liM y**/- m L E JOURNAL DES POUR VANNEE M. DCC. XL. JANVIER. A • P A R I S, Chez CHAUBERT, à l'encrée du Quay des Auguitins, du côté du Pont Saine Michel, à la Renommée Se à la Prudence. M. DCC. XL. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI. J3 LE OU RN A DES JANVIER. M. D C C. XL. EXPLICATION DE DIVERS MONVMENS SINGULIERS qui ont rapport a la Religion des plus anciens Peuples ; avec l'examen de la dernière Edition des Ouvrages de S. Jérôme , & un Traite fur V A- Jîrologie Judiciaire. Ouvrage enrichi de figures en taille douce. Par It R.P. Dom *** , Religieux Bènèdillin de la Congrégation de S. Aiaur A Paris, rue S. Jacques , chez Lambert & Durant , Libraires , l'un à l'Eniei-' gne de la Sagelle , & l'autre à celle de S. Landry. 1739. in - 40. pp. 4-S7. non compris la Préface. LE s Monumens qui font é- chappés à l'injure des tems , reftes toujours précieux aux Ama- Janv. teurs de l'Antiquité , ont quelque- fois un mérite plus réel que celui d'être antiques & rares. Ils répan- Aij f JOURNAL D délit de la lumière fur l'Hiitoire , les mœurs eV la Religion des Peu- ples qui onc devancé notre âge. Ceux mêmes de ces Monumens. qui font i!es énigmes pour les gens de la plus fine érudition ne Liùfent pas que d'être utiLs. On veut en pé- nétrer le Cens; cela donne lieu à des conjectures ingénieufes qui , quoi- que peu iatisiaiiàntes quelquefois- par rapport à l'objet qu'on s'y pro- pofe, étendent néanmoins les bor- nes de l'érudition par les fçavantes Diilertations qu'elles font éclorre. La profondeur des recherches re- compenle alors en quelque iorte du peu de jultefTe de l'application. C'eft un dédomagement dont on n'a pas befoindans l 'Ouvrage dont nous allons rendre compte , s'il répond à l'idée que l'Auteur en donne dans fa Préface. Dom Jac- ques Martin, connu par quelques Ouvrages aufquels l'érudition mi* fe en œuvre par une imagination vive donne un caractère lingulier , commence en ces termes la Pré- lace de celui-ci. » Voici un Recueil d'Antiques )>&: d'Antiques noitvelles.C'eft lans » doute fous ce titre qu'auroit du » paroître l'Ouvrage qu'on donne » aujourd'hui au public , mais on » a craint le contraire , & l'on n'a » olérien hazarder. Cependant ces " Antiques font nouvelles fon flambeau. Au côté droit de -• Li femme affile font deux hom- » mes ; l'un forme de la Trompet- •> te , l'autre remarquable pai la » ceinture qui le ferre , embouche •> une efpece de cor. Sur le milieu » du doffier du lit , en tirant vers » le chevet , s'appuye un enfuit » qui fixe fes yeux attendris lur la m perfonne morte , comme pre- » naftt grand intérêt a fa perte. A » la droite , Se fur la même ligne , >> un jeune homme couronné de •> laurier & revêtu d'une toge , » tient d'une main le fond du dof- » fier du lit & de l'autre foûtient fur » l'eftomac une boéte quarrée , » dont le couvercle quadrangulai- » re fe termine en pointe. Deux >> perfonnages femblables qui pa- ,) roillènt ne faire autre choie que » relever leurs habits , font aux » pieds de la morte. Un peu à l'é- » cart on diftingue un fover an- » tique , fur lequel eft un pot d'où » s'élèvent des bouillons &: des » tourbillons de fumée qui déro- » bent prefque la vue du couver- » cle. Enfin on apperçoit fous le » lit un chien accroupi avec les » pantoufles de la défunte. Telle eft la defeription que Dom Martin fait du. relief en queftion , où , félon lui , la principale figu- re eft une Dame morte , au lieu que M. Maflfèy ne l'avoit fuppofé que mourante ; erreur dans la- quelle il ne feroit pas tombé, fi, fui- varit notre Auteur , il n étoit ipé à fon attention plulîeurs rraits importans. Ce qui juftifie , ajoute Dom Martin , ce que M.. ES S-ÇAVANS, . y dit , qu'«w génie inthieni découvrira dans le relief des chojés qui ne feraient apperçués de perfon - nés. Deux circonftances prouvent que la Dame eft morte ; la pre- mière , qu'elle n'a point de bague : or , fuivant Dom Martin , c'étoit une pratique religieufè &: confian- te d'oter les bagues aux morts. La ieconde , le Génie qui éteint fon flambeau , c\r que notre Auteur prétend être un lymbole reconnu par tous les Sçavans pour défignex non les approches de la mort , mais la mort-même. Je paffe , ajoû- te-t-il , plufiews autres preuves éga- lement convaincantes que le marbre me fournit & que je remets a déve- lopper chacune dans leur place , pour obferver qu'il n'y a aucun fon - dément de fnppofer que les anciens fe foient avifés de représenter fur leurs Tombeaux une perfonne mourante , tandis que l'expérience & cette quan- tité prodigieuje de Sépulcres qui ont échappé aux injures du tems font foi qu'ils n'y reprefentoient que des per- sonnes mortes. Au refte Dom Mar- tin convient avec M. Maflèy que la Dame en queftion eft une fem- me de confédération , mais ce n'eft pas , félon lui , une conféquence de la perfection du bas-relief , comme l'avoit penfé M. Marfèy ; Dom Martin prétend qu'il nous refte un grand nombre de Monu- mens précieux élevés à l'honneur d'un fimple Soldat , d'un affranchi, enfin des gens de la plus balfe con- dition ; fur quoi juge-t-il donc que la perfonne eft une Dame de J A N V I qualité ? 77 en faut chercher la preu- ve , dit-il , dans le marche-pied qui tient a la chaife ou une des Dames eft afftfe , ou dans le bracelet de celle qui a le fein découvert. Le marche- pied étoit refervé aux per formes con- flituecs en dignité } comme on le tire d'une infinité de Monument 3 entre autres du Bouclier de Scipion y qui cfl dans le Cabinet du Roi } aujfi ob- ferve-t-on qu Homère le donnait a tous [es Héros. Il en êtoit,de même du bracelet , principalement de celui que les Dames port oient a cette partie du bras qui tient à l'épaule , témoin ce quant dit les Hifloriens de l'Empe- reur Maximin ( i ) , qu'il avoit le pouce Jî gros que le bracelet de fa fem- me lui fer voit de bague. M. MafTèy pa^e , fuivant notre Auteur , d'une erreur dans une au- tre ; après avoir iuppofé que la Dame n'eu: que mourante , quoi- qu'elle Toit morte , il prend mal à propos les trois perfonnages cou- ronnés pour des Prêtres qui ve- noient l'affifter a la mort & mar- moter , dit-il , des prières à la Déeffe Nénia , fous la proteclion de qui étaient , félon Arnobe , ceux qui étaient prêts d'expirer. Il fuppofe que la couronne qu'ils portent étoit la marque du Sacerdoce , d'où il faifit l'occafïon de dire qu'il y avoit chez, les gentils un Ordre de Prêtres ou Miniflres facrés qu'on ap- pelloit fimplement Couronnez. Voici les raifons que Dom Mar- tin oppofe à la conjecture de M. ( i ) Pollice ira vafto erat ut uxoris democherio uterctur pro annullo. Cap- tdin.in Maximin. ER, 1740. 7 MafFey. Il y a , dit-il , des mar- ques eflentielles pour reconnoître les Prêtres qui font en fondtion. i°. Ils font toujours voilés , ex- cepté ceux de Saturne , fané feien- dum , dit Servais , facrificantes di- vis omnibus caput velare confuetos ob hoc , ne fe inter Religionem va- gis aliquid offerret obtutibus : excep- to tantum Saturno , ne Numinis imi- tatio viderctur , quia Saturnus, ca- pite velato } ibi cernitur. 2.0. Lorf- que les Prêtres adrelfoient leurs prières aux Dieux fuperieurs , ils levoient les mains vers le Ciel , la pomme de la main tournée en haut , & s'ils prioient les Dieux inférieurs , ils tournoient la pau- me de la main contre terre. Or ces deux marques elîèntielles man- quent ici ; mais , ajoute notre Au- teur , pofé que la Dame fait vrai- ment morte , que font ici ces Prêtres} ne leur efl - il pas défendu d'entrer dans des m ai f on s où il y a des morts} GT afin qu'ils ne puiffent pas contreve- nir a la Loi-même fans le fçavoir ne met on pas des branches de pin ou de ciprès devant ces maifons J afin qu'ils les évitent & s'en écartent ? Dom Martin cite à ce lùjet l'auto- rité de Servius. On trouve dans cet Auteur que les Prêtres ne pou- voient entrer dans une maifon où quelqu'un étoit mort , qu'après le fixiéme jour qu'il en avoit été tiré, qu'il ne leur étoit pas permis de jetter les yeux fur cet objet fune- fte , qu'on portoit les morts au bûcher pendant la nuit , afin qu'on ne pût rencontrer fur le chemin ni Prêtres } ni Magiftrats , & que 8 JOURNAL D le mot latin Funus , dont le Fran- çois Funérailles a été formé, vient de Funalia , qui étoient des tor- ches qui fervoient à éclairer cet office funèbre. C'eft par cette rai- fon, fuivant notre Auteur, qu'Au- gufte voulant faire l'éloge funèbre d'Agrippa, avant qu'on mît le feu au bûcher, fit tendre un voile qui lui déroboit la vue du corps , afin que la dignité de Grand Pontife , dont il était revêtu , ne fût pas vu- neste'e. Tibère en ufa de même à 1 de fon fils. A l'égard des prières que M. Maffèy fuppofe que ces prétendus Prêtres adref- foient a la Déeffe Nénia , elles ne font pas mieux fondées , fuivant notre Auteur. Cette Déejfe , dit-il , nètoit pas née d.ans le tems que notre relief c',1 venu au monde ; il n'y a p. '.s un coup de cifeau qui ne le fijfe remonter jufqu'au fiécle d'sîugufte , & la Déejfe Nénia n'a été fur les rangs que trois fîécles après. La preuve que Dom Martin en rap- porte , c'eft que de tant d'Auteurs Chrétiens & Profanes qui ont fait l'énumération des Dieux du Paga- nifme , Arnobe Ecrivain du qua- trième fiécle eft le feul qui ait par- le de la Déelfe Nénia. D'ailleurs , ajoûte-t-il , Nénia cfl une Déejfe de l'invention de ce qu'on appelle Peu- ple ; ainfi quand, clic daterait de plus loin quelle ne fait , on ne pour- rait pas dire quelle fût dans le Ca- lendrier des gens de condition qui J'ont reprefentés fur f Antique. L'explication que M. Maffèy donne enfuite des deux hommes qui forment l'un du cor , l'autre de ES SÇAVANS, la trompette ne paroit pas plus fa- tisfaifante a Dom Martin que celle des trois perlonnages couronnés. M. Maffèy , après avoir remarqué que les anciens employoient quel- quefois la mufique pour guérir certaines maladies , fe rabbat tout d'un coup , dit notre Auteur , fur l'airain & fur le cuivre dont let Trompettes & les Cors font ornés ou compofés. M. Marfey prétend que le fon de l'airain lervoit à rompre les charmes, à faire fuir les malins efpiits répandus dans les airs , à chalfer les Lémures & à fufpendre tous les effets de la magie , ôc il en conclut que les deux hommes qui tonnent, l'un de la Trompette, & l'autre du Cor , font deftinés à rompre les enchantemens pour donner plus de force aux prières que les Prêtres adrellènt a Nénia en faveur de l'agonilante. M. Maf- fèy appuyé la conjecture de l'au- torité de Pline & de Tacite. Dom Martin commence par lui difpu- ter l'un 6\; l'autre. i°. A l'égard de Pline il parle du Ion de la flûte & non de celui de la trompette ; & c'eft une chimère , fuivant Dom Martin , que de vouloir changer contre la foi des manulciits & des imprimés le mot Tibicinem en ce- lui dsTubicinem. D'ailleurs Pline, en difant qu'on accompagnoit du fon de la flûte certaine formule de prières que les premiers Magi- strats , a l'exclufion des Prêtres , étoient obligés de faire en des ac- tions publiques , ne dit point que ce fût pour conjurer les malins efprits , ou pour les enchantemens. On J A N V I On -/l'avait recours , die notre Au- ceu r , au fon de la flûte & a tant d'autres précautions qu'afin de fixer l'attention de tout le monde & qu'on n'entendit que la voix des Aiagi- flrats au/quels les affiftans dévoient Je réunir cr Je conformer, obligation incompatible avec le fin de la Trom- pette (T qui détruit le changement que Ad. Afaffîy prétend qu'on doit faire de Tibicinem en Tubicinem. Voici le partage de Pline ( 2 ). Vi- dimufquc certis precationibus obfe- crajfe Summos Magiflratus , & ne quidverborum pnttereatur ,aut pra- fofterum dicatur s de feripto praire aliquem , rurfufque alium euftodem dan qui attendat ; alium vero pra- poni qui f aven linguis jubeat , Tibi- cinem canere , ne quid ahudexau- diatur. 20. A l'égard de Tacite , cet Hiftorien , dit notre Auteur , ne marque en aucun endroit que les Romains crulTent que leurs Prêtres rendoient par leurs priè- res les enchantemens inutiles ; tout ce qu'on trouve dans Tacite , c'eft: que les Romains tenoient qu'il y avoir des maléfices allez puirtàns pour faire mourir ceux dont on vouloit fe défaire , èc c'eft à l'occafion de la mort de Germa- nicus qu'il expofe le préjugé frivo- le de les concitoyens. On trouva Ci), écrit-il , des cadavres exhu- més ou tirés des mafures , des impré- cations , des forts , le nom de Germa- nie us gravé fur des lames de plomb t des os a demi brûlés & enfanglantès , (i)Win. H1ft.Lib.23.Ch. i. { 3 ) Tacit. Annal. Lib. z. Janv. E R , 1 7 4 o. p & autres maléfices qui paffent pour dévouer La vie des perfonnes aux Dieux Infernaux. Dom Martin , après avoir écarté l'autorité de Pline & de Tacite , foûtient que les Romains n'ont jamais donné dans l'extravagance de challèr les Lémures «Si les ef- prits mal-faifans au fon du Cor & delà Trompette , M. Maffèy , fé- lon lui , applique mal a propos à un marbre Romain ce qui n'étoit en ufage que chez les Grecs , en- core change-t-il de fon autorité pri- vée des chaudrons & des vafes d'ai- rain en des Cors & en des Trompet- tes. Inflrumens que les Grecs n'ont jamais employés à l 'ufage où il lui plait de les faire fervir. S'il eut jet- té les yeux ( ajoute notre Auteur) fur le Scoiiajle de Théocrite il y au- roit trouvé que la raifon pourquoi on frappoit fur des chaudrons & des vafes d'airain , cejl que les morts en aiment le Jbn _, qu'a Athènes les- Hyérophantes n'invoquoient Profer- ptne qu'en frappant un vafe d'airain- fait exprès & que les Lacé démo - mens ne manquaient pas de frapper un chaudron toutes les fois qu'un de leurs Rois venoit a mourir , & pour- quoi tout cela ? ceft , dit le même Auteur , parce que le cuivre ef pur de fa nature & qu'il a la vertu de chaffer les fpetlres & lesefprits im- purs. Dom Martin nous permettra de remarquer qu'il ne sert: pas fouve- nu dans cet endroit que M. Maf- fey n'avoit attribué aux Trompet- tes & aux Cors le pouvoir de chaf- fer les efprits malfailàns , qu'à B JOURNAL DES SÇAVANS, caoft de l'airain & du cuivre dont ils étoient ornés ou compofés , il n'ignoroit donc pas qu'on leur at- tribuoit cette vertu» Mais n'ctoit- ce que chez les Grecs ? C'eft ce que Dom Martin foûtient indubitable, «Se les Romains avoient , lelon lui, un moyen bïen plus limple de chafler les ombres malfaisantes & toutes celles qui vouloient les in- 3u '.ter. fis fi contentaient ( 4 ) , dit— , d. prcjjer avec force le fonce & le doigt du milieu & défaire tom- ber C'hii ci fur la paume de l.> main, ce bruit était efficace , felan eux , & écartoit fur h champ les âmes qui fe prefentoient. De même ( fl les ombres qui avaient quelque chofe a commu- niquer aux vivans avoient recours au même expédient OT excitoient le tKtme brun. Ilyavoit ' a , une autre occaflon oh les Romains faifoientfon ner leurs doigts de la même maniera c'efl lorf'quds prenaient ouvertement le parti de quelqu'un , & ce figne et oit paffê en proverbe : au contraire ( 7 ) j lui vouloient ils du mal , ils tournoient le pouce. (4) Signa dabant digitis medio cum poI:ice jurdo L'cairrat taciiônclcvis umbra lîbi. OwJ. Fa/i. ç. ( 5 ) Spirantifcjuc aninios S: voceni rai- fît : at i li Pollicibus fr.'gilcsincrcpucrc manus. Profert. Lib. 4. Lleg. 7. ( 6 ) l'olliçe cum faveamus prrmere etiam prouerbio jubemur. Pli», biijl. Lit,. i8.cA. 1.». 5. ( 7 ) Convcrfo pollice vuîgi Qiicmlibet occidunt popularitcr. )uvtn. Vtde Erafm.thilitd. 1 . (.ent.%.A4ag.^6. L'explication que M. Maffèy donne du pot d'où s'élèvent des bouillons «Se Je la famée eft une luite des conjectures dont on vient de voir la réfutation. Il devoir , fé- lon- lui fèrrô ou a contenir quel- que médecine ou a hiire des fu- migations par le moyen de cer- tains fïmplesj il rapporte à ce lu jet un paffage de Jofephe , qui dit qu'une certaine" herbe de la Judée appellée Baaras avoit la vertu de guérir ceux que les démons tour- mentaient. Peut-être auffi , ajoûte- E— il , le Pot contient quelque cho- fe qui regarde un Saerihce que les Prêtres couronnes préparent. Cet- te explication fvrppafe que la Da- me n'étoit que mourante , que les perlonnages couronnés étoient des Prêtres , &c. cV par confequent Dom Martin l'a combattu d avan- ce. Ce n'eft pas avec plus de fuccès, fuivant notre Auteut , que M. Maifèy donne l'explication du jeu- ne homme ailé qui éteint ion flambeau. Ce jeune homme ailé , dit M. Marrev , un génie qui marque par h fl ami eau renverfe que l 'agoni Jante était dans le bel âge & que le règne de l'amour s'attrifle de la mon Dns d'autres Antiques y continue-t-il , on voit deux figures femblables aux deux cotez, qui re- prefentem le fommed & la mort. Chez, les Hébreux les Rabin s font mention des Anges de mort. Dom Martin prétend qu'en cet endroit M. Maflèy eft tombé dans plu- sieurs erreurs. i°. Selon Dom Mar- tin , le génie eu queftion eft un J A N V I génie qui nailïbit Se mouroit avec nous , fuivant quelques-uns , ou qui , fuivant d'autres , nous con- duisit au tombeau & de-la au Co- cyte où il nous luivoit & nous te- noit compagnie. Il ajoute que M. Mafréy ne l'auroit pas pris pour XHimenée , s'il avoit eu devant les yeux le pailàge de Ceniorin , que voici. » Le Génie ( dit cet Auteur ) eft « un Dieu fous la tutelle duquel » chacun vit comme il eft né. Soit » donc • qu'il contribue à notre » naifïàiice , ou qu'il nailîe avec » nous , f oit enfin qu'il nous pren- « ne lous fa protection des que » nous venons au monde , il prend «le nom de génie du mot latin qui » lignifie engendrer. Il palîe pour » avoir un grand pouvoir & même » un pouvoir entier & abiolu fur » nous. Quelques - uns penfent » qu'il faut reconnoître & honorer » deux génies , mais feulement «.dans les maiions des pei tonnes » mariées. Euclide Dilcipie de So- » crate, loûtient au contraire que » nous avons tous deux génies , &c » cette créance eft bien établie dans » le Livre neuvième des Satyres «> de Lucilius Or le génie , a la » garde duquel nous avons été mis, » veille lur nous avec tant de loin, » qu'il ne s'éloigne jamais de nous » un leul inftant : au contraire il » accompagne nos pas depuis le » moment que nous venons au » monde , julqu'a celui que nous " rendons le dernier loupir. .2°. Dom Martin prétend que c'eft une féconde erreur de M, E R , i 740. j MafFey de fuppofer que les deu génies que les anciens mettoien quelquefois aux deux cotez des Sépulcres foient le fommeil &c la moi t. Au rapport de tous les bons Mythologues , dit notre Auteur , l'un eft le génie du mari , l'autre efl le génie de la femme qui eft reprejen- té fur le tombeau , ou même ce font les deux génies de la feule perfonne 'qui eft dans le tombeau fur lequel on les voit. Dom Martin ajoute que le fom- meil Se la mort n'ont jamais été re- prefentés fous la figure de génies , & il rapporte la defeription que Paufanias fait de l'un & de l'autre. «Dans une Ville de la Grèce ( dit " cet Auteur ) on voit une ftatuc » de femme qui tient de la main >■> droite un enfant blanc qui dort » 6c de la main gauche un enfant » qui femble dormir aufïï & qui a » les pieds tortus : l'infcription qui » eft au pied d'eftal marque ce " qu'on fçait d'ailleurs que la fem- » me eft la nuit , 6c les deux enfans » l'un le iommeil & l'autre la mort » dont la nuit eft la meie. Enfin une dernière erreur de M, Mafïèy , c'eft de confondre , fui- vant Dom Martin , les Juifs avec les Mahométans. Je ne trouve , dit- il , qu'un feul Ange de mort dans la Synagogue des Juifs de Buxtorf. A l'égard des Mahométans , on fçait qu'ils en admettent deux ; Dom Mai tin rapporte à ce lu jet un nalïage tiré du Traité des funérail- les de Guichard que nous croïons devoir omettre pour ne point trop allonger cet Extrait. Bij i2 JOURNAL D Après avoir rendu compte des conjectures de M. Maflfèy & de la réfutation qu'en fait Dom Mar- tin , nous allons palfer à l'explica- tion qu'il donne lui-même du bas- relief dont il s'agit. Dans une ma- tière fi conjecturale il eft (ans dou- te plus aile d'attaquer que d'éta- blir , ce fera au public a juger fi Dom Martin a raifon de fe croire auffi heureux dans l'un que dans' l'autre. Selon lui , il ne mouroit jamais perfonne chez les Romains qu'on ne \econclamstt , c'eft-a-dire qu'on ne formât auffi - tôt du cor & de la trompette ou de tous les deux a la fois , & cela fans aucun égard au cuivre ou a l'airain , mais pour farisfaire à un Règlement de Po- lice , dont l'origine étoit fort an- cienne , dit notre Auteur, fi l'on en croit Hygin , & qui l'etoit moins , fi on s'en rapporte a Pline. » Tyrrhenus fils d'Hercule [ dit » Hygin (8) ] vint habiter l'Etru- » rie & y fut l'Inventeur de la » trompette ; ce qui contribua à » mettre cet Inftrument en vogue, » c'eft l'ufage pieux où il l'employa » pour faire revenir les peuples » d'alentour que la cruauté de fes j) compagnons avoit éloignés & « difperfes : car comme ces der- » niers s'étoient portés a manger » de la chair humaine , les origi- » narres du Pays ne vouloient avoir » aucun commerce avec eux. Tyr- » rhenus donc ayant perdu un des » frens &c voulant guérir les voifins » de la prévention où ils étoient , (8) Hygin. Kib. 74. ES SÇAVANS, » qu'au lieu de l'enterrer, lui & fes " compagnons, en feroient un fe- » ftin , ionna de la trompette, les » allen.bla 8c les pria d'ésre té- » moins eux-mêmes, que bien loin » de manger leurs morts , ils leur » rendoient les honneurs de la » iépulture. Depuis ce tems - la » ( continue le Mythologue ) on a «donné à la trompette le nom de » Mélodie Tyrrhenienne , & les » Romains , a l'exemple de Tyr- » rhenus , ont obferve toujours la » pratique de fonner de la trom- " pette quand il leur meurt quel- » qu'un & d'atlembler leurs amis , «afin qu'ils rendent témoignage " que le mort n a ete m tue,ni em- » poifonné. Pline, dit notre Auteur, ne va pas chercher fi loin l'origine de la conclamation , & il dit , lelon Ser- vius ( 9 ) , que » la véritable raifon » pourquoi on lave les morts avec " de l'eau chaude &: qu'on les con- » clame de tems en tems & par iu- » tervalles , c'eft qu'il eft ordinaire » qu'on le trompe lur le jugement » qu'on porte touchant le dernier « foupirque rendent les mourans. » On croit fouvent qu'ils l'ont « rendu , bien que cela ne foit pas: » fur quoi il raconte qu'on a vu un » homme placé fur le bûcher don- » ner des marques de vie quand » il fentit le feu , mais qu'il fut » étouffe avant qu'on pût le fau- » ver : d'où on a pris occafion de «garder les morts pendant huit » jours Se de ne les brûler qu'a- » près qu'on auroit fait la dernière ( 9 ) Servius in IV. yEneid. verf. n8. J A N V I » conclamation. Nous avons cru devoir rappor- ter ces deux partages tout du long , parce que c'en: fur eux principale- ment qu'eft fondé le S'yftême de Dom Martin. Voila. , s'écrie-t-il , la conclamation clairement établie. On la reprenoit pluheurs fois pen- dant huit jours & fingulierement le huitième , enluite on brûloir le corps & l'on remettoit ordinaire- ment au lendemain à enterrer les cendres. Il faut bien fe garder de croire , fuivant notre Auteur, que la con- clamation dont il s'agit foit celle par où l'on terminoit les cérémo- nies des funérailles & qui confi- ftoit dans ces paroles que tous les affiftans proferoient à haute voix : ( i o ) Adieu , adieu 3 adieu _, nous te Cuivrons tout tant que nous fom- mes dans l ordre réglé par la nature. La conclamation dont je parle , dit Dom Martin , fe faifoit incon- tinent après que le mort avoit expi- ré & immédiatement avant qu'on lui fermât Us yeux , ou après qu'on les lui avoit fermés GT qu'on T avoit changé de place , je trouve même dans fii) Properce & dans ( i z ) Ovide quon pratiquoit quelquefois cette cérémonie pendant qu'on lui fermait les yeux. ( 10) Servius in III. iEneid. p. 378. ( II ) Aft nnhi non oculos qnifqiiam inclamaviteuntes Ununi impetrallem te revocante dicm. Propert. Ltb. 4. (11) Ncc mandata dabo : nec cum clamore fupremo Labentes oculos claudct arnica manus. Ovid.Triit. Lib. i.tleg. i. E R , 1 7 4 o; 15 Dom Martin fe fait faire ici une objection par M. Mafïèy , qu'il n'a pas de peine à réfoudre. Tou- tes ces autoritez ,■ dira peut-être M. Mafîèy , ( c'eft Dom Martin qui le fait parler) établiiïèntartëz bien la conclamation & prouvent qu'on y employoit la trompette , mais fêla ne décide rien pour le marbre où l'on voit non feulement une tromperte , mais un cor. Notre Auteur répond que les anciens employoient indifférem- ment le cor ou la tromperte aux mêmes ufages,enfemble ou féparé- ment ; d'ailleurs , ajoûte-t-il , l'ex- périence nous apprend que ces deux inftrumens en particulier produifent le même effet. Dom Martin prétend même qu'au rems de Pétrone les cors étoient plus en ulage que les trompettes pour exécuter les con- clamations d'apparat. Il rapporte, pour le prouver, un partage de cet Auteur. » Trimalcion [dit Pétrone » ( 15)] voulant régaler les con- " vives d'une mufique toute nou- » velle , donna ordre qu'on fît en- » trer dans la falle du feftin ceux » qui font métier de fonner du «cor, & s'étendant fur plulieurs » oreillers , qu'il avoit fair mettre » fur l'extrémité du lit ; faites » dit-il , comme fi j'étois mort , » chantez quelque chofe de beau à » ma louange. Aufïï-rôt ces gens » fonnerent des airs lugubres , fur- » tout le valet du Libitinaire , qui » étoit le plus apparent de la trou- .» pe , fe mit à fonner fi fort, que » tout le voifinage en fut ému, (i3)Petron. Satyr. Ch.78 i4 JOURNAL D » Ainfi la garde du quartier , >s ctoïant que le feu étoic au logis » de Tiïmalcion , rompit inconti- » nent les portes , & apportant de » l'eau & des haches , elle ufa du » droit qu'elle a de mettre le trou- " b!e par-tout. Ce partage , fuivant Dom Mar- tin , tranche toutes les diffieultez. Ne pourroit-on pas néanmoins lui demander , pourquoi fi c'étoit l'ulage de Tonner du cor , quand quelqu'un venoit d'expirer , la Gatcfe a cru que le feu étoit à la mailon de Trimalcion. Il étoit plus naturel , ce lèmble , de croire qu'il étoit mort* Quoiqu'il en foit , c'eft , fuivant notreAuteur, une conclamation que le bas-relief reprefente , & il con- clut du partage de Pétrone qu'on vient de voir, que les deux hom- mes qui fonnent , l'un de la trom- pette & l'autre du cor , font des valets de Libitinaires -, ce qui déci- de encore , félon lui , que les trois perfonnages couronnés font les Libitinaires eux - mêmes : mais avant que de vrnir à eux _, il efl a propos , dit - il , de faire quelques réflexion t que notre Monununt & les Auteurs que foi cités offrent na- turellement & qui ne font peut-être nulle part. >■> La première ert: que ceux qui » conclamoient les morts (e pc- » itoient de manieieque le fonde >> la trompette & du cor portât fur » leur tête, entrât tout entier dans » leurs oreilles & pénétrât toutes » les finuofitez du corps, où Pamë, » félon les anciens , auroit pu le -j cacher. ES S Ç A V A N S , » La leconde, qu'on découvroit » le feîn ou la gorge des perfon- » nés qu'on vouloir conclamer , » afin que le fon des inftrumens »fit plus d'impreiïîon fur eux Se " remuât plus ailément les fibres » où l'âme auroit pu s'attacher. » La troifiéme , qu'il y avoir » quelquefois un intervalle encre •> le moment auquel le mort ren- » doit le dernier loupir c\: celui où » on le conclamoit , comme il pa- " roît par ces vers de Lucain , qui •' décrit exactement tout ce qui le " pratiquoit dans ces momens. ( 14) » Sic funere primo » AttonitJt tacuere domits , curn cor- » pora nondum j> Conclamata jacent , ne c mater cri- » nefoluto » Exigit ad ftvos famulorum bra- » chia planilus : » Sed curn membra prerr.it fugiente » ngentia vitâ » Vulwfque exanimes , ocuiofque in " n.one jacentes ; « Nu dum eft il le dolor J fed jam » metus incubât Ornent , » Mirât arque malum. » La quatrième (15), qu'on les » conclamoit pour la première fois » dans la fituation même où ils fe » trouvoient en expirant & pour (14) Lucan. Lib. ;. v. 2 i.&(!i|. (15) teci j;im ad tricrmuRi deticciis atone conclanratus | rec iicra: ir.ortuns , ritnqiie patrio unm cic optin;atitu> pom- pa funebns publ.ci Ai C"...batur pu forum. Apul. Mctam. Lib. z. J A N V I & la dernière fois au moment mê- » me qu'on ailoic taire ce qu'on » appelloit alors & ce qu'on ap- " pelle encore aujourd'hui la l.-vee » du corps pour le porter en terre » ou au bûcher. » La cinquième ( 16) , que les » païens de ceux qui mouraient à » la guerre ou dans des pays étrau- « gers ou éloignés ne manquoient » pas de les faire conclamer dans » leur maifon , comme s'ils étoient » preiens ou qu'ils y fuilent morts. « La lîxiéme enfin , que le lit u fur lequel elt reprefentée notre » morte , eft le lit même fur le- » quel elle devoit demeurer ain(i » le premier jour : les fept jours » fuivans , elle devoit être expofée » fur un lit de parade , à l'entrée » de fa maifon avec des habits con- » venables à fa dignité , le vifage " découvert , & ayant les pieds » ( 17 ) fur le feiiil de fa porte. Notre Auteur ajoute encore que la nuit du huitième jour on fe reu- doit à la place publique où on plaçoit la perfonne morte vis-à-vis de la tribune aux harangues , & qu'un . de fes parens failoit ion oraifon funèbre , an la portoit en- iirite au bûcher & on l'y plaçoit avec le lit de parade ou elle avoit été expofée pendant fept jours. Ceux qui lui avoient fermé les ( 16 ) Clamor grauilantium pcr ur- bem vidores fuos pervaiît , & e* moeftis domibus qn* conclamaverant fuos pro- curritur in vias. Liv. Hift. Lib. %. (17) Ritu nattirar capite homincm gigni mos cft , pedibus efterri. Piin. Hift. Lib. VII. Ch. 8„ E R , 1 7 4 o. 1 ^ yeux , venoient les lui ouvrir êc mettoient le feu au bûcher , les affiftans alors fe partageoient en différentes troupes & célébroient des jeux & formoient des courfes & des danfe.s lugubres autour du bûcher. Quand le feu étoit pref- que éteint on achevoit de l'étein- dre en y verfant du vin & du lait , on ramaifoit les os & les cendres qu'on lavoit pareillement avec du vin , du lait , & on les renfermoit enfuite dans une urne qu'on por- toit au fépulcre. Il y avoit une femme qui prélîdoit aux honneurs des funérailles. & qu'on appelloit pour cette raifon Funera ou Fune rea. C'étoit elle qui prenoit l'urne la colloit fur fon fein & la portoit ainïî au fépulcre , & tant en ramaf- fànt les os & les cendres , qu'en les portant au tombeau elle étoit fans ceinture & fans fouliers. Dom Martin prétend que c'eft elle que reprefente la Dame qu'on voit fur le bas-relief aflife au chevet du lit de la défunte. Dom Martin vient enfuite aux trois perfonnages couronnés , & qu'il prétend être des Libitinaires, Quatre chofes , dit-il , Jout ici dèci- fives. Les boudions & la fumée qui fortuit du pot , Lqueleft , pour ainfi dire v a leurs pieds ; ta coutume de laver les morts incontinent après qttils étoient expirés ; la boëte que foutient un de ces perfonnages , & enfin les deux hommes qui jouent de la trempette & du cor. Les Libttinaires étoient chargés de laver les morts } de les parfumer & embaumer , de les porter au bit- irf JOURNAL DES SÇAVANS, cher & de là au tombeau , & de qu'ils avoient foin de palTèr fur le fournir généralement toutes les chofes neceffaires aux funérailles. Ils fe te- noient duis le Temple de la D'cff: Libitina & ils y tenoient auffi leurs drogues & tout ce qui concernait leur profe/Jîon Ils avoient des va ets ou des efclaves fur lefaucls ils fe dé- chargeaient d'une partie du travail dont ils étoknt quelquefois accablés. Ce qui fait voir qu'ils é.oient de con- dition libre ; mais leur condition n'empéchoit pas qu'ils m fuffent dans le dernier mépris. Or , fuivanc Dom Martin , les trois hommes couronnes Se qui font revêtus de toges , preuve de la liberté de leur condition , atten- dent que la conclamation foit fai- te pour laver la défunte : cepen- dant l'eau d.'ftinée a la laver ch.iuffe fur un trépied. La fumée & les boudions qui s'éUvent au de fus du pot marquent qu'on n'employait à cet ufage que de l'eau ^bouillante j dr cet oit afin que fi l: fon aigu & per- çant du cor & de la trompette , ne pouvoit faire revenir le mort ou le mourant de fa létargie , la chaleur de l'eau produisit au moins cet effet. Ce que l'Auteur alfure , qu'il n'a- vance que d'après Servius. Il ob- ferve enfuite que d'abord la fonc- tion de laver les morts avoit appar- tenu aux femmes , qu'on leur fub- ftitua enluite des hommes qu'on appella ( 1 8 ) Pollmcleurs , parce ( 18) Romana conructudo fuit ut motciiilavarentiir : ideoque hos qui hoc officium iraplcbant Pollinftores appclla- tos dicuni qui mortuis os poilinc obli- nebant nelivor appareret exùniSi. Serv. inifcneid. ?. veri.488. vilàge du mort de la farine dé- trempée avec de l'eau pour en ôrer la difformité. Nous ne le ouvrons pas dans cette digreffion , mais nous pallions a la raifon qu'il rend des couronnes qu'on voit fur la tête des trois perfônnes qu'il donne pour des Libirinaires. Sui- vant lui , la couronne de laurier n'étoit pas originairement la mar- que propre des vainqueurs , com- me on fe l'eft, dit-il , rauflèment imaginé. Ils ne la prenoient eux- mêmes , au rapport d'un ancien Auteur cité par i9 ) Pline , que comme un antidote contre le Cane qu'ils avoient répandu , Se pour fe purifier des fouillures qu'ils avoient contractées à la guerre : Feltus ( 10 ) tient le même langa- ge. Les Soldats , dit-il , qui fui- voient le char du vainqueur, por- toient une couronne de laurier afin de n'entrer point dans Rome fans être purifiés du fàng qu'ils avoient verfé , auffi ne le failbit-il aucune expiation fans laurier. Dom Martin ajoute qu'Ovide, Juvenal & mille autres Auteurs afî lurent que les Payens emploïoient un rameau^le laurier pour purifier non feulement les perfônnes, mais encore toutes les chofes qui pou- (ip) Quia fuffimentum fa caedishof. tmtn & purgatie . . . eadena purificatio- mbus adhibttur. Plm. H,ft. Lib XV Ch. 30. N. 40. (20) Laureati milites fequebantur currum tnomphantis , ut quafi purgati a ca-de humuna intrarent urbem. Itaque eaiiidcm huni.n omn.hus fuffitionibus adluben folitum erat. Feltus in Lauréat, voient JANVIER, 174 0. 17 voient fervir à l'ufage de la vie. maifons où on les appelloit , z Théophralfe , Sc Clément d'Ale- xandrie , Suidas Se Héfychius nous apprennent que les anciens regar- doientle laurier comme un préfer- vatif général contre toutes fortes d'accidens , c'eft pourquoi les uns en mâchoient , d'autres en por- toient une branche en guife de bâ- ton, &: d'autres enfin en mettoient devant les portes de leurs maifons. Célius-Rhodiginus dit que le lau- rier paifoit pour être un remède efficace contre les venins (21), l'épilepfie & les démons , & qu'il contribuoit fort à conferver la fanté , d'où on avoit pris occafion objet. Ce mot donc qui par lui- » môme a quelque chofe de revol- > tant , mérite d'être expliqué , & > l'Auteur le définit ainll : » Les pat- > » lions ne font autre chofe qu'un •> mouvement , quelquefois invo- 1 » lontaire de l'âme , caufé par ce 1 » que certains objets paroillènt PANEGTR1QVES DES SS. PAR LE PERE DE LA RVE-, de la Compagnie de je fus; avec quelques autre Sermons du même Auteur fur divers fujets. A Paris, chez Pierre Gify , rue de la Vieille Bouderie , à l'Arbre de Jelfe. £t chez Marc Rorddet , rue S. Jacques , à S. Igna- ce, 1740. Avec Approbation & Privilège r. voL in-n. Tom. fécond 5J pp. 394.fans une Table des Matières. S SÇAVANS, 1 avoir de conforme 014 de con- • traire a notre nature , lequel mouvement eft entretenu &: for- tihé par le cours des elprirs & du M. le Sage termine tout ce Vo- ume par une petite digredion fur utilité de l'étude. NO u s avons donné dans le Journal précèdent l'Extrait des Pièces qui forment le premier Volume de cet Ouvrage , il s'agit ici du fécond : il contient trois Pa- négyriques de Saints , trois Ser- mons fur les Myfteres de la Vierge, trois autres Sermons lur des Céré- monies Religieuies , & un der- nier Sermon pour l'ouverture d'un, Synode. Le Panégyrique de S. Pierre , c'eft le premier des trois , expofe l'exemple de ce Saint comme une leçon pour les J unes & pour les. pécheurs. Les Juftes , pour ne point préfumer d'eux-mêmes trop aifément , n'ont qu'a conliderer dans S. Pierre un Julie qui , mal- gré la fainteté de fon état, tombe dans l'apoftafie. I es pécheurs, pour ne point defefperer de leur retour à Dieu Se de leur falut , peuvent voir S. Pierre , non feulement re- concilié avec Dieu , malgré 1 enor- mité de fou crime , mais élevé à la plus fublime dignité de l'Eglife. De ces deux exemples que le Père de la Rué prefente avec force Se avec onélion ; il reluire deux im- portantes véritez : point de Jufte qui ne doive appréhender de dé- choir d'un état fi heureux : point de pécheur qui ne doive elperer ,. en retournant fîneerement à Dieu, la fuprême Béatitude. Dans S. André , dont le Pané» gyrique vient enluite, on voit le premier Dilciple , & le premie Apôtre. Le premier Difciple , par- ce qu'il fut le premier à connoître Jesus-Christ. Son premier Apô- tre , parce qu'il fut le premier à le. faire connoître. Dans l'état de. Dilciple, fa conduite nous éclaire fur la nôtre ,-par rapport à nous- mêmes. S. André , inftruit d'abord dans l'école de S. Jean , y puife h bien la connoinance & l'amour de, la vérité qu'il fe rend le Difciple. J A N V I E de J. C. fans y être déterminé par aucun miracle , fans y être attiré par aucun exemple , fans y être engagé par aucun intérêt humain : modèle que l'Orateur propofe , félon la remarque de S. Grégoire , comme un motif de confufion pour la plupart des Chrétiens. Nés dans le iein de la Religion, inftruits par des préceptes, environnés d'exem- ples ; ils le contentent d'être Chré- tiens en fpéculation , 6v ils rougif- fent de l'être en pratique. Dans l'état d'Apôtre , S. André donne l'exemple d'un zélé utile au prochain. Après avoir fait connoî- tre J- C. à ceux qui devinrent fes Apôtres , il le fait connoître en- core aux Nations étrangères. Ces Nations font diviiées entr'elles , la Foi vient les éclairer; La paix ne tarde guéres à les unir ; quel pré- jugé en faveur d'une Loi nouvelle, ou plutôt quelle marque de fainte- té ! Enfin , S. André meurt pour cette Foi qu'il avoit répandue : exemples que nous pouvons fuivre dans tous les tems & dans toutes les conditions. Nous naiflons in- ftruits , pour ainfi dire ; quel fe- cours pour être Fidèles ! Sans aller aux extrémitez de la Terre , nous pouvons concourir à l'établilïe— ment , à l'afrermilïement de la Foi-, il ne faut qu'édifier , par la prati- que des vertus , les hommes qui nous environnent. Enfin , nous pouvons fuppléer aux avantages du martyre par notre refignation , par notre patience au fujet des maux de la vie. Le troifiéme Panégyrique, & le R. , i 7 4 o. a * dernier de ceux que contient ce Recueil , eft celui de S. Jean l E- vangelifte. L'Orateur confidere d'a- bord dans le Saint le Dijciple , en- fuite V Apôtre , & en troifiéme lieu l'EvangeliJie. » Jeany entre les Dif- » ciples , fut le plus fenlïblement "aimé par Jesus-Christ. « Quel fut l'avantage le plus grand que Jean recueillit de cette prédilec- tion ; Il aima. Mais comment avoit-il mérité d'aimer ! Ici l'Ora- teur approfondit la différence en- tre le choix que les Princes font de leurs Favoris Se le choix que Dieu fait des fiens. » La faveur des » hommes , funent-ils les maîtres » du monde , eft aveugle ( dit le » P. de la Rue ) fouvent injufte ; » toujours du moins , foible Se «impuiflante : Aveugle , qui ne » s'attache qu'aux dehors , fans » pénétrer dans le fond du fujet , » qu'elle ne peut appercevoir : In- » jufte , ou par l'illufion qui la » trompe , ou par le caprice de » l'inclination qui la conduit ; » Foible & impuiflante. . . . puif- » qu'elle eft incapable de rien • » changer dans la perfonne , ni de » l'enrichir d'une feule vertu qui » la diftingue. ... De manière que » de dire de tel homme qu'il a l'o- » reille , qu'il poflede le cœur du » Prince ; ce n'eft précifément fai-- » re l'éloge ni du favori ni du mal-- » tre , « jufqu'à tems que les mo- tifs de cette faveur foient connus : » mais il n'en eft pas de même à » l'égard de Dieu ; être aimé de » Dieu , c eft dès lors , avec le fe- » cours de Dieu , autant qu'il con- 22 JOURNAL D » vient à la foiblelfe de l'homme , » être digne de cec amour. « De-Ià l'Orateur établie d'une manière convainquante, que le feul vrai bien eft d'être aimé de Dieu : que pour obtenir ce bien , il ne faut que le vouloir , mais le vouloir vé- ritablement. Jean , confideré comme Apôtre , » eft le plus constamment fidèle. » Comme Evangelifte , c'eft le plus » éclairé , & celui qui nous donne »les plus hautes idées de Jesus- » Christ. Il eft aifé de reconnoître , par l'onétion répandue dans ces deux dernières Parties , ainfi que dans la première , que l'Orateur eft ani- mé du zélé Se éclairé par les lumiè- res qui caraéterifent l'Evangelifte dont il fait le Panégyrique. Des trois Sermons fur les My- fteres de la Vierge , le premier eft fur X Annonciation , le fécond fur la Purification , le troiiiéme fur la Vijitation. Les deux premiers fout remplis de Préceptes qui regardent particulièrement la conduite des Grands. L'exemple de la Vierge dans Y Annonciation leur apprend premièrement à ne point recevoir les honneurs , les dignitez avec une confiance préfomptueufe : fe- condement , à ne les point pollè- der avec un orgueil faftueux : Se troifiémement , à n'en point rem- plir avec négligence les devoirs. » Nous nous trouvons toujours » alfez de mérite ( dit l'Orateur ) » pour les places mêmes qui de- » mandent le plus de difpolitions , » de génie. Oii fe confole du dé- ES SÇAVANS, » faut de capacité ; fuppofé qu'on » en convienne avec ioi-même , » fur la pénétration de l'efprit : Du «défaut de pénétration, fur l'ap- » plication au travail et : & ainfi d'un enchaînement de faullès ref- fources que notre amour propre étend à l'infini » A la premie- » te lueur d'une profpérité naifîàn- » te ; nous nous lailfons infatuer » d'une vaine eftime de nous-mê- " mes « : Nous nous eny vrons de l'idée d'une fuperioriré qui fè mar- que dans notre maintien , dans notre langage , & même jufques dans les égards que nous mar- quons aux autres , Se qui louvent nous en fait perdre tout le fruit : nous attendons , pour devenir modeftes, » qu'un revers nous ait » fait defeendre Se dilparoître , « «Se que nous fert alors ce change- ment de conduite ? » Erre humble » dans l'humiliation eft un médio- « cre mérite , mais ne l'être pas » feroit une extrême folie. Une » troifiéme erreur , c'eft de regar- » der les dignitez comme de purs » honneurs , Se non comme des » Charges : c'eft de ne fe propofer » que l'éclat dans les hauts rangs, » Se de fe dilpenfer des obliga- » tions «. Induîgens fur leur relâ- chement dans leurs devoirs parti- culiers, Se fur-tout dans ceux qu'ils ont en commun avec les autres hommes -, les Grands font févéres fur l'obfervation de ces mêmes de- voirs à l'égard des gens qui leur font iubordonnés, ils mettent leur vertu à exercer celle des autres ; ils fe parent des préceptes , Se J A N V I chargent autrui des exemples. Les trois Sermons qu'on trouve enluite ont pour objet des Cérémo- nies Religieuses ; une Vèture , une Profejjion. Il y a deux Sermons fur cette dernière Cérémonie , & l'on reconnoît à l'étendue qu'ils ont l'un & l'autre , fans fe relfembler par aucuns détails , combien un iujet Chrétien devient abondant TRAITE DES MALADIES FE'NE'RIENNES , TRADVIT du Latin de M. Afiruc , Médecin - Confultant du Roi , tkc. A Paris 3 chez Guillaume Cavelier , rue Sc Jacques , près la Fontaine S1 Seve- rin , au Lys d'or , 1740. 3. Vol. in-11. Avec Approbation & Privilège. E R, 1 740: 23 en maximes , en preuves , quand il eft employé par un Orateur qui joint aux reflburces de l'art les fen- timens d'un véritable zélé. Ce mê- me efprit fe retrouve encore dans le Sermon fuivant fur la vie exem- plaire des Prêtres. C'efttoutce que contient cette dernière Partie du Recueil. CE t t e Traduction , quoi- qu'elle doive attirer l'atten- tion du Public , n'étoit pas necef- faire pour rendre célèbre le Traité dont il s'agit : le fçavoir éminent , dès long-tems reconnu dans l'Au- teur , & juftifié encore par l'Ou- vrage même , avoit fufli pour le faire connoître aux Sçavans de l'Europe ( a ). Cependant pour mettre un plus grand nombre de gens à portée de le lire , on a jugé à propos d'en donner la Traduc- tion : d'autant plus que les perfon- nes mêmes aufquelles les matières de médecine font indifférentes , trouveront dans les Recherches Hiftoriques que ce Livre renferme de quoi faire naître & remplir leur curiofité. Au furplus nous ne de- vons pas négliger d'avertir , ainfi que nous en iommes inftruits, que cette Traduction , avant d'être mi- fe au jour , a été communiquée à [ voir aucune dilpute ni jalou- -» fie ^ncre elles. . . . Elle ordonne ■-» au contraire qu'elles vivent en- -■» iemble comme lceurs. La Reine ordonne encore, & cet article eft le plus remarquable par rapport a la queition dont il s'agit, «que tous les iamedis la Baillive » & un Chirurgien propofé par les « Confiais, vifiterontchaqueCour- •m tifanne ; 8c s'il s'en trouve quel- -*> qu'une qui ait contracté du mal... » qu'elle loit féparée des autres-... ->» afin qu'on évite les maux que la t» jeu nèfle pourroit prendre. AI. A. réfute ainii la conféquen- -ce qu'on tire de cet article pour ïoûtenir l'ancienneté du mal en queition. Pour le prévaloir , dit-il, de cette Anecdote , il raudroit commencer par prouver qu'il n'y avoir point anciennement d'autres maux caulés par la proftitution , que ceux du genre vénérien. Il fait enluite une énumération d'au- tres maladies aulquelles les fem- mes qui s'abandonnent à pluiieurs hommes font fujettes. D'où il con- clud que L'Ordonnance de Jeanne de Naples peut n'avoir eu d'autre objet que les maladies de cette efpece & non celles dont la Tour- ce, lelon lui , eil venue du nou- veau Alonde. A l'égard de l'efprit du Règle- ment en général, M. A. remarque que de pareilles Régies de bien- féance établies , ou feulement maintenues par une jeune Reine , car celle - ci n'avoir alors que 25 ans , ont pu , & peut-être avec juftice , donner lieu à ce que les Janv. E R , 1 7 4. o. 2; Hiftoriens ont écrit d'elle. A les en croire , il ne manqua à Jeanne de Naples qu'une éguillette fur l'é- paule , qu'elle négligea de porter. Dans le refte de ce premier Li- vre , AI. A. approfondit l'origine de la maladie dont il fait l'Hiftoi- re. C'eft , félon lui , de l'Ifle Es- pagnole, aujourd'hui Sc Domingue, qu'elle a été tranlmile en Efpagne, d'Efpagne à Naples : de ces deux- Pays en Trame : & c'eft de tous les trois qu'elle s'eft répandue dans le refte de l'Europe , dans i'ytfie & dans l' Afrique. Il ajoute qu'il y a cependant fous la Zone torride d'autres Pays où cette même con- tagion (emble avoir été naturelle. Il .examine enfiiite les périodes qu'elle a eus julqu'à prelent en Europe : Ceux que l'on peut con- jecturer qu'elle aura encore : d'où il tire -cette conféquence confinan- te : Qu'ayant diminué lenfible- ment julqu'ici , quoique d'une ma- nière bien lente , il y a lieu de croi- re qu'elle continuera de décliner , & qu'enfin elle difparoîtra un jour. Il termine ce premier Livre en rapportant d'anciens Réglemens faits lur cette maladie, concernant l'exil prononcé contre ceux qui en écoient affectés : les aumônes ôc les autres fecours que le gouver- nement leur faifoit donner ou que leur procuroient des exhortations faites par des Prélats. Eclairciflè- mens très - curieux , en ce qu'ils font connoître quel étoit ancien- nement l'état malheureux de ces fortes de malades , & la pitié qu'on avoit d'eux , fondée parti- D 26 JOURNAL D culierement fur la nouveauté de leur maladie. Dans le fécond Livre M. Aftruc expKqnc la nature, le caractère, la propagation , du virus vénérien. Il faic l'énurrtération circenftan- ciée des différentes méthodes em- ployées peur le traitement de ce mal : il marque les tems où ces méthodes ont régné & les noms de ceux qui les ont pratiquées : il rend compte des difputes élevées fur l'excellence de chacun de ces remèdes ; 8c fait connoîtré lajulre préférence donnée enfin aux fric tions tnercuritlles. Ce Livre Si le précédent éclairciuent donc les dif- rîcultez hifloriejitcs , phyjïologie/ues , Se pathologiques Ce qui forme le premier des trois Volumes de cette Traduction. Ce même Tome con- tient encore la Traduction de la Préface de M. A. Un avis du Tra- ducteur , Se une Lifte Chronolo- gique des Auteurs qui ont écrit fur la maladie dont il s'agît , depuis la nailïance en ^94. juiqu'en 1737. Le troifiéme Livre comprend ce qui concerne proprement la Mé- decine , M. A. ne regardant les queftions qu'il a fi bien dilcutées dans les deux Livres précédens , que comme un Ouvrage prélimi- naire. Il traite dans celui-ci de tou- tes les maladies vénériennes qu'il appelle locales . c'eit-a-dire , de cel- les qui font comme les avant-cou- reurs de la maladie principale qu'il nomme ririfverfttle'oiL confirmée , Se qu'il n'examine que dans le Livre fafvanr. Il expole donc ici les li- gnes diagnoitics Se prognofhcs de ES SÇAVANS; chaque maladie locale : Il donne enfuite , d'une manière très-éten- due Se tres-inftructive , la métho- de 1 pécifique de guérir chaque ge ra- re & chaque degré de ce* n : maladies : ce qui fat la matière du fécond Tome de cette Traduction. Le quatrième Livre comprend , comme nous venons de le dire, les caulès, les lignes & le traitement de la maladie vénérienne appellée par l'Auteur : univerfelle oxxconfir- c'eft-adire, répandue dans la malle du fang. C'eft ce qui for- me le troiiiéme Tome de cette Traduction. Dans les onze pre- miers Chapitres , outre l'expolî- tion des caufes , des fymptomes Se de la curation de ce Mal par l'ula- ge des frictions ; on trouve des Obfervations très-importantes fur des maladies qui reftent quelque- fois après ces mêmes frictions : l'Auteur diftingne celles qui font guénifables & celles qui font prêt que incurables. Dans les 17 der- niers Chapitres M. Aftruc propofe quelques remèdes particuliers qui font excellens , ou du moins crus tels, pour les maladies locales Se pour Y univerfelle. Il faut oblerver que le Traduc- teur s'arrête a la fin de ce quatriè- me Livre : on lit dans une note jointe à la Préface , qu'il n'a pas cru les deux derniers Livres de ce Traiié necefïàires aux perfonnes pour l'utilité defquelles il a traduit les quatre premiers. Nous allons rendre compte ici iommairement de ce que contiennent le 5'™ Se le fixiéme Livre : outre qu'ils ren- JANVIER, 1740. 27 dent ce Traité plus complet, ils garde comme évidentes. Nous ai- ne méritent pas moins par eux- Ions en expofer ici quelqu'une ainfi que les précedens , avec brièveté ; c'eft ainfi que nous l'attention des Lecteurs éclairés, Ces deux Livres forment non- feulement une Bibliothèque Chro- nologique des Auteurs qui ont écrit lur le fujet ici traité , mais on y trouve encore en extrait tout ce qu'il y a de remarquable dans ieurOuvrage. Eclairciffemens d'au- tant plus utiles qu'ils peuvent fer- vir à démafquer certaines prati- ques , prétendues nouvelles , que propofent les Charlatans , & qui ne font la plupart que des remè- des abandonnés des long - tems comme inutiles ou même comme dangereux. Ces extraits font ran- gés dans un ordre Chronologique. Le cinquième Livre traite des Au- teurs qui ont écrit depuis la naif- fànce de ces maladies julques en 1600. Le fixiéme Livre continue cette énumération & ces remar- ques jufqu'au tems où M. Aftruc donne fon Traité.. De tout ce qui eft rapporté dans ce fixiéme Livre , il refulte quel- ques obfervations ou maximes très-importantes que M. A. em- ployé dans fa Préface , & qu'il re- terminerons cet Extrait. » Que le mal dont il s'agit ne » peut jamais s'engendrer de lui- » même , & qu'il n'eft qu'un le- » vain étranger qui fe renouvelle » toujours. » Que ce levain , caché quelque- » fois plufîeurs années dans le lang » fans adion & par conféquent » fans donner aucun ligne d'exi- » ftence , peut fe développer fubi- » tement &c même avec une extrê- » me violence. » Que le Mercure & les prépara- » tions mercurielles lont l'unique » remède & dont l'effet eft ttoû- » jours fur , pourvu qu'ils foient » employés avec précaution. Nous aurions lieu d'ajouter à cet Extrait de juftes obfervations fur l'étendue , l'ordre & la clarté que M. Aftruc a données a ce Traité. Mais les Ouvrages précedens & le témoignage de tant d'auditeurs qui vont journellement au Collège Royal recueillir les leçons de Mé- decine , ne nous biffent rien à dire de nouveau fur fa manière d'ob- ferver , de penfer & d'écrire. Dij rS JOURNAL DES SÇAVANS, HISTOIRE MILITAIRE DE OURLES XII. ROIDESVEDE, depuis l an 1700. jufqu'a la Bataille de Paltowa en 1 709. écrite far or- dre exprès de Sa A-Iajefié : par M. Gu/lave Adlerfeld , Chambellan du Roi. On y a joint une Relation exaïle de la Bataille de Pultowa , avec un Journal de la retraite du Roi à Bendtr A Amfterdam , chez J. U'et- flein &: G. Smith, in. n. Tom. I. pag. 454. fans l'Epure Dédicatoire adreffee au Duc de Sebelefinig.- Holftein , Se fans la Préface. Tom. IL pp. jz7.T0m.III.pp, 547. & Tom. IV. pp. z+o. QU o 1 Qj' e l'on aie déjà plu- lieurs Hiftoires des Campa- gnes de Charles XII. le Livre donc nous allons donner l'Extrait n'en -nu rite pas moins d'être lu par les Militaires & même par tous ceux qui veulent être infttuits avec exactitude de ce qui s'eft palîé de plus' mémorable dans leur liecle. Un Ecrivain , qui a vécu dans les Camps du Héros dont il raconte les exploits , doit en faire des ré- cits plus fidèles que les Auteurs qui n'ont compelé leurs Hiftoires que fur les Mémoires d'autrui , & qui ont parlé de guerre fans l'a- voir jamais vu faire. Il eft comme impoffible que ces derniers don- 1.. ntà connoitre ce qu'il v a eu de fingulier ou de merveilleux dans une action , suffi-bien que celui qui s'y eft trouvé. C'eft au Pilote , irgile , à nous entretenir des vents , c'eft au Laboureur à dis- courir fur l'Agriculture. Notre Auteur , fils Je Charles Adlerfeld , Tréforicr ou Maine des comptes a la Cour de Suéde, naquit en 1671. Son grand - père : avoir été Stadhalter de Rével en Livonie". Guftave Adlerfeld, après avoir fait les études à Upfal , par- courut une partie de l'Europe , comme ont coutume de le taire les jeunes gens de Ion Pays , Se après quelque lejour en France , il retourna dans la patrie , attaquée pour lors pat les Rois de Pologne & de Dannemarlc Se par le Czar de Molcovie , ligués en 1700. con- tre elle. Il y fut prelenté par le Duc de Holftein -Stefwig au Roi Charles XII. qui dès lors le mit au nombre des Gentilshommes atta- ches particulièrement à Ion Servi- ce. Mais le jeune Adlerfeld , rete^ nu par les affaires domeftiques, ne fut pas en état de fuivre le Roi , lorlque ce Prince , après avoir fait la paix avec le Roi de Dannemarlc, s'embarqua pour palïèr dans la Lir vonie qu'il alloit défendre contre Augufte Roi de Pologne , qui, à la tête d'une puilTànte armée, atta- quoit cette Province de la Couron- ne de Suéde. Ce ne fut donc qu'en l'année mil fépt cens un que notre Auteur ie rendit a l'Armée Sue- doife qui faifoit la guerre en Livo- nie. Le Roi informé que M. Adler- feld , avoir entrepris d'écrire un Journal des Campagnes des Sué- dois , depuis la guerre commen- cée en mil fept cens , Se après J A N V I avoir vu le commencement de cet Ouvrage , eut la bonté d'honorer de Ion approbation l'Auteur & de l'exhorter à le continuer. Charles XII. fit encore plus. Il donna or- dreà.ibn Confeil de fournir à M. Adlerfeld les Mémoires necelïai- res , & il chargea Tes Généraux & les principaux Officiers de Ion ar- mée , de lui communiquer les re- lations de toutes les actions de guerre, tant fur terre que fur mer. C'eit avec ce fecours que l'Auteur acontinué fon Journal jufqu'à la bataille de Pultowa en 1709. où il fut tué d'un coup de canon à côté du brancar fur lequel le Roi , qui étoit bielle , le faifoit porter. Jamais Ouvrage n'a couru plus de rifque de fe perdre que celui dont nous parlons. Il n'a été con- fervé que par une eipece de mira- cle , &c voici comment. Le Prince Maximilien Emanuel de Wirtem- berg s'étant attaché au Roi de Sué- de, le Roi mit notre Auteur au- près de fon nouvel ami , qui étoit encore dans la première jeunelTè , comme un homme de confiance dont il pouvoit luivre les confeils. M. Adlerfeld étoit encore auprès du Prince de Wirtemberg en cette qualité , lorfque la fameufë ba- taille de Pultowa fut donnée. Le Télémaque , fi j'ofe m'exprimer aiiifi , v fut fait prifonnier & le Mentor y fut tué. Leur bagage y fut pris par l'ennemi , & c'ctoit dans un des coffres de ce Bagage que fe trouvoit l'Ouvrage dont nous rendons compte aujourd'hui. Heureufement le Czar mit le Priri- £ R ] 1 7 40.'" 29 ce de Wirtemberg en liberté , & même il ordonna qu'on lui rendît fon bagage parmi lequel celui de M.Adlerfeld fe trouvoit confondu. Ainlî le manufciit de ce dernier fut recouvré. Le Prince de Wir- temberg étant mort quelques mois après la bataille de Pultowa , le manufciit dont nous venons de parler fut envoyé à Stutgard , où il fut remis dans la fuite à un des frères de l'Auteur , Charles Adler- feld. Celui-ci étant mort en 1722. l'Ouvrage paiïà entre les mains de Charles Maximilien - Emmanuel Adlerfel , fils unique de l'Auteur. C'en; ce fils qui a fait la Traduc- tion Françoife du Journal de fon père , laquelle on vient de publier. Notre Langue eft a prefent d'un ufage ii commun dans le Nord , qu'on ne doit point être furpris qu'un étranger la fçachealfez bien pour l'écrire. La deftinée de M. Guftave Ad- lerfeld étoit de trouver des Tra- du&eurs dans fa propre famille. Dès l'année mil fept cens fept une partie de fon Journal fut traduite en Langue Allemande par de Steben qu'il avoit époufée en mil fept cens quatre , & qui étoit fille de M. de Steben , un des Membres de la Régence des Du- chez de Bremen & Werde , établie à Staden , & cette traduclion fut même imprimée alors a Wirman. Il eft rare qu'une femme rende de ■ pareils fervices a fon mari. » Comme l'illuftre famille de » notre Auteur ( c'eft l'Editeur qui » parle ) s'eft diftinguée d'une ma- 3o JOURNAL D »> niere éclatante fous le régne de » Charles XII. , & qu'elle occupe " encore aujourd'hui des emplois » honorables , nous croyons que » le public verra ici avec plaiiîr » quelques circonftances qui con- » cernent les frères de GuftaveAd- » lerfeld. « Les bornes d'un Ex- trait ne nous permettent pas de tranferire ici ce que dit cet Editeur du mérite tk de la fortune des trois frères de notre Auteur. Nous rapporterons feulement ce qu'il nous apprend concernant Charles- Maximilien-Emmanuel Adlerfeld , qui , comme Traducteur du Livre de (on père , femble avoir droit d'occuper ici quelques lignes. » Charles naquit à Wilmar en » 1706. Il fut envoyé aux deux » Ponts quand le Roi Staniflas y » faifoit fa réfidence. Son oncle » Charles Adlerfeld l'y fit élever » avec beaucoup de foin , & le » prit avec lui dans un voyage » qu'il fit à Paris en 1717. Apres » la mort de fon oncle arrivée en » 172.1. il entra au fervice du Hol- » ltein. En 1715. il fe rendit à » Vienne pour y faire les fondions » de Secrétaire d'Ambatïâde. De- » puis huit ans , il eft attaché à la » peribnne du Prince héréditaire , » à prefent Duc de Holftein , en » qualité de Gentilhomme de fa -> Chambre. Le Livre dont nous donnons l'Extrait contient , outre le Jour- n al de M. Adlerfeld , une Rela- tion de la bataille de Pultowa , &c de la retraite du Roi de Suéde à Bender , après cette malheureufe ES SÇ WANS, journée. Ces deux morceaux d'Hî- ftoire iont de la main de person- nes qui ont été le-s témoins ocu- laires des évenemens qu'ils racon- tent. Le dernier avoir été déjà im- firimé a Hambourg , mais interpo- é & défiguré par les additions que le Libraire y avoit fait faire par des vues interelfées 6v qu'il eft fa- cile de deviner. On le donne au- jourd'hui tel qu'il a été revu & corrigé par M. le Baron de Neuge- baver , qui fut l'un de ceux qui ac- compagnèrent le Roi de Suéde dans fa retraite en Turquie, & qui eft à prefent Chancelier de Sa Majefté Suedbife pour la Poméra- nie. S'il eft des Livres a qui le mon- de ne foauroit rendre la juftice qu'ils méritent, fans en connoître les Auteurs , ce font les Livres qui contiennent l'Hiftoire des grands évenemens arrivés de nos jours. Il en eft de ces Auteurs comme des témoins. Leur caractè- re perfonnel donne toujours ou plus ou moins de poids a leurs dé- polirions. Nous nous contenterons de rapporter ici quelques endroits du Livre dont il s'agit. Les évene- mens qui en font la matière font fi recens , ils font fi mémorables que perlonne ne les peut avoir ou- bliés. Le premier Volume contient ce qui s'eft paifé depuis la guerre que le Roi Augufte , le Czar & le Roi de Dannemark commencèrent la dernière année du dix-(eptiéme fié- cle contre la Suéde & fes allies , jufqu'au mois de juillet de l'année 170$. indulivement. Deux des J A N V I principaux évenemens qui arrivè- rent la première année de cette guerre . furent le paflage de la Duna par l'armée Suedoile ik la levée du fiége de Nerva attaquée par les Molcovites qui furent for- cés dans leurs lignes par Charles XII. Il nous a paru que M. Adler- feld rapportoit plufieurs particula- ritez de ces deux actions de guer- re qui ne font point ailleurs. On trouve encore dans ion Livre deux Cartes Topographiques des lieux où les armées combattirent , & qui , fuivant le proverbe Italien -, Que le crayon fait tout compren- dre, donnent une idée claire de ce qui fe palïà fur ce terrain. Elles ont été communiquées par M. Wolf , un des Gentilshommes de M. le Duc de Holftein & fils de M. Wolf , Major Général & Com- mandant de Tonningue. Le fécond Volume du Journal de M. Adlerfeld commence au mois de Juillet de l'année mil fept cens trois , & ne finit qu'au mois d'Août de l'année 1706. Ainfic'eft dans ce Volume qu'on lit le récit de trois grandes aérions de guerre, de la dépofition du Roi Augufte , de l'élection du Roi Staniflas , de i'invafion que le Roi de Suéde fit en Saxe. On voit dans le troisième Volu- me l'établiiTement des quartiers des Suédois dans la Saxe , la pru- dence avec laquelle ils y réglèrent les contributions , le bon ordre qu'ils y maintinrent & l'exécution rigoureufe des téméraires qui ofe- xent enfraindre les ordonnances E R , T 7 4 o. 31 que fit Charles XII. pour mainte- nir la tranquillité publique dans un Pays ennemi & qu'on pouvoic même regarder comme un Pays conquis a force ouverte de fans capitulation. Quoique M. Adler- feld ne nous dile point nettement que le Comte Piper, principal con- fident de ce Prince , fe fût laine gagner par Mylord Mariebou- rough , comme le crut toute l'Eu- rope , cependant le foin avec le- quel il rapporte le tems & le nom- bre des conférences particulières du Général Anglois & du Miniftre Suédois fait penfer qu'il y foup- çonnoit du miflere. Perfonne n'a oublié que l'expédition dont nous venons déparier fe termina parle célèbre Traité figné entre le Roi de Suéde & le Roi Augufte dans Alt - Ranftad au mois de Décem- bre ( en 1706. ) , & par lequel ce dernier renonçoità fes droits fur la Couronne de Pologne comme à l'alliance du Czar de Mofcovie avec lequel il avoit été jufques là ligué contre la Suéde. Le refte du troifiéme Volume contient ce qui fe paiTe jufqu'à la bataille de Pultowa où l'Auteur fut tué. Nous avons déjà dit que le qua- trième Volume de l'Ouvrage dont nous donnons l'Extrait contenoit une relation trcs-détaillée de cette journée célèbre li funefte aux in- térêts de la Suéde , quoique très- glorieufe pour fon Roi dont elle mit les vertus dans tout leur jour. Voici le précis de ce morceau d'Hiftoire, 3i J O URNAL D Tandis que ce Prince étoit enco- re en Saxe, il fouhaita de taire auffi la paix avec leCzar, mais ils'y trou- va une difficulté infurmontable. D'un côté le Roi de Suéde ne vou- loit point que ce Prince confervât aucune place qui lui donnât entrée dans la mer Baltique , & de l'au- tre côté le Czar ne pouvoir pas le refoudre à l'abandonnement de la Ville de Peterlboug qu'il avoit bâ- tie fut un fleuve qui le rend dans cette mer &c au milieu d'un Pays au'il avoit conquis depuis la ruptu- re. Le Roi de Suéde crut donc qu'il ne pouvoit forcer le Czar à iubir la condition qu'il lui vouloir impo- fer , qu'en pénétrant dans la Mof- covie , Se même en le rendant maître de la Capitale de l'Empire des Ruffes. Charles pouvoit tenir flulïeurs routes pour y arriver, & Auteur explique quelles étoient les difficultez qui le rencontroient dans chacune de ces routes. Enfin le Roi fut déterminé par les cir- coiiftances à prendre celle qu'il fuivit. Mazeppa qui commandoit les Cofaques Sujets du Czar dont il étoiï mécontent , offrait de l'a- bandonner comme de fournir des vivres a l'armée Suedoife , Il elle prenoit la route de l'Ukraine , & de la joindre même avec un gros corps de Cavalerie. D'ailleurs on feavoit le deflein du Czar qui étoit de le retirer devant les Sué- dois à mefure qu'ils avanceraient, de défoler fon propre Pays pour ôter la lubfiltance . principalement à la Cavalerie de l'ennemi. Or le ES SÇAVANS, terrain de l'Ukraine , où habitent les Cofaques , cft fi fertile & l'her- be y croît li promptement que quelques dégâts qu'on y ait faits , les chevaux y trouvent toujours allez de nourriture. Le Roi de Suéde &c le Roi Staniflas firent donc un Traité avec IVtazeppa qui s'obligea de mettre l'Ukraine fous la Souveraineté de la Pologne , à condition qu'elle lui leroitinféodée ôc qu'il la tiendrait ious la mou- vance de cette Couronne , ainh ôV de la mtme manière que le Duc de Courlande tient fon fief , & qu'il aideroit de tout ton pouvoir le Roi de Suéde. Voici quel étoit le projet de campagne de ce Prince , lorlqu'en mil lept cens huit il partit de la Pologne où il étoit revenu après le Traité d'Alt-ranftald , pour entrer fur le territoire du Czar. Outre la grande armée qu'il commandoit en perlonne, il lailïa un gros corps de Troupes au Général L? een- haupt , avec ordre de ramaflet le plus de vivres qu'il lui leroit polïî- ble , & de fe joindre au rendez- vous qu'il lui donna en Ukraine. Le Major Général Craflàu qui com- mandoit un autre corps , devoit relier en Pologne auprès du Roi Staniffas , pour aider le nouveau Monarque à pacifier la Pologne qui étoit encore troublée par les amis du Roi Augufte. Des que la Pologne auroit été calmée , & l'on pouvoit le flatter qu'elle le ferait bien - tôt , le Roi Staniffas «Se le Major-Général Craflàu dévoient à la tète du corps des Suédois que commandoit JANVI commandoit le dernier & à la tête de l'armée de la Couronne Se de celle de Lithuanie , faire une ir- ruption dans les Etats du Czar , ce qui aurait opéré une grande di- verfion de fes forces. Le Roi de Suéde en avoit encore ménagé une autre. Le Major-Général Lybecker qui commandoit en Ingrie , avoit ordre d'attaquer le Czar de ce côté-la. Ainfi le Roi de Suéde pouvoit efperer qu'il n'aurait à combattre iur fa route que le tiers des forces de fon ennemi. Ce pro- jet, le plus judicieux peut-être que Charles XII. eut formé, ne réuilît en aucune manière. La Pologne ne put être pacifiée. L'armée dln- grie ne fit rien de ce qu'on atten- doit d'elle Se Lewenhaulpt joignit tard la principale armée , & enco- re ne la joignit - il qu'après avoir perdu une partie de fes Troupes Se toutes fes munitions.C'efl: ce qu'ex- plique très-diftinétement l'Auteur de notre Relation. Le froid exceilîf de 1709. Se la difette maltraitèrent encore la grande armée qui fe trou- va réduite à moins de vinçt mille E R , I 7 4 o. 35 combattans lorfqu'au mois de Juil- let de cette même année , le Czar vint l'attaquer avec quatre-vingt mille. Ce Prince , a la faveur des évenemens qui arrivent , empê- che les diverhons projettées par le Roi de Suéde , d'avoir leurs ef- fets , il avoit réuni prelque toutes les forces avant que d'en venir à l'aclion décilive de Pultowa. On fçait les fuites de la bataille qu'il gagna auprès de cette Place , &: dont on voit un plan figuratif qui aide beaucoup à la clarté de la narration. On trouve à la tête du Livre dont nous venons de donner l'Ex- trait , un portrait du Héros dont il contient l'Hiltoire , Se qui a été gravé fur celui que le S' Kraft peignit en mil iept cens dix - fept. On voit auiîi à la fin du troifiéme Se du quatrième Volumes plulieurs vers faits à la louange de ce Prin- ce aulîi admiré des étrangers , qu'il étoit refpe&é de fes Sujets. "Cette H iftoire Militaire de Charles XII- s'imprime a Paris cliez Gilley , Libraire- Imprimeur, rue de la vieille Bouderie. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES DE LA SOCIETE Royale de Londres , années 1733. & 17? 4. traduites par M. de Bre- mond. A Paris, chez Piget , Quai des Auguftins , à l'Image S.Jacques, 174.0. w-40. pag. z8o. Se 33S. planch. détach. XL fans y comprendre une Carte des lieux oit les différentes longueurs du Pendule a fécondes ont été obfervées , comprenant toutes les Obfervations qui en ont été faites par divers Aftronomes de V Académie Royale des Sciences, de la SocietéRoya- le de Londres , Sec. depuis 1670. jufques & compris celles qui ont été faites en 1735. 1736. & llll- a Paris , en Amérique & en Laponie , par ordre du Roi & de P Académie Royale des Sciences , pour détermi- ner la figure de la Terre , avec les Tables calculées diaprés ces obfer- Janv. 14 JOURNAL DES SÇAVANS valions far Aïejjiettrs Newton y Bradley & de Alaupertitis , dreflce par Philippe Bitache de V Académie des Sciences , gendre de fit Ai. DcLfle, premier Géographe du Roi & de la même Académie , 1 740. t nouveau Volume , qui eft une preuve de la fidélité deM. de Bremond à remplir Tes engage- mens , en elt en même tems un ga- ge pour l'avenir, & les noces excel- lentes qu'on y trouve font voir que cet Auteur , qui elt Membre de l'Acad. Royale des Sciences ,a un mt-iite bien fuperieur a celui d'un Traducteur ordinaire.Nous ne craignons pas de dire qu'elles ren- dent fon Ouvrage utile à ceux-mê- mes qui entendant l'Anglois , fe- roient en état de fe palier d'une Traduction. Les quatre Trimeftres de l'an- née 1733. contiennent 36 Mémoi- res dont voici les titres rangés par ordre de matières , en (upprimant, pour abréger, les qualitez des Au- teurs , ainiî que nous l'avons déjà fait Se que nous avons annoncé , que nous le ferions dans la fuite. HISTOIRE. 1 . Projet pour éclaircir l'Hiftoire de F.uffie } en publiant de tems en te.ms les Pièces féparêes oui doivent former le Recusil de tous Us Mémoi- res cjui regardent cette Nation : par M. Ger. ¥teàsàcAi£uUer3 Se traduit de l'Allemand par M. Zolman. P H V S I QU E GE'nî'rAII. 1 . Dcfcription d'un Baromètre , dttns U quel on peut augmenter 5 fui- ■vant qu'on le juge à propos , l'Echel- le de variation : par M. Jean Row- ning, 1 . Mémoire fur l'air humide de la- mine de charbon de A4, le Chevalier Jacques Lonther , éloignée delà mer de 20 lignes : par M.Jacques Lo -x- ther. 3. Lettre de Ai. Richard Lewis cl 'Annapolis en Adaryland a Al. Collinfon fur un tremblement de terre & fur une explofion dans l air. 4. Obfervations Adagnétiqucs f::- tes cit.; mois de Af.'.y , Juin & Ju.i- let Jj2,i. dans l Océan Occidental & Defcription d'une Trombe cCeau: par M. Jofeph Harris, communi- quée par M. Georges Graham. 5. Ilifloire d'un Tremblement de terre qui a défolé en 1 73 1 . la Fouil- le & prefque tout le Royaume de N'a- pies : par M. Nicolas Cyriffi. C. Hifloire Phyfique de l'air & àe la terre a Naples en 173 1. par le même. 7. Extrait des Journaux Aièté- réologiqu:s , communiqués à la So- ciété Royale , avec des Remarques : pat M. Guillaume Derham. ,'. 0(-fervat;ons Afétéréologiques & A ïagné tique s faites dans un voya- ge a la Baye d'Hudfon en 173 1. par le Capitaine Chviftophe Middleton. 9. Regiftres Atortuaires de la Tille de Drefde pendant 100 ans , ceft à-drre depuis îéij. jufquen 1 7 1 7. contenant le nombre des ma- riages , des naiffances \ des morts } J A N V I E communiqués par M. Conrad Sprengcll. 10. Regijlrcs mortuaires delà Vil- le Impériale d'Aufbourg , depuis Vannée 1501. jufquen 1720. inclufi- vew.ent , contenant le nombre des mariages, des naiffances , des morts: communiqués par le même. 1 1 . Remarques fur les Regiflres mortuaires des Filles de Drefde & d" Au/bourg : par Guillaume Aiait- land. 12. Extrait d'un Livre intitulé : Chriftiani Ludovici Gerften tenta- mina Syftemaris novi ad mutatio- nes Barometri ex naturâ Elateris acrei demonftrandas : cui adjeéta lub finem Diiïercatio Roris decidui errorem anciquum & vulgarem per obfervationes ôc expérimenta iiovaexcutiens. A N A T O M I E. 1 . EcLiircijfement de l'Ejfay fur l'ufage de la bile dans l'économie ani- male : par M. Alexandre Stuard. 1. Lettre de Al. Evan Davies fur le fuccès de l'inoculation de la petit; vérole faite a quelques cnfans à Havcrford-wefl dans le Comté de Pembrock^. i . Defcription des fimptomcs qui furviennent après avoir mangé des fruits de jufquiame ou hannebanne , avec leur gusrifon & quelques re- marques : par M. Haris Sloane. 4. Extrait d un Ouvrage intitule: Oilcographie ou Anatomie des os, par M Cuil. Chefelden : par M. Jean Belchier, R, 1740. 3; CHIMIE. 1. Expériences fur le Mercure : par M. Herman Boerhaave. 2. Expériences faites en prefence de la Société Royale le 1 3 Novem- bre 173 1. par M. Sigifmond Augu-_ fte Frobenius , avec fon Efpnt de vin étheré & fon Phofphore d'urine. 3 . Expériences fur le Phofphore d'urine qui peuvent fervir a expli- quer celles de Al. Frobenius & dif- férentes Obfervations pour dévelop- per la nature de cette furprenante produtlion chimique : par M. Ara- broife-Godefroy Hanckeyvitz.. B O T A N I QJJ E. 1. Catalogue des 50 Plantes du Jardin de Chclfea , prefentées a la, Société Royale pour l'année 173 r. par la Compagnie des Apoticaires : par M. Ifaac Rand. HISTOIRE NATURELLE. 1. Anatomie d'un Cafior femelle ' & defcription du Caftoreum qu'il portait : par M. Cromyçel-Alorti- mer. 2. Alemoire fur l 'Ecureuil volant, connu fous le nom de Rat de Pont , ou de Tartane de Gefner & fur la Chauve - Souris admirable d; Bon- tius , par Ad. Jacques - Théodore Klein : communiqué par M. Hans- Sloane. 3. Lettre de Ai. Richard Lewis d'Annapolis en Alaryland à AL Collinfonfur la génération fnguliere EU S6 JOURNAL D de certains InfBes. a. Extrait d un Livre intitule: Joh. Philippi Breynii , M. D. &c. Diflertacio Phyfica de Polytàla- miis nova Teftaceorum c!a!le:par IA. Richard Midlet on Marley. • MECHANIQ.UE. i. Expérience fur les forces des corps en mouvement , faite j ar Al. G.J s'Gravefande & répétée devant la Soc. été Royale : par M. Defa- gitliers. ASTRONOMIE. i. Obfervations fur les apparences célejfes nommées Etoiles nèbuleufes au on obferve parmi les Etoiles fixes: par M. Guillaume Derham. i. Obfervation de P Eclipfe du So- leil du i May 1733. après mid: , faite dans Fleet-Strect a Londres , avec un Tilcfcope de 10 pieds de long , garni dm Micromètre : par M. George Graham. 5. Lettre de M- Etienne Grai a M. Cromvrel Mortimer , contenant P Obfervation de la dernière Eclipfe de Soleil , faite a Northon - Court \ & celle de M. Granvtill-W heler , faite à Otterden - place , dans le Kent. 4. Obfervation de la même Eclip- fe par M J. Milner à Tcovil dans le Comté de Sommer fet , communi- quée au Docteur Jeau Allen. 5. Obfervation de l Eclipfe totale de Soleil avec ckv: are , faite a Go- ihelourg en Suéde à 570 40' 54" le 2 'May 1735. [vieux jhle ) : par M. ES SÇAVANS, Birger Vaffenius. 6. Obfervation de VEclipfe de Lune du iLr JJécemb. 1731.' faite à Rome par AI M. de Rcvillas , Botta ri & Manfredi. 7. Obfervation de F Eclipfe de Lu- ne du 20 Noveml '. 1732. faite à Londres dans Fleet-Stieet par M. Graham. 8. Obfervation de quelques Eclip- fes des Satellites de Jupiter 3 faite à Bologne par M. Manfredi. 9. Catalogue des Eclipfe s des Sa- tellites de Jupiter pendant l'année 1734. par M. Jacques Hodgson. 10. Defcription d'un niveau fait avec Pefprit de vin Cyfixéà un quart de cercle pour prendre en n,cr la hau- teur méridionale , quand Phorifon nefi point vifible : par M. J eau Hadley. Les bornes d'un Extrait ne nous permettant pas de faire connoître en particulier tous ces differens Mémoires , nous luivrons la mê- me méthode que dans notre Jour- nal du mois de Septembre dernier, 8c nous nous contenterons de ren- dre compte du cinquième 8c dou- zième de la Plivfîque générale, du fécond &c troilîeme de 1 Anatomie, du troilîeme de la Chimie , 8c en- fin du fécond de l'Hiitoire natu- relle. 1. Le cinquième Mémoire de la Phylîque générale contient l'Hi- ifoire <£ unTremblement de terre qui a dé fol é en 173 1. la P oui lie & pref- qi; tout le Royaume ds Naples. M. Cyrilli , premier Profelfèur de Médecine en l'Univerfité de Na- ples , eft TAuteur de cette Rela- JANVIER; 1740. 37 tion qu'il a compofée fur les Ob- même année. Lorfque le tremble fervations qui lui ont été envoyées de diftèrens endroits , & fur les f.ennes propres. Ce tremblement de terre com- mença le 9 Mars 173 1. ( vieux fti- Ie) à 4 heures du matin par un tremouffernent , qui tut fuivi d'une pdfation ou fecoiijjè , & enluite d'un balancement ou d'un mouve- ment femblable à celui d'un vaif- lèau. Tous ces différais mouve- mens fe fuccederent les uns aux autres pendant l'efpace de trois minutes & quelques fécon- des. Les balancemens & les oicil- lations de la terre fe firent fuivant des cercles parallèles à 1 equateur -, c'eft ce que M. Cyrilli allure avoir obiervé avec une grande atten- tion, comme pouvant fevvir beau- coup à prouver le mouvement diurne de la Terre , d'autres que lui l'ont obiervé de même , non- feulement dans le tremblement de terre dont il donne la Relation ; mais dans piufieurs autres encore , & c'eft , dit-il , un phénomène qui parolt conftant par les Obferva- tions des Philofophes modernes. Les circonftances qui précédèrent ce tremblement de terre furent autoui du Mont Gargan une efpe- ce d'embrafement comme un prompt éclair qui le diffipa en fu- mée & du côté de Foggia des vents de Nord-Eft violens, ils furent encore les avant-coureurs ou du moins le plus fouvent des tremble- mens de terre qui fuccederent au premier dans les mois d'Avril , •d'Octobre & de Novembre de la ment de terre fe fit fentir le ciel étoit chargé de nuages épais , bas , & immobiles qui" furent difïipés enluite par un petit vent du Nord. Le jour luivant qu'on éprouva un nouveau tremblement mais plus court & moins violent , le Soleil parut pâle & languilîànt , comme s'il eut été caché par des nuages très-légers , cependant le ciel étoit allez lerein & l'on ne voyoit point de nuages,ce qui fut encore obier- vé les jours qu'il y eut de nou- veaux tremblemens. Lorfque ce- lui - ci commença , quoique l'air fût calme , la mer devint tout à coup agitée , elle s'enfla lubite- ment, & les Pêcheurs de Siponto ëc de Barlerta elluyerent une tem- pête qui s'éleva du côté du Nord &: les mit en danger de périr. La Ville de Foggia parut être le centre des diftèrens tremblemens de terre qui fe firent fentir pendant cette année ; on y fentit les fe- couftès les plus violentes , Se il y arriva le plus d'accidens , les effets en furent moins marqués dans les autres endroits à propottion de leur éloignement de cette Ville. M. Cyrilli dit que deux Phyficiens voulurent s'aftiirer par expérience que la propagation de ces trem- blemens diminuoit en railon dou- blée des diftances. Ils firent pour cet effet des Obfervations fur les ofcillations du Pendule dans des lieux fitués à des diftances inégales de Fopgia. Des Pendules d'une palme de long appliqués à un de- mi cercle gradué & mis en mouve- JOURNAL DES SÇAVANS, mène à Afcoli & à Giovcnazzo fe tarit peu a peu ,&: au bout d'un pendant les fecoutfes des tremble- mois on ne la vit plus , le fable fec '■ plus ou moins conlérva feulement encore pen- dant quelque tems l'odeur de ioirf- fre , on fit différentes expériences fur l'eau de cette fource : Se voici ce qui en refulta. i°. Qu'elle pefoit plus que l'eau de pluye , Se même que l'eau de fontaine du lieu , quoiqu'elle foit un peu falée. 20. Qu'une livre de cette eau di- ftillée julqu'à iiccité laiiToit au fond du vailleau une demi-dragme d'u- ne matière approchante du Crocus ou Safran de Mars mêlée avec un lcrupule de terre blanche infipide. Quand cette matière fut lèche Se réduite en poudre, l'aiman en atti- ra quelques particules rougeàtres. Pendant la diftillation les fpecta- teurs fentirenc une odeur de iouf- fre ailez pénétrante. Ce lont-là , dit M. Cyrilli , des Oblervations qui tendent de même que les expé- riences célèbres de feu M. Lemery à prouver que les volcans Se les feux louterrains iont formés par un mélange de fouffie Se de fer , Se que l'inflammation iucceffive de ces feux caches produit les tremblemens de terre. 3°. Qu'ayant mis infufer dans deux livres d'eau de cette nouvelle fource trois dragmes de Galles du Levant réduites en poudre très-fi- ne , l'eau prit une couleur bleue légère Se il fe précipita une pou- dre. Outre cette nouvelle fource qui iortit lors du premier tremble- ment , il arriva encore que l'eau mens s écartèrent de leur centre d ofcillation a .pro- portion de la diftance où ces Villes (ont dé Faggia : à Afcoli qui en eft plus près , le Pendule s'écarta da- vantage , a Giovenazzo il s'écarta moins', & ces diffèrens écartemens furent entr'eux prefijiie en raifon doublée de la diftance & Afcoli Se de ( iovenaz.z.o au centre du trem- blement de terre. Le moindre mouvement de la terre à Foggia faifoit remuer un peu le Pendule à Afcoli , tandis qu'a Giovenazzo il étoit immobile. On a remarqué en pleine cam- pagne que routes les fecouiles ont été précédées d'un mouvement dans l'air & de bruits effraians ., mais ce qu'il y a de plus fmgulier c'eft que ce mouvement èv ces bruits avaient une direction entiè- rement oppofée à celle des fecoui- les Se qu'au lieu de fe porter du centre à -la circonférence , ils fe réuniflbient de la circonférence au centte. Peut-être , dit M. Cyrilli , pourroit-on foupçonner avec quel- ques Phyficicns que les tremble- mens de terre légers qui luccedent a des vents d'Eft violens, viennent de ce que le mouvement diurne de la terre eft retardé , du moins dans l'endroit où ces vents ioutîlent. Le tremblement de terre fit pa- e dans la Paidlc une fource abondante d'eau trouble 8c chau- de auprès d'une mailon des Char- treux nommée Tre-fanti , dont le bâtiment avoit été renverfé , elle J A N V I des puits les moins profonds fur- palfa fes bords , fur quoi M. Cyril- li remarque très-bien qu'il ne faut pas croire que les fecoufies ayent été capables de foulever l'eau &c de vuiderces puits, puilqu alors elles- euffent entièrement détruit le Royaume de Naples , mais qu'il le peut que par le tremblement les lburces des puits foient deve- nues plus abondantes , ou qu'il s'en foit forme de nouvelles. 2. Le i i'"e Mémoire de Phyfi- que générale eft l'extrait d'un Ou- vrage de M. Gerften , à la fin du- quel il examine la nature de la ro- lee , fa formation & fes différen- tes efpeces. Cet Auteur obferve d'abord trois conditions neceftàires pour qu'il y ait dans un endroit une grande quantité de rofée. Il fout , i°. que durant le jour le lieu ait été expolé aux rayons du So- leil pendant un tems confiderable, y ayant peu ou point de rofée dans les lieux couverts, i". qu'il y ait une différence remarquable entre la chaleur du jour & la fraîcheur de la nuit. 30. Enfin qu'il y ait une humidité fuftifante dans la terre. Il fait voir enfuite que la rofée eft de deux efpeces, l'une qui s'exhale de la fève des plantes Se qui tranf- pire par les feuilles , l'autre qui s'élève de la terre. A l'égard de la première il obferve que lorf- qu'on examine certaines plantes avec attention , on remarque fur la furface & aux extrémitez de leurs feuilles de petites goûtes de rofée arrangées d'une manière très-réguliere & non point jettées E R , 1740. 55) au hazard. M. Gerften s'eftalTuré par des expériences que cet arran- gement des particules de la rofée ne doit point être attribué a l'air froid & condenfé fur la plante , mais qu'il eft un effet de la fécre- tion de la fève par les pores de la plante même. Il a couvert plu- fieurs plantes avec des vailleaux de verre ou de terre & le lendemain il a trouvé une grande quantité de rolée arrangée fous fa forme régu- lière. M. de Brémond remarque dans une note que cette Obferva- tion de M. Gerlteu a été parfaite- ment confirmée par les expérien- ces de M. Mullchenbroek en Hol- lande. Ce Phylîcien a , dit-il , exa- miné avec loin la rofée qu'on trouve le matin dans les prairies , fur les plantes & lur l'herbe St il s'eft convaincu quelle ne tomboit point de l'air , que ce n'étoit point une phiye ou un brouillard con- denfé , mais que c'eft une humeur fortie des vaiileaux excrétoires des plantes. Il a remarqué que les goûtes de cette rolée différent en-- tr'elles en grandeur , en quantité & en fituation. Tantôt elles font ralïemblées proche du pédicule des feuilles , quelquefois elles font plus réunies vers le centre , d'au- trefois elles lont élevées vers le fommet ou la pointe. Tout cet ■ arrangement des goûtelettes de rofée dépend de la pofition des tuyaux excrétoires des feuilles. Dans les ferres les mieux fermées on voit les plantes chargées de ro- fée , fous les cloches on obferve qu'elles font couvertes d'une rofée 4o JOURNAL D plus abondante que fi elles avoient ecé expolees a l'air. Lorfqu'il fait du brouillard la partie inférieure de la partie fuperieure des feuilles le trouvent entièrement recouver- tes d'humidité , elles font égale- ment mouillées ; quand au con- traire il n'y a eu que de la roiée , on trouve une diipofition , un ar- rangement tout différent. C'elï , ajoute M. de Brémond , à l'obler- vation de la rofée fur les feuilles que nous devons en partie lacon- noillànce de la véritable origine de la rofée ; car lur cette (impie ob- servation on avoit loûtenu dans l'Académie Royale des Sciences en 1687. que la rolee s'élève de la terre & ne tombe pas du ciel. Les expériences que M. Gerften a faites lur la ieconde efpece de rofée ou fur la rofée ordinaire , prouvent qu'on a eu raifon de foûtenir ce ientiment. Pendant les mois de Juin 8c de Juillet 1728. il a mis par terre toutes les nuits plufieurs plaques de cuivre très- unies & dans aucune de ces expé- riences il n'a pu appercevoir la moindre trace de rofée lur la fur- face fuperieure de ces plaques , tandis que la lurface inférieure en étoit toujours couverte , il a ré- pété les mêmes expériences dans une autre année , & toujours avec le même fuccès , excepté dans un feul cas où une plaque de cuivre trop proche d'un pied de lavande s'eft trouvé un peu humectée dans la partie de fa furface fuperieure voilînede la plante. M. Gerften a aulli fufpendu horizontalement ES SÇAVANS, avec des fils ces plaques de cuivre, & il a trouve que la rolee s croit attachée également a la furface luperieure ik a l'inférieure , les plaques étoient lulpendues a la hauteur de trois , de quatre & de cinq pieds. A la diftance d'un pied & demi la lurface inférieure croit plus chargée de rolée , mais a un pouce , deux pouces & trois pou- ces la furface inférieure en ecoit toute couverte Se la fuperieure n'en avoit pas une goûte. M. Ger- ften a fait encore plufieurs autres expériences qui prouvent la même choie , ainlï que celles de Mef- fieurs Mullchenbroek & du Fay , dont M. de Bremond rend compte dans une note. Le premier ayant coupé des morceaux de flanelle blanche de la même pièce & de la même grandeur , Se les ayant éten- dus fur des chaffis les lu (pendit de niveau a différentes hauteurs de la terre. Le morceau qui en étoit le plus proche s'humeéta d'abord & les autres fuccelTîvement a rai- fon de leur éloignement , celui qui étoit à la moindre hauteur le trouva par la même raifon plus chargé de rofée & plus pelant que les autres. Les plus élevés , quoi- que lufpendus à la hauteur de 110 pieds , n'en furent pas entière- ment exempts , marque certaine & démonftrative , dit M. de Bre- mond , que la rolée s'élève. A l'égard de M. du Fay , il pofa au milieu d'un Jardin dans le mois d'Octobre & dans de beaux jours une grande échelle double , haute de plus de 52. pieds cV y mit fur des planches J A N V I planches à la hauteur d'un pouce , de 6 pieds , de n , de iS , de 15 , de 3 1 des carreaux de vitre dilpofés de façon qu'ils ne s'ombrageaftent point les uns les autres , & qu'ils fullënt expofésàla rofée avec un avantage égal. Le carreau du pied de l'échelle fut humecté le premier Se ne le fut d'abord qu'en defious , enfuite & un peu plus tard il le fut en dellus , mais moins , & la rofée continua toujours à monter ainlî d'une marche régulière jus- qu'au haut de l'échelle. M. de Bremond obferve que comme toutes les parties de la ro- fée qui s'élèvent ne lont point également mobiles , ni pouftées avec une égale rorce , la rofée ne doit pas toujours monter à la mê- me hauteur , de-là , ajoûte-t-il , M. de Mutlchenbroek conclut que quand la rofée eft parvenue a une certaine élévation , elle flotte len- tement dans l'air où elle eft em- portée par le vent , qu'elle envi- ronne tous les corps qu'elle trou- ye à la rencontre , que tantôt elle monte , tantôt elle defeend , que du lieu dont elle s'eft élevée elle eft: portée dans des lieux éloignés , &c. Le même M. Muflchenbroek s'eft allure par des expériences non feulement que la rolee monte,mais encore qu'elle monte d'un mouve- meuteontinu pendant toute la nuit. M- de Bremond, a la fin de fa note, donne une notion de la rolée qui nous paroît extrêmement claire. C'eft , dit-il , une vapeur extrême- ment fine & rare qui s'élève de la terre de la même manière que s'é- }anv. E R , 1 7 4 o. 4 r lèvent toutes les vapeurs ; &: quand elle vient à fe condenfer , les particules le réunifient & for- ment des goûtes feniibles , pour lors elle s'attache aux corps qu'el- le touche , ou bien elle retombe. Ainfi la chute de la rofée eft une luite neceilaire de Ion élévation. Les vapeurs qui forment les pluies s'élèvent de même & retombent de même. La matière de la rofée eft plus déliée , elle s'élève par une moindre chaleur , elle s'élève moins haut. La matière de la pluie au contraire eft plus groflîere , plus abondante ; il faut une plu» grande chaleur pour l'élever & elle monte plus haut. Enfin la ro- fée & la pluye ne diffèrent que par la nature des vapeurs dont el- les lont formées , par le tems dans lequel elles s'élèvent , & par la forme fous laquelle elles retom- bent. Nous ne devons pas diflimuler que parmi les expériences qu'a raires M. Gerften il s'en trouve une qui ne paroît pas s'accorder avec les autres. C'eft que toutes les fois qu'il s'eft lervi de corps convexes, ronds ou cilindriques , il a trouvé la furface lûperieure couverte de rofée , & cela foit qu'il les ait mis fur la terre ou qu'il les ait fufpendus à une hau- teur quelconque. M. Geiften ne rend pas raifon de cette iingulari- té , mais il fe propofe de l'expli- quer dans un autre Eftài fur la même matière. Nous finirons cet article par une note de M. 4e Bremond, où il F 42 JOURNAL DE rapporte an fait curieux dont la première découverte eft duc à M. Mulïchenbroek. C'eft que diffé- rons corps txpolés à la même ro- en chargent très - difFérem- ment , les uns plus , les autres moins,quelqucs-uns prelque point. Les verres &. les cryftaux font , pour ainfi dire , préfères a tous les autres ; mais la rofée ne touche prefque poifit aux méraiix. Que l'on mette un vafe de cryftal fur un plat d'argent qui le déborde , le vafe fera humecté de rofée & les bords du plat parfaitement lécs. Il s'atta- che aufîi beaucoup de roiée fur toutes lortes d'étoffes de foye , fur toutes fortes d'étoffes de laine , fur les cuirs , fur le parchemin , fur le papier : à peine en tombe-t- il fur les pierres de taille polies. M. Mulïchenbroek a fait à ce fujet un grand nombre d'expériences. Feu M. du Fay qui les a répétées avec la plus grande exactitude, avoit imaginé un rapport entre les Phénomènes de la rofée & ceux des corps électriques & des corps qui donnent du pholphore. Tous les corps qui peuvent être frottés deviennent électriques , horfmi les métaux ; tous les corps , excepté lés métaux, peuvent devenir phof- phores , & tous les corps , horimi lés métaux , s'humectent à la ro- fée. M. de Bremond penie qu'on peut rendre aifément railon de ce dernier fait , en adoptant une idée bien fimple de M. de Réaumur. Cet habile Phvficien , dit-il , pen- f» qu'un corps admet la rofée , parce qu'il eft froid Se qu'il la re- 5 SÇAVANS, ponue , parce qu'il eft chaud ou qu'il conlerve encore de la cha- lenf. De tous les corps ceux oui le rérfoidifïènt le plutôt 'ont les , les cryftaux , les porec ' i - nés , cv ce font aufîi ceux qui s'é- chauffent le plus facilement. Les métaux au contraire le refroidil- lènt le plus lentement , parce qu'ils ont beaucoup de peine a s'é- chauffer. Donclorlque le verre le e de rofée , le métal pénétré 6 environné encore de chaleur doit la repouller. Cette conjecture eft fondée fur l'expérience. Met- tez une rafle de porcelaine fur une pierre pofée fur du fumier . placez a une diftance alfez confiderable au-delîus du fumier une autre taf- fe,la dernière fe chargera de rofée, la première n'en aura pas une goû- te. Il s'enfuit de-la que quand le métal fera parfaitement refroidi il le chargera de rolée ; aufîi s'en charge-t-il. M. Gerftena vu de la rofée fur des lames de cuivre & M. Mulïchenbroek: rapporte un grand nombre d'expériences flûtes à Roterdam en 1754. Par M» Van- Aken , qui prouvent qu'il tombe de la rofee fur les métaux. Nous palTons à l' Anatomie. Des deux morceaux dont nous nous fommes propofé de rendre compte le premier , eft une Lettre de M. Evan-Davies a M. Jean Eames fur le fucces de l'inoculation de la pe- tite vérole faite à quelques enfans a Haverford-Weft dans le Comté de Pembrok. Elle eft datée du 2<; Octobre 1732. vieux ftile. Vers Noél , 1751. il y eut à J A N V I Haverford-Weft beaucoup de pe- tite-vérole , & for-tout de la con- fluente. Elle fut même accompa- gnée de pourpre &d'autres hmpto- mes fâcheux , dont plufieurs ma- lades moururent. Au Printems la rougeole devint plus épidémique , & la petite - vérole moins dange- reufe. Quelques -uns de ceux qui avoient eu celle-ci , quoique pur- gés dans leur convalelcence , fu- rent attaqués d'une rougeole , à laquelle fe joignit une toux violen- te qui les fit périr. Ce fut dans ces circonftances que M. Meyler ino- ■cula Ion propre fils , âgé de trois ans , d'après un enfant de même âge dont la petite-vérole étoit di- ftincle. Il rît une légère inciiion aux deux jambes de ion fils , mais l'ino- culation ne prit que lur une. Au bout de quatre jours il parut un bouton fur la plave , il n'y eut point une grande inflammation & le progn s n'en fut pas fort conii- derable ; le feptiéme jour il y eut de la fièvre, le 8 ou le 9 , au lieu de la petite-vérole inoculée, il parut fur tout le corps de l'enfant des marques de rougeole , laquelle fut accompagnée de toux ; pour lors la violence de la fièvre dimi- nua juiqu 'au w™ ou 12'"1'' jour. La fièvre reprit enluite, Se vers le 14.'"° jour on vit paroîrre une petite-vé- role diftiïicle , menue &: tres-dif- crete. Quand l'éruption fut totale- ment haie , l'enfant fe porta bien , & depuis ce tems-lail elien très- bonne ianté. M. Meyler fit enluite l'inocula- tion a quelques autres enfans , E R-," 1740. 4 g mais elle ne prit point , & il eft à remarquer que ces enfans n'ont été attaqués ni de la petite-vérole, ni de la rougeole , quoique l'une & l'autre continuât de régner dans la Ville ik que tous les enfans de leur voifinage en euuent été mala- des. Dans le mois de Mars fuivanj M. Richard-Wrigth inocula une fille âgée de trois a quatre ans d'a- près un enfant du même âge qui avoit une petite - vérole dilcrete. Cette inoculation eut le même fuccès qu'avoit eu celle de M. Meyler fur Ion fils. Le 7me jour la rougeole parut accompagnée d'u- ne toux violente , & elle fut fuivie d'une petite-vérole dilcrete & tiès- loliable qui le montra le 14, l'é- ruption s'en fit bien , l'enfant fw purgé à la fin & parut parfaite- ment guéri. Il lui vint néanmoins quelque tems après vers la partie inférieure de l'omoplate du côté du bras où l'inoculation avoit été fai- te , un clou que l'on conduiiit à ûapufftaoH & qui guérit à l'ordL naire. La même expérience rcuflït en- core de même fur trois enfans d'un Gentilhomme , dont le plus jeune avoit trois ans & le plus âgé envi- ron huit. La circonftance de la rougeole qu'ont eue d'abord tous les enfans qui ont été inoculés nous a paru finguliere, Scceil: particulièrement ce qui nous a déterminé à rendre compte de cette Lettre. L'autre morceau d'Anaromie -, dont nous entretiendrons noslec- r ij 4* JOURNAL D teurs , n'eft pas moins intereflanr. Il v eft queftion d'une plante qui a plufîeurs fois caufé des mépriies dangereufes, c'eft la lufijuiame ou Hanmbanne. Le fruit en reflèmble allez a une noifêtee •encore revêtue Ëe 11 robbe ; quatre enfans trom- pés par cette apparence , en ayant mangé , furent peu de tems après attaqués d'un mal dont les limpto- mes étoient une grar.de loif , des vertige , des ébloiiifleniens , le délire & un fommeil li profond que l'un d'eux dormit deux jours &deux nuits fans interruption. M. Sloane , Auteur de cette Relation, les 'fit d'abord faigner & ventou- zer en diftèrens endroits , eniuite il leur fit prendre une médecine compofée avec X'EleSluairc lénitif , l'huile cCamandes douces , les fleurs defouffre & lefirop di fleurs de pê- cher. Cette médecine opéra par haut 6c par bas & les enfans furent parfaitement guéris. M. de Bre- mond remarque dans les notes que les racines de la Jufquiame ne font pas moins dangereufes que fes graines : on lit dans l'Hiftoire delà Ciguë aquatique du célèbre Wep- fer que tous les Bénédictins d'un Couvent penfèrent périr pour avoir mangé des racines cuites de cette plante; l'Hiftoire de l'Acadé- mie Royale des Sciences de 1709. nous apprend que les Religieux de Joyenval eurent des maux de tête 6c des rétentions d'urine pour avoir mangé un peu de feuilles de Jufquiame dans une falade le Mercredi-Saint au loir. Le lende- main ils étoient comme des gens ES SÇAVANS , ivres , ne pouvant lire ni prefque parler , &z il leur fut abfolument impoiTïble de faire l'Office du Jeu- di-Saint. Enfin , continue M. es Bremond, le Mercredi xj Février [737. M. Geoffroy lut à d'Acadé- mie Royale des Sciences une Ob- servation de M. Patouillat , Mé- decin de Toucy , près S. Eargeau . fur les effets terribles de la Jui- quiame,mife par mégarde dans le potage à la place de Panets. Mais pour revenir aux fruits de cette plante , le délire qu'ils cau- fent diffète du délire ordinaire & approche beaucoup de celui que produifent le Dutroa , efpece de Stramonium , cv le Bangue des In- des Orientales qui eft une efpece de chanvre. M. Sloane a cette oc- cafipn parle d'un déiire diffèrent de ceux-ci , &: que l'on fe procure en le frottant avec un onguent employé par les Sorciers. L'effet de cet onguent , à ce que rappor- te Lacuna dans la Traduction &■ fes Commentaires fur Diofcoride, eft de jetter dans un profond fom- meil & de faire rêver que l'on eft tranfporté en l'air dans des lieux fort éloignés s & que l'on y ren- contre d'autres perlonnes initiées dans les myfteres de Sorcellerie. Ces rêves , continue M. Sloane , font une telle impreffion fur le cerveau de ces prétendus Sorciers, que quand ils fe reveillent ils foû- tiennent & ils font très-perfuadés qu'ils ont fait toutes les extrava- gances qui leur ont palle par la tê- te. M. de Bremond dit dans une note que cet onguent eft compofo j a n y i lie plantes narcotiques & adoupif- £àntes , de juiquiame , de Ciguë , de Solaimm , de Mandragore , C~c. id ajoute qu'on a découvert en Lan- guedoc , il y a quelques années , que l'onguent de Stramonmm pro- duifoit précifément les mêmes ef- fets que ceux qui font rapportés par le içavant Lacuna. Au refte les graines de la Juf- quiame parmi beaucoup de mau- vaifes qualitez , ont une propriété fînguliere. Elles appaifent dans Imitant les douleurs de dent les plus vives , il ne faut que les faire brûler ^conduire la fumée par une petite canule dans le creux de la dent. M. Sloane en a vu l'expé- rience. M. de Bremond obferve que le même faiteft rapporté dans Simon Paulli , dans l'abrégé de l'Hiftoire des Plantes ufuelles de M. Chomel & dans l'Hiftoire des Plantes de M. Ray. M. Sloane finit fa Relation par le récit de la four- berie d'un Charlatan, qui fe fervant des graines de Juiquiame pour guérir le mal de dents , failoit mettre un bailïn d'eau lous la bou- che du malade où il jettoit adroite- ment un ver qui paroilîoit tomber de la dent , non fans une grande admiration des Spectateurs peu éclairés. CV/? par ces moyens ingé- nieux , dit M. Sloane , que les Em- piriques Je font tous les jours une réputation pour un remède dont on parleroit a peine , s'il e'toit ordonné par un Adedecin honnête homme. Le morceau de Chimie que nous allons faire luccederàla Relation de M. Sloane, contient des expe- E R , î 7 4 o. 47 riences faites fur lephofphore d'u- rine , avec quelques Obiervations qui tendent a expliquer la nature de cette production chimique. M. Ambroiie - Godefroy fJancl^witz., Chimifte Se Membre de la Société Royale , en eft l'Auteur. Nous ne nous arrêterons pas fur ion Mé- moire , quoique très-digne de la curiofité des içavans , nous nous bornerons a rapporter une note étendue & extrêmement interef- iante de M. de Bremond , où l'on trouve l'hiuoire de la découverte du phofphore & tout le procédé de ion opération dont les Anglois & AL Hanckytitz. lui-même ont toujours fait le plus grand myfte- re. « La première découverte du » phofphore fe fit en 1677. Brandt » Bourgeois de la Ville de Ham- » bourg , trouva par hazard dans w l'urine ce que , fans doute , il » n'y cherchoit point , cette lu- » miere , ce feu concentré qui » étonna tous les Chimiftes & tous » les Phyhciens de l'Europe. » Kunchel vit ce phofphore , » mais il ne put faire î'acquifition » du fecret , il içut feulement qu'il » étoit tiré de l'urine : retourné » chez lui , il travailla avec tant » d'obftination fur cette liqueur , » qu'il eut le phofphore &c même » plus parfait que celui de Brandt. » Il fit valoir fi bien fa découverte » que dans l'Allemagne on oublia » prefque le nom du premier In- » venteur. » En 1679. Kraft , autre Chimi- » fteAllemand,qui débitoit le phoi- +6 JOURNAL D » phore de Brandt , en porta un » morceau à Londres pour faire » des expériences devant la Cour » d'Angleterre. Boyle examina ce " phofphore , & fçut qu'il étoit ti- » ré d'une liqueur humaine : il s'i- » magina que ce devoir être de » l'urine : il travailla & découvrit » le fccret des deux premiers In- venteurs. Il eft même demeuré, " pour ainlî dire , le feul pollelleur » du fecret, puifque M. Godefroy » Hanckwitz , élevé de ce célèbre » Phyficien , a été juiqu'a prelent " le leul Chimifte connu qui ait » pu feire allez de phofphore pour » en fournir a tous les curieux de » l'Europe. » Balduinus, ou Baudouin, avoir » fait, quelques mois avant Brandt, » la découverte d'une autre eipece « de phofphore ; dans le pholpho- » re de Brandt ou de Boile l'acide » du lel marin eft uni avec la ma- " riere grallè & inflammable; dans •> les phofphoresen poudre , l'aci- » de vitriolique de l'alun fe con- » centre dans cette matière ; év le » phofphore de Balduinus qui , " [ans être inflammable , eft lumi- » neux , n'eft que la concentration acide du nitre dans une terre .» de la nature de la craye. » Pour préparer l'urine qui doic » donner le phofphore , il huit » cv.ipoier 4 àç muids de cette »iiqutu;- fermentée , & la réduire » en ttwe matière dure , noire 8c à femblable à la fuye de » cheminée. Cette quantité n'en » fournit que 3S livres ou environ, . e à -peu-pres ce qu'il en S SÇ A.VANS, > faut pour trois opérations dans > des, cornues de la capacité de 4 à > j pintes. Il faut calciner cette > matière noire pour en chafler le > lel volatil inutile a l'opération 8c > une partie de l'huile fétide. L'é- > vaporation & la calcination doi- > vent être faites en grand air , > fans quoi l'odeur défagréable > qui s'en exhale pourrait interef- ' fer la famé. La calcination re- > duit ordinairement cette matière > aux deux tiers de fon poids ; on > l'arrête quand il n'y a plus de > fumée & que l'on (ent une odeur > de fleurs de pêcher. » On deflale enfuire cette matie- ' re calcinée , en verlant deilus > allez d'eau chaude peur enlever > une telle quantité du- lel qui v > eft refté fixé , que le relîdu del- > léché ne pelé que la moitié de ce 1 qu'il peloit avant que d'être lel- ' lîvé. "On prend ; liv. ou 4 liv. cxdemie 1 de ce relîdu delleché, on le mêle >avec la moitié de Ion poids , de > gros fable jaunâtre qui ne foit ■ pas fable de rivière & avec 4 0115 ' onces de charbon de hêtre ; on 1 met le mélange dans la cornue ' Se on ne connoit juiqu'a pn que les cornues de Helïè-Caùel qui puillent relifter à la violence extrême du feu qu'il faut em- ployer pour la diftillation du phofphore. On place cette cor- nul- dans le fourneau qui en un elpace allez petit doit donner au- tant ou plus de chaleur qu'un four de verrerie , & on y adapte le balon. Il doit v avoir dans la J A N V I E » partie la plais enflée du balon ou » récipient un petit trou , & ce » vaillcau doit être placé de telle « manière que le petit trou Te trou- « ve à 4 ou 5 pouces au-dellus de » l'eau dont on a rempli le tiers du « vaiflèau. " L'opération dure 24 heures , » fçavoir fix heures a chaleur dou- » ce , fix heures à un feu qui puif- « fe rougir obfcurément le feu de » la cornue , fix heures à un feu " augmente qui rende cette cornue » d'un rouge de enivre , tk enfin » fix heures à un feu extrême , » pendant lequel le dedans du » fourneau & la cornue doivent " parokre blancs , fans qu'on puit »> fe. les diflinguer l'un de l'autre. » Pendant les fix ou fept dernières » heures on doit confirmer dans » un foyer de dix pouces en quar- » ré & de dix-huit pouces de haut s « plus de deux voyes de charbon » mefure de Paris. » Dans ces 24 heures il fort de » la cornue de différentes matie- « res , d'abord un excédent d'hui- » le fétide , enluite un fel volatil » qui ne peut être chalïe que par » un grand feu, puis un fel am- » moniacal encore moins volatil , » après ce fel des vapeurs blan- » ches , précurfeurs du phofphore, » ik qui , comme lui , ont une » odeur d'ail : enfin le phofphore » lui - même d'abord volatil & « cherchant à iortir par le petit » trou du balon , où l'on voit un » jet de lumière bleuâtre qui dure » jufqu'à la fin de l'opération & » puis diftillant comme de la cire " fondue. R, 1740. 47 » La plupart de ces matières » fortent avec une telle violence » que la conduite du feu demande » fans celle la prefence d'un Arti- » tifte expérimenté , fans quoi les » vaiflèaux fe briferoient en nulle » pièces , & ce n'eft que par le » moyen du petit trou du balon «qu'on peut conduire le feu , par- » ce que c'efl lui qui indique le » plus ou le moins de raréfaction » de l'air renfermé dans les vaif- » féaux. » L'opération du phofphore a été » exécutée en France avec fuccès » pour la première fois le 22 Août » 1737. Elle a été répétée depuis & » elle a réuffi de même. « On la doit à l'habileté & au zélé de M. Hellot , Chimifte de l'Académie Royale des Sciences. C'efl d'un Mémoire qu'il a lu à la rentrée publique de cette Académie après la S. Martin en 1737. que M. de lkemond avertit qu'il a tiré tout le détail curieux que nous venons de rapporter. Il ne nous refte plus , pour ter- miner cet Extrait , que de rendre compte du morceau à'Htdoire Na - turelle , dont nous avons annoncé que nous entretiendrions nos Lec- teurs. C'efl un Mémoire fur l'Ecu- reuil volant dont M. Klein , Secré- taire de la Ville de Dantzick & Membre de la Société Royale, eft l'Auteur. C'efl un fait prouvé par l'expérience qu'il y a quelques el- peces de quadrupèdes qui volent: outre les Chauves-Souris qui nous font communes avec les habitans de l'une & de l'autre Inde , il y a 48 JOURNAL D d mis rifle de Java un genre parti- culier de Serpens qui vole , & qu'on nomme Serpent ailé ou Dra- gon volant -, Belon, dans Tes Ob- iervations lîngulieres , ne le re- prefente qu'avec deux pieds, mais c'eft une erreur dont il a été re- pris par Fifon dans Bontiiis 8c par plulieurs autres ; notre Auteur dit qu'il a deux de ces Serpens dans fa Collection d'animaux étrangers, l'un mâle 8c l'autre femelle , 8c que tous deux ont quatre pieds 8c font ailés. C'eft avec raifort qu'on met ces Quadrupèdes au rang des volatiles , puifqu'en effet ils s'élè- vent dans l'air 8c s'y promènent librement , mais il n'en eft pas de même de quelques efpeces de Quadrupèdes qui partent la plus grande partie de leur vie fur des arbres , qui fautent de l'un a l'au- tre 8c paroillent voler lorfqu'ils ne font que s'élancer. L'Ecureuil volant eft de ce der- nier genre : on l'appelle ainiî , parce qu'il a une eipece de voile pour voler ou plutôt pour s'élan- cer que les Ecureuils ordinaires n'ont pas. M. Klein cite plulieurs Auteurs où il eft parlé de cette ef- pècé d'Ecnreuil , 8c il parte enfuite a la deferipeion d'un qui lui a été envoyé vivant 8c qui a été pris dans les forêts de la Capitainerie de Kriczovie du diftridt de Mohilo- ->ie fur les confins de la Ruiïie. Les habitans allùrent qu'il fe cient pendant tout le jour dans le creux des chênes , qu'il y dort en- veloppé dans de la moulle de bou- 4eau 8c qu'il n'eu tort que le foir ES SÇAVANS, pour fe promener cv chercher fa. nourriture. L'Ecureuil volant eft plus petit que l'Ecureuil ordinaire, fa peau cil fort douce , garnie de poils blancs 8c noirs-cendrés , dont le mélange fait un effet agréable. Ses yeux font grands , faillans , noirs 8c très - beaux ; fes oreilles petites , fes dents fort aiguës , 8c dont il mord bien fort , car il eft ordinairement méchant. Lorfque ces animaux font en repos , ils couchent leur queue fur leur dos de fort bonne grâce , mais lorfqu'ils volent ils î'abaill fent & l'agitent de coté 8c d'autre. Ils fe nourrùTent de pain fans fel ils font friands des lommitez fraî- ches du bouleau ; ils ne le loucie ut ni de noix ni d'amandes , ils fe font un lit de moulfe de bouleau qu'ils diipofent avec adreflë 8c le tirant avec les pieds , ils s'en en- velopent entièrement. Pendant le jour ils ne fortent point de leur- étui a moins qu'on ne les y oblige ou qu'ils ne foient preifés par la foif. L'organe qui fert à ces Ecureuils pour voler eft une peau lituée de chaque côté de leur corps , qui peut s'étendre de la grandeur de la main, comme une eipece de voile; ce voile eft attaché aux genoux des pieds de derrière & aux jambes de devant par une articulation olleu- fe ; à l'extrémité de cette articula- tion la peau eft comme garnie de plumes. Quand l'animal eft tranquille ou qu'il marche doucement , l'os de l'articulation J A N V I E l'articulation eft parallèle avec les pieds Se on ne l'apperçoit point , mais loriqu'il veut fauter , l'articu- lation elr en mouvement , l'os fait un angle droit avec la jambe de devant & la peau s'étend : d'ail- leurs un pannicule charnu , allez épais , qui traverfe toute cette peau, aide beaucoup au faut de l'E- cureuil. M. Klein conclut de-là que cet auimal ne vole point, à propre- ment parler , mais qu'il s'élance mieux & plus loin que les autres animaux de Ion elpece , parce qu'a l'aide de Tes voiles il peut fe foûtenir plus long-tems en Pair. M. Klein compare enluite l'E- cureuil volant avec la Chauve- Souris admirable de Bont.us que l'on voit dans l'Hiftoire Naturelle & Médicale des Indes Orientales par Pifon , Chap. 16. pag. 68. Cet animal eft de la gtolïeur d'un chat, il a la poitrine & le ventre épais &• charnu , il s'étend depuis le fommet de fa tête jufqu a l'extré- mité de fes ongles une grande membrane en forme de voile dé- ployé. Ce voile par delïbus eft membraneux , garni de duvet , de veines & de fibres & par delïus il eft toujours couvert de beaux poils blancs &c gris-cendrés , doux com- me ceux des Lapins. Ces Chauve- Souris n'ont point , comme les Chauve-Souris ordinaires , de plis à leurs aîles pour les relTerrer ou les relâcher à volonté : elles ont près de trois pieds de long &c au- tant de large. M. Klein , fur cette defeription, Janv. R , 1740; +9 dit qu'il a bien de la peine à s'ima- giner que ces Chauve-Souris vo- lent par troupes comme des Ca- nards fauvages , ainfi que le rap- porte Bomius. Je crois plutôt , dit -il , que ces animaux appro- chent beaucoup de nos Ecureuils volans , qu'ils fe fervent de leurs voiles comme ces derniers,&qu'ils les employent au même ufage. M. Klein termine fon Mémoire par un fait fort fingulier rappor- té dans Gefnerfur la foi d; V.acent de Beauvais Se d'Olaus Magnus. Cet Auteur dit que quand les Ecu- reuils ordinaires veulent palier l'eau , ils mettent à flot un mor- ceau de bois très-léger , qu'ils fe placent delïus & que faifant voile avec leur queue , ils vont a l'autre bord. M. Klein allure qu'une per- fonne digne de foi lui a confirmé ce fait , ayant été témoin de cette manœuvre des Ecureuils fur les bords de l'Ifle de Gotland. Elle a néanmoins remarqué que les Ecu- reuils , dans leur traversée , n'ont point la queue droite comme Gef- ner l'avance, mais dans un mou- vement continuel , & qu'ils ne (e mettent en chemin que pendant le calme. M. de Bremond obferve dans une de fes notes qu'on trouve à Paulo-Condor des Ecureuils volans , & que le Père Etien. Souciet de la Compagnie de Jefus en a fait gra- ver dans la planche 8me fig. jme des Obfervations Jîftronomiques & Phyflcjues faites à la Chine , & im- primées à Paris en 1719. la figure fur un delïèin qui lui avoit été en- G ro JOURNAL DES SÇAVANS, voyc par le Père Jacques. Mais M. Klein. ces Ecureuils , fuivant M. de Bre- Nous rendrons compte dans un I aroiflènt d'une efpeceto- autre Journal des Mémoires de talemeni diflferente de ceux qui l'année 1754. font décrits dans le Mémoire de LA SCIENCE DES MEDAILLES '\AVEC DES REMARQUES tiifloriduts & Critiques. Nouvelle Edition. A Paris , chez de Bure l'aîné, Quai des Auguftins , 1739- ià-n. 2. vol. Tom. I. pp. 464. & 44, pour la Préface., T0n3.II. pp. 446. non compris la Table des matières. fleurs grands perfonnages en fta> lie , s'apliquerent à la recherche des Médailles. Mais aucun n'en MOxsieur le Baron de la Baftie , à qui le public eft redevable de cette nouvelle édi- tion , montre dans une Préface af- poffeda un plus grand nombre que fez étendue, & qui mérite bien d'ê- le célèbre Côme de Médicis. qu tre lue , quels font les differens degrés par lefqucls la Science des Médailles antiques a piflè , avant d'arriver au point où nous la voyons aujourd'hui. Il place fes premiers commencemens à la rc- naiiïance des Lettres. Pétrarque qui en fut un des premiers reftau- rateurs , fut aufii un des premiers qui s'appliqua à la recherche de ces anciennes monnoyes. Dans le lîé- cle fuivant, Alphonfe Roi d'Arra- gon cVr de Naples , Prince encore plus célèbre par fon amour pour les Lettres , que par fes victoires , ac- quit une fuite de Médailles allez confîdérablc. Il les gardoit dans une cafTette d'yvoire qui le fuivoit par-tout. L'Auteur de fa vie nous aprend , qu'on lui a fbuvent enten- du dire , que la vue de ces monu- mens étoitpour lui un puilTant ai- guillon , qui l'exciroit à imiter les vertus de ceux t'ont ils reprefen- toient l'image. A l'exemple d'Alphonfe , plu- L'Allemagne avoir commencé à connoître les Médailles avant le feïziéme fiécle. Il paroir parmi des M nufcrirs de la Bibliothèque de Mathias Corvin , Roi de Hongrie, que ce Prince n'avoir rien négligé pour l'enrichir de Médailles. L'Empereur Maximilicn I. qui avoir aufli établi une Bibliothèque à Vienne y joignit un cabinet de Médailles, Se dès-lors les Alle- mands prirent du goût pour ces précieux relies de l'antiquité. Mais en France le célèbre Budé eflle premier qu'on connoifTe , qui fe fo;t appliqué à ramalfer des Mé- dailles. Jean Grollier , qui futtré- forier des Armées de France en Ita- lie pendant une partie du 1 5me fic- elé , 6c Guillaume duChoul çrand Bailly des montagnes du Dauphi- né , qui dans fes Dif cours fur la Re- ligion des Ancïtns Romains t impri- mes à Lyon en 155^. nous a mon- tre qu'il avoir une grande connoif- fance des Médailles , marchèrent J A N V I flir les traces de Budé ; &c depuis ce temps» les progrès , dit M. de la Baftie , que la Science des Mé- dailles a faits en Fiance font trop connus, même des étrangers , pour qu'il foit néceflaire de s'étendre fur ce fujef. Quoiqu'il paroiffe par quelques paffages d'Erafme, qu'on commen- çoit dès le feiziéme liécle à connoî- tre en Flandres les Médailles anti- ques , on peut dire cependant que cette Science ne commença à y jetter de profondes racines , que vers le temps que Goltzius vint s'y établir. A l'égard de l'E.fpagne , on n'y voit peribnne qui fe foit occupé de l'étude ou de la recherche des Médailles , avant Antoine Auguf- tin , mort Aichevêque de Tarra- gone en 1 5 8 6 ; & quoique les Rois d'Efpagne en ayent un Recueil très- nombreux , il efl vrai de dire , ( c'elt l'expreflion de l'Editeur ) que tandis qu'on pourroit trouver cent ouvrages fur les Médailles , compofez par les Antiquaires des autres Nations de l'Europe , l'Ei- pagne nous en fournit à peine trois ou quatre qu'on puiffe citer. Cette Science étoit déjà fi fort répandue dès le milieu du leiziéme fiéele, que Goltzius comptoit pour lors près de 2.00 cabinets de Mé- dailles dans les Pays-Bas , 175. en Allemagne plus de 380. en Italie , environ deux, cent en France. Il paroît même par cette lifte qu'il n'y avoit alors ni Prince ni grand Seigneur, qui ne fe piquât d'avoir des Médailles , quoiqu'il y en eût E R , 1 740. 5-1 encore plufieurs qui ne feavoient pas même lire. Mais félon M. de la Baftie , ce ne fut proprement que bien avant dans le feiziéme liécle , que les Sçavans commencèrent àcompofer des Ouvrages , qu'on peut appel- ler proprement Niimïfmatiques. Il nous en donne la lifte , & montre que malgré le grand nombre de ceux qui furent publiés depuis ce temps , Charles Patin doit être re- gardé comme le premier qui dans Ion Hifloire des Médailles ou bi- trodutlion à cette Science • impri- mée pour la première fois en \66j. nous en ait donné les notions géné- rales , &C qui foit réellement entré dans le fonds de fon fujer. Il indi- que encore quelques livres de ce genre , & ne craint point d'avan- cer qu'il n'en a point paru jufqu'à, préfent de plus propre à rendre l'étude des Médailles antiques ai- fée , utile , Se agréable , que l'Ou- vrage du P. Jobert , de la Compa- gnie de Jefus , intitulé: La Scien- ce des Médailles. Il tut imprimé pour la première fois à Paris en 1691. » Si les applaudiffemcns que re- » çoit un Ouvrage , les différentes » traductions qu on en fait , & le » prompt débit des éditions , font j? une marque infaillible de fon » mérite, perfonne ne peutdifcon- » venir que le livre du P. Jobcrc » ne doive être mis au nombre des » plus exccllens; mais de plus l'Au- » tcur y a raffen.blé toutes les con- » noiffances que lui avoient acqui- » fes une longue habitude de voir Gij 52 JOURNAL D » & d'examiner des Médailles, la » lecture des Ouvrages compofez » fur ce fu;et,& la conversation » des plus fameux Annquaires , „ avec lefquels il avoit été en liai- » fon toute fa vie Le fuccès de la première i dit;on enoaqca l'Auteur à en donner en 1715. une féconde , augmentée de ; Luiïêurs obTcrvarions nouvel- les. Mais on a trouvé depuis qu'il manquoit encore plufieurs chofes à cet Ouvrage pour le porter au degré de perfection dont il étoit fufceptible. i°. Le ftyle en éroit fi négligé, & quelquefois fi obfcur , qu'il étoit Couvent difficile de démêler la penfée de l'Auteur. On a donc cru qu'on ne pouvoir fe difpenfer de réformer fon ftyle , cv on s'eft pro- pofé de le rendre plus agréable & plus clair , mais feulement dns les endroits où ces chançcmens ont paru d'une néceffité abfolue. i°. Il étoit échappé à l'Auteur différentes obfervations eifentielles pour tout homme qui veut appro- fondir la Science des Médailles ; & en quelques endroits , foit fau- te d'attention , foit même qu'il n'eût aucune connoilTance de quan- tité de Médailles fingulieres , qui ont été découvertes depuis le tems qu'il écrivent , il avoit donné com- me fïires des règles ou entièrement fauffes , ou fujettes à plus d'une exception. Dans les remarques qu'on trou- vera à la fuite de chaque instruc- tion , on a fuppléé à ce qui man- quoit à certaines obfervations du' ES SÇAVANS, P. Jobert : On a corrigé ce qu'il y avoit de faux dans les unes , d'é- quivoque dans les autres, &c tou- tes les rois que l'occafion s'en eft préfentée , on n'a pas manqué de faire connoûre différentes médail- les cuneufes , qui n'avoient pas été publ ées jufqu'à ; réfent. 5 ■' Le P. Jobert avoit adopté avec trop de confiance les explica- tions fingulieres , qu'un des plus (cavans de fes conrreres avoit don- nées à un grand nombre de Mé- dailles II les avoit même annoncées fous le nom de découvertes , dont la certitude ne pou voit être révo- quée en doute II a hllu donc pré- cautionner les commençans con- tre les furpnfes où ces prétendues découvertes auroienr pu les jetrer , leur donner une idée jufte de la dif- ficulté, & quelquefois même, pour renvcrferles Paradoxes Hiftoriques &c Littéraires du Père Hardouin , employer autant d'érudition que ce célèbre critique en avoit inutile- ment prodigué pour les foûtenir. Au refte malgré la réputation que M- de la Baftie seft déjà acquife parmi les Antiquaires , h on en croyoit fa modeftie , la plupart des remarques qu'on trouvera dans cette troifiéme édition , feraient; moins le fruit de fes feules recher- ches , que les réflexions de plu- fieurs fçavans diftmgués, qui ont bien voulu joindre leurs obferva- tions aux fiennes. On verra en plu- sieurs endroits , dit-il, combien il a été a de par le cabinet de M. l'Ab- bé de Rothelin , & s'il avoit , con- tinue-t-il , marqué tous les fecours JANVIE qu'il a rires de fes lumières , le nom de cer illuftre Abbé , fc ferait trou- vé à toutes les pages. 11 rcconnoît encore qu'il a obligation à Mef- fieurs de SurbecK , de Boze , & de Cleves , de pluficurs remarques importantes. Comme on a déjà rendu comp- te dans nos Journaux des deux pre- mières éditions de l'Ouvrage du Père Jobcrt ,nous nous bornerons dans cet Extrait à donner quelque idée des remarques qui accompa- gnent cette nouvelle édition. Ces remarques en augmentent d'autant plus le prix , que jointes avec le Livre du Père Jobert , elles font un corps complet de tout ce qui a rap- port à la Science Numifmarique. Sur la première Inftrudtion de l'Auteur qui a pour titre : De l'âge des Médailles & du temps qui en augmente le prix , l'Editeur remar- que que de tous les monumens hif- toriques , il n'y a que les inferip- tions , qui puiflent le difputer aux Médailles, 6V peut-être même l'em- porter fur elles par rapport à leur antiquité , il le prouve par un grand nombre de témoignages des an- ciens , & par celui même des mo- dernes. On a découvert des Inf- criptions , qui doivent aller de pair avec ce que les Médailles ont de plus ancien ; par exemple l'Inf- cription d'un Athlète vainqueur aux jeux Némécns , qui vient de paroître avec une Diflertation La- tine , que notre Editeur y a ajoutée pour l'expliquer , eft , félon lui , à peu près du même temps que les J 'édaiiles de Gélon. De cet exem; R; 174°; S3 pie & de plufieurs autres que nous panons fous filence, il conclut qu'il n'eft pas aifé de fe déterminer à donner la préférence aux Médail- les fur les Infcriprions du côté de l'antiquité. Mais fans difputer fur cette prétérencejComme ont fait af- fez inutilement, quelques fçavans _, il avertit ceux qui veulent s'appli- quer à l'étude de l'antiquité , qu'il eft nbfolument nécelfaire de join- dre l'étude des Infcriprions à celles des Médailles. Sans cela ils fe nat- teraient vainement de faire de grands progrès dans la connoiftan- ce de l'Hiftoire , de la Géographie ancienne , & même de la Géogra- phie moderne. Dans la quatrième Inftru&ion ; qui traite des têtes différentes quife rencontrent fur les Médailles. Le P. Jobert prétend qu'on trouve quelques-uns de nos anciens Rois » de France , à qui les Empereurs » d'Orient permettoient de battre » des monnoyes à leur coin & à » leur nom , ou par reconnoiffan- » ce ils mettoient la tête de l'Em- » pereur dans l'alliance ou dans » l'adoption de qui ils étoienr en- » trez. Tout cet article , félon la remarque de l'Editeur , eft peu exact ,8c mérite d'être rectifié, io. On n'a jamais dit que les Rois d'au- cune nation ayent eu befoin de la permiifion des Empereurs pour faire en général battre monnoye à leur coin 5 on ne l'a prérendu qu'à l'égard des monnoyes d'or feule- ment. 2°. Il montre en détail que quand nos Rois commencèrent à faire frapper de la monnoye d'or.ils }-4 JOURNAL D n'v firent point mettre h tète d'au- cun Empereur. Le palîage de Pro- copç qu'on appoite pour foutenir cette erreur , prouve feulement que Juftinicn accorda à nos Rois , que la monnoye d'or frappée à leur coin., auroit cours partout l'Em- pire , de même que celle , ou la propre image croit empreinte. Et comme ce privilège ne lut point accorde aux autres Rois , &c que leur monnoye d'or ne pouvoit ê- tre reçue que comme matière dans les Etats de l'Empereur , leurs fu- jets y auroient trafique à des con- ditions trop inégales. Ainh loin de trouver quelque avantage à taire mettre l'or en monnoye , les Rois foit voilins, foit hôtes de l'Empire, auroient perdu les frais de la fabri- cation. Et telle eft , à fcn avis , la vraye raifon de ce qu'on ne voit point de Médailles d'or de tous les Rois , qui ont régné depuis le tems d'Augufte jufqu'à celui de Julli- nien. Dans la fixiéme Inltruction 3 où il s'agit de la Légende des Médail- le: , le P. Jobert sétoit propofé d'inûruire les perfonnes qui com- mencent à étudier les Médailles , de iout ce qui regarde celles qu'on ij-j-cllc Médailles reji'uuées , mais ce qu'il en dit eit fi fort abrégé que l'Editeur n'a pu fe difpcnfer d'en parler un peu plus au long. Il expli- que d'abord très-nettement quelles font les Médailles à qui ce nom convient proprement , & montre enfuitc contre le P. Jobert, qui, trompé par des Médailles taufTcs & de coui moderne , les avoit fait ES SÇAVANS, commencer fous les règnes de Clau- de & de Neron,qu'clles n'ont com- mencé à paroître que fous Titus ; Cv après avoir réfuté avec force &C avec étendue le fentiment du Pcre Hardouin , qui prétendoit, que ce mot refiituit fur les Médailles frap- pées par les ordres de Titus , de Domitien , de Ncrva & de Trajan, lignifie, que ces Princes ont redon- né au monde l'exemple des vertus qui avoient brillé dans leurs prédé- celleurs , & dans les célèbres per- fonnages dont le nom fe lit fur ces fortes de Médailles , M. de la Ba- it ie fe déclare pour le fentiment de M. Vaillant , cV croit avec lui qu'il eit bien probable , que Trajan n'en ufa ainli , que dans le dellein de fe concilier les efprits du Sénat & du pcuple,en donnant des marques de ù vénération pour la mémoire de fes prédéceifeurs , èv de fa bien- veillance envers les premières mai- fons de la République. Or il ne pouvoir le mieux faire qu'en reflu- tuanî les monnoyes des Empereurs, qui avoient régné avant lui & cel- les fur lefquelles étoient gravés les noms des familles Romaines ; quoiqu'on n'en connoilfe que tren- te de ces dernières, l'Editeur croit que Trajan avoit reltitué toutes les Médailles coniulaires , &: les preuves qu'il en apporte } ne per- mettent pas d'en douter. Ce que le P. Jobert aveit dit dans ù huitième Inltruètion fur les Médailles coiuremarcjitées n'ayant pas paru juite , ni fuhSfant à M. de la Baftic , d'ailleurs peu content de ce que les autres Antiquaires J A N V I avaient écrit fur Jcs Médailles qui ont cette fîrgularité , ck fur tout des raifons qui , à leur avis , ont perte ks Romains & les Grecs à cenrre-marquer ainf quelques-unes de leurs monr.oyes , il a cru ne pouvoir mieux faire que de con- fulter fur ce [-oint M. de Foze , l'homme du monde _, dit - il , le plus propre à expliquer les Enig- mes Numifmatiqucs. Il n'a pas été trompé dans fon attente , ck le fyf- tême de ce fçavant , lui a paru fi ingénieux , & fi capable de réfou- dre toutes les difficultés qu'on peut former fur les contre - marques i tant des Médailles Grecques j que Larmes, qu'il n'a pas douté , qu'on ne vit ici avec plaifir , la réponfe qu'il a bien voulu faire à fes quef- tions. Des principes que M. de Boze établit dans fa lettre , ck qui font fondés fur des faits connus , ck fur des notions acquifes par une longue expérience , il lui paroît qu'il ré- fulte évidemment contre l'opinion la plus généralement adoptée par les Antiquaires , ck notamment par le P. Jobert 3 que les contre-mar- ques;du moins parmi les Romains, étant faites grofïîerement , ck ne fc trouvant jamais que furies Médail- les de bronze , n'ont point été in- troduites pour indiquer une aug- mentation de monnoye dans le commerce ck dans l'ufage public , mais qu'elles ne leur en donnoient que dans des occahons particuliè- res , & uniquement en faveur des perfonnes à qui on déhvroit les pièces contre-marquées. Elles leur E R ; 1740; y y fervoier.t comme de gage i par exemple dans le cas des travaux publics pour le falaire des Ou- vriers, ou dans des villes afïiegées pour la paye des fcldats. Mais à l'égard des contre-mar- ques qu'on trouve fur les Médail- les des villes Grecques , comme elles font happées avec beaucoup de foin , ck nufes indifféremment fur routes ks efpeccs courantes, M. de Boze penfe qu'elles peuvent a- voir fervi à marquer une augmen- tation de valeur dans le commet- ee. Il faut voir Tome fécond, la remarque fur un endroit de la di- xième Infrruclion , où le P. Jo- bert fuppcfe qu'il y avoit des Mo- nétaires particuliers prépofés à la fabrication de la monnoye de Bron- ze , qui é-oit à la difpofirion du Sénat , tandis qu'il y en avoit d'au- tres nommés par l'Empereur , pour la fabrication des efpeces d'or & d'argent , qu'ils s'étoient réfervée. Cette remarque^ comme plu fleurs autres de celles qu'on trouve dans cette nouvelle édition , peut être regardée comme une dirtertatioE. très-approfondie ,dans laquelle on trouvera une infinité de chofes cu- rieufes ck nouvelles , fur le nom ck les emplois des differens Offi- ciers , qui du temps de la Républi- que, 6k fous les Empereurs , étoient chargés de travailler, ou même de veiller à la fabiique des monnoyes. La remarque fur ce qu'on appel- loir parmi les Romains Jus Latii & Jus Italicum , mérite non-feu- lement le nom de Diflcrtation j5 JOURNAL D par fon étendue , mais encore t par le travail & l'exactitude avec la- quelle l'Editeur a traité cette ma- tière , difficile par elle-même , & fur laquelle les fçavans ont eu jui- qu'ici beaucoup de peine à s'accor- der. Tout ce que dit à ce fujet le Père Jobert cil copié de Y Annr- rhctiqite du Père Hardouin , & fe* Ion M. de la Baftie rien n'eft m uns correct. Il montre donc. i°. Qu'on ne peut dire avec vraifemblance que le droit du pays Latin jus La- tii fut la même chofe que le droit Italique, Jus Italicum. z°. Que c'e t une erreur de fuppofer que le droit du pays Latin conlilioit pré- cifément à ne payer aucun tribut & à pouvoir fervir dans les légions Romaines. 30. Qu'on fe trompe encore en difant que ceux qui jouif foient du droit Italique , n'étoient pas Citoyens Romains, & qu'ils ne pouvoient pas prétendre aux gran- des charges de l'Etat. 40. Qu'il n'eft pas poffible de diftinguer par les Médailles feules , les villes qui a- voient obtenu le droit de Citoyens Romains, de celles qui n'avoient que le droit du pays Latin. Il convient que M. Spanheim a déjà traité cette queftion avec allez d'étendue en réfutant le Syftêmedu P. Hardouin fur le droit du pays Latin , &c le droit Italique. Mais comme M. de la Baftie nous alTure avoir pris , pour parvenir au même but,un chemin tout différent de cer lui de M. Spanheim , il lui eit dit- il , arrivé fi rarement de fe rencon- trer avec cet Illuftre Antiquaire , qu'il ne doit pas crauidxe qu'on ES S ÇA VANS; l'accufe de l'avoir copié. Nous patTons maintenant à l'ar- ticle des nouvelles d .couvertes , 3ui fuivent les douze Inftruchons u P. Jobert. L'Editeur approuve &c confirme par de nouvelles Mé- dailles la vérité de quelques-unes de ces découvertes , mais il fait voir que pour la plupart les unes ne font fondées que fut des Paradoxes Hiftoriqucs , que les fçavans ont reiettés unanimement ,que lafauf- feté de plusieurs autres eit manifef- te > & que celles même qui paroif- fe plus plausibles , ne font ordi- nairement appuyées que fur des preuves qui peuvent bien les faire regard -r comme des conjectures in- génieufes , mais qui n'ont pas allez de force pour leur attirer le titre de découvertes. Il va plus loin , & il montre même que parmi les expli- cations que le P. Hardouin a don- nées à certaines Médailles , qui a- voient été l'écueil de la plupart des Antiquaires , s'il s'en trouve quel- ques-unes qui méritent à jufte titre le nom de découvertes, la gloire doit en être partagée entre dirTc- rens Antiquaires qui les avoient imaginées les premiers. M. de la Baftie donne enfuire une addition aux nouvelles découver- tes du P. Jobert ; ce morceau qui eft tout neuf , doit piquer extrê- mement la curiolité de tous ceux qui aiment l'Antiquité. Dans la nombreufe fuite de xlédailles de Rois , de villes Grecques , que M. de Boze avoit tormée , &c qui a pafTe du cabinet de feu M. le Maré- chal d'Ecriés dans celui du Roi , 00 J A N V I on trouve un grand nombre de Médailles qui n'ont jamais été pu- bliées ; il y en a plufieurs qui mé- ritent une attention particulière. L'Editeur non content de les avoir fait graver , & de les décrire avec exactitude , s'attache à les expli- quer -, tout ce qu'il en dit nous a paru appuyé fur le fondement d'u- ne critique également folide & inf- truclive. Il avertit cependant que fi les nouvelles Médailles dont il par- le peuvent être nommées des dé- couvertes , il eft bien éloigné de penfer qu'on doive regarder com- me telles , les explications qu'il donne à ces Médailles , avant que l'approbation des connoifTeurs ait pour ainii dire, fixé leur état. Enfin , pour ne rien omettre de tout ce qui peut fervir à l'inftruc- tion de ceux qui commencent à former des cabinets de Médailles , M. de laBaftie a cru devoir ajouter à cette nouvelle édition , un cata- logue exadl des Empereurs , des Princeffes , des Céfars t & des Ty- rans depuis le grand Pompée juf- qu'à la prife de Conftantinople. Il a eu foin de marquer celles de leurs Médailles qui font rares , & même le degré de rareté de chaque tête dans tous les métaux , & fouvent dans les différentes grandeurs de bronze. Cette idée n'eft pas nouvelle. Savot & M. Baudelot avoient déjà donné un Catalogue à peu près femblable , mais il fera aifé de voir que celui-ci eft beaucoup plus am- ple & plus exa<5t. Comme on s'eft E R , 1 7 4 o, h borné à donner une fuite des Mé- dailles Impériales , on a joint feu- lement au Catalogue des Empe- reurs celui des Colonies , des Mu- meipes &c villes Latines, où l'on a frappé des Médailles au coin de ces Princes , & un autre des Villes Grecques , qui ont fait frapper des Médailles Impériales. C'eft ainfi , que M. de la Baftie conformément au but qu'il s'eft propofé en fe chargeant de cette nouvelle édition , n'a rien oublié de tout ce qu'il a jugé de plus propre pour entretenir , & même pour ranimer les grands progrès que la Science des Médailles avoit faits dans le fiécle paffé. On trou- vera qu'il lui eft quelquefois arri- vé de fè jetter dans des difcuiïions au(Ti profondes qu'épineufes , 6v de palTer ainfi les bornes dans lefquel- les il fembleroit que de iimples remarques devroient être renfer- mées. Mais il répond judicieufe- menr à ceux qui lui en feroient une efpece de reproche , que (I l'on fe contentoit de contredire des hom- mes d'un certain nom &c d'un cer- tain mérite , fans en apporter les raifons , l'autorité qu'ils fe fonc juûement acquife dans les lettres , pourroit fuftire pour déterminer ceux qui n'ont point le temps ou la volonté de difeuter les chofes par eux mêmes , à perdfter dam de tauffes opinions , 8c à regarder comme un téméraire , tout hom- me qui entreprendroit de les en détromper. Jattv. H .8 JOURNAL DES SÇAVANS , NOUVELLES LITTERAIRES PRUSSE. DE DaNTZIG. Ionien de Helmftaedt, avec le Sup- plément de M. Jo:ch:r. ON a réimprimé ici un Livre de Botanique de M. Jacques Sreyn avec des Remarques & des EcLuïcitremens ; en voici le titre : Prodromi Fafciculi rariorum Plan- tarum primus & fecundus quondam feparatim , nunc nova hac editione conjuntlim, editi nota lis quibufdam , & illuflrationibus auéli. M, le Doét. Breyn , qui efl: fils de l'Auteur , a pris foin de donner au Public cette nouvelle Edition , à laquelle il a ajouté la Vie & le portrait de M. ion père, in-jf. ALLEMAGNE. de Leipsick. Il paroît ici depuis peu un Ou- vrage intitulé : Jo. Georgii Crameri ]:V. D. Comment arii de J imbus & pr&rogativis Nobilitatis avitA , &c. c'eft-a-dire : Traité des Droits & des prérogatives de l'ancienne No- blcffe , & de fes preuves , fuivant les ufages tant anciens que modernes des Allemands. Par M. Cramer. Tom. I. 1759. in-+*. . On débite prefentement le Lac- tance de M. Bunemann. On trouve encore ici un Abrégé dcl' Hijloire Ecclcfiaftique , par feu M . l'Abbé Schmdt , célèbre Théo- de Bresleau. Vtriùm quâterreis remediis gra- tis hailenus adfcriptA funt examen rigtrojtuii quo fînutl nultanin: tra- d.tio/ium prailicarum mythologia & vanitas di lucide déclarai ur t at- que ad rationalem magis Pharmaco- rum elellionem , variorumque mor- borum fanationem , prœeuntibus ré- cent iffimis Artis principiis via oflen- - ditur, Autlore Balth. Lu l. Trafics Med. Tratiflavienfis. Vratiflavu. 1-43. /'»-+°. c'eft-a-dire : Examen plus rigoureux des vertus qu'on avoit ci-devant attribuées gratuite- ment k certains remèdes , par lequel on fait voir en même tems avec évi- dence la faujfeté & la vanité d'un grand nombre de traditions prati- ques , & on montre la route qui con- duit a faire un choix plus raifonna- ble des drogues , & à procurer la guerifon de diverfes maladies ' en fuivant les nouveaux principes de l'Art. Par M. Tralles. 1740. w-4*. Cet Ouvrage fe trouve auflî à Leipfick. de Francfort. On trouve ici depuis quelque tems un Ouvrage de M. J. Goth. de Berger } premier Profeiïèur de JANVI Médecine dans l'Univertîté de Wittemberg , intitulé : Pbyjiolcgia Medwa , &c. c'eft-a-dire : Traité de la Pbyfologie appartenant a la Médecine , ou de la nature humai- ne. M. Fred. Chreft. Cregut , à qui le Public eft redevable de l'Edition de cet Ouvrage , a mis au com- mencement , pour y fervir d'In- troduction , une Dilïèrtation fur l'Anthropologie , & furies princi- paux Auteurs tant anciens que modernes , qui en ont écrit. in-+°. ECOSSE. Gavin-Hamilton , Libraire , dé- bite un Ouvrage important pour l'Hiftohe de ce Royaume , il eft intitulé: SeleSusDiplomatum &Nu- mifmatum Scotia Thefaitrus in duas partes diftrihutus , &c. c'eft-à-dire: ThréÇor choifi des Diplômes & des Alédailles ou des Adonnoyes d Ecof- fe , divifé en deux parties. La pre- mière contient un Recueil des an- ciens Diplômes , ou anciennes Chartres des Rois & des Seigneurs d'Ecoilè avec leurs Sceaux depuis le Roi Duncan II. jufqu'i Jacquesl. c'eft-à-dire depuis l'an 1194. juf- qu'i 14 ii. On y aajoûté les Sceaux des autres Rois d'Ecolîe & de la Grande Bretagne depuis le même Jacques I. jufqu'à l'union des deux Royaumes en 1707. avec les carac- tères & les abiéviations qui lont employées dans les anciens Ma- nulcrits 6c Inftrumens publics. La féconde Partie contient une fuite non interrompue des Médail- les ou Monnoyes d'or & d'argent E R, 1 740. w de tous les Rois d'Ecoue depuis Alexandre I. jufqu'a l'union des deux Royaumes. A quoi l'on a joint toutes les Médailles fymboli- ques des mêmes Princes qu'on a pu recouvrer. Le tout parfaite- ment bien gravé d'après les origi- naux. On y a ajouté auiïï d'autres planches, qui reprelentent chaque Diplôme en caractères modernes. M. Jacques Anderfon , Greffier Royal , a raÛemblé ôc arrangé , par l'ordre du Parlement d'Ecolfe , les Pièces qui forment ce grand Recueil. M.Thomas Ruddimany a ajouté , outre plufieurs Pièces qui y manquoient , une Préface , l'explication des planches, & quel- ques Appendices , qui fervent à expliquer ce qui regarde les Di- plômes , les Médailles , & les Gé- néalogies des Familles d'Ecoue. Cet Ouvrage , qui contient plus de 1S0 planches , a été publié aux frais de l'illuftre M. Thomas Pa- terfon Ecuyer. A Edimbourg, chez Th. & Gault. Ruddiman 1739. fol. Ce même Ouvrage le vend aulli à Londres , chez M. Th. Paterfon Ecuyer , & chez André Millar , à l'Enfeigne de Buchanan , vis-à- vis l'Eglife de S. Clément. ANGLETERRE. de Londres. On trouve chez Alechdl , Li- braire , un Traité dans lequel on examine en critique, on explique -, on défend , & on concilie les deux Généalogies de Notre-Sei- Hij 60 JOURNAL DES SÇAVANS, gneur & Sauveur J.C. rapportées Se les talens de Raphaël , de Mi l'une par S. Mathieu & l'autre par S. Luc. Cet Ecrit eft intitulé : 7 be Généalogies of our Lord and Sa- viour Je fus Chri/l , Sec. Par M. Edouard lradley. in-S". On a imprimé en 3 vol. in-fol. Les Œuvres de M. Locke ; Se pour rendre complets cette nouvelle Edition , on y a joint les Pièces détachées de l'Auteur que M. des JidaiTuaux publia il y a quelques années. Rivington, Libraire , débite une Brochure dont voici le titie : An EJfay on tbe ufefulnijf of Oriental Leaming , cv'c. c'eft-a-dire , Effaï fur l'utilité de la Littérature Orien- tale Le but de cette Pièce eft de re- veiller le goût pour l'étude des Langues Orientales , de tirer par ce moyen de la pouiïlere des Bi- bliothèques des Manulcrits confi- derables ; Se défaire voir combien la connoiiïànce de l'Hébreu, de l'Arabe , de l'Arménien , du Syria- que , &c. eft utile même pour l'in- telligence des Auteurs Profanes. A. Mdlar débite le Traité de la Peinture ancienne : A Treatife of aneient Painting . Sec. Cet Ouvra- ge contient des Remarques fur l'origine , le progrès & la déca- dence de cet Art chez les Grecs Se les Romains , (ur la haute idée que les Grands Hommes de l'An- tiquité s'en faifoient , lur la liai— fon qu'il a avec la Pocûe & la Phi- lofophie , & fur l'ulage qu'on en peut faire pour l'éducation de la jeuneite. On y a joint des Obicr- vations fur le génie , le caractère ehel- Ange , de Nie. Pouffin , Se de quelques autres fameux Peintres modernes , Se fur le bon ufage qu'ils ont fait des reftes précieux de l'Antiquité, fuit en peinture r loit en fcu-lpture. Le tout enrichi de jo tailles-douces qui reprefen- tent des morceaux de peinture an- cienne trouvés en difrèrens tems parmi les ruines de l'ancienne Rome , Se qui ont été parfaite- ment bien gravées d'après les del- feins originaux de Camille-Pader- ni , Peintre Romain. Par George Tumbull. Il paroît une nouvelle Edition du Difcours Hiftoricjite & Politique fur les Loix & le Gouvernement d" Angleterre , de AL Jean Selden , recueilli des notes manuscrites de l'Auteur , par Ai Nathanael Ba- con. C'eft un Gentilhomme du Temple qui a pris foin de revoir &de corriger cette Edition , & qui l'a accompagnée de Remarques. in-fol. 1739. On travaille à une troifiéme Edi- tion du Dtiïionnaire Univerfel des Arts & des Sciences de M. Charn- iers , avec des additions, in-folio , deux Volumes. HOLLANDE. de la Haye. On débite ici depuis quelque tems in-ix. Se in-+" . 1' Hiftoire des Rtvolutions de Hongrie , oit l'on donne une idée jufle de fon Gouverne- ment. On y a joint les Mémoires du J A N VI E Prince François Rakocz.y fur la guerre de Hongrie depuis 1703. ju f- quafafn , & ceux du Comte Bet- lem N/kJosfur les affaires de Tran- filvanie. Chez Jean ■Néattlme j 1739- Dehondt a imprimé un Ouvrage intitulé : Le Gouvernement admira- ble , ou la République des Abeilles , avec les moyens d'en tirer une grande utilité : avec fig. in- 11.1740. SUISSE. De Genève. On a donné ici depuis peu une nouvelle Edition des /-n. Cette petite Comédie ne contient qu'un Aûe écrit en profe. tlle eft: d'un Auteur accoutumé à réufîir : la Pupile , & quelques au- tres Pièces qu'il a données au Théâtre François , font au rang de celles que le Public revoit avec plaifir. Dans celle-ci, dont l'intri- gue eft: agréable , & dont il ne re- luire qu'une bonne morale , on retrouve encore ce qui carafteriie cet Auteur ; c'eft: l'art de fe renfer- mer dans foniujet , de n'emploïer dans le Dialogue de chaque Scène que des chofes qui ont rapport à l'adion. Elle eft de M. Fagan. Il paroit une quatrième Edition de la Géographie des En fans , ou de la Méthode abrégée de la Géogra- phie , divifée par Leçons , avec la Lifle des principales Cartes néceffai- res aux jeunes gens , augmentée d'un plan de V ancienne Géographie & des Syjlêmes du Monde , avec pluficws Cartes & figures. Par M. l'Abbé Langlet du Freriôy. Chez Rollin fils, à S. Athanafe , & chez de Bure l'aîné , a S. Paul , Quai des Augu- ftins : in -11. 17+0. On rendra compte de cet Ouvrage dajis le Rriaffon , Libraire , rue S. Jacq. à la Science , débite prefentement l'Ouvrage du R. P. Cajlel, delà Compagnie de Jefus , intitulé : L'Optique des Couleurs, fondée fur les fimples obfcrvations , tournée fur- tout à la pratique de la peinture , de la teinture & des autres arts colon - fies ; 1740. On trouve chez le même Librai- re ; chez le Clerc , rue de la vieille Bouderie ; chez le Gras, Grand'- Salle du Palais -, chez la Veuve Pijfot , Quai de Conty , une Mé- thode pour apprendre la Langue & l'Ortographe Françoife : première Partie , contenant les Régies de l'Or- tographe. Par M. Jacquier. 1740. Régies peur former un avocat , tirées des plus fameux auteurs, tant anciens que modernes , avec un In- dex des Livres de Jurifprudence les plut neceffaires à un avocat. Nou- velle Edition , dédiée à Meilleurs les Avocats au Parlement. Chez Mefnier , Imprimeur-Libraire, rue S. Severin , au Soleil d'or , ou en fâ Boutique, Grand'Salle du Palais, même Enfeigne : in-iz. 1^40. Cet Ouvrage , dont la première Edi- tion a paru en 171 1. commence par un Difcours Oratoire fur l'Elo- quence en général , à la fin duquel on rapporte differens traits, qui font voir la nobleiïe de la Profei- lion d'Avocat. Les régies pour for- mer ceux qui s'y deftinent fuivent après , & font rangées par maxi- mes. L'Auteur les a divifées en 4 parties , qui font la Science de l'A' J A N V I vocat , de la cowpojîtion , de la pro- nonciation j des qualitez. de l'Avo- cat. On trouve à la fin un Index des Livres de Jurifprudence les plus necefTaires à un Avocat , tant lui le Droit Civil Romain & Fran- çois que fur le Droit Coûtumier , la Pratique & fur le Droit Canoni- que Romain & fur les matières Ecclefiaftiques & Bénéficiales. On allure dans la Préface de cette fé- conde Edition , qu'on y trouvera plu! que je l'ai pu , l'ordre chronolo- » giquedesOuvrages écrits en cha- " que genre dans notre Langue , » je montre les progrès que l'on a » faits dans les Arts & dans les »> Sciences : z°. parce que bien >y loin de ne donner qu'un Catalo- >' gue de Livres lec S: décharné , ES SÇAVANS, «qui n'apprendroit rien que des » titres que l'on peut trouver ail— «leurs, je m'auéte fur chaque » Ouvrage , loi (qu'il n é; ite quel- » que confideratiun , je le diieute, " f examine ce qi ':! y a dé bon & "d'utile. J'indique ks défauts au "moins principaux que les mcil- " leurs Ctit'ques y ont repris. Il convient que l'idée de fou Ou- . n'eft pas entièrement neuve; Charles So;el nous a déjà donné une légère ébauche d'un projet a peu-près femblable. Mais M. l'Ab- bé Goujet efpere , & avec raifon , que la manière dont il l'a exécuté & que l'étendue qu'il lui a donnée, mettront une différence très-avau- tageufe , pour lui & pour fes Lec- teurs , entre la Bibliothèque ex- celle de Sorel. La feule expofition du plan de fon Ouvrage fuffit aulîî pour faire voir qu'il n'a rien de commun avec les Bibliothèques Françoifes des Sieurs de la Croix du Maine cV du Vèrdier , ni avec l'Hiitoire Litté- raire de la France , dont quelques Sçavans Bénédictins ont déjà donné quatre Volumes. Le principal motif qui l'a engagé à ce travail eft de iê rendre utile à deux fortes de perlonnes , i°. à ceux qui n'avant qu'une teinture trop légère des Langues Grcque c\r Latine, pour fe fervir utilement des originaux , font réduits a cher- cher les idées des Sciences & des Arts dans les Ouvrages compofés en Langue vulgaire : z". à ceux qui ignorant abfolument les Lan- gues fçavantes , ont néanmoins FEVRIe du goût pour l'étude, allez de cou- rage pour s'y appliquer , &: af- lez de capacité poui y rcuflïr. De ce nombre font les Dames qui font , dit notre Auteur , une fi grande partie du genre humain , & peut-être celle qui n'eft pas la moins favorifée du côté des talens de l'efprit. ... au lieu de ces frivo- les Romans , de ces infipicfes HÏ- ftonettes , Livres dont les moins dangereux font ceux qui ne peu- vent que gâter leur goût & leur faire prendre une infinité d'idées fauiîès , qui pour l'ordinaire n'in- fluent que trop fur le caractère &c dans la conduite de celles cjui s'oc- cupent trop de femblables lectu- res : n'eft-i! pas utile , continue-t- il , de leur faire fentir qu' » elles » peuvent fans beaucoup de peine " apprendre ce qu'il y a an moins » d elfe-miel en chaque Science , & » le procurer à cet égard quelque » égalité avec les hommes à qui » fouvent elles font fi fuperieures » par la delicateile de l'efprit , & » par la finefïe du goût. Un fécond motif qu'il a encore eu en vue en compofant l'Ouvrage dont il s'agit , eft de faire honneur à notre Nation , en montrant qu'il n'y a aucune partie de la Littéra- ture , des Sciences , de l'Hiftoire , 6c des Arts qui n'ait été non- feule- ment cultivée en France avec foin, mais auffi traitée en notre Langue. Un grand nombre même de Sça- vans ont foûtenu que nous pour- rions , abfolu ment parlant, nous palfer des Langues étrangères. Mais M. Goujet ne voudroit pas R , i 7 4 o. 69 cependant que l'idée avantaceufe qu'il nous donne de notre Nation, nous flattât au point qu'elle pût préjudicier à l'eltime que méritent les grands Ecrivains de l'Antiqui- té. On ne doit jamais oublier que les Grecs &: après eux les Ro- mains , ont été nos premiers maî- tres , 6c qu'ils doivent être encore nos guides iur plufienr-s peints. Servons-noiis-en ,■ ajoûte-t-il , je ne dis pas feulement pour marcher avec plus de fureté , je dis aulïï pour faire plus de chemin que ceux qui nous Ont précédés. Les régies qu'il établit a ce fujet font très- fages & très-mefurées ; il faut les lire dans le Dilcours-même. Pour remplir ion plan dans toute fon étendue &c avec exac- titude , il ne s'eft: pas borné à ne parler que de nos meilleurs Livres François , il a cru devoir s'arrêter encore fur beaucoup d'au- tres d'un mérite inférieur , §c qui ne font peut - être guéres connus que des habiles bibliographes. Mais il remarque en même tems qu'il n'y a guéres de Livre qui ne puillë être utile , quand on y içait bienchercher ce qu'il y a de bon , & même dont la lecture ne fois en quelque façon necelîaite à tous ceux qui par goût ou par obliga- tion veulent approfondir une ma- tière. On aime d'ailleurs à voir la naifiance & le progrès des Scien- ces & des Arts , ce que l'on ne connoîtroit point, fi on ne s'arrê- toit qu'aux Ouvrages où ils ont été portés à leur perfection. Il finit ce Dilcours en montrant 7o JOURNAL D que les avantages que peuvent re- rirer de ion Ouvrage ceux qui ne le font point appliqués aux Lingues Latine 8c Greque, ou qui s'y étant appliques n'ont pu y leulïir , ne détermineront jamais les païens , comme quelques-uns l'ont appré- hendé , a le contenter de faire fai- re à leuis enfans des études Fran- çoiles , 8c par conféquent qu'on ne doit pas craindre que les moiens qu'il offre pour apprendre les Sciences 8c les Arts avec le fecou s de nos leuls Livres François puil- fent préjudicier , ni a l'étude des Langues fçavantes en général , ni aux études particulières qu'on fait dans les Collèges. Venons maintenant au corps de l'Ouvrage , l'Auteur PadrefTe à un homme qui n'a point de Lettres , mais qui eft né avec beaucoup de goût pour la leébure, 8c qui vou- droit au moins fçavoir jufqu'oà peuvent aller les connoiffances Jiu'on peut acquérir en fe familiaii- ant avec les Auteurs qui ont écrit en notre Langue. Pour mettre quelque ordre dans une matière lî étendue , il la diviie d'abord en deux parties dans les deux Volumes qu'il donne aujour- d'hui , & qui feront luivis de plu- fieurs autres : dans la première Partie , où il s'agit de la Langue Françoife , il répond par autant de Chapit: es aux quelfions qui lui ont été faites par la perfonne qui l'a pris pour fon guide , 8c à qui il s'eft chargé d'ouvrir tous lestré- fors de la Littérature Françoife. Ces questions le reduilent i°. à ES SÇAVANS, feavoir , » fi on a écrit fur l'origi- » ne & la fuperiorité de la Langue » Françoife ? i°. Qui lont ceux qui " en ont compoié des Gramn ai- » res ? 30. Si on s'eft appliqué a en » dévoiler les étymologies , 8c à » fixer notre Ortographe ; 40. » Quand on a commencé à nous » donner des obfervations criti- » ques lur notre Langue ? 5". Quel » eltle premier Dictionnaire Fian- » çois , 8c qui font ceux qui ont » luivi ce premier Ouvrage. Dans le premier Chapitre , M. l'Abbé Goujet fait fentir a fon éle- vé que c'eft avec raifon qu'on lui aconfeillé de commencer par l'é- tude de la Langue Françoife. Il en fait voir l'excellence 8c les avantages, » La Langue Alleman- » de ( dit-il ) eft énergique , mais «elle eft dure , l'Angloife eft » abondante , mais elle n'eft pas » afTez châtiée. L'Efpagnole eft » grave 8c pompeule , mais elle » eft trop enflée ; l'Italienne eft » délicate , mais elle eft molle Se » fouventlanguiffante. La Langue » Françoife a tous les avantages » de ces Langues, fans avoir pref- » qu'aucun de leurs défauts. Elle » eft tout enfemble ; fimple 3c » majelhieufe , molle & délicate. » Elle eft propre a toutes fortes de » matières , pour la proie 8c pour » la poelïe , pour l'Hiftoire & » pour le Roman, pour le férieux » 8c pour le comique. Elle a été » choiiie préferablement à toutes » les autres Langues de l'Europe » pour être celle de la politique » générale de cette partie du mon- F E V R I E » de , &: par coniéquent elle eft la « ieule qui ait triomphé de la La- » tine. Ce fujet le conduit naturelle- ment à parler des Auteurs qui ont entrepris de prouver cette iupe- riorité de notre Langue. Henri Etienne eft le premier qui l'ait fait dans un Livre intitulé : de la pre'cel- lence du Langage François, qui pa- rut en 1 579. L'Auteur , fuivant qu'il s'y efl engagé, fait non-fèu- lement connoitre les dirrèrens Ouvrages de ceux qui ont écrit fur la même matière , mais encore ce qu'on doit penfer de ces Ouvrages, & rapporte une infinité de laits & d'Anecdotes curieu'.es qui fou- vent y ont donné lieu , ou qui font arrivés à leur occafion. On en verra des exemples au (ujet de la conteftation qui s'éleva a l'occa- fion du delïein qu'on prit de con- ftiuire un Arc de triomphe à l'hon- neur de Louis XIV. il s'agilloit de fçavoir fr les Infcriptions qu'on y mettroit y feroient en Latin ou en François. Cette dilpute, dans la- quelle ce qu'il y avoit alors de gens d'efprit & de goût entrèrent, produifit dirîerens Ouvrages , où tout ce qui regarde l'excellence de la Langue Françoife fut traité à fond ; mais il n'en parut point , félon M. G. de plus fort , de plus folide , ni de plus fçavant que ce- lui que M. Charpentier publia en 1683. en deux Volumes w-zi. & qui eft intitulé : de l'excellence de la Langue Françoife. Il y fait voir en particulier par beaucoup de raifons ce que notre Auteur entre- R , 1 7 4 0." 71 prend de prouver par les faits dans cet Ouvrage , que toutes les Scien- ces pouvoient être auflï bien ei léi- gnées eu François qu'en Latin. Des Auteius qui ont tilité de l'excellence & de la lupeiioi'u' de notre Langue , il pailèdans le n ê- rre Chapitre a ceux qui ont écrit fur ion origine. Il rappote d'a- bord ce qu'on en Içait de plus cer- tain , & prétend que nous (La- vons rien de mieux fur ce fujet , que ce qu'on en trouve dans le huitième Livre des Recherches de la France par Etienne Paquier , & que tous ceux qui depuis ont écrie fur l'origine de notie Langue , n'ont-prefque rien ajouté à ce qu il en dit. Dans le Chapitre fécond où M. l'Abbé Goujet traite des Gram- maires Françoifcs , il explique d'a- bord ce qu on doit entendie par ce mot de Gran,rnaire , quel eft la nature &c l'objet de cette Science , & pafTe enfuite en revue' preique tous ceux qui ont écrit fur la Grammaire Françoife depuis les plus anciens julqu'aux plus moder- nes. Ils font en fi grand nombre qu'on ne peut , dit-il , aftèz admi- rer le zélé & la patience de tant d'Auteurs qui ont travaillé fur un fujet fi fec par lui-même , & i\ in- grat. Il lembleroit à plus foi te rai- ion que le détail que M. l'Abbé Goujet donne de ces fortes d'Ou- vrages devroit participer aux mê- mes inconvéniens. Cependant il a trouvé l'art de le rendre interef- fant , en y femant , quoique fans afk&ation , tantôt des faits fingu- JOURNAL D liers , tantôt des remarques criti- ques , & quelquefois même des imrticularitez de la vie des Auteurs dont il rapporte les Ecrits. D'ail- leurs les traniitions font li naturel- les qu'on ne fenc nulle part ce qu'il a dû lui coûter de travail pour lier enfemble tant de morceaux déta- chés , & pour éviter la monoto- nie ou la refTemblance qu'ils ont entr'eux auroit pu aifément le fai- re tomber. Comme c'étoit-la une des plus grandes diftîcultez d'un lèmblable Ouvrage , les connoil- feurs lentiront , (ans doute , ce qu'il a fallu de foin pour les fur- monter, & pour remplir un des buts principaux qu'on s'y eft pro- pofe , celui de fe faire lire par une infinité de gens du monde pour lefquels un Ouvrage ne devient réellement utile , qu'autant qu'il leur païoît agréable , dilons mê- me , amulant. On trouvera de nouvelles preu- ves de ce que nous venons de dire dans le Chapitre troiliéme , dont le fujet paroit encore plus aride que celui du Chapitre précédent, il roule fur Portographe Françoile, matière auffi épineufe qu'impor- tante par rapport a la connoilîan- notre Langue, & fur laquel- le on peut dire avec notre Auteur, » qu'il y a eu conftamment depuis » environ deux liécles un Schifme » Grammatical en Fiance. « Prei- que tous conviennent qu'il huit d'une manie e qui reprefen- re par écrit ce qu'on exprime par la parole, mais peu s'accordent dans la pratique , à cauie des dii- ES SÇAVANS, ferentes manières d'exprimer un l'on , & parce qu'il y a quantité de mots où les mêmes lettres fe pro- noncent d'une manière tres-dirrè- rente, & beaucoup d'autres où tan- tôt elles fe prononcent , ôc tantôt ne fe prononcent pas. Pour remédier autant qu'il étoit poffible à cesinconvéniens , divers Auteurs entreprirent des le com- mencement du feiziéme ficelé une reforme générale denotre ortogra- phe;il leur parut d'un côté que notre Langue n'avoit pas alTez de carac- tères , & de l'autre qu'elle eu avoit d'inutiles : ils entreprirent donc d'ajouter les lettres dont ils croyoient qu'elle manquoit & d'en retrancher celles qui leur paroil- loient. luperflues. Parmi ceux qui portèrent cette haidiel^e aux plus grands excès, M. l'Abbé Goujet compte Jacques du Bois , diti";/- vms , Profelleur en Médecine , dont l'Ouvrage parut en 1551, Louis Meygret de Lvon , Jacques Pelletier du Mans , Honorât Ram- baud , Maître d'Ecole de Marfeil- le. Ce dernier enchérit fur toutes les Nouveautez que les Auteurs , qu'on vient de nommer , avoient effayé d'introduire dans notre 01- tographe , & ioûtint qu'il étoit importable qu'on put bien pronon- cer notre Langue fans avoir envi- ron jz lettres, Içavoir huit femel- les ou voyelles, 41 maies ou confo- nes , '& trois lettres neutres. Une 01 tographe fi bizarre & lî lingulie- re qui auroit rendu la leclure des Livies François auffi difficile que celle d'un Livre écrit en caractères Hébreux , FEVRI Hébreux , & qui reduifoit le Lec- teur à la necelîité de le remettre , pour ainfi dire, à apprendre à lire, révolta tout le monde & n'eut au- cun fùccès. Cependant le Syftême de ces Auteurs n'a pas entièrement péri avec eux. On l'a au moins re- nouvelle en partie , dit notre Au- teur , depuis le commencement de ce fiécle , & plusieurs de les Apo- îogiftes font fort connus , mais il ne juge à propos que de parler des plus célèbres , tels que le P. Vau- delin Auguftin reformé , feu M. l'Abbé de Dangeau , M. l'Abbé de S. Pierre & M. du Mas. Il expole leur Syftême avec netteté , en mar- que les avantages & les inconvé- niens. Mais prelque par-tout où il eft queftion de décider du prix de ces Ouvrages , il fuit , comme il en avertit dans fa Préface , la mé- thode de M. Baillée , il rapporte plutôt les jugemens des Sçavans que les liens. Après avoir épuifé ce qui regarde les Auteurs qui ont écrit lui l'or- tographe Se la prononciation des mots François, il vient ( Chap. 4. ) à ceux qui ont compofé des Obser- vations Se des Remarques-Criti- ques lur notre Langue , Se le con- tentant d'indiquer quelques Ecrits de ce genre qui font oubliés de- puis long-tems , il s'arrête princi- palement fur ceux de Vaugelas , de Thomas Corneille , du Père Bouhours , de Gilles Ménage Se de quelques autres qui ont rendu de grands ieivices à notre Langue , quoique leurs Ouvrages ne foient pas tous d'un égal mérite. A 1 é- Fev. E R," 1 74 0* 73 gard de Vaugelas , lî notre Auteur loufcrit volontiers à la plus grande partie des éloges qu'on lui a don- nés , il penlè néanmoins qu'on pourrait mettre en queftion , » Ci » c'eft le fervice qu'il peut rendre » encore , qui fait maintenant fou m prix , ou feulement celui qu'il a » déjà rendu. « Il ne parle pas de même du Père Bouhours , il con- vient que notre Langue lui a beau- coup d'obligation , & dit, malgré les différentes critiques qu'on en a faites , Se fur lefquelles il s'étend , » qu'il y a peu de lès Ouvrages où » le dilcernement & l'agrément ne » foient réunis avec cette pureté de » langage , qui eut été peut-être » moins cenfurce , ajoûte-t-il , lî » elle eut paru moins affectée , &: » fi l'Auteur eut critiqué lui-même » les autres avec plus de modera- » tion. Il faut voir dans l'Ouvrage mê- me ce que M. l'Abbé Goujet y dit de plufieurs Auteurs beaucoup plus récens , comme Àieflieurs les Abbez Girard , d'Olivet, Giot des Fontaines qui ont donné divers Ecrits qu'on peut ranger parmi ceux où l'on trouve des obferva- tions Se des Remarques-Critiques lur notre Langue. Il eft queftion , dans le Chapitre cinquième , des Traitez fur la ma- nière de traduire. » Il eft d'autant » plus utile de les connoître que » les régies qu'ils contiennent s'é- » tendent à tontes les Langues , Se » qu'il y a d'ailleurs dans ces fortes » d'Ouvrages de fort bonnes ob- » fèryations lur notre Langue. K 74 JOURNAL D Le meilleur Livre que nous ayons fur cette matière , au juge- ment de M. l'Abbé Coujct , eft in- titule : Traité de la Traduction , ou Régies tour .'. - traduire Li te Latine en la Langue Fran- co:Te , tirées de queUj/ut s - unes des tires Traductions du teins. C'eft un /«-S', imprimé à Paris en 1660. chez Jean le Mire, & dédié a Mmc la Mai quilê de Sablé. L'Auteur y prend le nom de Sieur del'Eltang. C'étoit un laïc de Mane en Pro- vence, qui mourut en 1697. Son vrai nom eft Gafpard de Tende. Il a demeuré long-tems en Pologne, dont il adonné en ;é8S. une Re- lation curieufe , où il a mis le nom de Hautteville. Nous avons rapporté ce mor- ceau tout au long pour montrer avec quelle attention notre Auteur ne laille rien échapper de tout ce qui peut enrichir l'Histoire Litté- raire. C'eft ce qu'on remarquera fur-tout dans le Chapitre 6me , où il parle des Dictionnaires pour no- tre Langue, &où il a recueilli avec beaucoup de foin tout ce qui hit écrit de part & d'autre dans le fa- meux procès que l'Académie in- .iu Sr de Furetiere qu'elle avoit acculé d'avoir pillé ion Dic- tionnaire, auquel il avoit travaillé en qualité d'un des Membres de cet illuftre corps ; ce que notre Auteur y dit de tout ce qui précé- da & fuivit la publication du Dic- tionnaire de l'Académie, Ouvrage : rendre avec im- ce pendant plus de jo ans, le juge en poire auili ES S ÇA VANS, bien c, rentes Critiques qui tombèrent en foule fur ce cé- lèbre Ouvrage, n'eft ni moins cu- rieux , ni moins inftructif , mais les bornes qui nous loin preferites nous obligent de finir cet Extrait avec le dernier Chapitre de cette première Partie ; l'Auteur la termi- ne par les Ecrits fur les Proverbes François & les Etymologies. Comme dans toutes les Langues les Proverbes ,ainlï que M. l'Abbé Goujet le remarque d'après un Cri- tique moderne , contiennent la morale vulgaire du Pays , c'eft une talion pour les conlerver & pour en donner l'intelligence. Il y en a une autre, c'eft qu'ils peuvent être placés quelquefois de manière qu'ils- aient du fel & de la grâce , (oit dans le difeours familier , foie dans les Ouvrages qui en appro- chent , & quand il parle , dit-il .. des Proverbes , il met au même rang les façons de parler prover- biales & populai.x-. Ilaveititen même tems de l'abus qu'on en peut taire , ioit en les employant mal à propos ou trop fréquem- ment , & n'oublie pas d'indiquer les Livres qui ont été faits pour prévenir ou pour reprimer cet abus qui étoit devenu très-com- mun parmi nos prétendus beaux. cipiirs du 17"" lîecle. Il prétend qu'un Dictionnaire uniquement deftiné a rappoi cer loi igine de nos Proverbes , ou de nos façons de parler fingulieres , pourroit deve- nir un Ouvrage de Litteiature uti- le & agréable a tout le monde. Parmi les Auteurs qui ont écrie F E V R I ou recueilli les Proverbes de notre Langue , il donne la préférence à celui qui parut en 1665. pour la féconde ou troifiéme Edition à Pa- ris , ious ce titre : les illuftres Pro- verbes nouveaux & hiftoriqnes , f.v- pliqités par divcrfes queftions curieu ■ Je s & morales en forme de Dialogue. Enfin quoiqu'il trouve la kien- ce des Etymologies d'une utilité ■moins grande que ne leroit celle de nos Proverbes bien expliqués , 8c dont on fei'oit connoîtie l'origi- ne, il eft perfuadé cependant que cette lcience n'eft pas à négliger , &c il en rapporte les raiions qui font fenfibles , & marque en mê- me .rems les excès ou trop d ar- deur & de fubtilité peut jetter les amateurs de cette forte d'érudition. Il en donne des exemples tipés de plufieurs fçavans Ecrivains qui , fur cette matière, ont abufé de leur Içavoir pour en faire un éta- lage , iouvent auffi téméraire que frivole, C'eft ce qui eft arrivé , en- tr'autres , à Henri Etienne dans fon Traité de la conformité du Lan- gage François avec le Grec. Il s'y eft trop obftiné à vouloir trou-ver les origines de notre Langue dans cel- PROSE E POESIE DEL SIGNOR. ABBATE ANTONIO CONT1 , Patrizio Veneto. Tomo primo , Parte prima. In Venezia prelïb , Giam-Baptifta Palquali , 1739. •C'eft-À-dire : Les Ouvrages en profe & en vers de M l'Abbé Conti, Noble Vénitien. Tom. I. Part. I. A Venife , chez Jean-Baptifte Palquali , 1739. Vol. ;>-4°. pag. 36Z. fans la Préface & l'Epître Dédicatoire , en beau papier & en beau caractère. //. Extrait. IE Traité du Beau de M. l'Ab- nous expofe l'ordre & les princi- ^ bé Conti fera fuivi d'un grand pes. nombre d'autres Ouvrages dont il K ij E R, 1740. 75 le des Grecs comme dans leur première fource : il dit la même choie d'Etienne Guichard , Profef- feur des Langues étrangères , & de Philolophie , qui , dans fon Harmonie Etymologique des Lan- gues , crut foire beaucoup d'hon- neur à la nôtre en montrant qu'el- le étoit dérivée de la Langue Hé- braïque. Mais il annonce avec rai- Ion le Livre de Ménage , intitulé: Dictionnaire Etymologique , ou Ori- gines de notre Langue , comme ce que nous avons de plus parfait en ce genre ; il convient cependant que Ménage donne trop aux con- jectures, ôc même a des conjectu- res foibles , hazardées , & en quel- ques endroits vifiblement faulles , ce qui n'empêche pas que ion Dic- tionnaire ne foit le meilleur Ou- vrage & le plus complet que l'on ait juiqu'a prefent iur cette ma- tière. Nous achèverons dans le Jour- nal fuivant l'Extrait d'un Ouvrage fi interelfant , Se qui , félon tou- tes les apparences , doit faire au- tant d'honneur à fon Auteur qu'à notre Nation. 76- JOURNAL DE Théories Poétiques. Tous les beaux Arts convien- nent dans l'imitation comme dans une idée commune , laquelle ne perd jamais ni fa nature ni les pro- priété?. , quelque différence qu'il y ait dans le fujet , dans les mftru- mens ôc dans la manière dont ils opèrent. Ariftote, dans la Poéti- que & S. Auguftin dans Ton Traité de la Mufique, ont fait un grand ufage de cette idée , mais s'étànt bornés aux efpeces qu'ils exami- noient, ils n'ont point remonté en PKiloibpfies a l'idée générale de laquelle toutes les elpeces dépen- dent. Cependant rien n'abrège plus les queftions que de remonter d'abord aux idées générales. Com- me un arbre eft contenu tout en- tier dans la femence , un art eft contenu dans fon idée , & l'on y découvre clairement' les raifons précifes des régies & les principes fondamentaux propres à reioudre les queftions qui peuvent naître for l'application de ces mêmes ré- gies dans les différais cas. M.L.C. fe plaint que tous ceux qui ont écrit de la Poétique avant lui ne fe font pas allez appliqués à fixer & à développer l'idée de l'imitation en général. M. L. C. remontant à la fource détermine d'abord en quoi diffe- ■ ent la reflemblance & l'imitation; recherchant enfuite fi l'imitation peut avoir lieu par rapport a tous Jes fens , il fe borne aux feules imitations qui fe rapportent a S SÇAVANS, l'oiiie & à la vue , ou , ce qui eft- la même choie , au (entiment de de la beauté ôv de I ! tri loiùe. Il traite des eipeces qui conviennent a l'un & à l'autre ieniïment , &à melure qu'il approfondie Ion lujet il rend ces elpeces pins compofées jufqu'à ce qu'il arrive a leur plus grande compolition ; il la décou- vre dans le Théâtre ancien , où l'Architecture , la Sculpture , la Peinture , la Danlè; toutes efpe- ces qui le rapportent à la vue le trouvent combinées avec la Mufi- que & la Poche qui fe rapportent a l'oiiie. Ce Théâtre admettoit la Mufique inftrumentalc & la Mufi- que vocale , on s'y fervoit des Jn- ftrumens à vent & des Inftrumens a corde. Une elpece de Mufique vocale regnoit dans le Dialogue , éx une autre dans le Chœur : la Poéfie Dramatique avoit lieu dans le Dialogue , l'Épique dans les ré- cits év la Lyrique dans les Chœurs. Après avoir examiné les elpe- ces d'imitation fimples Se compo- lées , M. L. C. doit traiter de leurs, preftiges , ou ce qui eft la même chofe , -de l'impreiTion que fai- foient toutes ces efpeces d'imita- tion , lnr les fens , lur l'imagina- tion , & fur les puitïances appeti- tives de lame ; enfuite combinant là nature de toutes ces différentes imitations avec leurs effets , M. L. C. en déduit les régies qu'on doit fuivre pour bien imiter ; il s'arrête à la Pocfie comme a la plus utile 6v a la plus importante de toutes les imitations. Il exami- ne à fond quelle eft la nature 6c FEVRI l'ufage de ['imitation poétique , il applique les conléquences de Tes principes à toutes- les efpeces de Pocfie , qu'il confidere & par rap- port à leurs idées , Se par rapport a leurs expreffions. Suivant M. L. C. les Poctes an- ciens le font fervis de l'allégorie [>our inftmire fans orgueil , pour oiier fans affectation , pour accu- ler fans péril , & pour rendre les choies grandes & admirables, ians les expoier à l'irrévérence Se au mépris. Soit qu'ils enfeignallent des Dogmes -, ou qu'ils révélalîènt des Mytleres , loir en blâmant , loit en louant , ils ont cherché avec fagacité à administrer à l'ef- prit ces Syllogifmes innacendus , dans leiquels notre amour propre fe plaît tant : lorlque nous tirons nous-méme , Se lans le Secours d'autrui , le précepte de l'exemple, le Panégyrique Se la Satyre des faits , Se la vérité de la fiction. Mais, l'allégorie , cette partie fi importante de la Poéfie an- cienne , eft aujourd'hui fort ob- feure , parce que nous ignorons les vues particulières du Poète , Se les circonftances , Se les faits qui pourraient nous en inftruire. Ces réflexions Se plulieurs autres ont engagé M. l'Abbé C. à com- pofer un Traité de l'Allégorie , & parce qu'elle eft ou facile ou diffi- cile a deviner , il la divife en allé- gorie claire Se en allégorie obfcu- re ; l'allégorie claire fervoit aux aux anciens à enfeigner la morale aux enfans , aux femmes , Se aux peuples 3 Se ils emploïoient l'ob- £ R, 1740. 77 feure pour voiler les fecrets de la Politique ou de la Religion. Il détermine l'origine «Se la natu- re des Apologues , des Paraboles, des Proverbes fl terrt & de Prujfe , Correfpondant de ci le de Paris A Paris , chez CIi. Antoine Jombert , rue S. Jacques. 17J7. pag. 411. fans comptei l'Avant-pro- pos & la Table des matières , orné de 55 planches. vol.i»-+ . Livre II du fécond Tome. Chapitre I. NO v s avons partagé l'Ex- trait de ce (econd Volume en deux Parties : dans le dernier J our- nal nous avons donné la première; c'eit de la féconde qu'il s'agir. Les matières dont parle notre Auteur , ne font ni moins belles , ni moins intereftantes que les précédentes , le premier Cl.apirre de cette fé- conde Partie, nous inftruirde la manière dont il faut fe comporter pour élever les eaux par une chute naturelle ou préparée. Pour avoir une idée claire de ce que l'on veut dire , il faut fe rappeiler que c'eft par le moyen de quelques courans capables de faire imprefllon fur les machines qui leur font expofées, que l'eau peur- erre élevée à une certaine haureurimais s'il e rencon- troit quelques endroits fupéri. urs à la cuvette de la première déchar- ge , & néanmoins qu'on fouhaitât y faire conduire (Je l'eau -, on ap- perçoit aifement l'impolîîb lité de ce deftein, puifqu: l'eau fe met toujours de niveau. Il arrive cepen- dant par des cas particuliers qu'on ne peut a(Tez exhauffer ce premier refervo'.r pour fournir de l'eau aux endroits qui en font privés : tel eft à Pins le terrain de l'Eftrapnde plus haut de 24.. pieds que le rond d s eu verres du refervoii des Pom- pes du Pont notre Dame. Les loix Hydrauliques n'a > oient rien trou- vé qui pût fuppléer à cette éga- liré d. niveau li néceflairc ; ilfem- blo;r même qu'elles d- voient s'op- pofer à toute autre loi qui y paroî- troit contraire Ma, s G la mécuii» que ( comme il eft vrai ) rient de la Phvfique , il ell bien des cén s dont on peut envifager les objets fans blclïcr le principe , les vér t S fe cachent fous differens voiles. Les machines que nous rapporte M. B font de ce cenre , & li l'.irri- fice en a d'abord été inconnu , il n'a caufé que (lus d'admirat on par l'harmonie qui s'eft trouvée entre les loix de la mécanique Se le (ècret de la machine. Suppofons donc comme il arrive fouvenr une maifon de campagne iituéc fur une éminence au bas de laquelle fe rencontre une (ourec plus élevée de dix ou douze pitds que le niveau du terrain par lequel clie fe déchar- ge , on pourra avec les machines qui F E V R I qui font ici indiques faire monter continuellement une partie des eaux de cette fource au haut de la montagne , c'eft au poids même de l'eau qu'on doit fon élévation ; l'on n'employé point de force é- trangere , &c ce qui dans toute au- tre occafion deviendrait un obfta- clc à vaincre devient ici k mo- teur , &c un agent continuel. L'on â vu à Paris cette nouvelle inven- tion exécutée , & qui a réufïï avec fuccès en préfence de Meilleurs les Commiflaires de l'Ac. des Se. Elle eft duc à Meilleurs Denifard Se de la Dueille. M. B. nous en indique une autre dont il eft l'inventeur. U en donne la conftruclion , le calcul , & les développemcns avec routes les dimenfions -, l'intelligence des figures auxquelles il faut avoir re- cours oblige de renvoyer au livre même. On peut félon l'Auteur faire uf.ige de cette machine pour mener i'eau tout d'une traite de la rivière de Seine à l'Eftrapade , dont le niveau eft de 105. pieds fupérieur à celui de la rivière. Chapitre II. De l'ailion de l'Eau dans les Tuyaux de conduite. Quand on veut conduire l'eau par des tuyaux , il y a plufieurs chofes auxquelles il faut avoir é- oard. La première , la quantité que l'on en fouhaite , la féconde ,1a fu- ptrficie du cercle du tuyau , & la troifiéme , la vîteffe de l'e u : or ,jl eft aifé d'appercevoir que 1a fu- Fiv. E R , 1 7 4 o. 8$ perricie du cercle multipliée parle chemin que fera l'eau pendant un certain teins , feu égale à la dé- penfe de l'eau dans le même tems, d'où l'on peut déduire une métho- de pour trouver la dépenfe d'un tuyau dont on fçait le diamettre. Se la vîteffe de l'eau ; ou fi l'on con- noît le diamètre & la dépenfe , on affignerah vîtelTe , & enfin don- nant la vîteffe Se la dépenfe , on peut trouver le diamètre , puifque ces termes formeront toujours une équation dont l'inconnue peut-être facilement dégagée. Ces principes ne fuffifent pas , il faut encore déterminer le rapport qu'il doit y avoir entre k^ bran- ches de chaffe &: de fuite relati- vement à la dépenfe du tuyau. Ces deux premiers termes ne doi- vent avoir qu'une certaine hauteur pour que le tuyau de conduite lour- ni(Te le plus d'eau qu'il cil poffible, c'eft-à-dire , que cette qudtion mène à un Maximum qui apprend que la branche de fuite doit être les i de celle de chafTe pour qu'il fe fa (Te la plus grande . dépenfe d'eau. Cette détermination eft ap- puyée fur la réçle que les charges des tuyaux ne font pas proportion- nées à la racine quarréc de la diffé- rence des hauteurs , mais à la diffé- rence des racines quarrées de ces mêmes hauteurs , telle que M. B. l'a voulu établir. Au refte ceci ne chmge que le réfultat du cilcul fans en changer la méthod; qui après avoir enfeigné la hauteur de la branche de fuite , fait connoître que la plus grande dépenfe de l'eau M co JOURNAL D fera le tiers de celle de la fourec. Les exemples particuliers rendent tour ceci d'une manière fort Icnh- blc , mais comme cette matière eft d'une pratique journalière, & igno- rée de la plupart de ceux qui font chargés des eaux , M. B. leur pro- pofe les diPerens cas , en f.nlant uni. combinaifon du rapport detous ces termes. Il eft cependant à pro- pos de remarquer qu'il ne faut pas compter fur les calculs avec trop de rigueur ,car il arrivera prefquc toujours que les dépenfes des eaux trouvées par le calcul , furpafferonc de beaucoup celles que donnera J'expérience à caule des trottemens de l'eau contre les parois du tuvau de conduite qui doivent néceiTu- rement en diminuer la vîtefle. Ces tuyaux ont des parties fullatues dont les furf^ces font oppofées à la direction de l'eau , & font rejaillir celles qui viennent les rencontrer. Voilà donc une oppolîtion au courant , &C par confequent la vî- tefle modifiée , mais les parties de l'eau qui font plus voilines des parois du tuyau doivent être plus retardées que celles qui approchent de fon axe , d'où il réfulte une vî- tefle movenne. Un petit tuyau de même longueur qu'un plus gros a plus de furface à proportion du volume d'eau qu'il contient , les déchets fuivront donc ce rapport. Ce font autant d'attentions qu'il Faut avoir , & autant de rapports qu'il faut examiner : l'Algèbre qui par fa généralité embraiïe toutes les fuj portions , fait trouver un cuyau de conduite qui feioit tel par ES SÇAVANS, fa longueur que le frottement alte- rcroit la vîtefle de l'eau jufqu'a la rendre nulle. Le relie de ce Chapitre eft em- ployé par M. R. à examiner les obfcrvatibns que M. Couplet a fai- tes fur les eaux de Verfailks , &c les confequences qu'il en a tirées. Ces deux Auteurs ne conviennent pas des mêmes principes , nous en avons afligné la principale raifon. Chapitre III. Jufqu'au commencement de ce ficelé , on n'avoit emplové que l'air 6c l'eau pour iervir de puiflan- ce motrice dans les machines Les anciens en avoient même long- rems ignoré la manœuvre, il ref- toit encore un élément qu'ii falloir foumettre , c'eft le feu. M. A mon- tons en avoit apperçu la pénibili- té , c'eft déjà la marque d'un r_;énie fupérieur , & la Phyfique étoit af- fez avancée pour s'en convaincre : ce font les premières démarches qui coûtent le plus à l'élprir. De la poflîbilité , on chercha le moyen de pafler à l'acte. M Amontons l'entreprit, le fucecs fut aflez heu- reux pour un inventeur; mais la mort arrêta fes travaux. Il faut convenir que M. Savery en Angleterre & M. Papin en Alle- magne , font les premiers qui ont donné la perfection à as machines dont l'action du feu , ou plutôt les vapeurs de l'eau bouillante , font le principe du mouvement. Nous ne donnerons point li conftruc- non de ces machines , qui par U F E V R I E beauté de leur mécanifme doit exciter les amarcurs des Arts à les examiner dans le livre même ; au- cune machine dit M. B. n'a plus de rapporcavec celle des animaux ; •» la chaleur eft le principe de Ton » mouvement , il fe lait dans les »> differens tuvaux unt circulation «comme celle du fang dans les » veines , ayant des valvules qui » s'ouvrent &: fc ferment à propos, » elle fe nourrir , s'évacue d'elle - *> même dans Aes temps réglés , »> & tire de fon travail tout ce qu'il *> lui faut pour fubfifter. Il y a une » de ces machines établie à Frêne , « près Condé , dont le fourneau • confume en 24. heures deux » muids de charbon de terre , cha- «> cun contenant enviion 14. pieds » cubes ou deux cordes de bois } » deux hommes fuffifent pour veil- » 1er tour à tour au gouvernement, "elle épuife environ 155. muids » d'eau par heure. M. B. attentif jufqu'aux machi- nes les moins relevées , mais qui ne font pas moins utiles , nous fait la defeription de plufieurs qui peu- vent fervir à tirer l'eau des puits qui fe trouvent dans des maifons particulières ou dans des Châteaux qu'on eft quelquefois obligé d'a- bandonner par la difficulté d'y con- duire une choie aufll nécefTaireque l'eau , le choix que l'Auteur a fait de ces machines (Impies peut de- venir fou commode fuivanc les •ccafïons. Chapitre IV. Ce Chapitre commence par !'•- R , 1740. un autre indice , h l'on apperçoit » des tourbillons ou nuées de pe- » tits moucherons voler prés de la » terre à ia même place- M. B. indique quelques autres moyens qu'on peut mettre en ufage pour trouver des fources. *> Il faut creufer un petit puits de y> 5. pieds de diamètre fur j. ou 6. » de profordeur, pofer ru fond un » chaudron rcnveifc dent l'irrte- FEVRIE » rieur foit frotte d'huile , enfuite » fermer l'entrée de ce puits de » quelques planches couvertes de » terre , fi Je lendemain en trou- » ve des gouttes d'eau attachées au y dedans du chaudron , il eft cer- » tain que ce lieu contiendra des » vaines d'eau, on peut fous le chau- » dron mettre quelques poignées » de laine , afin de voir 11 en la » prenant il en fort beaucoup d'eau » On employé quelquefois avec » fuccès une éguille de bois com- » poiée de deux pièces, dont l'une » doit être poieufe , & facile à » s'imbiber comme l'aulne •, on la » place le matin en équilibre fur » un pivot au-dellus de l'endroit » où l'on conjecture qu'il y a quel- an que fource , & s'il s'en trouve « effectivement les vapeurs péné- » treront le bout de l'éguillc &: la » feront incliner vers la terre ; ce » qui n'étoit que conjecture de- « viendra une preuve. » Enfin les lignes les plus fim- » pies qui indiquent les vaines » d'eau , font les joncs, les rozeaux, » le baume fauvage , l'argentine y » le lierre terreftre 3 & les autres » herbes aquatiques qui croilTcnt » dans certains endroits , fans que » les eaux fauvages les nourrifTent. Ce font là les feertts des vraisPhy- ficiens , toujcms amateurs du vrai. Mais l'cfprit allez louvent préoccu- pé fe prête aux prodige"; _, & feup- conr.e que la vérité ne peut fc trouver qu'avec le merveilleux ; fi l'on eft curieux cependant de fça- voir les mifteres ce la baguette pour la recherche des eaux, , voici Rj 174©* 9} les régies ou plutôt les cérémonies que les joueurs de baguette obfer- vent. » 11 faut choifir une fourche » de coudrier franc & rouge , le » couper d'un feul coup de tran- » chant environ le 12 Juin, lorfque « le foleil entre dans le ligne du » cancer , Se s'il fe peut , choifir le » temps de la pleine lune , & un » mercredi à cauic de la Planète de » Mercure. Il faut que les deux » branches de la fourche ayent 3 » ou 4 lignes de diamètre réduites » à 18. ou 20. pouces de longueur, » & que la tige en ait 22. à 23. en- » forte que les trois parties de ta » baguette compofent un Y. lorf- » qu'on voudra en faire ufage , it » faut empoigner les deux branches » de manière que le dedarfs des » mains regarde le ciel & les élever »à la hauteur des épaules, obfcr- » vant de maintenir la tige paralle- » le à l'horizon , il arrivera ( com- » me dit notre Auteur) à ceux qui » prétendent être en pcfîcfî.on de » cette vertu , ainfi qu'à tous les. » autres • qu'ils fendront un effort' » que la baguette fera pour s'incli- » ner3iVqu'on eft obligé d'employer » une foice allez considérable pour » la maintenir horizontale, car auf- » fi-tôt qu'elle quittera cette fitua- j> t:on , elle fe déterminera , foit » vers le ciel, foit vers la terre. Ajoutons à ceci , que ces dépofî- taircs de fecrets n'err.ploycnt leur bagtette qu'après avoir mis en au vre tcus les lignes naturels ; ainfi la baguerte entre leurs mains fera toujours difyofée à s'incliner, eut- elle été coupée dans un quartieïdc P4 JOURNAL D la lune le ii Décembre le Soleil étant dans le Capricorne , Si un mardi à caufe de la planere de Mars. L'air de confiance avec lequel lac- teur s'annonce , une efpece de cré- dulité dont les fpectareurs font dé- jà prévenus , les excitent à l'aider de leurs connoiflances , même fins qu'ils s'en apperçoivent , ils s'ima- ginent tenir de lui ce qu'ils au- roient dû recotmoître chez eux. On apprend dans ce chapirre la méthode quM faut fuivre pour raf- fcmbler les (burces par des tran- chées. I orfqu'on veut avoir beau- Coup d'eau on creufera dans les en- droits qu'on a reconnus de petits puits éloignes les uns des autres de 25. ou 30. pas , il faut les joindre par des tranches qui reçoivent les tranfpirarions de l'eau,& la condui- fent vers le lieu où l'on veut qu'elle iê rende. 11 but être attenrif en ap- p'ofondifTint à ne point percer les lits de tuf ou de ghifes qui re- riennent l'eau , Si après qu'on au- ra donné aux terres un talud con- venable , on étendra lur le fond un lit de terre glaife bien battue, j C'eftjfans doutera plupart de ces défavantages apperçus par M. Ma- riotte , qui le déterminèrent à ré- gler le pouce d'eau à 14. pintes écoulées pendant une minute, l'eau du refervoir étant à 7. lienes au- deflus du centre de l'orifice Cette mefure arbitraire dans fon origine remedieroit à quelques inconve- niens , fi les Fontainicrs avoient foin d'entretenir l'eau des cuvettes à cette hauteur , mais on ne fup- pléeroit pas à tous les défauts : car faifant les ouvertures circulaires & à la même hauteur , l'élévation de l'eau ne fera pas la même pour toutes , & les divers fiottemens relieront toujours. M B. penfe avec raifon qu'il faut faire les orifices rec"b.ngulaires,leur donner à tous la même hauteur &C les rendre diHerens quant à la ba- 2e , fuivant le rapport des lignes d'eau qu'on voudra diftnbuer aux conceflîonnaires , & entretenir la cuvette à 7. lignes du centre de leurs orifices. Par cette cdnftru&ion le calcul en fera aifé , leur rapport & la même mefure commune fera déterminée : il ne refte plus que les frottemens fur leurs furfaces pour lefquels il eft facile de faire quel- ques expériences en élargifïant les jauges par degrés jufqu'à ce qu'on lbit parvenu à les rendre capables de ce qu'elles doivent fournir fans toucher à leur hauteur , & avoir foin que les petites jauges foient éloignées des plus grandes , parce qu'en étant plus proches , ces der- nières abiorbent ou plutôt attirent l'eau qui devroit couler par l'autre. 96 JOURNAL D En Phyfiquè le mot d'attracVion eft quelquefois commode. Chapitre V. U s'agit ici de h manière de dif- tribuer c^ dj diriger les eaux jail- îilfaiircs pour la décoration des jar- dins. M. 15. après nous avoir entre- tenu de l'utile , a tourné fes vues du côté de l'agréable. Quoique la conduite des eaux pour l'embclif- fement des jardins , ne foit pas ab- folument néceffaire , elle renferme des principes d'hydraulique dont notre Auteur ne pouvoit s'empê- cher de parler , & c'eft ce qu'on trouve dans ce chapitre. Après avoir propofé les delTeins des plus beaux modèles , pour le meilleur empla- cement des cafcades,des jets d'eaux, des eaux plattes , &c des piramides d'eau , il pofe les différentes ré- gies qu'il faut obferver fur les aju- tages , fur leurs grandeurs pir rap- port aux branches de communica- tion. On'appevçoit aifément pour- quoi les jets d'eaux ne remontent pas jufqu'à la hauteur de leur re- fervoir ; cette différence eft connue, en forte qu'ayant deux refervoirs ES SÇkVANS, dont les hauteurs S: le jet de l'un ,' font donnés , on aflîgncra la dif- férence de l'autre. Et pour plus de facilité l'Auteur en a compofé des tables. On fçait encore trouver la dépenfe de l'eau , lorfqu'on fçait la hauteur du refervoir & le dia- mètre de l'ajutage , ou la dépenfe de l'eau , & le diamètre de l'ajuta- ge étant connue , la hauteur du re- fcrvoii le fera. Ce font autant de queftions fur lefquelles M. B. a formé un efpece de tarif, c'eft-à- dire , des tables qu'il a placées dans cette dernière partie de fon Ouvra- ge^ qui le terminent. Si beaucoup de calculs cV des méthodes diffici- les y font mifes en ufage -, c'eft une nouvelle preuve que la plus fubli- me Géométrie n'eft pas inutile. Il faut convenir que l'Auteur n'a point épargné fes peines pour inf- truire fes Le&eurs fur une matière alTez peu connue : les bons Ouvra- ges tels que celui-ci peuvent en produire d'autres qui ne feront pas fi fçavans , & qui auront une gran- de utilité. M. B. ptomet au public une fuite, nous lommes perfuadés qu'elle fera auiîî-bien reçue que les livres précedens. LES DEHORS TROMPEURS , OU L'HOMME DV JOVR , Comédie de M. de BeiJJy , en cinq /îlles & en vers , représentée pour la première fuis fur le Tuc.itre de l.t Comédie Françoife le i§. Février 1740. A Paris , chez Prault le pere , Libraire-Imprimeur , Quay de Gcvres, au Paradis, '740. Avec approbation & Privilège , in-12. COmme l'Extrait des Pièces de Théâtre , & paiticul erement d t lies du çenre comique , ne fait jamais connoître que très-im- parfaitement tout le mérite qui les a fait applaudir dans les repréfen- tions ; nous n'expoferons, de cette Comédie- ci 3 malgré le fuccès ménté FEVRI mérité qu'elle vient d'avoir , que les endroits dont on peut dans un l'impie Extrait, donner la vérita- ble idée : Premièrement la partie effentielle d'une pièce , c'eft- à-dire le genre de morale qui réfulre de l'action ; &c du détail des Scènes x En fécond lieu , ce que la pièce a de nouveau ou de plus remarqua- ble par rapport à l'intrigue : Et en troiiîéine lieu les morceaux qui ca- raclcrifcntle Style dans lequel elle eft écrire. M. de Boiffy par rapport à l'ob- jet moral , attaque ici avec force , & démafque d'une manière très- agréable , l'erreur de certains hom- mes du monde aimables lorqu'ils s'étudient à le paroître , in-(ù por- tables.dès qu'ils fe lahTent voir tels qu'ils font: Qui d'abord emprelfés, complaifans dans la vue de réufîîr auprès de vous , deviennent dès qu'ils y font parvenus négligens & févéres : De ces gens qui ne veulent avoir qui n'employent pour tout mérite dans la focieté, que ces de- hors agréables &: frivoles , capa- bles à la vérité de plaire ; mais qui par la fuite n'infpirent ni l'eitime ni l'amitié. Qui fc font une affaire férieufe de commencer, d'entrete- nir des liaifons de pur amufement , 8c qui négligent fans fcrupule cel- les que la raifon , la bienféançe la reconnoiffance même voudroienc qu'ils cultivalTcnt : Ils commencent par féduire ; Us plaifent moins dès qu'on vient à les connoître , ils fi- nirent par être abandonnés : c'efî: ajnfi que cette pièce les repréfente. Pour bien dévéloper les faux fev. E R , 174 o. $7 principes par lefquels les gens de cette efpece fc conduifent , l'Au- teur met fon héros , qu'il appelle XHomme du Jour dans le cas de dé- finir la raifon : voici la forte de rai- fon que cet homme croit préféra- ble. Celle du premier ordre à qui la Bour- geoise Donne vulgairement le tiltre de folie , Qui met fa grande étude à badiner" de tout, Eft mère de la joye & fource du bon goût; Au milieu du grand monde établit f» juiiifance , Et de plaire à fes yeux enfeigne la feien- ce. Pour dévéloper encore mieux les erreurs de ce même homme , dans une autre Scène où il s'agit de la conduite qu'on doit garder dans le monde, M. de B. le fait parler ainû*. ( Le monde ) eft notre maître & nous devons le fuivre, Nous foraines par état tous deux forcés d'y yivre : Pour y plaire, y briller, pour avoir Ces faveurs , Il faut prendre Marquis jufqu'à fes er- reurs : Dès qu'ils font établis préférer fes ufà- ges, Quelques choquans qu'ils foient aux raifons les plus fages ; Quoiqu'il en coûte , on doit fe mettre à l'uniflon , Et tout facrifier pour avoir le bon ton ; Si -tôt qu'il le condamne , il faut fuir tout fcrupule , Et même les vertus qui rendent ridicule, N JOURNAL DES SÇAVANS, 9§ M. «.îc P. dans h fuite ne man- oue pas de faire connotrre quels fruits doit produire un pareil Syf- ttme de raifon. L'homme donr il s'agic a un rival qu'il ne connoîr. pas pour tel : ce rival le regardant comme fon ami , penche, par un principe de probité , à renoncer à lès vues ; notre homme le ralTcure, ignorant comme rocis venons de le d.rc, l'intérêt qu'il a à la chofe,il le prefTe de continuer lès foins au- près de la perfonne qu'il aime , le rival lui répond. lemoyenr àprefent, Monfîeur, que je la voie Promife à mon ami dont fon père a fait choix , Mon cceur doit renoncer piiitot à ma maitreife , L'honneur & le devoir y forcent ma ten- drtfle. A cela l'Homme du Jour réplique: ïl n'eft pas queftion de devoir ni d'hon- neur , Il ne s'agit ici que de votre bonheur r Oui , Marquis , fur ce point je ferois fonspit.é i Le fcrupule eft fotife en pareille matière, J'ai plus d'expérience & dois vous éclai- rer i La droiture eft un frein que l'on doit ré- vérer , Du monde ce font là les maximes con- fiantes. Dans tout ce que l'on nomme affaires importantes , Devoirs cllenticls de la Société, Dont ils iont les liens & comme le trai- té, Mais elle eft fins pouvoir pour tout ce qu'on appelle Du nom de badinage ou bien de bsga- telle, Pour tout ce qu'on regarde univerfelle- ment Sur le pieJ de plaiiîr ou de delaffement. Ce confeil produit la récompen- se que mérite celui qui le donne , il lui tait perdre fa maîcrefle. M de BoilTy ne le contente pas de merrre au jour tour ce qu'onc de frivole les opinions qui fetvent de régies à quelques gens du mon- de , il combat encore ces préjugés en leur oppofant les fages principes qui les détruilènt : pour moi ; dit un perlbnage qui contraire avec Ykiommî du Jour. Pour moi je reconnoisune (aine raifon , Loin d'être un préjugé , Madame , elle s'occupe A détruire l'erreur dont le monde eft la dupe, Nous aide à démêler le vrai d'avec le faux , Epure les vertus, corrige les défauts , £ft .le tous les états comme de tous les Et nous rend à la fois fociables & f-iges, Quand à l'intrigue le principal incident de celle-ci, eu extrême- ment ingénieux : la jeune perfon- ne qui eft promife au Baron , c'eft ï Homme du Jour , en aime un au- FEVRIER, 1740. tre; rebutée d'ailleurs par l'efpric de hauteur & de fcvénré , avec le- quel le Baron la traire , elle a ima- giné pour le dégoûter de l'épou- fer , d'arTecler une Itupidité extrê- me. Le Baron qui n'a d'cfprit , c'eft-à-dire , qui ne fait ufage du n'en que lorfqu'il veut plaire , ne s'eft pas avifé de démêler celui que la jeune pcrfonne cherche à cacher: cette erreur produit desScénes d'un genre très- agréable , non - feule- ment le langage qu'elle garde avec le Baron , & qu'il trouve fot pa- roît fpirituel au fpe&ateur ; mais l'Auteur tire bien un autre parti de cette équivoque; il met la jeune per- fonne en Scène avec fes deux amans, tout ce qu'elle dit alors eft en mê- me temps plein d'efprit pour l'a- mant qu'elle aime, & paroît plat jufqu'à la fotifé pour celui à qui elle veut déplaire. Il eft aifé de concevoir de quel prix eft ce dou- ble effet dans la repréfentation. Il nous refte à rapporrer ici quelques morceaux détachés pour faire connoître le ftyle de la pièce ; voici comment l'Auteur expofe le caractère qu'affe&e la jeune per- fonne , c'eft le Baron qui parle trompé par Faparence. Cet objet fi charmant dont moname eft éprife , Sous un dehors flateur cache un fond de bêtife : Jene fçai de quel nom je le doisappeller. C'eft un être qui fçait à peine articuler: Trifte fans fentiment, réveufe fans idée, C'eft par le feul inftinft qu'elle paroît guidée. 99 Dans le tems qu'elle lance un coup d'œil enchanteur, Un filence ftupide en dément la douceur. D'aucune impreffion fon ame 11'eft émue, Et je vais époufer une belle Statué. Pour cet objet fatal je p iflé tour à tour Du defîr au dégoût, du mépris à l'amour, je la trouve imbécile , & je la vois char- mante ; Son efprit me rebute & (à beauté m'en- chante Dans une autre Scène , l'Au- teur veur faire fenrir combien touc ce qui n'eft qu'amufemenr 3 de- vient pour certaines gens une af- faire importante. Il s'agit d'enten- dre un Muficicn célèbre qu'un homme de fortune compte d'a- voir chez lui ; le Muficicn manque de parole , on voit dépeint dans les vers fuivans l'embarras de l'homme de forrune comme fi on étoit préfent à l'avanture. L'opulent Financier, qui tout fierl'atten- doit. Et chez qui , fans mentir , toute la Fran- ce étoit , Comme un arrêt mortel apprend cette nouvelle. Le concert eft rompu , l'avanture eft cruelle ; C'eft un coup dont il eft fi fort humilié Qu'J en paroît moins fat,mais plus fot de moitié ! Les détails de cette pièce nous offriroient encore bien d'autres choix à faire , mais nous fbmmes obligés de nous renfermer dans Nij ioo JOURNAL DES SÇAVANS, Ils bornes étroites qui nous font ces marque d; cccrc Comédie n'a. preferites ; nous oblerverons., pour été interrompu que par la clôture terminer notre Extrait , que le fuc- du Théâtre. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES DE LA SOCIETE Royale de Londri s , années 17 3 3. & 1734. traduites par M. de Brcmond. A Paris, chez Piget, Quai des Auguftfns, a limage S. Jacques, 17+0. É»-4°. pag.2S0.cv 538. planch. détach. XI. fans y comprendre une Carte des lieux ou les différentes longueurs du Pendule a fécondes ont été obfcrvèes , comprenant toutes les Obfervations qui en ont été faites par di- vers Agronomes de !' Académie Royale des Sciences , de ta Société Royale de Londres , &C depuis \6-o.jufques & compris celles qui ont été faites en 175 c. 173e'- C~ 1737 a Paris , en Amérique & en Laponie , par or- dre dit Roi & de l' Académie Royale des Sciences , pour déterminer la- figure de la Terre, avec les Tables calculées d'après ces obfervations par ALJfieurs Newton , Bradley & de Aiaupertuis , drcjjée par Philippe Buacbe de l'Académie des Sciences , gendre de feu AI, Défi fie , premier- Géographe du Roi & de la même Académie , 1740. NO v s avons rendu compte dans le Journal précédent des Mémoires contenus dans les Tranlaclions Philolophiques de l'année 1 — ' 5 3— Nous rendrons com- pte dans celui-ci de ceux de l'année 1734. Ils font- au nombre de 30 , dont voici les titres rangés par or- dre de matières.. P H Y S I QJJ E G e' N e' R A l E. t. Lettre de Ai. du Fay a, Ai. le Duc de Richmond & de Lenox toucha:-, t l'Eletlricité. 2. Obfervations faites à Londres far M. Graham , & à Black- River dans la JamaïquEj par Ai. Campbell , fur les vibrations du Pendule , pour déterminer dans ces deux endroits l'a différence de la longueur des Pendules Ifochrones & coitûnuniquées par AI. Brauley. 3. Dcfcription des Aurores Bo- réales qui ont été obfervées à U- it- temberg en 1-3:. par vI/.Weidler. 4. Extrait d'une Lettre de Ai. Musschenbroeck au DocleurDïs- agvliers , touchant des expérien- ces faites fur le fable magnétique des Indes. ?. Extrait des Joicnaux Aiété- réologiques envoyés a la Société Rny.de , avec des Remarques , par Ai Dërham : cinquième Partie. 6. Extrait d'un Ouvrage intitulé : Traité Phyfique & HilTorique de L'Aurore Boréale , par AI. de Mai- RAN , fuite des Aièn.oires de l'Aca- démie Royale des Sciences. Année. 1731. par Ai. Eamïs. A N A T O AI I E. 1. Pajfage extrait de fHifloire dt P inoculation de la petite-vérole , com- EVRIER, 1740. ipi HISTOIRE NATURELLE. pofce par Al. Timon i , communi- quée par Al. Horseman. 1. Obfervation d'un homme em- poifonnê pour avoir mangé de V Aco- nit ou Napel , par M- Bacon. 3 . Relation de l'état ou fe font trouvés les corps d'un homme & d'u- ne femme enterrés depuis 4^ ans dans let marais du Comté de Derby : tirée d'une Lettre du Doïleur Balgui a M.Cromxçel Mortimer. CHIMIE. 1 . De l'Ambre qris : par M. Neumann : /. Partie. 1. De l'Ambre gris : par le même: II. Partie. 1 . De t Ambre gris : par le même: III. Partie. 4. Expofition des expériences fai- tes fur l'Ambre gris , par MAI. Browne & Hanckewits , avec la Défenfe de AI. Neumann. 5. Du Camphre de Jhim : par M. Neumann, B O T A N I QJJ E, I. Expériences & Obfervations fur les Bulles , fur les Plantes & fur les femences qui croiffent dans Veau : par AI. Curteis. z. Catalogue des 50 Plantés du Jardin de Chelsea , prefentées a la Société Royale par la Compagnie des Apoticaires, pour l'année 17 32. par M. Rand. 3. Defcription d'un nouveau gen- re de Plante appelle en Malais Mangoustan : par AI. Garcin, traduite du François en Anglots par M. Zollman. i. Conjetlures touchant le pou- voir de charmer ou defafcixer , at- tribué au Serpent afomiettc . fondées fur des Relations dignes de foi , fur des expériences & fur des obferva- tions : par AI. Sloane. 1. Partie d'une Lettre du Doïleur Richardson a AI. Sloane. fur la Squille d'eau douce. 3 . Mémoire fur la mort des Che- nilles & des Sauterelles qui ont défo- ie depuis quelques années les Cam- pagnes des environs de Wittem- berg , par M. Weidler. 4. Suite de l' Extrait fur l'Hiftoi- re Naturelle de la Caroline & des If es Bahama : par M. Cates- by : fixiéme Partie ; par le Dotltitr Mortimer. 5 . Extrait d'un Livre intitulé : LOCUPLETISSIMI RERUM NaTU- RALIUM THESAURI ACCURATA Descriptio, &c. Vol. 1. Amfleh 1734. in fol. c'eft-à-dire : Defcrip- tion exaBe des principales Curwftcz. de la Nature , renfermées dans U Cabinet de M. Albert Seba : par h Dotleur Midleton Massey. M E C H A N I CLU E. I. Defcription d'une nouvelle Ma- chine pour élever l'eau , dans la- quelle les chevaux ou les autres ani- maux tirent fans perdre de force ( ce qui n'avoit pas encore été prati- qué) dans laquelle les coups de piflon font affez. étendus pour empêcher l'ean de Je perdre par l'ouverture ioz JOURNAL D trop fréquente des foupapes , dans laquelle enfin f trouvent beaucoup d .tiares avantages également nou- veaux : par M Churchman. ASTRONOMIE. i . Figure de l Eclipfe de Soleil ob- flrvée un peu avant le coucher de cet Aftre a Wittemberg en Saxe le d uxiéme Mai y. S. 1735. par M- Weidler. 2 ■ Tal le des Eclipfes des Satelli- tes de Jupiter «1735. far M. Hod- CSON. 3. Defcrlption & ufage d'un In- strument pour prendre la latitude d'un lieu à toute heure du jour : par M. Graham. 4. Mémoire fur la manière dont J\d. Godfrey a perfectionné le Quar- tier Anglais de Davis & fur l'ap- plication de fes corrctl.ons à l'Arba- leflrdle : par M Logan. Nous nous bornerons dans cet Extrait à entretenir nos Lecteurs du fécond morceau de Phylîque générale , ou plutôt d'une note que M. de Bremond a faite à Ion fujet, du premier, du fécond &du troiliéme de Chimie , du premier & du quatrième d'Hiftoire Natu- relle. 1. Le fécond morceau de Phyfi- que générale a pour objet des Ob- fervations faites à Londres par M. Graham & a Blacl^ River dans la Jamaïque , par M Campbell , ton- chant le mouvement d'une Horloge a Pendule pour déterminer la longueur des Pendules ffoch-ones , dans ces deux endroits. Communiquées par M. Bradley. ES SÇAVANS, La variation de là longueur du Pendule a fécondes ibus difîerens degrez de latitude eft une obiei \ a- tion que la grande connéxité avec la qudtion de la figure de la Terre a rendu inn.iivent intereflante pour tous les Phyliciens. C'ell en 1671. que M. Richer de l'Acadé- mie Royale des Sciences, décou- vrit en rifle Cayenne que les Pen- dules alloient plus lentement près de l'Equateur , que dans des Pais Septentiionaux. Cette première découverte eut le lort de pielque toutes les choies nouvelles ; ceux dont elle favoriloit les idées l'a- dopteient , les autres la combat- tirent. On eut recours aux expé- riences & elles ont été portées par la fagacité des Obfervateurs à un point de précihon auquel il ne pa- roilïoit pas ailé de parvenir. Quel- ques-unes des premières parurent contredire l'Obfervation de M. Ri- cher , mais une foule d'autres qui les îuivïrent & qui ont été répé- tées avec l'attention la plus feru- puleufe , ne permettent plus de la révoquer en doute. Telles font en particulier les Obfervations de MM. Graham & Campbell , com- muniquées par M. Bradley. M. de Bremond a réuni dans une note étendue toutes les expériences qui ont été faites à ce fujet fous diffé- rentes latitudes. Nous voudrions que les bornes d'un Extrait nous permilfent de la rapporter en en- tier , mais nous rendrons du moins compte de ce qu'elle renferme de plus nouveau. Ce font les expé- riences faites en dernier lieu fur le F E V R I E Pendule au Pôle Se à l'Equateur par ces célébies Académiciens , qui fécondés d'un Miniftre à qui la facilité de (on génie rend toutes les Sciences familières , font allés les uns fous un ciel bi ûlant, les au- tres fous un climat glacé, non pour amafler de vains trélors , mais J)our enrichir leur pays de nouvel- es connoiflances. Leur principal objet étoit , comme l'on içait , de mefurer les degrez au pôle &: à l'Equateur, mais ils fe propofe- rent en même tems de faire des expériences fur le Pendule. Il fal- loir commencer par déterminer dans la plus grande précifion la longueur du Pendule dans un lieu quelconque , par exemple à Paris. Les expériences à Paris paroif- foient , dit M.deBremond, d'au- tant plus neceiraires que tous ceux qui y avoient mefuré jul qu'alors la longueur du Pendule ne s'étoient point accordés. Les différences qu'ils mettoient dans leurs obier- vations étoient à la vérité extrê- mement petites ; dans toute autre matière on auroit même été lur- pris d'un pareil rapport -, mais pour le cas prefent un cinquième , un dixième de ligne & beaucoup moins peuvent influer confidera- blement fur les conféquences que l'on veut en tirer & fur les di- menfions de la figure de la Ter- re. Un cinquième de ligne , félon la Table de M. Newton , eft tout ce qu'il faudroit ajouter de plus qu'à Paris a la latitude d'Urani- bourg pour la différence de la longueur du Pendule» R, 174°; 10 j L'Académie invita M. de Mai- ran capable , comn e tout le mon- de Içait , dit M. dt E.emond , de la plus giande txaditude , a fe charger de déterminer la mefure piécife du Pendule a Paris. Apiès bien des expériences & des calculs dont on tiouve le dérail dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de 1735 > cec ihtRxe Académicien a enfin confraté que la longueur du Pendule à Paiis étoit de 3 pieds 8 lignes & -1 , ou plus exactement encore 8 lignes ~ longueur la même , dit M. de Bremond , que celle de MM. Des- hayes & Varin adoptée par M. Newton dans la propolition 2ome du 3mc Livre de fes Principes Ma- thématiques & approchant davan- tage de la mefure de M. Richer que de celle de M. Picard dont les expériences avoient paru contre- dire la découverte du premier. La longueur du Pendule à Paris bien déterminée , MM. Godin , Bouguer & la Condamine font partis pour aller mefurer un de- gré du Méridien fous l'Equateur, & ils ont fait chacun en particulier des expériences fur la longueur du Pendule au petit Goave , à Porto- bello , à Panama , à Riojama , & il refulte de leurs expériences que la longueur du Pendule diminue à mefure que l'on approche de l'E- quateur. Il faut voir le détail de ces expériences dans l'excellente note de M. de Bremond , & on ne pourra s'empêcher d'être furpris , comme il le dit lui-même , de l'ac- cord fingulier qui fe trouve entre ,04- JOURNAL D <3es obfervarions faites iuivantdif- i ités méthodes par différons Obfervateurs Se répétées un grand nombre de fois : pur exemple, au petit Goave la différence qui le trouve entre la détermination de chacun des trois Obfervateurs ne va pas a un vingtième- àj ligne, preuve de l'extrême attention qu'ils y ont apportée. D'un autre côte M ; de Mauper- tuis , Clairaut , Camus & le Mon- nier parurent en 1736. pour melu- rer dans le Nord le degré le plus Septentrional qu'il fut pénible. Apres avoir travaillé a toutes les opérations &: a toutes les obferva- tions necellaires pour la mefure du degré , ils firent des expériences fur la pefanteur à Pello , dont la latitude efl de 66° 48 , & dont la poiition étoit d'autant plus avanta- geufe qu'elle étoit plus près du Pôle. » pour connoître la différence « de pefanteur entre Pello 5c Paris » ces Obfervateurs fe fervirent » d'une Pendule de M. Graham , » deftinée à ces fortes d'experien- » ces. Le Pendule décrivit toujours «des arcs de 4°. 10. On régla le »» feu dans la chambre où dévoient » fe faire les expériences par le « moyen de deux Thermomètres » de Mercure , on y conferva tou- jours la même température &c » par les obfervarions depuis le 6 « Avril i757.jufqu'au 10,011 trou- » va que le Pendule avoit accéléré » fur Régulus de 3' 34" , ce qui ■•> donne pour fon accélération fur «chaque révolution des fixes 55" ES SÇAVANS, » Les mêmes Aftronomes & » Géomètres , de retour à Pans , » y entretinrent jour é\: nuit la » même temperatuiequ'ils avoient » eue a Pello, pa' le moyen des "deux mêmes! îermomécres, les " ofcillations du Pendule furent de » x° 10'de chaque côté. On obfer- " va Sirius cv on trouva que pen- " dant 13 révolutions des fixes le » Pendule avoit retardé fur leur » mouvement de 1 1 ' 5 ". Donc de » Paris à Pello , pendait une re- " volution des fixes , la Pendule «accélère de 59" i'\ On fçait par » la que le Pendule qui bat les fe- » coudes à Pello efl de 441 , 17 li- » gnes , tandis qu'à Paris il n'eil » que de 440,57, c'effc-à-dire qu'il » efl plus long a Pello qu'a Paris » de 9+c parties de ligne. M, de Bremond ne fe borne pas à rendre compte dans fâ note de toutes les expériences qui ont été faites fur la longueur du Pendule fous différentes latitudes , il y joint les conféquences qui en ont été tirées. M" Mariotte &: Hnguens, difr-il profiterenr habilement de l'expé- rience de M. Richer , &c conclu- rent aufTï-tôt que les corps tom- boient plus lentement vers l'Equa- teur que vers les pôles. Ils imagi- nèrent que la force centrifuge étoit plus grande vers l'Equateur & que la matière fubtile faiiànt par conféquent un plus grand ef- fort pour s'éloigner du centre s op- pofoit avec plus de force à la chu- te des corps , les foùtenoit , en diminuoit la pefanteur. M. Hu- guens J A N V I c;iiens des lors fentit que la cir- conférence de la Terre n'eft pas circulaire de l'Equateur aux Pôles, il penfa que l'inégalité du Pendu- le étant une fois bien déterminée , on auroit la courbe de la iurface de la Terre dans le fens d'un méri- dien ; il trouva par cette analogie .que la Terre doit être applatie par les Pôles , & que la pefanteur croît de l'Equateur aux Pôles com- me le quarré des (ïnus de latitude. Une ligne & un quart de différen- ce trouvée au Pendule a Cayenne Jui donna lieu , comme le dit M. de Fontenelle , de changer la figu- re de la Terre. M. Newton le fervit aufïï des obfervations du raccourciirement du Pendule vers l'Equateur pour eftimer le rapport de la pefanteur des corps fous le Pôle & fous l'E- quateur , pour déterminer la figu- re de la Terre & pour calculer les longueurs du Pendule depuis l'E- quateur jufqu'au pôl'e ; M. New- ton fit voir clairement , ajoute M. de Bremond , que la chaleur du Soleil la plus ardente ne peut pas froduire fur la verge du Pendule excès de la longueur qu'on trou- ve près de l'Equateur , comme l'a- voit prétendu M. de la Hire. Il prit un terme moyen fur le petit nom- bre d'obfervations du Pendule qu'il p.i^ea exa&es , & il calcula une Table des longueurs du Pen- dule depuis l'Equateur jufqu'au Pôle. Cette Table donne la terre un peu moins applatie par les Pôles que ne l'a trouvé par fes obferva- icv. E R , i 7 4 p. ioj* tions M. de MauperEÙis & l'accé- lération de la Pendule de Paris à Pello eft plus grande de plufiturs fécondes que celle qui re fuite du calcul de Newton. La Table de M. Bradley donne l'accélération de Paris a Pello plus grande qu'on ne l'a oblervée dans le voyage au Cercle polaire de +' y'". M. de Maupertuis a donné dans fon Ouvrage de la mefure de la Terre nue Table des accélérations de la Pendule & des allongemens du Pendule depuis l'Equateur juf- qu'au Pôle. Cette Table eft , dit M. de Bremond , d'autant plus exa&e qu'elle a été faite fur un plus grand nombre de points con- nus & éloignés les uns des autres. C'eft par-là que M. de Bremond termine là note qu'on peut regar- der comme un fort bon Mémoire. Elle eft accompagnée d'une Carte des lieux où les différentes lon- gueurs du Pendule ont été obiér- vées , comprenant toutes les expé- riences qui ont été faites a cefujet avec les Tables qui ont été calcu- lées en conléquence par M" New- ton , Bradley &: Maupertuis. Elle a été exécutée par M. Buache. On peut juger par cette Caite combien M. de Bremond apporte de foins pour perfectionner fon Ouvrage , & la note dont nous avons rendu compte fait voir qu'il ne lui manque rien du côté des connoilfances. Une Traduction, telle que la fienue devient un Livre original. z. Le premier , le fécond & le troifiéme morceau de Chimie font O io6 JOURNAL DES SÇAVANS, trois parties d'un Mémoire fur & rompu en petits morceaux l'Ambre gris donc M. Neuman eft l'Auteur. Il y a eu un grand nombre de fentimens difrerens fur la nature de l'Ambre gris Se lur fa forma- tion. Les uns l'ont mis au rang des gommes , d'autres au rang des re- laies ; ceux-ci ont dit que c'étoit une fiente d'oifeau , ceux-là que c'étoit un gâteau d'Abeilles , d'au- tres enfin ont prétendu que c'étoit un excrément de poilfon ou de Ba- leine. M. Neuman rapporte toutes ces opinions Se plufieurs autres encore , Si après les avoir com- battues il s'attache à faire voir que l'Ambre gris eft un minéral bitu- mineux qui pafle de la terre dans la mer , mais dans une condftance plus épaiile que le Naphte. Lorf- qu'il coule dans la mer , il eft en- core flexible , tenace & vifqueux. Parmi beaucoup de chofes curieu- fes qui font répandues dans les crois parties de fbn Mémoire, nous en rapporterons une leuJe qui nous a paru la plus nouvelle. C'eft la dilTolurion parfaite de l'Ambre gris par l'elprit de vin rectifié , dil- iolutîon que , fuivant M. de Neu- man, on avoir regardée jufqu'aiors non feulement comme rrès-diffici- ie , mais même comme prefque impoflîble. M. Neuman en donne le procédé qui eft très - fîmple. Prenez. ( ce font fes paroles ) de bon efprit de vin très - rctlifié , paffè fur it tartre ( quoique , absolument par- lant . ïefp^it de vin (impie bien rec- tifié fajfe le it. être tjfet , mettez.- y wi douzième d'Ambre gris naturel laijf. z. pas ce mélange à une digeftion lente } expofz.-h tout d'abord à un feu gradué jufqu a ce que l'efprit de vin commence à bouillir. Voila tout l: mifttr: , & vous verrez, que l'Ambre gris fe diffoudra entier -cuit fit. Si Ion Je fert d'un efprit inflam- mable - huileux { fo t que cet efprit ait paffé fur un végétal huileux , fait que ce (oit un efprit de vin tris- & chargé pendant la diftilla- tion dune huile ejfent telle ) la dijfo- lution de l'Ambre gris fe fera beau- coup plus prompten.cnt , mais i 'efprit de vinftmple très-retlifé l'emportera toujours fur les autres efpr'tts , fur l efprit de rofe , Sec. à moins que ces ne foient très chargés de par- ticules hmleufes. Nous renvoyons au Mémoire ceux qui voudront s'inftruire plus particulièrement de cette opéra- tion chimique. Elle donne lieu à plufieurs obfervations de M. Neu- man qui nous ont paru mériter at- tention. 3. Le premier morceau d'Hi- ftoire Naturelle dont nous nous fommes propofés de rendre comp- te eft de M. Slcane , & a pour titre Conjetlures fur le pouvoir de char- mer oit de fafcinrr attribué au Ser- pent a fomutte , fondées fur des Re- lations dignes de foi , fur des expé- riences & fir des obfervations. Le peu de lumières de la plupart de ceux qui voyaient , l'efpece d'honneur qu'ils ie font d'avoir des chofes fmgulieres à rapporter, la pente que nous avons à les croi- re ont rempli l'Hifloire naturelle F E V R I de Fables. On trouve en les appro- fondiffànt que tout leur prétendu merveilleux n'eft fondé que fur des •faits inventés ou mal vus. C'eft ainfi qu'il faut juger de ce qu'on trouve dans preique toutes les Re- lations au fujet du Serpent à (on- nete. On y lit que le Serpent a fon- nete tient fes yeux fixés fur un pé- rit animal , Comme un Ecureuil , un Oifeau , &c. & que par le charme de ce regard , l'animal , quoique perché iur un arbre fort élevé , tombe mort dans la gueule du Serpent. Ce fait eft tellement attefté par tous les Voyageurs qu'on ne peut pas le mettre au nombre de ceux qui ont été inventés , mais au nombre de ceux qui ont été mal vus. En effet , un peu d'attention eut fait évanouir le prétendu char- me pour faire place à quelque chofe de fort natureL Selon M- Sloane , quand le Serpent à fonne- te furprend des animaux qui peu- vent devenir fa proye , principa- lement de petits Quadrupèdes, des Oifeaux , &c. il fe jette delïïis & les mord. Le venin, quoique lubtil, ne produit pas fon effet iur le champ: l'animal mordu , fur-tout fi c'eft un oifeau , a le tems de s'enfuir iur un arbre voihn, & le Serpent ne le perd point de vûë jufqu'a ce qu'il foit tombé ou qu'il foit parfaitement mort, & pour lors il l'avale , après l'avoir léché & humecté de fa falive. Cette explication eft confirmée par une expeiience que fon Auteur fit il y a quelques années. On lui avoit E R , 1740. 107 envoyé de Virginie un Serpent à fonnete en vie dans une boë'te avec du gravier. Le Serpent en ayant été tiré avec de grandes pré- cautions , on fit avancer un chien contre lui , le Serpent le mordit & auffi-tôt le chien ièmita hurler d'une façon plaintive , & s'écarta du Serpent a la diilance de quel- ques verges. Dans une minute il devint paralitique des jambes de derrière , de la même manière que les chiens aufquels on a lié l'aorte dépendante , ëc il mourut en moins de trois minutes. Le Colo- nel Beverley , dans ion Hiftoire de Virginie , rapporte un fait dont il a été témoin & qui s'accorde en- tièrement avec l'expérience 8c l'ex- plication de M. Sloane. » A la fin de Mai 171 5. ( dit-il ) » étant à la promenade avec deux » de mes amis , nous nous arrêta- » mes près d'un verger iur le bord » d'un chemin qui cenduifbit à » quelques cérifiers , èc la nous » vîmes toute la céiémonie d'un » charme entre un Serpenta fbn- » nete & un Lièvre. Ce Lièvre » étoir allez fort. Voici comme le » charme le fit. » Une personne de la compagnie « allant choifirlesmeilleurescérifes » apperçut le Lièvre affis, & quoi- » que le Lièvre fût au milieu du » chemin il ne remua point -y il » fallut , pour qu'il changât de «place, que cette perionne, qui » ignoroit la cauie de fa xianquilli- ■» té , lui donnât un coup'de fou et; « pour lors il alla environ jo pieds » plus loin & s'allie de nouveau 1 O g io8 JOURNAL D » l'a perfonne n'ayant pas trouve » lesxérifès mûres, revint aufîî- " tôt par le même chemin , & » l'endroit où elle avoit frappé le » Lièvre , elle vit un Serpent a » lonnete. Commeelle ne fe doutoit » point du charme , elle alla dans » une haye , 20 verbes plus bas , " pour chercher un bâton afin de » tuer le Serpent, mais a ion re- » tour elle trouva que le Serpent » s'etoit retiré & qu'il s'étoit placé " dans le même endroit d'où le » Lièvre étoit d'abord parti. Cela » donna envie a cette perionne de » voir où étoit le Lièvre & elle » l'apperçut à environ 10 pieds du » Serpent dans le même endroit où » il s'etoit arrêté après qu'il eût » reçu le coup de fouet. Il étoit " pour lors couche , au bout de " quelque tems il le leva lur fes "pieds de devant, il fit des -efforts, » & il Ce débattit comme pour dé- " tendre la vie ou pour s'enfuir , " mais il ne put point enlever de » terre la partie pofterieure de 1 ion corps , tous les tentatives » éroient inutiles , il retomboit lur " le cote ôv halétoit fortement. Le » Lièvre & le Serpent étoient dans " cette lltuation lorique la peribn- " ne qui les obfervoit m 'appel la , " & quoique nous ne fuiïïons "tous les trois qu'a 15 pieds Je " diftances du Serpent pour voir ce " qui fe palloit , le Serpent ne prit " pas- garde à nous , ik il ne jetta » pas fur nous le moindre coup »d'œiïé Ces animaux réitèrent au » moins une demie heure dans la » même difpofition , le Serpent ne ES SÇAVANS, y failoit pas le moindre nouve- » ment , mais le Lièvre failoit de > ftéquens efforts & retomboit > enluite lur le coté. A la fin le » Lièvre parut comme mort , le > Serpent pour lors quitta l'en- > droit où il étoit cv s'avança -tout doucement vers le Lièvre , dans ce moment fes couleurs devin- rent dix fois plus belles Se plus brillantes qu'auparavant. Pen- dant que le Serpent s'approchait le Lièvre fit un nouvel effort , le Serpent auff-tôt s'arrêta , il de- meura étendu tout de Ion long & attendit que le Lièvre le fût recouché &: qu'il eût été tran- quille pendant quelque tems. Alors il s'avança de nouveau jul- qu'à ce qu'il fût parvenu aux parties poiterieures du corps du Lièvre , qui dans toute cette opération avoit été en ùce du Serpent. Il enveloppa le Lièvre par une circonvolution de Ion corps , il le redie'Ta enfuite en partie & fondant fur le Lièvre il le tua. Il attaqua d'abord la tète Se le mufeau de l'animal , & de- la il paila aux oreilles , il les prit l'une après l'autre & les prépara chacune leparément dans fa ■ gueule , comme un homme qui voi'.dioit humecter une gaufre, il revint encore au muleau , il prit la face dans ia gueule, & pour l'avaler plus facilement , il la fit palier tantôt d'un côté de ia mâchoire & tantôt de l'autre. Les épaules du Lièvre embar- raderent long-tems le Serpent , il retita à plulieurs reprifes de fa FEVRÏ » gueule le Lièvre , il rétendit de » toute fa longueur, il le mit dans » fa gueule quelquefois à droite Se » d'autre fois à gauche , enfin il « parvint à en faire paflèr tout le » corps dans fon gofier , &c. Cette Relation eft conforme à ce que dit le Père Labat dans fon nouveau Voyage aux IJles de l'yln.é- r que ( Ton1. IV. pag. <)G. Se ic6. Edit. de Paris , 1711. in -12) que quand les Serpens a fomiete ont mor- du leur proye , ils ^éloignent pour éviter d'en recevoir du mal \ & quand l'animal cfl mort , ils le cou- vrent de leur écume , ils en étendent la que ne & les pieds le long du corps, fi ce font des Quadrupèdes , & en- juite ils les avalent. Les Serpens à ionnete condui- fent & répandent leur venin par deux dents placées l'une auprès de l'autre dans la mâchoire fupe- rieure fur le devant de la gueu- le ; ces dents font creufes Se cro- chues comme les ergots d'un coq, elles font lâches & vacillantes , elles ne font point aiïujetties dans le haut de la mâchoire comme les dents ordinaires. Chaque dent eft percée un peu au-deflus de la poin- te par une ouverture qui commu- nique dans l'intérieur. Ces deux dents font ordinairement cou- chées dans le long de la mâchoi- re , elles font repliées comme un couteau à refîort fermé Se elles peuvent fe relïerrer de même que les griffes d'un chat ou d'une Pan- thère. Ces dents font recouvertes d'une membrane mobile & mince , ou d'une peau couleur de chair E R ~, 1 740. io mo JOURNAL D autre , ainfi que la plupart de ceux de cette efpcce. z°. Le Tang bien public dont il faiioit dès » ces premiers tems , profeflion » ouverte .... Par l'exemple de «t fon ayeul expirant dans les plai- » nés de Jarnac. Piar celui de fon » père enlevé par une trille mort » après la victoire de Contrat ; tous » deux perdant la vie pour le parti » que Henri abandonnoit. . . . Rien » ne pût lui faire illufion. . . .Ilcon- » nut parfaitement que la Religion » de fon père Si de fon ayeul n'étoit » pas celle de fes ancêtres. ... Il ne » crut pas devoir condamner dans » les uns onze fiécles de vertus , E R , i 7 4 cv iii » pour juftifier dans les autres tren- » te ou quarante ans d'une gloire » qu'ils auroient pu fe reprocher." Que d'avantages pouvoient en- gager le Prince de G onde a proté- ger les Proteftans ! c'eût été exer- cer des droits abfolus fur la moitié du Royaume ; mais pour une gran- de ame , c'eft-à-dire , pour une ame vraiment Chrétienne , une autori- té injufte n'eft pas un objet d'am- bition. » Envain on ht envifager à » Henri qu'il n'y avoir plus à k » tête du parti ni des Rois de Na- » varre , ni des Collignis , qui par- »» tageaflent avec les Coudés la gloi- » re des enttepnfes ni la puiflance » du gouvernement. En vain dans » les villes qui lui fervoient de » rampait , l'herefie reçu Henri » avec pompe « Picges tendus inu- tilement. Dans le tumulte des paillons qui égarent fi fouvent les Princes du moins pendant leurs premières années, » au milieu mê- » me des fujets de mécontentement » que lui donnoit Louis le jufie , » tels en efiet que le Monarque en » reconnue l'injuftice , le Frisée de » Ccndé tint toujours à fon devoir , » à fa patrie , par ce qu'il tenoit = à fa Religion. Le P. de la R. palte ici de la foi inébranlable de Henri à l'ardeur de fon zèle oppofé à la lâcheté des politiques » La France n'avoit de- » puis long-tems d'autres ennemis » que fes enrans aveuglés par l'hc- » relie : arbitres félon eux de » la parole de Dieu pouvoit - on ; » s'étonner qu'ils s'éngeaiTent en ' » cenfeurs de la parole & de la vo- . 1.2 JOURNAL DES SÇAVANS, y lonrc des Princes. Enfin l'aflem- difputes. Quelles relfources Cou blcc de \zRochelle ayanr|mislccom- •blc à l'iniquité, il fallut attaquer |\'.r les armes ce principal rampart des Hérétiques " deux fortes de » perfonnes s'oppofoient à cet en- » rreprife , les uns par crainte & » les autres par une lotte de pitié... » Aux uns , k puiflance du parti "femSloir trop formidable. . . .c'é- » toient des furieux qu'il falloir: » ménager : Aux autres , les Héré- » tiques paroiffoient à plaindre.... » On leur jmpofoit un joug de j> Religion... Il valoit mieux difoit » on les tolérer. Henri parfes exem- ples détruifit la fauffe crainte,& éta- blit la jufte compailion ; " on le vit >> intrépide & même inexorable à »> l'égard de l'hereiîe rebelle; tendre * 6c compariifant à l'égard de l'he- » relie humiliée & loumife a deux genres de conduite qui fervirent également à rétablir 1 obeiifance ex la paix. La fenlibilité du Prince de Condé pour les miferes de l'hereiîe ne conlîfta pas feulement à lai (Ter dé- farmer fa valeur , il ne négligea au- cun desmoyens de gagner les coeurs afin de ramener les efprits. Son extérieur & fon langage infpiroient avec le refpeift qu'on porte C\ na- turellement aux perfonnes de fon rang un fecret penchant à l'aimer; Tribut qui doit les flatter davan, tage , Se qu'il ne tient qu'à eux de s'atiret. A ce don de difpofèr les efprits en fa faveur , il joignoit les lumières qui fervent à les con- vaincre. Quel ufage lalutaire n'en fit-il pas dans les confeils , dans les zélé n'employa-t-il pas pour la Religion ! Il l'avoir défendue par les armes , il la louant encore par fes Ecrits. Dans la 3"" Partie, la pieté de Henri oppolce aux (caudales du libertinage, donne lieu à l'Orateur de démalquer les faux principes qui égarent les libertins. » Ils re- » gardent ( dit-il ) les petits de- «voirs de la Religion comme au- » delïbus du caractère de leur ef- » prit , & les grands comme au- «deflus de leur force , d'où il ar- " rive qu'ils n'en pratiquent au- » cun. ■> l'ingratitude : il les trouvoit plus » dignes de pitié que de fou indi- » gnation. Facile a pardonner le » mépris qu'on avoit fait de fon » amitié , il rendoit aulTi aifément P. de Ja R. applique (1 heureiifeinent à M. de Luxenib urg , au fujet de quatre Vidoircs u.ir iui remportées , ces paro- les du Prophète Eliiee , adrdiées à un Prince qui avoit à foûtenir tous les efforts «le la Syrie. Si PbRcussissts quinquies PLRCL'SSISShS SYRIAM L'SQUE AD CON- SUMPTIONEM. (4) Sap. 10. M4 JOURNAL D » Tes offices à ceux qui l'avoient » ofrenfé. Qui jamais eue plus » d'ennemis , plus de fujets appa- » rens de repoulfer l'outrage par "l'outrage, plus d'occ lions & de " moyens de le venger ; Sur qui » s'elt-il venge ; Dans l'Eloge de M. YF.iêcjite de Mcaux ,, ce que l'étendue d'elprit Se les vues de cet illuftre Prélat eu- rent de plus refpeétuble eft expo- fé aînfi par l'Orateur : » Il médita «les Livres Divins plus en elprit » de prière que d'étude : Il regar- « da comme un abus & comme n une prophanation d'oler fouiller » dans ces Tréfors Saciés pour « enrichir Ton elprit plutôt que » pour cultiver Ton arae : Pour Te » mettre en état d'enfeigner la » Religion plutôt que pour la pra- » tiquer: « Eh quel fut le fruit de cette étude dans le cours de fa vie! Si ion elprit établit les préceptes , la conduite offrit les exemples. Voici dans l'Eloge du Maréchal de Noailles le pornait des vertus les plus defirables & malheureule- ment les plus rares dans les hom- mes élevés en dignitez cv honorés de la faveur de leur Prince. » Il "étoit la voix de ceux qui n'o— " foient pailer de leuvsbeloins, ou ?j que leur malheur écartoit trop "loin du Trône pour pouvoir s'y " faire écouter : Il (çavoit le mo- » ment d'y porter avec fucecs » leurs gémiiremens & leurs prie- " res ; toujours prêt d'appuïer " l'innocence & la vérité , de rap- »* peller le fouvenir des fèrvices pat »»fés. Quel plus digne idàge. de la ESSÇAVANS, » faveur . il ii it à la rendre » utile 8c > ut le » monde cul'accom* pagna t< joi : : Eh miment le leroit - elle démentie :- Elle ave.it pour baie l'unie de toutes les ver- tus , la folide pieté. Le portrait dig Monfeigneur Louis 1 > i hin offre un exemple de ver- ru que ne peuvent trop imiter les en fans, des Rois & les Princes de Sang. Doiié de ce.courage qui fuit les Conquerans , Monfeigneur le Dauphin n'eut aucune ambition qui le rapportât uniquement a lui- même. La gloire du Roi & par conféquent le bonheur de la Pa- trie, ce furent la les leuls objets. Les vertus qui caracterilerent principalement le Maréchal de Boufflers iont bien dignes d'être fans celle retracées. On ne peut trop louvent remettre fous les yeux du public l'exemple de ceux dont la plus ardente ambition fut de le montrer bons citoyens. " Etre parvenu aux honneurs , » dit l'Orateur. , & s'en faire auflî- " tôt un azile d'oiliveté contre la " peine & le travail , d'indirrèren- » ce aux évenemens , aux beloins » cV aux périls du public , c'elf le- " ver le mafque de l'intérêt , le " voile de l'ambition , c'eftmon- » trer que fous les dehors de la " pure valeur & du zélé pour lTi- » tat , nous n'avons travaillé & » combattu que pour nous : Que » nous avons été l'Idole même à " qui nous avons làcrifïé nos tra- " vaux & notre Sang ; & le public »la dupe des louanges qu'il ci oioif. FEVRI 3evoir à nos fervices , Se qu'il > ne prodiguok en effet qu'à de » vaines & fauffes -vertus. Le Maréchal de Boufflers s'é- > toit fait bien d'autres régies de j fagelîè & de vertu : Les nou- veaux honneurs étoient pour lui de nouveaux liens qui l'atta- > choient au fervice : & (ans croire fe dégrader , quand du haut de la fortune il fe rabaiffoit aux de- voirs qui avoient autrefois com- > menée fon élévation ; il étoit convaincu qu'à l'égard du Prince & de l'Etat , rien qui puiile tou- cher leur intérêt capital ne doit 9 être au-deifous d'un lujet vrai- » ment fidèle. Au commencement de l'Orai- fon Funèbre de Monfeigneur le Dauphin & de Aîadame la Dau- pbine le P. de la R. expofe ainli les faillies impreffions que les Princes reçoivent communément dans leur enfance fur la véritable grandeur ; écueil dont le Duc de Bourgone fçût fe fauver par une fuperiorité de railon qui devança en lui l'âge 6c l'expérience. » Le premier objet de leurs re- » gards eft la foule de Comtifans » emprellèsà les iervir, prelque à « les adorer. Avant que d'être in- struits qu'ils ne lont qu'une partie » du genre humain deftinée a foû- » tenir l'autre , ils font prévenus de » l'idée que le monde entier n'eft « que pour eux : Ils lentent qu'ils »> font les maures de ceux qui lont « commis à les élever , & la rai- » fon n'eft pas plutôt, éclofe dans « leur elprit qu'auffi-tôt elle .trou- E R , i 7 40. 1 1 > » ve dans leur cœur des ennemis » puiiîàns à combattre. Plus loin l'Orateur commence ainlî le portrait de Mme la Ducheffe de Bourgogne : » Après les ennuis » d'une longue guerre elle vint à » la Cour comme le gage de la » paix : Elle en étoit même en » quelque façon l'image : Elle » avoit les mêmes traits , la féréni- » té fur le front , la joye &c la " douceur dans les yeux. Les gra- » ces étoient répandues autour » d'elle & attachées à fes pas. Dans un autre endroit les quali- tez de l'efprit & un certain charme dans le caraclere à! Adélaïde font dépeints par l'Orateur : C'eft dans une application qu'il fairau Dau- phin des fentimens que Salomon avoit eus pour la Sagelïe ( 5 ). » Je " me fuis propofé de vivre avec » elle dans une douce focieté, per- » luadé qu'elle m 'aiderait de les » conleils , & que dans fes entre- » tiens je trouverais le calme à mes » ennuis &c à l'agitation de mes » penfées : J'étois même perfuadé » que fes lumières me feraient » d'un grand (ecours pour le gou- «vernement des peuples & pour » la gloire de mon nom. Nous terminerons ici nos Re- marques , quelque penchant que nous ayons a les multiplier. Dans le peu d'étendue que nous fornmes obligés de leur donner , elles ne peuvent que diminuer l'idée qu'on prend de l'Ouvrage dans l'Ouvra- ge même. Telie eft la difrèrence ( 5 ) Scic-ns i]iioni.im raccuni commu- nicamdcbonib. 5;ip. C p. H. y. z. i,v6 JOURNAL DES SÇAVANS, des Ecrits d'un genre fuperieur d'avec ceux qui tombent dans la médiocrité : l'extrait qui réduit les uns n'en eft , pour ainh dire , que l'annonce & retranche toujours de leur mente : au contraire l'expoiu- non fommaire des autres efl ^our eux un jour favorable , on les em. 1x11': fouvent à proportion de ce qu'on les al HISTOIRE DE PHILIPPE DE MACEDOINE , PERE ^Alexandre , poiy fervir de fuite aux Hommes Illujtres d: Vlutarque. A Paris, chez Briajfon , rue S.Jacques , à la Science, 17+0. 0.-11. pp. 403. fans compter la Préface Se la Table. Avec Approbation & Briviléee du Roi. CE t t e Hifloire eft divifée en trois Livres. Le premier fail conno'me. d'abord l'état foible de la Macédoine fous Amintas , père de Philippe On voit Amintas lou- vent opprimé par fes voiluis , ré- duit enfin à donner l'un de fes fils enotaçe aux Hlyrïens. Philippe qui leur eft livré , eft , félon notre Au- teur, envoyé par eux a Thébes, où, fous la conduite à' Epammondas , il eft inftruit dans les Sciences , dans les Belles-Lettres ôc dans l'Art de la guerre. L'Auteur n'explique pas qu'elle eft en cela la politique des Thébains & des fflyr'uns. L'objet de ces Peuples , dit-il , eft de tenir le Royaume de Macédoine dans ralvJfiement , &: ils mènent Phi- lippe à portée de prendre toutes les connoilfances qui peuvent lui fer- vir un jour a le relever. La mort A' Amintas ramène une première fois Philippe en Macè- doine , Alexandre fils aîné à' Amin- tas lui fuccede : des oppofitions qu'il trouve a fes juftes prétendons font terminées-, continue notre Auteur , par l'entremife de Pélo- pidr.s , a qui Philippe eft donné en otage , & avec lequel il retourne a Thébes ( 1 ). Le lècond léjour de Philippe à Thébes eft rempli par des avantures gaJantes , peu importantes pat elles-mêmes , mais qui fervent à faire conoïtre le caractère de Phi- lippe a cet égard ; caractère qui n'a rien que d'aflez ordinaire aux jeu- nes gens , & lur-tout à ceux qui lont nés dans l'élévation : moins amoureux qu'occupé de la gloire de plaire; jaloux uniquement par. vanité & capable alors de mauvais procédez. Voila quelle fut fa con- duite avec fes maitrelïès. Ses avantures lont interrompues par deux guerres des Thébains, l'une en Thejfalh 6V l'autre à Rho- des ; il luit Epammondas dans la première, Pélopidas dans la fécon- de , 8c s'inftruit fous les yeux & par les exemples de l'un & de l'autre. Cette féconde guerre achevée , Philippe reprend des engaçemens du genre de ceux qu'il avoit laines à Thébes. Il eft introduit à Chio , ( 1) Philippe, félon l' Auteur, avoir alors près de 1? ans. . F E V R I dans le Temple d'ffîs , où toutes lts filles uoient railèmblées ; il en voit un grand nombre de belles , mais par une coutume particulière à cette Nation , elles font toutes vertueufes de mère en fille, depuis plus de mille ans : ce fpecfacle ne l'arrête pas long-tems , il retourne à Rhodes , où il trouve des beautez également fidelles a des ulages qu'elles luivent vraifemblablement aufïï de mère en fille , mais ces ufages font d'un genre tout-a-fait diffèrent de ceux des filles de Chio. Et cela le fixe au point qu'après s'être abfenté quelque tems pour fuivre Epannnondas a une nouvel- le guerre où ce Général périt , il revient à Thcbes , il y refte , quoi- que des raifons qui devroient le déterminer l'appellent dans fa pa- trie : de tels commencemens n'an- noncent pas cette haute ambition que Philippe montra dans le cours de fa vie ; il fallut la mort de Per- diccas fon frère & l'eiperance de lui fucceder pour engager Philippe à retourner en Macédoine. Nous avons ici une obfervation à faire. L'Auteur avertit dans fa Préface qu'il a tiré beaucoup de fe- cours d'un petit Ouvrage du fiécle paflé intitulé Y Education de Philip pe ; il y a lieu de croire que c'efl dans ce Traité qu'il a pris les avan- tures amoureufes de Philippe , d'autant plus qu'il avertit encore que dans ce même Ecrit , » l'Hi- » (foire eft fouvent noyée dans le » Roman. Reprenons le fil de notre extrait. Philippe le rend en Macédoine E R ; 1 74 o. 117 dans le deflein de recueillir les dé-- biis de la Monarchie de fon père , & d'en former un puillant Empi- re : Voyons , en. rapportant ici le portrait que l'Auteur fait de Phi- lippe, quelles font les qualitez que ce Prince va employer pour parve- nir à fes vues : » Rempli de dé- > fauts eiïèntiels , il les cachoit à > fon gré fous les dehors des plus > grandes vertus prefque toû- » jours vicieux lorfqu il put l'être ■ impunément , toujours vertueux 'en apparence lorfqu'il eutbefoin 1 de le paroître : courageux juf- ' qu'à la témérité , dilîirmilé , foi- - 1 ble jufqu a rougir des bleilures qui l'honoroient (2). Ennemi toujours impénétrable, allié fou- vent dangereux , avide du men- fonge & de l'adulation, plus ami du vrai & de la lincerité : protec- teur des talens, jaloux de ceux qui pofledoient les liens : grand Capitaine , plus grand politique; fçavant dans l'art de connoître & de former de bons Officiers ; plus profond dans celui de dé- mafquer & d'employer utile- ment des génies fourbes & arti- ficieux; il ie fervit également des vertus Se des vices des hommes pour fon élévation. Nous laiffons aux Ledteurs éclai- rés à concilier les qualitez oppo- fées qui forment ce portrait avec (1) L'Auteur, vraikmbi,n.b!cmcnt , a ici en vue la honte que Pliîlippe t Jmoi- gna d'ure;Mchguré par la breUùrc qu'il ' reçut au fiege de Methone. Il ne permet- toit pas qu'on prononçât le mot de C y- clopb devant lui. , , 8 JOURNAL D lct dirferens genres de conduite .que Philippe embrafle dans le cours de cette Hiftoire -, nous re- marquerons feulement que dans la peinture des vices ainli que dans celles des vertus , l'Auteur a par- ticulièrement en vue de n'établir que d excellens principes de mora- le. Ce fut donc , fuivant ce même portrait , par des qualitez incom- patibles avec la véritable grandeur &z qui forment cependant une for- te d'Héroïfme que Philippe par- vint au Trône malqré les droits d'un légitime héritier ( 3 ) : Ce n'eft proprement qu'ici , comme le re- marque l'Auteur , que commence l'Hiftoire de Philippe. Devenu Roi , il établit la difci- pline militaire , Se forma ces trou- pes qui furent li célèbres ions fou règne & fous celui d'Alexandre : après avoir défait deux coneufrens qui lui avoient diiputé le Trône , il châtie ceux de les voilins qui avoient li long-tems délolé la Ma- cédoine ; il devient polfelfeur de mines abondantes en or ; il divile le Rovaumed'Epire Se trouve ainli le moyen de l'aftoiblir ; c'étoit dans cette vue, dit l'Hiftorien, que Phil.pp: avoit époufé Olimpias fille de Nénptnléme , le plus jeune des enfans d'Alcétas , Roi d'Epire. Tous ces évenemens expofés dans un grand détail lont très-dignes de l'attention des Leéteurs. Tant de profperîtez0 remarque notre Hiftorien , fuient fuipeûes à Ihilipp: : envifageant par préju- ( 3 ) Amintas Sis de I'erjjicas, ES S ÇA VANS, gc plutôt que par prudence , Tin- itabilité du fort , il en craignit quelques grands revers & crut les prévenir en lui demandant des dif- graces : il en obtint : ce fut d'ap- prendre les déportemens d'Olim- pias fa femme. Il y a lieu de croire que ce n'étoit pas-la les fortes de dilgraces aufquelles il s'étoit pré- paré , elles lui parurent infuporta- bles. Le fucecs des armes de Philippe devint un objet d'allarmes pour Démofthéne : Cet Orateur ne celli d'annoncer aux Athéniens l'avenir que l'ambition de Philippe leur oie. Ses craintes perfuade- rent peu & ne furent cependant que trop bien juftifiées : Phil.'f pe prit l'Iue d'Eiebée , vainquit les Athéniens dans un combat. Il atta- que enfuite & foûmet la Th'/filie, ainli que la Th^ace. Dans le récit que l'Hiftorien fait de ces guerres il peint l'habileté de Philippe a loû- tenir le courage de fes Soldats lors- qu'ils éprouvent des défavantages: Sa févérité a punir les peuples qu'il a fubjugués , quand ils cherchent à lortir de la dépendance : Ion art a donner pour prétexte à les entreprifes , la défenle de la Reli- gion ; les fauftes vertus qu'il étale pour gagner ceux qu'il a loûmis \ 6c fur-tout les intelligences & (es largeflès pour le faire des partitans chez les ennemis : » Il (çavoic m ( dit l'Hiftorien ) interelïer dans »fon ambition tous les cœurs ca- wpables d'être corrompus. Dans le fécond Livre , l'Auteur expo le les divilions qui regnoient F E V r r entre les Nations Grenues & qui donnèrent lieu à Philippe d'avan- cer le projet qu'il avoit formé de les fubjuguer. Philippe , à titre de vengeur & Apollon , raflemble fous fes drapeaux des troupes & Athè- nes , de Théles & de quelques au- tres peuples qui lui a voient de- mandé du fecours ; il ne iert que fes vues en paroi liant époufer leurs querelles , il s'empare des Thermo- pyles : nouvelles allarmes de la Grèce infpirées par Démofthéne , mais qui iont preique fans effet. Philippe avance dans fes deifeins ; il fe fait nommer membre de ce Tribunal Souverain ( 4 ) , qui le tenoit alternativement aux Ther- mopyles & à Delphes &c devient par là arbitre des plus grandes affaires de la Grèce. ^ Retourné enfuite en Macédoine, il répudie OUmpias ; le longe qu'elle avoit fait & qui annonçoit, difoit-on, la grandeur future de fon fils Alexandre , ne put la fau- ver de cet affront. Cléopatre ( 5 ) fut mife fur le Trône a la place : Philippe eut la dureté d'exiger qu' 'Alexandre affiliât au couronne- ment de celle qui détrônait fa mère; Philippe ne connoilfoit pour régies & pour bienféances que fes volontez. L'Hiftorien fait ici mention de ce peuple de flatteurs dont Phi- lippe aimoit à fe voir environné : il peint avec des couleurs conve- nables les excès où Philippe & Alexandre , à fon exemple , s'a- ( 4 ) Le Tribunal des Amphiftians. ( 5 ) Sœur d'Atcalns, £ Rj 1740. 1 19 bandonnerent à la fête de ce ma- riage. On voit enfuite Philippe devenu médiateur entre les Athéniens Sc- ieurs ennemis , il feint d'époufer la querelle des uns & fe déclare pour les autres. Les Athéniens le ven- gent de cette infidélité , ils font des incuriions conliderables dans la Macédoine : Philippe cependant, malgré fes délavantages , malgré la haine que Dêmojlhzne imprime contre lui dans les eiprits , trouve le moyen de partager Athènes en deux factions , dont l'une eft en- tièrement livrée à les vues. C'eft dans cette fituation qu'il lailïè pa- roître le grand projet de foûmet- tre la Grèce -y fes Soldats font ag- guerris ; il a confié la garde de fa perfonne aux fils de les principaux lujets , & les a accoutumés à la difeipline la plus févére : il a amaf- fé des tréfors immenles. Il tourne d'abord les vues fur l'Ifle A'Eiibée où il regnoit déjà par fes brigues fecretes ; il l'attaque : nouvelles inftances de Démoflhène : Phocion eft envoyé à la tête d'une armée pour s'oppoler au progrès des ar- mes de Philippe. L'Hiftorien frit ainlî le portrait de Phocion. » C'é- » toit un homme d'une vie dure &: » retirée , d'un commerce doux & »aimable , d'une iévérité inexora-- » ble pour la difeipline : maître des « Athéniens pendant la guerre & si leur fujet le plus fournis durant » la paix ; il étoit incapable de rien «accorder à leur hauteur oui « leurs caprices , par aucun motif » de crainte ou d'elperance , il T2o JOURNAL D » connoilïoità fond le génie de fa >• Nation , humble dans les périls , » devant les Généraux qui rnéri- » toient fa confiance , arrogante » & orgueilleufe lorfque le danger » étoit pâlie. Ici l'Auteur , après avoir expofé les avantages que Phocio» rempor- ta fur Philippe dans cette guerre , e\: l'ingratitude des Athéniens en- vers Phociofi , fait ainfi le portrait des Républiques. » L'eiprit d'éga- » lité qui eft regardé ( dit-il ) com- "îne l'ame de leur gouvernement, » fe révolte même contre la fupe- » riorité que donnent infaillible— » ment les vertus ; s'y diftinguer , » c'eft celTèr d'être innocent aux » yeux des ambitieux qu'on efràce. Ce fécond Livre eft terminé par le récit d'une nouvelle guerre en Etibée , où les peuples rebutés du joug trop pefant que leur impo- foient les Athéniens , le foulevent «Se Je lbûmertent aux armes de Philippe : l'entreprife de / hilippe -fur l'érinthe fecourue par les t'er- fes : le liège de Bifance , où, après des fuccès , / hilippe luccombe en- core : l'incurlîon qu'il fait chez les Scythes : la peinture des mœurs êv de la puilfance de cette Nation. Le combat contre les Triballes , dans lequel Philippe eft blelfé , &c enfin les premiers éclats d'un cou- rage luperieurquV// xandreRtpa^ roitfe dans cette même bataille , •tous ces laits méritent d'être lus dans toute leur étendue. Nous en lommes au Livre 5'"'. Philippe repare par la politique les «il^races arrivées a fes aunes. ES SÇAVANS, Les Thtbain's , depuis qu'il les avoit fecourus , étoient reftés dans une étroite liailbn avec lui : il avoir, à Athènes trois perfonnages célé- breu ( G ) , oppoics en la faveur aux démarches de Démojlhéne j les largelTes , fecretement répandues , lui faiioient chaque jour de nou- veaux partifaus ; il avoir gagné jufqu'aux Oracles. Ainfi dans les délibérations, fon parti l'empor- toit toujours. L'Hiftorien place ici l'odieufc avanture dAlcxandre frère d'Olim- pias , qui acheta au prix le plus honteux le lecours de Phl.ppe pour ufurper le Royaume d'Epire: notre Auteur marque que c'etl avec peine qu'il met au jour une tache h grande dans la vie de Phi- lippe: il avoir cependant déjà cité la protedtion que Philippe avoit accordée au crime déteftable d'At- talus malgré les plaintes réitérées de I aufimias : Tolérance prefque auffi condamnable dans un Souve- rain que l'abandon au crime même. Philippe , continue l'Hiftoiien , attendoit une occalîon de déclarer la guerre aux Athéniens; il leur de- mande juftiçe des infraérions qu'il les accule d'avoir faites a la paix • & malgré tout l'ait de D:n,oflhé- ne , les Athéniens envoyent des Ambaiïadeurs en Al.tcédoine , afin de régler les differens à l'amiable. / hilippe , entre autres conditions , demande que de certains Orateurs mal intentionnés (aient bannis ( 6 ) Efdu'ne & Dcina.ie , tous deux Orateurs, & Neoptolcme , fameux Co- mcdicD. d'Athènes , FEVRIE & Athènes , désignant ainfi Démo- fihéne dont il ne croyoit pas devoir exiger l'exil plus ouvertement. Il n'obtient que des refus , & c'eft ce qu'il avoit defiré. Tandis que les Athéniens fe font des alliés , Phi- lippe fe forme une marine & exer- ce lui-même des pirateries dans les mers. Bien-tôt les Athéniens ap- prennent que Philippe a pénétré jufques dans la Vhtcide , ils s'allar- ment & penchent à recommancer la guerre. Phocion , qui connoifloit l'afrbibliflèment de fa Nation , confeille la paix , & n'eu point écouté. Les Athéniens portent plus loin l'imprudence-, ils choififlent de mauvais Généraux , &z malgré le fecours des Thébains , qui s'é- toient réunis avec eux , ils font vaincus à Cheronnée. Nous renvoyons ici les Lecteurs au récit que fait l'Hiftorien des dé- tails de cette journée , & de la joie indécente que Philippe témoigna de fa victoire. Nous remarquerons feulement qu'il fouffirit , pour la première fois , qu'on ne le flattât point fur fes foiblefles ; Il chargea même une perfonne du foin de les lui remontrer publiquement cha- que jour , modeftie faftueule qu'on pouvoir regarder dans Phi- lippe plutôt comme un trait de po- litique que comme un defir d'être vertueux. Philippe du moins ufa d'une grande genérofité envers les prifonniers qu'il avoit faits : il fe comporta fi bien qu'il fe fit pardon ner pour quelque tems , fa vie Veritate Religionis Chriftiana. SUISSE. De Genève. On publie ici depuis quelques jours le Tome 14'"' , ou la Partie 8mc du Magnum Bullarium Rom*- num , in-folio. M. Jean y allabert , ProfefTeur de Philofophie &c de Mathémati- ques , &c. prononça fur la fin de l'année dernière une Harangue in- augurale dont le fujet eft : De Phi- lo foph ia experimentalis utilitate , illiufque & Mathefeos coneordia Oratio inauguraiis. M. Jallabert a dédié fôn Difcours à M. de Mai- ran. Nous rapporterons les pro- pres paroles de la dédicace : Viro celeberrimo Joh. dOrtotts de Mai- ran illuftrijfimo Parifienfis Régit Scientiarum Académie Syderi fplen- d'dijjimo s celeberrimarum Societa- tiûn j tju£ florent Londini , Petropo- li , Bononia Socio meritiffimo hanc Oratienem inauguraient in pMicum E R f 1 740; 125 obfervantiœ , & gr.ttl anlmi Jî?num ojferebat johannes Jallabert. Gene- vx , Typis Barillot & fîlii. 17+0. «z-40. ANGLETERRE. de Londres. Il paroît ici depuis quelque tems un Ouvrage dont voici le tine : The nec:Jfity of révélation ; or an in- (juiry m to extend ofhuman porvers With refpcil to watt ers of Religion t ejpecially thofe trvofundamental ar- ticles : the Being of God ; and the immort ality ofthe foui , &c. c'eft-à- dire : I^a neaffué de la révélation , ou Examen de l'étendue desfacultez. de l'homme par rapport aux matiè- res de Religion , & particulièrement par rapport à ces deux articles fon- damentaux : l Exiflence de Dieu & l'immortalité de V Ame , &c. Par M. Archibald Champbell , Doc- teur en Théologie & ProfeiTèur Royal de Théologie & d'Hiftoire Ecclefiaftique dans l'Univerfité de S. André. Londres, 1739. in-8°. Le prix de ce Livre en feuilles eft de 4 chelins Se demi. Jacques Buckland , Libraire , débite un Livre intitulé : A treatife of Diffolvents of the Stone , an ion curing the Stone , and Goût by ali- ment , &c. c'eft-à-dire : Traité det diffolvans propres contre la pierre , & fur la manière de guérir la pier- re & la goûte par le moyen des alimens. On fait voir dans ce Trai- té par la raifon & par l'expérience qu'il eft très-poflible de dilïbudre QJj i24 JOURNAL D la pierre , (oit dans les reins , foie dans la veille, Se de prévenu le recour de la goûte par une nouui- cure convenable, & en iuivant une dictte particulière. Cet Ouvrage eft entremêlé d'Obfer varions , qui ont pour but d'apprendre aux per- sonnes de constitutions ou de com- } flexions différentes , comment el- es doivent le conduire dans le choix & dans l'ufage des alimens pour fe conferver la lànté. On y a joint des régies particulières lur le mêmefujet pour ceux qui font at- taqués de rhume , de fièvre , de toux " d'afthme , de coliques , de douleurs d'eftomach , de maladies des nerfs , d'hydropifies , de tu- meurs , ou de icorbut. Publié à l'ufage des familles. Par Théophile Lobb , Docteur en Médecine , & Membre de la Société Royale , in -Sa. On débite ici depuis très-peu de tems un Ouvrage compofé par un Gentilhomme Ànglois , intitulé : Thegreat Luths of life , &c. c'eft- à-dire : les grandi devoirs de la vie far rapport à l'Etre Suprême , aux Loix de la Morale & a la Loi de J e fus -Chrifl contre les Déifies , &c. On répond dans ce Traité aux ob- jections qu'ils font contre l'origine du mal , contTe la Providence , contre les peines & les recompen- fes à venir, contre l'immortalité de l'ame Se la Divinité du Chiiftia- nifme , &c. chez les Innys , Mar.- by , & autres , ;w-8°. T. Aftley , Libraire & Impri- meur , près S. Paul , a imprimé auffi depuis peu un Ouvrage inti- ES SÇAVANS, tulé : Improvements in Navigation and Philofophy , cvc. c'eft-a-dire : N nivelles découvertes dans la Na~ v.gation CT dans la Thdofophie , contenant une méthode ailée de trouver la longitude en mer à 10 on tf j minutes près tout au plus ; comme aulîî une méthode plus ai- fée de trouver la latitude , que cel- le dont on s'eft fervi julqu'ici , & cela par le moyen du même In- ftrument , à la faveur duquel on peut trouver la longitude avec la même précilion , fans qu'il loit ne- cefïaire que le Soleil luife , & qu'on ait égard à fa declinailon ou à quelque calcul que ce loir. Mais fi le ciel eft ferein les Mariniers peuvent voir , par le moyen du même Inltrument , le véritable nombre des degrez & des minutes de longitude & de latitude du lieu où ils font. On y a joint aufTî un Effay pour perfectionner certaines chofes dans les explications mo- dernes du Syftême & des princi- Eaux Phénomènes du monde viii- le. Par M. Guillaume Comine -t Mcre es Arts , &c. in-8*. FRANCE. de Poitiers.. Jacques Taulcon , Imprimeur , débite une Epitre fur la pureté des mœurs Ecclejlajîicjucs. Les précep- tes que cet Ouvrage renferme , font prefentés d'une manière d'au- tant plus perfuafive , que l'Auteur fait connoître, qu'il les a puifés dans des exemples que M. l'Eve- FEVRIE que de Poitiers donne à fes Dfocé- fains. Le mérite de la Poche aide encore à rendre la lecture de ce petit Poëme plus fatisfaifante ; il eft en vers Alexandrins : M. l'Ab- bé Nadal de l'Académie Royale des Belles-Lettres eneit l'Auteur ; on fçait que dans les principaux Ouvrages il s'eft appliqué a ne traiter que des lujets facrés , les Tragédies qu'il a données auThéa- tre , au nombre de cinq, étant toutes priies dans la Ste Ecriture. r> e Paris, H paroît une nouvelle Méthode d'apprendre l'Ecriture Sainte , qui a pour titre : L'Hiftoire Sacrée de la Providence & de la conduite de Dieu fur les hommes , depuis le commencement du Monde jufqu'aux tems prédits dans l slpocalypfe , reprefentée en cinq cens Tableaux gravés d'après Raphaël & autres ^Maîtres , & expliquée en Latin & en François par Us paroles mêmes do l'Ecriture Sainte , fuivant le Texte de V Ancien & du Nouveau Tefta- ment ; dédiée à U Reine. Par le Sr. de Marne , Architecle & Graveur ordinaire de Sa Majefté. Cet Ou- vrage , qui eft en 3 Vol. in-fol. 6c qui parut dès l'année 1718. eft cor- rigé &■ augmenté de plufieurs Ta- bleaux , Vignettes & Sommaires Hiftoriques pour l'intelligence de chaque Livre de l'Ancien & du Nouveau Teftament. L'Auteur de- meure a Paris , rue du Foin , au Heaume , Quartier de Sorbonne. 1740. Rj 1740? \±$ M. Le Fort de la Morimere vient de donner Ion troifiéme Tome du Choix de Poefies Morales & Chré- tiennes , dédié a M. le Duc d Or- léans. Chez Briaffon , rue S, Jac- ques, a la Science, 1740. in-8°. Parmi les Pièces qui compolent ce nouveau Volume , on y trouva les Odes Sacrées de M. Rouifeau , les Extraits du Poème de M. Ra- cine fur la Religion , & d'autres morceaux d'élite qui n'avoientpas encore paru. On parlera plus en détail de ce Volume dans le Jour- nal fuivant. G. Lamefle , Imprimeur des Fer- mes du Roi au Bureau général des Aydes, a imprimé un nouveau Traité de Chirurgie intitulé: Splan- chnologie , fuivie de l ' Angiologie , & de la Nevrdogie. Par M ***, Chi- rurgien Juré à Paris. 1739. /»-i 2.' L'Auteur, après une Introduction, à l'Anatomie , dans laquelle il donne la définition & la divifion des différentes parties qui entrent dans la compofition du corps hu- main , pafle à fôn fujet principal , fçavoir le Traité des Vijccres , qu'il divife en quatre Parties ; dans la première il parle de la divifion du corps humain & des tégumens-, dans la féconde , des vifeeres con- tenus dans le bas-ventre ; dans la troifiéme, de ceux de la poitrine -, dansla quatrième ," de ceux de la tête & du col. Il vient enfuite à l'Angiologie : il n'entreprend pas de traiter cette matière dans toute Ion étendue, il la reftraint aux ar- tères & aux veines ; & il finit fon Ouvrage par le Traité des Nerfs & ii6 JOURNAL D par une Table qui marque l'ordre qu'il luit dans les Démonftrations. Rec herchesfw la nature & l'éten- due d'un ancien Ouvrage des Ro- mains appdlé communément B ique- tage de Mariai , avec un a '^égé de l Hifloire de cette lrille & une Des- cription de qwlques jjntiquitez. qui fe trouvent a TarqmmpoU t'ar Ai ■d ' yirtex.é de la Sauvaqere , Officier au Régiment de Champagne & Ingé- nieur ordinaire du Roi. Chez C. Ane. Jombert , Libraire , rue Saint Jacques, à l'Image Notre-Dame. J740. in-S'', Le detfeinde M. de la Sauvagere n'étoit d'abord que de faire voir ce que c'eft que le Bii- quetage de Mariai , fa figuie , fa pofition , fon épailfeur, le terrein qu'il occupe , & comment il le trouve entre deux marais l'un fur l'autre dont il fait la féparation 5 mais ces recherches ont conduit l'Auteur plus loin ; il donne l'Hi- ftoire abrégée de Marfal. Il a ajou- té une Carte Géographique des plans Se des figures exactes & cor- rectes , qui donnent encore un nouveau jour a fes recherches. On inftruira le Public plus à fond dans Je Journal de l'Ouvrage de M. de Sauvagere. Il paroît ici depuis très-peu de tems une nouvelle Edition in-+°. des Mémoires de Aï. du Guay- Trouin , Lieutenant Général des yirmées Navales de France , & Commandeur de l'Ordre Royal & ES SÇAVANS, Militaire d: S. Lotus. 174c. Or» a mis au commencement de ces Mé- moires un Avertiiïement dans le- quel l'Auteur mo:.c. e entre autres choies l'extrê ifTefeiice rîel'En dition de ces Mémoh es qui parut il y a quelques années , avec celle que nous annonçons aujourd'hui. Se les Pièces qui la compolc it ; ui\ trouve enfùite une Table alphabé- tique , qui contient l'expl. nation, de quelques ternies de marine em- ployés dans ces Mémoiies ; ôc tout l'Ouvrage finit pa: un état des Officiers , Majors , ôc équipage desVaillèaux du Roi , commandés par M. du Guay-Trouin , depuis 1702. julqu'en i-'oç). Se une Lifte des Officiers de Marine embarqués fur les Vailfeaux & Frégates de Sa Majefté , commandes pur M. du Guay-Trouin poui l'expédition de Rio -Janeiro en 171 1. Au refte , cette Edition des Mémoires de M. du Guay-Trouin , loit pour le pa- pier Se pour les caracteies , foit pour la compofiLon Typographi- que , foit pour la beauté & l'élé- gance des planches & des vignet- tes , dont elle eft enrichie , eft un chef-d'œuvre en ce genre. Nouveau Théâtre François , ou Recueil des plus nouvelles Pièces re- prefentées au Théâtre depuis quel- ques années A Paris , chez Prault fils , Quai de Conty, à la Charité, in-8". ). vol. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE JOURNAL de Février, 17 + 0. Bibliothèque Françoife , ou Hifloire de la Littérature Françoife , p, sj Les Ouvrages en Profe & en Fers de M. l'Ab. Conti , y f Géographie des En/ans , Sec. $g Architctlure Hydraulique , Sec. i,g Les Dehors trots/peurs . ou l'Homme du Jour , Sec. 9ù Tranfatlions Phdofophicjues de la Société Royale de Londres , Sic, ioo Qraifons Funèbres , Sec. î 1 o Hifloire de Philippe de Macédoine , Sec. 1 1 6 NoHvelles Littéraires , 1%% Fin de la Tabtcf. L E JOURNAL SÇAVANS four L'ANNEE M. D C C. XL. MARS. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay deï Auguitins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XL. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI. i|;#i cMII ymMe «##> <& ï#ra LE J OU RN A DES ; CAVA MARS. M. D C C. 'X L. GENEALOGIA DIPLOMATICA AUGUSTE GENTIS Habfburgicse , quà continentur vera Gentis hujus «xorclia, Antiqui- tates , propagationes , polîèiïïones & prxrogativa; , Charcis ac Di- plomatibus , n° cmliv. maximâ parte haftenus ineditis , aflèrta- adje&is lîgîllis , aliifque Monumentis a?ri incifis , Mappâ item Geo- graphicâ , & Indicibus locupleciffimis. Ha:c veiô res non modo Habiburgicas tmiversè corroborant , fed aliis eti,am pluribus illu- îtriiïimis Germania: noftrœ Eamiliis , &: patria; medii a.*vi Hiflorue lucem foenerantur. Operâ & ftudio R.P. Maïquardi Hengott , Or- dinis S11 Benedi&i , Congregationis S" Blafii in Nigrâ Sylva Capitu- îaris & Magni Cellerarii , nec-nou Sacra: Cadatex Regixque Ca- Mars. R ij «3 2 JOURNAL DES SÇAVANS, ex Majeftatis Conûliarii j Se HÏftoriographi , 'Ordihumqaé an- iris Auftria: per Brifgoviam apud Auiam Caciaream De ati. To m. I. in fol Viennae Auftria:, ex Typographii Leopoldi Joannîs Kalrvvoda. m. dccxxxvii.. Ceft-a-dire : Généalogie Diplomatique de lu Mai] on d IL' i' urg , parle R.P. 'Marquera Hefrgott . 'Religieux Bénédiclin ri la mgrégàtion de S. Blaifi dans la Foret Noire ., Chnfiiller & Hiftoriogr . h ■ ' l Empe- reur. A Vienne en Autriche , chez Léopold-Jean Kuliwoda. \*fJÇf. in-fol. i. Tom. en ;. Vol. Tom. I. en un vol. pag. 337. outre l'Epître Dédicatoire , l'Avis au Lecteur , les Prolégomènes , les Cartes , les Planches & les Tables. Tom. II. en 1. Vol. pag. Su, Lins les Tables. Le Ltvre fe trouve chez. François de Eure, Libraire :, fur ti Qm ylugujlins , a l'Image S. Germain. U o 1 q_u e la Généalogie Di- plomatique de la Maifon d'H.ibibourg , ait été publiée à Vienne en 1737. & qu'on -la trou- ve citée dans deux Livres imprimés à Paris, l'un en 1738. ( a ) , l'autre en 1739. ( b ) ; ce n'eft que depuis peu , qu'un Libraire de cette Ville en a reçu d'Allemagne quelques exemplaires. L'Ouvrage eft divifé en deux Parties , qui forment trois Volu- mes in-fol. La première, en un Volume, comprend l'Epître Dédi- catoire , l'Avis au Ledteur ou la Préface , les Prolégomènes , &c le ci (Tu Généalogique. La féconde ; contient , en deux Volumes , les f>reuves de ce qui eft avancé dans a première. L'Epître Dédicatoire , ad reliée à l'Empereur , n'eft pas tant un hommage rendu par unfujetafon Souverain , qu'un tribut de reepn- («) Généalog. Hift. To.iv. p. 13 j. ( b ) Antijùit. de la Maif. de France , p. 374- noifïànce offert par un Sçavantau- protecteur de les travaux. On y voit ce Prince mériter tour à tour le lurnom &Auguft* , par la fa- veur qu'il accorde aux Lettres 3 8c le titre , peut-être encore moins commun , de Monarque très lettré (c) , par le goût qu'il montre pour l'érudition la plus recherchée. Dans les entretiens familiers , où il admet avec bonté le P. Herrgott, on le voit le" faire un amufement, de parcourir en curieux & d'exa- miner en Antiquaire , les Monu- mens Hiftoriques,qui étoient defti- nés pour l'Ouvrage même , dont endjpns; compte: : il fe plaît , ta t. : à démêler dans une ancien- ne Chaire, les traits fugitifs dune écriture.prelque effacée (d), tantôt à découvrir le fens d'un Texte que la baibarie de l'expreflion fem- bloit rendre inintelligible. L'Au- teur , qui a cté louvent témoin de ce lpeétacle , a dû y trouver la ré- ( t ) Princeps Literatiflime, ( d ) Fugientes Litcras, M A R compense la plus flatteufe de fes veilles. L'Avis au Lecteur roule fur deux chefs 5 la difficulté de l'entreprile , & l'énumération des moyens qui en ont facilité l'exécution. Si l'on tomboit d'accord q'a'un fujet devient plus aifé à traiter , à proportion du nombre des Ecrits qui ont été compoiés pour l'éclair- cir , l'Auteur ne leroit pas en droit d'infifter fur le premier point. On compte vingt opinions différentes touchant l'origine de la Mailon d'Habfbourg; & peut-être auroit-on peine à compter les Vo- lumes, qui ont été mis au jour, ou pour les établir , ou pour les dé- fendre. MaisjComme une fi grande diverfité de fentimens ne Icauroit avoir pour principe, que l'obfcuri- té de la queftion qui les a fait naître ; on eft obligé de convenir que la multiplicité des Ouvrages ne peut guéres fervir, qu'à prou- ver combien il eft difficile d'en fai- re un bon. Cependant , félon la penfée du P. Herrgott , ce n'eft pas précifé- ment à la difficulté de l'entreprife, qu'il faut imputer le peu de luccès des Ecrivains qui l'ont tentée : on doit bien plutôt les en accufer eux- mêmes. Les uns , dit-il , n'étoient point aflez verlés dans la connoil- ïance des Antiquitez de leur pa- trie ; les autres ont deshonoré l'Hiftoire qu'ils faifoient profef- fion d'écrire , en la mêlant de fa- bles ridicules -, plulieurs , en ef- fayant d'aller au-delà de certaines bornes qu'une critique éclairée les Sf. i 740; • 133 eût empêchés de franchir , ont abouti à d'épaiilès ténèbres , & s'y font perdus ; prefque tous ont né- gligé d'avoir recours aux Diplô- mes & aux Chartes ; enfin , par- mi ceux qui ont cornu l'utilité des Chartes , il n'y en a point qui ait fend que ce iont les feuls fonde- mens iolides , fur lefquels on puiflè élever un édifice généalogi- que. Telle eft l'idée fommaire qu'il nous donne de ceux qui l'ont pré- cédé dans la carrière , où il s'enga- ge. Il fe contente de les déligner par des traits vagues , dont il ne fait aucune application directe; & ne cite par leur nom que François Guillimann & Jean - Georges Ec- card, à qui il rend , a peu-pres , ce témoignage; que, s'ils n'ont pas at- teint le but , ils ont eu la gloire de s'en écarter moins que les au- tres. Qu'il nous foit permis d'obfer- ver , pour l'honneur de notre Na- tion , que fans faire tort alafien- ne , le P. Herrgott eût pu nom- mer, a côté de ces deux Ecrivains, le P.Jerôme Vignier de l'Oratoire, dont le Syftême adopté autrefois par Chifflet , a été long-tems ce- lui de toute l'Allemagne fçavante, & peut encore être regardé com- me la baie du fentiment , qui a prévalu dans la fuite. Au refte , ce n'eft pas la première fois que le P. Vignier a éprouvé cette efpéce d'injuftice , ou du moins cet oubli: Jean-Louis Schonleben , qui pu- blia en 1680. dans une longue Dif- fertation Polémique „ l'examen des i54 JOURNAL D vingt opinions , dont nous avons parlé , n'a fait aucune mention de -lui. Revenons à la Préface. L'Au- teur n'aura point a craindre , que l'on tourne contre lui le reproche qu'il lait a Guillimann & a Eccard, de n'avoir pas allez conlulté les Diplômes & les Chartes. La diffi- culté de pénétrer dans les lieux , où l'on garde ces Tréiors , & qui auroit pu être, pour tout autre que lui , un obftacle inlurmontable , a été levée en fa faveur. Des ordres précis de S. M. 1. lui ont ouvert l'entrée des Chartriers des Mona- fteres & des Chapitres , des Ar- chives des Villes & des Châteaux , en un mot, de tous les dépôts qui pouvoient lui fournir de quoi en- richir ion Ouvrage. Si les affaires dont il efl: chargé à la Cour de Vienne , par fa fonction de Dépu- té des Etats du Brifgaxo , ne lui ont laine ni la liberté , ni le tems de taire toutes les recherches qui dé- voient préparer l'exécution de fon projet ; deux de fes confrères, aulîi habiles que zélés , l'ont heureufe- ment remplacé a cet égard. Tandis qu'il tiroit de la Bibliothèque de l'Empereur , ou des Cabinets de quelques curieux , tout ce qui ap- partenoit à fon dellein ; & que celui qui eit prépofë a la garde du Tréfor Archiducal d'Infpruck, lui en communiquoit les richeiles • les PP. Stamjlas Fulhcrts & Lau- rent Gitmpp formoient , dans les Provinces éloignées, un ample Re- cueil de Pièces , qui fait la portion h plus coniidérable des deux Va- ES SÇAVANS, lûmes de Preuves L'exactitude de ceux qui ont tranferit les originaux qu'il n'a point vus par lui-même , nous répond de la fidélité des co- pies ; comme l'attention qu'ils ont eue d'y joindre des modelles des anciens caracTéres & l'empreinte d'un grand nombre de Sceaux, nous en garantit l'authenticité. Il ne lui refeoit plus qu'a mettre en œuvre des matériaux amaliés avec tant de foin. Si nous en croyons fa modeitie ou fa recon- noillànce , il a eu l'avantage de trouver encore , pour cette derniè- re partie de ion travail, de nou- veaux lecours , dans les avis de plufieurs perlonnes illuitres , qu'il cite avec éloge, à la fin de fa Pré- face. Les Prolégomènes , qui fuivent l'Avis au Lecteur , font compolés de huit Chapitres , ou plutôt de huit Diflèrtations , fur autant de points de critique, qui concernent, loit la matière généalogique en gé- néral , ioiten particulier la Généa- logie de la Maiion d'Habfbourg. Dans le premier Chap. l'Auteur traite principalement de la nature des preuves dont un Géuéalogilte doit le lérvir : il le réduit a ne pou- voir employer que les anciennes Chartes ce les témoignages desEcri- vains contemporains. Mais , qui doitl'emporter,oude cesEcrivains, ou des Chartes , lorfque les uns fe trouvent en contradiction avec les autres ? Il touche incidemment cette queftion , que les Maîtres de la Science Diplomatique ont déjà diieutee avec tant de profondeur : MARS 6c, ccirtnc eux, il conclut poul- ies Chartes ; en adoptant à la fois & les raiions qui les ont déteimi- nés , & les régies qu'ils ont pief- crites , fur l'ait de ditcemer, en ce genre , le vrai d'avec le faux. Nous ne le fuivrons point dans ce détail , dont il avoue que le fond efl emprunté des grands Hommes, qui ont épuiléla matière. Nous re- marquerons feulement qu'aux ré- gies de critique , propoiées par le P. Mabillon , par Fontanini , Leib- nitz & les autres , il ajoute deux nouvelles obfervations qui appar- tiennent plus immédiatement à l'Hiftoire d'Allemagne. La première , que les Diplômes , c'eft-a-dire , dans le fens étroit, les Lettres-Patentes des Princes, ont commencé , du tems de Rodol- phe I. à être écrits en Langue Allemande ; non pas en 12.S6. comme on l'a penfé jufqu a pre- fent , mais au moins cinq ans plu- tôt ; puifque le P. Herrgott en rap- porte un exemple de 1281. Il fautfe fouvenir qu'il n'entend par- ler que des Diplômes , ainfi qu'il s'en explique : pour les Chartes des perfo unes privées ( e ) , que Mar- culfe oppofe-dans fes Formules aux Chartes Royales (/).; la date du changement doit être plus ancien- ne : il en a vil d'éciites en Alle- mand , des années 1260. & 1264. La féconde, que Maximil'en I. fupprima dans les Diplômes l'ufa- ge du Monogi anime, & y lubfti- tua en i486, celui de la foufcrip- (e) Charrae P..°enfes. . (/) Charts Regalts. >_ x740. rsy- tion à la main. De-Ià reluirent deux principes' diplomatiques : il s'enfuit d'une part , qu'un Diplôme rédigé en Allemand avant l'époque de Ro- dolphe , ne peut être pris , tout au plus , que pour une copie , faite- d'après l'original Latin; de l'autre, qu'un Diplôme , figné avant le tems de Maximilien,iera juftcment fuipecl. L'article des Chartes le conduit à parler des Sceaux : & parce que ceux-ci n'ont pas été plus reipec- tés que ceux-là , par les fauffaires; il indique pareillement quelques moyens généraux d'en reconnoître la fuppofition. Un Sceau , pat e- xemple , qui fe trouveroit chargé d'aimoiries avant le xi"K fîécle, porteicit, dit -il, un caracléie évident de faulleté -, parce que c'eft en ce fîécle , félon lui , qu'on vit naître l'infHtution des Armoi- ries. Dans le refle du Chapitre , il parcourt les divers ufages , qu'un Généalogifte peut faire des Char- tes. Ce qu'elles ont ce plus effen tiel, c'efl qu'elles l'éclairent fur le nom des Maifons nobles ; fur les dénominations acceflohes des branches qui partent d'une même tige ; fur les appellations propres de chacun de ceux qui en lontiflus; fur les dignitez & fur les titres , qui font oïdirairement toute la diftinclion de ces derniers; enfin, fur les degrez de paienté &d'aflini- té. Cependant il ne doit pas (e flatter que les lumières qu'elles lui offrent , foient toujours égale- ment fûres» j3<5 JOURNAL D Les noms tantôt défigurés par les mepriies des Copiltes , tantôt altères par l'injure des tems, quel- quefois faciles à confondre avec d'autres , defquels ils ne différent que par le changement de quel- que lettre , d'une valeur a peu- plés égale , l'induiront fans celfe en erreur ; fi une attention conti- nuelle ne le préferve pas de la iurprife. Les furnoms feront pour lui ■un nouvel écueil , s'il les regar- de , fans exception , comme étant iiéceffurement le titre d'une Mai- fon noble , 8c comme l'attribut incommuniquable de ceux qui en defeendoient. Il doit (e rappeller que les furnoms ne défignent fou- vent que la patrie ou le domicile de ceux qui les ont portés ; qu'al- fez communément, les principaux Officiers (g) d'un Comte , d'un Seigneur , pour exprimer leur at- tachement à fon lervice , joi- . ît à leur propre nom celui de fa Seigneurie ; & qu'ils ufoient de ce privilège jufqnes dans leurs Sceau? , en retenant néanmoins quelque fyrnbole de leur office. L' '. irnoldus de H. ave fb.rrc, du Né- crologe de Mûri , étoit un Officier Domeftique des Comtes , aïnii qu'on l'apprend d'ailleurs : Quidam vero vir defimili.- TiabQntrg nomi- tie Arnold : 8c l'on a de lui un Sceau chargé d'une elpéce de mar- mite a àhle , avec cette légende Lir, 5 Arnoldi Dabiffcris (h) d. Hrti/biirch. Que le mot Dabijfe*- ( ,° Minifterialçs. ( h ) Dapiferi, ES SÇAVANS, ris manquât dans la légende , foit qu'il n'y eût pas été inféré , foit qu'il y hit effacé ; l'écueil dont nous parlons leroit prelque inévi- table. ( C. i. des Prolég. & C. ij. du, L. i . ) Il en eftde même des degrez de parenté ou d'affinité , que l'on croit voir énoncés clairement dans les Chartes : parce que les termes qui femblent avoir été conlacrés par l'ufage, pour les marquer, Pa- rens , Avunculus , Frater , C on fan- guineus , font équivoques dans le ftyle des Monumens. ( C. î.des Prol. C. î.dtiL.i. & Ci. du L.6.) Il n'y a peut-être qu'un feul cas, dans lequel une induction généa- logique appuyée fur les Chartes , foit hors de toute atteinte : c'elt celui, où le Texte de la Charte 8c le Sceau qui y pend , en les fup- pofant tous deux exempts de loup- çon , concourent à établir le mê- me fait. Qu'a la tête d'un Diplô- me, je life ces mots , Pudolphus Cornes de Habfyurc ; 8c que fur le Sceau j'apperçoive le Lion, affecfé à l'Ecu de la Mailon d'Habfbourg; je ne puis , fans tomber dans le Pyrrhonifme , me difpenfer de compter Rodolphe entre les Sei- gneurs de cette Maifon. (Ci.) Nous ne nous étendions pas da- vantage fur ce Chapitre , où tous les points que nous venons d'ef- fleurer , font traités avec autant de précifion que de fçavoir : 8c nous renvoyons a l'Ouvrage mê- me , ceux qui , dans un liécle peu ami de l'érudition , confervent quelque goût pour les Antiquité*. du MARS du moyen âge. Dans les Chapitres fécond & troifiéme que la reffemblance des matières nous invite à ne pas répa- rer , l'Auteur examine deux an- ciens Monumens , qui lont deve- nus célèbres par l'ufage qu'en ont fait plufieurs Ecrivains, dans leurs recherches fur l'origine de la Mai- fon d'Habfbourg ; les Actes du Martyre de Saint Trutpert & ceux de la fondation de l'Abbaye de Mûri ou Mure , en SuifTe , Atla Trutpertir:a , ABa Murenfia. Il montre que ces deux Pièces , quoique véritablement précieufes pour l'Hiftoire d'Allemagne , ne méritoient pas d'avoir toute l'au- torité qu'on a jugé à propos de leur attribuer : la première , parce qu'elle n'a été connue avant lui , que par des copies interpolées , qui ont trompé , entre les autres , les PP. D. Gabriel Bucelin & D. Bernard Pez ; la féconde , parce qu'elle eft beaucoup moins ancien- ne qu'on ne l'a fuppofé. De l'aveu de D. Bernard Pez , le Mf. des Actes de S. Trutpert , fur lequel on a travaillé jufqu'ici, eft du xm'"e fiécle. Mais le P. Hen gott en a recouvré un du ixme, qui lui a été communiqué par fes confrères de S. Cal : & dans la comparailon qu'ila faite de celui-ci avec le premier , il a reconnu , à des figues certains , que l'un des deux croit interpolé. Or le foup- çon d'interpolation tombe naturel- lement fur le plus récent , qui fe trouve d'ailleurs le moins exact ôc le moins complet. Afin que les Mars. » 17 40- 137 Lecteurs foient en état de pro- noncer avec connoiffance , tant fur l'âge, que fur la différence des deux Mis ; il met d'abord fous leurs yeux une copie figurée des caractères de l'un & de l'autre: enfuite , il donne à la fin du Vo- lume les deux Textes fur deux co- lonnes ; & par furcroît, il y joint , fur une troifiéme colonne , le texte d'un troifiéme Mf. confervé àBâle, dont la parfaite reffèmblance avec celui de S. Gai y ajoute un nou- veau degré d'authenticité. Les Actes de S. Trutpert , ainfi purgés de ce qui pouvoit en affoi- blir le témoignage , deviennent une fource pure , où les Généalo- giftes pourront déformais puifer , avec une pleine fécurité. Il ne faut pas porter le même jugement d'u- ne Epitaphe en profe , tirée du Monaftère du même S. Trutpert , &: qui eft conforme à une autre Infcription en vers , qu'on lit au Frontiipice d'un quatrième Mf. des Actes de ce Saint 1 h ) , où trois des premiers Auteurs de la Maifon d'Habfbourg , Offert , Rampert , Luitfrid , font qualifiés Comtes d'Haï fbourg , Landgraves dAlfnce , long-tems avant que le Château de ce nom fût con- ftruit , ou que les Landgraviats de cette Province fuflent érigés. Quant aux Actes de l'Abbaye de Mûri, Alla Murenfia , fur lefquels Eccard , fans parler des autres , a fondé ion SyftêmeGénéaloçique,&: qu'on a prétendu avoir été rédigés dans le xi"x fiécle ou dans le xiYve ( h ) BolIanJ. z6. d'Avril. ,38 JOURNAL D au plus tard ; il tait voir qu'ils font au plutôt de la fin du xm"":. Le papier ( ), lut lequel ils foin écrits, ne commença , dit-il , d'être en ufige , a la placé du parchemin, qu'a la fin de ce fiécle: !a forme des lettres , 17 , fur-tout, marqué d'un accent aigu, ai 'nonce le même tems : & , ce qui eft ùccilîf, quel- ques endroits duTextc, qu'il difcu- te , excluent nettement toute au- tre date plus ancienne : il ajoute que la Chronologie en eft louvent vicieufe ; enfin , qu'ils font quel- quefois trop formellement con- tredits par les Chartes , pour que l'on puilfe leur donner une entière confiance.. La Généalogie qui eft à la tête , continue-t-il , quoique vraifemblablement dreflée par le même Ecrivain , ou tranfcrite par le même Copifte , ne remonte que ju (qu'au commencement du xime fiécle : elle eft , par confcquent , inluftifante pour éclaircir les Anti- quités de la Maifon d'Habfbourg. Malgré ces défauts , il convient que le feeouxs des A êtes de Mûri n'en eft pas moins néceftaire à qui- conque veut approfondir l'Hiftoi- re de cette Maifon. C'eftàla criti- que à en régler l'ufage. On les trouvera , dans le premier Volu- me , a la fuite des AUes de S. Trut- fiert , imprimés fur une copie col- ationnée à l'original , & infini- ment plus correde que celle qui fervit en 161S. à l'Edition de M. de Peirefc (<), afTez rare aujour- d'hui ,dans laquelle l'Auteur aver- ( . ; Charta papyracca (k) Ongines MuunfîsMonafterii. ES SÇAVANS, tit qu'il a corrigé plus de 700 faui tes. Les Chapitres quatrième & cin- quième contiennent une réfuta- tion abrégée dt l'opinion deCuil- liirann, qui faifoit- defeendre la Maifon d'Habfbourg , des Comtes à&Vin tfcb Vindomjfa), nommés lelonlui, après la deftruCtion de Vindiich , Comtes àîAhtmboitrg ■> &:pareux,des anciens Romains,qui ont été Gouverneiu's de la Suillè. Le Père Herrgott objecte a Guilli- mann, que cette idée porte a faux; parce qu'on n'a aucune preuve, ni que le prétendu Comte de Vin- diich ait jamais éxifté, ni que les ancêtres des Comtes d'Kablbourg avent jamais pris la- qualité de Comtes , foit de Vindiich , loit d'Altembourg. A la vérité , dit-il , ces deux places paroillent avoir été renfermées dans l'étendue de leur domaine patrimonial ; comme on l'infère d'une Charte de l'an 1017 donnée par l'un d'eux , Vernier Evcque de Strafbourg : mais , bien loin qu'elles fanent decon.es du titre de Comté , elles étoient, probablement, firivant cette Char- te, comprifes ious ie nom de celui de Rare, enEr^a^r, ou dernier pof- fedoit des domaines confiderables: /// patrimonio meo . . . . in Vagp j4r- goja , in Comitatu Rore. Ce font les termes de l'Evêque de Strafbourg, qui , en fixant la fituation de fon patrimoine dans le Comté de Rore, ne Je dit pas lui-même Comte de ce diftriét. Auffi. , voit-on par une Charte de l'an 1036. que cetoit alors un Ulric , qui y commandoic . M A R en qualité de Comce. Cette obfervation , qui a un rapport plus prochain que les pré- cédentes avec le lujet principal , demandoit à être développée : les Chapitres 6'"c & 7™' l'expofent dans tout Ion jour. Selon la Charte de Vernier , dit l'Auteur , & félon plulieurs autres Monumens , c'eft dans l'an- cienne Allemagne , c'eft dans la BourgogneTransjurane,au Canton de la Suifle nommé Ar^oja ( l'Er- gaw ) t quefe trouvent les domai- nes, en titre de Comté, quiappar- tenoient à la Maiion d'Habfbourg, avant qu'elle eût pris ce nom : c'eft donc auffi parmi les Comtes des deux mêmes Provinces , qu'il faut chercher fes Auteurs , pour les tems , où elle ne le portoit point encore- Car , puifqu'elle n'a com- mencé à être connue ious la déno- mination d'Habfbourg , que dans le xnme fiécle , où les Seigneurs commencèrent à s'approprier celle de leurs Seigneuries 5 on ne peur découvrir fon origine , qu'en re- montant jufqu'a ceux qui ont ou gouverné en qualité de Comtes , avant que lesComtez fufTènt héré- ditaires , on poffedé depuis en tou- te propriété , les Cantons ( Pag:), que nous voyons paner entre les mains , des que ces mêmes Com- tez deviennent patrimoniaux ; 8c lui donner fon nom , auffi-tôt que s'introduit la coutume de diftin- guer les Nobles par leurs polîëf- nons. Une fi importante découverte ne fçanroit fe faire qu'a la faveur S j 1 7 4 o. 139 des Chartes. Mais , avec ce fecours même , doit-on eipérer d'y parve- nir > Le P. Hengott lève fur ce point tous nos doutes : & nous lui rendrons cette juftice , que les principes qu'il a fuivis dans fa re- cherche , paroiffent les feuls , qui puffent en aflurer le fucecs. Nous rapporterons celui de tous qui nous a femblé le plus fécond & le plus nouveau : lefçavant Auteur du Prodromus Cbronici Gottwicen- fis > à qui il n'a point échappé, ne lui avoit pas donné toute l'exten- fion dont il eft fufceptible : le voici. Il ctoic de ftyle autrefois , par., ticulierement en matière de dona- tions , d'échanges &c de ventes , de nommer dans les Chartes le Comte du Pays , où fe trouvoient fituées les terres dont il s'agiffoit : Régnante Ludovic/} , fub Comité Berengario. Or, quoique cette for- mule exprime limplement le nom du Comte , fansdéfigner le Com- té ; ce dernier fe préfume, par la ntuation du fonds qui eft l'ob- jet de l'acle ; parce qu'il n'eft pas yraifemblable que le Comte, qui v étoit rappelle , comme l'autorifant par fa préfence , ne fût pas celui de Ja Contrée , qui renfermoit le terrain qu'on alienoir. Quel autre que lui pouvoir prendre intérêt à l'aliénation ? quel autre eût été en droit de la ratifier î Et , ce qui dé- montre la certitude du principe ; c'eft que plufieurs Monumens du même tems , rédigés par des No- taires plus exacts , contiennent formeliement l'énontiation , que i4o JOURNAL D l'Auteur conjecture devoir être ions-entendue dans ceux où elle manque. Parmi les exemples qu'il cite , nous choifilfons la Charte de 1 1 30. à la fin de laquelle on lit, in 1 r&fentiâ Oldarici Comitis , in cujus ComîtatH idem locits Jitus tfl. Le P. Herrgott , en dépouil- lant , avec attention , les Pièces qu'il .1 recueillies , eft venu à bout déd il".' une Table générale , qui repréfente la fuite des Ducs & des Comtes , tant de l'Allemagne, que de la Bourgogne , depuis le Vïiime fiécle juiqu'au milieu du xnim -, Se qui peur être confidciée comme le berceau de là Mailon d'Habfbourg : c'efl: en effet , dans cette Table , qu'il doit en trouver Ils premiers Auteurs. Si elle ne lui donne que des noms , fans l'in- ftrùire fur la filiation de ceux qui les ont portés ; il y fuppléera par tous lès recours que peuvent fournir , ldit les Textes des Hiitoriens con- temporains , (bit les inductions qui fe tirent de là polIefTion non interrompue des mêmes dignitez & des mêmes Domaines. La con- tinuité d'une poiîëilîon fuppofe communément des rapports très- piochains, entre ceux qui fêla rranfmettent : Se l'ordre fucceflîf, au défaut de preuves littérales , attefte le droit héréditaire. Ce fe- roit nous défier de l'intelligence des Lecteurs , que de leur faire fentir l'ufage Se l'application de cette méthode. Avant que de paifer au dernier Chapitre , nous avertirons que lé 6™*- Se le 7mc font remplis à* obier- ES SÇAVANS, vations curieufes fur les Cantons, appelles Pagi , dans l'Hiftoire du moyen âge ; fur les Comtez de l'ancienne Allemagne , Se princi- palement fur les Comtes de la Bourgogne Transjurane , dont' l'Auteur a foin, pour les raifons que l'o; verra dans la fuite , de re- lever les prérogatives. Telle eft , entre les autres , la diftinctioiv dont ils jouiiïoient , d'être égalés, par leur titre même, aux Ducs des autres Provinces. Un Ecrivain du xi ~ iiécle témoigne quV» Bourgo- gne , de fort tems , on n'appelloit Comte , que celui qui avoit les hon- neurs [ ou qui exerçoit l'autorité ] : d: Duc ; ( / ) ] c'eft- a-dire , appa- remment , que contre l'efprit de l'ancienne inftitution des Duchez' Se des Comtez, qui avoit été de iubordonner ceux-ci à ceux-là; les Comtes de la Bourgogne Tranf- jurane ne reconnoiiloient point de s;rade fuperieur au leur. [Mais ne ierions - nous pas fondés à foup- çonner , que ce prétendu privilè- ge avoit lieu , & hors de la Bour- gogne, où l'Auteur la reftraint, Se avant le ximc fiécle , auquel il en. rapporte le commencement ; puif- que Frédégaire , fous le règne de Dagobert I. parle de plufieurs Comtes en France , qui rf ayant- point de Ducs au d Jfus d'eux ( m J, doivent être réputés en avoir eu (/) UtnuIIus-, in UU pattîbus , vo- car.tur Cornes , nifiisijtii Ducis hono- rent pofÎHlcret. Chron. Ditmari. (m) ExceptisConiitiluispInrimis, qui Duccm fuper fe non habtbant. Chron. Fredcg, n. 78. MARS lé rang cV la juridiction 2 ] Quoi- qu'il en foie , les Comtes de la Bourgogne Transjurane étoient , par excellence , qualifiés Princes. On fçait , & M. de Valbonnays l'a obfervé dans fon Hiftoire du Dau- phiné , que la même marque d'honneur devint commune à tous les Evêques de l'ancien Royaume de Bourgogne , comme vaflàux immédiats de l'Empire ( n ). Le 8me Chapitre contient une Lilte de plufieurs Ouvrages , en- core manuferits, fur la Généalogie de la Maifon d'Autriche , qui font eonfervés en diverfes Bibliothè- ques d'Allemagne ; & dont le (n) Valbonnays, Hift. du Dauph. Tom.II.pag. 56. , I 7 4 0^ 14T Père Herrgott déclare que la communication ne lui a été d'aucu- ne utilité , pour fon travail. S'il a négligé de donner un pareil Cata- logue de ceux que l'impreflion a rendus publics ; c'eft parce qu'il n'eût pu que copier Schonleben & l'Auteur du Germania Princeps , qui ne lui ont rien lailfé à faire fur cet article. Nous terminerons ici notre Extrait : &: , pour ne pas fatiguer l'attention des Lecteurs , en les entretenant trop long-tems d'un même Ouvrage ; nous partage- rons ce qui nous refte à dire de ce- lui-ci , eu plufieurs articles , que l'on trouvera de fuite , dans les premiers Journaux. EXPLICATION DE DIFERS MONVMENS SINGVLIERS qui ont rapport a la Religion des plus anciens Peuples ; avec l'examen de la dernière Edition des Ouvrages de S Jérôme, & un Traité fur l'A - ftrologie Judiciaire. Ouvrage enrichi de figures en taille-douce. Par le R. P. Dom * * * , Religieux Bénéditlin de la Congrégation de S. Maur A Paris , rue S. Jacques , chez Lambert & Durant , Libraires , l'un à l'Enfeigne delà SagefTe , & l'autre à celle de S. Landry. 1739. /'w-40. pp. 487. non compris la Préface, armi un grand nombre de Differtations contenues dans ce Volume , nous avons choili , pour en rendre compte au Public , les deux qui ont pour titre , l'une : Cérémonies obfervées dans les Fu- nérailles des Romains , &cc. l'autre: Religion des Egyptiens. Nous avons fait'connoître la première dans no- tre Extrait du Journal de Janvier dernier , dans celui-ci nous entre- tiendrons nos Lecteurs de la fécon- de. Un vafe d'airain , qui eft dans le Cabinet de M. leDucdeSulli, en a fourni le fujet. Ce morceau uni- que , dit notre Auteur, refiembleà une poire & eft divifé en cinq faces : la première eft chargée d'hyérogli- phes : les trois autres reprefentoit les mifteres les plus profonds de la Reli- gion des Egyptiens , enfin la derniè- re eft couverte de feuilles de Perfca (1 ) qui fartent avec le vafe d'un ( 1 ) Le Perfea ,cft un arbre <.|iii croit aux environ» du grand Caire., fes feuilles i42 JOURNAL D bouton de cet arbre , & le vafe na à Autre bafe ejue ce bouton. Les Egyptiens, fui vaut notre Auteur , avoient trois lortes de lettres, les Epiftolaires, les Sacer- dotales , les Hyérogliphiqucs. Les premières répondoient aux lettres de nos Alphabets , & on les tra- çoit de droite à gauche ; les fécon- des étoient propres aux Prêtres Se à ceux qui traitoient des matières de la Religion , les dernières croient lymboliques Se énigmati- ques , Se revenoient à ce que nous appelions emblèmes. Ces emblèmes étoient aufli de trois iortes. Les lîmples , les figu- res & les énigmatiques. Les (im- pies marquoient une choie par une autre a laquelle elle reflembloit , par exemple , pour exprimer le Soleil on tiaçoit un cercle , pour reprelenter la Lune on décrivoit un croulant ; pour marquer l'in- itabilité des choies du monde , un globe ou une roiie en mouvement. Les emblèmes figurés étoient fondés fur de (impies rapports que certaines choies avoient avec d'au- tres Se ils iervoient à confacrer les actions des Princes Se des Hé- ros. La dernière forte d'emblèmes confiuoit , dit notre Auteur , en des énigmes tout purs. Ainfi , par exemple , un Serpent marquoit le cours oblique des Altres Se un Ef- reilcmblent à celles du Laurier , excepte qu'elles font plus grandes. Son fruir , qui a la figure d'une poire , renferme une efpece d'aniande omioyau qui aie goùc i'unc châtaigne. ES SÇAVANS, carbot le Soleil , parce que cet Inleéte ne paroît que pendant fix mois de l'année , pailant les (ix autres caché en terre , & qu'au furplus ( ajoute Dom Martin d'a- près Plutarque ) , pour perpétuer fon efpece , il forme de la fiente de bœuf une boule , la roule & jette demis fa femence , d'où il ne vient que des Efcaibots mâles. Voila à peu-près , dit notre Au- teur, en quoi conlinoient les Hyé- rogliphes célèbres des Egyptiens , c'elt dans ces fortes de figures que cette Nation miiterieule renfer- moit fa morale & fa Religion. Si morale etoit compolée de précep- tes fort courts, femblables a. ceux que Pythagore a laides en ces ter- mes : ne mangez, pas fur le char .' ne vous ajjeiez. pas fur le boijfeau ! ne plantez, pas le palmier ; n attifez. ' pas le feu avec le glaive. A l'égard de la Religion , elle rouloit prefque entièrement fur Ififfic fur Oliris. Voici l'Hiftoire abrégée que donne notre Auteur de ces deux Divinitez des Egyp- tiens. Le Soleil ayant découvert que Rhée avoit accordé les faveurs à Saturne , fit contte elle une im- précation dont l'effet étoit qu'elle ne pourroit accoucher dans aucun jour de l'année. Mercure épris d'a- mour pour Rhée, trouva un moien de rendre l'imprécation inutile, dont cette Deellè le recompenfa d'avance. Il joiia une pa: de d'é- checs avec la Lune , Se l'ayant ga- gnée, il obtint la faisante & dixiè- me partie de chaque jour dont il MARS forma cinq jours nouveaux , qu'il ajoura aux 360 qui compofoient l'année auparavant, & ce fur. pen- dant ces cinq jours que Rhée ac- coucha. Le premier jour elle mit au monde Ofiris, le fécond Aruéris, le troifiémeTyphon, le quatrième Ifis , & le cinquième Nephthys. Le Soleil étoit père d'Ofiris & d'Aruéris , Mercure l'étoit d'ifis , & Saturne de Typhon &c de Neph- thys. Ifis & Oiiris fe marièrent enfemble & eurent Orus , qui eft l'Apollon des Grecs. Ofiris gou- verna l'Egypte , où il fit régner l'abondance , les Sciences & les Arts. Il parcourut enfuite toute la terre & la fournit moins par fes armes que par fes bienfaits & par les excellentes loix qu'il y établit. La iç)mc année de fon règne il re- vint en Egypte , mais ayant donné dans les embûches que Typhon lui avoit dreffées il fut jette dans la mer avec un coffre où fon frère avoit trouvé moïen de l'enfermer. Ifis informée de ce malheur s'occu- pa uniquement du foin de recou- vrer le corps de fon mari. Elle dé- couvrit , pendant cette recherche , qu'il avoit eu commerce , fans le fçavoir , avec Nephthys , 8c que Nephthvs, craignant l'indignation de Typhon , avoit caché le fruit qui en étoit provenu. Ifis , loin d'en être jaloufe , chercha cet en- fant , & l'ayant trouvé , par le fe- cours des chiens qu'elle y em- ploya , elle lui donna le nom A'A- nubis , & il paffa dans la fuite pour être le gardien des Dieux. Ifis con- tinua enfuite à chercher le corps ,1740. 143 d'Ofiris , & elle apprit enfin que la mer avoit jette le coffre, où il étoit renfermé , fur les rivages des environs de la Ville de Biblos , qu'un pied de bruyère l'ayant reçu comme dans fon fein , avoit crû'fi promptement & pouffé tant de branches qu'il le déroboit à tout le monde , & que le Roi du Pays l'avoit mis à couvert ious un toit , porté fur une colomne. Ifis alors (è tranfporta à Biblos , & pour s'introduire chez la Reine , elle s'affit auprès d'une fontaine , où les filles , qui iervoient la Princeflè , venoient puifer de l'eau. Là Ifis s'occupoit , enverfantdes larmes , à accommoder là cocftùre des fil- les de la Reine , & à répandre fur elles une odeur d'ambroiiîe , en gardant un profond filence. Le Roi & la Reine la firent alors ve- nir dans leur Palais & la donnè- rent pour nourrice à un fils qu'ils avoient. Ifis , au lieu de mammel- le, lui mettoit le doit dans labou-- che , & par ce moyen &c par d'au- tres qu'elle mettoit en œuvre , ( notre Auteur ne dit pas quels ils étoient ) elle confumoit tout ce qu'il y avoit de mortel dans cet enfant. Cependant elle fe tranf- formoit chaque nuit en hyrondelle & alloit fe percher fur la colonne que le Roi avoit fait élever & elle- s'y répandoiten gémiffèmens.Enfin ayant été reconnue , elle demanda au Roi la colonne , & l'ayant ob- tenue , elle la fit abbatre , après cela elle arracha le pied de bruyè- re , & l'ayant parfumé &c enve- loppé dans de la toile > elle le don~- i44 JOURNAL D ru au Roi &c à la Reine , qui le placèrent dans un Temple , où il tue expolé à la vénération du peu- ple julqu'au tems de Plutarque. Eniliite Ilîs prit le coffre , le mit lur un bateau & l'emporta, mais étant entrée dans la Ville de Butis pour voir Orus fon fils qu'on y elevoit , Typhon qui l'obfervoit , vint de nuit enlever le coffre, en tira le corps d'Oiïris , le mit en i + pièces &c les difperfa. Ilîs aïant été aufli-tôt à leur recherche dans une barque de Papyrus , elle les trou- va toutes , à l'exception d'une qui ayant été jettée dans le Nil , avoit été dévorée par certains poiffbns. Cette partie , à laquelle Ifis fup- pléa , dit notre Auteur , par un Phalle femblable qu'elle fit faire , fut coniacrée comme les autres. Bien-tôt après Oiiris apparut à Orus , & le chargea de vanger fa mort. Ce jeune Prince leva des troupes, livra la bataille aTyphon, le défit , le prit &c le mit entre les mains d'Ifis. Cette Princeffe lui fit grâce , ce qui irrita Orus à un tel point qu'il la maltraita & lui arra- cha Ion diadème, que Mercure remplaça par le crâne d'un bœuf, qu'elle porta toujours depuis. C'eft-la , iuivant notre Auteur, le précis & le fond de la Religion des Egyptiens & la iource de tant de Mifteres & de Fêtes que ce peuple célébroit. Dom Martin pré- tend que ces Mifteres font repre- fentés en partie fur le vafe de M. de Sulh -, mais ce vafe , ajoûte-t-il, eft un Miftere lui-même , qu'il elt ■important de développer avant ES SÇAVANS, que d'aller plus loin. C'eft l'origi- nal ou plutôt la copie de celui dans lequel Ifis ralïembla les membres d'Ofiris que Typhon avoit diiper- iés ; c'eft un van véritable & le van faiioit partie des Mifteres d'I- fis ; mais il n'y avoit que ceux qui y étoient initiés qui euffent droit de le porter, parce qu'il palloit pout iacré & qu'il fuppofoit une grande pureté dans ceux qui avoient cet honneur , ce que mar- quoit aufli l'habit blanc dont ils étoient revêtus , & la tête qu'ils avoient fi rafe qu'elle en étoit tou- te blanche. Notre Auteur pafle enfuite à une explication détaillée des diffé- rentes figures hyérogliphiques re- prefentées fur le vale. La première face eft chargée de figures gravées, à la différence des autres bandes qui ne contiennent que des figures relevées en bollè. Au refte , mal- gré la facilité de Dom Martin à expliquer les choies les plus obfcu- res , il convient qu'il y en a beau- coup fur ce vafe qu'on ne fçauroit déchifrer , & il ne s'attache , dit- il, qu'a éclaircir les figuies furlef- quelles les anciens nous ont lailfé toutes les lumières que nous pou- vions louhaiter. La première qui fe prefente eft un Siftre, c'eft-à-dire, l'Inftrument de Mulique qui étoit le plus en ufage chez les Egyptiens & qui ca- radterife la plupart des Monumens qui en viennent. » Cet Inftrumcnt » étoit communément d'airain Se » avoit la forme d'une raquette , » excepté la partie où étoit attaché «le M A R »» le manche qui étoit quarré Se » non pas ovale. Le Siftre , au lieu » de maille , avoir tantôt trois , «tantôt quatre petites verges de t» bronze qui le traverfoient , & « formoient tout le Ion qu'on en »» pouvoir tirer en remuant la main « qui le tenoic. -Le haut du Siftre «étoit quelquefois orné d'un chat « accroupi , Se le bas d'une tête » d'Ifis, vis-à-vis de celle de Neph- :? « thys fa fœur. » Cet ïnftrumenx , dit Plutar- »> que , lignifie que toute la nature »> doitêtre dans un perpétuel mou- » vement, Se qu'il y faut mettre n les chofes qui tendent au repos »» & à leur fin. Ainfi quand les «Egyptiens enfeignent que le Si- »» ftre a la vertu de donner la chaf- » le à Typhon , ils veulent dire » que la génération figurée par le » mouvement remet en aétion les » êtres que Typhon , c'eft-à-dire , "la mort , tenoit liés Se fans ope- » ration. De même la rondeur de « la partie fuperieure du Siftre « marque les quatre élimens qui »'fbnr toujours en mouvement , « parce que tout ce qui eft lujet à « la corruption Se àta.génération « eft contenu dans le globe de la ■»> Lune dont cette rondeur eft la » figure , .Se que c'eft dans la ré- wgion de la Lune que la terre., «l'air , l'eau Se le feu fe meuvent «■& s'altèrent. Le chat , ajoute » Plutarque , reprefente la Lune , « tant a caufe delà diverfité de fes «couleurs & de l'inftincT: qu'il a « d'agir pendant la nuit qu'a raU t> fon de fa fécondité ; car les z8 Mars. s; 1740; j4f » petits que la femelle met bas » pendant fa vie marquent les 28 «jours que la Lune employé à » parcourir le Zodiaque. Quant » aux têtes d'Ilîs & de Nephthys , » elles figurent cet état de viciiïï- » tude où font toutes chofes de » commencer Se de finir akernati- » vement. Le Siftre eft fuivi d'un Ibis. Il y en avoit de deux fortes , de noirs Se de blancs , Se qui étoient éga- lement honorés par les Egyptiens. Les noirs , dit notre Auteur , par- ce qu'ils détruifoient les Serpens ailés, qui, de l'Arabie , venoient fondre en Egypte au Printems , les blancs , parce que le noir de leur tête , de leur col , de l'extrémité de leurs ailes Se de leur queue ex- primoir les taches Se les cavitez de la Lune , & que par cette variété ils étoient aufti le fymhole du Zo- diaque ; enfin les uns Se les autres en commun , ajoute Dom Martin, parce qu'ils avoient des proprie- tez & des qualitez qui panoienc pour admirables dans I'efprit des Egyptiens , comme de fe ferin- guer eux-mêmes, & d'avoir ainfi appris aux hommes l'ufage des Médecines , de ne porter jamais aux hommes de coups de bec donc il leur revint quelque mal , de ne jetter aucune odeur après leur mort , Se d'exprimer par leur corps , qui a la figure d'un cœur , la plus noble partie de l'homme. Dom Martin cite, pour fes garans, Hérodote , Plutarque 3e plusieurs autres Ecrivains Grecs 4e Latins de l'Antiquité. Les bornes d'wi T 1+6 JOURNAL D Extrait ne nous permettent pas de h 'vie not . Auteur es: d<. picou- rir avec lui toutes les dirierei tes figures qui font reprelentées vale, nais nous choiluonsd Diflertation vn i q det x cndio'ts encoie qui nous paroillcnt interellàns. Tel eft celui qui (égar- ée le pouvoir & les fonctions ct« Grand Piètre , & auquel donne lieu la repreleacaùota d'u» Prêtre fur le vale do.it il s'agit. Le ( rand Piètre en Egypte ne reconnoilloit que le Roi au-deilus de lui ; encoe , dit notre Auteur , le Roi lui étoit-il foùn :s en quel- que forte , puifqu'il avoit d oit d'aller tous les matins lui montrer Ion devoir en prefencë de toute fa Cour, fous couleur de prier pour lui. En errèt , ajoùre-r-il , après avoir demandé en général aux Dieux , pour le Roi , la ianté Se tous les b'ens qui avoie.it pour objet la jultice que le Prince doit à les fujets , il faifoit 1 '«numéra- tion des vertus qui lui étoient les plus neceîfàires , infiftant particu- lièrement fur la pieté envers les Dieux & fur l'afrèéiion pour tous les hommes. Il finilfoit fa prière par des imprécations conte les fau- tes d'ignorance a quoi les Princes font fujets , qu'il i ejettoit pour- tant iur fes rnïniftres & fur les Courtifans qui lui donnoient de mauvais confeils. C'elt par ce tour ingénieux que le Grand Prétie ta- choit d'infpirer au Roi la crainte des Dieux & l'amour de la vertu. Quand le Grand Prêtre avoit fait -fa prière , un autre Prêtre liloit au ES SÇAVANS, Roi , dans les Livres Sacrés , quel- ques maximes & ctrtams traita d'Hijloire , dont le Prince ; tirer -/. grands avantages pou-- fe bien conduire . en général & en par~ ticidier ; car ces letlu\.< ne regar- doui t pas feulement le gouvernement C~ / ad- inijf ration de lajuflice mais encore les viandes dont il à v m nfer (y l >. quantité le vin qu'il à; voit i & le t vms qu'il devait donner a l.i promena le . au barn , aj,:j :m- me 0~ a [es ancres exerças. De trois parties égales en lef- quelles l'Egypte étoit partagée , la 1ère appa.teuoit aux Pi eues en entier , ils étoient a la tête du Go'n eU du Roi , ils avoient droit de le priver de la lepulture , s'il n'avoir pas bien gouverné l'Etat. Non feulement tout ce qui regar- dent la Religion les concernoit r mais ils éroient encore charges de la garde des Regrftres publics , du maintien de I'ordie, de l'éducation de lajeuneilè, c'étoient eux enfin qui ecrivoient les Annales du Royaume. A la vérité , dit notre Auteur, ils ne pouvaient avoir qu'une fem- me , tandis que le commun des E- gyptiens en avoient autant qu'ils voulaient , ils ne mangeaient jamais de poijfon , ni de porc . ni d'oignon. Ils avaient lesfévs en fi grande hor- reur qu ds ne jcitment jamais les yeux fur cette efpece de légume Ils étoient circoncis comme tous ceux de leur Nation, ils lavaient leur corps t teux fois le jour & autant la nuit. Ils buvoient du vin & fe nourrif- foient de viandes facrées , confinant M A R S en hmif & en oye. Notre -Auteur remarque dans un autre endroit que ces mêmes viandes étoient piefcrites au Roi ; mais ceft un pro- blème , ajoùte-t-il , s'ils ne s'enfai- fotem pas fervir d autres. . Les Prêtres n'ofrroient jamais des vaches en fàcrifice, mais * feule- ment des bœufs, encore, dit notre Auteur , tous ne méritoient-ils pas de tomber fous le glaive facré. Pour avoir cet honneur, ils dévoient être fans tache , fans aucun poil noir ni blanc & avoir certaines marques. Un Prêtre étoit chargé de les examiner, de lorfqu'il en avoir trouvé qui eulfent les condi- tions requifes , il attachoit a leurs cornes du Biblos ( i ) , & y appo- foit un fceau fur lequel étoît gravé un homme à genoux qui avoit les mains liées derrière le dos & un glaive prêt à le frapper -, c'étoit , luivant Dom Martin , pour mar- quer qu'il y alloit de la vie d'im- moler aucun bœuf qui n'auroit pas fubi cet examen ou qui n'au- roit pas eu le Cachet Sacerdotal. Loifqu'on faifoitun fàcrifice, on conduifoit un de ces bœufs a l'au- tel , on allumoit le feu qui devoir le confumer , on répandoit du vin dellus en faifant des prières aux Dieux , le vilage tourné vers le Temple , on égorgeoit enluite la viétime , on lui coupoit la tête , 6c on écorchoit le refte du corps. Si le fàcrifice le faifoit un jour de marché , on poi toit cette tête a la place publique & on la vendoit aux Giecs , fi-non les Piètres la ( i ) Ç 'étoit le Papyrus. > i 7 4 0- 147 jettoient dans la rivière , en pro- nonçant cette imprécation : S'il doit arriver quelque malheur aux Prêtres ou a l'Egypte , qud tombe fur cette tête. Quoiqu'en diffèrens nomes on ne lacrinat pas les mêmes animaux, & .que dans un endioit on ado; ut ceux qu'on immoloit dans un au- tie , on obfervoit néanmoins par- tout l'uniformité touchant la cé- rémonie de la libation du vin & celle de l'imprécation contre la tête de la victime. On obfervoit la même unifor- mité dans le culte qu'on rendoit à Ifis. C'étoit , dit notre Auteur , la Divinité favorite de la Nation. Les Prêtres palïoient en jeûnes & eii prières la veille du jour qu'ils dé- voient lui offrir un Sacrifice. L'heu- re du Sacrifice venue , ils immo- loient un bœuf , lecorchoient , lui coupoient le col , les épaules , les cuiiles & l'extrémité des reins , ite après en avoir ôté la panfe, fans toucher a la graiffe & aux entrail- les , ils le rempliiloient de pains de farine pure , de miel , de rai- fins lecs , de figues , d'encens , de myrrhe &r d'autres parfums. Alors ils faiibient brïilet la viétime , 6c tandis que le feu la confumoit ils le déchiroient à coups de fouets Se verfoient de l'huile fur l'autel. Quand le Sacrifice étoit achevé , ils alloient rompre le jeûne qu'ils gardoient depuis la veille & man- geoient les parties du bœuf qu'ils avoient relervées. Les Prêtres célébroient encore plufieurs grandes Fêtes pendant Tij i4* JOURNAL D l'année en différentes Villes où les Egyptiens le fendoienc de toutes parts. On en célebroit a Bubaftis en l'honneur de Diane , à Bufiris en l'honneur d'Ilis , a Sais en l'honneur dé Minerve , à Hélyo- polis en l'honneur du Soleil , à Butis en l'honneur de Latone , à Paprémis enfin en l'honneur de Mars. La Fête de Minerve s'appel- loit la Fête des Lampes , parce qu'onla célebroit la nuit & qu'on allumoit quantité de lampes plei- nes d'huile & de fel autour des Maifons. Ceux1 qui ne pouvoient pas fe tranfporcer à Sais , allu- moient des lampes par-tout où ils fe trouvoient. C'étoitainli une il- lumination générale dans toute l'Egypte.- Hérodote met I'inititution de cette Fête au nombre des Mifteres qu'il n'ofoit révéler , ce qui qua- ote parfaitement bien , dit notre Auteur , avec l'Inicription de la Minerve de Sais , qui étoit conçue en ces termes : Je fuis tout ce qui a été , tout ce qui ejl . & tout ce qui fera , & nul mortel n'a encore relevé mon Pépie. Au refte , fuivant les différente? marques qui le rencontroient fur un bœuf, les Egyptiens en fai- foienr une victime ou un Dieu. Il y avoir ;deux bœufs adorés dans tou- te l'Egypte fous les nonrs à'slpis & de Mnévis. Notre Auteur , qui croit les reconnaître lur une. des faces du vafe dont il s'agit , entre dans une explication de ce qui les regarde , qui nous a paru curieufe. Les honneurs qu'on rendoit à E S SÇAVANS, Apis I'emporcoient fur ceux qui. étoienr rendus à Mnévis, parce que , dit notre Auteur , ce-demiet ne reprelentoit hmplementqu'O- firis , au lieu qu'Apis éroit en par- ticulier le Sandruaire de lame d'O- firis & fon image vivante , ainfi que d'Ifîs.. Celui - ci faifoir fon féjour i Memphis , dans l'enceinte d'un Temple qui porcoitfoa nom. Tout l'ordredes -Prêtres étoit deftinéale fervir. Lorfqu'ils vouloient liri fai- re prendre l'air ou le. montrer aux. étrangers, ils le faiioient paner dans. une cour qui étoit au - devant de deux loges qu'on lui avoir ména- gées & où ils le ramenoient quand il avoir fait quelques tours & bon- di certains tems. L'JHiftoire ne dit pas , remarque notre Auteur ,fifa mère , qu'on nourrijfoit dans im ré- duit dt cette cour , avait alors per- mijjion de lui rendre vif te , on feait feulement que cette heure h fe mère ne V avait pas eu par la voys ordinaire. , mais qu'elle l'avoit ce kçu d'un éclair lumineux qui l'avoit pénétrée entiè- rement ; je dis d'un éclair , ajoute Dom Martin , & non pas -de la fon- dre , comme l'om du quelques Anti- quaires , pour n'avoir ni bien enten- du Hérodote ni confidiè Vlutarque ' qui àte toute équivoque. Tous les ans fept jours étoîent confacrés à célébrer la naillànce d'Apis , pendanr lefqùels on fe rendoir en un endroit du Nil , qui étoit a Memphis , appelle Phtole y. à caufe de fa figure , & l'on y flongeoir deux vafes , l'un d'or,, autre d'argent. Cette immerfion , MARS concourant avec ta Vête , produifoit, dit notre Auteur, un miracle ; car il narrtvoit jamais , pendant tout ce tems , que les Crocodiles fffent mal à perfonne , & ce n étoit que le hui- tième jour , après midi , qu'ils re- prenaient leur férocité naturelle. Le bœuf Apis avoit deux loges toujours ouvertes , en forte qu'il étoit maître d'entrer dans l'une ou dans l'autre , mais il n'entroit ja- mais dans l'une qu'on n'en augurât quelque chofe de funeite.. On le confultoit , en lui prefentant à manger avec la main , & l'on for- moitdes prédirions lui la manière dont il reeevoit la nourriture. On remarqua, dit notre Auteur, qu'il fe détourna quand Germanicus avança là main pour lui offrit quelques herbes , & il arriva, ce que tout le monde fçait , que ce Prince fut empoilonné après. On menoit le Bœuf Apis en pro- ceflïon certain jour de l'année , Se en lui faifoit porter le joug cette fois feulement, afin derappeller aux hommes le fouvenir des be- foins & des neceiïîtez de la- vie. Un Prêtre d'Ifis le conduifoit ainfi dans la Ville d'Abidos. Certain au- tre jour de l'année on lui prefen- toir-, au rapport de Pline , une va- che qui avoit de certaines taches , &c il pafloit pour confiant quelle ne paroilîoit que ce jour là , . & qu'elle mouroit au retour de la vi- fite qu'elle avoit rendue à ce Bœuf déifié. Après tant d'honneurs qu'on rendoit à Apis , croiroit-on , dit notre Auteur , qu'il ne lui étoit ,1740. H9 pas permis de vivre au-delà des années fixées par le Pontifical de fes propres adoiateurs. Le jour de là mort étoit marqué aufli - bien que le genre , & les Piètres le pié- cipitoient dans la fontaine qui étoit deltinée à leur uiage, ou, félon Papinius , dans le Nil. Cette mort jettoit l'Egypte dans une confternation généiale. Tout le monde prenoit le deuil & iera- loit la tête jufqu'à ce qu'on eût trouvé un Bœuf lemblable au pre- mier. Elien porte juiqu'a vingt- neuf les marques particulières qyil devoit avoir ; Porphire, cité par Eulebe de Céfarée , le conten- te de dire qu'il réunifloit fur fon corps les fymboles du ioleil &: de la Lune ; Les fymboles du Soltil > en ce qu'il étoit noir, & qu'il avoit fous fà langue la forme d'un Ef- carbot ; les fymboles de la Lune ,- parce quefescornes reprelentoient cet Altre quand il étoit parvenu à fon iecond quartier , comme fou- ventre exp.rimoit la rondeur de fon globe. Lorfqu'on avoit trouvé un pa-i reil Bœuf, le deuil faifoit place à la joye , 8c après une Fête fuperbe, on conduifoit ce nouvel Apis à Nilopolis , où il demeuroit 40 jours. Les femmes, à qui il n'étoit permis de le voir que dans cette "Ville, &c une fois en leur vie, s'y rendoient de toutes parts , &- fe découvroient devant lui. Les quarante jours expirés , on em- barquoit Apis dans une Galiot- te fort ornée , il y étoit fervi dans une chambre dorée qu'on lui avoit lyo JOURNAL D préparée exprès , & on le tranf- portoitainfia Memphis. Des qu'il y ctoit aniv.é , on le conduifoit dans la cour où étoient les deux loges dont nous avons parle, e^ dont tout le contour étoit un Pé- riftvle que le Roi Pla.nmitichus avoit fait f tire. Ce Péiiftyle étoit fi exhaulfe que les Coloiîès , qui y tenoient lieu de colonnes , avoient il coudées de haut. A l'égard de Mnévis , il n'étoît, Comme nous l'avons dit , honoré qu'en fécond. Il failoit la rélîden- ce à Héliopolis , oà il avoit un Temple , & furpalïoit en groiîeur tous ceux delonelpece. On ne peut voir , lans étonne- ment, le peuple leplusfagede la terre , & qui a été , pour ainli dire, ie Précepteur du refte du monde , dégrader fa rai Ion au point d'ado- rer un bœuf. On a beau chercher des allégoiies dans cette foule de Superftitions aulquelles les Egyp- tiens étoient en proye : ces allégo- ries lont , pour la plupart , fi ab- ES SÇAVANS, iiirdes qu'elles fervent e!!es-mê- mes a prouver combien nos lumiè- res naturelles lont foibles & im- puiflantes , quand elles fervent feules à nous guider. Nous finirons cet Extrait en re- marquant qu'on trouve , dans l'Ouvrage de Dom Mai tin , des Oblervations fur la nouvelle Edi- tion de S. Jérôme faite a Véione , qu'" lont pleines d'une critique du- re c\: arriére', pour ne rien di;ede plus fort. Plus de modération , dans une caule où l'on peut loup- çonner Dom Martin de n'etie pas tout-à-fait impartial , eut, lans doute , mieux convenu a ce qu'il fe devoit a lui-même & aux deux Sçavans illufties qu'il attaque. A l'égard du fond des Cr'tiques , nous renvoyons aux O! f ■■■vatiors- mêmes ceux qui voudront s'enin- ûruîre. Les dilculTons de Textes aulquelles donnent lieu les diffé- rentes leçons des maiïu'crits , ne nous paroillànt guéres îufceptibles d'un Extrait. PANEGTRIQVE DE SAINT VINCENT DE PAZJL. PAR M Jft-e Edme Mongin , Evèque de Bafus Imprimé a Bordeaux , chez Jean-Baptifte la Cornée, vue S. ]ames. i^^.in-n. pp. 23.. IL eft des Ecrits dont le nom de l'Auteur prévient les Lecteurs plus favorablement que nous ne îçaurions taire ; celui-ci, comme on le voit , eît de ce genre. Il ne nous réffce qu'aie prefenter dans fon véiitable jour , mais il eft bien difficile qu'un Ouvrage d'Eloquen- ce reltèrré dans les bornes d'un Excrait ne peide pas de fes beau- tez principales. Dans la divilion du fujet , l'idée générale des vei tus qui caraeferi- lent S. Vivant ds Paul eft conv piife dans la comparaifon que l'O- rateur fait de ce Saint avec J ean- Baptifte le Ptécurieur. Suivant ce parallèle , » Vincent d: P.111I fut » véritablement une lumière toù- » jours éclatante par l'activité de M A R » Ton zélé à înftrnire , Se une lam- » pe ardente par le feu de là cha- « rite pour les pauvres. Né dans cet état d'obfcurité qui condamne le commun des hom- mes a vivre ignorés , parce qu'ils ne font dans la locieté que d'un fecours que peuvent y apporter tous les autres hommes -y c'eft de cet abaiflement , c'eft de la condi- tion de Partie qu'on voit Vincent de Paul palier aux plus importan- tes occupations , & cela par des degrez qui femblent ne le multi- plier que pour développer en lui un plus grand nombre de vertus. Son zélé éclate d'abord enAflîique où des circonftances imprévues le jettent dans l'efclavage. Il y ap- prend à fouflfrir , il y affermit fa foi, il fait plus , il la communique à ceux-mêmes qui cherchoient à l'ébranler. Mais il n'eft pas feule- ment deftiné à éclairer des Na- tions infidèles, fon zélé ne devient que trop neceflàire à un peuple né dans le lein de la Catholicité. La Providence conduit Vincent de P. à Paris , » fur ce grand Théâtre , j) dit l'Orateur , où il fe fait tant » de bien & tant de mal , où l'on » voit tant de bonnes œuvres Se » tant de lcandales , tant de ri- » ches Se tant de pauvres , tant « de luxe & tant de mifére ; tant « de Prédicateurs de l'Evangile Se » tant de partifans du vice & du » libertinage. « Ce qui afflige da- vantage l'homme de Dieu eft de voir le delordre des Parroiffès voi- fines de cette Capitale. Trifte re- lie , ajoute M. de Bazas , des guer- S, 1740. ijt res que l'héréfie Se la rébellion avoient récemment caufées. Vin- cent de P. va dans les campagnes réveiller le zélé des Pafteurs en- dormis. Les préceptes font fou- vent trop lents a perfuader. Il n'employé que des exemples. Il prêche , il fait naître la a aime , le repentir fuit avec la confiance , Se bien-tôt les fruits de cette mif- fion volontaire donnent lieu à l'in- ftitution de plufîeurs aunes ; pre- mière origine de cette Congréga- tion qu'il établit enfin pour l'uv- ftru&ion des peuples Se l'édifica- tion de l'Egliie. En Breffe , où il eft envoyé , Il l'opiniâtreté des Calviniftes Se les mœurs corrompues des Catholi- ques offrent a lbn zélé une carriè- re épineufe , les travaux qu'il em- braliè enluite à Marfeille ( 1 ) font peut - être encore plus difficiles,, Ses devoirs font de confoler , de convertir ce peuple de coupables tenus à la chaîne , Se qui la plu- part ne font dignes encore de la vie que parce qu'elle fert de puni- tion à leurs crimes Se d'exemple à la Société. » Ils fe voyent , dit » l'Orateur, le rebut de la terre & » la honte de leur famille , ils (ça- » vent qu'ils ne font là que parce » qu'ils ont abandonné Dieu , & » ils croient ailément que Dieu les » aura auffi abandonnés : les voilà » donc plongés dans l'abîme du » delefpoir ; auffi la vie qu'ils me- » nent eft-elle une véritable image » de l'enfer , où les touimens fone (1) Vincent de Paul devint Aumônier des Galères, ip JOURNAL D » fans fin & les péchez fans repen- » tir. . . . Vincent ne leur parle pas » d'abord du déplorable état de » leur ame, il ne -déplore que leurs « miferes, il baife leurs chaînes, il » les arrofe de fes larmes. Il a ga- »gné leurs cœurs , ils feront bien- » tôt convertis. « Marlêille ne pro- fite pas feule des erfèts de la cha- rité , il parcourt les Diocéfes. Les Evêcmesleconfultent. S. François de Sales , cette grande lumière de l'Egliié , l'aflocie a fes travaux (i). Les Têtes Couronnées ( $ ) ne veu- lent plus le conduire que par les confeils , parce qu'ils font didés par l'amour de la Religion &c par celui du bien public. Tous ces dé- tails que nous délirerions pouvoir rapporter ici font expolés dans le plus beau jour. A quel uiage Vincent de P. em- ploye-t-il tant de confideration Se àe crédit; à la feule gloire de laRe- lîgîon : c'eft alors qu'il établit fa Congrégationjqu'il ronde ces Eco- les du Sacerdoce ( 4 ) , » d'où l'on »> a vu fortir tant (F Ouvriers Evan- » géliques , tant de bons Palleurs, » tant de grands Evêqùes. Dans la féconde Partie, Vincent (a) Vincentell établi , par S.François de Sales & par Madame de Chantai , Su- périeur des Rcligieufes de la Viiitation rie Sainte Marie. ( j ) Louis XIII. voulut mourir entre Jes bras de S. Vincent , la Reine , deve- nue Régente , le retient dans fes Con- feils & fe détermine fur Tes lumières pour la diftribution des di^nitez dePEglifé. ( 4 ) Les Séminaires. 11 établit auffi les Conférences Spirituelles pour les Ec- clefiaftiqucs , & les Retraites Spirituelles pour toute forte 4e perfonnes. ES SÇAVANS, de Paul . » confideré par le feu Je » fa chance 3c de ton amour pour » les pauvres : « Etablit entre plu- fieurs Hôpitaux h necelfaires ( 5 ) , celui qui conferve à l'Etat ces en- fans que le libertinage fait naître& que le crime avoir fouvent déduits ( 6 ). Ne diroit-on pas , c'ett l'O- rateur qui parle , » que tant de » merveilles ne pouvoient être que » l'ouvrage de la magnificence »d'un Roi ? On le diroit , fans » doute , Se on ne diroit pas allez, » Les Rois reconnoillent des bor- » nés à leur Empire , la charité » n'en connoît point, celle de Vm- » cent a paire & a franchi les limi- » tes de ce vafte Royaume. Mais » que dira-t-on , quand on verra «que tout cela sleft fait comme dç » rien , par un homme qui n'avoit » rien , &c -qui fans rien avoir don» » noit toujours, établilîoit toujours » fans jamais épuifer les fourceç « d'où il droit ces fecours , » Quelle eft donc cette main ùivi- -»fible qui fait de li grandes chofes » & qui les maintient dans l'ordre » qu'elle les a faites ? Ce n'eft pas «la main de l'ambition qui , pour » s'élever , commence par tout » détruire. Ce n'eft pas la main de » la vanité, dont les productions *> ftét îles ne font que palier , de- » viennent à rien. Ceft donc la » vôtre, fille du Ciel, divine Cha~ »> rite , &c ! f-n effet , combien Vincent con» ( f ) L'Hôpital des pauvres Vieillard*, qui a donné occafion à l'Hôpital Gé- néral. ( ^ ) Les Enfans trouves. MARS çoit de refïburces , combien il en établit pour foulager la milere qui le manifefte , Se celle que la hon- te augmente en l'engageant a le cacher. » Les Pafteurs les plus zé- « lés n'y pouvoient fufrire ; il n'y » avoit point encore dans leurs » Parroillès de fonds réglés pour » fubvenir a tant de neceffitez , 8c » quand il y en auroit eu , la cha- « rite n'avoir point encore allez «de mains pour les diftiibuer par- » tout : Se voilà l'origine firbite& » comme miraculeuie de ces af- » femblées lî édifiantes Se fi necef- » faites des Dames & des Filles de »•' Charité. On voit ces moyens , fi féconds ôc fi favorables , tantôt s'étendre juiqu a nos frontières ( 7 ) , tantôt offrir dans la retraite du Saint (8), (7) La Picardie , la Champagne épui- fces par le^ giurro, ainfi nue le Duché «leBar, & autres lieux de la Lori aine. (8) Saiiit Lazare. , î 7 4 o. îJJ à Paris , un azile à une nombreu- se Noblellè qui fuyoit ion Pays déiolé par la famine ( 9 ). M. de Bafas , après avoir fait ad- mirer le glorieux Saint , dans les Œuvres , confidere ces mêmes Œuvres dans le point de vue qui peut les faire fervir d'inltruélion ; il expole avec cette heureufe élo- quence qu'il employé à Ion gré, la différence des érablilïèmens que la chaiité leule a faits d'avec ceux qui ne iont que l'ouvrage de la vanité ; il exprime d'une manière auffi pcrlualîve qu'intereflante, &: la necellité Se les effets admirables de l'aumône. C'elt ainfi qu'eft ter- miné l'excellent Panégyrique d'un Saint dont les vertus lont d'autant plus dignes d'être toujours prelén- tées pour modèles , qu'elles pro- duifirent de grands biens dans la Société. ( 9 ) La Lorraine. EXAMEN DESINTERESSE' DES DIFFERENS OVr RAGES qm ont été faits four dètcrn.iner la figure de la Terre , avec l Examen destrots Differtations de A4. Dejaguliers. A Oldenbourg , 17.1.0. Va n t le fiécle dernier , on s'étoit peu occupé de la figu- re ds la Terre , on la regardoît comme fphérique ; mais une ob- feivation faite par M. Richer , en- voyé par le Roi àCayenne, fit naî- tre l'idée de déterminer cette figu- re. Tout le monde içait qu'il trou- va qu'il falloit raccourcir le Pen- du!.- pour battre les fécondes fous rEquateur. De cette obfei vation M. Huygens déduifit parla loi des Mars. forces centrifuges un fphéroïde applati. M. Newton, par la même loi Se par des méthodes qui lui étoient propres , la reconnut pa- reillement applatie; les mefures ac- tuelles , c'efl-a-diie la melure de plulieu! s degrez d'un méridien fai- te en France , obligèrent de don- ner à la Terre là figure d'un fphé- roïde allongé. Un Géomètre (* ) diftingué fit voir la poilibilité de (*) M. de Mairan. V i?4 JOURNAL D i s deux chofcs dans la luppofition que toutes les deux fuilent vrayes. La queilion en ». toit à ce point lorlqu'il lurvint de nou- veaux doutes , qui ont tait hure de nouv. axions , c'eft ce que l'Auuur de la Dilatation , dont nous allons rendre compte, entreprend de mettre fous lesyenx du public. Le plan des matières a obligé fon Auteur de la partager en deux Sections principales , l'une regarde les meiures actuelles des deux par- ties qui font en différend , Faurte confute dans un examen des dirre- rentes théories que plulieurs Phi- lofophes ont employées pour dé- terminer la figure de la Terre : il y a ajouté une Réponle a diveties Objections de M. Ddaguliers con- tre M" Caffini & de Mairan. Nous parlerons de ces trois Parties, dont la troihéme n'eu: pas de lui , félon PAvertinement du Libraire. Il a divifé la première en quatorze Chapitres. Dans le premier , on trouve l'expofition de Ion Ou- vrage , mais dans le lecond l'on entre dans l'état de la queftion , & l'Auteur explique d'une manière fort fenfible comment on peut prouver que la Terre eft allongée, fi les degr.z. vont en diminuant vers Us pôles , & pourquoi il senfuivra quelle eft applatie par l'augmenta - tion des degrés. Le 3"10 Chapitre eft un récit des opérations du Nord, dont voici la fubftance : on a mefuré une diftan- ce de 5 J2 3t0' & demi , depuis Tor- néao jufqu'à Kittis , a laquelle ES SÇAVANS, répoudoit un arc celefte de p' zcr ', d'où l'on a conclu le degré du mé- ridien a cette latitude de 5-^^.97 '"" Cette valeur comparée au +9 de- gré de y7o6o to* qu'avoit meluié M. Picard donne la Tel te applatie. L.s précautions , dit l'Auteur, que Mrj du Nord ont apportées a leurs opérations , tant à la baie qui a lervi de meiure commune à une petite fuite de triangles , qu'à la vérification de celle qu'on a melurée , ne taillent rien a délirer. L'exactitude de l'Inftrument , la manière avec laquelle l'Arc Célefte a été connu , la parfaite direction de la méridienne. Toutes ces rai- ions font dire a l'Auteur que cet Ouvrage a beaucoup de poids , & que s'il n'y avoir que ce degré & celui de M. Picard de mefure , on ne pourroit. raifonnablement dou- ter que la Terre ne fût applatie. Mais les obfervations qui appuient le lentiment contraire ne méri- tent pas moins d'attention : c'eft ce que l'Auteur entreprend d'ex- pliquer dans les Ch. fuivans; il rap- porte les opérations de M. Caffini, qu'il réduit à cinq. Premièrement celle de 1701. où M. Caffini &: M. Caffini fon père achevèrent de me- lurer l'arc du méridien entre Paris & Collioure Se trouvèrent le degré au midi de Paris plus grand que celui de M. Picard. Donc la Terre doit être allongée : i°. en 1-1S. M. Caffini prolongea la méridien- ne de Paris jufqu'a Dunkerque , il fit la comparailon de ces nouveaux degrez avec les anciens, & la Ter- re le trouva allongée : 30. en 1735 MARS & 1734. M. Caflîni mefura la per- pendiculaire , tant à l'Oueft qua l'Eit, d'où l'on déduifit l'arc du pa- rallèle entre S. Malo & Paris , ëc cette détermination donne tou- jours la Terre allongée. Les réflexions de l'Auteur fur ces opérations fe reduifent à cel- les-ci , qu'il n'en: guéres poffible qu'un Ouvrage conduit par des mains fi habiles , & il accoutumées à l'obfervation ioient fufceptibles d'erreur , & que le hazard ne peut avoir dirigé toutes ces erreurs à la même conclufion , & que ce n'eft point par la comparailon de deux degrez voihns dont la différence peut échapper , mais par des fom- mes de plulîeurs degrez comparés avec pluiieurs autres que M. Ca( • fini a conclu l'allongement de la Terre. L'Auteur eftime les erreurs qu'on peut avoir commifes , &c quelque grandes qu'on puilfe les fuppofer , eu égard à l'adrelTe des obfervateurs , elles ne peuvent donner la Terre applatie. C'ert-la «n général l'expofition des faits dont il s'agit. Mais l'Auteur entre dans les preuves de chacunes des opérations de M. Cafîïni , elles tendent toutes à faire connoître que ces mefures ont été prifes &c vérifiées exactement , que les ob- fervations des étoiles ont été bien faites. L'Auteur convient que les fentimeits desSçavans qui exiftent aujourd'hui ie trouvent partagés fur cette matière , & c'eft par ce dérail qu'il finit cette première Partie , en faiiâm femir en même , 1740. Jj-r tems l'avantage que l'Aftrononre la Navigation & la Géographie doivent retirer de tous ces travaux. Seconde Partie. Nous en femmes aux raifons phyfiques qu'ont apporté pluiieurs Auteurs pour prouver l'allonge- ment , ou l'applatillement. La Dil- fertation met au nombre des pre- miers , c'eft-à-dire , de ceux qui prétendent que l'allongement de la Terre eft incompatible avec les loix de la ftatique : M1S Huighens , Newton , Gregori , Herman , & au nombre des féconds, c'eft-a-di- re , ceux qui foûtiennent le con- traire : M1S Childrey , Brunet , Eifenfchmid &c de Mairan. Quoi- que , félon l'Auteur même , ce dernier n'ait rien affirmé que con- ditionnellement & relativement à la validité des obfervations & des mefures actuelles fur l'une ou fur l'autre figure. Chaque Chapitre de cette féconde Partie contient le fentiment de chacun de ces Phyfi- ciens. Nous allons fuivre notre Diifertation. Le retardement du Pendule an- noncé aux Sçavans par M. Richer fit conclure a M. Huighens que la Terre ne pouvoir être iphérique , il calcula quelle devoit être fa figu- re, & il trouva que le diamètre de l'Equateur devoir être plus grand que celui de l'axe de la Ter- re d'un \%. Il fe fervitd'un princi- pe que M. Newton avoir admis , c'eft la luppohtion de l'équilibre dans les colomnes qui compofent Vij t<5 JOURNAL D Fa Terre : ainfi conhderantla Ter- re comme fluide , & la fuppofant traverfée d'un fiphon en équerre , dont l'angle eft au centre , il vit que les deux colbmnes du fluide ne pouvoient demeurer en équili- bre , fi la matière contenue dans la branche qui répondoit à l'Equa- teur n'écoïc plus élevée , puis- qu'elle ferait moins pefante à cau- fe de la force centrifuge , donc il falloir qu'elle contînt plus de ma- tière , 8c par conséquent l'axe de l'Equateur plus grand , donc la Terre devoir être applatie. Quand M. Newton a voulu dé- terminer la figure de la Terre , il a fuppofé une force dans la matiè- re qui fait que chacune de les parties attife tout en raifon ren- verlee du quarré de la diftânee au centre. L'homogénéité de la ma- tière qui compote la Terre , la di- minution de la pefanteur vers l'E- quateur, enfin la fluidité primitive. Avec ces fuppotîtions que l'Auteur appelle (ufpefitions toutes gratuites , M. Newton a déterminé le diamè- tre de l'Equateur plus grand que l'axe d'un deux cens trentième. La lolution de M. Gregori eft pareillement fondée fur l'équilibre des colomnes , comme principe ; cv il détermine la figure de la Ter- re par le rapport exaét des diffé- rentes pefanteurs tous différentes latitudes ce qu'il fuppofe connu par le Pendule , puis décrivant l'ellipfe dont les raïons tirés du centre aux points de la circonfé- rence qui répondent à ces latitu- des foient en raiion inverfe des pe- ES SÇAVANS, fauteurs obfervées. Cette ellipfe reprefentera les rayons de la Ter- re dont le grand axe fera le dia- mètre de l'Equateut , & le petit axe fera l'axe de la Terre qui fe îurpalTéront d'une partie propor- tionnelle à celle dont la pefanteur aux pôles turpatfera la pefanteur à l'Equateur. M. Herman recherche cette figu- re de la Terre dans l'Hypothéfe toutes les parties pèlent vers le centre en raiion diredte de leurs dillances avant que la force cen- trifuge y eut rien changé • par cet- te fuppolicion &c par le principe de M. Huighens , il détermine encore la Terre applatie: Ce font la les lentimens Se les principes de ceux qui ont conclu l'applatilfement. Voyons ceux qui font pour l'allongement. Le premier , lelon l'Auteur, qui ait attribué cette figure à la Terre, c'eft Childrey , dans Ion Hiitoire Naturelle de l'Angleterre , qui confiderant la quantité de neige qui tombe chaque hiver vers les pôles dont il ne fe fond qu'une par- tie, prétend que la Terre doit s'être allongée par l'amas qui lé iéra formé depuis le commencement du monde. M. Brunet confidere la Terre comme un globe d'eau qui tourne autour de fon axe , il fait voir que les parties de ce globe étant plus agitées fous l'Equateur 8c aux en- virons où elles décrivent de plus grands cercles que vers les pôles où elles décrivent les plus petits , elles doivent donc chercher a fe ré- M A R paridrè vers les lieux où elles trou- vent moins de reilftance, c'eft-à- dire, vers les pôles. Par conféquent la Terre a dû devenir un ipheroïde allongé. M. Eifenchmid , fur quelques raielures de dégrez dont la gran- deur alloit en diminuant vers les pôles, avoir conclu en 1691. que la Terre étoit allongée : il remar- que dans Ton Ouvrage que (1 au lieu des lignes concourantes au centre de la Terre que M. Newton prend pour les lignes de direction des corps graves , on prend les vrayes lignes de direction , c'eft- à-dire , les perpendiculaires à la fiirface de la Terre , tout ce qu'a dit M. Newton pour la figure ap- platie fe pourra dire de la figure allongée. Nous fommes arrivés au fenti- ment de M. de Mairan fur la figu- re de la Terre. » Si j'avois pu me «flatter , dit l'Auteur , de rendre , »avec toute la force , le Mémoire »de M. de Mairan , qu'on trouve «parmi ceux de l'Académie des «Sciences de l'année 1710. je me "ferois exempté de rapporter les «autres, mais comme ce Mémoire »eft rempli de Géométrie, je tâche- rai d'en tirer leulement les princi- »paux articles.«Cet illuftre Acadé- i înicien ne prétend pas prouver que les loix de la flanque fanent la Terre allongée vers les pôles , mais il fair voir que ces loix loin auffi compatibles avec l'allonge- ment de la Terre qu'avec l'appla- tiflement , & que c'eft aux feules mefures actuelles à décider. Dans S , î 74 o. 1 r7 le Mémoire cité dans cette Diifer- tation , M. de Mairan démontre que toutes les expériences du Pen- dule que M" Huighens , Newton & Gregori ont regardé comme décifives pour l'applatilTèment- , s'accordent auiîî-bien , & même mieux , avec l'allongement ; il s'enfuit même des principes de ce Phyficien que ceux qui prétendent que la diminution de la pefanteur vers l'Equateur prouve l'applatif- fement , doivent admettre cette diminution de pefanteur , plus grande à la même latitude fur une Terre allongée que fur une Terre applatie , il accorde néanmoins que fi la Terre , avant fon mouve- ment de révolution autour de fou axe , avoit été d'abord une mafle fluide-fphérique , elle auroit dû prendre une figure applatie en ac- quérant le mouvement journalier, ce qui ne s'enfuivroit pas fi elle eut été primitivement d'une figure al- longée. C'eft à cette féconde Partie que notre Auteur finit fa Diflertation : entrons dans l'examen de M. Dela- guliers iur la figure de la Terre ; il s'agit de trois Pièces inférées dans les Tranfactions Philofophi- ques , fous les n°. 386. 387. $S8. dans lefquels M. Defaguliers atta- que M. CafTini lur la détermina- tion de la figure de la Terre. Les principales objections ne font que les répétitions du raifonneir.ent de M. Huighens , que la figure de la Terre ne peut être allongée , parce que la ligne à plomb feroit a la latitude de 510 46', un angle de- ijS JOURNAL D 5' , avec la perpendiculaire à la lùrface de la Terre , ce qui ne prouve qu'autant que la pelanteur eft uniforme & tend par-tout vers le même point. Hypothéle feule- ment poffible entre une infinité d'autres qu'on peut admettre , un reproche que M. Defaguliers fait à M. Caffmi , c'eft de s'être fervi dans ces obfervations d'une lunette de trois pieds, ajuftée à un Inftru- ment qui en avoir dix de rayon , prétendant que la Lunette doit être aulîl longue que le Secteur : reproche inutile , car la Lunette pour lors furpalferoit en exactitu- de ce qu'on pourrait obferver fur le limbe de l'Inftrument. Une trci- fiéme objection , c'eft que M. Caffmi a conclu la figure de la Terre par lacomparailon de deux degrez voilins. Ce que M. Caf- fmi n'a point fait. Ce raifonne- ment de M. Defaguliers porte en- core à faux lorfqu'il coniidere les diftances mefurées, comme des af- femblages de baie de montagnes déterminées par leur hauteur , & par les angles que forment , avec l'horizon , les rayons viiuels tirés de l'extrémité de ces bafes au fom- jnet des montagnes. Ce n'eft point ainfi qu'a opéré M. Caffini , c'eft par des triangles horizontaux fur lelquels la réfrac- ES SÇAVANS, tion ne produit pas d'effet fenfible. On relevé dans le même endroit M. Delaguliers qui s'étoit periua- dé queM.Caffini aJmettoit l'allon- gement de la Terre , parce que dans cette hypothéle la plus gran- de différence entre deux degrez conlécutifs tombent vers le 45e degré de latitude , &z il ne fait pas attention que fi le méridien de la Terre eft une ellipfe , le point ou la variation de la courbe eft la plus grande , reftera toujours au même point , foit que cette ellipfe foit allongée ou applatie vers les pôles & que dans la Table de M. New- ton la plus grande différence fc trouve vers le 45e degré. La féconde Pièce de M. Defagu- liers eft une répétition des mêmes objections , & par conféquent ce font les mêmes réponfes. La troilîéme conlifte en quel- ques Remarques que fait M. Def- aguliers fur le Mémoire de M. de Mairan , dont nous avons parle ci- deffus ; l'Auteur de la Dilfertation ne fait point difficulté d'avancer que M. Delaguliers paroît n'avoir point entendu ce Mémoire , ce que nous pouvons aftureravec lui, c'eft que tout ce qui part de cette main méritera toujours l'attention Se l'eftime des vrais Phyficiens. MARS, 1740. *S9 AVIS SALUTAIRES BVN PHILOSOPHE CHRETIEN , diflrikucspour chaque jour du mois , & traduits d'un Manufcrit Latin, qui a four titre : Christian^ Philosophie Midulla Opus Asce- ticum , Autore Théophilo Rauraco. A Paris , chez Prault père, Quai deGêvres, au Paradis . 1740. in-\i. pag. 344. fans la Préface & la Table. Avec Approbation & Privilège. NO u s nous fervirons , pour donner une première idée de cet Ouvrage , des termes employés à ce fujet dans la Préface qui le précède ( * ) , » le Livre de l'Imita- « tion de J esus-Cbrist eft le mo- » déle fur lequel il eft compofé. « A quel degré l'Auteur s'eft-il ap- proché de cet admirable modèle ; C'eft ce que nous laiflerons à déci- der aux Lecteurs éclairés. Dans cette Traduction on a di- ftribué la matière de l'Ouvrage en 30 Parties ou Journées , ainfi que le titre l'annonce ; & cela , » afin » que les perfonnes qui aiment à » trouver un certain ordre tout » marqué pour leurs lectures , « en euflent une à faire tous les jours du mois. Entre ces trente Chapitres nous allons en choiiîr trois , que nous expoferons fommairement ; l'un prefente les arantages de la iolitu- de , l'autre les erreurs & les pré- jugez du monde , & le troifiéme l'emploi du tems : objets qui fuffi- roient feuls pour diriger toute no- tre vie. De la Solitude intérieure. Premier Jour. »>Je me fuis autrefois imaginé ( * ) Elle eft écrite par uneperfonne de pieté , 4111 a examiné cet Ouvrage, > ( c'eft le Philofophe qui parle à 1 ion Difciple ) que la Solitude in- > terieure ne fe trouvoit que dans > les deferts. Je eroïois qu'on n'en > goûtoit bien les douceurs qu'en > fixant Ion lejour dans les forêts > & dans les montagnes : il eft 1 vrai que j'aime encore aujour- > d'hui ces fombres retraites, mais 1 en même tems je fuis perfuadé 1 qu'elles ne font pas les ieuls en-- 1 droits où l'on jouiffe du repos , ■ auquel je vous confeille d'af- pirer. » Il eft une folitude encore plus 1 profonde & plus paifible que cel- 1 le que je concevois. C'eft la fc- p litude du coeur. Dieu la fait trou- 1 ver quelquefois au milieu des.. 1 plus grandes Villes. Il y con- 1 ftruit , quand il lui plaît , une 1 maifon de refuge pour ceux qui >l'aiment ; mailon d'autant plus 1 folide qu'elle porte fur le fonde- 1 ment de fa fageffe éternelle ; azi- 1 le d'autant plus aifuré , qu'il eft ' inviilble , & qu'on y peut être 1 environné d'une foule de créatu- < res fans que le commerce qu'on i y entretient avec le Créateur en ' foit troublé. . . . Pour être So- < litaire , il n'eft donc pas befoin 1 que d'un lieu vous vous tranf- 1 portiez dans un autre ; il eft feu- iSo JOURNAL D »' lement neceffaire que vous ren- » triez & que vous vous recueil- » liez eu vous-même. Le Difciple , à qui ces réfle- xions font adrelfées , eu parole pé- nétré , il exprime d'une manière très -vive les fentimens qu'elles excitent en lui ; ainfi l'on trouve l'exemple à la fuite du précepte , moyen plus efficace de faire fentir l'importance de l'un & de l'autre. Ce Chapitre finit par une élévation de lame d'autant plus digne d'être rapportée qu'on y reconnoît l'elpiit as S" Théréfe : «Pallions terreftres, » vues mondaines , fenfibilité de » la nature , délicateffe de l'amour » propre , retirez-vous , éloignez- » vous 6c je meurs. Pallions iur- » naturelles, feux céleftes , foupirs » enflrm.rsés, tranlports lublimes » venez me pénétrer de vos plus >t vives ardeurs & jerelfufcite. Des erreurs & des préjugez, du mon- de. zjmL- de i.).'"' Jours. Après avoir , entre autres er- reurs , fait connoïrre combien le fiécle s'éloigne de l'efprit de (im- plicite , & combien les faillies vertus lui plaifent : » Il eft ( dit » notre Auteur ) mille moiens » pour pallier nos défauts , il n'en » eft qu'un pour en arracher la » racine : la politique du mo.ide •> lert a couvrir nos folies , la ieu- » le prudence Chrétienne nous » rend vraiment figes. » J'ai vu des hommes ( c'eft no- » tre Auteur qui parle encore) «occuper les premiers rangs dans ES SCWANS, » le monde ; tout y fembloit fait » pour eux : mille créatures atten- » tives & foûmiles étoient en ac- » tion au moindre ligne de leur vo- » lonté : la nature 6c l'art concou- » roient à l'envi pour augmenter » leurs plailirs : rien ne leur man- » quoit en apparence, & tout leur » manquoit en effet privés » du fentiment délicieux de la vé- » rite, leur cœur ne trouvoit point » de repos ; ils s'efforçoient, mais » en vain , de remplir le vuide » qu'y laiiïbit fou abience. Oh la » déplorable condition que celle »des hommes qui ne cherchent » leur conlolation que dans les » créatures , & qui s'imaginent » qu'en contentant leurs pallions » ils combleront l'ab:me de leurs » delirs ! De f emploi du tems , de la penfée de la mort , C~ du ?, épris des vamtez. du monde. L'Auteur peint d'abord» lccou- » lement rapide du tems qui nous » emporte , nous & nos œuvres » dans le vafte abime de l'éternité," comment le laihrdans cette cour- fe d rapide , » occupons-nous in- » cellàmment de quelque chofe » qui puilïe contribuer , lbit à no- » tre propre utilité , lbit à celle de » nos frères Le tems alors , » comme un fleuve pacifique, nous » portera & il ne nous emportera » plus comme un torrent furieux. La perifée de la mort eft encore un moyen que l'Auteur propole pour longer a faire un bon uiage dç MARS, 1740; de la vie , & cet ufage falutaire il Toppofe à tant d'occupations inu- tiles ou funeftes au iàlut 8c qui TempUlrcnt les jouis de la plupart des hommes. Après avoir peint les agitations des Courtifans, la (ujetion des perfonnes livrées aux affaires -, les veilles , la con- tention d'efprit, les contradictions, les dégoûts inléparables de la con- dition des gens de Lettres &c des Sçavans. » Avoir pour objet (con- » tinue-t-il ) dans tout ce qu'on » entreprend , Ion intérêt , Ion r> élévation , la réputation , fon » plaifir : Tout ofer , tout fouftrir, » tout digérer , jusqu'aux peines »> les plus dures & les plus rebu- n tantes , c'eft en apparence être »> fort occupé ; mais c'eft en effet » pour pluneurs un état pire que « l'inaétion .... Sans l'intention , » fans le defir de plaire à Dieu tou- •> tes nos occupations font vaines. Mus loin , pour faire connoître que nous devons mettre toute no- tre confiance, toute notre efperan- ce en celui qui ne nous manquera pas lorfque nous ferons dans un abandon univerfel. L'Auteur s'ex- prime ainfi : » Mon fils , tous les NOVVEAV THEATRE ERANCflïS , ou RECVEIL de plusieurs nouvelles Pièces reprefewées au Théâtre François depuis au'lcjms années. A Paris , chez Prault fils , Quai deConty , à la Cha- rité , 1759. *»-i2. 3. vol. Avec Approbation & Privilège. f~~^ E Recueil contient dix-huit où l'Auteur expofe quelques prin- » enfans d'Adam font nés foibles , » pauvres, & qui pis eft, portés » au mal ; que peuvent-ils donc »> faire en faveur les uns des au- » t; es î hélas ! moins que rien , (î » ce n'eft que vous comptiez pour » quelque choie l'art qu'ils ont de » le flatter, de fe tromper , de Ce » tourner en ridicules , de le cho- » quer , & de s'entredétruire. Que » les petits n'attendent rien des » Grands que des airs de hauteur » ou des careftès frivoles , accom- » pagnées louvent de promenés »> plus infrudtueufes que ces her- » bes que les flots de la mer pouf- » lent lur fon rivage , drc. Ce morceau , par lequel nous terminerons notre Extrait , nous donne lieu d'ajouter une remarque touchant l'efprit dans lequel l'Au- teur a écrit cet Ouvrage. Ce Phllo- fophe lèmble quelquefois un peu Elus aigri contre les erreurs des ommes que porté a les en plain- dre. Au furplus , cette obfervatioit ne diminue en rien le prix d'un Ou- vrage très-digne de louange par le choix des matières , les peniées & la diction. V^/ Pièces , celles qui forment le premier Tome font : Sabinus & Eponine , Tragédie 11), précédée d'une Préface , (1) Mifc au Théâtre «î Décembre, 17 J4 Mars. cipes qu'il a fuivis dans la manière de traiter fon fujet , & répond à plusieurs critiques qui lui ont été faites. Elle eft de M, Richer. iô*a JOURNAL D Abenfàïde, Empereur des Mo- gols , Tragédie : cette Pièce eft du genre de celles qui honoienc en b eme tems l'Auteur & le Théâtre-, on y tiouve beaucoup d'inteiêt, & cet intérêt eft caulé par des exem- ples de vertus. L'Auteur, dans une Préface, parle avec une extrême modeftie du foccès qu'elle a obte- nu , il l'attribue aiurhoix heureux du ujet. "C'eft une erreur (ajoùte- » t-il ) de croire que tous les lu jets » qui font propres au Théâtre nous » ont été enlevés. « Il indique en- fuite comme une lource abondante i'Hiftoire Orientale , oùilapuîfé le fien. Elle eft de M. l'Abbé le Blanc. Les Amans déguifés , Comédie en trois Actes , par M. L. C. D. o. v. e. Cette Pièce avoir été faite d'abord pour être jouée dans une Société particulière : Tranl- portée enfuire au Théâtre public. On y a trouvé beaucoup de Co- mique. Elle y a même été reprile il n'y a pas long-tems. Pharamond , Tragédie, par M. C. ( M. de Cahufac ), c'eft le pre- mier Ouvrage que l'Auteur ait donné au Théatie: plufieurs en- droits ont attiré de grands applau- dilfemens, & particulièrement une Scène du troifiéme Acte , ou la Vertu des François , liir lelquels Pharamond établit fon Empire, eft peinte en oppofition avec celle des Romains fous Honorius. Le Retoiu de Mars, Comédie en vers , en un Acte , avec un Di- veitiilèment, repreientéeuu Théâ- tre de la Comédie Italienne ( i ), (i) En 173e- ES SÇAVANS; la verfification en a été extrême- ment applaudie , elle eft de M. de la Noue , Auteur de la Tragédie de Mahomet IL dont il va être pailé. Le fécond Tome contient laTra- gédie intitulée Téglis ( 5 ) , M. Mo; and en eft l'Auteur. Il a joint à cette Pièce, outre une Préface, un P:ologue en vers qu'il a fait aloc- calîon d'une repielentation de cette même Tragédie que Mada- me la Duchelîe du Maine honora de fa prefence , fut un Théâtre drelfé dans une Salle de ion Hotcl à l'Arsenal. Childeric , Tragédie (4 ) : cette Pièce eft de M. Morand . elle èft luivie d'une Lettre ou Dillertatioa. Apologétique, fans nom d'Auteur. Les Caractères de Thalie , Co- médie en trois Actes , avec un Prologue. M. Fagan eu eft l'Au- teur. Ces Caractères annoncés par le titre lont ainii expofés dans le Prologue : » Une Pièce d'Intrigue: «UnePiece de caractère Se unePiece » à Scènes Epilodiques. « La Pièce d'Intrigue eft intitulée Y Etourdene. Elle eft regardée comme une des jolies Pièces de ce genre. La Pièce de caractère a pour titre l'Inquiet , & ce caractère y eft fort bien ex- pofé. La Pièce a Scènes Epilodi- ques eft intitulée les O, finaux II s'agit d'un jeune homme né avec del'eipric, & qu'une mère raifon- nable veut corriger de cerraines erreurs auiquelles le manque d'ex- périence l'entraîne. Elle craint que (3) EnScptemb. 173 ç. (4) En Décenib. 175É. MARS les préceptes ne le révoltent au lieu de le perfuaier. Elle imagine de le faire vivre avec des perion- nes qui ont d'une manière cho- quante les défauts qu'elle cherche à lui faire connoître pour tels. Ce genre de Leçons produit l'effet qu'elle en atend , le jeune homme reconnoît que ce qu'il avoit regar- dé comme des qualitez defirables n'eft effectivement que des tra- vers , & il le le perfuade d'autant mieux qu'il croit n'avoir obliga- tion de cette découverte qu'a fa propre railon. Lyfimachus , Tragédie mile au Théâtre en Décemb. 1737. C'eft un Ouvrage pofthume de M. de Caux de Montlebret. Le Fat puni , Comédie en un acte , avec un Divertillement. Cette Pièce , dont l'Auteur ne s'eft pas déclaré , eft reftée au Théâtre. Elle a réuni à la fois , le lufrra;>e des gens du monde & celui des perfonnes d'un ordre inférieur. Les uns y ont reconnu leur langage & la conduite indifcrete de quelques uns de ces perfonnages que Mo- lière appelle les gens du bel air. Les autres ont fenti le mérite d'un gen- re de comique beaucoup plus no- ble que celui des petites Pièces qui les amulènt ordinairement. Bien des perfonnes de goût ont cru re- connoitre dans cet Ouvrage le caractère d'efprit & le ftyle de l'Auteur du Complaifant ( 5 ). Tome troifiéme , Médus , Tra- gédie ( 6 ), précédée d'une Préface: ( 5 ) Comédie en cinq Aâes enprofe, jnï'è au Théâtre en 1735. ( 6 ) Mile au Théâtre en 173?. > ï 7 4 o: 1 6*3 l'Auteur eft anonyme. Le Somnambule ( 7 ) , petite Pièce d'un genre lingulier , fan* nom d'Auteur. Mahomet II. Tragédie , .par M. de la Noue , Pièce qui a réufii & qui eft précédée d'une Préface trcs- modefte. Bajazet I. Tragédie ( 8 ) , par M. le Chevalier de P. avec une Préface. Le Marié fans le fçavoir , Co- médie en un Acte , par M. Fagan. Nous l'avons annoncée dans le Journal de janvier. Nous terminerons cet Extrait par une obfervation fur ce qu'en parlant de chacune des Pièces con- tenues dans ce Recueil. Nous n'avons touché que les cotez favo- rables. La critique doit fans doute entrer dans le jugement qu'on porte d'une Pièce de Théâtre lors- qu'on l'examine en entier ; mais quand on n'en donne , comme nous venons de faire , qu'une idée fuperficielle , choifir par préféren- ce ce qui mériteroit d'être repris , plutôt que ce qui eft digne d'élo- ge. Ce iéroit déciier les Ouvrages, ians inftruire les Lecteurs. La ciiti- que , comme on le fçait , produit prefque toujours fon effet d'une manière plus étendue que ne fait la louange ; recevons - nous une imprelîïon défavantageule à une partie d'un Ouvrage , elle influe ordinairement fur le refte , la louange agit bien diflaemmenc fur nous , on n'a pas a craindre ( 7 ) Re|verent:e en 1 739. (8 ) Idem, en 1739 Xij tftij, JOURNAL DES SÇAVANS; qu'elle mené trop loin les Lecteurs les défauts. On peut s'en rapportée qu'eHe cherche à prévenir , elle fur cela à leur pénétration & niê- jje les empêchera pas de découvrir me à leur zélé. PROSE E POESIE DEL SrGNOR ABBATE ANTONIO CONTI , Patrizio Veneto. Tomo primo , Parteprima. In Venezia prello , Giam-Baptilia Pafquali , 173.9- C'eft-à-dire : Les Ouvrages en prof & en vers de M l Abbè Conti , No- ble Vénitien. Tom. I. Part. I. A Venife, chez Jean-Baptifte Pafquali, 1739. Vol. /»-4°. pag. 362. fans la Préface & l'Epître Dédicatoire , en beau papier & en beau caractère. ///. Extraiu APre's avoir donné une idée générale de la Piélace de i\\. L. C. & des Ouvrages qu'il nous promet , il nous refte main- tenant à rendre compte en par- ticulier des ciiftèi entes Pièces de profe Se de vers qui compofent ion premier Volume. On trouve d'abord un Poème intitulé: Le G'obe de Venus , Songe, Il eft intulé U Globe de Venus . par- ce que l'action fe paflè dans cette Planète , & \e Songe , parce que le Pocte fuppole qu'il a vu en longe tout ce qu'il îaconte. Le Songe de Scipion &c le Songe de Pétrarque Feuvent lervir de juftification à Auteur contre ceux qui préten- droient qu'on ne fait point de rê- ves aufli fuivis cV aufli fçavans. Il eft vrai que de tels rêves font fort rares , mais ils ne font pas impof- fibles , & cette poiîïbilité fuirit , iêlon M. L. C. pour leur donner la ■yraifen blance poétique- Nous n'appréhendons pas de nous tromper , en expofant le fu- jet , le but , & tout l'artifice de cet Ouvrage : puiique l'Auteur ne bous a rien laine à dciîrer fin: tous ces points , dans un Difconrs en profe , qu'il a mis a la rire de fou Poème : il y développe toutes les vues avec beaucoup de clarté , & dans un t-rr -grand détail , & c'eft d'après ce que nous en apprend M. L. C. lui-même , que nous al- lons parler. La mort de Dona-Antonia-An- guilîola en a été l'occaiion : M, Paul Carrara fon mari , a eu un tel regret de fà perte, que non content de lui avoir procuré les honneurs, d'une magnifique Epitaphe, &d'u-« ne Orailon Funèbre , il a invité les Poètes de toutes les Villes d'I- talie à la célébrer. M. Cari ara eft un excellent Pocte lui-même, tous les autres Poètes les coufreres fe font fait un devoir de féconde, les pieufes intentions , 011 lui a envoie des vers de toute part , & ces vers ont formé un Recueil confidera- ble qui a été imprimé à Facnce , en 1735. M. L. C. pour enchérir fur tous les autres Poètes , & mettre le comble aux louanges que l'on a données à cette illuftre morte . s'eft propofé d'en faire l' A pothéo- M A R fe ; Se c'eft dans cette vue qu'il a compolé la Fable. Tranf porté en fonge dans un Globe inconnu , il y rencontre un grand nombre de Dames en habits de fête , qui s'a- vançoient en cérémonie, & au Ton des Inftrumens , vers un Temple fuperbe. Il interroge une de ces Dames qui lé nomme Eubulie : el- le lui apprend qu'il eft dans le Globe de Vénus : que toutes les perlonnes qui forment cette mar- che pompeufe, lontles femmes les plus aimables qui ayent vécu , & que Vénus a tranlportées dans fon Globe après leur mort : que ce qui les rafïemble en ce jour , c'elt l'apothéole de Dona Antonia-An- guifTola , cette femme fi chérie de ion mari', & qui depuis peu eft ve- nue prendre la place paimi celles qui habitent ce Globe. Eubulie in- ftruit tout de fuite le Poète de tou- tes les merveilles de ce beau fé- jour, & de tous les plaiiîrs-que l'on y goûte. Elle s'étend lur les belles qualftez de Dona Antonia, à qui Vénus a fait rendre les mêmes honneurs qu aBéatrix Se à Laure ; le Poète entre dans le Temple, y voit les peintures Se les fculptures qui reprelentent les principales actions & toute la vie de Dona Antonia, il affilie a l'apothéofe de cette Dame qui fe fait avec beau- coup de pompe, Se a laquelle pré- fide Vénus elle-même , affiliée de Béatrix Se de Laure. Telle eft l'action générale qui embrafïê toutes les parties de ce Poeme,qui les réunit fous le même çoinc de vue , Se qui en peut être S , i 7 4 o: i tf y confideiée comme le corps. La. do&iine de Platon, fes idées poé- tiques , Se fes allégories loin em- ployées fort heureulement par l'Auteur , pour donner une ame à fon Poème , pour le rendie moral Se pour fe procurer des peilonna- ges fymboliques , qui y paillent agïr&parler. Pour embellir le lieu de la Scène , M. L, C. s'efl feivi de- tout ce que l'Allronomie , Se la phylique , pouvoient lui loumîr d'idées nouvelles Se agréables ; il a fait fur-tout un grand ulage de cette partie du Syftême de New- ton, qui regarde les Planètes ; par- tie étendue Se perfectionnée d'a- bord par Willon , Se en dernier lieu par M. de Maupertuis. M. L. C. a trouvé l'art d'exprimer ces différentes fpéculàtions Alétaphy- fiques , Allronomiques & Phyli- ques, de manière que bien loin d'être déplacées dans Ion Poème , elles y font un effet tres-agréable. Il prétend au relie n'avoir lait que fuivre l'exemple des anciens Poè- tes ; Emules des Philofophes , ils ne s'attachoient pas moins à in- ftruire qu'à plaire T les doélrines les plus lublimes ne leur étoient point étrangères , & ils s'appli- quoient à Tes faire goûter aux perlonnes les moins frudieuies, par les idées riantes , par les fiéb'ons ingénieuiés , Se par tous les char- mes de Texpreflion dont ils les ac- compagnoient : ce qui fait que l'admiration que l'on a pour leurs Itoéfies s'augmente à melure qu'on es approfondit, au lieu que la plu- part de nos Poètes modernes ont #* JOURNAL D trop nccli'ic l'inftruélion , & que teurs Ouvrages trop frivoles loin inefignés d'occuper le loilîr des perl'onnes graves & féneufes. Nous allons parcourir ce Pocme de M. L. C. & nous arrêter fur quelques endroits qui nous paroî- tront les plus propies a entrer dans un Extrait. Voici le début. Amour céUfte ? Divinité plus ancienne que le Terni &qw le Ca- hos i Toi qui en feigne a ta fille ( * ) chêàe à difpcnfer les recompen'i; éternelles , réfirvees à la beauté & à la vertu , dans cette brillante Sphè- re 4Ui là providence des Parques lui A confite. Qud te plaife , S Amour, de raconter par ma bouch: Us [écrits du Ciel & des Etoïlles que tu mas révélés dans un fonge mijteriéuxi afin que je piiijfe chanter fur le ton lu 'li- bre , avec les cignes d'Italie , une tendre époufe , une mère pi:ure , une fi mme face & forte. Et toi nouvel Orphée, dont les trijles regrets fe font fait entendre aux montagnes & aux mers qui environnent V Italie , écoute favorablement mes vers & reçois quelque eonfolation , &c. O del tempo & dcl c.ihos Nume più antic) Cc'cfte Amor , tu chc ncl Sole aflTo Ordini e reggi il Piancrano mondo , E l'orni e accrelci , e a la othéofe de Doua Antonia, & elle ui parlera peu-pres en ces termes. Quand une belle femme doit hdttîre , je defeuids fur la terre , fy ràrtiàjfe l 's parties les plus déliées des ilimiti & di la lumière , je les pre» MARS ftnte à la Déejfe , elle les arrofe de NeRar & dAmbrofie ; & leur inf- pire la chaleur & la vie et! les pai- trijfant de fa main divine ; bien tôt on voit éclorre un corps charmant , elle donne au Vifage les plus riantes couleurs de l'aurore , fous la férénité & la douceur des paupières , elle fait briller dans les yi ux les feux de [on étoille. Elle introduit dans cette ha- bitation enchantée lame toute ren plie des idées de la beauté & de l'harmo- nie, dont elle a reçu Fmprejfton dans Ig fein de j upiter même Cependant cet ouvrage de la Déejfe parvient a fon troiféme luftre : ainfi €jue la lumière éclate à travers un pur crifial ; la beauté brille de toute part fur ce chef-d œuvre de la na- ture. Alors j'en fais Vamievertueufe oh répoufe f délie d'un Toète choifi. Quando manifefhr deffia mortali Un raggio di belta tra mille cletto , Al cenno delà Dea dtfcendo in terra E vo' de glielemcmi , & de la fula Luce cogliendo le più fine parti Ed a la Dea le pergo. Ella le afperge Di nettare e d'ambrofia e colcalore De la divina man le fkmpra e ftringe , Le allunga , k dirama , afloda , torce E forza e finimetria dando a l'orditc Membra il dilettofimolacro avvolge Entro morbido vel; gli tinge il volto Delpiu dolce colorche abb.a l'aurora, E del feren de la tranquille Ciglia Fa folgoiar de la lua ftella il lume ; Benigna poi-nel preparato albergo Infondc l'aime dcjctivuntc afl'orte Ne-l'idée de l'armonico c del bello Cheportar iecone lulcir da Giovc. * I740. l67 Et quando anno compiuto il terzo luftrp In cui nel volto , e ne la me mbra il kilo Cpme raggio di loi traiuce in vetro , Jo le prefento o quafi caile anuche O quali fide fpofe afcelti vati. Eubulie décrit enfuite les effets que produit la beauté dans l'^me d'un Pocte , elle peint fort bien, ta transports & les faunes ruicurs qu'infpire l'amour de concert avec le Dieu des vers , elle parle ces recompenles qui attendent apies leur mort les femmes d'un rare mé- rite & lesPoétes excellens,mais elle obieive que la recompenfe de 1* Dame furpalTèra de beaucoup cel- les de fon Poète, parce que ce. der- nier ne fait rien de bien qua l'aide de l'ardeur qu'elle lui infpire. Le Pocte place ici l'éloge de feue M1"5 la Comtefle de Qucl.us : nous nous faifons un devoir de le rapporter en entier, c'eft une louange don- née au mérite qu'il eft bon de pu- blier , c'eft un témoignage du fin- cere attachement que M. L. C. conferve pour une illuftre amie qui n'efl plus, il nous fçauroit mau- vais gré de l'avoir fupprimé. Eubulie dit que la nature fécon- de en mérites difrerens , n'a été Içl marâtre d'aucune nation , & que l'on voit dans le Globe de Vénus des femmes de tous les pays du monde, qui joiiiflent des honneurs de l'apothéofe & qui ont eu cha- cune les qualitez qui convenoient à leur hécle &, à leur Pays. Alors le Poète s écrie , ne me dites point i*8 JOURNAL DES SÇAVANS, «« régnent les beautez. de l Afrique Dirottopianto mi cadea Jagli occhi. ou de l'A fie - ni mê'ne des autres Contrées de l'Europe que je piaffe feulement ff avoir l heureux fejour qu'habitent les Dames françoifcs , que je pmjfe rni'e mes hommages a celle powqmje conferverai une re- connoijfance éternelle , à celle qui -voulut bien pendant plufieurs années me recevoir au nombre de [es amis CT me pey mettre di goûter les douceurs inexprimables de la plus aimable des focietez.. Depuis fa mon , o Franc:? quelque flonjfante que tu fois , je ne vois plus rien chez toi qui me puijfe plaire î En même tems il fe mit a ver fer un torrent de larmes. Eubulie te prit par la main & avec un vif âge où itoit peinte la compajfion elle lui dit ; en vain tu efperes de fléchir la diflinéepartesplcus, la Dé ejfe el- le-même ne peut rien pour toi que de te faire arriver au Temple que Que- Ut s habite avec Us Mufes & les gra- ee< ; Biatnx & Laure font encore fes amies , die fe plût pendant fa vie a lire les vers qu un chafle smourfit compofer en leur honneur à deux célèbres amans ; elle fait encore fes délices de leurs tendres poefies. Iononagogno Di faper, diflï , ov'han delizia e impero De l'Afia o de 1 America le belle , Nctutte l'A tre de t'iuiopa , io folo Cetco il reçno de Franchi, e per ingegno E per lingu > fi coin ; »h lo m'inlegna , Eg!r mi lafeia a venc ar col i Che con dolcî acco^li nze,oncfle, epîc Tant'anni mi oribîô , per nie dtftaro popo là morte fuale Gallie mute Con le Ic-ro bcU'aiti , e in v^fi dire Ld man nu itrinfe e con pietofo volt» Mi rignarlô la donna , e in vano , dilTe Spcri p'angendo di placare i: fato CoQcedertinon puotealtiola Dea Clic
  • enrichies de Notes & de Differtations \ avec deux ^Appendices d'Ailes anciens. Par Jean François Madrifus d"Udine , Prêtre de la Congrégation de l'Oratoire. A venife, 1737. in fol. pag. 303. LA plupart des Ouvrages que le P. Madrifîus a raffemblés dans cette Edition , fi on en ex- cepte quelques Pièces peu confide- rables par elles-mêmes , & dont il n'eft pas même fur que ce Saint foit l'Auteur , avoient déjà paru imprimés dans différentes Collec- tions des Auteurs Ecdeûaftiques , mais quelques-uns y étoient fous1 un autre nom, fans ordre de tems, ni de matière , & défigurés , foit par le peu d'exactitude des Manui- crits , foit même par la négligence de ceux qui les avoient publiés. On les trouvera ici réunis dans un feul Volume, placés félon l'or- dre chronologique , & corrigés M A R autant qu'il a été poflîble , fur les anciennes Editions , & même fur les Manufcrits , lorfqu'il a été poffible d'en découvrir , en quoi , malgré toutes les recherches qu'il a faites en Italie & dans les Pays étrangers ; le Père Madrifius con- vient qu'il n'a pas été heureux, Comme on defire naturellement de connoître ceux dont on lit les Ecrits , il a mis la Vie de 5. Pau- lin à la tête de les Ouvrages. C'eft un travail qui lui a beaucoup coû- té. On ne trouve prefque rien de ce Saint dans les anciens. C'eft donc des Ecrits même de S. Paulin qu'il tire la plus grande partie de qu'il nous en apprend. Quoiqu'il le foit propofé de ne rien avancer que fur des témoignages , & des pièces authentiques , il avertit ce- pendant qu'il n'a pas cru devoir fupprimer des faits qui ne font au- torifés que par une tradition com- mune , mais fans les garantir , il en abandonne le jugement aux lumières de fes Lecteurs. Cette Vie eft divifée en dix- fept Chapitres , pour la plu- part afTez longs , & plus remplis de raifonnemens que de faits , fi elle lui en eut fourni de plus cer- tains & en plus grand nombre , il y a grande apparence qu'elle eût été beaucoup plus courte. Mais comme les principales époques de la Vie de S. Paulin font alfez in- certaines , l'Auteur , pour les fi- xer autant qu'il étoit poffible , s'eft cru dans la néceffité de fe jetter dans de grands détails de Chronologie & de Critique , de 5 ,' 1740.' 17} fe livrer aux conjectures , & de fuppléer à la fterilité de fon fujec par tout ce que de longues recher- ches &c une vafte érudition ont pu lui fournir de curieux & d'inftruc- tif. En rendant compte des Ouvra- ges contenus dans cette nouvelle Edition , nous aurons occafion de faire connoître ce qu'on fçait de plus certain au fujet de S. Paulin. Ainfi nous ne nous étendions point fur les particularitez de fa Vie , il nous fuffira feulement d'obferver , que l'Editeur y fait l'apologie du ftile de ce Saint Pa- triarche contre M. du Pin , qui emporté , dit-il, par la vivacité Françoife , œflro Francico raptus 3 décide hardiment que fon ftile eft fort llmple & n'a rien d'élevé. Le P.Madrilîus eft forcé d'avoiier que S. Paulin n'a ni le toui ni l'élo- quence des Auteurs Ecclefiaftiques qui ont écrit dans des fïécles plus heureux. Mais pour en juger cqui- tablement , il demande qu'on le compare avec les autres Ecrivains de fon tems , & il ne craint point d'afïurer qu'on n'en trouvera point qui lui fait préférable. C'eft en- core par le même principe qu'il foûtient qu'Erafme a eu tort d'a- cufer S. Paulin de n'avoir point de lettres. Pour le prouver , notre Editeur , qui ne fe pique pas d'ê- tre laconique , fait un long por- trait de la prodigieufe ignorance qui regnoit au 8'"' & au ç>me fiécle , 6 de la corruption que les diffé- rentes Nations barbares , qui avoient lubjugué l'Italie , avoient ,74 JOURNAL' D répandu dans la Langue Latine. Il foûtient que , toute défigurée qu'elle étoit pour lors , S. Paulin étoit oblige de s'en fervir pour le rendre intelligible , Se qu'il y au- roitde l'injuftice à exiger que dans un fiécle de fer , il le fût fervi de paroles d'or ; fi d'ailleurs on fait attention aux connoilfances en tout genre que S. Paulin avoit ac- quîtes au milieu de la Barbarie dont il étoit enveloppé , aux liai- fons qu'il avoit avec les plus habi- les gens de fon teins , Se entre autres avec Alcuin , à la confiance que Charlemagne avoit en fes lu- mières , à l'autorité qu'il s'étoit acquife dans toutes les Eglifes des Gaules Se de la Germanie ; on ne pourra , continue-t-il , lui refufer la gloire de s'être élevé par la force de ion génie au-deflus des ténèbres qui regnoient de fon tems , Se on verra que c'ett avec juftice qu'il fut choifi par les Pères du Concile de Francfort tenu en 794. pour expo- fer la doctrine de l'Eglife contre les erreurs de Félix d'Urgel. Il la renferma dans un Ecrit in- titulé , Libellas Sacrofyllabus , que Charlemagne de concert avec ces Prélats, ad relia aux Evêques d'Ef- pagne. Comme c'eft le premier Ouvrage de S. Paulin , félon notre Editeur , au (fi l'a-t-il placé le pre- mier dans fa nouvelle Edition. Il y a joint les notes de Georges Bar- thius ; mais perluadé que ce fa- meux Critique y montroit quel- quefois plus d'érudition que de dil- cernement , Se jugeant d'a'lleurs qu'il n'avoir pas tout expliqué , ou ES SÇAVANS, du moins qu'il ne 1 avoit pas fait avec aflèz d étendue , le P. Madri- fius a cru devoir y ajouter ies re- marques dans lelquelles on ne l'accufera point d'être tombé dans ces deux derniers défauts. La plupart de ces remarques font Grammaticales ou Philologi- ques , mais on ne laifle pas d'y en trouver plufieurs qui fervent à éclaircir dirrerens points qui re- gardent le dogme Se la difeipline de l'Egliie. Nous en citerons quel- ques - unes , afin de donner une idée du goût Se du travail du P. M. Voici celle qu'il fait fur ces mots : in nomme Patris & Fi- lii - 6\:c. au nom du Père , du F Us & du S. Efpnt , par lefquels Saint Paulin commence l'Ecrit dont il eft queftion. Il dit donc que ce dé- but eft fort naturel, que les Païens même avoient coutume de com- mencer leurs difeours par l'invoca- tion de la Divinité. Ce qu'il prouve par un vers de Virgile , & par le Commentaire de Servius iur ce vers. Il montre par un paffaçe de Caffien , par quatre vers de Saint Ambroife , Se par un texte même de S. Paulin , que les Chrétiens le faifoient un point de Religion de ne rien taire , pas même les choies les plus communes , qu'après avoir préablement invoque le nom de Dieu , & que , félon le témoi- gnage de S. Balile , de Tertullien , de Prudence & de plufieurs aur s Ecrivains Ecclehaltiques , les Fi- dèles commençoient auffi toutes leurs aérions par le Signe le la Croix , d'où il conclut , comme MARS il avoft entrepris de le prouver , qu'il eft tics - viaifemblable que S. Paulin , en lilant Ion Ecrit con- fre Télix , avoit ajouté le Signe de la Croix a l'invocation de la Sainte Trinité. L'Ecrit contre Félix d'Urgel eft. fuivi d'un autre beaucoup plus court. Il a été long-tems atiibué à dirrerens Auteurs , & même infé- ré dans le corps du Droit Canon fous le nom du Pape Etienne V. mais tous les Ciitiques modernes reconnoilfent qu'il eft incontefta- blement de S. Paulin; il eft adrefle a un nommé Heiftulphe, qui avoit tué fa femme accufée , pai un feul homme, d'avoir commis un adultè- re. S. Paulin reprefente à Heiftul- phe l'horreur de ce crime, & lui dit que pour l'expier , il n'a que deux partis a prendre,ou d'embrafler l'é- tat Monaftique , ou s'il veut refter dans le monde , ce qui lui iera , ajoûte-t-il , plus dur , & moins falutahe , d'y palier toute fa vie dans une pénitence continuelle , d'y vivre dans une entière abfti- nence de vin , de toutes liqueurs agréables , & de viande , excepté les jours de Pâques & de Noël , de fe contenter de pain , de fel , & en certains tems delégumes, de ne ja- mais porter les armes,de ne monter pointàcheval,de ne foûtenir aucun procès , de ne point le marier , de ne fe trouver à aucuns feftins , de ne point uier du bain , de fe tenir à la porte de 1 Eglile en dehors, en fe recommandant aux piieics des Fidèles , & de s'abftenir de la communion tout le refte de fa vie , 9 )74^ 175" lui accordant cependant , mais par grâce vemaliter , & fi on l'en trou- ve digne , de recevoir le Viatique à l'article de la n ort ; on pcunoit, dit-il , vous impofer encoie ces conditions plus rudes , mais j'efpe- re de la miiericorde divine que fi vous vous Soumettez ndellement à tentes ces pratiques , votre par- ■ don vous lera accordé. L'importance des points de l'an- cienne difeipline de l'Eglile fur la pénitence qui font expefés dans cette Lettre , engage le P. Madri- fius à demander la permilîion de donner aux notes dont il l'accom- pagne un peu plus d'étendue , & on trouvera peut-être qu'il ule un peu trop de la perniffion qu'il at- tend lur ce point de fes Lecteurs. Il donne enfuite le Traité de Saint Paulin intitulé : Exhorta- tion à Henri Duc de Frioul. Il avoit été long-ttms attribué à S. Augu- ftin , & même imprimé dans fes (Euvres fous le titre de Documentis falutarilus. Mais les Bénédictins , dans l'Edition qu'ils ont donnée des (Euvres de ce Père , ont foli- dement prouvé par plufieurs rai- fons , &. lur - tout par l'autorité des Manufcrits que S. Paulin eft réellement l'Auteur de ce Traité. Le P. Madrilîus s'étonne donc que le Père Gamier qui a reconnu en donnant les (Euvres de S. Baille , que l'Ouvrage connu fous le titre èiSivertifl. rut m àfonflsfpirituel , étoit fauftement attribué a ce faim Docteur , n'ait pas été en même tems averti par quelques-uns de fes confrères , que cet Ecrit a été - i76 JOURNAL D rue pour la plus grande partie de celui de S. Paulin à Henri Duc de Frioul , & que , félon toutes les apparences , quelque Moine en aura accommode les Inftruétions à l'ufage de ceux quis'étoient con- facrés à la vie afeetique. Les confeils que S. Paulin don- ne au Duc de Frioul dans ce Trai- té roulent fur la manière dont un homme conftitué en dignité , & livré aux affaires du fiécle doit fe conduire pour allier le loin de fon falut avec 'les devoirs inléparables de l'état de Magiftrat & de père de famille. Du refte il n'y a aucun ordre , & le ftile en eft fi lîmple & fi négligé qu'il a donné lieu, com- me nous l'avons remarqué , à E- rafme d'aceufer S. Paulin de n'a- voir point de Lettres. Mais notre Editeur croit qu'il y a de l'art dans cette néghgence-là même , & que le Saint Patriarche d'Aquilée n'a évité de donner trop d'arrange- ment à fes penfées que pour ne pas •tomber dans cette ennuyeufe uni- formité de ftile que l'ordre produit quelquefois. Il exeufe , à peu-près de même , les défauts qu'on trouve dans le ftile de ce Trai- té. Il veut croire que Saint Pau- lin l'a proportionné au caractère de la perlbnne pour laquelle il travailloit , & a la nature du fujet qu'il avoir à traiter. Le Père Madrilîus , dans la vue' de le rendre utile aux Prédicateurs, èc particulièrement à ceux de fa Congrégation qui fe deftinent à cet emploi , ne s'eft pas conrenté d'accompagner ce Traité de notes ES SÇAVANS, purement critiques , il a cru de- voir s'étendre encore fur les traits de morale dont il eft rempli , & rapporter les difterens endroits des Pères , & même des Auteurs Pro- fanes qui ont traité les mêmes matières. Après l'exhortation à Henri Duc de Frioul , vient dans cette Edition le Diicours que S. Paulin ['rononça dans le Concile d'Aqui- ée tenu en 796 il y déclare d'abord, qu'il profite de la tranquillité dont i'Eglife & l'Etat jouilfoient fous l'autorité & la protection de l'Em- pereur Charlemagne & du Roi Pé- pin , pour reprendre conformé- ment aux faints Canons l'ufage de tenir chaque année le Concile de ia Province , ufage que le tumul- te des guerres avoit interrompu depuis long-tems. Il pafle de-là aux avantages de la Foi , expofe en particulier celle de I'Eglife fur la proceiïion du S. Efprk , & fur l'Incarnation , deux dogmes qui étoient principalement attaqués par les Hérétiques de ce fiécle , Se finit , en propofant quatorze Canons , qui tous ont pour bue de ioûtenir la vigueur de la difei- pline Ecclefiaftique. Ces Canons ne contiennent rien de bien parti- culier, ils ne font , comme le Saint Patriarche ledit lui-même , que les anciennes Règles de I'Eglife mifis dans un flile fins nouveau. Notre Editeur ne laiffe pas cependant de déployer à fon ordinaire beaucoup d'érudition dans les Remarques , qu'il fait fur ces Canons. Il a mis immédiatement après ce MARS ce Difcours, l'Ouvrage contre Fé- lix d'Urgel, qu'il croie avoir été compofé l'année même du Conci- le d'Aquilée : c'eft le plus long & le plus confiderable de tous les Ecrits de S. Paulin -, il eft divifé en trois Livres , que le P. Madri- fius a partac.es en Chapitres pour h commodité des Lecteurs. S. Pau- lin ladrerie a Chailemagne , de la manière qui luit -. In tnunphalibus largiente Domino glorioflm injigmto coronn , Domino Carolo orthodoxa flrcnuijfimo f lei Cultori , Regiique altitudine fu! Umato , Paulinus hcet indignas , fervirum Domini fervus , Catbohcœ , JanEl&c]ne Aqmlegienfis Valiucula fedis1 rulncnnda meracio- ris prectofi in fangmms afpcrfionc falurem. Le refle de l'Ouvrage eft écrit dans le même goût, herifle d'allu- fions , de métaphores & d'allégo- ries , & tellement rempli de mots durs & barbares , comme ceux de fellivo7ftus , toxifluus, vanifinus, & femblables , que de l'aveu même de notre Editeur, la lecture en devient extrêmement défagréable & fi obfcure, qu'on eft obligé de re- venir fouvent plufieurs fois fur le même endroit pour l'entendre. Mais il donne deux moyens pour prévenir le défagrément que doit naturellement donner un ftile (i faavage & li forcé -, le premier eft de s'imaginer qu'on eft contem- {)orain du Saint Patriarche d'Aqui- ée , ou que c'eft même a preient l'ufage parmi les Ecrivains de notre fiécle de fe fervir d'exprefîlons & è& tours femblables à ceux, qu'on Mars. t 174 0. 177 employoit dans le lien. Ces deux expediens n'ont rien , dit-il, de chimérique; pour en convenir , il ne faut que fe rappeller qu'il n'y a pas encore long-tems qu'en Tof- cane même, les Auteurs , pourfe faire lire , les Orateurs pour fe faire écouter , étoient obligés d'enfler & de bigarrer leurs Ecrits & leurs difcours , d'un amas d'ex- prefllons outrées & de penfées plus brillantes que folides. Ce ftile judicieux & naturel qui plaît tant aujourd'hui déplaifoit pour lors généralement à tout le monde. La même chofe , continue-t-il , étoit arrivée du tems de S. Paulin , & malgré fes propres lumières , il étoit contraint de fe laiflêr entraî- ner comme les autres au torrent du mauvais goût. Un Ouvrage fi obfcur offre , comme on peut le croire , un vafte champ à la pénétration & a l'habi- leté du Père Madrifius : voici de quelle manière il la met en ufage, lorfqu'il s'agit d'expliquer cet en- droit du Liv. z. C. 1. où S. Paulin dit que pour donner plus de force &c d'autorité à ce qu'il va dire con- tre Félix d'Uïgel , il s'appuyera fur le commencement des Epi- nes de Saint Paul , & c'eft ainfi qu'il s'exprime : Quatenns verbo- rum {lamina difpntationis radi» Pauli cdoBus Magifterii , ful- tufqu? valearn difcnminare prœ/i- dio j flaque admodum eJpKentia } ty- pico inferta liciatorio , fincer& fidei fufeepto peiïine, celeftibujque injpec- tis texere indiciis non torpefeam. Le P. Madrifius montre premie- i-8 JOURNAL D rament par quatre vers tirés des Mt-tamoiphotcs d'Ovide & par. un aorte de Lucrèce que le radius étoit un des inftrumens a l'ulage des Tillètands.. Il explique en, u. te ce que c'eit que ce: ir.lh riment, îk prouve enfin par differens endroits des anciens Auteurs Sacres & Pro- fanes , & même par celui des Poè- tes Italiens modernes , que de tout. ti.ii s les Ecrivains de toute elpe- ee fe lout fervis, comme S. Paulin, de différentes métaphores tirées delà t des Tiiïerands. Il n'oublie pas a ce propos la réponfe qu'on attribue à l'Eunuque Narlés , & qui n'elt ignorée de perfonne -r mais.il ajoute en même tems que Baronius lbùtient qu'elle porte a faux , en ce qu'il paroît certain que dans le tems qu'on fuppofe qpe l'Impératrice Sophie écrivoit àNarfés pour le rappeller d'Italie, ce célèbre Général étoit pour lors à CP. comblé de biens &c d'hon- neurs. Notre Editeur renvoyé au P. Pagi ceux qui voudront plus d'éclairciflemens fur ce point d'Hi- ftoire. Mais , pour revenir aux Ou- vrages de S. Paulin , le P. Madri- iïus'a joint aux trois Livres contre Félix d'Urgel un petit Pocroe de i jo vers , où S. Paulin , perfuadé qu'à la faveur de laPodie,le peuple coûte mieux la vérité, & qu'elle le <*rave plus aifément dans Ion efprit , a réduit comme en abrégé toute la Doctrine Catholique. Le Saint Auteur avoiie , & avec rai- fon , qu'on trouvera dans cette petite Pièce beaucoup de fautes «mire les régies de h. Graoïniai- ES SÇ-WANS, re & de la profodie ; il prie même ceux qui en 1er oient blellés de les corriger ; mais il les avertit en même tems de le louvenir,que Ion but a été d'inlrruire les Lecteurs ,. & non pas de les amuler. » L'Lditeur a range tout de iuite les autres Pocfies de S. Paulin. Ce font fepe Hymnes qu'on chante encore dans quelques Egliies de l'Etat de Venile , lur-toutdans les campagnes, où les peuples font , dic-il , moi.is amis de la nouveau- té. Il elïaye de prouver que Fabii- tius & fon Continuateur ont eu tort , en parlant des Ouvrages de S. Paulin ,. de ne point faire men- tion de ces Hymnes , & que Cave s'eft trompé en croyant qu'ils- avoient été perdus , aulfi-bien que quelques Critiques, qui ont avancé que l'Hymne , qui ell le fécond dans cette nouvelle Edition , étoit d'Elpis femme de Boéce. L'Hymne qui fe trouve ici le cinquième n'a- voit point encore été imprimé. L'Editeur apporte différentes con- jectures pour montrer qu'il eft vé- ritablement de S. Paulin , fié pré- tend que fi les Critiques eneufient eu -connoiiïàuce , ils nefeferoient pas fi fort déchaînés contre les Ecrivains qui ailurent que S. Marc eit venu dans l'Etat de Venife. Quelques fragmens de différen- tes Lettres de S. Paulin , avec une Epître Synodale qui femble être écrite non feulement en fon nom , mais en celui des Evèques de la Métropole aifemblés en Concile à Altinum en 803. font les dernières Pièces par lefqueiles le P. Maoti- M A R iîus termine le Recueil des Ou- vrages de S. Paulin. On croiroit , tans doute , aptes les notes Se les obfervations dont il les a chargés , qu'il n'y refteroit plus rien qui demandât des éclair- ciftèmens ; notre Editeur ne l'a pas jugé ainfi , il a cru devoir en- core faire imprimer ici fix grandes Diifertations , dans lefquelles il fe propoie d'expliquer quelques diffi- cultez qui réfultent de la Vie & des Ecries de S. Paulin. La première -regarde le Livre d'Exhortation à Henri Duc de Frwul , Se contient des conjectu- res fur le tems auquel ce Traité a «té écrit & fur la perfonne à la- quelle il eft adrefle. Il examine dans la féconde quels furent l'année & le lieu , où fe •tint un Concile de Frioul , où S. Paulin préfida , quels étoient les Evêques qui s'y trouvèrent , & le •nom de leurs Sièges. Mais il nous _fait plutôt fentir les difficultez qu'on peut former fur tous ces . points , qu'il ne les refout. - La troihéme eft appellée dogma- tique , parce que l'Auteur y re- cherche a laquelle des anciennes .héréfies celle de Félix.d'Urgel de- voit fon origine , Se il montre que .c'étoitau Neftorianifme. La quatrième eft Hiftorique & Chronologique. On y rapporte , félon l'ordre des tems , la naiftàn- ce , le progrès , la condamnation , & la fin de l'Héréfie de Félix d'Ur- gel ; on y donne l'Hrftoire de fes principaux partifans, & on y fait l'apologie d.e la Foi de quelques S , i 7 4 o. 17$ Evêques Efpagnols que le Concile de Francfort , trompé par certains Impofteurs qui avoient falfifié leurs Ouvrages , avoit aceufé de donner dans les erreurs de Félix & d'Elipand , erreur de fait , dit l'E- diteur d'après le Cardinal d'Aguir- re ( Préface du jmc Tome des Con- ciles d'Efpagne ) , dans laquelle les Conciles Généraux Se les Sou- verains Pontifes peuvent tomber , comme tous les Théologiens en conviennent avec les Cardinaux .Bellarmin &: Baronius: Cette Diftèrtation eft fuivie d'un Ecrit critique , par lequel le Père Madrilîus réfute avec autant de force que de vivacité , Jacques Bafnage qui avoit avancé dans fes obfervations fur l'héréfie de Félix d'Urgel , qu'il étoit bien furpre- nant qu'on eût publié tant d'Ecrits Se de cenfures à l'occafion de quelques légères inadvertences échappées à certains Théologiens de ce tems fur le jour de la célébra- tion de la Pâques , Se fur le terme de fils adoptif , tandis qu'on épar- gnoit des erreurs bien plus dange- reufes fur la prédeftination & le li- bre-arbitre , Se qu'on toleroit une infinité d'abus Se de fcandales qui deshonoroient alors l'Eglilè. Il s'agit dans la cinquième Dif- fertation du Symbole , confiderc d'abord par rapport à S. Paulin , qui a été , félon quelques-uns , le premier qui y a ajouté en Italie ces mots filioque , Se enfuite.par rapport à l'Eglife d'Aquilée qui s'eft long-tems fervie d'un Sym- bole qui lui étoit particulier. ÏZo JOURNAL D La dernière D-lfeitation a pour objet de recherche» ce qu'on peut dire de plus vraiftmblable fur le Concile d'Altinum, dont il elt par- le dans une Lettré de S. Paulin à Cha, lemagne. Quelle étett cetre Ville , comment un Concile a-t-il p.: s'yaflèmbler , puiiqu'ayant été ruinée par Attila , Ion .Sic.,. Epit- copal avoit été tranfporté a Tor- ccl'um des l'an 6c8. Quelle a été l'occafion de ce Concile , en quelle année sert-il tenu ? Ce font la au- tant de difficulté qu'il eff d'autant plus iinpoffible de refondre, que farte de Manukriss l'Editeur a été obligé de nous donner la Lettie de S. Par.lin dans un état fi impar- fait qu'on n'en peut rien conclu- re de précis ni de certain. Enfin le P. Madrihus, pour obéir à la coutume du fiécle qui oblige les Auteurs à rapporter les Pièces juitificutives de tout ce qu'ils avan- cent , donne ici un double Ap- pendice de Pièces & d'Aéles an- ciens qui ont rapport a la Vie , aux notes & aux Differtatious dont il a accompagné les Ouvra- ges du Saint Patiiarche d'Aquilée. Toutes les- Pièces contenues dans le premier Appendice ont déjà été imprimées , mais dans des Livres fi rares , pour la plupart , que l'E- diteur a cru faire plaifiï au Leéreur de lui en épargner la recherche. Le plus grand nombre de ces Pièces font des Lettres & des Poefies d'Alcuin adiclfces a S. Paulin , ou dans lefquelles il eft parlé de lui , ou de l'héiéfiede Télix d'Urçel, & en général des. afiàkes aufqudlts ES SÇAVANS, S. Paulin a eu part , foit directe- ment, (bit iiKiiie&tmenr. Il y a auffi fait entrer des Lettres d'Al- cuin, écrites a un E\cque demeu- rant au-c'elades Alpes , al Trdttf- alpinutnEprfcopum. Le P. Madri- irus croit que cet F îque ne peut être que S.Paulin ; mais le P. Ma- billon qui le premier a donné ces Lettres, dan? lès Analectes, avoue qu'il n'y a rien trouvé qui put lui découvrir,quel étoit l'Eveque dont il y eftqueition. Dans le fécond Appendice font renfermés quelques A êtes qui n'ont point encore été publiés ; quand je les appelle aînfi-, dit l'Editeur , je ne prétends pas que tous ces Actes n'ayent jamais vu le jour , mais feulement que quelques-uns d'entr'eux n'ont pas encore été im- primes-, Se que tous ceux qui l'ont été , reparoillent ici exactement corrigés lur les Manulcrits origi- naux. Ce font diftérens Diplômes des En.pereurs & autres Souve- rains en faveur de l'Eglife d'Aqui- lée , des Chai très de fondation d'Eglifes, de Monafteres, d'affran- chilïèroent d'Elclaves , des Adtes de ferment de fidélité prêtés a di- vers Patriarches d'Aquilée par leurs iufiragans, différentes Ordon- nances de ces mêmes Patriarches , concernant les droits &: Iadifcipli- ne de leur Eglife , 8c femblables Pièces. L'Ouvrage finit par une Table des matieies très - ample, & qui mettia le Lecteur en état de profi- ter de tout ce que le P. Madrifius a renfermé de curieux cV d'inftruc- tifdans cette nouvelle Edition, MARS; 1740; 181 TRAITE' DES MONITOIRES , DANS LEQZ'EL CN rapport: leur origine , leurs effets, les formalités, qui dotvnt y être oijtr- vées & les cas dans lefquels en efi obligé ou exem> t de venir à révélation* Par Al. Rouault , Curé dt Saint Pair. A Paris , chez Gif gardée comme le maintien & la « confervatrice de la vraye difei- » pline , en taillant àtajurifdic- » tion Ecclefiaftique tous les droits » qui lui appartiennent r & en la « retenant dans fes juftes bornes-. Les Monitoires font , fuivant la définition de l'Auteur, des Aver tijfemens & Comm an démens réitérés qui ÏEglife fait a u.x fidèles de ré- véler ce qu'ils fçavcnt fur les faits y mentionnés , fous peine d'encourir l excommunication } s'ils refufent d obéir dans le tems marqué. La fulmination en doit être précédée de trois mollirions , en- tre chacune defquelles il y ait uu intervalle raifonnable , autrement il y auroit abus , ainfi qu'il a été jugé par plufieurs Arrêts. Il faut néanmoins excepter les cas où il s'agiroit non de connokre les au- teurs d'un crime commis , mais de prévenir ceux qui voudraient le commettre. Il n'eft pas permis de nommer les perfonnes contre qui le Monitoire eft obtenu , mais on peut nommer le lieu même par- ticulier où le crime a été commis, pourvu qu'il loit a la connoiftance du- Public. L'ufage dés Monicoires , tels que nous les avons aujourd'hui , ne s'eft introduit que vers le mi- lieu du izine fiécle lbus le Pontifi- cat d'Alexandre III. On féparoit bien auparavant de la communion des Fidèles ceux qui tomboient dans certains crimes Se qui y per- feveraient après avoir été plufieurs fois avertis. J. C. dit qu'il faut avertir fon frère de fon péché & l'en reprendre en particulier , de s'il refufe de s'en corriger , lui r&- i82 JOURNAL D montrer fa faute devant un ou deux témoins , &: enfin s'il mépri- fe leur avis charitable , le dénon- cer a l'Eglife , à laquelle s'il ne ■veut obéir , il ordonne de le re- garder comme un Payen & un Publicain. S. Paul avertit pluiieurs fois les Corinthiens & il les mena- ce de les punir s'ils ne retranchent au plutôt de leur communion un inceftueux qui fcandaliloit leur Eglife , & qu'il avoir livré à Sa- tan. Mais jufqu'au Pontificat d'A- lexandre III. on ne trouve aucun exemple qu'on ait obligé ceux qui avoient connoiaance de quelque fait à venir le révéler fous peine d'excommunication. Il cil le pre- mier qui ait introduit cet ufage dans la caufe de l'Evêque de Pre- «efte d'une part & de l'Abbé de Sablac de l'autre. Certains Clercs que l'on préfumoit avoir connoif- fance des faits necelTaires pour terminer le procès refufoient de les révéler. Le Pape les avertit que s'ils periiftoient à garder le fecret Se ne fe prefentoient pas devant lui pour rendre témoignage de ce qu'ils fçavoient , il les déclaroit interdits , fufpens , & excommu- niés. Innocent IIL qui fut élevé à la Chaire de S. Pierre environ 18 ans après la mort d'Alexandre , étant confulté par l'Evêque de Strigonie, de quelle manière il devoir le con- duire pour avoir des preuves con- tre des Laïques qui avoient pro- féré des injures atroces contre un Pierre , répond qu'il faut tenter de faire venir les témoins par les ES SÇAV ANS, voyes ordinaires , & s'ils refufent d'obéir , les contraindre par ceu- lures Ecclefiaftiques. La première formule des Monitoires , tels <.iue nous les avons aujourd'hui , le trouve dans les Extravagantes de Jean XXII. promu au Pontificat en 1 3 16. » Il arriv.i ( dit notre Au- » teur ) que Clément V. prédécef- » leur immédiat de Jean , ayant « fait emporter les tréfors de l'E- » glife de Péroufe à Luques , ils » fuient pillés & volés en la meil- » leure partie. J ean voulant recou- )>vrerces tréfors, publia une ex- »> communication , tant contre les « auteurs , défenfeurs , que contre « tous ceux qui en auroient con- » noiuance , a moins que les pre- » miers ne fiflènt une entière refti- » tution dans quatre mois & qu'à «ce défaut les autres ne vinlfent à « révélation dans le même terme. ■m Le même Pape ordonna à tous » les Evêques &: Curez des lieux » où il appai tenoit , de publier les » mêmes excommunications aux » jours de Fêtes &c de Dimanches » pendant le même tems de quarre » mois à (on de cloches & éteinte » de cierges & de déclarer excom- » munies les auteurs , receleurs 6c v ayans connoifTance s'ils refu- » foient d'obéir dans le tems mar- » que , & afin que perfonne n'en » pût prétendre caufe d'ignorance , » les Lettres Monitoriales furent « affichées aux portes de l'Egliiè » d'Avignon & autres lieux appa- » rens. L'ufage des Monitoires devint depuis extrêmement fam ilier , qn M A R s*ën 1er vit1 dans prefque tous les cas. La plupart des obligations portoient non feulement la con- trainte par corps , îr.ais encoie par excommunication. L'abus fut for- té au point de contraindre les Fi- dèles par ceniure au payement de leurs dettes, L'Auteur en rapporte un exemple remarquable. » O- » douait , Clerc de la Métropole » de Rheims , s'ctoit obligé de "payer à un autre Clerc & à un, » Laïque certaine fomme , mais le » mauvais état de fes affaires » l'aïant empêché de remplir fa « promeffe dans le tems marqué, » il fut cité devant l'Ofticial pour » en être excommunié faute de » payement. Il avoue la dette & » dit qu'il eft pour le prefent dans » l'impoflîbilité de la payer , & « que tout ce qu'il pouvoit faire » étoit d'abandonner tous fes biens » à fes créanciers , mais non con- » tens d'une offre fi jufte , ils fol- » liciterent l'Official de fulpendre » a divinis & d'excommunier O- » douait jufqu'a ce qu'il eût entie- » rement payé. Ce Juge impitoya- » ble ( continue l'Auteut ) fans » avoir égard aux juiles raifons de' » l'intimé , fulmine l'excommuni- » cation contre lui. Odouart le » voyant ainfi opprimé porte fes » plaintes au Pape à qui il expofe » la cruauté de les créanciers & la »dureté de fonjuge. Sa Sainteté, » après avoir fait examiner l'affai- » re , donna ordre à l'CfEcial de » révoquer les cenfures comme "étant portées même contre le ■» droit naturel. S , r 74 a. i8^ L'abus des cenfures en din '■11.113 l'impreiî.on & en défuifit la for- ce ; la plûpait de ceux qui ctoient exccn n unies peur ciettes fe n.et- toient peu en peine de s'en faite relever. C'eft pouiquoi , dit noue Auteur, les Evéques de Fiance fupplieient S. Ltuiscîe peimettie que fes Cftîcieis obligeaient les excommuniés par faifie de leurs biens , de fe faire abloudie dans l'an , mais ce grand. Roi qui joiT gnoit beaucoup de lumières ^ beaucoup de fainteté , îépondic qu'il le vouloit bien, pouivû que ies juges entrafitnt en connoillance de caufe, leur faifant entendre parla, dit l'Auteur , qu'ils abu- ioient du pouvoir que Dieu leur avoir donné. Le P. Siimcnd rap- porte que des le 1 j'"1' fiécle on étoit fi peu effrayé des excomn.u-. nicarons pour dettes que laNo- blefle qui en étoit louvent frappée ne trouvoit pas mauvais qu'on eu fît mention dans les Actes publics. Il en rapporte un exemple d'un Seigneur de Vitré , qui fut choifi. pour arbitre dans un différend avec Hamelin Evêque de Rennes. La fentence d'aï binage porte en tête : Prœfentibus nobis Hatxclino Eptfiopo & Roberto Vitrekr.fi time temporis excommunie ato. Les excommunications pour dettes continuèrent néanmoins à avoir lieu jufqu'en 1 56G,que. Char-; ' Jes IX. par l'Art. 8. de l'Ordonnan- - ce d'Orléans défendit de donner 1 des Monitoires linon pour crime Se ■ fcandale public , Se le Parlement de Paris envéïifiantcet-articledé- i*4 JOURNAL D clara expreffement qu'on ne pour- roit être excommunié pour aigeut dû , fauf aux créanciers a procé- der par voye d'exécution fur les biens - meubles 6c immeubles de leurs débiteurs. L'Eglife n'a pas toujours obfervé les mêmes formalitez dans la ful- mination des excommunications. On Ce contentoit du tems des Apôtres de s'aifembler lorfqu'il s'agilfoit d'excommunier quel- qu'un & de le déclarer féparé de la communion des Fidèles. Quelque tems après celui des Apôtres , lorfqu'il étoit queftion d'excommunier quelqu'un , l'Evê- que affembloit Ion Clergé & exa- minoit avec lui la cauie de l'accu- fé ; s'il étoit convaincu on le dé- claroit excommunié & on écrivoit une Lettre circulaire aux Evêques voifîns qui leur donnoit avis de ce qui s'étoit pau~é , en les priant de refufer leur communion à ceux qui avoient été frappés d'anathê- me , dont on affichoit & publioit les noms avec la cauie de leur ex- communication. Le Pape Zacharie , qui gouver- noit l'Eglife un peu avant le milieu du huitième liécle , ajouta une nouvelle formule d'excommunica- tion à toutes celles qu'on avoit pratiquées avant lui. Voici comme il parle dans fa Lettre au Martyr Bonitàce inférée dans le Décret C 1 1. Q. 3. Lo. fqu'on fera obligé dans la fuite de fulminer une fen- te, 'ce d'excommunication , nous voulons que l'Evêque , aflifté de 11 Prêtres cous revêtus des lubies ES SÇAVANS, Sacerdotaux , tenans chacun à la main un cierge allumé , prononce publiquement la fentence d'ex- communication , &: eniuite que tous jettent leurs cieiges contre terre & les foulent aux pieds , 6c défendent de s'en fervir a quelque ufage que ce puifle étie, afin que le peuple intimidé par ces ceiemo- nies effrayantes , lçache que le flambeau de la grâce eft éteint dans ceux qui iont frappés d'ana- tht-mes , qu'ils font retranches du corps milfique de J. C. mépriles comme lel inlîpide qu'on jette a la porte pour être foulé aux pieds des paffans , & enfin qu'ils lont dans une telle exécration qu'il n'eft permis à peribnne de communi- quer avec eux fans encourir l'in- dignation de toute l'Eglife. On trouve dans d'autres Ponti- ficaux des formules qui compren- nent non feulement les peines i pi— rituelles, mais encore les punitions corporelles les plus effrayantes & les malédictions les plus exécra- bles , tel qu'eft celui d'Angleterre. Nous chargeons , dit-il , ceux que nous excommunions d'une malé- d.ction éternelle , & nous les frap- pons d'un anathême qui ne finira jamais s'ils rertifent de faire péni- tence. Nous prions le Souverain Juge de leur faire reflèneir tout le poids de fa colère & de les privet du partage des Elus & de ne leut lailïer iur la terre aucune commu- nion avec les Fidèles , ni dans le Ciel avec les Saints , mais de les reléguer dans les enfers pour y IbufHir avec le démon & fes Anges tout MARS tout ce que les fupplices ont de plus cruel -, nous fouhaitons qu'ils foient maudits dans leurs maifons & dans leurs campagnes ; que la nourriture qu'ils prennent le chan- ge en malédiction , & que tout ce .qu'ils pofTedent devienne l'exécra- tion du Ciel Se de la terre ; que leur portion foit avec Coré , Da- jthan &: Abiron qui furent englou- tis tous vivans dans les enfers , avec Ananie & Saphira qui furent frappés de mort fubite pour avoir menti aux Apôtres du Seigneur, avec Pilate Se Judas qui livrèrent J. C. à la mort , & qu'ils n'ayent point d'autre fépulture que celle des bêces & que leurs lampes s'é- teignent au milieu des ténèbres. Ainfi foit-il. Le Concile de Rheims aiTemblé en 900. au fujet du malïacre de Foulque Archevêque de cette Vil- le , fulmina un Monitoire conçu à peu-près dans les mêmes termes contre les auaffins de ce Prélat. Cette fentence , dit notre Auteur , fut d'autant plus terrible qut.Vimar, principal Auteur de ce crime _, fut auffi M frappé d'un ulcère fi effroya- ble que fes chairs étant toutes pour- ries & rongées de vers , elles répan- daient une telle infeclion qu'elles em- vcfioient tous les lieux d'alentour , ce qui empêchait même fes meilleurs amis d'approcher de lui : de forte que fes membres tombant par mor- ceaux , /'/ finit mifcrablernent fa vie comme le malheureux Antiochus. Il y avoit des Eglifes où on ajoû- jcoit aux formules que nous avons ^apportées des cérémonies peu cou- > 174 0- 18; vcnables , dit notre Auteur , au refpetl dû au pouvoir des Clefs de l'Eglife : » Le Vicaire Général &c » Officiai d'Ambrun ayant donné » des Aggraves Se Réaggraves fur «un Monitoire , &c voyant que » perfonne ne venoit à révélation, » procéda à la fulmination, & afin » d'intimider davantage , il fit ap- » porter dans l'Eglife un cercueil » couvert du drap mortuaire, Se » il alluma autour des cierges , & » là, accompagné du Clergé en ha- » bits Sacerdotaux , chacun tenant » à la main des cierges auffi allu- » mes , il prononça , après plu- » fieurs cérémonies peu régulières, » la fentence d'excommunication, » Se auffi-tôt tous les cierges fu- » rent éteints , jettes avec indigna- » non par terre Se foulés aux pieds » avec défenfe de s'en fervir , » comme d'une chofe exécrable , » enfuite le cercueil fut porté hors » l'Eglife au 1011 des cloches & » précédé de la Croix , de la Ban- » niere & du Clergé , chantant » d'un ton lugubre le Pfeaume 10S » Se étant arrivé au lieu deftiné , » chacun piit des pierres qu'il jet- ».ta contre le cercueil auquel on » mit le feu , & les cloches lonne- » rent jufqu'à ce qu'il fût réduit en » cendres. Ce qui étant fait, le Vi- » caire attacha la fentence d'ex- » communication avec le Moni- » toire Se l'envoya au Curé voifîn » pour la publier aux Prônes des » grandes MelTes. En d'autres lieux après la fulmi- nation des Monitoires , onjettoit la Croix & le Rituel a terre, enfuie A a i86 JOURNAL D re les Pierres en habits de ccrcrr.o- nie alloiem à la maîfoh de ceux o.ue l'on foupçonnoit are excom- muniés , &: jettoient chacun trois pierres contre la poire ou fur le roîr , enfuke rcut le monde le re- tire:: en grande triftetlè. A proportion que le Clergé eft" devenu plus éclairé , dit notre Au- teur , ces fortes de cérémonies ajoutées à l'ancienne pratique de l'Eglife font rombées peu à peu & les Parlemens toujours atrentifs à ES SÇAVAKS, empêcher le progrès des abus qiu pouvoienr s'introduire dans la Difcïpline, onr défendu ces ufages qui ne dévoient leur invention qu'a l'ignorance des Prêtres &: à la fuperftition des peuples. Voila ce qui nous a paru de plus curieux dans l'Ouvrage dont nous rendons compte au Public. Nous ren- voïons au Livre-même ceux qui voudront plus particulièrement s'inftruire de la madère. NOVVELLES LITTERAIRES. ITALIE. Dî. P ADO U E. EXercitationes Vitruviani. Pa- tavii. 1739- in - 40. Cet Ou- vrage, qui eft de M. le Marquis Poléni, contient deux Parties : dans la première l'Auteur donne une connoiiïànce exacte de toutes les Editions de Vitruve depuis le com- mencement de l'Imprimerie juf- qu a prefent ; de toutes les Tra- ductions qui ont été faites de cet Auteur , en quelque Langue que ce ibit , de tous les Editeurs , Se de ceux qui l'ont enrichi par leurs Commentaires ou par leurs Obfer- vations. Dans la féconde Partie , on trouve premièrement une iça- vante Lettre de M. Morgagni Pio- feifeur à Padoiie , fur un pafïàge de Vitruve , enfuite la Vie de Vi- truve même écrire par Bernardin Baldi , que M. Poléni éclairât par un grand nombre d'excellentes re- marques ; efifin un Traité abrégé d'Architecture d'un ancien Au- teur , qui peut fervir d'Introduc- tion à la connoiiïànce de cet Art. On donna aufii l'année dernière une nouvelle Edition des Poches de Fracaftor , C~r. en voici le titre: Hiermymi Fracajlorii, AdamiFtt? manl , & Nicolai Archîi Carmina. Ed:t. 2. Pdtavii. 1-^9- /Vz-40. 2 vol. Cette nouvelle Collection , qui eCu beaucoup plus ample , & qui pa- roît avoir été faite encore avec plus de foin , que celle qui parut en 1718. contient d'abordles Œu- vres de Fracaftor , foit en Latin , foit en Italien , foit envers, foit- en profe , enfuite la Logique d'A- dam Fumani en vers Latins , avec plusieurs aunes Ouvrages du mê- me Auteur en Grec & en Latin, l'Editeur y a fait entrer les élégan- tes Poches Latines du Comte Ni- colas d'Arco , & il a terminé la - Collection par une Traduction en : vers Italiens délia Sifilide de Fran- MARS cafter. Ce dernier Ouvrage eft de M. Vincent Benini Médecin difti li- gué dans fa profefïïon ,8c célèbre par fes calens pour la Poéfie. Cette dernière pièce de Fracaftor délia Sifilide a été traduite en Ita- lien par pluiîeurs fçavans Auteurs prelqu'en même tems. En effet el- le parut à Naples m-h°. en 173 i. traduite par M. Pierre Belli ; a Pa- doiie wz-40. en 1737. par M.Vin- cent Benim ; à Boulogne en 17 3 S. en même forme , par M. Sebaftien d'Antoni; Se à Vérone en 1759.. in-jf. par M. Antoine Tirabofco. GRANDE-RUSSIE. DE PETERSBOURG. M. Bayer , Profelfeur a Péterf- bourg , Membre de l'Académie des Sciences de cette Ville & de la Société Royale de Berlin , a donné depuis quelques tems une Hiftoire du Royaume "Grec des Baétriens , &c. Cet Ouvrage eft intitulé : Hiftoria Regni Gr.tcorum Baclriani , in qua fimul Grœcorum in Indiâ Colomarum vêtus memoria excolitur. Au'îlore Theophilo Sige- brido Bayero Academico Petropoli- ta.no , Sec On a ajouté a la fin de cette Hiftoire une efpece de Ca- lendrier Indien , dans lequel on trouve rapportées avec beaucoup d 'exactitude les différentes divi- sions du tems qui font en ufage parmi ces peuples,depuis les minu- tes jufqu'aux plus grands cycles : par M. Chrift. Théodor. W alther , Millionnaire Danois à Tranque- bar. Ce Volume eft terminé par une Pièce de M. Léonard Euler fur l'année Solaire Aftronomique des Indiens. '«-4°. > 1 740-_ 187 On imprime ici prefentement un Traité Phihfiphifue fur la Mu- fique , tant ancienne c/ite moderne. Par le même M. Euler. On achevé d'imprimer des Mé- moires pour fervir a ï Hiftoire & an progrès de V Aftronomte i de la Géo- graphie & de la Phyjiijue. Ce der- nier Ouvrage eft en François. M. de l'Ifte en eft l'Auteur. ALLEMAGNE. de Vienne. On vient de donner ici au public un Recued de Sermons , qui ont été prononcés en Allemand devant Sa Majefté Impériale , par le P. Fran- çois-Xavier Brean , de la Compa- gnie de Jeius , qui paiïè pour uu des meilleurs Prédicateurs de l'Al- lemagne. Cet Ouvrage forme un vol. /»-4°. d'Aijsbourg. On trouve ici deux Brochures , que M. Brucker a fait imprimer depuis peu; la première eft fur la Vie & les Ouvrages du fçavant Se célèbre David Hoefiheltus : Se la féconde fur la Vie de M. Jérôme W olfius , li connu parmi les Sça- vans. Il paraît encore ici un Volume /K-40. contenant un Commentaire & une Paraphrafe fur les Epîtres de S. Paul. Cet Ouvrage porte pour titre : Paulus élucidants. Le P. Antoine Remy , de la Compa- gnie dejefus , qui en eft l'Auteur, a tiré fa Paraphrafe principale- ment des Pères de I'Eglife. de Berlin. On a imprimé ici un Recueil de Sermons fur divers Textes de l'Ecri- A .a y 188 JOURNAL D titre Sainte , qui ont été prêches 1 ai M. Formey , ci-devant Pafteur a Berlin , enfuite Prorelleur d'Elo- quence , & nommé depuis quel- que tems par le Roi pour être Profeflèur de Philofophie en cette Ville. Cet Ouvrage contient plu- sieurs points de morale très-bien traités. Berlin. 1739.//; 40. ANGLETERRE, de Londres. An inquiry ofthe Newtonian Ar- gument fort the crr.pt itiejf of ' Space , and ofthi re/i/lance ofjultile flw.ds. hondon. Frintedfor T. Cooper at thcL Globe in Pater no fier Rovs. 174c C'eft-à-di re : Examen de la preuve de A/. Ne v ton pour le vuide C5~ d: la ref (lance des fluides fubtils Ce petit Ecrit eft de M. le Docteur George Martin , habile Phyficien Ecoûois , connu par d'excellentes Dilatations imprimées dans les Tranfatlions Phdofopbiques & dans les Obfervations de Médecine d'E- dimbourg , & nommé depuis peu premier Médecin des Flottes Bri- tanniques, envoyées en Amérique contre les Efpagnols. M. Martin prétend dans cet Ecrit que les preuves que M. Newton a appor- tées dans les Principes de Mathé- matique contre le plein , ne font ni juftes , ni fuftîlantes. L'on fçait que cette Dillertation ayant été lue dans la nouvelle Académie d'Edimbourg parut très-bien faite, & que le célèbre M. Mac Saurin , Profelfeur de Mathématiques à Edinbourg & ami de l'Auteur , fe preparoit a y répondre. Nue-vo Ditlionario Efpanol y In- ES SÇAVANS, g' es . y Inglcsy Efpanol , &c. C'en? le titre d'un nouv ait Ditliomia.re qu'on vient de publier ici" en dent vol. in fol. l'un Efpagr.ol & An- glois , & IV. uti e Anglais & Efpa- gnol. On y donne l'étymologie & . la lignification propre &: métapho- rique des mots, les termes des Ai ts & des Sciences , les noms de fa- milles des Royaumes & des Vil- les , qui iont dans les Etats du Roi d'Elpagne j on y trouve auiîi ceur des principales plantes qui croif- fent en El pagne & dans les Indes Occidentales , les mots Arabes ou- Morefques communément reçus dans la Langue Efpagnole , l'expli- cation des mots difficiles , des pro- verbes & des ph: 3 (es , qui fe trou- vent dans Dom Q&ixoKe & dans- les plus célèbres Auteurs Efpa- gnols. Ce Dictionnaire eft plus: ample de beaucoup que tous les Ouvrages qui ont paru dans ce genre. M. Pineda, qui enfeigne ici la Langue Efpagnole, &: qui don- na , il y a quelque tems , une Grammaire pour apprendre l'Efpa-- gnol , eft Auteur de ce nouveau- Dictionnaire. On a donné au public depuis peu une troifiéme Edition des Œu- vres du Duc de Buclqngharn. Elle eft en deux vol. />.-S°. Il paroît ici une Brochure eu- rieu le , quoique peu conliderable en apparence , elle eft intitulée : Letters concernmg Poetical Tranf- lations , and Virgil's and Milron's Arts of verfe , &c. Ceft-a-dire : Lettres fur les Traduclions en vers & fur les beauté*, qui régnent d.t'is M A R es vers de Virgile & de Mdton^c. Cette Brochure , qui n'eft que de So pag. /w-8°. contient beaucoup d'Oblei varions curieufes & nou- velles fur la vérification de Vir- gile & de Milton &: de quelques autres Pcetes. L'Auteur met lès vers du P. Vaniere beaucoup au- delîus de ceux d'Ovide & de Lu- cain ; & il dit qu'il y en a dans fon Pr£ 4mm rufticum , qui font dignes de Virgile. HOLLANDE. de la Haye. On imprime ici en grand 8c pe- tit papier le Rumphti Herbarium Amboinenfe. Cura Sigeberti Haver- kampi. Il y aura 6 vol. in-fol. avec de très-belles figures. On imprime aufïï le Dom Qui- xotte en Efpagnol, Se on fe fert de l'Edition de Londres de 1738. Cet- te Edition contiendra , comme celle de Londres , 4 vol. w-40. avec des figures. D* A M S T E R D A M.' Damëlis Gerdcfii Exercitationum \Academicarum Libn 3 . quibus, 8cc. C'eft-à-dire : Dtjfertations Acadè micjues 3 divifées en 3 Livres , où l'on éclaircit plufieurs chofes qui regardent ou l'Hiftoire des Pa- triarches , ou les Antiquitez Ju- daïques ou l'Hiftoire de ]. C. des Apôtres & de l'Eglife, & l'on ex- plique divers partages hiftoriques , prophétiques & dogmatiques de l'Ecriture Sainte , & des morceaux entiers de quelques endroits de la Bible. On trouve a la fin de ce Re- cueil de Diftèrtations deux Haran- gues , l'une fur une docte ignoran- S , i 740. 1 S'p ce en matière de Théologie , l'autre fur l'onction qui enfeigne toutes chofes aux fidèles. 1738./»-+°. Mémoires de la Con.ttJJed'HornC- ville , ou Réflexions fur linconft an- ce des chofes humaines. Par M. Si- mon. 1739. in-11. 1 vol.& fe trou- ve à Paris chez Sebaftien lorry. Libanii Sophifla EpifloU , Sec. C'eft-à-dire : Les Lettres de Liba- tuus le Sophifte , dont la plus gran- de partie paroiflent pour Lr pre- mière fois publiées fur les Manus- crits , traduites en Latin , & ac- compagnées de Remarques par M. Jean-Chriftophe W olfius. On a mis à la fin du Volume l'ancien- ne Traduction Latine de François Zambie ari , imprimées pour la irc fois à Cracovie , mais augmentées ici fur un Mf. de près d'une centai- ne de Lettres du même Libanius, 1758. in fol. DE BrUSSELLES. M. J. Fr. Foppens , Chanoine de l'Eglife Métropolitaine & prima- tiale de Malines , a donné ici la Bibliothèque Belgique , ou le Ca- talogue des Ecrivains célèbres des Pays-Bas , avec la Nomenclature de leurs Ouvrages ; il a raflemblé avec foin tous les Auteurs dont Valére André, Aubert le Mire, François Swert & d'autres avoient donné des Catalogues , aufquels il a ajouté fes Corredions & les Supplémens qu'il a cru neceftaires. • Cette Bibliothèque va jufqu'en 168c. Voici le titre de l'Ouvrage: : Bibliotheca Belgica , fîve Virorum in Belgio vit a Scriptife/uc Illuflrium CatalogHs , Librorumque Nom'en* • iço JOURNAL D cl.it tira , continent Script ores à CLi- rijfimis Viris Valerio Andnta , Au- bcrto Afirso , Francifco Swertio , alùfque recenfttos ttfjue ad annum léfjjo. Cm à & ftudio Jo. Fr. Fop- pent Bruxellenfis S. T. L. Aietro- volitana & Primatialis Ecclefu Aiechlinienfis Canonici graduati ac P&nitentiarii , Sec. Bruxellis. 1733. «-4.0. 2. vol. FRANCE. de Lyon. Duplain Se fils , Libraires , $c Imprimeurs de cette Vil- le , mettront en vente incelîâm- ment un EJfai fur l'Hijloire des Sciences , Ans & Belles-Lettres. Par M. de Juvenel , connu dans la République des Lettres par des Principes fur l'Hijloire , im primés à Paris chez Alix en 1 -> 3 3 . L'Ou- vrage que nous annonçons a été approuvé par M. de Fontenelle. de Paris. Quillau, Libraire, rue Galande, prés la Place Maubert , à l'Annon- ciation , Se Saugrain Libraire , , Ces Ecrits n'ayant «point, dtt-il , été mis en notre » Langue , on peut recourir aux ;> Analyfes que M. Gibert en a » données. Elles liiffiient , conti- » nue t il , pour nous donner une » idée de la doctrine 8c des lenti- » mens de Denis , qui y paroît un » Critique exact , mais trop aufte- » re , donnant à l'éloquence des » loix fi pleines de févérité , met- A Y R I » tant cet art tellement à l'étroit , » qu'il femble en ôter prefque tou- » te la réalité , & le réduire à la » fimple idée fans elperance d'être m pratiqué. Comme on n'a point aufli tra- duit en François ce qui nous refte d'Hermogéne, d'Ariftide, d'Aptho- ne, d'Ulpien & de plufieurs autres anciens Rhéteurs, dont notre Au- teur eftime qu'il eft bon de con- noître la doctrine , il renvoyé en- core ceux qui délireront s'en in- struire au premier Tome des Juge- mens des Sçavans par M. Gibert. Il n'y a rien ou prefque rien à négliger , félon notre Auteur , ■dans les Ecrits qu'il a indiqués dans ce Chapitre , mais il avoue qu'il n'en eft pas de même de ceux dont il parle dans le Chapitre zmc , où il s'agit des Phctoriques faites par les Modernes. Il avertit que s'il n'eft pas inutile de les connoître pour être au fait de leurs travaux en ce genre , il ne feroit pas con- venable de les lire tous , mais qu'il faut feulement s'attacher aux meilleurs. Cependant pour fuivie fon plan , il nous donne la notice des uns & des autres , & met en tête le Traité de Pierre Fabri , ou le Fevre natif de Rouen , Curé de Méray , imprimé en i jn. fous le titre de grand & vrai Art de pleine Rhétorique. Ouvrage qui , quoi- qu'il ait été réimprimé à Paris en J539. eft , félon Monfieur l'Abbé Goujet , foit mal écrit & fouvent auffi bizane dans fes principes , que peu jufte dans fes définitions. C'eft peut-être par cette raifou, L > I 740. 20? ajoûte-t-il , que M. Gibert a négli- gé d'en pai 1er dans fes Jugemens des Sçavans fur les Rhéteurs. Mais il remarque en même tems , &: il en donne dans la luire plus d'une preuve , qu'il eft arrivé quelque- fois à M. Gibert de faire mention de certains Ouvrages qui avoient eu peu de réputation lors même qu'ils avoient paru , tandis qu'il en a omis plufieurs autres, qui mé- ritent à jufte titre de paner à la po- fterité. Il n'oublie pas la Rhétorique que cet ancien Profelfeur donna en 1730. Les Régies & les principes qu'il y établit , il les avoit déjà défen- dus dans plufieurs Ecrits contre le P. Lamy Bénédiftin , & contre M. Pourehot. M. l'Abbé Goujet le contente d'indiquer ces difrèrens Ecrits , parce qu'il trouve avec railon qu'ils peuvent amufer quel- ques momens, mais fans beaucoup inftiuiie. Des Rhétoriques faites par les modernes, M. l'Abbé Goujet vient dans le jme Chapitre aux Ecrits français fur V Eloquence en général. Il reconnoit que même depuis le renouvellement des Belles-Lettres l'éloquence a été long-tems dans un état déplorable , foit parmi les Orateurs de la Chaire , foit parmi ceux du Barreau , quoique les premiers , félon le célèbre M. du Vair , Garde des Sceaux de France , ayent de plus grands avantages pour devenir éloquens que les féconds. C'eft ce qu'il loiltient dans fon Traité de l Elo~ Ccij soi JOURNAL D qunce Françoifi , & des raiforts pourquoi elle efl d. n . :: . fi ajfe. Ce Traite qui acte imprimé en 1614. efi le premier dont notre Auteur faflè ici mention. Il Ici t comme de Préface à la Traduction que M. du Vair a donnée des deux feri eûtes Harangués d'Efchines &de Démo- fthénes , aufquelles il a joint celle tle Ciceron- pour Milon. On y trouve des Régies &: des Précep- tes dignes de la grande réputation de ce fçavant Magiftrat. M. l'Ab- bé Goujet paile aulTi avec éloge duLivre intitulé: confiderations fttr l Eloquence Françoife , publiées en i<5+S. pat M. laMotthe le Vayer. Cet Auteur y pi étend que les O- rateuis de Ion tems , quoique fort inférieurs aux anciens pour la for- ce & pour la beauté du ftile, les avoient égalé pour le nombre & l'harmonie des périodes. Il faut voir dans l'Ouvrage mê- me les jugemens , que M. l'Abbe Goujet fondé (ans doute fur la maxime , qui veut , que chacun en foit cru dans fon slrt , porte pres- que toujours d'après- M. Gibert lur leLivi e du P.Rapin qui a pour titre, Réflexions fur l ufaqe de l'Eloquence de ce ten.s en général , iur celui de la manière de lien pen fer dans les Ouvrages d'efprit , par le P. Bou- houis , fur les Ecrits qui ont été compolés a l'occafion de cet Ou- vrage ; lur celui des a^rén.cns du langage réduits à leurs principes, par M. de Ganaches Chanoine de S" Croix de la Bretonnerie , & enfin Curies Dialogues del 'Eloquen- ce j Ouvrage pofthume de M, de ES SÇAVANS, fenelon Archevêque de Cambray. M. l'Abbe Goujet ne trouve à la vérité n'en de neuf dans ce que Al. Rollin a écrit fur l'éloquence dans le fécond Tome de la t/ianie- ;-. d. nfeigner & d étudier les Belles- Lttfcs Mais il reconnoitque tout y ell exprimé avec une élégance , une netteté , & pour l'ordinaire une précifion qui charment le lec- teur. Il ne veut pas cependant qu'on fe croye toujours obligé à luivre les préceptes. On doit le louvenir que les Maîtres mêmes, qui comme M. Rollin , méritent ce nom a fi jufte titre , ne font point infaillibles, & que les er- reurs des Grands Hommes n'en lont pas moins des erreurs. Or fi l'on en croit M. Gibert , autre Rhéteur , dit-il , dont l'habileté n'elt ignorée de perlonne , ces er- reurs ne font pas en petit nombre, dans ce que M. Rollin a écrit lur l'éloquence ; c'eft ce que le feul amour de la vériré plus fort que toute autre confidtration humaine, ainfi que M. Gibert l'allure lui- même , l'a obligé de montrer dans des obfervations qu'il a ad reliées à M. Rollin même, & qu'il a cru de- voir rendre publiques en 1727. Cependant M. l'Abbé Goujet penle , qu'en les lifant avec atten- tion , on trouvera peur-être que ces deux Auteurs ne font pas aulît éloignés de lentimens,qu'on pour- roit le croire d'abord. Il touche même plùfieurs points (ur lelquels il lui lemble qu'il leroit facile de les concilier. Il juge cependant que M, Gibert a raiibn de repro- AVRIL, 1740. 20^ efier à M. Rollin de confeiller ont traité ce fujet en particulier , comme de bons Ouvrages,les Dia- mais M. l'Abbé Goujet allure, que logues fur l'éloquence attribués à dans ce peu d'Auteurs , on ne lai/1 feu M. de Fenelon , les réflexions fe pas de trouver de bons précep- du P. Rapin lur lemêmelujet,&:la tes qu'on ne doit point négliger,. manière de bien penfer du P. Bou hours , lans avertir des erreurs &c des faux raiionnemens qui iont échappés à ces Auteurs , de citer auffi trop fréquemment Senéque , qui n'eft point alîuiément, dit M. Gibert , un modèle à fuivre. Nous taillons au Lecteur à juger fi M. Rollin a ignoré cette vérité & s'il l'a laiilè ignorer aux autres. Quoiqu'il y eut un grand nom- bre de bonnes obfervations dans cette critique , M. Rollin, conti- nue notre Auteur , qui crut n'y Il met dans ce nombre Gabriel Gueret , célèbre Avocat au Parle- ment de Paris. Nous obferverons en paflànt que dans fon Livre qui eft intitulé : Réflexions fur l Elo- quence de la Chaire & du Barreau, Gueret foûtient fortement que' l'Avocat ne doit point employer le pathétique, qu'il prétend êtie le diftinétif des Sophiftes , & il entre- prend de prouver que félon Ari- ftote , l'art d'exciter lés paffions doit être banni des plaidoyers,, que de s'en fervir , c'eft cherchera voir prefque que des raiionnemens corrompre le Juge , & faullèr , peu lolides , ou des Critiques qui pour ainfi dire , la régie , enfin n'avoient pour objet que quelques que l'Aréopage l'avoir proferit, méprifes fur des fujets même peu Notre Auteur prend le parti du. intereifans pour le public , d'ail- pathétique , & montre qu'il n'en leurs occupé à des travaux , qu'il jugeoit plus importans , & dont les fruits nous font en effet h utiles, fe conrenta de répondre au Volu- me de M. Gibert, qui contenoit 476 pages, par une Lettre qui n'en a que vingt. Mais c'eft en vain que M. Gibert y a répliqué, M. Rol- faut condamner que le mauvais ufage. Les Ecrits fur V Eloquence de la Chaire , qui rempliifent le i5mc Chapitre , lont en bien plus grand nombre, & par l'analyfe exacte qu'en fait M. l'Abbé Gouget font très-propres , joints enfemble , à lin, perluadé qu'il devoit railler former ceux qui fe deftinent aux au public le foin de faire l'apolo- travaux de la Chaire ; ce Chapitre gie d'un Ouvragé qu'il avoit iî peut même être regardé comme un bien reéu , eft demeuré dans le fi- lence , & par-la du moins a trou- vé le moyen d'y réduire fon ad- verfaire. Il s'agit dans le Chapitre qua- trième des Ecrits faits fur l'Elo- corps complet de tout ce qu'on a dit de mieux jufqu'ici fur ce genre d'éloquence. Il y faudra joindre ce qu'il ajoute dans le Chapitre 6me des Ecrits qui ont été faits fur V action de quence du Barreau. Peu d'Auteurs f Orateur , c' eft- a-dire } lapromn- 2oS JOURNAL D ci.ition & legefte. M. l'Abbé Goujet ayant cpuifc dans cette féconde Partie ce qui regarde lès Auteurs anciens 8c mo- dernes qui ont donné des précep- tes d'éloquence, traite dans la 3"" : Chapitre. Guil- laume du Vair , dans ion Traité de l'Eloquence Françoile , deman- doit quelles étoient les cauies qui avoient retardé jui qu'alors les pro- grès de notre éloquence ; ôc cette demande, dit M. l'Abbé Goujet^ étoit alors raifonnabie. Il montre par quels degrez elle s'eft infend- blement élevée à ce point de per- fection, où nous la voyons aujour- d'hui. Ce ne fut guéres cependant que depuis le milieu du dernier fié- cle , que la Magiftrature &: le Bar- reau produilirent de célèbres Ora- teurs. Malheureufement peu d'en- tr'eux ont donné leurs Dilcoursau public. " Si nous avions, dit notre » auteur , ceux que les premiers « Magiftrats , 5c les Gens du Roi » prononcent chaque année à la » rentrée des Cours , nous aurions « de parfaits modèles d'une élo- « quence noble , grave, judicieu- » fe , capable de maintenir le bon » goût , & de fervir de rempart ^contre cette éloquence eblouil- » fante, fardée , pleine de pointes » &c de jeux d'efprit , que quelques j> Ecrivains tachent d'introduire » parmi nous , & qui n'a déjà trou- vé que trop d'imitateurs. Pour ce qui regarde les Avo- cats , il regrette encore que nous n'ayons prefque rien de Pucelle , de Fourcroy , de Nivelle & de ES SÇWANS, pluncurs autres qui fe font faitvm nom tres-céléb e dans cette pro- fefTion. Ainli il fe trouve p. elque obligé de le borner aux Dilcours d'Antoine Arnauld, d'Antoine le Maître , d Olivier Panu , de Gau- tier , de Gillet , & de Mathieu Terrallon. Il montre particulière- ment en quoi chacun de ces Ora- teurs ont excellé , & confeille aux jeunes gens qui veulent ie former à l'éloquence du Barreau d'ecouter avec attention les plaidoyers des illuftres Avocats qui font aujour- d'hui tant d'honneur à la Nation, les Chevalier , les Cochin , les le Normant, les Quillet de Blaru, avec quelques autres , & de lire avec loin celles de leurs pièces im- primées qui ont unobjetinterellant. Enfin M. l'Abbé Goujet dans le 15'"' Chapitre de cette dernière partie a cru devoir parler des Ou- vrages Académiques par rapport à l'Eloquence; quoiqu'ils foient éloi- gnés du ftile ordinaire de la Chai- re & du Barreau , il eft perfuadé qu'ils peuvent être d'un grand ie- cours a l'Orateur , reveiller en lui le goût des bonnes chofes, & lui rendre l'eiprit plus fécond & plus orné. Cette matjere l'engage natu- rellement a parler de l'origine des diverfes Académies qui ont été établies à Paris , & dans quelques Villes du Royaume pour perfec- tionner l'éloquence ; il entre là- deflûs dans un détail curieux , qui eft iuivi a l'ordinaire d'un jugement critique fur les différentes pièces d'éloquence , qui font forties de ces fçavantesafremblées. Pour A V R I Pour ne rien laiiïèr à délirer au lecteur de tout ce qui peut le met- tre au fait de la Littérature Fran- çoile. M. l'Abbé Goujet a place à la fin de ce fécond Tome un Cata- logue des Livres François qui ont été compofés fur la Langue & fur l'Eloquence Françoife , & il les a rangés fuivant l'ordre des madères L , i 7 4 ci 20> qu'il a traitées dans ces deux Volu- mes. Nous ne doutons pas que le public n'apprenne avec plaifir qu'on imprime actuellement la fuite de cet Ouvrage , où l'Auteur traite des Ecrits Didailiques fur la Poéfie , des Traduilions Francoifes des anciens Poètes J & de nos Poè- tes François. GENEALOGIA DIPLOMATICA AUGUSTE GENTIS Habfburgicar , quâ continentur vera Gentis hujus exordia , Antiqui- tates , propagationes , poneffiones & prœrogativa; , Chartis ac Di- plomatibus , n° cmliv. maximâ parte hactenus ineditis , anerta ; adjectis figillis , aliifque Monumentis ani inciiîs , Mappâ item Geo- graphicâ , & Indicibus locupletiiïïmis. Ha;c verô res non modo Habfburgicas universè corroborant , fed aliis etiam pluribus illu- ftrilîîmis Germaniae noftra: Familiis , & patrie medii arvi Hiftorix lu- cem fœnerantur. Operâ 8c ftudio R. P. Marquardi Herrgott , Ordi- nis S1' Benedicti , Congregationis S" Blafiiin Nigrâ Sylva Capitula- ris & Magni Cellerarii , nec-non Sacra» Carfarea; Regiarque Catho- lies Majeftatis Confiliarii , & Hiftoriographi , Ordinumque ante- rioris Aultria; per Brîfgoviam apud Aulam Carfaream Deputati. Tom. I. in fol Viennae Àuftria: , ex Typographiâ Leopoldi Joannis Kaliwoda. m. dcc xxxvii. C'eft-à-dire : Généalogie Diplomatique de la Maifon d'Habfbourg } par le M. P. Marquard Herrgott , Religieux Bénédttltn de la Congrégation de Saint Blaife dans la Forêt Noire , Confeiller & Hiftoriographe de l'Empereur A Vienne en Autriche , chez Léopold - Jean Kaliwoda. ijtf.in-fol. i. Tom. en j. vol. Tom.I. en un vol. pag. 537. outre l'E- fiître Dédicatoire , l'Avis au Lecteur , les Prolégomènes , les Cartes, es Planches & les Tables. Tom. II. en 1. vol. pp. 811. fans les Tables. Le Livre fe trouve chez. François de Bure , Libraire , fur Je Quai de t jiuguflms , à l'Image S. Germain. SECOND EXTRAIT, (a) IA Généalogie Diplomatique _j de la Maifon d* Habjbourg f eft divifée en fix Livres. Le pre- ( a ) Le premier eft dans le Journal ilu mois i'e Mars. Avril. mier , à la tête duquel on trouve un Recueil de Cartes , de Plans , & de Sceaux , peut être regardé comme une fuite des Prolégomènes; parce que les dix - huit Chapi- tres , dont il eft compofé , four. Dd aïo JOURNAL D autant de Dilatations , qui pré- parent le développement du Syftc- me Généalogique. Dans les unes, l'Auteur fixe la véritable origine des Comtes d'Habfbourg , en dé- terminant le Siège de leurs érablif- femens primitifs : il montre dans les autres que cette même origine, également illullre & ancienne, réu- nit tous les traits qui caraétériient lèsMaifôns du premiet ordrc.Nous rapporterons notre Extrait a ces deux chefs : Timpoiïibilité où nous fommes d'y comprendre tout ce qui pourroit intérefier la curiofué des Leébeurs , nous réduit à dé- compofer l'Ouvrage , pour tâcher d'en faifir l'eiprit, ce de le faire connoître,linon par un détail exact de fes parties , au moins par les principes. On a dû remarquer que le Père Herrgott plaçoit indiftindtement dans l'ancienne Allemagne Se dans la Bourgogne Trans-jurane , l'origine de la Maifon d'Habf- bourg. Il s'explique ici avec plus de préciiion ; 6c prétend qu'on décou- vre , par le moyen des Chartes , qu'elle eut des établiflemens dans la première de ces deux Provinces , avant qu'elle paroille en avoir eu dans la zmc ; mais que depuis la réu- nion qui le fit peu après de l' Alla— ce , où les uns étoient fitués en partie , avec la Bourgogne Trans- jurane, où étoient les aunes , on a pu s'accoutumer a ne les pas di- ftinguer. De - la il conclut qu'à pailer proprement , l'origine delà Maifon d'Habfbourg eli mixte ; c'eft-à-dire , pour mefervir de fon ES SÇAVANS, expreflîon , Bourguignonne-AlIe-r mande , ; Alemanïca. ( Ce Illa ti . donc dans l'ancien- ne Allemagne , en Souabe , foit parmi les premiers Comtes du Brifgaw ; s'il eft vrai qu'il faille la confondre , dans la fource , avec celle de Zaringen ( b ) , foi ne des Birtilons ou Bcrtoldes , à kj'Ù ce Comté fut loûmis des le vir»:"*' fiécle ; foit parmi les Seigneurs , qui au ix'"L' y polîedèrent des Do- maines Allodi.utx - héréditaires. En effet, Albert d'Habfbourg vi- dima Se ratifia en 1 1S6. une Char- te de Luitfrid, Vm defesAyeux (c), qui avoir confirmé en 903. la do- nation faite far fes Auteurs 1 d ) , au Monaftcre de S. Trutpert , de plufieurs fonds dépendans de leur patrimoine, fitués dans le Brifgaw. \h 1. C. 1. & L. 1 1. Ce. 10. 11. 12.) Il la trouve parmi les Ducs & parmi les Comtes de l'Alface , pour les tems où cette Province fut partagée en Duchez cv en Comtez ; & depuis l'érection des Landgraviats qui luccédèrent aux titres précédais ( e ) , parmi les Landgraves de l'Alface iupérieure. (£) L'Auteur renvoyé à un aune Livre l'examen ce cette queftion. On peut voir ce qu'il en dit, pag. 145. 146, 153.&171. ( c ) ProgenUor nojier. (d) Jii.teceQores met. L'Auteur fixe la vraye lignification de ce mot, Liv. II pag. 173- ( e) II feroit peut-être à délirer que l'Auteur fût entré dans un plus grand détail , fur ce changement d'ndminiflra» tion ; & qu'il eût déterminé plus nette- A V R I Il ajoute, qu'indépendamment des Comtez, d'Office , elle avoit dans cette Province , comme dans le Brilgaw , des poireffions patrimo- niales , dont l'étendue Ce peut en- core eftimer par les donations de Luitfrid, en faveur de S. Trutpert: Ex aliâ mca h&redttate . . . m Alfa- tià qiioqne . . . hœc ego dotiavi de farte mea, dit expreiîément le Do- nateur dans la Charte de 903. La qualité de Comte d'une partie de V Al face y Luitfridus Cornes , fup- pléeroit même à ce témoignage , s'il nous manquoit : parce que , fuivant une obfervation importan- te que nous empruntons du Livre II. il étoit d'ufage autrefois d'ac- corder , par préférence , les Com- te*. d'Office , ou les gouvernemens des Cantons particuliers , à ceux qui avoient déjà la propriété d'une portion confidérable des mènes Cantons : en forte que , quiconque Ce trouve dans les Chartes qualifié Comte d'un tel di- ftrict , eft naturellement préfumé avoir polîédé dans ce territoire des Seigneuries allodiales. ( L..11.C. 9. p. i^o. ). A l'égard de la déno- mination de Landgrave ; Adelbert ou Albert III. qui la prend dans une Charte de 11S6. & dans un Sceau attaché à une autre Charte de 1199- eft le premier qui l'ait ment l'époque de l'éreftion des Landgra- viats : ces deux points , dont il a fenti l'importance ( pag. 19. ) n'étoiem pas étrangers à Ton lu jet. Ceux qui voudront connoitre l'état de la quel' ion , peuvent Jire le Ch. XII. du Prodromus Rerum Alfaticaium , de M. Obrecht. L , I 740. 2 11 portée (f)-.ôc l'on ne peut guères douter qu'elle n'ait commencé d e- tre héréditaire en fa perfonne ; puiique dans une cramacHon de 12.17. Rodolphe fils d'Albert, eft nommé par les habitans du pays , (/) Guillimann , après Geoffroi de Ramininge , félon la remarque du Père Herrgott , ( & M. Obrecht après Guilli- mann ) ont obfervé la même chofe. Néanmoins , l'Auteur des Généalogies Uifioriques ( Tora. IV*. pag. 130.) avan- ce que le titre de Landgrave d'Ahace n'a point été connu avant l'an iiio. & il s'appuye de l'autorité du même M. O- brecht , à qui il dit que celle de Ram- ininge étoit (ufpecle. Mais cet Ecrivain , dont le travail mérite d'ailleurs beaucoup d'éloges, aura fanç doute été trompe par fa mémoire : voici ce qu'on lit dans le Prodromus Rerum aIj aticarum , pag. 25$. jj Itaque tinte Albertum , quem Rndol~ phi Imp. Proavumi/idi^itavimus , Famt. Ha Habsburgenfi titulum Landgraviatùs Alfatice haclenits nullo iioneo tejltmonio ajjertum vidi. De hoc vero , trada Cutlli- mannus adfirmaJJeCoifridumàRammingc... vidrffe. . . injtrumenttim datum. . . anno. . . n8é. Cum Jigrflo Adcl'jerti , cujus cir- cumf. ripuo erat : S- Adelberti Comitis de Habeskurch & Landgravii Alfatit. « M. Obrecht adopte fans reftricLon , fur la foi de Guillimann , le témoignage de Ramminge : & nous ne voyons rien qui juftifiele foupçon qu'on lui impute. Le même Ecrivain ne nous paroitpas plus exact dans ce qu'il ajoute : » Ce qui prouve que Ramminge n'a jamais vu ce titre ( de Landgrave ) furunfceatt d'Al- bert le Riche ; c'ejl que dans un titre de Van 1259. Rodolphe qui fut depuis Empe- reur, y nomme cet Albert , fin Eijayeul^ fatis lui donner cette qualité de Landgrave, qu'il prend lui-même , & qu'à donne afin perc&afinayetd. « Ce titre de n 59. qui eft cité d'après Stumff, Auteur d'u- ne Chronique Allemande que nous n'a- vons pas çonfultée , doit être la Charte Ddij j*r2 JOURNAL D areditarius Tutor & Prafeftus (g). Auffi, continue l'Auteur, voyons- nous qu'elle Ce perpétue dans les Actes de les Defcendans , jufqu'a l'F.mpereur Rodolphe , dont a Femme Gertrude Ce qualifioit, l'année même de l'élection de fon mari , Alfatix Landgravi*. ( Ce. 3 . 17. & L. 11. C. 3.) Enfin , il la trouve parmi les Contes de la Bourgogne Trans- jurane , au Canton de la Sullfe ditl'Ergaw , Argoja. Le Comtek Rore , qu'elle y pofiédoit , comme nous avons eu occafion de le marquer ( b ) , dilparoît , à la vérité , dans les Chartes , prefque au même temps qu'on l'y a vu naître : mais il fe reproduit aulîï- tôt , fous une autre appellation. Pendant que le nom de Rore , qu'on ne rencontre plus , Ce per- doit , vraifemblablement , dans celui à'Araw , petite Ville fur la rivière d'Aar ; le titre de Comté palfoit au Château d'Habfbourg , que Vernier fit bâtir, au plus tard, du 17. Oétob. Je la même année, que le P. Herrgoit rapporte au premier Vol. des Preuves , pag. 351. Rodolphe y nomme de fuite fon perc , fon ayeul , & fonbifayeul, fans donner aux deux pre- mier? , comme on le fuppole , la quali- té de Landgrave : » Progen-tores noflri, Comités videlicet Albertus m:hi Lan .«r.i- vio Pater, . . . Rudolphits -Ai us, Ali/ r;us "roavus. « Il clt inutile d'obferver que, ans la fuppofi'.ion même de l'Auteur, argument- négatif prouveroit peu de îofe. (^)LaTranfictioneften Allemand-, nous citons la traduction de l'Auteur. ( h } Premier Extrait, J ourn. de Mars, pag. 40^.. ES SÇAVANS, en 1017 , & qu'il nomma ainfl^ félon la conjecture du P.HanÇzius Je(uitc,aJopcée par l'Auteur, jtiaji ■• . Al (taie ( i ) La date de* 1027. ne fouine au- cune difficulté ; des que l'on fait q'ie la confriuction d'Habfbourg eft rappellée dans l'Acte de la fon- dation de Mûri , qui eft de cette année ( k). Pourquoi donc s'écou- le-t-il près d'un fiede , avant que ce Château , devenu le Chef-ii^u. d'un Comté célèbre , communi- que Ion nom a ceux que l'on pré- tend en avoir été les Seigneurs ? Car Adalbert ou Albert II. eft le premier qui en ait formé le lien : Adalbert -de Hnverjborch ■; c'elV la ioulcription qu'on lit au bas d'un Diplôme de l'an 1114. (/). Le P. Herrgott Ce fait cette objection ; & il y répond que , fuivant la pra- { » ) Hab , haies , haben , domimutn demt.it. . . Burjrveio. . . C afli um jignifi-r cat.Pag. 34. (k) V. au T. II. p. 107. la Charte de Vernier Eveque de Strasbourg. (/) Cependant, comme l'Auteur lui- même le remarque , ( L. 11. pag. 14:. 143. ) Vernier mort en 1096. eft qualifié Comte d'Habsbourg, dans un Diplôme de l'an 1 1 14. dans le Nécrologe de Mûri, & dans un privilège accorde en Ï099. au même Monaftére de Mûri par le Sacré Collège , le S. Siège étant vacant. ) II eft aifé d'expliquer le Diplôme & le Né- crologe : l'un, de même date que le Sceau d'Albert , l'autre , rédigé pofté- rieurement, ont pu parler par anticipa- tion. Mais il ne parcit pas aulli facile de fâuver lé privilège , qui fe trouve anté- rieur de 15 ans à la date du Sceau. Ur» fiuiple Anachronifme de cette nature fuffit quelquefois pour rendre fufpefte l'authenticité d'un titre.- A V R I rique cfu temps , les Seigneurs d'Habfbourg qui ont vécu entre Vernier ôc Albert , auffi-bien que ceux qui ont précédé Vernier , empruntèrent leurs dénominations des Comtez d'office qu'ils gouver- noienr : que , par exemple , Rate- boton frère de Vernier eft appelle dans les Chartes , Comte de Cleg- goyç , Otton fils de Rateboton , Comte de Sunttgaw, Se qu'ils n'ont pu prendre celle de Comte d^Hab- jbourg , qu'après l'introduétion de l'ufage de fe diftinguer par les do- maines patrimoniaux. L'Auteur avoit déjà placé cette obfervation, dans les Prolégomènes : il en fait ici un emploi différent. (Ce. 4. 5. 6. TJ. Ib*. & Lr I Ir-p. I44. ) C'eft ainfi que , par la liaifon des deux objets qu'il s'étoit propo- fés , enremplillant le premier, il entame nécellairement le fécond : il ne pouvoit conftater lesétablitïe- mens primitifs de la Maifon d'Hab- fbourg, ïans faire voir en même remps que l'origine de cette Mai- fon touche aux fiècles les plus reculés ; & que dès le commence- ment ceux à qui il la rapporte, étoient décorés du titre de Comte. Il va plus loin. On convient allez que ce titre fuppofe une nobleiïè éminente , dans ceux qui en fu- rent revêtus : mais , comme les Capitulaires nous enfeignent qu'il y avoit , fous le règne de Charle- magne , trois ordres de Comtes , Comités Majores , ou Fortiores , Comités Médiocres , Comités Mino- res ; il refte à favoir auquel des trois ordres appartenoient les an- L} 1740- 21 ? cêtres des Comtes d'Habfbourg, Le P. Herrgott décide encore cette queftion par les Chartes : & telle eft , à peu-près , la méthode. Il pofe d'abord pour principe , que les Comtes de la première clalïè , fuivant la valeur du moc Fortiores , étoient ceux qui , rela- tivement aux autres , comman- doient dans un plus grand pays : enfuite, pour nous mettre a por- tée de juger , fur cette régie , les> Seigneurs dont il s'agit ; il donne une defeription hilterique des Cantons , des Comtez, des Villes & des Châteaux , qui ont été ibus leur obéilïànce , en tout ou en partie : puis , il nous montre , dans une Carte générale . les limi- tes de ces différens pays , ôc la po~ fition refpeétive de toutes les pla- ces : enfin , dans une Table Cho- rographique , qui eft le dépouille- ment de la Carte, il marque à coté du nom de chaque lieu particulier, la date du monument où le lieu- même fe trouve énoncé , comme ayant été fournis à la Jurifdiclioiv des anciens Comtes , de qui il £aîr> defeendre ceux d'Habfbourg. On fent , à la fois , & que la- Table eft la preuve de la Carte , ôc que cette façon de prouver eft aufli folide, qu'elle a dû coûter de travail à fon auteur. PlufieurS' Chapitres du même Livre fervent d'ailleurs de Commentaire à l'une ôc à l'autre ; par une infinité de- détails , qui regardent foit l'éten- due ôc les dépendances de certains" Cantons, foit les changemens ar- rivés aux noms des lieux ck les di- 2i4 JOURNAL D verfes mutations de Seigneurs. C'eft fur ce plan que le Chapitre fécond traite du Brifgaw ; le j^'de l'Allace; les 4m% cmc, tk 6,uc de l'Ergaw , du Comté d'Habibourg en général , £v en particulier du ..;u, dont les différentes vues font repréfentées dans autant de planches ; les feptiéme Se huitiè- me des deux Comtez de Lenzburg & de Baden , démembrés origi- nairement de celui de Rare , quand il s'éteignit , & réunis , quelque temps après , à celui d'Habibourg. Pour abréger nous ne dirons rien des autres. Si la brièveté de notre Extrait laifle quelque choie à délirer , lur la queftion qu'il importoit d'é- daircir ; que l'on fe fouvienne des prérogatives finguliéres dont jouil- foient , en vertu de leur titre feul, les Comtes de la Bourgogne Trans-jurane , au moins , dit le P. Herrgort , depuis le partage de la Monarchie de Charlemagne : nous les avons touchées , en par- lant des Prolégomènes. Il y revient une féconde fois auCh. 18 : & fes nouvelles oblervations tendent à établir que, pour alfurer aux ancê- tres desSeigneurs d'Habfbourg une place entre les Comtes Majeurs , il fufrîloit de les montrer parmi ceux de cette Province. Mais il elt fuperflu, ajoùte-t-il au même endroit , de recourir aux inductions éloignées, où les preu- ves directes s'offrent en abondan- ce. Luitfrid , l'un des premiers ayeux de Rodolphe , efl: appelle dans un Diplôme Impérial de l'an ES SÇAVANS, 8jc. Cornes ïUstflrii .- & , à remon- ter plus haut , les pères de Luit- frid , Adjlbert & Adehic ou Ethic , que l'on verra commencer la Généalogie, fe qualifioient Ducs de l'ancienne Allemagne. Si les ne- veux de ceux-ci ont pris plus ordi- nairement la qualité de Comte \ Ç\ quelques -uns d'entre eux ont été nmplement délîgnés par celles de Nobilis, Homo nobilis, Ex nobdibus Îierfonis\ on ne doit pas conclure de a différence de ces formules, qu'il y en ait jamais eu dans leur dignité. Le titre deAW/fannonçoitlalplen- deur de la naiffance 5 le titre de Comte, l'importance de l'office; & le dernier fe confondit , au ixms lieele , avec celui de Duc : ce n'eft pas dire allez ; avec celui de Prin- ce : ainlî que les Princes , les Comtes étoient traités, par tous les ordres de l'Empire , de Nobi- lijfimcs , de Vénérables ; 8c de Frè- res , par les Souverains. ( C. i3. CT I. 11. C. 13. pp. 1S0-81-82. ) Quelle que fût l'excellence du rang qu'ils tenoient dans l'Etat ; nous doutons qu'on doive , avec l'Auteur , inférer du xxmc Canon du Concile de Châlons , tenu fous Charlemagne en Si 5. que la digni- té de Comte étoit alors la féconde de l'Empire , inférieure unique- ment à celle d'Empereur : Digna- tio Comititm ab Imperiali fecunda habita ej} (p 114. Il nedéfiprou- vera pas que nous comparions la citation avec le texte morne du Concile. Voici le Canon , tel qu'il fe lit dans l'Edition du P. Sirmond, T. II. p. jjz, » Si itttcr omncsjidt- A V R I 'les pax & concordia habenda eft . ■ . multo magis inter Epifcopos & Co- mités ejfe débet , qui poft Impcrialis apicis dignitatem , populum Dei ré- gnât. « Le P. Herrgort , pour ap- puyer fa penfée , choifit dans ce paifage les mots qui la favoi ifent ; Se fans nous prévenir fur les re- tranchemens qu'il a cru pouvoir y faire, il le réduit en maxime : Quod Comités > poft Imperialis apicis dig- nitatem populum Dei regunt. Où l'on voit , qu'en reftraignant aux feuls Comtes ce qui eft dit , 6c d'eux & des Evêques indiftinéte- ment , il nous fait perdre de vue le vrai fens du Canon, qui eft, que les Evêques & les Comtes font défîmes a, gouverner les peuples , fous l'autorité du Souverain: en forte qu'ici la pré- pofition , poft, ne détermine point, comme il le fuppofe , une infério- rité immédiate ; mais indique fîm- plement une dépendance générale, une fubordination quelconque : autrement , il faudrait dire que la dignité d'Evêque étoit auffi la fé- conde de T Empire. Heureufement , il n'avoit pas befoin de cette preu- ve : on peut la lui enlever , fans faire tort à fon opinion. Nous ne diflimulerons pas néanmoins qu'il ne fixe point alfez nettement, pour le commun des Lecteurs, la fignifi- cation primordiale des noms de Duc lie de Comte ; dont la principa- le différence, confiftoit d'abord en ce que le premier commandoit dans une Province, le fécond dans une Ville-, & que celui - ci étoit fubordonné a celui-là ( m ). ( m ) Sur cette différence , Se fur les Avril. Lj 174 0. 3.1$ Nous rapprocherons de cet en- droit, comme un fupplément à ce qui précède, quelques-unes de fes obfervations fur les Sceaux des Comtes d'Habfbourg ; fans entrer dans l'examen , ni du temps où l'ufage des Sceaux a commencé , ni de la diverfité de leurs formes, (C 17.; Le plus ancien qu'il produife eft celui d'Albert II. duquel nous avons déjà parlé , &z qu'il rapporte avec beaucoup de vraifemblance , au commencement du xnmc ficelé, entre 1114. & mj. Albert eft à •cheval , fans felle , fans étriers , fans éperons ( ce font autant de caractères d'ancienneté); tenant de la main droite, dans une attitude menaçante, une épée nue j & por- tant de la gauche un Bouclier triangulaire , chargé , au milieu , de l'image d'un Lion. La figure équeftre d'un perfonnage laïc défi- gn'e toujours , dit l'Auteur, la plus haute noblelïê ; & l'épée nue , la Jurifdiclion territoriale. C'eft par la tradition de l'épée , que les Comtes recevoient l'Inveftiture de leur dignité : devenus dans la fuite propriétaires de leurs Com- changemens que la fuite des tems y ap- porta , on peut confirmer le Traité de Hauteferrerfc Ducibus & Qonïtibut Pro- vincialibut , fur-tout le quatrième Ch. en y joignant les pag. 21S0. zji'f. du Pro- dromes lier. àlfU. où M. Ohiccht expli- que , par rapport à l'Allemagne , une partie de la Doctrine de Hauteferre fur les Duchez & fur les Comtez en général. Ce c^uc l'Auteur a dit fur cette mati.rç , au Chap. 6. des Prolég. ne nous paroir pasfuffifant pour l'éclaircir. D d iiij * jmô" JOURNAL D tez , ils !a prirent pour la marque de leur Seigneurie. Les Sceaux poftérieurs , jufqu'à Tan 1259. ne différent de celui-ci que par de légers clungeniens dans leur forme ou dans les harnois des chevaux : du refte , Se c'eft Ja feu- le cifcoiîftàncé importante , ils fè refcmblenr tous,. quant a la figu- re équeftre & à l'épée : tous s'ac- cqrd nt à fonder la même induc- tion en faveur dés Comtes d'Hab- fbourg. Celui d'Albert III. qui eft attaché a une Charte de 1 an m;, la confirme encore d'une manière plus pohtive. Albert y porte fur la tei'e , au lieu de cafque , une eipèce de toque ou de bonnet , /-'//•/•..'/.;/.' , qui eirappellée ailleurs, Counaine de Coir.tc ; parce qu'elle étoit propre à cette dignité , iui- vant ta formule de l'inftitution d'un Comte , citée par Chiftlet : cum pote/rats . . . utendi Birrcto . . . Vtl Càrvnâ Cqmitis (»). Rodolphe I. fit en 1159. des changemëns plus confiderables. Il iubftitua la lance a l'épée ; il mit au-dellus de Ion cafque , le Lion d'Habfbourg, orné de plumes de Paon; &, ce qui mérite encore plus d'attention de notre part , il garnit de cinq fleurs de Lis , trois en haut , deux en bas , le champ de Ion Sceau. Cette fingularité donne lieu à deux conjectures. {pp. 104. iofO Rodolphe vouloit-il par-là, com- me l'ont foupçonne quelques Ecri- vains , déclarer qu'il reconnoifloit ( n} Anaftaf. ChLdcr. p, 135. ES SÇAVANS, lesRois de France,de l'une des deux premières Races , pour les auteurs de fon origine ? Mais les fleurs de Lis , que les Rois de la troifiéme ne paroilTent pas avoir employées dans leurs Sceaux , avant Philippe Augulre [ lelon le P. Mabillon (0) , ou avant Louis VII. fclon le Père Ménétrier (p)], n'ont rien de commun avec les Princes Méro- vingiens & Carlovingiens, fur qui leuls il eût pu vouloir enter fa Mai fon. Prétendoit-il , fuivant la penfée du P. Herrgott , en s'appropriant les Armoiries des Rois Capétiens, égaler fa Mailon a la leur ; & don- ner à entendre, quatorzeans avant Ion couronnement , que dès lors ne voyant point de degré d'éléva- tion , où il ne fe crût en droit d'afpirer , il pouvoir aufli affecter, par anticipation , les fymboles les plus auguftes ? j4dditamentum ilhid Liliorum , imitationi , dicam , an imulàthni , forte trlbucnditm erit. Et plus bas : Fttdolpha Halfbitrgen' fi ... . poteftate anirnoe/tte Regil us haiid i?/ipariy hlictum c/noejue à Gai- lu Regibus adfcifcere forfitan -pla- citerh (p: 105.). [ Mais , outre que la fijppofition eft purement gratuite , Rodolphe devoit fçavoir que la reiïèmblance des Armoiries n'etoit point un préjugé d'égalité entre les Maifons ; & que dans le même temps plufieurs familles no- bles d'Allemagne , d'Italie , de Savoye , de France , avoient pris ( 0 ) Dip!om. p. !(i. (p) LUdge des Armoir. T. 1. p. 308. les A V R I les fleurs de Lis , fans en tirer cet avantage. Eudes Alleman , félon Je P. Ménétrier ( ino , Cornes Rodulphns de Haljbourg '« Imperatoretn eligitwr , qui guident fuit parvi Dominii & Comitatùs : & ailleurs , Hic , quamvis fuerit parvHs Cornes. [ Quoique Bai thele- mi de Luca fût comtemporain , puifqu'il prenoit à Rome les le- çons de S. Thomas en 1171. («) ; ] le P. Herrgott détruit fans peine l'argument qu'on a voulu tirer de ces deux partages. Quel fond , dit- il , peut-on faire , par rapport à l'Hiftoire d'Allemagne , fur un Chroniqueur qui éciivoit en Ita- lie , où il étoit né ; qui , après ( r ) Voyez le Pcrc Ecliard , Script. Ord. l'ijedicar. T. 1. p. 54.1. ( le Pcre Herrgott ne corrige point Blondel. ) ( m ) Script. Ord. Pr*d. ut fuprà. A V R I L , j 7 4 ex «voir traité "Rodolphe de Parvus ( C Cornes , fuppole au même end: oit, par une cfantradiéHpfl manifefte , que Ion Comté s'etendoit depuis Baie juiqu'a la Savoye ; enfin , qui eft démenti par les textes formels: des Diplômes 8c des Chartes ? 21$ Nous avons détaché cette ré- ponfe , du Chapitre premier oi\ elle eft : placée -, pour en faire la conclulîon-de cette partie de notre Extrait. DISSERTATION SVR CETTE QVESTION , SI VAIR DE LA refpiration pajfc dans le fang. A Bordeaux , 1739. vol. ;«- 1 2. NO u s fommes portés natu- rellement a peniei, qu'il nous feroit avantageux que l'air de la refpiration ne palsat point dans le fang. En effet fi l'air que nous rei- pirons s'introduit dans le torrent de la circulation , quelle lera la reifource de ceux que le devoir de leur erat , ou le malheur des cir- conftances forceront a vivre dans des lieux infectés , foit par des ma- ladies contagieufes , loit par des exhalaifons putrides de quelque part qu'elles viennent. Il ne leur re- liera que de braver courageulement un péril prelque inévitable. Car en- fin la vie dépend de la relpiration, & ce même air , le principal agent de la vie , ou plutôt fon unique fôûtien , iera le véhicule du levain mortel qui ita l'éteindre julques dans les fources. Si au contraire l'air de la refpiration ne s'intro- duit pas dans le fang , il eft clair que la contagion ne peut pénétrer jufqu'a nous que par la voye de l'attouchement immédiat , ou par la déglutition de cette partie d'air qui eft contenue dans nos alimens ou dans notre falive : & dans ces •cas la prudence ordinaire fécondée des confeils de la Médecine fufEra toujours pour nous dérober aux atteintes que la contagion pour- roit faire craindre. Ces conféquences fi différentes en elles-mêmes . &c fi inteiefiantes pour notre coniervation , ont en- gagé dans tous les tems les Méde- cins Se les Phyfîciens aux recher- ches les plus pénibles pour pouvoir enrin décider fi l'air de la re pi ra- tion paire ou ne palle point dans le lang. Mais comme ces recherches n'ont produit qu'un conflit d'opi- nions qui nous a prefque laillës dans la même incertitude -, l'Aca- démie de Bordeaux a au devoir propofer la même queftiou pour le lujet de fon prix : & l'Ouvrage qu'elle a honoré de fes Hirliages eft celui dont nous allons donner le précis. L'Auteur fedcteimine pour le partage de l'air dans le iàng ; fi ce n'eft pas lur de nouvelles expé- riences qu'il s'appuye , c'eft lùr de nouvelles conicquences qu'il fçait tirer d'une partie de celles qui font connues. Sa Diflèrtation eft compofée de quatre propofitions, fuivies de plufieurs CorolLuu imporcans, E e ij 22o JOURNAL D Le paffàge de l'ait dans le fang, & la cauie qui l'y poulie , la fortie de ce même air charte hors des vaitleaux fanguins & la caufe qui l'en c halte ; voila la matière des quatre Propositions: les Corollai- res qui font à la fuite contiennent l'explication des Phénomènes les plus importâtes de l'œconomie animale par le leul partage de l'ait dans le fang. . PREMIERE.PROPOSITION. Une partie de l'air de chaque infpi- ration pajfe en globules dans les v-aijfeaux fa?ign:/.:s &.fet mile avec lefang, L'Auteur pour prouver fa Pro- position , fait d'abord ufage d'une double obfervacion qu'il appuyé du témoignage d'un des plus habiles Anatomiftes de nos jours. On ob- fçrve , dit -il, prm.o que h l'on fouftle dans le poumon par la tra- chée-artère , les vcfiicules bron- chiques s'enflent d'abord & enfui- te celles du tiflu-, interlobulairc i°. Que fi l'on fouflle , dans les veiïicules du tiilu inteilobulaire , celles-ci s'enflent & h s bronchi- ques s'aflàiflènt. On ne peut re- connoître la vérité de ces deux ob- fervations fans reconnoître auiïî , i '. que l'air palle des veûVules bronchiques dans les interk-bulai- res : 2". que le retour de ces der- nières veiïicules dans les premiè- res lui eft abfolument interdit. Sur ce fondement l'Auteur le croit en d;oit de co.oclur.e de la. manière ES SÇAVANS, fuivante pour le partage de l'air de la refpiration dans le fang. ■ Dans les inlpirations naturelles, du moins dans celles dont la for- ce égale celle du fouffle , l'air doit [ 'aller dans les vefîïcules interlobu- aires Se s'ydiftribuer en une infi- nité de petits globules ( i ) , mais que devient cet air introduira cha- queinlpiration ; il ne refte point , pourfuit notre Auteur , l'ouvertu- re des cadavres le juftifie ; il ne peut retourner par les mêmes voyes par leiquellcs il eft entre : Se cela eft démontré par la féconde obfervacion , il faut donc au il parte necertàirement dans les vaif- leaux qui s'ouvrenc dans ces pe- tires cavitez interlobulaires. C'eft- à-dire , dans les vailîeaux fanguins à l'exclufion des nerfs qui au fen- timent de l'Auteur ne font que des. cordons folides, Si même àl'ex— clulion des vaifleaux limplntiques. qui paroillent en trop petit nom- bre , & de plus trop pleins de. limphe pour pouvoir admettie les. globules de l'air. Cette couféquence générale que l'air doit entrer d.uis les va,. . qui s'ouvrent dans les vijfici... terlobulaires , femhle inconteftable. des qu'on fuppofe la vérité des deux obfervations précédentes.. Mais ne le trouvera-c-il pas des Anatomiftes qui contefteront la. première , cv qui foûtieudront que l'air ne parte point des veiïicules bronchiques dans les interlobu lab- res, à moins que la violence du. ( i ) Cela eft prouvé parla preroie-»' re Obiervation.. A V R I fouffTe ne lui ouvre un partage que la nature lui a refulè. Quoiqu'il en puilTe être, l'Auteur n'aura point à regretter cette pre- mière preuve li celles qu'il appelle au lecours font juftes : il les prend ces preuves , i". de la prompte communication des maladies con- tagieufès , ou ce qui revient au même de la prompte infection du fang par le leul air de la refpira- tion. 2°. Du befoin que nous ien- tons de faire une forte infpiration après une forte expiration. 30. De cette prodigieufe quantité d'air qui fort du- lait & du fang dans certaines expériences , &: qui pa- roît furpafTer de beaucoup celui que contiennent les alimens dont ces liqueurs font formées. 40. De la manière dont on peut , à fon gré , foit par le feul fouffle dans la tra- chée-artére , foit au moyen d'un peu d'eau inje&ée par les vaiffeaux fanguins, refïufciter le mouve- ment du cœur d'un animal mort , lors même qu'on a coupé le nerf qui aboutifioit a ce viicere , & qu'on a épuiié l'animal de fang. Le premier de ces phénomènes favo- rife évidemment le pallage de l'air dans les poumons. Le lecond ne peut être expliqué à moins qu'on ne dile que ce beloin d'une inspi- ration plus foi te après une longue expiration vient de la neceflué de refournir d'un nouvel air les véhi- cules interlobulaires qui pendant la longue infpiration ont été épui- fées par les vaifleaux fanguins de tout celui qu'elles contenoient. Dans le troiiiéme cette grande L y 1 740. 221' quantité d'air qui le remarque dans le lait & le fang & qui paroît n'avoir pu être fournie par les ali- mens , où auroit-elle fa iource ; fi ce n'eft dans l'air delà relpiration. Dans le quatrième il eft clair par les circonftances mêmes du phéno- mène que li l'eau injectée par les vailleaux fanguins reproduit le mouvement du cœur ; ce n'eft que parce qu'elle s'introduit jufqu a ce- vil cere. Donc puifque dans ces mêmes circonftances l'air du louf- fle pouffé par la trachée - artère produit le même effet ; il faut aulîi que cet air pénétre juiqu'au cœur, Enfin l'Auteur met à profit pour fon opinion les différens phéno- mènes qui prouvent la connexion qu'il y a entre la refpiration & la circulation : cette connexion lui paroît telle qu'il faut effentielle- ment qu'il y ait une liaifon de caufe a effet 3 entre ces deux chofes. Supofant cela démontré par la feu- le dépendance mutuelle & con- fiante qu'on remarque entre ces deux fonctions , l'Auteur foûtienc d'abord que la refpiration eft la caufe de la circulation , & il 1 = prouve, t°. par la-rep roduction du mouvement du cœur au moyen du fouffle, c'eft l'expérience dont : on vient déjà de parler , i°. Par ce qu'on obferve dans le fœtus chez qui la refpiration vient remplacer auffi-tôt ce qui caufoit la circula>- tion de fon fang dans le fein de la mère , c'eft-a-dire , au fentiment de l'Auteur , l'action & le com- merce du fang de cette même me- - rç, 30, Par quelques réflexions- 222 JOURNAL D fondées fur la fagelîè &: fur l'oeco- nomie de la natu.e qui lemble iu- te reliée a produite plutôt la circu- lar'on parla refpiration, que la refpiration par la circulation. Mais comment l'Auteur conclut-il de ce que la refpiration eft la caule de la circulation , que l'ait doit neceiïairement pafferdans le (àng: c'eft qu'il eft conftam d'autre part que li la refpiration produit la cir- culation : elle ne la produit p.is immédiatement , puifqu'ainli que l'expérience le juftihe, le mouve ment du cœur lublifte aptes la cef- fation de la refpiration ; d'où il s'enfuit qu'il faudra trouver une caufe qui vienne de la.relpiration Se qui foit dans les vailleaux lan- guins pour poullet le fang lors mê- me que la refpiration a celle. Or le feul air de la refpiration intro- duit dans le fang réunit ces deux conditions. SECONDE PROPOSITION. La. caufe qui pouffe l'air extérieur dans le poumon & dan' les vaif- feaux fangu ns , eji l'é'ajiicité de cet air plus grande que celle de l'air mêlé avec le fang dans la vei- ne pulmonaire le cœur & les altè- res , attendu que les dtux vet.tn- culei du coeur ont pompé ces vaif- feaux pendant V expiration , & reniu l'air contenu dedans moins denfe & moias élajhque que l'exté- rieur. Telle eft , dit notre Auteur , la eonftiuttion du cœur, qu'en le F S SÇAVANS, dilatant il ne p^ut manquer 'l'exer- cer l'ortice de pompe alpirante , non feulement a l'égard des reines qui lui rapporter.! le làng , mais encore a l'égard des vaifleaux a: té- riels qui repondent a ces veines. Le cœur pompe donc necelfaire- ment le la.ig t comme un louftlet do it on écarte les parois pompe l'air , on tout aune liquide qui l'environne-: ma;s lî jamais cette action du cœm s'exerce avec vio- le »ce , c'eft, pourfuir l'Auteur, dans cet Liftant de repos qui le trouve entre l'infpirarion Cv l expi- ration , c'eft-a-dire , dans ce mo- ment où l'arrailfement des pou- mons fulpend ou interrompt le cou. s du fang & empêche ainlî que ce liquide ne luive d'un fil continu l'action du pifton qui l'at- tire. C'eft ainfi qu'apres le dernier foupir , lors de l'afhrillèment en- tier des poumons, l'action du cœur qu'on lçait (urvivre de quelques momens à la relpiiation éteinte luffit encore , toute mourante qu'elle eft , pour épuifer les artè- res de fang & l'attirer tout entier dans les veines : mais fi le cœur pompe le lang , il pompera donc aulli l'air contenu dans ce liquide, & le pompera lur-tout dans fin- ftant de repos qui le trouve entre l'inlpiration & l'expiration : donc dans ce même moment l'air exté- rieur dont neceiïairement l'é- lafticité lera devenue refpeétive- ment plus forte, pénétrera aulîi neceiïairement dans les vailleaux par les voyes qui lui lont ouvertes, & il y pénétrera de la même ma- A V R I L, i 740. 225 niere Se par la même raifon qu'il défend nos poumons-des atteintes entre dans la machine pr.eumati que api es un coup de pifton , c'efi-a-dire , à railon de la plus grande élafticité.. L'étcuf.en.ent ... que nous lentons dans un air au- quel la dilatation a enlevé fon rel- ient & l'ailance que nous épi ou- vons a refpirer ce même air , lorf- que la condenfation lui a rendu (a première élafticité paroiuent à I l'Auteur une confirmation très- forte de cette propolîtion. TPvOISIEME PROPOSITION. Z)ne partie de l'air qui fort des pou- mons dans l'expiration , lient des vaiffeaux fanguins , & s' eft fé pa- rée du fang avec lequel il étoit mêlé. L'Auteur prouve cette propo- rtion par une luite de phénomènes qu'il croit ne pouvoir être expli- qués que par cette partie de l'air intérieur qui des vailleaux fanguins jaillit dans l'air extérieur. C'eft à cet air que celui que nous expi- rons doit la chaleur & ion humidi- té : i°. parce que cet air intérieur eft extrêmement chaud lui-même ; 2°. parce que par cette raifon mê- me , il fe change facilement en va- peur. C'eft ce même air qui retenu au dedans par quelque caufe que ce puilfe être , caufe l'enflure de la timpanité , & leralement , où ce bruit d'un air bouillonnant qu'on entend dans les mourans. C'eft en- core ce même air qui,en tempérant celui que l'infpiiation introduit, du froid , lois mén e que nous îei- piions lousks 2onts glacées. Au fonds pouiquoi cet aii intérieur ne- jailliro:'t-il pas au dehors? les voies lui font ouvertes ; cela cil preuve par ces kémoragiês moi telles où l'on crache teut fon fang , quoi- qu'il n'y ait ni lé il on , ni déchhure dans les vaifeaux du poumon. IL" fautians doute que le lang loi te alors par les ouvertures naturel- les qui fe trouvent dans les vaii- fe.uix languins : mais ces cuveitu- res qui ne font point faites peur le lang , qui ne laiftent palier ce li- quide que lorfque fa violence les - force ; pour quel ufage cnt-elles été prépaiécs par la nature ? ce ne peut-être que pour le pafïàce de l'air inteiieurdans l'air exteiitur. Enfin comment expliquer cette diminution de volume que le fang fouftre dans fon palTnge dans le poumon , & cet accroiilement de denfité & d'élafticité qu'il y prend & qu'on remarque fi bien dans ce liquide lorfqu'on ouvre la veine pulmonaire ï Si nous en croyons notre Auteur , on ne peut rendre raifon de ces phénomènes , à moins qu'on ne dife que dans l'ar- tère pulmonaire le fang fe dépouil- le d'un air raréfié , ce qui fait la diminution de fon volume , 3c qu'au contraire dans la veine pul- monaire il fe refoiunit d'un nou- vel air qui necefTairement plus denfe & plus élaftique , ne fût-ce que parce que fon expanfion eft plus contenue par les parois plus fortes de ce vaineau , rend aufJi 224 JOURNAL D plus denfe& plusélaftique le fang qui roule avec lui. Cette explica- tion, comme on le voit , ne prou- verait pas moins pour la première propolition que pour la troifiéme. Nous ne Cuivrons point l'Auteur dans la réfutation qu'il fait des ex- plications différentes qu'on donne ordinairement aux phénomènes dont on vient de parler : nous re- marquerons feulement que celles qu'il fubftituc devront toujours leur plus grand poids à la vérité de la première propohtion -, ii l'air entre par l'inipiration dans le fang, il eft naturel qu'il en forte par l'expiration. QUATRIEME PROPOSITION. i°. La caufe qui fait fortir l'air mêlé dans le fang dans V expiration, eft rélafticité de cet air plus grande que celle deTair extérieur : x°. CT celle qui pouffe l'air qui eft dans les poumons hors des poumons , eft V affaiffement des poumons ; c'eft- k-dire , le poids & rélafticité de leurs vejficules. On voit par l'énoncé de cette dernière propohtion ôc par celui de la précédente , qu'au fenti- ment de -l'Auteur , l'expiration complette eft compofée de deux airs. i°. De cette partie de l'air inf- piré qui n'a point palle dans les vaifteaux fanguins , & c'eft cette partie qui eft chaftee par le poids & par l'élafticité des vefficules f>ulmonaires ; ce qu'il prouve par e fimple exemple de ce qui arrive ES SÇAVANS, dans les cadavres dont les pou- mons , quand on les enfle par le (ouftle , s'affaitlent auflî-tôt par la ieule force du poids & du rellort de leurs vefficules. i".De cette par- rie d'air intérieur qui fort de l'ar- tère pulmonaire & qui Ce mêle au premier ; c'eft cette partie d'air qu'il va prouver devoir être chaf- fee au dehors par la force de ion élafticité iuperieure à celle de l'air extérieur. Notre Auteur avance d'abord comme un principe certain que l'élafticité de deux airs eft en railbn compofée de leur-denfité & de leur chaleur : c'eft ce qu'il explique allez au long , &de ce principe il con- clut que l'élafticité de l'air inté- rieur doit furpafler de beaucoup celle de l'air extérieur ( i) , tan- dis que d'autre part la denlîté de ce même air ne içauroit diminuer proportionnellement à l'accroifte- ment de fa chaleur , fa dilatation étant neceflairement réprimée ou contenue par la refiftance des vaillèaux dans lefquels il eft ren- fermé. Cette fùperiorité d'élafticité é- tant reconnue dans l'air intérieur, rien ne l'empêchera de jaillir dans l'air extérieur , de ia même maniè- re que rejaillit l'air dans un Ther- momètre , lorlqu'on l'a échauffé , ou bien , pouriuit notre Auteur , de la même manière & par la mê- me railbn que le fang eft poufle ( i ) Parce que la chaleur île l'air in- térieur doit être beaucoup plus grande que celle de l'air excerieur. hors A V R I 3iors 3es vaîfleaux dans les cas d'hémorragies dont on a parlé. COROLLAIRES bes Propositions pre'ce'dentes. Si la nature a préparé des voyes pour le partage de l'air dans le Fang , c'eft Tans doute pour quel- que but. Quelle eft donc l'utilité de cet air qui vient fe mêler dans nos humeurs? toutes les fonctions de l'œconomie animale en dépen- dent , félon notre Auteur, puifque -cet air eft le principal ou plutôt l'unique agent par qui ces fonc- tions s'exécutent. D'abord lî l'air fe précipite dans ies poumons pour palier dans le fang , il dilatera les veiîîcules pul- monaires qu'il trouve dans Ion palîage , & par cela même , il di- latera auiîi la cavité du Thorax : & comme toutes ces parties retom- beront eniuite & s'affailferont ne- certàirement par leur propre poids • & par leur reflort ; il s'enfuit que tout le jeu de la refpiration s'exécutera ou par l'action de cet air , ou par les fuites de cette ac- tion , fans que cet appareil des mufcles -qu'on remarque dans la poitrine y contribue en rien, du moins dans l'infpiration volontai- re , toutes ies fonctions de ces mufcles fe bornant aux refpira- tions volontaires. Et fi on s'obfti- ne à foûtenir que l'ufage de ces mufcles eft le même dans les infpi- rations involontaires , c'eft-a-dire que c'eft leur action qui en dila- Avril. L i 1 74°' 22f tant la poitrine force l'air à entrer dans les poumons & à les dilater ; l'Auteur réfute cette prétention par cette feule expérience : la rel- piration ne celle point quoiqu'on ouvre la poitrine , ce qui néan- moins , pourluit-il , arriveroit ne- ceflàirement lî la dilatation des poumons dépendoit de celle de la poitrine. L'air mêlé dans le fang fera en- core une des caufes de fa chaleur ; telle eft , au fentiment de l'Auteur, la fuite necellàire de l'inégale pe- fanteur des parties différentes qui compoferont la maffè totale de ce liquide : celles de l'air plus légères feront forcées à remonter , tandis que les autres defcendront par l'excès de leur pefanteur ; ainfî toutes ces parties fe frotteront en- femble &c ne pourront manquer de s'échauffer mutuellement par ce frottement. Un autre effet de l'air delà ref- piration introduit dans le fane ., c'eft la circulation du fang lui-mê- me. L'air de la refpiration , qui par les dilatations alternatives du poumon prelfe par intervalles les vailleaux du tronc , contribue fans doute à la circulation ; c'eft ce qu'on avouera dans tout Svftême , mais ce n'eft là qnun fecoiirs exté- rieur. Selon notre Auteur, la vé- ritable force , la force intérieure de la circulation dépend encore de l'air que nous refpirons, non de cet air qui gonfle les véfîcules pul- monaires, mais de celui qui palfe dans le fang. C'eft cet air qui in- troduit dans nos vailfeaux s'y F [ 226 JOURNAL D échauffe de plus en plus chaque inflani & s'y dilate de même , ce qu'il ne peut faire fans avancer dans les artères par toute la force de fà dilatation , &: par confé- quent auffi fans entraîner avec lui le fang avec lequel il eft mêlé, puii- que les foupapes ne lui permet- tent ni de s'étendre , ni de pouffer le fang dans un fens contraire. . Mais un des plus grands bien- faits , dont nous foyons rede- vables à l'air inteikur , c'eft le mouvement du cœur & le mouve- ment mufculaire ; parce qu'ils dé- pendent l'un & l'autre de la cir- culation , qui, comme on vient de le voir , dépend elle-même de cet air intérieur. Pour expliquer fes idées fur ce dernier point , no- tre Auteur oblerve d'abord que le cœur , lorfqu'il eft contracté , ou ce qui revient au même lorfque fa pointe eft rapprochée de fa bafe , eft dans fon état naturel , parce qu'alors les fibres de ce vifeere iont dans leur extenfion naturelle, foit en longueur , foit en largeur , . au lieu que dans la dilatation il eft dans un état violent , parce que dans cette (îtuation , où fa pointe fe trouve éloignée de la baie , fes fibres font portées beaucoup au- delà de leur, extenfion naturelle: d'où il s'enfuit que des que la for- ce qui fait la dilatation , fe relâ- chera , il fuffira de la feule élaftici- té des fibres du cceur pour le rame- ner à fon état de contraction , de forte qu'il ne faut chercher la cau- fç qui contracte le cœur que dans ce vifeere lui-même. Il refte donc ES SÇAVANS, maintenant a déterminer la caufe qui fait la dilatation : l'Auteur la trouve , i". dans le fang de la vei- ne-cave &c de la veine-pulmonai- re qui (e précipitant dans les ventricules du cceur les dilatent neceflai rement. 20. Dans le fang des a;teres coronaires qui péné- trant jufqu'aux fibres charnues & les rempliflant ne peut manquer de les tendre & de les allonger par toute la force de la circula- tion. Ainfi donc, félon notre Auteur, le fang caufe doublement la dilata- tion ; mais ce n'eft point auez : on ne peut connoître l'entier iy- ftême du mouvement du cœur , à moins qu'on ne connoifïè encore pourquoi le fang qui fe précipite dans les ventricules du cœm- cV celui qui coule dans les artères coronaires, ne l'emportent pas conftamment & fans interruption fur la force de ia contraction , ou ce qui revient au même , pour- quoi ce même fang ne tient pas conftamment le cœur dans l'état de la dilatation. Le fang des gros vailleaux , répond notre Auteur , ne doit pas tenir toujours le cœur dilaté, parce que ce fang , par une fuite neçeflàire de la conftruc- tion du cœur ne peut manquer de fe refouler fur lui- même en re- montant de là pointe à la bafe , . c'eft ainfi qu'interrompant lui-mê- me fon cours , il donnera occalîon à la force de contraction de fe dé- ployer , de forte qu'elle l'emporte- ra à fon tour , mais ce ne fera que pour être vaincue de. nouveau i . A V R I parce que cette force de contrac- tion , qui n'eft autre choie que 1 e- lafticité , eft une force confiante, incapable de tout accroilïèmenc , & qu'au contraire celle de la dila- tation où de la circulation eft une force qui de moment en moment s'accroît , &: qui par conséquent doit reprendre nccelîaîrement le deflus. Par une raiion (emblable , le fmg des artères coronaires n'i- nondera pas toujours les fibres du cœur. Les nerfs qui comme autant de cordons folides embrallent & ferrent les vaiiîèaux fmguins , peuvent bien arrêter le cours du îàng des artères coronaires par la force de leur tendon : mais cette tenfion , comme nous l'avons dit de l'élafticité des fibres , eft une force confiante qui ne peut s'ac- croître , lorfqu'au contraire celle du fang augmente de moment en moment. Donc quelque confide- rable qu'on fuppole la force de cette tenfion , elle fera contrainte de céder à fon tour à la force de la circulation : l'abord d'un nouveau fang , qui plus foible au commen- cement fera vaincu , mais qui de- venu plus fort vaincra dans l'in- ftant fuivant , fera recommencer le jeu Se ce jeu le répétera tou- jours de même. Telles font les caules de cette fucceffion alterna- tive de dilatarion & de contrac- tion dont l'ufage eft de régler Se de retarder le mouvement de la circulation : uiage important , puifqu'il prévient les grands in- convéniens que la précipitation du fang pourroit faire craindre. L j i 740. 227 (Quant aux mufcles tout s'y par- lera de la même manière. Les rnulcles font dans leur état natu- rel lorfqu'ils font contraétés , & ils font ramenés a cet état par la feule éiafticité ; dans leur allonge- ment au contraire ou dans leur di- latation en longueur , les mufcles font dans un état violent , parce qu'alors ils font portés beaucoup au-delà de leur extenfion naturelle: & cet effet eft du a la feule force de la circulation , qui forçant les obftacles oppolés par les nerfs, fait pénétrer le fang jufqu'aux fibres charnues & les allonge en y af- fluant : les nerfs , comme on le voit encore ici , ont les mêmes fonctions que dans le cœur , à l'exception toute fois que dans les mufcles leur force eft naturelle- ment moindre que celle de la cir- culation : d'où fuit qu'elle ne pourra jamais l'emporter fur l'ef- fort du fang , à moins qu'elle ne foit augmentée ou par l'n&ion des corps extérieurs qui par leurs qua- litez fenlîbles font impreffion fur- ies nerfs , ou par le fang du cer- veau qui agit fur les mêmes nerfs, cumme pourroit agir la lumière , le fon, dv. De toute cette doctrine l'Auteur conclut enfin qu'il n'y a point d'efprits animaux ; -& il faut con- venir que fr toutes les fondions de l'ecconomie animale s'exécutent , ou par la feule action de l'air ou par la fuite de cette action qui met en jeu le relfort des parties , la conclufion ne fçauroit être plus jufte : cependant l'Auteur combat 2*8 JOURNAL D encore Pexiftence de ces efprics uix , i°. par la réfutation des différais Syftêmes qu'on a imagi- nés pour en expliquer l'aétion , mais dont le peu de folidité prou- verait encore mieux notre téméri- té , eV notre ignorance que la non exiftence de ces agens invinbles. i". Tardes preuves rnétaphyfîques fur lefquelles fans doute l'Auteur, fait peu de fond , du moins pour la conviction des Philofbphes qui dans les matières phyliques ne re- connoiiïênt d'autres preuves que l'expérience ou les conléquences qui en naiilènt. Du refte nous ne préviendrons pas le jugement du. ES SÇ.AVANS, Lecteur fur le plus ou le moins de mérite de cet Ouvrage quant a la folidité : nais de quelque manière qu'on puilfe décider iur ce point, nous croyons qu'on ne dilputera pas a l'Auteur l'éloge d'avoir fçu mettre à profit delà manière la plus ingénieuie des phénomènes déjà connus : l'elprit d'ordre Ce fait fentir par-tout dans cette DilTer- tation; d'ailleurs le ftileen eft clair & l'Auteur qui ne dit rien qui ne tende a Ion but s'énonce avec une. prccilion h grande , qu'il eft diffi- cile qu'un extrait quelqu'exact qu'il ioit ne falfe perdre quelque choie a l'Ouvrage, . MEMOIRES DE M, DV GVAT-TROVfN. , UEVTENJNT, Génital des Armées Navales de France & Commandeur de l'Ordre. Royal & Militaire de Saint Louis, in-40. 1740. Ce Livre fe délite .î P.'.ns, chez. Prault le fis , Quai de Conti ., vis à-vis le Pom-Ntiif. LA Vie d'un Homme illuftre v quelque interelïante qu'elle foit par les faits , le devient enco- re davantage quand c'eft par lui qu'elle eft écrite. On aime à voir comment un homme qui a fait de grandes choies les raconte lui-mê- me. On reçonnoîtra ici que M. du Guay-Trouin eft au (fi eftimable. par l'elprit dans lequel il rend compte des actions qui l'ont fait . cpnnoître, que par le nombre & le genre de ces mêmes actions : » Je » crois ( difoit-il a lés amis ) que » les Mémoires d'un homme qui <>n'a percé les ténèbres que par «une fuite alfez longue d'entre- » piifes hazardeufes , pourront •' être quelque jour une puillànte > exhortation à bien fervir le Roi, ».& lEtat. La jeunelle deftinée à. > uiivre le parti des armes appren— > dra de bonne heure en les li- 5 faut , qu'une véritable ardeur à. > s'acquiter de fes devoirs mené «jfouvent plus loin qu'on n'auroit. > olc le prétendre ; que 1 honneur > redouble le courage dans les ■ >. dangers prellans ; qu'il infpire > ladre (Te & la force de les fur- > monter ; que le plus fur moyen > de conferver la vie & l'honneur, . > eft de compter pour rien la vie > quand l'honneur parle ; &c . > qu'enfin la Cour plus attentive. > que bien des gens ne le croient. >à démêler la conduite des parti- 1 culiers , fçait les reçompenfèf A V R I » quand leur zcle efl: auflî grand » qu'il ■ doic eue fidèle & definte- n refTé. Voilà les motifs louables qui ont engagé M. du G. T. à écrire les évenemens de (a vie pour n'ê- tre mis au jour qu'après fa mort. Ce font ici fes Mémoires dans la forme où il les a laines à un neveu ( i ) d'autant plus' digne de la con- fiance & de l'amitié d'un tel oncle, qu'il marche , comme on le fçait, fur fes traces. L'avertilîement dont ces Mémoires font précédés inf- truit de plufieurscirconftances qu'il eft neceifaire de lire. On y trou- ve entre autres éclaircilTèmens di- gnes de curiofité, des actes qui ex- pofent dans fon vrai jour un des plus glorieux combats que M.duG. T.ait rendus (i). On a joint encore à ces Mémoires quelques Lettres des Miniftres & d'autres perfon- nes refpeclables écrites à M. du G. T. Elles fervent à faire connoî- tre l'importance & l'éclat de plu- fieurs de fes entreprifes ; & fa gloire paroît fi bien acquife qu'on voit avec plaifir tout ce qui a pu contribuer à l'en faire jouir. Expo- fons en fubftance ce que contien-- nent fes Mémoires. M. du G. T. né en 1673. à Saint Màlo , étoit d'une de ces familles recommandables , moins par les ( 1 ) M. de U C arde Jajier. Nous avons rendu compte ckin5 ic Jonrnnl du mois de Juin dernier de l'expédition de Moka, dans laquelle il a donné de grandes mar- ques de courage & de prudence. ( z) La prifê célèbre des Vaifleaux Ahglois le Cumberlan , le Chefler & le JLubi, L , 1740." 229 grandes richefTes que plufieurs d'entr'elles pofTedent , que par les moyens honorables qui les leur font acquérir. L'intelligence pour le commerce , l'habileté dans l'art de la navigation & le courage dans les combats de mer. Voila les fources de leur fortune. Il n'avoic que quinze ans lorfqu'il commen- ça une carrière dans laquelle fon père s'étoit fait une grande répu- tation. Embarqué en qualité de volontaire fur un Navire qui al- loit en courfe contre les ennemis de l'état , la conduite qu'il garda dans cette campagne & dans celle qu'il fit l'année fuivante détermi- nèrent fa famille à lui donner le commandement d'une Frégate. De grandes qualitez s'étoient dé- velopées en lui d'une manière éclatante. Toutes , excepté lecou- rage,fe perfectionnèrent : celle-ci, dès la première campagne n'avoir plus de progrès à faire. Ce fut en 1691. que M. duG.T. • eut ce premier commandement ; deux ans étoient à peine expirés qu'il avoit déjà mérité un honneur marqué que le feu Roi daigna lui faire , c'étoitle prelent d'une épée. Cette diftinction donne fans doute une grande idée des actions qui l'en avoient rendu digne ; cepen- dant les lecteurs ne pourront voir ' fans étonnement le nombre & le genre de ces mêmes actions. Ils re-- connoîtront dans M. du G.T.des lu- mières & des vertus qui partagées à difTèrens hommes , en auroienr ' fait autant d'hommes diftingués. Les campagnes fuivantes , c'eft-- i?o JOURNAL D à-dire , depuis 1694. jufques Cl1 IXÎ97. les fucccs de M. du G. T. le multiplièrent fans celfe : il reilen- tit alors ( & il auroit dû l'éprou- ver plutôt ) l'inconvénient attaché a la iuperiorité du mérite. On chercha à diminuer l'idée que la Cour ex la marine avaient conçue du lien. Il n'oppola à la malignité de l'envie que la conduite par la- quelle il l'avoit excitée. Il accumu- la fes victoires : & il reçut de Louis XIV. a qui il eut l'honneur d'être prefenté , le prix qui pou- voit flatter davantage une ame comme la lîenne. Sa Majefté l'alïu- ra elle-même qu'elle étoit conten- te de les lervices. Bien-tôt de nou- velles entreprifes toujours heureu- fes & plus éclatantes les unes que les autres ayant donné lieu à une nouvelle recompenfe , le Roi prit M. du G. T. dans la marine en qualité de Capitaine de Frégate. C'eft donc ici que M. du G. T. commence une nouvelle carrière , il l'on peut appeller commence- ment l'état d'un homme qui avoit déjà rendu fui mer un grand nom- bre de combats tous à fon avanta- ge , pris plulîeurs VailTèaux de guerre , enlevé aux ennemis & conduit dans nos ports une quan- tité étonnante de Navires charges de marchandifes. C'eft du moins en 1697. que M. du G.T.reçoit un titre qu'il regarde avec juftice comme la recompenle de toutes les aérions dont nous venons de faire l'énu- mération , & qui va le mener aux grades les plus éminens. Tout ce qu'il entreprend afin d'y parvenir ES SÇAVANS, ajoute toujours , comme on le verra , à la haute idée qu'on s'eft faite de là capacité & de là valeur. Les faits font en trop grand nom- bre &: remplis de trop decircon- ftances remarquables pour pou- voir les renfermer dans les bornes preferites a nos Extraits. C'eft dans les Mémoires mêmes qu'il faut voir M. du G. T. au milieu d'une Flotte Angloife trouver dans Ion audace & dans l'habileté de fes manœuvres des reftources pour fauver le Navire qu'il monte, fans que les armes ni le pavillon du Roi ayent un moment de défavan- tage. Un (Impie Extrait ne feroit pas allez connoitre toute la gloire qu'il acquiert dans un combat qu'il rend a l'entrée de la Manche contre cinq gros Vailîèaux An- glais , ni le mérite de la prife de Riojaneiro : ni celui de plufieurs autres actions aulfi honorables , quoique moins importantes. Il eft vrai qu'on ne peut voir qu'avec étonnement rémunéra- tion des avantages remportés par M. du G. T. depuis fa première courte en i6S9.julquesen 1709. le détail en eft rappelle dans fes Let- tres d'ennoblillement qu'on a join- tes a les Mémoires. Jamais peut- être n'eft-on parvenu a la noblelle par des titres plus dignes de l'ho- norer. Suivant ces mêmes preuves M. du G. T. en 1709. avoit pris plus de 300 Navires marchands & 20 Vailïeaux de guerre ou Corlai- res ennemis , & c'eft depuis cette même année qu'il a achevé l'im- portante entreprife fur Riojsn.iro , AVRIL St une grande quantité d'autres qui rempliiïènt le refte de ces Mé- moires. Le cours de tant de fuccès ( & cette iîngularité eft trcs-remar- quable ) n'a été interrompu qu'u- ne fois. Conclure de-là que M. du Guay Trouin étoit heureux, ce fe- roit mal connoître ce que peuvent les hommes fuperieurs. Leurs fuc- cès font prefque toujours l'ouvra- ge de leur génie. Pour ientir la vérité de cette proportion il ne faut qu'examiner un des principes par lefquels M. du G. T. fe conduit dans fes combats. La manière d'at- taquer la plus périlleufe lui paroît toûjouts préférable , parce qu'elle eft toujours moins prévue par l'en- nemi : & l'événement a prouvé la juftefle de ce principe. Il faut con- venir que des victoires aufquelles Télevation du courage concoure Ci manifeftement ne laiflent guéres de part à ce qu'on appelle la for- tune. Les feuls revers fenfibles que M. du G. T. eut à éprouver furent la perte de deux de fes frères qui avoient mérité fon efb'me & qui furent tués en combattant fous fes ,1740. 2.31 ordres. Ces Mémoires font terminés par une peinture trcs-interefîante de la perlonne & du caraftere de M. du G. T. C'eft un de ces por- traits marqués à un coin de force & de vérité qui frappe & qui im- prime une idée de leur reflemblan- ce dans l'imagination de ceux mê- mes qui n'ont point connu la per- fonne qui eft reprefentée. Nous renvoyerons les Lecteurs au por- trait même , parce que pour en fentir toute la fidélité il faut être inftruit de plufieurs circonftances que nous n'avons pu rapporter. Nous ne devons pas finir notre Extrait fans rendre aufli juftice à ce Livre par rapport à l'imprefïïon: il eft regardé comme un Chef- d'œuvre de l'art. Tout ce qui peut contribuer à former une Edition digne d'être recherchée fe trouvant dans celle-ci. Cet objet d'émula- tion pour les autres Imprimeurs a été recompenfé dans celui qui a imprimé ces Mémoires ( 3 ) , le Gouvernement l'ayant honoré du prefent d'une Médaille d'or, ( 3 ) Simon le fils. TRAITE DES FINANCES ET DE LA EAVSSE MONNOTE des Romains, auquel on a joint une Differtation fur la manière de difcer- ncr les Médailles antiques d'avec les contrefaites. A Paris , chez Briaf- fon, rue S. Jacques , à la Science, in-11. pp. 345. fans une Préface Hiftorique. 17+0. L'Administration des Finances eft, fans doute, l'ob- jet le plus important qu'un hom- me d'Etat puifle avoir en yûc. C eft par la circulation continuelle qui doit fe faire des fujets au Prince 6c du Prince aux fujets que s'entre- tient la force des Etats. Il en eft de 232 JOURNAL D cette circulation , par rapport au corps politique, comme de la cir- culation du fang par rapport au corps animal. Il ne peut iublifter qu'autant qu'elle n'y eft point in- terrompue. M. Colbert , un des plus grands Miniftres que h Fran- ce ait eu , Se qui fçavoit que c'é- toit en multiplier les richeftes que de les faire circuler, s'eft , comme on fçait , particulièrement appli- que a perfectionner cette partie du Miniftere qui lui étoit confiée. Oc- cupé de ce grand objet , il cher- .choit fans celle a fe procurer de nouvelles lumières. L'Auteur de la Préface Hiftorique , qui eft à la tête de ce Volume , nous apprend qu'il avoit chargé uneperfonne ha- bile de lui Areffer un Mémoire fur les finances des Romains. C'ejlce Mé- moire , ajoûte-t-il, qu'on publie au- jourd'hui. Nous allons eluver d'en donner une légère idée. Romulus diftribua le territoire de Rome en trois parties. Il parta- gea la première par portions égales aux trente curies , il deftina la fé- conde à l'entretien des Temples , Se la troifiéme aux befoins de l'E- tat. Depuis , les Romains ne firent point de conquêtes qui ne lénif- ient à étendre leur domaine & à groffir leur tréfor. Les peuples vaincus étoient obligés de céder une partie de leurs terres , Se le vainqueur enrichi des dépouilles qu'il leur avoit enlevées , les obli- èeoit fouvent encore à payer des iommes considérables. Quiconque, dit notre Auteur , fmvra les pro- grès désarmes des Romains , rcmar- ES SÇAVANS, que ra les progrès Au Domaine & 'le l'épargne , foit fous le gouvernement des Rois , /bit fous l'autorité Aes C on fuis &du Sénat } foit fous le gou- vernement popu'aire , foit enfin fous la Aumination des Empereurs. C'eft ce que l'Editeur de cet Ouvrage a développé dans une Préface Hifto- rique qu'il a mifeà la tête, & dans laquelle il fuit ces diffèrens pro- grès que l'Auteur du Traite ne fait guéres qu'indiquer. Le Domaine Impérial n'étoit pas facré Se inaliénable comme celui de nos Rois qui ne peut être engagé qu'a faculté de rachat per- pétuelle , Se qui , s'il eft conftitué en appanage , eft reverfible au dé- faut de mâle. Le Domaine Impé- rial Je vendoit à perpétuité , Se lorlqu'il fe donnoit , moyennant une redevance annuelle, il ne pou- voir être retiré du preneur ni de fes fuccelleurs , pourvu qu'ils payaient la rente. Les deniers pro- venans du Domaine étoient mis dans une épargne particulière qu'on appelloit le fife oc les autres a l'épargne ordinaire nommée fim- plement Œrarium. Les confifea- tions , les droits de déshérence , d'aubaine Se de bâtardife faiibient partie du file. L'Auteur dit que les confifeations étoient une fource de finance très-confiderabie , vu l'é- tendue de l'Empire , le nombre des condamnés , la défenfe rigourenfe de demander les confifeations des crimi- nels de Leze Majejté & la difpofî- tion par laquelle il ctoit dérogé pour les autres criminels aux d ns que les Empereurs en pouvoUnt faire , .1 moins A V R I .moins qu'ils ne les fiftent de leur propre mouvement. Heureux ionc les Etats où une pareille lource efl la moins féconde. Les biens caducs appartenoient encore au fifc. Augufte déclara tels par la Loi Poppa^a i°. tout ce qui étoit laiile par teftament à titre d'hérédité ,fidei commis , donation à caufe de mort , ou à quelqu'au- txe titre que ce fût à perfonnes vi- vantes & capables lors de la con- fection du teftament , mais qui venoient à décéder pendant la vie du Teftateur , ou même après la. mort , mais avant l'ouverture du Teftament. z°. Tout ce qui étoit légué fous quelque condition qui venoit à manquer , 8c les legs ou héritages abandonnés par ceux qui dévoient les recueillir, 3°. Tput ce qui étoit laifle par Teftament à quelque titre que ce fût à ceux qui vivoient dans le célibat 3 à moins qu'ils ne fe ma- riaflenr dans les cent jours après la mort du Teftateur. Ce droit qu'on appelloit la peine du célibat avoir été introduit , dit l'Auteur , premièrement pour avoir de l'argent, en fécond lieu pour obliger les hom- mes à fe marier, afin de repeupler la République épuifée par les guerres civiles de Marins 0" de Silla , de Pompée & de Ce far , du Triumvi- rat d'Antoine , d,' Augufte C Lépi- Àe. Ceux qui étoient mariés, mais qui n'avoient point d'enfans per- doient la moitié de ce qui leur ctoit laîûe par teftament , l'autre Avril. L, 1740; 255 moitié étoit dévolue au fifc. Tout ce qui étoit laine à des perfonnes indignes lui appartenoit encore. La plupart de ces droits , qui avoient pris naiilance dans les guerres civiles , ont depuis été abolis dans des rems plus heureux. La taille réelle 8c la taille per^ Tonnelle avoient lieu chez les Ro- mains , mais la première fe levoit fur tous les fujets de l'Empire qui polîèdoient des fonds , 8c la fé- conde n'étoit impolee que fur les Pays conquis. Nulles terres n'é- toient exemptes de la taille réelle, pas mêmes celles qui apparte- iîoient à l'Empereur ou à l'Eglife, Cette taille étoit impofée par des Officiers appelles Cenjîtores , Perœcjuatores , Infpetlores. Ils inf- crivoient dans le Cenfierou papier terrier lenom du propriétaire 8c du fermier du territoire ou finage , les tenans & aboutilfans , le nombre des arpens „ la qualité. Ces impo- rtions fe faifoient tous les ans 8c s'apnelloient Indittiones , mais Théodofe le Grand , au rapport de Cédrénus, ou Conftantin , félon Onuphre , ordonna qu'elles ne (c feroient que tous les 1 j ans. Cette taille ne fe levoit que fur les fonds , 8c les perfonnes n'y é- toient obligées que jufqu'à concur- rence des 'héritages qu'elles polfe- doient. Lorique quelqu'un ne païoit pas , on procedoità la vente du fondsjle fifc étoit colloque avant les autres créanciers lur les deniers qui en pro venoient. Il étoit défendu d'exiger plus qu'il ne falloir fur peine de reiticu- G S 254- JOURNAL D non du double &: du dernier lupli- ce en cas de récidive : avant cette Ordonnance d'Arcadius & d'Ho- norius , Conftantin & Julien avoient condamne les Exacteurs au quadruple. Outre l'impofition de la taille , les polTeffeurs du fonds étoient obligés de fournir tous les ans une certaine quantité de bled pour les Magafins , les gens de guerre & les étapes. Ce droit ie nommoic An- nona militarisa On failoic auffi des impohtions de lard , de mouton , de vinaigre & de vin pour les Sol- dats. On leur donnoit pendant deux jouis conlécutifs du bifeuit appelle Panis-Bucellatus , & le 3nic jour du pain ordinaire, un jour du vin & i'autre jour du vinaigre , un jour du lard & deux jours de fuite du mouton. Cette diitribu- tion fut ainfi réglée par l'Empereur Conftance. Tous les fonds étoient fujets a cette charge, & ceux-mé- me de l'Empereur n'en étoient pas exempts. Les fujets des Provinces four- nilToient outre cela des habits aux Soldats & des logemens aux gens de guerre.. La taille perfonnelle étoit impo- fée furies pays conquis , mais elle n'étoit pas uniforme. Jofephe parlant de l'Egypte , dit que chaque perfonne y payoit la capitation , 8c qu'il paroiffoit par le Rôle de cette taille,qu'il y avoit 7jo mille habitans , (ans y com- prendre ceux d'Alexandrie , qui pouvoîeiit bien monter à ioo mille. Sirabcn.remarque que l'Egypte ES SÇAVANS, feule payoit fept millions cinq' cens mille au père de Cléopatre Se environ deux fois autant a Aueu- fte. Notre Auteur dit que Jufte-Lip- fe eftime que la taille perfonnelle produiloit 150 millions par an.. Les habitans des Villes furent affranchis de ce tribut par Con- ftantin le Grand , pourvu néan- moins qu'ils fuifent Citoyens Ro- mains. LesProvinces del'Empire étoient, outre cela , obligées de fournir pluheurs choies , telles que des chevaux , des armes , du bled , &c. L'Egypte, la Sicile & l'Afrique, entr'aimes , fournifToient une grande quantité de blecs. Ces bleds s'appelloient Annona Civilis, parce qu'ils étoient deftinés à la iubfiitance des Citoyens. Aurelius • Viétor ditqu'Augulte droit d'Egy- pte plus de So mille muids de bled. Et Egéhppe rapporte que ce Pays feul nourriiîoit tout le peuple de Rome un tiers de l'année. Les au- tres Provinces de l'Afrique contri- buoient le double de l'Egypte. Jo- fephe fait dire à Agrippa que l'A- frique nourriifoit le peuple Ro- main neuf mois de l'année. Il y avoit des compagnies de Mariniers pour voiturer ces grains. Ils é- toient punis de mort quand ils ne (uivoiejrt pas la route ordinaire , les j uges des lieux qui ne tenoient pas la main a les faire partir en tems & lieu étoient punis par la confilcation de leurs biens , tk les maîtres des vaiilèaux par le banjf- fement. A V R I Quand ces bleds étoient dans les magafins de Rome on en diftri- buoit gratuitement une partie aux Citoyens les plus pauvres , & on donnoit l'autre à un prix modique. Afconius Pedianus dit que Clodius étant Tribun pour s'acquérir la faveur du peuple contre Ciceron , ordonna que la quantité de grains qui étoit ainfi abonnée fut livrée gratuitement. Les Empereurs ne fe conten- toient pas de tirer des fecours con- sidérables des Provinces de l'Em- pire , ils les furchargeoient d'im- pôts &c fermoient fouvent les yeux aux exactions horribles qui s'exer- çoient fur elles, Licinius afFranchi de Jules-Céfar ■& fon Procureur dans les Gaules , fit l'année de 14 mois , parce que les Gaulois payoient aux Romains un certain tribut tous les mois. Ce même Licinius ayant été accu- fé de concuffion , reprefenta à Au- gufte que s'il avoit pillé les Gaules, ce n'avoit été que pour lui fournir plus d'argent 6c ôter en même tems aux Gaulois les moyens de fe révolter. L'Empereur , loin de le punir , regarda fon exaction com- me un fervice impor&nc qu'il avoit rendu à l'Etat. Xiphilin écrit que Tibère ayant fait venir Bâton Roi de Dalmatie , lui demanda pourquoi cette Pro- vince s'étoit foulevée ; Se qu'il lui répondit : Pourquoi envoyez.-vous poiv garder vos troupeaux des loups -& des animaux raviffans , au lieu de P a/leurs & de chiens. Tacite , dans la Vie d'Agricola fon beau- L y 1 7 4 o. 2 9 y père , attribue la révolte des An- glois aux charges excefïïves donc ils écoient accablés par les Ro- mains. Ce qu'ils appellent gouver- ner b difoient-ils , cft de piller , d'é- gorger les peuples , & lorfque d'un pays fort peuplé ils en ont fait une aff:nfe folitude , ils fe vantent de l'avoir pacifié. Nous ne rendrons point compte des importions qu'on mettoit fur les denrées , non plus que de ce qu'on tiroit des mines , falines & rivières. Nous renvoyons à l'Ou- vrage même ceux qui voudront s'en inftruire. L'Auteur y fait aufïï mention de plufieurs impôts ex- traordinaires que la neceffité des guerres civiles & la tirannie de quelques Empereurs donnèrent lieu d'établir. Voici à cet égard ce qui nous a paru de plus fingulier. Néron, dit notre Auteur, exi- geait la quarantième partie de la. valeur du bien ou de lafomme pour laquelle on plaidoit , & il y avoit peine contre ceux qui étoient con- vaincus de s'être accommodés ou même d'avoir remis leurs droits. De plus ce monfire de cruauté eut la ma- lice de ne point faire afficher fesE dit s, afin qu'il y eut plus de contraven- tions , & par conséquent de confisca- tions , & quand le peuple le prejfa de les publier , il les fit graver en ca* ratières fi menus qu'il étoit irnpofli- ble de les lire. L'Auteur , après avoir expliqué les différentes fources où les Em- pereurs puifoient leurs finances , rend compte des Officiers qui étoient prépofés pour les admini- 0.^,6 JOURNAL D ftrer, ou pour les percevoir. C'eft par-là qu'il termine Ton Traité. Il feroit à fouhaiter que l'Au- teur eût donné à fa matière plus d'ordre , de netteté &: d'étendue, ék qu'il eût diftingué les tems , en forte qu'on pût voir les progrès de la finance £: les variations tous les difrerens gouvememens auiquels Rome a été foûmife. Ce Traité ne peut être regardé que comme ex- trêmement imparfait à bien des égards , la matière en eft néan- moins curieufe & intereflante. On trouve, dans le même Vo-^ lume , deux autres petits Traitez. Le premier a pour objet le crime ES SÇAVANS, de faufTe monnoye. L'Auteur y expole les Loix qui ont été portées chez les Romains en dirrèrens tems contre les faux Monnoyeurs & leurs complices. Le fécond a pour titre : La montre de difcermr les Médailles antiques de celles e/ni font contrefaites L'Auteur de ce Traité , qui ne paroît pas être- le même que celui des deux Mé- moires , y dévoile les diflèrens tours d'adreife qui ont été mis en ufage pour donner un air antique ou précieux à des Médailles con- trefaites ou communes, &ilen- feigne les marques aufquelles on peut les reconnoître. LA RELIGION CHRETIENNE, PROVVEE PAR LES FAITS. Par M. V Abbé Houttevdle de l'Académie Françoife. Nouvelle Edi- tion. A' Paris , chez Grégoire Dupais , rue S. Jacques , 1740. 5. vol. in 40. Tom. I. pag. 590. dont yy pour la Préface , &c 1+8 pour le Difcours Hiftorique Ôi Critique. Tom. II. pag. 577. Tom. III. pac-, 37*9. dont 48 pour la Table des matières. CEtte nouvelle Edition eft dédiée à M. le Duc d'Or- léans , Prince ,-dont l'augufte nom étoit d'autant plus digne de paroî- tre à la tête d'un pareil Ouvrage , que toute fa vie eft une preuve continuelle de la grandeur & de là vérité de la Religion ? Auffi c'eft là principale raiion qui a détermi- né M. l'Abbé Houtceville à lui rendre cet hommage. Il fçavoit, &c il le remarque même dans lbn Eprtre Dédicatoire , » qu'un Apo- » logifte de la Foi doit être délicat » fur le choix des éloges , qu'il ne » doit fortir de (a bouche que ceux » dont l'objet eft iùint , ceux que » l'Évangile avoue , Se que la Re- » ligion a confacrés. Il eft trifte pour un Auteur qui- entreprend d'écrire pour la déren- ie de la Foi , d'être obligé de com- mencer par faire lui - même fon apologie fur l'exécution d'un fem^ blable deflein. Tel eft cependant le- fort de M.l'Ab. H. Deux-fortes de faux figes , ainfi qu'il les appelle dans fà Préface, le perfuadent, les uns , qu'il eft détormais inutile d'écrire en faveur de la Religion ; Se les autres , qu'il eft peut-être même dangereux de le faire. Les premiers croyent , qu'elfuyer d'en applanix les difhcultez. , c'eft les AVRIL faire naître ; le filence eft, fi on les en croie , le feui hommage qui convienne aux véritez de la Reli- gion , & pourvu que les peuples la relpeétent , il importe peu qu'ils la croyent. Les ieconds vont mê- me julqu adiré, que tous les Ecrits qu'on fait iur une pareille matière, troublent ou kandalilent les foi- blés , & que loin de lervir à rame- ner les impies , ils en prennent oc- cafion de faire de nouveaux outra- ges à la Vérité. - Mais M. l'Ab. H. demande » à » ces politiques fupeificiels , à ces » zélés fans ficience , où en feroit » la Religion , fi dans fon comraen- « cernent nos premiers Apologi- » ftes , contens de croire, n'avoient pas eu le courage de défendre leur foi contre les attaques de l'I- dolâtre , du Juif & du Novateur? Aujourd'hui que les ennemis de l'Evangile ne font ni moins nom- breux , ni moins iuperbes qu'au- trefois , » s'engager à le défendre, » n'eft donc pas , dit-il , un foin "fuperflu, moins encore un projet » condamnable ; ce n'eft point re- » nouveller avec danger des que- » relies alîbupies , c'eft travailler » à terminer , s'il fe peut , celles » que l'impiété ne cefiè de nous «faire Ce n'eft pas enfin » troubler la paix des fimples , ni » leur préparer des pièges , c'eft » éclairer , confoler , fortifier leur »foi. M. l'Ab. H. montre même 5 qu'il n'a jamais été plus nécelïàire d'écrire pour la défenfe de la Reli- gion. Il prétend que fes ennemis 3 , i f4 8.' 257 pour être plus cachés , n'en font que plus dangereux. Les ménage- mens que la crainte des Loix'les oblige de garder , les empêchant de le déclarer ouvertement , font caufe en même tems qu'on n'eft ni effrayé de leur obftination , ni touché de leur aveuglement. On va même jufqu'à s'accoutumer in- fenfiblement à ne faire plus d'at- tention à la croyance des perfon- nes avec qui l'on eft lié , & à n'exi- ger d'elles qu'une probité mondai- ne , des vertus philofophiques & des mœurs fociables. » On n'a pas » adopté formellement le mon- » ftrueux dogme de la Tolérance j » mais fans y penfer , on eft arrivé « enfin à n'en plus avoir d'horreur » & à le fuivre dans la pratique i » On fe permet aujourd'hui pour » l'impiété même des complaifan- »ces , que nos Pères fe feroient » défendues pour les plus foibles » écarts de la doéhine. Notre Auteur déclare néàti* moins, qu'en s'élevant contre cet- excès d'indifférence pour les incré- dules , fon dellein n'eft pas de troubler la paix extérieure dont ils joùilïènt parmi nous. Loin de fon-- ger à infpirer contre eux rien de violent , il voudroit , que pour les ramener , on joignît aux moyens de perfuafion , tout ce que la cha- rité Chétienne a de plus puilTànc & de plus tendre : parce qu'il n'y a , dit-il , de loûmiiïïôn , ni par conféquent de Religion véritable que celle qui eft volontaire , &c que nulle puiflance humaine ne peut forcer le retranchement ia>^ *?8 JOURNAL D pénétrable de la liberté. Mais candis que, pour me fervir de les termes , il condamne ce zé- lé amer , qui feroit tenté, de dire comme autrefois ces Difciples vé • hémens , voulez, vous cjue nous di- fions au feu de cUfcendre des Cieux , pour confumer ces rebelles , il vou- droit qu'on gémît de l'exccs oppoté, & de cette prodigieufe indifféren- ce , où l'on vit fur les progrès , que 1 impiété fait dans le monde? con- tens de penfer , qu'il n'y a point a craindre qu'elle trouble la tran- quillité de l'Etat, ni la nôtre -, on voit,(ansfe le reprocher,périr ceux qu'on auroit peut-être lauvés en leur prêtant une main fecourable. M. l'Ab. H. fenfible aux inté- rêts de la Religion , & touché d'une indifférence fi peu chré- tienne , entreprit par ces rai- fons, il y a quelques années, l'Ou- vrage dont nous annonçons au- jourd'hui une nouvelle Edition. Il arriva à ce Livre,ce qui elt or- dinaire à tous ceux qui font écrits de génie, & dont les Auteurs don- nent du neuf, ou du moins un air de nouveauté a tous les iujets qu'ils traitent. Il eut un grand iuc- ces : mais les grands fucecs , pour ne rien dire de plus , attirent l'at- tention des Critiques. AulTi M. l'Ab. H. n'en manqua-t-il pas. Ce- pendant , loin d'en être bleffe , il nous allure qu'il fe félicita de re- cevoir un fecours de la part de ceux qui ne lui en dévoient aucu.i; & il le fit un devoir d'écouter tout avec docilité , & même de rece- voir fans aucune peine de coeur ES SÇAVANS, les avis déguiles quelquefois fous la forme des reproches les plus amers. Ainli il ne craint point d'expofer naïvement les fautes de quelque importance , dont on fa repris ; & voici l'ufaçe qu'il a fait dans cette nouvelle Edition des diveries critiques qu'on a formées contre Ion Ouvrage. i . Quelques-uns fe font recriés fur ce qu'il avoit dit ( Liv. I. ch. j.) pour réfuter l'opinion de .Spinola contre la poffibilite de tout mira- cle en général. M. l'Ab. H. prote- ste d'abord, que li comme ils le prétendent , il avoit par fa réponfè donné atteinte a la notion correc- te du prodige & fourni des armes a l'impie même , il ne rougiroit point d'une rétractation, qui erhi- ceroit fa faute , s'il en étoit coupa- ble ; je fçai , dit-il , qu'il relie en. core une rellource même glorieufe à qui s'eft trompé , le courage d'en convenir. Des qu'on eut intenté contre lui cette acculation , comme il tic qu'on n'avoit pas bien pris la pen- fee , il déclara dans une Lettre qu'on retrouvera a la fin de cette Préface , » qu'en fuppofant les » miracles liés a l'action des Loix » générales inconnues a touc ef- » prit borné , il ne prétendoit par » cette hypothefe qu'oppofer Spi- >» nofa a lui-même & emprunter » pour un moment Cet principes , » afi-i de le réfuter par fes princi- » pes-mêmes. Il montre que pour fu;ipofer le contraire , il faudroit lui imputer d'être tombé dans la plus abfurde des contradicti ons, Se A V R I d'avoir placé A côte l'une de l'antre les deux proportions les plus in- compatibles. Il avoit dit que » les "Miracles font des interruptions » à l'harmonie des loix générales , » cv l'on voudroit , qu'oubliant » tout au(7i-tôt des paroles li préci- » les , & renverlant la première » fuppolition ; il eue dit , les Mha- » clés font compris dans l'action »des loix naturelles qui nous (ont »> connues : «< ainlî ion prétendu Svlteme, continue-t-il , loin d'être infinue avec adrelle, nauroit pas même été un piège. Quand on veut tromper , on ne met pas ainlr les contradictions enfemble. Mais il va plus loin , &: ne craint pas de dire que quand mê- me il auroit oie n'être pas de l'opi- nion commune , qu'il nauroit of- fert que fa féconde explication, & qu'il l'auroit conftamment (o te- nue dans tout Ion Livre, il n'au- roit fait en cela que luivre un len- timent qui n'interelle en rien la faine doctrine ; lentiment pour lequel S. Auçuilin s'eft déclaré, év qui a trouvé de nos jours des dé- fendeurs dans les Ecoles Catholi- ques , & fous nos yeux dans une des plus relpcctables , & des plus précautionnées contre l'erreur. Apres même le grand éclat qui fe fit à cette occaiion contre Ion Livre, il nous apprend que divers Théologiens habiles , qu'il conlul- ta , le menèrent de le borner à fa féconde explication lur la nature du Miracle, «Se l'aflurerent qu'ils la protegeroient ouvertement. Mais malgré cet appuy , il eil demeure L , I 74c' 2.Î-) ferme dans la première explica- tion , 8c a juge très - fenicment , que dans on Ecrit fur la madère la plus Capitale , n'en n'ell moins convenable, que d'établir le fonds de les preuves lur une opinion conteltable , a la prendre en gêne- rai, &: qui n'elt demonltrative que dans le cas précis , où il en avoit fait ulàge. Il avouera cependant , s'il le faut , e'eit lAuuii! même qui par- le , qu'il regnoit dans cet article , qu'on lui a tantcV trop reproche t quelque défaut de précaution, mais il a confiance que les correctifs qu'il a pris loin de mettre .1 ce pre- mier objet de la cenlure , n'y tail- leront plus de prile , poui vu néan- moins, ajoûte-t-il , qu'on le lile avec un elprit entièrement libre de tout préjugé. r°. Une autre querelle qu'on lui a faite, roule non lur les articles qu'il a traites, mais lur ceux qu'il a omis. Comme il elt quellion dans tout Ion Livre de prouver la vérité des faits [apportés dans l'Evangi- le, il falloir , lui a-t-on dit , prou- ver avant tout , que les Evangiles lont incontettablemcnt l'Ouvraee de ceux dont ils portent le nom. Quoique M.l'Ab. H. ait touJ..' cet article , il convient cependant avec candeur , qu'il l'avait trop peu approfondi , cv' qu'il y indi- quoit plutôt ce qu'il falloit prou- ver , qu'il ne le prouvoit en effet. Il remercie donc év âaceremem , dit-il, les Critiques qui ont liju- dicieufement relevé la faute ; s'il l'a bien réparée , comme il a cache fi4s JOURNAL D «e le faire , c'eft un mérice qu'il reconnok leur devoir. Par la même raifon que la preu- ve de l'authenticité des Evangiles écoit un préalable necelfaire dans la féconde partie de fou Livre , il importoit d'infilter dans la fécon- de fur la nature & fur la poflîbilité d'une infpiracion divine , de mon- trer que les Prophètes Hébreux écoient infpirés dans tour ce qu'ils ont écrit, &de taire voir que leurs prédictions ont pâlie jufqu'à nous dans leur intégrité. M. l'Ab. H. s'eft donc fait un devoir d'em- F loyer cinq Chapitres nouveaux à éclaircilïement de tous ces points; & il le flatte que ceux qu'il donne diffipent tous les doutes ; j'entens, ajoûte-r-il , ceux qui feraient fon- dés fur quelque motif raifonna- ble. On a demandé encore à notre Auteur , pourquoi il s'étoit li peu étendu fur l'explication de la Pro- phétie de Jacob ; pourquoi il ne parloir point de celle d'ifaye iur l'enfantement d'une Vierge, pour- quoi enfin parmi fes autres preu- ves , il n'avoir point employé cel- le que nous fournit la dilperfion "des Juifs , &: celle qui fe tire de la defcente du S. Efprit fur les Apô- tres, félon la promelle que J.Ç. ieur en avoit faite ? Sans s'arrêter à répondre que les preuves de la Religion Chrétienne font inépuifables , qu'un Auteur n'efl: comptable que des articles qu'il difcute , & qu'on ne doit exiger de lui que ce qu'il promet à -Tes Lecteurs , M. l'Ab. H. n'a pas ES SÇAVANS, héiîté à entrer dans les vues qu'on lui ouvroit , quoiqu'elles deman- daient de pénibles recherches. Et pour l'y engager , il lui a luffi de croire qu'elles feroient utiles à la caufe de l'Evangile. Aulîi ne s'elt-il pas renfermé feulement dans ce qu'on a paru fouhaiter de lui ; il a été beaucoup au-delà. Pour n'avoir plus dans la fuite a revenir fur ce premier Ou- vrage, & afin de referver tout fou loilir a ceux qu'il prépare, il a aug- menté Ion dilcours d'Analyles de plulieurs Auteurs, dont il n'avoit point parlé d'abord ; il a étendu divers Chapirres dont le fonds avoit befoin d'être mieux dévelop- pé ; il a refondu ceux où fes der- nières idées lui ont paru préféra- bles aux anciennes ; il a difeuté dirfërens points de critique qui ne l'avoient point été encore , ou qui ne l'avoient été qu'imparfaire- ment ; il a appuyé par de nouvel- les raiions ce qui pouvoir laillèr un relie d'inquiétude dans l'elprit; il a enfin termine le troilîéme Vo- lume par une Dillèrtation fur les faux principes des Délites , dont il combat les divers Syftêmes. Ac-. celloire qui lui a paru ellèntiel au fujet qu'il traite , mais fur-tout à la troilîéme partie de Ion Ouvrage où il détruit les objections qu'on oppofe à fes preuves de fait. Il ne diffunule pas que c'efl: pré- cilément cette dernière partie qui lui a attiré le plus de contradic- tions. A quel propos ont dit fes adverlaires, rafle iv.bler fous le mê- me point de vue tant d'objets pror près À V R 1 pres^feulement à effrayer les foi- î>les ou à les lcandalifer. M. l'Ab. H. avoiie , qu'il ne peut allez s'é- tonner , qu'on lui ai: taie une pa- reille queftion. Il demande à Ion tour , fi c'eut été bien défendre la Foi Chrétienne, & lui faire hon- neur , que de cacher avec adrellè les raifons de ceux qui le vantent de la détruire.» Si j'ai dit (car nous « empruntons fes paroles ) qu'à « ces difhcultez déjà faites , j'en » ajoûtois , qu'on ne lit point ail- " leurs , & les plus fortes que j'ai » pu me faire en méditant fur la " Religion , cela même eft inno- " cent , & marque non feulement " que je ne déguile rien , mais que »je me tiens fi fort de mes preu- » ves , que je cours au-devant de » ce qui femblerok devoir les « ébranler. « Loin donc qu'il fe croye inexcuiable pour avoir placé fous les yeux du Le&eur tant d'ob- jeélions contre la Foi , il prétend qu'il n'a rempli que le devoir ei- (entiel à tout controverfifte équi- table ; Se c'eft pour cela qu'il n'a E as craint d'en produire de nouvel- :s , qu'on Ta prié de refoudre. Mais pourquoi , du moins , lui a-t-on dit encore,avoir mis ces ob- jections dans leur plus grand jour? Pourquoi les avoir ornées avec complaifance des tours les plus impofans , & -des plus vives cou- leurs ? C'eft-là, reprend M- l'Ab. H. une aceufation où je n'ai pu encore découvrir que de la mali- gnité fans ombre de vraiiemblan- ce , même en voulant me juger dans la plus grande rigueur. QuoiJ Avril. L , 1740." -z^i parce qu'on affbiblit,quand onveut, les plus fortes raifons, en les dé- pouillant d'un accefloire qui aide a les faire mieux fbntir , mes ad- verlaires auroient-iis voulu que j'eulle employé ce lâche artifice en rapportant lés difficultez des in- crédules ? Les anciens Apologiftes de notre :Foi en ont-ils ulé ainii ? ont-ils exténué, ont-ils fupprimé ce que le Payen , ce que le Juif avoient de plus apparent à nous oppofer ? Ils ont été plus loin , continueM. l'Ab. H. fouvent pour mieux triompher de nos ennemis , ils leur ont ouvert des moyens de nous combattre que ceux-ci n'env ployoient ou ne connoilïoient pas. Tertullien , Arnobe & Ladtance ont montré mille fois dans la difpute , & cette candeur , & cette noble fierté. Une conduite qui étoit louable dans ces grands hommes , feroit - elle blâmable dans notre Auteur ; Nous convenons , lui ont ré- pondu quelques-uns de fes criti- ques , qu'un Controverfifte ne peut fe dilpenfer de rapporter re- ligieufement toutes les difficultez que fes adverfaires oppofent , & même peuvent oppofer à la caufe qu'il foûtient , mais auffi on ne peut dilconvenir qu'il eft obligé de mettre du moins autant de force dans fes réponfes que dans leurs objections, & cependant, lui ont-ils dit , vos Réponfis lailfent à votre adverfaire tous fes avanta- ges. Ils l'ont dit , je le fçai , ré- pond M. l'Ab. H. mais Font-ils prouvé. D'autres Critiques , & il H h 242 JOURNAL D le tairoit , fi l'extrême neceiïîté ne le çoncraignoit a le dire, d'auties Critiques & en plus grand nom- tv. ,. qui ailuréraent, ainfiquil s'en explique , ne l'épargnèrent pas lur difterens articles , n'ont-ils pas contelle qu'il cto't inattaqua- ble lur celui-là. Il r.ous apprend même que des étrangers celébi .; par leur (bavoir , d'illuitres Met** physiciens d'une communion dirrè- rente de la notre , ont applaudi à ces mêmes Réponfes , fi dedaigneu- fement rejettées ici par quelques Critiques. Mais pour vuider , dit-il , cette querelle en peu de mots , il réduit à trois efpeces les différentes per- fonnes qui trouvent Tes Réponfes faibles & inluftifantes -, ou ce iont des Théologiens, ou des incrédules, ou enfin ces Lecteurs fuperficiels qui ne lifent que pour dire, qu'ils ont vu ce qui fait quelque bruit dans le monde. Il a conjuré les premiers dans la lettre que nous avons déjà citée , il leur en a fait même le défi , de lui marquer ce qu'il eut fallu dire dans ksRéponfes, qu'il n'eut pas dit. Cependant , qu ont-ils répondu ? rien de polî- tif. Rien qui ne fut pas déjà dans ces mêmes Réponfes , ou dans les principes qu'il avoit établis aupara- vant. En parlant ainfi , il décla- re qu'il ne veut pas dire néan- moins qu'on ne puilfe employer pour la defenfe du Chriftianifme , d'autres raifons que celles dont il fe fert. Ce qu'il a prétendu & ce qu'il oie prétendre encore , c'eft que dans i'oxdre où il le renferme, ES SÇWANS, dans le plan qu'il S*efl rracé , il a produit c™ qu'il y a de plus decifif contre les difhcultez qu'il rdute. A l'égard des Déifies qui vou- droient échapper à fes preuves par de vagues déclamations , il n'a qu'un mot a leur dire. Us convien- nent qu'il a propofé leurs objec- tions dans toute leur force , & fe retranchent a dire,qu'elles ne font pas détruites- Mais s'il eft vrai qu'elles ne le foier.t pas , M eft donc aile d'attaquer les Réponfes & de les renverfer. L'ont-ils fait , l'ont- ils même tenté ? M. l'Ab. H. en appelle au public. S'ils répondent qu'il a tort de fe prévaloir de leur filence , parce que la crainte du miniilere public les force à le garder. NotreAuteur demande s'il doit fe croire lolidement refuté par des argumens mifterieux dont la con- noilïànce n'eft jamais venue juf- qu'à lui. Il prétend d'ailleurs que ce défaut de liberté qui les empê- che de produire ces raifons pré- tendues vidtorieufes, n'eft pas vrai, & que ce n'eft qu'un prétexte dont ils fe fervent pour en impofer aux Amples, pour décrier un Ouvrage qui convainc plus qu'on ne vou- droit , & par - là cacher Ion im- puillance à le réfuter. Pour ce grand nombre d'hom- mes qui ne lifenr qu'à la hâte & Cuis attention , il n'eft pas furpris que fes Pép. ne leur paroilîent pas démonftratives. Comment pour- roient-ils en refleurir la force; Elle confifte principalement dans la liai- ùm des principes, dans l'enchaîne- AVRI ment des conféquences , dans la combinaifon des différentes pairies du rour , & apurement ce n'eft pas une vue diftraite , qui embral- fe tant d'objets &c de rapports. D'ailleurs quelque iïmple , que foit une objection , ce n'eft fou- vent qu'a l'aide d'un grand nombre de railonnemens , 6c en quelque ibite par des Dillei tarions qu'on arrive a la détiuire ; il faut donc prelque toujours pour lentir la ju- ftelfe d'une réponie,beaucoup plus d'attention, que pour lentir la for- ce d'une objection. Or le commun des Lecteurs eit-il capable de cette attention ? Il refte encore un dernier re- proche qu'on a fait a M. l'Ab. H. mais ce n'eft qu'avec peine qu'il a pu fe refoudre a en parler , car il voudroit bien , dit-il , paffèr fur ce qui regarde fa perfonr.e , 6c fur ce qui ne concerne que les talens. On veut donc, après avoir tout épuifé contre le fonds de Ion Ouvrage , y reprendre encore jufqu'au ftile , ioûtenir qu'il eft mal allorti a des queftions de çontroverfe , l'accu- fer tantôt d'être trop étudié , tan- tôt de pécher groflîerement , 8c prefque par-tout contre les régies, car fur ce point mes critiques ne font pas , dit-il , trop unanimes. » Mais quoi donc ( répond-il ) eft- » ce des mots dont il s'agit dans »un fujet de cette nature, 6c n'eft- » ce plus des choies ? convient-il « dans une difpute fi digne du » plus piofond lérieux , dans l'af- » faire la plus & la feule grave oqui puiflè occuper la raifon , L ," 1 *7 4 où 245 d'incidenter par ces puériles & 'frivoles conteftations de Rhé- teur ? Qu'importe par où vien- >ne la lumière, il n'eft: queftion que de la fource , non du canal > qui la tianfmet des armes pour n'être ni polies ni brillantes en font-elles moins capables de porter des coups certains ? Pour- > vu que mes preuves foient clai- » res & convainquantes , qu'im- > porte cjue mon langage foit dé- jfe&ueux; je ne défends que les ' uns 6c j'abandonne l'autre fans > peine. « Cejfez. donc , dit-il à les Critiques , en fe fervant des paro- les de S. Auguftin , cejfez. tous ces •vains difeours , il s'agit de la caufe de l'Eglt/e , non de la mienne , & l'Eglife inftruite à ne point mettre fon cfperance dans les talens hu- mains , ne reçoit aucun préjudice par les défauts de ceux qui combat- tsnt pour elle. Enfin quoiqu'il fe flatte de n'a- voir rien omis dans cette nouvelle Edition de tout ce qui pouvoit ren- dre Ion Ouvrage plus lolide , & d'y avoir même porté les preuves de la Religion Chrétienne jufqu'à la dernière évidence , il avertit ce- pendant que la foi véritable , celle qui caraéterife le Chrétien,doit, eu foûmettant l'efprit , aflujetdr le cœur , & que cette foi n'eft point le fruit des efforts humains. Ainfï tout ce qu'on peut attendre de fes Apologifles » eft d'en établir les » véritez préliminaires, de préparer » les efprits à les iecevoir,& de les » convaincre , que fî l'on ne voie » pas évidemment ce qu'on croit , Hhij 5T44. JOURNAL D » an voit clairement qu'il feroit dé- >i raiformable de ne le pas croire. « Mais il ne furrit pas d'avoir éclairé l'elprit , malheurcufemcnt c'eft , dit-il, le coeur léul qui nous décide, & il n'y a que celui qui a rormé l'homme qui puilfe efficacement agir fur le cœur de l'homme , en domptant toutes fes refiftances. Cette Préface , qui étoit un pré- liminaire neceuaire a cette nouvel- le Edition , & qui par cette raifoa ne paroîtra point trop longue , quo-'qu'elle foit fort étendue, eft niivie d'un Difco-.vs Hiftorique & Critique fur la-mélhtde des princi- paux auteurs , q'tti ont écrit pour & contre le Cbriftianifine- depuis fou origine. Comme on en a rendu compte dans le Journal du mois de Février \-i\u & que nous n'avons remarqué dans les deux premières parties de ce Dilcours , que quelques changemens peu confiderables , 5c même en petit nombre , qui ne tombent guéres que fur leftile , nous ne nous ar- rêterons qu'à la 3""-' partie, qui comprend les Auteurs qui ont écrit depuis le 1 f"c fiécle , & dans laquelle M. l'Ab. H. a cru devoir ajouter Gaftrell , Jaequelot , Bo- dfn , & Orobio à ceux dont il avoit parlé dans fa première Edition. Le premier a eompofé en An- glois deux Traitez , dont l'un eft intitulé : De la nécejfité de la Reli- gion en général , & l'autre : De la cet titude de la révélation Chrétienne. Tous deux , félon M. l'Abbé Houteville , font écrits avec loiee , il y règne une métaphyft- ES SÇÀVÀNS, que fage, foigneufe d'éviter toù- te affectation defentimens propres & lingulieis. Ce qui les diftinçue iur-tout , c'eft l'ordre & la-métho- de. On a (auvent , continue-t-il , acculé la Nation Angloile de les négliger , li elle avoit beloin de le de tendre de ce reproche , il lui fuffiroit de citer M. Gaftrell » & la » France , où l'on le flatte de fça- «voir mieux qu'ailleurs , mettre » un bel ordre dans les Ouvrages , » n'en a peut-être point eu (dit-il) » où cette lorte de beauté brille davantage que dans celui-là. Mais les quatre Difcours de M: Jaequelot fur l'exiftence de Dieuj font , au jugement de M. l'Ab. H. ce qui a jamais été fait de plus loi lide fur cette matière. La méthode que fuit cet Auteur dans la dilcui- lîon d'un fujet déjxmanié tant de fois, lui a paru fi neuve & li heu- reule,qu'il a cru ne pouvoir omet- tre d'enexpofer le plan. L'analyie, qu'il donne de la première Ditîer-. cation de M. Jaequelot , fur la- quelle il paroît s'être étendu avec plaifir , montre , comme il le dit , qu'il y a eu peu d'Auteurs dans le dernier lîécle, qui ayent réuni plus de Içavoir & de raifonnement , peu qui ayent mieux fondu enlem- ble la Philofophie &: la Critique. Il nous fait encore connoître deux autres Dillertations de M. Jaequelot, où cet Auteur entre- prend de prouver que J. C. eft le MelTîe : quoiqu'en général il y ait en vue de confirmer la foi des< Chrétiens , il paroît cependant à. notre Auteur , que les Juifs y ont A V R été Ton principal objet. Il s'en finit bien qu'il porte un jugement auffi avantageux de Jean Bodin , Jurifconfulte célèbre , & du Juif Orcbio , les deux Auteurs qui dans le dernier fiécle fe font élevés le plus fortement contre nous. » L'un & l'autre avoient « ( dit-il ) du fçavoir , il ne veut » pas leur en contefter le mérite , « mais auffi l'un & l'autre avoient » très-peu de juftene dans l'efprit, » & il ne paroît pas que l'art de » raifonner fût leur principal ni » même un de leurs talens. M. » l'Ab. H. fupplie le Lecteur de » croire qu'en-jugeant ainfi , il par- « le fans prévention de Contto- » verfifte ; c'eft une juftice ( dit-il ) » qu'il n'auroit pas befoin de de- as mander , /î les Ouvrages de ces «Auteurs étoient publics , & il » chacun , comme lui , pouvoit » en décider , après les avoir lus » dans les copies manufcrites , que « quelques Cabinets ont confer- » vées. L'Ecrit de Bodin eft partagé en fix Dialogues , dans lefquels il eflaye de renverfer tous les Mi- fteres du Chriftianifme. M. l'Ab. H. nous avertit que dans fon Ou- vrage il a pris foin d'expofer & de réfuter les plus fortes objections de ce Jurifconfulte , non qu'elles fioient importantes , mais feu- lement pour ne pas laifïèr foup- çonner qu'elles le foient; car com- me des 6 Dialogues de Bodin , on n'a imprimé que le premier qui eft IL, 1740." 24-5- le moins fcandaleux , on a fait plusieurs fois à notre Auteur ce faux raifonnement. Le Livre de Bodin n'a jamais paru \ donc c'eft à dcjfein qu'on l'a tenu caché fi foi- gneufement , & pour conferver à U Religion l'autorité qu'il lui ferait perdre. M. Limborck, dans fa Confé- rence amiable avec un Juif efl le feul qui nous ait expofé les prin- cipales objections d'Orobio ; quof- qu'en général il y ferre fon adver- faire de fi près , qu'il le réduit à ne pouvoir plus faire un pas fans trouver-un précipice devant lui, cependant comme M. l'Ab. H. penfe qu'il pouvoit être encore plus preilant , il nous allure que quand Foccafion s'en eft offerte, il n'a pas oublié de iuppléer à ce que M.Limborck n'a pas dit, toujours bien perfuadé , ajoûte-t-il , que ces mêmes additions auroient eu. dans les mains de cet Auteur in- comparablement plus de force que dans les fiennes. Celles que M. l'Ab. H. a faites ; dans cette nouvelle Edition , au corps de fon Ouvrage, n'étant pas moins confiderables par l'im- portance de la matière que par l'étendue qu'il leur a donnée, nous ne manquerons pas d'en parler dans le Journal fui vaut. Nous venons d'apprendre que cet Ouvrage fe vend aujft chez. P. G. lé Mercier , Imprimeur-Libraire , rttè S. Jacques , an Livre d'or» ■ a4 ment du goût pour les opinions » & pour fes maximes ; « moien , ajoute le P. B » de nuire a la Reli- » gion , fous prétexte de fervir la » raiion. . . . & de réduire toute la a perfection d'un Chiétienau mé- » rite & à la qualité dhonnete » homme. Les (Euvres que le P. Belon met au jour en notre Langue comme un antidote contre les maux que nous venons de citer ont pour ob- jet la perfection du Chrétien & ( * ) De la Compagnie Je Jelus. confident dans quatre Traitez. Dans le premier , l'Auteur ex- pofe la nécefiîté d'aller de vertu en vertu , &c les routes qui peuvent conduire à cet état de perfection. Dans le fécond examinant le cceur de l'homme, il fait connoître la mifere, fa baftefte, fa dépravation. Il peint le danger de compter lur notre raiion , lur notre volonté , fur nos penchans & fur les créa- tures. Il fait voir comment cette défiance nous mène à la félicité. Dans le troiiieme, il trace à l'homme jufte les moyens de fe maintenir dans la voye de la jufti- ce. Dans le quatrième , il peint un état plus heureux encore , c'eft cette joye inéfable dont fe rem- plirent ceux qui le font un perpé- tuel objet de la pi eience de Dieu. Aurefte, le Traducteur occupé à faire fentir » ce que l'Auteur a eu "delfein de gravei dans l'elprit Se » dans le cœur de les Lecteurs , « ne s'eft point borné a faire uneTra- duction lervile : telle eft la diffé- rence d'unTiaducteur qui penfe,à celui dont tout le n erite condfte dans la feience des mots. Le pre- mier compole un Ouvrage , le le» cond ne donne qu'une verlion. m%* AVRIL, 1740. 247 PROSE E POESIE DEL SIGNOR ABATE ANTONIO CONTI , Patrizio Veneco. Tomo primo , Paire prima. In Venezia prefTb , Giam - Baptifta Palquali , 1739. C'eft-à-dire : Les Ouvrages en profe & en vers de M. lAbli Conti, Noble Vénitien. To?n. I. Part. I. A Vernie , chez Jean-Baptifte Pafquali , 1-39. vol. /»-+°. pag. 362. fans la Préface & l'Epure Dédicatoire , en beau papier & en beau caractère. IV. Extrait. P R O T £' E , Idylle. HOrace, dans une de Tes Odes , introduit Nérée , qui prédit à Paris la ruine de Troye & les victoires des Grecs. M. l'Abbé Conti , à Ion exemple , voulant reprefenter poétiquement les éve- nemens les plus conliderables de l'Hiftoire de Venife , introduit un Dieu Prophète qui annonce tout ce qui doit arriver à cette puiflàn- te République , il a choilî Protée à caule des prodiges que Virgile raconte de ce Dieu , & qui peu- vent fournir un merveilleux que M. l'Ab. C. a jugé propre à em- bellir fon Ouvrage. Le Poète fixe l'époque de la fondation de Venife à la defcente d'Attila en Italie, & croit que les habitans d'un grand nombre de Villes détruites en Lombardie , comme Padoiie , Aquilée , &c. vinrent fe réfugier au haut du Gol- fe Adriatique , dans de petites Mes qui , dans la luite , ayant été join- tes par des ponts , ont formé la Ville de Venife -, il décrit les guer- res que les Vénitiens ont euafoû- tenir contre les François , les Sa- razins , les Lombards , les Nor- mands , les Allemands , &: celles- qu'ils ont faites & en faveur de Rome & de la Grèce , ou contre fune & l'autre. Guerres qui les ont rendus enfin les Maîtres de/* Mer Adriatique. Il pafle eniuite à la conquête de la Terre Sainte , à laquelle la République a eu tant de part. Il décrit la prife de Con- ftantinople , la divifion de l'Empi- re Grec , enfuite les guerres con- tre les Génois , l'acquifition de la terre ferme , la Ligue de Cambrai, la conquête & la perte de la Mo- rée , le Siège de Corfou , & enfin les dernières guerres que fe font faites en Italie, les unes aux autres, plufieurs Nations étrangères. Par- mi les Hommes illuftres par leurs victoires , il en choifit trois , fça- voir, Viétor-Pifani qui délivraVe- nife des armes des Génois; le Doge HenryDandolo qui dirigea l'entre- prife de Conftantinople ; & le Do- ge François Morofini , qui , pen- dant la Ligue faite avec l'Allema- gne & la Pologne , enleva la Mo- rée aux Turcs. Il parle avec com- plaifance des progrès que les beaux arts ont faits a Venife , 8c il donne au Cardinal Bembo les louanges qu'il mérite pour avoir 248 JOURNAL D rétabli l'étude des trois Langues. M l'Ab. C. a tiré tout Ton fujet de de l'Hiftoire , mais de même que Virgile abandonne l'ordre chrono- logique en racontant la deicente . d'j£née en Italie , M. l'Ab. C. a cru , a plus forte railon, avoir le même droit de transporter leséve- nemens ; parce qu'il a dû fuivre , dans cet Idylle , l'Enthouhalme Lyrique , & foûtenir le ftile pro- phétique qui demande de plus grands mouvemens , &z par confé- quent moins d'ordre; il a eu cepen- dant foin de faire appercevoir la iuite des faits a travers le tumulte des imaginations du Dieu Prophé- re. Cet Ouvrage eft confiderable , & contient 71 pages d'impreiîion. Nous aurions fort founaité de faire un peu mieux connoître ce Poème , nous en aurions même donné ici quelques morceaux que nous avons traduits &qui auraient fans doute fait plaifir à nos Lec- teurs, mais le peu d'efpace qui nous relie dans ce Journal ne nous permet pas de nous étendre autant que nous le voudrions , & nous fommes obligés de nous borner à indiquer Simplement le relie des Pièces qui compolent ce Volume. C ANTATES. Les Cantates font au nombre de trois. Draide , célèbre Poète An- glois , introduit dans une Ode Ti- mothée qui , en prefence d'Ale- xandre , chantant tour a tour des guerres , des victoires , des fêtes galantes , des amours , des morts, ES SÇAVANS, des fpectres , 6"c. reveille dans lame de ce Héros les différentes pallions qui ont rapporta ces dif- terens objets. Cette imagination a plu à M. l'Ab. C. Se il a traduit cette Pièce Angloife en vers Ita- liens , mais au lieu d'une Ode il a compote un Drame qu'il a fait mettre en mulique par le S Bene- detto-Marcello. Et c'elt-la la pre- mière Cantate. Le mêmeSr Benedetto-Marcel- lo , extrêmement Satisfait de cette première Pièce , fouhaita que M. l'Ab. C. en composât une autre , dans laquelle , par le moyen d'une Hiftoire ou d'une Fable , une voix Seule peut exécuter tous les difîè- rens caractères de Mulïque expri- més dans la Cantate de Timothée. M. l'Ab. C. fe fouvint qu'Euripide & enfuite Lycophron introduisent Calïàndre, qui prédit les malheurs qui doivent arriver aux Grecs & aux Troyens. Il refolut d'imiter l'un & l'autre Poète , & pour don- ner un air de magnificence à ces imaginations poétiques , il a mis dans la bouche de CalTandre , en forme de prophéties , les princi- paux récits de l'Iliade : Se c'eft la Seconde Canrate. La troifiéme Cantate eft intitulée Orphê; , le Sujet eft la deicente d'Orphée aux enfers pour rede- mander Euiidice, qu'il obtient & qu'il perd auflî-tôt après , par Son imprudence. LES SONNETS. Après les Cantates on trouve les A V R I îes Sonnets , au nombre de qua- rante-deux. Six Théologiques , qui roulent -tous fur des matières de Religion, ainll que leur titre l'annonce. Hu't Philoibphiques , qui de même ont tous rapport à quelque idée de Philolophie , ôc vingt-qua- tre Héroïques dont chacun eft l'é- loge de quelque perfonne illu- ftre. POESIES DIVERSES. Ces Pièces ion* au nombre de dix , ce font dirîerens petits Ou- vrages qui font échappésal'Auteur par occalion , l'un eft un Epitha- lame, l'autre une Ode , quelques- uns ibnt des Deicriptions, d'autres des Lettres, d'autres enfin des vers où l'Auteur déplore quelques acci- dens fâcheux. Il y en a une fort belle de cette derariere efpece fur la mort de Madame la Comtefle de Quélus. Au refte , il eft bon d'avertir nos Lecteurs que M. l'Ab. C. eft lui- même fon propre Scoliafte , & qu'il fait toujours marcher de com- pagnie la Pièce de vers & le Com- mentaire , de forte que jamais on eft en peine de fçavoir quelles ont été les vues de l'Auteur. LES TRADVCTIONS. Les Traductions occupent la fin du Volume, la première & la plus L , 1740. 249 confiderable des Traductions de M. l'Ab. C. eft celle qu'il a fa;te •en vers Italiens de TAtrulie de M. Racine , elle eft précédée d'une Dilfertation dans laquelle l'Auteur développe avec beaucoup de capa- cité, l'artifice admirable qui règne dans ce chef- d'oeuvre de notre Théâtre. Les Traductions de quelques Pièces Gréques viennent eniuite , -on trouve d'abord une Traduction complétée de tontes les Odes d'A- nacréon, une Traduction de l'Ode de Sapho à Vénus, celle d'un frag- ment d'une Ode de Simonine inti- tulée , Perfée. La Traduction de l'Hymne de Callimaque fur les bains de Pallas. Les Traductions de quelques Pocfies Latines anciennes termi- nent tout le Volume. Ces Pièces traduites font la féconde du 2mL Li- vre des Odes d'Horace , &c la dou- zième du premier Livre-, la fixiéme Eclogue de Virgile. Le Poème de Catulle fur la Chevelure de Béré- nice. Toutes ces Traductions font en vers Italiens & font accompa- gnées de beaucoup de notes hifto- riques & critiques que M. l'Ab. C. a , pour la plupart, judicieufement recueillies des Critiques & des Commentateurs les plus eftimés. NOUVELLES ALLEMAGNE. DE LEIPSICK. IL paroît ici depuis peu deux Traitez de Droit : l'un des Let- tres à* InveftitHre , par le Docteur Avril, LITTERAIRES. Jean Gottlieb - Siegel , Profeflèur en Droit Féodal : l'autre , du droit de battre Monnoyet pojfedé & exer ce far les Evoques d Allemagne , <* de la Mitre à doux pointes qui tntr1 It 2To JOURNAL. D que ce droit fur quelques Monnojes: de regali Monetâ , La fpécle de Mitra bicorni in Epitcopis Germa- nie hajus regalis criterio , ex ra- riori quodain nummo bracteato , ac variis Diplomatibus illuftrata,: par M. .Boc?:fius , Docteur & Pro~ felleur en Droit , &c. Ces deiix Ouvrages font in-+". Herrn Helrrichi von Bunau Ge- vav und urtiflandliche Teutfche Kayfer und Reichs Hiflorie : c'eft- à-dire :■ HiftoireexaUe & circon- flancice des Empereurs & de l'Empi- re d' Allemagne , tirée des meilleurs ■Hiftori'ns &ds Afonumens anciens. Par M. Henry de Bimau. Tonne troifiéme. Chez Gai par. Fritfch. 1739. w-+°. Ce Volume contient: les règnes de Louis le Débonnai- re , de Lothairé, de Louis II. 6c de Louis le Germanique , c'eft-à- dire, le terris qui s'elt écoulé de- puis Si 3. juiqua l'année S76. Le quatrième Volume eft lous la Prelïè. Le premier parut en 1728. Le fécond en 1731. Cet Ouvrage eft toujours fort eftimé , & il eft à. Ibuhaiter que quelqu'un en donne une Traduction Françoifè,. de Berlin. Chronologie de l'Hifloire Sainte & des f/ifîoircs étrangères qui la con- cernent , depuis la [ortie d'Egypte jufqtf'à la Captivité de Babylone. Par Alphonfe Des fignoles. Chez Ambroife tiaitde 1738. /'w-40. 2. vol. M.- Des fignoles a divilé fon Livre en deux- Parties ; la premiè- re regarde uniquement la Cru'o- ES SÇAVANS, nologie de l'Hiftoire Sainte ; la fé- conde a pour objet les Hiltoires étrangères qui ont du rapport avec l'Ecriture Sainte. L' Autour com- mence a la lortie des Uraclites de la terre d'Egypte , il fioif a la Cap- tivité de Batylonc , & il ajoute à la fin une içavante Dillertation couchant la forme de l'année an- cienne.- Tel ett en général le plan de l'Ouvrage de M, Des-Viqnoles ; on en parlera plus amplement dans- un des Journaux fuivans. de Bresleau. Il vient de paroître ici une Bro- chure en Latin fur la Vie Se les Œuvres du fçavant ôc célèbre M. lt olfius : elle porte pour titre LFi- ta , t'ata , & Scripta Chrijltarti Wolfit Phdofophi. de Luxembourg.. André Chevalier , Imprimeur de Sa Majefté Impériale & Catholi- que , Se Marchand Libraire , a imprimé fur la fin de l'année der- nière un Ouvrage contenant une queftion de Droit Canon affez im- portante , mais qui n'eft pas nou- velle : il s'y agit de fçavoir fiun Abbé Régulier , lorfqu'il eft élevé à l'Ordre & à la c'ignité de l'Epif- copat , celle d'être Religieux , & s'il perd fa Jurifdiclion air ceux de fon Abbaye & fur fes dépendan- ces. Voici le titre de l'Ouvrage : VAbké Régulier Sacré Evcque in partibus Infidelium , ou Traité dans lequel on examine l'état efwt AVRIL rjthbi Régulier après fa confier ation Epifc opale. Par le R. P. Albert Marion , Chanoine Régulier de l'Ordre de Prémontré , Prieur de Senzey, auDiocéfe deTouL/»-4°. SUISSE. de Genève. La Traduction Franpoife de VHi- Jloire Civile du Royaume de Naples: par Giannone , avec des augmenta- tions confiderables Se des Remar- ques , eft fous la Preflè depuis quelque tems ; elle contiendra 4 Vol. W-+°. On a imprimé depuis peu un Re- cueil de Fables choijîes d'Efope en pur Grec , & un autre Recueil des Fables de Phèdre , en Latin , a l'u- fagede la Jeunette. Ces deux Re- cueils font imprimés très-correcte- ment -, c'eft ce qui nous a engagés à les annoncer ici l'un & l'autre. ANGLETERRE. de Londres. L'Ouvrage que M. Algaroti fit Imprimer à Naples en 1757. fous <:e titre : // Netotonianifmo per le Dame , overo Dialoghi fopra la luce e i colori , vient d'être traduit en Anglois. Cette Traduction , qui eft intitulée : Sir Ifaac Newton s Philofophy e xpl aine d for the ufe of the Ladies. En z. vol. «*-8°. eft: de MMe Carter , fort connue par fes talens pour la Pocfie , par les con- uotiTànces qu'elle a des Langues î 1740: 23* t anciennes & modernes , Se par la délicateflê & la juftefle de fon ef- prit. M. Richardfon , Chanoine de l'Eglife de Lincoln , le propofe de publier par Soulcription une nou- velle Edition de l'M jloire des Evo- ques d'Angleterre de Godwin : Fr. Godwint Epifcopi de Prœfulifois An- glia Comment arius . : . . quem adfi- dem Monumentorum in Archivit Regiis & Lambethanis recognovit , plurimis in locis ad veritatem redu- xit , & perpétua demum ferie ad prafens ufque faculum continuavit Gudlelmus Richardfon Cette nou- velle Edition fera in fol. elle con- tiendra plus de 2000 pag. avec près de 60 planches. Le prix eft de deux guinées : on en payera une d'a- vance , & l'autre en recevant l'Ou- vrage imprimé. Le prix des exem- plaires en grand papier eft de trois guinées : on en payera deux d'a- vance , Se la troificme en recevant l'Ouvrage. Voici encore un autre Ouvrage, qui n'eft pas moins important pour I'Hiftoire , Se qu'on le prépaie à imprimer auflî par Soulciiption ; c'eft un Recueil de Papiers d'Etat de Jean Thurloe , premièrement Secrétaire du Confeil d'Etat , Se enfuite des deux Piotecteuis Oli- vier Se Richard-Cromvccl , conte- nant des Mémoires authentiqués des affaires d'Angleterre, depuis l'an 1638. jufqu'au rétabliflement de Charles II. il eft intitulé : A Colletlion oftheflate papers of]vhn Thurloe Eftf. Sccretaryjirft to the Concil of State } and afterwards tt l i ij s?* JOURNAL D ttie tv: avec ion ellan.pe gra- vée d'apics un poicuiicori; inal, &C à la tin u.ie ample Jfble des matiè- res. Ru M. Thomas Bf-cb, Mem- bre de la .Société Royale. On com- pte que ce.Rcdieil contiendra en- viron 500 feuilles &: fera 5 vc.l. fol. Le prix de la Souiciiption lera de cinq gumées : on en payera trois en loufciivant , ëc les deux autres en recevant ks 5 vol. en feuilles. Les exemplaires en grand papier feiont de S guinées , dont on en payera j en iouferivant ? & les j aunes en recevant un exemplaire complet. Tout l'Ouvrage paroîtra au mois de Mars 1741. Un Gentilhomme du Temple a donné depuis peu un Volume con- tenant , A Short critical reviexv of the politisai lif. of Oliver Cronrw! &c. c'elt-à-dire : Une courte revue (critique de la Fie politique d'Olivier Cromwel- Lord, Protctlcur de lu Reput hque d'Angleterre , d'EcoJfe & d'Irlande. in-S°. Académiques de Car on , avec le Texte Latin de l'Edition de Cam- bridge & des Remarques , outre les cony. clives de Davies & de Bentley., ■ Cr le Commentaire- Philofophiçue de Pierre ïral ntia , Jurifcmfulfe Ep- pagnol , dàl.ées a la Société Royale. Par M. Durand , de la même So- ciété. 1740. ;/z-S°. Cette Edition eft couecie, fur de beau papier & en ES SÇAVANS, beaux caractères. M. Durand a joint à cet Ouvrage un Projet de Soufcription d'une Edition com- plexe de toutes les ûluvies Philo- uyliiques de Ciceron. Comme on 1 rleradans le Journal fuïvant de la Traduction des Aca Içmiques & de ce r . .jet : jus nous conten- terons de rapporter ici les condi- tions de 1. oufciption. L'Edition îera/wi--).'. t -elle, exacte £ en beau papier : elle contiendra j zu feuil- les environ; lé prix fera de zc ohJlings, dont en payera une gui- née d'avance; & en fbuferivant on recevra un exemplaire des Académiques avec le Latin & le Comnientaire de Valentia en re- connoiflànce de la S'oufctiption. Ceux quiiouicriroin.pour 6 exem- plaires, en auiont un feptiéme gratis , y compris les Académi- ques. On en tirera 50 exemplaires en grand papier , dont le prix fera de deux guinées ; auquel cas , on payera une guiiiée 6c demie d'a- vance ; les Académiques qu'on donnera ferviront dé reçu. Les Soulcriptions feront- reçues chez M. Vaillant , Libraire dans le Strand , & chez l'Editeur en Threadneedle-Hatton-Court. LyfiA Qrationes & Fragmenta \ Gr. Lat. &c.-c'eit-à-dire : Difcours & Fragrnens de Lv/ias , en Grec & en Latin. M.Jean Taylor, qui a pris foin de donner au Public cette nouvelle Edition , a revu le Texte fur les Manufcrits , il l'a enrichi de Notes-Critiques & d'une nou- velle Interprétation. On a ajouté les conjectures de M, Cl. Jer.. A V R I 'Mar^land : la Vie de Lyfias tirée de Plutarque , avec des Remar- ques : une autre Vie du même Ly- has avec un Jugement touchant le génie de l'Orateur & le caractère de les Harangues , tirés de Denys d'Halicarnafle. Ex Officina GuilUl- mi Rowger , in zsEdibus olim Car- rneliticis. 1739. w-40. On ne man- quera pas de parler de cette Edi- tion de Lyfias dans un des Jour- naux fuivans. An EJfaj tovcards demonfl.ng the immateriality and free-agency of the Soûl , &c. c'eft-à-dire : Effai ten- dant a démontrer V immatérialité & la liberté de l'sime , pour fervir de réponfe à deux Ecrits , dont l'un eft intitulé : A Philofophical Enqui- ry in to the Phyftcal fpring ofhuman allions , &c. c'eft-à-dire : Recher- ches Philofophiques fur la caufe phy- Jtque de l'atlion humaine , 8cc. attri- bué à M. Samuel Strutt : & l'autre a pour titre : A Philofophical En- quiry concerning hum An liber ty , &C. ou Recherches Philofophiques fur la liberté de l homme , &c. attribué à M. Antoine Collins, Ecuyer. Lond'. chez S. Shucklurgh , dans le Fleet- Street. in-Z". 1740. An Hiflorical account of the life and reign of David King of Ifrael\ interfperfedW ith Various conji Hu- res , di.gr effions , . and difquifitions , in W h. ch ( among other things ) M-. Baylé's criticifms upon the conducl and char aller of chat Prince are fidly confidered , by the Authour of révélation ex aminé d W'ith candoiir. C'eft-à-dire : Récit Hiftorique de la Vie GT du Règne de David Roi d'Jf- ra'el 5 entremêlé de diverfes con- jectures , de digreffions , &de re- cherches , où l'on examine , entre autres chofes , la critique que M. Bayle a faite de la conduite & du caractère de ce Prince. Par l'Au- teur de l'Examen déiînterelfé de la Révélation. Chez Innys & Mam- by 3 proche S. Paul. in-8". 1740. HOLLANDE. d'Utrecht, On trouve chez Herman Bejfe- l'ng , Imprimeur & Libraire , un Ouvrage intitulé : Jani Ferrii exa- men Juris Canonici & praxis fort Ecclefiaftici Proteflantum in causa raptus & affimbus \ ôic. C'eft-à-di- re : Examen du Droit Canon & de la Pratique du Droit Ecclefiaflique des Proteflans', au fujet du rapt & des caufes qui y ont du rapport. Par Janus Ferrius. in-S°. On trouve encore chez le même Libraire un autre Ouvrage dont voici le titre : j/oh. Eberhardi Rau Theologiœ Profefforis Monument* Vetufatis Germanie* , ut puta de Ara Vbiorum , &c. tiim de Tumult Honorario Caii & Lucu C&farum , &c. C'eft-à-dire : Monumens des Antiquités. d'Allemagne , &c. Par M. Rau , Profefleur en Théologie à Uttecht , in-8°. Le même Libraire a aufli impri- mé & débite une nouvelle Edition^ corrigée du fçavant Ouvrage de M. Van-der-Meulen , fur l'origine & la fin de l'Empire Romain : De on» & intérim Imper ii Romani , 2?4 JOURNAL D avec une Diflertation de Santlitate Summi Imperii CivUis. de la Haye. On imprime ici actuellement la grande Hiftoire de M. de Thou , Thuani Historia , in-8°. On Ce fert pour cela de l'Edition de Lon- dres , ôc on fe flatte que la com- modité de la forme &c la beauté du papier & des caractères feront re- chercher cette Edition & la ren- dront précieuiè. L'Ouvrage de M. Pefffinger inti- tulé : Fortification nouvelle , ou Re- cueil de différentes manières de forti- fier en Europe , paroît depuis quel- ue tems. C'eft un in-8°. avec des ;ures. 1740. DE L E Y D E. Voici le titre de quelques Livres nouveaux , qui ont été imprimés Se qui parohîent ici depuis peu. i°. Un Ouvrage pofthume de M. Jean-Marie Lancifius touchant le mouvement du coeur & les ané- vrifmes, &c. Jo. Maria Lancifu de mot u cor dis Ô" anevrifmatibus , opus pofthumum in dttas partes divifum in-40. 1740. i°. Excurfus fecundus & tertius ad Editionem primam & fecundam Differtationis Hifloridt de Linguà primavâ , &c. AuUorf sAberto Schultens , in-40. 1739. j°. Un Ouvrage de M. J. Nico- lai , qui n'avoit point encore paru, touchant les cérémonies qui regar- dent, la fépulture des Chrétiens , ES SÇAVANS; &c. Jo. Nicolai Libellus de LuHn Chriflianorum , feu de Ritibus ad fepulturam pertinent. bus . nunc-pri- mum editus ex Bibliothecà Sigtber- ti Havecampi , in-&. 1759. 4°. Une nouvelle Ed tion des Commentaires de Jul. Cciar, de Hi-tius , &c. de la Guerre civile , d'Alexandrie, d'Afrique & d'Efpa- gne. Par M. Fr. Oudendorpius. C. Jul. Cafaris , Hirt'ù & aliorwn de Civili , Alcxandrino , Afncano, & Hifpankr.fi b.llo ad veiufiijft- marum membrana^um fidem d >.ui cafligati a Francifco Oudendorpit. iu-S'. 1740. FRANCE. de Paris. Piget , Libraire , fur le Quai de» Auguftiii!), à l'Image S. Jacq. a mis en vente un Ouvrage intitulé : Re- cueil d Expériences & de Recherches Phyfiejuesfur la Pierre , & en par- ticulier fur les effets du remède de M"c Stephens , pour dîilbudre la Pierre. Par M" Morand 6c de Bre- mond de l'Académie Royale des Sciences. Il y a prefentement fous la Preflè un autre Volume A' Expé- riences Se à'Obfervatiens fur la mê- me matière. Le Plan de la Ville & des Fau- bourgs de Paris , defîîné & gravé en perfpe&ive fous les ordres de M. Turgot, Prévôt des Marchands, & de M" les Echevins de Paris, paroît depuis peu de tems. Nous avions déjà plufieursPlans de cette Ville, & même de fort exa&s, en AVRI particulier de celui qui fut publié en 1718. dreifé fur la Méridienne de l'Obfervatoire 8c levé géomé- triquement par M. l'Abbé de la Grive ; mais il n'en avoir point encore paru qui repreiëntât Paris même au naturel , & qui tranfpor- té en quelqu'endroit de la terre que ce loit , pût y faire voir & l'é- tendue 8c les principales beautez de cette Ville. Tel eft le plan que nous annonçons ; on y fait voir d'un feul coup d'oeil tous les Edifi- ces 8c toutes les rues que cette Ville renferme ; 8c fi on a été con- traint de négliger quelques - unes des régies de la Géométrie & de la Perfpedbive , ce n'a été que parce que fans cette licence , on auroit perdu une partie des objets les plus inrereflàns , qui fe feraient trou- vé cachés par d'autres , ou entière- ment défigurés. On n'a pu même faire entrer dans ce Plan quelques- uns des Faubourgs qu'en partie , parce qu'il ferait devenu trop étendu , fi on les y avoit fait voir en entier ; & quoiqu'on ait cher- ché à donner par cet Ouvrage une jufte idée de la Ville de Paris , il faut cependant convenir qu'on a été obligé d'omettre encore beau- coup dechofes ; il n'étoit pas pof- iîble de rendre parfaitement à la fois & l'immenfité de cette Ville , ôc la magnificence de toutes les parties qui la compofent. Ge Plan en perfpe&ive a été gra- vé en 20 planches, qui raflemblées forment une grande Carte de dix pieds de cours fur 7 pieds 8c demi de haut. Mais ces 20 planches peu- L, 1740. : 27 j vent être réliées en un vol. com- me elles l'ont été effectivement j 8c pour en facilirer l'ufage 8c fup- pléer la grande Carte , on a fait graver une 2i",c planche , dans la- quelle le plan eft réduit en petit , fuivant le même trait de la perf- pective qu'on a obièrvée dans le grand. Ce Plan réduit eft divifé par des lignes , qui forment vingt carrez égaux , donr chacun renfer- me l'eipace jufte 8c les différentes parties de la planche à laquelle il a rapport. Le chiffre qui le Trou- ve dans un des coins de chaque carré du Plan réduit T indique la planche qu'il reprefente ,. où l'on trouvera le même chiffre. Ce nou- veau plan en perspective a été levé 8c deffiné par M. Eretez., gravé par M. Lucas , & écrit par M. Au- bin. Grammatica nueva EfparioUt8cc. c'eft-à-dire : Grammaire Efpagnole & Franfoife , par le S' François Sobrino 4 corrigée 8c augmentée confiderablement. Cinquième Edi- tion. Chez Pierre W'itte, Libraire, rue S. Jacq. à l'Ange - Gardien , in 12.. 1740. Cette nouvelle Edi- tion , qui eft imprimée correcte- ment, a été faite fur l'Edition la plus ample 8c la plus correcte que l'Auteur ait publiée lui-même. On y trouve le petit Dictionnaire de mots Efpagnols , qu'on a accoutu- mé de joindre à cette Grammaire, & on a mis à la fin un petit Cata- logue des Livres Efpagnols qui fe vendent chez le même Libraire. Montalant , Libraire , Quai des Auguftins , à la Ville de- Montpel- 2tf JOURNAL D lier, débite un Plan duSyftème So taire , avec les Orbites des Planètes Çr des Comètes connues , drefïè lui" la Carte Angloife de M. Wifton, & fur les Tables des Comètes de M. Halley , fui vaut les principes de M. Ne Won Cette Carte reprefen- te le Syftême général des Planètes Se des Comètes; chaque O.bite conferve ici la même proportion ES SÇAVANS, qu'elle a dans la nature. Les iu fiances de la Terre au Soleil , Se des autres Planètes a cet Aftre y lont marquées , aï.nfi que le rap- port de leurs denfîtez à celle de la Terre. On y trouve encore une ex- flication générale du Syftême de Univers , luivant les principes de M. Newton. Le prix eft d'une livre feize fols. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE JOURNAL D'A VMl, 17 + 0. L'Optique des Couleurs , Sec. pag. 19 j Bibliothèque Françoife , &C. 20Z Généalogie Diplomatique de la Maifon d' Habsbourg , Sec. 209 Differtationfitr cette Queftion fi l'air de la rejpiration pajfe dans lefang, z 1 J Mémoires de M duGuay Trouin , &c. Traité des Finances , Sec. La Religion Chrétienne prtuvée par les faits , Sec. Les Œuvres Spirituelles du P. Fr. Arias , Je fuite , Sec. Les Ouvrages en Profe & en Vers de M. l'Abbé Conti } Nouvelles Littéraire s t 11$ zjtf 735 73S fin de la Table. L E OURNAL DES POUR L'ANNEE M. D C C. XL. MAY. A PARIS, Chez C HAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XL. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI. LE DES M A Y. M. DCC. XL. HISTOIRE ECCLESIASTIQUE , POVR SERVIR DE Continuation à celle de M. VAbbè Eleury, Tom. XXXV. depuis Van 1570. juf re de bonnes œuvres , comme » l'oifeau pour voler ; mais que de » même que l'oifeau ne peut voler, » s'il a les aîles rompues , ainfi «l'homme ne peut faire le bien, » parce que depuis la chute les for- » ces font brifées , « cette Propo- sition renouvella les anciennes difputes , & donna encore lieu à de nouvelles cenlures. Le Continuateur donne , a Ton ordinaire , une idée de la Vie des Hommes Illuftres , des Cardinaux &: des Sçavans , Toit Catholiques , (oit Proteftans , qui font morts dans l'année dont il écrit l'Hiitoire. Farmi ceux dont il parle fous l'an- née 15S1. il y en a peu qui fe ioit rendu plus célèbre , ni qui ait peur- être plus abufé de l'efprit &: delà Science que Guillaume Polie!, Mais , félon notre Auteur , Poifel éroit plus fou que méchant & plus extravagant qu'impie ; après n'ê- tre iorti des priions de l'Inquili- tion de Venife que parce qu'il y fut regardé réellement comme un inienlé , après avoir de-la été obli- gé de fortir de Paris, où fes vi- rions fur la Mère Jeanne lui a- voient fufeité de nouvelles affaires, & s'être retiré en Allemagne a la Cour de l'Empereur Ferdinand ; il abjura ou fit (èmblant d'abjurer les erreurs , &: revint en France. Il V fut rétabli dans la Chaire de Profelleur Royal en Mathémati- ques & en Langues Orientales , ES SÇAVANS, qu'il avoit déjà remplie. Ma's plu- sieurs années avant la mort, il la quitta fans qu'on en I cache bien la raifon , & le retira au Monaftere de S. Martin des Champs de Paris; car il y a d'autant moins lieu de croire, comme quelques-uns l'ont écrit , qu'il y eut été renfermé par autorité , qu'il étoit dans cette Miilon , lorlque Catherine de Médicis lui offrit la place de Pré- cepteur d'un de fes enfans , il ne l'accepta pas , & mourut dans la rétraite à l'âge de 71 ans. Le Continuateur jultilîe Poitcl de l'accufation d'athéifme &: d'hé- réfie que plnfieurs Théologiens avoient intentée contre lui, > d'ofcillation d'occident en orient d'environ deux degrez & demi de part & d'autre , ainfi que celui du Septentrion qui fuit le mouvement des nœuds & qui eft d'environ 1 8° de part &c d'autre , « ont exercé les plus grands Phyficiens. D'où peut provenir la caufe générale de ces mouvemens ? quel peut en être le principe , ainfi que du flux Se re- flux de la mer , ce font autant de queftions aufquelles M. de M. pré- tend fatisfaire par les propres hy- potLéfes & remporter la victoire fur les Newtoniens qui paroil- foient ici les plu1, invincibles. » Il n'y a , dit-il 3 dans le mou- » vement irrégulier de la Lune au- » cune circonftance tant foit peu » remarquable dont on ne puilfe ■» découvrir la caufe médianique » dans le Syftême du tourbillon » rectifié , fans l'aide d'aucune «nouvelle fuppolition , ni phyfi- » que ni méchanique. La 17'"" Leçon eft partagée en 14 propofitions. Le lujet eft le May. > 174 0." .atff choc des corps ; on en diftingue de trois, fortes , les corps mous , les corps durs , & les corps à relfort. Quoiqu'on confidere ces corps com- me parfaitement durs ou parfaite- ment mous , on lçait néanmoins qu'il n'en exifte point de tels, & ce n'eft que pour une plus grande fa- cilité qu'on les examine dans cette fuppodtion. Une queftion de Phy- lique qu'on peut regarder comme peu connue , eft la caufe qui occa- lionne le reflort des corps. M. de M. foupçonne que les petits tour- billons dont les corps fenfibles font formés , pourroient être le principe de cette roideur , qui augmente à mefure qu'ils font comprimés , & de cet effort que les mobiles font pour repren- dre leur figure. Il attribue le ref- lort imparfait à la féparation de leurs parties infenfibles qui font cefler l'action du milieu compri- mant. Lorfqu'on entre dans le détail de ces loix du choc , il fe prefente une difficulté confiderable. Que l'on imagine deux boules homogè- nes de jafpe ou d'ivoire fe mou- voir dans la ligne droite qui pafle par leurs centres , dont l'un A. avec 1 de malle & 1 1 de vîtefle choque l'autre B. en repos avec 10 de malfe , on trouve par l'opéra- tion que le corps A. réjaillira avec 9 de vîtefle, & le corps B avec deux degrez de vîtefle, ce qui en tout fait une quantité de mouvement , X$. L 1 iC6 JOURNAL D ( A. i m ii ( R. 10 m o -+- i »? i -+- 10 m i — i m 10 -+- io w i •— i m $> -+- io m 2. Il s'agit de concevoir comment le corps choquant A. qui n'avoit que 1 1 de ;i sz de force avant le choc & qui n'en a pu perdre que io durant le bandement du reffort, a produit deux effets égaux , dont chacun demande une force de io degrez double de celle que le corps choquant perd , d'où peut prove- nir cette augmentation de mouve- ment qui paroît d'abord ne pas s'accorder avec la confervation perpétuelle d'une même quantité de force dans l'Univers. M. Leibnitz avoit été fi frappé de cette difficulté qu'il avoit diftin- gué deux fortes de forces , l'une qu'il appelloit force morte dont la mefure eft la malle multipliée par la vîteffe , & qu'il laiffoit a la flan- que ; il avoit nommé l'autre force vive qui eft le produit de la malle par le quarré de la vîteffe. Dans cette hypothéfe il arrive que la quantité de mouvement , après le choc , eft toujours la même qu'au- paravant, tel qu'on peut voir dans l'exemple Ptopofé ou quarrant 1 1, qui eft la vîteffe du corps choquant A. on aura izi , & quarrant pa- reillement 9 & i , qui font les vî- teffès réfultantes du choc qu'on multipliera par les maffes , on au- ra aulïi ni , qui eft la totalité du mouvement qui exiftoii avant le ES SÇAVANS, choc. Mais iî'eft-ce pas plutôt une confequence a déduire qu'un prin- cipe à admettre , quand un illu- ftre Académicien (*} , li accoutumé à traiter les queftions épineufes de laPhyfique,n'enauroit pas démon- né la faulîèté, i! eft vilîble que cet effet réel procède de la caufe du i effort , & par conféquent la force vive n'eft pas le fondement de la caufe du reffort : déplus, dans le cas du choc des corps durs il n'y a ni augmentation ni diminution de vîteffe , il fe fait dans toute la malfe des mobiles une diftribution égale de la vîteffe que le corps choquant a avant le choc. Cette augmentation de vîteffe ne vient donc qu'après le choc , cette ' multiplication de force n'exiftoit donc pas auparavant , la force vi- ve n'eft donc pas une explication de la caufe du reffort. - Pour expliquer avec foin cette matière, il a fallu pofer des lem- mes ou propofitions préparatoires, nous y arriverons en abrégeant les idées de notre Auteur. On voit clairement que dans le choc des corps durs le mouvement doit iè faire dès le premier inftant du choc fans aucune fucceffion de terns ni de lieu , puifque les corps durs ne peuvent changer de figure par le choc, & que l'intervalle qui eft entre leurs centres doit demeurer le même ; ainfi le corps cho- quant perdra , dès le premier in- ftant , toute fa force , & le corps choqué l'acquerera fans aucune (*) M. de Mairin MAY, iuccefïîon , la chofè ne fe parte pas ainiî dans les corps mous , les par- ties peuvent s'approcher les unes des autres , & doivent s'applatir ; mais cette approche mutuelle des parties de ce corps ne peut aug- menter ni diminuer leurs forces dans le choc : d'où l'on voit que la compreffion ne contribue en rien à l'augmentation de leur mouve- ment : voyons l'application que nous ferons de ces idées pour les corps à refforts , ils participent de tous les deux en quelque cnofe, & s'éloignent en quelques autres ; ici la communication ne peut fe faire que peu à peu & en s'applatilïant , elle eft la fuite infinie de petits chocs : le corps choquant parcou- rant un petit efpace le corps cho- qué en parcourera un autre pen- dant un tems égaL Pour mieux concevoir la diffi- culté qui furvient dans l'effet d'un corps à reffort , qu'on imagine une boule d'ivoire tomber fur un plan avec 10 degrez de vîteffè qu'elle aura acquife par fa chute ; l'expé- rience apprend qu'elle remontera , à peu de chofe près , jufqu'au point d'où on la fait tomber , or ce corps ne peut bander le reffort qu'il ne perde de fa vîteffe, d'un autre côté , il ne peut le compri- mer qu'en paffant par tous les de- grez de cette vîteffe, comme i , i , 3, &c. jufqu'au point où le rellort fe trouvera tendu avec une force «"aie à celle que le corps aura perdue:' , c'eit-a-dire ici avec 5 de- ce fera le terme où la réac- 17 4°- 267 comment arrive-t-il que le mobile rejaillit auflî haut que le point d'où il eft defeendu , car nous conce- vons le corps comme inébranlable, il faudrait que le rellort eût été comprimé avec 10 degrez, c'eft- à-dire avec une vîteffe égale à cel- le du corps choquant , ce qu'on ne conçoit pas facilement. M. Huguens qui avoit fenti la neceflîté que la compreffion fût égale à la iomme des forces avoit adopté ce principe qu'il prouvoit par l'exemple de deux corps à ref- fort qui fe choquent en fens con- traires avec des mafles récipro- ques aux vîtelTès. Mais avec cette iuppofition la difficulté refte tou- jours , &: cette extrême facilité à rendre raifon du Phénomène dans ce cas n'a rendu à notre Auteur l'explication que plus fufpeôte, ne pouvant s'appliquer aux autres cas du choc , comme d'un corps en mouvement qui en choque un au- tre en repos , où l'on ne peut dire que le reffort foit tendu avec la iomme des forces , mais au con- traire le reffort ne s'eft bandé qu'a- vec la feule force d'un des mobi- les.Comment faire pour découvrir quel eft le miftere ? il faut fe re- prefenter le reffort comme un fil d'acier trempé , qui , à mefure qu'on le comprime , acquiert une roideur capable de foûtenir tout l'effort du corps choquant , alors à mefure que le fil fe raidira, le mo- bile choquant perdra peu à peu de fa vîteffè , & la refiftance du ref- fort peut être telle qu'elle foit éga- tion fera égale a l'action, 5c alors ^fie à chaque inftant au degré de Llij grez :c7S JOURNAL 1>ES SÇAVANS, force que le corps choquant per- que le corps choquant ne parcoure c'ra. pendant que ces tenfions s'exer- cent il s'écoule un certain tems, fi l'on confidere ce qui arrive dans cetinfcant qu'il faut regarder com- me divifible en une inimité de pe- tits tems égaux , on verra que dans chacun de ces petits chocs ie corps choquant perdra des quanti- tez de forces égales , & que le ref- forts'y bande avec les mêmes quar.- titez infiniment petites de forces perdues , ce qui lui fait acquérir cette roideur toujours égale au de- gré de force infiniment petit que le choquant perd. Ce que nous faifons appercevoir pour le pre- mier tems , il faut l'appliquer au fécond , au troifiéme , &c. juiqu'a dans le fécond inftant qu'un efpa- ce moindre que le premier , «Se il procurera à cette lame le même . de roideur que dans le pre- mier tems. Le relîort aura donc snté & fêlera bandéàlafin du dernier tems , avec la même quantité de force que le mobile aura perdue , d'où il faut conclure que le relîort fe débandera lorfque ps choquant aura employé toute là force , c'eft ainli que cet- te compreiîion toujours égale fait acquérir au relîort une certaine roideur d'où naît l'augmentation du mouvement que nous cher- chions. Tout ceci tire ù démonftratioiT des principes du mouvement accé- la fia du choc, eV la propofition 1ère. On fçait qu'une force capa fondamentale qu'établit M. l'Ab- bé de Molieres lêra donc prouvée, {bavoir que malgré la diminution dans les vîteiles abiolués & dans les compreiïions du relîort, quoi- que moindres de plus en plus, el- ble d'imprimer a un corps une certaine vî telle peut agir unifor- mément , ou pourfuivre le corps- en lui donnant toujours plus de vîteflè. De cette féconde manière , elle ne lui frit parcourir dans le les ont dû produire chacune le même tems que la moitié de l'efpa- même effet fur le relîort , & les ce dont elle feroit capable fi elle dernières ont du être aufli fortes étoit uniforme. Or dans le choc que les premières -, car quoique le du corps à relîort , le corps cho- corps choquant n'ait plus au corn- quant pourluivia l'autre en l'ap- mencement du fécond inftant la platilïànt, il comprime le relîort r même vîteflè qu'il avoit au corn- mais fi la vîteflè qu'il doit lui im- mencement un premier , il fufrit primer eft d'un pied par féconde , qu'il parcoure pendant ce fécond il lufîîra qu'il le pourluivependanc tems un moindre efpace , pour une féconde , de manière qu'il ne que le reflort le trouve tendu avec parcoure par un mouvement uni- une quantité de force égale à la formement retardé qu'un demi- piemiere, puifqu'il n'eft pas con- pied moitié de l'efpace qu'il auroit traire aux loix n.tch.iir'ques que la parcouru uniformément avant le icUlance de ce refïbrt ioit telle choc, il lui reliera par coniéquenc M A Y la moitié pour comprimer le ren- fort. La vîtellè du choquant eft donc toujours décroiilànte , mais fa vîteflè îelpeclive demeurera la même , pourvu que celle du cho- qué croillê d'autant moins dans chaque inftant que l'autre décroît, d'où naîtra une force confiante, femblable à celle du mouvement accéléré, la moitié de cette force donnera ici pardegrez une vîtelfe que les corps durs prennent en un inftant , & l'autre eft employée à la comprefîîon du rellort. C'efl ainli que le Phénomène du relfort s'explique par les méthodes de M. l'Abbé de Molieres. Ce fera donc une fuite neceffai- re que dans tous les cas du choc des corps a rellort parfait, le corps choquant perd , pendant la com- prefîîon , la force qu'il doit per- dre félon la loi générale , le rellort fe bande avec une force égale à celle que le corps choquant perd , le corps choqué acquere dans ce tems la force qu'il doit acquérir félon la même loi générale, enfin le reffort en fe débandant donne en arrière au corps choquant la même force qu'il a perdue en avant , & au corps choqué une force parallèle à celle-ci. ) î 7 4û. î$$ Pour refoudre la difficulté que l'Auteur fe propofê d'éclaircir fur" la déflruction ou l'augmentation du mouvement général : nous a- joûterons que notre Auteur l'attri- bue à la force centrifuge dont la deftinée eft de fe détruire à mefure qu'elle s'engendre, mais la matière fait d'un autre côté un gain perpé- tuel de force , parce qu'il peut ar- river que cette force centrifuge augmente la force de la circula- tion , & que l'une acquière ce qu'elle fait perdre à l'autre , en' forte que l'Univers demeure fans celle dans le même état. Nous ne parlerons point des le- çons 18 6c 19 qui ne font qu'une application des principes que nous venons d'expofer , elles confiftent en plufieurs exemples numériques, fur les chocs des corps avec des for- mules algébriques qui embralfenc' tous les dirfèrens cas. L'Auteur ne diffère point des autres qui ont traité cette madère quant au reful- tat des opérations dont l'expérien- ce confirme la certitude. On y' trouve encore la réfolution des ' chocs obliques. On rendra compte des dernières ' Leçons dans les Journaux fuivans. • *? i-]o JOURNAL DES SÇAVANS, LA MYTHOLOGIE, OU LES FABLES EXPLIQUEES PAR l Hifloire : par AI. l'Abbé Banier ■ de L Académie des Inferiptiops & Belles -Lettres. Tome II. A Paris , chez Briajfon , Libraire , rue Saint Jacq. à la Science : vol. in-3 ces Dieux & quelle eft leur for- 33 me , c'eft une chofe qu'on a 33 ignorée jufqu'ici. Le même Auteur avoit dit un peu auparavant que les mêmes pélafges , avant que de venir dans la Grèce , où ils le mêlèrent avec les Athéniens , avoient demeuré dans l'Ifle de Samothrace , & avoient appris à ces Infulaires à honorer les Cabires , & dans un autre endroit du même Livre , il allure que prefque tous les noms des Dieux font venus d'Egypte dans la Grèce , 33 en effet , ajoûte- 33 til , j'ai trouvé que la chofe 33 étoit ainfi après m'en être infor- 33 mé fur ce que j'avois oui dire , 33 qu'on les tenoit des Barbares. 33 Pour-moi je crois qu'ils font ve- »3 nus véritablement d'Egypte : 33 mais fi l'on n'y trouve point les 33 noms ni de Neptune , ni de Ca- 33 ftor , ni de Vefta , ni de Théniis , 33 ni des Grâces, ni des Néréides, je 33 répondrai ce que répondent les 33 Egyptiens , qu'ils n'ont jamais 33 oui parler d'eux, • JOUR.NAL D Voila donc les anciens Pélafges ::s par les Barbaresdes noms qu'ils dévoient donner aux Dieux ; ces mêmes Pélafges en inftruifent les Grecs , alors très ignorans , & leur apprennent les myfceres des Cabires qu'ils avoient auparavant enfeignés aux Samothraces. C'elt- it ce que l'on fçait de la Reli- gion delà Grèce au cars del'arri- les Pélafges & de leur établif- fementà Athènes. i". Les Colonies qui changèrent la Religion de la Grèce n'y arrivè- rent pas dans le même tems, cv par conféquent les changemens qu'el- les cauferent furent luccéffifs. Nous avons déjà dit que , félon Hé- rodote , tous les Dieux , hors ceux qu'il a exceptés , étoient venus d'E- gypte en Grèce. Cet Auteur entre enfuite dans quelque détail par- rapport à Bacchus ; » ce fut , dit-il, » Mclampus, fils d'Amythaon, qui » a fait connoitre aux Grecs le » nom de Bacchus , & qui leur a » enfeigné les cérémonies des fa- is crifices qu'on lui ofrre , & à rai- » re la réprefentation de ce Dieu : » véritablement il ne leur a pas » enfeigné tout le refte de ces My- » fteres. Mais les fages qui font ve- » nus après lui en ont donné plus » de çonnoillance. Ce Mélampus, » ajoute t il , étoit un homme lça- »v»nt, qui s'étoit inftruit dans » l'Art de la Divination. Il enfei- » cnia aux Grecs plufieurs chofes » qu'il avoir apprifes des Egyp- » tiens , & fur - rout le culte de w Bacchus , en y apportant toute- fois quelque changement. ES SÇWANS, On fçair par d'autres Auteurs que Cécrops avoir porte a Athè- nes , où il s'établit , le culte de Minerve , honorée dans la Ville de Sais d'où, il étoit parti. Le mê- me Prince, fi nous en croyons Paufànias, régla le culte des Dieux & les cérémonies de la Religion avec beaucoup de fagelïè , il fut le premier qui appella Jupiter le Très-Haut , il défendit que 1 on facrihàt aux Dieux rien qui fut ani- mé, & régla les cérémonies du mariage. Il ne faut pas douter non plus qu'Inachus , Danaiis & les autres Chefs de Colonies n'ayent apporté bien des nouveautez dans la Grèce. Platon nous apprend qu'ancien- nement les Grecs, à l'exemple des autres Nations , honoroient les Aftres èv les Planètes , ce culte écoit entièrement aboli du tems de Platon, & il y avoit plulîeurs lié- cles que l'on n'adoroit plus que les Divnitez d'Héfiode 6V d'Homère. Voici , félon M. l'Ab. B. de quelle manière s'eroit faite cette grande innovation. De toute antiquité les Egyptiens adoroient les Aftres , mais ayant publié de quelques-uns de leurs Rois , qu'après leur mort leurs âmes croient allées habiter le Ciel , ou pour parler plus jufte quelqu'une des Planètes , dès lors ils adreiïerent également leur cul- te à la Planète & au Héros qui l'habiroit , bien-rôt après oubliant le Dieu Phyfique & naturel qui étoit la Planète , ils n'adrefierent plus leurs vœux qu'au Dieu animé, c'eft-à-dire au Roi ou au Héros qu'il ■M A Y qu'il fuppofoit habiter la Planète. Il en fut de même chez les Grecs , ils placèrent dans les Aftres les âmes des Grands Hommes dont ils révéroient la mémoire , ils con- fondirent enJuite l'Aftre & le Hé- ros , & enfin ils ne connurent plus cjue le Héros qu'ils avoient déifié. Une autre oblervation qu'il faut faire encore , c'elt qu'en recevant les Dieux étrangers les Grecs leur donnoient d'autres noms, c'elt de quoi nous ont averti les Auteurs anciens , &c fans cela nous ne pourrions connoitre aujourdh'ui l'origine de ces Dieux. Suivant Hérodote , l'Apollon des Grecs étoit l'Orta des Egyptiens,, Bac- chus ou Dionyfius leur Ofiris , Hermès ou Mercure, leur Taut ou Thot , Pan leur Mendès , Diane leur Bubalte , Démeter leur Ifis , Zéus ou Jupiter leur Ammon , Vénus ou Aphrodite leur Aftarté, &c. Mais non feulement les Grecs changeoient les noms des Dieux étrangers en •recevant leur culte , ils changeoient encore, leurs rangs, leurs emplois, leurs généalogies. Vulcain tenoit le premier rang parmi les Dieux d'Egypte ; les Grecs en firent un fils de Jupiter &; de Junon , qui précipité du Ciel à cauie de la difformité le caflà la jambe en tombant & fut obligé, pour gagner la vie , d'exercer dans l'Ule de Lemnos le métier de Forgeron : en Egypte , il étoit le mari de Minerve , en Grèce on lui donna Vénus pour femme. 3°. Quoique M. l'Ab. B. foit f etfuadé que Héliode & Homère, , 1 740. 27 j n'ont point inventé toutes les Fa- bles qu'ils racontent des Dieux, Se qu'il croye qu'ils n'ont fait que iuivre la Religion établie de leurs tems ; il eft convaincu néanmoins que les Ouvrages de ces deux grands Poètes , fur - tout ceux d'Homère , firent connoître ces Dieux plus généralement qu'ils ne l'étoient , & contribuèrent à aug- menter la vénération que l'on avoit déjà pour eux & à étendre leur culte. Les Poètes pofterieurs à Héfio- de & à Homère, inventèrent de nouvelles Fables , changèrent à leur gré les anciennes , Se par le trop grand penchant qu'on eut à les croire , le Syllême de la Reli- gion fe trouva chargé d'une infinité d'articles nouveaux. C'elt ce que M. l'Ab. B. jultifie dans la fuite de fou Livre par une foule d'exem- ples. 4°. Les Philofophes Pythagori- ciens & Platoniciens pour rendre fupportable la Théologie Gréque l'interprétèrent par des allégories ingénieules qui en diminuoient le ridicule : or ces allégories firent en dirîèrens fiécles de grands change- niens dans la Religion. Elles eu- rent cours fur-tout vers les com- mencemens du Chriltianifme. Les premiers Chrétiens réuffilfoient ai- fément à faire fentir l'abfurdité des faux Dieux : pour échapper à leurs railonnemens & à leurs railleries, il fallut allégorilèr toutes les Fa- bles , un dont on ne peut trop faire ufa- ge. C'eit à la fois l'Ouvrage de la Philofophie & de la pieté. Il fait connoître la nature de l'ame & les moyens de la rendre vertueufe; perfbrine n'ignore le mérite de celui de M. Rollin, on eftime aufli Je Traiié dont Milord Halifax efl l'Auteur , & ce- lui de 1 iiluftre Madame de Lambert inti- tulé : Avis d'une Mire a saFille , il y en a quelques autres encore qui peu- vent être employés par les perfonnes chargées de l'éducation des Filles; 2So JOURNAL D on voit que nous parlons du Trai- te fait par M. de I-'énelon (2). Celui dont nous allons rendre compte eft appuyé fur des princi- pes puifés dans les meilleures iources , & qui donnent lieu de croire , par le zélé avec lequel l'Auteur les expole , qu'il en eft pénétré lui-même. Si le plan qu'il trace n'embraile pas tout ce qui doit entrer dans l'éducation , du moins les vues qu'il fe propoie font-elles , ainii que fon titre l'an- nonce, vraiment chrétiennes. On voit qu'il a pour objet un état de perfection bien defirable , mais qui. peut-être ne fçauroit être em- bralle de la manière dont il le de- mande que par les perfonnes qui prennent le parti de la retraite , ioit en renonçant ablolument au monde , ioit en vivant dans le monde comme fi elles en étoient féparées. On ne peut mieux leur tracer qu'il fait les maximes dont elles doivent fe pénétrer pour fe livrer entièrement à la vie auftere qu'il leur preferit. Après avoir expofé d'abord d'u- ii8 manière générale combien il eft du devoir des païens d'affermir dans l'ame des filles ce caractère de pureté SÇAVANS, Chapitres à peindre ces écueiii dans toute l'horreur où il les envi- Sage. Il diftingue entre autres , les fpeébcles , qui , félon fes princi- pes , ne peuvent jamais être un amufement innocent. Sentiment que n'avoic pas M. de.Fcndon: on voit qu'il ne defelperoit pas que le Théâtre pût parvenir a un état de perfection , tel que la Religion n'en ieroit point allarmée, parce qu'il n'infpireroit que l'amour des vertus & l'horreur des crimes (3). Notre Auteur condamne enco- re ablolument comme une lecture pernicieufe celle des Romans, Mais il ne parle que de ceux dont la morale eft licencieufe. C'eft ainfi qu'il les carafterife. Il n'a point , fans doute , en vue ceux dont deux fçavans év refpeétables Prélats ont enrichi la Littérature (4) , Ouvra- ges propres à former l'efprit &c le cœur par les exemples de vertu qu'ils prefentent , de manière à faire imprefîion fur l'imagination. Notre Auteur donne enluite des inftruétions tres-judicieufes fur l'a- bus des modes , plus loin il s'ex- plique fur les dangers du com- (3 ) Dans fon Traite intitulé: Réfle- xions sur LA Grammaire , la Rhéto- rique , la Poétique, &c pag. 93. (4) Le faux Yncas , par M. Huet , Evéquc d'Avranche ; Télcmaque & plu- fkurs Contes & Fables, compofées par M. l'Archevêque de Cambray , pour l'éducation de M. le Dauphin. On peut mettre encore au rang des Romans , qui renferment une morale épurée , Séthos par M. l'Ab. Teri-ahon ; les Contes des Fées , qui font à la fin des Ellays fur la neceflité de plaire , & quelques autres Dialogues à ce coup d'effai , l'un » qu'il, intitula Catulus du princi- » pal interlocuteur homme îiluftre » & fon ami , mais grand Acadé- » mic.cn , Se l'autre LitcuHus, per- » fonagé encore plus célèbre que *> le précédent , mais d'un fenti- » ment tout contraire, du refte dc- » ja morts l'un Se l'autre , & choi- » fis tçis comme il le dit lui-même » pour n'exciter la jaloufie d'aucun » de fes amis vivans. Ces deux vo- » lûmes qui' formoient enfemblc » un Traité aiTez complet fur la » matière , il les indique quelque- « fois fous le titre gênerai de fes » Académiques ou du fujet même » qui eft tout à l'honneur de la » fe&e , ou s'il en faut croire le na- » turalifte , du lieu on ils avoient « été médités Se compofés : fçavoir » dans la campagne de Cumes , » Retraite où il avoit ménagé Se «• embelli une efpecc de Portique » qu'il ncmmoit encore pour pla- » tonifer fon Académie. Il avoit » pris ce goût à Athènes où il avoit » étudié dans fa jtunelle 5c il jt.avoueà Atticus, ou pour le flatter 5 SÇAVANS, «fur le furnom qu'il avoit pris; » ou pour fc taire honneur de ect- » te nouvelle conformité, qu'il ai- » moit 3 la paiTion tout ce qui » pouvoir lui rappclle'rle féjour dé- » licieux Se philofophique de cette » fçavantc Ville. » Ciceron ne publia pas d'abord ces deux entretiens , il fe dégoûta même, de ce premier eflai , foit dit notre Auteur , que les interlocu- teurs, qu'on avoir rrop bien connus pour les croire dignes d'approfon- dir de tels fujets ne fuflent pas ap- prouvés , foit qu'on lui eut fait de nouvelles objections ou qu'il eut imaginé de meilleures réponfes. » Un génie du premier Ordre fc » fatisfait difficilement, Se quoi- »,qu.e Ciceron tût alTez porté de lui- » même à fe rendre juftice ; cepen- » dant comme iL avoit autant de » pénétration que de finceriré, il » convinr de bonne foi de la foi- » bleffe de fes premiers effais en » Philofophic , comme il étoit dé- » ja convenu de l'imperfection de » fes premiers Ouvrages de Rhé- » torique. » Ciceron entreprit alors un nota vel Ouvrage fur la même matière, 6 au lieu de deux entretiens , il en fit quatre qu'il dédia à Varron. Ce fécond Ouvrage eut toute fon af- fection , mais le public n'en porta pas le même jugement Se les pre- mières Académiques dont il s'étoit répandu un grand nombre de co- pies obtinrent la préférence fur les dernières. Le goût du public ré- veilla la. teudreiïc de Ciceron pour une production qu'il avoit prof- MAT crite , il la retoucha & là publia a- v c quelques légers changemcns. On eue donc les grandes & les pe- tites Académiques, les grandes dé- diées à Varron en quatre Livres f les petites en deux Dialogues,donc Catulus & Lucullus étoient les principaux interlocuteurs. Il ne nous refte que des frag- mens de ces deux Ouvrages ; la la barbarie des tems en a détruit la plus grande partie. Ce qui eft échap- pé des grandes Académiques fe ré- duit aux ii. ou 13. premiers cha- pitres du Livre premier, ce qui ne fait pas en tout la feiziéme partie de l'Ouvrage. Les pentes Acadé- miques ont éprouvé un fort moins cruel ; le Catulus a péri, mais nous avons Je Lucullus en entier. » Un » Lecteur éclairé comprendra fans » peine , dit notre Auteur , que » n'ayant plus aujourd'hui que ces m deux fragmens & fur un fujet fi « épineux , il doit y avoir pour « nous & dans l'un &r dans l'autre » bien des chofes obfcures , qui >» ne le feroient pas ou le ftroienc «infiniment moins , fi nous avions »> encore l'un ou l'autre Ouvrage » en entier. Ajoutés par rapport à »» ce qui nous refte la négligence » ou l'ignorance même des copiftes >» fans parler ici de leur audace Se »» de leurs interpolations perperuel- » les ; car il y en a d'inconteftables » dans ces fragmens. Envain les » MA. de Rome , de Florence ,de » Milan , de Paris & d'Angleterre » font appelles au fecours , il pa- »> roît par les Variantes de Vi&o- 9 nus , de CameramiSj de Lambin, l I740.' 285 » de Grutcr & enfin de Davifius » que le mal eft trop ancien & r> trop invétéré pour fe flatter de » beaucoup de fuccès avec un pa- » reil remède. Quelques petits a- » douciflemens par ci , par là , c eft » tout ce qu'on en peut tirer. Ref- » te la reflource des conjectures » qui véritablement ne font pas à. » méprifer lorfqu'à l'aide vifius éc de M. Walicer qui fonc »> ingénieufes -, & enfin de l'illuftre » M. Bentley le Prince à mon avis »> des Critiques de ce fiéde , qui » font furprenantes. » L'Auteur a fait ufage dans fa tra- duction de celles de ces notes qui lui ont paru les meilleures , & il j ça a joint plufieurs de fa façon, Lt dans le Texte Latin , qui eft à la fuite de fa traduction , il a indi- qué fidèlement au bas des pages toutes celles qui a voient été faites, mais en peu de mots renvoyant pour- les détails à l'Edition de Cambridge fi belle , fi correfte , fi complette tfi inflruiïivc pour les n* es -, & d'ail- leurs fi bien reçue du Pallie qu'il* fallu la réitérer immédiatement après la mort de l'Auteur. Toutes ces dif- férentes notes ont été d'un grand fecours à notre Auteur pour l'é* N n ij |84 JOURNAL DES SÇAVANS, clairciffemcnt duTexre, mais félon lui la plus grande obfcurité n'cft pas dans les rermes , elle elf 3 conjectures du fîeur Bentley qui >» peuvent éclaircir le Texte. C'eft » ici encore où le Traité de Valen- « tia de la morale de Zenon feroit » venu fort à propos : On y pour- » roit fuppléer par un Ouvrage » du Président du Vair ou par un » Extrait de Stanley. « » Les trois Livres de la Nature » des Dieux de la traduction de M. »> l'Abbé d'Olivet , précédée de fa » DifTertation fur la Théologie des » anciens Philofophes i & fuivie » de quelques remarques fur cer- » tains endroits difficiles ; fans les ■« fragmens « ;» Les deux Livres de la Divina- » non \ qui n'en font qu'une fuite a» de la traduction de M. l'Abbé' » Régnier. « » Le Livre ou le fragment de Fa- it to du Deflin > qui avec les préce- » dens achève félon Ciceion d'é- ; î 740: 58; » claircir tout ce qui regarde la' » nature des Dieux avec les fupplé- » mens de l'éditeur. « » Les trois Livres de Legibîts ou" » des lotx de la traduction de M. » Morabin avec les fragmens 3 &c » fur - tout des remarques fur la » grande oppofition qui paroît en- » tre les idées de ce Livre &c les » doutes répandus dans tous ceux »qui le précèdent. » Les trois Livres des Offices ou » des Devoirs de la vie, dédiés à » fon fils de la traduction de M. » Dubois , avec des remarques » Critiques fur les endroits où « l'Auteur s'éloigne d'Ariftote l'un m de fes héros. » Caton le Majeur ou de la Vkil- » lejfe , dédié à Atticus de la tra- » duction de M. Dubois avec des » remarques. » Le Traité de l'Amitié par le » même, avec les fupplémens de » M. le Clerc. » LéS Paradoxes des Stoïciens de "• la traduction du même avec des » remarques fur certains endroits , » par l'illuftre M. Bentley j & d'au- » très par un Traducteur plus mo- = derne. » Une Lettre de Ouintus Cice- » ron à fon frère , fur la demande » du Cenfulat de la traduction de »U. » Le Songe de Scipion ou fràg- » ment du fîxiéme Livre de fa Ré- » publique de la traduction de M. » l'Abbé d'Olivet j comparée avec » une autre , & fuivie de quelques 3> fragmens moins confidérables. -* Tous ces Traités ne feroienc 2$6 JOURNAL DES SÇAVANS » gufcres qu'un [«-40. allez mécl:o- « cre , qui pourroit être fuivi d'un » autre pour le Latin , à mo:ns » qu'on ne préférât de mettic l'o- » ri^inal è regione dans un même » volume , mais en caractères dif- » ferens comme on l'a exécuté dans les Lctra à .^tticu\ , Se à la fin » une Table des matières qui tut » exacte. Tel elt le projet d? notre Auteur qu'un plus h.ibile , d.r-il , pourra re- former cjr exécuter mime s'il le jugt à propos. VSAGE DE UANALTSE DE DESCArTES , POVR découvrir fans le fecours du Calcul différentiel Us propriétés ou affetlitns principales des lignes Géométriques de tous les Ordres , par M. l'Abbé de Gua. de Malves , Tréforier du Chapitre de Menigoute t Académicien de V Académie Royale de Bordeaux. A Paris, chez de Bure l'aîné, Quai des Auguft. à S. Paul ; 6c chez Piget , Quai des Auguftms , à l'Image faint Jacques t pages 497. volume in-u. pliquent cutre cela à plufieurs re- cherches aufquelles les anciennes ne pounoient fervir, enfin cet Ou- vrage deviendra utile au progrès des Mathematiquesen même rems qu'dfcra (1 honorablcà fon Auteur & à la nation. Tel efl , le caradere de l'excel- lent Livre dont nous allons rendre compte. M. l'Abbé de Gua lé pro- pofe de démontrer dans cet Ou- vrage , que l'Analyfe de Defcartes peut-être employée avec plus de iuccès que le Calcul différentiel à la plupart des recherches que l'on peut faire furies courbes gt ométri- ques : il referve ce Cilcul pour la folutiou des Problêmes de Calcul intégral, & de ceux qui concernent les courbes méchaniques. Ce font en effet les feuls pour lefquels U paroît impoffible de s'en pafler , & ce font même les feuls que M, Newton ait réfolus pu cette voye. Tout le monde connoît la mé- thode des Indéterminées de Def- LEs bons Livres font auflî ra- res en matière de Science qu'en tout autre genre , mais hs Ouvrages véritablement nouveaux le font encore davantage. Dans la Géométrie en particulier , il ferok facile de compter combien il a pa- ru depuis Defcartes de ces Livres originaux qu'on peut regarder com- me la fource & le modèle de tous les autres. Ce n'eft pas que cette Science ne s'enrichiffe tous les jours de nouvelles découvertes ; mais la plupart applicables feule- ment à un objet particulier , ne tiennent d'ailleurs à rien : elles font pour ainfî dire ifolées ; Se quelque eftimables qu 'elles puif- fent être en elles - mêmes , elles font fans doute bien inférieures à un Ouvrage de génie , ou d'un principe fimple mais fécond , on voit naître en foule une infinité de méthodes qui conduifent plus ai* fément que les anciennes à des vé- rités déjà connues , Si qui s'ap- MAY, cartes, l'une des plus prétieufes découvertes qu'ait faites en Géo- métrie ce génie du premier Ordre né pour apprendre aux hommes à penfer , & pour être en quelque fa- çon légiflareur dans les Sciences. Le Livre de M. l'Abbé de Gua ne contient prefque autre chofe que cette méthode , mais beaucoup plus étendue , Se portée à un point de perfection dont on ne l'aurait peut-être pas cru fufceptible. L'Au- teur fe fert des Indéterminées pour transformer de différentes manières nouvelles les équations des Cour- bes. Afin d'abréger le Calcul de ces transformations , il fait un ufa- ge très-ingénieux d'une belle pro- position de Meffieurs Saurin Se Bernoulli, que ces deux illuftres Géomètres n'avoient démontrée que pour des cas particuliers , Se dont on trouve dans une addition qui eft à la fin de l'Ouvrage , une démonstration générale très - belle Se très exacte , quoique peut-être un peu trop ferrée : Par le moyen de cette propofition qui contient les rapports les plus fecrets de l'Analyfe ordinaire Se du Calcul de l'Infini, M. l'Abbé de Gua prou- ve que la fomme des différentiel- les d'une équation , fi l'on y négli- ge les différences fécondes , troifié- nies, &c. Se fi on divife fes diffé- rentes parties par les produits 1,-1,2. 1,2,3. J > 2-> 3 > 4- repréfente la transformée qu'on auroit en ajoutant une indétermi- née à chacune des coordonnées ; Se qu'enfin , fi on regarde dans la différenciation une des coordon- 17 4®- 287 nées comme confiante , par exem- ple , 1 abfciffe , la fomme des dif- férentielles repréfente alors la tranf- formée qu'on auroit en ajoutant une indéterminée à l'ordonnée feu- le. Les exprtfiîons différentielles qui fc trouvent dans ces transfor- mées , n'y défignent donc que des indéterminées finies que l'Auteur auroit pu aifémentleur fubftituer , s'il n'avoir craint d'être trop long ; & il ne s'écarte point par confis- quent en cela du but qu'il s'étoit propofé , de ne point fe fervir dans Ion Ouvrage des méthodes du Cal- cul différentiel. Pour faire ufage de ces transfor- mations , l'Auteur examine d'a- bord quels fimptômes pour ainfi dire il doit paroître dans l'équa- tion d'une courbe , lorfque les dif- ferens points finguJicrs ou remar- quables que peut avoir cette cour- be , ou fes différentes branches in- finies y font confiderées de la fa- çon la plus l'impie ; Se il n'eft dans l'équation aucun terme } aucune partie de terme , aucun rang t au- cune partie de rang , dont le man- quement ou réel ou fuppofé , ne lui ferve à découvrir quelque pro- priété particulière ; il fuppofe en- luite que les fimptômes qu'il a in- diqués , ayent lieu dans les trans- formées qu'il a trouvées, Se qui conviennent toujours à la courbe i mais confiderée dans un état moins fimple Se plus général ; de ces dif- férentes fuppofitions réfultent au- tant d'équations qui déterminent le point ou la branche qu'il cherche 3 Si les conditions de Ion exiftenec. a8« JOURNAL DES SÇAVANS, Voilà le plan de tout l'Ouvrage. indéterminées qui portent au cen- La première fedion offre un d- fai de la Méthode dont nous ve- nons de parler. L'Auteur s'y pro- pofe de trouver les centres géné- raux des lignes Géométriques de tous les ordres. 11 appelle centre général d'une ligne courbe , un point de fon plan dans lequel rou- tes les droites qui y pourront paf- fer feront coupées de manière que leurs parties comprifes -entre ce point Si les différences branches de courbe qu'elles rencontreront d'un côté , foient égales aux par- tics comprifes entre ce même point Se les différentes branches qu'elles rencontreront de l'autre ; d'où il fait d'abord fans aucune démonf- t-ration , que l'origine étant placée dans ce centre , & fuppofant l'abf- eiffe nulle , l'ordonnée doit être telle que dans une fituation quel- conque chacune de fes valeurs po- fitives en ait une négative qui lui foit égale. Il faut donc pour trou- ver ce centre. i°.Tranfporter l'ori- gine dans un lieu quelconque en ajoutant une indéterminée à l'abf- ciffe Se une autre à l'ordonnée, z J. Changer enfuite -la di.re&ion de l'ordonnée , enforte que fa fitua- tion devienne quelconque. 3". Faire dans l'équation de la courbe transformée par ce changement , l'abfciife égale à zéro , ce qui pro- duira une équation où il ne lé trou- vera plus que l'ordonnée feule. 40. Onfuppollra égaux à zéro tou- tes les parties des Cocrhciens des termes pairs de cette équation ; pn aura par-là Se. la valeur des deux tre général , & les conditions par- ticulières auxquelles fon exiftence cft arrachée. M. l'Abbé de Gua abrégeant le Calcul à fa manière j c'eft - à - dire , par le moven des differentiarions réfout. le problème très - limplcment èv très.- élégam- ment ■■, les exemples auxquelles il l'applique , lui donnent occalîon d'obferver dans une remarque , qu'il fe trouve quelque différence entre fa définition des centres gé- néraux , Se celle que NL Newton en a donnée. M. Newton a pour- tant aflïgné les mêmes conditions que lui pour les lignes du troifiéme ordre qui ont un centre général ', cv il puoîc réfulter de-li , que ce grand Géomètre a eu en vue la dé- finition de notre Auteur , Se non la henne propre > quand il a déter- miné ces centres. Au refte , quoi- que le Problême dont il s'agit Se la Méthode que l'Auteur employé pour le réfoudre , ayent le mérite de la nouveauté , ce Problême néanmoins n'a d'autre liaifon avec le refte de l'Ouvrage , que de ren- fermer à la lois le plus grand nom- bre des principes furlefquels tou- tes les autres méthodes font fon- dées : c'eft aufli la feule raifon pour laquelle M. l'Abbé de Gua l'a mis à la tète de Ion Livre. La féconde fcclion qui n'eft que l'application des principes dont nous venons de parler , contient quatre Lemmes ou propofitionj principales. Le premier de ces Lem- mes donne le moyen de connoître par la feule infpeiftion des termes d'une MAY d'une équation , fi les ordonnées de la courbe qui en eft le lieu, fonc parallèles à la dernière direction de quelques branches infinies , en quel nombre , &c de quelle cf- pece ces branches peuvent être , tire, par exemple , une équation du 3e degré étant ordonnée par rap- port à l'une de fes indéterminées , fi on fuppofe que le premier ter- me manque , la patrie toute connue du coefficient du fécond terme di- viféc par le coefficient de l'autre partie du même terme, donne la diftance de l'origine à l'Afympto- te -, d'où il fuir. i*-. Que l'origine eft dans l'Afymptoie même , fi cette partie route connue , man- que feule dans le coefficient. 2?. Que fi cette partie toute connue fe trouve au contraire feule dans le coefficient , la diftance de l'origine à 1* Afymptote devient alors infi- nie , & la courbe a par confequent des branches paraboliques qui au- ront pour afymptote courbe , ou la parabole conique , ou l'une des deux paraboles cubiques , fuivant la forme de l'équation. Dans une remarque qui fuit ce Lemme , l'Auteur démontre d'une manière fort fimple. i°. Que les branches infinies hyperboliques & paraboliques ne peuvent fe trouver que deux à deux dans les courbes. zo Que les branches conjuguées hyperboliques ne peuvent dans les courbes être fttaées l'une par rap- port à l'autre que de trois laçons différentes -, fçavoir qu'elles doivent être , ou divergentes , & de diffe- rens eût s de leur afymptote corn- ez/. > 17 4 0. 289 mune , comme celles de l'hyper- bole conique; ou divergentes & de même côté de leur afymptote commune comme on en voit dans l'hyperbole cubique , ou conver- gentes & de différents côtés de l'afymptote commune , comme on en voit encore dans l'hyperbole cubique. 30. Il démontre de mê- me que deux branches paraboliques d'une courbe ne peuvent être Ci- tâtes l'une par rapport à l'autre , que comme les deux branches de la parabole conique , ou comme celles de l'une des deux paraboles cubiques. Cette énumeration qui eft nouvelle , eft d'autant plus re- marquable , qu'on va voir bien- tôt une femblable analogie dans la manière dont peuvent s'unir les différentes parties d'une même branche de courbe. Dans le fécond Lemme il s'agit de trouve les fommets d'une cour- be ; c'eft-à-dire les points où elle rencontre la ligne de l'une de fes coordonnées , par exemple de les abfciffes. On y prouve qu'en fai- fant égal à zéro le dernier terme de l'équation qui ne contient que les puiflances de l'abicifTe avec un terme confiant , les racines de cet- te équation donneront les diftan- ces de l'origine aux fommets. Si quelques-unes de ces racines font égales, plufieurs fommets fe réu. niront en un même point. Si quel- ques-unes font outre cela racines du pénultième terme qui contient les puiflances de l'abfcifle multi- pliées par l'ordonnée linéaire j on a dans un même point plufieurs Oo ai)© JOURNAL D valeurs de l'abfciffc & de l'ordon- née écoles à la fois à zéro. Er le fommet ne peut alors manquer d'eue un point double. De cette proportion naît une démonftration fort fimplc d'une propriété des li- gnes du troifiéme ordre , énoncée oar M. Newton -, fçavoir , que fi leux droites qui rencontrent cha- îne en 5. points une ligne du froifiéme ordre , fe coupent en un point quelconque , le parallélépi- pède des trois parties de l'une , prife entre ce point & la rencontre de la courbe , eit en raifon conf- iante avec le parallélépipède des trois parties de l'autre prifes depuis ce même point. I a démonftration peut s'appliquer aifément aux pro- priétés analogues des courbes d'un ordre plus élevé. C'en: ici que l'Auteur démontre la propofition dont nous avons parlé plus haut fur les différentes manières dont peuvent s'unir les parties d'une même branche. Il prouve que ce ne peut-être que par des points femblables de figure ou aux points ordinaires , ou aux in- flexions ou aux rebrouffemens or- dinaires ; par confequent les deux parties d'une même branche de courbe ne peuvent être unies , de fjcon que la convexité de l'une regarde la concavité de l'autre. Donc ce point fingulicr que M. le Marquis de l'Hôpital , a nommé rebrouffement de la féconde efpece , & qu'il a fait n.ître du développe- ment d'une courbe à inflexion, ne peut avoir lieu dans les courbes. M. de Maupcrtuis. célèbre Acadé- ES SÇAVANS, micien de l'Académie Royale des Sciences, dans un mémoire de l'an- née 17 29 a imaginé ce point com- me formé par la réunion d'une in- flexion avec un rebrouffement or- dinaire, formation très-ingénieufe, &; qui lui conviendront en effet , a- joute l'auteur , fi un rebrouffement & une inflexion, pouvoient fc réu- nir dans un même point 8c une- même branche de courbe. M. l'Ab- bé de Cua démontre d'une maniè- re directe l'impoffibilité de la for- mation de M. de Mauperruis & de celle de M. de l'Hôpital , & il ré- fulte de tourcs fes preuves que le prétendu rebrouffement de la fé- conde efpece , n'eft autre chofe qu'une demi - ofvulaiion de deux branches fituées de façon que la concavité de l'une regarde la con- vexité de l'autre. Le troifiéme lemme enfeigne à trouver dans une fituation quel- conque la valeur de l'ordonnée primitive ; c'eft-à-dire de celle qui répond à une abfciffe nulle. L'Au- teur en vient à bout en changeant la fituation de l'ordonnée, Se en effaçant dans la transformée qui en provient tous les fermes où fe trou- ve l'abfciffc. On a par-là une équa- tion qui ne contient plus d'incon- nue que l'ordonnée nouvelle , Se dont les racines font connoître la valeur de l'ordonnée à l'origine. Or fi l'origine cil par exemple un point triple , il y aura donc trois valeurs de l'ordonnée égales à zéro dans cette équation , par confe- quent fes trois derniers termes devront manquer , & l'Equation MAY s'abaiffera de 3. degrés. Le terme devenu le dernier ne contient plus alors que des confiantes avec les deux indéterminées dont le rap- port exprime la lituation de l'or- donnée nouvelle. Or fi en égalant ce dernier terme à zéro, on cher- che la valeur de ce rapport , on au- ra , 'par ce moyen , les tangentes des différentes branches du point multiple. Si ce rapport a quelques valeurs égales , plufieurs branches auront la même direction ; s'il a des valeurs imaginaires , quelques branches s'évanoiiiront & fe rédui- ront à un ou plufieurs points con- jugués ; fi toutes fes valeurs font inégales , que l'une d'elles fubiti- tuée dans le pénultième ferme le rende égal à zéro , la branche dont la tangente fera donnée par cette valeur , fubira inflexion dans l'o- rigine. Si cette valeur annulle en- core l'ante-pénultiéme terme , il y aura ferpentement infiniment pe- tit ; & fi les valeurs communes à plufieurs ternies font imaginaires , r >■ 1. p ; j on pourra concevoir a 1 origine des branches pour ainfi dire imaginai- res, chargées d'inflexions ikde fer- pentemens infiniment petits ima- ginaires , &c. A l'aide de ce feul principe, &c de la règle de M. Nev- vton connue fous le nom de Rè- gle du Panllelograme que l'Au- teur applique ici & dans plufieurs autres endroits avec beaucoup d'a- ^dreffe , il détermine dans un long •corollaire toutes les efpcces de points qui peuvent fe trouver dans les lignes du cinquième inclusive- ment. On fçavoit déjà qu'il n'y » ï 7 4 o- 29 1 en avoit que d'une efpcce dans les fections coniques , & de cinq dans les lignes du 3 c. ordre. Il retrouve tout cela par fes principes, &>en compte de plus 14. pour les lignes du 4e. ordre , &c 40. pour celles du 5 e. De même qu'on vient de voir que les manquemens des derniers termes d'une équation , & les dif- férentes hypothefes qu'on peut fai- re fur les autres , donnent les difle- rens points multiples & l'efpecc de ces points , de même aufli avons nous déjà remarqué que le man- quement des premiers termes d'u- ne équation indiquoit, que la cour- be qui en étoit le lieu , avoit des branches hyperboliques , ou para- boliques. De cela feul l'Auteur conclut une analogie finguliere en- tre les differens points multiples , &c les différentes branches infinies peuvent fe trouver dans les cour- bes. Nous ne le fuivons point dans le détail qu'il en donne , non plus que dans l'cnumeration qu'il fait enfuite de toutes les formes que peuvent recevoir dans les cinq pre- miers ordres des lignes, leurs bran- ches infinies hyperboliques ou pa- raboliques qui auroient une même dernière , & dont le nombre pafle de beaucoup celui des points. Cette énumeration outre qu'elle cit neu- ve , nous a paru très-exacte , & à dû coûter bien de la peine à l'Au- teur. L'analogie qu'il avoit obfcrvéc ci-deffus entre les points & les bran- ches , il l'a démontrée k priori par la théorie des ombres. Pour cela il Oojj *92 JOURNAL D ixpofc une courbe quelconque à un poinr lumineux n'eue de façon que l.i ligne droite menée par ce Eoint Se par l'origine de la cour- e , fou parallèle au plan qui doit recevoir l'ombre. Gela pofé , il fart voir. i°. Que la courbe for- mée par la projection , eft du mê- me degré que celle qui forme l'ombre, i". Que l'équation de la première forme fes diffcrens ter- mes , des rangs differens de la pro- poféei c'eft-à-dire.,de h fomme des ■monômes , où la dimention des in- connues eft la même. 30. Il prou- ve fans calcul Se par les principes les plus iîmples que les points dont il a parlé , placés eu dans l'origine ou dans une ligne menée par l'origine parallèlement à la commune fection des deux plans } ont toujours pour ombre dans l'in- fini les différentes branches qui leur ont été démontrées analogues ; d'où l'Auteur conclut que cette analogie eft abfolument néceflaire pour que le Calcul réponde , ain- fi qu'il le doit faire , à ce que de- mande la nature de la projection.' En confequence de cette théorie , on peut démontrer fur les branches des propriétés analogues à toutes celles que l'on connoît fur les points -, & réciproquement fur les points , des propriétés analogues à Toutes celles que l'on connoît fur les branches. M. l'Abbé de Gua en donne un exemple» en déduifant de la propofition de M. New- ton fur le nombre de diamètres aue peuvent avoir les ordonnées parallèles aux branches infinies ES SÇAVANS, hyperboliques des lignes du j<« ordre , une autre propriété très- fingulicredes points d'inflexion de ces mêmes lignes , propriété juP qu'ici inconnue , & qui paroît l'a- voir été à M. Newton même. Nous paflons quelques remarques, quoiqu'alTés interellantes qui fui- vent ce lemme pour arriver au lemme quatrième. Jufqu'ici tout s'eft paffé de la façon la plus /im- pie : les points multiples ont été fuppofésdins l'origine, les afymp- totes des branches hyperboliques étoient auiîi dans l'origine , Se pa- rallèles à l'une des coordonnées. Or en premier lieu pour trouver les points multiples -3 lorfqu'ils font litués par- tout ailleurs , il ne faut que transporter l'origine dans un lieu quelconque , en ajoutant au moyen des differentiations une indéterminée à l'abfciffe, Se une une autre à l'ordonnée , Se fup- pofer enfuite que le point multiple palTe par cette nouvelle origine. On tirera de ces fuppofitions Se des principes établis ci-deffus,la valeurdesdcux indéterminées pro- pres à porter au point cherché , & les conditions de fon exiftence. L'Auteur attaque à cette occaiïon la méthode de M. l'Abbé de Bra- grlongnc pour les points multi- ples , il en fait voir l'infufhTance ; Se nous obierverons à ce fu jet, que fi d'un côté il eft difficile de ne pas fouferire aux obfervations qu'il fait dans tout le cours de fon Livre contre l'illuftre Académi- cien , Se dans lefquelles au refte il ne s'eft écarté nulle part des rç- MAY gîes de la politeffe Se de la modé- ration , on ne peur s'empêcher aulîî de remarquer qu'il paroîc une efpece d'affe&ation à attaquer cet habile Géomètre aulîî fouvent qu'il le fait. L'Auteur donne ici Tes Métho- des pour les maxima Se minima j pour les points d'inflexion Se de lebroniTement , points finguliers qui font les feuls dont l'Analyfe des infiniment petits ait parlé. Il en donne outre cela pour les fer- pentemens infiniment petits , pour les ofculations , &c. Ces métho- des font fi Amples , que non-feule- ment elles paroiffent les meilleures qu'on puifle imaginer pour trouver ces points , mais qu'elles peuvent aufli s'appliquer comme d'elles-mê- mes à toutes les efpeces des points fînguliers ou multiples. Il eft vrai que fa méthode pour les maxima Seminima , ne peut s'appliquer aux maxima donnés par un rebrouffe- ment , mais il répond à cela qu'au point de rebroufîement il n'y a pointa proprement parler de maxi- mum ni de minimum, yaifque ce n'eft pas une même ordonnée qui de réelle croiffante y devient réelle dé- croisante , ou au contraire. Il fe- xoit à fouhaiter que l'Auteur eut donné plus d'étendue à cette remar- que qui paroît neuve Se exacte. M. l'Abbé de Gua fait enfuite le parallèle de fes méthodes avec cel- les que fournit le Calcul différen- tiel. La règle preferite par M. le Marquis de l'Hôpital pour les points d'inflexion Se de rebrouffe- jnent eft de fiire la différence fc- ï 1740; 29) conde de l'ordonnée égale à zéro ou à l'infini. Sur cela notre Auteur oblèrve. 1 °. Que la démonftration que M. de l'Hôpital donne de cet- te règle , ne s'appliqueroit qu'avec beaucoup de peine au cas où le point d'inflexion eft parallèle à l'axe, zo. Que la règle ne détermi- ne ni quand il faut faire la diffé- rence féconde égale à zéro plu- tôt qu'à l'infini ou plutôt à l'infi- ni qu'à zéro , ni fi cette fuppofition donne un point de rebrouffement ou un point d'inflexion. Que cette règle convient non-feulement aux inflexions Se aux rebrouffemens de tous les ordres , mais même à tous les ferpentemens infiniment petits de tous les ordres , Se à toutes les efpeces de points multiples à di- rections coincidentes. LAuteur ef- faye néanmoins de corriger cette méthode & de lui donner plus d'é- tendue. Il l'applique par exemple aux ferptntemens Se aux hmnifeeros infiniment faits , Se il fait voir en conféquence que pour avoir ces points , il faut faire à la fois la dif- férence féconde & la différence troifiéme de l'ordonnée égales à zéro ou à l'infini , quoique M. de Maupertuïs , le feul qui jufqu 'à préfent ait parlé de ces points, ait cru fuffifant de faire la différence troifiéme égales à zéro ou à l'in- fini. Pour tranfporter l'origine à un point multiple , nous avons ajou- té une quantité confiante Se indé- terminée à chacune des inconnues. Pour la tranfporter dans l'afymp- tote , il ne faut qu'en ajouter à lu- *p ces de ce qu'ils racontent. Mais fi. elle lailîe à celui qu'elle dirige , ce que fa raifon, ce que fon expérien- ce , ce que fon étude lui avoient appris déjà , elle enrichit ce pre- mier fonds , elle éclaire de plus de lumières ces premières connoiffàn- ces & les préferve de tout mélan- ge d'erreur. Enfin , & c'eft fa dernière ob- fervation , comme les idées dépen- dent fouvent des termes qui les reprefentent , Se qui en font une eipece de traduction , il eft necef- faire que dans les chofes impor- tantes , I'infpiration prélîde enco- re fur ce point , car dans cel- les qui ne le font pas jufqu'à un -certain degré , il fuffit que la véri- té s'y trouve , fans qu'il foie be- foin que les termes qui l'expri- ment , foient révélés. L'infpira- tion s'accommode alors au carac- tère particulier de l'Ecrivain. Après avoir ainfi éclairci par ces remarques , qui font développées avec étendue, la nature êc les ca- ractères de I'infpiration , notre Auteur en démontre la certitude 4 il la fait voir en particulier a l'é- gard des Livres de Moiie , & ce qu'il en dit doit fuffire , félon lui , pour établir fans réplique la vérité de I'infpiration de tous les Prophè- tes , qui lui ont fuccedé. Les Auteurs Prophanes convien- nent avec les Juifs Se les Chré- tiens , que les Livres de Moïfe font les plus anciens de tous ceux qui exiftenr ou qui ont exifté. Quel témoignage plus fincere & plus certain de leur vérité que celui de Ppij 2 oPO JOURNAL D la Nation Juive , qui conierve peur eux un zélé &c une foi qu'une lî longue fuite de fiécles n'a pu encore détruire ou afroiblh ? Ce refpeét, dira-t-on peut-être, n'eft que la fuite d'un premier pré- jugé. Le point unique & capital ferait de démontrer , que dans l'o- rigine il y avoit certitude pour l'infpiration de Moife. Et c'tft auffi ce que notre Au- teur entreprend de prouver. Moife s'eft dit infpiié de Dieu , fon Pro- phète , fon Envoyé , il faut donc qu'il l'ait été , ou que s'il ne l'étoit pas , il ait avancé le menlonge le plus groiîïer & le plus impie. Or il eft impoiïible , dit-il , a moins u'on ne veuille éteindre toutes "es lumières de foupçonner Moife d'impofture & de fraude , par con- féquent il a dit vrai dans tout ce qu'il rapporte de lui-même & de fes Ecrits. Or pour prouver le principe fur lequel il appuyé cette conféquence , il employé trois moyens qu'il croit invincibles. ip. Tout Livre eft certainement infpiré , lorfque celui qui le donne fous ce titre, en allure la vérité par des miracles , & que ces miracles portent tous les caractères qui ren- dent un fait inconteftahle. Or l'Auteur montre en détail que Moife a fait des prodiges de cette nature. L'expofition que M. l'Ab. H. en fait mérite d'être lue, il fem- ble qu'il s'y foir propolé d'égaler la grandeur des faits par celle du ftile Se de l'exprefïïon. Une fécon- de preuve de l'infpiration de Moi- fe j ce font les Prophéties qu'ils ES SÇAVANS, contiennent & que l'événement a vériiiées. Une troilîéme , c'eft qu'aux raifons de croire que les Livres de Moife font dictés parl'ef- prit de Dieu , fe joignent des té- moignages pofterieurs , qu'on ne peut attribuer qu'a Dieu leul , tel eft entre autres celui de Jofué, qui, après avoir fait un grand nombre de miracles , a parlé de ceux de Moife comme de faits certains , de fa Loi comme d'une Loi divine, & qui fans ceffe y a rappelle le Peu- ple Hébreu. Pour qui raifonne, l'infpiration des Livres de Moife, démontre, félon notre Auteur , celle de tou- tes les anciennes Ecritures , com- me celle div refte des Ecritures , démontre la divinité des Livres de Moife. Cependant comme cet ar- ticle eft le plus ferme appui de la Religion , on ne laiiîe pas d'entrer ici ( Ch. 4. ) dans quelque détail fur lïnfpiratioiv des principaux Prophètes d'entre les Hébreux , c'eft-à-dire, Ifaie , Jeremie, Da- niel , & Ezéchiel. Mais , après avoir prouvé que les Ecritures qui compofent le Canon des Juifs ne font pas un Ouvrage humain , M. l'Ab. H, montre ( Ch. y. ) que le corps des anciennes Ecritures , & en parti- culier celui des Prophéties , non feulement n'a point été altéré y mais même qu'il n'a pu l'être ; ôc répond aux objections qu'on pour- roit alléguer pour détruire la force de fes preuves. Dans le feptiéme Chapitre , qui roule fur la Prophétie de Jacob r. M A Y où il eft dit que le Sceptre ne fera point oté de Juda jwqiïa ce que vienne celui qui doit être envoyé tlkc. M. l'Ab. H. a cru devoir mettre au-deflus de toute contradiction l'explication qu'on donne commu- nément à cette Prophétie. Il fait donc voir aux Juifs & aux incré- dules qu'elle a eu véritablement fon accomplillement en ce que Juda n'a cette d'avoir des Capitai- nes & des Magiftrats nés dans fa Tribu , qu'au tems de lavéne- ment du Meffie. Le neuvième Chapitre eft entiè- rement- neuf. Notre Auteur mon- tre que J. C. eft né d'une Vierge ,. félon la célèbre prédiction d'Iiaïe, & que J. C. a rempli toutes lescir- conftances , toute l'étendue , & tout le merveilleux de cette Pro- phétie. Il ne difllmule cependant pas , qu'il a ici à combattre , non feulement les Juifs , dont les diflï- cultez font fpécieufes. » Mais mê- » même des Chrétiens habiles , à «qui cette prophétie n'a pas fem- » blé décifive pour la caule de l'E- » vangile. Il convient encore r car »à quoi bon le taire ( dit-il) qu'il » avoit omis à deflein d'en parler » dans la première Edition de cet » Ouvrage, rerenu par la crainte » de ne rien dire d'aftez tranchant » fur une matière de cette impor- » tance. Mais aujourd'hui qu'il l'a » approfondie davantage , & qu'il » fe flatte de la pofteder mieux , il » ne feint point d'avancer que ni les «Juifs, ni les Sçavans Chrétiens » dont il rapporte les fentimens , *> n'ont rien oppofé , qui infirme T74ev 301 » tant foit peu la force de la pro- » phetie dont il eft queftion. Il prouve donc que loin qu'elle fe puîné entendre à la lettre de l'époufe du Prophète Ifaïe , cette prédi&ion ne regarde que J. C. feul , & que toute autre applica- tion fe contredit , ou fourrre des diflicultez infurmontables. Sans vouloir , dit-il , plus qu'il ne lui convient , fe faire honneur d'une érudition Rabinique fur la valeur des termes , il le croit dans la ne- ceflîté de prouver fort au long par d'autres endroits de l'Ecriture, que le mot Hébreu Aima , quoi- qu'il difent les Juifs, & même quelques Chrétiens , n'a prefque jamais fignifié dans la Langue ori- ginale qu'une Vierge , en prenant ce dernier mot dans toute la ri- gueur , & qu'il ne peut avoir d'au- tte fens dans le partage, dont il s'a- git.- L'article de la million du S. Ef- prit étoit encore un de ceux dont on avoit reproché l'omiilîon à no- tre Auteur ; il a profité de cet avis^ & donné unChap. entier ( 14.) a prouver que J.C. a envoyé le S. Efprit à fes Apôtres & à fon Egli- fe , félon que les Prophètes & lui- même l'avoient prédit. Il rappor- te ces prophéties , il en fait voir- Paccompliflèment dans la manière miraculeufe dont le S. Efprit des- cendit fur les Apôtres le jour de la Pentecôte , dans le prodigieux changement qui fe fit en eux de- puis ce moment , dans le don des langues , & de prophétie , dans le pouvoir de faire des miracles qu'ils 502 JOURNAL D reçurent , &: qui fe répandirent fur les fidèles. Il fait voir par une roule de preuves qui le prêtent mu- tuellement une nouvelle évidence , qu'on ne peut loupçonner les E- crivains Sacrés,nide s'être trompés eux - mêmes , ni d'avoir voulu tromper les autres dans tout ce qu'il nous ont dit de ces dons fur- naturels, fi communs dans les jours Apoltoliques. Il va plus loin , il fuppofe que l'efprit de fanatifme fe fera em- paré des Apôtres , jufqu'à leur perfuader qu'ils faifoient des mi- racles qu'ils ne faifoient pas. Mais ce même efprit aura- t- il donc auiîi tellement abulé cette multitude de Chrétiens , a qui ils . pretendoient par la feule impofi- tion de leurs mains, communiquer cette même puiflance ? Peut-on croire enfin , pourfuit Monfieur l'Abbé Houteville , que la Refurreétion de Jesus-Christ &c fon Afcenfion eufïènt paru des faits démontrés , fi ceux qui attefroient ces prodiges , & qui en perfuadoient les peuples , n'en euiïênt donné pour preuves que la communication d'un pou- voir chimérique, qu'ils attachoient à l'impofition des mains après le Baptême ? Il montre enfuite par furabon- dance de preuves dans un article féparé , que la grâce des dons fur- naturels a fubfilté dans l'Eglife du- rant plus de trois fiécles. Donc il n'y a plus à difputer fur la vérité de ce prodige dans les tems Apo- ftoliques. Loin d'être embarralîe à ES SÇ WANS, prouver cette alïèrtion, » il n'eft ea » peine,^/r // que d'obtenir l'atten- » tion du Lecteur pour une fuite de » faits, où il aura 1 ou vent à lui redi- ts re les mêmes choies & prelque » dans les mêmes termes. Mais je ne » fonge point , ontinue t il , & le » Le&eur ne doit pas fonger lui- » même aux grâces du ditcours. » Nous traitons un fujet bien au- » delïus de ces petits loins. Il doit » à la Vérité , qu'il cherche de ne » rien ometre pour la découvrir , » & je dois à maReligion d'expofer » tout ce qui fert a la confirmer , » ou à la défendre au péril de quel- » que fecherelle inévitable , dans » un long détail ; les omemens ne » font pas faits pour de fi hautes » matières. « Cependant ils fe prefentent fi naturellement à M. l'Ab. H. qu'il nous a paru que la lecture de ce Chapitre n'avoit rien d'ennuyeux ; il eu: , comme tout ce qui fort de fa plume , écrit de ma- nière a foûtenir l'attention Pc à la reveiller même dans les efprits les plus difrraits. Le Ch. i j eft encore un nou- veau fruit du zélé qui a porté l'Au- teur à ralïèmbler dans cette nou- velleEdition tout ce qui peut fervir à défendre la caufe de la Religion ; il y montre quejerufalem a été dé- truite , & qu'en punition de leur incrédulité ks Juifs ont été difper- fés par toute la terre , ainfi que les Prophètes l'avoient annoncé. Il obferve d'abord que le monde a vu d'étonnantes révolutions fe luc- ceder les unes aux autres, des peu- pies patoître avec éclat , des Mo- MAY riarchies puillàntes s'accroître , s'afiern:ir & difparcître enfuite , fans prefque laiifer de vertiges , & de même des Sectes , des Reli- gions, des Divinitez fans nombre tomber dans l'oubli , après avoir long-tems furpris les refpe&s &: la crédulité des peuples. » Mais ce qui n'avoit pas encore » paru , ce qui fembloit , dit il , ne » pouvoir jamais paroître , le Juit » l'a fait voir à la Terre , un peu- » pie aufli ancien qu'elle , & com- » me le père de tous les autres , » favorifé de Dieu jufqu a en être » appelle le fils ,- dépolîtaire uni- » que de fes préceptes, objet prin- »> cipal de fes promelfes , déchoir » néanmoins de tant de privilèges, » mais fans les perdre tout-à-fait ; >> périr, mais fans cefler d'être; gar- » der religieufement fesLivres,mais «fans les comprendre , fa Loi , » mais fans la pouvoir obferver , » fes efperances , mais fans fça- » voir quand elles s'accompli- » roient ; fe multiplier , mais fans » s'étendre ; fe conferver , mais » fans faire corps ; difperfé par- » tout , & par-tout mépriié , prof- » crit , détefté ; portant un nom » jadis fa gloire , aujourd'hui fon >* opprobre ; miferable , & ce qui » eft le comble de l'infortune, re- » gardé de toutes parts , & traité «comme digne de l'être autant chez « les Nations les plus ennemies , « que dans les Religions les plus , 1 7 40. 305 » oppoiées Se les plus irréconci- » liables. Quelle peut être la caufe de ce prodige toujours fublîftant depuis une fi longue iuite de fiéclesî M. l'Ab. H. nous en fait voir le prin- cipe & les fuites dans ce que l'E- criture nous apprend des Juifs. Il remarque trois Prophéties éviden- tes qui regardent ce peuple. L'une apprend que le Temple fera dé- truit pour ne fe relever jamais , &c que les Juifs chattes de leur patrie feront relégués dans toutes les parties de l'Univers , l'autre qu'ils feront toujours confervés maigre leur dilperfion, la dernière que la fin de leur incrédulité lera le ter- me de leurs difgraces ; il expofe dans un grand jour chacun de ces articles , & en conclut que les Juifs difperfés , les Juifs confer- vés , les Juifs rappelles font une preuve toujours fubfiftante de la vérité & de l'harmonie qui ré- gnent dans l'Ancien & le Nou- veau Teftament. Nous finirons dans le Journal fuivant l'Extrait de cet Ouvrage , fur lequel nous nous fommes étendus avec d'autant plus de plai- fir , que nous avons cru qu'il étoit de l'intérêt de la Religion de le faire connoître. Le prix eft de 24 liv. relié-, & 10 liv. en blanc : on s'étoit mépris en fixant le prix de cet Ouvrage à 24 liv. en blanc. m>. 3oj. JOURNAL DES SÇAVANS, ŒUVRES SPIRITUELLES DE FEV M. FRANÇAIS DE Salignac de la Aiothe Fende» , Précepteur de Meffeigneurs les Enfans de France , & depuis Archevêque & Hue de Cambray , Prince du S. Empire , &c. Nouvelle Edition, revue & cotifiderai lement enrichie; Se vend à Paris , chez Jean-Baptiûe Coignard , rue S. Jacq. in-xz. 4. voL 17+0. CE nouveau Recueil des Ou- vrages de Spiricualité d'un Prélat qui a laifTé , en differens genres d'Ecrits , tant de preuves de la pureté de fon ame , des lu- mières & des grâces de fou elprit, eft copié exactement fur l'Edition in folio qui a paru récemment : on y a feulement ajouté un Avis de l'Imprimeur , qui mérite une at- tention particulière ;. il fert à pré- venir les Lecteurs lur l'efprit avec Jequel ils doivent juger de certains endroits , & fur-tout dans la pre- mière Partie de ces mêmes Œu- vres , où de certaines exprefTions femblent » fe rapprocher des » fentimens condamnés dans le » Livre des Maximes det Saints. » On doit fe fouvenir , ainfi qu'il « eft marqué dans ce même Avis , » que cette première partie de » tout l'Ouvrage a été écrite avant » que l'Auteur eut condamné lui- j> même avec l'Eglife ces teimes& « ces expreflîons : & que quelques » purs qu'ayent toujours été fes » fentimeus , comme il le protefte » dans fès Lettres , il eft pourtant » convenu qu'il aie les avoit pas » exprimés avec allez d'exactitude. » Ainfi , pour connoître les véri- » tables penfées de l'Auteur. .... » on doit peu s'arrêter aux termes » qui font trop forts & dignes de » cenfure ; mais on doit les pren- » dre dans les Lettres qu'il a écri- âtes fur la fin de fa vie , & dans » lefquelles il s'explique fur cette » matière. Comme ion vrai fenti- » ment eft clairement développé » dans l'AvertifTement mis a la tê- » te de l'Edition qui a lervi de mo- » déle à celle-ci : « On a rappelle dans ce même Avis les termes em- ployés dans l'AvertifTement, en y joignant des Réflexions qui fer- vent encore à juftifier la véritable penfée de M. Fenelon. S'il étoit necefTaire d'ajouter à des Remarques qui font claire- ment connoître la pureté des in- tentions d'un Prélat fi digne de fèr- vir de modèle , les Lecteurs n'au- roient qu'à confiderer la fincérité, on peut même dire le zélé avec le- quel M. l'Ev. de Cambray annon- ça lui-même publiquement fa con- damnation des qu'elle eut été pro- noncée. Sorte d'héroïfme dont on peut dire que la Religion feule nous rend capables à un degré fi éminent. Eft-il queftion de matiè- res qui n'interefient que l'efprit, il arrive fouvent qu'on fe trouve convaincu fans avoir le courage de le paroître ; on difpute encore, même après qu'on eft perfuadé. L'Aveitillemenr MAY, L'AvertilTement qui vient en- fiaîte renferme donc , comme nous venons de le dire , une explication de la doûrine de M. de Fenelon : on y trouve aufli quelques obfeivations fur le tems Se la forme des Editions de les Ouvrages , foit par rapport à des altérations que quelques-unes de fes Pièces avoient ioufrèrtes , & qu'on a corrigées , foit à l'egardde quelques autres Traitez qu'on a mieux aimé fupprimer que de les employerjdeffigurés au point qu'ils ont paru l'être ( i ). On y lit encore des anecdotes de fa vie, des remar- ques fur les principes qu'il fe forma pour l'éducation des Princes : des éclaircilîèmens fur les tribulations que lui firent éprouver la liaifon que la pieté & l'amitié avoient formée entre M'™' Guion & lui , & enfin fur les troubles excités à l'occafion de fon Livre des Maxi- mes des Saints ; moyens préparés par la Providence , comme le re- marque l'Auteur de l'AvertifTè- ment , pour faire connoître qu'un des fruits le plus heureux qu'un Prélat diftingué par l'élévation de fon génie & par l'étendue de (es lumières puiffè retirer de tant d'a- vantages , c'eft l'efprit de docilité & d'obéiffance. L'Auteur expofê à ce fujet les difpofitions dans lef- quelles M. L. deC. attendit la dc- çifion de Rome ( z ) , & la foû- ( i ) Ces Pièces fu^primées fe trou- Tf nt dans l'Edition de 1 7 ' 8. ( i ) Le Mande" ent p^r lequel M. de Fenelon publia fa condamnation elt une Pièce trè^-intereilame , elle cft rappor- Maj. 174 0- 90f miffion avec laquelle il la reçut : le caractère de douceur & de mo- dération qu'il garda dans toute la fuite de la difpute avec M. Bolfuet Evêque de Meaux. Tous ces dé- tails méritent d'être lus dans l'A- vertiffement même , dont la fin eft employée à des éclaircilfemens qui concernent M"1' Guion. Nous nous contenterons de citer au fu- jet de ce dernier article ce que M. l'Ev. de Meaux avoit écrit lui-mê- me de cette Dame , » Que quel- » que choie qu'on reprît dans lès » Ecrits , il ne pouvoit s'empêcher » d'eftimer l'intégrité des moeurs., » & la fainteté de vie de leur Au- » teur. . Nous en fommes aux Traitez contenus dans le premier Tome ; ils font au nombre de 19 , & ren- ferment divers fentimens & diver» avis fur .des matières importante» pour la pieté , les mœurs & la vie intérieure. Ne pouvant, fans paf- fer de beaucoup les bornes d'un Extrait , nous étendre autant que nous le defireiions fur des fujets fi, interefTans par eux-mêmes & par l'ondtion avec laquelle ils font prefentés , nous allons parcourir les principaux chapitres , & nous en rapporterons quelques frag- mens. Dans les deux premiers Traitez M. de Fenelon expofe d'abord : Que Dieu n'eft pas alfez connu ; il établit enfuite la neceffîté de le connoître & de l'aimer : il propo- fe ces deux principes d'une manie- téc dans l'AYertiflement. Q.1 5o6 JOURNAL î> re également propre à laiilr l'ef- pi it & a toucher le cœur. Ces deux moyens de perluader concourent prcique toûjouis , comme'on le iç ..it , dans tout ce qu'il écrit. La necefÏÏté de cet amour , établie comme un devoi. indifpenlable , conduit not:e illuure Auteur a examiner comment les âmes qui tendent a l'état de perfection doi- vent ain.cr plus parfaitement que les autres , & afin de démêler d'u- ne manière fenfible l'élévation de fentiment de ces mêmes âmes, il propofe pour exemple l'idée iubli- me que Socrate , Pl.it on , Ciceron Se quelques autres hommes célè- bres Je l'Antiquité fe loin faite de l'amitié , quoiqu'ils fulïent prives de cette lumière dont nous Jommes éclairés , & fans laquelle » l'ami- »>tié n'eft qu'un amour propre » fubtilement déguifé : « Selon Ci- ceron , dont il rapporte le paflage, » il faut rechercher l'amitié , non » par l'efperance des avantages «qu'on en retire , mais parce que » tout le fruit de l'amitié eft dans » l'amitié même. Ciceron avoit » puilé cette idée de l'amité pure » dans la doctrine de Socrate , ex- » pliquée dans les Livres de Pla- » ton. Ces deux grands Philofo- .-'phes. .. . veulent qu'on s'attache » à ce qu'ils appellent it beau & le » bon , c'eft-à-dire , le parfait par le nfiul amour du beau , du bon , du " parfait en lui-même. . . . Tmage, y continue M. de Fénelon , de cette »> amitié pure qui fçait aimer fans » retour fur foi j « de cette vertu définterelfce à laquelle l'amour ES SÇAVANS, propre même rend hommage par les iubtilitez qu'il employé pour en prendre les apparences. ...aux yeux de tous les Payens , continue l'illuftre Auteur , ce quily a de pins divin dans l homme eft de s'oublier pour ce qu'on aime. Il eft vrai que cet oubli de foi- même , comme le remarque enco- re M. de Fenelon ( 3 ) , eft rare- ment auffi définterelTé qu'il lemble l'être. ..." On voit, dit-il , une » perlonne qui paroît toute aux » autres ; . . . . Qui fait les délices » des honnêtes gens ; qui le mode- » re ; qui lemble s'oublier ; mais » cette modération , & ce déta- « chement de foi .... n'tft quel- » quefois que l'aliment le plus » iubeil & le plus imperceptible » d'un orgueil qui méprife tous les » moyens ordinaires de s'élever , » cv' qui veut fouler aux pieds tous » les fujets de vanité greffiers qui » élèvent le refte des hommes.... Entre les Ululions que nous fait notre amour propre , M. de Fene- lon démêle avec le.plus d'attention & de délicatelTe celles qui font compatibles avec l'attachement à nos devoirs. » On eft , dit il , pour » fa fagefleck: pour fa vertu, com- »me une jeune femme mondaine » eft pour fa beauté ; on s'y com- » plaît; on fe fçait bon gré d'être »iage , modéré, préfervé de l'y- » vrefle des autres. . . . On renon- » ce , iï eft vrai , à la jouilfance de » tout ce que le monde a de plus » flateur , mais on veut joiiir de ( 3 ) C'ell dans le Traite fur le re- noncement à foi-même. M A Y ; «> fa modération même. La dévotion arrè&ée , quoique .lîncere , paroît encore à M. de Fe- nelon un des pièges que nous tend notre amour propre. Une perfon- ne qu'il connoît fufceptible de cette afiè&ation, le conlulte fur la manière dont elle vivra a la Cour, voici ce qu'il lui répond : » Vous » ferez tout ce que font les autres, » excepté le péché. Dans un autre Chapitre M. de Fenelon parle des dégoûts de la triftefle , de l'humeur fâcheufe dont quelques perfonnes vertueu- fes font fouvent lufceptibles : il fait voir que prefque toujours cer- tains reproches fécrets que nous I 740. 50 avons à nous faire & que notn orgueil n'appeiçoit qu'avec dépit lont l'unique caufe de ce mécon- tentement de nous-mêmes qui iè tourne en lé-vérité &: en aigreur contre les autres hemmes , foi- blelle plus étrange encore que la première , nos fautes loin notre (nopre ouvrage & nous allocions e prochain à la pénitence. Il eft tems de terminer nos Re- marques ; fi nous nous arrêtions fur-tout ce qui mérite attention & loiiange , lExtrait feroit prefque aufll étendu que l'Ouvrage. Nous rendrons compte des trois autres Volumes dans le Journal iuivant. CHOIX DE POESIES MORALES ET CHRETIENNES DES Poètes de nos jours. Dédié a Afonfeigneur le Dite d Orléans , premier Prince du Sang. Tom. III. A Paris , chez Bnajfon , rue S. Jacq. à la Science. 17+0. in-11. pag. 319. fans un Avettiflement & la Table. Avec Approbation & Privilège du Roi. A n s le Journal du mois de Février dernier , & dans ce- lui de Juillet de l'année dernière , nous avons parlé des premières Parties de ce Recueil , ainfi que des motifs qui rendent l'Auteur excufable de n'avoir pas oblervé toujours l'ordre des tems dans la distribution des Pièces qu'il em- ployé : celles que ce 3'lu; Tome ralTemble ne peuvent que juftiiîer encore l'accueil favorable que le Public a fait aux deux Tomes qui l'ont précédé : dans ce dernier, qui eft compofé de cinq Livres , la moitié environ eft remplie par des Ouvrages de nos plus célèbres Poètes. Le premier Livre entière- ment & une grande partie du fé- cond font compofés des Poefies Sacrées ou Morales de M. Rouf- feau. On trouve enfuite quelques Pièces d'un Auteur auffi eftimé par fa vertu que par fes grands talens , c'eft le Père Porée. Le refte de ce Livre contient des Poclîes de M. de Caiix & d'un Auteur qui n'eft pas nommé. Le 3'"" Livre , à deux morceaux près , qui font de M. de S- Didier , eft formé par un grand nombre de Pièces de M. Fac:ne le fils , dont la plupart , telles que plufieurs fragmens de fou Poème fur la Religion , n'avoient point Qqij 3o8 JOURNAL D encore été imprimées. Les Au- teurs dont on trouve des (Euvres dans le ^"" Livre font le Père Bru- rr.oi j e fuite , M. Fufclier , M. le Brun , M. \Albè Nadal , le Père Aioqras'de la Dotlnne Chrétienne , M. l'Ailé AJJelm &c deux Auteurs qui ne font point nommes. M. de Voltaire occupe une grande partie du 5""' Livre -, les aunes Auteurs font M. de Bologne , M. le Franc y M. Piron , M. l'Abbé Ifnard , M. l'Abbé Poney de Neuville , M. l'Abbé de Ponbrian , M. R. de l'O- ratoire , M. Grejfet , Se Mc!lc Ber- nard. Ce 3mc Tome finit le Re- cueil. Quelques foins que fe foit don- nés l'Auteur de ce Recueil , il n'eft pas étonnant que plulieurs Pièces qui l'auroient orné ayent échappé à /es recherches, nous venons d'en recueillir une de ce genre que nous allons ajouter à cet Extrait. C'eit le Prologue en vers d'une Comédie intitulée : Les Vocations forcées , ou l'Ecole des Pères (*). Oh voit par ce Prologue que le delïein du Père Poiée , dans cette Pièce , eft de faire fentir qu'il eft d'une extrême conféquence de lailïèr aux jeunes gens la liberté de choiliv le genre de vie auquel la Providen- ce les appelle , foit par un certain attrait , foit par le fecours de la raifon , ou enfin par l'un &c par l'autre. Voici cette Pièce de Poê'fie, nous n'en ferons point l'éloge , il fuftit d'avoir nommé l'Auteur. (*)Cctre Pi; ce a été reprefentée , pour la première fois , nu Collège des jefuites au mois de Février 1730. ES SÇAVANS, PROLOGUE. Le Ciel t en nous donnant la vie ' Nous ajfervit aux mêmes loix , Mais , pour le bien de la Patrie , Il nous forme à divers emplois. L'un doit, a couvert des allarmet Diiler les arrêts de Tbémis , L'autre , par la force des armes Repoiijfer nos fers ennemis. Celui-ci , pour donner exemple , Revêtu d'un honneur facré , Doit faire révérer le Temple Okjui même il efl révéré; Celui-là , dans la folitude Oh l'amour de Dieu l'a conduit , Doit mettre toute fin étude A fuir le monde qui le fuit. En marquant ces routes diverfes Le Ciel nous y veut faire entrer Mais que nos volontez. ptrverfes Fout d'efforts pour nous égarer ! Nous entrons fouvent par caprice ■„ Dans le chemin le plus battu . Et nous commençons par le vice Pour arriver a la vertu. Souvent une force étrangère Captive notre liberté , Et l'on efl i par le choix d'un Prre , Ce qu'on n'auroit jamais été. •pis ^g* Encor fi ce choix êtoit fage , Mais hélas , qt*e con/ulte-t on .' Le hazard , l'intérêt , lu fage , Et prefque jamais la rai/on. En vain le Ciel & la nature Condamnent cet aveugle choix , En vain notre cœur en murmure , On n'en écoute point la voix-. M A Y; 1740: 505 Ainfi voit on V enfant timide , Qui fur les lys devoit saffoir , Forcé par un ordre homicide , Porter la- main a l'encenfoir. Ainfi Ton voit croupir fans gloire Dans le crime ou dans le repos , Le Magiftrat que la vitloire Eut compté -parmi fes Hérot. Ici j'apperçois l'innocence Qtfon arrache auxfacrés autels , Et quune injujle violence Immole à des Dieux criminels. WWW» Là je vois marcher là viSlimt Qu'on facrifie a l'intcrêt , Une autorité Ultime Porte un illégitime arrêt. Pères cruels , parricides^ Sufpendcz. un coupable effort , Songz, que vous êtes nos guides , Non les maîtres de notre fort. dsgàgfc Vous pouvez, nous montrer la routs Où nous -devons porter nos pas y La raifort veut quon vous écoute t ■ Conduifez. , mats ne forcez, pas. Un choix dont les périls extrêmes ■ Nous menacent bien plus que vous , Un choix qui Jï fait pour nous mêmes Ne doit pas fe faire fans nous. Tels font les avis falutaires Que nous allons donner ici , Eft- ce a nous d tnflruire nos P(rti\ Ils s'injiruirovt & nous aujji. 3io JOURNAL DES S-ÇAVANS, MET HO DE POV R A P P R EX DRE LA LANGVE & l'Ortographe Erançoif ; pfjemiere Partie c jtr.nt L-s Règles de l'Olographe. Pa- M Ja:jn ■ A Paris , chez la V^uve Ftffat , Quai de Coiity , à la defcente du Pont-Neur. 17^0. m S pag. ^6. Avec Approbation (jr Pnv.lcge du Roi. BI e n des Auteurs ont efTayé d'introduire des changemens dans TOrtographe Fiançoife , les uns en donnant des Méthodes rai- fonnées , les autres en failant réimprimer des Ouvrages eftiirés, dont ils changeoient l'ortographe, y fubftituant celle qu'ils avoient deflein d'établir. Toutes ces tenta- tives n'ont prefque pas produit d'erïèts fenfibles. Les changemens marqués qui font arrivés depuis quelques années dans l'Ortogra- phe Françoife (e font formés 6V: accrédités , pour ainu" dire , par eux-mêmes. Ce n'eft pas qu'on ne puille donner quelques piincipes propres a perfectionner l'ortogra- phe à bien des égards , mais la dif- ficulté eft de trouver des principes qui ne fervent qu'à la rendre plus facile. Si la plupart des Méthodes nouvelles remédient a un certain nombre d'inconvéniens elles en entraînent d'autres en plus grand nombre. Elles apportent de nou- velles contradictions , de nouvel- les incertitudes , de manière que c'en: changer feulement de labirin- the. M. Jaquier a pour objet de ren- dre l'ortographe ailée. Dans cette vue il propofe deux principes qui contiennent tout fon Syftême : » il » faudroit ( dit-il ) qu'il y eût dans » chaque mot conformité de fon , ou » du moins O'forn né de principes. Voici ce qu'il entend par con- formité de Ion : >> Dans mouton 3 " ( continue-t-il ) l'ortographe eft » conforme au ion , car m 0 u fuie » mou , comme ton fait to, ; on » alfemble enfuite Se dit mouton. « Il n'explique point dans quel cas l'aftèmblage des lettres qui for- ment une fyllube ne produifenc pas conformité dj fon. Cependant cette différence marquée pourroic rendre (a proportion plus claire. -Quant a ce qu'il entend par cow formitè de principes , il s'explique aufti par des exemples feulement. Rapportons (es termes. » Si je dis, » nos moutons , il y a là conformité » de fons Se de principes : dans no » mouton iàns s il y a conformité » de fons , & en y ajoutant \'s il y » a conformité de Ions Se de prin- » cipes ; car Ys ne fe met la que » pour marquer le plurier : de mè- » me dans la dernière fillabe du » mot ortogmphe , il y a conformi- » té de principes en parlant , parce » qu'on eft convenu que le p de- » vaut Y h fe prononceroit comme » une/; mais il n'y en a pas en «écrivant , c'eft à-dire, on ne Içait " pas pai quelle régie il faut picfe.- » rer le ph à Yf Ces deux définitions font-elles MAY, fatisfaifantés ? De plus , eft-il vrai qu'on ne fçache pas par quelle ré- gie il faut , en écrivant , préférer le pb à 1'/? Nous nous en rappor- tons aux peribnnes qui ont réflé- chi fur les principes de l'ortogra- phe Françoiie. La conformité de fons Se de principes expofée par M. Jaquier comme les deux bafes de fon Sy- ftéme : il pafle a différentes obier- vations : il explique la divilîon des lettres; le fon fimple ou compofé qu'elles peuvent avoir : ce que c'eft que fyllabe, accent. Il exami- ne les proprietez de chaque voyel- le, le rapport de fon que les voïel- les ont avec de certaines confon- nes ; il remarque auiîî les proprié- té! de ces dernières. M. Jaquier fait enfuite des ob- fervations fur l'origine Se la for- i 7 4 °- 311 mation des mots , Se après avoir parlé de certaines formations deu- teufes ; des lettres doubles , de cel- les qu'il faut fupprimer, il propo- fe un projet qui confrite en deux courtes remarques , pour ortogra- phier conformément au fon & aux principes , Se il finit par des régies a portée de ceux qui fçavent la Langue Latine. Comme toutes ces remarques & ces régies font extrê- mement abrégées. G'eft aux Lec- teurs intelligens à décider s'il en réfulte cette facilité que l'Auteur defire dans l'ortographe. En ce cas le peu d'étendue qu'il donne à fes obfervations fera un mérite de plus"' dans l'Ouvrage : cette Méthode , d'ailleurs, iuppofant dans celui qui la propofe bien des connoif- fances & des vues dignes d'eftime, MARMORA PISAURENSIA, NOTIS ILLUSTRATA. Pifauri , 173 8. è Typographiâ Nicolai Gavelli. C'eft-à^dire : Les Marbres de Pefaro , avec des Eclaircijjemens & des Exflicatioîis. A Pefaro , 1738. de l'Imprimerie de Nicolas Gavelli , vol. in-fot. pag. 206. f^EsARo, Ville d'Italie dans le Duché d'Urbin , fituée fur le bord de la Mer , dans une plai- ne qui efr arrofee parla rivière de Fogha-, eft une ville très- ancien- ne , elle ctoit colonie Romaine , Si \\ en tlt beaucoup parlé dans les Auteurs Latins. On y voit en- core aujourd'ui un gratid nombre d'Infcriptions antiques qui prou- vent ce qu'elle a été autrefois. Une grande partie de ces monumens ctoienr comme- abandonnés au premier venu , Se expofés à tou- res les injures de l'air dans un marché de Pefaro , M. Olivier- Abati , grand amateur de tout ce qui a rapport à l'antiquité , n'a pu ' voir tranquillement ; piller Se dé- grader ces précieux relies de l'an-1 cienne grandeur de û parrie. Sur fes remontrances le Sénat de Pefa- ro , a nommé deux Magiftrats , Se leur a donné commiflîon de faire tranfporter toutes ces mo- numens dans un lieu fur , & où 314 JOURNAL D on pur aiiement les confulrer; ils on: été places d.ins li fille où l'on rend la juftice. M. Abari a pouifé fon zélé encore plus loin , pour faire «.onnoîrre aux nations étr in- gères les richeltes littéraires que poifede l'efaro, il a tranferit fidèle- ment roures ces Infcriprions , il les a fuppléées qumd il a éré né- celTiire, &il les a accompagnées de notes fçavantes qui enéclaircilTent toutes les obfcuntés , Se en don- nent une parfaite intelligence. On avoit fait il y a déjà long- temps des deferiptions des mo- numens publics de Pefaro. M. Abati a profité de ces anciennes deferiptions , qui font d'autant plus précieufes,que par la négligen- ce des Mag.ftrats Se par l'avidiré des particuliers, pluficurs de ces anciens monumens ne fe retrou- vent plus. Il a outre cela parcou- ru toutes les maifons de Pefaro , y a copié toutes les Infcriptions qu'il a pu y rencontrer Se les a ajoutées à fon Recueil. Il a partagé toutes ces Infcriptions en deux clartés. Les premières font les Inf- criptions qui ont été trouvées à l^faro même j les fécondes font celles qui font à la venté à Pefiro , mais qui y ont été apportées d'ail- leurs. -Les Sénateurs de Pefaro perfua- dés avec raifon , qu'un pare! Ou- vrage ne pouvoir être que fort ho- norable à km ville , ont fourni ES SÇAVANS, une partie des frais de Pimprelîior». Ce bon exemple des Magiftrats .1 a pas fait imprelïïon fur rou; ly Citoyens. M. Abiti fe plaint de pluficurs qui ont rerufé de lui cornm miquer des Minuxnts qu'ils pofledent , Se qm a iroicnt rendu ton Recueil beau.o ip plus ample. C-:s fortes de collerions font peu fafcepnbles d'extraits, ain'î nous nou-. contenterons d'in- diquer les principales matières fut lefqielleson peuttrouverquelques cclaircifTemens , foit dans les Inf- criptions même , foit dans les no- tes qui les accompagnent : on y trouve donc des noms Se des fur- noms de Dieux Se de DéefTcs , des titres d'honneur , des noms d'offi- ces Se de Magistratures , beau- coup de particularités concernant la guerre Se les Arts. On y ren- contre les noms de differens Col- lèges , de differens corps Se ordres. Plufieurs détails fur Ja Géographie, fur l'Hiftoirc Se fur le Droit, par- ticulièrement fur l'Hiftoirc & le Droit Romain , fur les honneurs funèbres ; car pour le direcnpaf- fant ,1a plus grande partie de ces Infcriptions font des Epitaphes dont quelques-unes font de Chré- tiens. Il nous a paru que l'Auteur, étoit un homme laborieux Se fça- vant , Se qui avoir un grand zélé pour cette parrie de la Littérature ancienne qu'il cultive. 'KOVVELLES MAY, 1740. V3 .NOUVELLES HOLLANDE. de la Haye. HE n r y Schwrlcer, Libraire, imprime l'Hifloire wùverfelle Ae M. de Thou , avec la Continua ■ tien de M. Nie. Rigault , les Mé- moires de la Vie de l'Auteur, un Recueil de Traitez, qui regardent fa perfonne Se Tes (Euvres -, les Notes Se les principales variantes , les corre&ions & les reftitutions qui fe trouvent dans les Mis de la Bi- bliothèque du Roi de France ; Se de M" Dupuy , Rigault , Se de Sainte Marthe. Le tout a été traduit en François fur la nouvelle Edition Latine de Londres , augmentée des obfervations hiftoriques Se cri- tiques de Cafaubon , de Duplefïïs- Mornay , de G. Laurent , deCh. de l'Eclufe , de Guy-Patin , de P. Royal, de J.leDuchat, Se d'au- tres, xi. vol. On fait efperer que cette nouvelle Edition fera entiè- rement achevée dans le courant de l'année 1740. De Hondt a achevé d'imprimer le 6mc Se dernier Volume tn -folio des Difcours Hiflo'icjues , Cnticju s, Théologicjues & Moraux fur les Evénemens les fins mémorables du, Vieux & du Nouveau Teflament Par M" Saunn , Roques , & de Beaufobre , avec de belles figures. Le même Libraire a réimprimé 4c même, Ouvrage en xi vol.<»-8". May. LITTERAIRES. Le ;mc Volume de ['Etat politi- que de l'Europe , parent ici depui» peu /'»-8'\ 1740. Le premier avoit été donné en 173 S. Celui-ci con- tient d'abord une Préface , dans laquelle l'Auteur explique fon de£ fein , & le plan entier de l'Ouvra- ge , puis une Introdudion à fon fujet , laquelle comprend une Hi- ftoire abrégée de l'Europe jufqu'à prefent. Le fécond Volume a paru en 1739. DE BrUSSELLES. Hijioire de Jacques II Roi de la Grande-Bretagne , avec un Recueil contenant les 'fentimens de pieté Se de Religion de ce Prince , Se un autre Recueil de penlées détachées far le même fujet Se en particulier fur fa conduite perfonnellé. On trouve à la fin de ce Volume fept planches qui contiennent la Gé- néalogie de la Mailon Royale d'Angleterre , depuis Jacques I. c'eft-a-dire , depuis 1566. jufqu'à prefent. d'Utrïcht, Etienne Néaulme , Libraire ., vient d'achever d'imprimer un Ouvrage qui regarde \ Hifloire Ec- cl'fiajlique , Se qui contient prin- cipalement une Recherche Chro- nologique touchant la fucceflîon des Èvêques de Rome depuis S. R r 3i4 JOURNAL D Pierre jufqu'au Pape Victor. En voici le titre : Dijqmjttio Chrono- lo^.ca de JucceJJlone antiquiffima E- fi copo>um Romanorum inde a Petro ttj'que ad ViBorcm , uii occajione data de pluribus alus ad Hiftonam Ecclefiaflicam pertincntibus agit ht. Slccedunt quatuor DiJfertatior.es , iu& de annis s. grippa junioris Ju- dao'um Régis. Auétore Jo. Ph. Ba- ratteno. in-.j.'V 1740. SUISSE. DE GeNEVI. Bariîlot Se fils vont publiet le fécond Volume , contenant le fé- cond Livre de l'Ouvrage intitulé : Philofophut naturalis Principia- Mathsmatlca ,AuBore Jfaaco Ne w- tono perpetuis Comment ariis illuftra- ta , comn.uni fludio PP. Thoma le Seur & Franctfci Jacquier ex Gal- licana Minorum Familià Mathefeos Profejforum. Ces Libraires arTurent fur le témoignage de fçavans Ma- thématiciens , que fi le premier Tome que nous annonçâmes l'an- née dernière , a mérité l'approba- tion de ces Sçavans ; le fécond, qui paroît, la méritera encore plus. Les mêmes Libraires mettront incel- famment fous la PrefTe le jmc Vo- lume , qui comprend le j"" Livre , dont le Commentaire fatisfera les Lecteurs fur cette portion la plus épineufe des principes de M. New- ton. Les Commentateurs ajoutent à la fin de ce Volume divers éclair- cilfemens fur plulîeurs choies qui œéritoiem d'être éclaircies , &qu ES SÇAVANS, ne pouvoient trouver leur place parmi les Notes. ANGLETERRE. de Londres. On a imprimé ici par voye de Soufcription en deux Volumes in-folio les Œuvres Théologiques du célèbre Se fçavant Docteur Po- cock , en fon vivant , Profeflëur d'Hébreu Se d'Arabe dans le Collè- ge d'Oxford , Se Chanoine de l'E- glife de Chrift. Cette Collection contient entre autres chofes le Porta Aiofis du Do£r. Pocock^> fon Commenraire Anglois fur les Pro- phètes Ofée , Joé-1, Michée, & Malachie. On a mis au commen- cement l'Hiftoire de la Vie de l'Au- teur & celle de les Ecrits qui n'a- voir point encore paru ; & on a ajouté à la fin une Table générale des matières pour les Commentai- res. Cet Ouvrage eft intitulé : The Theological W orkj ofthe late Lear* ned Dr. Pocock^, Sec. Par M. Léo- nard Trcells, Maître es Arts , Rec- teur des ParroifTes de S. Matthieu Se de S. Pierre à Londres, Se Pré- bendier de S. Paul. Chez Gojling, dans le Fleet-Street. Il paroît une Brochure /»-8°. contenant une Lettre de M. E- donard Mdward , Docteur en Médecine. Elle porte pour titre : A circular mvitatory Letter to ail Orders of Learned men , but more efpecially to the. Poofejfors ofPh)- fick^andSurgery , &c. C'eft-à-dire : Lettre circulaire aux Sçavans 4e MAY tout Ordre , & fyècialemcnt aux frofeffeurs en Aîedi cme & en Chi- rurgie de la Grandi Bretagne , &c. Cette Lettre contient un Projet très-vafte , mais utile , s'il étoit bien exécuté; il confifte à donner une Hiftoire de la Vie , des Ecrits , des opinions & du cara&ere des plus célèbres Auteurs Anglois . qui ont traité de la Médecine & de la Chirurgie , à rapporter les progrès Se les découvertes qu'on a faites dans l'une & dans l'autre , dans la Botanique , la Pharmacie & la Chimie , depuis les tems les plus reculés jufqu'a prefent. L'Auteur invite les Sçavans de tous les Pais à lui fournir des Mémoires relati- vement à ces dirferens objets. Cet- te Lettre fe débite chez les Innys ôc Mamby. On trouve chez S. Auften , Li- braire , près le Cimetière de Saint Paul , une Hiftoire en deux Volu- mes in-folio, dont voici le titre : A «w Hiftory of the Bible from the beginntng of the World to the Efta- hltshement of Chriftianity, &c. c'eft- à-dire : Nouvelle Hiftoire de la Bi- ble, depuis le commencement du mon- de jufcjuà l'établijfement du Chri- ftianifwe , &c. Par M. T. Stackhou- fe , Maître es Arts , &c. Dans cet Ouvrage la narration dans laquel- le on voit une liaifon continuelle de l'Hiftoire Profane avec la Sa- crée , eft entremêlée de Diflerta- tions fur les partages les plus re- marquables , & de Réponles , que l'Auteur donne avec étendue aux queftions controverfées. Il y joint des Remarques pour expli- ,1740. 51J quer les Textes difficiles , & pour lever les contradictions apparen- tes , & même pour corriger les Verfions défeétueufes. Cet Ou- vrage eft plein de fçavarites Re- cherches , & eft bien imprimé. Travels into the inland pa -ts of Afnca , &c. c'eft-à-dire : Voyages en divers lieux du Continent a l'Afri- que. Cet Ouvaage , qu'Edouard Cave vient d'imprimer & qu'il dé- bite prefentement, contient une Defcription du Pays , des moeurs, du Langage , du commerce , de la Religion & du gouvernement des dirferens peuples qui habitent le long de la rivière de Gambia.Toute cette Relation eft tirée du Journal de François Moore , qui a été pen- dant plulîeurs années Fadteui de la Compagnie Angloife d'Afrique ; & qui y a joint le Voyage , que le Capitaine Stibbs fit en 1713. lui la Rivière de Gambia , une Carte exacte levée & deffinée fu. les lieux , divers partages tirés des an- ciens Géographes , &des obferva- tions fur ce fleuve -, un Vocabulai- re Anglois & Mundingo qui eft la Langue la plus ufnée des Négies. On y a joint auiïî un Appendice, qui contient , i". le Contrat de l'Auteur avec la Compagnie d'A- frique. i°. Plulîeurs Lettres , Mé- moires & inftruélions touchant le commerce de cette Compagnie, & en particulier du trafic de la Gom- me. 30. Le voyage d'un Avanturier qui découvrit du fable & des mor- ceaux de mine d'or le long de la rivière de Gambia. Ce Recueil forme en tout un Volume w-i\ Rr ij 5i<5 JOURNAL D qui fait honneur à l'exactitude 8c à la fidélité de l'on Auteur. FRANCE. de Rennes.. Journal des Audiences & Arrêts du l arlcment de Bretagne , rendus fur les cjttejiions les plus importantes de Droit Civil , de Coitturi.e , de Matières Criminelles , Béncficiales , & ds Droit Public. Tom. II' con- tenant les Arrêts rendus depuis la Saint Martin 1735. jufqu'a Pâques 173S. & plusieurs Aétes deNoto- rieté , avec une Table des matiè- res. A Rennes , chez Guillaume Vatar , Imprimeur ordinaire du Roi , du Parlement &c du Droit , au coin du Palais , à la Palme d'or. in-j.". 1740. Lé premier Volume de ce Recueil a paru en 173 7. L'Auteur y allure dans une courte Préface, mifealatête, qu'il a eu attention a ne rapporter aucun Arrêt, que fur des Mémoires, dont la fidélité ne pouvoit lui être fui- f>eéte. Ces Mémoires font , dit-il , es Plaidoyers , les Ecritures des Procès , ou les Extraits de Mei- lleurs les Rapporteurs. L'Auteur a eu foin de s'étendre fur les que- ftions dont la difeuffion pouvoit faciliter l'intelligence de la Coutu- me de Bretagne , ou des Maximes Canoniques du Royaume. Il sert renfermé dans 'des bornes plus étroites , lorfqu'il ne s'eft agi que de cas particuliers , où le fait a déterminé le droit ; il n'a , dit-il , rapporté alors que les circonftan- ES SÇAVANS, ces générales & elTentielles , qui ont paffé pour confiantes , & qui ont déterminé les Anéts. d'Orléans. François Rouz.eau , Imprimeur-' Libraire , a imprimé ici depuis peu une nouvelle Edition de la Coutu- me des Duché , Bailliage & Prévô- té d'Orléans , avec les notes de M. Henry Fermer , Conieiller au Pié-i iîdial d'Orléans ( qui écoient deve- nues très-rares ) , les notes de M. Chai les du Moulm fur l'ancienne Coutume d'Orléans , & des Ob- iervations nouvelles , où l'on a renfermé tout ce qui a paru ne- celîaire pour faiie connoîtie le Iciis & l'appliquation des articles; les maximes autorilées par l'ufagG du Palais & les derniers progrès de la Juriiprudence. On y a joint un Dîlcours Préliminaire fur la Cou- tume d'Orléans , un Traité des profit* & droits Seigneuriaux , l'E- loge de M. de la Lande avec des Obfervations fur fon Commentai- re ; le Procès verbal de cette Cou- tume , la Conférence des Coutu- mes voifines «Se de quelques autres qui fervent d'explication à celle-ci. Il n'avoit point encore paru d'E- dition de cette Coutume qui fût plus complette Se plus corredte. On en rendra compte incelïàm- mentdans le Journal. 1740. tn-m deux Volumes. DE PARIS. ISHtftiy de Philippe Vm Je MAY, Macédoine , compofée par M. O- hvier de l'Académie des Belles- Lettres de Marfeille , & que nous avions annoncée dons nos Nouvel- les du mois de Juin 1739. paroît depuis peu en deux Volumes h -1 1. Chez de l'are l'aîné , Quai des Au- guitins , pics le Pont S. Michel , à S; Paul. Nous pouvons affiner cjue le public ne perdra rien pour avoir un peu attendu ce morceau de l'Hiltoire Ancienne. Il fera bien dédommagé par la bonté de l'Ou- vrage , dont l'Auteur a trop peu vécu pour le bien de l'Ouvrage même , & pour celui de la Répu- blique des Lettres. Ceft ce qu'on fera voir avec l'étendue convena- ble dans un des Journaux luivans. Voici le cinquième de dernier Volume du Commentaire Littéral fur la Sainte bible, contenant i an- cien & le Nouveau Tejîament , in- féré dans la Tradutlion Francoife. Par le R. P. de Carrières , Prêtre de l'Oratoire de Jésus. A Paris , chez Jean-François Moreau , rue Galande , à la Toiion d'or. 1740. in-S". j ypl. Ce cinquième & der- nier Volume , qui contient le Nouveau Teftawcnt , eft toujours dans le même goût & le même efprit que les quatre Volumes pré- cedens. L'Auteur a mis au com- mencement de celui-ci une courte Préface, dans laquelle il avertit , qu'i/ donne ce Confient aire fur le Nouveau Xcftament dans la vue d'entretenir les Fidèles dans ? amour de la Parole de Dieu i de leur en ap- planir les difficultés, de leur en ren- dre la l'PHrt4grè"f>U & J'if'trlfi?(pf- 1740. 317 ce facile , & de leur faire trouver vin goût toujours nouveau dans cette cèle fie nourriture , en la leur prefen- tant jous des formes nouvelles & pro- portionnées à la foillejfe du commun des Fidèles. Ce Commentaire ne confifte qu'en de courtes explica- tions , le plus fouvent tirées de l'Ecriture Sainte, fk inférées dans la veriîon du Texte pour en expli- quer le fens & marquer la liaiion. Œuvres de Mathématiques , où l'on trouvera les premiers Princi- pes du Calcul numérique & Algé- brique , la Géométrie Elémentai- re des anciens Se des modernes , avec les planches & les figures. ne- ceflaiies. Par M. Elaife. Chez Ga- briel-François Qttillait , rué Gai- lande, près de la Place Maubert , a l'Annonciation. 1740. w-11. Uifioire des Empires & des Ré- publiques , depuis le Déluge jufqu* Jefus-Chrift, où l'on voit dans cel- le d'Egypte & d'Afie la liaiion de l'Hiftoire Sainte avec la Profane j ik dans celle de la Grèce , le rap- port de la Fable avec l'Hiltoire. Par M. l'Abbé Guyon. Tom. çmt Se 6'M. Le jmc pour l'Hiftoire des Ma- cédoniens , & le 6,n>' pour les Pto- lémées. in-n. 1740. Chez Louis- Hippolyte Guerin , à S, Thomas d'Aquin ; Jean Fillette, à S. Ber- nard & à la Croix d'or ; Jean-Bap- tifte Delefpine , à la VicFoire Si au Palmier, rué S. Jacques. Il paroît depuis peu un abrégé des Elémens de Aiathèmatique. Par M. Rivard , ProfelTèur de Philo- fophie en l'Univerfité. Le même 3i8 JOURNAL D nées des Elimens de Géométrie, pré- cèdes du Calcul numérique & lit- téral , avec la rélolution des Pro- blêmes du premier degré. Ces pre- miers Elémens ont eu du fucces ; cependant l'Auteur , qui eft dans l'ufage d'enfeigner , Se par conlè- quent plus à portée de diieerner les propofitions qu'il faut choifir , a jugé a propos de ne mettre que celles qui l'ont les plus necclfaires pour l'ulage qu'on fait de la Géo- métrie dans la Phyfique. Cet Abié- gé eft compofé fur la dernière Edi- tion de fou Ouvrage ; il fe vend chez Defaint Se Saillant, Libraires, rue S. Jean de Beauvais. Il eft a préfumer qu'on fe ferviraaufîî vo- lontiers de ces derniers Elémens que des premiers que le Public a reçus avec plaifir a caufe de la fa- cilité que M. Rivard a fçu mettre dans des Sciences , qui demande- ront toujours de l'application de la part de ceux qui veulent les ap- prendre, L'Auteur nous promet un Traité de la Sphère Se des Ca- drans , avec un abrégé des Sec- tions coniques. L'Ouvrage Pofthume de M. Hecquct intitulé : la Médecine , la Chirurgie & la Pharmacie des Pau- vres , paroît en 3 vol. w-11. chez la veuve Alix , rue S. ] acques , au Grifîbn. 17+0. On trouve à la fin du jm" Volume la Vie de l'Auteur, contenant principalement un Ca- talogue railonné des Ouvrages im- primés & de quelques Manufcrits de M. Hectjuet , une Table étendue des termes de Médecine avec leur explication , Se un détail clair Se ES SÇAVANS, fuccint de tout ce qui eft contena dans les trois Volumes. Cet Ou- vrage eft dédié à M" les Doyen Se Doéîeurs-Régcns de la Faculté de Médecine. Le P. de la Saute Jefuite , an- cien & célèbre Profelleur de Rhé- torique au Collège de Louis le Grand , prononça au mois de Mars dernier dans ce Collège une Ha- rangue Latine , dont le fujet eft l'Empire de l'Opinion, de Oyinionit Inperw Oratio Chez Bariou. 1740. vol. ir,-+. Il paioît une féconde Edition de l'OraiJbn Funèbre de Ai Louis- François de t eauveau , Archevêque & Primat de Nar. onne , Préfîdent né des Etats de Languedoc , Com- mandeur de VOrdre du S. Efprit , prononcée a Montpellier le z 3 Jan- vier 1740. dans l'Eglife de Notre- Dame des Ta! les devant l'AJJemblée des Etats généraux de Languedoc. Par M. l'Abbé Guerguil , Profef- feur Royal de Théc'ogie dans l'U- niverfité de Touloufe , &c. Chez Jacques Vir.cent , rué S. Severin , à l'Ange , i740./»-4°. Hj'o.rcjuivie des voyages de Je- fus Chrifl , avec des Remarques pour en f .ciliter l'intelligence. Par M. Picard de faint Adon , Doc- teur de Sorbonne , Doyen Cha- noine de l'Eglife Royale de Sainte- Croix d'Etampes. Chez J J. de la Roche fils , Quai de Auguftins , près la rue Gift le-Cœur à l'Efpé- rance , in-ii. peg. 188. Le deffein de cet Ouvrage s ainfi qu'il eft annen é dars un AvertuTemcnt , eft d'expofer } ft- MAY ïon l'ordre des tems. » Tous les x divers endroits que le Fils de » DU» a parcourus dans la Judée, » c'eft-à-dire ceux dont les Evan- » geliftes font mention. On voit combien l'Auteur eft: rempli de fon fujet par le fens étendu qu'il donne au mot de voyage , com- prenant parmi les voyages de Je- fus-Chrifi , non-feulement fa Mif- fîon & fa naifTance fur la terre , mais encore fes différentes appa- ritions depuis fa mort ; ce qui for- me en tout deux cent voyages. Cette divifîon donne lieu à l'é- numeration d'un grand nombre de circonftances de la vie de Je- fus-Chrifl , telles que fes Prédica- tions ; fes Retraites dans le De- fert : fes miracles : le choix de fes Difciples. L'élection de fes Apô- tres ; les Myftéres de fa Pafîlon : objets de foi préfenrés d'une ma- nière d'autant plus édifiante, qu'é- tant extrêmement abrégés ils peu- vent aifément fe fixer dans la mé- moire. L'Auteur s'appuye toujours des citations de l'Ecriture , tant par rapport aux faits que par rapport aux obfervations dont il les ac- compagne : il fait auffi des Re- marques Géographiques » con- » cernant la Situation des Villes , » bourgs & autres lieux de la Ju- » die proprement dite , de la Ga- » lilie , de la Samarie & des Pro- » vinces ajacentes. Quand à la Chronologie , il obfervc que fuivant les Chrono- logiftes qu'il regarde comme les meilleurs , » il luppofe que l'Ere j I740. 31* » vulgaire que l'on a fuivie dans » l'Eglife Latine depuis Denis le « Peut , c'eft - à - dire , depuis le » fixiéme fîéclc ; eft de trois ans » plus tard que la vraie époque de » la nailTance de notre Seigneur. » C'eft pour éviter l'équivoque , conrinue-t-il , qu'en marquant les années , il donne toujours une dou- ble époque, fçavoir la vulgaire Se la véritable , c'eft le mot dont il fê fert. Catalogue des Livres de la Bi- bliothèque de M. le Maréchal Duc d'Etrées , premier Maréchal & Vi- ce-Amiral de France , Sec. impri- mé à Paris , chez Jaajuss Guerin, Libraire- Imprimeur , Quai des An* guftins , 1740. 8P. 1. vol. » La vente de cette Bibliothé- » que commencera à l'Hôtel de » Louvois , rue de Richelieu , le » Lundi t" Août 1740. à deux » heutes de relevée & fe conrinue- » ra les jours fuivans. » Cette Bibliothèque eft com- » pofée de plus de quarante-cinq » mille Volumes de Livres en tout « genre , des plus rares & des » plus finguliers. » On y expofera aufïî en vente » une Collection confiderable de » Cartes Géographiques & Mariti- » mes, dont plufieurs ont été def- » finées à grands frais fur les lieux, » & fous les yeux de M. le Maré- » chai d'Etrées. » Un très - beau Recueil d'E- » ftampes également précieufes, Se » par le choix & parla beauté des » épreuves. Une fuite de Médailles m antiques Confulaires & Impc- >o JOURNAL DES SÇAVANS, riales d'argent , grand & moyen » bleaux originaux des premiers » bronze : une fuite de Monnayes » de France : deux Globes Sphéri- » ques de quatre à cinq pieds de » diamètre , avec une .Sphère en » cuivre du Syftême de Copernic , » Se un grand nombre de Ta- » Maures. » Le Catalogue de la Bibliothé- » que fe diftribue chez Méngot , » Libraire , Quai des Auguftins , «avec une Lifte des N°" des Livres » qui fe vendront chaque Semaine. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE JOURNAL de May, 1740.' HIftoire EcclefîafUque , Sec. pag. 25$ Leçons de Phyfique , &c. ig j La Mythologie y Sec. 270 De l'Education Chrétienne des Filles » Sec. 17? académiques de Ciceron , Sec. 1S1 Vfage de V Analyfe de De [cartes , Sec. 2.8 6 La Religion Chrétienne prouvée par les faits , Sec. i 31* Fin de la Table. L E JOURNAL SÇAVANS, FOUR L'ANNEE M. D C C. XL. JUIN. , A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XL. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI. • LE JOURNAL DES S C A VAN S 5 JUIN. M. DCC XL. GENEALOGIA DIPLOMATICA AUGUSTE GENTIS Habfburgice , quâ continentur vera Gencis hujus exordia, Antiqui- taces , propagationes , pollèfiïones & prérogative, Chartis ac Di- plomatibus , n* cmliv. maximâ parte hactenus ineditis , aflerta j adjectis figillis , aliifque Monumeniis eri iacifis , Mappâ item Geo- graphicâ , & Indicibus locupletiffimis. Hec verô res no;i modo Hab- (burgicas universc corroborant, fed aliis etiam pluiibus illufhiflî- mis Germanie noftre Familiis , 8c patrie medii evi Hiftorie lucem fœnerantur. Operâ & ftudio R. P. Marquardi Herrgott , Ordinis Sct Benedicti , Congregationis S" Blafii in Nigrâ Sylva Capitularis & Magni Cellerarii , nec - non Sacre Ceiaiee Regieque Catholici juin. S i ij ?24 JOURNAL DES SÇAVANS, Majcftatis Confiliarii , & Hiftoiiographi , Ordinumque anterioris Aulhiï per Biilgovam apud Aulam Ca;faream Dcputati. Tom. I. />; fol Vicnnx Auftria:, ex Typographia Leopoldi jounnis Kaliwoda. M. DCC. XXXVII. Ccll-.'.-diie : Généalogie Diplomatique de la Maifon d' Habfboiirg ,par le P. P. Alarcjitard Hcrrgott , Pchqicux Béncditlin d la Congrégation de Saint Blaijc dans-la Forêt Noire , Confnl'er & Hiftoriographe le V Empereur A Vienne eu Autriche , chez Léopold - Jean Kaliwoda, ijjyji. in - fol- 2. Tom. en 3. vol. Tom. I. en un vol. pag. $ y^. outre lFpuie Déd'Yatoire , l'Avis au Lecteur , les Prolégomènes, les Cartes , les Planches &-les Tables. Tom. II. en z. vol. pp. S 11. fans les Tablés. Le Livre fe trouve chez. François de Bure , Libraire , fur le Quai des Augufiins , à l'Image S. Germain. III.™ ET DERNIER EXTRAIT. NO s deux premiers Extraits ( a ) ne font proprement qu'une Introduction à celui-ci. Dans le IF™" Livre , qui en fera l'objet , l'Auteur commence a éle- ver l'Edifice , dont nous lui avons vii jetter les fondemens , dans fes Diflertations préliminaires.^ L.n. C. \.p. n». » Suivant la pratique des Phi- » lofophes , dont la méthode eft » de pofer d'abord quelque prin- » cipe évident qu'on ne puifle «leur difputer, & de pafter de- » là , fucceflîvement , d'un ter- » me connu aiin autre qui ï eft moins » { b ); « C'eft - à- dire , de fe fervir des véritez qu'ils décou- vrent , comme d'autant de degrez qui les approchent de celles qu'ils ignorent ; le Père Herrgott prend pour l'époque de fes recher- ( a ) Ils font dans les Journaux de Mais .* d'Avril. (i) Liv.I, Ch. 18.pg.11tf. ches généalogiques , l'Empereur Rodolphe I , en qui la qualité de Comte d'Habjbourg eft auiïî incon- teftable , que la fuite de fes defeen- dans eft certaine : & remontant de proche en proche du fils au père , il conduit, dans l'ordre rétrograde, la ligne afeendante de ce Prince , jufqu'au Duc d'Allemagne , Adel- ric ou Ethic , fon xvmmï ayeul ; telle que la repréfente la Table qui fuit. On y remarquera que nous joignons à chaque nom le titre dont il fe trouve accompagné dans les Chartes & lur les Sceaux^ afin que du même coup d'oeil on puiftè diftinguer , entre les ancê- tres de Rodolphe, ceux qui ont eu la dénomination à'Ha'jbourgt d'a- vec ceux qui font ou défignés par d'autres Comtez , ou appelles Comtes abfolument , ou enfin qua- lifiés , Ducs Rodolptie Empereur , Comte d'Habfbomg, fils d' Alberï iv, Comte d"Habfbourg, fils.de JUIN, Rodolphe, Comte d'Habfbourg, fils a' Albert m, Comte d'Habfbourg, fils de Vernier m , Comte d'Hab- fbourg , fils d' Otton ii, Comte d'Habfbourg, fils de Vernier ii, Comte d'Habfbourg, fils de Radeboton , Comte du Cleg- gow , fils de Lancelin, Comte du Turgow , fils de Gontran , Comte , furnommé le Riche , fils d' HUNFRIDOllHuNFROI , fils de Luitfrid vi , Comte Illuftre , fils de Luitfrid v, Comte Illuftre,fils d' Hugues , Comte , fils de Luitfrid iv , Comte , fils de Luitfrid iii, Duc d'Allemagne, fils de Luitfrid ii , Duc d'Allemagne, fils d* Adalbert , Duc d'Allemagne , fils d* Ethicou Adelric , Duc d'Alle- magne. Que l'on ne s'étonne point fi, dans la comparaifon qu'on pourra fai- re de cette Table Généalogique avec celles qui réfultent des Ou- vrages de quelques autres Ecri- vains , on s'apperçoit que le Père Herrgott ne porte pas auffi loin que ceux-ci , l'origine des Com- tes d'Habfbourg. Les Princes de cette Maifon , en qui la candeur , félon l'exprefïîon de Cufpinien ci- tée dans les Prolégomènes , fut 1740. 527 toujours héréditaire , ibufrriroienc impatiemment que l'on tendît des pièges à leur bonne foi , en cher- chant à les flatter : Auftnact, quia fum candidi Principes , feduci no- tant le): fatisfaits des témoigna- ges que la vérité eft forcée deleur rendie ; fans doute , ils dédaignent ceux que l'adulation voudroft fonder fur d'ingénieufes piobabi- litez. Pour le conformer à des viles fi pures ; l'Auteur s'eft fait un de- voir de ne rien avancer que fur le témoignage des Monumens les plus authentiques , ôc de s'arrêter où ce fecours lui manquerait d)'. Le détail dans lequel nous allons entrer , mettra les Leéleurs eiï état déjuger par eux-mêmes de fa fidélité a oblerver la loi qu'il s'ini- pofe. » Rodolphe d Habsbourg elv Empereur en mcclxxhi. Que l'Empereur Rodolphe fût ifïu des anciens Comtes d'Hab- fbourg ; c'eft un point qui ne peut être mis en queftion, que par ceux à qui l'Hiftoire d'Allemagne fei oit tout-à-fait étrangère. En leur fa- veur , il fuffira de dire que Rodol- phe , avant & après fon couron- nement , s'eft toujours qualifié Comte d' Halfbourg , dans les Actes publics & dans fon Sceau j qu'au- cun Empereur , de toute autre (c) Prolég.Ch. 1. à la fin. (m; dans quelques Mo- numens , n'eft pas la même que Gertru h Cette opinion , dit-il , ne peut avoir de vraifemblance , qu'autant qu'on adoptera un prin- cipe diplomatique avancé par Cru- flus (Annal Sieev L. 6 p :.);fa- voir , que les Reines , à leur cou- ronnement & a leur facre , chan- geoient quelquefois de nom. Il eft certain que cette maxime feroic d'un grand ufage , fi elle étoit bien prouvée : mais , félon la re- marque du P. Herrgott , elle ne l'eft point. Peut-être mérireroit- elle que les Savans fe rendillènt attentifs , dans leurs lectures , à ce qui peut oulajuftifier ou la dé- truire. Ce n'eft qu'afin de ne pas (>erdre l'occafion de la mettre lous eurs yeux, que nous avons cru (/") C'eft un Recueil «le Lettres rnfT. de i'impereur Rodolphe, conlervées dans la Bibliothèque dd Empereur , Se qui contiennent plusieurs particularités de l'Hftoire de ce temps-là. Le P. Herr- gott lious apprend que le mf, eft en état d'être imprimé , pirlc foin'que M. Gen- tillotti a pris de revoir le texte & démet* tre un argument à la te et de chaque Let- tre, juin; pouvoir , pour un me ment , nous écaiter de notre objet. ( L. ri. Ci.) Rodolphe mouiut en 1291. il croit fils cTAlbert iv,que lesChar- tes nomment ihdîfrëremrnent A- \albert , Adelbert Se Adilbert Cel- e d'où l'on tire la defeendance de Rodolphe , nous donne en même temps les trois degrez lupérieurs : c'eft un contrat de vente, fait en 1259-, au profit du Ivlonaftère de Wettingen , par le Comte Rodol- phe Landgrave d'Alface , & les trois frères Rodolphe Chanoine de Baie, Gotfroi , Eberhard, fes cou- llns germains j où ces quatre Sei- gneurs , parlant en commun, rap- pellent l'un fon père , les autres leur oncle , tous enfemble leur ayeul & leur bifayeul : Borne recor- iationis progénitures noflri Comités , -j'idelicet Albertus mihi Landgravie •pater, nobis trilusfratribus patruus, Rudolphus avus, Albertus proavns. <*>• . • .'". . Ce Monument n avoit échappe nia Guillimann, nia Eccard : mais, par la précaution que le P. Herr- gott a prife d'y joindre une copie figurée des caractères du manuferit original & l'empreinte des Sceaux, il paroît ici pour la première fois accompagné de tout ce qui peut en aflûrer l'authenticité. Albert , qui eft nommé Comte ttHaljbourg & Avoué de Mûri , dans un Adte de 1210; qui avoit en m 1. fon Sceau particulier , c'eft- à-dire , qui dès-lors étoit Cheva- (g ) C'cft la même Charte que nous avons citée dans le IL Extrait , Jotirn, 4}' Avril, p. 212. 1 74°» 327 lier ( h ); & qui fe fervoit en 1 21 y, de !a Formule parla grâce de Dieu; mouiuten 1240. { L.w.C. ■,.) Il étoit fils de Rodolphe , ainfï que le prouvent le contrat de ven- te de 1259 , un échange de 1210 , où on lit Fudoljus Cornes & fdius ejus si délier tus de Hab'fbwch , ôc un autre Aôe de 126$, où l'Em- pereur Rodolphe appelle celui-ci, fon ayeul . Rudolfi avi noflri. Ro- dolphe eft connu dans, les Char- tes , depuis 1199 juiqu'en 123Z, fous la dénomination de Lomtt d'Habjbourg , iuivie conftammenc de celle de Landgrave d'Alface , & quelquefois du titre & Avoué , tantôt de Murbach , comme dans une donation de 1199(7) , tan- tôt de Mûri comme dans l'échan- ge de 1 210 ; il eft traité de Prince dans le même échange ; enfin ir ufoit en 1227, de la formule par la grâce de Dieu. C'eft de lui qu'eft fortie, par fon fils Rodolphe le Taciturne, la Branche de LaufFem- bourg-Habfbourg , ainfi nommée du territoire de LaufFembours . qu il avoit réuni a Ion Domaine , /elon une Charte de 1207. Il mou- rut en 1232 (k). ( L. 11. C 2.) ( h ) Les Nobles n'avoient droit de Sceau , jusfigilli, qu'après avoir atteint la majorité, ou l'âgede 11 ans accomplis» auquel ils pouvoient recevoir l'Ordre de Chevalerie : jufques-là ils fe fervoient du Sceau de leur père, de leur frère , de leur Tuteur, &c. d'où eft venue ce. te façon de parler , fi ermmune dans les Chartes, quia figilltmi p ifr.um ne» ha* bco. Voyez la nouv. Edit. du Gioff. de du Cange, aumotS;g;//«»». ( i } Laftalditt Morb,.cer,J:s. (k) L'Auteur avertit , pag. 1 3 f. qu'il 528 JOURNAL D Il étoit fils d'ALBERT ou Adel- bert , iurnommé le Riche dans le Nécrologe de Mûri, c\: leiu'1' du nom , par Eccard. La Généalogie qui précède les AEles de Mwi , Se qui commence ici à être de quel- que poids , parce que nous tou- chons au temps où vivoit l'Ecri- vain qui l'a rédigée, eft conforme au titre de i«p3 fur ce degré , le dernier qui s'infère du Monument de Wettingen: Albertw per Itam Comcttjfam de PfuUendorf . . . ge- nuit Ruodolphitm Albert eft diftin- gué dans le Nécrologe , par les deux dénominations de Conte et Ha 'Jbwg ôc de Lan {grave d Al- face , qu'il prend auffi lui-même à la tête d'une Charte de 1186 , comme dans le Sceau qui y pend ( / ) : enfin une autre Charte de IiôS. le qualifie Avoué de Ainn , petit. ont aivocati ( Murenhs ) Co- mitis Adelbert:, ( L. 1 1. C. 5. ) Il eft le premier , ainlî que nous l'avons oblervé dans le n'nc Ex- trait ' m ) à qui les Chartes attri- buent la qualité de Landgrave et Al- facf i & luivant ce que nous avons dit au même endroit , c'eft en la perfonne qu'elle paroît être deve- nue héréditaiie. [ A la preuve que nous en avons faut corriger le P. Vignier qui place , dit-il, la mort de Rodolphe en 1 113. 11 doit y avoir là une faute d'imprefiioo : le P. Viçnicr a écrit 1133. (/) Al Vertus Cornes de Hjbtsburch Landgrawm Alfaiix. . . . Siguium Ahl- beru Ccmuis de Hababurch & Landgra- vu Al'~attx. (m) Joutn. d'Avril, p. m. ES S Ç A V A N S , donnée d'je£lo , alun de eâdem pro- ger.ie, qui m eodem fit Caftro Habesburth... Jubrogelur. Ibid. ( x ) Coram Petro Abbate Murenfi pu- blicetradente frtedmm. . ,in manus Cortii. lis Rudelfi &fdtifui, fuoutm advQcato- rum, Tuai. II. n, if-. Ttij ?32 JOURNAL D Fondateur du Château , d'où le nom a été formé ; il s'enluivra auffique la pofTeffion confiante de ce titre , doit être mife au rang des preuves les plus décilives de la filiation (y). Otton mourut vers r i o 9. Il étoit fils des Vernier 11 , furnom- mé le Pieux : Vernherus genuit Ot- tonem , dit la Généalogie de Mûri : Otto vero Cornes , filins ejnfdcm Vernharii , difent les Ailes. On le trouve fous le nom de Comte £ Habsbourg , dans un privilège de 11 99, avec l'épithète , Egrcgms , & dans un Diplôme de 1 1 14 , où , de plus , "Vernier Evêque de Straf- bourg eft appelle. Ion parent ; à Vernhario Strasburgenjî Epifcopo , parente fedicet Vernharii Comitis d: Habslwg : il ell aile de juger , dit l'Auteur , qu'ici parens ne lignifie point père , mais onde ou parent , en général. Enfin , continue-t-il , Vernier fut Avoué de Mûri. Au commencement,Vernier abufa des droits qu'il croyoit attachés à ce titre ; Se voulue convertir l'Avoue- rie en Domination abloluc : mais reconnoiflant enfuite (on injuftice, il fe renferma dans les bornes qui avoient été preferites , par le Fon- dateur ; & convint, par une tranf- (y) Ceux qui voudront approfondir h matière des Avjtimei , doiv ne con. luker le Glolt. de duCangc au motAd- vçcaïus, & l'U/age des Fiefs de M. Bruf- fel ; en y joignant deux Ouvrages c 1 ■ vpreflement fur ce fn jet , intitules, l'un Advocatia . 1 1 tata , l'autre de Advo- catiis Imfeiialilius, que Tonne trouve ci- té; , autant qu'il nous a paru, ni dans les Fiefi) ni- dans le GloJJaire. ES SÇAVANS, action qu'il pafia avec les Moines , que fon fils aîné lui fuccéderoit r aux mêmes conditions qu'il s'im- pofoit lui-même (''*,). ( L. 1 i.C.6.) Vernier 11. étoit fils du Comte Radeboton , fuivant les Actes de Mûri , quin'énoncent point le ti- tre de Ion Comré : mort no Comité Radeboto. . . . corpus ej us tranfiatum efl hue poft cujus obitumfilius ejus Otto & Albertu; & Vernharius diviferuntjibi locum ifium : & plus bas ; Vernharius Cornes , films Ra- debotonis. Un Manufcrit , cité par ChifHet &: par Guillimann, l'ap- pelle Comte de Vinlonijfe ou Vtndi- fch : mais le P. Herrgotta prouvé, dans les Prolégomènes ( aa ) , que ce pic-rendu Comté n'exilla jamais. Il ioûtient donc que Radeboton étoit Comte dans le Cleçç-ow. aihfi que le porte un Diplôme de 1025, in pago Cleggeuve, in Comitatu vero Radcbotonis Comitis : & il ne fau- roit y avoir , félon lui , d'équivo- que dans l'application ; parce' que les Chartes de ce temps - là ne nous donnent , ioit dans l'Er- gaw , foit dans l'Alface , qu'un ieul Comte de ce nom , qui doit être , par conféquent , celui que les A éles de Mûri font père de Vernier. Cependant , comment parvient-il a lier le Comte du Cleg- gow avec les Seigneurs de qui ceux d'Habibourg font ilTus; & à prou- ver que c'efl dans Radeboton , (2) Recepit Advncatiam . .. 1 tuitque . . ut qui fenior fit mfiliis fuis ad- vocattam ab Abbate accifiat . . fecundùm fcitapivtlegu , &c. ÂctaMurcnf p, 38. ( aa) Journ.de Mars, p. 138. MAY qu'il faut chercher le fil de leurs ancêtres ? La luire des Landgraves ne s'étend pas au - delà d'Albert m : le fecours des Sceaux lui man- que dans Albert n (bb) : la déno- mination 6! Haljbonrg n'a pu le conduire que jufqu a Vernier n. ( ce ). Il fupplée à toutes ces preu- ves , i°. par la qualité & Avoué , que les Aétes de Mûri donnent à Radeboton : ipfe advocatus Rade- boto : i°. par une Chronique citée dans Eccard , fuivant laquelle Ra- deboton étoit frère de l'Evêque Vernier , que l'on doit regarder , ainfi que nous l'avons infinué plu- sieurs fois , comme l'auteur du nom d'Habfbourg , puifqu'il avoit fait bâtir le Châreau d'où ce nom a été emprunté : ( Vernheras ) fra- tri fuo Radebotom Comiti de Habe- chejburc , Cartes Epifcopatùs [ai in bénéficia concejfit (dd). ( L. z. C. 7. ) [Nous ne diffimulerons pas que, *>our donner à Radeboton & à Vernier une origine commune , le P. Herrgott abandonne les Aèles de Mûri, qui contredifent la Chro- nique -, & qui portent en termes formels que Radeboton époufa la (bb) Cet Albert ou Adelbert dont nous avons cité le Sceau de l'année 1 114. dans le Journal d'Avril , pag. 115 ,rfeft point de la ligne direfte : il étoit frère d'OttonlI. & fils de Vernier II. Eccard l'a mal nommé de H.i[enbcurg. ( ce ) Nous avons expliqué dans le Journal d'Avril , pag. tu. Comment le titre de Comte d'Habsbourg ., que Vernier II. ne put prendre de ("on vivant, lui a été donné dans des nvonumenspoiterieursà fa mort. (dd) Eccard , ÎV70. ) 174 0. 535 feeur de Vernier , nommée Ite : Radeboto aecepit uxorem nomine Itam , fororem Theodorici Ducis ac Fernharit Argentin* Civitatts Epif- copi (ee): d'où il s'enfuit que Ra- deboton & Vernier ne pouvoienr être que beaux-freres. Guillimann, en citant ce païïàgë , ne s'eft pas1 fait un fcrupule de retrancher les mots elfentiels , qui dévoient , en effet , lui paraître embarraffans } fororem Fembarii (ff). L'Auteur , de meilleure foi que Guillimann , les a confervés ; & pour réfoudre la difficulté qu'ils font naître , il prétend , après Eccard , que le mot foror doit s'interpréter par ce- lui de belle-fxur : Ite , dit-il , en époufant Radeboton, devint belle- fœur de Vernier ; & de-là , par un abus très - ordinaire dans les fic- elés d'ignorance , on aura pu l'ap- peller improprement, fafœur. Mais nous lbmmes en droit de lui demander , pour quelles rai- fons il applique plutôt cette inter- prétation au texte des Allés de Atari , qu'à la Chronique , qui en efl: pareillement fufceptible : le mot frater _, qu'on lit dans celle- ci , Vernheras concejjit fratri fao Radebotom , peut auilî bien être traduit par beau frère , que le mot foror , qui fe lit dans ceux-là , par belle. f œur , aecepit axorern fororem Vernkarii. Eccard nous lailTè igno-- rer l'âge , & l'autorité de la1 Chronique. Si , renonçant à l'a- vantage que nous pounions tirer ( ee ) Alla Mur. Tom. I. p. 300. (J) Habibiirg.p. 175. 314 JOURNAL D Je fou fileuce , nous voulons bien iuppofcr les deux pièces écrites dans le même tems ; il en faudra toujours conclurre que nous de- vons une égale indulgence au ftyle des deux Ecrivains. Allons plus loin. Quand deux témoignages , d'un poids à peu - près égal , fe trouvent en contradiction ; & que l'on ne peut les concilier qu'a la faveur d'une interprétation con- jecturale , qui ramène l'un au feus de l'autre ; il eft , ce femble , de la bonne critique , de choilîr pour l'objet de la conjecture que les circonftances rendent neceilaire , celui des deux où il y a moins de violence à faire au texte, &c où le nouveau lens que l'explication doit introduire , fourrrira moins de dif- ficulté. Or , fi l'on veut y faire attention , rien n'eft plus naturel que de rendre iefrater de la Chro- nique , par beau frère ; ôc rien ne fera plus fimple que l'énoncé de la phrafe : Vernier donna, des terres en bénéfice afin beau frère Radeboton. Rien, au contraire , de plus forcé, que d'expliquer le foror des Actes par bclle-fœur ; car c'eft ainfi qu'il faudra traduire : RadcLoton époufa Ite,fœur de Thierri, & belle- fœur de Vcrnkr. Le mot foror , fera donc pris , à la fois , pour fœur 6V pour belle fœur ; pour fœur, par rapport à Thierri ; pour bellefoeur , par rapport à Vernier ;fororem Theo- dorici ac Fernharii. N'eft-on pas bielle , de voir cette double rela- tion exprimée par un même terme; D'ailleurs, l'Ecrivain de Mûri aura donc traité Ite , de belle - fœur de ES SÇAVANS, Vernier , avant qu'elle eut époufe celui par qui elle devoir l'être : ac- cepit uxorem nomme Itan } fororem Vtrnharii. Sur ces réflexions , que nous foûmcrtons néanmoins aux lumiè- res des Lecteurs , nous ferions d'autant plus portés à préférer l'autorité des Actes de Mûri j que l'opinion qu'ils ctablilïènt ne cau- fe aucun changement dans la fuite des degrez généalogiques. Il eft vrai que, fuivant cette hypothèfe, la Seigneurie d'Habibourg n'aura pallc dans la Maiion , qui depuis en a tiré fon nom , que par un mariage : mais cette illuftre Mai- fon ne celleroit pas pour cela d'être la véritable , ou plutôt la feule Maiion d'Habfbourg; parce qu'el- le feroit toujours & la première &: la leule qui eût été connue fous ce nom. Haljbourg n'étoit originaire- ment que la dénomination d'un Château , que la fœur de Vernier, Donataire ou héritière de fon frè- re , porta dans la moifon de Ra- deboron , avec les Domaines qui en dépendoient : lorfque la No- blellè introduilît l'ulage de le di- flinguer par le titre de fes poilèf- fions , Habfbourg devint dénomi- nation perfoniK'lle en Vernier h , & par lui, celle de tous fes delcen- dans. Les ancêtres mafeulins de l'E- véque de Strasbourg ne feront plus ceux de Radeboton:mais Vernier n, fils de Radeboton & d'Ite, conti- nuera d'être , par fa mère , neveu de l'Evèque , conformément au Diplôme de 1 1 14 , qui a fait une des preuves du degré de Vernier iij MAY &,en cette qualité, il aura recueilli, du chef de la mère , avec la pro- priété d'Habfbourg , \A"Joiterie de Mûri qui y étoit attachée. Enfin , les pères de Radeboton feront toujours, exclufivement à tous au- tres, les ayeux des Comtes d'Hab- fbourg -, puifque celui qui le pre- mier a eu ce titre , & qui l'a tranf- mis à fa pofterité , étoit fils de Ra- deboton. Il nous a paru que les Aères de Mûri pourroient encore fournir de quoi fortifier ce fenti- ment : mais nous parlerions les bornes preferites à un Journal , fi nous donnions plus d'étendue à cette difeuffion , que l'on trouve- ra peut-être déjà trop longue.] Radeboton mort en 1017 , étoit fils du Comte Lancelin ou Kan- xelin , Comte et ' Altembonrg, ielon ies Aûes de Mûri : Jttfn Radebo- tonisfilii ipfius Kanz.elmi ; &c dans an autre endroit , Katizelimim Co- tiitem de Ahembttrg. L'Auteur di- vife ce témoignage : il l'admet pour la filiation & le rejette pour le titre du Comté ; prétendant , comme nous l'avons dit dans l'Extrait des Prolégomènes (gg), que les Com- tez de Vindoniffe & à'Alt.mbourg font également chimériques. Mais il retrouve Lancelin, fous le nom de Lantolde , qu'il croit être une même chofe , parmi les Comtes du Tur^ow : c'en- au moins ce qu'il conclut de deux Aétes , l'un de do- nation en 976 , l'autre d'échange en 981 , concernant des terres fi- tuées dans ce Canton ; & qui font ( 2g) Journ.de M us, p. 138. > * 74o; 335" terminées par la formule , Lantol- do Comité. Nous avons expofé ail- leurs (hh) le principe diplomati- que fur lequel porte cette confé- quence. ( L. 11. C. ï.) Lancelin mourut en 990. Il étoit fils de Gontran , qui n'eft défigné dans les A&es de Mûri , que par le furnom de Riche: Kan- zjA'mum Comitem de Alte?/tburgfi- lium Giintramd Divitis. C'eft le même Gontran , dit le P. Herr- gott , que l'on voit fouvent rap- pelle dans les Chartes depuis 952. jufqu'en 973 , & qu'un Diplôme de l'an 959 qualifie Comte abfolu- ment , fans marquer fon Diflritl. A l'égard du furnom de Riche ; probablement , il lui fut donné à caufe des grands Domaines qu'il polîedoit , non feulement dans le Turgow , mais encore dans le Brifgaw & dans l'Alface ; Provin- ces , continue l'Auteur , où étoient n*tués les Comtez que les Seigneurs d'Habfbourg ont pofledés depuis. De cette circonftance , fuivant un autre principe diplomatique dont il a été parlé dans le premier Ex- trait ( ii ) , naît une nouvelle in- duction , en faveur du fentimenc qui fait defeendre les Comtes d'Habfbourg, de Gontran le Ri- che. ( L. 11. C. 9. ) < Les Allés de Mûri , dont le P. Herrgott s'eft fi utilement fervi jufqu'à prefent , malgré l'idée peu avantageufe qu'il avoit paru nous en donner dans fes Prolégomènes- ( hh ) Journ. de Mars , p. 135». (»'») Journ. de Mars, p. 140. ;;6 JOURNAL D ne s'étendent pas au-delà de Gontran/f Riche: Si il n'a plus de Monument du même genre , qui repreuant le fil de la Généalo- gie , où finillent les slclss , puille conduire aufli fùrement fes re- cherches. Tel eft le caractère des Maifons du premier ordre , parti- culièrement de celles qui ont mé- rité de commander aux autres : leur origine fe perd dans la nuit des temps. Mais cette oblcuritc même dépofe de leur grandeur. Elles ont commencé d'être , avant qu'il y eût des Ecrivains capables de rendre témoignage à leur exi- gence ; ou du moins , avant que l'on eût prévu qu'il importeroit un jour a la poftérité , de favoir l'Hiltoire de leurs commencemens: d'où il arrive que plus on pénètre dans l'Antiquité , pour tâcher d'y découvrir le principe d'où elles partent ; plus on éprouve, que les ténèbres s'épaiflîiïcm -, que la lu- mière qui pouvoir les diffiper , s'éclipfe-, que le nombre des guides diminue. Jufqu'au degré de Gontran , prefque tous les Généalogiftes , fûivent de concert la même route. La,ils fe féparent, pour s'ouvrir des (entiers qui leur loient propres: on les voit marcher long-temps , é- cartés les uns des autres ; fe ren- contrer quelquefois dans un point qui les réunit -, le quitter de nou- veau bien-tôt après ; Si parvenir enfin a des termes aulîi ditFérens , que le font les chemins qu'ils ^kk) Journ.de Mars, p. 137. ES SÇAVANS, avoient pris. Cependant on ne doit pas s'étonner de les trouver li peu d'accord entre eux ; quoique la plupart avent puilé aux même: iourecs. De tous les monumens , qui peuvent iuppleer au manque d'Hiltoriens, ou a la fccherelle des Chroniqueurs , les plus précieux , fans contredit , font les Diplômes Se les Chartes. Mais comme il eft rare , ( nous l'avons dit ailleurs ) (//), que les Chartes, fur-tout les plus anciennes, renferment dei énonciations préciles qui fixent avec certitude un degré généalogi . que ; ce que l'on en recueille corn. munément , loit touchant la ref femblance des noms Si le rappou des temps , foit touchant la cont' traité des poirefîïons , ne fauroL gucies lervir qu'a fonder des pre . habilitez , plus ou moins heurei'.- fes : Si l'entière liberté qu'elles laillent a l'eiprit , de fe livrer aux conjectures , produit nécelïàire- ment la diverfité des opinions. Nous devons cette jufticeauP. Herrgott; qu'il n'a rien omis de tout ce qui pouvoit contribuer à jullifier la henné £v a la mettre dans le plus beau jour. C'étoit peu d'a- voir formé une Collection immen. fe de titres de toute efpece : il fal- loir encore apprécier ces titres , fuivant les règles de la critique ; en tirer des conléquences avec juftef- ler , dilpofer avec méthode Si dé- duire avec netteté les preuves qu'ils fourniflènt. Le P. Herrgott a rempli lur tous ces points , ce (//) Jouxn. de Mars, p. i}$.&j'mv. qu- JUIN, que îa'réputation nous mettoit en droit d'attendre de lui. Mais aufli , plus il v a de recherches dans cette partie de ion Ouvrage , & d'art dans la compolîtion ; moins il nous eft facile de la faire connoître par un fimple Extrait. Chacune de fes inductions , ( nous ne pouvons nommer autrement les preuves des derniers degrez ) eft, pour l'or- dinaire , le réfultat d'une combi- naifon, fouvent très - vraisembla- ble , toujours ingénieufe , de plu- fieurs paflages de différentes Char- tes , qui fe foûtiennent mutuelle- ment , & dont l'union fait toute la force : les diviler ce feroit les afFoi- blir. Plutôt que de copier, prelque en entier , les dix derniers Chapi- tres, comme le demanderoit peut- être l'inftru&ion du Lecteur -, nous le renvoyons , pour abréger , à la Table Généalogique , qui repréfente toute la fuite des degrez ; & à ce que nous avons dit , dans le Jour- nal d'Avril ( rr:?n ) , de la Charte de Lmtfrid , ratifiée en 1 1S6 , par Al- bert d'Habfbcurg. Cet A6te eft un des principaux fondemens de l'opi- nion du P. Herrgott : il en inrcre laliaifon des Comtes d'Habfbourg avec les anciens Comtes d'Alface. Nous aurions ellâyé de rempla- cer le détail que nous lupprimons, par un parallèle du nouveau Sy- ftême avec celui d'Eccard ; fi nous n'eufllons craint encore, que cette difcufîîon ne nous menât trop loin. Cependant , pour ne pas fruftrer entièrement l'attente du public -, (».-m ) Pag. ne. Juin, I 7 4°.\ 3 57 nous choifirons , entre les diHc- rences eflentielles des deux Généa- logies , celles qui paroilïent devoir le plus intéiefler iacuriofité. Nous remarquerons , i°. que le P. Herrgott & Eccard , reconnoif- fant également Gontran le Riche , pour la tige de la Mailon d'Hab- (bourg , varient fur la filiation de ce Gontran même , qui eft né d'Hunfroi , félon le 1" ; d'Hugues Comte de Ferrette , félon le t''M ; & que rapportant tous deux l'ori- gine de leur Gontran , au même Ethic Duc d'Allemagne ou d'Alfa- ce, ils remontent néanmoins, jul- qu'à ce terme qui leur eft commun, par des degrez tout différens; l'un par Hunfroi & les Luitfrids , l'au- tre par Hugues & les Eberhards. Nous remarquerons , en fécond lieu, que s'accordantde même tout deux à donner une origine com- mune aux Maiions d'Habfbourg & de Lorraine , il s'en faut beau- coup qu'ils conviennent fur le de- gré , où l'on doit placer la fépara- tion des deux Branches. Le P. Herr- gott les fépare des le premier degré des fils d'Ethic Duc d'Allemagne. D'Ethic , dit-il , naquirent Adal- bert , fils aîné , de qui eft iflue la Maifon d'Hablbourg ; Se Ethic a, fils puîné , de qui eft iftuc la Mai- fon de Lorraine. Eccard , au con- traire , &c avant lui le P. Vignier , continuent la ligne des ayeux com- muns jufqu'à Hugues Comte de Ferrette , de qui font nés , félon eux , Eberhard Comte d'Alface fils aîné , tige de la Mailon de Lor- raine; Hugues fils puîné Comte 558 JOURNAL D d'Engisheim , ayeul du Pape Saine Léon IX ; Gontran le Riche mmc fils , tige de la Maifon d'Hab- fbourg.. Nous remarquerons , en der- nier lieu, que le Duc Ethic xviii"10 ayeul de. l'Empereur Rodolphe , fuivaut le P. Herrgott , vivoic au milieu du vnme fiécle ;. pendanc que Childeric n , dont on place la mort vers l'an 674 , regnoit en France ( nn ). Quant à Eccard ; il nous montre de plus , le père , l'ayeul & le bis-ayeul d Ethic ; & il nomme celui-ci Leutbaire Duc d'Allemagne , mort en 554. Des llx Livres , dont l'Ouvrage du P. Herrgott eft compolé, le 11 ''"' a fixé toute notre attention. Nous nous contenterons d'indiquer , en peu de mots, la matière des Livres iuivans. Le mmc continue la Généalogie, en defeendant de l'Empereur Ro- dolphe à l'Empereur Maximilien I. La poftérité deRodolphe eft fi con- nue, par la figure qu'elle a faite en Allemagne ,- & la part qu'elle eut toujours aux affaires générales de l'Europe ; que.lesdegrez, qui rem- aillent cet intervalle , ne peuvent fûuffrir aucune difficulté. Nous di- rons la même choie des deux Branches de la Maiion d'Hab- Ibourg, iiïiië de Rodolphe le Ta- citurne , oncle de l'Empereur Ro- dolphe , & toutes deux éteintes ; lavoir Laurfembourg-Habfbourg , & Eibcurg-Hat'lbourg , qui font ( un ) Une ancienne Vie de Sainte Odîl'b, fille ào Duc Eihic , fixe claire- ment le kiu« rù ji > ES SÇAVANS, l'objet des Livres ivmc Se v™e. Le vimc comprend quelques Recher- ches Généalogiques, peu étendues, mais accompagnées de- Tables, fut l'origine de plulieurs grandes Mai- fons d'Allemagne, qui tiennent à- celle d'Habfbourg , par le Sang ou par des alliances. Les Aftes du Martyre de Saint Trutyert , & les ailles de Mûri , font imprimés , comme nous l'a- vons dit , à la fin du Volume : il elt terminé par une Table généra- le des matières que nous ne pour- rions., fans injuftice, palier fous illence.. Les gens de Lettres , principa- lement ceux de qui les études exi- gent de fréquentes comparaifons de textes , éprouvent tous les jours combien il leur feroit avantageux & commode , mais combien il eft rare , de trouver des Tables faites avec foin , à la fin des Livres qu'ils font obligés de confulter dans- le cours de leur travail. Nous n'héfitons pointa propofer pour modelle , celle du P. Herrgott. Ce que le Volume , dont nous venons de rendre com- pte , renferme d'important ou de curieux , par rapport aux divers points de critique qui y font trai- tés , foit expretfément , foit par occaficuî , y eft rappelle avec une telle méthode ;. que, pour rallem- bler d'excellens matériaux fur cha- cun de ces points , il fuffiroit prei- que de fuivre les chiffres de la Ta- ble , & de réunir les morceaux épars aufquels elle renvoie. En un mot, elfe nous paroît également JUIN, propre à fervif de récapitulation de l'Ouvrage , pour ceux qui l'au- ront lu ; &c pour les autres , d'in- dication fommaire de ce qu'ils doivent y chercher. Nous nous fommes apperçûs trop tard que , fi nous l'avions parcourue en com- posant notre Extrait , elle nous eût infiniment aidés à rapprocher certains endroits qui s'éclaircilïènt ou fe fortifient les uns les autres ; & qui nous ont échappé , faute d'en avoir fend la liaifon avec ceux dont nous avons parlé. Le I Ime T o m e , divifé en deux Volumes , contient les Pièces qui fervent de preuves à la Généalo- gie : Bulles de Papes , Diplômes d'Empereurs , Privilèges , Lettres, Fondations d'Eglifes ou de Mona- ftères, Donations, Confirmations, Echanges , Ventes , Se autres Ac- tes de cette nature , au nombre de j+j ( oo ), dont plufieurs n'avoienc point encore été imprimés. Le i c eft de l'an 744 , & le dernier de «47 1- Le fréquent ufage que l'Auteur a fait de toutes ces Pièces , ainfi qu'on l'a vu dans nos Extraits , juftifie pleinement le titre de oé- nialogie Diplomatique , qu'il donne à fon Ouvrage. Nous ne crai- gnons pas d'ajouter , qu'indépen- ( 00 ) Quelques - unes de ces Pièces font en Allemand. Ceux qui ne favent point la Langue Allemande, delîreroient que l'Auteur les eût traduites en Latin: c'eft ainlî qu'il en a ufc à i'égard de quel- ques citations d'Ouvrages écrits en Fran- 1740. 3?p damment de leur application di- recte à la Généalogie de la Maifon d'Hablbourg, le Recueil oà elles fe trouvent rallèm'blées , fera toû- jours précieux pour quiconque le plaît a la recherche des Antiqui- tez du moyen âge , & en particu- lier pour les Savans qui veulent approfondir celles de notre Mo- narchie. Depuis l'élévation de Charlemagne à l'Empire , jufqu'à l'extinction de la Race mafeuline de ce Prince , l'Hiftoire d'Allema- gne eft tellement liée à celle de notre Pays ; que les Monumens qui reftent-de l'une & de l'autre , /ont des lources communes aux deux Nations. On trouvera donc dans la vafte Collection du P.Herr- gott, ( nous ofons l'afiurer d'après notre expérience ) de quoi déter- miner tantôt la pofition d'un grand nombre de lieux , tantôt la date d'un grand nombre de faits , qui nous intéreflent ; de quoi appren- dre à diftinguer des perfonnes que la reflembïance des noms nous portoit à confondre ; de quoi é- cjaircir plufieurs de nos anciens ufages. Les notes qui font jointes au texte des Pièces , roulent ordi- nairement fur ces différens chefs , &: avertiiîenr le Lecteur de ce qu'il doit y remarquer : elles indi- quent de plus en quel dépôt cha- que Pièce eft confervée ; elles en fixent la Chronologie ; elles en établiflent l'authenticité. A la fuite des Chartes , font neuf Extraits de* C art nia très , de Nécrologes , & de Calendriers, qui, avec les 94; Pièces précédentes , Vvij 34o JOURNAL D font le total de 954 , annoncé dans le frontifpice. Le derniei Volume eft terminé par cinq Tables : la ir-' , des lieux , la inK & la },m desperfot.K.s . foit Ec- clcfîaff:qucs , foit Laïques , qui fe trouvent nommées dans les Char- tes. La irc eft alphabétique : les deux autres font rédigées luivant J'ordie dés conditions : en foi te que la 1™ , qui commence par les Papes , finit par les Clercs ; & la 3,,u: , qui commence par les Sou- verains , finit par les (impies Par- ticuliers. La 4""-' &z la ^ contien- nent les expreffions barbares , foit Latines , foit Allemandes, qui fe rencontrent dans les mêmes Char- tes. Si le mérite de la nouvelle Edition du Glojfaire de du Gange étoit moins univerfellement con- nu ; nous chercherions à la faire valoir, en obfetvant, comme une preuve de fa perfection , que dans le prodigieux nombre de Monu- mens,qui a été recueilli par le Père Hérrgott , à peine il y a quatre nots qui ayent échappé aux favans Si laborieux Editeurs. En faveuf de ceux qui , n'ayant point la Gé- néalogie Diplomatique t voudraient enrichir de ce peu de termes , leur exemplaire du Glojfaire , nous les placerons ici , avec une courte ex- plication. . Schaffinaritts. Officialis ; c'eft- à-dire , Officier Domeftique d'un Seigneur. JVullus Cellerarius Do- mini Epijcopi , nullits prœdtiïorum C omit uni Sfhamriàrius . de facioida ji;,1itiâ intramitiere debout. ( To. II. p. 148. &.' p. 1 1?. not. 7. ) Schaffi- ES SÇAVANS, narius , qui manque dans le Glof- faire , eft apparemment la même chofe que Scafwardus , qui s'y lit à fou rang , & qui eft expliqué, par GEconon.us , Procurator. Vierdencella. Quadrans ; for- te de mefure. Keditus unius Vier- dcncelU Spelt£ & triton Quarta- littm Aven*. . . . prafato Monafltrio contulmus. ( Tom. III. p. 4S9 , &: not. 2. ) Spelta ou Zea , eft une efpèce de grain que l'on nomme Epeautre. Vallum ou Val. Mortitarium, Jus Caduci i le droit du Seigneur fur le bien de (es hommes , après leur mort. Omnes homines. .. ad me pertinentes qui... de hkc vita migra- verim , cura jure quod dicitur Val , Abbati & Fratribus .... decrevi donare. ( T. II. p. 11 j. ) Se dans la Charte fuivante , Fallajua. . . feu mortuarU. ( Chatt. 165. 166.) Ypodyac. Subdtacoms. Ego itaque Coz.prebt immerens Ypodyac. ( Tom. II. p. ic. ) A ces quatre mots nous en join- drons un cinquième, qu'on lit, à la vérité, dans du Cangey mais avec une acception différente de celle que lui donne le Père Hérrgott. Fxustum , dans le Gloflaire s'en- tend d'une forte de monnoye , quarta pars talenti : c'eft un fac de bled , faccus frumenti , dans le P. Hérrgott Solvcmes . . . xxv.frufta. ( T. IL p. 300.) Il faut avouer que la plupart des exemples cités dans le Gloflaire, font allez fufceptibles de cette dernière interprétation. Nous ne faifons point entrer dans cette Lifte quatre ou cinq J U I autres mots de la Table Onomafti- que de l'Auteur , qui ne paroifTent manquer dans le Glolïaire , que parce qu'ils y font écrits un peu différemment ( pp )• Par exemple ; Almenda ; Res ad publicum perti- nent , s'y retrouve dans Amenda : Emunidatus; tmmunitate donatus, dans En, imitât us .• Madias ; men- fis Mains } dans Aladtus : PoscHO; Silva , nemus , dans Bofcho , &c. Nous profiterons , en paflànt , de cette occafîon pour faire obferver à ceux qui , dans le cours de leurs études , confultent quelquefois le Glojfaire , que s'ils n'y trouvent pas d'abord le mot qu'ils y cher- chent , ils ne doivent" pas toujours conclurre que ce mot foit omis ; Se que fouvent c'eft une très - légère différence dans la manière de l'écri- re , qui les empêche de l'apperce- voir. Avec un peu de réflexion lur i'efpèce d'identité de certaines let- tres,que l'on peut nommer équiva- (pp) Peut-être même, ceux que nous marquons , comme n'y étant pas , s'y rencontrent-ils en quelque endroit.Touc ce que nous prétendons dire , c't ft qu'a- près les avoir cherchés fous différentes lettres , nous ne les avons pas trouvés. N, 1740. t 541 lentes ; ils préviendront aifément l'embarras qui naît que'quefois d<* la liberté que les Copiftes fe font donnée de les fubftituer récipro- quement les unes aux autres. Le dernier feuillet du IH",tVolu- me contient des additions &c des corretlions- ; dont quelques - une* font aflez importantes pour méri- ter que le Lecteur les rapporte à leur place. Les autres font de cour- tes réponfesaux obfervations d'un Auteur Allemand , qui parole avoir attaqué le P. Herrgott.; Nous ne fçaurions nous difpen- fer , en finiuant , de rendre à l'Imprimeur de Vienne le témoi- gnage qui lui eft dû. De fa part , l'éxecution répond parfaitement à l'importance de l'Ouvrage & à la dignité du fujet. Choix du papier , netteté des caractères , correction du texte , goût & variété dans les ornemens , vi- gnettes , culs de lampe , lettres {^rifes ; tout ce qui contribue à a beauté d'une Edition , eft réuni dans celle-ci , l'une des plus achevées qui foient forties des Preilès d'Allemagne. - RECUEIL D'EXPERIENCES ET D'OBSERVATIONS SVR LA Pierre , & en particulier fur les efeis des Remèdes de Aïademoiftlle Sic- phens , pour dijfoudre la Pierre. Exj ofr.wn des preuves pour & contre Us Remèdes de AfadenteifelU Stephens , pour dijfoudre la Pierre contenant 1 5 r. cas fur celte matière, avec quelques Expériences & Olf.rvationj par David Harilcy. Aclt du Parlement d'Angleterre , pour ajfurcr une re- compenfea Aîademoifeile Stephens ,- afin qu'elle rende publique la prépa- ration de fes Remèdes. Recette des Remèdes de Mademoifille Stephens , pcurgtmrir U Pierre & la gravclle. Lettres écrites de France & d'Angle- terre , au fujtt de ces Remèdes. A Paris , chez Piget , Qiiai des Augiu ftins , à l'Image fàint Jacques. .77-12. pag, j8i. 17^0. - :42 JOURNAL DES SÇAVANS," IL y a peu de perfonnes qui n'ayent entendu parler du Re- mède de Mademoiielle Stephens , de la fomme conlidérable qui lui a été affiirée par un A&e du Parlement d'Angleterre.en cas que les Expériences confirmaient la bonté de ce Remède. Il paroît ré- fuiter de celles qu'on a faites juf- ques ici , que s'il n'eft pas tou- jours efficace , il n'eft du moins prefque jamais dangereux, ce qui cft beaucoup ,ii y a peu de'remedes univerfels , Se les meilleurs de tous font ceux qui produifant fouvent de bons effets , n'en ont que rare- ment de mauvais. Ce volume eft un Recueil d'Ex- périences & d'Obfervations faites fur les effets de celui-ci. Il y en a actuellement un fécond fous prefte, qui contiendra des Obfervations Se des Expériences Phyfiques ûir la Pierre. La partie la plus conlidérable de ce premier volume eft la traduc- tion d'un Ouvrage de M. Hartley écrit en Anglois , & qui a pour titre , en François , Expofitwn des preuves pour ty contre les Remèdes de Af.tdemoif.tle Stephens , four dijjoudre la Pierre contenant ijj. cas fur cette matière Avec quelques Expériences & Obfervations. Cet Cuivrage de M. H. contient, r°. Un court préambule. 20. i je. Obfervations fur les Remèdes. $ '. Des Expériences. 40. Les confe- quences générales qu'on peut tirer des unes & des autres, f. La pro- p.ofition de Mademoifelle Stephens par Soufcription pour rendre iei Remèdes publics. G". Enfin la lifte des contributions fournies pour remplir la Soulcription. M. Hartley dans fon préambu- le réduit les recherhes qui ont rap- port aux Remèdes de Mademoi- felle Stephens a deux objets princi- paux , fçavoir. 1°. Si ces Acmedes font en général utiles ou dangereux k ceux qui font affligés de la Pierre ou de la Cravelle. i°. Si l'urine de ceux qui ont ujé du Remède , a. vraiment h pouvoir de diffoulre dr entraîner la. Pierre , & fi au contraire elle n'au- roit pas acquis la vertu d'engendrer la Pierre eu de l'augmenter plus %'tte que l'urine naturdle de ceux qui ont la Pierre , & n'employentpas le Re- mtde. Ce préambule eft fuivi de ire Obfervations , au nombre def- quelles il y en. a 91. qui ne nous paroiflenc offrir rien d'ailes précis , pour qu'elles puilTent fervir à fon- der un jugement. Une roule fur l'Expérience du Remède faite pour la goûte , dont le malade ne s'eft ni bien ni mal trouvé. Obferv. 1 1 1 On remarque pourtant dans une autre ( 6f ) qu'un malade qui prenoit le Re- mède pour la Pierre étoit moins fujet à la goûte depuis qu'il pre- noit les Remèdes. Une Obiervation fait l'Hiftoire d'un homme qui avoit les urines mauvaifes , Se qui a été foulage par le Remède. Obferv. ne. Trois Obfervations conijjennenr des remercimens à Mademoiielle JUIN, Stepkens , Tans aucun détail 153. '54- M5- Vingt-fix roulent fur des mala- des fnnplement attaqués de la {javelle , cV guéris on foulages pai- es Remèdes. 5.6. 7. S. 14. 16. 16. 31.47. p.6\. 68. 69.72.75. 74. S5. 85. 92.96. 102. ir2. 114. 114. 129. 13S. Sept éclairciirent rien , il s'agit d'un homme qui les a pris trop peu de tems , & ne les a pas pris régulièrement 1 3 3. 8c de fix qui ne s'en font trouvés ni bien ni mal 12. 40. 46. 61.91. rj 5. Cinquante-trois ne (ont pas a- chevées & les malades non guéris , continuoient de prendre les Re- mèdes lors de l'impreiîîon ; fça- voir , 13. qui ont la gravelle 33. 49. 54. 55. 56. 58. 62. 65. S4. 106. 120. 146. ieptquiontdesioupçons de Pierre dans les reins 17. 20. 89. 98. 99. 119 141. vingt - cinq qui qui ont des ioupçons de Pierre dans la veffie, 4. rj. 19. 36. 37. 38. 70. 71. 79. 8S. 93. 107. 109. 117. 127. 128. 136. 122. 130. 131. 132. 143. 145. 150. huit enfin dont la Pierre eft conftatée par la fonde cV dont la guérifon n'eft point faite , foulages cependant par le Remède. Des foixanre-quatre Obferva- tions qui reftent , il y en a vingt- quatre qui ne font point favora- bles aux Remèdes ; vingt-huit en faveur , mais qui lailfent quelque chofe à délirer , les malades n'ayant point été fondés. Neuf dont la Pierre a été conf- tatée par la fonde , fçavoir fept 1740; 343 qui font ibulagés , mais n'ont pas été fondés de nouveau 8c deux qui fe trouvant foulages , ont été fon- dés de nouveau & ont encore la Pierre. Enfin trois en qui la Pierre eft bien conftatée par la fonde qui ayant ufé du Remède, 8c étant refondés de nouveau n'ont plus la Pierre. Telles font en général ces 64 Obfervations , nous allons eC- fayer d'en donner une idée plus particulière. Obfervations non favorables aux Remèdes.- Un malade a des ibupçons de Pierre dans les reins , prend des poudres pendant une îemaine , en eft confh'pé d'une façon incommo- de , obligé de les quitter , eft plus malade qu'il n'étoit. Obfrv. 19. Un autre dans le même cas jette avec fes urines des morceaux d'u- ne luBftance charnue , il prend les Pemedes , fes douleurs augmen- tent , il eft obligé de quitter les Remèdes, & meurt dans un grand dépériiïement. Obferv. 23. Un malade ayant les fimptomes ht,is. Il étoit enterré. Obferv 41. Sondé fouvent pour •uriner , les Chirurgiens croyent qu'il a une greffe pierre. Prend les les Remèdes pendant environ cinq femaines. Refondé, on ne lui trou- ve plus de pierre & le porte bien > 17 4 0. 547 en Février 1739. âgé de 73. ans. Okjirv. 1 1 8. Taillé à 10. ans i de nouveau les funptomes de la pierre , fondé en Janvier 1738. on lui trouve une petite pierre. Prend le Remède , jette des écailles qui ont depuis 2. jufqu'a 6. couches , refondé en Mai , on ne lui trouve plus de pierre. Guérifon confirmée du 17. Février 1759. Des 64. perfonnes dont on vient de voir les Obfervations ; trois ont trouvé les Remèdes défa- gréables , douze ont eu de la pei- ne à les fupporter, trente-deux ont eu leurs douleurs plus violentes dans les commencemens , un les a fenties diminuées : quatre fe plai- gnent d'une conftipation , un en a été purgé , deux s'en louent pour le refte de la fanté. A l'égard de ce que le remède leur a fait jetter, plusieurs ont jette un fédiment blanc qui defleché devient une maffe calculeule. D'autres ont jet- té des écailles , quelques-uns en ont rendu de convexes d'un côté Se concaves de l'autre. On y comp- te depuis 2. jufqu'à 6. couches. Beaucoup ont jette des graviers. Un remarque que durs en fortant, ils s'amolitloient dans fon urine. Quatorze ont rendu des pierres entières & deux noyaux de pierre. D'autres en ont jette des mor- ceaux , les uns folides , les autres qui s'écrafoient entre les doigts. Ils y en a un qui oblerve que pen- dant le Remède il a jette des écail- les , & que l'ayant celle il n'en a plus rendu , mais du gravier. Les Obfervations dont nous ve- X x jj 348 TOURNA L D nc.is de rendre rompre , font fui- vies de \ li fieurs expériences que M. Hartley a faites , & poui lei- quelles nous tenvoïonsa L'ouvrage même. Les cenfequei res g< les qu'il en cire aafn-b:en que des Cblfeivations , & qu'il appuyé de raifonnemens font, i '. l's Remèdes Je A4aai7m,.fillt Stephens doivent être tn gnérulincàfablei ae nuire. i°. (sit'ili ont fait grand bien dam la pierre & dons a gravtlle. 3°. Qu'ils ne font foin-: la écailles CT lesfr-dgmcns de perrt rendus fat ceux mu en ont ufé. 40. Qjie ce qui tft arrivé À ceux qui ont pris ces Re- mèdes j te peut - é re expliqué par qitdjiie accident ou effet du hasard. c°. Enfin que l'urine de ceux qui ont pris ces Rtmeiis a le pouvoir de d^- foudre la pirrre. La traduction de l'Ouvrage de M. Hartley t ft fuivie de celle de l'Acte du Parlement d'Angleterre , en faveur de la Demoiielle Sw ES SÇAVANS, pbens , on tiouve ehfuiie la recet- te du Remède , & plusieurs letcr.s kir la matière écrites en France 'c en Angleterre. Il va entr'aut z l'extrait d'une lettre de M. Ceo - froy , a M. Hartley , où cet illu.C tre Chin ifte de l'Académie Roya- le des Sciences lu: rend un compte abrégé de quelques-unes des Ob- iervations qu'il a faites furies ef- fets du Remède ce Mademoilelle Su j < (Y'%derexamenchimiquequ'il en a donné à l'Académie, de plu- feuis expériences qu'il a commen- cées fur la pierre de la veiïîe ; & enfin de la manière dont il prépare le Remède. Il paroît par les Olfervations de M. Geoffroy , qu'il pratique le Remède avec fucces excepté fur les en fan s , ce qui jouit , dit-il, aux Observations faites enAngUtcre depuis la publication de la tecerte feroitfoitpfonner que le Remède , n'efi Jalutaire qu'aux adultes. ORAISON FVWEBRE DE MO NSE 1 G N EV R René-Erancois de Reaiwau , Archevêque & Primat de Narbonne , Préft- dent né des Etuis de Languedoc , Commandeur de l'Ordre du faint Efprit. Prononcée à Montpellier le 23. Janvier 1740. dans l'Eglife de Notre Dame des Tables , devant l'AjJemllée des Etats Généraux de Languedoc. Par M. V Abbé Guergwly Profejfcur Royal de Théologie dans l'Vniverfitc dcTouloufe Jeconde édition. A Paris , chez Jacques Vincent, Imprimeur des Etats Généraux de la Province de Languedoc , rue faint Severin , à l'Ange , Il fçavoit dit l'Orateur , que a» pour exercer fur les homme? les » droits de J. C. il ne faut pas » oublier la douceur de J. C. ni « les lois de la prudence. Il fça- « voit qu'on ne doit préparer des » triomphes à la vérité que par les » moyens qu'elle avoue , t. dont » la charité ne puiffe rougir; 8c le a* zélé amer lui paroifloit incom- » patible avec l'efprit de L'Eglife , » qui eft de vaincre l'obltinarion » au mal en infpirant le goût du » bien , & de foumettre à fes loix » en faifant aimer & non craindre » la néceflitéde la foumilïion. M. de Beauvau a fucceflîvement occupé les fiéges de Bayonne , de Tournay , de Touloufe &: de Nar- bonne ; Ôc en partant des uns aux autres , il a toujours emporté les regrets des peuples. Ses vertus recevoient un nou- vel éclat de la grandeur de fa naif- fànce. Le peu d'orgueil qu'elle lui infpiroit donne lieu à M. l'Abbé Guerguil de la relever mais en Orateur Chrétien. » Je n'en parlerais pas , dit-il , » fi je n'y voiois pour lui d'autre » gloire que celle d'un grand nom; » je rougirois d'étaler les titres » pompeux d'une grandeur hu- » maine devant l'Aurcl d'un Dieu » humilié, fi M. de Beauvau s'étoit » enorgueilli de cet honorable a- » vantage. Je ne vous dirois pas » que lefangqui couloir dans fes » veines le faifoit remonter par » une longue fuite de héros juf- » qu'aux anciens Comtes Souve- * rains d'Anjou. Jtn'ouvrirois pas N , i 7 4*; 549 » lHiiloire ancïerne pour vous j «montrer fes a' eux , tantôt ;p- » pelles au Confeil de nos Rois » pour le bonheur des peuples t » tanrôr portant la gJoire de ros » aimes avec Charles d'Anjou fic- » re du Roi faint Lcuis dans le » Royaume de Nap.'es ,où ils ont » pofledé les plus eminenres digni- = tés ; ici affrontant les plus grands » périls dans les guerres contre les » Infidèles , là fe distinguant pat » leur valeur dans les fiégçs Se » dans les batailles en Italie , (n » Allemagne & dans les Etats que » l'Ange qui veille fiir cet Empi- » re vient de conque rir pour ainfi » dire , par la paix ; je ne- rappel- >» lerois pas enfin que par le ma- «riage d'Ifabcau de Beauvau avec » Jean de Bourbon Comte de » Vendôme (*) , tnfayeul du Roi » Henri IV. [es ancêtres de M. de » Beauvau le font auffi de notre » Augufte Monarque ,-& de pref- » que toutes les têtes couronnées » de l'Europe. Non , Meilleurs , » quelque éclatante que foit une » telle extraction , je n'en aurois » rien dit s mais quand je vois » M. de Beauvau doux & affable , » humain & modéré dans une' » condition où l'orgueil f roir lé- » gitime , s'il pouvoir jamais être « permis , il faut que |e l'en loue « & que je vous propofe l'exemple (*) C'eft pour cette raifon que le Roil'honoroir du traitement de coufîn , corniiu- i eft exprimé dans le Brevet de Sa Majeftédu n Mai 1739. Cette même qualité iui eft donnée dans le privilège qui eft à la fin 4e cette Orailon Funèbre, jro JOURNAL D » de la modération. M. l'Abbé Gucrguil après avoir montré dans la première partie de lbn Difcours , combien M. de Beauvau a été fidèle aux devoirs de l'Epifcopat , fait voir dans la féconde qu'il a rempli également bien les devoirs de l'adminiftra- tion politique attachée à fa place. Il préfente un Tableau des diffé- rentes qualités qui étoient necef- faires pour s'en bien acquitter. M. de Beauvau les réunilTbit. On voie ce Prélat empreffé à foulagcr les peuples , prévenant la difette Re- courant la mifere.arrêtant l'oppref- fion , veillant à l'adminiftration «les Finances de la Province , ani- ES SÇAVANS, mant le commerce , &c ne connoif- fant jamais de plaifirplus fcnfîblc que celui de faire du bien. Mou- fleur l'Abbé Guerguil termine ce morceau qu'il traite en Orateur par cet apoftrophe à l'anembléc : » mais vous fçavés mieux que moi » ce que la Province lui doir,vous, <> Meilleurs, qui aiîîs à fes côtés en » délibérant fur les moyens de n fervir l'Etat Se de foulager les » peuples , avez toujours uni vos » cœurs Se vos fuffrages au n'en »'.& qui avez partagé avec lui la » gloire qu'il eut toujours d'être » l'homme du Roi fans cefler d'ê- » tre l'homme des peuples. DISSERTATION , DANS LA QV ELLE ON EXAMINE LES preuves fur le/quelles le R. P. B. étMu le Pajfage de l'Air de lare/pin- tion dans le Sang , & ou l'on prouve que cet Air ne peut s'introduire par les Va\ffeaux du Poumon dttns le torrent de la circulation. TOute opinion qui eft fauf- fe en foi , Se dont les confe- quences peuvent favorifer des préjugés vulgaires qu'il eft impor- tant de déraciner , mérite d'être réfutée autant de fois qu'elle re- paroît. C'eft ce feul motif qui m*à engagé à examiner l'Ouvrage qui a remporté le prix de cette année dans l'Académie de Bordeaux , Se dans lequel l'ingénieux Phyfïcien à qui nous le devons, tâche d'é- tablir le PafTage de l'Air de la ref- piration dans le fang. Cette Diffeit..tion fera diviféeen deux parties. Dans la première je ferai voir que les preuves fur lef- quellcs le R. P. B. fe fonde pour afTurcr l'introduction de l'Air de la refpiratron dans le fang ne font point concluantes. Dans la fécon- de , je prouverai que fi l'on con- fulte les expériences Se les obfer- vations ,1'on ne peut s'empêcher de prononcer contre l'introduc- tion de l'Air de la relpiratiort dans le fang. J'établirai de plus dans cette même partie par quel- les voyes la contagion peut péné- trer jufqu'à nous , Si je finirai par le détail de quelques précautions que les connoiffanecs phvfiqucs fuggerenr pour fe mettre à l'abri de l'uiteiSion. JUIN PREMIERE PARTIE. Dans laquelle on réfute les preuves Jitr le/quelles le R. P. B. établît le Psfj>ns le fang, parce que comme ce venin ©u ce poifon ne nuifent qu'en fe mêlant dans le fang , de même l'air con- tagieux ne peut nuire qu'en s'infî- ES SÇWANS, nuant aufll dans le fmg. Bien des obfrvareurs du pre- mier Ordr° conreireroient h véri- té de ce phi' nom 'ne , mis rr la fuppofnnr qu'en peut-on ce du- re ? Que l'air infecté infecte le fng , mais delà fenfuit-il que l'in- fect.on pafle par le poumon ? la confequenec eft purement gratui- te , nous verrons plus bas com- bien elle eft démentie par l'expé- rience. Troiftémc preuve de t Auteur. Lorfqu'on a fufpendu long-tems fa refpiration après une expiration, on fait enfui te une grande ins- piration. Il entre donc conclud notre Auteur une plus grande quantié d'air , lorfqu'on a fufpen- du long-tems fon infpirarion que lorf ju'on a fait une expiration or- dinaire ; mais s'il étoir vrai que k$ poumons ne le vuidaffenr pas par les vailfeaux finguins ; quelle rai- fon y auroit-il pour qu'il entrât une plus grande quantité d'air quand on a arrêté long tems fon infpirarion ? L'Auteur n'en entre- voit aucune , & c pendant il y en a une fi palpable & fi mécanique qu'il fufflc del'envifager pour l'ad- mettre. En effet il eft clair, que pendinc le tems d'une longue expiration t c'eft à dire pendant que les pou- mons ont été long rems affaiffés, le fang pouffe par le ventricule droit dans l'artère pulmonaire n'a pu paffer jufques au cœur : il faut donc que ce vifeere foie alors plus gorgé JUIN, 1740. 35-* gorgé de fang; & par confequent il artériels : il fuit encore de ces rai- faut auffi une infpiration beaucoup plus forte pour que ce fang ainii accumulé, exprimé, Scchafiedes rameaux de l'artère pulmonaire dans ceux de Ja veine du même nom , foie ainii rendu au ventri- cule gauche ; en un mot après une longue expiration , les poumons font plus chargés de fang , il faut donc une grande force pour ex- primer ce fang. Voilà tout le mi- ftere. Quatrième preuve de tAuteicr. L'Auteur prend cette quatriè- me preuve. i°. Du plus grand mouvement.de la plus grande élaf- ticité , 5c du moindre volume qu'on remarque dans le fang du ventricule gauche , dans celui des artères , & de la veine pulmonaire, quand on le compare à celui du ventricule droit , des veines cv de l'artère pulmonaire. 2 °. Dans le foin que la nature a pris de don- ner aux premiers vaiiTcaux une moindre amplitude avec des pa- rois plus forts. 11 paroît à l'Auteur qu'on ne peut raifonnablcment attribuer ces phénomènes qu'à l'air de la rcfpiration. C'cft cet air qui mêlé avec le fang artériel lui fait occu- per un moindre eipace, parce qu'il en occupe lui - même un moins grand dans les artères où fon ex- panfion eft plus contrainte que dans les veines , foit à caufe de la moindre amplitude , foit à caufe des parois plus forts des canaux Juin. fons félon notre Auteur , que l'air ainfi contraint , doit avoir plus d'élafticité dans ces derniers ca- naux que dans les autres , & par- confequent que le fang avec lequel il eft mêlé doit être auffi plus jail- lilTant , plus élaftique , & plus vif qu'il ne l'eft dans les autres vail- îeaux. Ceux qui connoiflent les vrayes caufes , foit efficientes , foit auxi- liaires de la circulation. Ceux qui fçavent d'ailleurs la diminution que nos liqueurs fouflrent par la copieufe tranfpiration qui le fait, par la voye du poumon. Ceux en- fin qui font inftruirs du change- ment qui arrive au fang , lorfquc déformé & écharpi par tout ce qu'il a fouffert dans le cours de- la circulation , il vient reprendre dans 1rs filières du poumon fa première forme, fa première com- paclion , fa première folidité , fa première éb.fticiré ; ceux-là n'au- ront point recours à l'air pour ex- pliquer pourquoi le fang du ven- tricule gauche du cœur, des artères & de la veine pulmonaire a plus de vîtefte , plus d'élafticité & moins de volume que le fin» des veines du ventricule droit , & de l'arterc pulmonaire. Quant à la moindre capacité &c aux parois plus forts qu'on remarque dans les artères , comparés avec les veines ; les fonctions différentes de ces deux oenres de vaifTeaux , rourniffent une raifon fi palpable de cette différente conftruc'tion que nous croyons inutile d'infif- 5?4 JOURNAL D ter fur ce dernier point. Cinquième preuve.de Fauteur-. Si l'on met du hir fur le feu , on le voit s'enfler confiderable- ment, & fi l'on meut le fang d'un animal qu'on faigneil écume beau- coup , en un mot le fang & le lait paroiiïent plus aériens que les alimens dont ils font formes , donc il eft probable,, conclud no- tre Auteur , que ce furplus d'air qui fe remarque dans le lait , Se dans le fang vient de h refpira- tion. Mais pourquoi l'air étranger que la mafhcation mêle aux alimens ? pourquoi celui qui eft propre aux alimens même^qui s'introduit avec eux par la voye de la déglutition , Se qui peut-être ne fort pas en mê- me quantité qu'il cft entré > pour- quoi -cet air ne fiiffit-il pas pour l'explication du phénomène? bail- leurs quel cft le Phvficien qui igno- re que l'air abforbé dans les liqui- des , ou fixé & confolidé pour ainfi dire dans les mixtes , ne peut donner aucun ligne fenfible de fa prtfence qu'autant que par la fer- mentation.la putréfadtion^ou quel- qu'autre mouvement équivalent , il s'échape des liens qui le rete- noient-.Que pnr cette raifonlechile., & le lait qui font le produit im- médiatdela fer mcntation Se de h putréfaction , & où par confe- quent l'air doit être entièrement igé peuvent paroître ainfi que le fang , dont le chile fait la ma- ture pi otiuinc , beaucoup plus ES SÇAVANS, aériens que les fubltanccs dont ces liqueurs font formées •, quoique néanmoins dans là réalité ces mê- mes liqueurs puiflent contenir beanecup moins d'air. Mais ce qui tranche net la difficulté , c'eit qu'il s'en faut bien que le chile cv le lait tout écumeux qu'ils paroif- fent , foient aufli aériens que les alimens dont ils font formés , Se pour cela nous en appelions aux expériences connues de tous les Phyfincns , en particulier à celles de M. Haies. On trouvera dans le chapitre troifiéme de fon Livre rimmcnfedifproportion qui fe trou ve entre l'air contenu dans le fang, &e celui que rendent les fubftances • végétales , qui font la nourriture ordinaire des animaux. Sixième preuve de l'auteur. Si vous injectez de l'eau ou que tous fouffliez par la trachée artè- re dans le poumon d'un animal mort , mais encore chaud ; le mouvement du cœur qui n cefTé revient de nouveau : év de même fi vous inferez de l'air ou de l'eau tiè- de dans le cœur par la veine cave , le battement recommence. Mais continue notre Auteur , dans ce dernier phénomène le mouve- ment du cœur n-'e'ft reproduit que parce que l'air Se l'eau pénétrent jufqu'au cœur ; car il faut remar- quer que le mouvement ne re- commence pas moins , quoiqu'on ait coupé les nerfs qui .:bounf- foient au cœur , & même qu'on ait vuidé le fang des gros vaifleaux JUIN, de l'animal , donc conclud enfin l'ingénieux Phylicien , fi dans les deux premières expériences , c'eft- à-dirc , lorfqu'on injecte de l'eau dans Ja trachée artère ou qu'on y foufle de l'air , le mouvement du cœur eft également reproduit , parce que l'air , &c l'eau pénétrent de la trachée artère jufques au •.cœur, donc , &c. On pourroit douter dans les derniers phénomènes , c'eft-à-dire lorfqu'on pouffe de l'air, ou de l'eau dans la veine caYe , fi c'eft par leur introduction dans le cœur que ces liquides y reprodui- fent le mouvement , ou fi c'eft fimplement par la feule fecoulTe que leur aberd donne à ce vifeere, ou le principe de la vie n'eft pas encore entièrement éteint. En fécond ., lieu. , quand l'eau ou l'air pouffes par la veine cave ne reffuciteroient le mouvement du cœur que parce qu'ils s'introdui- roient dans ce vifeere , l'Auteur ne feroit pas plus en droit d'en conclure que ie fouflfle doit auffi pénétrer jufques au cœur , pour y reproduire le même mouvement , parce qu'il eft de toute évidence qu'il fuffiroit que la force du foufle en confiant les veiîcules pulmo- . ° • » i naires exprimât cm poumon enco- re chaud , quelque portion de li- quide qui pénétrât jufques au cœur , & qui produisît le même effet que l'eau injectée par la vei- ne cave ; enfin & c'eft ici notre re- ponfe décifive. Quand il feroit "vrai que l'air qu'on fouffle dans la trichée artère dcvroit pénétrer juf- 174.0; 3 y 4 ques an fond du cœur, pour y ré- produire le mouvement , cela ne concluroit rien pour l'introduc- tion de l'air de la refpiration dans le fang : parce qu'ainfi que nous l'avons dit , il eft clairement dé- montré , que ni l'air , ni l'eau ne peuvent pénétrer de la trachée ar- tère jufques au cœur , qu'en for- çant le tiffu pulmonaire. Mais cer- tainement l'air delà refpiration ne le force pas, donc , Sic. Septième & dernière p-euve de t Auteur. La refpiration, foutient d'abord notreAuteur, eft la caufe de la cir- culation: mais comme d'autre parc il eft confiant quelle n'agit pag immédiatement fur le fang , puif- que la circulation fubfifte quel- que tems encore après la refpira- tion éteinte , il faut donc pourfuic l'Auteur trouver une caufe qui vienne de la refpiration , Se qui foit dans les vaiffeaux fanguins pour pouffer le fang lorfque la ref- piration a ceffé ; or il n'y a que l'air de la refpiration qui ait cette condition , donc , Sec. On voit sifément que la force de ce dernier raifonnement dépend uniquement de ce point , fçavoir : Que la refpiration eft la caufe de la circulation , auffi l'Auteur fait-il fes efforts pour établir cette pre- mière proportion : Il la prouve , i°. Par la reproduction du mou- vement du cœur au moyen de l'air foufle par la trachée artère . nous avons déjà vu ce qu'on peut Yyij 4f* JOURNAL DES SÇAVANS, conclure de ce phénomène. 2". De ce qui fc parte dans le fœtus ou la rcfpirarion remplace ce qui caufoir la circulation dans le fein de la mere ; nous démontrerons dans un inftanr que l'expérience démenr cette idée , & même que ce qui fc parte dans Je fœtus établit la proposition contraire à ceJle de T Auteur. 30. Enfin l'Auteur ter- mine fes preuves par quelques ré- flexions fondées fur l'œcoi.omie de la nature , qui met à profit juf- qu'au moindre degré de mouve- mentcVàquinéanmoinsonpourroïc reprocher d'avoir produit pref- qu'en vain celui de la refpiration , fi elle ne l'eut rendu caufe de la circulation : remarquons en paf- fant fur ce dernier point, que cet- te manière de raifonner ne feau- roit être d'aucun poids en Phyfi- que d'où elle mériteroit d'ailleurs d'être à jamais rejettée ..ne fut-ce que parce qu'elle fuppoferoit en nous comme ilferoit ailé de le démon- trer,une étendue de connoirtances qui furparte infiniment l'étroite capacité de notre efprit , ôc qui peut erre ne fçauroit être le par- tage d'aucune fubftance créée. Mais pour enlever toute apparen- ce de fondement aux réflexions dont on vient de parler , il fufrît de faire la plus légère attention fur les utilités prefque infinies de la refpiration. Elle facilite &: fé- conde les excrétions & les fecre- rions , le diaphragme defeendant dans l'infpiranon & comprimant ainfi tous les viieercs de l'abdo- men (*/ , clic aide par cette corrr» prefllon l'cxpulfion des excre- mens , du fœtus, de l'arierc faix , cVc. les ufages de la refpiration font fans nombre. Elle fert au mouvement pé-nftalrique diî ven- tricule dis inteftins , elle favorife. l'entrée du thile dans les vaifleaux lactés , fans la refpiration point d'odorat , point de fuccion ,, point de voix , point de chant, &c. Tous ces ufages , dont nous n'avons décrit que la plus petite portion , ne font cepen- dant que des ufages fecondaircs; le grand but, le but primitif de la nature lorfqu'elle nous alTujettit à la nécefllté de rcfpirer , c'eft la formation du fang qui feul fait le tréfor de la vie ; c'elt la rertaura- tion de ce même liquide , lord qu' ainfi que nous l'avons dit, al- téré , déformé , il revient dans les filières du poumon pour y rcprtndre fa première forme , tel eft le prix de ce liquide ; Se d'ailleurs il coûte tant à former , que la nature ne fçauroit prendre trop de foin pour le conferver :en eft-ce affez pour juftifier fa fagclfe, lors même que Ja refpiration ne produira point la circulation mais qu'avons - nous befoiu de ces ré- flexions quand nous avons d'ail- leurs des preuves précités pour dé- montrer que la refj iration n'efl point la caufe de la circulation. ( * ) Voïez tous les Auteurs qui ont traite de l'otconomie animale , & en par- ticulier Hoffiuan dans Je Chap. feptlémc de fa Médecine Raifonuce. JUIN, En premier lieu , puifquc la fiè- vre n'eft autre choie qu'une circu- lation accélérée , ii la refpiration produit d'elle - même la circula- tion -, la refpiration accélérée pro- duira donc auflî la fièvre , mais qui jamais a penfé cela. En fécond lieu , il eft confiant que le fang circule dans le fœtus, Se le foetus ne relpire point , com- ment donc la refpiration feroit- el- le caufe de la circulation ; dira-ton que la circulation du fang de la mere caufe celle du fang du fœtus» Se que par confequent cette der- nière eft due primicivementà l'air ? mais malheureufement les obfer- vations Anatomiques enlèvent ce dernier fubterfuge ; car il eft conf- iant que le fang de la mere ne paf- fe point dans le fœtus , & qu'il n'y a qu'une efpece de lait qui de lamatrice s'infmue dans le placen- ta. C'eft un point de fait conftaté par des obfervations décifïves , Se qui par confequent ne biffent au- cune reffource à ceux qui fur le fondement de la communication du fang de la mere avec le fœtus foutiendroient l'opinion contraire. Enfin quelque harmonie qui ré- gne entre le mouvement de la refpiration Se celui de la circula- tion., il eft démontré par des expé- riences décifïves que la refpiration n'eft efTcntiellement lée à la cir- culation que comme une condi- tion peut l'être à un cfiet qui a d'ailleurs fa caufe efficiente. Qu'on ouvre le thorax d'un animal , alors les vaifTeauxdu pci'mon aflaifTés „ Se repliés fur eux-mêmes refufent i 740; 35-7 le pafTage au fang , Se h circula- tion étant aînfi interrompue , l'a- nimal tombe en défaillance , Se eft fufloqué. Mais veut-on rendre la vie à cet animal , il ne faut qu'au moyen du fouffle étendre fes vaiC leaux au paravantrepliez,& pour lors la circulation va fon train. Nous ne parlons ici que d'après l'expé- rience- Si dans la trachée artère de l'animal qu'on vient de fuppofer ■ auquel on a ouvert la poitrine , Se qui dans cet état eft fuffoqué , on adapte un foufîlet, qui par un fouffle non interrompu pouffe continuellement l'air dans le pou- mon ; de forte néanmoins qu'au moyen de quelques incifions fai- tes fur la furface de ce vifeere , l'air puiffe toujours s'échapper fans que le poumon s'affaiffe , alors on voit la circulation renaître & fui- vre fa marche de la même maniè- re qu'elle la fuivoit avant l'ouver- ture de la poitrine. Or il eft clair que dans l'expérience qu'on vient de décrire le poumon ne fait au- tre chofe que prêter paffage au fang. f 1 ne fe dilate ni fe contrade alternativement , il demeure dans un état purement paffîf par rap- port au fang qui circule dans les vaiffeaux. Il eft donc par rapport au fang , ce qu'eft le lit d'une ri- vière par rapport à l'eau qui cou- le dans ce lit , c'eft-à-dire qu'au moyen du dévélopcmcntdes \aif- feaux qui s'éundentpar le fotffle, le paffage eft ouvert au fang qui circule d'ailleurs par une force in- deperdenre de fes vaiffeaux , comme la rivière fait ibn cours. 3j8 JOURNAL D par une- force indépendante de fon lir. On vient de voir à quoi fe réduifent les preuves de l'Auteur : on peut allurcr qu'à l'exception de la première qui comme nous l'avons dit pore fur une faufle fuppofition , toutes les autres ne font qu'autant d'ex- plications des differens phénomè- nes auxquels l'Auteur a fçu ajufter de la manière la plus ingénieufe fon hvpothefe du partage de l'air dans le fang. Mais quand il feroit moins certain que ces phénomè- nes dépendirent d'autres caufes , ces explications fumroient - elles pour autorifer l'Auteur à aflurcr l'introduction de l'air que nous refpirons dans le fang ? nous fouî- mes affurés qu'il eft trop fage , &C trop judicieux pour le penfer ; nous permettra-t-on à cette occa- iîon d'ajouter ici quelques réfle- xions qui n'intereuent en rien la manière de philofophcr de l'Au- teur , mais qui nous font dictées par l'intérêt qu'il nous fied de prendre au progrès d'une Science qui eft liée de fi près à l'Art dont nous faifons profellion. Si à l'exemple de notre Auteur , après a%'oir établi l'exiftcnce d'une caufe par des expériences qu'on a eu raifon de croire certaines 3 on cmploïoitcommeune confirmation railonnable des premières preuves l'explication facile des phénomè- nes par cette caufe, cela feroit à fa place -, mais qu'il fufhfe d'imagi- ner une caufe qui donne le dé- nouement de quelque phénomè- nes pour fc croire en droit d'en ES SÇAVANS, alTurer f'exiftence , c'eft le moyen d'introduire toutes les fictions en phyiiîquc, c'eft le moyen d'y met- tre même à la place de la réalité tous les délires de l'imagination Ce de taire ainlî de la feience la plus folide ; de la feience qui de- vroit uniquement réfulter de la vérité des faits ; de la feience la, plus intereftante pour la conferva- tion de la vie , un vrai roman d'i- dées , un tiftu efoin qu'avoit cet Ouvrage d'ê- tre revu à l'égard de la diétion: cependant tous les changemens qu'on s'eft permis d'y. faire le reduilent à peu de chofes 8c ne portent guéres que fur la liaifon ou la clarté du difeours 5 on a fcrupuleuiement confervé ion fty- le, qui, quoique négligé, ne manque ni de précifion ni d'éner- gie , ni même d'une forte d'agré- ment , parce que l'homme d'elprit s:y fait fentir par-tout. Son Dif- eours préliminaire prévient avan- tageulèment en fa faveur. Voici comme il débute : » L'Hiftoire n'eft ordinairement » qu'un tiftu de faits dont on ne pé- » nétre ni les cauies ni la liaifon , »8c qui iont enchaînés entre eux "par un ordre Supérieur a toures » les vues de la prudence humaine.. » Plus lesévenemens fonrbrillans^ » plus les révolutions qrr'ils occa— » lionnent iont frappantes , moins » on apperçoit de proportion en» JUIN »tre la caufe & l'effet. Ciceron » regaidoit ce qui s 'étoit pâlie dans " le fiécle où il vivoit, comme des »> objections contre les principes j> de l'art de gouverner. »On pourroit conclurre de là » que l'étude de l'Hiftoire n'a pas » toute l'utihté qu'on s'y propolë; » hé quel principe de conduite » peut-on tirer de ces fuccès bizar- » rement diftribués , de ces revers » deftinés aux plus forts & aux »> plus fages ? Les hommes lont in- j> égaux , la fortune eft aveugle & « inconftante ; que peut-il rélulter >y de la combinailon de leurs dif- » ferentes opérations > On ne de- » vient guéres plus habile au jeu , « en voyant celui d'un homme qui » ne joiie que par caprice. » Il n'en n'eft pas de même de » l'Hiftoire de Philippe , c'eft l'Hi- » ftoire d'un Prince habile & heu- » reux , qui n'eft heureux que par- n ce qu'il eft habile ; il paroît en » quelque façon faire lui-même fa « deftinée , ou plutôt fa deftinée » étoit de choifir & d'arranger fes « moyens d'une manière qui le » menât fûrement a fes fins ; ne j> lui voyant jamais former que des « projets fages , on peut toujours » trouver la raifon de leur réuffite. « On diftingue dans la Vie de «Philippe trois defleins diffèrens j? pendant vingt - cinq années de » règne ; mais le premier étoit le « fondement du fécond , & le fe- » cond n'étoit qu'un degré pour >j arriver au rroilîcme. Û paroît » avoir fongé d'abord a s'affermir »dans fes Etats , enfuite à les y 174 0." 56"î » agrandir , & à les rendre confi- » derables dans la Grèce , & enfin « à déterminer cette même Grèce »à le nommer Général pour aller » attaquer J'Empire des Perles. » Quand il auroit conçu en même » tems ces trois projets, toutes fes » démarches n'auraient pas plus » de liaiions entre elles , & h l'on » n'oie pas lui attribuer de li eran- » des' vues , au moment qu'il »monta fur le Trône, c'eft que «l'on penfe qu'il auroit dû les " regarder alors comme une chi- " mère. " En effet la poiîefîîon tranquil- » le de la Macédoine , telle que » fes ancêtres l'avoient eue , a du » lui paroître d'abord le fruit de la » prudence la plus confommée. » Quand il voulut enfuite donner à « fon Royaume ce degré de conlî- » deration & de gloire , qui le » fit reconnoître aux autres Grecs » pour une portion du corps de » leurs Etats , il ne lui fallut pas » moins de conduite & de dexte- » ricé ; les mêmes obftacles fublî- « ftoient & Ce trouvoient infini- » ment plus forts,quand il fut que- » ftion d'engager ces mêmes Grecs " fi fiers de la gloire de leurs ancê- » très , à marcher fous les oidres " des Macédoniens,qu'ils jugeoient «autrefois à peine dignes d'être " leurs efclaves. M. Olivier eflaye enfuite de jvt- ftifier Philippe de plufieurs repro- ches qu'on lui a faits. Le plus con- fiderable eft ce qu'on a dit de fou peu de bonne foi : on veut qu'une de fes maximes favorites ait été Z z ij 3 lin en a fait de considérables , Se » a négligé des morceaux qui au- » roient gagné infiniment à palier » par fes mains , on pourra s'en « appercevoir en lifant cette vie de » Philippe , & il en refultera de » nouvelles raflons d'être fâché » que ces morceaux ayent échap- » pé à M. Rollin. Dans notre Journal du mois de Février dernier , en rendant com- pte d'une autre Vie de Philippe , qui parut en l'année 1759 , nous parcourûmes les principaux évene- mens de la Vie de ce Prince , nous nous difpenferons aujourd'hui de répéter les mêmes faits. Nous nous contenterons de remarquer que la Vie de Philippe, compofée par M. Olivier , eft eftimable par plu- fleurs endroits. i". Il paroît que M. O. ne s'eft point borné à extraire les Auteurs modernes qui ont parlé de Philip- pe ,. mais qu'il a remonté aux four- ces : on trouve dans fon Livre tout ce que les anciens ont rapporté de ce Prince ou au moins tout ce qu'ils en ont dit d'un peu important. On voit qu'il a confulté tous leurs Ouvrages , même ceux qui fem- &loient tout-à-fait étrangers à fon fujet , & il a fçu y trouver une infinité de circonflances intereiïan- tes qui auroient infailliblement échappé à un homme moins at- tentif ou moins clair-voyant que lui. s'étoit familiarifé de longue main avec l'antiquité , il n'avoit pas commencé a lire les Auteurs an- ciens loriqu'il en avait eu befoin pour la compofition de Ion Ou- vrage ; quand il 1 entreprit il avoir de grandes avances , il fçavoit la Caite de la Grèce, il étoit au fait de l'Hiftoire, du Gouvernement 8c des mœurs de fes difrèrens peu- ples , & connoilïbit toute leur Lit- térature. 30. C'eft ce qui l'a mis en état d'accompagner fon Texte de no- tes marginales , qui jettent ordi- nairement un grand jour fur fa narration , ou au moins qui amu- fent agréablement un Leéteur cu- rieux ; c'eft fouvent ou le portrait en raccourci ou un bon mot de quelque Homme illuftre. 4°. M. O. a eu loin encore de drelTèr une Table Chronologique en trois colonnes , par le moyen de laquelle il détermine au jufte la date des évenemens les plus confiderables de la Vie de fon Hé- ros , & les rapporte à telle année de telle Olympiade, & à telle an- née avant J. C. Cette Table eft fui- vie de l'Atbre Généalogique des Rois Macédoniens dont Philippe. croît fon origine. y°. Son Ouvrage eft terminé par une comparaifon de Philippe avec. Alexandre à peu-près dans le goûr de Plutarque. On ne juge ordinairement , dit M. Olivier , du mérite des Héros que par le nombre de leurs ex- ploits , ou par l'étendue de leurs 366 JOURNAL D conquêtes : Alexandre gagne à être vu de ce côté-la ; les Perfès lui ont oppolé les milli^is d'hom- mes. Il a poufo les conquêtes jul- qu'aux excrémitez de rUniveis. Philippe n'a jamais eu a combattre plus de trente mille hommes a la fois. Il ne s'eft jamais écarte plus de deux cens lieues de Tes Etats. Cependant Ciceron préfère le der- nier; il trouve que Philippe eft un plus grand homme , & Alexandre un plus grand Conquérant. C'eft que Ciceron remontoit jufqu'aux piincipesdes actions & fedétermi- noit par le mérite de l'Acteur plu- tôt que par l'éclat du Rôle. Il ne faut , ajoute M. Olivier , pour être du lentiment de Ciceron , que comparer ces deux Princes , par rapport aux grandes qualitez qui leur font communes. i°. Pour la valeur , Philippe n'a point été in- férieur à Alexandre : fi ce que Monlîeur Olivier a raconté de ce Prince ne fufhfoît pas , il ne faut qu'écouter Démofthéne , qui re- prefente par-tout Philippe comme le guerrier le plus hirdi qu'il y ait jamais eu. Il eft vrai que la valeur d'Alexandre a eu quelque chofe de plus éclatant , mais celle de Philippe étoit plus éclairée ; félon notre Auteur , cette vertu fublime étoit prefque tout le mérite mili- tais d'Alexandre, & excepté la bataille d'Ilïïis , où il parut vérita- blement Général , par la manière doit il difpofa Ion armée, il ne connoilloit guéres d'autre métho- de de faire la guerre que de char- ger a la tète de l'élite de fes irou- E S S Ç A V A N S, pes. Encore rongit-il d'avoir pro- fite des défilez de li G'l;cie , Se alla-t-il enfuite ofFrii a Darius là revanche la.is les pleines d'Arbel- les. Philippe au co.itiaire poullà la feience de la gu.r.e plus loin qu'aucun autre Gc léral de Ion lié— cle. Polyen Se Fiontin ont em- prunté de lui la plupart ;'e lems ftratagêmes & tous les Tactiques anciens donnent pour modèle les marches , fes campemens Se les dilpolitions. M. Olivier fait enfui- te l énumétation de toutes les Na- tions vaillantes & agguerries , contre lefquelles Philippe eut à combattre , & qu'il vint à bout de fbûmettre ; il les compare aux Asiatiques qu'Alexandre a fubju- gués, Se après avoir remarqué que l'expédition contre les Perles avoir été conçue Se préparée par Philip- pe , il conclut qu'Alexandre ne fît qu'exécuter le plan que fon père avoit formé Se que Philippe auroit pîi exécuter lui-même par des ope- rations peut-être moins rapides , mais plus fures ; & dont les avan- tages auroient été plus durables. Pour ce qui eft du mérite de l'efprit , M. Olivier veut encore que Philippe ait été fuperieur h Alexandre, il en rappelle les preu- ves qui le trouvent en foule dans la fuite de fon Hiftoire : l'efprit du fils étoit fougueux & inégal , celui du père au contraire etoic fouple & également propre à tour, toujours bien réglé 6c ayant une marche afîurée.Les hommes diftin- gués , à qui , l'un Se l'autre , ont fait du bien , font voir que Phi- JUIN Iîppe connoifToit mieux qu'Alexan- dre le vrai mérite littéraire. Ale- xandre combla de fes bienfa'ts un CLéiilus , Pocte ridicule ; un Ana- xarque , Phïlofophe de mauvaife foi , qui lui vendoient des loiian- ges mal aflaifonnées ; unCaliflhê- ne, aflèz mauvais Hiftoiien ; Pla- ton , Xénocrate , Ifocrate , Ari- ftote , Efchine , eurent parc à la faveur de Philippe, & il ne tint pas à lui que Démofthène ne fût auiïî de l'es amis. M. Olivier , après avoir encore comparé Philippe à Alexandre par rapport à d'autres qualitez , foit du coeur , foie de l'efprit , & avoir toujours donné la fupériorité au premier , conclut de cette forte ion parallèle. » Enfin , ôc c'eft ce qui décide '740: 56*7 » la fupériorité de Héros à Héros, » Philippe paroîc avoir eu plus de » connoilîàncede la vén'table flou » re qu'Alexandre , celui-ci met- » toit ia gloire à déloler des Pro- » vinces & à détrôner des Rois » qui n'auroient jamais entendu » pailer de lui s'il le fût renfermé » dans les bornes de la jufb'ce,c\. (I uiemblable à Eroftrate , il n'eut » cherché à fe faire un nom par » les ravages & les incendies. » Philippe au contraire n'eut d'au- » tre but que de rendre les Macé- « doniens arbitres de la Grèce & » redoutables à l'ennemi commun. »» Il y a plus de grandeur à fonder » la fupériorité d'une Nation, qu'à » pouffer cette fupériorité une » fois établie, jufqu'ala conquête » de l'Univers. 3^5 JOURNAL DES SÇAVANS, GENEALOGIES HISTORIQV ES DES MAISONS Souveraines Tome III contenant la Maifon Royale de France , expe- fve dans des Cartes Géni.ilogicjit-s & Chronolog.cjues , tirées des meilleurs Auturs , avec des explications htflorieju.s & les A '■mes différentes de chaque Branche. A Paris, chez Bnaffon . rue S.Jacques, a la Scien- ce ; haubert; la Veuve Piffot , Se autres Libraires : 1738. in-^°. Pas- y+y- Différentes raifons, dont il importe peu au Public d'ê- tre inftiuit , ne nous ayant pas permis de parler de ce 5 "' Tome , auflï - tôt que nous l'aurions ou- haité , nous croyons d'autant moins devoir nous en diipenfer aujourd'hui , qu'il nous a paru beaucoup plus interelTànt Se d'un ufage plus ordinaire que les deux premieis Volumes dont on peut voir l'Extrait dans notre Journal du mois de Nov. 1756 , Se dans celui de Février de l'année fuivan- te. Nous remarquerons cependant, à la gloire de l'Auteur , que fon premier Volume a déjà été traduit en Allemand , ce qui forme un préjugé avantageux pour ce Livre. On Içait que de tous les peuples , il y en a peu qui ioient plus habiles dans les matières de Généalogie que les Allemands ; les preuves qu'on exige pour entrer dans la plupart des Chapitres d'hommes Se de femmes de leur pays , les mettent plus que tous les autres dans la necefllté de faire une étu- de particulière de cette Science. Le jme Volume , dont il eft ici queftion , eft écrit dans le même goût , Se fur le même plan que les deux Volumes qui l'ont précédé : 0:1 peut diie qu'il eft , par rapport a l'Hiftoire de Fiance , ce qu'eft le premier, par rapport a l'Hiftoire Ancienne , c'eft-a-dire un abrégé ties-utilea ceux qui ont déjà puiië dans Mézerai Se dans le P. Daniel quelque connoilïance de notre Hiftoire , mais en quelque façon necellaire à ceux qui n'ai ont au- cune teinture. Les premiers ver- ront d'un coup d'ceil dans des Car- tes tics-méthodiques , Se gravées avec beaucoup de netteté , les fi- liations , les alliances , &: la proxi- mité, ou l'éloignement des degrez: Se les ^cpnds trouveront dans les Dilcours Hiltoriques, qui accom- pagnent ces Cartes, une Introduc- tion à l'Hiftoire de France Se à celle de toutes les branches Mues des trois Races Royales. Ce ne leroit donc pas avoir une idée jufte de 1 Ouvrage de M. de C, que de ne le regarder que comme un exact, mais ennuyeux Recueil de noms , de dates & de filiations, il a fend qu'il ne pourroit fe ren- dre véritablement utile a lès Lec- teurs , qu'en s'eflôrçant de leur devenir agréable. Dans cette vue , il a pris un foin extrême pour lier les Généalogies des Maiions Sou- veraineté, JUIN veraines , avec î'Hiftoire des Etats fur leiquels ces Maifons ont régné, 6c avec les principales actions des Princes qui ont gouverné ces Etats. Ce Volume eft partagé en trois parties , qui répondent aux trois Races Royales de la Mai ion de France. La première partie eft di- vifée en trois Livres , dont chacun eft partagé en pluiïeurs Chapitres, à la tête defquels l'Auteur a placé une' Table Généalogique de tous les Rois de France. Il rapporte , dans le premier Livre , ce qu'on a dit de plus certain fur l'origine des Francs & fur leurs Rois avant & depuis letabliifement de la Monarchie Françoife jufqu'à Chil- deric III. Il traite dans le fécond des Rois d'Auftrafie , & dans le troifiéme des Rois & des Ducs d'Aquitaine. Celui-ci eft d'autant plus curieux, que profitant de la découverte,qui eft due à la fagacité des fçavans Auteurs de I'Hiftoire de Langue- doc. M. de C. nous donne la Gé- néalogie, jufques alors inconnue , des fameux Eudes &c VaïftTe Ducs d'Aquitaine , & nous développe la politique de Pépin & de Charle- magne à l'égard de ces Princes infortunés. Us avoient des droits inconteftables à la Couronne , étant iflus de Charibert Roi de Touloufe & fécond fils de Clo- taire II. comme le prouve claire- ment une Chartre donnée l'an 845. par Charles le Chauve en fa- veur du Monaftere d'Alazon Dio- ccfe d'Urgeh Mais il fut d'autant Juin. '740. 56" j) plus facile à un Miniftre ambitieux d'effacer ces droits dans l'efpiic des peupIes,qu'ilsétoient accoutu- més, depuis long-tems, à ne recon- noître réellement d'autre autori- té que celles des Maires du Pa- lais , & que les derniers Rois de la Race Mérovingienne fembloient s'être déclarés eux-mêmes indignes de la Souveraine Puiflance , & ne s'être refervé qu'une vaine ombre de Royauté. De la pofterité de VaïrFre forti- rent trois Branches principales, dont la dernière , fur-tout , qui fut celle des Vicomtes de Bearn , fut en quelque façon dédomma- gée de l'injuftice qu'elle avoit fouf- ferte par l'ufurpation de Pépin. Enéco-Arifta , un des defcendans de Vaïftïe ayant été appelle au- delà des Pyrénées , y fonda un Royaume , qui réunit enfin fous fa domination tous les Etats Chré- tiens d'Efpagne. Vne partie de ces Etats , fç avoir le Portugal vint par alliance à une branche cadette de la, Maijon de nos Rois , qui le poffede encore , & l'autre partie après avoir été fuccefllvement gouvernée par les Maifons de Bourgogne-Comté, de Barcelonne & d'Autriche eft tombée enfin dans une des Bran- ches de la Race Capétienne , de forte , dit M. de C. » que par une » révolution admirable d'évene- » mens , la 3me Race Royale de «France fe trouve aujourd'hui en » poiïeflïon de tous les Etats au- » delà des Pyrénées , qu'avoir eu » la première Race , dont elle » defcend d'ailleurs par femmes. A a a j7o JOURNAL D Il a placé à la fin de ce Livre une Table fort iriftnl&ive, qui fait voir comment les trois Races Royales le trouvoient îéunies en la perfonne d'Henii IV. nifayenl de Philippe Vn,c , qui îegne en Ei- pagne. La féconde partie de ce Volume traite de la Race Carlienne. On la trouvera ici augmentée d'une Branche, qui avoir jutqu'a prefërtt échappé aux recheiches des Généa- iogifres -, c'eft celle des Ducs d'Àn- dechs & de Méranie. M. de G. en rapporte l'origine a Ratbod , fils naturel de l'Empeieur Arnoul , & il reconnoît qu'il a emprunte d'u- ne Dilïèrtation de M. Coder, Pio- fdfeur en Hilton e a Gottingue, tant ce qu'il dit lui l'origine Se la fuite des Ducs de Méranie , que fur la (îtuation de ce Du hé , dont les Autems-ont parlé li di- verfement. Les Ducs de Méranie ont pris ce nom d'une petite Ville appellée Mèran qui efrlîtuée dans le Com- té de Frioul fur l'Adige , allez près de l'ancien Château de Tirol , qui dans la fuite a donné fon nom au Pays. Méran elt mife aujourd'hui parmi les Villes les plus considéra- bles de ce Comté. L'Auteur nous fait connoître d'après la Dilferta- rion du fçavant Profelleur , la vé- ritable origine , la fuite généalogi- que , Si même les principales ac- tions dés Ducs de Méranie , auti e- fois fi conlîdeiables , & par leurs all'ances, & par leur puiflance,tant dans l'Empire qu'en fia ce , où ils ont pollèdé le Comte de Bourgo- gne. ES SÇAVANS, La troilléme Race de nos Rois remplit la troifiéme partie de ce Volume. Après avoir reruté l'im- pofture grolTîere du Dante qui in- troduit dans fon Purgatoire Hu- gues-Capet , convenant de bonne foi qu'il croit fils d'un Boucher de Paris, Cv l'opinion non moins Im- guliere du P. Hardouin , adoptée cependant depuis par un autre Au- teur dans un Ouvrage intitulé , Févolutons dé France , M. deC. dans deux Cartes Généalogiques , & dans le fécond Difcours Hfto- rique , qui , félon la méthode, leur 1er: , pour ainli dire , de Com- menta're , expolé les difierens Sy- ftèmes des meilleurs Auteurs lur l'origine de certe Race , Si le dé- clare pour celui qui ne donne point d'autre tige à la Mailon de France que Robert le Fort , bif- ayeul de Hugues-Capet. » Cette «augulte Mailon ne lera-t-elle pas » encore, dit */•', la plus illulVe » qui loit au monde î elle règne » depuis près de huit liécles fur un >-■ des plus florillans Etats de l'Eu- » îope , exemple unique dans l'Hi- "ftoire, Si pendant ce tems-là *■ elle a donné des Souverains au "■Po.tugal, à Nanles , à la Sicile, » a la I longiie , à la Pologne , a la »Navarie, à l'Elpagne, & des » Empereurs à C. P. Au-ddlus de » ce terme , elle tient un des pre- jrniiers rangs dans le Royaun e » durant un ilécle Si demi , elle » s'y laiht par deux fois de la Cou- «■ronne , &: une de fes branches , » ( d l'on adopte le lentiment de «Chifflet) fonde même leRoyau- JUIN «me de Bourgogne Transjurane. Le furnom de Fort de de Grand que les Auteurs donnent a Robert font Ion éloge. Sa valeur lui attira le premier , (es exploits lui méri- tèrent le fécond , & jultifierent le choix que Charles le Chauve fit de lui au Parlement tenu à Compie- gne en 867, où , après lui avoir conféré le titre de Duc & de Mar- quis de France , il lui confia la dé- fenlé du Pays fitué entre la Seine & la Loire , contre les courfes des Normans. Il eut , comme on le fçait , pout fils Robert II , Duc de France , couronné Roi , & père de Hugues le Grand , qui eut pour fils Hu- gues Capet , élevé fur le Trône l'an 9S7 j de fa pofterké font for- ties quinze Branches principales , qui lont ici mifes fous les yeux dans une Table générale , & qui font lelujet des quinze Livres dans lefquels cette troifiéme partie eft divifée. Il a reprefenté aufil dans des Cartes particulières les Bran- , I 7 4 0. 3,7-r ches mêmes qui le font divi fées en plusieurs , comme celles de Bour- bon , de Dreux & de Courtenay , dont fans cela il feroit difficile de reconnoître les différentes tiges. -On verra àla page 419 une Ta- ble Généalogique qui montre comment Louis XV. defeend de Henri IV. par fept cotez differens. Nous ne nous étendrons pas da- vantage fur cet Ouvrage , nous ajouterons Amplement à ce que nous en avons dit jufqu'ici , que fur-tout dans la dernière partie qui regarde la Race Royale, & les diverfes Branches qui en font forties , il nous a paru que notre Auteur s'eft tenu également éloi- gné de la .flatterie , & de la mali- gnité, deux écueils contre lefquels les Généalogiftes courent fouvent rifque d'échouer. Ce Volume fe vend féparément, aufll-bien que le quatrième , dont nous parlerons dans le Journal fuivant. DE MORBIS VENEREIS , AUCTORE JOANNE ASTRUC : Edirio altéra. C'eft-à-dire : Traité des Maladies Vénériennes far M. Aflruc , Médecin Confuhant du Rot. A Paris , chez Guillaume Cavelter , rue faint Jac- ques , près la Fontaine faint Severin , au Lys d'Or , 1740. nouvelle Edition, z. vol. w-40. VOici une féconde édition du fameux Traité de M. Aftruc fur les Maladies Vénériennes-, com- me nous avons déjà donné l'Extrait de cet Ouvrage ( * ) , tel qu'il a {* ) Dans le Journal du mois de Jan- vier de cette année. paru dans fa première imprefllon ] nous ne rendrons compte ici que des additions , dont l'Auteur vient de l'enrichir dans cette édition nouvelle. Ces additions regardent la partie Hiftoriquede l'Ouvrée ,1a Table A a a y 372 JOURNAL D Chronologique des Auteurs , & enfin la partie médicale. C'eft comme on le fçait dans l'Hiitoire même de la maladie fiir laquelle M. Aftruc écrir qu'il puife fes preuves pour crrblir que cette elptce de contagion eft nouvelle dans l'Furope : Qu'elle nous a été apportée des lfles Antilles -, Qu'il le eft entièrement differenre de la lepre ; qu'enfin ce fléau , après avoir eu divers périodes qui ont été tous remarquables par l'appa- tion & la difparirion des différer» /imptomes , p-.roîc tendre aujour- d'hui , mais lentement , vers fa fin. Ce que l'illuftre Auteur ajoute à cerre partie de Ton Ouvrage, forti- fie 1rs preuves qu'il ivdit d„ja em- ployées à ces differens égards , ain- 11 que les réponfes qu'il avoir faites aux objections de ceux qui font d'un avis oppofé au lien fut l'ori- gine nouvelle de la malad-e: il em- ployé en parricul er rour un chapi- tre à l'explication de quelques en- droirs de l'Ecriture que les parti- fans de l'opinion conrraire tour- nent en l.ur faveur , comme au- tanr de preuves de l'ancienneté de la maladie dbnr il s'agir. On Trou- ve enfuire plufieurs difcuflîonscri- riques , hiftonques , quelques dé- terminanons plus préciles de cer- taines dattes înrercflantes , voilà fommairementtee que contiennent les additions que l'Auteur a faires à cette première partie de fon Traité. Quant à la Table Chronologique dev Auteurs , elle eft rrès-conhdé- lablemcnt augmentée dans cette ES SÇÂVANS, nouvel^ édition. Le cinquième & le fixiéme Li- vre qui font les deux premier'- du- fecond volume , traitent des Au- teurs qui ont écrit oepuis l'inva- (ion de la maladie jufquescn l'an- née ififÇo. Les deux fuivans coi, cer- nent tous les Ouvrages publiés dans tout le cours du dernier fié* cle. Enfin on trouve dans le der- nier 1 ivre , les Auteurs dont les Fcrits ont paru depuis le comnn n- tement du ficelé prèfent julqu'- aujourd'hir. On peut di'e-quc c'eft. ici une B Miotheque fort étendue des Ouvrages de ce genre. Mais combien de peines & de foins n'a- t'elle pas dû coûter à M. Aftruc ? Tl ne lui a pas fuffi de fouiller dans Fontes les Bbliothequcs de Pans, il a fallu qu',1 aie eu recours aux Bibliothèques érrangeres -, à celles d'Italie , à celles d'Angleterre , de Hollande , &c. Il ne falloir pas moins que le zelc ik le courage qu'infpire l'amour du Travail qui a pour obfet le bien public , point fourenir la lecture de rant d'Ouvra- ges , où prcfque tout n'eft qu'mep- rie , & dont le ftile eft grofller & reburanr. On lent aiTez combien cerre par- tie du Traité de M Aftruc mérite J'eftime & la reconnoifTance de tous ceux qui cherchent à s'inftrui- rc pleinement fur ces matières : ils y verront comme d'un coup d'oeil tout ce qu'on peut recueillir d'unie & de remarquable de Ja lecture de ces Ouvrages , & c'eft ainfi que fans rien perdre da côté de l'mf- tru&ion , ils s'épargneront non- JUIN, feulement les frais d'une Bibliothè- que immenfe , mais encore le dé- goût qu'il auTOir fallu efluyer pour lire tant de mauvais Livres. Les Ph lofophes ne feront pas moins fctisfaits de cetre parrie du Traité de M. Aftruc , ils pourront y voir combien d'erreurs il a fallu écarrer pour parvenir à la vérité ; par quels progrès de connoilTances.on a enfin réuflî à la reconnoître , à la faiur , à h fixer. Les amateurs de l'Hiftoi- re L.treraire trouveront également de quois'occuper:lenomdechaque Auteur ù parrie , les lieux où il a étudié , où il a exercé fa profelficn : le rems où les Ecrits ont paru^ tous ces détails font très dignes de cu- riofité. M. Aftruc ?joute à la fin de Ce volume une Diflertation , dans laquelle il examine ce qui manque- roi c encore pour avoir une connoif- fance parfaire de tous les Ecrits qui ont paru fur les maladies véné- riennes. On y trouvera. i°. Une lifte de quelques Ouvrages indi- qués par les Bibliographes , mais que l'Auteur a inutilement recher- chés. i°. Une autre lifte de rlu- fieurs Traités dont on ignore la première édition , ou plutôt la date precife de leur première impref- fion. Enfin une troiiîéme lifte de quelques Auteurs qui fe font dé- guifés fous un faux nom , ou qui n'ont deiîgné leur nom vér t. Sic que par des lettres initiales : Quant aux aronimes , l'Auteui renvoyé à la Table de ion Livre , où ©nies trouvera tous raiTemblés fous le mot anonime ; & comme Monlieur Aft.uc ne néglige aucun moyen 1 74©* 375 d'embraffer tout fon objet , il invi- te les Sçavans qui peuvent avoir quelqu'un des Ouvrages qu'il a inutilement recherchés , ou quel- qu'autre qui auroit pu lui échapper, à vouloir bien lui en faire parr. Il les prie d'en faire l'an life , & de la lui envoyer , fans oublier ni l'hif- toire de l'Ouvrage ni celle de l'Au- teur. Il demande avec la même inftance à ceux qui auront quel- que- connoifîance fur la première édition des Ouvrages qu'il a indi- qués , & à ceux qui auront quel- ques lumières fur le vrai nom des Auteurs , loir pfeudonimes , feit anonimes de vouloir bien les lui communiquer j s'engageanr à pu- blier les fujers de la reconnoifTance qu'il devra à chacun d'eux. Nous c. oyons devoir indiquer ici les moyens que M. Aftruc propofe aux Sçavans , pour lui faire tenir ce- qu'ils voudront lui communiquer: ils pourront choiflr la voye des Banquiers ; ou celle des jeunes Médecins , qui de tiutes parts viennent à Paris , ou celle de Meilleurs les AmbaiTadeurs } qui fe prêtent volontiers à tout ce qui peut contribuer au progrès des lettres. On lui .'eroit cepen- dant plailir de préférer tout iïm- plcment la voye du Courier , à moins toutefois que le v lume qu'on voudroir lui envoyer n'excé- dât celui d'un par-net ordinaire j en ce cas d's qu'on auroit la bon- té do l'avertirai auroit foin de cher- cher lui-même un moyen moins coûteux , par lequel on iuipourroit ia;re tenir ces paquets, m JOURNAL D Nous voici arrives aux addi- tions les plus important; s de cet Ouvrage , c'eft à dire à celles qui concernent la partie therapeur que, ou la cure de la maladie & de fes fimptomes. Ces additions fe bor- nent à trois. Nous ne rendrons ici compte que des deux premières , réfervant pour le Journal fuivant l'Extrait de la troifiéme. Sur l'Ophthalmie Vénérienne. La première des deux additions , dont nous allons donner le précis, a pour objet cette efpece d'Ophtal- mie Vénérienne, qui eft principale- ment caracteàiée par l'écoulement d'une matière femblable à celle de la gonorrée. M Aftruc décrit d'a- bord la maldie : il fait voir que la perte de l'œil en eft prefque la fuite certaine , fi on ne prévient ce danger par les rem des les plus prompts. Il penfe que cette mala- die n'eft qu'un fimprome de h go- norrée , foit dit-il , parce qu'il n'y a point d'obfervarion certaine par laquelle on puilTe prouver que cet accident ait ïamais paru , fi ce n'eft à la fuite d'une gonorréc fuppri- mée , ou qui couloir trop peu ; foit parce qu'on a toujours vu cette ophtalmie fe diffiper auflfi-tôt qu'on a rappelle le cours de la gonorrée , ou que la matière virulente s'eft jettée fur quelqu'autre partie. L'excellent Obfervateur entn- dans un grand nombre d'autres détails que nous défirctions pouvoir rap- porter , mais que les bornes d'un Extrait nous obligent de facrifier ES SÇAVANS, pour pafTer au point encore plu* important , eclt-à dire à h me- thod • que 1 A ireur propofe pour la curedj cerre crucll maladie, qu'un coup d'œil peur bien nous faire dil.crner, mais qui ne le guént que fore difficilement, pour peu qu'on lui ait lailîé taire des pro- grès. Si l'Ophrhalmie en queftion eft naiftante ; fi elle eft légère ; Ci après une atrennon exaclcàla virulence de la gonorrée & à la cairfe qui l'a fuppriméc , on peut fe flatter de rapellcr le cours des matières vers lés parties inférieures , ou G enfin quelque autre maladie vénérienne peut faire une diversion favorable ; alors il faut s'en tenir , félon M. Aftruc , aux remèdes ordinaires, c'eft-à-dire aux fréquentes Se co- pieufcs fugnées fécondées de l'u« fage des bo;fl"ons , & des Topi- ques convenables^ à l'adminiftra- tion très-prompte , ou des prépara- tions mercurielles, ou des frixions: Mais fi l'ufage de ces remèdes dans ce premier degré de la maladie peut fufrîre , il n'en eft pas de même , lorfque la maladie eft ancienne , lorfqu'elie eft confirmée , lorfqu'el- le raflcmble ou tous les fimpto- mes que l'Auteur a décrits , ou même une partie de ces fimptô- mes ; alots ce feroit inutilement qu'on s'obftineroit à fuivre la mé- thode qu'on vient de preferire : ce fèroit en vain même , qu'on cm* ployeroit & les feanficanons 8C les frictions : l'expérience juftifie que ces fecours alors ne peuvent tout au plus que retarder la pet- JUIN Te de l'œil , mais non pas l'empê- cher : A cjikIs moyens faudra t -il ■donc avoir recours î Le feul qui .refte , c'eft l'amputation . c'eft l'ex- tirpation de toute la furface de k -conjonctive enflammée , qu'on em- portera avec la pointe des ci féaux , - après avoir failî & fixé 1 1 tumeur au ■moyen d'une aiguille, dont on l'au- ra honlontalement traverfée : fans cette opération, pourfuit notre Au- .reur, point d'tfpérance de fauver Pceihau liou que par ce inoven on eft tr.'s-affurc de le fauver ■ , fins qu'on air à craindre aucune difformité , ni du côté de la conjonctive , qui reprend fa même blancheur , ni du côté des paupières , fi l'inflamma- tion qui de la conjonctive peut s'é- tendre jufcju' i Jtur membrane inter- ne exige qu'on faffe lur ces parties la même opération. Telle eft la méthode que l'Auteur propofe d'a- près la pratique de feu M. S. Yves à qui il fait honneur de l'opération que nous venons de décrire. Sur la Aiéihode de la Fumigation. On feait que la méthode de la Fumigation vient de reparoître à Paris l comme une méthode nou- velle & fdutaire, quoique aufll an- cienne pour aind dire que le mal même : quoique décrite dans un grand nombre d'Ouvr?ges , quoi- que flétrie par le cri commun de tous les praticiens. C'eft à cette occafion que M. Aftruc s'élève de nouveau contre les fumigations & que pour confirmer la cordmna- tion qu'il en avoit déjà prononcée., , 174c' ( 375" il rappelle d'abord le malheureux fuccès des nouvelles épreuves qu'on vient de tenter. Parmis ces épreuves , dont no- tre Auteur rend un compte exact, il en eft trois qui or.t été faites dans l'Hôpital de Biflêrre ,- mais d'une manière Ci autenrique ôi il folemnelle , qu'il eft impoffible de former le moindre foupçon contre la fidélité des regiftres de l'Hôpi- tal où fe trouvent marqués l'état des malades , lorfqu'ils font en- trés dans les remèdes , & les diffe- rens changemens qui font furve- nus dans chacun d'eux , pendant le cours du traitement i 6c enfin les differens événemens qu'ont eus les fumigations. C'eft la vérité rcful- tante de ces regiftres , ou plutôt ce font ces regiftres mêmes , que M. Aftruc nous préfente , après les avoir rédigés en autant de tables qu'il y a eu d'épreuves; ôc après avoir ajouté l'Hiftoire exacte de trois particuliers qui hors des Hô- pitaux ont été traités par les mê- mes voyes. Tl démontre calcul fait, i°. Que de 38. ou 3y. mabdc* qui ont été fournis aux fumiga- tions , il en eft mort 4. c'eft-à dire plus de la douzième partie j quoi- que la maladie dont ils étoient attaqués , fut à peine confirmée -, qu'ils fuffent dans la fleur de leur âge , & d'une conftirution fortro- bufte. 20. Que généralement dans tous les malades , le traitement a été auHl long, auflî laborieux , & peur être plus difficile qu'il ne l'eût été par les frictions 3". Qu'il y en a eu | lui de la moitié qui n'ont re? 47<* JOURNAL D çu avicun foulagemcnr tics fumi- gations. 4°.Que le nombre rie ceux qu'on a cru guéris , monte à peine au riers , encore eft il cerrain que Je mal a reparu avec tous les fimp- tômes dans quelques-uns , quoi- qu'ils ayent protefté fous la reli- gion du ferment , que depuis le traitement ils ne fefontexpofés en aucune manière au péril de contrac- ter de nouveau la maladie. Après ce fimple expofé , fi l'on s'en tient du moins à l'autorité de l'expérience, il ne reliera plus aucun doute , fur l'infuftifance , ni fur le danger de la méthode des fumigations. Mais la théorie s'accorde r elle avec l'expérience , pour bannir la fumigation , & affurerla préféren- ce à la méthode des frictions? c'eft E S SÇAVANS, ce que M. A fot'.r mr, il jppuye fon fentiment fin des raifons très-ap- profondies., ms-ingcnieufes^cV auf- quclic s, pour ne les point afibiblir, nousfonimcs conrramsde renvoïer les lecteurs : nous dirons leulement qu'il ré fuite de fes Obfervauons , que toutes les conditions qui pour- roient concoure à rendre le mer- cure efficace , manquent n'ceflài- rement à celui que la fumigation introduite*: le rendent dangereux. Nous remettrons au Journal fui- vant , à rendre compte d'une der- nière partie qui forme un Traité à part extrêmement curieux , c'ett i'Hiftoire& la defeription de cet- te même maladie , telle qu'elle exifte chez les Chinois avec leux manière de la traiter. OVVRAGES DE BOVRSAVLT: Le Marquis de Chavigny. A Paris , chez Didot , Quai des Auguftins , du côté du Pont S. Michel , à la Bible d'or. 1759. Avec Approbation & Privilfg? du A'o/. pag. 288. fans compter l'Epure Dédicatoire, adrefiee à M. Pérault , & l'Avis au Lecteur. (*) Le Prince de Condè. Chez lemême : pp. 158. fans compter l'Avis au Lec~teur. Ne pas croire ce qu'on voit , Hifloire Efpagnole : pp. j 14. fans compter l'Epître Dédicatoire, qui eft adreffée à M. Pidou de S. Olon. Artemife & Poliante Nouvelle, pp. 242. fans compter l'Epître Dédica- toire adrefiee à M. Chariot de Bretigny. Chez le mèmeDidot : in-12. CEtte Edition a été fa'te avec plus de foin que la pré- cédente , & elle mérite d'être re- ( * ) Ce Roman fe trouve dans une Edition des Œuvres dr Madame de Vil- led!< ; m.iis on fçalt que dans fon origi. <,ciJ paru tous le nom de Bomuiiic cherchée. Comme les Ouvrages qu'elle contient font connus de- puis long-tems , nous n'en don- nerons point d'Extrait ; mais il eft bon d'obferver qu'on trouve au commencement du Roman in- titulé , Artemife & Poliante , des endroits JUIN, endroits qui peuvent fervir à l'Hi- ftoire Anecdote du Théâtre Fran- çois : ils font connoître quelle étoit la difpolition d'eiprit des Auteurs contemporains de Racine au iujet des Ouvrages de ce grand Poète. Boudault rend compte de ce qui ie palla a la première reprefenta- tion de Britannrus fur le Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne. Il rappel- le d'abord avec une complaifance très-ailée à appercevoir , tout ce que de prétendus connoiffeurs , au- près de qui il fe trouva, découvri- rent de défauts eflentiels , dans cette Pièce : le détail où il entre à ce fujet méritant plutôt le nom de Parodie que celui de critique de la Pièce. Après ce déchaînement il annonce qu'il rendit bien plus de juftice à M. Racine , & tout de fuite il expofe le jugement qu'il avoit porté de cette Tragédie : Se ce jugement efl: au moins aufli ai- gre, aufli injufte , aufli méprifant que celui qu'il fembloit avoir défa- prouvé le moment d'auparavant. Au mérite près de Verfificateur , qu'il reconnoît dans M. Racine, il ne lui accorde aucun talent pour le Théâtre. La Pièce d'ailleurs a 1740. t 377 été reprefentée à merveille , Se cette circonftance qui n'eft pas rappellée pour obliger l'Auteur fournit du moins quelques détails, qui pourront paraître curieux aux amateurs du Théâtre , c'eft le nom des Acteurs qui remplifloient les Rôles. La Défœillers , dit-il, joiioit Agrippine. Cette Aftrice qui , fé- lon lui , avoit accoutumé de char- mer le public , s'étoit furpaflëe ce jour-la: la Dennebault , qui repre- fentoit Junii , avoit fait aufli des miracles. Enfin , Bourfault voit Se décide en Auteur , c'eft-à-dire , avec la jaloufie & la mauvaife foi que quelques Auteurs fe permettent en pareil cas , & dont ils font pu- nis par ce même public qu'ils veu- lent féduire. La Pièce , quand elle eft bonne , refte Se la critique tom- be. On peut dire que Bourfault méritoit de penfer mieux qu'il ne faifoit à cet égard. Plufieurs de fes Comédies qu'on reprend fou- vent encore au Théâtre François , étant remplies d'une très-bonne morale & de beaucoup de traits d'efprit, NOUVELLES LITTERAIRES. ITALIE. de Rome. IL paraît que les Belles-Lettres accompagnent M. le Cardinal Quirini par-tout où il porte fes pas, Se qu'au milieu des foins les plus graves Se les plus importans, elles le font jouir de toutes les douceurs de la retraite la plus tranquille. Il a fçu mettre à profit tous les mo- mens de loifir que la tenue Se la longueur du Conclave lui don- nent ; Se un tems que d'autres re- garderaient comme un délaflè- Bbb 378 JOURNAL DES SÇWANS, ient necelfaire , ce relpeâable Çardjrçal en a fak.ufefje pour en- richir la République d;_> ! ecttçs d'un Ouvra' e tile, & digne de lui. Il ne pourvoit continuel ! s occupations Licreiaiies aufquelhs îl s'appliquoit avant la renuc de cette aucune Al'tmblic , paire gu';l ne pouvoit s'y p'crtuer les iecoms doi.t il avcit beloin pour cela ; nais :1 y en a lubftiiué une autre encore plus convenable ala Anq-lict Auguflinaip.uw Pi'l'iotht- ce d /ïtri.fta . prier/,. Jfis ipfius SanC' t.'/fi ni Pontifias vindtetu aiverfut PlatiriA , aLofejm obt'-eclatores. Ro»«t , Typis ..ntonit de Rabat , Hf/ii i Par-tb on 1740. in-i". s hticjuc. Nu» ij m.'.ta Ma xirni mo- dttli aurea , argent a , a a , ex Mufeo s uxandri S R EcclJΣ Ca*-dinalis Allant in Cancanant lir liothecam a Client ht: XII l'oit. Opt. Max trapflata , & à Fo^ul- digniré & au caractère de cette ph.no Venuto Gwtoaaifi not, dlu- AiTcn blte n en e. Il a donc entre- pris de donnei au put-lie , & il a donné en ePct la Vie du I a\e Pau ' II Ce choix convenoit d'au- ta:.t mieux à M. le Cavd. Qiurini , fl-ata. Volun.cn I Ron.a , mpenfis Calcographei Cameralis Typis Ber- na 0 \- 39. in fol C'eil-a-dire : Adà.ulles anciennes d'or ) âarg,nt & de bronz.e , de la pretsiert g^an- que ce Pape éto't Noble Vénitien datr , tranj'port es du Cabui.t iS comme lui, & qu '1 ûoit tevétu de Cardinal Altani dans la Biblioihé- prcfque toutes les n en esdignitez fjue du Vatican par les foins du Ecclchau'ques. Cette V:eavo't dé- R pe Clément XII avec les Ren.ar. japani-, M. Mmratori l'avoit infe- qns de M RoJ.Ve/.utt , Sec. O» rée dans la 2" paitie du }m Ton e ne peut douter que ce Reciuil de de fa CollMion des Hijio>-iensdslta Médailles ne loit exquis , & que? Le ; mais elle étoitfi défeéhieufe , le pielent que M. le Card. AiL , i qu'il étoit indilpenlable de la îe- a fait a la Bibliothèque duVatican, toucher, & d'en donner une nou- ne loit tres-précieux -, on en doit Yelle Edir'on plus t ava'llée Se plus juger par les loins que ce Cardinal coivecle. M. le CQttjrini amis à s'eft donnés , & les dépenles qu'il la tête de la Vie de Paul II une a faites pour le con.poler. Le» P éface , avec une Dcfenfe de ce connoilfances de M. Vtnutt, dans Pape contre Platine, & contre bs Anrquitez Greques Si Latines, quelques autres Ecrivains , qui fa pénétration , foit a faire le dii- n'ontpasépa gnéfamémoiie.Nous cernement des Médailles , foit à n'ei t e;ons point dans le détail de marquer les tems & les circon- cet Cuv.at'e , & nous nous con- ftances des évenemens qui y ont ter.teions d'en rapporter le titre, rapport, foit a ehoifir parmi les en attendant qTt'on en lende com- différentes opinions des Sçavans , pte au public dans un <-'e nos Jour- celles qui font le plus autoriiecs , Daux : Pauli II Ven^ti }'o>.tif\cis répondent par avance de la bojv- Maxw.i (fita t-x codice nmtiufcripto te de ion Commentaire lui" c« JUIN Recueil de Médailles. C'eft aufîî Ce que nous ferons voir avec l'é- tendue convenable dans un de nos Journaux fuivans. d ^ Milan. Voici enfin le fécond Volume des j^ntiquitez. d'Italie du moren âge , compofé par M. Muratori , qui paroît depuis peu. Ce Volume s'eft fait attendre plus long-tems que l'Auteur n'avoit crû. Différen- tes raifons , dans lefquelles nous n'entrerons point , en ont retardé l'impreffion. Avant qu'on rende compte de ce im-' vol. dans le Jour- nal.il nous fuffit d'avertir qu'il n'eft pas moins digne de (on Auteur ôc de la curiofité du public , que le premier , qui renferme beaucoup de chofes importantes touchant notre Hiftoire , & dont on parlera aufïï dans un des Journaux fui- vans. Novus Thefaurus veterum Inf- criptionum in pracipuis earumdem Colleftiombus haElinks pratermijfa- rum, ColLElore L. sint Muratorio. Tome II Mediolani. Ex vAzdtbus Palatmis 740. in-fol C'eft-à-dire: Nouveau Tréfor des Infcriptions ci- devant omifes dans les principales Coll' liions cjui en ont été fa tes , re- cueilles par M. L A. Muratori _, &c. En attendant que nous entre- tenions le public de ce qui eft contenu dans ce Volume , nous nous contenterons d'avertir , que comme il s'étoit glilîé un grand nombre de fautes dans les Differ- tations que M. de la Baftie avoit envoyées a M. Muratori pour être în(êrées dans le premier Volume > 17 40- 37? des Infcriptions , & dont il s'é- toit plaint plus d'une fois à trop julle titre, on amis au commen- cement de celui-ci un AvertiiTè- ment fur ce fujet , avec une courte Préface de M. de la Baftie touchant cequ'il veut qu'on ajoute, qu'on change & qu'on corrige dans fes Diflèrtations , & avec une Table étendue des fautes , des omiiïïons , & des corrections; c'eft le feul moyen po(îîble de reparer le mal , en attendant qu'on réim- prime ce premier Volume. ALLEMAGNE. DE LlIPSICK. Voici quelques Ouvrages qui ont été imprimés fur la fin de l'an- née dernière & dans le courant de celle - ci , dont le débit fe fait ici prefentement , & dont quelques- unsde nosLeéteurs feront peut-être bien aifes d'avoir connoiflànce : i°. Biblia Hèbràica , cum noth Afajforethicis & numeris diftinUio- rtum m Paraphas, ÔCapita & ver- fus Accurante Chnfliano Reineccio, Lippe 17 $<)- /'» 4''. 20. Une nouvelle Edition , avec des augmentations confrderables de l'Ouvrage de M. Samuel Coc- ceius intitule : S amu'elis Cocceii Jus Civile controverfum , Editio altéra, &c. Lipjît , 1740 in - 4°. 2 vol. Cette dernière Edition fe trouve aufîî à Francfort. 50. Le Volume des nouveaux AQ.es des Sçavans de Leipfick , contenant l'année 1759. Nova u4l~la Eruditorum anni 1739. Lippu. 1740. /»-4°. 4°. Un Ouvrage contenant ce B b b ij 3So JOURNAL D qu'on a pu recueillir de 1 Hiftoîre des Danois hors du Dannerrarck. Ce Recueil eft intitulé : Gcfla & Vefiigia Dahorun, extra Daman t pracifttè m Oriente . Italie. , Htf- V.a.ia , Gallià. Sconâ , Htbert.ia , Belgio , Gnn.anu & Sclai'oma. Liffî* 1740. .>-$". ANGLETERRE. de Cambridge. M. Taylor , Mtn l->ie du Collè- ge ce S. jcnn , & ( aide des Rtgi- ftres de l'Univerlité , fe propofe de hii.e imprimei car Sculciiption une ncuvelle Edition des Haran gués & d^s Epures de Din.ofthznes & ci kjcbixes , avec tout ce qui nous re-fte de ces ceux anciens O- tateurs. Cette Edition lera exacte?, ment revue (or les piécedentes , & for les meilleuis Mis, qui n'ont point enco.e été collationnés. On publiera le Texte d'après l'Edition de Jérôme If olfitts , imprimée a Francfort en i6c6, ck immédiate- ment au-delîous onmetua la Ver— lion Latine du même Jei.W olfitts. On trouvera à la fia de ctaque Harangue ou Epîtie les Scholies Gréques qui s'y rapportent. On donneia iur Démofthenes non-leu- lement les Scholies d'Ulpien, re- vues & corrigées, mais auflî celles. de Zozime Aicalonite , qui Icnr, en MLs. dans la Bibliothèque du Vatican, «Se dans celle du Roi de. Fiance ; cv !ur Elchir.es , celles d'Apollonius qui lont entre les- n ains de l'Editeur. Les notes que M.. a\lor ajoutera aux Scholies, feront ci' ces des meilleurs Com- raentateuis & Tradudteurs.de ces ES S ÇA VANS, deux anciens Ecrivains , cV fervî. îont ou a détendre la véritable le- çon eu Texte , ou a expliquer quelque joint paiticulierdu Gou- vernen ent d'Arhènes. A la tête de tout I'G>uvrage on donnera la Vie de Démofthenes & d'Ekhines , recueillie avec loin des n eilleurs Auteurs , &: desauresMonumens de l'Antiquité. Cet Ouvrage con- tiendra 4 vol. r/i-jf. On mettra a la fin du dernier, un Indice étendu des mots cV des phralesAttiques qui fe trouvent dans ces deux Auteurs. Le piix de la Soufctiption eft de 5 guinées , dont on payera deux en (ouferivant, Se l'autre en rece- vant un exemplaire complet de l'Ouvrage. L'exemplaire en papier royal lera de cinq guinées j.on en pavera 3 enfoukrivant , & les 1 autres en recevant l'exemplaire. de Londres. The W 0 kj ef Francis Bacon , Baron ofyeridam , Ftlcount S Al- ban , and Lord Ch.tr. cell or ofEn- glai.d , &c. C'eft-a-dire: Les Œu- vres de François Bacon , Ba^on de Fendant , Ftcor/.te de S. s.lban & grand Claa. celier d' Angleterre ^ con- t .riant plusieurs Pièces qui ne fe- trouvent dans aucune Edition pre'ce- d-nte de Je s Œuvres , avec une nou- velle Fie de l'Auteur. Par M. Mal' Ut, TTao m fol 4. vol. Les Pièces qu'on a ajoutées à la . nouvelle Edition des Œuvres du . ( h mcelier Façon fe vendent fépa- rément , ainfique ù nouvelle Vie, qui a été aufïï réimpiimée;/.-8°. herashith ; or tb firfl bool^ of Aiofescalled Gène fis tranjlated from JUIN the original , Sec. C'eft-à-dire : Le premier Livre de Moije appelle la Genèfe , traduit fur f original , Sec. Par Jean Lookup Ecuyer Chez Ko- tins , Libraire, aux Armes d'Ox- ford , dans W arrvicl-lane. in-8°. L'Auteur de cette nouvelle Tra- duction , qui donna , il y a quel- que ttir.s, un Traité fur les fautes, qui le tuuvent dans les Traduc- tions de l'Ecriture Sainte en Lan- gue vulgahe, » remarque que les « véritables Livres de l'Ancien Te- » ftament lont ceux que les Juifs » ont conlei vés dans leurs Syna- » gogues , & tels qu'ils les ont » confervés , c'eft - à - dire , fans » points & fans accens , Se que « c'eft à ceux-là feuls qu'on do;t » avoir recours ; il remarque auflï » que s'etant propofé d'exprimer » le véritable fens literal de l'Ecri- » ture, il a été oblige de s'éloigner » en plufieurs endroits des Traduc- » dons vulgaires. Il traduit par «exemple le mot Elohim par les » Dieux , &c. « Cet Ouvrage eft dédié à M. l'Archevêque de Can- torhery , Piimat d'Angleterre. HOLLANDE. de la Haye. Hiftoire de U Vie & du Fegne de Louis XIV Roi de France & de Na- liari e enrichie de Adédadles , rédigée furies Adén.oires d: feu M. le Comte de *** , pulliée par Ai Bruz,en de la Mart^mere . premier biographe de Sa Majeftê Cathol'cjue , Secré- taire du Roi des di ux Siciles . & du Con/eil de Sa Majefiè. Chez J an Van-Dwcn Avec Privilège 1740. in^'\ premier vol. Cet Ouvrage , 1 7 40. 381 s'eft fait attendre long-tems , mais l'Auteur fe flatte que » le public » fera bien dédommagé de (a lon- « gue attente parla promptitude » avec laquelle il en donnera la » iuite, Se parles foins qu'il a pris » pour cjue la beauté de l'Edition » îéponde à l'in poi tance de 1 Ou- » vrage , & à la dignité du iujet. « Nous pouvons auffi, de nette paît, allurer.le public que la beauté du caracleie , eu papier , & de l'im- piefl on du premier vol. acquite à cet égard des à preient la pLomehè de hi. Bruz.en dt la Alartirnere. Le même Libraire a mis en ven- te un Ouvrage compolë par M. Bardet de Villeneuve Capitaine Se Ingénieur au fervice du Roi des deux Siciles ; en voici le titre :- Cours de la Science Aid. taire a Vu- fage de l Infanterie , de la Cavale- rie , de l'Artillerie, du Génie, & de la Alanne , avec les plans & le s fi- gure s neceffaires. 17 ;c. 4 vol. in-8 '. FRANCE. DE PARIS. Fr. de Bure le jeune, Libraire, Quai d^ Auguftins , à lima; e S. Germain, a fait venir depuis peu d'Allemagne un nombre con- fiderable de Livres imprimés en diffei entes Villes, Se en difTeien- tes années , Se dont on n'a pref- que point entendu pailer en Fiar- ce. Quoique parmi ces Livres il y en ait qui commencent a n'eue plus d'une date d'imprefTion aflez récente pour être inférés dans nos Nouvelles, luivant notre ufare; cependant nous en donnerons les titres dans ce journal, Se dan* 38'i JOURNAL D quelques-uns des Journaux fui- vans , pour les faire connoîcre da- vantage , & porter à s'en pourvoir ceux dont le goût & les études fe lero'ent tournés du côté du gen- re de connoirTance que ces Ou- vrages concernent -, & pour facili- cer, par ce moyen, au S de Bh". le jeune le débit qu'il a entrepris d'en feiie. i°. Le Recueil des Ouvrages de S. François cC Ajftfe , Inftttuteur de l'Ordre des Frères Mineurs , avec ceux de S. Antoine de Paie , du même Ordre. Ces deux Ouvrages avoient été imprimés à Lyon en 1653. Mais outre que cette derniè- re Edition eft plus ample & plus correcte , le P. de la Haye Reli- gieux du même Ordre , qui en eft l'Editeur , l'a accompagnée d'an- notations , avec des argumens & des obfervations pour défendre & pour éclaircir plufieurs fentimens de ces deux Saints contre quelques Ecrivains qui les avoient attaqués. Voici le titre : Santli Francifci Af- Jifatis Minorum Patriarche , nec- non S Antomi Paduani , ejufdem Or Unis , Opéra omnm , poflillis.... illujlrata : operâ & labore R. P. Jo.wms de la Haye , FF. Minorum Procuratoris Generalts in Gallid. Ad) M a utriÇcjue Vit* & Elogia ; cnm Indien us anplijjimis , primo rerum merr,o^abd:um ; altero Sacra Scriptura. Augufia Suv ptibusMar- uni Veith BwliopoU. 1739. infel. deux Tom. en un vol. 1°. Un Commentaire desTextes de l'Ecriture Sainte , tiré des Ou- vrages de S, Grégoire Pape , de ES SÇAVANS, l'Edition des Bénédictins , & ran- gé lelon l'ordre des Livres de la Bible , pour en expliquer le fens moral & myftique. Cet Ouviage porte pour titie : BiUia G -ego-ria- nt , pu Comment aria Tex'uwn Scriptura Sacra Sanïli . rego m Pa- pa ï. < ognom.nto Ai.tgni , collcila ex omnttits ejurd m 00 ribus anno 170 5. imprcjfu . fiitdto Miiachorum O'dims S . B.nedtcli è Congregatio- ne S Maum . ...in quthus pa'tim myftica , partim litt'-raLs facra pa- gina hujus facri Dotions continetur explanatio , cutn copiofo rerum & verborum Indice Labore Fr To ia à Nawvhate B. V Mana Au «/?/'- triant dijcaheati. Auçufta Vmdeli- ciorum , & Gracii &c. in- fol. 3°. La Vie de Jefns - ( hnfl , ou un Commentaire fur Us quatre Evangiles , dijlribnes en quinze Li- vres . dans lelquels l'Auteur, fans s'attacher à l'oidie des Evangiles , luit la vie & les actions de Jefi s- Chr'ft, félon l'ordre Se letems où chaque chofe eft arrivée: dans le premier Livre l'Auteur paile de Mifteriis verbi increati , & incar- nât} ; dans le fécond , de Vfgine Aiatre atcjue ejus gejlis ; dans le troifiéme , de parentilus , de ortu & proctjfu pracurfons \ dans le +m' & fuivarts , de Vità , de Miraculis, de Semonibus , de 1 ajfione , de Te- ftamtnto dileSltonis , de Morte , de Refurr clionet de 1 loria j . C & fi- ne hominum : l'Auteur a foin de rapporter à chaque fujet , fuivant fa divifion , tout ce qu'il y a dans les quatre Evangiles qui le regar- de : voici le titre de cet Ouvrage , JUIN, qui peut paflTer à jufte titre pour une Concorde : Beati Simonis Fi- dati d" Cajfia Ordinis Enmitarum S y^tigujfint , Gefta Salvatoris Do- nini uoftri Jcfus-Cbrifti ; feu Corn- rnei-taria fuper quatuor Evangdia in cjulndecim Libros in duo bus 'To- nus diftributa , &c. Ratifions. Typis JLieronymi Lenzii. in-folio. i.Tom. CetOuvrage , où il paroît de l'or- dre , du jugement & de lerudi- tion , ne içauroit manquer d'être utile à ceux qui s'appliquent par- ticulièrement à l'étude de l'Ecri- ture Sainte, & au miniftere de la Chaire. 4°. Un abrégé de Théologie in- titulé: Scholafttcum perfanœ Eccle- Jîaflica p'oforo Poli & Soli Brevia- rium exhibens utivtrfam Theolo- giam rnoralem eontrQverftis fidei & juris Canonici permixtam , &c. uiuclore Francifco vlbbate Aiajor- uiugienfe , &c. jiuguft* Fwd.licio rurn in-40. j°. Une explication Je la Doc- trine Chrétienne, ou unCatéchiC me raifonné, & étendu , compofë d'abord en Italien par le Père Ardia Jefuite , & depuis traduit en Latin par le Père Robert Lenga du Monaftere de Waldlaflèn , de l'Ordre de Cîteaux. En voici le titre : Tuba Catechetica , idefl ex- plicatio dotlrina C 'hriftiana s!. R. P. u4rdia Soc J. Italicè pnmum édita & in très partes divifa , . . . à qno- dam Rdig ofo Ciflercienfî in Lati- num fermonem ver fa. s ugufla Vin- deliciorum , & Pedeponti , ôcc.fol. 6°. La parfaite Grammaire Roja- le Francoife & allemande. Par M, 1 1740. 5«J des Pe plier s. Leipzic. 1737. in- 8°. 7". Une Méthode avec divers Sujets de Méditations tirés de l'E- criture Sainte, & des Pères de l'E- glife, intitulée : Vindanum Sacra- rum Meditationum , in cjuo exflnri- bus Script urA Sacra & Santlorim Patrum decerpta ventates propo- nuntur , &c. in luccm datum a P. y Iphonfo U ' enz.d aima- Congrca- t onis Beneditlmo Bavarica. /Iwu- Jfa P'indeliciorum &Pedepor.ti t &c. in-8°. 8". La Traduction Latine d'un des Ouvrages du P. Bouhours Je- fuite, intitulée: Methodus retlè co- guandi in Script is eruditis & inge- m fis è Gallico inLatiwm tranflaM. Fer P. Francifcum Wagner Soc. J. siugttfla Findeliciorum. in-S". 9°. Un abrégé de Théologie Scholaftique fuivant la méthode du Doéteur Scot , diipofé ièlou l'ordre alphabétique : Compendium- s.lphabetbico - Scotijïicum Traila- \ tuumTheologico païenne ovum de Sa- cramentïs Scc.-duffo'-eAf.F P Hac- khoffer Ordinis FF. Minorum. Lin- en. 1739. in 8°. 13°. Une Collection de Pièces manuferites , ou plufieurs Recueils de Diplômes Diplon araria > con- cernant l'Hiftoiie d'Allemagne & de France , qui 11 'a voient point en- core paru , il y en a xi Volumes imprimés en diffei entes années. Cet Ouvrage eft intitulé : Reli- (juiA manujeriptorum on.nis avi Di- plomatum , ac monument or um ine- ditorum adhuc. Ex Mufeo Joannis- Pctri Ludexvig. Francofurti & Lip- Jîa\ in-8™, 384. JOURNAL DES SÇAVANS, Le quitriéme Volume de l'Hi S. Michel, à la Bible d'or, 1740» fln:--: domaine , cottoofi: p ir A4" in-11. £. vol. Roliin , parok depuis quelques La Afétho {• des Fluxion* & 4es jours; nous eu parlerons incef- fuites infinies. Par M. le Chevalier fanvnent dans le Journal. JVwtm. Chez h 'if Libraire, Pa-aléle d:s Rimatns & des Qaii des Auguftins , a Saint Paul. François , pa* rapport ait qo:tv --ne 17+0. in- (.". Nous 1 endrons comp- m;nt Che*; Didot Libraire, Quai te au public de ces deux Ouvrages des Auguftins , du côté du Pont dans un des Journaux fuivans. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE JOURNAL de Juin, 17 + 0. GEnèaloqie Diplomatique delà Maifon d' Hal-(biurg , &c. pag. 313 Recueil d'Expériences & i'O fervations fur la Pierre ' , &c 34 1 Oraifon Funèbre de Ai 4: BeauvA.11 , &c. 34S Dijfirtanon fkr le pa/fag: 4: l'air 4e la refpiration dans le fang } &C. 3 50 Le Théâtre de M Qmnault , &c. 3 $ 9 H.fttirede Philippe , Roi de Ma:èdoine , &c. 360 Généa'ogie fJilo>-.q:te des Af-ufons Souveraines , Sec, 3^8 Traité des fyfiladies Vénériennes , &c. 371 Ouvrages de Bourfault , &c 37tf Nouvelles Littéraires t 377 Fin de îa Table. L E JOURNAL SÇAVANS, POUR L'ANNEE M. D C C. XL: JUILLET. A PARIS; Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguflins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XL. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI. LE JOURNAL DES S CAVANS- JUILLET. M. DCC XL. LECHONS DE PHrSlQVE , CONTENANT LES ELEMENS de la Phyfique déterminés par les feules loix des Méchaniquts, expliquées au Collège Royal de France. Par Jofeph Privât de Molieres , Prtfsjftur Royal en Phtlofophie , de l'Académie des Sciences & Membre de la So- ciété Royale de Londres. 1739. A Paris , chez la Veuve Brocas, rue S. Jacq. au Chef S. Jean : chez Mu/ter , à l'entrée du Quai des Au- guftins , du côté du Pont S. Michel , à l'Olivier : & chez Jofeph Bullot , Imprimeur - Libraire , rue des Prêtres , près S. Severùi , à J'Image S. Jofeph. Tome IYmc. vol. in-u, pag. 794. JhU. Ceci) 388 JOURNAL DES SÇAVAN LO r s qjj E nous rendîmes compte du quatrième Volu- me cîe M. l'Abbé de Molieres , nous en refiants à la vingtième Leçon , qui traite du Son , de k Lumière , &c des Couleurs. L'Auteur a partagé ce dernier Difcours en n Propofitions , ce font autant de Théorèmes des- quels doivent comme par corol- Liiies ce qu'il veut établir. Le fon & la lumière ont plulîeurs effets communs , la lumière s'étend de toutes parts depuis le point lumi- neux ju (qu'au fond de nos yeux , qui reçoivent par ce mouvement une imprelTîon qui occafionne le fentiment de Lpmiere. Le (on eft pareillement l'effet des firémifle- rrens des parties du corps lonore , & dont l'aètion fe fait entendre jufqu'à certaines diftances. On fçait que les rayons de lumière qui par- tent de divers points fe croifent en rout fens fans recevoir aucune altération fenfible -, il en eft de mê- me du fon : pluficurs voix fe font entendre , & la propagation n'en eft pas interrompue. Les ravons de lumière rencontrant quelqu'obf- rr.cle qu'ils ne peuvent pénétrer, fe refléchiflent en faifant les angles de réflexion égaux aux angles d'in- eidence y cela eft encore commun au fon. Mais voici d'autres pro- priétés qui font particulières à la lumière. Si un rayon de lumière tend à parler obliquement d'un milieu dans un autre plus ou moins dtr.fe , il fe rompra à la fiq erheie qui fépare ces «deux milieux en s'approchanr ou s'eloignant de la perpendiculaire , félon la denfité ou la rareté du milieu qu'il a à pénétrer. Cn a remarqué que les ravons les plus refrangibles , font aufii ks plu-; rcrflcxibles , c'eft- à- dire , que ceux qui s'approch nt plus de la perpendiculaire , fe re- flechificnt forts une moindre obli- quité. On fçait encore que la lu- mière blanche telle qu'elle nous vient du Soleil eft compofee de diflerens rayons qui ont chacun letiT couleur propre , c'eft - à- dire, qu'étant féparés , ils excitent une couleur que nous appelions rouge, jaune , &c. Lotfqu'im rayon tom- be fur un milieu qu'il a i pénétrer, Ion inclir.aifon &c la denfité du mi- lieu , peuvent être telles que s'il' fort d'un milieu plus denfe pour entrer dans un plus rare , il y a une inclinaifon qu'il eft facile de con- noître fous laquelle il le réfléchira toujours , de là il s'enfuit qu'un rayon entre fous une plus grande obliquité en pailant de l'eau dans l'air , que du verre dans l'air. La Géométrie détermine toutes ces pofitions avec taciliré. M. de M. voulant expliquer tous ces phénomènes dont la Géomé- trie éclaire les conféquences , ëc non les principes , il a fallu fai- re un fyftême général qui puiffc produire toutes ces variât ons. Il croit que clans le fyftêmc du plein, la lumière ne peurfe communiquer par un tranfportde matière , c'eft- a-dire , fe détacher de l'objet lumi- neux pour parvenir jufqu'à nous t JUIL parce qu'il ne conçoit pas que toutes fes parties jointes à celles qui nous viennent des étoiles fixes puiffent n'être pas détournées dans leurs directions. La manière .dont l'Auteur imagine que la lu- mière fe tranfmcr dans la matière ■éthérée eft à peu près femblable à celle dont le fon ie tranfmet dans l'air, admettant plus volontiers que c'eft la molécule qui eft actuelle- ment contre le tond de nos yeux , qui nous tait fentir fon impreflïon , que celle qui eft voifine du Soleil qu'on a voulu fuppofer le trauf- porter jufqu'à la renne. Il falloir étendre l'idée de cette propagation , il y a tant de maniè- res de concevoir cette communi- cation , & en même tems , tant de difficultés dans toutes celles qu'on propofe que M. de M. n'a pu fe difpenfer d'expliquer fa penfée tur ce fujet. Selon lui la matière éthe- rée eft compofée d'une infinité de petites boules égales , & toutes à reffort donr le diamètre fera fi pe- tit qu'on voudra l'imaginer , fui- vant le befoin. Des là leur force centrifuge fera prodigkufe , les particules de oe fluide infiniment élaftique , étant frappées parle la première communiquera fon mouvement fans qu'il foit réfléchi à cauie de l'égalité de ces globu- _lcs ; ce même mouvement ne foia LE T, 1740. 5gp pas plus interrompu que celui des ondes fpheriques , formées dans 1 eau qui s'entre-mclcnt , & fc croj. fent les unes dans les autres , lorf- qu'on y jette plusieurs pierres. Ces preflions de la lumière feront îfo- chrones , & cette propagation fera comme inftanftanée à caufe du prompt reffort des globules de 1 ether , & les centres ne change- ront point de place. C'eft afnfi qu'on conçoit la communication du choc dans une fuite de boules égales frappées , ik dont la dernière reçoit le mouvement de la pre- mière. Comme cette manière d'expli- quer la propaganon de la lumière n'eft pas fans difficulté ; norre Au- teur ne veut pas que ces ondes de lumière fe forment précifément comme celles de l'eau qui procè- dent d'un mouvemnt local des filets perpendiculaires de l'eau qui hauffent & baiflent , & qui fe for- ment par l'adhérence mutuelle des particules d'eau , ce qui leur occa- sionne une feparation rorale, quand elles rencontrent quelqu'obfhcle i car alojs elles fe détachent ] &C font de nouvelles ondes qui n'ont plus pour centre le même lieu d'où elles étoicnt parties. On peut duc la même chofe du fon dont l'air eft le véhicule , dont les pattics changent continuellement de pla- ce. Mais dans les ondes de lumiè- re, il n'y a point de mouvement local, ce n'eft point l'avancement des particules qui contribue à leur production , c'eft uniquement h «fiait des globules de k nuciere 50» JOURNAL D étherée qui ne forrent pas de leur place : elles font miles en mouve- ment pai le corps lumineux ; lï les ondes de la lumière fc formoient précifément comme ccll s de l'eau, elles feroient trop (bibles , pour que l'action d'une feule de fes par- ties puffent faire impreffion fur nos £ns , il faut pcnfbr que c'ell un Téfultat d'impreffions d'un grand nombre de ces points , dont l'effet fe réunit dans une tangente com- mune à la dernière ondulation ; la mariere étherée n'étant pas iufeep- tiblc de cette grande compreffion & dilatation , les particules ne peuvent fe rompre , fe replier , fc couder Se changer de place pour tranfmetre faction du corps lumi- neux , l'on ne pourra par confe- quent appercevoir (on effet qu'en iiçmes droites. Tout ceci nous conduit a 1 ex- plication de la réfraction , voyons comment notre Auteur conçoit cet effet qui a été le fujer des médita- tions des plus grands Phyficiens. Jufqu'à prêtent M. de M. n'a adop- té le fyftème de Defcartes qu'au- tant qu'il pouvoit convenir à fes propres idées > on ne fera donc pas étonné de voir qu'il s'en éloigne encore ici , voici fes fuppofitions. Les pores des corps tranfparens font remplis de petits tourbillons de la matière étherée, plus denfes, lorfque ia denfîté de ces corps eft plus grande : les ondes de lumière fe tranfmetront dans ces milieux plus lentement à caufe de la den- sité qui leur fera un obftaclc , il s'cniùivra dons que \i vueffe d'un ES SÇAVANS, ravon de lumière paffant de l'air dans l'eau fera rallentie. Avec fes fuppofitions on auroir foupçonné qu'un rayon tombant fous une in- clmaifon quelconque , Se paffanc de l'air dans l'eau , l'angle de réfraction auroit été plus grand que celui d'incidence , & voici fut quel principe on fe feroit fondé. Le rayon de lumière qui tombe obliquement peut-être décompo- fé : or la force parallèle reftant la même , Se la directe étant retardée, la diogonale qui marque la direc- tion du rayon de lumière s'éloi- gnera de la perpendiculaire & ce- pendant il faut qu'elle s'en appro- che. M. de Fermât qui pcndanC long-rems avoir combattu le fyftè- me Carthéfien, avoit cédé Se s'étoic rendu lorfqu'il fc retrancha fur la propriété , que tout rayon qui pé- nétre un autre milieu plus denfc doit aller parle plus court chemin ,' Se avec cette propriété on démon-, tre qu'il doit s'approcher de la per- pendiculaire ; mais il faut faire at- tention que pour diminuer le tems il faut racourcir le chemin dans un milieu qui fera plus difficile , Se l'allonger dans un milieu qui fers: plus ailé , Se alors on n'aura plus 1; direction que l'expérience indique pour la refraction (■*). Ces raifons n'ont point frappé M. de M. qui d'après M. Hughens a expliqué la. réfraction par le moyen des ondes en fuppofanr qu'un corps va du côté , où il trouve le plus de ré* ( * ) On peut conftilter les Lettres ie Defcartes , & le M. 1713. de M. tic Muras. JU1LL fiftancc , ce qui n'eu: pas facile à admerre. L'inflexion que les rayons de lumière fourrrent , foit à la ren- contre des corps opaques , foit à l'entrée & à la fortie des corps tranfparens eft une cennoiflance due aux nouvelles obfervations. Cette propriété a fait naître divers fyftêmes , &c fi l'attraction mérite ce nom j elle femble la favorifer. Rapportons les principaux faits t èc nous les expliquerons en fui- vant M. de Molieres. Il faut fup- pofer que tous les corps foienr en- tourrés d'une petite amotfphére dont la denfité va en augmentant à mefure qu'on s'approche du corps ; dès-Jors le rayon qui le préfentera pour changer de milieu , doit chan- ger de détermination avant d'arri- ver au fécond milieu qu'il a à tra- verfer , il fe formera une petite déviation qui fera une petite cour- be , & lorfque le rayon le prépare- ra à fortir du milieu qui lui avoir été préfente, la courbe fera tournée dans un fens contraire à la premieie,puif que l'amotfphére eit plus rare en denfité , en s'éloignant du milieu qu'elle environne. Avec cette mê- me hypothefe , notre Auteur pré- tend trouver la folution d'une ex- périence dont on a tenté plufieurs fois l'explication. On expofe un prifme de verre fous une certaine inclinaifon , on y voit le rayon de lumière , qui après avoir traverfé le prifme ,& être entré dans l'air , interrompt fa direction & retourne dans le prifme en taifant l'angle «U réflexion égal à l'angle d'inci- E T ; i 740; f9t derce , après avoir decrit une pe- tite conrbe. Pourquoi Ja choie ar- rive-r-ellc ainfi , c'eft dit l'Auteur parce que le rayon a perdu toute fa vk-elTe perpendiculaire , il ne lui re- lie plus que la vîtefTe parallèle, de manière qu'il ne peut fortir de la petite amotfphére , & la dernière couche claflique le renvoyé , &£ l'oblige de rentrer dans le prifme. On ne peur trouver à cela qu'urr embarras , c'eft d'imaginer que la vîtefTe du rayon foit retaidce en s'approchantdes dernières couches qui s'affoibliflent en denfité , puif qu'ailleurs M. de M nous a appris que ces couches diminuant en den- fité augmentoient la vîtefTe des rayons. De plus peut-être ne con- cevra-t-on pas encore aifémenc que les dernières couches ayent af- fez d'élafticité pour renvoyer les ravons , car fi les dernières font affez élaitiques pour cet effet, lors même qu'elles font plus rares , les plus vo fines du prifme doivent l'être davantage étant plus denfes ; & par conféquent le rayon lemblc- roit devoir ne point fortir du ver- re. On explique encore ici une au- tre obfervation de M. Newton t qui a reconnu qu'un rayon de lu- mière tombant fur la fuperficic d'un cheveu fe détournoit peu à peu , & décrivoit une courbe qui tourne fa convexité au cheveu. Ce- la a fait imaginer à notre Auteur une atmofphére autour de ce che- veu , mais d'une autre nature que celle dont nous venons de parler. Les molécules de celle-ci dimi- nuent en denfité à mefure qu'elles 592 JOURNAL D s'approchent du corps-, il falloir. que notre Philicicn h conait ainli , parce que l'inflexion s'éloigne de la perpendiculaire. Mus avec certe dégradation de denlité , ne paroî- troit-il pas que la vîteffe du rayon devroit augmenter fiiivanc fes prin- cipes , &£ par confequent la cour- be fera concave au lieu d'être con- vexe , ce qui ne s'accorderoit pas avec l'expérience. Il faut qu'il foit bien difficile de concilier les hy^ pothefes que l'on fait en Philîque; car dans quelques endroits norre Auteur demande une armofphere répandue fur les corps dont la den- fitc augmente à mefure qu'elle s'en approche , Se dans d'autres , il en imagine dont les denficés vont en diminuant. C'eft ce qui fait fans doute dire à M. de M. que l'cfprit de l'homme cft borné , Se qu'on doit fe reffouvenir qu'on ne peut jamais répondre d'avoir tout vu & tout examiné dans les tenta- tives qu'on a formées pour donner un fyftême général. Après tout ce que nous avons dit , l'ordre naturel demandoit qu'on traitât des couleurs , Se c'eft, ce qu'a fait M. de Moi. elles ap- partiennent à la lumière dont elles font une décompofition : on con- noît fur cette matière les expérien- ces de M. Newton que nous ne rapporterons pas , elles font reçues de tous les Phificicns Se de tous les obfervateurs , de ce côté nulle dif- ficulté , il ne s'agit que des expli- cations. On a recours ici aux on- dulations dont il a été parlé dans la propagation de la lumière, c'eft ES SÇAVANS, une fiait tli me ne prinepe. l'he- tero^eneité de h lumière sVrri- bbeea à la (o ce &: à h vî:eTs des vibrations des pirnc.iles du corps lamineur , am'l les fcco i f;s plus l urus pr3.li.ro k d.". Jni ili- tions dins h miner: érherée qui exateronr le f.nnmenr de la cou- leur rou^e. Les parties qu les compofent étant plus fortes de- vront moins perdre de leur vîtelTc' en traverfant le verre, mais com- ment accorder cette plus grande vîtelfe du rayon rouge avec fa moindre refrangibilité , n'y auroit- il pas quelque contradiction dans les principes de M. de Molieres. Quoique la découverte des différentes, refr.ingibilités de la lumière méritât beaucoup d'at- tention , il ne falloit pas en refter - là , Se ce n'étoit qu'une route ouverte pour chercher la cau- fe des couleurs dans les divers corps fenlîbles. On reconnoît ici' que ces mêmes corps contiennent dans leurs porcs , Se dans l'atmof- phere qui les environne de peti- tes particules capables de recevoir certains ébranlemens occafionnés les uns par les rouges , les autres par les jaunes , avec cette condi- tion que les analogues feuls puif- fent agir les uns fur les autres, com- me les ondulations d'une corde d'un inftrument n'ébranlent la cor- de d'un autre inftrument que lorf- qu'elle eft à l'imilïbn, Se lui procu» re la faculté de faire les mêmes vij brations , & par confequent le mê- me fon ; de même on concevra que les particules renfermées ainsi les JUILL les corps ou dans les liquides re- mués par les ondes analogues, fc- xonr mifes en vibrarion pour pro- curer le fentiment de couleur i le grand nombre fera la couleur do- minante , Se le mélange des par- ticules fera les couleurs mêlées. Quant aux corps Folides , ils peu- vent conrenir dans leurs pores des parties convenables à ces mêmes impreflîons , & de plus on aura recours à l'atmofphére qui fupplée- ra à ce qui leur manqueroit de Jeur chef. Voici ce qu'ajoute l'Auteur pour expliquer la tranfparence & l'opa- cité : » lorfqu'un corps rouge ne »> contient que fort peu de parti- as culcs capables d'être mifes en xt vibration par les rayons rouges , » & qu'il n'en contient aucunes ou » très-peu de celles que les rayons » jaunes , bleus 3 violets, &c. peu- » vent exciter , alors ce corps foie « dur , foit fluide fera rouge tk » tranfparcnt , parce que la plus » grande partie de l'action directe » de la lumière fe tranfmettra à » l'ordinaire. Quant à l'opacité des corps M. de M. dit. » Si ces particules ca- » pables d'être ébranlées par l'ac- » tion des rayons rouges de la lu- is miere font en très grand nom- » bre , alors Ja grande quantité des » vibrations pourra interrompre » l'action de la lumiere3& le corps »» deviendra opaque. On trouve à la fuite de ceci El , 1740. 3y5 l'explication de l'Iris ou l'Arc-en ciel. Nous n'en dirons rien , parce que M. de M. n'a fur cette matière aucune idée particulière, & la Géo- métrie fur ce pointa tellement fait fon devoir qu'elle a fatisfait à tout ce qu'on pouvoir délirer , nous n'avons point parlé d'un petit trai- té des rapports des tons qui fc trouve dans cette vingtième Le- çon , & on ne peut qu'exhorter ceux qui aiment la Muîiquc théo- rique à l'étudier , ils y trouveront en peu de mots l'explication du monochorde. M. l'Abbé de M. n'a pas feule- ment penfé à prouver des vérités de Phifioue , mais une vérité plus importante & fupérieure à toutes celles que nous pouvons connoî- tre ; il termine fon ouvrage par une nouvelle démonitration de l'exiftenqfc de Dieu. L'Auteur a fenti avec tous les Philofophes é- clairés , que s'il eft permis aux hommes de s'appliquer aux con noiflances naturelles , le term cV le but où elles doivent toute aboutir , c'eft de reconnoître cett main puiflante , qui a dirigé tou ces mouvemens dont la plus pa. faite Philofophie ne nous donner.- jamais que des idées très- fuperf cielies , mais toujours utiles lorf- qu'elles nous mènent à admirer la fouveraine fagelTe & l'intelligence du vrai conuructeur de la machine de l'Univers. 7«/7. Ddd 3°4 JOURNAL DES SÇAVANS, HISTOIRE ECC LES 1AST1QVL , PCc/K SERVIR DE Continuation à cdlc d: M l'allé Ilcivy.Tom XXXVi depuis l'an i c yjnfc]n a l'an 1595- A Paris , 1 hez P'erie - Jean Ainri'ttc , rue S. Jacq. i7}S. «-4.0 pp. 655. non compris la Table des Matières. CE 36mc Si dernier Volume s'étend dcprr's l'an 1 5S5 jul- qu'a l'an 159J , & renferme prin- cipalement la luitedel hiftoire de la Ligue. » Ce parti, ditleConti- »riH tcur , qui avoit commencé à « lé former des l'année 1 576. s'é- «toit , ce iénible, conduit julques a ici avec allez de fagéfle. Il paroît » qu'il n'avoit eu d'autre but que « de s'oppoferau progrès de l'Hé- » réfieen France, & de mettre la » Religion Catholique & ceux qui » la pr.ofelIbient a couvert des in- » fuites dés Hérétiques , mais des » motifs purement humains dé- « truifirent dans la fuite ce projet, » & la Ligue ne fervit prelque « plus , que de voile à l'ambition «des Guifes , qui n'avoient d'autre » vue que celle de régner iouve- » rainement en France. C'elt ce que l'Auteur s'eft atta- ché à développer dans le r77mc Livre, qui eft le premier de ce Vo- lume , oà l'on trouvera auffî un détail très - circonftancié du juge- ment & de la moit de Marie Stuart , Reine d'Ecoflè. Il rappor- te que lorfque la nouvelle de cette fanglante tragédie fut portée a Ro- me , comme on s'y emportoit publiquement contre la Reine-Eli- •/.abeth , qu'on y débîtoït tous les j;ou:sdes .Satyres ck des Libelles, qui la uaitoient de barbare , de cruelle, de fàcrilcge , & que les Auteurs de ces Libelle* s'atta- choïenjc princîpalemeiit a, la dou- leur feinte ex hypocrite , que cette Piincelle fit paroître pour un cri- me qu'elle avoit fait commetue , le Pape Sixte V. défendit , lous pei- ne de galère , qu'on continuât à déchirer cette Pu'ncefie par de» Ecrits outrageans ; il difoit que quoiqu'elle fût héiétique, on de- voir toujours avoir du relpeét pour fa dignité , ik de la considération pour ion mérite ; ce qui étoic vrai, ajoute le Continuateur, Mais ces égards ne lui firent pas oublier ce qu'il croyort devoir à la confervation de la Foi Catholi- que, que la Reine Elizubeth perfé- cutoit cruellement en Angleterre. Ce Pape engagea lous main Phi- lippe II. à prendre les armes con- tre cette Reine, & il oHiit même de contribuer aux frais de la cuer- re. Ses follicitations eurent leur effet , Philippe fit armer contre l'Angleterre une des plus formida- bles flottes qui eùtencore paru fur l'Océan ; il lé fiattoit de faire la conquête de ce Royaume , & s'é- toit engagé a le tenir a foi 8c hom- mage du S. Siège. Mais le Ciel en dilpofa autrement. Cette flotte ,. ayant été battue par les Anglois & encore plus par fës vents , fut en- tièrement diflïpée j & obligée de J U I L L reprendre honteufement la route d'Efpagne. L'Auteur donne aufTi , & dans •un grand détail , la luite des trou- bles , que les difputes fur les ma- tières de la Grâce & de la prédefti- nation continuèrent de cauier dans les Pays-bas. La foûmifïïon à la Bulle de Pie V. & le corps de doc- trine que l'Univerlité de Louvain avoir ujmé en conléquence de cet- te Bulle , fembloient avoir établi une paix durable parmi les Théo- logiens Flamans , lorfque la Doc- trine que Lefïïus &Hamélius Je- fuites , &c tous deux Prorefîeurs en Théologie à Louvain , enfeigne- rent , renouvella les anciennes dïf- putes , & les rendit plus vives , qu'elles n'avoient étéjufqu'alors. » Rien ( pour emprunter les « termes de notre Auteur) ne pa- " roît en effet plus oppofé aux er- » reurs de Baïus que les principes » de Lefïïus , & comme la Faculté » de Louvain , malgré fa foûmif- » fion à la Bulle , confervoit toû- " jours beaucoup de penchant j> pour les opinions du premier , » il n'eft pas étonnant que la doc- ?> trine du fécond l'ait révoltée , » fur-tout fi on fuppoie , comme « il eft vraifemblable , que Baïus «> fut l'agent fecret de toute cette » affaire. On fit donc quelques extraits de la Doctrine de Lefïïus qu'on lui lut en prefence de tous les Docteurs -, il répondit par écrit , qu'il recon- noiffoit en général, que la doctrine qu'ils contenoient avoit été tirée jde fes Ecrits , que quelques propo- E T, I 740. 305: fltions en étoient fidèlement ex- traites, d'autres tronquées , 8c dé- tachées de ce qui en hxoit le fens ; dans le même tems il dreila un petit Ecrit dans lequel il expofa les féntimens fur les les 3+ articles qu'on lui avoit présentés , pria la Faculté de l'examiner , ex de trou- ver bon que les proppfitions qu'on lui objedtoit fuilcnt difcutées a- miablement en prefence d'arbitres agréés de part Sç d'autres. » C'étoit ( reprend ici le Conti- » nuateur ) un moyen naturel d'é- » claircir la vérité , & de prévenir » les fuites facheufes qui ne pou- » voient manquer de naître d'une » pareille conteftatîon , . . . Mais » toutes les inftances des Jefuites » furent inutiles , la Faculté étoit » déterminée à porter une cenfu- » re , &: pour le faire avec plus » d'avantage , au lieu de cenfurer » les propofitions que Lefïïus avoit »> avouées lui-même , & prefentées » à la Faculté , elle conclut qu'on » s'en tiendrait à l'extrait que » quelques - uns de fes Docteurs » avoient fait des Ecrits de ce Père » & de ceux d'Hamclius , & dans » lequel, comme nous l'avons dit , »ils prétendoient avoir réduit leur » doctrine à 34 propofitions. On les trouvera ici en entier avec les qualifications que les cenfeurs y attachèrent. Ils y accufent en général Lefïïus & Hamélius de re- nouveller toutes les erreurs desSé- mi-Pélagiens , & ils réfutent chaa cune de ces propofitions par des autoritez tirées de l'Ecriture Sain- te, de S. Auguftin , de S.Profper, Dddij , 5 JOURNAL D de S. Fulgence & d'autres. Cette cenfure fut envoyée à tous les Evêques des Pays-bas (5: aux Uni yerfitez de Paris & dé Dpuay, mais la premier reiu'i potrtive- ment d'y roulai: e , & on voit une apologie de Lelïïus dans laquelle il allure que les Docteurs de la Fa- culté de Théologie y enfeignoient fes opinions. Celle de Douay ad- héra aux fentimens de l'Univerfi- té rie Louvain , qu'elle regardoit comme la mère. Le célèbre Eltius qui profelloit pour lors la Théolo- gie a Douay, compofa la cenfure; elle eft plus longue & plus raî- fonnée que celle de Louvain , & conçue en termes beaucoup plus forts. Les Jefuites prévoyant les fuites facheules que pouvoient avoirtou- tes ces conteftations, les portèrent au T.ibunal de Sixte V. Ce Pape , qui étoit habile Théologien , aïant fait examiner dans une Congréga- tion de Cardinaux les proportions de LelTtus &c tout ce qui avoir été écrit de paît & d'autre à cette oc- cafion , approuva la Doctrine cîe eejefuite, & ordonna a Frangi- pârii fon Nonce à Cologne de le tranfporter à Louvain pour ailou- pir cette affaire. Ce Prélat , après avoir écouté les deux partis Se reçu tous les E- crits qu'ils jugèrent a propos de lui donner , les fit confentira ren- voyer cette affaire au Saint Siège, pour en attendre un jugement dé- finitif-, & rendit un Décret par le- quelil défendoit, fous-peine :'i- «athêaie, d'agiter, ibit par écrit , ES SÇAVANS, loit n éme de vive voix , aucune des matières contioveilées entre les deux partis , &: ce Décret fuf- penditrourun tems toutes les dit Michel Baïus , qui en avoit été le premier Auteur , ne lui vécut pas long-tems à la paix que la pru- dence du Légat Frangipani avoir établie dans les Univerfitez de Douay & de Louvain. Il mourut . e de 77 ans le 16 Septembre de i : iée if S?. Sa mo:t avoit été précédée de celle de Jean -Etienne Durand, premier Préhdent au Parlement de Toulouze ; ce Magiftrat voulant s'oppofer a la fureur des Ligueurs de cette Ville , qui , conformé- ment a la déciiion de quelques Docteurs de Soi bonne , confirmée par un Deciet de l'Univeriîté de Toulouze , foûtenoïent qu'Henri III. étoit. déchu de la Couronne, & qui , a l'exemple du Parlement de Paris, vouloient que celui d'Aix déclaiat que toute l'autorité refi- doit dftns les chefs de la Ligue , fut alTàffilié a l'âge de 6 ans par une troupe de Factieux qui le percererit de mille coups , traînèrent Ion corps par les rues , & l'attachèrent à u potence.. Il étoit trcs-fçavant & prétendoit fans preuves être parent de Guil- laume Durand Evcque de Mendes, fi connu par fon Traité dis Divins OJftccs ; quelques-uns , dit notre Auteur , ont avancé que pour mieux rellen bler ace Prélat, qu'il avoit pris pour modèle autant que Ja différence des occupations lt JDILLE permettait , il avoit compofé le Traité Latin des Eues- .' acres . qui eft entre les mains de tout le mon- de. Mais il y a lieu de croire, ajoû- te-t-il , que cet Ouvrage eft de Pierre Danés Evêque de Lavaur , & queDuranti n'en fut que le re- vileur. Le ftile & l'érudition qui régnent dans plufieurs Livres de Droit qu'il a compolcs , mar- quent allez qu'ils lont d'une autre main que le Livre de Rittius. C et iJluftre Magifhat qui périt par la main des Catholiques , fut tou- jours néanmoins très-attaché a la Religion , & le protecteur déclaré de tous les Ordres Religieux -, il ihtroduîut les Jefuites a Toulouze, y infticua diveries Confréries , Se y fit venir les Capucins d'Italie. Duranti ne fut pas la feule victi- me de la fureur & de l'aveugle- ment des Ligueurs ; ce Volume n'eft preique rempli que de leurs excès , & jamais Hiftoire ne mon- tia mieux que de tous les inftru- niens dont la politique abuiefi fou- T , 1740. 597 vent , il n'y en a point dont l'abus foit plus dangereux, que celui de la Religion. Mais comme la plu- part de ces funedes lcénes qu'il fe- roit à fouhaiter qu'en pût effacer de nos Hiftoires , lont allez con- nues, nous nous contenteionsde dire , qu'on les trouvera ici expo- iées avec lagelie , Se peintes de toutes les couleurs qui en peuvent donner une jufte houeur. Il paroît lur-tout que le Conti- nuateur a travaillé avec loin tout ce qui regarde la longue & diffici- le négociation qu'Henri IV. apiès fon retour à la foi de fes pères , fut obligé d'tiïuyer , pour obtenir l'ablolution du Pape. C'eft par cet heureux événement qui aniva le dix-ieptiéme Septembre., 159J , pa, le commencement des dilputes qui s'élevèrent a L'occafion du Li- vre de Molina , qui fur imprimé ceçte même année , que finit ce Volume, & c'eft le dernier de cette Continuation de l'Hiftoire de M. l'Abbé Fleury. COUTUMES DES DVCEJE' , BAILLIAGE , ET PRETOSTE' d'Ofleans , avec les noies de Aionftmr 1 iewri Former , Conseiller au Pré- fi ai al a Or le an s : La notes de Dumoulin fur l'ancienne Coutume a'Or- leans , ©" des Obfervations nouvelles , ou l'on a renfermé tout ce qni 4. ■paru néceffatre pour faire connâre le fois Cr l'application des ArticU r, les Alaxh'.cs autorifc'is par l'ujug ait Palais y & Us derniers progrès a. a Jurisprudence. On y. a joint un Difcews Préliminaire fur ta Coutume d'Or- léans un Traité des Profits &Droits Seigneuriaux , l'Eloge de A4. (U la Lande & des Obfervations Jur-jon Commentaire Tm. I. p. 4,6. Tom.II. p. m. fans un Difcoitn Hi/lorique t une Table des matières , une Table parallèle des Artides de la Coutume de Paris , avec ceux de la Coutu- me d'Orléans , CT une Table Alphabétique de toutes les ParoiJJïi qui fut- vent cette dernière Coutume , & qui dépendent en entier ou en parue dit Hallage çr des différent Sièges qui le compofent. A Orléans, f&kibtan- 598 JOURNAL DES SÇAVANS, cois Rouzcau , Imprimeur du Roi , de S. si. S. Monfùgncur le Dtie d'Orléans & de la fille, in-i i. 1 740. NOvs ne pouvons mieux faire connoître cet Ouvrage qu'en rendant compte d'un Difcours Hif- torique qui fe trouve à la tête du fécond volume , & dans lequel on explique l'origine des Coutumes en général , l'H'floire de la Coutume d'Orléans en particulier , le Juge- ment qu'on doit porter fur les au- teurs qui l'ont commentée & le dejjein de l'Ouvrage. Suivant l'Auteur de ce Difcours Hiftoriquc avant que les Romains eulîent conquis les Gaules, elles fuivoient des Coutumes fi fembla- bles aux nôtres , qu'on feroit tenté de rapporter à cette fource l'ori- gine de notre Jurifprudence ; mais on ne s'arrêtera gueres à cette pen- fée , ajoutc-t-il , fi l'on fait réfle- xions que les Romains , ainfi que tous les monumens de l'Hiitoirc nous l'apprennent , firent bien-tôt pafTer dans les Gaules leur langue , leurs meeurs , leur politefle , leur gouvernement &: leurs loix. Art illuflrc d'un peuple né pour être le maître des autres, d'affurerjon Em- pire par les avantages qu'il procurait aux nations vaincues ,& de fç avoir les dédommager de leur défaite. Les Francs , lesGots, les Bour- guignons en s'emparant des Gau- les y détruifirent la domination des Romains , mais fe fournirent à leur Droit qu'ils y trouvèrent établi. Il eil vrai qu'ils publièrent aufli leurs loix particulières que nous avons encore fous les titres de loi SaliquCjGombctte, Ripuaire, cVc. Mais outre que les anciens ha- bitans du pays qu'on diftinguoit alors des Barbues par le nom de Romains ne turent jamais alïujet- tis à ces loix , elles étoient d'ail- leurs fi informes & fi bornées que les peuples mêmes pour qui elles avoient été faites , etoient obligés d'avoir recours au Droit Romain fur ce qui concernoit les mariages , les Contrats, les Teftamens, Se même les Succédions. Sous la première év la féconde race de nos Rois le Droit Ro- main fut le droit commun de la France. Il ne cefla de l'être vers la troifieme , que parce que dans les defordres du dixième fiécle rou- tes les loix indiftinclement s'étei- gnirent. " Au commencement de »la féconde race , dit notre Au- » tcur , les habitans des villes & » campagnes à l'ombre des loix » jouifloient tranquillement en » France de leur liberté & de leurs » biens , ils avoient à la manière » des Romains fous leur puifiance » les efclaves qu'ils avoient acquis. » Sur la fin de la féconde race ou » tout au plus à la naiflànce de la » troifieme , on voit avec furprife » toutes les perfonnes, à la réferve y des nobles, devenues comme ef. » claves des Seigneurs,rcduires mê- » me dans les grandes villes, à la m condition de mainmortes fie J U I L L r> foumifes à la fcrvitudc de corps » ou d'héritage. Par une fuire de » la même révoluron , les terres »> auparavant pofledces librement » rour la plus grande partie fe » trouvent toutes aflujetries au » droit , ou de fief , ou de main- »> morte. " La foiblefTe de l'autorité rova- » le prefquc anéantie , la tyrannie » des grands qui de gouverneurs » devinrent comme fouverams de » leurs Provinces •-, les fermens de » fidélité qu'ils exigèrent des villes » & de tous ceux qui d pendoient » de leur gouvernemens , l'efTroya- » ble mifere des peuples & l'abat- » rement qui en eft une fuite , les » guerres , la violence & les bri- » gandages continuels ; cet efprit » de licence , de defordre & de » confulîon , qui régnoit dans ces » tems affreux , furent apparem- » ment les degrés par lefquels les D Stigneurs parvinrent à cet affer- » viffement général des perfonnes »& des biens. «Delà 1 cnbli des anciennes loix » qui dcvenoient également inuri- » les Se pour les nobles Si pour « les roturiers. Pour les nobles pof- *> fefleurs des fiefs, parce que pleins » de cette licence féroce qui carac- » rerifa les mœurs de ce f:écle , ils » ne vouloienr plus reconnoître « d'autres loix que le Droit des *> Fiefs £< les conditions établies » dans les inveffitures & les con- » cédions. Pour les, roturiers , par- » ce qu'étant tous de condition » fervile , ils n'avoient plus d'au- » tre loi que la volonté de leurs E T, i 740. 199 » feigneurs qui les jugeoient eux- » mêmes , ni d'autres régies que » les charges impofees par ceux ci «dans l'établifTement des mains- »» mortes 3 & dans l'abandon des » terres dont ils leur accordoient la » jouilfance. Les anciennes loix étant éteintes, de nouvelles loix prirent leur pla- ce , ou plutôt difTcrens ufages s'in- troduilîrent qui en tinrent lieu. Les Coutumes des Fiefs fe formerene d'abord, enfuire ou à peu près dans Je même tems , nos Rois établ.renc des communes dans plulîeurs vil- les du Royaume , or comme les Chartes qui portoient concefllon de ces Droits de commune , con- renoient par une fu:te néceffaire divers réglemens pour la Police , le Commerce 6c la fureté des ha- bitans qu'on réuniffoiten commu- nes , ces C narres ont été regardées comme les premiers originaux de nos Coutumes. Les Seigneurs ayant affranchi dans la fuite la plupart des gens de Ja campagne qui dépendoient d'eux en main morte, les condi- tions de l'arTranchiffement donnè- rent lieu aux droits de cens, de Champart , de Corvée , de Banna- lité , de Juftice. » On fçair auffi , dit notre Au- » teur , que les François & les an- » ciens Gaulois étoient dans l'ufa- «ge de vivre avec leurs femmes, non » feulement dans cette focicté de » vie qu'exige la nature de l'union » conjugale, mais encore dans une » efpece de focie*é des biens acquis » par les travaux & les vaux com- 4oo JOURNAL D » muns , avantage par lequel ils les » dédommageoient de ce:re puif- » fanec abfolue que les mœurs de » ces nations , mais non pa^ l'ordre » delà nature leur avoir donnée fur «leurs femmes. Les traces qui s'é- » toient apparemment confervées » de cet ancien ulage , ont été la » fource de toutes les difpofitions »> des Coutumes fur la Commu- » nauté de bien entre le mari & la y> femme , fur l'autorifation , fur le » douaire & le don mutuel. » Enfin , continue notre Auteur, » les fiefs ôc les héritages mains- » mortables , attachés &c confacrés » en ciuelque forte par une clpece » de fubftitution à la famille de » ceux auquels ils avoient été ac- T> cordés fous ces charges , ont » donné lieu à l'introduction du » retrait lignager , à la diftinction » des propres en paternels de ma- »> ternels , à leur affectation à la « ligne d'où ils étoient fortis, aux » prérogatives des aînés. Tels font les dégrés par lefquels fe font infenfiblement formées nos Coutumes : Fruits de l'ignorance cV de la groffiercté , elles prirent les mêmes caractères ; mais un événe- ment heureux pour l'Europe con- tribua bicn-tôr à les perfectionner. On en fut redevable à la connoif- fance du Droit Romain , tel qu'il avoir été recueilli par les ordres de l'Empereur .Jufhnicn. Cet Ouvra- ge croit perdu. Un Allemand qui a- voit truclic à Conftaotinople alors le feui aille des bonnes lettres le retrouva , en connut le prix,l'en- fcigna publiquement en Italie & ES SÇAVANS, mérita parla à jamais , dit rotre- Auteur , la reconnoiffar.ee du genre humain. Après avoir donné un idée gé- nérale & abrégée de l'origine de nos Coutumes t l'Auteur palle à ce qui regarde en particulier la Coutume d'Orléans. Parmi un grand nombre de Cou- tumes allez (embl'bles , dit-il , pour faire reconnoître qu'elles é- toient nées dans le même Royau- me , & affez différentes pour ju- ger qu'elles ne s'étoient pas for- mées dans la même Province , cel- le d'Orléans fe diftingua avanta- geufemenf. Elle fervit en partie de modèle aux ètablij/imens de S. Louis : Règlement fur la juftice qu* ce Prin- ce également pieux ©" éclairé donna, vert l'an i 270. On ne peut donc guercs douter , fuivant notre Au- teur, que cette Coutume n'eut été déjà rédigée par écrit par des Pra- ticiens habiles qu'on appelloit a- lors Çouttasiers. Elle le fut au moins, ajoute-t- il, & d'une manière encore plus autentique fous le ré- gne de Philippe le Bel, lî nous nous en rapportons à la tradition conf- iante de nos Pères , qui avancent .ce fait comme indubitable dans l'oppolîticn folemnelle qu'ils firent à la réduction de la Coutume de Montargis en 1531. ces rédactions ne fubfiftent plus. Tout le monde fçait que Char- les VIE ordonna par fon Edir de Montis-les-Tours de l'an 145 2. que les Coutumes de chaque Province feroient rédigées par écrit év arrê- tées en l'aflemblée des Etats de la Province JU I L L E Province pour fervir déformais aux habitans du pays de loi fixe de in- variable. Ses vues ek celles de Louis XI. s'etendoient plus loin fuivant que notre Auteur le remarque d'a- près Philippe de Comines & Du- moulin , ces deux Princes avoienc dir-il , formé le deflein de donner aux François un corps uni forme de Jurifprudence puifé dans cet efprit commun qui régne dans routes les Coutumes , & tiré de ce qu'il y a- voit en chacunes d'elles de meil- leur , de plus fage , de plus judi- cieux , de plus afîorti au génie &c aux mœurs générales de la nation. La rédaction particulière des Cou- tumes ne fut donc ordonnée , que parce qu'elle étoit un moyen né- ceflairc pour parvenir à l'établifTe- ment d'une loi fimple & univerfcl- lc , mais malheureufement , conti- nue l'Auteur, ce qui n'étoit qu'un moyen eit devenu l'objet feul de l'exécution Se le but fi naturel , & fi defirable où tendoit ce moyen , feroit peut-être encore aujourd'hui regardé comme un pro;et plus bril- lant que pratiquable , deitinétout au plus à flatter les vœux & char- mer le loifir d'un fpéculatif outré , fi M. le Chancelier fous les aufpi- ces d'un Prince né pour être l'arbi- tre de l'Europe & le père de fes peuples , n'avoir donné les pré- mices de l'exécution dans l'ordon- rirmcc des donations &c celle des teftamens. L'Ordonnance de Charles VII. pour la rédaction des Coutumes ne s'exécuta que bien lentement , 8c la rédaclxon de la Coutume 3 Hit. T , i 7 4 o. 40 t d'Orléans ne fur commcnc.'c qu'en 1494. On s'adembla à l orns , par- ce qu'Orléans étoit alors tenu en appanage. L'Ouvrage fut dilconti- nué , on le reprit en 1 jog. l'AlTem- bl'e des Etats de la Province fe tint à Orléans , où les Commiflai- rcs du Roi fe rendirent. Ce fut alors que Montargis & les Bailla- ges qui en dependoient fe fépare- renr d'Orléans. D'une feule Cou- tume , dit notre Auteur , il s'en forma deux , mais fi refTemblantes qu'on peut les regarder comme deux fœurs qui laites de vivre en commun tonfervent toujours après leur léparation les heureufes mar- ques d'une même origine & le ca- ractère d'une étroite liaifon. Certe première rédaction de la Coutume d'Orléans fe trouva fi imparfaite,qu a peine fût-elle ache- vée qu'on s'apperçut qu'il étoit né» celTaire d'en faire une nouvelle. Oi n'y travailla néanmoins qu'en 1 1 S j . les Avocats du Baillage d'Orléans au nombre de 34. fuient alors nom- més pour drefler fous la dirédLon des gens du Roi , Us cahiers de 1* nouvelle Coutume. Le célèbre A- chille de Harlay , Premier Prési- dent du Parlement de Paris, Jac- ques Viole , & Nicolas Perrot qui en ctoient Confeillers , &c qui vc- noient de prefider à la réformation de la Coutume de Paris , fuient en- core rommés pour prefider à la ré- formarion de celle d'Orléans. On y infera la plupart des articles qui avoient été ajoutés à celle de Paris, mais elle lui refta néanmoins beau- coup inférieure 6V pour la forme ôc E e e 4o3 JOURNAL D pour le fond , comme fi ,d;r notre Auteur , Ifance & jhn im- ptrfcltien e Jjent été une efpece de tri- but fie la Province eut payé a la capi- tale , & le rcjfulucitx aveu de fa fuji ion e. Notre Aureur entre enfuire dans le détail des défauts de- ia Coutu- me d'Orlcins : à l'égard de la for- me , il fait voir qu'il n'y a nu! or- dire dans l'arrangement des matiè- res , nulle précifîon dans la façon dont les articles four conçus ; à l'égard dîi fond , il prétend que plufieurs de fes difpolitions font bizarres ou injtritès,& il en rappor- te diff'er ns exemples. Plus la Cou- tume d'Orléans eft imparfaite & plus elle a befoin d'un bon Com- mentaire. Pyrrhus Englebcrmœus entreprit le premier d'en donner un. Il vivoit au commencement du l'Orne, fi.'cle , tk profelToit le Droit Romain dans l'TJniverirté d'Or- léans. Cet Auteur fuivant le té- moignage même de Dumoulin , avoir de l'efpnt & du fçavoir, mais peu verfé dans le Droit Cou- tumier , il ne connut point le vé- ritable efprit de la Coutume d'Or- Jeins ; &c il fe contenta d'appliquer fuperficiellement à chaque article differens textes de loix qui leur font étrangers pour la plupart. Il étoit fans doute refervé , dit notre Auteur ,à Dumoulin d'être le pre- mier de ce (îécle qui 'eut réunir m e connoiffanec égal ment par- faite des deux Droits* PoulTé par la force d'un génie à qui rien n etoit difficile , il entreprit de former la Juufprudcnce Françoifc qui n'éroit ES S ÇA VANS, alors qu'un cfpece de cahos infor- me cV ténébreux & il l'exécuta ; il et blit des principesdl rira descon- ! ,i nêla le véritable cf- rrit de nos Coutumes cV dans fes fev.ars cents, il rît voir à la Fran- ce étonnée qu'inventer l'art l< le perfectionner , lont quelquefois la même chofe pour les grands nom- mer. Le Barreau prit alors une nouvelle face & pendant que les i ujas . les Duaren , les Horman travaillaient li heureufement pour le Droit Romain j les Dar^entré, les Lemairre , les Mornac , les Coquille n'établifloient pas avec moins d fucecs les vra-ves maxi- mes de notre Droit François. Près d'un liécie néanmoins s'écoula de- puis nglebermœus , fens qu'il pa- ru: de nouveau Commentaire de la Coutume d'Orléans. Léon Tri- paur Avocat , en donna bien une nouvelle édition en 1 570. mais feu- lement avec quelques notes mar- ginales , lî fuccintes & en lî petit nombre qu'elles 1 e peuvent être d'une grande uriliré Enfin vers le commencement du flécle pa(T6 il fe trouva , dit notre auteur, dans le Prchdial d'Orléans un homme laborieux , appliqué , pailïble • ami de la retraite , uniquement par- tagé entre les fonctions de fa chat- ge èv l'étude allîdue de la .lurif- prudence ; c'étoir Henri Former , k* fécond fils de Guillaume For- mer célèbre par fes écrits , le r:\al de Cujas , li quelqu'un eut pu l'ê- tre , & l'un des plus grands orne- mens de l'Univcifiré d'Orléans dont il était profclleur. Henri Foi- J U î L L nier Enflant à fon frère aîné le Droit Romain comme une efpece de fief dans erre famille illultre par le fçavoir , s'arracha particuliè- rement à approfondir la Coutume d OleanscV a en pénétrer l'efprit. U renferma rout fon travail dans des nores courtes à la véiiré , mais qui paroiflent , dir norre Auteur , le fruit d'une méditation protonde &: de l'intelligence la plus parfaite de la Coutume. Ecrivain modifie 5 ex ail , judicieux }imfcul mot luijuf- fit pour ouvrtr un champ fécond en confequences. Il femble qu'il ne foit avare des mots que pour enrichir la penje'e , femblable à ces grains d'ef- fence qui J'eus une petite maffe renfer- ment beaucoup de fubjlance & de vers lu. Notre Auteur convient néan- moins que l'Ouvrage d'Henri Former laifToit defirer un Com- menraire plus étendu & où les ma- tières fullent plus développées , ce- la le conduit à celui de M. Delalan- de. Voici comme il en parle. Dans ce Commentaire le bon fens , la fo- lidiré , l'érudition . la clarté, J'in- telligence vive & lumineule dcl'ef- prir de notre Courume is; des prin- cipes de la JurifprudenceFraneoife par-rout caractcrifcnt l'Auteur ; une des plus grandes beautés de fon Ouvrage , & par laquelle il etl vraiment original , c'eft le parallè- le continuel qui y régne entre le Droit Romain & le Droir François, & l'art judicieux avec lequel il fçait appliquer les plus beaux textes des loix à l'éclaircifîêment & l'inter- prétation des difpofitions de la Coutume. On duoit dans fes écrits ET, î 740J 403 que le Droit Romain n'auroit été fait que pour fervir heurcufèmcnc le nôtre , tant il lui prêre de jout & de beautés. Son Ityle négligé , le tour antique de fon expreflioh Se fon vieux langage prefque digne du fiécle d'Henri ÎM. plaîfcnt ce- pendant toujours par l'énergie , la naïveté, la force & la netteté qui accompagnent Ion difeours. En le lifant on feroit tenté de p enfer que nous avons affobli notre langue en h polilfmt. Enfin le Commenraire de M. Delalande feroit parfait fins quelques fautes qui luifont échap- pées fur les points qui dépendent particulièrement de î'ufage du pa- lais & de ces maximes , qui fe for- ment & s'épurent par l'agitation & la difcuffion tumultu.ufe du Barreau. Dans le temps que le Commentaire de M. Delalande pa- rtir , M. de Givés Avocat du Roi à Orléans rravailloit à en faire un , il en laifla le manuferit à fa famil- le , elle en avoir fait préfent _, dit notre Aureur , à un Magiftrat déf- raie à devenir un jour dans le Royaume le chef de la Juitice ,' dont malgré fa jeunefle il étoit dé- jà l'oracle M. DaguelTeau toujours zélé pour l'avancement des Lettres confia l'Ouvrage à M. de Lauriere qui rravailloit au grand projet d'un ( outumier Général , & dans les papiers duquel il n'a pas été poflî- ble de retrouver le manuferit après fa mort. En 171 r. il parut une nouvelle édition de la Coutume d'Orléans. L'Auteur y apprend qu'il avoir eu communication de l'Ouvrage de E e e ij 4o4 JOURNAL D M. de Givés , & qu .1 avoir enri- chi fes notes de ce qu'il y avoir trouve de plu- bt u 3." de plus ; te- lelTanr, il s'ap] opria enec rotes de Former qa il refond: à fa manière. De ti .; c.h , dirno : Àuteur,ilcompofaun( uvrage utile quoiqu'il eut un des plus grands défauts que puifle avoir un bon Livre , celui de n'é^e point en- tendu. Cett drumtLrn anmoins fi recherchée qu'au bout de z:. ans il ne s'en trouvoit prefque plus d'exemplaires. Sa forme commode Dieu nous ouvre un étran- " ge Livre pour nous inftruire , » quand il nous fait lire dans notre » propre cœur. Et dans une autre Lettre. » Je 4otf JOURNAL D » viens de faire une Million à y ^Tournai , tour c l.i s'eft bien » piffe & l'amour propre même v »> pourrait avoir quelque perire » douceur : mais dans Je fend le » bien que nous r.iifcms eft peu de » chofe : fi on n'étoit fourenu par » l'cfprir de foi pour Travailler » fans voir le fruir de Ion travail , « on fe découiageioir ; car on 1 e » gagne prefquc rien , ni fur les » nommes pour les perfuader , ni » fur foi-même pour fe corriger. h O qu'il v a 16 n depuis le mé- » pris c*c la laflîrude de foi-même » jufques à la vérirab'e correction. » .le fus à moi - même tout un » grand Diocèle plus accablant que » Celui du dehors, & que je ne fçau- » rois réformer ; mais il faut fe »> fuprorrer fans fe flatter comme » on doit le faire pour fon pro- jj cli iin. C'elf particulièrement d;ns les pottraitsoppofés que M.dcFcnelon fait des amertumes & des conlo- lations art.-chées à la vie intérieure , qu'on découvre mieux le caractè- re de fon a me , &. la connoilfance profonde qu'il a du coeur humain. m 11 ne fuit pomt dem. nder ce » qu'on tait avec Dieu , quand on » l'aime, dit M. de Fenelon : on ' 'a » point de peine à s'entretenir avec » fon ami On a toujours à lui ou- » vrir fon coeur on ne cheche » iamai^ ce qu'on lui dira , maison »> le dit fans réflexion. On ne peut m lui rien réferver : quand même m on n'auroit rien à lui dire on elt •> cornent d'être avec lui. O que l'a- m niour elt bien plus propre à foute- ES SÇAVANS, me la crainte ! h crainte ap^ » rive cV: contraint pendant quïl- » le trouble , mais l'amour per- » fu de , coi foie , a-nmc, poilede » route l'amc , cV. fait vouloir le » bien pour le bien même. » li v a des ames qui tombent »d ns un état de dégoût, de fé- "chtreffe cV de langurur où tout » kur cil à chargé. Une ame en cet » état fent que Dieu & tous fes « dons fe retirent d'elle ; c'eft pour » elle un état d'agonie , une cfpece » de defefpoir-,on ne peur fekippor- » ter foi-même. .On ne feair plu s oui » on en eft,le cœur eft flétri & pref- » que éteint, il ne fçauroirrien ni- » nier : L'amcrrume d'avoir perdu » Dieu qu'on avoir fenti li doux » dans fi ferveur eft un abfynthc » répandu fur-tout ce qu'on avoïC » aimé parmi les Créatures. .. . » Alors ne parlés point d'amitié, le » nom même en eft affl géant, Se » fa t venir les larmes aux yeux: n tour vous furmonte , vous ne » feavés ce que vous voulez ; vous «avez des amitiés & des peines » comme un entant, dont vous ne » fçâuriez dire de raifon , & qui » s'évanouillent comme un longe. » Dans le moment que vous par- » Je. , ce que vous dites de votre » difpofirion , vous paroît tou- w jours un menfonge , parce qu'il » cefte d'être vrai dès que vous » commencés à le dire : rien ne "f îbfifte en vous.Maiv arrendez que »l'hyvcr fok pi (Té , & que Dieu » ait fait mourir rouf ce qui doit w mourir y alors le printemps r i- »» me tout , Dieu rend l'amicic avec JUILL 53 rous les autres dons julqu'au » centuple , on fent renaître au de- » dans de foi fes anciennes inclina- m-tionspour les vrais amis ; on ne »les aime plus en foi & pour foi , » cm les aime en Dieu de pour » Dieu , mais d'un amour vif &c • rendre, accompa,n' dégoût & » de fenlibilité, car Dieu fçaic ren- » dre la fcnfibilité pure. Ce n'eft » pas la fciuibilité ; mais l'amour 3» propre qui corrompt nos airu- » nés. Les Lettres à Monfeigneur le Duc de Bourgogne font remplies d'Inftructtions , qui peuvent erre également utiles au Chrétien , au Trince ik au Citoyen. Les confeils, les louanges mêmes ne tiennent jamais en rien à la flatterie , ni à la complaifance, C'eft un ami tendre, éclairé , mais fevére qui ou- -.vre Ion cœur à un Prince digne d'entendre la vérité , & par confe- ;-quent d'être aimé : » Entant de S. -» Louis (*) (c'eit. M. de Fenelon qui » parle ) imitez votre père , foyez » comme lui doux humain, accef- i> fible , compatilTant & libéral. » Que votre grandeur ne vous em- -j> pêche jamais de defeendre. avec « bonté jufqu'aux petits pour vous » mettre à ieur place , & que cet- • » te bonté n'anoibliffe jamais , ni jj votre autorité ni leur refped:- . . . « EtudLs fans celle les hommes, . » apprenés à vous en fervir fans » vous livrer à eux. Allés chercher » le vrai mérite jufqu'au bout du » monde , d'ordinaire il demeure ;-»»modcfte & reculé. Nevouslaif- ^C) Lettre j. p. .14- *î«& if. loai. 3. E T , ï 74e,' 4^7 » fez point obilder par des efpnts » flatteurs & inflnuans , faites fen- » tir que vous n'aimez les louan- » ges ni les baflelTes. Ne montrez »» de la confiance qu'à ceux qui ont » 1- courage de vous contredire "dans le befoin avec refpect, &c "qui aiment mieux votre réputa- « tion que votre faveur. Il faut » que les bons vous aiment , que » les médians vous craignent, &que » tous vous eftimeit ...« Plus loin il lui trace ainlî le caracte re de la pieté , qui eit convenable aux Princes. » La pieté n'a rien de foi- » ble ni de rriux ni de gêné . .-. .Le » Royaume de Dieu ne confllte » point dans une fcrupuleufe obfer- » vation de petites formalités , il » conhfte pour chacun dans les » vertus propres à fon état. Un » grand Prince ne doit point fervir » Dieu de la même façon qu'un « Solitaire ou qu'un Ample parti- « culier. a M. de Fenelon, dans un autre endroit , parle des fruits que les Princes peuvent renier de l'adveriité. » Les plus grands Prin- » ces , dit-il , ont befoin de contra- » diction rxkir apprendre à fe nw- » derer, comme les gens d'une mé- 35 diocre condition ont befoin d'ap- » pui. « Confidérant toujours les vertus d'un Prince par le noport qu'elles ont avec le bonheur des peu- ples, M. de Fenelon but connoitre da la manière dont nous allons le rapporter comment les Princes doive nr penser fur l'opinion que les autres hommes ont conçue d'eux. » Il faut avoir im grand égard à » l'improbation du public Ceux 4o8 JOURNAL D »>q u idoivenr commander au x autres » ne fçauroienr le f ire urilemcnt »' dès qu ils ont perdu l'eftime Se » la confiance des peuples. Rien » ne leroir plus dur & plus înfup- n portable pour les peuples , rim i> ne fcroit plus dangereux 8t plus » deshonorant pour un Prince » qu'un gouvernement de pure au- » torité fans l'adouciiTeiv.cnt de » l'eftime,de la confiance & de l'af- « feclion réciproque. On voit que M. de Fenelon é- toit ennemi de toute affectation &C de toute fingulanté dans les exer- cices de pieté , il ne faut que lire les régies de conduire qu'il donne à une perfonne qui étant dans le monde \ ouloit fe convertir à Dieu. » Vous ne devez po nt dit - il , «donner au public une feenc de » converfion qui f.ifle difeourir a- » vec malignité ; la vraye pieté ne » demande point ces démonftia- » tions , il fuftir de taire deux cho- » fes , l'une eft de ne donner au- »cun mauvais exemple. L'autre » eft de faire fans affectation & fans » éclat , rout ce que le lincerc » amour de Dieu demande. » Les extrémités font de votre » goût : une entière magnificence » peut feule contenter votre deli- » catefTe gc vorre hauteur rafinée. » Une îîmpliciré auftere eft un au- » tre rafinemenr d'an our propre , « alors on ne renonce à la gran- » deur que par une manière écla- » tante d'y renoncer. Le milieu » eft infuporrable à l'orgueil.. ..un » extérieur modéré vous coûtera » bien davantage au fond de votre ES SÇAVANS, » cœur. Toutes les e\rr " ir/s mc- » me en bien , ont leur aflccîa- » tion rafinée. C'eit vraifembl 'Hcmenr à la mê- me perfonne que M de FcneJon d-voile dans les termes que nous allons rapj orter les fobleftes que la plupart de ceux qui recherchent l'érarde perfection, nourniTent en eux fans les y appercevoir. » Ma » chere fille fouffrez que je vous •> reprefenre ce qu'il me femble » que Dieu veut que je vous met- » te d.vant les yeux. Le fond que, » vous avez nourri dans votre » cœur depuis l'entance , en vous » trompant vous-même , eft un a- » mour propre effréné & dcgihfc » fous l'apparence d'une délica- » telle & d'une générofité héroï- » que : c'eft un goût de Roman » dont perfonne ne vous a mon- » tré l'illufion , vous l'aviés dans le » monde , & vous l'avez porté » jufques dans les chofes les plus „ pieufes. Je vous trouve toujours j, un goût pour l'efprii , pour les „ choies gracieufes & pour la dé- „ licateffe profane , qui me fait ,, peur.... Vous êtes d'un excellent „ conleil pour les autres , mus }, pour vous-même les moindres ,, bagatelles vous furmontent:vouS „ n'êtes occupée que de la crainte „ de faire des fautes ou du dépit „ d'en avoir tait ; vous vous les „grolîîfT's par un excès de viva- „ cité d'imagination , & c'eft tou- ,, jours quelque rien qui vous ré- „ duit au defcfpoir ....Vous Vou- ,, di (Z ton ours vous oublier vous }} même pour vous donner ux «autres, j u i l i: J, sutres l mais cet oubli tend à t, vous faire l'idole & de vous- ,, même , & de tous ceux pour qui t, vous paroilîcz vous oublier. Voi- )y là le fonds d'idolâtrie de votis- „ même que Dieu veut arracher. „ Que vos lectures Se vos oni- S) fons foient (Impies : que l'efp- it „ cherche moins, 8c que le cœur ., fe livre davantage. Tout ce qui „ paroît remplir votre efprit ne fait }, que l'enfler, vous croyez nourrir ,, votre zele Se vous nourrirez )t votre hauteur. ...défiez -vous de t, votre efprit. Défiez • vous des „ grands raifonneurs , ils feront ' ', toujours un piège pour vous , „ èc vous feront plus de mal que „ vous ne fçauriez leur faire de t, bien. Ils languiflent autour des „ queftions , Si ne parviennent ja- }) mais à la feience de la vérité.... .,> Ils font comme les Conquerans „ qui ravagent le merade fans le t> pofleder. Portrait de U MeleJJe. ;,Lamole(Te eft une langueur 7, de l'ame qui l'engourdit , Se qui #> lui ôte toute vie pour le .bien. ,y Une homme livré à la molcffc l} n'eft pas un homme , c'eft une t) demi-fcmme..„C'eft le parefleux 51 de l'Ecriture qui veut 8c ne veut }) pas ; qui veut de loin ce qu'il zl faut vouloir , mais à qui les ! mains tombent de langueur des ,, qu'il regarde 1: travail de près. „ Que faire d'un tel homme , il () n'eft bon à rien : les affaires l'en- . nuient, la Ic&ure férieufe le fa- jHii. ET, 1740. 405 „ rigue -, le fervice d'armée trou- „ bief;, s plaifirs , l'affiduiré même „ à la cour le gêne. Il faudroit » lui faire pafler fa vie fur un lie •» de repos. Travaille r-il ? Les mo- » mens lui paroiflent des heures : » s'amufe-t il ? Les heures ne lui » lonr plus que des momens ; tout » fon tems lui échape , il ne fçait » ce qu'il en fait : il le laifle cou- » 1er comme l'eau fous les ponts. « Demandés lui ce qu'il a fait de fa " matinée : il n'en fçait rien ; car il » a vécu fans fonger s'il vivoit. Il » a dormi le plutard qu'il a pu f » s'eft habillé fort lentement , a » parlé au premier venu êc taie » plusieurs tours dans fa chambre : » le dîner eft venu : i'après dînéc »» fe palfera comme le matin , Se » toute la vie comm? cette jour- » née... Il ne faudroit que de l'or- » gueil pour ne pouvoir fe fuppor- » ter foi-même dans un état 11 m- » digne d'un homme. De la Simplicité. » La (Implicite eft une droiture » de l'ame qui retranche tout rc- » tour inutile fur elle-même 8c fur »» fes aclions. Elle eft différente de » la (înecrité. La fincerité eft une » vertu au-deflous de Ja (Implicite. » On voit beaucoup de gens qui » font finceres fins être (impies. » La (implicite confîfte en un » jufte milieu , où l'on n'eft ni dif- » (ïpé ni trop compofé ■ l'ame n'eft >» point entraînée par l'extérieur , » en forte qu'elle re puiffe plus fai- » rc les réflexions nccnTaires , mai*. Fff 4io JOURNAL D » au (11 clic retr.-r.chc les retours fur »foi , qu'un amour propre inquiet » jaloux de fa propre excellence » multiplie à l'infini Cette liberté » d'aine qui voir immédiatement •» devant elle, pendant qu'elle max- » che , mais qui ne perd point « fon tems à raifonner fur les pas , » à les étudier , à regarder fans » cclTe ceux qu'elle a déjà faits. , * eft la véritable (Implicites » ' 'i e perfonnt pleine de défauts » qui n'en veut cacher aucun , qui » ne cherche jamais à éblouir , qui » n'affecte jamais, ni talens, ni ver- » tu, ni bonne grâce, qui paroît ne » fonger pas plus à elle même qu'à "autrui , qui fcmble avoir perdu le » moi dont on eft Ci jaloux , & qui » eft comme étrangère à l'égard de v foi-même , eft une perfonne qui » plaît infiniment malgré fes dé- jà iauts. » La (implicite confifte à n'avoir » point de mauvaifes hontes ni de j» fauftes modefties , non plus que » d'oftentations, de complaifances » vaines & d'attentions inquiètes » fur foi-même. Quand la. pcnlee » vient d'en parler par vanité , il »n'y a qu'à laitier tomber tout «court ce viin retour fur foi. >» Quand au contraire on a la pen- »fée d'en parler pour quelque bc- » foin > c'eft alors qu'il ne fait m point trop raifonner , il n'y a qu'à »> aller droit au but. Mais que pen- » fera-t on de moi ! on croira que » je me vente fort ment ! mais je m me rendrai fufpecE en parlant li- » brement fut mon propre inte- "•rêt. Toutes ces lefléiions in- ES SÇAVANS, » quieres ne méritent pas de nous » occuper un feul moment Par* » Ions généreufement & timple- » nient de r.ous comme d'autrui. o Mais communément le plus » fimple & le plus fur , eft de ne » parler ïamais de foi , ni en bien » ni en mal fans b foin. L'amour » propre aime mieux les injures »que l'oubli cV le Glencc. » Quand on ne peut s'empêcher » de mal parler de foi , on eft bien » prêt de fe raccommoder avec » foi-même : comme les amans in- » fenfés qui font prêts à recommen- » cer leurs Jolies lorfqu'ils paroît » lent dans le plus horrible defef- » poir contre la perfonne dont ils » font pallionnés. Les Lettres que nous venons de parcourir nous meneroient bien lo;n encore , fi nous ne concl- uons que le plaifir qu'on trouve à fe les rappeller. Miis les bornes preferiptes à nos Extraits nous ar- rêtent Nous ajouterons feulement ici un portrait qui femble tait ex- près pour y être inféré. On y trou- ve dépeint ,. avec une extrême dé- licatefle , le caraéterc d'efprit ré- pandu dans les Ecrits de M. de Fenelon. Voici comment s'expri- me le célèbre Académicien Au- teur de ce Portrait. (*) » La vérité que M. de Fenelon » repréfenre , il la rend aimable , «■il perluade & contre l'ordinaire » on eft ravi d'être convaincu ; cm (*) M. l'Abbé Houttevitle, dans fon Difcours Hiitor. Si l_r.ii-,. de- . ge notre délicateiTcjCvqui ne nous « fait obéir qu'à nous-mêmes , il »> doute avec nous , il nous fait rai- »> fonner avec lui pour éclaircir *> nos doutes. Ce que nous au- T ," 1740; 41 1 ■» rions peine à .comprendre d'a- » bord ou ce que nous corn- » prendrions imparfaitement ; il a » des fecrets pour le faire paner » par tant d'images , que nous » voyons l'objet , & toutes les » faces de l'objet. Avec lui, on » ne fent prefque plus fes propres «bornes; je ne fçai comment et » fcmble nour donner de fon ef- » prit pour étendre le nôtre : H » n'étale point fes connoiflances t » il en fait part ; il ne veut que » nous inftruire , & s'il fe peut s'ef- «faccr aufli-tô: de notre efpric DISSERTATION , DANS LAQUELLE ON EXAMINE LES preuves fur lefcjuelles le R. P. B. établit le P affale de l'Air de la rejpira*> tion dans le Sang , & oie l'on prouve que cet Air ne peut s'introduire Pa- t-on mangé , tout naturellement au contraire on avale cette même fa- live , Se on l'avale en quantité pouf détremper la malle des alimens , pour en avancer la macération Se pour achever ainfi l'ouvrage de la digeftion j la confequence eft facile à tirer , il faut néceflairemenr que ceux qui font dans les derniers cas, c'eft-à-dire , ceux qui a caufe de là: plénitude de leur eftomach avalent ainfi leur falive foient attaques de la contagion , lorfque ceux qui font à jeun s'y dérobent , puif- qu'ileft clair que la falive doit être infectée dé l'air contagieux , .& que les premiers , comme, nous l'avons dit, l'avalent en quantité _, tandis que les autres ne l'avalent point : mais ce n'eft pas par cette unique raifon que ceux qui abordent dans les lieux contagieux avec un eftomaéh chargé d'alirr.cns rifquenf de payer au prix de leur yie une 4'tf JOURNAL D pareille imprudence : quand on accable lHlonvch d'ahmens , de forte que fa force ne puifle fuffire à leurcoction, quand fur tout ces ali- mens font par eux-mêmes purref- cens ( tels font les chairs des ani- maux &: fpécîalemcnt les chairs graffes , telles fonc encore parmi les fubftances végétales celles qui ont peu de fel effentiel . ou dont le fel tend à l'aie difation ) alors il eft naturel qu'une indigeftion pu- tride punifle prefqu'auili tôt c rre intempérance .: le péril feroit fans doute , par cela feul , allez grand t fans qu'il fut accru de celui de la contagion , m :is qu'arrive-r-il mal- heuteufement dans cette firuanon ? c'eft que le miafmc contagieux par la vertu concodtive qu'il a 5c par la grande affinité qu'il trouve dans les particules put ides } fruit de l'indigeftion ; confomme la pu- tréfaction de ces mêmes parties Se les tourne en une fubftan.ee d'u- ne malignité parfaitement égale à la fienne , de forte que nous ne fommes plus environnés fimple- ment du petit extérieur de la con- tagion , mais que le loyer de l'in- fection même fe nouve tranfporté dans notre fein ; comment pour- rions nous ne point fuccomber ? telles font donc les vraies railbns pour lefquclles ceux qui s'?ppro- chent des lieux infectés , fur tout s'ils ont porté l'intempérance juf- qu'au point que nou> l'avons dit , font fi fort expofes aux coups de la contagion > tandis quêtant d'autres s'en fauvent , ils avalent en grande g unicité la fauve néceflauemenc ia: ES SÇAVANS, fecî e : & â lu le p >.fbn akia fntroduit poftedant au fou n la force de fc ir.ulnpl.ei (e multiplie en effet a ce une promp- titude extrême par h difpofitton qu'd trouve d-ns les parties déjà atteintes d'un mouvement de pu- tréfaction ; c'eft âinfi qu'un peu de levain , tourne en levai i de même cîpece toute la malfe de h pâte la- quelle on le mêle. Drbns cepen* dant que parmi ces intempérans , il en elt un affes grand nombre qui non-feulement peuvent, mais mô- me qui doivent échaper au fort des autres i en e^et il eft impoffi- ble que dans plufieurs d'entr'eux l'indigeftion ne fe tourne en acide, ex' alors mJIe fois plus heureux qu'.ls ne méritent de 1 être , ils trouvent d.:ns le vice même de leur digeftion le préfervatif le plus puitfint contre le venin de la conra- giore.car on feait qu'il r'eft point de frein fi paillant pour contenir la ma- ligne activité des parties putrides & pour arrêter leur propagation , que les fubftances ou l'acide domi- ne. Ce que nous difons ici s'accor- de avec la conduite qu'ont fuivie pour leur propre fureté les Méde- cins les plus éclairés. DiamerBroeK n'enti oit jamais dans les Hôpitaux infectés qu'après avoir pris la pré- caution d'avaler une cuillerée de bon vinaigre, on connoît d'ailleurs les heureux fuccès du vinaigre thé- riacal & du fameux vinaigre des rrois voleurs. Il nous refte à expliquer pour- quoi le feu de la contagion s éten- dant fui- coac un pays , l'infection néanmoins J U I L L E •néanmoins n'eft pas univerfelle : i;ar enfin il faut bien quoiqu'on fafle avaler fa falive & fe nourrir d'alimens pénétres par l'air qui eft infecté: mais ceux qui concluraient de là pour l'univerialné de l'infec- rion , outre qu'ils iroient contre la vérité du fait , n'auroient pas alfés réfléchi fur les différentes reflources que la nature & l'art fourniflent contré la contagion , dès qu'il eft vrai qu'elle ne peut pénétrer juf- qu'à nous que par la voye de la déglutition. D'abord il eft conftant que ceux qui font nés avec un courage fer- me peu fufceptible de ces teneurs qui abattent le principe vital , Se qui répandent une langueur mor- telle fur toutes les fonctions : Que ceux encore que la nature a pour- vus d'un éftomach fort &c vigou- reux , chez qui la coetion des ali- mens fe fait d'une manière aufll prompte que facile , ou chez qui du moins l'indigeftion ne fe foui- ne jamais qu'en acide ; il eft clair , dis-je , que ceux-là font plus à l'a- bri de la contagion par le fcul bien- fait de la nature ; le principe vital oui fe foutient dans toute fa vi- gueur fe détend contre les atteintes du miafme contagieux , la digel- tion prompte iv aifée ne Jaifte pas au venin le tems de fe mêler aux alimens en affez grande quantité pour les infecter-, &: fi la digeftion tourne en acide , il y trouve un correctif contre fa malignité : Pat les raifons contraires , ceux qui ont l'ame foiblc & craintive , qui .ont un éftomach lent , foible , 7ml. T ; i 740." , 4»7 parefleux & tellement difpoie qu'u- ne indigeftion putride s'empare or- dinairement de leurs alimens ., ceux-là certainement ont plus à craindre de la contagion : c'eft ce qu'on comprend afTez par ce que nous avons dit , mais s'ils fçavent fagement tourner à leur profit , Se leur timidité même , & leur foi- ble complexion , ils trouveront dans les précautions que la Phyfî- que enfeigne , & que l'Art pref- crit des reflources aflurées pour vivre impunément au milieu mê- me de la plus cruelle contagion. En premier lieu , ils auront foin de ne manger jamais que dans des lieux purifiés par le feu d'un bois neuf, ou par les fumigations d'hui- le eflentielles & aromatiques , ou de liqueurs acides. En fécond lieu ils ne fe nourriront quedes alimens cuits à feu ouvert : la raifon de cette précaution eft affez connue des Phyficiens qui fçavent que la coction eft ce qui s'oppofe le plus à la putréfaction ; & que fi quel- que chofe peut diflïper les particu- les conragieufes, c'eft fur-tout l'ac- tivité d'un feu ouvert. En rioifié- me lieu , ils choifîront pour leur nourriture des alimens de la plus prompte digeftion , & fur-tout des alimens acefeens > & ils trouveront dans cette précaution un double avantage ; les alimens feront moins long-tems expofés à la contagion du miafme peftilcntiel , Se fa ma- lignité fera puiflamment reprimée par la qualité des fucs acefeens , qui de toutes les fubftances fonc le plus antiputrides tn quatrième Gg S 4i 8 JOURNAL D lic.i , il? feront fur-tou: exti Jme- tr>r,;z fe/bres dans leurs Tepas , la raifon cie ce précepte eft palpable par-tout ce que i < us venons de dire. En cinquième lieu , ils ufc- Tont j avec fagciTc des liqueurs acides , mais non ardentes , parce cjue celles-ci font fébrifigues, èc fa vorifent par-là le feu de la conta- gion qu'elles répriment d'ailleurs par leur acidité. Enfin à ces pré- cautions que les connoifTanccsPhy- liques fuggerent , ils ajouteront celles que les fages Médecins ont preferites confequemment aux ob- servations , & on peut affurcr que s'ils font fidèles à ces maximes , ils auront peu à craindre , lors même qu'ils vivront dans les lieux les plus empeftés : Une double raifon fufTiroit pour les raffuret : il feroit difficile qu'avec ces précautions , ils avalafîent quelque particule du miafme contagieux : s'il leur arri- voit , malgré tout d'en avaler , ce poifon trouveroit fon correctif dans le caractère des alimens & des ES SÇAVANS, boiflons , Se des antidotes dont if ufcroienr.Kous ne poufferons point ces réflexions plus loin ; notre but a été uniquement dans cette differ- rarion de raffurer contre les vainc! terreurs de la contagion en expo- fant au vrai les voyes qui lui fonc ouvertes , s'il eft certain que l'air de la refpiration ne parte pofric dans le fang , & que la contagion ne puifle parvenir jufqu'à nous que par la voye de la digeftion , il fuitnéceflairemcnt de tout ce que nous avons dit que ceux qui vivent dans les lieux infectés ont leur fore entre leurs mains : que par confé- quent rien ne peut autorifer ces folles craintes qui refroidiitent la charité, qui intimident le de- voir, qui éloignent le fecours des- maiades , qui portent le trouble dans toutes les fondions de la fo- cieté civile, enfin qui en abattent le principe vital , appellent le pé- ril même qu'on veut éviter , ou caufent des maux encore plus à craindre que la contagion même. LA RELIGION CHRETIENNE, PROVVE'E PARLES FAITS. Par M. F Abbé Houtteville de l'Académie Erançoife. Troifiéme & der- nier Livre , oit Ion détruit les difficultezgénérales cju: les Déifles oppofent aux véritez de l'Evangile , av:c une Dtjfert.'.tiox fur les faux principes des incrédules. Nouvelle Edition. A Paris , rué S. Jacq. chez G. En- fuis , & P. G. le Msrcicr , Imprimeur de la Ville , au Livre d'or : 1740. 3. vol. in - 40. Tom. I. pag. jpo. dont ^ pour la Préface, &; 148 pour le Difcours Hiftorique & Critique. Tom. II. pag. 57-. Tom. III. pag. 379. dont 48. pour la Table dès matières. MOnsieuR l'Abbé H. avant grâce d'autant plus jufte , que fi que de rapporter les difrîcul- on la lui avoir accordée , il n'au- tes , que les incrédules allèguent roit pas effuyé une partie des re- montre la Religion , demande une proches^qu'on lui a faits fur la pre- JUIL micrc édition de cette dernière par- tie de fon Ouvrage.» Il demande ■•donc, plus encore pour 1 intérêt »de la vérité que pour le fien.qu'on » ne décide fur ce qui va fuivre , » qu'après avoir lu férieufement » tout ce qui précède; nul Ouvrage » de rationnement n'eft folidc dit- ■w il , qu'autant qu'il a cette unité, » qui le rend tout entier , fimple » & indivifible C'eft le tiflu » qui fait le véritable efprit d'un » livre , & c'eft cet efprit répan- >» du par-tout , qui concilie , qui » éclaire , qui unit toutes les par- » ties pour en faire un tout régulier; » car il eft impoflible de dire toutes » chofes en chaque endroit ; par »» cette méthode qui ferait moins » une méthode qu'une conluiïon » perpétuelle, un Ecrivain tombe- » roit dans des redites qui par leur » nombre , l'accableraient bien- -» tôt lui même , & le lecleur tout » enfemble. Comme dans cet Extrait auflà- bien que dans les deux que nous avons déjà donnés , notre deffein n'eft que de parler des additions confidérables dont l'Auteur a enri- chi cette nouvelle édition , nous remarquerons , qu'en répondant à à la première difficulté de l'incré- dulité fondée fur l'incertitude , que i'éloignement où nous fommes des tems de l'Evangile , répand fur les faits quiy font contenus.il expofe le fyftême de M. Craig , célèbre Ma- thématicien Anglois , qui s'eft ima- giné de trouver par le calcul , en quelle quantité Géométrique dé- croît la certitude des faits à pro- L E T j i 7 4 o. 4 ï y portion , qu'ils s'éloignent de leur fource. Or il réfulre de fes fupwta- tions , que dans i 500 ans d'ici U certitude des faits de l'Evangile ne fera pas même égale à celle , qui réfulte du témoignage d'un hom- me feul , c'eft-à-dire , qu'elle fera prefque égale à zéro. D'où il con- clut , qu'il n'y aura plus alors de foi fur la terre ; Se par confequent que félon la parole de J. C. la fin du monde arrivera , &c qu'ainh la durée du monde ne devoir plus ê- tre que de quinze fiécles. Mon- fieur l'Abbé H. fait fentir l'abus que ce fçavant a fait des Mathéma- tiques,en tranfportant les principes qui lui font propres à des matières qui lui font étrangères , & montre que l'Hiftoire & la Critique ont leurs preuves d'un autre genre, mais dont la certitude équivaut cepen- dant à celle des Géomètres. Mais venons aux deux nouvelles difficultés , qui ont été^propofées à l'Auteur , & qu'on l'a prié de ré- foudre. La première qui dans l'ou- vrage eft la quatrième , eft établie furl'impoflibilité qu'il y auroit eu que les Juifs eufîcnt méconnu J.C. fuppofe que les Miracles arrivés fé- lon les Evangeiiftes au tems de fa nai(Tancc,&: dans les premières an- nées de fa vie eulTent été véritables. Comment , difent les incrédules , la nailTance miraculeufe de S. Jean- Baptifte , l'apparition des Anges aux Pafteurs , celle d'une Etoile aux Mages , l'adoration de ces mê- mes Mages , la Prophétie du faint Vieillard Simeon , les cruelles frayeurs d'Herode , èVc. comment GS8'J 420 JOURNAL D ces prodiccs de Ton enfonce turent-ils oublies au point , que lorfqu'âgé de 30 ans , il ouvre là carrière de fa Million , les Juits fe dtmandoitnt , fi ce n'ctoii pas ce Charpentier fils de A'iarte , & s'ils n'avoient pas rît parmi eux fes frè- res & fesjœurs ; » Ces prodiges ne » font donc apparemment qu'une » fidion des Apôtres , qui pour » donner quelque éclat à leur mai- » tre , l'ont fait pour ainfi dire , »jouer avec les Miracles dès fon 3> enfance. Il montre que quelque impofan- te , que paroifte cette objection , ce n'eft cependant qu'un Paralogif- mc fonde fur un principe fi faux , que nulle dialectique ne permet de l'employer. Ce principe cft , qu'un fait prouvé d'ailleurs n'eu: pas vrai , "parce qu'il n 'a pas eu les fuites, qu'il fcmblc , que naturellement il de- voit avoir. Il faut bien diftinguer les fuites de néceflîté d'avec les fui- tes de convenance, les premières font tellcmentliéesavec un fait,que fi elles manquent , elles entraînent néccllairement la faufteté de ce fait ; mais il n'en cft pas de mê- me des fuites de convenance ; com- me elles ne lui font point cfiennc-I- ics, ce fait peut abfolument fubhl- ter fans elles. Notre Auteur appli- que enfuite ce raifonnement à cha- cun des prodiges qui fignalcrent la naiftance de J. C. Quoique n. ,- conftans il prouve qu'eu égard à la difpofition , où les Juifs étoient a- lors , &fur-rout les principaux de la nation, ces prodiges n'ont pas dû nécelîaire nient le faire reconnoître ES SÇAVANS, pour le Meflïc, lorfqu'il commença l'exercice de fa Million ; d'où il fuie que fi la Religion doit avoir pour objet des chofes certaines , il n'eft pas nécdTàire qu'elles foient tou- jours vraifemblables ; & que quoi- que nous devions erre pleinement alTurés des faits que nous croyons , il n'eft pas néceflairc , que ces faits foient toujours liés aux circonstan- ces que nous fouhairerionsytrouver. La deuxième difficulté que l'Au- teur a ajoutée ici à celles , qu'il a- voit déjà réfolues dans fa première édition,roulefurrautontédivinedu miniftere public , & fur l'infaillibi- lité de la Synagogue au temps de J. C On ne pouvoit , & on ne peut encore aujourd'hui dit l'in- crédule, contefter la décifion d'un Tribunal dont les Arrêts en fa t de doctrine , croient infaillibles &c di- vins. Ceux de la Sinagogue jouif- foient de ce privilège , donc il fai- loit y déférer en tout ; or la Sina- gogue a condamné J. C. donc il donnoit en fa faveur une faufte in- terprétation aux Prophètes, donc il n'eft pas le Chrift promis , donc enfin la Religion Chrétienne por- te dans fes principe, mêmes celui de fa propre deftruclion. M. H. convient, que cette dif- ficulté eft du nombre de celles qui ne manquent prefque jamais de faire impreifion , parce que le faux y eft caché fous les dehors du vrai , ou ce qui eft plus feduifint , parce que le faux y eft confondu avec le vrai même. Il entreprend donc de les démêler & d'en rendre le difeernement aifé aux yeux de. J u îa multitude. Et pour le méthode , il examine d'abord en quoi confiftoit l'infaillibilité de la Sinagogue , 3c jufqu'où elle s'éten- doit ; il montre qu'on ne peut la mettre en parallèle avec celle, qui eft promife à l'Eglife ; pour y fup- pofer quelque égalité entre elles , il faudroit que dans nos principes la néceiîité d'une Eglife vifible fut établie , non fur ce que Dieu ne donne aux (impies , que ce moyen pour s'affurer de la vérité , mais fur l'impoifibilité de leur en fournir un autre , quel qu'il foit. Or il faut que le Deifte avoue , que Dieu n'eft pas aftraint à faire connoître fes volontés par telle voye plutôt que par telle autre ; & quand mê- me l'idée que nous avons de fa puiilànce ne le décideroit pas , on en trouveroit la preuve dans la manière dont il a gouverné le monde fous la Loi de nature , fous la Loi de Moïfe , & enfin fous la Loi de Grâce. Comme dans ces trois états les Loix ont été diffé- rentes , auffi fous chacun d'eux le moyen de difeerner ces Loix a été différent. D'où il conclut , que vainement on nous oppofe , que la Synagogue a décidé contre J.C. que l'obje&ion feroit raifonnable, fi la Synagogue avoit eu des pre- meifes d'une éternelle indéfecïibi- lïté'; fi dans fon déclin il n'y avoit pas eu pour les fimples un autre moyen extérieur & fur pour éclai- rer leurs doutes -, s'il n'y avoit pas eu un autre guide vifible , qui pût les préferver de l'erreur , s'il n'y avoit pas eu une autotiré certaine, I L L E T, 1740.' 42 1 faire avec prédite , attendue , ôc prefente enfin à qui il falloit céder & qu'on ne pouvoit contredire fans refiftçr a l'évidence , celle de J- Ç. c'eft-à-dire , celle de la vé- rité même , qui s'étoit rendue fen- fible au milieu des hommes. Il faut voir encore ce que notre Auteur a ajouté , pour fortifier la réponfe qu'il donne à la 1 jme diffi- culté , fondée fur ce que la vérité des faits produits en faveur de l'E- vangile a moins d'évidence que n'en a la prétendue abfurdité des dogmes qu'il propofe à notre foi. Nous avons encore remarqué dans cette 3,nc partie plufieurs autres augmentations en tout genre. Mais fur-tout fur des points" de critique & d'érudition , tant facrée que Prophane , dont la le&ute ne peut être que très-inftru&ive , & fur lefquels nous infifterions avec plailîr , fi les bornes d'un extrait nous permettoient d'entrer dans un fi long détail. Nous nous prelTons de venir à la DilTertation fur les faux princi- pes des incrédules. Morceau entiè- rement neuf, par lequel l'Auteur finit cette nouvelle Edition , & dans lequel il examine les divers Syftêmes , que les incrédules op- pofent à la Religion Chrétienne. "Jufqu'a prefènt je m'étois , » dit-il , renfermé dans la feule » queftion de foit , car au fond » c'eft toujours à ce point , qu'il » en faut revenir , c'eft - là qu'eft » le vrai nœud de la controverfe ; » le refte n'eft qu'allongement , » écart & fuperfluité. J e veux bien 422 JOURNAL D » cependant fortir une fois de la >■> méthode que je m'étois prefcri- •> te , Se par la m accommoder à » un certain ordre d'efprits,le plus » rebelle de tous , & le plus diffi- » cile à réduire ; ce font ces pré- » tendus Métaphysiciens , cette » efpece fuperbe de méditatifs , » qui dédaignant toute critique , » toute feience de faits, toute au- » torité , fe flattent de ne marcher » qu'a la lumière des démonftra- " tions. ... « Il entreprend de leur montrer, » que de toutes les voies " où ils s'engagent pour nous fuir, » il n'y en a pas une qui ne le ter- » mine à l'erreur la plus évidente , » Se qui n'aboutiiïe enfin à la con- " tradiclion la plus fenhble. Mais comme tous ces Syftêmes n'ont entre eux aucune liaiion , il efpere que par cette railon, on n'e- xigera pas qu'il en mette beaucoup dans tout ce qu'il dit pour les combattre. D'abord M. l'Ab. H. rappelle les incrédules à un principe dont on ne peut contefter la vérité. Or ce principe eft qu'on ne doit juger que lur des idées claires , & lors- qu'il v a une évidente proportion entre la faculté qui juge en nous, & l'objet dont elle juge. Or cette proportion le trouve-t-elle entre les Myfteres de la Religion , Se un efprit eflentiellement borné , tel qu'eft celui de l'homme; Sur quel fondement donc juge-t-il que nos myfteres font abiurdes , parce qu'ils font incompréheniibles , &c qu'il n'en peut (onder toutes les profondeurs ? Ce qui paroit faux ES SÇAVANS, à l'homme , quand il juge de ce qui ne lui eft pas clairement &e di- llinctement connu, ne peut-il pas être vrai aux yeux de Dieu, qui conno'it tout l'objet, &; tous les rapports que renferment les pro- prietez de l'objet ? Donc le mépris que l'incrédule fait de nos myfte- res ne vient, que de ce qu'il oublie dans uneoccalion himportante,un principe, dont il fait ulage en tou- te autre matière , où il ne fe permet de juger, que de ce qu'il voit. Non content de l'évidence des motifs , qui prefïènt de fe foû- mettre aux dogmes,qui eft la feule qu'il doit demander , il voudroit encore voir avec l'évidence le fond des dogmes mêmes , Se les comprendre diftinétement , au lieu de le croire avec la foùmilîîon qui eft due a l'autorité infaillible qui les attefte. Les hommes font foibîes, mais en mêmes tems ils font raifonna- bles. Comme faibles , ils font prefque tous incapables de difeer- ner même les véritez , qui les in- terenait le plus. Mais auiîi corn- me raifonnables , ils tentent que fur-tout en matière de Religion , il feroit infenfe d'abandonner au hazard le choix de leurs fentimens. » Or de toutes les Religions nulle » n'a eu d'égard a ces deux carade- »res enfemble , quoique tous » deux réunis dans l'homme. Ou » elles ont voulu lui faire chercher » & trouver la vérité par de longs » examens , comme s'il n'eut pas » été foible , ou elles ont vouh< le » conduire par une autorité defii- J U I L L ?> tiïée de preuves , comme s'il j> n'eût pas été raisonnable. La feu- le Religion Chrétienne s'eft pro- portionnée tout enlemble à nos lu- mières & à nos ténèbres , à la di- gnité de notre être & à fon infir- mité. D'un côté fi Dieu n'a pas fou- rnis fes dogmes à nos recherches , de l'autre , il en a garanti la divi- nité par d'innombrables prodiges. Mais , réplique l'incrédule , les preuves de l'autorité divine de J.C. ne font pas évidentes. Pour juger fi des faits naturels tels que la mort de Céfar font arrivés , on a des ré- gies fûres. En a- t- on de même pour les évenemens extraordinai- res , tels que les miracles , com- me par exemple celui de la Refur- rection de Lazare ; Ainfi la Reli- gion que l'évidence ne démontre pas , eft donc encore à notre égard defhtuée dés preuves mêmes de l'autorité. M. l'Ab. H. montre que rien n'eft plus frivole , que la diftinc- tion entre les miracles & les évene- mens naturels , quant à la certitu- de du fait. La différence- du prin- cipe dont ils partent ne détruit point ce qu'ils ont de commun ; & ce qu'ils ont de commun , c'eft que les preuves de leur certitude ou de leur faulleté, lont ioûmifes à l'évi- dence , Cv aux loix ordinaires du raifonnement.. Les régies de criti- que dent je fais ufage pour m'aflu- rer des conquêtes de Céfar font les mêmes , que j'employe pour me convaincre de la relurredtioa de Lazare. Mais , difent certains Philofo- E T , 1740. 42 ? phes , Dieu ne peut exiger de l'homme,que ce que l'homme peut lui donner ; or malgré tous nos efforts les preuves de la Religion n'ont pu encore nous toucher • nous fommes donc excufables de ne pas les croire ; c'eft donc a tort, qu'on nous reproche notre incré- dulité ; des qu'elle eft involontaire elle eft innocente , & les hommes font injuftes de nous refufer une indulgence , que Dieu lui-même accorde aux méprifes d'une con- science errante. M. l'Ab. H. prétend avec raifort, que cette impofîibilité de croire eft imaginaire. Elle ne pourroit être réelle , que lorfqu'il s'agiroic de croire ce qui eft démontré faux ; mais il n'en eft pas ainfi de ce qui n'étant pas évident par foi-même, n'eft qu'au-delîus du lens humain ; la fagefîe infinie peut exiger avec juftice une pareille foûmilfion , d'autant plus, qu'elle ne vous obli- ge de croire que fur une autorité, qui elle - même vous fournit les preuves claires & confiantes , qu'elle eft infaillible. Notre Auteur étend beaucoup ce raifonnement ; il y jette même du pathétique , ainfi que dans plu- sieurs endroits de cette Dilferta- tion , qui par cette raifon a beau- coup moins de fechereffe & d'air de Dialectique , que ce titre ne fembloit le promettre, & conclut que ni la bonne foi qui fe trompe, ni la confidence qui égare, neju-~ ftifient point l'erreur , quand elle n'eft pas la fuite d'une ignorance invincible ; en établiftant une fois 424 JOURNAL D le principe contraire , toute di- ftinction entre la vérité &lafaul- feté feroit anéantie , Se même en- tre les vices & les vertus. D'ail- leurs pour qu'un homme fut en droit de dire , qu'il lui eft impolîï- ble d'être perfuadé des preuves de laReligion, il feroit neceftàire qu'il put dire, qu'il a approfondi toutes ces preuves. Mais » cet examen , » dit-il, qui l'a fait , Se qui ne croit " pas , je défie qu'on le nomme, « ou qu'il fe prelente. D'autres veulent réduire tout le Chriftianifme à la (impie régie des mœurs. Qu'importe , difent-ils, de croire les Myftéres de l'Evangile , pourvu qu'on en iuive la morale? C'eft à quiconque aime Dieu, c'eft à la charité que le Ciel eft promis, c'eft donc a cet unique point que la Religion fe borne , le refte n'eft qu'une matière inutile de contro- verfes & de raifonnemens inter- minables. Mais la morale de l'Evangile, amli que l'es dogmes a fouvent les profondeurs Se les obfcuritez -, qui eft-ce qui les dévoilera , qui eft- ce qui les expliquera , ii chaque homme en particulier s'en arroge le droit ? La régie des mœurs dé- pendra donc des caprices , des paillons , Se des intérêts des hom- mes , Se il n'y aura ni folies ni extravagances qu'on ne puille ju- ftifier , par ce principe commode de bien vivre , comme fi de bien croire n'en étoit pas l'unique fon- dement ? Les incrédules infiftent encore , & difent qu'il fufHt d'aimer Dieu , ES SÇAVANS, de s'unir à lui , que cette maxime comprend tout , Se qu'elle eft avouée de tous. Mais , répond le lçavant Apologifte , qu'eft - ce qu'aimer Dieu ; n'eft- ce pas l'ai- mer , tel qu'il a voulu le faire con- noîtreà nous, Se par ce qu'il nous a révélé de fa nature Se de fes vo- lontez? Qu'eft-ce que s'unir à lui? n'eft-ce pas fe conformer aux ré- gies qu'il nous a preferites , Se fe foûmettre aux véritez qu'il nous a découvertes ? Ne pas croire ce qu'il révèle, Se toutefois prétendre l'aimer , eft donc le comble de l'ablurdité. Il faut voir dans l'Auteur même la manière dont il combat une au- tre efpece d'incrédules , qui pré- tendent qu'au milieu de cette grande diverlité de fentimens, qui régnent parmi une infinité de Sec- taires , qui reconnoiflant tous les mêmes Ecritures , lont cependant divilés fur les principaux articles de la Religion , il leur eft impoflî- ble de fe déterminer , Se qu'ainfi il leur fufHt de croire les Myftéres d'une manière vague Se implicite , Se de réduire toute leur foi à la foumilîion générale au vrai lens des Ecritures , tel que Dieu le connoît , & qu'ils elperent de le connoitre un jour. Il ne fait pas moins bieu voir l'il- luhon de ceux,qui foûtiennent que toutes les Religions , Se en parti- culier la Religion Chrétienne, doi- vent leur origine à la politique des Souverains «Se des Légiflateurs. " On compteroit , dit-il . l'infi. » ni plutôt que les paradoxes , les » abiurditez t JUILLE « abfiirdltez , les ignorances mê- « me donc ils appuyent cecce opi- » nion. Eft-ce donc , continu: t-d., » que cour eft permis en attaquant » la Religion , que dans ce genre » de controyede, il ne s'agit point »de raiionner , & qu'enfin l'on (e- « croit quitte de tout , pourvu » qu'on érige en fait pofitif la plus «frivole conjecture ; s'il en eft " ainfi , taifons-nous : jamais nous " n'épuiferons les folles penfées , " qui peuvent monter au cœur de " l'homme. Cependant , ajout; t- «» il, il faut vous répondre, puifque " nous avons commencé de vous " entendre. Il foûtient donc i°. qu'il feroit facile de faire voir que la racine , dont les faullès Religions mêmes font toutes forties eft l'idée ineffa- çable d'un être parfait > & la forte, autant que naturelle conviction de fa providence -, mais pour fe renfermer dans le Chriftianifme , il prouve fort au long , que de lui imputer d'être né de la politique , c'eft ne fçavoir ni ce que c'eft que Chriftianifme , ni ce que c'eft que politique. Quelques - uns , pour trancher par la racine toutes ces grandes difficultez , qui agitent les hom- mes fur le choix d'une Religion , veulent nous obliger à convenir , que tous les cultes , fans excepter le nôtre , n'ont d'autre fource , que l'orgueil , & que prétendre , que Dieu exige de nous quelque Acte de Religion ou de foi , c'eft connoître auflî peu la nature de notre propre être, que celle de l'E- jhU. 44? T , * 7 4 o. tre Suprême. Pour répondre à cette objection, il s'agit d'examiner iî indépendam- ment de l'infinie difproportion , qui eft entre le Créateur & la créa- ture , Dieu a daigné faire paît aux hommes de fa volonté fur eux. Or la révélation eft invinciblement prouvée par les miracles innom- brables , que les Chrétiens rap- portent en témoignage que Dieu leur a parlé , donc on ne doit & on ne peut plus écouter aucun ar- gument contre l'exiftence aâuelle de la Religion. De-la panant à la neceffité du culte intérieur & ex- térieur , il prouve, qu'elle eft éga- lement fondée fur la nature de Dieu & fur celle même de l'hom- me ; mais c'eft un raifonnemenc qu'il faut voir dans l'Auteur même & dont un fimple extrait ne pour- roit faire fentir toute la force, ainû que de la plupart de ceux que l'Auteur employé dans cette Dif- fertation. Cependant , répliquent les Déi- fies , fi Dieu , comme vous l'aflu- rez , avoit voulu manifefter fa vo- lonté aux hommes , il la leur au- roit fait connoître à tous égale- ment. Il fe feroit annoncé lui-mê- me & le même dans tous les tems comme dans tous les lieux ; or , fans entrer dans de plus grands détails , combien de fiécles fe font écoulés avant que la Religion Chrétienne fe foit établie , com- bien de peuples nombreux fê (ont éteints , qu'elle n'a point éclairés. » Pourquoi cette diftinction entre " des êtres également fortis de /i Hhh 4$4 JOURNAL D » nain ; Eft-ce qu'il adroit pour « ks uns un amour qu'il refoferoit j> aux aune» ? Il font donc en cou- «dure, qu'il n'abaiiîè pas les re- » gards jusqu'à nos frivoles lenri- » mens , & que toute? les Reli- >■> gions n'ont leur fource que » dans l'orgueil de l'homme, qui » ne craint pas de s'impofer de «pénibles devoirs, poutvû qu'il » en puilFe conclurre , que Dieu » s'occupe allez de lui, pour les lui «preicri e. M. l'Ab. H. répond, qnecet ar- gument peut être rétorqué contre les Déifies. Un Athée pourroit di- re, que s'il y avoir un Dieu , toutes fès créatures feroient également heureufes , & que le mal phy/îque feroit inconnu , paice que la Sou- veraine puilîance ne feroit pas ce que la louveraine bonté ne fçau- roit permettre. J'entens votre réponfë, reprend notre Auteur , vous diriez a l'A- thée , je ne connois pas tous les deffèins de Dieu , & l'ignorance où je fuis de les voyes , ne me peut être une raifon de les condamner. Il m'eft évident qu'elles ne fçau- roient être qu'infiniment rages , quoiqu'elles me foient incompré- henfibles. Au furpliis les biens , qu'il répand fur les uns avec pro^ fufion , ne lui font pas une Loi rkaureufe , qu'il s'impofe, pont en faire aux autres la même lirgelTe; des qu'il eft bon à tous, il eft librede l'être à divers degrez ; en failanr a ceux-là plus de grâces , il n'eft point injufte pour ceux-ci; & pour ce qui regarde les maux phylique? ES SÇWANS, dont les hommes font affligés , il Içait en tirer une plus grande abondance de biens pour eux , & de gloire pour lui. Ainli le Déifie fe trouve réfute par les propres principes ; notre Auteur ajoute d'ailleurs , que s'il y a eu des Nations où la foi de l'E- vangile n'ait pas été portée , elles n'ont point été abandonnées fans refiource ; que comme Dieu ne commande point l'impoffible, auffi qu'il n'impute point aux hommes l'ignorance de ce qu'ils n'ont pu eonnoître; qu'au défaut de la Loi révélée , les peuples a qui elle n'a point été annoncée , portent une Loi naturelle écrite dans leurs cœurs ; & que c'eft pw elle , que Dieu jugera fans grâce & dans la rigueur de fa juftice,ceuxqui n'ont point connu d'autre Loi. » Il eft » vrai , dit il , qu'il auroit pu faire » d'avantage pour ce grand nom- » bre de peuples , & les éclairer » comme nous des lumières de la » révélation ; il e(t vrai encore , « qu'il ne l'a point voulu , » mais il a voirlu- tour ce qu'il fal- «loitpout n'être point chargé de "•leur perte. « Par conféquent dès qu'il y a d'autres I.oix données a ceux- qui ne- connoifient point la révélation , de ce qu'elle n'efr pas univerfelle , on ne peut en con- clure que ceux qui l'ont reçue , ne loient point dans l'indifpeufa- ble obligation- de la lui vie. Enfin li' l'on demande à notre Aureur , d'où vient , maigre la multitude Se la certitude des preu- ves , qui établirent la Religion J U I L L Chrétienne , qu'on fait tant de vains errorts , pour en contefter, la vérité , il répond nettement que la fource de ces oppotitions eft le défaut de lincerité des contradic- teurs. Il les prie de lui pardonner ce reproche ; mais la force de la vérité le lui arrache ; on a pu voir jufqu'ici , dit-il , où j'ai porté les égards dans le cours de ma dii pu- te avec eux , & je ne voudrais pas, quand je la finis , démentir ce ca- ractère de modération ; .nais je trahirois, ajoûte-t-il , la eau le que je foûtiens , je trahirois les incré- dules mêmes. Il prouve donc, que l'infidélité ne commence pas d'abord en eux par une évidente conviction de lafauf- lêté du Chriitianifme , & que tous lui ieroient fidèles , s'il ne préten- dit foûmettre que l'efprit, fans ET, 1740. 447 rien entreprendre fur la liberté du cœur,maiscecœur qui fe lent gêné dans tous lès penchans , entraîne infenfiblement l'efprk dans là ré- volte , & le ferme aux démonftra- ftrations les plus fortes & aux té- moignages les plus authentiques. Nous ne pouvons nous empêcher de dire, en finifîàut cet Extrait, que l'Auteur n'a rien oubliépourrallèm- bler dans le cours de Ion Ouvrage tout ce qu'il y a de plus confiant dans les témoignages Se de plus fort dans les démonftrations qu'or* peut apporter en faveur de la Re- ligion , ôc qu'il y a lieu de croire que ceux qui le liront avec une volonté fincére d'en profiter , f trouveront la lumière & cette heu- reufe tranquillité d'efprit , qui eik toujours la recompenîe de la droi- ture & de la (implicite du cceuc Hnhij 4-tg JOURNAL DES SCAVANS PAR A LLF LE DES ROMAINS ET DES FRANC \OIS r par rapjort au Gouvernement. A Paris , chez Didot , Quaides Augu- flins , pics le Tor.t S. Michel, a la Bible d'or. 1740. deux Volumes in- .2. le premier pp. 346. le fécond pp. 569. ON trouve à la tête de cet Ouvrage une Préface , dans laquelle l'Auteur expole en peu de mots Ton deflein. Après avoir fait quelques reflexions , fur les grands avantages que chaque particulier retire de la Société politique dans laquelle il vit , il obierve judicieu- fèment que li toi» les hommes étoient raiforuiables , chaque ci- toyen regarderoit le bien public comme le lien propre , qu'il pré- viendroit les Loix , Se qu'il fe fer- viroit à lui-même de Magistrats. Mais il s'en fiut bien que ce foie par la raifon que la plupart des gens fe conduifent , il a donc été neceiïaire,que ceux qui font char- gés de gouverner les autres , trou- vaient l'art de faire fervir au bien général, la folie même & leséga- remens des particuliers. » L'Hi- » (foire, dit notre Auteur „ feroit » d'un grand fecours pour fè per- » fedtionner dans cet art , fi elle » avoir été écrite par des Philofo- » phes qui enflent développé les » reflôrts qui font mouvoir lalocie- » té & qui y entretiennent la vie y. » mais quel que ioit d'ailleurs le » mérite des Hiftoriens anciens &c » modernes, faute de s'être élevés » au-deflus des préjugez de la » Nation dont ils parlent , ou ■ foit qu'ils ayent cru qu'ils de- » voient ne mettre lous les yeux, » qu'un tableau des fiécles partes , » leurs Ouvrages égarent louvent »» les Lecteurs au lieu de les in- » flruire , ou du moins ne leur » offrent qu'un fpe&acle inutile. » On <ê charge de dates & de noms » propres, <5c l'on s'accoûtnme a ne «regarder les évenemens qui ont » changé a tant de reprîtes la face » du monde , que comme des jeux » & des caprices de la fortune. » C'eft a la Philolophie qu'il ap- » partient d'éclairer l'Hiftoire ,. » mais elle ne peut agir avec trop » de circonfpeétion , il faut qu'el- le fe défie de fes forces , & toù- » jours des preftiges de l'imagina- » tion : toujours efclave de l'ex- » perience , elle ne doit que mé- » diter les faits , & ce n'eft qu'avec » leur lecours qu'elle peut re- » monter julques aux principes » fondamentaux Je la Société , 8c » aux véritez qui lui font utiles. « C'elt avec ces vues , pourfuit r> notre Aittew , que j'ai entrepris » l'examen de l'Hittoiie des Ro- umains cV: des François. J'ai mis » ces deux peuples en parallèle. » J'ai cru que cette méthode ren- » droit mon Ouvrage plus interef- » lant ; j-'ai cru même qu'il me » conduiroit plus furcment a la vé- » rite en me donnant occafion de » confiderer la Société dans des cir- » confiances toutes différentes. J U I L L E ■j» J'examine les Rcmains 8c les » François au dedans &: au dehors: » ce plan embrallè tctit ce que les « Législateurs eux-mêmes le font « propofés en donnant des Loix » a une Nation. Ainfi dans ma » première Partie je tâche de dé- » couvrir les maximes que je crois » les plus certaines pour la tran- >' quillité & le bonheur do dedans » d'un Etat : & dans la féconde » Partie , je fais mes efforts pour vpé^étrer les canfes,qui le rendent » redoutable au dehors. Tout l'Ouvrage eft partagé en fix Livres , trois pour la première Partie & trois pour la féconde. La méthode de l'Auteur confifte à fui- vre l'Hifloire de fiécle en iiécle , ôc à rappeller les principaux évene- mens de l'Hiftoire Romaine & de l'Hiftoire de France , à peu - près dans l'ordre dans lequel ils le lont paires. Il eft vrai .néanmoins qu'il ne s'eft pas attaché il fcrupuleufe- ment à cette méthode qu'il ne s'en écarte quelquefois quand les que- ftions qu'il examine le demandent. Il ne fe borne pas non plus telle- ment à l'Hiftoire Romaine ' & à l'Hiftoire de France qu'il ne fafle quelques excurhons dans l'Hiftoi- re des Peuples avec qui lesRomains & les François ont eu affaire. PREMIERE PARTIE. Livre premier. Vers le commencement de Ion premier Livre l'Auteur examine quelle eft la meilleure forme de T , 1740. 44$> gouvernement. Il ne veut pas qu'on décide abfolument que tel gouvernement , en tous Pays, en tous tems , en toutes circcnftan- ces eft le meilleur. Il forment que la bonté d'un gouvernement n'eft jamais que relative , & que les différentes conjonctures dans lei- quelles le trouve une Nation, ren- dent préférable pour cette Nation, quelquefois l'Etat Démocratique , quelquefois l'Ariftocratique, quel- quefois le Monarchique , cv quel- quefois le gouvernement mixte r car , par exemple , un Etat d'une grande étendue ne doit point avoir les mêmes principes de gouverne- ment , qu'un Etat qui le borne à une feule Ville & à fon territoire: L'un & "l'autre ont des beioins diffèrens , dans tous les deux let hommes ont des vues , des pâf- lîons différentes. Cette maxime eft d'un grand ufage pour notre Au- teur , c'eft pour lui un principe fur lequel il fonde tout fan Syftê- me politique. Elle lui fert à déter- miner le terme où les Romains & les François dévoient arriver, pour avoir un Gouvernement également fage , quoiqu'établi fur des princi- pes diffèrens. LesRomaims obéirent d'abord à des Rois : mais quoique le Gouvernement Monarchique ait par fa nature plufieurs avanta- ges fur les autres efpeces de Gou- vernement , il étoit vicieux par rapport: à la fituation des Ro- mains ; cette police n'eft point faite pour un peuple pauvre & qui n'a qu'une Ville. Les François, en entrant dans les Gaules , obéif- 4ïo JOURNAL D foient auTî à des Rois, mais ces Rois n'étaient que les premiers M.ijiltrats de la République, Gou- vernement vicieux dans les princi- pes de l'Auteur qui examine dans quelles circonftances il eft avanta- geux pour un peuple, de conlerver là liberté , ou de reconno'.tre un Suprême Législateur-, les Romains, félon lui , croient dans le premier cas , & les François le trouvoienc dans le cas oppofé. De ces réflexions qui font ac- compagnées de beaucoup de ai- fonnemens & de preuves , l'Au- teur tire des conléquences qui dé- veloppent fon Syftême , il approu- ve tout ce qui conduit les Romains à la liberté , Se tout ce qui établit chez les François un ponvoir ab- folu. L'exil des Tarquins fait place à l'Ariltocratie ; ce Gouvernement qui étoit méprifé des anciens, & qui , félon l'Auteur , ne fait que multiplier les abus de la Monar- chie , ne pouvoir fublifter avec les préjugez que Brutus avoit donnés aux Romains. Ce peuple a qui fon E>remier Coniul avoit perfuadé,que e peuple étoit le maître des Loix, mais qui s'apperçut qu'il demeu- roit fous la puilfance des Nobles , fe fouleva contre la Noblclle. La création des Tribuns changea la forme du Gouvernement, le peu- ple partagea avec le Sénat la fu~ prème puitïance. Cette forme de Gouvernement croit fort vicieufe. Cette autorité ainli partagée étoit contraire aux premiers principes de la politique qui ne veut qu'un feul premier ES .S ÇA VANS, mobile daps la Société. Il en na- qu'tdes divilions perpétuelles dans la République. Cette ag tation da la Nobielle & du peuple qui pou- voie les perdre , grâce a des cir- conftances particulières dont 1 Au- teur fait DU grand détail , fut utile aux Romains , elle perfection ta leur Gouvernement. Le peuple , qui devenoit de jour eu jour plus puisant , loùrnit la Nloblelfe , ou plutôt le peuple s'éleva allez, pour qu'il n'y eût plus de diftindtion en- tre la Noblelfe & lui. Tout Ci- toyen entra au Sénat & paivint à la Magittrature. Le Gouvernement fut une Démocratie , mais tempé- rée , comme le dit l'Auteur apics Polybe , par l'Ariltocratie & la Monarchie qui lui otoient tous les défauts. Ce Gouvernement eft toujours , ielon notre Auteur , (ans difficulté le plus iage que puille avoir un peuple, qui le trouve dans des cir- conitauces qui lui vendent la liber- té utile , parce que ralTemblanc tous les avantages des trois polices les plus connues , il n'a aucun de leurs 'défauts. Mais les circonftan- ces ne lont pas toujours également favorables a 1 etablillement du Gouvernement Mixte , des que ce Gouvernement n'eft pas le plus parfait , il eft le plus vicieux , Se ce lont les circonftances dans lefquel- les une Nation fe trouve qui en décident. L'Auteur , après avoir fait voir les obftacles qui s oppoibient au propres du Gouvernement lous les Rois Mérovingiens , vient a l'exa- J U I L L men du règne de Charlemagne. Ce Prince , par le retablilfement du champs de Mars , fous le nom de Parlement , forma un Gouver- nement ^ny?0-A/ plus cruelles divifions. Leur va- fte Monarchie plus puilïànte que l'Empire d'Occident fut démem- brée ; le Prince tomba dans le der- nier abaMèment : enfin la Police «sixte donna ASWDncB au Gouver- nement barbare des Fiefs , dont l'Auteur , à la fin de fon premier Livre , recherche foigaeufement ( ? >.Pag. 9ï. E T , i 74 o. 4;i les défauts. Au commencement du fécond Livre , l'Auteur nous peint Rome triomphante & maîtreilè des Rois & la France déchue de fa grandeur Se dont la Capitale le lofaient à peine , contre les -entreprifes des Seigneurs des Places voinnes. L'u- ne cependant , dit l'Auteur , mar- che à fa ruine que hâtent fes vic- toires , & l'autre eft prête à de- venir la Société la plus fage de l'Europe. Les Loix qui avoient fervi à agrandir la République Ro- maine,deviennent incapables de la gouverner après fon agrandhle- ment. La liberté qui convenoità un Etat borné ne peut plus fublîfter avec un Empire immenie, cV la puilïance que pofledoit le corps de la République,doit palier entre les mains d'un feul Citoyen, ii les Ro- mains veulent recouvrer quelque tranquillité. Le Gouvernement des Fiefs me- naçoit ruine de tous cotez , mais la chute devoir procurer autant de biens aux François que la dé- cadence des Loix de la République devoit produire de maux aux Ro- mains. La! Supériorité que la Poli- ce des Fiefs accordoit au Prince , fembloit établir une véritable fub- ordination , mais d'un autre côté l'indépendance dont les valfaux joiiilïoient par le droic des armes urinoir entièrement cette fubordi- nation apparente. Le Prince & fes vallàux n'étoient rapprochés les uns des autres par des Loix hivo- les , que pour être mieux divifés. Avec un Gouvernemenciï vicieux. r)i JOURNAL DE il n'c::>it pas polible que la paix pu: fubûftsr , il devoir régner en France , la mime agitation , qui troubla û" long-rems le» Roma;ns depuis la mort deTarquin. M lis les fuites en dévoie at être bien plus terribles : Il ne falloir pas s'attendre que les François puiTent s'en tenir a de lîmples querelles: Ils dévoient décider leurs ditFerens les armes a la main : il falloit ne- cdlairement que les vantaux dé- truisirent la Royauté pour le ren- dre indépendans , ou que 'le Prince , en ruinant Tes va Taux , ac- quît l'autorité qui lui elt propre dans une fage Monarchie. Après nous avoir tait un por- trait des defordres dont la déca- dence des Loix fut fuivie chez les Romains : l'Auteur nous parle de la ruine des Fiefs, laquelle doit erre attribuée en partie a la politi- que peu éclairée des valTaux , qui n'affermirent point leur liberté fur les mêmes fondemens que les Princes d'Allemagne. Il examine la conduite de plulieurs de nos Rois , il condamne les premiers Capétiens , il donne de grands éloges à Philippe- Augufte , il dé- faprouve S. Louis & le Roi Jean , il entre enfin dans un examen trcs- détaillé du règne de Louis XI. Dès ce règne on découvre que les François vont foire des ptogrcs ra- pides ; il forme en quelque forte , dit l'Auteur , une époque dans no- tre Hiftoire , comme la dictature de Sylla en a- été u îe pour les Ro- mains , &c il ne fut plus douteux que le Gouvernement des deux S S Ç A. V A N S , peuples alloit devenir purement Monarchique. »Li Diûliture perpétuelle ds » Sylla, du notr; A:t:w, fut le «premier rondement de la Mo- » narchie. Souve it ce qu' eft capa* » ble d'erïraysr & d'arrêter le plus » grand courage , paroît facile à »des hommes du 1 génie médio- » cre,aprc-s que l'exemple lesaen- » hardis. Sylla donna, une valls » ambition a cous ceux qui le fui- » virent. Louis XL l'éteignit da îs » les François ; l'un par lbn ufur- » pation découvrit toute la foi- » blelfe de la République , & l'au« » t.e en arrermiirant le Trône de » les fuccefleurs fie lentir toute la » lorce du nouveau Gouverne- » ment. » Tous les Romains voulurent » marcher fur les traces de Sylla. » En France l'indocilité de laNo- » blelfe jetta un dernier éclat dans » la guerre du bien public. L'on » fut d'abord fage par necellîté, Se >» la Noblelïe eniii plus heureufe , » en fuivant fon devoir , fe fit uns » habitule de fon bonheur. Char- ges VIII. & Louis XII. furent » auffi puiilâns que Louis XI. 3c » François I. parvinr à exiger de •> nouveaux impôts fans ailèmbler » les Etats. O.i ne joiiit a Rome » de quelque apparence de liberté, » que parce que aucun Ciroyen » n'éroir encore en érat d'ufurper » la Dictature. Il le forma chaque « jour de nouvelles conjurations , » Se les confiais Q^Lutatius-Catu- »Ius, & M. Emilius-Lépidus après » la mort de Sylla, auroient replon- ge JU I L L E •» gé la République , dans les mal- » heurs donc elle croyoit rauffe- » mène être délivrée , fi l'un ou » l'aurre eut eu quelqu'une des « qualitez de Pompée &; de Célar. Les Guerres Civiles des Ro- mains & des François remplirent la fin du fécond Livre. L'Auteur y fait voir , ce qu'elles ont eu de commun ou de différent , chez ces deux peuples -, Pourquoi elles ont eu auUi des fuccès diftérens. On y voit les cauies de la ruine de la Li- gue. Ce morceau nous offre les portraits des Guifes , de l'Amiral de Coligny , de Catherine de Mé- dicis , d'Alexandre Farnèze & de Henri IV. qui en triomphant de la Ligue , rétablit la paix dans l'Etat. Ce grand Prince alloit affermir le Gouvernement , mais cet Ouvra- ge étoit refervé à lôn'fils.Les guer- res civiles des Romains leurotent leur liberté. L'Auteur confidere la conduite du Sénat & de Ciceron après la mort de Qefar , il en rele- vé les fautes. Le Triumvirat ne fubfifte pas long-tems , & la Ba- taille d'Aétium établit la Monar- chie chez les Romains. ■L'Apologie des Rois Capétiens, par laquelle l'Auteur ouvre le 3"'c Livre eft. une réfutation de plu- sieurs opinions de M. de Boulain- villiers. Après avoir rapporté en peu de mots ce que les anciens ont penfé de la Royauté , l'Au- teur recherche quelle doit être la puiflance du Prince. Les deux in- convéniens les plus redoutables dans les Societez , (ont ladéidbéif- •aance aux Lobe par le défaut d'une T ," '1740. 45-9 autorité fuperieure qui les protè- ge, & l'indifférence du Citoyen pour le bien de l'Etat. Ce dernier malheur efl une fuite du Defpo- tifme , lorlque le Prince , au lieu de fujets , n'a que des efclaves; & l'autre inconvénient eft une fuite de l'Anarchie , qui règne dans tout Etat , où le Prince n'a pas une au- torité qui lui foit propre, & indé- pendante des Loix. Pour remédier à ces deux vices., la politique exige , félon notre Auteur , que la puiflance du Prince s'étende jufqu'au point où elle commenceroic à être Def- porique , & elle eft parvenue à ce degré quand le peuple jouit d'u- ne liberté dont il ne peut abufer : ce milieu, pourfuit toujours notre Auteur , dont j'expofe le fenti- ment dépouillé des preuves & des raifonnemens qui l'accompagnent; ce milieu , dis-je, qui a été géné- ralement ignoré dans les Monar- chies anciennes , & dont il paroît d'abord h difficile de démontrer qu'un Prince, qu'on iuppofe tout- puiflant, ne fe puilfe éloigner, n'eft point une vaine Théorie qu'il foit impoiîible de réduire en pratique. En effet l'Auteur , après avoir peint le caraftere d'Augufte, & fait un parallèle des conjonctures où fe trouvoit Augufte .& Louis XIV. & de l'adminiftration de ces deux Princes , fait voir qu'il ne pouvoir point s'établir dans le Gouvernement des Romains , une barrière contre le Defpotifme , & que leGouvernement Erancois ne peut point dégénérer en Defpotif- Iii a;.\ JOURNAL D ne. Cet endroit eft curieux Se in- rerelïant pour des François , mais il faut le voir dans le Livre même, nous craindrions de le gâter en l'abrégeant, & il eft trop long pour pouvoir être copié ici tout entier. L'Auteur fait enluite la peintu- re des premiers Succefièurs d'Au- gufte ; il le demande pourquoi l'Empire Romain , ne iouffre pas les mêmes malheurs , que la Mo- narchie Françoife , qui , après la mort de Charlemagne , fe vit par- tagée en mille Souverainetez diffé- rentes , au lieu qu'une Démocra- tie militaire fucceda au Defpotif- me des Empereurs : l'Auteur fait encore un parallèle, de l'âge & du Gouvernement des premiers Ro- mains,avec notre âge ê\' le Gouver- nement prefent de la Monarchie Françoife. Il ne balance point à dé- cider , que le Gouvernement pre- fent des François , eft plus parlait que celui des premiers Romains. Il fait voir que quand lesRomains, auroient eu une police particulière, aufïi-bien alïortie avec les princi- pes fondamentaux de leur Gou- vernement , que l'étoit la police des Spartiates avec leurs Loix,leur Gouvernement ne feroit point en- core auffi fage que celui des Fran- çois ; cet endroit eft encore un de ceux que nous regretons de ne pouvoir prelenter en entier à nos Lecteurs , c'eft une fuite de rai- fonnemens fort ferrés dont il eft impofilble de faire tin Extrait. L'Auteur finit cette première partie par expofer,les changemens oui arrivèrent dans le Gouverne- ES SÇAVANS, ment de l'Empire. Pour n'être plus, les efclaves des Légions, les En pe- reursconièntiiem a fe dépouiller d'une partie de leur autorité : l'u- iage des allocations fut établi, & l'Empire eut deux Empereurs & deux Ccefars ; ce partage de la puif- fance de voit natuiellemtnt con- duire les Empereurs a un partage de leurs Provinces. L'Auteur con- jecture que ces circonftauces , au- roient été favorables a l'établiiTe- ment d'une lage Monarchie , mais félon lui , les irruptions des peu- ples du nord empêchèrent ce bon effet, & l'Empire fut accablé. Apres avoir expolé, avec le plus d'ordre qu'il nous a ecé poffible,les principaux articles du Syftéme po- litique de notre Auteur pour le de- dans d'un Etat , nous allons don- ner quelques échantillons des por- traits & des parallèles , dont il a. enrichi cette première Partie. CaraEîcrc d'Augiifle. » Octave , à qui les Romains" » donnèrent depuis par reconnoif- » f ar.ee le nom d'Augufte, étoit «encore dans fà première jeunefle, -" quand il vintà Rome, pour v re- » cueillir la fuccefïïon de fon père »adoptif. Il avoir autant d'ambi- » non que Caiar, mais ce qui pa- » ro'îtra peut-être un paradoxe à «quelques pedonnes , ilavoiten- »core plus detalens pour gouver- » ner. C'eft un fpectacle alfez fur- » prenant, que de voir conquérir » l'Univers a un homme, .qui n'a « pas le courage de fe trouver à. J U I L î, >une bataille, après avoir affronté ■ avec témérité, de pins grands 'dangers au milieu de Rome. Cet- > te etpece de contradiction dans < le caractère d'Augufte a pendant > long-tems embarrallé tous les i Ecrivains. Dire en errer qu'il fut i tour a tour brave & lâche, ce (è- ■ roit le connoître mal : Augulte ' craignit toujours conftamment i les périls &la mort; fa prudence, i qui dans un jour de combat , le i l.rilloit expofé a l'épée & au dard i de l'ennemi , l'abandonnoit tout > entier à la crainte; mais dans les i autres efpeces de dangers , (a ti- > midité naturelle dilparoifïoit,de- > vaut la foule infinie de reffources > & d'expediens,que lui prodiguoit ' le génie le plus heureufement ■ formé , pour l'intrigue , la politi- ' que & le commandement. » Né avec une ambition , qui ' occunoit toutes fes penfées , il ■ ne fut point partagé par d'au- 1 très pallions , du moins elles 1 obéilloient toutes à celle-là dont r elles fembloient naître. Il prit i fins effort & par l'effet naturel ' d'une lumière fuperieure, toutes 1 les formes qu'exigeoit l'état de les ■ affaires. Il n'avoit aucune des vertus qui font l'honnête hom- i me , il n'avoit aucun des vices > qui le dégradent. Toujours prêt • à fe revêtir de la vertu, ou du vi- ce, que le tems 8c les circonftan- > ces , lui rendoient utiles , il eft tour à tour l'ami & l'ennemi > d'Antoine , de Ciceron , de Lé- > pidus & des Conjurés. Il eft ' cruel fans aimer le lang , s'il cef- E T, 1740. ) 477 » fe de le répandre , ce n'eit ni par » lafikude ni par remord , & il » pardonne, quand il lui eft auifi » utile de pardonner, qu'il auroit » été auparavant dangereux pour » lui , de ne pas punir. Augulle , » qu'on me pardonne cette com- » paraifon , fut en politique ce » que Socrate avoit été en morale; » Ni l'un ni l'autre ne peignit ja- » mais dans fes aétions , ce qu'on » appelle , humeur ou temperam- » ment. Le premier n'étoit attaché » à aucune vertu en particulier ; le » tems leul & les circonftances dé- » ciderent de la politique du fe- » cond , comme ils avoient décidé » du choix des vertus dans Socra- » te : celui-ci prit toujours Te parti » le plus honnête & l'autre le plus » utile. '■> Un homme d'un caractère » auffi odieux du côté du cœur, » mais dont le génie étendu , pé- » nétrant , fécond & jufte for- » moit tous les deffeins, avec d'au- » tant plus de préciiion & d'exac- » titude, que fa timidité, en le dé- » livrant de ces fougues fouvent » trop familières aux grands hom- » mes , l'entvetenoit dans cette » efpece de calme , & de modéra- » tion,(i utiles aux ambitieux, pour » tracer & faire meunr les plus » grands projets ; un homme , » dis-je , de ce caraclere étoit » dans ce tems-là neceffaue au » bonheur des Romains. Ce que » Sylla&Guiar eurent de vertus , » fut précilcmcnt, ce qui fit renaî- » ne dans la République , tous les » maux que leurs vices & ceux du I ii ij Va JOURNAL D » -gouvernement y avoîent déjà «produits. Parce que le premier » ne fut pas auffi ambiteux que « vindicatif, il ouvrit une féconde « fois la barrière aux guerres civi- « les, en abdiquant la Dictature ; » l'humanité & le courage du fe- » cond , ne lui permirent pas de » fuivre les confeils terribles, mais « neceltaires, d'hirtius & de Pan- « fa-, ou de defeendre enfin dans les » détours polirques aufquels Au- » gufte dut fon falut , &c. Parallèle de Vslmiral de Coligny^ de François de Lorraine Dhc de Guife. » Coligny étoit le plus grand •> Capitaine de fon tems ; aufïï 3) courageux que le Duc de Guife, » mais moins hardi , parce qu'il « avoit toujours été moins heu- » reux , il étoit plus propre à for- » mer de grands projets & plus » lagedansle détail de l'exécution. >, Guife , par un courage plus » brillant, & qui étonnoit les en- » nemis , ramenoit les conjonétu- » res à fon génie , & s'en rendoit » pour ainfi dire le maître. Coli- » gny leur obéilïoit , mais en Ca- pitaine qui leur étoit fuperieur. » Dans les mêmes circonftances , » les hommes ordinaires , n'au- » roient remarqué dans la condui- » te de l'un,que du courage,& dans » celle de l'autre , que de la pru- » dence , quoiqu'ils eufTent l'un de » l'autre, ces deux qualitez , mais » dive.\fement fubo'rdonnées. » Guife plus heureux, eut moins ES SÇAVANS, » d'occadons de développer les. » rcllources de Ion génie. Son am- » bition adroite & fondée en ap- » parence comme celle de Pom- » pée , fur les intérêts du Piince ,. » qu'elle ruinoit en feignant de le. «feivir , fe vit appuyée de fon " nom,ji:fou'a ce qu'elle eût acquis » allez de force , pour fe foûtenir " par elle même.. Coligny moins «coupable quoiqu'il le parut ■» davantage , ht comme Ca?far „ » ouvertement la guerre a fon » Prince & a toute la France. Gui- » fe lçut vaincre & profiter de la 11 victoire. Coligny perdit quatre « batailles , & fut toujours l'ef- » froi de les vainqueurs,qu'il lem- j> bloit avoir vaincus. Ou ignore ce. » qu'auroitété le premier dans les. «malheurs qui accableient Coli- » gny , mais il ell aile de conjectu- » rer que celui-ci auroit paru en- » core plus grand , lî la fortune lui. » avoit été auffi favorable. » On le vit partir dans une li- >r tiere , & pour ainfi dire , entre. « les bras de la mort , ordonner » 5c conduire les marches les plus » longues , traverler la France au » milieu de fes ennemis , rendre » par fes confeils le jeune courage. » du Prince de Navarre plus re- » doutable, & le former à ces gran- » des qualitez, qui en dévoient fai- » re un Roi bon, généreux, popu- » laire , & capable de gouverner » l'Europe entière ; après en avoir » fait un Héros fçavant , terrible, w& clément dans les combats. » L'union qu'il maintint, entre les » François, & lesAllemands de fou J U I L L «armée, que l'intérêt delaReli- » gion feule ne lioit pas allez ; la » prudence avec laquelle il fçut » tirer des fecours d'Angleterre, où « tout n'étoit pas tranquille ; Ion » art à ébranler la lenteur des »> Princes d'Allemagne, qui n'aïant » pas tant de génie que lui , defef- » peroient plus aifément du faluc » des Proteftans de France , & dif- » feroient d'envoyer des fecours , » dont l'efpoir du butin ne hâtoit » plus la marche, dans un Pays ra- » vagé , font les chefs-d'œuvre de E T, 1740- 4J7 » /a politique. « Coligny étoit honnête hom- « me , Guile avoit le mafque d'un » plus grand nombre de vertus , » mais toutes étoient empoilon- » nées par Ion ambition ; Il avoit » toutes les qualitez qui gagnent » le cœur de la multitude. Coligny » plus renfermé en foi-même, étoit » eftimé de les ennemis & refpe&é » par les fiens. Il aimoit l'ordre & » la patrie. L'ambition put bien le » foûtenir , mais elle ne le fit point » commencer à agir. GENEALOGIES H I STORIQVES DES MAISONS Souveraines , contenant les Aîaifons qui ont poffedé les différentes par- ties des Royaumes de Bourgogne , & d'Arles ; expofées dans des Cartes Généalogiques & Chronologiques , tirées des meilleurs Auteurs, avec des explications hiftoriques & les Armes différentes de chaque Branche. To- me IV. A Paris , chez Briaffon} rue Saint Jacques , à la Science; C hau- bert ; la Veuve Pijfot , & autres Libraires : 1738. m-^°. pp. j 57. CE Volume eft une fuite ne- ceflaire de celui que nous- avons annoncé dans notre Journal du mois de Juin dernier. Pour bien poiîèder notre Hiftoire , il ne fuffit pas de fçavoir celle de la Maifon Royale , il faut y joindre la connoillance de plufieurs autres Maifons , que les differens chan- gemens arrivés dans la Monar- chie Françoifè ont rendu louverai- nes, & voir , pour ainfi dire , d'un coup d'œil , comment plufieurs grandes Provinces du Royaume en ont été détachées, & par quel- les voyes elles y ont été enfin réu- nies. C'eft ce que M. de C. entre- prend d'expliquer dans ce Volume, Se ce que dans un tems où le mé- rite de fon Livre n'eft plus dou- teux , nous ne craignons pas de dire qu'il a exécuté fort heureufe- ment. Il commence par le Royau- me de Bourgogne fous lequel font comprifes toutes les Provinces renfermées entre le Rhône & les- Alpes , depuis la fource de la Sei- ne jufqu a la Méditerranée. Pour ce qui regarde l'origine des Bourguignons , notre Auteur embrafle le fentiment de M. Du- nod dans fon Hiftoire des Séqua- nois. C'étoit , félon lui , des peu- ples de la Cermanie , qui au com- mencement du jme fiécle , ayant- pafle le Rhin , s'établirent dans les Provinces des Gaules voifines de- 4rS journal d ce I leuve , d'où ils le répandirent iblemenc dans la Vîennoifè, la première Lyonnoiiè , Se la 2°* Narbonnoife. Le Royaume qu'ils y fondèrent ne dura environ que ru ans fous fept Rois , Se foc conquis par les fils de Clovis , qui conservèrent à cet Ecat le titre de Royaume. Mais il le perdit fous les Rois Carlovingiens, Se fut confondu dans le relte de la Monarchie Fran- çoife. Par le partage qu'en firent entr'eux les enfans de Louis le Débonnaire , tout le Pays h" tué entre la Saône , le Rhône jufqu'à la Méditerranée, Se la rivière de Rufs , tomba dans le partage de l'Empereur Lothaire , le refte de l'ancien Royaume de Bourgogne jufqu'a la Saône entra dans celui de Charles le Chauve , Se fut an- nexé a la Couronne de France , dont il fut enfuite détaché, Se il de- vint une Souveraineté particulière, comme l'Auteur le montre dans le fécond Livre. Apres nous y avoir donné l'Hi- ftoire Si la fuite des Ducs de Bour- gogne , il pâlie a celle des Comtes de Dijon , de Sens , d'Autun , de Clîàlons , de Màcon, deNevers , d'Auxerrc , & de Tonnerre , tous compris tous le Duché de Bourgo- gne, Se qui par dirférens évene- mens qui font rapportés ici , fu- rent par fucceffion de tems réunis :i li Couronne. Le Comté de Sens y rentra le premier , Se c'eft dans les anciens Comtes que M. de C. trouve le premier Auteur des Sires de ES SÇAVANS, Cpurtenay, dont Pierre de Fran- ce , fils puîné de Louis le Gros, épouîa l'héritière. Dans le Chapitre qui traite des Comtes de Chalons , on découvre les erreurs dans lefquelles Duchê- ne & le P. Chifflet lui-même, qui avoir voulu redrelTer le premier , font tombés dans la Généalogie , qu'ils nous ont donnée des Com- tes de Chàlons , fucceflèurs du Comte Lambert.On nous fait voir le droit qu'avoicnt a ce Comté Hervé de Donzi , & Sçavaric de Vergi _, fortis l'un Se l'autre de la. Maifon de Semur , mais que le der- nier ayant epoufé l'heririerc de Ver- gi en prit le nom , Se le tranfniit à fa pofterité , ce qui montre clai- rement qu'il y a eu deux Mailbns de Verri , que du Chêne a con- fondues en une. Le partage de l'Empereur Lo- thaire en Bourgogne ta t h matière du rroifïéme Livre. La partie de cet Erat qui échut à Lothaire II. fon fils fut nommée Bourgogne Transjuranc , Se celle qui tomba à Ch ries fon cadet , fut appelléc Bourgogne Cisjurane. Apres la mort de ces deux Princes , qui auf- U-bien que l'Empereur Louis II. leur aîné , ne lailîerent point de pofterité , leur fucceffion fut par- tagée entre Louis le Germanique, Se Charles le Chauve leurs oncles. Celui ci eut h Bourgogne Cisjura- ne , eV l'autre la Bourgogne TranC jurahe. Le Comte Bofon que Char- les le Chauve avoit établi Gou- verneur de Provence profita des trouble* qui fuivircnt la mort de' J U I L L Ce Prince, c*c celle de Louis le Bè- gue fon fils , pour fe rendre indé- pendant , & forma l'an 87^. un nouveau Royaume , connu fous Je nom de Royaume d'Arles. Quelques années après la Bour- gogneTransjurane éprouva unpareil changement. Cet exemple réveil- la l'ambition de Rodolphe qui en étoit gouverneur , de qui félon notre Auteur étoit neveu de Ro- bert le Fort , & fils de Conrad d'Altorf Comte de Paris ; Rodol- phe ayant ufurpé fur les defeendans de Charlemagnc les Provinces ren- fermées dans la Bourgogne Trans- jurane , en forma le Royaume de Bourgogne , auquel fut peu après uni celui d'Arles. Rodolphe III. furnommé le Fai- néant , le dernier de la pofterité mafculme de Rodolphe I. étant mort fans enfans lailfa la Bourgo- gne à l'Empereur Conrad le Sali- que ; elle refta dans fa pofterité , jufqu'à l'Empereur Henri V. qui mourut fans enfans mâles , &c dans lut fut éteinte la M.afonde Franco- nie , & la deuxième Race des Rois de Bourgogne. Ses Etats héréditaires au nom- bre defquels étoit le Royaume de Bourgogne, apparrenoient de plein droit à la Matfon de Souabc , qui defeendoit par femmes de celle de Franconie , mais Lothaire qui fuc- ceda à l'Empereur Henri V. s'en empara, prétendant qu'ils étoient unis à l'Empire, & ils ne rentrè- rent dans la Maifon de Franconie , que par l'élévation de Ftidcac de Souabe à l'Empire. E T , 174 o. 45-9 ,, Ce Prince jugeant qu'il lui fe- „ roit difficile , par les affaires , qui „ l'empcthoient de refider en Bour- „ gogne , de réunir toutes les par- „ tiesque les Comtes , Se les gour- „verneurs avoient ufurpées en ren- ,, dant leurs gouvernemens here- j, ditaires jCrut , que pour en con- „ fèrvcr les débris _, il ne pouvoit „ mieux faire , que de laifTer aux ,, ufurpateurs ce que chacun d'eux ,,avoitpris,à condition de lui rendre ,, hommage , & de lui prêter fer- „ ment de fidélité ce fut-là ,j l'occafîon de tant de Bulles d'or „ données par cet Empereur. L'u- ,, ne des plusfolemnelles eft celle , „ qu'il donna en faveur d'Hera- „ clius de Montboiflîcr , Arche- }J vêque de Lyon , fie frère de Pier- ,, rc le vénérable.. ..par cette Bulle j, il le créa glorieux Exarque du ,, Royaume de Bourgogne , & le ,, le chef ftiprème de fon Confeil , „ en lui donnant pour lui &c pour „ fes fucceffeurs dans l'Archevê- j, ché de Lyon , l'inveftiture de „ tout le corps de la Communauté ,, de cette ville , & tous les droits ,, de Régale dans fon Archevêché ,, en deçà de la Saône. Il faut voir dans l'Auteur com- ment infenfiblementles Empereurs d'Allemagne perdirent toute l'au- torité qu'ils avoient en Bourgogne. Ce qui leur y porta le dernier coup, fut la Sentence d'excom- munication, que le Pape Innocent IV. lança contre Frideric II. dans le Concile de Lyon ; ce Prince y fur déclaré déchu de l'Empire ôc de tous fes Etats. 4 Pr'rent occafion de ces ex- ,, communications , auffi-bien que „ la plupart des Comtes,de ne plus „ reconnoître l'autorité de l'Em- „ pereur , pour fe l'attribuer à eux- „ mêmes. L'Auteur s'étend dans le quattié- meLivre fur IcsComtés principales, qui forrirent des débris du Royau- me de la Bourgogne Transjuranc , 8c comprife dans le diftrid de la petite Bourgogne ou Helvétie. Nous nous contenterons de re- marquer , qu'on y trouvera raffem- blés en plufieurs Cartes les feize Syftcmes difTerens auxquels on peut réduire cette étonnante diverlïté d'opinions , que l'ignorance ou l'a- dulanon ont enfantées fur l'origi- ne des Comtes d'Hapfbourg, donc ia Maifon d'Autriche eft fortie ; il expofe & difeute le fentiment du P. Marquard Herrgott dans fa Généalogie Diplomatique de la Maifon d'Hapfbcurg, Ouvia^e dont nous avons rendu un com- pte crcs-déraillé dans nos Journaux des mois de Mars , Avril & Juin derniers. Monficur de C peu fatisfait des preuves que ce Pcre apporte pour faire remonter l'ori- gine de cette Maifon au Duc Echi- coa ou Adelric , ctoiz qu'on peut ES SÇAVANS ; la rapporter à Gontram le Riche dont le P. Herrgott place la more vers l'an 990. „ On lui donne cora- „ munénunt trois fils dit notre „ Auteut , fçavoir , Landule , ou ,, Lanzelin duquel font defeendus „ les Comtes d'Hapfbourg , Bezi- ,, Ion, ou Gcbhard év Bcrchrilon , „ duquel on a cru jufqu'à préfenc, ,, qu'étoient fortis les Ducs de „ Zeringhen & la Maifon de Ba- ,, de. Mais le P. Herrgott dans fi „ nouvelle Généalogie en retranche ,, ces deux derniers, & prétend que ,, la Maifon de Zeringen , & celle ,,de Bade qui en eft fortie , n'ont „ rien de commun avec celle ,, d'Hapfbourg -, fçavoir , ajoute- ,, t-il , lî des raifons de politique „ n'ont pas quelque part dans ce ,, nouveau changement. Parmi les différentes branches de la Maifon d'Hapfbourg , il compte celle de l'Aunembourg , dont on prétend que font defeendus les Comtes de Denbigh & Defmond du furnom de Felding , qui fubfiftent encore en Angleterre , cv dont il rapporte la Généalogie avec les preuves ti- rées de Dugdal, qu'on peut regar- der ielon lui , comme le Duchcfne d'Angleterre. On trouvera dans le cinquième Livre l'Hiftoire des Comtes de Bourgogne , des Mafons de Châ- lon , & d'Oifelct , ou Oifelay , qui en étoient îffu s; celle des Conrcs de Fertete , & de Montbeiard , des Comtes de Neuchatel , &c. Le Comté de Neuchatel paffa par alliance à différences M allons , & entr'aucres à celles de Iribou.w. De JUIL De cetre dernière il encra dans la Maifon de Bide Hoc'^berg Rodol- phe Marquis d'Hochberg qui fuc- .ceda à fon coulin ,lean Comre de Fnbourg , eut pour luccciTcur Jon fils nommé Philippe , donc la fil- le unique époufa Louis d'Orléans Duc de Longueville , auquel elle apporta la Comté de Neuchitel. Elle avoir une tance nommée Bar- be d'Hochberg, qui époufa Philip- pe Seigneur de Chatelus , de Bafer- rc , de Coulanges , &c Vicomte d'Avalon , pecic fils de Claude de Beauvoir , Seigneur de Chacelus , Maréchal de France. Cette Barbe Hochberg eft la quatrième ayeule de Guillaume- Antone Comte de ChatelusVicomte d'Avalon. L'Au- teur à cecte occafion, nousappruid dans une noce l'origine du privi- lège qu'onc les Seigneurs de Chare- telus d'encrer dans l'Eglife Cathé- drale d'Auxerre ,d'y prendre féan- ce , avec les Chanoines & d'aflîfter aux afTemblées du Chapitre l'épée au côté , revêtus d'un furplis , Se l'AumuiTe fur le bras. Nous n'oublierons pas d'avertir ici que M. de C- a répandu dans fon Ouvrage grand nombre de notes toujours fort inftructives , & quel- quefois extrêmement curieufes. Il eft parlé dans le fixiéme Livre des Seigneurs de la BreiTe, qui étoit partagée entre les fires de Baugé , de C oligni , de Thoire-Villars &C de Montluel , &c. l'Auteur a renfermé dans le fep- tiéme Livre ce qui concerne l'Hif- toire des Comtes d'Albon & de Vient ois, donc Guigue IV. du nom LE T, 1740. 4^1 prit celui de Dauphin,quî pafiaà fa poftenté , fins que les Auteurs ayent pu nous rien dire de certain fur l'origine , ou la vraye fignifica- tion de ce titre ou furnom. On ▼ voit aufli la Généalogie d'Ame- dée fils naturel d'Humbert dernier Dauphin , dont la pofterité fubllf- re encore en Dauphinélous le nom de Viennois. Enfin le huitième & dernier Li- vre roule fur les Maifons de Pro- vence , qui tirent leur origine de celle de Bourgogne ; il eft divile en j Chapitres. Dans le premier l'Auteur traite des Comtes d'Ar- les , dans le fécond des Marquis de Provence , 6c des Comtes Ve- naiiiïns , dans le quatrième du Comté de Forcalquier , qui pafta par alliance dans la Maifon de Sa- bran. A cette occafion l'Auteur donne la Généalogie de cetee illuf- tre Maifon , ôc obfcrve que non- feulement les deux iceurs Garfinde» & Beatrrx de Sabran Forcalquier fu- rent mariées, la cadette à André de Bourgogne Dauphin de Viennois • 6c l'aînée à Alphonfe d'Arragon Comte de Provence ; mais encore que celle ci fut ayeule de quatre Reines , fçavoir , de Margucrit» femme de S. Louis Roi de France , d'Eleonore Reine d'Anglecerre , de Sancie , mariée à Richard d'An- gleterre Roi des Romains , & de BeatrixComtelTe de Provence , qui époufa Charles de France Comte d'Anjou & Roi de Naples. Dans le quatrième Chapitre font les Vicomtes héréditaires de Mar- feille , & enfin dans le cinquième Kkk 4 afi'au ; il nous en lait mê- me conroîrre une autre qu'on avoir ignorée jufqu'à prêtent , & qu'il appelle Naiïau Corrov ; il lui don- ne pour tige Aie* i<. bâtard c infert.î , cjha ad tto'tuerftm A4a- thefim 3 Phyjicam , Afedicinam , jinutomiam , Chirurgiam , C" lofophiam pertinent ; rieenon Epito- m& fi cjii£. mater ta vel criticis am- madturjiotiibus célébrions. Tom. I. J U I L L mb arnio i é'S ;. aianrmm 16S7. Ve- nctus 1740. in-jf". Ce premier vol, £it dédié à M. Bernardin Zendrini, Mathématicien , & Inlpecteur Général des Eaux qui font dans l'étendue de la domination de la Séréniffiroe République de Vern- ie. Les Pièces , qui font contenues dans ce premier Tome , regardent l'Analyle 3c l'Arithmétique , l'A- rutomie , l'Aftronomie , la Chi- rurgie, la Chimie, la Géographie, la Géométrie , l'Hiftoire naturelle, les Méchaniques , les différentes Machines , la Statique , la Méde- cine , la Méraphyfique , les Mé- téores , l'art de conftruire les Na- vires , l'Optique , la Dioptrique , la Catoptrique , la Phydque : cet Ouvrage , dont l'imprefïion eft très-belle , eft aufîî enrichie de fi- gures bien deflinées &: bien gra- vées. DE PALERME. Il paroît Ici depuis quelque tems un Recueil à'Opufcules Phi- lofophicjues , intitulé : Opafcoli Fi- lofofct del Signor Tommafo Cam- padla Patriz.o Modtcano , Acade- rnico Arcade , de gli Afforditi di Vrbini , &c. in Palermo. 1738. i«-+°. Ce Recueil contient premiè- rement un Difcours de l'Auteur fur les feux qui s'élèvent du Mont Etna, dcll incendie de1 Monte Etna; e corne s'accends. 1". Un autre Dif- cours du même adrelfé a M. Mu- ratori , dont le fujet eft : corne la mente tirnana e dcluja a fentirc dif- correre , e giudicare paz.z.amente. 30. Deux Dialogues contenant des ET, 1740. 40*? Réflexions fur la Phyfique de M. Ne rvton : en voici le titre : Co>,fi- dcrœzioni fopra la Fi/ica de Signor Ifaco N-'rcton , nella fua opéra de Pnncipi di Filofofia Maternât. &c. Dédiés au Sieur D. Nie. di Mar- tino , Profefleur de Mathématique à Naples. Ce Recueil eft terminé par quatre Problèmes , dont nous avons cru devoir rapporter le ti- tre & le fujet en entier : Pro demi Nat lirait Spiegati connuovi p-nfiri fecundo i principi délia Filoftfi* corpufculare del Signor T. Cam-, pailla. 1. Problem de Giorni critici l corne inflmfcono le Stelle. z. Probl. de Morbi Epidemici. 3. Probl. corne s'imprtmono ne* Bambini le note délie Foglie Mater- ne. 4. Probl. délia transformations de gli umori nelleglandole del corp» animale. Porche lo flejfo cibo fa in diverfe fpecie di animal 1 carne di di- verfa Jpecie. Perche h flejfo ciba nell'vorno nutrifte parti fi differenti. Perche fon piu v gorofi } e viriligli animait mtieri y de CafiratL ALLEMAGNE. DE LEIPS ICI. On a donné depuis peu une nouvelle Edition de la Bible Hé- braïque fur celle d'Everard Hooght, & revue de nouveau fur de bons Manufcrits , avec la verfion Lati- ne de Sebaft. Smith ; voici le titre.- Biblia Hebraica fecundum Editit- nem Belgicam Everardi vanHooght, Kkkij 454 JOURNAL DE vollatis aliis lors, note Codiciltts , ur.a cum verfione Latina Sebafl. Schmidii Lipji*. 174° '"-+"• On a réimprimé ici en deux vol. in-S". l'Ouvrage de M. de Leiinuz. qui porte pour titre: Tentarr.ma 7 heo-ticaa de bonitate Dei , libertate homims , & origine mali. ANGLETERRE. de Londres. M. Arthur-Cottins a donné de- puis quelque tems deux Ouvrages: le premier contient , The lift and glo-ious allions of Edward Prince of IV aies commonly calid the lla du Latin en Angluis par Milton. » 40. Parallèle de l'Archevêque » Laud ce du Cardinal Wolley , » par Milton. j°. Légende du Che- » valier Nie. Trockmorcon , Poc- »me Hiftorique éciit par le Che- » valier ThomasTrockn.orton Ion » neveu , le tout accompagné de » notes & de Préraces , « par M. Peck_ , in-40. Le même Auteur a encore pu- blié depuis peu : Memoirs of the Itfe^ and allions of Oliver Crom":el\ &c. c'eft-à-dire : Mémoires de la, ■vie & des allions d Olivier Crom- wel , contenus dans trois Pa>ièié Pi~ card. Et Obfervations fur l aberra- tion des Etoiles fixes faites a ' arir depuis 1 — 38. jitj tjuen 17 4.0 par M. le Monmer. L' Hifloire des Empires & des Ré- publiques , depuis le Déluge ju'qu'i Jefus Chnfl .■ compolée par M. l'Abbé Guyon , dont nous avons annoncé le 5 ' ôc le 6ni" Tomes dans nos Nouvelles du mois de Mai dernier, eft parvenue maintenant julqu'au nombre de 8 vol. Nous avons cru que nous ferions plailir a plulîeurs de nos Ledteurs en leur en retraçant de nouveau la diftri- bution : Les Egyptiens , Tom. I. les Alfytiens , les Médes , 8c les Babyloniens , Tom. II. les Perles, Tc.n. III. Les Macédoniens , pre- mière Part, ou la Vie de Philippe 8c d'Alexandre, Tom. IV. les Ma- cédoniens , z",e partie , ou les Suc- celfeursd'Alexa:idre, Tom. V. Les Ptolomées Rois d'Egypte, To. VI. Lacédémone , irc pa t. 8c Thebes &: Athènes , i™ part. Tous ces Volumes reliés le vendent jo fols pièce. Il doit y en avoir iz ; l'Au- teur les a achevés & travaillés avec foin. Chez Hipolyte - Louis Guerm , a Saint Thomas d'A- quin , rue Saint Jacques ; Jean Vdette , vis-à-v's les Mithurins , à la Croix d'or 8c a S. Bernard ; Se Q\\\ les-Jean-Baptifte Delefpine , à la Victoire & au Palmier , Lierai- J U I L L tes , qui débitent prefentement le jm"& le 6'n<: vol. ils ont mis depuis peu fous la Prellè les Séleucides Rois de Syrie , Tora. VII™£ , les Thraces & les Parthes, T. VIHme; & après ils mettront au jour les fécondes parties des Lacedémo- niens & des Athéniens.. Chaulât , Ofmor.t , Huart 3 & Cloufier ont mis depuis peu en vente le jme vol. de l'Hifioire Lit- téraire de la France , où l'on trai- te de l'origine & du progrès , de la décadence & du retabliifement des Sciences parmi les Gaulois & parmi les François ; du goût Se du Eénie des uns & des autres pour ;s Lettres en chaque fiécle , de leurs anciennes Ecole9 , de l'éta- bliifement des Univerfitez en Fran- ce , des principaux Collèges , des Académies des Sciences & des Belles-Lettres , des meilleurs Bi- bliothèques anciennes 8c moder- nes , des plus célèbres Imprime- ries, 8c de tout ce qui a un rapport particulier à la Littérature , avec les Eloges Hiftoriques des Gau- lois & des François qui s'y font fait quelque réputation , le Cata- logue 8c la Chronologie de leurs Ecrits , des Remarques Hiftori- ques 8c Critiques fur ies princi- paux Ouvrages, le dénombrement des différentes Editions : le tout juftiné par les citations des Au- teurs originaux. Par des Religieux Bénédiâins de la Congrégation de S. Maur. Ce fmc vol. dont nous rendrons inceifamment compte , comprend la fuite du ixme fiécle de l'Eglife jufqu'a la fin : Je 6ne vol. ET, I 7 4 Or 4<7 de cet important Ouvrage eft ac- tuellement ious la Preife. Catalogue des Livres de feit Al. ■ Bellanger , Thréferier Général du Sceau de France. Par G. Martin. Chez Gabriel 8c Claude Ttâhrtm , rue S. Jacq. à l'Etoile : 1740. in-8°„ On a mis à la tête une courte Préface , ou un Avis , où nous ap- prenons , que » ce Catalogue a été imprimé tel que M. Bellanger 0 l'avoit fait faire pour fon ufage > particulier -, il eft extrêmement 1 détaillé, &c même raiibnné ; il 'Contient un choix de Livres fur 1 toutes les matières , bons par eux-mêmes , 8c par leurs Edi- tions , très-bien conditionnés , reliés pour la plupart en maro- quin , ou en veau doré fur tran- che , de la relieure du célèbre Boyer, Relieur du Roi. On n'a point changé l'ordre des Nos ; on a laillé celui dans lequel les Li- vres étoient rangés dans les Ta- blettes ; c'eft pour cette raifon qu'on prie ceux qui donneront des commiffions pour la vente , de marquer exactement les Nos, & d'indiquer auffi les pages du Catalogue. On a ajouté a la fin le Catalogue des Eftampes qui font partie du Cabinet de M. Bellanger. On. y trouvera des Œuvres de grands Maîtres , an- ciens & modernes , François &c étrangers ; un grand nombre de Pièces choides en portraits 8c autres fujets ; l'ancien Cabinet du Roi prefque entier : le tout de bonnes épreuves . & très- proprement recueilli 3 dilpofé & 4*8 JOURNAL DES SÇAVANS, " collé à chafïîs fur du grand pa- » ra chaque Semaine des Lifte» » pier , dans djs Volumes reliés » pour marquer l'ordre des arti- » exprès. Lx vente lera indiquée »cles qui ieronc expoiés chaque » par des affiches , 8c ondifliibue- " jour. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE JOURNAL de Juillet, 17 + 0. LEçons de Thyfîcj'A,: , &c. pag. 5 "7 Hifloire Eccl:(i.i}icj'.if &\ 3 «4 Coutumes des Duché , Bailliage , & Prévôté iOrléttni &c. 397 Œuvr s Spirituelles de M. t: Sali"nac de F 'enelon . &c. 411 Di/fcrtation fw le pa/ptçe de lair d? la refyirat.on dans le fang } &c. 113 La Rdigion Ch'étienne preuve: pw les faits , Sec. 41 S Parallèle d.'s Romains & des François . &c. 448 Généa'ogies Hilor,cj:ies des Afaijons Souveraines , &c. 457 Nouvelles Littéraires t 461 Fin de la Table- L E JOURNAL SÇAVANS, pour L'ANNEE M. D C C. XL. A O U S T. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à Ja Renommée & à la Prudence. M. D C C. XL. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI. LE JOURNAL DES S CAVAN S 5 A O U S T. M. DCC. XL. MEMOIRES POVR SERVIR A L'HISTOIRE DES INSECT. Par Ai. de Riaumur , de l Académie R. des Sciences, de la Soc. R. de Londres & des Acad. de Pewfbowg ,&4el Inft de Bologne, Ctmmand. & Intendant de l'Ordre Royal & Militaire de S Loits. 1 orne V Su.tc de l'Hiftoire des Mouches a d.nv ailes , & ÏHiftoire de plujîrurs M fi- ches a quatre ailes , fçavoir des Mouch°s à feie , des Cigales , & des Abeilles. A Paris , de l'Imprimerie Royale. 17 j.o. /"-40. pp. 72.8. fan» une Préface, planch. déc 38. Et fe vend chez. Lamlert , rueS.aacqK vis-à-vis U rue de U Parcheminerie. Aouft* L 1 I 472 JOURNAL DES SÇAVANS, VO i c i le cinquième volume d'un Ouvrage dont l'objet infiniment curieux par lui-même , le devient encore davantage par la façon dont il cil rempli. M. de Réaumur ne fe contente pas de nous faire voir qu'il y a peu d'ê- tres dans la nature auffî admirables que les Infectes , en nous les fai- fant connoître il les fait agir , il leur prête des vues , nous les fui- vons avec lui dans toutes leurs opé- rations, & ils en deviennent plus in- tereifans pour nous. Nousfommes étonnés de voir des êtres aufquels la plupart des hommes n'accor- ent qu'une demie-vie , pourainfi dire, pourvoir plus habilement que nous à tous leurs differens befoins , & employer à fe loger, à fe nour- rir & à fc perpétuer un art non-fèu- lement fupérieur à celui des hom- mes groffiers , mais que l'induftrie des villes les plus policées ne fçau- roit égaler. Cette induftrie naît avec les Infectes, & la Providence en leur donnant un inftincfl pro- pre à leur confervation , les fournit encore de tous les inftrumcns né- ceffaires pour le mettre en œuvre. Au refte la fagacité avec laquelle M. de R. affujettit à fes Obier va- rions des opérations délicates qui femblent fe dérober aux recher- ches les plus fines, offre un fpec- tacle qui ne fait gueres moins de plaifir que les opérations mêmes. Non-feulement on s'inftruit par fes obfervations , mais on apprend en— : obferver foi - même , & le compte qu»'i.l rend de fes procé- dés ingénieux fuffit pour lui foi- mer des élèves de ceux que leur goût porteroit à cultiver les mê- mes connoiffanecs. Le quatrième volume dont nous avons donné 1 Extrait dans lès Journaux des mois d'Avril , de Juin Se de Novembre dernier , fi- nit par l'Hiftoirc dcsCoufins ; M. de R. obferva alors que pluhcurs Auteurs célèbres avoient confon- du avec ces Infectes les Mouches Tipules qui en effet leur reflcm- blent beaucoup à plufieurs égards , c'eft par l'Hiftoire de ces Mou- ches Tipules que commence le nouveau volume dont nous allons donner l'Extrait. On trouve à la tête une Préface dam laquelle l'Au- teur donne une idée générale des diffetens Mémoires qui compofent ce volume. Le premier Mémoire a pour objet de nous faire connoî- tre les Mouches Tipules ,dans le fécond il eft queftion des Mouches de S. Marc , on y rrouve encore quelques fupplémens au quatrième & au douxiéme Mémoire du qua- trième volume. Ce fécond Mémoi- re termine l'Hiiloire des Mouches à deux aîles : M. de Réaumur commence dans le troihéme , cel- le des Mouches à quarre aîles ;cel- • les qui s'offrent d'abord font les Mouches à Scie aufquellcs M. de R. a donné ce nom , parce que routes les femelles de cette efpece ont un infhument au derrière qui reffenable à une feic. Les Cigales viennent après les Mouches à Scie, elles font le fujet du .quatrième. A O U S T Mémoire \ le cinquième & les fuivans qui font au nombre de huit contiennent l'Hiftoire des A- beillcs Voilà en gros ce qui fait la ma- tière des 13. Mémoires dont ce nouveau volume eft compofé.Nous allons cfTayer d'en donner une idée moins générale. M. de R. dans le précèdent volume à divifé les Mouches en deuxclaflcs générales. La premiere,de celles qui ont deux aîles; lafeconde,de celles qui en ont quatre. Les Obfervations qu'il a faites furies differens organes dont les Mouches fe fervent pour pren- dre leurs alimens , lui ont fourni une féconde divifion des Mouches en quatre clalfes , fçavoir , h pre- mière des Mouches qui ont une trompe, & qui n'ont point de dents , la féconde des Mouches qui ont une bouche fans avoir de dents du moins fenfibles , la troi- fiéme des Mouches qui ont une bouche Se des dents , la quatrième enfin des Mouches qui ont une trompe & des dents. ■ Toutes les Mouches à deux aî- les que l'Auteur a obfervées ap- partiennent aux deux premières de ces claffes, c'eft à-dirc qu'elles ont une trompe ou une bouche , mais qu'elles n'ont point de dents. Ain- fi les Confins, par exemple, ont une trompe fans dents, mais munie de plufieurs aiguillons au lieu que les Mouches Tipules ont une bou- che , & c'eft ce qui fait la diffé- rence des Coudns , aux Tipules ; d'ailleurs ces deux efpeces de Mouches ont une très grande ref- ) '74^ 475 femblance. Elles ont l'une & l'au- tre le corps allongé , leurs jambes font longues , elles les portent de même maniere,la figure de leurs aî- les &la forme de leur corcelet font les mêmes , c'eft ce qui a induit en erreur d'illuftres Obfervateurs qui ont confondu l'une avec l'au- tre. Les Tipules différent donc des Coufins, en ce qu'elles n'ont pas une trompe , mais une bouche Se elles différent des autres Mou- ches qui ont une bouche par la rcffemblance qu'elles ont avec les Coufins, & parce que d'ailleurs leur bouche n'eft pas conformée com- me celle des autres. Au refte les Tipules n'ont pas la même origine que les Coufins. On a vu que ceux- ci ctoient dans leur premier état' des vers aquatiques, l'eau eft pour ainfi dire leur berceau, mais autant elle eft néceffaire à leur conferva- tionlorfqu'ils font fous la forme de vers , autant leur deviendroit-el- le funefte lorfqu'ils prennent celle de Coufins, s'ils n'avoient l'adreffe de quitter leur dépouille fans fe mouiller. M. de R. a obfervé que c'étoit de leur part un tour d'é- quilibre Se de force très-difficile. Les Tipules n'ont pas toutes été des vers aquatiques comme les Coufins , il y en a un grand nom- bre d'cfpeces provenues de vers qui fe font nourris fous terre ou fur des plantes , elles ont toutes de commun d'avoir une bouche, un corps long Se de grandes jam- bes. Quelques unes , qu'on trouve fur-tout dans les prairies pendant l'Automne , furpaflent beaucoup, 474 JOURNAL D les Confins en grandeur , elle font fi haut montées qu'elles fêmblcnt 1 erre fur des écluffes, aulli M. de R. dit-il que leur longues jnnbcs leur fervent à pifter fut les herbes com- me les Echallcs fervent aux h.ibi- tans des pays inondes & maréca- geux , pour marcher dans l'eau 6c dans la Fange. La grande efpece de Tipules n'a rien d'agréable dans les couleurs, leur corps eft d'un gris blanchâtre , leur corcelet qui eft onde par-def- fus y eft de la même couleur , il eft en defious d'une nuance plus claite. Il s'élève d'une manière qui fait paroître l'Infecte boflu. La tê- te qui tient au corcelet par une ef- pece de col très-court eft petite Se couverte en grande partie par deux grands yeux à refeau d'un verd changeant dans lequel on apper- çoit du pourpre mêlé lorfqu'on les regarde en certain fens. M. de R. dit qu'il a inutilement cherché des yeux luTes fur cette tête , il a bien découvert avec une loupe une tu- bercule à l'origine de chaque an- tenne , mais ces tubercules n'ont pas le luifant ordinaire aux yeux liftes. Il ajoute qu'on feroit plus tenté de prendre pour deux yeux de cette efpece deux petits gr.iins arrondis d'un brun prefque noir , mais très - brillans , que la loupe fait appercevoir à chaque côté de la partie antérieure du corcelet , ce feroir à la vérité des yeux placés bien fingulierement , maisd'aurres Infectes , les Faucheurs par exem- ple en ont qui nous doivent parot- £re auifi bizarrement placés. Les ES SÇAVANS, aîles des grandes Tipules quoique tranfpa rentes biffent app-rcevoir une teinte de brun plus forte fur les extrémités év lu ri s grolfes ner- vures , elles font étroites par rap- port à la grandeur de l'Infecte , on n'v découvre point de ces écailles qui ornent le deftus des aîles d-s Coufins ,& qui forment une jolie frange à leurs extrémités , il y a d'autres efpeces de Tipules qui ont des franges , niais il n'y en a point qui ayent d'écailler La grande ef- pece n'a ni frange ni écailles , mais feulement un duvet fur le corcelec &: fur les anneaux qu'on ne décou- vre qu'à la loupe. Elle n'a pas non plus de ces coquilles ou aîlerons qu'on trouve à tant de Mouches à deux aîles, mais elle eft pourvue de deux balanciers ou maillets qu'on apperij'oit fort aifément. Chacun d'eux eft pofé au - defTus d'un très-grand ftigmare vers la partie pofterieure du corcelet. Ces deux ftigmates font fort fenfi- bles , les deux antérieurs le font beaucoup moins , mais cependant on les trouve fans peine quand on fçait que chacun d'eux eft placé au- deffus de l'origine d'une des jam- bes de la première paire , &: qu'il s'étend jufqu'auprcs de l'origine de la jambe fuivante. Les Tipules por- tent deux antennes qui n'ont rien de remarquable que quatre à cinq grands poils placés à l'origine de chaque articulation , du refte les antennes des mâles ne font pas plus brillantes que celles des femel- les , fî ce n'eft dans quelques autres efpeces que la grande. A O U S Toutes les efpeces dcTipules que TAutcur connoît ont été des vers fans jambes & à fête confiante , mais nous avons cbfervé que les uns vivoienr fous rcrre ou iur des plantes , & que les autres étoient aquatiques. La grande efpece de Tipules vient de vers à qui la terre fert de Jo; ement & de nourriture. Toute terre qui n'eft pas fujette à être Trop fréquemment remuée leur eft bonne. On les trouve fur-routdans -celle des prairies baffes Pc humi- des , ils ne font pas quelquefois à un pouce ou deux de fa furface. JA. de R. dit qu'il connoîc dans le Poitou de grands cantons de ma- rais defechés qui en certaines an- nées n'ont pas fourni l'herbe né- «ceflaire pour nourrir les beftiaux à caufe du defordre que ces vers y avoient caufé Dans les mêmes can- tons & dans les mêmes années ils ont fait beaucoup de tort à la ré- colte des bleds-, ces vers ne fe nour- iiftent néanmoins ni des plantes ni de leurs racines , la rcrre eft leur unique aliment & la meilleure pour eux cft celle qui n'eft encore que du terreau. Quelle peut donc être la caufe du dégât qu'ils fontî M. de Réaumur en adopte une qui lui a été indiquée par M. Ba- ron Médecin de Luçon ; ces vers ne demeurent pas tranquiles, ils changent de place ,il labourent la terre qui eft auprès des racines , ils détachent celles ci , les foule- levent & les expofent par- là à être défechées lorfque le folcil devient >aident : Peut-être auffi , ajoute no- T , 1740; 47; tre Auteur j qu'ils en coupent ilu- fieurs pour fe faire des chemins. Quoiqu'il en foit , ces vers avanc que de prendre la forme de mou- ches doivent pafter par celle de nimphes , & c'eft fous tene que fe fait cette première transformation. Le corps du ver étoit lifte , mais celui de la nimphe eft tout hcnlîe de tuberofîtés & de piquans , tous fes anneaux en font garnis ,. mais principalement les pofterieurs , il y en a plus auflï du côté du dos que du côté eu ventre. Ces pi- quans les uns fimples , les autres fourchus font inclinés vers Je der- rière. Ce n'eft pas inutikment que la nimphe en a été revêtue , elle eft fans jambes & il faut néanmoins qu'elle perce , &: qu'elle fouleve la terre lorfque fa métamorphofe en mouche eft prête de fe faire , c'eft à quoi lui fervent fes piquans, elle s'en fert pour s'élever peu à peu jufqu'à ce que fon erreelet foit au deftus de la terre. Alors if fe fend & la Tipule tire fucceffive- ment toutes fes parties de fon fou- reau qu'elle laifîe à moitié engagé dans la terre. Le corps des Tipules femelles fe termine par une pointe écailleu- fe. Elle leur fert pour dépofer leurs œufs en terre. Lorqu'ellcs font prêtes à pondre elles marchent en tenant leur corps droit , la pointe ccailleufe qui eft au bout leur ferc comme un plantoir à un Jardinier, elles font plufieurs trous dans la terre où elles mettent leurs ctufs. Chacun de ces oeufs cft un petit grain- noir comme un grain de poudre 47^ JOURNAL D à canon , mais bien plus luifanr , il eft un peu oblong, Se un peu re- courbé en forme de croilfanr. M. de R. parle enfuite de diffé- rentes efpeces de Tipules plus pe- tites que celles de la grande efpcce dont les vers vivent fur des plan- tes dont ils fe nourrilTent. Le plus fingulicr de tous eft celui qui vit fur l'Agaric du chènejees vers n'ont point de jambes , ils rampent , mais ils ne rampent pas immédia- tement fur l'Agaric , lorfqu'ils fe fixent en un endroit , ils ont foin de fe faire un lit Se de fe conftruire une tente Se lorfqu'ils vont en avant , ils tapilfent le chemin fur lequel ils vont ramper d'une ma- tière femblable à celle dont ils ont formé leur lit. Cette matière eft une liqueur gluante qui fort de la bouche de notre ver , 3c qui n'eft pas comme dans les Limaces une humeur vifqueufe qui s'attache fans defTein aux endroits par où il paf- fe Se les rendent luifans -, il ne faut que voir agir notre ver pour fe convaincre qu'il n'agit pas fans deiïein ; lorqu'il veut repofer en quelque endroit , il fait fortir de fa bouche la liqueur dont nous avons parlé , il l'applique contre un des points de l'endroit qu'il veut enduire , Se retirant enfuite fa tête en arrière , il file cette li- queur gluante , non en un fil dé- lié tel que celui des chenilles ou «les Araignées , mais en une efpece de ruban quelquefois aufli large que de la nompareille. Continuant ainfi de faire fortir à différentes re- ptiles de la liqueur gluante &C de ES SÇAVANS ; l'étendre en lames minces , il par- vient à fe faire une efpece de lit bien lifte , Se alfez grand pour qu'il s'y puifie aifément retourner. Quand il ne veut pas feulement fe repofer dans un endroit , mais y fixer quelque tems fa demeure , il choifît un enfoncement Se tirant des lames d'une figure irrégulicre d'une élévation à l'autre , il le for- me une tente de la même matière qu'il a formé fon lit. Il fe trouve ainfi à couvert fous un roît qui , quoique mince Sctranfparent, fuffît néanmoins pour dérober fon corps aux grandes imprefiîons de l'air qui pourroit en le defféchant lui ôrer une humidité néceftaire à fa confervarion. Lorfqu'il veut fe mettre en marche , il tapifte fon chemin ainfi que nous l'avons dit , il porte fa tête en avant , forme en. la retirant un ruban fur lequel il s'avance £c continue ce manège juf- qu'à ce qu'il juge à propos de s'ar- rêter. M. de R. n'a jamais trouvé plus de huit à 10. de ces vers fur les plus grands Agarics. Ces Aga- rics étoient fains , mais très-humi- des-, de force qu'il y a grande appa- rence, fuivant notre Auteur, que les vers fe nourriffent de l'eau que l'Agaric leur fournit. Cette conjec- ture eft appuyée de l'expérience. Ces vers ont péri fur l'Agaric que M. de Réaumur a laiffé trop deffe- cher , ils ont vécu fur celui qu'il a eu foin de tenir humide. Lorfque ces vers font prêts à (è transformer , ils fe conftruifent une coque de la même liqueur dont ils tapiflcnc leur chemin , mais cette coque A O U S T toque eft moins luifante. La Nim- phe dans laquelle ils fe métamor- phofent cft blanche & fi tendre pue pour la prendre il faut la celer contre un doigt mouillé , on la contrefait autrement. M. de R. nous apprend dans fa Prérace qu'un au- tre ver qu'il ne connoilToit pas lors de Pimpreflion de fon premier Mémoire pouiTe Pindultric encore plus loin que celui dont nous ve- nons de parler. Ce ver fe nourrit de truffes qui pourriflenr. M. le Marquis de Gouverner qui penfe, fuivant notre Auteur, que malgré une trèsrgrande nailTance, que quoi- que pofleûeur de terres très-confi- dérables , on peut vivre fans être dévoré par l'ambition , qu'on peut mener une vie douce & tranquille , celle d'un Philofophe , admirer les productions de la nature , la forcer à étaler fes plus rares beautés dans les jardins qu'on prend plaifir à cultiver foi-même , M. le Marquis de Gouverner^ difons-nous , ayant envoyé des truffes à M. de Réau- mur dans le mauvais état , où il feait que notre Auteur aime à [es voir , M. de Réaumur a découvert dans quelques-unes le ver dont il s'agit. Tl fe fert comme le précèdent d'une liqueur vifqueufe pour fe préparer un chemin , mais il s'en lait un tuyau dans lequel il mar- che enveloppé , prolongeant ce tuyau à mefure qu'il avance. La portion que le corps vient de quit- ter en allant en avant s'affame & devient une lame plate , fi le ver juge à propos de reculer , cette lame reprend la forme cilyndri; AohJI. ï l 7 4°- 477 que , enfin ce tuyau fe lailîe élargir autant qu'il cfl nécefîairc quand le ver veut fe retourner dedans- M. de Réaumur n'a pas vu h mouche dans laquelle ce ver fe transforme mais félon lui 3 l'analogie veut que nous la croyons une Tipule. Nous ne parlerons point de plu- fieurs efpeccs de Tipules qui pro- viennent de vers aquatiques , nous renvoyons au mémoire ceux qui voudront faire connoifiance avec elles. Le fécond mémoire de ce volume contient l'Hiftoire des Mouches de S. Marc , &c quelques fupplé- mens au neuvième &c douzième Mémoires du quatrième volume. Les Mouches de S. Marc ont été ainfi appellées en Poitou & en Touraine où on les a traitées , dit notre Auteur, avec une diftinclion dont elles ne font pas trop dignes, Files -n'ont rien de plus remarqua- bles qu'un grand nombre d'autres efpeces de mouches qu'on n'a pas honorées d'un nom particulier;mais elles paroifTent des premières au pnntems, d'ailleurs il cft probable, fuivant M. de R. qu'il y a eu quel- que année ou vers la fête de la S. Marc, elles ont paru en prodigieufe quantité & qu'elles ont caufé quel- que mal , ou qu'on leur en a at- tribué la caufe. Les payfans qui fe croyent les mieux înitruits pré- tendent qu'elles étoient autrefois comme les Guefpes armées d'un éguillon que S. Marc leur a fait perdre. Ce font des Mouches de grandeur médiocre qui ont une bouche fans dents , mais avec la- M m m 478 JOURNAL D quelle néanmoins elles peuvent exprimer le fuc des bourgeons Se des fleurs qui ne fonc pas épanouies, & peut ctrey eccafionnerun deffe- chemenr qui les fait périr. Nous ne nous ancrerons pas à ces Mou- ches qui n'offrent rien de fingulier non plus que quelques autres peti- tes & communes dont notre Au- teur n'a pas cru devoir biffer igno- rer l'origine quoique peu merveil- lcufe. A l'égard des fupplémcns qui font partie de ce Mémoire , nous n'entretiendrons nos lecteurs que d'un feul qui eft le plus cu- rieux. On a vu dans le douxiéme Mé- moire du précèdent Vl lume que plufieurs Mouches à deux aîles qui ont la forme de Bourdons dc- polent leurs œufs dans l'anus d'un cheval , que d'autres percent la chair de nos grandes bêtes à cor- nes & des cerfs entv'autres , de fc- xnent leurs œufs dans la chair de ces animaux , que de chaque œuf il fort un ver qui hit élever une tumeur dans laquelle il croit & du fond de laquelle il fçait fe conferverune communication avec î'air extérieur. Ces tumeurs font connues des chaffeurs , ils appel- lent Taons les vers dont ils les fça- vent habitées , quelques-uns même penlent que la chute du bois du cerf eft leur ouvrage : M. de Réau- mur.a découvert depuis un ver qui fe loge encore plus (îngulicrement que Jes premiers. Dans le fond de h bouche du Cerf à chaque côté du îarinx, il y a deux bourfes charnues qui femblent n'avou été faites que ES SÇAVANS, pour fervir de berceau à ce Ver 5 c'eft là du moins qu'il naît 6c qu'il croît. Les C erts n'ont pas de ces Vers dans toutes les faiions ; le tems qui précède , Se celui qui fuit de près la chute du bois ,. font ceux où il lui cli le plus ordi- naire d'en avoir. En voilà plus qu'il ne faut pour faire imaginer encore que ces vers ont grande part à la chute du bois des Cerfs , d'autant plus qu'ils ont un avantage qui manque aux vers des rumeurs eeux-ci ont des dents en crochets , , mais M. de R. qui avoit déjà fait voir que les premiers font fort in- nocens de ce dont on les aceufe , prouve que ces derniers n'en font pas plus coupables. Leurs dents qui ne font pas plus dures que la corne Ha cert ne peuvent agir qu'en piochant ; & il leur faudroit d'ail- leurs un rems plus long peut-être que celui de la vie du cerf pour creuier jufqu'au centre une maffe auffi groffe & aufià dure que fon bois. Au relte ceux qui feraient fâ- chés que M.tleR. dérruile cette pré- tendue merveiile^peuvent s'en con- foler par une autre qui n'eft pas moins grande , ck qui eft réelle. Ces Vers doivent leur origine à une mouche qui ferait ou fcmble fçavoir^ dit notre Auteur , que pour perpétuer fon efpece , elle doit entrer dans les narines du cert , cheminer tour le long de fon nés , fe rendre auprès de fon go- îîer , que la fe trouvent deux ca- vités charnues deftmées à loger 8c à nourrir les Vers auxquels elle fe préparc à donner naiiîance , que AOUS T ces Vers parvenus à une grolleur allez considérable fçauront qu'ils doivent abandonner leur cavité charnue , cv que pour lortir du go- fier du cerf , lis fçauront trouver h même route que leur mère a fuivie pour y arriver. Nous voici parvenus au troifié- me Mémoire , l'Auteur commen- ce l'Hiftoire des Mouches à quatre aîles. Celles qu'il offre les premières à notre curiofité font les Mouches à lcies , M. de R. leur a donné ce nom , parce que les femelles de cette efpece portent toutes au der- rière un infiniment femblable à nos feies, mais plus parfait & pluscom- pofé.Ellcs doivent leur origine à un ver que fa reflcmblance avec les Chenilles a fait confondre avec ces Infecles par d'habiles obfervateurs,, c'eft pourquoi l'Auteur lui a don- né le nom de fauffe Chenille : Ce Ver a le corps oblong & couvert d'une peau de la confiftance de cel- le des Chenilles , on voit fur plu- fieurs des couleurs différentes &dif- feremment diftribuces comme fur la peau des Chenilles rafes , enfin leur corps eft porté comme celui desChenillespardes jambes dedeux efpeces différentes , par des jambes écailkufeseV par des jambes membra- neufes. Malgré ces traits derelTcm- blancc il y a une différence très- réelle entre les Chenilles Se les faulTcs Chenilles , elle n'eft pas même difficile à appercevoir lorf- qu'on ne fe contente pas d'un léger examen. Les faillies Chenilles ont bien plus de jambes membraneules que les Chenilles. Les Chenilles , i 7 i ^- 472 qui en font les mieux pourvues n'en ont que dix, les faufles Chenil- les en ont pour le moins ii. il y eu a qui en ont 14. i<5\ je ne Vçai pas , dit M. de R. fi quelques-unes n'en ont pas dix- huit. D'ailleurs kî jambes membraneufes des faufles Chenilles ne font point armées de crochets, comme celles des Chenil- les le font,mais la têtede ceslnfede? eft ce qui lesdiftinguele plus. Tou- tes les huflès Chenilles ont la tére courte & arrondie , les Chenilles l'ont allongée , les faufles Chenil- les n'ont qu'un ceil de chaque côté de la tête , & il eft allez gros pour être diftingué à la vue fimple les Chenilles en onc cinq ou fix ar- rangés fur une portion de cercle plus grande que la moitié , Se on ne les apperçoit gueres , fi on ne les cherche avec la loupe. Les fauf- fes Chenilles d'une certaine efpece font fujettes à une variation de cou- leur très-remarquable, elles chan- gent de peau comme les Chenilles & plufieurs fois, mais à chaque mue leur nouvelle peau eft d'une nou- velle couleur , elles changent d'ha- bit en changeant de peau, on diroiE •même que leur goût pour la parure fe conforme à ce qui convient aux differens âges. Leurs premiers habd- lemens font très-recherchés, ils le font moins enfuite , ils finiflentpar être extrêmement fimples : Il y a des faufles Chenilles que leur dernière mue rend méconnoifla- bles. Telle qui jufqîies-là avoitété rayée ou tachetée de jaune ou de noir ou de quelque autre couleur eft entièrement blanchâtre , après M m m ij ^8o JOURNAL D .voir quitté ià vieille peau. Quel- ques-unes qui avoient le corps couvert d'épines ou de tubercules chargés de poils prennent une der- nière peau qui eft abfolument rafe. Entre ces rauffes Chenilles , il y en a plufieurs qui fe font remarquer par leurs attitudes bizarres en ap- parence. Les unes ont le corps con- tourne en S & tiennent leur der- rière en l'air Se plus élevé que leur tête , d'autres fe roulent en pain de bougie , d'autres fe roulent fim- plemcnt en cercle , une de celles-ci le tient fur le chèvrefeuille & a de particulier que lorfqu'on la prend le matin , elle fait fuinter de peti- tes goûtelettes d'eau de toutes les parties de fon corps. M. de R. conjecture que les trous nécelTai- res pour lailler des ifluës à une par- tie de l'air que l'infecte refpire a font les mêmes qui laiflent fortir l'eau dont les vaifleaux fe trouvent trop remplis. Il a a d'ailleurs , fait voir à l'occalion des chenilles que leur peau étoit criblée de trous def- tinés à laiflcr échapper l'air des petites trachées. Les faufTes chenil- les fe conftruifcnt une coque dans laquelle elles fe métamorpholcnt en Nimphes. La coque d'une ef- pece efl double. L'intérieure où î'Infccle eft logé eft d'un tiflîi ferré, nuis mince £c flexible , l'extérieu- re eft à refeau , elle eft formée de grofles fibres qui par rapport aux fils de la coque intérieure font ce que les cordes d'une Raquette font par rapport aux fils d'une toile ordi- naire. Cette coque leur eft nécef- iaue pour ks dt fendre dune efpe- ES SÇAVANS, . ce de fourmis qui eft très - friande de la leur , c'eft pourquoi ces fauf- fes chenilles la font très-force, l'm- tericurc eft d'un tiflu plus délicat 8c plus doux , parce qu'elle eft def- tinée à loger la Nimphc qui eft ex- trêmement molle & tendre. Les raufîes Chenilles partent de l'état de Nimphes à celui de mou- ches fans fortir de leur coque. La mouche dans laquelle elles fe tranf- forment font de celles qui n'ont point de trompe , mais qui ont une forte dent à chaque côté de la tête. C'eft un inftrument dont elle fe krt pour fendre fa coque 8c for- tir de prifon , mais la femelle de cette mouche porte à fon derrière une inftrument beaucoup plus ad- mirable. Ce font deux icies appli- quées l'une contre l'autre , 6c qui peuvent jouer alternativement. Ces feies dont les dents font elles-mê- mes dentelées ont l'avantage d'être des limes ou des râpes par le plat. Elles font néceffaires aux femelles pourfaire des entailles dans le bois de differens arbuftes où elles doi- vent dépofer leurs œufs. On voit que ces deux feics qui font minces & deftinées à déchirer des fibres ligneux a ont befoin d'être mainte- tenues pendant qu'elles agiflent pour qu'elles ne puiflcntfe courber ni s'écarter , la nature y a pourvu , le' dos de chacune eft logé tout du long dans une couliiTè formée par deux pièces ccailieufes , comme l'cft fouvent la coulilîe des lam s de couteaux à reflbrr.Ccs mouches ne font point farouches. èV on peut aifénient fe donner le plaifir de les AOUS Voir travailler & pondre. Il n'y a gueres de jardins où il n'y ait quel- que rouer, & il n'y a prefque point de rouer dont les branches ne fer- vent à lo^er bon nombre d'œufs'de mouches à fcies. M. de R. y en a vîi pondre au pnntems vers la mi- Mai , en Eté dans tout le mois d'Août Se les premiers jours de Septembre. Celle de ces mouches qu'il y a le plus Se le mieux obfer- véc a la tête &C le corcelet noir , le côté extérieur de chacune de fes aîles , eft auffi bordé de noir dans prefque toute fa longueur , fon corps eft d'un jaune qui tire fur l'orangé , fes jambes font du même jaune , elles ont feulement deux jarretières , ou points noirs. Les œufs des mouches à fcies font oblongs Se enveloppés d'une forte membrane, comme ceux des au- tres Infectes , mais ils ont une pro- priété bien finguliere : c'eft de croître de jour en jour , Se d'ac- quérir des dimenfions en tout fens jufqu'à ce que le petit ver en forte, M. de Réaumur pafle des mou- ches à fcies aux Cigales : elles font l'objet de fon quatrième Mémoire. Les environs de Paris ne nourrif- fent point de Cigales , M. de R. ne s'eft trouvé dans aucun pays où il ait été à portée d'en voir. Il nous apprend que les foins officieux Se éclairés de M. le Marquis de Cau- mont y ont fuppléé , Se il ajoure qu'il ne croit pas qu'il eût été en état de donner plus d'obiervations fur les Cigales , quand il auroit été expofé pluficurs mois de différentes années à être fatigué de les enten- T, 1740: 48r dre chanter. Ariftote & ceux qui font venus après lui ont réduit les Cigales à deux efpeces, l'une plus grande , l'autre plus petite , M. de R. en fait connoître une troifié- me qui tient le milieu entre les deux premières. Il y a des gens qui prétendent que la Cigale ne vie que de rofée , mais la trompe dont elle eft munie , prouve qu'elle a be- foin d'un aliment plus folide. Cette trompe eft compofée de deux piè- ces" dentelées, capables dé pénétrer dans les corps les plus durs. Tout le' monde a entendu parler du chanr de la Cigale , il n'eft pas agréable , mais l'organe en eft placé très-fin-: gulierement. La Cigale chante dir ventre au pied de la lettre , l'orga- ne dont elle tire les fons eft placé près de l'origine du ventre en def- fous Se fur les côtés. Cet organe n'a ete accorde qu'aux malcs3les femel- les font muettes. Il eft étonnant , dit M. de R. combien d'appareil a été employé par la nature pour mettre la Cigale mâle en état de former des fons qui peuvent nous déplaire _, mais qui font apparem- ment touchans pour fa femelle. Il y a à chaque côté du ventre dans l'intérieur une efpece de timbale faite d'une membrane plus roide que le parchemin le pliis Ccc , dont route la convexité eft pleine de plis qui fe touchent : L'air agité par ces timbales trouve en fortant de la cellule qui les contient une voûte plate , un volet écailleux qui le refléchit dans une grande cavité où il eft modifié Se rendu plus fo- nore. Cette cavité eft divilée par 432 JOURNAL D une efpece de cloifon en deux par- ties au tond de chacune defquelles eit une membrane mince , li lilTc , li tendue , fi tranfparcntc & li bril- lante qu'elle paroît un miroir , & qu'en effet le nom lui en a été donné par les enfans. Cet organe ne fc trouve point dans la femelle , mais elle a de fon côté un inftrument qui ne fe trouve point au rnâlc. Elle porte à fon derrière une tarière de cinq lignes de long. Cette tarière qui eft ca- chée dans une couliffe où elle eft confervéc par un double étui ne ref- femble pas à la nôtre. C'eft un inf- trument compofé de deux pièces qui peuvent jouer alternativement, mais toujours parallèlement l'une à l'autre , parce qu'elles font affem- blées avec h plus grande préci- fion à couliffe &C à languette dans ES SÇAVANS, in fupport commun. Cctrc tarière ici t à la Cigale temelle pour percer les trous dans lcfquels les ceufs doi- vent être dépofés.îls le doivent être dans l'intérieur de très - menues branches de bois fec & remplies de moelle , la Cigale les y range par file , de façon qu'Us foient à l'a- bri de la pluye &c des injures de l'air. La circonftance d'un bois plein de moelle eft effcntielle ; c'eft la première nourriture de l'Infecte au fortir de l'œuf. Une femelle peut pondre quatre ou cinq cens œufs. L'Hiftoirc des Cigales eft fuivïc de celle des Abeilles : nous remet- tons au.lournal fuivant ce qui regar- de ces Infectes , que leur utilité Se les merveilles huiles Scvraies qu'on leur attribue ne peuvent que rendre extrêmement inecreffant. SPECIMEN VARIEE LITTERATURE QUE IN URBE BRIXIA, ejulque ditione paulo poft Typographie incunabula florebat, kilicet vergente ad finem ixculodecimo-quinto, ulquead medietatem lieculi decimi-fexti. Undè prxter ingenii Brixiani gloriain , tam Annalium Typographicorum ieries , quàm Hiftoria Litteraria temporis illius quo bonarum artium renata lunt ftudia , illuftrantur. Pais prima. Poétas Latinos Aurear & Argentex xtatis quos Brixiani Scriptoresil- iuftraruiu, complcctitur , &c. in-^°. pag. 171. Pats fecunda , Gram- matica, Oratoria, Poctica , Philoiophica compleCtitur, /«-40. pag. 34S. Brixi£ , excudebat 3 Moues -Maria Rizzardi, arm. 1739. cum Supeno- rum perrniffu. Etat des Belles Lettres dans la Fille de BreJJe & dans fon territoire , à la fin du quinzième fiècle & au commencement dufeiz.iéme , tems qui fuivit immédiatement celui où /' Art de l'Imprimerie avait été inventé. Voit trouvera , dans cet Ouvrage , outre le Catalogue des Livres fortis de la Prejfe de Brejfe , l'Hiftoire Littéraire de Cage oh l'on vit renaître les Arts & les Sciences. Première Partie qui traite des Poètes Latins de l'âge d'or & de l'âge d'argent , commentés par des Ecrivains Brejfans : in-40. pp. 171. Seconde Partie qui traite des Grammairiens , des Orateurs , AOUST, 1740. 485 des Poètes , & des Pbilofophes Breffans : 111-4°. PP- 3 48. A BrefTe chez Jean-Marie F;iz.z.œrdt , 1735». sivec Vernnffion des Supérieurs. L'Editeur du Livre dont nous allons rendre compte , nous apprend que le motif qui a engagé l'Auteur à le compofêr , eft le peu de jultice qu'on a jufques ici rendue aux Ecrivains Brellans du quinzième & du feiziérne iiécle. Son intention eft donc de les faire un peu mieux connoître qu'ils ne le font par ce qu'en dit la Biblio- thèque BrelTane de Léonard Coz- zandi. Dans ce defïein l'Auteur du Livre dont nous rendons compte a fait une infinité de recherches , & lur-tout il a eu foin de ramafTer les Epîtres Dédicatoires , & tous les Avis au Lecteur mis à la tête des premières Editions des Livres compofés par les Ecrivains dont il veut faire revivre la mémoire , & qui avoient été fupprimés dans les Editions pofterieures. On trouve fouvent dans ces Monumens Lit- téraires des partfcularitez curieu- fes de la vie & des Ouvrages des Sçavans , lesquelles ne fe rencon- trent point ailleurs. Comme il eft impoflîble d'écrire l'Hiftoire d'une Province fans faire fouvent men- tion de ce qui fe pafToit au tems dont on parle , dans les Provinces limitrophes ; notre Auteur fe trou- ve quelquefois dans l'obligation defortir du Breiïanpour parcourir les Pays voifms , & d'entretenir fon Lecteur de ce qui s'y pafToit. C'eft de quoi l'Editeur nous. aver- tit. Il nous informe encore que le Catalogue des Livres imprimés foit à BrefTe , foit dans le Breflàn' depuis l'invention de la PrefTe jufl- qu'au milieu du feiziérne fiéde , & que l'on promet de donner dans la fuite , fera beaucoup plus ample qu'on ne le croiroit. La plus gran- de partie de ces Livres ne fe trou- ve plus communément en Icalie. Mais les recherches que l'Auteur a fait faire dans les Bibliothèques du Breflàn , lui ont fait déterrer plu- fleurs Livres fortis des Preflès de la Ville de BrefTe ou de celles qui étoient établies dans d'autres lieux de fon territoire, &dontonn'a- voit prefque plus de connoiifance. La Préface cite entr'autres Impri- meries celle de Valle - tropia , lieu du BrelTan , & qui donna au pu- blic , en mil cinq cens trois , une Edition du Pontifical Romain , beaucoup plus conforme à celle du Pape Innocent VIII , que beau- coup des Editions pofterieures. L'Editeur n'a pas jugé à propos de nous dire le nom de l'Auteur dont il publioit l'Ouvrage. Mais il trouvera bon que nous infor- mions ceux des lecteurs qui pour- roient l'ignorer, que la voix publi- que le donne à Monfieur le Car- dinal Quirini Evêque de BrefTe. Ce qu'on lit à la fin de la Préface don- - ne encore plus de crédit à ce bruit- là. siutor cujus nomenletlori minime proditur , ;'/ eft cuifemper arrifît Ci- cerenis fc Menti* deftudiis qm nobif- • 4$4 JOURNAL D cum pcrnollant , peregrinantur , ô~ ruflicantar , ejuicjne addere de fno filet , & nobifcum epifcopantitr. C'eft-à-dire : l'Auteur dont nous taifons ici le nom , eft une perfbn- ne qui a fouvent à la bouche le paiTage de Ciceron où il loue les Mules de la bonne Compagnie qu'elles tiennent dans les inlom- nies,dans les voyages, & durant les {«jours à la campagne. Cette per- fonne ajoute encore au Texte de Ciceron , dans une partie des fonc- tions Epifcopalcs. Elle pourroit y joindre encoreaujourd'hui, & pen- dant les Conclaves. D'ailleurs , les curieux croyent voir dans la lettre grife de la Préface , les armes que porte aujourd'hui la MaifonQuiri- ni, l'une des premières familles de Venife. Peut - être le nom de cet Auteur refpeclable, paroîtroit-il à la tête de Ion Livre qui n'eu: pas certainement indigne de le porter, £\ l'ordre public du lieu où il a été imprimé , n'avoit point exigé que ce Livre ne pût paraître que iur .l'approbation des Nobles Véni- tiens nommés par leurRépublique, Réformateurs des Etudes. Nous avons déjà dit que la pre- mière partie de l'Ouvrage dont nous rendons compte , contenoit l'éloge des Brellans qui dans les tems dont on donne l'Hiftoire Lit- téraire, ont commenté les Poètes Latins du fiècle d'or & du ftccle d'argent. Le premier dont il foit fait mention eft Plaute. Ce fut à Ve- nife & en mil quatre cens foixante .& douze que parut la première ES SÇAVANS, Edition de fes Ouvrages , donnée au public par George Mérula. Elle fut luivie de quelques autres. Py- lade Buccardi BrelTan , peu con- tent de ces Editions & des critiques qui les avoient données , travailla a une nouvelle qu'il ne vit point paraître. Elle ne fut imprimée qu'après fa mort. Son ami Jean Britannico, Breilan, la fit imprimer dans la patrie en mil cinq cens fix. Mais tous ces détails qui cef- fent d'être inrereilans dès qu'ils font abrégés , demandent d'être lus dans le Livre même. Les autres Poètes Latins com- mentés par des Brellans fontTe- rence , Catulle , Horace , Ovide , Lucain , Perle , Stace , Juvenal , Martial. Nous ne rapportons point les noms de ces Editeurs Se de ces Commentateurs , parce que ceux qui font venus depuis , foit en. Ita- lie , loit ailleurs , ont fait prefquc oublier ces premiers Sçavans, dont la réputation interelle plus les Brellans en particulier , que la Republique des Lettres en géné- ral. Le fécond Tome de notre Ou- vrage eft lubdivifé en trois parties, la première traite des Grammai- riens illuftres , la féconde des Poè- tes, & la troiliéme des Orateurs qui ont illuftié le Breflan , où ils étoient nés : on compte jufqu'à douze Grammairiens célèbres de leur tems , fix Orateurs &: vingt- fept Poètes Latins , outre plufieurs Poètes Italiens. Le plus connu des Latins eft Quintianus Stoa , qui fut couron- ne AODS ttt Poc'te par les mains de notre Roi Louis XH. Perionne n'ignore qu'il a été long-tems en ufage de couronner lolemnellement ceux des Poètes qui par des talensfupe- tieurs le diftinguoient de tous les autres. C'eft lur quoi l'on peut consulter la Dilfertation de M. l'Abbé du Refnel concernant les Poètes couronnés , & qui fe trou- *e dans les Mémoires de l'Acadé- mie des Belles-Lettres ( i ). Pour revenir à Sroa , il s'étoit attaché à Louis XII , dans le tems que ce Prince fe trouvoit le maître de Breffe. Tout le monde fçait qu'a- près la concluûqn de la Ligue de Cambrai Louis XII paûa eu Italie, Se qu'après y ayoir gagné en per- ( i ) Tom.X.p. 507. LOUIS*, par la Grâce ds Dieu , Roi de France et Duc db Milan : Atous.prefens & à venir : les hommes peuvent fe rendre il- luftres & recommandâmes aulfi- bien par les travaux de l'efprit que par ceux du corps , puiique nous fommes des êtres compofés de l'une & de l'autre fubitance. Aulïï la Providence a daigné per- mettre que dans notre Royaume , comme dans les autres Pays de notre obéifïancce , il fe rencontre, xant parmi nos fujets naturels que parmi les étrangers qui font venus pour s'y inftruire ou pour y cher- cher de l'Emploi , un grand nom- bre de perfonnes qui méritent , foit par leurs talens militaires , foit par leurs Ouvrages d'efprit , tes diftin&ions les plus honorables. T , 1 7 4 0. 48 ; forme la bataille d'Agnadel^contre les Vénitiens ( 1 ) , il' s'étoitempa- réde Brelfe , qui devoit lui appar- tenir iuivani le Traité de la Ligue. L'Auteur rapporte les Lettres- Patentes que Louis XII donna à Quintianus-Stoa , quand il l'eue couronné. Comme nous ne fça- vons point qu'elles fe trouvent ailleurs , nous croyons rendre un fervice agréable au public en infé- rant ici Te contenu de cet Aâe , dont l'original fe trouve être en Latin, apparemment parce qu'il fut expédié par la Chancellerie de Mi- lan. D'ailleurs Stoa eft peut-être le feul Pocte qu'un Roi de France ait couronné avec folemnitc. ( 1 ; Le 14. Mai, ijoy. LVDOriCVS , DeiGratiJt; Franctrum Rex & Mediolani Duxt &c. Ad perpétuant ret memortam : Quoniam ficut ex anima & corporc conftamut , fie duplex qutrendt, gl»~ rÏA via fit patent , & aperta mortA- htus ; quantm Altéra mentit , cor- poris altéra viribut pracipuè pera- genda eft : utriufque rei omnipotent in Regno noftro , & univerfali da- minio gratiam conftituit ab attrno , ex qtt» quidem innumerabdes tam in- génu dotibus quant bell.cit artibut tnemorandet hoc idem Regnum noftrum , tôt unique dominium prove- nait , alibi genttos erudivit , & illu- jlravit. fnter mult-a nimirum , qui, ammi vinbtti gerumur , & inpr-t- Jlntiamm corpor.s artibut tentai us. florentijftmum , atque omni laude digrujfuHHMin Dominto mftro Hiftt- N n,a ï%& JOURNAL D On Toit fur-tout fleurir dans nos Etats , l'étude de l'Hiftoire & celle «le la Poclîe , dont les productions font également capables d'eterni- fer la réputation des Gueniers di- gnes de cette gloire immortelle que les nôtres & nous , nous tâ- chons de mériter. Sans le fecours de l'Hiftoire & de la Poèfie , les plus beaux faits d'armes tombent bien-tot dans l'oubli- Voila ce qui a donné lieu à I'ufage introduit chez les peuples polis , de couron- ner de laurier les grands Poètes & les grands Hiftoriens. En efrèr , n'eft-il pas jufte qu'ils ayent quel- que paît à la gloire des bdLs ac- tions s dont ils empêchent la mé- moire de s'éteindre. Ceft ce que l'ancienne Rome nous a h bien enfêigné , loi/qu'elle a décer- ne aux Poètes illuftres pour la re- compenfe de leurs travaux , une couronne de laurier , une couron- ne pareille à celle dont elle cei- gnoit le front de les Généraux & de fes Empereurs , lorlqu'ils a- voient terminé avec avantage quelque guerre importante. Aces caufes & d'autant qu'il nous au- roit apparu , pur le bruit public & fpécialement par le rapport , de très-fçavant & très-révérend per- fonnage, notre très-cher Jacques F: vrai d Evêque d'Autun , ainfi que par la lecture de divers Ouvrages de Jean-François Quintiamis-Stcn, Se notamment par celle du Poème qu'il a compofe fur la guerre con- tre les Vénitiens , laquelle vient d'être heureufement terminée , •nue cet Auteur eft l'un des plus E S SÇAVANS ; riartim , & maxime Po'etarttm yf«- dntm efflorefcit : quorum induflri* & labor tam fibi ipfis , quam aliis prxclaris vins , fui limikufque , rjr tnemoria dignis operibus carmimbuf fuis tnbuunt immort ai 'it.'.tem Et fat.e peut P vêt arum f/tjioricorumve copia multis inclytam , & diutur- nam , perpétuai que prabet v,emo- riarn : fie eoum defeilu , lahenti. us annis , rnidtis utermtate nomims non indignis fama oblivione involut.i de- mitttr ac eripitttr. Hinc eft quod propter gloriam, quam (nt diximus) fibi , & alïis olim quarebant , pr» pramio quodam , & ftudiorum pro- prio omamento laurea corona quon- d.tm don an c&père. Tanti enim ho- noris tllos ttrbs olim cnQtic , ut unum atquc idem lauri decus indica- ret Czfaribus , atcjue Poétis , & qu'idem Cttfares , Ducefque viilores poft bellorum diferimina , Poetas p4triter poft ftudiorum labores laur» inflgnibat. Idea circuniCpicientes inter fitbditos noftros quam plures & dig- nos extare Poétas , inter qitos non f lion fama , & nominc accepimus Jtannem - Erancifcum Quimianum Stoam egregr.im Poétam exctllere ; •vêrtsm etiam approbatione , rclatic- ne , ccrtificaîione reverendi , erudi- tlflfmiqUe > ac bene ddcBi noftri D. j acoU Evraldi Epifcopi ; praterea- çjtte rcrum experuntia ob plu ;>>,. Poemata multi vago ftilo compofita , qU/t jamfub omnium littcratoruraju- dicio edidiffe 5 vid'.re eft , & maxime per nov.Jfimum Hcrotcum opus d,e bcllo feneto per nos Deo fa- yente çonfejUo . ahaque wnumera- bllia cjhs Poëmata certo demonftraat. A O U S «xccilens Poètes qui fe crouvenc aujourd'hui dans nos Etars, nous avons relolu a ce portés iingulie- rement par l'afréclrion que nous avons toujours eue pour les ama- teurs des Lettres qui ne Içauroient être trop honorées , & qui ont toujours fait notre délaffement le plus agréable, comme par le defir de recompenfer les talens du fuf- dit Sroa , & Ion attachement à nos intérêts, de déférer aux (olli- citations de plulïeurs grands & notables perfonnages , qui nous ont requis de le couronner. Nous lui avons , de notre main propre , mis fur la tête une couronne de laurier , dont nous voulons que la figure foit deiîïnée iur les pré- sentes. En conféquence de quoi nous avons octroyé & octroyons au lufdit Stoa tout pouvoir d'écri- re , d'enfeigner , & d'expliquer , ainfi qu'il le trouvera bon , tous les Ouvrages des anciens & des modernes en matière d'Hiltoire Se de Poche, efperanr que les Livres qu'il compoiera iur ces matières mériteront de paiTer à la dernière pofterité. Nous ordonnons encore qu'en vertu des prelenr.es le fuf- nommé pourra porter dans tous les lieux d'afTemblée tel habille- ment qu'il jugera le plus propre & le plus convenable à un Poète couronné, & qu'il y paroitra cou- ronné de laurier , de lierre ou de myrrhe , fuivant que le cas lui paroitra le demander. Nous ap- prouvons nu lurplus tous les Ou- vrages qu'il a publiés jufqu'ici , dignes productions d'un homme T , 1740, 487 Quum igitur femper litterarum culto- res dilexerimiis , virtutefque animum exilarem no{irum ; animadvertentes infuper divtnam litterarum eminen- tiam laurea corona , ommumque lande digniffimam, aefidem erga nos, atque devotioncm , nec non & benc- merita pradtUi Quintiani t & cum k nobts per eundsm , aliofque nofln be- nedileElos reverenter pétition fuerit , Quintianttm noftrum laurea corona ■ ri , verumque Poétam conflimi > nos igitur hujufmodi honefte petitioni annuere volentes , Coronam lauréat» mantbus noflris ejus capiti appoftù- mu f , prafentibufque etiam tmprimi jufftmus : dames eidem tam in ditlii arte pee'ticâ atque Hifloriis , & ut emnibus ad cafdem fpetlantibus auc- tontatrm conponendi , Isgendt , dif- putandi , aufpicandt & tmerpretan- di veterum & neotericorum volumi- na , ut libet , atq.".; fuos Libros omnibus fendis , anxiliante Deo ' manfuros , ac Poémata compnncndi, hberam tsnore prxfsntiitm potefla- t:m , nec-non ubi , & qnottens fibi placuerit , poffit hiifcemo-ii al que altos atlus poëticos quofcunqus lau- réat us feu mvrto , vel hedera , fi id genus et jgent coronatus , & in ablu atque habitu quolibet pnetico priva- iim , & publtco folcmmter exerceri. Adbuc fcnpta per eum hailenus , vclut per virum in talibus exp;rtumy ac verum Poétam , il Us in feriptis approbamus. Rcliqua verb , qu& fer tpt unis erit inpo/krtm , ai que etiam ab eo dem jam promulgata & in lucem édita fucrunt , fimtli moi» approband.i cen'enus , decernentes iifdem privUcors , horioribits im- N n n ij tf88 JOURNAL D doué du génie poctique , & nous bous flattons que ceux qu'il pu- bliera dans la fuite mériteront une ièmblable. approbation. Dcclaions en outic y qu'en conféquei.ce des n k tifs qui viennent d'être ex[ ofés, nous voulons queJeanQufntianus- Stoa jouillè de toutes les iromuni- tez , ma^ qi'es d'honneur cV privi- lèges dontjouiiïènt les Prorefïlurs d.s Ans Libé. aux ,&. dont fon rare mérite le rend très-digne de jouir. Nous entendons qu'il jouilT: aulîi du dioit d'être applaudi lorf- qu'il paroîtra dans quelqu AlTem- blée publique , ainli que de tous ceux dont jufqu'ici ont joui les Pcè^es couionnés.. Si mandons à tous nos Officiers dans norre Royaume «Se autres Etats , tant en deçà qu'au-delà des Monts, qu'ils ayent à faire jouir le luidit Stoa du droit a lui accordé de porter publi- quement.une couronne de laurier, ainfi que de tous les privilèges & honneurs à lui oétroyés par les prefentes. Donné dans notre Châ- teau de Milan le quatorzième Juil- let de l'an de grâce mil cinq cens- neuf, &de notre règne le nme. On peut bien croire que Stoa ne demeura point à Breflè lorfque iès Vénitiens rentrèrent en pollel- fion de cette Ville trois ou quatre ans après l'expédition des Lettres- Patentes dont on vient de lire le contenu. Il le retira en France, où lion imprima fes principaux Ou- vrages , qui (ont des Poches Sain- tes , ou des Eloges. Plufieurs perfonnes ont même cru qu'il y avoir été Recteur de l'Univerfite ES SÇAVANS, munit atiisc , & i>;fignibus perfrui debere , & us omnibus , quibus ubi- que ttrrarum mi pojfunt , aut pojft Jo' tifunt liber aï mm , & honefiaruvt artium pro^JJores , eoc/ue magis , cjuia eminentidfud raritas uberiori- bus ettm fazortbus , & ampliori bé- ni volentia d'.gnum fait. Infuptr éundem Quint ianum - Stoam propter ingimi fui dotes, ac propter indubi- tauim devotionem , cpia nosflatum- cjiie noftrum afficit , Ht comnmnit ov.mum fama f & ailus , ejufque v.-^ba tejtantur publias acclamatio' vit us collaude.ri omnibus etiarn pri- v. legiis cjuibus Voit* laweati per atttea ufijunt, & fuêre , uti , & gaudere juffimus ; mandantes omni- bus judic. bus C jujliaariis-. tant Regni nojfai rjr Ducat us Aded.iolaniy ater aru-tCjue terrarum & Dominio- rumnoftrorun: tnm citrkMontcs cjiùm ultra, j quateniu prafatum Qumtia- num prafatis infigniis , lauro & pri- vilèges uti & gaudere facitnt & permutant. Datum in C.iftro noflro Aftdiolanenfi die décima - ejuartà menjis julii , anno Dominimdlefimt c/uingentefîmo-nono , & regni noflri duodeamo. de Paris , mais quelque recherche qu'on ait faite dans les Archives de ce Gorps , on n'y a rien trouve qui jultifie cette croyance. Les bornes d'un Extrait ne nous permettent point de nous étendre davantage lur le Livre do»r nous parlons. Il eft à fouhaiter que la troihéme partie de cet "Ouvrage que les deux premières donnent impatience de voir , ne fe failè point attendre long-tems. AOUSTj 1740: 4*> £> E M O R B I S V E N E R E T S, AUCTORE JOANNE ASTRUC : Editio altéra. C'eft-à-dire : Traité des Maladies Vénériennes far M.siftrue , Médecin Confuhant du Roi. A Paris , chez Guillaume Cavehtr , rue fainr Jac- ques , près la Fontaine faint Severin , au Lys d'Or, 1740. Nouvelle Edition. 2. vol. in-40. IL nous refte à rendre compte de la Diflertation par laquelle M. Aftruc termine fon premier volu- me ; elle a principalement pour objet de faire connoître la manière dont les Chinois traitent la mala- die vénérienne qu'on fçait être ré- pandue' chez eux , comme parmi les autres peuples. Cette nation que des intervalles immenfes fé- parent de nous , a de tout temps cultivé les Lettres & la Médecine , elle n'a rien emprunté des autres peuples -, & comme elle eft" pour ainu dire éclairée par un autre fo- leil , elle a de même fa doctrine , fa méthode , fes règles propres ; il étoit donc très interefla-nc pour la Médecine de découvrir, s'il étoit poffible j ce que les Chinois pen- foient fur la nature &c le traite- ment du mal vénérien -, il n'y avoit qu'un feul moyen pour y réuffîr } & M. Aftruc a fçu le faifir. Après avoir rédigé en un certain nombre de queftions , ce qu'il fouhaitoit fçavoir fur la dénomination , fur l'origine , fur les caufes , fur la na- ture , fur les fimptômes , & fur les différentes méthodes curatives de cette efpcce de contagion , il a envoyé ces queftions au Révérend Père Foureau Jefuite , Mifllonnai- ic à la- Chine, & l'a prié inftam- ment de vouloir bien confulter avec foin quelque habile Médecin Chi- nois fur chacun des points conte- nus dans ces queftions; le P. F. qui joint à beaucoup d'efprit & de lu- mières ,,un caractère extrêmement, officieux , s'eft fi bien acquitté de cette commiftïon , que le fuccès a furpafle de beaucoup les efpérances de M. Aftruc ; d'abord le P- Fou- reau s'eft adrefle à un Médecin Chi- nois fon ami , & fort fçavant , à qui il a propoféen langage Chinois tout ce qui étoit contenu dans les queftions de M. Aftruc : le Méde- cin ayant donné fes réponfes les plus détaillées & les plus précifes fur chaque article ; le Père Foureau les a traduites en François avec une fidélité fcrupuleufe , & après s'être alïïïré par des entretiens réitérés qu'il avoit rendu parfaitement la penfée de celui qu'il confultoit , il a envoyé à M. Aftruc , & les ré- ponfes mêmes du Médecin en lan- gage Chinois , & la traduction qu'il en avoit faite; l'attention du fçavant Miffionnaire ne s'eft pas bornée-là , il avoit obtenu du Mé- decin Chinois les formules des dif- ferens remèdes qu'on employé à la Chine pour la Cure de la maladie en queftion ; mais les efpeces qui entroient dans ces compofitions , £ft) JOURNAL D étoient dénommées en Chinois , 5c les poids y croient delignés fé- lon la manière de pefer , qui cften ufigc à la Chine -, le Pcre Foureau auroit bien pu réduire les poids Chinois aux poids untés dans l'Eu- rope ; mais peu famiharifé avec la maricre médicale <3c la Botanique » il avoir à craindre de (e tromper, s'il avoir enrrepris de rendre , ou en François ou en Larin , les dé- nominations Chinoifcs ; il a donc pris le parti d'envoyer les formules telles qu'il les avoir reçues , mar- quant d'un côté avec exactitude la proportion entre les poids Chinois Se les pouls dont nous nous fer- vons , cV joignanr outre cela à cha- que nom Chinois la meilleure in- terprétation qu'il a été pofTîble d'en donner , c'eft-à-dire , l'efpece mê- me enfermée dans un paquet à pur, bien étiqueté avec le nom au-def- fus ; par ce moyen M. Aftruc s'eft vii en état de rendre les formules Chinoifes dans le langage ordinai- re de notre Médecine , & avec la defignation des poids qui nous font connus : ceux que ces matières in- tereffenr par érar pourront lire à la fin de cet Extrait la traduction dont nous parlons \ de il dépendra d'eux de lire à côté les formules mêmes auxquelles cette traduction répond. Venons au tonds de la Diflerra- tion ; M. Aftruc après avoir dé- taillé iesqueftions qu'il a faites &c qu'il a envov;'cs au P. Foureau , expofe les réponfes qu'il en a re-- çucs fuivies de l'interprétation des formules aont nous venons de parler , & il joint à cela differen- ES SÇAVANS, rcs remarques , tant fur la théorie des Chinois, que fur leur pratique, qu'il compare avec la nôtre. Nous avons déjà dit fur quoi rouloienr les queftions de M. Aftruc , & de plus nous avons averti qu'on trouvoit à la fin de cet Extrait les formules Chinoifes avec leur interprétation ; il ne refte donc plus qu'à donner ici enfubftance & les réponfes du Père Foureau Scks remarques de. M. Aftruc. Réponfes du Père Foureau aux ques- tions de M. Aftruc fur la dénomi- nation , l'origine , la nature , &c. des Maladies vénériennes. Le Perc Foureau fuit dans fes ré- ponfes l'ordre des queftions de M. Aftruc , il lui marque d'abord que la maladie vénérienne eft en effet aulïi commune à la Chine qu'ail- leurs , & qu'elle y eft appellée de plulicurs noms qui tous font dé- rivés de langue Chinoife ; entre ces noms, que nous renvoyons à li fin de cet Extrait, on doit en re- marquer trois , dont l'un lignifie ul- cère du terni , l'autre ulcère de Canton, èV le troilîéme enfin ulcère qui ref- femblc au fruit Tang-mei; ce fruit,qui eftégalengroffeuràune petite noix, Se dont h couleur tire du blanc au rouge,necroît,oudu moins meurif, que dans les Provinces Méridiona- les de la Chine. En fécond lieu , qu'on penle communément à la Ch:ne que le mal vénérien y a fait fentir (es ra- vages de tous les tems ; que les livres Chinois , qui pallcnt pour AOUS fort anciens,en parlent comme d'u- ne maladie très-ancienne eJlc-mê- me5dcins le tems qu'ils ont été écrits; que néanmoins ces livres n'en trai- tent qu'à part cv hors de la clafle des autres maladies, que par la dé- nomination d'ulcère de Canton , qu'on a donnée à celle - ci , on pourroit conjecturer (cette remar- que eft du Père Foureau Se non du Médecin Chinois ) qu'elle s 'eft faite plutôt fentir dans cette Ville, l'une des plus méridionales de la Chine , que dans les autres Con- trées de cet Empire , qu'au refte on n'a aucune connoiflànce que cette maladie ait paru jamais s'a- doucir , mais qu'on peut affurer , d'après les remarques du Père Pa- renin ( j ) & du Frère Rouflet (z) , qui tous deux ont fait d'utiles ob- fervations fur les maladies de l'Eu- rope Se fur celles de la Chine, que ce mal eft en général beaucoup plus cruel parmi les Européens que chez les Chinois. j°. Quant aux fources du mal vénérien ; que les Chinois en re- connoiiïènt trois , premièrement le commerce qnon peut avoir avec les femmes débauchées , Se cette fource eft la plus commune ; fe- Condement l'inipiration de l'air d'un malade infedté , fur-tout quand l'odeur empeftée qui exhale de ce malade vient a frapper for-, tement l'organe de l'odorat ; mais fi la contagion pénétre aufli cer- tainement par cette féconde. voye que par la première, les effets ce- ( i ) Sç ivant Millionnaire Jefuitç. (i ) Â'uîîi M!iïioi,nai:e J «fuite. T , i 7 4 e. 4p i pendant n'en font point les mê- mes ; la contra&e-t-on par la dé- bauche avec les femmes? alors elle attaque les parties inférieures, Se elle s'annonce , tant par des taches rouges qui parohTent fur la peau , que par de cruelles douleurs qu'on fent dans les os & dans les nerfs ; fe communique-t-elle par la voye de la refpiration > pour lors ce font au contraire les par- ties luperieures qui font frappées , fur-tout la tête & la face. La troifîéme manière dont les Chinois penfent qu'on peut con- tracter cette maladie. C'eftle mau- vais régime. L'excès du manger & du boire , par exemple , s'échauf- fer beaucoup après avoir trop bù , ou quand on eft encore trempé de pluye, ou enfin quand le tenos eft tout a la fois chaud Se pluvieux , tel qu'il eft ordinairement, lorf- que le vent de midi fouffle ; dans tous ces cas il peut bien arriver qu'on ne foit puni de fon impru- dence que par une légère incom- modité ; mais aufli il arrive fou- vent que la maladie vénérienne en eft la fuite , Se les exemples en font fréquens dans les parties mé- ridionales de la Chine , où les ter- res fout beaucoup plus baffes , * l'air beaucoup plus humide que dans les parties feptentrionales. Au refte quand ces trois efpeces de maladie font récentes Se légères , on les guérit aifçzaifément , & el- les ne iont point accompagnées de fymptom.çs bien graves , mais fi on les lailfe vieillir & faire des pï.Q&à-s., -jettes font iuiyies d'acci- 492 JOURNAL D dens trcS-facheux. Pour ce qui regarde les métho- des que luiveiit les Chinois , elles fe redtifenta deux , ils employeur. la première quand ils veulent charTer le virus peu à peu par la voye des Tueurs -, & la féconde , quand ils veulent l'attaquer de vi- ve force ; les remèdes par lefquels ils croient remplir la première in- tention, fe reduifent a des Tz. mnes fichrifijus , dans lelquelles ils font entrer X'Efyuine , la fa*-f; pa- reille > ou tju"l^n aufe plante congé- nère le Sajfafras ; ou un autre bois delà mèmeefpice . enfin les racines de quantité d'autres plantes , tou tes de la clalle des vuln;raires & d;s ru iorifie/ues ; voyez les formu- les ci-aprcs. Mais pour remplir la féconde intention , les Chinois employent les pilules mercwidles , dans les- quelles Hs font entrer , outre le M.-rcure , le Carhu les fleurs de Genefi , {'écaille de Tortue brûlée , & beaucoup d: farine de froment ; ces pilules excitent fouvent une forte Salivation ; mais quelle que foit leur vertu , la maladie , lors- qu'on l'a traitée par ce remède, eft (ujetteà retours , & dans ce cas , no :i ■feulement les douleurs des os & des nerfs fe fout feiuir de nou- veau , mais le mal fe porte encore d'une manière très - vive vers les parties fuperieures , de forte que quelquefois les narines & l'inté- rieur de la bouche tombent en pourriture-, alors les Chinois ne .ConnoilFent point de remède plus fificacepour extermina le virus ES SÇÂVÂNS, que l'ulage d'un vin préparé qu'ils croyent rendre alexipharmaqite , en y failant cuire un crapaut en vie, voyez encore les formules. Outre ces remèdes , que les Chinois employent pour la cure univerfelle de la maladie , ils ont encore des emplâtres mer.uriels , dont ils font ufage , pour la cure particulière des ulcères vénériens , qui rongent la peau; ces emplâtres font compolés non feulement de merewe &c i- matières graff's com- me la g.a:rte de cochon & la cire , mais encore d'encens, de myrrhe , de fang dragon , de Camphre , &. même d'orpiment . Par le détail de ces remèdes , on voit que les Chinois employent contre la maladie vénérienne le mercure , de même que les Euro- péens , mais ils ne le font entrer ( pourfuit le Père Foureau ) dans leurs compatirions , que lorfqu'il eft prépare , alors ils l'appellent ( Kin-fen ). L'art de cette prépara- tion { ajoute encore le Père Fou- reau ) n'eft connu que d'une feu- le famille dans tout l'Empire de la Chine ; ce qu'il v a de vrai , c eft que le mercure préparé des Chi- nois eft un mercure très - beau Se tres-blanc , fixé , a ce qu'on croit, par (impie Sublimation. Si l'on veut fçavoir le procédé t que I?s Chinois fuivent , pour la compolition des remèdes , dont nous avons parlé , les dofes qu'ils p-eferivent, la manière enfin doit ils les employent , on pouira s'in- ftruiie de tout cela dans les formu- les , aufquelks nous avons déjà renvoyé. comme AOUS Gomme ce que nous avons dit Xuffit pour faite connoîne ce qui donne lieu aux remarques que fait M. Aftruc , nous allons prefente- ment rendre compte des remar- ques mêmes. Remarques de M. aftruc fur la Théorie & fur la Pratique des Chinois. Notre Auteur obferve d'abord fuir la théorie des Chinois , que quoiqu'on croye généralement à la Chine que la maladie vénérien- ne s'y eft fait fentir de tout tems , H eft néanmoins très-probable que les Chinois fe trompent lur cet article ; en effet on vient de voir que le mal vénérien eft appelle dans la Chine de plufieurs noms diffèrens , ou ce qui revient au même , que ce mal n'y a pas un nom fpécial , un nom déterminé; or une pareille indétermination de langage femble ne pouvoir fub- fifter avec la fuppofition de l'an- cienneté de la maladie ; d'ailleurs parmi les noms diffèrens par lel- quels on défigne le mal vénérien , il en eft un qui veut dire ulcère du tems, comme qui diroit , ulcère du tems prefent ; cette dénomina- tion ne paroît-elle pas prouver la nouveauté de la maladie ; Qu'on fe fouvienne de plus que les Livres Chinois ne traitent de la maladie vénérienne que dans une clafle à part , & hors du rang des autres maladies ; on fentira que pour rendre raifon de cette fingularité,il eft naturel de foupçormer que lors A9HJt. T , l 740. 495 de l'invafion de la maladie , la col- lection , le corps de Médecine des Chinois étoit déjà arrêté 8c com- me fermé , de forte que les Méde- cins qui ont vécu alors , & qui ont été les témoins des ravages de ce cruel mal , n'en ont pu traiter dans la clafle où il amoit convenu de le faire , fans condamner , pour ainfi dire , en même tems les bor- nes , que leurs pères avoientmifes à la Médecine ; entreprife qui au- roit été regardée parmi eux com- me uneefpece de iacrilége , car on fçait jufqu a quel excès de kiperfti- tion.les Chinois pouffent le îefpeéfc pour tout ce qui vient de leurs pères. Enfin la préparation du mercure qu'on employé il heureu- femenc,pour combattre la maladie, eft renfermée dans l'enceinte d'une feule famille. Mais fi le mal véné- rien eft auffi ancien que les Chi- nois le prétendent , peut-on pen- fer que depuis fi long-tems , ce fe- cret n'eût point échappé ; Peut-on penfer que l'imprudence ne l'eût point trahi ? Que l'intérêt ou la cu- riofité ne L'enflent point arraché » Rien de tout cela ne paroît pro- bable. M. Aftruc lôûtient enfuite que le mal s'eft répandu des Provincet méridionales , dans les feptentrio- nales -, c'eft ce qui paroît évidem- ment prouvé par deuK des déno- minations qu'on lui donne, &r quo nous avons remarquées plus haut; on l'appelle ulctre de Canton , ul- cère qui reJfemUe au fruit Tang meiy mais Canton eft une des Villes des plus méridionales de la Chine , & O o o 4P4 JOURNAL D le fruit Tang-mei ne croîc aufli que dans les Provinces méridionales , on lent cou bien l'Auteur peuc faire valoir ces obfervacions en faveur de fon opinion , il pouffe, lès conjectures encore plus loin r il penfe pouvoir alïurer non feule- ment que la maladie eft nouvelle chez les Ch nois, mais encoie que cette maladie n'a été répandue parmi eux que par voye de con- tagion ; elle leur a été apportée , félon lui , par les Portugais , qui font les piemiers des Européens qui ayent pénétré jufqu'a la Chi- ne , ck qui abordèrent au port de Canton vers l'année 15 17. Nous ne fuivrons pas l'Auteur dans les difcuffions hiftoriques,lur lelquel- lès il appuyé fon opinion ; nous remarquerons leulement avec lui qu'en fuppofant la vérité de fes conje&ures, il n'eft pas lurprenant qu'on ne fe foit pas apperçû de. l'invalîon d'un mal qui , apporté par une petite troupe de Pirates dans les extiémitez d'un grand Empire , n'a été d'abord com- muniqué qu'à quelques femmes de la lie du peuple , & ne s'eft enfui- te répandu plus loin , que par des progrès lents , lourds , ôc ca- chés.. Les Chinois ne paroillênt pas plus échinés fur la caufe , que lur l'origine de la maladie ; il eft vrai fans doute qu a la Chine , comme par-tout ailleurs, cette cruelle ma- ladie fe contracte par le commerce avec les femmes débauchées; mais fe peut-elle conrracfer aulfi par la ièule voye de la respiration ? Nous ES SÇAVANS, n'en avons point vu d'exemple en Europe , & il paroit naturel de penfer que la n,aladie,que les Chi- nois diienc le communiquer parla feule relpiration, n'eft point le mal vénérien même , mais quelqu'au- tremal , qu'ils n'ont pasalfez bien drftinguc de la maladie vénérienne. Quant a ce que dilènt les Chi- nois iur la troiliéne manière dont la maladie en queftion peut être produite , c'eft-a-dire par le vice , ou par le mauvais ulage des cho- ies non naturelles ; on peut allu- rer y félon notre Auteur , que cette opinion eft faulfe en toute fuppol'rion; cela eft d'abord évi- dent , il cette maladie eft tranfpor- tée à la Chine , & cela n'eft pas moins fur, félon notre Auteur, il elle s'y produit naturellement, car, pouriïiic-il , dans les lieux mêmes, où cette maladie eft endémique , elle n'eft jamais la fuite que du* commerce impur avec ces femmes proftituées ,, chez qui la débauche porte le principe d'une corruption certaine. Pour ce qui regarde les fympto- mes de la maladie vénérienne , M, Aftruc fait obtêrver que le Méde- cin Chinois garde un profond fi- leiKe iur plulieurs de ceux qui ne lont malheureufement que trop connus en Europe , & particuliè- rement iur la gonorrée; d'où notre Aureur conclud qu'il faut que ce dernier lymptome ne foit pas chez, tes Chinois, comme il l'eft parmi nous,l'avaucoureur le plus ordinai- re du mal vénérien ; ce qui con- firme admirablement bien ce que AOUS l'Auteur a déjà dit dans fon pre- mier Livre des différentes viciffitu- des que ce mal a elfuyées dans l'Europe, Les obfervations de M. Aftruc fur la pratique des Chinois, ne font ni moins judicieules , ni moins in- terelfantes,que celles qu'il vient de faire fur leur Théorie. Ce qui frap- pe d'abord notre Auteur , c'eft la conformité finguliere qui fe trou- ve entre la Médecine Chinoile 6c la. nôtre -, on fçait que les différen- tes méthodes qu'on a fuivies en Europe pour la cure de la maladie vénérienne , peuvent fe réduire à trois: i°. à la méthode rationnelle , qui n'employoit que les purgatifs •&C les alterans -, i°. à la méthode bornée a l'ufage de certains fudori- fiqiies , fur-tout de l'E [c/uinc , de la Jarfe pareille, du fajfafras , & fpécialement du Gayac ; enfin à la méthode mercurielle , méthode de toutes la plus fure, la plus effica- ce ; or les Chinois ont ces trois méthodes, ou du moins des mé- thodes parfaitement analogues. Il eft vrai que dans les réponlés en- voyées de l'equin , on lit peu de chofe fur la méthode rationnelle ; le Médecin qui a répondu au Père Foureau, ne fait aucune mention , ni des remèdes purgatifs , ni des jemedes alterans ; peut - être cela vient-il de ce que ces remèdes ne fatisfont qu'aux indications géné- rales , & non aux indications particulières , ou bien de ce que l'inutilité de ces remèdes a étéauf- fi-bien reconnue à la Chine , .que parmi nous. Quoiqu'il en foit, ce T , 1740. 4P? vin alex:ph.trmœ(]ue , c*eft-à-dire ce vin, où l'on a fait cuire un cia- paud en vie, ne peut avoir rapporc qu'à la méthode rationnelle ; c elt ainfi que nous employions autre- fois nous-mêmes contre la mala- die vénérienne, un vin dans lequel on auroit fait mourir &c fait cuire plufieurs vipères. Quant à la méthode qui attaque la maladie par la voye des lueurs , il eft clair par la delcription que nous avons donnée des ptizanes fudorifiques des Chinois , que cet- te méthode eft en ufage parmi eux, comme elle l'a été autrefois parmi nous, & comme elle l'eft encore en pludeurs endroits de l'Europe; il n'eft pas moins confiant qu'ils font entrer dans leurs décoctions les mêmes bois que nous faïfons entrer dans les nôtres , à l'excep- tion toutefois du Gayac , le plus puiiïànt des bois fudorifiques, qui peut-être ne croît pas à la Chine , ou dont la vertu y eft ignorée. En- fin les Chinois ont auîîi leur mé- thode mercurielle , ôc s'ils ne cou- noilïent point l'art d'adminiftrer-le mercure par les frictions , en quoi ils font à plaindre , au moins ont- ils , comme «vous , &c leurs pilules mercurielles , & leurs emplâtres mercuriels , & même leurs fumi- gations mercurielles. Il eft vrai que le Médecin Chinois , que le Père Foureau a confulté,ne fait au- cune mention de cette dernière manière d'adminiftrer le mercure , mais elle n'en eft pas moins en ufage dans la Chine -, cela eft dé- montré par une formule extraite Ooo ij 49$ JOURNAL D d'un fameux Ouvrage Chinois qni s'appelle ( Pen-tfao-cang-n ou) oA la quai, cite du me. cure Se les au- tres efpeces-, qui doivent entrer dans les ivacie.es de la fumigation, font décrites ; on trouvera a la fin de cet Extrait cette rom.ule a la fuite des autres-. Une h grande conforn ité de pratique , entre des peuples (épa- rés par des intervalles immenies, qui ne parohTent avoir entt eux aucun commerce , aucune focieté de lumières , a fans doute de quoi furprendre , lur-tout quand on réfléchit a l'ufage du mercme, qui eft également- employé Se chez les Chinois Se dans notre Europe. Si cette conformité fe bornoit à la méthode rationnelle , ou même à la méthode des fueurs , on auroit moins lieu d'en être fui pris ; car enfin les mêmes befoins & la mê- me analogie qui nous a conduits à employer les purgatifs , les alte- rans , les fudorifiques , a dû con- duire auflî les Chinois à faire ulàge des mêmes remèdes ; mais com- ment le peut-il que le mercure , dont rien , ce femble, ne pouvoir faire foupçonner la vertu antivéné- riernie, ait été également employé, 3c chez les Chinois & dans notre Europe ? Ce qu'il y a de certain , c'eft que nous devons l'ufage du mercure aux Arabes. Les Chinois leur en feroient - ils auiîi redeva- bles? Où les Arabes l'auroienr-ils reçu dès Chinois ? C 'eft ce qu'il fe- roit difficile de décider. Après toutes ces obfervations , MI-Aftruc pâlie au parallèle de la ES SÇAVANS, pratique des Chinois avec la nô-- tre, Se comparant remède a remè- de , il conclut que les Chinois doivent le féliciter de ce que la maladie vénérienne eft chez eux moins grave , moins difficile à dé- raciner , que parmi nous. En effet fî ce mal avoit le même degré de malignité dans la Chine,qu'en Eu- rope, comment les Chinois pour- roient-ils venir a bout de le com- battre efficacement , au moins dans tous les cas ; Ils ne con- noiflènt point l'ufage des frictions mercurielles , par lelquelles feules nous^ avons pu réuflir a dompter cette maladie,quand elle eft confir- mée ;. ieroit-ce donc de leur vin alexiyharmaque , de leurs boillons fudorifiques , de leurspilules mer- curielles,de leurs emplâtres mercu- riels, de. leurs fumigations mercu- rielles , qu'ils eipereroient les mê- mes effets ? Mais le mal vénérien a toujours éludé chez nous la for- ce de ces remèdes. , ou des remè- des analogues , dont la force étoit même plus grande ; c'eft ce que M. Aftruc prouve par un détail qu'il faut lire dans l'Ouvra- ge même. Les diffère»; mms p.tr lefyuels les Chinois déjignent la maladie 'vénérienne, font les juivans. i. Yang- mei -Tchouang : t. Tien - Pao - Tchouang : 3 ; Mien - hoa - Tchouang : 4. Kouang-Tong- Tchouang y. j. Chi - Tchouang ; A OUST, i74®« 4P7 te mot Tchouang , qui fe trou- ve dans toutes ces dénominations , veut dire plàye , ulcère ; refte à (savoir la lignification des autres mots, qui avec celui-là entrent dans ces déi\ominations;,Tatig-mei-3 eft cette efpece de fruit dont on a déjà parlé , &c qui croît dans les Provinces méridionales de laChine-, Tten pao , fignifie une grande am- poule , une ampoule dont la gran- deur égale celle du Ciel y Aiien- hoa fignifie du coton ; Kouang- Tong eft le nom Chinois de la fa- meufe Ville que les Européens appellent Canton ; Chi veut dire le terns ; de forte qu'on peut ren- dre ces dénominations Chinoifes par les expreiTïons fuivantes : i°. Ulcère qui refiemble au fruit Tang-mei : 20. Ulcère où il y a de grandes ampoules, ou des pullules. Le Père Parenin Se M. Fourmon veulent qu'on rende autrement la féconde dénomination , voyez l'Ouvrage. 30. Ulcère opiniâtre dont la té- nacité égale celle des petits fla- mens de Cotton , lorfqu'ils s'at- tachent aux habits. 4°. Ulcère de Canton. j°. Ulcère du terns. tujfi defignés a la manière des Chinois. Formules telles qu'elles ont été envoyées par le P. Foureau , on les efpeces font dénommées en Chinois , & oh Us poids font Les mêmes For- mules rendues par Ai Aftruc à la forme des nôtres foi i pour la dénomination des efpeces>foit pour les poids. Formula I. Pilula* qua* luem veneream curant, morbum vi exterminan- do. R;. Ex Kinfen t Mas i], Hatc fpecies in tenuilTïmum pulverem con- terenda eft, do- nec atomi nulla* confpicux fint, qua? micenc Ex Eul Teclia , Mas iij. Genus eft la- pidis cujufdam mollioris , qui ad Sinas foris defertur , fed unde deferatur, nondum com- pertum habeo ; fpecies illa te- nuiflimc quo- que & leorfum conterenda eft. Formula I. Pilula? qua: luem veneream perfanare di- cuntur. R-'.Mercuriidul- cis 3 r. gr^LVH. .? ' s' Terra? Japonix 3n gr. L. -. Florum Genifta: torrefa&orum Corticis uftulàti Teftudinis, Ana l B. gr. xxxvi. Conterantur feorfum fpecies illa? inpulverem tenuiflimum. Adde farina: tri- ïicis gui. 5'ni. Mifceantur omnia accura- tifllmè &: affùsâ aquâ communi, pinfantur in pa- ftam fubmol- lem , ex qua fiant pilula* ma- gnitudînis pifi ; dofis harumee pilularum ad Su. gr. L. -. 493 Ex hoac-hoa-mi, Torrerur illa fpecies fuper batillo& m pul- verem tenuiilî- mum extenua- JOURNAL DES SÇAVANS ," quuntur , ponderofior fuerit , per dfes u.idecim vel duodecïm, vetan- do per id tempo ris Iparium cali- diores cibos , maxime cai nem ver- vecinam ; ab ulu harumee pilula- rum dentés plerumque dolent , & flu't ab ore faliva uber & valdè fœtens , quod céleris curationis fignum eft. 5c Bis in die ma- nc 8c fero , per dies 6 vel y imo, fi morbus gra- vior fit, per dies il vel il illa- rum ufu ptya- lifmus plerum- que movetur , cum oris fœtore dolore d.'ntium. Formula IL Formula II. Ex Kouei-Pan , Mas V. Ea fpecies eft cortex inferior Teftudinis vulgaris , feu Cortex quo venter obtegitur , lineam unam circiter craifus , qui prunis impofitus leviter torretur , vinum vel acetum guttatim inftillando , quod pluma diffunditur in oimiem fuperficiem , ut altiùs penetvet , ubi primùm eâ uftulationeTeftudo flavum colorem contraxit & fragi- lis evafit , in fubtilem pulverem .comminuitur. Ex Farina Tritici Taclos , ij. Mifceantur omnia accuratiffime guttatim affundendo aqux corn- munis Q^ S. & mafia verfetur at- que piniatur, d'un in paftam coeat neque duram , neque mollem, feu Ut Sinx aiunt , neque humidam , neque ficcam , ex quà fiant pilulae magnitudinis pifi. .dîgroto exhibentar harumee pi- lularum , Mas iij , bis in die manè Se fero per dies continuos fex , feptemve , fi moibus levior fit -, Ci vero gravior , feu, ut Sina; lo- Vinum efficax ad curationem luis recidivx & inveterata% rî. Vini optimi libras Sinicas V. Infunde in ca- tinum, in quem immitte bufb- nem magnum , validumque, fu- perimpolito ca- tinoaltero,com- mifluras argillà cum laie mari- no diluta obdu- ce , feu luta, ne quid exhalari poffit. Coque balneo mariae per horas duas cum mediâ , vel per horas très , & deinde nofts totà decoétum rerVigefcat. Manè fequente regro tantum vi- ni iiiius medica- Vinum efficax ad curationem luis venerex te- cidivx 8c inve- reratx. r?. Vini optimi lib. V l X. Infunde in ca- tinum, in quem immitte Bufo- nem vivum ma- gnum validum- que. Superimpofito catino altero, Se lutatis commif- furisjcoque bal- neo marire per horas ij vel iij. Dofis vini ii- iius eft ad fatie- tatem prima die, fed tamen citra ebrietatem , die fequente duplo minor , Se fie deinceps fem- per decrefeendo ad dimidias. A O U S « leviter caïïdï , quantum bibere pocerit citrà ebrietatem , miniftra- bitur in ledo jacenri ,, utludet, quâcumque anni tempeftate, feu hyemali , feu aeftiva remedium ad- hibeatur. Manè altero bibet acger ex eodem vino dofim minorem, & qua: fie hefterna: pars dimidia;fuda- bicque pariter,niii hefïerna fudatio uberrima fuerit. Sic deinceps die quovis dofis ex eodern -vino , fed précédente dimidio minor exhibe- tur , donec virus exhauitum fit , sgrum fedulo admonendo ut fibi caveat ab acre per dies o&o, cibos adhibeat leviores per dies quînde- eim , & à venere fe abftineat per dies centum. Formula III. Formula III Decoctum pro- batifïïmum & prxfentis opéra?: y. Ex hoa-fen , Mas ij ; Ex Fang-fong r Mas j ; Ex Fang - ki , Mas j ; Ex Tfao - kio- Tchin, Mas j '; Ex Pe-fien-pi Mas j ; Ex Lien - kiao Mas j ; Ex Tchoueii- T , i 7 % o.' 4p£ hiong, Mas j ; cujufdam um- belli-fei x, de cu- jus fpecie non iatis liquet; ExTang-kouçi, Sarlœ parilliar, Decoctum pro- batiffimum quo morbus paula- tim depelli cre- ditur: r* Mechocanna: albx3i.gr. lvn^ j_ T' Radicis Dauci vulgaris Arifto- locniœ Iongi ; LigniSauairas, vel certè laurini cujufdam ; Radicis Fraxi- nellx ; Capfularum fer minum Adatodaej Radicis Con- trayervœ lufonis; K.adkis plamx Mas j; Ex Fong-Teng, Al as j; Ex Mou-kpua , Mas j ; Ex Kin-yn-hoa, Mas j\ Ex Tchan-Toui , Mas ji g'»> Ex Y -mi Mas j ; Ex Kan - Tfao- fen V; Ex Tou-fou-lin , Taelos ij ;- Si morbus par- tes corporis in- feriores occu- pet , adjice Ex Nieou - fi , Mas j ; Indantur om- nia in ollam terream non vi- treatam , & fu- peraflùsâ aquâ commyni efrei- ter ad libras j3 , feu Taelos xxiv. f. decodio ad confumptionem Tadorum jy. vel planta: maxi- me a/finis ; Mali Cydonicij Summitatum Capiifolii; Exuviaium Ci- cadarum ; Seminum dek quamatorum lacrimje Jobi ,. Ana,gr.LXIV _1 5 Radicis Gli- cyrrhifs } gr. x-xxij. _*_. Radicis Chinai gij. 5ij. Si morbus par- tes corporis in- feriores obfi- deat , adde Nieou - fi , de quâ nihil com- pertum habeo ,. gr. LX1V. -t. Inde in ollam terream non vi- treatam , & fu- peraffusa aquâ communi ad lib.j. % xj. fiât de- co£tio ad con-- fumptionern l IV B,. yoo JOURNAL D Affùnde tune Adde Cyachnm Cyathum unum unum vini opei- vini optimi , & mi ; exhibe de- deco&um aegro- co&um totum , to miniftra jeju- aegroto manc no quidem ven- jejuno ventiicu- triculo, fed per- lo, per dies x, fi mifsà poft duas morbus levior ; horas comeden- per dies xx , fi di licencia-, quo- gravior fie. tidie iterando per dies 20 , fi morbus gravior fit ; per dies tantum 10, fi levior. Formula IV- Formula IV. Deco&um alkid, Decoctum alte- quod facit ad rum, quod cre- venenum expel- dicur Facere lendum , five contra vene- recens , five in- num , five re- veteratum fit : ceais , five inve- teratum: R-. ExTou-fou- R!. Radicis Chi- lin , Taelos ij; nx §1. 3ïlj Ex Tang-kouei, Radias Plantas Masj.&ctenVy cujufdam um- beUifera; Ex Pe-Tchi , Radicis Impera- Mas IB ; toria: majoris ; Ex Tfoa - kio- Ligni Saflafras , Tchin JîveTho- vel Ligni cujuf- kio - Tfe , nam dam Laurini; utrumque nomen idem fonat , Seminis defqua- Mas IB. mati Lachrymae ExY-mi-vgin, 3 obi, AnaSl. Masj fenv ; gr. XXV. -L. Ex Mou-koua , Mali Cotonei; Mas /; Caveto opus eft ne cultro , vel inftrumento quoyis ferreo fperies iila attingatur. ES SÇWANS, Ex Pe - fien-pi , Radicis Fraxî- M*s j ; nellac ; Ex Mou-Tong , Radicis planta; Ma-sj j qux videtur ex aquaticai um familià; Ex Kin-yn-hoa, Summitatum Mas i ; Caprifolii Ger- manici , Ana gr. LXLV. -*, Ex Kan -Tfao , Radicis Glycyr- fenv i thiCx gr. xxxij. Coque in aquœ commun'slib.ij. ad quartam par- tem , ideft, ad libram dimi- diam , quœ x- groto quotidie , manc jejuno ventriculo exhi- benda eft , dies continuas unde- cim vel duodecim. Coque in aqua: coramunislib.ij. | IV. ad quar- tam partem,hoc eft ad g IX. quaj asgro manè jeju- no ventriculo quotidie exhi- beancur per dies continuos 11. vel 12. Formula V. Formula V. Emp'laftrum Emplaftrum quod valet ad- Mercuriale verfus ulcéra quod valet ad- venerea dylepu- verfus ulcéra Iota, ex albo ru- venerea dyfepu- bentia, five me- Iota, clicina quardam aha, ut par eft , priùs intus adhibi- ta fuent , five non. jy.ExJou-hiang, r<. Thuris , ex Mas j ; quo Oleum ex- Expiîrratur o- preflum fuerit; leum ex Thuie calefacto, & in- Myrrhx ; ter chaitas duas craifiores fortiter comprefîb. Ex A -O U S T Es Mei - yo , Àuripigmenti ; Mas j ; Ex Ziong- Sanguinis Dra- hoang, A/as j; conis , Ana gr. LXIV. -i. ExZuce-kic, Camphora: gr. ExPing-pien, Mercutii dulcis fen iij ; 5 III. gr. XLIÎI. -î-, vel 5 1VB. Ex Kin - fen, Adipis fuilhc Mas iv ; 5 III. gr. XLIII. i. vel 3 IVB. Conterantur omnîa feorfùm in pulverem ûjbciliffimum. Adde Ex Pe - la , Mas iij ; Ex Adipe Suiliâ, Mas iv. vel v ; Liquatis fimul Liquatis fimul cerx Se adipi cerar& adipi can- caneras fpecies teras fpecies adde , & una commilce om- mifce , fubigen- nia accuratè per- do in Empla- mifce & fubige ftrum fatis fir- in emplaftrum mum , quod fu- fatis firmum , pra cartham quod fupra car- crafîïorem ex- tham craffio- tenditur, vel rem , vel lin- fupralinteumck: teum , vel alu- ulcerofa: parti tam extenditur , admovetur. & ulcerofx par- ti admovetur: On a vu que , fi on en croit le Médecin Chinois , il n'eft qu'une feule funille dans toute la Chine qui fçache l'art de préparer le mer- cure : on croit , ajoute le Médecin, que cette préparation le fait de la manière fuivante. Mettez telle quantité de mercu- re qu'il vous plaira dans un valè Aonft. , -i 740. for que vous couvrirez avec un cou- vercle bien ajufté , ayant foin d'ailleurs de luter exactement les jointures , de iorte que rien n'en puilfe échapper , & que tout ac- cès foit fermé à l'air extérieur. Mettez ce vafe ainfi préparé fur le feu, Se vous verrez que le mercure qui s'élèvera en vapeur par la for- ce de la chaleur , s'attachera au couvercle en forme de neige ; & c'eft-là la matière qu'on appelle , Kin -fen. Voici cependant trois autres procédez extraits du fa- meux Ouvrage Chinois dont nous i; ° avons parle. Processus I. rn Mercutii crudi g L Aluminis g II. Salis Marini g I. Conterantur ha:c in pulverem ., donec nulla: mica; fpleadeant , Se contrita indantur in vas ferreum .,- cui fuperimponatur vas alterum ferreum , quod cum priore conve- niat. Obduétis commifluris luro ex cineribus Se fale commuai -, ig- nis iupponatur per très horas. Fi- nira opei arione,reperietur in parte luperiore vafis, Km fen , feu mer- cuiius fublimatus dulcis , candi- di/îimus. Processus II. r\ Mercutii crudi , g I. Vitrioli viridis 5 VII. Salis Marini , 5 V. Ppp J02 JOURNAL DES SÇAVANS , Contcre",&deindetegere,utfuprâ. Préparation du Mercure pour les 1 Hiuigatiom , extraite du même Processus III. Ouvrage. Vel iy. Vitrioli viridis g IV* Salis Marini 5 I. Nitri purificati , 3 V. Qna? contrita in pulverem , & unà commixta exponantur igni , donec materies flavefeat. Ex liàc effinge pilulas , five glo- bos , & deindé : R.-. Mercurii crudi g I.' Globulorum de quibus modo § II. Aluminis 5 I. Contere, milce & te gère ut fuprà. cir iv. Mercurii 3 IV. Plumbi «S: Stanni Ana gr. L. Zoangtani quodlithatgiiii genus Cinnabaris Anagr. XXIV. Singula in pulverem contrita mifceantur & dividantur in par- tes a:quales duodecim , ex parte qualibet in tubi ipeciem confor- niata fiant , velut ellychnia , qu l 740. so? "les faifant monter; N'eft -il pas vrai » que plus les Avions acquéroient » de valeur & plus il fe trou voit » de dettes de l'Etat abforbées dans » une Action? Donc , le prix exeêf- » fif où les actions furent portées » étoit dans Je plan de M. Lavv! » Toute fa conduite en fournit une » preuve fans réplique. Après cela, » comparons avec le montant des "dettes de l'Etat le prix de ^24 » mille Actions porté à 10 nulle » livres, il en réfulte que pourcon- "fommer 1500 millions d'ancien- » nés dettes , il a donné cours à g. ■ » milliards , 240 millions de va- » leurs fictives de la Compagnie » des Indes , fans compter celles » de la Banque. Donc, il n'y avoir «pas de mefure entre ces deux » objets ; donc, le plan de M. Lavv » étoit outré. » De la haute élévation du prix » des Actions , naifloit encore ua » inconvénient qui feul devoir cn- » traîner la chute du Syftême : Ceft » le gain prodigieux des premiers » Actionnaires. Il étoit naturel » qu'ils fongeaflent à réalifer [es » préfens de Ja fortune , &c c'eftee » qui eft arrive. Rien de plus facile » à prévoir ; St M. Lavv ne l'a pas » prévu. En voici toute la grada- » tion. *> Du defîr de réalifer eft venue . » la vente des Actions. De la vente » des Actions , la diminution de » leur prix, & la rraire de l'or & de » l'argent des Caiffes de la Banque. ■ • De la diminution du prix des " Actions , la multiplication infî. « nie des Billets de Banque- pour •' joS JOURNAL D » fpjtcnir l'Action. Du vuidc il-- l.i » Banque , les Opérations forcées » que fit M. Lavv pour le réparer » & pour faire circuler fa Monnoye » de papier. » Et rie ces opérations forcées , » aullî-bien que de la multiplicité » desActions 8c des Billets de Ban- fc que , le diferédit général des uns » & des autres. » Donc, il fuit que le Syftême c- » toit vicieux dans fes londcmens, » dans fon application , dans fon » but & dans fes effets. Donc , il » poitoit en lui même les princi- u pes de fa deftru&ion. Après que l'Auteur de l'examen a expofe tout le Syftême , &c qu'il en a difeuté 6c éclairci tous les points , il rapproche les principaux objets par une courte récapitula- tion qu'il faut lire dans le Livre même , aufti bien que le tableau de la iituation du Royaume au pre- mier Janvier 1711. Il montre enfin par des calculs pofitifs , que les dettes publiques , qui pouvoient être rembourfées a- vec 1500 millions au commence- ment du Syftême , & qui avoient été portées à plus de fix milliards pendant le cours de cette opéra- tion . montoient encore,, en y com- prenant le prix de 125 mille , 24 Actions, à j milliards , 189 mil- lions , 4J 1 mille , 704 livres , lorf- que M Lavv quitta le Royaume : d'où il fuit qu'elles avoient été plus que doublées par fes opérations. Dans la fupputarion des arrérages qu'il fait enfuitc , on trouve pareil- lement que les arrérages des det- ES SÇAVANS, tes publiques après le Syitêrrre , en y employant le Dividende fixé pou: les Actions , montoient à 9^ millions, 5 S 8 mille, 375 livres ^ au lieu qu'auparavant il n'y en 1- voit que pour 60 millions, qu'd croit même facile de réduire à 37 millions , joo mille livres par la diminution du denier d'intérêt à 2 & demi pour cent. » Donc , » ( telle cft fa conclu fion)lc Syftême » en doublant d'un côté les capi- » taux , a de l'autre, augmenté des » deux tiers en fus , les arrérages, » nonobftant la réduction du denier » d'intérêt ; donc , il eft démontre » que cette opération n'a pas été » moins ruineufe dans fes effets, que "iaiille dans fes principes. Achevons d'indiquer les autres matières qui font l'objet de l'examen des Réfle- xions Politiques. Des fuites du Syjilmc , qui com- prenait le V1J.1 de 1721 , avec la dé- charge , libération , & féconde \ fon- dation d: l.t Compagnie de: Indis. Le but de l'opération de ce Vila hit de réduire les dettes publiques pro- portionnellement aux fjrces du Royaume & aux régies de la Juf- ticc , en confervanr les privilèges es créanciers légitimes , 5; en faifant tomber la réduction plus ou moins forte fur les autres,fui vaut les circonftances plus ou moins favo- rables dont il feroit juftifié. L'Au- teur , en développant la manière dont le Vifa fut exécuté , indique l'accompliffunent de ce projet tant à l'égard des particuliers ; que de la nulle entière des effets publics , dont il ne refta en fuite , conformément A O U S conformément à ce qui avoit été réglé auparavant par le Confcil de Régence , que 55516 Actions , & que 1613 millions t 911 mille, 6i>'i livres de dettes reconnues par S. M. Sur quoi ilobferve, que dans la vue de les diminuer encore , pour alléger un jour le poids des importions , il en fut admis 400 millions en rentes viagères , dont l'extinction doit erre bien avancée. Il s'enfuit encore félon lui , que la Compagnie des Indes doit au Vifa l'appurement de routes fes det- tes , & la folidité de l'état heureux donc elle jouit , &c que cette opé- ration lui a procuré les moyens de retirer la grande quant, ré de fes effets & des billets de Banque qui étoient encore dans le public , 8c de faire rendre le compte de la Ban- que , faute de quoi cette Compa- gnie auroit fuccembé à la deman- de qui , tôt ou tard , lui en auroit été faite. Réponfe a la Critique arriére que l'y4utcur ( des Réflexions Politi- tiques ) fait du vifa de 1721. La Ccnfure du vifa eft fuivie & difcu- tée fur chaque point , les repro- ches perfonntls aux Auteurs de cette opérarion y font Téfutez ; on y expoiè les avantages qu'elle a procurez à l'Etat &c aux particuliers, & cela par des calculs qui rectifient ceux que i'Apologiftc du Syflêmc avoir ajuftez à fa manière , pour dégrader le vifa. On combat le fenriment de l'Apologilte qui pré- fère hautement au vifa la réduction de la valeur des billets de Banque à la moirié , telle que l'Arrêt du Ao-ft. T, 1740. £09 11 Mai 1710. l'avoit ordonnée » Hc l'on remarque à ce fujet. i°. Que fi cette réduction avoit eu lieu , les effets publics n'en auroient pas été moins décréditez;. i°. Que les an- ciens créanciers , tant de l'Etat que des particuliers , auroient été les principales victimes de cette réduc- tion qui leur eut enlevé d'abord la moitié de leurs capitaux , &c ne leur eut pas afluré la jouifunce de l'au- tre moitié , qui n'en auroit pas ac- quis plus de folidité ; au lieu que le vifa en distinguant les poffefïcurs légitimes , a donne la préférence aux anciens créanciers dans la ré- partition des effets confeirvez , & en a conftaré la valeur. On rappor- te fur cela deux exemples dignes d'attention. »> L'ancien créancier ( c'eft le premier exemple ) » qui a » confervé par le vifa mille livres w de rente fur la ville, n'en auroit » eu que 500 livres , fi la réduc- » tion du 11 Mai avoit fubfifté ; » 5c fa perte de joo livres de rente, » aufli-bten que de la moitié du » capital , auroit été la proye de » celui à qui l'Etat ne devoit rien » & que le Syftéme avoit enrichi. Le fécond exemple eft tel : » L'an- » cien créancier qui a rapporté dix » Actions au Vifa , & qui en a rc- »> rire fept , n'auroit eu que 450 » livres de dividende pour fes dix » Actions, &c il reçoit actuellement » 1050 liv. pour celui des 7 Ac- » rions qui lui ont été confervées ; parce que les Actions confervées ont profité du dividende de celles qui ont été retranchées , ce qui ne fcroit pas arrive fans les réduction* yio JOURNAL D faites au vifà dans le nombre des Actions. On obfcrvc que dans les clifTcs au deflous de j Actions , le traitement fut encore plus avanta- geux pour les anciens créanciers , que celui qu'on vient de citer. Enfin , h conclufion de l'Examen cff. que le vifa a remédié autant que les conjonctures pouvoimt le per- mettre j aux maux de l'Etat que le Syftême fuil avoir caufez. Nous ne nous étendrons pas davantage fur cette matière : il eft impoilible de l'approfondir dans un Extrait. iur les diminutions d'Efpéces de l'année 1J14. On reproche au dé- fenfeur du Svftême , non feulement d'avoir gliflè fur les grandes & con- tinuelles mutations de Monnoycs , qui furent les principaux relforts de M. Lavv , mais encore d'avoir cenfurc vivement les diminutions que l'on fit pour remettre nos £f- péces au prix qu'elles avoient avant que M. Lavv en porta fi haut la va- leur , cV d'avoir fupprimé les motifs de ces diminutions. On y fupplée, pour mettre les gens éclairez en état de juger , s'il convenok ou non , de les faire. On obferve que l'on a fuivi dans cette conduire, la maxime pratiquée dans tous les cems de h Monarchie , qu'il n'v a- voit pas d'autre moyen de faire bailler le prix exorbitant des den- rées , des Marchandées & de la main d'oeuvre, & que i'\ le m. ire d argent , qui elt depuis l'année 1714, à 49 liv. irtf. étoit demeu- ré à 75 liv. on payeroic 3 liv. 15 1. ce que l'en a peur 50 fols. H faut voir dans le livre même l'expolî- ES SÇWANS, ticm de fous ces motifs , et la ma- nière dont on attaque l'argument le plus fpécieux de l'Auteur des Ré- flexions lur la perte de 34 millions 828 mille 81 liv. que ces diminu- tions cauférent an Roi. Le dernier article eft }fur la re- fonte générale des Monnayes t ordon- née par l'Ldit du mu:s de Janvier 1716, qui fia précédée de deux di- mu irions , accompagnée Cr fuïvic et augmentations d Ejpéces. Lespremiers moi-del'année 1725, faifoient efpcrer que le Royaume joiiiroit d'un état florifTanr. Le Ta- bleau que l'on en donne fait voir que les affaires commençoient en effet à fe rétablir. L'Auteur ajoute qu'il exifloit néanmoins deux maux intérieurs ; i°. La perte entière de la confiance depuis l'époque des rembouvfemens forcez en billets de Banque ; mais la régularité du payement des dettes publiques & le rétabhlfemcnt de la liberté des Conltiturions au denier 20 dé- voient y remédier félon lui. 1" . La mafie des dettes du Roi , dont les arrérages confommoient de grands fonds chaque année : ce qui obli- gerait de lever fans ceffe de fortes i npo'ïtions furies fujtts , qui par conféquent fe trouveraient épuifez avec 1s tems,fans que les dettes fuf- fent diminuées , ( c'eft encore une obfèrvàtion de l'Auteur ) Le Mi- niftére crut qu'il devoit travailler efficacement à l'extinction des ci- pitaux pendant un certain nombre d'années , afin que dans la finre les revenus de l'Etat fe trouvant libres, iL fût pollîble de foulagtr les. pi a- AOUS pics , Se que le Royaume pût fe fbutcnir & fe détendre même s'il étoit attaqué , fans le fccours Tou- jours onéreux des reflources ex- traordinaires. L'intempérie des faifons décon- certa les projets du Gouvernement. La famine , ce fléau du Ciel , dé- rangea routes ces difpolînons , Se replongea le Royaume dans la ca- lamité. L'Auteur peint la difettede l'année 172.5, caufée parles pluies qui durèrent fins interruption de- puis le premier Avril jufqu'au 5. Septembre, & qui firent pérr la récolte toute entière , fins qu'il fût au pouvoir des hommes de la fauver. Il retrace la mifére publi- que , les efforts extraordinaires que fît le Gouvernement pour la loula- ger _, les foins qu'il eut de pour- voir à la fubfiftance de Paris & des Provinces , par des bleds tirez de tous les pays de l'Europe _, Se diuribuez dans les marchez par ordre des Magiftrats. » Malgré >* tant de précautions ( c'eft l'Au- n teur qui parle ) que jamais on « n'avoit prifes dans aucun tenis de » difette , combien de bruits inju- » rieux au Mimftére Se à ceux qui m n'étoient occupez que du foin de » fecourir le Royaume ! Combien » d'aceufations odieufes dont les » Magiftrats connoilToicnt toute jd l'injuftice , Sec. Dans une aufll » funefte conjoncture , on n'avoit »pas épargné M. Defmarerz ni » Louis X i V même : il y auroit eu » du prodige fi le Miniftére de » 1715. avoir été ménagé. Les malheurs de 1715. Se 172.^. T , 1 740. pi fonc connoître le befoin que l'on avoit d'une reflburce extraordinai- re; c'eft pourquoi leGouvernement, nonobftar.t la réfolunon qu'il avoit prife de ne point toucher aux Mon- noyes , Se la Déclaration portée par l'Arrêt du 22. Septembre 1724. que le prix en ferait invariable , fe trouva forcé de mettre en œu- vre l'expédient d'une refonte Se d'une mutation d'Efpéces. Enfuire, l'Auteur fait voir qu'il n'y avoit pas d'autre réflource. Il répond a- près cela aux objedions que le Ccn- feur fait contre la refonte ; il mon- tre que la différence du prix des anciennes Se des nouvelles Efpéces n'a pas, à beaucoup près, caufétant de pertes à l'Etac qu'il le prétend -, il conclud enfin que l'opération du Chevalier Bernard , chargé de re- monter Se de foutenir les Changes,à remédié efficacement au paflage de l'argent du Royaume chez l'étran- ger , Se fa conclufion eft tirée des principes Se des raifonnemens mê- mes du Cenfeur. Par l'Arrêt du ztf. Mai 172^. les IVlonnoyes furent remontées d'un fixiéme Se fixées au prix acftuel de 49 liv. \C f. le marc d'argent. L'Auteur de l'examen expofe pour juftifier cette opération , la néccflité qu'il y avoit de remettre dans la circulation un plus grand nombre de valeur0 numéraires , d'autant plus que la langueur du Commerce caufee par la diferte Se la cherté des grains , fit fentir que le Royaume étoit encore privé de la plus grande partie d;s matières d'Or çkd'Argenr que le Syftême lui j.i2 JOURNAL D avoit enlevées. » Le lurhauflement » te la fixation de notre argent à 49 *> liv. 16 f. le marc ( ajoute -r-il ; é- » toientfi nécclTaircs Se fi bien me- » furez que le Gouvernement actuel » à qui l'Auteur des Réflexions » donne de fi juftes louanges pour » avoir laifle la valeur de nos mon- » nojcs invariable , n'y arienchan- » gé. On trouve à la faite de l'Ou- vrage un Appendice où 1 . n relève l'Auteur des Réflexions Politiques fur quatre propositions. 1 v. Sur l'augmentation du prix des Termes des terres , & du denrées. On établit contre fou fentimenr, en détachant des Fermes desTerres les redevances en argent qui ne font plus un objet dans le revenu , que le progrès ou augmentation des valeurs numéraires & l'abondance ou multiplication des matières d'Or Se d'Argent , ont produit le même progrès & la même augmentation dans les Fermes des Terres Se dans toutes fortes de marchandées; qu'il y a entre ces valeurs un rapport fi cSTcntiel qu'elles ne peuvent jamais s'écarter l'une de l'autre pour long- rems •, Se qu'après quelques petus mouvemens irréguliers , il Saut tou- jours qu'elles fe remettent d'elles- mème en équilibre. 2" .Sur la comparaifon des revenus de Louis XII Avec ceux de Loi it XV. L'Auteur des Réflexions avoir jofé diflerens principes Se employé divers calculs _, pour conclure que Louis XV, cft moins riche que r.e l'éroit Louis XII. On difeute les preuves de cet Auteur > on les trouve prcfque toutes infuflïfanrcs ES SÇAVANS, Se peu folides , Se l'on prétend éle- ver fur les ruines de fon Paradoxe , une propofinon toute contraire à la henné , Se contormeà l'opinien commune. 3°. Sur le Commerce. On difpu- te à l'Auteur des Réflexions la vé- rité de ces deux maximes , qu'il fai droit donner au Commerce du Royaume toute protection & aide par préférence à la Finance , Se munc à ion pré udice ; Se que l'on devrait auiïi égaler par des préro- gatives Se des difliiictions pareilles, le Corps des Négotians au Corps de la Nobltfle. Sur la première ma- xime , on répond que le Commer- ce Se la Finance doivent erre li bien dirigez qu'ils puiflent fe prêter un fe cours mutuel; &: que l'objet d'un gouvernement éclairé , efl de main- tenir r'éqrùljjbre Se l'harmonie dans toutes les parties de l'Etat , fans facrificr l'une à l'autre. Sur la fé- conde maxime , on remarque que lesArmes & le Commerce font l'u- tile occupation de deux Ordres qu'il faut bien le garder de con- fondre » Si l'on veut en tirer le mê- me concours de Services qui ren- dent la Nation guerrière Se opulen- te ; qu'il cft important de les laiflèr jouir l'un Se l'autre de leurs privi- lèges , Se que ce feroit rompre l'harmonie de l'Etat que de leur :c- corder les mêmes honneurs & im- munités. 4". Sur le Change étranger. On fait connoîxrc ici qu'il ne f.-ut pas s'en tenir au témoignage fuil du change , comme le prétend l'Au- teur des Réflexions Politiques , A O U S pour conduire le Commerce à l'a- vantage de h Nation , & qu'il y faut joindre l'examen delà balance des quantités Si des prix des mar- cbandifes Se denrées qui entrent T, 1740. p5 dans le Royaume & quîen fortenr. La difcuflîon de cet article eft fort importante peur le Commerce, & elle mérite d'être lue dans l'Cuvra- ge même. HISTOIRE DE VACAD E'MIE ROYALE DES INSCRIPTIONS it Belles-Lettres , depuis fin ctabltjjiment, avec les Eloges des Acadé- miciens morts depuis fin renouvellement. 3 vol. in-11. Premier vol. pages 23 four U Préfixe , 1 50 pur l'Hiftoire , & 251 peur les Eloges. Second i>ot. p. aJU Troifléme vol, p. 468 , y cempris les Turcs des Ouvrages con- tenus dans l'Hiftoire C? les Alémoires de l'Académie Royale des Infinp- tions & Belles-Lettres. A Paris , chez Hipolyte-Louis Guerin , rue iaint Jacques , 1740. LA plupart des morceaux qu'on a ralTeinblez dans ces trois vo- lumes , fi on en excepte les trois derniers Eloges , fe trouvent déjà , à peu de chofes près , dans les Mémoires que l'Académie a pu- bliez en différens temps. Mais ils y font répandus parmi divers Ouvra- ges de littérature , & coupez fé- lon les années auxquelles ces Ou- vrages répondent. La difficulté de fe procurer un nombre coniidérable de volumes, dont les matières même ne font font pas toujours à la portée de tout le monde, la néceffité fatigan- te, où l'on étoit de pafTer inccllam- ment d'un volume à l'autre pour y trouver la partie hiftorique , fai- foient defirer depuis lonç - temps de Ja voir réunie en un feul corps. Mais la crainte de redonner en quelque façon deux fois la même chofe , avoir jufqu'ici empêché M. de Boze de répondre fur ce point à l'emprcfTemcnt du public ; enfin le defir de lui être utile, l'a empor- té fut une crainte que la feule modeftie de l'illuitre Auteur pou- voit lui fuggérer. Et nous ne dou- tons point que cette nouvelle é- dition , foit par le mérite & l'a- grément des pièces qui y font raf- femblées , foit même par la beau- té de l'imprefTion , qu'on peut re- garder comme un chef d'œuvre de l'Art , ne foit très- recherchée par tous ceux qui cultivent les Lettres & qui s'intéreffent à leur gloire. Une Préface qui a déjà paru à la tête du premier volume de l'Hif- toire & des Mémoires de l'Acadé- mie , e(l la première pièce qui fe préfente dans ce Recueil. On a cru, dit M. de Boze .dans un court avertifTement , devoir y rappellcr cette Préface , parce qu'on y voit les divers genres d'occupations de l'Académie , Se qu'on y rend comp- te du choix Se de l'arrangement des pièces qu'elle tait imprimer , foit en entier , foit par Extraits. L'Hiftoire proprement dire vient enfuite. C'eft un tiflu de ces difTé- f'4 J OURNAL D rcns morceaux , qui , comme nous venons de le dire , fe trouvoient détachez & épars dans tous les vo- lumes. On n'y a ajouté , que ce qui étoit abfolument nécclTaire pour la liaifon des faits ou du difcours. Nous ne nous arrêterons point fur c:s deux pièces ; outre qu'elles font déjà fort connuës,on en trou- vera l'Extrait dans nos Journaux ; mais comme on s'eft contenté d'y indiquer les Eloges, & qu'ils rem- pliflent la plus grande partie des trois volumes dont il eft ici que- ftion, nous effarerons d'en donner quelque idée. Nous obferverons d'abord , que quoique la qualité d'homme de Lettres , foie celle que l'Académie confidére principalement dans les Eloges dont elle honore la mé- moire des Membres qu'elle a le malheur de perdre -, cependant comme ils font tirez de tous les Ordres de l'Etat, &C quelquefois de tout ce qu'il y a de plus grand dans ces Ordres, il ne faut pas croi- re que ces Eloges ne foient remplis que de faits &c de difcullions pure- ment littéraires. Ils offrent au con- traire de temps en remps,des exem- ples échrans de vertu ; Se en tout genre , des actions brillantes , des traits dignes de l'Antiquité , 6c quelquefois même, qui tiennent de ce merveilleux que la vie d'un fçavant fembleroit ne devoir pas comporter. On en trouvera fur-tout de ces derniers dans les Eloges de MM. Vaillant G ail and, du Cardinal -Gualtério , de l'Abbé Couture , du -Préiîdcnt de Valbonnays , de M. ES SÇAVANS, l'E vêque de Cadres , &c. Ce qu'il y a de plus grand dans la vie de ces Académiciens qui fe font fait un nom dans l'Eglifc dans l'épéc, ou dans la robe , loin de piroîtrc étranger dans l'Eloge qu'on en fait comme gens de Let- tres, y entre naturellement. Les uns ont été redevables de leur éléva- tion aux Lettres ,ou du moins de la réputation qu'ils fe font acquife dans lcsdifférens emplois dont ils ont été revêtus, & les autres fe font diflinguez par les établiiTcmcns qu'ils ont faits en faveur desLcttres, ou par la protection qu'ils leur ont accordée. Nous renvoyons pour cela aux Eloges du Préfident de Lamoignon , du P. de la Chaife , de M. de Sillery Evoque de Soif- fons , de MM. Foucault , Bignon, & le Peletier de Souzy , de M. le Duc de Coiflin Evéque de Metz , du Maréchal d'Etrées , &C. Le premier de tous ces Eloges ,- qui eft celui de M. Charpentier, n'a point été prononcé. Il a été fupplcé par M. de Boze fur les Mémoires du tems , & fur les Ouvrage; mê- mes de M. Charpentier Il mourut peu de temps après le renouvelle- ment de l'Académie , 6c dans un temps où l'on n'étoit point encore dans l'ufige de taire l'éloge des A- cadémiciens après leur mort. Les cinq Eloges qui fuivent ce- lui que nous venons d'annoncer, ont été lus dans les affemblées pu- bliques de l'Académie^par M l'Ab. Tallemant, qui y a rempli quelque tems le<: fonctions deSécrétaircn c »tut alors, dit M. deboze , que A O U S »■ fous le nom d'éloge on commença » à donner au public une idée de y> la vie & de Ouvrages de chaque «Académicien , que la more nous » cnlevoit ; & peur-être , <' ajoute - t - il dans l'éloge qu'il en a fair , 8c qu'on trouvera dans le premier volume 3 » que la manière ingé- »> nieufe, dont il décrivoit nos per- » tes , a fouvent fait fouhaiter , » qu'elles fulTcnt plus fréquentes. Mais comme M. l'Abbé Tallemant étoit déjà avancé en âge , les fonc- tions du Secrétariat , dont celle de faire ces fortes d'éloges , n'eu: pas aflurément la plus aifée , lui ayant paru trop fatigantes , il s'en démit en 1706. & M. de Boze qui dès-lors s'étoit tait un grand Nom dans la République des Lettres , fut choifî pour lui fuccéder. Ainfi le refte des Eloges que renferme ce Recueil, eft de cet illuftre Aca- démicien , alTez heureux pour s'ê- tre immortalifé lui-même , tandis qu'il n'étoit occupé que du dtlir d'imniortaîifer fes Confrères. Le premier qui lui fut redevable de cet avantage , prefque le feul que les véritables fçavans fe pro- pofent , fut M. Vaillant célèbre Antiquaire,donr5 comme on le ver- ra dans fon Eloge , le talent fe dé- velopa tout d un coup par un de ces heureux hazards qui n'arrivent qu'à des gens de génie, ou du moins dont eux feulsfça vent profiter. L'Hi- floire de fa Captivité à Alger , y paroîtra d'autant plus inten (Tante , qu'on ne s'attend pas à trouver de pareilles avanturcs dans l'Eloge d'un feavSht : la crainte d'en ef- T , I 7 4 o. 5 1 jT fuyer de nouvelles , ne l'empêcha pas cependant d'entreprendre en- core différens voyages dans le Le- vant, &jufque dans la Perle, «j Ces » voyages enrichirent tellement le » Cabinet du Roi , qu'à voir cet » amas prodigieux de Médailles » on eût dit , que la Terre avoic » exprès reftitué tous fes dépôts » en faveur d'un Prince, qui fe plai- » foit à confulter ces reftesde l'An- » tiquité fça vante. La plupart des gens du monde qui ne connoilTent guéres le P. de la Chaife, que par fa qualité de ConfciTcur du Roi , apprendronc dans fon Eloge, qu'une érudition fort variée , jointe à une grande connoilîancc de ce que la belle An- tiquité a de plus curieux , lui avoic procuré une place d'Académicien honoraire. M. de Boze après nous l'avoir fait connoître comme hom- me de lettres , s'exprime ainfî. *> Le public attend peut-être en- » core , que nous lui repréfentions » le P. de la Chaife remplifTant les » délicates 8c facrées fonctions dé » Ion miniftère.Lesuns voudraient » qu'on leur dit tout ce que la pié- » té 8c Ion zélé pour la Religion » lui ont fait entreprendre : com- » bien il a contribué à la deftruc- » tion de l'hcrcfic en France , 8c » ce que lui doivent les Millions » Apoftoliques dans les Pays les » plus éloignez. D'autres fouhaitc- » roient qu'on le leur peignît au- » delTus du travail & des con- » tranercs '_, toujours occupé fans » le paroître jamais , toujours » affable , 8c tranquille i juile • ji* JOURNAL D » 8c exaJt dans h décifîon des af- » faires qui lui croient renvoyées , » perfualif , preffant , actif dans » celles qui dépendoient de la né- » gociarion ou du mouvement , 5c » toujours incapable d'une fauffe -•> démarche. » Mais , continue t-il , la focieré » qui le forma dans fon fein , ne » manque ni d'Hittoricns 3 ni d'O- » ratcurs , pour tranfmettre à la » poltcrité un dérail Ci intérefTant. » Nous, dont les Eloges font moins » des Hi(toircs5c des Panégyriques, » que de (impies Mémoires fur la » vie des Académiciens , nous 3> croyons qu'il fuffit prefque d'y » rapporter ce qu'ils ont fait pour » les lettres , & ce que les lettres » ont fait pour eux. Nous avons copié ce morceau, bien moins par ce qu'il peint parfaite- ment le caractère du P. de la Chai- fe , que parce qu'on y trouve le caractère qui régne dans ces fortes d'Eloges , Se ce que, fans trop s'ar- rêter à ce nom même , on doit par- ticulièrement y chercher. L'endroit que nous allons rap- porter fera voir avec quel art M. de Boze fçàit développer les replis les plus feercts du cœur humain ; ce morceau eft rire de l'Eloge de Thomas Corneille -, il roule fur l'extrême douleur qu'il rclTentit à la perte de Pierre Corneille fon frere aîné , ex fur la partaite intel- ligence qui régnoit entr'eux. » La mort d'un frere , quand el- n le n'eft pas prématurée , ne tou- » che, dit M. de Boze, la plupart » des hommes que par un trifte re- ES S Ç A V A N S , » tour fur eux mêmes. Us mefurerrt » l'intervalle , ils fupputent les » momens qu'ils croyent leur » refter ; ce calcul les effraye ; & » la nature qui fuit toujours fes » foiblclTes , mais qui eft Couvent » habile à les couvrir , met fur le » compte de la tendrelTe une dou- » leur caufée par l'amour propre. » Il n'en étoit pas ainfi de ceux 3» dont nous parlons. Outre que » Pierre Corneille étoit de 20 ans » plus âgé que fon frere , il y avoit » entr'eux la plus parfaite union » que l'on puilfe imaginer. » Nous en rapporterons un «exemple qui paroîtra peut-être » fîngulier. Ils avoient époufé les » deux fœurs , en qui fe trouvoit » la même différence d'âge qui » étoit entr'eux ; il y avoit des » enfans de part 5c d'autre , &c en » pareil nombre. Ce n'étoit qu'une » même maifon , un même domef- » tique. Enfin, après plus de vingt- » cinq ans de mariage , les deux » frères n'avoient pas encore fongé » à faire le partage des biens de leurs » femmes ; biens fituez en Nor- y mand.e , dont elles étoient ori- » ginaircs comme eux ; & ce par- » tage ne fut fait , que par une né- » ceffiré indifpenfableàla mort de » Pierre Corneille. L'Eloge de M. Dcfpréaux a ce- la de particulier , que M. de Rozc, y montre toujours d~ns cet illutVe fatvrique » l'homme de bien in- séparable de l'homme d'efpnt , » 5c le fage toujours uni avec le »> Poète. Ceux qui regardent la connoilTan- A O U S T ce de l'Antiquité comme une étu- de plus curieufe qu'utile, appren- dronr dans l'Eloge de M. Oudinct, combien cette connoi(Taiicce(l quel- quefois nécefTaire pour éclairer les efprits fur plufieurs relies de i'Hif- toire & de la Religion Payennes , que la (implicite de nos Pères nous a tranfmis comme de très - anciens monumens de notre Religion. On confervoit fous ce tirre , de- puis plus de fepteens ans dans une Eglile célèbre, deux Agathes. » La première, qui repréfente Ju- »> pirer & Minerve aux deux côtés « d'un Olivier avec une Chouette, *» un Serpent & quelques autres «animaux, pafîoit avanc que M. »> Oudiner eût ouvert les yeux de » ceux qui la gardoient depuis il » long-tems , pour une defeription » du ParadisTerreftre, & l'Hilioirc » du péché d'Adam .... une pieufe a» ignorance avoir achevé de confa- »» crer ce monument , en écrivant » fur le bizeau de la pierre ces mots » rirez de la Gencfe , ta femme cox- fiiera. que le fruit de cet Arbre était bon à manger , qu'il était beau &" « 5" 17 l'Evangile prêt à fe répandre fut toute laterre.Ces deux AgarhesonC pafle dans le Cabinet du Roi, Quoique nous ayons déjà donné un échantillon de la force & de la vérité qui régnent dans ics portraits de M. de Boze , nous croyons de- voir encore rapporter celui qu'il fait de M- deToureil. » Il penfoit, » die il, & aimoità s'exprimer d'u- » ne façon non commune ; il ofoic » heureufement en ce genrejil ame- >» noit fi finement une penfée , il » fau voit fi adroitement une expref- » fion, qu'il venoit enfin à bout de * faire palier avec grâce les idées » les plus finguliéres , & les plus » hardies Métaphores. Les faillies , » la promptitude &c la force de fes » reparties ne lui donnoient pas "feulement quelque fupériorité., » ell.'s alloient jufqu'à le rendre rc- » doutable dans la converfation. » Zélé p artifan de la vérité , il la » cherchoLt,avecobftinarion,jurquc » dans les chofes les plus indinc- >» rentes. Il vouloit blâmer impi- toyablement ce qui lui paroilïoit » blâmable, & louer, même en pu- » blic & malgré les plus féveres »> défcnlès, ceux qui méritoient (es » Eloges , &c. Ce portrait comme tous ceux qui font fortis de la même main , n'efl pas flatté , mais quiconque peindra parfaitement les hommes , ne les peindra jamais parfaits. Donnons maintenant un exem- ple de l'élégante (implicite, qui ca- ractérife les narrations de l'illuftre Auteur. C'elt ainfi qu'il raconte comment M. Galland dans untroi- Rrr jf-tl JOURNAL D fiéme voyage au Levant -, qu'il tvoir entrepris par ordre de M. de Louvois , pour y continuer fes re- cherches fur les Médailles & les au- tres monumens de l'Annquité,pcn- fa périr à Smyrne par un prodigieux tremblement de terre. >» La gran- » de & première fecoufle , dit M :> de Boze , vint fur le midi , =» rems où il y a communément du » feu d.ns toutes les maifons , & » cette circonftance joignit au bou- « le-verfement général un. incendie m épouvantable. Plus de quinze » nulle habitans furent enfevelis « fous les ruines , ou dévorez par » les flammes. Honneur Galland >*rût préfervé du feu par un privi- »» lége a(Tcz ordinaire aux cuilines « des Philofophes , cV les décom- » bres d'un toit léger l'enterrèrent » de manière , que par des efpéces » de petits canaux interrompus ; il » jouiiToit encore de quelque refpi- «ration ; c'en; ce qui le fauva , " car il n'en fut retiré que le len- » demain. C'eft ce même M. Galland , qui a fait l'immenfe traduction de ces Contes Arabes , fi connus fous le nom de Mille & une Nvkis. L'Eloee de M. Cuper Acadcmi- cien honoraire étranger, lui iroit fins parler de plufieurs autre-;. pour dcfibufer le commun des hommes du préjugé où ils font > que les feavans ne font bons qu'à être ren- fermez dans 1cm cabinet , Se que la fociété civile Se politique n'en peut tirer aucune utilité. M. de Bo- ;c, après s'être étendu iur les difîé- i?ns écrits de M». Cupcr, ajoute ES SÇ'AVANS, » qu'au récit de tant d'Ouvrages J » & d'Ouvrages remplis de h plus » profonde érudition , il feroitna- » turtl de fe repréfenter M.Cupcr » comme un fçavant toujours en- » foncé dans fon cabinet, toujours » collé fur les livres -, & le portrait » ne feroit point du tout refTem- » blant : c'étoit un Républicain , » affable , poli , répandu dans le » monde , fige , occupé de fa fa- » m, lie. » Il avoir été élevé aux premié- » res Magistratures de fa ville (De- » venter ) ; il avoir été enfuite Dé- » puté de la Province d'Ovveriffel » aux Etats Généraux [ puis Dépu- » té de ces mêmes Etats à h gran- ■' d-.- armée des Pays-Bas ; chargé » enfin dans les dernières années « de fa Yie , de diverfes commif- » fions importantes. Mais , au mi- » lieu de tous ces emplois , il étoic « demeuré fidèle aux lettres , & fî » fidèle , que le Roi Guillaume III. » difbit ordinairement de lui » *> qu'il avoit fait leur fortune , Se *> que par reconnoifîance elles le » foulageoient dans l'expédition » des affaires. Nous fouhaiterions pouvoir nous étendre fur la manière dont M. de Boze rend compte de tout ce qui regarde les travaux littéraires des Académiciens , fur la netteté qui règne dans les courtes anal vfes qu'il donne de leurs Ouvrages, & fur la précifion avec laquelle il expofeles matières qui y font traitées.On lent à l'clt-gaiice cv à la clarté qu'il ré- pand fur ce qu'ily a de plus profond- es de plus obfcur dans l'Antiquité^ AOUS qu'il neft pas moins verfé dans roue ce que lesBclles-Lettrcs ont de plus délicat &: de plus poli. Aulîî t quoique la vie de pîufieurs Acadé- miciens , comme celle de prefque tous les fçavans de proteilion , paroiife d'abord n'avoir rien que d'uniforme ; les Eloges qu'il en, fait n'ont entr'eux aucune uni- formité. Tous font remplis d'une variété d'autant plus agréable , qu'elle eft naturelle , ce qu'il y a même de fec en apparence dans certains détails , où M. de Boze ne .pou voit fc difpenfer d'entrer, eft adouci par des réflexions fines , p,ir des vues philofophiques , & par des tours heureux , qui fans avoir la moindre teinture d'affecta- tion , offrent tous les charmes de la nouveauté. Pour s'en convain- cre , il ne faut que lire les Eloges de Mefîîeurs Cufter , Renaudot , Galland , Boivin frères , &c. Les deux derniers Eloges ren- fermez dans ce Recueil , font ceux du Maréchal d'Errées , & de Moniteur de la Barre mort en 1738. M- de Boze obferve dans l'é- loge du premier » que ceux dont il m a été le moins connu , s'imagine - » ront bien qu'une perfonne de fa j> naiflanccjde fon caractère, & dont » la Maifon avoit toujours rcfpirc m le goût des Lettres , & l'amour » des Arts , n'a pu leur être mdif- » ferent,mais il y auroit, ajoute r-il, 5) plus que de l'injuftice à penfer , » que c'en eût éré affez pour orner » de fen nom la lifte de trois célé- v bres Académies; il Luraapparre- » nu en propre comme àl'Heroïimc T, 1 740; 5-T9 » même. C'eit ce qu'il montre eu détail, & fur-rour par rapport au;r connoifTances fur lelquelles l'Aca- démie des Infcviptions & Belles- Lettres s'exerce principalement. On trouve enfuite, dans une ad- dition aux Eloges qui ont été pro- noncez dans l'Académie , ceux de Meilleurs Morin & Moreau de M au- tour, qui en éroient tous deux Pen- sionnaires. M. de Boze avertit, qu'il n'a pas cru que les raifons particu- lières , qui empêchèrent de leur donner dans le temps cette mar- que publique d'une eftime , & d'u- ne attention qu'ils méritoient, dûf- fent le difpenfer de la leur donner ici plus fommairement, & d'y join- dre à l'ordinaire une lifte de leurs Ouvrages. C'eft ainil qu'il en a mis; à la fuite de l'Eloge de chaque A- cadémicien. Elles renferment un détail très-exact des différentes édi- tions de leurs Ouvrages -, &: font connoître , ceux même qu'ils ont laifTez en manuferit , 6c qui nefonc point encore imprimez. Enfin, pour ne rien laiffcràdefireE de tout ce qui pouvoit rendre ce Recueil plus utile au public , M. de Boze y aralTemblé à la fin, 6c difpo- fé par ordre de matières le titre de rous les articles littéraires con- tenus dans les douze volumes , que l'Académie a déjà publiez. Ileiidifc de voir tout l'avantage que l'on peut retirer de ce travail , ôi combien il pourra fervir à ceux qui voudront écrire, ou Simplement même s'in- ftruire fur les différentes matières qui ont fait l'objet des recherche! de l'Académ.e d puis fon établiffe- ment. R r r ij j2« JOURNAL DES SÇAVANS, NOVlfELLES I T AL I E. SI ROML JO s e v h Ce//» , Imprimeur- Libraire , publiera inceflam- ment une nouvelle Edition d'une DifTeitarion touchant les anciens HyrrMgrafbes de l'Eglife Gréque , considérablement augmentée par M. le Card. Querini. Cet Ouvrage eft intitulé : De prifcis Hymnogra- phis Graca EccLfia diatnba poji Rbmanam Editionem anni 1722. nu- perrimè aiicla ; ad\cïloqnc ad calcem Gracorum Enchiridio , Beniventa- nis Typisann. 1727. prln.um edito ; ■tium vere fecundis curis recognito. Roma 1740 /'» 40. On continue de débiter ici avec fuccès le 3me vol. de ÏHifloire de M. Vincent Luccheftni , intitulé : Joannis Vincent li Luchefini Patricii Lucccr.jis Pontif. Maxim, a. Brevi- lus ad Principes Hifloriarum pli t-n.poris.Tom. 3. Roma. in-40. &c. Cette Hiftoire , quieft fort ellimée par beaucoup d endroits , & prin- cipalement par le cara&ere de \c- iité & d'impartialité qui règne dans la narration , commence à l'année 1678. après la paix de Nt- mégue-, & le 3m-' vol. va jufcu'au commencement de ce fiécle. L'Au- teur efpere qu'il la continuera, au- tant néanmoins que Tes autres oc- cupations le lui permertront. Sur la fin de l'année dernière Ml LITTERAIRES. l'Abbé Gaétan - Cenni donna un Recueil de Canons de l'Eglife d Ef- pagne ; (bus ce titre : Codex vete- rum Canot: un Ecclcfia H:fpanaj & de Sînt.quitate Ecclcfia 3 prafertim Occidentalis. Roms. 1739. ;w-t°. Il a paru aufîî a peu-près dans le même tems une (bavante Dilfer- tation fur deux anciennes Pierres gravées ; elle porte pour titre : Dijfertatio Glyptographica ; five Gemma dut Graco artifeis nomine infignita , qua extant Roma in Mti- feo Viiïorio ; explicata & illujlrata. Roma 1739 in \°. Cet Ouvrage ett fins nom d'Auteur , mais on 1 attribue à M. le Chevalier Fran- çois Vittori^ qui donna ici en 1737: un autre Ouvrage également efti- mé lous ce titre : Nummus arem vetemm Cbriflianoritm. Rom. in-40. dï Boulogne. Voici deux Ouvrages de pieté , imprimés tout récemment a Bou- logne ; l'un & l'autre de Ai. le Card. Profper-Lambertini , Arche- vêque de Boulogne , élevé depuis quelques jours fur la Chaire de S. Pierre. Le premier eft intitulé : u4nnotaz.ioni fopra le Fefte dinoflra S ignore , delU B. Virgtne. In Bo- logna, 1740. Le fécond : Annotazioni fôpra gii Atti d alcuni fanti di Bologna ; e fopra il Sacrifiz.10 délia Miffa. Ta Bologna, 1740. A O U S T Le quatrième vol. du Recueil , délie Notifcaz.ioni , Editti , e Jn- firuz.ioni dal Signor Cardinale Larn- bertini Aravefcovo di Bologna , avoic été publié quelque tems au- paravant. Ces 4 vol. compofent un Tréfor de connoiflànces Ecclefia- ftiques excellentes , cV d'avertifte- mens très-utiles pour la conduite de tous les Diocèfes de la Chré- tienté. On a publié au£S dans le même tems le 4",e vol. du grand Ouvrage du même Auteur , de Servornm Dei Beatificatione , & Beatorum Canonizatione Liber 4. in-fol. de Florence. Pierre Gaétan" - Viviani , Impri- meur - Libraire , a publié depuis peu un vol. contenant les Actes du Chapitre général des FF. Mi- neurs , tenu cette année à Floren- ce dans le Couvent de S. Jofeph; le premier qui ait été tenu dans cette Ville , & le jime depuis la fondation de l'Ordre par S. Fran- çois de Paule : Capitulum généra- le li. Ordims Aiinormn , Florent ut frimo célébrât um in Conventu S. jofcpbi anno Domini 1740. à die 29 Jiiaii addicrn 6 junii. 1740. in-40. Il paroît ici depuis peu une tra- duction en Italien du Livre des Caractères de la Charité ( que tout le monde içait être de M. l'Abbé du Guet ) intitulé : Sptega- Z.ione délie cjiialita , 0 de 1 caratterif che S.Jaolo attrtbuifce alla Carita, in Firenz.e. Ant. Adar. Albizini , 1740. Cette Traduction eft dédiée , 1 7 4°« fz'l à M. Franc. Mar. Ginori , Evêque de Fiefoli , Affiliant du Thrônc Pontifical & Comte de Turicchï. Le Traducteur ne s'eft point nom- mé , & il a mis fous le nom de l'Imprimeur la Préface qui eft à la tête de fa Traduction. Au refte , cette Traduction paile pour être fidèle & élégante. de Venise. Jean-Baptifte Pafquali , Impri- meur - Libraire , a publié depuis peu ï'Uifioire d'Aquilée, compoféè par le R. P. Bernard de Rubeis, Do- minicain. Cette Hiftoire a été reçue' du public avec applaudifïèment. Il a encore paru ici depuis peu un autre Ouvrage : Sotto il nome d Académie 0 intronato , intitulé : Tr.it tato degli Studii délie Donne in due parti divifo. In Venezia. 1740. La Relazione di una nuova Ifola Scoperta nel nitovo Aïondo fopra le Cofte deirifoie Caribdi in America, tradotta dallo Spanolo in lrenez.ia , 1739. Cette Relation eft de L>. Louis CampoBello _, Capitaine du ' Vailïèau la Stella. ALLEMAGNE. DE GoTTINGUE. Hermanni Boérhaave Pnele&iones Académie* in proprias Inflitutiones rei Medica. Edidit & notas addidit D. Albertits Halles. Gottingœ. 1740. in 8°. 1 vol. C'eft-à-dire: Dictées Académiques de M.Herm.Boerhaa-' S2- JOURNAL D v: fur fis Irtîlitut'wn d: Médecine , &c. M. Albert Halles , Dodeur ce Ptofeflèm: en Médecine , qui a entendu & reçu ces Didées , a pris loin de les donner au public , il y a ajouté fes remarques , & les ci- tations exades des Auteurs , qui n'avoient été qu'indiquées par M. Boerhaave. On a encore donné ici depuis peu un Recueil de divers morceaux de Littérature ancienne , lous ce titre : Mulicrum Grœcarum , qui. oratione profa ufit funt , fragme/ta Ô" elogi.i , grâce & latine. Curante Jo. Chrifl. Ifolfo. Gottinga: 1740. DE LeiTSICK. Joh. Gcorg. Wachteri Archaol» - fia Nurrmiœria , continent pracogni- ta nobiltjfimA Artis , qux Nummos tmiquos mterpretatur. Lipiïa\ 1740. Sacramentomm m veteris Romx Ju iiciis folemnium Antiquitates. Autlore Joanne-Friderico Schreiter. LipfiJE : 1740. /;.'-4°. ANGLETERRE. de Londres. Guillaume Parker a réimprimé depuis peu les Sermons du Doileur Shorp f Archevêque d'Yorl^, en 7 vol. in 8". Whifton, Imp rimeur- Libraire , p. imprimé aufîl depuis peu par voye de Soufcription , A coleilion ofStf.te papers relating to the affairs ES SÇAVANS , m the Reign ef King Henry ï'TIl. Edvard FI. &ç. C'efc-a-dire : Vue Colletlion de Mémoires d Etat , qui ont rapport aux affaires arrivées fous le règne de Henri VIII , d E- douard VI , de la Reine Marie , & de la Reine Elisabeth , depuis l'an' née 1541- jufqu à l année 1^70 très des Manujcnts originaux Uijjés par Guillaume Cecil LordBurghley, qui nom jamais été publiés , cr que l'on confirve dans la Bibliothèque du prejent Comte de Salifbury f 6c c. Par M. Samuel Hayncs . Miniltre de Haterield , 1740. m folio. Supplément aux Ejfais de Monta- gne , contenant la Vie de Monta- gne, par le Préiident Bouhier, avec le caractère & la comparailon d'Epidéte & de Montagne , par Paical , & pluûeurs autres Pièces. Londres , 1740. in-+". Hiftoire de la Pairie de France & du Parlement de Paris , oit Ton trai- te anjjï des Electeurs de l Empire , & du Cardinalat. Par M. D. B. On y a joint des Traitez touchant les Pairies d'Angleterre , & les Pairies femelles d'Angleterre : par M.G.& touchant l'origine des Grands d'Ef- pagne,auffi par M.G. Londres, chez Samuel Harding, ij+o.in-n. L'Au- teur de cet Ouvrage a non feule- ment écrit l'Hiftoire de laPahiede France , mais il a encore difeuté avec beaucoup d'étendue & d'éru- dition les privilèges , les préroga- tives , les droits Se les ma:ques d'honneur Si de diltindion qui ap- partiennent , félon lui , aux Pairs de France &: les fondions atta- chées a leur dignité. A O U S The Negottations of Sir Thomas Roe in hts Embaffy to the Ottoman Porte from the year :6n. to 162S. Sec. C'eft-à-dire : Les Négociations du Chevalier Thomas Roe fendant fin Ambafjade à la Porte y depuis Pan \6i\- jufqua l'année 1628. in- chijîvemem , » lefquelles coiïtien- » nent un grand nombre de faits « curieux & importans , qui ont « rapport non feulement aux arFai- » res de l'Empire Ottoman , mais « encore à celles des Etats de » l'Europe pendant cet efpace de « tems , fa correipondance avec » les perionnes les plus illuftres , » comme la Reine de Bohême , » Bethlem Gabor, Prince de Tran- « fylvanie , & plusieurs autres. « Le tout entremêlé de particulari- tez inftrudt'ives touchant le Com- merce , & de divers fujers de Lit- térature , comme d'anciens Mfs , de Médailles , d Infcriptions , & autres Antiquitez, in fol Cet Ou- vrage fe trouve chez Straban , Revington , Vaillant , Bundley , &c A Mufical Diclionary ; being a Collection of terms and Char acier s , &c. C'eft-à-dire : DiUionnaire de Mujique , ou Recueil de termes & de caractères , tant anciens que mo- dernes , comprenant les parties Hi- fioriejue , Théorétique & Pratique de la Mu f que , avec l'explication de quelques parties de la D^clrine des anciens , & des remarques fur leur rttéthode & leur pratique , &" des obfervations cuneufes fur les Phénomènes du fin confiâerè mathé~ matiquement en tant que fis R(U~ T , 1 740. 523 tions & proportions conftituem les intervalles , & ceux - ci les accords O" les defaccords. Le tout tiré des meilleurs Auteurs Grecs , Latins , Italiens , François , Anglois y &c. HOLLANDE. d' Amsterdam, Hiftoire de Tharnas Kouli - kan Sophi de Perfi. Amfterdam. 1740, in-11. Cette Hiftoire, qui con- tient deux parties , commence par une Delcription Géographi- que du Royaume de Perfe , & un Abrégé Chronologique de la plu- part des Rois qui y ont régné. L'Auteur rapporte enfuite les principales Révolutions , qui font arrivées dans ce Royaume , & principalement celle qui a placé Tharnas Kouli-kan fur le Thrône des Sophis : ce n'eft proprement qu'après ce long préambule que l'Auteur entre en matière ; il ter- mine la première partie de cette Hiftoire par le caractère de fon Guerrier ; & il promet qu'auiïï- tôt qu'il aura des Mémoires 3 fur lefquels il piiilfe compter , il paie- ra à la féconde partie qui regarde- ra la guerre que Tharnas Kouli- kan a déclarée au grand Mogol. Cet Ouvrage fe trouve auilî à Leipfick , in- iz. Alèn.oires , ou FJfai pour fervir à l Hiftoire de M. le Tdlier , Mar- quis de I.ouvois, AUniftre & Secré- taire d'Etat de la Guerre fous le règne de Loius X1F. Amfterdam ., ■ 1740. in-i". S*4 JOURNAL DES SÇAVANS, & ij'n= vol. de \ Hifloire d'Angle de LA Haye. terre de Theiras: in-40. Outre le Cours de la Science Mi- litaire , &:c. par M. Bardet de Vil- leneuve , que nous annonçâmes dans nos Nouvelles du mois de Juin dernier ; voici encore une fuite d'Ouvrages fortis de la mê- me plume touchant la même ma- tière , c'eft-à-dire , l'Art de la Guerre , imprimés ici chez Van- JDurcn 3 tous avec figures. i°. La Taclique , ou l'Art de ranger des Bataillons , & de faire faire a une Armée en campagne , tous les n.ouvemens , qui convien- nent fmvant les différentes occafîons, .1740. in-8". z°. FonUions & devoirs des Offi- ciers , tant d'Infanterie que de Ca- valerie : 1740. in-$\ 30. Géométrie - pratique à l'ufage des Officiers , qui en feigne toutes les opérations les plus neccffaires , tant fur le papier que fur le terrein : 1 740. />;-8°. 40. Traité de /' ' Architetlure Ci- vile , à l'ufage des Officiers : 1740. in-S". La Veuve Levier , Imprimeur- Libraire , a achevé d'imprimer Y Hi'forre de l'origine & des premiers progrès de V Imprimerie : compoiée par M. Profper Marchand : 1740. On trouve ki la Vhyfique Sacrée, ou Y Hifloire Naturelle des PU/.tes ÇT des animaux , connus dans les Saintes Ecritures , avec plus de 700 .figures , in fol. 8 vol. On trouve aufli les nœe, jime , FRANCE. de Bordeaux. Programme de l'Académie Roya- le des Belles - Lettres , Sciences & Arts. L'Académie propofe à tous les Sçavans un prix fondé à perpé- tuité par feu M. le Duc de la Ftrce. C'eft une Médaille d'or de la va- leur de trois cens livres. Cette Compagnie a déjà averti que le fujet du prix de l'année fui- vante i74i.ferala caufe phyfique de la couleur des Nègres , de la qua- lité de lews cheveux . & di la dégé- nération de l'un & de l'autre. Elle annonce aujourd'hui , qu'el- le deftine le prix de l'année 174t. à celui qui donnera l'Explication la. plus probable de la caufe & des ef^ fets de l'Electricité des corps. Les Dillertations fur la couleur des Nègres , ne feront reçues pour le concours, que juiqu'au premier du mois de Mai de l'année 1741* $c les DinTertations fur ['EL illicite, ne feront reçues que jufqu'au prer mierde Mai de l'année 1741. Elles peuvent être en François ou en Larin : on demande qu'elles foient écrites en caractères bien lifibles. Au bas des Dillertations il y au- ra mie Sentence, & l'Auteur met- tra dans un billet iépaié & cache- té , la même Sentence , avec Ion nom , fon adrcfTe & fes qualicez , d'une façon qui ne puille pas for- mer A O U S met A "équivoque . -Les paquets feront affranchis de -port , & adrelTes à M. le Préfident turbot , Secrétaire de l'Académie, Fur les Foffez du Chapeau rouge ; ou au Sieur te Brun , Imprimeur 8c Aggregé de l'Académie , rue S. James. Les deux prix de cette année , l'un lur {'origine des Fontaines & des Rivières ; l'autre , lur lacaufe de la fertilité des Terres , ont été remportés : le premier , par M. Cuhn , Docteur en Droit & Pro- felleur de Mathématiques à Dant- •ziclc -, le fécond , par M. Kulbt-l , Médecin du Roi de Pologne , à la Forterellè de Konigftein. On trouve chez le Sieur le Brun , Imprimeur , le Recueil de toutes les Differtations de ceux qui ont rempor- té ce prix depuis l'établijjèmcnt de X Académie , en 6 vol. in\ i. DE PARIS. Defcription Géographique & Hi- ftorique de la Haute Normandie , divifée en deux parties , dont la première comprend le Pays de Caux , & la féconde le Fexin. On y a joint un Dictionnaire complet , & les Cartes Géographiques de ces deux Provinces. Chez Nyon père , Place de Conty , à Sainte Monique ; Didot , Quai des Augullins , à la Bible d'or ; Gtfart , rue Saint Jac- ques , à Sainte Théréfe; Nyon fils, Quai des Auguftins , a l'Occalion : Î740. 1 vol. .'«-4°. L'Académie Royale des Inscrip- tions & Belles - Lettres vient de Aouft. T, 173.0. .fzf donner fon douzième Volume con- tenant VHifioir't de cette Compagnie, avec les Mémoires de Littérature, tirés de fes Regiftres , d.puts l'année 1734- j'*r'Jltes & compris 1737. De l'Imprimerie Royale 1740. //v-4". & le Volume 13'"* contenant les Mémoires de Littérature , tirés des Regiflres de la même Académie , de- puis l'année 17 14. jufques & com- pris 1737- de l'Imprimerie Royale. 1740. /'w-40, L'Académie Royale des Infcrip- tions 6c Belles - Lettres a voulu ajouter à l'Hiftoire êc aux Pièces de Littérature , dont elle a enrichi jufques à prefent le public , une Table ample , exacte & détaillée de toutes les matières qui ont été traitées dans les dix premiers Vo- lumes , & dont la plupart ne font point annoncées par ie titre de* Ouvrages. Cette Table eft alpha- bétique ; & elle forme un Volu- me îemblable à ceux des Mémoi- res mêmes , auflî de l'Imprimerie Royale, 1740. La même Acadé- mie fe propoie d'en ufer ainfi dan« la hiite de dix en dix Volumes. Panégyriques , Sermons , Haran- gues & autres Pièces d'Eloquence. Par feu M. de la Panfiere , Evêquc de Nîmes. A Paris , chez Gijjey , rue de la vieille Bouderie , Borde- Ut , Lambert , & Durand , rué S. Jacq. 1740. «u. 1 vol. Ce font ici les Œuvres pofthu- mes d'un Auteur dont les talens- Litteraires font connus des Sça- vans. M. de la Panfiere , Evêque de Nîmes , avoit cultivé les Bel- les-Lettres des fa -plus tendre jeu-* t*4 journal ri ndk , Si on fçait qu il a continue toute fa vie a en faire , dans les moniens de loifir , le delallèment de Tes travaux : il ieroit a teuhai- ter qu'il eut été moins nidifièrent a conieryer les productions de ce geme que la beauté de ioiv génje faifoit tdor; de tems en tems ; la Rej nbiicjue des Lettres y aruoit g-âgi.é , tans qu'il en eût rien coû- té al'i pifeopat. Les deux Volumes que nous an- nonçons çontituinent un Recueil de Panégyriques., d Ort'ons Fu- nèbres &: de beaucoup de Pièces d Lloquence : nous ne doutons point que le Public ne veye & ne reçoive avec plailîr des Ouvrages qui reipi.rent le goût, des bonnes Lettres , les faintes ;> .axirr.es delà Religion , & dans Loquets on voit u vivre l'eiprit &. les t.aleiis de 1 il— luftre M.Flc'ch'er , pieucexùeur de M. dç la Pariliere. On trouve au commencement du premier Volume un Avertirle- meiit ou une Préface fur le carac- tère de M. de la Pariliere , fur ion !iyle 6c i.ur le goùr qui règne dans unis fes Ouvrages , de quelque nature qu ils logent : on a mis a la rinde cet AvçrtuTement 1 Llo<;c du même Prélat , compoié par M, Menard , Confeiller au PiJÎdiul t§ XimeSjCv Allocie a l'Ac.> des Belles -Lettres de A'ai'.lile , qui fe trouve a la tm deljHiftphe des bvéques de Nîmes qu'il vient de. donner. Ces deux première Volumes nous ont paru imp,i:i es correcte- nuiit év avec loin. L'Ldit.ur pto- ES SÇAVANS, met qu'il donnera encore au Pu- blic pluheiirs antres Ouvrages du même Auteur. Oijcrvat.oui fur F sî't défaire U guerre , [a, va, a l:s ma>:nn:s dp yius grands o»«i'/-.,-;.'.-t- , ./. .•.(,,.( j . /».:•• .'. .->..;< . J.muo.ant d'Artdlern. Cirez la Veuve de J^aulne , rué S. Jacques , a l'Em- peieur. 1-40. //.-iz. La première partie , dont cet Ouvrage , cil compole , a pour objec les opéra- tions de campagne, ç'elba-diie , les campemens , &: les marches -t la féconde , l'art de défendre une Place; & la troiiiéme, dans la- quelle l'Auteur a réduit fes obi er- vations a un exemrle, contient un ttat des munitions de bouche ce de guerre neçeilaiies pendant trois mois de liège , pour la défenie d'u- . see , où il v a huit mille hom- mes de. garnifon. Ce n'eft point ici une tactique générale , mais un Recueil d'Oblervations d'autant plus utiles , dans ce qu'elles ren- ieraient, qu'elles loin toutes pui- fées par un homme de l'Art , dans la conduite de M. le Maréchal^ laix.mloKg , ôe dans b irdélité des calculs , cV des tupputations, CanfesCilébï.s , Tomes XI'. & XVI. Chez iXaUy • dans la Giand - Salle du Palais , du côté de la Cour des Aydes , a l'Ecu de France, ex; g la Palme. A la tête du Terne i ,-" " citune Lettre dc-Tj^iireur , ferrant d-: itfenfe aux Causes célelns & de réponje a. dtux Ecriiaivs périodi- ques. Voici les titres de6 differens morceaux qui y font contenus. 1". Filiaux 'Vflwonent réclamée t AOUS ^■malgré la preuve admise par le pre- mier y uge. i". Hijloire d'une Coqw.te de l'O- péra. 3°. Mariage de la belle Totir- neufe. 4°. V Hifloire d'une Comédienne celé: re , qui fe pourvoit contre fin mariage. y. Copie d'un Teflament Militai- re coi.fi 'w,c. 6 . Si ap-'ès trente ans la mort siv.le efl ire/ivite , <3"l'accu{é quel- le a profcrtt , ejl cenfé revivre civi- lement , & les effets qu'elle a éteints peuvent renaître. 7°. Des Peines parmi les Romains. Les morceaux contenus dans le 16 '"Tom. ont peur titre : i*. Hiftoire du différend de Fure- tiere avec l ' Académ e Françoifè. 1°. Avocats & Aledecins de Lyon Attaqués pour avoir pris le titre de Nobles. }°. Hijlot'-e d'un Parricide com- Kiis par deux en/ans , ou leur mère a participé. 4°. Charles I. Roi de la Grande - Bretame , condsn.né a mort par fes Unitts. Voiei la fuîte des Livres que de Bu-e le jeune , Libraire, Quai des Auguftins , a l'Image S. Geirmin , â-Êut venir d'Allemagne , & dont nous annonçâmes une partie dans nos Nouvelles du mois de juin dernier. r°. Gytes - Gallus fîve PnnFir- nn.ifu incmifa iti r.;o -es uoranis Oratoriùas ttttlijjïmum , owmuus T , 1740.' 5-27 erti htis iucuhdiffiwum , quodm hâc ■irovà Editione jummarits , notis fi. ckbi vifitm & Indice topiofo tllu- firavit P Gabriel Lieihat in Liceo frifingenfi khetorwcsProfiJJor. Ratiibônaj : in S". L'Auteur de cet Ouvrage eft un Capucin de Lizieux appelle le Père Z «charte ; qui a cacbé Ion nom ious celui de Parus Firmianus Ce Livre a été imprimé in-+", à Paris en 165S. chezDenys Thierry j & en iéj9.;»-jz.chezle même , & en Allemagne en 1665. m 11. Le nouvel Editeur, dans une courte Préface qu'il a mife au commencement de cet Ouvrage , & dans laquelle il en porte Ton ju- gement en peu de mots , le regar- de comme un cher"- d'oeuvre de bon fens , de jugement & de Lati- nité , &c il dit que lJAuteur a méri- té par cet Ouvrage l'honneur & la gloire des bons Ecrivains de l'Antiquité. Il s'efl: contenté da- joûter quelques notes fuccintes , non pas , dit-il , pour les ^avans„ mais pour ceux qui veulent le de- venir : Pontes non avièu's ,/èd vid- ton.'us fterni. Ce font tes paroles. z°. Un Recueil de Chartes de fondations d'Egliiès Collégiales & d'Abbayes , de Statuts & de Con- sultions d'Ordres & d'autres Pie- ces, dont plufieurs n'avoient point encore été imprimées. En voici le titre : Rainnmdt Duel lu Regul S. Aug. Canon. & Bibliothecarii Sand- ■J-?ippo!yt?nfts MijCellaneorum , que ex Coiibits A'fff collegit . Lib I. Augitjltt Fittddiciorum & Grxcii : in-4°. }°. Une féconde Edition d'ua S f fij çv3 JOURNAL D Ouvrage eftimé par les fentimens depietc, qu'il rcipiie , par lelé- gance du Latin , par la juftelTè des allégories , Se des penlees des SS. PP. que l'Auteur a recueillies avec gck , & dont il fait une heureuie application à la Vierge ; ce Livre eft intitulé : Aïater ar/ons (JT do'.o- ris quant Chnftus in C'uc rnamtni omnibus ac fir.guHsfuis fidtlibut m Afatreni Ugavh : ecce Miiter tua , nu ne f.v/ 1 tenta pcrF arr-aemllemata, fgwas Script tira Sacra & quant plurimas Saullo^um Patrum S:n* tthtias. Sec. enclore A B D An- tonio Gsxtlsir. Araguftar Vindelicicx- rurr. : i >■-+". 4°. Un Corps entier de Théolo- gie mo:ale, ou un Recueil de ma- tetiauvtiréde l'Ecriture Sainte, des Pères de l'Eglife , & des meilleurs Auteurs Eccldlaftiques , Si mis en ordre en faveur de ceux qui s'apf pliquentau miniftere de la Chaire, & qui n'ont pas de fonds (uffilans pour (è procurer une nombreuiè Bibliothèque , imprimé pour la im(: fois d'abord en Italien , & enfuite traduit en Latin. Cet Ouvrage eft intitulé : Locupletijftma Btblioihcca ptordlh praitcabtlis ; hoc eft dtfcur- Jus vani exftti/îti , in quibits per tratl'atus ord.ne digeflos ad- fer 'mm Dei prtdicandum de virtuîiha 0" vitiis matrria copiofjfnra n.o-ttles fitbmimftrantur . . . Oprra & ftu- dio P. Joféphi ManfîCon\r-:iAt ta- ris Oratont Pontani , &r. Auguftie Si G'raecï : in fol Edît; 4e . 5". R. P. jnftt t.dnOrd. Min. Re format i Pnv rem Tyrolis Opus cmton.co ^u'.iticHm de EliQu- ES SÇAVANS, ne & .aflerii : nfdorf- fnfls prtctpuiis Dotator , cum cjuf drm Monafttriip undafrum Ottonis Corn. Palat. dt W ittclpach ac HeU cit Coniugum , eoritv.qu' jilio'um Htftona . cum Ablatum jer'n ejr Aclis , Pont if cum Eulhs , Imper a* tormn P-.^wn . . . Diplomattbus , Sec. Collectore Fr. Anfelmo Mtib. l:r t Abbate , &c Pedeponti': i"3o. /A-4". L'Editeur a joint a ce Recueil d'Actes les Eftampes St A O U S les Epitaphes deflïnées & gravées d'Otton , Evèque de Banîberg , & du Comte Otton &: d'Helcia. 9". wifprudertia ' ratlœo-confi- liaria ; Opus matiriis d.verfis dijfi- cilhruis & -intrieaus reptctum Canonum Ugumque auEîontate mu- nitum.Auïlore P .Francifco Schmier. Auguftaî Vindtliciorum : 1737. m - fol. L'Auteur de cet Ouvrage , publié après fa mort , étoit Profef- ieur Emérite & Re&eur del'Uni- verfité de Salzbourg , Confeiller de l'Archevêque de Salzboui g, & de I'Evêque de Frifîngue. 1 0°. Refolutiones Morales dtMit- trimtmo , hujus impedimentis , & iftorum diCp;nfatione , à R. P, An- tomo Heifli ger , Soc. J. Dotlore & in Vmverjîtate Ir.golftaïiana , & Frdurgerfi Brijgoia Profeffore Eme- rito AuguftceVindeliciorum. 1739.. 1V-4.0- 1 1". Un Traité de Controverfe intitulé : Tuba magna Ecelâfia Ro- rnano - ( atboLca antiqujjima ai Hcterodoxot- clangens forium ; feu umvcrfa Tbeologta Scbolaflica Dog- mtrtica m 1 S Libros diftrièutu, auc- to'itxte ScnpturA , Santlorum Pa- Wum & Concdionim ex qui» que prit/is Seculis petita centra on.nes H*.refcs def »;a & vïndicafa per R. P. Amid Adariam Mak.1 t &c. Auguftœ Vindelicioium : I73y, in-+°. 2 vol.. L'Auteur de cet Ou- vrage entreprend de prouver deux chofes: premie:ement,queles Hé- réfies des derniers tems ne font pas nouvelles , qu'elles ne font que les fruits honteux des ancien- nes ; feçondement, que la Do£hi- T , r74ro. y *9 ne de la Foi Se des mœurs étant aujourd'hui dans l'Eglife Catholi- que , Apoftolique & Romaine la même, qu'elle étoit dans la même Eglîle pendant les cinq premiers fiécles , qui font , fuivant nos frè- res fépaiés , les fiécles d'or, les beaux jours de l'Egliie , les tcms , où la Foi étoit pure & fans tache, les preuves qu'on tire des Conci- les , des Ecrits des Saints Pérès &* des autres Monumens des cinq premiers fiécles , pour la defeme de l'Eglife, font également vid:o- rieufes Se contre les Hérétiques de ces anciens tems , & contre ceux de nos jours. 1 1". Libri quatuor de Imitations Cbri/h Joannis Gerfemi de Cana- baw Abbatis Vercellenlis . m verjus dtftributi , Un à cum novis concor- dantes. Studio R P. Tboms, Ag, Erhard , Sec. Auguftx Vindelicio- rum : i?-8\ Cette Edition contient' d'abord le Texte de l'Imitation ; enfuice une concordance de tou- tes les exprefllons qui le trouvent dans les quatre Livres , Se enfin le Texte même mis en vers Latins hexamètres Se pentamètres. 150. Annus poiticus , per iz Difcurfus , tkm Cntico - politicos ' tum Polnico ■ Hifloncos evAutus , quibus explicantur p-'incipia Prin- cipi Reorum aufpicatu omcejfa'ia ,, &c. Autore Ig?iat:o Franc. Xav.' It ilbelm , Ser. LlcU'ons Bavaria Confiliario intmo & ailuati Sec Monachu , in- fol. Cet Ouvrage, qui a été fait pour l'ulage du Prin- ce Electoral Maximilién-j ofeph , Duc de Bavière , confifte en douze- fôé JOURNAL D D; '.cours Hiftoiiques & Politi- ques , chacun de deux ou de trois paires , pris de ta Vie Se des prin- cipales aélions d'un pareil nombre de douze Empereurs , ou Rois , dont M. Wilhelm veut foire con- noître l'Hiftoire , Se propofer l'e- xemple au Prince de Bavière. Cha- que Difcours eft accompagné d'u- ne eftampe , reprefentant un Em- pereur ou un Roi , & ornée de tous les attributs, qui marquent les ver- tus 8e les tétions , qui font le plus d'honneur a leur mémoire, & dont l'Auteur veut pareillement infpi- rer le goûta celui qu'il a entrepris d'inftruire. Au relie , cet Ouvrage eft bien imprime , en beau papier cV: beaux caractères , & les eftam- pes en font très-bien gravées. i+°. Moins utilitrr conctOnandi, &c. à R. P Fi. GcUflo Hochrnlettt- ver. Auguftae Vindeliciorum : ïn-V. C'eft une Rhétorique de la Chaire-, on trouve à la fin , Explicatto pro- vrietatum LiSgâi Hebraicx & Grâ- ce , qttte fapiits in Scripturis occur- rii/it de/impta ex Tom. I Comment*. Ttrini in Petits & Novim Tcfl.rm. 1 50. Une autre Rhétorique fous ce tiue : taviïs mcllis, Compofita Verba ; tdcfl Rbetorica major cr Ihïnor , \ vty 'cl.ny fcH fohda metbo }o copiofant SanEforwn Canohum doffr, nan. Can~ didatis. . . . perfptcHam, &c« slutît- A O U S rt P. Fit»- fichier , Soc. Jefit Doc- tore , & in Univtrfitate Ingolfta- dienfi l'roftjfore ordinaxio. Editio quint a , in-S". " ■ioq. Ths-faurus Parochoritm , fiu Vit t, s.c AdoimmetitaParochor-um^ui Sat.tlitate , Martyrio. . . . Scriptis .... Cathohcnm illnfirartint Eccie- fiam : Tomus I. in cjita agit tir de ori- gine , dignitate, nolditdte ac variis titidis Parechorum SS. JD. N. Be- nedftto Papa XIII. à Joaxne Aîa- ran^oni Prifbytero slna^mœ Canoni- co dicatus. Colonise Munatianae , in-4f°. On ne içaic pas fi cet Ou- vrage eft continué. 2i°. Une nouvelle Edit. considé- rablement augmentée du Droit Ec- clefiaftique des Proteftans , félon l'uiage prefent , par M. Bo'ehmer , intitulée : Jufti Henmng Bochmeri Jus Ecclefiafticum Proteflantium , ufitm hodiernum Juris Canonici jux- taferiem Libri tertii Decretalinm , ejno Jura Capittdorun traduntur , eflcndens , & argument is illufirans. Halae Magdeburgicae. in - 40. 1 2. Vol. 220. Une Trad. Latine de l'Ou- vrage Anglois de M. Jofeph Bin- gham J Membre du Collège d'Ox- rbrd , & Pafteur de l'Eglife An- glicane , touchant la Difcipline & les Coutumes anciennes de l'E- T, 1740. 5-5 1 glifè i intitulée : Origines ; five Anti^mtaus EccleftA. Ex Lingud sînghcanâ in Latinum vtrtitjoan- nes Hcnricus Grifchovius Halber- fiadenfts. Halae : /#-+°. 10 vol. Mv Eingham en avoit donné de fon vi- vant plufieurs Editions Angloifes , & il lesaugmentoit toujours con- fiderablement à mefure qu'il les donnoit. La dernière qu'il a pu- bliée , auflî en Anglois , 8i beau- coup augmentée , parut en 1722.' en 10 vol. w-8*\ C'eft fur cette dernière que la Traduction a été faite ; fi elle eft fidelle , & qu'elle réponde à la bonté de l'original , elle mérite d'être recherchée, L'Ouvrage de M. Bingham a tou- jours été beaucoup eftimé ; Se cet Auteur a mérité cet éloge parmi un grand nombre de ceux de fa Communion , qu'en lifant fon Traité , on eût dit qu'il auroit vé- cu & qu'il auroit écrit du tems de S. Cyprien, ou même de S. Igna- ce Martyr. 2 30. Divers autres Ouvrages , foit de Théologie , foit de Philo- fophie, qui méritent qu'on les efti- mé , fi on en juge par le nombre des Editions qu'on en a faites , ou par le nom de ceux qui en font les Auteurs. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE JOURNAL o'Aoust, 1740. MEmoires four fervir a l Hifloirc d's Infeiles , &C. pag. 47 1 Etat des Belles Lettres dans la faille de Brejfe , &c. 481 Traité des Aftladies Vénérisnnet , &c. 489 Examen du Livre : Réflexions Politiques fur les Finances & le Com- merce, &c. JOl Hifloire de l Académie Royale d.s Injcriptions & Belles-Lettres , &c. ; 1 $ Nouvelles Littéraires t j i» Fin de 1a Table. L E JOURNAL SÇAVANS, pour L'ANNEE M. D C C. X X. SEPTEMBRE. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Qiiay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XL. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI. LE JOURNAL DES SCAVAN S. 5 SEPTEMB. M. DCC. XL. HISTOIRE ROMAINE, DEPVIS LA FONDATION de Rome jufqiïà la Bataille d'AElinm ', c'eft a- dire , jufcjùa la fin de la République. Par Movfieur Rollin , ancien Relieur de l'UniverJitè de Taris , Prqfejfear d'Eloquence an Collège Royal , & AJfocié k l'Aca- démie Royale des Inscriptions & Belles-lettres. Tom. IV. A Paris , chez la Veuve Etienne , Libraire, rue S. Jacques , vis à- vis la rue du Plâtre _, à la vertu , 1740. in.it. pag. 551. fans deux AvertuTe- mens & une Table des matières. ON trouve,à-la tête rie ce nou- M. Rollin expofe la ersinre mo- veau volumerdeux AvertiiTe- defte où il eft qu'on ne s'apperçoi- mens de l'Auteur. Dans le premier, ve. Que Tite - Livc a ceflé de le Sept. T t t ij S3 rrc fuf.-iecr , parce qu'il part që li m:m c! un de rfieS cbfcipies ; jerfte contente de dire , ce qui fait h louange parfaire d'une traduction , que celle ci n'en a point l'air ; on y trouvera peut-être quelques né- gligences qu'une féconde édition- fera aifémenr dîïlWfi frTR II n'eft pas étonnant qu'il s'en gliffe dans un Ouvrage d'auffi longue haleine que celui-ci. Au refte , dit M. Rol- lin à la fin de ce premier averr.fle- ment , je dois me féliciter moi- même d'avoir tormé des difciples qui font devenus mes maîtres ; ou du moins 5 pour ne pas blelTer leur modcftie , qui me font d'un grand fecours dans la compohrion de mon Ouvrage : l'un (M. Crever) , par fa nouvelle édition de Titc-Live, ac- compagnée de notés qui m'éclairenc & me guident; l'autref M. Guerin,) par la traduction du même Anteur à laquelle il travaille encore actuel- lement. Cet ÀvertilTement elt fuivi d'un fécond au fujet d'un Livre impri- mé en Hollande _, & qui a pour titre : Ejfais de Critique I. Jitr les Ecrits deM.Roiïin. II. fur les traduc- tions d' Hérodote. III. fur le Ditlion- noire Géographique & Critique de AI. BxuzjSR de Itt Mirtinicre. M. Roilin n'a eu connoiffance de cet- te Critique que lorfque fon nou- veau volume prêt à paroître croit ■déjà entre les mains des Relieurs , S E P T E M en nr fa lui a Jaiffé que pendant 14. heures , Se il n'en a lu que la Préface 6V: la première lettre. Elle cft intitulée : Lettre fur un paffage de Tite-Live , ou l'on réfuie une in- terprétation de deux Ecrivains mo- dernes. Ces deux Ecrivains font M. Rollin & M. Crever : voici le paf- fage de Tite Live qui donne lieu à la contefhtion. Confules in jedem proceffere fuam 3 miffique hiiores ad-, famenaitm fupvlicium nudatos virgis. c&dunt _, fecurique feriunt : citm /»•» ter omue tempus pater vultufque ©* os cjus fpeclœcuU ejfent : eminente animo patrio inter public* pœnami- nifleriitm. M. Rollin dans ion Trai- té des Etudes , a- marqué qu'on donnoit deux fens oppofés à ces mots animo patrio \ les uns enten- dans l'amour de la Patrie , les au- tres l'amour paternel. M. Rollin eft du dernier fenriment , & en confequence il a ainfi rapporté le fait dans le premier volume de fon Hiftoire Romaine. Les Confuls pa- rurent alors fur leur Tribunal yO pen- dant qu'on exécwo'u les deux crimi- nels , tuute la multitude ne détourna point la vue de deffus le père , exami- nant Jes mouvemens , fon maintien, fa contenance fliti malgré fa fermeté laif- fett entrevoir les fentinens de la- na- ture eptiljacrifioit à la néceffité de fon mimflere-mats qu'il ne pouvoir étouffa: L'imterprétation de M. Rollin qui èft plus conforme que l'autre il la nature en général , ne paroît pas bonne à l'Auteur de la Critique , il ne s'eft pas contenté de s'efforcer de faire voir qu'elle éroit contrai- re au caradte-ie particulier que tous B RE ; 1740. 5-57 les FLftoriens & Tite-Live lui mê- me donnent à Brutus , il a cherché à la tourner en ridicule en fuppo- Lint en plufieims endroits que M. Rollin & M. Crevier failbient dire a Tite-Live , que Brutus avoit ver- fc des larmes , ils le font , dit-il pleurer comme un imbccille.. Mon- iteur Rollin qui. n'a pas été tou- ché des raifons de l'Auteur delà Critique, dit qu'il pacûtit dans fon fentiment , fans condamner ceux quii penfent autrement ; mais il a- joutc que M. Cievier ni lui n'ont jamais parlé de larmes , qu'aïs n'ont jamais fait dire à Tire - Livie q^ue Brutus en ait verfé 5 M. Rollin en un mot ne trouva pas mauvais que l'Auteur de la Critique foit d'un autre fentimeno que le fien , mais il fe plaint que pour le tourner en ridicule il ait eu recours à une tauf- fc fuppofition. Cette première Lettre Critique cft fuivie d'une féconde dont Mon- iteur Rollin n'a lu que le titre. El- le eft intitulée : Seconde Lettre fur quelcfues méprifes de M. Rollin dam jon Hiftoire ancienne. Ces méprifes roulent fur plufieurs paffages Grecs dont on aceufe M. R. d'avoir mal rendu le fens -, M. Rollin dit que l'Auteur de la Critique laifle mê- me entrevoir dans faPréface qu'il le foupçormed'uneignorançegroflïere dans lbLangucGréque:j'avouë fran- ehcment-(-c'eft:M. Rollin qui parle) qu'après une étude' fuivie que j'ai faite de cette langue depuis ma première jeunefle julqu'à prefent dont je pouriois citer bien des té- moins., je ne m'atrendois. pas à ce yj* JOURNAL D reproche. J'ajoure moins pour ma propre réputation que pour celle des compagnies dont )'ai l'honneur d'être membre , qu'un pircil foup- çon ne trouvera guéres de crédit auprès de ceux qui me connoilTent particulièrement , 5c que mon Cri- tique lui-même aurait pu rccon- «oître combien ce foupçon cft mal fondé par un affèz grand nombre de fautes des traductions d'Auteurs Grecs , foit Latines , ioit Françoi- fes que j'ai fouvent corrigées dans mon Ouvrage fans en faire la re- marque. Je ne nie pas néanmoins, dit en- core M. R. avec fa modeftie ordi- naire,qu'il ne me foit échappé peut- être un aflez grand nombre de mé- prifes fur leiens des Auteurs Grecs dont j'ai fait ufage , je n'ai pas eu le tems d'examiner , ni même de lire les Obfervarions de mon Cen- feur , & je n'ai point de peine à me perfuader qu'elles foient folides. Je fouhaiterais feulement qu'elles ne fulTent pas accompagnées d'une vi- vacité &d'une aigreur qui femblent montrer un deffein formé de dé- crier l'Auteur qu'il critique. Mon- iteur Rollm n'a rien à craindre à cet égard , quand il feroit vrai que dans le cours d'un long Ouvrage il lui fût échappé quelques légères méprilès , c'eft un tribut qu'il au- roit payé à l'humanité , 5c il n'en mériteroit pas moins les éloges d'homme fçavant , d'Ecrivain élé- gant &c de Citoyen vertueux , qui le caracterifent dans fon Hiftoire ancienne. Au refte toute critique devrait être accompagnéç de poli; ES SÇAVANS, tciTe , d'égard 5c de modeftie?- feut- il que le flambe m de la vérité de- vienne les armes de la malignité &c de l'envie. Entre Aureurs qui for- ment tous enfemble une efpccc de focieté & de République commu- ne , il conviendrait, dit M. Roi- lin que l'on s'aidât , 5c que l'on fc foutînt mutuellement ; ôc fur-touc que ceux qui le croyent plus ha-; biles que les autres euflent pour eux plus d'indulgence. Il y aurait dans cette m. niere d'agir une mo- dération &c une nobleflc qui mar- queraient un mérite fupérieur , 8c qui certainement attireraient aux gens de Lettres Se aux lettres mêmes une eftime générale. Quoi- que l'Auteur de la Critique n'aie pas eu pour M. Rollin tous les mc- nagemens qu'il lui devoit 5c qu'il (è devoit peut-être à lui-même. M. Rollin finit néanmoins cetavertif- fement par lui faire des remerci-; mens. Je lui en dois , dir-U , de la peine qu'il s'eft donnée de relever mes fautes par où il m'a mis en état de rendre mon Ouvrage moins dé- fectueux. Je lui fuis encore plus obligé , ajoute M. Rollin , du fer- vice confidérable qu'il me rend par fa Critique , bien capable de mor- tifier l'amour propre &c de fervir de contre-poids contre les louanr ges 5c les applaudiflemenSjbicn plus à craindre pour moi, 5c bien plus dangereux que ne le feraient les Critiques les plus vives. Nous croyons néanmoins que le préten-- du amour propre de M. Rollin n'a-] voit pas befoin de cette mortifica- tion , Ci c'en cft une ; quelques S E P T E M grands qu'ayent été fes fuccès , il ne paroît pas qu'ils l'aycnt enivré, & qu'il air rien perdu de cette mo- deftie qui rend le mérite fi aima- ble. Aprè^ avoir rendu compte deS AvertilTemens^nous venons à l'Ou'- vrage: La première guerre punique & les commencement de la fécon- de font la principale matière de ce nouveau volume , c'eft pour-> quoi M. Rollin a jugé utile de rriet- tre à la tète un Avant-propos dans kquel il donne une idée du gou- vernement, du caractère, des mœurs dèsCarrhaginois. H y rapporte aufîl les ditTerens Traités partes entr'eux & les Romains avant les guerres puniques. Carthage étoit une colonie de Tir ', la Ville du monde la plus re- nommée pour le commerce. Les Auteurs varient fur l'époque de l'é- tabliflement de cette colonie en A- frique. M. Rollin dit qu'on la peuc fixer treize ans avant que Rome fût bâtie. La fondation de Cartha- ge eft attribuée àEliiïa , PrincelTe Tirienne, plus connue fous le nom de Didon',Pigmalion fon frère étoit Roi de Tir. L'avarice de ce Prin- ce lui fit tremper les mains dans le' fang de fon béatt-frere , il fit périr Sicharbas ou Sichée mari deDidon, pour s'emparer des' grands biens qu'il avoit; Didon trouva le moien Oc fe'fauver , elle emporta tous les rréfors de Sichée & ne l'ai (Ta à Pig- malion que le remors d'un crime infructueux. Après plufiéurs cour- fes elle aborda fur les côtes d'Afri- que prèsd'Dtique^qui étoit uneco- B R E , i 740." fîj loiv.e de Tir , & ayant acheté wn. terrain des habitans du pays , elle s'y établit avec une petite troupe qui s'etoit attachée à fon forr.Quel- que temps après elle y bâtir Car- thage, Carihada nom qui dans la" langue Phénicienne &" dans la lan- gue Hébraïque , qui font fortfem- blables, lignifie la ville neuve. Carthage s'accrut d'sbord peu à peu dans le pays même , mais fa domination ne demeura pas long- temps refterréé dans les bornes de l'Afrique; elle porta fes Conquêtes- au dehors , envahir la Sardaigne , s'empara d'une grande partie de la Sicile , fe fournit prefque toute l'Efpagrte •& envoya de tous côtés de puiffantes colonies. Reine de la mer & maîtrefle de tous les tréfors que le commerce apporte , elle fc fit un état qui pouvoit le difputer aux plus grands Empires. Elle étoic au plus haut point dé fa grandeur , lorfqueles Romains lui déclarèrent la guerre^ Le gouvernement dé Carthage croit fondé, dit M. Rollin fur des principes d'une profonde fagef- fe. Arrftote, quoiqu'il penfe, com- me on verra, que fon gouverne- ment pêchoit par deux endroi ts con- fidérables,met néanmoins cette Ré- publique au nombre de celles qui étoientle plus eftimées dans l'antP quité, & qui pouvoient fervir de modèle aux autres. 11 remarque que jufqu'à fon tems , c'cfê-à-dire , pendant plus de 500 ans , elle n'é- toit tombée dans aucun" des incon-' veniens des Gouvernemens mixtes,' tel qu'éroit celui de Carthage, U< H9 JOURNAL D n'y avoir eu aucune fédition confi- dérablc qui en eût troublé le repos, ni aucun tyran qui en eût opprime la liberté. Le gouvernement de Orthagc réuniffoit,commc celui d^- Sparte Se de Rome , trois autorités différen- tes qui fe balançoient l'une l'autre , Se fe prêtoient un mutuel fecours : celle de deux Magiftrars fuprêmes appelles Suffetes , celle du Sénat Se celle du peuple , on y ajouta enfuite le tribunal des Cent qui eut beau- coup de crédit dans la République. Le pouvoir des Suffetes étoit annuel comme celui des Confuls à Rome,auquel il reffembloit beau- coup. Ils préfidoient aux Juge- mens , ils avoient le droit de pro- pofer Se de porter de nouvelles loix , ils faifoient rendre compte à ceux qui étoient chargés du re- couvrement des deniers publics. Le Sénat formoit le Confeil de l'Etat , & étoit comme l'ame de toutes les délibérations publiques. Quand les fentimens étoient uni- formes , Si que les futfrages fe rèu- niffoient , il décidoit fouveraine- ment,.lorfqu'il y avoir parrage les .affaires étoient portées devant le peuple à qui le droit de décider .ap- partenoit alors. Le Tribunal des Cent étoit une Compagnie de cent quatre perfoii' nés. Elle tenoit lieu à Cartbage de ce qu'étoient les Ephores à Sparte, c'eft-à-dire , qu'elle fervoit à ba- lancer le pouvoir des Grands. Leur magiftrature fut long-tcms perpé- tuelle -, Annibal la rendit annuelle •nvuon zoo ans après fa création. ES SÇAVANS, Les Généraux dont l'autorité était sbfoluc lorfqu'ils fe trouvoient à la tète des armées , étoient obligés, quand la campagne étoit finie, de rendre compte au Tribunal des Cent de leur conduite Se de leur adminiftration. Telles étoient les différentes par- ties qui formoient le cotps politi- que de la République de Carthage. Ariftote qui en loue le gouverne- ment,penle néanmoins qu'il y avoic deux grands dcfauts.Le premier con- fiftc en ce qu'on mettoit fur la tête d'un même homme plusieurs Char- ges , ce qui étoit regardé à Carthage comme la preuve d'un mérite non commun. Cette coutume étoit au fcntimentd'Ariftote très préjudicia- ble au bien public -, en effet félon lui , lorfqn'un homme n'eft charge que d'un feul emploi il eit beaucoup plus en état de s'en bien acquitter, les affaires pourlors étant examinées avec plus de foin Se expédiées a- plus de promptitude. On ne voit pas, ajoute-t-il , que ni dans les troupes, ni dans la Marine, on en ufc de li forte. Un même Officier ne commande pas deux corps dif- ierens , un même Pilote ne conduit pasdeux vaiffeaux. D'ailleurs le bien de l'Etat demande que pour exci- ter de l'émulation parmi les gens de mérite , les Charges Se les fa- veurs foient partagées , au lieu que lorfqu'on les accumule fur un mê- me fujet , fouvent elles produifenc en lui une forte d'éblouilTemenc par une diftin&ion fi marquée, & excitent dans les autres la j.-.loufic^ les méconcentemenSjles mur, mires. Voilà S E P T E M Voilà les raifbns dont Anltore fc fert pour prouver que le bien d'un Erar ne voue pas qu'un même homme loir chargé de pludeurs emplois, mais ce font des confi- dérations qui , quoique générale- ment vrayes , doivent peut-être néanmoins céder fouvent à des confïdérations particulières. En fait de gouvernement , il y a peu de maximes générales -qui ne reçoive de continuelles reftriclions. Le fécond défaut qu'Anftote re- levé dans le gouvernement de Car- tilage , c'eft que le mérite Si la naiiTance ne fufiifoient pns pour parvenir aux premiers portes, il falloit que la richefle y fût jointe. La pauvreté étoit un titre d'exclu- fion , ce qu'Ariftore regarde com- me un très-grand mal dans un Etat; car alors , dit-il, la vertu n'étant comptée pour rien Si l'argent te- mnt lieu de tout , parce qu'il con- duit à tour , l'admiration Si la foif des richciTcs faille toute une ville Si la corrompt. M. R. obferve à 'ce fujet que fi Ariftote prérendoit, comme il fem- ble rinfinuer,qu'on dût mettre éga- lement dans les premeres dignités les riches & les pauvres, fon fen- nment feroit réfuté par la pratique générale des Républiques les plus fages, qui, fans avilir ni deshonorer h / 1 • r ia pauvreté , ont cru devoir, lur ce point, donner la préférence aux riche ifes , pirce qu'on a lieu de pvéfumcr que ceux qui ont du bien ont reçu une meilleure éducation , penfent plus noblement , font moins expofés àfe lailfer corrom- Sept. B R E , i 7 40. 5-4.1 pre & à taire des balfefTes , & que la (îtuatien même de leurs affaires les rend plus affeétionnés à l'Etat , plus difpofés à y maintenir la paix Si le bon ordre , plus interefTés à en écarter toute fédition Si toute révolte. Carthage doit être' confiderée comme une République marchan- de tout enfemble & guerrière. Elle éroir marchande par inclination Se par état , elle devint guerrière d'a- bord parla nécefïîté de fe défendre contre les peuples voifins, & en- luite par le defîr d'étendre fon commerce Se d'agrandir fon Em- pire. • Le Commerce de Carthage étoit pour elle une fource inépuifable de richelfes. Située au centre de la îyléditerrannée , Se prêtant une main à l'Orient Se l'autre à l'Occident, elle embraifoir, par l'é- tendue de fon Commerce , toutes les régions connues. Les Carthagi- nois en fe rendant les facteurs Se les négocians de tous les peuples é- tôient devenus les Princes de la Mer ,1e lien de l'Orient, de l'Oc- cident Si du Midi , & le Canal né- cclfairc de leur communication. Outre les tréfors que le Com- merce apportoit continuellement à Carthage , elle en rrouva une nou- velle fource dans les mines d'or Se d'argent d'Efpagne : Jes naturels du pays en avoient long rems ignoré ou mépnfé l'nfage. Les Phéniciens furent les premiers qui les fouillè- rent,les Carthaginois Si en faite les Romains t mirèrent un profit im- menfe. Polibe cité par Strabon , die ■Vvv U2 JOURNAL D le Ton ttrr.s il y avoit quaran- e rrj :11c hcn-mcs occupés aux mi- ,n étoient dam le voifïn.i^c de Carthagcne , Se qu'ils fçurniffoleac chaque jc.ur au peuple Romain vingt cinq mille dragmes , c'eft-à- dire, 12 500 liv. La riçneffc de Carthage f.ifoit route fa force. Il y n'y avoit qu'un très-petit nombre de fes Citoyens qui portafleftr les armes. Ses armées croient compofees de troupes mer- cenaires qu'elle achetoit dans les Etats voifins , ayant foin de choeur celles qui avoient le plus de mérite &. de réputation. Elle tiroit de la Numidic une Cavalerie , légère , hardie, impétueufe, inlatigable.qui faifoit la principale force de des ar- mée* , des ffles Baléares les plus habiles frondeurs de l'univers \ de l'Efpagne & de l'Afrique une In- fanterie ferme & invincible j des côtes de Gènes Se des Gaules des troupes d'une valeur reconnue Se de la Grèce même des foldats éga- lement bons pour, toutes les opé- rations de la gucrre,propresà fervir en campagne ou dans les villes , à faire des fiéges ou à les fou.tenir. Ainfi les Carthaginois metroient fur pied des armées compofees de l'élite des diffcrens peuples. Elle ne dépeuploit ni fes villes, ni les carn- pagnes , elle n 'interrompoir point fon commerce,les Arrs ne cejtfoi pas d'y fleurir/a marine n'étoit point affoiblie , & (i elle recevoit quel- que échec fes pertes étoient promp- rement réparées par les fommes- que lui fournifloit fon commerce. Ces avantages étoient balancés par ES SÇAVANS, des ihconvéniens au moins aufli grands. Toutes ces parties ( dit M. R, en parlant des difTcrenres trou- pes qui Gompofoient les armées Carrhagmoifcs , ne tenoient en- iemblc par nicun lien naturel inti- me ex nécèiTiîr-e. Comme nul inté- rêt commun cV réc proque ne les. iinilloir pour en former un corps folide ék inaltérable , aucune ne s'affectionnnit fmeercment au fuc- cès des<ônaires & à la profpéritéde l'Hrat. On n'agilîoit pas avec le même zélé , cd on ne s'expofoit pas au danger avec le même coura- ge pour une République qu'on rc-- gardoit comme étrangère & par là comme inairferente-;que4'on auroit fait pour fa propre patrie do;,t le bonheur fait celui d< s Citoyens qui lacompofent.il y a plusses troupes mercenaires qui rendoient Cartila- ge redoutable aux autres nations lui devenoienr quelquefois redou- tables à elle-même, & elle a plus d'une lois manqué d'en être la proye. Carthagc avoit néanmoins un corps de troupes compofé de fes propres Citoyens , mais peu nom- breux. C'étoit l'école où la princi- pale rioelëïïè & eux qui fe fen- toicntle plus d'élévation, de taJcns & d'ambition pou: afpirer aux pre- mières dignités , fe formoient à la guerre. Ôa tiroir de ce corps tous les Cfrîciers Généraux. La grandeur de Car; hi^c n'étoit donc fondée que fur d^s appuis extérieurs fouvent dangereux , tou- jours fo blés ; s'ils venoient à lui manquer, & que fon commerce fût . interrompu parla perte de quelque S E P T E M bataille nivale , fi ruine lui paroif- ïb'it ir.cvirafcie ,.& i lie fe livroit au aécouragem rir'.&~ai}-i3sfefpon. M. Roiim (ait vô:r qu'il n'en é- =toit pas ainfi dé la République Ro- maine : comme elle étoit fins com- ■ nierce ôe fins argent , elle ne pou- yoitàcttc erd s !é cours capables de l'aider à poufîer fes conquêtes aujli . rapidement que Carthage , mais an fH comme :11e tiroit tout d'elle- m nie , 6c que toutes les parties de 'l'état étoienr hitimément unies en- femblc , elle avoit des reffources plus fùres dans (es grands malheurs que n'en avoit Càithage dans les liens. èvde, là vien; qu'elle ne fongea point du tout à demander la paix . après la bataille de Cannes , com- me celle-ci l'avoit demandée après " la victoire navale remportée par Lutatius dans une conjoncture où ' le danger étoit beaucoup moins prenant. A l'égard des moeurs ' Cicerpn ■ dans le dénombrement des différen- tes qualités q/;i d.Ringucnt les dif- férents natiqns^donne aux Cartha- ginois pour caractère dominant la fineffe ,. l'habileté, l'adreffe , l'in- -dultrie; la rufe, ( Calliditas ). La rufe ôc la finefle , dit M. Rollin , conduifent naturellement au me.'.- fbngc, à la duplicité , à la mauvai- , le foi 8c en accoutumant infenfiblc- ment .-IV! prit à devenir moins dé- Jicat fur Je choix'des moyens pour parvenir à fes fins , elles le prépa- ient à la ioiuberie & à la perfidie. C'étoit auflj un des caractères des ■Carthaginois, & il étoit fi connu .qu'il avoit pâ'fle cnr proverbe. Le B R E, i 740. y ; , défit extrême des r;che(Tesf?rodui fuit en eux im ampu^«ciprdpnné du gain qui croit une foorce f;é- q cm; dVr -!l ce & de' mauvais procédés, ivî. R. en cite un exem- ple bien frappant. Pendant une trê- ve que Scipion avuit accordée à leurs infantes prières , des vaif- feaux Romains battus par la tem- pête étant arrivés à la vue de Car- thage/urent arrêtés & faifîs par or- dre du Sénat & du peuple , qui ne purent 1 aller échapper une fi belle proye. Le Caractère des Carthaginois é- toitferoce , hautain , impéricux.Le peuple timide'Cx rampant dans la crainte ,. fier Se cruel dans fes em- portemens , en même tems qu'il rrembloit fous fes Magiftrats 3 fai- foit trembler à fon tour tous ceux qui étoient dans fa'dépendance.Un mauvais fuçcès étoit puni à Cir- thage comme un crime-d'Etat.Lorf- que Terenriu- Varo rentra dans Rome après la pe'rre de la bataille de Cannes , tous les ordres de la République allèrent au-devant de lui Jk \: remercièrent de ce qu'il n'avoit .pis •Jefefperé du falut de l'Etat -, à Carthage on l'aoroit puni du dernu ! i.ppiice. Les Carthaginois portoient leur caractère de femeire jufques dans le culte des Dieux qïîi iemblerqit , dit norre Àureur , devoir adoucir les mee^rs les plus fauvages & inf- pirçr;,des fentim:ns'de boilré ôc d'hiimanîté.D.odoieen rapporte un exemple qu'on ne peut lire fans horreur : dans le rems qu'A^atho- cles étoit pi et de mefre le fiege dc- V v v ij m JOURNAL D vaut Carthagc ., les habitans de cenc ville fe voyant réduits à la dernière extrémité , imputèrent leur malheur à la colère de Satur- ne contre eux , parce qu'au lieu des enfans de la première qua- lité qu'on avoir coutume de lui facriher , on avoir mis fraudu- leufcment à leur place des enfans d'cTclaves £«: d'étrangers. Pqur ré- parer cette prétendue faute .,15s im- molèrent à Satume zoo enfans des meilleures maifons de Carthage , cv outre cela plus de trois cent Ci- toyens qui fe fentoient coupables de ce crime , s'offrirent volonrai-, rement cn.facrifîce. Ces feciifîccs impies qui n'ont été que trop communs paimi prcfque routes les nations idolâtres font voir combien Dieu les avoir aban- donnée^,! leurfens reprouvéjefus- Chrift n'avoit pas détruit l'Empire du démon , & c'éroit à lui fous le nom de leurs différentes divinités que les Payens offroient les mal- heureufes. victimes d'un culte dé- teltable. Avant la première guerre Puni- que , les Carthaginois &c les Ro- mains avoient faits pluljcurs Trai- tés enfemble. Il paroît par le der- nier conclu du tems dc,Pinluis 5; par le filence des Hifforicns fur la ] .Urine des Romains avant les guerres Puniques , que jufques là les! Rcrmains n'avoient guéres tour né leurs foins du coté dé la. mer , quoiqu'ils ne l'cuffent pas entière- ment négligé. Nous venons à l'Hiftoire. Le. Livre onzième quieftlc pre- ES SÇAVANS, micr de ce nouveau volume , con- tient l'Hiftoire de la première guer- re Punique. Elle a duré depuis l'an de Rome 4* 8. jufqu'à l'année 509. ce Livre renferme par conféqnent un efpace de 24 ans. Cette première guerre e(t principalement céiiore par les rapides pro^i -s que les Ro- mains firent dans la XKirine , cv par la confiance de Régulus. Elle fut termnée par un Traité dans le- quel entr'autres avantages les Ro- mains enlevèrent 1a Sicile aux Car- thaginois. Le Livre douzième remplit l'in- tervalle qui s'elt écoulé entre la fin de la première guerre Punique & Je commencement de la féconde. Cela forme un efp.'cc de 23 ans. Les principaux év.ér.emens font le Traité par lequel les Romains for- cèrent les Carthaginois de leur a- bandonner la Sardaigne , ce qui fut par la fuite une des caufes de la fé- conde guerre Punique , l'irruption des Gaulois en Italie , qui après avoir gagné une première bataille , furent enfuite fucccllîvement & en- tièrement défaits dans plufieurs au- tres. L'occafioD de cette guerre fut le partage que les Romains fept ou huit ans auparavant avoient fait à l'inftigation de Oïiis - Flaminius Tribun du peuple , des terres du Picenum dont ils avoient chaffé les Senonois : Plufieurs peuples de la nation Gaulojfe entrèrent dans la querelle des Senonois , les Boycns fur -tout qui étoient limitrophes aux Romains &: les Infubriens. Ils envoyèrent même au delà des Al- pes follicitcr les peuples Gaulois SEPTEM qui habitôient le long du Rône. Tous ces préparatifs allarmerent extrêmement les Romains qui a- voient déjà éprouvé le courage des Gaulois. La fuperititiôn augmentoit encore leur frayeur. On avoit trou- vé dans les Livres Sibillins un pré- tendu oracle qui portoit que les Grecs & les Gaulois prendroient pofleiïion de Rome ; Rom.im occu- y.nuros.Vout en détourner l'effet les Pontifes imaginèrent un moyen aufli cruel que puéril. Ce fut d'en- fouir tout vivans en terre deux Grecs & deux Gaulois hommes & femmes , ce qu'on renouvella au commencement de la féconde guerre Punique. Les Gaulois furent vaincus &; l'Italie entière fut foumi- fe aux Romains depuis l'Occident jufqu'à l'Orient , c'elt -à -dire , de- puis les Alpes jufqu'à la Mer Jo- nienne. Ils; fournirent encore l'If- trie & l'Illyrie à leur domination. Le Livre XIII, qui eft le dernier de ce volume, comprend le com- mencement de.- la féconde guerre Punique jufqu'à la bataille deTra- fimene incluiîvemcnt. La prife de Sagonte , le -partage d'Ânnibal en Italie, le combat du Tefin , les batailles de la Trcbie & du»Lac Trafimene en font les principaux faits aufli connus qu'intereîîans On trouve dans ce volume placeurs digrcfllons curieufes fur les Gladia- teurs , fur les-Tiibus , fur les Sa- turnales _, fur les vœux , fur les Pu- blicains , fur les habits dis Ro- mains. Les bornes d'un Extrait ne nous permettent pas de les faire toutes connoître , nous nous bor- B R E , i 7 4 o." 545; nerons à donner une idée tres-abre- gée do ce qui regarde les Gladia- teurs ck les Saturnales L'ufage des Gladiateurs fur intro- duit à Rome l'an 488. les deux frè- res M. & D. Brutus s'en fervirent pour célébrer les funérailles de leur père. Tite Live remarque qu'ils ctoient déjà en ufage chez d'autres peuples d'Italie.On ne les employa d'abord à Rome que dans les fu- nérailles des hommes illuftres; dans la fuite l'ufage en devint h* com- mun que les particuliers mar- quoient par leur reftament com- bien ils vouloient qu'il y eût de couples de Gladiateurs à leurs funé- railles , on les appelloit Bufluarit parce qu'ils combattoient autour du bûcher. Le nombre n'en fut pas d'abord exceflif , mais il alla tou- jours en augmentant. L'an 578. de Rome 74 Gladiateurs combattirent a des funérailles. Ce fpectacle, qui dans fon origi- ne étoit une cérémonie de deiiil t devint par la fuite un des divertif- femeus les plus agréables" aux peu- ples Romains. La profeflion de Gladiateur fut un Art ënfeigné par des Maîtres qu'on appellent ^.aniftd. Il n'étoit point per- mis aux Gladiateurs de donner en combattant la moindre marque de foiblelîe ou de crainte , c'ctoit un crime pour eux que de faire enten . dre la moindre plainte quand ils c- roient blefles ou de demander quar- tier quand ils croient vaincus Leurs maîtres leur faifoit jurer qu'ils cour battroient jufqu'à la mort.Ilsétoient différemment armés & étoient en Ï4* JOURNAL D confcqucncc différemment nom- més , ceux qu'on appclloic Reliant avoienr pour arme un Trident a- vec un Rets ou filet qu'ils icttoient fur la rêce de leur antagonifte pour l'cmbarraiTcT dans ce filet 6c le met- tre hors d'état de fe détendre On appclloit Thraces ceux qui avoient une armure femblable à celle des Thraces , c'eft à-dire une efpecc de dague avec une tondache & ainfî des autres. Les Athéniens dont le caractère étoit la douceur &: l'humanité n'ad- mirent jamais dans leur ville ces fpecticles plus dignes de xéjouirdes betes féroces , que des hommes qui devraient fe regarder tous com- me frères. Comme on leur pvopo- foit d'y établir un combat de Gla- diateurs pour ne pas céder en ce poinr à ceux de Corinthc ■.: Ren- verses donc auparavant , s'écria un Athénien du milieu de l'afTeniblée , renverfés l'Autel que nos pères , il V a plus de mille ans , ont érigé à la mifericorde. Il fallut bien des efforts pour déra- ciner à Rome cette coutume barba- re. Quelques Empereurs Payens y apportèrent des remperamens , Ivîurc-Aurcle ne permit de combat- tre qu'avec des cpées émouflées ; il éroit réfervé au Chriîtiamfme d'a- bolir es fpe'clacles fanglans. Conf- taurin le Gra. d défendit les com- bats deGhdiateurs; fa dérenfe n'eut pas apparamment un grand effet , puif] iHonorius fut obligé delà re- nouveler dans l'occalion que nous allons rapporter. Un faint Solitaire d'Orient^nomméTelemaque^vinc à ES SÇAVANS, Rome , où la fureur des f|Kct3cIes regnoi't encore ,ilfe rend rà l'Am- phithéâtre comme les autres , mais dans une intention bien différente. Quand le combit fut. commencé il dcfeendit dans l'Arène cv fir fon poflîrie pour empêcher les Gla- diateurs de s'enrretuer. Ce fut tin fpectacle auquel on ne s'attendoit point , .$c qui au lieu de toucher les fpectateurs les révolta ; ils fe jet- terent fur, le faint Solitaire & le tuerenrà coupde pierre. Honorius ayant feu cette horrible action,dé- fendit abfolument le combat des Gl.fdi iteurs &c le fang.du martvr.^dit M. Rollin , obtint de Dieu ce que lesloix de Conftantin n'a voient pu faire. Il ne fur plus parlé depuis à ■ Romc.de combats He Gladiateurs. Les Saturnales éroient une fête instituée en l'honneur de 5iturne. Elle avoir pour objet de reprefen- terce'te égalité .que les hommes apportent en nainant , & qu'on funpdfoit avoir ïi/bfifté pendant le ligne de-.Saunnc. Cette fête fe célebroit.dans le mois de Décembre , les Romains quittoient la Toge es; paroilfoient en public en habit de table. Ils s'envoyoient des préfens comme aux étrciv es qui s'appclloient^pe- fkoreta. Les jeux de hazard défen- dus en un aut.etems étoient alors permis. Le éïenat vaquor, les affaires du Bureau cefîoient. Les Ecoles 'roient fermées. Les enfans annon^oient cette fê- te en courant dans les rues des la veille & ciïauZ ;o Saturnalia. On voit encore ejes Médailles fur SEPTEM kfqnelles ces mors fonr gravés. C'eit le fondement de la raillerie pi ;uante cjuc le fameux Narciffe affnmhi de Claude ciïuya , Iorfque cet Empereur l'envoya dans les Caule^ p.'ur appaifer une fîdition oui s'c'toi? élevée parmi les troupes. It nt monté fur le Tribunal pour haranguer l'armée à la place du Général , les foldats le mirent à crier Jo Satufnatia voulant dire que c'étoit la fête des Satun:.ks , où les efclaves faifoient les maîtres. C'étoit en effet ce qui s'y pratiquoit de plus remarquable- Les maîtres changeoient d'état Se d'habit avec leurs efclaves , ils leur donnoient autorité fur toute la maifon qui leur devenoit foumife comme une petite République. Ils vouloienc qu'on leur rendît les mêmes ref- pects & les mêmes devoirs qu'à eux. Non feulement ils les admet- taient à leur table , mais félon A- B RE, î 740. y 47 thenée ils les y fervoientj enfin ils leur donnoient la libcité de dire & de faire tout ce qu'il leur plai- foir. M. Rollin remarque que cette coutume avoit été fckfcmYnr éta- blie pour faire fouvenir les maître? que les efclaves étoient hommes comme eux , & dévoient être par conféquent traités avec humanité & regardés par eux comme des ef- peces de commensaux & d'amis d'un ordre inférieur. C'eft par la même raifon,ajoute-t'il , qu'à Ro- me dans la cérémonie la plus ca- pable d'infpiu-r des fentimens de complaifance & d'orgueil , c'elt- à-dire dans le triomphe où le vain- queur du haut d'une har pompeux étoit donné en fpectacle à tout un peuple , on avoit fohi de placer derrière lui un efclave qui i'aver- tiHok de fe fouvenir quil étok homme. ASTRONOMIE PHYSIQUE , OU' PRINCIPES GE'NERAVX de la Nature , appliqués au Méchanifme Agronomique , & comparés aux principes de la 1 hilofophie de M. Newton. Par M. de'Garnaches , Chanoine Régulier de Sainte Croix de la Bretonnerie , de V Académie Royale des Sciences A Paris, chez Charles -Antoine Jomùert , rué S.Jacques, Libraire du Roi pour lArtillerie & le Génie, à l'Image Nôtre-Dame: 1740. vol. /#-.+". pag. 410. & 12 planches. AVant l'illuftre Defcartes , on penloit peu au méchanii- me des Cieux. Il falloir un génie tel que ce grand Philofophe pour embraiTer d'une vue générale l'ar- rangement de l'Univers ;, il faut néanmoins convenir qu'il eit tom- bé en défaut. Mais a travers fes erreurs on apperçoit un génie va- fte Se fécond , tel qu'il le falloir pour découvrir les véritez qu'il nous a tranfmifes. Depuis ce Phi- loibphe , la Phyiîque sert fort er- richie , les expériences , les ob~ fervations , la Géométrie même que ce grand Homme avoit con- duite fi loin , s'eft fort augmentée. Il femble cependant que les con- j48 JOURNAL D noiflances n'ont fait qu'accroître les doutes. Les Philoiophe's tou- jours embarralTés à allier différen- tes obfervations ont eu recours à diverfes hypothéfes ; il lètoit heu- reux de rencontrer un Syftême qui pût les concilier & fe trouver in- dépendant de nouvelles fuppoli- rîons qu'on fait prelque toujours fuivant l'exigence des cas que la nature peut nous prefenter. C'eft fans doute une telle contideration, & peut-être l'honneur de la Na- tion qui a engage M. de Gama- ches a compofer l'excellent Ou- vrage dont nous allons rendre compte. Newton , ce célèbre Géo- mètre , eft devenu redoutable ; on ne pénétre qu'avec peine dans les lecrets de la Géométrie , donc il a eu foin d'orner la Phylîque. Quel- ques illuftres modernes ont ofé attaquer plulieurs de ces principes. Mais ces principes tiennent à une efpece de Métaphyfique toujours fufceptible de détours & de taux» fuyans. Il falloir plus que de la hardielïè pour examiner Newton dans tés calculs^: le fuivre dans les confequences qu'on déduit de cet- te fine Géométrie. Une erreur dans la Géométrie commife par Newton pouvoit devenir une véri- té, ou du moins en impofer à bien des Géomètres. Ri. n li.i arrête M. de Gamaches en reconnoiliant la fuperiorité de Newton , il a fçu profiter de les propres armes pour le combattre. L'Ouvrage dont nous allons parler eft parcage en neuf Dillei ra- tions , aulquelles on a joint quel- ES SÇAVANS ; ques éclaircilTemens. Elles lont précédées d'un Dilcours prélimi- naire. M. de Gamaches , a l'imita- tion de plulieurs célèbres Auteurs, a voulu mettre ici les phénomènes généraux de la Nature , tels que les inclinaifons des orbites des Pla- nètes rapportées à l'Eclrptique. Car les orbites des Planètes lont différemment inclinées les unes fur les autres , 8c leurs nœuds , c'eft- à-dire , l'interfeétion de ces plans répond àdiffèrens poiius du Ciel ; ce n'eft plus qu'une queftion de Trigonométrie lphérique d'a- voir les polirions refpectives fur toute autre orbite à laquelle on veuc les rapporter , lorfqu'onala poiitiondes Planètes par rapport à î'Ecliptique : c'eft par ce moyen qu'on (ç lie l'inclinailon des Planè- tes par rapport a l'Equateur du So- leil. Mais ces nœuds, toit les afeen- dans , toit les delcendans , ne peu- vent être marqués que pour un cer- tain rems limité , puitqu'ils lont variables a çaufè de leur propre mouvement, & celui de l'axe de la Terre autour des pôles de l'Eclipti- que , c'eft de la différence de ces deux mouvemens , d'où naît le di- re t cv le rétrograde dont l'on a donne ici la Table. Tl y a quelque chofe de plus difficile a déterminer , c'eft l'appa- rence que chaque orbite a avec fon plan particulier , relativement à celui avec lequel elle chance ré- gulièrement de fituation , & ce changement de polîtion influe fur les rnouvemens des aplides : on trouve ici une Table des mouve- mens SEPTEMB snens annuels des aplides rappor- tées au point équinoxial du piin- .tems , & au ciel des étoiles fixes .avec le lieu des aphélies rapportées à l'Ecliptique. Dans un Ouvrage fi important il étoit r.écefïaire , pour déduire d'exactes conlequences , d'éva- luer les plus grandes , les moien- nes , Se les plus petites diftances de Ja Terre à ces Planètes , ainfi que leurs excentricitez. Quiconque connoît la liaiion & les loix im- muables qui font établies entre les diftances &c les tems des révolu- .tions , fentira qu'on ne pouvoit fe difpenfer de mettre ces tems mar- qués ici fuivant les Tables de M. de la Hire. Les denfitez des Planè- tes , leurs rotations autour de leur propre centre , le rapport de leurs diamètres entre dans le Sy- ftême Aftronomique , elles y font même d'un grand poids, ainfi que les différentes inclinaiions de la Lune , le mouvement de fes apfi- des , les inégalitez de fes mouve- mens y dévoient être expolées , puifque ce font ces phénomènes dont notre Auteur entreprend de rendre raifon. La première Difîertation traite du mouvement , nous n'en parie- rons point. Nous avons un fi _grand nombre de chofes fur les- quelles nous fouhaitons entretenir Je Lecteur qu'il nous permettra de le renvoyer a l'Ouvrage même, d'autant plus qu'on peut regarder cette partie comme étrangère aux queftions qui font le (ujet de celles que M. de Gamaches a entrepris Sept. RE, .17 d'eelaircir. f*9 Scco-nde DiJJcrtation. Les loix du mouvement font le Fondement de toute la méchani- que. Cette queftion, qui bien con- nue , quant au réfultat des opera- tions,tient à une queftion purement métaphyfique. On a difputé Iout- tems s'il y a un efpace , c'eft-à-dire quelque chofe vuide de toute ma- tière , ou fî la matière elle-même occupant fon propre lieu remplit exactement celui que l'Auteur de la nature lui a deftiné. Cette que- ftion a fait demander néceffaire- ment fî le mouvement eft relatif ou abfolu. En confervant les an- ciennes manières de raifonner , il eft aflez difficile , pour ne pas dire impofTible, de déterminer , s'il y a du vuide dans la nature ou un plein univerfel, il falloit donc le tourner d'un autre côté & remon- ter a des principes dont tout le monde convint , tels que la façef- fe de Dieu. Or M. de Gamaches fait fèntir que l'Auteur de la na- ture qui luit toujours les voyes les plus fîmples , a dû néceflàire- ment établir la communication des loix telles qu'elles exiftent pour que nous ne fufîions pas abandon- nés a une illulîon perpétuelle dans laquelle nous ferions tombés s'il avoit établi toutes autres loix que celles qu'exi^eoit la nature du mouvement relatif. Car dans ce cas les apparences ne feroient ja- mais les mêmes , elles feroient va- riables pour deux fpeclateurs. Au X xx ; ;-. JOURNAL D contraire dans le mouvement re- latif les apparences leront tou- jours fixes , ce qui convient infini- ment alaSagefïe du Créateur. Entrons dans la troiliéme Dii- fertation : Ceft te principe de l'attraction qu'on trouve ici expliqué &: plein de toute la Géométrie que peut demander cette matière. M. New- ton fait léivir ce principe, comme l'on fçait , de fondement au fa- meux Ouvrage qu'il nous a lailfé fur le Syftême du Monde. Voici comme s'exprime M. de Gama- ches : » Ce nouveau Philofophe , »fa patrie de la nécefîîté où elle :> croyoit être d'emprunter de nous » l'art d'éclairer les démarches de la » Nature & de la fuivre dans fes » opérations. Ce ne fut point enco- » re allez pour lui, ennemi de tou- » te contrainte , & (entant que la « Phy fiqae le gêneroit (ans celle , •5 il la bannit de fa Philofophie , & »de peur d'être forcé de réclamée » quelquefois fon fecours , il eut «foin d'ériger en loix primordiales » les eaufes intimes de chaque Phé- j>noméne particulier. Par-là toute » difficulté fut applaniej fon travail « ne roula plus que fur des iujets « traitables qu'il içut alfujettir a (es ES SÇAVANS, «calculs. Un phénomène analyfc «géométriquement devint pour lui »un phénomène expliqué. Ainlî cet "illuftré rival de M. Delcartes eut «bien-tôt la (atisfaction finguliere »de fe trouver grand Philofophe, "par cela feul qu'il étoit grand <» Géomètre. Les Régies de Kepler font les lc:x de l'Aftronomie. Voyons-les emerir. Car cet Ouvrage ne tire toute la force que de (à par- faite conformité avec l'harmonie de ces loix , & ne renverfe le Sy- ftême Cartélîen que par un ac- cord pepétuel avec ces mêmes loix que la nature a rendues invaria- bles. Avant que d'entrer en ma- tière nous placerons quelques dé- finitions dont nous avons befoin pour rendre notre Extrait plus uti- le à ceux qui voudront s'en fervir peur comprendre un Ouvrage qui mérite toute l'attention du lecteur, Lorlqu'une Planète décrit une orbite telle qu'une ellipfe , on di- ftingue quatre mouvemens. Le mouvement abiolu de la Pla- nète , Le mouvement translatif de là Planète , Le mouvement de la matière éthérée , & le mouvement angulai- re de l'une év de l'autre. Par le mouvement abfolu on en- • tend le mouvement fuivant la tan- gente qui eft le petit élément de la courbe. Le mouvement tranllatif eft ce- lui dont la direction eft perpendi- culaire au rayon vecteur. Le mouvement de la matière eft SEP T E M plis fuîvant là même direction per- pendiculaire au rayon, irais quel- quefois il le trouve pjas grand , & quelquefois plus petit que celui du mouvement translatif des Pla- nètes. Le mouvement angulaire eft l'arc par lequel on juge du mouve- ment d'une Planète. Dans les cercles les vîteftes ab- folucs , les translatives Se les an- gulaires feront les mêmes , elles lont toujours en raifon inverfe des racines quarrées des diftances , & les tems des révolutions lont com- me les racines des cubes des di- ftances ou rayons vecteurs. Mais ii les Planètes décrivent des ellipies , leurs vîteftes ablolucs feront com- me les racines des paramétres des fecrions qu'elles décrivent divifées par les perpendiculaires menées du foyer fur les tangentes aux diffe- rens points par où pafient fuccelîi- vement ces Planètes. Aux moyen- nes diftances arithmétiques ou à l'extrémité du petit axe de l'orbite que décrit une Planète , leurs vî- tefies abfolues font égales a celles de la matière , & par coniéquent en raifon inverfe des racines de leurs diftances. Les tems des révo- lutions des Planètes lont comme ceux de la matière prile aux moyennes diitances , d'où il luit que les quarrés des tems font comme les cubes des diftances moyennes. Par ceci on peut tou- jours comparer la vîtefie de deux Planètes enfemble , en les imagi- nant circuler dans des cercles qui auraient pour rayon la ligne tirée B R £, 1-40. je 1 du loyer a l'extrémité du petit axe, car elles employent autant de tems à parcourir leur vraie orbite que celui qu'elles mettraient à parcou- rir ce cercle dont nous avons affi- gné le rayon. Imaginons prefentement avec M. de Gamaches ( qui, dans cette troilîéme Diflertation, parle le lan- gage des Aftronomes & des New- toniens ) un corps en mouvement, continuellement détourné de fo» chemin par une force , foit uni- forme , foit variable vers un cer- tain point fixe, il décrira une cour- be; donc les aires feront toujours proportionnelles aux tems. La converfe de cette propofition eft également vraye. Dès-la on peut aiïîgner les vîteftes abfolues des Planètes , & on trouve que dans une orbite quelconque elles font en raifon renverlée des perpendi- culaires abbaiflées du foyer fur les tangentes , mais les mouvemens translatifs des couches fphériques qu'on voudrait luppoler pouftèr ou agir lu> la Planète, feront en railon renverlée des racines des diftances , alors il eft démontré que fi les mouvemens translatifs des Planètes fuivoient cette pro- portion , les tems feraient comme les quarrés des diftances , ce qui troublerait la loi de Kepler ; on ne peut donc recevoir cette ac- tion de matière fur la Planète , fans tomber en contradiction avec !oi-méme , puifque fi , d'une part, l'on veut que les vîtellès tranilati- ves de la matière foienten railon renverlée des diftances , on aura X x xij ç^2 JOURNAL D Jes aires proportionnelles aux quarrés des rems. Mais les cems ne fuivront plus la proportion des racines quarrées des cubes des di- ftances , G de l'autre, 011 prend ces vîtelïes en raifon inverfe des raci- nes quarrées des diftances on aura les quarrés des tems proportion- nels airx cubes des diftances , mais les aii es ne iuivronr plus la pro- portion des tems. M. Newton explique toutes ces loix avec facilité , il fupprime la matière , donc il n'y aura point d'altération dans le mouvement circulaire de la Planète , & pour qu'elle puiftè être perpétuellement détournée de fa première détermi- nation , il fuppoie les Planètes at- tirées par le Soleil. Voila comme; dit M. de Gamaches , la difficulté levée, &c le phénomène expliqué : un autre principe qu'a adopte M. Newton , & qui devient très-pro- bable en admettant les idées de l'attraction , c'eft que les chutes initiales font en raifon directe des malles , en même tems qu'elles iont en raifon renveriée des quar- rés des diftances , puifque plus il y a de maftè attirante , plus le corps doit être attiré. Ainfi l'at- traction ne peut pas s'adm Etre fans une mutualité. Car tourr ac- tion eft jointe à une réaction. C'eft pourquoi la Lune & la Terre doi- vent néceiTairement tendre a s'ap- procher avec des vitelfes qui ioient en raifon renverféede leurs malles. Ce font-là les principes du célèbre Newton. Dès cette Diflèrtation •Aotre . Auteur donne à penler ES SÇAV ANS, combien ce Syftême eft fujet à l'ar- bitraire. Pourquoi , par exemple, les Planètes circulent-elles toutes dans le même fens ? Pourquoi tournent - elles fur leurs centres dans le même fens qu'elles tour- nent autour du Soleil ? Pou quoi le centre commun de gravité du Soleil & des Plai - 1 - il immobile ? Pourquoi les corps cé- lcftes ne le reduifent-ils pas en un feul point s'il arrive quelque dé- placement , comme on ne peut en douter ? Puifqu'alors ils ne doi- vent celfer de s'approcher à cauie de l'augmentation des forces at- tractives qui font toujours en rai- fon renverfée des quartés des di- ftances. Pourquoi enfin la diffé- rence de la force qu'a la Terre pour attirer la Lune , étant a celle qu'a le Soleil pour les (éparerdans le cas des Sizigies, comme 178 à x, à peu - près î Pourquoi , dis-je, la Lune ne tournera-t-elle pas contre l'ordre des Signes dans le tems que ion centre de gravité décrira- ion orbite autour du Soleil ; car , iuivant la loi de Kepler , les deux Planètes ayant commencé à fe mouvoir avec des vîtefïes récipro- quement proportionnelles aux ra- cines de leurs diftances au Soleil , les forces qu'elles auront eu pour s'attirer , l'auront emporté fur celle qu'avoit le Soleil pour les fé- parer. Il eft clair qu'en les regar- dant alors comme attachées aux extrémitez des bras d'un levier, l'excès de la vîteife de la Planète inférieure, fur celle de la Planéta fuperieuie auroit du détermine* SEPTEM l'une & l'antre malle à circuler autour de ieur centre commun de gravité , fuivant une direction contraire à celle de la circulation de ce centre commun autour du Soleil. Quatrième Dijf.rta.ti on. Une partie des plus beaux Théo- rèmes de M. Newton le trouve dans cette Section. M. de Gama- ches a ehoilî ceux qui pouvoient lui être utiles , & que le fçavant Anglois a employés pour détermi- ner les différentes eipeces d'at- tractions ; on y trouve , par exem- ple , comment deux corps égaux , placés à une certaine diftance , lont toujours attirés par deux au- tres dans la raifon renverfée des quarrés des diftances. On y cher- che dans quel rapport s'attireront ceux dont les diftances feroient proportionnelles aux rayons de deux globes attirails , on y décou- vre comment un corpuicule placé dans une iphére vuide fera attiré également, & que l'attraction de celui qui eft placé dans une fphére pleine fuit le rapport des rayons. On peut appliquer ces raifonne- mens à tous les corps qui font lem- blables. Mais Newton n'en eft pas relié à ces feules confiderations , il lui falloit trouver la fomme de ces attractions , & notre Auteur n'a pas manqué de le luivi e. Il cher- che , avec le fecours de la même Géométrie qu'a employé New- ton , la iomme des atti actions d'uu corps qui en attire un autre; B R E, i 740. yj3 or, Ci l'on y fait attention , on voit que les lignes qui expriment le rapport de ces attractions doivent être dans la railon renverfée des quarrés des diftances , & par con- léquent inégales , donc elles doi- vent terminer une courbe dont l'intégrale fera l'aire de la courbe ou la fomme des attractions. On eft mené par-là infenfiblement à la comparaifon d'un corpuicule attiré par une fphére & par un cy- lindre : les Géomètres fentironc bien le but de cette comparaifon, On veut connoître le rapport de l'attraction d'un corps au fphéroï- de applati & à la Iphére , d'où ? par quelques concluiîons que M, Newton a adoptés lui-même , on arrive à prouver que la pefanteur ablolué au pôle eft à la pefanteut fur l'Equateur, comme 501 à joo. Une luite de l'attraction eft la facilité avec laquelle on compare la malfe du Soleil avec celle de la Terre , Jupiter, Saturne , c'eft-à- dire , les Planètes qui ont des Sa- tellites ; ces rapports font fufcep- tibles de différentes expreilîons qu'on trouvera dans la fuite , le premier que notre Auteur enfei- gne eft qu'une malle centrale eft égale à la chute initiale d'un de fes Satellites, multipliée par le quarré de fa diftance à ce même Satellite ; or cette malfe , divifée par fon volume , donnera la denlîté du Soleil , de Jupiter, de Saturne, &c. M. de Gamaches recherche encore quel rapport il y a entre le tcms de la révolution d'un Satellite & fa diftance au centre commun m JOURNAL D «le gravité des deux malles , & ce rems elt toujours proportionnel à la racine de cette diftance au cen- tre commun de gravité des deux mafles : on fera dans la fuite un grand ufage de ce théorème pour rendre l'attraction plus que lui- peéte. L'Auteur finit cette Diflertation par examiner la tendance relpecti- ve d'un Satellite vers la Planète a laquelle il eft aflocié , & de la Pla- nète vers le Satellite. Un calcul fort aile démontre que la pefan- teur d'un Satellite augmente dans fes quadratures , & diminue du double de Ion augmentation dans le tems des Sizigies. Il eft: vrai que ces problêmes appartiennent a Newton , mais les démonitrations appartiennent a M. de Gamaches , & elles font prefentées avec tant de clarté «Se de méthode, que c 'elt un nouveau mérite d'avoir Içu ex- pliquer ces véritez abftraites qu'on n'entend qu'avec peine chez celui de qui îyotre Auteur les a tirées. La cinquième Diflertation traite du mouvement des corps dans les fluides. Ceux qui connoillènt le fameux Ouvrage de M. Newton n'ignorent pas qu'il a employé dans cette partie la plus fubtile Géométrie. M. de Gamaches, tou- jours attentif à placer les théorè- mes dont M. Newton s'eft (ervi , ne le perd point de vue. Il nous donne par analyie les proportions néceflaires pour calculer les diffé- rentes refiftances qu'éprouve un corps en traverfant divers milieux. Mais avant que de les rapporter , ES SÇAVANS, notre Auteur annonce une propo. iition qui devient importante, & qui le trouve le fondement de prelque tout ton Syftéme. Lorfqu'un corps folide reçoit du mouvement , toutes ces parties entrent en partage , & le mouve- ment le communique a toutes cel- les qui lecompolent. Mais un flui- de ell une malle compolée de par- ties infiniment déliées, & détachées les unes des autres , il peut donc recevoir plufieurs impreffions , & celles qui ne lont pas immédiate- ment appliquées au corps frap- pant , s'écartent d'ofcillation que les couches d'u- » ne part fe dilatent , & s'appla- » tiflent , & de l'autre qu'elles re- » prennent leur première fphérici- » té. « Mais cette matière éthérée ne refluera pas vers l'axe , ce fera vers le centre de la malle , puifque la compreffion des rellbrts ne fe fait que fuivant des perpendiculai- res aux furfaces , dont les actions doivent fuivre le même rapport que ces furfaces , & par confé- quent la raiion renverfée des quar- rez de leurs diftances au centre. Ce flux & reflux de matière * fait penler à notre Auteur que pe~ font du centre à la circonférence , cette matière » devoir bien éprou- Y y y ij s Go JOURNAL D » ver une réaction égale à fon ac- » tion , mais qu'en pelant Je la cir- » conférence au centre , elle n'a 35 nul beloin d'être appuyée , elle » fe foûtient pat l'efficace de fa for- » ce centrifuge , » d'où il fuit que les tourbillons particuliers des Pla- nètes portent alors tout le poids descolonnes fupérieuresaufquelles ils fervent de baie. Par cette nou- velle idJe M. de Gamaches expli- que la pefanteur d'un corps qui eit obligé de céder à cette réaction & de tomber par les mêmes loix qu'un morceau de liège eft con- traint de s'élever fur l'eau , les colonnes ne peuvent lui fervir d'appui. C'eir ainfi que l'impulhon eft le principe d'un phénomène qui a arrêté tous les Phyficiens , ce qui avoit engagé les Dilciples de Newton à le regarder comme un effet de l'attraction. On trouve encore dans cette fixieme Dillertation plulieurs re- marques importantes , & qu'on peus appeller des corollaires. Car ce ne ion: plus de nouvelles fuppo- litions ou de nouveaux principes. de Gamaches explique cette multitude de phénomènes embar- raluins avec fimplicité , appaoage affet ordinaire de la vérité. Cela e-fc d'un grand avantage dans le Syitême général du Monde. Une [culte que nous ne devons pas s i lous filence & qui tomboii ti ie méchanilme des tourbillons .elle que M. Newton avoit ti- tee des vîcelîes angulaires plus- ptes dans les couches infé- rieures q«3 celles des couches lu- ES SÇAVAN3, périeuves. Mais l'ordre de; circula- tions ne pouvoir être confervé r à moins que le mouvement qu'ac- queroit chacune de ces couches par le frottement de la furface concave , elle ne le perdit par ce- lui de la lui race convexe , afin que le tout reliât comme s'il n'y avoit point de frottement , mais de cet- te fuppohtion M. Newton tiroit par le calcul que les tems des cir- culations n'etoient plus comme les racines quarrees des cubes des diltances ; il auroit fallu en con- venir fi les frottemens de ces deux iurfaces étoient entr'eux comma les Iurfaces multipliées par les vî- tefles angulaires - relatives. Si au contraire les frottemens font (tels que nous l'apprennent les expé- riences ) comme les poids multi- plies par les vîtefles angulaires , alors l'ordre des circulations ne fuivra plus le rapport renverfé des quarrez des rayons , comme le démontroit M. Newton. Ainfi r bien loin que les loix de Kepler ioient troublées , M. de Gamache- les confirme & fon calcul le con- duit à rétablir les anciennes ven- iez. Avant que de finir ce premier Extrait , que nous avons fouhai- té compoier de manière qu'il pût- expliquer les principales difficul- tez a ceux qui voudront étudier cet Qùvrage avec utilité. Nous, croyons faite phr.fir d étendre un- peu la demonitration de M. de Gamaches , qui a écrit pour des Géomètres & des Phyficiens con- lommés en Géométrie. On fait» S E P T E M attufiôn à la démonftration qui (e trouve , page 1S6. Les frottemens des couches doi- vent être par-tout égaux. Cher- chons quelle doit être l'imprefllon de ces frottemens. Qu'on nomme ( f / cette impreffion générale. Il eft clair que dans tout frottement qui fe fait en tourbillon ; on doit faire attention à cinq choies ; fçnvoir : A la malle , A la pefanteur dé cette nmflè , A la longueur du levier à la- quelle on conçoit cette malle atta- chée , A la vîteflè refpe&ive , ou , ce qui eft la même chofe , a la diffé- rence des vîteilès Se à la quantité des engrènemens des furfaces ; puifqu'on fuppofe les malles agir l'une contre l'autre. Donc l'im- preiîîon générale des frottemens doit être en railon compofée de ces cinq chofes ; ainfi , fi l'on nomme , dans le touibillan , le rayon , r , La malle fera , r3 , Puifque les Sphères font comme les cubes des rayons , La pelanteur égale à p , La quantité des engrènemens, K , Que la différence des vîteilès des couches inférieures à la vîteflè d'une des couches fuperieures , foit nommée , v ; On aura l'impreffion (/— vpr^ X.<-k. ) , mais qu'on fe rappelle que (p) , où la pefanteur eft propor- tionnelle a la chute initiale , c'eft- à-dire , à ( y_v_ ) , en nommant ( v ) B R E, i 740. y5i la vîteflè abfolue , puifque la pe- fanteur eft toujours égale au quar- ré de la vîteflè divifée par le rayon. De plus , la maflè eft la quantité de- matière contenue fous un certain volume , & le poids eft la maflè multipliée par la chute initiale. Si dans la formule (/=2 •z-'pr'xnc ) on fubftitue à la place de ( p ) fa valeur ( XI ) , on aura r ( vv\r' X/-K = WVr'K ) , &C ( K ) r qui exprime la quantité des engrè- nemens , eft en raifon directe de la pefanteur, &en raifon inverfe de la vîteflè refpeétive , car plus un corps eft pefant plus il s'engrainc de fois , & plus il a de vîteflè , moins il fe fait d'engrenemens ; donc ( k) égalera ( p ) qui exprime V la raifon direcle de la pefanteur , Se la railon inverfe de la vîteflè refpeciive. Cette valeur fubftituée dans la formule ('vvw'k) , l'on aura ( v\\r> xj> ) , & au lieu de (p) qu'oit mette ( TY ) , la formule fe changera en ( v vvr5 x J^Y ) , qui r v étant réduite, vous aurez ( vVa = /) pour l'expreiTion du frotte- ment qu'on cherchoit , ou ( v4 r1 = 1 ) , puifque c'eft une grandeur confiante. Donc ( v ' = J_ ) , & ti- rant la racine ( v = ' ) , c'eft-à- yr dire , que les vîteflès des couches font entre elles en raifon renverfée des racines des diftances , ce que- j6*i JOURNAL D demande la loi de Kepler. Cecte formule eft d'autant plus remarquable qu'on en tire la ré^le établie par M. Amontons & connr- méepir l'exieriencequeles frotte- mens font toujours proportionnels aux poids , éc non aux furfaces. Car fur la terre les po'ds tout pro- {>ortionnels aux malles , puilque es pefanteurs fonr égales aux mê- mes diftances du centre des ten- dances , la longueur du levier eft la même , les vitefTes refpedtives multiplient les autres quan: tez de la formule , Se divifent en même rems, ainlî ( vp^s.) ou ( vpriwxp ) V fe réduira à ( r< ) , qui eft la malTè, puilqu'il en faut faire évanouir (p ,r) , qui font des çra ideurs confiantes , & que ( v ) fe détruit. Cette nouvelle certitude qu'ac- quere la démoiiftration de M. de Gamaches, en fe rencontrant avec M. Amontons , fait fentir en mê- me tems que cet illuftre Académi- cien a été heureux d'avoir trouvé une vérité , qui par-tout ailleurs auroit été démentie , lî l'on n'a- voic fait les mêmes attentions que notre Auteur. Nous allons encore tâcher de fimplitîerla démonftration deNew- ron , rapportée par M. de Gama- ches , pag. 180 , par laquelle cet illuftre Géomètre , voulant déter- miner l'impreffion des frottemens dans le tourbillon , raifonne ainlî : on nomme toute vî telle refpeétive Le rayon indéterminé de cha- que couche ou de chaque furface ES SÇAVANS, ( = x). La denfité des parties , iï l'on y faitattention , fera nommée ( = k ) , l'impreffion ( f ) des frottemens ou la raifon compofée égalera donc ( vxxk. ) , en ad- mettant que les frottemens fui- vent le rapport des lurfares , ou celui des quarrez des rayons. Il faut prefentement chercher la val- leur de cette vîtelle refpective [v), on fera donc ( v = f — i ) , &fi l'on fuppofe les denfitez , les mê- mes , ce fera ( v = — ). Mais, ' v XX ' ' pour convertir cette vîteflè refpec- tive en mouvement angulaire , on fçaura qu'il faut , pour cela , la di- vifer par le rayon : ainfî les deux membres divilés par ( x) donnent ( ~ = -, ) , & par conféquent -s ( I ; ) ou ( -v ) fera proportionnel à ce mouvement angulaire: que l'on imagine , que les ordonnées d'une courbe reprefentent ces différen- ces angulaires des différentes cou- ches , la fomme de ces ordonnées, ou de ces différences fera égale à l'ai- re de la courbe. Il faut donc dirle- rentier , pour en avoir le petit élé- -} ment ; ainfi ( a- ) , exprimant une ordonnée quelconque, fon élé- ment différentiel fera ( .vx^a-), & fon intégrale eft ( a- ou — a- ) , ce qui avertit que cette intégrale , étant accompagnée du figne moins, n'eft pas complette , ou que l'on n'eit pas à l'origine. On ajouter* SEPTEMBRE, 1740. r*3 donc la confiante (a) , & on aura détruit la loi de Kepler. C'eft ainfï ( — x -[— a ) , égale à l'aire de la courbe : mais en faifant (.v) , qui eft indéterminée , égale au rayon ( r ) de la première couche ; cette formule n'exprimera plus qu'un élément infiniment petit , donc alors on pourra faire ( — rr -+- a — 0) ou ( a = r ). En re- mettant cette valeur de ( a ). dans la première équation , on aura (— x -\-r) ou ( — x -f—r ) ou ( r1 — .v2 ) , pour une portion quelconque de l'aire de la courbe , où la fomme des mouvemens an- gulaires a un point indéterminé. Mais il faut faire ( x ) infinie pour avoir toute l'aire , & la for- mule fe réduira à ( •* ) , égal à tout le mouvement angulaire de la couche qui aura (r) pour rayon , égal à la fomme de toutes les dif- férences angulaires , prifes depuis l'extrémité de ce rayon (r) juf- qu'à l'extrémité du tourbillon , qu'on fuppoie infiniment étendu , c'eft ainfi que les mouvemens an- gulaires font en raifon renverfée des quarrez des rayons, & puif- que les tems des circulations font en raifon inverfe des vîteflès an- gulaires on aura ( T~ r% ) , ce qui que M. Newton îaUonnoit; car fuivant cette loi , on a vu que les tems doivent êtte comme les raci- nes quarrées des cubes des diftan- ces , c'eft-à-dire (T=y . ) Nous ajouterons que pour retrouver la, loi de Kepler dans la formule de M. Newton , il faudroit que les denfitez exprimées ici par ( k ) ,.. fuiïènt en raifon renverfée des ra- cines quarrées des diftances , c'ell- I _! à-dire (k= Vr')ou(>-T) , a- lors le mouvement angulaire de- viendroit , en faifant entrer ( k > dans la formule ( r z- i. ) ou ( ); pour lors les tems qui font, com- me nous avons dit, en raifon ren- verfée de ces vîterfes , donneront (T = r 2" ) , c'eft-à-dire , les tems comme les racines quarrées de? cubes des diftances ; mais l'on fent bien qu'une telle Jùppofition eft forcée , puifqu'il eft viiible que les maffes les plus folides doivent s'é- loigner du centre a caufe de leur force centrifuge. Que l'on compare ce qu'a dé- montré notre Auteur avec ce qu'a avancé M. Newton , il fera aifé de s'appercevoir que ce grand Hom- men'avoit pas pris les vraisélemens pourtrouver l'impreffion du frotte- ment. Nous donnerons le fécond Extrait dans les Journaux fuivaiiSo- ■y 54 JOURNAL DES SÇAVANS, MEMOIRES POVR SERÎrIR A L'HISTOIRE DES INSECTES. Par M. de Réaumur , de l'Académie R. des Sciences , de la Soc. R. de Londres & des Acad. de Peter/bourg , & f'de l'Inflit. de Bologne , Corn- ■mandeur & Intendant de l'Ordre Royal & Aîilitaire de Saint Louis. Tome V. Suite de l'Hiftoire des Mouches à deux ailes , & l Hiftoire de plitjîeurs Mouches a quatre ailes , fçavoir des Abouches à feie , des Ci- gales , & des Abeilles. A Paris , de l'Imprimerie Royale. 17+0. w-40, pp. 71S. fans une Préface, planch. dét. 38. Et fe vend chez. Lambert y rué S. jacq. vis-à-vis la rué de la Par cheminer ie. SECOND EXTRAIT. LA plupart désinfectes ont une indultric , qui pour être mer- vcUlenfe , ne nous en eft que plus nuifible,ils l'exercent à nos dépens, &: nous ferions doublement obligés à ceux qui nous apprennent à l'ad- mirer , s'ils nous apprenoient en même tems à •nous en garantir. Il n'en eft pas de même des Abeilles , ce font d'excellentes ouvrières qui , fans être à nos frais , travaillent in- ceftammcntpour nous, quoique ce ne foit apparemment pas leur in- tention. Nous ne fommes pas plus l'objet des peines qu'elles fe don- nent que d'autres Infectes le font de celles de nos laboureurs Se de nos vignerons , à qui ces Infectes enlè- vent néanmoins quelquefois tout le fruit de leurs travaux. Ce n'eft pas pour nous que les Abeilles font leur cire Se leur miel , mais c'eft nous qui en profitons. Quoique le miel foit aujourd'hui moins eftimé que quand le fucre étoit moins commun, on l'employé néanmoins à des ufages auquel le fucre ne pour- roit convenir : à l'égard de la cire , iC'cft un objet très - confiderable , la confommation qu'on en fait aug- mente tous les jours , & on ne peut par confequent trop multi- plier les feuls Artiftes à qui la na- ture en a montré la compofirion. On petit dire que les Abeilhs font dignes à la fois de l'attention d'un Philofophe Se de celle d'un politi- que3i'un les en vifagera par ce qu'elles ont d'admirable, l'autre par ce qu'el- les ont.d'utilc. L'Auteur qui a réu- ni ces deux objets commence l'Hif- toire des Abeilles dans le cinquiè- me Mémoire de fon nouveau vo- lume , c'eft à ce cinquième Mé- moire que nous en fommes de- meurés dans notre premier Extrait. Une infinité d'Auteurs ont parlé d.s Abeilles , mais ils ont mêlé beaucoup de fables aux fut$ vérita- bles qu'ils en ont raconté ; fuivant M. de Réaumur, ils ne nous ont pas donné plus de preuves de la réalité de ce qu'ils en débitent que les Auteurs des Romans ne nous en donnent de la venté des évé- nemens par lefquels ils prétendent nous interefler ; Virgile, en qualité de Poéte,n'a pas dû être exact, auf- fi ne l'a t'il pas été , mais fon qua- trième livre des Georçiqucs n'en eft SEPTEM eft pas moins un morceau admira- ble & infiniment précieux pour tous ceux qui ne font pas in- fenfibles aux charmes de la belle Poéfie. Le tems qui nous a laiiTé beau- coup de mauvais ouvrages fur les Abeilles , nous en a fait perdre deux qui doivent être regretés ; l'un, du Philofophe Ariftomachus, qui , au rapport de Ciceron & de Pline, n'avoit fait autre chofe, pen- dant 58 ans, que d'étudier les A- beilles ; & l'autre , du Philofophe Hylifcus, qui, fuivantPline&Elien, fut épris d'une fi forte pailîon pour ces Infe&es qu'il fe retira dans les deferts pour les obfervcrplus à fon aife. Ce qu'en avoient écrit ces deux Philofophes eft perdu. On n'ad'ob- fervations, fur lefqucLles on puilfe compter,que des obfervations très- modernes.Telles font celles qui ont été imprimées dans les Mémoires de l'Académie de 1711. dont M. Maraldi elt l'Auteur. Plufieurs an- nées auparavant M. Swammerdam, qui a toute fa vie étudié les Infec- tes , avoit compofé une Hiftoirc de Abeilles en Hollandois , mais il s'eft pafîé un tems confiderable avant qu'elle ait été imprimée, el- le ne l'éroit pas lorfqu'il mourut. MSwammerdam légua fes manuf- crits à M. Thevenot , qui mourut auffi fans les avoir fait imprimer , par la négligence des héritiers de M. Swammerdam qui ne les lui remirent pas aflez tôt. Les héritiers des Sçavans font quelquefois des gens très - barbares , ceux de Sept. B R E, 1740: j-ô^ M. Thevenot ne connurent pas le prix des Manufcrits de Svvammer- d.im , ils alloicnt leur faire ef- fuyer le fort des Ecrits les plus méprifables s iî M. du Verney ne les y eut dérobés pour une fomme modique. L'intention de M. du Verney étoit de les publier , il eft néamoins mort fans le faire. On doit être indulgent , dit M. de R. pour quelqu'un qui ne fait pas paraître au jour les découvertes d'autrui lorfqu'il néglige de publier les fiennes propres. L'ardeur des recherches nouvelles ne lailToit pas le tems à M. du Verney de faire part au public du fruit de fes pré- cédentes recherches. Enfin l'illuf- tre M. Boerhaave ( c'eft M. de R. qui parle ) dont nous ne ferions pas réduits à pleurer la perte , fi la durée de la vie de chaque homme étoit proportionnée à l'utilité donc elle elt au public ; M. Boerhaave, que plufieurs des plus grands Mé- decins de l'Europe fe font gloire de reconnoître pour leur maître, qui a donné tant d'excellens ouvra- ges de Médecine & de Phifique t M. Boerhaave , dit M. de R. crut rendre un grand fervice à tous ceux qui aiment l'Hifloire Naturelle, s'il pouvoit parvenir à leur procurer les Obfervations de Swammerdam. Il les acquit de du Verney & enga- gea M.Gobius, fçavant Profefftur à Leyde , de fe charger de les tra- duire en Latin , & de les faire im- primer en Hollandois & en Latin ," ce qu'il a exécuté. Cela forme deux volumes in-foL dont le fécond n'a paru que depuis un an. C'eft celui Z z z 566 JOURNAL D qui contient l'Hiftoirc des Abeil- les. Malgré le grand cas que je fais , dit M. de R. de cette Hiftoire , & quoique celle que M. Maraldi a publiée me paroiffe eftimable par bien des endroits , j'ai cru cepen- dant que je devois laifler voir le jour à celle pour laquelle j'avois raffemblé des matériaux pendant une longue fuite d'années. Nous avons plusieurs Hiftoires dev Peu- ples dont les exploits ont mérité de paiTer «à la pofteriré, tels que les Romains , par exemple ; or fui- vant notre Auteur les Abeilles font au moins parmi les Infectes , ce qu'ont été les Romains par rap- port aux peuples qui ont donné les plus grands fpetlacles à l'Univers. Svvammerdam & M Maraldi ont obfcrvc bien des particularités dans1 l'Hiftoire des Abeilles qui avoient échappé aux anciens ; des circonf- rances favorables , dit M. de R. m'en ont montrées aufîî & même d'cffentielles que Svvammerdam Se M. Maraldy ne fe font pas trouvés à porrée de voir. Je fuis pourtant perfuadé, ajoure-t-il, que ces Mou- ches admirables ne m'ont pas tout -montré à beaucoup près , qu'elles iè font encore réfervé des myltc- res qu'elles pourront découvrir à quelqu'un qui les obfervcra dans de nouvelles circonftances Se avec une nouvelle afllduité. Il n'eft pas aifé de bien voir ce qui fe pafTe dans les ruches des Abeilles -, pour y parvenir il faut avoir recours à des expédiens par- ticuliers ; & fçavoir profiter des ES SÇAVANS, circonftances heureufes qui font rares , autrement on eft auilî peu en état de reconnoîrre à quoi ten- dent les actions fies Abeilles d'une ruche qu'on eit de démêler les mo- tifs dccelles des hommes distribués par pelotons dans une place qu'ils remplilfent prefque , & où on ne les voit que da haut d'une Tour. Pour admirer tes Abeilles , il ne faut.n anmoins quefe trouver dans un jardin auprès des ruches qui y ont été placées. » L'on ne s'accoutume » point,ditM.deR. à regarder fans » furprife ces habitations remplies n par un petit peuple fi actif , (i » laborieux , remplies par un nom- » bred'habitansqui furpafTelenom- » bre de ceux d'une grande Ville. » Si dans les belles heures du jour » on fixe fes regards fur les dehors » d'une de ces ruches , on voit au j> tour des ouvertures qui donnent » entrée dans fon intérieur à un con- » cours de mouches plus grand que » celui des hommes que nous pou- » vons voir dans les lieux les plus » fréquentés. On voit les unes arri- » ver de la campagne chargées » de matériaux & de provifions » pendant que d'autres prennent » i'clfor peur aller fv.ire des recol- » tes femblablcs à cilles que les «premières rapportent. On en voit » de celles-ci qui n'attendent pas » qu'elles foient renrrées dans la » ruche pour faire part à d'autres » mouches du miel qu'elles ont » recueilli ou de la matière pro- » pre à devenir cire qu'elles y ont » amafîec. Dans tel initanr on n'en » verra plus fortir aucune > celles S E P T E M » qui font dehors arrivent en toule, » les portes ne fuflîfent pas pour ■n laiffer rentrer toutes celles qui » s'y préfentent. Qu'on regarde en » l'air & on fera bien-tôt au fait «de la caufe qui les détermine à « revenir chez elles. On verra quel- » que nuée noire de celles qui dès » qu'elles font arrivées fur nos tê- » tes y laiffent tomber de la pluye„ »> Soit que les Abeilles jugent com- » me nous de ces nuées par leurs «» yeux , foit qu'elles -foient inf- *> truites de leur approche par quel- » que autre fens dont nous n'avons »» aucune idée ; elles fçavent ordi- »> nairement fe mettre à l'abri , il »» n'y a que les foibles Se celles qui j> ont été très-au loin qui fe laiffent *> furprendre par une grande pluye. Annote Se Pline ont cru que les Abeilles fçavoient fe mettre en état de n'être point trop emportées par les vents impétueux , & qu'à cet effet elle* fe leftoient , pour ainfi dire,d'une petite pierre qu'elles te- noient entre leurs jambes. C'eft une erreur dont Svvammerdam a deviné le principe: Il y a des mou- ches du genre des Abeilles qui bàtiffent avec de gros gravier , on les a confondues avec les Abeilles ordinaires ,&ona imaginé que les petites pierres dont elles fe char- geoient étoient deftinées à leur donner plus de poids dans l'air. Les dehors d'une ruche offrent encore d'autres faits à la curiofité. On voit quelquefois des Abeilles qui emploient toutes leurs forces pour entraîner une Abeille morte hors de la ruche & l'emporter fort BRE, ï 740. 5" 67 loin: la plupart des Auteurs qui ont ornéles Abeilles de toutes les vertus morales préfentent ce fait comme une action de charité, mais lorlqu'ort les voit entraîner hors de la ruche & avec autant de peine des ordures de différentes efpcces , on voit bien que tout ce qu'on doit conclure . c'eft qu'elles veulent que leurs ru- ches foient nettes. On prétend que les mouches jeunes èc vigoureufes tuent celles qui font vieilles & ufées par le travail , feroit-cc auf- (\ par charité & par un motif fem- blable à celui qui détermine cer- tains peuples fauvages à ôter aux vieillards un refte de vie qu'ils ne pourroient palTer que dans les fouf- frances. Au refte , on peut faire ces obfcr- vations générales & extérieures fans aucun danger ; qu'on demeu- re tranquille auprès des ruches , Se l'on ne fera point piqué : il ne taudroit néanmoins en approcher fuivant ccrains Aureurs , qu'après avoir fait fon examen de confeien- ce , il prétendent que les Abeilles ne peuvent fouffrir les hommes im- purs , les adultères , qu'elles font une guerre mortelle aux voleurs ; Ariftote a cru qu'elles attaquoient ceux qui avoient des odeurs , d'au- tres on dit qu'il y avoit un tems où les dames dévoient s'en éloi- gner , ce font des tables qui n'ont d'autre fondement que l'imagina- tion de ceux qui les ont inventées. Il n'eft pas auiiî ailé d'obferver ce qui fe paffe dans l'intérieur d'une ruche , que de voir ce qui fe pafle au dehors. M. de R. acte obligé Z zzij 5<58 JOURNAL D de donner diffère, tes formes aux ruches lmvant les différentes obftr- vations qu'il vouloir taire. 11 en donne la difcripnon dans ce cin- quième Mémoire , il faut la voir dans l'Auteur même. Pendant la plus grande partie de l'année , on ne voir dans les ruches <|ue desMouches parfaitement fem- Eiabl.s entre elles à quelques légè- res différences près de grandeur & de couleur Mais depuis le com- mencement , ou le milieu de Mai , jufques vers la fin de Jriilet , on y découvre d'autres Abeilles fenfi- blcment plus grandes que les pre- mières , & dont la tête eft plus grolfe & plus ronde proportionné- ment à leur grandeur. Ce font les mâles que les anciens appelloient fuci , en François Bourdons , mais l'Auteur leur donne le nom de faux Bourdons _,. afin de ne les pas confondre avec les Bour ions qui font une efpece de mouche à miel différente des Abeilles. Lorfque les mâles commencent à paroître , on n'en voit d'abord que fort peu - , le nombre en augmente chaque jour , & il n'y en a jamais tant que lorfqu'il doit incefTamment n'y en plus avoir. Leur nombre eft néan- moins toujours fort inférieur à ce- lui des Abeilles ordinaires , elles font au moins fept ou huit contre un. Auffi n'eft-ce point pour elles que ces mâles font deftinés. Les Abeilles ordinaires que notre Au- teur appelle ouvrières n'ont point de fexe ; uniquement occupées du travail , la multiplication de leur efpccc ne les regarde point. Aiais ES SÇAVANS, il y a dans chaque ruche une mou- che unique à laquelle les anciens ant mal-à-propos donné le nom de roi des Abeilies-, on fçait par des obfcrvations faites depuis plus de cent ans que cette mouche eft une femelle , c'eft en elle feule qu'eft renfermée toute la poilerité des Abeilles de fon empire. Il y a des fouverains qui ont de nom- breux ferrails de femmes ,1a reine des Abeilles a un fcrra;l au moins auflî nombreux des mâles de fon efpece. Ils font tous deftinés à fon ufage , Se il n'y a point de ruche où il n'y en ait plufîcurs centaines , leur nombre va quelquefois julqu'à mille , la mère Abeille fuccombe- roit bien-tôt aux foins qu'elle preiv droit de fa poftenté, fi l'emprefle- ment des mâles répondoit à leur nombre , mais on verra qu'ils font peu ardents , & que par un renver- fement de l'ordre ordinaire c'eft la mère Abeille qui eft obligée de faire les avances. La mère Abeille eft plus longue mais moins groffe que les mâles , fes ailes font très- courtes proportionnément à fa longueur , elles finiffent vers le troifiéme anneau au lieu que chez les mâles elles ont toute la lon- gueur de leur corps. Il n'eft pas ai- lé d'appercevoir une mère Abeille,' fur-tout dans les ruches ordinaires parce qu'elle fe tient ordinaire?- ment au centre , il faut voir dans l'Auteur comment il eft parvenue la bien voir. Toutes les autres Abeilles non- feulement ont un refpeift extraor- dinaire pour la mere Abeille , mais S E P T E M elles cherchent continuellement à lui être utiles , fans celTe elles lui offrent du miel , elles la lèchent , elles la brodent , par-tout où elle va quelques-unes lui font cortège ; enfin elles ne comptent pour rien la vie de toutes leurs compagnes auprès de la fienne. L'Auteur en rapporte un trait remarquable. On fçait que fouvent des mouches pa- roilTent noyées fans être moites , &c que fi on les retire de l'eau , qu'on les efluye, qu'on les réchauf- fe j elles reprennent le mouvement qu'elles avoient perdu. M. de R. retira de l'eau une mère Abeille qui ne donnoit pins le moindre ligne de vie, & qui avoit même une jambe eftropiée. Il la mit dans un poudrier de verre & avec elle fèpt ou huit Abeilles ouvrières qui paroiffoient mortes auiîî. Il faut obferver que ces Abeilles n'étoient point desfujettes de la mère Abeil- le , n'ayant point été prifes dans fa ruche. M. de R. approcha le pou- drier du feu. La mère Abeille refta quelque tems morte en apparence, quelques-unes des autres mouches qui Ce ranimèrent avant elle vin- rent aufli-tôt fe ranger autour d'el- le & lui rendre tous les fecours dont elles étoient capables. Elles ne ceffoient de la lécher avec leur trompe , & cela fucceffivement en differens endroits de fon corps , de fon ccrcclet &: de (a tête. Tandis qu'elles prenoient tous ces foins pour une mère Abeille qui leur é- teit étrangère , elles ne tenoient aucun compte de leurs anciennes compagnes qui croient tout auprès B R E , r74o. ;6> mortes ou mourantes. Au bout d'un quart d'heure, ou un peu plus, h mère Abeille fit un léger mou- vement , un fécond le fui vit bien- tôt , aufli-tôt on entendit un bour- donnement dans 1-e poudrier ou jufqu'alors on n'avoir pas entendu le moindre bruit ^ plufieurs per- fonnes qui étoient avec l'Auteur furent frappées comme lui de ce bourdonnement qui fembloit plus aigu qu'à l'ordinaire & toutes dit-il , lui donnèrent le nom de chant de rejouiflànce , les Abeilles curent lieu de le continuer ; lamerc Abeille reprit fes forces peu à peu & malgré fa jambe eftropiée elle devint en état de marcher, & mar- cha ; la nature a mis dans les A- beilles ouvrières , un amour do- minant de leur pofterité; quoiqu'el- les ne contribuent en rien , à la faire naître , c'eft pour elle feule qu'elles travaillent ; ces mêmes A- beilles fi laborieufes lorfqu'elles ont dans leur ruche une mère Abeille tombent dans l'inaction s'il arri- ve qu'elle leur foit enlevée , les travaux languiflent , elles languit- fent elles-mêmes & fe laiflent périr par la faim; fi on leur rend une mère Abeille elles reprennent l'ouvrage , tout fe ranime : ce qu'il y a de plus fingulter c'eft que non-feulement elles ne font laborieufes que quand elles ont une mère , mais qu'elles ne le font que proportionnellement à fa fécondité. C'eft ce dont M. de R. s'eft afluré par des expériences réitérées : il a entr'autres partagé un effain en deux ruches ; la mère Abeille s'eft trouvée dans la j7o JOURNAL D plus petite : aullitôt que les Abeil- les ouvrières y ont été arrangées , elles fe font occupées de leurs tra- vaux ordinaires , au lieu que celles de l'autre ruche qui étoient en plus grand nombre font demeurées dans une inaction totale & font toutes perics. Au refte la fécondité d'une mère Abeille eft prodigieufe , elle peut d.ins un an mettre au jour 30 a quarante mille mouches , les ouvrières , les mâles Se les femel- les toutes lui doivent leur naiflan- ce. Sixième Mémoire. Dans le fixiéme Mémoire l'Au- teur donne la defeription des par- ties extérieures des Abeilles^ rend compte de la manière dont elles vont faire dans les campagnes leur récolte de cire &: de miel. Les Abeilles font de la féconde claiïe des Mouches à quatre ailes, c'eft-à-dire qu'elles ont une trom- pe & des dents. Elles ont des yeux a refeau, placés fur le côté de la tê- te & remplis de poils comme tout le refte de leur corps. M. de R. a obfcrvé que les Pa- pillons 5c beaucoup d'autres Infec- tes ont des yeux à réfeau pareille- ment chargés de poils qui peuvent nous paroître mal placés. M. Va- lifnieri a penfé que ce n'étoit point des yeux, parce qu'ils feroient inu- tiles , les poils empêchant , félon lui , l'.iction de la lumière. Il eft vrai , dit M. de R. qu'au moyen des poils il n'y a que les rayons qui viennent dans certaines direc- tions qui puiftent parvenir fur cha- ES SÇAVANS, que racette , mais il ne convenoit pas apparemment que les rayons de lumière pulfent agir à la fois fur tous les petits yeux de certains Inf. ctes. Quoiqu'il en foit on ne fauroit douter que ce réfeau ne foit un prodigieux amas de petits veux; indépendamment de leur ftructurc qui ne permet guéres d'en douter , Hook rapporte dans fa Micogra- phie des expériences qui le prou- vent. Il a coupé ou percé à des mou- ches les parties que M. Vahfnieri prérend n'être pas des yeux , &: les mouches fe font conduites en aveu- gles. Svvammerdam a eu recours , dit notre Auteur, à un moyen plus doux & moins équivoque , il a en- duit de noir détrempé à l'huile les yeux de certaines mouches , mais des yeux qui ne font pas velus. Il a oblervé que les mouches fur les yeux defquels il avoit mis un pa- reil bandeau, voloient à l'avanture, qu'elles étoient comme imbecilles, que lorfque elles étoient portées quelque part, elles ne fuyoient point h main qui vouloitles pren- dre. M. de R. a répété ces expé- riences fur les mouches bleues de la viande avec le même fuccès ; il en a fait d'autres fur les Abeilles mêmes qui nous paroilTent plus déciiives encore. 11 a couvertd'un vernis rouge fans tranfparcnce , les yeux à réfeau de plulieurs Abeilles toutes prifes dans la même ruche , il les a renfermées dans un pou- drier avec d'autres Abeilles de la ruche aux yeux defquelles il n'a- voit pas touché ; il aenfuitc levé le couvercle du poudrier; les Abeilles S E P T E M *jiii n'avoient point eu de vernis prirent fur le champ l'effor & fe rendirent à leur habitation , les au- tres n'avoient aucun cm preffement à fortir du poudrier , elles avoient peine à fe déterminer à voler5& la plupart dirigeoient leur vol indif- féremment &c n'alloient pas loin. Quelques -ânes qu'il a jettées en l'air s'y font élevées prefque verti- calement à perte de vue , & il n'a fçu ce qu'elles font devenues. On a imaginé, dit M. de R. une efpe- ce de chaffe aux Corneilles allez plaifante , on leur met de l'appât dans un Cornet de papier rempli en partie ou du moins enduit de glu i la Corneille, attirée par l'ap- pât , en voulant le prendre , fe fait une coefîe du cornet qui lui cou- vre les yeux , elle s'élève alors en l'air à perte de vue , &on alTure qu'elle s'élève jufqu'à ce qu'elle tombe fans force &c prefque mor- te i mes Abeilles dont les yeux é- toient vernis me préfentoient une image de cette chaife aux Corneil- les. Nous renvovons au Mémoire même ceux qui voudront connoî- tre toutes les parties extérieures des Abeilles, Se fur-tout la confcruclion de leur trompe qui exige une lon- gue defeription avec des figures. M. de R. lait voir que cette trompe n'agit point à la manière des pom- pes comme Svvammerdam l'avoit cru , mais que c'eft une efpece de langue velue & très longue qui, en léchant , fc charge d'une liqueur qu'elle conduit dans la bouche de l'Infecte : cette bouche efr, comme nous l'avons dit , munie de dents - B R E , i 740. 571 ce font les outils dont les Abeilles fe fervent pour façonner la cire. Les Abeilles recueillent la ma- tière dont elles forment la cire fur les fleurs des plantes. Il n'eft pas néceffaire d'avoir étudié la ftructu- re des fleurs pour fçavoir qu'elles contiennent des filets diffetemment colorés, & chargés d'une poudre de même couleur que celle des filets. Tout le monde fçait que dans un Lys , par exemple , il y a des fi- lets jaunes , dans une Tulippe des filets bruns , &c. Et que quand on les touche ils laiffent fur les doigts une poudre jaune ou brune. Ces filets en langage de Botanifte s'ap- pellent des étamines , &c leurs pou- dres les pouffieres des étamines. M. de Tournetortne regardoit ces pouffieres que comme des excré- mens qui dévoient être tirés de la fleur par une efpece de fecretion : le fentiment qui a prévalu veut qu'on les regarde comme deftinées par la nature , à féconder les plan- tes. M. Geoffroy a fait voir dans un mémoire publié parmi ceux de l'Académie de l'année iyn.que cha- que grain de ces pouffieres avoit une figure confiante & différente dans les différentes plantes. Quoi- qu'il en foit ces pouffieres font la matière dont les Abeilles compo- fent leur cire ; ces Infectes ont le corps couvert de poils propres à fe charger de ces pouffieres ; la pé- nultième partie de chacune de leurs jambes eft faite en broffe, cette broffe leur fert pWui ramaffer les pouffieres dont leurs poils fe font chargés, & ils les ferrent dans 572 JOURNAL D deux efpeces de corbeilles que la nature a placées fur chacune de leurs jambes de la dernière paire. Ce font deux petites cavités bor- dées de poils qui en ferment l'ou- verture. Les Abeilles vont ainfi de fiVur en fleur jufqu'à ce qu'elles ayent formé de leurs poufûeres , deux petits grains à peu près égaux à un grain de poivre un peu ap- plati.Plufieurs Plantes ont chacu- ne de leurs étamines terminée par un petit corps fouvent oblong que les Botaniftes ont appelle le fom- met de l'étamine , ce fommer eft une capfule dans lequel les pouf- fieres font renfermées , fie d'où el- les ne fortent que quand la capfule s'entrouvre. Les Abeilles ratent avec leurs dents ces capfulcs Se forcent celles qui font mures de s'ouvrir , Se de leur livrer les pouf- fieres qui y font cachées. La plupart des Abeilles fe brof- fent avant que de rentrer , mais quelques-unes auflî rentrent fans s'être broffées. Cela les fait paroître jaunes , vertes , rouges , brunes fuivant la différente cou- leur des poufîieres dont elles fe font chargées. Un Gentilhomme d'un Canton de Poitou , où les A- beilles rencontrent à la fin du Prin- tems beaucoup de fleurs dont les étamines font bien fournies de pouflieres, croïoit avoir en ce tems- là des ruches remplies en partie d'Abeilles jaunes , on en parla à M. de R. comme d'une fingulari- té , on lui promit de lui en faire avoir -, le fait obfervé avec foin par M. de VUlars, Do&ciu en Méde- ES SÇAVANS; cine , il s 'eft trouvé comme M. de R. l'avoir penfé que c'étoit des A- beillcs qui nes'étoient pas broff.es. A l'égard du miel les Abeilles vont le puifer dans une efpecc de rJfcrvoir que les Plantes ont , Se que ces Infectes ont fçu découvrir avant nous. M. Lineus , dit notre Auteur , a mieux obfervé qu'on ne l'avoir hit avant lui , que les fleurs ont des efpeces de vefeies ou plu- tôt des glandes qui font des réfer- voirs pleins d'une liqueur miellée qu'il a nommé en Latin Neciarittt il leur a trouvé des figures Se des polirions fi différentes dans les fleurs des différentes Plantes, qu'il a cru qu'on devoir faire entrer ces Neclaria dans les caractères des genres des Plantes. Les Abeilles auroient pu nous inflruire il y a long-tems delà pofition de ces ré- fervoirs , car elles fçavent très-bien où il faut les aller chercher. C'eft dans ces glandes qu'elles vont pren- dre le miel ou la liqueur propre à le devenir Elles le font fur le champ palfer dans leur corps où elles le conferv-ent jufqu'à ce qu'elles puif- fent le dépofer dans les endroits deilinés à le recevoir. Septième Mémoire. Dans le feptiéme Mémoire l'Au- teur entretient fes lecteurs de l'ai- guillon des Abeilles, de leurs com- bats 5c des différences remarqua- bles entre les parties extérieures des Abeilles ordinaires Se les par- ties extérieures des mâles Se des meies< U S E P T E M La trompe des Abeilles n'eft point une arme comme celle des Coulîns & de beaucoup d'Infecles , mais elles portent au derrière un aiguillon plus redoutable que la Trompe des Coufins, ce n'eft cepen- dant par rapporcà nous qu'une ar- me défenfive,lcsCoulîns cherchent à nous piquer , au lieu que nous n'avons rien à craindre des Abeil- les , fi nous ne cherchons pas nous mêmes à les attaquer ou du moins à troubler leurs travaux. Ce qu'on appelle vulgairement l'aiguillon des Abeilles eft une pointe écail- leufe exrrêmement fine , &c qui n'eft cependant que l'étui de deux dards beaucoup plus fins. Ces deux dards font dentelés fur leur côté extérieur & près de la pointe , la bleffure qu'ils font feroit néamoins peu confiderable,s'il n'y ccolort pas en même tems une liqueur empoi- fonnée. Dans l'intérieur des Abeil- les près de la bafe de leur aiguillon, il y a une veftîe pleine d'une li- queur tranfparente Se cauftique , cette liqueur eft portée par un ca- cal dans l'étui des dards au bout defquels on en voit paraître des gouttes fucceflivement toutes les fois qu'on ferre une Abeille entre fès doigts. La moindre goutte de cette liqueur m ife fur la langue y fait naître de la chaleur. M. de R. s'eft alTuré par plufiurs expériences ,que c'eft cette liqueur qui rend la pi- queure des Abeilles douloureufe, il s'eft piqué avec un épingle, & ayant introduit de la liqueur dans la playe , il a fenti une douleur fem- llable à celle qu'on éprouve quand .Sept. on à été piqué par une Abeille. Un Académicien qui doutoit de l'expérience ou du moins du degré de fon effet ayant voulu s'en affu- rer par lui - même , M. de Réau- mur, pour le mieux convaincre, ne lui épargna pas la liqueur ; l'Aca- démicien fe repentit bien tôt de fon doute , & la douleur qu'il éprouva lui en fit faire une pénitence qu'il trouva très-rude. Une autre expé- rience qui prouve que la liqueur fait tout le mal de la playe , c'eft que fi on fe fait piquer par une Abeille après lui avoir fait épuifer cette liqueur par plufieurs piqueu- res fucccllîves , cette dernière pi- queure n'eft prefque pas fenfible. L'aiguillon des Abeilles eft une arme qui leur eft néceffaire pour défendre le fruit de leurs travaux &c pour fe défendre elles mêmes. Il y a des Infe&es avides Se paref- feux qui lailfant aux Abeilles le foin de la récolte ne fe .chargent que de la leur enlever, il y en a d'autres qui peu friandes de miel le font des Abeilles mêmes & en font de très-bon repas quand ils peu» vent. Que les Abeilles fe fervent de leur aiguillon pour mettre à couvert leur miel ou leur vie , ce- la paroît très-naturel , mais elles en font d'ailleurs un ufags qu'on ne peut regarder que comme très-bar- bare. Après un certain tems , lorf- que la mère a été fécondée les mâ- les deviennent des bouches inuti- les , qui fans plus contribuer au bien de la Société , profitent néan- moins de fes avantages. Alors les Abeilles ouvrières qui jufques-là Aaaa m JOURNAL D les avoient élevés & rcurris , ton: an caTnageépouvantaJiJt dfees pauvres mâles., ils n'enr point d ai- guillons rour le détendre tous font Biaffacrés , Se il n'en refle pas un ftul dans h ruche. Fous ignorons les raifens que les Abeilles ouvriè- res prurroient alieguer pour jufti- fkr une fi cru Me exécution , &C fur- quoi e les fondent leur droit de v;e 5c de mort fur les mâles -y M. de R. dit qt.'il leur a été accordé par la nature qui les a miles en état de l'exercer. Il s'élève afTcz fouvenr i\es que- relles entre les Abeilles ouvrières elles- mêmes qui fe vuident par des combats particulier. Il n'eft pas rare devoir dccesefpeces de duels ; fcmblahks aux anciens gueruers qui étoient tous couverts de fer , elles ont leur corps cui raflé & cou- vert d'écailks, tous leurs efforts rendent réciproquement à taire paf-. fer leur aiguillon entre deux écail- les , la blefTure en eft mortelle , cel- le qui eft piquée expire , mais la vicloire eft quelquefois fatale à cel<- le qui la remporte , fon aiguillon reftedans laplaye&fa mort eft alors inévitable. Souvent trois ou qua- tre Abe-lks en attaquent une feule, mais elles n'en veulent point alors à fa vie ,- elles la forcent à dégor- ger du miel & la laiffent enfuite tranquille. Outre les combats particuliers il y a des actions générales. Gomme autrefois de nombreux peuplcs,met- tant un chef à km tête , fortoicnt du Nord & venoienr chercher un «tablilTement dans d'autres pays; de ES SÇAVANS, même les Abeilles (l'une ruche de- venues trop nombreufes en font forrir des clîains qui ayant ch cun une reine à leur tete vont former un nouvel établifTemcnt. Si ces cf- fiins s'avifent d'entrer dans une ru- che deja hahitée , il fc livre un cruel combat entre celles qui dé- fendent leurs foyers & les nou- velles qui veulent s'en rendre maî- trefîes. M. de R. a été témoin d'un combat de cette nature , nous croyons qu'on ne fera pas fâché d'en voir le détail. » La ruche ( c'eft » M. de R. qui parle ) n'étoit pas » conftruite de manière à me laif- » fer voir ce qui fe pafToit dans » l'intérieur, mais les dehors m'of- » troient un fpedtable meurtrier Se » très-varié. Je voyois fortir deux » Mouches,dont l'une étoit entraî- » née par l'autre , qui la faiiifToic » par où elle pouvoir , Se qui ten- » doit à lui monter fur le. corps. ■■> Quand elle y étoit parvenue , » bien-tôt celle qui avoit dudefTous » étoit égorgée , je dis égorgée, Se » peut-être le puis-je dire dans fon » fens propre ; la mouche fupérieu- » re faifiiloit l'autre Se la ferroit a- » vec fes dents près de la tête , Se » je ne fçais il ce n'étoit pas au col » ou au corcelet. 11 m'a paru que » quelquefois c'etoit auprès des » ftigmates. Ce qui eft certain , *> c'eft que dès que la mouche » vaincue avoit été ferrée près de » fa partie antérieure , elle étoit » morte ou mourante. La victorien» » fe la laifToit fans vie fur la pouf- » fîere ou prête d'y expirer : elle » l'abandonnoit alors , mais elle S E P T E M n teftoit posée auprès d'elle com- » me pour jouir de fa victoire ou » pour fe délafTer de fes fatigues. » Les Mouches viiftorieufes fai- » foient confia mment la même » manœuvre. Dès que le combat » étoit fini par la mort de leur en- w nemie,pofées fur leurs quatre pre- » mieres jambes , elles frottoient » les deux pofterieures l'une con- »> tre l'autre. Quelquefois f affaire >» étoit décidée dès l'intérieur de la sj ruche , quelquefois c'étoit en dé- jà hors à quelque difiance qu'elle »> fe terminoit. Dans le premier » C3S une mouche fortoit triom- » phante de la ruche tenant fous » fon ventre & entre fes jambes »> celle à laquelle elle avoir ôté la » vie & fortoit en volant. Elle pre- » noit , tantôt un plus grand & » tantôt un plus petit eiTor ; quel- »> quefois ce n'étoit qu'à quelques » pieds de la ruche qu'elle alloit » s'appuyer à terre & y dépofer le » cadavre dont elle étoit chargée , »> quelquefois elle s'élevoit à perte »> de vue. Souvent je remarquois » l'endroit où alloient fe pofer cel- ■» les que je pouvois fuivre des » yeux , Se lorfque je me rendois » où j'en avois vu une s'arrêter, fi » l'Abeille pleine de vie &c de vi- « gueur en éroit partie , j'y troa- » vois au moins la morte. Dans le » fécond cas, dans celui où l'Abeil- *> le n'avoit pas encore mis à mort » l'Abeille qu'elle tenoit faifie Se » qu'elle portoit en volant hors de » la ruche , elle ne la portoit qu'à » quelques pas &r achevoit de la » tuer. Nous ne viendrions pas auf- B R E, 1740.' 3-7 f « fi vite à bout de tuer une mou- » che , fi nous ne voulions pas » l'écrafer , que chaque Abeille ve- « noit à bout de tuer celle qu'elle » avoit tranfportée hors de la ru- » che. Elles fçavent mieux que » nous où les coups mortels doi- » vent être portés. Je ne ks voiois » pas fe fervir alors de leur aiguil- » Ion, mais il y a apparence que les » bleffures empoifonnées faites à » la mouche vaincue avoient valu » la fuperiorité à la vidorieufe. H » ne reftoit plus à celle-ci qu'à don- w ner pour ainfi dire le coup de » grâce , Se elle le faifoit avec fes » dents. Hors de la ruche tous les » combats à mort n'étoient que de » feule à feule , peut-être que tout » ne fe pafioit pas auffi généreufe- » ment dans l'intérieur. Celles qui » étoient maffacrées en dehors a- » voient deja été mifes hors de » combat dans la ruch: même. M. de Réaumur ramafTa plus de ijo des Abeilles qui périrent dans ce combat, & il auroit pu en ra- mafTer beaucoup davantage s'il en avoit eu befoin. La mère Abeille a un aiguillon plus grand que celle des autres Mouches , quoique quelques an- ciens ayent alfuré le contraire , Se que quelques devifes les en fuppo- fent privées , mais cette reine a en cela le modèle des rois avec plus de pouvoir que les autres A- beilles , a en même rems plus de modération , elle eft née avec un naturel pacifique , on peut même la tenir entre fes doigts fans qu'elle cherche à piquer. A a a a i j 576 JOURNAL D Huitième Mémoire. Dans le huitième Mémoire il eu queftion de gâteaux de cire , M. de R v explique comment 1. balles parviennent à les conilruire & changent en véritable cire les pouffieres des étamincs , il y parle de la récolte que les Abeilles font de la propolis ; enfin de la façon dont elles remplirent les alvéoles de miel 6c l'y confervent. Chaque gâteau de cire eft com- pofé de deux rangs de cellules exa- gones oppofés l'un à l'autre , l'un étant fur une face îk l'autre fur le levers. De toutes les cellules de capacité égale , qui peuvent être ajuitécs les unes contre les autres fans la, fier de vuide entre elles , les exagones font celles qui peuvent être faites avec le moins de ma- tière ; par cette raifon Pappus Géomètre célèbre parmi les anciens regardoit les Abeilles comme de grands Géomètres , mais il eût eu v dit M. de R. une bien plus- hau- te idée de leur Géométrie , s'il eut fçu que la confiruclion du fond de chacune de leurs cellules fembloit fuppofer qu'elles avoienr rélolu un problème qu'il n'auroit pas fçu ré- ioudre lui même , là folution dé- pendant de l'Analyfe des înfini- mens-petits , inconnue du rems de Pappus. Le fond de chaque cellule n'eft pas plat , il eft pyramidal &c formé par trois petits lozanges ou rhon-.bcs de cire femblables Se égaux. Cette figure pyramidale permet au fond des cellules des ES SÇAVANS, deux faces oppofées de s'ajuAet les uns contre les autres auflî exac- tement que les corps des cellules s'a;uf[ent , c'eft à-dire fans laifTcr de vuide, mais les Abeilles avoicntà ehoifir entre une infinité de rbom- bes différents qui peuvent formée des pyramides plus écrafées ou plus allongées , eV également propres à s'appliquer 1rs unes contre les au- tres fins biffer de vuide. Les rhom- bes pour kfquels elles fe font dé- terminées , ont deux angles oppo- fés chacun d'environ i io degrés & les deux autres chacun d'environ 70. Quelles font , dit M. de R. les raifons de la préférence donnée à, ces rhombes ? J'ai foupçonné , ré- ponc'-t il , que l'épargne de la cire, en pouvoir être une , Se j'ai propo- fé à M, Kœnig, capr.ble de réfoudre- les problèmes les plus difficiles, de déterminer entre les cellules exa- gones de même capacité & à fond pyramidal compofé de trois rhom- bes égaux Ôc fcmblables,quels dé- voient être les angles des rhom- bes au moyen defqucls la quanti- té de matière ou de cire employée- fèroit la plus petite qu'il eft poffi- ble , Se il a trouvé que les rhom- bes demandés font précifément ceux que les Abeilles ont choifis. Le-s gâteaux que font les Abeil- les font de cire -, mais cette cire la- trou vent-elles toute faite fur les. plantes , ne font- elles que l'y re- cueillir , ou bien n'y recueillent- elles qu'une matière propre à de- venir de la cire ? certaines parties, des plantes & des arbres donnent de la réfine toute faite , d'autres S E P T E M fourniifent de la gomme , enfin nous connoillons un arbrilfeau commun au M.iiiflpi des graines duquel on tire de la cire au moyen de l'eau bouillante. M. de R. fait voir par un grand nombre d'expé- riences , que les poufllcres des éta- mines dont fe chargent les Abeilles lie font point une cire toute faite , mais feulement une matière propre à le devenir. Il rapporte d'autres expériences par lefquelles il a tenté de convertir ces pouiliercs en cire ou du moins de l'en extraire >■ ce feroit une opération très-utile , la cire que les Abeilles nous font ne nous coûte rien, à la vérité , ce font des ouvrières que nous n'avons pas la peine de nourrir, mais leur nom- bre n'eft pas affez grand , & il fe- roit heureux qu'on pur y fuppléer •, les expériences de M. de R. prou- vent qu'il ne nous eit pas plus aifé de convertir la poulîîere des éramt- nes en cire , qu'il nous le feroit de convertir nos alimens en chile fans le fecours de la digeftion. En effet , il ne fuffit pas aux Abeilles de pé- trir ces pouflicres avec leurs jam- bes après les avoir humectées de quelque liqucur,commeSv vammer- dam 8c M. Maraldy ont paru dif- pofés à le croire , il faur qu'elles paiTent dans les înteftins des Abeil- les &: dans un de leurs eftomacs, car elles en ont deux , c'eft-là que fc forme la cire. M. de R. s'eft aftu- ré par- des obfervations certaines que les Abeilles mangent ces pouf- licres après les avoir paîtries , que lorsqu'elles les ont digérées , elles font retourner vers leur bouche la véritable cire qui en a été extraite , B R E , 1740. 5-77 elle en fort en forme & confîflance d'une bouillie claire &r quelque- fois mouiîeufc : la langue de l'A- beille aide à la conduire hors de la bouche & à la placer où elle doic être mife en œuvre par les deirs pour former une partie du g.îteau. Cette bouillie de cire fe durcit en un inftant. L'habitation des Abeilles ne doit avoir d'ouvertures que celles qui leur permettent d'entrer & de forcir librement. D'ailleurs elle ne l'çau- roit être trop bien clofe; les Abeil- les employentà la boucher une cf- pece de refîne qu'elles trou vent tou- te faite fur certains arbres , & qui a plus de ténacité que la cire ; cette réfine, qui n'a befoin d'aucune pré- paration , a une odeur aromatique affez agréable ; les anciens lui onc donné le nom de Propulif , elle eft molle lorfque les Abeilles l'em- ploient , mais elle prend de jpur en jour plus de confiftance. Les Abeil- les en font encore un ufage. Il s'in- troduit quelquefois dans les ruches des limaces, des limaçons, ces in- fectes ne font pas difficiles à détrui- re , mais il ne feroit pas aifé de les tranfporter hors de la ruche -, pour prévenir les effets de la corruption de ces Infe&cs les fi beillcs les em- baument de propolis. A l'égard du miel que ks Abeilles recueillent ,. il eft depofé dans les cellules defti- nées aie recevoir, partie eft con~ fommée journellement , partie eft- réfeivée pour les tems de famine y des cellules couvertes en font les magalins. Nous donnerons dans la. fuite l'Extrait des Mémoires p, 10 , 11, 11 ôi 13. 578 JOURNAL DES SÇAVANS, ESSAIS ET O BSERTATIONS DE MEDECINE DE LA Société a Edinbourg. Ouvrage traduit de l'Anglais & augmenté par le Traditlï:ur d'Obfervations concernant l'Hiffoire Naturelle & les Mala- dies des yeux. Par Monficur P. de Atours Médecin de Paris , Tome ■premier. A Paris , chez Hypolite Louis Guerin , Libraire rue S. Jacques, vis à-vis la rue des M.uhurins , à faint Thomas d'Acjum , I74O. avec Approbation & Privilège , pag. 4^ 1 . fans l' AvemJJement du tradiriUicr , la Préface , la Table des Matières , plufieurs Planches & les Obferva- tions concernant l'Hifloire Naturelle & Us Maladies des yeux. Mo n s 1 E v k de Mours à qui le public eft redevable de cette traduction , étoit déjà connu par un autre Ouvrage de ce genre. On fç,ait qu'il eft élevé du célèbre M. Duverney , & qu'il a rempli long rems , la place de Garde &: Démonftrateur du Cabinet d'Hif- toire Naturelle du Jardin du Roi. Dans un AvertilTement que M. de Mours a mis à la tète de fa tra- duction , il nous apprend d'abord , comment la Société X Edinbourg eft compoféc. » La place de Secrétaire « eft remplie parlefçavant ôd'ingé- » nieux M.Monro Protefleur d'Ana- » tomie dans l'Univerfitè d'Edin- » bourg & membre de la Société » Royale de Londres. M. de Mours parle enfuite de l'objet principal que la Société d'£- dinbourg fe propofe dans la collec- tion des Mémoires dont elle a déjà donné 4 volumes. Ce n'eft ici que la traduction du premier , mais le zélé Traducteur annonce qu'il don- nera fucceffivement la Traduction des trois autres \ & celle des Re- cueils que cette Société publiera dans la fuite. Il avertit encore qu'ayant fak cette Traduction-ci fur la première édition qui a paru de ces mêmes E(Tais ; comme il vient récemment d'en être imprimée en Angleterre une nouvelle, il a eu lieu de retou- cher cette même Traduction & d'y faire quelques additions qu'il in- dique. A cette Traduction , qu'il s'eft attaché fur-rout à rendre fidèle , il a joint quelques Obfcrvations dont il eft l'Auteur , fur PHiftoire Natu- relle ~ & furies maladies des yeux : les connoiflances qu'il marque lui avoir été communiquées par Mcn- fieur Petit le Médecin, concernant ces mêmes Maladies : l'habitude où il eft depuis quelques années de traiter ces Maladies : toutes ces circonftanccs qu'il expoie , l'ont mis à portée de faire des recherches Anatomiques très - curieufes , fur certains organes de la vue : la ftruc- ture & le méchanifme de ces or- ganes donneront lieu dit il, à une Dcfcription du Globe de l'œil très- détaillée , & qu'il compte de pu- blier lorfqu'il la jugera digne de paroître. Nous ne devons point paner fous filence le cajacteie de modeftic qui S E P T E M B fe découvre dans tout ce que M. de Atours , dit de fes propies Ou- vrages > ni la rcconroiiTance qu'il marque des lumières que quelques perfonnes lui ont communiquées. A la fuite de l'Avertiflement du Traducteur , on trouve la Pré- face traduite de l'Anglois. Ce font d'abord des Réflexions fur l'utilité de recueillir les Obfervations de Médecinequife font journellement: il s'en faut bien , félon le fentiment de la Société à'Ediitbou/g,c\nc d'an- ciennes Obfervations puiifent être auiïi inltructives à l'égard des ma- ladies actuelles , que le feroient des obfervations plus récentes, r ".Par- ce que le nom des maladies &c celui des remèdes changent. 2". Parce qu'il naît de nouvelles maladies. 3*. Parce que la différence des cli- mats &: des alimens , donnent lieu à des différentes manières de traiter les maladies. L'Auteur fait enfuite des remarques très-judicieufes,furla néceliicé & fur les moyens de bien obferver les maladies. Il examine quelle cil la meilleure forme qu'on puiffe donner à une Collection de Mémoires qui contiendraient de telles obfervations : il parcourt à cet effet , les Mémoires des diffé- rentes Académies & Sociétés des Sciences de l'Europe : ce qui le me- né à expliquer quelles matières la Société à' Ed'mboitrg a jugé devoir entrer dans fes Recueils : il rend compte des motifs qui ont déter- miné cette Société à cet égard ; & les avantages qui doivent naître des travaux dont elle s'occupe dans la vue du bien public : détails rern- R E , 1740. y7p plis de vues tr:s étmdiTes , très-ré- fléchies & qui demandent d'être lus dans la Préface même. Voici quels fonr les Mémoires contenus dans ce premier volume au nombre de quarante ; le choix des matières ferr à faire conne înc l'efprir dans lequel la Société d'£- dinbomg dirige fes travaux cV pro- fite des Mémoires que des Auteurs étrangers lui envoyent. Nous ne rapporterons ici que les noms des Auteurs , fuprimant leurs qualités qui tiendroient tiop de place dans ces Extraits. Les cinq premiers Mémoires onc pour objet d'éclaircir fi les mala- dies épidemiques, ou celles qui ont été les plus fréquentes ; font caur fées par les variations fcnfiblcs de l'air ; la difpofition des lieux : la nature des alimens , &c. Dans cet- te vue on donne une Defcrip- tion A'Edinbourg ; une Defcriptiori des inftrumens qui fervent aux Obfervations Météorologiques : une expofition des maladies qui ont été plus fréquentes à Edmbourg pendant l'année qui a précédé celle où ce Recueil a été imprimé ; & un Extrait des Regiftres publics des enterremens à'Edinbeurg. Les Mémoires qui viennent en" fuite font : Remède Mercurial altérant par M. A, Plummer. Propriété & ufage des Eaux Mi- nérales de Aioffut , par M. G. Mil- ligen. Expériences fur les Eaux Miné- rales de AJoffat par M. Plummer. Effai fur l'Art d'mje&er les vaiC- y8o JOURNAL D féaux des animaux par M. Alexan- dre Monro. Démonftration de la force qu'ont les os pour rélîfter aux Agens qui tendent à les rompre tranfverfale- ment par M Gud. Po'fficld. Remarques fur l'articulation , les mufcles èc la luxation de la mâ- choire inférieure par M. A. Aionro. Eflai furie mouvement alternatif du Thorax Se des Poumons dans la refpiration , par Monficur Geor- ges Martin. Ërtaî fur la Nutrition du Fœtus dans la Matrice } par M. Jojeph Gibfon. Deux Obfcrvations fur des en- fans nés avec des conformations contre nature , des inteftins , par M. Jac. Caldtr le jeune. Obfervation fur une playe au col accompagnée de fimptômes peu ordinaires , par Monfieur Jean Ké- nedy. Obfervation fur un os confidé- rable tiré de la partie intérieure de l'œfophage , par Monfieur Jean Stedcman. Obfervation fur une tumeur rare à la mammclle , par Monfieur P. Paron. Réflexion fur l'opération de la Paracenthefe , par M. Monro Obfervation fur des vers fortis d'un ulcère dans l'aine , par M. Jac. Douglas. Obfervation fur une mortifica- tion des inteftins dans une hernie guérie , par M. Jac. Jantiefon. Obfervation fur des Pierres trou- vées dans le Rein , avec des remar- ques fui i'opéracioa de la Nephroj ES SÇAVANS, tomic , par M. Dv.tglas. Obfervation fur une Tumeur Anomale de h jimHe, traitée fans fuccès, par M *** Obfervation fur une grande par- tie du Tibia enlevée & réparée en- fuice par le Cal,par Monfieur David Laing. Remarque concernant M. Garan- geot par un Anonyme. Effai lur les moyens de perfec- tionner la Médecine , par M. J. Drumond rainé. Obfervation fur un ulcère des poumons qui avoit percé le Dia- phragme, &: qui s'étendoit jufques dans le foye , par M. Edouard. Obfervation fur une Tumeur dans l'œfophage & provenante d'une ciufe extraordinaire , par M. G. Waitgh. Obfervation fur des mouvemens convulfifs de l'œfophage, par M. J. Aird. Obfcrvanon fur une inflamma- tion d'eftomac accompagnée d'y- drophobie , & d'autres fimptômes extraordinaires , par Monfieur Je.m Inneu Obfervation fur un dégoût & fur une atrophie caufée par le dé- placement de l'eftomac , par M. Robert Loii/is. Obfervation fur une Timpanite^ par M. Monro. Obfervation fur une colique de fix ans caufée par une concrétion formée fur un noyau de prune qui s'étoit arrêté dans les inteftins , pat M. Thomas Simfon. Eflai fur la Jaunifle , par M. * * * Obfervation fuj une ye/fie deve- nue S E P T E M B nue fquirreufe , par Monficur Ed. Jtarry. Obfervation fur une rétention de la liqueur féminale dans l'acte vé- nérien , par M. Guillaume Cockburn. Obfervation fur une paralyfie des extrémités inférieures accompagnée de mortifications , par Monfieur Drummond* Expofition des découvertes les .plus remarquables , & des progrès faits en Médecine ou propofés de- puis l'année 17 31. Lifte des Ouvrages de Médecine publiés, depuis le commencement de l'année 1731. Livres annoncés Se qui doivent bien tôt paroître. Sociétés nouvellement établies pour le progrès de la Médecine. Ne pouvant dans un Extrait nous érendre fur chacun de ces Mémoi- res , nous allons en choifir deux feulement dont nous donnerons le précis. M. Drummont l'aîné , ci-devant Fréfident du Collège Royal des Médecins à Edinhourg dans un ejfai fur le moyen de perfeilionner la Mé- decine , propofe ainfi fes vues. Il feroit utile pour les étudiansen Médecine & pour les jeunes Prati- ciens , de s'attacher d'abord , non à retenir comme les Livres l'en- feignent , les noms & les distinc- tions fubtiles & multipliées , pref- que gratuitement , pour chaque maladie , mais à fe former des idées «liftin&es de ce que les maladies ont de plus général. L'hémorragie , ( c'eft l'exemple qu'il donne ) eft «Uvifée par les Auteurs en un nom- Sept. RE, 174a 5-81 bre d'Efpeces dont la diftindtion cft peu importante ( 1 ). Il feroit bien plus avantageux , dit-il , pour les commençons , de confiderer am- plement l'hémorragie comme un écoulement de fang contre nature & de raffembler en une même clalTe les hémorragies qui dépen- dent de la même caufe; telles que l'hémorragie par le nez , le vomilTc- ment de fang , &c. Les fièvres font dans le même cas; » la confidération de ce qui conf- » titue la fièvre avec fes vraies cau- n fes & fes effets naturels , peut » donner une idée plus julre & » plus claire de la maladie , & fu"- » gérer une pratique plus metho- » dique, que tout ce qui a été écrie » fort au long fur les diffractions » fubtiles & peu néceflaires que » Rivière & Sidenham ( ce font les ternies de l'Auteur ) ont recon- nues. M. Drummont fait encore l'ap- plication de fon principe à plu- lieurs autres maladies qu'il regarde comme appartenant à la même cau- fe : Il preferit en même tems , les bornes qu'il convient de donner À ce même principe dans le traite- ment des maladies \ il employé à ce fujet , plusieurs exemples de maladies communes, qui, en géné- ral , demandent un traitement par- ticulier ; foit à caufe de la con- duite oppofée qu'auront gardé en fanté deux perfonnes qui fc trou- vent attaquées de la même mala- die ; foit à caufe de la différence ( 1 ) Telles que Anaftomofïs, Diairelîs, Diapedcfis , Rixis & Diabrofiî. Bbbb ;S2 JOURNAL D d'âge , de fexe , &c. Un grand nombre de reflexions que nous fommes obligés de patîer fous filcn- ce , concourent trcs-hcuicufcmenc à f.Tire valoir les opinons de M. Erummonr. Nous renvovonsdonc les lecteurs au mémoire même. Le fécond Mémoire, donr nous parlerons en particulier , contient Vexfofuion des Découvertes les fins rem.tr fiables , & des progrès faits en Médiane , eu proposes depuis le com- mencement de l'année 1751. don- nons-en l'énumération. Une Dcfcripnon exacte de la plante dont on tire le Contragcrvay Sec. par M. Huitdon. Expéiiencc £/Jloiv. L'opération de l'appareil latéral pratiquée & perfectionnée , par M. Chéjelden. Augmentations confidérablcs dans le Traité des Obfcrvations Chirurgiques , par M. Garangeot. Remarques fur l'inoculation de la petite vérole pratiquée à la Chine long-tems avant qu'elle l'ait été en Europe ; Extrait d'une Lettre du P. Denirecolle Jcfuite Millionnaire. Que l'humeur de la Goûte eft plutôt d'une nature Alkaline que d'une nature Acide } par le Doïleitr Sceveno. Dcfcription te recherches fur les caufes d'une cfpece de Colique S E P T E M dangercufe , Se qui eft commune à jir/ifterdam pendant l'hyver , par un Anonyme. Traité de la petite vérole , où l'Auteur defaprouve la faignée hors dans un feul cas , &c. par le Doc- teur Lobb j avec des remarques fur ce qu'on peut prévenir ou guérir cette maladie fans éruption. Les fréquentes faignées recom- mandées dans le traitement de la petite vérole , par M. Loeber. Il nous refte a rendre compte des Obfcrvations de M. de Aïours , concernant l'Hiftoire naturelle Se les maladies des yeux. Son premier Mémoire a pour objet des recherches » qui peuvent *> fervir d'éclairciflemens au phé- * nomene de la propagation des » animaux. « 11 s'agit de la fécon- dation de la Salamandre femelle. Il avertit d'abord , qu'il ne parle point de la Salamandre de terre -qu'on appelle communément au- jourd'hui le Sourd , ou le Mouron , mais de cette efpece de Salamandre qu'on trouve communément au- tour de Paris dans des baiîîns né- gligés Se dans les Marres de la Campagne, animal à quatre pieds , dont le mâle eft diftingué par une crête ou membrane flotante, dé- coupée en dent de feie > Se qui s'é- tend fur le dos , depuis le milieu de la tête jufqu'au commencement de la queue. M. de Mours , quand à la Defcnption des différentes cf- peces de Salamandres , Se à quel- ques autres particularités qui ne rentrent point dans l'objet de fon Mémoire , renvoyé à celui de M. B R E, 1746." 5-8? Dufay qu'on trouve dans le Re- cueil de l'Académie des Sciences de l'année 17Z9. Voici ce qui fe patte entre les Sa- lamandres , c'eft dans un baiîîn du Jardin du Roi que M. de Mourt a fait cette obfcrvation. Le mâle après avoir pourfuivi quelque rems la femelle , pa(fe au-devant d'elle Se lui barre le chemin. Alors fit crête relevée , il fe foutient fur deux patres d'un même côté feule- ment ; il courbe fon corps en rele- vant le dos , & forme ainiî une ef- pece d'arcade fous laquelle la fe- melle paffe , continuant fon che- min : le mâle fe remet Se les yeux tournés du côté de la femelle , dès qu'il la voit s'arrêter , il court vers elle , il vient la regarder fixement de très-près & reprend la même pofture qu'auparavant 5 ce qu'ils répètent plufieurs fois de fuite. Tout ce jeu , remarque l'obferva~ teur , n'eft point encore ce qui doit procurer la fécondation de la femel- le. Ce manège fini , la femelle refte iur la vafe , Se le mâle fe tient au- deifus à un pouce environ de dif- tance d'elle, Se de la vafe C'eft dans cette fîtuation que fa crête flottant nonchalamment, il fr.ippc de tems en tems la femelle de fa queue , Se c'eft dans cet cloigne- mcntque ce quifertà féconder la. femelle s'échappant du mâle , fe mêle avec l'eau Se fe répand fur les flancs de la femelle qui eft alors immobile. Pour éclaircir , fi la fe- melle , après ce qui vient d'être dé- crit , ctoit fécondée , l'obfexvateur B b b b ij 584 JOURNAL DE L'ayant mife feule dans une cuvet- te de fayance , elle y pondit du frai dont les embryons fubirent di- vers changemens avant que de prendre la forme de Salamandre. Seroir-il permis de conjecturer de cette obfcrvation , ajoute M. de Atours , » que l'cfprit fémmal » partant à travers les pores de la » peau de la femelle , porte la vie » & le mouvement aux embryons » contenus dans le bas ventre. Dans l'obfervation qui fuit , M. de Amours } rend compte d'une ma- ladie des yenx au traitement & à la guérifon de laquelle il a concouru, ayant été appelle par M. Sdva ; c'étoit une dilatation delà prunel- le accompagnée de circonftanccs Singulières. Après une explication très curieufe de l'état, des caufe3 & des effets de cette maladie , no- tre Auteur remarque entr'autres fingularités que la perfonne mala- de , voyoit » les-ohjets beaucoup « plus petits lorfqu'ciie les regar- ni doit avec l'œil affecté , quoi- » que la prunelle en fût rrès-dila- » fée , que l'o (qu'elle les regar- » doit avec l'œil fain dont la pru- " nelle éroit bien plus rétrecie : ■■> limptômc contraire , ajoure-t-il-,' » à ce qu'on connoît des loix de » de la vifion. Quoique lcsGbfcrvarions de M. de AUurs fur cette circonflance & fur toutes celles qui lui paroilTcnc remarquables, foient très -'dignes d'être r.pporrées ici ; pour ne point étendre les bornes d'un Extrait , nous pafferons aux moyens em- ployés pour la curatien de cette S SÇAVANS, maladie. Notre Auteur rapellc d'à-- bord avec une fidélité qui doit donner plus de confiance encore en fes lumières , une précaution qu'il auroir dû prendre & dont il n'apperçur l'utilité qu'après la gué- fon du ma b de ; c'étoit de le faire coucher fur le côté oppofé à celui de l'œil affecté. Aux fecours des faignées employées précédemment, M. Silva joignit l'ufage du petit; lait avec du fumeterre & du fel fedatif -, &z cela dans une quantité diffcrentc,felon que l'état du malade le requeroit : on y joignit les Eaux dépurées de Pafîï : auxquelles on fubflirua enfuite , une légère tifan- ne d'efquine dont on continua Pil- lage pendant tout le relte du trai- tement , &: le malade fut purgé- mollemenr de loin à loin. Quand aux remèdes externes ,' M. de jVf.mrs fut d'avis d'employer des douches d'eau commune , de décoction de pavot,on mit aullî en ufage des douches d'intufion de racine de Guimauve ou de femen- ce de coing comme remèdes r.dou- ciffans. Lorfqu'il fut rems d'ufer des douches refolutives &: aftrin- gentes , on eut recours à la dé- coction d'hylîope , à laquelle on ajouta par dégrés , les fleurs de Ca- momille &: de Mélilot , l'Eau-de- vie & les Rofes rouges. On fal- loir encore couler dans l'œil du malade , plufieurs fois le jour , une goûte d'un Collvre adouci/Tant fait avec le mucilage de femence de coing & une préparation de croûte de fucre } c'eft le terme dont on fe fert dans les raffineries. S E P T E M B Cette conduite opéra la guéri- fon cômplétte , mais c'eft dans le Mémoire même de M. de Mows qu'il faut lire les différentes cir- conftances de cette curation \ & fur-tout les remarques qu'il fait fut les remèdes qui produisent un mauvais effet , tels que celui des collyres aftnngens qui ne réuffirent jamais en aucun tems de cette ma- ladie : aveu d'autant plus louable dans M. de Meurs , qu'il ne cher- che pas même à fe faire honneur de fa (incerité. J'agis ainlî , dit-il-, » perfuadé avec les fçavans Edi- » reurs des Effais & Obfervations » de Médecine de la Société d\E- » dwbourg ; qu'on retire fouvenC » plus d'avantage des erreurs qui » fe commettent dans la pratique » de la Médecine , que des cbfer- » vations où l'on ne rapporte que » des guérifons des plus heureufes ; RE, i 740: ssf » guérilons quelquefois équivoques » ou' dent l'Hhioire devient fou- » vent inurik , par ce que leurs » Auteurs écrivant moins pour le » public que pour eux , négligent » les circonstances néceffaircs pour » inlhuire les autres -, où fe fifer- » vent la connoiffance des remèdes » qu'ils ont employés. Monfieurak Mours comme nous l'avons dit , annonce qu'il conti- nuera la traduction des Recueils que la Société d'Edinboitrg a don- nés , & de ceux qu'elle fera paraî- tre dans la luire. Il promet aufli de faire part de fes obfervations fut l'Hiftoire naturelle & fur les ma- ladies des yeux : on a d'autant plus lieu de croire qu'il fera fidèle à cet engagement, qu'il trouvera de nou- veaux motifs de le remplir dans le jugement que les perfonnes inftrui- tes ont porté de ce premier Recueil; y8<î JOURNAL DES SÇAVANS , ANTIQUjANUMISMATA MAXIM! MODULI, AUREA , aigentea , a?rea , ex Mufeo AlexanJri S. R. E. Card. Albani ia Vaticanam Bibliothecam , a Clémence XII. Pont, Opt. Max. tra.ifla- ta, & a Rodulphino Venuto Cortoneiifî notis illuftrata. Volumen I. Romac, impenis Calcographei Cameratis. Typis Bernabo. 1759. Celt-a-dire : Médailles Antiques , d or , d'argent , & de bronze : qui ; du Cabinet du Cardinal Alexandre Albani > ont pajfé dans la Biblio- thèque du Vatican , par ordre du Pape Clément XII. avec les Remar- ques de M l'Abbé R > iulphino Venuti de Cortone. A Rome , chez Ber- nabo , 1759. 1'r vol. in fol. pag. 115 pour les Remarques ; n pour le titre , la Préface Se les Approbations , & 61 pour les planches* LE s Médaillons font des Pie- ces de métal d'un plus grand module , ou d'une épailleur plus ■confiderable que les Médailles or- dinaires, & les Antiquaires croient communément qu'elles ont été frappées , non pour avoir cours dans le commerce ordinaire , com- me monnoyes , mais pour être di- firibuees gratuitement dans certa% nés occasions d'éclat, & pour con- ferver la mémoire des événemens les plus remarquables. De-là il efl: ailé de conclure que ces Pièces font & plus rares Se frappées en- core avec plus de foin que toutes les autres Médailles antiques. Peu de particuliers ont ofé jufqu'à pre- fent entreprendre d'en former des luites. C'eft un deiîèin, pour l'or- dinaire , au-delTus de leurs forces, & qui ne peut guéres convenir qu'à des Souverains ou à des gran !s Sei- gneurs. Mais plus il eft difficile d'altembler un certain nombre de Médaillons , plus aufïï doit -on être obligé à ceux qui veulent bien prendre la peine de faire part au public des Colledions que les grands Cabinets nous offrent ei» ce genre. Le fçavant Auteur des Remar- ques fur la Science des Mèiadles du P. tobert , a fait mention de la plupart des Recueils de Médail- lons qui ont paru jufqu'a preient: Se li l'Ouvrage , dont nous avons à rendre compte , avoit été publié loiique cet Antiquaire écrivoit (es Remarques , on ne peut douter qu'il ne lui eût donné une place diitingué dans ion Catalogue. Le Recueil de Médaillons donc M. l'Abbé Venuti donne le pre- mier Volume , a été formé avec beaucoup de foin & de dépenfe par le Cardinal Albani. Le feu Pa- pe Clément XII , toujours perfua- dé que l'attention qu'il donnoic aux Lettres, faifoit partie de celle qu'il devoit au bien public , ac- quit ce précieux Recueil , le fit palier dans la Bibliothèque du Vatican , dont il fait aujourd'hui hii des ornemens le plus confide- rable. Ce premier Volume contient cent cinquante-fept Médaillons , S E P T E M dont le dernier eft celui d'Annia- Fauftina , femme d'Elagabale. Le fécond Volume comprendra tous les autres Médaillons julqu'au bas Empire , ce qui en tout forme une fuite d'un peu plus de joo. Ce nombre eft , a la vérité , très-con- fiderable en ce genre ; mais qu'il nous foit permis de dire que M. l'Abbé Venuti n'a pas été bien in- formé , lorfqu'il a dit dans fa Pré- face , qu'il n'y a en Europe ni Prince , ni particulier qui en poffede une fuite plus nombreufe. On en compte près de mille dans le Cabinet du Roi , ce qui donne à la Collection qu'il renferme une fuperiorité qui la met hors de tou- te comparaifon. Le principal avantage du Re- cueil formé par le Cardinal Alba- ni , confîfte dans la parfaite con- fervation de toutes les Pièces qui le compofent. Il s'y en trouve bien peu qui ne foient à fleur de coin. Ce qui doit particulièrement faire eftimer l'Edition de M. l'Abbé Ve- nuti , c'eft qu'il nous allure qu'on n'y a fait entrer aucun Médaillon qui n'ait été plus d'une fois exami- né par les plus fins connoilfeurs , & dont l'Antiquité n'ait été unani- mement reconnue. On fçait qu'il eft auffi commun dans ce genre d'érudition de voir des gens qui cherchent à tromper les autres que d'en trouver qui veuillent fe tromper eux-mêmes. L'ordre dans lequel on a fait graver ces Médaillons eft l'ordre 'chronologique des Empereurs, des Impératrices ,■ & des Céiârs. Cet B R E , 1740. 587 ordre a été communément fuivi par tous ceux qui nous out don- né des fuites de Médailles Impéria- les. Nous fonimes peiluadés que c'eft par une lin. pie inadvertance du Graveur , qu'on y trouve un Médaillon d'Œlius - Carlar apret ceux de Fauftine la mère , 6c immé- diatement avant M. Aurele. La place de ce Médaillon auroit coup a dire fur ce fujet , parce « que je luis perluadé qu'il eft trop » peu connu , pour me flatter de » pouvoir bien l'cclaircir. On connoilloit déjades Médail- les avec les têtes de Domitien , & de la femme Domitia , mais on en roitici une ( planche 9 ) , où on lit du côté de la tête de cette Impé- ratrice ( DOMIT. DOMITI^J. AUG. P. M. COS. vil.) , & c'eft la feule Médaille avec la tête de Do- mina , fur laquelle il ioit fait men- tion du leptieme Conlulat de Do- mitien. L'Editeur , dans la note fur cette Médaille , adopte le fen- timent de Mezzabarba & de Grx- vius , qui ont placé ce Conlulat en l'an de Rome S33 , de J.C. 80. . contre le lentiment de M. de Til- lemont & du P. Pagi , qui trom- pés par un pallage de Suétone , plaçoient en cette même année le fécond Conlulat de cet Empereur. Au revers d'un Médaillon d'Ha- diien ( planche 11 , n° 3 ) on voit Apollon avec fa lyre , & Bacchus avec (an Thyrie -.'ans un char tiré par une Panthère & une Chèvre . re.jCupidcn louant d: Jallû- ES SÇAVANS, te eft: monté fur la Chèvre. Le re- vers d'un Médaillon d'Antonin-Pie pour faire fans doute allulion a la paix & à la tranquillité que ce Prince faifoit régner dans fon Em- pire , nous reprefente Hercule vainqueur de Cacus , environné de peuples , .qui paroifTènt lui témoi- gner leur reconnoillance de ce qu'il les avoit délivrés des brigan- dages de ce monftre. C'eft fans doute encore par le même motif que lur un Médaillon de ce même Prince , on voit Jupiter dans un char traîné par quatre chevaux , qui paroît foudroyer un homme dont les deux cuilîes fe terminent en deux ferpens. On met au rang des Médaillons qui n'ont jamais été publiés le fé- cond delà planche 13 , le premier de la planche 24 , le fécond de la planche 15 , &c. Nous nous con- tenterons de les indiquer ici , par- ce qu'ils n'ont guéres d'autre mé- rite que celui d'être uniques , d'a- voir jufqu'ici échappé aux recher- ches des curieux, 8c qu'il faut l'ê- tre réellement pour en fentir le prix. Nous ne finirions point, h" nous voulions marquer toutes les fmgu- laritez qui rendent plufîeurs de ces Médaillons dignes de la curiofi té des Antiquaires , & principale- ment toutes les lumières qu'on en peut tirer pour la correction de ceux qui ont été décrits peu exacte- ment dans les précédentes Collec- tions. Nous ne doutons point que tous les amateurs de cette partie de la belle Antiquité, n'attendent SEPTEMBRE, 1740. ypi «vec impatience le fécond Volume tisfaire bien-tôt à l'efpéce d'enga- de cet Ouvrage , & que la manie- gement qu'il a pris avec lui en pu- re dont celui-ci eft reçu du public, bliant ce premier Volume, n'en ca ce le fcavant Editeur à fa- NOVVELLES LITTERAIRES. ITALIE. de Venise. JEan-Baptiste Albriz.z.1 , Im- primeur - Libraire , a achevé d'imprimer & débite actuellement ie 91"' vol. de \a7~radutlion Italienne de l'Hifloire Ancienne de Af. Roi lin, 1740 /«-12. Simon Archi vient aufïï d'im- primer en un vol. in- 8°. un Recueil <£Obfervations Critiques fur la Lan- gue Latine moderne , compofé par M. Paul Zambaldi, Gentilhomme Felttin. Cet Ouvrage porte pour titre : Offervttzjumi Critiche intorno la moderna Lingua Latirta dal Sign. l'aolo Zambaldi, Gentduomo Fcltri- no , 1740. de Florence. Voici une DiiTertation qui , quoique fort courte , a été bien reçue du Public -, l'Auteur s'y eft ■propofé de déterminer le tems où a commencé l'Univerfité de Pife , Se il le fixe a l'année 1540. environ : elle eft intitulée : S tephani- Adaria Fabruccii Florent mi in Pifana Aca- demià Civilmm Legum Profejforis Differtatio Hiflorico Critica , quâ .certuts quant antea Pifana XJniverfi- t.uis imtutm conflituitur. 1739. in-11. Il paroît que ce petit Ou- vrage eft le prélude de l'Hiftoire de cette Univerfité que l'Auteur nous prépare. On a donné ici depuis peu de tems une nouvelle Edition du Re- cueil des Conférences Ecclefiaflicjues, compofées par M. le Cardinal Jean-Caiîmir Denhoff ', Evéque de Celena, pour l'ufage des Ecclefia- ftiques de fon Dioccfe. L'Ouvrage porte pour titre : Ragionarnenti agit Ecclefiaflici adattatifïmi a far loro cètHprcndcre la dignita del loro fl 'an e a dtmonlhw ne le obligazioni , £,'c. Ces Conférences , qui refpi- rent Pefpritde l'état Ecclefiaftique, &c qui (ont deftinées à fervir de fujet de méditation & de confé- rences Ipirituelles aux Ecclefiafti- ques de ce Dioccie pour tous les mois de l'année , font au nombre d'onze ; aufquelles on a ajouté , pour tenir lieu d'une douzième , une Lettre de S. Vincent de Paul , Fondateur de la Congrégation de la Million , à un Ecclefiaftique de fes amis , qui l'avoit confulté fur le deflein qu'il avoit de donner l'habit ecclciiaftique à ion neveu. de Palerme. Il s'étoit élevé ici une difpute9 C c c c ij SUISSE. de Genève. r5>* JOURNAL DES SÇAVANS; il y a quelques années , fur la que- /lior» de fçavoir en quel tems on a commencé d'annoncer la Foi en Sicile, Si à Palerme en particulier. Dom François Senio - Mongitore Tient de donner un Ouvrage (oli- de & étendu fur ce fujet : en voici le titre : I iffertazioni lftonche , Apoloqetichc , e entiche , m difcfa délia dot tijfima apologia del c.uioni- co Decano e Dottore Dom Antonio Aianjitore , feritta à favorc delî- antiche glonc fi facre cowe profane délia Citta di Palermo , Sec. InPa- lérmo , 173 p. in fol. H O L L A N D E, d'Amsterdam, Aiémoires de Maximilien Emma- nuel . Duc de W irtemierg , Colonel d'un Régiment de Dr.igons .lUfptrvict du Roi de Suéde, contenait pljtj ■particularités, de la Vie de Charles XII. Roi de Suéde , depuis 1705. jufquen 1705. après la Bataille de Pultova. Par Ai. F. P.Amfterdam, 1740. 10=12. Cet Ouvrage , outre l'abrégé de la Vie Se des principa- les actions du Duc de Wirtem- berg , contient plusieurs Anecdo- tes curieufes & interellantes tou- chant la Vie de Chai les XII : & ce n'eft pas ce que le Lecteur y trouvera de moins digne de ion attention. Cet Ouvrage le trouve auffi à Leipfig,. On prépare ici une nouvelle Edi- tion Latine des Origines & Anti- quité*. Ecelcfiajiiqi'.es de AI Joj'cph Bingh.wi , reviié Se corrigée fut l'original Anglois. Cramer Se Phi- libert , Libraires , qui ont entre- pris de l'imprimer , l'enrichiront encore de nouvelles remarques Se obiervations critiques de quelque Sçavant : «2-4.°. 10 vol. On trouve encore ici un Ouvra- ge nouveau , intitule : Ecclaircif- femens & réflexions fur les Prophé- ties & Avertiffemens de N- S. J. contenus dans les Chapitres XX IV"' de S. Mathieu, XIII'1" de S. Marc, & XXP™ de S. Luc. FRANCE. de Lyon. Effais fur ÏHiftoire des Belles- Lettres , des Sciences & des Arts. Par AI. Juv. nel de Carlencas. Chez Duplam ; père Se fils , 174c. itf-i 1. • On rendra compte de cet Ouvrage dans un des Journaux fuivans. Décifions du Droit Civil , Cano - nique & François , par ordre alpha- bétique , avec- des Obfervations fur l'ancienne & la nouvelle 3 ur if pru- dence des Pays qui fe régijfer.t par le Droit-Ecrit. Par M Gabriel Ber- thon , Seigneur de Fromental , Con- feiller du Roi & fon Procureur au Sénéchal & Préfidial du Puy. Chez S E P T E M le même Duplain , père & fils , 17+e. in folio. L'Auteur nous apprend, dans une courte Préface , qui eft à la tête de Ton Ouvrage , que le plan qu'il s'y eft propolé a été de don- ner dans un Volume in-folio , rédi- gé par ordre alphabétique , une petite Bibliothèque où Ton trou- verait les principaux Textes du Droit Civil, Canonique , & Fran- çois , les fentimens des Auteurs , les changemens qu'il y a eu dans lajuriiprudencedes Parlemens qui le régilïênt par le Droit-Ecrit , &c quelle eft celle qui doit à preient y être obfervée. Les Juges Laïques & Ecclefiafttques , les Avocats & Cens d'affaires y trouveront des ref- fources pour décider ou pour conful- ter ; les Seigneurs Hauts-] ufticiers les Bénéficiers , & même les C'ÉB de Famille y apprendront a prévint ou k terminer de mauvais procès. C'eftce qui a engagé l'Auteur à fe fervir de la Langue Françoiie , non feulement parce qu'elle eft la plus noble , dit-il , mais encore par- ce quelle eft de la Nation à qui il fait part du fruit de [es veil- les ; trop heureux , ajoûte-t-il ,fî le public j ayant égard aux dijficultez. infimes de fort cntrcprife & à l'utili- té de fon dejjein \ veut bien exeufer les défauts dont il peut être fuj cep- tible. de Marseille. On trouve chez la Veuve J. P. Brebion , Imprimeur du Roi , de M. l'Evêque , de la Ville, & du B R E ; i 740: 5-95 Collège de Belzunce , une Pièce de Théâtre intitulée : -bfalon \ compofée par le R. P. Pierre-Xa- vier Marion J de la Compagnie de Jefus , 1740. in-S", DE M E N D E. Statuts Synodaux publiés dans le Synode général tenu à Amende les z z & 23 Otlobr; 173 S. par Mon fei- gne ur Gabriel Florent de Choifeuil- Eeaupré , Eve que de Mende. Chez F. Bergeron , Imprimeur de M. l'E- vêque , du Clergé & du Collège , 1739. in-8". Cet Ouvrage fi utile pour l'in- ftruétion des Miniftres de l'Edifie & pour l'uniformité 8é la confer- vation de la Difcipline Ecclefiafti- que , que M. de Mende vient de publier , contient les Régies que jfcaque Miniftre eft obligé de fiui- jiBle , les lources d'où elles ont été ^lifées , & les fondemens fur les- quels elles font appuyées , mais ce qu'on doit encore prifer davanta- ge , ces régies font accompagnées d'Inftruéh'ons courtes , folides & pleines donation qui en ôtent la fechereflequi leur eft ordinaire, «Se les perfuade bien mieux. de Tourna y, V Accord dé la Grâce & de la Liberté , Poème accompagné de Remarques-Critiques & Hiftori- ques , par le R. P. le baillant de la Bajfadries , de la Compagnie de Jefus , Théologien de fon Excel- lence le Comte de Salme, Evèque m JOURNAL D Se Tournay Se Examinateur Sy- nodal du Diocèfe. Chez Louis Varié, Imprimeur Jure, au Mar- ché aux Poteries , à l'Enfeigne de la Bibliothèque Royale , avec ap- probation de M. l'Evêque de Tournay , du Père Provincial des Jefuites, Se lapermiffion de M. le Couvreur Delville , Confeil- ler , Procureur Général de Sa Ma- jefté I. & C. Cet Ouvrage eft compofé de xn Chants , l'Auteur a mis des Sommaires a la tête de chacun de ces Chants , Se une Dé- dicace à M. l'Evêque au commen- cement de l'Ouvrage. DE PARIS. Defcription des Fêtes données par la Ville de Paris à l occafion du Mariage de Madame Louife-Elifa^ beth de France & de Don PbilipKL Infant & grand Amiral dF.fpagl^^ les 29 er 53 Aottfl 1739. De l'Im- ' jirimctie de P. G. le Mercier , Im- primeur-Libraire de la Ville , rue S, Jacques , au Livre d'or. Les Fêtes que la Ville de Paris a données à l'occafion du Mariage de Madame Louife - Elifabeth de France avec l'Infant Dom Philippe méritoient qu'on en confervât la mémoire. Le zèle & le bon goût de M. Turgot s'y font llgnalés , & on peut dire que par lun & par l'ancre il a fait autant d'honneur à la Ville , qu'il lui a d'ailleurs pro- curé d'avantages par l'utilité des ouvrages qu'il y a fait faire pen- dant ia Prévôté : c'eft renouveller ?e plaifir de ceux qui ont vu ces Fc- ES SÇWANS, tes que d'en faire la defcription , Se elle fera connoître à ceux qui n'y ont pas affilié que les applau- dillèmens qu'elles ont eu ont été Suffi juftes qu'ils étoient unanimes; cette Delcription, outre deux vi- gnetes qui fout au commence- ment , & dont le delfein de la pre- mière elt de Bouchardon , eft fui- vie de treize planches où l'on a parfaitement expoic aux yeux ce que la Defcription n'expofoit pas moins bien à l'efprit. Il parolt qu'il y a eu dans ces Fêtes plulîeurs chofes de l'invention de M. Salley, Secrétaire de M. le Comte de Maurepas ; telle eft , entr'autres , la Salle du Bal dont tout le monde a admire la difpofition , l'élégance & la noblefle. •Le troiiiéme Volume de la gran- TColleclion des Htfioriens delFran- ^■iroît depuis peu. ^B:e DiUiodriaire de V Académie ^rrançoife paroît au fil avec des augmentations i»ii LE N A L DES _> O C T O B. M. DCC. X L. DICTIONNAIRE DE U ACADEMIE FRANCHISE Troisième Edition. Tome I. contenant A.K. pag. 90,1. Tome II. contenant L. Z. pag. 89 8. in-fel. A Paris , chez Jean-Baptiite Çoignard , Impri- meur du Roi & de l'Académie Françoife. Avec Privilège de Sa Ma- jeflé, 1740. LE Dictionnaire d'une Langue vivante n'eft guéres moins néceflaire aux perfonnes qui veu- lent la fçavoir parfaitement , que Je Dictionnaire d'une Langue Ottob. morte le peut être à ceux qui la veulent apprendre. Sans ce fecours il eft comme impoiîîble de con- noître jamais précilcraent les di- verfes lignifications des termes , D' i d'd ij JOURNAL DES SÇWANS, Pays des Compagnies de Gens de Lettres qui veuillent bien prendre la pe'ne néceflàire pour nous don- ner des Dictionnaires de leur Lan- 6*00 quels font les mots qui peuvent entrer dans le ftyle foûtenu , quels font ceux qu'il faut fe conten er d'employer dans le langage rami- fier , & quels font enfin ceux qui doivent demeurer relégués dans la bouche du b.is peuple. Voila pour- quoi le Cardinal de Richelieu , dont les vues s 'étendaient a tout , engagea l'Académie Françoife , auffi-tôt apres Ion établiffément , à travailler a urrnouveau Diclion- Yiai-e de notre La.igue comme à l'ouvrage le plus utile au public qu'elle pût exécuter. Voilà aufïî pourquoi la Compagnie entiaavec zélé dans les deiïeins de Ion pre- mier Protecteur. Les raifons qui les lui avoient fait concevoir & qui déterminèrent l'Académie Fiançoife a fe charger de l'exécu- tion, font véritablement fi folides. Elles font fi fenlîbles , qu'elles avoient déjà engagé l'Académie de la Crufca d'employer une partie de fes premiers travaux à la com- ppfirion d'un Dictionnaire Italien , & qu'elles ont encore dans la lut- te porté l'Académie Caftillane, établie a Madrid par les (oins du Roi Catholique Philippe V , à donner incellàmment un Diction- nairj de la Langue Efpagnole plus parfait que ceux que l'on avoit déjr. Le premier Livre qui eft lorti de l'Imprimerie que le Grand Sei- gneur établit , il y a quinze ans , dans la Capitale de ies Etats , où l'on n'avoitpo'nt fouftert julqu'a- lors l'Art de l'Imprelïïon , c'eft un Dictionnaire Turc. Il eft a louhai- ter qu'il fe trouve dans tous les gue. En effet , comme le dit l'Acadé- mie, en commençant la Préface du Livre dont nous rendons compte au Public , » s'il eft un Ouvrage « qui demande d'être exécuté par » une Compagnie , c'eft le Dic- » tîonnaire d'une Langue vivante. » Comme il doit donner l'explica- » don des fens difTèrens des mots « qui font en ufage , il faut que m ceux qui entreprennent d'y tra- » vaillex ayent une multitude & « une variété de connoilïances , « qu'il eft comme impoffible de «trouver rafTemblées dans une » même perlonne. L'Académie a. « donc penfé dans tous les tems « que le plus grand fervice qu'elle » put rendre au Public, c'étoit de « coinpofer & de perfectionner un « Dictionnaire de la Langue Fran- « çoife. Elle s'en eft occupée fans «difeontinuation depuis ion éta- « blilTement . , &' toutes les perion- « nés qui ont été. fuiceffi veinent » Membres de la Compagnie , ont « eu part a cet Ouvrage. Les Poc- « tes , les Orateurs & les autres » Ecrivains célèbres qui ont vécu «dans le dix-feptiéme fiéde & « dans le dix-huitième , tems où » les Lettres Françoifes ont fleuri «davantage & donné les meilleurs » fruits , en font les Auteurs. La Préface donne enluite un crayon du plan que l'Académie s'eft propofé de fuivre dans tous O C T O B les tems où elle a travaillé , foit à la composition , foit à la perfec- tion de fon Dictionnaire. Dans cette vue , elle nous informe en premier lieu qu'elle s'eft reftrainte à la Langue commune, telle qu'on la parle dans le monde , & telle que les Poètes & les Orateurs l'employent. Si l'on a introduit dans le Dictionnaire quelques vieux mots qui peuvent être enco- re de quelqu'ufage , ou qui le trouvent dans des Livres qui fe lifent encore , ce n'a été qu'avec la précaution de les qualifier de ter- mes vieux ou qui vieilliilent. » A l'égard des exprelîîons de » la Langue commune , ajoute la jj Préface , qui paroilfent affectées » à un certain genre de ftyle , on a « eu foin de dire auquel elles font » propres , fi c'en; au ftyle pocti- » que , au ftyle foûtenu , ou bien » au ftyle familier. Gom- t> me les honnêtes gens évitent de » fe fervir des termes que dicte » l'emportement ou qui blelfent la » pudeur , on les a exclus du Dic- » tionnaire. L'Académie a jugéen- » core à propos de n'y faire en- »trer que ceux' des termes d'art & a de feience que l'ufage a intro- « duits dans la Langue commune, »ou ceux qui font amenés par 33 quelque mot de cette même J3 Languel Ainu" à la fuite de para- » bole , qui lignifie une allégorie , 33 fous laquelle on cache quelque 33 vérité importante -, on trouve la »3 parabole , qui fignifie une certai- ns ne ligne courbe. En iècond lieu , l'Académie in- R E, i 740. 6"or ftruit avec netteté comme avec exactitude de toutes les précau- tions Se de tous les foins qu'elle a pris pour donner une Vc diftincte de la lignification propn cha- que mot , & des iens métaphori- ques que plulîeurs termes reçoi- vent en vertu d'un ufage géné;ale- nient établi , mais fans faire men- tion des fens figurés que les P( ë _>s & les Orateurs leur donnent quel- quefois , Se qui ne font point au- torités par un pareil ufage. L'Aca- démie rend compte enfuite des in- ftructions qu'elle donne , dans le cours du Livre , concernant les verbes. Elle auroit bien foilhaité de pouvoir donner les régies de la prononciation en faveur des étran- gers , mais elle a jugé plus conve- nable de s'en difpenler fur la réfle- xion , qu'il faudroit entrer à ce fu jet dans des détails très-longs & qui n'auroient point encore été fuffifans. '3 Véritablement , qui- 33 conque veut fçavoir la pronon- 3> dation d'une Langue étrangère , » doit l'apprendre dans le com- 33 merce de ceux dont elle eft la 33 Langue naturelle , toute autre '33 voye égare trop fouvent. La première Edition du Dic- tionnaire dont nous parlons vit le jour en mil fix cens quatre- vingt-quatorze. L'Académie crut, loriqu'elle y travailloit , qu'il feroit inftructif d'y ranger les mots par racines, c'eft- à-dire, de placer les mots rléiivés ou compoiés à la- fuite des mots primitifs d'où ils viennent. Elle crut encore devoir <5o2 JOURNAL D s'attadher à l'ortographe , qui pour lors étoit généralement re- ce , faits dans la troiliéme que » nous donnons aujourd'hui , ne ••font guéres moins importans. « Nous y avons perfectionné les •• définitions des mots , &c nous » ayons taché de marquer encore » plus préciiément l'étendue de •» leur lignification , en ajoutant de » nouveaux exemples. Quant à » l'ordre alphabétique , il y a été •' obfervé comme dans la précé- •> dente • & li quelques mots ont » changé de place , c'eft que lama- •• niere dp les écrire ayant été » changée,il étoit devenu néceflai- •• re de les tirer du rang où ils >? étoient pour les mettre dans un « autre. ES SÇAVANS, L'Académie ayant toujours fait proie fîîon de fe conformer a l'u- lage généralement reçu, aulïï-biLii en écrivant les mots qu'en les qua- lifiant , elle s'eft vue comme for- cée d'admettre dans fon ortoçra- phe les changemens que le public avoit déjà faits dans la lïenne. Il faut être uniforme avec lui. Or , comme le dit la Préface : » On entreprendioit en vain » de l'allùjettir a une ortographe » fyftématique, & dont les régies , » fondées fur des principes inva- » riables , demeurallent toujours » les mêmes. L'ulage, qui, en ma- » tiere de Langue , eft plus fort » que la railon > auroi.4 bien - tôt » tranfgrefle ces loix. Il eft comme "impolfible que , dans une Lan- » gue vivante , la prononciation » des mots relie toujours la même. "Cependant le changement qui » iurvient dans la prononciation « d'un terme , en opère un autre » dans la manière de l'écrire ; par «exemple , après avoir celle de » prononcer le ( b ) dans obmettre , » &c le ( d ) dans adjoûter , on les a •> fupprimés en écrivant. En etïèc » l'on ne pourroit apprendre qu'a- •• vec peine à lire dans les Livres » écrits dans fa Langue naturelle, fi. •• l'ufage ne changeoit pas quelque »chofe dans l'ortographe des mots, •• dontilachangéla prononciation. •• Toute variable qu'elle eft , elle » ne laine donc pas de donner, en «quelques rencontres , la loi à ■> l'ortographe. Il eft vrai que cela » n'arrive que par degrez. Voici , •• fuivant les apparences , la caufe, O C T O B » de la lenteur du progrès dont » nous parlons. » Des qu'une nouvelle manière » de prononcer un mot s'eft géné- » ralement établie , on eft obligé » de fe conformer , en le pronon- » çant , à l'ufage reçu dans le mon- » de. On auroit l'air antique , on » s'expoSeroit à de fréquens re- » proches, fi l'on s'obftinoit à con- « ierver la prononciation qui a » vieilli. Il n'en eft pas de même » des changemens que l'ufage in- » troduit dans l'ortographe. On » peut garÉer l'ancienne fans de » grands inconvéniens , Si les » nommes faits ont de la repu- » gnance à changer quelque choie » dans celle qu'ils fe font formée » dès leur première jeuneSTe , foit >> fur les leçons d'un maître plus a âgé qu'eux , foit par la lecture » de Livres imprimés depuis plu- » Sieurs années. D'ailleurs , il leur -j en coûteroit une attention péni- îble, pour être toujours confor- i mes' aux régies d'une orthogra- * phe qu'ils n'auroient adoptée que » dans un âge avancé. Us pren- » nent donc le parti de conferver » celle a laquelle ils font accoûtu- » mes , &: ils la gardent , quoique « la génération qui vient après eux . » en fuive déjà une différente. Ce » n'eft qu'après qu'ils ne font plus 3) que les changemens dont nous «parlons , & qu'ils avoieut réfufé 35 d'adopter , fe trouvent gencrale- » ment reçus. . » D'autres motifs introduisent » auSfi divers changemens dans » l'ortographe. Si l'ignorance & la R E , i 740. $05 » parelfe mettent en vogue quel- » quefois certaines manières d'é- » crire , quelquefois c'eft la raifon » qui les établit. On les admet » foit pour adoucir la prononcia- » tion de quelques mots , foit afin » de n'être pas réduit à fe fervir » d'un même caractère pour ex- » primer des fons difrerens , ou de » caractères difïèrens pour expri- »mer le même fon. Voilà ce qui a contraint l'Acadé- mie à faire à fon ortogrâphe , dans cette nouvelle Edition de fon Dic- tionnaire, plusieurs changemens qu'elle ne jugea point à propos d'adopter , lorfqu'elle donna l'Edi- tion précédente. Il n'y a cuéres moins d inconvéniens a retenir obstinément l'ancienne ortogrâ- phe qu'à l'abandonner légèrement pour fuivre de nouvelles manières d'écrire , qui ne font encore que commencer à s'introduire. En ef- fet fi l'Académie avoit perfévéré dans fa première réfolution , les étrangers & même les François auroient-ils pu Se fervir commo- dément d'un Di&ionnaire , où plufieurs mots auroient été écrits autrement qu'ils ne s'écrivent communément aujourd'hui , & par conféquent placés ailleurs que dans les endroits où l'on iroit na- turellement les chercher. Nous renvoyons à la Préface même ceux qui voudront apprendre en quoi confident ces changemens. Si l'on ne trouve pas une entière- uniformité dans ces changemens , par exemple, fi l'on a confervé dans Mechaniô? police préfente fur celle des pre- miers Romains. Si l'Auteur dans le parallèle qu'il lait des Romains& des Carthaginois , prouve que la République de ces derniers ne pou- voit avoir toutes les parties nécel- faires à une Société pour fc foute- nir, lesrailons qu'il employé prou- vent en même tems que le Gouver- nement Monarchique a par fa na- ture de grands avantages fur le Gouvernement libre. Enfin pour n'en plus donner qu'un exemple , lorfque l'Auteur en finiffant fort Ouvrage demande , fi en rendant aujourd'hui l'Italie à la Républi- que Romaine , on devroit s'atten- dre qu'elle fit un rolle confidéra- ble parmi les Puiffances de l'Eu- rope , il confirme de nouveau ce qu'il avoir déjà établi fur ladiftinc- non d'une bonté abfolué 6c d'une bonté relative , qu'on doit recon- noître dans tout Gouvernement. En fécond lieu , l'Auteur parlant de h difciplme Militaire des Ro- mains , voudioit qu'à leur exem- ple nos Soldats biffent mariés ; comme ce fentiment pouroit avoir l'air d'un paradoxe pour bien dci gens , nous avons cru devoir rranf- crire ici les raifons fur Lfquclks on l'appuie. » Si le Soldat, dit notre Auteur, » p3g. 44. n'eft pas intereffé au » bien de l'Etat par fa foi tune do- » meftique , on peut dans une na- » tion, à qui la nature d'ailleurs * » donné les qualités propres à la » guerre, trouver de nouveaux rap- B ports qui le lient à fa patrie. C'effc «* une erreur que de croire que le Eeee 606 JOURNAL D „ mariage nmortilTc le courage , on » voit au contraire que les armées „ de l'Antiquité étoient composées » de pères de familles, fous ne dc.- „ fendes pas feuLment, Lur difoicnt n leurs Généraux, voire liberté , vos „ Loix & votre fortune ; mais vos „ femmes & vos enfans , a. qui l'en - >, nemi prépare des chai a. i i & que »:la %'tllovre feule peut voit» confer~ » ver. Pourquoi la politique n'em- » ploiroit elle plus le même reiïbrt' j> La nature & le cœur de l'hom- » me font-ils changés ? Où ne fçair- » on plus que la Patrie, n'éft plus <□ ou moins chère, que par le nom- » bre inégal des liens par lefquels y> on lui cft attaché. » Outre que le mariage donne- » roit une nouvelle force a la dif- « ciplinc en rendant la Patrie plus j»-chcre au foldat, &ernpécheroit par » conféquenr,ou rendroit du moins ,, plus rares ces déferrions noni- » breufes , qui ont quelquefois obli- » gé les Princes à accorder des am- n nifties qui les rendent encore plus » fréquentes ; il fe formeroit dans >> les armées mêmes de nouvelles » générations , & fans qu'on fût » obligé de t :ire languir i'agricul- ».furc, qu'on doit regarder comme » une partie facrée dans la politi- « que , & d'effrayer les habitans de » la campagne par la levée des mi- » lices., les armées fe recruteroient » elles-mêmes. Les fils des foldats •> déftinés par leur nailTsnce à la -*j guerre, recevroient une éducat;o;v «Militaire comme les Romains. »'L'état qui y gagneroit des Ci- •' toyens ,& ctes foldats dont la ES SÇAVANS, >» condition feroit plus heureufe , y » trouveroit un double avantage » & pour taire réullir ce delTcin , il » ne faudrait que former en fa-* » veut de la jcunelTc militaire qud- » qu'uabliffcment, à peu près fem- » blable à celui que la fagJTe du » feu Roi, a fait pour les foldats à » qui la vieillclîe ou les malheurs » d? la guerre n'ont laifle qu'un » courage inutile. -->On verroit bien-tôt une mili- *> ce aulli invincible dans les fati- » gués de la guerre que dans les » dangers : que ne peuvent point » l'habitude & l'éducation fur l'cf- » prit de l'homme • Le foldat au- » roit naturellement & fans effort » cette obéiffance cv ce courage , " auquel l'Art le plus profond, ne » peut point accoutumer des hom- » mes élevés dans les villes , & que »> leur profeflion a fou vent amolis. = On les ménage par une tauflc » pitié pendant la paix , l'on y efl: » même forcé ; ils fuccombent en- » faite fous les fatigues indifpen- a fables de la guerre, une armée eft » mince fans avoir reçu d'echec. " Les déférerons quelquefois il » dangerenles pour une armée de- » viendroient plus rares , ce n'eft: » jamais fans quelque regret Se » fans crainte qu'un foldat pafTe "-chez l'ennemi : mais comme ce » n'eu: jamais que par débauche ou » par lafîîtude d: fon premier me- » tier, qu'il prend le parti des ar- » mëSj qus eft beaucoup plus péhi- » ble , il fe laiffc bien tôt aveugler » par fon defefpoir, (ur une démar- » che penlleufe qui ne change point » -fa iituation. . O C T O B Annibal a toujours été regardé comme un des plus grands Capi- taines de l'Antiquité ... notre Au- reur nous le reprefente encore com- me le Politique dont les penlées ont été les plus profondes. „ Car- „ thage, dit-il ou plutôt Annibal, „ forme des defleins , dignes du „ courage & de la grandeur des „ Romains. Ce Capitaine ne fe laiife „ point effrayer parla puiflance de „ fes ennemis, il ofe fagement por- „ ter la guerre en Italie ; la marche „ d'Annibal depuis Carthagéne juf- „ ques dans l'Infubrie, aujourd'hui .,, appellée le Milanez , fait con- j, noître quel terrible ennemi fça- „ vançoit aux portes de Rome. Ja- „ mats Rome même ne médita de „ plus grands projets. Ce grand „ homme fait trois cent lieues „ dans des pays couverts d'enne- „ mis; traverfe des rivières rapides „ & profondes ; paffe des défilés 9J dangereux -, acheté le paffage par j, des combats continuels , par des )3 rufes toujours nouvelles ou par ,, des travaux immenfes. Il fe rend ,, enfin malgré les faifons , & avec )} une arméede foldats fans Patrie , s dans une Province pleine du „ nom Romain ., & où il faut j-t vaincre fans cefle,pour retirer les „ Peuples de l'Italie de leur aveu- 3> glement , &c leur apprendre ,, leurs vrais intérêts. Ce projet d'Annibal a fouvent été traité de téméraire , notre Au- teur en fait voir au contraire la fa- •gefle.en prouvant combien la puif- fance des Romains étoit établie peu folidement fur leurs Conquê- R E, 1740. 607 tes-, le Gouvernement populaire de li République Romaine, ne lui per- mettoit pas d'incorporer les vain- cus,à laNation victoneufe fars per- dre toute fon autorité. Par là les Romains, quelle que tût leur con- duite avec les Peuples d'Italie ., ne compoîbient point un fcul corps avec eux. Annibal eut donc raifon de compter fur le peu d'attache- ment de ces peuples, pour les in- térêts de Rome , il dut même fe flatter qu'il pouroit aifémenr leur perluader,que leur falut étoit atta- ché à la ruine de cette Républi- que ambitieufe ; il comprit d'ail- leurs, que toutes les forces de Ro- me étoient rentermées dans cette feule Ville , & que Rome détruite il n'y avoit plus de République Romaine-, au lieu qu'en n'attaquant, que fes Conquêtes ou fes Alliés, on ne l'arToibliffoit que bien peu,, & on lui laiiîbit toujours mille réf. lources. Il n'en cfl pas de même au- jourd'hui , une Ville conquife par la France , devient des le moment même une Ville Françoife , &c qui a le même intérêt que toutes les autres Villes du Royaume-, &i le fa- lut de l'Etat ne dépend de la con- fervation d'aucune Ville en parti- culier. Notre Auteur prétend jufti- fier Annibal , de ce qu'après la bataille de Cannes , il n'alla pas droit à Rome. » Annibal , » dit-il , auroit conduit (on armée » des Champs de Cannes aux por- « tes de P.ome , fans avoir le irê- « me bonheur que les Gaulois , a- E e e e ij 6*o3 JOURNAL D » prcs la Bataille d'AUia. Les Ro- » mains avoient pris d'autres fen- « timens en augmentant leurs for- » ces. Rome aoir une place forte- • dont l'armée Oartliagmoile n'au- » roir pu former l'enceinte , cV clic » n'éroir point vu;d?d'habitans, ni » par confi-quenr d< fbldats. An- " nibal manquait de toutes lesma- "cliir.es h éce flaires à un liège;aprè9 » la Paraille de Tralimcnc . il avoit » échoué devant une place de peu » d'importance ; en un mot le Sé- » nar qui félicite Varronde n'avoir *> pas dcfcfperé du falut de la Rc- » publique , n'a pas perdu lui même «toute cfpérancc. Aptes -l'abaifle- nient de Carrhage & de Philippe, Annibal , ne montra pjs moins ds fermeté , il publia que les Romains ne régnoient que par une efpecede prefHge. Quand toute la terre defei- péroit de fon falut , lui feul obfer- ve, que jamais les circonftances ne pouvoient être plus favorables pour abaiflcr les Romain»- , il va com- muniquer fes penfées à la Cour d'Antiochus ,. mais c'eft inutile- ment , li ce Prince avoir pu fui- vre les confeils d' Annibal , les Ro- mains auroient vii routes les na- tions fe ioulever contre eux : les râlions qu'en apporte l'Auteur font trop étendues pour pouvoir erre rapportées dans un Extrait. Oue Mi- rhridate , ajoute-t-il , en finiflant cet article eut rc?,né en la place d'Antiochus-, les Romains étoienc détruits. Qu'il eut été beau devoir un Mithridate & un Annibal unis enfenble. La Republique Romai- ne ne craignit jamais que ces deux. ES SÇAVANS, hommes. Mais Annibal naquit" dans une -République qui trahit le» elperanceSy & Mithridate reçna dans un tems où les peuples, gou- vernés par des Officiers Romains , etoient déjà accoutumés a obéir. Notre Auteur a encore répandu dans ce recoud Volume un grand nombre de portraits qui jettent- une variété agréable dans ion Li- vre Voici celui de Charles-Cinq dit le Sage » Charles le Sage ne pa- n rut point à la tête de fes armées,, » & força cependant fon ennemi a. » le regarder comme un grand Ca- » pitaine. Il en avoit en effet les » principales parties, jamais Géné- " rai n'établit avec plus de préci- »fion l'état de la guerre. De Ion. » Palais il en régloit routes les ope- » rations-, il croit l'ami du fameux » du Guefclin,qui n'agifloit que par » les ordres.Ses projets étoient for- » mes fur une connoiiïànce exacte » de fes forces &c de celles de fes en- » nemis , cv malgré l'ignorance où "l'on croit encore de la Science " militaire , les guerres qu'il fit. » prelenrent un fpectacle aulfi in- " ftruc.fif qu'inreiclfant. » Charles avoit un génie vafte » 8ç intrépide, conduit, mais ja- » mais borné par la prudence. Iné- " branlable dans fes réfolutions x " après avoir été fage dans fes » confeils , modéré dans fes efpe- » lances , plein du palle, attentif a » toutes les démarches de fes en- " nemis , & pour ainlî dire , pre— " lent dans l'avenir , ilfe défia toû— "jours de la fortune pour Farta— «cher plus iiircment à fes armes». octo bre; i 740. 609- *> Il avoir tempéré l'impétuofité de avons die. On ne fçauroit nier qua » l'a valeur Françoiie. Comme un » autre Fabius , il vovoit fans » émotion les incurlionsde les en- » nemis , Se les armées nombreu- » fes des Anglois,qui le répandant » dans la France par la Picardie, y » étoient , pour ainli dire , affié- » gées ; elles n'ofoient iniulter une « feule forterelïê , ou fe répandre » dans un autre pays,que celui que Charles leur avoit abandonné, Se ce ne loit la production d'un hom- me de beaucoup d'elprit , qui n'a point étudié l'Hiftoire ieulement pour fe mettre dans- la tête des noms & des dates ,• h ais qui a cherché à remonter en-Philoiophe aux cauies des évenemens , a dé- voiler les caractères Se les pafiîcns des principaux Aéteurs- qui ont paru iur la Scène du monde, Se à démêler les véritables motifs [de leur conduite , Se les raifons de «elles fuyoient à Bordeaux , plus » ruinées par leurs marches & par leurs proiperitez ou de leurs chii- » la difette qui les avoit luivies ,. tes. Ce Livre , d'ailleurs , eft écrie » que nos Soldats ne le fuient noblement ; on pounoit peut-être «après les batailles duCréci Se de y iouhaiter un peu plus d'ordre & » Maupertuis. de liaiion dans les matières & plus Nous ne nous étendrons pas da- de précilïon dans le ftyie. Au rtfte, vantage fur cet Ouvrage „ c'eft l'immenfité même de la matière, Se le nombre infini des queilions qui y font traitées , qui nous force à- nous borner a ce que nous' en- ce n'eft qu'un coup d'dlai , Se on ne peut que concevoir de très- grandes eiperances d'un homme qui débute aufîi-bien & qui mon- tre tant de talens, | - LA MYTHOLOGIE , OU LES FABLES EXPLIQVE'ES PAR.- l'Hiftoire : par M- V Ablè Banier . de l'Académie des In fer ipt ions & Belles-Lettres. Tome II. A Paris , chez Briajfon _, Libraire , rue Saint- Jacq. à la Science : voL/w-40. 173.9. Second Extrait. L'Abbé Banier , dans les j premiers Livres de Ion le- cond Volume , a traité des Dieux des Grecs & des Romains , dans ion fixiéme & dans fon feptiéme Livre,il traite des Dieux des autres Peuples de l'Europe , il commen- ce par les Gaulois.- . Pour donner une idée exacte de la Religion de ces Peuples, il faut là conliderer dans deux tems dit— • ferais, c'eft-à-dire , : il- faut exa- miner ce qu'elle étoit avant la conquête des Gaules par les Ro- mains, &: ce qu'elle devint après que les Romains les eurent foûmi- iesàleur Empire. On peutallurer que les Gaules ont été fort peuconnuesavant J.u- les-Céfàr : ce n'eft pas qu'avant ce tems-la les Gaulois n'eufTent fait plufieurs expéditions famenles ,. ils avoient traversé Se iaccagé la Gré- ce, ils s'étoient même une fois ■ 6\o JOURNAL D rendu maîtres de Rome : mais comme ces expéditions avoient été fubites &: palfageres , & qu'Jies ne leur avoient produit aucun éta- blillementfixe , on ne les tegardoit que comme des Barbares formida- bles par leur férocité , ou lî l'on veut , p .ir leur bravoure , mais peu conliderables d'ailleurs , & qui ne méritoienc pas qu'on le mit eu peine de les connoître a tond. Jules-Céfar les ayant conquis,&r ayant fait un long léjour parmi eux , a pîi (çavoir mieux que tout autre, quels etoient , de toute anti- quité , leurs mœurs & leur Reli- gion. Voici de quelle manière il en parle. » Les Gaulois , dit-il , font fort » fuperlHtieux , ceux qui font dan- « gereufement malades , ceux qui » le trouvent en péril immolent » des vi&imes ( * ) , ou font vœu » d'en immoler , & le lèrvent, pour » s'en acquitter , du miniltére des jj Druydes. Perfuadés qu'on ne » peut obtenir des Dieux la vie .-> d'un homme, qu'en en immolant » un autre a la place, voici de quelle » manière ils font leurs Sacrifices » publics. Ils font des réprefenta- » tions humaines d'une grandeur !> énorme avec de l'olier , ils les j> remploient d'hommes vivans , » qu'ils font brûler enfemble. » Compte ils croyent que le fup- » p!ve des voleurs & des amies » fce'k rats, clt agréable aux Dieux, » c'eft parmi eux qu'ils choihllent •' leurs victimes , mais quand ils » n'ont point de coupables, ils im- - ' D,- BéUJ GaJ. Lib. 6. ES SÇAVANS, »molent desinnocens. » De tous les Dieux, celui qu'ils «honorent le plus paiticuliere- » ment , & dont ils ont le plus de » Statues , c'eft Mercure , qu'ils » croyent être l'inventeur de tous » les Arts , le guide des Voïageurs, » & celui qui aide le plus à négo- » cier heureulement , & a amallej » par-la des richeiles. A Mercure » ils joignent encore d'autres »> Dieux , tels qu'Apollon , Mars, » Jupiter de Minerve , dont ils o> ont prelque la même opinion « que les autres peuples : ils «croient, par exemple, qu'Apol- j> Ion éloigne les maladies ; que » Minerve a donné naiflance aux « Manufactures & aux Ans ; que » Jupiter a pour (on partage l'Em- » piie du Ciel ; que Mars fait la " guerre : d'où vient que quand ils » vont au combat , ils font voeu de « lui offrir tout ce qu'ils pourront » prendre. Tous les Gaulois le van- » tent de defeendre de Pluton ; ce » qu'ils ont , diient-ils , appiis des » Druydes. Il s'en faut bien que Céfar ait nommé tous les Dieux des Gaulois, il en a omis dont les autres Hiito- riens font mention. Selon Clément d'Alexandrie , la Religion des Gaulois étoit une Religion de Phi- lolophes comme celle des Perles des premiers tems ; ce qui fait di- re a Pline , que nonobstant l'éloi- gnementdes Paysév l'impofïïbilité de le connoître , les Perles & les Gaulois , pratiquoient 11 bien les mêmes cérémonies , qu'on eut die que les uns les avoient pris des autres O C T O B Voici le parallèle que M. l'Ab. B. fait des Mages & des Druydes. » Us étoient les uns & les aimes en » grande eftime dans leurs Pays , »on les conlultoir dans toutes les » occaiîons importantes. Seuls » Miniftres de la Religion , il étoit " défendu a toute autre perlonne " de s'en mêler. Enfin les uns & les « autres menoient une vie fort au- » ftère & fort retirée. » Les Mages s'oppofoient de » tout leur pouvoir a l'opinion qui « donnoit aux Dieux une origine » humaine ; & qui les partageoit » en Dieux mâles Se en Dieux fe- « melles ; il en étoit de même des « Druydes, fur-tout dans les com- » mencemens les uns & les autres j> gouvernoient l'Etat. Habillés de » même , c'eft-à-dire, de blanc, » du moins dans les cérémonies ré- » ligieufes : les ornemens d'or leur « étoient interdits. Grands ama- » teurs de la juftice , ils la ren- » doient eux-mêmes , ou veilloient jjfur la conduite de ceux qui « étoient chargés de la rendre. j> L'immortalité de l'amefaifoit un m des points de leur croyance. An- 3» dénuement les uns &: les autres » n'avoient ni Temples ni Statues; » Se on croit même que cet ulage, >■> duroit encore parmi les Gaulois, .•> lorfque Céfar en fit la conquête, >y Se que les Temples , dont il reffe » encore quelques veftiges en plu- » fieurs endroits , ne font que du j> -fécond tems de la Religion des ■o Gaulois. Les Gaulois n'avoient » donc d'autres Temples que les «bois & les forêts. Les Perfes R E , 1 7 4 o. 6 1 1 » honoroient le Feu comme le » fymbole de leiu première Divi- » nité. Les Gaulois , au rapport » de Polyhiitor, cité par Solin » enttetenoient fur leurs Autels » un feu éternel ; Se Michras étoit » un Dieu également refpeété chez » les uns & chez les autres : les » Perfes rendoient un culte par- » ticutier à l'Eau , les Gaulois ren- » doient les mêmes honneurs à cet » Elément. M. l'Ab. B. recherche la caufe de toutes ces conformitez entre la Religion des Gaulois Se la Reli- gion des Perfans ; il eft perfuadé qu'elles venoient l'une Se l'autre de la même origine. » Au com- » mencement , dit - il , le monde » étoit réduit à une feule famille & »à une feule croyance. Tous les » cultes qui ont eu cours dans la » laite ne font qu'une corruption » du véritable. Les hommes fe » lont éloignés peu à peu du lieu » de leur origine , les uns font » venus par terre du côté du nord, » Se fous le nom de Scythes , de » Celto-Scythes Se de Celtes ont » peuplé ces vaftes Contrées , qui » nous Séparent de l'Afie : les au- » très plus hardis ont tenté les pé- »rils de la mer , & nous avons » cent preuves qui atteflent , que » les Phéniciens Se enfuite les Car- » thaginois , ont pénétré jufqu'an "fond de l'Occident. De-là , fans » doute , cette relfemblance de » culte Se de cérémonies rélimeu- » les , entre des peuples lépares » par tant de mers «Se par tant de » terres. 6\2 JOURNAL D Cette ancienne Religion des Gaulois étoit d'aboi ci allea pure , mais cette première (implicite ne dura pas long-tems , cv les Gau- lois , avant que d'être loûmis aux Romains , avoiem beaucoup alté- ré leur Religion : les Druydes , ces Sages ti renommés , s croient adonnés a la Divination , a la Magie & a mille autres Pratiques fupeiùitieules , dont la plus abo- minable , fans doute , eft la cou- tume qui s'étoit introduite parmi eux d'immoler des hommes a leurs Dieux Efus , Teutates Se Satur- ne. Le fécond rems de la Religion Gauloile, eft celui qui s'écoula de- puis la conquête de Jules-Céiar , pjfqu'a l'érabliiTement du Chriftia- nifme dans les Gaules , d'abord les Gaulois adoptèrent la plùparr des Dieux des Romains , comme Vul- cain , Jupiter, Hercule, Caftor Se Pollux : ce rut alors qu'ils com- mencèrent a bâtir des Temples , à élever des Statues , & à fe confor- mer preique en tout aux Pratiques réligieuies de leurs vainqueurs. M. l'Ab. R. aptes avoir donné une idée géuetale de la Religion des Gaulois, avant ce après Célar , entre dans un plus grand détail. Il parle dans des Chapitres diffè- rens &.' aflez au long de lem s Tem- ples, des Minifues de la -Religion & de leurs Dieux. Nous allons parcourir , après lui , tous ces ob- jets , difant de chacun , en peu de mots ce que nous croirons mérirer divantage l'attention de nos Lec- Xeurs. ES SÇAVANS, Les Gaulois n'avoient ancien- nement d'aut. es Temples -que les bois Se les forêts , ni d'autres Sta- tues de leuis Dieux , ni d'antres Autels que les arbres ; rien n'éga- le le îeipect qu'ils poicoient aces arbies coniacics , il n'était pas permis de les abattre , Se on n'en n'approchoit que pour les orner de fleurs Se de trophées , Se y luù pendre les reftes des victimes im- molées aux Dieux qu'ils reprefen- toient. C'etoit au milieu de ces bois qu'on offroit les Sacrifices & que lé faifoient toutes les allem- blées , foit réligieuies , foit poli- tiques. Ce ne fut que fort tard Se api es qu'ils eurent été conquis par les Romains que les Gaulois com- mencèrent a bâtir des Temples ; ainhlorique nous liions dans Sué- tone Se dans d'autres Auteurs, que Célar pilla les Temples des Gau- lois , il faut luppofer que ces Au- teurs s'expriment , luivant leurs ulages Se non pas luivant l 'exacre vérité , Se que -ces Temples que Célar pilla u'étoient autre choie que des Bois conlacrés , dans lel- quels en effet les Gaulois dépo- taient de grandes rienefles. Rien n'eft fî célèbre dans leur Hiftoire que les Buis du Pays Chartrain , où le faifoient régu- lieremenr les allèmblées de route la Nation -, après qu'ils eurent été conquis & qu'ils le furent loûmis a la Religion aulïï-bien qu'a l'Empi- re des Romains , ils hàtirenr des Temples en grand nombre Se y élevèrent les Statues de leurs Dieux, tant anciens que nouveaux: on OCTOBRE, 1740. & que de Saints Evêques faiioient abatre.; S. Séver de Vienne en fit déraciner un qui reprefentoit cent Dieux tout a la fois. Quelques Sçavans ont cru que le Chêne de Mambré , fous lequel Abraham avoir invo- qué le Nom du Seigneur, & qui a été depuis très - révéré , pouvoit bien avoir fait regarder cette eipe- ce d'arbre comme quelque choie de facré. M. l'Ab. B. n'eft pas de ce ientiment, & il penfe que les pre- miers hommes , ayant habité les forêts , &c ayant fait d'abord tous 4eurs aétesde Religion fous des ar- bres , cette coutume a pallè a leur pofterité comme une pratique ré- ligieufe , de laquelle 01111e devoir .point fe diipenfer. Les Miniltres de la Religion des Gaulois étoient les Bardes , les Sarronides, les Eubages, les Vates Se les Druydes. Les Bardes , dont le nom, en Langue Celtique , veut dire un Chantre -, célébraient en vers les actions des grands Hom- mes , & les chantoient en accom- pagnant leurs chants de quelque Inftrument : ils fe mêloient aulfi Oftei. particuliers qui fe conduifoient mal. Les Sarronides inftruifoient la jeunelfe, & s'éuidioient a lui infpirer la vertu. Les Vates ou Eubages avoient foin des Sacrifi- ces , & s'appliquoient à la recher- che des choies naturelles , mais tous ces dirferens Minières étoient intérieurs en tout & fournis aux Druydes. Ce nom,fuivant M. l'Ab. B. vient du mot Celtique De h , quifignifie un Chêne. Les Druydes menoient une vie fort retirée & fort auftere , du moins en appa- rence. Cachés dans le fond des fo- rêts , ils n'en fortoient que rare- ment , & c'étoit là que la Nation alloit les confulter.; ils avoient une autorité infinie, on n'entreprenoic aucune affaire importante fans leurs avis; ils avoient le droit de créer tous les ans dans chaque Ci- té , le Magiftratqui devoit la gou- verner, ce Magiftrat ne pouvoir rien faire que par leurs confeils , ils veilloient à l'obfervation des Loix, ils en établiffoient de nou- velles, ils reiidoient la juftice, & ils excommun'oient ceux qui ne vouloient pas fe foùmectre a leur* dédiions. Mais leur principal em- ploi étolt la Religion , c'étoient eux qui offraient les Saciifices 8 qui confulcoient les Dieux Se qui predifoient l'avenir. Ils étoient difpenlcs d'aller à la guerre , &r exempts de toute forte de tributs, ils faifoient un noviciat très-long, pendant lequel ils apprenoient un nombre infini de vers , qui conte- noient toute leur Religion & leur Ffff Si4 JOURNAL D politique ; ils n'ccrivoient rien, de peur que leur doctrine ne fe divul- gar , & ne devînt par-là moins 1 cl— pectée. Cette doctrine le réduifoit à trois points principaux , à ado- rer tes Dieux , a ne faire tort à perionne , & à être braves Se cou- rageux. Ils croyoient lésâmes im- mo; telles. Outre la Science de la Religion & celle de la Philofophie , les Druydes cultivoicnt encore la Mé- decine, mais c'étoit une Médecine qui ne conlîltoir prefque qu'en pra- tiques fuperfritieufes , &: s'ils rai- foient quelque ufage de la Botani- que, ils l'aceompagnoient toujours d'une infinité de cérémonies mifté- rieufes , aufquelles ilsattribuoient l'ePricaciré des remèdes , encore plus qu'a la vertu des (impies; M. î'Ab. B. rapporte plulîeurs de leurs Superftitîons, il s'étend beau- coup fur l'œuf qu'ils nommoient Jlngiiïnum , qu'ils diloient formé de Ja bave des Serpens Se auquel ils attribuoiént un grand pouvoir. Il' parle auflï fort au long de la plus folemnelle & de la plus célè- bre de toutes leurs Cérémonies , qui croit celle du Guy de Chêne. Voici -comment il la décrit. » Le tems de cueillir le Guy de «chêne n'étoit pas indiffèrent, il » n'y avoir qu'au mois de Décem- » bre , qui étoit parmi eux un mois » fac é , Se au lixiéme de la Lune, » qu'il fut permis de l'arracher. » Lorfqu'on avoir découvert cette « plante avec toutes les qualitez » ..requîtes : ce qui n'étoit pas ailé, > on alloit la chercher en grande ES SÇAVANS, » pompe : les Devins marchoient »lcs premiers, chantansdes Hym- » nés & des Cantiques en l'hon- «•neur des Dieux , un Héraut mar- » choit enluite le Caducée en » main, luivi de trois Druydes r, « portant les choies néceflaires « pour le Sacrifice ; enfin paroillbit « le chef de ces P. '.nés , vêtu d'u- « ne robbe blanche, & luivi d'une «foule de peuple. Lorfqu'on croit «arrivé à l'endroit marqué, le « chef des D.uydes montoit iur le « Chêne Se coupoit le Guy avec « une faucille d'or , les autres «Druydes le recevoient avec grand « refpect dans le Sanum ou une » lave blanche. On failoit enfuite « le Sacrifice de deux Taureaux » blancs , qui éroit luivi d'un fe- » ftin ; on prioit les Dieux d'atta- » cher à cette plante un bonheur » qui iu'vît ceux a qui on la dillri- » buoit. Au premier jour de l'an, " après avoir béni & (âcré ce Guy, » 0:i en fâifok la dilbibution au » peuple, en lui annonçant la nou- » velle année &: en la lui fouhai- » tant heureufe. Les femmes des Druydes parta- geoient avec leurs maris l'autorité Se les fonctions de la Prêtrife. Comme il y avoir dans les Gaules des Temples ■ dont l'entrée étoit interdite aux hommes , c étoient les Druy -icjfcs qui y ordonnoient Se y régloient tout ce qui concer- noit les Sacrifices Se les autres cé- rémonies de la Religion. Mais leur principal emploi étoit de prédire l'avenir. M. I'Ab. B. rapporte de ces Prêtrelïès quelques prêcherions OCTO B ■ que leur accomplilfement a rendus célèbres. Outre les Druydejjes ma- riées il y en avoir d'autres qui vi- voient dans le célibat comme cel- les de l'Ifle de Sain. Les Druydes ont fubfifté dans les Gaules , ielon M. l'Ab. B. non-feulement long- tems après la conquête des Ro- mains , mais encore après l'éta- bliifement du Chriftianifme ; il y en avoir encore du tems d'Eufébe de Céfarée & du tems d'Aulone , qui en loue quelques - uns qui étoient les contemporains : enfin on peut prouver qu'il s'en trouvoic encore , du moins dans le Pays Chartrain , vers le milieu du cin- quième lîécle , & il y a bien de l'apparence que leur Ordre ne fut entièrement aboli , que lorlque le Chriftianifme triompha entière- ment dans les Gaules du Paganif- me , ce qui n'arriva que tard , au moins dans quelques Provinces. Quoique le Paganifme fût entiè- rement détruit , quoiqu'il n'y eût plus de Druydes , les Gaulois con- ferverent encore long- tems un grand nombre de leurs Superfti- tions. Plufieuis Conciles tenus dans les Gaules Se les Hiltoriens Ecclefiaftiques nous apprennent que les Gaulois , après avoir em- bralfé le Chriftianifme , étoient encore fort entêtés de la Magie & de les preftiges: qu'ils confultoient encore les Augures , qu'ils étoient attentifs à oblerver le vol des oi- feaux , &c les jours heureux & malheureux -, ils fe mafquoient en- core au premier jour de Janvier , fè revêtoient de la peau de quel- R E, î 740. cTr 5- que animal , & le contrefaifoieut dans des coudes extravagantes , ils chantoient aux Solflices , des Chanfons diilolues, & invcqiu ient les noms de quelques Divinitez Payennes , ils chômoient les jours de la dédicace des Villes , ils ju- roient par les noms & les furnoms du Soleil & de la Lune , qu'ils ap- pelaient le Seigneur & la Dame , 6c dans les maladies ils avoient moins de foi aux Médecins qu'aux Sortilèges & aux Talifmans. M. i'Ab. B. après avoir parlé en général de la Religion des Gaulois, de leuts Temples, de leurs Prêtres 6c de leurs Superftitions , traite en particulier des Dieux qu'ils adoroient. Le partage de Céfar que nous avons rapporté d'abord , auffi-bien que les bas-reliefs qu'on déterra en 171 1, loriqu'on tra- vailloit à l'Autel de l'Egfifè de Pa- ris , font ici d'un grand fecours à M. l'Ab. B. Ce (ont comme deux textes qu'il développe 8c qu'il ex- plique avec beaucoup de fagacité & d'érudition , il les compare avec tous les autres Monumens connus qui peuvent avoir quelque rap- port à fon fujet. Médailles , Ins- criptions , Statues , Bas - reliefs , partages détournes des anciens Au- teurs , Dillertations des plus fça- vans modernes , rien n'etl oublié pour donner aune matière , i\ ob- feure aujourd'hui, toute la clarté dont elle ert fulceptible. Il ne nous eft pas poffble de fuivre M. l'Ab. B. dans tous les détails dans lef- quels il entre au fujet de chaque J)ieu„ Nous renvoyerons au Lie Ff.fflj 6\6 JOURNAL D vre même , ou aux Auteurs qui s'y trouvent compiles ou extraits , ceux qui voudront s'inftruire un peu ferieufement ; nous nous con- tenteronsde rapporter ici les noms des Dieux que les Gaulois ado- roient , Se qui ont été l'objet des recherches de M.. l'Ab. B. Ces- Dieux , félon Céfar , étoient, com- me nous l'avons déjà dit , Mercu- re , Apollon , Mars , Jupiter , Se Minerve ; fur des bas- reliefs trou- vés dans l'-Eglife de Paris, qui font du tems de Tibère , on voit les Dieux Jupiter , Vulcain , Caftor, & Pollux : Héfus , que M. l'Ab. B. croit, être le même, que le Dieu Mars, Cemunnos, & Hercule. M. l'Ab. B. appuyé de l'autorité des anciens. Auteurs ,. Se des Mo- numens particuliers trouvés ea ditrèrens tems & en ditierens lieux, compte encore parmi les Dieux des Gaulois , Penin , Abelio , Dor lichenius Se Mythras , Bérécyn- thie. , . Saturne , .Pluton , . Proferpi- ne , Bacchus , Cérès , Diane , IfiSj Se T-hébfphore :.il parle enfuite des Villes déifiées , Se finit tout ce qu'il avoit a, dire fur la Religion des Gaulois par les Dédies mères; il avoit déjà fait fur ces DéeiTes ,. une Dilatation très-fçavante im- primée dans le feptiéme Volume des Mémoires de. l'Académie des Belles-Lettres. . Religion des Effagnols. Soit par le défaut d'H'ftoriens anciens s foit par le \ ea decuriolî- tc.des EfpagnolSjil y a peu de Pays~ ES S ÇA VANS ,\ au monde , dont la Religion nous foit moins connue que celle des anciens habitans de l'Éfpagne;auffi tout ce que nous en dit M. l'Ab. B. le réduira fort peu de chofe j il oblerve d abord, que les anciens- Efpagnols tenoient leur Religion des Phéniciens Se des Carthagi- nois , & que de - la leur venoit ,. fans doute , leur Hercule Phéni- cien, qui avoit un Temple très— célèbre à Gades ou Cadis. Les Sça- vans tombent tous d'accord qu'Endovelicus a été un Dieu par- ticulier a l'Efpagne, mais étoit-il le même qu'Hercule ? étoit-ce le Dieu Mars ou quel qu'autre Dieo? C'eft lur quoi il y a une grande dïverhté d'opinions : les Efpagnols honoroient Pluton , ou plutôt Mouth ou la mort , ainlt que les Phéniciens. Mercure , ou Tentâtes étoit , enEfpagne comme dans les Gaules , un Dieu fort refpecté. . Ceft-la à peu-près tout ce que l'on : fçait de la Religion des anciens Es- pagnols. . Religion des Germains. Soit que les Gaulois ayent peu- plé la Germanie , foit que les Ger- mains, venus du nord , fe foient étendus peu à peu du côté du Midi, Se fe ioient répandus dans les Gau- les Se dans l'Efpagne ; il cil fur que ces deux Peuples étoient Cel- tes Se qu'ils avoient la même origi- ne , & de-la vient , fans doute , la conformité qui le trouve entre la Religion ces uns Se des autres. Scrabon Se Mêla , ainfi que la OCTOB plupart des Auteurs anciens qui traitent des Germains , ne nous dilent rien de leur Religion, Céfar en parle aufîi fort fuccinctement : Tacite , dans fon Livre des mœurs des Germains , nous fait un peu mieux connoître ces peuples : de tout ce que cet Hiftorien nous ap- prend , & de tout ce que M, l'Ab. B.a pu ramallèr d'ailleurs : fton fils de la Terre, Mars ou le Dieu de la Guerre, Cybéle ou plu- tôt la Terre , Iiîs , Hercule , Ca- ftor & Pollux , &c. 6°. Qu'ils étoient tres-adonnés à la Science des Augures , à la Divination Se à f)lulîeurs autres Superltitions qui èur étoient particulières. 70. Que les Germains n'avoient point de RE, 1740. 6\-f Druydes ainli que les Gaulois, mais qu'ils avoient des Prêtres aulquels ils portoient un grand relpeér. Se- lon Tacite , il n'étoit permis qu'à ces feuls Prêtres de reprendre quelqu'un, de le lier,& de le battre: il n'étoit pas 'même nécellaiie que quelqu'un fût coupable , pour qu'ils pulïent le traiter de lalorte , il leur funHfoit de déclarer que telle étoit la volonté des Dieux. C'étoit ces Prêtres qui tii oient des Bois iacrés les reprelentations des Dieux qu'ils portoient dans les combats : ces reprefentations é- toient- apparemment quelques fymboles informes ; tels que l'E- pée qui , chez lès Scythes, repre- iêntoit le Dieu Mars. M. l'Ab. B. obferve encore que les Germains , ainli que les Gau- lois , avoient une cànlïderation infinie pour leiHs femmes , dans leiquelles- ils croyoient apperce- voir quelque choie de faint & de divin. Ils leur communiquoienc leurs affaires les plus importantes & les plus fécretes. M. l'Ab. B. traite, dans un Cha- pitre particulier , des Pratiques Superftitieufes des Germains ; il s'étend fur - tout fur ces petites 'Images magiques , qu'ils appel- loient jilruncs J 8c auxquelles ils attiibuoient de grandes vertus : il rappelle à ce fujet une infinité de chofes , que nous nous ferions un grand plaihr de pouvoir copier ici, aufîî-bien que ce qu'il dit d'Irmin- ful , Déelîe des Saxons ; de là- DéefTe Nehalennia , de Ylfis ado- rée chez les Suéves ^çTmfton^ &çj • ef.8 JOURNAL DES SÇAVANS, Mais' les bornes prefcrites à nos difiérens Auteurs ont dit de plus Excraits nous obligent de finir , nous avertirons leulemcnt nos lec- teurs que le Livre de M. l'Ab. B. renferme , prelejue tout ce que les curieux & de plus iènlc lur ces matieies , tk que par- tout l'érudi- tion y eftacco i pagnée d'une laine cV judicieulè c.itique. MET MODE POVR APPRENDRE L A LANGVE C l'Ortographe Frœnfoife , à la portée de toutes personnes d l'un CT de l autre fixe. Par M. Jaquier A Paris , chez la Veuve P'Jfot (* ) , Quai de Concy , à la defeente du Pont-Neuf: /#-S°. pag. 400. Avec sipprolation CT Privilège. SECOND EXTRAIT. DA n s le Journal du mois de Mai dernier nous avons par- lé de la première Partie de cet Ou- vrage , c'eft-a-dire , de celle qui concerne l'Ortographe -, il nous relie à rendre compte des Régies que l'Auteur propoie pour ap- prendre la Langue Françoife. Avant de palier a ces Régies , M. Jaquier donne une Méthode pour lire comme on parle : il ex- plique , par exemple , ce que c'eft que l'Eliùon : il diltingue les £//'- fions négligées qui iont fourFertes , ou plutôt qui lont du commun ufage dans la converlation , ôc celles qui iont de néceffité dans le difeours foûtenu , & dans la Poé- fîe : Il ajoute d'autres principes qui peuvent être extrêmement utiles , particulièrement aux étrangers , quand même quelques-uns de ces ( " ) Ce Livre Te vend auflï chez le Clerc , rue Je la Vieille Bouderie , près le Pont S Michel : chez le Gras , Grand'Sallc du Palais , à l'L couronnée; & chez Bri.ilTon , rue S. Jacques , à la Science. principes n'auroient pas toute la juftefle que l'Auteur leur attribue. Quand aux Régies générales de la Langue, M. J. eipofe d'abord l'ufagedes articles. Il définit en- fuite les Noms : il parle de leur genre , de leur nombre , de leur declinaiibn, de leur terminaifon3 des rapports qu'ils ont enrr'eux , des exceptions concernant ces rapports : appliquant toujours à chaque explication qu'il donne., les principes qu'il a précédemment pôles concernant la prononcia- tion cV l'ortographe. Il s'agit enluite des Pronoms : ou voit ce qu'ils font en eux-mêmes a ce qu'ils ont de commun avec les articles : l'Auteur les divilé, les définit & remarque les distinctions particulières dont ils font fufeep- tibles , & enfin la différente poii- tion oà ils peuvent alors Te trou- ver. L'article des Verbes eu aufn tres- itendu & rempli de réflexions in- génieufes : M. J. après avoir expo lé ce qu'il entend par le m* t Verbe , fait connoître combien la conjugaiibn d'un Verbe François a O C T O B /> un objet diffèrent c'.e celle d'un Verbe Latin. Il propofe une ma- nière de prononcer le verbe pour le bien ortographier. » Quand on » a , dit-il , écrit du veibe tout ce » qui îonne, il faut, pour bien » ortographier le relie , avoir re- » cours a Y origine, à la tern. triât /on, » Se à la perfonne. « Employons ici un de les exemples. » Je diminu . . . fans e . . . c'eft ce « qui lonne. » Diminuer c'eft l'origine. » Je diminu . . . avec un e . . c'eft «la terminaifon. i> Tu diminue . . avec une s . . c'eft » la perfonne. « D'où l'on conclud , avec le Ce- cours des autres principes déjà propofes par l'Auteur, que (dimi- nuerjdoit faire au prêtent de l'indi- catif ( diminue ) , Se ainfi des au- tres tems. On trouve enfuite une formule qui peut être emploiée à la conju- gailon de tous les veibes. Cette méthode confifte en des mots qui amènent les modes Se les tems d'un verbe dont l'infinitif Se le partici- pe fout donnés. Les Alodes , c'eft- a-dire , les différentes manières d'être conjugué qui font propres à un verbe font divilés en quatre ; Se ces divifions que l'Auteur appel- le tems , font encore fubdivifées. L'indicatif, par exemple . qui eft le fécond mode du verbe , fe trou- ve , félon M. J. avoir dix tems , Se c'eft pour trouver tous ces tems qu'il employé la Méthode dont nous venons de parler. C'eft , cemme nous l'avons dit , certains R E , i 740. c,9 mots qui déterminent la Conju- gaifon. Voici quels ils font , ôc comment il en fait ufàge. Pour trouver dans le' Verbe lire le tems que M.J. appelle te paffè éloigné, qui eft , je lût ; il met ces mots : ce matin-là. Le fens de ces mots amené naturellement, je lus qui eft le tems qu'on cherche. Pour le tems qu'il appelle le paffè antérieur , qui eft, j'eus lit ; il met , fi-tot que : ce qui conduit à penfer que le tems qu'on cherche eft, j'eus lu. Au furplus on ne fçauroit bien juger du mérite de ces obfervations que par les obfer- vations-mêmes , à caufe des rela- tions qu'elles ont entr'elles ; ainfi nous y renvoyons les Lecteurs. Quant aux différentes fortes de Verbes , M. J. en reconnoît cinq. • VAilif, le Paffif , le Neutre , le Xéaproque , &c Ylmpcrfonel. Il exa- mine les proprietez de chacun de ces Verbes, Se les détails où il entre font tiès-réfléchis. Ce qu'il dit de Y Adverbe , des Proportions, Sec. la méthode qu'il donne enfui- te pour connoître les différais que qui , lelon lui , font ou Nom ou Pronom , ou Adverbe , ou Conjonc- tion-, tous ces Chapities ne méri- tent pas moins que les piccédens l'attention des Lecteurs. A la fuite des Chapitres que M. J. intitule , Régies générales de la Langue Françoife. Il donne une Syntaxe propre à ii ftiuire ceux qui voudront apprendre la Langue Françoife , foit qu'ils ayent fait une p itie de leurs cl;, fies, foit qu'ils n'ayent aucune idée de 1» <*20 JOURNAL D Grammaire. Il propofe cette Mé- thode aux Maîtres - mêmes , & fur-tout aux païens qui voudront enfeigner la Langue Françoîfe fans avoir recours aux Méthodes em- ployées pour la Langue Latine. Comme en décompofant cette Syn- taxe pour la relïirrer dans les bor- nes d'un Extrait , nous craindrions d'en donner une trop foible idée ; ES SÇAVANS, nous nous contenterons ici d'ex- ho'ter les Lecteurs à conlulter la Syntaxe-méme , mais avant de fi- ni i , nous rendrons du moins cet- te julïice à M. Jaquier: Son Ou- \ rage renferme un travail qui doit faire honneur a l'Auteur dans l'elp it de ceux mêmes qui pour- roient ne pas admettre quelques- uns de fcs Principes. ASTRONOMIE PHTSIQVE , OU PRINCIPES GE'NERAVX de la Nature , appliqués ah Aiéchamfme Aflronomiqite ; & comparés aux principes de la i îulofoprhic de Ai Nevton. Par AI. de Gamaches , Chanoine Régulier de Sainte Croix de la Bretonnerie , de l'Académie Royale des Sciences A Paris , chez Charles-Antoine Jombert, rue S. Jacques , Libraire du Roi pour l'Artillerie &: le Génie , à l'Image Notre - Dame : 1740. vol. in-^°. pag. 410. & 11 planches. NO u s avons laifïe M. de Gamaches à la Septième Dilfertation, qui traite de la Théo- rie générale des Planètes. Cette partie eft purement géométrique , elle n'en eft ni moins telle , ni moins curieufe. Nous allons énon- cer les principales véritez que no- tre Phyficiena démontrées. M. de G. a mis tant d'ordre dans ion Ou- vrage qu'il n'a point voulu lailîer à fon Lecteur la peine de chercher quelques théorèmes qui auroient pu être trop difficiles ; il a mis tous fes foins a éviter cette obfcurité dont les plus célèbres Auteurs ne font pas toujours exempts. Il a démontré ces propositions avec une clarté qui fera plaifir à tous ceux qui aiment une Géométrie claire & élégante , car la Géo- métrie a fes délicatefTes : c'eft dans cette vue qu'il a placé plu- sieurs théorèmes dont il a be- loin pour la fuite. Nous les paf- fons fous Silence, -quoique nous les ayons trouvés démontrés par des voyes (impies Ik nouvelles. Il cherche l'expreffion algébrique de plulieurs lignes dont on a beloin pour en déterminer les rapports Se les valeurs. Par ces détails on dé- couvre , par exemple , que les li- gnes menées du foyer d'une cour- ' be perpendiculairement fur les tangentes font dans la parabole à tous les points dans le même rap- port que les racines des rayons vecteurs ; que dans l'ellipfe elles croiflent dans un moindre rapport, &c que dans l'hyperbole elles aug- meiHent davantage. Nous avons trouvé une métho- de générale pour avoir la dévelop- pée de toutes les fedions coniques qui nous a paru fort aifée & nou- velle c O C T O 1 me uiftanc.'., S: h direction de Ion mouvement. Cecte feptiéme Diftèrtation ren- ferme encore le moyen de déter- miner le lieu géométrique d'où il faudrait qu'un corps tombât pour avoir dans tous les points d'une courbe la même vîteftè que celle qu'il auroit en tombant le long d'une ligne droite à chaque point •correfpondant de la courbe &c de la ligne droite , d'où le tire la loi de Galilée , c'eft-a-dire , la peiàn- teur uniforme. C'ett par où M. de G. termine cette théorie des Pla- nètes. On ne peut trop exciter ceux qui voudront Ce rendre pro- fonds dans l'Altronomie-Phylique & géomètnfée , à méditer cette Diflertation. Quiconque prendra la. peine de comparer les réfolu- . rions de ces problêmes avec celles qu'ont employé de célèbres Géo- mètres fera également fatisfait eu .iravail de l'Auteur , & de l'avan- tage qu'il lui procure , en lui épargnant bien des peines & des calculs qu'il n'aurait pu éviter •dans laleéhiredes autres. Huiti £*m e Dissertation. Figure des Planètes. "Le morceau que nous allons /rapporter eft encore auffi fçâyâiK que profond. Il eft des queftiorçs de Phyfique où il faut que la Géo- métrie déployé toutes les richeftes. -C'eft par néceffité &c non pour un pompeux étalage. Notre Auteur commence dans un petit nombre , K E , i 7 4 o. Cz 3 d'articles par déduire plusieurs propoiitions dont il avoit polé les fondemens dans la llxiéme & la iep- tiéme Dillèrtation , elles font fé- condes ( quoiqu'ex primées allez brièvement) pour l'explication de plufieursqueftions, ou errèts phy- lïques. Une des plus remarquables confifte à examiner quel eft le choc des particules hétérogènes qui fe rencontrent vers le centre d'un tourbillon , Se a établir que celles qui le rallemblent autour du cen- tre d'un tourbillon fubaltcrne ont bien moins de vîtelfe que celles qui en forment un plus grand. M. de G. prouve , par exemple , que les molécules -qui le font rafleni- blées autour du corps du Soleil ont bien plus de vîtefte que ceux qui auront fervi à compofer la mafle de Saturne , de Jupiter , & des au- tres Planètes. La refolution de cette queftion fert à notre Auteur à répondre à une objection qu'on a coutume de propofer contre le Syftême de Copernic , fçavoir , qu'admettant le mouvement de la Terre autour du Soleil , le diamè- tre de fon orbite , quoique fort grand , n'eft pas fuftifant néan- moins pour déterminer 4a parala- >:e des Étoiles fixes ; il paraît donc que les efpaces immenlès qui fé- parent le Soleil , &c les Planètes les plus éloignées, fontinfenfibles. Or qiielle eft cette nécefllté 8c quelle eft l'utilité que l'Auteur de la Na- ture a prétendu nous en faire ren- ier , car rien d'inutile dans fes Ou- vrages. On répond à l'objeclion , en faiiànt voir que fi le tourbillon G g g g î j 5i4 JOURNAL DE du Soleil eût eu moins détendue qu'il n'en a , le choc des corpufcu- les qui ont fervi à former la malfe du Soleil eût été moins violent , pat conféquent moins d'aétion , moins de chaleur, moins de lumiè- re qu'il ne feroit convenu pour le. befoin des Planètes» Comme il s'agit dans cette fec- tion principalement de la figure de la Terre ; nous poferons avec no- tre Auteur les principes néçeflaires pour faire fentir comment il s'y eft pris pour déterminer cette figure. Rappelions- nous que la force cen- tripète eft l'action d'un corps qui tend vers un certain point , & la force centrifoge l'effort que ce mê- me corps fait pour s'en éloigner. Tout corps qui circuiè autour d'un point fatisfait néceflairement-à ces deux imprefïïons.. Mais jorfque ces parties circulent , on n'a pas' la pefanteur réelle de ce corps , cec effort qu'ils font pour s'échapper par la tangente leur en enlève une partie , ainii pour avoir cette pe- iameur réelle telle qu'elle exifte , ou telle que nous la connoiffons, il- faut fouftraire la force centrifu- ge de la force centripète ; ce n'eft que la différence de ces deux forces qui le trouVedans les corps qui lotît lur notre horizon , & par la rai l'on contraire on a la pefanteur abfolue en prenant- la fomme de cette pefanteur réduite & de la force centrifuge. Si- la chute des corps devient importante dans cet examen , la longueur du Pen- <>ule a avec elle une affinité (,»i ne peut en être feparée. Ces- 5 SÇAVANS, longueurs font toujours comme les chutes réelles ; ce rapport mu- tuel a donc fait chercher les lon- gueurs qu il falloir donner à un- Pendule pour faire une vibration entière dans une féconde. Perfon- ne n'a fait avec plus dé foin un ft- grand nombre d'expériences fin- cette matière que M. de Mairan -, c'eft d'après cet illuftre Académi- cien que M. de G. prend la lon- gueur du Pendule de 440 lignes 6 .11. , cette longueur une- fois connue , une fort belle dc- monftration nous apprend de quel- le hauteur il faut qu'un corps tom- be pour parcourir une ligne ou une chute verticale dans le même tems. que le Pendule eft a faire une de fes vibrations toujours ifochrones, «Se il eft prouvé que les longueurs des pendules fuivent toujours la proportion ou le même rapport que celui dés chûtes verticales. Or ces chûtes ou ces efpaces font comme les peianteurs réduites ( en iûppofant les tems les mê- mes ) , de manière que les lon- gueurs des Pendules fuivent - l'iné- galité des pefanteurs , fi donc les pefanteurs deviennent inégales aux différentes latitudes, de la Terre , les longueurs des Pendules de- viendront inégales ; ou par la cou- verfe , fi un Pendule ne fait pas la même quantité de vibrations dans le même tems déterminé a deux la- titudes différentes , les longueurs des Pendules doivent être chan- gées , donc lès chûtes verticales varieront , donc les pefanteurs ne four pas confiantes. OCTQ B; .vellc .: a ceia lucce.de un .problème important , c'eft que fi l'on donne le rayon d'une lê&ion conique avec l'angle qu'il forme avec la tangente & le paramécie, on peut toujours déterminer à quelle lec- tion appartiendra ce paramétre. L'expreiîion de ladéveloppée qu'a trouvée M. de G. lui a fèrvi à don- ner une formule générale pour les différentes pefanteurs d'un corps qui parcourt une courbe quelcon- que., en pefant toujours vers un certain point déterminé. Lorlqu'on a une fois cette formule , il eft ailé d'examiner quelles doivent être les différentes forces , c'eft-à-dire quel doit être leur rapport en fup- . pofant qu'elles changent de dé- termination ou de nouveau cen- tre des tendances. C'eft par ce moyen qu'on démontre que Tles forces centripètes doivent être en railon renverfée des quarrés des diftances , fi le centre des ten- dances eft le foyer d'une des kc- tlons coniques. D'un autre côté on eft certain que les Planètes dé- crivent des ellipfes ; on peut donc affiner que leurs pelanteurs fon.t en raito','. inverle des quarrés des diitances a ce foyer. Si au con- traire lee forces centrales font données., & qu'il faille chercher la courbe que décrit le mobile , on Jes trouvera avec la même facilité. Mais il ne fuffifoit pas de déter- miner le rapport de ces pefanteuis, il falloit encore avoir la pefanreur même , ou la pelanteur abfolue ; aufla eft-il démontré quedans.tou- jes les fections coniques , elle eft R. E, 174 o. cTîi égale au quarré de la vîteffe diviiée par le paramécie de. la fection que le mobile décrit. M. de G. n'a pas oublié la démonftration de la fo- nieufe régie de Kepler, fçavoir que fi deux ou plufieurs Planètes décrivent, des ellipfes autour d'un foyer commun . les quarrés des tems de leurs révolutions font en- tr'eux comme les cubes des grands diamètres de l'ellipfe , ou comme les cubes des diftances moyennes moitiés de ces grands diamètres , d'où il eft aifé d'appercevoir que fi une Planète décrivoit un cercle qui eût pour rayon cette moyenne diftance , le tems de la circulation feroit égal à celui qu'elle mettroic à parcourir fon orbite elliptique , fnufque les quarrés des tems de eurs circulations dans ces cercles, feroient auffi comme les cubes de leurs rayons qui font ici le.s moyennes diftances. L'efprit exact eft toujours ré- volté contre l'arbitraire , & il ne paroît fatisfait que lorfqu'il fe trouve relïèrré dans les limites que lui preferit fa propre exactitude. En voici un exemple bien fenfible. Les quarrés des tems étant com- me les cubes des diftances , il eft nécellàire par la même loi qu'elle* tendent à un même point , ce mê- me point eft le foyer d'une combe qui n'eft plus arbitraire , fi au con- traire on veut changer le rapport des pefanteurs , comme fuppofèr qu'elles foient proportionnelles aux diftances , on détermine les courbes &c le centre des tendan- ces 3 mais on trouvera un rapport Gggg 622 JOURNAL D enti c les tcms Se les diftances dif- ferent de celui que la nature elle- même nous a indiqué. Si avec ces démonftrarions ri- goureufes , on veut trouver les différentes vîtefles des Planètes dans tous les points de leurs orbi- tes , on en donne facilement la méthode ; car on a les vîtefles ab- lblucs aux moyennes diftances , donc elles font connues au:; autres points ; on raie plus , on cher- che quelles doivent être les vî- tefles d'une Planète à. laquelle, on voudroit faire décrire quelques- «nes des ferions coniques relati- vement à la force qui lai Jeroit né- eeffâire pour décrire un cercle. Lorfqu'on a ainfi établi le rapport convenable pour faire parcourir à une Planète telle ou telle courbe , on peut aifément examiner quel fera le rapport de la vâtelle d'une Planète prife à un point quelcon- que de la courbe dans laquelle elle le meut , pour là comparer avec celle qu'elle aurait à la même di- ftance du foyer h elle décrivoit des cercles- On apperçoit , par exem- ple , qu'une Piar.ete, décrivant une parabole , a une vîteflè dans tous ils points qui eft dans-lajnêxne rai- ion que celle des cercles piis à la même diftance, de forre qu'élis font toujours dans un rapport con- fiant: Mais dans l'ellipfeces virei- fes varient continuellement, elles approchent plus Se celles des cer- cles a mefure qu'elles s'éloignent, dé l'aphélie , en foire même quel- les deviennent égales à celles des cerclés , lorfque la Planète an. ES SÇAVANS; un certain point , d'où tirant un' rayon au foyer, il eft moyen pro- portionnel entre la moitié du petit axe &: du grand axe , comme nous l'avons dit dans notre premier Ex- trait. On déduira de tous ces rapport; que la virefTe dans la parabole eft égale a la vftelTe dans le cercL .'. !a moitié de fa diftance ,. ou qui a pour rayon la moitié de là diftan- ce du centre a la Planète. Mai» e dans l'èllipfe la Planète a une moindre vîtelle que celle qu'il lui faudioitpour parcourir une pa- rabole , il faudra que la vîtelle dans le cercle qui lui fera égale ,. foit a une plus grande diftance que cette moitié, & comme il faut une plus grande vieille a la Planè- te pour décrire une hyperbole ,, celle qui lui fera égale dans le cer- cle fera a une diftance moindre que la me rtié du rayon du cercle. Qu'on le rappelle que celles du cercle four plus grandes à mefure qu'elles approchent du centre , étant coûjours en raifon inverfe des racines des diftances. Nous ' ■ die eue les Planètes décrivoient neceftairement quel- ques-unes des fections coniques dans la fuppofition que les chûtes initiales tendifiènt vers un certain point déterminé , & qu'elles fui- rent par-tout en raifon rem £ des quarrés ces diftances , maison ; eut détéra fedtion la Planète doit lùc.lrc,.. pourvoi qu'on connoifrc la pîtefiè de la matière à an point quelcon- que , celle de la rianéxe a la mè OCTOB l'Auteur devoir quelle figure naî croit de l'imprefiîon de la force atttaftive. C'eft ce que fait notre Phyficien, Nous avons dit dans notre premier Extrait que cette force agit en raiion direéte des- n. ailes Se en raiion inverfe des quartés des- diftances. Voyons quelle figure il faudroit donner à la Terre , en fuppofant que la pe- fanteur fût une dépendance de l'attraction mutuelle. Dans cette Hvpothéie M. Newton a trouvé que le diamètre de l'Equateur fe- roit à l'axe comme 250 à 129. Or les pefanteurs abfoluës prîfes dans un même rayon , étant comme les diftances , ainiî que les forces centrifuges -, les peianteurs rédui- tes fuivront le même rapport. Mais comme il faut qu'il y ait équi- libre elles doivent être en raiion renverlëe des diftances au centre , ce qui donnera , comme M. New- ton l'a démontré, & après lui M. de G. les augmentations de ces peianteurs réduites dans le même rapport' que celui des quanés des finus des latitudes. G'eft par cette proportion que M. Newtona dé- terminé les diflfèrens diamètres de la Terre. Mais on a vu qu'on avoit établi une analogie nécelfaire en- tre les différentes longueurs du Pendule & les chûtes réelles qui font dans la raifon renverfée des rayons ; donc la longueur du Pen- dule au pôle fera à la longueur du Pendule pris a l'Equateur comme 250 à 229. Par le même principe la lon- R E , I 740. 627 gueur du Pendule à l'Equateur comparée a celle de notre latitude fe trouve plus longue que les ob- fervations n'indiquent. C'eft pour remédier à cet inconvénient que M. Newton croit qu- la matière qui forme la Terre eft plus denfe vers le centre que vers la Ui perfide. C'eft ici que M. de G. dit qu'un Syftême qui a recours à tant de fuppoiîtions n'eft pas avantageux. Au contraire ces mêmes obferva- tions juftihent la formule que no- tre Auteur a trouvée par les prin- cipes de l'impulfion. Nous ajouterons que le rapport de la pelànteurdans deux endroits differens eft toujours exprimé par les quarrésdu nombre ces oicilla- tions d'un Pendule qui marque en ces deux lieux une révolution des fixes , d'où , li l'on veut avoir la longueur d'un Pendule à féconde pour un certain lieu , il n'y aura qu'a comparer les quarrés des nombres d'ofcillations faites en même tems dans les deux régions. M. de G. finit cette Diftèrration par comparer le rapport des deux diamètres dans Jupiter. Son axe eft fenfiblement plus petit que le diamètre de fon Equateur. L'Au- teur fubftitue dans la formule de M. Newton les grandeurs qui doivent donner le rapport de fes diamètres , mais il en réfulte un bien différent de celui que donnent les obfervations , & le contraire arrive dans les principes de notre Auteur. jSzZ JOURNAL D Neuvième & dernière Dtjfcrtation. Dans les explications. que.M. de Gamaches a données des Phéno- mènes généraux , il a faic trois fuppolîcions qu'il eft ellentiel.de limiter ; le Leûeur fera lurpris avec plaifir de voir que c'eft de ces limitations que le déduilént les explications des autres Phénomè- nes particuliers , toujours plus em- barrallàns à mefure que nous en connoillons plus les irrégularitez. Ces fuppofitions confiftoient a re- garder \Ethsr parfaitement fluide , les Tourbillons infiniment grands , <3" ces mêmes Tourbillons parfaite- ment fphériqurs Au relie li la natu- re Te comportoit d'une manière toujours régulière , Tes démarches n'échaperoient pas lî ailément, & l'habile Phylieien eu développe- roit bien-tôt le méchauiime ; il n'eft difficile que de connoître juf- qu a quels degré? le terminent ces efpeces d'imperfections j recon- noilïons donc que l'Ether n'eft pas d'une infinie fluidité, mais d'une fluidité, allez fenlible. Donc en fuppofant que le tourbillon d'une Planète aille moins vue que la matière éthexee , l'héniiiphére in- férieur de ce tourbillon fera plus frappé que l'hémifphére fupe- rieur, au contraire h la Planète va plus vite que les couches du tour- billon du Soleil , l'hémifphére fu- perieur de la Planète ou de fon tourbillon , éprouvera la plus grande refiftance -, ainlï dans l'un $c dans l'autre cas , la maûe tota- ES SÇ WANS, le fera obligée de tourner contre l'ordre des Signes fur un axe per- fiendicuLiiie au rayon veèteur de a Planète ; donc les nœuds com- muns de l'Equateur de la Planète , Cv de l'orbite qu'elle décrira au- ront alors un mouvement réuo- grade , d'où naîtra la précelTian des équinoxes connue A' obièrvée depuis long-tems par les Aftrono- mes. De cette fluidité non infinie no- tre Auteur tire l'explication d'un effet encore bien plus compliqué , c'eft le mouvement des pôles au- tour de l'Ecliptique , ou plutôt comment il peut arriver que les pôles de la Terre tournent lucceù iî.vement autour dediffèrens points pris dans le Ciel ., ce qui fait que fon mouvement annuel doit la fai- re balancer tantôt d'un côté tantôt d'un autre. Expliquons plus en dé- tail ce mouvement , qui par lui- même peut faire quelque difficul- té au commun des Lecteurs. La couche iphérique a un pôle. L'E- cliptique a fon axe perpendiculai- re au plan de l'orbite que décrit la Terre. Toute la malle entière tour- ne lentement autour de diffèrens axes, dont les extrémitezdeciivent la périférie d'une ellipfe étroite , qui a pour grand diamètre la di- ftance du pôle de la couche au pô- le de l'Ecliptique , & cela parce qu'il eft démontré que l'axe chan- geant , autour duquel la Terre , conjointement avec fes pôles , tourne d'orient en occident , eft toujours perpendiculaire au rayon vedeur de la Planète qui forme continuellement O C T O B L'expérience a juftifié toutes ces inégalitez , mais le calcul doit ve- nir aux fecours , & notre Auteur nous donne la méthode de trou- ver la force centiifuge d'un point quelconque , pris dans une malle centrale qui circule fur un axe , foit qu'on cherche cette force par rapport à fon centre particulier de circulation , ou à celui' du cen- tre de la mafle totale. Il n'eft pas plus difficile d'arriver à avoir la ïbmme des forces centrifuges d'un rayon pris dans fa totalité. Si l'on fait attention à ces forces centri- fuges , elles doivent non feule- ment altérer les pefanteurs , elles doivent encore en changer la di- rection , puifque par la tendance' liippolée toûjouts vers le même point , il refaite une première di- rection , & par la force centrifuge le corps en acquere une autre. Voila deux caufes qui agiflent en même tems furie même molécule, il faut donc qu'il prenne une ligne moyenne qui fera nommée la dé- viation , ou la vraye ligne de direc- tion que le corps fuivroit s'il étoit abandonné a lui-même. Au refte ce lieu doit changer félon les différen- tes latitudes , & c'eft toujours, fuivant la direction des rayons , des développées de chacun de ces petits arcs parcourus que le corps a fa tendance ; par conléquent on voit , qu'en fuppofant la Ter- re fphérique , les corps ne peuvent tomber perpendiculairement fur la fuperficie , excepté aux pôles & à l'Equateur ; fur le dernier la force centrifuge agit en fon entier, R E , I 740. 61 f & fur l'autre elle s'évanouit ; car à ces deux points ces deux actions ne font plus d'angle , les corps étant perpendiculaires à l'horizon, ou bien les développées tombent fur les axes mêmes. Il eft néceflaiie que la Terre prenne la figure d'un fphéroide , mais de quelle efpece ? ce ne peuc être celle d'un fphéroide allongé ;• car l'obliquité des chûtes fur les tangentes aux differens points de la maflè,feroit encore plus grande, il ne reftera plus que la figure d'un fpheroïde applati vers les pô- les pour que les pefanteurs rédui- tes foient perpendiculaires à la' furface de la Terre , en luppofant cependant que les pefanteurs ab- fblué's foient toujours dirigées vers le centre de la malïe qui tourne' fur fon axe. Après toutes ces préparations , M. de G. confidere un méridien d'une mafle applatie dont les pe- lanteurs foient dirigées vers le cen- tre , & il démontre quel rapport doit avoir la pefanteur abfolue & là force centrifuge pour que les directions des pefanteurs réduites ldîent toujours perpendiculaires à chaque furface. Cette figure a été' examinée dans toutes les luppofi- trons , en forte que quand la maf- fe deviendroit entièrement fluide, la- maflè centrale ne changeroit' point de figure , pourvu que les pefanteurs abfolues prifes à égale diftance du centre fuflent égales. La généralité a cet avantage qu'on yapperçoit tous les cas poflïbles. On eft libre de fuppofer que les 6*6 JOURNAL D denftcez ne foient pas par-tout les mêmes , mais les pefanteurs abfb- lucs ties rayons égaux , ne feront plus égales , & alors les directions des pefanteurs réduites ne letrou- veroient plus perpendiculaires. Il en ferait de même , fi., fuppofant la matière également dénie, on vouloit que les pefanteurs ablo- lué's fulTênt inégales dans les raions également éloignés du centre de la Terre. C'eft pour toutes ces rai- fons qu'il faut que la forme de la Terre foit celle qu'elle aurait prife Il elle étoit entièrement fluide , & que les denlkez fulfent égales aux mêmes diltances du centre. Notre Auteur , ainfi que plu- fieurs Géomètres , recherche quel lèra le rapport des axes d'une malle centrale dans la luppohtion que les pefanteurs abfolucs augmentent , ou diminuent luivant tel rapport defué. L'Algèbre feule eft fufeep- tible de tontes ces exprefïïons , elle renferme dans fes équations la nature des combes qui latisfont à ce que l'on cherche ; ce font el- les qui conduilenjc )u (qu'aux cas impollibles , Se imaginaires , c'eft ce dont les Lecteurs pourront s'ap- percevoîr en méditant la nature de la courbe qac M. de G. nous donne ici .(*). Il eft beaucoup plus naturel de luppofèr que les pefan- teurs agillènt dans la railon ren- ( * ) On pourra 1 rc un Problème cu- rieux qui fe trouve à la fin de cet Ou- vrage, réfolu par Al. de Ganiaches, frerc de l'Auteur ; nous en avons été fort fatisfaits. On verra que le fang a uni la Géométrie avec la Phyiîquc. ES SÇAVANS., verfée des quartes des diftancesau foyer. Comn e il a crédit que les Planètes luivoient ce mène rap- port dans leuis chutes initiales , !a loi deviendra univerlelle , cv n'au- ra pour caule que l'irnpulûon. Ç'efl dans cette fuppofuion que notre Auteur trouve quelle eu la longueur du diamètre de L'Equa- teur comparée a celle de l'axe , ainli qu'a celle du rayon qui abou- tit à notre latitude , il s'eft réglé dans la formule (urle degré de M. Picard pour déterminer ces trois lignes principales. Enfin par les mêmes analogies que donne la formule, on peut trouver h \a- leur de tout autre rayon piis a diflèieutes latitudes , ainfi qiu les développées à ces mêmes points . en regardant cependant la cou. bu- te des méridiens comme appro- chant de -celle de l'elliple , & dont M. de G. a loin d'avertir. Apres avoir conlideié tour ce qu'on pouvoir déduire duSyftême de l'impullion , èv en avoir tiré tout l'avantage qu'on pouvait dé- lirer , comme l'explication des mouvemens des Planètes , & celle de la pefànteur; après avoir trouvé que les oblervations juftilïoient la formule d'où l'on a déduit la figure de la Terre , il étoit de l'équité de La déterminzticn des difh rentes bran- ches de la courbe fe trouve à la fuir: , donnée par une antre perfonne qui pa- roit verfée dans la dite Géométrie. On ne doit p int lui imputer quelques er- reurs qui c'y font gliilées , fi nous en prévenons le Lecteur , ce n'eft que pour l'avertir que cette même perfonne a/a:t les correelions nécellaires. OCTOB continuellement des angles difFe- rens avec le plan de l'Equateur de la couche fphérique , dans 1 epaif- ieur de laquelle la Terre a fon aphélie & fon périhélie. Nous avons expliqué dans l'Ex- trait que nous avons fait de la fixiéme Diifertation , pourquoi les Planètes décrivoient de grands cercles , & peu inclinées à l'Equa- teur. Il ne s'agit plus que du mou- vement de leurs nœuds , c'elt une fuite nécefTaire des principes que notre Auteur dérive de la correc- tion qu'il a faite à fa première fuppofition. Il faut fçavoir que les nœuds des Planètes fupeiieures font toujours directs , c'eft-a-dire que les cercles ou les ellipfes qu'el- les décrivent ne coupenc pas l'E- cliptique toujours dans les mêmes points ^ elles le coupent en avan- çant iuivant l'ordre des Signes ; or on a vu que pour peu que la mal- le d'un tourbillon particulier le trouvât abaiflee ou élevée au-del- fus de l'Equateur du grand Tour- billon , les filets tangents de la matière étoient fort inégaux , 8c à caufe de cette différence de force procurée par les filets plus longs , une moitié de l'hémifphére la plus voifine de l'Equateur fera toujours plus frappée que l'autre qui en eft plus éloignée. Le centre des forces qui ne peut être alors au centre de volume obligera la Planète à s'élever au-delîlis du plan de fon orbite, 8c à fortir du côté oppofé au plan de l'Equateur ; ainfi le nœud delà Planète avancera ,.foit que la Planète s'éloigne ou qu'elle Otloï. s'approche de l'Equa teur. De-la il eft aifé de remarquer que plus la Planète s'élèvera au-deflus du plan de l'Equateur, plus fes nœuds doi- vent avancer , ou doivent s'écar- ter du plan quelle parcourt , puif- ■que dans ce cas les impreflions que reçoivent les deux moitiés de chaque hémiiphere font plus iné- gales , 8c ce fera toujours du côté oppolé à celui qui regarde l'Equa- teur du tourbillon que s'élèvera la Planète. Il ne refte plus que la variation de l'inclinaifon des plans dans leurs orbites , car il y a une plus grande 8c une moindre lati- tude dans ces orbites déterminés par rapport à l'Ecliptique , mais entre l'une 8c l'autre il y a des points intermédiaires , 8c c'eft ce qu'on appelle la variation de l'in- clinaifon. Or le même méchanif- me qui faifoit fortir la Planète de fon orbite du côté oppofe à l'E- quateur du tourbillon , lui fera tantôt plus ouvrir , tantôt plus refterrer l'angle que forment les deux plans , iuivant que la Planè- te s'approchera de fon nœud , ou qu'elle s'en éloignera. On vient de voir que c'eft en limitant la première fuppofition , c'eft-à-dire en fuppofant la fluidité de l'Ether non infinie que nous avons dit avec M. de G. que la matière doit faire varier la pofition des axes , 8c celles des plans de leurs orbites $ on va découvrir qu'en reftraignaut les bornes du tourbillon au lieu de le confiderer infini , la proportion des tems & des aires que décrivent les ra ons Hhhh JOURNAL DES SÇAVANS, Les mouvemens de ces apfîdes- font plus ou moins grands dans le tems d'une révolution entière de la Planète à mefure que les colon- recteurs des Planètes eft altérée. Par cette limitation qu'on donne au touibillon , on doit apperce- voir qu'il n'a plus ( quelque grand qu'il loit ) qu'un rapport fini avec les tourbillons particuliers aul- quels il donne la loi , 6c cela iup- polc , les Planètes ne peuvent re- cevoir toute la vltelTe réactive des colonnes qui les pouffent vers le centre commun des tendances ; donc il fuit de-la que le rapport des différentes pefantenrs d'une même planète en s'approchant ou en s 'éloignant du centre vers le- quel elle eft pouflee , eft toujours • plus grand que le rapport renver- lé des quarrés des diftances , ce qui déroge au principe de la fécon- de partie de la loi de Kepler ; de ce que les chûtes initiales d'une Planète ne font point en raiion renverfée des quarrés des diftances au centre commun des circula- tions , il fuit que la Planète eft continuellement Ibllicitée à décri- re des fections différentes dont on peut même trouver par le calcul les paramétres : il eft donc impof- fible que les apfides des orbites qu'elles décrivent ne fe meuvent pas , en avançant fuivant l'ordre dés Signes , puifque les colonnes s'allongent continuellement en al- lant depuis l'aphélie jufqu'au péri- hélie , Se par une conféquence mutuelle les apfides tourneraient dans un fens contraire à l'ordre des Signes fi le rapport des dif! e- rentes pefanteurs étoit plus petit que le rapport renverfé des quar- rés des diftances. . nés qui s'appuyent fur difrerens points de l'orbite que décrit la Pla- nète s'éloignent plus ou moins du rapport d'égalité , comme il arrive dans Saturne & Mercure , l'une fort dotante du Soleil , & l'autre fort près. Les apfides de l'orbite de là Lune doivent beaucoup avancer à cauie de fon excentrici- té contiderable a la Terre qui fera que les colonnes feront fort iné- gales. De ce rapport fini que les colonnes ont avec les malles des tourbillons particuliers des Planè- tes, l'Auteur fait voir que les tems de leurs révolutions feront plus longs que ceux de la matière. Le même calcul qui prouve cette alté- ration des tems , fur-tout pour les Planètes qui font éloignées du centre commun , prouve encore que les tems des révolutions de Celles qui font plus voifines du So- leil doivent moins différer , & le rapprocher du rapport de l'égalité èés révolutions de la matière qui fuirent exactement la loi de Ke- pler. La voye la plus iûre dans la Phvdque eft l'expérience , cela eft fans difficulté, mais il y a des fujets qui n'en font pas fuiceptibles ; ils ont leurs vérifications d'un autre genre. Les Phénomènes font dans l'Aftronomie ce que les expérien- ces iont dans la Phyfique expéri- mentale : quelle eft donc la ref- fource d'un habile Phyiîcien , tou- jours foùtenu par le calcul , pour O C T O B ■reconnoître la véirîcé de fes Hypo- chéfes , c'eft lorfque fon calcul , qui a été fon guide , fe trouve d'accord avec les obfervations. Telle eft la manière dont M. de G. a procédé dans (es opérations. Par exemple, la colonne qui peie iur Mercure eft la plus, élevée , on pourra donc fuppoier que les chû- tes initiales de ce tourbillon font égales aux réactions de la matière; ainfi le tems de la révolution de-la matière , &: celui de la Planète doivent être prefque le même , comme il eft prouvé par la loi de Kepler , dont l'exacte application ne convient qu'aux tems des révo- lutions de la matière. Ces preuves ne font pas indiffé- rences dans le Syftème de notre Auteur. Car dans l'Hypothéfe de l'attraction mutuelle , les tems qu'employeroient les Planètes lu- .périeures à décrire leurs orbites , devroienc Suivre au moins le rap- port des racines cubes des diftan- ces , puifque les pefanteurs font toujours en raiion renverfée des quarrés des diftances. Cependant , en fuppofant l'attraction , le calcul qui fuit de cette théorie fait arri- ver à un tems beaucoup plus court; mais on fait une autre comparai- fon qui doit paroître , dit M. de G. bien plus défavantageufe aux Newroniens : la voici : l'Auteur compare le tems de la révolution àe la Lune avec celui de la matiè- re. On fe fervoit ordinairement du tems de la révolution de cette Pla- nète pour démontrer que les pefan- teurs agiflôicut en raiion renvetice R E , 1740. cité de l'Auteur ? Si l'Ouvrage de «• M. de Valois eft un prodige pour » le fiécle où il a paru , il faut a- » vouer que de fon tems l'ancienne » Géographie de la France n'étoic » point encore alfez éclaircie pour » qu'il lui tût poflible de latistaire » pleinement l'attente de ion lec- » teur. Nous avons d'ailleurs aujoar- d'hui une infinité de matériaux qui lui manquoient , les laborieu- fès recherches de plufieurs fça- vans Compilatetirs ont tiré de l'obicurité un grand nombre de Monumens Hiftoriques , on en découvre même tous les jours de nouveaux , & les fources où on peut les puifer n'ont jamais été fî ouvertes qu'elles le font à prefent. On eft donc aujourd'hui beaucoup plus à portée de remplir le projet de M. de Valois , qu'il ne pou- voit- l'être lorfqu'il en conçut l'i- dée , mais néanmoins cette entre- prife qui demanderait des recher- ches immenfes, un travail infati- gable , fouventfec & rebutant , un difeernement jufte , une critique fure , eft peut-être au - deflus des forces & de la vie d'un feul homme. Il ferait à fouhaiter que plufieurs Sçavans fe partageaient l'Ouvrage & fîflent en particulier , pour le» Se celui - ci vient , fuivant notre Auteur , du mot Celtique Calt ou Kelt , qui s'eft conlervé dans la Langue Tudefque , dans laquelle il lignifie froid ou durci par le froid. Lo-rn"e Céfar entreprit la con- ES SÇAVA NS, quête des Gaules , le Pays de Caux étoit ious la domination des Bel- ges , Se faifoit partie de la Belgi- que, il continua d'en faire partie jufqu'a la mort de Célar, mais Augufte l'en détacha pour l'unir à la Celtique. La Celtique perdit alors ion ancien nom pour prendre ceux de Lyonnoife première Se de Lyon- noife féconde , deux parties dont l'Empereur la compofa. Le Pays de Caux fut renfermé dans la Lyon- noiie féconde , Se il en a toû.ours fait partie jufqu'au tems où il a palïe fous la domination Françoi- ie. Ce ne fut qu'au commence- ment de l'an 497 , lorfqu'après le baptême de Clovis , les Provinces Armoriques des Gaules dont la fé- conde Lyonnoife faifoit partie , fe fournirent de plein gré a l'autorité de ce Prince. Les François diftin- guerent bien-tôt par de nouveaux noms les différentes parties qui compofoient leur nouvel Empire. Pendant que l'Aquitaine retint ion ancien nom , Se que la Bourgogne conlerva celui qu'elle venoit d'ac- quérir depuis allez peu de tems,les autres Provinces qui obéilloient aux François prirent les noms d'AuftraJîe Se de Neuflrie. On ap- pella Auflrie ou Auftrafie tout le Pays qui étoit en deçà & au-delà du Rhin jufqu'à la Meufe, Se Neu- ftrie tout celui qui fe trouvoit renfermé entre la Meule Se la Loi- re. Le Pays de Caux fe trouva compris par conféquent dans la Ncujlrie , Se ce nom fubfifta à fon égard depuis le règne des quatre ~ s de Clovis jufqu'a celui de Char'-i éga fils OCTOBRE, I74C* tfj? Charles le Simple. Alors les Nor- jufqua celui de Charles le Simple mands ayant fçu fe fixer dans une partie confiderable delà Neujïrte , toutes les terres que les François furent obligés de leur abandonner {>rirent le nom de Normandie , & e Pays de Caux fut de ce nombre. A l'égard du Vexin, notre Au- teur remarque qu'au midi du Pays de Caux étoient anciennement fi- le Vexin a fait partie de la Neu- ftrie , alors la portion du Vexin , qui eftàla droite del'Epte, ayant été cédée aux Normands , prit le nom de Vexin - Normand , tandis que celle qui demeura aux Fran- çois , à la gauche de cette même rivière , eut le nom de Vexin- François : quoique ce dernier n'ait tués les peuples que Céfar appelle jamais appartenu à la Normandie. Vclocajfes ou Bellocafles Ils s'éren- L'Auteur le comprend néanmoins doient premièrement fur les deux rives de la Seine jufqua la rivière de Rïïe, mais enluite en remon- tant ce fleuve depuis le lieu qui a pris dans la fuite le nom d'Elbeuf , ils n'en tenoient plus que la rive droite jufqu a la rivicre d'Oife. Du mot Vélocajfes s'eft formé infenfr- dans la delcription qu'il donne du Vexin qui renferme ainfi tout le terrein qu'habitoient les peuples nommés Vélocajfes. L'Auteur a diftingué les pays dont il donne la delcription fui- vanr trois âges , fçavoir fous les Gaulois, ious les Romains & fous blement celui de Vukajfmum , ufi- les François , il y développe à tous té fous la première & lousla fe- égards les changemens fucceflrfs conde Race de nos Rois & de Vulcajfmum eft né l'ancien mot François Veulguejfin ou Veulquef- pn , auquel a fuccedé par adoucif- fement celui de Vexin , dont nous nous fervons aujourd'hui. Le Ve- xin a fuivi la fortune du Pays de Caux.: lors de la conquête des Gaules par Céfar , il faifoit partie de la Belgique ; Augufte ayant fait une nouvelle divifion des Gaules, renferma le Vexin dans la Lyon- noife , dans la fuite la Lyonnoife ayant été partagée en deux , le Vexin fit 'partie de la féconde, &c cette féconde Lyonnoife ayant encore été partagée en deux , le Vexin demeura attaché à celle qui continua de porter le nom de Se- conde. Depuis le règne de Clovis I. Otltb. qui s'y font faits fous ces différen- tes époques ; quoique la matière fpit feche par elle-même , il la rend fouvent intereilante , en y mêlant des traits hiftoriques , fur- tout par rapport à l'origine & à la fondation du lieu dont il parle. Nous choifirons l'article qui regar- de le prétendu Royaume d'Ivetot , pour donner à nos Lecteurs une idée plus particulière de cet Ou- vrage. M™ de la Roque , de Ver- tot , Se des Thuilleries ont tra- vaillé fur ce lujet , mais quoiqu'ils l'ayent traité avec le plus d'exacti- tude , ils n'ont pourtant pas , fui- vant notre Auteur, épuiié la ma- tière , il a profité de leurs recher- ches , cV quelques Mémoires Mil*, de la Maifon du Bellai qui font Iiii 533 JOURNAL D tombés entre les mains , l'ont , dit-il, mis en état d'y ajouter de nouveaux traits , qui peut-éne ne feront pas indignes de la curiofité du public. Il paroît parun endroit de ces Mémoires que celui qui les a drelTcs y travailloit en i6tj.»On » ne peut douter, dit notre Auteur, « qu'il ne travaillât fur les A&es «originaux; il en parle toujours «comme les ayant entre les mains; » tantôt il les tranfciit en entier ,. » tantôt il fe contente d'en donner » de longs extraits , mais je n'ai pu » les confulter, faute de fçavoir en » quel dépôt on les confeive.. Le Bourg ou le prétendu Roïau- me d'Ivetot eft fitué a trois petites lieues de Caudebec vers le nord. Tout le monde connoît ces vêts d'un de nos Poètes du 15"" ou du iû "w frecle. Au noble Pays de Caux Y a quatre Abbayes Royaux , Six Prieures conventuau* , Er fîx Barons de grand arroy , Quatre Comtes , trois Ducs , un Roy. Ce n'eft , dit notre Auteur , qu'une Terre Seigneuriale tenue aujourd'hui en franc - alleu , & Robert Guaguin fondé fur un Roman dont voici le précis , eft le premier de nos Hiftoriens qui ait donné à cette Seigneurie le nom de Royaume. » Gautier , Seigneur d'Ivetot & » Chan beltan dï Clotaire I. ayant, » dr il , perdu les bonnes giaces » du Roi Ton maître , s'exila vo- » ioutairement & paifa . dans les E S SÇAVANS , » climats étrangers où il fît la » guerre .pendant dix ans aux en- »nemis de la foi. Au bout de ce » terme s'étant flatté que la cokre » du Roi Jeroit ralentie , il reprit » le chemin de la France & vint a » Rome , où le Pape Agapet lui » donna des Lettres de recom- => mandâtion pour le Roi. Clotaire » étoit alors à Soifïons , le Sei- » gneur d'Ivetot s'y rendit le jour « du Vendredi Saint , ayant ap- « pris que ce Prince étoit a l'Egli- » fe , il alla l'y trouver , fe jetta à » les pieds , & le pria de lui accor- » der la grâce ; mais Clotaire ,. » fans égards pour la fainteté ni » du jour, ni du lieu , lui plongea » fon épée au travers du corps. » Agapet informé d'une action fi » indigne , menaça le Roi des » foudres de l'Egliie s'il ne répa- » roit fa faute, & le Roi intimide » érigea la terre d'Ivetot en Roiau- » me en faveur des heiitiers de » Gautier. On trouve le même fait dans les Chroniques de Nicole-Gilles , imprimées en 1491. cinqans avant celle de Guaguin ; mais Nicole- Giles ne dit point que le Roi éri- gea la terre d'Ivetot en Royaume, il dit feulement qu'il affranchit les Seigneurs d'Ivetot & leurs fuccef- feurs de homagiefervitiu & firvitu- te ratione terra totalis de Ivetot Ré- gi dehttis. Nicole-Gilles & Gua- guin ne font pas non plus d'accord lur l'époque du meurtre de Gau- tier ; Nicole-Gilles le place en l'an 533. ou cnviion , au lieu que Guaguin le fixe à l'an 536. Ce der- OCTOB nier fe fonde fur une enquête qui fuc employée dans un procès-ver- bal de la Terre d'Ivetot dreflè en 142.8. Cette enquête renferme l'Hiltoire fabuleuiè que nous ve- nons de rapporter & dont on ne "voit jiilques-là aucune trace. Cette enqucte , fuivan: notre Auteur , eft une pièce compofée vers le commencement d'u 14'"* fiécle au plus caïd. On la trouve dans un manulcrk de la Bibliothèque de S. Vittor avec ce titre : Htftoria unde precejfit regrittm de Ivetot. Cette Hiftoire de l'érection d'I- vetot en Royaume elt une fable qui a été folidement réfutée par pluiîeurs Sçavans ; parmi les rai- ions dont M.deVertot l'a combat- tue, iî v en a quelques-unes qui ne paroillént pas à notre Auteur en- tièrement convainquantes ^ mais il y en a d'autres qui , félon lui , ne fouffïent point de réplique. Telles font les luivantes : i°. Au- cun des Hiftoriens contemporains n'a fait mention d'un événement Ci fingulier : 1". Le nom d'Ivetot ne parok dans les Monumens Hifto- riques qu'un peu avant la fin du xi'nc fiécle : 30. Clotaire étoit trop ambitieux pour ériger au milieu des Provinces de ion Empire une Souveraineté qui en eût été indé- pendante : 40. Ce-Prince n'a régné fur la Neuftrie , où eft fituce la Seigneurie d'Ivetot , qu'api es la mort de Childebert fon frète a qui elle appartenoit , c'eft - à - dire , après l'an 55S. d'où il fuit que le meurtre de Gautier d'Ivetot n'a pu arriver que fous le Pontificat de RE, 1740; 6"î9 Pelage , fi c'eft Clotaire I. qui l'a commis, ou que s'il eft du tems du Pape Agapet, il faut le rejetter fur Childebert &: non fur Clotaire. Nous omettons quelques autres raifons également fortes &c décïil- ves. M. l'Abbé des Thuilleries a donné une Difiertation fur la mê- me matiere,où il a fait pluiîeurs re- marques qui avoient échappé à M. de Vertot. Celui-ci , par exem- ple , avoit prétendu que jufqu'en 1370. les Seigneurs d'Ivetot a- voient été vafiàux & feudataires , foit des Ducs de Normandie leurs Seigneurs Suzerains , foit des Rois de France , Souverains de toute ia Monarchie -, M. des Thuilleries a fait voir , iûivant notre Auteur , qu'en 1103. au plus taid , 8c par coniéquent long-tems avant l'an 1370. le fief d'Ivetot étoit quitte de tout hommage & de toute fervi- tude. C'eft ce qui paroît par une Tranfa&ion paflee entre le Sei- gneur d'Ivetot & l'Abbaye de S. Vandrille l'an 1103, ou en remet- tant aux Religieux diffèrens droits, il en excepte un en ces termes î excepte ptïfi'.gio de CaudeÊcco fibi & hv::r:lxs ipfms de libero Feo- do de Ivetot. Il rélulte encore deux chofes des obfervations de M. ces Thuil- leries , la première que vers le milieu du 1 im" fiécle le fi; r d'Ive- tot relevoit des Ducs de Norman- die ; on voit en effet que Guillau- me le Conquérant a donné à l'Ab- baye de S. Vandrille une Terre fi- tuée à Ivetot , apud Ivetot mMifum I i i i ij 54o JOURNAL D unum ; la féconde , que le Do- maine d'Ivetot , dans l'étendue qu'il a aujourd'hui , eft compolé de pluhemsFiefs de différente na- ture , en lorte qu'a la nn du 1 1" liecle encore , fi le chef-lieu de ce Domaine étoit franc & tenu en al- leu , il n'en étoit pas de même des autres Fiefs dont il s'étoit accru ou qui lui étoient unis. Il s'agiroit donc maintenant de fçavoir , dit notre Auteur , en quel terrs le principal Fief d'Ive- tot a été affranchi , de quelle ma- nière les autres Fiefs unis à ce franc-fief ont été affranchis com- me lui ; enfin comment ce nouvel alleu a pu acquérir dans la fuite des tems le nom de Royaume. Quant au premier point il eft très-probable que les Seigneurs d'Ivetot font redevables de cet aftranchifïèment à la libéralité de Henri II. Roi d'Angleterre. Si le Roman iuppofe un faux Gautier d'Ivetot qui fit la guerre aux Infi- dèles , & en faveur de qui Clotai- re I. érigea Ivetot en Royaume , l'Hiftoire nous donne un véritable Gautieç d'Ivetot qui vivoit du tems de Roger, Abbé de S. Vandrille , par conléquent fous Henri II. Roi d'Angleterre, & du tems des Croi- lades , ou l'on peut croire qu'il s'eft fignalé ; ce fera donc pour re- eonnoître les fervicts de celui-ci que le Roi aura illuftré fa terre , non en l'éiigeant en Royaume , mais- en raffranchiffant de tout hommage & de toute fervitude. Le fécond point n'eft pas, fui- \»"uit notre Auteur , Ci aile à éclair- ES SÇAVANS, cir ; peut-être, dit-il , n'y a-t-it jamais eu d'aftranchillêment en rorme des diffèrens Fiefs qui com- polbient l'accroilïèment d'Ivetot -r l'un a bien pu entraîner l'autre , en forte que le Domaine entier le fera trouvé affranchi par I'ufage. Mais comment cette Terre , après avoir été affranchie, eft-elle parvenue à acquérir le nom de Royaume: l'Auteur, avant que de s'expliquer fur ce point, entre dans le détail des principaux faits que l'Hiftoire prefente à cet égard & des privilèges dont cette Terre a été honorée. Le premier des Sei- gneurs d'Ivetot qui paroifte avoir affeété la Royauté s'appelloit Jean; il prit , dans un Acte du 1 1 Jan- vier 1381 , le titre de Sire d Ivetot, par U Grâce de Dieu : dans la fuite il fe qualifia tantôt Roi , tantôt Prince : c'eft à lui probablement , dit notre Auteur, qu'un Arrêt de l'Echiquier dé 1 an 1392;. adonne le nom de Roi. Son fils Martin vendit laTerre d'Ivetot a Pierre de Vilaines dit le Bègue. Dans le con- trat de vente qui fut ratifié le 11 Août 1401. par Charles VI. Mar- tin ne prit que le nom de Prince - mais il donne à la Seigneurie le nom de Royauté. Les Anglôis étant defeendus à Touques en 1417. oc- cupèrent la Normandie , & Pierre de Vilaines , fils de l'acquéreur , fut obligé d'abandonner la terre. Henri V. Roi d'Angleterre, con- fifqua les biens de Pierre de Vilai- nes cV donna à prendre fur eux Soo livres de rente à un Chevalier Anglois nommé Jean Holland; OCTOB Maire de Bordeaux , pour les te- nir de lui a toi &: hommage dans la mouvance du Château de Roiien , au devoir d'une épée avec fon fourreau par an , fous la re- ferve de la haute & fouveraine ] u- ftice. Dans les Lettres de ce Prince qui font du n Février i+fp. il n'eft pas fait mention de la Terre d'Ivetot -, mais comme c'étoic la , dit notre Auteur , le feul bien que re Bègue de Vilaines pofièdoit en Normandie , Jean Holl'and s'en mit en polTeflîon , après avoir fait vérifier les Lettres a la Chambre des Comptes de cette Province , où il fit la foi Se hommage le zo Mars i4i8.c'eft-à-dire i4i9.vingt- fix jours apres la conceffion de Henri. Jean Holland ayant recon- nu, au bout de quelque tems, que la terre d'Ivetot ne valoit pas les 800 livres de rente que le Roi d'Angleterre lui avoit données à prendie iur les biens de Pierre de Vilaines , fe pourvut à la Cham- bre des Comptes de Paris , où il fut ordonné le 7'"' de Juillet 1418. tju apprêt laiton feroit faite de la Terre d'Ivetot , & que pour cet effet feroit délivrée commijfion adrefjante au Bailli &Procurtur du Roi. C'eft du procès verbal de cette enquête qui étoit tombé entre les mains de Guaguin , que cet Hidoiien a tiré le Roman de l'érection de làTerre d'Ivetot en Royaume. Pierre de Vilaines le jeune mouiut avant que la Normandie rentrât fous l'o- beiirance du Roi. Ses héritiers , Pierre de Graville , Pierre d'O- kmne , & Guillaume de Momro- R E, 1740. 64 1 lier vendirent , quelques années après , laTerre d'Ivetot à Guillau- me Chenu Chevalier , Chambel- lan du Roi Louis XI , Capitaine d'Harfleur & de Pontoife enfuite. Chenu ayant trouvé cette Terre conhderablement déchue, obtint au mois de Mars 1461. des Lettres de Louis XI , par lefquelles ce Prince lui accorda de jouir doré- navant à toujours de toutes & cha~ emie les franchies , liiertez. , droi- tures , prérogatives & prééminences qui y appartiennent & dont il appa- roijfoit que fes prédecejjeurs Sei- gneurs d Ivctot joùijjoient au ter/, s & auparavant la dt fient: des singlos à Touques. Et parce que tous les ti- tres qui pouvoient juftiher de ces droits s'étoient perdus pendanr que le Roi d'Angleterre avoit pot fedé la Normandie , il lui fut per- mis par les mêmes Lettres , d'en informer par témoins. Trente, fept témoins âgés depuis 70 ans jufqua 91 dépoferent unanime- ment que la Terre d'Ivetot étoit franche de foi & hommage & de toute autre fiervitu ie ; que cet af- franch.ffement avoit autrefois été donné a caufe des excès qu'un Roi de France avoit commis à l'endroit d'un Seigneur d'Ivetot , pie c étoit la créance commune du Pays pour l'avoir Ainfi oui dire à leurs pères. Quelques-uns entrant dans un- plus grand détail dutnt que la jujîice d'Ivetot n était in rien jkjette de la Souveraineté du Roi de Fran- ce, pour ce que le Seigneur avoit droit de haut jours ou les caufes pré- voient fin ; que les Sergent du Roi 6+2 JOURNAL D n'y ver.oient po:>:t exploiter. Qu'a - vaut la de fie me des slnglois a fou- gues cela s' olfcrvett ainfi & n'y lè- vent le Roi de France aucuns aides , taille , fubjlde , ne quatrième. U_ue les Marchands eCEjpagne & d ail- leurs qui defccndoient leurs mar- chand: je s à Harfleur , les amenoient en la Cille d'Ivetot pour les vendre aux .Marchands de France qui en apportaient auffi di autres pour les leur vendre , fans que les uns ni les autres payajfent aucun droit , fors la coutume au Seigneur d'Ivetot, la- quille ètoit affermée en ce temsla 400 livres & 60 livres le minage ; CT déponent que quelques uns en avoient été fermiers, aucuns difent avoir connu Jean & Martin d'Ivetot père & fils qui prenoient la qualité de Prince. Que Pierre de Vdaines , lorjquil acquit cette Terre, donna Lettres de remiffion a un criminel. ( Ces Lettres font de l'an 1417. & le criminel s'appelloit Jean Tour- ville ). Qu'autrefois les Seigneurs d Ivetot avoient battu momioye. Qu'un certain jour le Roi de France ayant entré dans la Terre d'Ivetot , avait dit qu'il n'y avoit plus de Roi en France , &c. En conféquence de cette enquête Louis XI. confir- ma les franchi les & privilèges de laTerre d'Ivetot, & dans les Let- tres qu'il fit expédier à ce fujet au mois d'Octobre 1464. tl donna au Seigneur d'Ivetot le nom de Prince. Il parok que depuis les Seigneurs d Ivetpt ont encore pris le nom de Roi. Cela eft porté dans les Mé- moires manulcrits delaMaifondu B°'liy dont l'Auteur a fait uiage; ES SÇAVANS, on voit d'ailleurs dans un Rôle des gages des cent Gentilshommes de l'Hôtel du Roi, qu'il rut paye eu 1 4 y 1 . a M~ . tanikaitcher, Cheva- lier 3 Roi d'Ivetot , Lieutenant, la fon.n,e de oc» liv. & dans les addi- tions à l'Hiftoire de Monftrelet , que le Roi d'Ivetot mourut a Lyon le 16 Juillet 1500 , mais depuis le règne de Henri IL les noms de Roi Se de Royaume d'Ivetot ont difparu totalement. Il y a même des Let- tres de Henri IL en date du i6me Décembre 1553, qui en renou- vellant tous les privilèges de la Terre d'Ivetot , en excepte nom- mément la Souveraineté en der- nier reiïort. Cette Terre a palïe dans le i6me lîécle de la Maifon de Chenu dans celle du Bellay , de la Maiiôn du Bellay dans celle de Crevant , & enfin par le mariage de Julie-Françoife de Crevant , avec Camille Marquis d'Albon , elle eft entrée dans la Maiiôn d'Albon qui la polîède aujour- d'hui. » Tous ces Seigneurs , dit » notre Auteur , autorifés par de » nouvelles Lettres du mois d'A- » vril 15 ji. avant Pâques, c'eft- » a-dire ijji. & par deux autres » Lettres des Rois Charles IX. » cV: Henri III. du 10 Mai 1 569. & » du mois de Décembre 1 577. lef- » quels font l'honneur a Ifabeau » Chenu , Dame d'Ivetot , de l'ap- » peller leur coufine , ont fubftitué » aux titres chimériques de Roi , » Reine , Royaume ceux de Prince , » Prmcejfe , Principauté dont ils » fe lervent encore aujourd'hui. » On rapporte néanmoins d'Hen- OCTOB » ri IV. Roi de France , continue » notre auteur , que ce Prince aflï- » (tant au couronnement de la «Reine Marie de Médicis fou » époufe , & s'appercevant que » Martin du Bellay , Seigneur d'I- » vetot , n'avais point de place , «appella le grand Maître des cé- » rémonies & lui dit : Je veux que » l'on donne place honorable a mon "petit Roi d'Ivetot, félon fa qualité » & le rang qu'il doit tenir. On ra- » conte encore qu'un jour cePrin- » ce, fur lepoint de donner une ba- " taille décifive, s'étant retiré dans » un moulin de la dépendance d'I- » vetot , dit à quelques Seigneurs " qui l'accompagnoient , que s'il » perdoit le Royaume de France , » il étoit afluré d'avoir au moins ce- j' lui d'Ivetot, dont il prenoit déjà » poflefllon ; mais on reconnoît à » ces traits l'efprit de plaifanterie » d'un Prince naturellement en- » jolie , & l'on fent bien que l'on » n'en fçauroit tirer aucune induc- » tionhiftorique. Pour revenir à prefent à l'origi- ne de ce titre de Roi dans la per- fonne des Seigneurs d'Ivetot ; M. l'Abbé de Vertot conjecture que c'eft une concefllon des Rois Charles V. ou Charles VI. Quoi- que l'Hiftoire & les titres ne nous en apprennent rien ; il feroit dan- gereux , ajoûte-t-il , de vouloir deviner quel en fut le motif. S'il y en avoitunréel, dit notre Auteur, nous nous expoferions volontiers au danger de la recherche , mais nous fommes bien perfuadés qu'il n'y en à point , parce qu'en eftèt R E , 1740. 645 il n'y a jamais eu de pareille con- ccflîon. A l'égard de M. l'Abbé des Thuilleries , il foûtient que ce ti- tre de Roi pris par les Seigneurs d'Ivetot eftuneufurpation formel- le de leur part. // ne faut que voir , dit-il, la variation des Seigneurs d'I- vetot dans les qualitcz. qu'ils prennent pour être certains qu'ils ne les dé- voient qu'à eux-mêmes ; ils n: fe contentèrent pas d'avoir feulement un franc -fief , liberum feodum , ils ('érigèrent en Piuncipaute* , puis en Royaume , & allèrent jufqu'a prendre le titre de Roy. S'ils les aveient tenues des Rois par de bonnes Lettres - Patentes , ils fe feroient toujours fait honneur de celle de Ro Y depuis quelle leur aurait été accor- dée. Après tout ils nauroient pas été les feuls qui auraient de la forte réhauffé l'état de leurs Fiefs fans l'intervention de l'autorité fuprême , puifque cela efl même afiiz. ordinaire aux moindres Seigneurs qui font fans ceffe appliqués à perfectionner eux- mêmes les leurs. Au quatorzième fié- de le Dauphin de Viennois , alors Vaffal de l'Empereur }fe qualifia de fon propre mouvement , Duc de Champsaur. ; au même fiécle le Comte de Bar relevant de nos Rois fe transforma auffi de lui - même en Duc. Deux fiécle s après le Baron de Mcntgommeri devint Comte de la même manière , & fut recon u pour tel à la Chambre des Comptes de Normandie , &c. - Malgré ces exemples notre Au- teur n'eft pas du fentiment de M. l'Abbé des Thuilleries ; c'eft, dit- *4* JOURNAL D il , une chofe inouie qu'un Gentil- homme ait eu allez de hardielle pour ufurper impunément luiTs* les yeux de fon Prince le titre de Roi; les Seigneurs d'Ivetot l'ont néan- moins porté lans que nos Rois en ayent paru jaloux : il n'eft pas croyable qu'ils ayent ofé Te le donner eux - mêmes ; nous ne voyons pas qu'ils l'ayent reçu de la main de nos Rois ; ils n'ont donc pu le tenir que de l'ufage. Voici ce que notre Auteur conjecture y avoir donné lieu. » On fçait , dit - il , que Jean » Bailleul , Roi d'Ecoilè , détrôné, » vint finir les jours dans Tes ter- « res de Normandie , après avoir » été élargi des priions d'Angleter- » re au commencement du i4mc » fiécle. Ivetot ne lui auroit-il pas » appartenu , foit par héritage , » ioit par lucceflïon ou autrement, » du moins après la mort d'un Jean » d'Ivetot , qui vivoit en 1 5 1 3 : il » cependant la Terre d'Ivetot , » dont celui-ci portoit le nom , lui » appartenoit en effet : nous ver- » rons plus bas que le Seigneur de » Maulevrier , lur Caudebec , n'a » été inlenliblement appelle Con- nu de Maulevrier que parce que » cette Terre a été polTèdée long- » tems par les Comptes de Sa- » voye, Après tout , il fuffùoit » que Jean de Bailleul eût fait fon « féjour à Ivetot pendant quelque » tems pour qu'on l'eût appelle » par dérifion le Roi d'Ivetot. » L'Hiftoire marque qu'il étoit » tombé dans le mépris des peu- » pies , &c il n'en lalloit pas da- ES SÇWANS, » vantage pour donner lieu à un » pareil lobriquet. Nous nous iou- » venons, avec indignation, que » dans leiiécle fuivant Charles VU >y fut traité de petit Roi de Bourges. •> Mais Philippe le Bel , qui avoit » agi efficacement auprès d'E- » doiiard IV. en faveur de ce Prin- » ce malheureux , & qui lui avoic » tendu les bras, le traita fans dou- » te avec les égards dûs à Ion ca- » ra&ere , la Seigneurie d'Ivetot » y gagna peut-être du côté des » tailles , des impofitions &c des » fubfides , Se a l'égard des autres » prérogatives qui y font atta- » chées , il ne fut pas difficile au » Seigneur , en revendiquant peu » à peu celles qu'il avoit perdues » Jous la domination Angloife de » retenir comme par fucceffion » légitime le nom de Roi qu'un » de fes prédécelTeurs avoit porté » en proverbe parmi le peuple. Je » propolèrois cette conjecture » avec plus de confiance , ajoute » notre auteur , Ci j'avois trouvé » dans les Monumens Hiftoriques » de quoi montrer que Jean Bail— » leul poifeda réellement Ivetot, » ou du moins y léjourna , mais je » ne dois pas dilïïmuler que c'eft » de ma part une fuppofition pu- » rement gratuite qui n'a tout au » plus que le mérite de la vrai- » lemblance. Nous nous fommes étendus fur cet article parce qu'il nous a pa- ru curieux , Se qu'il eft propre à faire connokre le goût dans lequel eft compofé l'Ouvrage dont nous rendons compte au public. Il y a beaucoup OCTOB beaucoup d'autres articles interef- iâns , Se que l'Auteur nous paroîc avoir bien traités : tels font , par exemple , celui du Tombeau des énervés , qui eft dans l'Eglife de S. Pierre a jumiege , celui du pri- vilège de la fierté à Rouen , &c. La defeription du Pays de Caux dans le premier Volume, & celle du Vexin dans le fécond font lui- vies d'un Dictionnaire Géographi- 2ue , où l'Auteur met en titre non tulement les noms des Cantons , des Villes , des Bourgs , des Ab- bayes, des Prieurez , des Collé- giales , des ParoiiTès ou des Cures, des Rivières , des Forêts , mais RE, 1740. 6*4; encore ceux des Succurfales , des Hameaux , des Chapelles , des Fiels qui méritent une attention particulière. Quelques-uns de ces noms font Latins ou Celtiques : il femble , dit l'Auteur, que ceux- ci ne dévoient point trouver place dans un Dictionnaire François , mais les amateurs de l'ancienne Géographie m auraient fçu mau- vais gré de les avoir retranchés. Nous finirons notre Extrait par dire que cet Ouvrage , en total , nous a paru très-bien fait , &: qu'il feroit à fouhaiter que nous en euf- fions de pareils fur toutes les Pro- vinces de la France. DISSERTATION SVR LES ARCS DE TRIOMPHE DE LA Fille de Reims. A Reims, chez Regnaut Florentin , 1759.8c 17+o.Broch. in- 11. pag. 80. CE t t e DiiTertation a trois Parties , la première n'eft •qu'une elpece d'Avant-Propos où l'Auteur diserte fur les Trophées , les Arcs de Triomphe & les au- tres Monumens que les peuples , & fur-tout les Romains , ont éle- vés pour immortalifer les Victoi- res , ou les bien-faits de quelques grands Hommes. L'Auteur pré- tend que la coutume d'appendre aux Portes des Villes les dépouil- les des ennemis , a été la première origine des Arcs de Triomphe. Dans les premiers tems , lorfqu'un Prince ou un Général avoit rem- porté une victoire, ou avoit tué en combat (îngulier le chef del'armée • ennemie , on coupoit les branches d'jan arbre a l'endroit même du Ocloh. champ de bataille, & on fufpen- doit au tronc les dépouilles des vaincus , c'eft ainfi qu'jfnée éleva un Trophée des armes de Mezence. Ingcircm rjneicum , «Jccifis undique ramis Conftitmt Tumulo , fulgcmiaqiic induit arma Mezcnti Dccï* exuvias , tibi Magne Tro't'hzum Bellipocens, &c. Virg. Lib.II. J&neii. XL 5. Ces Trophées croient élevés fur le champ de bataille , pour une marque prefente de la victoire ; c'eft pourquoi on ne les bâtiiloit pas d'une matière folide & dura- ble , on n'oioit les renverfer, étant regardés comme iaciés , paice Kkkk * 6iï- JOURNAL D qu'on les dédioita quelque Divini- té , comme celui d'.<£née dont on vient de parler, que ce Prince con- facra au Dieu Mars. Mais auffi il n'etoit pas permis de Ls rétablir quand ils tombaient per vécuftfc plutai que en donne cettJ raifon ; Cejl , dit - il , qu'il y a qu Ufùe chofe do.i.ux a vouloir p- ■ p:tue' ks h in: s *-) > en ré ta lifj,rct & ih rmettav.t fw pied ies-Monwmênt , des ancu-nn s dtfputts avec les enne- mis, qu: le binêftet d:s tems .'. ruinés. C'cft pourquoi , au rapport de Ci- ceron , les Jhébains ayant vaincu les Lacédéri:oniens , & ayar.t dreffé un Trophée d'une manière plus foli le eju: celle dont ils étaient ordinaire- ment compofés , furent accups dans le Confed général des Grecs , de ce que contre l'ufage , ils éterni/oient la mémoire de leurs guerres & de leurs différends. Quelquefois auffi on fufpendoit à- la principale porte de la Ville, ou a l'entrée du Palais du Prince, les dépouilles qu'on avoit enlevées aux ennemis ■> c'eft ce que virent les Députez d'huée chez le Roi Latinus. . Muit.uuic pr.-rterea facris in poftibus arma , G?-pnvi pendent currus , curvseque ie- c.:i es , Et Criftx capitum , & portaruni ingen- tia clauftra S^icu'aquc, Clipcique, tr^ptaqueroftra cariais. Virgil. /En.L. 7. Romulùs ayant tué dans un combat le Roi des Cérumens , (*) Plm.in Qucft..Rom... ES SÇWANS, monta au Capitole , confacra les armes de ce Roi à Jupiter , & y bâtit un Temple a ce Dieu , où on devoit lui offrir dans la fuite , les armes des Rois & des Chefs enne- mis, que les Romains tueroient ou dans un combat iingulier, ou dans une bataille. . Pour les autres dé- paijiflés des vaincus, à l'exemple des Latins , les Romains les luf- pendirentaux portes Je leur Ville, par où palloienc cccx rui triom- plioient, & en érigèrent des Tro- phées. Dans la fuite on grava lès Tro- phées fur la pierre & fur le mar- bre, on les orna de Statues d'hom- mes, de chariots tirés à deux ou à quatre chevaux de front , de vic- toires aîlées , & on y ajouta des Infcriptions con pofées en l'hon- neur des vainqueurs. Sous les Em- pereurs , les Romains élevèrent des Arcs de Triomphe , non feu- lement en mémoire des Victoires remportées, mais encore pour fer- vir de Monumens aux bien-faits & aux grâces qu'ils a voient reçues de leurs Princes.Telle a été, félon no- tre Auteur , l'origine des Arcs de Triomphe. Dans la féconde Partie l'Auteur entre en matieie & traite des deux Arcs de Triomphe de !a Ville de Reims, il rapporte d'abord les dif- férentes opinions des Auteurs, fur le tems auquel ces Monumens ont été élevés. Le premier de ces Arcs a lervi autrefois de porte à la Ville, on l'appelloit la l'orte de Mars , elle regardoit le Nord. Dans la fuite il a été enterré lous le Rem- O C T O B «part , -& on a -bâti à côté -une au- tre porte à qui on a confervé ie me me nom de Porte de Mars L'autre ie voit au milieu de la Vil- le , il a au!n tei :vi de porte , on la nommoit , l'ocre Bafihcaire , &C par corruption on l'appelle aujour- d'hui Porte-Bajée. Les Sçavans n'ont guéres connu jufqu'aujourd'hui , 8c n'ont parlé jque de l'Arc de Triomphe de la Pone de Mars ; ils ont été extrê- mement enibarraffés à déterminer ious quel Prince il a été conftruit. Il nV a point d'Inicriptions qui f uifle les éclairer j l'Attique , qui eft le lieu où l'on plaçoit ordinaire- ment les Inscriptions , étant en- tièrement ruinée. Ceux -qui croyent que Jules- Cœfar , a fait bâtir cet Arc de Triomphe, pendant Ton féjour dans les Gaules, dilent que l'amitié que les Rémois avoient pour les Ro- mains , Rerm Remanorum amicijfi- mi , fitqueCaefàr préfera leurVil- le,pour y laifler des marques de la ma"nincence,& des Monumens de iés victoires. Notre Auteur réfute cette opinion , en rapportant d'a- près Suétone , ce qui ie palla dans les Gaules , pendant le gouver- nement de Cœiar. Il parok en effet par ce récit i°. que Carlar étoit dès lors très-fufpect au Sénat , &c que l'on obfervoit jufqu'à fes moindres démarches ; un particu- lier , dans cette frtuation , eut -il oie exciter encore l'envie &c laja- loulie de les ennemis en confa- crant fes victoires par des Monu- mens publics. i°. L'ufage des Ro- R E , 1740. £47 mains étoit de n'élever aucun Arc de Triomphe en l'honneur des vic- torieux , qu'après qu'ils avoient joui des honneurs du triomphe. Or Cxlàr ne triompha pas pen- dantlongouvernement des Gaules, il ne triompha des Gaulois & des autres peuples qu'il avoit vaincus, qu'après avoir terminé les guerres civiles. En troifiéme lieu , les Tro- phées de cet Arc compotes d'Ar- mes Romaines, désignent indubi- tablement des Victoires rempor- tées iur les Romains mêmes , Se c'eft ce qui ne peut convenir à Cx- far dans le tems qu'il étoit Gouver- neur des Gaules. D'autres Antiquaires prétendent que cet Arc de Triomphe a été éle- vé en l'honneur de julien l'Apo- ilat , & ils en donnent pour preu- ve, l'architecture de ce Monument qui (e retTent du mauvais goût du fiécle de cet Empereur. Ils dilènt qu'il eft probable , qu'il le fit con- ftruire lorsqu'il palla par Reims, pour venir à Paris au retour de fes conquêtes d'Allemagne. Se- lon notre Auteur , cette opinion ne peut lé concilier avec ce que l'on Ht dans l'Hiftoire de Julien : i". Il «tt incertain qu'il ait pallé par Reims à fon retour d'Allema- gne : 2". il avoit bien d'autres affai- res pour lors que de fe faire con- ftruire un Arc de Triomphe : j9. Ammien fait mention dans fon Hi- ftoire des Monumens élevés en l'honneur des Empereurs. Cet Au- teur ne nous auroit-il pas parlé d'un Arc de Triomphe élevé «n l'honneur de Julien, lui qui n'é- K k k k ij 5*1 JOURNAL D chappoit aucune occalion de! ce Prince ion Héros. Kot. teur ajoute que non feulemei lien n'a point fait conftruirëun] miment , mais que li l'Armée 1 • naine 8i les Rémoiseùfl ht voi lui faiie cet Honneur , il les en ( empêché de tout fon pdùvok : la preuve s'en tire du caraéfcere de Confiance &c de fa conduite a la guerre de ] irnèn ; j ulien étoit trop polit'que pour donner lui - même un prétexte à Confiance , Prince extrêmement ombrageux , de le faaifier a (a jaloufie. J'àbrege ex- trêmement tout cet end i oit de la Diflèrtation oà notre Auteur met toutes les p. cuves dans un Mcs- grartd jour. Laurent Echard & quelques autres Auteurs d:fent que Pu bus remporta de grandes victoires âeàis les Gaules , que cet Empereur fît faire les grands chémîîfs qui pal- fent fous la PÔVte de Mars , & que pat reconrtbii&frêe les Rémois lui érigèrent ce Monument. Notre Auteur prétend que cette opinion n'eft -pas mieux fondée que les précédentes. Il en rappor- te un grand nombre de rai Ions très-fortes. Celles-ci nous ont pa- ru les principales : ip. l'architectu- re de ce: Arc de Triomphe, eft beaucoup plus ancienne , que le tèfris de Pi obus ÔV de julien : i°. Ou 'le apparence qu'on eût érigé à ;Pft bus un Monument , fi loin du Pays-, où il avoir remporté les victoires :- où eft la preuve qu'il :t:t Jamais été à Reims? Il n'eft pas iijcux j k'ôiiyé que cet Empereur E S S ÇA VANS , ait feit faire les grands chemins dont il eft ic> queftion. Dans la troii éme Partie l'Au- teur établit Ion (èi riment, il c;oit ue l'Aie de T;iomphede la Porte e Mars , a été élevé en l'honneur ê <. aefat - d'Augufte pat les Lémois , lorfqu' Agrippa ht faire les grands chemins militaires qui paient par leur Ville , & que l'Arc de la Porte Bazée , fut aufïï érigé dans le même tems a la gloi- re de ces deux Empereurs. Notre Auteur , pour donner à ion opinion toute la probabilité pofiible , rappelle tous les bien- faits dent jules-Cxfar , & après lui AuguiL , comblèrent les Ré- mois ; bien-faits-qui oivt dû exci- ter la îeconnoillance de ces peu- ples & les engager à en donnée des marqua Publiques cV dura- bles , puis i! ajoute : » Agrippa , «qu'Augufle avoir nommé Gou- » verneur Général desC;iuies,avee » une autorité pfefquè égale à la « tienne, foitpour faire la cour a » l'Empereur , ioit pour contenter » fon propre goût, éleva pIunYurs » Edifices publics , il fit faire Suffi " quatre grands chemins , dont » parle Strabon , & continua ie- » lui d'Augufte, qui fmiiToit a Lyon » è\" le condiiiht jufeju'à i : Vc .,1. . » Comme la Viiie c\: Cite de » Reims , ÇapÎE le> îqaé , » etoit une des puis puiflaiiKS d^s » Gaules , une des plus h déies al- » becs- c!e l'Empiré , èv qu'Agi ip- " pa Içavoit les fervices confîdei..- » blés qu'elle avoit rendus atts Ro-> »-HSahJs3 lciti.ne qu'en fuiiuit Jo» - O CT O B » rés-Ca'far , & que lui continuât "l'Empereur Aïigufte , il choiht «cette Ville pour étie dans les » Gaules , ce que Rome étoit en » Italie , le centre où viendrait » aboutir une partie des chemins »» qu'il feroit faire , Se ceux qui fe- «■roient conthuits dans la fuite. » C'eft à ce tems , lorique ce «Gouverneur fit faire ces deux » chemins militaires , dont l'un » conduiioit de Reims a Lyon, Se » l'autre de Reims à POcéan , » qu'on peut fixer , à ce que ci oit «notre Auteur , l'époque de la » confhuction de ces deux Monu- «mens ; on peut probablement » conjecturer que les Rémois , « touchés de tant de bien - faits , « érigèrent alors fur ces chemins «les deux Arts de Triomphe des « Portes de Mars Se fiaz.ee en » l'honneur de Céfar Se d Augufte^ « & qu'ils les déd'erer.t aux Divi- *< nitez Tutélaires Se protcArices » de ces deux Empereurs -, le pre- « mierdu côté du Septentiion, au » Dieu Mars , Se l'autre oppe-fé à »-la Déene Vénus , dont Carfar Se RE, 174 0; 649 » Aurrufte defeend oient. Auffi re- » conno:t-on dans ces Arcs les » iymboles qui caïaderifent ces » deux Empereius, & les bas-re- » le; s dont ils font ornés peuv. r.t » s'expliquer également de l'un « Se de l'autre. Notre Auteur qui , pour le dire en pallant , fait voir beaucoup de zélé pour la gloire de la patrie, place ici la deicription détaillée de l'Arc de Triomphe de la Porte de Mars , Se l'accompagne d'explica- tions , qui toutes favo; ifent le fèn- timent qu'il a embrallè , c'eft-là la partie ellèntielle de fou Ouvra- ge , nous y renvoyons nos Lec- teurs. Nous apprenons que cette Dif- fertation eft de M. l'Abbé Carbon, Prieur de Belval , d'une famille diitinguée de la Ville de Reims. Cet Ouvrage , qu'il a compofé en Province Se fans les fecours rié- ceflaires , montre de l'efprit & du goût , & donne des efperances qui: doivent animer l'Auteur à cultivée- - fes talens. <>?o JOURNAL DES SÇAVANS, ELFMENS DE LA GEOMETRIE DEVCLTDE , REDVITS à rejjeutid de fes principes , pour appliquer facilement la Théorie de cet- te Scirnce à la prauque. Par M Fréttrd du Caflel A Paris , chez Jein- Baptiftc Samfon , Quay des Auguftins , du côté du Pont S. Michel , à S. Maux. vol. m-t.1. pag. jci, &c 20 planches. EU c l 1 d e eft proprement le Législateur de la Géométrie : .on connoilïoit bien quelques théo- rèmes , ou quelques-unes de ces vérités avant luimiais elles étoient, pour ainfi dire , éparies çà & là , & les Géomètres , alors en petit nombre , en étoient les feuls pof- fellèurs ; ils conieivoient leurs richeifes fans les communiquer , ou ne les partageoient qu'avec un petit nombre de Difciples. C'eft donc Luclide qui a formé de ces propositions une elpéce de Code , ou un corps d'Ouvrage , il y*a mis la forme & l'arrangement nécef- (aires , afin que ces proportions fullent démontrées conléquem- ment , ou dépendamment les unes des autres, ians admettre de nou- veaux principes, & de nouvelles demandes que celles qu'il avoit premièrement pofées. Ses princi- pes lont quelques axiomes dont le Pyrrhonien ne peut douter , & quelques définitions ; il part de-la, &c par un enchaînement admira- ble , il arrive a démontrer ce que Jes lens iembJent quelquefois dé- mentir, ou ne peuvent plus apper- cevoir. La méthode qu'il a obler- vée eft d'appuyer ce qu'il démon- tre lur les démonftrations précé- dentes. Si une proportion ne fup- poie pas toutes les propofitions antérieures , du moins elle fuppo- fe quelques-unes de celles qui ont été prouvées , par conlequent il faut ou l'accorder , ou le rerufet à celles qui ont précédé ; celles-ci, par le même enchaînement , re- montent a la première qui n'aura plus d'autre fource que les défini- tions &c les axiomes. Les problê- mes fe trouvent préparés par les théorèmes , & les théorèmes par les problêmes. Ce n' eft point la main qui opère , c'eft à i'efprir feul qu'il parle , & c'eft a lui qu'appartiennent toutes les opéra- tions qu'il prelcrit fans que les fens (oient obligés d'y participer. C'eft ainfi qu'Euclide a procédé, Se on peut dire que s'il a été le premier à enfanter cet ordre , ôc à mettre cet enchaînement dans la (uite de les théorèmes, il a été d'autant plus admirable qu'il falloir le concevoir d'une vue gé- nérale pour l'embralTer dans (on entier & le mettre en exécution. L'Ouvrage qu'il nous a lairie eft diftribué en quinze Livres , il a lui-même donné les démonftra- tions des propohtions qu'il nous a tranlmilès. ii s'eft trouvé piufieurs de les Commentateurs qui l'ont expliqué avec plus ou moins de facilité.On s'étoit contente julques vers le milieu dn (iécle dernier de la OCTOB lecture de Tes Commentateurs , & on ne iongeoit point à commencer l'étude de la Géométrie par un or- dre diffèrent de celui qu'Euclide nous avoit dicté. Enfin on a cru y trouver quelques défauts , tant à caulè de plufieurs propofitions qu'on regardoit comme inutiles , ou dont on nefaifoit point d'ulage qu'a caufe de la méthode qu'il avoit obiervée. On lui reprochoit principalement le défaut d'ordre , de netteté , & que la liai Ion des idées n'y croit pas conlervée. Ces chefs d'accuiations éxoient ap- puyés fur ce qu'il avoit mêlé les propofitions qui regardoient les ïurfaces avec celles des lignes, fut ce qu'il avoit voulu démontrer des choies qui avoient peu fcrefoin de démonftrations.-On l'acculoit en- core de n'avoir point donné une idée allez exacte des proportions, & de les avoir démontrées par une voye rtop embarraftànte ou trop compliquée.. On ajoi'toit que les maximes qu'il avoir fuivies dans l'explication des lolides,pouvoient fedonnet d'une manière plus aifee & plus convenable a la génération de ces corps , qu'il falloir de plus y en joindre plufieurs autres nécef- iaires , 6c qu'on avoit trouvées de- puis ce tems-la. Effectivement , foit que l'ordre d'Euclide n'ait pas été bien conçu par quelques Géomètres mêmes , foit qu'on y ait trouvé des défauts réels , il eft certain que la face de la Géométrie élémentaire a totale- ment changé depuis cinquante ans ou environ , & jamais il n'a paru R E , i 740. 6<;i tant d'Elémens de Géométrie ,. quoiqu'on puiflè les confiduer tous lous deux claffes feulement. M. Fieard du Cafrel , étenné avec railonde cette nu! t'tr.c: d E- lémens , & fâché de et qu un |.a- roît avoir abandonné,ptut-étre un peu trop légérement.l'ordre d'Eu- clide que les adverfaires n'oi:t pas bien faifi , vient dèntteprendie de le rétablir, quant à certains chefs. Nous allons marquer en peu de mots comment il a diftribué fo'iv Ouvrage. Ce Volume eft partagé en S Li- vres , c'eft-à-dire , les fix premiers Livres d'Euclide , excepté le fé- cond , avec l'onzième & le douziè- me. Il nous a paru que c'eft plus par cette diviilon de Livres , que par l'arrangement des propolî- tions qu'il s'eft rapproché d'Eucli- de ; car il en omet un grand nom- bre , & en fubftitue d'autres \ quant au fonds des démonftra- tions , il employé fou vent celles des nouveaux Elémentaires , fans fe mettre en peine fi elles fuppo- iènt d'autres principes que ceux qu'a admis celui qu'il a pris pour guide , en s'en rapprochant néan- moins le plus qu'il lui a été poflî- ble. Eudide a négligé, ou plutôt a- bandonné une Simplicité apparente dans quelques-unes de fes démon- ftrations ; il a tourné toutes fes vues du côté de la folidité &C de l'e- xactitude de la démonftration ; il a préféré Ta liailon des propofi- tions l celle des idées qui lui a pa- ru plus arbitraire & plus fujette à difpute. Il a voidu de plus que l'ef- 6^2 JOURNAL D prit , pour fe rendre plus gcomé- tiique , s'accoutumât à l'enchaî- nement des propolitions qui eft la feule choie par laquelle il peut furvenii à l'ordre , &. acquérir de a force. M. Freard du Cartel a mis quel- ques uiàges des difierens théoiê- nies.On auroit pu loupçonner que ç'auroit été une application faite a la pratique , comme quelques au- tres Auteurs , mais ians doute que M. du Cartel a feini que cela étoit impraticable ou inutile , puifque ki plupart de ces mêmes pratiques iuppolent prelque toujours des connoiilances qu'on n'a pas encore jicqwfes. Ces uiàges lont des el- ES SÇAVANS, peces de notes qui avei tillent que ces proportions lont utiles pour celles qui luivent , ou pour les dif- férentes parties dans les Mathema- ques où elles le nouvent em- ployées. En efièt , r.cus ne croions pas qu'aucun Leéteur ait jamais doute de l'avantage qu'on retire de la Géométrie. On eft aujourd'hui plus que jamais bien prévenu en faveur des Mathématiques , on en connoît toute l'utilité. Au refte , ces Elémens font clairs & les dé- monlhations courtes , avantage conlicierable pour les Commen- çons. L Auteur y a joint un petit Abrégé de Trigonométrie reCtiJi- OCTOBRE, 1740, *U NOUVELLES LITTERAIRES. ITALIE- de Florence. MOnsieur le Do&eur Pierre - François Foggini , Profeiïèur de Belles-Lettres dans le Séminaire de Florence , donne avisa tous les Amateurs des beaux Arts , qu'il va faire imprimer & donner au Public le A4ant*fcrit fi Vanté des Œuvres de Virgïlf > de la Bibliothèque du Grand Duc de Tofcane , le plus ancien de tous les Manufcrits des Œuvres de Vir- gile au jugement de N. Heinfius : en çoniervant avec la plus exa&e & la plus fcrupuleufe attention la -forme des caractères, le nombre Se l'ordre des vers qui fetrouvenc dans chaque page , les fautes mê- mes, les ratures Se les corrections, de telle forte que celui qui aura un exemplaire de cette Edition , pourra fe flatter de ppifeder une copie fidèle de ce fameux Manuf- crit , ou plutôt ce Manuferit mê- me. Le Volume où feront contenues les (JEuvres de Virgile , Se qui re- prefentera , comme il a été dit , le Manuferit même , fera accompa- gné d'un autre Volume en même forme , contenant premièrement les conjectures de M. Fpggini , fur quelques endroits du Manuferit qui lui ont paru fuipects , feconde- meiit des Diflçrtations lux j'anti-, C8M. quité Se l'ortographe de ce même Manuferit , fur la manière d'écrire les Livres ufitée chez les anciens , fur les plus anciens Manufcrits de Virgile , & principalement fur tous ceux que l'on conferve dans les Bibliothèques de Florence. On y ajoutera à la fin quelques plan- ches gravées en cuivre avec foin , reprefentant les différentes formes des anciennes Lettres , Se entre ces planches il y en aura deux , dont l'une reprefentera une page entière du Manuferit de Virgile , Se l'autre les liaifons des Lettre» qui fe rencontrent quelquefois dans le même Manuferit, ■Cette Edition fera en beaux ca- ractères Se en beau papier. L'e- xemplaire complet coûtera 14 Ju- les Romains en papier ordinaire , Se 30 en grand papier , dont on ne donnera que cent exemplaires. Ceux qui voudront fouferire pre- fentement auront l'exemplaire en petit papier à 1$ Jules , Se en grand papier à 14 , obfervant néanmoins de payer la moitié de la Soulcription d'avance, & l'au- tre moitié en recevant cet exem- plaire complet. On en tirera douze exemplaires en vélin, dont on n'a pu encore fixer le prix.} l'Editeur avertit que le premier exemplaire vendu coûtera moins que le fé- cond , & le lecond moins que le troiiiéme , Se ainfi des autres. Le même M. Foçgini fait encore l1u 1-39. DE Luc QJT E S. Le Père Sebaftien Paoli , dont le nom eft connu des gens de Lettres , a donné ici en deux Vo- lumes un Recueil de Pièces Original les & Tioml-reufes , qui n'avoient jamais été imprimées , concernant. PHiftoîre de l'Ordre Militaire de' Saint Jean de Jeiufalem. Ce Re- cueil eft accompagné d'Obferva- rions Critiques , Hîftoriques , Géographiques & Généalogiques. Cet Ouvrage , qui eft tout entier en Italien , ainfi que l'a ordonné le Grand Maître , eft intitulé : Codice Diplomatuo del facro Afili- tare ordine GcrofeUmitano Oggidi Aîalttt. D E Mb D E N ï. Les fièvres aiguës qui infefte- rent diverfes Provinces d'Italie j depuis 173 1. jufqu'en 1736. ont engagé M. Moreali , Dodleur en Médecine , à compoferun Ouvra- ge fur ce fujet , dont le titre eft : Délie febri maligne e contagiofe M riHovo fiflema tconco pratice ; feo- perta fat ta nelU Medccina da\ Giarnbatifla Moreali , faplefe Me- dico e Cittadine di Reggio di Lom- bards* a l'ill™ e Rcv™ Movftgnor 0€T0 B Ltniovico Forr: fefcovo e!i Regqio t e principe : in Moe'ena , 175p. m-^". per Francefco Terri. de Milan, P. C. Anfaldi O. P. de caufis hiopicc veterum Monumentortim pro copia Martyrum dignofcenda ad- -jerfnsDoduvellHm Dijfertatio; Me- diolani 1740. apud jofephum Ri- cbinum MalateJJ'an Région , Duca- Icmcjue Typographum. in-8". C'eft- à-dire : D'iffenaûon de P C. An- faldi , touchant les Caufes de la difette des anciens Montimens .pour connaître le gr-and nombre des Mar- tyrs des premiers fié de s contre Dod- vell , Ikc. Dodwell , dans fa on- zième Dinertation fur les Œuvres de Saint Cyprien, lie s'en- pas con- tenté dt révoquer en doute le grand nombre de Martyrs des premiers ficelés de l'Eglife , il a encore acculé d'infidélité Se d'im- poftures les Auteurs des Ménolo- ges , & des Martyrologes , com- me s'ils avoient pris plaifir à en- fler leurs Livres par le grand nombre des Martyrs qui n'avoient jamais exifté. Cet Auteur a fuivi en cela l'opinion d'Onuphrius- Panvinus qui n'avoit pas craint , quelque tems auparavant , d'a- vancer le même paradoxe. Dom Thierry Ruinait a combattu avec autant d'érudition que de force , l'opinion de ces deux Auteurs dans l'excellente Préface qu'il a mife à la tête de fes Alla finecra fltartyrum. M. Anfaldi acompofé cette Dillèrtation dans le même RE, 1 740. 6*5- ? efprit , il y rapporte avec foin Se avec exactitude les caufes du peu de Monumens que l'on trouve dans ces premiers fiécles , pour juftifier la multitude des Martyrs de ces mêmes tems. Cet Ouvrage paroît tel que Dom Thierry Rui- nart auroit reçu volontiers le fe- cours qu'il prefente pour la défen- fe des Martyrs. HOLLANDE. DE 1AHAYE. On trouve chez Pierre de Hondt, Imprimeur - Libraire , le Recueil des Médailles de grand & moyen bronze du Cabinet de la Reine Chri- ftinc, gravées d'après les originaur par le célèbre Pietro Santi BartoU en foixante & treize planches , avec le Commentaire de M. Sige- bert Havercamp , ProfeiTeur dans l'Académie de Leide. Cet Ouvrage eft intitulé : Nummophilacium Ré- gine Chriflina quod comprehendit Numifmata area Imperatoriim Ro- manorum , Latina Graca atqiie in Colon ii < eu fa quondam à Petro Sau- ti Ba^tolo Summo Artificio funima ■ que fde an incifa , nunc primtmt, prodeunt , cum Commentario Sigc- berti Havercampi , in Vniverfîtate Litgdv.no Eatava Prtfefforis y La- tine & Gallici. Haga; Corn. 1740. in-folio, cum Lxm. Tabulis Nu- mifmatum. Le même Ouvrage en grand papier. On trouve encore chez le même Imprimeur un Ouvrage intitulé : AccMratiJftma Orbis delmeatio, five LUI.', tf# JOURNAL D Geographia vêtus Sacra &Profanay exhibens qnidquid Jn.periorum , R.onorum , Pnnripatuum , rerwn publicarwn , /w/f/o re.um, ai prafentem ufcjiu n.undi jlatiim fuit. Pramijfa efl ir.tr odutlio ad (Smgra- plr.am ar.'tiqu.r-. quâ orlis vêtus , Gcntium tnWraiidn s , populo-um »r:gine~s , & qui'qu'.d Hijtorlas il- lujlrare pote fi , inviter refertur. Hags Comitum , .17+0. Cimfe- xaginta tribus Tabulis Geogr.iphi- eis, frma athlantica , in-fol. C'eft- à-dire : Description exafte de l'Uni- vers , ou Géographie ancienne , Sa- crée & Profane , Sec. L'Art de monter à cheval , ou Defcnption dit Manège dans fa per- fetlion Par M. le Baron à'Etfm- kero , 1740 in-fol obi avec 60 belles planches gravées par Picard. Hifloirede la Fondation de Rome, Pétablijfement de la. République ,fon trigine , fes progrès , les .mcetirt de fes premiers haiitans , & fon Gou- vernement politique militaire , aug- mentée de Remarques par M. de Beaumarchais Se enrichie de figu- res. Chez Jean Van Dur en , 17+c. iïj-11. 4 vol. d' A n V ers. Ol'fervationes Apologetic*. prit Epifcopatit Trajellenjï ad Alofam , Sec. c'eft-à-dire : Obfervations A- polovft.'ques en faveur de PEvtchè ih M.ijlricht. Par le R . P. Dolmans Jefuite.Chez AlexandrcEveraerts , 17 (-c. Cet Ouvrage acte compofé à i'occafion d'un Eciit du Baron de Crajjhr de Liège ^ qui porte pour ES SÇAVANS, titie Ere vis 'lucidatio quaflionis Je- fifitic* de pretenfo Epi.cppatuTra- jeBenfi ad Alofam. Toute cette queftion confifte à feavoir fi l'Evc- ché de Lie^'- , établi d'abord à Tongrer)u paffé eniulte à Maftricht «Se de-la a Liège , où il eft mainte- nant fixé. Cette queftion paroilïoit décidée par les Ecrits du P. t-knf- chir us , Se depuis p:ir ceux de D. Thierry Ruinart faits a ce fujet , Se par les derniers Editeurs du Gall.a Chndiana , mais M. le Ba- ron deCra/fier rentre de nouveau crans la difpute , & pi étend qu'iL n'y a jamais eu d'Eve, hé a Ma- ftricht. C'eft pour combattre ce dernier fentiment que le P. Dol- mans a compofé (on Ouvrage. FRANCE. de Besançon. M. Dunod de Cbarnaçe, Ecuyer, ancien Avocat au Parlement*, & Piofeilèur Royal en l'Univerfité ,. qui a donné \'Hijïoire du Comté de Bourgogne , en deux vol. in-+*. le premier fous ce. titre : Hiftoire des Séquanois & de la Province Scqria- noife des Bourguignons , Sec. Dijon, 173 t. & le fécond voi. fous cet autre titre : Hijîoire du fécond Roy aime de Bourgogne , du Comté de Bourgogne fous les Rois Car- lo vingiens , Sec. Dijon , 17^7. vient encore de nous donner un autre Ouvrage a peu - près iur le même injet , plein de fça- vantes & de curienies recherches^, cet Ouvrage eftïnritulé : Mévm- OCTOB US pourfervir a V Hijloire du Com- té de Bourgogne , contenant l'idée gé- nérale de la Noble fe & le Nobiliai- re dudit Conté ; l'Hiftoire des Com- tes de Bourgogne , des Aîaifons de Valois & à Autriche ; de l admini- firation de la Juftice , defon Parle- ment . GT de fa réunion au Royaume de France ; l' Hifloire de toutes les Révolutions & des faits arrivés en eette Province jufquau tems prefent, avec des figures en taille - douce. Chez J. B. Charmet , Libraire, grande rue , à la Science, 1740.- i«-4°. DE PARIS. Dijfertation , dans laquelle on re- cherche depuis quel tems le nom de France a été en ufage pour défigner une fort ion des Gaules , l'étendue de cette portion ainfi dénommée , fis accroiffemens & fes plus anciennes divi fions depuis l étallifimcnt de la Monarchie Françoifc , qui A rem- porté le prix dans l' Académie Fran- çoifc de Smffons : par M. le Beuf , Chanoine & Sous-Chantre de l'E- glife d'Auxerre. Chez J. B. Delef- fine , Imprimeur-Libraire ordinai- re du Roi , & de l'Académie de Soiiïons , rue S. Jacques , à la Vic- toire & au Palmier , 1740. in-n. L'Auteur a mis à la fin de cette Diiïertation un Avis au Public , portant que » les perlonnes qui » feront curieufes de voir fur lu « Carte de l'ancienne France , le " partage du Royaume tel qu'il « fut fait , félon le fentiment de » l'Auteur de cette Diiïertation , R E , 1 740: 6^7 >> trouveront cette Carte nouvelle- » ment gravée , chez le Sieur Ro- » bert , Géographe du Roi , a Pa- »*ris , Quai de l'Horloge. De la manière d'enfeigner & d é- tudier les Belles-Lettres par rapport à Fefprit & au cœur : par M. Roi- im, ancien RecTeur de l'Univerfité de Paris , Profefîèur d'Eloquence au Collège Roval , & Aflocié à l'Académie Royale des Inlcrip- tions Se Belles-Lettres. Chez la veuve Etienne , Libraire , rue S. Jacques à la Vertu , 17+0. deux vol. /«-40. Cet excellent Ouvrage, où l'Au- teur a réuni le goût , le fçavoir , &c la vertu , a été donné au public en quatre Volumes in-u. dans Tannée 1716; nous lui en avons alors rendu compte , c'eft pour- quoi nous n'en dirons rien aujour- d'hui , d'autant plus qu'il eft auflî généralement connu qu'eftimé. Nous nous contenterons de re- marquer que cette Edition /W-40. eft parfaitement belle. M. Rollin a joint à l'Epître Dédicatoire , qui eft écrite en Latin & adreflèe au Re&eur de l'Univerfité ; la Tra- duction de cette même Epître , qui n'étoit pas dans l'Edition tn-11. On trouve auiïi dans cette nouvel- le Edition in.^". des Extraits de quelques conclufions de l'Univer- fité au fujet du Traité des Etudes : La 7hodcjlie . dit M. Rollin , de- manderait peut être que je fuppri- ws.Jfe des témoignages qui me font trop avantageux , mais plufieurs amis m' ayant prejfé de les rendre pu- blia , je me fms cru obligé de me C& JOURNAL D rendre à leurs deftrs. Je prie le Lec- teur de me pardonner cette faute. Je compte bien qu'on rabattra beaucoup des louanges qu'une mère affection- née donne a un d'.fes enfans , qu'elle a formé elle - même avec un gr^t: l fom çjr une bonté particulière. M. Rollin elt de ces enfans qui n'ont pas befoin de l'indulgence de leur mère , & le public qui ne pige point en père , a confacré par Ion lufrrage celui de l'Univertiré. M. Rollin donna en 1734. un Supplé- ment à Ton Traité de la manière d'enfeigner & d'étudier les Belles- Lettres, & il annonça dès lors que l'on delfeiu étoit de l'inférer à la tète du premier Volume de fou Ouvrage , lorfqu'on l'jmpiime- îoic /»-4°. Celt en efrèt par ce Supplément que commence le Traité des Etudes dans le premier Volume de cette Edition. Ce font d'excellentes réflexions lur ce que l'on doit faire apprendre aux en- fans dans les premières années , Se même fur les études qui peuvent con- venir aux jeunes perfonnes de l"au ■ tre fexe jufqu a un aqe plus avancé. Le public qui voit avec plaide les portraits des Hommes Illuftres , trouvera celui de M. Rollin à la tête de cette Edition. Prault fils, Libraire, Quai de Conty , vis-a-vis la defeenre du Pont - Neuf, à la Charité , vent la Jaloufte imprévue , Corné die en un Ails & en profe. Cette Pièce qui a été représentée par les Comédiens Italiens eft de M. Fag*n , Auteur de la Pupille & de plusieurs autres Pièces que le Public a vues avec plailir. ES SÇAVANS, Hiflotre des Amazones ancienne/ & modernes , avec heures , par \L l'Abbé Guyon. Chez lrd.tte , rue S. Jacques , a S. Bernard. 174a. in 1 .. 2 vol. Le prix des deux Vo- lumes brochés eft de 1 liv. 8 f. Afwtalant , Libraire , Quai des Aueuflins, débite deux Ouvrages qu'il a fait venir depuis peu d'Al- lemagne. Le premier confifte dans une Collection de Traitez de Mo- rale & de Pieté , partie anciens , partie modernes, tita , Sec. Ratilbonar, in-fol. 17. vol. Effais fur la fortification , par M. de Vauban, à Paris , chez fat leyre , rue S. Severin , vis-à-vis 1« OCTOB Portail de l'Eglife , à l'Annoncia- tion, 1740. ;«-iz. Ce n'eft point ici un Traité en forme Air les Fortifications ni l'ex- plication des conuTuctions ; c'eft une efpece de Formulaire pour fervir à ceux qui feront les toiiées, les devis , les eftimations 8c les projets de dépenfe pour les Ou- vrages de Fortification, avec quel- crues avis généraux , qui peuvent a>-> k) , lifez. (vpr%XrK). Ibidem , coL 2. ligne 52. ( x ) J lifez ( x ). Page 563» col.. 1. ligne 11. ( — x -f. r ) , lifez ( — x -f- r. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE JOURNAL P'O CTOBRE, I74O. DIttionnaire de f Académie Françoife , &C pag. jj>j Parallèle des Romains & des François , &c £04 La Mythologie de M. I ' Abbe Banier , &c. £09 Méthode pour apprendre la Langue & l'Ortograpbe Trançoife , 6 1 8 Agronomie Phyfujue , ou Principes généraux de la Nature , &C 6zo Defcnption Géographique & HifUriepu de la haute Normandie , &C 635 Biffertation fur les Ans de Triomphs de la Ville de Reims , 645 Elémens de la G comètrie £ Euclide \ &c, ■> les fbignoit , h on leschauffoit , » fi on les agitoit , fi on leur fai- » foit prendre des liqueurs lpiri- » tueuiès , fi on introduiloit dans » leurs inteftins , foit de l'air, foit » de la fumée de tabac , foit cer- « taines liqueurs chaudes , &c. » C'eft ce qui eft prouvé par des « faits qu'on doit lire avec plaifir, » & dont on devroit chercher à » inftruire les habitans de tous les » lieux fitués fur les bords des ri- » vieres , des lacs & des mers. Onzie'me Me'moike, L'Auteur rend compte dans ce Mémoire de ce qui fe pafle dans chaque alvéole d'une ruche depuis qu'un œuf y a été dépoié , juf- qu'a ce que le ver forti de cet œuf, parvienne à être une Abeille. Il ne doit y avoir qu'un feul œuf dans chaque cellule , & il n'y en a ordinairement qu'un. Le feul cas où il y en ait plulîeurs eft un cas de nécefîïté , lorfque les Abeil- les ouviieres n'ont pas eu le tems «leconftruiie autant de cellules que ES SÇWANS, la mère Abeille pond d'œufs ; elle eft alors forcée d'en dépofer plu- lîeurs dans une même cellule , mais il n'en refte qu'un , celui qui eft colle par (on petit bout contre le fond , les Abeilles ouvrières en- lèvent tous les autres qui , fans doute , nuiroient a celui qui refte fans pouvoir eux-mêmes venir à bien. La plupart des Auteurs qui ont écrit fur les Abeilles ont pré- tendu qu'elles couvoient leurs œufs comme les oifeaux couvent les leurs , il y en a qui ont charge- les mâles de cette fonction , d'au- tres qui l'ont attribuée aux Abeilles ordinaires. M. de Maraldr a eu fur ce fujet un fentiment particulier ;. il a cru que les Abeilles couvoient leurs œufs en allant fe pofer fur le bord des cellules , ou en agitant leurs aîles avec vîtefïè , elles produiloient une chaleur propre ^ faire éclorre les vers.. M. de R. prouve que les Abeilles ne couvent point leurs œufs. Il ac remarqué que les cellules où ils font dépofés font prefque toujours les plus abandonnées , Se que les Abeilles ne palTent par delfus que quand elles fe trouvent fur leur route. Selon lui , la chaleur qui eft répandue dans la ruche luffit pour faire éclorre les œufs ; cette cha- leur approche fort , dit-il , de cel- le qu'une poule peut donner aux œufs fur lefquels elle refte con- ftamment poiee , & quelquefois même la furpalle. Un jour ou deux après que l'œuf a été dépofé il en fort un ver auquel les Abeilles ou- vrières ont foin de fournir l'ali- N O V E M •ment qui lui eft convenable. C'eft une eipece de bouillie blanche , elle couvre le fond de la cellule & le ver qui s'en nourrit s'en fait en même tems un lit mollet fur le- quel il repofe roulé en anneau. Cette bouillie eit différente , fui- vant l'âge du ver. M. de R. qui en a goûté » dit qu'elle eft d'abord in- ilpide , elle le devient enfuite moins , elle forme enfin une efpece de gelée qui a un goût trcs-lucié, Les Abeilles femblent ainfi con- duire les vers par degrez au miel qui , après leur dernière transfor- mation , fera en grande partie leur nourriture. Dans moins de fix à fept jours le ver parvient à fon dernier terme d'accroiflèment. Il n'a plus befoin alors de nourritu- re , mais fa cellule doit être fer- mée , c'eft un dernier iervice que lui rendent les Abeilles ouvrières, alors ce ver qui étoit refté dans l'inaction tapiiïe de foye les parois de fa cellule & le métamorphofe eniuite en Nimphe ; on trouve quelquefois dans une même cellu- le cinq ou fix couches de foye l'u- ne fut l'autre qui la tapiflent, c'eft une marque qu'il y a eu fucceflu- vement autant de vers dans cette cellule : 10 à n jours après la ponte,l'Abeille quitte Ion envelop- pe de Nimphe & fe fait avec les dents une ouverture par laquelle elle fort encore toute humide ; auiïî-tôt des Mouches ofhcieufes l'elluyent & dès le même jour elle eft en état de fortir &: de travailler. Les Abeilles nouvellement nées font aifées a diftinguer des autres B R E , i 740. 671 par leur couleur qui eft plus gri- sâtre ; à melure qu'elles vieillifienc leurs poils deviennent roux , & le brun de leurs anneaux s'éclaircit , en forte que quelqu'un qui eft dans une grande habitude de voir des Abeilles eft en état de connoitre la différence de leurs âges par les différentes nuances de leurs cou- leurs. Quand des Abeilles ont commencé à naître dans une ru- che , il n'en naît pas pour une chaque jour , il y en a tel où il en naît plus de cent , le nombre des habitans de la ruche devient en peu de tems fi confiderable qu'elle peut à peine les contenir -, c'eft ce qui donne lieu aux eftàims qui font la matière du Mémoire fui-, vant. Douzie'me M e' m o i r h. Lorfque la faifon devenue plus douce , a permis à une mère Abeil- le de recommencer fa ponte qui avoit été interrompue pendant l'hi- ver,les ceufs qu'elle donne les pre- miers loin ceux qui doivent pro- duire des Abeilles ouvrières , ceux qui produifent des mâles viennent après en plus petit nombre, ce n'eft que lorfqu'il y a des uns & des au- tres qu'elle pond les ceufs,d'où doi- vent fortir une ou deux femelles , il ne laide pas que de naître enco- re après des Abeilles ouvrières ; quand la ruche ne fçauroit plus- contenir le nombre de fes habi- tans , elle envoyé des colonies au dehors ; mais il ne fuffit pas qu'u- ne ruche foit très - peuplée pour qu'une partie des Abeilles qui la N n n n ij r72 JOURNAL D compofent fe détermine à cher- cher un nouvel ctablillement ; & les Abeilles ne quittent point leur habitation qu'une mère Abeille ne la quitte avec elle ; c'eft de quoi M. de R. s 'eft allure par plulieurs expériences. Un des fignes les plus fais qu'un elîàim le prépare a par- tir , c'eft lorfque le matin , a des heures où le Soleil brille & où le tems eft favorable au travail , les Abeilles foitent en petit nombre d'une ruche dont elles foitoient en grande quantité les jours préce- dens , & qu'elles y rapportent peu de cire brute. Alors on peut être fur qu'une mère Abeille a formé le projet d'aller fonder un nouvel empire , les Abeilles qui doivent la fuivre e\r qui attendent l'ordre du départ , qu'elles femblent pré- voir , ne fe donnent plus des foins dont elles ne doivent pas profiter. » C'eft une Hiftoire très- connue ( d.t M de R. ) que celle de ce vieux Grenadier , qui étant ■ dans un repos parfait pendant que fes camarades étoient oecu- ■pés à établir leurs tentes , rc- ■ pondit à fon Général , M. de Tu- renne, qui le queftionna fur fa ■ tranquillité , qu'il fçavoitbien î que l'armée ne devoit pas refter ç dans le camp où elle étoit. Ton- • tes nos Mouches ou prefque - toutes nos Mouches femblent > avoir prévu la marche que leur " Reine veut leur faire taire , cor.i- j> me le vieux Soldat avo't prévu » celle que le Général devoit faire > faire a l'armée. « Quelquefois , ju lieu d'une feule Reine, l'elfaim ES SÇAVANS, en a plutieurs , il fe partage alors en deux , dont l'un eft ordinaire- ment plus toible que l'autre, quel- ques Abeilles fe débandent conti- îi'iellemcnt de celui-ci. La Reine qui fe trouve bien -tôt feule , va elle-même le rejoindre au gros, où elle ell impitoyablement mailà- crée. La même chofe arrive dans les anciennes ruches , c'eft-a-dire, que s'il y a deux mères Abeilles , & que l'une des deux ne forte pas avec un effaim , elle eft mife à mort. La plupart des Auteurs ont prétendu que la mère Abeille qui croit confervée étoit le véritable Roi des Abeilles , que celle qu'on faifoit périr étoit un ulurpateur dont la rébellion étoit juftement punie de mort , ils ont donné a la première un extéi ieur agréable , tandis qu'ils ont peint la féconde fous une forme hideufe, celle-ci a les qualitez d'un tyran , l'autre a toutes les qualitez d'un bon Roi , c'eft ainfi que Virgile a parlé de ces deux Abeilles , ic il faut avouée que (i cette idée n'eft pas jufte , el- le eft du moins très - peccique ; mais pourquoi donc les Abeilles ne foufFrent - ellss qu'une feule mère dans la ruche , quels font les motifs qui les déterminent à en prendre une pour Reine , à l'ex- clulion des autres qui font cruel- lement maflacrées. » Il va grande » apparence ( d.t AI de R. ) que » celle qui parvient à ce haut rang » en eft la plus digne , ce n'eft » pourtant pas, & il n'eft pas be- » foin de le dire feiicufement, par- » ce qu'elle eft douée de toutes les N O V E M E vertus morales qu'on lui a cru néceffàires , nous ne devons pas craindre non plus qu'on croye que les mères qui ont été miles a mort méritoient une ii trille fin , parce qu'elles avoient la noirceur dame propre aux ufur- pateurs Se aux tyrans , & de plus tous les vices aufquels A- lexandre de Montfort a afluré qu'elles étoient (ujettes. Proba- blement la Reine qui eft conlér- vée a dans le plus haut degré la vertu qui interefle les Abeilles , mais une vertu phylique, celle de mettre beaucoup d'eeufs au jour, d'y en mettre plus que n'y en eulïînt mis les femelles qui ont été immolées au bien public. Lorlqu'il y en a plulieurs de nées dans une ruche , il n'eft pas né- cefïàire que les Mouches qui doi- vent compofer l'elïàim prêt à en forrir , en viennent à une élec- tion pour fe donner une Souve- raine. Souvent , fans doute , el- les acceptent pour Reine celle qui s'eft offerte à l'être , je veux dire ( c'eft l'Auteur qui parle ) qu'entre les femelles nouvelle- ment nées , celle qui eft allez ac- tive , afTez inquiète pour for tir la première de la ruche,peut dé- terminer les Abeilles qui fe trou- voient mal de leur ancienne ha- bitation a fe mettre a la fuite pour chercher un nouveau loge- ment. Si encore un rayon de So- leil fait partir brulquement une troupe de Mouches de la ruche, 8c qu'une femelle parte avec el- » les , beaucoup d autres Mouches R E , i 7 4 o. 6j $ -> lont déterminées à en fortir en » même tems. Toutes de concert » doivent accepter pour Reine la « femelle qui eft parmi elles fans » l'avoir choifie autrement. Mal- » gré l'elpece dehazard qui décide » alors de la Souveraineté , peut- -être eft -elle accordée comme » dans les plus fameules Monar- » chies , à la Mouche qui y a le » plus de droit par fa naillance. La » première née eft probablement » celle qui a acquis le plus de vi- » gueur , qui a été fécondée , qui » eft la plus prête à pondre des » œufs , & celle qui a eu le plus » d'impatience à prendie l'ellort. » S'il eft arrivé qu'elle ait été plus » parefTeufe , fi une de les cadet- » tes eft fortie la première , alors » au moins c'elt la plus digne qui a » été piïfè pour Reine. Le fentiment de M. de R. eft appuyé par l'expérience , i°. cel- les qui font tuées font d'une cou- leur moins rouile que celles qui font coniervées , ce qui prouve qu'elles font plus jeunes : i°. M. de R. même avec le fecours des plus fortes loupes , n'a pas pu dé- couvrir des œufs dans celles qui avoient été tuées , au lieu que celles qui avoient été confervées ont ordinairement pondu au bouc de 24 heures. Un efTaim n'eft pas feulement compoiéde jeunes Abeilles , il eft mêlé de jeunes & de vieilles ,mais c'eft toûjouis une mère nouvelle- ment née qui eft à la tête. M. de R. explique diffèrens moyens de faire entrer les ellaims dans des *74 JOURNAL D ruches , c'eft ce qu'il fout voir dans le Mémoire aulîi-bien que la fa- çon dont il s'y eft pris pour peler un ciraim qui par le réfultat de Ton calcul s eft trouvé être compo- fé de 40 mille Abeilles. Treizième Me'moiri. Dans les précédens Mémoires , M- de R. n'a obfervé les Abeilles qu'en Philofophe , dans celui-ci il les confidere en politique. Après avoir fatisfait notre curiofité , il joint l'utile à l'agréable , &c traite des foins qu'on doit prendre des Abeilles pour les conferver , les faire multiplier & profiter de leius travaux. Il eft étonnant , dit M. de R. combien il y a peu d'Abeilles dans divers Cantons du Royaume où elles Je trouvent très-bien. La plu- part des Métairies n'ont point de ruche , & félon lui , il ne devroit pas y avoir un jardin de Paylan qui n'en eût. La confommation de la cire eft très-confiderable , elle le devient tous les jours de plus en plus , & nous fommes réduits à la tirer en grande partie du Pays étranger , nous avons cependant la matière première , les fleurs ne manquent pas aux Abeilles , ce font les Abeilles qui manquent aux fleurs , & en multipliant ces habiles ouvrières qui ne nous coûtent rien , nous ferions fans doute en état de faire une récolte de cire allez abondante pour tout le Royaume. » Le gouvernement »>fi attentif aujourd'hui au bien ES SÇAVANS, » public pourroit ( dit A4, de R. ) » tirer les gens de la campagne » de l'indolence où ils font iur cet » article , en leur donnant des af- » furances que non feulement leur » taille ne leroit point augmentée wà caufe des produits qui leur » pourroient venir des Abeilles , » mais en accordant même chaque » année une petite diminution de » taxe à celui qui auroit un cer- » tain nombre de ruches. Les moyens de multiplier les Abeilles qui lont dans le Royaume fe reduifent à empêcher qu'il n'y périlfe autant de ruches qu'il y en périt chaque année. Nous avons déjà obfervé qu'il y avoir plulieurs Provinces où l'on étoit dans l'ula- ge barbare d'étouffer les Abeilles pour fe rendre maître de leur cire & de leur miel ; M. de R. fait voir que cette pratique eft très-mauvai- fe , ôv qu'il feroit fort aile de re- cueillir le fruit du travail des A- beilles fans les perdre elles-mêmes, & en effet dans beaucoup de Pais on les conferve avec foin. Alexan- dre de Montfort,dans Ion Printems des Abeilles , cite une Loi faite par un Grand Duc de Tofcane , qui défend de faire ainlî mourir les Abeilles , fous peine de punition arbitraire. Une pareille Loi , dit M. de R. devroit être établie dans tous les Pays policés , & h elle l'eût été en France , nous y au- rions apparemment beaucoup d'A- beilles qu'une avidité mal enten- due nous a fait perdre. Indépendamment de cette pra- tique barbare les Abeilles ont deux NOVEMBRE, 1740; 67 f grands fléaux qui en font périr en état de profiter des beaux jours, beaucoup pendant l'hiver. C'eft le froid 8c la faim. Un certain froid tient les Abeilles dans un engour- diflement où la nourriture celle de leur être nécellàire. Si ce froid eft. plus grand il les tue , s'il eft moindre les Abeilles ontbelbin de manger, 8c la campagne ne pou- vant plus leur fournir d'alimens , elles ont recours au miel & à la cire brute dont elles ont fait des {H'ovifions , mais fi le tems eft trop ong-tems doux , ces provisions ne fufnTent pas , & elles périflent de faim. Ainfi dans les rudes hivers, les Abeilles courent rifque de mourir de froid , & dans les hivers doux elles font expofées à mourir de faim. Nous ne rapporterons pas différentes expériences que M. de R. a faites à ce fujet , ni tous les moyens qu'il a imaginés pour garantir les Abeilles du froid 8c de la faim , non plus que les réfle- xions qu'il fait fur ceux qui font en ufage ; il faut les voir dans le Mémoire même , nous nous con- tenterons de dire que l'expédient qui lui a le mieux réufïi a été de mettre fes ruches dans un ton- neau , où les unes étoient entour- rces de terre 8c les autres de menu foin. » Toute matière qui arrêtera » l'action de l'air froid & qui ne » fera pas trop humide , peut être « employée avec fuccès j « il eft à remarquer , 8c cela eft eflentiel , que notre Auteur avoit pratiqué on tuyau dans chaque tonneau , par lequel les Abeilles pou- voient fortir , ce qui les mettoit év de prendre de tems en tems l'effort. Elles en étoient moins >u- jettes aux maladies qui les atta- quent fouvent quand elles demeu- rent trop long -tems renfermées dans un air qui ne le renouvelle plus. Quand la belle faifon eft ve- nue , il faut mettre les Abeilles à portée de faire les meilleures ré- coltes ; dans plufieurs Pays de plaines , dès que les bleds font en- levés , les Abeilles ne trouvent prefque plus de fleurs , pendant que d'autres Pays, fouvent voifins, arrofés de ruifleaux 8c couverts de bois , ont en abondance des fleurs de toute efpece , il faudrait y tranfporter fes ruches. » En Egyp- » te, vers la fin d'Octobre, lorfque » le Nil en baillant , a lailîé aux » laboureurs le tems d'enfèmencer » les terres , la graine de fainfoin »eft une de celles qu'on femedes » premières , & qui rapporte le » plus de profit. Comme la haute » Egypte eft plus chaude que la » baflè , 8c que les terres y font » de même plutôt découvertes de "l'inondation, le fainfoin y croît » auflî plutôt. La connoifTànce que » l'on en a fait qu'on y envoyé » de toutes les parties de l'Egypte "•les ruches à miel qui s'y trou- » vent, afin que les Abeilles jouif- » fent de meilleure heure de la ri- » chefle des fleurs qui naiilènt dans » ces contrées , plutôt qu'en aucun » autre endroit du Royaume. Ces » ruches , parvenues a cette extré- » mité de l'Egypte , y font entaf- » fées en pyramides fur des ba- r>71 JOURNAL D » teaux préparés pour les recevoir, » après avoir été routes numérotées » par les particuliers qui les y dé- »pofenr. La ces Mouches a miel » paillent dans les campagnes pen- » dant quelques jours ; enfuite » lorlqu'on juge qu'elles ont à peu » prés moiUonné le miel Cv la cire » qui fe trouvent dans les environs, » a deux ou trois lieues a la ronde, » on fait defeendre les bateaux » qui les portent deux ou trois » lieues plus bas , & on les y lail- » fe de même à proportion autant » de tems qu'il eft nécelTaire pour » moilfonner les richerfes de ce » Canton. Enfin vers le commen- » cernent de Février , après avoir » parcouru toute l'Egypte , elles » arrivent à la mer , d'où l'on re- » part pour les conduire chacune » dans le lieu de leur domicile or- » dinaire : car on a foin de mar- » quer exactement fur un regiftrè » chaque quartier , d'où parrent » les Mouches au commencement » de la faifon, leur nombre & les m noms des particuliers qui les en- » voyent , auffi-bien que les nu- » méios des bateaux où elles ont j; été arrangées relativement a leur » habitation. Nous apprenons dans Columel- le , que les Grecs tranfportoient chaque année leurs Abeilles de L'A- chaie dans l'Attique ; Alexandre de Montfort dit que c'étoit auffi l'ufase dans le Pays de Julien. M. Prouteau , maître d'une blanchif- ferie établie a quelques lieues de Petiviers en Deauce , le pratique avec fuccès. Quand les Abeilles de ES SÇAVAN 5, fix à fept cens ruches qu'il a en fa pofleffion ne trouvent plus de quoi s'occuper utilement autour de la blanchifTerie , il les fait tranfpor- ter , foit en Beauce , foie iur les liziéres de la forêt d'Orléans , foit en Sologne , félon que l'année a été pluvieufe & lèche. Ce M. Prouteau n'a garde de faire périr fes Abeilles pour s'enrichir de leur dépouille , mais quand une ruche efl: bien remplie de cire & de miel, il les fait palier dans une ruche vuide, avec l'attention néanmoins de le faire dans un tems où la campagne permet aux Abeilles de reparer leurs pertes. M. de R. parle enfuite des dif- férentes qualitez du miel , il y a grande apparence que cette diffé- rence vient de celle des plantes , la cire de différentes Abeilles n'eft pas non plus également bonne. Il y en a qui devient beaucoup moins blanche que d'autre. M. de R. finit Ion Mémoire par examiner le produir qu'on peut efperer chaque année de chaque ruche ; ce pro- duit, dit-il, doit extrêmement varier fuivant les Pays & même fuivant les années. » Mais , pour donner » quelque idée de ce qu'on en peut » attendre dans des endroits du » Royaume dont la fituation n'eft » pas des plus favorables aux » Mouches , nous dirons ( c'eft » l'Auteur qui parle ) qu'a la Rlan- » chilleiie d'Yevre près de Peti- » viers , où la pratique n'eft point » de châtrer les Abeilles , mais » de les changer de panier & de » profiter ainii de tout ce qu'elles » ont NOVEMBRE, 174 ô: 6*77 jamais donné plus de deux livres de cire & qu'une livre & demie , ou cinq quarterons de miel , mais les Abeilles, continue-t-il, donnent bien d'autres produits dans lesPaïs où elles trouvent pendant la plus grande partie de l'année, des fleurs en abondance. » ont fait jufqu'alors , qu'à Yevre, » dis-je , fuivant les Mémoires que » j'en ai eu de M. Duhamel , un » bon eflàim de deux ans peut » donner deux livres & demie de « cire& vingt-cinq à trente livres » de miel. « M. de R. ajoute qu'à Charenton les ruches ne lui ont LA MYTHOLOGIE ET LES FABLES , EXPLIQUEES PAR l'Hiftoire. Par M. VAibè Batiier , de I Académie des Infcriptions & Belles - Lettres. Troifiéme Volume , in-40. A Paris , chez Briajjbn , Libraire, rué S. Jacques , à la Science, 174c. ON doit , dit Cenforin d'a- près Varron , distinguer l'Hiftoire Ancienne en trois tems. Le premier renferme ce qui s'eft pade depuis le commencement du monde jufqu'au premier Déluge , il entend le Déluge d'Ogygès , &: ce tems s'appelle le tems caché ou inconnu , « d nhov. Le fécond con- tient ce qui eft arrivé depuis ce Déluge jufqu'aux Olympiades ; & comme il le trouve embarraffé d'u- ne infinité de fables , il a été nom- mé fabuleux , jwuOmci:. Enfin , le tems qui s'eft écoulé depuis les Olympiades , étant plus connu tk plus certain, a été nommé htftori- que , iç-op/KcY. L'objet de tout l'Ouvrage de M. l'Ab. B. a été les deux premiers tems de cette divifion. Dans les deux premiers Tomes dont nous avons rendu compte , il a expli- qué les tems inconnus , c'eft-a-di- re , tout ce qui regarde les Dieux &c les Déelfes; il lui reftoit à traiter des tems fabuleux , Se à nous par- ier des Héros ou des Demi-Dieux, JVtvemk. pour lefquels la fuperftition avoit aufli établi un culte Religieux , & c'eft ce qu'il a exécuté dans fon troilïéme Volume. Comme , félon Hérodote, les Egyptiens ne con- noilToient ni Héros, ni Demi-Dieux, que par conféquent ils ne leur rendoient aucun culte & que tous les Héros font nés dans la Grèce , c'eft dans l'Hiftoire des Grecs que M. l'Ab. B. cherche l'origine &: les progrès de Y Héroijmc, Il déter- mine d'abord l'elpace de tems dans lequel ont vécu tous les Hé- ros dont il va parler. Tous les Auteurs , tant anciens que modernes , conviennent que les tems héroïques ou fabuleux s'étendent depuis Ogygès juf- qu'a l'établillement des Olympia- des où commencent les tems Hi- ftoriques. Mais on n'eft pas d'ac- cord lur la durée de cet efpace , prefque tous les Sçavans la fixent a feize cens ans : comptant quatre cens ans depuis Ogygès julqu'à Inachus : quatre cens ans depuis Inachus jufqu'a Cécrops , encore Oo o o het&, a(Tez près de l'endroit où leur Na- vire avoit été conftruit. Leur navigation fut d'abord aiïez heureufe,mais une tempête les obli- gea à relâcher dans l'Ifle de Lem- nos. Les femmes de cette Ifle s'é- toient attirées la colère de Vénus. Cette Déelïè, pour les punir, les avoit rendues d'une odeur fi infu- portable,que leurs maris lesavoient abandonnées , pour des efclaves qu'ils avoient ptifes fur les Thra- ces,avec qui ils étoient en guerre ; les Lemniennes , piquées de ce mépris , firent un complot contre tous les hommes qui le trouvèrent alors à Lemnos, & les tuèrent pen- dant qu'ils dormoient. La ieule Hypfipile conferva la vie a fon pè- re Thoas , qui étoit Roi de l'Ifle. K K £ , I 740. 6S3 Quelqu'extraordinaire que paroif- fe ce fait , il eft cependant géné- ralement attefté par tous les an- ciens ; & à la colère de Vénus près , on doit le regarder comme une Hiftoire véritable. Ce fut dans ces circonftances que les Aigonau- tes arrivèrent à Lemnos , ils y furent reçus agréablement , & n'y trouvant pas les remmes aufli dé- goûtantes qu'elles avoient patu à leurs maris , ils y firent un lèjour de deux ans , & y furent les pères d'un grand nombre d'enfans, fort connus dans la fuite lous le nom de Myniens ; Hyplipile eut deux fils de Jalon , dont l'un fut appel- lé Thoas , comme fon grand père, l'autre fut nommé Eutiéns, &c com- mandoit les Lemniens au Siège de Troye. Au fortir de Lemnos , les Ar- gonautes furent attaqués par les Tyrrhéniens , & furent tous blef- fés , excepté Glaucus , qui difpa- rut , & fut mis au nombre des Dieux de la mer ; de-là ils entrè- rent dans l'Hellefpont, du côté de l'Afie, & abotderent fur les côtes de la petite Myfie , au-dedùs de la Troade : ce fut là qu'Hercule, Télamon & Hylas les abandonnè- rent. Ils abordèrent enfuite à Cyzique, Ville fituée au pied du mont Dyndime , dont Cyzicus étoit Roi. Outre les Molions qui habitoient cette Ville , il s'y trou- va des Géans, quejunon avoit fait fortir de la terre , pour faire périr Hercule, & qui avoient fix bras & fix jambes ; c'eft-a-dire , félon M. l'Ab. B. que les Argonautes y 584 JOURNAL D rencontrèrent quelques Pirates , avec fix vailleaux. Le RoiCyzicus reçut fort bien ces Héros, &: les combla de piclens , mais s étant rembarques , & un vent contraire les ayant obligés de relâcher pen- dant la nuit dans le même port de Cyzique , le Roi croyant quec'é- toit les Pclalges Tes ennemis qui le venoient attaquer , alla pour les combattre èv fut tué dans la mê- lée-, Jalon, pour expier ce meur- tre , quoiqu'involontaire , apres avoir fait à ce Prince de magnifi- ques funérailles , offrit un Sacrifi- ce a la Mère des Dieux , & lui fit bâtir un Temple fur le mont Dyn- dime , en fe iérvant de l'eau d'une fontaine que la Déeiîe avoit fait iortir déterre, c'eir-i-dire , d'une fontaine inconnue auparavant. Au Iortir de Cyzique , nos Na- vigateurs s'arrêtèrent dans la Bé- brycie , qui étoit l'ancien nom de laBithynie; ce fut laquePollux tua dans le combat du Cefte,Amy- cus , Roi du Pavs , qui l'avoit dé- fié. Un coup de vent jetta enfuite les Argonautes fur les Côtes de Thrace , ils prirent terreaSalmy- defie où regnoit Phinée , fils de Phamix , Prince vieux & aveugle, qui étoit fans celle tourmenté par les Harpies. Ces Harpies étoient au nombre de trois , & s'appel- loient Celéno , Ocypéte & Aello; ces monftres, avec un viiage de femme, avoient un bec & des on- gles crochus, & un ventre prodi- gieufement ;. ros , elles caufoient la famine par - tout où elles paf- ES SÇAVANS; foient , enlevoient les viandes fur la table de Phinée, infectoient ce qu'elles touchoient & prédiloient l'avenir. Calais & Zéthes, enfans de Borée , qui avoient des aîles , les pourfuivirent fans relâche juf- qu'aux Illes nommées alors Plot* , tk depuis lesStrophades.En recom- penfe Phinée, donna un guide pour conduire la NavireArgo, à travers les roches Cyanées ou les Symple- gades , dont le pallage étoit alors regardé comme extrêmement dan- gereux. Palcphate prétend que les Har- pies étoient les filles mêmes de Phi- née , qui le luinoient par leurs débauches. Selon Servius , c'é- toient les Furies qui reprochoient lans celle a ce Prince fa cruauté a legard de les enfans. M. le Clerc a prétendu , que les Harpies n'é- toient rien autre chofe,qu'un amas de Sauterelles , qui après avoir ra- vagé la Bithynie & la Paphlago- nie, y caulerent la famine, & comme le vent du nord en délivra le Pays , en les pourtant vers la mer d'Ionie , on publia que les enfans de Borée leur avoient don- né la chaire. M. l'Ab. B. croit que par les Harpies les Poètes ont voulu délî- gner quelques voifins inquiets &c remuans, ou plutôt quelques Cor- faires, qui failoient de fréquentes defeentes dans les Etats de Phi- née ; il rend railon de la préféren- ce qu'il donne à ce fentiment fur les autres qu'il a rapportés. Les Cyanées, font deux amas de Rochers, a l'entrée du Pont-Euxin, dont NOVEMBRE, 174 0. SS* Sont l'un regarde l'Afie , l'autre fut dès lors libre dans cette mer. l'Europe, & qui ne laiflent entre eux qu'un efpace de vingt ftades , en forte que les flots de la mer qui viennent s'y briier avec bruit, font élever une fumée qui oblcurcit l'air , & rendent ce partage allez difficile ; comme à mefure qu'on s'éloigne ou qu'on s'approche de deux montagnes , leurs fommets paroilïenx aulfi s'approcher ou s'é- loigner ; on croyoit ( quand on voyoitdeloin ces Rochers, qu'ils étoient mobiles , & qu'ils fe rap- prochoient pour engloutir les vaif- ieaux , ce qui leur fit donner le nom de Symplcgades , qui fignifie qu'ils s'entrechoquoient. Effrayés à la vue de ce détroit , les Argonautes lâchèrent une Co- lombe qui le traverfa heureufe- ment; enfuite de quoi ils tentèrent eux-mêmes le partage. Cette Co- lombe , dont parlent les Poètes , fut le Bâtiment léger , que leur avoit donné Phinée pour les gui- der. Homère prétend que Junon les favorifa dans cette occafîon , ce qui veut dire que l'air dont cet- te Déerte ét'oit le fymbole , fut tranquille &c férein , & fi on a ajouté que la Colombe y perdit la queue , & la Navire Argo un morceau de fa poupe , c'eft que ces deux Bâtimens heurtèrent con- tre un de ces Rochers , &c que le premier brila fon gouvernail. On dit encore que depuis ce jour-là , Neptune fixa ces Rochers ; c'eft parce que ce partage une fois bien ronnu , on ne fit plus tant de diffi- culté de le tenter , & le commerce Nivemb. En effet , (1 nous en croyons Plu- tarque , ce fut dans ce voyape des Argonautes que s'établit le com- merce des Grecs dans le Pont-Eu- xin. Au fortir de ce partage , les Ar- gonautes abordèrent au Pays des Mariandiniens, où Lycus , Grec d'origine , qui en étoit Roi , les reçut favorablement. PeiHant leur féjour dans ce Pays-là , ils perdi- rent deux de leurs Compagnons, IJmon fils d'Abas & le Pilote Ti- phis ; on leur fit de magnifiques funérailles , & après qu'on eût mis Ancée à la place de Tiphis , on fe rembarqua, & une tempête ayant contraint nos Héros d'abor- der à rifle d'Aiécie , ils y trouvè- rent & prirent avec eux les enfam. de Phryxus ; après un rude com- bat qu'ils eurent à ertiiyer contre certains oifeaux qui lançoient de loin des plumes meurtrières , c'eft- à-dire, contre les habitans du Pays, qui les pourluivoient à coup de flèches , ils arrivèrent heureufe- ment a ALca. , Capitale de la Col- chide. j£tes , averti de leur arrivée, & du motif de leur voyage , cher- choit les moyens de les faire pé- rir , ou du moins leur Chef , comme le plus interefle dans cet- te affaire; ai nfi quand les Argo- nautes parurent devant lui , ce Piince preferivit à Jafon , des con- ditions fi dures , qu'il c: ut ou qu'il fe défifteroit, ou qu'il y fuccombe- roit -, ce jeune Héros de voit d'a- bord mettre fous le joug deux tau- PPPP 6%6 JOURNAL D rcaux , prêtent de Vulcain , qui avoicnt les pieds 8c les cornes d'airain , & qui vomillo'ent des touibillons de tcu £V de flammes ; il devoit les attacher a une charrue de diamans , leur faire défrichée quatre arpens d'un champ conla- cré à Mais , rui n'a voit ) .'.mais été labouré ; y lemer les dents d'un Dragon , d'où dévoient fortir des hem. mes armés , qu'il falloir exterminée. Il falloir enfin tuer le monfhe qui veilloit a laconlerva- tion de la Toilon , 8c exécuter tous ces travaux en un jour. Jalon , lûr du lecours de Médée, qui avoir conçu pour lui la plus forte .pailion , & qui d'ailleurs croit une Magicienne conlommée, accepta ces conditions , 8c te trou- va des le lendemain dans l'endroit indiqué , a la vue du Roi 8c de fa Cour , des Argonautes 8c du peu- ple aiïèmble ; on lâche les Tau- reaux , jalon les apprivoile, les met tous le joug, laboure le champ &:. y lénie les dents du Dragon, Se loriqu'il en voit fortir des combat- tans , il lance une pierre au milieu d'eux , qui les met lî fort en fu- reur qu'ils s'entreruenr les uns les aunes. Il va chercher enfuire le Monltre qui gardoit la Toilon ; par le ■moyen d'heibes enchantées, &.d'un breuvage préparé par Me- dée , il l'afloupit , le tue, 8c enlevé JajToilon , retourne victorieux à ion vailïeau 5 Médée le va trouver ia nuir, il mer à la voile 8c part avec elle, <. )n pourroit dire que toutes ces Falsles n'ont aucun fondement , 8c . ES SÇAVANS, ne font que de pures imaginations des Pce'tes , qui ont voulu embellir par le merveilleux , les evénemens les plus ordinaires. Bochart a pré- rendu ti ouver dans la Langue des Phéniciens l'explication naturelle de toutes ces fictions , il croit que cette expédition fut écrite dans l'ancien langage de la Grèce, qui étoit preique le même que celui que Cadmus y avoir appoué , c'eit- a-dire , le Phénicien ; & que ceux qui dans laiuite lurent cette Rela- tion , y trouvant beaucoup d'ex- preflîons qu'ils n'entendoient plus, Se qui prelentoient plulîeurs iens, prirent celui qui paroîlloit le plus merveilleux , cV débitèrent , au fujet d'une avanture toute fimple , des Fables aufli extraordinaires que difficiles à expliquer ; 8c en effet ce Sçavant ayanr rraduir ce récit en Phénicien, il le trouve, par l'équivoque des termes , que ce Texte , au lieu de ce qu'on lui a fait lignifier, peut fort bien le ré- duire a peu-prés à cerre interpré- tation , lçavoir , que Médée aida Jalon Ion amant a voler les thré- lors de fon père , eft lui donnant une faillie clef, 8c que Jafon aveit alfembléune ttoupe de Soldats ar- més de piques d'airain , 8c prêrs à combarrre. Il faut que les curieux conlultent Bocharr lui - même » pour voir en détail comment l'é- quivoque de chaque termeapro- duir un récit fiabfurde. Nos Lecteurs peuvent aifément ier,que nous avons été obli- ges de limr-iifier extrêmement cette narration: en effet M. l'Ab.B, n'a. - N O V E M amis aucune des différentes tradi- tions, dont chaque circonftance fe trouve accompagnée : il expofe avec beaucoup d'exactitude, toutes les explications que les Sçavans , tant anciens que modernes , ont données a toutes ces Hélions poéti- ques ou populaires ; il ne manque point non plus de donner les rai- ions, pourquoi il préfère une expli- cation à l'autre , iouvent il en ima- B R E , 1740; 6*87 gine lui - même de très - proba- bles. Mais nous aurions trop em- barrafle notre Extrait , fi nous l'a- vions chargé de toutes ces difcuf- fions : nous eiperons embralfe tous les fiécles , elle » étend fes droits fur tous les Peu- j' pies qui ont fçu faire ulage de » leur raifon : elle fait remarquer -»> les caufes du bon & du mauvais " goût : la différence prefque infi- ■> uic qui fe rencontre dans les » efprits : combien peu fe réunif- » lent dans la véritable idée du » vrai & du beau ; & quelles rou- » tes ils tiennent pour arriver au » même but. L'Auteur compare enfuite l'Hi- ftoire des Sciences avec celle des Nations ; il défend la première contre l'opinion de ceux qui pen- fent qu'elle eft peu utile : il remar- que la Iuiion que l'une & l'autre ont naturellement entre elles par le fecours mutuel qu'elles fe prê- tent -, liaifon qui n'a point échap- pé aux bons Hiftoriens de l'Anti- quité. C'eft fimplement une Introduc- tion à cette Hiftoire que M. Juve- nel annonce pour l'inftruction des jeunes gens qui entrent dans le monde. Il avertit que ce ne fonc point fes propres ju^emens qu'il donne , mais ceux des Sçavans , ceux du public , & qu'il adopte P p P p ij tf88 JOURNAL D même jufqn'aux termes dont fe loin iétvi les Auteurs. Nous ajou- terons que quand cet aveu que fait M. J. ferait entièrement fondé; là manière dont il faifit des diffèi en- tes marieies ; la forme heureufe qu'il donne à ce qu'il ei ïxpofe , le hon choix de prelque tous ces mêmes jugemerrs qu'il emprunte-, toutes cescirconftances qui lui ap- partiennent lui lailferoient la plus grande partie du méiite de l'Ou- vrage. M. J. partage fon Traité en trois dalles. La première concerne les Belles-Lettres ; Se voici les gen- res d'Ecrits dont il parle. Gram- maire. Langue Poèfte. Poème Ly~ rique; Poème Epique. Poème Dra- mattque. Tragédie. Comédie. Opé- ra. Poème Bucolique. Poème Satyri- qu:. apologue. Elégie. Epigramme, Madrigal. Chanfcns Sonnet. Ron- deau Poétique. Eloquence. Elo- ciince du Barreau Etançois. Elo- quence de la Chaire Rhétorique. EJtfloire. Art Hifiorique. Infcrip- nom. Dèvifes. Blaz.on. Par le peu d'étendue que M. J. donne à fes Elfais , on conçoit que les matières dont on vient de lire l'énumération , ainli que les recherches qui forment les deux autres clafles , font extrêmement abrégées: ii eft vrai que l'Extrait le plus fommaite que nous en pour- rions donner, feroit le plusleu- vent prefque suffi long que l'Ou- vrage même. Nous nous conten- terons donc , en parcourant tous lés Chapitres-, dé rendre compte des principaux : & pour fuivre lé- ES SÇAVANS, même elpiit dans lequel l'Auteur s'eft propolé d'écrire , c'eft-a-dire , le delTein d'inftruhe les jeune» gens: nous remarquei ons quelques raies cV quelques réfléx:ons , où M. j. ayant vraisemblablement a- dopté purement ce que des Au- teurs ont rapporté , ne donne pas des notions alïèz étendues , ou peut-être même al7éz jnftes des choies dont il traite ( i ). Ce que notre Hiftorien expo(e des L angHes anciennes eft tres-df- gne de la curioiîté des Lecteurs, ôc iur-tout de ceux dont il a en vue Iniftiuction , loit a l'occafion des ehangemens ai rivés dans la ma- nière d'écrire ces Langues , foit par rapport aux méthodes pour les enleigner , ioit enfin lur les con- noilïànces acceilbires qui font né- cellaires pour les bien entendre; Ses remarques lur la Langue Fran- foife , quant a fon origine & à les progrès , nous paroilîent ne méri- ter pas moins d'attention. A l'é- gard de fes décidons lur ce qui ca- ractérife quelques Auteurs Fran- çois en réputation ; de fon fenti- ment fur le ftyle qui lui paroît k prelent le moins employé, quoiqu'il dut l'être davantage; c'eft aux Lec- teurs éclairés que nous en remet- tons le jugement. Ainfi que des remarques de l'Auteur fut les dé- ( i ) Nous croyons devoir arertir que ces endroit? font rares. L'Auteur puile prelque toûjt urs dr.ns les meilleures fources , tell: t que. les Lcr ts de M. de Fontenelle , du Perc Bouhours , de Î\T. l'Abbé du Bos, de M. l'Ab. d'Olivet , . de M. Fieret, de M. RolL'n & autres. - N O V E M fâuts qu'il attribue à la Langue Ef pagnole & à quelques autres Lan- gues de l'Europe ; défauts qui peut-être font moins dans la natu- re de ces mêmes Langues que dans le caractère d'efprit de quelques- uns de ceux qui les ont employées. Le Chapitre de la Poéfie ren- ferme entre autres réflexions, des jugemens très - éclairés fur quel- ques Poètes François. M. J. s'ar- rête à Mi Godeau , dont le portrait allez complet , quant aux défauts de cet Auteur , peut ne le paroître pas aflez par rapport au mérite. Une critique plus févére, & que tous les Le&eurs n'adopteront pas entièrement , c'eft celle de l'Ou- vrage du Camoéns , dont l'obfcu- rité , dit M, J. fait tout le mérite. Mais combien lira-t-on avec fatif- faétion les éclairciflemens qu'il donne fur le Poème Epiyue & fur le Poème Dramatique , particuliè- rement au fujet des Ouvrages de l'Antiquité. A l'égard des Théâtres Efpagnol , Italie» , J.nglois & Hol- landais , des recherches plus éten- dues auraient donné une idée plus jufte de ces mêmes Théâtres, a- joûtez que celui d'Allemagne dont l'Auteur ne parle point , mérite ( fur-tout depuis ce fiécle-ci ) de n'être pas ignoré ( i ). On defîre- roit encore que M. J. eut moins ( i ) Voyez dans le Journal du mois d'Octob. 1739. l'E*t'ait que nous avons donné du Livre intitulé : Reilfxions Historiques et Critiques sur les nmERENs The'atres de l'Europe; Ge Traité fc vend chez Guerin , Quay des Auguftins. B R E , 1 7 4 o. 68? reilerré l'Hiftoire du Théâtre Fran- çois ; on voit avec quelque éton-. nement que tout ce qu'il rapporte de la naillànce & du progrès de ce Théâtre: des premiersAuteurs, de ceux qui loin contemporains de Corneille & de Comédie même ( que bien des Lecteurs trouveront qu'il juge avec partialité ) , on trouve , comme nous venons de le remarquer que tous ces détails tiennent moins de place dans ce Chapitre que l'Eloge de M. Raci- ne , qu'on lit a la vérité avec plai- fir ; différence qui donne lieu de penfer qu'on ne fe plaint de l'Au- teur , quand il abrège , que parce qu'il plaît quand il s'explique da- vantage. Racine elt le dernier Poè- te dont il parle , donnant lieu de penfer qu'aucun de les luccelïeurs n'eff digne d'être cité ; il en elt ce- pendant dont les jeunes gens que M. J. adellein d'inltruiie nepour- roient, fans honte, paroître ignorer les Ouvrages. Il palïe auiîl rapide- ment à l'égard de la Comédie fur ce qui concerne lesThéatres de l'Euro- pe, 5c particulièrement la Comédie Françoife, ainli que l'Opéra j mais fes Remarques fut la Comédie des anciens font très-judicieufes , foit par exemple à l'égard de l'ex- ceffive liberté du Théâtre Grec , foit fur la différence de l'ancienne Comédie Gréque, à la moderne. En parlant de la Poe fie Paflorale, notre Hifîorien donne une idée générale de nos grands Romans , très-digne d'être remarquée. » M. » Durfi ( dit-il dans ion Altrée ) » peut-être regardé comme origi- 6"oo JOURNAL D » nal. Ce Poème en proie eft un » tableau de toutes les conditions » de la vie humaine , qui laitier » peu à délirer du côté de l'inven- » tion,des mœurs & des caractères. » Tableau qui n'eft pas tait a plai- » fir , 8c dont toutes les Hiltoires » couvertes d'un voile trcs-iiv:é- «nieux, ont un fondement veri- » table. « On n'eft pas moins la- tisfait de ce que M. J. dit de la Sa- tyre , de la Fable , ainlî que de l'Elégie ; quoique peut - être les Eloges qu'il donne à M. Aménage fur ce dernier genre d'Ouvrage ne lont pas entièrement mentes, mais ce feroit une injuftice (lur-tout dans ce liécle-ci) de reprocher a un homme d'elprit qui juge un Auteur célèbre , le penchant à ne trouver que des motifs de l'applau- dir. M. J. traite enfuite des autres petites Pièces de Poclîe , & voici la définition qu'il donne des Chan- fons : » Les Chanfons tiennent de » l'Epigramme , & ont en même » tems quelque chofe de l'Ode , » (ans être précifément ni l'une ni » l'autre ; ce qui les diftingue des » vers que les anciens chantoient » a table; nos Chanfons n'ont rien » d'affecté ni pour la matière , ni » pour le tour qu'on peut varier •» a l'inhni. Dans les recherches de notre Auteur concernant la Poétique , dans celles qui ont rapport a l'Elo- quence , ainfi que dans ce qu'il ex- pofe fur la Rhétorique : toutes ces matières , dont il donne une idée générale , font prefentées d'une manière propre à infpirer le defir E S S ÇA VANS ; de les approfondir plus qu'elles n'ont pu l'être ici. Comme X'Htjloire eft le fujet même que l'Auteur t aite, il en- tre dans un peu p!u5 le détails fur fon origine , fur ce qui la conlti- tue , lur la méthode , 6v fur les Auteurs qui fe font appliqués à ce genre d'Ouvrage. Il fait palïêr les faits à la pofléiité par trois moiens: les monumenSjles ufages confacrés &: l'Ecriture; c'eft-à-dire, les Tem- ples , les Fêtes , les Trophées , les noms & les fur-noms , les Vers mis en Chanfons , & enfin les Ecrits ; il propofe enfuite une ef- péce de Problême fur les Infcrip- tions , en Latin ou en Langue vul- gaire. Nous en fommes à la féconde divilion de ces Elfais. L'Auteur y traite des Sciencvs : il les diftribue dans l'ordre fuivant. Phdofophie. Logique. Amorale. Aiéxhaphyfique. Phyf.que. Hijhire Naturelle. Mé- decine. Anatomir. Botanique. Chi- mie. Mathématiques. Arithmétique & Algèbre. Géométrie. Cofmogm- phie & Aflronomie . Géographie. Navigation. Optique, Catoptrique , Dioptrique. Gnomoniqne. Aîéchani- que -Hydro flanque. Afttjîqi::. Forti- fication. Architecture. JwifpruÂen- ce Droit Civil. Droit Eccléjiafliqiu. Théologie. En parlant de la Philofophie des Egyptiens , notre Hiftorien fait une réflexion qui donne une idée du bon efprit de cette Nation. » Les " régies de la Morale néceffaires » à tous les Etats étoient expofées » avec une netteté admirable ; N O V E M B «mais les Sciences purement » curieufes , & qui n'influoient » pas fur les mœurs , ils les » voilèrent lous les hycroghphcs , » ils en firent un grand myftére au » peuple , & aux étrangers. Cette « conduite fi biiaire en apparence, » avoit fon utilité : il en réfultoit » une grande vénération pour les » Prêtres & pour les Initiés. Le » Soldat, l'Artifan , le Laboureur, « le Négociant n'étoit point tenté » de philofopher & de mépriier la » profefïîon de fes pères; les Scien- » ces maniées par un petit nombre » de perfonnes,& par-là à l'abri de » la diverfité des fentimens,étoient » plus finement appliquées à l'uti- » lité publique. Nous obferverons que les recher- ches de M. J . fur la Fhdofopbie , pour être renfermées dans un pe- tit nombre de pages n'en font pas moins inftrudfives à caufe des différentes routes qu'elles ouvrent à l'efprit : ces recherches condui- fent notre Auteur jufqu'au fiécle de Dcfcartes , c'eft ainfi qu'il dé- peint ce grand Homme. » Il ouvrit *> une nouvelle carrière , il fe fit » fuivre dans des routes jufqu'a- « lors inconnues : Ion Syltéme » bien conduit , ouvrage d'un ef- » prit fertile , & d'une méditation » profonde , fut tour à tour &: « contredit de admiré: il devint uti- » le à fes adversaires autant qu'à fes « défenfeurs ; & par les nouvelles » vues qu'il donna aux uns & aux « autres , il fei vit à porter les dif- «férentes parties de la philoio- » phie au point où nous la voïons R E , i 7 4 o. C9i « aujourd'hui. Nous voudrions pouvoir fuivre M. J. dans les autres Chapitres de cette féconde claiïe , & fur-tout à l'égard de la Aièdccine , de l'Ana- tomie , delà Botanique 3 del'Afiro- nomie , mais les bornes d'un Ex- trait nous obligent de renvoyer à l'Ouvrage n éme , particulière- ment iur ce que l'Auteur dit de X Académie des Sciences , à laquelle il donne de jufks éloges , & fur les ob/er varions qu'il fait concer- nant la flruclure , la génération & la nourriture des Hautes. Il eft vrai que pour l'infh u&ioiï de ceux que M. J. a en vue, le Chapitre de YHiftoire Naturelle demanderoit plus de recherches , fur-tout par rapport aux dernières découvertes en ce genre. La troilïén e chiffe renferme , comme nous l'avons dit, les Arts. Voici l'énumératicn qu'en fait no- tre Auteur. Sculpture. Peinture. Gravure. Imprimerie . Bdlioqrapkic " Auteurs de T Hiftoire Littéraire. A- griculture & jardinage. Chajfe & Pêche. Exultation. Art Gymnaftique des anciens. Au iujet de la Sculpture 3 de la Peinture & de la Gravure , tout ce que les meilleurs Eciivains ont donné fur ces Arts ; origine, pro- grès , finefles , chef- d'oeuvres de l'Art, tant anciens que modernes, M. J. içait fondre toutes ces parti- cularités d'une manière très-fatis- faifante : on regrette feulement quelques autres éclairciliemens où il auroit pu entrer , & qui n'au- roient pas été les moins curieux ; 592 JOURNAL D c'eft au fujec de plulïeurs Hommes Illultres dans quelqu'un de ces Arcs, & qui , tels que ceux qu'il cite, ont mérité de rendre l'Italie jaloufe de la France a cet égard. Après avoir touché quelques circonftances hiftoriques lur l'Jm primer ic , M. J. palle a \a.connoif- fance des Livres II regarde comme un excellent moyen d'y parvenir la lecture des bons Catalogues : il en indique un qui commence a pa- raître, Se qu'une main habile a conduit: «celui-ci ( 3 ) , dit-il, fe- « ra négliger tous les autres , & » épargnera bien des recherches. »« C'eft Te Catalogue de la Bibliothè- que du Roi. De la connoilîance des Livres M. J. eft conduit a traiter des Au- teurs de l'Hiftoire Littéraire , Se c'eft dans cette dernière des trois parties de Ton Ouvrage qu'il s'ap- plique davantage à faire remar- quer une liaifou entre les matières qu'il diftribue par Chapitres. Dans celui-ci il indique les fources les plus connues de l'Hiftoire Littérai- re , » afin que les jeunes gens qui » ne font pas initiés dans cette for- » te d'étude , (cachent où recourir, « Se puiffent mettre quelque ordre » dans leur lecture. « Il propofe donc non feulement la lecture des principaux Hiftoriens dans chaque genre de Littérature , mais il en- Jeigne encore d'autres voyes qui le prefentent moins à l'eiprit &: qui font trcs-lécourables : ce font ( 3 ) M. l'Abbé Sévin , Garde des Livres de la Bibliorlvjipe du Roi , & Académicien des Belles- Lettres. ES SÇAVANS, les Vies de ceux qui fë font fait un nom dans l'étude des Belles- Lettres: les Vies qui loin a la tête des meilleures Editions & des Traductions Françoiles de chaque Pocte. Il recommande lur- tout la lecture des Hiftoriens des Compa- gnies fçavantes : telles que l'Aca- démie Françoife , l'Académie des Belles-Lettres Se Infcriptions , & l'Académie des Sciences , fans ou- blier les Mémoires des Académies étrangères , le J ournal des Sç.wans & les autres Journaux Littéraires qui le font en dirFerens endroits de l'Europe. Le Chapitre de l'agriculture Se du Jardinage eft un des plus éten- dus , & perdioit à n'être pas lu entièrement. Il eft ailé de démêler dans le cours de l'Ouvrage que les fujets qui plailent davantage à l'Hiftorien lui paroiflènt les plus abondans : avec le bon ulage qu'il en lçait faire , il leroit à louhaiter que toutes les matières lui eulfent plû également. Nous ajouterons ieulement ici une observation con- cernant l'Agriculture. M. J. en parlant des Nations vivantes où cet Art ennoblit ceux qui le culti- vent ne parle point des Indiens <\ux fontlous la domination du Aiogol. C'eft principalement aux bords du Gange que le labourage donne un rang (uperieur. Ceux qui naifleni dans Li Cafte des Laboureurs ne voyent au-deffus d'eux que les Ra- jas , c'eft-a-dire , les Souverains , Se les Brames qui font les dépofi- taires des Livres de la Religion. Nous nous arrêterons un peu davantage N O V E M •davantage fur les recherches cu- xieules que l'Auteur a faites con- cernant la Chajf & la Pêche. La maux, eut beloin de toute fon •« iuduftrie pour les détruire. « No- tre Auteur , fur la foi d'un Hifto- rien Phénicien ( 4) , fixe la naiflàn- •ce de cet Artiôus la fixiéme géné- ration, & fa perfection fous la feptiéme. La Pêche ne commence que du tems de Noé ; mais dès le tems de Jacob, contemporain de Jofepl). Les Idumèens s'occupoient de la pêche des Baleines. On voit enfuite la chatte chez les Chaldéens concilier à Nernrod , petit-fils de Noé , & qui régna le premier à Babylone , l'affection des peuples , qu'il délivroir de l'attaque des bê- tes. Cet Ait fert encore à fa poli- tique : res Compagnons , de Chaf- feurs deviennent Soldats &le met- tent en état de faire des conquê- tes : les Chartes de Ninu, & de Sèniramis contre des Lions & des Léopards répréfentées dans les fculptures des deux Palais de Baby- lone prouvent que les Succef- feurs de Nernrod fuivirent fon exemple. Chez les Perfes , la chafTe fut regardée comme une excellente préparation à la guerre. Les deux Çyms en faiioient leurs délices : Ârtaxerxe longue-main donna des Maîtres à Tes enfans pour les for- (4) Sanchoniathon , cité par Eufébe. Novemb. B R E, 1740. ôp? mer à cet Ait; & les Rois des Parthcs qui vinrent à fucceder à la puilfance des Rois de Perfe le cultivèrent également. La chaife étoit l'exercice le plus ordinaire des enfans qu'on élevoit auprès de Séfoftris , dans le tems même où la douceur & la politefTe regnoient le plus dans les mœurs des Egyptiens ( 5 ). Les Grecs , pour honorer les Arts , leur donnèrent , comme on le fçait , une origine Célefte , ce fut a deux de leurs principales Di- vinitez , Apollon & Diane , qu'ils attribuèrent l'invention de la chaf- fè: & c'efl comme un Art tranf- mis par ces Divinitez mêmes à Chi- ron , que les élevés , » après avoir » détruit les bêtes féroces qui in- » feftoient la Grèce, fçurent vain- « cre les Tyrans qui l'opprimoient. La chaife fut donc en règne chez les L'.iccdémoniens , cet Art chez les Athéniens eut de plus l'avanta- ge de paroître à leurs Hifloriens un objet digne de leur étude : » Xéno- typhon, Difciple de Socrate , fait » une admirable peinture des chaf- » fes au Lièvre , au Cerf, au San- »glier; il parle des chiens courans, »de leurs différentes efpéces & » des noms qu'on leur donnoit, il » décrit les laqs , les toiles ou les » rets dont les Chaffeurs faifoient » ufàge , les armes dont ils fè » fervoient , les pièges qu'ils ten- ( * ) La pêche , ftlon notre Auteur , étoit aidiï d'un ufage commun en Egyp- te , puifque celle du L.?c de Marris rap- I ■nr...t quelquefois au Roi un talent d'argent par jour. ô"i?4- JOURNAL DES SÇAVANS, » doient aux bêtes , les amorces » empbifbnhécs qu'ils leur prelen- " toient ; toutceladaus le dernier » détail , en lorte que l'on voir "qu'il en étoir parfaitement in— "(fruit. La Chalfe n'étoir pas moins an bbiet d'emul ition chez les Ron,ains & ions le regné d' Aum'ie même. Ce fur enfin les délices de la plu- part des Empereurs , C\ on trouve encore que les Ecrivains célèbres, florace ( 6 ) , Pline le Jeune (j ) • en firent un grand éloge: Après avoir vu la Chafïè faire les délices d'un peuple bOmnie les Ron.aws , dont les jeux , les .Spec- tacles , les Féres pouvoient allez remplir le loifir, on n'eft pas éton- né de la retrouver chez des Na- tions qui habitoient les forets , ôc dont elle étoit vraifemblablement l'occupation la plus agréable dans les Gaules. » Il y avoir au milieu de » chaque Bourg un Arbre Sacré où » les Chatfeurs lulpendcient quel- » que partie des animaux qu'ils V avoient pris & qu'ils conia- » croient à leur Déeue Ardu'ma ou >» Arditcnna {%)..,.. Les &er- " mains , du tems de Jides - Cefkr , (s) Lib. I. EP. iS. ( 7 ) Lib. I. E^Ù.6. delà de M. de Sacit Pcclie, Lib. II. Epift. S. Oppien d'Anazarbe a compo- fé fur la ChaiTe un Poème en 5 Livres, ijit'il dédia à l'Empereur Caracalla. Ncmélianus , qui vivoit fous les Em- pereurs Carin & Numérien , a fait un Poème fur le même fujet; ( 8 ) De Perrin , Elog. Hilton de la Civile. . Traduction Pline traite aulli de la y » &c les Suêves , qui éroieir » plus puilFans 8t les plus belli- » queux de la Germanie .... Les » Francs qui s'établirent dans les » G. mies , tous s'occupèrent de la » Chaffe . Ceux qui loin ver- » fés dans nos Antiquitez n'i^no- » rent pas que la Chalîe terminoit "ces grandes allemblées que nos » Rois renoient autrefois fous le » nom de Parlemens. Quant aux Auteurs anciens , qui ont traité en François de l'Art de !a Chalfe , on en trouve parmi les Souverains. » Gaflon Phœbus, Corn- » te de Foix & le Roi Charles IX. » voulurent bien lui prêter leur " plume. . . . Les Traitez plus mo- dernes font , comme on le lçair , ceux de Dk/ohUIoiix , de Sdnoue \ de Savari \ qui a écrit en vers La- tins, Se enfin le Poème intitulé : Diane - ou/« Loix de la Ch.tffè du Cerf , Ouvrage où les fictions in- génieufes & le langage de la Roè- iîe font très - heureufement em- ployés ( 9 ).' Les deux Chapitres fuivans , qui font très - courts , terminent cet Ouvrage ; ils concernent l'Art de l'Ecptitdtioh & l'Art Gymnafli- que. No-us finirons notre Extrait par une dernière oblervation : l'Auteur , en dilpolant comme il a fait, les différentes matières qu'il embralfe , n'explique pas s'il s'eft réglé pour l'ordre dans lequel il (y 1 Ce Poème eft de M. deScré, ggi a donné depuis les Maximes & Ke- Hçjçions morale- traduites de l'Anglois , avec une Traduction nouvelle en vers de l'Ellài fur l'Homme de M. Pope. N O V E M B les place , ou fur le plus d'utilité & d'agrément dont ces mêmes matières font à la Société-, ou fur l 'étendue d efprit que chacune d'el- les femble exiger de ceux qui les traitent , ou fur le tems de leur origine , ou enfin fur les rapports •qu'elles peuvent avoir entr'elles. Il feroit à louhaiter cependant qu'il £Ûc communiqué les idées iur cette R E , 1 7 4 o. s97 diftribution : approfondir Se dé- terminer quel rang les différentes parties des Belles - Lettres , des Sciences & des Arts doivent avoir dans leur Hiltoire , feroit un Ou- vrage aufïï interelfant pour l'ef- prit , & plus ingénieux de la part de l'Auteur que ne feroit .cette Hiltoire même. HISTOIRE DES EMPIRES ET DES REPVBLTQVES , depuis le Déluge jufcj'.th J. C. oit l'on voit dans celle d'Egypte & d'A- fie la liai/a» de /' 'Hifloire Sainte avec la Profane , & dans celle de U Grèce le rapport de la Fable avec l' Hifloire. Par M. l'Abbé Guyon. Tome V. Macédoniens , féconde Patte. A Paris , chez Hypolite-Louis Guerin &autres Libraires, in-n. pag. 66 1. non compris la Table des Matières , 1740. NO u s avons rendu compte du quatrième Tome de cet- ce Hiftoire dans notre journal du mois de Décembre 1736. le cin- quième que nous annonçons au- jourd'hui efl: partagé en deux Vo- lumes ; le premier , dont nous al- lons parler , eftdrvifé en trois Li- vres. Nous ne pouvons mieux faire connoître les matières que l'Auteur fe propofe d'y traiter , qu'en rapportant le commence- ment même de Ion Ouvrage , où il rn donne comme le plan. » Alexandre , après avoir lurpaf- « fé , dit M. V Abbé Guyon , tous » les Héros de l'Antiquité , même ?> fabuleux , après avoir rendu ?> les Capitaines vainqueurs de » tous les Rois de l'Allé , après les » avoir illuihés & enrichis, devint » par fa mort la ruine de plulieurs i> d'entre eux, Se fit éclater le bruit » de fes armes , que fa chute Se là » leur excitèrent de toutes parts. » Le vuide qu'il lailfa ne put fe » remplir , lui feul avoir été capa- ble de faire tant de conquêtes, Se » nul autre n'auroit été capable de »-!es conlerver. Il étoit écrit que » ce Cololfe feroit brifé & divifé » entre pluheurs Souverains. Mais » le partage ne devoir fe faire que » par l'efîudon du lang , Se après » une cruelle guerre de plulieurs » années , oùl'ambirion renverfe- » roit les uns fur les ausres les » principaux compétiteurs. M. l'Abbé Guyon entrant enfui- te en matière , raconte de quelle manière , après bien des contelta- tions , les Généraux d'Alexandre convinrent enfin de nommer pour fon Succelïeur Philippe Aridée que Philippe père d'Alexandre avoir eu d'une Courtifane ; &: comme Ro- Q^q q q ij 6 9 (S JOURNAL D xane , femme de ce Conquérant , étoit grolTè , il fut arrêté que fi elle accouchoit d'un garçon il leroit au HT déclaré Roi , ce qui étant ar- rivé trois mois après , ce Prince qu'on nomma Alexandre-Aigus , &c Philippe-Aiidce régnèrent en- femble. Mais ces deux Princes étant incapables de gouverner par eux-mêmes une fi vafte Monar- chie , le fécond à caufe de Ion bas âge , &c le premier parce qu'il étoit prefque imbécile ; Perdiccas, un des plus fameux Capitaines d'Alexandre, fut nommé Régent de l'Empire Macédonien , & Tes diverfes Provinces qui le compo- foient furent partagées en trente- fept Gouver-nemens.. Les projets ambitieux que for- moient les principaux d'entre les Gouverneurs , & la jaloufie dont ils brùloient.les uns contre lés au- tres, les avoient tellement occupés qu'aucun d'eux n avoit penfé au corps defon maître , ou du moins ne s'étoit cru en droit de donner les ordres néeellaires en pareille occafion ; iept jours s'étoient écou- lés depuis fa mort, qu'il étoit en- core fur fon lit de parade , dans le même état que les Gardes l'a- voient apporté, auiTi-tôt qu'il eut rendu les derniers foupirs. Quoi- qu'on n'eût pris aucune précaution pour le conferver, & que les cha- leurs du Pays fanent excef7îves , Tes Hifloriens , dit M. l'Abbé Guyon , ont avancé qu'on trouva fon corps aulîî fàin & auflr entier qu'au moment de la mort, d'où ils ont conclu qu'on ne devoit l'at- ES SÇAVANS, tribuer qu'a l'excès du vin. Mais Perdiccas ne fut pas plu- tôt nommé Régent de l'Empire qu'il rit venir des Egyptiens & des; Chaldéens pour l'embaumer , & qu'il n'épargna rien pour lui faire une pompe funèbre , digne , dit l'Auteur , du plus grand & du plus magnifique des Héros ; on emploïa deux ans a la préparer ; on fit élargir & réparer plus de joo lieues de Pays qu'on comptoit de- puis Babylone jufqu'en Egypte ,- où le corps du Conquérant' de l'A fie devoit être tranfporté. Ilfaut voir dans l'Auteur la def- criptiori de cette pompe funèbre , la plus magnifique, félon lui, qui' eût jamais été , & peut-être qu'on ait vûè depuis : quoique la fingu- larité & là multitude des décora- tions en rendent la delcription très-difficile , il a cru qu'il ne pou- voir l'omettre fans ôter à l'Hïftoi- re un de les plus beaux endroits. Il s'attache principalement à nous donner une idée du Char qui portoit le corps d'Alexandre , & dont l'invention & le defiein fe faifoient autant admirer que les ri- cheflès immenfes dont il étoit cou- vert.. » Ce Char avoit quatre ti- » mons , à chacun étoit attaché » quatre rangs de quatre mulets , » ce qui en faifoit 64 en tout ,. » chacun avoit une couronne & » un collier d'or enrichi de pierres » précieufes avec des lonnettes » d'or.... des deux cotez du Char ,. » & un peu derrière le Cercueil, » qui étoit rempli d'aromates Se » de parfums , qui' embaumoient novembre; i74o; t97 » l'air , s'élevoit un Arc de triom- en même tems le plus difficile à dé- » phe de douze coudées de haut « fur huit de large , au haut dn- >*quel étoit une Coquille ornée »> de toutes fortes de pierreries , » qui couvroit un Trône tout ref- » plendïflane d'or & de pierres pré- « cieufes. Celui-ci avoit pour bafe » quatre têtes d'animaux avec des »> cornes qui rellembloienc à des » têtes de Cerf ou de Bouc , cha- is cun avoit un collier d'or large » environ d'un demi pied , & une » couronne ou guirlande de même >-- métal , mais peinte d'après natu- » re . . . . à chaque côté de l'Arc » de Triomphe étoit une Victoire » avec des Trophées d'armes d'or » maffif, & des Lions de la même » richefle , qui fembloient la gar- » der. /elopper , foit par le défaut d'Hi ftoriens dont la plupart ont été per- dus , foit par le nombre tk la di- veifité des grands perfonnages qu'il faut faire paroître tout a la fois Iur la Scène. On verra dans ce Volume que la difcorde fe mit bien-tôt & régna continuellement parmi les plus* puifîans des anciens Capitaines- d'Alexandre, qui, après là mort , commandèrent dans les plus gran- des Provinces de fou Empire ; bien moins occupés de l'intérêt gé- néral des peuples qui leur étoient fournis , qu'a trouver les moyens de s'aggrandir les uns aux dépens des autres , ils ne cherchèrent qu'à fe détruire réciproquement , &• fe réunirent tons pour fupplan- Le relie du Char que M. l'Abbé ter le Régent de l'Empire. Guyon continue de décrire, étoit Ptolémee Gouverneur d'Egypte, chargé de figures en relief & d'au- tres ornemens qui avoient rapport aux aérions d'Alexandre,& qui dé- voient rendre toute la Machine d'une pefanteur lî énorme , qu'il ne falloir pas moins que l'atéla ge dont nous avons parlé , pour la mettre en mouvement. Pour peu qu'on foit inftruit de la partie de l'Hiftoire qui fait l'ob- jet de cet Ouvrage , on fent aftèz qu'il n'eft pas fulceptible d'Extrait, nous nous contenterons fimple- ment d'indiquer en paflanr ce qui nous a paru de plus propre à faire eonnoître le caraélére de l'Auteur & la manière dont il a traité un des morceaux de l'Hiftoire ancien- ne, à la vérité le plus curieux, mais- Antipater, Cratère , & Antigone, les plus puilfans d'entre ces Gou- verneurs fe liguèrent contre Per- diccas, qu'ils accufoient d'abufer de l'autorité que lui donnoit fa qualité de Régent. Il avoit de gran- des qualitez , mais fier du ran» qu'il occupoit ,: il le foûtenoit avec autant de hauteur que de dureté j ilcommandoit, dit notre Auteur, en Souverain, & fe faifoit obéir en Tyran. Mais- fes violences & fes cruautez l'ayant rendu odieux aux fiens mêmes, il fut maflacré dans fon camp par les propres Soldats. Il avoit attiré à fou parti un des anciens Généraux d'Alexandre , nommé Euménès , qui ne leur c«- *p8 JOURNAL D doit en rien pour le courage & pour l'expérience , mais qui les furpailoit tous par fa prudence , Ion zèle pour la Couronne c'e la capacité pour les armes. C'eft prêt que le ieul per Tonnage vertueux qu'on voye patoître dans cette Hiitoire, Se dont les belles actions n'ayent point été ternies par ces traits de perfidie Se d'ambition G ordinaires dans laVie desHommes Illuftres de ce tems-là. Comme fon attachement a la Famille d'Alexandre lui avoir fait donner le commandement des Troupes de la Macédoine , & qu'il voyoit que les principaux Officiers avoient quelque peine a lui obéir, parce qu'il étoit étranger , Se qu'ils témoignoient Jur-tout une extrême répugnance pour tenir le confeil chez lui , il imagina, pour ménager leur délicateue fur ce point , un ftratagême capable d'enimpolèr à la fuperftition qu'il leur connoiifoir. Il dit qu'il avoir vu en fonge Alexandre dans une tente richement ornée , Se alîîs lîir un Trône d'or , & que ce Prin- ce lui avoir déclaré, que il on lui en faifoit une femblable , il préfî- deroit à leurs confeils , il les infpi- reroir dans leurs réfolurions Se les cenluiroitdans routes leurs entre- priies. Cette vifion prétendue fut regardée comme un oracle & un prodige auquel ou n'oioit fe réfu- ter : » on fit auffi- tôt une tente » fuperbe , un Trône d'or fur le- » quel étoient le manteau de pour- » pre , le Sceptre Se la Couronne, » Se autour plufieurs fiéges cou- ES SÇAVANS , » verts de lames d'argent pour les «Officiers , qui avoienc droit » d'affilier au Confeil. Perfuadé »»que l'elprit d'Alexandre réfi- » doit fur fon Trône, on mit au » pied un brazier ardent , Se à cô- » té des boctes d'or remplies des » parfums les plus exquis , dont « les Officiels répandoient tour à >■> tour lur les charbons pour lacri "ficrau Dieu qui les inlpiroit , Se » qu'ils regardaient comme pre- » fenc Ce lieu fut appelle la T.nte » ÂAlexan ire , on la drelTà défor- » mais au milieu du Caivpchaque » fois que L'Armée paÛoit d'un en. » droit a l'autre , « & dans la fui- te Euméncs fit valoir habilement cet innocent artifice pour retenir les Troupes dans leur devoir , Se fur tout lorfque Caflandre , qui médicoit dès-lors de fe faire Roi de Macédoine , entreprit de les débaucher pour les attirer à fon Ici vice. Mais depuis qu'Olvmpias mère d'Alexandre eut cruellement abré- gé les jours de Philippe-Aridée & de la Princelle Eurydice fa femme, &: que Çarïandre , fous prétexte de venger leur mort , mais dans le fonds , pour le frayer le chemin au Trône , eût fait périr Olvmpias même , & renfermé dans une étroite prilon le jeune Roi Alexan- dre , Roxane la mère , Telfaloni- ce iœur d'Alexandre le Grand , Déidamie fille d'Eacide Roi d'Epi- re , apres tous ces attentats , que l'Auteur décrit d'une manière in- tereflinte , le titre de vengeur & de défenfeur de la FamilleRoyale, NOVE M tïonna aux armes d'Euménès un poids & une autorité , qu'elles n'avoient pu encore lui acquérir julqu'alors. Cependant après s'être figrialé par une infinité de belles adions qui l'égalent aux plus grands Hommes de l'Antiquité , après avoir été conftamment le feul de tous les anciens Généraux d'Ale- xandre , qui parut toujours n'a- voir eu en vue que le bien com- mun de l'Etat , tk les droits des Succefleurs légitimes d'Alexandre, il fut livré par les propres Soldats entre les mains d'Antigone , qui malgré les prières de fes princi- paux Officiers !k celles mêmes de ion fils Démétrius , qui vouloient fauver un homme fi reipe&able , le détermina enfin à le faire mou- rir. Ce Démétrius eft le fameux Po- liorcète qui jolie un fi grand rôle dans cette Hiftoire , on en trouve- ra ici un portrait aifez étendu , nous le rapporterons d'autant plus volontiers qu'il fervira a donner quelque idée des autres portraits que l'Auteur a répandus allez fré- quemment dans ce Volume. » On voyoit déjà , dit-il , en la » perfonnede ce jeune guerrier un » de ces hommes rares & incon- » cevables , qui ne paroiflent qu'a- rt vec les phénomènes , Se qui en » font eux - mêmes dans l'humani- » té. Démétrius fçut allbrtir le der- » nier degré des vices & des ver- u tus contraires.il le donnoit tout » à fon plaifir fans rien ôter à fes il devoirs ; a table il paroifloit B R E , 1740. 6^9 » n'avoir d inclination , de goût , " d'attraits que peur le vin Se la » bonne chère ; dans les marches » & dans les campemens , perfon- »ne n'étoit plus dur, plus détaché, » plus infenlible aux befoins , à la » difette , aux injures de l'air. » Toutes les grâces , la douceur » 6v la politeflè de la Ccur alïai- " fonnoient fes manières , fon » abord , fes converiations. Fal- » loit-il attaquer une Armée, faire » un Siège , punir une Ville , fe » venger de fes ennemis , c'étoit » moins un homme qu'un Lion, qui » fembloit altéré de fang humain , » & n'avoir d'autre plaifir que ce- " lui de le faire couler par torrens. « Né avec le temperammentde la " volupté même , il le livroit fans » pudeur aux débauches les plus » laies ôc les plus honteules. Ses » foupers étoient des aflemblées «de Courtilannes ; fes amis , de » jeunes libertins , fans relpeèt » pour la nature ; fa tente , un » lieu de proftitution. . . . Cepen- » dant après avoir paflé la nuit «dans toutes fortes d'excès , il " étoit le premier dès le lever du " Soleil a la tète de fes Troupes j " il donnoit fes ordres , il agiifoit " avec autant de gravité , de pre- » fence d'efprit , & de fraîcheur , " que s'il lût foiti du plus grand " repos. Prodigue tk difiïpateur " fans modération , lorlqu'il s'a- » gilloit de fa table , de Ion luxe , " de fes équipages , de fes plailirs, " de tout ce qui flatte les Grands , » quand ils fe livrent au farte , il » avoit une autre qualité rare par= 7oo JOURNAL D » mi eux , & prefque incompati- » ble , c'étoit d'être magnifique » dans Tes recompenfes, pour re- » connoître un bienfait , une belle » action , une découverte dans les » Arts tk les Sciences. L'efprit ne » fe rellèntoit point des difTipa- » tions de la vie; du plailir il paifoit » à l'application la plus lérieufe. » Il inventoit aifément les chofes »>les plus difficiles , il les pcrfec- » tiomioit de même, il eflàçoic les » Maîtres , il étonnait fes enne- » mis même dans (es productions. ( L'Auteur rapporte cela , fans doute , à la fameufe Helépole , ou Machine à prendre des Villes, dont Démétrius fut l'inventeur , & dont on trouvera ladeicription dans cet Ouvrage ). » Les Mécha- » niques fur-tout fembloient être » plus faites pour lui que lui pour » lesMéchaniques. Onadmiroit fes » ouvrages en ce genre , &c fur- » tout la légèreté des Galères qu'il » avoir imaginées. Démétrius étoit » homme de plaifir , & homme ?> de guerre , doux & cruel , fui- » vant l'occafion ; intempérant & »1e plus fobre de fon Armée , vo- «luptueux & auftére , prodigue » dans ion luxe, & généreux en- » vers les autres. Eu apparence *> fans ceife difïïpé, &c cependant » roùjours occupé de chofes iérieu- « fes , d'un nouveau projet , ou » de quelque découverte. Chacun » de fes objets faifoit dans fon « ame une impreffion fi forte , » qu'on voyoit toutes les paiïïons " peintes fur fon vifage , quoiqu'il f en eût tous les traits beaux Se ES SÇAVANS, » réguliers , jamais les plus grands » Martres ne purent réuiîîr a fon »» portrait , ni à les ftatuès , tant il » y avoit de chofes à exprimer » dans fa phiiionomie. A l'occafion du projet que Dé- métrius forma pour fe rendre maî- tre de la pèche de bitume qui fe failoit principalement fur le Lac Afphaltide; projet qu'il fut con- traint d'abandonner , parce que les Arabes brûlèrent les vailfeaux qu'il avoir préparés pour cette en- treprife. M. l'Ab. G. fait une note dont nous dirons quelque chofe , enavercillint qu'il en a uféde mê- me dans tous les endroits où il s'.igilToit de certains points de Géo- graphie , de Chronologie , &: de Critique , dont la difeuffion au- roit pu interrompre le fil de fa narration. Ce Lac , dit-il , eft le même qui eft appelle quelquefois , la M:rde Soion,e , par d'autres U Ater morte ou U Mer faite , il en donne les raifons il ajoute » qu'on y » voit flotter des morceaux de bi- »tume de la grolfeur d'un Taureau » & quelquefois de plus confiJera- « blés , qu'on prendroit pour des » Ifles flottantes. L'odeu s'en ré- « pand au loin, &'fouvent infecte » Pair. Ce bitume eft , à ce qu'on » prétend , le plus parfait que l'on » puilTe trouver. Il fert à diverfes » comportions de la Pharmacie, » & les Egyptiens le viennent en- » lever pour embaumer leurs » morts; ils n'ont pas befoin de le » mêler avec d'autres aromates. » Les Voyageurs donnent au Lac » Afphaltide N O V E M » Afphaltide environ 35 de nos « lieues de nord au lud , & près « de S dans fa plus grande lar- » geur. Il n'a point d'illue non plus » que la MerCafpienne, & toutes » les eaux qui y entrent le per- » dent dans des abîmes loûter- » rains. « Notre Auteur avertit qu'il parle d'après Diodore de Sici- le, Prideaux, le Père Calmet, &; la Martiniere. Après avoir expofé les différen- tes révolutions par leiquelles tous ceux qui compoioient la famille d'Alexandre , Princes ou Princef- les , furent tour à tour le joiiet de la victime des quatre principaux Gouverneurs de ce grand Empire, M. l'Ab. G. termine ce premier Livre en montrant, iuiva.nt le but de ion Ouvrage , l'accompliile- ment des Prophéties dans le dé- membrement qui le fit des Etats d'Alexandre , & dans la manière dont ils furent partagés entre Caf- fandre , qui prit le titre de Roi de Macédoine , Lyhmaque celui de Roi de Bythinie, Séleucus celui de Syrie, & Ptolémée celui d'Egypte. » Par ce partage fut accompli » l'Oracle de Daniel , à qui le Sei- » gneur avoit révélé ces grandes » révolutions 233 ans auparavant -, » l'efprit eft enlevé , ajoute t il , » quand on met la Prophétie à » coté des évenemens qu'elle an- » nonce. « Il rapporte enfuite en entier les deux endroits du Pro- phète, qui, fans autre explication, luffifent , félon lui , pour en con- clure : » qu'on ne pouvoit defigner » plus diftindtement , &: fous de Nevemb. B R E , 1 7 4. o. 701 » plus fublimes emblèmes le vain- » queur de Darius & le fort de les » conquêtes. L'Auteur , dans le fécond Livre, continue l'Hiftoire des Rois de Macédoine, l'on y voit une fuite de révolutions d'autant moins étonnantes , qu'il nous reprefente les Princes de ce fiécle comme des hommes fans foi & fans probité , qui, ennemis les uns des autres par l'effet de leur jaloufïe êc de leur ambition , ne connoifloient aucun principe de l'équité naturelle; l'en- vie deiordonnée de s'agrandir fai- foit toute la régie de leur conduite, il fufriloit qu'une Place , une Pro- vince fût à leur bieniéance pour les déterminer à tenter auffi-tôt tou- tes les voyes pofîlbles de s'en ren- dre les maîtres , &: pour employer indifféremment le fer ou le poifon contre tout ce qui faifoit obftacle à leur ambition. C'eft en partie à la multitude & à la promptitude de ces révolutions , qu'il faut at- tribuer les obfcuritez qui fe trou- vent dans la fuite des Rois de Ma- cédoine , foit par rapport à la durée de leur règne , foit fur les principales circonftances de leur vie. Ainfi Ptolémée-Céraunus ayant été tué dans un combat que les Gaulois lui livrèrent, les Macé- doniens lui donnèrent pour Suc- cefleur Méléagre ion frère ; mais deux mois après ayant reconnu que ce Prince étoit indigne de porter la Couronne , ils la lui ôte- rent pour la mettre fur la tête d'Antipater , neveu de Caflàndre. Rr r r 7o2 JOURNAL D On ne fçait par quelle raifon , die l'Auteur , Antipater n'en jouit que 45 jours -, ce qui lui fit donner le noin d' ' Etéfien , par allulîon a ce vent du nord , que l'on diloit ne régner tous les ans que ce même nombre de jours. Il en efl de mê- me de Softhenes qui lui fucceda ; M. l'Ab. G. avoue qu'on ignore combien il régna , & de quelle manière il termina les jours -, on fçait feulement qu'il remporta deux victoires contie les Gaulois.. Il montre auffi que Scaliger , Gronovius , & tous les Auteurs qu'il a lus , le font trompés après Eufébe , fur la durée du règne d'Antigone-Gonatas , parce qu'ils l'ont confondu avec Antigone- Dofon fon fécond Succeiïeur : » Aufiî faut-il reconnoître , dit-il , » que ces trois règnes de Gonatas, » de Démétrius fon fils, & de Do- » fon font extrêmement difficiles à » débrouiller , par la faute des an* u ciens qui n'en ont dit que très- » peu de choies , prefque toujours » contradictoires , Se qu'il efl im- » pofTible de concilier. M. Pri- » deaux , continue-t-il , qui a fenti «ces difficultez , a paflë fous iî- »lence le détail de ces règnes con- »tre fon ordinaire Se ion objet. j> Peut-être ne s'en eft-il pas ap- » perçu , n'en voyant rien dans » UlTèrius qu'il fuit pas à pas. Nous obferverons en paffant qu'il s'eft glifTé une petite inadver- tance dans l'endroit où l'Auteur raconte que Lutarius, un des chefs de ces peuples ayant fait alliance avec Nicoméde Roi deBvthinie, ES S Ç A V A N S , l'a voit aidé à détrôner Zipétes, ou- plutôt Ziboctes , qui régnait fut une pairie de cet Etat. Ziboctes- étoit père de Nicoméde , Se par coniéquent ce ne fut point lui r mais Ziboeas qui fut dmue de la. Bythinie par le fecours desGaulois.. En parlant de la célèbre défaite de Brennus arrivée au pied de la montagne fur laquelle le Temple deDdpheétoit bâti , & de la per- fuafion où les Grecs fuient qu'A- pollon avoit combattu en leur fa- veur , Se fait fervir tous les élc- mens à la défenfe de fon Temple que les Gaulois vouloient mettre au pillage , notre Auteur penie avec un Moderne que le merveil- leux qu'on a mis dans le récit de quelques - unes des circonftances de cet événement, et «piincipale- » ment dans ce que les Payens ont » dit de l'orage furvenu tout à «coup à l'approche du Temple y » Se des gros quartiers de rochers » détachés miraculeufement des » montagnes pour écrafer ces » Troupes facriléges , doit fe ré- » duire à une grêle de traits lancés » contre les ennemis , & à de grof- " fes pierres roulées du haut des » montagnes fur eux ; évenemens » tous naturels Se ordinaires dans » ces fortes d'attaques , aufquels «les Prêtres intéreffés à faire va- » loir le pouvoir de leur Dieu, au~ » ront donné un air de prodige » & de miracle , & que la crédu- " lité des peuples , fort portés à » donner dans le merveilleux, au- » ra reçus & crus fans examen. E^s exploits des Gaulois dans. NOVEM Ja Macédoine &c dans la Thelîàlie avec leur établilïement dans une partie de l'Afie, ne iont pas un des endroics les moins curieux de ce Livre. Dans le troihéme Se dernier où il eft principalement queftion des guerres que les Romains eurent avec Philippe père de Perfée , & avec Perlée lui-même, M. l'Ab. G. relève dans Tes notes différentes erreurs de Tite-Live. La première roule fur l'année où les Romains déclarèrent pour la féconde fois la guerre à Philippe. Tite - Live Î>lace cet événement l'an 544. de a fondation de Rome , mais M. l'Ab. G. le recule de huit ans , il avoue en même cems que cette date lui a donné beaucoup d'em- barras ; la difficulté eft de la faire concourir avec les années de la fondation de Rome , la fuite des Confuls , & les années avant J.C. 6c il regarde cette date comme un problême qui mérite toute l'at- tention de ceux qui s'intereflènt à l'Hiftoire Romaine. L'autre en- droit attaque plus directement Tite-Live , il lui reproche une par- tialité manifefte contre Perfée , c'eft au fujet des plaintes que ce Prince fit contre Démétrius fon frère , qu'il acenfoit fauffement d'avoir attenté à fa vie. » J'ennuierois certainement , » dit notre Auteur , iî je rapportois » ces longs difeours directs , que » Tite-Live fait tenir ici à Philip- » pe •& à fes deux fils. C'eft un » Lpifode plus digne du Théâtre Se » du Roman que de l'Hiftoire. Il B RE, 1740. 705 » faut être Tite-Live , Se aimer »> autant le ftyle diffus & emporté, ■»' pour adopter des difeours que » lui-même appelle , d'une heure , » qui font entièrement de l'Ecri- » vain, & qui n'ont d'autre fon- » dément ou vraifemblance que » la conjecturé. Tout fe parte , « dit- on , dans le fecret , & on le » rapporte mot à mot. Démétrius » avoit plu aux Romains , c'en » étoitalfez pour le combler des » plus grandes louanges. Philippe » au contraire &z -Perfée furent » toujours leurs ennemis ; il fal- » loit donc charger leur portrait , » leurs difeours & leur conduite. » Telle eft la maxime de cet Au- » teur continuellement partial , » qui ne chercfioit qu'à faire bril- » 1er fon éloquence & fa nation. » La noble fimplicité de l'Hiftoire » doit éviter l'un Se l'autre. « Nous laiflons au ledeur le foin d'appré- cier cette critique. Il l'accule encore dans un autre endroit de ne pas garder la vrai- femblance ni la pojjibilité , par l'en- vie cjud a de répandre la honte , U fsiblejfe , & le r.dicule fur toute la conduite dt Perfée. Parmi un grand nombre de traits qu'il en pourroit citer ; îl dit , pour en donner un exemple , que fi on en croit Tite- Live, Perfée étoit à Dium , tandis qu'Hippias & le Conful difpu- toient le paflàge d'Oélolophe, que ce Roi entendoit les cris des Ma- cédoniens , Se que par ignorance, par lâcheté , ou par aveuglement , il négligea d'envoyer du fecours aux liens. Mais , fuivant notre R r r r i j 7o* JOURNAL D Auteur, ce reproche n'elt fondé que fur une groffiere ignorance de Géographie. Il n'y a qu'une Oéholophe & qu'une Dïum , & leua \'i!les font éloignées en- tre elles d'environ fo lieues, foi- vaut les polirions mais outre qu'il eft prouvé , dit M. l'Ab. G. que cet Ecrivain en impa- fait , & qu'il n'a vécu que long- teins après cette guerre , Poffido- nius qui dit s'erre trouvé a cette bataille , & qui a écrit la Vie de Perfée , allure que ce Roi , loiiv de s'en être abienté,. s'y compor- ta avec beaucoup de bravoure , & qu'il y fut même blellé. Quoiqu'il enioit,. nous avoue- rons qu'en ne conlultant même que ce que notre Auteur rappor- te des dernières actions de Perlée, du découragement dans lequel il tomba après la défaite , & de la manière dont il fe livra lui-même a Paul-Emile Ion vainqueur, il eft difficile de concevoir une opinion avanrageule du courage & de la confiance de ce Prince. Avec lui finit le Royaume de Macédoine, les Romains la mirent au nombre des autres Provinces que le fort des armes avoit déjà lubjuguées : » Et voila , dit M. » l'Ab. G. le terme où aboutitent » enfin la force , la bravoure, l-in- » trépidité , les projets , l'ambi- » tion , les conquêtes & la puilîàn- » ce de la plus floriftànte , la plus- » redoutable , & la plus vafte Mo- » narchie qui ait jamais paru. C'eft par cette grande révolu- tion que finit le troifiéme & der- nier Livre de ce cinquième Volu- me ; nous donnerons l'Extrait du fixiéme dans le Journal foivant. NOVEMBRE, 1740. 70; PANEGTRIQVES , SERMONS , HARANGVES ET AL TRES Pièces (l'Eloquence : far feu Ad. de la Pari (1ère , Evcque de Nîmes. A Paris , chez ù'/^ejr , rue de la vieille Bouderie ; chez Bordelet , Lam- bert , & Durand, rue S. Jacques , 1740. deux vol. in-11. Tcm. I. pag. 43S. fans un Avertillèment , Tom. II. pag. 3 j j. Avec u-ipproba. tion & Privilège. >v CE font des Ouvrages Pofthu- mes que contient le Recueil dont nous allons rendre compte. M. de la Parifiere . né en 1667 , nommé à l'Evêché de Nîmes en 1710, mourut en 1736. Plulieurs autres particularitez qui concer- nent les mœurs , fon caractère & les talens le trouvent dans l' Aver- tillèment que l'Editeur a mis à la tête du premier Volume , c'eft-là qu'il faut lire encore 1 Eloge de ce Prélat tiré de l'Hiftoire des Evê- ques de Nîmes ( I J , ainfi que quelques réflexions de l'Editeur fur le genre d'éloquence le plus convenable , félon lui , aux Prédi- cateurs ; principes qu'il propofe avec d'autant plus de confiance , qu'il trouve dans leur alïemblage le portrait de l'Orateur dont il fait en même tems l'éloge. Le premier Volume de ce Re- cueil renferme deux Panégyriques de Saints , fîx Sermons , une Exhor- tation fur l 'Aumône, & un Difcours ■prononcé dans la Cathédrale de Nî- mes , aux approches de la contagion. Réduits , comme nous le fem- mes , a ne pouvoir parler que lommairement de ce nombre de Pièces , nous choiiirons du moins (1 ) Cet Ouvrage eil de M. McnarJ, Ali'ocié de l'Académie de Mar;rilk\ les endroits qui pourront le mieux; caraérériler l'Auteur. Nous remarquerons d'abord qu'en général les Textes fur lef- quels M. l'Evêque de Nîmes fonde preique tous les Difcours , font limples , & ne prefentent pas du premier coup d'oeil à l'efprk , tou- te la fécondité qu'on leur trouve dans la fuite , par l'abondance avec laquelle l'Orateur employé les autoritez prîtes dans l'Ecriture; les réflexions nombreufes que lui fourniilent les proportions qu'il avance , & les applications qu'il en fait aux mœurs communes du fiecle. Dans le Panégyrique de S. Ignace ■ par exemple, voici quel eft fon Texte :. » Le Seigneur a ré- » glé la charité en moi ( 1 ). « Ce portrait , qui fe trouve être en abrégé celui du Saint dont il com- mence l'Eloge , produit d'abord deux réflexions applicables , parti- culièrement a deux fortes de de* vots qui font loin encore de la per- fection de leur état. A ceux qui l'étant devenus de bonne foi , con- fervent encore dans la pratique des bonnes œuvres , une certaine fingulai ité , un manque de luite , qui leur étoit ordinaire , quand ils- ( 1 ) Ordmavit in 'me Charitaterrv (Senti II.- 7o$ JOURNAL D n'avoient que des vues , que des occupations purement humaines. Et aux dévots qui n'ayant pas les inclinations qui empêchent de l'ê- tre , mais qui manquant d'une cer- taine ferveur , lo.it gens de bien , plutôt , pour ainfi dire , par indif- férence pour le crime que par at- tachement pour la vertu. L'Ora- teur expofe donc: «Que s'il eft rare » de trouver une véritable charité » parmi les hommes , il e.t bien » plus rare encore d'y trouver une » charité parfaitement réglée. « Quelle eft la charité qui anime S. Ignace} » Un grand amour de Dieu » toujours utile au prochain , un « grand amour du prochain toû- » jours glorieux à Dieu. « C'eft de ces deux lources que l'Orateur fait naître toutes les vertus recon- nues dans ^e Saint ; vertus prou- fées par des travaux de tous gen- res ; plus admirables a melure qu'ils le multiplient , cV toujours ayant pour unique objet la gloire de Dieu & le bonheur des hom- mes. » La crainte , dit le Pauégyri- »yrV , qui eft d'ordinaire le pre- » mier motif de notre retour vers » Dieu -, & qui peut-être , hélas , » eft quelquefois le leul mo- » bile de plulîeurs Chrétiens , » n'eut plus de place dans (on cceur » qu'autant qu'il en falloir pour le » préferver de l'illufion : l'amour i> leul & le plus pur amour ani- >■> ma tous fes delîrs : « mais cet amour pur , & c'eft - là ce qui le caractérile davantage, ne diminue jamais dans S. Ignace , au milieu même des ravilïèraens & desextà- ES SÇAVANS, fes , l'elprit d'humilité qui naît de la vue de notre foiblelle. » Sca- » chant faire le difeernement des » dons de Dieu , toujours en car- » de contre les révélations ; il les » tint prelque toutes pour lulpec- » res Se eftima les plus avérées » bien moins que l'obéillànce & » l'humilité. Pour donner la véritable idée du zele iëfaint Ignace, l'Orateur le peint tout À tous ; b'en diffèrent de ces hommes pieux dont la cha- rité délicate choihliant les objets qui doivent occupet leur zélé , ne s'appliquent qu'aux travaux qui flattent en fecrer leur goût , leur caracféie-, indifrèrens 6V; peu pro- pres à rour ce qui n'eft pas lelon leur lens : mais aétifs , ingénieux quand il s'agit du genre de bien qu'ils aimenr à faire , leur zélé bien approfondi a tour le caractè- re des paffons. Dans un Sermon fur les plai/îrs M. l'Evcque de Nîmes n établit pas feulement par les autorirez qu'il tire de l'Ecriture ce qu'il a deffein de periuader à les audi- teurs : c'eft auffi dans leur railon même, c'eft dans leur pi opie ex- périence qu'il puife les moyens de les convaincre. » Je neveux ( leur » dit-il ) contre vous , que votre » propre aveu , & prenant ces » plaints pour ce que vous voulez » qu'ils ioienr -, je dis en premier » lieu , que le Chrétien eft infidèle, »de rechercher les plailîrs luf- » pcéb : je dis en fécond lieu, que » le pécheur eft injufte de le per- » mettre des plailîrs légitimes. N O V E M Pour- fonder ces deux pro- portions , il fait d'abord un por- trait des engagemens de la vie- Chrétienne , qu'il oppole à la re- cherche de ces plaifirs »qui ne nous » paroiflent luipecTbs & coupables » qu'à demi, que nous ne voulons « pas qu'on condamne , mais que » nous n'ofons juftifier pleinement. Il démêle les fubterfuges par lefquels les uns fe font eux-mê- mes illuûon pour ne point voir Tes dangers aufquels ils s'expo- fent. Les faulles conciliations que d'autres conçoivent entre ces ufages dangeieux , & la lé- vérité du Chriftianiime : » ofez- » vous , leur dit-il , vous permet- » tre de deflein prémédité ce que » vous voulez qui puille être ex- « cufé , mais que vous ne fçauriez » difconvenir qui n'ait befoin de » l'être. Quand vous aimez mieux » hazarder une tranfgrefîlon capi- » taie que de vous refuler un plai- « fir qui en eft pour le moins une » légère. . . . Quand vous êtes toû- " jours d'accord avec l'ennemi de »' votre Dieu , & que vous ne vou- » lez rompre avec lui qu'a fextré- » mité. . . . Quand difpofanr, pour » ainfi dire , de votre autorité du » degré d'amour qui eft dû a l'Etre » Suprême , vous décidez par vo- » tre conduite qu'il efl: permis de » le fervir mal , &c qu'il n'eft dé- » fendu que de le trahir. Il trace enfuite une image des plaifirs convenables a l'état de Chrétien, & cette peinture pref- crit un genre de vie dont la dou- ceur , l'égalité Se d'autres avanta- B R E , 1740: 707 ges encore fe prefentent fi naturel- lement à un bon efpiit , qu'on voit des gens du monde l'embrafler prefque entièrement, guidés feule- ment par les vues de la Sagefle hu- maine. La féconde partie efl: employée à prouver que le pécheur eft inju- fte » de fe permettre les plaifirs » légitimes. « La néceffité de la pénitence établie enluite , M. l'E- véque de Nîmes explique com- ment elle doit influer fur toute notre vie. Il fait voir que quand notre jeunelle efl: paflee , ou lors même que dans la jeunefle nous manquons de ce qui fait réufïîr dans le monde ; notre éloigne- ment pour les plaifirs au lieu d'ê- tre un facrifice n'eft fouvent qu'u- ne fécrete infpiration de notre amour propre qui nous fait fentir que ces plaifirs nous fuyent , Se que les quitter ce n'eft que s'épar- gner des dégoûts. L'Orateur fait connoître encore que dans cette fituation , la vie pénitente dont on fe pare fans fauûeté, mais qui n'a pour première caufe que le décou- ragement de courir fans fruit, après les diflipations , après les er- reurs du monde n'eft qu'un autre rôle qu'on jolie fur le même théâ- tre , & qu'attendu la malignité humaine , comme les motifs fe- crets de notre conduite font pref- que toujours pénétrés , il arave qu'après avoir feandalifé le monde nous fommes bien loin de l'édifier. Encore une des Pièces principa- les de ce Volume , c'eftw» Sermon four le jour delà Pentecôte } prêché 7oS JOURNAL D devant le feu Roi. M. l'Evêque de Nîmes commence ainfi a donner une grande idée de cette I été. » Les autres Solennitez ne font » que le limple fouvenir du Myfté- » re pallc, celle-ci en eft le renou- » vellement. « Enfuite , aptes Trait fait remarquer combien les diipohtions dans lefquelles les Chrétiens d'aujourd'hui attendent h faim Efprit . diffèrent de celles des premiers Chrétiens -, il parte à ces deux propofitions qui devien- nent l'ame de tout ion Dilcours : la première , «Que l'efprit de Dieu » a triomphé de ("efprit du monde, » dans le tems que le Chiiftianil- » me n'étoit encore que dans les >> commencemens : « La féconde, >s Que l'efprit du monde triomphe »de t Efprit de Dieu dans fè tems » qoeleChriftianifme devroit être » dans fa perfection. Pour mettre d'abord fous les veux tout ce qui concourut a com- rmtre l'établiffement du Chiiftia- nifme , obftacles que la defcente eu faim Efprit diiïipa fucceffive- ment: » Souvenez-vous , dit VO- « ratatr , de l'état de YEnpire Ro- umain a la naiffance du Chiiftia- » ni fine. . . . Quelle jufte prévejn- >> tion ne règne pas parmi nous en » faveur de ce peuple lî grand , ii » fa^e , de ce Peuple Législateur ; » &C , Il j'oie m 'expliquer ainfi , de fl cf peuple de Héros , de ce peu- » pie Roi ! Quelles armées ! Qiiel- >•> les richelfes ! Quelle fplendeur ! >> Quelle Majeftc ! Quels Hommes «îlluftrcs dans cous les caractères ! » Quels modèles pour tous les fié- ES SÇAVÂNS, » clés , de tout ce que la gloire $c » la fagelle humaine ont de plus » éclatant ! Mais en même tems » quel étoit rattachement de ces » hommes pour leurs Dieux , auf- » quels ils (e croyoient redevables »de l 'empiie du mollde ! . . . . « Cependant , continue - t - il plus loin , » le Chriftianifme eft reçu » par toute la Terre. ... La Reli- » gion pénétre chez les peuples » où la raiion & l'humanité , » étoîent julqu'alors inconnues , » le Scythe féroce porte le joug du » Seigneur : la chafteté eft reçue " chez les Corinthiens , où la vo- » lupté a voit établi Ion empire. La » foi aveugle fouvent les efprits h curieux SAthtnes. L7 » peuple de Solitaires , ou plutôt » d'Anges terreftres , ces cavernes » où elle alloit chercher des bêtes » pour les adorer. Les puiffances >' fe foulevent en vain contre les » Chrétiens , irritées de leur culte, » cv plus encore de leur vertu.... » Ceux qui les perfécutent, qui les » martyrifent , ne peuvent avoir jj feulement l'avantage de s'en fai- » re hair : « Dans ces heureux tems , c'eft encore l'Orateur qui parle : » On étoit fur de trouver la » vérité dans la conduite desFidé- » les ; fçavoir , leur Vie 5 c'étoit » avoir , fans interruption , une » tradition de fainteté pi efqu'aulïï » confiante , prefqu'auffi liïie que » l'eft celle des Dogmes. Mais au- » jourd'hui .... fi le monde n'a pas »> décidé contre toutes les maximes » de l'Evangile par des principes » oppofés , comme il en a établi m fur N O V E M » fur la vengeance , l'ambition , la » vanité. . . . n'a-t-il pas du moins » donné à tant de vices des noms » qui adoucirent , qui font dilpa- » roître l'horreur qu'ils devroient « infpii er. On accorde des éloges » aux vertus Chrétiennes,mais c'eft » tout ce qu'on fait pour elles , on » ne veut pas même vivre avec ceux » qui les pratiquent. Ne s'accom- «mode-t-on pas mieux dans le corn . «merce,d'un hommequ'on voit en- » tierement livré aux ufages , aux « plaifirs du monde , au farte , aux » excès? mais qu'on teconnoît in- •» confideré, préfomptueux , parce » qu'il a l'efprit borné & frivole : » critique & méprisant par grofîiere » igno.rance,& plus fouvent par pu- » re malignité : envieux fans autre »fujetdel'être,qu'une peine fécréte » que lui caufe la fatisfa&ion d'au- » trui ; faux pour cacher feulement wles défauts quidiminueroient de fa n confideration, de fon crédit , fans » fonger a diffimuier ceux qui lui » ôtent toute eftime : & enfin impie » peut-être,ou plutôt qui s'étudie à « le paroître par la faulle idée qu'il « s'eft faite d'un efpnt fort : ne le »recherche-t-on pas ce même hom- i» me , par préférence à celui qui «n'ayant pas lelangagedes pafïîons, " ne met dans la focieté que la dou- » ceur, l'égalité, l'équité, la difcré- » rion, le zélé à rendre fervice, l'in- »> dulgence pour les défauts d'autrui, u la gaieté décente.le goût des plai- » firs qui n'ont rien de dangereux, « enfin toutes les qualitez de l'hom- » me véritablement Chrétien ? Pans fon Exhtrftttion fur l'An- Novtmb. B R E , 1740. 70P ment , M. l'Evêque de Nîmes re- marque avec anjufte discernement une forte d'avantage que cet ade de pieté a fur tous les autres : » Grâces à la Divine Providence , »» dit-il , les âmes charitables font »relpe€tées du fiécle le plus cor- n rompu ; &c le libertin critique , à » qui les gens de bien font un fujet » de dérifion & de icandale, & dont «lacenfure n'épargne pas les plus » héroïques vertus , n'a encore » ofé attacher a ['Aumône ni honte » ni ridicule. Nous terminerons cet Extrait en rapportant un fragment du Ser- mon fur la Paix , morceau bien di- gne de l'attention des Lecteurs. M. l'Evêque de Nîmes y confi- deré les malheurs que la France venoit d'elîuyer comme des épreu- ves utiles au faim de fon Roi ( 3 ). » Si c'eft , continue-c-il , parce que »» vous l'aimez ce digne Monarque, » que vous avez voulu nous affli- » ger, nous vous en bénillbns, Sei- » gneur , heureux de pouvoir fer- » vir a fon bonheur éternel , corn- » me nous nous flattons d'ajouter » quelque choie , par notre amour » à fa félicité temporelle .... Il a » fallu que la tentation l'éprouvât , » elle l'a éprouvé , & fon cceur » toujours inébranlable , n'a con- »> nu ni découragement ni murmu- »» re. Il ne s'eft point élevé contre » vous,& il ne s'eft humilié que de- ovantvousleul.jamaisiln'aétéplus »> jufte.ni plus Roi. Mais après cette » épreuve qui a n.is fa foûmiffion »> de fon courage dans un fi grand (3) Uuis XIV. Sfff 7io JOURNAL D » jour , 8c l'a garanti du piège de >■> les propres vertus ; vous avez j> fait revivre toute fa fortune. . . . j' Ali s'il eft de l'ordre de votre ju- » !tice que les peuples fe reffen- » tent des vertus de leurs Rois , » nous ne fommes pas dignes de ES SÇAVANS, » toute fa proipérité qui a rejailli » lur nous, &c nous méritons bien » plus que Tes difgraces dont nouî » avons été les victimes. Nous donnerons dans un des Journaux iuivans l'Extrait du fé- cond Volume. CHRONOLOGIE DE L'HISTOIRE SAINTE ET DES Hijhires étrangères qui la concernent , depuis la finie d'Egypte jufqu 'à ' Id Captivité de Babylom : par jilphonfe de Fignoles. J738. A Berlin, chez Ambroifc Haude. «-40. 1 vol. Tom. I. pag. 79c. Tom. II. pp. S66. non compris la Table des matières. CE grand Ouvrage eft dédié à la Reine de PrulFe, aujour- d'hui Douairière , Princene qui re- levé l'éclat de fon rang par Tes qualitez vraiment Royales , & qui par le goût qu'elle a pour les Lettres , êc par la protection qu'elle accorde à ceux qui les cultivent , mérite parfaitement tous les éloges que Moniteur de Vignoles lui donne dans l'Epine Dcdicatoire qu'il lui adrelle. Il nous y apprend qu'elle daigne ad- mettre, les Sçavans à la table , qu'elle fe plaie avec eux, parce qu'elle cil: a portée de les entrete- nir des matières qui conviennent le plus au genre d'étude auquel ils fe font appliqués. Il rapporte à cette occafion , qu'ayant un jour l'honneur de dîner avec cette Priricelfe , la con- verfation roula fur la morale des Chinois , fur la Philofophie du cé- lèbre Wolf, que la France, dit-il, commence a connoitre, lur divers traits de l'Hiftoire Sacrée & Pro- fane , fur quelques Livres de fon Cabinet, qui, pour le dire en paluilt , vont à plus de 4000, tous écrits en François , fur les curiolî- tez de la Nature, fur les richellès de la mer Se des mines , &: lem- blables in/ets : converlation , ajoute M. de Vignoles . biendirrè- rente de celles qu'on tient ordinai- rement à la table des Grands. Mais ce qu'il y eut de plus inte- relîant -pour M. de Vignoles , c'eft que cette Reine lui témoigna tant d'emprelïement de voir l'Ouvrage dont il eft ici queftion , qu'animé par (es follicitations,il ne tarda pas long tems à le donner au public. Il elt à remarquer que M. de Vi- gnoles étoit pour lors âgé de 88 ans , qu'il jouilïbit d'une fanté parfaite , év qu'il fembloit que les années eiuTent moins diminué les forces de fon corps qu'augmenté celles de fon efprit. Un homme dans un âge fi avan- cé , encore capable de travailler lur iiChonologie Sacrée , c'eft-à- dife , fur ce qn'il v a de plus épi- neux dans la plus épineufe de tou- N O V E M ~':zs les Sciences , & une Reine qui Ce plaît à animer & a encourager un Sçavant de cet âge & de ce ca- ractère , font deux choies lî rares & il extraordinaires , que nous avons cru qu'on ne nous Içauroit pas mauvais gré, de nous y être un peu arrêtés. Venons maintenant à l'Ouvrage même. M. de Vignoles nous ap- prend dans fa Préface , qu'il n'a- voit guéres que 30 ans lorlqu'il commença a y travailler , il étoit pour lors en France, qui eft fa pa- trie , & il y exerçoit les fonctions de Miniftre dans une Eglife Calvi- nifte près de Nîmes , dont fa fa- mille eft originaire. Frappé d'avoir vu dans l'Hiftoire du Vieux Telta- ment de M. Simon difterens en- droits où ce Sçavant alïuroit qu'il étoit impolTible de faire une Chro- nologie exaéte & ceuaine fui les Livres de l'Ecriture Sainte , tels ^qu'ils font aujourd'hui , ce qu'il •appuyoit même de l'autorité de Saint Jérôme , M. de Vignoles réiolut d'étudier à fond cette ma- tière, &z après avoir lu tous les Chronologiftes qui lui tombèrent lous la main , il crut trouver pref- que dans tous trois grands défauts, 1". Il remarqua qu'ils ne s'accoi- doient point entr'eux , nf' fur la Chronologie générale de l'Ecritu- re , ni fur les endroits particuliers où il y avoit quelque difficulté. z". Qu'il n'y avoit aucune unifor- mité entre eux dans la dilpohrion des diffèrens intervalles où com- miençoient & nnilfoicnt leurs épo- ques , ni même aucune régie kir B R E , I 7 4 G. 711 laquelle on pût établir aucune épo- que fixe. 3". Enfin il fe perfuada qu'au lieu de fuivre naturellement la Chronologie Sainte , telle qu'elle eft rapportée dans le Vieux Telle- ment, ils ont tous , Se en parti- culier Ulferius , commencé par fe faire, ou un Syftcme général pour toute la Chronologie Sainte , ou des Syftêmes particuliers pour quelques intervalles particuliers de cette même Chronologie, après quoi ils ont allongé ou raccourci les tems le mieux qu'ils ont pu, pour les accommoder à leurs Sy- ftêmes déjà formés. Ainfi il montre que la plupart des Chronologiltcs fondés fur un pallage célèbre du premier Livre des Rois , Chap. 6 , ont lîippofc qu'il y a eu précilément 480 ans depuis la fortie d'Egypte juiqu'à la fondation du Temple de Salomon, & que de même ils ont fuppofé en veitu d'une vilîon du Prophète Ezéchiel , qu'il falloir absolument trouver 35,0 ans depuis la divifion des deux Royaumes de Juda & d'Ifracl. Or M. de Vignoles prétend , Se il fe propofe de le prouver dans le cours de cet Ouvrage, que quand on examine avec quelque loin la Chronologie de l'Ecriture Sainte , on trouve que le premier interval- le doit avoir été beaucoup plus long, & le fécond beaucoup moin- dre qu'on ne le croit communé- ment. Mais comme les Chronolo- giftes n'avoient point de réo-le cer- taine pour fe conduire dans les re- Sffîij 712 JOURNAL D rrancbemens , ou les additions qu'ils ciu faites a ces deux irter- valles , il ne feint point d'alluter qu'ils ont eu recours a l'un on à l'autre de ces deux expcJiens (ans autre railôn que le plus ou le moins de facilité qu ils leur four- rudoient pour loù'rcnir le Syftéme qu'ils avoient imaginé. « Des libériez il fréquentes , fi T5 peu uniformes , & h peu fon- r> dees ne patoisant a notre Au- 3> teur propres qtr'a rendre incer- n taine la Chronologie de l'Ecri- » tare Sainte , cV même cju'a « ébranler l'autorité des Livres » Sacrés , il crut devoir travailler *> a leur Chronologie , comme il 5» auroit travaillé a celle d'Héro- » dote , de Thucydide , ou de tel «autre Hiftorien qu'on- luppofe- » roit exaét & judicieux. « Dans cette vue il recueillit avec loin tous les paflages de l'Ecriture qui avoient rapport à la Chronologie , perfuade qu'il n'en falkm négliger aucun, ni y rien ajouter par con- jecture , à moins qu'on n'y fût en quelque façon forcé par la liailon de l'niltoiie , deux points qui , fé- lon lui , ont été mal oblervés par plufîeurs Sçavans. Il a cru feulement devoir joindre àl'Hiftoire Sainte l'Hiftorien Jo- fephe , tant parce qu'il a iuppléé Tes deHX vuides dont nous venons déparier, que parce qu'après les Auteurs de l'Ancien Teftament , nous n'avons point d'Ecrivain plus ancien , ni qui ait pu être mieux inltruit que lui de tout ce qui re- j^de L'Hiiloire des juifs». ES SÇAVANS, C'eft kir de tels principes que M. de Vignoles commença à tra- vailler , & a raflêmbler les idées fur de fimples feuilles volantes F mais ayant été impliqué dans un jugement qui fur rendu contre plulieuts Miniftresda bas Langue- doc , & tous fes papiers ayant été iaifis , il ne put fauver du naufra- ge , que ce qu'il avoit écrit fur la Chronologie des Rois dejuda & d'Ifraèl. Une longue fuite de eon- treréms qu'on peut voir dans la Picface , rayant obligé d'inter- rompre fes études , ce ne fuc qu'en 1710. qu'il le trouva en état de donner le plan de km Ouvrage, tant pour l'annoncer aux Sçavans que pour profiter de leurs avis. Ce plan fat Ci bien reçu que M. de Vignoles ne balança plus a pu- blier l'Ouvrage même, mais il lui a donné une forme plus régulière, & il enadifpolé toutes les parties d'une manière un peu différente de celle qu'il avoit d-'abord propo- iéeau public. Tout l'Ouvrage eft partagé en deux Parties générales , dont cha- cune eft divilée en pliifieurs Livres. La première regarde uniquement la Chronologie de l'Hiftoire Sain- te, qui a été le principal objet de fes recherches; il y fait voir qu'el- fe n'eft pas fi embarraiïee qu'on le croit communément , 6c il entre- prend de montrer qu'elle renferme un Syftême régulier , dont les par- ties font très- liées entre elles. La féconde Partie roule fur les Hiltoi- res étrangères ; M. de Vignoles le propofè d'y montrer qu'elles. NOVEM font parfaitement d'accord avec celles que nous liions dans les Li- vres Saints. Il oblerve i°. que l'époque de la Création du monde eft très-dif- ficile à déterminer ; on fçait qu'il y a une différence de 14 à 1 j fiécles entre la Chronologie du Texte Hébreu & celle des Septantes , qui a été fuivie par les anciens Pe^ res de l'Eglife , Se pour laquelle quelques modernes , IfaacVoffius &: le Père Pezron entre autres , fe font déclarés , parce qu'ils la ju-°- geoient néceflaire pour concilier l'Hiftoire Sainte , avec ce qu'il y a de moins douteux dans les autres Hiftoires du monde , & en parti- culier dans celle des Chinois , 1". que cette diverfité de fentimens fur l'époque de la Création du monde en a produit encore une plus grande fur la durée du mon- de jufqu'à J. C. Le fçavant Père Tournemine dans fesTables Chro- nologiques ajoutées au Méno- chius , indique près de cent cal- culs dirferens fur ce point de Chro- nologie , & notre Auteur allure qu'il en a recueilli près de deux cens , dont les deux qui font les plus éloignés l'un de l'autre , le font d'environ 3 j fiécles. Quelque furprenante que foit cette diverhté d'opinions ,. il pré- tend qu'elle auroit pu être plus grande , fi les Chronologiftes dont les Ecrits font venus à ia connoil- fànce,avoient eu égard à deux cho- ies. La première eft, comme il en- treprend de le prouver dans la fui- te de cet Ouvrage , que , félon B R E , 1 7 4 0; 7 t j toutes les apparences , dans les premières années du monde , les années civiles n'étoient compofées que de 360 jours , au lieu qu'on fuppofe ordinairement qu'elles écoient femblables à nos années Solaires , ou qu'on les y reduifoit de tems en tems par des intercal- lations. La féconde eft, que tandis que pour déterminer la faifon de l'année dans laquelle le monde a écé créé , les Chronologiftes ne fe partagent que pour l'équinoxe du Printems , ou pour celui de l'Au- tomne , M. de Vignoles allure qu'on peut ibûtenir avec les an- ciens Egyptiens , les Arabes , & quelques modernes , comme Mer- cator , Kepler, & plufieurs autres, que le monde a commencé au Solftice d'été. Croyant donc qu'il féroit inutile & peut-être même impoffible de fortir de toutes les difficultés qu'on peut former fur l'époque de la Création du monde , notre Au- teur s'attache à celle de la fortie des Ifraëlites du Pays d'Egypte ; mais quoique cette époque , com- me étant moins éloignée , foit beaucoup plus-fûre que celle de la Création du monde , il montre qu'elle ne laiflè pas d'avoir d'afïèz grandes obfcuritez , fur lelquelles il le flatte cependant de répandre la lumieie, - Il prend donc ce grand événe- ment pour l'époque générale de fes deux premiers Livres , dont le fécond finit à la Captivité de Baby- lone , deux termes dans lefquels il a jugé à propos de fe renfermer. 7i$ JOURNAL D Outre que la fortie d'Egypte a été employée pour époque lous le rè- gne Je Salomon , c'eft le premier événement de l'Hilfoite Sainte où l'on trouve des caractères Chrono- logiques , ex pour ce qui regarde la Captivité de Babylone , il fait voir qu'elle eft arrivée dans un tems fixe & déterminé. Pour parvenir a trouver la vraie époque de la fortie des Hébreux de la terre d'Egypte , M. de Vignoles dans Ton premier Livre a recueilli les uns après les aunes, & lié enfem- ble tous les endroits de l'Ecriture , qui ont rapport a la Chronologie, &. dont les uns par l'ordre de la narration paroiuent être vifible- ment la fuite des autres -, mais comme le Texte de la Bible , tel que nous l'avons aujourd'hui , n'exprime la durée , ni du gou- vernement de Jolué cV àz%Ancicns qui lui furvêcurent , ni de celui de Samuel qui fut le dernier des Ju- ges , & que c'en: très-inutilement, félon lui , que les plus fameux Chronoloçiftes anciens & moder- nes le font donné la toi ture pour remplir ce vuide , il a cru qu'il ne reçoit pour cela d'autre relîource , que celle de recourir a Jofephe , celui de tous les Hiftoriens , après les Ecrivains Sacres , qui a du être le mieux informe , puce qu'il a pu fouiller dans les Archives que les Juifs a- voient confervées avant leur der- nière ruine. Ayant donc lupplcé par Jo- fephe aux omifnons des Livres Saints fur la durée de Jotuc & des ES SÇWA-NS, autres Juges & ayant fait un total de tous les intervalles qui fe trou- vent entre la fortie d'Egypte juf- qu'a la fondation du Temple , M. de Vignoles a trouve qu'il s'étoif écoulé 64S ans , 6'c qu'a un an près cette lomme s'accorde avec cel- le de Jofephe , qui eft de 6 Ty années ; légère différence qui , lelon M. de Vignoles , vient uniquement de ce que l'Hiftorieu des Juifs a compté comme corn* plette la quarantième année de David , au lieu qu'elle eft la même que la première de Salomon. Mais cette lomme de 648 ans excède de 168, celle de 4S0 qui eft l'intervalle que le premier Li- vre des Rois met depuis la fortie d'Egypte jufqu'à la fondation du Temple. M. de Vignoles fent bien que cette différence eft trop grande , pour ne pas prévenir les Lecteurs contre fa Chronologie , & contre celle de Jolephe. Mais après y avoir mûrement penlé , il s'eft rangé, dit-il, dans le parti de ceux qui foupçonnent depuis long-tems que les Nombres ont été altérés par les Copiftes dans Le palïage du Livre des Rois dont il s'agit ici. Il convient que ce dénouement pour- ra paroure un peu trop hardi , & en effet il a paru tel non leule- mentaux Journaliftes de Trévoux, mais même a quelques Proteftans, qui l'attaquèrent lorfque , comme nous l'avons dit , il donna en 171a. le plan de fou Ouvrage. En vain lui a-t-on fait voir qu'il étoit d'une dange.euiè conléquence d'aduiet- N O V E M B tre de pareilles altérations dans le, Texte Sacré , il perfide à foûtenir que celle dont il eft ici queftion T n'en eft pas moins réelle. Si on l'en croit, le fameux palïage du Livre des Rois portoit autrefois 648 , mais le premier chiffre ayant dii- paru par quelque accident, les Co- piées qui feront venus après au- ront ajouté un zéro à la fuite des deux chiffres qui par la fuppref- fîon du premier, ne formoient plus que la iomme de 48 ; ainfi l'addi- tion de ce zéro aura donné le nom- bre de-iSo. Pour atlurer , ajoûte-t-il, comme l'ont fait entr'autreslesjournaliftes deTrevoux, qu'une femblable alté- ration eft impofiible , notre Au- teur foûtient , » qu'il faudroit re- » garder tous les Copiftes de l'E- » criture Sainte comme continuel- " lement infpirés , & incapables « d'avoir des diffractions , mais je »ne puis , continue -t-d , renoncer » à la railon qui m'enfeigne que » les Copiftes, étant des hommes , » ont pu par inadvertance omet- » tre des mots , ou des chiffres , " ou écrire les uns pour les autres, » ni me fermer volontairement » les yeux , pour m'em pécher de » voir que cela eft fréquemment » arrivé aux Copiftes de l'Ecriture « Sainte. « Il le flatte d'en avoir- donné beaucoup d'exemples dans Ion Ouvrage ; mais il inhfte lur- tout fur un endroit d'Efdras , où cet Auteur rapportant comme Né- hémias , ik a peu-près dans les mêmes termes,la Lifte des familles qui revinrent de la Captivité de R E , 1 7 4 e>; 717 Babylone , en compte tantôt plus , tantôt moins , Se en omet entière- ment quelques - unes , en lorte qu'il y a une différence de plulieurs milliers de perlonnes entre ion calcul, &: celui de Néhémie. ïl ren- voyé à la Critique Sacrée de Louis Cappel , qui a mis, félon lui, cet- te preuve dans tout Ion jour. Telle eft en général la matière du premier Livre ; dans le fécond M. de Vignoles fe propofe de con- cilier les tems des Rois de Juda & d'Ifraèl , fujet , dit le Père Pétau après Ilàac Voffius , rempli de tant d'obicuritez qu'il n'eft pas lluprenant que perlbnne n'ait pu jufqu'ici les difliper pleinement. Scaliger le plus décifif de tous les Sçavans , en a Ci bien fenti la difficulté , qu'il avoiie que fur cet endroit de la Chronologie Sacrée , il dira , non ce qui lui paroît certain , mais de moins in- certain. M. de Vignoles allure que des aveux de cette nature l'au- roient détourné de ce travail , s'il ne s'agiffoit pas de l'honneur des Ecritures ; mais plus les diflî- cultez lui ont paru grandes , plus il a cru devoir faire d'efforts pour les furmonter. Pour lever ces difficultez , les Chronologiftes des deux derniers liéclesont imaginé plufieurs régies particulières, aufquelles il prétend, qu'ils ont eu plus ou moins re- cours , félon que les unes ou les autres de ces régies s'accommo- doient plus ou moins avec le Syftê- me qu'ils avoient embraffé , & fui- vant qu'ils le ju.geoient à propos 7t<5 JOURNAL D pour arrondir leur calcul. Ils ont i°. imaginé des interrègnes : i". Des allocations de fils a la Royau- té de leurs pères : 30. Des années que l'on compte tantôt comme n'étant que commencées , tantôt comme finillânt. Il ellàye de mon- trer en détail contre chacun de ceux qui les ont employées , que ces prétendues régies lont faunes , ou trompeuies , qu'elles font arbi- traires & nullement fondées , il les rejette donc toutes a l'exception de la dernière , dont il le fei t non quelquefois , comme ont fait cer- tains Chronologiftes , mais con- ftamment dans l'Hiftoire générale des Rois de Juda tk d'Iiirael. Avant que de faire ufage de cet- te régie , il en montre la juftellè , & fe flatte de lui avoir donné un degré d'évidence , qui la met bien au-deflus de tout ce qui s'appelle Hypothéfe ou conjecture, il s'en feitenfuite pour expliquer les dit— fieultez générales qui fe prefentent dans la Chronologie des Rois de Juda & d'ifrael ; a l'égard des dif- ricultez particulières qu'on y ren- contre en chemin faifant , il tâche d'y fatisfaire par des lqlutions qui lui lont propres , mais cependant fans rejetter abfolument celles qu'on trouve dans les autres Au- teurs qui ont écrit lur la même matière. Ce Livre finit à la Captivité de Babylone. On y luit durant 1 el- P ace de 1085 ans lans interruption époque de l'Exode ; les Tables Chronologiques dont il eft rem- pli vont depuis le Schilme des ES SÇAVANS, deux Royaumes jufqu'au rétabli!- fement du Temple lous Daiius ; outre les années de i'Exude, on y a encore marqué d'un coté celles de la Période Julienne , & de l'au- tre les années avant J. C. avec celles des Egyptiens , dont on le lert dans les Livres luivans. Ces Tables peuvent lufhre pour met- tre parfaitement au fait du Syftc- me de M. de Vignoles , & font lentir combien il eft lie dans tou- tes fes parties. Il avertit qu'il eft impoiïible de faiie aucun ulage de Ion Livre , fi à chaque article on n'a lous les yeux celles de ces Ta- bles qui y ont rapport. L'Auteur jugeant que fonSyftê- me ne pourroit être favorable- ment reçu , qu'autant qu'il leroit facile de l'accorder avec les Ca~ ratières Chronologique, c'eft-a-dire, avec les années Aftronomiques , les années Sabbatiques &c de Jubi- lé , &c. qu'on a cru trouver dans quelques endroits de l'Ecriture Sainte , il employé le troifiéme Livre a faire voir que tous ces ca- ractères concourent à établir , félon le plan qu'il s'eft for- mé , que les Hébreux fortirent d'Egypte l'an 3069 de la Période Julienne , qui eft l'année 164c avant l'Ere Chrétienne. Il n'a pas , dit-il , allez de pré- fomption pour croire qu'il puilïê démontrer cette propolition dans une rigueur mathématique. » Quand je ne me connoîtrois pas »> aftez moi-même , ajabç-uil , je » lerois lufhfamment retenu par » l'exemple de Scabger & de tant *> d'autre» NOVEMB «> d'autres Sçavans , dont les pré- -». tendues démonihations ont été v fouvent convaincues de paralo- t> gifmes par ceux qui font venus ■ »> après eux. Mais j'eipere de don- >» ner tant de vraifemblance à mes « conjectures , qu'on ne fera pas « fàclié , fi je ne me trompe , que i je les donne au public. Il s'efforce en effet de montrer que les divers caractères par les- quels les Chronologiftes ont cru que l'année de l'Exode devoir être reconnue , tombent à celle qu'il a donnée pour le commencement de cette célèbre époque , avec plus de précifion qu'a aucunes de cel- les fur lefquelles ils les avoient fait tomber juïqu'a prefent. A ces cara- ctères Chronologiques, qui font gé- néralement connus , M. de V. en ajoute un , qu'Edouard Simfon , & peut - être d'autres avoient aufll apperçu , mais dont perfonne, au- tant qu'il peut le fçavoir, n'avoit fait ou cru pouvoir faire aucun ufage , c'en: que le j'our même de l'Exode commence l'année ordi- naire des Egyptiens; circonftance, dit-il , clairement marquée par Moyfe , mais obfcurcie par la Glo- fe des Interprètes. Mais ce qui , dans ce Livre , nous a paru de plus curieux Se de plus intéreflànt pour le plus grand nombre des Lecteurs , &: l'endroit de tout Fou Ouvrage pour lequel notre Auteur auroit le plus fouhai- té l'approbation du public , efl: ce- lui où il parle de la fortie des lfraè- Htes de l'Egypte. Il commence par expofer les fèiitimens des Pères Ntvcmh. R E , i 7 4'o. 717 Calmet , Siccard , Quarelms , de M. le Clerc , &c. fur la route que tinrent les Ifraclites. Il y joint même les différentes Cartes que ces Auteurs ont données pour mieux faire fentir leurs Syftêmes , après quoi il nous en donne une de fou invention , dans laqu-lleilfe flatte d'avoir marqué la véritable route que prirent les Ifraclites en fortant de ce Pays ; il fixe la fitua- tion de la Ville de Ramefles , dont ils partirent , celle de Succoth & d'Ethan , lieux où ils campèrent les deux premiers jours après leur évafion , &: enfin l'endroit même de la Mer-rouge par où ils paflerent. Mais il remarque que comme de toutes les merveilles que Dieu opéra en faveur du peuple jLif , il n'y en a point dont les Ecrivains Sacrés fanent plus fouvent men- tion , ni en termes plus magnifi- ques , il n'y en a point auffi , mal- gré le témoignage même des Au- teurs Payens qui en ont confervé la mémoire , dont la vérité ait été plus attaquée par les incré- dules ; il s'eft même trouvé des Juifs & des Chrétiens qui fem- b'.ent en avoir voulu arroiblir la croyance , les uns , comme Jole- pf.e , en le comparant au paffage de la mer de Pamphilie par Ale- xandre , & les autres , comme S. Epiphahes , Origènes , Paul- Oroie , &c en l'accompagnant de circonftances fabuleufes , & quelques - uns en l'expliquant d'une manière peu vraifen bla- ble. U entre là - defius dans un détail qui mérite d'être lu , & ' T'trt ■ 7-i S JOTRXA L D profitant enfuite de la Diflertation de' M. Je Clerc fàr It / .;,'7.; •.- àfe / des Médes , & de Babylo- ne. Or comme dans ion premier Volume il avoit établila Chrono- logie de l'Hiftoire Sainte indépen- damment des Hiftohes étrangères, B R E , 1 740. 7,£ tk fans y avoir égard , il a auflî fixé la Chronologie des Rois étrangers indépendamment de celle de l'Hi- ftoire Sainte. Au refte , quand les Auteurs Profanes lont directement oppofés àl'Ecrirure, il les abandonne fans balancer ; s'ils font contraires en- tre eux , il le déclare pour celui qu'il trouve le mieux fondé, mais lorfquil eftpofiible de les accorder entre eux & avec l'Ecriture Sainte, il n'a garde , dit - il , d'imiter la méthode de certaines gens , quoi- que très -commune , Se dont en effet il rapporte quelques exem- ples , qui fans autre examen rejet- tent le témoignage & les traditions des Payens pour peu qu'ils leur pa- roiirent oppofés an Syftême qu'ils fe (ont fait ; il protefte au contrai- re , qu'il croiroit faire tort à h. vérité , & fe faire tort a lui-même, fi pour les concilier avec le Texte Sacré , il n'employait pas tous les temperammens qui lui paroilïènc railonnables. Nous n'entrerons point dans îe détail de ce grand nombre de diffé- rentes matières qui font renfer- mées dans le imc Tome. On voit par l'idée que nous venons d'en donner , que l'Auteur s'y propofe courageufement d'éclaiicir tout ce que l'Hiftoire &c la Chronologie ont de plus obfcur , & de plus pro- fond. Nous avertirons feulement qu'il a pris toutes les précautions polïibles pour épargner à fes Lec- teurs une partie de la peine qu'il faut nécefiairement prendre, pour tirer quelque fruit de cet Ouvrage. T t c t ij 720 JOUPvNAL D Il y prefcnte routes faites les ope- rations Arithmétiques qui fervent «le preuve à fes découvertes , de même afin d'éviter la conhilion que pourroit produite cette mui- tini Je de faits qu'il a été oblige de faire entier dans ces deux Volu- mes , &: rendie plu; lei.fbles les fynchioniimes, ou rappoits Chro- nologiques , que ces fa;ts ont en- femble , il a eu loin de les réduire dans difïèi entes Tables qui en fa- cil 'tent ex tiêmement l'intclligen- . ce. Mais comme d'un côté il nous eft impojïîble de les mettre lous les yeux du Lecteur , & plus en- core d'y joindre les longs calculs qui y répondent , il faudra les chercher dans l'Cuvrage même. Il nous fuffira d'obferver que dans la Chronologie des Rois d'Allyrie , .il allure qu'il eft le pre- mier qui ait reconnu Cyaxare pé- nultième Roi des Médes , pour avoir été le même que l'Alïuérus mari d'Efther. Il prouve aulïi que le fils de ce même Cyaxare n'eft autre choie que Darius le Méde , découverte que perfonne n'avait faite avant lui, cV qu'il croit ti es- importante pour l'éclaucillement de plulieurs endroits de la Sainte Ecriture. M. de Vignoles prétend encore, pour me fervir de les termes , n'a- voir marché fur les traces de per- lonne , lorfqu'il ell parveuu à dé- couvrir que le Darius dont il eft parlé dans le Prophète Daniel , étoit frère puîné d'Aftiage Roi des Médes , & fils d'Alïuérus ou Cya- xate ., Se de Ju Reine Vafthi fa pre- ES SÇ XV ANS y miere femme;il croit que ce Darius régna après Nabonnide le dernier- Roi dont il eft parlé dans le Canon Aftronomique , & que, s'il n'y en eft point fait mention , c'eft parce que Nabonnide étoit encore cen- ic régner dans la Ville où ii's'ctoic retire après fa défaite , ou parce que Darius ne régna pas un an en- tier, la méthode de l'Auteur du Canon étant de n'y comprendre que ceux dont le règne a eu cette durée. Ai. de Vignotes a fait imprimer à la fin de tout l'Ouvrage une Dillertatiôn ti es-étendue lur l'an- cietr/ie .nuée. On peut d'autant plus la regarder comme une fuite naturelle de Ion Ouvrage , qu'on y trouve beaucoup de choies qui regardent la Chronologie de l'Hi- ftoire Sainte , fur-tout par rapport a la lortie du Peuple Juif d'Egyp- te. Il entreprend d'y prouver qu'au tems où commença cette fameuie époque , l'année civife n'ayoit ptécifément que 360 jours par tout le monde , qui étoit alors connu , que cet ulage dura encore 300 ans ou environ en Egypte , Se qu'il s'écoula bien des fiéclés avant qu'il fût entièrement aboli parmi les Grecs & les Latins. Suppofé que Troye ait été véri- tablement prife & brûlée par les Grecs , car il montre qu'il y a d'autant plus lieu d'en douter , qu'Hélène ne devoit pas avoir moins deSo ans, lorfqu'on prétend qu'elle fût enlevée par Mcnélas , il croit qu'en admettant le principe dont nous venons de parler , il eft N O V E M B R E, i 74©-' 7« affé de fixer l'époque de la prile de de Rome , & plufieurs autres cette Ville , celle de la première points de Chronologie fur leiquels Olympiade, celle de la fondation les Sçavans lont partagés. NOUVELLES LITT E R A I Py E S. ITALIE. de Venise. JEan-Baptifte Albriz.z,i , Impri- meur-Libraire , qui a déjà fait traduire en Italien , & a imprimé les 9 premiers' Vol. de YHifloire ancienne de M Ro'lin , fait conti- nuer la traduclion des derniers , qui ne tarderont guéres à paroî- tre. Cet'Imprimeur fera auffi tra- duire l'Hijloire Romaine du même Auteur , dont il a deffein de pu- blier en Italien tous les Ouvrages. Il a auffi imprimé &c il débite les Lettres de M. Ant Ferratitts fous ce titre : M. Ant. Ferratii Epifiolarim Libri fcx , in (jiiibus omnia fer'e , qus. in Orationibns Ai. Tidlii dubia occurrunt , polnnicè illuflrantur. 1740. in- a,9. On trouve encore chez le même Libraire : Compendio dall ' Archit- tettura générale da Fit^uvio Opéra di M. Parraval. 1740. /«-S0, ng. Il a auffi publié depuis quelque tems r ' Hi foire de la Religion de Malthe en Italien , compofée par M. Barthelemi Poz.z.0 , c'eft la continuation de celle de Jacques ' Bofiuf , depuis l'année 1571. juf- qu'en l'année 1688. in'-+9. 1 vol. Cette continuation de X Hiftoire de Malthe fe trouve auiïï à Véro- ne dans la même forme. de Florence. Dominique-Marie Mami , Im- primeur-Libraire , a achevé d'im- primer , & débite depuis peu un Abrégé de la dernière Edition du Dictionnaire de la Crttfca , en cinq vol. ;»-4c>. Cet Imprimeur voyant l'utilitéque l'on aretirée de l'Abrégé qui avoit été fait de la 3™e Edition du Vocabulaire de la Crufca, par un fçavant Vénitien , a apporté tous les foins & toute la diligence qui pouvoient dépendre de lui à don- ner auffi un Abrégé de la 4"" Edi- tion de ce célèbre Dictionnaire. C'eft l'Ouvrage qu'il a publié de- puis quelque tems fous ce titre : Compendio del Vocaiolario de gli Academici délia Cr ufc a format 0 fui • la cjuarta Editione del Medefimo. In Firenze. 1740. in^°. j vol. Il a paru ici dans le courant de l'année dernière un Ouvrage de pieté intitulé : Firenze Sacra , ov- vero fefte , dcvozjoni e indulgence , che Sono nelle Chie/e delta Citta di Firenz.e , diftribncle in Ciafchedun giorno del anno : dal P. Àfaunjîo FrariceÇconi Clerico regolare délie Se note pie , de die at a a l'illuftnjfîm. Sigriora OriénzJa Caccini Vernac- cia nella Stampcria Granducale , 1739. m 4.0. Voici encore un Ouvrage qui a paru dans le même tems en faveur 722 JOURNAL D des enfans qui commencent à ap- prendre la Langue Latine ; c'elt une nouvelle Edition des F abus de Phèdre , fous ce titre : Phtdri Augufti Liberti Fabularnm ?s£fo picurum Libri/juinque , mine d.ntio editi in ufum Scholarum piarum , cttm nous. Ex T pographia Pctri Cajetam Vivian: , i - , 9 in- 1 . Le P. Léonard Targioni , Supérieur di ejje Scuole pie y aaioflté une Pré- face , des Remarques Grammati- cales & une interprétation Italien- ne des mots les plus diiïiciles qui s'y rencontrent , pour faciliter a la jeunelfe l'intelligence decet Auteur. HOLLANDE. D' A M S TER D A M. Henri du Saitzet . imprimeur- Libraire , Je propofe d'imprimer par Soufcription les Lettres de Cri- tique , d ' Hiftoire & de Littérature, écrites à divers Sçavans de l'Euro- pe par feu M.^ijb.rt Citpcr . Bour- guemeftre de laVille de Deventer, Député des Etats de la Province d'Over-YlTel, a l'Alfemblée des E- tats Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas , enfuite Confeiller Député de la même Province , Se enfin Député de leurs Hautes Puif- lances a l'Armée des Alliés en Brabant Se en Flandres en 1706. Recueillies par M. de B. L'Editeur de ce Recueil de Lettres avoït fort fouhaité d'y ajouter les Rcponfes de M. laCroz.-, mais il ne lui a pas été poffible de les recouvrer.Com- me il refte encore beaucoup de L-ttres Se d'autres Ouvrages de .M. Cuper , qui n'ont point encore .été imprimées ^ le deflein de l'Edi- ES SÇAVANS, teur étoit de les donner en même rems au public , ruais il n'a pu ob- tenir de la famille de M- Cuper de faire ce prelent a la République des Lettres. Celles qu'il entreprend de donner preléntement ne rou- lent pas feulement iur l'étude des Antiquitez Se des Médailles , mais encore fur les matieies de Théolo- gie , d'Hiftoire , tant Sacrée que Profane., fur la Philolopliie , lur la Phylîque, Se en général iur tous les genres de Littérature. Les œn- noillances de M. Cuper étoient , d on peut ainlî parler , univerfelles., Se répondoient à la fupéiiorité de fes talens , c'eftee qui paroît dans tous les Ouvrages qui font fortis de les mains. Henri du S,tttz.:t t qui a deiîein de donner au Public une belle Edi- tion des Lettres de M. Cuper fur de beau papier , Se avec de beaux caractères , promer de n'en impri- mer que joo exemplaires, à moins que le nombre des Soufcriptions ne l'oblige à en tirer une plus grande quantité , Se en ce cas on peut compter qu'il n'imprimera pas un feul exemplaire au-delà du nombre des Soulcriptions. Il efpe- reque les gens de Lettres , a qui ce Recueil peut être utile, vou- dront bien l'encourager dans une entreprifequiles intereilè particu- lièrement. Ce Volume tn-+. con- tiendra environ cent feuilles d'impredion, & fera enrichi d'une vignette , de 1 1 Médailles gravées, Se 1 1 figures gravées , le prix fera de 6. fl. 10. on payera la moitié de La fomme en lbuicrivant , & Je N O V E M relie en recevant l'exemplaire. On n'imprimera fur du grand papier Royal que le nombre précis qui aura été iouicrit , Se dont le prix fera de 10 florins. SI l'Ouvrage a plus ou moins de loo feuilles d'impreffion , on ajou- tera ou l'on rabattra un fol pour chaque feuille. La Souiaiption fera ouverte depuis le 10 Nov. 1740. jufqu'au 1 Avril 1 741. auquel tems on com- mencera l'impreilron. Les perfon- nes qui n'auront pas iouicrit ne pourront avoir le Livre à moins de fl S. 10. luppofé qu'il en relie des exemplaires. Au relie du Sa.KZ.et promet qu'il aura une attention particulière à remplir exactement les conditions qu'il propofe. . On pourra fouferire à Anilter- dam chez du Sauz.et , & chez les principaux Libraires tant des Pro- vinces que des Pays étrangers. FRANCE.' de Toulouse. Recueil de phifeurs Pièces de Poé- fof & d 'Eloquence , prefentées à f Académie des Jeux Floraux pour les prix des années 173 9I & 174CV avec les Difcours prononces lefdites années dans les A ([emblée s publiques de l'Académie. "Chez Claude-Gilles Lecamus , feul Imprimeur du Roi Si de l'Académie des Jeux Flo- raux. /»-8°. UAvertijfement que l'on a mis à la tête de ce Volume nous apprend que l'Académie des Jeux Floraux de Touloufe a renfermé dans un feul Volume les Pièces de Pocfie & d'Eloquence des années 1739. B R E , 1 740. 723 & 1749. qu'elle a jugées digne de l'impreffion. Cette Compagnie jalouie de Ion honneur , n'admet c'ar.s ce Recueil que des morceaux choifis ; ion goût & la délkateûe en rendt.it le nombre petit. Mais fi elle efr très - réfetvce dans le choix des Pièces qu'elle fait impri- mer toutes les années , elle l'eft encore beaucoup plus a l'égard de celles qu'elle couronne, Toutes fes cbnfiderations font qu'elle aura à distribuer ■ au mois de Mai pro-' chain ,. outre les 5 prix ordinaires del'année 174.1 , 7 autres prix des années précédentes , ôc elle fou- haite que cette abondante moil- fon réveille l'émulation des Au- teurs. Les Recueils des Pièces de Poche &: d'Eloquence qui ont été préfentées àcetteAcadémie pour la diftribution des prix de chaque an- née depuis 17 10. jufqu'a prêtent le trouvent ici chczLe camns,Libra.he. Les mêmes Recueds le débitent auffr à Paris chez Prault le père , Quai de Gêvres , au Paradis. DE PARIS. Prault le père vient d'impri- mer le Difcours qui a remporté le prix d 'Eloquence à l'Académie de Marieille en l'année 1740. compofé par M. Nicolas , Avocat au Parlement : le fujet du Difcours qui avoit été propofé eft que l'idée (pie Je s autres ont de nous, entre plus que nous ne penfons dans celle que f/ous avons d'eux. Inftitutions de Phyfique. Chez Prault fils, Quai de Conti , vis-à- vis ladefeentedu Pont-Neuf, à la Charité,/>?-80, 1740. Cet Ouvrage 724 JOURNAL D cft orné de xi planch. détach. de vignettes à la tête de tous les Cha- pitres , on en rendra compte au Public dans le Journal fuivant. Il paroît ici depuis peu une nou- velle Edition de l'Ouvrage de M. le Marquis de Qu:ncy , Lieutenant Général d'Artillerie , intitulé: l'Art de la Guerre , ou Maximes & In- ftruilions fur F Art Militaire . au- quel on a joint un Traité des Mines, & des Tables pour l'approvihon- nement des Places de guerre , foit par rapport aux munitions de bou- che , loit par rapport a celles d'Ar- tillerie , à proportion de la Garni- foi*, de l'étendue des Places, Se du çems qu'elles peuvent fe défendre. Par M. le Maréchal de Vauban , chez J. B. Cotgnard , Imprimeur du Roi. P. J. Mariette fils. Charles J. B. de l'Efpine , & Jean-Thomas Henjfant , 1740. in-11. z vol. Cet E S SÇAVANS , Ouvrage avoit paru pour la pre- mière rois en 1726. M. le Marquis de Quincy l'avoir donné en même tems que Ion Hijloire /Militaire de Louis X1F , Se il avoit été bien re- çu du Public ; il y a lieu de croire que cette ime Edition , qui eft cor- recte Se bien imprimée , n'aura pas un moins bon luccès que la iT\ C>n a mis en vente chez Giffcy rue delà vieille Bouderie, les Efennes Hifloriques ou Aiélanges Cur'tt MX , pour l'année 1741. contenant plu— lieurs Remarques de Chronologie Se d'Hiftoire.Enfemble les NailTan- ces Se Morts des Rois,Reines,Prin- ces & PrincelTes de 1 Exirope , ac- compagnées d'Epoques & de Re- marques que Von ne trouve point dans les autres Calendriers. Avec un Recueil de diverfes matières va- riées, utiles, atrieufes & amufantes. Faute a corriger. Age 70S. col. 2. lig. 34. fçavoir , leur vie; lif. fçavoir leur vie, TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LEJOURNAL de Novembre, 1740. MEmoires pour fervir k /' Hifloire des Infeftes , cVc pag. 66 J La Mythologie de M. I ' Ablt Banier , Sec. 677 EJfais fur l'Hiftoire de Belles Lettres , Sec. 69O Hijhire des Empires & des Républiques , &C. 6) j Panégyriques, Sermons , Harangu s & autres Pièces a \ Eloquence , èic. 705 Chronologie de VH.ftoire Sainte & des Hifloires étrangères qui U concer- nent j 8cc. 710 Nouvelles Littéraires t yit Fin de la Table. L E JOURNAL SÇAVANS, pour L'ANNEE M. D C C. XL. DECEMBRE. A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du Quay des Auguftins, du côté du Pont Saint Michel, à la Renommée & à la Prudence. M. D C C. XL. AVEC PKIVILE'GE DV ROY. &rLJt\ M •A JfeeâF S&#F& il LE OURN A DES i^_J' DECEMB. M. DCC. XL DEL PALAZZO DE CESARI , OPERA POSTVMA DI Monfignor Francefco Bianchini Vérone fc In Verona 1738. Ptr Pieran- tonio-Berno Stampatore , e Libraio délia Via de Leoni. C'eft-à-dire .: Description du Palais des Ce'sars , Ouvrage Pofthit- me de A4. François Bianchini de Vérone. A Vérone , chez. Pierre- An- toine Berni, Imprimeur & Libraire, rué des Lions , 17 3 S. Grand in- fol. de 3 00 pages , fans compter la Table des Chapitres , la Dédicace , l 'A- vcrtijfement , & les Planches , qui font au nombre de 20. CEt Ouvrage PonVhume du ont acquiie ceux qu'il a publiez célèbre M. Bianchini , ne dé- pendant là vie. Phyficien , Géo- anent point la réputation que lui métré , Aftronome & Antiquaire, D'ecemb. V v v v ij ?2S JOURNAL D ces différentes connoifTances rare- ment réunies dans un même lujet , femblent avoir également contri- bué a cette dernière production de (on Elprit ; Se quoiqu'il n'ait pu la revoir , ni mênié l'achever , ce qu'il en a laillc lera toujours pré- cieux. Le titre de l'Ouvrage en annon- ce fufhTamment le iujet , c'ell la defeription du Palais des Céiars ; mais avant que de nous y engager avec l'Auteur, il eft h propos de rapporter ce qui l'a déterminé à l'entreprendre. On n'avoit jamais douté que l'ancienne Rome ne fût prelque toute renfermée dans l'érenduc du Mont Palatin , & que ce ne fût en ce lieu-la que Romulus avoit éta- bli fa demeure. On n'ignoroit pas non plus qu'Augufte fe voyant paifible poflèflèuE de l'Empire , avoit fait pour lui, pour fa famil- le & pour les Officiers un éta- blissement confîdérable fur le mê- me Mont Palatin ,, d'où nous eft venu le nom de Palais : Que Tibè- re & Caligula avoient fort aug- menté les Bàtimens commencez par Augufte ;. Que Néron y en avoit encore ajouté , Se que la de- gradation qu'ils avoient fouffèrte par divers incendies , avoit été avantageufement réparée par Do- mitien. On fçavoit enfin que le tout avoit fublifté jufqu'au tems des irruptions , des pillages ôv des facagemens faits par les Huns, les Goths. & les Vandales , qui s'efforcèrent comme a Penvi , de détruire Rome julques dans les ibndemens. . ES SÇAVANS, Le Palais des Céfars fut toujours" le premier objet de la fureur de ces Barbares. Bien -tôt, on ne le reconnut plus qu'a quelques reftes des murs prodigieux qui formulent Ion enceinte , &c aux immenfes débris qui cuuvroient fon empla- cement : mais ce qui étonnera peut - être davantage , c'eft que dans l'elpace de mille à douze cens ans qui (e loin écoulez depuis , il ne fe ioit trouve aucun Prince qui ait voulu hazaider la dépente de faire fouiller fous ces ruines , dans l'elpérance prefque certaine de re- couvrer des morceaux de peinture «Se delculpture, ou d'autres mo- numens dignes çfe revoir le jour. Cet honneur étoit reiervé aux derniers Ducs de Parme de la Mai- fon Farnèfe , «Se ils le méritoient par le goût déclaré qu'ils ont tou- jours eu pour les Lettres & les Beaux Arts. Le Pape Paul 111 que l'on peut regarder comme le Chef de cette Mai'ion , Se qr.i étoit lui- même 'homme de Lettres , leur rendit un fervice lignalé , en fai- lant dépofer au Capitole les Faftes Conlulaires inferits lur le marbre, qui de fon tems furent découverts à Rome dans la Vigne Matthei , 6v qui nous fervent aujourd'hui à fi- xer l'Epoque dès principaux points de l'Hiffoire Romaine. Les Ducs de Parme fes Succellèurs , ont tous marqué une eftime infinie pour les Sçavans , ils ont forme d'amples Bibliothèques & des Col- ins d'Antiques , qui ne le cé- dotent qu'a celles des Médicis. Comme la VigneFxnïefe occupe D E C E M une grande partie du Mont Pala- tin , le feu Duc François ordonna en 1710 au Marquis Ignace dé Santi ion Réfident à Rome , de faire faire aux endroits de les Jar- dins qu'il lui indiqua , des excava- tions profondes , & de ne rien épargner pour découvrir ce qui pouvoir être enleveli fous les rui- nes : le Marquis dé Santi commen- ça l'opération qui , après Ion rap- pel , fut continuée avec plus de vivacité & de (ucccs par le Comte Suzzani , dont les recherches ob- ftinées produilirent enfin plus qu'il n'avoit efpéré ; on découvrit d'a- bord trois grandes Salles du Palais des Céfars , Se enluite quelques autres Pièces , qui par la majefté de l'Architecture , & la richellè des ornemens , formèrent un coup d'œil Ci éblouilïant , qu'il auroit fufK pour juger de la magnificen- ce des premiers Empereurs Ro- mains , & du point de perfection où les Arts avoient été portez de leur tems. M. Bianchini avoit un titre par- ticulier pour être appelle à ces fortes de découvertes ; Clément xi l'avoir établi Infpeéteur , Garde ëc Confervateur de toutes les Anti- quitez qui fe découvroient a Ro- me ou aux environs , &c on l'y appelloit toujours a un autre titre plus reipeétable encore , fi on oie le dire ; c'eft qu'il joignoit à une parfaite connoiilance de l'Antique, une érudition facile , des mœurs douces , & la plus grande envie d'obliger ceux qui avoient recours a lui ; il y vint donc , & tout Phi- B R E, 1740: 729 lofophe qu'il étoit , il fut frappé d'admiration , mais non de cette admiration {térile qui eft le par- tage du vulgaire. Il conçut dans le moment , le delfein de confa- crer cette découverte à l'utilité publique ; de ranimer les Arts , en leur préfentant de nouveaux modèles ; de reftituer en quelque forte ces bâtimens fupeibes en leur entier , par les mefures exa&es & le rapport nécelfaire des parties connues avec celles qui ne l'étoient pas ; enfin de répandre un grand jour fur tous les endroits de l'Hi- ftoire Augufte , dont l'intelligence peut dépendre de la connoiiTance de l'intérieur du Palais des Empe- reurs Romains. Voila ce qui a donné lieu à l'ou- vrage dont nous allons rendre compte , après avoir obfervéque M. Bianchini ne commença à jet- ter fes idées fur le papier , que lorfqu'il eût pris lui-même les di- menlîons de tout ce qui exiftoit , qu'il eût fuivi avec une fagacité merveilleufe les contours de ce qui n'exiftoit plus , ou qu'on ne voyoit pas encore , qu'il lé fût af- furéde tous les points de direction, qu'il en eût tracé des plans géné- raux & particuliers , & qu'il les eût fait graver;, car il y renvoyé iouvent , & quelques-unes de ces opérations font dattées de 172 j. Il a diviié fou fiijet en onze Cha- pitres , dont il employé les cinq premiers à donner une notion pré- cife de l'emplacement du Palais des Céfars , & de fes divers ac- crpiilèmens depuis Augufte jufqu a 7?o JOURNAL D Domitien : le lîxiéme Se les fui- vans , font deftinez à en expliquer le plan général , à en déterminer les alpecls , les profils , l'élévation & les ornemens. On ne s'attend pas que nous lui- vions l'Auteur dans la plupart de ces détails , qui demanderoient qu'on eût continuellement ious les yeux les planches qui accompa- gnent ion Ouvrage , «Se que nous ne pouvons joindre de même a cec Extrait; nous ne nous arrêterons qu'à ceux qu'une (Impie narration peut rendre intelligibles , & nous commencerons par le troifiéme Chapitre, parce que les deux pre- miers qui lui fervent d'introduc- tion , ne contiennent que les pré- liminaires que nous avons déjà ex- pofez. Le Mont Palatin , dit M. Bian- chini , eft une des fept Collines de Rome , placée preiqu'au centre des fix autres , qui fenblent for- mer autour d'elle une elpéce de Couronne. Il a au Levant le Mont Ccclius ; au Midi c'eft le grand Cirque qui le fépare du Mont Aventin ; le Forum Romanum , ou Marché Romain , & le Capitole (ont à Ion Couchant ; év au Sep- tentrion, c'eft la Voye Sacrée, qui s'étend jufqu'au Mont Efquilin. La Mailon , ou le Palais que Romu- lus bâtit fur cette Colline , qui contenoit en même tems toute la Ville de Rome , ne fut pas con- ftammer.t habité par les Rois qui lui fuccédérent , mais il en fut tou- jours refpe&é ; & du tems même de la République , il paroît n'a- ES SÇAVAKS, voir jamais fervi qu'a des aiîeffi- blées de Julh'ce , de Politique, ou de Religion. Augufte hic le pre- mier, qui après avoir occupé long- cems la Maifon de 1 Orateur Hor- renlîus, qu'il s etoit contenté d'or- ner un peu & de rendre beaucoup plus commode , s'écablit enfin fur le Mont Palatin , «S: y commença ce grand Edifice que Tibère , Cali- gula , Néron , Tite & Domitien embellirent & augmentèrent fi. conlîdcrablement , qu'il mérita d'être nommé par excellence , le Palais des Céfars. La figure du Mont Palatin , continue l'Auteur, eft un Trapeie qui approche fort du quarré par- fait : ion coté méridional qui don- ne fui le g: and Cirque, eft de 1400 pieds Romains ; le coté Oriental en a 1450 , & les deux autres cha- cun 1300. M. Bianchini a détermi- né ces mefures avec une grande préciiion , non feulement par les vertiges des Arcades qui regnoient dans le Pourtour , mais encore par la furface même du Mont, qui eft de niveau dans toute cette éten- due , excepté vers le Nord , où le terrain s'abbaille inlenlîblement : la hauteur eft de 100 pieds , quoi- que du tems de l'ancienne Rome , elle fut de 1 20 , & par-la , à peu- près égale à la hauteur du Mont Cœlius , & à celle du Mont Aven- tin. Les Archite&es d'Augufte tra- cèrent dans ce Trapcfe un parallé- logramme rectangle , dont le plus, grand côté , eft le coté Méridional, & par coniéquent de 14.00 pied» D E C E M ie longueur , & ils lui en donnè- rent jco de largeur. Ce Prince ne prit pour l'emplacement de Ion Palais que la moitié Orientale de ce parallélogramme ; Tibère & Caligula employèrent l'autre moi- tié , c'eft-a-dire , la moitié Occi- dentale, aux bâtimens qu'ils élevè- rent après la mort d'Augulte , en luivant ion même plan ; Néron tes embellit , Domitien répara les dilgraces que leur avoient caufées trois incendies coniécutifs, & per- fectionna tellement le rapport in- térieur & extérieur de toutes les parties de l'Edifice, que les Empe- reurs qui vinrent après lui, ne trou- vèrent rien de coniidérable à y ajouter. Comme il fufEt de connortre la direction d'un des cotez de ce pa- rallélogramme , pour avoir celle des trois autres , M. Bianchini s'attache à démontrer que le côté Méridional faifoit avec le premier Azimut un angle de 45 degrez , c'eft-à-dire , qu'il étoit dans la li- gne du Sud-Eft au Nord-Oueft , conformément aux régies établies par Vitruve , qui lorfqu'il eft que- stion de tracer des allignemens de rues, & par conféquent ceux des Bâtimens parallèles a ces rues , re- commande fur - tout d'éviter les quatre Vents Cardinaux. Dans le quatrième Chapitre l'Auteur examine , par rapport au Mont Palatin &: au Palais des Cé- fars, les Plans de l'ancienne Ro- me publiez , l'un par Léonard Bu- falini , fous le Pontificat de Ju- les III, l'autre par le doète Panvini, B R E, ! 740." 751- dans fon Livre desjeux du Cirque. Il trouve que celui de Bufalini ne rend pas allez diitinctement les Edifices en queftion , trop groiïiétement confondu les parties de figure re&iligne avec celles qui iont de figure circulaire. Il feroit bien plus content de celui de Panvini , s'il y avoit marqué au moins , la trace des trois Salles qui en dernier lieu ont été entière- ment découvertes , & fi cet Au- teur , très-habile d'ailleurs , ne s 'étoit trompé lur l'emplacement, du Temple qu'Augufte éleva en l'honneur d'Apollon dans l'encein- te de fon Palais. Augufte , comme on l'a déjà remarqué , n'avoit bâti que dans la partie Orientale , Se Panvini place le Temple d'Apol- lon dans la partie Occidentale , préciiément a l'endroit où on a découvert depuis les vertiges d'un bâtiment circulaire , élevé après coup lur des Bains d'autant plus ailez à reconnoître , qu'on y voyoit encore les petits Sièges de marbre difpofez en rond, & les tuyaux de plomb qui y condui- foient l'eau. M. Bianchini foupçon- ne que ce Bâtiment circulaire, que Panvini a pris pour le Temple d'A- pollon , étoit celui qu'Elagabale éleva dans la Cour des Bains , en l'honneur du Soleil qu'il adoroie fous une dénomination & une fi- gure imguliéres. L'Auteur décrit dans le cin- quième Chapitre les trois Salles, &c quelques autres Pièces du Palais desCéfais , qui furent découvertes fous fes yeux. On reniai quoit, dit- 7J2 JOURNAL D il , dans la partie du Mont Palatin qu'occupent les Jardins Farncfes , des reftes d'épaillès murailles, qui paroi lloient avoir foûtenu un Edifi- ce extrêmement élevé , Se bâti fur une ligne de 150 pieds Romains -, on n'y avoit jamais fouille, &: tout l'intervale étoit encore rempli des décombres des voûtes , qui s'étant rompues , entraînèrent avec elles une partie des murs qui les ioûte- noient. Après avoir enlevé ces dé- combres avec un tems «Se des pei- nes incroyables , on découvrit trois Salles , dont la principale qui étoit celle du milieu , avoit 1 50 pieds de Ions» fur 100 de large, 5c étoit par coniéquent plus gran- de que la Nef de l'Eglile de Saint Pierre : cette Salle étoit ornée dans toute fon étendue par des Niches creuiées dans l'épaiireur du mur , &c féparées les unes des au- tres par des Colonnes du plus beau Marbre. La principale entrée de cette Salle le trouva au milieu de la fa- çade qui regarde le Nord -, elle étoit féparée des Niches da coté par deux colonnes de Marbre jau- ne , canelées , hautes de 28 pal- mes depuis la bafe jufqu'à la Cy- maife , & groiïès a proportion , c'eft-à-dire , de 3 palmes &: — . Les bafes de ces Colonnes étoient d'un Marbre Grec , que les Italiens nomment Saligno ; elles étoient travaillées &: fculptées avec beau- coup d'art &: de 'élicateiîe : la beauté des Chapiteaux, des Archi- traves & des Corniches égaloit -celle des Bafes. Pes hgures colof- ES SÇAVANS, fales de 10 pieds de hauteur , rem- plilïoient anciennement ces Ni- ches ; on en trouva encore deux entières , l'une repréfentant Bac- chus , l'autre un jeune Hercule; & ce qui en relève infiniment le prix, c'eft qu'elles font de Bafalte, forte de marbre d'Egypte, dont il étoit fi difficile d'avoir de grands blocs, qu'après les figures du Palais des Céfars , Pline ne connoilloit que our conferver plus fraîchement a liqueur qu'elles renfermoient. En creulant fous la première de ces Salles latérales , on en décou- vrit une plus balîè , qui avoir de même une Tribune & un Condor ceintrez: elle étoit peinte eu Gro- tefques de vingt - cinq pieds de haut -, Se comme cette forte de peinture ne s'introduifit à Rome que vers la fin du règne d'Augufte, D«ç» vail je ne regretterai point iéT pei- » ne qu'il pourra me coûter & je » la croirai bien employée s'il peut » vous infpirer l'amour des Scien- » ces Se le defîr de cultiver votre » raifon. Quelles peines Se quels » foins ne fe donne-t-on pas tous » les jours dans l'elperance incer- » taine de procurer des honneurs » Se d'augmenter la fortune de les " enfans ! La connoillance de la » vérité, Se l'habitude de li recher- cher Se de la luivre , eft - elle » un objet moins digne de mes » foins ! fur-tout dans un fiécle » on le goût de la Phyfique entre » dans tous les rangs , Se com- » mence à faire une partie de la » feience du monde. C'eft donc M. Ion fils que Mad.„ a eu principalement en vue dans ces Inftitutions Phyfîques , & pour les mettre a fa portée elle n'y a fait entrer que la Géométrie commune dont il eft inftiuit , on fçait que la Géométrie la plus hau- te & la plus profonde eft familiè- re à cette Dame , elle en recom- mande l'étude a M. fon fils. " C'eft ■ lui dit-elle , la clef de » tontes les découvertes, accordoit une fois que quelque . « chofe pûc exifter Se n'exifter pas «en même tems , il n'y auroit plus « aucune vérité même dans les » nombres, & chaque choie pour- » roic être ou n'être pas , félon la jj fantaifie de chacun , ainli z & 1 » pourroient faire 4 ou 6 égale- » ment & même à la fois. Le principe de contradiction fuffit pour toutes les véritez nécef- Jaires , c'eft-à-dire , pour les véri- tez qui ne font déterminables que d'une feule manière. Dans la Géo- métrie , où toutes les véritez font de ce genre , on n'en employé pas d'autre , car , par exemple , dans un triangle la lomme des angles n'eu, déterminable que d'une leule manière, ils font nécelîàirement égaux à deux droits , mais il n'en eft pas de même des véritez con- tingentes , c'eft-à-dire , par rap- port aux chofes dont l'état n'eu: pas fixe ôc déterminé par leur nature , par exemple , une table peut être ronde ou quarrée , le principe de contradiction ne peut pas ap- prendre pourquoi elle eft ronde ou quarrée , parce qu'il y a une égale poiTîbilité à l'un &c a l'autre, il faut donc avoir recours à un autre principe , & ce principe eft celui de la raifonfiiffifante , c'eft-à-dire , une raifon qui fa lie comprendre pourquoi & comment une chofe qui peut différemment exifter, exi- fte d'une façon plutôt que d'une autre. » Si on vouloir nier ce grand » principe on tomberait dans d'é- »,tranges contradictions ^ car des Décemb. BREj 1740: 741 » que l'on admet qu'il peut arriver «quelque choie fans raifon fufii- » faute , on ne peut allurer d'au- » cune chofe qu'elle eft la même » qu'elle étoit le moment d'aupa- » ravant , puifque cette chofe « pourroit fe changer à tout mo- » ment dans une autre d'une autre »» efpece. Ainfî il n'y auroit pour » nous de véritez que pour un in- » ftant. » Sans le principe de la raifon » fuffilante on ne pourroit plus di- « re que cet Univers dont toutes » les parties font fî bien liées en- « tre elles , n'a pu être produit que « par une Sagelïe Suprême , car » s'il peut y avoir des effets fans « raifon fuffifante , tout cela eût « pu être produit par le hazard , » c'eft-à-dire , par rien. C'eft par ce principe. qu'Archi- méde a démontré qu'une balan- ce à bras égaux chargée de poids .égaux demeureroit en équilibre, parce qu'il n'y auroit pas de raifon fuffifante pourquoi l'un des bras defeendroit plutôt que l'autre. Mais M. Leibnitz eft , fuivant Mad. ... le premier qui a énoncé diftinélement ce principe , & l'a introduit dans les Sciences en quoi elle prétend qu'il leur a rendu un grand fervice ; ce principe étant , dit-elle , le feul fil qui puifîè nous conduire dans ces labiiinthes d'er- reurs que l'efprit humain s'eft bâtis pour avoir le plaifir de s'y égarer. Ce principe bannk de la Philo- fophietoutes ces caufes qui n'étant que des mots vuides de fens , ne peuvent faire comprendre corn- Yyyy ^42 JOURNAL D ment £; pourquoi un tel effet s'o- père par elles. Telle eft, par exem- ple , lame végétative qu'on don- noit autrefois aux Plantes , telle eft de nos jours l'attraétion , li on prétend la donner pour cauie. Du principe de la raifon fuftiian- re naiffent deux autres principes. Le premier eft celui que M. de Leibnirz appelle le principe des \difcer cables. » Ce Principe ban- nit de l'Univers toute matière (î- milaire , car s'il y avoit deux parties de matière abfolument fi- milaires , en forte qu'on pût mettre l'une à la place de l'autre fans qu'il arrivât le moindre changement ( car c'eft ce qu'on entend par entièrement fembla- ble) il n'y auroit point de raifon hiftifante pourquoi l'une des particules feroit placée dans la Lune, par exemple, tk l'autre fur la terre , puifqu'en les chan- geant' & mettant celle qui eft dans la Lune fur la Terre , & celle qui eft fur la Terre dans la Lune , toutes chofes demeure- roient les mêmes. On eft donc oblige de reconnoître que les moindres parties de matière font difcernables ou chacune infi- niment différente de toute antre &c qu'elle ne pourroit être em- ployée dans une autre place que celle qu'elle occupe fans déran- ger tout l'Univers. Ainfi chaque particule de matière eft deftinée a faire l'effet qu'elle produit, &: c'eft dè-là que naît la dîverfué qui fe trouve entre deux grains Ac\. fable, comme entre notre ES SÇAVANS, » Globe & celui de Saturne , Lt- » quelle nous fait voir que la Sa- » getlèdu Créateur n'eft pas moins » admirable dans le plus petit être » que dans le plus grand. Mad. ... dit que M. de Leib- nitzeut lephilir devoir confirmer cette vérité par les yeux même de ceux qui la nioient. Madame l'E- leétncc d'Hanover & ce grand Phî- loiophe fe promenoient enfemble dans les Jardins d'Heurenaufen, &- il feroit difficile de décider a qui de la Princelleoudu Philofophe cette promenade faiFoit le plus d'hon- neur. M. Leibnitz afiura qu'on ne trouveioit pas deux feuilles fem- blables, planeurs Gourtifans parte-1 rent inutilerreiTla journée à en chercher qui le fuirent. Le fécond piincipe qui découla de celui delà raifon fuffflante , c\r qui eft d'une très-grande fécondité dans la Phyfique , c'eft l.i Loi de continuité Rien ne fe fait par faule dans la nature , Se un être ne paf- le d'un état à un autre qu'après avoir parcouru tous les états in- termédiaires. » En effet , chaque » eut dans lequel un étte fe trouve » doit avoir la raifon iuffifante » pourquoi cet être fe trouve dans » cet état plutôt que dans toutau- » tre , & cette raifon ne peut fe » trouver que dans l'état aiuéce- »-dént. Cet état antécédent con- » tenoit donc quelque chofe qui a »fait naître l'état- a être encore déterminée par le ie- » eond à abandonner le premier. » Il n'y auroic donc point de rai- » ion fuffifanre pourquoi elle paf- »> iêroit plutôt à cet état qu'à tout » autre état poflible , ainli aucun » être ne pafted'un état à un autre »{âns palier par les états inter- »> médiaires,, de même que l'on »»ne va point d'une Ville à une « autre fans parcourir le chemin » .qui elt entre deux. , Mad.. . . donne plulîeurs exem- ples de l'obfervation de cette Loi dans la nature , & fait voir qu'el- le a lieu dans les cas où l'on croi- rait le plus qu'elle eft violée. CHAPITRE SECOND. De lExiftcncc de Dieu. Voici la démonftration que Mad. ... en donne. » i°. Quelque chofe exifte, puif- » que j'exifte. » i°. Puifque quelque chofe » exifte , il faut que quelque chofe » ait exifte de toute éternité ; fans »> cela il faudroit que le néant , qui «ji'eft qu'une négation, eût pro- » duit tout ce qui exifte , ce qui eft «une contradiction dans les ter- »> mes , car c'eft dire qu'une chofe »a été produite, & «e reconnoître «cependant aucune caufe de Ion » £xiftence. » 3°, L'Etre qui a exifte de tou- B R E, i 74°. t 743 te éternité doit exifter néceflai- rement , Se ne tenir ion exiften- ce d'aucune caule , car s'il avoit reçu ion exigence d'un autre être , il faudroit que cet autre être exiftât par lui-même , &: alors c'eft lui dontjepaile, & c'eft Dieu , ou bien il tiendroit fon exiftence d'un autre ; on voit aiiément qu'en remontant ainli à l'infini , il faut arriver à un être néceflàire qui exifte par lui-même, ou bien admettre une chaîne infinie d'êtres , lefquels pris tous enfemble n'auront au- cune caufe externe de leur exi- ftence ( puifque tous les êtres en- trent dans cette chaîne infinie) Se qui , chacun en particulier , n'en auront aucune caufe inter- ne, puifqu'aucun n'exifte par lui- même , & qu'ils tiennent tous l'exiftence les uns des autres dans une gradation à l'infini. Ainli c'eft fuppofer une chaîne d'êtres qui iépartment ont été produits par une cauie , & qui tous enfemble n'ont été pro- duits par rien , ce qui eft une contradiction dans les termes. H y a donc un être qui exifte né- ceflairement, puifqu'il implique contradiction qu'un tel être n'e- xifte pas, » 40. Tout ce qui nous environ- ne naît Se périt iucceiTîvement , rien ne joiiit d'un état réceflaire, tout fè fuccede , & nous nous fuccedons nous-mêmes les uns aux autres. Il n'y a donc que de la contingence dans tous les êtres qui nous environnent, c'eft-à- Y y y y ij 74* JOURNAL D » dire , que le concraire eft égale- » ment poffible , & n'implique » point contradiction ( car c'eft ce »quidiftingue un être contingent » d'un être néceilairc ). » 5°. Tout ce qui exifte a une » raifon fuftifante de (on exigence, » ainfi il faut que la raifon futfilan- n te de l'exiftence d'un être loit » dans lui ou hors de lui. Or la » raifon de l'exiftence d'un être » contingent ne peut être dans lui, » car s'il portoit la raiion iulfilan- '>vte de foa exiftence en lui , il fe- »-roit impoffible qu'il n'exiftatpas » ce qui eft contradictoire à la dé- » finition d'un être contingent. La » raifon furfifante de l'exiftence » d'un être contingent doit donc » néceffairement être hors de lui , » puifqu'il ne fçauroit l'avoir en » lui-même. » 6". Cette raifon fuffiJante ne » peut le trouver dans un autre «être contingent , ni dans une « fuite de ces êtres , puifque la » même queftion Je retrouvera » toujours au bout de cette chaîne « quelque loin qu'on la puifle » étendre. Il faut donc en venità » un être nécelTàire qui contienne »la raifon (affilante de l'exiftence "nie tous les êtres contingens ex » de la tienne propre , ôc cet Etre » c'eft Dieu. Mad.... fait voir enfuite que les attributs de cet Etre Suprême font une iuite de la néceffue de Jbnexiftence , elle les en déduit fuccefilvement. Elle embraftè l'o- pinion de M. Leibnitz au fujet de ce monde. Il penfoit ainJi que le ES SÇAVANS, P. Malbranche , que ce monde- - ci étoit le meilleur de tous k-s mondes poJIîbles , celui où il rè- gne le plus de variété avec le plus d'ordre & où le plus d'effets font ptoduits par les loix les plus (im- pies. Cette idée qui eft grande ré- pond aux objections tirées des maux qui arrivent dans le monde, objections qui ne prouvent que les bornes de notre efprit. » Il eft vrai que nous ne pou- » vous voir tout ce grand tableau » de l'Univers , ni montrer en dé- » tail comment la perfection du » ïout refaite des imperfections » apparentes que nous- croyons «voir dans qulques parties; mais » c'eft qu'il fàudroitr pour cela Je » reprelenter l'Univers entier de » pouvoir le comparer avec tous » les autres Univers poffibles, ce » qui eft un attribut de la Divinité. CHAPITRE IMmc. De l'Epme , des Attributs & des Modes. Nous obfervons dans les êtres • qui nous environnent des détermi- nations confiantes & des détermi- nations variables. Ils ont des qua- lités permanentes, ils en ont d'au- tres qui changent. Parmi les dé- terminations confiantes il y en a quelques-unes qui dépendent tel- le des autres qu'elles en Jont ufie iuite néceiïaire 8t que celles-là polexs, celles-ci le font au lu". A legard des déterminations varia- - blcs , elles ne font point néccllai- DECEMB rement liées aux déterminations confiantes , autrement elles ne fe- roient pas variables , mais elles n'ont rien qui répugne aux déter- minations confiantes , en iorte • qu'elles peuvent iubfiflerenfemble, n'ayant rien qui s'entredétruife. ■ Quand on veut examiner ce qui conflitueunêtre, ce n'efl point les déterminations variables qu'il faut conlîderer, ion efïènce ne pouvant conlifler dans ce qui peut fe trou- ver dans l'être ou ne s'y trouver pas fans que l'être celte d'exifler. Il ne faut pas s'arrêter non plus aux déterminations confiantes qui Jont elles-mêmes déterminées par d'autres déterminations primiti- ves , mais il faut remonter aux dé- terminations confiantes qui n'en iuppofent point d'autres dont elles ioient une dérivation , ce font el- les qui conflituent l'efTence d'un être , fes attributs font toutes les déterminations qui font une luite néceffaire de fou efTence , celles qui ne font pas une fuite de l'elïen- ce , mais qui n'y répugnent point , font fes modes. Ainlî la poffibilité des modes a fa raifon fuffifante dans l'efTence de l'être , mais les attributs y ont de plus la raifon fufiîfante de leur ac- tualité. On ne peut donc fuppofer d'attributs à un être que ceux qui font néceffairement liés à fon ef- fence , parce qu'autrement on ne pourroit concevoir comment cet attribut s'y trouveroit , & qu'il nauroit par conféquent pas de raifon fufhfànte de fon actualité , cell par cette raifon que M. Loke R E, i 740; 74/ avoiiant que la penfée n'eft point fondée dans l'efTence de la matière, n'a pas dû dire que Lieu a peut- être donné a la matière l'attribut de la penfée. Mad fait voir enfuite que les efTences des chofes ne font point arbitraires & ne dépendent point de Dieu , ce qui efl dire fim- plement que Dieu ne peut pas les contradiéloires. » On doit donc » dire- que l'aélualité des chofes «dépend de Dieu , car ayant don- » né l'exiflence à ce monde plû- » tôt qu'à tout autre monde poflî- »ble, le monde exifle parce que » Dieu l'a voulu &: un autre exi- "fteroit s'il l'avôit voulu autre- » ment , mais la poflibilité des » chofes a fa fource dansl'enten- » dément de Dieu qui a conçu né- »*cehairement tout ce qui efl pof- »fible de tôjtectenvté , mais non ; » pas dans fa volonté qui ne peut » fe déterminer que conféquem- » ment à ce que fon entendement » fe reprefqjte. Ainfi on ne doit » rien admettre comme vrai en » Philofophie quand on ne peut » donner d'autre raifon de fa pofïï- » bilité que la volonté de Dieu , » car cette volonté ne fait point » comprendre comment une choie » efl poffible. Mad examine à la fin de ce Chapitre les différentes définitions que les Scolau1 iques , Defcartes & Locke ont données de la fubilance, elle ne les trouve pas fatisfaifan- tes : voici celle qu'elle en donne elle-même. » On peut , dit- elle , "la définir ce qui confervedes dé- 746* JOURNAL D » terminations elîentielles & des «attributs conftans , pendant que » les modes y varient &c le lucce- »,dent, c'eft-à-dire , un lujet du- » rable & modifiable, carentant » qu'il a une ellence Se des pro- » prierez qui en découlent il dure »> & continue d'être le même , &.' » en tant que Tes modes varient U v eft modifiable. CHAPITRE IY. Des Hyfothèfes. Mad établit dans ce Chapi- tre la néceflîté des Hypothéfes, ce font des échaftàuts inutiles lorique le bâtiment .eft fini , mais fans lefquelles on n'auroit pu l'élever -, elle fait voir par differens exem- ples combien elles ont fervi au progrès des Sciences & de l'Aitro- noïriie fmgulierement , elle con- vient qu'on peut en abufer & elle marque les bornes qu'on doit s'y preferire , mais quand on en fait un bon ufage elle prêt? nd .que c'eft un des grands moiens de l'Art d'inventer. Ce Chapitre nous a pa- ru très - bien fait , mais nous ne nous y arrêterons pas , le peu d'étendue qu'il faut donner à .un. Extrait nous forçant de .chai fi r ce qu'il y a de plus fingulier dons l'Ouvrage. CHAPITRE V, De l'Efface, L'efpace cft-il un être abfolu Se ES S€AVATC>, diftindt des corps qui y font pla- cés , ou l'efpace n'eft-il rien que l'ordre même des cliofes entant qu'elles coexiftent ? Le premiet . ientimeut a été loûtenu par Epicu- re., Démociite &Leucippe, Gaf- fendi l'a renouvelle ., Locke l'a fuivi. AL Kcil & les autres Difci- ples de Locke ont prétendu que la matière étoit parlemée de petits efpaces abfolument vuides. L'au- torité de M. Newton n'a pas peu fervi à accréditer cette opinion „ &c M. Clarke l'a foûtenue contre M. de Leibnitz qui penfoit que l'efpace n'étoit que l'ordre des chofes coexiftantes. » Il eft ceisain ( dit Mad. . . . ) que fi on confulte le principe de la raifon lumlante que fai établi dans le premier Chapitre on ne peut pas le dilpenler d'avouer que AI. de Leibnitz avoit raifon ,de bannir l'efpace abiolu de l'U- nivers ,& de regarder l'idée que .quelques Philolophes croyent en ayoir comme une illufion de l'imagination : car non feule- ment il n'y auroit aucune raifon de la limitation de l'étendue , mais fi l'efpace eft un être réel & liibfiftant fans les corps & qu'on puiûe les y placer , il eft indiffèrent dans quel endroit de cet efpace fimiliaireon les place, pourvu qu'ils conlervent le mê- me ordre entre eux j ainli il n'y auroit point eu de raifon fufti- fa nte pourquoi Dieu auroit pla- cé l'Univers dans la place où il eft maintenant plutôt que dans « tout autre , puisqu'il pouvoir le D E C E M B » placer dix mille lieues plus loin , « mettre l'Orient où eft l'Occident, » ou bien il pourvoit le renverfer , » failant garder aux choies la mè- » mefituation entr'elles. » M. Clarcke fentit bien la for- ri ce de ce raifonnemenr , &: il ne » put y oppoier autre choie fî-nbrt «que la fimple volonté de Dieu »étoit la raifon fufhfanre de la » place de l'Univers dans l'eipace , »& qu'il n'y en avoir point d'au- » tre ; mais on lent bien que cet » aveu fait crouler fon opinion Se » découvre le foible de la caufe ; » car Dieu ne fçauroit agir fansxles » raifons priles dans fon entende- » ment & fa volonté doit toujours" » fedérerminer avec raifon. Ainfi » être obligé de recourir à- une « volonté arbitraire de Dieu la- » quelle n'eft point fondée iur une » raifon fuffifante, c'eftêtre réduit » à l'abfurde. Ainfi la raifon de la » place de l'Univers dans l'eipace 33 & celle des limites de l'étendue 33 n'étant ni dans les chofes mêmes 33 ni dans la volonté de Dieu on 33 doit conclurre que l'Hypothéfe 33 du vuide eft faullecv qu'il n'y en « a point dans la nature. Mad. . . . répond enfuite au* principales objections qu'on fait contre le plein. Elle admet une matière très-fine & mué en tout fens avec une telle rapidité qu'elle n'apporte aucune reiiftance ienfi- ble au mouvement des corps pla- cés dans cette matière. Ainfi , dit- elle , on aura un vuide phyiîque qui eft tout ce que prouvent les expériences dont on fait des ob- R.E\ */**• w jeelions invincibles contre le plein. Il n'y a donc point de vuide réel Se l'idée que nous croyons avoir d'un efpace abfolu Se diftindt des corps eft une illufion de notre ef- prit. Voici comme Àlad. . . . pré- tend que cette idée le forme. » Nous fentons que lorfque 3> nous confiderons deux chofes j> comme différentes &:que nous les 33 diftinguons l'une de l'autre , nous »3 les plaçons dans notre efprit l'u- 33 ne hors de l'autre. Ainfi nous »3 voyons comme hors de nous >■> tout ce que nous regardons corn- >* me diffèrent de nous. Les exem- 3> pies s'en prefentent'en foule. Si » nous nous reprefentons dans nb- » tre imagination un édifice que » nous n'avons jamais vu , nous » nous le reprefentons comme » hors de nous quoique nous fça- 33 chions bien que l'idée que nous » en avons exifte en nous , & qu'il » n'y a peut-être rien d'exiftant de » cet édifice hors de notre idée : » mais nous nous le reprefentons «comme hors de nous , parce que » nous fçavons qu'il eft diffèrent' » de nous , de même fi nous nous « reprefentons idéalement deux 33 hommes ou que nous répétions » dans notre efprit la reprefenra- » tion du même homme deux fois, » nous les plaçons l'un hors de' "l'autre, parce que nousnepou- 33 vons point forcer notre efprit à » imaginer qu'ils font deux Se un 33 en même tems; 33 II fuit de-là que nous ne pou- 33 vons point nous reprefenter plu- sieurs chofes différentes comme 748 JOURNAL D » faiûnt un, Luis qu'il en refaire » une notion attachée à cetce di- .1 verfité & à cette union des cho- » fes , & cette union nous la nom- » mons étendue : ainli nous don- ») nous de l'étendue a une ligne » entant que nous faiions atten- » don a plulieurs parties divei les » que nous voyons comme exilbnt » les unes hors des autres , qui lonc » unies enlemble &c qui font par » cette railonun feul tout. Nous nous formons donc l'idée de l'étendue , fuivant Mad en confiderant la pluralité des choies & leur union fans faire attention aux autres qualitez qu'elles peu- vent avoir. » Lorfque nous nous fommes » ainfi formé dans notre imagi- » nation un être de la diverfité de >) l'exiitence de plufieurs choies &c » de leur union v l'étendue qui eft » cet être imaginaire nous parok » diflinéte du tout réel dont nous » l'avons féparée par abftradtion , » & nous nous figurons qu'elle » peut fubfifter par elle - même , » parce que nous n'avons point » befoin pour la concevoir des j> autres déterminations que les « êtres que l'on ne conhdere qu'- » entant qu'ils font divers & unis » peuvent renfermer : car notre » efprit appercevant à part les « déterminations qui conftituent » cet être idéal que nous nommons » étendue , & concevant enfuite » les autres qualitez que nous en » avons féparées mentalement & » qui ne font plus partie de l'idée » que nous avons de cet être , il ES SÇAVANS, » nous iemble que nous portons » toutes ces choies dans cet eue » idéal , que nous les y logeons &c » que l'étendue les îeçoit & les «contient comme un vaie îeçoit » la liqueur qu'on y vetle. Ainfi » entant que nous confiderons la » poflîbihtc qu'il y a que pluheurs » chofes différentes puillènt exifler » enlemble dans cet être nbftrait «que nous nommons étendue, « nous nous formons la notion » de l'efpace qui n'eft en effet que «celle de l'étendue jointe a la pof- » fibilité de rendre aux êtres coexi- » flans &c unis dont elle eft formée » les déterminations dont on les » avoit dépouillés par abftraétion. On voit que comme les parties de l'étendue nous paroillent lîmi- laires , l'efpace doit nous paroître aullï iimilaire & indiicernable. » Ainfi l'on a railon ( conclut "Mad ) de définir l'efpace » l'ordre des coexiflans , c'eit-à- » dire, la ce ïemblance dans la ma- » niere de coexiffer des êtres , car « l'idée de l'efpace naît de ce que » l'on ne fait uniquement atten- » tion qu'à leur manière d'exifter » l'une hors de l'autre , & que 1 ou " fe reprefente que cette coexi- » fiance de plufieurs êtres produic :> un certain ordre ou rellemblan- » ce dans leur manière d'exifter. Nous renvoyons a l'Ouvrage même ceux qui voudront appro- fondir cette idée qui eft fort ab- ftraite, elle y eft beaucoup plus dé- veloppée qu'elle ne peut l'être ici. Les D E C E M B CHAPITRE VI. Du Tems. Les notions du tems Se de l'ef- paceonc, dit Mad. ... beaucoup d'analogie entr'elles. .Dans l'efpa- ce onconlldere (împlement l'ordre des coexiitans entant qu'ils coexi- ilent , & dans la durée l'ordre des chofes fucceffives entant qu'elles fe fuccedent en faifant abftraétion de toute autre qualité interne que de la fimple fuccefîion. Mad. . . . fait voir d'abord qu'on ne peut regarder le tems comme un être abfolu fans tomber dans les mêmes diffîcultez qui ne per- mettent pas de faire un être abio- lu de l'efpace. Il n'y auroit pas de ïaifon futh faute pourquoi Dieu auroit créé le monde dans un tems plutôt que dans un autre. Elle ex- plique enluite comment nous nous formons l'idée du tems. » Lorlque nous faiions atten- » tion à la fuccefîion continue de w plufieurs êtres , & que nous « nous reprefentons l'exiftence du « premier A diftinéte de celle du » fécond B , Se celle du fécond B » diftindte de celle du troifiémeC, •" & ainfi de fuite . Se que nous » remarquons que deux n'exiftent » jamais enlèmfcle , mais que A » ayant celle d'exiirer B lui fucce- « de auffi-tôt , que B ayant celle » C lui fuccede , &c. Nous nous » formons une notion d'un être « que nous appelions Tems ; Se » entant que nous rapportons l'e- Dccemb. RE," 1740. 749 » xiftence permanente d'un être à ■»> ces êtres fuccefîifs , nous difons « qu'il a duré it/i certain tems entant »> qu'on fe reprefente que cet être » qu'on conlîdere coexifte à plu- » lieurs autres qui fe fuccedent. " On dit donc qu'un être dure » lorfqu'il coexifte à plufieurs au- « très êtres fuccefîifs dans une fuir- -> te continue , &c. Ainfi , fuivant Mad. . . . l'efprit neconfideredans la notion du tems que Jes êtres en général , il fait abftraétion de toutes les détermi- .nations qu'ils peuvent avoir & fe les reprefente feulement comme non coexiitans , c'eft-à-dire , com- me ayant une exiftence lucceffi- ve , en forte que l'un n'exifte pas avec l'autre. » De cette manière on fe forme » un être idéal que l'on fait confï- » (1er dans un flux uniforme Se qui » doit être femblable dans toutes » lès parties , puifque pour le for- >' mer on employé pour chaque « être la même notion arbitraire-.. » fans rien déterminer de la natu- » re, & que l'on ne confideie dans » tous ces êtres que leur exiftence » fucceffive ians fe mettre en pei- » ne comment l'exiftence de l'un » fait naître celle du fuivant. La notion du tems naît, luisant Mad.... de la fuccefîion de -nos idées Se non du mouvement des corps extérieurs, comme l'ont pré- tendu quelques Philolophes. Car certainement , dit-elle , je pour- rois ne jamais remuer de ma place Se avoir des idées fucceffives , or j'exifterois pendant . un certain Z z z z 7fo JOURNAL D tems , & j'aurois une idée de la durée de mon être par la fuccel- fion de mes idées , quand même jç ne me ferois jamais mue , &c que je n'aurois jamais vu de corps en mouvement. Elle prétend qu'au contraire c'eit la fuccelïïon de nos idées qui nous donne l'idée du mouvement , & voila pourquoi nous n'avons point l'idée.'., mou- vement , en regardant la Lune ou l'aiguille d'une montre , la lei :eur du mobile le foifant paroître dans le même point pendant que nous avons ,une longue fucceliion d'i- dées. . ©n a confondu le tems avec le mouvement , parce qu'on ne l'a pas allez- diftingué de les mefures, mais on devoir d'autant moins l'y confondre qu'il' n'y a & qu'il ne peut point y avoir de melures du tems exactement juftes.»Car on » ne peut appliquer une partie du » tems à lui-même pour le mefurer, » comme, on mefure l'étendue par «des pieds & des toiles qui iont » elles-mêmes de l'étendue. -Clui- " cun a la mefure propre du tems » dans la promptitude ou la len- » teur avec laquelle fes idées le » fuccedent , & c'effcdecesdiffe- » rentes vuefïes dont. les idées le » fuccedent en différentes perfon- » nés &c daus la même perfonne » en differens tems que font ve- » nues pludeurs façons de s'expri- » mer comme celle-ci,. par exem- " Pie > .) Ul troHvè le tems bien lonç t » car le tems nous parole long lorl- » que les idées le fuccedent lente- » ment dans .notieefprit^ . ES SÇAVANS, CHAPITRE VITt Des Elèmens de la Afatiere. Nous voici arrivés aux fomeufès Monades de M. Leibnitz , c'elt-a-* dire , aux êtres limples dont il prétend que tous les autres font composes. » Tous les corps font étendos es » longueur, largeur & profondeur, » or comme rien n'exifte fans une » raiion lu in" faute , il fout que cet- » te étendue ait fa raifon fufrilànte » par laquelle on puille compren- » dre comment & pourquoi elle » eft poflible , car de dire qu'il y x » de l'étendue parce qu'il y a de » petites parties étendues , ce n'eft » rien dire , puilqu'on fera la mê- » me queftion lur ces petites par- » ties que (ur le tout , & que l'on » demandera la raiion fuffilante de «leur étendue. Or comme lai a> » (on iufhlante oblige d'alléguer » quelque choie qui ne foie-pas la » même que celle dont on dénia»- » de la raiion , puifque (ans cela » on ne donne point de raifon fuf- «■fifànte, & que la queition de- » meure toujours la même , fi l'on » veut fatisfaire à ce principe fur » l'origine de l'étendue , il faut en «venir enfin à quelque choie de » non étendu, & qui n'ait point « de parties pour rendre raifon de » ce qui eft étendu & qui a des » parties , or un être non étendu 6c »(àiis parties eft un être lîir.p'e. » Donc les compofés , les êtres «étendus exiltent parce qu'il y. a D E C E M <> des erres fimples. Il faut avoiier , die M. . . . que cette coiiclulïon étonne l'imagina- tion , & elle a raifon (ans douce , car comment concevoir que des êtres non étendus forment de l'é- tendue? cependant les êtres éten- dus & compolés doivent trouver leur raifon fuififante dans les êtres fimples. Cette raifon furfifante s'y trouve en effet, luivant M. de Leib- nitz. Pour comprendre qu'elle elle eft il faut fe rappeller la façon dont nous avons expliqué dans le Ch. f . que fe formoit en nous l'idée de l'étendue. » En examinant cette « idée avec les yeux de l'entende- u ment nous ferons obligés de re- »> connoître qu'elle n'eft qu'un phé- » noméne, une abftraétion de plu- »> lieurs choies réelles par la confu- » fion defquelles nous formons » cette idée d'étendue. C'eft de cet- j> teconfuf on que naillent prefque » tous les objets qui tombent fous » nos fens & dont les réalitez font j> fouvent infiniment différentes » des apparences. Ainfi fi nous » pouvions voir diftin&ement tout » ce qui compofe l'étendue , cette » apparence d'étendue qui tombe » fous nos fens difparoîtroit , & jj notre ame n'appercevroit que » des êcres fimples exiftans les uns » hors des autres , de même que » {i nous distinguions toutes les »» petites portions de matière dif- féremment mue qui compofent u un portrait , ce portrait qui n'eft •j qu'un phénomène difparoîtroit v pour nous. Ainfi la même confu- » fion qui eft dans nos organes <3c B R E , i 740. 7? r qui fait que de la relTemblance d'un viiage humain réfulte l'af- femblage de pluheurs portions de matière différemment mues dont aucune n'a de rapport au phénomène qui en réfulte pour moi , cette même confufion fait que le phénomène de l'étendue réfulte pour nous de l'aftemblage des êtres fimples & de leurs dif- férences internes , mais comme il eft impoflîble que nous nous reprefentions l'état interne de tous les êtres fimples duquel ce- pendant le phénomène de l'éten- due dépend , toute perception des réalixez nous doit échapper par notre nature , &: il ne nous refte des idées confufes que nous avons de chacun de ces êtres fimples qu'une idée de plufieurs chofes coexiftantes & liées en- femble fans que nous fçachion* diftinétement comment elle* font liées , &c c'eft cette idée con- fufe qui fait naître le phénomè- ne de l'étendue. Les êtres fimples n'ont point de parties , ils font par conféquent indivifibles , ils n'ont point non plus de figure , la figure étant l'é- tendue limitée. Les êtres fimplef font encore infiniment diffèrens les uns des autres , c'eft une cou- féquence du principe des indifeer- nables que nous avons établi dans le premier Chapitre: on doit trouver dans les êtres fimples la raifon fuififante de tout ce qui fe pafie dans les êtres compofés , or il le fait dans ceux-ci un change- ment continuel, il y a donc uneac- Zzzzij 7j2 JOURNAL D tioa qui opère changement Si une force quelconque qui eft le prin- cipe de cette a£Uon. Mais ce prin- cipe doit être dans les êtres lîm- ples ; les êtres fimples font donc doués d'une force par laquelle ils tendent continuellement a agir & ils agiflènt réellement lorfqu'il n'y a point de refiftance. » Or comme « l'expérience prouve que la for- j> ce des êtres (impies fe déploie «continuellement , puilqu'elle » produit des changemens fenii- j/oles a chique mitant dans les ■> compofés, il s'enfuir que chaque » être fimple eft en vertu de fa na- " ture & par fa force interne dans » tin mouvement qui produit en » lui des changemens perpétuels & » une fucceffion continué, & que » fon état interne & la luite des » fucceffions qu'il éprouve dlffe- « rent de l'état interne & des fuc- "ceffions qu'éprouve tout autre » être fimple, dans l'Univers en- » tier. Tout change, mais rien ne pé- rit , lés êtres fimples dont les compofés réhiltent ont donc des déterminations confiantes pendant qu'ils en ont d'autres qui varient continuellement. Ce lont donc des fublbnces ou plutôt ce l'ont: lès feules fubftances ci: il y ait, on a vu que par leur nature il y avoir dans les êtres fimples une force ac- tive , un principe interne de mou- vement , & voilà pourquoi M. de LJhnitz difoir que le véritable caractère de la fubftance eft d'a- gir , qu'elle fe diftingue des acci- ctënspox l'adioncx qu'il eft impol- ES SÇAVANS, fible de la concevoir fans force. Par le principe des indifcernables chaque être fimple eft différent l'un de l'autre , & la place que chacun d'eux occupe dans l'Uni- vers eft liée nécelîairement à celle dèi autres , en forte que dans l'U- nivers tout eft dans une dépen- dance mutuelle , c'eft une machine dont toutes les parties ont un rap- port nécelïaire entr'elles. M. de Leibnitz en concîuoit que tout étant plein , notre Ame devoir avoir continuellement une répre- ientation de tout l'Univers ce de rous les changemens qui y arri- vent , réprefentation a la vérité extrêmement obfcure -, en effet tout étant plein, nous devons re- cevoir des imprefîions plus ou moins foibles de toutes les parties de l'Univers , & recevoir en con- Jéquence des idées plus ou moins fenlibles des effets qui s'y opèrent. C'eft ainfi qu'une pierre jettée dans l'Océan y produit des ondes dé- croilfantes a l'infini , mais qui ne font plus fenfibles à une certaine diftance. Cette idée eft extrême- ment bien développée par Mad..., CHAPITRE VIII. De la nature des Corps. Defcartes , le P. Malbranche 6c rons leurs Seérareurs ont fait con- fifter l'effence du corps dans l'éten- due ; la matière n'étoit, félon eux , que l'étendue différemment com- binée dont ils faifoient une fub- ibnee uniquement paiîîve. La ma- D E C E M t'e;"e par fa nature n'avoit aucun principe d'act-ion , Dieu feul agif- ioit fuivant des Loix générales qu'il s'étoit prelcrites , &les corps n'écoient que des caufes occafion- nelles des changemens qui arri- voient en eux. Suivant Mad. ... ce Syftême eft renverfé par le principe de la rai- Ion iufhiante. » Car fi l'eflènce du » corps confiée dans la fimple » étendue , & qu'il n'y ait point de » différences internes dans les par- » ties de La matière qui les diftin- » guent réellement , la matière eft » fimilaire & une de fes parties ne >» diffère de l'autre que par la pofi- » tion , comme les Cartéfiens l'a- » vouent eux mêmes. Or nous » avons vu que le principe de la » raifon fuffifante ne fouftre point » dans l'Univers de matière fimi- » laire & qui ne foit pas diftinguée » par des qualitez internes ; Ainfi » l'elïence du corps ne peut confi- « fter dans la fimple étendue, puif- » qu'il eft néceffaire pour fatisfai- » re au principe de la raifon luffi- » faute d'accorder une différence j> originaire dans les parties de la » matière qui lui loit aufîi eflentiel- » le que l'étendue même. » Il faut donc qu'il y ait quelque s> chofe dans la matière d'où cette « différence interne tire fon origi- " ne , mais elle n'en peut point " avoir d'autre que la force interne » ou tendante au mouvement qui « eft dans toute la nature , Se qui » fe diverfifiant à l'infini met une « différence réelle entre toutes les » parties de la matière , en forte B R E, 1740; 75-5 » qu'il eft impoiTïble de mettre l'u- » ne à la place de l'autre , parce » qu'il n'y en a pas deux qui ayent » la même force & le même mou- » vement , 8c par conféquent la » même forme , car toute forme » fuppofe du mouvement , & par » conféquent delà force. La force » eft donc auflî nécelîàireà l'efien- » ce du corps que l'étendue. Voici donc , fuivant Mad. . . . deux proprietez du corps,l'étenduë Se le pouvoir d'agir, elle prétend qu'il faut y en ajouter une troifié- me qui eft la force d'inertie. » La raifon nous montre , dit- » elle , Se l'expérience nous con- » firme une autre propriété des » corps , c'eft celle de réfifter ou » la force pafïïve , car en raifon- » nant d'après la force a&ive qui » eft dans les corps , on ne voit » pas fur quoi elle agiroit fi les «corps n'etoient pas refiftans , » puilqu'il n'y auroit point alors » de raifon fuffifante de leur ac- «don. Mad rapporte encore diffé- rentes raifons pour établir la force pafîîve ou d'inertie. » Sans cette » force aucune des loix du mouve- «ment ne pourroit fubfifter , & » tous les mouvemens fe feroient »fans raifon fuffifante , car dès » qu'on admettrait que la matière «fût fans refiftanceou force d'iner- «tieil n'y auroit plusdeproportion » entre la caufë Se l'effet , Se l'on » ne pourroit point juger de ce » qu'un corps a une telle quantité » de mouvement Se une telle malle » qu'il a fallu une telle force pour 7T4 JOURNAL DE » le lui communiquer. Car le plus » grand corps &: le plus petit pour- » roient être mus par la même for- » ce avec la même vîrelle & la mê- Htne facilité s'ils étoient fans in- » ertie , &c. La nature du corps ou la matiè- re a donc trois principes qui confti- tuent fon efTence , fçavoir , l'éten- due , la force active &: la force d'inertie -, Mad. . . . fait voir com- ment ces trois principes font la raifort fuffifante des diftèrens chan- gemens qui arrivent dans les corps , mais cela ne fuffit pas , il faut trouver la railon fuffifante de ces trois principes dans les êtres fimples ; Mad.... prétend que com- me l'étendue n'eft qu'une apparen- ce réfultante de la pluralité & de l'union des êtres fimples qu'on confidere fimplement en raiiànt abftraction de toute autre déter- mination , de même la force mo- trice 6c la force d'inertie ne font que des phénomènes rélultans de la confufion des mêmes êtres fini- Ples- » Chaque être fimple étant con- » tinuellement en action, & cette » action ayant une relation , une » harmonie avec les actions de » tous les êtres fimples , toutes » ces actions qui coafpkent en- » femble doivent paroître aux fens «une feule & même action. Ainfi »> il eft impoiTrble que nous puif- » fions nous reprefenter diftincte- » ment la force motrice : on la » concevroit diftinctement fi on » pouvoit fe reprelenter de quelle » façon la force relide dans un S SÇAVANS, » être fimple pour engendrer , en- » fin dans lecompole que tous ces » êtres forment par leui aggiégat , » cette force motrice dont les ef- » fets tombent fous nos fens : or » comme nous ne pouvons point » diftinguer ces choies les uius des » autres , nous appercevons dans » la force une infinité de choies à » la fois que nous ne diftinguons » point , & que par cette rai fon » nous confondons en une feule , » & nous ne nous reprefentons » que ce qui rélulte de cette con- » fufion , qui eft une image infini- ».ment différente des réalitez qui » y entrent. Ainfi on voit que la » force motrice telle que nous » nous la figurons &: qu'elle tom- » be fous nos lens n'eft qu'un phé- » noméne qui ne naît dans nous , » que parce que nous voyons de » trcs-loin les réalitez qui la con- » ftituent , c'eft une apparence » comme l'étendue. » La force pafiïve ou la force » d'inertie eft aufTi un phénomène, » parce que nous ne voyons point «diftinctement le principe paffif » qui le trouve dans chaque élé- » ment , ni la façon dont par la » multiplication & la confufion » de toutes leurs refîftances relati- >» ves & confpirantes , la force » d'inertie peut réfulter dans les » compofés. C'eft ici que fe termine la partie Métaphyfique de cet Ouvrage, Se c'eft ici auflî que nous terminerons notre premier Extrait, peut-être y trouvera -t- on des endroits ob- feurs .; on ue doit pas les imputer DECEMBRE, 174»; 7r; à -l'Ouvrage , il eft écrit avec beau- mais la matière eftabftraite & un coup de clarté & de précision , Extrait a des bornes. PANEGYRIQUES , SERMONS , HARANGVÉS ET AVTRES Puces d'Eloquence : par feu M. de la Pari fier e , Eve que de Nîmes. A Paris , chez G'ijfey, rué de la vieille Bouderie ; chez Bordelet , Lam- bert , & Durand, rué S. Jacques, 1740. deux vol. in-11. Tom. I. pag. 438. fans un Avertiiïèment, Tom. II. pag. 3 j j. Avec Approbation & Privilège. « ne n'en eft pas toujours un , fur- » tout pour les Rois dont la con- » fiance aveugle porteroit fur de » trop grands objets : mais Màr.e- » Louifc expofée aux regards d'u- » ne nation vertueufe Se rigide » qui approuve rarement & qui » n'admire jamais acquit bien- » tôt l'afcenclant fur les efprits ou » plutôt fur les âmes. Des lumières » & une raifon fuperieures , une » tranquilité d'ame qui n'étoit » troublée par aucune paffion &r » fur qui l'humeur n'avoit nul em- » pire ; une retenue qui ne lui coû- » toit pas la moindre réflexion. . *'» » Une connoiifance parfaite de » tous les intérêts. . . . Une équité » à laquelle tous les hommes au- » roient pu s'en rapporter s'ils » avoient été fages -, & fur - tout » une Religion fincére : ce font là les vertus qui lui concilièrent , à un degré éminent l'amour & l'efti- medes Sujets. Le Roi pouvoit-il lui refufèr une confiance dont tous les peuples lui donnoient l'exem- ple ? auffi cette même confiance iérvit bien-tôt à lui faire acquérir davantage ce qui fait la véritable félicité des Rois , l'amour de leurs fujets. Perfuadé par les confeils de la Reine autant que par fon Second Extrait'. NO u s avons rendu compte , dans le Journal de Novem- bre dernier , des Pièces qui for- ment le premier Tome de ce Re- cueil , le fécond Tome dont nous allons parler contient d'abord l'O- raifon Funèbre de Madame Ma- rie-Louife de Savoye , Reine eCEf- pagne. L'Auteur , après avoir em- prunté de l'Ecriture le portrait de la femme forte , remarque avec le Sage , combien il eft rare de pou- voir faire l'application de ce por- trait aux femmes du fiécle,& com- bien cependant cet éloge devient naturellement le Panégyrique de celle dont il va peindre les vertus, en rappellant les grands évene- mens qui traverlerent le bonheur de fa vie. Une circonftance de cet éloge que l'Auteur ( avecjuftice ) fait valoir davantage , c'eft que toutes les grandes qualitez qu'on reconnoît dans cette Reine iont toujours étroitement liées avec fes devoirs de Reine «Se d'Epoule. » L'attachement reciproquefc'eft «vie Panégyriite qui parle ) eft » pour deux Epoux unindilpenfa- » ble devoir , la confiance fans bor- 7? ennemis ce qu'elle avoir de plus ,»cher: fille refpectueufe „ dit il , » Epoufe fidèle Se tendre , que ne •» îellenrit donc point Marie-Loui » fc ! Mais que relTentit elle « qui ne dût flatter le père & plai- « re à l'époux , bien plus ralluré «par une fenfibilité li julte tk Ci » mefurée qu'il n'auroit dû l'être " par fon indifférence : mais c'efb dans l'Ouvrage même qu'il faut lire cet enchaînement de révo- ES SÇAVAN5, lutions qu'elle eut a fupporter , & connoître l'égalité de coura- ge & de fageûe c]u'Jle mon- tra dans les revers & dans les lue- ces : » le Roi n'avoir point a la «ménager lur les léiolutions ex- » trémes , elle étoit elle-même ca- » pable de les prendre & de les » inlpirer. Loin de vouloir être » environnée de Troupes pour la » fûieté de fa perlonne , elle rc- » pond des peuples a qui on la con " fie , & par fa leule prefence les » aziles qu'elle choilit deviennent » des forterellès. Apres des victoi- res qui l'affèrmilloient lur le Trô- ne , » elle vit toujours , ou les ré- » volutions qu'elle pouvoit crain- » die , ou les maux pâlies qu'elle » devoit guérir. Elle ne connut •» point detems heureux tant qu'el- » le devoit avoir des lujets mife- » râbles... . Elle vouloir pouvoir » donner un jour au ioulagemenc » des peuples , le fecours qu'elle » ne donneroit plus à leur défeiv- » le : l'œconomie ne fur pas en elle » d'une moindre rellource que la » confiance. C'eft après tant de travaux, c eft dans ces momens où quand on jouit d'un bonheur long-tems tra- verfé , on eft fi naturellement plus attaché à la vie , que cette Reine voit finir la lienne , & c'eft dans ce point de vue que les vertus pa- roiilent dans tout leur éclat. Mais ce récit perdroit à n'être pas lu dans l'Ouvrage même. On trouve enfuite l'Oraifon Fu- nèbre de M. le Dauphin ( i j & de ( i ) Auparavant Dite Je Bourgogne. Madame DE C E M B Madame la Dattphine ( i ). Voici quelques - uns des traits dont l'Orateur peint M. le Dau- phin •. » A peine le vîmes - nous »» naître que nous découvrîmes » tout le fondement de la gloire & » de notre bonheur. Au milieu des >y traits de l'enfance , fe développa » d'abord une ame iupérieure qui « les faifoit oublier : fes premières *> paroles étoient pleines de fens.„. » Jamais l'éducation n'a travaillé »iur un plus riche fonds , &c il » n'étoit pas à craindre qu'elle - échoiiât dans les mains qui en » furent dépofitaires. Par les fe- » cours de tels maîtres fi propres à » former l'efprit & le cœur , les » talens que les autres auroient ou » ignorés ou négligés furent pouf- » lés au plus haut point de perfec- » tion , & les difhcultez que fem- » bloit y apporter un naturel trop » vif, leur parurent bien moins » des obftacles que des relïources. » Ils eurent à fixer cette activité j> quiempêchoit le jeune Princcde » s'aflujettir aux régies , & le foin » qu'ils prirent de l'occuper àl'ex- »> rerieur pendant qu'ils l'inftrui- « foient fe reduilît a l'enrichir de » plufieurs connoiilànces à la fois... » la vertu le montroît à lui fous » les images les plus riantes , les [ i ] Marie Adélaïde de Savoyc. R E, 1740. _ 7^7 » principes les plus élevés dcpoiii!- » lés de (écherefle s'imprimoient » profondément dans fon cœur...„ » 11 apprenoit a nous faire fure- » ment la loi en s'impofant celle >»de nous aimer. Cet autre endroit donne une idée des grandes qualitez dont Madame la Dattphine étoit ornée : » Elle ne connoilïoit point de vrai » bonheur ( dit M. l'Ev. de Nî- » mes) fi les peuples n'étoient heu- » reux : elle formoit fa joye delà » tranquilité &: de l'efperance »> qu'elle recueilloit dans leurs » yeux : la feule idée de l'indigence »> faifoit évanouir tous (es propres » defus , & ce que les perfonnes » de fon rang appellent de vrais » befoins. Dans le refte de ce Tome on lit plufieurs Harangues faites par M. l'Evêque de Nîmes en qualité de Député des Etats de Languedoc au Roi , aux Princes Se aux Mînifhes. Toutes ces Pièces renfermées dam des bornes étroites pour la plu- part , fe trouveroient trop réduites 11 elles étoient expofées en extrait. Quelques Mandemens & quelque* Lettres Paftorales qu'on trouve enluite pourroient nous fournie davantage , mais ces (ortes d'Ou- vrages perdent toujours à n'être pas lus dans leur enrier. HISTOIRE LITERAIRE DE LA FRANCE, OV VON traite de ï origine & du progrès t de la décadence & du rit a', liffcment des Sciences parmi les Coulis & parmi les François 1 du goût fjf du gé- nie des uns & des antres pour les Lettres en chaque fîécle 1 de leurs an- ciennes Ecoles ; de l'étal lijfemtnt des Vniverftcx. en France ; des princi- paux Collèges; des Acudèmies des Sciences & des Belles Lettres ; des Dccemk A a a a a ?;s JOURNAL DES SÇAVANS meilleures Bibliothèques anciennes & modernes; dessins célèbres Imprime' ries , & de tout ce qui a un rapport particulier à la Littérature. Avec le Eloges Hdhriques des Gaulois & des François qui s'y [ont fait quel- que réputation ; le Catalogue & la Chronologie de leurs Ecrits ; des Hé- marques Hijloriqucs & Critiques fur les principaux Ouvrages ; le dé- nombrement des principales Editions ; le tout jujhfié par les citations des Auteurs originaux. Par des Religieux Bénéiiclms de la Congrégation de S. Afaur Tome V. qui comprend la fuite du neuvième jîécle jufqua la fin. A Paris, chez Chaubert , Quai des Auguftins , du cote du Pont. S. Michel , a la Rénommée Se à la Prudence, & Compagnie. 1740. . ;>;-4°. pag. 717. y compris la Table Chronologique , fans l'Avertiflê- ment qui eft de 39 pag. en y comprenant la Table des citations , &. ians une troifiéme Table fort ample des Auteurs &c des Matières qui finit le Volume. . Uel qjj e diligence qu'- _ ayent apporté nos fçavans & laborieux Ameurs pour ne rien omettre juiqu'ici de tout ce qui appartenoit à leur fujet , il n'a pas été poffible qu'il n'échapât bien des chofes à leur exactitude , & qu'en pouffant ; leurs recherches iur des lîécles pefferiems, ils ne fil- fent quelques découvertes, qui ap-- partinilènt aux fiéclcs dont ils ont déjà traité. En eirèt , ils avoient paire fous filence quelques Auteurs qu'ils ont connus depuis: quelque- fois en parlant des differens Ou- vrages d'un Ecrivain , .ils en a- voient omis qu'ils ont déterrés dans la fuite ; enfin en rendant . compte des différentes Editions d'un Livre, ils n'avoient rien dit de quelques-unes , ou parce qu'elles leur croient inconnues , ou parce cu'elles n'étoient pas encore pu- bliées. C'eft pour fuppléer à toutes ces omiffions , qu'ils ont mis à la tare de ce Volume , un Aveuilte- ment , dans lequel ils donnent de nouvelles preuves de leur ferupu- leufe attention , pour tout ce qui peut inrereffer la curiolité de tou- tes fortes de Lecteurs. On y trou- ve les additions rangées fous le nu- méro du lîécle auquel chacune ap- partient. En voici quelques-unes qui donneront une idée des autres, Vir,c SIE'CLE.- Page 447 de leur tro.fième Vel. ] Nos Auteurs avoient dit peu de choie de Félix Evèque François, ce qu'ifs ajoutent ici au iujet de ce iaint Prélat, eft curieux ce honora- ble à notre Nation. .Ils remar- quent que la France en fa perfon- ne , donna a L'Angleterre un Doc- teur «Se un Apôtre. Félix étoit né en Bourgogne, & v avoit été or- donné Ëvéque. Sigeberx Roi d'E- ftangle ou. des Anglois Orien- taux , l'emmena dans les Etats» Non feulement il fut d'un grand iecouis a ce Prince, dans l'éta- blillement des Ecoles qu'il ouvrit 5 D E C E M B pour I'infliuclion de fcs fujets , mais il devine encore l'Apôtre du Pays d'Eflangle. Quelques Ecri- vains ont dit que ce tut a Cambri- f;e,que le Roi Sigebert établit par e moyen de Félix, l'Ecole publique dont parle le vénérable Bédé : Se que c'ell de cette Ecole,que l'Uni- verfité de Cambrige a tiré fon ori- gine. Mais c'ell un fait conteilé par d'autres , qui ioùtiennent avec plus de vraisemblance , que cette Univerfité n'a été établie, qu'après la conquête de l'Angleterre par les Normands, Se tout au plutôt vers la fin du xi'"e fiécle. Félix fixa fon Siège Epifcopal à Dummok,&y mourut vers l'an 647. après avoir annoncé l'Evangile aux Anglois pendant dix-fept années. V î I I",c S I E' C L E. Addit. au IV. Vol. pœg ix. On trouve Ions ce fiécle l'Hiftoi- re abrégée d'un Kéron, Moine de S. Gai , avec une Notice de fes Ou- vrages ; il avoir écrit en la Langue naturelle , qui étoit le Tudelqtie , ou Théotifque. On obferve qu'il compoia en ce langage des Glofes fur l'Oraifon Dominicale , fur le Symbole des Apôtres , Se fur la Régie de S. Benoit. On s'étend iur ce dernier Ouvrage , & l'on xlit de quelle manière, il a été re- trouvé Se donné au public -, ce qui peut-être intereflant , lur- tout pour des Allemands , qui feraient curieux de s'inftruire, des progrès qu'a fait depuis le huitième fiécle, la Langue qu'ils parlent aujour- d'hui. [1] On y lit auflî l'Hiftoire d'un £ 1 ] Pag. 10. R E, 1740. 7;o Halain ou Alanîs , natif d'Aqui- taine Se Abbé de Farfe : elle fait d'autant plus de plaint qu'elle ■ étoit peu connue jufqu'ici. Cet Abbé , a lailfé à la polterité , un Ouvrage qui luppolè une ledlure infinie. C'ell: un Honuliaire plus ancien , comme l'on voit , que ce- lui de Paul Warnefride , qu'on ci- te fouvent fous le nom d'Alcuin. L'Auteur y a recueilli avec choix, Se par ordre , ce qui lui a paru de plus inllruclif , Se de plus édifiant dans l'Ecriture , les Pères de l'E- glife , Se les autres Ecrivains Ec- clefiaftiques , & en a formé des Difcours , pour être lus aux Fêtes des Myfleres du Seigneur , & pen- dant le Carême, &c. De tout ce grand Ouvrage , qu'un Manufcrit du ixmc fiécle a fourni à Dom Ber- nard Pez , cet Editeur n'a jugé à propos de faire imprimer', que la feule Préface qui, dit-on ici, a des beautez pour le fonds des choies , mais dont le llyle ell embarrairé èc trop diffus. [z] M.l'Ab. le Bœuf a avancé,que le pecit Traité de De arum Iwagini- bui , qui fut imprimé pour la pre- mière fois a Bafle en 1 J43. fous le nom d'Albric , appartient à l'Evê- que d'Utrecht dont on lit ici l'Elo- ge. Nos Auteurs , qui ont examine la chofe avec attention , n'y trou- vent ni le (lyle ni le génie d'un Auteur de la fin du vm""' fiécle. Ils le croyent plus ancien au moins de trois cens ans , il leur paroît que cet Ecrivain , étoit extrême- ment au Fait de la Mythologie, '& [ * ] Pa3. 11. Âaaaaij 7^o JOURNAL D des Auteurs qui eu avoient traité avant lui , Auteurs qui n'étoient peut-être plus connus au terns d'Alcuin. [3] On avoit oublié de parler,d'un Dilcipled'Alcuin , nommé joieph ou Jofeppe , qui eut quelque part au renouvellement des Etudes vers l'a fin du viir'"* liccle , on le fait connoître ici. rXme SIE'CLE. [f] Aux différentes Editions des Opufcules d'Alcuin, notées dans le quatrième Volume , on ajoute ici ce qui fuit : Son Aianuel , ou piett- fe & court; explication des fept Pfeaumcs delà Pénitence , fut réim- primé in-8°. à Paris chez Barrhéle- mi Macé en 1)8? , avec lès Com- mentaires de Drogon Evéque d'O- ftie, fur le Myftere de la Paffion de Notre-Seigneur. Le Traité dû même Auteur , fur la Foi de la S" Trinité, parut Séparément /«-40. à Confiance en 1 Ç98 , avec ce titre: Libellas de Sanlla Tïimt.ite , qui eil un peu différent de celui qu il porte dans le Recueil. Nicolas Kalr , qui en fut l'Editeur & l'Im- primeur , le donne pour un Ecrit, nouvellement trouvé, dans un an- cien Man11fcrit.de l'Abbaye de Ri- chenou. Il ignoroir apparemment les Editions dé Bafle , Scdc Franc- fort, qui avoient précédé lafienne: ou peut-être rouloit-il donner à celle-ci le mérite de la nouveauté. On fait enfuite des- Oblerva- rions inrereffànces , fur un Pocme Anonyme , qui concerne l'Hiftoire [3] Pag. n.. ES SÇAVANS, de France. Comme on l'attribue à un Lothaire, Moine de S. Amand , on en prend occafion, de parler de cet Auteur,& de donner une Noti- ce de tes autres- Ouvrages; Enfin on y fait connoître fept Poèmes , que l'on croit être de Jean Scot Erigéne , Se dont on n'avoit point encore oui parler -, on en eft rede- vable à M. de la Curne de Saint Palais qui les a découverts en Italie. Nous croyons que ce peu d'ar- ticles pris au hazard , parmi un grand nombre d'autres , fufKront a nos Lecteurs, pour leur faire ju- ger de l'importance, de toutes les Additions , dont nos fçavans Au- teurs ont compofe leur Avertiilè- ment. Ils le Unifient en invitant de nouveau les gens de Lettres , à leur envoyer des Mémoires. Le ton de reconnoi fiance &: de polite(Ie,dont ils parlent de ceux,à qui ils font redevables, de quelque découverte, eil un nouveau motif, qui doit engager les Sçavans,àcon- courir de bonne grâce , à la perfec- tion d'un Ouvrage Ci utile, & en même rems li honorable à notre Nation-. Après cet AvertiffêmentjOn trou- ve quelques obfervations, qui font la (uite de celles , que l'on a faites dans le Volume précèdent, fur l'é- tat des Lettres & des Sciences pen- dant le neuvième frécle ; » le génie "dominant de ce fiéclé, par rap- » porta la Littérature , difent nos "fçavans auteurs , ctoit une éru- "dition brute, mal digérée, fans «choix , fans arrangement , ou » l'on ne voyoit qu'un amas con- DECEM n fus d'extraits , & de pafîàges des » anciens. On le bornoit à copier « leurs Ecrits , on les mettoit en « pièces, pour les rapporter à cer- « tains chefs , que l'on le propolok « de difcuter , mais fans tâcher , «fanspenfer même pour 1 ordinai- re, à imiter leur manière d'é- » crire , leur juflelïè dans les pen- » lées , leur choix dans les termes-, » leur bel ordre dans les preuves, » leur folidité dans le raifonne- « ment. C'étoit un ftyle dur, em- » barralîè, obfcur, groffier, quel- » que-fois rampant jufques dans la » pouffiere. Tels étoient les dé- » fauts communs-à la piofe dugros «de ces Ecrivains.- Leur Pocfie » n'en n'avoit pas moins, & ceux* « ci étoient encore plus fenfibles , » &c Le mal ne fut pas ce- » pendant fi général, qu'il n'y eût » plulieurs Sçavans , qui fe préfer- » verent de la contagion , fi non » en tout au moins en partie. C'eft ce que nos Auteurs juftifient, en parcourant les Ouvrages ,- de plu^ fieurs de ces Ecrivains. Ils parlent avec éloge, de quelques Commen- taires fur l'Ecriture , auffi - bien que de quelques Ouvrages Dog- matiques & Polémiques.» Ils pen- » fent que les Légendes ou Vies » des Saints , étoient le genre de » Littérature, dans lequel on réuf- » filïoit ordinairement le plus mal, u mais qu'il ne laifle pas cependant «d'y en voir, qui font eftimables, » non feulement par la candeur, & « lafimplicité avec lefquelles elles » font écrites , mais auffi pour la » folidité du raifonnement , l'Or- ly R E , i 7 4 oi 76" t » dre , le choix , l'érudition , la » gravité , & même une efpece de » politelfe de ftyle. Ils ont trouve » auffi certaines Pièces de Pocfie , » qui contiennent des beautez,que » les meilleurs Poètes , ne fetoient » pas difficulté d'adopter. On y ap- » perçoit du feu, de l'élévation, » de la noblefle, du naturel. Il eft » vrai que cela n'eft pas foûtenu , » &: ne regarde le plus fouvent , » que quelques vers mêlés parmi » d'autres , qui font fans mérite. « Nos Auteurs ne lailfent aucune de ces Obfervations, fans les accom- pagner d'exemples,&: de citations, qui font les preuves de ce qu'ils avancent. On vient- enfuîte au corps de l'Ouvragei il- comprend les foixan- ce dernières années du ixme fiécle, & contient l'Hiftoire de plus de 2 joAuteurs,&celle de leurs Ecrits, Et ce qui mérite d'être obfervé,. c'eft que parmi un fi grand nom- bre d'Auteurs, il n'y en a prefque aucun,qui ne traite ou de dévotion ou de matière Ecclefiaftique : c'eft qu'il n'y avoit prefque que des gens d'Eglife , des Moines , des Prêtres, & des Evêques,qui eullènt quelque teinture des Sciences , Se qui eullènt quelqu'ufage d'écrire. Les choies étoient fur ce pied-la il y avoit déjà long-tems, & ont conti- nué à peu-près de la même manière jufqu'àlarenaifiancedesLettres.On a déjà dit,& on peut aifément croi- re , que tous ces Ecrivains ne fonE pas de même mérite. Il y en a plu- fieurs,qu'on peut regarder comme- dès Sçavans du premier ordre , eu- 752 JOURNAL D égard au fiecle où ils on: fleuri. Tels font Walafride - Strabon , Haimon Evéque d'Alberftat , Ra- bat! Archevêque de Mayence , Flore Diacre , puis Prêtre de l'Eqlite de Lyon , Saint Prudence Evcque de Troyes , Loup Abbé de Ferrieres , Pafcafe - Radbert Abbé de Corbie , Ratramne Moine du même endroit, Rémi Archevêque de Lyon, Adonde Vienne , Hinc- mar de Reims , Hciric Moine de S. Germain d'Auxerre. Parmi les autres Auteurs,il y en a plufieurs , qui bien qu'ils ne foient pas aufli eltimables que ceux qu'où vient de nommer,ne Lailènt pas de mériter beaucoup d'attention. De ce nombre font Candide Moine de Fulde , Jouas Evcque d'Orléans , Fréculfe Evéque de Lilîeux, Chré- tien Druthmar , Amolon Arche- vêque de Lyon , Angélome Moine de Luxeux , S. Anfcaire Archevê- que de Hambourg , Mon Moine de S. Gai , Milon de S. Amand , Adrevald de Fleuri , S. Lambert Archevêque d'Hambourg, Aimoin Moine de S. Germain des Prez. Comme tous ceux que l'on vient de nommer, ont beaucoup écrit,on s'eft plus étendu lut leur article, que fur celui des autres. Cepen- dant dans tout ce qu'on dit de l'Hiltoire de leur vie,& de celle de leurs Ecrits , il n'y a rien de fu- perrlu, rien qui ne puille interefler quelque Lecteur. L'on y trouve ■un grand nombre de chofes nou- velles , fur-tout dans la difcuffion de plufieurs de leurs Ouvrages dé- couverts depuis peu , & dont les ES SÇAVANS, Bibliographes tYavoient encore rien dit. Dans l'Hifloire de leuis perlonnes, on s'elt borné aux faits les plus interelLns , qu'on a tiiés , ou de leurs propres Ecrits , ou de ceux de leurs contemporains. On s'elt attaché davantage , aux Ecri- vains dont on (çavoit moins de cho- fes , comme Walafride Strabon & Flore de Lyon, de qui on donne des Hiftoires fort curieufes-, leurs Ou- vrages ont beaucoup coûté a rai- fembler , parce qu'ils étoient ex- trêmement difperiés. En général, on peut aflurer que nos Auteurs , n'ont rien négligé pour donner une idée exacte , & ' luffifante de tous ceux dont ils ont parlé , de quelque mérite qu'ils fulfent. Par rapport aux Ecrivains de peu d'importance , ils le font contenté de dire lous un ieul arti- cle , ce que l'on {çavoit de leurs perlonnes , & de leurs Ouvrages. Mais pour les Ecrivains, d'un or- dre diftingué , on donne d'abord l'Hiltoire de leurs Vies , & enfuite féparément, le Catalogue raifonne de leurs Ouvrages. Dans ces Cata- logues, on voit en peu de mots, à quelle occafion, & le plus fouvent en quel tems , un Ouvrage a écé compolé , de quelle manière les fujets y font traités , & quels font les principaux points de doctrine , ou d'Hiftoire qu'il renferme. Quoiqu'on y rafle connoître le gé- nie des Auteurs , leur érudition , leur doctrine , leur manière d'é- crire , on ne laifle pas , Iorlque le lujet le mérite , de dilcuter tous ces points dans des articles parti- D E C E M culiers. C'eft ce que l'on a exécuté à l'égard de Raban , de Flore , de Pafcafe - Radberc Se d'Hincmar de Reims. Ces endroits lont extrême- ment curieux & bien travaillés. Il neft pas jufqu'aux Légendaires , qu'on n'ait pris loin de faire bien connoître , & dont on n'ait appré- cié les Ecrits , en montrant en peu de mots,l'utilité qu'on en peut tirer pour l'Hiftoire Civile ou Ecclefia- ftique. Les endroits de Critique , qui nous ont paru les plus importans, regardent la première Vie ( 5 ) de S. Maximin de Mici , (c) Candide de Fulde , à qui l'on rend des E- crits, qu'on attribuoit mal à propos à d'autres. (7) Chrétien Druthmar que l'on revendique pour le ixrae liécle, contre M. Fabricius, qui ne le place que fur la fin du xf"e. (S) Aurélien , Moine de Réomé, dont la plupart des modernes.font par erreur un Clerc de l'Eglife de Reims. ( 9 ) L'Edition des Œuvres de Raban. (10) La naiflance de Loup de Ferrieres. (11) Ladiftinc- tion qu'on doit faire d'Adrevel & d'Adelbert. (iz) La dernière par- tie des Annales dites de S. Bertin, qu'on attribue fauhement à Hinc- rnar de Reims. Nous avons auflî remarqué, ce que nos Auteurs nous diient,deS. (î)Pag-8^. ( 6 ) Pag. it , 13. (7 ) Pag. 85 , 96- (8) Pag. 9S, 99. (9 ) Pag. 10 1 , zoi. (10) Pag. x 55. (11) Pag. 515, 51*, JI7. (ti) Pag. 578, 57s. BRE, 1740: 763 Pafcafe - Radbert ( 1 3 ) ; il nous a paru,qu'ils jufufioient fort bien ce Saint , contre les imputations de quelques Proteftans , qui l'ont ac- cufé,d'avoir enleigné une Doctrine nouvelle, dans fonTraité du S. Sa- crement de l'Autel,ouduCorpsde J, C. ils ont encore fort bien re- levé la méprife, où l'on eft fouvenc tombé, en confondant Jean Scot- Erigéne, avec un autre Jean, né en Saxe, mené de France en Angleter- re par le Roi Alfrede , enfuite Ab- bé d'Altenay, «Se enfin cruellement mis à mort , & honoré par l'Eglife comme Martyr. Nos Auteurs dé- montrent , que ces deux hommes n'ont rien de commun que le nom. Ce point de critique étoit de quel- qu'importance.Jean Scot-Erigéne, avoit compofé fur l'Euchariltie, un Ouvrage rempli d'erreurs, & qui a été combattu & profcrit,du vivant même de l'Auteur ; quelques Pro- teftans, fuppofant que cet Ecrivain étoit le même,que Jean le Martyr Se le Saint, en avoient tiré avanta- ge, & s'étoient plû à nous objecter, qu'un homme que nous reconnoif- fons pour Saint , avoit favorifé leur Doctrine. Quant aux nouvelles découver- tes , elles font en très-grand nom- bre; on en trouve prefque dans tous les articles , mais fur - tout dans ceux qui traitent des Ecrits perdus des Auteurs. Celles qui nous ont le plus nappés font (pag. 25 ) où. l'on parle des Editions de Ylnfti- talion des Laïcs par Jonas. ( Pa<*„ S? ) fur un endroit de Chreftiea (13) Pag.ju&jrj. 7^4 JOURNAL D Druthmar. (Pag. 144& 149) fur les A&es des Evèques du Mans. ( Pag. 179 , 1S1 , n° 39 & 40 ) fur deux Ecries de Raban. ( Pag. z<5} , 165 ) fur les Editions d'un Ouvra- ge de Loup de Ferrieres. (Pag. 3 $ y, 339) fur le fameux Traité de l'Eu- c-hariftie par Ratramne. ( Pag. 641) fur la confufion des deux Aimoins. ( Pag. 653 ,654) lur l'explication de l'Apocalypfc , qui porte le nom de Berengandus , on prouve qu'elle eft de Bernegaud Moine de Ferrieres. ( Pag. 6*5 & 6S6 ) on donne de nouvelles preuves que Crim Laïc ctoit François. Nous ne devons pas oublier non plus , ce que nos Auteurs nous diient des Lettres qui portent le nom de Châties le Chauve. L'Hi- ftoire de Jean Scot - Erigéne eft encore un morceau fort cu- ES SÇAVANS, rieux. Mais ils nous raud: oit ci- ter , toutes les pages du Livre, fi nous voulions faire mention , de tout ce qui mérite d'être remar- qué , foit parce que ce iont des choies qui n'avoient point encore été dites, loir parce qu'elles y font traitées avec plus d'exaèHrude, Se plus de critique , qu'elles ne l'a- voient encore été. On doit lur-tout loiier nos Auteurs, d'avoir prouvé tout ce qu'ils avancer.t,pur des ci- tations originales, elles Iont dans ce Volume au nombre de quatre à cinq mille. On leur eft encore re- devable , de trois Tables fort am- ples , l'une des citations , une au- tre Chronologique , & une troi- fiéme des Auteurs Se des matières. Le é'nc vol. eft fous Prellè , Se pa~ roîtra inceflàmment. NOUVELLES ITALIE. de Florence. JO s e p h RigacciHs, Libraire de Florence ; le propoié d'impri- mer par Soulcription une Colletlion confrderable de Lettres écrites par divers Auteurs du xvI,K fiécle. La plupart de ces Lettres n'avoient pas encore été imprimées , Si. cel- les qui l'avoient été , outre qu'el- les iont devenues rares , font fi pleines de fautes , qu'il n'eft pref- ?ue pas polTtble de les entendre. e fçavant M. Laur. Méheus s'eft charge de l'Edition de cet Ouvra- ge. En conféquenec il vient de ti- rer des Bibliothèques de Florence, tres-riches en ce genre de Littera- LITTERAIRES. ture , les Lettres de ces Auteurs , qui n'avoient jamais paru , & à l'égard de celles qui avoient été publiées ci-devant , il lésa revues & corrigées fur les Manufcrits , pour former un corps entier des unes Se des autres. M. Meheus mettra à la tète du Reçue. I de Let- tres de chaque Auteur un abrégé de la Vie du même Auteur , tirée de fes Ecrits Se des Auteurs con- temporains. Il ajoutera de courtes remarques pour faire connoître , autant qu'il eft poffrble, l'Hiftoire de ceux a qui ces Lettres ont été écrites. L'Imprimeur en donnera de trois mois en trois mois un vol. imprimé en beaux caractères Se fur DECEMB de beau papier en grand /»-S°. Le premier vol. qu'il compte de don- ner dans le courant du mois de Janvier 1741. contiendra le Re- cueil des Lettres de Léonard Aré- tin , revues fur huit manuscrits , êc augmentées de plus de 90 Let- tres , qui manquent dans l'Edi- tion de Fabricius de 1714. La Souf- cription eft de 4 Jules par Volume payables trois mois avant l'Edi- tion de chacun des Volumes , en commençant au plus tard à payer au mois de Décembre 1740. Ceux qui n'auront pas foufcrit , ou qui ayant foufcrit , négligeront de Sa- tisfaire à leur engagement trois mois d'avance , payeront 6 Jules chaque Volume. Naus ajouterons ici les noms des Auteurs dont M. Méheus fera entrer les Lettres dans fa Coileftion , afin que fi quelques-uns pofledoient des Let- tres ou d'autres Ecrits de ces Au- teurs , ils puflent les envoyer à l'E- diteur. EPISJOLiE Ltonardi Areti- ri , ni , Mattbai Palme- Colncii Saltttati, rit, Pétri Delphini, Matthai Bojfti t Pogçii , Ant. P*normit*t Francifci PhiUl- Candtdi Decem- phi , brii , Partit P/yvani , Ltonardi Dati , Ambrofti Camal- BartnoUm&iSca- df.lenfts , la . JannatitManetti, Ant. Campant , t/£we mois , &c qu'on n'y inférera que d des Ecrits annoncés dans la Pré- » face du premier -, « a l'égard des Pièces qu'on a fait entrer dans ce- lui-ci , elles font au nombre de 9, toutes curieufes & utiles. Comme £lles fout détachées & qu'elles RE, 1740. 7^,7 n'ont rien de commun entre elles, nous avons cm que pour les an- noncer furh'famment, il ctoit indii- penfable d'en donner ici les titres : iu. Recherches fur les ambrons ancien peuple de la Gaule Celtique. Par le P. Oudin Jéfuite. z°. Coufîderations fur la Fie de Ciçeron , traduites de l'Anglois. 3°. Lettre de M** * , pour ju- ftifier Pomponius - Atticus de la cenfure d'un Auteur moderne dé- guifé fous le nom de Céfarion 4". ///'"' & C/"" Fin Francifci Atterburi Rofenfs Epifcopi Epfflo- U quadam. 50. Difcours d'Ifocrate à Démo* nique fur la conduite d un honnête homme pendant le cours de fa vie traduit du Grec par M. l'Abbé Ré- gnier Defmarais. é°. Lettre a. M. B*** touchant la Préface de fon Ode fur la prife de JVamur. 7°. Lettre de M. F***, ou l'Ode de M+D^+eft comparée avec l'Ode que M. Chapelain fit autrefois four le Cardinal de Richelieu. 8". Compliment à M.Jfîeurs de l'Académie des Belles-Lettres de la- Rochelle : par M. De/landes, Corn, mîllaire général de la Marine. 9°. Dijfertation fur l'Hiftoire de S oin- te Vrfule & des etiz.e mille Vierges. Faute a corriger dans le Journal de Novemlre , I740. PAge 708. col. 1. 1. 18. la foi aveugle fbuvent les efpn'ts , Uf-x. la foi aveugle foûmet. Bbbbbi; BIBLIOGRAPHIE. 0 U CATALOGUE DES LIVRES DONT IL EST PARLE' DANS LES Journaux de l'Année 1740. BIBLIA SACRA -.INTERPRETES : CONCILIA. L'HistoireSacre' e de la Providence & de la Conduite de Dieu lut les Hommes , depuis le commencement du mondé jufc qu'aux tems prédits- dans l'Apoca- lypie , reprefentée en' cinq cens Tableaux gravés d'après Raphaël & autres Maîtres , & expliquée en Latin & en François , par les pa-» rôles mêmes de l'Ecriture Sainte , fuivant le Texte de l'Ancien Se du Nouveau Teftament. Par le Sieur de Marne , Fev. pug. ijj. Paulus elucidatns , par le Père AntoincRemy , Mars , 187. Damelis Gerdejtt Excrcttativmm Acadenncarwn Librï très , &C.Dif fertations Académiques , diviiées en trois Livres, où l'on éclaircit plusieurs chofes qui regardent oit 1 Hiltoire des Patriarches , ou les Antiquitez Judaïques, ou l'Hiftoi- re de J. G, des Apôtres & de TE- glife , & l'on explique divers paf- iiiges Hiftoriques , Prophétiques , Se Dogmatiques de l'Ecriture Stc , & des morceaux entiers de quel- ques endroits de la Bible , Mars , . 18p.- Difcours Hiftoriqoes, Critiques^ Théologiques & Moraux far les éveneraens les plus mémorables dà Vieux & du Nouveau Teftament. Par MM. Saurin , Roques , & de Beaufobre , avec de belles figures, Mai ,315. Jl tjcw Hiflbry ef the Bine, &CC. Nouvelle Hiltoire de la Bible de- puis le commencement du monde jufqu a l'établiftement du Chriftia- nifme , &c. Par M. T.Stackhouie, Mai, 315. Commentaire Littéral fur la Stc Bible , contenant l'Ancien & le Nouveau Teftament , inféré dans- la Traduction Françoife. Par leR. P. de Carrières , Mai , 317.. Hiftoire fuivie des Voyages de Jefus-Chrift, avec des Remarques pour en faciliter l'intelligence. Par M. Picard de S. Adon , Mai ,318. Biblia Hebraica , cttm notis Mallorethicis cV numeris diftinc- tionum in Paraphas & Capha &T verfus. Accunuue ChriltianoRci- neccio , Juin , 379. Berashith ; or the firfl book^ cf BIBLIOG 'Afofes Catled Genefts , tranflated from the origtnd , Sec. Le premier Livre de Moyfe appelle la Genéfe, traduit fur l'original, &c. Par Jean Lookup , Juin, 380. Biblia Gregoriana,/?«Gommen- taria Textuum Scripturae Sacra; S" Gregorii Papa; I. Cognomento Magni , colleéta ex omnibus ejuf- dem operibus anno 1705. impref- 6s ftudio Monachorum Ordinis S" Benediéti è Congregatione San&i Mauri. . . . -in quibus partim myfti- oa , partim litteralis Sacrx pagina? hujus facri Doctoiis continetur explanatfo, Ô'c. Labore Fr. Tobia: à Nativitate B. V, Marias Augufti- niani difcalceati , Juin , 382. Beati Simonis fidati de Cafllâ Ordinis Erem. S. Aug. Gefta Salva- coris D. N. J. C. feu Commenta- ria fuper quatuor Evangelia in quindecim Libros in duobus To- PATRES-. THEOLOG1: ASC ETlCÏ : L ITURG IC I: ScXlPTORES EcCLESIASTICt , &TC. HetERODOXI. R A P H I E. 7 &c. Août, yiS. Locupletilîîma Bibliotheca mo- ralis pradicabilis, &c. Août, 518. Monita ad continendos Sacerdo- tum mores ex facrisConciliis, & Ecclefia Patribus : Août, 518. Relolutiones Morales de Matri- monio , hujus impedimentis & iftorum difpenfatione : Août^iji. Tuba magna Ecclefia- Romano- Catholica antiquilïïma , ad Hete- rodoxos clangens fonum , &c. 529. Libri quatuor de ImitationeChri- fti , Joannis Gerfenii de Canabaio Abbatis Yercellenfis in verfus di- fhibuti , unà cum novis concor- dantiis : Août, 529. Modus utiliter concioiiandi : Août", 530. :' Verba vita aterna ex quatuor Evangeliftis deprompta , atque m argumenta quotidiana meditatio- nis digefta: Août, 530. De humanis afreétibus ciendis & coercendis ad hominem de eo- rumdem fervitute manumitten- dum : Août , ilid. Francifci-Maria de Aretio Ord. Capucinorum Em. S. R. E. tituli S. PrifcaCardinalis Opéra omnia, ex Italico in Latinum fermonera 771 RIBLIOGR translata , &e. Août , ibii. Thelauius Parochorum , f*u Vitx ac Monumenta Parochorum qui fan&itate , Martyrio,Scriptis, Catholicam illuftrarunt Ecclcliam. Tomus Lin quo agiturde origine, dignitate , nobilitace ac variis titu- lis Parochorum , &c. Août, 551. Bis. Ragionamenti Agli Ecclejîa(lici,8cc. Recueil des Conférences Ecclella- ftiques , compolées par M. le Car- dinal Jean Calîmir DenhofF: Sept. 59t. L'Accord de la Grâce 8c de la liberté , Pocme accompagné de Remarques Ctitiques 8c Hiftoii- ques , par le Révérend Père le Vaillant de la BalTadrics : Sept. APH1L 595- R. P. Bernardi Pezii Benediclini Bibliotheca Afcetica antiqui nova, hoc efi , Collectio veterum quo- rumdam 8c recentiorum Opufcu- lorum Afceticoruni qua: hue ufque in variis Manulcriptis Lodicibus 8c Bibliothecis delituerunt : Oftob. 658. Sermons de M. de la Pariïîere, Evêquede Nîmes : Novemb. 705. Décemb. 755. Eirenze Sacra , ovvero fefte, devozioni e induleenze, che ion» nelle Chiele délia Citta di Firenfe, diftribuéte in ciafchedun giorno del anno: dal P. Maurilîo Francci- çoni : Novemb. 711. HISTORICI SACRI ETPROPHANI. Explication de divers Monumens finguliers , qui ont rapport à la Religion des plus anciens Peuples , &c. Par Dom Jac. Martin : Janv. 4 ; Mars , 1 4Ï . Hiftoire Militaire de Charles xii- Roi de Suéde , depuis .l'an 1700. julqu'a la bataille de Pultowa en 1709. écrite par ordre exprès de Sa Majefté : par M. Guftave Adler- feld , &c- Janv. iS ; Sept. 594. La Science des Médailles du P. Jobert , avec des Remarques Hi- storiques cV: Gitiques. Par M. le Baron de la Baflie : Janv, fc. Abrégé de l'Hiftoire Ecclefiafti- que , par feu M. l'Allé Schmidt , avec le Supplément de M. Joecher: Janv. f8. Sildhii Diplomatum & Numif- v.tuum Scout Thcfaurns m dtias fanes diftributHi , 8cc. Thréfor choiiî des Diplômes 8c des Médail- les ou des Monnoyes d'Ecoflè : Janv. s9. Hiftoire des Révolutions de Hongrie , où l'on donne une idée juite de Ton Gouvernement: Janv. 60. Genealogia Diplomatie* Augufl& Gentis Haifbu-gsct , &cc. Généalo- gie Diplomatique de la Mai fou d'Hablbourg. Par le R. P. Mar- quard Hengott : Janv. 61 ; Mars, 131 ; Avril , 109 , Juin, 323. Hiftoire générale des Auteurs Sacrés cV Ecclchaftiques , &c. Par le R. P. Dom Remy Ceillienjanv. Bibliothèque Françoife, oh Hi- ftoire de la Littérature Françoife. Par M. l'Abbé Goujet : Fev. 67; Avril , 101. Géographie RÏRLIO G Géographie des enfans , ou Mé- thode abrégée de la Géographie , divilée par Leçons , avec la Lifte des principales Cartes néceflaires aux jeunes gens : Quatrième Edi- tion , augmentée du plan de l'an- cienne Géographie & des Syftêmes du Monde , avec planeurs Cartes & figures : par' M. Langlet du Frefnoy : Féy. 86. Hiftoire de Philippe de Macé- doine , père d'Alexandre , pour iervir de fuite aux Hommes Illu- .ftres de Plutarque : par M. l'Abbé 5eran de la Tour: Fev, 116. Hiftoire de Philippe , Roi de Macédoine : par M. Olivier : Mai, Ji6 ; Juin , 360. Breviarium Antiquitatum Ro- manarum Chrift.Cellarii : Fev.113. . Recherches fur la nature 8c l'é- tendue d'un ancien Ouvrage des Romains , appelle communément Bricjuetage de Afarfal , avec un abrégé de l'Hiftoire de cette Ville , Se une Defcription de quelques Antiquité? qui fe trouvent à Tar- quimpole : par M. d'Artezé de la Sauvagere , Fév. iz6. Mémoires de M. du ■ Guay- Trouin , Lieutenant Général des Armées Navales de France & Commandeur de l'Ordre Royal 8c Militaire de S. Louis : Fev. 116 j Avril, ix8. Hiftoire du Royaume Grec des JBaét-riens, &c. Hifioria Regni Griarn aliofcjiie Obtrt&atôres. La Vie- du Pape Paul II , &c. par M. le Cardinal Quiiini. Juin, 37S. B I B L I O G R j4nt'tcjiùtates Italis. medii £viy8cc. Antiquitez d'Italie du moyen âge : par M. Muratori. Tom. II. Juin , 379* Novus Thefaurus veterum In- fcriptionum in pr&cipuis eorumdem CoÙcclwnil'Us.haclcmu prœtermiJJ'a- rum , Coileclore L. Jlnt. Aiurato- rio. Nouveau Thréfor des Infcrip- tions ci - devant omifès dans les principales Collections qui en ont été faites. Tom. II. Juin , 379. Gefta 8c veftigia Danorum extra Daniam, prœcipuè in Oriente, Ita- liâjHifpanià, Galliâ,Scotiâ, Hiber- îriâ , Belgio , Germaniâ 8c Sclavo- iïiâ. Juin, 380. Hiftoire de la Vie 8c du règne de Louis XIV.. Roi de France 8c de Navarre , enrichie de Médailles , rédigée fur les Mémoires de feu M. le Comte de * * * , publiée par M. Bruzende la Martiniere. Juin , 381. Reliquix Manufcriptorum om- nis arvi Diplomatum , ac Monu- ■mentorum ineditorum adhuc. Ex Mufœo Joannis - Pétri Ludewig. Juin, 383. The Life and glorious allions of Edward 3 &c. La Vie 8c les ac- tions glorieufes d'Edouard Prince de Gales, lurnommé le Prince noir, fils aîné d'Edouard III. Roi d'An- gleterre , &c. Juil. 464. The Hiflory of j ohn ofGannt'Scc. Hiftoire de Jean de Gand , frère du Prince Edouard 8c Roi de Ca- ftille & de Léon , Duc de Lanca- ftre 8c frère de Henri IV. Roi d'Angleterre. Juil. 464- ALmoirs ofthe Life and allions of 77? A'PHI E. Oliver Cxomwel. Mémoiies de la Vie & des actions d'Olivier Crorn- wel, &c. Juil. 464. Hiftoire de l'Académie Royale des Infcriptioas & Belles-Lettres , depuis Ion établilïèment ; avec les éloges des Académiciens mo:ts depuis fon renouvellement , &ê. Juil. 466. Août, 513. Joannis Vincentii Luchefini Pa- tricii luccenfis Pontificis Maximi à brevibus ad Principes Hiftoria- rum fui temporis. Tom. III. Août, -520. _ DiOertatio Glyptographica, fwi Gemma; dua: Giaxo artificis nomi- ne infignits , quœ extant Romce in Muiœo Viétorio , explicatœ & iiluftrara?. Août, 520. Capitulum générale LI. Ordinis Minorum , &c. Août, jri. L'Hiftoire d'Aquilée : par le R. P.Bernard de Rubeis. Août, 521. La Relazione di una nuova Ifo- la feoperta nel nuovo Mondo fo- pra le cofte dell'Ifole Caribdi ra America , tradotta dallo Spanolo. Août ,521. Joh. Georg. Wachteri Archxo- logia Nummaria , continens pre- cognita nobiliffimae artis , qux Nummos antiquos interpretatur. Août , 522. Sacramenrorum in veteris Ro- roa: judiciis folemnium Antiquita- tes. Auttore Joanne - Friderico Sclneiter. Août ,522. AColcclion of 'State papers, Sec. Une Collection de Mémoires d'E- tat, qui ont rapport aux affaires arrivées fous le règne de Henri VI1L d'Edouard VI. de la Reine Ce c ce ij 77t? BIRL'IOG Marie, & de la Reine Elifabeth , depuis l'année 1541. julqu'a l'an- née 1 570. tirés des Manutcrits ori- ginaux laiilcs par Guillaume Cecil Lord Burghky, qui n'ont jamais été publies, & que l'on conlerve dans la Bibliothèque du pieient Comte de Salifbury , &c. par M. Samuel Haynes. Août , iia.. . Hiftoire de la Pairie de Fiance & du Parlement de Paris , où l'on traite aulïï des Electeurs de l'Em- pire & du Cardinalat. Août , jn. The Ncgotlations of Sir Thon, as Roe , &c. Les Négociations . du Chevalier Thomas Roe pendant Ion ambaflade à la Porte , depuis l'an 1611. -julqu a l'année 162S. in- clusivement , &c. Août , 52.3. Hiftoire de Thamas Kouli-Kan , Sophi de Peife. Août, 51-3* Mémoires , on ElTài pour fervir à l'Hiftoire de M. leTellier , Mar- quis de Louvois , Miniftre & Se- crétaire d'Etat de la Guerre lous le règne de Louis XIV. Août,yi5. Hiftoire de l'origine & des pre- miers progrès de l'Imprimerie : par M. Profper Marchand. Août , 514. Septemb. C9C. Defcription Géographique & Hiftoiique de la haute Norman- die , divilée en deux parties, dont la .première comprend le Pays de Caux , & la féconde le Vexin , &c . Août , jzj. Odob. 635. Mundi Miiaculum , feu Santftus Otto Epilcopus Bambergenhs , Pomeianix Apoftolus , Se Mona- fteiii EnlJorfenfis pracipuus dota- tor cum ejufdem Monafteiii Fun- datoxum Ottonis Corn. Palat. de - R A P H ' I B Wlttelpach ac Helcix conjugam , eorumque filiorum Hiftoria , cum Abbatum ferie & aétis , Pontifi- cum Bullis , Imperatorum , Re- gum, &c. Diplomatibas. Août,fi8. Origines 3five Antiquitates Ec- cleha ex Linguâ Ariglicanâ in La- tinum vertit joannes - Henricus Griichôvius Halberftadenlis. Août, 531. Sept. 591. Hiftoire Romaine , depuis la Fondation de Rome julqu'a la Ba- taille d'Atrium , c'eft-a-dire , jul- qu'a la fin de la République : par M. Rollin. Tom. IV. Septembre , *** ^int'icjiia Numifrr.at.i max'irni mo~ du'i , aurea , argenté a , anea , &c. Médailles antiques d'or , d'argent év de bronze , qui , du Cabinet du Cardinal Alexandre Albani , ont palle dans la Bibliothèque- du Va- tican par ordre du Pape Clément XII. avec les Remaïques de M. l'Abbé Rodulphino - Venuti de Corrone. -Sept. 5S6. Traduction Italienne de l'Hiftoi- re ancienne de M. Rollin. Sept. 591. Novemb. 711. Stephani - Maria' Fabruccii Flo- rentini in Pilaiu Academia Civi- lium Legum Piofefloiis Dilïèita- tio Hiftoiico-ciitica , quâ certiùs quam antea Pilana? Uuivetfitatis initium conftituitur. Septembre , DilTertazioni Iftoriche, apoloqe- tiche , e critiche , in direia délia dottiiîima apologia del canonico Decano e Dottore Dom Antonio Mangitore, feritta à favore dell'- antiche glorie li Sacre corne Pro- BIBL IO phaiïe délia Citta di Palermo , &c. Septemb. 59Z. Mémoires de Maximilien Em- manuel Duc de Virtemberg, Co- lonel d'un Régiment de Dragons au Service du Roi de Suéde , con- tenant plulieurs particularitez de la Vie de Charles XII. Roi Suéde, depuis 1703. jufqu'en 1709. après la bataille de Pultowa. Septembre, m- ■ Defcription des Fêtes données par la Ville de Paris , à l'occafion du mariage de Marie-Louife-Elifa- beth de France & de Dom Philip- pe Infant & Grand Amiral d'Efpa- gne , les 2.9 Se 30 Août , 1739.. Septemb. 594. Le ttoifiéme Volume de la gran- de Colle&ion des Hiftoriens de France. Sept. 594. DilTertation fur les Arcs de Triomphe de la Ville de Reims. Oétob. 6+y. Diflertations fur l'Hiftoire de S. Pierre : par M. Foggini. Octobre , Vitae Pontificum Romanorum ex antiquis Monumentis collecta: , operâ & ftudio Antonii Sandini. O&ob. 654. Codice Diplomatico del Sacro Militare ordiue Gerofolimitano Oggidi Malta. Oétob. 654. P. C. Anfaldi O. P. de Caufis inopiné veterum Mônumerttorum pro copia Martyrum dignofeenda adverfus Dodwellum Dilfertatio. Oftob. 655. Nummophilacium Reginae Chri- ' ftina: quod comprehendit Numif- mata a-rea Imperatorum Romano- GRAPHIE. 777 rum , Latina, Grxca. atque in Co- loniis eufa quondam à Petto Sanc- ti-Bartolo fummo artifîcio fumma- que fide aeri incifa , nunc-primùm prodeunt cum Commentario Si^e- berti Havercampi. Oét. éf<. Accuratiffima orbis delineatio , Jîve Geographia vetus,facra & pro- fana , exhibais quidquid Imperio- rûm , Regnorum , Principatuum Rerumpublicarum , ab inltio re- rnm ad' préfentem ufque mundi ftatum fuit, &c. O&ob. 6