CABINET DE VENERIE PUBLIÉ PAR E. JULLIEN ET PAUL LACROIX IV LE LIVRE L'ART DE FAULCONNERIE ET DES CHIENS DE CHASSE TIRAGE 300 exemplaires sur papier de Hollande, 20 — sur papier de Chine, 20 _ sur papier Whatman. 340 exemplaires, numérotés. NA d LE LIVRE. DE L'ART DE FAULCONNERIE ET DES CHIENS DE CHASSE PAR GUILLAUME TARDIF RÉIMPRIMÉ SUR L'ÉDITION DE 1792 AVEC UNE NOTICE ET DES NOTES PAR ERNEST JULLIEN TOME PREMIER PARIS LIBRAIRIE DES BIBLIOPHILES Rue Saint-Honoré, 338 M DCCC LXXXIH GUILLAUME TARDIF ET SES ŒUVRES Guillaume Tardif, que d'anciens auteurs ap- pellent Tardivi, Tardin ou Tardieu, occupa un rang distingué parmi les lettrés et les savants du XVe siècle. Il était du Puy-en-Velay, où les bio- graphes le font naître vers 1440. Sur les fonds du trésor de leur ville, les consuls du Puy donnaient à plusieurs enfants du Velay des bourses dans les collèges d’Autun et de Navarre, de l’université de Paris'. Tardif en obtint probablement une. Quels qu’aient été du reste ses débuts, dès linnée 1467 une certaine notoriété s’attachait déjà à son nom. Le Florentin Francesco Florio venait alors d’ache- 1. Les Apologues de Laurent Valla, translatés du latin en françois et suivis des Ditz moraulx, par Guillaume Tardif... Le Puy, Mzrchessou, 1876. Introduction de M. Charles Rocher. a Il GUILLAUME TARDIF ver, dans le palais de l’archevêque de Tours, le roman assez leste DE DUOBUS AMANTIBUS, SEU DE AMORE CAMILLI ET ÉMILIÆ ARETINORUM LIBER A imitation de l’EURYALE ET LUCRÈCE d'Æneas-Syl- vius Piccolomini 2. Il le dédia à Tardif. Pour justifier un pareil hommage, Florio lui dit dans l’épitre liminaire : « Quia in Veneris Martisque 1. La première édition du roman de Francesco Florio, en français François Fleury, a été donnée in-4°, à Paris, par Pierre Cæsaris et J. Stol, vers 1475. (Biographie Michaud, v° Florio,et Paul Dupont, Histoire de l’Impri- merie, t. 1, p. 451.) Elle porte au recto du 41€ folio la suscription : « Francisci Florii De duobus amantibus Liber feliciter expletus est Turonibus et edilus in domo Do- mini GuicLerMi, archiepiscopi Turonensis, pridie Kalendas januarias anno Domini miliesimo qguadringentesimo sexa- gesimo septimo. » Il faut toutefois faire remarquer qu’au XV£ siècle, aucun archevêque de Tours n’eut le prénom de Guillaume. Celui qui occupait le siège, en 1467, et dont on suppose que Florio était le secrétaire, s'appelait Gérard Bastet de Crussol. (Gallia christiana, t. XIV, p. 130.) Divers auteurs, en présence du mot editus, ont pensé que le roman De duobus amantibus avait d’abord été imprimé en 1467. Ce mot indique seulement que Florio fit ou fit faire alors plusieurs copies manuscrites de son livre; car Gering, Crantz et Friburger, qui impri- mèrent les premiers en France, n’établirent leurs presses dans les bâtiments de la Sorbonne qu’en 1470. (P. Du- pont, opere citato, t. I, p. 438.) 2. Æneas-Sylvius Piccolomini, né à Corsignano, en 1405, élu pape, le 14 août 1458, prit le nom de Pie II. I mourut le 14 août 1464. L'Euryale et Lucrèce était une œuvre de sa jeuneste. ET SES ŒUVRES HI palestra : jam diu te exercitatum et in rhetorica facultate peritissimum esse novi. » Sous Louis XI, la jeunesse attirée par le docte enseignement des illustres professeurs de l'université de Paris n’avait pas toujours des mœurs irrépro- chables. Souvent aussi des querelles intestines entre étudiants venus de pays différents dégénéraient en mélées sanglantes. De là, des désordres fréquents dont se plaignaient les habitants paisibles de la capilale, et que des règlements sévères cherchaient vainement à prévenir ?. Si nous devons nous en rapporter au témoignage de Florio, Tardif diffé- rait donc peu de ses condisciples. Cependant, tout en partageant leur existence assez turbulente, il sut rapidement conquérir les grades de bachelier, de maître ès arts et de docteur, par lesquels étaient successivement obligés de passer les aspirants au professorat. Bientôt après le moment où Florio plaçait sous son patronage le roman DE puosus AMANTIBUS, Tardif obtenait une des chaires du collège de Navarre. Ses leçons, fort goûtées, de grammaire, puis de rhétorique, le mirent très promptement en évidence. « Floruit ab anno cir- citer millesimo quadringentesimo septuagesi- 1. Palestr1, pour palzstra, lutte, combat. 2. Dubarle, Histoire de l'Université de Paris, t. 1, p- 307. IV GUILLAUME TARDIF mo...» C’est ainsi que du Boulay, le grand historien de l’université de Paris, s’exprime au sujet du jeune professeur vellave 1. Le 31 août 1513, le philologue allemand Jean Reuchlin, écrivant à Jacques Lefèvre d’Etaples, rappelait encore avec plaisir qu’en 1473, pendant qu'il accompagnait à Paris le margrave Frédéric de Bade, il avait appris les préceptes de la rhétorique, au collège de Navarre, de Guillaume Tardif, et chez les Mathu- rins, de Robert Gaguin?. Non moins élogieux, un chroniqueur du XVIe siècle, Étienne Médicis, bour- geois du Puy, dit aussi: « En ce temps (vers 1475) flourissoit et estoit en bruyt en ladicte ville du Puy maistre Guillaume Tardivi, natif de ladicte ville, qui moult scientificque homme estoit et de singu- 1. Bulæi Historia Universitatis parisiensis, t, V, p. 881. 2, « Ipse ego quondam in vestra Gallia ex discipulis Georgii Tiphernatis adolescens Parisiis acceperam græca elementa, anno Domini 1473, quo in tempore illic et Joanem Lapidanum theologiæ doctorem in grammaticis ad Sorbonam, et Guillelmum Tardivum aniciensem (du Puy-en-Velay. V. note de la ligne 6 de la page 1 du 1er volume) in vico Sanctæ Genovefæ, et Robertum Gagui- num apud Mathurinos in rhetoricis preceptores habui.… » (Bulæi Historia Universitatis parisiensis, t. VI, p. 61-62.) — Le collège de Navarre, fondé, en 1304, par Jeanne ‘de Navarre, femme de Philippe le Bel, se trouvait situé près de la montagne Sainte-Geneviève. Ses bâtiments font aujourd’hui partie de l’École polytechnique. (Du- barle, Histoire de l’Université de Paris, t. 1, p. 120.) | … p. 260. ET SES ŒUVRES L lire eloquence, lequel composa certain livret de grammaire, lequel j’ay veu en mes tendres jours en impression et se intituloit ainsi : GRAMMATICA GuiLmErmi TARDIVI ANICIENSIS, et en d’autres sciences fut approuvé et elegant et de noble engin ettrès agu en disputacion '. » Avant la fin du XVe siècle, les traités PIS giques étaient assez rares. L’invention de Pimpri- merie en fit apparaître un grand nombre. Parmi les premiers publiés se placent trois ouvrages de Tardif : 1° la GRAMMAIRE LATINE citée par Médi- cis, 2° le RHETORICÆ ARTIS ET ORATORIÆ FACUL- TATIS COMPENDIUM CUM PRAXI EXORDIORUM EX GRAVISSIMIS AUCTORIBUS EXCERPTA, 3° (’ELOQUEN- TIÆ BENE DICENDIQUE SCIENTIÆ COMPENDIUM. Les auteurs de bibliothèques ou de catalogues, de même que les bibliophiles les plus savants, sont peu d’accord quant aux daies des diverses éditions de ces traités ; puis, les générations d'étudiants qui Pâlirent dessus ont si bien dispersé les pages des exemplaires, que depuis longtemps on connait seule- ment par leurs titres les ouvrages scolaires du célèbre professeur. Tous trois semblent néanmoirs 1. Chroniques de Estienne Médicis. publiées au nom de la Société académique du Puy, par Aug. Chassaing, z vol. in-4°. Le Puy, Marchessou, 1869-1874, | cu ES ” VI GUILLAUME TARDIF avoir été imprimés antérieurement à l’année 1483. Le dernier, en effet, très probablement sorte de réunion ou de refonte des deux premiers, se trouve dédié à Charles VHI, alors qu’il était encore dauphin. | Le fils de Louis XI, né à Amboise le 30 juin 1470, monta sur le trône de France en 1483, à peine âgé de treize ans. Jusqu'à cette époque la défiance et la jalousie de son père le tinrent éloigné de la cour. Élevé ou plutôt enfermé dans le châ- teau d'Amboise, « parmi les femmes, sans avoir autour de lui ni précepteurs ni domestiques qui eussent quelque importance , » le dauphin recevait une éducation et une instruction peu dignes de l'héritier de la couronne. Le roi défendait même d’enseigner au jeune prince d'autres mots latins que « qui nescit dissimulare, nescit regna- re 2 ». En tête de l’ELOQUENTIÆ BENE DICENDIQUE SCIENTIÆ COMPENDIUM, on s’étonne donc de Lire : « Delphino Lodoici Francorum regis primoge- nito, christianissimo regi futuro, Guillelmus Tardivus aniciensis humillimam commendatio- nem obsecrat. » Toutefois, si le livre ne pouvait 1. De Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, t' AH; p:'21; 2. Naudé, Supplément aux Mémoires de Commines, Bruxelles, Foppens, 1713, p. 15. 2 4 4 s ET SES ŒUVRES vi guère servir au dauphin, sa dédicace prouve du moins qu’il fut, et vraisemblablement aussi les deux autres traités pédagogiques de Tardif, publié sous Le règne de Louis XI :. Du même temps ou de bien peu après, parait dater une édition de Solinus donnée par le pro- fesseur du collège de Navarre. Elle a pour titre : Juun Sount: DE MiRABILIBUS MUNDI LIBER, CUI rrruLus POLYHISTOR, EDITUS CURA GUILLELMI TaRDIVI ANICIENSIS 2, ef porte, en guise de préface, ces deux pièces de vers de Louis de Rochechouart, évêque de Saintes, et de son secrétaire Simon de Roquemadour : LUDOVICUS XANTONENSIS EPISCOPUS GUILLERMO TARDIVO ANICIENSI Lauda et mirare hec impressa volumina, lector ‘ Scripta quibus cedit pagina quæque manu. Venduntur parvo, nec punctum aut littera desit. Vera recognoscit Tardivus. Ecce, lege. 1. La Bibliothèque municipale de Bourges a récemment reçu un très bel exemplaire, in-4°, ne portant ni date, ni nom de lieu ou d’imprimeur, de l’Eloquentiæ bene dicendique scientiz Compendium. (Les Apologues de Lau- rent Valla, transiatés. par Tardif, Introduction, p. 64.) 2. Caïus-Julius Solinus était un géographe latin qu’on suppose né à Rome et avoir vécu vers l’an 230. Son ouvrage, composé d'extraits de nombreux auteurs, se trouve intitulé, selon les éditions : Rerum mirabilium Collectanea ; de Mirabilibus (ou Memorabilibus) mundi, et . Polyhistor. VIII GUILLAUME TARDIF SIMON RECOMADORIS ANGERIACUS LODOICI XANTONENSIS EPISCOPI SECRETARIUS GUILLERMO TARDIVO ANICIENSI Arte nova pressos si cernis mente libellos, Ingenium totiens exsuperabit opus. - Nullus adhuc potuit hujus contingere summum. Ars modo plura nequit; ars dedit omne suum. Ni vim quis faciat nullo delebitur evo Que nitet incausto littera pulchra nimis. Vivant autores operis feliciter isti, Isti Russangis, Tardive, vive magis *! Les vers de M. de Rochechouart et de son secré- 1. Louis, évêque de Saintes, à Guillaume Tardif du Puy-en-Velay. « Lecteur, loue etadmire cesv olumes imprimés. La feuille écrite à la main leur est inférieure. Le prix en est modi- que. Il n’y manque ni un point ni une lettre, La fidélité du texte est attestée par Tardif, Les voici, tu peux les lire. » | Simon de Roquemadour, de Saint-Jean-d’Angély, secré- taire de Louis évêque de Saintes, à Guillaume Tardif du Puy-en-Velay. î « Si tu examines ces livres, qui sont le produit d’un art nouveau, le mérite du travail fera oublier le génie de l'auteur, Personne n’a encore pu arriver à un pareil degré de perfection. L’art seul ne sauraïit alle: au delà ; ila donné tout ce qu’il lui était permis cle donner. Les carac- tères, dont la beauté apparait à tous, aucun siècle re les effacera, à mcins qu’une main brutale n’y purte atteinte. Qu'ils vivent heureux... les auteurs d’un pareil travail ! que ta vie, Tardif, soit plus lengue encore! » Selon M. Charles Rocher (les Apologues de Laurent « ET SES ŒUVRES IX taire ne brillent pas par leur élégance ; mais ils attestent que le Souus de Tardif fut aussi un des premiers ouvrages mis au jour par l'imprimerie. Le roi Louis XI favorisait l’université de Paris, quand sa politique soupçonneuse devait y trouver profit. Sous l'inspiration de la régente Anne de Beaujeu, Charles VIII aopta une autre ligne de conduite. Le jeune souverain usait de la plus grande bienveillance vis-E-vis des gens de leitres. Il suivait volontiers les leçons des professeurs en renom, assistait fréquemment aux réunions solen- nelles de l’université, et essaya même, affirment cer- tains auteurs, d'apprendre le latin ‘. De sem- blables goûts chez le nouveau maitre de la France facil'tèrent à Tardif l’accès de la cour. Devenu le Valla... Introduction, p. 61-62), on lirait les mêmes vers dans le Rhetoricæ artis et oratoriæ facultatis Compen- dium, à la suite du second traité des Exordes; mais le huitain de Simon Recomador se terminerait alors par Gaspar Russangis, Tardive, vive magis! La répétition du pronom isti de l’édition de Solinus se- rait ainsi une erreur typographique. Néanmoins le mot Gaspar ne rend guère plus intelligible la fin de la pièce “du secrétaire de l’évêque de Saintes. Louis de Roche- chouart occupa le siège de Saintes de 1460 à 1492. (Gallia Christiana, t. IL, p. 1080.) 1. Dubarle, Histoire de l’Université de Paris, t. I, p. 324. — Naudé, Supplément aux Mémoires de Com- mines, P. 21. b X GUILLAUME TARDIF lecteur, ou plutôt, comme on disait alors, le liseur de Charles VIII, ses travaux n’eurent désormais d'autre but que d’obéir ou de plaire à son royal protecteur. Il les énumère ainsi, sans nul doute par ordre chronologique, dans les APOLOGUES DE LAURENT VaALLa : « Sire, mon naturel souverain et seigneur. par vostre commandement. tout ce que j'ay peu trouver necessaire et vray de l’art de la falconnerie et venerie vous ay en ung petit livre redigé, et pour Vostre royale Majesté entre ses grans affaires recreer, vous ay translaté le plus pudiquement que j’ay peu les FACECIES de Poge. Et, ayant regard non pas seulement à vostre honneste corporel plaisir, mais aussi au bien de vostre ame, vous ay composé et en ordre mis un petit volume d’Heures, auquel aves tous les jours de l'an par ordre comment poyes Dieu, les saincts et sainctes devotement servir, auquel singulierement aves certaines moult brieves et devotes croisons, que vous ay composées pour, au coucher et au lever, dire... En icelles Heures sont les sept Pseaulmes, que vous ay translatés tout au- prés du latin, et presque si brief que le latin, et les obscurtés et difficultés ay, par ung mot ou peu de motz, exposées et declarées 1. Vous ay aussi 4. Declarées, expliquées. Le latin declarare a le sens #e rendre clair, visible. ET SES ŒUVRES XI translaté L’ART DE BIEN MOURIR, auquel, s’il vous plaist penser et entendre comme mortel que vous estes, Dieu vous aydera de plus en plus, tant à vostre salut que aussi de la chose publicque par luy à vous commise. Maintenant vous ay en françois mis les APOLOGUES DE LAURENT VALLE, par luy latins faitz de Esope, Grec, auquel livret soubz couleur de fables, plusieurs enseignemens sages et vertueux sont brievement comprins..….. 1» Les Heures de Tardif et la traduction de J'ART DE BIEN MOURIR ? durent rester manuscrites. On n’en trouve de trace nulle part. Grâce à l’im- 1. Au commencement de cette dédicace, Tardif parle d’un « livre nommé le Compendieux de Grammaire, Elegance et Rhetorique, commençant à l’alphabet et tout par ordre facile assouvissant ». Ce livre est évidemment, sous un titre français, l’Eloquentiz bene dicendique scientiæ Compendium. — Dans l’épitre liminaire de l’Art de faulconnerie on trouve aussi : « car... après plusieurs euvres que à vostre nom ay composées par vVostre com- mandement et pour recreer Vostre royale Majesté entre ses grans affaires, vous ay en ung petit livre redigé tout ce que j’ay peu trouver servir à l’art de faulconnerie et des chiens de chasse. » Tardif aurait donc encore fait pour Charles VIII, antérieurement à son Traité de chasse, d’autres ouvrages dont il a omis d’indiquer les titres. 2. M. Paul Dupont (Histoire de l’Imprimerie, t. I, p. 25) cite, sans en nommer l’auteur, un livre intitulé Ars moriendi, qui aurait été reproduit par la xylographie (caractères fixes sculptés en bois sur une planche) vers - la fin du XIV® siècle. XII GUILLAUME TARDIF primerie, les autres œuvres dédiés à Charles VIII par son lecteur ont échappé à l'oubli. Parmi ces dernières, le LIVRE DE L'ART DE FAULCONNERIE ET DES CHIENS DE CHASSE mérite principalement l'attention de quiconque sait trouver quelque at- trait dans l'étude des mœurs, des habitudes et des plaisirs de nos pères. L'édition reconnue la plus ancienne est in-4°, avec caractères gothiques ; elle comprend quarante et un feuillets et porte in fine la mention : Imprimé à Paris le cinquiesme jour de janvier mil quatre cens quatre-vingz et douze, Pour Anthoine Verard... La Bibliothèque natio- nale en possède un très bel exemplaire sur vélin*. Le recto du deuxième feuillet est orné d'une mi- niature dont le fond représente une scène de chasse. Sur le premier plan, un homme en robe longue, agenouillé, probablement l’auteur, offre un volume à un cavalier revêtu du costume royal et dans lequel il faut évidemment reconnaître Charles VIII. C’est le texte de cet exemplaire vrai- semblablement unique actuellement, que reproduit aujourd’hui le CABINET DE VÉNERIE. D'après Sainte-Palaye, le fils de Louis XI aima la chasse « avec la sage modération qui convient à un souverain 2 ». Anne de Beaujeu ne lui avait 1. Vélins, 1023. G. 99. 2, Mémoires sur la chevalerie, t. III, p. 278. ET SES ŒUVRES XI pas cependant donné l'exemple. Montée sur un hobin!, la régente courait très fréquemment le cerf, et Jacghies de Brézé, fort bon juge en SRE ma- tière, l'appelait .. la maistresse Du beau mestier de vennerye ?. On ne saurait donc accepter que sous bénéfice d'inventaire l’assertion de Sainte-Palaye, surtout quand le P. Anselme rapporte que Charles VIII acheta certain jour un faucon huit cents écus 3. Au demeurant, grand chasseur comme presque tous les rois de France ses prédécesseurs, Charles VIII voulut avoir un résumé des travaux des anciens fauconniers et des anciens veneurs. « Par vostre commandement, » lui dit Tardif, dans l'épitre liminaire précédemment citée des APOLOGUES DE VALLA, « tout ce que j’ay peu trouver necessaire et vray de l'art de la falconnerie et venerie vous 1. Cheval trotteur. 2. Le Livre de la chasse du grand seneschal de Norman- dye, Paris, Aubry, 1858, p. 27.— Cette édition, faite avec un soin remarquable, est due à M. le baron Jérôme Pichon. 3. Histoire généalogique de la Maison de France, t. VIII, p. 741. — L’écu d’or soleil représentant 7 francs 2 centimes de notre monnaie, 800 écus feraient aujourd’hui 5,616 fr. (V. Berry, Études et Recherches sur les monnaies de France, t. II, p. 146.) XIV GUILLAUME TARDIF ay en ung pelit livre redigé. » Ce petit livre ou ce livret, selon l'expression employée par son auteur en la dédicace, constitue donc une véritable com- pilation. Pour la partie relative au noble déduit des oiseaux notamment, il fut, comme le déclare naïvement Tardif, « translaté en françois des livres en latin du roy Danchus, qui premier trouva et escrivit l’art de faulconnerie, et des livres en latin de Moamus, de Guillinus et de Guicennas, et colligé: " autres bien sçavans et its ladicte art 2. Des ait auteurs nommés par le hpotobr de Charles VIII, deux, Guillinus et Guicennas, sont depuis longtemps absolument inconnus. Ils de- vaient néanmoins être d’habiles fauconniers. Sous Henri IV, on consultait encore leurs traités. En effet, d’Arcussia, qui écrivait du temps du Béarnaïs, dans son chapitre de la Différence du faucon niais, du gentil et du pélerin, à propos de la di- vergence d'opinion des anciens maîtres sur ce point, s'exprime ainsi : « Moamus, Guillimus et Gincennas se démentent les uns les autres 3 ». . Extrait. 2. Le Livre de l'art de faulconnerie et des chiens "A chasse, t. I, p. 2, 3. La Faulconnerie de Charles d’Arcussia de Capré, seigneur d’Esparron, de Pallières et du Revest en Provence, ed. Paris, Jean Houzé, 1627, 1'° partie, chap. xvu. — D’Arcussia (loco citato) semble dire que Guillinus et ET SES ŒUVRES XV Quant au roi Danchus, que Charles Lescullier appelle tantôt Daulcus et tantôt Dalcus :, il au- rait, suivant Jean des Franchières, régné en Ar- ménie. En outre, le livre cité par Tardif ne serait pas son œuvre exclusive, mais aussi celle de Mar- tino ou Martin, ancien fauconnier d’un roi Ro- gier de Hongrie et d’Atanacio, fils de Galatien, roi d'Égypte 2. Il existe à la Bibliothèque natio- Guicennas, dont il change tant soit peu les noms, étaient Égyptiens. Les frères Lallemant, au contraire, font de Guicennas ou Guicennast un Arabe. (L'Ecole de la chasse aux chiens courans de Le Verriere de La Conterie, éd. de Nicolas et Richard Lallemant, Rouen, 1763. Bibliothe- que historique et critique des auteurs qui ont traité de la chasse, p. cij, note.) 1. Livre des oyseaulx de proye tant en l’art d'esper- verie, aultrusserie que faulconnerie..., manuscrit in-folio sur vélin, n° 275 de la Bibliothèque de l’Arsenal, chapi- tres 487 et 490.— Ce manuscrit, qui doit être du règne de François I°* ou de celui de Henri II, a pour épilogue : « Cy fine le livre de l’Art de esperverie.… faict et traduict du contenu en plusieurs vieulx livres... par Charles Lescullier, natif de Moulins en Bourbonnois, dem à Paris, commis de Monseigneur maistre Lambert Mergret, conseiller du roy nostre sire, secretaire et contrerolleur general de ses guerres. » 2. Fauconnerie de frere Jehan de Fransières, chevalier de l’ordre de l’ospital St Jehan de Jherusalem, comman- deur de Choisi, en l’isle de France, manuscrit in-4°, n° 2004 de la Bibliothèque nationale, Préambule, — Ce préambule ne se trouve pas dans l’édition de la Faucon- nerie de des Franchières, donnée, en 1567, à Poitiers, par Enguilbert de Marnef et les frères Bouchet, XVI GUILLAUME TARDIF nale un très vieux manuscrit français intitulé : LE Ror Dancus 1. Si ce manuscrit est la traduction fidèle du texte du monarque arménien, sa com- paraison avec L'ART DE FAULCONNERIE de Tardif ne prouve pas que le lecteur de Charles VHI ait beaucoup mis à contribution le traité de Danchus. Il paraît s’être quelque peu plus servi d’un autre ouvrage faisant suite au manuscrit de la Biblio- thèque nationale et dont voici les premières lignes : « Guillaumes li fauconniers qui fu norriz en la court du roi Rogier, qui puis demora moult avec son fil et ot I maistre qui fu bien enseigniez et sages en l’art des faucons. Et cist Guillaumes sot toutes choses que cil savoit et tant plus qu’il vost 2 faire I livret de cest art et li commencemenz est tiex 3. » Le chapitre de Tardif, Pour faire lanyer gruyer 4, semble surtout avoir élé pris dans cet ouvrage. Une pareille coïncidence devrait peut-être amener à conclure que « Guïllaumes li fauconniers du roi Rogier » est le Guillinus du lecteur de Charles VIH et le Guillimus de d’Arcussia ; mais il appartient à” de plus compétents de se prononcer sur une telle question. . Fonds français, n° 12581. . Voulut, . Tel. . Le Livre de l’art de faulconnerie... t. I, p. 70. + © D +” ET SES ŒUVRES XVII Très complet, en même temps assez méthc- dique, Moamus ou Moamin, qu’Arthelouche de Alagona appelle « Moymon fauconnier ara- bique : », fut bien autrement utile pour Tardif. Son vrai nom était évidemment Mohammed. Les - frères Lallemant croient, non sans raison, voir en . lui le philosophe arabe du Xt siècle, Mohammed Tarkani, dit aussi Al-Farabi, parce qu’il naquit à Farab, aujourd’hui Othrar 2. D’anciens théreuti- cographes signalent, en effet, comme ayant écrit sur la chasse, un Tarcanus dont le nom a toutes les apparences du mot Tarkani latinisé par la fantaisie de quelque traducteur 3. Frédéric II, empereur d'Allemagne et roi des Deux-Siciles, lors du siège de Faenza, en 1240, trouva dans la Romagne le livre de Mohammed. Grand amateur de faueonnerie, Frédéric, qui rassemblait alors les éléments du traité DE ARTE VENANDI CUM AVIBUS, s’empara du livre et le fit traduire par son mé- 1. La Faucoanerie de messire Arthelouche de Alagona, … seigneur de Maraveques, conseiller et chambellan du roy … de Secille, Poitiers, Enguilbert de Marnef et les Bouchetz - frères, 1567, p. 20. 2. Ville de l’ancienne Transoxiane (Asie) ou du Ma- Warrannahar des Arabes. 3. L'Ecole de la chasse aux chiens courans, de Le Verrier de la Conterie, éd. Rouen, 1363. Bibliothèque historique et critique des auteurs qui ont traité de la chasse, “D. ci, note, c XVII GUILLAUME TARDIF decin Théodore. Bibliophile aussi aimable que savant, M. le baron Jérôme Pichon a bien voulu nous prêter un manuscrit italien du XVe siècle, contenant la copie de cette traduction, en tête de laquelle on lit : « Incipit liber magistri Moamin falconerii, translatus de arabico in latinum per magistrum Theodorum, physicum domini Fede- rici, Romanorum imperatoris, et correptus est per ipsum imperatorem tempore obsidionis Faen- tie, de quo libro sunt tres tractatus. » Les trois traités ont pour titres : De genere omnium vola- tillium viventium de rapina et de moribus et el- lectione earum. — De dispositione avium rapa- cium et de medicamine infirmitatum occultarum. — De apparentibus egritudinibus extrinsecis avium rapacium!. » L’étude de ces traités dé- :. Le manuscrit de M. le baron Pichon, in-4° sur vélin, avec reliure assez moderne portant au dos, de Doctrina avium, est d’une belle écriture, On remarque, au verso du premier feuillet, l’empreinte d’une sorte de sceau entouré des mots : Comes Donatus Silva. Les têtes de chapitres et les lettres commençant les alinéas sont en encre rouge, Ce manuscrit comprend deux traités de fauconnerie ; celui de Moamin n’est que le second. Le premier est intitulé : Tractatus avium, de doctrina eorum et de medicaminibus infirmitatum eorumdem, qui liber est translatus de persico in latinum. Ses soixante-dix chapitres offrent peu d'intérêt. L'auteur, qui, ainsi que le traducteur, a gardé l'anonyme, cite fréquemment un autre auteur nommé Satriph ou Gatriph, et Chaycham, EPS NERO? OR LE CES OP. ET SES ŒUVRES XIX montre que Tardif a « translaté en françois » de très nombreux passages de Théodore. On voit aussi par le contexte de son œuvre que, pour la fauconnerie, il dut compulser le Livre Du RoY Mopus ET DE LA ROYNE Racio, le Sicilien Ar- thelouche de Alagona, l’Espagnol Pero Lopez de _Ayala : et le grand prieur d'Aquitaine, Jean des Franchières. La FAUCONNERIE du grand prieur, composée sur la demande d’ Yves du Fou, grand veneur de France sous Louis XI 2, n’était pas en- core imprimée quand Tardif écrivit la sienne ; mais il en circulait alors des copies manuscrites 3. roi des Parthes. — Dans les notes sur Tardif, lorsque nous avons rapporté certains passages de Moamin, nous avons cru devoir respecter l’orthographe du manuscrit de M. Pichon. 1. Libro de la caza de las aves (Biblioteca venatoria, t. U). _ seigneur du Fou, en Poitou, fut grand veneur de France de 1462 à 1468. La plus ancienne édition connue de la Fauconnerie de des Franchières, in-4° gothique, est de Pierre Sergent, à Paris, sans date, Les _ frères Lallemant (Bibliothèque. des auteurs qui ont traité de la chasse, p. cj, la font remonter à 1511 ; mais Bru- net (Manuel du libraire, w° Franchières) la dit postérieure à 1531. 3. Le Catalogue de là bibliothèque de Bouchard-Hu- zard (Paris, V® Bouchard-Huzard, 1842, deuxième partie, numéros 5002-5003) mentionne deux manuscrits de la fin du XV® siècle de la Fauconnerie de des Fran- chières. XX GUILLAUME TARDIF Le lecteur de Charles VIIT eut certainement l’une d’elles à sa disposition; car des Franchières est incontestablement le maître fauconnier auquel il fit les plus fréquents emprunts. Quant au Livre DES CHIENS DE CHASSE, on y rencontre divers pas- sages se rapprochant singulièrement de la MONTE- RIA (Vénerie) du roi Alphonse XI, récemment réimprimée par D. Gutierrez de la Vega dans sa splendide collection, LA BIBLIOTECA VENATORIA !. Dresser des oiseaux de proie pour la chasse appa- rait aujourd’hui comme une tâche hérissée de diffi- cultés multiples, Beaucoup de patience et de douceur, des soins incessants, un certain tact de la part des fauconniers, parvenaient néanmoins rapidement à dompter le naturel sauvage des plus rebelles. 1. La Biblioteca venatoria en-80, español, Madrid, imprenta y fundicion de M. Tello, impresor de câmara de S. M.) doit reproduire les anciens traités les plus curieux de vénerie et de fauconnerie espagnols, Commen- cée en 1877, ses trois premiers volumes déjà parus com- prennent : el Libro de la monteria delrey D. Alfonso XI > el Libro de la caza del principe D. Juan Manuel, et eF Libro de la caza de las aves del canciller Pero Lopez de Aÿala. D. Gutierrez de la Vega, si connu au delà des Pyrénées comme publiciste, comme homme politique et comme chasseur, fait précéder chacun de ces ouvrages de notices bio-bibliographiques, qui, pleines d’érudition en même temps qu’empreintes de l’esprit castillan le plus pur, offrent un très vif intérêt pour les bibliophiles et pour les veneurs, CE TS dE +. di ser tits donb ET SES ŒUVRES XXI a Seigneur, qui voulez oyr des deduis des oyseaulx, il fault que celuy qui en veult oyr ait en soy trois choses : la premiere est de les amer parfaictement, la seconde est de leur estre amiable, la tierce qu’on en soit curieux ‘. » Toute la science des faucon- niers se trouvait résumée dans ceite phrase du roi Modus et dans la suivante de Tardif : « Pour bien faire voler l’oyseau au gibier, trois choses sont necessaires : bon maistre, bonne compaignie d’oyseaulr bien volans et bon pays de gibier ?. » En vingt ou trente jours 3, souvent même moins, faucons, sacres, gerfauts, laniers, autours, éme- rillons et éperviers se laissaient mettre et ôter le cha- peron, prenaient le pât sur le poing, revenaient au leurre et apprenaient à connaître le vif, c’est-à- dire l'animal qu’ils devaient chasser. Pendant les phases successives de cette éducation, la privation de sommeil, des bains répétés, des cures ou purga- 1. Le Livre du roy Modus et de la royne Racio. C} devise comment le roy Modus monstre à ses escoliers la science de faulconnerie. z. Le Livre de l’art de faulconnerie..…, t. I, p. 63. 3. Biblioteea venatoria, t. IE, Pero Lopez de Ayala, Libro de la caza de las aves, cap. vis. — Tardif, copiant Moamin, s'étend longuement sur l’aigle comme oiseau de vol. Il ne semble pas cependant que cet animal, de grande taille, difficile à porter, parfois même dangereux, ait jamais été beaucoup utilisé pour la chasse dans noue _ pays; car des Franchières et d’Arcussia n’en parlent pas. XXI GUILLAUME TARDIF tions excitant constamment l'appétit, une nourri- ture sagement réglée, tantôt fortifiante et tantôt débilitante, assouplissaient le caractère des oiseaux de vol. L'emploi de tels moyens, assez simples du reste, variait suivant le naturel des élèves et le degré d’intelligence des fauconniers. Le plus diffi- cile consistait à savoir conserver les sujets une fois mis en condition. Dans la lutte avec leurs victimes ils avaient de nombreux accidents ; chez eux, la captivité engendrait à chaque instant des maladies souvent fort graves; la mue même se faisait ordinairement plus tardivement, moins parfaitement qu’à l’état de nature. Dans ces différents cas, certains maîtres, le prince D. Juan Manuel, notamment, regardant toutes les mé- dications comme contraires au tempérament des oiseaux de proie, conseillaient d’en user rare- ment et, après un premier insuccès, de jeter par la fenêtre impotents ou malingres !. Mais les anciens fauconniers, généralement, pensaient autrement. Ils avaient, par suite, inventé des traitements à l’infini, très compliqués, parfois vraiment tout à fait empi- riques. Aussi, pour être complet, Tardif dut-il prodiguer les détails sur les blessures et les mala- dies des oiseaux de fauconnerie, ainsi que sur les 1. Libro de la-caza del principe D. Juan Manuel, cap. XI. ET SES ŒUVRES XXIII procédés les plus rationnels pour les guérir. Cette partie de son œuvre, dénuée aujourd’hui d'utilité pratique, ne saurait offrir d’autre avantage que de permettre d'apprécier la naïveté de la pharma- ceutique au XVE siècle. Dans le Livre DES CHIENS DE CHASSE, malgré les progrès faits, depuis Charles VIII, par la vé- nerie et la médecine vétérinaire, les chasseurs aux chiens courants trouveront certainement des con- seils précieux, en même temps que des recettes non à dédaigner. Mais là où le traité de Tardif pré- sente un intérêt indéniable pour tous, c’est quand l’auteur décrit les diverses espèces d’oiseaux propres au vol. La première partie de l’ ART DE FAULCONNE- RIE renferme de curieux renseignements sur la con- formation, sur les qualités des sujets à choisir, sur l’âge propice pour leur éducation. On y voit mi- nutieusement exposés l'hygiène, la nourriture et le dressage des élèves. Enfin Tardif indique les ani- maux que chaque espèce peut chasser avec succès. Les équipages de fauconnerie coûtaient fort cher à recruter. Tous les oiseaux de vol ne se payaient pas, il est vrai, huit cents écus, comme celui acheté par Charles VIII. Certains étaient pris dans l'aire, d’autres se laissaient, sans trop de peine, capturer au passage, lors de leurs migra- tions. Mais, en France, beaucoup d'espèces très estimées, originaires de la Suède, de la Norwège XXIV GUILLAUME TARDIF ou du nord de l'Allemagne, étaient importées par des marchands brabançons. Pero Lopez de Ayala, ambassadeur de Castille auprès de Charles V et de Charles VI, nous apprend que ces marchands vendaient un faucon sor, de haut vol, quarante francs d’or, un faucon dressé spécialement à la chasse du héron, soixante; qu’ils demandaient même plus de sujets ayant déjà mué '. Le traité de Guillaume Tardif, dans lequel se trouvaient réunis tant de préceptes indispensables pour l’édu- cation et la conservation des oiseaux de vol, devait donc être favorablement accueilli des ama- teurs de fauconnerie. Les éditions se succédèrent rapidement. Outre celle, considérée comme prin- ceps, de 1492, les frères Lallemant ? et Brunet 3 citent les suivantes : L'ART DE FAULCONNERIE ET DES CHIENS DE 1. Biblioteca venatoria, t. III, Pero Lopez de Ayala, el Libro de la caza de las aves, cap. vin. — Sor, qui n’a pas encore mué. (V. l'Art de la faulconnerie.…. t. I, p. 31.) — De haut vol, bon pour la chasse du héron, de la grue et du milan. — Quarante francs d’or, soixante francs d'or. Le franc d’or, créé par ordonnance du 3 septembre 1364, valant 14 francs 75 centimes de notre monnaie, 40 francs d’or représenteraient aujourd’hui 590 francs, et 60 francs d’or, 885. (V. Berry, Etudes et Recherches sur les monnaies de France, t. III, p. 314.) 2. Bibliothèque historique et critique des auteurs qui ont traité de la chasse, p. c1v. 3. Manuel du Libraire, v° Tardif. = ET SES ŒUVRES XXY CHASSE. imprimé à Paris ce 18° jour de jan- vier 1506, pour Anthoine Verard.... in-4° go- thique de 60 ff. non chiffrés. Id. imprimé à Paris par Jehan Trepperel... le huitiesme jour de may 1506, petit in-4° de 38 f. L’ART DE FAUCONNERIE ET DEDUYT DES CHIENS DE CHASSE... nouvellement imprimé à Paris, VI... (au verso du dernier feuillet on lit : cy fine lart de Faulconnerie et des chiens de chasse, nou- vellement imprimé à Paris pour Jehan Trep- perel}, petit in-4° gothique de 30 ff. non chif-- frés, sans date. Id. imprimé à Lyon par Pierre de Saincte- Lucie, dict Le Prince, petit in-4° gothique de 39 ff., sans date. Id. Paris, Philippe Le Noir, in-4° gothique, sans date. En 1567, Enguilbert de Marnef et les frères Bou- chet imprimèrent la FAUCONNERIE de Tardif avec celles de des Franchières et d’Arthelouche de Ala- gona, ainsi qu’un RECUEIL DE TOUS LES OYSEAUX DE PROYE QUI SERVENT A LA VOLLERIE ET FAUCON- NERIE, par G. B. (Guillaume Bouchet). Ils les joignirent ensuite à leur édition in-4°, italique, de la VÉNERIE, de du Fouilloux. Les mêmes ouvrages se retrouvent encore à la suite d’une autre édition de du Fouilloux, Paris, Cramoisy, 1628. L’Arr d XXVI - GUILLAUME TARDIF DE FAULCONNERIE eut aussi les honneurs d’une tra- duction latine imprimée, avec le traité de Frédéric IL, à Genève, à Venise, en 1560, et à Bâle, en 1578, sous le titre de Guir. TARDIVUS, DE ARTE ACCI- FITRUM UNA CUM FREDERICI I] IMPERATORIS ARTE VENANDI CUM AVIBUS ET MANFREDI REGIS ADDITIO- NIBUS !. L'édition de 1567, la seule que nous ayons pu comparer avec celle de 1492, renferme plusieurs chapitres n’existant point dans cette dernière. L'auteur, qui avouait que son œuvre avait été « astivement assouvie 2 », l’aurait donc complétée après la publication de l'édition princeps. Nous avons cru devoir toutefois laisser de côté toute «addition au texte primitif, afin de conserver abso- lument intact le caractère original de celui-ci. En terminant son livre de chasse, Tardif disait à Charles VIII : « Maintenant, Sire, je retourne à mes estudes de humanité 3 et de theologie, pour continuer vous composer ou translater ce que me semblera plus utile et necessaire à votre très noble corps ct ame 4. » Les FACÉTIES de Pogge s’écartent 1. Bibliothèque historique et critique des auteurs qui ont traité de la chasse, p.-XXXNWI et GIV. 2. Le Livre de l’art de faulconnerie..…, t. IL, p. 37. — Assouvie, accomplie. 3. Humanité, étutes littéraires. 4. Le-Livre de'l'art de faulconrerie... t II, p. 38. CNT ET SES ŒUVRES XXVH quelque peu du cadre ordinaire des traités de théo- logie et de morale. De nos jours même, d’aus- : tères critiques les regarderaient comme dépourvues de mérite littéraire. Elles produisirent néanmoins, dès qu’elles parurent, une réelle sensation parmi _ le monde des érudits de la Renaissance. Au com- mencement du XVe siècle, dans la curie romaine, on aimait les bons mots, les nouvelles plus ou moins scandaleuses. Les secrétaires de Sa Sainteté avaient choisi certain endroit retiré de la cour papale, où ils tenaient leur bugiale ou officine de menteries. Là, chacun apportait son contin- gent, sans nul souci d’épargner soit de très hauts personnages, soit le pape lui-même. Les plus fé- conds étaient Razello de Bologne, le Romain 1. « Visum est mihi eum quoque nostris confabulatio- nibus locum adjicere, in quo plures earum recitatæ sunt. Is est bugiale nostrum, hoc est, mendaciorum veluti officina, olim a secretariis institutum jocandi gratia. » (Les Facéties de Pogge, Florentin, traduites en français avec le texte en regard, Paris, Liseux, 1878, t. Il, Conclusio.) — D’après la Bibliothèque de Gesner (éd. 1583), les Facetiz de Pogge auraient été imprimées à Milan dès Vannée 1477. Quant à la traduction des Fables d'Esope de Valla, on ignore à quelle époque elle parut pour la . première fois Les bibliophiles les plus compétents ten- tèrent vainement de préciser la date des éditions princeps des paraphrases de ces ouvrages par Tardif; nous croyons _ donc devoir nous abstenir de toute discussion à cet égard. XXVIII GUILLAUME TARDIF Cincio, Antonio Lusco et Poggio Bracciolini, dit le Pogge, secrétaire apostolique sous Boniface IX et sept de ses successeurs t. Ce sont ces menus propos de chaque jour, ces confabulations, qui servirent plus tard de thème à Pogge pour ses Facéries. Latiniste savant, le secrétaire apostolique voulait « essayer s’il serait possible, sans tomber dans l’absurde, d'exprimer en latin une multitude de choses réputées jusque-là comme non susceptibles de s’y prêter 2 ». Parmi les contemporains fami- liers avec la langue d’'Horace, la tentative ren- contra beaucoup d'approbateurs. Tardif fut du nombre. Grand admirateur de Pogge, pour per- mettre à Charles VIII « et autres gens de bien pareillement 3 » d'apprécier le conteur florentin, après avoir choisi dans les FACÉTIES cent quinze « ditz joyeulx 4 », il les paraphrasa, en y ajou- tant le plus ordinairement des moralités. Le choix de ces «.ditz », parfois très réalistes, étonne aujour- 1. Poggio Bracciolini (Jean-François), vulgairement appelé le Pogge, naquit à Terranuova, près de Florence, en FPS et mourut en 1459. 2. « Ego quidem experiri volui an mults quæ latine dici existimantur, non absurde scribi posse viderentur.. » (Les Facéties..… éd, citée plus haut, Præfatio Poggü.) 3 Les Facécies de Pogge, Florentin, traitant de plusieurs nouvelles choses morales... Traduction françoise par Guil- laume Tardif, Paris, Willem, 1878. Appendice, dédicace. 4 Ibid. ET SES ŒUVRES xxIX d’hui fréquemment le lecteur, surpris souvent en- core par la crudité de l’expression. Comme atté- nuation en faveur du translateur de Pogge, il faut se rappeler que la langue française du XVe siècle était peu châtiée. Sous Charles VIII, les poésies de . Villon obtenaient grande faveur ; même à la cour le récit d’anecdotes gauloises n’effarouchait pas les auditeurs. Puis la narration de Tardif est d’une vivacité d’allure, et son style d’une bonhomie pleine de malice et de gaieté, qui font oublier bien des choses. De telles qualités se retrouvent dans la traduc- tion ou plutôt dans cette autre paraphrase des AProLoGuEs de Laurent Valla 1. Nullement sou- cieux de la forme, Valla avait simplement mis en latin assez peu élégant trente-trois fables d’ Ésope. Suivre littéralement un texte dépourvu de charme ne devait nécessairement rien moins que plaire à l’élo- quent professeur du collège de Navarre; aussi, remaniant le récit selon la fantaisie de son ima- gination, à force de verve et d’entrain, en fait-il une véritable création. Les Drrz MorAULx, qui terminent Le volume des _ AroloGues, présentent plus d’analogie avec les Facéces. Le ton y est railleur et le conte légère- 1. Célèbre philologue, né à Rome, en 1406, mort à . Naples, en :457. XXX GUILLAUME TARDIF ment grivois. Tardif indique de la manière sui- vante, à Charles VIII, le but de ces ana, dans le prologue : « Après la translation des Apo- LOGUES....., ay converti mon entendement à vous translater sommerement et en brief aucuns düz moraulx et paroles joyeuses des nobles hommes anciens, afjin que Vostre royale Majesté... puisse avoir à main aucunes choses recreatives et tant de vous que des nobles hommes assistans en vostre court royale, lesquelz ditz vous seront à main ct pourront estre par vous recitez selon les matieres occurrentes pour cause de joyeuseté ou pour satis- faire à l’importune requeste de aucuns, ou pour respondre par parole urbaine et courtoise, couverte de aucune transsumptive‘ similitude, à celuy ou ceulx envers lesquels Vostre trés redoubtée et trés souveraine Majesté les saura mieulx appli- quer. » Le fils de Louis XI, prince assez galant, dut entendre avec plaisir la lecture des FacÉciEs et des Dirz mMorauix. Ces ouvrages semblent du reste le fait d’un courtisan désireux de flatter les goûts du souverain dont il avait peut-être été le précepteur. Le séjour de la cour ne calma pas cependant chez Tardif certaine irritabilité de caractère. 1, Empruntée, — Transsumtif, du latin transumptus, pris d’une autre main. ET. SES ŒUVRES XX21 _Vraisemblablement même sa position auprès de Charles VIII lui donna trop d’orgueil pour pou- _voir supporter patiemment la critique. S'il eut des envieux, il était personnellement «trés agu en dispu- tacion », nous dit Étienne Médicis :. Sa longue que- relle avec le Vénitien Jérôme Balbo, professeur de _belles-lettres à l’université de Paris, occupa beaucoup les érudits de l’époque. Elle commença vers 1485, à propos de quelque discussion d’école ; mais on ne sait lequel des deux adversaires fut l’agresseur. Angelo Catho, archevêque de Vienne en Dau- phiné, obtint un moment le silence de Balbo qui bientôt reprit les hostilités, en publiant un libelle intitulé : RHETORIS GLORIOSI PER MODUM DIALOGI LIBER. Tardif répondit par l'ANTI-BaALBICA, SEU . ANTACELLINA GUILLELMI T'ARDIVI IN BALBUM 1Mo ACCELLINUM Derensio. Ces factums, remplis de personnalités des plus mordantes, attestent l’âpreté des passions littéraires au XVe siècle ; ils ne sau- raient toutefois offrir aujourd’hui un intérêt sé- rieux. Charles VIII mourut à Amboise, le 7 avril 1 498. * Aucun biographe ne mentionne si Tardif sur- ‘ vécut longtemps au prince auquel il s’était voué. Seul du Boulay, l'historien de l’université de … Paris, dans la phrase que nous avons déjà citée, 1. Les Chroniques de Estienne Médicis... t. 1,p 260. XXXII GUILLAUME TARDIF ET SES ŒUVRES fixe ainsi fort laconiquement le terme de la car- rière littéraire de l’illustre professeur : « Floruit ab anno circiter millesimo quadringentesimo sep- tuagesimo ad finem usque seculi. » Récemment deux éminents bibliophiles remet- taient en lumière certaines œuvres de Tardif : l’un, M. Charles Rocher, avocat au Puy, par sa belle édition des AroLOGUES et des Drrz Morauix (Le Puy, Marchessou, 1876); l'autre, M. de Mon- taiglon, par la réimpression, d’après les éditions gothiques, de la paraphrase des FAcÉriEs de Pogge (Paris, Willem, 1878). Il appartenait au CABINET DE VÉNERIE de reproduire à son tour le texte original du LIVRE DE L'ART DE FAUCON- NERIE ET DES CHIENS DE CHASSE. ERNEST JULLIEN. Vice-Président du tribunal civil de Reims. Reims, 25 novembre 1881. C'est le livre de l'art de faul- connerie et des chiens de chasse. D | U roy tres-crestien Charles hui- 2e tiéme de ce nom, Guillaume NPA s HÉCA® Tardif, du Puy en Vellay, son liseur, tres-humble recommandation supplie et requiert. Deslors que Dieu vous doua de nom de tres-crestien roy de France, sire, mon natu- rel souverain et unique seigneur, Je, vostre tres-humble et tres-obeissant serviteur, vous dediay mon mediocre engin et science. Car, aprés plusieurs euvres que à vostre nom ay composées par vostre commandement et pour recreer vostre royale majesté entre ses 1 » AU ROY grans affaires, vous ay en ung petit livre redigé tout ce que j'ay peu trouver servir à l’art de faulconnerie et des chiens de chasse. Lequel livret ay translaté en françois des livres en latin du roy Danchus, qui premier trouva et escrivit l’art de faulconnerie, et des livres en latin de Moamus, de Guillinus et de Guicennas, et colligé des autres bien sçavans et expers en ladicte art; brievement et clerement en ordre mys par rubriches et chapitres, en laissant toutes matieres super- flues et medecines difficiles à trouver ou à faire, ou dangereuses pour l’oyseau, ou non approuvées par les bien sçavans et expers et par l’art de medecine. Les noms des mede- cines qu’on nomme drogues qui ne sont en l’usaige françois ay escript en leur langue, en laquelle sont en usaige en l'art d'apoti- carie. Cest euvre a deux parties : l’une tracte des oyseaux de faulconnerie, l'autre des chiens de chasse. Celle desdis oyseaux a deux parties : la premiere enseigne con- gnoistre les oyseaux de proye desquelz on PR ET oi CHARLES HUICTIEME 3 use en ladicte art, les enseigner et gouver- ner, el les medecines communement neces- saires pour les entretenir en santé. Duquel _ livre les rubriches et chapitres sont disposez selon l’ordre qu’on doit avoir à congnoistre, - enseigner et entretenir lesdis oyseaux. La seconde partie d'icelui livre enseigne les maladies desdis oyseaux et les medecines d'icelles. De laquelle partie l’ordre est es- cript en son lieu. Desdis chiens sera dit en son lieu aprés. SE Pre) 2 2 CRT . S'ensuivent les rubriques de la premiere partie dudit livre de faulconnerie. F Pages. Des especes des oyseaux de proye des- quelz on use en l’art de faulconnerie, et … de la nature de la femelle et du masle. 11 De l'aigle. De ses especes. De sa couleur _ et forme. Des noms divers d’elle selon diverses langues. Quant elle doit estre FE prinse. Quant elle doit fuyr ou non; et … le remede à ce. De la proye d'elle. Le remede aux aigles gastant le gibier. HNTÉE Du faulcon. Quant il doit estre prins. De sa bonne forme et condition. De ses “ especes, couleur, conditions, gouver- “ nement et proye. Comment on le doit tenir hors du poing. . . . . . . . . . 19 De l’emerillon. De sa forme. De son vol. … De saproye ;etquant ildoit estreoyselé. 20 “Du lanyer. De sa naiscence. De sa forme. + De son past et de sa proye. . . . . . 21 Du sacre. De ses especes et naiscence. . Des noms d’icelles especes. Quant il doit e 6 L'ART DE FAULCONNERIE estre prins. De sa des condition et proye. 2 ARE RE & Du gerfaud. De sa naiscence. De sa forme, condition et proye . . . . . . De l’austour. De ses especes et genera- tion. De sa bonne forme et conditions. Les signes d’audace et de force; et des bons petis austours. De sa mauvaise forme et conditions, et de sa proye. . De l’espervier. De sa bonne forme et bonté .», 1,0 nes ane Quant on doit prandre ou nid ou en l'aire l'oyseau de faulconnerie, et com- ment on le doit lors traicter. . . . . . De ces motz : nyais, branchier, ramage et $Qr. "ii: HORS RSS Pour desgluer oyseau.":". 14020708 Pour penne froissée redresser, ou rompue anter, ou desjoincte ressarrer, ou per- due renouveler... 1," Mmes Du past et cher bonne et mauvaise pour paistre ledit oyseau. Du lavement de la cher. De la maniere de le paistre. Le remede contre le mal qui advient à l’oyseau par trop hastivement manger. Pour bec rompu renouveler, ou desjoinct LESSAPOE CAES DONNE MEANS Pages. 22 . 23. 24 30 30 31 32.1 32 35 38 38 di PER — © _ PREMIERE PARTIE … Quant l’oyseau a soif : la cause et le re- Le nr mous … préserver de maladie, . . . . . . .. De la cure de l’oyseau. Quelle elle doit - estre. Quant on la luy doit donner. Quel est son'effect. Comment elle et le emout de l'oyseau monstrent la santé et maladie d’iceluy. Pourquoy l’oyseau la _ garde trop : le signe et le remede pour EUR luy faire rendre . . . . . . . :. our purger l'oyseau en tous temps et luy faire bon appetit et bon ventre. . . . À Poureslargirle ventre et boyau de l’oyseau. _Pourquoy, quant et comment on doit bai- _ gner l’oyseau, et comment aprés on le D CUer TT RSS PR PO ol signes communs de santé en l’oyseau A nm ni io. Quant l’oyseau digere mal : les signes, la M Causelet le remede. . . . . . . . : ; 43 46 49 49 51 8 L'ART DE FAULCONNERIE Quant l’oyseau n’enduit pas bien sa gorge : la cause et le remede pour la luy faire enduire où randre "9 ONE Quant l’oyseau enduit sa gorge, mais aprés il la rand : la cause et le remede. Quant l’oyseau «n’a appetit de manger : la cause et le remede- 57.277267 Pour oyseau maigre mettre sus, et le signe de maigreur ou de maladie. . . De porter et contregarder l’oyseau et luy acoustumer les chiens. . . . . . . . Quant l'oyseau ne soustient bien ses eles : la cause et le remede. 4,5": 7 Pour faire bien l’oyseau au loirre et bien voler au gibier. ‘4/5 MR Pour ungle rompue renouveler . . . . . Pour faire bien revenir l’oyseau quant il a volé, et la cause pour quoy ne revient. Pour faire fain à Poyseau qui est trop peu quant on le veult faire voler . . . .. Pour desacoustumer l’oyseau de soy per- cher en arbre. . . . . ie VON ve Quant l’oyseau n’a voulenté de voler : le péipede. ce US ROIS ES NE Hu à Quant l'oyseau est esgaré où on ne peut ouÿr ses sonnetes : ce qu’il est de faire. Pages. _ PREMIERE PARTIE Pour faire l’oyseau hardi à sa proye et voler grans oyseaux, et comment lors D doit oure porté, . . .: . .. .:: ‘ … Pour faire lanyer gruyer. . . . .. . .. Quant l’oyseau vole autre proye qu’il ne _ doit : pour la luy faire hayr. . . . . . _ Pour muer l’oyseau de proye. En quel tems il mue; et pour le muer, ou sur le poing sans cher, ou en mue avec cher. Comment doit estre purgé et disposé quant on l’ymect. Du past bon pour luy en la mue ; et pour lui faire tost et bien muer; et le remede quant il mue mal. . Quant l’oyseau engendre œufz dedans le ventre en la mue ou ailleurs : les signes _ et le remede pour l’en preserver ou les Do ni londre, - . 2. …_ Pour oyseau saillant de la mue gras et orguilleux randre familier, qu’ilnes’en- ns au ee » Quant l’oyseau pert le manger aprés la “ mue: le remede pour luy donner appe- tit de manger à A An nr MU PARLE D AUS RO RP LA M tte : _ Des especes des oyseaux de proye desquelz on use en Part de faulconnerie, et de la nature de la femelle et du masle. )YsEAUx de proye desquelz on use AR en l’art de faulconnerie ont trois CNE 0) especes, lesquelles sont aigle, . faulcon et austour ; desquelz cy aprés est escript separemment par chapitres. La femelle des oyseaux vivans de rapine est plus grande que son masle, plus forte, hardie, caute et astute. Le masle des « oyseaux qui ne vivent point de rapine « est plus grant et plus beau que sa fe- “ melle. 12 L'ART DE FAULCONNERIE De l'aigle. De ses especes. De sa couleur et forme. Des noms divers d’elle selon diverses langues. Quant elle doit estre prinse. Quant elle doit fuyr ou non, et le remede à ce. De la proye d'elle. Le remede aux aigles gastantle gibier. "AIGLE a deux especes: l’une est ap- Lyenée aigle absoluement ; l’autre est nommé zimiech. Rouge couleur en l’aigle et les yeulx parfons, principalement se elle est naiée és montaignes occidentales, est signe de bonté. Rousse aigle est bonne sans doubte. Blancheur sur la teste ou sur le dos de l’aigle est signe de meilleur aigle, laquelle est appellée en langue arabique zummach, en syriaque meapan, en greque philadelphe, en latine milion. L’aigle doit estre prinse petite, car la condition d’elle est d’acroistre en audace et astuce. Quant l'aigle part du poing, vole au tour d’iceluy ou en terre, est signe qu'elle est fugitive. Ou temps que les PREMIERE PARTIE 13 _ oyseauxsonten amour et qu’ilzse apparient « pour faire generation, devroit l'aigle fuyr … avecques les autres; pourtant metzau past . d'elle ung peu d’arsenic rouge, autrement nommé orpigment, lequel luy mortifiera » ce desir. Quant l’aigle volant espaignist la queue et tournoye autour d’icelle et monte vers aucune partie, est signe qu’elle est . disposée de fuyr; le remede est lors luy + getter son past et la fort rappeller ; et, se elle ne descend à sondit past, c’est ou _ pour avoir trop mangé ou par estre trop grasse, le remede est tel : cous les plumes … de sa queue, qu’elle ne les puisse espaignir ne d’icelle voler, ou plume le tour du . fondement d’elle seulement, que ledit lieu « appaire; lors, pour la froideur de l’aer 4 hault, ne tachera si hault voler; lors doit “ on doubter les autres aigles, lesquelles ne “ pourroit eviter pour ce qu’elle a la queue cousue. Quant l’aigle volant tournoye sur … son maistre sans s’esloigner , est signe - qu’elle ne fuyra point. 14 L'ART DE FAULCONNERIE L’aigle prant l’austour et tout autre oyseau de rapine pour ce qu’elle les voit porter les giés, lesquelz elle cuide estre past, et pour ceste cause tache les prandre. Et n'y scet on autre cause, veu que quant elle est ou desert elle ne fait pas ainsi. Pour eviter l’aigle, on doit oster les giés de son oyseau, quant on le veult faire voler ; autrement l’oyseau,. par quelque industrie qu’il eust, ne se sauroit delivrer de l’aigle. L’aigle, dicte aigle absoluement, prant le lievre, le renart, la gazelle; l'aigle nommée zimiech prant la grue et oyseaux moindres. Quant il y a aigles gastant le gi- bier, le remede est : cous les yeux à une aigle, en luy laissant peu d'ouverture pour veoir la clarté; et dedans son fondement metz ung peu de assa fetida, puis cous le- dit lieu; et aux jambes d’elle lie ele ou cher ou drapeau rouge, lequel les aigles cuident estre cher ; et la fais voler; et en volant et soy defendant gettera les autres bas, ou s’enfuyront ; laquelle chose elle ne PREMIERE PARTIE 15 + feroit si n’estoit la douleur que luy fera _ ce que ditest mysen son fondement. . Du faulcon. Quant il doit estre prins. De sa bonne forme et condition. De ses especes, couleurs, conditions, gouvernement et proye. Comment on le doit tenir hors du poing. 1 E faulcon meilleur est celuy qui est | Lo petit devant la mue. La bonne forme du faulcon est : teste ronde et plaine - sur le hault; bec gros et court ; col long; poitrine large et est charnue, nerveuse, dure et forte d’ossemens. Et, pour ce, se confiant à la poitrine, frape d’icelle. Et, pour ce qu’il a les cuysses menues et Diocbles, il chasse des ungles; hanches | a eles longues et sur la re croi- mole et verte; plumes cons occultes, . peu et parfaictes. Tel faulcon prandra les 16 L'ART DE FAULCONNERIE grues et grans oyseaux. La condition du faulcon est qu’il est plus que autre oyseau hardi, viste à voler et à revenir; 1 fugitif toutefois est; avaricieux aussi est . de proye : pour laquelle cause il voleroy- dement et soudainement, et frape souvent en terreet se tue. Le faulcon a dix especes, « qui sont : oubier, emerillon, lanyer, tuni- * cien, gentil, pelerin, de passage, montai+ w gnier, sacre et gerfauld. De l’emerillon, lanyer, sacreet gerfauld, est cy-aprés sepa- rement par chapitres escript. Faulcon tu- : nicien est ainsi appellé pour ce qu’il naist . communement ou pays de Barbarie, et que 1 Tunes est la principale cité d’iceluy pays, « en laauelle abunde la volerie dudit faulcon. Il est assés de la nature du lanier, ung peu À plus petit, telz piés, de tel pennage, \ mieulx croire, plus long de vol; teste. grosse et ronde, bien montant sur eles; . bon à riviere et aux champs, aux lievres et ! autres gibiers. Faulcon gentil est bon heronnier dessus PREMIERE PARTIE 17 et dessoubz et à toutes autres manieres _d’oyseaux, comme aux rouseaux ressem- blans au heron, esplugnebaux', poches, | garsotes et especialement aux oyseaux de riviere. Pour estre bon gruyer, fault qu’il soit prins nyais: Car autrement ne seroit si . hardi. Pour estre plus hardi, l’oyseleras _ premierement sur la grue, veu qu’il n’a _ pas encorescongneu autre oyseau. Faulcon » pelerin est ainsi nommé, pour ce que on . ne scet où il naist, et qu’il est prins en … septembre faisant son pelerinage ou pas- | sageés isles de Cypre et de Rodes. Le bien … bon est de Candie. Il est hardi, vaillant et de bon afaire. Il est bon à la grue, à _ l’oyseau de paradis, qui est ung peu plus - petit que la grue, au heron, rouseaux, & esplugnebaux, poches, garsotes et autres de riviere, à l’oye sauvage, ostarde, olives, - de passage comme est Le pelerin, et est dit … de Barbarie pour ce que il faict son vol et fi 3 ba fe: 18 L'ART DE FAULCONNERIE passage par le pays de Barbarie, et qu’on en prant là plus que ailleurs. Le bien bon est de Candie. Il est ung peu plus grant . et gros que le pelerin, roux dessoubz les w eles, bien empieté, longs doitz, bien vo- « lant, hardi à toute maniere de gibier, « comme dit est du pelerin. Le pelerin et de « passage pevent voler tout le moys de may et dejuing, pour ce qu’ilz sont tardis M en leur mue, et quant ilz commencent à # muer se despouillent prestement. Faulcon M montaigner est de brune couleur, et, s’il est sain, est des autres le meilleur. Il est . grant et hardi, prenant grans et non petis | oyseaux ; difficile à gouverner et à gar- der ; il le fault plus porter et faire veiller que autre faulcon; doit estre entretenu w entre gras et maigre Quant il sera malade, fais bouillir fort au four eaue bien nette en pot de terre, metz la devant luy, et le M induis à en boire, et il guerira; ou, s’il ne guerist, le medecineras selon les medecines mises en leurs lieux. Quant le voul- M PREMIERE PARTIE 19 ‘des purger et amaigrir, feras trois cures de peau de gelline, lesquelles trois jours lui donneras. Pour le garder saing, -oingdres ton gant de musc. Quant le voul- dras faire voler, gette-le devant que les autres. Combien qu’il ne praigne riens, si reviendra-il au vol des autres. Noir _ faulcon, comme dient les Alexandrins, est _le meilleur, et noireté est sa premiere cou- : leur, combien qu’il soit alteré par les de- sers et naist és isles de mer. Tiens-le entre » gras et maigre. Ne luy donne point cher - moiliée, sinon qu’ilsoit orguilleux. Porte- . le sur le poing plus que autre faulcon. Ne _ l’ennuye point oultre son vouloir, et le . traicte benignement. Garde qu’il ne voye » aigle: car aprés ne prendra oyseau. Garde qu’ on ne touche ses pennes. Quant le » getteras à sa proye, garde de mal duyre ta main, car il pert lors couraige. Rouge È faulcon est trouvé souvent és lieux plains ; et en marais. Il est hardi, mais difficile à | gouverner; pourtant, devant qu’il vole, - DE TU. Lun 20 L’ART DE FAULCONNERIE donne-luy trois purgations de cuir de gel- line lavé en eaue ; puis le chaufle, et le metz en lieu obscur par aucun espace de temps; puis aprés fais-le voler. Faulcon qui a plumes blanches est hardi et bon. Quant il est sor ne le fais point voler de- vant qu’il soit mué: car aprés la mue il est parfait. La proye du faulcon est ma- lard, cane et autres dessusdictes. On doit tenir le faulcon hors du poing sur pierre ronde et longue, car il s’i delecte, et non sur boys. De l'emerillon. De sa forme. De son vol. De sa proye; et quant il doit estre oyselé. ’EMERILLON est de forme de faulcon, Le petit que l’espervier, plus volant que autre oyseau; prant toute volatille que prant l’espervier, principalement petis oyseaux, comme moyneau, aloueteet sem- blables, et les poursuit de merveilleux . RAP ENT UT RP ue TON PREMIERE PARTIE 21 |couraige. Il doit estre oysellé en huit jours : car aprés est vicieux, et riens ne _ vault. a NES AT dis ne Du lanyer. De sa naiscence. De sa forme. De son past et de sa proye. ANYER est assés commun en tous pays. Inaist en lieu hault, en bois ou roche, selon le pays. Ilest plus petit quelefaulcon, - gentil, bel de pennage, plus court empieté que autre faulcon. Celuy qui a teste plus 3 grosse, les piés plus sur le bleu, soit nyais . ou sor, est des autres le meilleur. Il n’est | point dangereux en son past ne en son vivre. » Il est commun pour voler sur terre et sur - riviere, pour voler piez, perdis, faisans, lievres, canes et autres. 24 L'ART DE FAULCONNERIE Du sacre. De ses especes et naiscence. Des noms d’icelles especes. Quant il doit estre prins. De sa forme, condition et proye. ACRE a trois especes : la premiere est Dan nellés seph, selon les Babyloniens et les Assyriens ; ilest trouvé en Egypte et en la partie occidentale et en Babylonie, et prant lievres et biches; la seconde espece estnomméesemy, quiprant petites gazeles ; la tierce est dicte hynair et pelerin, selon les Égyptiens et Assyriens. Il est dit de passage pour ceque on ne scet où il naist, et qu’il fait son passage tous les ans vers les Indes ou vers mydi. Il est prins és isles de Levant, en Cypre, Candie et Rodes; . pour ce dit on qu'il vient de Roussie, de « Tartarie et de la Mer Majour. Le sacre : prins aprés la mueest le plus viste et meil- » leur. Le sacre est plus grant que lepelerin, lait de pennage, court empieté et hardi. Le meilleur est celui qui a couleur rouge, PREMIERE PARTIE 23 -ou tannée, ou grise, et qui est en forme _ semblable au faulcon ; qui a grosse langue et pié legier, ce qu’on treuve en peu de sacres; doitz gros et tendans à couleur de bleu effacé. Le sacre est des oyseaux de | proye le plus labourieux, paisible et trac- table, qui a meilleure digestion de gros _ past. La proye du sacre sont grans oyseaux, | oye sauvage, grue, heron, butor, et sin- | gulierement bestes à quatre piés silvestres Prune gazeles et autres. be aile ie PR de Du gerfaud.-De sa naiscence. De sa forme, condition et proÿe. | | ERFAUD naist és parties froides, et en | Dacie, Novergie et Pruce, vers la Roucie; maisilest prins communement en faisant son passage en Alemaigne. Il est bien empieté; doitz longz ; grant, puis- sant, bel, especialement quant il est mué. Il est fier et hardi; dont il est plus difficile , Se CR iQ eAl + Er és dlèse. Es SE 4 24 L'ART DE FAULCONNERIE à faire : car il desire la main paisible et le . maistre debonnaire. Il est bon à tout gi-. bier, comme il est dit du pelerin. De l’austour. De ses especes et generation. De sa » bonne forme et conditions. Les signes d’audace . et de force ; et des bons petis austours. De sa mauvaise forme et conditions, et de sa proye. [ ’AUSTOUR a cinq especes : la premiere . et plus noble est l’austour qui est femelle; la seconde est nommée demy austour, qui est maigre et peu prenant; la tierce est le tiercelet, qui est le masle de | l’austour, et prant les perdis, et né peut prandre les grues; il est nommé tiercelet, . car ilz naissent trois en une nyée : deux femelles etung masle; la quarte espece est l’espervier ; prant toute volatile que prant l’austour, excepté les grans oyseaulx; « la cinquiéme est nommée sabech ; le-. au dis _ PREMIERE PARTIE 25 _ quel les Égypciens nomment baydach, qui ressemble à l’espervier, et est moindre que ; lespervier , et a les yeulx celestez comme . bleuz. Austour d’Armenie et de Perse est le meilleur ; et aprés, celuy de Grece, et 4 Rnnictenent celui d'Afrique. Celui d’Ar- . menie a les yeulx vers, et le meileur 1 d’iceulx est celui qui a les yeulx et le doz È Fa noir. Celui de Perse est’ gros, bien em- plumé, les yeulxclers,concavesetenfoncés, . surcilz pandans. Celui de Grece a grant | teste, col gros, moult de plume. Celui . d'Afrique a les yeulx et le dos noir quant ” ilestjeune; et, quant il mue, les yeulxluy . deviennent rouges. Ou temps que les oyseaux sont en amour, quant ilz s’apa- rient pour faire generation, toutes especes d’oyseaux de proye s’assemblent avec Vaustour, comme faulcon, sacre et autres wivans de rapine. À ceste cause, les condi- tions des austours sont diverses en bonté, laudace, force, selon leur diverse genera- tion. La bonne forme d’austour est telle : 26 L'ART DE FAULCONNERIE austour doit estre pesant comme ceulx de la grant Armenie. En Syrie on achapte les oyseaux de proye et de faulconnerie au pois, et le plus pesant vault mieulx; de la couleuretconditionsd’iceulxneleurchault. Blanc austour est plus gros, beau, facile à enseigner, et plus foeble entre les autres, car il ne peut prandre la grue. Et, pour ce qu’il est nay en lieu hault et qu’il souffre | mieulx le froit qui est en l’aer hault, ilest . | bon pour voler oyseaux de telle condition. Î Austour tendant à noir et qui a plumesu- M perflue sur la teste descendant sur le front | comme une perruque, est bel; maisil n’est M pas fort. La bonne forme d’austour est m d’avoir teste petite, face longueetestroicte M comme le voultouret qui resamble à l'aigle; . gosier large, par lequel passe le past; yeux grans, parfons, et en iceulx petite L: rondeur noire ; narilles, aureilles, croupes ; et piés larges et blancs; bec long et noir; M col long; poictrine grosse; cher dure; w cuysses longues, charnues et distantes ; les i PREMIERE PARTIE 27 _ os des jambes et des genolz doivent estre cours; ungles grosses et longues. La forme, dés le fondement de l’austour jus- que à la poitrine, doit estre comme en rondeur accroiscent. Les plumes des cuysses vers la queue doivent estre larges; et celles de la queue doivent estre courtes, peu _ rousses, moles. La couleur qui est soubz » Ja queue estcomme celle qui est en la poic- Ava trine ; et sur chascune plume ou lignes noires qui sont sur la queue a aucune tran- - chure. La couleur de l’extremité des plu- . mes quisont enlaqueue doistestre noireen - la partie des lignes. Des couleurs la meil- leure est rouge tandant à noir ou à gris cler. Signe de bon austour est : astuce de . couraige ; desir et abundance de manger ; . bequer souvent son past; prinse soubdaine . de son past sur le poing, comme se on le * gettoit ; digestion longue; force d’assail- ñ lir. Le signe d’audace en l’austour est tel : ; + “: Ÿ. 4 1 ë } lie-le en lieu cler, puis obscure la clerté, aprés touche-le soudainement, et, s’il sault 28 L’ART DE FAULCONNERIE et s’asseure sur le poing, est signe d’au- dace. Le signe de force en l’austour est … tel : lie les austours en diverses parties de … la chambre, et celui qui emutira plus hault « est le plus fort. Le signe des bons petits austours est : d’avoir yeulx clers et larges, et le cercle des aureilles et de la bouche, teste petite, col long, doitz longs, plumes 1 courtes et occultes, cher dure, piés vers, ungles larges et descharnées , digestion | legiere ; la vuidange de la digestion large, emutir loing ; si au bout du bec y a au- cune noirté, c’est bon signe. La mauvaise forme d'austour, tant en petis que en … grands, est : quant il a teste grande, col court; les plumes du col meslées et invo- \ lues ; fort emplumé ; chernu etmol; cuys- ses courtes et gresles; jambes longues, . doitz courtz; couleur tannée tendant à É noir et apre soubz les piés. Austour qui en saillant de la maison semble qu’il saille | de la mue et qui a plumes grosses, les | yeulx rouges comme sang, qui sans repos L. PREMIERE PARTIE 29 se debat, et, quant il est sur la perche, tasche saillir au visaige ; se on l’amaigrist, ilne le peut porter ; se on l’angresseil s’en- fuit; pour tant tel austour riens ne vault. Paoureux austour est difficile à enseigner : car la paour lui fait fuyr le poing et le loïrre ou rappel. Austour qui a plumes pandans sur les yeulx et le blanc d’iceulx fort blanc, couleur comme rouge ou tanné cler, a les signes de mauvaises con- ditions, et de non revenir au rappel. Se austour de telle forme est trouvé debonne ‘condition, il sera tres-bon. Aucunes fois, mais peu souvent, est trouvé austour de mauvaise forme et conditions, tout au con- traire aux bons signes d’austour, qui sera legier, froys, peu souvent las, et qui pran- dra les grans oyseaux. La proye de l’aus- tour est faisan, malard, cane,oyesauvaige, pole, connys, lievre. Il fiert petit che- “vreul et l’empesche tant que les chiens L prennent plus facilement. 30 L'ART DE FAULCONNERIE De lespervier. De sa bonne forme et bonté. *ESPERVIER qui est de bonne forme est « bi et court et a la teste petite, es- ! paules larges et grosses, jambes grosses, piés estandus, pennes noires. Le nyais est . bon et revient voulentiers à son maistre. Le branchier est meilleur. Le sor est diffi- u cile à affaictier, et sera bon s’il ne fuit les gens pour ce qu’il a acoustumé la proyes 1 par quoy est plus courageux. Quant on doit prandre ou nid ou en l'aire l’oy- \ seau de faulconnerie, et comment on le doit u lors traicter. ’oysEAU de faulconnerie doitestre prins L ou nid ou en l'aire quant il est fort « pour se soustenir sur les piés. Metz-lesur M un blot de bois ou sur une perche, affin M qu’il puisse mieux demener son pennage M ._ PREMIERE PARTIE 37 sans le gaster en terre. Metz soubz luy herbe qu’on nomme hieble, laquelle, pour ce qu’elle est chaulde, est bonne contre maladie de rains et de goute qui luy pour- roit advenir. Paistz-le de chair vive le plus souvant que pourras, car elle luy fera bon pennage. Si tu le prans petit et se tu le metz en lieu froit, il prandra mal aux rains; parquoy ne se pourra soustenir, et sera en dangier de mort. : - De ces motz : nyais, branchier, ramage et sor. : : YAIS oyseau est celui qui est prins ou 1 N nid. Branchier est celui qui suit sa ‘mere de branche en branche, qui est aussi ï nommé ramage. Sor est appellé à sa cou- leur sorete, celui qui a volé et prins de- vant qu’il ait mué. Et, pour ce qu’on prant souvant l’oyseau au glut, ou en le prenant on luy froisse ou romp les pennes, f lensuit la maniere de le desgluer et deses is rabiller. 32 L'ART DE FAULCONNERIE Pour desgluer oyseau. our desgluer oyseau, prans sablon. F menu et sec et cendre nette meslés | ensemble, et metz sur les lieux où est le glut ; et laisse ainsi l'oyseau une nuyt.… Aprés batras fort trois mouyaux d’ouefz, \ et avec une penne en mettras sur lesdis. lieux ; et laisse ainsi l’oyseau deux nuytz. Puis prans du gras de lart aussi gros que une prune et autant de beurre tout fondu ensemble; de quoy oingdras lesdis lieux M et laisse ainsi l’oyseau une nuyt. Lende- main laveras avec eau tiede et nettoyeras avec linge nect tout, queriensn’y demeure. Pour penne froissée redresser, ou rompue anter, ou desjoincte ressarrer, ou perdue renouveler. MEN penne froissée redresser, trempe en eaue chaulde le lieu froissé de la penne, et, quant elle sera amolie et tend PREMIERE PARTIE 33 oudit lieu froissié, redresse-la hors de V'eaue ; aprés prans ung gros tronc ou coste de chou, et le chauffe fort sur la brese ; puis le fens au long, et dedans celle fente metz le froissé de ladicte penne, et estraingz d'ung costé et d’autre le chou jusques qu’il aura redressé ladicte penne. Le tronc de Verbe du couleuvre, autrement nommée Nintimale, a en ce l’effect du chou. Pour penne rompue d’ung costé et qui de l’autre l tient, prans une aguille longuete, et la trempe en vinaigre ou en eaue salée pour rouiller, affin qu’elle tiegne mieulx dedans la penne ; puis l’enfile de fil delié, et la metz dedans les deux boutz de la froissure “de la penne ; aprés la tire par le filet jus- mue qu’elle sera tant d’ung costé que 'autre et que penne sera bien joincte ; et contregarde de travail jusques qu'elle “soit affermée. Si elle est des deux coustés rompue, coupe-la et prans aguille pointue aux deux boutz, tranchant comme aguille de pelletier, trampée comme est dit, et fais . 4 5 34 L'ART DE FAULCONNERIE comme dessus. Pour penne froissée ou : rompue au tuyau, prans autre tuyau plus. menu qu’il puisse entrer dedans le tuyau M froissé ou rompu; puys coupe en ce lieu . la penne et la ante du tuyau mys dedans ! les deux boutz de la penne coupée; aprés M cous les deux parties avec le tuyau qui est M mys dedans; et le lieu de la jointure de la « penne queuvre de coton ou de petites M plumes avec colle; ou, se tu ne veux coudre la dicte penne, colle-la. Si la penne estoit perdue, metz y en une pareille en M quantité et couleur. Pour plume des- joincte resarrer, prans estoupes bien menu taillées et meslées avec le rouge d’ung. œuf bien batu, et metz sur linge bien delié, duquel lieras dedans et dehors lew lieu de la penne desjoincte ; ou emplastre ledit lieu de myrre et de sang de bouc * meslé ensemble. Pour faire renouveler penne perdue par baterie ou autrement et principalement en la queue, prans huylew de noix et huyle de laurier autant d’ung PREMIERE PARTIE 35 que d’autre meslé ensemble, et les distil- _ leras ou lieu duquel est saillie ladicte | penne, et cela fera renouveler ladicte | penne. | Du past et cher bonne et mauvaise pour paistre ledit oyseau. Du lavement de la cher; de la maniere de paistre l’oyseau. _J « past et cher bonne, oultre l’ordi- is dudit oyseau, est luy donner ung . peu de cuisse ou du col d’une poule : caril engroisse l’oyseau. Les entrailles de poule avec les plumes dilatent le boyau qui . vuide la digestion de l’oyseau et sechent l’umidité superflue, laquelle ne peut . saillir par la egestion et emutissement de » l'oyseau. Les chers mauvaises pour paistre . l’oyseau sont : cher froide et cher de « beuf, de porc et autres de forte digestion, « et singulierement de beste qui seroit en ruyt, laquelle est pour faire mourir l’oy- Seau sans sçavoir à quelle occasion. Cher 36 L'ART DE FAULCONNERIE de poule est mauvaise pour l’oyseau; car, ! pour ce qu’elle est froide, luy trouble le ventre. Aussi, pour ce qu’elle est.doulce | et delectable et qu’on treuve commune- * ment partout poules, à ceste cause l’oy- : seau afriandé de telle cher de poule, quant . en volant la veoiroit, pourroit laisser sa . proye et voler vers la poule. Si tu doubtes | ou voys que l’oyseau soit poulaillier, paistz- À le de petis oyseaux, de coulombs petis « commencens à voler, ou de petites erun- « deles. Cher de coulomb vieil et cher de « pie luy est amere et mauvaise. Cher de . vache luy est mauvaise : car elle est laxa- tive, non pas par sa bonne nature, mais par sa ponderosité, par laquelle fait in- digestion, et par ainsi est laxative. S'il est M necessité de paistre l’oyseau de grosse « cher par faulte de meilleure, soit trempée et lavée en eaue tiede et aprés esprainte . si c’est en yver,et en froide sic’estenesté; et que la cher nesoitpointtropesprainte: : car la pesanteur de l’eaue qui est laxative PREMIERE PARTIE 37 Juy fera plus tost passer et enduire sa | gorge, et luy tiendra les boyaux larges et les purgera mieulx par dessoubz des | grosses humeurs qu’il pourroit avoir de- _ dans le corps. Le lavement de cher se | doit entendre de grosse cher, et quant il | est necessité d’en user pour purger ou * mettre bas l’oyseau, et non pas de cher de En digestion : car il faut entretenir - l’oyseau de quelque bon past vifet chault, - autrement on le pourroit mettre trop au bas. La maniere de paistre l’oyseau est telle; au past et cher que doit l’oyseau manger ne doit estre ne gresse, ne veine, ne ners; en le paissant, ne le laisse pas » manger selon son desir, mais par poses ; : laisse le reposeren mangent, et lors man-, : . gera suavement. Par foys luy musseras la - cher devant qu’il soit saoul et luy retar- | _deras son manger; et fais qu’il ne voye la cher, affin qu’il ne se debate. Fais le plu- - mer petis oyseaux, comme il faisoit au bois. 38 L'ART DE FAULCONNERIE Le remede contre le mal qui advient à loyseau par trop hastivement manger. S’ par trop hastivement manger, quel- . perilleux pour l’oyseau. Pour renouveler le bec rompu ou ressarrer le bec desjoinct. Le bec de l’oyseau romp pour ce qu’il M est mal gouverné, car l’on n’afaite le « bec ainsi qu’on doit; par quoy croist tant « que piessete de cher est tumbée ou , lieu par lequel va l’air ou pulmon, prans « ung long canon de plume bien mol et doulx . à manier, ou ung pareil de metal, et le metz par ledit lieu ; et succe en trayent à . toy jusques ad ce que ce qui est tumbé au- “ ditlieu revieigne : car, se il y demeure, sera « PREMIERE PARTIE 39 que quant l’oyseau paist il demeure quel- que cher soubz la partie haulte du bec, la- quelle cher se pourrist et seche le bec, et chiet par esclatz; pourtant nettoye bien le bec de l’oyseau, et le polis en taillant ce qui est de tailler ; puys oingdras la cou- ronne dudit bec de sang de serpent et de sang de gelline, et cela le fera croistre. Quinze ou vingt jours que ledit bec commencera à croistre, romp le bec des- soubz affin que celuy de dessus puisse venir etcroistre à sa raison. Ce temps durant, la » cher du past de l’oyseau soit coupée en petis morceaux, car autrement il ne se pourroit paistre. Et ne cesse point pourtant le faire _ voler. Pour bec desjoinct ressarrer, metz sur la desjoincture de la paste ferméntée et parrasine. 40 L’ART DE FAULCONNERIE Quant l’oyseau a soif : la cause et le remede. UANT l’oyseau a soif, c’est ou parau- cune alteration, ou qu'il est trop : gras; et à ceste cause a chaleur dedans le corps; ou c’est par indigestion. S'il a soif par aucune alteration, donne-luy eaue en laquelle ait trempé succre, saffran et . spodium ; et ne luy en donne si non pour refreschir la gorge. S’il a soif par estre trop gras ou chaleur dedans le corps, metz avec les choses dessusdites terre qu’on nomme sailée. S’ila soifparindiges- tion, cuys en eaue graine de cumin doulx et luy metz en la bouche ; ou cuyz zynzibre ou grant polieu en vin vieil ou en eaue de clou de girofle, et y trampe le past de l'oyseau. S'il a soif tousjours, metz en eaue une dragme de boly armenic, et le pois de dix grains de canfore, et icelle eaue metz devant l’oyseau pour boire. do map PREMIERE PARTIE 41 Quant l’oyseau ne peult emutir : les signes et le remede. ! UANT l’oyseau ne peultemutir, lesigne est qu’il grate la queue, et boit eaue. | Donne-luy cher de porc chaulde avec ung pou de aloés; ou fais secher vers de terre sur tuille chaulde, et en fais pouldre; et | Jui donne cher chaulde de legiere diges- | tion pouldroyée de ladicte pouldre. … Pour entretenir l’oyseau en santé et le preserver 3 de maladie. p°" entretenir l’oyseau en santé et le -L preserver de maladie, quatre choses sont necessaires, c’estassavoir : lefairetirer, l’essuyer quant il est mouillié, le purger et le baigner. Fais le tirer past nerveux au matin et au soir devant qu’il mangue, et quant le vouldras faire voler. Le tirer en 42 L’ART DE FAULCONNERIE attendant le gibier luy est bon. Si le ti-. rouer est de plume, garde qu’il n’en avale, : affin qu’il ne mette riens en cure jusques au vespre : car au vespre il n’y a point de | dangier. Combien qu’il semble que lew tirer luy foule les rains, touttefois en tirant il se exercite. Essuye l’oyseau quant il" sera mouillé, ou au soleil ou auprés du feu : car il se pourroit refroidir, morfon- dre, enrimer, et engendre la maladie qu’on dit asme ou pantais. Quant il sera sec, * metz-le en lieu sec et chauld, et non moit # et froit. Metz lui sous les piés au bloc ou. à la perche quelque chose mole commen drap ou autre chose, pour lui soulaigier les piés : car aucunesfois et bien souvent par fraper au gibier pourroit avoir les piése froissiés, derompus et eschauffés; par quoy par humeurs descendans en bas sem pourroient engendrer aux piés dudit oy- seau clous, galles ou podagre, et aussi en-. | flures aux jambes, lesquelles choses sont" mauvaises et fortes à guerir. Tu purgeras PREMIERE PARTIE 43 Foyseau par cure ou par medecine purga- tive et le feras baigner, comme de chascun est cy aprés en son chapitre escript. De la cure de l’oyseau. Quelle elle doit esire. Quant on la luy doit donner. Quel est son effect. Comment elle et le emout de l'oyseau » monstrent la santé et maladie d'iceluy. Pour- … quoy l'oyseau la garde trop : le signe et le remede pour la luy faire randre. TJ «cure de l’oyseau doit estre de plume | LL de osseletz d’oyseau froissés, ou de pié de connins ou de lievre rompu, et les ungles et gros os ostés. Cure de coton n’est pas bonne à user : car elle use et ard e poulmon, et fait mourir l’oyseau; et specialement quant ladicte cure de coton est donnée audit oyseau sans estre lavée et baignée. En necessité et que on n’a point . cures dessusdictes, on peult bien donner ladicte cure de coton baignée ung PRET. 44 L’ART DE FAULCONNERIE jour et autre non, quant on fait ou refait ! l'oyseau. Tous les jours, au soir, donne : quelque cure audit oyseau, ou la dessus- | dicte de coton, ou celle de plume, ou de . cher lavée, se il n’y a cause au contraire. | L’effect de ladicte cure est que, quant elle est trempée et baignée en eaue, | elle eslargist plus que autre chose le boyau l de l’oyseau et seche la superfluité et exces-, sive abundance des humeurs d’iceluy! oyseau, lesquelles ne peuvent saillir avecques le emout de l’oyseau. La cure, gettée au matin par ledit oyseau, qui est . nétte et non pas seche et qui est sans maulvaise odeur, demonstre l’oyseau estre sain. Le emout de l’oyseau doit estre… blanc, cler, et le noir qui est parmy doit” estre bien noir; quant ledit emout en son blanc est glueux et tient au doit quant on le touche, signifie bonne digestion et santé en l’oyseau. La cure mole, pasteusen et puante denote fleugme et indigestion en l’oyseau. L’oyseau garde trop sa cure | à LEE TER LAS, Ven He PREMIERE PARTIE 45 et ne la peut ayséement getter quant il a dedans le corps cher superflue ou pustules « où humeurs sur ladicte cure. Le signe . que l’oyseau gardetrop sa cure et qu’il l’a encores est quant il tramble sur le poing. Le remede pour la luy faire getter et randre est : ne le paistz point jusques qu'il laura randue ; et, si ce jour il ne la … gette, lendemain la luy fais getter et » randre par la façon et maniere qui s’ensuit : ? prans du gras de lart bien refroischi en * deux ou trois sortes de eaues bien frois- » ches et ung peu de sel menu et de pouldre } de poivre, et en fais une pillule, laquelle _ luy feras avaler; puis aprés attens qu’il » l'ait gettée; et, s’il ne gette ladicte cure, . prans ce qu’il aura getté et le broye et * moillie, et metz en ung drapeau, et le fais - fleurer à l’oyseau ; et lors il randra ladicte - cure, Ou autrement donne luy du gros - d’une feve en deux ou trois tronsons, de » Ja racine de l’erbe appellée esclere enve- _ lopée en bonne cher pour celer l’amer- 46 L’ART DE FAULCONNERIE tume de ladicte racine; puis metz l’oyseau au soleil ou auprés du feu; et, s’il ne rand | ladicte cure, paistz-le au soir d’une cuysse de gelline chaulde et succrée. | Pour purger l’oyseau en tous temps et luy faire 1 bon appetit et bon ventre. our purger l’oyseau en tous temps et . F pour luy faire avoir bon appetit et bon ventre, donne luy de huiteine en huiteine ou de quinzeine en quinzeine une pillule de ceulx qu’on dit pillules communes, ou « du gros d’une feve de aloés cicotrin enve- loupé en bonne cher pour celer l’amer- tume dudit aloés; puis l’enchaperonne, et le metz en lieu chault, comme au soleil ou auprés du feu; et le laisse ainsi par l’espace de deux heures, dedans lequel temps il puisse vuyder les fleumes; et, quant il aura getté ledit aloés ou pillule, car il ne sera pas si tost fondu, reprens le dit aloés M RE Ne Poe COETà PREMIERE PARTIE 47 pour une autre foys servir; puis prans T'oyseau sur ton poing et le paistz de bon past et vif : car il aura adonc le corps des- “trampé. L’aloés ainsi donné ou dedans la cure et au soir vault moult contre filandres ou aguilles. Lesdictes pillules données à l’oyseau à l’entrée du gnoys de septembre sont moult bonnes et prouffitables contre filandres et autres maladies estans dedans le corps. Ceste medecine touttefois doit testre temperée et moderée selon la force et qualité desdis oyseaux : car, se c’est pour austour, ladicte medecine doit estre moindre que pour ung autre; et par ainsi elle doit estre moindre pour l’espervier, qui est des autres le plus delicat. Ou au- trement prans du gras de lart de porc trempé ung jour et mué en eaux froisches, succre, safran, en poudre de aloés, mouelle de beuf, autant de l’ung que de l’autre, et en si grande quantité et largesse que tu en puisses faire trois ou quatre pillules ou plus largement à ta discretion; puis au 48 L’ART DE FAULCONNERIE plus matin donne en une à l’oyseau ; aprés metz-le au soleil ou auprés du feu. Tu ne | le paistras jusques deux heures aprés : 4 lors luy donne ou gelline ou petis oyseaux, | ou soris ou ratz, et petite gorge. Au soir, | quant il aura enduit sa gorge, donne luy. quatre ou cinq clous de girofle froissiés envelopés en ung peu de bonne cher. Quant il aura usé lesdictes pilules, et que ses humeurs seront par icelles esmues, donne luy une fois au palais de la bouche“ et aux narilles du vinaigre avecques ung M peu de pouldre de poivre; puis, s’il est necessité, soit l’oyseau refroidi de eaue | soufflée en ses narilles; et le metz au soleil ou auprés du feu; et il mettra hors les humeurs de la teste. 4 PREMIERE PARTIE 49 Pour eslargir le ventre et boyau de l’oyseau. pour eslargir le ventre et boyau de À l’oyseau, donne-luy legier past trampé “une nuyt en vinaigre, et sur iceluy past metz succre ou miel escumé, ou luy donne * eaue succrée. 4 ï pres quant et comment on doit baigner Poyseau, et comment aprés on le doit traictier. AIGNER aucunesfois l’oyseau de proye | luy est sain et le fait bien voler : car “ aucunesfois a desir de boire ou de prandre . l'eaue pour quelque eschauffement de corps . ou defoye; et l’eauelerefroischist. Lebaing nf it à l’oyseau avoir fain, bon courage, et a asseure ; et par la contenance de l’oyseau “congnoistras comment luy prouffitera le « baigner. Baigne-le de quatre en quatre 7 50 L’ART DE FAULCONNERIE jours : car le baigner plus souvant le fait. orguilleux et fugitif. Quant le feras bai-! gner, metz-le sur le bois sec; et l’eaue« soit bien nette, qu’il n’y ait quelque ve-* nin ; de laquelle maladie la medecine est. yci aprés escripte : aprés le baing, donne-. luy past vif comme petits coulombs ous oyselés, et metz sur iceluy ung peu de succre ou de tiriacle et aux narilles de, l'oyseau. ‘4 Quant le faulcon aprés son baing à | frote et se oingt, est dangeureux le toucher : car il a l’aleine venimeuse et les piés ; pourtant, se tu le veulx lors porter, garde avecques fort gant qu’il ne blesse ta: main. Quant l’oyseau sera baigné, ne luy. | donne cher trampée. Si tu veulx le faire. voler tost aprés le baing, arrouse-le d'une) peu de eaue bien nette. PREMIERE PARTIE 51 UANT l’oyseau est envenymé par se É baigner en eaue envenymée par « serpent ou autrement, broye trois grains » de genevre et mesle avecques tiriacle, et … le fais avaler à l’oyseau; garde-le de eaue . huit jours, et metz de la poudre d’aloés “sur cher de chat de laquele paistras Es signes communs de santé en l’oyseau | de proye sont : quant son emout est 52 L'ART DE FAULCONNERIE ventille; quant il esplume et nettoye du. bec ses eles, commencent dés la croupe jusques au hault; quant il prant quelque : petite gresse sous la croupe, de laquelle se. oingt; quant l’oyseau resemble, gras, cler et en couleur, comme s’il avoit les plumes# oingtes ; quant il tient ses cuysses equale= ment; quant les deux veines qui sont aux. racines des eles ont leur pouls et move-w ment moyen entre continuation et discon- M tinuation de pouls. Quant l’oyseau digere mal : les signes, la cause et le remede. UANT l’oyseau digere mal, les signes M Li : quant souvant il bée et re ! | pire; quant plume son past et ne le man- gue point, mais le laisse ou vomit; quant son emout est alteré, de gros noir et jaune ;. quand il ne rand sa cure en temps deu;. quant, en ouvrant à deux mains fermement 1 à | PREMIERE PARTIE 53 Le. bec et en PT secouant la teste, senti- k, ratin LEE qu'il ait fait sa digestion, 2 trop tard, à trop grosse gorge. Le remede est : ne le paistz jusques qu’il aura bien fait sa digestion, et qu’il aura bon appetit ; puis prans du noir qui est engen- bdré de fuméez et du feu au cul du pot, et le metz tremper en eaue l’espace d’une heure; aprés coule l’eaue, et la fais tiede, et en icelle trempe la cher du past de À ou et ne le paistz plus jusques au soir; » lors luy donne trois morceaulx de cher -succrés, ou luy donne sur son past de 54 L'ART DE FAULCONNERIE Quant l’oyseau n’enduit pas bien sa gorge : cause et le remede pour la luy faire pa ou À randre. ÿ cs n’enduit pas bien sa gorge, - pource qu’on luy donne si grosse” gorge qu’il ne la peult enduire ne rändre; ou pource qu’il s’engorge trop fort de sa. proye, ou pource qu’il est refroidi. Lors ] donne-luy petit past ou demy past à las foys, et de cher legiere trampée en vin blanc tiede; ou luy donne past vif baigné" en son sang, lequel le remettra sus. Au soir donne-luy quatre ou cinq clous de girofle” froissiés et mys en coton trempé en vin vieil : car ilz luy eschaufferont la digestion. et la teste. Pour luy faire randre sa gorge. quant il ne peut enduire, prans ung peu 1 de pouldre de poivre et qu’elle soit trem-. pée en bon et fort vinaigre, et luy laisse, repouser longuement, et d’icelui vinaigre ; repousé lave-luy le palais de la bouche, ets - PREMIERE PARTIE 55 en metz trois ou quatre goutes dedans narilles; puis, s’il gette sa gorge, use d’ung peu de vin lesdictes parties auffées par le vinaigre. Le vinaigre ne point donné à oyseau trop maigre : car le pourroit supporter ; puis le metz au ou auprés du feu, et il gettera sa . t loyseau enduit sa gorge, mais aprés il la rand : la cause et le remede. UANT l’oyseau enduit sa gorge, mais ; # aprés il la rand, c’est ou par quelque cident qui luy est survenu, ou par cor- ion d’estomac. Si c’est par accident lui est survenu, l’aleine de l’oyseau et qu'il aura getté ne puyra point; lors donneras ung peu d’aloés cicotin. Ne istras pas de six heures aprés, et lors donneras bon past et peu. S’il a getté gorge par corruption d'estomac, l’aleine 56 L’ART DE FAULCONNERIE de l’oyseau et ce qu’il aura getté puyront; et c’est pour ce qu’il est peu de cher à grosse ou mal nette ou puante : pour tant soit sa cher nette et taillée de cousteau nect et nectement : le metteras au soleil, et l'eaue devant luy pour boire s’il veult ;* ne le paistras jusques au soir et à petite gorge, et de past vif et arrousé de vin ou 1 pulverisé de limaille d’acier ou de pouldre d’ivire ; lesquelles font retenir le pastàM l’oyseau; s’il ne le retient, donne-luy# petis oyseaux ou soris où ratz, jusques, qu’il sera guery; ou destrampe en eauew tiede pouldre de coriandre, et en icellem eaue coulée lave quatre ou cinq jours leM past de l’oyseau; ou fais bouillir en vin. feuilles de laurier tant que le vin reviengnew à moitié; laisse-le refroidir avec les feuilles; à l’oyseau une cuysse ou autant qu’elle monte. PREMIERE PARTIE 37 Quant l'oyseau n’a appetit de manger : la cause et le remede. N UANT l’oyseau n’a appetit de manger, AZ c’est pource qu’on luy a donné au soir grosse gorge, ouquel past l’oyseau S’est trop saoulé, ou qu’il est ord dedans le corps. Baille-luy ung coulomb, et luy se tuer à son plaisir, et boire le sang ; aprés ne luy en donne que une cuisse, ou autant qu’elle monte; et, si l’oyseau e vouloit tirer ladicte cher, donne-luy taillée en petis morceaux succrés, ou \arrousés d’uile d’olive ou d'amandes; et “ce peu à lui continue jusques qu’il sera Suery; ou luy donne ung passerat trampé en vin, ou arrousé de miel, ou pouldroié de pouldre de mastic; ou luy donne de- le matin une pillule, de ceulx qu’on nomme pillules communes; et le tiens aisse-le vomir tant qu’il vouldra. Quant 8 58 L'ART DE FAULCONNERIE aura usé trois ou quatre jours des dictes. pillules, et qu’il aura appetit, donne-luyÿ trois ou quatre jours limeure de fer sur la cher de son past. 4 Pour oyseau maigre mettre sus, et le signe de maigreur ou de maladie. E signe de maigreur ou de maladie en. l’oyseau est : quant son emout est ne blanc ne noir, mais est meslé, comme gris. Pour le mettre sus, donne-luy cher des mouton, soris, ratz, petis oyseaux, et à petites gorges; ou fais boullir en pot neuf une pinte d’eaue, une cuillerée des miel et trois ou quatre de beurre frois ; et en icelle eaue tiede trempe et lave cher des porc, de laquelle paistras à petite gorges deux fois le jour ledit oyseau; ou prans” cinq ou six limassons quon treuve aux vi PREMIERE PARTIE 39 _nes’en saillent; lendemain au matin romp …duit bien sa gorge, pour la luy faire enduire ou randre. De porter et contregarder l’oyseau et luy acoustumer les chiens. MPDORTER l’oyseau sur le poing destre est 2 meilleur et plus seur pour l’oyseau | que sur le senestre, pource qu’il est plus | agilement getté pour voler partant de la main destre, et en est plus legier et sou- 60 L’ART DE FAULCONNERIE cheval, l’oyseau est plus seurement sur le destre que sur la senestre. Mue-le souvent en diverses mains, affin qu’il s’asseure. Quant il se debatra et volatillera sur le: poing, remetz-le agilement et paisible= ment afin qu’il acoustume toy congnoistre. et amer. Quant luy osteras son chaperon; ne regarde point sa face, qu’il n’en preis gne mauvaise acoustumance. Contregard l’oyseau quant passeras les portes et ap=" proucheras des murs, affin que s’il se de- batoit qu’il ne se gastast ou ses pennesk Garde-le de fumée ou de pouldre. Acous= tume-le à ne fuyr les chiens, mais à les suyvre ; et qu’il les ait devant et autour de luy quant paistra. Et l’acoustume à ouÿi et veoir tout ce qui est de chasse. PREMIERE PARTIE 61 … Quant l’oyseau ne soustient bien ses eles : la cause et le remede. SFAUANT l’oyseau ne soustient bien ses Qi c’est pource que, quant il est « nouvelement mys sur le poing ou sur la » perche, il n’est gardé de se debatre et de + se eschauffer ; par quoy se refroidist et ne * peut soustenir ses eles. Lors lie l’oyseau Biéor eaue, et qu'il soit contraint entrer en . l’eaue, affin que par se debatre sur l’eaue retire et redresse ses eles; aprés metz-le … au soleil ou auprés du feu, et le tiens … chaudement qu’il ne se refroidisse; ou “ pisse trois jours sur les eles de l’oyseau, et « il les soustiendra bien. LE. ë | Pour faire bien l’oyseau au loirre et bien voler au gibier. pe faire bien l’oyseau au loirre, ne le à deffile point jusques qu’il reviendra bien sur le poing et qu’il ymangera bien. 62 L'ART DE FAULCONNERIE Lors deslie-le sur ie soir, affin qu’ilnes’en- : fuye, et lui souffle ung peu de vin aux yeux; et, quant iras coucher, metz-le préz de toi sur traiteau ou autrement, seurement, avec . chandelle alumée assés prés de lui; puis devant jour soit enchaperonné et mys sur : le poing ; et ainsi le traicte jusques qu’il | soit bien loirréet asseuré des gens. Aprans- le à descendre à terre sur sa proye, et à oster paisiblement ses ongles de sa proye, . our cause qu’il ne les rompe, de .la- ? quelle rompure d’ongle est aprés escript enson chapitre. Garde qu’il n’acoustume, en revenant, choer à terre, mais l’acous-. tume revenir sur le poing. En le loirrent, ; quantil sera remonté, gette le loirre soubz » les gens, affin que en poursuivant le loirre, il s’acoustume de suyvre et non pas de fuyr les gens ; et quant sera descendu, re- | clame-le bien, et lui fais amer le loirre : car, s’il ne revient bien au loirre, combien que autrement il soit bon, si ne sera-il riens | prisé. Gecter l’oyseau pour voler prés de « LA" Eh. Le. datée, ci CAL rs PREMIERE PARTIE 63 ere ou prés de lieux ausquelz on ne le at suivre, fait perdre l’oyseau. La pre- > proye que luy feras voler soit caille perdis, puys lievre, aprés grans oyseaux. -Soule-le demanger de ce qu’il auraprins, et principalement de sa grande proye. Pour faire bien voler l’oyseau au gibier, trois choses sont necessaires : bon maistre, bonne compaignie d’oyseaux bien volans “et bon pays de gibier. Pour ungle rompue renouveler. 1 l’ongle de l’oyseau estrompue en par- tie, soit oingte de gresse de serpent ; Éet elle croistra en maniere qu’il s’en pourra äyder comme des autres. Si l’ongle est loute rompue et que n’y demeure que le andron, fais ung doycier de cuyr, et l’am- plis de gresse de geline, et metz le doit “de l’ongle rompue dedans, et atache seurement du mesme cuyr le doicier à la 64 L'ART DE FAULCONNERIE jambe de l'oiseau ; et remue et refroïcchi . le doicier de deux jours; et ainsi le gou- verne jusques ledit tandron soit endurcy. Si, par violence de la rompure de l’ongle, 1 la cher du doit saigne, metz dessus poul- : dre de sang de dragon, et l’estanchera. Si. le doit est enflé, soit engressé de gresse. de geline jusques qu’il soit guery. Si le. pié ou la jambe luy enfle, fais oingnement de gresse de geline, de huile rosat, de huile violat, de tourmentine, de pouldre d’ancens et de mastic, duquel oingdras! l’enfleure jusques qu’il soit guery. De re- parer ungle descharnée ou qui vient. droite et non crochue, est escript en la se- conde partie de ce livre ou tiltre du pié de l’oyseau. N PREMIERE PARTIE 65 * Pour faire bien revenir l’oyseau quant il a volé, et la cause pour quoy ne revient. … (1 loyseau ne veult ou oublie à revenir, there ung oyseau, et celui qui luy est plus aggreable est coulomb blanc; à ceste cause dois avoir en ta jabiciere ung …. coulomb ou autre oyseau blanc pour rap- . peller ton oyseau quant ne vouldra revenir. … La cher de poulle, comme est dit ou cha- … pitre du past de l’oyseau, ne luy est pas ad ce bonne. La cause, pour quoy l’oyseau « ne revient, est qu’il est peu souvent “ tenu et porté, par quoy n’est acoustumé, » ou pource qu’il hait son maistre, car il le …_ traicte rudement, ou pour aucune douleur …. qui luy est survenue. Le nyais n’est pas si …. fugitif que le mué : car il n’est pas si astut et cault que le mué. Si l’oyseau ne veult revenir, prans du gros d’une petite feve de gresse du nombril de cheval, et de nuyt _oingz le bec de l’oyseau, et il aimera son 9 66 L’ART DE FAULCONNERIE maistre et reviendra à luy facilement; ou. trampe en eaue, une nuyt, pouldre de riga- lice, et en icelle eaue coulée fais trem-. per cher de vache coupée en lesches, de la-. quelle paistras l’oyseau. La cher de vache, | comme est dit ou chapitre du past de l’oy-. seau, n’est pas pour past, mais est pour ceste medecine; ou prans herbe nommée : cost ou, selon les autres, baume, seche-la et “ pulverise, et d’icelle pouldre mettras sur la | cher que mangera l’oyseau. Si par orgueil ne veult revenir, prans du sel rouge à la. quantité d’ung bien gros pois, et le metz. sur son past, lequel luy fera getter toute | sa superfluité et son orgueil corriger. | Pour faire fain à l’oyseau qui est trop peu quant on le veult faire voler. | em fainà l’oyseau quiesttroppeu M quant on le veult faire voler, donne- luy au soir en sa cure une pillule d’aloés w. PREMIERE PARTIE 67 : avec jus de chous rouges, ou luy donne * trois morceaulx de cher; dedans chascun, … morceau de succre aussi gros que ung poys ; et tantost emutira deux ou trois fois, “ et aura fain. Pour desacoustumer l’oyseau de soy percher en arbre. À: es desacoustumer l’oyseau de soy À percher ën arbre, laisse-le percher en . arbre trois ou quatre fois, quant le temps sera nubileux, pluvieux, et quant il fait i rosée ; et par tel ennuy craindra de s’i per- … cher. # Quant l’oyseau n’a voulenté de voler : le remede pour le faire voler. (FN UANT l’oyseau n’a voulenté de voler, NV baille-luy l’eau pour soy baigner. - Lave-luy bien en eaue tiede son past, ou 68 L’ART DE FAULCONNERIE : À luy donne une pillule de gresse de lart, comme est escript ou chapitre : Pour purger « Poyseau en tous temps. Quant l’oyseau est esgaré où on ne peut ouyr ses sonnetes, ce qu’il est de faire. uANTl’oyseau est esgaré où on nepeut Ch ses sonnetes, c’est pource que « les oyseaux de proye par leur astuce por- | tent souvent leur proye és cavernes ou : prés des eaues : par quoy on ne peut ouyr L leurs sonnetes. Lors regarde où voirras les oyseaux voler et crier : car là doit estre M le tien, qui est cause du cry des autres. « Ou, si tu ne le voys ou ne le peuz ouyr, M monte en lieu hault et metz ton aureille M contre terre et clost l’autre dessus, et oyr- « ras lesdis oyseaux. Si c’est en lieu plain « et descouvert, metz ton front contre terre | en cloyant une aureille puys l’autre, et de É PREMIERE PARTIE 69 quelque costé oyrras où doit estre ton | oyseau. « Pour faire l’oyseau hardi à sa proye et voler « grans oyseaux ; et comment lors doit estre porté. “ pour faire l’oyseau hardi à sa proye et Pi grans oyseaux, trempe en vin pur son past, duquel lui donneras quant » seras au gibier. Si c’est pour austour, fais- le tremper en vinaigre, et lui en donne le … gros d’une amande. Quant le vouldras - faire voler, donne-lui trois morceaux de cher trempée en vin ; ou prens ung petit coulomb et luy ouvreras le bec et rem- - pliras ledit coulomb de vinaigre; puis fais « voler ledit coulomb jusques que le vinai- - gre entre dedans sa cher, de laquelle “ donneras à ton oyseau quant seras au gi- - bier. Quant il est hardi, ne le porte point - sur le poing que en lieu solitaire. l'AG EMA hr pren ah À 70 L’ART DE FAULCONNERIE Pour faire lanyer gruyer. our faire lanyer gruyer, fais une ca-. P verne et chambrete obscure soubz. 1 terre et y metz le lanyer, qu’il ne voye point de lumiere si non quant le paistras. . Ne le tiens point sur le poing que de auÿt. ; Quant vouldras qu’il vole, fais feu en sa-, dite caverne, et, quant elle sera chaulde, | oste le feu et baigne l’oyseau en vin pur, et le metz en icelle caverne; puis le paistz . de cerveau de gelline. Meine-le voler de-. : vant jour; et, quant le jour apparoistra, gette-le de loing aux grues; lequel jour . il ne prendra riens, si n’est par avanture ; M mais les autres jours ensuivans il sera bon, « et principalement depuis la my juillet j jus- | ques à la my octobre. Aprés la mue sera | meilleur que paravant, En temps froit,… comme en yver, ne vault riens. +0 De: ne) PREMIERE PARTIE 71 ke Quant l’oyseau vole autre proye qu'il ne doit; 17 pour la luy faire hayr. UANT l’oyseau vole autre proye qu’il ne doit, comme coulomb, corneille « autre, pour la lui faire hayr, porte en ta gibissiere fiel de gelline, duquel oingdras Ja poitrine de l’oyseau qu’il aura pris, de laquelle lui laisseras ung peu manger : “car par cette amertume hayra les oyseaux de telle sorte. h = muer loyseau de proye- En quel tems il mue ; et pour le muer, ou'sur le poing sans cher, “ ou en mue avec cher. Comment doit estre purgé ct disposé quant on l'y met. Du past bon pour L: luy en la mue ; et pour luy faire tost et bien muer ; … ct le remede quant il mue mal. “ . ’ESPERVIER MUe en mars ou en avril, et : a mué en aoust. Le faulcon mue à Ml my fevrier. Pour muer l’oyseau sur le 72 L’ART DE FAULCONNERIE poing, qu’il soit mieulx asseuré et souvent de celui qu’il mangera plus vo- lentiers. Porte-le matin et soir. En temps, chaultmetz-le en chambrefresche, où il y une perche sur laquelle puisse voler quant vouldra. S'il se debat, si l’enchaperonne ou le porte enchaperonné en lieu frois: S'il se debat sur le poing, souffle-lui ou bec, soubz les eles et par le corps. Il ne se debatra si non tant qu’il commencera à getter. Quant il getera bien ses plumes; metz-le en ladicte chambre, et dessoubz lui une mote de herbe verte et sablon, € lui offriras l’eaue chascune sepmaine. Et ainsi muera bien et sera bon. Pour muer l’oyseau sans cher, bouilliras un moyeu d'œuf, qu’il soit duret, et le refroïdiras en eau froide, puis l’essuyeras. Quant pres mierement le donneras à l’oyseau, pou l’acoustumer, tu mixtionneras ledit moyet, avec sang de gelline ou d’autre oyseau, et PREMIERE PARTIE 73 - le donneras à l’oyseau. La mue de l’oy- - seau doit estre une maisonnete en lieu É 4 - solitaire, sans pouldre et fumée, et où les poules ne puissent venir, affin que les « poulz ne tumbent dedans la mue, qui gasteroient l’oyseau. La mue soit close devers midi pour le vent chault et plu- … vieux. Metz dedans la mue sablon, et de trois jours en trois, et herbe fresche, saul- ces et branches, et devant l’oyseau une .. tinete plaine d’eaue pour boire et se bai- « gner. Quant on veult metre l’oyseau en « mue, le fault premierement purger des poulz; et quant on le met hofs, soit purgé « comme estescript ou chapitre : Pour purger | l'oyseau en tous temps. Aguise-lui le bec et lui oings ; plume-le soubz le col et soubz À Ê la queue ; paistz-le en la mue sept jours de petis coulombz avec leur sang, puis trois - jours de cher trempée en urine. Pour faire _tost et bien muer, paistz-le de cher de - herisson sans gresse, ou prans des glandes - qui sont ou col de mouton dessoubz l’au - 10 74 L'ART DE FAULCONNERIE reille, et hache menu, et lui donne avec son past, et trouve. façon qu’il les ava > s’il ne les vouloit manger. S'il se met à getter plumes, ne lui en donne plus : car il pourroit aussi bien getter les neuves que” les vieilles ; ou lui donne trois jours, ou: lieu desdictes glandes, cher de ratz ou de taulpes oingte de beurre; aprés don > lui une piesse de cher de serpent, avec la: peau entre la teste et la queue, et trois pe= tites ranoilles. Pour faire bien muer tout espece d’oyseau, paistz-le de cher de petis chiens de lait trempée ou lait de la mu= lete du chien; aprés donne-lui la mulete coupée en morceaux : car ce past lui naturel. Quant les plumes dudit oyseau: commanceront à saillir, oingt la cher de son past d’uille nommé sisaminum : € (à il lui fera les plumes grossetes et moles ; et, si elles sailloyent seches, se rompe= roient ou dedans ou dehors la cher dé l’oyseau. Ne le mect hors de la mue jus= ques qu’il aura bien mué toutes les plu PREMIERE PARTIE 7) . mes. Quant les plumes saillent maigres, . seiches, courtes ou vieilles, c’est pour ce - qu’elles saillent trop tost, et l'oyseau n’a » pas gresse suffisante pour les nourrir; lors le nourriras de cher de petis coulombz et d’autres chers chauldes. S’il y a aucune . penne ou pennes mauvaises qui ne chyéent pointouquisaillent mauvaisement, oingtz- les d’uille de laurier : car il les fera cheoir et naistre bonnes. Si lesion aucune sur- _ vient à l’oyseau estant en la mue, le meil- … leur est diflerer toute medecine jusques _ qu’il sera hors de maladie : car les mede- . cines ordonnées pour sa mue sont con- _traires à sa nature. 76 L’ART DE FAULCONNERIE Quant l’oyseau engendre œufz dedans le ventre en la mue ou ailleurs : les signes et le remede pour | l'en preserver ou les luy faire fondre. 14 UANT l’oyseau engendre œufz dedans son ventre en la mue ou ailleurs, il. est malade et en peril de morir. Les signes. quant il engendre œufz sont que le fon-. dement lui enfle et devient roux, et les na- | rilles et les yeux lui enflent. Pour l’en pre- server, donne-lui despuis le moys de mars dedans son past d’orpigment aussi gros. que ung poys, lequel lui refroidira ce de- ] sir. Et la cher que lui donneras huit ou dix jours soit lavée d’eaue de vigne, laquelle | degoute de la vigne nouvellement taillée. j PREMIERE PARTIE 77 | * Pour oyseau saillant de la mue gras et orguilleux randre familier, qu’il ne s’enfuye. ’OYsEAU partant de la mue est gras; et, Li ceste cause, quant il sent l’aer et le « vent froit se debat et s'eschaufe, par quoy » est en dangier de se refroidir et de mo- » rir; pourtant porte-le paisiblement en- chaperonné et hors du chault ; et, pour ce qu'il est gras et orguilleux et qu'il s’en pourroit fuyr, purge-le par pillule de gras de lart ordonnée ou chapitre : Pour purger l’oyseau en tous temps. Paistz-le de cher de poulmon de mouton taillée en lopins, et lavée tant qu’elie perde tout le sang et la pluspart de sa substance : car elle amai- grira l’oyseau. Metz et lie sur la perche « de l’oyseau boue grasse, ou engresse la « perche, et de nuyt lie dessus l’oyseau : car, - pource qu’il glissera, il travaillera et ne pourra dormir, s’amaigrira, et se randra - plus familier. Loirre-le bien qu’il ne s’en- Fe mi 78 L'ART DE FAULCONNERIE fuye ; s’il est trop gras et n’est bien purgé À et reclamé, il s’enfuyra. | Quant loyseau pert le manger aprés la mue: le remede pour luy donner appetit de manger.» la mue, le remede pour luy donner appetit de manger est : prans aloés cico- trin en pouldre et jus de chous rouges, tout meslé et mys en boyaux de gelline; » lye aux boutz et lui fais avaler; puys leu tiens sur le poing jusques qu’il soit purgé” et ne le laisse jusques aprés mydi; lors. donne-luy past vif et bon, et landemain « de gelline; aprés baille-luy l’eaue pour se , baigner. Cette medecine est bonne contre | aguilles et filandres. “à CsfRe9 Où l’oyseau pert le manger aprés | maladies, j'ay escript le plus sou- vent que j'ay peu les signes pour les “congnoistre, les causes d'’icelles et les remedes approuvez par les bien “scavans et expers et par l’art de me- Mdecine; en laissant toute superfluité apparente ou difficile et tout dangier “pour l'oyseau, comme est dit ou - prologue de ce livre. En donnant de à # Ke 80 L’ART DE FAULCONNERIE ce les medecines aux oyseaux, 0 Sa É considerer la disposition et ver ' : d’icelui, et la qualité du temps pour lors ; et, selon icelles, temperer, où varier, ou Continuer lesdictes me >. decines. S’ensuivent les rubriches de la seconde ie du livre de faulconnerie. Pages. Les signes communs de maladie en oy- : DIRE NOTE. Rs 4 . « « -. 89 CERVEAU. Contre reume ou cerveau de l’oyseau : les À signes, la cause et le remede. . . .. go “Contre reume sec ou cerveau de Poyseau : _ les signes et le remede. . . . . . .. 92 ontre reume engendré ou cerveau de l’oy- seau par fumée ou par pouldre : le signe et le: remede. . . : .:. sde "EE ontre le hault mal dit epilence : les signes, la cause, le remede et la conta- gion d’icelle maladie. . . . . . . .. 94 Quant l’oyseau dort souvent, pour l’es- Au cel ne ner à 190 AUREILLES. contre oppilation et sourdité des aureilles La à l’oyseau : le signe, he cause et le 7 remede. . . ... .:.. PAUPIERES. Contre enfleure et M © 54 de l’oyseau : le signe, la cause et le 1 re- - mede. . . . . CASE DO PPT NES ui gs MUR +4 - ART Temod SOMME A ab Hi Contre enfleure des yeux de l’oiseau : les causes et le remede. 7,507 Contre lermes ou escume qui saillent des yeux de lPoyseau : la cause et le remede. Contre blancheur ettaye, autrement dicte verole ou l’ongle en l’ueil de Pere le signe, la cause et le remede. . . . xe Contre vers engendrez és yeux de l’oy- seau : le signe et le remede . : COURONNE DU BEC. Contre maladie en la couronne du bec : le Fe signe, la cause et le remede. . . . . . = 10 NARILLES. Pour narilles par reume constipées. . . 1 + :: SECONDE PARTIE par froideur, ou par chaleur. . . . . . . MASCHOUERES. ditz fourchillons : le signe, la cause et M ODOIS...:...... - «ns sé PALAIS. | Contre chancre ou palais de la bouche de l’oyseau : les signes, la cause et le re- A in sr cu 1 Contre la pepie en la langue de l’oyseau : + les signes, la cause et le remede . . . < GOSIER. … Contre fleugme engendré ou gosier de & l’oyseau : le signe et le remede. . . . : Contre la maladie des sansues qui sont ou gosier de l’oyseau : le signe, la cause Bi et le remede. . . . . . RC SEE » Contre filandres; les especes d'icelles : : les signes, la cause et le remede. . . . Contre raucité seche de l’oyseau. . . . . 105 106 108 109 110 J11 113 84 L’ART DE FAULCONNERIE Contre l'aleine puante de Poyvemait € j 4 cause et le remede. . . . . . . . . .. PLUMES ET PENNES. Contre poulz és plumes de l’oyseau : des signes, et quant on les ” doit sr br en" comment... sv 428 ON Contre teigne és pennes de l’oyseau ; de: > ses deux especes : leurs signes, la cause et le remede, .: 4, 5468 dre CORPS. Les maladies et medecines qui sont | has du ns et qu’on voit. Quant l’oyseau herissonne : les signes et “À le rémede.. 7}, OSSI Quant l’oyseau tramble et ne se peult soustenir : le remeds, 5,740 Quant l’oyseau a prins coup en hurtant à quelque chose ou contre sa proye : le remede. …. 415760. RIRE Quant l’oyseau s’est fait playe en hurtant, comme est escript ou chapitre du coup : le remede, , - \ . us ONU Pour veyne estancher : le remede. . . . Pour os hors du lieu ou rompu faire re- prendre. 4H 6 SOS SSENESEE SECONDE PARTIE 85 “ Les maladies et medecines qui sont dedens le corps, et qu’on ne voit point. cs Pages. * Contre foye eschaufé : les signes, la cause et le remede pour le refroidir. . . . . 127 ” Contre maladie du poulmon : le remede. 128 Contre asme, autrement dit pantais ; quant loyseau ne peult avoir son aleine : les signes , la cause, les deux especes d’icel- n luiet le Muse LS 0 A Ad : 129 » Contre sang assemblé et figé ou véntre . de l’oyseau : le remede. . . . . . . . 132 Contre filandres dedens le corps de loy- seau : les signes, la cause et le remede. 133 Contre aguilles, autrement nommées lum- briques, qui sont plus petis vers que filandres : les signes, me cause et le re- RO 4 ne 135 Contre apostume dedens le “pe dé Pare M seau : les signes, la cause et le remede. 136 Contre le mal soubtil, qui est quant l’oy- seau est tousjours affamé : les signes, la tue et le remede: : . -:. : . - . - 138 ontre chaleur grande dedens le corps de Poyseau, pour icelle refroidir : les signes Nm. sn min 139 86 L'ART DE FAULCONNERIE Contre fievre : le signe et le remede, . .. Contie ventosité engendrée ou corps de l’oyseau : les signes et le remede. . . Contre la pierre, autrement nommée craye: les signes, la cause et le remede. . . 141 CUYSSES ET JAMBES. Contre enfleure de cuysse ou de jambe : ; la cause et le remede. . . . . . : . . 144 Contre filandres és cuysses : le signe, la cause et le remede, .,. …. . . . ., PIÉS, Contre enfleure de piés : la cause et le remede. ::. 4150 Shi HS Pi Contre clous és piés de l’oyseau : le re- mede. 5," #0 NN ee Contre podagre, autrement nommée clous ou galles : les signes, la cause et le remede, lé acte 410 IRON à Quant les ungles se deschernent ou viennent droictes et non crochues : le remedes 5) lc Naceiailen Quant l’oyseau ronge ou gaste ses piés : la cause et le remede. . . . «4 à SECONDE PARTIE PLANTE. Contre vessie enflée en la plante de l'oy- DS DOME... . -.. . .. DR. se à > Contre hemorroydes, qui sont eaue jaune _ saillent des crevasses des piés de Poy- D'R- remede. . . . . . . . . . Contre trous en la plante de l’oyseau : le Les signes communs de la maladie en oyseau de proye. | GE xs signes de chaleur exterieure en … GX l’oyseau sont : quant il tient sa QE SAIS bouche ouverte, la langue trem- 1 re respire soudainement ; les yeulx luy … engrosissent ; joinct les eles ; les plumes À dessus le col desqueuvrent la chair; les … pennes grosses des eles, qu’on nomme cou- ï teaulx, sont lascheset panchans. Les signes F) de froideur exterieure en l’oyseau sont: quant il clost en partie ou du tout les - yeulx, et lieve ung pié, et herisse les » plumes. Les signes qu’il est las ou malade sont : quant il a la bouche close, les eles “ abatues ; respire souvent par les narilles. Le signe qu’il est debile est : quant il s’a- « puye aucunement sur la perche. Le signe po est mal gouverné et qu’il est maigre 12 90 L'ART DE FAULCONNERIE | est quant il espeluche souvent ses plumes. | Les signes de mort en l’oyseau sont : quand son esmôut est vert, et quant | en saillant il ne peult sur sa perche re- monter. “4 ———— CERVEAU. Contre reume ou cerveau de l’oyseau : les signes, la cause et le remede. 1. signes pour cognoistre le reume ou | cerveau de l’oyseau sont : quant il: une nue aux yeux, et au soir clost ung\ œil, puys lautre, puis tous deux, et dorme ; et demeyne souvent les pau | pieres, et a la teste enflée entre l’ueil etleM bec. Le reume luy engendre aucunefois la taye en l’ueil et l’ongle, la pepie en la | langue, luy fait enfler le palais, luy engen= dre le chancre. Quant il semble que le. SECONDE PARTIE g1 reume sault par les yeulx, ou par les na- _ rilles, ou par la bouche, l’oyseau est en _dangier de mort. La cause dudit reume est que l’oyseau est peu de cher grosse, ou mauvaise, à grosse gorge; et plustost Jui vient quant il est maigre que quant il est bien gras. Et, pource qu’il ne peult enduire tel past, mais le tient longuement, il devient puant ; et celle puanteur, mon- tant au cerveau de l’oyseau, luy clost les _ aureilles et narilles et conduis des humeurs tellementqu’elles ne pevent vuider comme elles ont accoustumé. Le remede est pur- : ger l’oyseau, ainsi qu’il est escript au cha- _ pitre: Pour purger l’oyseau en tous temps. Quant l’oyseau demeine souvent les pau- pieres par le reume de cerveau, metz en ses narilles uille violat; le jour aprés, donne-luy en son past ung peu de sel armoniac meslé avecq beurre ; le tiers jour, souffle en ses narilles ung peu de tiracle meslée avec uille violat. 92 L'ART DE FAULCONNERIE Contre reume sec ou cerveau de l’oyseau : les signes et le remede. Es signes du reume sec ou cerveau de à l’oyseau sont : quant l’oyseau esternue . moult et rien ne luy sault des narilles; « pour lequel reume guerir, souffle obso- mogarum avec vin viel aux narilles de. l’oyseau ; aprés metz l’oyseau au soleil ou | auprés du feu; quant l'esternuer lui sera . passé, donne-luy cher nerveuse pour le « faire travailler en tirant, affin que par tel. labeur ledit reume descende du cerveau « aux narilles et saille hors. Quant l’oyseau a la teste enflée par ledit reume, metz soubz les piés d’icelluy drap de leine moillé en eau froide, que l’oyseau sente la froideur. M Quant il frote ses plumes et se grate à M cause de ceste maladie, donne-luy en son 1 | past maulves broyées. Quant il bée sou- vent et respire fort par ledit reume, prens M trois goutes d'uille de laurier et une unce M SECONDE PARTIE 93 . d’uille d'olive, trois moyeux d’œufz, et du cost, autrement nommé beaume ; mesle tout ensemble, et donne sur le past de : l’oyseau. | Contre reume engendré ou cerveau de l’oyseau par fumée ou par pouldre : le signe et le remede. 1 E signe de reume engendré ou cerveau . La l’oyseau par fumée ou par pouldre _ est: quand il gette fleugme et eau des narilles. Souffle vin vieil aux narilles et … face de l’oyseau, ou huille violat meslée avec let de femme, si le temps est chauld; … ou broye ail sauvage avec vin vieil, et de “ce moille les narilles de l’oyseau, et qu’il en entre dedens, et cella luy fera getter M le fleugme; puys met l’eau devant luy, ou le metz sur eau courant, qu’il se puisse * laver. 94 L’ART DE FAULCONNERIE Contre le hault mal dit epilence : Le - signes, a | cause, le remede, et la contagion d'icelle ma ladie. | + Es signes du hault mal, dit epilence : En : que l’oyseau chiet soudaine- ment, et gist par aucun temps comme mort; et ce luy vient souvent au matin et au vespre ; ila les yeulx clos, les paupiere s enflées, l’aleine puante, et s’efforce de esmeutir. La cause de ceste maladie est. chaleur et fumée du foye, laquelle monte au cerveau et le lie et trouble. Le remedé est purger l’oyseau, comme est escript en la premiere partie de ce livre, ou chapitre: De purger l'oyseau en tous temps; ou luy donne dedens peu de cher le gros de deux, pois de aurea alexandrine ; aprés fais pouldre de lentilles rousses, et prens limeure de fer bien menue, et tant d’un que d'autre, et lie tous deux en miel, et en fais pils lules du gros d’un pois, desquelles deux SECONDE PARTIE 95 ou trois feras avaler à l’oyseau ; aprés, le tien sur le poing au soleil ou auprés du feu, jusques qu’il ait emuty une fois ou deux. Ne soit peu jusques aprés midy; lors luy donne bon past et petite gorge ; ou fais pillules de pouldre de gerapigre avec jus d’aloyne, lesquelles donne à l’oyseau en sa cure. Ou luy donepouldre “ de gomme balsami et castorei avec jus de mentastre, autrement nommée l’herbe con- tre les puces. Soit l’oyseau tenu de jour en lieu obscur, et l’eau devantluy, laquelle uy est necessaire. De, nuyt soit tenu à la frescheur ; et fais ainsi six ou huyt jours. Ceste maladie est contagieuse: pource “garde que autre oyseau n’aproche de luy ; et garde-toy de toucher le gant sur lequel aura esté mys. 96 L’ART DE FAULCONNERIE Quant l’oyseau dort souvent, pour Pesveiller. 1 Ses UANT l’oyseau dort souvent, pour l’esveiller, paistz-le de queue de mou ton oingte d’uille d’olive. AUREILLES. Contre oppilation et sourdité des aureilles de l'oyseau : le signe, la cause et le remede,w E£ signe d’oppilation et sourdité des A 4 de l’oyseau est : quant ir se la teste de travers,et esttout mat. Lacause est le reume qu’il a en sa teste. Le remede est le purger ainsi qu’il est escript au cha* pitre : De purger l'oyseau en tous temps aprés, pouldroye la cher du past d’icellui de poyvre blanc, icelle cher en leschess mise. | : 1 8 SECONDE PARTIE 97 PAUPIERES. 11 Conireenfleureet viscosité des paupieres de l oyseau : le signe, la cause et le remede. “ y « signe d’enfleure et viscosité des pau- | Les de l’oyseau est : qu’il a enfleure … dessus l’ueil, et que les paupieres devien- nent noires. La cause est le reume du cer- veau, et de ce luy peult venir la maladie . nommée l’ongle, et poura tant croistre - qu’elle crevera l’ueil à l’oyseau. Le re- » mede est purger le cerveau de l’oyseau, . ainsi qu’il est souvent dit. Quant les pau- - pieres sont si visqueuses qu’elles se join- … gnent ensemble, lave-les de vin vieil, et L paistz l’oyseau de cher chaulde; et pulve- … riseras fiante de vache jeune, de laquelle, … avec canon de penne ou aultre tuyau, … souffleras aux yeux et narilles de l’oyseau. 13 98 L'ART DE FAULCONNERIE YEUX... Contre enfleure des yeux de l'oyseau: les causes et le remede. | J enrLEurE des yeux de l’oyseau vient | trois causes : ou par ventosité, ou. par coup, ou par playe. Si par ventosité Je yeulx sont enflez, destrampe moustarde eau, de laquelle oingdras l’enfleure. Si par. coup les yeux sont enflez, lave le coup. d’eau rose et d’eau de fenoil, tant d’un que d’autre. Si par playe les yeulx sont en en-hurtant à quelque espine ou aille r mesle arsenic rouge avec let de femme, du- quel deux ou trois jours mettras sur ledit lieu. Si tu doubtes que l’oyseau en p 4 la veue, prens racine de garance et s gemme, tant d’un que d’autre, et ou > rise, et seuffle matin et soer auxditz yeulx. SECONDE PARTIE 99 » Contre lermes ou escume qui saillent des yeulx de l’oyseau : la cause et le remede. Es lermes saillent des yeulx de l’oyseau « Lpour troys causes : la premiere est par | quelque chose qui est cheuté en l’ueil de l’oyseau; et le congnoist-on à ce que » l’oyseau euvre les yeulx avec ses pennes, » et sault d’iceulx eau et lermes; lors seuffle - du vin en l’ueil de l’oyseau, et aprés ymetz - du sang chauld de passerat. La seconde . cause est grande chaleur; lors distilleras “eau rose en l’ueil de l’oyseau. La tierce | cause est humidité du cerveau; lors pren- Ldras eau d’ail pilé, de D mettras sur ledit œil. Pour les trois causes dessus- dictes, pour le past de l’oyseau prendras sel gemme, huille d’olive, miel escumé, “blanc d'œuf, tant d’ung que d’autre, He | ensemble, et mys sur trois lesches de cher que l’oyseau mengera. Quant escume | rsault des yeulx de l’oyseau, prens cost, au- fe BE 100 L’ART DE FAULCONNERIE trement nommé baume et poyvre long, et semence de jusquiami, tant d’un que d’autre et mys en pouldre , de laquelle mettras trois jours au palais de l’oy- seau. Contre blancheur et taye, autrement dicte verole ou l’ongle en l’ueil de l’oyseau : le signe, la cause et le remede. he blancheur et taye, autrement dicte verole en l’ueil de l’oyseau, est comme. une taye venant du costé de l’ueil en le. queuvrant, et est ung peu noire; et, quant vient sur la prunelle de l’ueil, elle le creve. Elle vient ou par fleume du cerveau, ou par coup, ou par le chaperon qui touche . trop longuement lueil. Si ladicte taye. vient par fleume, purgeras l’oyseau, ainsi » qu’il est dit souvent, de sa purgation com-w mune; aprés, fais pouldre de coquilles # d’œufz et de sel gemme, tant d’un que” SECONDE PARTIE 101 d’autre, mesle ensemble, et la souffle, avec . ung tuyau de penne ou autre, dedens les . yeulx de l’oyseau ; ou fais cendre d’escorse ‘3 » de courge vieille, laquelle auxdiz yeulx . souffleras. Si la taye vient de coup, prens _ arsenic rouge pulverisé et eau de corian- - dre, et sang chault tiré dela veine dessoubz » l’ele du coulomb tout meslé ensemble, et » metz sur l’ueil de l’oyseau. Si l’oyseau a la » veue empeschée et ne clost point les pau- » pieres, prens sang de chien meslé avec + urine, et le distille dedens les yeux de …. l’oyseau. Si la taye est forte, la feras oster —_ par un cirurgien ou ung barbier; aprés, * prendras miel et fiel de bouc meslé en- … semble, et le distilleras sur ladicte mala- “_ die. Sila maladie devient rouge, prens les * entrailles de trois ou quatre passeras mas- les, et les trampe en eau, de laquelle sur 1 ladicte maladie distilleras. 102 L'ART DE FAULCONNERIE Contre vers engendrez aux yeux de Poyseau.: d le signe et le remede. E signe de vers engendrez aux yeux de | l’oyseau est : tu ranVerseras, avec une … cureoreille ou autre instrument à ce propre, î les paupieres de l’oyseau, et tu verraslors \ les vers és extremitez haultes des yeux de w l’oyseau, lesquelz des yeux osteras. S'il y w demeure quelque chose que ne puisses … oster, gette dessus ung peu de vinaigre, lequel expellera lesditz vers ; puis y gette 1 ung peu de vin vieil, qui ladicte maladie guerira; ou prens uneesponge emmiellée, de laquelle nettoyeras les yeux del’oyseau. Garde que ne luy donnes past de cher avec son sang, car le sangnourriroit lesditz vers. SECONDE PARTIE 103 COURONNE DU BEC. Conte inaladie-en la couronne du béc : le signe, la cause et le remede. -— F « signede la maladie en la couronne du bec est : quant elle devient rousse, puys se descharne, et commence se des- + partir du bec et de la teste ; et l’oyseau grate ses narilles. La cause sont poulz qui sont sur le bec, qui mangent la couronne dedens, et entrent dedens les narilles. Le remede est : prens fiel de beuf, et pouldre d'aloés cicotin ensemble meslez, et en oingz, deux fois le jour, le lieu malade et où sont les poulz; garde qu’il ne touche M l’ueil ou les narilles, et continue jusques qu'il soit guery. Le remede du bec rompu est escript en la premiere partie de ce 104 L'ART DE FAULCONNERIE NARILLES. Pour-narilles par reume constipées. our narilles par reume constipées, fais e tirer à l’oyseau past nerveux et dur, par lequel tirer et travailler le reume des- cende et saille. Donne-luy cher de porc chaude et oingte d’uille d’olive ; ou metz pouldre de stafisagre dedens ung tuyau de penne et la souffle dedens les narilles de l’oyseau; ou prens ung grain de vesse. sauvage, et deux de poyvre paresse ensemble et liez avec miel, de quoy… oingdras les narilles de Fons: et metz. devant luy l’eau; et le paistz, au vespre, de cher de mouton chaulde. D SEE LR TUE nd ati prirent 2 in ds SECONDE PARTIE 105 Quant loyseau ronfle, ou par gresse, ou par froideur, ou par chaleur. | prens ung bouillon ront, des bouil- “ lons qui esclatent du fer quant on le forge; broye-le et en donne à l’oyseau le pois d’un grain avec bonne cher. S’il ronfle par fleume, prens de opoponaco le pois d’un grain et le destrempe en huylle sisaminum, et le metz és narilles de l’oyseau. Ou prens _ musc destrampé en huylle sisaminum, et le metz és narilles de l’oyseau, et soit peu d’un petit coulomb; s’il ne guerist, frote- luy le palais de moustarde et de miel mes- … lez ensemble. S'il ronfle par froidure, “ mesle en son past la sixiesme partie d’une « dragme d’ail sauvage. S’il ronfle par chal- … leur, pulverise ensemble roses, rigalice, spodium, tant d’un que d’autre ; et de ces choses ensemble la sixiesme partie d’une | dragme mesle avec le past de l’oyseau. 14 QE l’oyseau ronfle, qu’il est gras, 106 L'ART DE FAULCONNERIE MASCHOUERES. Contre la maladie des barbillons, sat bhent ditz 1 | fourchillons : le signe, la cause et le remede. " E signé de la maladie des barbillons, : | utrement ditzfourchillons, est: quant: | l’oyseau a les maschoueres enflées et la . langue rude, qu’il pert l’appetit de manger | et qu’ilne peult ouvrir ne clorrela bouche. M La cause est fleugme froit du cerveau Pi $ cendant sur ce lieu, ou le chaperon de l’oyseau qui luy est trop petit ou sarre M trop. Le remede est : purgier l’oyseau par w | les pillules du gras de lart, ordonnées ou chapitre : Pour purger l'oyseau en tout temps; aprés, arrouse-luy, troys ou quatre M jours, les maschoueres et la bouche d’uille d’amandes doulces ou d’uille d'olive; ou « prens pouldre de orpigment meslée avec M beurre froys et miel, de quoy oingdras le # palais de l’oyseau; aprés, le mectras au 4 souleil ou auprés du feu. Ë SECONDE PARTIE 107 PaLais. Contre chancre ou palais de la bouche de l’oyseau : uiles signes, la cause et le remede. ___ Es signes de chancre ou palais de la bouche de l’oyseau sont : que quant l’oyseau bée et crye, bat une partie du bec “ contre l’autre, et qu’il a bave blanche ou palais ; quant il tourne souvent la teste et frote les yeux au muscle; et quant le pa- lais, aprés noireté, luy devient palle ; quant il paist à grant poyne, ou en mangent il grate tant le palais qu’il le fait enfler et en sault sang, ou que il chiet en paiscent. La cause de ceste maladie est le fleugme de l'oyseau engendré de mauvais past et ort, duquel la challeur monte à la teste et fait adustion, et d’icelle vient corrosion oudit _ lieu. Le remede à ceste maladie est : prens beurre et pouldre de poyvre meslés ensemble et luy en frote trois jours le lieu 108 L’ART DE FAULCONNERIE de ladicte maladie; ou prens sel, pouldre de poyvre, semence de jusquiami, tant d’un que d’autre, broyé et mis ensemble, ; et en frote ledit lieu; puys le lave de vinaigre. Si cher morte y survenoit, metz M sur icelle poudre d’alun mise en jus de lymon ; baigne son past et sa cure en eau d’espic. | | LANGUE. Contre la pepie en la langue de l'oyseau : les signes, la cause et le remede. Es signes de la pepie en la langue de l’oyseau sont quant il esternue sou- vent, et ce faisant crye deux ou trois foys. La cause est la cher mauvaise, orde et puante, sans laver, de laquelle est peu. Le remede est : premierement, laver la lan- gue et la pepie d'eau rose mise en co- ton lié ou bout d’un bastonnet; aprés, D 4 oingz-luy, trois ou quatre jours, la langue M SECONDE PARTIE 109 | d’uille d’olive et d’uille d'amandes meslées - ensemble, et la pepie se blanchira et molli- + fiera. Quant elle sera bien meure, oste-la, « comme on fait aux poulles ; aprés, oingz » la langue de l’oyseau trois ou quatre foys » Je jour desdictes huilles jusques qu’elle soit GosIER. Contre fleugme engendré ou gosier de l’oyseau . le signe et le remede. “y « signe de fleugme engendré ou go- ; Lo de l’oyseauest que tu voeyrras ou F gosier de l’oyseau fleugme gros comme crachat, et ceste maladie engresse l’oy- … seau. Le remede est tel : prens le pois de trois grains de sel armoniac meslé avec | miel et en frote le gosier de l’oyseau , et | à trois heures aprés midi ; puys prens Mrigalice et de penicles sept dragmes, tant “d’un que d’autre, de ferre d’orge quatorse 13 HE à 110 L'ART DE FAULCONNERIE dragmes, et dix livres d’eau; faiz tout. bouillir, coler et refroidir, jusques qu’il sera tiede, et le metz devant l’oyseau; ne soit peu l’oyseau jusques à neuf heures du soer; aprés, le paistras d’elle de gelline. Si ce ne leguerist, prens stafisaigre broyée. avec borrache, et avec ung drapeau en: frote ledit lieu malade; et, quant ledit, fleugme serasailli, paistras l’oyseau de cher. de coulomb avec son sang, et le mectrasm au soleil ou auprés du feu, et l’eau devant. luy. Ç S : Contre la maladie des sansues qui sont ou gosier. de l’oyseau : le signe, la cause et le remede. E signe de la maladie des sansues qui En ou gosier de l’oyseau est que quant l’oyseau paist, la sansue se remue dedens la gorge de l’oyseau, et aulcunew foys se monstre hors des narilles. La cause est : quant l’oyseau se baigne en eau coye SECONDE PARTIE 111 non courant comme fontaine, et qu’il en boit, luy entre une petite sansue dedens la » bouche ou narilles, et s’enfle du sang de » l'oyseau. Le remede est : metz moustarde à dessus les narilles de l’oyseau, et la sansue L s’en sauldra ; ou metz dedens les narilles de l’oyseau trois ou quatre goutes de jus de limons, et l’oyseau escoura la sansue dehors; ou metz sur charbon ardent “quatre ou cinq punaises, et fais entrer | celle fumée dedens la bouche et narilles | de l’oyseau, et la sansue s’enfuyra de- EE Se net Contre filandres; les especes d’icelles : les signes, la cause et le remede. ILANDRES SOnt petis vers. Quatre es- peces y a de filandres : l’une est en Ma gorge de l’oyseau, l’autre ou ventre, l'autre aux rains, la quatriesme est nommée guilles, qui sont bien petis vers. Cy diray 112 L'ART DE FAULCONNERIE des filandres en la gorge et des autres en. leurs lieux. Les signes de filandres sont :: que l’oyseau baille souvent, frote les yeux à son ele, grate les narilles; et, quant il est peu et les filandres sentent la cher. fresche, elles se remuent tellement que. l’oyseau les cuyde escourre dehors; et ni] ouvrant la bouche de l’oyseau, les y! voeyrras. La cause des filandres sont : mail vaises humeurs ou corps de l’oyseau par M. mauvais et ort past, comme souvent est . | dit ; lesquelles filandres montent au go- sier de l’oyseau jusques au pertuis de Pa-" laine d’icelluy, et le poingnent là etau cer-« | veau. Le remede est : broye herbe nommée mente, et, le jus d’icelle osté, mesle le marc avec vinaigre, et en cher de poussin la donne à l’oyseau ; ou prens boys de rue 1 bien gros, et y fais une fossete, et la rem- plis d’eau ; puis metz ainsi ladicte rue sur charbons ardens l’espace de demy heure, jusques qu’elle soit bien cuyte. Et, si l'eau M LS sault, ou tumbe, ou se dimynue, remplis ; SECONDE PARTIE 113 = ladicte fossete d'autre eau; puys prens | icelle eau et tout le jus d’icelle rue bien . espreinct, et y mesle pouldre de safran à À la quantité d'un gros poys; en laquelle eau tremperas la cher du past de l’oyseau, - de laquelle le paistras à demye gorge. S'il | ne la veult manger, garde-la luy jusques * qu’ilaura appetit; et luy continue trois ou » quatre jours; ou la luy trempe en eau de … soulfre et suc de granates. Contre raucité seche de l’oyseau. ONTRE raucité seche de l’oyseau, prens Ad den coulomb jeune, gras, et luy fais . tant boire de vinaigre qu’il meure ; aprés, * metz-le prés de l’oyseau, qu’il l’estrangle * et qu’il boive le sang. Garde qu’il n’avale - des plumes ne des osseletz du coulomb. « Les autres jours paistz-le de cher de veau * chaude, ou trempe en suc de racine de 15 regie us 2 é re ÿ 114 L'ART DE FAULCONNERIE fenoil et succre trois morceaux de bonne ; cher, et en paistz l’oyseau. Contre l’aleine puante de l’oyseau : la cause et le remede. ALEINE put à Te pource qu'il a. Le peu de cher mauvaise et qui n 'a esté trempée et lavée; laquelleluy engendre « grosses humeurs, qui luy font l’aleine puante. Le remede est : purger l’oyseau M de pillules de gresse de lart ordonnée ou 1 chapitre : Pour purger l'oyseau en tous temps; trois jours aprés, feras secher au feu ou au four du rosmarin, duquel fere pouldre, et froisseras trois clous de girofle, + desquelz et de ladicte pouldre de rosma- rin prendras à la quantité d’une pillule, et « mectras dedens ung peu de coton lié d’ung petit filet, et au vespre la feras avaler à = l’oyseau, et continue ainsi cinq ou six M jours; aprés de cinq ou six jours, luy en SECONDE PARTIE 115 donneras pareillement une jusques qu’il aura bonne aleine. PLUMES ET PENNES. Conire poulz és plumes de l’oyseau : les signes, et quant on les luy doit oster et comment. Es signes que l’oyseau a poulz est : quant il s’espouille souvent et soin- gneusement; et, quant il est mys au soleil bien chault hors du vent, les poulz se monstrent sur les plumes. On doit oster les poulz à l’oyseau deux foys l’an : l’une, quant on le met en la mue, et l’autre, quant on l’en gecte, comme aussi il est es- cript ou chapitre de la Mue. Pour oster les poulz à l’oyseau, metz pouldre de assince, autrement nommée aluyne, sur les lieux où sont les poulz ; aprés, oingtz d’uille lés jambes et piés de l’oyseau, et le tien en estuve jusques qu’il sue, et les poulz 116 L’ART DE FAULCONNERIE descendront à l’odeur de l’uille, et ainsi les pourras oster; ou oingz les lieux où | sont les poulz d’argent vif mortifiéen cen- 4 dre et huille; et, quant les poulz se mons- . treront, metz devant l’oyseau l’eau pour M se laver. Garde que l’argent vif ne tumbe » en la bouche de l’oyseau, qu’il ne le tue. Si les poulz sont en toutes les plumes, prens pouldre de poyvre et cendre de ser- + ment meslés ensemble; ranverse les plu- mes et les pouldroye de ladicte pouldre; » puys envelope l’oyseau dedens ung dra- FL. peau net, et le metz au soleil ou auprés du 1 feu, et les poulz se prendront au drapeau; 4 aprés, desvelope l’oyseau et le metz sur le poing ; et, quant voerras les poulz, abatz- + les avec instrument à ce propre; où prens argent vif mortifié en salive et meslé avec saing de pourceau, ouquel trempe ung gros et molet cordon de laine; puys le lie É au col de l’oyseau, et les poulz y vien- « dront et mourront; ou trempe ‘en cedit M saing ung drap molet de laine, et y enve= her lé ee NS SECONDE PARTIE 117 lope l’oyseau, et le tien en estuve tant … qu'il sue; et les poulz se prendront audit “ drap. Si l’oyseau a les poulz à la plante, “ metz en eau chaulde pouldre de stafisagre, et d’icelle eau coulée metz sur les lieux-où sont les poulz; et, s’ilz ne meurent, prens assince et de lupin, tant d’un que d’autre, - et metzen eau; laquelle coulée mettras en …_ vaisseau ouquel loyseau se puisse ayse- _ ment laver. S’il a tant de poulz qu’il arra- « che ses plumes, cuys fort en eau souffre * citrin; puys metz celle eau chaulde en une tinete, et sur elle ung crible, sur le quel lie l’oyseau, que la chaleur et vapeur “ d’icelle eau chaulde monte jusques à l’oy- seau, et qu’ilsue; et les poulz tumberont. 118 L'ART DE FAULCONNERIE Contre teigne és pennes de l'oyseau; de ses 1 deux especes : leurs signes, la cause et de « remede. ++ L pr teigne és pennes de l’oyseau a deux | | especes : l’une ronge la penne au bout du tuyau, qu’il n’y reste que le baston; l’autre fait cheoir les pennes saignantes ou « bout. La cause de la premiere espece est: # que l’oyseau est ort dedens le corps, et « n’est baigné, et est tenuen lieu ort, poul- dreux ou fumée. Le remede est : lave une M foys le jour l’oyseau de leixive de serment et laysse essuyer ; aprés, oingz les pennes « teigneuses de miel, et metz sur lesditz 4 lieux sang de dragon et alun de glace. « Quant les pennes tumbent saignantes, la © cause est : la chaleur du foye de l’oyseau, M laquelle fait une vessie sur le lieu où tient ladicte penne, aprés pourrist le bout de M la penne et la fait cheoir, et le trou dont elle est partie se ferme : par ce autre penne SECONDE PARTIE 119 wy peult croistre. Le remede est : fais une brochete de boys de sapin, laquelle ne soit point fort ague, qu’elle ne blesse l'oyseau et puisse ayséement sans douleur entrer dedens ledit trou ; ou prens ung | grain d’orge, et luy coupe la pointe du costé duquel le mettras oudit lieu, et oingz icelluy grain d’uylle d’olive, et le metz ou- . dit lieu tellement qu’il en demeure ung . peu dehors, et qu’il garde le trou de se clorre; aprés, perse ladite veissie, de laquelle sauldra une eau rousse; puis prens poul- » dre d’aloés cicotin et fiel de beuf ensem- - ble batu, duquel oingdras ledit lieu; et “ garde qu’il n’en entre dedens. Quant l’en- | fleure de rougeur du lieu où est la dou- “ leur sera passée, oingz le lieu malade » d’uile rosat pour oster les croustes et or- }, dures dudit lieu, affin que la penne nou- k velle puysse saillir; et metz l’oyseau en chambre où il y ayt perches prés de la terre pour se repouser et ses pennes sOu— : laigier; et soit là peu, et l’eau mise de- 120 L’ART DE FAULCONNERIE vant luy pour se baigner. S'il y a penne « ou pennes mauvaises, pour les faire bon- . nes, fais comme il est escript ou chapitre » de la mue. Si l’oyseau ronge ses pennes, . metz sur son past pouldre de maulves, laquelle luy fera -oblier de les ronger. : Garde que autre oyseau ne soit mys prés : de l’oyseau teigneux, et qu’il ne soit peu « du past d’icelluy, ne mys sur le gant sur lequel il aura esté : car il prendroit latei- M gne. Pour reparer pennes froissies, ou # rompues, ou arrachées, est escript en la « premiere partie de ce livre. $ * Corrs. Es maladies et medecines du oups de î l’oyseau sont ordonnées comme s’en- . suit : premierement est traicté decelles qui sont hors du corpset qu’on voit; seconde= M ment, de celles qui sont dedens et qu’on. ; | ne voit point. SECONDE PARTIE 121 LES MALADIES ET MEDECINES QUI SONT HORS DU CORPS ET QU'ON VOIT. Quant l’oyseau herissonne : les signes — et le remede. Y «ss signes quant l’oyseau herissonne sont : quant il herissonne les plumes, lieve les eles et puys les estreint, lieve ung pié, puys l’aproche de l’autre, a les yeulx effoncés, et les queuvre en partie ou tout, et euvre et clost tost la bouche ; lesqueulx deux derniers signes sont mauvais en ceste « maladie. Le remede est : chaufer l’oyseau . au feu; ou l’envelope en ung drapeau et le fais suer sur chaleur et vapeur de vin N gecté sur caillous rougis par grant feu; M aprés, seche l’oyseau au feu et le tiens 4 chauldement. 122 L’ART DE FAULCONNERIE Quant l’oyseau tremble et ne se peult soustenir : | le remede. 1 UANT l’oyseau tremble et ne se peult | soustenir, le remede est : pouldroye le past d’icelui de pouldre de rigalice et d pouldre de maulves ensemble rte saigre et sel menu ensemble ; et per pre- : sente l’eau tiede ; et au soer le paistras de : cher de gelline chaulde. "4 Quant l'oyseau a prins coup en hurtant à quelque chose ou contre sa proye : le remede. UANT l’oyseau a prins coup en hur-. x pe à quelque chose ou contre sa « proye, le remede est : fais boullir en vin \, SECONDE PARTIE 123 sauge, mente, pouillot et gimaulve; et de ce vin estuve avec une esponge tant le lieu malade que l’oyseau sue; puys emplastre ledit lieu d’encens en pouldre et de gimaulves meslés en blanc d'œuf ; aprés essuye l’oyseau au feu, et le tiens chaulde- ment ; et continue cecy deux foys le jour, jusques que l’oyseau soit amandé. Si l’oy- seau a prins si grant coup qu'il gecte sang par les narilles, ou par la bouche, ou par le fondement, et les costes luy poul- sent, et emutit noir, et en demenant la queue sa et la, donne-luy en son past, avec sang chauldde gelline, pouldre desang de - dragon, de boly armenic et de momie. Paistz-le de cher de coulomb jeune avec son sang ; ou trempe cher de gelline en urine pour son past par aucuns jours. 124 L’ART DE FAULCONNERIE Quant l’oyseau s’est fait playe en hurtant, comme est escript ou chapitre du coup : leremede. UANT l’oyseau s’est fait playe en hur- 4 Ro comme est escript ou chapitre . du Coup, le remede est : lave et estuve la | playe de vin tiede; puys, si le cuyr est grandement fendu, cous-le avec aguille neuve et fil delié; aprés, oingz ledit lieu d’uile rosat, et metz dessus, pouldre d’es- … corse de cheyne ou de courge ; ou, si c’est en lieu nerveux, metz dessus tormentine, . ou metz dessus jus de l’erbe nommée l’erbe Robert, et aprés y metz le marc de : ladite herbe. Si tu ne treuves dudit jus, metz-y de la pouldre de ladicte herbe, la- : quelle herbe garde d’apostumer playes ; et emplastre ledit lieu du blanc d’un œuf. Si la playe est profonde, fais pouldre de sang de dragon, d’encens blanc, de mastic « et de aloés cicotin, tant d’un que d’autre M ensemble, de laquelle metz en ladicte SECONDE PARTIE 125 | playe; aprés, pour apaiser la douleur, la | oingdras d’uile rosat tiede et l’emplastreras comme dit est. Pour veyne de l’oyseau estancher : le remede. our veyne de l’oyseau estancher, prens sang de dragon, aloés cicotin en poul- à dre et de poilz de lievre ou de chat, ou « toille d’araigne meslés ensemble avec blanc » d'œuf, et metz dessus ladicte veyne, et la queuvre d’estoupes trempées en blanc d'œuf et huille rosat ; et ce renouveleras tellement que ce qui est ja mys dessus par soy tombe. Pour os hors du lieu ou rompu faire reprendre. P°* os hors du lieu ou rompu faire reprendre, comme l’aleron, l’ele, cuyse ou jambe, soit premierement bien remis en son lieu, ou adressé ung os endroit 126 L’ART DE FAULCONNERIE l’autre ; aprés prens sang de dragon , boly À armenic, gomme arabic, encens blanc, aloés cicotin, momye etung peu defarine, 4 destrempe tout en blanc d’œuf, et emplas- : | tre le lieu malade. Et, s’il est besoing, soit bandé avec hastelles, et l’oyseau em- . mailloté, affin que l’os se repreigne plus . seurement. Garde qu’il ne soit trop es- . treint, singullierement la jambe, si l’os est . rompu : car le pié luy secheroit. Renou- . velle l’emplastre de quatre en quatre jours, 1 se besoing est. Garde bien que leditosne M se regecte hors du lieu; soit ainsi tenu l’oyseau et enchaperonné jusques à douze M ou quinze joursou jusques qu’ilsoit guery; « ou prens pouldre d’aloés, poix grec et M myrre, mys ensemble en blanc d'œuf; et de ce emplastre ledit lieu. S’il a l'os de la cuysse ou jambe rompu, oste-luy les gietz, et le metz en chambre obscure, sur l'herbe : soit peu de bon past à petis mor- ceaux assés bonne gorge. PE ta SECONDE PARTIE 127. DES MALADIES ET MEDECINES QUI SONT DEDENS LE CORPS ET QU'ON NE VOIT POINT. j Contre foye de loyseau éschaufé : -— » Les signes, la cause et le remede pour le refroidir, Es signes du foye de l’oyseau eschaufé ) sont : quant l’oyseau grate la dextre . et haulte partie du bec, et a la gorge es- - chaufée, et changent en couleur et blan- chissent, et qu’il a les piés eschaufés, et } le dessoubz d’iceulx est noir ou vert. Et, … si la langue luy devient noire, est signe de … mourir. La cause est : ort past qu’on luy a : donné, ou qu’on ne l’a baigné quant on * devoit, ou par eschaufement de trop voler, « ou par estre trop longuement sans paistre. « Le remede de luy refroidir le foye est : « purger l’oyseau par la pillule du gras de “ lart, ordonnée ou chapitre : Pour purger ë l'oyseau en tous temps; aprés, luy don- M ner limassons , ainsi qu’il est escript ou 128 L’ART DE FAULCONNERIE chapitre : Pour oyseau maigre metre sus; puys trempe rubarbe en eau une nuyt à la : frescheur ; landemain et quatre ou cinq . jours aprés, lave son past de celle eau. Paistz l’oyseau de gresse de porc, ou de : cuysse de gelline et semblables chers non chauldes trempées en let. 4 Contre maladie du poulmon de loyseau : le remede. oNTRE maladie du poulmon de l’oy- Fe le remede est : paistz souvent M l’oyseau de cher de lievre; ou pulverise M succre et safran, tant d’un que d’autre, et M metz en troys morceaux de cher fresche de M chievre, desquelz paistras l’oyseau ; quant M l’oyseau aura digeré, donne-luy le surplus M de son past deu et de bonne cher; ou M tranche bien menu poelz de porc et les M metz en sang de porc; et, quant le sang sera coagulé et figé, paistz-en l’oyseau. « arbre PR ER RES rt SECONDE PARTIE 129 Aprés, prens quatre unces de pouldre de l’erbe nommée cost, et de sel gemme pul- verisé et meslé avec miel, huille d’olive et blanc d'œuf; et en ce trempe le past de l’oyseau. Quant l’oyseau respire fort-par la douleur du poulmon, cuys en eau rusche de miel, et la metz en la gorge de l’oy- seau, et le lie jusques à midy, puis le paistz de cher de gelline. Contre asme, autrement dit pantais; quant l’oyseau ne peult avoir son aleine : les signes, la cause, les deux especes d’icellui et le remede. ES signes que l’oyseau a l’asme, autre- ment dit pantais, quant il ne peult avoir son aleine, sont : quant il demeine la teste et la frape contre la poitrine, et quant, la bouche ouverte, respire souvent et du fons de la gorge, lieve le ventre et luy bat, demeine la queue en la levant ; quant le mal engrege, il ronfle par en- 17 130 L’ART DE FAULCONNERIE goisse qu’il a d’avoir son aleine. La cause dudit pantais sont : fuméesqu’ila dedensle corps, ou coups qu’il a prins au gibier, ou par eschaufement qu’il a prins par trop roydement voler; ou, par se debatre sur : la perche, s’est rompu aucunes petites | _voynes du foye, et le sang d’icelles sail- lant, s’est endurcy et monté prés de la 4 gorge. Deux especes y a de pantais: l’un est en la gorge, l’autre és rains. Le remede au pantais en la gorge est : pre- mierement, soit purgé l’oyseau comme dit est ou chapitre : Pour purgier l’oyseau er tous temps ; aprés, metz-le, sans gietz et sonnetes, dedens chambre necte et clere, les fenestres ouvertes et treillissiées, qu'il ne s’en puysse saillir, et que le soleil ou grant ayr puysse entrer dedens, auquel lieu y ait perches sur lesquelles il puysse \ saïllir; et l’eau devant lui; le paistras de M bonne cher taillée en morceaux et arrousée M d’uille d’ämandes doulces ou de let,età | demye gorge à la foys; ou luy donne sur | RENE TT PAPE EE D ee VO CPE! 0, SECONDE PARTIE 131 sa cher limeure d’acier meslée en miel ou pouldre de boly armenic. S’il gecte mor- vas durs des narilles, est signe de gueri- son. La cause du pantais qui est és rains est : pour ce que l’oyseau a esté fort-ma- lade, puys guery, puys rencheut, par quoy s’engendre és rains une maladie du gros d’une feve en maniere de chancre , laquelle eschaufe tellement l’oyseau qu’il gette son past. Les signes de ce pantais sont : qu’il ne travaille point l’oyseau continuellement comme l’autre qui est en la gorge, mais de huit en huit jours, ou de quinze en quinze, ou de moys en moys, et l’oyseau remue plus les rains que les espaulles. Le remede est : fais boullir fort en eau et en pot neuf racines de esparages, de fenoil et de capres, puys d’icelles racines fais poul- dre sur une tuyle vieille, laquelle y est meilleure que laneuve ; en celleeau trempe bonne cher, de laquelle paistras l’oyseau à demye gorge, et au soir ne la tremperas point, mais metras dessus de la pouldre 132 L’ART DE FAULCONNERIE desdictes racines; et continue ainsi par. dix ou douze jours. Si l’oyseau a longue- | ment pantisé et il est np il est incu- rable. SEX. 4 Contre sang assemblé et figé ou ventre de loeau: 11 É le remede. D ONTRE sang assemblé et figé ou | LS de l’oyseau le remede est : metz succre en eau de granates et en eau M de soulfre, et ytrempe ung morceau de . cher, lequel donneras à l’oyseau ; et, quant il l'aura digeré, parfais son past; ou metz … en eau pouldre de assa fetida et de racine L de capres, et, quant l’eau sera reposée, trempe-y morceaux de cher, desqueulx . paistras l’oyseau. SECONDE PARTIE 133 Contre filandres dedens le corps de l’oyseau : les signes, la cause et le remede. Es filandres en la gorge et que-c’est | à filandres, et des signes pour les congnoistre, est escript ou tiltre du Gosier ; et icy des filandres dedens le corps. Les signes pour congnoistre les filandres de- dens le corps sont : quant l’oyseau se plaint de nuytet crye: crac, crac; et, quant au matin le portes, il estreint ton poing, ce qu’il ne faisoit paravant, et fait sem- blant de se coucher sur le poing, qui est signe de grande vexacion que luy font les filandres ; et est lors en dangier de mort; il plumeson ventre, et en sa cure appe- rent vers, ou cher rouge qui est le ver. La. cause des filandres est le debatre qu’il fait contre sa proye ou autrement, et se romp quelque veyne dedens le corps, par la- quelle le sang se respant parles entrailles, et se caïlle et seche : duquel s’engendrent 134 L'ART DE FAULCONNERIE | lesditz filandres, lesquelles, pour fuyr la puanteur dudit sang, quierent lieu net par É le corps et montent aux entrailles et au M cueur de l’oyseau. Le remede pour les 4 faire mourir est : fais pouldre de lentilles à des plus rosses, et en icelles mesle lamoi- . tié moins de pouldre de vers et leslieen « miel, et en fais emplastre; aprés, plume . le ventre de l’oyseau, et y metz ledit em- . plastre; puys fais jus de herbe de rue et : de fueilles de peschier, avec lequel mesle pouldre de vers, et.en fais emplastre et le « metz sur les rains de l’oyseau, lesqueulx rains paravant plumeras; lesditz emplas- tres renouveleras matin et soer, cinq où six jours ; aprés, metz dedens ung boyau » de gelline du tiracle, pouldre d’aloés et pouldre de vers, et lie le boyau aux deux boutz, et le fais avaler à l’oyseau. Trempe * la cher du past de l’oyseau en jus fait de herbe verte de froument. | PORTO RES M EE SECONDE PARTIE 135 Contre aguilles, autrement nommées lumbriques, qui sont plus petis vers que filandres : les signes, la cause et le remede. pe signes des aguilles, autrement nommées lumbriques, sont teulz que ceulx des filandres, joinct que l’oyseau qui a aguilles plume souvent son brayeul et cé escout dessus le loirre. La cause est celle mesme qui est des filandres. Le remede est : prens pouldre de stafisagre et pouldre d’aloés cicotin meslé ensemble, et du gros d’une noysete et mys en cuyr de gelline, et le fais avaler à l’oyseau, puys luy donne du gros d’une feve de cher de mouton ou de poussin; aprés, metz l’oyseau au soleil ou auprés du feu; ne soit peu jusques aprés mydy et à demyé gorge; continue- luy celle pouldre trois ou quatre jours. Garde que l’oyseau à qui donnerasceste me- decine nesoit maigre, car il ne la pourroit endurer ; ou fais pillules du gros d’une 136 L’ART DE FAULCONNERIE noysete de pouldre de corne de cerf et de . pouldre de vers liées en tiracle ; desquelles : donneras à l’oyseau, cingousixjours, une … envelopée en peau de gelline ou en peu de bonne cher ; aprés, tantost soit l’oyseau peu d’une gorge; ou le paistz de cher de porc pouldroyée de limeure de fer ou de cher de poussin trempée en jus de mente L avec vinagre. 4 Contre apostume dedens le corps de l’oyseau . les signes, la cause et le remede. Es signes que l’oyseau a apostume de- | dens le corps sont : quant ses narilles s’estoupent, et le cueur luy bat. La cause est : le debatre qu'il fait à la perche fort et souvent, ou les coups qu’il prent à sa M proye ou ailleurs, et s’eschaufe, puys se M refroidist, et de ce s’engendre apostume. Le remede est : lasche fort le ventre de « l’oyseau par past de cher de vache trem- « D PE RÉ EE SE PT Ch M NET RTE SES AN as? SECONDE PARTIE 137 pée en eau emmielée ; aprés, cuys assince en eau, en laquelle mesle miel et cendre d'orge; et de ces choses assemblées fais trocisques, qui sont comme morceaux platz et rons, desqueulx paistras troys jours l’oyseau; et il gectera l’apostume; ou prens jus de fueilles de chou meslé avec le blanc d’un œuf et mys en ung boyau de gelline lié aux deux boutz, et le donne au matin à l’oyseau; aprés, soit mys au so- leil ou auprés du feu; ne soit peu jusques aprés midy, et de poulaille ou de mouton; landemain brusle à feu cler rosmarin, et en fais pouldre, de laquelle metz sur le past de l’oyseau, et continue cella par quinze jours, puys d’un, puys d’autre. Tiens-le chauldement ; donne-luimoyenne gorge, et de past vif. 138 L'ART DE FAULCONNERIE Contre le mal soubtil, qui est quant Poyseau et | lousjours afamé : les signes, la cause et le remede. Es signes du mal soubtil, qui est quant À Pre: l’oyseau est tousjours afamé, sont : que, | combien que donnes à l’oyseau souvent à « mangier, si est-il tousjours afamé, et plus M mange et plus veult manger, et emutit souvent, et plus qu’il n’a acoustumé. La cause est : qu’il est fort maigre, et tu le M “4 De, 4 veulx mectre sus prestement, et le cuydes faire gras par grosses gorges que lui. donnes, par lesquelles il esteint la chaleur de la digestion. Le remede est : prens ung cueur de mouton mys en trois parties, et le trempe une nuyt en let, duquel trois foys le jour, au matin, aprés midy et au vespre, paistras l’oyseau ; et continue cinq ou six jours ou jusques qu’il amande et emutisse comme il doit; aprés, soit peu Er SECONDE PARTIE 139 quatre jours, deux foys le jour, et de bon past arrousé d’uile d’amandes doulces. Contre chaleur grande dedens le corps de l’oyseau, pour icelle refroidir : les signes et le remede. % Es signes de chaleur grande dedens le LE de l’oyseau sont : quant il a la bouche ouverte et respire souvent, lieve les eles et les ventille, et semble que ses yeulx saillent hors de la teste, joinct ses plumes et entreuvre les pennes, qu’il herissonne les plumes dessus la teste, le col luy amais- grist, et a le courage remis. Le remede est : metz l’oyseau en lieu frois, metz succre et ung peu de canfore en eau rose, de la- quelle lui arrouse la teste; et soufle en ses narilles ung peu d’uile violat mis en eau fresche. Paistz-le de cher trempée en eau succrée. 140 L'ART DE FAULCONNERIE Contre fievre : le signe et le remede. de signe que l’oyseau a fievre est : qu’il a les piés chauls. Le remede est : trempe en vinagre gresse de gelline et aloés, et luy fais avaler; et lui oingz les piés de musc meslé avec gresse de gelline. Contre ventosité engendrée ou corps de l’oyseau : les signes et le remede. Es signes de ventosité engendrée ou Lis de l’oyseau sont : quant il baysse et espeluche son dos, luy estant sur la perche, et quant il pent au bec son past. Le remede est : purger l’oyseau, ainsi qu’il est escript ou chapitre : Pour purger l'oy- seau en tous temps; aprés, ung poulmon d’aigneau coupe en morceaux, et cuys en beurre jusques que la saveur du poulmon Te le Et Le CSSS RE SECONDE PARTIE 141 soit incorporée avec le beurre; et d’icelluy beurre luy donneras au matin sur son past autant qu’il en duira bien ; à mydy luy don- neras pouldre de semence de jusquiami avec ung peu de bonne cher ; et luy presen- teras l’eau pour boire; landemain le pais- tras de entrailles, du poulmon et du sang de coulomb jeune. Quant le ventre de l’oyseau gourgouille par ventosité, donne- luy sur past ung peu d’ail sauvage, et metz l’oyseau sur la perche; quant il aura di- geré, prens du beurre et du miel, tant d’un que d’autre ensemble, et luy donne. Contre la pierre, autrement nommée craye : les signes, la cause et le remede. Es signes de la pierre, autrement nom- ou craye, sont : que l’oyseau a les yeux et les piés enflés; clost l’ueil et le frote du hault de son ele; les deux veines qui sont entre les yeulx lui poulsent fort; il a les nar- 142 L’ART DE FAULCONNERIE | rilles estoupées, et lieve la queue deux ou . trois foys devant qu’il puysse emutir; quant . il emutit, il fait son comme petit petz; son 4 emout est mol comme eau trouble, et au- cunefoys visqueux comme chaulx endur- cie. Il a l’orifice du fondement constipé, et ! Juy deult. A ceste cause, il l’effriche avec à le bec tant qu’ilen fait saillir sang, et l’es- M corche; et sault ung peu hors; et les. plumes de son braieul et son emout sont 1 ordz. La cause est indigestion et vento- M sité. Le remede est : purger l’oyseau, * commeilestescript ou chapitre : Pour pur- « ger l’oyseau en tous temps; aprés, donne- luy du blanc d'œuf dedens son past troys M jours, l’un jour trempé en vin, l’autre en miel; ou trempe son past en jus de racine « d’ortie grieche. Quant l’oyseau a le fon- dement constipé, oingz ledit lieu d’uile « de os de noyaulx de pesche. Quant l’oi- seau s'efforce de emutir, le bout du boyau L: lui sault dehors; lors prens à deux doitz À ; le boyau et oingz le bout d’icelluy d’uile SRE RARES 2 2 SECONDE PARTIE 143 rosat. Paistz l’oyseau de cher de porc avec son sang, ou la oingz d’uile de noix; ou luy donne troys jours son past de cueur de porc semé de soies de porc menu coupéez; ou prens fiel de porceau de troyssepmaines ou environ, et le fais avaler à l’oyseau sans rompre, et garde qu’il ne gecte riens; aprés, donne-luy aussi gros que une feve de cher de cueur ; laysse-le jeuner jusques au vespre. Metz-le au soleil ou auprés du feu. Continue ceste medecine selon la force de l’oyseau deux ou trois foys : au soir soit peu de cher de mouton ou poulaille; et landemain soit trempé son past en let succré; et ainsi soit peu trois jours et à petite gorge. 144 L’ART DE FAULCONNERIE « Cuysses ET JAMBES. Contre enflure de cuysse ou de jambe : la cause et le remede. A cause de l’enfleure de cuysse ou de … L jambe en l’oyseau est : travail qu'il a … prins au gibier ou par fraper sa proye, par lequel l’oyseau s’est eschaufé, puys re- . froidy ; et les humeurs luy sont descendues. Le remede est : purger l’oyseau par les pillules du gras de lart ordonnées ou cha M pitre : Pour purger l’oyseau en tous temps; puys aprés, cuys fort dix ou douze œufz avec l’escaille, et, quantilzserontrefroidis, … plume-les de l'escaille, et en prens les moyeux tant seullement, lesquelz rompus dedens une poille metras devant feu cler, et les remueras sans reposer ; quant ilz de- viendront noirs et cuyderas qu’ilz soyent gastés, fais-les bouillir avec peu d’uile d'olive, et les assemble et presse tant SECONDE PARTIE 145 qu’ilz rendent huile, duquel huile ce qu’en pourras avoir. metras, dedens ung verre bien couvert, Quant vouldras user dudit huile; prens-en dix goutes et y metz trois goutes d’eau rose et autant de vinaigre; et premierement oingz d’un peu d’eau la- dicte enfleur; aprés, d’icelle huile appa- reillée comme dit est; et continue jusques que l’oyseau soit guery. De rabiller os hors du lieu ou rompu est escript ou tiltre du Corps. Contre filandres és cuysses : le signe, la cause et le remede. E signe que l’oyseau a filandres és | eth est : qu’il les plume souvent La cause est : le debatre qu’il a fait à la perche ou sur le poing, par lequel s’est rompu quelque veine des cuysses, ainsi qu’il est escript ou chapitre : Des filandres dedens le corps. Le remede est : curer 19 146 L’ART DE FAULCONNERIE l’oyseau comme est escript oudit chapitre; et du jus de rue et des autres herbes là escriptes avecques pouldre de vers laver les cuysses de l’oyseau, et ls marc ds icelles metre dessus. Prés. &) ‘ Contre enfleure des piés : la cause et le doéleilé: A cause de l’enfleure des piés est : froi- dure, pource que l’oyseau s’eschaufe à abatre sa proye, puys se refroidist par « faulte de luy mectre drap soubz les piés; M ou pource qu’il est ort dedens, et les hu- meurs descendent sur les piés, et plus au « gerfauld que à autre oyseau : carilestpe- « sant et a les piés gras. Le remede est : purgerl’oyseau, comme est ditouchapitre: Pour purger l'oyseau en tous temps ; aprés, prens pouldre de boly armenic, et la moi= « tié moins de pouldre de sang de dragon ñ k CT NN EE PPS EN ES Er EE SECONDE PARTIE 147 meslées ensemble et liées d’un blanc d'œuf; et de ce oingz, deux foys le jour, trois ou quatre jours, ladicte enfleure; et metz dessoubz les piés de l’oyseau drap pour les tenir chauls; puys fais oignement de gresse de gelline, huile rosat, cyre neuve, pouldre d’ancens, boly armenic, duquel _ oïgnement feras comme dessus est dit. Si les piés luy enflent et ne se peult soustenir par grantsejour et faulte de exercitation, oingz les piés de l’oyseau de beurre de vache, mesle en icelluy ung peu de pouldre de galbane, et lye l’oyseau ung jour et une nuit. Si les piés et les jambes luy enflent, et y appert quelque acroisse- ment de cher, la cause est : les gietz qui lui sont trop durs et tropt sarrent, ou c’est par choir roydement sur sa proye. Le re- mede est : fais pouldre d’ancens masle, de litarge, de voyrre alexandrin et de colco- tar, qui est matiere minerale, tant d’un que d’autre meslé en blanc d'œuf; aprés, lave lesditz lieux de l’oyseau et emplastre 148 L’ART DE FAULCONNERIE dessus ce que ditest; et metz soubz les piés de l’oyseau drap moillé en eau froide. Et ainsi le tiens jusques qu’il soit guery. a Contre clous és piés de l’oyseau : le remede. E remede contre clous és piés de l’oy- ESS est : oingdre les piés et clous de l’oyseau, comme estescript ou chapitre : Contre vessie enflée en la plante de l’oy- seau; aprés, lieras l’oyseau sur pierre de chaux, et deux foys le jour arrouseras d’eau ladicte pierre. ee Contre podagre, autrement nommée clous ou galles: les signes, la cause et le remede. Es signes de podagre, autrement nom- mée clous ou galles, sont : que l’oyseau a clous és piés, et les piés enflent dessoubz, et ne se peult sur eux soustenir, mais s’a- puye sur sa poitrine La cause est : enflure SECONDE PARTIE 149 de jambes et de piés et humeurs du corps sur les piés descendens. Le remede est : purger l’oyseau commeil est escript ou cha- pitre : Pour purger l'oiseau en tous temps; aprés, prens alun, mastic, encens, ensemble broyés; puys fons miel, cire neuve, tour- mentine, sang de castor, gresse de gelline et miel, et y metz vinaigre fort; de ces choses meslées, fondues et passées, fais oingnement ; lequel, bien clous, durera en sa vertu deux ans; d’icelluy oingdras les piés, la perche et le gant de l’oyseau; et en mectras emplastres dessus la maladie. Passeras les doitz de l’oyseau dedens trous fais en l’emplastre, lequel aprés lyeras sur le pié de l’oyseau, qu'il ne le puisse des- lier. Renouvelleras l’emplastre de trois en trois jours. Cest oingnement luy fera saillir hors la podagre. Si le cuyr des piés est si dur qu’il ne peult crever, perse-le tellement que l’ordure puysse saillir ; aprés, pour rapaiser la douleur, metz dessus emplastre d’oignement nommé dyaculum. = 150 L’ART DE FAULCONNERIE S'il y a cher morte, metz dessus ung peu de verdegris. Quant les ungles se descharnent ou viennent droites et non crochues : le remede. UANT les ungles se deschernent et sont en peril de cheoyr, remetz-les doulcement en leur lieu; aprés pulverise- les de boue de fer, qui est les esclats du fer quant on le forge; et lie l’oyseau sept ou huit jours jusques que autres ungles saillent; ou prens arsenic et myrre, tant d’un que d’autre, meslés avec blanc d’œufz et vinaigre, et oingz les piés et ungles de l’oyseau, et le lie. Quant les ungles saillent droictes et non crochues, metz en eau aloés, de la vesse sauvage et grant polieu, et d’icelle oingz les piés de l’oyseau. De rompure d’ongle est escript en la premiere partie de ce livre. SECONDE PARTIE "tr Quant l’oyseau ronge ou gaste ses piés : la cause et le remede. piés, la cause est : une maniere de fourmiere qui les gaste, et ceulx des eme- rillons plus souvent que des autres. Le remede est : batz ensemble pouldre d’a- loés et fiel de bœuf, et de ce luy oingz les piés deux ou troys foys le jour cinq ou six jours; ou fais secher au feu, sur une tuyle, fiante de pourceau et en fais pouldre; aprés, lave les piés de l’oyseau de vinaigre fort; puis metz largement dessus de ladicte pouldre deux foys le jour jusques que l’oyseau soit guery. Et, affin que l’oyseau ne puysse toucher de son bec ses piés, parse une demye fueille de papier, et la metz ou col de l’oyseau en pendent de- vant. PL l’oyseau gaste ou ronge ses 152 L'ART DE FAULCONNERIE PLANTE. Contre vessie enflée en la plante de l’oyseau : le remede. oNTRE vessie enflée en la plante de À anneb le remede est : oster les gietz à l’oyseau, et le metre en espacieuse chambre jusques que ladicte vessie soit sechée: car, si tu portes l’oyseau gibier, la vessie croistra, et crevera, et seignera, et luy fera enfler les piés. Prens pouldre d’aloés, myrre, safran, camphore, terre d’Armenie, tant d’un que d’autre, meslé en vinaigre, duquel oingdras lesditz lieux. Contre trous en la plante de l’oyseau. ONTRE trous en la plante de l’oyseau, le remede est : prens pouldre d’aloés et de celidoine, tant d’un que d’autre SECONDE PARTIE 153 liée en vinaigre, et en emplastre ledit lieu. Contre hemorroides, qui sont eau jaune saillent des crevasses des piés de l’oyseau : le remede. ONTRE hemorroides, qui sont eau jaune saillent des crevasses des piés de l’oy- seau, le remede est : metz en eau pouldre d’aloés, myrre et pirete, tant d’un que d’autre ; de laquelle oingdras les piés de l’oyseau. Si boue en sault, mesle salpetre en fort vinaigre, etde ce oingtz le lieu ma- lade. 20 Imprimé par D. JOUAUST POUR LA COLLECTION DU CABINET DE VÉNERIE FÉVRIER 1882 SK Tardif, Guillaume 321 Le livre de l'art de T3 faulconnerie et des chiens 1882 ektens de chasse v:1 Biological & Medical = PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY je S FL re