^ue cet Art ait été le partage des Ef- claves, comme quelques ennemis de la Médecine l'ont voulu faire croire, il a.toû)ours été pratiqué p^f les Hommcs.les plus célèbres. I JUIN FRANCE. De Do u a y. Hifioire du Baianifme ^ ou l'Hc- rtfle de Michel B.ùus , avec des Notes Hiftoriques , Chronologi- ques, Critiques , S & d'un Recueil de Pièces juftific.ui- ves. Par le P. Jean - Ba.ptifte Du- chefne , de la Compagnie de Jelus. Chez Jacques-François Wtllerval ^ I7JI.ZW-4''. Paris. ^tUlan , rue Galandt, près la Place Maubert ; Didot , Qiiai dés Auguftins , & Jean - Luc Nyon _, Quai deConty, ont enfin achevé d'imprimer & débitent Paufanias , ou Vojage Hifloricjue de la Grèce ^ traduit en François avec des Remar- ques. Par M. l'Abbé Gedoyn , Cha- noine de la Sainte Chapelle , & Abbé deBaugency, de l'Acadé- mie Françoifc , & de l'Académie Royale des Infcriptions &C Belles- Lettres 1731. m-^^. 2. vol.ornésdc Cartes & de quelques planches gra- vées. Rien n'eft plus capable de préve- nir le public en faveur du Livre que nous annonçons , que le juge- ment qu'en ont porté les deux Aca- démiciens , chargés de l'examiner par l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres, » Us ont trouvé que » cette verhon d'un Ouvrage peu » connu jufqu'ici en notre Langue, » & qui mcritoit fi fort de l'être , 3) jcignoit à la fidclité la plus fcru- «pukufe, toute l'élcgance de la M diftion , &c que les Remarques ■a uniquement deftinées à éclaiicir * i75r' 377 M le Texte de Paufanias ne faifoienc » pas moins d'honneur au difceriYc- » ment qu'à l'érudition du TradliC- » teicr. Il paroît chez les mêmes Librai- res un Traité de M. Clairatit le fils intitulé : Recherche fur les Courbes à doublé Courbure. 17 Ji. in-^°. Ce jeune Géomètre n'avoit que feizc ans lorfqu'ila prefenté en 1729; cet Ouvrage à l'Académie Royale dès Sciences, laquelle l'a approuvé avec beaucoup d'éiogè. Charles-Maurice d'/ïow»-/, rue S. Severin , débite Itifiitutiofiès Medicir.£ Theorictt , Phi/tologiam & Pathologiam complcBemes.AuUo- re Antonio Deidier Régis Conp- liario & Aiedico , in jilmà Monf. velienjium Medicorum i^i cademiâ Chimid Profe^ore Regio , &ic, 173 1. in -12. On trouve chez Briajfott , rue Saint Jacques , à la Scienc e , la Vie de Gabriel Dupineau , Confeiller au Préfîdial d'Angers & Maître de*; Requêtes de la Reine Marie de Aîê- dicis. Extraite dés Afefnoires pouf fervir à rHiftoire des Hommes 77/«- fires dans la RepMicjue des Lettres ,. in-ïi. TomeXiV. 1731. Brochure ift-ii. de 48. pages, n Ce Mcmoi-- M re fur la Vie de Diipineau , dit- ïj on dans un Avis au Ledeur , a été » tiré du XIV Tome des Hommes »Illuftres du R. P. Niceron, eri » faveur de plufieurs perfonne's quj ïj ont defiré l'avoir féparémcnr polir" » le joindre aux Ouvrages' de l'Aiï- » teur. On ajoute au précis qu'on y .) donne de fcs Ecrits un Catalogue M de Tes Cotifulcations pour la com- 378 JOURNAL D » moditc de ceux qui n'ont pas fcs /) Livres, & qui feront bien aifc M de fçavoic où trouver les fujets w qu'il y traite. » On prie ceux qui fçauront a) quelques traits de la Vie de Dupi- j) nean , ou de quelque autre Au- » teur, de vouloir bien les com- » muniquer au Révérend Pete i> N'tseron , Barnabite de Paris. C haubert , Libraire du Journal, .a mis en vente le premier Tome d'un nouveau Recueil de Pièces d'Hifioire & de Littérature. 173 1. i»-i2. Quelque grand que foit le nombre de ces fortes de Recueils ; en les multipliant , on ne court point de rifque d'en diminuer le mérite & l'utilité : en gênerai rien n'eft plus propre à conferver une infinité de Pièces fugitives , fuit imprimées, foit manufcrites , & dont la variété ne peut qu'occuper agréablement les Ledeurs. Mais l'eftime ôi la reconnoifTance du Public augmentent à proportion de l'attention qu'ont les Editeurs de ces Ouvrages à faire un bon choix, & à ne lui donner que ce qui peut mériter fon approbation. C'eft à quoi s'engage l'Editeiu: du Recueil dont il ell ici queftion. S'ilréullit, 6C que le premier Volume foit fa- vorablement reçu , il fera bien-tôt fuivi d'un autre : le fuccès , ajoûte- t-il , produira de nouveaux efforts pour faire encore mieux. En attendant que nous puillîons donner dans un Extrait détaillé une idée plus cxade des differens mor- ceaux qui compofent ce Volume, nous croyons faire plaifu d'en mai-: ES SÇAVANS , quer ici les titres. Lettre de M. D*** a un de fes amis , fur la netivelle édition des Oeuvres de M- l^Abhê de S. Real, fervam de Préface a la première Pieee de ce Recueil. Panégyrique de la Régence de A^a- dame Royale Marte ^. B. de Sa- voy e , par le même M. l'Abbé dt S. Real. Réflexions nouvelles de M. de la R. Hifloire du Aîahometifme. Remarifues fur l'adminifiration des Finances des Romains , traduites de l'Angleis. Dijfertation touchant la part qu'eut le Pape Zacharie k la dépojition de Childeric. Dijfertation , fî la^ grandeur tempo- relle de PEgtife n^efi point contrai- re k lu Loi de Dieu , & aux maxi- mes des tems Apofioliejues. De la manière de compter parfîecles, du commencement & de la fin de cbajuefîécle , ^'c. Le Catalogue de la Bibliothèque de feu M. Geoffroy , ProfcfTeur Royal en Médecine & Chymic , Penfionnaire de l'Académie Roya- le des Sciences & de la Société de Londres , fc diftribue chez G. Martin , Libraire , rue S. Jacques , vis-à-vis la rue du Plâtre , à l'Etoile. La féconde feuille de la Carte Topographique des environs de Paris , que nous avons annoncée dans les Nouvelles Littéraires du mois dernier , fe trouve à Paris , chez Chauben, Libraire du Jour- nal , ainfi que la précédente. Fautes JPantes à corriger dam le Journal de May 173 1» PAge iSj. cel. i. lig. 15. l'ordre civil des Citoyens , ne {ieut fub" /îfter, ///. l'ordre civil ne peut fubfifter. Pag. 289. lig. 15. col. i. ne reçoivent aucun dommage ; les Lettres, Uf. ne reçoivent aucun dom- mage. Les Lettres , Pag. 251. col. i. lig. 3 2. La troifiéme qualité du Cri- tique , eft , lif. Une autre qualité du Critique & qui cft une fuite de la probité , eft. TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Juin 173 1.' H Ivoire Littéraire de la Ville de Lyon , avec une Bibliothèque des Auteurs Lyonnais , &c. Par le Père de Colonia , page j 1 9 Nouvelle TraduSlion du Livre unique des Lettres de Cicerott à M. y. Brutus , &c. Par M. de Laval , 3*4 VHtfioire de l'Eglife Gallicane , dédiée à Nojfeigneurs du Clergé. Par le Père Longueval , 3 3 ti "Différentes Que fiions de Droit fur les ^ugemens : par Thomas Carie val,' ^Hiftoire Çenerale de Languedoc , avec des Notes & les Pièces fuflifica- tives j &c. Tar deux Religieux Beneditlins , Tome I. 3 î 8 Defcription Anatomique & Méshanique des parties folides du corps hu- main ; par Antoine Fizes , 34* 'Biliaire Naturelle , Civile & Ecelejiaflique de VSmpire df ^apon , &c; 550 Réflexions Politiques de Balthafar Gratian , fur les plus grands Princes ; & particulièrement fur Ferdinand le Catholique. Ouvrage traduit de VEfpagnol , avec des Notes Hifioriques & Critiques , 360 Continuation des Mémoires de Lmerainre & d'Hiftoire. Tome IX. Partie IL 3^1 nouvelles Littéraires 2 37* LE ! JOURNAL sçavÀns P P UR L'ANNKE M. DCC. XX XL J U I L L E T. A PARIS; Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguflins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. XX X I. [AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY, L E JOURNAL DES se AVANS. b JUILLET M. D C C. X X X I, HISTOIRE GENERylLE DU LANGUEDOC, avec des Notes & les Pièces jiijlificatives , compofée fur les Auteurs & tes titres originaux , t^ enrichie d^ divers monumens. Par deux Reli- gieux BenediSfins de la Congrégation de S. Maur. Tome premier- A Paris, chez Jacques Vincent , Imprimeur des Etats Généraux de ia Province de Languedoc , rue & vis-à-vis de l'Eglife S. Severin , à l'Ange. 17Î0. in-fol. pp. 758. pour l'Hiftoire & les Notes, pp. 135. pour les preuves. N O U s avons vii dans les Journaux prcccdens les prin- JtillUf. cipales révolutions arrivtcs dans le Languedoc > jufau'au ceins auquei Ce 384 JOURNAL D Pépin le Brei" ayant dépouillé de fcs Etats Waitre dernier Duc hérédi- taire d'Aquitaine de la race d'Eudes réunie tout le Languedoc à la Cou- ronne. C'eft à cet événement mé- morable que finit le huitième Livre de cette Hiftoirc. Dans le neuvié- me&dans le dixième Livre, on voie de quelle maniereCharlemagne éri- gea l'Aquitaine en Royaume , dont le principal Siège fut établi à Touloufe, & dont la Septimanie fit partie' pendant plufieurs années, ce qui fe pafla dans ce Pays-là fous le règne de Louis le Débonnaire , & comment le Royaume d'Aqui- taine s'éteignit après la mort de Charles le Chauve. Comme le plus grand nombre des faits rapportés dans ces deux Livres font partie de l'Hiftoire Générale du Royaume, & font d'ailleurs alTcz connus , nous nous contenterons d'en rap- porter quelques traits qui regardent plus particulièrement l'Hiftoire du Languedoc. Les principales Contrées de ce Pays éfoicnt gouvernées par des Ducs & par des Comtes , comme les autres Parties qui compofoient alors la Monarchie Françoife. Chor- fon étoit Duc dcTouloufe. Il fut obligé de marcher contre Adalaric Duc des Gafcons qui s'étoit révolté contre Louis le Dcbonnire , qui n'étoit encore que Roi d'Aquitaine. Chorlon fut défait Se pris prifon- nier par Adalaric qui ne lui donna la liberté , qu'après qu'il lui eue promis qu'il ne portcroit jamais les armes contre lui , quand même le Roi le lui ordonneroic. Charlcma- ES SÇAVANS; gne regarda cet engagement de Chorfon comme une félonie, 5c dans les Etats Généraux qu'il tint à Vormes , le procès tut fait à Ada- laric & à Chorfon, Ce dernier fut deftitué de fon gouvernement , &c Guillaume fut nommé Duc de Touloufe 8c d'Aquitaine. Ce Duc Guillaume eft , fuivanr nos Auteurs , celui que fa pieté Sc fes exploits , contre les Sarazins , ont rendu fi célèbre , qu'il a été le principal Héros de plufieurs Ro- mans j co'mme le Connétable Çuil- laiime au coure nés , le Charroi de Nifme , le Moinage de Guillaume , 6CC. Nos Auteurs n'ont point eu recours à ces Romans pour nous donner une Hiftoire du Duc Guil- laume , ils l'ont trouvée dans d'an- ciens Ecrivains. En voici le précis. Ce Duc naquit fous le règne de Pépin , Théodoric fon père étoic parent du Roi. C'eft ce qui ht que Charlemagnc prit à fa Cour Guil- laume qui ctoit encore tort jeune. Il l'honora fuccellivemcnt des Charges de Comte du Palais & de Capitaine de la première Cohorte de fes Gardes , il le fitenfuiteDuc de Touloufe ; dès qu'il tut en pof- feflîon de ce Duché, il fut obligé de marcher contre les Gafcons qui s'étoient révoltés , apparemment parce que les Etats de Vormes avoientprofcrit leur Duc Adalaric; il fournit ces révoltes , & il les obli- gea à demander la paix. Nos Au- teurs croyent qu'une des conditions de cette p.aix fut qu'Adalaric fcroit rétabli dans fon Duché , dont on voit par la fuite de l'Hiftoire qu'il J U I L L rentra en poffenïon. L'expédition de Guillaume con- tre les Sarazins t]ui étoient entrés dans la Scptimanie ne fe termina point d'une manière fi hcuteufe. Comme le Pa) s ctoit dépourvu de Troupes ^ parce que Louis le Dé- bonnaire les avoit toutes amencesen Italie, Guillaume ne put employer contre les Sarazins que des Troupes nouvelles , & celles que lui rame- nèrent quelques Ducs ou quelques Comtes qui étoient fes voifins. Ceux - ci s'étant défendu pen- dant quelque tems, une partie des Troupes tut taillée en pièces , d'autres prirent la fuite. Guil- laume tint ferme avec quelques Troupes qu'il anima par fon exem- ple , il abattit un des Généraux des Sarazins , & il fit des prodiges de valeur ; mais étant accablé par le nombre, il fe retira heureufement, & fit acheter bien cher aux Sarazins le champ de bataille dont ils de- meurèrent les maîtres. Cette batail- le lut donnée lur les bords de l'Or- bieu. Les ennemis ne remportèrent d'autres avantages de leur vidoire que celui de fe retirer en Efpagnc avec leur butin £c un grand nom- bre de ptiionniers. Nos Auteurs croyent que ce fut à la valeur du Duc Guillaume & à fes confeils que Louis le Débonnai- re eut l'obligation de la prife de Barcelone fur les Sarazins. Le Pays étant devenu plus tranquille par cette conquête , Guillaume fonda dans le Dioccfe de Lodeve l'Ab- fcaye de Gellonne qu'on appelle S. Guillon du defett. Qiielques E T, 1751. 38s années après il prit l'habit dans ce Monaftcre, en ayant obtenu la permiflîon de l'Empereur Char- lemagne. Il y vccutfcptou huit ans dans les exercices delà pénitence la plus rude. C'cfi: ainfi , difent nos Auteurs, que finit fes jours, ce grand perfonnage , plus illufiire par l'éclat de fa vertu & de fa fainteté que par celui de fa naiflance , de fa dignité , & de ks exploits mili-. taircs. On voit par ce détail que nos Auteurs ne s'accordent pas dans cette Relation avec M, de Marca qui prétend que Guillaume Fonda- teur de l'Abbaye de Gellonne étoic Comte de Narbonne &c non Duc de Touloufe. Guillaume, félon eux, avoit un droit de fuperiorité fur tous les autres Ducs , comme ayant le Duché de la Ville Capitale du Royaume d'Aquitaine, mais il ne fut pas Comte particulier de Nar- bonne. Ils tirent la preuve de ce fait de plufieurs Pièces anciennes , par lesquelles ils aflurent qu'il eft juftifié que le Comté de Narbonne fut occupé pendant la vie de Guil- laume par d'autres Seigneurs. Ils font encore furpris que fur ce point de critique M. de Marca ait préféré un Roman à l'Auteur de la Vie de Saint Guillaume , Auteur dont on parloit avec éloge dans le douzième fieclc , & qui paroît avoir tiré d'anciens Monumens , du moins une partie des faits qu'il rapporte. Nos Auteurs ne font pas non plus d'accord avec M. de Marca qui croit que les Archevêques de Narbonne ont été fournis à la Pri» C Cij 38(5 JOURNAL D matie de Bourges dès le cems que Charlemagne érigea l'Aquitaine en Royaume. Pour eux ils font pcrfua- dés qu'il ne faut pas chercher ail- leurs l'origine de la Primatie de Bourges , que dans les fauffcs Dé- cretalcs d'Ifidorc-Mercator. Os comme elles ne furent reçues en France que vers le milieu du neu- vième fiécle , du tems d'Hinc- mar Archevêque de Reims , les Archevêques de Bourges n'auroient eu aucun prétexte pour étendre leur Jurifdidion fur Narbonne , quand même la Ville de Bourges auroit été regardée comme la Capitale- Civile du Royaume d'Aquitaine , parce que la Septimanie ne dépen- doit pas alors du Royaume d'Aqui- taine. A l'égard de la Lettre de Ni- colas I. qui parle des plaintes que lui avoit faites Sigebode Ar- chevêque de Narbonne , contre les cntreprifes de Rahoul Archevêque de Bourges , qui vouloir exercer fur Narbonne une autorité de Pa- «iarchc , nos Auteurs regardent ES SÇAVANS, cet article comme vifiblement fap- pofé , quoiqu'il foit inféré dans la Compilation d'Yves de Chartres &: dans celle de Graticn. Ils en ren- dent deux raifons ; la première que ce morceau ne fe trouve pas dans les anciens Manufcrits des Lettres de Nicolas I. La féconde que Sige- bode ne fut Archevêque de Nar- bonne que long-tcms après la moue àc ce Pape. Le public attend avec impatien- ce le fécond Volume de cette Hi- ftoire. On lui a fait efperer, dans le plan gênerai dex:et Ou vrage,qu'il y vcrroit plufieurs points d'Hiftoirc plus particuliers à la Province de Languedoc que ceux qu'on trouve dans ce premier Volume. On efperc fur tout y voir un détail interclîant fur la manière dont cette Province cft aifluellement gouvernée , & fur l'origine de fcs ufages. C'eft une matière fur laquelle le Public n'a point encore eu les éclaircilTc- mens necelTaircs. J U 1 L L E T , 1751. 587 MEDITATION s SUR L'EVANGILE , OUVRAGE Pefihiime de Mejjire ^^ic^ues-Benigns Boffiitt , Èvêjue de Meanx ^ Confeiller du Rot en fis Confeds , & ordinaire en [on Cortfeil d'Etat , Précepteur de Monfeignear /^ Dauphin , premier aumônier des deux dernières Dauphines. A Paris chez, Pierre-Jean Mariette, rue S. Jacques, aux Colonnes d'Hercule. 173 1. quatre vol. in-ii. premier vol. pp. 519. i' vol. pp. 4^4. 3'' vol. pp. 454. 4' vol. pp. 50S. îans compter un Mandement de M. l'Evêque de Troyes pour 'recommander h leduredecet Ouvrage aux Fidé-les de (on Dioccfe, de 61. pp. 5c fans les Tables. DA.N S l'extrait que nous don-' nâmes en Janvier 1728. des Elévations àDieii fur tons lesMyfteres de Ix Religion Chrétienne , nous an- nonçâmes ces Méditations , parce que M. l'Evêque de Troyes s'étoic engagé dès lors à les donner au Pu- blic , comme la fuite &c le Supplé- ment de l'Ouvrage qu'il lui prefen- -toit. En effctces Méditations fttr l'E- vangile contiennent les principales chofcs qui manquoient aux Eléva- tions. Feu M. l'Evêque de Meaux , comme on peut le voir par notre extrait , avoit développé dans ce premier Ouvrage , la fuite , l'ana- îyfc, l'œconomie de la Religion , jufqu'à la Prédication de Notre- Seigneur , là finilToit fon Livre. Dans celui - ci il développe cette Prédication , & explique toutes les vétitez que ce Divin Maître a cnfei- gnées jufqu'à fa mort , les inftruc- tions qu'il a lailfées à fes Apôtres , les Myftercs qu'il leur a révélés pour la fandification & pour le falut de ceux qui croiroient enlui. M. fon neveu nous l'annonce com- jne une expofîtion fimple , mais profonde du difcouis de Notrc- Seigncur fur la Montagne, &dc ceux qu'il a faits pendant la derniè- re Semaine de fa vie. Elle renferme en abrégé, dit-il, toute cette belle &fublimePhilofophiequi apprend à l'homme à être heureux ; qui lui montre où il doit placer fon bon- Jheur; quelle route il doit tenir; les moyens qu'il doit employer -, l'ef- prit qui le doit conduire ; les de- voirs qu'il a à remplir envers fon Dieu & fon prochain. Après nous avoir donné cette idée de l'Ouvrage de M. de Meaux, M. l'Evêque de Troyes avolie que ce grand Dodcur s'élève ici avec tant de clarté , de force & d'auto- rité , fut les véritez capitales de la Religion , & fur les faintes règles de la morale & de la piété Chré- tienne , qu'il craindroit ou de les cbfcurcir, ou de les affoibliren les abrégeant. Cet aveu eft un avertif- fement pathétique pour nous , qui ne peut que nous empêcher d'entre- prendre l'extrait de cet Ouvrage. Si M. l'Evêque de Troyes ,'qui de- puis fa jeunelTe fe nourrit des veri- tez qu'il renferme, & qui fans dou- te a appcrçû la liaifon qu'elles ont cnu'eiles , n'a pas cru pouvoir di- 388 JOURNAL DE gncmcnt h révéler au public , qu'elle témérité feroit-ce à nous de Tentreprendre ? Nous nous conten- terons donc de dite que cet Ouvra- ge a été fait en faveur des Religieu- fes de la Viikation de Sainte Marie de Meaux , aufquelles il cft adreiïé par une Lettre de fon Auteur dattée due". Juillet 1^55. Ileft diftribué par journée, de telle forte que le Sermon de J. C. far la Montagne peut occuper l'amc Chrétienne pendant 108. jours ; ëc que les difcours qu'il fit durant & après la Scène, peuvent l'occuper pendant 171. Cette édition eft terminée pai cinq petits Ouvrages. Le premier roule fur la vie ca- chée en Dieu. Le fécond parle de l'ade d'aban- don de l'ame Chrétienne à fon Dieu. Le troifiéme eft une prière poui fe préparer à la Sainte Communion. Cette prière a trois parties. Dans la première, le Chrétien rcconnoîtle delTein du Sauveur dans l'inftitu- {ion de l'EucharilHc , & admire l'excès de fon amour. Dans la fe- conde,il excite fa foi fur ceMyftere, Se renonce au jugement des fens. Dans la troifiéme er.fin, il demande .1 J. C. lesfaintes difpofitions qu'il faut apporter à la réception d'un fi grand Sacrement. Le quatrième eft une prépara- tion à la mort , huit prières le corn- pofenr. Dans la première, le coupa- ble attend fon fiipplicc &c adore la puilTancc qui le punit. Dans la fé- conde , le Chrétien attend fa déli- S SÇAVANS; vrance & adore fon Libérateur, Dans la troifiéme, il s'abandonne à la confiance. Dans la quatrième , il renouvelle fes .liflcsde foi. La cin- quième , la lixiéme de la feptiéme font deftinécs à le mettre dans les difpofitions de recevoir l'abfolu- tion , le Viatique &c l'Exrrême- Ondl:ion. La huitième enfin fup- pofe que le Chrétien expire en paix en s'unifTant à l'agonie du Sauveur. Tout l'Ouvrage eft terminé par de courtes prières que l'on peut faire réitérer fouvent à un malade dans les derniers momens , contre les horreurs de la mort , les terreurs de la confcience > durant les grandes douleurs, & en baifant la Croix. Le cinquième eft uneinftruiîlion fur la Icdure de l'Eciiture Scinte , aarcflcc aux Rcligieufcs & Com- munautés de Filles du Diocéfe de Meaux. Quoique le ftile de M. Boftuet foit infinimentconnu, nous nelaif- fons pas de tranfcrirc ici un article de cet Ouvrage pour le faire con« noître. Ce fera la 170*^ Méditation. On la trouve à la page 344. du quatrième Volume. On y verra comme ce grand &c pieux Théolo- gien y démontre la divinité du S. Efprit. Venons maintenant au S. Efprit. des filles ne fuccedent point à •» leurs pcre & mère ^ ou autres af- » cendans, tant qu'elles ont des " frères ou defcendans de leurs » frères capables & habiles à fiicce- " der j & au cas qu'elles n'ayent " point été mariées par leurs père ^» & mete , elles ne pourront de- • ^ mander à leurs treres ou defcen- '" dans de leurs frères que le maria- '' ge avenant fur le bien de leurs " père & niereou autre afccndant, « qui eft leur légitime & qu'elles >•> prennent comme héritières legi- » timaires dans la fucceffion de J> leurs père & mère ou autre afcen- « dant , & non pas comme créan- » cieres , à la différence du tiers " coijtumier , que les cnfans pren- » nent comme créanciers de la T, 175I. 35>l n fucceffion de leur père , ic après » avoir renoncé à fa fucceffion. Après cette explication du Texte M. de Mcrville décide plufieurs queftions par rapport aux mariages avenans , tant fur cet article que fur quelques autres endroits delaCoià- tume. Nous nous bornerons aux décifions contenues dans cet article. Le mariage avenant ell le tiers des fucceffions des pcrcs &C mcres ou autres afcendans pour toutes les filles qui partagent ce tiers cntr'el- les également. Il faut faire fur ce tiers la déducflion du tiers des dettes des fucceffions. Il efl: libre aux frères ou à leurs defcendan > de payer le mariage avenant en biens de la fucceffion ou en argent , fui- vant l'cftiniation fjitc par des pa- rcns communs ou par des Experts. Les frères ne peuvent obliger les fœurs à partager la fucceffion pour fe difpcnfer de leur doni et le ma- riage avenant , mais les fœurs peu- vent , fuivan: les Ar;ccs & le Rè- glement de t666. prendre leur ma- riage avenant ou entrer en partage avec leurs frères. Le mariage ave- nant doit être payé avant toutes les dettes du frère , même avant le douaire de fa femme. Notre Auteur cite des Arrefts du Parlement de Roiien qui ont jugé que les intérêts du mariage des fœurs qui ont cou- ru avant leur mariage doivent être payés au denier vingt , mais que ceux qui ont couru depuis le maria- ge doivent être payés au denier dix-huit. Qiiand il n'y auroitqu'une feule fille , elle auroit feule le tiers des biens des pcre & mère ^ mais Ddij 392 JOURNAL en ce cas il faur que la portion des frères foit aufiî forte que celle de la fille. Un Arrcfl: du Parlement de Roiien du S. Février 1^75. juge que les filles ne font point obligées de fe pourvoir par la voye de la fai- fie réelle contre les acquéreurs 5c les tiers détcmteurs des biens affec- tés à leur mariage avenant , elles peuvent faire procéder par faifie & Arrêt des fermages des terres , mê- me par- adion pour obliger les détemceurs à fc défifter de la pro- priété. L'article 312. nous fournira un fécond exemple. Cet article décide que s'il n'y a qu'un Fief allis en Caux, l'aîné , fuivant la Coutume <;ener.';le, le peut prendre par pré- cipur j & s'il y a pkificurs Fiefs les iicres partagent luivant la Coûtu» me générale. M. de Merville obfer- vc fur cet article que fon objet eft de donner en fucceilion collatérale, au frcre aîné ou à fes defcendans le préciput, ou la faculté de prendre le Fief qui fe trouve dans cette fuc- ceilion , à la charge de recompenfer fes cohéritiers fur le pied del'cftima- tion j Se fuivant la Coutume du lieu où le Fief fera fitué , foit daris la Coutume générale , foit dans la Coutume particulière deCaux.Ainlî quand il n'y a dans une fucceflîoa collatérale qu'un feul Fief fitué en Caux , l'aîné le prend par prccipuf, à condition de recompenfer fes puînés fuivant l'eftimation de la valeur du tiers du Fief. Mais s'il y aplufieursFiefSj chacun des puî- nés en prend un , fuivant fon rang , àla charge de leconipcnfcr les au- DES SÇAVANS, très puînés. Selon l'article tfj. du Règlement de 1666. l'aîné prenant un Fief noble par préciput en Caux peut encore prendre partage ou pré- ciput aux biens fitués hors le Pays de Caux. Notre Auteur annonce dans le titre de fon Livre dcsdécifions non feulement fur les articles de la Coutume , mais encore fur les arti- cles placités ou arrêtés duParlcmenc de Rouen. Les arrêtés du tf. Avril 1666. contiennent h décifion de plufieurs queftions qui fe prcfen- toient fouvcnt fur ditFerens article? de la Coutume de Normandie. Ils ont été faits en confequence des délibérations prifes en plufieurs aflemblccsdes Chambres du Parle- ment de Roiien pendant les années ïé6^. & \666.&: en confequence des ordres du Roi portes par deux Lettres de Cachet des années i6tÇ^ ^i666.\es ziKtcs du ë.Mitsïtij i.ne regardent que les tutelles. Pteique tous ces an êtes font obfervés com- me des loix au Parlement de Roiien. M. de Merville eft cependant le premier qui les ait commentés, Baf- nage s'étant contenté d'indiquer les articles de la Coutume aufquels ces arrêtés peuvent avoir rapport. Suivant l'article 30. des arrêtés de I -5 ^(f. l'héritage noble ou rotu- rier acquis parle Seigneur n'eft pas réuni au Fief duquel il relevé , s'il n'efl: retiié ou échu 3. droit téodal , ou après le tems porté par l'article 200. de la Coutume. M. de Mer- Tilleobferve fur cet article, qu'il a été fait pour fervir d'interprétation aux articles 178. iSc ioo. de la Cour J U I L L l'urne II cft porté par l'article 178. que le Retrait Féodal a lieu pour ks Rotures, comme pour les he- licages nobles , & que par la voyc du Retrait Féodal les héritages font réunis au Fief d'où ils dcpendoienr, &: par l'article 200. les acquilitions que fait le Seigneur en fon Fief no- ble de terres qui en font tenues , font toujours réputées acquêts de fon vivant s'il ne les a retirées à droit de Seigneurie : mais fi fon fuccelTeur les a poiredces comme Domaine non fietfé ( c'eft-à-dire non donné à titre de bail d'herita- g£ ) par quarante ans, elles font ccnfées réunies au corps du Fief, quoiqu'il n'y ait point eu de réu- nion cxprefle. Par cet article 30. des arrét's , tout bien retiré féodalc- nicnr par le Seigneur , ou qui lui eft échu en vertu d'un droit féodal , comme par bâtùrdifc , d'éhérencc ou conhlcation , ell réuni de plein droit au Fitf dont il relevé- L'article 40. des arrêtés de ï£6&. portoit que les filles mineures ne p'ourroicnt obtenir des Lettres de bénéfice d'âge. Le Commentateur avoiic qu'on ne fait pas trop ce qui a pu donner lieu à cet article , & il cft perfuadé qu'une fille qui eft par- venue à l'âge auquel on a coutume d'accorder des Lettres , n'eft pas moins en état de gouverner fon bien par elle-même qu'un mâle qui auroit obtcnn des Lettres du Prince. Auflî y a-t-ilun Arrêt duConfeil du 20. Aouft 171s. rendu au rapport 3 lement de RoUcn qui avoit débouté les Demoifelles de Francheville de leur demande à fin d'enterincmenc des Lettres d!émancipation qu'elles avoient obtenues. Il a été ordonne par ctt Arreft du Confeil qu'à l'a- venir les filles mineures de zo. ans pourroient obtenir comme les mâles des Lettres de bénéfice d'âge & d'é- mancipation , & les faire entéri- ner, &que l'Arteft feroitlû & pu- blié aux Sièges de la Province de Normandie. D'où l'Auteur conclut qu'il faut prefentcment s'en tenir à ladécifion de cet Arrefl: & non à la difpofitiondecet article du Régle- glement, ni à l'ufagequr fetoit in- troduit fur cela dans la Province. Le Commentaire fur les arrêtés eft fuivi de plufieurs Ordonnances de nos Rois qui regardent la Nor- mandie , & d'anciennes Ordon- nances ou Reglemens faits par II Cour de l'Echiquier de Norman- die. Le plus ancien de ces Règle- m.ens eft de l'an 1 5 S j. M. de Mer- ville les a tirés de le Rouille fur la Coutume de Normandie. Notre Auteur ne s'eft point con-> rente d'expliquer dans le cours de fon Commentaire les termes parti- culiers à la Coutume de Norman- die , il a encore jugé à propos pour la commodité des Ledeurs qui ne font point accoutumés aux termes de Jurifprudence de Normandie , d'en faire uncefpcce de DivStionnai- re : en voici deux traits. Brief ou bref en gênerai eft uA Mandement ou Commiftîon par écrit que le Juge donne au bas d'une Requête pour intenter cet-- 5^4 JOURNAL DES SÇAVANS, tailles demandes. Cette formule eft Coûti;me. fort ancienne. Il en cft fait mention dans le vieux ftile du Pays de Nor- mandie. Litleton qui cft un Auteur ancien & qui a travaillé fur les an- ciennes Loix de Normandie , en parle aufli. Brief ou bref de patro- nage obtenu eft une Ordonnance du Juge fur un différend , pour un droit de patronage entre deux Sei- gneurs de Fief , article 70. de la PHILE, DE ANIMALIUM PROPRIETATE; ex prima editioneArfenii& LibroOxonienfi reflitutus à Joanne Cor- nelio de PauW , cuni ejufdcm animadveriionibusiSc verfione Latina Gregorii Bcrfmanni. Accedunt ex eodcm Libro Oxonienfi non pauca hadenus inedita. Trajcdli ad Rhenum , apud Guiliclmum SrouV. 1730. C'eft - à - dire : Philé , des proprietez des Animaux ■■, en G/ec dr f» Latin^ avec Us Notes de Jean-Corneille de Pauvv. A Utrecht , chez Guillaume Stou^. 17J0. /« - 4"*. pp. 347. Lettres de Loi appartenante font un moyen pour revendiquer la pro- priété ou polfclllon d'un héritage ou d'un autre immeuble , dont celui qui fe fert de cette voye de droit,ou les auteurs , ont perdu la poflcfîion depuis 40. ans , mais qui ne font point encore accomplis. Articles éo. ^i.&^z.de la Coutume. 'EST ici un Poëme Grec , écrit en ce genre de vers qu'on nomme 'Foliti'jues ^ & dans la compofition defquels on fc conten- te de faire entrer douze fyllabes , fans aucun égard pour la longueur ou la brièveté de celles-ci , à l'ex- ception que les deux dernières de chaque vers doivent être une brève & une longue ; & c'eft à ce titre feul que cette efpece de Pocfie pafle, quoiqa'abulivementj pour ïambi- que. L'Auteur , appelle Manuel Philéoa Phtlèst étoit d'Ephéfe , 6c floriflbit ,'.rsPan ijii. fous l'Em- pire de Michel Paléologue le )eune^ auquel il dédia cet Ouvrage. Arfe- nhis , Archevêque de Malvafie , le fit imprimer en Grec pour la pre- mière fois à Venife en 15 30. i«-S°. & le dédia à l'Empereur Charles- Qiiint. Enfuite Grégoire BerfmAK Q^'Ambcrg l'ayant traduit en vers ïambes Latins de même mefure , il fit imprimer fa verfion à côté du Texte Grsc , revu & corrigé en une infinité d'endroits par Joachim Ca- 'mtrarius^ & enrichi de quelques additions. Cette Edition parut à Lipdcen 1574- in-û,". puis à He^- delbcrg ^ en 1 596'. in-^° . Mais les prétendues coricâions de Camera- rins , loin de pertcAionncr le Tex- te , y avoient fait un tort confide- rable. En effet ce Critique , fans fongeraux privilèges ou aux licen- ces delà Po'tCic Politique , prenoit, dans le Grec de Philé , pour des fautes tout ce qui dérogeoit à la ré- gularité du vers idwie ; & fur ce pied-là j il s'éroit cru en droit de changer adifcretion ou de dérangée les termes de fon Autcur,&: de trans- former autant qu'il lui Jcroit polE- J U I L L E bleles vers politiques de celui-ci en vers ïambiques. On conçoit aifc- ment combien la didtion de Philé a du fouffrir d'une pareille liberté. Se combien elle en a été défigurée. C'eft ce qu'on découvroit en partie par la fimple leéture ; mais pour fc convaincre pleinement de tout le dommage , il faloit confronter le Texte corrigé par Camerarins avec celui (\u'ty4rfenins avoir donné dans l'Edition de Venife , Se qui reprefentoit le Mf. Or c'eft ce cjui n'étoit point facile , cette première Edition étant devenue infiniment rare. Cepeudant M. de Pauw , qui avoit déjà formé quelques projets de revifion par rapport à cet Au- teur , mais que cette dernière diffi- culté avoit découragé en quelque manière , l'a enfin furmontée par le moyen de M. Clagget Chanoine de Rochefter , qui ayant déterré cette rare Edition dans la Biblio- thèque du Comte de Sunderland ^ s'tft donné la peine de conférer fur cet original , l'Edition de Berfman^ & d'envoyer au nouvel Editeur toutes les variantes fournies par cette exadie csllation. Celui-ci , en y joignant celles d'un Mf. d'Ox- ford, qui lui ont été genereufemenc communiquées par fon ami M. Abraham Gromvius, s'eft vu en état de découvrir toutes les entreprifes téméraires de Caxnerarim fur le Texte de Philé : elles fe font toutes dévoilées à la faveur de la confron- tation des Textes ; elles ont paru encore plus nombrcufcs , plus har- dies &c plus mal entendues , qu'on T ; ï 7 3 r: ^^j n'auroitofé fe l'imaginerrmais enfin on s'eft trouvé en même - tems à portée d'y remédier par toutes les reftitutions de Texte qui paroif- foient necelfaircs , & de la juftelTe derquelles on pouvoir aifément s'aflurcr. Ces reftitutions ou correc- tions renipliiïent la plus grande partie des Notes de M. de Pauw , imprimées à deux colonnes au bas des pages. A l'égard de la verfion Latine de Berfman , quoiqu'elle eût grand bcfoin d'être retouchée en pluiieurs endroits , le nouvel Editeur s'eft difpenfé d'y facrifier un tems qu'il pouvait employer plus utilement. Content d'avoir rétabli le Texte de fon Auteiur, ce qui étoit le point capital , il fc repofe du refte fur la fagacité des Ledeuts intelligens , qui ne fentiront que trop les fautes du Tradudeur, fans qu'il foit be- foin de les en avertir. Il eut été à fouhaiter que M. de Pauv eiit bien voulu épargner à ces mêmes Lecteurs l'embarras d'aller chercher ailleurs de quoi rendre l'Edition de ce Poëme pins com- plette. M. Fahricius [ dans le V Livre de fa Bibliothèque Grec]ne , Tome VU- imprimé dès l'année 1715. ] nous a fait part d'un mor- ceau confiderable de Philé , qui n'avoir jamais vu le jour & qui ap- partient tout-à-fait a l'Ouvrage donc il s'agit. C'eft une hiftoire naturelle de l'Eléphant , compofée de 378» vers du genre de ceux dont on vient de parler. Il cft vrai que le nouvel Editeur nous en donne une de 48. vers, de laquelle il cft reda» 39(î JOURNAL D vable au Mf. d'Oxford , ainfi que de quelques autres Pièces non enco- re imprimées j Se qui paroiflent ici pour la première fois. Mais pour- quoi n'y pas joindre celle de M. Fi'.briciiis} Pourquoi n'en faire nulle mention, dans une Préface ? Une Pièce auflî confiderable & aulîi étendue que celle-là auroic-ellc pu échapper à M- de Pauw ? Ne con- fulte-t-il point un Livre sel que la Bibliothèque Grcque , fur tout lorfqu'il prépare quelque nouvelle édition d'un Auteur Grec ? II n'étoit quefUon que de traduire en Latin ce morceau & de le faire im- primer en fon lieu avec fa vcrlîon à côté. On eut été charmé de rencon- trer dans un même Volume tout ce qui concernoit une même matiè- re traitée par le même Auteur. Il ar- rive fouvent que par trop d'cm- prcdement & faute de perqfcifitions fuffifanteSïOn publie des Ouvrages dans lefqucls on laifle beaucoup à dcfircr. Celui dont nous rendons compte n'eft prefque qu'une copie de ce qu'a écrit Elien fur le même fujet j ainfi que l'ont dé)a remarqué Çef- }ter dans fon Hificire des y^nimaiix, & Redi dans fes Obfervations fur Us InfcEles. C'eftauiri fur la fîmple indication de tels larcins que rou- lent la plupart des remarques de l'Editeur. On lui eut été tort obli- gé h non content de nous avertir fechcment des endroits où Philé n'eft que le Copifte d'Elien , il eût bien, voulu s'engager dans une dif- Ciiilion plus particulière & plus in- .tc^efl";inte pour les Naturaliftes ; ES SÇAVANS, c'eft-à-dirc , que parmi tant de faits d'hillsire naturelle rapportés par ces deux Auteurs , il nous eût aidé à dcmcler la pure vérité d'avec ce que l'un & l'autre nous débitent de fa- buleux en ce genre. Beaucoup de gens plus curieux des chofes que des motSjlui auroient fçu tout le gré poffible de fcmblables cclaircillc- mens , aufquels ils auroient volon- tiers facrifîé quantité de v.maKtes qui ne leur apprenent rien. Les nombreufes découvertes de ces der- niers fiéclcs fur l'Hiftoirc des Ani- maux prefentoicnt à notre £diteur une riche moiffon d'Obfervations utiles &curicufes,aufquclles la Poë- fie de Philé eût fervi de Texte- Mais au défaut de toutes ces lumiè- res, contentons-nous d'apprendre, pour le prcfent, que ce Pocce fur chaque article n'a bit prefque autre chofc que tranfcrire Elicn. Cette conformité cft d'un grand ufage à notre Editeur pour corriger le Texte de ces deux Auteurs l'un pcr l'autre. C'c,'^ de quoi l'on trouve des preuves dans pluficuts de fes Remarques. Nous en produirons ici quelques - unes de celles qui nous ont paru des plus propres à faire'connoîtrc ce qu'on doit atten- dre de fa Critique & quel en eft le caraiîferec Nous çn avons déjà don- né quelque idée dans notre Journal d'Avril de 1718. où nous parlâmes affcz au long de la nouvelle édition d'Héphcftion le Grammairien, pu- bliée par M. de Pauw. J'i^ge 34. V. 14. Nous commen- cerons par rOifeau dont l'Editeur porte le nom ; c'eil h Paon. Dans l'article I 7 5 î. 3P7 moyennant quoi on la tire JUILLET, l'article qui lui cft dcftiné , les plu- loppe mes qui ornent fa fuperbe queue de la claiïe des Oifeaux pour la re- s'atfiient la principale actertion de mettre dans celle des Lézards. Tage ItS. V. ^6. Ko'palta TaCfoÇ , notre Poëte : il en décrit avec foin tout l'éclat & toutes les couleurs ; il y fait briller l'or mêlé à la pourpre is: à l'érr.eraude la plus fine , ^cc. fa.!<{iy àyyit î/xap teriv la-x*»' «■afl'OV , Ka J'Éf/ja AitoV, if ile- fS\ ixi' «rxêitnv. C'cft-à-dire : fis es font garnis d'une chair mince , fa peau e fi fine & couverte de fes aîles. Il faut lire ^'felonlui ] «-«p'fBV î'xn >X{T»v ; c'eft-à-dirc ; fa peau ^ ^uoi- qht fine , lut fournit une forte enve- JuMlcî, Tttov îp^etJs'Ave/aÇ : c'eft-a-dirc : le Taureau efi ennemi du Corbeau , (^ le Poiffon Anthias l'e(} du Cheval. M. de Pauw prétend qu'il ne s'a- git point ici d'un Poillon, mais d'un Oifcau nommé Anthias Se qui cft ennemi du Cheval : ce qui l'autorifeàlire "-irmi i'x^et ,f'A»e/aç ; l'Oifeau Anthias ejî ennemi du Che- val. Il confirme cette inimitié pat l'autorité d'Ariftote. dont il rap- porte un paftage , qu'il corrige auffi chemin faifant. Page 120. V, ^ 9 . Kcil opEi/Ç )tAwv(/ iDtopTioÇ , Nap^cà». j-stStoï : c'cft-à-dire : le pernicieux Scorpion craint le Lézjtrd , qui l'en" gourdit. Page 15 1. V. 16. Philé , en dé- crivant l'Animal Indien appelle Jidantichora , dont la queue cft gar- nie de piquants , qu'il darde contre ceux qui l'attaquent, & qui s'y rc- E e 3_5)8 JOURNAL DES SÇAVANS; produifent fuivantlebefoin, expri- ve des Pfylles. Rien de plus facil me cette dernière circonftance en ces termes : Kivv'/x£vov t£ï«'/<£ï(iï au lieu de xiv«yuêvev ; k<» Aa^/Jâvei nSv t-iii ofUra. >yo'ipov : ce qui fignihe , l'animal produit de ce qui ne (ignifie rien. Lifez donc , fionvemux traits , k niefnre t]ue les ( aux périls & fortunes de M. de jiremieYs s'cputfent , àmefttre c^ue fa Pauvc) Hfez hardiment Aaveâvei , au guetté , cjui lui fert de carquois , fe %'nide. Cela s'apellc corriger un Au- teur à peu de trais. Page iiî.v.ifZ. Dans l'article où il eft parlé des Serpcns &C autres animaux venimeux d'Ethiopie , lieu de Aa/u^âw; & alors rien n'eft plus clair : Elle s'enfonce dans l'obf- curité , pour fe cacher à la vue du Pèchsur, P.ige 316'. art. 41. •:'• l. On dit ijue le Renard Marin ( c'eft Philc Philc propofant divers antidotes, qui pz.t\c^ lorfeju'il a gohé l'hameçon, £"iit mention de celui-ci: fcprcns , le vomit avec tentes fes entrailles^ dit-il, une piiceÇc'efl uv grand fe- aui fe retournent cemme un habit de cret cjueje vous découvre ) dr Vap~ foyn, & ^n'enfnite il les ravalle^ après re J'en calme a en avoir détaché l'han.e fan. Ce que notre Pocte avance en cet endroit , il le fait d'après Elicn & Plutarquc: mais M. de Pauw ne l'en croit pas davantage. Il eft vrai qu' Ariftote& Pline après lui , attribuent ce même expédient à la Scolopendre Mari- ne , lorsqu'elle ell: prife à l'hame- çon , £c la chofe paroît moins in- croyable à notre Editeur dans ce plicjitant fur la morfure . l'ittftant la douleur , j'arrête le mal ^ ^ je délivre de la crainte de la mort le hleffé. M. de Pauw trouve fore mauvais que Bochart ait cru notre Philé allez ignorant pour avoir mé- tamorphofé en Puce un de ccsPfyl- les qui faifoient une profeffion par- ticulière de chaffer les venins. La méprifc ne paroît pas vraifemblable à notre Editeur , fur tout lorfque fécond cas que dans le premier Elien, le guide ordinaire de Philé j Ariftote fcmble pourtant l'alTurer s'explique nettement fur ce point en deux endroits. M. de Pauw eft donc perfuadé qu'au lieu de ces mors Grecs, èjw it Aa;8uy ivJi!\.'»-\i\- h.ai /no'ïnï ; prenant une vile puce , il dans tous les deux ; mais cela ne paroîtra ainfi qu'à ceux qui n'y fe- ront pas une attention fiiffifantc» Ce Philofophe reconnoît dans l'un & l'autre poilTon une induftrie par- faut lire ceux-ci, Ijù Si AajSùv »1i)6a«v ticulierepoutfe délivrer de l'hame- 'S'iÎAAwï («érs» , ayant recours k Ujalt- çon .ivallé : nuis il ne dit point que J U I L L E ce foîtlamêmc. D'où il refulte que Philé , Elieii 5i Platarqiie ont pris le change furcct article , &:ont mis fut le compte de deux poiflons dif- ferens ce qui ne convcnoi: qu'à un fcul j induits peut-être en cnc.ir par le palTage même d'Ariftocc mal entendu. En voilà plus qu'il n'en faut pour donner un avant-goût des Notes de M. Pauw furie Pocme de Philé. Nous obfcrverons de plus , quoique le Commentateur n'en difc rien , que le Pocme fur les Animaux n'eft: pas le feul Ouvrage de ce T ; 17J1: 5PP Poète Grec. On a de lui un autre Poëme de 97^. vers ïambes , qui contient l'Eloge de Jean Cantacu- 2ene, Grand-Domcftique de l'Em- pereur de Conftanrinoplc , puis Empereur lui-même : on a de lui , outre cela^ des ïambes fun'îbrcs des Prières en vers, des Epigrammes , des Epitaphcs , &c. Quclques-ur.es de ces Poëfies font imprimées : le rcfte n'eft encore que manufcrif. On en trouve quelques morceaux- dans la Bibliothèque Gréque de M, Fabricius. HISTOIRE NATVRELLE , CIVILE ET ECCLESIAS- titjus de L'Empire dit ^.ipon : comfofée en j4lUmand par Engelbert K^mpfer , DolJiUr en Médecin: k Lemgovv , & traduite en François fur la ve>-Jîon\u4nglûtfe de ^ean-Gajpai- Scheuchzcr , Mtmhre de la Sûchté Royale , ér dit Collège des Me-iecins , a Londres. Currags ,enrichi ds Jous palTons par-deiTus ces détails , pour venir à la defcription du Château & du Palais Impérial. Ce Château , placé prefque au milieu de la Ville , & de figure ir- léguliere tirant fur la ronde, a envi- ion cinq licuifs Japonoifes de tour. Il confifte en deux clôtures ou Châ- teaux extérieurs , au centre dcfquels eft un troifiéme , où habite l'Em- pereur, & qui cft flanqué de deux autres bien fortifiés.mais plus petits, avec de grands Jardins derrière le Palais Impérial. Chacun de ces cinq Châteaux eft entoure de mu- railles 5c de fodez , avec des portes •capables de refiftance & bien gar- dées ; &C toute cette enceinte ren- ferme tant de rues , de fofiez & de canaux, que l'Auteur n'a pu en concevoir le plan bien diftincfte- E T, 17 31. 40^ ment. Le Palais , quoique d'un feuV étage, ne lailTe pas d'être aifez haut, occupant un grand tcrrein , Sc partagé en plufieurs galletics & plu- fieurs chambres que l'on peut ag- grandir ou rétrécir à difcretion par des paravents , & difpofées de manière qu'elles reçoivent tou- jours une lumière fuffifante. Les principales Pièces ont chacune leuï nom : il y a par exemple , l'anti- chambre, où attendent ceux qui- doivent être introduits à l'audience de l'Empereur ou des premiers Mi- niftres ; la Chambre du Confeil où s'afiemblcnt ceux-ci avec les Cou- fcillcrs Privés ; la Salle des mille nates , où l'Empereur reçoit l'hom- mage des Princes de l'Empire , &c les Ambafiadeurs dés Puifianccs Etrangères ; diverfes autres Salles d'audience ; les appartemens de la famille Impériale, Sec. Laftrudu- rc de tous ces lieux eft d'une beauté exquife, félon le goût du Pays. Les plat-fonds, les folives &:lespiliers font de cèdre, de camphre , ou de bois àc^éféri , dont les veines for- ment naturellement des fleurs So d'autres figures fingulieres. Les bas reliefs font des oifeaux ou des bran- ches que l'on dore proprement. Le plancher eft couvert des plus belles nates blanches , avec un bord ou une frange d'or. C'eft à quoi fe rc-- duifent tous les ameublemens que l'on voit dans le Palais de l'Empe- reur & des Princes de l'Empire.On afiura l'Auteur qu'il y avoit un appartement caché & fouterrain ^ qui pour plat-fond avoit un grand refervoir d'eau , Se où ce Prince fg 410 JOURNAL D retiroir pour fe mettre en fureté contre le tonnerre ; qu'il y avoit outre cela deux chambres munies de portes de ter & couvertes de toits de cuivre contre le feu &c les voleurs , &c dans lefquelles les rre- fors de l'Empereur étoient renfer- més. Nous ne fuivrons point M. Kœmpfer dans le Journal qu'il don- ne de tout ce qui fe palTa pendant fon fé)our à ledo , jufqu'à l'audien- ce de l' Araballadeur. 11 en eut deux confecutivesle 19. Mars 1651. la première dans la Salle des cent nattcs,deftinéc à cette cérémonie, fie la féconde dans l'in- térieur du Palais. Ces audiences font ici reprefentées bien différemment de ce qu'on les voit dans la Relation des Ambaffadcs mémorables des HolUndois vers les Empereurs du Japon , publiée par Jiéontanus ; le trône élevé , les degrez qui y con- duifcnt , les tapis qui les couvrent , les magnifiques colones qui foil- îiennentle bâtiment où efl: le trône, èc autres pareilles circonftanccs , n'ont [ dit M.Kxmpfer] d'autre réalité que l'imagination de cet Au- teur. Tout cela fe réduit à la Salle des cent nattes, qui fe joint à deux autres chambres , dont la première beaucoup plus grande que l'autre eft pour les audiences que donnent les confeillers d'Etat , & la féconde plus petite , plus entoncée & plus élevée d'une marche, eft celle où s'alTied l'Empereur pour donner les fiennes , les jambes croifées fur un petit nombre de tapis , & dans la- cjuelle il n'eft pas facile de le voir à i£auÇ« de-l'.obfcutité du lieu ^ outre ES SÇAVANS; que l'audience eft trop courte bc la pofture de la perfonne qu'on y ad- met, trop humble & trop proftcr- née , pour lui permettre de pouvoir lever la tête & de le confiderer. Nous omettons , pour abréger ^ toutes les cérémonies qui précédè- rent l'entrée de l'Amballadeur Hollandoisdans cette Salle &toutes celles qui fuivirent , nous bornant à rapporter feulement ce qui fe paffa dans cette audience. Si-tôt que l'Empereur eut pris féance , on conduilit vers lui l'Am- balfadeur , en lailfant tout fon cortège derrière. Dès que celui-ci fut entré , ceux qui l'avoicnt intro- duit crièrent à haute voix HolUn-^ 4-1 Capitaifi ; ce qui étoit le fignal pour le faire approcher, afin qu'il rendît les refpecls au Prince a U manière ordinaire. Suivant cet ufa- ge , il fe traîna fur les mains & fur les genoux vers l'endroit qu'on lui montra entre les préfens qui croient arrangés d'un côté , &C le lieu où i'Empereur étoit allîs qui étoit de l'autre. Alors fe mettant à genoux, il fe courba de taçon qu'il donna du front contre terre , enfuite de quoi il le traîna à reculons comme une écrevifle , fans dire une feule paro- le. Les plus puitfans Princes de l'Empire n'ont point autrement au- dience de ce Monarque. Autrefois celle des Hollandois le terminoit là ; mais depuis plus de vingt ans ( dit M. Kxmpfer ) cette premiè- re audience eft lui vie d'une leconde dans l'intérieur du PaUis , en fa- veur de l'Impératrice , des Dame$ de fa Cour & des Priaccflcs 44 J U I L L Sang , aufquellcs on donne le pafle- tems de voir ces étrangers. Dans cette féconde audience , t]ui fuit immcdiatement la premiè- re , l'Empereur Se les Dames L]ui y font invitées fe tienrxnt derrière des paravents & des )aloulies , pen- dant que les Conlcillcrs d'Etat &c les autres Otïiciers delà Cour font alïîs à découvert comme à l'ordinai- re. L'Auteur ne décrit pas cette fé- conde audience avec moins d'exac- titude que la première , & il a foin de mettre ces deux fpcdaclcs (ous nos yeux par des planches fidèle- ment gravées. «Tandis que jedan- >»çois par ordre de l'Empereur à » cette féconde audience [ dit-il ] "j'eus deux fois l'occafion devoir M l'Impératrice au travers des ou- *> vcrtures de la jaloufic : je m'ap- V3 perçus qu'elle étoit belle , qu'elle » avoit le teint brun, de fort beaux sî yeux noirs & pleins de feu , à " l'Européenne , & je jugeai , par "la proportion de fa tête, qui étoit » aflcz groiïe, que c'ctoit une gran- » de femme : elle pouvoit avoir 3 ë M ans. « L'Auteur entend par le mot de jaloudc, des tapiiferies faites de rofeaux fendus , déliés & fins , couvertes par derrière d'une foye fine & tranfparcnte , avec des ou- vertircs larges d'un empan , laifTant à ceux qui font derrière la faculté de regarder. On peint de plufieurs ornemcns ces rapilTcries pour mieux cacher ceux qu'elles couvrent ; quoique fans cette précaution il fût impolTible de les voir d'un peu loin, • fur tout les derrières n'étant point cclairés.L'Empereur lui-même étoit ET, 1731. 411 dans un lieu fi obfcur j qu'on auroit eu peine à s'appercevoir qu'il y étoit, fi la voix , quoique fort baffe, ne l'eût découvert. On avoit mis ( dit l'Auteur) environ une trentai- ne de cornets de papier entre les cannes des jaloufics , pour élarf^ir les ouvertures , afin de voir plus fa- cilement. Après les profternations ordinai- res & les complimens réciproques entre l'Empereur & l'AmbalTadeur, la 5cene fc changea en vrayc farce (dit M. Ki-mpfer ). On leur fit ( pourfuic-il ). mille queflions im- pertinentes 6c ridicules. Sans nous arrêter à celles qui s'adrelT'erent à l'Ambafiadeur , nous obferverons feulement qu'on demanda à notre Voyageur Médecin, Quelles étoient les maladies extérieures ou intérieu- res qu'il croyoit les plus dangereufes & les plus difficiles à guérir î Quelle étoit la méthode dans la cure des ulcères & des apoftumes intérieures? Si les Médecins d'Europe ne cher- choient point quelques remèdes pour rendre les gens immortels , comme faifoient les Médecins Chi- nois depuis plufieurs fiécles ? Si les Européens avoient fait des prog;rcs conliderables dans cette recherche. Se quel étoit le remède de cette ef- pecc le plus récemment découvert en Europe? M.Kxmpfer répondit, touchant ce dernier article , Que plufieurs Médecins en Europe avoient travaillé long-tcms à la dé- couverte d'un fi beau fecret 5 Se ayant été de nouveau interrogé fur celle de ces recettes qu'il jugeoit mériter la préférence , il lépondit 4t2 JOURNAL DES SÇAVANS, que ç'étoit la àernicre , jufqu'à ce chanter, de mettre & d'ôter leurs que l'expérience eût découvert manteaux , &c. Ce hir [ conrinuc quelque chofe de meilleur. On lui l'Auteur ] par de fcmblables f'.nge- demanda quelle étoit cette demie- ries que nous eûmes la patience de re , (ur quoi taifant reflexion que les Japonois donnoient des noms très-longs & trcs-cnipliatiques aux chofes qu'ils efUmoicnt le plus , il répondit que c'éroit le Sal volatile deofnm Sylvù. On écrivit ce nom derrière la jaloufie , après l'avoir fait repeter plulleurs fois. On lui demanda s'il le pouvoit faire , fur quoi l'Ambafladeur lui fouffla à l'oreille de dire que non ; M. Karmpfer cependant répondit que oui , mais non pas au Japon. Ayant ajouté qu'il fc pouvoitfaire à Bata- via , l'Empereur donna ordre qu'on lui en envoyât par les pre- miers Vailleaux. Enfuite ce Prince s'étant approché plus près des Hol- landois , toujours derrière les jalou- fîes ; il leur commanda d'ôter leurs capes ou jnanteaux qui étoient leurs habits de cérémonies , de fc tenir debout, de marcher , de s'arrêter , de fe complimenter l'un l'autre , de fauter, de faire l'y vrogne, d'ccor- -cher la Langue Japonoife, de lire ■en Hollandois , de peindie, de divertir pendant deux heures l'tm- pereur &i toute fa Cour.L'AmbafTa- deur feul en fut difpenié par ref- pcél pour fon caractère. Enfin on leur fit remettre leurs manteaux fur leurs épaules Se prendre congé. L'Auteur -nous entretient après cela des vifites faites par l'Ambaf- fadeur aux Confeillers d'Etat, aux premiers Officiers delà Couronne , aux Gouverneurs de Nagafaki , dont l'un fe trouvoit. alors à ledo ; de l'audience de congé , du retout de l'Ambaffade à Nagafaki dont il nous donne un Journal fort cir- conftancié -, d'un fecoed voyage fait Tannée fuivaine à la Cour , enfin delcur Iccond retour d'iedo au lieu de leur refidence ordinaire. Ce dé- tail occupe les trois derniers Chapi- tres j & nous y renvoyons le Lec- teur. Nous refervons pour un autre Jcuinal les fix arricles de l'Appen- dice ou Supplément de cette Hi- ftoire, lefquels font très-dignes de lacuriofitédu Public. LA DECOVrERTE DE UEMPIRE DE CANTAHAR. A Paris , chez Pierre Prault , Qiiai de Gcvrcs , au Paradis , 1730. i. vol. in-iz. pp. 37J. LA Nation dont on décrit ici les mœurs , eft une Na- tion chimérique , chez laquelle l'Auteur de cet Ouvrage ttanfporte ■ïoiir ce qu'il lui plaît. .C'cft un furieux orage qui le jet- te fur cçi, Côtes fortunées , il y eft accueilli par des habirans charita- bles qui le rappellent de la mort à la vie. A peine efl-il en état de pren- dre connoidance de fon fort , qu'on lui apprend que tout ce qu'on a pu fauver J U I L L fauver du naufrage lui a été confervé parles Magiftracs publics , & qu'il en peut difpolcr en payant (împle- mcnr les )ournées de ceux qui l'ont retiré de l'eau. ta vente de fes marchandifes me: notrcVoyagcur en état de fup- porter fes malheurs. Il apprit la Langue du Pays , s'y fit plulieurs amis , & fe mît au fait du caraâcre dcsCantaharicns , de leur Gouver- nement , de leurs forces de «erre & de mer, de quelques-unes de leurs plantes Se de leurs animaux qui nous font inconnus > de leurs Loix , de leur Religion , & de leur Coui- merce. Un des moyens qu'a trouvé no- tre Auteur , pour donner un air étranger au Pays qu'il décrit, c'eft de donner des noms barbares aux chofes les plus communes. Chez cette Nation , Matadril veut dire Gentilhomme ; Senerki , Juge j 3ûàenqnicr ^ Mac^irtrat ; Quink^ardy^ Gouverneur; Scapador^ Fraudeur; Jîiiftm , Païfan ; Pordie , Vill/ige ; FercAndie , Fermier gênerai ; Tou- ranki , Sagede^ Kindar , Dotîleur j 'Torpar , Or j Kiriole , Cuivre ; Monskj , Soleil ; Sophodars , Haute NoblclTe; Diarmts ^ Etoiles; Car- vapcie , Hôpital , &c. Ce peuple vit depuis mille ans fous un Gouvernement Monarchi- que , on y raconte que les deux cens Sages qui firent fes Loix ne fe déterminèrent .T lui donner un Roi qu'après avoir mûrement examiné tout le bien & tout le mal que les ^ifferens Gouvernemens avoicnt caulés dans le monde. Leur recher-t juillet ET, I 7 3 r-\ 4rî chc leur fit connoître que les pre- miers hommes avoient été gouver- nés par les chefs des familles, mais que la foibletle des vieillards Se leur tcndrefle naturelle pour leurs entans , apportoient neccllairemcnc dans le monde l'impunité & tous les maux qui la fuivent. En conti- nuant de parcourir les anciens Mo- numens, ils virent que le Gouver- nement qui avoit fuivi celui des pères de familles étoic Républi- quain ; mais n'y ayant remarque que jaloufie entre les Citoyens , que fadions pour parvenir aux Di- gnitez, qu'intrigues pour s'enrichir aux dépens les uns des autres , que confpirations pour s'emparer de la Souveraineté , ils rejetterenc cette forme de Gouvernement. Comme ils fe trouvoicnt depuis long -tems dans un Etat tout en- fcmble Monarchique , Ariftocrari- que & Démocratique, ils en cor- noilfoient trop les inconveniens pour le conferver , & rcfolurenc de donner toute l'autorité à l'Empe- reur , perfuadés que li le peuple tomboit jamais fous un méchant Prince , tout le mal qu'il pourroic faire ne feroit quepalTager , au lieu qu'il eft prefque incurable dans les autres Gouvernemens. Cet Empe- reur s'appelle Kincandicr , nom compofé de trois mots , qui figni- fient juftice , clémence & valeur. Celui qui regnoit au tems que notre Voyageur feint d'avoir abordé cette terre , avoir abro- gé toutes les Coutumes particulières à chaque Province , & n'en avoic fait qu'une générale pour tout 414 JOURNAL D l'Empire, de telle force qu'un Ju- tillelbus fon règne croit plus favanc au bout d'un an d'étude qu'il ne r s'établir , dii-il ^ n'ont qu'une »j modique pcnfion viagère, &C cel- M les qui veulent fe marier dans M l'année font obligées de s'aflem- » blcr au commencement du Prin- wtemsdans un lieudéfigné, où les i> jeunes garçons ont foin defe ren- ndrc; <5c après que les Magiftrats » on: pris le nom , l'âge , la qualité j> & le portrait de chaque fille, s> l'aflemblée fe fcpare pour ûx 5>mois, pendant lefquels les gar- H çons vont trouver les Magiftrats sj pour leur dire le nom des filles j) qu'ils veulent époufer , leur re- 9> mettre en même-tems un état de «leurs biens ^ afin deconvcnir en- «femblc de ce qu'ils doivent pru- "demmcnt donner , fuivant le de- i>gré de beauté de la perfonne » qu'ils demandent en mariage ^ >5 pour aider à marier les laides que i» les Magiftrats dottent ^ & que des » garçons fans bien époufent. T ; 1751; ^ 4ry » Lorfque le jour de déclarer^^tous » les mariages cft arrivé , on fc raf- "femblc de nouveau dans le "même "endroit , où les Magiftrats font wappellerles filles les unes après les » autres, enfuite leur donnent à » lire les noms de leurs f^upirans, » parmi lefquels elles choififtent » ceux qu'elles efl:iment le plus , &: » après que toutes les filles fe font »ainfi déterminées , un Crieur an- >» nonce le nom des garçons & des » filles qui font dcftincs les uns pour »j lés autres. Alors l'Amant va join- >j dre fa Maîtrefte qui lui prcfcntc «une petite fleur qui a la figure >j d'un cœur, & la conduit enfuite M chez elle;où dès ce moment il eft » conlîdcré comme le gendre de la « maifon, le mariage devant s'ac- »> complir dans huit jours au plus " tard. » De cette manière il ne reftc » point de filles à marier. Si les »3 riches époufent les belles , les " pauvres en prenant les laides , y «trouvent un fecours qui adoucie n la peine qu'ils auroient à vivre «fans bien. C'eft ce qui les engage » à confiderer leurs femmes , & fi M le bon carad:ere s'y reiicontrc , ils n ne les en aiment que plus tendre- » ment. Ils joiiiftent encore de cette »ï douce tranquillité inconnue aux » pofleiïcurs d'une beauté , par la n crainte perpétuelle où il eft que «quelqu'un ne partage un bien î> qu'il n'a choifi que pour lui feul. M Par cette liberté qu'on donne aux M filles de prendre celui qu'elles M confiderentle plus , on entretient » les jeunes garçons dans l'envie de 4,t6 journal D »lcur plaire par leurs bonnes *» mœurs , ôcde juftificr leur choix. Nous terminerons cet extrait par apprendre au Lcdeur dans e]ueUc voiture notre Voyageur s'é- carra de ces terres inconnues. Ce fut dans une machine de jonc fort légère , en forme de Baignoire , de onze pieds de circonférence , avec des coffres tout autour pour enfcr- ES SÇAVÂNS, mer fes provil;ons.C'ell à cet efpecc de Char qu'il s'avifa d'attcller 24. Cicognes qu'il avoitdrefTées à l'en- lever. Après bien des effais, S>c dans le temsqueces Oifeaux palTent en Europe , notre Voyageur s'aban- donna à leur conduite , & vint heurcufcment aborder fur la Tour d'Utrecht , fans nulle mauviife avanture. ESPRIT DES CONFERS ATIONS AGREABLES, ou noHvean mél.înge de penfées choijîes en vers & en profe , férienfes & enjouées , & de phijïeurs traits d'Hifioire , curieux , interejfans , d'anec- dotes finguliercs , d'Hiftoriettes injîritciives (fr de remarques crititjues fur plnfieurs Ouvrages d'efprtt. Par M. Gayot de Pitaval. A Paris , chez la Veuve de Laulne , rue S. Jacques ; Théodore le Gras , au Palais ; & Guillaume Cavelier , rue S. Jacques , proclie la Fontaine S. Severin. 175 1. in-iz. 3. vol. premier vol. pp. 782. fécond vol. pp. 496'. troi- I:cme vol. pp. 49 S. IL faut que M. Gayot de Pitaval fc foit appliqué depuis long- tcms à rcciieillir , foit dans les Li- vres , foit dans les convcrfations , certains traits aufquels il a cru pou- voir donner la qualité de bons mots, &: des faits qui lui ont paru propres à léjoiiir fes Leâ;curs ou à les inîbui- rc en les amufant, puifquc depuis dix années il a tiré de ces porte- feuilles dix Volumes qui font .\ peu près dans le même goût. Les pre- miers ont paru fous le titre de Bi- hliothetjue des gens de Cour , dans icfqutls M. de Pitaval a refondu l'Ouvrage qu'il avoir tait paroître quelque tems auparavant fous le titre modeftc à' Heures perdues du Chevalier de Rior. A la Bibliothè- que des gens de Cour fuccederent kf Saillifs d'Efprit , elles furent bien-tôt fuivies de l'A>-t d'orner l'efprit en Famufant , après lefquels font venus les trois Volumes donc' il s'agit j (ans que nous fçachions encore fi les porte-feuilles dciquels font forcis ces dix Volumes fonc épuifcs. Voici en quoi M. de Pirival trouve que fon dernier Ouvrage cft dilHnguc des précedcns. » Je » l'ai, dit-il , embelli des plus beaux "traits de l'Hiftoire , de ces en- » droits que la plupart des gens y " cherchent avidement, & qui les n dédommagent de la peine qu'ils » ont eue à la lire, & de ces traits » que tout le monde veut apprcn- »> dre , & qui ornent les convcrfa- » rions & les rendent agréables. lï » n'en faut pas davantage, <ï/(?«^^-//^ » pour juftiiier mon titre qui cou- J U I L L * vient d'ailleurs au relie de l'Ou- >■> vracre. " Pour metrre nos LcAeurs en ceat d'en juger, nous allons rap- porter quelques traits de différentes cfpeces. Les petites Pièces de Poëfic qui fe trouvent répandues dans ces trois Volumes , font ou de l'Auteur dé- guifc fous le nom de Damon, ou de l'Abbé Régnier, de Sanlec, de Roubin Se de Laines, Voici une Epigramme de Damon ^ contre un Auteur qui avoir donné au Public un vafte; Répertoire de Droit. Le généreux Licas jaloux de la gloire i)e donner au public de monftrueux prefens, Vient de l'accabler d'un vaftc Réper- toire , Où l'on cherche toujours yaincment le bon fcns. Une autre Pièce que M. de Pita- val donne pour un impromptu de fa façon nous fournira un fécond exemple. Cette Pièce cft adrclTce à une Dame nommée Défos. Un morceau délicat renfermant fous (a maffe Un fuc des plus exquis , eft mangé jnf- <]u'aux os ; Toi qu'cfcorte toujours une nouvelle grâce, Etqne le ciel doiia d'un œil vif &difpios, lyun nés appetiflant , d'une bouche riante , D'mn tein frais & vermeil animé d'cjn-- bonpoint 5 ET, 173 ï' il? D'un efprit enjoué , dont le fel nous en- chante , L'amour te fait fiibir ce fort de point e« point , Le jour que je te vis 6 beauté dé'leftable ! Je m'écriai d'abord , vit-on jamais fur table , Même des miem fervies , un mets aulfi friand ? Mon ame jufqu'aux os te croqua daofi l'inftant, M. Roubin efl: conhû par fon fameux Placet au Roi fur les Ifles. II eft tombé entre les mains de 3VI; de Pitaval plufieurs Pièces de Poë- fies du même Auteur , i-1 y en a qui lui ont paru très - médio- cres , il y en a d'autres aufquellesil a cru devoir donner une place dans fon Recueil. La première eft une Idille où le Poëte ayant fait une defcription de l'hiver finie par ces deux ftrophes. Aînfi maPhilis je préten». Mal-, ré !a tempête & l'orage , Voir bien-t plus de goût dans les avis qu'elle 1» donne à fon fils que dans ceux " qu'elle donne à fa fille , ne fera- Mce pas parce qu'ayant pour fon "fils une tendrclTe plus vive, fon :> cœur a fait prendre un plus grand jSJcffç'à fon efprit. On defireroit » que l'Ouvrage fût plus méthodi- ij» que 3 ôi qu'en le lifant on fçût T ; I -7 3 r. '41^ » mieux où l'on va. Cette fineflc » de ftile , ces cxpreflions propres 5> qui habillent la penfée avec une M fi grande juftclie , ces fentimcns » qui animent l'Ouvrage & le ca- » radrerifcnt , nous reprefeintent un 3> génie des plus heureux ; l'art n'cll »pas aiïez caché , en quelques en- «droits il éclate trop. Après tout M on peut dire que Madame Lam- »bcrt par fes talens élcvc fonfexc » & mortifie uh peu le nôtre. Nous ne rapporterons pas ici des portraits non plus que des bonsmots, ou ceux que l'Auteur a regardés comme tels ; ceux qui en font cu- rieux auront recours au Livre mê- me. Nous obfcrverons feulemenc ici que l'Auteur s'adreiïe aux Criti- ques dans une Pièce de vers qui termine fon Ouvrage. Il leur die que s'ils ont acheté fon Livre, ils doivent le prifer comme leur pro- pre bien , & que s'ils l'ont errprun- té ils n'ont point acheté le droit de le critiquer. S'il s'en trouve encore malgré ces deux raifons qui foienc d'humeur à le critiquer , il leur dit: Gardez- vous d'oftenfer un Bourgeois dur Parnafle , Qui vous inonderoit des flots de fort courroux. M. de Pitaval n'en a point tou- jours agi fi vivemenr avec tous fes Cenfeurs. Il a mis dans fa con- duite de la diftindion entre fes advcrfaires ; car en parlant dans fa Préface des Journaliftes de Tré- voux , & de l'extrait qu'ils onc donné du Livre dg l'Art d'ormf 420 JOURNÀLD tBfprit en l'Amitfant , il déclare que comme ce font des légions qu'il ne veut point avoir fur les bras , il les remercie de leurs élogesj qu'à l'égard de leurs traits, il bailTe la tête fans rien dire , & qu'il tâche d'efquiver les coups. Il n'a point ufé de la même modération à l'é- gard de l'Apologifte des Anglois & des François , qui a eu la hardiefTc de traiter de drogues la Bibliothè- que des gens de Cour & les Saillies d'Efprit , M. de Pitaval revient pîufieurs fois à la charge contre lui en profe & en vers , & il y a bien ES SÇAVAKS de l'apparence qu'il y revicndci encore par la fuite, puifqu'ilaiîu- re que les Poéftes Sacrées tr.idtiitet ou mitées des Pfeetumes qu'il crovoit être un Ouvrage Pollhume de Chapelain^ & qu'il a reconnu de- puis être un Ouvrage de fon Criti- que, lui a fourni les femeiices de plus de cinquantcs Epigrammes. Notre Journal n'ell point fait pour être leThéatre de ces difputes,dans Icfquelles il paroît entrer bien de l'animofité. C'eft pourquoi nous ne japporterons aucune des Epigram- mes que le chagrin a produites. I Q^U JESTIO MEDICA CARDINALITIIS difputationibus manè difcutienda in Scholis Medicorum , die Martis décima tertiâ lylartii. 1731- M. Ludovico-Joanne le Thieullier, in major^ Confilio Régis , Mcdico ordinario , Dodore Medico Praefide. ^n Alimenta Sifccharo conditet ^ Snlubria} C'eft -à -dire: Queflion agitée dans Us Ecoles de Medeane de Paris , fous la Priftdence de M. Louis le ThieuUier , Médecin ordinaire du grand Confeil , & Doreur en Médecine , propofé^ par Robert - Hubert Linquet de- Reims , & Bachelier en Médecins j ff avoir y fi les Alimens afaifannés de fucre font favor.ihUs k la famé î A Paris , de l'Imprimerie de G. F. QuillaUj Imprimeur de la Faculté de Médecine. 173 1. /ff-4*. PP- 4- NOUS parlons de cette Thé- fe , à caufe du point fur le- quel elle roule : il n'eft pas indiffè- rent. On demande fi le fucre eft un aflaifonnemcnt convenable à la famé .'' L'Auteur tient l'affirmative, & prétend que c'eft quelque chofe de 11 fain , que fi l'on veut vivre long-tems , il ne faut pas appréhen- der de manger au moins une livre de fucre par jour. Sur quoi fonde-t-il un tel fenti- jncnt? Le voici : il pofe d'abord pour principe, 1». qu'un aflaifop- iiement, pour être regardé en gê- nerai comme fain , ne doit pas feu- lement plaire à une perfonne, ou à une nation , mais qu'il doit être profitable & agréable à tout le monde fans exception. Comme le pain ; c'cft l'exemple qu'il cite, 2". Qii'entre les alfjifcnnrmens , il faut préférer celui qui Icrtà conf^r-, ver les alimens , à qui procurera d'geftion , Palmam ei tribue quid al. -'tfia confervat, ccncoSicnem ad' J U I L L £ 'juviti ; puis il dit que comme l'eau qui tombe goûte à goûte , creuC; peu à peu les pierres j de mcmcl'u- îage que l'on fait des airaiforine- mensfansy apporter le choix neccf- faire, mine infeniîblement le corps & l'altcre d'autant plus que l'on pcrfevere davantage dans cette mauvaife conduite. Voulez - vous donc , continue-t-il tout de fuite , joiiir d'une fanté parfaite ? Ufez d'aflaifonnemens qui puiflent en- tretenir dans le corps l'adion réci- proque des parties folidcs contre les parties fluides , & des parties fluides contre les parties folides, en forte que ces parties foient toiljours dans un partait équilibre les unes à l'égard des autres , faute de quoi la fanté ne peut fe foûtcnir , parce ^ue c'eft ce mouvement d'équilibre qui rend les alimens propres à repa- jcr la dilïipation continuelle de la /ubftance du corps , cette répara- tion étant le feul. Ouvrage delà di- geftion , &c la digcflion n'étant que la dilTolution ou divifion parfaite des alimens , produite par le mou- vement réciproque dont il s'agit ; cnforte que les particules des ali- mens deviennent aflez fines pour pénétrer dans les vaifTcaux ladés & jo là dans la maffe du fang. Or fi Ton examine bien les qualitez du fucre , on découvrira , pourfuit toujours notre Auteur , qu'il eft ca- pable de produire tous les excel- lens effets dont il s'agir. Après ces reflexions ondonnc eiî abrégé l'Hiftoire naturelle du fu- cre , & on décrit enfuitc comment il fc prépare ; mais comme on n> Juillet, T; T7îr: 421 tire de là aucune raifon pour prou- ver le point de la Théfe , nous laifferons cet article pour venir à ce qui eft proprement du fujet. U eft difficile, dit l'Auteur ; d'accorder cnfemble le goût & la fanté. Ces deux chofes cependant fe concilient parfaitement , félon lui , dans l'ufage du fucre ; il prétend que cet aflaifonncment fournit tout à la fois l'agréable &: l'utile , ali- mentis faccharo Conditis palma men- farum tribuitur (juibus mifcetur utile dulci. Notre Auteur vient ici aux principes qu'il croit conftituec l'efTence du fucre. Il foiitient que cemixteeft un fcleiïentiel , corn-' pofé de fel acide , d'huile & de terre ; que l'effet qui rcfulte de l'u- nion de ces principes , eft de corri- ger le goiàt défagréablc de certains alimens , de conferver ceux qui font fujets à fc corrompre , de tem- pérer l'acreté des uns , l'aigreur des autres, de modérer la trop grande adion de quelques autres , enfin de donner à tous un goût délicieux. A l'énumeration de ces qualitez , il joint l'éloge fuivant : » Le fucre a » une vertu fi étendue qu'il renfer- j»me en foi toutes celles qui fe «trouvent partagées dans les autres "alfaifonnemens. On le peut fub- n ftituer fur les Tables à quelque 3> forte d'aflaifonncmenc que ce ïî foit, fans que les Tables y perdent n rien de ce qui peut les rendre dé- »> licieufes. J'ofe même avancer que >»le fucre eft d'une fi grande necef- »fité , qu'on ne peut fe loiier avec n raifon de la bonté d'aucun mets * » û l'on n'y a du moins râpé un pe» 422 JOURNAL DE S SÇAVANS; » de fucre. Que fouhaite-c-on après >• vulacrairc & plufieurs autres cïio* » avoir mange , iînon que les ali- >5 mens qu'on vient de prendre 3»foient retenus alTez long-tems ;jdans l'eftomac pour s'y diiloudrc («parfaitement , & produire pat " cette diflbliition parfaite un chyle «capable de nourrir le corps, &C j>d'en reparer les forces î Or c'eft 3jce qu'aucun aflaifonnement ne j> peut mieux procurer que le fucre. Comment cela ? Voici de quelle manière notre Auteur le prouve : Le fucre délivre l'eftomac de toutes îes humeurs grofficres & vifqueufes contenues dans la cavité de ce vif- cctc ; il excite les fucs engourdis, il pénétre les alimcns , &^ par les pointes dont il eft armé en divifc les parties. Il fc mêle avec la falive, & détrempé par les particules rou- lantes & flexibles de cette ûlive , il devient fluide & coulant , au point de porter fon adlion au - delà iiiême de l'eftomac ; il ouvre le chemin au chyle , Se charié en xnémc-tems avec lui aux différentes régions du corps , il y produit des effets admirables : le fucre émoufts l'acrimonie de la pituite , il appaifc ia toux, il corrige les apretez de la «orge & des poumons , en endui- fant par le moyen de la falive où il fe mêlej les parois de ces organes. Nous voici déjà au dernier arti- cle de la Théfe : » Le fucre , dit « l'Auteur pour conclufion , cft; " rccommandable par plufieurs ti- » très. C'eft un médicament héchi- J> que 6c ftomachiquc , un médica- » ment qui conforte le cœur & le »cerveau , un ophtalmique , un »>fes , il renferme une qualité bal- »famique ; il a la propriété de pre- » fcrver de corruption pendant un "long efpacc de tems , les fleurs ^ n les fruits , les racines, & toutes n les autres parties des végétaux ; il M confcrve de même dans leur cn- » ticr les parties des animaux ; vcr- »>tuque non feulement la raifon , »mais l'expérience confirme : le ïjDuc de Beaufort cft mort de » fièvre à l'âge de 70. ans , & il eft » à noter que pendant les quarante » dernières années de fa vie,il ne fc » pafToit point de jour qu'il ne s; mangeât plus d'une livre de fu- " crc. Son cadavre ouvert , on lui n trouva les entrailles les plus faines » du monde , les dents fermes & »• entières. Un autre mangeur de fucre que notre Auteur ne nomme point , Sc qu'il appelle feulement ty^lter , a vécu cent ans dans une pleine faute, mettant fon plaid r à ufcr de miel & de fucre dans tous fes alimens , fans exception , fcit viande , foie fruits , t^nt il efl vrai ^ conclut no- tri» Auteur , <]i*'d n'y a rien a crAÏn- dre de l' itfage modéré du fucre -^ » & jj qu'au contraire on n'en doitatten- » drc que toutes fortes d'avantages sî pour la fanté , puifqu'il difpofe & M aide l'eftomac à bien digérer , -s Tlans & Figures, Par M. l'vîbbé Guilbert , P. D. P. du Roy. A Paris j chez André Cailleau, Place du Pont S. Michel , du ccité duQuai des Auguftins, à S. André. lyjr. vol. /«-12. deux Tomes, premier Tome pp. 241. Tome fécond pp. 505. L' A U T E U R de cette Dcfcri- ption de Fontainebleau, paroît n'avoir rien néglige pour la rendre complette : Pe.ntuns , Sculptures^ Reliefs ^fondai ions de Bàtimens^Rais fous lefquels ils ont été élevés , Ar- tijles qui y ont été employés , évene" mens remarquables qui y font arrivés, tout cela a été le fujet des recher- ches de M. Guilbert. Pour faire voir quel foinil y a apporté , il dit qu'/7 les A faites avec l'exaEîitude qu'on peut attendre d'un homme eapable de fe tromper , mais qui cherche unique- ment le vrai. Il avertit qu'il n'a donné pour certain que ce qu'un mûr examen lui a fait croire tel , Se pour douteux .Cjc qu'il n'a pu appuyer de preuves fuflfifantes. Il affure qu'il a blâme fins pallions , & loiié fans partia- lité. Il donne la préférence au Châ- teau de Fontainebleau fur celui de Verfailles, & comme quelques per- fonnes lui ont reproché à ce fujet qu'il imitoit ces Panégyriftcs qui ne connoiHent de merveilleux que ce qu'ils entreprennent de loiicr ; il répond qu'il fera pleinement juftifié en prefentant , comme il fait , à U tête de fa Defcription , les témoi- gnages que les anciens Ecrivains ont rendus de Fontainebleau. Il pré- tend d'ailleurs que fi on examine bien fes paroles , on verra qu'il a moins augmenté que diminué les éloges de ceux qui appellent Fon- Hhij 424 TOURNAI I>E tainebleaii , la petite Rome , & qui aflurenr que depuis le règne de François I. il y avoit toujours eu plus de trente Peintres qui y étu- Gioient comme on fait à Rome , Qu'il en eft forti un grand nombre de très - habiles Maîtres qui y étoient nés , de que le feul Cabinet des Peintures , dont on a tiré la plus grande partie des Tableaux qui ornent Verf ailles, & dont l'autre a. été brûlée en 1702. renkrmoit plus de peintures & plus de defleins ori- ginaux des grands Maîtres qu'au- cun Cabinet de peintures de l'£u- «opc. Bien des gens s'attendront peut être , dans une Dcfcription comme eellc-ci , de trouver les chofes ejc- primées par les termes propres d'Architeâ:ure& de Peinture; mais M. l'Abbé Guilbert avertir que ces termes lui ont paru fuperflus &c embarrallans dans un Ouvrage que le public ne confultera pas pour les y apprendre , &c il dit qu'il y a fub- ftitué les Vies abrégées des Peintres Si des Architedes , autant qu'il a pii les découvrir dans les vrayes îburces, ayant été obligé d'en omet- tre quelques-unes , parce que les Peintres de l'Académie de Paris, qui font travailler à un nouveau Recueil de ces Vies, refufent toute communication de leurs Mémoires. Les évenemens confiderables qui n'ont pu être placés dans le corps de l'Ouvrage , il les a renvoyés à des Notes quife trouvent quelque- fois varices par des traits d'iiiftoires étrangères , il indique le fujet des Peintures &c des Relicfî , 6c il en 5 SÇAVANS; donne en pafTant , une légère idée |: il avolie qu'il a cré quelquefois obli- gé de deviner certains fujecs , parce qu'ils font altérés ou effacés -, mais comme il a confulté là-defTus plu- fieurs Peintres habile? & differens ConnoifTeurs, il compte s'être peu trompé. Il a pris la même précau- tion pour ce qui regarde les planï 6 les dclTeins , & il reconnoît être redevable de la plupart de ces plans Se de ces dedeins à l'habile Varin de Fontainebleau. Il efpcre que la Carte qu'on trouve ici de la Forêt , fera aulîi agréable qu'utile, parce qu'outre cette Foret âclc Château , on y voir encore les Villes , les Villages &c les Hameaux à fix lieuës^ à la ronde , les noms des Seigneurs à qui ils appartiennent & diverfcs échelles pour faciliter l'ufagc de la même Carre. M. l'Abbé Guilbert ne fe conten- te pas de reprefenter Fontainebleau tel qu'il efî; , il marque en peu de mots les changcmens confiderables qui y ont été faits fous les règnes precedcns. Le Père Dan Reli- gieux Mathutin , Auteur du Tre- for des merveilles de Fontaine»" bleau , le feul qui en ait traitc,ne lui a pas été inutile pour cela , quoique cependant M. l'Abbé Guilbert ns l'aie pas toujours copié , & qu'il l'aie même , à ce qu'il dit , quelquefois abandonné. On trouvera jointes ici au corps de l'Ouvrage , quelques DilTerta- tions qiu ne paroîtront peut-être pas indifférentes: de ce nombreeft" celleoù rinfciiption de la Chapelle du Roi eft expliquée , &C celle qui J U I L L commence l'Hiftoiie (le laForêt.On verra encore ici les Hiftoires abré- gées de Théagéne ic Chariclée , celle de Tancrede Se Clorinde, fans lefquelles on ne pourroi: encendrc les Tableaux qui les reprefentenr. M. l'Abbé Guilberc finit fort Livre par les pièces juftificativcs des faits qu'il y a avancés. Il dit qu'il auroit bien fouhaité pouvoir faire difparoître par l'ettjoiiement de la varration , & par des exprejjitns ^ifèes & légères , tout ce (jH'utii Defcrfption a defec <^ d'ennuyeux ; mais qu'encore (ju'tl ait eherthé à réujfir & a donner des preuves de fa konne volonté , il ti'ofe fe promettre tin telfuccès. Il fe calme cependant îà-delTus par le témoignage d'ApuS ïée qui dit .• Conatus fuit feinper m laude , Evcntus in fortunâ. Et par ce mot de Pline le jeune. Hiftoria ^uoquomodo fcripta déclarât. Il ne nous refte plus qu'à citer quelque endroit qui puifTe faire ju- ger en gênerai du ftyle & du goût de l'Auteur. Ce qu'il dit de la Cha- pelle de la Sainte Trinité , qui eft la Chapelle du Château , fervira d'exemple. On y verra comme il fçait profiter des occafions d'inférer dans fa Defcription diverfes remar- ques pour la varier. » S. Louis, dit^il, toujours at- M tentif aux devoirs de la charité ,' M ôc perfuadé que les pauvres & les » infirmes doivent en être les pre- ^ mieis objets, fonda en ce Château' E T, 1731. 42; » un Hôpital pour les malades des )> Pays voifins , ^jii de circum ad' njacentibns locts , defertis & aridn n confluant , dit la Charte de fon- w dation du moiî de Juillet lij?. » & en confia le loin , comme il n avoit déjà fait à Paris , Compic- » gne , Verberie , &c. aux Reli- » gieux Trinitaires , dit Mathu- » rins , & leur donna la Chapelle » de S. Saturnin , du confentemenc w de rArchevêque de Sens , de » Nicolas, pour lors Chapelain de T> ce Château, & de celui du Curé » d'Avon , en augmenta les reve- « nus (5c fit bâtir une féconde Cha- '> pelle fous le titre de la Sainte Tri- j> nité , dont l'entrée étoit en place f de l'efcalier du Fer-à-Cheyal, S£ » le chevet où eft aujourd'hui l'ef- }) calier qui tient à l'Eglife , & « conduit à la Galleric des Refor-' » mésj&pour lequel on détruifitert «1684. une vieille Arcade de l'an- » cienne Eglife qui étoit dans une » cfpece de Chapelle à droite eit V entrant. a Mais François premier voulant 5> augmenter ce Château , & ayant » acquis le terrein des Mathurins ; » comme il a été remarqué , fit ab- 3> battre cette Chapelle & bâtit à » la Romaine celle qui fubfifteau- » jourd'hui entre la Cour du Che-, » val blanc & le Jardin del'Oran-i; » gerie , fur vingt toifes de long j, » quatre de large & huit de haur »> fous clef de voûte , non compri- » fes huit Chapelles voûtées de 1 3,- » pieds de haut fur 10. pieds & f> demi de profondeur qui fuppor-- w tent de chaque côté des terralTcS' 42^ JOURNAL D jj de communicuion aux difFercns » apparrcmcns. M. l'Abbé Guilbert a dit plus haut , comme nous l'avons rappor- té, que S. Louis confia aux Ma- thurins le foin de l'Hôpital qu'il fonda dans le Château de Fontai- nebleau. Nous remarquerons qu'à ce fujet notre Auteur trouve à pro- fos de rappeller ce que c'eft que Ordre des Mathurins. 3i L'Ordre des Mathurins , dit- » il, eft de l'an onze cens quatre- « vingt-dix-huit , & n'a été ap- » prouvé du Pape Innocent IIL » qu'en mil deux cens neuf : cet » Ordre prétend n'être point rede- M vable aux hommes de fon établif- » fement , mais à Dieu même , qui »cn donna le deflein à Jean de »» Matha & à l'Hermite Félix : Nen n a SanUis F^rbricatus , fed à folo nSummo Deo. Cet Hermite étoit du ï> Pays de Valois , ce qui a fait que »> par confufion des termes , on l'a » cru mal à propos de la branche *> Royale. » Ces Frères , fuivant les Statuts » de leur Ordre , ne dévoient fe y> fervir que d' Afnes pour leur mon- » ture , ce qui leur fit donner le » nom de Frères aux Afnes , ( Mc- j> zeray Tome V, ) qu'ils ont chan- » gé depuis en celui des M athurins, 3>du nom d'un Saint que l'on invo- » que pour la Folie ^ parce que »j Matto en Italien fignifie fou , & s> dont la Chapelle étoit où ces Re- » ligieux font établis à Paris. Aptes cette remarque , M. l'Ab- bé Guilbert vient à l'Infciptionqui eft fur la porte de la Chapelle du Château. ES SÇAVANS, » Nombre de particuliers , dit-H^ "frappés de ces paroles du premier » Livre des Paralipomenes, Cha- »> pitre î.^. verlet 20. Adoratc r> Deum , & deinde Regem , qui M font en Lettres d'or fur une table wde marbre au-defTus jdc la porte w de cette Chapelle , fe demandent n i\ dans ce Temple on y adore 3> Dieu &C le Roi tour à tour , ou (î il Dieu y partage avec le Monarque )>le culte qui n'crt dû qu'à la Maje- j»fté Suprême-, ou enfin fi le Roi, a après y avoir adoré Dieu , y eft }9 adoré des hommes , & femblent » fcandalifcs de l'ufage que l'on j M fait de ce terme d'adorer , qui ») pour être fouvent répété danç M l'Ecriture , ne peut cependant les jjradurcr qu'en leur remarquant » avec le fécond Concile de Nicée 1» contre les Iconoclalks [ c'eft-a- » dire Brifeurs d'Images ] que par »» le terme d'adorer on n'entend »j point toujours le culte fuprême de » latrie , mais quelquefois un iim- j) pie témoignage de rcfpcd: ( qui » condftoit autrefois à fe courber i> jufqu'à terre , ou du moins à de- « mi corps ) vraye fignification du » terme d'adorer toutes les fois » qu'il ne s'agit point cxprelfémcnt 3> de Dieu , comme dans le palfage j> preient , dont h première partie >j regarde uniquement Dieu, & la p féconde n'a rapport qu'au Roi » feul , ce que dillingue parfaite- M ment l'adverbe dei?ide , & la vir- >p gulc qui eft avant. M. l'Abbé Guilbert n'en demeu- re pas là , il cite à ce fujet les prin- cipaux endroits de rHcriture , eu J U î L L E le mot adorer cft pris dans le fim- plc fcns de fe courber , de fc pro- ftcriier devant quelqu'un , à quoi il employé deux pages entières , dont la conclufion cft qu'il faut adorer premièrement Dieu , 5c rendre en- fuite auRoi l'honneur qui lui eft dû: cet honneur dû au Roi donne lieu ànotreAuteur d'ajouter ici une autre reflexion : n Les Chrétiens , dit-il , » doivent être couverts de confu- » fion en penfant qu'il s'eft trouyé » parmi eux des hommes allez té- *> meraircs pour infirmer de telles » veritez , & dés monftres capables »} d'y refifter , Se d'attenter fur les » perfonnes des Rois , pendant que 3» l'on voit des Payens penfer fur Mcet article en vrais Chrétiens, &C M que l'on entend dire à Homère , » Livre deuxième de fon Iliade , » vers cent quatre-vrngt-dix-fept, '»> en parlant d'Agamemnor; ; la di- "gnité lui vient de Jupitef, %i un >' peu plus bas ; c'eft Jupiter même M qui donne aux Rois le Sceptre^qui » les bit dépofitaires des loix pour » gouverner les peuples. Vers 205. " & lOé. De l'Infcription qui eft au deflus de la porte de la Chapelle , notre Auteur defcend au Bénitier. Le Bé- nitier, dit-il, qui félon l' H fage an- cien efl AU dehors de l'Eglife , fera xuffi un jufie fHJet de réflexion aux amateurs de l'antiquité. M. Guilbert après ce début entre dans le détail fuivant : » autrefois, félon S. Pau- se lin , S. Chryfoftome , Eufebedc wCéfarée. & B.ironius, il y avoit 3> devant chaque Eglife des Fontai- »nes & de grands Balîins pour fe T ; I 7 5 r; 427 M laver les mains, le vifagc & la n bouche , avant d'entrer dans l'E- 33 glifc , & de participer aux Saints " Myfteres. Cet ulage a duré très- » long-tems comme il cft aifé de M le voir par les Fontaines qui font » encore dans les Parvis , & proche » les portes de la plupart des EgU- » fes de France, comme Roiien » Lyon , Paris, & principalement » devant les Cathédrales. Peu à peu >3 on leur a hit fucccder les Béni- » tiers , en confervant feulement- 3>l'ufage d'y remper une partie ds » la main , & de s'en laver le fronc » & la bouche , & dans la fuite ou«- » bliant le premier ufage de ces Bc- «nitiers qui dévoient être en de- »>hors , on les a placés dans l'inte- » rieur des Temples , fans aucun » égard pour la raifon qui apprend » qu'en entrant à l'Eglifc on prend » de l'Eau bénite par neccflîté , &: » que le peuple plus frappé de la M vue de cette eau qu'il voit à l'en- " tréc des Temples , que touché des M raifons qui obligent à y recourir, » en prend en fortant. Notre Auteur dit ici par occa- fîon que les Chartreux & les Carmes de la Place A-îanbert de Pa-^ ris , les ^ixcohins du Mans , & les Coràeliers d'£fiampes , ont parfaite- ment compris cette vérité , lorf qu'ils ent confervé l'ancien ufage de placer les Bénitiers au dehors de leurs Egli-i fes. M. l'Abbé Guilbert ne croit pas devoir s'arrêter davantage aux Bé- nitiers : Entrons , dit-il , dans le SanUuaire du Seigneur ^ & confide-^ rens avec refpeH les magnificences 4e 42« JOURNAL D fan falnt Temple. » Cette Chapelle , remdrque-t-il, «bâtie par François premier l'an i)i 5 ij.refta fans autre ornement que }> fon Arcliiteilure à la Romaine » jufqu'en l'an itfoS. qu'Henri le j> Grand y fit travailler Fxeminet , » c^\À continua fous Louis XIIL V toutes les Peintures, & commen- » ça par la voûte d'un Berceau à » plein cintre , diftribué en un » compartiment de trois grands j> Tableaux au milieu de deux car- » touches , ou cuirs, dans les cxtre- n mitez , de vingt-deux grands Ta- » bleaux ovales , & de feize quat» ai rezdans les entrefuites jtons avec « leurs bordures de ftuc , d'environ » un pied de relief , enrichis de » moulures, cardrons, des chiffres 5) d'Henri IV. Marie de Médicis, «'.Louis XliL & Anne d'Autriche, M & de nombre de fleurons en or *, » le tout terminé par use grande ^corniche, aus-deflus de laquelle >j font aux deux extremitez , les » Armes de France & de Navarre » fur deux cartouches de ftuc fup- « portées par des Anges auffi de » ftuc , & reliets plus grands que » nature , 6:c. L'Auteur, à l'occafion d'Henri le Grand & de Fremincc , fait deux remarques : la première , Que » Dom Pedrc Ambafladeur d'Ef. « pagne , interrogé par Henri IV. » comment il trouvoit le Château » de Fontainebleau , répondit avec «l'air de confiance jqu'infpire la M gravité du Pays : // eft très-beau , » Sire , & il n'y manque ijue d'y lov if^ir Die» nuffi-bien que Votre M&t ES SÇAVANS, » ie^è : A quoi le Roi habitué à de » pareilles rodomontades, répliqua » vivement : En France nous logeons, M Dieti dttns nos cœurs , maïs en » Efpaqne on le loge dans des Tem-^ M pies de pierre , ic fit auffi-tôt tra- » vailler à orner cette Chapelle- La féconde remarque de Mj Guilbert concerne Freminet , la voici mot à mot : Martin Frémi-; net, né à Paris, étudia à Rome la manière de Michel-Ange , & fe fit à Venifeune très-grande réputa- tion par fes beaux Ouvrages -, ce qui engagea Henri IV. à l'appellet en France pour le faire fucceder en mil fix cens trois à la place du prc-: mier Peintre du Roi, vacante pat la mort de Dumontier. Louis X III. I honora en mil lix cens quinze du Cordon de S. Michel. Ses Ouvra- ges font trcs-eftimables , quoique tiès-peJ recherches du commun^' pârc; lie fa manière de peindre fiere &: terrible, donne à fes figures des mouvemcns trop fort5 \ défaut , fi c'en cftun , qu'il tcnoit de Mi- chel-Ange j & qui l'auroit fait ad- mirer , fi la mort ne l'eût obligé de laifier fon Ouvrage imparfait , & ne l'eût enlevé à l'âge de cinquante deux ans, l'an mil fix cens dix-neuf. II fut enterré par dillindion à l'Ab- baye de Barbeaux , où fon corps eft auflî trais que s'il vcnoit d'être en- terré. M. l'Abbé Guilbert entremêle ainfi dans fon Ouvrage , lorfqu'il le peut , les Vies des Peintres qui ont travaillé aux Tableaux de la Chapelle. Nous difons, lorfqu'il le peut, car cetniîie il le remarque dans J U î L L ,2îans fa Préface , il n' fus de la Tribune du Roi, repre- ^> fente Noé qui ayant conftruic w l'Arche par l'ordre de Dieu, y ?■> fait entrer fa tcmme & fes enfans î> après y avoir enferme de toutes ^) fortes d'animaux. » Tous les Tableaux de cette n Chapelle font en huile fur plâtre. » Au fécond cft reprefcnté la ?5 chute des Anges. » Dans le troiiiéme on voit l'I- 1) mage de Dieu environnée des )) Puiflances Celeftes , qui félon i) les degrez de la Hiérarchie , fe j) prefentent avec des marques de « refpccfl. Plus bas dans le naême j> Tableau eft un Temple orné de jj colonnes , entre lefqucUes font « les vertus , où fe trouve la Jufticc 3) èc la mifericorde qui intercèdent i) pour le genre humain. » Dans le quatrième un rayon de >> la Divinité luit fur l'Ange Ga- «biiel, qui reçoit l'ordre d'annon» » cer à Marie qu'elle fera la mère »>du Verbe •, nombre d'Anges ,» s'empreiïent de fervir Gabriel , Juillet. ET, I 7 3 !• 4?j> » &i femblent vouloir s'informer M de ce Myfterc. » Au cartouche qui eft deflus » l'Autel, les Saints Pères qui ac- «tendoient la venue de Jefus- w Chrift, font remplis de joye à la » nouvelle de fa Naiflancc. » Sous l'arcade , derrière l'Autel M eft reprefcnté au milieu l'Ange i> Gabriel qui quitte le Firmament, » & defcend annoncer à Marie , j> que l'on voit à gauche , qu'elle j> eft choifie pour être mère du }> Verbe , qui va fe faire homme. » A droite l'Ange de paix tient » un flambeau , & met le feu à des « trophées de guerre. j. Les quatre élemens font l'en- „ trefuite des grands Tableaux 3, dans l'ordre qui fuit , Y %^'-^'>è^^i lii; ^31 JOURNAL DES S'ÇAVÂNS', MEMOIRE SUR LA GUERRE, OV L' 0 N' a IraJferrMé les maximes les plus necejfarres ditns les opérations de l'An Mi'ic(dre , fervant de Tome 4. nit Code Militaire de Aï. de 'Bricjitet. A Amftetdam , &; fe vend à Paris , chez Pierre Gatidoiiin , Libraire , Qi-ui des Auguftins , à 1p. Belle-Image. 16^31. vol. tn- 12. pp. 434. fans la Table &c un Avcrtillenicnt de 18. pp. L'EDITEUR de cet Ouvra- ge , qui vraifcmblablement n^cll: pas un Militaire , comme on en peut juger par les fautes qu'il y a hiirées , ne trouve que trois Livres fur l'Art Militaire qui méritent Tattention des Officiers. I". Celui du général Montecu- culli , Ouvrage très-fuceint ■, mais dans lequel on trouve cependant , dit-il, toutes les lumières nccclTai- res pour faire la guerre , &: princi» paiement pour la faire contre les Turcs : fon Livre , continue-t-il , qui n'eft connu que des Grands Maîtres , a été traduit de l'Italien en François par un homme d'efprit &c de mérite , attaché à feu M. le Prince de Conty , & fait defirerle détail de toutes les obfervations de ce tameux General de l'Empereur , qui font en manufcrit dans le Cabi- net de M. le Prince Eugène de Savoye. 2*. Celui du Vicomte de Puer- to, fi tameux dans toute la guerre d'Efpagne de 170Î. & connu au- jourd'hui fous le nom de Marquis (de Santa- Cntz.. Cet Ouvrage a pour titre , Reflétions Militaires y & cft le fruit du loifir que la paix a procuré à fon Auteur -, il ne s'en eft fervi, dit-on , que pour publier ce «[u'il y a de. plus fccret dans une Science fur laquelle on ne peut uti- lement & dignement écrire qu'aJ près une expérience confommée dans toutes les parties de la guerre ; cet Ouvrage a dcja dix Volumes im»primésen Efpagnol , èc fon Au- teur le continue. S'il étoit traduit en ■ François nos Officiers depuis le Subalterne jufqu'au Général y trou- veroient , dit-on , toutes les inftru- (firions nccedaires pour remplir leurs emplois. 3". Enfin le Commentaire que le Chevalier FoUard a joint à la traduction Françoife de Polybe , Ouvrage fuffifammenc connu du public , & par lui-même , &c par les ditierens extraits que nous en avons donnés. A ces trois Ouvrages que cet Editeur propofe aux Officiers pour s'inftruire de leur profcifion , il ajoure ces Mémoires fur la guerre , qui fans entrer dans tous les détails du M^rc\ms dz Santa-Cmz. , & du Chevalier Follard , établiffenc pourtant les principes de toutes les opérations militaires. Il ajoute qu'il fera glorieux à cet Ouvrage de pouvoir être regardé comme une fuite du Gode Militaire de M. Briquet. Nous ne voyons pas bien clairement la liaifon qu'ont cntt'cux ces deux Ouvrages , le pu-. J U I t L Llic la verra peuc-ccrc mieux que nous. Quoiqu'il eii foit , ce Livre fc peut divifer en quatre parties. La première donne une idée cénéralc des Etats de l'Europe, foie Monarchie , foit Republique ; éta- blit les maximes que doivent fuivra &c le Prince paifible , & le Prince ambitieux-, parle du foin que l'un & l'autre doivent prendre pour fe foriner des Généraux , &c de l'atten- tion qu'ils doivent avoir à diilri- buer leurs grâces aux Officiers , fui- vant leurs talens & leurs fervices. La féconde partie entre dans le détail des fondions du General, da Lieutenant Général , du Maréchal de Camp , des Brigadiers, du Ma- réchal des Logis de l'Armée, du Major General de l'Infanterie , du Maréchal des Logis de la Cavalerie, du Major Général des Dragons , des Commandans d'Artillerie, de Cavalerie , de Dragons, des' Direc- teurs Généraux d'Infanterie ôc de Cavalerie, & de leurs Infpeûeurs. On palfe enfuite au devoir de l'In- tendant de l'Armée, des Commif- faircs des guerres , du Général des vivres , du Prévôt de l'Armée, du Capitaine des Guides , du Vague- meftre ; enfin du Condudeur des Equipages. La troifiéme partie concerne la difcipline militaire , on y traite avec préciflon des Troupes qui compofcnt une armée, de l'habil- lement & de l'armement des Sol- dats , de la monture du Cavalier. On patTe enfuite aux munitions nc- celTaircs pour le fervice des armées. E T ï 175 r: 455 Les fubfiftanccs , les fourrages , les pâtures , le pain , la viande . & les Marchands fuivant l'armée , font la matière de cet article , ce qui re.- garde le Tréfor , les Hôpitaux , les Bagages, les Guides & les H ("pions vient après. La quatrième partie traite des différentes efpeces de guerre, on y trouve des principes pour la guerre defFeniîve & pour la guerre offenfî- ve ; pour celle qui fe fait entre Puiiïances égales, pour la guerre de fccours & la guerre civile. Après ces notions générales , on defcend aux différentes opérations Militaires , il n'en efl prefque point dont notre Auteur ne parle de fa- çon à faire connoître qu'il a vu tout avec d'excellens yeux ; il ne nous cfl: pas polîîble d'entrer dans un plus grand détail fur cette dernière partie ; c'eft dans le Livre même qu'on doit chercher ce qu'il ccn-; tient. Comme on n'apprend point au public quel efl l'Auteur de cet Ou- vrage , nous croyons devoir en dire un mot ici. C'cft feu M. le Marquis de Feuquicrcs Lieutenant Général des armées du Roi, & Gouverneur des Ville & Citadelle de Verdun , qui l'a fait, il y a plus de 25. ans j de telle forte que tout ce qu'on trouve dans cet Ouvrage , foit dans le titre, foit ailleurs qui lui fuppo- fe une datte plus récente , y eft four^ té par l'Editeur. Feu M. de Feuquieres ne l'a voit entrepris que pour ne pas confiera fa feule mémoire les fruits d'une ex- périence confomméc ôc réfléchie. 4Î4 JOUHNALD Quant il mourut il remit tous Tes papiers à M. le Comte dcFeuquieres foii ttcre , le conjurant de les re- mettre à M. fon fils , quand il fe- roic en état d'en profiter. La mort du fils a fuivi celle du père , & M. le Comte de Feuquieres s'eft trouvé par là propriétaire de ce précieux .dépôt. C'eft à lui qu'on l'a dérobé , Se la preuve qu'il n'entre pour rien dans cette Edition , c'eft qu'elle ctt faite fur une copie très-défedueufe. 11 nous a confié la bonne^ au moyen de laquelle nous avons reconnu que ce Livre fourmille d'omilîîons & d'additions qui défigurent tout l'Ouvrage ; le Chapitre qui traite des Camps retranchés fous les Pla- ces , & qui remplit douze pages du manufcrit , ne fe trouve même ab- folument point dans le Livre que nous annonçons. Il faut efpcrcr que ces raifons engageront M. le Com- te de Feuquieres à procurer au pu- blic une Edition plus correde Ac ce Manuel Militaire Le r^fpcd qu'il conferve pour la mémoire du Mar- quis dcFeuquierani s'eft chargé de la faire im- primer magnifiquement à Urh'tn , avec le Texte Latin tel qu'il fe trouve dans le célèbre Manufcric du Vatican. On fera graver foi- gncufementles figures en miniam- Juillet. T, J7 5t: 457 requi fe trouvent dans ce Manuf- cfit , & qui reprefentent les habits & les mafques dont fe fervoienc les anciens Comiques Latins. Bernabo propole d'imprimer par voyc de Soufcri ption l'Ouvrage de IVitdingHS fur les Ecrivains de l'Or- dre de S. François , lequel étoic devenu alTcz rare. On y ajoutera un Supplément avec la Vie de l'Au. teur. Le tout fera en deux Volu- mes in-fol. Le P.Dom Malachie d' Ingelhen, Moine de Citcaux , a dit-on , tra- duit en Italien le DiElionuaire de Moreri. De Venise. \Aïbriz.z.i eft aârucllcmcnt occu- pé à donner une nouvelle édition des Commentaires de Cornélius k Upide fur toute l'Ecriture Sainte. Giavarina qui a achevé d'impri- mer V Euchologe des Grecs du P. ÇoAr , fe difpoTe tout de bon a dori- ner l'édition qui a déjà été annoncée des Antiquitez Greques & Romai- nes de GratviHS , de Grmovms Ss. de M. de Salengre, Qiielque eonfiderable que foit cette entreprife , il ne laille pas de continuer toujours fon édition de la Biz.Antine , en 22. vol. in-fol. On prétend qu'elle fera préférable à l'é- dition dcParis. fur tout parce qu'on y ajoiàte des Pièces qui n'ont pas en- core paru , entr'autres les quatre Li- vres de fofeph Geneftiis , contenant l'Hiftoirc de Conftantinoplc , de- puis Lcon i* Arménien , julqu'à Baft- le le Macédonien ^ tirés des Mff, de M. Menkenius de Leipfig. Kk 458 tournai: d De Vérone. Tummerman-ni nfous VttiTcTea- ira àd Shnor Marchefe Scipione Maffei , cio e la Tragedia , U Co- media e il Dramma non pi» St^mpa- ta. Az^innta la Spiegaz.ione d'alcnne Antichita pertimnti al Teatro. ANGLETERRE. De Londres. Au défaut d'autres Nouvelles Littéraires de cette Ville, nos Lec- teurs feront peut-être bien aifes de voir icil'Epitaphe qu'on a mife de- puis peu fur le Tombeau du fa- meux M. Newton dans l'Eglife de Wcftminfter. La voici. H. S. E. IsAACus Newton Eques Auratus Qui am'iui v; prope divinâ , Planetarum motus , lîguras , 'Comecartim femitas. Océanique a:[lns^- Sua Mathefî facem prsferente, Primus demonftraTÏt ; Radioruni lucis difllmilitudincî . Colorum-;ue indc nafcentium proprie- tatcs , Quas nemo antc fufpicatus crat , perve- ftigavit. Naturae, Antiquiratis , S, Scripturi Sedulus , Sag'x, fidus Interprcs » Dci O. M. Majeftatem PhJofophiâ ape- ruit , Evangelii fimplicitatem moribus expref- fit. Sibi gratulentur Mortales , Taie tantumquc extitifîe HUMANI GENERIS DEÇUS Nat. XXV. Dec. A. D.m. dclii. obiit MaR. XX. m. dccxxvi. FRANCE. De Rouen. La fuite âcï'tlijhire Secrète d;s Femmes Galantes de l'Antiquité , ES SÇAVANS; dont les trois premiers Volumes fu- rent publiés en 172^. eft achevées d'imprimer chez ^ore , &c doit pa- roître inceflamment. Cette fuite remplit trois autres Volumes , à la tête defquels eft une Préface où l'Auteur explique ks principaux faits, qui dans les trois Tomes pré- cedens , demandoient quelques preuves hiftoriques pour montrer que tout le fonds de ces Hilloire? eft exadement vrai , & que les Epi- fodes de Galanterie ne fervent que de liaifon aux cvencmens. Ces for- tes d'cclairciftemens dans les Volu- mes nouveaux , font renvoyés à des Notes. Onze Hiftoires de ce même genre compofent ces 3. Volumes. Dans le premier qui fait le quatriè- me on trouve i". celle de Dorique Courtifanne Greque établie à Na- curare Ville d'Egypte , &: Maîtref- fc en premier lieu de Charaxe frère de Sapho , puis de Pfammis Roi de ce même Pays : 1°. L'Hiftoire de Sapho 2c de Phaon : 3". Celle de Ge?anie , Maîtrefle du vieux Tarquin : 4°. Celle de Phya aimée de Pilîftrate , Se Amante d'Hipar- qiie fils de ce Tyran. Trois Hiftoi- res font la matière du fécond Volu- me ou du 5': 1°. Celle de Rhodope Maîtrcfte du fameux Efope , la- quelle donne occafion de toucher fommairement les principaux faits hiftoriques concernant Crcfus Roi de Lydie , Apriès iS: Amafis Rois d'Egypte: 1". L'Hiftoire de Phédi- mc, fous Cambyfe Roi de Perfe : 3". Celle de Leina Courtifanne d'Athènes , où eft racontée la con- juration d'Harmodices & d'Arifto- J U ï L t gîtoiT. Enfin , dans le 3' ou é' Volu- me , on a rentcrmé quatre autres Hiltoires, favoir 1°. celle de Tul- lic temme du dernier Tarquin ; 2°. Celle de Percolc Reine de La- ccdemone : 3". Celle d'Anytis fille du premier Darius : 4". Celle d'Ar- tcmife Reine d'HalicarnafTe , auflî brave guerrière qu'amante infortu- nécj & qu'on ne doit pas confondre avec la veuve deMaufolc, pofterieu- re de près de deux ficelés. L'accueil favorable que le public a fait aux trois premiers Volumes de cet Ou- vrage , dont nous avons rendu com- pte dans notre Journal du mois de Juin de 16 16. eft un fur garant du fuccès des trois Volumes que nous annonçons. Louis du Sotiillet vient d'ache- ver une troifiéme édition en 1. vol. ;»-4°. & en 6. vol. in-ii. de {'Hi' fioire de U Vtll: de Roiten ^ par un Solitaire , 6c revue par plufieurs perfonnes de mérite. «731. Paris. De In. Méthode d.'obferver en ■mer la déclinaifen de la Boujfole, Pièce qui a remporté le prix propofé par l'Académie Royale des Sciences pour l'année 173 J. par M. Bougney y Hydrographe du Roi au Havre de Grâce , chez Claude Jomhert , rue S. Jacques , au coin de la rue des Mathurins. 1751= />/-4°. La Compagnie des Libraires délivre aux Soufcripreurs le Tome IV. des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences ^ depuis 1666, jfiffu'en i6$^,$zle Tome lll.de la E T, 17 51; 43^ Tal>le AîphabetipjHi 4es matières contenues dans l'Hijloirc & les Mé- moires de l'Académie Royale des Sciences , publiés par fon ordre ^ drejfée far M. Godin de la même Académie, pour les années 17ÎI- 172o./k-4'',I73i. Les frères Ofmom , Qiiai des Au- guftins , près le Pont S. Michel^onc en vente Coktnme des Baillages de Sens & de Langres , commentée & conférée avec les Coutumes voifi- nes , & fpecialement avec celle de Chanmom en B^ijfigny. Par M.^tt- fieDelaifire, Avocat au Parlement, 173 1. /«-4°, L'hnitation de J. C. traduSIioK nouvelle & littérale , dédiée à la- R E I N E. Par M.l'Abbé/f Pelletier, Chanoine de Reims. Chez la Veu- ve Maz.icres 8c J. B. Gamier , rue S. Jacques. 173I. in-ii. On trouve chez Cailleau , Pont S. Michel; Brunet fils, Qiiai des Auguftins ; Bdïdelet Se Henry , rue S. Jacques, Lettres Critiques à M. le Comte * ** fur le Paradis perdu' & reconquis de Milton, Par R * *» 173 1. in-ii. " Il y a plus de dix-huit mois , »» (difcnt les Libraires dans un Avis »j aux Leâeurs ) que divers acci- « dcns ont fait remettre de jour en )) jour l'imprcfiiondes cinq premie- îjrcs Lettres de ce Recueil. Ils ef- "percnt cependant que malgré ce » long délai, le lu jet donc elles trai- J3 tcnc, de h manière neuve dont il 5> cfl: traité , pourront encore attirer » h ces Pièces l'attention du Publico 44° TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Juillet 175 1> Hlftoire ÇeneraU de Languedoc , ôcc. page 585 Méditations fur V Evangile , Ouvrage Pojihume de Alejjlre f. B. Bof- fuec j Evécjue de Aîeau.\\ &:c. J87 DécifîoHS fur chaque Article de la Coutume de Normandie^ &c. 390 Philé , des proprie tez. des Animaux j en Grec & en Latin , avec les Notet de Jean-Co'meille dePauvv. } 54 ffiftoire Naturelle, Civile & Eccleftajlique de l' Empire du ^apon^ Scc. 395 La Découverte de l'Empire de Cantahar , 411 JEfprit de Converfations agréables , Par M. Gayot de Pitaval , 416 Que(lion agitée dans les Ecoles de Médecine de Paris, Ifurl'ufage du Sucre ^ Defcription Hiflorique des ChÂte4U, Bourg & Forêt de Fontainebleau : Par M.l^^bbéGuWhcn, 41} Jl^emoires fur lalGuerre , &c. 431 t^ouvelles Littéraires , 43^ pin de la Table. Fautes à corriger dans le Journal de Mny 173 1. PAgc 171. col. I. lig. 5. adle publique , ///. ade public : Pag. 29S. coU 1. lig. II. Contram , ///. Contran : Pag. 302. col. z. lig. 13. plaids, lif. paix : Pag. 304. col. i. lig. 15. vefalcj ///. Vcfale. Dans le Journal de Juin. Pag. Î45. col. 1. lig. 25. Mézcnterc, ///. mefcntere : Ibid. col. 2, lig. 3-9. faite , /;/. faites : Pag. 348. col. i. lig. 27. leurs vertus, Uf. leur vertu : Ibid. col. 1. lig. 13. égale , lif, égal : Peg. 374. col. 2. lig. 3. votis , ///, îOtJS. L E JOURNAL çavÀns FOUR L'JNNE'E M, D ce. XX XL A O U S T. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Aiiguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée «& à la Prudence. M. D C C. XXXI. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY. L E JOURN A L DES SCAVANS- A O U s T M. Dec. XXXI. PAUS AN I ^ S , OU rOTAGE HISTORI^VE de la (jrice , traduit en F-jnçoli , arec des Remartjues : par M. C Ahhi Gedoyn , Chanoine de la Sainte Chapelle , & Abbé de Baugenci , dt l'Académie Franfoife , & àe l'Académie Royale des Jnfcnptioris (T Belles Lettres. A Paris, chez Didot, Quai des Auf^uftins , près le Pont S. Michel , à la Bible d'or. 173 1. /»-4'. 2. vol. Tome I. pp. 478. Tome II. pp. 523. Pianch. détachées VII. LA belle Préface qui efl à la rêre pour le faire connoître parfairemcrht de ce Livre, en donne une idée de la prendre pour guide, & d en /i jufte Se Cl complettc , qu'il fufïira cxpofer fommaiiemcnc les pnnci- tyiûhfi. paux chefs, Ll ij JOURNAL DES SÇAVANS, Le fçavant Traduâ-eur jurtihe d'abord le titre François de Voyage Hiflori(^ue de la Grèce , par lequel il a cru devoir rendre celui que por- te en Grec l'Ouvrage de Paufanias. En effet, outre la conformité de ce titre avec lefujet traité par l'Hifto- rien Grec , nulle autre exprclîïon ne feroit fentir plus diftindcment toute la force du titre original , (Tîç E'Ma'Joi «Epi>!j»a-iç) puifqu'elle fi'- gnificàlalettre un Voyage fait ait-' tour de laGïéce : ce que n'exprime point avec autant d'exaditudc le terme de "Defcription employé par l'Interprète Latin. Il s'agit donc ici d'un Voyage , que la plus fmcere vérité qui y règne, doit mettre à couvert du reproche qu'on ne fait que trop fouvent à ceux qui pu- blient ces fortes de Relations, dcf- qucls on dit proverbialement, a beau mentir pii vient de loin. Paufa- nias prétend li peu en impofer par le vain étalage d'un merveilleux chimérique , qu'en beaucoup d'en- droits , à la dcfcription d'un Mo- nument des plus précieux pat la Mais ce rccit n'tft pas celui d'un fimple Voyageur , qui fe borne à décrire l'état prefcnt des divers Pays qu'il parcourt. Paufanias porte bien plus loin la curiofité de fes re- cherches , puifqu'elle va jufqu'à nous découvrir l'origine des habi- tans de ce même Pays , en remon- tant jufqu'au déluge de Deucalion , la fuccellîon de leurs Rois , la gé- néalogie des grands hommes qui s'y fontilluftrés , les Auteurs des Mo- numens célèbres qu'on y voyoit en- core de fon tems, & à quelles occa- fions ils avoient été érigés. Notre Voyageur nous fait part de toutes CCS circonftances hiftoriques en homme qui devoit en être d'autant mieux informé , qu'étant né Grec & pofTedant la Langue de ce Pays- là , il en favoit à fond la Religion , les loix , les coutumes ëi les mœurs. Il avoir puife ces connoilTanccs , non feulement dans le commerce de fes compatriotes , mais encore dans la lecture des Ecrivains de tout genre actuellement cxiftans alors , & dont plufieurs feroient matière & des plus dignes d'admi- totalement ignorés aujourd'hui/ans lation par l'excellence du travail, les fragmens qu'il nous en a con- il fait aufil-tôt fucceder celle d'un autre , qui n'a rien de recomman- dable à ces deux égards. D'ailleurs ceux qu'il entretient de fes Voya- ges , & qui font les Romains , la plupart auffi inftruitsque lui-même du détail de la Grèce, étoient à portée de s'infcrire en faux contre tout ce qu'il auroit ofé leur débiter défaits douteux ou fuppofés. Ainfi lien de plus vrai que fon récit , & icien où la bonne foi fe fallc davan- tage appercevoir. lervés. C'cft là que le retrouve une infinité de particularitez curieufes & d'un prix ineftimable pour ks amateurs de l'Antiquité. C'cft par ce mélange continuel de dcicriptions & de narrations qui naillent les unes des autres, que Paufanias à fù garantir fon Ledeur de l'ennui infcparable d'une trop grande uniformité de difcours. Par exemple , s'il d'-crit la ftatuc d'un Héros , non content de taire l'hi- A O U s ftôîre de celui-ci, il fait encore celle de la Itatiie , & il en nomme l'Ou- vcicr dont il tait connoître plus pat- ticulieremenr le Maître &: les Ele- vés. Par ce détail , il met chacun en état de juger du progrès des arts dans la Grèce &du temsqui s'efté- coulé jufqu'à leur entière pertedion. Ainfi l'on peut recueillir de difie- lens faits hiftoriques allégués par notre Voyageur , que la Sculpture atteignit chez les Grecs à cette pcr- fed-ion en l'efpace de trente Olym- piades ou de I 20. ans , c'eft-à-dire depuis la Çi' ou 53' Olympiade où vivoient Dipocne & Scyllis les plus anciens Statuaires de réputation , jufqu'àla 83"^, où flotiffoit Phidias. On voit par là de quelle variété de coanoillanccs curieufcs l'on peut s'enrichir par la Icdture de Paufa- nias , puifqu'il approfondit égale- ment la Chronologie , la Géogra- phie , l'Hiiloire & la Critique. C'eft donc à jufte titre que fon Ou- vrage dans cette tradudlion ell qua- lifie de Voyage Hiftort^ue. M. l'Abbé Gédoyn obferve en- fuite , que dans ce Voyage Hiftori- que 3 il eft queflion , non de la jGréce moderne, pauvre j dépeu- plée , aflervie , n'offrant plus que des ruiiïcs ; en un mot telle que l'ont reprefentée les Voyageurs ■Spon & IVheler , mais de la Grèce •floriffante , le féjoitr des Mufes , le domicile des Sciences , le centre du hon goût , le Théâtre d'une infinité de merveilles , e?ifin le Pays le plus re- nommé de l'U'iivers ^ & qui a pro- duit une foule de Héros ^ de grands Capitaines ^ de Sages , de Philo/o- T ; I 7 3 '• 415" phes , d'hommes extraordinaires en tout genre , Icfquels nous ont laiffé les plus grands exemples , de coura- ge , de grandeur d'ame , d'amour dn bien public , de :^élc pour U patrie y de modération & de juflice. L'Aca- démicien ne dilîïmule point ici le reproche de vaine gloire fait aux Grecs, 6i par lequel on s'efforce de ternir leurs vertus comme n'ayant eu d'autre motif que cette vanité. Mais fans vouloir entrer dansla ju- fte eftimation de la vertu des Payens , il prétend que les bonnes adions , de quelque fonds qu'elles puiffTent partir , font toujours infi- niment avantageufes à la Société. I^e fierait-il pas à fiouhaner ( conti- nue-t-il) ^ite les fiemmes , du moins par un noble orgueil , fuffent fiages & inacccjfiibles à la galanterie , (^ que tout General êl armée , tout Aîi- nifire , par ce plaifirfiecret cfu'ily a à bien faire , au défaut d'un motifi plus pur ^ fit toujours tout ce cjui dépend de lui pour l'avantage de l'Etat ? Il appréhende qu'o» n'ait trop ajfoiblien nous ce dcjîr de gloire cjHi nous cfl fi naturel , & cjuon ne lui an fiait fucad.erla fin.ph crainte au deshonneur. Il trouve de plus que cet amour de la gloire écoit d'une grande refîource pour toutes ces pe- tites Republiques qui partageoienc l'ancienne Grèce, p'.iifque cela leur fournilloit un moyen facile de re- compenfer à peu de frais les vertus & les talents. N'ayant à diftribuer, dit M. l'Abbé Gédoyn , ni Domai- nes confiierahles , ni Gouvernemens ,, ni grandes Charges , «/ Dignttez. ; il ne leur encoûtoitque quelque Sta-- 44<î JOURNAL DE tue de marbre ou de bronze , quel- que Infcription,quelqueTombeau, une Couronne d'Olivier. L'efpc- rance de ces honneurs [ félon lui ] fuffîfoit pour exciter 5c pour entre- tenir la plus noble émulation. Tout Statuaire { dit-il ) vetdoit être un Traxitele oh un Ly/tppe; & tout Gé- néral d'armée , un Aîtltiade oh hh Thémiftocle. Il ne tiendroit pas à lui que ce même genre d'émulation ne fe ré- pandît chez nos Européens & ne les fît travailler uniquement pourl'ac- quifition de ces mêmes iïonneurs. îl a , fur tout , affez bonne opinion de nos François , pour les croire plus fufceptiblesque les autres d'un motif flgenereux&: fi définterelTé,&: il ne leur manque ( félon lui) pour relTembler parfaitement aux Grecs, qu'une étincelle de ce beau feu ou de ce defir de la gloire , qui étoit l'ame des ûelles atiions de ce peuple fi vanté, il fouhaiteroit donc que les Princes de TEurope cffayafrent d'allumer dans le cœur de leurs fu- jcts ce même defir , 6t du fuccès d'une telle entreprile , il en refulte- roit [ félon lui ] pour ces Princes les plus grands avantages , fçavoir lafuppreffion desrecompenfesone- reufes , & le retranchement des fubfides , dont la plupart devien- droient fupcrflus. Bien entendu ( a- joiitc l'Auteur) (jue le prix des chofes neCeJfaires à la vie ^ai ferait en mê- me - tems , dr ij't'on les aurait abott marché, comme atttrefais.Cat quel que puiifeêtre fon délmterelfcment, on •efl: perfuadé qu'il foufcriroit fans peine ^a fentiment fi rsifonnable S SÇAVANS; d'un de nos Poètes , qui au fujet des Lettres de Noblelîe qu'il avoit obtenues du Prince s'explique en ces termes : Ce vain titre d'honneur que j'eus tort de pourfuivre , Ne garantit pas de la faim : Je fai qu'après la mort la gloiie nous fak vivre ; Mais en ce monde il faut du pain. Moyennant cette condition ef- fentielle , nos Poufpns & nos It Bruns , no! Girardons & nosCoyÇc" •vox ( comme l'aflure M. l'Abbé Gédoyn ) pourroient [e multiplier: îl pourroit/fj^rwer un peuple d'illu- jires Artifans capables d'animer U toile , le marb>-e & le bronz.e , qui dans leur travail trouveraient & leur gloire Cy" leur entretien. Ce feroit alors que conlonnément au génie Grec , ils pourroient peut - être ( comme l'augure l'Auteur ) fe te- nir bien payés de leurs pcmcs par une Inictiption , une Statue , une Couronne d'Olivier^&rc. Mais pour revenir aux Grecs, l'Académicien continuant leur éloge , attribue au mépris qu'ils taifoient de l'or & de l'argent, ainh qu'à leur goût pour la gloire &: pour la vertu , cette va- leur qui les rendoit invincibles. Se cette fuperiorité dans les Sciences & dans les Arts , que les Romains mêmes , quoique devenus enfin vainqueurs decettcNarionn'ofoienc lui difputcr. Peut-être aufli [ dit TAuteur ] n'en auroient-ils jamais triomphé fajis l'artifice avec lequel À o u s ils fçùrcnt fomenter les jaloufies &c les divifions de ces peuples , &c vinrent à bout de les afTujettiï fous ombre de les pacifier. Après avoir expoféànosyeux ce magnifique tableau de la Grèce en gênerai , qui eft le riche fonds fur lequel a travaillé Paufanias en par- ticulier ; M. l'Abbé Gcdoyn nous inftruit de l'ordre que s'eft prefcric dans cet Ouvrage l'Hiftorien Grec, Sa relation ne roule que fur une partie de ce Pays-là, jointe aux Co- lonies Gréques de l'Afie Mineure. Cette partie comprend dix Etats , anciennement indépendans les uns des autres , c'eft-à-dire l'Attique , la Corinthie, l'Argolide, la Laco- nie , la MclTenie, l'Elide , l'Arca- die , la Béotie & la Phocide. ( L'Imprimeur a omis le feptiéme , qui eft l'Achaïe. ) Parmi ces dix Etats principaux fe trouvent con- fondus quelques autres moins con- sidérables , qui après avoir confervé plus ou moins long-tems leur indé- pendance ^ furent enfin réunis aux premiers. Ils partagent tous cnfem- blc la Relation ou le Voyage de Paufanias en dix Livres ; avec cette circonifance , que le fécond con- tient la Corinthie & l'Argolide , &c que l'Elide feule remplit le cinquiè- me 8i le fixiéme. Quant aux autres peuples de la Grèce , tels que les Etoliens , les Acarnaniens , les Theffaliens , les Macédoniens, les Locriens , les Epirotes , ils n'occu- pent l'Hiftorien qu'en partant & pat ©ccalîon. Mais à l'égard de ceux dont il fait fon objet capital , il Ji'omct rien ^ ce qui les concerne i T ; I 7 3 I. 447 il en recherche l'origine dans l'an- tiquité la plus oblcurc , d'où il les conduit d'âge en âge jufqu'à fon tenisi il fait connoitre leur Gou- vernement, il raconte leurs guerres, il fait mention de leurs Colonies il décrit leurs Villes & leurs Bour- gades , dont il fixe la fituation 6c les diftances réciproques : en un mot rien ne lui échappe de ce qui s'eft offert à fes yeux & qui lui a paru mériter l'attention du Ledeur. En prenant un parti dans la difcuf- fîon des faits , il a foin de produire toijjours pour fes garants les Hifto- riens &les Poètes les plus anciens, & principalement Homère , dont l'autorité étoit pour lui d'un grand poids. Des recherches de cette nature ne peuvent qu'être infiniment pré- cieufesàcesSavans , qui fe plaifent à parcourir le vafte Pays de l'Anti- quité, pour y puifer de nouvelles lumières & de nouvelles découver- tes en fait d'Hiftoire , de Géogra- phie ou de Chronologie. Mais ( comme l'avoue M. l'Abbé Gé- doyn ) ces mêmes recherches ne toucheront que foiblement , ou pourront même ennuyer peut-être un autre ordre de Ledleurs , qui s'interclTeront peu aux difcullions Généalogiques, Mythologiques ou Théologiques des anciens Grecs. Quoiqu'il prévoye ce dégoîit, il eft fort éloigné de vouloir le juftifier» Ilfoûtient au contraire , que toute connoiftance hiftorique fe trouve liée naturellement avec lesconnoif- fances demêmeefpecc ; & qu'au jegaid de la Mythologie ^ les prc^^ 448 JOURNAL miers Doifleurs du Chriftianifme en ont curiculemcnt recueilli les moin- dres faits j & en ont tiré des fecours merveilleux pour attaquer le Paga- nifme dans fon fort& le combattre de fes propres armes ; enfortequc de toutes les idées extravagantes de la Gentilité fur la nature des Dieux Si fut leur culte, on peut ( dit M. l'Abbé Gédoyn ) en conclure lane- celTité d'une révélation , pour l'éta- blilîemenr d'une Religion , feule véritable •& digne de la Divinité. Tel eft [continue-t-il ] le fruit que l'on peut tirer de la ledure de Pau- fanias, toute profane qu'elle eft , 6c celui qu'il s'eft principalement propofé dans la tradudion de cet Auteur. Il s'applique enfuite à faire con- noître pluspatticulierementla per- fonne Se les Ecrits de cet Hiftorien. Peu s'en faut qu'on n'ignore entiè- rement fa patrie. Suidas fait men- tion de deux Paufinias , dont l'un étoit Laccdemonicn S< l'autre Cap- padocien , natif de Célarée , So- pliifte ou Rhéteur contemporain d'Ariftide. Ni l'un ni l'autre ne peut parter pour celui dont il s'agit. Ce ne fauroitêtrc le premier, puif- que le nôtre écrit en Ionien , & non en Dorien , & parle en étranger non feulement de Sparte , mais encore de tous les autres endroits dclaGréce Européenne qu'il décrit. Ce n'eft pas non plus le fécond , qui étoitCappadocien;au lieu que le nô - tre étoit Lydien. C'eft ce que nous découvre un paflTage de cet Hifto- rien C Eliacj. L. I. Ch. I j.J où par- iant de Tantale 6: de Pélops ; on ne DES SÇAVANS. feut douter ( dit- il ) que l'un é" l'autre n'ajent demeuré dans noi Contrées :, ce qui ne peut s'entendre que de la Lydie , le vrai Pays de ces Princes; d'où notre Traducteur conclue que Paulanias , qui cer- tainement étoit Grec d'origine ^ a voit pris naidance dans quelqu'une des Villes Gréqucs Ioniennes de l'Aile Mineure , & des plus voilî- ncs du mont Sipyle. C'eft ( ajoute M. l'Abbe Gédoyn } tout ce qu'on en peut dire. On eft plus certain du tems où il vivoit , puifqu'il aftiire lui-même qu'il écrivoic à Romelous l'Empi- re d'Adrien & des Antonins ; qu'il compofoit fon 'V^oyage la 217^ an- née depuis le rctabliflement de Co- rinrhe^cequi tombe juftement à la 917^ année de Rome , qui étoit la 16'^ de l'Empire d'Antonin le Phl- lofophe : & comme cet Empereur eft le dernier dont parle Paufanias , on a lieu de préfumer [ dit l'Acadé- micien ] que ce fut fous ce Prince que mourut notre Voyageur. Des divers Ouvrages que lui attribuent Philoftratc , Èuftathe , Etienne de Byzance & Suidas , qui nousinfi- nuent qu'il avoit voyagé en Syrie , enPaleftine, & dans toute PAfie, & qu'il avoit même publié la Rela- tion de tous ces Voyages , il ne nous refte que celui de la Grèce. Le ftile de cet Ouvrage ( obicrve le Traduétcur ) eft tellement concis , que louvent il en devient oblcur , ce qu'on peut rapporter à deux cau- fcs ; l'une que ce que nous n'enten- dons qu'à peine aujourd'hui , étoit très-intelligible pour les contem- porains i A O U s porains •, l'autre , que fon Texte a ibuffert infiniment de la négligen- ce ou de l'ignorance des Copiftes ; ce qui lui a rendu très - nccelTaires les foins de divers Sçavans , qui ont entrepris de l'cclaircir & de le cor- riger. Movennant ces fecours la ledureen devient, moins épineufc , fans compter que la féchereiTc de certains endroits cft compenfée par d'autres où la narration ne le ccdc ( félon le Traducteur ) ni à celle d'Hérodote ni à celle de Thucydi- de. Telle eft (félon lui) la guerre MefTcniaque , dans le IV^ Livre, Se celle des Gaulois dans le dernier. Mais on peut dire que toute cet- te inégalité de ftile & cette difficul- té à en développer le vrai fens dif- paroilfent dans h Tradudion de M. l'Abbé Gédoyn. Elle eft écrite avec tant de netteté ,de facilité , de noblelfe &: d'élégance, qu'on feroit tenté de la prendre pour un Origi- nal & de croire que l^aufanias lui- même nous auroit donné fon Voya- ge en François. Cela fait d'autant plus d'honneur au favant Académi- cien que nulle autre vcrfion Fran- çoife de l'Auteur Grec , n'a pu le guider dans la fienne. Il convient à la vérité que M. Fabricius en allè- gue une de la façon de Vigénére ; mais comme ni M. l'Abbé Gédoyn ri perfonne de fa connoidance n'ont pu parvenir à voit cette ver- fion, l'on peut la tegardercomme n'exiftant point , jufqu'à un plus ample éclairciiremenr- Unous aver- tit , de plus , que le Bibliothécaire Allemand dans fa Notice des ver- fions de Paufanias , en Langue vul- Aoujl. T , 1731- 44i> gaire , en a omis une Italienne qui exiftc, faite par Alfonfe Bonaciuoli^ &c imprimée à Mantoiicen IJ9J. Le Traducteur nous rend com- pte après cela des Remarques qui accompagnent fa verfion & qui roulent fur divers points de Chro- nologie , de Géographie, de My- thologie j d'Hiltoire & d'Antiqui- tez Gréques. Il étoit queftion dans CCS Notes de faire un choix plein de difcernement qui s'éloignât égale- ment & delà proxilitéfi ordinaire aux Commentateurs, & d'une trop grande brièveté. C'cft ce jufte mi- lieu qu'a fçu prendre M. l'Abbé Gédoyn , en reduiiant fes Remar- ques aupurneceflairepour l'intelli- gence de tous les paffages obfcurs 5c difficiles. Mais quelque précihon qu'il le foit prefcrite en ce genre , il fe flatte de mériter dans plulîeurs de cesNotesles fuffiragesdcs Sa vans de profeffion , comme les ayant empruntées des meilleurs Critiques modernes , tels que Cafaubon , Meurfus , Knhnius , Méz.iriac 8c Pdolmier de GrentemefniL. Un Au- teur moins modelleque M. l'Abbé Gédoyn n'eût pas manqué de faire valoir, en pareil cas , fon érudition & fi propre fagacité; mais lui au contraire , négligeant de relever ce qui pourroit lui appartenir légiti- mement fur cet article , il fe ré- pand en témoignages dereconnoif- fance pour les lumières & les avis que lui ont communiqués fes con- frères de l'Académie des Infcri- ptions & Belles Lettres.Auffi dédie- t-il fon Paufanias à cette Compa- gnie, comms ayant (dit-il ) W» M m 4-70 JOURNAL D droit incontefliib'.c fur un Ouvrage dont elle-même lui a frgg^ré l'entre- pr.'fe , dont elle l'a encouragé à fiir- montcr les diffictiliez. , Se d'une bonne partie duquel l'Auteur lui a fait la leUure. Aux éclairciflemcns fournis par les Remarques, il a joint plufieurs planches qui feront d'un très-grand iecours & dont les trois premières fifr tout lui ont paru d'une neceflité indifpcnfable. Ce font trois Cartes Géographiques dreflces furies Mé- moires de feu M. Delijl; par M. Bitache fon gendre ; la premiere,de la Grèce en gênerai & des Pays qu'elle occupoit dans l'Afie Mineu- re j la féconde & la troifiéme , de la Grèce A-Icridionale 5: de la Septen- trionale en particulier. On trouvera de pl'is le plan de la barrière d'O- lympie , l'Ordre de la Bataille des Meflcniens contre les Laccdémo- nicnSjCelui de laBataille duMontlt- home,6c celui de la Bataille deMan- tiiiée, tous quatre gravés fur les def- feins de M. le Chevalier de Follard^ dont l'habileté en cette matière eft Il connue. Une Table alphabétique trct-ample 5ctrès-dctaillcede toutce qui eft renfermé , non feulement danslcTcxtc dePaufaniaSjmaisaulTi dans les Remarques , termine le fécond Volume , &c fera d'une très- grande commodité pour faire ufagc d'un Auteur de ce genre. On n'attend pas de nous , fans doute , un abrégé ou un Extrait de Paufanias , nul Ecrivain de l'Anti- quité n'en étant moins fufceptible. Nous nous contenterons de tranf- crire ici quelque endroit qui puilTe ES SÇAVANS, taire juger du ftile de l'Acaderai- cien & du mérite de fa verfion. Nous choidrons dans cette vue le morceau du dernier Livre où Pau- fanias , après avoir raconté la der- nière irruption des Gaulois dans la Grèce, fous la conduite de Brcnnus, décrit le mauvais fuccèsdeTentre- prife qu'ils firent de piller le Tem- ple de Delphes. » Les Grecs qui s'étoient rendus » à Delphes [ dit Paufanias ] fc » mirent en bataille pour combat- » tre Brennus. Alors on vit tout à » coup des fignes évidens de la co- » 1ère du Ciel contre les Barbares. >j Car en premier lieu tout le terrcin » qu'occupoit leur armée tut agité » d'un violent tremblement de ter- w re , qui dura une bonne partie M du jour. Enfuite il y eut un ton- wnerre & des éclairs continuels , »>qui non feulement cfFrayoientles » Gaulois , mais qui les empê- » choient d'entendre les ordres de >j leurs Généraux. La foudre tom- n boit trèquemment fur eux , & ne >» tuoit pas feulement celui qui en »étoit frappé j une exalaifon en- » flammée fe communiquoit à » ceux qui étoicnt auprès , & les «reduifoit en poudre eux & leurs » armes. On vit paroître en l'air n des Héros de l'ancien tems , qui » animoient les Grecs , & combat- Mtoient eux-mêmes contre les Bar- » bares » Les Gaulois après avoir efTuyé »tant de craintes èc tant de mal- » heurs durant tout le jour, eurent. 3) une nuit encore plus funefte. Car » il fît un froid mortel , qui devins \ A O U s n encore plus cuifan: par la quanti- » te de neiç^c qui tomba. Et comme » Il tous les élcmens a voient conjuré » leur perte, il fe détacha du Mont » Parnalle de groffes pierres ou » pour mieux dire des rochers en- » tiers , qui en roulant fur eux n'en wécrafoient pas pour un ou pour » deux à la fois , mais des trente Sc j) quarante , félon qu'ils croient ou n commandés pour faire fcntinellc , «ou attroupés enfemble , pour » prendre quelque repos. Le Soleil »ne fut pas pliitôc levé que les M Grecs qui étoient dans la Ville » firent une vigoureufefortie , tan- » dis que ceux qui étoient au de- ïïhors attaquoient l'ennemi par M derrière. En même - tems les n Phocéens defcendircnt du Par- j> nalTe à travers les neiges par des jjfentiers qui n'étoient connus que «d'eux , & prenant les Barbares en « queue , ils en tuèrent une infinité >»à coups de flèches , fans qu'ils »> puflent feulement fe détendre. » Il n'y eut que les Gardes de Bren- »> nus , tous gens choifis &c d'une T , I 7 VI. 4;i » taille prodigieufc , qui refifterent » malgré le froid dont ils étoient » tranlis , 5c qui fe faifoit bien plus » fcnrir à ceux qui avoienc reçu » des bledures. ^lais voyant Bren- " nus leur General dancrereufe- » ment blelIé de prefque aux abois , « ils nefongercnt plus qu'à le cou- » vrir de leurs corps Se à l'emporter. M Ce tut alors que les Barbarcs^pref- M fcs de foutes parts , prirent Ja "fuite , & pour ne pas laitTer en la M puiflance des Grecs ceux qui » étoient bleflcs , ou qui ne pou- 5> voient fuivre , ils les tuèrent tous " impitoyablement. " Cet échan- tillon fuiKra pour juflifier le juge- ment que nous avons fait plus haut de cette traduction. A l'égard des Remarques de M. l'Abbé Gédoyn , également précifes 3c inftrudives , il fcroit inutile d'en rien tranfcrire ici. Comme elles n'interclTent qu'autant qu'el- les éclairciiïent le Texte de Paufa- nias, il faut les lire conjoinremctit avec ceTexte même^ afin de mieux • fentir combien elles ont de juftefTe. M mi) 471 JOURNAL DES SÇAVANS; DISSERTATIO PHYSIOLOGICA DE RESPIRATIONE . cujus vcritatem uieri conabitur in auguftillîmo Monfpelienfi Apollinis Fano, GuillelmiisPcliffierMontirpellulanus, Artium Libcralium Ma- gifter, &: jam dudùm Medicinx Ihidiofus, Prxlids R. D. Antonio Magnol , Régis Confiliario & Medico , in Almâ MonTpclienfium Me- dicorum AcademiàProfclTore Regio dignillimo , in Sencfchallj de Prsfidialiciiriâ Comité honorario. Die . . , meniis Mardi, anni iji^. Pro prima Apollinari Laureâconfequendâ. Monfpelii , apud Francif- cum Rochard , Régis & Univerfitatis Typographum unicum. 1725. Ceft-à-dire : DE LA RESPIRATION. BiJfertationPhyflologi^uedeHt M. Guillaume Pélijfier , Aîaitre-h-Arts & ancien Etudiant en Méde- cine , tâchera de foâtenir la vérité dans le trh-augajle Temple d'Apollon de la Vdle de Montpellier ; fous la Préjtdence de M'' Antoine Magnol Confeiller & Médecin du Roi , tris-digne Profejfeur Royal dans les Eco - les de Médecine de la mime fille , &c. A Montpellier , chez François Rochard, feul Libraire du Roi &: de l'Univcrfité. 1719. Brochure /«-4°. pp. 28. A La fin de l'Extrait que le mois de Mars dernier nous avons donné de l'Ecrit intitulé , "P^éponfe aux ohjiElions qu'on trouve dans le Jûurnal des Sçavans du mois de Novembre 1729. Nous _avons dit que cette DllFertation Phyfiologi- que dont il eft ici queftion , & qui venoit de nous tomber alors entre les mains , nous avoit paru , à la première vue , être tort femblablc à celle de M. Gourraigne fur la même matière , mais que nous en parlerions plus certainement dans un autre Journal. C'eft ce que nous fommes à prefent en état de faire , ayant confronté enfcm- ble l'un & l'autre exemplaire. Nous dirons donc qu'ils font abfo- lument fcmblables , & qu'ils ne renferment d'autre différence , fi- non que le premier donc lious avons rendu compte le mois de Novem- bre 1729. ell intitulé : Dijfcrtati» Phyfiologica de refpiratione , Auto- re Hifone Gourraiqne , Medico & in Aiùnfpelienfiiim Medicoriim ylcA- demià zice Profcjfore. Au heu que dans celui-ci on ne trouve point ces mots , Authcre Hugone Gourraigne DoBore-Aiedico , 6cc. S^ qu'on y lit ceux-ci à la place , cujus viritatem tueri conabitnr , &:c. Qiioiqu'il en foit > l'exemplaire dont il s'agit > &: qui paroît à pre- fent fous le titre de Théfe , offre d'abord une Lille des Doiflcursen Médecine de Montpellier, nom- més pour difputcr à la Théfe, Ces Doiiîeurs font : Mrs Chicoineau , Chancelier & Jui;e , Cancellarius & ^tidex i Jean Befac , Doyen •■, Pierre Chirac , premier Médecin de M. le Duc d'Orléans ; Antoine A O U Dicdicr, Chevalier tk S.Michel; Pierre Rideiix -, Jean Aftfuc ; Hen- ri Haguenor ; Jacques Lazcrme ; François Chicoincau , Coadjureur de M. fon père, patrjs Coadjntor •■, Gérard Fitzgerald, tous Profelleurs Royaux. Hugues Gourraigne , Nicolas Fournicr^Guillaume Jacobe,Jofcph Vil hies, Antoine Ferrca,JofephBra- qiiery. Ceux-ci Doéleurs ordinaires. Apres cette Lifte eft une Epître Dcdicatoirc de M. Pelillîcr à M. Jofeph Bonnicr , dont les qualircz font énoncées en détail à la tête de l'Epîcre. M. PelilTier commence fon Epître par ces mots : V'trillu- ftrijfmie, CoUatis in me heyiefciis cu- mulus accedit , itbi meum ijind Me- d'tciriéttentamen^ tiio decorare non de- dignerls iiujvkio. Si cjitid decoris oôtineat hoc ^italeciin^iie Opnfcnlitm, à luis lotnm virtutibiis acceptmn tsferct. C'eft-à-dire: Mon peur ^ La bonté (jiie vous avez, d'agréer cjiie cette Dijfcrtation , cjni eft mon Efai de Aiedecine, varoijfe faits vos aiifpi- ees, met le comble a toits les bienfaits <]He j'ai reçus de vous , Ô" f ci petit Ouvrage ejuel qu'il foit^ vient a ac- quérir (jitelque luftre , c'eft unique- ment à celui de vos vertus qu'il en fera redevable. Paroles qui feroient prefque croi- re que M. Pelinier donneroit cette Diltcrtation comme un fruit de fon travail. Mais fans entrer dans une difcudîon aulll peu importante au public, nous remarquerons que de quelque main que la Differtation vienne , celui qui en a entrepris la dé'fenfc ne doit pas s'être acquis peu 5 T, 175 I. 45-5 de gloire , s'il l'a foîitenuc dans tous fes points , y en ayant qui paroillent fouftrir de grandes dit- hcultez j peut -être ne fera - 1 - il pas hors de propos d'en rap- porter ici quelques - uns. Ils pour- ront d'ailleurs fervir de Supplé- ment .1 l'Extrait que nous avons donné de la Dilfcrration , le mois de Novembre I729. d'autant plus que M. Gourraigne dansfa réponfe à notre Extrait , dit que nous avons faitl'expnfe de la plus grande partie de fa 'D:ffertation ^ par où il femble faire entendre que nous aurions pu ajouter encore d'autres articles à cet expofé. Voici donc quelques exem- ples des endroits qu'on pourroit nous reprocher d'avoir omis. M. Gourraigne ( car nous ne doutons point qu'il ne foit le vérita- ble Auteur de la DilTertation ) dit, pag. j. N" 5. que les côtes en s'ab- bailfantj forment avec les vertèbres, des angles aigus , mais qu'avec le fternum elles forment des angles ob- tus. Propofition qui n'aura pas fans doute manqué d'être attaquée par quelqu'un des Docteurs difputans , 6 dont l'éclairciflement qu'en aura auill fans doute donné le foutenanc M.Pelilîîer, feroit d'autant plus à deiîrcr ici , qu*^on ne voit point comment les côtes peuvent for- mer avec le fternum aucun an- gle obtus. Les trois ou quatre fu- pericurcs des vrayes côtes tont avec le fternum , des angles moins aigus qu'avec les vertèbres ; les trois qui fuivent celles-là tont avec le même fternum, des angles plus aigus qu'a- vecles mêmes vertèbres , & aucune 474 J O U Pv N A L D côte ne paroîc taire angle obtus avec le fternum. Pag. 6. N* 17, M. Gourraignc ajoute que les cotes forment des an- gles obtus avec les cartilages du fter- num , autre article non moins digne que le premier d'un bon éclairciirc- mcut. Les cartilages dont il s'agit n'appartiennent pas au fternumiils font intimement unis &: comme fondes avec les côtes ; ne tenant au fternum que par des articulations & des ligamçns ; de la même manière que les côtes tiennent aux vertèbres, ce qui eft caufe qu'on les nomme cartilages des côtes, ou portions car- tilagineules des côtes. Pag. 7. N° 2.1. on avance qi'e les veficules du poumon fontorLicuJai- les-, ce qui mérite d'3ut;nt plus d'ê- tre expliqué , que M, Helvcrius , dans un Mémoire de l'Académie des Sciences , a relevé ce renriment comme une erreur. Même page 7. N* 14. M^ Gourraignc dit que l'artère bron- chiale donne nailTance à des vaif- feaux lymphJtiqucs , dont quel- ques-uns perçant les vcfîculcs des {)oumons,)ettentà plein canal d ns a cavité de ces mêmes vc/îcules, une humeur aqueufe lymphatique. Ex artena h.uid dubii hronchiali , vafa lymvhatica ortHm dicant , ^ho- rum alla , perforât â veficulà , humo- rem a^jino-'ymphaticum in vejîcul*- rum cavum .... ernSlam. Voilà , objciîleront quelques Anatomiftes , un regorgement hy- dropique d.ins l'état naturel. Pag. 8, N» I. On dit que c'eft une opinion généralement foûtcnuc ES SÇAVANS; par les PhyliologKlcs , que dans 11 refpiration l'clcvation des côtes dé- pend principalement de là contrac- tion des mufcles intercoilaux &: de celle du diaphragme. Pour ce qui eft des mufcles intercollaux perfon- ne fans doute ne difconviendra que ce ne foit le fentimentdcs Phydo- logiftts ; mais pour le diaphragme , la citation de quelque Auteur qui ait eu au fujet de ce mufcle , un fentiment aullî extraordinaire que celui que M. Gourraignc leur attri- bue ici,n'cûtpas été tout-à-fait inu- tile. Pag. 8. & 5. N° 2. & 3. On avance qu'aucun mufcle nefçauroit entrer en contraction qu'il ne (oit aup.iravant tiic. Aï.ifculi , veluti totidem niiichtnulit , cjtntrahi ne- cjiieMtt nfi prias dtftraSi y G" pojiea À potrntiâ dijîrAhsnte dereliEli fue- rint. Comme il fcnible qu'on doive conclure de cette règle , que lorf- que par exemple , le bras eft en re- pos iSc à moitié fl:chi , on ne peut le fléchir davantage, fans le tendre auparavant pour procurer aux muf- cles uie diftradlion , il eft tacilc de voir combien une telle propofition renferme de difficulté , & quelle habileté par confcquent il ne faut pas que M. Pclilllcr ait eue pour la ioâtenir en cas qu'elle ait été atta- quée. Pag. I î. ligne première. 0:i dé- cide que le diaphragme eft en con- tradion dans l'expiration , Oia~ pbraarna .... K»n in infpiratione , fedin expirmiotte contrai ituy. Propofition qu'il eft difficile d'accorder avec le relâchement où A O U s T ; ly?!. 45'jr l'on trouve le diaphragme dans dans cette Diflertation Phyiîolo^i- tous les animaux qui viennent d'ex- que de M. Gourraione ; de laquelle pirer, puifqu'il y cil toujours rele- M. Magnol , en q;,alitc de Prcfi- vécncnhaut. dent, iJc M. Peuiiîcr , en qualité Nous palTons plufieurs autres de Soijtenant , fc font déclarés les propoficionsfemblàblcs , contenues Patrons. NOV TE AV SYSTEME SVR LA MANIERE de défendre les Places par le moyen des Contre- M mes. Ouvrage 'Poflhu- nme , de M. * * Dédié au ROY. A Paris , chez Jacques Clouzier , rue faint Jacques , à l'Ecu de France. 173I. vol. in-iz. pp. 182. fans compter un Difcours Préliminaire de 152. pp. CET Ouvrage eft fort eftimé des Connoiireurs. L'Auteur , quand il le compofa , avoit4o.ans d'expérience dans le lervice d'In- génieur. Il ne s'amufe point ici à la détenfe ni à la conftrudion des dehors ; il fuppofe l'ennemi logé au pied du Glacis , pcnfant à s'empa- rer du chemin couvert. Il veut, pour en rendre la prife impofllble ou du moins extrêmement difficile^ que la Palifladene foit pas plus cle- vcc que le Parapet , afin qu'on ne la découvre point de la Campagne, & qu'on ne puifle y taire brèche. Par la manière dont il conftruit cette Palilfade en forme de Barriè- res portées par des pilliers de ma- çonnerie , il facilite les forties , &c met l'ailiégé en état de prefenter un front égal à celui de l'allîegeant, & cela fans défiler par les traverfes, & dès le premier pas de la fortie. On met des planches fur les pilliers, on y monte , Si on fe jette fur le Glacis , dont la PalilTade eft éloi- gnée de quatre pieds , y ayant un petit Folié entre cette Palifl'adc ôc le Parapet. Il paroît difficile d'emporter d'emblée S< d'aflaut ce chemin cou- vert , mais fuppofant qu'il foit em- porté ou qu'on ait pris le parti de la Sappe pour la defcente & le partage du Foffé , l'ennemi trouve un nou- vel obftacle dans la Galerie voûtée qui règne fous ce chemin couvert. Il faut palTer par cette voûte avant que d'entrer dans le Foffé , & cela n'cil pasaifé. On y trouve l'allîegc prêt à taire le coup de main pour la défendre & empêcher le palfage Se même le débouché du Sapeur. Lors même que le Sapeur a dé- bouché dansla Galerie , ce qui n'cft pas aifé , M. Dazin [ c'cft le nom de l'Auteur ] fait voir que raflîégc peut murer la voûte .à droite ôc à gauche de ce débouché , &c fc refer- vcr dans fes murs quelques créneaux pour incommoder l'allîegeant. Il peut aulîï crcufer des puits & pren- dre le dclTous pour taire fauter la partie de la Galerie qu'il a cédée. Du refte il peut incommoder l'aOlcgeant dans la Galerie qu'il fait pour le paflage du Foflc , l'in- commoder non feulement par tous 455 JOURNAL D les Ouvr.iges qui font face à ce Fof- fé , mais encore par les créneaux de la Galerie qui règne fous le chemin couvert , 5c dont il lui relie la meilleure partie. Toutes 1'',' Galeries voûtées de l'Auteur, o"'^ de pireils créneaux qui découvre it dans les FolTez i de forte que l'airicgcanteft toujours vu dans CCS Fodcz, & de front, & de flanc, & de revers. M. Dazin a deux Ouvrages par- ticuliers qu'il faut franchir avant que d'arriver au grand FolTé du corps de la Place ; l'un ell une con- tre-garde dont il enveloppe fa demi Lune , 5c l'autre une fauflc-Braye détachée, comme il l'appelle; la- quelle eft en effet une efpece de fauffe-Braye fcparée du corps delà Place par un grand Folfé. (ses deux Ouvrages, outre qu'ils font contre-mines , font aulîi aflez bas pour ne pouvoir être décou- verts de la Campagne , ce qui fait qu'on ne peut les battre que loif- qu'oneft au pied. Dans la gorge de fes demi-Lunes M. Dazin met des redoutes ; Se fur les angles des conttc-Gardes , & de la faufle-Braye , il met des Ca- valiers. Ceux qui font fur l'angle de la faufTe - Braye empêchcr.t qu'on ne découvre les flancs que iorfqu'on s'cft logé fur les ruines de ces Cavaliers. Il fait encore régner une voûte en lunette fous le milieu du grand FolTé ; Se de cette voûte il fait partir des rameaux qui vont fous les glacis. Les raifonncmens de l'Auteur font fort folides , il paroît juger de ES SÇAVANS, tout fur les grands principes , Se d'une manière digne d'un homme aulll expérimenté. Il fe taitl'objec- tion , que des Places ainfî contre- minéescouteroientbeuico'-ip ; il en convient ; mais il répond qu'elles feroient aufli d'une grande déirenfe , Se prefque imprenables. Il a mis à fon Ouvrage un Dif- cours Préliminaire qui y fert d'in- trodutftion ; mais pour rendre l'Ou- vrage plus completjUne main étran- gère y a ajouté un autre Difcours Préliminaire beaucoup plus ample , Se plus circonflancié que celui de l'Auteur. Ce dernier Difcours qui fe trouve placé le premier, eft de la compoficion du P. Cartel Jefuite, qui y traite d'abord du trait de la fortification & des diverfcs métho- des A'Err.rrd^ de Dsviile , du Com- te de Pagnn , du Maréchal de^.«rt- han ^ comparées cnfembk ; il pré- tend rendre raifon des innovations que les divers Auteurs ont faites dans l'ait de fo:tifà;r les Places. Il compare nos Baftions avec les Tours des anciens ^ & découvre l'avantage de ceux-là fur celles-ci. Il traite afTez au long la qucilion des féconds flancs , &: prétend dé- montrer par la Géométrie, que loin d'être ou inutiles ou pernicieux , ils font au contraire utiles & avanta- geux. Le P. CaRel paffe enfuite à la manière dont on peut fe garantir des Bombes &: fur tout des Mines. Il fait un ample détail des avantages de l'alliegé fur l'aHiegeant dans les Conrre-Mines , & dans tous les combats foutcrrains. Il examin- la grande A O U s grande qiicftion qui a éré li fouvcnt agitée , fçavoir Ci un Gouverneur «de Place doic préférer la défen'e des dehors à celle du corps de la Pbcc; il fe déclare pour ce dernier fcntiment. Enfin il donne un Extrait raifon- «édu Syrtêmcde M. Dazin, pour l'éclaircir ^ le développer , & en rendre plus fcnlibles la bonté &C l'ufage ; en quoi on peut dire qu'il réuUlt parfaitement. Il y a long-tems qu'il n'avoit paru en ce genre un Syflême aulTi intcrcflant que celui de M. Dazin. On fçavoit aflez en gênerai que la Contre-Mine étoit le vrai champ de bataille de l'alîîcgé ; mais jamais les avantages n'en avoient été mis <îans un fi grand )our. Le trait de la tortification attiroit prcfque rou- te l'attention des Ingénieurs &c des gens de guerre. Cet Ouvrage efl: accompagné de figures très-ncceflairespour en ren- T , I 7 5 I." 4T7 dre l'intelligence plus facile. Elles font de M. de Marne Graveur or- dinaire de la Reine, rue du Foin , près la rue de la Harpe, au Heau- me. On trouve chez lui les Eftam- pes de l'Ancien & du Nouveau Tcftam-ent en 500. p- iches, gra- vées par lui d'après .s plus grands Maîtres , avec une e^.^lication La- tine & Françoife -, 3. vol. in-fil. Il a fait à cesEftampesplufieurscor- redlions &c plufieurs changcmens , qui ne contribuent pas peu à leur pertcâion. Au rcfl:c c'cft à Tes foins qu'on doit l'imprellion de l'Ouvra- ge de M. Dazin , il l'a tiré de l'ob- fcurité où la négligence des héritiers de l'Auteur l'avoir lailTé tomber. Il cû étonnant que M. Dazin lui-mê- me ne l'ait pas donné de fon vivant. leP. Cartel attribue cela aune cfpecc dejaloufie qu'on dit que ce fçavanc Ingénieur avoit de fcs penfécs &: de fes découvertes. HISTOIRE DE V E G L I S E DE ME AV X avec des Notes oit Dijfenniions , & les Pièces jujîifciitives. On y a joint tin Recueil complet des Statuts Synodaux de la même EgUfe , di- vers Catalogues des averties , Doyens , Généraux d'Ordre , Abhez. & Abbe^es du Diocéz.e , cJ" un PouiUié exaB : par Dom TotiJ[aint du Piellis j BettediBin de la Congrégation de S, Maur, A Paris , chez-- Julien-Michel Gandoiiin , Qiiai de Conty , aux trois Vertus-, Sc- Pierre-François Giflàrt , rue S. Jacques , à Sainte Therefc. 1731. 2. vol. in-âf'*. premier vol. contenant le corps de l'Hiftoire^ les Cata- logues & les Diflertations, pp. 782. Second vol. contenant les pièces jultificativcs, pp. tf^o. NOUS apprenons par l'Epître Dédicatoire , & par la Pré- face de cet Ouvrage , qu'il efl: le ftttit du zélé de M. le Cardinal de Aouji. Bi(Ty. Ce Prélar,dit-on,voyoit avec peine que le Dioccfc confié à Tes foins , fertile en évenemcns , illu- ftie par l'aïuiquitc des Monafl.cres Nn 4;8 JOURNAL DE qu'il renferme , & par le grand nombre de Saints qu'il a donné à l'Eglife , recommandable par les grands Evêqucs qui l'ont gouverné, célèbre enfin par la naiflance du Calvinifme enFrance, avoit cepen- dant jufqu'ici manqué d'Hiftoiiens. Des vues plus vaftes fe joignoient à ces motits particuliers ; le defir de voir une Hiftoire complettc de l'E- glife Gallicane , & l'impcffibilité de la faire fans le fecours de l'Hi- ftoire des difterens Diocefcs qui la compofent, l'ont déterminé à faire travailler à celle-ci, ilfe chargea des frais du projet , & en remit l'exécu- tion à Dom Toulfaint du Pieffis. Ce fçavant Bcnediiftin , fans s'effrayer des difficuUcz , 6c fans s'étonner des travaux que rencontre un Auteur qui ne veut rien négli- ger de ce qui a rapport à fa matiè- re, & qui veut (încerement ne rien avancer que de vrai , a d'abord parcouru grand nombre de Livres imprimés , comme on en peut ju- ger par les citations dont fes mar- ges [ont chargées, A cette abondan- te récolte , il en a joint une autre , en confulnnt les Archives de la Cathédrale de Meaux , des Mon a- ftcrcSj des Communautés, des Villes Se des tamilles répandues dans ce Dioccfe. Il a trouvé , dit-il , pat tout, le zélé dont le Prélat lui-mê- me étoit animé pour la gloire de fon Eghfe ; on lui a tout commu- niqué. Les fecours qu'il a tirés de cette recherche auroient été plus abon- dans fans les différentes calamités quecePaysa éprouvées, LesNor- 5 SÇAVANS; mands ont ravagé la Ville Capitale 6 tout le Diocéfe , à deux ou trois reptiles , pendant le neuvième fic- elé ; trois cens ans après , l'Abbaye de Faremoutier a été réduite en cendre ; & vers le mème-tems le Prieuré de Fontaine paroît avoit éprouvé le même fort au 14° fiécle, les Payfans ligués contre la Noblef- fe , firent une irruption à Meaux. Ce ne fut à la vérité qu'un orage partager , connu dans notre Hiftoi- re fous le nom Ac^.'.cjucrie , mais tous les papiers Je la Ville y furent enveloppés. Cent an"s , ou environ , après , le Monaflcre de Fontaine , fut brûlé pour la féconde fois , aufîi-bien que celui de Sainte Foy de Coulomraiers; 6c vers le mêmc- tems les Titres de Joiiarre furent confommés dans un grand bûcher , que les Anglois 6c les Bourgui- gnons allumèrent exprès au pied de la Tour où ils étoient rentermés. Pendant les guerres duCalvinifme6C de la Ligue , les Titres de l'Evcque 6c du Chapitre ,.des Abbayes de Rebais , de S. Faron , de Chage , de Juilly , &c des Monafteres de Reiiil , de Nanteiiil-le-Haudouin, de S. Fiacre de la Celle , de Cer- froy , Si de prefque toutes les autres Communautés du Dioccfe , ont été ou pillés, ou mis en pièces, ou jettes au feu. A ces calamités publiques , (i l'on ajoute la négligence des pro- priétaires , ou des gardes des Char- tes, 6c les divers a.ccidens de toutes efpeces qui nous raviflent chaque jour les Monumcns les plus nécclFai- fcs à l'Hiftoire , on aura lieu de A O U croireque notre Auteur a dû s'atten- dre à des recherches bien long- gues& bien infrud:ucufes. Il nous apprend cependant que tout n*a pas été perdu i qu'il relie encore dans les Archives du Diocefc , pludeurs titres de ccnfequence & de h pre- mière main ; qu'au deffautde quel- ques-uns d'entr'cux on a confervé des copies détachées qui les repre- fentcnt, &qu'enlïn une partie con- sidérable de ces mêmes originaux , dont nous regrettons la perte , fe trouve heurcufement remplacée par des Recueils Manufcrits du 13' &c du I4' fiecle , où on avoir pris foin de les tranfcrire. Ces Recueils portent le nom de Cartulaires. Chaque Communauté confiderable a les liens en tout ou en partie. Un de ceux de la Cathé- drale , qui palfe , avec raifon pour le plus précieux , eft aujourd'hui au pouvoir de Mrs de l'Eglife deParis. Les Chanoines de Meaux n'en n'ont qu'une copie lort récente. Celui de Noïfort eft à S. Germain des Prcz, parmi les Manufcrits de Coiflin ; 5c ce qu'il a de particulier , c'eft qu'il ne renferme prefque que les tradu- dions Françoifes des anciens titres Latins de ce Monaftcre, Tels font les titres qui s'ofFroient à Dom Toullaint du Pleflls , il ne s'en eft pas contenté ; fi je m'en étois tenu , dit-il , aux feuls Archives du Diocéfe , j'aurois ignoré bien des faitSj ou du moins un allez grand nombre de leurs circonftanccs qui paroilToienteftentielles à la perfec- tion de cet Ouvrage. Il n'eft point en effet d'Eglife S T , r 7i s* 4 j^ particulière qui n'ait eu anciehnc- ment, & qui n'ait encore des liai- fons étroites avec d'autres Eglifcs ^^ foie voifines , foit éloignées ; il g. donc eu recours à des Eglifcs étraiï- gères, dans les Archives defquclles il a déterré des titres conccrnans fa matière. La Cathédrale de Paris, les Monafteres de Marmoutiers , Saint Germain des Prez , Sainte Gene- viève , les Benedidins-Anglois S. Lazare, & bien d'autres maifons lui en ont fourni. Il a mjinc conful- té les Mémoires particuliers deS Eglifes & des Communautés , car il s'en trouve peu qui n'ayent rédi- gé par écrit , dans des efpeces de Chroniques ou d'Hiftoircs abré- gées , ce qui les touche de plus près. Enhn notre Auteur a confulté quatre Ouvrages diflérens qui tous quatre ont pour but d'éclaircit l'Hiftoire du Diocefe de Meaux , f<^avoir les Mémoires de Lcnfant , ceux dejanvicr,ceux de M. Ledieu^ & ceux de M. Philippeaux. Com- me ces quatre Auteurs font peu connus , puifquc leurs Ouvrages font demeurés manufcrits , nous croyons devoir les faire connoîrrc au Public d'après Dom Touffainc du Plcftîs. Nicolas Lenfantétoit Procureur au Bailliage & Siège Préfidial de Meaux , pendant les guerres du Calvinifme Scdela Ligue , & n'eft mort qu'après l'an 16^07. il a écrit jour par jour , avec impartialité ce qui fc paffoit alors de confiderable à l'avantage de l'un ou de l'autre parti , dans toute l'étendue du Dio- cefc. L'original de ce Manufcrit ne Nn ij leo JOURNAL D paroîr plus ; mais il s'en eft répandu un afTez grand nombre de Copies. Notre Auteur nous apprend que Lenfant n'ccrivoit que pour conti- nuer les Mémoires d'un nommé Bordereau Avocat ou Procureur à Meaux , fon parent ou fon allié; Qiie le travail de l'un &Z de l'autre ne compofe aujourd'hui qu'un feul & même corps d'Ouvrage ; mais que ce que Bordereau a re~ cueilli ne vaut pas feulement la peine d'être lu j Qiic le Journal de Lenfant fait feul tout le prix de ces Mémoires, Se qu'enfin il y en a une copie fort cxa^le dans la Biblio- thèque de l'Abbaye de S. Faron de Meaux. C'eft celle qu'il a fuivie. Pierre Janvier ctoit fils de Roch Janvier , Médecin à Meaux j &r de Marguerite le Madré, fille de Ro- bert le Madré , aufli Médecin dans la même Ville. Il naquit le 20. Juin 16 iS. & eft mort Curé de S. Thibault , proche l'Abbaye de S. Faron. On confervedanscc Mona- ftere fept Volumes in-folio manuf- erirs , prefque tous de fa main & defacompofifion , fuil'Hiftoire de la Ville & du Diocéfc de Meaux. C'eft un fatras énorme , dit notre Auteur, & dont il ne peut mieux donner l'idée qu'en copiant mot à mot le ]ugemenr que M. Ledieu en a porté , & qu'il a écrit de fa pro- pre main dans le quatrième Tome de cette faftidieufe compofition. Ce jugement eu trop long pour le copier ici. Nous dirons feulement qu'il enrefulrequc Janvier a/oûtoir le titre de déteftablc Poëte à celui de déteftablc Hiftoricn. ES SÇAVANS, François Ledieu étoit de Peron- ne & d'une tamille peu accommo- dée des biens de la tortune. Dom Jean Mabiilon le produifit à M. Bofluet Evêquc de Meaux, qui le fit d'abord fon Aumônier , & de- puis Chanoine & Chancelier de i'Eglife de Meaux. C'étoit un hom- me difficile j aurtere , peu capable de plier ou de fe prêter aux occa- lîonsi mais qui d'ailleurs a voit de bonnes qualités. 11 a beaucoup tra- vaillé pouréclaircir l'Hiftoire & les Antiquités du Diocéfc, 6: Dom Toull'aint du Plcilîs avoiie que gé- néralement parlant, il y a du profit à faire dans fes recherches , qui ne font cependant que des brouillons , fans ordre, fins méthode &: fans liaifons , que Dom Sebaftien Tri- pier Bibliothécaire de l'Abbaye de- S. Faron , a raffemblé dans quatre Porte-teuilles. Cet Auteur avoic aulïï beaucoup écrit pour l'édition du nouveau Millel & du Bieviaitc de Meaux ; mais prefque routes fes remarques font devenues inutiles. A l'égard du Miflel, il Rit chargé d'en revoir les épreuves; mais com- me il y ajoura des An.en pour le peuple ou pour le répondant, non feulement aux Oraifons de l'Ordi- naire de la Meffe &c du Canon , mais encore aux paroles de la Con- fecration & de la Communion du Pfêrre , Hc comme il expliqua auflî dans les Rubriques de la Méf- ié haute CCS paroles : Subrruflà vo- ce , par celle-ci , Id eft fine cantu ^ M. le Cardinal de Biffy condamn» ces additions par un M.indemenr public le li. Janvier 1710. Lcïévi- A O U s feur en conçût tant de chjgrin qu'il en mourut , dit notre Auteur , deux ans neut mois après j c'c(t-à-dirc, le 7. Octobre I713. Jean Piiilippeaux , dont il nous reftc à rendre compte , étoit d'An- gers , Dodeur , Grand Vicaire , Chanoine 5: Officiai de Meaux , Tréforicr de la même Eglife > &C eft mort le 5. Juillet 170S. Il avoitété Précepteur de M. BolTuet, aujour- d'hui Evéque de Troye , avec qui il fut envoyé à Rome par M. Bof- fuct, Evêque de Meaux , dans le tems de la grande querelle de ce Prélat contre M. de Fenclon , Ar- chevêque de Cambray. Il a écrit un Journal de ce quis'eft pa(lé à Ro- me au fujet de cette affaire , & fon Ouvrage cfl; demeuré manufcrit en- tre les mains de M. fon neveu jeune Avocat au Parlement de Paris. Le même Auteur a encore écrit une Chronique , ou h l'on veut une Hiftoire des Evêques de Meaux , qu'il a conduite jufqu'à la mort de M. de Ligny , & dont M. de S. André, Vicaire Général de M. le Cardinal de BilTy , qui en avoir la feule copie qu'on en ait tirée , a fait prefent à l'Abbaye de S. Faron. Cet Ouvrage , dit notre Auteur , efl travaillé avec beaucoup d'exac- titude , &c pourroit faire honneur à M. Philippeaux fi l'on le donnoit au Public, il eft écrit en Latin, ôc ne renferme que la Vie des E vêqucs, c'eft-à-dire , qu'on n'y trouve ni l'origine des Monafteres , ni la fuc- cefilon des Abbcz ni des Abbeffes du Diccéfe , ni un alTez grand tioaibie d'événemens qui pou- T i 1 75 T. 4ipfer , DoBeur en Médecine h Lerngovv , & traduite en François fur la verfion uingloïfe de ^ean-Gnfpar Schcuchzcr , Membre de la S octet è Royale ^ ^ du Collège des Aie^iecins , a Londres. Ouzrage enrichi de quantité de pgures , dejfinées d'après le natur.l , par l'ylnteur même. A la Haye, chez P. Goffe, &: J. Ncaulme, 1729. in-fol z. voL Tome I. pp. 217. Tome II. pp. 313. fans compter l'Appendice & la Table qui en rempli(Tent 96^. Planch. détach. XLV. T ; 17 51. 465 dans rétendue des Pirroiffes , mais le peu de foin qu'ont eu les Curés de lui envoyer ces légères particu- larités ne le lui ont pas permis. Les détails où nous nous fommes crus obligés d'entrer pour annoncer les di verîes parties de cet Ouvrage, ne nous permettent pas de poulfet cet extrait plus loin ; nous nous contentons de dire que cette Hiri;oi- re paroît faite avec beaucoup de foin. On en trouvera la preuve dans la Relation du fameux démêle en- tre M. de Bofluet & M. de Fenelonj ce point épineux de notre Hiftoirc eft traité dans le cinquième Livre , avec tous les égards que notre Au- teur devoir avoir pour un Evêquc de Meaux , & avec tout le refpedt que mérite la perfonne & la con- duite de M. de Cambray. C'eft une vérité dont la ledlure de ce morceau convaincra tousfes Lec- teurs , & nous les y renvoyons. LA /îngularité des matières trai- tées dans Vu4ppendice ou le Supplément de cette Hiftoire, nous a paru merirer un Extrait particu- lier. NoiisTavons promis dans notre dernier Journal , &c c'eft de q^uoi nous allons nous acquiter dans ce- lui-ci. Ce Supplément contient fix articles , dans lefquels il eft parlé , 1°. De l'Hiftoire Naturelle du Thé du Japon. 1*. Des Manufadures de papier du même Pays. 3°. Delà 4» la pierre , &: il eft fortement per- wfuadé que l'ufage de cette plante n feroit fuivi des mêmes effets en j> Europe, fi les maladies n'y étoienc » héréditaires, fouvcnt entretenues «& fomentées par un trop grand H ufigc du vin, de la bierte , des li- » queurs fortes &: de la viande, &c. II. On fe fert de papier au Ja- pon ainfi qu'à la Chine , depuis un tems immémorial. La matière de celui que l'on employé au Japon eft l'ccorce d'un atbre nommé Kaad.fi dans la Langue du Pays , ôc par 110S Botaniftes Moms papynfemfa- tiva , c'cft-à-dire , Meurier tjtu fe cultive & <^ui pi-eduit le p.ipicr. M. Karmpfer en détaille toute h fabri- que avec fon exaflitude ordinaire. Vers le mois deDécembre à la chiite desfeuilles, on coupe dt la longueur de trois pieds au moins , les jeunes rejcttons de cet arbre qui font fort gros ; quelque- fois on n'y employé que le feul mouvement des doigts ; en certains cas difficiles , on a recours à un petit tuyau plus court que l'aiguille , Se qui lui fert de guide ou de conduc- teui dans -cette operatioH. Il fauî 470 JOURNAL DE fur ces divers inllrumcns confultet la planche où l'Auteur les a hit tcprefenter exadement. Avant que de taire cette ponâ:ion , on examine avec grand foin p^r l'attouchement l'état de la partie qui doit être pi- quée, de crainte de bleiïer quelque nerf, quelque tendon ou quelque vailTeau fanguin confiderable. La partie (ur laquelle on doit opérer eft celle qui renterme les vapeurs mali- gnes; &.c'ell: au Médecin prudent éc expérimenté à marquer cette par- tie Se à prefcrire jufqu'à quelle pro- fondeur l'aiguille fant ces trois rangs de trous con- »> formément aux règles de l'art , & » d'une railonnable protondeur, les » douleurs de cette colique celfoient "prefque en un inftant , comme fi s» c'eût été par enchantement. « Quant à la profondeur de cette pi- queurc , non feulement dans cette maladie , mais dans toutes les autres où l'on en fait ufage ; elle varie fuivant le lieu où eft le fiége de la douleur: mais pour l'ordinaire on enfonce d'un demi pouce l'aiguille; &c rarement d'un pouce & au-dcf- fuir Le Chirurgien la dent dans. U S s Ç A V A N s , playe julqu'à ce que le malade ait refpirc une fois ou deux ; après quoi l'ayant tirée dehors il prelfe la par- tic avec le doigt comme pour en exprimer tout le vent ou toute la vapeur. Ceux qui feront curieux d'un détail plus circonftancié fur cet article , recourront , s'il leur plaît, à M. Kxmptcr & à fcs plan- ches. Ils peuvent confultcr aulîi Cleyer & Ten-Rhyne qui ont traité ce même fu)ct. IV. L'Auteur, après plufieurs reflexions générales & fenlécs fut l'ufagedescauftiques dans la Mede-; cine, parmi les differens peuples de l'Aiie , s'attache plus particulière- ment à nous ei faire connoîtrc un très-accrédiré à la Chine, au Ja- pon & dans quelques Pays voihns. C'eft un duvet doux , fcmblabje à la iilace de lin , d'un gris cendré , qui prend feu aifénient, quoiqu'il brûle avec lenteur, & ne répande qu'une chaleur très-médiocre. Ce cauftiquc , fi connu fous le nom de Aioxa. eft tiré des feuilles de M Ar- mife ordinaire À grandes feuilles ar- rachées lorfqu'elies font tendres, & la plante jeune, c'eft-à-dire, dans le mois de Juin & de grand matin , tandis que la rofc* les humeendant plufieuts années de tous les ES SÇAVANS, biens de fon mari, tant meubles qu'immeubles , en vertu d'un don mutuel , & d'une Tranfadion , de- voir être payée des arrérages de fon doiiaire par les héritiers de fon ma- ri , quoiqu'elle n'en eut fait aucune referve par la Trarifaclion. Ceux qui voudront diftinguer les additions faites par M. Thouret- te , du Commentaire fait par fon ayeul, feront obligés de confrontée les deux Editions de cet Ouvrage. Car on n'a diftingué par aucune marque dans la dernière Edition , ce qui a été ajouté à la précédente. On a confervé au bas des pages quelques Notes qui fe trouvoient dans la première Edition d'un ca- ractère différent de celui du corps de l'Ouvrage ; mais on n'a point marqué à la fin des premières No- tes , comme on l'avoit fait dans la première Edition les Lettres initia- les E. D. L. qui défignent l'Auteur de ces Notes. A O U S T ; 1751: 47P TRAITE' DES OPERj^TIONS DE CHIRVRGIE, fondé fur la ■mécani^He des organes de l'homme & fur la Théorie & la pratique la plus afitorifée , enrichi de cures très- fingidieres & de figu- res en taille-douce , reprefentant les attitudes des opérations. Tar René- faccjues Croilîant de Garengeot, Maître es u^rts & en Chirurgie , Démonjîrateur Royal en matière Chirurgicale , & Membre de la Société Royale de Londres ; féconde Edition , revue , corrigée & augmentée par l' Auteur. A Paris , chez Guillaume Cavelier, rue S. Jacques , au Lis d'or j près la Fontaine S. Severin. 173 1. 3. vol. /«-l 2. premier vol. pp. 476'. fécond vol. pp. 4^8. troifieme vol. pp. 472. CETTE féconde édition du Livre de M. Garengeot fur les Opérations de Chirurgie, diffère de la première par pluficurs aug- mentations, pluiieurs changemens & plufieurs retranchemens. Qiiant aux augmentations , le titre en offre d'abord une : celui de la première édition ( de laquelle au refte nous n'avons encore parlé dans aucun de nos Journaux ) porte fim'plement , Par René-^accjues Croiffant Garen- geot , Chirurgien ; mais dans le titre de la féconde , au lieu de Chirur- gien on IkjMaître es Arts & en Chi- rurgie j comme au lieu de Croilîant Garengeot on lit^Croi^am de Garen- geot. Les augmentations difpcrfées dans l'Ouvrage font un peu plus importantes ; elles confiftent en di- verfes Obfervations , dont la fui- vante efl: une de celles que l'Auteur paroît prifer le plus. Elle fc trouve , pag. 5 5. duTom. 3. Il s'y agit d'un bout de nez arra- ché avec les dents , jette enfuite dans un ruiffeau ; puis foulé aux pieds ; lavé après à une fontaine ; & enfin remis li adroitement en fa pla- ce , qu'en quatre jours il fut paifai-r tement réuni &c cicatrifé. Peut-être ne fera-t-on pas fâché de voir ici l'Hiftoire de ce bout de nez ; nous la copierons mot à mot , tout y cft à remarquer jufqu'aux termes mêmes. » Le 16. Septembre ijz^.dit M, j> de Garengeot ^ un Soldat du Ré- » giment de Conty , Compagnie » de Malide , fortant de l'Epéc » Royale , Cabaret au coin de la ^» rue des deux Ecus , fe battit avec « un de fes Camarades, & fut dans » ce combat mordu de façon, qu'on » lui emporta prefque toute la par- » tiecatilagineufc du nez : fon ad- » verfaire fentant qu'il avoit un i> morceau de chair dans la bou- j> che , le cracha dans le ruiffeau , » & tout en colère marcha deffus M comme pour l'écrafer. » Le Soldat n'étant pas moins » animé , ramaffa fon bout de nez, » &:le jctta dans la Boutique de M. » Galinmon Comfrete j pourcou- w rir après fon ennemi. Pendant ce >.> tems-là M. Galin examina ce » bout de nez qu'on venoitde jet- ti cet dans fa Boutique , &; comme 48o JOURNAL D » il éroit couver: de boue , il le k- » va à la fontaine. 3' Le Soldat venu pour fe faire j> panfer , on fit chaufer du vin » pour fa playe & fon vifage qui 3> étoient couverts defang ; puis on >j mit le bout de nez dans le vin » pourl'échaufter un peu. » Au(îî-tôt que cette playe fut »> bien netoyée , M. Galin ( conti- M nue notre «yfuteur) ajuftale bout >> de nez dans fa place naturelle , » & l'y maintint par le moyen 3> d'un emplâtre aglutinatif , & j> de la fronde. Dès le lendemain w la réunion parut fe faire ^ & le J' quatrième jour [ poH--fnit M. de i> Garengeot ] je le panfai moi-mê- » me chez M. Galin , & vis que w ce bout de nez croit parfaitement " réuni &c cicatrifi- M.de Garengeot, après ce récit, fait la reflexion fuivante , qui ne paroîtra pas fans doute moins curicufe que l'hiftoire : » Qui » eût jamais penfé , dii-il , qu'un " bout de nez ècrafé dans un ruiC- >i fcau, refroidi enfuire par l'eau de w la fontaine , eût été propre à jouir Jî une féconde fois de la vie î Ne » font-ce pas là le fac dans toute fon étendue , Sc i) dilaté l'étranglement , il faut re- j) duite les parties qui font conte- ») nues dans le fac , fans l'ouvrir, &c n que voici la manœuvre qu'il con- M vient d'obfcrver dans cette nou- » velle méthode : on prend le fac » avec les quatre doigts & le poul- J> ce j par fon extrémité la plus » oppofce à l'étranglement , &c. Il n'eft là , comme on voit , au- cune queftion de M. Petit. Nous avons promis de nous bor- ner à trois exemples pour ce qui concerne les retranchemens que M- de Garengeot a faits à fon Livre dans cette nouvelle édition. Nous tiendrons parole. Il nous faut à prefent donner quelque idée ge- îierale du fond de l'Ouvrage. LES OPERATIONS qu'on y trouve décrites , font , comme dans la première édition , toutes tirées de ce que M. de Garengeot a vii pra- tiquer à divers Chirurgiens. Mais quoique le fond de l'Ouvrage foit tout d'emprunt , on peut dire néanmoins à l'avantage du Cpmpi- ES SÇAVANS; lateur, qu'à raifon des peincsqull a prifcs &c de l'induftiie qu'il fait paroître dans le tour qu'il don- ne aux chofes , il mérite qu'on lui paiïe le titre d'Auteur qu'il prend en divers endroits de fon Livre, & que nous-mêmes , à fon imitation, lui donnons de tems en tems dans notre Extrait : au refte , nous croyons fur cela lui devoir ce té- moignage , que s'il prend quelque- fois le titre dont il s'agit, quelque- fois aufll paroît-il y renoncer abfo« lument j témoin par exemple, dani la première édition , ces paroles Ci modeftes , qui , à la vérité , ne fc lifent point dans la féconde édition, mais que M. de Garengeot ne pré- tend pas , fans doute , retrader pour cela. ^â n'ai ^ dit-il, d'autres vîtes ^ que de donner heu aux élevés en Chi- rtirgie , de faire de férieufes réfle- xions fur ce qu'ils ont quelquefois en- tendu , é' à ceux qui n'ont pas eu l'avantage de voir opérer les fameux Chirurgiens de Paris , ni de s'éclair- cir avec eux de leurs doutes , de tirer par mon foible canal , quelcjue profit des fentimens ^ du procdé de ces exceilens modèles. Comme tout ce que je profofe de nouveau ^ dit-il un peu auparavant , je le tiens de ces excelhns Praticiens, ils ont bien voulu me permettre de Us nommer dans l'occafion , afin d'être tes garans de ce que j'avance comme ils en ont été les A»teurs. Préf: C'cll fur la vérité de ces paroles que pacoît principalement fondée l'approbation authentique qu'un célèbre Dodeur de la faculté de \ A O U s Médecine de Paris, M. Winllow a donnée au Livre de M. de Garen- geot. Approbation que nous croyons d'autant plus à propos de tranfciire ici , qu'elle ne lervira pas peu à tîxer l'idée qu'on doit fe faire de l'Ouvrage en gênerai. M Ce Recueil, dit M. lVi>iJlovv, «eltle fruit d'une grande aiîiduité » aux démonilrations publiques , « èc d'une attention continuelle » aux exercices particuliers de Chi- » rurgie. En effet, l'Auteur m'en a *> donné des preuves conftantcs » dans plulîeuts occafions , où j'ai » reconnu en lui de l'ardeur pour » fe rendre habile , de l'induftrie en » profitant des obfervations jour- » naliereSj& du zclcde vouloir être }> utile au public. Ainll cet Ouvra- 3> ge cft très-recommandable par » ion tonds qui ell tiré de la prati- « que des plus excellens Chirur- « gicns de Paris ; Se l'Auteur eft " digne de loiiange, d'y avoir em- » ployé tous fes foins polfibles , en » leur rendant juftice , &c en )oi- " gnant fes propres remarques avec w des reflexions ingénieufes. A Pa- » ris le 7. Nov. 1729. Signé , " Win s L ow. Cette approbation jointe au té- moignage même de M. de Garen- gcot , eft plus que fuffiante pour 4ionner une idée générale du Livre; mais ce que nous allons rapporter dans le cours de notre Extrait , pourra mettre les Led:eurs en état de juger plus particulièrement du Traité en queftion. Rien n'eft fi commun chez les Médecins , tant anciens que mo- T ; 1731; 485 derncs , qui ont écrit de la pierre du rein ou delà veilie , que le mot de CONCRETION CALCU- LEUSE : Concretio calctdoja , Lon- cretioncs culcnlojx , lit-on en cent endroits de leurs Ouvrages. M. Chirac , à l'imitation de ces Au- teurs , s'eft louvent lervi du même terme , en parlant de la manière dont fe forme la pierre. Un tel exemple fuffiroit pour juftifier l'ex- prellion quand clic ne leroit pas auiîi établie qu'elle l'eft parmi les Méde- cins. Nous remarquerons lur cela , que c'eft apparemment pour la confirmer davantage , plutôt que pour l'avoir cru nouvelle en Méde- cine , que M. de Garengeot em- ployé la tirade fuivante. Si la dé- compo/ition des pierres ^u'on a tirées de Li vejfie & de la matière tartureu- fe dont nous venons de parler , fournit plus de fels c^iie de foitphres , & ^ut l'union er l'ujJemhUge de ces mêmes principes , forme le germe & l'origi- ne des pierres , & de la matière tar- tareufe^ il fuit que ces mêmes princi- pes Je trouvent dans l'urine, (^ ^ue leur a femblage forme ce que lef^a- v/int Aionfieur Chirac, premier Mé- decin de Monfeigneur le Duc d' Or- léans , C^ Sur-Intendant du jardin Royal , appelle CONCRETION CALCULEUSE , pag. 5. Tom i. Il s'agit à prcfent de fçavoir pré- cifcmenr ce que c'eil: que la pierre du rein ou de la velFie. M. de Ga- rengeot qui a toujours loin de co- pier le plus exaftcmcnt qu'il lui eft poOible , ce qu'il a oui dire à quel- ques Maîtres Chirurgiens, s'expU-, que aindfur cefu)rr. 484 JOURNAL DES SÇAVANS, M Nousdéhnidonsla pierre , un j> fe mêler jamais de cetre opera- » corps étranger , dur , friable, de }) difterentes figures , fuivanc les n differcns arrangemens des parties 3' qui le compolcnr , cC des divers » endroits où il fe façonne , formé »des parties falincs ce qu'on fçavoit alors fur cette jj opération étoit très-imparfait. Ce » fut ce qui le porta à faire un fer- » ment, nar lequel il proteila de ne » non , &: de l'abandonner à ceux » qui en faifoient leur unique oc- » cupation, afin que par leur étude, » leurs méditations Scieurs expe- 5> ricnces réitérées, ils pullent trou- » ver une méthode également ta- » vorableaux adultes fie aux enfans; » ces derniers étant pour lors les » fculs lur qui on pouvoir faire cet- }' te opération. Il arrivoit rarement » en effet ( poKrfiiii Ad. de Garen- »geot) qu'on pût réulfir dans ce » tems-là. Car ce petit appareil 5> n'étoit point auiîl parfait qu'il " l'eft aujourd'hui , & les Opera- " tcurs meurtriflant la velîle &C tou- '> tes les parties circonvoihnes des « jeunes fujets fur lefquels on tra- " vailloit ; la hcvre , la gangrené Sc '■> quantité d'autres accidens les » faifoient périr, (ouvent même fans "avoir pu tirer la pierre. « Pag. i. 6c 2. Tom. fécond. M. de Garengeot dans cet article avance fix taits : le premier , qu'- Hippocrate s'éroit miis à pratiquer l'opération de la taille ; le fécond , qu'il n'y avoit pas réuilli le troifié- me, que ce mauvais fuccès lui fie prendre la refolution de ne jamaij tailler j le quatrième, que la mé- thode de tailler qui étoit alors en ufage , ne pouvoir s'exercer que fur les entans ; le cinquième , que cette méthode étoit celle qu'on appelle aujourd'hui le petit appareil; le fi- xiéme enfin , que les Operateurs de ces tems-là , meurtrilToient la vcdie & toutes les parties circonvoihnes, enforte que la fièvre , la gangrené & quantité d'autres accidens, faifoient A O U s pcrir les malades , fouvcnt même lans qu'on eûz pu nrer la pierre. M. de GarcngcûC ne clic point comment on ell parvenu à fçavoir G. pofitivcment & li furemcnt ces Iix fortes de faits , car il les avance comme abfolument hors de doute. Quant à ce qui regarde les trois premiers, nous remarquerons d'a- bord qu'on ne voit rien dans le fer- ment d'Hippocratc qui puille don- ner le moindre lieu de les conjedlu- rer , puifqu'on n'y voit rien qui puiffe conduire à croire qu'Hippo- crate ait jamais pratique l'opération de la taille. C'ctoic l'ufige de fon tems , lorf- qu'on embralToit la Médecine , de s'obliger par ferment à l'obferva- tion de certains points; & comme îlors les Médecins pratiquoient eux-mêmes, les opérations de Chi- rurgie , ainfi qu'il fe voit par le Li- vre du même Hippocratc intitulé , ITêfiiïTfV, ks: que l'opération delà taille faifoitiineprofeilion féparée , dont fe mcloient des Operateurs particuliers , les élevés en Médeci- ne s'engagoient à excepter celle-là de toutes les autres. C'ell à quoi s'oblige Hippocrace lui - même quand il promet de ne jamais tailler perfonne. Le ferment où il s'y obli- ge contient plufieurs chefs difFe- rens dont l'afTemblage forme un plan gênerai de conduite pour tous les Médecins. Dans ce plan qu'Hip- pocrate regarde comme la règle commune des Médecins , il dit qu'il ne taillera perfonne de la pier- re , tout comme il y dit qu'il ne rcvckra aucun fecret , qu'il ne fera T, 1751. 485 rien contre l'honneur de fa profef- lion , qu'il aura un profond refpedt pour le Maître qui lui a enfcigné la Médecine , & qu'il ne communi- quera les préceptes de cet arc qu'à ceux qui auront prêté le ferment i ce qui , pour le remarquer en paf- fant , donne grand lieu de juger ^ qu'alors c'écoit l'ufage , quand on fe dévoLioit à la Protcllion publique de la Médecine , de prêter le même ferment que prête ici Hippocratc. Serment qu'il ne fera peut-être pas inutile de traduire dans fon entier fur le Texte d'Hippocratc , pour mettre mieux les Ledeurs au faic : le voici : » Je jure par le Médecin Apol- »lon, par Efculape , par Hygée » &c Panacée , je prends à témoms " tous les Dieux &c toutes les Déef- « fes , que j'obferverai fclon toute " l'étendue de mon pouvoir & de » mes lumières, le ferment que je » fais par le prefcnt écrit : fçavoir , »j que je refpederai , comme ceux » même à qui je dois le jour , le » Maître à qui je dois la connoiffan- » cède la Médecine: Quejeparta- » gérai avec lui mes propres biens M dans toutes les occalions où ils " pourront lui être neceflaires , foie » pour l'entretien de la vie , foie "pour d'autres befoins : Que j'aurai M les mêmes égards pour fes enfans: »Qiie je les confidererai comme » mes propres frères : Qiie s'ils "fouhaiccnc embralTcr la Medeci— »ne, je la leur enfeignerai gratui- » tement fans exiger d'eux aucune » recompenfe , ni comptant , ni en » biliccs ; Que nul , excepté mes eu- 48(? JOURNAL DE n fans , ceux de mon Maître , & les wDifciples dûëment immatriculés » &c reçus à la Profeflîon de Mede- wcine en vertu du ferment qu'ils » auront prêté , n'aura part à aucun >j de mes enfeignemens : Qiie je » prefcrirai aux malades autant que » ma capacité & mes lumières le n comporteront , la manière de n vivre qui leur conviendra le n mieux pour leur gucrifon : Que »> )'cmploy£rai le même foin pour « les mettre à couvert de toute for- » te de tort & d'injure : Que je ne s>me lai (ferai induire par quelque s> forte de foUicitation que ce puif- s.) fe être , ni à donner ni à confeil- s> 1er aucun poifon : Que je me gar- n derai tout de même , de procu- » rcr jamais l'avortement : Qiie je " m'étudierai à mener une vie pure » & chafte , conformément à ce H que je me dois à moi-même & à » ce que je dois à mon art : Que je » ne taillerai aucun malade de la n pierre , mais que je lailferai cette î> opération à ceux qui en font leur « profelFion particulière : Qii'en » quelque maifon que je fois appelle » je n'y entrerai que pour le foula- u gement des malades, évitant d'y » otfenfer perfonne, èc m'y interdi- >j fant toute liberté illicite à l'égard » des femmes, foit libres oucfcla- M ves : Que je tairai avec foin tout »' ce qui pourra venir de fecret à ma n connoiflance , & qu'il fera necef- » faire de cacher , foit que je l'ap- " prenne en exerçant ma Profeffion, » foit autrement. M Si j'accomplis ce ferment , & w que je ne m'en écarte en aucu- 5 SÇAVANS; »ne forte , puilfai-je joiiir d'une » viehcurcufc, avoir l'approbation » générale des hommes , ^ recueil- » lir avec abondance , les fruits de 55 mon art. Mais (i je me parjure , » que le contraire m'arrive. II. eu. facile de voir ici deux cho- fes : la première , Qu'il n'y a dans tout ce ferment aucun terme qui donne le moindre lieu de juger que fi Hippocratc s'eft obligé à ne ja- mais tailler ^ ce foit pour y avoir mal réulfi ; la féconde , Que tout y marque au contraire , que pour fe conformer à la règle établie de fou tems , il ne s'étoit jamais mêlé de cette opération. Voilà pour ce qui regarde les trois premiers articles. Qiiant aux trois autres, Hippo- crate ne dit rien non plus d'où l'on puilfe prendre occalion d'avancer , i'\ Que la méthode de tailler qui étoit alors en ulage, ne fc pouvoic pratiquer que fur lesenfans;i'.Quc cette méthode étoit celle qu'on nomme aujourd'hui le petit appa- reil ; 3'. Qiieles Operateurs de ces teras-là mcurtrilToient la veille & toutes les parties circonvoifines , enforte que la fièvre , la gangrène 6 quantité d'autres accidens , fai- foicnt périr les malades , fouvent même Jans qu'on eût pu tirer la pierre. Mais en voilà fuftîfammcnt fur ce fujet -, il faut diverfifier la ma- tière. »M. Petit, à ce que racenti M. nàe Garengeot ^ pag, 4^i. & fuiv. "duTom. z. fut un jour appelle à n neuf heures du foir , pour voir un » jeune homme qui a voit une cf- A O U s T wquinancie des mieux caradleri- >> fées. lUe faigna lur le champ co- » pieufemenc &c recommença une "demie - heure après : mais .) voyant que le mal ne diminuoit « poinr , il continua pendant toute " la nuit de le faigner & des bras & »des pieds & de la gorge. Mais M comme treize faignées qu'il avoic » faites jufqu'à fix heures du matin, n n'a voient point foulage le malade, » M. Petit demanda du confeil » pour fe mettre à couvert des re- » proches que les parens lui fai- « foient. On appeila donc deux *> Médecins ; &C ces Médecins , dit » Af. de Garengeot , non feulement M ne blâmèrent point M. Petit ; » mais bien loin de le blâmer, or- » donnèrent encore trois autres fai- «gnées, jufqu'à neuf heures, enfor- «re que ce tut feize faignées en "douze heures. M Après !a dernière faignée , con- *) tinm ï'Hiflorien , le palîagc de la M trachée artcre parut un peudcga- » gé , & le malade commença à n refpirer un peu , ce qui donna la M facilité de lui faire avaler par M cuillerées, de l'eau de cafTe qui » le dégagea , & le guérit entierc- » ment , à la foibleffe près. Nous lailTons aux Médecins fa- ges à faire leurs reflexions fur cette Hiftoirc de M. de Garengeot. Au refte comme dans la maladie dont il s'agit , l'on a coutume de beau- coup faigner , & qu'ainfi on épuife extrêmement les forces des mala- des , notre Auteur veut , quand on les a réduits en cet état d'épuife- ment , qu'on leur donne de l'eau de , I 7 ? I. 4-87 coq. Elle ejl , dit-il , excellente pour les malades qui font dans une gran- de foiblejfe •■, elle les nourrit beaucoHV^ elle les foutient & anime leur fang épaijfi , (^ cjui circule lentement. Si on demande combien il faut de cette eau de coq pour produire de (\ bons effets ? Notre Auteur répond que fept à huit gouttes fuffi- fent ou mêlées dans un demi verre de ptifartnepcûurale , ou dans qua- tre ou cm 7 cuillerées de bouillon , 0» toutes feules. On ne feferoit guércs imaginé que fept à huit gouttes d'eau de coq euflent eu tant de ver- tu; ainfi voilà un fpécifique auflî merveilleux qu'il efl: de petite dé- penfe. Si M. de Garengeot cil auflî entendu à exercer les opérations de fonart, qu'il l'eft à prelcrire à des malades épuifés de faignées , le ré- gime qu'ils doivent fuivre pour Çc fortifier promptcment , on ne peut balancer un inftant fur le jugement qu'il taut porter du mérite de ce Chirurgien. Pallons à d'autres points. En parlant de l'opération du tré- pan,il dit qu'elle ne doit pasfe faire lur les futures ni fur le hnus longi- tudinal fuperieur. Mais dans la pré- face il fc retrade là-deffus , en ces termes : Les planches , dit-il , ont beaucou p retardé la publication de cet Ouvrage , car pliifieurs de nos Con- frères fçavent qu'il y a au moins neuf ou dix mois que les premier & troifîè- me Volumes font imprimés ; & s'tl n'y avait pas eu tant de diflance de cette imptrjfion à la publication qui s'en fait aujourd'hui , nous n'eujfions pas défendu , de concert avec tous les 488 JOURNAL Auteurs , p. 178. du Tom. 3', de m ■point trépaner fur lesfiuttres , ni fur le fin us longitudinal fuperieur y car l'opération que nom fîmes le 16. fjiùn 1730. fur lin enfant de fix ans , an- quel nous avons appliqué fept cou- ronnes de trépan, dont une fut placée fur le fînus longitudinal fuperieur , d' une autre fur la future coronale , prouve bien que ces préceptes ne font pas toujours afuivre. M. de Garcngcot , comme on le voit par ces mots : Nous n'eujfions pas défendu , de concert avec tous lis Auteurs , ôcc. Suppofe que tous IcsAuteurs eflcdivement défendent de trépaner fur les futures ni fur le finus longitudinal. Nous remar- querons cependant, i^.QiieJacques Berengarius^ Dodeurcn Médecine, Proteireur d'Anatomie & de Chi- rurgie dans l'Univerfité de Boulo- gne , ( celui , pour l'obfcrver en paifant, qui le premier a employé le mercure pour les maladies véné- riennes ) dit dans fon Traité de FraUurâ Cranei avoir plufîeurs fois Qc avec fuccès appliqué le trépan fur les futures : 2°. Qiie Jean-Baptifte Corteflus ^ Doârcut en Médecine, Profeffeur d'Anatomie 6c de Chi- rurgie dans la même Univerfité de Boulogne , témoigne dans fon Traité de Vulneribus capitis ^ avoir pratiqué heureufemcnt la même choie : 5". Que Wertembergius , Médecin de Bafle , affure avoir vu en Italie , trépaner fur les futures ; il faut lire là-deffus la huitième ob- fervation de la féconde centurie de Fabrice - Hifdan -, nous ajouterons (^u'il eft notoire qu'en plufîeurs cas DES SÇAVANS, on fuit cette pratique en Italie Se en Angleterre. L'ufage de la tente & fur tout de la longue tente dans les panfc- mcns, eft , pour l'ordinaire très- nuilîble , c'eil ce qui a été remar- qué, il y a près d'un lîccle , par Septalius Médecin de Milan , 6c par Céfar- Magatus Médecin de Ferrare , qui fe font tous deux éle- vés avec force contre une telle mé- tUode , M. Garengeotqui ne foup. çonne pas que la condamnation de cet abus foit de ii ancienne date , femble lui en donner une bien plus fraîche , lorfqu'eu blâmant Mrs Meri , Arnaud & Thibaut qui avoient coutume d'employer la tente , il dit : d'autres Chirurgiens^ entre lefqnels Airs Bellofle , Petit & Nous , avons éié cens qui ont cor»' battu avec plus de vigueur , la lon- gue tente ^ la rejettent, difant que cette méthode retarde beaucoup la guéri fon, & fait communiquer l'air extérieur avec l'imerieur , ce qui peut avoir des fuites ficheufes^ pag. 335. Tom. premier. On ne peut difconvenir que l'ufage de la tente & fjr tout de la longue tente ne foit fore fouvent à blâmer. Mais ce que notre Auteur eftime d'un grand poids pour le perfuader aux plus opiniâtres , c'eft qu'un Chirurgien qu'il allure erre très-verfc dans la Botanique , con- damne abfolument cet ufage : Il n'cil qucftion à ce fujet , pendant quatre pages entières , que du Chi- rurgien Botanifle : on ne le déiîgnç que par cette qualité pour donner plus d'autorité à fon témoignage, & le A O U s le Chirurgien Botanifte revient pref- <|ue à routes les lignes. Il faut voir là-delTusles pages 344. J45. & 346', du Tome premier, l'endroiteft cu- rieux. On demandera peut - être quel avantage un Chirurgien Botanifte , peut avoir en cette qualité , au-def- lus d'un autre Chirurgien , pour en devoir être mieux cru que tout au- tre fur le fait des tentes; mais M. de Garengcoc ne s'explique point fur cet article. Aurefte, notre Auteur dit qu';7 ejldefon devoir pour l'utilité pnbli- ejHe de rapporter les mauvaifes ma- nières de panfer & d'opérer de quel- ques-uns , & d'en faire connoitre les fautes par des expériences qui paroi f- fent plauftbles ér convainquantes. Mais il ajoute qu'à cet égard /'/ ob- ferve de ne pas citer les malades auf- quels il eft furvenu quelque cataftro- phc par la faute des Médecins ou DES Chirurgiens , Se i:[n'\\ rcdrej^e leurs dcffaiits d'une manière fi généra- le , qiCon ne fçauroit le taxer de vio- ler la bienféunce G" la charité que l'on fe don les uns aux autres, Lts Chirurgiens ne peuvent trop marquer à M. de Garcngcot leur reconnoiiïance , de la bonté qu'il a eue de les épargner Ç\ gcnéreufe- ment ; mais les Médecins , jufqucs fur lefquels il veut bien ici étendre fa charité, lui font fans doute enco- le plus redevables. Il avertit qu'^/ y a cependant des cas oit les faits qu'il rapporte paroiffcnt (i furprenans , qu'on pourrait le taxer d'exagérer , s'il ne faifoit entrevoir far certains caraUeres , les moyens de Aûujl. T , I 7 5 i; 48P s'inftruire au vrai , des cures qu'il rapporte , & des méthodes qu'il cen- ftre. Il déclare là - delTus que pour lors il s'efifenti obligé d'indiquer ou les malades an quelques-uns de ceux qui ont eu part k Ufcene ; mais il dit qu'il la fait adroitement , afin feule- ment que les curieux puijfent voir que fes Hifioires ne font que de [impies narrations ^ que fes reflexions ne tendent qu'à exciter les Chirurgiens afe perfeUionner de plus en plus , k quitter leurs mauvaifes méthodes , îè" à porter les Commençans à graver dans leur efprit une Chirurgie , qui foit toujours foùtenuë par des raifons évidentes. La charité de M. de Garcngeot , ainlî qu'on le voie , s'étend à tout. Nous venons de rapporter , com- me il exerce cette charité non feu- lement à l'égard de fes Confrères , mais encore à l'égard des Méde- cins -, une obfervation à faire fur ce fujet , c'ell: qu'il épargne encore plus les Médecins ( nous entendons ceux de Paris ) qu'il n'épargne les Chirurgiens fcs Confrères. Il ne fait pas difficulté de nommer très- fouvent les Chirurgiens qu'd blâ- me ; on peut voir , entr'autrcs , là- delTus les pages 3 î^. 538. 345. &: 349. du Tome premier, au fujec de Mrs Mery ^ Ârnault&i Thibaut^ qui n'y font pas traités avec tout le ménagement pollîble; & qui y font cependant toujours nommés. Mais quand il reprend la conduite de quelques Médecins de Paris , Que par exemple, il dit de l'un i ". Q^i'il ne connut pas une Hernie ventrale; *"» QL"^ f^* profondes méditations ne Rr 4po JOURNALD vrodnifmnt dans cette rencontre ^tte des Uvemens , des narcotiques & des bains -, 3°. Que hs matières écu- meiifes (^ chilenfes ijue rendait lit ferfonne attaîjnée de cette maladie , ve furent chez ce Aiedecïn , ijue des ^^omifcmens ordinaires^ il fc conten- te de le dcfigner fimplement parlî titre de Médecin de la Faculté di Paris , & en fupprime charitable- inent le nom , pag. JfT^. 372. Toni. I.. Qiiand tout de même , il dit d'un autre Médecin, \°. Qii'il prit un embarras dans le cœcum , pour îuic colique néphrétique , 2,". Que les remèdes qu'il ordonna dans cet- te occafion , Tobligercnr^ lui M. de Garengeot , à annoncer qu'/7 n'y avait vins d'efperance , & ^ue le ma- lade tpcriroit par la faute & l'igno- rance de ceux qiti ["avoient traité ; il ne dcfigne ce Médecin que par la qualité de Médecin ordinaire dit malade , pag. ^77. Tom. i. Qiiand encore il accufc deux au- tres Médecins d'avoir ordonné le bain mal à propos à deux malades, & fi mal à propos que les malades près de périr, n'ayant été guéris que par la fonde & les injeâions dans la vcfficj les deux Médecins témoins eux-mêmes de ces faits , avouèrent qu'il était important de réfléchir avant que d'ordonner le bain'. Quand il parle ainfidecesdcux Médecins, il s'ablliicnt tout de même, par l'effet de fa charité ordinaire , de rappor- ter leurs noms , & fe contente de dire que ce font deux Médecins des ■plus habiles , pag. 381. Tom. i. Au lefte , deux Médecins des ES SÇAVANS, plus habiles qui avant le cas dont il s'agit, ne s'ccoient pas encore avi- fés de penfer qu'il /«/• important ds réfléchir pour ordonner le bain , ^ qui, après ce cas arrivé , ouvrent enfin les yeux Sc conviennent de l'importance de la chofe ; ces deux Médecins , fans doute , pour des Médecins habiles, & des plus habi- les , joiient ici un roUc bien étrange» Qiiel bonheur pour eux d'avoir af- faire à un homme aulîl charitable que M. de Garengeot qui veut bien dans cette occafion les couvrir de fon manteau , en cachant leurs noms au Public ! Cependant com- me il y a des efprits de toutes les fortes, il pourroit bien arriver que des Leâ:eurs foupçonncux , loin de s'édifier de la charité de M. de Ga- rengeot à taire ainfi les noms de ces deux Médecins & des autres dont il vient déparier, en pren- droient lieu au contraire de révo- quer en doute les Hiftoires qu'il ra- conte. Mais comment les tenir pour fulpedies après l'approbation authentique que vient de leur don- net M. Col de Vilars Dodeur Ré- gent de la Faculté de Médecine de Paris ? lequel afiure dans cette ap- probation datée du 28. Février' de la prefente année 175 1 . j> Qii'il n'y » a pas à douter que cette féconde «édition , revue, corrigée confide- >i rablement , & augmentée par )' l'Auteur, ne foit encore plus utile » que la première. Comme M. Col de Vilars fait ici mention expreffe des augmenta- tions , &C qu'à rai Ton de ces augmen- tations j auilî-bien que des correcr A O U tiens , il alTure que le Livre Icra en- core plus utile, il eft vilible qu'il approuve les Hiftoires don: il s'a- git , car elles lonc toutes autant d'augmentations du Livre. Or eft- il à croire que M. Col de Vilars les eût approuvées , s'il n'avoitcté certain de la vérité des faits; d'au- tant plus que ces faits regardent les propres Confrères ? L'Approbation du Cenfeur Royal porte iimplement ; J'ai cru ^ue U réimprejfion du Livre ferait utile aux jeunes Chirurgiens ; ce qui efl la même chofc que de dire : J'ai cru quecf qui aàéja ité imprimé pouvait l'être encore. Mais M. Col de Vi- lars va plus loin : il fpcciiîe les aug- mentations , c'elt-à-dirc ce qui n'a point encore été imprimé , & en cela il garantit les Hiftoircs de M. de Garengeot. Nous finirons par ce qui concer- ne le ftyle que notre Auteur dit s'être propofé dans fon Ouvrage. Il donne avis qu'/7 a taché de s'expri- merftmp!eme}7t & uniment , & qiitl s'ejl flatté que cette manière inaenue de s'énoncer^ était plus à la portée des commençans & leur plairait davan- tage. Nous remarquerons fur cela,qu'il pratique exadlement ce qu'il s'eft propolé. Il dit , par exemple ,yFw- plement Se uniment , en parlant de l'illuftre M. Freind , Dodeur en Médecine du Collège de Londres , & premier Médecin de la Reine d'Angleterre , i°. Qii';7 y a lieu de f réfumer que ce Médecin n' était pas tm grand Anatomifls , pag, 425. Tom. premier : 2°. Qii'il a ùïzdes S T , I 75 r; 491 objeHiatts qu'un Ecolier fe fût bien gardé de fane , &C aufquelles , pour cette railon lui M. de Garengeot , ne fera pas d'attention ^ pag. 428. Il dit fimpUment & uniment eiï parlant d'un railonnement de feu M. Arnaud , célèbre Chirurgien de S. Cômc & fçavant Anatomifle , que ce raifonnement quelque fpe- eieux qu'il paroijfe efl faux ^ Sc que M. Arnaud avance unechofe que iie vrais Anatomiftes n'accorderant Jamais , pag. 3 36. & 33 S. Tom. i. Il dit ftmplement & uniment , en parlant de M. le Dran fon Confrère & fon ancien , " qu'au lieu de fui- " vre l'exemple des autres Ecrivains « qui croycnt fe faire honneur , »lorfqu'i!s citent les Auteurs qui » les ont précédés , & dont ils ont "tiré quelques lumières , ou lorf- M qu'ils font mention des dccou- >' vertes de leurs Confrères , ce » Chirurgien au contrair: , ne par- >j le que d'après lui , & que comme » il fenc qu'il n'cft pas Auteur ori- )3 ginal des matières qu'il traite , il ïs prévient fes Ledeurs par un » avertiiïemcnt qui paroît un » moyen tout nouveau pour le dif- » penfer de citer ceux à qui il a » quelque obligation , pag. 152, M Tom. z. Les Ledfeurs trouveront' peut-être que M. de Garengeot dans ces trois exemples, parle un peu crûment ; mais il faut confidcrer qu'il efl diffi- cile de s'exprimer , firpplement & uniment , comme il fe l'efl: propofé , fans le faire quelquefois d'une ma- nière un peu crue. Au relie, ileftbon de remarquer Rrij bi^2. JOURNAL que le ftylc fimple Se uni dont fe pique notre Auteur , cft de plus d'une forte , &: ne fe trouve pas par tout de la même efpcce que dans îes partages préccdens; c'eft de quoi nous pourrions citer divers exem- ples curieux ; mais celui qui fe prc- fente dans le dchut d'un narré que jM. de GarensTeot fait au flijet d'une Servante qui dcmeuroit chez lui il y a fix ans , pourra fuftirc. » Le 5. Janvier , dit-il , de l'an- sjnée 1728. une Servante que j'a- 3> vois pour lors , âgée de cinquan- s> te-fix ans ou environ , revenant 3i du Marché chargée de vingt- » quatre livres de pain , tut arrêtée « par un jeune homme de fa con- »' noi (Tance , qui la voyant embar- » raffée , voulut badiner en faifant » quelques tentatives pour l'em- » brader. Cette femme qui n'avoit n qu'un bras de libre, voulant le re- » pouffer , lit un effort , &c. Il ne faut pas perdre ici de vue l'avcrtilTemcnt par lequel notre Auteur termine fa Préface , & que Î10US avons cité; fçavoir, l'.Qu'/'/f^ ■perfHadé e^u'une narration fimple convient mieux à un Truite de Chi~ vitrgie : 2'. Q>iil s'eflflam jue cette manière ingénue de s'énoncer ferait fins à la portée des Commen-çans ^ & leur plairait davantage. En voilà plus qu'il ne faut pour faire voir ce qu'on doit juger &c de l'Ouvrage & de l'Auteur. Nous ne fçautions cependant nous difpenfer de dire un moc des planches , de DES SÇAVANS, ces planches que M. deGarcngeoc regarde comme une richejfe de fon Livre , & pour IcfqucUes , comme nous l'avons remarqué plus haut , il a cru devoir fufpendre pendant près d'un an , la publication de ce même Livre, afin d'avoir le tems de les mettre dans l'état où elles pa- roiffent aujourd'hui. Celles qu'il a fait graver dans fon Recueil intitu- lé : Splanchnologie , font affuré- ment bien dcfcctueufes , mais celles qu'il donne dans celui-ci , intitulé: Traité des opérations de Chirurgie , le font encore davantage. On peur, fl l'on eft curieux de s'en éclaircir , jetter les yeux fur les planches des pages J05. ^06. 417. ëc 4ii. du Tom. I. fur celles des pages 71. Z16. tif. 166, &c 449.^u Toms fécond, & enfin fur celles des pa- ges 187. Si. 407. du Tome troific-» me. Les chofes qui devroient s'appcr- cevoir le mieux dans ces figures , font les parties fur lefquellcs travail- lent les Operateurs, mais il n'y en a prefque pas une qu'il n'y faille de- viner. Nous difons la même chofc de la plupart des inftrumens que M. deGarengeot, dans l'explica- tion qu'il fait de chaque planche en particulier , dit qu'on y voit tenir à ces Operateurs. Ce qu'on trouve de mieux re- prcfenté dans les planches en que- ftion , font les Chirurgiens, leur? habits à la mode &c leurs perruques» À O U s T ; I 7 3 r. 4P? fRANCISCI MASCLEF PRESBYTERI, C ANONiCl Ambianenfîs Grammarica Hebraïca , accefferunt in hac fecunda Edi- tione très Grammaticx , Chaldaïca , Syriaca & Samaricana ejufdem inftituti. C'eft-à-dire : Grammaire Hébraïque. Par A4. Mafclcf, Prêtre ^ Chanoine d' Amiens ; augmentée dans cette noHvde Edition des Grammaires Chaldaijne ^ Syriaque & Samaritaine , Jidvant la même Méthode. A Paris, chez la Veuve Paulus-du-Mefnil , ruëFromeiuel proche le Puits certain. 1751. /«-12. 3. vol. premier vol. pp. 453. 2. vol. pp. 231. 3. vol. pp. 575. QUELQ^UES Sçavans fc font élevés contre la nouvel- le Méthode de M. Mafclet de lire èc d'étudier l'Hébreu fans le fe- cours des points voyelles ^ d'autres ont trouve cette Méthode trcs-com- mode (3i très-utile. C'eft ce qui a engagé l'Auteur , en donnant au Public une nouvelle Edition de fa Grammaire Hébraïque , de donner une Grammaire dans le même goût pour le Ch aldaïque , le Syriaque & le Samaritain. Ce ne font propre- ment que différentes Dialectes de l'Hébreu , & lî d'un côté on peut les apprendre en très-peu de tcms quand on fçait la Langue Hébraï- que j elles contribuent beaucoup à perfedionner ceux qui fçavent déjà l'Hébreu. Nous ne donnerons pas d'Extrait de ces deux Volumes dont le premier eft déjà artez connu &c dont le fécond eft par lui-même un abrégé des Grammaires de ces trois Langues , & qui ne diffère des autres Grammaires de ces Dialectes de l'Hébreu , que parce que l'Au- teur apprend à fes Difciplcs à fe paffer pour entendre ces trois Lan- gues du fccouïs des points voyel- les. Nous nous arrêterons donc au troifiéme Volume qui contient une Apologie de la Méthode de M. Mafclef. Il a fait une partie de cette Apologie , mais la mort l'ayant empêché de la finir , un des défen- feurs de fon Syftême l'a continué j leContinuateur fe propofe de répon- dre aux objcd:ions que Dom Gua- rin a taites dans le fécond Volume de fa Grammaire Hébraïque contre le Syftême de M. Mafclcf. L'Auteur foûtient d'.'.bord que les points voyelles n'ont commencé à être en ufage que dans le neuviè- me j même dans le dixième iîéclc de l'Eglife. Il obfervc pour prouver cette propofition , qu'il n'eft fait aucune mention de ces points dans le Talmud , qui n'a pu , félon lui , être publié que vers l'an 700. dans les Livres appelles Medrafchim qui font poftericurs de plufieurs années au Talmud , ni dans le Traité inti- tulé Sopherim qui n'a été écrit que long-tems aprè^ les Aiedrafchim ; enfuitc il remarque après le P. Mo- rin , que les MafToretes ont em- prunté des Arabes plufieurs chofes qui regardent leurs points-voyelles, éi que les Arabes n'ont conimencé. 4^4 JOURNAL DES SÇAVANS, à écrire en leur Langue que peu de les Italiens , les François & les AI- tems avant Mahomet, qui , fuivant que robfcrvent plufieurs Auteurs , ne fçavoic lui - même ni lire ni écrire. Ce point de fait prcfuppofé , M. Mafclef prétend qu'il n'y a point la moindre apparence que les MafTo- retes , qui ont inventé & mis en ufat^e les points-voyelles , ayent été inftruits de la véritable prononcia- tion de l'Hébreu qui étoit une Lan- gue morte depuis plus de mille ans. Il tire encore un grand avantage de ce que les Septantes, Jofephj Phi- Ion , Origcne, & S. Jérôme , ne prononçoient pas la plupart des mots Hébraïques , comme les font prononcer les M aiToretes, «Se de ce que les Juifs modernes ne font pas d'accord entr'eux fur la prononcia- tion , ceux d'Orient étant fur ce point fort difFerens de ceux d'Occi- dent , & les Juifs de Portugal ne prononçant point comme ceux d'Allemagne- Et ii les Malîoretes n'ont point été inftruits de la vérita- ble prononciation de l'Hébreu, il efl: inutile de s'attacher à détendre leurs points-voyelles avec tant de vivacité. Tel efl le premier moyen de M. Mafclef pour faire valoir fou Syftême , voici le fécond. Pour entendre des Livres écrits dans une Langue morte , il n'elt point necelT^iire de fçavoir de quelle manière ceux qui ont écrit pronon- çoient, c'eddans les caraclcres que confiftent les chofcs fignifiées , & il en eft de ces cara fuivant M. Mafclef, celle qu'il a donnée dans fa Grammaire. En fui- vant fa Méthode , l'explication d'un paffage de l'Ecriture Sainte , quel qu'il loic , nedcpendque des caraderes qu'ont employé les Au- teurs Sacres, rien n'en rcftraint la fignification, parce que les voyelles qui font fubfticuées avec des points des MalToretes , ne fervent qu'à A O U s Jonncr un fun aux caraâcres. L'ancienne Grammaire eft rem- plie , fuivant M. Mafclef , de cliofesfiiperflucs, de bagatelles, de vaines obrcrvations, de règles inu- tiles & fouvent peu cenfces , elle ne fair que garer & affoiblir refprit , elle eft longue & difficile. La Tienne au contraire eft courte & facile, &C ce qui lui paroit le plus important, c'eft qu'en la fuivant on n'eft point oblige de s'éloigner auftl fouvent des Textes des anciennes verfions, que quand on s'attache aux points - voyelles des MafToretes. Il allure qu'il a éprouvé par lui-mcme les avantages de cette Méthode , & que M. Pourchor a mis pluficurs Ecoliers de Philofophie «Je de Théo- logie en état d'expliquer en peu de mois les palTiges les plus difficiles du Texte Hébreu , fans d'autres fc- cours que celui de la nouvelle Mé- thode. Après ces preuves fur Icfquellcs M. Mafclef fonde fon nouveau Sy- flème , il répond à plufieurs ob|ec- tions qui lui ont été hitcs par plu- lleurs perfonnes. Jefçaibien, dit- il j que la nouvelle prononciation que je propofe n'eft pas l'ancienne prononciation Hébraïque , mais celle des Maffisretes n'eft pas non plus la véritable & la mienne eft plus fimple , plus commode & plus propre à faire découvrir le véritable fens des palfages difficiles de l'Ecri- ture Sainte. Si en fuivant cette Méthode il arrive quelque embar- ras par rapport au nombre > au gen- re & au cas de certains noms , & par rapport au nombre & à la cou- T, 1751. 4py jugaifon de quelques verbes ; cette obfcurité eft bien-tôt levée par ce qui précède & par ce qui fuit. Cet- te obfcurité n'eft point toujours levée par les points - voyelles , & elle eft une fuite du génie de la Lan- gue Hébraïque. On ne fe pique point aujourd'hui de parlcrHébreu, ajoute notre Auteur , Zc je fuis peu touché de ce qu'on objede que ceux qui fuivent la nouvelle Grammaire ne feroient point en- tendus par ceux qui ont étudié l'an- cienne Grammaire. Les Juifs n'e'- tant point d'accord cntr'eux fur la prononciation , la divcrfité qui fc trouvera cntr'eux fur ce point , &C ceux qui fuivront la nouvelle Mé- thode, n'empêchera point qu'on ne puifte difputer contr'eux fur leur Religion. A l'égard de la Pocfie Hébraïque , l'Auteur obferve qu'on ne fçait point proprement en quoi confiftoic l'ancienne Poëfic des Hébreux , que la Méthode des Malforetcs ne fournit fur ce point aucun éclairciflcment , & qu'à l'é- gard delà Pocfie des Rabinselle ne mérite peint qu'on fe jette dans les embarras de la Grammaire des Maiïoretcs. Une autre objcdion importante qu'on a faite à M. Mafclef confifte à dire qu'Olivier du Boullé a fait imprimer à Utreck en i^jS.une Méthode pour étudier la Langue Hébraïque fans points , & que cet- te Méthode a éti mépriféepar tous les Sçavans , ce qui forme un pré- jugé defavantageux pour la nouvel- le Grammaire. Notre Auteur qui aiïure qu'il n'ayoic point vu ce Li- 49 ajoûte-il, comme le » vafte deflein que cet Auteur s'eft «propofé en voulant enfeigner avec » le Turc , l'Arabe & le Perfan , l'a " engagé à charger de trop de rc- » gles la mémoire du Lc(îleur,il eft «quelquefois embroiiillé & au dcf- »fus de la portée de ceux qui com- » mencent à apprendre le Turc. C'eft un défaut que le P. Hol- derman nous apprend qu'il a tâchô d'éviter. Après avoir confulté & conféré avec les plus habiles Maî- tres , fur-tout avec le fçavant Ibra- htm-Effen.ii, Directeur de l'Impri- merie du Grand Seigneur , il s'eft appliqué à ramafter le plus lucciq- tement les Règles de cette Langue & à en applanir les difficultez. Au moyen de quoi il fe flatte qu'on re- tirera dcfon travail tout le fruit qu'il a prétendu , » qui eft d'enfeigner » le Turc avec méthode & en peu ^ detems,& de mettre ceux qui » l'étudicront dans fa Grammaire, )» en état de s'y perfedionner dans "la fuite, parla facilité qu'on leur » aura donnée à parler , à lire &i à S s 4p8 JOURNAL DE » écrire cette Langue. ITALIE. De Rome. F, Ignatii Hyacinthi Amat D E- GRAVESON , Sacr£ Facultatis Furifïenjis Dallons, & Collegii ca- fanatenjîi Theologi , Ordinis Pta' diCéttoïum , £piftoU ad Amicum fcnpt£ , Théologico-fjiliorico-Pole- mic£ , in quibus de Gfatià feipfà tfficACi , cr de Pradeflinattooe ad gloriam ante omnempïiivijtfnem me- ritorum , contra Scbela Thomiftic* Adverfarios , ajfeùtur & vïndicatur. TERTIA ET ULTIMA CLAS- SIS. OpHS Sanaijf. D. N. BENE- DICTO XIII. Pont. Max. nun- cupttum. Ex Tjpograpbiâ ^o. Bapt. à Caporalïbus. in 4". 1750. La première Claffe ou le premier Volume de ces Lettres a été impri- mée en 1728. & la féconde en i7Z9.Le ^.de (jrrfu^/ôWjThcologien des plus diftingucs de fon Ordre , défend avec force dans cet Ouvï-,- ge les fintimens de l'Ecole de faint Thomas fur les deux points indi- qués dans le titre, contre trois for- tes d'adverfaircs , les Moliniftes , les ^anjeniftes ôc les Queneltfles. SUISSE. De Genève. Il paroît ici fous le nom A'Am- fierdam,cbez. les fVetfieins & Smith, 17?!. un Ouvrage de Morale d'un goût , dit-on , auflTi nouveau qu; S s C A VANS. le titre en paroît fîngulier : Le mon- de fou préféré AU monde fage en 14. promenades de trois amis , Criton , PhtLn , Erafle. Criton Philofopht, Philon Avocat, EïzR.e liégociant. i. VoL i» II. Ces promenades font autant de Dialogues dans lefquelsEraftc prin- cipal Interlocuteur , &c foupçonné par fes deux amis d'être Pietifle ou faux-Dévot , traite avec beaucoup de fubtilité,à ce qu'on a(rûre,divers points qui regardent l'amour pro- pre , la confciencc , la vérité , l'in- térêt , les paillons , &c autres fujets qui ont rapport à la morale ou àk connoifTance de foi-même. ANGLETERRE. De Londres. M. Maittaire a publié une Let- tre Latine , adreflee à M. des Mai- z.eaux , dans laquelle ce Scjavant explique le plan qu'il s'eft forme pour ajouter des Tables générales aux cinq Volumes qu'il a publics chez raillant , fous le titie de An- nales Typogïaphici , aulVi - bien qu'aux deux Volumes qui doivent fervir de Supplément à ce curieux Ouvrage , ■5c qui paroîtront bien- tôt chez Humbat , Libraire d'Am- fterdam. J. Tonfon a imprime le Traité ou ElTai , éciit en Anglois par M. ^rl'utlmot Codeur en Médecine , Membre du Collège des Médecins fc de la Société Royale , (ur la na- ture & le choix des d Itmens , fuivant les differens tcmperamens 173 1^. itt-i" N. Prevofi a en vente les trois iVolumes in fol. de la Traduiflion lAngloile du Livre intitulé Cérémo- nies Religïeufes &CoHiume$ des dif- ferens peuples du monde, &c. avec les planches gravées par Bernard Ficart. On nous apprend que cette Tradudion eft rcconimandable par différentes corredions &c beaucoup d'additions dont le Texte François de cet Ouvrage avoit befoin. On délivre enfin aux Soufcri- pteurs la Tradudion Françoife delà Rèfublique de PlatoH , in-40. pu- bliée par M. de la Pilonmere , & propofée par Soufcription dès l'an- née ljz6. Le Sieur Pine , habile Graveur , travaille à donner les Oeuvres \^Horace gravées fur des planches j dé cuivre. Il en a diftribué un ElTai, I contenant les fix premières Odes , 1 lequel a paru fortbeau.ChaqucOde i eft accompagnée d'une vignette , d'une lettre-grife , & d'uncul-dc- lampc. On y voit les têtes des per- fonnes à qui les Odes font adreflées, ou des rcprefentations qui ont du I rapport au fujer de la Pièce. A l'é- i gard du Texte , on fe conformera à l'Edition d'Horace publiée à Cam- bridge en 170 1. in- II. parles foins ! du Dodeur Talùot. i L'Edition du ficur Pine contien- ! dra t. Vol. in-io. Le prix de cet Ouvrage pour ceux qui voudront foufcrire eft de deux guinécs , dont on payera une en foufcrivant , de- mi-guinéc en recevant le premier Volume , & le refte en recevant le lècond. Les Soufcriptcurs auront A OUST 1751. 45»^ les prcmiercs]épreuves , & on don- nera une Lifte de leurs noms. HOLLANDE. D' Amsterdam. Les Wetfteins & Smith ont don- né en deux Volumes in-foi. la fuite du grand Ouvrage de M. U Clerc fur l'Ancien Teftamcnt. Le premier Tome eft intitulé : Veteris Tefiamenii Libri Hagiogra- phi , Jobus , Davidis Pfalnn, Sa- lomonis Proverbta , Condonatrix & Canticum Cantuorum. Ex tranjla- «owf.lOANNISCLERlCI , cum ejufdetn Comment Ano Philolegico in omnes memoratos Libres & Para- phrajï in ^obum & Tjalmos. Le fécond , Prophetx , ab EfaÏ ad Alalachiam ufyue ex tranjlatio- ne JOANNIS CLERICI -, cam ejufdem Commentarto Philologtco & Parapbfitjt '» Efatam ,Jeremiat» ^ ejus Lamentationes , & Abdiam : DtJJertattones Joh. Smith de Prophé- tie , & tpjîus Au^oris de PoéfiHe- britorum. 173 1. Les mêmes Libraires ont impri- mé, KA. AlAlANCr 2©*ISTOTnOI- KIAHI2TOPIA c/. Miam Sophi- fi,t varia Htfteria , cum Notis tnte- gris Conradi Gefneri , Johannii Si.hœff'eri , TanaquUli Fabri , ^oa~ chim Kuhnii , Jacob. Perizonii , ^ interptetatione Latiiiâ ]uflt Vulteii^ innumeris m locts emen data. Curante ABRAHAMO GRONOVIO , qui & fuas adnotationes adjecit. 17 ji. in-^o, i. vol. Cette même Edition fe trouve auffi à Le^de „ S s ii yoo J O U R N A L D chez Luchtmans Se Langeuk. , à Rotetdam , chez Beman à Vtrehct, chez Pooljum &cà. la Haye ^ chez H. Scheuerleer P, Hiimbert a en vente Recueil de DifcoHïs fur diverfes matières importantes , traduits ou conipofés par iflovv fur l'Ana- tomie que le public attend avec tant d'impatience. Gabriel Martin imprime le Ca- talogue de la Bibliothèque de feu M.Dodart , premier Médecin du Roi , dont la vente fc fera inccP- fammcnt en détail. yoa Fauta à corriger dans le JottrnAt àe Juillet 1751^ Age 398, col. 1. lig. 10. K^ ,/»/. k«. „ pag. 438. col. 2- lig. il- NacuratCj/J/rNauaatc'./W.iig. dcinie-' re d'harmodices , Uf. d'Harmodius : pag. 439. col. I. lig. 5. Percole , Itf. Percale. P DAns le préfent ^ournul. qu'on gliflbit ,, Uf. qu'o; rurale. pag.''482. col. I. lig. 22. p. 214./J/: p. 314. p. 48^. col. I. lig. 15. & 16. quelque forte de follicitation que ce puilfc- être , Uf. quelque follicitation que ce puiflc être. Pag. 481. col. I. lig. î. qu'on gliflbit , Uf. qu'on y lifoit : Ibid. col. z. lig. 3 1. crenale , Uf. crurale. TABLE DES ARTICLES CONTENUS dans le Journal d'Aouft 1751. PAufantas , ou Foia^e Hifionque de la Crête , &:c. pag. 443 DE LA RESPIRATION. D//m40ff« /'*;/o/o5«î«e , &c. 452 Ntuveau Syftême fur U manière de défendre les Plates far le moyen des- Contre-Mines , 455 H'tfioirede fEglife de Me aux , Scc. 457 Hfjioire Natitrelle , Civile & E(clefia(lique de l'Emftre du Japon , Sec. , . 4^5 Centefiattons importantes fur l'HiJlotre de la grande Bretagne , 474 Coutume du Comté & Bailliage de Montfort-Lamaulry , Camkats , &c 47^. 7raite des Opérations de Chirurgie , Sic. 47^ Grammaire Hébraïque par M. Mafclef , &(. 493 Nouvelles Littéraires. 497 Fin de la Tablc^ L E JOURNAL scavÀnS: FOUR nJNNE'E M. DCC. X X XL . SEPTEMBRE. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Qaay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée &; à la Prudence. M. D C C. XXXI. 'AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY, J L E R N A L DES SEPTEMBRE DCC. XXXI. RECVEIL DE PIECES . D'HISTOIRE ET DE Litte--atnr;. Tome premier. A Paris, chez Chaiihen ^ à l'cnrrce du Qiiai des AugLiftins, du cô:c du Ponc S. Michel, à la Renommée (Sc à k Prudence. 1731. vol. />.'-i2. pp. 214. L' E D I T E U R de ce Recueil avertit que Ton but efl: de plaire à l'cfprit, ou de l'orner de connoif- fances fohdes. Il ne le flarte pas ce- peiidiiit de ne rien donner que d'excellent, maisilefpete que dans Septembre. chaque Pièce qu'il publiera on trou- vera d"S traits capables de la faire cftinicr. Il promet pour cela de s'attacher toujours à choifîr ce qui pourra oftrir aux Ledeurs curieux 3c de goût , quelque chofe de fia- Tij $66 JOURNAL DE gulier &c de nouveau. Les Pièces de ce premier Volu-: me peuvent être csnfiderécs com- me des Erres que l'Auteur donne de ce que l'on doit attendre de lui dans les autres , & il y a lieu de croire que ces Erres fcrviront à exciter l'efperance du Public. Les Pièces qu'on trouve ici font, 1°. \Jx\t Lettre de M. D*** a un de [es amis , fur lu neuvelle édition des Oeuvres de Ad.l'^bbé de S. Real, i". Un Pitnéqyriejue de la Régence de Madame Royale Marie y. B. de S^voye. 1°. Des Réflexions nouvelles de M. de U R * *. 4°. Une Hiftoire du Mahometifme. 5°. Des Remar- ques fur l'adminiftration des Finan- ces des Romains , traduites de l'An- glais. 6°. Une Diffenation touchant la v.irt qu'eut le Pape Zacharie a la aépofiiion de Chtideric. 7°. Une Dijfertation , où l'on fe propofe de montrer que la grandeur tempo- relle de rÈglife n'ejî point contrai- re à la Loi de Dieu. , & aux maxi- mes des tems Apoflolitjites. 8". Un Difcours fur la manière de compter par fecks , où l'on examine , iî le fîécle commence par loo. ou ici. Quant à la Lettre concernant la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé de S. Réal^on peut la re- garder comme une Préface au Pa- négyrique de la Régence de Mada- me Royale Marie- Jeanne-Baptiftc de Savoye. On remarque d'abord dans cette Lettre , que l'Edition des Oeuvres de M. l'Abbé de S. Real , de laquelle il s'agit , & qui vient d'être publiée à Paris ^ n'eft pas aufli ample que celle qui a paru S SÇAVANS; en Hollande en 1725. Les LibraireJ de Paris , dit-on , qui font devenus eux - mêmes Editeurs & Correc- teurs, n'ont pas connu cette Edition de Hollande , ils ont copié leur Edition de 1715. & ont feulement ajouté les Mémoires de Madame U Duchelfe de Mazarin. A l'égard des Pièces du cinquième Volume , l'Auteur de la Lettre affure qu'cUes ne font point de M. l'Abbé de S. Real , & il dit qu'au lieu de ces comportions étrangères qu'il avan- ce cependant être eftimablcs , un Editeur éclairé auroit fait imprimer i**. le Panégyrique de la Régence de Madame Royale , Marie - Jeanne- Baptijfe de Savoy: , kqucl fut im- primé à Turin en ifi'So. in-4°. & qu'on a eu foin de mettre dans ce Recueil : 2°. Les deuv premiers Li- vres des Lettres à Atticus par le même Abbé de S. Real. Cette Lettre contient plufieurs autres Remarques que nous palTons pour venir aux autres Pièces du Recueil. Le Panégyrique de Madame Royale de Savoye fut prononcé dans l'Académie de Turin le 13. Mai lëSo. veille de la majorité de S. A. R. par M. l'Abbé de S. Real. L'Editeur , en parlant de ce Pané- gyrique dans fa Lettre , dit qu'il cft plein de pcnfées nobles Si fublimcs, c'eft ce que nous ne fçaurions nous difpcnfer de juftifier par quelques exemples. Qiiand la PrincelTe fut Régente elle trouva toute l'Europe engagée dans la plus cruelle guerre qu'il y eut peut - être jamais eu entre les s E P T E M B Chrétiens. M. l'Abbé de S. Real , aprcs avoir expofé en peu de mots, & d'une manière vive les defordrcs de cette guerre , remarque qu'au milieu de toutes ces horreurs, par- mi tant de mifercs divcrfes , la Sa- voye , cet heureux Erat , ceint de Monts fameux qui l'environnent comme d'un Rempart infurmonta- ble au torrent d'amertume qui inondoit le refte de la terre, goùtoic les douceurs d'une protonde paix , lorfque la fortune indignée d'un bonheur iî rare , voulut tendre un piegc à la fageffe de la Princeffe Ré- gente , &i un piège d'autant plus dangereux pour elle que la gloire paroiiïbit être d'intelligence pour la féduire. Il décrit en termes pompeux ce quec'écoit que ce piège , après quoi il vient à la PrincelTe ; il la repre- fenre fermant l'oreille à tous les confcils ambitieux ou flatteurs , imprudens ou interelTés qui lui fu- ient donnés en cette occafioa pour la porter à joindre fes armes à cel- les d'un Héros accoutumé dés fon enfance à vaincre. Il dit qu'elle comprit dans cette occafion que le fang de fes ennemis mêmes lui de» voit être prefque auflî précieux que celui de fes propres fujets , & qu'en- £n Cl l'amour maternel la follicitoit d'étendre la puiffancc de fon fils , elle connut d'un autre côté, qu'elle en auroit bien -tôt des voyes plus avantageufcs, plus innocentes ^ & non moins glorieufes. Ici M. l'AbbedeS. Real fe voit infenfiblemcnt parvenu au grand Ouvrage de l'Héroïne dont il par- R E , 1751. 5*07 le , c'eft-à-dire , au grand projet de l'alliance du jeune Prince fon fils avec l'une des plus nobles Cou- ronnes de la Chrétienté. Il prend occafion de là de dccirelcs quali- tcz du Prince , tant pour le corps que pour l'efprit i ôc comme ces fortes de peintures ne font pas ce qui demande le moins d'art & de jugement dans un Orateur, peut- être ne fera-t-on pas fîchédc voir quelques traits de celle que M. l'Abbé de S. Real fait de ce jeune Prince. »> On a dit, il y a long-fems , re- » mar^ite-t-il , ^ on l'a dit avec rai- >j fon , qu'il cft difficile de louer un » enfant. Comme les manières or- >j dinaires de cet âge , pourjuit-il , «font beaucoup plus fenfibles que "les fignes qu'ils donnent de l'ave- »j nir , elles frappent auffi plus vive- Mment , &: l'on ne juge prefque des » enfans que par elles. Cependant »ces manières ne peuvent rien figni- » fier de précis , puifqu'elles font » communes à tous , au lieu que les r> fignes dont il s'agit , étant divers " félon les divers naturels, font par » conléquent très - infaillibles & >j très-certains. Ce principe établi , M. l'Abbé de S. Real croit pouvoir expofer ce que par rapport à l'avenir , il penfc du jeune Prince dont il parle. » Qii'il me foit donc permis , » dit-il , d'admirer le rayon divin » qui brille avec tant d'éclat fur le Mvifage 6c dans toute la perfonne »j de notre jeune Souverain. Cet » air noble , fin & délicat ; cette vi- » vacité ingénieufe qui n'a rien de So8 JOURNAL D «rude s de léger , ni d'emporté; ncctte phyfîononiic haute , fc- « rieufe , & raflîfc qu'on lui voit » prendre dans les fondions pu- «bliqucs , Se qui donne un nou- « veau luftre aux grâces naïves de »> fon âge : enfin l'agrément inex- »> primable que le Ciel a répandu j'dans toutes fes adions , qui le » rend le centre des cœurs auflî-bien « que des yeux dans les aflemblées nSc les cérémonies; qui le diftin- T> gue beaucoup plus que le rang »» qu'il y tient , & dans lequel on » entrevoie toujours pour dernier n charme j un fond de bonté, de «droiture , de difcerncment & de 3> raifon , qui va fe découvrant tous M les jours davantage dans tous les »fentimens, & toutes lesmclina- n tions du jeune Prince. A ces traits M. l'Abbé de S. Real en ajoute de plus importans. »» Qui »> le croiroit , dit-ii , Meilleurs ? A j> quatorze ans fa parole cft un gage »> inviolable -, fa bouche ne fçaic " point le fccret de fon cœur , Se le »9 moindre doute d'avoir failli fuffit » pour troubler fon repos. Les per- « fonnes qui lui plaifent le plus, lui » deviennent odieufes fi-tût qu'el- "les celTent d'être innocentes : loin 55 de cette lâche complaifance qui » juftifie les crimes , quand le_ cri- » mine! eft agréable, il eft le pre- " mier à les condamner comme à les î> découvrir , & il a d'autant meil- » le ire grâce à remarquer les dé- » buts des autres , qu'il n'cfl: pas » aveugle fur les fiens. Jamais Phi- »jlofophe confommé dans l'étude » de la fagcflc , ne fc rendit une ES SÇAVANS, »juftice U rigoureufe. Il les recon- unoît avec une franchife vraiment »5 royale , autant de fois qu'on les "lui reprefente. Il ne s'en excufc » que fur fa jeunetTc dont en effet ils » font inféparables , Se peut-il s'en- »ï gager plus fortement à les lur- » monter , qu'en les rcjettant fur » une caufe qui diminue tous les " jours ? M. l'Abbé de S. Real confidere cnfuite le Prince dans fes entretiens , il le conddere dans fon filence mê- me ; il le conlidere dans le jeu , & dans fes autres divcrtilfemens. » Ses j> entretiens les plus libres , dit-il , » n'ont rien de dcfobligcant ni de "bas; on n'y remarque ni diftrac- ïjtion, ni égarement. Son filence eft » fouvcnt plus expreflîf que ne fçau- » roit l'être la parole. Ce même ef- n prit règne d.ins tous fes divertiffe- » mens. On n'y voit jamais rien de «violent. Le jeu, qui danslesau- »tres jeunes gens découvre tant de »> vices cachés , ne marque en lui >> que des vertus ; ni le chagrin de «perdre, ni le plaifir de gagner ne «peuvent lui faire pafPerles bornes » qu'il fe prefcrit lui-même en s'y »> engageant. On ne lui voit ni ar- » dcur ni mépris pour ce métail » dangereux, dont li peu de Princes "fçavcnt u fer avec tempcramenti » il y oublie fi bien qu'il eft le maî- « ue des autres , qu'tm diroit que ce "font autant de Rois. Ce que )'y »> trouve pourtant de plus eftimable, » c'efc qu'il le quitte aulli f.icile- »i ment qu'il y entre -, il ne fc fait »>pas une affaire d'un pafle-tems , » Se tout ce qui l'occupe ne le polTc- s E P T E M 3* de pas. Oui , Meflîcurs, la prom- jipritudc avec laquelle on le voit fc jj recueillir au milieu des plaifirs «pour pafTer aux occupations fe- ** rieufesqui fe prcfcntent inopiné- n ment , efl une efpece de prodige >» plus furprenant que les métamor- »> phofes des Fables. Ce n'efl: plus le M même d'un moment auparavant , » &c. La confequence que M. l'Abbé de S. Real tire de ce caradterc , c'eft qu'un efprit qui fe ramené à foi- même fi aifément Se fi naturelle- ment , cft incapable de s'égarer ja- mais ni pat précipitation , ni par négligence j qu'il ne peut être ni fé- duit par la furprife , ni vaincu par l'importunité , &c. En voilà fuffifamment pour don- ner une idée de cette Pièce. Venons à l'article qui la fuit , c'eft à dire aux Reflexions nouvelles de M. de la R * * *. Ces Reflexions font divi- fécs en fept clafles^la première eft de la confiance , la féconde de la diffé- rence des efprits , la troifiéme des goûts, la quatrième de la focieté , la cinquième de la converfation , la frxicme du faux ^ & la feptiéme de l'air & des manières. Nous citerons un exemple de chaque claffe , & nous nous bornerons au premier article de chacune. Dt U Confiance, Bien que la fincerité & la con- fiance ayent du rapport , elles font néanmoins différentes en plufieurs chofcs. La fincerité eft une ouver- ture de cœur, qui nous montre tels ^ue nous fommes ; c'eft un amout B R E . I 7 3 T. j'op de la vérité , une répugnance à fe déguifer , un defir de fe dédomma- ger de fcs défauts , & de les dimi- nuer même par le mérite de le* avoiicr. La confiance ne nous laiffe pas tant de liberté : fcs règles font plus étroites. Elle demande plus de pru- dence & de retenue, &nous ne lom- mes pas toujours libres d'en difpo- fer. Il ne s'agit pas de nous unique- ment , & nos intérêts y font mêlés d'ordinaire avec ceux des autres. Elle a befoin d'une grande juftcffc pour ne pas livrer nos amis en nous livrant nous-mêmes , & pour ne pas faire des prefens de leur bien , dans la vûë d'augmenter le prix de ce que nous donnons De la différence des Efprits. Bien que toutes les qualitez de l'cfprit fe puiflent rencontrer dans un grand génie , il y en a néanmoins qui lui font propres & particulières, les lumières n'ont point de bornes , il agit toujours également, & avec la même adivité j il difcerne les objets éloignés comme s'ils ctoient préfens ; il comprend , il imagine les plus grandes chofes i il voit &C connoît les plus petites ; fes penfées font relevées, étendues, juftes & intelligibles ; rien n'cchape à fa pé- nétration , & elle lui fait toujours découvrir la vérité au travers des cbfcuritcz qui la cachent aux au- tres ; mais toutes ces grandes quali- tez ne peuvent fouvent empêcher que l'efprit ne paroiffe petit , &: foi- ble quand l'humeur s'en eft rendu la maîtieflc. yio JOURNAt DE Un bel cfpric penfe toujours no- blement ; il produit avec facilité des chofcs claires ^ agréables & na- turelles; il les fait voir dans leur plus beau jour , & il les parc de tous les ornemens qui leur conviennent. Il entre dans le goût des autres & retranche de fes penfées ce qui eft inutile ou ce qui peut déplaire. . . . Da GoHts. Ily a des perfonnes qui ont plus d'efptit que de goût, & d'autres qui ont plus de goût que d'cfprit. Il y a plus de variété & de caprice dans le goût que dans l'efprit. Le terme de goût a diverfes fignitîcations , &: il cft aifé de s'y méprendre. Il y a de la différence entre le goût qui nous porte vers les chofcs , & le goût qui nous en fait difcerner les qualitez en nous attachant aux règles. On peut aimer la Comédie fans avoir le goût aflez fin & ailtz déli- cat pour en bien juger , & on peut avoir le goût aflez bon pour bien juger de la Comédie fans l'aimer.... Ds lit Société. Il feroit inutile de dire combien la focicté eft ncceffaire aux hom- mes ; tous la défirent & tous la cherchent ; mais peu fe fervent des moyens de la rendre agréable (Si de la faire durer. Chacun veut trouver fon plaifir & fes avantages aux dé- pens des autres. On fe prétere tou- jours à ceux avec qui on fe propofc de vivre , & on leur fait prefque toujours fcntir cette préférence ; 5 SÇAVANS; c'cft ce qui trouble & détruit la fo- cicté. Il faudrait du moins fçavoir cacher ce defir de préférence , puif- qu'il eft trop naturel en nous pour nous en pouvoir défaire. Il faudroit faire fon plaifir de celui des autres , ménager leur amour propre 5c ne le blelTer jamais De la CanverfatioH. Ce qui fait que fi peu de perfon- nes font agréables dans la converfa- tion , c'cft que chacun fonge plus à ce qu'il veut dire qu'à ce que les autres difent. Il faut écouter ceux qui parlent fi Ton en veut être écouté -, il faut leur laider la liberté de fe faire entendre, 6 même de dire des chofes inutiles. Au lieu de les contraindre 5c de les interrompre , comme on fait fou- vent , on doit au contraire entrer dans leur cfprir & dans leur goût ; montrer qu'on les entend ; leur par- ler de ce qui les touche , louer ce qu'ils difent autant qu'il mérite d'èrre loiié , 5c faire voir que c'eft plus par choix qu'on les loiie , que par complaifance Du F.mx, On eft faux en différentes ma- nières. Il y a des hommes faux qui veulent toujours paroître ce qu'ils ne font pas. Il y en a d'autres de meilleure toi , qui font nés faux , qui fe trompent eux - mêmes , & qui ne voycnt jamais les chofes comme elles font. Il y en a dont l'efprit eft droit 5c le goût faux; D'autres I s E P T E M t>'aiitrcs ontl'cfprir faux , & quel- que droiture dans le goûr. Il y en a qui n'ont rien de faux dans legoûc ni dans refprit; ceux-ci fonr très- tares , puif.ya'à parler généralement il n'y a perfonne qui n'ait de la faulTetc dans quelque endroit de refprit ou du goût Ds l'Air & des Manières. 11 y a un air qui convient à la fi- gure &<. aux talens de chaque per- fonne ; on perd toujours quand on le quitte pour en prendre un autre. Il faut ellaycr de connoître l'air qui nous etl naturel, n'en point fortir, &le pcrtedionner autant qu'il nous eft poliible. Ce qui fait que la plu- part des petits enfans plailent , c'efl: qu'ils font encore renfermés dans cet air & dans ces manières que la nature leur a donné, & qu'ils n'en connoiirent point d'aufres ; ils les changent &C les corrompent quand ils ferrent de l'enfance. Ils croyent qu'il faut imiter ce qu'ils voyent, éc ils ne le peuvent parfairemcnt imiter, il y a toujours quelque cho- fe de faux & d'incertain dans cette imitation ; ils n'ont rien de fixe dans leurs manières , ni dans leurs fentimens i au lieu d'être en effet ce qu'ils veulent paroître , ils cher- chent à paroitrc ce qu'ils ne font pas On peut par ces reflexions fen- fces juger des autres. L'-Auteur fait voir dans toutes la mêmejuilelle & la même folidité. L'Hiftoire du Mahometifme qui vient après , plaira par fes re- SefUmhre. B R E , I7jr. yir cherches curicufes, & par l'exacfli- tude qu'on y appercevra. L'Auteur divifc cette Pièce en trois Parties ■, dans la première il fait l'Hiftoire , 1°. Delà Vie de Mahomet \ 2'". De l'établi flement & du progrès de fa Scdte : il marque dans la fécon- de les fables principales où fc font laifTc' aller plufîeurs Auteurs au fujet de Mahomet ; & dans la troifiémc il montre en peu de mots la faudetc de fa Religion. La plijpart des Hiftoricns Chré- tiens aufquels le commun des Lec- teurs s'en rapporte fur cette matière en ont été mal informés , .î ce que remarque notre Auteur. Les deux- principaux que fuit Baronius , font Ccdrenus-ôC Langius-Calcondylc : tous deux pofterieurs de plufîeurs fiécles à Mahomet \ tous deux Grecs & très-peu inftruits de ce qui s'eft pafFc en Arabie , où le Maho- metifme a prisnailTance. Enfin, dit notre Auteur, ce f mt deux Hifto- riens qui fe chargent indiiFerem- mcnt de toutes fortes de contes. Théophane , Anallafe , Zonare , & les autres Ecrivains de l'Hiftoire Bizantine ne paraifTent pas à notre Auteur être mieux inftruits des ac- tions de Mahomet \ & ce qu'il trou- ve avec raifon de plusfurprenant , c'eft qu'un Auteur efpignol , Ifilo- rus-Pacenf.s , qui n'écrivoir que cent ans après Mahomet , & qui a pu convcrfer là-defTus avec les Sar- razins qui entrèrent en Efpagne en 710. n'a cependant raconté de Ma- homet- que ce qui pouvoit être dit parles Soldats, & par le peuple le plus crédule. Le prmcipal inconve- Vv 5-12 JOURNAL D nient <1e ces Hiftoires , comme re- marque encore notre Auteur , c'eft qu'on attribue à Mahomet des mi- racles , quoiqu'il foit très-conftawt par l'Alcoran même , qu'il n'en a jamais fait aucun-, on ne craint point par exemple d'écrire qu'une Co- lombe vcnoit fouvent lui parler & lui parler fort diftindement; que les corps inanimés fe mouvoient £elon fes defirs ; qu'après fa mort fon Tombeau s'éleva de terre , & que ce Tombeau eft toujours de- meuré fufpendu en l'air dans la Mofquéc. Notre Hiftorien avertit que pour éviter de tels inconveniens , il a eu recours aux Auteurs du Pays même de Mahomet. Il remarque que dans le ficcle prefent on en a découvert plufieurs que Baronius n'avoit pu voir ', puis il fait un détail des pièces dont il s'eft fetvi dans l'Hiftoirc qu'il donne ici. La première de ces Pièces eft l'Hiftoire des Sarrazins , écrite en Arabe p un lixicme pour le troifiéme Dimanche du même Avent ; un feptiéme pour le jour de S. Thomas; &: un huitième pour le jour de Nocl. Le fécond Tome a pour titre : Sermons fur dijferens Sujets , & en contient neuf, fçavoir , un pour le jour de la Circonciiîon , un très- court prêché aux Dames de la Bourfe Cléricale au Séminaire de S. Nicolas du Chardonct , un autre très-court €ncore,prêché à la Com- munauté de l'Annonciation , en faveur des filles que l'on y retire pour les mettre en condition ; un quatrième pour une Vêture , un cinquième pour la Profeflîon de Madcmoifelle de Lorgc à l'Abbaye de Conflans , le to. Décembre xC-jë- un fixiémc prononcé au Mo- Haftcre de laVifitation, le 4.Fevrier 1^88. pour la Profeffion d'une des Filles d'honneur de Madame, en prefence de Monfieur frère unique du Roi ; un feptiéme pour une au- tre ProfeflTioni un huitième intitulé: Second Sermon peur la Pajjion de ^efuS'Chrifl , & un neuvième de U fradion du Pain , pour le Lundi de Pâques. Les troifiéme , quatrième & cin- quième Tomes ont pour titre , Ser- mons pour le Carême , ceux du ttoi- lîéme Tome font au nombre de d»x. rihcation , deux pour le jour des Cendres , un pour le lendemain , un autre pour le fur - lendemain , & cinq pour la féconde Semaine. Ceux du quatrième Tome font en même nombre , fçavoir , cinq pour la féconde Semaine , quatre pour la troifiéme , &c un pour le Dimanche de la quatrième. Ceux du cinquiè- me montent à neuf , fçavoir, un fécond Sermon pour le même Di- manche de la quatrième Semaine , quatre pour les autres jours de la même Semaine , un pour la Fête de l'Annonciation , un autre pour le Jeudi , & un dernier prononcé dans l'Eglife des petits Auguftins » en faveur des Prifonniers. Le fixièmeTome renferme les Sermons de la Semaine Sainte & de celle de Pâques , Icfquïls montent à fept , Se outre cela un Sermon pour le jour de l'Invention de la Sainte Croix , un autre pour le jour de la Pentecôte , & un troi- fiéme pour celui de la Vifitation de la Vierge. Nous ne fçaurions don- ner l'Extrait de tant de Difcours differens , nous nous bornerons à celui du fécond Dimanche de l'A- venr. Il a pour Texte Joannes , cm» aiidiffet in vincuUs opéra Chrifii , mittens duos de DifcipuUs fuis , ait illi : tuestjui ventuntses , an aliitm expeUamus ? C'eft - à - dire , fean ayant appris dans la prifon les Oeu- vres merveilleufes de ^. C. ti lui fit dire par deux de [es Difciples , ^u'il lui envoya : êtes - vous celui qui doit venir, ou fi nous devons en attendre un autre ? s E P T E M « O les grands Spcdaclcs , que » notre Evangile nous prefente ! « ( s'écrie ici tout d'un coup M. V Ah- hé A7i[e\me)nQ\\ y voitS.Jean con- » damner par l'auftcritt; de fa vie, la M molefTe de ceux qui vivent à la « Cour des Rois , égaler par fa con- « ftancc la fermeté des rochers où "il habite, s'élever par un mérite » fublime , au - dellus de tous les n hommes ; fe rendre digne par fes jj vertus d'être lolié de celui dont n les Anges Se les Saints chanteront « éternellement les louanges , fanc- » tificr par fa prefence la prifon que »j fon zélé lui a attiré de la part »3 d'un Prince contredit ; continuer « malgré les pcrfécutions & les »5 chaînes, de faire fon office de » Pfécurfcur, moins occupé du pé- M ril où il eft que des intérêts de fon S' Maître , & du falut de ceux qu'il « lui a confiés , lui envoyer des Dif- M ciples prévenus afin qu'il fc fafic » conncître à eux par lui - même •, 3' enfin pafler les derniers jours de » fa vie dans la difgracc avec un «courage intrépide , & une humi- »' lité profonde ; & fans que pcr- » fonne ofe parler pour lui , devenir M dans une affemblcc mondaine la " victime d'une impudique irritée, 3' ^ la récompenfc d'une Danfeufe » qui a perdu toute pudeur. Qiiel ï>fpeâ:acle! « On y voit ( continue Ad. l'Ab- M bé Anfelme ) le Fils de Dieu ren- >*verfer les loix de k nature, en » écl.iirart les aveugles, en redref- 3' fantlcsboiteux , en rendant l'ouic Mauxfourds, en guérilTant les lé- M preux , en reflufcitant les morts , B R E ; 1751. X2J »jen prêchant l'Evangile aux pau- « vres ; & par tous ces miracles de » fa bonté rendre un témoignage M authentique au grand miracle de M fon Incarnation. Quclfpcdiacle ! - On demandera peut - être com- ment M. l'Abbé Anfelme prétend que J. C. ait renvcrfé les loix delà nature en prêchant l'Evangile aux pauvres. Mais ce n'eft pasà nousà cclaircir ce point. j) On y voit ( pourfuit-il encore ) « des hommes incrédules 8c mon- 3) dains prendre un fujet de fcanda- » le & de chute de la vie auftere de » Jean-Baptifte , & de la vie fim- »> pie & commune de J. C. de la » pénitence &de la folitude de l'un, » de la Dodrine &c de la Croix de » l'autre. Quel fpedacle ! Après ces exclamations , M. l'Abbé Anfelme obfcrve que , fé- lon S. Cyprien , il n'y a point de fpeétacles plus dignes que ceux-là , de l'attention & de la curiofitédcs Chrétiens , Hac funt fidelibus Chri- ftianis parata fpeBaciila. Que les uns doivent exciter l'admiration , les autres la rcconnoiffancc & les autres la crainte Se la terreur. Il ajoijte que c'efl: en les confide- rant , que les Chrétien<; trouveront leur fanélification èclcurjoye , &c non pas en voyant ces fpeûacles profanes que les Payens rccher- ehoient avec tant d'avidité , que plufieurs Chrétiens ne rougif- fent pas d'aimer encore & contre Icfquels les Saints Douleurs fe font élevés dans la fuite de tous les fié- cles. Il prend occafîon de là de parlée J24 JOURNAL D contre h Comédie Se l'Opéra , & c'eft en cela uniquement que conli- fte fon Sermon. Il avoiie que l'E- vangile qu'il vient de prendre pour Texte ne conduit pas dircdement à un tel fujet, mais il dit qu'il y a plus de rapport que tout autre. Nous laifïons aux Ledeurs à en ju- ger. Il ajoute de plus qu'il fuivra ici l'exemple des Percs de l'Eglifc, qui quand ils voyoient leurs Audi- teurs dans un hefoirt prej?ant , ne faifoient 'p^s dijfïcnlté de quitter les matières qu'ils avaient commencées , & de courir a ce hefoirt ; préfé- rant ainfî aiiv règles du difcours , ^ne les hemmes ont établies , la Loi de la charité que Dieita p>-efcrite.Ot fur le fait des Spcdacles d'aujour- d'hui , pluileurs Chrétiens ont un befoin indiCpenfable, félon lui , les uns d'être inftruits ,les autres d'être fortifiés , les autres d'être détrom- pés ^ les autres d'être conhindus» Nccelîué qu'il trouve d'autant plus CTrande que cette matière n'avoit été traitée lufqu'à lui qu'incidem- ment dans la Chaire. Il ne s'agit donc plus à prefent de S. Jean, il s'agit des Comédies &des Opéra. Pour en avoir une jufte idée , M. l'Abbé Anfclme veut qu'on les confidere fous deux faces différentes :1a première, par rapport à la Religion ; la féconde, par rapport au monde. Q]iant à la première , la Religion , dit-il, les condamne , &: les condamne avec juftice -, Qiiant à la féconde , le monde les approuve & les approu- ve injuftemenr. pitftifer la Religion qui condamne les Spettacles , c'ell ce ES SÇAVANS, Îiue M. l'Abbé Anfelme fe propo- e dans la première Partie de fon Difcours , condamner le monde qui lesjnfife, c'cft ce qu'il fe propofc dans la féconde. Au regard de la première , il commence par dire qu'il faut con- venir que la Religion n'eft pas fî ouvertement attaquée dans icsSpcc- taclcs de nos jours , qu'elle l'étoit dans ceux des fiécles partes. » Ceux » d'aujourd'hui, dit-il , ne font ni x> inftitués , ni célébrés à l'honneur w de quelque Divinité fabule ufe j » on n'y remarque point d'Idole à jj qui l'on offre de l'encens , ni «d'Autel où l'on voye couler le » fang des victimes ; mais s'ils font » exempts d'un crime fi énorme , M on ne peut nier en confîderant M toutes les circonftanccs qui les ac- j> compagnent , qu'ils ne foient » d'une indécence injurieufe à la » Majeftéde Dieu 6c contraire à la » fagedede l'Evangile. Pour le prouver , M. l'Abbé Anfclme dit » que fi on n'v fait pas » protellîon ouverte d'idolâtrie,en- >j ncmie capitale de la Religion , i> du moins on y en confervc des î> reffes malheureux : Que J.C. Au- « teur & confommateur de cette » même Religion y eft contredu , '•> le S. Efprit qui en cfl: le cœur y » eft contrifté , les Sacremens qui » font les canaux de fes grâces y •» font profanés , fes maximes qui » font fa règle & fa difciplinc y « font renveifccs , les vertus qui i> font foute fon occupation y font » affoibUcs , la pureté qui fait toute j> fa gloire y eft dangereufement M attaquée. s E P T E MB Propofitions que notre Auteur entreprend d'expofer au long , &c fur lefquels nous renvoyons à la première Partie. Qiiant à la féconde , où il s'agit des Speiflaclcs conliderés par rap- port au monde , M. l'Abbé Anfcl- me fe propofc de montrer qu*/7; font une des fins âAngereafes pompes dufîécle , & cjue le monde lesjujhfie- ra toujours vainement. Pour prouver que ce font des pompes du monde , 8c pompes des plus dangercufes , il dit que le fa(ie y reqne , que la fenfualné y domine, que la cumulé y voit ce qui 71e dc- "vroit jamais être vu , & dont très- fouvent la feule viië eft un crime , qu;e vel vidisse cruien est ; & ce cjui efl déplorable , ajoûte-t-il , t'efl cjH'en s''accoMuviant à le voir , en apprend bien-totale faire, î> Autrefois , dit-il encore , pour » rendre les vices honorables &c les ■>• confûcrer en quelque forte , on » introduifoit fur le Théâtre des " D'eux adultères & des Déeflcs >j vindicatives. Aujourd'hui nos " Poètes y rep>refentent des Saints "ambitieux, S>c des Martyres ga- »> la-ntcs : & quand ils ne vont peint « jufqu'a cet excès de mauvais fens, « ils achètent par une pièce fainte » le privilège d'en faire plufieurs RE, 1731. yajr 1} profanes. Fiunt Rellgiofa diliSa. M. l'Abbé Anfelmc , un peu après , dit qu'il nz faut pas croire que les Pères aycnt condamné tout autre chofe que ce qui fe palTe fur les Théâtres d'aujourd'hui. Il foû- tient que c'eft au contraire fur ce qui s'y palIe que tombe leur con- damnation, & pour le prouver il déclare, 1°. Qu'ils défendent U Comédie , parce cjiie le Chrétien , difent-ils , doit bien moins rire que pleurer. 2°. Qu'/7i n'approuvent point la Tragédie^ parce , difent-ils^ que le crime y cft trop bien repre fente. 3". Qu'/7j blâment les danfes prépa- rées & publiques , parce , difent-ils , que le Démon y préfîde toujours. 4°. Qu'ils ne peuvent fouffnr les machines^ parce , difcnt-ils , qu'elles font d'une trop grande dépenfe. Nous pafTons nombre d'autres endroits peu fufceptiblcsd'abregéôc qu'il faudroit copier en entier pour les bien expofer. Au refle on trou- vera ici contrela profeflion des Co- médiens , plufieurs raifons que le Perc le Brun de l'Oratoire, fans les avoir pour cela empruntées , a mi- fcs enfuite dans fon Traité des Sped:acles ^ dont nous devons don- ner l'extraitdans le Journal du mois fuivanr. ^îS JOURNAL DES SÇAVANS; FRANCISCI TORTI , PHILOSOPHIE ET SciMedicinx Dodoris Mutinenfis ; in Patrio-Licio ProfefToris Prima- rii ; Sercnillimi Raynaldi I ; Mucinx Rcgii Mirandulx, &c. Ducis , Medici ; à confiliis quatuor virorum publier valemdinis ; & Societatis Regia' Londincnfis Sodalis , THERAPEUTICE Spccialis ad Febrcs periodicas perniciofas. Edidoalteia auâior. Mutini, 1730. Typis Bat- tholoma:i Soliani imprefforis ducalis, Superiorum permiiTu. C'eft-à- dire : Thérapeutu^iit fveciale ^ voiir les fièvres pénodttjiues pernicieufes, far François Tbrti , ProfeJfenr en Thilefophie & en Médecine , &c, A Modene, de l'Imprimene de Barchelenii Soliani. lyjo. vol. /»- 4°. pp. 576". LA première Edition de cet Ouvrage parut en 17 1 z. Nous en avons donné l'extrait dans le Journal du Lundi 21. Mai 1713. celle-ci divifceen 5. Livres comme la première , comprend à peu près les mêmes chofcs , à l'exception d'un article dont le cinquième Li- vre eft augmenté. L'Auteur , dans cette féconde Edition comme dans celle de 17 12. expofe quelles font les vertus du Quinquina pour la guérifon des fièvres intermittentes j il fait la dcfcription de ces maladies & du traitenient qui leur convient ; il confirme par plufieurs obferva- tions particulières & qui lui font propres , ce qu'il a dit de ces mé- naes fièvres iSc de la manière de les traiter. Il pallc enfuite à l'Hiftoire de plufieurs cures remarquables faites par le Qiiinquina , ce qui eft fuivi d'un examen détaillé de la na- ture des fièvres continues , dans le- quel il montre en quelles fièvres continues le Q^iinquina peut être falutairc. Qiiel fecours on en peut tirer pour la guérifon des fièvres qui arcaauent les femmes ^roffcs &c les femmes en couche. Enfin ce qu'on doit penfer du Qiiinquina pris en lavement ou appliqué au poignet. 11 a paru bien des Traitez fur le Qiiinquina ; mais , comme nous l'avons déjà remarqué dans l'extrait que nous avons donné de celui-ci en. 171}. on n'en a point encore eu de plus ample & de plus circonftancié. Les précautions que demande le Quinquina pour être bien admini- ftré , (ont ce qu'il y a de plus im- portant à obferver dans fon ulage , (^ c'eft à quoi M. Torti s'attache particulièrement dans les Chapitres troificme , huitième Se dixième du premier Livre , dans le cinquième du quatrième , Se tout récemment dans le dernier Chapitre du cin- quième Livre de cette nouvelle Édition , dans lequel Chapitre il demande en:r'autres chofcs , fi pat ce que le Quinquina cft de la natu- re un remède innocent ,, les Méde- cins peuvent à leur fantaifie en taire deseiTiis indifferemmentdans toutes fortes de fièvres & de mala- dies , même dans celles où on le voit communément ne produire ni bien s E P T E M B bien ni mal. Il décide pour la né- gative , & voici fes raifons, que ■ous croyons d'autant plus devoir rapporter ici que l'article dont il s'agit n'cft point dans la première Edition. M. Torti foiitient , i". Qu'il ne fuffit pas pour employer un remède que ce remède ne taffe pas de mal , mais qu'il faut encore qu*on juge pofitivement qu'il fera du bien ; fans quoi , dit-il , on pour- loit donc employer dans quelque maladie que cetijt , toutes les con- fedions&tous les juleps cardiaques, fous prétexte que ce qui fortifie le cœur ne fçauroit jamais faire de mal ; on pourroit donc par confe- <)ucnt les employer raifonnable- ment dans lesfufFufions,dans la fur- la malade lalfée d'un remède qui ne s E P T E M lui faifoic rien , fe détermina cnhn à fuivre l'avis de M. Torti , qui lui avoic d'abord dit qu'il talloit prendre le Quinquina intérieure- ment; il lui fit donc ôter fon em- plâtre , & lui ordonna d'avaler dans du vin deux gros de nouvelle poudre de Qiiinquina i mais la ma- lade n'en voulut point avaler d'au- tre que celle qu'elle a voit eu fur les poignets pendant huit jours. Le re- niede eut fon effet fans retarde- ment , car l'accès qu'on attendoit ne revint point. La malade conti- nua quelques jours à prendre ainll fon Qiiinquina dans du vin 5c elle fut abfolument quitte de fa fièvre. M. Torti en demeura là. Mais comme cette fièvre obéit à la pre- jmicre prife de Qiiinquina , ce qui eft un cas peu ordinaire,ne pourroit- on pas dire que fans les emplâtres qu'on ayoit mis auparavant aux poignets , elle ne feroit peut-être pas h-tôt difparuë ? C'eft de quoi M. Torti auroit pu s'allureren réi- térant fur divers malades de fievre- quarte la même expérience. Mais il dit que lorfqu'une tentative de ce genre manque de rculîirla premiè- re lois , un Médecin n'y doit pas revenir une féconde ^ de peur que il elle vient à manquer encore , il ne s'attire la raillerie du Public. Cependant s'il étoit vrai que fon effet dans cette femme eût été d'aider l'adion du Qj_iinquina avalé & de difpenfer d'en prendre un anflî grand nombre de prifes qu'il .le faut ordinairement , pour .chafler abfolument la fièvre , ce ne feroic pas là fans doute B R E , 1751; 5-25 une expérience manquée , &i qui dût attirer la raillerie du Fublic.Cc que M. Torti regarde ici comme une Hiftoire qui prouve que le Qi-iinquina appliqué aux Carpes eft un remède ftivolc, fera peut- être regardé par d'autres comme une Hiftoire qui peut faire conjec- turer le contraire, & qui doit en- courager les Médecins à renouvel- 1er l'expérience que M. Torti n'a faite qu'une fois. Si l'on étoit affez heureux pour avoir le même fuccés que lui & qu'après avoir fait tcaît pendant huit jours du Qi_iinquina appliqué aux Carpes pour arrêter une fieyre - tierce ou une fievrc- quartc, il ne falût plus qu'une prifc deQiiinquina en dedans pour préve- nir un nouvel accès , ce ne feroic pas affurénient avoir perdu fon- tems. Optant à la raifon qu'apporrc M. Torti pour prouver que le Qtiin- quina appliqué aux poignets ne fçauroit guérir la fièvre, fçavoir qu'il ne le pourroit faire alors que par fcs parties fubtiles , & que ce- pendant ce n'eft point par là , mais par fa fubftance terreftre qu'il agit ^ c'eft une raifon quia fesdifficultez : car quand même il feroir vrai ( ce que tout le monde n'accordera pas) que le Qiiinquina ne guérilTe bien la fièvre que lorfqu'on le prend en fubftance i s'enfuivroit-il de là , de- manderont quelques Leèteurs , que ce foit cette fubftance terreftre qui guérifte la fièvre .<' Comment s'af- furer que lorfque cette fubftance grofliere eft dans l'eftomac ou dans les inceftins, il ne s'enfépare pas des Yyij 530 JOURNAL D parties fubtiles , &c que ces parties fubtiles ne foient pas celles qui agifTent fur la fièvre ? Mais les ex- traits & les teintures de Qiiinquina qui fe préparent avec tant d'art dans les Boutiques des bons Apoti- caires, ne font cependant pas fi effi- caces contre la fièvre , que le Quin- quina en fubftance , quoique ccS extraits ou teintures renferment la partie la plus fubtile du Quinquina. A cela les mêmes Ledleurs répli- queront peut-être , que les chofes que la nature fépare elle - même , font fi différentes de celles que l'art fépare , qu'il n'y a ici aucune com- paraifon à fair-e , Si que le fecret de la pierre philofophale n'cft pas plus difficile que celui d'imiter les ex- traits que la nature fait elle-même dans nos corps. Qu'on travaille tant qu'on voudra pour tirer de la ES SÇAVANS, fubftance groffiere des alimens , un lait tel que celui que la nature en tire dans le corps des animaux, tou- tes les opérations de Chymie n'y fervirontde rien-, ainfi , continue- ront les mêmes Lcdeurs , appor- ter l'exemple des extraits &; des teintures de Quinquina pour pct- fnader que ce n'cft pas par fcs par- ties fubtiles que ce remède agit dans nos corps , c'eft fuppofer qu'il n'y a nulle différence entre les ope- rations de la nature &C celles de l'art j de plus eft-il bien vrai que ces extraits ôc ces teintures ne foient d'aucun effet contre la fièvre, c'eft ce qu'il feroit difficile de prou- ver après l'expérience qui fait fou- vent voir le contraire. Voilà ce qu'on pourra objeder à M. Torti , nous ne prendrons fur cela aucun parti. HISTOIRE DE G EN EVE. PAR M. SPON, reilifiée & conjtderablement augmentée par d'amples Notes. Avec les ABes & autres Pièces fervant de preuves à cette Hi/foire. A Genève , chez Fabri & Barrillot. 17J0. /«-4". 2. v.To. I. pp. 55^. To. II.pp.518. in-ïi. 4. vol. Tom. I. pp. 585. To. II. pp. 671. Tom. III. pp. 551. Tom. IV. pp. 470. Plane. XVI. CETTE Hiftoire fut publiée pour la première fois à Lyon, en 1^80. in-ii. & l'Abbé de la Ro- ^ue en rendit compte dans le II' Journal des Savans de cette annce- ia. Deux ans après , cet Ouvrage fut réimprimé dans la même Ville^avec des additions confiderables ; & en 1^85. on en fit à Utrecht une j' édition de la même forme , revue & corrigée. "Bayle , dans fcs Nouvelles dt la RepHbliqut des Lettres , fc contenta de l'annoncer , pour ainfi dire , fe diff enfant à\n donner un Abrège , &: renvoyant pour cela au Journal des Savans , oh d en itok ( dit-il ) pfSrlé avec a/fez d'étendue. Cependant cet Extrait y remplit à peine trois pages. Ainfi loin de nous croire difpenféipiila d'en donnerun nouveau prccis,nou5 ferons plus har- dis que Bayle , &i fans craindre de tomber dans l'inconvcnieat des re- dites , nous pourrons donc encore s E PTE M B nous ittndre fur cette dernière édi- tion. Nous le ferons d'autant plus volontiers, qu'elle joint au travail de l'Auteur , pluficurs pièces interef- fantes & qui auront pour le Ledeur toute la grâce de la nouveauté. Ce font en premier lieu , des No- tes Critiques & Hiftoriques fur le Texte de l'Auteur imprimées au bas des pages, exemptes ( nous dit-on) de toute partialité , deftinées à rec- tifier les méprifesdel'Hiftorien , à éclaircir les taits trop peu détaillés, ou à fuppléerlesomiilions, Retirées des Archives delà République. Ce font en fécond lieu les Pièces juftifi- Catives des faits rapportés dans cette Hiftoirc, copiées fur les Adles ori- ginaux & dont les fceaux deflinés éc gravés avec exactitude font mis ici fous nos yeux. Ce font J**. deux DilTcrtations , l'wne de feu M. Btt- tini Médecin , far les lignes faites pat Jules-Céfar , pour s'oppofer aux incurfions des Helvetieits , accom- pagnée d'une petite Carte ; l'autre fur l'endroit où étoit fituée la Colo- nie appellée Equeffris, C'eft 4'. un Supplément au Recueil d'Infcri- ptions antiques de Genève ralTera- blées par l'Hiftorien , lequel Sup- plément eft fuivi de trois Diflerta- tionsde M. Firmin tAbauXjt , Bi- bliothécaire de Genève , touchant quelques-unes de ces Infcriptions, fur l'explication defquelles on pré- tend que Spon a pris le change. C'eft 5°. une enquête faite dans les premières années du XIII° fiéclc pat ordre du Pape contre un Eve- que de Genève j procédure aflez otdinaiie alors , mais dont il leilç R E; 1731. 5^1 très-peu de Monumcns ] & à la- quelle on a joint une Lettre dti Cardinal de Chalant , écrite en 1408. au fujet de la Jurifdidion temporelle fur Genève , demandée par le Comte de Savoye au Papç, Ce font 6°. des Remarques exaâe» & curieufes de J, C. Facto de Duillier , furl'Hiftoire naturelle du Pays qui touche au Lac de Genève, accompagnées d'une Carte Choro- graphique & de ce Lac & des Contrées qui l'environnent, ce qui fera d'un grand fecours pour refti- fierles laufles pofitionsde plufieurs endroits mal placés faute de Cartes qui indicaflent avec juftefle la figu- re & les finuofitez de ce même Lac; Ce font enfin 7°. deux vues de la Ville de Genève telle qu'elle pa- roît aujourd'hui du cc>té du Midi & du Septentrion , avec un Plan de Genève ancienne , fort différent de celui qu'en avoit fait graver l'Hifto- rien. Toutes ces Pièces remplirent les deux derniers Volumes : les deux premiers contiennent le'Tcxte de l'Hiftorien accompagné des Notes du nouvel Editeur. Spon a partagé fon Hiftoirc de Genève en }. Livres. Dans le pre- mier compris en 30. pages, il con- duit ccxK Hiftoirc jufqu'à k naif- fance de J. C. Le fécond s'étend depuis cette naiiTance jufqu'à l'an 153^. & le troifiéme depuis cette année jufqu'à prefent , c'eft-à-dirc jufqu'en 1^80. ces deux derniers Livres font chacun de cinq à fix cens pages & plus. Les fources où a puifé l'Auteur , font les Mff. que lui a communiqués Chomr , fa voir i**. 532 JOURNAL D trois Volumes /«-4°. fortis de la Bibliothèque de Jacques Godefroy fameux Jurifconfulte : 2°. Un autre Mf. Anonyme : î". Les Chroni- ques Manufcrites de Rofet : 4°.Plu- fieurs Recueils d'Ades ôi alliances avec les Suifles & Genève : parmi les Imprimés , ce font 1°. La Chronique de Savoye de Paradin : 1°. L'Hiftoire de Savoye : 3°. Le Citadin Genevois : 4°. La Haran- gue de PtSlet : 3°. Le Livre de la Sœur dey*«j(/;«,intitulé le Levain du Calvinifme : 6°. Les Harangues de Monts & de Spanheim , 6cc. toutes Pièces que bien loin d'amplificr,il a pris à tâche d'abréger ( dit-il ) pour îe renfermer dans les bornes d'une Hiftoire particulière. I. Le nom Latin Genève [ Gène' VA ] dans les differens (ieclcs qui fe font écoulés depuis qu'elle fublîfte , a reçu plufieurs altérations. On a nommé cette Ville GenMm , Ce- nabum , Cjebenna, Getiava^ Janoh.i, Janubu &c funna ; mais fon premier nom lui cft revenu & elle n'en porte point d'autre aujourd'hui. Elle peut pafler pour une des plus anciennes Villes des Gaules , puil- que dés le tems de Jules-Céfar , le premier des Hiftoriens qui nous re- rtent où il en foit parlé , elle étoit une place des plus confidcrables du Pays des AUobroges. Ces Peuples , après avoir plufieurs fois fecoué le joug des Romains, furent à la fin entièrement aflujettis , &c leur de- meurèrent fidèles. Telle étoit la fi- tuation où ils fe trouvoient , ainfi queGenêve à l'arrivée deCéfar dans les Gaules. La mémoire decelui- ES SÇAVANS; ci s'eft confervée à Genève dans plufieurs Infcriptions antiques où on lit le nom de la famille ^uli^. Cette Ville refta fous l'obéiflancc des Empereurs Romains fucceffeurs de Jules - Céfar , comme en font foi pluiieurs Tables de pierre gra- vées à l'honneur d'Augufte , de Trajan , d'Antonin , de Marc-Au- relc , de Trebonien , bec. & dont les Infcriptions témoignent qu'à Genève comme dans les autres Co- lonies , la Juftice , la Police & la Religion étoient adminiftrées fui- vant la forme du Gouvernement Romain. En effet ces Infcriptions font mention de Decemvirs , de Sextfimvirs, de Pontifes, de vœux adrelTés à Jupiter , à Mars , à Apol- lon. De plus on voit dans le Lac au devant de la Ville un petit rocher quifervoit d'Autel à Neptune , Se c'efl: du nom de ce Dieu des eaux que ce rocher s'appelle encore prc- fentement N.tton. On alfure que Genève fut entiè- rement brûlée fous Marc-Aurele , & que cet Empereur la fit rebâtir, mais d'autres attribuent ce retablif- fcmentà Elagabalc ou à Aurclien , èc prétendent que celui-ci en accor- dant à cette Ville des Foires , des franchifes & plufieurs Seigneuries voifines la rendit célebrCjôclui valut le nomà' EmporiumAllobrogHm. Mais nulle donation ne lui devint plus avantageufe que celle du Lac Lé- j»<î«(au)ourd'hui le Lac de Genève) que lui fit un Lucius-Julius-Broc- chus , comme on l'apprend d'une belle Infcription confervée par Go- defroy & que Spon regarde comme s E P T E M le plus précieux Monument d'An- tiquité qui foit à Genève. Il termine fon premier Livre par une dcfcri- ption de cette Ville telle qu'elle ctoit alors, c'efl-à-dire dans les premiers hcdes de l'Ere vulgaire. II. Si l'origine de Genève fe ca- che dans l'antiquité la plus obfcure , il clt certain qu'on ne voit guéres plus clair dans la fondation de fon Eglife après l'ctabliflement du Chriftianifme chez les Gaulois. Au travers des ténèbres qui couvrent ces premiers commencemens , on entrevoit, félon notre Hiftoricn , redtific par fon Commentateur , Que la Religion Chrétienne nes'é- tant répandue que fort tard dans les Gaules , puifque fes premiers Mar- tyrs ne font que du tems de Marc- Aurele , ce ne tut que vers le mi- lieu du troifiéme fiécle, fous l'Em- pire de Déce , qu'il s'y fit de nou- velles créations d'Evèchez ; Qiie Denys & Paracode Evêques de Vienne ayant fondé l'Eglife de Ge- nève, comme on en convient , 6c CCS Evèqucs fleuri (Tant dans le qua- trième ficclc , ce fut alors que le Chriftianifme s'introduifit dans cet- te dernière Ville, Se non pas vers la fin du fécond fiécle , comme l'af- furent Spon & MM. de Sainte Marthe j trompés fur ce point par des Lettres des Papes qui font fup- pofécs. Du moins efl-il fort proba- ble que les premiers Evèques de Ge- rcve font de la fin du quatrième fîécle , tems où le Chriftianifme avoir fait de grands progrès dans les Gaules. Genève fouffrit infiniment de B R E, 1731: 535 l'invafion des peuples qui com- mençoient à ravager l'Empire Ro- main , dans le quatrième fiécle : l'Evèque de cette Ville comme Mé- tropolitain avoir fous lui le Cha- blais &c le Genevois. Au commen- cement du fiécle fuivant , après la mort de Théodofe , les Vandales ayant inondé les Gaules , s'établirent en partie dans le Pays de raud, qui , à ce qu'on croit , emprunta d'eux cette dénomination ; & en partie dans le Pays, que les Bourgs nom- breux qu'ils y bâtirent firent appel-; 1er Bourgogne Se eux Bourguignons. Alors croit Evêque de Genève un 7/aac ou Ifarius mentionné dans la Vie de S. Maurice par S. Eucher.' Dans le partage que Gu-ndicaire pre- mier Roi des Bourguignons, fit de Ces Etats entre fes 4. fils , Genève échut à Godefigile. Le mariage de Clovis Roi de France avec Clotilde fut négocié dans Genève , où cette Princelîc faifoit fon féjour ; &c ce fut là quel'Ambafiadeur de Clovis fe rendit, pour l'obtenir première- ment d'elle-même, S< enfuite du Roi Gondebaud fon oncle. Vers le déclin de cette première Monarchie des Bourguignons , Ge- nève pafia entre les mains des Of- trogoths ; comme il paroîc claire- ment parles Soufcriptionsdedeux Conciles , le quatrième d'Arles & le fécond d'Orange , alTemblés avec la pcrmiftïon &: dans les Etats de Théodoric & de fon fucccffeur Athanaric , & aufquels afllfta Ma- xime Evèque de Genève, ce qu'il n'eût ofé hire ( dit notre Commen- tateur ) fi cette Ville n'eût été pour ^Î4 JOURNAL DE lors foûtnife à ces Princes. Mais vers l'an 536'. les Oftrogoths atta- qués d'un côté par l'Empereur Ju- ftinien & de l'autre par les François, cédèrent à ceux-ci tout le Pays fitué au-delà des Alpes, &c Genève par confequcnt. Notre Hiftorien palTe en revue la plupart des Evêques de cette Ville qui ont fiégé pendant les onze premiers fiécles de l'Eglife; c'eft-à-dire ceux dont il eft fait quelque mention dans les Auteurs contemporains, ou autres Monu- mcns dignes de foi i & le Commen- tateur a eu foin de redifier ce Cata- logue en plus d'un endroit. Clo- taire II. Roi de France établit des Magiftrats à Genève, après en avoir charte les Bourguignons. Son fils Dagobert y paffa, 6c Théodoric II. fils de celui-ci, y fonda plufieurs Monaftercs , s'il en faut croire îVolfgan^us-Laz.ius. Sur la fin du huitième fiécle ; Charlemagne marchant contre Di- dier Roi des Lombards , tint con- feil de guerre à Genève , dont il confirma les libertez Se les privilè- ges, & il fit mettre fa Statue furie grand Portail de S. Pierre. Genève , après avoir été long-tems fous la puilfance des Empereurs,devint lu- jette des Rois du fécond Royaume de Bourgogne ; & comme l'Au- teur traite ce point d'Hiftoire un peu fuperficiellement , fon Com- mentateur y fupplée par un détail qui donne beaucoup de jour à cette révolution. Il fait donc connoître avec exadlitude les Souverains auf- quels cette Ville fut alTujettic de- puis Charlemagne jufqu'à ces PiinJ S SÇAVANS; ces , fous la dépendance de qui elle ne pouvoit manquer de tomber, fituée , comme elle étoit, au centre de leurs Etats ; & il fait voir com- ment après l'extindlion totale du fécond Royaume de Bourgogne , qui avoit duré 144. ans, l'En^pe- reur Conrad le Saliquequi s'en ren- dit maître , le devint aulli de Ge- nève, où il fut couronné Roi de BourgogQC par l'Archevêque de Milan. Mais ( dit notre Hillorien , d'a- près Chorier ) comme dans la fuite les Evêques fe faifirent des Villes de leur refidcncc , & que les Com- tes en firent autant de leurs gouver- nemcns , 6c cela du confentement des Empereurs d'Allemagne , dont ils fe reridirent feulement feudatai- les , & qui n'étoient pas alfez puif- fans pour empêcher cette efpece d'ufurpation , de là vint l'origine des dirterends entre les Evêques & les Comtes de Genève. Sur quoi nous renvoyons à une longue re- marque du Commentateur qui mé- rite d'être lue ^ &c dans laquelle il explique avec beaucoup de netteté en quoi conliiloit alors la dignité de Comte en gênerai , & celle des Comtes de Genève en particulier ; après quoi , pour fupplécr autant qu'il eft polîlble à ce qui manque dans l'Hiftoire, il raconte ce qu'il a pu découvrir touchant ceux qui portèrent le nom de Comte depuis Charlemagne jufqu'à Conrad le Salique. L'Auteur continue le dé- nombrement des Evêques de Genè- ve jufqu'à la fin du onzième fiécle i de l'Hiftoire de cette Ville fe trou- ve s E P T E M ve jufques-là fi peu détaillée, qu'el- le ne remplit avec les Notes qui l'accompagnent, que les 78. pre- mières pages du Volume. Cette (le- filité de hits ne doit être imputée qu'à la difette d'Ades publics , ceux-ci ayant péri dans les fréquens incendies qui ont ravage cette Ville, comme dans les années lî^i. ijii. 1334. & 1450. Les fiéclcs fuivans fourniffent une moiffon d'évenc- Uiensplus abondante, par l'ambi- tion de trois Seigneurs qui ont Voulu fe rendre maîtres de Genève; favoir, l'Evêque , le Comte de Ge- nève &: celui de Savoye, qui l'ont mife plufieurs fpis à deux doigts Hc fa ruine. Ce fut au commencement du <îouzicmc fiécle que l'on vit naître les premières broujlieries & les pre- mières guerres de Genève , au fujet ^e l'inveftiture, que WidoEvêquc de cette Ville donna à fon frcrc utérin Aymond Comte de Gene- vois , par laquelle il lui cedoit, ou- tre la fucceffion paternelle dans ce Comté, plufieurs Châteaux & Vil- lages de la Table Epifcopale & les OfficfS,concernant le temporel qu'il pofledoit dans la Ville. Humbert de Gramontfucceiïcur de Wido ne voulant pas confentir aune pareil- le inféodation , &c alléguant que fon prédecelTeur n'avoit pii la faire au préjudice de fon Eglife , il falut, pour mettre d'accord l'Evcque & le Comte, l'intervention de l'Ar- chevêque de Vienne Métropolitain & Légat Apoftolique. Mais les dé- mêlez fe réveillèrent fous l'Evêque ^rdmiits fuccefleur de Humbert , B R E, î7îï: , nr & auquel S. Bernard écrivit deux Lettres , que l'Hiftorien a fait im- primer ici traduites en François. Cet Ardutius , pour fe mettre à cou- vert des entreprifes du Comte de Genevois qui ne fongeoit qu'à fe rendre indépendant de ce Prélat, fut obligé de recourir àl'Empereuc Frideric Barberoufie , duquel il obtint une Bulle authentique en confirmation de tous fes droits. Mais quelque tcms après, ce même Empereur ayant accordé au Duc de Zeringhen la fouveraineté fur les trois Villes de Syon , de Laufanne &; de Genève , & le Comte de Ge- nevois profitant de l'occafion pout engager ce Duc à lui céder la Sou-, veraineté de cette dernière Ville , l'Evêque fort allarmé alla trouver l'Empereur , & fit tant par fes vi- ves reprefentations fur les droits de fon Eglife , que ce Prince révoqua par deux Bulles expreffes cette do- nation , comme ayant été accordée par furprife. Ce fait étant l'un des plus importans de l'Hillioire de Genève , & l'Auteur n'en difant ici que deux mots , fon Commenta- teur a eu foin de le raconter plus au long , com.me on peut le voie ( page $i,.).Ctii donc fur ces Bul- les & fur les Traitez faits en confe- quence , que les Evêques dans la fuite ont fondé leurs prétentions à \x Souveraineté de Genève, aufquel- les ( difent-ils ) les Bourgeois ne fe font jamais oppofcs. C'cft de quoi ceux-ci dans ces derniers fié- clcs, n'ont pas voulu convenir ^ alléguant au contraire plufieurs rai- fons déduites par l'Auteur , £<: qu'il Zz J35 JOURNAt D faut lire chez lui. Ici commencent à paroîtrc fur la Scène les Comtes de Savoye , dont les differens avec ceux de Genevois, Scieurs hoftilitez réciproques inte- reflerent extrêmement la Ville de Genève & les droits de fes Evcques, Sans entrer dans le détail de tous les cvencmens occafionncs par les dé- mêlez de ces Souverains pendant le treizième & le quatorzième fiéde , nous remarquerons feulement que les principaux de ces faits hiftori- quesfont i'. le Traité de 1185. par lequel le Comte de Savoye devc- noit Seigneur du Comté de Gene- vois fous le nom de Vidomne [ ou Vidame , Vicedominus ] moins odieux à la Ville que celui de Comte : 2°. L'entreprife de Hum- bert Dauphin de Viennois ic allié du Comte de Genevois , fur la Vil- le , pour en chafler le Savoyard ; cntreprife où ce Dauphin cchoiia en 1151. 3". La Ville partagée en deux fadions , dont l'une tenoit pour le Comte de Savoye & l'autre pour le Genevois , & dont la pre- mière prévalut en 1307.4°. Le pro- cès intenté par l'Evêque contre les Bourgeois , & décidé pardevant le Métropolitain de Vienne , en fa- veur de l'Evêque, ce qui fut ("dit l'Hiftorien ) un coup de foudre à cette liberté que Genève prétendoic & prétend encore , quoique les Ge- nevois tâchent de tourner cette dif- grace à leur avantage : 5°.Un incen- die arrivé dans Genève en i^zi. qui confuma tout le côté du Lac Se la luc neuve dite de la livieie , Se ES SÇAVANS; nommée depuis cet accident /rf Ro^ tijferie : 6". La bataille donnée en 1330. fous le Ch.itcau de Mon- thouz entre le Comte de Savoye 6c Hugues de Genève [ que l'Auteur prend mal à propos pour le Comte de Genevois , qui alors ctoit allié du Savoyard & combattoit avec lui] ; bataille où il refta 2000. hom- mes fur la place, le Savoyard de- meurant maître du champ ; ce qui valut aux Chanoines de Genève la fondation d'un Anniverfaire , ou Us recevoient chacun fept florins: voici comme s'explique fur ce point le Chroniqueur Bonnivard : Plnfieiirs Aiefes [ dit-il ] & An- niverfaires furent fondés , -ponr le remède des âmes de ceux ejiù mouru- rent illec. Mêmement les Chanoines de S. Pierre n'en valurent pas moins; car tous les ans révolus de cette ba- taille , ils marmottoient pour les tri- paffés illec , & donnaient cedit jour bonne prétende & meilleure <^ue ■point de jour de l'année , car ils en tiroient bien fept florins pour homme , & l'appellerent la Chapelle de Mon- toux, 7°. Un fécond incendie plus confiderablc que le précèdent , & arrivé en 1334. 8°. Amé VL Comte de Savoye ( furnommé le Comte- Vert ) déclaré par l'Empe- reur Charles IV. Vicaire de l'Em- pire fur le Pays , titre qui lui fut ôté dans la fuite fur les remontran- ces de l'Evêque , & que le même Empereur révoqua par 4. Ades confccurifs dont le dernier eft de 1 3(^7. revocation qui fut confirmée fur la fin de ce fiécle-là par l'Emper s E P T E M teur Venceflas, puis par l'Empereur Sigifmond cn"l404. Nous nous contenterons d'indi- quer en gros lesévencmens les plus mémorables de l'Hifloirc de Genè- ve pendant le quinzième fiéclc. Ce font 1°. le Comté de Genevois léuni au Comté de Savcyc , après la mort de Humbert de Villars dé- cédé fansenfans mâles : z°. La Sa- Voye érigée en Duché par l'Empc- îeur Sigifmond , en faveur du com- te Ame VIII. 3°. La Souveraineté de Gcncvc demandée par celui-ci au Pape Martin V. &c qui lui fut refufce par l'oppofition qu'y firent l'EvêqueJean de Pierrccize & les Citoyens qui obtinrent une Bulle de l'Empereur j où il reconnoît Ge- nève pour Ville Impériale , &C par- le avantageufementdes libertez de la Ville : 4°. Jean clt Brogriier qui de Gardeur de pourceaux devint Evêque de Genève , puis Cardinal : 5°. Un troifiéme incendie arrivé en 1430. 6". Deux fils de Louis Duc de Savoye élus fucceffivement Evc- ques de Genève i 7". Les Foires orées aux Genevois par Louis XL Roi de France , & transférées à Bourges , puis à Lyon , où elles font prefentement : 8°. La contri- bution que les Genevois furent contraints de payer aux Suilles,pour fe garantir du pillage, dont ceux- ci les menaçoient en reprefailles de la guerre que Jean - Louis de Sa- voye Evèquede Genève avoit laite aux Valayfins alliés desSuilfes ; ce qui fe termina par une alliance : ^°. Les avanturcs domeftiques de cet Evêque Jeau-Louis au fujet de B R E, 1751: 517 quelquesFavoris & de qaelquesMaî.' trelTes qui troublèrent fon repos : 10*. L'Epifcopat de Philippe de Sa- voye, qui iiégea fous quatre Ducs « Charles fon oncle , Philippe fon père, Philibert &: Charles fes frères. La partie la plus étendue de l'Hiftoire de Genève appartient au feiziéme & au dix-feptiéme fiécle. Nous nous bornerons à rapportée fommairemerit les taits principaux qu'elle nous offre. A l'Evèque Phi- lippe de Savoye fucceda Charles i/ff Seyfelj &: à celui-ci Jean de Savoye fils naturel de François de Savoye , Archevêque d'Auch & Evêque d'Angers. Le Duc Charles III. le fit inftaller à condition que ce nou- veau Prélat lui remettroit la Jurif- di(5tion temporelle de cette Ville , dont fes prédecelTeurs avoicnt cf- fayétant de fois de s'emparer. Dans la crainte d'une pareille invafion , quelques Citoyens des plus intrépi- des & des plus zélés pour la liberté de leur patrie , entrèrent en négo- ciation avec le Canton deFribourg, & celui-ci j malgré les intrigues du Savoyard , qui traverfa de tout fon pouvoir cette négociation , fit alliance avec les Genevois , leur accordant le droit de Bour- geoifie & toute forte de protedion. Les partifans que le Duc de Savoye avoit en grand nombre dans Genè- ve , refufoient de foufcrirc à ce Traité ; ce qui forma deux fad:ions dans cette Ville , l'une desE/gnots an Eidgnojfen ^ mot Allemand qui fignifie alliés ^ confédérés ^ S< d'où vraifemblablement cfi: venue la dé- nomination de tihguenots , par la- Zzij ^•jS JOURNAt D <^uellc on défigne les Proteftans ; l'aurre des A/ammelus qui croient du parti ducal , ainfi nommés , parce qu'ils fe rendoicnt les efclavcs de ce Prince , comme les Mamme- Ihs l'étoienc du Soudan d'Egypte. Cette confédération n'empêcha pas qu'en 15 19. le Duc à la tête d'une armée n'entrât dans Genève , & n'y exerçât en quelque forte les fondions de Souverain , s'y trou- vant le plus fort. Sur cette nouvel- le , les Troupes de Fribourg peur faire diverfion fe jettetent dans le Pays de Vaud, appartenant au Duc, & fe faifirent du Gouverneur. On «oit alors en Carême, & parce qu'on ne trouvoit prefque à man- ger que des harangs , quelques-uns appellerent cette Campagne U Guerre des HAr/inft. Elle fe termina pour lors par un accord , dont la principale condition fut que le Duc n'attcnteroit rien de nouveau fur les Genevois , jufqu'à ce que leurs differens fuffent jugés dans une af- femblée générale des Ligues. Il y fut décidé,Que dorefnavant le Duc n'entreprendroic rien contre la Ju- rifdidion Epifcopale ni contre les franchifes de la Ville ; & que la Combourgeoipe de Fribourg & de Genève feroit fufpendue , fans que l'on s'en fervît de part ni d'autre. Elle futrcnouéc en l^i6. non feu- lement avec le Canton dcFribourg, mais encore avec celui de Berne , par la fadion des Eidgnots , qui avoient alors le deflus, & qui chaf- ferent les Mttmmelus de la Ville. A cette fadion en fucceda une autre hors de h Ville, en 1527. Ce fut ES SÇAVANS, la Contrairie des Gentilshommes dt la Cidllier ^ aufquels fe joigni- rent quelques Ciianoincs affedion- nésau Duc. CecïcConfrairie fe for- ma dans un Château du Pays de Vaud, où quelques Gentilshommes étant à table, & mangeant de la bouillie avec des cuilliers de bruyè- re , fe vantèrent qu'ils traiteroienC de même les Genevois, de les man^ geroient à la cuillier ; fur quoi ils pendirent à leur col pour fignal chacun la leur , & choi firent pour Chef François dePontverre , Sieuc de Terny, brave guerrier. Ils firent beaucoup de maux à la Ville, rui- nanc toute la Campagne, & mal- traitant ceux qui apportoient des denrées. En 1 5 28. les Bernois, après plu/ieurs prédications & difputes, bannirent de leur Ville la Religion Catholique & embrafferent la Pro- tefl:ante.BertholdiÏ4//i;rlaprêchoit à Berne , Zuingle Sc Oecolampade dans le refte de la Suifle , tandis que Luther en faifoit autant en AU lemagnc. L'alliance des Bernois avec Ge- nève leur fournit une occafion fa- vorable d'y introduire la Reforme, *C en I J J 1. ils y envoyèrent deux de leurs Miniftres , Farel & Sau- nier^ qui y répandirent la nouvelle dodrinc, fur tout parmi la jeunefle. Les Fribourgeois en étant avertis, déclarèrent par leurs députez aux Genevois qu'ils romproient l'allian- ce, fi ceux-ci recevoient cette doc- trine. Les Bernois de leur côté de- mandoient qu'on leur donnât une place en l'une des Eglifes pour y faire prêcher un de leurs Minifties. s E r T E M Enfin le premier Mai 1554. les Proreftans de Genève firent monter Farel en Chaire , & ce t it le pre- mier Prêche qui fe fit publique- ment dans la Ville. Ce parti fe for- tifiant de jour en jour malgré la re- iillance du Parti Catholique & du Conlcil de la Ville qui tint ferme affez long-tems; les Reliques fu- rent jcttées au vent &c les Images abbatuts par la populace , en 15 3 5. les Syndics ordonnèrent que tous les Citoyens & habitans euflent à profcfTer la Religion Proteftante , ôc abolirent totalement l'exercice <3c la Religion Catholique , l'Evê- que Pierre de la Baume s'étant re- tiré à Annecy , où fcs SuccelTeurs depuis ont toijjours fait leur refi- dence. Cette révolution, marquée fur une nouvelle monnoye frappée exprès à Genève , &c que l'Auteur a fait graver ici , termine le fécond Livre de fon Hiftoirc. III. Genève devenue Proteftan- te fait la matière du troifiéme Livre. Le changement de Religion fo- menta la mefintelligencc entre le Duc de Savoy c & cette Republi- que ; d'où s'enfuivirent des ades d'hoftilité de la part de ce Prince , contre lefquels les Genevois eurent recours à ceux de Berne. Genève infultée au dehors par fon ancien ennemi, étoit agitée au dedans par les troubles qu'y caufoient les opi- nions différentes des Proteftans eux-mêmes au fujet de leur préten- due Reformation. Tout ce détail nous meneroit trop loin ; ôc il faut le chercher dans le Livre même. On y verra l'aiiivée de Calvin » B RE ; 1751; j-^^ Genève , fon exil , fon rappel , fes occupations , les accufations for- mées contre lui , fa juftification Sc fa mort : Servet brûlé pour fes blafphèmes ; la mort tragique de Sfifame Evêque de Nevers •■, les ravages caufés en 15(^7. parla perte qu'entretenoient des fcelerats qui faifoient métier d'infedcr la Ville , &c dont plufieurs furent tenaillés & brûlés. On y verra le peu de fucccs d'une nouvelle entreprife du Duc de Savoye fur Genève, en 1581. & les divers évencmens de la guer- re que les François & les Genevois firent conjointement au Duc , de- puis 1589. jufqu'en i^ol. qu'elle fut terminée par l'entrcmife du Lé- gat Aldobrandin &: par l'échange de la Brefle accordée au Roi pour le Marquifat de Saluées , Genève ayant été comprife dans le Traité de Paix. On y verra comment dès l'année fuivante , le Duc de Savoye qui n'a voit pas renoncé à fcs préten- tions fur Genève, conçut le dcf- fein de s'en rendre maître par efca- ladc, les mefures prifes pour l'exé- cution de ce projet , & toutes les circonftances de cette famcufe en- treprife, que plufieurs contre-tems firent échoiier : en un mot, on y lira la découverte de différentes confpirations , le fupplice de plu- fieurs traitrcs à la patrie ; une divi- fion entre le Confeil des 2j. & le Confeil des zoo. qui en \66j. mit Genève à deux doigts de fa perte ; la mort de plufieurs hommes illu- ftres, tant danslcs armes que dans les Lettres , lefquels s'étoicnt reti- lés à Genève j des phénomènes ds 1-40 JOURNAt DES SÇAVANS; la Nature, ttès-finguliers, arrivés d'éclairciflemens ou d'amples Sup en divers tems , & dignesdelacu- plémens. riofitédes Phyfîciens , (^r. Laplû- Nous renvoyons à un autre part de ces faits hiftoriques font ac- Journal le détail des deux derniers compagnes de Notes «jui y fervent Volumes de cette Hiûoire. DE STUDIIS LITTERARÎIS MEDIO L ANENS lUM antiquis &c novis Prodromus ad Hiftoriam Litterario-Typographicam Mediolanenfem. Ceft-à-dire : Hiftoire Littéraire de Milan ^ four fervir d'introduUion k l'Hiftoire de l'Imprimerie de Milan. Par Jofeph- Antoine Saxi-Oblat de S. Ambroife & de S. Charles , Bibliothécaire de la Bi- hliothéque Ambrofunne.. A Milan, chez Jofeph Malaccfta. 1715. in» 8°..pp. i5^. NOTRE Atttcut avoiie de bonne foi , que comme il n'y a rien de certain fur l'époque de la fondation de la Ville de Mi- lan , on n'a rien d'alTuré fur le tcms auquel les Lettres ont commencé à être cultivées dans la même Ville. Il croit néanmoins que dès que les Grecs vaincus par les Romains ont commencé à communiquer leur fcience à leurs vainqueurs il y a eu des Ecoles établies à Milan. Il eft certain que du tems de Pline le jeu- ne les Ecoles de Milan étoient très» fameufes , d'anciens Auteurs affû- tent que Virgile y avoitfaitfes pre- mières études.Une ancienne Infcri- ption qui a été rétablie par Alciat apprend que dès le tems de Pline le jeune il y avoir une Bibliothèque publique à Milan. Le goût des Bi- bliothèques s'eft prefquc toujours confcrvé depuis dans cette Ville. Les Sciences y étoient cultivées avec tant de foin du tems de l'Em- pereur Hadrien qu'on l'appelloit la nouvelle Athènes. S. Auguftin qui pflbic poiu un des plus excellcns Maîtres de fon tems , y fut appelle pour inftruire les jeunes gens. Les irruptions des Barbares dans l'Italie pendant le cinquième iîécle n'em- pêchèrent point que les Ecoles de Milan ne fullent très - floriiïantcs pendant le cinquième & le fixième lîcclc j comme notre Auteur le prouve par les témoignages d'En- nodius , & de Calîîodore. Mais fous les derniers Rois Goths & fous les Rois Lombards , les Sciences furent abfolumcnt négligées , non feulement à Milan , mais encore par toute l'Italie , & il ne refta que quelques Monafteresoù il y eut des Ecoles dont les Maîtres n'étoient guéres habiles. Celles de Milan où les Profef- feurs étoient entretenus aux dépens du public , étoient rétablies , fui- vant notreAuccur,dans le neuvième fiécle , quoiqu'il n'y ait eu que dans les fiéclcs fuivans des Collèges pour les Facultez de Droit &: de Méde- cine. Comme les Vifcomti favori- foient les gens de Lettres , & qu'ils s E P T E M B appelloicnt auprès d'eux les Sça- vans de diftcrenres nations , les Lettres fleurirent de leur tems à Milan où ils faifoient ordinaire- ment leur demeure. Jean Galeas y établit en Ï380. une Académie d'Achitcdure , qui en fui vant d'a- bord le goût de l'Architedurc Go- thique réveilla dans les efprits l'a- mour de cet art , & fit naître par la fuite le goût de l'antique. Jean-Ma- fie Vilcomti fuccefleur de Jean Galeas fit bâtir lesEcoles où l'on en- feignoit l'éloquence. Ce fut fous les yifcomti que Manuel Chryfoloras enfcigna à Milan. Pendant le peu de tems qui s'é- coula depuis la mort de Philippe- Marie Vifcomtl , jufqu'au gouver- nement des Sforces , les Magiftrats de Milan qui jouifToient de tous les droits de Souveraineté, y établirent une Univerfité , & appcUerent des Protefleurs célèbres pour y cnfei- gner. Cette Univerfité feroit de- venue en peu de tems , fuivant no- tre Auteur , une des plus famcufes de l'Europe , iî les troubles qui fur- vinrent quand François Sforce dé- truilît la nouvelle Republique pour fe rendre maître de la Souveraineté n'en a/oient empêché le progrès. Cependant les Sciences ne furent pas négligées fous les Sforces. Fran- çois aimoit les Sçavans & les favo- rifoit , & Milan eut fous lui le bon- heur d'avoir pour un de fes Profef- feurs le célèbre Philelphe. Louis- Marie fils de François fut le Mécè- ne de fon fiéele. Tous les Poètes d'Italie qui vivoient dans ce tems- là celcbr oient fes loiianges. Il établit RE; î 7 3 î.' 5*4' une Académie de Mufique. Cal- chi fit rétablir les Ecoles publiques qui tomboicnt en ruine , Si y don- na des appointemcns conhderables à des Protefleurs , dont les noms fe- ront toujours fameux dans la Repu- blique des Lettres, Calchondille , George Merule , Alexandre Mi~ nutien,Jules Emille,&:c.De fimples particuliers deMilandonnerentaufli en ce tems-là des preuves de leur af= fedion pour les Sciences. En 1470, Thomas Crafli fit bâtir des Ecoles gratuires,& Icgua par fonTeftament à ceColIege de quoi fournir aux ap- pointemcns de cinq ProfelTeurs»- Depuis , Thomas Platti fonda des Chaires de ProfelTeurs pour l'Arith- métique, la Dialedique, l'Aflrono-' mie, la Géométrie, & pour la Lan-- gue Grèque. Cardan fut dans la fuite un des ProfelTeurs de ce Col- lège. Louis Sforce établit une nou- velle Académie d'Archited^ure Sc de Peinture & mit à la tête le fa- meux Léonard Vinci, de l'Ecole duquel il fortic un grand nombre de Peintres & d'Architedes qui fe font diftingués dans leur art. Ce fut fous François Sforce qui mourut en l^6€. que l'art de l'Imprimerie commença à être exercé à Milan.- Mais ce qui fait le plus d'honneur à la Ville de Milan par rapport à cet art, c'eft que le premier Ouvrage qui ait été imprimé en caradere grec y a été fait par Denis Paravici- ni en 147^. & qu'en 1484. on y publia une Bible en catadercs Hé- braïques. Les troubles dont le Milanois fut agité au commencement du feizié- S^s. JOURNAL D me fîeclc empêchèrent que les Sciences ne fulîent cultivées à Mi- lan. Mais en i$^6. il s'y forma une Académie , dans laquelle les per- fonncs les plus diftinguces fe firent un honneur d'être admifes. Ces Académiciens étoien: appelles , Transformati. Le Pcrc Saxi rccon- noît qu'on ne fçait pas quand on celTa de tenir les aflemblées de cet- te Académie. Les Ecoles , les Col- lèges & les Séminaires établis par faint Charles Borromé & par des particuliers fous l'Epifcopac de faint Charles furent très-utiles à la Ville de Milan. C'eft par ceséta- bliffemens que le Clergé de Milan devint en quelque manicrele modè- le du Clergé de tous les autres Dio- ccfes. L'Académie des Inquieri , établie dans le feiziéme fiecle , ne dura guércs plus que celle des Transformât!. Cette nouvelle Académie avoir pour dcvife, Labor emnibus nnus. Les Belles-Lettres &c laPhilofophie fâlfoient le fujet des Conférences. Il s'agit dans le dix - feptiéme Chapitre de la Bibliothèque Am- brofîenne, fondée par le Cardinal Frédéric Borromé , Archevêque de Milan. Le P. Saxi y parle de la magnificence du Bâtiment , dans lequel cette Bibliothèque a été pla- cée , du grand nombre de Livres tant imprimés que MIT. qui y ont été réunis & qui montent à plus de cinquante mille Volumes , des portraits d'Hommes lUuftres dans la Republique des Lettres , donc cette Bibliothèque eft ornée. L'in- tention du Fondateut étoit qu'il y ÏS SÇAVANS. ciit dans cette Bibliothèque feize perfonnes habiles appliquées cha- cune à une efpccc d'étude particu- lière, afin que n'ayant point l'efpric partagé, elles fe rcndi(Tent chacune plus fça vantes dans l'efpece de fcicn- ce qu'elles auroient embrafrc;mais il n'y eut jamais plus de neuf Sçavans dans cette Bibliothèque , appliqué* à travailler chacun fur une matière particuliere.il choifit auffi desPro- felfeurs pour enfeigner l'Hébreu ,' le Chaldaïquc , le Syriaque , l'A- rabe , l'Arménien & le Perfan. Les deux perfonnes qu'il avoir fait ve- nir pour enfeigner l'Abillin ne pu- rent former une Méthode pour en- feigner cette Langue , ni en donnée une Grammaire : il y avoir dans Ij même Bibliothèque une Imprime, rie bien fournie de carad:cres pou ^ toutes les Langues Orientales. Les Profcfleurs du Collège des trois Langues enfcignoicnt aux jeunes gens la Langue Latine , la Grcquc &le Tofcan. L'Académie de Pciii-» ture & de Sculpture avoit dans cette Bibliothèque deux Sallcs^dans l'une dcfquellcs il y a un grand nombre de Tableaux du Titien , du Vinchi & d'autres cxccUcns Maîtres, & dans l'autre des Statues &C d'autres morceaux curieux en plâtre , faits fur les Statuiisqui paf- fcnt en Italie pour être du meilleur goût. Il y a une autre Salle deftinéc pour faire travailler les Elevés fur le modèle. Les exercices de cette Académie que les guerres avoienc long-tems fufpendus ne furent réta- blis qu'en 1670. le Cardinal Frede- lic BoKomé avoit formé le deffcin d'ctablù s E PTE M B d'établir des ProfelTcurs dans la Bi- bliothèque pour chaque efpece de Science connue il en avoit établi pouf les Langues , mais la mort le prévint. Il avoit outre cela établi à Milan deux Académies , l'une pour les Ecclcfiaftiqucs , l'autre pour les Nobles qui ayant rempli le cours ordinaire des Collèges voudroicnc s'appliquer plus particulièrement à l'étude. Depuis la mort du Cardi- nal Frédéric Borromé , il y eut quelques établiflemens faits à Mi- lan pour le progrès des Belles-Let- tres. Mais il y en a un bien plus grand nombre qui fe font formés depuis le commencement du dix-huiticme /îécle. L'Académie dc5 Nobles où chacun devoit lire à fon tour des DifTertations fur des matières parti- culières n'a duré que peu de tems ; celles des Arcadicns établie à l'in- ftar des Arcadiens de Rome , a eu un fort plus heureux ; fcs Confé- rences font uniquement bornées à ce qu'on appelle Ouvrages d'efprit, foit en prcfc , foit en vers , en Ita- lien ou en Latin. La Société Palatine formée par M. Muratori n'a point d'autre bue que de travailler à l'Hiftoire d'Ita- lie -, le grand Recueil de M. Mura- tori qui cft fi cftimé par toute l'Eu- rope fait bien l'éloge de cette Socié- té. Le Collège Impérial où l'on éle- vé la jeune Nobleffc , fie qui eft ré- gi parles PP. Barnabites, mérite , fuivant'notre Auteur, une attention particulière. Ceux qui y font admis portent une Aigle d'or. Il dit qu'ua des Elevés de ce Collège s'efl, en- Seftembre. R E, 1751. T4Î gagé à répondre furl'HiftoireSainte Zc fur l'Hiftoire Prophane , tant an- cienne que moderne , fur les Gé- néalogies des Princes, la Chrono- logie & la Géographie univerfcUe , & qu'il s'eft acquitté de fa promefic avec l'applaudilTcment de toute la Ville. Le dernier établilîement: qui n'a point encore fa perfediion eft une Académie formée pat la Duchelfc Clelic Borromei. L'Auteur affurc que cette Dame , auquel l'Ouvraga dont nous rendons compte cft dé- dié, fait la Langue Tofcane, la Latine , la Françoifc , l'Angloife & l'Allemande, même les Langues Orientales & en particulier l'Arabe; qu'elle a appris la Rhétorique , l'Hiftoire , la Géographie , la Phi- lofophie , & même les parties les plus difficiles des Mathématiques. L'Hiftoire , la Phyfique & les Ma- thématiques doivent faire l'objet de l'étude des Académiciens & le fujet de leurs Conférences. On en bannie ce qui regarde la Poefie ou l'élo- quence , ou les matières purement "Théologiques. Cette Académie doit être appellée Clelie , du nom de rinftitutrice , & les Académi- ciens feront nommés VigiLtns. Academia ClelU Vigilantium. A la fin de ce Volume l'Auteur a inféré une Lifte des Ouvrages du Cardinal Frédéric Borromé , ta ne de ceux qui font imprimés que des Mfl". ce Prélat ne faifoit tirer que très-peu d'exemplaires de ceux de fes Ecrits, dont il permettoic l'im- prcflîon ; ce qui les rend prefquc suffi rares que les Manufcrits , le» % J44 JOURNAL DE s s ÇAVANS; uns & les autres font confcr\ es ckns compofec tant âc Livres en Italien fa Bibliothèque. En voyant le titre de tant d'Ouvrages, on a peine à concevoir comment un Arclievê- que chargé du foin d'un fi grand Diocéfe a pii trouver du tems pour &. en Latin. Il aimoit beaucoup l'ctude , 6c il difoit fouvent qu'il fouhaitoit mourir tenant un Cruci- fix d'une main 2c une plume de l'autre. DISSERTATIO HISTORICA ; Q.UA OSTENDITUR" Catholicam Ecclefiam tribus prioribus fïculis Capitalium Criminum leis paccm.&: abfolutionem non denegaffe. C'eft-à-dire : Dijfertation Jdiftorique , dans laquelle on prouve que PEgltfc n'a point refitfé Cab- f oint ion pendant les trois premiers fiécles à ceux qui étaient csupables de criwe5_ capitaux. Par le F, lofeph-Anguftin Orll , de l'Ordre des FF, Prêcheurs. A Milan, chez Jofeph Malatefta. 1730. in-^°. pp. 301. LE S Hiftoriens Ecclefiaftiques ôc les Théologiens font parta- ges fur la qucftion , fi pendant les rrois premiers fiécles,l'EgUfe accor- Goit l'abfolution , même à l'article de la mort aux Fidèles qui étoicnt coupables de crimes capitaux. Les PP. Morin & Alexandre ont foilte- iiu la négative. M. de Laubepine , les PP. Petau , Lupus, Juenin 5c ÏMartene ont foûtenu au contraire , que pendant les trois premiers fie- clcs l'Eglifc n'accordoit point l'ab- folution de ces fortes de crimes, abandonnant ceux qui les avoient commis, &qui en avoient fait pé- ritcnce aux jugemens de Dieu , fans les admettre à la Communion. Notre Auteur qui croit que cette dernière opinion cft contraire à l'ef- prit de l'Eglifc , entreprend de prouver, en examinant fur ce point la conduite des principales Eglifes, que l'Eglife a toujours abfous les Fidé'xs convaincus des plus grands Grimes , quand ils avoient donné des marq_ucs d'un repentir fcnfible. 6: qu'ils avoient accompli la péni-: tencequi leur avoitécé impofée. Le P. Orfi commence par l'E- glife d'Acaïe , & il fait voir que faint Paul ayant excommunié dans fa première Epîtrc l'Inceftueux de Corinthe , l'avoit réconcilié à l'E- glife dans fa féconde Epître. Le même Apôtre invitoit à la péniten- ce les fornicateurs & ceux qui avoient adoré les Idoles , avant de les priver de la Communion Ecclc fiaftique. S» Clément Pape , dont la Lettre aux Corinthiens a été mifc immédiatement après les Livres- Canoniques , reproche aux Corin- thiens pluficurs crimes dont ils- ctoient coupables , néanmoins il les- exhorte tous à la pénitence , en leur faifant connaître que par cette voye ils obtiendront la rcmilîion de leurs péchez , non feulement dans le Ciel , mais encore de la part de l'Eglifc, Pour prouver , que les Eglifes d'Alîe admcttoient à la Conmin- nion, aprèsia pénitence, ceux qui s E P T E M B jÉtoicnt coupables des plus grands frimes , rapporte ce que S. Clément d'Alexandrie & d'autres Auteurs Ecclelîaftiques dilcnt de l'Apôtre S. Jean , qu'il alla lui-même re- chercher un tidéle qui ayant quitté l'Eglife , étoit devenu Chef des Voleurs , &qiiinc le quitta poinc qu'il ne lui eût t'ait faire pénitence Àe fes crimes , & qu'il ne l'eût fait i:entrer dans le lein de l'Eglilc. Le même Apôtre exhorte dansl'Apo- xalypfc une femme pechcrefTe ^ à laquelle il donne le nom de Jeza- bel à faire pénitence de fcs crimes (énormes, d'où les Pères concluent ique par la pénitence cette femme pccherefTe pouvoit être reconciliée jnême avec l'Eglife extérieurement, & participer aux Sacremens. Saint Polycarpc , Difciplc de l'Apôtre •S. Jean, veut que les Fidèles de Phi- lippe foUicitent le Prêtre Valens Sc fa femme pour les engager à faire pénitence & à fe réunir par là au corps des Fidèles. S. Polycarpe par- le des crimes de Valens i*^ de ceux de fa femme , comme de crimes très -énormes. Le P. Orlî joint à faint Polycarpe le Martyr faint Pion, qui exhortoit ceux mêmes d'entre les Fidèles qui étoient cou- pables d'idolâtrie à fe réunir à l'E- Par rapport à l'Eglife Romaine ' l'Auteur cite le Livre du Palleur (i'Hcrmas qui s'explique fi claire- ment fur la réconciliation des plus ! grands pécheurs après la pénitence, queTertuUien étant devenu Monta- nifte en ht un reproche à Hermas , I comme s'il favoriloit par là l'idola- R E, tj^T. ^^f trie , le blafphême 5c l'apoftafie. L'Auteur entre enfuite dans le dé- tail des dificrentes manières dont les plus anciens Auteurs Ecclefiafti- qucs ont parlé de l'origine & de l'établiffcment de l'hércfic de Mar- cion , & il foûtient que quelque parti qu'on prenne fur ce pjint de tait , il en rcfultera toujours que l'Eglife Romaine admctcoit à la pé- nitence & enfuite à la Communion les Fidèles qui ètoicnt coupables des plus grands crimes. Si le Pcre de Marcion , ajoure notre Auteur , excommunia fon fils pour avoir commis un crime avec une Vierge, ce n'étoit point que la difcipline de l'Eglife duPontilit de ne jamais ad- mettre à la Communio.! ceux qui étoient coupables d'un grand cri- me, mais parce que Marcion ne donnoit point de marques d'une fincerc pénitence. En effet Eufcbc obferve que faint Denis de Co- rinthe écrivant aux Eglifes du Pont leur recommande de recevoir avec douceur ceux qui vouloient faire pénitence de leurs crimes quelques énormes qu'ils fulTeat , même les Hérétiques. . Notre Auteur employé enfuite plufieurs palTages des Lettres de faint Ignace le Martyr , de faint Clément d'Alexandrie &: d'Origê- ne pour prouver que pendant les trois premiers fîècles les Eglifes d'Antioche & d'Alexandrie ne re- fufoicnt la Communion après une fincere pénitence , ni aux homici- des, ni aux adultères, ni .à aucun de ceux qui étoient coupables de crimes capitaux. Aaaij 54^ JOURNAt DE Dans les Gaules les Martyrs de Vienne ôc de Lyon ont condamné, <"ui\'ant notre Auteur, la dureté des tlontiniftes , non feulement pat leurs exemples ^ mais encore pat teucs Ecrits. A l'égard de l'Eglife d'Afrique , notre Auteur croit non feulement prouver , mais démontrer qu'avanc Tcrcullien elle admettoità U péni- tence ôc cnfuite à la reconciliation ceux qui étoient coupables des plus grands crimes. C'eft pourquoi il donne une Analyfc fuivic des Trai- tez deTertullien fur la pénitence &C fut la chaftcté. Ce qui s'eft pafle à Rome & en 'Afrique du tems de faint Cyprien au fujet de ceux qui étoient tombés pendant les perfecutions , & qui avoient obtenu des billets des Mar- tyrs Se des ConfclTeurs fournit de nouveaux moyens au P. Orfi pour Ibûtenir fon fyftême. Il infifte par- ticulièrement fur l'origine de l'hé- téiie des Novatiens, Si il foû tient que fi l'Eglife avoitrcfufé pendant les deux premiers fiéclcs la Com- munion aux pénitens, les Novatiens autoicnt pu rétorquer contre elle tous les argumens dont faint Cy- prien , faint Denis d'Alexandrie , Pacien & faint Ambroife fe fer- voient contre les Hérétiques. Après ce détail d'autoritez pat lefquellcs l'Auteur fe propofe de piouver que pendant les trois pre- miers fiéclcs de l'Eglife il n'y avoit point de crimes dont les Fidèles ne pulTcnt efperer d'obtenir rabfolu- tion , même le pouvoir de commu- »ier avec U% augces Fidèles , aptes S SÇAVANS; avoir fait une fincere pénitence , il s'objcdle à lui-même les Canons du Concile d'Elvirc & quelques autres qui défendent de donner la Com- munion même à la fin de la vie a ceux qui feront tombes dans quel- ques crimes énormes. Il répond à ces objcdions que fur la fin du troi- fîérae fiécle & au commencement du quatrième , la difcipline de l'E- glife fur la pénitence qu'elle n'avoic été pendant les trois premiers fié- cles 5 que le tems pendant lequel elle devoit durer & les exercices de pénitence furent alors fort augmen- tés ; qu'on différa jufqu'à la motC du pécheur l'abfolution de certains crimes qu'on lui donnoit aupara- vant, au moins après la pénitence accomplie , & qu'il y eut même des Conciles pour détendre de don- ner la Communion à la mort peut certaine efpece de crimes plus con- fiderables. Mais le P. Orlî remar- que fur ces difpofitions de ConcileJ particuliers qui lui pnroilTent bien dures , qu'on ne refufoit point l'ab- folution Sacramentale en particulier à ces pécheurs. Il croit même que les défenfcs de donner la Commu- nion à l'article de la mort n'étoienC que comminatoires , & pour obli- ger les pénitens à donner des preu- ves d'un repentir plus fincere. En tout cas il eft perfuadé que fi ces Canons ont été obfervés à la lettre dans quelques E'^lifes , ils n'ont jamais été fuivis dans toute l'Eglife, & qu'on n'a fait que tolérer ceux qui ont poufle jufqu'à ce point U fcverité. Il y a dans cette Diileiution s E P T I M des digrcflloiis qui méritent une attention particulière. L'Au- teur y traite pluficurs qucftions de critique importantes , comme la Chronologie des Evêques des pre- miers fiéclcs , le tems auquel le Concile d'Elvire a été tenu , Sc que l'Auteur fixe au commencement du quatrième ficelé l'tpoquc de la perfecution de Déce , l'année à la- quelle Tertullien a pris le parti des Montaniftes , 6c le tems auquel il a compofé (on Traité de la Cha- ftecé. B R Ë ; T 7 5 I. 547 Le P. Orfi a donné au public d'autres DifTertations fi.ir l'Hiftoirc & fur la difcipline de l'Eglife, il nous en eft tombé une entre les mains avec celle dont nous venons de rendre compte , qui nous a paru trop curieufc pour n'en pas faire mention dans le Journal, quoi- qu'elle ait été imprimée en 1728. L'Auteur fe propofe d'y prouver contre le fcntimcntde M. Bafnage que les Martyrs Perpétue & Félici- té n'émicnt point de la Scâc des Montaniftes. DISSERTATIO At^OLOGETICA PRO SANCTARUM Perpetux , Felicitatis & Sociorum Martyrum Orthodoxia , advcrfus Samnclem Bafnagium. C'ef(-à-dirc : bij!ertation Apologéticjue , four ■prouver contre M. Bafnage l'Ortodoxie de [aime Perpétue & de fainte Téliciit & de leurs Cowpagnens Martyrs. Par le R. P. ^ofeph-jiuguftin Orfi , de rodre dei FF. Prêcheurs , Profejfeiir tn Théologie» A Florence, chez Bernard Paperin. 1728. ;»-4*'. E P U I S le commencement du troifiéme fiécle l'Eglife a toujours honoré d'une nunicte particulière fainte Perpétue &c fainte Félicité. Un culte fi ancien &c fi confiant n'a pas empêché M. Baf- nage démettre ces deux Saintes au nombre desDifciplcs de Montan:le$ Autcuis desjournaux dcLcipficont adopté ce que M. Bafnage a avan- cé fur ce fujet. Le P. Orfi fe propofe dans cette Diflertation de prouver îa Catholicité de ces deux Saintes , & de répondre aux raifons qui ont déterminé M. Bafnage à les mettre au nombre des Montaniftes. Il commence par les témoignages qu'il appelle extérieurs fondés fut ce que les plus anciens Ecrivains Ècclefiaftiques ont dit de ces dcujs Saintes. Tertullien en fait l'éloge dans Ton Traité de l'ame , fans dire qu'elles ayent été Montaniftes , quoiqu'il ait foin de marquer cxprcirément celles d'entre les perfonnes qu'il loiie qui étoient attachées à la Ssdc de Monran, Le Diacre Ponce en parle dans la Vie de faint Cyprien comme de Martyrs illuftrcs de l'E- glife Catholique. L'ancien Calen- drier que Bâcher a donné au public prouve qu'elles étoient horo ces à Rome dans le quatrième fiécle. S. Auguftin en a fait des Panégyri- ques. Il y avoit une Eglife à Car- thage fous l'invocation de ces deux Saintes Martyres , leur nom a été y4g JOURNAL DES SÇAVANS, inféré dans le Canon de li Melfc deux Sainte fufl'cnt du nombre deS avec celui des Martyrs les plus illu- ftres ; on les trouve nommées de cette manière dans le Millel attri- bué à Gélafe , dansleSacramentai- re de faint Grégoire & dans l'an- cien Sacramentaire de l'Eglife Gal- licane. ** Il efl: vrai , dit le P. Orfi , qu'il y a quelques Martyrologes dans lef- quels on a infcté les noms de Mar- tyrs Hérétiques , comme celui de Marcul Martyr des Donatiftes, Mais on ne voit que le nom d'au- cun Martyr mort dans l'hércfie ait été rais dans les anciens Calen- driers , leurs Fêtes n'ont point été célébrées publiquement , il n'y a point d'Eglifes confacrécs fous leur invocation , les Percs n'ont pas fait leur panégyrique , de leurs noms n'ont point été inférés dans le Ca- non de la Mcffe de toutes les Eglifes. Mais celui qui a rédigé les Aclcs de faintc Perpétue , de faintc Féli- cité 3c de leurs Compagnons étoit Montanilte; donc ces deux Saintes, dit M. Bafnage , écoient auflî du nombre des Montaniftes. Notre Auteur convient de la première de ces deux propoiîtions , il s'attache même à la prouver en fuivant le fentiment de M. de Valois contre celui du P.Ruinard & de Doduvcl, &C il cite plufieurs traits de ces Ac- tes dans lefquels il paroît difficile de ne pas reconnoître l'Auteur pour Momanifte. Mais on ne doit pas conclure de là^ nous dit-il , que ces Sedatriccs de Montan , parce que les, Montaniftes ne vouloient pas qu'on les regardât comme féparées de la Communion de l'Eglile Ca- tholique, ainlî que l'Auteur le prou- ve par plulieurs palTages de Tertul- lien j qu'ils aftecloicnt même d'ho- norer les Martyrs de l'Eglife Catho- lique. Les Novaticns enuferent pat la fuite de la même manière , puif- que Socratcs Sc Sozomene font l'éloge de plufieurs Saints Evêques, dont ils fçavoient que les fcntimens avoicnt été bien oppofés à ceux des Novatiens. Le Pcrc Orfi cft même pcrfuadé qu'on peut tirer un grand avantage pour la Catholicité des deux Saintes Martyres de ce que l'Auteur étant Montanifte n'a point dit qu'elles filTent profellion de fuivre les fcntimens de Montan. Car 11 elles avoient été Montaniftes le Rédacteur des Actes de leur Martyre n'au mit pas manqué dsle- dire bien clairement pour relever fa Sede. M. Bafnage a cru trouver des preuves du Montanifmc dans ce que les Adcs rapportent de leurs aiftions & de leurs paroles ; le P. Orfi répond d'abord à ce moyen de M. Bafnage , que s'il y avoir vé- ritablement des aâions Se des ,f^" rôles des deux Saintes qui duflcnt les faire regarder comme Monta- niftes , il vaudroit mieux dire que ces' Actes ont été corrompus ou fal- fitiés par le Rcdaétcur ou par les Copiltes , que d'abandonner ainù s E P T E M B iiix Hérétiques deux Martyres que l'Eglife Catholique a toujours l:o- norces. Il foûtient en fécond lieu qu'il n'y a rien dans les avions ni dans les paroles des deux Saintes, telles qu'elles font rapportées dans cesAdes, qui reftente le Monta- nifme. On y lit à la vérité des vi- fîons Se des révélations , mais rien n'étoit fi commun pendant les pre- miers fiecles de l'Eglife , fur tout par rapport aux Martyrs que les vi- vons & les révélations. S. Juftin, faint Irenéc & les autres Auteurs Ecclefiaftiques contemporains ren- dent témoignage de ce fait. Les Aûes de plulicurs Martyrs qui n'ont point cté foupçonnés de Montanifme font remplis de vi- fions &c de révélations. On en voit dans la Vie Si dans les Ecrits de faint Cyprien , qui eft mort long- tcms après ces deux Saintes. Notre Auteur entre enfuite dans le détail de ces révélations. Il ne lui parole pas qu'il y ait rien d'indé- cent dans la comparaifon de J. C. avec un Berger qui trait fes brebis , iii dans la vifion de fainte Perpétue qui fe crut changée en homme pour Combattre contre le Diable. L'en- droit obfcur où fainte Perpétue vit Dinocrate eft le Purgatoire. La plu- part des traits de ces révélations & de ces vifions peuvent être autori. fées par quelques partages de l'Ecri- ture Sainte. L'événement qui a fui- vi les Prophéties &: les vilions , & la pieté 2c le zélé de ces deux Sain- tes prouvent que ces révélations étoient des donsdu Saint-Efprit. Le lieu où fainte Perpétue vit RE, I 7 î î- S^9 Dinocrate après qu'il fut forti des ténèbres eft le même , fuivant la defcription qu'elle en fait , que ce- lui où Satur vit les âmes des Mar- tyrs, c'eft-à-dire , le Paradis. Sain* te Perpétue ne fui voit donc pas,' dit le P.Orfi, l'opinion de Montan, qui croyoit que toutes les amcs , à l'exception de celles des Martyrs , étoient enfermées dans un lieu téné- breux. De cet argument l'Auteuï pafte à un fécond qu'il tire de ce que les Martyrs de Carthage rap- portent de l'Evêque Optât. Il fenc bien qu'on lui objeârera que cet Evêque pouvoit être Montanifte , mais il répond que Tertullien étane devenu Montanifte , parle des Evêques d'une manière à faire croi- re qu'il n'y avoir point d'Evêquc qui fût de cette Sede. Enfin il fait valoir la circonftance que les Mar- tyrs Africains mangeoient de touC ce qui leur étoit prclenté , ce qu'ils n'auroicnt pas fait , s'ils avoient été d'uncSe(fte qui fe vantoit d'une auflî grande aufterité que celle des Mon» taniftes. Si chacune de ces preuves étant prife féparément , dit le P. Orfi , ne forme pas un argument décifif, étant réunies elles forment une ef- pece de certitude morale , qui en matières hiftoriques fuffitpourper- fiiader ceux qui ne fclaiftcnt point prévenir. Qiiand il rcfteroit quel- que doute , ajoute l'Auteur , entre mon fentimcnt &: celui de M. Baf- nage , & qu'il y auroit quelque dif- ficulté àc part & d'autre , il fui- droit regarder les deux Saintes comme Cnholiques j car s'il a'eft- y;o JOURNAt D pas permis d'accufer fans avoir des preuves claires & évidentes , celui qui pafTe pour honnête homme , il doit être à plus forte raifon défendu d'attaquer par de légères conjeâiurcs l'état de deux Saintes qui font en polTeflîon d'être honorées depuis quinze fiécles comme Martyres de l'Eglife Catholique. Après l'apologie des Saintes Martyres Perpétue & Félicité , le P. Orfi a donné la Vie du Bienheu- reux Antoine de l'Ordre des Frères Prêcheurs, Martyr du 15° fiécle. Cette Vie a été écrite par François de Caftillionc , Prêtre-Chanoine de faint Laurent de Florence. Le P. Orfi a revu cette Vie fur un Mf. & y a ajouté des Notes. En voici le précis. Antoine étoit de Piémond. Il avoit reçu l'habit de l'Ordre de S. Dominique des mains de faint Antonin , qui fut depuis Archevê- que de Florence. Il fut pris par des Pirates en paffant de Sicile dans le Royaume de Naples, 6c il fut con- ES SÇAVAS; duit à Tunis , où il abjura la foi pour embralTer le Mahomcrifmc en 1459 : après avoir été quatre mois dans cet état il fc repentit de Ion crime -, il reprit cnfuite l'habic de fon Ordre , &c il alla déclarer dans une nombreufe affcmblée où étoit le Souverain , qu'il étoit Chrétien & preft à mourir pour la foi. On employa cnfuite les menai ces 8c les promelfes pour l'engagée à rentrer dans le Mahometifmc , ôC on le mit en prifon. Mais quand les Mahomécans virent que toutes ces tentatives ne pouvoient l'ébranler, on le condamna à être lapidé , ce qui fut exécuté. AuflTi-tôt après fa mort les Mahomctans voulurent brûler fon corps , mais Caflil- lione aflLre que les Cheveux du Martyr ne furent pas même brûlés» ils fe déterminèrent à jetter Is corps du Martyr dans uh cloaque , d'où il fut tiré par les Chrétiens , qui le rachetèrent & qui l'inhu- mèrent dans une Eglife que les Gé? nois avoient à Carthage, ^%^ tETTRE SEPTEMBRE; 1751: 5Jr LETTRE DE M. DE S A L.... MEDECIN A Ad. l' Abbé de Ai. 2). L. ou Dijfertation Critique fur l'apparition des Efprits. A Paris, chez François le Breton, Libraire, au bouc du Pont-ncut", près la rue de Guenégaud, à l'Aigle d'or. 173 1. Brochure in-ii. pp. 57- ON dit dans l'avis au Ledeur , qui eft à la tête de cette Bro- chure, que la DilTertation Critique Air l'apparition des Elprics ell d'un fçavant Vénitien Douleur en Mé- decine , qui avoit long-tems vécu en France, entre les papiers duquel on l'a trouvé après fa mort. Dans le titre de la Brochure on a marqué que ce Médecin s'appelloit de Sal... éc dans l'Epître Dcdicatoire de fa Diflertation qu'il adrelTe aMiJfuttrs les Sfprits , il fe d'i: leur tres-hnmble é" très - ohéi&i/ic jerviteur Mi. de Lav Quoi qu'il en foie du nom de l'Auteur , il déclare dès le commencement de fa DilTercation, qu'il ne fçauroit fc mettre dans la t^te qu'il puiiïe y avoir des appari- tions d'Efprits, Ce qu'on peut lui oppofer ne conlîfte , à ce qu'il croit , que dans ce qu'on raconte de différentes ap- paritions d'Efprit. Pour répondre à cette objedion, il foûtient 1°. Que la plupart des faits qu'on rapporte fur ce fujet font abfolument faux : î°. Qii'on regarde fouvent comme des apparitions , des tours d'adrcf- fc ou des fourberies : 3°. Qii'on peut quelquefois prendre pour des apparitionsd'Efprits des effets natu- rels. Pour établir la première de ces propofitions il infifte beaucoup lur Septembre les effets d'une imagination déprn^ vie j & fur le plaifir que prennent certaines perfonnes à répandre des faits qu'elles ont imaginés ou dont elles ont entendu parler. Entre les exemples que l'Auteur rapporte fut la féconde propolîtion -, on en trou* ve un d'un Prince d'Italie , qûî voyant que les mœurs d'un de fes fils étoient déréglées, fît introduire dans fon Cabinet une machine en forme de Spedre , dans laquelle il y avoit un homme qui lui dit d'un ton fier & d'une voix menaçante , corrige -toi y ce qui épouvanta le jeune Prince , de manière qu'il changea entièrement de vie. Il cite un fécond exemple d'un Soldat du Régiment d'Artois , à qui on pro- pofa une grande recompenfe , s'il pouvoit apprendre d'un prétendu Phanrôme , le fujet qui l'amenoit dans une maifon de la Ville de Lyon qui n'étoit point habitée de- puis pludeurs années , à caufe de ces apparitions. Le Soldat ayant en- tendu un peu avant à la pointe du jour un bruit effroyable avec des mugilfemcns furieux , mit le pifto- let à la main & pourfuivit le reve- nant ; ce dernier ayant eu peur dcf- cendit l'cfcalier £c fe jetta par une trape dans un caveau. Le Soldat s'y jccta après lui , ^ il trouv'a d;ns le Bbb SS2 jOURNAt D caveau nnc bande de faux Mon- noyeur;, du nombre defquels étoic le Speftrequi fedéniafqua & qui fc jetta aux pieds du Soldat, qui lui faifoit une frayeur inconcevable avec fon piftolet- L'Auteur foiîticnt que des va- peurs voltigeantes dans l'humeur aqueufe peuvent produire des re- fiadionsqui tont paroître desSpec- tres & des Phantômes , 5c il eft pcr- fuadé que cette efpcce d'apparitions peut en impoferaux efprits les plus folides. » Il peut auflî arriver, ajoû- » tc-t-il , que des vapeurs gluantes » s'élèveront également de toutes « les parties d"un corps qui pourri- « ra fous la terre, lerquellcs gardant « la même fituation entr' elles qu cl- ES SÇAVANS; » ks avoicnt dans le moment qu*cl- >> les font forties du cadavre , rc- » prefenteront une ombre ou une » hmice de la tigure du corps qui » lésa produites. Ain(i qu'il cltar- » rivé quelquefois la nuit dans dfs » Cimetières. Et fi la même chofc » n'arrive point le jour , c'efl: à cau- " fe que l'air de la nuit referre ces » vapeurs & ne permet pas qu'elles » fe dilllpent , comme elles font r> dans un air plus échaufé duranc « le Jour. Enfinidant cette Lettre l'Auteuï avertit qu'il ne donne point ce qu'il avance pour des articles de foi , râ pour des démonftratious Mathc- matiques. LE TRAITE D'HORLOGERIE FOVR LES MONTRES & les Pendilles ; contenant le calcul des nombres propres à toutes fones de AioHvemens : la manière de faire & de natter les Carrillons , de chanqer & de corriger le mouvement dit Pendule: l'Hifloire ancienne & moderne d; f Horlogerie; & fltifieurs Tables toutes calculées , & autres matières citritufes & utiles : traduit de l'^nglois de M. Derham F. R. S, L, Avec figures. A Paris, chez Grégoire Dupuis, tue faint Jacques, à la Couronne d'or. lyji. /»-i2. pp. i88. LE très-petit nombre de Traités d'Horlogerie publiés jufqu'à prefent, doit aflurer d'abord à ce- îui-ci le mérite de la fingularité. Mais il a de plus , celui de l'exadi- tude , ne lai (Tant prefque rien à fou- haiter pour l'intelligence parfaire de l'art dont il développe le curieux méchanifme , dans les fept pre- miers Chapitres. L'Hiftorique de ce même art fait le fujet des quatre derniers; & ce ne fera pas la partie la *ioinï intcreffancc de l'Ouvrage pour la plijpart des Ledeurs. I. M. Derham , en expliquant les principaux termes de l'Horloge- rie , dans le premier Cliapitre , donne le dénombrement & la det cription des différentes pièces qui compofent les Montres & les Hor- loges. Par ces deux dénominations ( dit-il ) on défigne deux fortes d'Automates ou de MoHvemens , dont les premiers marquent feule- ment les heures , & les féconds les fonnenc ; quoique dans le langage s E P T E M B Vulgaire , on appelle Montra en ce genre de Machines , celles qui le mettent dans la poche ; &c Hsr- loges yCtViz% dont le volume cR plus grand , fonantes ou non. L'Auteur décrit dans les unes &; dans les au- tres les pièces qui fervent au Mou- vement & celles qui exécutent la lonnerie. Celles qui fervent au mouvement d'une Montre font placées ou dans ce qui s'appelle la Cage , ou entre la Cage U le Cadran. Dans la Ca- ge on trouve i°. le grand Rcflort , que renferme le Barillet , dont l'ar- bre environne deceRclTort, porte à l'une de fcs extiémitcz la Vis fans fin avec fa Roiic : i^. La Fufée avec fa chaîne par laquelle le grand Reflbrt la tire ^ fait rouler cette chaîne fur le Barillet : 3°. Le Ba- lancier avec fa verge 5: fes deux palettes : 4°. Le RelTort fpiral ou le petit Reiïort , placé fous le Balan- cier, & qui règle le mouvement de la Montre : 5°. Les RoLies , favoir celle de rencontre qui hit mouvoir le Balancier ; la Roiie de champ ; la grande ou la première Roiie , îirée immédiatement par la Fufée % la féconde ou la grande Roiie moyenne ; & la troifiéme ou petite Roiie moyenne : 6°. Les pignons ou petites roues d'acier dont les aîles s'engrainent dans les dents des grandes Roiies. L'ouvrage fitué en- tre la Cage & le Cadran fe réduit au pignon de rapport , fixé com- munément fur l'arbre de la grande Roiie 3 & deftiné à faire mouvoir «elle du Cadran , laquelle porte RE, 1751. y;j l'aiguille. Nous nous bornerons ici à cette fimple énumeration àç.% principales pièces qui compofent les Montres ordinaires , 6iC que cha- cun par la feule infpeâion de la flenne , pourra rcconnoîrre aifc- ment; & nous renvoyons à l'Auteur même & à fes figures , fur tout ce qui concerne la ftrudure des Hor- loges à pendule, à fécondes, à fon- nerie &: à répétition. L'art de calculer les nombre"! pour la fabrique des Horloges , cil traité avec étendue dans le II. Cha- pitre , partagé en cinq Seiflions. L'Auteur ,dans la première, don- ne des règles générales & prélimi- naires pour ce calcul. Voici en quoi il confifte. Comme les Horloges fervent à mefurer une longre durée de tems par de petits inftans , c'cft- à-dire par de petits coups ou de pe- tites vibrations j les jours , pat exemple , les heures & les minutes, par les coups du balancier & par les vibrations du pendule : le calcul eft abfolument neceffaire pour la juftc diftribution de ces coups ou vibra- tions entre les roiies &; les pignons, enforte que ces pièces , par leurs différentes révolutions , pulflent mefurer le tems avec toute la régu- larité poifible. Il faut pour cela concevoir en premier lieu , qu'une roiie diviféc par fon pignon indique combien ce pignon fait de tours pour un feul tour de la roiie : ainfi une roiic de éo. dents faifant mouvoir un pi- gnon de 6. lui fera faire 10. tours pendant qu'elle n'en fera qu'ua Bbbij 5;4 JOURNAL D feul. Sur quoi l'on doitobfervcr ^ que les roiies menant les pignons depuis la fufcc jufqu'au balancier , les pif;nons font plus de tours que les roiies dans lefquelles ils engrai- nent j au lieu qu'ils en font moins depuis la grande roiie jufqu'à la roiie du Cadran ; c'eft-à-dire , que le pignon , dans l'exemple allégué , doit faire lo. tours pour ne taire tourner la roiie qu'une feule fois. Cela s'exprime ainfi en chiffres. É ) éo ( lo. 6 font les aîlcs du pi- gnSn -, éo , les dents de la roiie qui mené le pignon ; i o , les tours ou révolutions de celui-ci. Pour trouver maintenant com- bien de tours doit faire une roiic ou un pignon à quelque diftance que ce fait d'un pftmier dont le nombre des révolutions par rap- port à un feul tour de la roiie dans laquelle il engrainc , foit connu ; il faut multiplier l'un par l'autre les quotiens ou les nombres des révo- lutions de tous les pignons dont il s'agit, &le produit eft le nombre des tours cherché Mais le princi- pe fondamental de tout l'art eft de déterminer le nombre des coups du balancier , après avoir trauvé celui des tours des rolies.Poury parvenir, le nombre des tours que fait la roiie de rencontre pour un tour de la roi-ie que l'on cherche , étant trou- vé ; il faut multiplier ces tours de la roiie de rencontre par le nombre de fes dents , & le produit donne la moitié des coups dans ce feul tour de la roiie. Par exemple , la roiie de rencontre faifant 720 tours pour un feul delà grande roue à So. dents > ES SÇAVANS; ce nombre yzo multiplié par les \J dents delà roue de rencontre pro- duit 10800 qui eft la moitié des coups du balaficier pour un tour de la grande roue 80. où il faut remar- quer que le balancier a deux coups pour chaque dent de la roué de ren- contre , parce que chacune des deux palettes du balancier fait fon coup contre chaque dent de cette même roue. De cette idée générale du calcul^ M. Derham , dans les Seéfions fui- vantes , palTe à un détail plus parti- culier touchant la manière de calcu- ler les nombres , non feulement pour les Montres communes , mais encore pour celles qui font à minu- tes & à fécondes : touchant celle de calculer les lonncricsdcs Horloges, des Qiiarrs & du Carrillon ; tou- cbant le calcul pour divers mouve- mens celeftes applicables à une Horloge : tels font les jours du mois , l'année , l'âge de h Lune , Is flux & le reflux de la mer , les Pla- nètes 6c leurs Satellites, le mouve- ment des étoiles fixes, &;c. Prefquc toutes ces opérations roulent fur la rcgle de trois ou de proportion di- rcdlc. L'Auteur a fait noter ici deux Carrillons , dont l'un eft l'air du Pfeaumc 100. & l'autre eft un Me- nuet Anglois d'un tour bizarre & fort éloigné du goi^it François. Nous ne faifons qu'indiquer tous ces arti- cles qu'il faut lire & étudier dans le Livre même. Nous pafterons auftî fort légère- ment fur les cinq Chapitres fuivans (III.IV. V. VI. VIL) dont nons nous contenterons de donner les s E PT E M B Sommaires. Le Chapitre III. con- tient la méthode de changer les vieilles Pendules à balancier en Pendules modernes ; celle d'a- jouter quelque nouveau mouve- ment à un ancien ouvrage , ou de faire quelqu'autrc pareil change- ment. L'Auteur dans le Chapitre IV. enfcigne à mettre les roues Sc les pignons dans une jufte propor- tion , (uivant'l'Afithmétique & la Méchanique. Il traite des Pendules dans le Chapitre Y.&c remarque en premier beu , que de tous les mouvemens connus , il n'y en a aucun qui mc- furc le tems avec autant de jullciïc qu'un Pendule : ce qui n'empêche pas cependant que les Horloges à Pendule ne foient fufccptibics des variations caufées par l'inégalité de la température de l'air (c*eft-à-dirc le chaud & le froid , la rareté &: la deniîté ) par la faleté , &c. &: plus le Pendule eft court, plus il eft lu)ct à ces inconveniens. Rien n'y remédie puis efficacement que d'allonger la verge du Pendule , d'eu rendre la lentille plus pefante , & de faire enfortc que fa vibration s'éloigne de fa polirion le moins qu'il eft polliblc, ce qui eft à prefent l'ufagc le plis commun en Angle- terre. L'Auteur fait mention d'une autre manière de perfedionner les Pendules , laquelle eft due au cé- lèbre Chriftien Huygens , & qui confifte à fai;e joiier k partie fupe- rieure de la verge du Pendule entre les deux verges d'une Cycloïde ; fur quoi l'Auteur nous renvoyé au Li- vre de l'ingénieux Hollandois , RE; 173 r- TJJ ajoutant que cette Méthode eft un peu tombée depuis l'invention de la roue à rocher , (jifi eft f refente- ment engloutie ( nous dit-il ) fAr les Pendules k fécondes. Cette cx- preflion pour devenir plus intelli- gible auroit bcfoin d'être comparée avec le Texte Anglois. M. De- rham obfcrve au fujet des Pendules que plus leurs vibrations font gran- des , plus elles vont lentement^ d'où il arrive que les petites Pendu- les à roues de rencontre vont plus vue dans le froid 6c lorfqu'elles- font fales , qu'en tout autre tems. L'Auteur , pour fixer la mefurc de tous les Pendules , choifit, pouï fcrvir de règle , un Pendule qui bac les fécondes, & dont Huygens dé- termine la longueur à 3 pieds 8 li- gnes-^ mcfure de France ■, bien en- tendu qu'on prendra cette longueur depuis le point de fufpenfion juf- qu'au centre d'ofcillation. La lon- gueur du Pendule à fécondes étant ainfi dérevminéc , il fera aifé de trouver les vibrations ou les lon- gueurs de tous les autres Pendules , puifque les quarrez des vibrations font en rapport réciproque de ces longueurs. Les Logarithmes abré- geront beaucoup l'opération. L'Au- teur donne ici une Table toute cal- culée pour les Pendules de différen- tes longueurs , laquelle indique le nombre des vibrations dans une minute &: dans une heure depuis ua pouce jufqu'à 100. Quant à la correffion des mou- vemens des Pendules , M. Derhanr préfère à la méthode ordinaire [ quoique pcrfeditonHée par la Ti^ ^^6 J O U R N A L D ble de Smith ] celle de Huygens , félon laquelle on faitglifTer le long de la verge du Pendule , un petit poids ou une petite lentille au-dcf- fus de la balle qui eft fixe. Mais l'Auteur voudroit qu'on n'eût re- cours à cette petite lentille , que pour des corredions fines &c délica- tes ; & qu'on ajuftât la balle de manière qu'en la haulTant 5c en labailTant, on pût l'approcher de la juftcrtc le plus près qu'il feroit pollîble. il donne ici une Table des variations qui arrivent dans la mar- che d'un Pendule pendant 14. heu- res , en hauffant ou en baiffant la grande balle. Il propoCe^dans le VT Chapitre; quelques nombres propres à divers mouvemens , pour exercer non fculementles Lecteurs, mais enco- re pour aider ceux que le dctaut de loilîr ou d'expérience empêche d'atteindre d'eux-mêmes à ces dif- ferens calculs. Il en dKpolc ici les nombres fuivant la méthode ordi- naire des Horlogers, un peu difte- rente de celle qu'il s'eft ptefcritc dans tout ce Traité , mais qui ne laiflfc pas [ dit-il ] de reprefenter une pièce d'ouvrage fort kvantageu- fcment Ss. alTez naturellement. Par- mi ces nombres il y en a onze pour les différentes fortes d'Horloges ou Pendules fonantes ; fix , pour les Automates deftinés à indiquer les raouvemens des corps celefies ; & cinq pour les Montres de poche. Dans le VIP Chapitre, M. De-' rham nous inftruit de la manière dont on doit gouverner les Pendu- les, l'accompagnant de Tables pour ES SÇAVANS. cet uiage ik pour d'autres , concer- nant l'Horlogerie.Outre ces Tables, il met lous les yeux quelques In- ftrumens Chronométriques , trcs- utiles pour ce même ufage. Les uns & les autres fervent à l'équation des jours naturels, dont l'inégalité vient cn^artie de l'excentricité de l'orbe terreltre , & en partie de l'o- bliquité de l'Etliptique. Il faut donc en mefurant par leSoleil & par les Horloges Automates la durée du tems , en diftinguer de deux ef- peces i le tems ég^l indiqué par les Automates, où tous les /ours font égaux ; & le tems apparent , mar- qué parlesCadrans Solaires. Ce font ces variation? que nous découvrent les Tables imprimées ici j & dues à M. Flamjiiid , qui le premier a démontré cette inégalité des jours naturels. Se Ta mife hors de doute , contre le fentiment de divers Auteurs Se de Ptolomée lui- même , qui n'a connu ce fait que très - impatiraitemcnc. Ces Tables peuvent fervir pendant plulîeurî années , étant drelfées pour l'année biilextile & les trois fuivantes. Il faut régler l'Horloge précifémcnt à midi , pour éviter les rcfradions 01* quelqu'autre erreur du Cadran So- laire ; & û l'on a une bonne ligne méridienne on doit s'en fervir. Pour la trouver, l'Auteur propofe ttois Méthodes , dont la dernière qui ell la meilleure , dépend d'un Inftru- ment décrit ici , & repre fente dans une planche , Se dont l'Auteur fpecifie toutes les uciliccz. A ce dé- tail fuccedent trois Tables , l'une quiaiontre de combien le jour fo- s E P T E M îaire eft plus long que celui du pre- mier mobile , l'autre pour les va- riations qui arrivent dans la vérita- ble heure du jour , par la refraifliop. du Soleil dans l'Equateur & les deux foliliices ; la troifiémequi fait voir tout d'un coup les parties du tems, fans qu'il foitbcfoin pour ce- la de recourir aux opérations en- nuycufcs de la réduction. H. Il nous refte maintenant à rendre compte de l'Hiftorique de ce Traité , c'eft-à-dirc de l'Hifloirc générale des Montres &; dcsPciidu* îes , & de leur antiquité. L'Auteur la fait remonter jufqu'au Cadran du Roi Achas , le plus ancien monu- ment de cette efpece ( dit-il ) dont nous ayons connoifTance ; mais fur la ftrudrure duquel on ne peut ( félon lui ) rien établir de bien cer- tain. Il ajoute que les Grecs 6i les Romains connoifToient deux ma- nières ds mefurer le tems ; les Clc- pfvdrcs ou Horloges d'eau , & les Cadrans Solaires •, &: au fujct des premières il cite Suidas & Phavori- nus ( que l'Imprimeur a défigure en lifant dans fa copie Phavannas.) Cenforin ( dit-on ) fait P. Corne- lius-Naiîca Inventeur de ces Cle- pfydres i &: Pline en attribue l'in- vention à Scipion - Nafica le Cen- feur , environ iÇo. ans avant J.C. Mais fuivant ces deux Auteurs La- tins (continue-t-on ) celle des Ca- drans eft beaucoup plus ancienne > puifqu'Anaximcne de Milet con- temporain de Pythagore & par confequent du Prophète Daniel , fit à Lncédemone le premier Cadran. Quanî aux ancienncsMaLhincs , B R E , I 7 3 I. SSl qui peut-être pourroient pafTer pour des pièces d'Horlogerie ; l'Auteur allègue , i". celle de Denys vantée par Plutarque dans la Vie de Dion: 2'. Celle de Sapor Roi de Perfc, faire de verre , Se au centre de la- quelle ce Roi étant alîls voyoit le- ver &c coucher les Aftres : 5°. Cel- le que décrit Vitruve , dc qu'un flux égal d'eau faifoit mouvoir. Voici comme en parle cet ancien Architcfte dans la verfion Françoi- fe du favant Claude Perrault. » L'eau qui coule également dans x> cette machine par un petit trou , » fait élever un morceau de licge ou » un vaiiTeau renverfé , que IcsOu- M vriers appellent Tympanum fur "lequel eft une règle & des roues n dentelées également , enforteque » par le moyen de ces dents dont M l'une pouffe l'autre , ces roues » tournent fort lentement. Il fe faic » encore d'autres règles & d'autres >> roues dentelées de la même ma- » niere , qui par un fcul mouvc- » ment en tournant produifenc »jplu(lcurs effets, & font remuer ndiverfement de petites figures à » l'entour de quelques Pyramides , M jettent des pierres en forme » d'œufs, font fonner des Trompet- » tes (S: de telles autres chofes , qui » ne font point de l'cffence de » l'Horloge. On en fait auflî en n marquant fur des colonnes ou fut »des pil aftres , les heures qu'une » petite figure-montre avec une ba- »> guette pendant tout le jour, a )> mcfure qu'elle s'élève de bas en M haut. Or afin que la grandeur des » heures , qui eft inégale & qui J58 JOURNAL DE ij change tous les mois , & même wtous les jours , foie exadcmenc n marquée , l'on ajoute ou l'on ôte ïjdes coins qui arrêtent l'eau &c em- » pèchent qu'elle ne coule vite. »> Pour cela on tait deux coins , j> dout l'un eft creux Se l'autre foli- n de , tous deux arrondis fi jufte , »j qu'entrant l'un dans l'autre ils fe » joignent parfaitement ; de forte » que par une même règle , en le? » ferrant ou en les lâchant, on peut >3 donner plus ou moins de force au 5j cours de l'eau- Et c'eft par de fem- » blablcs artifices que l'on fait des » Horloges avec de l'eau pour le Mtcmsde l'hiver. « Ctefthins l'In- venteur de cette Machine [ dit-on] floriflbic environ 140. ans avant J. C. & pouvoit être contemporain d'Archimede. A l'égard de l'Horlogerie telle que nous la connoiffons , on la croit beaucoup plus moderne , puif- qu'on fuppofe qu'elle n'a commen- cé à paroître que depuis environ 200. ans, & que c'eft en Allema- gne qu'elle a pris naiffance. Mais notre Auteur lui donne une datte beaucoup plus ancienne, fondé fur ces deux preuves ; l'une , qu'Ar- chimede , au rapport de Ciceron , inventa une Sphère , qui montroic le mouvement de la Lune, du So- leil &: des cinq Planètes , ( Clau- dien l'a décrite en beaux vers ) l'au- tre , que , fuivant le témoignage du même Ciceron,il y avoitdes Ca- drans Solaires décrits par des lignes; comme les nôtres -, qu'il y avoit aulli des Horloges d'eau ; mais que J^ofidonius , en dcrniei Iku , avoit S SCAVANS; inventé une Sphère , dont les mou- vemens répondoient à ceux du So- leil, delà Lune & des cinq Planè- tes , tels qu'ils fe font aux Cieux , tous les jours & toutes les nuits. On ne fauroit douter [ ajoute l'Auteur] que toutes ces Machines ne fuffent des pièces d'Horlogerie , puifque leurs mouvemens journaliers & an-- nuels t comme l'attefte la dcfcri- ption , répondoient à ceux des corps celeftes. Les fiecles de barbarie qui firent prefque oublier les Sciences 5c les arts , n'épargnèrent pas celui dont il eft qucftion-, & quoique, félon le fentiment de quelques-uns, Boë- ce l'eut inventé, ou,pour parler plus jufte, rétabli en quelque forte dès Tan 510; M. Derham ioûtient que fi Regiomontitnns, vers la fin du 1 4' fiecle, n'a pas été le reftaurateur de l'Horlogerie , il eft toujours certain qu'on vit renaître cet art avant Cardan, puifque celui-ci , qui vi- voit il y a près de deux fiecles , en parle comme d'une chofe commu- ne de fon tems. L'Auteur fait men- tion d'une magnifique Horloge , faite pour Henri VIII. Roi d'An- gleterre , & d'une Montre qui al- loit une Semaine entière 5: qui ap- partenoitau même Prince. Il décrit l'Horloge furprenante de la Cathé- drale de Lanien en Suéde , &: ren- voyé au Jefuite 5<:W;/« fur divcr- fes pièces de ce genre très - curieu- fcs. Il vient en fuite .1 l'invention des Horloges à Pendule , 6c remarque d'abord que les Aftronomcs en vue de procurer plus de juftelfe à leurs obfervationsj s E P T E M B 't&feïvatlons , y ont employé des Pendules , avant qu'on les eût ap- pliqués aux Horloges. Selon Stitr~ mins ^ Riccioli en fit ufjge le pre- mier pour rAftronomie; Langrene^ Vandelin ^ Merfenne , Kircher ^ Sc plulicurs autres, fe font en ce point rencontrés avec lui ; mais c'cll Chriflien Hiiygens qui le premier en a fait l'application aux Horlo- ges des 1657 & 1658, quoique plulieurs ayent voulu s'en faire honneur. On allure pourtant , dans le Recueil des expériences de l'A- cadémie dd Cimenta , que ce tue Galilée , qui le premier imagina cette application , mife en pratique par f^ifieentio fon fils dès l'année 1649 j ce qui efl: confirmé par le té- moignage de Jcan-Joachim Be- sher , allègue par l'Auteur. Quoi- qu'il en foit , il eft certain que cette invention n'a eu la vogue que de- puis la publication qu'en a faite Huygens. Fromentil , Horloger Hollandois en fit les premiers ef- fais en Angleterre vers l'année 16^2. Cette méthode de Huygens des Pendules à roucs de rencontre, mobiles entre deux lames cycloïda- ieSj continua d'être la feule prati- quée en ce Pays-là , jufqu'à ce que Clément , Horloger de Londres , inventa ( au rapport de Smith) la manière de réduire les vibrations des Pendules à une moindre diftan- ce i ce qui eft aujourd'hui [ dit l'Auteur ] la méthode univerfelle &: la féconde , ceux du même Auteur , qui n'ont pas encore vu le jour, & qui font rcflés jufqu'ici Manu(crits dans dif- férentes Bibliothèques d'Angleter- re. L'Editeur eft perfuadé que bien des Sçavans feront furprisd'y trou- ver que des découvertes faites de- puis environ deux cens ans, n'ê- ^ £ P T E M toient pas chofcs inconnues dutcms de cet Ecrivain. Ce volume de l2o feuilles au moins &C qui fera enrichi de plu- fieurs phnches gravées, coûtera cri petit papier' une guinéc, donc on payera la moitié en foufcrivant &c l'autre moitié en recevant l'exem- plaire en blanc. 11 s'en tirera un petit nombre d'exemplaires en grand papier & qui feront de deux guinées pour ceux qui voudront ioufcrire. W. IfJ^ys Th. Vt^oodvvard,^c, délivrent aux Soufcripteurs le Livre de M. W'ilkjns, intitulé : Qiiin(jne Libri Moyfii Propheta, in Lingnà t/^"^yptiâ , ex MJi. f^atiCAno , 'Ta-' rijïenjî , & "Bodleiano deÇcriffit ac Lettinèvsnit David WilkinSj;»-4°. Le même /w7jt délivre auili aux Soufcripteurs l'utile 6c curieux Dic- tionnaire des Jardiniers , compofé en Anglois par le fieur Philippe Miller , Jardinier du Jardin de Médecine de Chelfea , in-foL Le fécond Volume in -fol. des Oeuvres de Tncite , traduites en Anjlois par M. Gordon ^ paroîc chez 7 h. Woodvvurd. Ce Volume contient les cinq Livres de l'Hiftoi- re , les Mœurs des Germains , &la' Vi^- d'Agricola, avec un Difcours politique du Traduûeurfur Tacite. M. Th. Dais Dodeur en Mede- cme , a fait imprimer chez N. PrevofiÇs. T.-adudion Angloifedes Entreti-.ns Philojophitjues , ou nou- veau S-ftême Philofophique en Dialogues, du 1^ Rcgnault .]e(mte , en j. vol. in-î". accom[iagnée de Notes U d'un très-grand nombre ^ R E I7Î r; y^^ de planches gravées. Un Anonyme vient de donner une Brochure Latine contre les Prolégomènes fur une Edition nou- velle du Nouveau TeflamentGrec, imprimés à Amfterdam , & donc nous avons parlé dans un de nos Journaux de cette année. Voici le titre de cette Brochure : Spéci- men Animadverfionitm in Prolego- msna in Novi Tefl,imenti GrttciEdi-^. tionemaccuratijftmamynnperAm^do-', dami édita. Les lùiaptons débitent Robertt WeJfied Tantamen d€ variis Homi~ finm natttris , remediijtjne ad (ingii~ las accommodandis, ubi morbt earurn^ feu fmpliciitm five mixtarum affines notant ur ; ex quibits nata fymptoma-' tnm diver/itas cxpUramr , ipfafcjue [iwandi rationes d.cducuntur. in-8°o Nous devons reformer ici une rtiéprife qui nous efl échapée dans un articb de nos Nouvelles de Londres du mois de Juin dernier , où nous annoncions une nouvelle Edition des Odes d'Horace par les foins de M. It^ade Chanomc de Lincoln. Nous y avons dit que le point après nobilis & le te au lieu de me dans la première Ode du pre- mier Livre , étoient de cet Editeur. Nous avons- été mal informes : cette corretfion , quel qu'en foit le mérite, ne fe trouve point dans l'Edition dont il s'agir. C'efh une erreur que nous indiquons avec d'autant plus de plaifiï , que nous ferions fâchés , en attribuant à d'autres des découvertes en quel- que genre que ce foit , qui ne leur appartiennent pas , de priver les- ■ ;^4 JOURNAL D véritables Auteurs de l'honneur qui leur en peur revenir. FRANCE. Paris. PicrK Gandokin , Quai des Au- ^uftins , à la Belle Image , achevé d'imprimer en 8. vol. in-\i. toutes Us Oraifons ds Ciceron , traduites en François , avec des Remarques par M. de ViUefore , déjà connu par di- vers Ouvrages dont le public a jugé favorablement. Comme depuis M. diiRyer , on n'a point de rraduûion complette de toutes les Oraifons de Ciceron , ileft à préfumer que cel- le-ci fera d'autant mieux reçue , qu'elle a été faite fur les meilleures Editions Se les meilleurs Commen- taires. Philippe- Nicolas Lottin , rue faint Jacques , proche faint Yves , à la Vérité , a imprimé les Gémijfe' mens d'un Cœur Chrétien ^ exprimés ■dans les paroles du Pfeaume cxvni. Beati immacnlati m via , &:c. avec de courtes prières touchantes fur difïcrensfujcts. ParM. H*** 1731. in-12. 2. vol. Cet Ouvrage virtit d'un Auteur cclcbre par fa fcicnce & par fa pie- ré. Il a d'abord été écrit en Latin , de imprimé à Liège en i6S/\.. fous le titre ty^g^it anims. & dolorem fuum lenire conantis fia in Pf. 1 1 S. Soliloçuia. En 1685. un Auteur Anonyme , qu'on croit être M. Leroy ^ Abbé de Haute-Fontaine , le fit imprimer en François à Paris , chez JoJJet , fous le titre de S/eldo- ^ues fur le Pfeaume 118. Bcati im- maculati , continam Us fisnres Ca- ES SÇAVAN5, noniaks. Comme cette TraduAion, ainfi que l'original ^ étoit devenue extrêmement rare , on a cru rendre un grand fcrvice aux perfonncs de pieté , en leur en donnant une nouvelle , qui cft fort diffé- rente pour le ftyle , ôc pour la fidé- lité de celle de M. l'Abbé le Roy, Oefl tout ce que nous croyons de~ voir extraire de l'avertifTemenc qui eft à la tête de ce Livre auquel le Tradudcur ou l'Editeur donne de magnifiques éloges. Cantiques Spirituels de PAmonr divin n pour l'inftrudion & la con- » folation des Ames dévotes. Corn- n pofés par le Révérend Père Surin M de la Compagnie de Jefus. Nou- » velle Edition , revue , corrigée Se n augmentée de plulieurs beaux •'Cantiques , choilis dans divers J5 Auteurs bien approuvés , propres »> pour élever , entretenir 5c unir » l'ame avec Dieu. Appropriés aux M trois Vies , pu-gative , illumin/tti- nvâ Se nnitive , & à la louange des » Saints nouvellement canonifés. » Avec les airs notés des Cantiques, n Du fond de Librairie d'Edmc n Couterot , & fe vend à Taris , an n bon Pdftiitr , rue de la Harpe, vis- « à-vis la rue des deux porte?. 173 r. Ces airs notés ne font autre cho- fe que des Vaudevilles dont on fçaic que les conimencemcns mê- mes font quelquefois un contrafte afTez fingulier avec le fujet qui eft traité dans les Cantiques qui les fuivent : mais ces fortes d'Ouvra- ges demandent d'être lus avec la, même fimplicitc , qu'il eft .i préfu- s E PT E M mer que les Auteurs OHt eue en les compofanr. M. Silhouette vient de faire réim- primer chcT. Qrijll^x , rue Galandc, Ir petit Ouvrage qu'il avoit publié en 1719. lous le titre ^UèegenerA- le au, gouvernement & de U Morale des Chinois > tirée fartieHÏieremtnt dts Ouvrages de ConfHcins. Cette Edition elt accompagnée de trois Réponfcs de l'Autcuï à trois fortes de Critiques. Le pre- mier eft l'Auteur des Nouvelles Ecclefiaftiques , lequel attribuant au R. P. de Toumemine T Idée du GotiverKemem des Chinois, aulîl- bien qae les Réflexions politiques de BaltazardÇrananyttidmKS & don- nées au public en lyjo. parlemê- me M. Silhouette , s'attache dans fes Nouvelles du il. ^vrtl dernier à critiquer ces deux Ouvrages, & fur tout le Gouvernement Se îa Morale des Chinois. Le fécond Critique eft le Nouvellifie du Paï- najfe ^ qui a aulîî jiarlé de l'im i!?c de l'autre , 6c le troiliéme eft \ejoHr~ ff,;''l'tede T-rvoux ^ qui n'a attaqué que la Traduâ:ion des R.fi'jxions polit i mes. Sii.:grtiin &: Pierre Prault ^ Quiay de Gévres , au Paradis , ont en vente Les Privilèges des Suisses, ttsfembif aux accordés aux failles Impériales & Anfeattcjues , & aux habitans de Genève , rejidens en France. Avec un Traité Hsfiojï^ue & ToUticjHe , des alliances entre la France & ht treize Cmtons , depuis B R E , r 7 5 r. s6s Charles Vll.jufqu'k prefent. Et des ebfervations fur la Jujiice des Siiijjcs fondées fur les principes du Droit Pu- blie. Dédié à S. A. S. Monfeirrneuc le Duc du Maine. Par M. F'ofel Grand Juge des Gardes Suilfes ,' i73I./«-4°. Nous donnerons incefiTamnicnt l'extrait de cet Ouvrage. Hijloire du Théâtre Italien , » de- » puis la décadence de la Comédie »> Latine , avec des extraits & cxa- " mens critiques de plufieurs Tra- ogedies & Comédies Italiennes, «aufquelson a joint une explica- » tion des ligures , avec une Lettre » de M. Rouffeaii , &: la Réponfe >» de l'Auteur. Par Louis Riccoboni, «dit Ldio. « Tome II. chez An- dré Cécilleau , Place du Pont faine Michel , à faint André. 173 1. grand ««-8°. On trouve chez le même Librai- re une Carte Çeographiefue des Pays de Bierre dit deFontainehleau^deHu- repois , Gatinois & de partie de la Brie , dédiée au Roi. Par M. l'Ab- bé Guilbert ^ Auteur de la Defcrip- tion de Fontainebleau , qui fe vend chez le même Libraire. Cette Carte eft d'autant plus commode qu'elle fe peu: mettre dans la poche^n'ayant que quatorze pouces en quarré ; l'on y trouve les noms des Seigneurs de toutes Ic's Villes, Villages. Fiefs & Hameaux qui font dans l'étendue du Pays que cette Carte déciir. ^^6 Tantes à corriger dans le Journal ^Aouft 173 1. PAgc 479. col. 2. lig. 17. catilagineufe , ///"^i cartilagineufc : page 488. col. I. lig pcnult, Hifdanj ///f^Hildan: page 489. col. z. lig. 34. Arnault, Hfez Arnaud. TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Sept. 1731? REcueil de Pièces d'Hijloire & de Littérature , Tome I. p. 505 EJfai fitr l'£fprit , [es differens caniHeres & fis différentes opéra- tions , 519 Traité des Cens , &cc. 5 2« Sermons de M. l'Ahbé Anfelme \ &c. 521 Thérapeutique Spéciale, pour les fevïes périodiques pernicieufes , 52^ H Ivoire de Genève „ &c. 530 JHiftoire Littéraire de Milati , &c. 540 Dijfertation Hijlorique ^ touchant l'AhfolHtioa de VEglife des trois premiers /técleSyScc. 544 Dijfertation Apologétique de l'Ortodoxie de faims Perpétue & de fainte Félicité , 5ic. 547 Lettre de M. de Sal, . . : fur ^apparition des Efprits , &c. 551 'Le Traité d'Horlogerie pour les Montres & les Pendules , &cc: 551 ^QHvelles Lftteraires ^ y6i Fin de Ja Tablç;." L E JOURNAL sçavÀns, 1" 0 U R L'ANNE'E M. DCC. X X XL OCTOBRE. A PARIS, Cliez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. XXXI. 'AVEC AFJ'RQBATION ET FKIVILEGE VU KOY, L E JOURNAL DES SCAVANS; .s OCTOBRE M. DCC. XXXI. "Wf 4^ *^ «^ i^ «^ •*t^ "^ *^ ^^ "4^* <^ ■ «^ • «^ *4^ "^ ^4** "^ if^ ^#" DISCOURS SUR LA COMEDIE,. ou Traité HifiuricjHe & Dogmatique des Jeux ds Théâtre , & des autres Divertijfemens Comiques foiifferts ou condamnés depuis le pnmïer Jîécle de l'Eglife jufqiCk vrefent. Avec un Difcottrs fur les Pièces de Théâtre \ tirées de l'Ecriture Sainte, Seconde Edition , augmentée de plus de U moitié. Par le R. T. Pierre le Brun , Prêtre de l'Oratoire. A Paris, chez la Veuve Delaulnc, rue faine Jacques , à l'Empereur, 1731. vol. tn-iz. pp. 360. T)OUR bien juger de cet Ou- .avertit l'Editeur , failîr lebut^w P. vragc j il faut , comme en le Bntn ,^Hi efi de juflifier la prats- Oâotre. Dddij jyo JOURNAL D ti^tte de l'EgliÇe en excommuniant les Comédiens & en tolérant ceux qui vont aux SpeSîacles. Le P. le Brun ^ pour remplir ce deflein , raffemble plufieurs faits de la connoiflancc defquels dépend l'idée qu'on doit avoir des Specta- cles de diiïerens fiécles ; il rapporte en même-tems fur ce fujet les juge- mens desDovfleursdcrEglife & des Théologiens. L'Ouvrage avoir déjà paruanonymeen 1694. ;«-iz. fous le titre fuivant : Difcours fur la Comédie , oh l'on voit la révonfe ait TIoéolegien qui la défend ^ avec l'Hifioire du Théâtre , & lesfenti~ mens des DoEîeurs de l'Eglife , de- ■pHis le premier Jtécle jufqu'à prefent. C'étoient des Difcours que le P. le Brun avoir prononcés au Séminaire de faint Magloire pour répondre à la Lettre d'un Théologien qui ve- roit d'être imprimée à la tcte du Théâtre de Bourfaut , dans laquelle on fe propofoit de juftifier la Co- niedie ; Lettre imputée au P. Caf- faro Théatin , & que ce Religieux retrada peu après par un Ecrit qui eft rapporté dans ce Livre. Comme la Réponfe du P. le Brun étoit très- fuccinte, il penfa deflors à donner quelque chofe de plus étendu ; ce qui produidt le Traité que voici , lequel contient trois Difcours : le premier, qui regarde la Lettre du Théologien Défenfeur de la Co- médie , eft peu augmenté ; mais les deux autres , l'un où l'on fait l'Hi- ftoire des Jeux de Théâtre , l'autre ou l'on examine s'il convient de re- prefenter fur le Théâtre des pièces tirées de l'Ecriture Sainte , peu- ES SÇAVANS; vent palier pour entièrement nou- veaux par les augmentations conil- derables qu'on y a laites. Ce dernier même qui fut pro-, nonce en 1^95. dans le même Sé- minaire de S. Magloire à l'occadon de la Tragédie de Judith de M. Boyer , n'a point encore été impri- mé qu'ici. Au rcfte , l'fiditeur a inféré queU ques faits dont il croit que le P. le Brun auroit fait ufage s'ils s'étoient prefentés à fa mémoire. Il a pris foin encore d'extraire tout ce qui fe trouve contre les DivcrtilTemens Comiques , dans le Recueil de Ri- tuels & de Statuts Synodaux , que M. de Launoy a laiffé aux Minimes de la Place Royale. Recueil que le P. le Brun avoir indiqué dans un exemplaire de fon premier Ouvra- ge , enforte qu'on paroît s'être con- formé ici aux intentions de l'Au-, teur même. Voilà ce que nous apprend la Préface de l'Editeur , après laquelle on en voit une du P. le Brun , la- quelle a pour titre : Préface ou l'on examine s'il faut , ou r^iie Von ferme les Théâtres ^ ou que l'Eglife eej?e de een damner ceux qui les fréquentent r Cette Préface , comme on voit, concerne une matière importante, 6c qui mérite bien que nous nous y arrêtions un moment. Qiielle idée plus bizarre , dit l'Auteur des cara(5Veres de ce /lécle, que de fe reprcfentcr une foule de Chrétiens de l'un & de l'autre fexe, qui fe radcmblcnt à certains jours dans une Salle , pour y applaudir x une troupe d'excommuniés , qui O C T O B ne îc font que par le plaifir qu'ils leur donnent , èc qui cft déjà payé d'avance. Il nie femble qu'il tau- droit ou fermer les Théâtres , ou prononcer moins févéremenc fut l'état des Comédiens. Le P. le Brun commence fa Pré- face à peu près du même ton. // paroh bizarre , dit-il , fjue dans un Etat Chrétien , on prêche & on écri- ve contre la Comédie , cjiton déclare txcomnmniés ceux qui font profejfion de monter fur le Théâtre , & (jtiune foule de Chrétiens ne laijfe pas de saffembler prefqtie tous les jours pour applaudir a ces excommuniés. Ne faudroit-il pas fermer les Théâtres , eu prononcer moins févérement contre ceux (jui lesfré<]uentem ? Notre Auteur répond à cela que la reflexion femble naturelle &c ju- dicieufe , n mais que cependant » quand on fait attention au mal » que l'Eglife apperçoit dans les »' Spedlacles , aux foins qu'elle î> prend d'éloigner fes enfans de 3J tout ce qui peut nourrir des paf- » fions dangereufes , & à la con- î> defccndance qu'elle doit avoir M pour les Chrétiens foibles , qui 35, ne peuvent rompre leurs chaînes , " & qui peut-être ne les fcntent î> pas , on voit alors que l'Eglife n doit tolérer ceux qui vont aux jsSpedlaclcs , fe contenter de punir ») les principaux Adleurs , & faire n toujours exhorter les Fidèles à M fuir les Spedacles , jufqu'à ce n qu'ils foient defertés» Quand le P- le Brun dit que l'E- jrlifc doit tolérer ceux qui vont aux iSpcdacles > il ne faut pas croire R E ; I 73 T. ^71 qu'il entende parler d'une toléran- ce qui tienne de la permiflion. Il prétend que l'Eglife doit tolérer ceux qui vont aux Spciffacles , commu^aron toléra la multitude qui s'oublia Jufqu'à demander une Idole à la fabriquer & à l'adorer ^ & com- me^efus-ChriJ} a toléré Judas. On dira peut-être, s'objedc-t-il, que la Com-die empêche un grand nombre de defordrcs ; fur cela il de- mande fi la Cour & la Ville furent plus réglées, &: s'il fe fit moins de crimes fous Henri III. lorfqu'il eut appelle les Comédiens & qu'il les eut établis à Paris ? Du moins ,à\z-. il , ce n'cft pas le fentiment de Me- zcray & des Auteurs fes contempo- rains. Il ajoute que les Arrefts que le Parlement rendit contre les prc miers Comédiens prouvent le con- traire de ce que voudroient faire entendre les partifans de la Comé- die. Quoiqu'on ne puiffe pas perfua- der à tout le monde , continue le P, le BruH , combien les Spedaclcs font dangereux , l'Eglife n'eft pas moins allurée que tous les Théâtres, & toutes les perfonncs qui les tté- qucntcnt & qui les autorifent , ne font que de l'yvrayequi croît parmi les Chrétiens. Qiie veut-on qu'elle falfc , dcmande-t-il , Qii'elle ful- mine .'' qu'elle excommunie tous ceux qui vont à la Comédie? Rien, répondit-il, ne feroit plus impru^ dent, le parti qu'elle prend avec tant de fagelTc , eft de lai (Ter les Théâtres , de défabufer les peuples & de les détourner de ces vains» Speâ:açîes clefiaftiques , & qu'on auroit de "la peine à les excufer de péché » mortel, parce qu'étant confacrés »( à Dieu d'une manière plus parti- » culiere , ils doivent fe priver des »» divertidemensdu fiecle , <( on lui répond qu'fw v^ilà affe^ pour faire trembler les Comédiens & tins CSHX qui ajfijiem mx SpcUacUs. ES SÇAVANS; La railon qu'on en donne fe re« duitàceci : fçavoir, Que fila Co- médie eft une chofe indifférente par elle-même, on ne voit pas pour- quoi elle fera plutôt défendue aux Ecclcfialtiques qu'aux autres , &C pourquoi ceux-là quand ils y alîîftc- tont pécheront mortcllcmcnt;raifoiî qui fuppofe ce qu'on aura bien de la peine à fe perfuader dans le mon- de , que dès qu'un divertiffenienc cil illicite pour des Ecclefiaftiques il doive l'être pour toutes fortes de perfonncs. Mais indépendamment de cette fappofition à laquelle on prévoit fans doute que tous les Lec- teurs ne voudront pas foufcrire , on déclare cnfuite , que la Comé- die eft par elle-même illicite ; cjue du tems de fiinc Charles , bien det gens vadoient de ce diveniffement comme e]uel<]ues~ims en parlent encore aijourd'hni ^ pro nihilo putant , m^iis (jh; cela n'empêcha pas ce Saint yî chevelue d'ordonner que les Pré- dicateurs de fabnf croient là-deffus les peuples. Pour fortifier cette preuve , on obfcrve i*. Qiie n c'eft ainfi qu'en "ufent encore les Prédicateurs » d'aujourd'hui , « ne fe paffanc point de C.trême oit ces Prédicateurs ne parlent fo'Avem , & avec beaucoup de force contre les Spetlacles. %°. Que » fi quelqu'un s'avifoit » de faire un Sermon en faveur de » la Comédie , il pourroit bien 7> s'allurer qu'il ne rcmonteroic en w Chaire que pour reparer la taute « qu'il auroit faite. « L'on entend de là qre la Comédie e(l un di^ vertilfemcnt illicite pour coût \t pionde^ O C T O B Le Théologien ayant dit dans fa Lettre , que les Comédiens peu- vent jouer tous les j ours , parce (jiif tous les jours U fe peut trouver des par- ticuliers (jui "beuilletit prendre une re- ereatiott mederée , on infère de ces paroles qu'il n'excepte pas même le Jeudi Saint , le Vendredi Saim^, & le Jour de Pâques, Ss. là-defTus on s'écrie : » q Eglifc Sainte ! oit eft i> le rcfpcû qui vous eft dij , & la » fidélité que les Prêtres vous ont i) jurée ? Les Statuts Synodaux de jj vos Evêques &: la voix de tous 3> nos Prédicateurs nous font cntcn- « dre qu'on vous a fait une pîaye j) fenfilîle en Uillanr ouvrir le » Théâtre plufieurs jours civ Fcre , V 6i que toute votre conlolation « efl, d'artciidre que tous les Fidèles » feront détournés des Spedacles i} par les prclTantes exhortations des j) Prêtres , 5c en voici un , qui , la » tête levée, engage les Comédiens j> à ne fermer jamais leur Théâtre, » parce qu'il peut toujours fe trou- te ver quelqu'un qui fera bien i> aifc d'en avoir le divertilfemcnt. L'on prend occafiondelà de rap- porter quel eft le fcntiment de l'E- glife touchant les Jeux de Théâtre aux jours foicmnels. L'on n'oublie pas de citer là-defTus, après plu- fîeuts Conciles , le Traité que fainÉ Charles fit cornpofcr contre les Danfes 5c laComediei & on a foin d'avertir expreflemcnt qucdans ce Traité , fttint Charles conclud^u'il y a péché mortel d'aller le Dimanche i ta Comédie. Le P. le Brun auroit pià remar- jquer que i'jwenyon de fainj Chaj;-* les n'a pas été fans doute par cette conclufion reftridivc , de ralTurer ceux qui ne vont à la Comédie que les fimples jours de Fête ou les jours ouvriers , mais notre Auteur ne faitlà-delfus aucune reflexion. Le Théologien contre lequel il parle prétend que le Théâtre eft au- jourd'hui fort épuré, & qu'on n'y fouffie aucune Pièce qui ne foie tfcs-criànéf par rapport aux moeurs* Le Pj U . oppofe à cela le por- rrair peu fa/ -rnblc que M. Def- p eau,': , d ns fi Satyre contre les femmes , fait de l'Opéra , &; celui que M. Racine le fils , dans fon Épîtreà M. de Valincour, fait du Théâtre en gênerai , on y peut re- courir. Le P. le Brun ne fe borne pas aux reprefentations qui fe font fur le Théâtre , il condamne encore les Auteurs qui compofcnt des Comé- dies ou des Tragédies; &: il rapporte fur cela les vers de M. Pradon qui tout engagé qu'il étoit à fournir de tems en tems au Théâtre , n'a pii s'empêcher , dit le P. le Brun , de louer l'exemple édifiant que M. Ra- cine a donné au public en renon- çant à compofei davantage de ces fortes de Pièces. Que ne fuit-on les pas du modefte Ra* cine, Que le ciel aujourd'hui favorifc , illu- mine , Pleins des dons de la Cour, fur le point de vieillir j 1] méprife un métier qui vient d« l'^oi 574 JOURNALD Et faux goût s & un fot entêtement, »» comme vous diriez l'humeur des »> faufles Prudes , des Prccieufcs , »jde ceux qui outrent les modes, » de ceux qui s'érigent en Marquis , s>de ceux qui parlent fans ct^z de "leur noblelTe, mais qu'à l'égard «de la galanterie criminelle, de î> l'envie, de la fourberie , de l'a- ij varice , de la vanité , flc autres »chofes femblables , on ne peut »> avancer avec raifon quelaCome- «die leur ait fait beaucoup de mal. Le P. le Brun ne prévient point ici une réplique quelcspartifansde la Comédie ne manqueront pas de faire , qui eft que l'avarice n'eft nullement épargnée dans la Comé- die de l'Avare , ni la vanité dans celle du Bourgeois gentilhomme , ni la fureur du jeu dans la Comédie du Joueur , ni la mauvaife langue dans la Comédie du Médifant, &c. H ajoute avec Is même Auteur de la ES SÇAVANS; République des Lettres qu'il n'y a rien de plus propre que la Comédie pour infpirer la coqucterie , parce qu'on y tourne perpétuellement en ridicule les foins que les pères & les mères prennent de s'oppofer aux engagemens amoureux de leurs en» fans. Voilà en fubfiancc ce que c'cd que le premier Difcours du P. le Brun. Voici en quoi confiftc le fé- cond : Il eft divifé eniix Parties g dans la première l'Auteur fait l'Hi- ftoire des Jeux de Théâtre & autres DivertilTemens Comiques,foufferts ou condamnés, depuis l'Empereur Augulte jufqu'à la converfion de Conilantin , & expofe en mêmc- tems le fentiment des Docteurs de TEglifc fur cette matière. Dans la féconde, il donne l'Hi- ftoirc de ces mêmes Jeux depuis la converfion de Conftantin jufqu'à l'Empereur Honorius. Dans la troifiéme , il continue cette Hiftoire depuis la démolition des Temples au cinquième fiecle jufqu'au tcmsde Juftinien. . Dans la quatrième, il expofe le jugement qu'ont porté des Jeux de Théâtre , les Auteurs , tant Profa- nes que Sacrés , depuis Auguftc jufqu'à Juflinicn. Dans la cinquième Partie , il ré- prend l'Hiftoire des Jeux de Théâ- tre 8c autres DivettifTcmens Comi- ques , depuis l'cxtintflion de rido- latrie dans l'Empire , jufqu'à la naiiïance des Scholaftiques. Enfin dans la fixiéme , il montre ce que depuis ces Scholaftiques jufqu'à nous , on a jugé des Pièces de O C T O B àc Théâtre Se des Divertilleniens qui en approchent. Le P. le Brun entreprend d'abord de monttçr , i°. Qiic le DivcrcifTe- jnent de la Comédie cft mauvais , parce qu'il ell défendu. 2°. Qu'il eft défendu , parce qu'il efl: mauvais. A l'égard du premier point, voici comme il le prouve : il de- mande, 1°. S'il eft raifonnablc de venir toujours interroger l'Eglife , quel mal contiennent lesComedies? 2**. S'il ne doit pas fufiire aux Chrétiens deconnoîtrcles fouhaits de leur mère pour fe conformer à (es volontez i 3°. S'il ne faut pas être auflî mauvais Théologien que ie nouveau détenfeur de la Comé- die pour ofer dire : ^e croyais ijH^on défendit les chofes p^rce ejn'elles étaient maitvaifes , & non pas qu'el- les fitjfent mauvaifes parce qiCellss étaient défendues. Le P. le Brun pour prouver que ce raifonnement eft abfurde , a re- cours à deux autres demandes que voici : la première , i> eft ce que »i nous ne ferons point de fcrupule 5> de manger de la viande en C.uê- »> me , ou faudra-t-il fe perfuadec » que durant js,S. jours de l'année la »» viande devienne mauvaife pat V elle-même î La féconde, » croirons- nous » qu'il eft mauvais par foi-même de »j manger avant h Communion, » & lorfque l'Eglife ordonna qu'on » recevroi: le Corps de J.C. à jeun, M ne lui fuffit-il pas d'obferver que »les repas de charité qui préce- fodoient la Communion Eucbari- R E; 1751: J7; »j ftique étoient pour plufieurs un M fujet de diftîpation &: d'yvrogne- »» rief Pourquoi donc les Pafteurs >j de l'Eglife , après avoir obfervé » que la Comédie produit de niau- » vais effets fur plufieurs perfonnes, une pourront- ils pas la condam- ») ner abfolumenc ? Après avoir fait ces deux quc- ftions , l'Auteur dit que » l'Eglife » avouera , 11 1 on veut , qu on l'pourroit peut-être quelquefois ne » rien apprendre de mauvais à la "Cemedie, mais que ne pouvant » examiner tout ce qui s'y pafte , & » fçachant d'ailleurs que la Comc- » die eft fouvent nuifiblc , elle ne » peut accorder à fes enfans de s'al- » 1er cxpofcr au hazard d'offènfer » Dieu : Qu'ainfi donc elle défend » la Comédie généralement, &C que wdeflors la voilà mauvaife, parce n qu'elle eft défendue. Quant au fécond point , fçavoir que la Comédie eft défendue , par- ce qu'elle eft mauvaife, l'Auteur le traite plus au long , & c'eft le fujet de tout fon difcours où il fe propo- fede montrer quel a été le Théâtre depuis le premier fiécle de l'Eglife jufqu'à prefent , & pour quelle rai- fon les percs ont toujours condam- né la Comédie. La première Partie de ce fécond Difcours contient d'abord une Hi- ftoire des Théâtres depuis Augufte jufquà Conftantin , par rapporta leur conftrudion , à leur magnifi- cence 5c à plufieurs autres circon- ; ftances femblables tirées de la fça- " vante Diffcrtation de M. Boindia fur le Théâtre des Grecs 5c des Ro- Eee f^S JOURNAL D mains , mais fort étrangères au def- fein que l'on a de prouver que la Comédie cft mauvaifc par elle-mê- me -, après quoi l'on entreprend de montrer contre le Théologien dé- fcnfeur de la Comédie , que les Tragédies & les Comédies ancien- nes étoicnc fans comparaifon plus chartes que celles d'à prcfcnt ; l'on poufle la chofe jufqu'à faire de ces anciens Speâiaclesune peinture qui loin de les reprcfcnter comme mau- vais par eux-mêmes , les reprefente au contraire comme très-innocens en tout , Se même comme utiles aux mœurs , ce qui ne paroît pas s'accorder avec l'horreur générale qu'on s'eft propofc d'infpitcr pour toutes les Pièces de Théâtre ^ tant anciennes que modernes. Le Théologien qu'on réfute a dit.pour juftifier la Comédie d'au- jourd'hui, qu'elle n'cft par obfcenc Si licentieufe comme celle des an- ciens , & qu'ainfi ^le ne mérite pas la même condamnation ; le P. ïe Brun , pour ôter ce prétexte au Théologien , fait des Pièces de Théâtre de ces tems-là , l'éloge fui- vanr. » Montrons par des preuves po- .15 fitives que ces Pièces de Théâtre MCtoient fouvent plus honnêrcs Se M plus chaftes que celles d'à prcfent, "nous en jugerons par les règles »>dreffees Se ebfervées depuis Àu- " gufte , & par les Pièces qui nous » reftent de ce tems-là ; Horace »qui vivoit fous Augufte donna » ainfi les règles du Théâtre dans s> fon Art Poétique : la Tragédie , M dit ce Poëce, eft férieufe d'elle - ES SÇAVANS, >>même, elle a un certain aîr <îe M majefté qui ne s'accommode point » du tout du butlefque ; femblablc »cn cela à une Dame charte Sc »modefte, qui feroit contrainte de n danler par Religion à certains "jours de Fête- Qiiand on l'engage »i malgré elle à paroître avec des *> Satyres , elle rougit des qu'on die }> quelque chofe de trop libre , Si >»lorfque le même Poète marque ce » que fera le Chœur^qui doit toû- n jours être joint à la Comédie SC n à la Tragédie ^ il veut qu'il protc- » ge les gens de bien , qu'il foil- j> tienne les intérêts des vrais amis, » qu'il tâche d'appaifer ceux qui » font irrités , qu'il aime ceux qui " G .t en horreur le crime , qu'il » inpircde l'imour pour la tempe- n rji-icc , qu'il vante les mets d'une » tible où règne la frugalité , M qu'il loue la juftice fi falutairc »aux hommes, qu'il chante la tran- " quillitc Se la (ûreréqui accompa- j»gnc toujours la paix, qu'il gar- j>dc inviolablement les fecrets >• qu'on lui a confiés , & qu'il prie s>les Dieux que la fortune abandon- >» ne les méchans & vienne rem- " plir les delîrs des gens de bien. » Scaliger , M d'Aubignac, M; î' Defpreaux , 6c les autres qui ont M traité depuis peu des pratique» "du Théâtre, ont -ils donné des » règles plus pures, plus honnêtes, » plus louables ; Si des règles nous i> partons aux Pièces , vous verrcr » qu'on en rcprefentoir durant les >s premiers fiécles de l'Eglife , ou » CCS règles étoienc exaâcmcnt ob- »» feivées. O;CT0BRE, Ï751; X77 »5 Comme les Romains enten- la condamnation de ces anciens M doient la Langue Gréque , on ai- Jeux , où il n'y avoit point d'idola- »' moic à voir reprefenter des Pièces trie ; puifque , félon lui , ils étoient j» des Grecs ; celles de Sophocle d'ailleurs, fclon toutes les relies >> & d'Euripide ont toûiours été les les plus exaftes de la fagelTe &C des »j plus goûtées j & l'on ne peut bonnes mœurs. » douter qu'on n'y trouve le crime Voilà pour ce qui regarde la prc- »»puni, ôc la vertu recompenfée ; miere Partie , c'eft-à-dirc les Jeux »ricn n'eft plus beau que la morale de Théâtre depuis Augufte jufqu'à ï»que le P. ThomaOln a tirée de ces Conftantin , nous parfbns à la fe- » deux Tragiques au premier To- conde où il s'agit des Jeux de M me des Poètes voilà com- me on voit les anciennes Pièces de Théâtre bien juftifiécs , fi l'on en croit notre Auteur ; il joint ici à Sophocle & à Euripide, Seneque, Pomponius-Secundus , & Cornu- tus , Poctcs Tragiques , Se quoique les Pièces de ces deux derniers ne fe (oient pas confervécs , il précend c^u'elles étoient très-chaftes. Il parle enfuitedeTérence & dit qu'on re- gardoit les Comédies de ce Poète comme des Pièces ^«/ dévoient fer- vir à régler les mœurs & k corriger le ftce. Le Défenfcur de la Comédie prefentc foùrient que les anciens Jeux de Théâtre étoient non feule- ment obfcenes, mais pleins d'idolâ- trie , parce qu'ils fe celebroient en l'honneur des Idoles, & qucc'ellce qui .1 obligé l'Eglife à les condam- ner ; mais le P. le Brun , non con- tent d'avoir avancé que ces Jeux étoient trcs-chaftts , foûtient enco- re qu'il n'y en avoit que quelques- uns qui fe filTent en l'honneur des Dieux j & que cependant les Pères de l'Eglife ont condamné les uns & les autres. Ainfi on ne voit pas bien fur quoi le P. le Brun tait tomber Théâtre depuis Conftantin jufqu'à Honorius s voici en peu de mots ce qu'elle renferme : on y voit i '.Que Conftantin ayant cmbrafle le Chri- ftianifme, abolit les Jeux Séculaires comme faifant partie duPaganifme: i°. Que du tcms de cet Empereur , les Spedacles ne lailTerent pas de continuer : j°. Qiie les Chrétiens n'y alloient point , & qu'on regar- doit cela comme une vertu qui leur étoit particulière : 4^^. Qiie les Em= pcreurs Valentinien L Valens Sc Gratien permirent aux Evèques de donner le Baptême aux Comédiens qui dans une grande maladie vou- droient fe convertir , ôc qu'ils or- donnèrent en mêmc-tcms , que ces Comédiens convertis ne pourroien» être obligés de remonter fur le Théâtre : 5°. Qii'on détendit pat une Loi t^^iç.'Hie. ^défaire aucune in- fulte aux filles des Comédiens qui vi" voient d'une manière irreBrochable : 6°. Qu'entre les Loix de l'année 380. il y en a une donnée à Milan, laquelle ordonne aux Comédiennes de continuer à monter fur le Théâ- tre à moinsqu'elles ne foient Chré- tiennes & ne vivent dans la retrai- te. Qiie la même Loi fut renouveU E e c i j Si^ JOURNAL' DE lée à Aquilée en 381. avec cette rc- ftridiion que fi les femmes qu'on déchargeoit de l'obligation de pa - roître (ur le Théâtre par refpeâ; pour la Religion Chrétienne qu'cN les avoicnt enibralTée , menoient une vie déréglée , elles feraient con- traintes àe Jervir au Théâtre fans re- mijfion , toHt le refte de leur vie ; qu'en 585. Théodole le Grand dé- fendit d'entretenir dans les maifons ou de faire venir dans les feftins des Jkiuficiennes : 7'. Qu'environ l'an 330. l'Eglife dans le Concile de Laodicéc a défendu fimplement aux Ecclefiaftiques de fe trouver aux feftins où il y auroit des Muficien- ncsoudes Comédiennes : 8 ".Qu'en 386, le même Théodofe le Grand fit une Loi par laquelle il défendoit aux Juges d'afllfter foit aux Jeux du Théâtre, foit aux combats du Cirque, foit aux combats des bêrc:, que les jours feulement où l'on cc- lebroit lanaiiTance ou le couronne- ment des Princes , leur ordonnant en outre de n'y afllfter que le matin, «ie n'y diftribucr ni or ni argent , ce qui n'ctoit permis qu'aux Con- fuls, & d'empêcher tous ces Spec- tacles les jours de Dimanche : 5*. Qu'en l'année 393. il défendit aux Comédiennes les pierreries & les étoffes en broderie d'or & de foye , ne leur permettant que les étoffes fîmples de foye, 6i l'or aux brace- lets , aux colliers & aux ceintures. Qu'après cette loi les Comédiennes ne pouvant plus être confondues avec les Dames de la première qua- lité , cffayercnt de fe faire confon- dre jYCÇ les yierges Chtéticnncs en 5 SÇAVANS; prenant le voile blanc & un man- teau de couleur brune , ce qui Icue fut enfin détendu. Aitma publico habitH etiam Virginum ^ua Deo di- cat£ fum non Htmnrtir. On remarque en dixième lieu, que cette même Loi défendit de mettre le tableau d'aucun Pantomime , d'aucun Cocher du Cirque , Sc d'aucun Comédien dans les Porti- ques publics Si. autres lieux où l'on avoit coutume de placer les Images des Empereurs •, mais que malgré lesmefures que l'on prit pour détrui- re le goût du Théâtre , il paroît pac la Loi que l'Empereur Airadius doni a en 39^. ^ue l'air.our des Spec- tacles m laijfoit pas d'étr.' g.ave dans les cœ-trs de (juei^ues Chrétiens , ce Prince trop coniplaifant ayant per- mis par cette Loi de cilebrer les^citx Adajuma , quo.qu'à condition , comme portent les termes Latins, qu'on y conftrvetoit toujours l'honnêteté , &. qu'on perlcvere- roit à n'y blclîcr en rien la pudeur 6 la chafteté > ita tamen ut fervetur homftas dr verecundta cafiis moribus ferjeveret. Sur quoi le P. le Brun dit qu'on apprit bien-tôt par ex- périence , combien il clt plus facile d'abolir abfolument un divertiffe- ment dangereux , que de le rendre innocent en en retranchant tout ce qui eft viliblement mauvais. Voilà en fubftance toute la féconde Partie. Dansla troiziéme , qui eft celle où l'on traite des Jeux de Théâtre & autres divettiffcmens Comique» foufferts ou condamnés depuis la démolition des Temples au cin- quième fiéfle jufqu'autemsdc Jo:- O C T O B ftinicn , l'Auteur commence d'a- bord par rcprefenrer les Spedlacles de ces tems-là Comme une conti- nuation de ceux qui avcicnt ptccc- dé , c'cft-à-dire comme des acftes de fupeiftition & d'idolâtrie , où l'on ofFroit même des Sacrihccs aux faux Dieux , ce qui affurcment mérite bien qu'on abolir de tels Speitacles. Le P. le Brun cire là deffus une I ni d'Honorius qui cil: bien diuine d'aticntioi-. Vr prpha- Tio rititijinvjt^lahrt hgc fhhmovirtMs^ ita fejhs cou venrits civium & cotri' mnnem onininJû Utitii^m non patimur fiihrnQver'u IJnde ahfju: idle [acrifi- cio y at^ne ulla fnf>erj}itiune dAmna- bm , exl.b're fofulo voluptéttes , fe- cundttm vctenrn c^nfuetuainem , ini- re etiam fcfla convivia ^ Ji cjuando exilant piiHica vota , decernimus. C'eft-a-dirc: comme par une Loi falutaire , nous avons pourvii à ce qu'il ne fe palTe rien qui tienne des coiàtumcs proplianes , auflî ne vou- lon'.-nous pas interdire aux Ci- toyens toutes les afltmblces de re- crearion &' rous les divertifiemens publics. C't ft pourquoi nous vou- lons qu'il fuit permis de donner aux peuples des Spedacles agréables félon l'ancienne coutume , pourvix que ce foit fans Sacrifices & fans aucune autre fuperftition damnable; permettons aulll la folemnité des fefiins dans les occafions de rejouif- fanccs publiques. Le P. le Brun dit ici que ces retranchcmensdc toute fuperftition apparente ne fuffifant pas pour farlsiaire les Evêques & les Chrétiens fervens , ces mêmes Evêques & ces mcnies Chrétiens R E, 1731. j-yp ne ceflercnt de travailler à priver les Fidèles de tous les SpeÙacles. Pour le prouver il rapporte que faint Chryfoftome continua tou- jours à prêcher avec la même force contre les Spedacics , & que rrois ans après les Edits dont nous ve- nons de parler, il n'épargna pas dans fes diicours l'Impératrice Eudoxii époufe d'Arcadius , parce qu'elle avoir foujfrn des ^eitx dans un lieu tjii'un pouvait voir de CEglife , à l'oc- cafton de la Statué ijit'on élevoit à cette Impératrice. Cette circonftan- ce , que les Jeux dont il s'agit fc faifoient dans un lieu qui fe pou- voit voir de l'Eglife , & que c'cft cette raifon qui obligea faint Chry- foftome à blâmer l'Impératrice, ed: une circonftance que les partifans des Spciîlacles ne manqueront pas de faire valoir en leur Éiveur. Le P. le Brun , fans faire fort à la vérité de l'Hiftoire , auroit pu prévenir ici cet inconvénient. Il ne lui au- roit pas été moins facile en rappor- tant le faitfuivant, de s'y prendre avec certaines précautions. » Les Evêques des Villes d'Afii- » que , dit-il^ ne manquèrent pas » de prêcher contre les Spedlacles , »mais ils avançoient peu par leurs »> Sermons ; c'eft pourquoi dans un » Concile que Godcfroy place l'an >j i^^. &c Baroniusl'an 401. ilsrc- »»folurcnt de s'adrefTer auxEmpe- » rcurs & de leur demander trois » chofes. » La première de ne pas fouffric » aux jours de fêtes les ancienne» » rejouiflances venues du Paganif-., w me , parce qu'on y fautoit &c diOr, 58o JOURNAL D » foirihipudemmciudans les places 3V& dans les rues , 6c que les fem- M mes pieufes ne pouvoienc aller à nl'Eglife fans fouffrir des inlultes M & des railleries fur le chemin. n La féconde , qu'on ne fouffiît »> pas non plus les Spedacles de «Théâtre les Dimanches & les » Jours Solemnels. » La troifiéme , qu'on n'obligeât ») aucun Chrétien à ces Spedacles . >5 nec ûvonere etiam ^uem^uam Chrï- njtianum cbgi ad hic Speilacida. Le P. le Brun remarque enfuitc que par l'effet des guerres les Jeux de Théâtre furent abolis dans l'Af- fiique , dans les Gaules ôc autres lieux. Si l'on demande d'où vient que tant de Saints Papes , comme In- nocent \. Zozime , Boniface , Ce- Icftin , Sixte lU. Léon I. Hilaire , Simplicius , qui ont régi l'Eglifc depuis que tous les Magiftrats étoient devenus Chrétiens , n'ont pas fait ccfTerles Speâaclcs , le P. le Brun répond avec Gclaze qu'on ne levé pas tout à coup les obftacles, ic que U refiflance cjtCon trouve dans les Magiflrats ne fe furmonte pas facilement ; ■' Que Gélazelui-mcme » eut bien de la peine à faire ceflcr M la fupctftition des Lupercales. Mais il obferve que fous Jufti- nien la Ville de Rome ayant été entièrement défolée par Totila , les Spedlacles y cefTercnt abfolument , & celTerent de même en Provence, îorfque les François s'en furent ren- dus maîtres. La raifon qu'il en ap- porte auroit demandé quelque cor- fedif pour empêcher les partifans ES SÇAVANS, du Théâtre de s'en prévaloir -, cat outre celle de la guerre , il dit que les principaux Officiers étant tous francs, n'apprcnoient que le Tu- defque, & n'entendoient ni le La- tin ni le Gaulois , qu'ainfi ilsn'au- roient pu rien comprendre aux Pièces de Théâtre , & qu'on ne fc feroit pas aviféd'en faire compofer en Langue Tudefque, cette Langue ne tourniflant ni Poètes ni Orateurs-, une autre raifon encore qu'il joint à celle-là , c'eft que ces Jeux étant fondés & devant fe faire aux dépens du Fifc , les François n'auroient pii fe refoudre aux dcpenfcs neceffaires pour cela. Nous paiïons quelques autres re- marques pour venir à celle qui ter- mine cette troifiéme Partie; fça voir, quejiiftinien défendit aux Evêques, aux Prêtres , & aux Diacres d'alli- fter aux Jeux publics de dez, ni aux Spedlacles du Théâtre , d'où notre Auteur conclut que \es grandi Em- pereurs (jui ont toléré les Speïlacles étoient bien éloignés d'y ajfifler , ni d'approuver que les perfonnis de fit" té y ajftfiajfem. Le P, le Brun dit ici »» qu'après M avoir traité hiftoriqucmcnt,com- »ime il vient de faire , ce qui re- »> garde les Spedaclcs depuis Augu- »»fte jufqu'à Juftinien , il ne lui re- j»fte plus , pour achever de confon- »> dre les défenfeurs du Théâtre , qu'à » faire voirie jugement qu'ont por- » té de ces Jeux , les Auteurs tant w Prophanes que Sacres. «« C'efl: ce qui fait le fnjet de la quatriémç Partie de fon Difcours. Il y oublie d'abord ce qu'il i O C T O B voulu établir au commencement ; fçavoir , que les Specîlacles anciens ctoient cxtrcmcmenc chartes & modetles : ces mêmes Spcftacles ne font plus reprefentés ici que comme des Ecoles de vice , &: le P. le Brun en appelle là-dc(Ius au témoi^naj^e d'Ovide , de Scneque , de Tacite , dont il cite des palfages très-capa- bles de décrier l'ancien Théâtre par rapport aux mœurs. Il vient enfuite au Théâtre d'au- jourd'hui ; il applique à ce Théâtre pluficurs partages très- forts de l'E- criture , des Conciles & des Percs , il cite entr'autres faint Grégoire de Nazianzc , ^ui dit que Is Théâtre ejl l'Ecole de toutes fortes d'infamies et de débauches. Il cite faint Jérô- me qui , quelque goût qu'il eût pour les Bellcs-Lettics , appelle les Ouvrages des Poëres , DsmorJiim cibas , la nourriture des Démons ^ /& qui s'écrie nilleurs , détournons nos yeux des Sbidittcles du Circjue ^ du Théâtre , pnrce cju'ils fouillent l'ame & lui donnent la mort. Il cite faint Auguftin qui , dans fa Lettre au Comte Maicellin , dit que Dieu eft blafphemé par des peuples impies, & que l'on fe fait des Dieux en l'honneur defquels l'on puiffe faire paroître fur les Théâtres , des infa- mies qui déshonorent égalemenc l'ame & le corps. Le P. le B un paffe ici àfâ cin- quième Partie j c'eft-,;-dirc àl'Hi- ftoire des Jeix de Théâtre depuis l'exti-^dion de l'Idolâtrie dans l'Empi c , jufqu'à la naitTancc des Scholaftiques. Le premier fait qui fc piefente dans cette cinquième RE; 1751; j8i Partie , eft que du tems des ïcono- clartés on chilla les Moines de plu- fieurs Monaftcres , & qu'on ne rougit pas d'abandonner aux Dan- feurs 6c aux Farceurs ces habita- tions faintes , ce qui obligea le feptiéme Concile General à s'élever fortement contre de tels Spedacles. L'Auteur cite plufieurs autres faits fcandaleux, & il remarque que la licence des Jeux Comiques alla jufqu'à cet excès, que l'Empcreuc Michel III. s'avifa de hire tevctic d'habitsSacerdotaux quelques liber- tins pjur leur faire rcprefcnter les plus faintes fondions du Patriarche faint Ignace , qu'il vcnoit de chaf- fer du Patriarchat, il rapporte là- delTus que cet irreligieuv SpeSîacle donna lieu au feiziéme Canon du huitième Concile General , ijui expofe la douleur fenfîble avec lac^uelle on avait appris que des Laïcités s' étant revêtus d'habits Sacerdotaux avaient contrefait toutes les cérémonies de l'é- leUion , de la Confecratton ér d? là dépofittm des Evêques. Le Concile ordoiyna que fi quel- que Prince ou Empereur même fai- foit faire à l'avenir de femblables impietez , il fût privé des Sacre- mens & mis en pénitence. Nous partons plufieurs autres remarques importantes fur le même fujet. Le refte du Difcours eft un Re- cueil de ce qu'on peut alléguer der plus fort contre les Jeux Comiques qui ont été en ufage depuis l'extin- ûion de l'idolâtrie jufqu'à la naif-* fancc des Scholaftiques : loix de l'Eglife , loix des Princes contre CCS forces de Spe(îlacles , «en n'elît j82 JOURNAi; D oublié ; Nous renvoyons là-defllis au Livre même. La dernière Partie , fçavoir la fîxicmc , roule fur quatre points , 1°. Sur le fcntiment des ScholalH- ques au fujct des Théâtres ; 1°. Sur les Comédies ou Tras^é- dies qui fe reprefentoient autrefois dans les Eglifes ôc dans les Cime- tieres , & où les Ecclefiaftiques fai- foicnt eux - mêmes l'indigne fonc- dionde Farceurs. 3". Suc les Spedaclcs en gênerai. 4". Sur les objcdions qu'on a cou- tume de faire en faveur du Théâtre. A l'égard du premier point , l'Auteur foûtient que les Scholafli- ques n'ont rien dit qui puilfe tavo- rifer les Cqmedics , ôc que lorf- qu'on les cite pour approbateurs desSpedacles, on prend mal leurs paroles. En voici un exemple dont nous nous contenterons. S. Thomas permet fous trois conditions les Jeux dont il s'agit; la première, qu'il ne s'y commette rien d'indé- cent ou de nuifible ; la féconde , qu'ils n'interrompent point l'har- monie ou la fuite des bonnes Oeu- vres, & la troifiéme qu'ils convien- nent au lieu.au tems & aux pcrfon- nes. Or celapofé, dit le P. le Brun, on verra que la Comédie , celle mê- me qui ie joue aujourd'hui , n'eft nullement approuvée par S. Tlio- mas : premièrement , demande no- tre Auteur , » efl - il de Comédie M qui ne tende à exciter l'ambition, "l'amour du monde dc la concu- »pifccncc delachair ? en eft-iloù >» l'on ne trouve des mots à double » fens, 5c où l'on ne propofc com-^ ES SÇAVANS; »» me un Jeu & un divcrtiflement, "des galanteries qui devroicnt faire ï» gémir î & faut-il beaucoup médi- » ter pour y trouver des paroles & » des maximes illicites. Oui, Meflîeurs, continue le P. le Brun , « la plupart des Come- » dies font illicites &c nuifibles , par» >>ce qu'on y tourne perpétuellement » en ridicule les parens qui tâchent » d'empêcher les engagemens «amoureux & téméraires de leur* w enfans, » Elles font illicites & nuifibles j » parce qu'elles apprennent aux » femmes à tromper leurs maris , » comme la Comédie de Georges i> Dandin. )} Illicites & nuifibles , parce » qu'elles louent le crime & le M font commettre par des Divini- )> tez , comme dans celle del'Am» » phitrion. 5) Illicites & nuifibles, parce que » des Auteurs Comiques qui n'ont >j point d'idée |ufte delà véritable M pieté , fe mêlent de difcerncr la j> faufie dévotion d'avec la verita- }) ble , Se que fous prétexte de s'en }> prendre aux hypocrites , ils tour- » nent en ridicule tous les dehors i> de la pieté , comme dans le Tar. « tuffe. » Illicites & nuifibles , parce que j> fouvent on fait dire des impietez » d'une manière vive , éloquente , »? &C très-propre à perfuader, an lieu » qu'on ne fait combattre ces fenti- nmens que par quelque Aileur ri- » dicule , ou p.ir un Valet ^ comme » dans le Feftin de Pierre. Le P, le Brun vient enfuite aux autres O C T O B autres conditions que demande S. Thomas , puis aux Comédies qui fe jouoient autrefois dans les Egli- fes , & qui ont été abolies par de feveres ioix , tant de la part des Pafteurs que des Princes ; après quoi il revient aux Speftacles en gênerai , contre Icfquels il allè- gue la plupart des raifons & des au- toritez qu'il a déjà rapportées plus haut. Vient enfuite une Lettre où il répond à plufieurs difficultez qu'on a coutume de faire en faveur du Théâtre j & entt'autrcs à celles-ci : fçavoir , Que dans les Collèges des Je fuites & de l^ Oratoire , on repre- fente des Comédies & des Tragédies félon toutes les règles du Théâtre. Il montre qu'on ne peut rien conclure dc-là en laveur des Comédiens. La confequence que leurs Parti- fans pourroicnt tirer de ce qu'à Pa- lis on levé fur ces Comédiens une certaine fomme d'argent pour les pauvres , efl: ici abfolumcnr détruite parle P. le Brun qui foûtient, qu'en gênerai on doit regarder cet ufage comme illicite , n étant pas permis iJe recevoir des dons des Excommu- niés. Dans le dernier Difcours on examine , s'il y a. lien d'approuver cjue les Piecs de Théâtre foient tirées îde l'Ecriture Sainte. On fe propofe U-dciTus de montrer deux chofes: la premicre,que c'eft prophaner l'Ecri- iure que d'en reprcfenter aucuneHi- R E, 175 I- S^l ftoire fur le Théâtre ;" & la féconde, qu'on ne peut faire paroître l'Ecri- ture Sainte fur le Théâtre fans l'al- térer , &c l'altérer d'une manière dangereufc. La Judith de M. Boyer ell ici fort condamnée. Le P. le Brun ne dit rien des deux Tragé- dies faintcs de M. Racine , Atalic & Efther. Un Mandement de feu M.Flechier Evêque de Nîmes con- tre les Spedaclcs termine le Volu- me. Nous avons parlé plus d'une fois de femblables matières dans nos Journaux. On peut entr'autrcs con- fultcr lâ-deiïus celui du 28. Mars 17a. fécond Extrait. Celui du 9. Juillet 1714. premier Extrait. Celui du S. Avril 171 5. troifîéme Extrait. Celui du 29. Avril de la même an- née iji^. Quatrième Extrait. Celui du 5. Aoufl: de la même année cn- coïc , fécond Extrait. Ct\u\ du 13. Mars ijië, premier Extrait. Celui de Janvier I7Z9. fécond Extrait. Celui d' Aoufl 1730. cinquième Ex- trait. On trouvera dans tous ces Ex- traits bien des chofes curicufts fur le fait de la Comédie , & entr'au- tres dans l'Extrait de la Lettre de M. Racine à Meilleurs de Port- Royal , de laquelle nous avons rendu compte dans le Journal du neuvième Juillet 17 14. en parlant du Recueil de Pièces choijies , tant en profe qu'm vers. Octobre, FfC y84 JOURNAL DES SÇAVÀNS^ LA BIBLIOTHEQVE DES POETES LATINS ér François. Ouvrage iîiîjjl utile four former le cœur qu'agrcakle pour frner l'efprit. ACCIPITEH^C ANIMIS, L^ETASQUE ADVERTITS MENTES, NeMO ex hoc NUMERO MIHI KON DONATUS ABIBIT. f^ii'g- i/£»eid. 5. A Paris , chez RoUin fils ; Qini des Auguftins , à, S. Athanafc^ 1731. vol, />M2. pp. 415. ' E U R a foin de mar- ccptc d'Horace L'AU' qucr dans une Prébcc le Juge- ment qu'il porte de fon Livre. Voi- ci en peu de mots ce qu'il en pcnft: il die que c'eft un Recueil par le moyen duquel les perfonnes qui n'ont qu'une médiocre teinture des Belles-Lettres , pourront briller à peu de frais dans les Compagnies, £<. le difputcr même aux plus fça- vans : un Recueil qui renferme tant de chofes que quiconque le pofiede- ra pourra fe vanter d'avoir ce qu'il V a de meilleur dans les Poètes , &c de plus capable d'orner l'efprit & de former le cœur : un Recueil où C:»utes fortes de perfonnes trouve- ront des avis pour s'acquitter de leurs devoirs chacun dans leur état, Se pour faire régner la paix en ban-; nifTant de la Société l'ambition , i'envie , l'intérêt , la colère & la vengeance : un Recueil qui confiftc en un triage & un choix exact des plus belles pcnfées des Poètes La- tins & François fur toutes fortes de fujets : un Recueil où règne une di- verfité fi agréable &c fi inftruiilivc tout enfemble , qu'il ferait diffieile de s'enKityer en le lifam : un Recueil enfin où. rien n'eft oublié de ce qui peut lempUc exaacmcnt: Iç prc-; Omnc tulit puiiflum qui mlfcuît utile' diilci. Voilà ce que notre Auteur" dit de fon Livre : comme ler matières y font difpofees par ordre alphabétique, nous avertirons que fous la lettre A , par exemple , oit trouve une foule dé paiïagcs d'Ho-! race , d'Ovide, de Plante, de Te- rence , de Lucrèce , de Martial , de JuvenaljdeTibuUe, iSv'c. fur prefque tous les fujets dont les noms com- mencent par A , tels que font Ad- miration , Adverhté , Afiliclion 3 âge , âge d'or , âge d'argent , âge de bronze & âge de fer , Aimer , Amant, Ambition, Ame, Ami, Amour , Avocat , &c. il ^n cft ain- fi de coures les autres lettres de l'al- phabet. Grande commodité pour ceux qui aiment à citer les Auteurs, & qui font confifter en cela le méri- te 6c l'avantage de la fcience. Voici des exemples conccrnantl'adverfité. 53 Exhortation à fouffrirpitiem- >»ment les maux qui peuvent arri- »ver & à modérer les excefliycf «tjoycsque caufelaprofpcrité. Mqiiiifi inei^ento rebu|ti} uim O C T O B Sctvite m«ntem , non fccus in boni» Ab infolenti temperatam Lztitiâ, moriture Dcli. Nous ne croyons pas necefTairc 'à-c citer le refte de ce partage d' Ho- race, il fuffir d'avertir que le Com- pilateur le rapporte tout entier, après quoi il y coud celui-ci du mê- jnc Poète. lAlbus lit obrcufo deterget nublîa cœlo Sxpe Nothus, neque parturk imbres Perpétues : fie tu fapiens finire mémento Triftitiam, vitsque labores. Après ce dernier pafTage vient le titre fuivanc. 'X,'adver/tté rend l'homme ingénieux. Et ce titre eft fuivi des vers que voici. Ingenium eft mîfcrifqne venit folertia rébus , Ovid. Me'tam. l. S. ïngenium mala fxpc movcnt : Quis cre- deret unquam Aercas hominem carpere pofle vias. Idem deitrte amandi. Puis notre Auteur remarque que {îradverfité tend l'homme ingé- nieux, quelquefois aufli elle fait le contraire ; 5c il cite fur cela quator- ze vers d'Ovide que nouspadons, iufquels il joint les deux luivans , qui font tirés du quatrième Livre des Triftes. Utque roporifci'2 bibcrem poculi Lethes Tîm poris adverfi fie mihi fenfiis abeft^ R E, 1751;^ ^ jSj Lucrèce paroît cnfuîte fur les rangs pour témoigner que l'adver- fîté eft plus utile que la profperité ,' & voici comme roctî Auteur s'y prend pour venir à te Poëte.uL'ad- » verlîté eft plus utile que la prof- «peritc , parce qu'elle ramène »» l'homme à lui-même Se à la con- » noiffance de Dieu , qu'on oublie » aifémcnt dans la profperité ; c'eft »ce qu'a reconnu Lucrèce , car » après avoir dit que les hommes en n fe voyant accablés de toutes for- »» tes de mifercs, immolent des bre- »> bis noires, &facrifient aux Dieux î3 MancSj il ajoute : Multoquc in rébus accibJs Acùusadvertunt animes ad Religionemi' On fait fucceder ici à Lucrèce le B. des Coutures qui dit que « l'in- " terieur de l'homme n'eft pénétra- » ble que dans l'occafion du péril ; n Que c'eft l'adverfité qui fait con- «noître fa fermeté ou fa foibkOe ; ») qu'elle lui arrache fes véritables »fentimens5 que l'homme dégui- „ fé s'évanouit alors , &c que la vé- ,, rite demeure toute nue. Lucrèce appuyé enfuite ce Dif- cours par les vers fuivans. Quo magis in dubils Iiomînem fpedafê periclis Convenit , adverfîfque in r^bus nofccre quidfit, Nam vers voces tuin. demùm peâore ab imo , Ejiciuntur, & eiipitur perfona , manet res. L'Imitation que Roufleau a faite Fffij jg^ JOURNAL DES SÇAVANS, de cet cncîrolt dans fon Ode à la Fortune ^ n'eft pas oubliée ici. Reflituit , faiSique fide data imincra fol- vi:. Ovtd.Msiam. lié. lie Montrez- nouF, guerriers niagnaiimcs , Vetre vertu dans tout Ton jour ; Voyons comment vos cœurs fubliraes Du fort foiitiendront le retour? Tant que fa faveur vous féconde Vous êtes les maîtres du monde, J^otrc gloire nous éblouit. Mais au moindre revers funeftei Le mafquc tombe , l'homme rcfic y Et le Héros s'évanouit. Midas trompé par fa cupicîité ; demande à Dieu , continue le Com- pilateur , que tout ce qu'il touchera fe change en or ; fcs vœux font exaucés &c c'eft ce qui fait fon mal- heur. Ilreconnut bien-tôt fa faute, & levant les mains au Ciel , il prie Dieu de lui pardonner:ce qu'Ovide exprime en ces termes : Attonitus nevitate mali, divefque mifei* que EfFugere optât opes , & qua; modo vovc- rat edit Copia nulla famem relevât , fitis arida guttur Urit , & invifo meritus torquetur ab auro. Ad Cœlumque manus j & fplendida bra- cliia toUens , Da veniam Lcnxe pater , peccavimus inquit : Scd mifcrerc prccor , fpeciofoquc erîpe datnno. • « • • 3 s ^ ° pecc90c fatentem Nous palTons plufiems autres^ padages concernant l'adverfité &C la profperité , en voici quelques- uns fui AI M E R. On ne fçauroit aimer ce qu'on- defefpere de pouvoir obtemr. Ferrea , cicde niihi , n. n fum , fcd ama- re recutb ïllum, quem fîerivixputo poflcmeumi Ovid. Helen. Farid. Celui qui veut qu'on l'aime doit î'attacher à fe rendre aimable. Sitprocul omnc ncfas, ut ameiis amabi- lis ello. Ovid. de art. amand, Tl fuit aufli qu'il aime fincerc- ment , car pour être un Pyladc il faut trouver un Orefte. Ut prscftcmPyladcm , aliquis mihî pr«- Itct Orertem, Hoc non fit verbis, Marce, ut ameiîs amas. Mart. Lit. 6. Ep. II." On doit préférer le plaifir d'être aimé à celui d'être craint. Nelo ego mctui , amari mavolo. Plaut. On s'aime plus loi-même qu'on n'aime les autres. Verum illud verbum eft vulgo quod dict folet , Omnes fibi œelius malle quàm altcriji Terent. jînA, O CTO B L'Amour propre empcche qu'on n'avoiie fes dchuts. Seipfam nullus fatetur effe inalum; Mentnd. En voilà fuffifammcnr pour don- ner une idée de ce Recueil. Mais il faut avertir qu'encore que le titre n'annonce que des vers , le Compi- lateur ne laifle pas de cirer quelque- fois de la profe ; auflî dans fa Pré- face , appellc-t-il fon Livre , un v.élange de p-ofe Ô' de vers. Une au- tre remarque à taire, c'cft qu'avant que de citer des palfagcs touchant quelque vertu ou quelque vice , il donne ordinairement la définition de cette vertu ^ de ce vice. Par exemple, en parlant de l'Avare, il dit que l'Avare efl: un homme uniquement occupé du foin d'a- malTerdes richeffes , & de la crain- te de les perdre, de forte que loin de les pofleder il en eft poffedc lui- même , qu'elles le tiraunifent à un point que Voiture a eu raifon de dire qu'un avare n'a rien laiiTé à fai- re à la mauvailc fortune , qu'elle ne lui pouvoit faire pis-, puis vien- nent à la fuite de cette définition nombre de paffages contre les ava- res. Il en eft de même de toutes les autres matières du Recueil. On voit d'abord la définition de la chofc dont il s'agit , puis les palTa- gcs pleuvent de tous cotez. Enforte que le Lcdleur le plus ignorant n'a qu'à choifir les citations qui lui plaifent le mieux ^ les apprendre cnfuite parcceur^ ôc les citer dans RE; 175 r: J87 les compagnies , car c'eft-là le but de cette compilation , comme l'Auteur en avertit dans fa Préface^ lorfqu'il y dit , ainfi que nous l'a- vons remarqué, que les perfonnes mêmes f«/' n'ont cjit'nrte v.édiocn teinture des Belles-Lettres^ trouveront ici de quoi briller à peu de frai s dan s me compamie & le difpistermême aux plus Sçavans, Quelle fatisfadlion de pouvoii.' citer tous les Auteurs fans en avoir peut-être lii un feul ! Il ne faut ; pour parvenir à briller de la forte que recourir à cette Bibliothèque des Poètes, ce qui eft effedivemenc en être quitte kpeu de frais. Mais de le difpmer mime aux plus fçav^fis ^ c'eft un avantage de furcroît qui fait bien voir ce qu'on doit penfer du mérite de cet Ouvrage. Il y a bien des Sçavans qui diroient fîmple- nient que l'amour propre empêche qu'on n'avoiie fes défauts , mais de citer là-delTus Ménandre , qui dit : Se ipfiim nullus fstetiireflemalum. C'cfl: l'emporter cfFedivement fur eux ; & voilà un exemple bien fendble de l'utilité que peuvent re- tirer de cette Bibliothèque des Poè- tes , les perfonnes pour qui elle a été compofée ; c'eft-à-dire , les gens fanslcdure qui veulent , fans qu'il leur en coûte , pafTer pour en avoir , & en avoir plus que les^ plus fçavans. Il n'y a qu'un incon- vénient à craindre dans l'ufage qu'ils voudront faire de ce Livre _, c'eft qu'il peut leur arriver , ck cherchant à briller ainfi à leur ma- nière , dam me cçmpagnie , de f« 3-88 JOURNAL DE parer de certaines citations devant ocns qui les auront vues dans le n-kcme répertoire. Sans ce rifque, la Bibliothèque dont il s'agit feroic pour eux un véritable tréfor. Quoique ce Recueil foit rédigé par ordre alphabétique , & qu'ainù il clit pu fc palier de Table , on n'a paslailîéd'y en mettre une. Cette Table paroît faite avec foin , cha- que article y eftprefenté avec éten- duë&d'une manière à exciter la cu- riofité du Ledcur ■■, témoin cntr'au- tres l'article de TAmour &: celui d2S Avocats. L'article de l'Amour remplit quatre grandes colonnes , & on y voit en abrégé prefque tout ce quis'efl: dit de meilleur fur cette palTion. Comme il eit i:ort long 5c que celui des Avocats ell; plus court; nous nous contenterons de citer ce S SÇAVÂNS; dernier. €/ivocatt : en quel cftime ils étolent chez les Romains , leurs titres 157. plaidoici'K gratuitement, puis ils rançonnèrent les Parties , fur quoi fat traite la Loi Cincia iç8« Prix des caufes fixé 159. Ils ven- dent leur colère &: leur éloquence \$o. Ce n'eft pas d'aujourd'hui qu'on dit,rf« Fizit Avocat i6i. Ce que Ciceron difoic des Avocitî Braillards, 161. Sec, Aurefte ce n'eft encore ici qu'un premier Volume , &ce Volume ne va que jufqu'à la lettre D; mais le Compilateur avertit que fi le commencement qu'il donne peut mériter l'approbation du Public , il donnera incclTammctjt U fuite qui cil: toute prête. HISTOIRE DE GENEVE. PAR M. SPON; reilifiée & coH/ider,jl;lement augmentée pAr d'amples Notes. Avec les A^es & autres Pièces femant de preuves à cette Hijîoire. A Genève " chez Fabri ^ Barrillot. 1730. /a-4°.î,. r. Tom. I. pp. 555". Tom. II. pp. 518. in-ii. 4. vol. Tom. I. pp. 58 j. To. 11. pp. c7i.T0m.III. pp. j j2. Tom. IV. pp. 470. Plane. XVI. NOUS avons promis un dé- tail plus circonltancié de quel- ques-unes des Pièces qui reraplif- fciit les deux derniers Volumes de cette Hilloire, & que nous n'avons fait qu'annoncer dans notre pre- mier Extrait. Ces Pièces font i^.un Recueil de 75. Titres tant Latins que François, difpofés félon l'ordre des tems , pour iervir de preuves aux faits rapportes par l'Hiiîorien ; & c'cft fur quoi nous croyons de . ,v.3ir renvoyer le Lcfteur au Livrç même. Ce font en fécond lieu, quelques Dificrtations fur divers fjjets concernant li même Hiftoi- re; & plufieurs Infcriptions ancien- nes ou modernes qui fe trouvent à Genève ou aux environs , & qui ont été recueillies par l'Auteur, C'eft de quoi nous allons rendre compte plus particulièrement. I. La première DifiT-rtation quf Çc prefente eft celle où l'on recher- che en quel endroit Julcs-Céfar fie t;rcr, près de Genève j unretran- O C T O B dicmcnt depuis le Lac Léman jiif- qu'au Mont Jura , pour fermer aux Helvétiens l'entrée dans le Pays des AUobroges. Suivant l'opiniou commune , ce retranchement s'é- tcndoit depuis Nion au bord du Lac jufqu'au Mont Jura, près do Gingin ; ^' fe trouvoit , par confe- qucnt , à 4. ou 5. lieues au-defllis du Rhône &C dms le Pays même, des Helvéticns. Hottoman , qui le place très-proche de Genève , lui fait auffi travcrfer le même Pays pour le conduire jufqu'au Mont Juta. Mais (félon notre Auteur) pluficuts confiderations femblcnc également oppofées à l'un & à l'au- tre fentimcni:. Céfir étant arrivé à Genève , loin d'entrer dans l'Helvétie^ avec la feule Légion qu'il avoit alors, fit rompre au contraire le Pont de cette Ville fur le Rhône , pour ôter ce paflngc aux Helvétiens; ce qu'il n'auroit eu garde d'exécuter, lup- pofé qu'il fc fût engage dans l'Hcl- vétie , pour y faire un retranche- ment. De plus , quelle apparence , qu'une armée de 1 00000. hommes aguerris , telle qu'étoit celle des Helvétiens , eût laiiTé tirer , dans fon propre Pays par cinq ou fix mille Romains, une ligne de 19000 pas de longueur , fans troubler les travailleurs ? Il paroîc, par la nar- ration de Céfar, que les Helvétiens attaquèrent le retranchement fans pouvoir le forcer , & que pour en venir à cette attaque , ilseiïayercnt de paffer le Rhône en divers en- droits , fur des Batteaux , fur des Radçaux , ou à gaé ; 4'où il R E; 1731; j8^ s'enfuit , que le retranchement ne pouvoir être, comme on le croie communément , entre les Helvé- tiens & le Rhône , à 4 ou 5. lieues de ce Fleuve ; mais que celui-ci étoit plutôt entre les Helvétiens &c le retranchement. Ccfar afl'urc que des deux feuls palfagcs qui s'offàifent aux Helvé- tiens pour entrer dans les Gaules ^ fa voir , celui des AUobroges & ce- lui des Scquanois j le premier leur étant retranché par rimpoOibilité de forcer les Lignes de Céfar , il ne leur relfoit que le fcccnd , qui eft certainement ce qu'on appelle au- jourd'hui le pas delà Clufe , entre le Rhône & le Mont Jura, à ijooa pas ou environ au - delfous de Genève. Or en fuppofant le retran- chement de Céfar iîtué fur le che- min de Nion à Gingin, ou, avec Hottoman , beaucoup plus bas , mais toû)ours dans la même direc- tion •, les deux paflagesfe trou voient fermes en même-tems, comme le fait voir manifeftement la Carte ci - jointe. Il ne reftoit donc aux Hel-i vétiens nul paffage , contre ce que témoigne Céfar. L'Auteur de la Diderration prcr» pofc là-defTus une conjedlure j qui fcmblc aplanir toutes les difficultez. Il prétend donc que Céfar étant à Genève ëc en ayant fait rompre le Pont , ne pouvoit plus entrer dans i'Helvétie , & que Ion delTein n'é- toit alors que d'empêcher les Hel-^ vétiens de paffer chez les AUobro- ges : Qitc dans cette vue , il ne s'a- gifloit que de fe tenir retranché 4çrxiere le Fleuve : nvais que ne- ^ço JOURNAL D pouvant le garder dans l'étendue de i^ooo pas , fans le fecours de quel- ques fortifications , il fit tirer des Lignes ou un retranchement en côtoyant toujours le Rhône , de- puis le bout inférieur du Lac , vers l'endroit où il fc décharge dans cette rivière . c'eft-à-dire un peu au-deffus de Genève, jufqu'au Mont du Wachc que Céfar peut fort bien avoir pris pour une conti- nuation du Mont Jura. Sur quoi l'Auteur fait les reflexions fuivan- tes. D'abord il corrige le Texte de Céfar , & au lieu de lire à lacu Le- manno quiinjlHmen Rhodanum in- fluit , il lit avec Hottoman , a lacu Lemanno ^ cjtià in flumen Rhodannm influit ; ce qui dcflgnc plus précifc- ment l'endroit où commençoit le stetranchcment ; au lieu que l'autre leçon rend l'expreffion tout-à-fait inutile , perfonne n'ignorant que le Lac Léman fe jette dans le Rhône « Genève. Lorfque Céfar marque le lieu où fe tcrminoit fon retranchement par ces mots ad Montem Juram; il faut, félon l'Auteur , les expliquer par ceux-ci vis-à-vis du Adont ^ura\ or c'eft juftement le Mont du Wache qui ed vis-à-vis , au midi du Rhô- ne , &c celui-ci le fépare du pas de la Clufc par où l'on entre de l'Hclvé- tie dans la Scquanie. Et comme c'eft véritablement ce pas de U Clufe qui fait la féparation de ces deux Pays , & que le retranche- ment s'étendoit au midi du Rhône jufques vis-à-vis cette féparation : l'Auteur croit être bien fondé à ES SÇAVANS; fubftituer dans l'exprellion latine uk cfaka. m\qiii ^ en \\(xnz ad Montem Jurant , (^uk finis SeqHano/hm ab HeLvitiis dtvidit ; c'e(l-à-dire , jh/jhcs vis-à-vis du Âïjfii Jura ^ à l'endroit où il fépare le Pays des Sé- quanois de celui des Helvétiens, Le retranchement avoit 19000. pas d'étendue ; ce qui ne convient à aucune des fituations qu'on lui 7. données jufqu'ici ; pulfque deNion à Gingin il n'y a qu'environ 5000 pas, & que l'endroit où le place Hottoman n'en a guércs que 80005 ce qui a fait croire à Cluvter que le mot decem ( dix ) dcvoit être rayé du Texte , comme s'y étant intro^ duit après coup. Mais une telle fup- pofition elf fuflifammcnt démentie par l'hypothéfe de l'Auteur , la- quelle s'accorde merveilleufemenc avec le Texte de Célar tel qu'il elf; puifque^ fuivant les mefurcs prifes avec le plus d'exaélitudeja dilfancc de Genève au Pas de la Clufe en côtoyant les lînuoficez du Rhône , fe trouve précifémcnt de 1 5000 pas Romains. On acru julqu'icique le retran- chement de Célar étoit une murail- le , à caufe du mot murus employé dans le Texte. Mais il n'ell pas vraifemblable (dit l'Auteur) qu'en 15 )ours & avec li peu de troupes, Céfar ait pu ramalTcr alTezde maté- riaux , pour élever un véritable mur de i^ pieds de hauteur, & de cinq lieues d'étendue ; outre que mimes , chei Vitriive &c d'autres anciens Auteurs , fe prend égale- ment pour une muraille & pour un rempart^ ou parapet fait de la terre même OCTOBRE, I 7 5 i: s^\ SK-mc du folTc , liée par le moyen fie, tait voir le peu de juftefle d'une de quelques fifcincs ; forte de rc tranchcmcn: dcfignc d'ordinaire par les mors v.tUitm & mnccria : fur quoi notre Autciu renvoyé aux No- tes à'HottomtXK. A l'égard de l'ob/edlion contre ce nouveau fentiment , tirée des rui- nes qui fc voyent auprès de Gingin, où , fuivant l'opinion commune , aboutilToit le retranchement de Cé- far ; ces prétendus débris , qui ne paroifTènt plus aujourd'hui , & qu'on a cherchés fort inutilement , pouvoient être aulTi-bien les rcftes de quelque autre Edifice que ceux de la muraille en queftion ; fuppo- fé que ces ruines ayant cxifté ail- leurs que dans l'imagination de ceux qui ont mal pris cet endroit des Commentaires de Ccfar. II. La Colonie Equeftre ou des Equeftrcs [ Colonia Sijueflris ] fait le fu|er d'une fcconi^e Diflertation , cù l'on s'applique à découvrir l'o- rigine , la lîtuation ôc l'étendue de cette Colonie , où l'on s'eftorce de prouver queNionen ctoitla Capi- tale , ^ non pas Genève ; & où l'on examine fi cette dernière Ville étoit une Colonie Romaine. Spon regarde la Colonie Eque- ftre comme fondée par Jules-Céfac dans le Pays de Vaud , pour y répa- rer les dégâts que les Hc'.vétiens y avoicnt caufés , & pour faire tête à ceux-ci dans l'occafion. L'Anti- quaire appuyé cette opinion fur le nom de ^nlia que portoit cette Co- lonie. Mais ce même nom donné à divcrfes Colonies , dont l'établiffe- jnencn'cft point antérieur à Augu- OÉîobre. pareille conféqucnce. Il eft certain que la Colonie Equeftre occupoic une partie du Pays de Vaud , puif- quc dans un aiftc de l'année loi i , Vcrfoy fitué fur le bord du Lac Lé- man entre Genève 5c Nion , eft placé in Pago E'juefirïco. On. ne peut encore douter que la petite Ville de Nion , délignée dans les anciennes Infcriptions par les noms de Colonia ^nlia E'jiK^Iris , &C de Civiras E^ueftriim; dans l'ancienne Notice des Gaules , par celui de Civil*! E^tieflrium Noiodiinum ; dans l'Itinéraire d'Antonin ^ dans les Tables de Peutinger, pjr celui à'EjHeflfis , ne fût la Capitale de cette Colonie ainfi nommée , parce qu'on l'avoit établie pour des Cava- liers Vétérans. Sa diftance , par rapport à Genève Sz à Laufanne , marquée dans ces mêmes Tables fc trouve précKément égale à celle de Nion à l'égard de ces deux Vilic: ; Nion étant à i looo pas ou à 4 licuës de Genève , Se à zoooo pas ou à é> licuës & demie de Laufanne. Il eft vrai que l'Itinéraire d'Antonin met la Colonie Equeftre à 17000 pas de Genève : mais on répond à cette difficulté , que dans les chiffres Ro- mains il s'eft glillé un V de trop, & qu'en le retranchant il refte tout jufte iiooo pas. On réfute enfuite l'opinion de ceux qui ont pris Genève même pour la Colonie Equeftre , fur ce fondement qu'on y voit plufieurs Infcriptions anciennes où il eft par- lé de cette Colonie. Mais outre que ces Infcriptions , quoique placées j5,i JOURNAL DES SÇAVANS; aduellemen: dans Genève, peu- qucnt fix ( VI. ) cnforte qu'au lieu vent y avoir été transférées d'ail leurs , particulièrement du Pays de Vaud , d'où plulîeurs ont été cer- tainement apportées ; l'on fait que les anciens Géographes appellent Genève Civitas Gcnevetifium , & Nion Civitas Eqneftnim , plaçant la première dans la Province Vicn- noife , & la féconde dans la Séqua- noifc. Quant à Genève , Spon eft per* fuadéqu'elïe étoit une Colonie Ro- maine. On allègue ici les raifons pour & contre ce fentimcnt ; & lans rien décider là-deflus , on fe contente de conclure que Genève , Colonie ou non , tenoit un rang confiderable dans l'Empire. Cette Diiîertation eft de M. Bmini ^ Dodeur en Médecine. III. 11 y en a trois de M. Ah.m- x.it Bibliothécaire de Genève , écri- tes en Latin. Elles roulent fur l'ex - plication de quelques Infcriptions antiques de cette même Ville , lef- quelles avoient été mal entendues jufqu'à prefent. I. Il s'agit, dans la première Diiîertation , de découvrir ce que peuvent fignifier ces deux mots, VIANI GENAVENSES. Après avoir rapporté fur ce point les con- jedlures des Antiquaires , toutes moins probables les unes que les autres , l'Auteur propofe la ficnne , qui lui paroît donner le véritable dénouement de la difficulté. Il prétend que TV &: l'I qui fem- blent former une première fyllabe dans le mot VIANI , ne font que deux Lettics numérales ^ qui mar- de lire comme on a fait jufqu'ici VIANI, illitSEXTANI, ?.' en- tend par Sexi^ni Genavcnfes les Soldats Romain-; vétérans de la fixiéme Légion , établis dans Genè- ve comme Colonie : prenant cette dénomination dans le même fens où fe prennent celles-ci-, Sextant ^reitcenfes , Septimani Biite-iTânfes, Decumani Nurhonenjes. A l'égard de l'abréviation du mot Sextani pac le moyen des lettres numérales, elle n'a rien de plus extraordinaire que quantité d'autres qui fe trou- vent dans les Infcriptions , comme VIVIR pour Sexvir , IIIVIVM. pour Trivhim , S6 JOURNAL D qu'à la hauteur de plus de 200 toi- fes , & alors on a, fur les Montagnes & dansles Villages les plus élevés , un beau Soleil &c un Ciel très-fc- rein. » Les Pays voifuis (dit l'Au- »j teur ) paroiltent alors inondes , 5c » prefcntentà l'efprit une idée affez » naturelle du Déluge univerfel , ulorfque les Montagnes & IcsCô- «teaux fembloicnt s'être haulTés , «avant que les eaux fe tuffcnt à N moitié retirées de delTus la terre. font beaucoup plus héquens, quoique prefque toujours adez peu conliderables , &; ne fe fontguércs fentir que dans le Rhô- ne & dans cette partie du petit Lac la plus voifine de Genève. On les appelle Seiches , parce qu'ils lailTenc RE; I 7 î T. s^i quelquefois les Batteaux à fec. Nous renvoyons à l'Auteur fur plufieurs fingularitez de ces flux 6c leflux , fur les débordemens de la rivière d'Arve , & fur quelques phénomènes d'optique dont le dé- tiil n'efc pas indigne de la curiori,«é des Pliyf:ciens. 'ABREGE DE VHISTOIRE V N I F E R SE L L E'^ far fin M. CUiiàe de Tlfle , Hiftoriographe & Ccnfeitr Royal. A Paris , chci Jacques Guerin , & F. Didot , Libraires, Quai des Auguftins. I7ÎI. in- 12.7. vol. Tom. I. pp. 374, Tom. II. pp. 575. Tom. III. pp. 4(^7. Tom. IV. pp. 587. Tom. V. pp. 515. Tom. VI. pp. 41^. Tom. VII. pp. 41^. fans les Tables. Planch. dctach. XVI» NOUS avons déjà tant d'A- bregez de l'Hiftoire Univcr- felle , compofés ou traduits en no- tre Langue , qu'on fe trouve cm- barraffé fur le choix. Ceux des PP. Tii-rfellin , Pitaa &c Labbe , celui de M. "Bojfuet Evcque de Meaux, les Elémens de l'Abbé de V aile- mont , l'HiRoire du Monde d'Ur- bain Chevreau & quelques autres , fcmblent offrir de quoi fatisfaiie en ce genre les goûts ditferens. Cepen- dant, ce nouvel Abrégé de feu M, de riflc ne laiifera pas de mériter encore l'attention du public par di- vers endroits. C'efl; l'ouvrage d'un homme prefque uniquement occu- pé pendant fa vie à cnfeignerl'Hi- floire ; & c'eft ( nous difon dans la Préface ) fon Ouvrage favori, à la revifion duquel il a employé fes deux dernières années.Que n'y doit- on point attendre de l'ordre , de l'c- xaditude & de la clarté^ qui fai- Ibient le caraftcic de cet Auteur î Il s'explique dans un Avant-pro- pos , fur la méthode qu'il s'eft prcf- crite en compofant cet Abrège» Comme l'Hiftoirc Univerfellcdoic embralTertous les peuples connus , anciens ou modernes , il s'agit de ranger les évenemens concernant les uns &: les autres , de la manière la plus convenable Se la plus propre à les imprimer profondement dans la mémoire. Les anciens peuples difpolés fuivant l'ordre des tems , font ici les Juifs , les Affyriens , les Médes , les Babyloniens, les Pcrfes, les Egyptiens , les Phéaiciens , les Lydiens , les Grecs , les Macédo- niens , les Romains & les Cartha- ginois; & dans les fiéclespofterieurs paroiffentfur la Scène les François, les Efpagnols , les AUemans , les Italiens, les Ànglois Se les autres Nations de l'Europe. On peut faire pafler en revue ces differcns peu- ples , ou conjointement , ou fuc» ceffi veinent. L'une &c l'autre Mé- 55,8 JOURNALD thode peuvent avoir lieu fclon la diverfité des tems que parcourt l'Hiftorien. Comme dans les pre- miers lîcclcs du monde [ dit l'Au- teur ] les Hiftoires particulières n'ont prefque rien de commun, il faut les raconter l'une après l'autre , félon l'ordre Chronologique. 11 n'en eft pas de même de celles dont la complication réciproque deman- de neccfTaircment qu'elles foient cxpofces toutes cnfcmble : & c'eft au difcernement de l'Hiftorien qu'on doit s'en remettre fur la pré- férence de ces deux Méthodes fui- vant l'exigence des cas. Comme l'Hiftoire Univerfellc doit s'étendre fur tous les tems 6c fur tous les lieux , elle doit fup- pofer une légère teinture de Chro- nologie 5c de Géographie , pour devenir parfaitement intclligiblei& cette teinture fepcrfed;ionne à pro- portion des progrès que l'on fait dans l'étude de l'Hiftoire. Pour la Géographie, M. Delifle préfère la Mappemonde de Sanfon à toute autre , quoiqu'il ne foitpas toujours d'accord avec ce fameux Géogra- phe fur la divifion des trois parties de l'ancien Monde ; & c'eft de quoi notre Auteur a foin d'avertir en détail fesLedeurs , leur promet- tant d'alléguer ailleurs les raifons fur Icfquclles il fonde fes fentimens particuliers à cet égard , &; de don- ner une defcription fommaire de chaque Pays dont il fera l'Hiftoire. Quant à ia Chronologie, il fait voir la necelTîté qu'il y a d'établir dans la durée de tous les lîccles qui fe font écoulés depuis la création du mon; E S SÇAVANS; de jufqu'à nous , certains points ■fixes , qui partagent ce total en dit- fercnces parties , i!?C d'où l'on com- mence à compter les années auf-ç quelles fe rapportent les divers éve- nemcns. C'eft ce qui s'appelle Epê- ^ues ou Eres : S<. tcl'.cs font la Naif- fance de J. C. l'Ere de NabonafTar, les Olympiades , la fondation de Rome , ÔlC. L'Auteur fuppofe qu'il s'eft paf- fé environ 4000 ans depuis la ctca-r tion du monde jufqu'à l'Ere Chré-? tienne , & un peu plus de 1700 ans depuis cette Ere jufqu'à l'année 1720. Conformément à ce Svftcmc gênerai , il divife fon Hiftoire Uni- vcrfelle en deux Parties, dont U première comprend tout ce qui eft arrivé depuis la Création jufqu'à J. C. 5i la féconde depuis J. C. jufqu'à nous. Il partage la première en trois intervalles, dont le premier s'étend depuis la Création jufqu'à la ruine de l'Empire des AfTyricns & au commencement de la Monar- chie des Pcrfes : le fécond, depuis le commencement de cette Nlonar- chie jufqu'à celui de l'Empire des Grecs: le troifiémc, depuis le com- mencement de cet Ernpire jufqu'à celui de l'Empire Romain , & de là jufqu'à la première année de l'Ere Chrétienne. Ces trois intervalles font la matière d'autant de Livres , qui rcmpliflcnt les deux premiers Volumesjfur quoi nous obferverons qu'ici les Livres font divifés en Chapitres , & les Chapitres en Sec- tions ou articles. Le premier Livre contient huic Chapitres , dont le premier partage O C T O B en 5>SetT:ions, roule fur l'Hiftoirc des Juik , 1®. depuis ia Crcarioii jufqu'au Délu^^e , 2°. depuis le Dé- luge jufqu'à la Vocation d'Abra- ham, 3°. depuis cette Vocation jufqu'à la Sortie d'Egypte, 4°. de- puis cette Sortie jufqu'à la conftru- d:ion du Temple, 5°. depuiscette conftrudion jufqu'au retour de la Captivité de Babylone &: àla pre- mière année de l'Empire de Cyrus. Il s'agit dans les 7 Chapitres fui- vans, i'. Des Aflyriens, des Mé- des , des Babyloniens & des Perles : 3°. Des Syriens, des Phéniciens, des Philiftins, des Iduméens Se des Arabes : 4°.Des Egyptiens : 5". Des Grecs : é". Des Peuples d'Italie : 7°. Des Siciliens & des Africains : 8°. Des Efpagnols, des Gaulois^ des Bretons , des Germains & des Sar- marcs. Le fécond Livre fe divife en 5 Chapitics, dont le premier a 5 See- tions. La première s'étend depuis le commencement de la Monarchie des Perfcs jufqu'au commencement de la guerre de ceux-ci contre les Grecs, en J512. La féconde , de- puis le commencement de cette guerre jufqu'à celle du Péloponéfc , en 3573. Latroiliéme, depuis le commencement de celle-ci jufqu'à fa fin , en 36'oo. La quatrième , de- puis cette fin jufqu'au commence- ment du règne de Philippe de Ma- cédoine, en 3643. Lacmquiéme, depuis ce commencement jufqu'à la mort de Darius dernier Roi de Petfe , en 3 67 5. A la fuite de cette dernière Sedion paroît un détail Chronologique concernant la Mo- RE; Ï75 r: sPP narchie des Perfes. Dans le fécond Chapitre de ce Livre, il efl: que- ftion des affaires de Judée^ d'Egyp- te & de l'Afie Mineure; ce qui eft terminé par une Chronologie Egy- ptienne. Le troifiéme Chapitre regarde les affaires d'Italie , & eft partagé en 5 Sedions , dont la première contient l'Hiftoirc de ce Pays-là depuis la 4 3^ année de Servius-Tul- lius jufqu'à l'expulfiondes Rois : la féconde , depuis cette expulfion jufqu'à celle des Decemvirs : la troifiéme , depuis celle-ci jufqu'à la prife de Rome par les Gaulois : la quatrième , depuis cette prife jufqu'au premier Conful Plébéien: la cinquième , depuis la création de ce premier Conful jufqu'à la guerre des Privcntes : ce qui eft fuivi d'une Chronologie Romaine. Dans le quatrième Chapitre il eft parlé des affaires de Sicile & de Carthage ; &: dans le cinquième , de celles des Gaules , de l'Efpagnc, de la grande Bretagne, de la Ger- manie & de la Sarmatie. Comme le troifiéme Livre ( dit l'Auteur) offre de grands évene- mens, mais tels que lesal^airesdes differens peuples y lont extrême- ment compliquées , en forte qu'il eft prefqu'impolîible de les racon- ter fépaièmcnt , du moins pendant un temsconfiderable ; cette circon- ftancc a obligé M. Delifie de divi- fer ce Livre en plufieurs petits in- tervalles qui remplillent autant de Chapitres , & qui font au nombre de neuf fubdivifés la plupart eu divers articles. Hhh 6oo JOURNAL D Le premier Chapitre contient en 4 articles ce qui s'eft paflé dans le monde pendant les 48 premières années de la Monarchie des Grecs ; c'eft-à-dire, 1°. le commencement de l'Hiftoirc des SucccfTeurs d'A- lexandre le Grand ; z°. Ceilc des Juifs, de laBithynic, du Pont , de la Paphlai^onic , des Grecs, ëcc. 3'. Les affaires de Sicile & de Car- thagc : 4°. Celles des Romains. L'Hiftoirc, contenue dans le fécond Chapitre s'étend depuis la guerre des Tarentins juf^u'à la première guerre Punique , pendant l'efpacc de 18. ans : ce qui fe partage en 4. articles ; le premier fur les affaires des Romains; le fécond fur celles des Siciliens Se des Carthaginois ; le troilicme fur celles de Macédoi- ne & de Grèce ; le quatrième fur celles des Rois de Syrie, d'Egypte Se fur la verfion des Septante. Le Chapitre troifiéme comprend î'Hiftoire de 30 ans, c'eft-à-dire depuis le commencement de la pre- mière guerre Punique jufqu'à la clôture du Temple de Janus , (îx ans après la fin de cette guerre. Là font expofées en 4 articles ,1*. les affaires d'Italie , de Sicile Se d'A- frique ; 2°. celles d'Afie , de Syrie & d'Egypte; 3°. celles des Juits ; 4". celles de la Macédoine , de la Grèce & de l'Epire. Dans le Cha- pitre 4 divifé en trois articles efi: «•enfermée l'Hiftoire de 16 ans , depuis la clôture du Temple de Ja- nus jufqu'au commencement de la féconde guerre Punique ; fçavoir , 1 ". l'Hiftoire d'Italie , de Sicile & d'Afrique i z°. Celle d'Afie &c d'E; ES SÇAVANS; gypte; 3°. Celle de Macédoine & de Grèce. Le Chapitre cinquième roule fur ce qui s'eft paffe tant en Occident qu'en Orient pendant les iS années qu'a duré la féconde guerre Punique ; c'eft-à-dire , i°. Sur les affaires des Romains 5c des Carthaginois pendant cette guerre , dans lefqucUes font mêlées celles de Grèce & de Macédoine ; z". Sur celles del'Orienr» On trouve dans les 4 derniers Chapitres de ce Livre le récit des évcnemens arrivés 6°. Depuis la fin de la féconde guerre Pimique juf- qu'à la fin de la troihéme & à la deftrudion de Carthagc ; 7*. De- puis la fin de la troilicme guerre Punique jufqu'aux guerres Civiles de Sylla & de Marins; 8". Depuis le' commencement de ce<: guerres Civiles jufqu'à la bataille d'Acliuna qui les termina toutes Se donna commencement à l'Empire Ro- main ■■, 9". Depuis la fin de la Mo- narchie des Grecs , c'eft-à-dire de- puis la mort de Clèopâtre jufqu'à la première année de l'Ere Chrétien- ne. Ici finit l'Hiftoire Llnivcrfellc des 4000 ans qui , fuivant le Syftê- me Chronologique de l'Auteur , ont précédé la nailfance de J. C. Le Sommaire que nous venons de don- ner de cette Hiftoire , en faifanr voir d'un coup d'œil la manière dont l'Auteur a diftribué les faits hiftoriques qu'il raconte , mettra les Ledeurs en état de juger plus fainement de fa Méthode , Se leur fournira en même-tems une com- jïiodité , qui manque À ce Livre ^ O C T O B & cjui eft une Table des Chapitres , «des Scdioiis Si des Arciclcs qui le partagent. Nous en tecons autant pour la féconde Partie , qui s'étend depuis la venue de J. C. jufqu'à nous. Cette féconde Partie commence avec le troifîémc Volume , & on la croiroit d'abord diviléecn pluHeurs Livres , puifqu'au-deiTous d'un pre- mier titre en paroît un fécond où .on lit ces mots Livre 1. ce qui fcm- bleroit en promettre un fécond , un troilîcmc, un quatrième, &:c. Mais ce Livre I. refte unique &c remplit les cinq derniers Volumes, L'Au- teur l'a feulement partagé en neuf Chapitres , dont le premier con- tient ce qui s'efl: pallé depuis le commencement de l'Ere Chrétien- ne jufqu'à la uivifion de l'Empire Romain en Oriental & Occidental, dansl'efpacede 304 ans : lefecond, d; puis cerre divilîon jufqu'à la de- flru(5tion de l'Empire d'Occident , en 476' : letroilieme, depuis cette deftrudtion jufqu'au commence- ment de l'Empire des SarrazinSj en ^12 : le quatrième , depuis l'établif- fenient de cet Empire jufqu'au re- nouvellement de l'Empire d'Occi- dent , en 800 : le cinquième , de- puis ce renouvellement par les François jufqu'au commencement de l'Empire des Germains, cnjé'z: lefixiéme., depuis ce commence- ment de l'Empire Germanique jufqu'aux Empereurs Latins de Conftantinople , en 1 204 : le fcp- tiéme, depuis la prife de Conftanti- nople par les Latins jufqu'au com- mencement de l'Empire Ottoman _, RE, 1731.^ t^OL en 1300 : le huitième, depuis le commencement de cet Empirejuf- qu'à celui de Charles-Qiiint ; ce qui remplit quatre Scdions, dont la première s'étend jufqu'à la publi- cation de la Bulle d'or, en 1556': la féconde , depuis cette publica- tion jufqu'à l'Empire de Sigifmond, cnl4io : la troihéme , depuis le commencement de cet Empire juf- qu'à \i prife de Conibntinople par les Turcs , & la quatrième , depuis cette prife jufqu'à Charles-Qiiint ; c'eft-à-dire , depuis i454Julqu'à 1519. Le Chapitre neuvième n'cft par- tagé ni en Sedions ni en Articles ; &: il n'a d'autre divilîon que celle des trois derniers Volumes qu'il remplit entièrement ; ce qui le rend l'un des plus longs Chapitres qu'on ait imprimés jufqu'ici. Le premier Tome de ce Chapitre , ou le cin- quième de tout l'Ouvrage, commen- ce à l'Empire de Charles-Qiiint, ^ finit en l'année 1 597. Le fécond Tome , ou le fixième, commence à l'an lëoo &c fe termine en i (35 3. Le troifiéme Tome , ou le feptiéme,va depuis lë")-} jufqu'en 1714. Dans ces trois derniers Volumes , la nar- ration eft continue, & le Ledcur n'y trouve d'autres rcpofoirs que les ^ linea. Les marges, dans tout l'Ouvra- ge , ne font chargées ni d'apoftilles, ni de citations, excepté les dattes des principaux évenemens , lefqucl- les font doubles dans les deux pre- miers Volumes , parce qu'on y compte lesannées depuis la création ^ avant J.C. au lieu que ces dattes Hhhij ^02 JOURNALD font fimplcs &c uniques , dans les cinq derniers , où l'on ne compte les années que depuis l'Ere Chré- tienne. Quoique les marges foient prefque abfolument dénuées de ci- tations , cela n'empêche pas que l'Hidoiiographc n'allègue quelque- fois fes garans, fur tout par rapport à l'ancienne Hilloire ; mais il fe contente pour l'ordinaire de les nommer dans le cours de fa narra- tion , fanj cottcr les endroits d'où il tire les faits qu'il avance. A l'égard de la pofition des Pays dont il parle , il ne fournit nuls fecours géographiques , qui la mettent fous nos yeux dans fes deux premiers Volumes ; c'cft-à-dire , qu'à l'exception d'une Mappemon- de , mife à la tête de tout l'Ouvra- ge , on ne rencontre aucune Carte particulière ni pour la Judée , ni pour les 4 grandes Monarchies an- ciennes , Se l'Auteur , fur tout cela, cenvoye aux Cartes de Sanfon. Il cft moins refervé pour l'Hiftoire des nouvelles Monarchies , & il nous y donne non feulement des Cartes générales des 4 parties du monde , mais encore des Cartes particulières pour la France , fEfpagne, l'Italie, les Pays -Bas, l'Allemagne , la Pologne , la gran- de Bretagne , les Royaumes du Nord. Il y joint aufli quelques Tables généalogiques , pour établir plus diftindement l'ordre de la fuccelTion des Princes dansplufieurs Etats. Il s'engage quelquefois dans la difcuflîon de certains faits hiftori- flues ^ fur JLçf^uçîs j] X a con^fta- ES SÇAVANS; tion entre les Auteurs , ic après avoir cxpofé nettement les raifons pour & contre, il prend fagement fon parti , ou liilTe la chofe indéci- fc. Il ne prodigue point fes réfle- xions fur les évencmens , & il aime mieux lailTer au Ledeur le plaifir d'en tirer lui-même les confequen- ces. Son ftile eft fimple, naturel, quelquefois un peu négligé , mais allez clair , &: réveillant beaucoup moins l'attention par les agrémens d'une clocution châtiée , que par la multitude & la variété des faits , quoique fouvent peu liés enlcmblt» Se n'ayant rien de commun que U concurrence des ten;s. M. Delille n'a pas compris dans fon Abrégé l'Hiftoire de plufieurs Monarchies Orientales , quoique très-dignes de la curioiué du pu- blic , mais qui intereffent beaucoup moins à caufe de leur grand éloi- gnemcnt. Tels font les Chinois , les Tartarc'i-Mogols , les Japonois , dans l'Alie ; les Ethiopiens dans l'Afrique ; les Mexicains Se les Pé- ruviens dans l'Amérique.L'Hiftoi- rc du Monde de Chevreau pourra fuppléer à cette omilîion. En re- compenfe notre Hiftorien raconte avec aflcz d'étendue toutes les ré- volutions arrivées dans les divers Etats de l'Europe , fur tout pendant les derniers fiéclcs. Cette Partie a voit été déjà fort détaillée par Puf- fcndorf, qui s'y étoit prefque uni- quement renfermé ; au lieu que M. Delifle y joint, comme l'on voit ; toute l'ancienne Hiftoire , & par là rend fon Abrégé beaucoup pl'.'t complet. O C T O B R E; 175 I- ^o} Chaque Volume a fa Table des Table générale eût été d'un bien madères en particulier : mais une plus grand fecours. D. JOANNIS GUTIEREZ J. CRISPANT CELEBERRIMI Opéra omnia Civilia , Canonica & Crimimalia , in quindecini Partes & decem Tomos diftributa cum Repcrtorio Gcncrali, C'eft-à-dire : Toutfs les Oeuvres de Jean Gutierez. fitrifconfulte EfpA- gnol , tant fur le Droit Civil que fur le Droit Canonique & fur les matic res criminelles , diviféis en quinz-e Tarties , CT" cornprifes en dix Volumes în-fol. avec une Table générale. 1730. A LyoUj chez Michel Servant 5c fcs Airociés. NI C O L AS Antonio parle de Gutiercz dans [1 Bibliothè- que Efpagnole ■■, mais il ne marque ni le tems de la naillancc , ni la date delà mort de ce Jurifconfulte. Ce qu'on y apprend, c'cft qu'il ctoit de Placcntia , qu'il fîorilfoit fur k fin du feiziéme ficclejqu'après avoir étudié en Droit dans l'Univerfité de Salamanque -, il fit pendant quel- que tems la Profeilion d'Avocat dans fa Patrie, qu'd tut fait enfuite Théologal , 6c qu'il s'appliqua pen- dant la plus grande partie de fa vie à l'étude , tant du Droit Civil que du Droit Canonique , comme le prouvent fes Ouvrages. Gutierez remarque lui-même dans le j'^ Livre de fes Queftions Canoniques imprimées à Salamanque en \6ij, que les Livres qu'il avoit donnés auparavant au public ctoient cités avec éloge dans les Univerfitez Se dans les differens Tribunaux, tant d'Efpagne quedes autres Pays. Ces divers Ouvrages ont été imprimés à Salamanque ou à Madrid fur la fin du feizicme fiécle , ou au com- mencement du dix-feptiéme. Il y a eu une première Edition des Oeu- vres de Gutierez à Anvers en 1^1 S. & une féconde Edition à Lyon , chez Anilfon en 16S1. cette troifié- meEdition eft beaucoup plus ample que les deux précédentes , on a/Turc d'ailleurs dans l'AvertilTemcnt au Lcdeur qu'on s'efl: appliqué à la rendre plus corredte & plus com- mode que les précédentes. Nous n'entrerons pas dans le détail de chacun de les Traitez qui font déjà connus de ceux qui s'appliquent à la Jurifprudence. Il nous fuffira de donner une idée des matières qui en font le fujct , en marquant l'ordre qu'on a fuivi dans cette nouvelle Edition. Les trois premiers Volumes qui font divifés en fix Livres contien- nent les réponfes de l'Auteur à un grand nombre de Queftions de pra- tique fur la première & fur la fé- conde Partie des loix de la nouvel- le Colledion d'Efpagne. Le fixié- me Livre qui forme le troifiéme Volume , ne regarde que les Ga- belles -, l'Auteur entend fous ce ter- me cette efpcce de Tribut que les Efpagnols appellent >f/(r<îî'<î/<î/j Sc qui eft le dixième qui fe levé au pto^ 6o4: JOURNAL D fit du Roi d'Efpagne , du prix ou de la valeur de tout ce qui fe vend tant en meubles qu'en immeubles ou de tout ce qui s'échange. Dans les Volumes quatrième & cinquième font comprifes en trois Livres les Qiieflions Canoniques. Le troillérac Livre regarde unique- ment les iiançaiUes de le mariage. Le llxiéme Volunne contient un Traité du ferment confirmatoire ^ c'eft-à-dire .du ferment qui fe fait pour confirmer les engagcmens que l'on contraiStc , foit pardevant No- taire , foit en Juftice. Il eft vrai , dit Gutierezjque cette matière n'eft point d'unaufll grand ufage en Ef- pagne qu'elle le pouvoit être autre- fois , parce que les nouvelles loix d'Efpagne défendent aux Notaires d'inlerer des fcrmcns dans les adtes. Mais cela ne doit s'entendre , fui- vant notre Auteur , que dcî ades pafles par des perfonnes habiles à contrailer. A l'égard de ceux qui pourroient fe faire reftituer contre les adcts , comme les Mineurs, Us font obligés irrévocablement en Efpagne , quand ils ont promis avec ferment d'exécuter les engage- mens qu'ils ont contraélés. Il y a aufll pluficurs cas fingulicrs dans îefquels les Loix d'Efpagne permet- tent aux Notaires de faire mention du ferment des parties. Le Traité des Tutelles & des Cu- ratelles remplit le feptiéme Volu- me. Des répétitions fur dilîercntes Loix , des allégations de Droit , Se 5 2. Confeils compofent le huitième Tome. Le neuvième Tome eft le Traité de laPiatique criminelle^tan: ES SÇAVANS; par rapport aux Juges Laïcs que pie rapport aux Juges Ecclefiaftiqucs. Le véritable titre de ce Traité eft Praxis Criminnlis Civilis & Cano^ nica. Il eft cité par quelques Au- teurs fous le titre de Traité des Loix. Ce Traité étoit fi rare en Ef- pagne du tems qu'Antonio compo- la la Bibliothèque Efpagnole qu'il n'en parloit que par oui dire. Il n'a- voit été imprimé ni dans l'Edition d'Anvers , ni dans la première de Lyon. C'eft le morceau le plus con- fidcrable dont cette dernière Edi-' tion des Oeuvres de Gutierez ait été augmentée. M. Simon parle dans fa Bibliothèque Hiftorique des Au- teurs de Droit d'une Edition de Gutierez faite à Francfort en \66^. dont il ne paroît point que ceux qui ont pris foin de cette nouvelle Edi- tion ayent cuconnoiflancemous ap- prenons d'un Catalogue des Livres qui fe trouvent chez les frères de Tournes , qu'ils vendent féparé- ment la Pratique Criminelle & la Table générale des matières , ce qui pourra être commode pour ceux qui ont une des Editions pré- cédentes des Oeuvres de Gutierez. Au reftc , les Libraires n'ont rien oublié dans leur Prétace de ce qui pouvoit relever le mérite des Ou- vrages de ce Jurifconfulte. Ils di- fent qu'il ne propofe Tes fentimens qu'avec modellie , qu'il ne reprend les fentimens des autres Auteurs qu'avec referve , qu'il tait paroître beaucoup de prudence dans fes con- fultations. Qii'on voit dans tous fes Ouvrages par tout une grande pé- nétration. Qie dans les queftion; RE; 1731; ^05" rcduifant ces Eloges dans leurs vé- ritables bornes : on doit convenir que Gutierez eft un des meilleurs Jutifconfultcs d'Efpagne , après Covarruvias & Molina. Il ne fe- roit guéres utile en France , au moins pour la plupart de fes Trai- tez , à ceux qui ne' voudroicnt s'm- ftruire que de ce qui fe pratique dans les diiferens Parlemcns du Royaume. O C T O B douteufcs 5 il prend le parti le plus r r , qu'il tait connoître leurs de- voirs aux Juges, aux Avocats , aux Ec;lelîafl;iques, aux particuliers. Il cite par tout les Théologiens &: les Jurifconfultcs les plus célèbres , dont il paroît avoir lu les Ecrits jvcc beaucoup d'attention , & il fait d'heureufcs applications d'un crand nombre de paiTagcs de l'E- criture , des Percs, des Conciles , même des Auteurs Prophanes. En OEVrRES DE CLEMENT MAR07 , VALET de Chambre de François I. Roi de F/iince , reviVés fur plnfie!trs Aîanuf- crits ^ & fur ■plus de quarante Editions ; & augmentées tant de diverfes Poéfies véritables que de celles qu'on lui a faitjfement attribuées : avec les Ouvrages de ^ean Aidrot fon père , ceux de Michel Adarot fon fis , & les Pièces du différend de Clément avec François Sagon. Accompagnées d'une Préface Hiftorique , & d'Obfervations Critiques. A la Haye , chez P. GofTe , & J. Ncaulme. 173 1. 6. vol- in~iz. le premier pp. 406. le fécond pp. 418. le troifiéme pp. 3S9. le quatrième pp. 3S7. le cin» quicme pp. 392. le fixiéme , pp. jé'S. fans les Tables. 'EDITEUR du Livre que nous annonçons, malque fon nom & fa qualité , en fignant à la lîn de fon Epître Dédicatoirc, le Chevalier Gordon de Percel , èc fait bien. Le tour qu'il a donné à tout ce qu'on lit de lui dans ces Volumes , la liberté , prcfque Cy- nique qu'il s'y donne &: le foin qu'il prend de rendre fon Commen- taire moins retenu que fon Texte , fera toiàjours regarder ce déguifc- mcnt comme un adte de Prudence. La Préface Hiftorique qu'on trouve à la tcte de cet Ouvrage n'eft point dans le goût des Préfaces or- dinaires. C'eft le récit des converfa- sions de trois amis qui la compofe» Elle roule fur ce qu'on fçait , & rrès-fouvent fur ce que l'on devine touchant les Ouvrages ô»: la pcrfon- ne de Clément Marot. On y fixe la nailTance de ce Poëte à l'an 1495. A ^''\?^ ^'^ ^^^ ^"^ WiviZ conduit à Paris, où de fon aveu même, il fit de très - mauvaifcs études. Jean Marot fon père qui fçavoic par expérience combien la fortune d'un Poëtc efl: peu folidc , voulut faire entrer fon hls dans une Car-» riere plus utile , & le deflina au Barreau. Il fuivit , dit-on , ce def- fein pendant affez long-tems plutôt parce qu'il favorifoit une inclina- tion qu'il avoic faice que par aucun 50(J JOURNAL cToûc pour la procédure. La fagelTc de fi Maîtreffe & la folie des plaideurs dégoûtèrent Ma- rot ik. de l'amour & du Palais , il prit le parti des armes, dont il fit î'apprcntilTage auprès de M. Ni- coLts de Neuville , Chevalier , Seigneur de fUleroy , qui le reçue chez lui en qualité de Page. Ce Seigneur goûta le génie de Marot , & ce fut par fon ordre que ce Poète compofa s.\\ tout ou en partie fon premier Opufcule intitulé , k Temple de Cufidof!. A peine fut-il forti de Page qu'il revint auprès de Jean Marot fon père, qui exerçoit auprès de Fran- çois I. la Charge de Valet de Chambre. Comme notre Poète n'avoit pas étudié les Livres dans fa jeuneffe , Se que le bcfoin d'un érabliflement ne lui permettoit pas de les étudier alors , il fe trouva dans l'heureufe necelÏÏté d'étudier les hommes. Il les étudia donc , & Jes étudia à la Cour ; où peut -on mieux vacquerà cette étude? En 1 5 î 8. il fut reçu dans la mai- fon de Madame Marguerite en qua- lité de Valet de Chambre , ce qui ne l'empêcha pas de fuivrc le Roi à l'armée. La tranquillité d'efprit que cec ctabliffement procuroit à Marot nuifit à celle de fon cœur. Il fit une liaifon plus efficace, mais par - là même infiniment plus malhcureu- fe que la première. Il n'eut pas le tems de chanter fon bonheur , il s'apperçuttrop tôt qu'il ne devoit que s'en plaindre , c'efl: ce qu'il fit dans fon Epîtrc p. fous le nom du DES SÇAVANS; Capitaine Raifin, que chacun peut confulter. Pour confokr Marot de cette funeCte avanture , la fortune , ou peut-être notre Editeur , lui en pro- cure une autre avec Diane di Poi- tiers, Il tameufe parles malheurs de fon pcre, par (a grâce qu'elle ob- tint d'Henri II. &: parl'amourque ce Prince eut pour elle jufqu'à la mort. Notre Editeur fait le Roman de ces amours , & prétend en trouvée les preuves dans diflerens Ouvra- ges de notre Poëce. Ce qu'il y a. d'heureux pour DUne de Poitiers^ c'eft qu'il a parcouru tous les vers de Marot , ians rien trouver qui l'ait pu laire fortir des termes du Roman. En tordant tout ce qu'il s'imagine avoir rapport à elU, il n'a pu la reprcfenter que comme une femme qui ne donnoit à Maroc que de flatteufcs efpcrances, parce qu'elle ne vouloit de lui que des Rondeaux, des Ballades, des Chan- fons & desElcgics. A la fin Diane fc lalTa de ce commerce, Marot s'en appercuc. Se fit autant de vers contre elle , à ce que prétend la Prétace , qu'il en avoit tait à la louange. Diane fouf- frit pendant quelque tcms ces effets du dépit de notre PoL'tc ; mais à U fin elle s'en trouva ofFcnfce , Se de- vint l'ennemie d'un homme qui tant de fois s'étoit déclaré le fien. Le Luthéranilme , quicommen- coit alors à régner en France , Sc vers lequel Marot fcnibloit pan- cher , offrit un beau prétexte à fa vengeance , elle l'en accufa ^ Scïe pauvre O C T O B pauvre Marot fc vit emprifonner comme hérétique en 1525. En 1526'. on le transfera du Cliâtelet de Paris dans les Prifons de Char- tres. Le loifir que lui procuroitfa prifon lui fit revoir le Roman de U Âofe , dont il corrigea la didrion , procura les Editions de 1 5 ij.in-fel, Scelle de 1519. in-%°. La Cour étoit abfcnte lorfque Marot fut arrêté , fon retour à Paris procura la liberté à ce Poète. Notre Hiftorien s'arrête ici & entreprend de prouver ferieufement, que Dia ne de Poitiers eft devenue l'ennemie de Marot , de fa Maîtrefle qu'elle étoit. Tout ce qu'on peut conclure desdifferens Textes qu'il rapporte , c'cft que la Duchefle de Valenti- nois a défervi le Poète , & que fou- vent Marot l'a dcfignce dans des vers tendres & galansj mais dans iefquels il pouvoir bien ne parler qu'au nom de fon Maître. Ce n'cft pas d'aujourd'hui que les Poètes expriment tendrement les fenti- nicns de leurs protccfteurs. Quoi qu'il en foit, Marot fe ma- ria vraifcmblablement , puifqu'il cft certain qu'il eut un fils nommé Michel, qui fut reçu Page de Ma- dame Marguerite en 1534. donc on trouve ici les Oeuvres. Notre Editeur n'eft pas content d'avoir prêté à Marot une avanture avec la DuchelTe de Valentinois ^ il lui en prête encore une avec Ma- dame Marguerite d'Allençon & Reine de Navarre. Les preuves qu'il en apporte p.jurroient bien n,o paffer à des yeux plus fimples que lc,s fiens que pour de fimples jeu;^ O^obre, R E , 175 r: C07 d'efprit , que la diftance qui fe ttouvoit entre Marot & la Princef- fe , rendoit à leur avis exemts de tous foupçons , & qu'ils furent ce- pendant obligés d'interrompre pour mettre la PrincclTe à l'abri de la malii^nitédes CouttifanSjSc Ma- rot à l'abri deleur jaloufie. Ce fut en 15:9. que Clément Marot perdit fon père & prefque fa fortune, car quoique le Roi lui eût promis de le faire fucceder aux em- . plois de Jean Marot ,on oublia ou l'on fit femblant d'avoir oublié de le coucher fur l'Etat , & Marot fc vit obligé de foUiciter comme grâce ce que la promeffe du Roi lui pou- voir faire exiger comme dette. Clément Marot s'attira une nou- velle affaire , en tirant des mains des Archers un homme qu'ils ar- rêtoient. On informa contre lui , il fut décrété & enfin arrêté pour avoir empêché par des voyes de fait le cours ordinaire de la Juftice , comme on le voit par fon Epître 16. qu'il adrcfla à François I. pour lui demander fonélargiffemcnt & qui le lui fit obtenir. Ce fut vers cecems-là qu'il pu- blia les Ouvrages de fa jcuneife, fous le titre à'Adolefcences Clémeti- tïnes. Pendant qu'il fui voit la Cour à Blois , Diane de 'Poitiers eut l'a- drefle d'infinuer que Marot avoit part à plufieurs Libelles que les nouveaux Hérétiques avoient pu- bliés contre l'Eucharidie. Le Lieutenant Criminel alla donc fai- fir à Paris tous les papiers & tous les liivrçs du Poëte abfent , on n'y^ lii ëoS JOURNAL D trouva nulle preuve de fon Luthc- ranifmc j mais on ne perdit pas î'efpoir de le rendre criminel , par- ce que l'on avoic trouvé dans Ion Cabinet des Livres de Magie j de Négromancie&de Cabale. Marot apprit par fcs amis ce qui fe brafloit contre lui di s'enfuit en Bearn , de -là à Ferrare, & dans ia fuite à Venife , d'où il fut rappel- lé en France en 1536'. Il fe rendit à Lyon, où il fit abjuration du Lu- theranifmc , Se de-là revint à la Cour , où il rentra dans tous fes droits ôc dans toutes fes fondions. En i537.ilfuivit le Roi à Lyon , gÙ il renouvcUa fcsaflîduicés auprès de M. de Villcroi , dont il avoit été Page, & lui dédia fa Defcripdon du Temple de Cupidon qu'il avoit faite chez ce Seigneur il y a voi t plus de zo. ans. Il lîc cnfuite réimprimer fes Ouvrages par Etienne Dolct. Sa vie fut alfcz tranquille juf- qu'en 1545. mais fa verlion de quelques Pleaumes , lui fufcita un orage qu'il ne put conjurer qu'en fuyant de nouveau & fe réfugiant en Savoye , où il fixa fa demeure. Il mourut pauvre à Turin au mois de Septembre 1544. âgé de '49. ans au plus, en fuivant une Chronologie qui nous paroît aflez cxadc. Ici finit la première partie de la Préface, la féconde eft employée à nous peindre Marot comme Poète. Comme la Leéfure de fes Ouvrages eft infiniment plus propre à le faite Sonnoître que toutes ks Difleita- ES SÇAVANS; tiens; nous ne rendrons point com- pte ici de cette partie , neus ne don- nerons pas même le plan de l'Edi- tion que nous annonçons. Il cil; fuf- fifimmcnt décaillé dans le titre. Nous nous contenterons de dire un mot fur la perfonne & les Ouvrages de Jean Marot , père de Clément, èc de Michel Marot fon fils. Jean Marot naquit à Caen en «4^3. fon éducation fut fi négligée qu'on ne lui fit pas feulement ap- prendre le Latin. Son penchant pour les Belles-Lettres Sc laPoèûe lui tinrent heu de tout. On voit pat fcs Ecrits qu'il avoir beaucoup étu- dié l'Hiftoire & la Fable, & qu'il avoit lu avec foin & avec difcerne- mcnt les bons Poètes François, fur tout le Roman de la Rofe , dont il faifoit fcs délices. Jean Marot étoit pauvre & n'eut de bien que ce qu'il reçut de la Cour , il s'attacha à Anne Duchef- fc de Bretagne , depuis Reine de France , qui marqua fon cftime pour lui par des bienfaits réels , par le titre de fon Poète , qu'elle lui permit de porter , & par l'ordre qu'elle lui donna d'accompagnei Louis XII. dans fon expédition de Gcnc & de Venife, dont il nous a biffé une relation en vers , mais fi cxaèlc qu'on peut la regarder com- me un morceau d'Hiftoire. Ces deux voyages furent vrai- femblablement les feuls qu'il fit dans le deflein de les donner au Pu- blic , auffi font-ils ce qu'il a fait de .plus beau , il y joint l'invention à f octobre; ryjr: 60^ l'ordre , & la jufteiïe à la naïveté. Le coup de dague ou lance furieux Les fautes qu'il y commet font plu- tôt des fautes de fon fiéclc que les fienncs propres , il y tombe même fi rarement , qu'on s'appcrçoit qu'il les fentoic , èc qu'il tâchoit de les éviter. Parmi les autres Ouvrages de ce Poète, on en trouve un conddera- ble qui n'avoit encore été imprime qu'une feule fois. Il a pour titre : ta Ef ^ d'autruy ne pcult ofterla grâce, Vrai-difmte , Avocate des Dames. i\ blafmera ceuk de fa propre race , A la moitié n'cft pas tant dangereux Qu'un coup de bec , qui tout honncuï efface. "Fis «(•• Par faulx rapport, la nature efl d'un flateur envieux, Blafmer les bons , loiier les vicieux ; Le foin qu'il prit de l'éducation de Clément Marot fon fîls unique , Se la protection du Roi François I. dont il étoit Valet de Garde-Robe ,' ^rent le feul héritage qu'il lui laif- fa. Il mourut, vraifemblablcment en 1523. âgé pour cette rai fon qu'on doit pi la nailTance en 14^J. & non en 1457. comme le fait l'Auteur des Mémoires Littéraires. Comme le ftile de cet Auteur eft peu connu , nous tranfcrirons ici un de fes Rondeaux, on le trouve dans le 5"^ Volume, à la page zjz. il a pour titre. Ou même luy , s'il ne peut faire raieulx,' Par faulx rapport. A l'égard de Michel Marot, li Croix du Maine nous apprend fim- gé de 60. ans , & c'elî plement qu'il a écrit quelques Voé~ aifon qu'on doit placer ^'^f Françoifes , qui ont été impri- mées à Paris en \^6o. par Charles Langelier , avec les Contredits de Noftradamus , compofécs par le Sieur du Pavillon , près Lorris en Gàcinois ; & Antoine du Verdier, Sieur de Vaupripas ^ n'ajoute rien à cela. On les trouve toutçs ici ren- fermées en dix pages. Après ce que nous avons dit des Notes , en commençant cet Ex- trait, nous ne croyons pas dcs'oir en parler davantage ^ les Hiftori- qucs font employées à prouver !c Roman à' Anne de Poitiers &,' de Marguerite de France , les autres font fl libres que ce que nous en dirions ne feroit honneur à perfon-: [4it Diable foyem les R^tpporieurs. Par faux rapports, mains hommes ver- tueux Ont été mis du renc des fouffrcteux , Et qu'il foit vrai, quant tlateur à l'audace D'être écouté, il fait plus orde trace i^uc nul Serpent, ou Crapault Tcnimeux, ne. îji ij £io JOURNAL DES SÇAVANS; COUTUMES DES BAILLIAGES DE S E N S ET D£ Lanarts , commentées & conférées avec les Coutumes voijînes ^û" fpé- ciakment Hvec celle deChaiinàcnt en B^fftgny. Par M" Jnfle àe Laiflre^ jivocatan ParlemeKt. A Paris, chez les Frerei Ofmont , Qiiai des Auguftins, près le Pont faint Michel , au Soleil d'or. 173 i. /«-4°. pjs j bien d'ailleurs être de mauvaife j> humeur pour quelques raifons » qui lui ctoient particulières. M. le Fevre deftinoit fon fils pour les Belles-Lettres , & fe pror pofoit de le mettre en état de pou- voir un jour mériter quelque em- ploi honorable chez les étrangers , cependant il ne voulut point lui parler de Grec ni de Latin , que cet enfant n'eût atteint fa dixième an- née. Il crut qu'en attendant il fufll- foit de lui faire apprendre à bien iire & à bien écrire , fans fe mettre fort en peine de la beauté du carac- tère. Il remarque à ce fujet que pourvu qu'un enfant qu'on veut ap- pliquer aux Humanitez , ait la main légère , cela fuffit ; il croit mê- me que quand on peint fort bien ea cet âge , ce n'cft pas une fort bonne marque pour l'cfprit •, la raifon qu'il en donne eft que fi un enfant a la main belle ^ étant encore fi jeu- ne , cela témoigne qu'il eft plus foi- gneux qu'ardent, au lieu que quand on écrit alors légèrement cela mar- que qu'il y a dans un enfant beau- coup de feu , & par confequcnt beaucoup d'imagination. Il ajoute à cela que pour écrire comnic il faut , on doit attendre au moir.s la quinzième ou (eiziémc année , & qu'en ce tems-là on en tera plus en un mois pour la beauté de la main , qu'on ne feroic pendant quatre an- nées confécutives en un âge moins ES SÇAVANS; avancé. Il foûtient de plus qu'il n'y a rien qui rende un enfant fi paref- feux que d'exiger de lui , qu'en un âge fi tendre il peigne comme un maître. La raifon en eft que pour parvenir à cette perfection il em- ployra fouvent deux heures à écrire un nombre de mots , que fans cela il ccriroit en une demi-heure. Qu'il écrive donc légèrement , dit M. le Fevre , il fuffira qu'il life bien fon écriture. M. le Fevre obfetv» exac-; tement cette règle. Il ne mit fon fils à Mufa que lorfque l'Ecolier eut atteint l'âge de dix ans , & encore crut-il que c'étoit l'y mettre de bonne heu- re , d'autant plus que lui, M-le Fe- vre , n'y avoir été mis qu'à douze ans ; mais il s'imagina qu'avec le fecours d'un bon Précepteur com-^ me lui, l'enfant pourroit commen- cer deux ans plutôt , & en fçavoic autant à quinze que le perc en fça- voit à feize. La chofc réurtît de ma- nière que lorfque le jeune Ecolier mourut , ce qui arriva dans fa qua- torzième année , comme nous l'a- vons remarqué plus haut, il avoit lu deux fois l'Iliade d'un bout à l'autre , Se rendoit raifon des parties aufllî-bien qu'auroit pu faire un afiez bon maître , car il ne balançoit fic n'hcfitoit jamais. Il fçavoit de mê- me l'Enéide de Virgile, Terence; Phèdre , les Mcramorphofes d'O- vide , Sallufte , la première Comé- die de Plaute , la première & la fé- conde d'Ariftophane , ôc les trois premiers Livres de Tite-Livc -, ou- tre les autres petits Auteurs qu'il fauc f^avpirpouj: entendre ceuxrlà. 6 C t (5 B qui font fans doute les plus beaux des deux Langues. Tout ce que dit là M. le Fevrc paroît d'un très - grand fcns. M. GauUyeren convient j mais il croie devoir y joindre trois reflexions , l'une fur l'âge où il faut que foie un enfant qu'on veut commencer à enfeigner , l'autre fur ce qu'on doit lai enfeigner , & la troifiéme fur h manière dont on le doit enfeigner. Quant à l'âge on oppofe à M. le Fevrc, Quintilien,qui,dit-on , croit avecCryfippe^que pour enfeigner un enfant il ne faut pas même attendre qu'il ait fept ans : on oppofe Virgi- le, qui , en parlant des plantes &C des Jeunes animaux , établit des principes qui , à ce qu'on prétend , fe peuvent très-bien appliquer aux entans par rapport à leur inftruc- tion. Ces principes font que quand on veut drciïer des veaux pour le fervice de la Campagne on ne fçau- roit s'y prendre trop tôt ; & que quand on veut tout de même ac- coutumer un jeune Poulain à por- ter le licou, il faut commencer dans le tems qu'il eft encore tout trem- blant & ^u'il ne fçah pas même s'il eft en wV.Nous paflonsiîx beaux vers de Virgile cités là-delTus par notre Auteur. Mais après tout cela M. Gaullyer ne laifle pas de dire que le fenti- ment de Virgile ne contrarie point pour le fond, celui de M. le Fevre , puifque ce dernier en voulant que les enfans n'apprennent Aîafa que lorfqu'ils ont atteint l'âge de dix ou douze ans ,. n'empêche pas cepen- dant, que depuis trois ansjvifqu'à cet RE; 175»: Cn âge-là ils n'apprennent à lire & à écrire , &c même plulîeurs autres chofes qui font à leur portée , pac exemple , ce qu'il y a de plus facile dans la Géographie &C l'Hiftoirc. Mais quant aux principes du La- tin Se du Grec, M. Gaullyer cfl: fort d'avis qu'on n'y mette les en- fans qu'à l'âge de dix ou douze ans. Il prétend que les premiers élémens des Langues font rcbutans pour eux dans un âge moins avancé ^ & fî re- butans que la plupart de ceux à qui on les veut apprendre alors en con- çoivent une aveilîon qui les ac- compagne dans toute la fuite de leurs claffes. D'ailleurs , il croit que quand des enfans commenceront la Sixième à dix ans , ils feront encore aflcz à tems en Rhétorique , puifqu'ilsy feront à quinze ou fcize ans : Se que quand même on leur feroit doubler une ou deux de leurs clalfcs , ce qu'il juge très-à-propos , &c que pat confequent ils neferoicnten R lie- torique qu'à dix-huit ans , ce feroit peut-être encore trop tôt. Il prend occafion d'introduire ici fur la fcenc ceux qui fe vantent de faire entrer dans la tête d'un jeune homme , toutes les Langues & tou- tes les Sciences , tous les Arts Aii- ehanicfues & Libéraux , avant iju'il ait atteint l'âge de feiz.e ans. Il traite leurs idées de folles & ^extravagantes; & eux de nouveaux avamuriers de la menue Littérature, dont quelques-uns , par fimplicité , & quelques autres pour attraper des dupes, promettent au public ijneU; tjue chofe de miraculeux & de fabu- leux, Kkkij (fi8 JOURNAL DE pour le fécond article , c'eft-à- dirc, ce qu'on doit enfeigncr à un enfant juLqu'à dix ou douze ans, M. GauUyer dit que Qiiintilicn, d'accord là-iejfns avec Ad, le Fevre^ fcmble fe borner à la Icvflure &: à l'écriture , mais que rien n'empêche qu'on ne cultive la mémoire & î'efprit d^un enfant , en luifaifant lire & apprendre par CŒur,dc peti- tes fables tirées d'Efope , de Phèdre & de la Fontaine , de petites Hi- ftoires détachées avec quelques principes généraux de Chronologie & de Géographie , le Catcchifme , principalement s'il eft Hiftoriquc , comme celui de M. l'Abbé Fleury; le tout en François. Au regard de la manière d'enfci- gnerlescnfans, qui eft le troihéme article, M. GauUyer veut qu'on s'accommode à leurs allures puéri- les , & pour engager les Maures à le faire , il leur cire ces paroles de S. Paul. QuAnd j'étais enfant je farlois en enfant y je jugeais en en- fant , je raifonnois en enfant ; mais ^uandjefitis devenu homme je me fuis défait de ce ^ui tenait de l'enfant : Il leur cite enfuite ces autres paroles du même S. Paul, Icfquelles paroif- fentplus à propos. Comme n'étant t^ue des enfans en J. C, je ne vous ai nourris que de lait & non de viandes folides , car vous n'en étieXj>^s c Ara- bles. Je me fuis rendu faible avec Us faibles pour gagner les faibles. Nous nous fommes rendus petits parmi vous comme une nourrice qui prend foin defes enfans -, d'où notre . fyllabique ad 5c fon unique leçon » d'une demi-heure , pour mettre » un Ecolier de Septième en état »de faire expliquer à d'autres toutes » fortes d'Auteurs Latins ? Celui-là »j fon Imprimerie en Colombier , « avec (es logettesauxboulins^l'un >' fcs crochets pour lier enfcmbie » lesdifferenscas d'un nom^ou les » différentes j crfonnes d'un verbe? >' l'autre fes glofcs interlinéaircs , » comme fi c'étoit quelque chofe « de bien rare & qui tût utile à V d'autres qu'à des enfans/ Cctau- n trc-ci fes affiches par la Ville où » il dit beaucoup de bien de lui- wmêmc & beaucoup de mal de X tous les autres ? Cet autrc-là lès « propres Livres , où en parlant » fort fupcrficiellementdu nom de » chaque Science S<. de chaque a Langue , il promet de les faire » apprendre toutes à un jeune hom- 3) nie avant lâj,e de feize ans, & » qui pour toute réponfe à ceux qui >' lui ob edtent que cela eft impofli- « blc , du ; Qu'importe au public » que je promette l'impoflTiblc , » pourvu que je tienne encore plus ï> que je ne promets î La troifiéme remarque de M. Gaullyer roule uniquement fur M. RoUin j pluficurs Auteurs , dit-il , que M . le Fevre a jugés fi utiles & fi Rcceflaires pour l'inftrudion de fon filsj & qu'il a préférés à tous les au- tres , comme Terence , Juftin , Eu- trope , Vidor, Se plufieurs encore qu'on fait lire avec grand foin dans la plupart des Collèges de l'Univer- fité, fuivant les Statuts de cette RE, 1 751.' ^19 cicnne & prcfque univerfelle,com- me les Offices de Ciceron , la Vieil- leffe , l'Amitié , les Paradoxes, les Lettres , en ont été exclus fous dei prétextes tous plus vains & plus fri- voles les uns cjue les autres , & cela par M. Rollin , ancien ReÛeur de l'Univerftté y Profejfeur d'Elocjnence AU Collège Royal , aJSocié kl' Acadé- mie Royale des Infcriptions & Belles- Lettres , autrefois Régent de Second, de & de Rhétorique dans ce Collège du Pleffts , & en fuite Principal de celui de Beauvais. Après ce petit trait contre M, Rollin , notre Auteur renvoyé au Livre que lui M. Gaullyer a publié fous le titre de Tereftce ^ Ciceron^ Céfar ^Siillufie , &c. jufts fiés contre la Cenfure de M. Rollin. M. le Fevre veut que les Maîtres ayent grand foin de cultiver la mé- moire des cnfans , parce que fans la mémoire on ne voit paj à quoi peu-^' vent fervir les études. M. Gaullyer prend occafion de- là de réfuter ce que M. Locke dans fon Traité de l'éducation desenfans a avancé contre la coutume des Collèges de faire apprendre par* cœur les plus beaux endroits des Auteurs qu'on explique. Comme la difcuffion de cette matière eft im- portante pour l'éducation des en=» fans , nous rapporterons les raifons de M. Locke & enfuite celles donc fe fert M. Gaullyer pour lescombat-» tre. M. Locke dit qu'il ne voit au» cun avantage dans cette coutume des Collèges , fur tout par rapport à l'étude des Langues. Il remarque gu'on n'apgrcnd les tapgues qii'civ €îO JOURNAL D iifanf ou en parlant 5c non pas en fe ccmpliflant la mémoire de palTages d'Auteurs. Il foûtient qu'un hom- me qui a la tête ainfi pleine des penfées d'autrui , acquiert par ce moyen une grande difpofition à la pédanterie , &c que c'cft juftement par là qu'on en peut faite un vrai Pédant. Il demande s'il y a rien de plus ridicule , que de coudre à de chetives penfées qui feront venues dans l'efprit, quelques belles & ri- ches fentences d'un fameux Auteur? Ces fentences ainiî cnchafTées ne fervent , félon lui , qu'à faire paroî- trc davantage le petit génie de ceux qui les empruntent , & il dit qu'el- les ne leur font pas plus d'honneur qu'en feroit à un habit brun tout uféjdes morceaux qu'on y joindroit de quelque étoffe riche & brillante. Voilà en fubftance les raifons de M. Locke -, voici celles que M. GauUyer y oppofe : Il dit i**. Que fi M. Locke ne voit aucun avanta- ge dans cette coutume des Collèges, c'eft qu'il n'a pas la vue bonne ■■, &C pour le prouver il ajoute que Quin- tilien , M. RoUin & une infinité d'Auteurs trcs-célébres , tant an- ciens que modernes y en ont vit H y A long-'tems , & y en voyent encore Aujourd'hui ; fur quoi il cite ces pa- roles de Ciceron du premier Livre de l'Orateur : Exereenda eft memoria sdifcendis ad verhum quam plurimis & noflris feriftis , & alienis. Il faut txercer [a mémoire k apprendre mot pour mot le plus d'Ecrits qu'on pour- ra , [oit de nos Auteurs , fait des étrangers. Après Ciceron , M. GauUyer appelle ici en témoignage ES SÇAVANS; les Théologiens , les Prédicateurs , les Jurifconfultes , les Avocats , les Profertcurs ôi les Sçavans de toute cfpecc , qui , dit-il , reconnoilfent tous les jours l'utilité & même U neccHité de retenir par mémoire non feulement des pafTages , maii encore des difcours entiers , foit de la eompofition des autres , foit de la leur propre. Il cite là-deiTus M. Nicole, qui , dit-il , a beaucoup plus de ré- putation que M. Locke , tant pour le jugement que pour le goût , & qui dans le Traité de l'éducation d'un Prince s'explique en ces ter- mes far le fujet dont il s'agit. »» Cet » avis d'apprendre par cœur même » des Livres entiers de Virgile , eft »>de plus grande importance qu'on n ne penfe , & n'a pas feulement » pour but de foulager la mémoire » des cnfans , mais aufll de leur for- » mer l'efprit & le llyle ; car les jjchofes qu'on apprend par cœur , "S'impriment davantage dans la M mémoire , & (ont comme ^s% » moules 5; des tormes que les pen- » fées prennent , lorfqu'ils les vcu- » lent exprimer-, de forte que lorf- » qu'ils n'en ont que de bons & » d'excellens , il faut comme par » neceffîté, qu'ils s'expriment d'une » manière noble & élevée , c'eft par »*une raifon contraire , pottrfuit M, n Nictle , qu'il arrive atlezfouvcnt » que des petfonnes qui ont boa »efprit, &C qui raifonnent affezju- jjfte, parlent néanmoins & écrivent » baiïemcnt. Car cela vient de ce ..qu'ils ont été mal inftruits dans » leur jeunelfe, & qu'on leur a rem- » pli la mémoire de mauvaifes ex- OCTOBRE; 1731: 621 » preflîons& de mauvais tours. Un toutes les Sciences; & il répond n Imprimeur , «jonte ~ t- il , qui » n'auroit que des caraûercs gothi- » ques , n'imprimeroit auffi rien j> qu'en lettres gothiques , quelque »» bel arrangement qu'il mît fous la »' prclfc : on peut dire de même , »> que ces perfonnes n'ayant dans " l'efprit que des moules gothiques, «< leurs pcnfccs en fc revêtant d'cx- « preflions , prennent toujours un » air gothique & fcholaftiquc dont M ils ne fçauroient fe défaire. M. GauUyer demande fi après tant de témoignages, & des témoi- gnages d'un fi grand poids en fa- veur de la coutume des Collèges de faire apprendre par cœur , d'excel- lens Auteurs aux jeunes gens , & même de leur propofer des prix de mémoire , il n'eft pas tout-k-fait flaifant :c, parce que les perfonnes qui étudient CCS Langues^ ont feulement pour but de les en- tendre & non de les parler ^ au lieu ES SÇAVANS; que la plupart des enfans qui ap« prennent le Latin , devant en plu- Heurs occafions avoir befoin de le parler , foit en Philofophic , foit en Théologie , foit en Jurifprudcnce , foit dans les voyages , &c. on ne peut s'y prendre trop tôt pour les familiarifer avec cette Langue & U leur faire goûter. M. GauUyet ajoute de plus , qu'à un François qui feroit deftiné à vivre parmi les Ita- liens , on feroit fort bien de donneï du François à mettre en Italien , ou de lui faire parler l'Italien fur le champ , ce qui eft encore bien plus difficile. C'eft ainfî , ajoûte-t-il, que les Athéniens qui enfcignoienc les Romains , ne manquoient pas fans doute de les faire compoferou parler Grec. Quant aux matériaux dont M. le Fevre dit qu'il faut faire provi- fîon , M- Gaullyer répond i°. Q^Çil n'e/f pas k craindre que nos petits ^rchimedes jnar.cjHent de matériaux pour faire leurs h^tirnens^vil qu'on ne leur en donne (jite de très -faciles k conflrHire , & cjui font à peu p.h Comme les Châteaux de cartes qu'ils font quelquefois', i*. Qu'on a foin de leur mettre d'avance dans la tête les matériaux dont ils ont befoin : 3". Que s'il leur en manquoit quel- ques-uns , ils les trouveront fans peine dans leurs Dictionnaires,dan$ leurs Méthodes ou dans leurs Au- teurs. M. le Fevre vient de dire qu'on verra par l'heureux fuccès de £i Méthode combien font peu avifés ceux qui fui vent la grande route , mjfi-biçn en matière de Grammaire O C T O B ^u'en matière de morale. Ces paroles font une énigme pour l/{. G iuWycï. Je Uijfe , dit-il, a deviner à cjui en t/eut ici JVi. le Fe- vre , ne feroit-ce point àfes voiftns qni faifoiem le même métier ^ne lui ? fuivant le proverbe: FiguLuS Figu- lo iNviDET. Tous les Le-, continue M. le Fevte, ôtez le f^laifir des études , je fuis fort perfuadé ^it'iin enfant ne ff aurait les aimer. Aîais entefidons-iious,s'il vous pLitt , car je ne prétends pas parler de toutes fortes de farces ni de toutes fortes de Comédies , je n'entends par- ler que de celks qui font ingénieufes drfans crime. M. Gaullyer , à l'occafion de CCS paroles , déclare ce qu'il pen- fe fur la Comédie : il annonce ^ i". Qii'il eft fort éloigné de regarder le Théâtre comme une Ecole de ver- tu pour des Chrétiens : i°. Qiie quand il a dit dans un de fes Livres contre M. RoUin , que la Comé- die cfl: propre à former l'cTprit & les mœurs des enfans , il n'a nulle- ment entendu parler de laComedic confiderée comme fpcflacle , mais feulement de la Comédie confidc- rée comme Poëme , ou plutôt de quelques Comédies particulières , fur tout de celles de Terence , cor- rigées par Meilîeurs de Port-Royal: 3 . Qii'/7 croit avoir ainfi évité les deux extrémitez oit lui paroijfent avoir donné Meffieurs le Fevre & Rollin , & avoir attrapé un jufle mi- lieu également éloigné de la trop gran- de liberté & de la trop grande indul- gence. Il a voulu dire apparem- ment,, de la trop arande feverité Sç de la trop grande indulgence. !} M. le fevre , dit-il ^ permeE S SÇAVANS; » aux enfans , non feulement la Icc- 3» ture de Terence , de Plante Sc "d'Arillophanc corrigés ; mais en- " core la Farce & la Comédie. M. » Rollin au contraire lear interdit » la lecture de toutPoetc Comique, » Se encore plus de tout fpedacle » jufqu'aux Tragédies de Collège... j> Pour moi , je ne veux ni Farce,ni j> Comedie,ni aucun grand Spedra- » de qui puuTe faire de violentes Sc » funeftes imprcfllons fur l'ame des » enfans. M. Gaullyer croit - il , objec- teront quelques Ledeurs , qu'il y ait perfonne qui dife qu'entre les Spedacles, ceux-mêmes qui font de violentes & funefles impreffions fur l'ame des enfans , font permis aux enfans : croit-il trouver là-def- fus quelqu'un qui le veuille contre- dire ? Et quand il reproche à M. le Fevre de permettre non feulement lalcdure de Terence , de PlauteSc d'Ariltophane corrigés , mais enco- re laFarce & la Comédie, oublie-t-il, diront les mêmes Ledeurs, que M, le Fevre déclare en termes exprès qu'il n'entend point parler de toutes fortes de Farces ni de toutes fortes de Comédies, mais de celles feule- ment qui font ingénieufes fans cri- me, & qu'ainfi M. le Fevre ne pré- tend point autotii'er, non plus que M. GiuUyer , ce qui peut taire des impreffions funsfl; s fur l'ame des en- fans. Quant à la diflindlon. dt M. Gaullyer entre la Corhedic (fou fide- rée comme Poëmc .S: la ComE^djc confiderée comme Spedaclc, donc i'une eft permife & l'autre défen-i O C T O B duc : nous avons déjà touché ce point dans notre Journal du mois de Janvier 17:9. art. 1. en difanc <]uc nous lailfions aux Lc>5teurs à ^uger de la définition ; nous dilons ici la nicme chofe. M. GauUycr ne fc contente pas de faire des remarques fur les ma- dères que M. le Fevre a traitées , il en fait encore fur celles que cet Au- teur a omifes; fçavoir, fur les prin- cipes de la Langue Françoife, fur les élégances de la Langue Latine, fur la verfification, fur la Poétique, fur la Rhétorique. Il n'obferve en cela d'autre ordre que celui de l'âge & des cliffes des Etudians ; il va du finiple au compofé , du plus connu au moins connu , du plus facile au plus difficile , fuivant la méthode des bons Géomètres &i des bons Philofophes. C'eft toutceque nous en dirons : il faut voir dans le Livre jnême les remarques qu'il tait là- dclfus. Suivant l'annonce du titre , nous aurions dû trouver ici des Let- tres de M. GauUycr fur la manière d'enfeigncr, mais nous les avons cherchées inutilement , (ans quoi nous en aurions dit un mot. M. le Fevre termine fon difcours par deux reflexions qui finiront aulli jiotre Extrait , la première eft qu'un Maître doit toi^ijours entremêler dans fes explications , quelque cho- fe qui farte rire fon jeune Difciple , fans quoi l'étude devient artom- mante pour un enfant , fcrt plus à le rendre ftupide qu'à lui former l'elprit : il déclare là - àedasfun franchement , & il dit qu'il l'avance RE, 1751.^ <>2'7 auflî fort 'vérittblemetit ', qu'il ne faut point s'étonner que d'un fi grand nombre d'enbns qu'on mec entre les mains des Maîtres , il s'en falTe pliitôt des bêtes que des hom- mes : Qii'à la vérité on deftine fou- vent aux lettres, des cnfans qui n'y font nullement propres , & qu'en ce cas il n'a rien à dire aux Maîtres , finon qu'ils devroient en donner avis aux parens; mais que s'ils ne le tont pas , & qu'ils connoirtcnt ce- pendant l'incapacité naturelle de l'enfant, ces fortes de Maîtres ne fçauroient parter pour gens d'hon- neur , ou que s'ils ne connolifenc pas cette incapacité, ce font des ânes eux-mêmes i fur quoi il demande qu'ert:-ce qu'on veut qa'/i« anefajfe jïnon un me comme lui ? Sa dernière reflexion, eftqu'afin qu'un enfant qui a de la difpolîtion pour les Lettres y faiTe autant de progrès qu'en fit fon iils, & peut- être encore davantage , il n'ell be- foin que d'une chofc , c'eft d'un bon Maître ; mais que pour être tel il faut bien portcder ce qu'on doit enleigner : Que cela ne luflit pas encore, qu'il faut avoir une affec- tion de pcre pour fon Difciple , &c être extrêmement exad : mais point de chagrin , point de bizarrerie , ce qui gâteroit tout : Qiie cepen- dant on ne trouve dans la plupart des Collèges , que trop de Maîtres ou lâcheSjOU ignorans, ou étourdis: qu'au furplus il cfl: bien aifé de ne pas expofer à de telles pcïfonnes , des enfans bien nés. 628 JOURNÀt DES SÇAVANS; SUPPLE'MENT A L'HISTOIRE DES GVERRES Civiles de Flandre fous Philippe II. Roi d'Efp'^gm , dit Pcre Famien Stmda , & d'antres yîuteurs \ contenant les procès criminels de Lamo- rald^ Comte d'Egmont & de Philippe de Montmorency , Comte de HoT' nés ^ aufijHels le Duc d' Alhc a fait trancher l<* tête à Bruxelles. A Amfterdam , chez Pierre Michield. 1719. 2- vol. /»-il. premier vol. pp. 310. fecom.! vol. pp. iG'y - $60. non compris la Préface & les Tables. On le trouve à Paris ^ cheT^Briafon , Libraire , rue fai?tt J*c- tjues j à la Science. LES Révolutions arrivées dans les Pays-Bas durant le feizté- me fiécle ont été écrites par tant d'Auteurs que prcfque tout le mon- de en efl: i'.iftruit , mais elles font fi intereiTantes qu'on s'en rafraîchit toujours la mémoire avec plaifir. D'ailleurs le Livre que nous an- nonçons n'cft point une fimple ré- pétition de ce qu'on fçait fur ces matières. C'eft un amas complet de pièces nouvelles tirées d'un an- cien Manufcrit, qui traite à fond des procès criminels de Lamorald, Comte d'Egmont 6c de Philippe de Montmorency. Chacun fçait que Lamorald , Comte d'Egmont & Prince de Gaure , defcendoit d'une des plus illuftres & des plus anciennes famil- les des Pays-Bas , & qu'il étoit ex- trêmement chéri des peuples à cau- fe de fon affabilité. Il étoit fils de Jean d'Egmont , Chambelan de l'Empereur Charles - Quint & de Françoife de Luxembourg. Il avoit cpoufé Sabine DucheflTe de Baviè- re , fœur de Jean Eledcur Palatin , de laquelle il lailTa onze cnfans, l'Empereur le créa Chevalier de l'Oidrc dç U Toifond'ot, dans le Chapitre qu'il tint à Utrccht en Janvier 1 546, &: Philippe II. le fit en 1558. Confeiller d'Etat &: Gou- verneur des Comtcz de Flandres 6C d'Artois. Pour Philippe de Montmoren- cy , Comte de Homes , il naquic en Flandres de Jofeph de Mont- morency j Seigneur de Nevele &C d'Anne d'Egmont, fille aîné de Florent Comte de Buren. Il fut Gentilhomme de Bouche de Char- les-Quint & Philippe II. fon fils le fit Capitaine de la Compagnie Noble des Archers , Gouverneur du Duché de Gueldre & du Comté de Zutphen , Chevalier de la Toi- fon d'or , Amiral de la mer , Capi- taine d'une bande d'ordonnance , Sur-Inrcndant des affaires du Pays- Bas, cC Confeiller d'Etat. Qiiand Philippe II. partit des Pays-Bas pour aller prendre poffef- fion en pcrfonne des Etats qui lui appattcnoientj tant par l'abdication de Charles-Qiunt fon perc , que par droit de nature , il établit Marguc-; rite d'Autriche Ducheffe de Parme fa fœur naturelle , Gouvernante générale des Pays-Bas , & lui nom- jna un Confeil pour l'affifter , dont û Ô CT O B îl di;clara Chef Antoine Pcrrenot , Cardinal de Granvelle , premier Archevêque de Malincs , aupara- vant Evêque J'Arras. Ces dignirez Ecclefiaftiques le fendirent odieux au peuple , dont plulieurs étoient difpofés à la ré- volte & imbus des nouvelles Scd;cs, & Ton autorité excita contre lui l'envie de la Nobleiïc , de telle for- te qu'on le rendit garant de tous les troubles qu'excitoienc ces deux partis. La révolte alla fi loin , que le Prince d'Orange, le Comte d'Eg- mont , le Comte de Hornes , le Marquis de Berghcs , & grand nombre d'autres Seigneurs rcfufé- tent d'entrer au Confcil d'Etat , tant que laGouvernante y fouffjiroit le Cardinal. Philippe II. indigné de ces de- fordrcs , refolut de punir avec la dernière rigueur les peuples & les Seigneurs des Pays-Bas. Il confia fa vengeance à Ferdinand-Alvarez de Tolède, Duc d'Albe, qu'il mit à la tête d'une puillante armée pour réduire tous ces rebelles. Cette nouvelle confterna fort tout le Pays , de telle forte que plus de cent mille pcrfonnes l'aban- donnèrent pour fe mettre à couvert des infultes du Soldat Efpngnol. A peine le Duc d'Albe fut-il arrivé aux Pays-Bas que la Gouvernance fe plaignit hautement de fa puiffan- cc cxceiîive , &C demanda d'être déchargée d'un gouvernement dont il ne lui laifToit que l'ombre. Le Roi accepta fa démiilîon , &c le Duc d'Albe fc trouva par-là tout- puillant. RE; 1751^ ^2p Son premier adlc d'autorité fut de faire arrêter le 9. Septembre I J67. les Comtes d'Egmont &c de Hornes. Il les fit conduire au Châ- teau de Gand fous une efcorte de 3000. Efpagnols. Dès qu'il fe fut alTuré de leurs perfonnes il alTcmbla un Confcil pour décider quels dé- voient être leurs Juges.On y refolut de former une nouvelle Chambre fous le nom du Confeil des trou- bles, mais que les Flamans appelle-: cent le Confeil de Sang. Le choix des Confeillcrs de ce nouveau Confcil étant fait , le Duc d'Albe s'en établit le Chef, & dé- clara que tous fes Membres n'au- roient que voix cenfultative , parce qu'il fe réfervoit à lui feulla déci- fion des affaires , fuivant les ordres qu'il en avoir reçu de fa Majefté. Il n'eft pas difficile de concevoir quelle fut la terreur de tous ceux qui prenoient part à la vie des prifonniersj à la nouvelle de l'éta- bliffemcnt de cet effrayant Tribu- nal. Us firent tout ce qu'ils purent pour le décliner, mais inutilement, la procédure alla toujours Ton train, 5c\e 5. Juin 1568. C'ell-à-dirc, après huit mois de ptifon , les Com- tes d'Egmont & de Hornes furent décapites à Bruxelles,comnie crimi- nels de Léxe-Majellé, & rebelles. Le premier de ces deux Volu- mes contient généralement toutes les procédures de cette grande affai- re ; & le fécond , cfl: un Recueil de Lettres de d'autres Pièces , pour fervir d'éclaircilTement &: de preu- ves à tout ce que comicnî le pre- mier,. 6^0 JOURNAL DES SÇAVANS, Ceux qui veulent s'inftruire à donner l'extrait. L'Editeur de ce fond de cette iranieufe cataftrophe , re fçauroient jamais mieux le taire qu'en confultant ces deux Volumes. Ils y trouveront plus de 150. Pic- ces , concernant cette allaite, toutes rangées félon l'ordre du tcms , & dont il ne nous cft pas polfible de Recueil avertie que ii celui-ci a le bonheur de plaire au public , iî eft en état d'en donner plulîcurs autres qui n'éclairciront pas moins rHill:oire des troubles des Pays-bas que celui-ci. jSfOVFELLES LITTERAIRES, ALLEMAGNE. ' De Francfort sur l'Oder. CONRAD a imprimé une Dilfertation de 'M.Jablonski^ Docteur & Profellcur enThéologic, fur Remphah Dieu des Egyptiens, que les Ifraëlites adorèrent dans le defert. L'AuteuE prétend que ce Dieu Remphah eft le Soleil. Pour prouver ce qu'il avance , il obferve que dans la Langue Egyptienne Re eu Ro iîgnilîe Roi , que Pheh veut dire le Ciel , & que la lettre m ne fert qu'à lier le mot , Re avec le mot luivant. Ainfi Remphah (igni- fie le Roi du Ciel , qui étoit le So- leil , fuivant les Egyptiens. M. 3a- blons'^i eft Difciple de M.laCraif qui a compofé un Didionnaire Egyptien , dont il n'y a que la Pré- face qui ait été imprimée. On 3. imprimé à Stntgard le Voyage du Prince Maximilicn Emanuel dcWirtemberg en Polo- gne, en Litiiuanie,en Ruflïe , avec le Voyage de Pitttavva à Bcndcr. Ce yoyage eft en Allemand , ^ ks endroits les plus remr.rquables font tirés, à ce qu'on alTuxe, du Journal du Prince. Les Annales de la France Orien- tale en deux Volumes in-fel. font achevés d'imprimer , on attend pour les publier qu'on y ait mis une Prétace. Apparemment qu'elle contiendra l'éloge de l'Auteur ,. M. Jean - George Djckardt , Confciller &c Hiiloriographc de l'Evêque de Wuttzbourg. M. Deckardt eft mort d'hydropil'e au mois de Février 1730. il étoit âgé de 5 5, ans. On dillnbue aux Soufcripteurs l'Ouvrage duDovfleur Britchmann ^. intitulé Aî-tgnalia Dei m locis fitb- terraneis. Le Commentaire fur l'Ordon- nance Criminelle de Charles V.. imprimé à Elanover eft de M.Kfej?. C'eft le plus ancien des Jurifcon- fultcs du Pays. L'Hiftoire de /'/«/mw de l'Abbé Schmidtcd un Ouvrage Pofthume. M. Emanuel - Chrétien Lxbtr , ProfelTcuren Médecine dan' l'Uni- YCtiicé de Gêne a publié un Traité Latin Latin fur l'utilité de la Saignée dans les maladies aiguës des entans. Des Libraires de Lcipfig ont im- primé une Hiftoire des Allemands qui fe font diftingués par des Poc- lies Gréqucs , depuis le renouvelle- ment des lettres jufqu'à prefent.Un Ouvrage Pofthumc de M. Buddeus qui eft: un Supplément à l'Hilloire Littéraire de la Théologie. Un Re- cueil de plulieurs DilTertations fur l'Arcbitcdure tant Civile que Mili- taire par hi.Hederich , 6c une nou- velle Edition des trois plus ancien - nés Loix Saxones avec une ancienne LoidesFfifons , par M. Gaenner, Deux Sçavans, MM. Schoettgert & Kreyfig ont entrepris de donner un Recueil de Pièces concernant l'Hiftoire delà Haute-Saxe & des Provinces voilmes. On en a déjà publié deux Parties. Les Curieux de Droit Public efti- mcnt l'Ouvrage de M. Litdevvig, inritulé Singularia Jiiris FiMici Cjcrmanici Imperii, Il eft imprimé à Halle. 11 paroîr dans la même Ville une Dilferrarion de 'h,\.Boehmera^\n qui a pour titre : SuccinUa metnii-^ dulito ad Methodum difputandi dy confcribendi difputattones Jimdicas. SUISSE. M. HolUrd a traduit le Traité de la nature & de la fin de la fainte Cène , dont M. Wake, Archevêque de Cantorbery eft Auteur. Cette tradudion eft imprimée à Berne , chez Bourdeit. On a aulîi imprimé à Zurich un Traité de M. ScheMchzer fur la manière de lire de Yicillcs OÛoke, O C T O B R E, 1751. 631 Lettres & de vieux a«fi:es. Il eft écrie en Allemand. HOLLANDE. Changiiion , Libraire d'Amfter- dam , a fait une nouvelle Edition des caraderes de la Bruyete. Il y a joint la défcnfe de cet Ouvrage pat M. Cofle. Un autre Libraire de la même Ville a donné une nouvelle Edition de la Tradudlion de Tacite avec des Notes Politiques & Hi- ftoriques, par j4melot de la Hottjfaie. M. Amclot n'avoit traduit que neuf Livres des Annales -, les autres ont été traduits auflî avec des Notes Po- litiques (?c Hiftoriqucs , par M. L; C D. G. qui vient de faire impri- mer fa traduiflion chez Scheurleer. Le Recueil des Dilcours fur di- verfes matières impoitantes, tra- duits ou compofcs par M. Barbey^ rac , Profelïeur en Droit dans l'U- niverfité de Groningue, formel vol. in-i i. l'Auteur y a joint l'élo- ge de M. Nooât ^ dont il a traduit quelques Difcours. On vend a U trechr , chez Jean Broedelet , le Triomphe de la venté & de la paix , ou Réflexions fnr ce qui s'efl pdjjé de plus important dans le dernier Synode au fiijet de MM^ Saurin & Mathy , par Jean-Louis Bonv9t4ft,Viîicut de l'Eglife Walo- ne d'Utrechr. Le premier Livre de cet Ouvrage ne regarde que la dif-- pute entre des Miniftres qui eft an- noncée dans le titre. Mais dans le (ccond Livre il y a deschofesinte- reflantes pour ceux qui ne vou" droicnt pas prendre de part à cstte Mmm 6^z JOURNAL D dirpute. L'Auteur Te propofe d'y prouver que le menfonge même officieux n'efb jamais permis. Il a paru à Leydeun autre Livre fur les Concéda tions d'enrre les Miniftres. Il a pour titre : Refte.vionsfifla De- claration ^ue M. Smrin a donné au dernier Synode , & idée jufie (ju'en doit avoir de l'apologie pour ce Pa- Jieur, compoféepar M.^sr. Frefca- rode Pafteur & Profejfeur k Roterdam. Par un des Pafteurs de l'Eglife Wa-- lotte de Leyden, FRANCE. Paris. L'Académie Royale des Belles- Lettres , Sciences & Arts de Bor- deaux , ayant été obligée de refer- ver le Prix de cette année, elle en propofe deux aux Sçavans de l'Eu- lope , qui feront diftribués le 2j. d'Aouft 1731. Elle delline un de ces Prix à celui qui expliquera avec le plus de pro- babilité laqucftion fuivante -, s'dy a un MagnetiÇme dam le Corps , /quel- le en efilacaufe & quelles en font les loix. Elle deftinc l'autre à celui qui donnera l'explication la plus proba- ble du mouvement de la Sève dans les Plantes, & les loix de ce mouvement. Il fera libre d'envoyer les Dilferca- tions en François ou en Latin : on demande qu'elles foient écrites en caraderes lifibles 5 elles ne feront reçues pour le concours que juf- qu'au premier Mai prochain inclu- fjyeroent. ES SÇAVANS; Au bas des Dilfercationsil v aura une Sentence , & l'Auteur mettra, dans un BiUec féparé &: cacheté la même Sentence , avec fon nom &c fon adrelTe. Les Patjuets feront affranchis & adreffés à Ai. Sarrau Secrétaire de P Académie , rué de Çourgnes , on an Sieur Brun Imprimeur de l'tyieade- mie , rué S, ^àmes„ On avertit les Sçavans que l'A- cadémie n'a pas diltribué le Prix cette année , parce que la DilTerta- tion à qui elle auroit pii l'adjuger ,' s'ell trouvée trop conforme à l'ex- plication du Son , donnée par M, Crouz.as dans fon Traité du Beau. On continue à imprimer les Ou- vrages Pofthumes de M. Bofuet ^ Evêque de Meaux. Barthélémy Alix vient d'en donner deux en un feu! Volume. Le premier Traité eft intitulé du Libre Arbitre , & le fcr cond de la Concupifcence. M. l'Evê- que de Troycs a hit un Mande- ment pour recommander à fes Dio- céfains la leciure de ces deux Trai- tez. » Plus vous les méditerez, leur " dit-il , plus vous y trouverez de » lumière & de folidité& plus vous M avancerez dans la connoilfance de "la Religion. C'eft-à-dire , dans la «connoitlance de Dieu , de vous- »j même Se principalement de J.C. » par lequel feul nous pouvons pro- ja fiterde toutes ces connoi (Tances." Nous donnerons au plutôt l'Extrait de ces deux Traités. Le GraSj Libraire, dans la Grand- Salle du Palais , a fait une nouvelle Edition de la Bibliothèque des gens de Cour 3 confiderablement aug- O C T O B mentée. Il y a fix Volumes/» 12. Pierre G. le Mercier fils , «ic S. Jacques, à S. Hiliire , a mis de- puis peu en vente Hifloire de i' Au- ^ufie Natffance de Aionfei^neiirle Dauphin , divifée en trois Parties , ((ont U première contient toutes let fêtes & rejoitijfttnces cjiion a faites dans Paris pendant fix mois confécHtifs. La féconde , celles cjui ont été faites dans toutes lis Provin- ces du Royaume , même dans les Pays étrangers , avec la difcription des Feux d'Artifices ; tous les Dtfcours , Harangues ^ Emblèmes & Infcrip- tions Latines & Franfoifes : & la troifiéme , un Recueil des meilleures Pièces de Po'eftes cjui ont paru a cette occafton avec les noms de leurs Au- teurs ; on y nomme auffi Mejfieurs les Gouverneurs^ Intendans, Lieutenans de Roi , Prevot des Marchands , Maires , Echevins ^ Confuls & au- tres perfennes cjui ont eu part & ^ui fe font diftingitées dans ces fêtes. On y a joint la Naijfance de Monfci- gneur le Duc d'Anjou. Dcàice a la Reine, par le Chevalier Daudet , Ingénieur-Géographe ordinaire de RE; T73 t; d^j leurs Majeftés, vol./»-i2. lyji. Cet Ouvrage , comme l'on voit, renferme une Hil1:oire fuivie de tout ce qui s'cft paffé de plus remar- quable & de plus intercirant à l'oc- cafion de cette Augufte NailTance . & grâces au loiiable foin de l'Au- teur, il fcraaifcdefatisfaire fa juftc curiofité fur toutes les circonftances de cet heureux Evénement, fans feuilleter un nombre confiderablc de Volumes du Mercure , du Jout: nal de Verdun Se des Gazettes ; dans lefquels les Auteurs de ces Ouvrages n'ont pij s'empêcher de mêler les differcnresRelations qu'on leur en envoyoit parmi un nom- bre infini d'autres fujets qui n'y ont aucun rapport. La durée des Ré- joiiilfances & autres époques qui y font liées n'ont pas permis à l'Au- teur de mettre plutôt ce Volume au jour ; il lui a fallu , dit-il, uh long efpace de tcmspour tout re- cueillir , & ils'ell: cru obligé de fu- primer quantité de Pièces Gré- ques. Latines, Italiennes, &c. pour ne pas fatiguer les acheteurs par 1* multiplicité des Volumes. ^34 P Fautes a corriger dans le Journal d^Aoufl 173 1. Age 470. col. 2. ligne 27. Armife ^ lifez. Armoife. Dans le Journal de Septembre 1751. Pag. 50^. col. 2. lig. 13. qu'il avance , lif. qu'il avoiie : Pag. 513>- col. I. lig. lé. attire, lif attirée : Pag. 527. col. 2.1ig' 39. pour, lif. „,....„.......„ ,..,,„...,,.,. r par : Pag. 532, col. i. lig. 20. le nom latin Genève , Uf le nom latin ^ de Genève. M TABLE Des Articles contenus dans le Journal d'0(3:ob. 1731^ Dlfconrs fur la Comédie , ôcc. far le R. P. Pierre le Brun , Prêtre de l'Oratoire , P^&s 5^? La Bibliothe> qu'il délivre des fuperllitions les J> plus cruelles , & dont il devient "le Légiflarcur. Dans fon retour il >5 fauve par fon courage une puiflan- >» te Republique d'un ennemi qui » ell à fes portes j £c il n'exige d'elle J3 pour la recompcnfe que le falut "du peuple vaincu, dont le Roi » ou le Tyran l'avoit attaquée, Ren- »tré enfin dans fa patrie , il fe rend " le bien-faidcur de ceux qu'il avoic » fujct de regarder comme fcs cii- " nemis & fes rivaux ; &c il fe réjoilie » des conjondlures qui engagent ») fon honneur à leur facriher fes n intérêts , & qui lui font un de- " voir de la félicité qu'il leur pro-; «cure. « Ce peu de lignes cxpofc avec tant d'cxaditude & de préci- fion tout le fujet de cette Hiftoire , que pour en donner une idée corn- plctte , nous ne pouvions mieux faire que de les tranfcrire. La vertu dans Séthos n'eft paSf- l'effet du fcul tempérament & de la- feule habitude. Elle eft fondée fut des principes conftans & éclairés ,'. dont il rend compte en diverfesoc- cafions, & conformément aufquels,' dans fes décifions , quoique toii- jours dirigées vers l'Héroilmc , on appcrçoit moins de févérité que de jufttjfe. D'où il eft aifé de préfumcï que l'Auteur de cette Hiftorc > le- 640 JOURNAL D quel efl du fécond fiécle de l'Ere Chrétienne , a reçu quelque ceintu- re d'une Morale très-fupérieure à celle des Payens , & où il a puifé ces définitions &cesdillindions exac- tes des vertus & des vices, qu'il dé- bite quelquefois par l'organe de fon Héros ou de quelque autre de fes perfonnages.nC'eft au(ll ( apûcc M le Tradudeur ) ce qui me donne » la confiance d'avancer ^ que cet » Ouvrage contient une Morale n plus recherchée & plus approfon- >î die qu'on ne l'a vue encore en au- » cunLivre de pures Belles-Lettres, » ou du nombre de ceux qu'on peut » a ppeller Profanes. « Mais quoi- que les vertus étalées ici foient pu- rement morales, elles n'en méritent pas moins d'être recommandées aux hommes , ne tut-ce que pour entrer en commerce de mœurs avec les peuples de différentes Re- ligions , pour faire valoir l'humani- té &; la probité chez ceux qui même dans le Chriftianihne feroicnt peu fenfibles à des motii:s d'un ordre fupérieur, & pour faire fentir à ceux qui femblent méprifer ces fortes de vertus, qu'elles font à l'égard des vertus Chrétiennes ce que la raifon eft à l'égard de la Foi j c'e(l-à-dire qu'elles ne leur font qu'inférieures fans jamais leur être contraires. Le Traàufteur , après avoir ex- pofé la première vue de fon Auteur, quiétoit de nous peindre un Héros accompli , palTe à la féconde qui étoit d'enrichir fa narration pat quantité de Curiofitez Littéraires concernant la Nation fameufe d'où fi. fiifoit foK-i; (oa Hcios. Ccik dans ES SÇAVANS; , A.. , Vf i cette même vue qu ayant a le con- duire dans une partie confiderable de la terre , il avoit ramaffè avec foin grand nombre d'obfervations fur l'ancienne Géographie , qu'à l'exemple d'Hérodote , de Polybe , de Diodore ôc de Plutarque , il avoit inférées dans la narration , ainfi quepluheurs antiquicez politi- ques ou militaires , &: des traits hi- ftoriques fur l'origine & le progrès des connoiffances humaines. Mais le Tradudteuc en revoyant fa ver- fîon achevée , a cru , pour éviter les interruptions trop longues ou trop fréquentes , devoir retrancher la plupart de ces remarques , & re-: duire toute cette érudition à ce qui étoit abfolument necelfaire pour faire connoîrrefuBifammenc l'édu- cation de Séthos. Et comme les Académies de Memphis & l'Obfer- vatoire de Thébes étoient eflentiel- Ics à ce deffein , il a conicrvé les premières dans le fécond Livre Se l'autre dans le 5'^ , en les abrégeant beaucoup. Malgré tous les retranchemens du Tradudeur , il refte encore de quoi donner une idée allez étendue des Egyptiens, des Phéniciens, & de quelques autres Nations , dont on ne Liiifcra pas de découvrir le caradlerc &C les mœurs , au travers de la fiâiion , &; c'eft un avantage qu'on trouve même dans quelques- uns de nos Romans. L'Auteur de Séthos fournit un moyen de démê- ler ce qu'il y a de réel dans fon Hi- ftoire d'avec ce qu'il y a de fuppoféj c'cll: en renvoyant pour les t aits de ce dernier genre à fcs Auteurs NOVEMBRE, 1731; Anecdotes, &:cnautorifant du té- moignage des Ecrivains connus les faits du premier. On en verra un exemple remarquable dans l'article des Initiations qui remplit feul deux Livres entiers , & qui eft très-con- forme à l'eflèntiel de cette fameufe Ini'titution , autant qu'on a pu per- cer l'obfairité qui la rendoit prcf- que impénétrable. Le Tradu<5teur a joint diverfes remarques de fa fa- çon pour éclaircir des Pratiques Se «les Ufagcs qui ne l'étoient pas fuf- fifammentdans le Texte ; S< ilofc aOurer que plus on aura de lediure, plus on trouvera cet Auteur d'ac- Gord avec tous ceux qui nous reftent de l'Antiquité. Le Traduéleur termine fa Préfa- ce par ces deux Obfervations ; la première , Qiie l'Auteur A nonyme tire du lieu où il a vécu & qui eft Alexandrie , toutela vraifemblance qu'on peut demander à un Auteur de fidion par rapport à ce qu'il peut lavoir touckant les adions & les fentimensde fon Héros , qui efl: ici un Prince Egyptien né dans le ficelé qui a précédé la guerre de Troye , tcms de la plus grande fplendeur de l'Egypte : la féconde. Que l'Auteur ne parlant des Sciences des Egyp- tiens qu'en les comparant à celles des Grecs, de qui les Romains te- noient toute la connoiffancc qu'ils avoient de l'ancienne Egypte ; le fécond fiécle , où cet Auteur a vécu ctoit le tems le plus favorable à cet- te comparaifon, puifque c'étoit [dit le Tradudeur ] le plus beau fiécle des Sciences pour les Romains &c 6^1 Nous pourrions nous en tenir à cette idée générale du Livre, telle que nous l'a fournie le Tradudcui: dans fa Préface. Néanmoins , com- me le Public, fans doute , attend de nous un détail qui lui faite con- noître plus particulièrement cet Ouvrage , auffi utile qu'ingé- nieux ; nous ne pouvons nous difpenfcr d'en donner ici une efpece de fommaire , où nous indi- querons les endroits les plus dignes de l'attention Se de la curiofité du LciSteur, LITRE I. L'Auteur , poui! fixer plus précifcment lEpoquc de fon Héros , parcourt d'abord le rè- gne des Dieux en Egypte , celui des Demi-Dieux & celui des Rois qui leur fuccederent , &C dont Menés fut le premier. Ses quatre fils le dé" terminèrent à partager l'Egypte en quatre grandes Dynafties qui onc été collatérales ou contemporaines pendant i^oo ans, jufqu'au fameux Sefoftris Roi de Thébes , & Con- quérant de l' Afie , qui les réunit en fa perfonne. Mais fous Ramelfés l'un de fes fuccefieurs , elles repri- rent leur première forme de gou- vernement , & l'on revit en Egy- pte , outre le Roi de Thébes , ceux de Memphis , de Tanis & de This; Environ 200 ans après Ramefles & 50 ou 60 ans avant la guerre d& Troye , regnoit à Memphis Ofor roth, fils de Séfonchis ^ &c qui avoic époufé Nephté fille du Roi de This. Oforoth , Prince indolent 8c peu capable de gouverner par lui- même , fe repofoit de ce foin fur la^ pour les Grecs confondus alors fous Reinç, Cellc-çj ayeit choifi goyft je jnême EmpirÇj tion & la légèreté fi propres à porter la corruption dans les mœurs des Courtifans, & à l'afïerniiireoicnt donner une idée plus jufte des moyens qu'elle employa pour l'ac- compliiïement de ce projet , l'Au- teur nous peint le génie des Egyp- tiens , par rapport à la culture des- talens tant du corpsquc de l'efprit, & par-là il nous prefente un plan- général de l'éducation du jeune Sé- thos , qu'Amédés éleva fuivanc l'ancien Syftême. Le Palais du Roi étoit donc à Memphis le Théâtre de toutes les Sciences èc de tous les beaux Arts. Scsjardins renfcrmoienc tout ce que l'Egypte avoit jamais produit de genres & d'efpeces de Plantes con- nues, & même les Plantes fingulie- res apportées des climats les plus re- culés : &: l'on avoit ménagé pour le plaifir de la viie tout l'avantage que l'ordre & l'arrangement pouvoicnt prêter à cette prodigicufe variété de Plantes. En un mot c'étoit une Ecole de Botanique qui ne lai fToic rien àdefirer, & dont il faut voit la defcription dans le Livre même- La curiofué dés Egyptiens ne fe bornoit pas à cette partie ; & ils- confervoient dans de grandes ar- moires grillées, des eflais de toutes les productions naturelles : tréfor immenfe de délices dans la fanté [ dit l'Auteur ] &; de remèdes dans' la maladie. Cette Salle dcftinécà- l'Hiftoire naturelle conduifoit à celle de la Chymic j & l'on fait que fi cette Science ne tire pas fon nonî de l'Egypte, du moins elle y a pris naiflance , & s'y cft perfedionnée ; ce que l'Hiftorien s'efforce d'établie par diveifes preuves. De la Salle dc^ Qqo ^44 JOURNALD la Chymic on pafloit dans celle de rAnatomie, où fc trouvoient les démonftrations entières 5c naturel- les de toutes les parties non feule- ment du corps humain , mais de ceux de tous les animaux , dans la ftcudture & dans la dilleâion def- quels la pratique d'embaumer tou- tes fortes de cadavres avoit rendu les Egyptiens très-habiles &c trcs- expérimentés. On y voyoitdeplus une Ménagerie de toutes les efpcces d'animaux , dont pluiîcurs étoienc apprivoifés & drelîés à des exerci- ces furprenans j des Singes , par exemple , qui joiioient régulière- ment delà Guitare & de la Flûte. Après les Salles deflinées aux Sciences expérimentales , on trou- voit celles qui étoient confacrées aux Sciences de calcul. Il y avoit celle de l'Arithmétique 5c de la Géométrie, tant fimple que compo- fée , tant fpéculativc que pratique , Se dont les propoûtions étoieat gra- vées fur des colonnes rangées ïut- vant l'ordre des découvertes > ce qui formoit ( dit l'Auteur ) une hiftoire très-cuticufe des démarches Se des progrès de l'elprit humain. Ces colonnes avoient été imitées de celles qui aux environs de Thébes remplilfoient des allées fouterraines & tortueufes appellées Syringes , & elles étoient chargées des principes de toutes les Sciences , exprimés en fymbûles hiéroglyphiques. Mais la Salle des Inftrumens d'Aftronomic l'emportolt fur tout le relie ; aulîi cette Science étoit-elle née en Egy- pte [félon rAutcur]d'où elles'étoit tépanduë chez les Ghaldécns Se les ES SÇAVANS.' Grecs ; en forte que les plus fameux Aftronomesont été Egyptiens. La Salle des Méchaniques s'attiroit en- core une attention particulière. Oa y confervoit les m.odéles de toutes les Machines employées pour le nivellement des terres , pour l'élé- vation des eaux , pour la conftruc- tion des Edifices , pour l'art mili- taire & la navigation. Quoique les Egyptiens donnaf» fent le premier rang aux Sciences naturelles comme aux plus utiles, ils ne négligeoicnt pas celles de fim- ple érudition , & ils en tenoient des conférences dans une vafte Bi- bliothèque , dont l'entrée avoit pour infcription ces mots écrits en lettres d'or , la nourriture de l'ame , ou les remèdes de l'ame. En Egypte les Prêtres étoient les fculs Juges en matière de Droit Civil , 6c par confequent les feuls Jurifconfultes. Ils cnfeignoicnt publiquement cet- te Science , même aux étrangers , aufquels ils cachoient ordinaire- nicnt toutes les autres. L'Auteur n'oublie pas dans ce détail ce qui concerne les exercices du corps , U Sculpture , la Peinture , la Mufi- quc , la Poche , & il fait voir com- bien tous ces Arts étoient cultivés en Egypte. L'établillement de tant d'Académies , y avoit eu pour but principal d'éloigner des efprits tou- te penfce de révolte & de fédition , & d'entretenir une noble émulation parmi les Citoyens , à laquelle pre- noient part les femmes nïcme : car ( obferve notre Auteur ) celles-ci , contre la coutume des autres Na- tions, étoient toujours avec les hoœ- N O V E M JneSj&lcsPrctres n'étoient pas exclus de ces afTcmblces des deux fcxes. Cela compofoic [ dit-il ] ce qui mérire feul derre appelle honne compagnie., c'eft-à-dire, desgensde condition mêlés avec des gens d'ef- prit 6c de favoir. La Reine peu favorable à ces exercices Académiques , où fe for- moit un mérite qui lui dcvenoit im- portun , fc mie en tête de les décré- diter. Elle en vint à bout en don- nant aux femmes ( dit l'Auteur ) rautorité des affejtiblées de l'empire d:s converfations , & rendant par-là cette Cour le féjour de l'ignorance &C du mauvais goût , même pour le langage. LaieunelTeinfenlibleraent abandonna les exercices de l'cfprit^ du corps 3 d'où s'cnfuivitla corrup- tion totale de la Cour , & le defor- drc du Gouvernement. On verra dans l'Aureur par quels degrez Daluca parvint à l'accomplilTemenc de fon defTein. Mais pendant que cette indigne Reine (continue l'Auteur) intro- duifoit ou fomentoit ainfi le dérè- glement, le fage Amedés travail- loit à former le jeune Prince qui en devoit être d'abord la viâime & cnfuite le réparateur. Il lui fit ap- prendre les Langues , il le fit in- ftruire dans toutes les Sciences tant neceffaires que curieufes , & dans tous les exercices du corps ; il le promcnoit fouvent à pied dans tous les lieux voifins de Meriiphis & re- marquables par quelques fingulari- tez. Enfin il le mena auxPyramides, le fit monter jufqu'au faîte de la j)lus haute, d'où le jeune Prince tv B R E, 175 i; drc pour l'Héroïfme que de paf- » fer les bornes du devoir ; c'eft-à- 3>dire , de ne refifter pas aiïcz aux » mouvemens d'une valeur ou d'u- 3» ne générofité outrée , qui ne tour- î> ne qu'à la propre gloire du Hé- »ros, fans aller au bien des born- âmes : Que le Héros j incapable de » commettre une a «mais que ferme dans fes projets , » il facrifie fans peine pour les ac- sjcomplir, l'honneur apparent qui !s tient à l'opinion palTagcre des » hommes envieux ou mal in- 3»ftxuics. «Cêue folution des trois ES SÇAVÂNS; qucflions propofées fit fentir au Prince Carthaginois que jufqu'a- lors il n'avoit été rien moins que Héros , & que la conduite de fon frère étoit beaucoup plus contormc à l'idée du véritable Héroïfme. Enfuite on prépara leCarthagi- ginois pour l'expiation ; voici quelles en étoient les cérémonies chez les Egyptiens, i". On plon- geoic le coupable dans une cuve pleine d'une dilTolution d'ail , de fafran , d'huile de vers , &c. ce qui étoit un préfervatif contre le feu : z°. On l'expofoit fur un lit de fer ardent : 3°. On le plongcoic dans l'eau : 4°. On lui faifoit faire trois tours fur une roue après l'y avoir attaché, ( &: c'eft de là , dit l'Auteur , que les Grecs ont pris la. roue de leur Ixion : ) 5"- On taifoic un facrifice expiatoire pour appaifer Typhon ou le principe nul-taifanr, & les Mânes du défunt : 6". On purifioit l'air autour du coupa'blc par une futlumigation compofée de là drogues ( qui entrent encore aujourd'hui dans nos trochiques de Cyphi ; ) 7°. On le baignoit une troihéme fois : 8^ On lui prefen- toit , ainfi qu'aux Prêtres &: aux initiés , du pain & du vin , qu'ils mangeoient & qu'ils buvoient en fdence , dans le lieu même. A peine l'expiation du Cartha- ginois étoit -elle achevée , que ft Prince Gifcon qui pafToit pour mort,arriva par les fouter rai ns pour demander l'initiation. Il raconta fon hiftoire, fit voir de quelle ma- nière un autre avoit été tué pour lui , £c quelle avoit été la caufc de Ê N O V E M B cette meprife; & après s'être pleine- ment jiiftifié auprès de fon frère , celui-ci fe retira 3c l'autre fcdifpo- fa aux cérémonies de l'initiation. Ce ne fut pas uns avoir conçu une haute idée du mérite de Séthos, qui devoir dans la fuite lui être d'un fi grand fecours. Ilreftoit au Prince Egyptien une dernière partie de fon initiation à remplir , & c'ctoit XaAlanifeflatiott^ qui étoit moins un exercice , que la rccompenfe de tous ceux qui avoicnt précédé. Elle duroit 1 1 jours , pendant lefqucis on décou- vroit à l'Initié les Myfteres facrés &c les fecrets du Sacerdoce Egyptien. Après l'avoir confacré à Ifis , Ofiris & Horus , Si l'avoir engagé à un fecrct inviolable par les fcrmens les plus folemncls , on le taifoic defcendre dans des fouterrains de 4000 pas en quatre ; ce qui s'étendoit depuis le San(2:uaire du Temple de Memphis jufqu'à la grande Pyramide : & voici les fpcc- tacles qui lui étoienr offerts. On lui montroit , 1°. La demeure des en- fans des Prêtres , dont l'Auteur dé- crit ici l'éducation , ( &' dont Or- phée , dans fon Enfer , a fait le fé- jour dcsenfansmortsà lamammel- Ic. ) 2". Le logement des Olîîciers Sacerdotaux du fécond ordre & de leurs familles, compofés de plu- fîeurs rues Si de plufîeurs places , <|ui étoient éclairées en partie par des lampes, en partie par des ou- vertures qui ne communiquoient qu'une foible lumière : ( l'Auteur fpccifie les fondions de ces Offi- ciers : ) 5'. Le Champ des larmes ; RE, I 7 5 i; 549 où fur le jugement de trois Prêtres on punilfoic par des châtimens pro- portionnés les fautes de ces Officiers du fécond ordre : [ & c'cft d'où les Grecs ont tiré leurs trois Juges d'Enfer, Sifyphe , les Danaïdes , Promethée, &c. ] 4®. L'Elifce, Jardin de trois-quarts de licuë de long âir 800 pas de large , dont le jour ne fe tiroit que d'en-haut &: très-âftoibli, Se où l'on s'occupoic aux divers exercices du corps : fur tout aux reprefentations Théâtrales du genre féricux , par lefquellcs les Prêtres répondoient avec grand appareil aux confultations les plus importantes qui leur étoient faites fur les chofes cachées Sc fur les éve- nemcns futurs ; après avoir adroite- ment tiré fur tout cela les lumières neceffaires pour les guider dans leurs prédirions-, fur quoi l'on peut voir de quelle façon l'Auteur tâche de juftiherces fortes de fuperche- rics: 5°. Le Panthéon des Prêtres de Mtmphis , ou le Temple de toutes leurs Divinitez : l' Auteur eu fait ici la defcription , de même que celle du facrificc, de la marche des Prêtres , & des filles nues qui pottoient les offrandes. C'étoient-U les Myftercs d'Ifis , &: tout cela fe paflbit dans les fou- terrains hors de la vue des profanes. 11 n'en étoit pas ainfi de la grande pompe ou proceffion Ifiaquc qui fo taifoitcn public, Scque tcrminoit le triomphe du nouvel Initié. Ce fut là que Scthos fe !ît rcconnoître par le Roi fon père , à qui la Reine avoir caché jufqu'alors cette pro- menade du jeune Prince. Cso JOURNAt DE LIVRE y. Vers ce rems-là Mcphrcs Roi de Thcbes & celui de This déclarèrent la guerre à Oforoth j au fujec des prétentions du premier fur la Ville de Coptos , dans la haute Egypte. La Reine fit nommer Général pour cette guerre Thoris l'une de fes Créatures , homme fans naillance & fans méri- te. Séthos accompagné d'Amcdés obtint la pcrmiiîïon d'aller fervir à l'Armée en qualité de Volontaire , mais fans aucune dépendance du Général, & avec promeffc de com- mander en Chef la Campagne pro- chaine. Les ordres fecrets de la Rei- ne à Thoris tcndoient à lui faire comprendre qu'il ne pouvoit trop promptement la débarraifer de Sé- thos. En attsndant l'ouverture de la Campagne Amedés engagea ce jeune Prince à viûter la Ville de Thébcs & fes environs ; privilège que lui accordoit fa qualité d'Initié, même dans le cas d'une guerre dé- clarée , comme elle l'étoit alors. Mais à l'occafion du caractère des Prêtres Thébains un peu différent de celui des Prêtres de Memphis , par rapport au Gouvernement civil où ils prenoient trop d'autorité j [Amedés donne à Séthos d'excellen- tes leçons fur la neccflité où eft un Prince de concilier la qualité d'homme religieux avec celle d'homme d'Etat; c'eft-à-dircjd'em- pccher que ceux qui doivent main- tenir les bonnes mœurs & la Relir gion dans un Royaume , ne détrui- fent la liberté , l'aifance , & fur tout les divertidemens publics con- 3}cnusdans.l'cxâ(fle biçnféancc. S S ÇA VANS; Séthos conduit par quelques Pic-'-' très Thébains , fe mit donc à par-- courir les merveilleux Edifices de la Thébaïde. On lui fit voir , enti'- autres , ce fuperbe Temple de la Capitale , qui avoit plus d'une de- mie-lieuë de tour fur 70 pieds de haut, avec des murailles de 24 pieds d'épailTeur ; le Tombeau d'ifman- désou Ohmandué , qui n'eft autre que Mendès ou Memnon , Edifice qui avoit 6250 pieds de tour. On le conduilit à Syéne , dont il vit le fameux Puits ; & enfuite à la petite Catarade, àl'occafion de laquelle notre Auteur n'oublie pas de le' faire inftruire amplement par les deux Prêtres Thébains , & fur les fources du Nil , ^ fur les caufeS' du débordement de ce Fleuve. Ces ■ Prêtres en lui faifant voir toutes les beautezjde leurmaifon, referverenc pour la dernière leur Obfervatoire, fur la dcfcription duquel, ainfiquc fur de fçavantcs reflexions taites à- ce propos , au fujet de l'Aftrono-] mie , nous fommes obligés pour' abréger de renvoyer à l'Auteur mê-/ me. Le Prince de retour d'une efpece- de pèlerinage fi utile , s'enferma' dans Coptos avec Amedés , &: huit jeunes Seigneurs de fon âge', cha- cun defqucls avoit fon efclave. Ce- lui de Séthos étoit un jeune Arabe nommé Azarès , &: qui joiiera uiï rôle fmgulier dans la fuite de cette- Hiftoirc. Nous ne fuivrons pas l'Auteur dans le détail du Siège de cette Place. Nous remarquerons feulement que Séthos s'y diftingua,' fut coût par deux cntreprifes imagi- nces N O V E M nc£S (dit-on) avec tourcriiabilctc d'un excellent Ingénieur , & exc- cutces avec tout le fucccs pofTîblc. Dans la première ^ il renverfa une machine des ennemis nommée Sambiijiie ^ par laquelle ils préten- doient fe tendre maîtres du rem- part ; Se le moyen qu'il employa pour cela fut le même qu'Archimé- de long-tcms après mit en œuvre contre A'Lircelius ^ au Siège de Sy- racufc : dans la féconde, il ruina deux Tours des ennemis- par un ftratagême imprévu, &: qui dcman- doit les plus hardis' fauteurs. Mais ce jeune Prince ayant été entraîné malheurcufement hors de la Ville dans une fortie , auilî-bien qu'A- mcdcs , & ne pouvant y rentrer ni l'un ni l'autre , Amedcs eft blcilé Sc fait prifonnier ; Séthos reçoit un coupd'épée qui l'étend fur la place comme mort : fon cfclave Azarès le croyant fans vie lui ôte fa bague , puis tombe entre les mains des Ara- bes , qui le conduîlcnt dans TAra- B R E ,^ 1751- «S'y! bie Hcurcufc. Séthos dépouillé pat des Ethiopiens , leur paroît confer- ver encore quelque fouffle de vie j les foins des Médecins l'y rappel- lent entièrement : mais voulant demeurer inconnu , il fc fait paffec pour un fimple Soldat de Mcm- phis , fous le nom de Chères. Il eft vendu à des Phéniciens , 5c de pri- fonnier de guerre il devient efcla- vc. La Lettre Circulaire écrite par fon père povir apprendre des nou- velles d'un fils ficher, & dïtns la- quelle il promettoit la moitié de fon Royaume à quiconque le lui rameneroit , infpire à Séthos la re- folutionde ne fe point découvrir, pour ne pas caufcr à la Monarchie un démembrement fi préjudiciable, pour fe foullraire aux embûches de fa belle-mere , Se pour mettre à profit l'occafion de voyager. Nous renvoyons à un autre Jour- nal le compte qu'il nous reftc à ren* dre des cinq derniers Livres,- DISSERTATIO THEOLOGICA DE INVOCATIONE Spiritûs Sanfti in Liturgiis Grxcorum Se Orientalium. Audlore Rev. Pâtre Le^tore Jofepho - Àuguftino ORSI, Ordinis Pr.Tdicatbrum. Mediolani. 1731. Apud Jofephum Richinum Malateft'am Regium Ducalemque Typographum. C'efl-à-dire : Dijfertettiort Théologiijiue^ touchant l'Invocation dit S. Efprit ^ dans les Liturgies Grécjites' & Orient taies. Par le R. P. ^. A. O kI\ , de l'Ordi-e des Frères Prêcheurs , e?" LeUeur en Théologie. A Milan, chez J. R. Mabtcfta , Imprimeur. 1731. vol. in-'i ". LE S Grecs croyent que dans le Sacrifice de nos Autels , les efpeccs ne deviennent pas le Corps êc le Sang de Jefus-Chrift par les feules paroles Evangeliqucs ^ mais J^ovemhre. que leur Confécration dépend fcl- Icment de l'Invocation duS.Efprir; que fi un Prêtre prononçoit les pa- roles du Fils de Dieu, avant d'avoir invoqué le S. Efprit fur les efpcceS^' PPP ^52 JOURNAL D Ici paroles de J. C. demeureroienc fans effet , & la «anfubllanriation fufpcnduë jufqu'à ce qu'il eût achevé la formule d'Invocation qu'on trouve dans leurs Liturgies- Cette Do6lrine fcnible être ren- fermée dans l'Oraifon même qu'ils prononcent immédiatement après les paroles Sacramentales , &c foûte- nue par l'autorité de quelques Pères Grecs , qui attribuent beaucoup de force & d'efficace à cette prière. Malgré cela , ce fcntiment fut mal reçu par les Pères Latins au Concile de Florence , & donna matière à de vigoureufes difputes. Leurs fuecès fut que les Grecs ne pouvant rien oppoier àl'Eglifc La- tine , abandonnèrent publiquement leur opinion ; mais ils ne furent pas plus fidèles à cette condition de leur réunion avec l'Eglife Latine , qu'aux autres, ils retombèrent dans le Schifme, oublièrent leur abjura- tion , & rien depuis n'a pu les ra- procher de nous. La haine qu'ont toujours eu les Grecs pour les Latins ne permet pas au P. Orfi de s'étonner de leur conduite ; ce qui l'étonnc , c'cfl: que plufieurs de nos Théologiens ayent pris un fentimcnt réprouve par la plus grande partie de leurs prédécclfeurs , Se ayent pris de grands foins pour lui donner du cours & de lavraifemblance. Les raifons qu'ils apportent pour appuyer ce Paradoxe , font prmci- pakment qu'ils ne peuvent donner un autre fens aux paroles de la prie - te , par laquelle non feulement les Grecs, piais encore les Orientaux ES SÇAVANS; implorent la dcfcente du S. Efprit pour convertir le Pain au Corps &: le Vui au Sang de J. C. Prière qui fe lit dans la plupart des Liturgies , que nos Sçavans ont publiées , &c qu'ils ont enrichies de leurs doiRes Commentaires. Ils fe font donc imaginé que ce fentiment n'étoit pas particulier aux Grecs , mais que c'étoit la commune tradition de tout l'Orient , tranfmife jufqu'à notre llécle par les premiers Infti- tuteurs des Rits Sacrés , qui fc trouve appuyée par le témoignage de plufieurs anciens Pères Grecs Sc Latins, & qui n'a été combatuë que par un petit nombre de Théolo- giens Scholaftiques au Concile de Florence. Notre Auteur , pour fçavoir à quoi s'en tenir , a refolu d'appro- fondir cette matière. Il a donc exa- miné foigneufcment les partages des Pères qu'on cite fur ce Chapitre , il a rclû avec attention les Liturgies Grcqucs cSc Orientales j & confulté tous les Monumens qui nous re- lient du Concile de Florence. C'efl: avec ces fecours qu'il prétend rcn- verfer ce que le P. Tputée dit en faveur du fentiment des Grecs, dans la troifiéme des Differtations qu'il a mife à la tête de fon Edition des Oeuvres de S.Cyrille dejerufalem. Cet Auteur lui paroît le plus digne d'attention , car il avoue qu'il n'a pu lire encore l'Ouvrage du P. le Brun, Se promet de répondre à ce Pcre , fi fa ledurc lui découvre quelque argument qu'il n'ait pas prévu. Notre Auteur partage fon On- N O V E M B vrage en fept Chapitres. Le pre- mier établit que jamais les Grecs &c les Orientaux n'ont cru qu'en omettant les paroles de J. C. &c ne proférant que la feule Invocation du S. Efpriton puilfe confacrer les ElpecesEuchariflriques. Ce qui lui donne lien de traiter cctteQiieftion, c'eft que toutes les fois que S. Cy- rille de Jerufalem parle de la tran- fubftantiation , il ne l'attribue qu'à l'Invocation du S. Efprit , & ne dit pas un mot des paroles Evangcli- ques j ainfi que plulîeurs autres an- ciens Ecrivains. Le P. Orfi répond à cela , en citant une infinité de Liturgies , où les paroles de J. C. font exprimées -, 5i foûtient qu'elles ne font omifes dans celles qu'on lui objede que parce que leur necefflté étoit h publiquement reconnuë^qu'il n'éfoitpasnéccfTairedeles écrire pour que les Prêtres les prononçaient. Il prouve enfuite que tout l'Orient n'a jamais attribué moins de force aux paroles de J. C. qu'à l'Invoca- tion du S. Efprit , & prétend que le fentiment commun des Grecs & des Orientaux eft que le Pain & le Vin furent confacrés à la dernière Cênc par l'efficace des propres pa- toles , hoc eji Corpus .... hic eft Calix , ce qui ne leur permet pas de les retrancher de laConfécration. Dans le fécond Chapitre , pour répondre à l'objection qui fe tire de ce que l'Invocation du S. Efprit fe trouve danstoutes les Liturgies, rotre Auteur remarque qucrÉglifc & tous fes Percs n'ont jamais joint, comme nécelTaires à la Confécra- jçion des efpeces d'autre formule que R E ,- î 7 5 î: e^^ les paroles EvangcliqueS, C'eft ce qu'il établit par un enchaînement d-e palTages des Pères , depuis S. Ambroife jufqu'au 13° fiéde. Il éclaircit enfuite lepaiïage où Saint Auguftin dit que l'efficace des Sa- cremens fe tire des prières de l'EgU- fe. Il avoiie que l'efficace , c'eft-a- dire l'effet des Sacremens s'accorde aux prières de l'Eglife ; mais il nie que l'efficace , c'eft-à-dire l'cffencc & l'cxiftence desSacrcmenS, dépen- dent d'autre chofe que de la forme inftituéc par J. C. & jointe à une matière convenable. Il termine en-; fin ce Chapitre par remarquer que quoiqu'on trouve l'Invocation du S. Efprit dans toutes les Liturgies , on n'endoit conclure ni fa néceffité nifon efficacité , puifqu'on y trou- ve auffi-bien d'autres chofes qui fûrement n'entrent pour rien dans la Confécration. Le mélange de l'Eau & du Vin , la fraction de l'Hoftie, l'immerfîon de la particu- le dans le Galice , le SanElHS , l'O- raifon Dominicale, ^c, font de cet ordre. Le P. Orfi commence fon troi- fîéme Chapitre par dire qu'il n'efl ni alTez ftupide pour ne pas rccon- noître , ni afiez opiniâtre pour ne pas avouer que le fentiment des Pères Grecs fur l'efficacité des paro* les de J. C. n'eft ni Ci claire ni fi vi- fiblc chez eux que chez les Latins.} mais il croit cependant que puif- qu'il eft poffiblc de les accorder , il vaut bien mieux le faire que de s'attacher à remarquer une diverfitc d'opinions entr'eux. Auffi employé- t-il, tout ce Chapitre à faire Voiî €^J^ JOURNAL D que S. Juftin Martyr, S. Irénée, S. Bazile le Grand , S. Grégoire de Nice j S. Jean Chryfoftonie & S. Jean Damafcêne, fe peuvent ex- pliquer de façon qu'ils ne difcnc lien d'oppoféà la tradition commu- ne de l'Eglifc Latine. Après avoir examiné la tradition Gréque & Latine , notre Auteur palle , dans fon quatrième Chapi- tre , à l'examen des Livres Li- turgiques , &: en conclut qu'immé- diatement après les paroles de J. C. prononcéeSj&avant l'Invocation du S. Efprit , le Corps & le Sang du Sauveur font prefens fous les qfpe- cesdu Pain ôi du Vin. Unedcfes raifons , car il ne nous eft pas pollî- ble de les rapporter toutes , c'ell que dans toutes lesLiturgics,immé- diatement après les paroles Evangc- Lques , ^ devant l'Invocation il y a un Jimeti marqué pour être die par le peuple , lequel Amen ne peut paffer que pour un aifte de foi fur le i'ens des paroles hoc e^ Cornus , &c, hic e(l Sanaiiis , £cc. La fin de ce Chapitre .Se le fui- vant tOMt entier font employés à lépondre aux objections qu'on pro- pofc en faveur du fentiment des Grecs. Nous n'en donnerons point l'extrait , parce que nous avons amplement traité cette matière dans l'extrait de l'Ouvrage du P. Bougeant contre le Père le Brun, journal de Juin iji-j. Le fixiéme Chapitre cfl: employé a qualifier le fentiment des Grecs. On y fait voir que le Pape &: le Concile de Florence ne l'ont jamais fcgardé comme une opinion indif- ES SÇAVANS; ferente , puiiqu'ils contraignirent les Grecs à l'abjurer , &: que d'ail- leurs la plupart de nos Théologiens foi^itiennent qu'elle fent l'hérélie. Le P. Orfi , dans fon feptiéme £c dernier Chapitre examine : 1". Si un Prêtre revêtu des habits Sacerdotaux & ayant exadcment obfervé tout ce qui précède les pa- roles de J. C. dans les Liturgies Romaine , Gtéque , Orientale , LIozarabique , Gothique &: Galli- cane confacrc les efpeces immédia- tement après avoir proféré ces fain- tes paroles , ou fi la Confécration eil diflérée jufqu'à ce qu'il ait invo-. que le S. Efprit fur les Ohlats , comme il eft ordonné de le faire dans prefque toutes les Liturgies Gréqucs & Orientales , & dans quelques-unes de l'ordreGallican &C Gotique ; & foûtient que les paro- les du Sauveur n'ont befoin d'aucu- ne addition pour opérer le Sacre- ment, 1°. Parce que ks Prêtres à l'Autel ne prononcent pns ces paro- les hiftoriquement , mais affirma- tivement , i". Parce qu'ils repre- fententlàla propre perlonne deJ.C. D'où il conclut que ce qu'ils y pro- noncent feroit faux fi le Corps & le S^ng de la Vidlime ne fc trou-, voient pas alors fnus les efpeces. Il examine en fccond lieu fi un Prêtre confacreroit des efpeces prc- fentcs en prononçant ftrieufcmenc fur elles &: dans le.dclTcin de con-- facrerles paroles de J. C. quoiqu'il ne fût point à l'Autel , qu'il fût dé- poiiillé des habits Sacerdotaux &C qu'il n'eût rien articulé de la prc- niiere partie du Canon. iLe fentimentde notre Auteur cfl: qu'un tel Prccre confacreroi: , & cela parce qu'il fait une comparai- fon du Baptême à l'Euchariftie. Les feules paroles in nomine Patris ^ &cc. prononcées en verfant de l'eau con- N O V E M B R E, 1731: (5y; ferent le Baptême ; pourquoi ^ dic- il , les feules paroles hoc efl Corpus rneum ne confacreroient-elles pas ? C'cd: aux Théologiens à juger de la juiTielfedc cette comparaifon. OBS E RVATIONS SVR LE PLOMB LAMINE'. Par M. B *>,**. A Paris, chez Jacques Guerin , Quai des Auguflins. 173 1. Brochure /«-S", pp. 31. L' A U T E U R de ces Obfcrva- tions vient tout d'un coup à fon but , qui cft d'cfTayer de mon- trer que le Plomb laminé ell un fort mauvais Plomb en comparai- fon de celui des Plombiers. U ne s'arrête point à expliquer ce que c'eft que le Plomb laminé , non plus que la Machine avec laquelle on le lamine , il fuppofc que les Lecteurs font là-dcflus au fait. Les défauts qu'il attribue au Plomb laminé font en grand nom- bre. Il prétend que ce Plomb efl double &; tout feuilleté , qu'il eft mal ccroui par lames, qu'il yaà chaque lit de ces lames un amas de corps étrangers , plein de foufflurcs & de ventofitez ; qu'il cft plus ufé par le laminage qu'il ne peut l'être après un fervice de plu- licurs ficelés. Que quand on dérou- le les tables de ce Plomb , on y fent une roidcur , qui prouve qu'il a perdu de fa malléabilité , qualité cependant qu'il eft fi important de confcrvcr à ce métail , puifqu'elle pn fait le principal mérite pour les ufages aufquels il eft dcftiné. il prétend encore qu'en dérou- lant les cables dont il &'agit, on les entend crier , ce qui n'arrive qu'au Plomb double, àcaufe de l'air qui eft renfermé dans les intervalles de ces lames. Les tables étant déroulées , on y peut , fclon lui , cumpter les feuil- lets tur la tranche des deux bouts , quand les tables n'ont pas été élai- fées , & que par confequent on ne les a pas parées par le couteau : ces feuillets , à ce qu'il dit , font fcpa- rés les uns des autres , parce que le Cylindre de la Machine dont on fc fert pour le laminage , n'appuyann pas fur l'extrémité des bouts des ta- bles , ne peut appliquer ces feuillets les uns fur les autres , comme il le fait au milieu de la table ; défaut fi confiderable , félon notre Auteur , que la féparation des feuillets donc il s'agit permet d'y introduire k main. Il tait le détail de plulleurs autres circonftances toutes plusdé- favantageufes les unes que les au- tres pour le Plomb laminé , après quoi il remarque qu'on a fi bien re- connu dans l'art de la Plomberie combien il eft neccffàire deconfer- ver au Plomb fa malléabilité , que les Plombiers ne fe fervent pour tra- vailler & contourner le Plomb,quç âs6 JOURNAL DES SÇAVANS, d'Outils de bois. D'où il conclut blés , le Plomb laminé , il a pouffe que la violente comprelTion de deux Cylindres de la Machine dont le fuperieur pefe jufqu'à quiu- 2e milliers, ne peut que faire per- dre au Plomb cette malléabilité fi précieufe. L'élafticité n'eft pas moins à confcrver dans le Plomb , & notre jouteur prétend que le laminage la fait perdre aulli à ce métail. n Les métaux , dit - il , n'ont 3i qu'un certain degré d'élafticité , M & on ne peut les taire mouvoir à » froid , que jufqu'à un certain 3> point. Or il le Plomb dans le la- »j minage eft pouffé au-delà de fon sjélafticité , s'il arrive qu'il fe brifc 5) de fe divife dès les Cylindres , que 35 peut-il lui en reftcr pour les tra- 33 vaux aufquels on l'employé &z n pour lefqucls cette élafticitc eft fi 33 neceffairc que jufqu'à prefent on « s'eft principalement appliqué à la » lui conferver , ainfi que fa dou- 33 ceur &fa malléabilité à froid? Pour faire fentir l'importance de CCS deux qualitez , on remarque que le Plomb eft employé dans les bâtimens , non pour contraindre , comme le fer , mais pour obéir ^ pour s'allonger , pour fe reftraindrc & fe contourner docilementà froid, afin de pouvoir couvrir , dans diftc- f entes formes , les matériaux qu'il fert à garantir de l'injure du tems,& xion feulement de les pouvoir cou- ,\rir , mais encore de fe prêter aux mouvemens que font ces mêmes inaterjaux. Notre Auteur ne s'eft pas conten- té d'examiner par rappoit aijx u- fon examen jufqu'aux expériences de l'emploi de ce Plomb ; & il dit qu'il y a beaucoup de difficulté à le fonder : Qu'en le grattant pour fai- re mordre la foudure , les feuillets s'enlèvent &c la grattoire emporte trop de Plomb: Qiic quand on croit avoir gratté jufqu'à une profondeur raifonnable pour ôter la crade , un feuillet s'enlève , Si on trouve la furface du feuillet de deftous cou- verte d'une autre cralfe intermé- diaire qu'il taut encore ôter ; enfin que quelque foin qu'on ait de bien apprêter ce Plomb pour le rendre propre à recevoir la foudure, il ar- rive que toute forte de foudure n'y peut mordre : Que comme les pores du Plomb dans Icfquels doivent en- trer les grains de la foudure , font trcs-retrcflîs par la comprelTîon du laminage , il faut employer une foudure qui foit plus torte d'étaim que la foudure ordinaire , & pax confequent faire plus de dépenfe t mais qu'après tout cela , fi la fou- dure a bien mordu , la folidité ce- pendant ne s'y trouve pas , vu qu'à certains endroits la foudure n'efl: attachée que fur un feuillet foiblc & mince, cnforte que le titaillc- ment de la foudure emportant le feuillet , la foudure fe décolle. De plus , on a contourné quel- ques-unes de CCS tables , &: on a vu, dit l'Auteur, que dans les coudes la table éclate , que fes bouffifTureî & élévations s'ouvrent d'elles-mê- mes fur l'arrête , & qu'à quelques- unes les premiers feuillets quittent Se lombçai en grenailles toutes fri: N O V E M fées & toutes chitonnées. Enfin on a fait de ce Plomb un vafc qu'on a tenu plein d'eau quelques jours , & on a remarqué , pcurfuit-on , qu'il perdoit de l'eau ; qu'à quelques en- droits l'eau dcgoutoitdired:cment , oc qu'à quelques autres elle fe fil- troit irnperceptiblement &: paroif- foit delïus en bouteilles. On n'oublie pas de rappeller ici une ancienne délenfe laite aux Plombiers par l'article ^6. de leurs Statuts , regiftrcs au Parlement le premier Mars i^ffo. d'employer du Plomb pajfé par le Aïeul in ^ tant k cauft , difcnt les Statuts , (]iie ce Plomb ne peut [obtenir l'ardeur du Soleil , & tfii'il fe caffi de manière (jH'il eft impojjible de le refendre, cjHe farce qu'il nefçaitroit être netoyé ni gratté , k caiife de la rouille qui le pénètre tellement au travers que la foHditre y eft entièrement inutile. On remarque fur cela qu'il n'y a point de différence entre le Plomb paffé par le Moulin & le Plomb laminé , Que le Laminoir eft un Mcxilin à Plomb, comme le Mou- lin à Plomb eft un Laminoir ; Qii'il feroit même impoilîble de fe for- iner deux idées de ces machines , qui ne fuilent parfaitement fem^ blables. Notre Auteur dit qu'avantqu'on fût informé d'une défenfe auflî-bien circonftanciée & motivée que celle- ci , ce qui fuppofe neceflairement une expérience précédente , on avoit bien penfé que comme le So- leil travaille fur le Plomb , & le dccompofc peu à peu par l'cnlcve- ment qu'il fait des parties gralTes & B R E ; 1731:^ 6;7 huileufes de ce métail , ce Plomb ainli fabriqué doit plutôt périr à l'ardeur du Soleil que le Plomb fimplement fondu , & qui eft d'u- ne feule pièce. L'Auteur en donne la raifon , on la peut voir dans le Livre. Il vient enfuitc aux Mémoi- res qui ont été publiés en faveur du Plomb laminé , dans iefquels il eft dit qu'en Angleterre on n'en em- ployé point d'autre , 6c qu'on en eft fort content. Il fait à cela diverfcs réponfcs , dont les principales font , i". Que le climat qui forme le Plomb peut aider à le conferver : 2". Qu'un moindre degré de chaleur peut y contribuer aulfi : 3°. Que dans tous les tcms les Edifices d'Angleterre ont été bien au-dcfious de ceux de France. Au refte , comme on avance dans ces Mémoires que la Machine pour le laminage du Plomb a été inventée en Angleterie il y a qua- rante ans , notre Auteur rappelle là-deffus la détenfe dont nous ve- nons de parler , ^' dit qu'il va So ans que la fuperlorité de la Nation Françoife pour les Arts a fait profcri- rc la mémeA'tachine, au nom prh^pur une loi anjfi authentiqua que folem- nelle. Il finit fes Obfervations par une remarque fur le prix auquel on propofe de vendre le Plomb. » Par les Ecrits , dit-il , diftri- " bues pour annonce , on met à <î » fols ècï 6 {. âfà. la livre de celui M qui eft le plus épais ^ & où par 3> confequent il n'y a pas à regagner « par ceue diminution de poids d;» JOURNAL D » qu'on vante cane ; l'augmentation » de prix , à le prendre au piccl de «la Machine, lorfque communé- }■> mène on n'achette l'autre que ë 3> fols la livre tout employé ^ &; mis 3> en place. Une autre Obfervation de i'Au- teur, c'efl: que , fclonlui , il faut- compter- qite trois renonvellcmcns (cjni ne fourrotent ^ue fe fnivre de tris- fres ) de ce Plomir laminé , feraient par le prix plus cher de la façon , sonÇommer ait. Bourgeois ft manere , enforte qu'tl ne lia en refteroit plus- rien^ ES SÇAVANS; Notre Auteur finit en difant. qu'»on ne peut conclure autre » chofc de l'examen qu'on a fait, &C M dont oiî doit que le- public ne fe- » ra pas tâché qu'on lui au fait part, " finon , que fon intérêt, &C la >' perfection des Arts , exigeroiciic "une loi qui fît rentrer le Plomb »> palféparle Moulin, propofé au- » jourd'hui fous le titre de Plomb » laminé, dans la fai;e détcnfc por- » tce par les Statuts des Plombiers ,, »&: d'où franchement il n'auroit » jamais dû foriir. MEMOIRES SV RLE LAMINAGE DU PLOMB. Par M. Rémond, de la Société des Arts. A Paris, chez Pierre Ptault ,. Imprimeur des Fermes &: Droits du Roi , Qiiai de Gêvies, au Paradis» 1731. Brochure /K-4". pp. ^6» CE Mémoire eR, à proprement parler , une réponle aux Ob- fervations dont nous venons de ren- dre compte. L'Auteur commence par expliquer ce que c'eft que le La- minage : il dit que j) laminer un 53 métail , c'eft le réduire d'une cer- n taine épaifleur,à une moindre, par >«le fccours d'une forte compref- w lion. Puis il avertir qu'entre pluficirrs moyens propres à produire cet effet ifur les métaux , il y en a dont le choix n'cif pas indiffèrent à l'égard du Plomb. 11 remarque fur cela , 1°. Qiic le Plomb par fa pcfanteur, cft difficile à manier, ic qu'il falloic chercher un remède à cet inconvé- nient i 2^. Que ce metail eff: d'un ufagc commun ; & que les achet- seurs, avoient intetcc qu'en dipii: nuâtleur dcpenfs autant qu'il étoit pollible j 3°. Q_i'il eftdcpeudc confillance ; &; qu'on ne pouvoir' éviter avec trop de foin toutccquL cil capable de lui cauicr quelque altération. Or il prétend que la Macl^inc dont on fe fert pour laminer le Plomb , &: qui eft; la même que celles dont on fe fert à Ambourcr pour laminer le Cuivre, fatisfait à CCS trois conditions. Pour le prou- verai! commence par décrire la Ma- chine «ïc les opérations de la Ma» chine dont il s'agit , ce qu'il fait tort au long , après quoi il s'efforce de montrer que de cette conftruc- tion , 6c de ces opérations, refultent les trois avantages demandés , fur quoi il s'étend encore fort au long , îc ce qu'il termine en concluant qu*«wf N Ô V E M qu'une manlert d'opérer ftfimple & fi convenable an métall^pouvoit ajfu' rer au Laminoir , L'approbation des Juges défïntereffés , mais ejit'elle ne fouvoit le garantir de la critifice des ferfonnes qui ont intérêt d'en décrier l'Hfage. Sur cela il raflemble tout ce que les Obfervations dont nous ve- nons de donner l'Extrait ren- ferment de défavantageux pour le Plomb laminé; fçavoir, par exem- ple , que le Laminoir rend le Plomb double , & lui ôte fa malléa- bilité : Que les rnbles laminées font remplies de fouftluresi Qii'on y re- marque plulieurs lits de cralîe & de corps hétérogènes;, Q-i'aux extremi- tez la fcpatation des feuillets eft fi grande qu'on peut placerla main en- tredcuxsQu'àia tranche des côteson voit diverfes couches appliquées les unes fur les autres; Qiie ces couches finilîant en diilerens endroits , on ne peut douter du dérangement des parties du métail : Qii'il fuflitde dérouler les tables pour en fentir la roidcur , Ss. pour que les furtaces & fur tout l'une des deux febourfouf- flcnt : Que quand on ouvre les boufiilfures, on trouve que ce font des teuilletsqui quittent, fins avoir jamais été joints: Qiie leurdisjonc- lion (5; les lits de crafTe qui les fépa- rcnt eni pèchent la foudure , même la plus tortCj de mordre fur aucune des tables:Qu'elles fontplusuféespar le laniijiage qu'elles ne pourroient l'être par le fervice de plufieurs fîecles : Que les vailTcaux faits du Plomb de la Manufacture , perdent J'eau de manière qu'en certai;as cn- A ovembre. ERE; 1751: c;^ droits elle dégoûte diredement , Se qu'en d'autres elle fe filtre par des détours imperceptibles & forme des efpeces de bouteilles fur la furf»-. ce extérieure. Notre Auteur effayede répondre à toutes ces objedions & à quel- ques autres. Nous rapporterons feulement ce qu'il répond aux deux premières & à la dernière. Qiiant à la première , il dit que les Plombiers , pour découvrir fi leurs tables font doubles , ont cou- tume de frapper doucement deflus; avec quelque inftrument de bois, 8c que par la lurdité du coup, ils fonc avertis de la défeduofité du métail en ce point. Qii'on a ufé de cette épreuve fur diverfes tables de la Manufaélute , & que le fon d'au- cun n'a paru fufpeft. Qii'on a roulé &; déroulé plufieurs tables prifes au hazard , les unes de Plomb laminé , les autres de Plomb ordinaire : Que celles de lit première efpcce ont fait moins de rc- fiftancc éc moinsdebruit que celles de la féconde : Qii'on a pris dans les deux efpeces quelques morceaux de même grandeur: Que leur épaif- fcur ctoit pareille autant que le pouvoit permettre l'inégalité du Piomb commun : Qu'après avoir placé fur une tablclesuns & les au- tres, de manière que la moitié de chacun débordât la table , &: après les avoir afiujcttis , on a charge de poids égaux les moitiez que rien ne foûtenoit , 6c que le Plomb du La- minoir a toujours le plutôt cédé. Voilà pour ce qui regarde le Plomb double &c la malléabilité i Qqq éSo JOURNAt DE Quant aux foufflures , on dit qu'il p'étoit befoin d'aucunes recherches pourfçavoir fi ce Plomb a des fouf- flures; Que cette imperfedion ve- nant de l'humidité du fable dans lequel on coule le mctail -, elle fe trouve dans celui-ci comme dans celui des Plombiers ; Qti'on doit obferver feulement que dans les nouvelles tables les fouftlurcs font un peu plus longues ôc plus larges, mais beaucoup moins profondes. Se que par-là elles font à certains égards , d'une confequence bien moins dangcreufe que dans les ta- bles ordinaires; Que les Cylindres obligeant l'air de s'étendre , doivent produire cette différence. On cite , à l'égard de ces foufflures, le té- moignage de MefTicurs d'Ons-cn- Bray, de Meyran, Si Geoffroy l'A- poticaire, de l'Académie des Scien- ces, fur lequel l'Académie a jugé , jQue tes tahiei fortent d'entre Us Cy- lindres j fans vcKts ni fonf^ares. M, Rémond cependant trouve ce té- moignage un peu trop avantageux , & il le modifie par la reflexion fui- vantc -, fgavoir : Que , fins doute , i'Academie en prononçant fur le rapport dont il s'agit , t^ne les Ta- bles du Plomb laminé , n'ant ni vents ni foufflures , elle a feulement tnccndu ejHe les vuides caiifés par ces imperfeElions ne font nulle part d'une ■profondenr apparente. Le rapport que M. Rémond pro- duit enfuite des Commifîaires nom- més par la Société des Arts , dans lequel ces Meilleurs fc contentent de dirCjQuc Us tables du Plomb la- jîijné m ftm pas plus fujettet shx S SÇAVANS; foufflures & ventofîtez^He lestahles ordinaires , cft encore une grande modification au témoignage dont il s'agit. A l'égard de la dernière objec- tion , f^avoir, que l'eau contenue dans des vaifTcaux de Plomb lami- né y fe perd , on répond qu'afîn d'avoir de nouvelles preuves, que le Plomb laminé confcrve bien l'eau , l'on a fait quelques vaiffeaux de ce Plomb , & que pendant trois mois ces vaifleaux n'ont donné au- cune marque que l'eau s'y perdît," ni par écoulement, ni parfiltration. Nous palTons nombre de remar- ques &c de reflexions de notre Au- teur à l'avantage du Plomb laminé» Le Mémoire fc termine par les juge*, mens favorables qu'ont porté de ce Plomb laminé, la Société des Arts» l'Académie Royale des Sciences,, I'Academie d'Architedurc , &:lc$ Fontainiers du Roi ; à la fuite de quoi on voit un Mémoire envoyé fur lemcme fujet, par M. le Duc d'Antin à M. le Comte de Broglio AmbafTadeur à Londres, ôc une ré- ponfe de ce Comte au Mémoire^, dans laquelle il eft dit : 1°. Qu'il y a 24. ans que le Plomb laminé eften ufagc en Angleterre ; 2°. Qu'il y a deux mille Ou-^ vriers à Londres employés à lami-- ner le Plomb , & environ dix mille dans la grandeBretagne & l'Irlande»^ 3®. Que les Plombs du Pays de Galles Si de la Province de Darbi font les meilleurs , parce qu^ils fonÇ plus doux. 4°. Qu'il y a diverfcsdimenfions pour répailTcut j Que le pied guar^ % N O VE M I ce pcfe depuis j jufqu'a 9 livres. Qu'on employé le plus épais aux eii- siroits où l'on marche , le moyen pour les gouticres , & le plus min- ce pour couvrir. 5°. Que ce Plomb refiftc mieux , le Plomb fondu étant fujet à des creux caufcs par le fatle. 6°. Que les teuillctages qui font fur la furfacc de ce Plomb , ne nui- RE, r75r; (Sèz fenc point , qu'ils font caufcs lorfr' que les Chevaux qui tournent le Moulin l'arrêtent trop vîte. 7°. Qiie depuis que Ton fe ferC de ce Plomb en Angleterre, on a. trouvé que 5 livres faifoicnt le mê- me ferviceque huit livres fondues , ce qui diminue d'autant la con-» fomption. HISTOIRE ANCIENNE DES EGYPTJENS , DES Carthaginois , des Affyriens , des Babyloniens , des Medes & des Per-i Ces , des Macédoniens , dis Grecs. Par M. RoUin , ancien Rc&eur di l'Ufiverfité de Parts , Profejjeiir d^ Eloquence au Collège Roy al ^ &AJ?o-' Clé À l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres. Tome III. A Paris , chez la Veuve Eftienne , Libraire, rue S. Jacques, vis-à-vis la rue du Plâtre , à la Vertu. 173 1. in-ii. pp. 772. plinch. i. EN donnant l'Extrait du fécond Volume de cet Ouvrage , dans notre Journal de Février dernier ; nous en fommcs demeurés au V Livre, où l'Auteur recherche l'ori- gine S>c les commencemens des dif- ferens Eiacs de U Grèce. Nous avons promis quelque détail fur une matière Ci intereffante ; & c'eft de quoi nous allons nous acquitter. M. Rollin regarde l'ancienne Gttce comme l'un des Pays de l'U- nivers qui mérite le plus d'atten- tion , 5i que la vertu militaire join- te à la fageffe du gouvernement 8c à la culture des Arts & des Scien- ces , a rendu pour ainfi dire l'Ecole du genre humain. Mais ce qui doit [ félon lui ] redoubler la curiofîté fur ce point , c'eft le caradere des Ecrivams , à qui cette Hiftoire eft due , lefquels ne fc font pas moins fait admirer à la tcce des armées. Se dans l'adminidration des affaires publiques , que par le talent de la. plume. C'eft [ dit-il] de ces hom- mes merveilleux qu'il emprunte , non feulement les faits hiftoriques dont il nous entretient . mais enco- re { ^' c'eft-là le plus important ) les reflexions fcnfécs dont il aflai- fonne la narration de ces évcne- mcns, qui deviennent par-là autant d'inftrudions très-utiles. La mode- ftie du favanc Académicien , fi ri-i che de fon propre fond en ce gen- re, lui fait dilîimuler ici tout ce qu'il en tire de meiIleur,Scle rappor- ter uniquement à cette fource de l'Antiquité , fi féconde en grands préceptes & en grands exemples. Après une courre Defcriptioa Géographique des diverfes parties de la Grèce, l'Auteur en partage l'Hillioire en 4 âges. Le premier s'étend depuis la fondation du pctiç ^62 JOURNAE D Royaume de Sicyone jufqu'au Sic- oe de Troye , pendant environ looo ans : le fécond , depuis la pri- fe de Troye jufqu'au règne du pre- mier Darius , pendant 66^ ans : le troificme , depuis le commence- ment de ce règne jufqu'à la mort d'Alexandre le Grand , 6c c'ell: le plus beau tems de la Grèce , pen- dant 198 ans : le dernier , depuis la mort d'Alexandre jufqu'à l'extin- ûion des Monarchies de fes fucccf- ieurs, c'cft-à-dirc des Seleucides en lAfie & des Lagidcs en Egypte , pendant Z93 ans. Quant à l'origine primitive des Grecs , l'Auteur la trouve dans l'E- criture frùntc en la pcrfonne d'Ion ou de Javan fils de Japhet & petit fils de Noé. C'eft par ce nom Javan que les Orientaux ont toiijours de- figné les Grecs ■■, Se c'eft de fcs qua- tre fils Eliza , Tharjîs , Cetthim 3c Dodanim que font fottis tous les peuples de la Grèce. Ces premiers Grecs encore affez fauvages pour brouter à la façon des bêtes , appri- rent de PelafJTHs à fe nourrir de gland. Mais pour s'iiumanifer da- .vantage, les Egyptiens & les Phé- niciens leur furent d'un grand fe- cours par leurs Coionies. Ils em- prunterentde ceux-ci la navigation, îe commerce , l'écriture -, & de ceux-là les Loix , la Religion, les 'Arts & les Sciences. La Grèce dans ces premiers tems fut fu;ette à de fréquentes révolutions, les habirans fe chadant réciproquement de leurs habitations , & les plus forts s'em- parant des terres les plus fertiles. jL'Attique , Pays fec ci ftcrjile _, fut ES SÇAVANS; beaucoup moins expofée à ces chatl' gemens ; & de-là vient que fes ha^ bitans fe nommèrent AtitochthoneSj^ comme qui diroit nés dans le Pnys mêmt , Se nullement venus d'ail- leurs. A ces lemarques générales fur l'origine des Grecs fuccede une Hiftoire abrégée des divers Etats qui compofoient la Grèce , c'eft-à- dire de Sicyone, d'Argos, de My- ccnes , d'Athènes , de Thébes , de Sparte ou Licédémonc > de Corirt-j the Se de Macédoine. L'Auteur parle destranfmigiMtions des Grecs dans l'Àlie-Mineure , de leurs qua- tre Dialectes , qui en turent des fui-- tes , &: du gouvernement Republi- quain reçu prelque uiiiverfellemcnt dans toute la Grèce : après quoi il particularile davantage celui de La^ cèdemone , & fait un détail desloix- dc Lycurgue. Rien ne paroît plus incroyable j dit l'Auteur , Se cependant rien n'efl: plus certain que l'établifTe- ment de ces loix. Elles furent le fruit des oblervations faites par ce Lègiflateur dans fes voyages , fur les- différentes formes de Gouverne-- ment , 5c elles furent fi fagemcnt5c fi folidemeiit impofèes qu'elles fe' maintinrent dans toute leur vi-- gueur pendant plus 500 ans. Les plus confiderables furent , i". La création d'un Sénat compofé de iS Sénateurs, pour balancer l'autorité' des deux Rois qui legnoient con- jointement à Sparte : on y joignit" 130 ans après Lycurgue cinq Ephores ou Infpecfleurs , pour met- tre un frein à la puilfance desRois 8c du Sénat : 2". Le partage égal deS' % N O V E M I terres entre tous les Citoyens, fuivi du décri de la monnoye d'or & d'argent , à laquelle on fubflitua celle de fer, d'un fi grand poids £c d'une Cl petite valeur , qu'il faloic une charette à deux bœufs pour porter une femme de 500 livres , Se une chambre entière pour l'enfer- mer: j°. Les repas publics où re- Sjnoit la plus aullere trugalité > SC où l'on menoit les cnfans mêmes comme à une Ecole de fagefle &dc tempérance : 4°. L'éducation de ceux-ci confiée à l'Etat , & dont l'objet principal étoit de leur ap- prendre à obéir , à s'endurcJt au travail , à vaincre dans les combats, à refpeder les vieillards. On ne leur cnfeignoit des Lettres que ce qui étoic abiolument nccef- faire , l'étude des Sciences & des Arts, à l'exception du militaire, étant totalement bannie de leur Pays. Le vol,de viandes ou d'herba- ges feulement , leur ctoit permis Sc même ordonné , pourvu qu'ils s'en acquirtalfcnt nnement&avec adref- fe , faute de quoi ils étoient punis fi on les découvroit. On les accoiJtu- moit tellement à la patience & à la fermeté , que dans une Fêre célé- brée en Hionneur de Diane , ils fc kiffoient fouetter quelquefois juf- qu'à rendre l'ame fans jetter le moindre cri & cela fous les yeux de leurs parens ôc en prcfence de toute la Ville. La Chalîe &: les exercices du corps faifoient prefque l'unique occupation des Laccdemoniens , la culture des terres étant abandonnée aux Ilotes , qui croient leurs Efcla- ^cs. Ils joUiffoicnc d'ailleurs d'un i R E , 1751; 6^^ aflez grand loifir : niais leur vie étoit bien plus douce à l'armée qu'à Ja Ville , parce que la difcipline mi- litaire, quoique rigide , étoit moins dure chez eux que l'obfervance des loix fous lefqucUes ils vivoicnt à Sparte. En un mot, leur paillon do- minante étoit l'amour de la patrie , & en confequence celui de la vertu & la haine du vice ; ils ne favoienc que vaincre ou mourir dans les combats , &: la fuite étoit pour eux le comble de l'infamie.Ilscn ufoienc bien diftcremment avec leurs ennc-. mis en pareil cas , 6c ils n'épar^^ gnoient que les tuyards. Lycurguc ayant fait accepter tou- tes fes loix aux Lacedemoniens, les engagea par un ferment folemnel à les garder inviolablement jufqu'à fon retour de Delphes , où il alla pour confultcr l'Oracle d'Apollon fur le jugement qu'on devoir faire de ce nouvel établiflement. Il reçuî de l'Oracle la réponfe la plus favo- rable qu'il pût fouhaiter pour lui & pour fa patrie , après quoi ayant renvoyé cette réponfe à Laccde- mone , il fe lailTa mourir volontai- rement à Delphes, en fc retran- chant la nourriture , & par-là il mit fes compatriotes dans la neceflîté d'obferver fes Ordonnances , pour ne point violer leur ferment. M. RoUin n'oublie pas d'accom-- paguer de fes reflexions les Loix de Lycurgue , pour faire mieux fentii ce qu'elles avoient de louable ou de blâmable. La plupart méritent fon approbation , mais il ne peut l'acr corder à la Loi d'expofer & de fai-' xs péiiî les enfans venus au monde £6i JOURNALD malefîciés ; au peu d'attention à cultiver en eux les talens de l'cfprit; à la cruauté barbare exercée à leur égard en certains cas , comme on vient de le voir ; à la fermeté outrée des mères infcnfibles à la more de leurs enfans tués dans le combat ; au loifirexceflîf où ils vi voient pen- dant la paix -, à leur dureté pour leurs Efclaves ; au peu d'égard qu'ils avoient pour la pudeur & la modcftic, dans l'éducation des fil- les & dans les mariages. Il taut lire toutes ces tcflcxions chez l'Auteur jnêmc. Il pafle de-là au Gouvernement d'Athènes , cette rivale de Sparte , & après avoir touché légèrement ce <]ui concerne cette Ville tamcufe , avant que Solon y eût paru , il nous fait connoître plus en détail ce grand Légiflateur. Sa fagefle & fon défintereffcment réunirent en C;i fa- veur les divers partis qui divifoient alors la Ville d'Athènes , &c d'un confentement unanime il tut élu Archonte ou Souvctain Magiftrat , avec pouvoir de faire les Loix qu'il jugeroit les plus propres à corriger les abus du Gouvernement E>c à pourvoir aux befoins les pluspref- fans de la Republique. D'abord il déclara par une Loi expreflctous les Citoyens quittes de leurs dettes, ce qui remit en liberté tous ceux que l'impuidance de fa- tistaire leurs créanciers avoit forcés de fc réduire en fervitude en fe vendant eux- mêmes. Il abrogea toutes les Loix fanguinaires du Lé- giflateur Dracon fon devancier, à l'exception de celle qui puniflbit de ES SÇAVANS; mordes meurtriers. Il lai (Ta toutes les Charges & toutes les Dignitez entre les mains des riches dont il hc trois claflcs fuivant leurs biens , mettant dans une 4' &c dernière tous ceux que leur indigence ex» cluoit de la Magiflrature , mais auf- quels pour dédommagement il ac- corda le droit d'opiner dans les af- femblées du peuple. Il rétablit $C augmenta l'autorité de l'Aréopage, ce Tribunal Souverain de l'Etat ; ne permettant d'y avoir feance qu'aux Archontes qui étoient fortis de Charge. Il créa un fécond Confeil de 400 Magiftrats , 100 de chaque Tribu , devant lequel on preparoit les affaires avant que de les propo«. fer dans l'alTembléc du peuple.Nous paflTons, pour abréger , par dcf- fus plufîeurs autres Loix de So- lon , qui après y avoir affujettî fes Concitoyens par la religion du ferment, s'abfcnta pendantdix an- nées , & voyagea en Egypte , cr Lydie &■ en d'autres Pays. A fon retour il trouva la Repu- blique troublée par les trois ancien- nes Fadions qu'il s'ctoit flatté de pouvoir détruire par la fagefle de fes Loix. A la tête de l'une étoit Pilî- ftratc homme d'uncaradere doux , infinuant, compatilTant , modéré, habile à dilîlmuler, & très-zclcen apparence pour maintenir l'égalité entre les Citoyens. Ces qualitez lui frayèrent un chemin à la Souverai- neté , nommée alors Tyrannie , Sc Solon s'y oppofa vainement. On peut voir chez l'Auteur l'Hiftoirc de cette Tvrannie, qui dura 3 3 ans, & que Pihftrate fçut tfanfmettrc 4 N O V E M fcs fils Hipparquc &c Hippias. Ils icgnerent l8 ans depuis la raortdc leur père , & Athcr.es en fut déli- vrée par la confpiration de deux de fcs Citoyens Harmodius & Arifto- giton , qui tuèrent Hipparque. Hippias fut contraint dans la fuite de fc retirer en Phrygic , &de ren- dre ainfi la liberté aux Athéniens. Depuis, le Roi de Perfe leur ayant demandé le retablilTèmcnt d'Hip- pias & ceux-ci l'ayant rctufé abfo- lurnent i ce futToccafion des guér- ies que les Perfes firent aux Grecs avec tant d'acharnement & avec li peu de fuccès , comme on le voit dans le troifiéme Volume de cette Hilloire : M.RoUin termine le fé- cond en faifant une revue des hom- mes illufties qui fe font diftingués alors dans les Sciences -, &c de ce nombre font Homère, Héfiode, Archiloquc, Hipponax, Stéfichorc, Alcmnn, Alcée , Sapho , Anacréon, Thefpis , les lépt Sagesde la Grèce, aufquels il joint le Scythe Anachar- ûs &: Efopele Phrygien. Nous ren- voyons fur tous CCS points au Livre même , & nous venons au détail du Iir Volume, qui fait le VP Livre de tout l'Ouvrage , & qui roule fur l'Hiftoirc des Pcrfcs & des Grecs. Il devoir contenir , fuivant le projet de l'Auteur , deux morceaux des plusimportans de cette Hiftoi- rc , & des plus dignes de la curiofi- té 5 c'eft-à-dire la guerre des Perfes contre les Grecs, & celle du Pelo- ponnefe , entre les Athéniens & les Laccdemonicns, dans laquelle tous |cs peuples de la Grèce prirent garti^ B R E ; 1751; 66^ & qui dura 27 ans. Mais il n'a pu conduire celle-ci jufqu'à fa fin dans ce III' Volume , quoique plus four- ni que les précedens ; &: pour ne le pas groflir outre mcfurc , il a été contraint de renvoyer les trois der- nières années de cette guerre au Volume fuivant. Il ouvre celui-cj par une efpcce d'avant-propos , où il place en premier lieu quelques obfcrvations préliminaires que nous ne pouvons abréger & qui méritent d'être lues en entier , pour y appren- dre les fruits qii'on doit tirer de cette Hilloire: i°. Leplan&ladi- vifion de ce Volume qui comprend lesévcnemens arrivés pendant l'ef- pace de 1 17 ans fous les règnes de fix Rois de Perfe , Darius I. Xer-* xès I. Artaxerce Longue -main , Xerxès II. Sogdien , &; Darius II. furnommé Nothns ou le Bâtard : 3°. Un abrégé de l'Hiftoire des La- cedemonicns depuis l'étab'iflement de leurs Rois julqu'au legne de Da- rius 1. Il y eft parlé de l'origine Sc de la condition des Ilotes , de la- guerre entre les Argiens & les La- ccdemoniens au fujet du petit Pays des Thyreates , & des deux premiè- res guerres entre les Lacedemoniens & lesMedcniens. C H A P. I. Darius L fils d'Hy- ftafpe , au commencement de fon règne , permit aux Juifs de repren- dre la conftrudlion du Temple de Jerufalcm ^ interrompue par les intrigues des Samaritains. Ce Prin- ce s'étant fait une cntorfe violente ^ en tombant de cheval , n'en pue être guéri que par un Médecin Grec llgnimé Dmoçtdç qui ctoit a mort. Se celle de Xerxès, après un règne de 1 2 ans. 'CHAR III. Celui de fon fils Artaxcree LàngHemain fut d'en- viron 49 ans. Ce Prince commen- ça par s'affermir fur le Thtône , en ruinant le parti d'Hydafpe &c celui d'Artabane fes deux fteres. Ce fut vers lui que fc réfugia Thémiftocle, félon Thucydide , en cela contredit par d'autres Hilloriens tels que Strabon , Plutarque , Diodorc ,• lefquels rapportent cet événement au règne de Xerxès. M. Piideauï Cil de ce dernier fentiment , & place de plus l'Hiftoire d'Efthet fous l'Artaxerce dont il s'agit , au Ireu que M. RoUin , guidé tou- jours par Ulfcrius , met cette Hi^ lloire fous Darius I. La manière dont Thémiftocle parut à la Cour du Roi de Perfe a quelque chofe de fort fingulier. Sa tête avoit été mife à prix par ce Prince , qui avoit promis zoo talens ou 200000 écus à qui le livrcroit. Thémifto- cle fc fit conduire depuis Tlonie jufqu'à Sufc , dans un de ces Cha- riots couverts , où les Perfes , très- jaloux de leurs femmes , avoicnc coutume de les voiturer ; Ceux qui le menoicnt ainfi publiant que c'é- îoit une jeane Dame Gréque que l'on envoyoit à un Grand Seigneur de la Cour. Thémiftocle arrivé à Sufe obtint audience du Roi fan? fe nommer ; mais étant en prcfen* ce de ce Prince , il lui déclara , N O V E M Qu'il étoit l'Athénien Thémiftocle, banni par fes Compatriotes , & <]ui venoit chercher un afyle chez les Perfes : Qii'il leur avoit fait beaucoup de maux , mais qu'il «toit en état de leur rendre les plus grands ferviccs; Qu'il pouvoit être pour le Roi un objet de clémence ou de colère i Que par l'une Arta- xerce fauveroit un Suppliant , & que par l'autre il pcrdroit le plus grand ennemi de la Grèce. Le Roi lui fit un accueil très-favorable , lui fit donner la fomme promife à quiconque le livreroit , récompen- se qui lui étoit légitimement due , puifque lui-même avoit apporté fa tête. La perte que les Athéniens avoient taite en la pcrfonne de Thémifloclc fut reparée par les grands exploits de Cimon fils de Miltiade. L'n des plus éclatans fut la double vidoire qu'il remporta furies Perfes près de l'embouchure ,Ju Fleuve Eurymcdon, & qui éga- la prefque la gloire des deux jour- nées de Salamine &c de Platée. Il battit leur Flotte compofée de 350 voiles, en prit deux cens 8c en cou- la grand nombre à fond ; fit en fui- te une defcente & mit en déroute leur armée de terre j remonta fur fa Flotte , & alla au-devant de 80 Vaiffcaux Phéniciens qui venoient joindre celle des Perfes , &c qui furent tous ou pris ou fubmergés. Cette défaite fut bien-tôt fuivic de la révolte des Egyptiens qui pri- rent pour leur Roi Inare Prince de Libye , & qui appellercnt à leur («cours les Athéniens. Mais l'armée B R E , 1751." 66^ du Roi de Perfe commandée par Megabyze & Artabaze , remit , au bout de fix années de guerre , l'E- gypte fous le joug , après la défaite d'Inare & des Athéniens. Mega- byze s'étant révolté quelque-tcms après , défit deux armées du Roi de Perfe, dansl'cfpacc de deux années, puis rentra dans le devoir. M. Rollin revient aux Grecs & nousdonnelecariderc de Perifics, qui commençoit alors à prendre part au gouvernement d'Arhcnes , &c qui dans la fuite y jolia un Ci grand rôllc. Un de fcs premiers foins fut de gagner d'un côté la fa- veur du peuple , pour contrebalan- cer le créditée la gloire de Cimon; d'affoiblir de l'autre Se d'abaiffer le Tribunal de l'Aréopage , dont il n'avoit pas l'honneur d'être. Ci- mon de retour à Athènes vit ce changement avec douleur. Le mé- contentement qu'il en eut & qu'il fit trop paroître lui aliéna le cœur de fes Citoyens , qui à l'occafion du fecours que celui-ci avoit conduit aux Lacedcmoniens contre leurs Jlotes révoltés , & qui fut renvoyé honteufement,lc bannirent d'Athè- nes par la voye de ['Oftracifrne. Cinq ans après ayant été rappelle, il reconcilia les deux Villes qui com- mençoient à devenir ennemies, & leur fit conclure une trêve de cinq ans ; il mit en mer une Flotte dt 200 voiles, en envoya €0 en Egypte pour y appuyer la rébellion d*A- myrtée; attaqua la Flotte de Perfe £c lui prit loo VaiiTeajux ; fit en re- venant une defcente en Cilicie où il défit l'armée de Megabyze & lui Rr r ij ^70 JOURNAL DE tua un nombre prodigieux d'hom- mes ; retourna en Chypre & y tor- nia le Siège de Citium , Place éga- lement forte iSc importante. Le Roi de Perfe fatigué d'une guerre qui lui étoit fi ruineufc , rclblut d'y mettre fin par un accommodement^ dont on trouve ici les conditions. Ainfi fut terminée la guerre entre ks Pcrfes iSc les Grecs , après avoir duré 51 ans entiers &: avoir coûté li vie à une inhnicé d'hommes de part Se d'autre. Pendant qu'on tra.vaiIloit à con- clure le Traité, Cimon mourut ; 5c la fuite fitencore mieuxconnoître à la Grèce combien une telle perte croit irréparable. >' Après Cimon » ( dit M. RoUin y il n'y eut plus » aucun des Généraux Grecs qui fit » tien de confiderable ni d'éclatant ï5 contre les Barbares. Animés par «les Orateurs , qui fc rcndoienc 5> maîtres du peuple , &: qui répan- »> doient dans les affcmblées un ef- » prit de trouble & de divilion , *j ils fe tournèrent les uns contre ks » autres, & ai vinrent enfin à une » guerre ouverte , fans que pcrfon- 3> ne fongeât à en arrêter les fuites «funeftes: ce qui fut un repi bien •'Utile pour les affaires du Roi&la » ruine de celles des Grecs, Dans le refte de ce troificme Chapitre , l'Hiftoricn nous fait connoître la conduite de Periclcs par rapport au gouvernement d'A- thènes y la manière dont il vint à bout de faire exiler Thucydide qu'on lui avoir oppofé , fon change- ment de conduite à l'égard du peu- ple j fon extiême autorité , fon dc- S SÇAVANS; ilntereilemcnt. Il nous parle de la jaloufie & des diScrends qui fe ré- veillèrent entre les Athéniens &lcs Lacedemoniens , & qui donnèrent lieu à unTraité d^ Paix pour 30 ans; mais cette paix ne tut pas de longue durée : ilnousoppofc le^ nouveaux fujets de plainte îk de brouilleiie entre CCS deux peuples, à l'occalîon du Siège de Sanios que fiicnc leg Athéniens, du fccours qvi'ils oc- cordcrent aux Corcyrécns Se du Siège qu'ils mirent devant Potidéc , fuivi d'une rupture ouverte; il ra- conte diverfes affaires iufcitccs con- tre Periclés , qui détermina enhn Is peuple d'Athènes à foûtenir U guerre contre les Lacedemoniens. CHAP. IV. M. RoUin a ren- fermé dans le Chapirj:e fuivant ce qui concerne les affaires des Grecs , tant en Sicile qu'en cette partie ds l'Italie , qui s'appelloit la Grande Grèce. On y voitl'Hilloirede Gé- lon &:dc fes deux frères Hicron Si Thrafybule , tous trois fuccellâvc- ment Rois ou Tyrans de Syracufe ; & celle de quelques perfonncsôc de quelques Villes célèbres dans la. Grande Grice; du Philofophe Py- thagore , des Légillateurs Charon- das , &: Zaleucus , de l'AthletC Milon , des Villes de Crotonc , de SybarisSc deThurium. Nous bor- nerons-la rotre Extrait. Qiiant à li guerre du Péloponnéfe dont l'Hi- ftoitc remplit la féconde Partie de ce Volume , ccmmc elle n'y cft point achevée , & qU'cUe ne doit fe terminer que dans le fuivant V au lieu d'en commencer ici l'Extrait , nous aimons mieux le icnvoyci ea paux faits racoatés d'après les otiai- naux , avec toute !a netteté &C toute l'étendue qu'ils méritent , mais en- core mille patticulaiitez cuticufcs & interell'antcs : 5c t]uoique la plu- part de CCS évcnemcns foient fulH- lammeat connus , on peut dire qu'ils ont ici toute la grâce de la nouveauté par les judicieufes refle- xions dont l'Auteur les accompa- gne , &c qui ne font pas moins pa- roître la droiture de fon coeur que la juftellc de ronefprit.- N O V E M B entier au Journal dans lequel nous rendrons compte du IV^ Tome de cet Ouvrage. Du relie , nous n'avons pas pré- tendu donner un Sommaire cxaiib de l'Hiftoire des Perfes Se des Grecs détaillée dans ce 3'' Volume ; ceia- nous âUEoit menés trop loin. Nous ne nous fommes propolés feule- ment que d'indiquer en gros les é vencmens les plus con (îdcrables de cette Hiftoirc qu';l taut lire avec attention dans le Livre même. On y trouve non feulement les princi- RECUEIL DE TESTES i) E CARACTERES ET BÉ Charges , dejfmèes par Léonard de Vinci , Florentin ^ (^ gravées par M. le C. de C, 1730. avec une Lettre fur Léonard de F'inci à M. le C^ di C. Par AL M. . . le fils. 1730. A Paris , chez Jean Mariette , rué Sain: Jacques , aux Colonnes d'Hercules : un vol. /« - 4°, de 34 planches de graviàrcs & 24 pages d'impreflion pour la lettre. Lettre où M. M . . . le fils entre-' tient M. le C. de C. au fujet de Léonard de Vinci. Ce Peintre naquit vers l'an 144J. au Château de Vince j fituédansle Val d'Arno , près Florence. Son Maître , pour la peinture & pour le deflein , tut André del-Verrochio, Peintre, Sculpteur, Architeéle & Orfèvre , & qui , dit-on , ne put fe réfoudre à manier le pinceau y depuis qu'il eût reconnu la fuperio- ritc de fon Elève. Léonard de Vinci , après la chu- te des Sforces , Se un fejour d'envi- ron fix ans à Milan ^ où il jetta les- fondemens d'une célèbre Acadé- mie ^ retourna à Florence en 1509. Le Sénat de cette Ville le choific avec Michel-Ange pour pdndrfrki LE Frontifpicc de ce Recueil eft un Cartouche de bon goût , dont la figure principale eft un Ikrcule terralTant l'Hydre , dclîîné par Auguftin Carachc ; & le corps de l'Ouvrage eft compofé de foi- Xùutc Têtes de Caraderes ou de Charges dont on ne devine pas aifé- ment l'ufage qu'err vouloit faire Léonard de Vinci ; mais dans cha- cune defquelles on reconnoît le goût , la vigueur &la précifiondu Crayon de ce grand Maître. Lllcs font toutes gravées par M. le C. de C. c'eft dommage que ce Seigneur ne veuille pas être nommé , fon nom feroit au moins autant d'hon- neur aux Arts que les Arts lui font de plaifir. Cet Ouvrage eft précédé par une e^% JOURNAL D grande Salle du Confeil. Une noble émulation fit produire à l'un & à l'autre deux Cartons fî fameux qu'ils Câufercnt l'admiration de toute l'I- talie , & qu'ils fervirent d'étude à tout ce qu'il y eût de Peintres auflî long-tcms qu'ils fubfifterent. Vafa- tidit que Raphaël lui-même n'en- treprit fon premier voyage de Flo- rence que dans la vùë d'étudier d'a- près ces Cartons, & qu'il fut telle- ment frappé de leur grande maniè- re , qu'il prit, en les voyant, lare- fûlution de quitter cette manière petite & mefquine qu'il avoitcoQ- tradéc chez Pierre Perugin. De Florence, Léonard vint à Ro- me , d'où la jalouiîe qui fe mie en- tre lui & Michel-Ange l'obligea de Ibrtir pour palfer en France , où il étoit appelle par François I. Dans fa 5 7° année , Léonard étant tombé dangereufement malade , françois L l'apprit & fit l'honneur à ce Peintre de le venir vifitcr. Pénér- tré de refped Se de reconnoilfance, Léonard raiïembla tout ce qui lui reftoir de force pour témoigner à Sa Majefté combien il croit fcnfible à cet excès de bonté. Dans cet inftant une foibleflc mortelle le faifit , & le Roi ayant voulu lefecourir, le vit expirer dans fes bras. Notre Auteur fe borne à ce peu défaits, parce qu'on peut trouver les autres particularitez de la Vie de Léonard dans une infinité d'cn- droirs , & s'ttend davantage fur ce qui nousreftedc ce Peintre. Il nous apprend que la Bibliothèque Am- broficnne à Milan cft le lieu où l'on çonfer ve une plus grande «juancité ES SÇAVANS; des delfeins avérés de Léonard , qui par tout ailleurs font infini- ment rares. C'eil ainfi que fes 0\X; vrages font parvenus dans cette Bi- bliothèque. Originairement ils appartenoient à la famille de Meizi , l'une des plus confiderablcs de Milan. Fran- çois Melzi les avoit eues de Léo- nard même. Après la mort de ce premier , ces précieux Manufcrits de Léonard demeurèrent enfeveli» dans un profond oubli ; ils furent même gardés avec li peu de foin qu'un certain Lelio-Gav^idi d'Afo» la , proche parent d'Alde-Manucc, qui étoit Précepteur dans la mai- fon , eut toute la commodité de fc les approprier. Il s'empara de ij. Volumes , tant in ^fol, qu'/« - 4°. qu'il porta à Florence dans le def- fcin de les vendre chèrement au Grand Duc François de Médicis. La mort inopinée de ce Prince ren- verfa les projets de Lelio , & ces projets rcnveriés firent place à fes remords. Il pria donc jean-Am- broife Mazzcnta , Gentilhomme Milanois , qu'il rencontra à Pife , de reporter ces Livres à Milan , & de les reftituer aux Melzi ; mais comme ils en faifoient peu de cas , des 15. Volumes ils n'en retirèrent que 7. & laillcrcnt les 6, autres en- tre les mains des Mazzcnta. Ceux- ci firent prcfent d'un de leurs Livrcj à Charles Emanucl Duc de Savoyc. AmbroifcFigini excellent Peintreen eut un autre 3 & le Cardinal Frédé- ric Borromée en obtint le 3', donc il enrichit la Bibliothèque Ambrot- ficnnc qu'il vcnoit d'établir; les 3. M N O VE M autres Volumes pairercnt entre les mains de Pompée-Leoni , qui les ayant augmentés de plufieurs Piè- ces volantes de Léonard , en coni- pofa un fcul grand Volume qui contient , à ce qu'on afTiirc , 1750. dellcins. Galeas-Arconato l'ayant acquis dans k fuite , le donna en 16^57. à la Bibliothèque Am- broifienne , avec tout ce qu'il a voit rafTcmblé du même Maître , confi- ftant en 12. Volumes, l'un dcf- quels, dit-on, cft rempli de Dcf- feins de Têtes ou Charges , au nombre d'environ ioo. A l'égard des 7. Volumes que les Melzi gar- dèrent , on croit qu'ils furent en- voyés en Efpagne au Roi Philippe fécond , qui fe picquoit d'être con- ïioiffcur, La plupart de ces Defleins font accompagnés d'explications écrites de la droire à la gauche , qu'on ne peut lire que dans le miroir. C'étoit la manière d'écrire de Léonard , on ignore k caufe de cette bizarrerie. On ne fçait point préciftment par quelles mains a pafTé le Recueil de Têtes dont M. le C. de C. vient d'enrichir le public ; ce qui paroît certain , c'cft qu'il n'a été polTedc que par gens qui en connoifloient la valeur. La confervation des def- feins , la propreté avec laquelle on les a enchafles dans de plus grandes feuilles de papier pour en faire un iXiftc Volume , le beau delTein d'Auguftin Carache qui y fert de frontifpicc en font de grands Indi- ces. Le rcfte de la lettre cft employé à nous peindre le caraderc d'efprit B R E ; î ; i t; gj^ de Léonard. On y parle du foin qu'il prenoit pour étudier Se pout imiter la nature , de la difficulté qu'il trouvoit à fe contenter lui- même en contentant tous les autres de l'étonnante variété qu'il jcttoic dans tous fcsOuvrages,de la conve- nance des caradercs qu'il donnoic à toutes fcs Têtes , de l'étude opi- niâtre qu'il fit de l'Anatomic , pour découvrir les raifons cachées des ombres & des lumières. De l'atten- tion qu'il avoit à faifir les phidono- mies iîngulieres dont il failbitdes portraits qu'il chargeoit quelque- fois , mais moins par jeu que pour fe les imprimer profondément dans la mémoire. Il faudroit copier toute la Lettre pour nous étendre fur ces diffé- rentes parties de cet Eloge de Léo- nard , qui étoit à la fois Peintre , Sculpteur, Architede , Géomètre ^ Méchanicicn , Philofophe , Poète &C Mulîcicn , &qui donna alterna- nativement dans tous ces genres des preuves éclatantes de la beauté de fon efprit. C'ell dans la Lettre mê- me qu'il faut voir toutes ces chofcs; nous y renvoyons le Lecteur , il la verra avec plaifir , & par cet ElTay jugera du mérite d'un Ouvrage que fon Auteur nous y promet ; c'eft l'hiftoire de la gravure , dans la- quelle il prétend faire entrer ce que de pénibles recherches lui ont ap- pris touchant la Vie des Graveurs^ leurs Ouvrages , dont il donnera le Catalogue. Sa Lettre eft terminée par celui des Pièces qui ont été gra« vées d'après les Tableaux ou Def-' fdns de Léonard de Vinci,- 6ji JOURNAL DES SÇAVANS, HISTOIRE BV BAÎANISME OU D£ V HERESIE DE Michel Batus , avec des Notet HtlîoriqHes , Chrofiâlogi^uss , Cntiijues , Scc.fiiivie d'éclaircifemens Théologicjues , & d'un Recueil de Tiecesjujii- fcattves. Par le P. fean-Baptifte du Chc(ne, de la Compagnie dejefits, A Doiiai , chez Jacques - Fcançois WiUerval , Libraire - Imprimeur , rue des Ecoles, au S. Efpric i 73 ' • "" vol. in-^". pp. 450. pour le corps del'Hiftoire, pp« 7if. pour les Eclairciflemens , & pp. 82. pour les Pièces juftificacives , fans U Préface & les Tables. M L'Abbé du Mas , Auteur de . l'Hiftoire des cinq fameufes Propofuions , difoic à fcs amis qu'il manquoit à l'Eglife uneHi- ftoire du Baïanifme , & le Père du Chefne animé du même efpric s'eft propofé de remplit fon idée. Il a pris le Baïanifme dès fa fourcc , &C en a fuivi le cours julqu a fon encrée dans l'Hiftoire des cinq Propolî- tions, c'eft-à-iire qu'il ne s'eft arrê- té qu'après avoir joinc M. l'Abbé du Mas. Le chemin qu'il fallcit tenit pour arriver à ce but n'étoit pas uq chemin battu , le Pays qu'il avoic à teconnoître ne lui oftroit point de guide & paroilloit un defcrc ftcrile; car enfin, on fe perfuade commu- pémentqucle Baïanifme n'eft qu'un Recueil d'Erreurs échappées à l'attention d'un DoiSeur , d'ailleurs Catholique ; Erreurs , à la vérité profcrites par le faine Siégc , mais fans éclat, reprouvées par l'abjura- tion de l'Autciu , étouftées dans leur berceau fans rehftance, & qui n'ont été renouvelices que lonq- tcms après dans le fameux Auguftin de Janfcnius. Il s'igiiloit donc de prouver que le B.iïanifme eft un Sy- ftêmc d'Erieurs fuivi , enfanté avec réflexion , enfeif^nc malgré les dé- fenfes du faint Siégc , & malgré des menaces d'excommunication , pu" bliédans des Livres imprimés après ces menaces , 6c foûrenu avec opi- niâtreté pat une pullfante fa(5tion. Cela n'étoit pas tacile , & c'eft à quoi tend l'Ouvrage que nous an- nonçons. Four ne nous pas jecrer dans ua trop grand détail , nous parlerons d'abord de la pcrfonne de Baïus. Nous donnerons enfuite un plan de fon Syftème Théologique ; après quoi nous indiquerons fuccintement les principaux évenemens rapportés dans les cinq Livres qui compofent cette Hiftoire. I. Miche! Baïus ou de Bay naquit en r Ji J. àMclin, Village du Fina- ge d'Ath en Haynaut, de parens aifczobfcursî dès que fon âge lui permit de s'appliquer aux Elclles- Lettres, il obtint une bourfe à Lou- vain , au Collège de Standonk. Ele- vé & nourri dans cette Maif )n , il alloiî recevoir des leçons de Phiio- fophie au Coliege du Parc, l'une des quatre Pédagogies de Louvain. Comme il a voit du génie pour les matières Philofophiques, le fuccès répondit à fes ctavaux. A la fin de fon N O V E M fcn cours , il pafla Maître- es- Arcs avec diftindion, ce qui lui valut unebourfc d'Ecolier en Théologie dans le Collège Adrien. Il y demeura cinq années pen- dant lefquelles il prit les leçons fous les Maîtres les plus fameux qui oc- cupoient alors les premières Chaires de la Faculté de Théologie de Lou- vain , Se qui foûtenoient par leurs dodes Ecrits & pir la folidité de leurs leçons , la gloire de l'Eglife &c de leur Académie contre les Héré- i!csdeLuther,de Calvin ScdeZuin- glc, qui fe répandoieac alors en Flandres. Baïus joignoit beaucoup d'appli- cation à unefprit aifc, pénétrant Si méthodique , & fit de grands pro- grès fous tous Ces Maîtres. Il apprit également d'eux à être Chrétien Sc Théologien. Appliqué,fans être fau- vage, dit notre Auteur, réglé dans ù conduite fans écarts , il avoit des manières douces & l'air affable. Ce- la donnoit beaucoup derclicià fon mérite naiffant , & lui concilioit l'eftimc & l'affeiftion , tant de fes Maîtres que fesCondifciples. Aulîî obtint-il laPrincipalité du Collège deStandonk, où il avoit été élevé pendant fon cours de Philofophie. Il en prit pofleflion à l'âge de 18. ans , c'eft-à-dire en 1 541. & gou- verna cette Maifon de telle forte qu'il fut admis l'année fuivante au ConfeildeTUniverfité & à la Ré- gence de la Philofophie. On attendoit beaucoup de lui idans cette nouvelle carrière , &c l'on ne fut pas trompé. Il la remplit avec celât pendant fix ans j c'eft ce qui Novemlf, BRË, 173 r» ^7T lui mérita la Charge de Prcfîdtnc du Collège Adrien dont il prit pof- fdHon en i J45. félon Bayle , Ôi eu 1550. félon l'Éditeur de fes Oeu- fxes,placc qu'il a gardée toute fa vie. Il avoit achevé fa Licence en 1545. &ce ne fut qu'alors , ditno- tre Auteur , qu'il fe crut alfez ha- bile pour lire fans danger les Li- vres dont les Proteftans inon- doient la Flandres. Il y prit un goiic de nouveauté , continuc-t-il , qui tranfpiroit dans toutes les difputes de Théologie où il affilloit , ôc dont jamais il ne s'cft guéri. Il pafTi néanrwoins au Dodlorat le 15^ de Juillet r 5 50. la 37'^ année de fon âge , i<. la 15° depuis fa fortic de Philofophie. Il eût pu fournir cette dernière carrière en moins de tems ; mais le Chancelier Ruard Tapper, fous le- quel il avoit étudié en Théologie » diffcroit tant qu'il pouvoit fa pro- motion auDodorat & celle de Jean HelTel ^ nommé auflî Jean de Lou- vain j parce qu'il avoit remarque dans ces deux Candidats des quali- tez dont l'union lefaifoit trembler, c'eft-à-dire beaucoup d'cfprit &C d'étude , mais un grand penchant pour la nouveauté , Se une grande hardiefTe à foûtenir leurs opinions. En effet , c'étoit deux grands gé- nies ; mais pleins d'eux-mêmes, dit notre Auteur , & par-là plus capa- ble de donner dans l'écart. Ils avoient de l'ardeur pour apprendre; maisils vouloicntdu neuf,&: s'atta- choient à leurs fens. Leur air de modeflie &: de pieté frappoit : oa die même que Baïus verfoit fouvenC Sff ^7<^ JOUHNÂt DE des larmes de dévotion en célébrant les faints Ivlyfteres. Nous tranfcri- Kons ici mot à mot quelques traits du portrait que tait notre Auteur de Baïus : on les trouvera à la page ï6^. » Il avoir les vertu? des hom- »>mes, dit-il, & les vices des An- >j ges. Il étoit d'un extérieur grave , 35 modefte , frugal , chafte , appli- M que au devoir de foa Etat. Il avoit «beaucoup d'efprit , mais moins M qu'il ne penfoit. Porté à la nou- :> veauté , il fe remplit d'une faulTe "fcicnce par une longue & pénible >j étude , &c n'apprit gucres que ce sjqui lui auroit été avantageux d'i- n gi76rer. Il fçavoit à peine bégayer M en Théologie qu'il appelloit Tes M Maîtres Pélagiens , & la dodrine 3> commune de l'Ecole un Sémi- M Pélagianifme» Dédaigneux de la M ledure desScolalliqucs, il les mé- «prifoit fans les avoir lus. En re- « vanche , // lut neuf fois S. ylugn- iiflin fans l'épitifer , dit François i> Swerts , il pouvoit ajouter lans «le comprendre. Il y cherchoitfcs » Erreurs, il n'y trouva pasS.Augu- ajftin, & fon malheur fut de fe flattée 3) de l'avoir feul trouvé, de d'en croi- a>re plus à (es yeux qu'à ceux du -•3 faint Siège & de tous les Théolo- »giens, Préfomptueux , entrcpre- Mnant, hardi, timide fuivant les î) conjonctures , il mcprifoit les » PuilTances lorfqu'il le pouvoit 3> impunément , & plioit fous leur 43 autorité quand il voyoit du rifque 53 3 fe roidir. Inconftant en apparen- j>ce j toujours le même dans le 5j cœur , il promettoit y il fignoit , 83 il juioit tout ce qu'on yoiiloit ^ & 5 SÇAVANS; )3 ne donnoit rien de ce qu'on cxï-; » geoit Toutes ces qualitez nel'empêche- rcnt pas de réunir en lui les titreï- de Doyen de l'Eglife Collégiale de S. Pierre à Louvain, do Chancelier 6 deConfervateurdes droits de (on. Univerlîté , d'Inquihtcur Génér.il en Flandres , de ProfelTeur Royal en Théologie & àe Ptéfident du Collège Adrien, Il mourut le ifi'. Décembre de l'an 1589. âgé de 77. ans , 6c fut enterré au Collège du Pape , donc il étoit Principal depuis 40. ans. Jacques Baïus fon neveu fit ériger un Monument fur fon Tombeau Sc le décora d'une Epitiphe , où il n'efl: fait mention que des Dignitez de fon oncle. Il fe referva à parler de fes vertus & de fa Doctrine dans une Oraifon Funèbre qu'il pronon-. ça à fa louange. Ce neveu de Michel Baïus reçut à Louvain le bonnet de Doifteur en 158e'. & fut Profeffeur Royal du Catéchifme. Il publia quelques Traitez Théologiques. Une In- ftruélion Chrétienne en quatre Livres , & trois Livres fur le Sa- crement de l'Euchariftie & fur le Sacrifice de la Meffe, Il mourut le 15. Octobre itf 14. §c delHna tous fes biens à la fondation d'un Collège à Louvain pour ceux de fon Pays. Gilles Baïus fon neveu exécuta fes volontez , & fut le premier Prcfi-: dent de ce Collège qui porte le nom de Jacques Baïus. Bayle le croit un Collège en idée; mais il fe trompe , puifque Valere-André ea parle dans fes faites Acadénu-» N O VE M ques de Louvain , & l'appelle Coi- leginm Bàianum , Se puifque notre Aureut afTure qu'il l'a vu. II. Dans le tems que Baïïis s'étoit mis fur les bancs , les Sedes de Luther, de Calvin & des Sacral mentaires, remarque notre Auteur, infedoient les Pays-Bas & y dé- crioient, comme pat tout ailleurs , la Scolaftiquc. Baïus les écouta , & ne penfa qu'à s'ouvrir une nouvelle route dans la Science des Dogmes. La méthode qu'il choifitfut de ne prendre pour règle que l'Ecriture Sainte & quelques Pères qui ctoient encore alors du goût des Sedaires ; de s'éloigner des fentimens & des termes reçus dans l'£colc;3c de tra- duire les Scolaftiques fous des noms odieux. C'étoit plutôt aller aux Hérétiques que de les ramener à lui. Il s'attacha aux Queftîons du tems , c'eft-à-dire à celles qui re- gardent le fort de l'homme , l'état d'innocence , de pcchc &c de mife- ricorde ; c'cft-à-dire , que la Nature faineJaNature tombée 5c la Nature f eparée furent l'unique objet de fa Théologie. Luther avoit enfeigné que tous les dons accordés au premier hom- me dans fa création &c h jullicc originelle étoient des dons naturels. Calvin n'a pas reforme Luther fur ce point , &C leurs Partifans l'ont érigé en Dogme. Baïus , dit notre Auteur , les a plus écoutés en cela <]ue l'Ecole , & s'eft rangé de leur côté. Il convient, à la verité(Baïus) <;^e l'innocence du premier honi- îne^l'intégritéjla juftice,la foi,l'efpe- B K E ; I 7 5 t: 577 rance, la charité &leS auercs vertus infufes étoient en lui des dons du S. Efprit y Que nos premiers Percs étoient élevés à la qualité d'enfans adoptifs de Dieu , & deftinés à en- trer dans la joye éternelle de leuc Père Celefte fans goûter la mort.' Et juff ues-là , dit le P. Duchefnc ; Baïus cil en legle : mais les Catho- liques , continue-t-il , enfeignent outre cela que tous ces dons divins font gratuits , féparablcs de la con- dition naturelle du premier homme fur-ajoûtés à la nature ; en un mot ,' furnaturels. Or c'ell: ici que le Théologien de Louvain les aban- donne. Il prétend que tous ces dons qu'il avoiie dans un fens pouvoir être appelles des grâces, étoient dûs à l'homme fortant des mains de (on Créateur , des appanagcs de la na- ture innocente , & que la gratuité: n'y a pas plus de part que dans la vue , l'ouie Se les autres puifTancesj qu'ainfi en fuppofant la création , Dieu n'a pu les retufer , parce qu'ils en font des fuites ncceflaires. Par-là ce Théologien donne tout à la na- ture dans le tems d'innocence ^ 5c rien à la grâce. Voilà fon premier crime , parce que ce principe fcm-] ble donner des borncsàune pui (fan- ce qui n'en a pas , Se qu'il décide hardiment ce que Dieu peut Se ne peut pas. Pour fe former un tableau refTem- blant de la nature tombée dans le Syftcme de Baïus , ii ne faut que fe reffouvenir de ce qu'étoit la na- ture faine dans ce même Syftcme. Elle étoit revêtue de fcs propres biens , tous les dons qui l'ornoienc S f f ij ^78 JOURKAL ï) alors, excepte 11 création , étoicnt moins des taveurs que Dieu lui tai- iok qu'une dette que lui payoit le Créateur , ce font ces feuls dons qu'elle a perdus-, d'un côté elle n'* donc rien perdu de furnaturel , 6c de l'autre il ne lui rcfte donc plus- de faculté que pour le mal-, touc lui étoit dû autrefois , rien ne lui eft dû maintenant, 3c tout ce qu'elle «reçoit de Dieu ell; aulîi purement gratuit qu'il l'étoit peu avant fa chute. Dc-là point de grâces géné- rales , tout devient numérique, jjcrionnel, efficace dans ceSyllê- mc , & c'eft-là le fécond crime de Baïus. Son troifiéme crime regarde ic Réparateur de la nature. La foi Ca- tholique cnfeignc que J. C. eft mort pour fauver les hommes pé- cheurs, &: que par l'effufiondefbn Sang il leur a mérité la fin & les moyens, & que parmi ces moyens la grâce de l'adoption eft celle qui rend nos bonnes œuvres dignes de la Vie Eternelle. Baïus prétend au ■contraire que la rétribution de la vie vtemelle s'accorde aux bonnes oeuvres fans avoir égard aux mérites de Je- sus-Christ , & quelle n'eji tas ^eme , à proprement parler^ une Inlbtutions NOVEMBRE; 1 7 î r; ïnftitutions de la Coutume de Bourgogne. L'Auccur eft pcrfuadé que c'ell: par inadvertance que dans l'Edition de ces Cahiers faite en 17 17. on a ajouté une négative iffert4tion ThéologiijHe , touchant l'Invocation du S. Efprit , Sec. 6 5 1 Obfervatiens fur le Plomb Laminé ^ ^5 J JHemoiresfur le Laminage dn Plomb , 6^^ Hifldire Ancienne des Egyptiens , des Carthaginois , dts Affyriens ^ des Babyloniens , &c. (>6 1 'Recueil de Thés de Caraïleres & de Charges , Sec, 6-j i Uiftoire du Baianifme ou de CHéréfie de Michel Bains ^ Sic. tf 74 L'J^ifioire Diverfe du Sephifie Claude Elien , &ic. 6%o ^Abrégé du Projet de Paix perpétuelle inventé par le Roi Henri le Grand, Sec, Des Partages par Souche & par reprefentation , 6cc. ^ S 9 Ngimlks Littéraires , S^i. ¥)» 4c la Tabl^ L E JOURNAL DES FOUR VANNE'E M, DCC. X X XL DECEMBRE. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Qiiay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. DCC. XXXI. AVEC AFFRGBATION ET PRIVILEGE DU ROY. À LE JOURNAL DES SCA DECEMBRE M. DCC. XXXI. HISTOIRE DELA GUERRE DES HVSSITFS ET DU Concile de Bajle. Par Jacques Lenfant. A Utrecht , chez Corneille-Guil- laume Lefevre. 173 1. in-jf", 2. vol. premier vol. pp. 4^4. fécond vol. pp. 370. L'H E U R E U X fuccès qu'a- Bade , &c il fe mit à recueillir voienr eu les Hiftoires des des Mémoires pour exécuter ce Conciles de Conftancc & de Pife projet. Mais comme il faut fçavoir avoitfait prendre la refoiution à M. ce qui rcj^ardc la Guerre desHudî- Lenfant de donner au public tes pour être bien au fait de ce qui Hiftoirc détaillée du Concile de fe palfa au Concile de Balle au fujet Desemhrc. X x x ij 69S JOURNAL DES SÇAVANS, de la Bohême , l'Auteur prit h re- Nicolas (jm fe p.nva dans le Chà- folution défaite précédée l'Hiftoire du Concile de Bafle de celle des Huflites. Mais foit qu'il n'eût pu re- couvrer des Mémoires pour com- pofer une Hiftoirc détaillée du Concile de Bafle , foie qu'il appré- hendât d'être furpris par la mort avant d'avoir culetcmsdc tînir ces deux Ouvrages , il prit le par- ti de, faire entrer dans l'Hiftoire de la Guerre des Huflites ce qui lui parut le plus remarquable dans i'Hiiloire du Concile de Bafle. Le premier Volume étoit imprimé tout entier , & le fécond étoit avancé lors de la mort de M. Lenhint qui cft arrivée le 29. Juillet 1728. L'impreflîon du fécond Volume tut continuée fur fon Manufcrir. Il fi- nit à l'an 1454. L'Auteur l'auroic pouflé jufqu'en 146^0. s'il avoiten- core vécu quelques mois ; la pre- mière Edition de cet Ouvrage fut faite à Amflcrdam, On aflure que dans cette féconde Edition quipa- roît fous le nom à'Vtrecht , l'Edi- teur a confervé religieufement le Texte de M. Lenfant , &: qu'il s'cft borné à corriger quelques rautes de Langage, qu'on prefumc que l'Au- îcur n'auroit point laiflécs, s'ilavoic rcvîi fon Ouvrage ; des fautes d'im- preflion , entre lefquelles il y en avoir, dit-on , de très-grofllcres 8c en grand nombre. Pour corriger qvielques-unes de ces fautes d'im- preflion on a été obligé d'avoir re- cours aux originaux cités par l'Au- teur ; on lifoit , par exemple , à k page 5 5. de l'Edition d'Amflcrdam igue /'/ ( Zifca ) IfritU le alliage ^ &; tre les deux Rits. teatt: onlit dans celle-ci , il hmlx le Village & Nicclas fe fauva danr le CbheMi. L'Ouvrage , dont cette nouvelle Edition nous donne lieu de rendre compte eft divifé en 24. Livres; les- cinq premiers peuvent être regardés comme les Préliminaires de l'Hi- ftoire des Huflites. L'Auteur re-^ monte jufqu'à rétabliflement du Ciiriftianifme en Bohême dans le neuvième hécle. Les premiers Apô- tres en furent deux Moines Grecs de l'Ordre de S. Bafilc, Méthodius &: Cyrille-Conltantin , qui turent envoyés en Moravie 6c en Bohême par l'Impératrice Théodora & par TEmpereur Michel fon fils , à la prière de Suatopluc le vieux. Roi de Moravie. Ces deux Moines avoient déjà converti les Mytiens , les Bulgares & les Gazares. Ils in- trod^lihrcnt le Rit Grec dans ces nouvelles Eglifes , &: ils y firent cé- lébrer l'Office Divin en Efclavon , qui cft le Langage du Pays. Ils fu- rent à Rome fous le Pontificat d'Adrien II. qui ayant d'abord vou- lu leur défendre de faire dire la Melfe en Efclavon , fut fi frappé par la fuite des raifons de Cyrille , qu'il permit de fe fervir dans le Service Divin de la Langue du Pays. Ce privilège fut confervé aux Bohémiens par Jean VIII. &plu- fieurs fiécles après par Innocent IV. cependant Grégoire VII- avoit fait tous fcs efforts pour établir le Rit Latin dans la Bohême, 5c le Royau- me fut aflez long-tems flottant en- D E C E M B Dans le douzième ficcle pludeurs Vaudois fc recircrent dans la Bohê- me ôc y furent bien reçus. Ce ne tut, fuivnnt notre Auteur , que vers le milieu du quatorzième fiécle , après la fondation de l'Univerfité de Prat^ue par l'Empereur Charles IV". qui y avoir appelle des Doc- teurs d'Allemagne , d'Italie & de France, qu'on voulut obliger les Liïcs de Bohême .i fuivre l'ufage gênerai de l'Eglife , de ne recevoir la Communion que fousl'efpcce du Pain. Deux Docteurs , Jean Mili- cius & Conrad Stiekna j s'oppofe- rent avec vivacité à ce change- ment. M. Lenfanc regarde Miiicius comme un des Prccurfcuts de Jean Hus, quoique Balbiu en ait fait l'Apologie , Se qu'il l'ait regardé comme très-bon Catholique. A Mi- litius notre Auteur fait fucccder Mathieu de Janaw dit le Paiifienj parce qu'il avoit étudié à Paris , à i\iilicius,pour en faire encore un des Maîtres de Jean Hus. M. Lenfant vient enfuite à THi- ftoire de Jean Hus , à fa condam- nation dans le Concile de Confian- ce , aux proteftations des Bohé- miens contre cette condamnation , aux déclarations de l'Univerfité de Prague pour la Communion fous les deux efpeccs , £c enfin à la guerre ouverte que firent les Seifla- teursde Jean Hus ayant à leur tête îé fameux JearrZifcaainfi nommé, parce qu'il ètoit borgne. Jean Zifca étoit un Gentilhom- me de la Ville de Troeznova dans le diftrid de Konigfgrats. Il étoit Gliambelan de l'EmpeïeuïWenccf- R E ; T 7 3 r: 6s>^ las , lors du fupplice de Jean Hus ; regardant ce fupplice comme une injure faite à la Bohême, il refolut de s'en venger fur tous les Prêtres de fur tous les Moines , & il fe mie à la tête des Huflites , quand ils commencèrent à prendre les armes. M. Lenfant convient que Zifca fut entreprenant, vindicatif, cruel, Se qu'il porta la barbarie plus loin que les Barbares eux-mêmes. Mais il ajoute que ceux qui ont eu le plus d'intérêt d'en dite du mal , n'ont pu s'empêcher d'admirer fa valeur, 6c fon intrépidité , fa prudence ôc fa pénétration dans les occalîonsles plus délicates , & dans les conjonc- tures &. les firuations les plus pètil- Icufes , la rapidité de ces conquêres & la grandeur de fes exploits. Ce fut lui qui enfeigna l'Art Militaire aux Bohémiens; il fut l'Inventeur des Remparts qu'ils fe faifoient avec des Chariots , il donna aux Taboriftes de nouvelles armes 3 & pour établir la difcipline par- mi fes Troupes , il fit des Or- donnances Militaires- qui méritc- roient d'être publiées , fui va nt le témoignage de Balbiu 5 qui en avoit vu une copie. Ayant perdu la vue, il fe faifoit menci fur un Chat auprès du principal Drapeau aux jours d'adlions , où , après s'être fait expliquer la fituation des lieux, il rangeoit fon armée en bataille , & faifoit tout ce qu'un Général doit faire en pareilles rencontres. Il a eu la gloire de fortir vainqueur de plufieurs combats , fans avoir ja- mais été vaincu. Autant qu'il étoic cruel envers fes ennemis 3 autans 700 JOURNAL D étoit-il affable &c libéral envers fes Soldats , il les appelloit fes frères , & il partageoit avec eux le butin , ne fe refervant que les jambons 5c les autres viandes fumées. Balbiu qui avoit vu un portrait de ce Chef des Hullites^ dit qu'il étoic de moyenne taille , qu'il avoit le corps robufte &c bien ramalTé , la poitrine & les épaules larges , la tête grofTe , ronde &i toute rafée , les cheveux châtains, le né aqui- lain , une grande bouche avec une mouftache à la Polonoifc. Il étoit auflî habillé à la Polonoife. Ses ar- mes étoient une Lance &uneMaf- fuë. Il eft aflcz difficile , fuivant M. Lenfant , de connoître les vrais fentimens de Zifcafurla Religion. Il femble qu'il étoit d'abord Huiii- te ; mais comme il fe mit enfuite à la tête des Taboriftes qui autant qu'on en peut juger , dit notre Au- teur, étoient Vaudois, qui nioient la prefence réelle de J. C- dans l'Euchariftie , & qui rejcttoient toutes les cérémonies de l'Eglife Romaine, on pourroit croire qu'il fuivoit leurs opinions. Peut-être qu'il n'avoit point de Syflêmc bien lié i & qu'il varioit fuivant les diffé- rentes fituations où il fe trouvoir. Ce qu'il y a de certain , c'eft qu'il tint toujours pour la Communion fous les deux efpeces , il lignoir Ziskfdu Calice. Il avoit un Calice peint furfon bouclier. Ceux de fon parti avoient des Calices peints par toute la Bohême ; ce qui a donné lieu à ces deux vers Latins : ES SÇAVANS, Tôt pingit Calices Bohemorum terra pei urbcs , Uc credas Bacchi , niimina fola coli. Il vouloir , fuivant Bileioviuscité par Balbiu , que les Prêtres offrif- fent le Sacrifice fuivant l'ancienne coutume , &: les mêmes Auteurs rapportent qu'à Czaflav ^ près de la Tombe de Zifca il y avoit un Autel doté où un Prêtre Calixtin difoit la Meffe pour le repos de l'ame de ce Général. D'où notre Auteur conclut que ce qu'il y a de plus probable fur la Religion de Zifca , c'eft qu'il le bornoit aux quatre principaux articles agités dans le Concile de Bafle , la Com- munion fous les deux efpeces , la libre Prédication de la p.irole de Dieu , la défenfe aux Prêtres de poffeder des biens Séculiers , & la punition publique des crimes. Les célèbres & cruelles expédi- tions de Zifca remplilfcnt une par- tie du premier Volume depuis le fixicme Livre jufqu'au douzième. Nous ne fuivrons pas notre Auteur dans ce détail où tout répond par- faitement au portrait que ^l. Len- fant a donné de ce tameux Chef des Hulîîtes. Nous en rapporterons quelques traits , en voici un qui inarque fon adreffe. Apres la mort de Wencellas , la Reine Sophie fa veuve fe retira dans un Fort de la Ville de Prague , elle apprit que Zifca étoit dans le diftrid: dePiKon avec peu de monde , elle fortit de Prague avec de la Cavalerie , i^^: el- le enveloppa le General des Huiîî- D E C E M B tes. Celui-ci trouva le moyen d'en- trer dans un lieu marcca;^eux, oiila Cavalerie ne pouvoir aller ; mais fe voyant encore entcrmé dans cet en- droit, il gagna une Coline » où il n n'y avoir que des pierres & des » broufaiUcs , jugeant bien que l'ar- » méc ennemie qui conliftoit pref- »> que toute en Cavalerie feroit obli- »j gée de fe battre à pied. C'eft ce » qui arriva , les dvaliers def- » cendircnt de cheval , & toutbot- " t,!s & éperonnés allèrent attaquer «Zi.'ca , efperans d'en venir aifé- »> ment à bout, parce qu'il avoit n peu de monde. Ils y furent trom- » pés. Ses Soldats Taboritcs avoient «leurs femmes avec eux. Zifca leur » commanda d'étendre toutes leurs » robes & leurs voiles à terre. Cela » fait les éperons s'embarrafTerent » tellement que cette Cavalerie dé- « montée fut prefque toute taillée M en pièce. Voici comme notre Auteur parle des pillages que firent les Hulîîtes après la mort de Wenccflas. n II >' n'eut pas plutôt les yeux fermés n que la populace Huflitique déjà " mifc en haleine , couroit de toute » parti bride abattue , comme des 5> chevaux qui ont pris le mord 3> aux dents. Elle s'alla ruer furies s> Monafteres Scieurs Eglifes , pil- "lant, brûlant & maflacrant tout 53 avec une fureur & une prophana- M tien fans exemple. Ils alleguoient »> pour prétexte de toutes ces hor- '>reurs, que les Moines n'étoient »> que des ventres parefTeux , de 5> vrais pourceaux & que leurs Cou- M vents leur fervoient d'établest On R E ; 1751; 701 « brifa les Images Sc les Statues , »'on leur arracha indignement les « yeux , on leur coupa le nez Se les «oreilles. Les Orgues furent mifes M en pièces. Des Vêtcmens Sacer- M dotaux &C des Chafubles ils en » failoientdes habits à leur ufage &c «des Drapeaux. Et pour ce qu'il y «avoit de plus précieux comme les «Statues d'or & d'argent, les Ro-. » fàires , les Ciboires , les Coupes , "ils les emportoicnt chez eux. On, " ajoiite qu'ils fe fervoient du » Chrême pour graifTer leurs fou- » liers & leurs bottes. On jetta de » la boue & de l'ordure fur les » grands Tableaux , aufquels on ne »pouvoit atteindre. Enunmotort' >j vit tous les horribles excès qu'ori » peu: attendre d'un interrègne zt~. » rivé dans un tems de trouble Se » de fchifme où chacun veut s'em- » parer du Gouvernement, & touc » cela à l'infligation de Zifca & de o fes adherans. Il y a plufieurs autres endroits où l'Auteur s'explique d'une ma- nière à faire connoître combien il' avoit d'horreur de la barbarie des Huffites. Il a même pris la précau- tion pour ne point irriter ceux qui font profedïon comme lui de la Religion Proreftante,& qui confer- vent des fentimens de vénération pour Jean Hus & fes Scdateurs, de remarquer que plufieurs autres Pro- teftans avoient parlé de la même manière des Hulîîtes 8c de leur bar- barie. Cependant l'Auteur de l'A- vertiflTement qui eft à la tête de l'E-» dition d'Amfterdam , s'élève con-;' tre M. Lenfanc , &C il alTure qu'il â 702 JOURNAL D des raifons pour croire que les Hi« floriens de M. Lenfanten ont plus dit qu'il n'y en avoir. Il n'explique point quelles font ces raifons , il paroît bien difficile qu'il en ait d'à liez fortes pour les oppofer au concert des Hilf oriens Catholiques, de de fameux Ecrivains Proreftans. Revenons à l'Hiftoire des Hulfi- tes ; après la mort de Zifca fon ar- mée fe partagea en trois bandes. Une partie fe clioifit pour Chef Procope - Rafe le Grand , félon l'ordre qu'en avoit donné Zifca , une autre partie qui prit le nom d'orphelins, déclara qu'elle ne vou- loit point avoir de General, n'en trouvant point qui mcridc de fuc- ceder à Zifca , elle eut pourtant quelques Chefs , entr'auttes Proco- pe le petit. La troihéme partie re- tint le nom d'Orcbites & prit pour Chef Hincko-Krufina de Com- buro;. Ces trois Corps , qnoiquc divifés s'unilloienc étroitement ., quand il s'agilToit de la caufe coiit- mune. Ce font les expéditions de ces trois Corps fouvent réunis fous le commandement de Procope le Grand qui font le fujet des derniers Livres du premier Tome de cette Hiftoire. Après la mort des deux Procopes qui furent tués le même jour en une bataille qu'ils perdirent. ES SÇAVANS; les Hullites n'ont plus formé des armées formidables , & ils n'ont plus eu de Chefs fi fameux à leur tête. Ils continuèrent néanmoins à faire la guerre , profitant pour cela des troubles qui agitèrent le Royau- me de Bohême pendant plusieurs années , comme on le peut voir dans les cinq derniers Livres de cet- te Hifloire. Pour ce qui efl: du Concile de Bafle j nous ne nous arrêterons pas à rapporter ce qu'en dit M. Lenfant, parce qu'il n'entre là-dcffus dans aucun détail particulier. Ainfi il nous refte toujours à fouhaiter une Hiftoire exade ôc détaillée du Con- cile de Bafle. Notre Auteur parlant des Héré- tiques Picards qui s'étoient établis dans la Bohême , & qu'on accufoit d'être du nombre des Adamites , cite une DilTcrtation de M. de Bcaufobre fur ce fii)et qui a été in- férée dans le iv' Tome de la Bi- bliothèque Germanique ; mais comme cette Differtation qu'on a mife après l'Hiftoire des Hulîires & du Concile de Bafle eft beaucoup plus ample que celle qui fe trouve dans la Bibliothèque Germanique , nous en rendrons un compte parti- culier dans un autre Journal, m THOMyE DECEMBRE, 175 i; voj THOM^ CAII ( COLLEGII UNIVERSITATIS REGNANTE Eliiabetha Maç^iftri ) vindicix antiqiutatis Academix Oxonicnfis con- tra Joannem Caium Cantabrigicnfcm. In liicem ex autographo emific Thomas Hcarnius. C'eft-à-dire : Défenfe de V Anticjiùté de CUniverjîti d^Oxfort. Par Thomas Key ^ contre Jean Key de Cambridge. A Oxforc. 1730. /«-S", pp. 834. VO I C I le trente- neuvième Volume que M. Hearn don- ne au public depuis l'année 1702. la plupart de ces Volumes contien- nent des Pièces très - curieufes Sc tîès - intereffantcs pour ITîiftoire Civile d'Angleterre , qui n'avoient point encore été imprimées.Ce der- nier Ouvrage eft entièrement con- facréà l'Hiftoire Littéraire. Ce font diftcrens Mémoires fur la queftion laquelle eft la plus ancienne de l'U- niverlité de Cambridge ou de celle d'Oxfort, qui font toutes deux très- celebres depuis plulieurs liccles ; voyons d'abord ce qui a donné lieu à cette contcftation. La Reine Elifabeth qui aimoit les Sçavans , &c qui étoit elle-mê- me fçavantc , à ce qu'adurent les Auteurs contemporains , vifita rUniverdtédcCambridgecn 156^4. elle y fit un Difcours Latin, qui prouvoit , fuivanr le témoignage de Jean Key que cette PrincelTe étoit élevée de toute manière au- defius de fon fcxe. Elle y entendit des difcours qui furent faits par différons fuppôts de l'Univcrfité. Un des Orateurs avança dans fon difcours que l'Univerfité de Cam- bridge avoir été établie plufieurs fiécles avant celle d'Oxfort , &c que Jcs Univerlkez d'Oxfort S: de Paris Desmbre, n'étoicnt que des Colonies de celle de Cambridge. La Reine parut frappée de ce difcours & elle en de- manda une copie.D'autres copies du même difcours , s'étant répandues en différentes Villes d'Angleterre Jes Membres de l'Univerfité d'Oxforc le regardèrent comme une infulte qui leur étoit taite ,' &C fur laquelle ils crurent qu'il ne leur étoit pas permis de garderie filence. Thomas Key fut choi/I pour répondre à l'O- rateur de Cambridge & dans le cours d'une Semaine , il fit une Dif- fertation intitulée: AJienio antiqni~ tatis Oxonienjîs yicadewi cente dans l'Illc d'Albion , qui fut depuis appelléela Bretagne; que ces Troyens avoicnt avec eux des Phi- îofophcs Grecs,quc cesPhilofophcs s'établirent dans un endroit de l'Ifie qui tut nommé Grek,eUnde , &: que proche de cet endroit il y eut une Ville bcîtie qui hir d'abord appellce JBelle/tie iczuk de fa fituation. Se cnfuitc Oxon ou Oxfort , Si que l'on continua à cultiver les Sciences dans cette Ville comme on avoic à fait Grekelande. Cependant notre Auteur ne re- qarde ces Ecoles que comme l'ori- gine éloignée de l'Univerfité d'Ox- fort qu'il aflurc avoir été fondée vers l'an 873. par le Roi Alphrede. Il alTure que ce ne font point de fimples Ecoles Grammaticales que ce Prince établit à Oxfort , & qu'il eft juftifié par les anciens titres de i'Univcrfité qu'on y enfcigna dès lors , non feulement la Grammaire &; les Arts , mais encore la Théolo- gie , d'où il cojidvt que l'Univerfité ES SÇAVANS; d'Oxfort ell de quatre fiéclcs plui ancienne que celle de Cambridge. Les Lcdteurs qui feront curieux de voir les autoritez que ces deux Auteurs ont employées peur foûte- nir chacun leur Syftême , auront recours au Livre même. Ils ne doi- vent pas s'attendre à une Critique fort exaifte dans ces deux Ecrivair.s du feiziéme fiécle , quoiqu'on ait cité de part Se d'autre un grand nombre de partages d'Hiftoriens , tant imprimés que manufcrits. M. Hearn fait connoître dans un Appendix Jean Se Thomas Kcy. Le premier avait été reçu Doifteut en Médecine dans l'Univerfité ds Padoue en 1541. En I5 59.slfut fait Doyen du Collège de Godeville dans l'Univerfité de Cambridge , treize ansaprès il relîgna cette place à Thomas Legge Maître ts Arts. Etant âgé de 61. ans dix mois, il mourut à Londres d'une maladie de langueur. Son corps fut porté à Cambridge ; on lui érigea un Mo- folé d'albâtre , où l'on voit la date de fa mort Se Ion âge , avec ces mots, F'ivit pofi fitficravirtus^fHi Caiiis, Thomas Caic , fuivant ce qu'en dit Antoine de Vood dans fon Hi- ftoire de l'Univerfité d'Oxfort , firt reçu dès l'année 1525. dans un des Collèges de l'Univerfité d'Oxfort , il s'y rendit très-habile dans la Lan- gue Gréque Se dans la Latine , dans la Poëfie Se dans l'Eloquence. En 1534. il fut Greffier de l'Univcru- té d'Oxfort, qui eft une place qu'on ne donne qu'aux perfonnes qui ont ua talent pirtieulier pour parler en f D E C E M public S: pour écrite des Lettres. Il iut cnfuite Principal d"im Collège âc cette Univerlité. Il mourut eu 1-572. Antoine de Vood prétend qu'on lui ôta la place de Greffier de l'Univerlîté , parce qu'il négligea d'en remplir les foniflions. Mais M. Hfarn ne peut fe pcrfuader qu'un Sçavant dont la réputation a été confervce il long-tcnis d.msl'Uni- vcrfité d'Oxfort, ait été dépouillé de î R E ; I 75 lî 707 cette place , pour avoir négligé fon devoir. La Vie d'Antoine de Vood écri-' te par lui-même remplit une partie de la féconde Partie du fécond Volume. On croit qu'elle avoit été compofce pour être niife à la têre du troihéme Volume de l'Ouvrac^e d'Antoine de Vood intitulé : Athe- nx. Oxonienfes. OEVVRES DE ^/OiV5 /£ U2Î RIVIERÉ-DU-FRESNY. A Paris, chez Briallon , ruii Saint Jacques, à la Science. 173 1. fix vol. ;'«- 12. premier Vol. pp. 292. fécond vol. pp. 172-222. troifiéme vol. pp. 7e. 6c depuis 224. jufqu'à 4(34. quatrième vol. pp. 459. cin- quième vol. pp. 3^7. iixiéme vol. pp. 298. fans compte! l'Avertiflc- r.ient & les aiis gravés à la fin de chaque Pièce. H A R L E S Rivière - du- I Frefny , dont nous annonçons les OcuvrcSiétoit né en 1648. com- 3Î1C nous l'apprenons dans l'Aver- tilTemcnt que l'Editeur a mis à la tête de ces Volumes. On prétend que du Frefny tiroit fon origine d'une fource dont bien des gens fe feroient fait honneur. Gc qu'il y a de certain , c'eft que fon grand-pere étoic né d'une Jar- dinière d'Anct que l'on nommoit la belle Jardinière , précifémcnt dans le tems que ce lieu étoit fré- quemment habité par un Prince qui rendoit hommage à la Beauté partout où il la trouvoit. Notre Editeur ne rapporte aucu- ne circonftance de la Vie de ce grand-pere ni de celle du pcre & de la mcre de notre Auteur , mais il prefume qu'ilsfutent attachés au fer- YicedesRoisHentilV.&LouisXIII. de ce que du Frefny dans fa jeuncf- fe entra .\ celui de Louis XlV. cti qualité de Valet de Chambre. Son efprit vit &c agréable plut à ce Prince , qui l'employa pendant fcs Campagnes en diverfcs occa- fions , & toujours avec fucccs. Plai- re à ce Prince , Se faire fa fortune quand on étoit capable de mettre à profit fes bienfaits , c'étoit précifé- mcnt la même chofe , aulfi procu- ra-t-il bien-tôt à du Frefny une Si- tuation opulente , il ne tint qu'à du Frefny de la rendre folide , mais (ou goût pour la dépenfe l'en empêcha» Il avoit reçu de la nature beau-^ coup de talent pour tous les arts , Peinture , Sculpture , Architcdur- re , Jardinage, tout fembloit lui être familier , par la jufteiTedes ju- gemens qu'il en portoit. Iljoignok à ce goût général un talent naturel êc patcicuUer pour la- Mufiqwc- & 7o8 JOURNAL D pour le Dcflein. Sans avoir jamais étudié les principes de l'une & de l'autre , il a produit des Chef-d'œu- vresdans ces deux genres. Les airs de fes Chanfons de caractères qu'il a tous faits lai-même , & que l'on trouve graves à la fin de ce Recueil, prouvent fuffifamment qu'un grand goût peut remplacer une étude opi- niâtre. Tous ceux qui les lui ont en- rendu chanter , ne doutent pas qu'ils ne fullent de lui , par l'amc ^- la variété qu'il y mettoit. Il n'ctoit pas moins furprenant du côté du Delléin, fans crayon , fans pinceau , fans plume , il avoit trou- vé le fccret de faire des Morceaux charmans. Il prenoit dans différen- tes Eftampes des parties d'hommes, d'animaux, de plantes ou d'arbres qu'il découpoit & donc il formoit un fujet delliné feulement dans fon imagination. Il lesdifpofoit &les coUoir les unes auprès des autres , félon que fon fujet le demandoit. Il poulToit même la hardiede jufqu'à fubftituer des yeux , une bouche , un nez & d'autres parties du vifage à ce qui ne lui convenoit pas dans les têtes qu'il avoit choilîes , &: cec aflemblage de pièces rapportées en apparence au hazard Les Fées , ou les Contes de ma Mers fOye , en un Ade. Les trois Comédies marquées d'une Etoile ( * ) ont été compoiécs par du Frefny &c Renard , & celles qui font précédées d'un Guillemet ( » ) ont été données en Société par du Frefny , & le Sieur Biancolleli fils du fameux Dominique, Arle- quin de l'ancien Théâtre. Le cinquième Volume contient ,' 1°. Les Amufemens Sérieux S< Co- miques. 2°. Le Puits de la Vérité, Hiftoire Gauloife. 3°. Un Parallèle d'Homère & de Rablais. 4°. Des Reflexions fur la Tragédie de Ra- damifte & de Zénobie. 5°. Un Pa- rallèle du Bouclier d'Achilcs dans Homère SiC dans M. de la Motte. Zzz 712 JOURNAt D2S S ÇA VAN S; Ê°.Une Réponfe Apologétique que Nouvelles Hiftoriques , des Poëlîcî £t du Frefny , comme Auteur du Mercure Galant aux Auteurs du Mercure de Trévoux. Le fixiéme Volume contient zi. Divcrfes & des Chanfons ; mais comme ces Morceaux ont été tirés des Mercuces , il n'eft pas bien ave- ré qu'ils foient tous de du Frefny. XES PAROD 1 ES DV NOVFEAV THEATRE Italien , ou Recueil des Parodies reprefentées fur le Théâtre de l'Hijtel de Bourgogne par les Comédiens Italiens ordinaires du Roi , avec les airs gravés. A Paris , chez Briallon , rue S. Jacques , à la Science. 173 1. 3. vol. /«-i z. le premier vol. pp. 365^. & 38. de gravées, fécond vol. pp. 416^. & 71. de gravées , troifiéme vol. pp. 37^. & 104. de gravées. Sans compter les Tables Se un petit Difcours f jr les Parodies. NO U S ne parlerions point de ceRecueil s'il ne bous donnoit occaiion d'en rappeiler un inlîui- mcnt plus confidérable dont nous n'avons point parlé , Si dont celui- ci n'eft qu'une fuite. C'eft le nou- veau Théâtre Italien, ouïe Recueil général des Comédies, reprefentées par les Comédiens Ordinaires du Roi , qui fc vend chez le même BriafTon. Cette CoUeâion eft .iu:H complerce que l'on puilîe la defîrer» Elle eft diviféc en huit Volumes, Si contient trente-cinq Pièces enrij- res , fans compter une Hiftoire abrégée du Théâtre Italien , un Catalogue exad de toutes les Pièces feprefentéesfur le Théâtre de l'Hà- telde Bourgogne depuis 1716'. juf- qu'en 1729. & les Argumens de toutes les Pièces Impromptu que ces Comédiens joiiercnt à leur avè- nement en France. Ce Recueil ne peut que plaire aux Amateurs du Théâtre , d'autant que le deffein du Libraire eft de continuer à publier les meilleures Pièces que les Italiens donneront à l'avenir. A l'égard du Recueil des Paro- dies , nous nous contenterons de dire qu'il contient vingt-cinq Pie- ces , qui routes dans leur temsonc rcjoi'i le Pubiic. On conçoit bien que ce qui com- pofe ces trois Volumes n'eft pas fuceptiblc d'Extrait. Un Difcours à l'occafion de celui de M. D. L. M. fur les Parodies eft l'unique Morceau dort nous puiffion? ren- dre compte au Public. G'eft ce que nous allons faire. M. D. L. M. dans le Difcours auquel trn réporitl , infinue à fes Led:cur: que les Paiodies tournent la vertu en P'.radoxe, & eftaycnc fouv.;nt à la rendre ridicule. On convient qre (1 cette accufation ctoit équitahl: il fawdroit abfolu- menr dereftcr les Parodies ; mais on fc II tient que bien loin de tour- ner h véritable vertu en Paradoxe & de h rendre ridicule , elle ne dé- crédite que la vertu chimérique , Romancfque S: ridicule ; de telle forte que ces Ouvrages ne doivent plus être regardés comme une efpe- D E C E M B cède Bouffonnerie, mais comme une Critique fenicc. En effet , que critique-t-on dans les Parodies ? font-ce des traits de morale Philo- fophique &c Chrétienne / non. Ce font les écarts des Auteurs , qui très-fouvent font agir leurs Héros peu conformément à la nature , à l'art, à laraifon. Pour prouver de plus en plus que ce n'cfl: pas ce qu'il y a de bon dans une Pièce de Théâtre qu'atta- que la Parodie, notre Auteur avan- ce hardiment que fi la dignité du fiijet permcttoit de parodier les Machabées , on ne toucheroitfûre- ment pas aux Morceaux Divins que leurAuteuratirésdes Livres Saints, mais qu'on parodicroit fûrement le Mariage précipité du jeune Macha- bée, & la converfion fubite de l'a- moureufe Antigone ,. qui pour pre- INSTITUTIONESMEDICIN^ THEOÎIETIC^ Phyfiologiam & Pathologiam compledtentes. Aurore Antonio Dei- dier , Rcgis conliliario & medico , in almâ Monfpelicnfium Medico- lum Academiâ Chymiï Profellore Regio , Ordinis Sandi Michaelis } Equité & Regix Societatis Londinenfis Socio, nec non GallixTrire- niium Archiatro. Parilîis , apud Carolum-Mauritium d'Houry , via Sancli Severini. C'efl-à-dire : Inftuutions de Médecine Thém^ite , corn- ■prenant la Phyfîologie & la Pathologie. Tar Antoine Dddier .Conjeiller- yUedecifi du R^i ^ PnfeJfeHr de Chymie dans les Ecoles de Médecine de Montpellier , &c. A Paris, chez Maurice d'Houry, r,aë S. Severin, près la rue de la Harpe. lyji. vol. /k-ii. pp. 4IJ. RE, 17 îr. 71 j mict ade de pénitence engage un jeune Adolcfcent à l'époufer fans daigner confulter la plus rèfpeda- ble des Mères. Malgré cette efpéce de juflifîca- tion , notre Auteur, pour plus de fureté , rejette fur le Public tou- tes les fautes dont on accufc les Pa- rodiftes, puifqu'ils ne font ordinai- rement, dit-il, que l'Echo du Par- terre , &c qu'ils ne font que donner une forme Théâtrale aux Obferva- tions générales qu'ils y ont enten- dues. Après quelques autres Remar- ques plus perfonnelles à M. D. L. M. que néceflaires à la matière qu'on traite , on fe croit en droit de terminer ce Difcours , en difanc que ùien des Tragédies déguifent les vices en venus , cr ^«1? les Parodies, leur en arrachent le mafqui. LE S jeunes Ecoliers en Méde- cine trouveront dans ces Infli- tutions un Abrégé Méthodique de ce qui concerne la Médecine Théo- tique,& s'ils le lifent avec attention ils pourront en retirer beaucoup .de fecours pour répondre aux exa- mens qui fe font fur ce fujet dans les Ecoles de Médecine. M. Deidierleur cnfeignc dabord comment on définit la Médecine , puis il leur explique ce qu'il faut entendre par les trots états du corps: humain 5 fçavoir , Vétat fain , ['état Zz zij 7r4 JOURNAL DES SÇAVANS; malaiie , Se l'état neutre : ûpiffc de- unt eflentielles qu'accidentelles; là à la divifion de la Médecine en cinq Parties , qui font la Phylîolo- gie, la Pathologie , la Semeïotique, i'Hygieine & la Thérapeutique. Il fait remarquer aux Candidats , que de ces cinq Parties , les trois pre- mières regardent la Théorie èc les trois autres la pratique : il expofc cnfuite ce que c'eft que chacune de ces Parties , & après avoir rapporté le fentiment des Galoniftes 5c celui des Chymiftes fur ce qui entre dans la compofition du corps humain , il combat les uns &c les autres & ne ceconnoît dans cette comporition que les folides & les liquides ; fça- voir , comme il s'en explique, les vai[[eaii\- & les humeurs : ces Re- marques font les Préliminaires du Livre. On entre enfuite en matière, on commence par développer ce que c'eft qu'Humeurs , puis on parle des vaiffeaux , ce qui divife la Phyliologie de notre Auteur en deux Parties. Dans la première, M. Deidier parle d'abord des humeurs en gênerai ; puis du fang , de la lymphe ôc des efprits animaux» Dans la féconde , il traite des vaif- feaux , èc obfervant la même mé- thode que dans la précédente ; il commence par les vaiffeaux en gê- nerai j puis il paffe à ce qui concer- ne les vailTeaux en particulier. A ce fujct il traite de la nutrition, du mouvement mufculaire , des fenfa- tions & des temperamens. Il vient après cela à la Pathologie qui confi- derc l'homme en tant que rnalade. Il parle d'abord de la maladie en gcneral^ puis de fes différences enfuite de quoi il traite des caufes générales & des caufes particulières des maladies. Il palTe de-là aux fymptomes des maladies, tautge-. neraux que particuliers. Nous pourrions nous pafTer de citer ici aucun exemple de ce que dit M. Deidier , vu que ce font chofes fuffifamment connues , mais comme d'un autre côté il faut don- ner une idée du Livre , nous en rap- porterons quelques endroits : nous choifirons pour cela l'article des Senfations que nous abrégerons le plus qu'il fera pofliblc. M. Deidier commence cet article par remarquer que l'homme eft ap-: pelle Animal raifonnahle , en tant qu'il eft compofé d'une ame Se d'un corps , divinement unis , mais unis de manière que fuivant les di- verfes modifications des parties du corps , l'ameeft divcrfement modi- fiée , & que réciproquement le corps , félon les différentes modifi- cations de l'ame , eft déterminé à differens mouvemens. Qu'eft-ce qu'il faut entendre pat ces modifications de l'ameî ce font, fuivant M. Deidier, les facultez de l'efprit ; &; qu'eft-ce que ces iacul-; tez ? ce font l'entendement Se la volonté. Cela pofé , l'Auteur dit , 1°. Que l'entendement ( fçavoic comme il l'explique , la faculté de connoître ) fent , imagine , fe fou- vicnt , ^' fcrtaux pallions; i°. Qiic la volonté , qui eft cette faculté pat laquelle l'efprit eft porté vers les chofes connues , aime , defire , eft touchée de pallions, juge , raifonne D E C E M & jouit de la liberté ; 5°. Qu'entre ces Facultez de l'ame , la fenfation eft ce que les Médecins confiderenc principalement-, 4°. Qiie parle ter- me générique de fenfation , on en- tend les modifications de l'ame qui fefont en confequence des divers mouvemens des parties du corps. j°. Qiie les parties du corps mifcs en mouvement & conlîderées com- me concourant à ce qu'on appelle fenfxtion , font ce que l'on nomme les organes des fens ; 6°. Que les fcns fe divifent en externes & en internes , que les externes font cinq-, fçavoir, la vue, l'ouic, le goût j l'odorat &c le tad : Qiie les internes font deux; fçavoir, l'imagi- nation & la mémoire : Que les pre- miers iont appelles externes , à rai- fon de leurs organes qui font , à ce qu'on s'imagine , placés feulement dans les parties extérieures du corps , &c que les féconds font nommés internes, parce que leurs organes font placés au - dedans ; 7°. Qiie cependant il n'y a aucun fens qui ne foit interne , parce que toutes les fenfations font caufées par des mouvemens qui fe font dans des organes internes ; 8*. Que les fen- fations s'excitent de manière dans l'homme , qu'elles dépendent tout enfemble & de l'ame & du corps; enfoite qu'il y a dans toute fenfation B R E, 17Î1; 7iy deux chofes à confiderer; la pre- mière , qu'elle fe fait dans l'ame y ce qui s'appelle le formel de la fen- fation ; & la féconde , qu'elle fe fait dans le corps, ce qui s'appelle le mitte-riel de la fenfation. 9''. Que le formel de la fenfation eft l'ame même , en tant que cette ame eft modifiée par la fimple volonté de Dieu 6c qu'elle fcnt confequcm-^ ment au mouvement de l'organe ; ï 0°. Que le matériel de la fenfation eft le mouvement même de la par» tie organique à l'occafion duquel l'efprit fent. Ceci conduit M. Deidier à par* 1er des fibres du cerveau , à parlée des nerfs & du lieu où l'ame exerce fes fondions ; fçavoir , par exemple il c'eft dans le cerveau , ou indiftin-. dément dans routes les parties diï corps. Il examine enfuite ii les ef-; prits animaux font deftinés à tendre les fibres du cerveau & à les mettre en jeu , s'il y a des vibrations de nerfs , fi fans le fecours des efprits animaux, on peut expliquer par les vibrations des nerfs , comment fe foHt les fenfations. Queftion qu'il difcute d'une manière fort propot-! tionnéc à la portée des Ecoliers. l! en ufe de même à l'égard de toutes les autres matières qui compofcoî? fon Livre« 7i(? JOURNAL DES SÇAVANS, CONTINUATION DES MEMOIRES DE LITTERATURE & d'Hifloire , Tome X. Partie I. A Paris, chez Simart Libraire - Im- primeur de Monfeigneur le Dauphin, luc S. Jacques , au Dauphin. 1730. vol. in-iz. pp. 140. NOUS avons donné dans nos Journaux, les Extraits de tous les Volumes prccedens de cette Continuation des Mémoires de Littérature & d'Hiftoire. On verra dans le mois de Décembre de l'an- née dernière , & dans ceux de Jan- vier &: de Juin de l'année courante ce que nous avons dit du neuvième Volume dont nous avons fait trois Extraits. Nous voici à prefcnt au dixième , qui , comme les autres , cft divifé en deux Parties. Nous parlerons ici de la première , & dans le Journal fuivant de la fécon- de. Le Chien Pêcheur on le Barbet des Cordeliers d'EJiampes ; Poème Héroi - Comique , en Lati» dr en François , fait le début du Recueil ; puis viennent trois Hymnes Latines ^ Françoifes , en l'honneur des Saints Martyrs CANTIENS , Patrons de la faille d' Efiampesiaprès •quoi fe trouve VElogc deD. Mo- pinot Religieux BenediSiin de la Congrégation de S. Maitr. L'Hiftoire abrégée de la Ville de Boulogne fur Mer, & défis Comtes , fait le quatrième article du Recueil. Lecmquiéme confifle en divcrfcsre- flexions fur le penchant que les hom- mes ont à donner dans le merveilleux. Le fixiémc comprend 1°. une Lettre de M. Huet Evêjite d' Avranches fur un endroit des Notes du P. Har- âouin , touchant le vingtième Cha- pitre du Livre 6' de l'Hiftoirc Na- turelle de Pline , au fiijct du Vers 487. des Gcorgiques de Virgile & de quelques autres qui le fuiyent : 2°. \Jn Effai d'explication du même pajfage des Georgiques de FirgiU ^ dans lequel ElTai on examine li Lettre de M. Huet. Le feptiéme & dernier article cft de i immortalité de i'ame. Nous ne dirons qu'un mot de chacun de ce5 articles : le Chiex Pêcheur eft une petite Pièce ingénieufe au fujct d'un Barbet qui apparrenoit aux Cordeliers d'Ef- tampes , lequel avoir l'adrelfe de leur apporter tous les jours, une grande quantité d'EcrevilTes. Il fc jettoitau fond de l'eau , les Ecre- vilfes s'attachoicnt à fon poil , & quand le Barbet en étoit charge , il alloit trouver les Révérends Pcrcs, qiii ne manquoicnt pas de profiter de la capture. Cela rccommcnçoic tous les jours ; mais conmie le Bar- bet ncréudldoit à cette pêche qu'à la faveur d'une Muzeliere qu'on lui mettoitj. il arriva malheureufe- ment que fans attendre la Muzelie- re , il voulut un jour fe lancer au fond de l'eau & qu'il y périt par un ora^e. Les Cordeliers défolés de cette mort , élevèrent au Barbet un riche Cénotaphe , où après avoir marqué la grande habileté de ce Chien Pêcheur , ils difent aux pafr fans; D E C E M Hélas il ne vit plus , nous fommes fans rcirource , La Parque en nous l'ôtanc, nous a Cou- pé la bourfe. Qui peut nous confokr dans un fi grand malheur ? Qui peut nous fecourîr ! ta charité , Lcâcur. C'eft-Ià la traducflion , voici le latin , l'une &C l'autre font du mê- me Auteur. Hic Pifeatar hic efl , eujaifalcrt:! nHfet Atire»ferafhicit tenovarat ficul.i genti, i^uemfori erifuit poftqHum invida, ré- gnât Egefim Longum heul regnaturu, nifi tu forte , viattf , Pellis ^ xuriferiim fufplet tua dextrx ctttellum. Les Hymnes Latines en l'iion- iicur des Saints Martyrs CAN- TIENS, c\' la tradudion Fran- ^oifc de CCS Hymnes lont du même Auteur que le Poëme Latin & Fran- çois dont nous venons de parler. On y trouve , comme dms le Poë- me , beaucoup de Poëfie , foir pour le Latin, foit pour le François. L'E!op;e de D. Mopinot Bcnc- didin de la Congrégation de iaint Maur , né à Reims en lé'Sj. & dccedc à Paris en i724.c'cn:-à-dire, en la 3?*^ année de fon âge , con- tient quelques faits littéraires donc voici les principaux ; i". D. Mopinot étant Profefleur (de Rhétorique à Pont-le-Voi, dans le Diocefe de Blois , où les Bene- B R E , 1751; 717 diélins ont un Collège , fit une Tragédie dont la reprelcntation fut fort goûtée , & cju'on a lue depuis avec autant de plaijir qu'on l'avait 'vue repref enter. i°- On chante dans plufieurs Motiafteres de fa Congrégation, des Hymnes qu'il a compofces,lefquelles font , à ce que prétend l'Auteur de l'Eloge,, aullî claires, auffi pom- peufcs &c plus picufes que celles de Santcuil ; je diroismême , ajoute le Panêgyrifte , fouvcnt plus latines que celles de cet illuftre Poète. 3°. Ilfdifoit des versexcellens&r quelquefois fur le champ: Un jom ayant ojfert le redoutable Sacrifice de la Aiejje pour un S. Evêtjue , qui étoit , à ce qu'on dit dans une note ^ M. de L angle dernier Evêque de Boulogne , a qui il avait été fort at~ taché , il fit ces quatre vers en far- tant de l'^i/tel, & avant que à! ar- river a la Sacrifie : Si Pietas , fi Relligio, fi Régula veri ; Non périt , xternùm vives , venerandc Sacerdos. Hos cinercs , \\xc ofla, fibi, Deus inti- mas hofpcs , Confecrat & Chrifti fcrvat jungenda tfiumpho, 4'. Vers l'an 171 5. fes Supé- rieurs l'appcllercHt à Paris , pour l'appliquer à des études plusférieu- fes 8c plus utiles. Feu D. Pierre Confiant fe l'afiocia pour travailler à la Colledion des Lettres des Pa- pes , dont le premier Volume fuc publié à Paris en 1721. in-folio. D. Mopinot lui fut d'un tiès-grand fc- 7iS JOURNAL DE cours pour la compofition de ce Recueil. L'Epître Dédicatoirc au Pape Innocent XIII. eft toute de lui , & c'eft encore à fes foins Se à fon bon j^oût , dit l'Auteur de l'E- lo^e , qu'on doit tout l'ordre , tou- te l'élégance &c toute la délicateiïe qu'on admire dans l'excellente Pré- face qui cil à la tête de ce premier Volume. Le Pancgyrifte ajoute que Rome néamnoirts ne parut pas con- tente de cette Préface ; Qu'o« n'y Avoh pas parlé ajSez favorablement à fon gré de toutes fes prétentions , Qiic D. Âdopmet fut obligé d! écrire plufieitrs Lettres pour la défenfe de cet Onvrare. Qn' il ferait à fouhaiter ^ii'on les eut données an public ^ ^ui y eût admiré la jnfie^e d'efprit ^ l'é- rudition & lafolidité de l'Auteur , <]uoique dans quelques-unes il fe fait un peu affaibli pour moins effrayer Ceux à cjut tl écrivait. ' 5°. En 1712. D. Confiant étant mort , D. Mopinot afflige de cette perte, donna un petit Mémoire des principales adlions de fon confrère, lequel Mémoire a été imprimé dans le Journal des Sçavans du 12. Jan- vier 1721, D. Mopinot fe trouva alors chargé feulde la continuation du Recueil des Lettres des Papes. Il comptoit commencer dans quel- ques mois , l'imprellîon du fécond Volume , lorfquc la mort l'enleva au milieu de fa courfe. 6°. L'Epître Dédicatoirc qui eft à la tête du Tliefaurus AnecAotorum des Petes D. Martenne & D. Du- rant , 6c les Préfaces des trois To- mes de la Colleiîto ampliffima des deux mêmes Percs , font de D. Mopinot. S SÇAVANS; 7°. Dans le Catalogue de la Bi- bliothèque donnée aux B.nedidlins du Monaftere de Bonnes-Nouvel- les de la Ville d'Orléans par M. Proufteau Protefleur en Droit dans l'Uni verfité de la même Ville, on trouve un Eloge Funèbre compofé en Latin en forme de profe carrée ou ftyle lapidaire, en l'honneur de ce Profefleur. Cet Eloge eft attri- bué à D. Brouet dans la Bibliothè- que des Auteurs de la Congréga- tion de S. Maur par le P. le Cerf,' mais il eft de D. Mopinot , comme le reconnoît D. le Cerf lui-même , p. 16. de la Défenfe qu'il a faite de la Bibliothèque contre la Lettre Critique de D. le Richoux de Nor-, las. On remarque à la fin de l'Eloge de D. Mopinot , qu'il eût donné un plus grand nombre d'Ouvrages, s'il n'eût pas été exad jufqu'au fcru- pule dans tout ce qu'il devoit faire paroîcrc au grand jour. » Il eut «voulu, dit-on, châtier & limer >y un in-folio j com.me une pièce de » deux pages. Il ne produifoitrien !> dont il ne fît quatre ou cinq Co- »j pies , &c fouvcnt la cinquième »' étoit fi raturée que lui feul pou-' >' voit la déchifrer. L'Abrégé de l'Hiftoire de la Ville de Boulogne fur mer eft un peu long , mais il eft circonftancié de manière qu'on ne peut gueres le fouhaitcr plus court Nous ren- voyons les Leéleurs à ce que nous avons dit de cet Abrégé en donnant l'Extrait du Recueil des Commen- tateurs de Picardie. L'article qui concerne le pen- chant D E C E M chant qu'ont les hommes à donner dans le merveilleux , a pour but de montrer i°, que ce penchant ell fondé fur des fentimcns raifonna- bles ; 2°. Se qu'il cil; ct.ibli par la vérité d'une intînité de prodiges. Pour prouver le premier point , l'Auteur dit que les hommes ont penfé au merveilleux , parce que le fentimcnt de leur dépendance leur fait connoîtrc qu'ils ne fonr point par eux-mêmes , & que l'Au- teur de leur être peut accorder ;i certains hommes privilégiés la fa- culté de produire des adlions qui paroifTent d'autant plusm.crveilleu- fes qu'elles pailent plus les bornes ordinaires. Notre Autour prend de-là occa- fion de faire diverfcs reflexions qui le conduifent à conclure que nous ne fommes pas maîtres de nos pcn- fées. Qtiand nous voulons , dit - il , ■peu fer k <]uelque chofe , nous ordon- nons a j'on imaçre de paroîrre devant les yeux de notre efprit, ^uel^j/uefois Itnt'S'-ge obéit , & fc prcj entant fur le champ , ellefentble di>c me voilà , mais fonvent aujfi U pc?jfce que nous cherchons s'éclipfe dès cju'elle a paru (jr rentre dans une obfciirlté ^ d'oh nous avons mille peines k la ramener, ^uel'jHefois même elle s'opiniàt/e kfe tenir cachée , tandis que mille autres Images , avides de fe montrer , nous troublent & nous déconccnem. Nous ne fommes donc pas maîtres de nos penfées. Voilà ce que notre Auteur coii- clud , &: à quoi rend cette conclu- lion ; à faire l'Eloge de M. Pafcal, iVoici comme il s'y prend pour ce-, Desemhre, B R E, 1751: 71^ la. Il remarque qu'il n'efl: cepen- dant pas impolîlble que Dieu rende un homme tellement maître de Ïqs penfées que cet homme les puiffe appeller , fixer, écarter , toutes les fois qu'il le jugera à propos; &.- cette remarque faite , il cite M. Pafcal qu'il élevé fur ce fujet fort au-def- fu5 de Pythagore. Il fallait , dit-il , que Ai. Pafcd eût cette faculté dans un degré bien éminsnt. Ce qu'on rapporte de Un ti-nt du prodige. Pythagore & M. Pafcal ont en tous deux la gloire de trouver la trente-deuxième propoftion d'Euclide , mais dans cette découver- te quelle différence entre l'un & l'au- tre. » M. Pafcal , continu; notre Au- " teur ^ n'étoit qu'un enfant de dou- » 2c ans, il n'avoit ni Maîtres ni » Livres , il ne pou voit donner aux n Mathématiques que les momens «qu'il deftinoit à fes recréations. n Qiie d'obflacles ! mais ils n'é- » toient pas infurmontables pour ncc grand homme dans un âge où »le peu de confiftance des fibres » du cerveau rend les entans inca- » pables d'application En fc » jouant il alla aulîi loin à douze »ans que Pythagore à trente. Si »j l'Antiquité a tellement admiré la » découverte de ce Philofophe Ma- » thcmaticien , qu'elle a cru devoir i> apprendre à la pofterité qu'il cii Mctoit l'Auteur , qu'auroit - elle « donc pcufé du petit Pafcal î Notre Auteur, après avoir con- clu que les hommes , à l'exception de M. Pafcal, ou de fes femblables qu'il regarde comme des prodiges j, Aaaa 720 JOURNAL D Défont P3S maîrres de leurs pcnfces; s'attache à montrer qu'ils ne le font pas davantac^e de leurs fenfations. Qiielque évidente que foie cette propofition , il croit la devoir prou- ver, & il entre pour cela dans des moralitezqui ne ferviroient pas peu à rendre un Sermon pathétique. Jafques ici notre Auteur n'a fait que côtoyer fon fujet. Voici qu'il y entre à prefent. // s'agit mainte- nant , dit-il 5 d'examiner Jionrqitoi on a natitrdlenient du penchant à eroire le merveilleux. Ce penchant naît de l'admiration qiCexcïtent en nom les merveilles cftie Dieu produit en fitivant les loix de la nature , -cJ* celles ij'.t' il opère en s'en écartant. On fe répand en reflexions fur ce fujet , dont les unes font morales & les autres phyfiques, les autres mé- taphyfiqucs. La Baguette de Jac- ques Aimard trouve ici fa place , & notre Auteur admire d'autant plus les effets attribués à cette Baguette, qu'il les 'regarde comme des effets produits par le Diable. Le -Livre du P. le Brun^de l'Ora- toire , fur les Pratiques fuperftitieu- fes , fournit à notre Auteur bien des faits prodigieux qu'il ne man- que pas de mettre en œuvre pour montrer que ce n'eft pas à tore qu'on'adu penchant à croire le mer- veilleux : il n'oublie pas ce qu'on raconte d'Apollonius de Thyane , qui dans le tcms qu'on poignardoit Domitiert à Rome , s'écria tout d'un coup en haranguant le peuple d'Ephefe : Frappe , frappe le Tyran tu Vas frappé , tu l'ai bleffé ^ H ejl mortt ES SÇAVANS; Les principaux prodiges rapportes dans les Hiftoircs Prophancs , &c dans les Hilloires S:-crées font ici mentionés ; après quoi l'onconclut qu'il y auroit delà folie à condam- ner le penchant qu'ont la plupart des hommes pour le merveilleux , puifque ce penchant , i". prend fa fourcc dans les fcnttmens naturels où les hommes font de leur dépen- dance : z". Qu'il s'accroît par la vue des Ouvrages de Dieu : 3°. Qii'il eil juftifié par les faits les plus in- conteftables. Pour ce qui eft du fixiéme article; fçavoir, de la Lettre de M. Huec Evêque d'Avranchesfur le vingtiè- me Chapitre du fixiéme Livre de l'Hiltoire Naturelle de Pline , il cft bon là-deffiis d'être averti de ce qui luit. M. Huet, à ce qu'on apprend ici de l'Editeur, avoir eu en 1^93. un démêlé littéraire avec M. de Se- grais fon Compatriote , fur une re- ftitution que ce dernier vouloir faire dans un partage du quatrième Li- vre des Georgiques de Virgile qui eft le partage fuivanr. Nam quâ pellxi gens fortunata canopi Accolit eftiifo flagnantem flumine NJ- lum , Et circum piiftis vehitur fua rura pha- fclis : Quaque pliaretratx vicinia perfîdis ur- getj Et viridem ^gyptum Nigrâ fœcundat arcnâ , Et diverfâ nicns fêptem difcurrit in ora , Ufque coloratis amnis devcxus ab indis ; Oijinis in hac certain Regio jacit arcC islutem. • D E C E M B Ils adrefTercnc chacun de fon côté à M. du Qiiefnay , que M. de Serrais avoit choili pour arbitre du dirtcrend , un Ecrit dans lequel ils expliquoient de part & d'autre leurs raifons. La chofe en demeura là, comme M. Huet l'a voit fouliai- té. M. l'Abbé de Tilladet ami de M. Huet , ayant pris foin de re- cueillir différentes Lettres & diffé- rentes Diflcrtations de ce Prélat , les fit imprimer en 17 1 i. à Paris en deux Volumes in-ii. & la Lettre à M. du Qucfnay fut mife dans le fé- cond Tome. Deux ans après, un Libraire de la Haye ayant réimprimé ces Dif- fertations, fit précéder les Lettres de M. Huet,par la Lettre de M. de Segraisqui n'avoit pas encore paru. Le P. Hardouin travailloit alors aux Notes de fa nouvelle Edition de Pline j & ayant occalion dépar- ier du palfage de Virgile qu'il vou- loir expliquer d'une autre façon que M. Huetjfefervit de ces termes pour défigner le fcntiment de ce Prélat. Non funt audiertdi profeSo illi cjni unam hic enndem<]ne eriginenit^gyp' ti , ^itam Delta vacant , feptem ipjis ■verfibiis defcribi à vnte haud certè locjuace exiftimant , & vicinam et Perfidem dici , Nilninejue fomniant , veterihits creditum , ip/îjue Virgilio ah Indis per Pcrjîdem dccurrere in ^y£gyptitm , ttHt ab ortu Soîis fluere. (^am fioliditMem no» nemo pinda- ro , aliife^ite , fedfalfo adfcrihit. M. Huet , piqué de fe voir traité d'une manière fi méprifante par le P. Hardouin_, voulut, dit l'Editeur, I^ E ; 1751; 72 1, s'en venger par une Lettre c/n'i' écr. - vit an t. Robert , & dans laquelle il traite le P. H-trdouin avec une viva- cité dont on ne prétend pas fe rendre refponfable en publiant l'Ecrit de Al. Huet. Un autre point dont il cft bon d'être averti , c'efl: que M. Huet n'avoit vu , lorfqu'il écrivit au Pcrc Jobcrt, que le Manufcrit des nou- velles remarques du P. Hardouin. Car fa Lettre eft de 1715. ce qui n'a pas empêché que le P. Har- douin n'ait fait imprimer en 1723. & tout du long , la Note qui avoit allumé la bile du Prélat. Pour ce qui efl: de la Lettre qui fuit celle de M. Huet , &: que nous avons annoncée , laquelle a pour ti- tre : Eflai d' explication du m'emt paffage des Georgiques de Virgile : C'efl: une Diffcrtation où l'on com- bat le fenciment de ce Prélat, mais d'une manière modérée , 3l où l'on a tous les égards qu'exigent la digni- té & le mérite de la perfonne que l'on attaque. C'efttout ce que nous dirons de ces deux Pièces. Il faudroit un Ex- trait entier pour en faire le détail. Nous y renvoyons donc les Lec- teurs. La Diflertation de rimmortalité dcl'amc, qui eft le dernier article du Recueil, n'a rien de nouveau pour les preuves que la maniera dont ces preuves font cxpofées. L'on tire les unes du fond de la na- ture qui fe fait entendre par fcs propres fentimens , & les autres des principes duraifonncment. Quant au premier point , l'Au-^ A a a a ij 722 JOURNAL D teur appelle Sentiment de UN>t:iire^ l' cette eflime foiivtraine de la vie, q^ui fait regarder l'être comme le plus grand dé tous les biens natu- rels; 2°. Ce témoignage de l'a me qui nous dit (ans cclfe , qu'elle ne veut pas , £c qu'elle ne fçuiroit pé- rir ; J°. La nccellîté où fc trouvent réduits ceux qui prétendent que tout périt dans l'homme , d'en chercher des preuves hois d'eux- mêmes, dans des brutes, dans des inledlcs , dans des plantes ; 4°. Cet- te ardeur &: cette facilité avec la- quelle la dodrine de l'immortalité de l'ame a été reçue & embralTée par tous les peuples de la terre. Nous n'entrerons point dans le détail de tous ces raifonncmens , nous nous bornerons à celui-ci où tous les autres paroilTent rentermés. M Cette inclination d'une part , dit n notre AitteifiT ^ & cet accord géné- n rai à croire une vérité qui ne " tombe pas fous les fens ; & de 15 l'autre , ces efforts inutiles que » tait le libertinage pour s'affurcr M du néanr,crient à voix affez haute M pour que tout le monde puifle 30 l'entendre , que l'immortalité » dont l'ame fc flatte cil un fenti- 3* ment intime qu'elle ne fçauroic 3>défavoLicr. ... Je me porte en » cfprit dans les différentes contrées » de la terre habitable , je parcours " chaque nation en particulier , je ■n m'arrête dans chaque Etat , dans «chaque Ville : puis de fiécle en 5'lîécle je remonte jufqu'à la naif- »»fince du monde , je confulte les » Fondateurs des Empires & des 30 Républiques; j'interroge Sçavans^ ES SÇAVANS, » Prêtres , LégilLueurs , Grecs , " Romains , Barbares , tous s'accot- » dent à me tenir un même bnga- » gc. Tant de millions d'hommes 11 »oppofés entr'eux , de mœurs , » d'incUnations , d'intérêts , élevés » pour tout le refte , dans des prin- Mcipes h contraires , fe réuniffent Mtous fur l'exiftcnce de l'immorta- "lité de l'ame , & tous en parlent » avec une égale aiïurance. »Un Moyfechcz les Juifs , un j'Trifmegifte chez les Egyptiens , M un Conirucius aux extremitsz de M l'Afie , un Solon , un Licurgue ^ » chez les Grecs , un Numa chez w les Romains , ont tous regardé «l'immortalité de l'ame comme «une loi d idée par la nature , &: >» tous pour cette raifon l'ont éta- »>blie pour loi fondamentale de «leurs Etats. Les Poètes enlatr.-'.- » veftiffant de diverfcs manic.es en »ont fait le fond de leurs fictions wingénieufes , les Philofophcs at- "tachés à développer les fecrets de » la nature , l'ont reconnue d'abordt « &: ils en ont cherché le principe " &C la caufe. «Réunis dans le point capital; M ils ont varié fur la fubftance , l'o- « rigine , l'adion , les qualitez de » l'ame. Notre Auteur paffe ici à une autre conlîdcration , & qui aboutit au même terme. Que de révolutions , remarquc- t-il , ont fait changer de face à l'U- nivers depuis le commencement du monde ! Les Etats les mieux affer- mis ont été rcnverfés , les loix les plus fages abolies , Icscoûcumcs les- D E C E M B mieux aiitorifées ont vieilli , la Re- ligion nicme a ptis cent tonnes di- vcrfes, tout a été Uijet aux vicilll- tudcs des tems & au caprice des hommes : mais la créance de l'im- mortjlitc s'cll toûiours conlcrvce inviolable , elle a furvêcu aux (ic- clcs , aux Empires , aux Relierions. Elle a été tranfmife de bouche en bouche , ou pliîrôt de cœur à cœur, elle eft venue jufqu'à nous, ôc mal- gré tous les efforts du libertinage , elle pallcra par tous nos neveux jufqu'à ce féjour où la réalité & la jouiirancc mettront le comble à tou- tes nos idées encore confufts. Notre Auteur , après ces refle- xions, arrête la vue fur U créance de tios jours ,^ obferve que le mon- de fc trouve aujourd'hui partagé entre trois Religions fortoppolées cntr'elles , la Chrétienne, la Maho- metane &c l'Idolâtre -, Qye les deux R E , I 7 5 r. 723 premières font toutes fondées fur l'immortalité de l'ame , &; que l'au- tre aime mieux avec Pythagore faire circuler les âmes par les corps de divers animaux , par les fibres des plantes & les porcs des légumes que d'adrr.cttre l'entière deftruc-* tion d'une fiibftancc qu'elle rccon- noît incorruptible. Dans cette unanimité de voix cjui ne peut avoir fa fource que dans la nature , notre Auteur reconnoîc avec raifon , une évidence de fenti- ment,qui aflure à l'ame l'immorta-" lité. Nous palTons un grand nom- bre d'autres reflexions pour évites la longueur. Le même Auteur , qui cil: le P. de Velles-Thcatin , pro- met un Traité de la /implicite de la Foi , auquel il travaille depuis quelr qucs années , mais que fcs occupa- tions n'ont pu lui permettre encore d'achever. TRAITE' DE LA VERITE' DE LA RELIGION Chrétienne , tiré du Latin de M. J. Alphonfe Turretin , Vrojeffmr en Théologie & en Hiftoire Ecclefiaftiejue a Genève. SeBion proniere & fé- conde , de la necejfité & des caraBeres de la révélation. A Genève , chez Marc-Michel Boufquet & Compagnie ; &: fe vend à Paris , chez Chau- ^f« , Libraire du Journal, à l'entrée du Qiiai des Auguftins, du côtî du Pont S. Michel, à la Renommée & à la Prudence» Ï730. i» - 8°. pp. 151. LE S Differtations Latines de M. Turretin fur la Vérité de la ReligionChrétienne ont été dreffées en forme de Tbéfes pour être fou te- rnies dans l'Académie de Genève. L'Ouvrage dont nous allons donner l'Extrait n'eft point une pure tra- dudion de ces Théfes. L'Auteur a cru que pour s'accommoder au goût des LcdeurS François il falloit changer la forme de l'original qui fentoit la méthode Scolaftique ; joindre enfemble des chofes qui étoient féparées , mêler les objec- tions avec les preuves , étendre & fortifier certains endroits. Il a fait entrer dans le Texte celles de ces additioas qui lui ont paru les plus 7^4 JOURNALD elTentielles , il a mis les autres en Notes. On affuredans l'Avertiffe- îTientquc ces changemens ont été faits avec l'approbation & fous les yeux de M. Turretin. C'eft le Syftême des Deiftcs que l'on attaque dans ces deux premiè- res Diiïertations. L'Auteur avoiie d'abord qu'il fuffiroit de prouver contr'eux que Dieu nous a donné une loi pofitive qui fert d'appui &C de fiipplcment à la loi naturelle ; mais comme différentes reflexions fur le befoin qu'ont les hommes de la révélation difpofent l'efprit à écouter plus volontiers les preuves qu'on allègue de la révélation , c'eft par-là que l'Auteur entre en ma- tière. Il cxpofe d'abord les cgaremens 5iles extravagances des Payens par rapport à la Religion. Il tait voir que ce Culte impie , ridicule & fouvent cruel entraînoit après lui la corruption des mœurs 2c fouvent la barbarie même chez les peuples les plus policés. Ccux-mémes d'entre les Philofophes qui s'éleToicnt au- dclTusdes préjugez populaires,dans combien d'erreurs ne donnoient-ils pas à leur tour ? Chaque Secre avoir les fiennes , la plupart même font groflîeres. Quand ils connoilToicnt quelque vérité importante ils la fupprimoient pour ne pas troubler, difoient-ils , le Gouvernement & la Religion reçue dans l'Etat. Ils facrifioicnt en public aux Divinitez dont ils fc moquoient en particu- lier. Plufieurs d'entr'cux ont mê- me reconnu que la lumière natu- relle étoit lî aftoiblie que l'homme ES SÇAVANS, avoir beioin d"un fecours farnatu- rel pour connoître la vérité , fur tout par rapport à h Religion. C'eft ce que l'Auteur prouve par des pallagcs de Ciceron & de So- crate. Il fait voir enfuite queles exccl- lens Traitez fur la Théologie natu- relle ne prouvent point que la rai- fon fulïile fans la révélation poui connoître les premières véritez fur la Religion & fur la Mople , par- ce que les Philofophes*'moderncs ont tiré ces lumières du Chriftianif- me dans lequel ils ont été élevés. D'ailleurs les raifonnemens Philo- fophiques font à la portée de peu de perfonnes. Il faut pour la plupart des hommes quelque chofede pal- pable , defenfîble, uneinftrui^ion pofitive &: des preuves de faits telles qu'en fournit la révélation. Cette manière d'inftruire eft non feule- ment la plus populaire, mais enco- re la plus courte ; les habiles gens en ont eux-mêmes befoin pour les mener promptement à des connoif- fances qu'ils ne pourroient acquérir fans ce fecours qu'à lorce de tcms Se de peine. Le Syftême le plus complet de Théologie naturelle fera toujours très -imparfait. La Philofophie naturelle ne nous ap- prend rien fur l'origine du monde , la révélation feule nous apprend la forme du Culte que Dieu exige de nous. Un Traire de Religion Philo- fophiquc manquera toujours d'une condition elTenticlle , qui eft l'auto- rité. Dans la féconde DifTertation l'Auteur réduit les cjradcres de la i « DECEMBRE, 1731: révélation à cinq principaux points. Le premier, qu'elle ne foit point contraire à la raifon. Le fécond , qu'elle ne foit point contraire à el- le-mciiie. Le troiliémej qu'elle re- tablilTc & qu'elle perfedionne la lumière naturelle à l'cgard des cho- fes divines. Le quatrième , qu'elle ajoute à la lumière naturelle les fe- cours dont l'homme pécheur abe- foin. Le cinquième , qu'elle doit Être accompagnée de fi^nes fenfi- bles , tels que font les Prophéties 6c les Miracles. Qiiand l'Auteur dit que la révé- lation n'cfl point contraire à la rai- fon, il avertit qu'il ne faut entendre par raifon que les axiomes & les premiers principes , tels que ceux- ci : Le Créateur efl au-dejfus de U Créature , rien ne fe forme fans can- fe , &c. Ou les propofitions qui fe déduifent immédiatement & évi- demment de ces premiers principes. Mais il ne faut pas oppofcr à la ré- vélation tous nos préjugez , quoi- qu'ils foient appuyés de raifonne- mens fpécieux. On doit avoir d'au- tant moins de peine à prendre ce parti qu'il y a des véritcz de la certi- tude defquelles nous ne pouvons doutcr,qu'on auroit regardées, il y a deux fiécles , comme des vifions , oii comme des Paradoxes. Notre imagination fe perd à concevoir des animaux mille fois plus petits qu'un Ciron. Cependant on ne peut ja- mais douter qu'il n'y ait dans la na- ture un nombre prodigieux de ces 725- animaux que notre imagination ne fçauroit nous reprefentcr. Avant la découverte de l'Amérique le fcnti- ment qu'il y a des Antipodes avoit palTé long-tems pour une abfurdi-i té. Ainfi l'Auteur prend un milieu entre ceux qui donnent trop & ceux qui donnent trop peu à la rai- fon en matière de religion. D'où il prend occaiion de faire une Note que nous rapporterons ici pour fer- vir d'exemple des obfervationsquc l'Auteur a détachées du corps de l'Ouvrage. «N'eft -ce pas (e moquer du » monde que d'avancer , comme » fait la Mothe le Vayer ( de la n vertu des Payens , part. 2. art. de j> Pyrrhon ) que la Philofophie » Sceptique eft poflîble, la moins j) contraire au Chriftianifme , en ce }> qu'elle purge l'efprit de tout » entêtement dogmatique , & le j) difpofe à fe foûmettre humble- ji ment aux myfteres de la foi , fans n écouter la raifon. Servir ainiî la » Religion , c'eft la trahir. M. Bay- n le a affedié de prendre cette routej » &: le fçavant M. Huet s'y eft laif- n fé bonnement entraîner dans fon )•> Ouvrage Pofthume , de la Foi- 3> hlejfe de l'efprit humai». L'Auteur continuera de donnet en François dans le même goiJt les Théfes ou Differtations de M. Tur- retin ; ceux , dit-il , qui voudront fe donner la peine de recueillir ces Brochures en pourront formel des yolumes à leur gré. 7i5 JOURNAL DES SÇAVANS; LETTRE ECRITE AV SIEUR RE N E' -JACQV ES Croiirant-Garengeot , Mittr:-} -Ans de Bourges , Chirurgien ^.tré de PaHs , Démonfirateitr Royd en matière Chirurgicale , & Membre de la Société Royale des Ssiences de Londres , au ftijet de la nouvelle Edition de fan Traité d'Opération de Chirurgie. A Paris, de l'Imprimerie de Claude J. B. Hcriiranr, ruli Neuve Notre - Dame , aux trois Vertus. 175 I. Broch. in-\i. pp. 37. MGarcngcot, Maîcrc-cs-Arts . de Bourges , & Chicurgicu Juré de S. Côme , ayant attaqué dans fa Compilation intitulée : Traité des Opérations de Chirurgie , féconde Edition , un des Chirur- giens internes de l'Hôtel-Dieu de Paris , ce dernier qui s'eft cru cen - faréinjuftement , a cru aulîl devoir fe défendre contre fon aggrelTeur , en lui écrivant la Lettre dont nous allons rendre compte. j) J'ai lu , lui dit-il d'abord , la jj nouvelle Obfervation que vous 3> avez fait imprimer à mon fujcc » dans votre dernier Ouvrage , la- » quelle contient la Relation d'une w maladie dont je pris foin à l'Hô- jj tel-Dieu de Paris en 1715. en « étant pour lors un des Cliirur- » giens internes , fous la vue de 3) M. Boudou , Chirurgien en chef » de cet Hôpital Je n'ai )> point lieu de douter que vous y, n'ayez voulu , dans ce petit chet- >» d'œuvre , nous donner , à votre y, ordinaire , des preuves llgnalées j> de votre zélé, tant pour le bien a fiiblic cjue pour la perfeUion de la }, Chirurgie.S'il faut vous en croire, 1) vous n'avez rien de plus à caur: )) vous nous aflurcz que ces deux ji motifs vous ont toujours porté à n dire hardiment votre penfée Se }> que vous vous faites même un it devoir j pour l'utilité publique , dt » rapporter les mauvaifes manières » d'spercr de pliifieHrs Chirurgiens , 3J & d'en faire connaître les fautes 33 par des expériences plau/ibles O" 33 convaincantes. Au refte , vous 33 nous avertilTcz que vous Vous y 33 prenez h honnêtement & d'une 33 manière fi générale pour redreffer 33 leurs défauts , ejne l'on ne fcauroit 33 vous taxer de violer la bienfèance 33 & la charité que l'on fe doit les uns )> ttux autres. » Vous conviendrez fans doute " qu'il doit être permis à un cha- » cun d'en agir de même à votre M égard , &i l'on pourra deflorsfans >' craindre de violer la btenféance & » la charité que l'on fe doit les uns » aux autres , redreffer vos défauts , » pourvu que ce foit comme vous » le dires , d'une manière générale ; » c'eft-à-dire , en vous nommant » ou en vous défignant du moins de » taçon que vous ne foyez pas mé- » connu. C'eft-là toute la précau- 3> tion que l'on doit prendre fi l'oa >j veut {uivre votre exemple. Ne «croyez pas cependant que ce foie >3 là mon dcflein : ce fcroit être » trop hardi de vouloir redreffer ce- lui f D E C E M nliii ijh'i rcdrcjfs les <î«/rf.f. J'cllaye- 5> rai feulement, & vous ne m'ea » ferez pas un crime > de me jufti- V, fier des reproches que vous me »hitcs dans votre OMcrvatioii. Après ce début , l'Auteur de la Lettre commence fa Réponfe. Il décrit premièrement la maladie dont il vient d'avertir qu'il prit foin en 1725.^' dont il accufc l'on adverf.iirc d'avoir taitune Relation très-infidéle. Il rend compte en même tcms,de la manière dont cet- te maladie tut traitée , (5c cnfuitc il examine ce que M. Garengcot a dit & de la maladie & du traitement. Il ne faut pas croire que ce foie ici une Apologie qui ne contienne rien que de pcrfonnel. Les cclair- cillemcns où entre l'Auteur de la Lettre pour fe juftiher contre le Maîtrc-ès-Arts de Bourges, renfer- ment lurla méthode qui convient dans le panfement de certaines playes du bas-ventre , pluficurs re- marques très- importantes. Voici d abord le tait. Il y a eu fsx ans le 2 j. d'Oèlobre dernier qu'un Soldat aux Gardes Françoifes , de la Compagnie de Varenncs, nommé Charles Gran- din , reçut au bas-ventre un coup de tranchet. Le BlelTé fut porté le lendemain à l'Hôtcl-Dieu de Paris, où le Chirurgien ^ Auteur de cette Lettre , eut foin de le voir à l'heure du panfement, en prefence de M, Boudou. Après qu'on l'eut vilîté on lui trouva dans la partie polterieure èc moyenne de la région des lom- bes 3 une playe tranfverfale qui .ayoit environ 4 à j travers de Deeembre. RE; 175 I. 727 doigts, de largeur, &: s'éccndoi: protondemcnt. La protondeur dont elle ctoit Je la diviiîon qu'on remarquoit à l'ex- térieur auroit porté , il on s'en fût tenu là , à la croire pénétrante i mais la réfiftancc que l'on fentoit au bout de la fonde en la dirigeant en tout fcns , iit connoître aux Chi- rurgiens de l'Hotel-Dieu , qu'elle ne pénétroit point. D'ailleurs com- me elle étoit tort étroite de fond , .Sc extrêmement large d'entrée , oa jugea , 1". Qiie cette largeur cx-> traordinairc s'étoit faite par la fortie de rinflirument ; 2°, Que le coup ayant été oblique , cette oblu quité pouvoit avoir contribué à la grande divifion , aulH-bien que U longueur du Trajet que l'Inftru- ment avoit dû parcourir pour péné^ trcr les naufclcs des lombes. Si le Chirurgien de rHÔ:cI-Dieu fc fut borné à ces conliderations , il auroit traité cette playe comme une playe limple ; mais fiilant atten- tion aux circonltances d'une hé- morrhagiequi étoit furvenue après la bletiurc , & au moyen dont le malade s'étoic fervi pour l'arrêter , il prit un autre parti , & traita la playe comme une playe compli- quée. L'hémorrhagie avoit été con- fidcrable , & le malade avoit cilayé d'y remédier en mettant à l'entrée de la playe un gros tampon de lin- ge qu'd avoit déchiré à fa chcmife, car iléroic pour lors fans fecours, &; il fut obligé dans cet état de faire à pied plus d'un quart de licLie pour fc rendre chez lui. Le fangcontinui de couler, 6c lemonvement auquel Bbbb 72S JOURNAL D ctoit cxpofc le bielle ne contribua pas peu à l'augmentation de l'hé- morrhat;ie. Le tampon appliqué l'ur la pliyc contraignit le fang à s'ouvrir un chemin en deci'.ns , & à fe faire jour dans le tiflu cellulaire du péritoine. Cette ciconllance détermina le Chirurgien à taire luppurer la pkye , à en dilater le fond , Se à l'entretenir dilaté pendant quelques jours par le moyen d'une tente , pour ménager une ilTuc libre au îang épanché. La fuppuration ne tarda pas à s'établir , & le fang épanché ne féjourna pas long-tems. La tente lui avoit frayé un chemin qui en rendoic , dans chaque pan- femenc , l'évacuation aifée & abon- dante.On fubftitua enfuite à la ten- te des bourdonnets très-mois , ap- platis en forme de plumaceaux , & garnis d'un fil. Ils ctoicnt couverts du digeftit de l'Hôtcl-Dieu , & l'extérieur de la play e étoit panfé avec un plumaceau à l'ordinaire. Quand la fuppuration fut en bon état & que l'épanchc- ment fut entièrement vuidé , ce qui arriva au bout de dix ou douze jours, M. Boudou Chirurgien en chef, qui ne difcontinua point fes foins pour la guérifon du malade , fut d'avis qu'on travaillât à la réu- nion. On cefTa donc l'ufagc des bourdonnets , & à leur place on fe fervit de deux plumaceaux minces, affez longs pour pouvoir atteindre jufqu'au fond de la playe.L'ufage du digeftit fut auffi difcontinué deux jours après , & l'on eut recours au bcaïunc vexd. Les injedtioos d'eau ES SÇAVANS, vulncraue turent employées pour modérer & delTccher peu à peu la fuppuration. L'on n'oublia pas de diminuer la grandeur des pluma- ceaux à mefurc que les chairs fe rc- produifoient, 5c quele vuidc de la playe diminuoit. On fe borna enfui- te à un feul plumaceau pour fe con- tenter enfin des injections vulnérai- res , & de quelques goûtes de beau- me verd ■, les remèdes généraux fu-; rent employés félon les divers be- foins , Se en deux mois &: quelques jours , le malade fut parfaitement guéri. Il ne fortit cependant de l'Hôtel - Dieu qu'au bout de 48» Jours, parce que notre Auteur l'en- gagea à y refter encore quelque tems après fa guérifon , tant pour fe rétablir que pour laiffer affermie la cicatrice. Telle cft la méthode que le Chi- rurgien attaqué par M. Carengcot , affure avoir employée pour le pan- fement de ce Soldat. Et comme cet- te méthode, non plus que l'hiftoire de la maladie, n'eft nullement re- connoiffable dans la Relation de M. Garengcot , l'Auteur attaqué, en fait de grands reproches à fon advcriaite. Que la méthode ic la maladie dont il s'agit , foicnt telles que notre Auteur vient de les dé- crire , c'cft ce qu'aflurc par un cer- tificat authentique, rapporté à la fin de cette Lettre , M. Boudou Chirurgien en Chef de l'Hôtel- Dieu, yai lit, dit-il , un Manufcrit ^iii a pour titre : Lettre an Sieur Croiffant-Garengeot Ataitre-h'Arts de Bourges , die. J'y ai reconnu fatft feittt la vraye fréitt^Me qui a étéfiihi D E C E M vie dans l/t cure de la maladie dont rAnrew ftit mention. Tous les faits y font rapportés avec fidélité , c'efi te ijue j* attelle avec d'autant plus de €tnititde ^ cjiielacure de la maladie s'efl faite fous mes yeux. A Paris ce 6. Septembre 17 ji. On ne fçauroit douter , après un tel certificat , qu'on ne doive ajou- ter une foi entière au récit que vient de faire l'Auteur de la Lettre. Il s'agit prefcncement de voir en quoi celui de M. Garen^eoteft différent. Les Ledleurs auroient peu d'intérêt à cette difcuffion , fi elle n'aboutif- foit qu'à montrer qui des deux , ou de celui qui attaque, ou de celui ^ui cft attaqué, manque ici de fidé- lité ; mais comme cette connoiffan- ce entraîne après foi celle de la mé- thode qu'il convient de fuivredans le traitement de toutes les playcs qui font de la nature de celle qu'on vient de décrire , nous croyons ne rien faire que d'utile au Public , en fuivant notre Auteur dans le court détail où il entre à ce fujet. Il s'arrête d'abord à l'expofc que fon adverfaire fait de la maladie. Cet adverfaire dit que la playe ctoit pénétrante ; il en veut même donner des pteuves dans les circon- flances qu'il ajoute au détail de la maladie. L'Auteur de la Lettre trouve que ces preuves ne fervent qu'à faire voir que la playe ne pc- nérroit point. Il remarque au rcfte , que M. Ga- cengcot en voulant la faire palTet pour pénétrante, ne cherche point cependant à aggraver la maladie , i£c il dit qu'il y paieîc bien loifque B R E , 1751; 72^ ce Ccnfcur , non content d'avancée une tois que cette playe n'étoic qu'une fimple divifion , l'avance une féconde , en ajoutant dans k même phrafe , qu'elle ne rcprefen- toit qu'une fimple diviliou tranf-' verfale. Si je ne craignais , dit là- dert'us notre Auteur à M Garen-! geot , de vous humilier un peu trop ' )e vous rappellerois aux premiers principes de la Chirurgie, Cette playe , dites-vous , pénétrait tous les mufcles des lombes , même le cjuarré & le péritoine , mais fans léjîon des parties intérieures du bas-ventre. Je vous demanderais fî ce ^ue -vous dites- là eft fujffant pour faire regarder cette playe comme une fimple divi- fion , comme une playe (impie ? Notre Auteur, à cette occafion; donne à M. Garengeot un enfei- gnement dont il juge que ce Cen- feur a befoin : cet enfeignementeft que dans les playesdu ventre, l'on ne doit pas s'arrêter feulement .à la lêlion des parties intérieures pour connoître s'il y a complication ; la raifon qu'il en donne eft que ces playes peuvent encore , comme toutes les autres , être compliquées premièrement par rapport à leurs caufes , fecondement par rapport à d'autrcsmaladies,troifiémementpac rapport aux accidens qui les accom- pagnent, & qu'enfin on ne les re- garde comme fimplcs que lorlqu'il n'y a qu'une indication pour leur guetifon , ou qu'il ne fc trouve pas d'obftacle réel pour la réunion. Ces principes pofés , l'Auteur laiffe à ,M. Garengeot le foin d'en iâire l'application , & d'examiner, Bbbbii 730 JOURNAL' DE i". Silapl-ive qu'il caracienfc de fimpl: divifion , de playe fi m pie, peut erre regardée de la forte , dès qu'elle s'ell trouvée accompagnée d'une hcmorrhagie conlidcrablc qui a été fuivie d'épanchement dans le tilTu cellulaire des membranes qui bornoicnt la divilion ; 2.°. Si cet épanchemcn: ne donnoit pas une autre indication que celle de la réu- nion ; 3°. S'il ne niéritoit pas qu'on y eûtégard , 3". Que d'ailleurs, quoique le Sa- cré & le Sacro - lombaire ayent été coupes en travers dans leurs corps i5c prefque totalement , l'inftru- jîient aura eu la difcretion de ref- peâierles vailTeaux ;,4°. Qlic les ar- tères lombaires & leurs premières ramifications ne font nullement à .appréhender vers leurs origines , &r que la nature , tout exprès , & de tielfein prémédité , auroic bien pu en changer la route. M»GMçngeo:, pour achevei de S SÇAVANS; prouver en la manière, que la playe étoit une ftrnpie d-vifion qui ne de- mandoit q;ie la léunion , dit que c'ctoicune divilion telle qu'elle au*. roit été par un coup de bayonnettc» Comme l'Auteur de la Lettre eft en humeur de plaiiantcr , 6c qu'il voit ici fon advcrfaire comparer à un coup de bayonnctte , celui d'un inftrumcnt de Cordonnier , il lui dit que c'f« e fi bien ajfez. pour caraC- terijcr la playe ou du moins pour lan- nohlir ; après quoi faifant allullon à l'expreirionlinguliere , don: le mê- me M. Garcngeot ( coaime Maître- es- Arts fans doute) a orné fon fty- le , p. 410. du Tome premier de fon Traité des Opérations , il le fé- licite en cette manière ; Ne faut^il , Aîanjieur , cjue des comva>\iïfons ^ui. ay:fic une confonnance inévocabie avec notre fujet ? f^ons les avez, en main , & vous faites bien de les em- ployer Notre Auteur pafle ici à quelque chofe de plus important. Il exami- ne le reproche que lui tait Ion Cen- feur, d'avoir panfc le malade avec une tente Le malade , dit Ce Cen- feHr ^ eft conduit à l'Hotel-Dien , O" il fut panfé avec une tente. L'on de-r mande fur cela à M. Garengcot i quel crime il trouve dans cette pra- tique ; Le Blcfl'é s lui dit-on, a voit perdu beaucoup de fang > il avoic elfayé de l'arrêter par un tampon de linge qu'il avoit mis lur la playe ; cette précaution avoit forcé le fang d'enfiler le tond de la playe , îs: de fe répandre dans le tillu cellulaire du péritoine i ces circonftances ne niéficoiept-eiles pas qu'on y fît ac* t D E C E M tention ? falloit-il tenter précipi- tamment de icunir la playe , lins s'embarralTer du fang épanché?Unc telle conduite n'auvoit-elle pas été abfurde ôc pcrnicicufc ? On ne le contente pas de taire ces quclHons à M. Gar«Kgeot: comme on le foupçonnc capable de croire que le péritoine auroit pus'oppoler à l'épancliemcnt , on lui remet de- vant les yeux la Ihucture du péri- toine y on lui fait remarquer com- bien le tilTu cellulaire de cette membrane cd ample ; combien fcs feuillets lont multipliés dans l'en- droit qu'occupoit la playe , au voi- iinage des reins ; on lui rappelle CC qui arrive dans toutes les playcS quand on veut par la compreflion ttjrêter l'hémorrhagie ■■, on lui taie remarquer que lorlqu'on parvient feulement à boucher au fang quel- ques-unes de fes ilTues , le fang ne manque pas de s'emparer de celles qui relfent libres ; enforte que l'hé- morrhagie continue. Pour le con- vaincre davantage on lui apporte crois exemples : le premier eft celui deshftulesà l'Anus, dans lefquelles la comprcllion apparente , n'a lervi fouvent qu'à couvrir de grandes hémorthagies , fous un appareil bien arrange, tandis que le canal inteftinal, ctoit, pourainfi dire,tout regorgeant de fang ; le fécond eft ce qui fe palTe dan» les faignécs quand l'ouverture de la peau eft allez pcti- xe , pour refufcr au fang la liberté dcfortirj car alors les membranes Voifines lui donnent afile intérieu- rement, il s'y fait jour fans peine, & on voie À rinltant fe foipiei une tumeur4 Le troifiémc exemple qu'on allègue à M. Garengeot eft: raneriifme taux, ou l'epanchement arrive encore de la même manière, & produit fouvent des tumeurs monftrueufes , s'étendant même quclquctois jutques fous les aponé- rofes , nonobftant leur force ôc leur ichftancc. On croit après cela, en avoir af- fcz dit à M. Garengeot, pour lui faire comprendre que le péritoine ne peut pas être ici plus privi- légié que les autres membranes; 5i lui donner à entendre que lorfquc dans le voihnage de celle-ci il arrir ve une hémorrhagic , l'on a raifou de s'en méhcr , & de prendre en confequence,lcs précautions conve- nables pour faciliter l'illue du fans épanche. Dans la viîë de remplir cette in~. dication à l'égard de la maladie dont il s'agit ; ilfalloit donc ^ con- clut l'Auteur de la Lettre , corn* mencer par dilater le fond de la playe, &: en entretenir la dilatation: pour cet eftet , ajoûtc-t-il, l'on s'eft lervi de la tente, comme du moyen le plus doux & le plus naturel. Ce moyen a réulîl : tyippellez.-vous ce- la , demande notre Auteur à M. Garengeot , Itrt enthQitfiafTni de la longue tente l - Le Cenfeur avance qu'on fefexvit de la tente pendant fix Semaines; on lui répond dans la Lettre, qu'il ne fait pas de façon de prendre ici les jours pour des Semaines , piiif- qu'on ne le fcrvit de tente que pen- dant lix jours. Il dit que tOHS Us A^^^tmi AVUÏiOt 75« JOURNAL D ledépUifir de voirqu'aaffi-tot que le bandage itoit oté \ latente , ou pour mieux dire , la cheville fortoit feule de la playe & était fuivie d'un jet de ■pus affez. fe'reux quifaifoit l'arcade. On lui répond que parmi ce grand nombre d'affiftans , il pourroir bien être lefeulquiait apperçù des faits fï extraordinaires dans une playe qu'il dit être pénétrante, où il ne teconnoît point d'adlicrencc , & qui d'ailleurs a été fuivie d'une (I parfaite guérifon. On l'avertit à ce fujet, que lorfque les playes du ventre font pénétrantes , il y a trois chofes à y confiderer ; fçavoir, *°. Que le pus qui s'épanche dans la capacité ne tarde pas à fe précipiter dans les baflîns, ou à s'engager entre les circonvolutions des inteftins ; 2°. Qu'il eft toû|ours très-difficile «le le tirer de ce labyrinthe J3''.Qii'il faut aulli que l'cpanchement foit confiderable pour que les matières épanchées puiffent partir en jet & faire l'arcade : fur quoi l'on remar- que qu'en pareil cas , le malade dontilell:queftion,auroitdû necef- faircment luccomber. L'on conclut de tout cela que le Cenfeur s'y cft Çrès-mal pris pour prouver que cet* te playe étoit pénétrante. Le Chirurgien Botanifte , dont M. Garengeot s'autorlfe à la page 344. & fui vantes du premier Tome de fon Traité des Opérations , Se dont nous avons, en pafTant, feit mention dans le huitième Ex- trait, du Journal d'A'ouft dernier , eft ici introduit prononçant en der- nier reffort contre le Chirurgien de l'Hôtcl-Dicu. ES SÇAVANS; Cet article mérite d'être lu en en- tier dans la Lettre ; on y trouvera comme dans un grand nombre d'autres, des traits pleins de fel. Un des moindres eft: celui où il eft dit que ce fçavant Chirurgien , cet excellent Botanifte dont M. Garen- geot fait fon Héros, & qu'il veut qu'on écoute comme un Oracle en fait de Chirurgie , venait ajfidne- ment tous les matins à l'Hotel-Dieu excepté les jours de Service , ok il ttoft occupé k r a fer fa Compagnie. M. Garengeot ne s'eft pas con- tenté de cenfurer fur l'ulage de» rentes, le Chirurgien de l'Hôtel* Dieu , il le cenfure encore fur ce- lui des plumaceaux , &c de l'on- guent dont on les couvre. Mais l'Auteur de la Lettre ne lui fait pas plus de quartier fur cette cenfure , que fur les autres. A l'égard des plumaceaux on lui déclare qu'il n'en fçait pas diftinguer les diffcreni ufages , & on defcend , à ce fujet , dans un détail d'inftrudion , qui peut prévenir beaucoup d'erreurs fur ce qui concerne le traitement des playes du ventre. Qjant à l'onguent dont on cou- vrit les plumaceaux dans le panfc- ment de la playe en queftion , l'on foûticnt à M. Garengeot qu'il ne connoît pas la différence d'un dige- ftit d'avec un fuppuratif. » Que M vous refte-t-il encore , lui deman- » de-t-on , qui puille donner qucl- »que vrailemblance à votre fenti- nment ? On couvrit , dites- vous , « de^iK plumiceaux de fuppuratif. »>Eft-ceU, Monfieur, un nouveau «trait de votre pénétrasion & àç i' B E- C E M B » vos lumières î Quoi ! tant de veil- ïj les , tant de foins , tant d'étude , «tant d'expériences , tan: d'em- » predement fur tout , à fréquenter •> les Hôpitaux , toutes ces chofes » dont vous faites parade dans votre j> Préface , aboutirent enfin à nous » lailTer voir que vous ne fçavez pas « encore diftinguer un digeftit , le » digcftit de l'Hôtel-Dicu d'avec j> un fuppuratif. Le digeftit étendu » fur du charpi , vous a paru appro- ») cher afTcz du fuppuratif , vous » vous y trompez , cft-il jufte que }> votre bévue retombe fur moi î Les reproches qu'on fait à M. Garengeot d'ignorer certains points qu'il n'eft pas permis à un Chirur- gien d'ignorer, ne font rien en com- paraifon de ceux qu'on lui fait d'a- voir manqué de bonne foi dans la Relation qu'il a donnée. Nous laif- fonsauxLed:eurs qui feront curieux «le ï'écUircir à plein , fur ce dernier Ri; 1751: 753 article, à confultcrla Lettre même. Nous ne difons rien des injures qu'on reproche encore à M. Garen- geot , ce font des chofes perfon- nelles à quoi le public prend peu d'intérêt. Nous remarquerons feu- lement que il M. Garengeot a em- ployé les injures à l'égard du Chi- rurgien de l'Hôtel-Dieu , le Chi- rurgien de l'Hôtel-Dieu ne parois pas s'en tenir fort offenféj c'eftcc qu'il cfl: facile d'appcrccvoir dans toute la Lettre , èi ce que M. Gra-« nier Chirurgien Juré de S. Côme ^ Se Prévôt de fa Communauté, n'a pu s'empêcher de témoigner dans un certificat exprès , où il dit qu'ayant lu avec attention la Lettre du Chirurgien de l'Hôtel-Dieu , il a trouvé que les faits y étoient rap- portés avec beaucoup de fidélité , SC les injures relevées avec un efprit (JT^ une modefiie digne de fon AMiHVi, 754 JOURNAL DES SÇAVANS; 'JldTTHOLOGIE OU HISTOIRE DES Dieux , des Demi - Dieux & des fins Hinflres Héros de l'An- tiifuité Pf.yetine , contenant l'explication de la Fable & de la Métamor- pho/e. Oh l'on fait voir^ue le culte , les Myficres , les Sacrifices , & les autres Cérémonies du Faganifme , ne font que d;s copies imparfaites de l'Hiftoire Sainte avec la Relation de lu dejlniElion de Troye par Darés nouvellement trddnite en François fur la traduUion La: me de Corneliiis- Népos. Par M. Diipiiy. A Paris, rue S. Jacques, chez Huar: l'aîné, près la Fontaine S, Sevcrin , àla Jultice, 173 1. deux vol. /'«-li, premier .vol. pp. }}6. fécond vol. pp. 530. CETTE \îyrhologic c(l un abrégé de la Vie des Dieux , des Demi-Dieux , iSc des plus ilUi- Ilres Héros de 1" Aritiquitc Pa) ennc, tiré de ce qu'ont écrit fur ce lujet les anciens Auteurs , tant Poëtes qu'Hidoriens. Comme CCS Auteurs ne font pas toujours d'accord entr'eux , il n'eût pas été inutile d'examiner leurs dil:"'- ferensfentimcns fur un même point &C de détermiiîer le Led:cur fur le parti qu'il doit prendre quand il y a divcrlité d'opinions 5 mais l'on n'entre ici dans aucune diiculuon. On fe propofe leulemen: d'expli- quer en quelques endroits & d'une manière générale iSc la Fable (Se la Métamorphofe , de donner quel- que fens moral aux portraits que les Payensont faitde leurs Dieux, de marquer les Pays où ces Dieux ont été le plus révérés , de décrire l'ori-' gine des Jeux &i des Sacrifices in- ftitués en leur honneur , de rappor-i ter les ditlercns noms que les Na- tions donnoicnt à ces Jeux &: à ces Sacnhccs,& d'inhnuer que les Fa- bles , le Culte (Se les Myftcrcs du Faganifme font des copies tirées des Hiftoircs , desufages 2c des tra- ditions des Hébreux. Chaque Divinité eft ici placée félon fou rang , (5c l'on paroît avoir eu intention de fuivrc l'ordre Chro- nologique. Le Compilateur efpere que (on Ouvrage fera très-utile pour conduire ceux ijHi n'ont pas une connoiffance parfaite de la Fable , à CtntdlKren-'. ce des Poètes & des Auteurs ^recs , Latins , François dl" autres. Voici quelques exemples prisait hazard, par lelquclson pourra juger du Recueil. CARON, Le Compilateur remarque que « les anciens confî- r> dcroicnt Garon , hlsdc l'Erebe Sc »de la Nuit, comme le Batelier "des Entcrs, a^qui les amcs étoient n obligées de donner une pièce de » monnoye^ : Que c'eft pour cette îJraifon que certains peuples vavoieflt coutume de mettre de . « vieilles pièces de monnoye proche "des corps des morts , ou même n dans leur bouche. Qiie cela fe fai- » foit afin que ces morts cuiTentdc » quoi paver ce prétendu droit de 5» péage. Q^ie l'ufage étoit encore , il i D E C E M B vil y a foixante ans, en certains » Villages , de mettre pour ce dcf- " fein , danj îa main ou dans la bou- » chc du défunt , un liard ou un M fou. <^e cette créance ridicule 5>provient, félon Diodore de Sicile, M -de ce qu'Orphée le Muficien »> voyageant en Egypte & voyant M que les habicans d'une certaine , «Ville, qui avoicnt leur Cime- Mtiere près du Lac Acherufe , M mettoient les corps dans un barcau 9» pour les y aller enterrer , fit ac- M-croire aux Grecs que Caron paf- ïïfoitles âmes des morts aux En- »>-fers. « Sur quoi notre Auteur obferve qu'en Langage Egyptien les Bateliers font nommes Carons. Lcreftede l'exemple conlifte à ob- ferver qu'on reprefentoit Ciron comme un Vieillard qui ne faifoic grâce à perfonne ; Que cependant quoiqu'il ne dûtpalfer que les morts, on lit dans la Fable qu'Hercule , Ulilfc, Orphée de Théfce étoient en- tres de leur vivant 3 dans fon bateau pour traverfcr les Enfers. Que ceux dont les corps n'étoient pas cnfcvc- lis ne pouvoient entrer dans la Bar- que de Caron , & étoient obliges d'attendre fur le rivage pendant cent ans,avant que de pouvoir paffer à l'autre bord. L'explication que le Compilateur X mife dans' cette Fable n'eft qu'hi- rtorique , voici un exemple où l'on trouvera tout enfembledel'hiftori- que & du moral. CERBERE. Notre Auteur commence par dire , que Cerbère ctoit né de Typhon & d'Echidnc ; C^c c'étoit le Chien des Enfers ; Dccemh. RE; 1751; 737 Que ce Chien gardoit la porte du Palais de Pluton ; Qu'il careflbic les amcs qui arrivoient, mais qu'il dctournoic par fes cris épouvanta- bles celles qui vouloient fortir , & qucraêmeillesdevoroit. Il obfer- ve enfuitc que les Poètes feignent que Cerbère avoit trois têtes; Qu'au lieu de poil fon corps étoit couvert de Serpens , & qu'Hercule étant defcendu aux Enfers , le lia 5c le montra aux mortels. Voilà la Fable • en voici d'abord l'hiftoriquc. Quel- ques-uns, obferve notre Auteur, »> rirent cette Fable de ce qu'en une » Caverne près le Cap de Tcnare en »Laconie, il y avoit un gros Sec- » pent ou Dragon qui devoroit tous M ceux qui vcnoient en ce lieu, le- ••quel Serpent fut depuis appelle »> Cerbère , c'eft-à-dire en Grec '^Devore-chair La Fable du »> Chien dont il s'agit peut aufliî »» memis de l'homme^ fçavûir , le monde , le diable & la chair , & ^ue le Héros qui l'enchaîne efl la figure d'une grande ame ejui furmotite far fa vertu les de Reins de fes ennemis déclarés. A cette explication l'on en joint une autre qui eft moitié phyfique Cccc 75<î JOURNAt DE & moitié morale; fça voir jque félon Noël leComtc dans fa Mythologie, Cerbère fignifie la terre , qui dévo- ie la chair des corps & les réduit en leur première matière , &c qu'Her- cule fignifie un Héros qui s'exemp- te du Tombeau pour acquérir une gloire immortelle. Nous laifibns aux Lecteurs de goût, à juger de ces Moralitez. A C T E O N. L'Auteur , après avoir raconte la Fable d'Adeon dé- chiré par [qs Chiens , vient auflî- tôt à la morale , & dit que les Chiens qui dévorèrent Aâ;eon peu- vent être comparés aux flatteurs Se aux ingrats , qui font les premiers à déchirer les perfonnes dont ils ont mangé le pain ,& qui leur ont ren- du le plus de fervice. Mais comme A<5teonfut change en Cerf pour avoir voulu regarder de trop près Diane dans le Bain , notre Auteur ne lailTe point cet arti- cle fans Moralité ; L'on peut , dit-il, ti/er de cette Jldétamorphofe une vé- rité , qui eft que Von ne doit jamais fe mêler des affaires des Grands , ni (Mirer dans leurs fecrets. IX ION. La Fable d'Ixion attaché dans les Enfers à une roiie qui tourne toujours eft ici racontée en détail , & finit par ce trait : Que ie fupplice que fouffrc ce coupable pour avoir manqué de refped en- vers Junon , à qui il ofa conter RcuT€ttc,fait connaître aux ambitieux ^ue leur efprit n'e fi jamais arrêté & qu'ils ne peuvent fe fixer, de quelque félicité qu'Us jouiffent. On ne trouvera pas des Moralitez moins extraordinaires dans la plû- S SÇAVANS- part des autres cxplicatioftS de nb^ tre Auteur. Un des defleins au refte qu'il fe propofe eft , de faire voir que les Fables des Payens font ordinaire- ment tirées de l'Hiftoire Sainte^ C'eft de quoi il nous faut donner un «xemple. P H A E T O N. Cette Fable eft racontée au long par notre Auteur; après quoi il dit, i°. Qiie félon M^ de Lavaur , la belle defcription qu'Ovide fait du Char & du Palais du Soleil , eft une peinture prife de celle du Tabernacle , au fervice- duquel les Lévites étoient appli- qués , & dont l'entrée n'étoit con-; fiée qu'à Aaron grand Sacrificateur. i°. Que l'élévation fi diftinguéc d'Aaron & de fa famille , leur atti- ra la jaloufie de toutes les Tribus. 3*. Que Dathan & Abiron eurent la téméraire ambition de s'élever aulTi haut qu'Aaron &c d'entrepren- dre les fondions de Grand Sacrifi- cateur , nonobftant les foins que prit Moyfe pour les en détourner, 4°. Qu'ils n'eurent pas mis le feu & l'encens dans les Encenfoirs , que la terre s'ouvrit fous leurs pieds & les engloutit. Qu'il en fortit en mê- me tems une grande flamme allu- mée par le Seigneur , laquelle fe ré- pandant aux environs , confomma deux cens cinquante homm.es qui s'étoient joints à ces téméraires j Que l'embrafement s'étendit enfui- te Cl fort , que quatorze mille fepc cens du peuple y furent enveloppés. 5°. Que queFque tems auparavant j' les enfans même d'Aaron ; fçavoir j,' Nadab & Abiu , pour avoir mis , à< D £ C Ê M l'înfcû de leur perc , dans leurs En- cenfoirs , un feu qui n'avoitpas été pris fur l'Autel , & avoir oftert au Seigneur contre les défenfcs à eux faites , un encens jette dans ce feu , furent confumcs fur le champ par le feu du Ciel. deCornelius-Népos eft fabulcufe.« 3°. Que cela étant ( fçavoir , que latradudion Latine par Cornelius- Népos eft fabuleufe ) elle convient donc a la Afythologie. Immédiatement après ces paroles qu'il eft important de remarquer^ pour voir fi celles qui les fuivent y ont quelque liaifon & y peuvent cadrer, l'on ajoute : » Quoiqu'il en "foit, ne doit-on pas accorder plus »de foi à un Hiftorien qui vivoit " du tcms de ce qu'il rapporte qu'à » un Poète qui ne s'embarrafte pas »» de s'écarter de la vérité pour cm- » bcllir fon Pocme de toutes fortes » de Fidions. Au rcftc , je ne prends " aucun parti , & je re foûticiis paS » Darés plus véridique qu'Homerc, n Virgile, & autres, qui pour finir 5jle Siège de Troycs , ont renfermé »> les Grecs dans un Cheval de bois. Notre Auteur dit donc,Quc l'ou- vrage de Darés a été perdu , & que la traduction Latine qu'on en at- tribue à Cornélius - Népos, pa/Te chez plufieurs fçavans pour une chofe fuppofcc ; & cependant il ajoute enfuitè que quoiqu'il C c c c ij 758 JOURNAL' DE en foit , on doit accorder plus de foi à Darés qui vivoic du tems de ce qu'il rapporte , qu'à un Poète coai- mc Homère qui ne s'embarralTe pas de s'écarter de la vérité. Voilà ce que bien des LcCleurs auront peuc- êcre quelque peine à entend te> Aurerte, notre Auteur déclara au il n'a pâ trouver Darés Phrygien ^n'en une feule Bihliothecpte , & de peur qu'on n'en doute , il dit que chacun peittfcavoirlà-dejsiis la veri~ té en faifant la même recherche. 11 avertit que s'il parle ainli , ce n'efl: point pour s'attirer des remer- ciniens de la part des Leifteurs , mais feulement dans le delTein de leur faire voir qu'on n'a rien négligé pour les fatisfaire. Un autre avis qu'il donne , c'eft que les traduc- tions Françoifes qui , dans le Dic- tionnaire de Moréri font attribuées à Mathieu Héret ( il veut dire Mar thurin Huret) à Jean de la Lande & à Mademoifelle le Fevre , font perdues , 6c que quelques mouvc- mens qu'il fe foit donné pour les déterrer il n'a pu y réuflîr. Qii'au furplus cet Auteur n'efipas inutile à mettre à la fn de cette Mythologie ^ farce » vai l'Hiftoire de Darés Phrygien ,' «écrite de fa propre main , qui par^ ïïle comme il paroîtpar le titre,des H Grecs & des Troyens , que j'ai fi- » delement traduite , Si à laquelle » j'ai jugé à propos de ne rien ajoiJtct » ni diminuer , autrement ce feroit "la changer , elle paroîtroit être de SI mes Ouvrages., 5c mettroit le M Lcdeur en fufpens.^ Nous lailTons aux Ledeurs \ examiner fi ces mots : Daretis ip~, fius manu fcriptam , ut titulus inai-i, cat, cjui de Gmcis étTro'tanis memor riA cemmendavit f fignifient comme on les rend ici. Hifioire tente de f* propre main , tjui parle , tomme il farttt parle titre, da Grecs & d$f C E CE M Troyens i ou s'ils ne fignifient pas plutôt , Hiflotre écrite de fa propre main , comme il paraît par le titre ^ & oit a traite des Grecs & des Troyens ? En cftet, il y a apparence que l'Auteur Latin qui parle ici , ne peut raifonnablement avancer que l'Hiftoirc dont il s'agit foit écrite de la propre main de Darés , qu'en fuppofant que cette circon- ftance eft marquée dans le titre ori- ginal ; faute de quoi on peut de- mander fur quel fondement il affu- re une telle particularité. De plus , eft-il naturel de penfer qu'un Tra- dudeur , pour apprendre à fcs Lec- teurs de quoi il s'agit dansI'Ouvra- ge qu'il traduit , s'avife de les ren- voyer au titre de l'Ouvrage. Ces autres mots : ^^am egofitm> yno amore complexus , continuo tran- fiuli. Sont-ils bien rendus par ceux- ci ? jQ«* j'ai fidèlement traduite. Quelques Lcdeurs ne penferont-ils B' R E ; I 75 i: 73^ point qu'il auroit été mieux de dire ijue je fus Jt ravi d'avoir trouvée ^ t^nt je me mis fur le champ à la traduire.- La tradudion des mots fuivans : Gui nihil adjiciendum , vel dimi-, nuenditm, rei fannidandtt caufâ^pu- tavi ; à laijHellefai jugé à propos de ne rien ajouter ni diminuer , fcra-t- elle approuvée de tous les Critiques,' & ne demandera-t-on point pour- quoi Rei fomiidandu canfa a été ici oublié par le Tradudeur î Nous paflbns le rcfte de l'A ver-? tilTcment dont la Traduâiion pour-; ra trouver tout de même quelques Cenfeius , & nous remarquerons feulement cet endroit de la fin où. l'on rend fed haSleniis ifia. Nunc ai foUicitttm revertamus , par ces mots; mais il efl terhs définir & de ctmmen', cer ce cfuej'ai promis. Nous ne dirons rien de la traduci tion de l'Hiftoire , cet article nous* meneroit troplçiib 740 JOURNAL DES SÇAVANS; NOVVELLES LITTERAIRES. ITALIE. De Milan. MAUtefla , Imprimeur de cet- te Ville , fe propofe de don- ner y«-4°. une Edition de tous les anciens Poètes Laùns, avec latra- dudion Italienne. Nous n'avons pu avoir que le titre de cette CoUec- tion,que voici : Corpus omxihm Ve- terum 'Poëtariem Latinomm, citm eo- runidem Italie à verfione. Tom uS vRiMus ET SECUNDus Continent L. p. Statu Thebaidos , e la Tebaide «/;' Selvaggio Porpora. Mediola- vii 1731. in Regiâ. Curià, perjofeph. EithinumMulettcfiam , &c. Un nouveau Programme Latin , publié par M. ArgeUti ^ nous ap.» prend qu'après quelques délais in- volontaires la Société Palatine a mis au jour le vingtième Tome du Re- cueil des Hifloriens d^ Italie , dont le fçavant& laborieux M. Aliirato- ri continue d'enrichir la Republi-" que des Lettres. Ce Volume qui eft dédié au Car- dinal Lambertini Archevêque de Bologne , fera d'autant plus agréa- ble au Public , qu'il ne contient que des Pièces qui n'avoient pas encore été imprimées , ainfi qu'il eft aifé de le voir par la Note que nous en allons donner. Nous en avons déjà ufé de même à l'égard des au- tres Voluinei que nous avons anou'; ces, lorfqu'ils ont paru. ELENCHUS TOMI VIGESIML Chronicon Regiense ab Ann» MccLxxii. uf^ue ad mcccxxxviii. uiitUoribus Sagacio & Petro de Ga~ z.ata Regienfibus , nunc pritnitm edi- tum ex Mfto Codice BéliotheCA £ften[ls. Memoriale HîSTORicuM Re- rum Bononienfium ab Anno mcix. ufque ad Mccccxxvin. AuBort Matthtto de Gnffonibus ^ nunc pri- mUm profenurex Aifîo Codice Bom» nienfi. HisTORiA MiscELLA BoTtmienjts Ab Anno mciv. ttfque ad Annnm Mcccxciv. AuUore prdfenim FrO' tre Bartholomao delU Pugliela Ordi- nis Aiinorum : Acccditejnfdem Cominuatio ufcjue Annum mcccclxxi. ab aliis Autlo- ribus Synchronis faUa. Omnia niwc frinmm in lucem predeunt è Codici- bits Mflis Bibliothcci» Eflenjts. JoHANNis Ser Cambii AuSioris Synchro>n Chronicon de Rebits geftis Lucenfium ab Anno mcccc. uf^ne ad Annum mccccix. nunc prirnum in lucem producitur è Mfta Codice Bibliothecdt AmbroJianA. Annales Estenses Jacobi de Delayto CancelUrii D. NicoLti Efienfis Afarchionis Ferrari^ , Auc- toris Synchreni ^ de geflis ipftus Adarchionis ab Anno Mcccxciir, ufque ad j»iccccix. nunc primUm D E C E M e^iti è Âdjîo Codice Bibliothee* Ejîenfis. MoNUMENTA HiSTORICA de n~ Rébus Florentinorum , AuElore Gino Capponio ab Anno mccclxxviii. uf^ue aà Annnm mccccxix. cum Continuationc Nerii iUiusfiliiuf^He ad Anmim mcccclvi. nunc frimkm ■prodeitm ex Adftis Codicibus Florett- unis. M. Argelati nous fait efpercràla fin de fon Programme que les To- mes 1 1 . & 22.du même Recueil ne tarderont pas à paioîcie. ALLEMAGNE. i ! D E L U B E C, M. Scharbau Miniftre de cette Ville a publié fes Obfervations fur plufieurs partages de l'Ecriture Sainte. L'Ouvrage eftcn Latin & eft intitulé : Henrici Scharban V. D. Ad. apud Lubecenfes , Objerva- tiones Sacra , ejiis AcadcrniA Secret- tario confcripta, ex Italico in Lati- num Scrmonem converfa : quibiis Commentarios , nova expcrimenta , & orationem de Alethodo injlituendi expérimenta Phyfica addidit Petrus- Van MulTchcnbroek , Phil. & Hiath. Profef. in Acad. UltrajcBinà. Lugd. Batavornm. Apitd.^oan. dr Herm. Verbeekz. 173 '• /«-4°. orne de j 1. planches gravées. L'Original de cette Tradudion Latmc dont M. MuffcbeubroekSiii prefent au public avec les additions indiquées dans le titre , a été im- primé in-folio à Florence en i66j. chez Giofeppe-Cocchini , Se eft in- titulé : Saagidi Natiirali Efperien- Z.e , faite neli'Academia del Ciment o^ Sotto la proteXJJone del Serenijf. Principe Leopoldo di Tofcana. Le même Ouvrage a été dans la fuite tradui't en Anglois par M. Richard- Valler , Membre de la Société Royale d'Angleterre , & publié in-folio à Londres en ié'84. chez Benjamin Alfp , fous le titre de : EJfays of Natural experiments , m'^de m the Académie del Cimemo. DdHd 744 JOURNAL D FRANCE. De Rouen, La Veuve HèraHÎt a imprimé : Traité Hiftorijue & Moral de l'ab- ftinencs de la vUmde & des révolu- tions qu'elle a eues depuis le commen- cement du mondf jufju'à prcfeni , tantparm: Ls Heureux que parmi les Payensjes Chrétiens & les Religieux Anciens & modernvs. Pat le R. P. Dom Grégoire 'Benhelet, Religieux Benedidlin de la Congrégation de S. Vanne&deS.Hyd'ulphe. 1731. Ce Traité eft divifé en quatre Parties. L'Auteur traite dans la pre- mière de l'abilinence des anciens peuples, & de celle des Chrétiens. Il fiit da-s la Icconde l'Hiftoire de l'abllinence des Religieux anciens & modernes. La troifiéme Partie traite pluileuts queftiens im- portantes touchant l'ufage &: i'ibllinence de la viande , pat rapport aux Religieux abftinens , èi dans la quatrième le P. Berthelet fe propofc de faire voir que c'eft un péché conddetable à des Religieux abllincns de manger de la viande fans neceilicé &: fans permillîon, De Paris. M. Camufat vient de publier fon Edition delà Bibliothèque âcCia- eonius , fous ce titre : Bibliotheca Lihros & Script ores ferme cimElos ab initto mundi *d nnnum mdlxxxiii. «rdine alphabetico completlens. Ane- ES SÇAVANS; tore & Col'eSlore F. Alfunfo CiAco- Nio , Ordinis Pradicatorum DoEîore Thiol go. Nanc primitm in litcem prodit ftadio & eum Obfe/vationi- hus Fr.incijci D ionyfii Camusatj, Vefuntini. Paniiis , apud Viduam Geo---aii Jouvenel , z'iâ Jnfula/^ue S-intli Ludovici , in iy£de -vitlgo de Brcronvilliers. ly^i. in-fol. Qiielque imparfaite Se quelque peu étendue que foit cette Biblio- thèque , puifqu'elle ne va que juf- qu'à la lettre E & finit .à Epimeni- des j M. Camufat a cru , avec rai— fon,rcndreun fervice important aux gens deLcttres en la mettant au jour. Nous ne manquerons pas de rendre incelTamment un compte exad: de tout ce qui concerne cette Edition qui efl: dédiée à Monfeigneur le Cardinal de Flcurv. La Théorie de la Manœuvre des Vaiffeaitx réduite en f-at^i^ue ^ ou les Principes & les Règles pour na~ viguer le plus avant agenfement qu'il ejt pojjible. Par M. Pi tôt de l'Aca~ demie Riyale d:s Sciences. Chez Q\iv\Ae Jon.b.rt ^ au coin de la rue des Mathuiins. i73i./«-4°. Voici le titre d'un nouvel Ou- vrage d'un jeune Géomètre de ly. ans. Diverfes Qtudramres crculii- res^ellyptiques & hyperboliques ; par M. Clairault le cadet. Chez Gab. Fr. Qnillau , rue Gallande. Ï731. Bro^h./»-iz. François Didot , Quai des Augu- ftins, près le Pont S. Michel, dé- fa ire /f P h d'i^ophe Anglais ^ ou ///- floi-re de Ad. Cleveland fils naturel de Cromvvel , écrite par lui-même , C?* traduffe de l'Anglais far l'Autaw D E C E M des Mémoires d'un Homme de Qualité. 1731. m-ii. 2. vol. Il doit y avoir quatre Volumes de cet Ouvrage. C'eft un Roman qui pa- roîc moins traduit de TAnglois que compofé par l'Auteur des Mémoi- res d'un Homme de Qu^tlité , dont les quatre' premiers Volumes ont ctéjmprimés à Paris en lyîo. & les fuivans en Hollande , où l'Au- teur s'eft retiré. Autre Roman , mais d'un goût & d'un flile différent du précè- dent. Les Avantures du Prince Ja~ i^ya , ou le Triomphe de l' Amont furl' Ambition. Anecdotes Secrètes de la Cour Ottomane. Chez Jacques €loHjier y rue S. Jacques , à l'Ècu B R E ; I 7 5 i: 745" de France. 175 2. 2. Parties. La vente des Livres de feu M.' Dodart , premier Médecin du Roi, doit fc faire en détail au commen- cement de Janvier 17 j 2. Le Cata- logue de cette Bibliothèque fc trouve chez Gabriel Martin^ rue S.Jacques, Louis Çtierin , dans la même rue , & chez Guillaume-De- nis David , Qiiai des Auguftins. Les mêmes Libraires viennent de faire une nouvelle Edition de la Bibliothèque choifis de M. Colo- miés , avec des additions & âj s no- tes de A4. Bonner-Bourdclot , dg M. de la Monnoye & d'autres , ea un vol. /'«-iz. Ddddii 74^ w ^11) îrû STB j-a S5S srs û?a jiBuTB i^aiTf a (ïtv GiBiitû sti G>a ?iî "Jis iiî tn> GW î*ï îlûit^ w BIBLIOGRAPHIE, 0 U CATALOGUE DES LIVRES DONT IL EST PARLE' DANS LES- • Journaux de l'Année 1731. Les Titres des Livres qui ne Jont qt^ annoncés âa.ns les Nouvdle^ Littéraires jeront indiqués far une Etoile. BIBLIA SACRA, INTERPRETES, CONCILIA, PROLEGOMENESd'une nouvelle Edition du Nouveau Teftament Grec, qui fera faice fur les plus anciens Manulcrics , j>age^ 37 * Brochure Latine contre ces Pro- légomènes , 56'3 * Nouvelle Edition des CoHciles du Père Labe ^ 59 * Commentaire du Pcre Calmet , traduit en Latin , Ibid, * Nouvelle Edition des Commen- taires de Cornélius à lapide fur toute l'Ecriture Sainte, 457 * Suite de l'Ouvrage de M-le Clerc, fur l'Ancien Tellament, 499 vid 6c des Cantiques de l'Eglifè^ par le P. Fellon , de l.i Compa- gnie de Jefus, ^00 *Nouvelle Edition de la Bible j. félon la Vulgate , par M. l'Abbé Hennecjiim , ihid^ * Les cmq Livres de Moïfe , tra- duits en Langue Egyptienne , * DilTertatiotis fur le Livre de Job j par M. {^^77.7 , ë^i * Le Pentatcuque en Langue Cophte , Jbido * Oblervations du Miniftre Schar- bauÇm plufieursPairages del'E" criturc Samte j 741 * Paraphrafe des Pfeaumes de Da- PATRES,THEOLOGI,ASCETlCl,LITURGICl, SCRIPTORES ECCLESIASTICI, &C. HetHRODOXI. Panégyrique de S. Auguftin , Evê- que d'Hippone , prêché dans l'Eglife des Grands Auguftinslc 28. Aoull 1730. par M. l'Abbé Ségiiy^ r B 1 B L I O * Nouvelle Edition des Ouvrages de S. Efhrim , 57 & * 4 jtf *Nouvelle Editiondes Ouvrages de S. Hilaire , pir les FP. Béné- dictins de S. Maur , 59 * DUrercarions Hilloriques du Père Oji , Dominicain , furdiffercns ulages des premiers liccles de l'Eglife, Ibtd. ï.cçons Tliéologiqucs furie Sacre- ment de Mariage, avec un court Traité des Cenfurcs, par M. ToHrmly , 8 8 * La Religion Chrétienne aullî an- cienne que laCrcation,iio 6^*250 *Penrées lecretes — Reflexions fur la Religion — - ReHexions fur la VieChrctienne , 121 * Les Oeuvres de M. de Lnunoy , I2i 6c 373 * Sui'-e des Sermons du R. P. U Boijfiere ^ 125 * Nouvelle Méthode pour réfuter l'établiffcment: des Eglifss pré- tendues Reformées , &c. Ibtd. * EfTai fur l'origine du Diable, 187 *Adesde la Nonciature ApoO.oli- que en Suifle , depuis 1723. juf- qu'en 1729. 188 * Nouvelles Conférences Ecclcfia- ftiquesduDiocéfedc Luçon^iS^ * Suite des Sermons choifis fur les Myfteres , la Vérité de la Reli- gion, C^c. yé/^. &*5i3 ia Défenfe des Livres Deutcro- Canoniques de l'Ancien Tefta- ment , 195 * Nouvelle Edition des Oeuvres de S. Clément d'Alexandrie , 250 * L'utilité j la vérité & l'excellence de la Révélation , JhU^ * Théologie de M. Tournely ^XYu-i GRAPHIE. 747 fage des Séminaires , 251 * Retraite Spirituelle fur les Vertus de J. C. 252 * Méditations fur la Paillon de Nôrre-Seigneur J. C. par feu le R . P. N icolas Sanadon , Ibid. Lettre d'un Dodcur Allemand de rUniveilîté Catholique de Straf- bourg à un Gentilhomme Prote- ftant, fur les ilx obftacles au fa- lut qui fe rencontrent dans k Religion Luthérienne , 292 * DivHS Paulits ^poftolus in Mari t^ucd nunc venetus Jîaus dicitur N'tuffitgHS & Melitit Ddmaten- fis ir;fit!a prifi naitfragium hofpes , * , 309 * Gy£ci Thcoiogi de Chriflo Pafcha fnum pramantr-è at(jne in Pane fermcntato célébrante dijfertatio a Thcologo Lntino Cenforiis No~ tis difpunBa & confittata , 313 * De Liturgia Romani Pontifiais in Sohn,-/7i Celebratione Miffamm , Libri duo ^ S<.c. 372 Méditations fur l'Evangile , Ouvra- ge Pofthume de Mellîrejacques- ]icmgnc Bojf net , 387' * L'Euchologe des Grecs du Pcre Goar, ' ji^^-j * De l'Imitation de J. C. traduc- tion nouvelle & littérale, 4J ^ * Francifci HyacimhtAmat de Gra- ve f on Epiftola ad amicum fcripta, ÔcC. 498 Sermons de M. l'Abbé Anfilme ^ Difîertation dans laquelle on prou- ve que l'Eglife n'a point refufé l'abfolution pendant les troi% premiers fiécles à ceux qui é- toieuc coupables de crimes capi^ 748 B I B L I O taux , par le P. 0>y; Dominicain, 544 Difïertation Apologétique > pour prouver contre M. BafnageVOt- todoxie de Sainte Perpétue , de Sainte Félicité i5i de leurs Com- pagnons Martyrs , parle P. Orfi ^ Dominicain , 547 * Magna Bibliotheca EccUfaflica , f Les Gémiflemens d'un Cœur Chrétien, exprimes dans les pa- roles du Pfeaume cxviii. Beati immaculati in via , 5 é'4 f^ Difcours fur la Comédie on Trai- té Hifîorique & Dogmatique des Jeux de Théâtre , &c. par le Perc le Bmn , Prêtre de l'Ora- toire, 5^9^* 51^ * Magnalia Dci in locis fubterra- fieis j 630 .*' Traité de la Nature & de la fin de la Sainte Cène , ^^i * Le Triomphe de la Vérité 6c de la Paix j ou Reflexions fur ce qui s'eit paflcde plus important dans le dernier Sinodc au fujet de MM. Saurin & Mathy , par GRAPHIE. J em-Louis 'B onvou/f ^ Ihid. * Reflexions fur la déclaration que M. Saurin a donné au dernier Sinodc, & idée jufte qu'on doit avoir de l'Apologie pour ce Pa- fteur j compofée par M. frefcit- rode , Pafteur & Profciïeur à Rotterdam , par un des Pafleurs de l'Eglife Walone de Leyden , * Traités du Libre-Arbitre & de la Concupifcence , Ouvrages Po- flhumes de M. Bojfuet , Evêquc de Meaux , Ibid; Diflcrtation Théologique touchant l'Invocation du S. Efprit dans les Liturgies Gréques & Orien- tales , par le Père Orf » 6 5 1 & * Défenfe des Miracles de J. C. * Expofition des preuves les plus fenfibles de la veritableReligion, par le P. 5;/J^i?^ , é'jj Traité de la Vérité de la Religion Chrétienne , tiré du Latin de M, J, A\plion[c Tunetin, 723 HISTORICI SACRI ETPROPHANL Les Monumens de la Monarchie Françoife , qui comprennent l'Hiftoire de France , avec les fi- gures de chaque règne que l'in- jure du tems a épargnées, par le R. P. Dom Bcmnd de Mont- faucon , Tome II. 3 — Tome III. * 500 Continuation des Mémoires de Littérature & d'Hilloire , Tome IX. Partie première , 1 1 Tome IX. Partie II. }fj — Tome X. Partiel. 716" Recueil de Pièces d'Hiftoire & de Littérature, 505 &* 378 Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences, année 172S. avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, pour la même an- née , 4i&:94 Mémoires pour fervir à l'Hiftoirc des Hommes lUuftrcs dans b B I B L I O G Republique des Lettres , avec un "Catalogue raifonnc de leurs Ou- vrages, Tome X. 54 * La Vie du Pape Clément XL 57 * u4nnotaz.iot}i foora i. xii. Cafari di i/£nea l^ico , Jbid, * Les Vies des Peintres Italiens qui ont vécu dans le ficelé paflé & au commencement de celui-ci , Ibid. * Brève Notizia délie AiJtichita di fiterbo , Ibid. Jtdotivi di credere tuta via afcofoe non ifcopertol'anno 16^^. il Sa-' cro Corpo di S. j^gaftino , 5 8 * La Gallerie du Duc de Florence , Ibid. & 249 * Nouvelle Edition de l'Hiftoire Bizantine , 59 & * 437 * Nouvelle Ldition de l'Hiftoire Eccleliaftique du P. Alexandre , 59 * Nouvelle Edition des Antiquités Gréques& Ram aines de ^>'<«t'o&:4î7 t Anecdotes Grecques, i%i 750 B I B L I O *Le Thcatre des Pallions & de la Fortune, 19' Nouvelle Édition des Oeuvres de SaUiftc, îi2 ElemensHiftoriques, Z}S Hiftoire de Mademoifelle cîe U Charce , 245 Lettre du Père Etienne Sauciet de la Compagnie de Jefus , à Mef- fieurs les Jfournalilces , au fujec de la Critique de la Bibliothè- que des Auteurs Ecclefiaftiques de M. Dupin , 247 * Nouvelle Edition des Ades des Martyrs de Dom ^«/'k^/'^, 250 * Hiftoire de l'Eglife , depuis la création du monde , en Anglois , Ihid. .*Antiquités du Comté deWarvik , 251 * Les Voyages de Churchill , Jbid. * Hiftoire de Dannemark , Ibid. Hiftoire Littéraire de la Ville de Lyon, 255 & 319 Hiftoire Générale de Languedoc , 273-358I&38} * La Vie de S. Jean Ncpomucene , 309 * De Romana, Republica , five de re militari & Civili Romanomm ad cxplicandos Scriptores Anijquos , 310 * Abrégé de l'Hiftoire Univcrfelle, par feu M. Claude de l'IJle, Hi- ftoriographe 6c Cenfeur Royal , 597 6c*3il ?LaCatanoife, om Hiftoire Secrct- te des Mouvemens arrives au Royaume de Naples , fous la Reine Jeanne première, 314 f La féconde feuille de la Carte des Environs de Paris , ibid. & *378 graphie; Hiftoire Naturelle, Civile & Ec- clclîaftique de l'Empire du ja- pon, 350-39?-'^ 4'f3 * Actes Publics de Rymer , 3 7 J * Traduction Angloife de l'Hiftoi- re de M . i^f Thon , Ibid. *iLa Vie de M. Clcveland fils natu- rel d'Olivier - Cromwel , J74 * Hiftoire des Révolutions de l'Empire de Maroc , depuis la mort du dernier Empereur Mu' ley-Ipnaél , 37 j * Paufanias ou Voyage Hiftorique de la Grèce, traduit en François avec des Remarques , par M. l'Abbé Gédpuin , 377 & 44 j * La Vie de Gabriel Dupineait , 377 La Découverte de l'Empire de Cantahar , 41^ Defcription Hiftorique des Châ- teau , Bourg & Forêt de Fontai- nebleau, 425 * Ouvrage de jr'adiiigus fur les Ecrivains de l'Ordre de S» Fran- çois, 4Î7 * Traduâiion en Italien du Dic- tionnaire de Aioréri , Ibid. * Suite de l'Hiftoire Secrette des Femmes Galantes de l'antiquité , 43S * Nouvelle Edition de l'Hiftoire de la Ville de Rolien , 4J5 * Le Tome IV. des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, depuis i6'66'. jufqu'en 16^^, Se le Tome III. de la Table Al- phabétique des Matières, Ibid. Contcftations importantes lur l'Hi- ftoire de la Grande Bretagne , 474 * Tradudion Angloife des Céré- monies BIBLIOGRAPHIE. inonies Religieufesâ: Coutumes desdifferens peuples du monde, 499 * Hiftoire de l'Illc Efp3ç;nolc oh de S. Domingue^ par le P. de Char- Uvoix , 501 Hiiloire de Genève , pat M. Spon ^ 5J0 &: 5SS Hiftoire Lirteraire de la Ville de Milan , 540 * Df Bononiertfi Scientiarurn & Aniiim infiituto at^ite AcademiÀ Commentani ^ 5 if i * Les Oeuvres de Tacite traduites cnAnglois, $61 *Tome fécond de l'Hiftoire du Théâtre Italien de M. Rxcoboni, .'^ Carte Géographique des Pays de Bierrc dit de fonciineblcau , de Hurepois , Gâtinoii & de la par- tie de la Brie , par M. l'Abbé Giiilben , Ibid. Supplément à l'Hiftoire des Guer- res Civiles de Flandres , fous Philippe II. Roi d'El'pagnc du Perc Famien-Simda Sic d'autres Auteurs , d'c. 6iZ *Diircrtation de M. Jablnml^i ^ Docteur & ProfclTciir en Théo- logie, fur Remphah , Dieu des Egyptiens , que les Ifracli- tcs adorcrent dans le dcfcrt , * Le Voyage du Prince Maximi- licn-tmanuel de finerrihere ^ cii Pologne , en Lituanie , en Ruf- fie , &c.. Ibid. * Les Annales de la France Orien- tale, en i.vol. iti-fJ. Jbli. * Hiftoire de ^Intérim de l'Abbé Schmidt , ihïd. * Hiftoire des Allemands qui fe font diftingucs par des Poiilies Décembre, 7;î Gréques , depuis le renouvelle- ment des Lettres julqu'à prcfenr, * Recueil de Pièces concernanc l'Hiftoire de la Haute-Saxe & des Provinces voilînes , Ibid. * Nouvelle Edition de la Traduc- tion de Tacite, avec des Notes Politiques &z Hiftoriques , pat Al. Amelot de la Houjfaye, Ibid. * Hiftoire de l'Augufte Naiilancc de Monfeigncur le Dauphin , Sethos, Hiftoire o« Vie, tirée des Monuraens Anecdotes de l'an- cienne Egypte , traduite d'un Manufcric Grec , 6^% Hiftoire du Baïanifme ou de l'Hé- rclîe de Michel Baïus , par le P. dttChcfne ^ delà Compagnie de Jcfus , 6j^ L'Hiftoire Divetfe du Sophifte Claude Elien , avec les Notes entières êicGcfne'-y de Scheffer ^ de le Fcvre j de Kithnins , de /*?- ri venins , Sic. 680 & * 435 * L'HilTioire du règne d'Edoiiard I. &c d'une partie du Règne d'E- douard II. iSc la Chronique d'E- doiiard III. par Gauthier d'E- mifigford ^ 691 * Hiftoire de Mahomet , par M. G ignier , Ibid. Hiftoire de la Guerre des Huftkcs 6c du Concile de Baftc , par Jac- ques Lenfant , 698 Défenfe de l'Antiquité de l'L'niver- fité d'Oxfort , 70 j Mythologie on Hiftoire des Dieux, des Demi-Dieux , & des plus II- lullres Héros de l'Antiquité Payenne , contenant l'explica- tion de la Fable & de la Méta- mofphofe, 7J4 lece 75i B I B L 1 O G * Le vingtième Tome au Recueil des Hilloriens d'Italie , 740 * Scipioijis-JUajfei Origines Etritfct & Latina , 74 1 *yo^. Frid. Chrijfii de NicoLio Aîdchiavello Libri très , Ibid, * Le troifiémc Tome des Hillo- ricnsd'Allemj':^ne, Ibid. * ContinLiation de THiftoirc Eccle- fialtiqiie Moderne des Prote- flanSj 74i * Biircbardi GotteJfii-Struvii Corpus Hiftnria Germ^inicti , Ibid. * Images des Héros (Se des Grands Hommes de l'Antiquié , dcifi- nées fur des Médailles, des Pier- res antiques , & d'autres anciens R A P H I E. Monumens , par 1 .Ânge-Cariini^ èc gravées par Pic.irt le Romain, 743 * Traité Hiftorique oc Moral de l'abftinence de la viande 5c des révolutions qu'elle a cires depuis le commencement du monde jufqu'à prefent , tant parmi les Hébreux que pnrmi les Payens j les Chrétiens Ss. les Religieux anciens & modernes , 744 * Le Philofophe Anglois oii Hi- ftoire de M. de Cleveland , fils naturel de Cromvvel , Ibid. * Les Avantures du Prince fahjiia^ OH le Triomphe de l'Amour fur l'ambition , 745, ORATORES, POET^, GRAMMATICI. Principes Généraux & raifonncs de la Grammaire Françoi'e, par demandes 5c par réponfes , 34 * Nouvelle Edition de la Traduc- tion Italienne du Paradis-Perdu de Ad thon ^ 59 Des Tropes on des differens fcns dans Icfqnels on peut prendre un même mot dans une même Lan- gue , par M. dit MarÇais , 115 Franeifci Alafclef , Prefbiteri ^ Ca- nonici Ambiarienfis Crammatica Ucbraica , 49550*126' * Le Brunis de M. de Voltaire , 1 27 Le Théâtre des Grecs, par le R. P, Bmmoy , 143 & 1Z6 La Henriadc de M. de Voltaire^i^j de* Él * Nouvelle Edition des Oeuvres de Regnard , 191 Elégies de M, l'ALbé le Blanc , avec un Difcours fur ce genre de Pocfie, &c. i\6 * Le fepciéme & huitième Tomes du Théâtre de la Foire , 152 Les Oeuvres d'AtilHde en Grec 6c en Latin , 260 E^ifcours fur les Critiques prononcé par le P. Tone de la Compagnie de Jefus , le 24 Janvier dans le Collège de Louis le Grand, 2S4 * Tragédies Chrétiennes de M. le Duc ^nntbal- Marchefe , 309 * Henrici Septimellsnjsi de diverfi- rare fortitnd CT Philofophia confo- lation? , Ibid. * Les Oeuvres du Chiahrera , Ibid. * Le cinquième & dernier Tome de la Caja , in-\'', Ihid, * Pièces Anecdotes du Gnidi ^ avec la Vie de ce Poète , ibid. * Deux Difcours de M. Vincent G ravina , 310 * Satyres ik autres Oeuvres de ^.-;- gnier , Ibid. * Nouvelle Edition Gréquc & \.ii- ùntà'fJéfiode ^ 373 * Nouvelle Edition des Odes d'-^e- B I B L I O G YACt , 374 &* Jfi'j * Tradiidion des Comédies de Tc- rence in verfi Sciolti , pai M. Fortiguerra , 457 *Teat>-o del Signor Marchefe-Sci- f ioni- Majfei , 458 * Grammaire Turque, 497 * Les Oeuvres d'Horace , gravées fur des planches de cuivre , 499 * Nouvelle Edition des Amours Pallorales de Daphnis ^ Cliloc , 501 * Traduiflion Françoife de toutes les Oraifons de Ciceron , 554 * Cantiques Spirituels de l'amour divin , Ibïd. La Bibliothèque des Poètes Latins .&: François , 5 8 4 & * 6 z R A P H I E. 753 Oeuvres de Clément Marot , nou- velle Edition , tfoj &* 37if Méthode pour commencer les Hu- manitcz Grcques &: Latines , par M. le Feiire de Saumnr , avec des Notes ^ des Lettres fur la manière de les enfeigncr dans les Collèges , par M. GauUisr , 6\^ * Nouvelle Edition de la première Philippique & des trois premiè- res Olynchiaques de DsmoJlherK, 6^1 Oeuvres de M. Rivierc-dii-Frefny , 1°1 Les Parodies du nouveau Théâtre Italien, 712 *£dition de tous les anciens Poètes Latins , avec la Traduction Ita- lienne , 740 PHILOSOPHI. Obfervations curieufes fur toutes les parties de la Phylique, ex- traites (Se recueillies des meilleurs Auteurs , Tome lir , 79 * Traité Philofophique 5c Dtatique de la Culture des Jardins , 1 10 * Lettre de Mrs Hanfotkcr , au fu- jet de l'Extrait qu'on a donné des Oeuvres de M. Hanfock^r leur père , dans le Journal d'Aouft 1730. 125 * Les Principes de la Nature ou de la génération des chofes , 117 ? Hirtoire des InfecT:es de l'Europe, dellînée d'après nature & expli- quée par Aldrie-Sibille-Adcrian , MI * Effai fur l'Hiftoire Naturelle des Ifles de la Floride , de la Caro- line & de Bahatra, 57J Phile, des prcprietezdes Animaux, iH * Le Monde fou préféré au Monde fage , 4^« Effai fur l'efprit , fes difFerens ca- ra(5l:eres ôc fes différentes Opéra- tions , y 19 Lettre de M. de S ni. . . . Médecin, à M. l'Abbé de M. D. L. ou Diffcrtation Critique fur l'appa- rition des Efprits, 5JI *Le Pourquoi ou la raifon de tou- tes chofeSj 5^1 * Nouvelle Edition des Oeuvres de Roger-Bacon , Auteur du xm° fiéclc , $6zS<. 691 *Tradudion Angloife des Entre- tiens Philolophiqucs du Père Régnant , Je fui te , ^é^ Obfervations fur le Plomb laminé. Mémoire fur le laminage duPlomb, ^piïM.Rcyhond ^ g- 5 8 * Abrégé des Ouvrages Philofo- E e c e ij 754 B I B L I O G fh'iqucsic M. Boy le , ^91 f Abrégé des Ouvrages Philolo- phiquss du Chancelier Bacon , JhtJ. *^ACobi Bntckçri oîinm vlndelicum , R A P H I E- (ïve melete»iatiirn H^florlcû ?hit»~ fophicornm Triq^a ^ 742 * Tentamina ex-penmemomtR riMU- Ki'ium Cci^torHM in tyicademià del Cimenta , 745 M A T H E M A T I C L * Defcription & ufage des Globes Celertc (Si Tcrreftre , 187 Harmonie des deux Sphères Celc- fte &: Terrcftre, ou la Corref- pondance des Etoiles aux parties de la ferre 305 * Nouvelles du haut des Alpes , 310 * Sectionum Contcnriim Elementa methodo fiiciUimâ demonflrata in tifitm jnventutis Académie t. ,1 bi d. * Philofophut Mathematica Nevv- toni.niic lUiifl-rata^ Torni duo , 511 ■* Methûdiis differenrialiSypve Trac- tatHs de Summatione & interpo- latione Senerum infinitammjbid, * Elemens des Mathématiques on Traité de la Grandeur en gcne- "1 , 312 JUR I DI C I E Recueil des Edits, Déclarations, Arrefts &; Reglemens qui font propres & partiajliers au Parle- ment de Flandres, T.Z * Nova Difamina délia Storia délie Pandette Florentine , 5 8 * Nouvelle Edition des Ouvrages de Vanefpen , 5 9 Recueil des principales Décifions fur les Dixmes , les Portions congrues i^ les Droits & Char- ges des Curés Primitifs , extfai- îes des Canons des Conciles & des plus célèbres Auteurs , &c. m *4nftru(aion d'un pcre à fon 61s , *De la Méthode d^obferver en Mer la dcclmaifon de la BoulTo- le, ^ 45 9 Nouveau Syftème fur la manière de défendre les Places par le moyen des Contremines , 45 f * Elemens de Mathemativ.|tie de M. Vivrignon ^ 501- Traité d'Horlogerie peur les Mon- tres îk les Pendules , 552 Recherche fur les Courbes à dou- ble Courbure , ^i 3 &: * 577 * La Théorie de la manœuvre des VaiiTeaux réduite en pratique , &c. par M. Titot , 744 * Diverfes Qiiadratures Circulaires Elliptiques &: Hiperboli^jues , par M. Clairattlt , ibid^ T P O L I T I C I. fur la manière de fe conduire dans le monde, ■ 127 Traité des Prefcriptionsde l'aliena'-- tion des bie'ns d'Eglife & des Dixmes, &€. 1^5-213 * Traité en Anglois fur les Dixmes, 18I Le Miniftre Public dans les Cours- Etrangères , fes fondions & fes prérogatives , ioo Différentes Qucftions de Droit fut les Jugcmens, par Thomas Cdr- levai, ^)^ Reflexions Politiques de Balthazar Gratian fur les plus grands Prin- ces, & particulièrement (uiff??* t B I B L «//'»;«^ le Catholique , }^o * Nouveau Corps de Loix Romai- nes, telles qu'elles ont été éta- blies dans rtmpire Romain , &. qu'elles font niainteuant remues 6c en ufige parmi la plupart des Nations de l'Europe , 374 *Corps Diplomatique du Droit des gens , 375 Décilions fur chaque article de la Coutume de Normandie , 3 90 Mémoires fur la Guerre , 432 Coutume du Comté Se Bailliage de Montfort-Lamaulry , Gambois, Neaufle-le-Châtcl, C^c. 476 * Tradudion Françoife de la Re- publique de Platon , 499 Traité des Cens , par Louis CerJinSy 5Z0 * Traduâ:ion en Efpagnol des In- ftitiitions du Droit Ecclcfiafti- que de M. l'Abbé Flcury , ^Si *,Traducftion en Erpagnol de la Science des gens de Cour^ de Robbe & d'Épée , Jbid. * Idée générale du Gouvernement ôc de la morale des Chinois , tirée particulièrement des Ou- vrages de Confiicius , 5 é' 5 ♦Les Privilèges des SuifTcs, cnfem- bleceux accordés aux Villes Im- périales &C Anfeatiques & aux habitanfde Genève, refidenscn France , &e. Ibid. Toutes les Oeuvres de Jean Gutie- rez. ^ Jutifconfulce Efpagnol , E D I C I. I O G R A P H I E. 7jy tant fur le Droit Civil que fui le Droit Canonique , 6'o3 Coi^itumes des Bailliages de Scns& de Langres , 6\o * Commentaire fur l'Ordonnance Criminelle de Charlc; V. ^50 *SingHlana ^nns Puhlic.Gurmanici Jtfipcrii , tf j I * Sticcintla minudiiEIlo ad metho- ditm difpittandt & confcnbendi- difpittaùo/ies Juridicas ^ ibid. Abrégé du Projet de Paix perpé- tuelle , inventé par le Roi Henri le Grand , approuvé par la Rei- ne Elifabeth, parle Roi Jacques fon Succelleur, par les Républi- ques ^ par divers autres Poten- tats; approprié à l'état prefenc des affaires générales de l'Euro- pe , 687 Des Partages par Souche & par r«- prcfenration, fuivant les Articles xviii. &: XIX. du Titre viii. de la Coutume du Duché de Bour- gogne, 6851 * Thefaitrus ^uris Romani , Conti- nens Rarhra. meliorum Interpre- tum Ofufcula , 692 * Nouvelle Edition des Décidons du Parlement de Dole , de Cn- vel y ' lifjd. * Traité des Dixmes en gênerai j * Nouveau Traité de la revocation des Donations , par la naiflance oufurvenaraccdcscnfans , Jbid, M Parallèle des différentes manières de tirer la pierre hors de la vclîîe, par Henri-François le Dran , té * Eloge de la Médecine & de la Chirurgie , 6l ? îiCtues de la tiès-fameufe Demoi' felle Anne-Marie Schurinans^Ihid. * Nouvelle Edition du Traité de i'organe de l'Ouie , &c. par M» Duverney , izi * Bibliothèque Latine des Mcde-; cins anciens & inodcinss , pas 75^ B I B L I O M.Manget; izi Rcponfe aux objedions qu'on trou- ve dans le Journal des Sçavans du mois de Novembre 1729. &c a quelques difficultés qu'on a faites contre la Diflertationde la refpiration , imprimée à Mont- pellier en 1729. I/O * EfTai Anatomique & Méchani- quc fur toute l'économie animale, 188 DilTertation de Médecine fur le denTechement des Vieillards ,210 Obfervation fur la maladie de M. Aianot de Bergemt , 240 * L'Ofteologie ou le Traité des ma- ladies , celui des Opérations Chirurgiques qui fe préparent furies Chevaux , 252 Remèdes qu'on peut employée pour la îbrtie du ver appelle communément Ver - Solitaire, Réponfe de M. Vietiffens , Doc- teur en Médecine de la Faculté de Montpellier, à l^X.Chicomenu, 27^ DilTertation comparée des mufclcs du corps de l'homme 6c de ceux du QLiadrupedc, e^c. 303 * Ofteologie de Jean Bagct , 314 Defcription Anatomique & Mé- chaniquc des parties folidcs du corps humain, par AntoincF;^«, 341 * Amenitez Médicinales de M. M I S C E L * Rlpofo di Raphaelo Borghini, 5 8 * Le Opère del Menz.iAi , ihid, ■* Entretiens Nodurnes de Mercure & de la Renommée au Jardin des Thuilleries ^ par Madame de Gomét , 6\ Diilionnaire Univcrfel de Com- merce, Tome III. ijp GRAPHIE. Qucftion de Médecine , fi les ali- men* allaifonnés de Sucre font favorables à la fanté , 420 DifTcrtation Phyfiologique de la refpiration, 452 Traité des Opérations deChirurgic, fondé fur le mcchanifme des or- ganes de l'homme, &c, 47^ * È/Tai fur la nature & le choix des alimens, 49 S * L'Anatomic de M. XiPinflovv , 501 Thérapeutique Spéciale pour les fièvres périodiques pernicieufes , par François Toc//, jitf * Aiangeti Bibliotheca Scriptoriim Keteritm ac recentionim orâine al- phûbetico Dige^A cum Iconihus , * Robeni IVslfiedtentamen devanis hominnm naturis ^ remediifque ad fngnlas accommodandis , &cc. "" Traité Latin fur l'utilité de la fai- gnée dans les maladies aiguës des enfans, ^31 Inftitution de Médecine Théori- que , comprenant la Phyfiolo- gie 5c la Pathologie , 713 Lettre Ecrite au Sieur René- Jac- ques Croiffant-Çarengeot , au fu- jet de la nouvelle Edition de fnn Traité de l'Opération de Chi- rurgie , 72a L A N E L Recueil de toutes les Feuilles de la Spelhitr'ice , I79 * Diffenatio Memh bumana , i S 8 * Oeuvres mêlées en profe & en vers , par M. le Comte Antoine Hamilton , 1 9 1 * Le Catalogue de la Bibliothèque de feu M. Geoffroy, 37!»' Bl B L I O G Efprit des Converlations agréa- bles ^ 411J * Epitaphe de M. Newton , 438 *Lcci:rcsCritiques iur le Paradis Per- du Se Reconquis de Aidton ^ 4 J9 * Lettre Latine de M. Mai tt aire ^ * Recueil de Difcours furdiverfcs rnaticrcs importantes , traduites ou compolces par Jean Barbey- rac ^ 500 & 63 r * Suite des Journées Amufantes de Madame de Gomés , 501 * Catalogue de la Bibliothèque Je feu M . Dodart , Ihii(. & 74 j * Nouvelle Edition desOeuvrcsde Quevedo , ^61 R A P H I E. 757 * Nouvelle Edition des Caradteres de la Bruyère , é^I * Prix propofé par l'Académie Royale des Sciences de Bordeaux pour l'année 173 2. ^32 * Nouvelle Edition de la Biblio- tlieque des Gens de Cour , Ibid. Recueil de Têtes de Caraélcres &c décharges dcflînées parLconard de Vimi , Florentin, ^71 * Le Journalifte Amufanr ou, le Monde Sérieux Se Comique , 69 5 * La quatrième Veillée de Thcffalie^ ' Ibtd. * Bibliothèque de Ci.icofiii'S , 744 * Nouvelle Edition delà Bibliothc- que Choifie de M. Colonnes , 74Ç TABLE Des Articles contenus dans le Journal de Dec. 173 r. ■ Ijhire de la Çnerre des Hujfites & du Concile de Bajle , page «^97 Dèfenfe de i'yfntiijnité de l'UrtiverJîté d'Oxfort , 70J. Oeuvres de M. Riviere-Ju-Frefny , 707 Les Parodies du nouveau Thé.itre Italien ^^C. 712 Jnfliiitti'jn de Médecine 7 héoriqiie ,^c. 71 J Continuation des Aiemoires de Littérature & d'Htjioire , Tome X.P. Lyi6 Traité de la Vérité de la Religion Chrétienne , &c, 725 Lettre écrite au Sieur René-^accjues Croiiîant-Garengeot , &c. 'jzô Mythologie o\i Hiftoire des Dieux, des Demi- Dieux & des plus illuflres Héros de l'Anticjuité Payenne , 8ic, 734 Nouvelles Littéraires , 74® Bibliographie , 746' PRIVILEGE D V ROY. LOUIS, par la grâce de Di'-u , Roi de France & de Navarre: A nos ame2.& féaux Confeillers , les Gens tenans nos Cours de Par- lement, Maîtres des Requêtes ordinaires deno- tte Hôtel , Gtaiid-Conlcil ,Baillifs , Sénccliaux, Prévôts, leurs ],ieutenans & à tous autres nos Jufticiers qu'il appartiendra : SaLUT. Notre amé Aféallerieiir JEAN PAUL BIGNON notre Bibliothécaire & Confeiller ordinaire en notre Confeil d'Etat , Nous a fait expofet qu'ayant fondirt la compofition & impteffion du Journal iei Sçavans depuis le commencement de ce fié- cle , il auroit obtenu de Nout par rapport audit Ouvrage deux Privilèges , l'un en datte du fcpt Aouft mil ft'ptcent un , Se l'autre en datte du trente Juin milfept cent quatorze pour quinze années , à compter dtid. )Our trente Juin , Nous fiippliant de lui en accorder un nouveau , pour faire continuer un Ouvrage aurtî utile au Public par les foins de Perfonnes aufîi veifées en tou- tes fortes de Littératures que ceux qui s'y font ap- pliquez jufqu'a prefent. Nous demandant de maïqucr pour terme dud- nouveau Privilc-ge la fin d'une année , chaque Volume dudit Ouvrage n'ayant fa pfrfeiJion qu'après l'impteffion des douicmois; Nous lui ayons permis & accot.lé par CCS Préfentes défaire imprimer led. Journal des Sçavansen François & en Latin , en grand & petit Volume , & en telle forme , marge âz raraûere qu'il fera jugé convenable par lui ou par ceux qui feront prépofex à la compo- /îtion d'icelui ; lequel Journal contiendra , conformément à nos Lettres c/-devaiit accor- dées aux Sieurs de Salo, Gallois & delà Roque, V*i4l/re^e t ExtfAït o:i'fu^emept de Cùntet jarrei ds Livrn , en tjKe!ilue /.ttngiie & Pnjs & jur quel- ^uei marieres ijHth foient imprimez* , de /^'U^:on , de fttrifpmdence Civile & Cunonique, de Giojrit- fhie , ie Chrom't^ie , d Hifiùite Sacrée & Pro- fh»ne,GénéraU (T PartirHliere, d'h'iftdire •li.aru- relie , de Médecine , ^naeomie_, Chymie y "BotA- rique, de SMache'mantjue » Géome'trie , ZAjtrctia' mie . Sitt'chxniqiie . d'^nhilcHure , Peinture & Sculpture, delliverfes Expérience!, de Rrlatiom de Voyages par mer & par terre , dti Explications de Ofédaillei , Infcripiions & autres Monumens , des Hijioriettes , Ramans & Pcijies i comme tujfi tel ^rrefis des Pa,ltmem , & Sentences des autres Situes , & J„r,fd,êHons Ecclefafliqan & Séculiè- res, Ordonnances des Evéques y 'Décijionsdes Z'ni'' verfitex. , Rcjotuticni des 'Boites fur toutes faites de Quejliims Hiftar' uci & Scientifijues , des i\{cmotres (^ 'I>ifi .trs ^cadceniqurs , Eloges des Hommes lllufires & Sfitvans , fl luvtllcsfur la .Arts & 1rs Sciences tirées des journaux qui fe fou dans les P^ys étrangers à l'imitacim de celui de France , & geuerAlemcni tout ce nui a été ju^é di- Itu de la curiojiié & de l\ttencion des Gens de Lettres , ou utile À l*az'ancement & à la perfec- tion des beaux ^rts , ainji que nous l'avons per- mis par nos Lettres précédentes , même de faire tmprimcr lefd. Journ^.ux des Sçavans depuis l'an 1664, jurqtî'à ce iour , en tout &: en partie ,lei- queis Journaux led. Sieur Expofant defirctoit fai- K imprimer & donner au Public , pourquoi il nous a trcs-humblement fait fupplter lui vouloir accorder nos Lettres de Privilège & Permiffion fur ce nec;;Taires , nous lui avons permis 3c ac- cordé , permettons &c accordons de faire réim- primer , vendre & débiter daas tous les lieux de notre Royaume led. Livre en telle marge , cara- âete, volume & autant de fois que bon lui fem- blera durant le tems de quinze années Se de- mie confecutives , à ommencer du jour de la datte des préfentes , pendant lequel tems Nous faifons très-exprertis inhibitions & dcffenfes i tous Imprimeurs-Libraires & autres d'imprimer , vendre, diftribuer ni débiter leJ. Livre fous quelque prétexte que cefoit, même d'impreffion Étrangère ou autrement, fans le cor.fcntement dii- ditSicur Expolant, apeinede quinze cens livres d'amende, confilcation des exemplaires contre- faits &de tous dépens , dimmages &intercfk , à condition qu'il fera remis t.ois Exemplaires d«d. Livre en notre Bibliothèque publique, & «n en celle de notre ttcs-cher & féal Chevalier , Cajde ies Sceau» de f i^ice le Sieui Ch^uvelin , av.int que de l'expofer en veiKS , à la chartrs audl que l'impreffion en fera faite en not"re Royaume 3c non ailleurs, fur de bon papier & beaux caraôéres , conformément aux Reglemens faits pour la Librairie 3c Imprimerie, le tout a peine de nullité des Préi'entes, lefquelles feront regiftrces fur le Livre de la Communauté des Libiaires de Pans : & vous mandons cS: enjoi- gnons que du contenu en ces Préfentes vous fartiez jouit ledit Expofant ou ceux qui auront droit de lui pleinement cV pailiblcinent , fans foiifTrir^ qu'il leur fort f^it aucun trouble m empêchement. Voulons qu'en roeitant copie des Préfentes à h fin ou au commencement dud- , Livre , elles foient tenues pour bien & duément fîgnifiées , & que foi y foit ajoutée & aux copies collationaées par l'un de nos ConfciUers Secré- taires , Maifon . Couronne de France & de nos Finances comme a l'original. Commandons au premier notre Kui/Tier ou Sergent Royal fur ce requis , de faire pour l'exécution des Piclentes tous Exploits de lignifications :, défenfes , faifies & autres Aftes de Juftice requis & necell'aires , fans demander autre permiffion , Placer, Vifa ni Parcatis , & nonobllaiit Clameur de Haro , Chartre Normande & Lettres à ce contra tes } Car tel eft notre plaifir. Donné à Pans le hui- tième jour de Juillet, l'an de grâce mil fept cens vingr-neuf , & de notre Règne le quatorzième, l'ar le Roi en fon Confed , SAINSON. R'giflré fur le R giflre VII. de la Chambre Ra-ial, dr Syndicale de la Librairie & Imprimerie dc'l aris , -IsL". 5 90./o/. iJWonfcrmc'rnenr au Rè- glement de 1723. qui fait défenfes. art. IV. i toutes perfiiines de quelque qualiié qu'ell. s foient . au tes que les I ihrairis & /mprtmeurs devendr!,- diliter & faire afficher aucuns /.ivres pour les iitndre en leurs noms, fjii qu'Ut s'en difeiit les ^u- tiurs , eu autttmcni . & a la charge de fournir le! Ex'mp'aires prejC'its par Vartic''. LVm. du me- me Srglement. ^ Paris le er.z.e Juillet mil fepc cent vingt-neuf. P. A- iE MtRCIER , Syndic. NOUS JEAN-PAUL BIGNON , Con- feillet d'Etat ordinaire, Bibliothécaire du Roi , ayant obtenu le Privilège du Roi en datte du huitième Juillet 1719. pour l'impreffion du Journal .lesSça^ans pendant l'efpace de quinze années 3: demie , .1 commencer au premier Juil- 1er dernier, t^ finiûànt au trente-un Décembre 17^. avons ccd.é J»; tranfporté au Sieur Hugues- ■D.tnul Chaih.rr, Libraire a Pans, le droit diidit Privilège, aux claufes & conditions fpécifiécs dansle l'iaité fait entre Nous & leditSieur Chau- beit. Fait en l'Hôtel de la Bibliothèque du Roi, à Pans le ^S. Décembre 171s- J.P.BiGNON. X-pflré furleRepflre Vll.de U Ctmmunluif drs Imprimeurs (g" /Jbraires de Paris , p.i^. +io. c^nfamémcni aux Reglemens , & ncieinment a. l' .'Imfl du Cùnfeil du If. .^cu/l 1 705 . A Paris U JO. "Décembre IJlf.P'/i. LhtJtiKClhR, Syiidif. t 1 ^ n y a W' M Y .'~P • ^ W, ¥■ 3 Siî) '■r.y--ff ^:^ . r^.jl&>.«^